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Full text of "Mémoires de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique"

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ere der PU 


NOUVEAUX MÉMOIRES 


DE L'ACADÉMIE ROYALE 


DES SCIENCES ET BELLES-LETTRES 


DE BRUXELLES. 


NOUVEAUX MÉMOIRES 


DE 


L’ACADEMIE ROYALE 


DES 


SCIENCES ET BELLES-LETTRES 


DE BRUXELLES. 


TOME X. 


BRUXELLES, 


M. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE. 


‘1837. 


ANANANANANANANANANANANANNNRARNU NEA ANA AN ANA AAA ANA ANA AAA AAA LV 


LISTE 


DES 


MEMBRES ORDINAIRES, HONORAIRES ET CORRESPONDANS 


DE L’ACADÉMIE. 


— 0% —— 


LE ROI, PROTECTEUR. 


MM. Le baron DE Srassarr, directeur. 
De GerLAcHe, vice-directeur. 
Querersr , secrétaire perpétuel. 


CLASSE DES SCIENCES. 


32 MEMBRES. 


MM. Van Marun, M. V.; à Harlem . . . . . . Élu le 3 juillet 1816. 
D NN ROLIR NC 5 a AMSTerRarne ee NEO — id. 
DNAMNANEMONS", D: B';"a Louvain 41/40 rm — id. 
DIRESTELOONX JEU A Gand AE NN LE URE — id. 

»  WAUTERS, P. EAN Gran de — id. 
» Le baron de Gun OA UENILORE attaus , près 

d'Utrecht . . :. . : à à — id. 
» Tuiry , Ch. E. J.; à Paurclles ARE ere — id. 
» D'Or JA at Halloy Res — id. 
»  GARNIER, . GaiGand 200) US NU — 7 mai 1818. 
»  Quérezer, À.; à Bruxelles. . . . . . . — 1e février 1820. 
DMDANDELINS Ge tanIN au et MNT UN — 1er avril 1822. 
DD PAGANTE IG MA A ÉOIVAN ER RE ANNE — 28 mars 1625. 
DU CAUCRMANP IE Pa NNamurn DV NE TAP METRE — 4 juin 1825. 


D MMOLT MG Utrecht 000 ONCE — 7 mai 1628. 


(2) 


MM. Vannermaeen, P.; à Bruxelles 


Duxorrier , B. C.; à Tournai. 
Biuue , Ch. L. ; à Leyde . 
Sauveur, D. ; à Bruxelles. 

Van Ress, R.; à Utrecht . 
Levy, AE à Paris . : 
Le baron ne Huusoznr; à Peuie £ 
Twermans, À.; à Era : 

De Heuprnxe, A.:; à Bruxelles . 
Fouxwanx ; à Liége à 
Leseune, À. L. S. ; à Verviers 
Cramay, à Louvain . 

Wesuae , C.; à Bruxelles . 
Marrens ; à Louvain 
Prareau ; à Gand : 
Duxoxr , À. H. ; à Liége . 
CanTRAINE; à Gand. 


. Élu le 


40 CorresPoNDANS. — É trangers. 


ARAGO; à Paris . à 

Bagsace, Ch.; à Londres . 

Barzow , P.; à Woolwich. 

Barrar, John; à Grassinton-Moor 
Berroroni, Ant. ; à Bologne . 
Berzéuius, à Stockholm 2e 
Le colonel Bory pe Sr.-Vincenr ; à Paris. 
Bouvarp, Alexis; à Paris . 

BREWSTER , sire DA à Pong, 
Browx, ROLE à Londie 

CHasres; à Chartres 

Crezze ; à Berlin 

Decaisxe , Jos. ; à Paris. 

De Maceno; à Lisbonne 

DE Caxpozze; à Genève 

Excxe , J. F.; à Berlin. 

Le Bee Georrroy-Saint-HiLARE ; à Pare 
GERGONNE , F. D. ; à Montpelier . 
GRANvIzcE , À. B.; à Londres. 


10 janvier 1829. 
2 mai 1829. 


id. 
7 novemb. 1629. 
6 mars 1830. 
3 avril 1830. 
id. 
12 octobre 1833. 
7 mai 1834. 
id. 
id. 
8 mai 1839. 
15 décemb. 1835. 
id. 
15 décemb. 1836. 
id. 
id. 


5 avril 1834. 

7 octobre 1826. 
10 novemb. 1827. 
der mars 1828. 

6 octobre 1827. 

5 avril 1834. 

4 février 1829. 

8 octobre 1825. 

5 avril 1834. 

7 novemb. 1829. 

4 février 1829. 

5 avril 1834. 

5 décemb. 1836. 

id. 

5 avril 1834. 

7 novemb. 1829. 

5 avril 1834. 

8 mai 1824. 

6 octobre 1827. 


(3) 


MM. Le baron de Hsroer ; à Dresde 


Hessouez , Sir John ; à Londres . à 
Marreuccr, Ch.; à Forli (États de l’église) . 
Moreau DE Jonës, Alexandre; à Paris. 
NICOLLET . 
Ocxen ; à Jéna 
Pzrana; à Turin . ARRET ete 
L'abbé Ranzani, Camille; à Bologne. 
Sabine, En ; à Londres 
SCHUMACHER ; à Altona . 
Sourx, Sir James; à Londres 
Tayzor, John 
Vie, en France ù 
Vuzsrué, L. R.; à Paris . 
Wurzer ; à Darmstadi . 

Régnicoles. 
Devaux , ingénieur à Liége 
Dsxonncx; à Liége. 
Kicux ; à Gand. L 
Morren , Ch. ; à Liége. 


VanBENEDEN; à Louvain 


CLASSE DES LETTRES. 


16 mEnmeres. 


Van Lenwep, D. J.; à Amsterdam 
Cornzuissen , Norbert ; à Gand 

Van Heusre, P. W.; à Utrecht . 

Le baron DE Reirrensere , F. À ; à Liége. 
Raoux, Adrien Philippe; à Bruxelles 
De Jones, J. C. ; à La Haye . 
MarcuaL, J.; à Bruxelles . 

Pycxr ; à Courtray . 

STEUR , Ch. ; à Gand : 

De Gerracue, L. C. ; à Bruxelles. 

Le baron DE Srassarr, à Bruxelles . 
Brxer , F. G.; à Liége 
Grancacnace , à Liése . 

BELPAIRE ; à Anvers . 


Élu le 8 
7 
— à 


15 


octobre 1825. 
id. 1826. 
novemb. 1834. 

mai 1695. 
décemb. 1826. 
octobre 1895. 
avril 1834. 
mai 1824. 
février 1828. 
novemb. 1829. 

id. 1827. 
mars 1828. 
février 1824. 
mars 1827. 

id. 


décemb. 1836. 
id. 
id. 

janvier 1835. 


décemb. 1836. 


juillet 1816. 
id. 
id. 
Id. 1823. 


août 1824. 
avril. 1826. 
février 1829. 
id: 
décemb. 1829. 
octobre 1833. 
id. 
mai 1834. 
mars 1835. 
id. 


MM. Wrczeus : 


ITS 
ps 
EE 


à Gand 
Le chanome Desuer ; à Gand. 


20 CorresPonpans.—Z# trangers. 


BLconpeau ; à Paris . 

Cooper, C. P.; à Londres. 

Cousn, Victor; à Paris. 

Le marquis De For ; à Paris. 

Le baron de La Doucerre ; à Paris 
De La Fonraxe ; à Luxembourg 

De Moréon, J. G. V. ; à Paris. 
JueLten, M. A.; à Paris 

Leczay ; à Cambrai . 2 
Lenorman, L. Séb. ; à Paris . 
Mouzcer ; à Mo £ 
Le ue SILVESTRE DE ae à Pas 
Wien; à Berlin 

Waivrensacx ; à Trèves . 


Réqgnicoles. 


Borçener ; à Namur. at 
GorrmaLs-Vercruyse ; à Courtray. 
Rouzez ; à Gand. 4 
Vaxre Weyer, Sylvain; à Londres 
Van Prazr, Jules; à Bruxelles 


MEMBRES HONORAIRES. 


Le baron Dr Kevererre de Kessel; à La Haye . 

Le duc d'Unrser ; à Bruxelles 

Le baron Farcx ; à la Haye. 

Lawpsins, à La He 5 

Le baton VANDERCAPPELLEN ; à Utrecht 

Van Ewvox, D. J; à Assen 

Van COR Ron L.; à Bruxelles 

Le baron Van Tuyz Van Serooskerken Va 
Zuylen ; à Zuylen près d'Utrecht . 

Warren, J. ; à Bruxelles 


Élu le 6 juin 1835. 


— 15 décemb. 


CX 


id. 


1836, 
avril 1834. 
octobre 1827. 
février 1828. 
mai 1835. 
décemb. 1822. 
octobre 1820. 
mai 1824 
avril 1834. 
octobre 1820. 
décemb. 1822. 
novemb. 1834. 
avril 1834. 
décemb. 1822 


décemb. 1836. 
avril 1834. 
août 1835. 
octobre 1835. 
avril 1834. 


3 juillet 1816. 


7 


id. 
mai 1818. 


3 juillet 1816. 


id. 


4 férier 1826. 


20 août 1825. 


3 juillet 1816. 


26 


novemb. 1825. 


LE A VA VA AV 6 A VA A A A A A A VA VA VA A Va A Va A A VA a Va a A A A Va A Va A A A VA 6 A A A 1 0 OL Va a Va GA A A IS 


TABLE DES MATIÈRES 


DU TOME X DES MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE. 


SCIENCES. 


, 


Mémoire de M. Pagani sur l'équilibre d’un corps solide suspendu à un cordon flexible. 

— de M. Quetelet sur la latitude de l’observatoire de Bruxelles. 

— — sur les variations de la température de la terre. 

— — sur la météorolosie. 

— de M. Crahay sur le même sujet. 

— — sur les instans du mavimum et du minimum de hauteur diurne du 
baromètre. 

— deM. Martens sur la théorie électro-chimique de l’afinité et la composition molécu- 
laire des corps. 

— _ sur les composés décolorans du chlore. 

— de M. Wesmael : Monographie des Braconides de Belgique. 

— de M. Cantraine sur un poisson nouveau. 

— de M. Dumortier sur les évolutions de l'embryon dans les Mollusques gastéropodes. 


LETTRES. 


Mémoire de M. Belpaire sur la ville et le port d’Ostende. 
— de M. De Gerlache sur un manuscrit de Li Muisis. 
— de M. DeReïffenberg sur les deux premiers siècles de l’université de Louvain. 


— — sur Rubens. 


MÉMOIRES DES CORRESPONDANS DE L'ACADÉMIE, 


Mémoire de M. Roulez sur divers points obscurs de l’histoire de l’ancienne Rome. 
— — sur le mythe de Dédale. 
—  deM. Morren sur l'appareil costal des Batraciens. 
—  deM. Plana sur trois intégrales définies. 


ANR Suns à 
Van 


(NX ACT ON 


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Len Vos opt ali sitotépmratatt 09 sbaattat al 
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ETES 


MÉMOIRE 
L'ÉQUILIBRE D'UN CORPS SOLIDE 


À UN CORDON FLEXIBLE: 


M: PAGANI. 


CA VA VA A VA AV PA VA VA Va VA Va Va A Va a VA Va VV Ya A a A A A A AA A A A A A AG A A AN VA VA Va A AA a A A A A A VA ANA a AA A NA A AA A AA A A A A AA 


MÉMOIRE 


SUR 


L’ÉQUILIBRE D'UN CORPS SOLIDE 


SUSPENDU 


À UN CORDON FLEXIBLE. 


Dans le troisième volume de la Correspondance mathématique et 
physique de Bruxelles, il est question d’une expérience curieuse de 
M. Gregory, relative à l’équilibre de quelques corps attachés par un 
point à l’extrémité inférieure d’un cordon dont l’autre extrémité est 
fixée à l’axe vertical d’une roue qui tourne avec une vitesse constante. 


a $ y 


2% 


Le cas le plus simple de cet équilibre est celui d’une barre homo- 


4 MÉMOIRE SUR L'ÉQUILIBRE 


gène très-mince AB suspendue par l’extrémité À au cordon flexible 
OA. Si l’on fait abstraction de la résistance de l’air, le filet moyen 
du cordon et l’axe de la barre, parvenus à un état permanent, seront 
dans le plan vertical y, +, et tourneront avec lui autour de la ver- 
ticale Ox, dans la position indiquée par la figure. 

Le quatrième volume du recueil cité contient la solution de ce 
problème, où j'ai pris en considération la courbure du fil. Je me 
propose maintenant de reprendre la théorie de cette expérience, et 
d'examiner plus en détail les résultats que l’on en peut déduire dans 
un très-grand nombre de cas particuliers. 


PREMIÈRE SECTION. 


THÉORIE GÉNÉRALE. 


Considérons un solide quelconque homogène symétrique par rap- 
port au plan des +, y; et supposons que la droite AB passe par le 
point d'attache du corps et par son centre de gravité G. Nommons, 
pour abréger, 

9 la vitesse angulaire du système, 

a la distance entre le point d'attache À et le centre de gravité G, 

: la distance entre le centre G et le point C où la droite AB, ren- 

contre l'axe des +, 

1 la longueur du cordon OA, 

“ l'aire de la section transversale du cordon, 

? sa densité, 

p le poids du cordon divisé par sa longueur, 


D'UN CORPS SOLIDE. 5 


le volume du corps suspendu, 
sa densité, 
son poids, 
a l'angle ACO, 
l’angle que fait avec l’axe des +, la tangente à l’exirémité in- 
férieure du cordon, 
T la tension en un point quelconque du cordon rapportée à l'unité 


= + 


de surface, 

T la valeur de + au point À, 

s la longueur variable de la courbe à partir du point O, 

h la distance du point G à l’origine O, 

æ,y, les coordonnées d’un point quelconque du fil OA, 

_æ',y', les coordonnées d’un point quelconque du corps solide, 

£ la différence À — x", 

g le coeflicient de la gravité, et 

T le rapport de la circonférence au diamètre du cercle. 

La vitesse angulaire 6 étant invariable, le système parviendra 
bientôt à un état d'équilibre stable. En appliquant à ce cas les prin- 
cipes connus de la mécanique, on obtient facilement les cinq relations 
suivantes dans lesquelles les intégrations indiquées doivent s'étendre 
à tout le volume V. 


gpN = «@T cos. 8, p'0fydV — oT sin. 8, 


p'fy EdV + gp fy'AV = «T (a +e) sin. (4 + 8) ; 


d se + geds 0, d 20 + p6*yds = 0. 
ds ds 


Ces équations, jointes à l’expression de l'intégrale relative à la 
longueur donnée du cordon, serviront à la détermination des incon- 
nues h, €, «, B, T, et feront connaître la nature de la courbe OA, 
ainsi que la valeur de la tension r. 

L'équilibre stable du système peut aussi avoir lieu en supposant 


6 MÉMOIRE SUR L'ÉQUILIBRE 


que le diamètre AB est tout entier à droite de l'axe des #; ce qui 
rend négative la valeur de cos. «. Pour avoir les formules relatives à 
cette hypothèse il suffit de changer le signe de a. 

Par la propriété connue du centre de gravité on a /y'dV 
= £<V sin. , et si l’on observe que gs V = P, les deux premières 
équations nous donneront, en éliminant alternativement T et £, 

P 


E 
D NN tans. LT Sin: DA) RS Re A SE HS JT —= ————. 
( ) ang. 8 sin. æ, (2) co TT 


Pareillement si l’on élimine les mêmes quantités de la troisième 
équation, on aura 


(8) . . . . . . Gfy3d\— [ag + (a+e)e cos. a | Vsin. «. 


En intégrant la quatrième équation, et en déterminant la constante 
arbitraire par la condition qu’au point À l’on doit avoir 


I Te 3 
S—=t,T—=t, — — cos. D, 
ds 

on trouve 
dx 


r — + gps —=T cos. B + gpl. 
ds 


Si l’on développe les équations différentielles de la page précé- 
dente; si l’on multiplie ensuite la première par © et la seconde par 
2, la somme des produits sera intégrable et donnera 


(4) > Dole to 5160 00 0 CRE EE FE pEy =K, 


en désignant par K la constante arbitraire. 
Éliminons + entre l'équation (4) et la précédente, nous aurons 
enfin, 
ds K— gpx — > p9'y 
OPEN LAN S E 
Fa} cos. 8 + gp(l—s) 


Les équations que nous venons d'obtenir successivement peuvent 


D'UN CORPS SOLIDE. 7 


être considérées comme des transformations du premier système d’équa- 
tions; mais pour les rendre applicables, il reste encore deux intégrations 
à effectuer. L'intégration indiquée dans l’équation (3) ne dépend que 
des quadratures ; et nous verrons plus loin que sa valeur peut s'exprimer 
en termes finis dans un très-grand nombre de cas. Il n’en est pas 
de même de l'équation (5) qu’il est impossible d'intégrer autrement 
que par approximation. 

À cette effet nous supposerons d’abord que le poids du cordon est 
une très-petite fraction du poids du corps suspendu, ce qui permet 
de négliger les termes multipliés par g; et nous aurons cette équation 
beaucoup plus simple 


ds 2 Li 
(GO) 0 ae Re SENS es 7 OR 00 


On déterminera la constante arbitraire K en observant que l’on a 
en même temps 


ù dx 
y—=(a+e)sm.a, — — cos. B, 
ds 
ce qui donne à 
K=T + 3 98 (a +e) sin. °4. 
Faisons, pour abréger, 


1 (a+e) sin. x AT cos. 8 
 — 
cos. B T cos. 8 


= 


, Se e] 


p# 
équation (6) deviendra 
he dass Le RAM ÉREE, 


Mais on à gpo = p, et oT cos. 8— P d’après l'équation (2); par 
conséquent 


(CS SE TRE IL he 7 © ES ORNE 


(OR SA NENR ANAL A a 


8 MÉMOIRE SUR L'ÉQUILIBRE 


En substituant dans l'équation (7) la valeur de ds = V’dx* + dy’, 
on en déduira sans difficulté 


dy y° “| 
TD) UELO 2 UMR QE AVS | 
(10) DE Cas ".) (a ee 


L'intégration de cette dernière équation dépend des fonctions 
elliptiques auxquelles on la ramène aisément en posant 


m—1 2c2 sin. % 


(il)as où OUT y = ———— ; 
: V2(1—c) 


d’où 
2c2 cos. w 
TDR >; 


V9 (1 — 0°) 
et en substituant ces valeurs dans l’équation (10) on aura 


dp 


À y 
dx = = V1) ———————— ; 
2 ) V/1—c° sin. 


et par suite 


2x RER 
d, he ———— do V1 Sin x 
s + dr Vide) p? c° sin. *o 
Partant 
NAN CPE = 5 Va(—e) F(e, +) 
(14) . . . . . . . . ee (er) 


Si nous substituons dans l’équation (4) la valeur de K trouvée plus 
haut, nous aurons, en négligeant le terme multiplié par g, 


(5) ENPO MAPAATRIEQRE r—=T + Lp6 [(a+e) sin. x —y ]. 


Désignons par 4 la valeur de & qui correspond à y — (ae) sin. z; 
la formule (12) nous donnera 


202 sin. & 


16) à à 6 0 0 6 0 0 (Cr non = à 
(6) Grosse PRE 


D'UN CORPS SOLIDE. 9 


et en faisant, dans les équations (13) et (14), à — À —(a ++) cos. 2, 
s—/l,9—9", on aura 


(17) 0 oo ova h=(a+e) cos. « + 5 Vale) F(c,r) 


(18) . . . . . l+h—(a+e) cos. à + E (c, y’). 


2 
V°2(1—c:) 


Si le rapport ? est une fraction très-petite et telle que l’on puisse 
négliger sa quatrième puissance dans l'équation (10), on a un système 
de formules plus simples que les précédentes. 

On trouve d’abord, en intégrant cette équation, 


19 Où Bo . . . È . LYS sin. 8 
( ) Vu À o 
et ensuite 
Hy y” 
20 e . . . . . $S —= 1 + ————— 4 
(20) Vel ( ete) à) 


Ces formules donnent, en y faisant y — (a ++) sin. a, 


DE (es sin. à = PE in done es 
( ) V4; 1 SF 3p (u° — 1) 2 


En développant l'équation (21) et en négligeant les termes divisés 
par les puissances de À supérieures au carré, on obtient 


(a+e)sin. « w(a+es) sin. °« 
23) à . à R—(a+e)cos. a = — "| 1 + 2 "|, 
(25) (a+e) _— De ) 


En conbinant les formules (22) et (23), on en déduit 


EE c\2-er À 2 
Ra CN CRE Ee 
Su +(a+e) sin. x 


Ton. X. 


Lo) 


10 MÉMOIRE SUR L'ÉQUILIBRE 


Substituons dans cette expression, ainsi que dans l'équation (22), 
la valeur de : donnée par la formule (9), nous aurons, en négli- 
geant toujours les termes divisés par *, 


(24). . h—(a+es) cos. a + Loos. 5 5(1—4 006. 8) (==) sn. «| De 


À 


sin. & ae? sin. is 
25) EU ra — — À} — }). . 
C5) (eTE) | sin. B À ( À ) lang. | 


La formule (25) pouvant offrir quelque difficulté dans le cas où 
lon aurait £ — 0, il faudra calculer directement la valeur de /, en 
substituant dans l'équation (22) la valeur de y dans laquelle on fera 
préalablement cos. 6 — 1. 


De cette manière, on a 


À 4 EN © 
Coin ee Lie (==) sin. 2]. 
2 


En négligeant tout-à-fait les termes divisés ?, on obtient les for- 
mules suivantes, beaucoup plus simples mais moins exactes que les 
précédentes 


y = & tang. B 
h— (a+e) cos. « + l cos. B 


sin, & 


l — (a+e) re B 

Dans cette hypothèse le fil est tendu en ligne droite, et la solu- 
tion du problème sera donnée par ces formules combinées avec les 
trois premières et la 15m. On peut substituer aux deux dernières 
celles-ci qui en dérivent 


(27). . . . . hsin.«—lsin. (a+8), sin. B—(a+e) sin. «a, 

et qui se démontrent directement au moyen du triangle rectiligne OAC. 
Il résulte de toute cette analyse que, si le poids du corps suspendu 

est très-prand relativement au poids du cordon, ce qui est le cas 

de l'expérience citée, les équations (1), (2), (3), (8), (9), (11), (16), 

(17) et (18), établissant des relations nécessaires et suffisantes entre 


. D'UN CORPS SOLIDE. ti 


les inconnues du problème et les quantités données, serviront à la 
complète détermination des premières. Ensuite les équations (12) et 
(13), et la formule (15) feront connaître la nature de la courbe OA 
et la tension en un point quelconque de cette courbe. 

Si l’on néglige les termes divisés par , il faudra d’abord combiner 
les formules (24) et (25) ou (26) avec les quatre premières. 

La nature de la courbe OA sera définie par l'équation (19) laquelle, 
étant développée, en y mettant la valeur de 4 et en s’arrétant aux 
termes divisés par *, devient 


(19) . . . . y— x tang. 8 + [3x (a+) sin. x — x]. 


81° sin. B 

Quant à la tension en un point quelconque de la courbe, elle 
sera connue au moyen de la formule (15). 

Enfin, si l’on néglige tous les termes divisés par Ÿ, le problème 
pourra être résolu par les formules (1), (2), (3) et (27). 

Les neuf équations que nous avons rappelées plus haut renferment 
plus de neuf quantités en ÿ comprenant les quantités données; par 
conséquent si l’on se donnait d'avance £ — 0, il suffirait de laisser 
indéterminée l’une ou l’autre des quantités /, 9; et les formules que 
l'on obtiendrait dans cette hypothèse pourraient encore servir à la 
complète détermination des autres quantités. 

On aura donc pour le cas particulier dont nous venons de parler, 


&—0, (l)e—o, (2) TP, 
(3). + 9'fy'EdV — agY sin. «, (8) x + 
CPL re sub i (11) me 
a” sin. °x 
CO = (17) h — a cos. a + — a sin. « Fc, 


a Sin. « 


Ge Are 


LE'e— 5 (1—0c°)F'c], (12°) y—= a sin. «smpe, 


1—c° 
15220 — 
(13’) dE cn 


1 
a sin. & F(c,»), (Il) oc née 2e p6'a? sin. x cos. *p. 
q 


12 MÉMOIRE SUR L'ÉQUILIBRE 


Ces formules déduites de leurs analogues, suflisent pour démon- 
trer la légitimité de l’hypothèse admise. Elles donnent sous une forme 
très-simple, la solution exacte du problème dans le cas où le centre 
de gravité G est situé sur l’axe de rotation. 

Lorsque je me suis occupé pour la première fois de cette question 
(voyez, le 1 cahier du 4e volume de la Correspondance citée) 
J'ai supposé , pour simplifier le problème, que le centre de gravité G 
était sur l’axe de rotation, et j'ai déterminé les conditions de l’équi- 
libre d’une barre homogène et l’équation de la courbe formée par le 
fil. M. Desalis, qui s’est occupé de la même question, après mot, et 
dont le travail est imprimé dans le cahier suivant, a supposé que le 
fil décrivait une surface conique, et il est parvenu aux formules ana- 
logues à celles que nous avons désignées sous les numéros (1), (2), 
(3) et (27). L'examen que nous avons fait nous permet de conclure 
que la solution du problème que fournissent ces dernières formules 
peut être exacte dans plusieurs cas, notamment si le fil n’est pas 
très-long et si la vitesse angulaire n’est pas très-srande. Il en est 
de même de la solution qui suppose 8 — 0; elle sera exacte toutes 
les fois que les équations rapportées plus haut seront satisfaites ; elle 
peut servir particulièrement dans certains cas où l’autre solution 
serait en défaut. Mais pour avoir la solution générale, il faut recourir 
aux formules que nous avons données en premier lieu dans l’addition 
à la note citée pour le cas de la barre homogène, et à celles que l’on 
trouve ici pour un corps symétrique quelconque. 

Nous ferons remarquer avant d’aller plus loin que l’on peut aussi 
obtenir l’intégrale approchée de l'équation (5) dans le cas où le poids 
du cordon est comparable au poids du corps suspendu, si la courbe 
OA formée par le filet moyen, ne s’écarte pas sensiblement de laxe 
des +. 

En effet, mettons d’abord l'équation (5) sous cette forme 


D'UN CORPS SOLIDE. 15 


en désignant par K’ une nouvelle constante arbitraire, et par ; le quo- 
tient du poids du corps divisé par celui du cordon. 
Maintenant si l’on substitue dans cette équation h—x à la place 
9 3) Là . Q dy Q 4 
de /—s, et si l’on néglige les puissances de >; supérieures à la seconde, 


on aura 
dy dx 


2605 Vol+h— 7x 
9 


Faisons, pour abréger, 
0? 
DK —yl—h)=R —, 
g 
et nous aurons, en intégrant, 


29 ———— 
y= À sin. — (V5 Valerie). 
Va 


Pour déterminer la constante À nous supposerons d’abord que l’ex- 
trémité inférieure de la chaîne OA est libre, et que lon a y — 0. On 
doit donc avoir au point À, — 0, x = h; et de là on déduit 


2 


T 
AE, 
done e 


Il faut d’ailleurs, pour lexactitude de nos résultats, que cette va- 
leur de À soit peu différente de / et moindre que cette quantité; ce 
qui exige que la vitesse angulaire 9 soit plus grande que 


1 
DNA 
et différe irès-peu de cette valeur. 
Supposons actuellement que la chaine porte un poids et que son 


extrémité inférieure puisse glisser sans frottement le long de l’axe 
des +; nous aurons à la fois y — 0, x — h; par conséquent 


(iv) = ;; 


14 MÉMOIRE SUR L'ÉQUILIBRE 


d’où l’on tire 


7°q Fi 
h Tu + 3 Val, 


IT en). 


La valeur de l’autre constante arbitraire Æ se déterminera en inté- 
grant la différentielle de l'arc depuis o jusqu’à /. Cette différentielle 


étant à peu près égale à 
d ( £ ) 
" Mr) 


si l’on y substitue la valeur de # et si l’on y fait, pour abréger 


; ; AE, VAL 
= (VV), 
V9 


on aura 

4°}? SE + GA 

(CB) A RON Er ——— 
{/ Re 

SOIN REREENS 


o 


l+x 
men Le 
9 


et nous obtiendrons, en substituant cette valeur dans l'équation pré- 


Posons 


cédente 
29 (1—h) 


27 


I Il cos. p dp 
2 09, 
î S H— 7x di 2II — + 


o 


k — 


Si le rapport + est très-petit on aura 


cos. o dp re 
nm (CU 


(2 


la somme devant s'étendre depuis 7 — 2 jusqu’à » —  , et la fonc- 
üon fn étant déterminée par l’équation 


fn=n (20) — n(n—1)/f(n—92). 


D'UN CORPS SOLIDE. 15 


La valeur de Æ* que nous venons de trouver ne peut pas convenir 
au cas où l’on aurait y — 0. Mais en reprenant l’équation (28) qui 
devient, dans ce cas, 


T 
tes ne | 
g FT — 9 
on en déduit aisément 
2g (1—R) 


k° 


PAPE 8 
sf (1 — cos. o) ee 
/ ? 


On a généralement 


: D AE A ot SN ARR te 
CR 7 ro A 0 CC ). 


o 


La série du second membre de cette équation est très-convergente 
pour des valeurs très-petites de l’angle +; mais en prenant seule- 
ment cinq à six termes, on aura une valeur suffisante même pour le 
cas de 9 = r. | 


DEUXIÈME SECTION. 


APPLICATIONS. 


Pour appliquer les formules générales de la section précédente, il 
est nécessaire d'effectuer d’abord Pintégration indiquée dans l’équa- 
tion (3). On facilitera les calculs en transportant l’origine des coor- 
données au centre G, et en prenant la droite GA pour axe des w et 


16 MÉMOIRE SUR L'ÉQUILIBRE 


A 


la perpendiculaire à cette droite pour axe des £. Il faudra poser en 
conséquence 

y —=(u+e) sin. « — & cos. x, 

SE 


w + &) cos. « — t sin. «. 


4 


En substituant ces valeurs dans l'équation (3), et en observant 
que l’origine des nouvelles coordonnées est au centre de gravité du 
corps, On à 


9° [sin. « cos. a [lu —+#) dV — cos. 24 f(u +6) éd |] = (g-+60° cos. «) aV sin. «. 


Si le corps est symétrique non-seulement par rapport au plan des 
u, t, mais encore par rapport à l'axe des w, on aura 


Ju + €) tdV — 0, 
et la dernière équation se réduira simplement à 
(29) © . - . : . Sicos. a [ fu? #2) AY — a] — agY. 


Désignons par MV et par NV, les momens d'inertie du volume V 
relativement aux axes des # et des #; nous aurons 


(M—N)V = J{u—#) dv; 
et par conséquent 


ag 
— N— a 


SD) nn Lutin MM MP Cos Mi 
(30) CO 


Cette formule démontre que l’on doit avoir M > N pour que l’équi- 
libre puisse subsister, le point C étant au-dessous du centre de gra- 
vité du corps. Dans le cas contraire, la valeur de e étant négative, 
il faut que le centre de gravité se trouve du côté opposé au fil OA, 
et que la tangente au point À fasse un angle obtus avec l'axe des x 
positifs puisque, d'après l’équation (1) le signe de tang. £ est le même 
que celui de e. 

On appliquera immédiatement la formule (30) à tous les corps dont 
les momens d'inertie sont connus. Ainsi, par exemple, si le corps 


D'UN CORPS SOLIDE. 17 


suspendu est un ellipsoïde dont les demi-axes parallèles aux # et 
aux # sont a et b, on a 

cos ere) Pile À | 
(Blÿe 510000 01 0 10e PCR CR 

On doit donc avoir a > b pour que le centre de gravité de l’el- 
lipsoïde soit au-dessus du point C. 

Cherchons maintenant ce que devient la formule (30) dans d’autres 
cas; et supposons en premier lieu que le corps suspendu ait la forme 
d’un prisme très-aplati dont la droite AB indique la projection de 
la base, nous aurons d’abord & = 0, N = 0, et 


dV = fudu 
MV — fu.u’du , 


en faisant a, — GB. 
Partant 


(B2) 4 ee ES a 
fu.u° du — as J fu.du 
—4r : =, 
Premier exemple. — Si la base du prisme est un trapèze dont le 
rapport entre les deux côtés parallèles est », on trouve 


18ag 
2 : 
(a+ &) £ ms) — 18ae 


& cos. a — 
En faisant successivement dans cette formule » — 1 et » = 0, 
on a 
39 


GE 


(BB) o Lolo 0 0150 ot 00 PFERE 


et 

a Es 18ag à 
MNT (a + a,) — 18ae 

La formule (33) est relative au rectangle et convient par conséquent 


Ton. X. 3 


18 MÉMOIRE SUR L'ÉQUILIBRE 


au cas d’une petite barre; la seconde formule se rapporte au triangle 
isoscèle, et donne 


8g 
(Elo Mot Dis & à 0 à 0 0 Pr 

a — Ge 
ou 

2 
(85) ie ONE TR RE ESS RE TER 

a— 2e 


selon que le sommet du triangle est en À ou en B. 


Deuxième exemple. — Si la base est une ellipse ou un cercle, la 
formule (32) donne 
} 
Ca RME An 
a — Le 


Troisième exemple. — Si la base est une zone terminée par deux 
ellipses concentriques et semblables dont les demi-axes sont & et b, 
a' et b’ ou par deux cercles dont les rayons sont & et a’, on aura 


ka 
M 
a + a — as 


Supposons en second lieu que le corps suspendu ait la forme d’un 
cylindre dont l’axe est la droite AB — 24; nous aurons 
dN = ft.didu ; 


et si nous désignons par b la plus grande valeur de {, l’équation 
(29) nous donnera 


; a b a b a b 
(38) . 4 cos. « À ÉTONET fan fra | = aq [au [rar 


Quatrième exemple. — Si la base du cylindre est un rectangle, 
on a ft — constante ; et par suite la formule (38) nous fournira 
3aq 


RU de OT MO COS 
(39) cos. « MS ee 


Ce résultat, analogue à celui de la formule (31), donne lieu à la 
même remarque. 


D'UN CORPS SOLIDE. 19 


Cinquième exemple. — Si la base du cylindre est une zone ellip- 
tique dont les demi-axes parallèles à l'axe des # sont b et P/, la formule 


(38) donnera 


12 
(D) + o © 9 © oo Fees 29 


La 3 (D + D") — 124 

Même remarque que pour l’exemple précédent. 

Sixième exemple. — Pour un cylindre plein de même forme, il 
suffit de faire D’ — o dans la formule (49). 

Considérons maintenant un solide de révolution autour de l'axe 


AB. On aura 
dV = dudt Vb®—# , et b—fu, 


en désignant par f« l’ordonnée de la courbe génératrice de la sur- 
face du solide. En substituant ces valeurs dans l'équation (29) et en 
faisant comme plus haut GB — a,, on trouvera 


(MH) - - - Æoos.z L JG — f°u) fudu — sas [fui | = sg ffadu. 
Septième exemple. — Le solide de révolution ayant la forme d’un 
cône droit, dont le sommet est au point À, on trouve, au moyen de 


cette équation, 
159 


2). ML ee PCs, @ = ——"]  —. 
(5) SU (1—m°)a— 15e 


en désignant par » le quotient du diamètre de la base divisé par la 
hauteur du cône. Il faut donc que l’on ait »m < 1 pour que le centre 
de gravité du corps puisse être plus élevé que le point C. 

Pour appliquer l'équation générale à un solide homogène, symé- 
trique par rapport à trois axes qui se coupent au centre G, il suffit 
de faire dans l'équation (38) b — F4; en dénotant par F4 l’ordonnée 
de la section principale du corps sur le plan des {, w. Cependant 
si le solide est un anneau engendré par la révolution d’une surface 
plane autour de l’axe des f, il sera plus commode de prendre 

dy 
cos. “4 


d\Y — ududt 


? 


20 MÉMOIRE SUR L'ÉQUILIBRE 


la lettre 4 désignant l’angle formé par le plan de la figure généra- 
trice avec celui des {, #. On aura donc au lieu de l’équation (29), 
ces deux formules 


La 


= fa f ss 
& cos. «| race f{e=rrur]er 


Si la figure génératrice est symétrique par rapport à deux axes 


\ 


parallèles à ceux des coordonnées # et #; en nommant 7 le rayon du 
cerele décrit par le centre de cette figure, on aura 


uw —=(r—ft) cos. L, uw! —=(r + jt) cos. L; 
et les expressions précédentes deviendront simplement 


b 


N —9r7 ftdt 
(43) Le 
r70? COS. & AC + ft—9%) fat «v | — agN. 
Huitième exemple. — Si la surface génératrice est une ellipse, 
on à 


RE VTT: 
et les formules (43) nous donnent 


(CHDMEMOEE. A POÉRORE MEE ner oo PET ré eut 
dr? + SD? — 9? — Gas 
Neuvième exemple. — Le cas de l'anneau proprement dit est com- 
pris dans la formule précédende, et il suffit d’y faire D’ — b ; ce qui 
la réduit à 


8ag 
45 RSS ONU Et Les ITU ET O2 A © ———— + 
( ) FA Lr® + D? — Bas 


D'UN CORPS SOLIDE. 21 


Dixième exemple. —Si l'anneau est très-aplati on peut supprimer 
b° dans la formule (44) qui devient par là 


: 8ag 
COS, à = ———————— : 
4r° + 8b"° + Bae 
Mais on a 7 + b' — a. Donc si l’on fait 7 — b' — a!, on trouvera 
8a 
& cos. « — 1 


Ta? + Ta’? + Qaa’ — Bac 


En comparant ce résultat à la formule (37) on voit qu'il y a une 
différence sensible entre le cas de l'anneau aplati produit par la 
révolution d’une ellipse, et celui de l’anneau produit par la révolution 
d’un petit rectangle. 

Problème premier. — Déterminer les circonstances de l’équilibre 
de la barre très-mince AB, le centre de gravité G étant sur l’axe Oz, 
et la valeur de module c étant donnée. 

Solution. — On prendra d’abord au lieu de la formule (3’) la for- 
mule (33) en y faisant : — 0; ce qui donne 


” 
(46) . . . . ° ü à à . . . or en 
ou bien 
8 
(D) ANR NT EME TN PERTE DRE TRE EUR 
& COS. & 


Substituant cette valeur de & dans la formule (8) on en tire 


ER SP ES DÉNPONE PTN E =, 


au moyen de quoi l'équation (11’) donnera (en posant pour abréger 


2c°P 
(CONTRE ee eee 
Sap (1—c°) 
(CDR ENS an TER 


P 


Exemple premier. — Soient a = 0”,3, 5 — 60, c — 0,01. Les 


°2 MÉMOIRE SUR L'ÉQUILIBRE 
formules (49), (50), (47) et (18’) donnent à très-peu près 
@—1D2:00 8— rV 10, Da: 


. . 1 A 
Exemple deuvième. — En faisant c — ; V2et en conservant les 
autres données, on trouvera à peu près, 


C0) EN 07 UE Ta. 


Exemple troisième. — On suppose, _ — 15000, et l’on conserve 
les deux autres valeurs de l'exemple précédent. On trouve dans ce cas, 


a — 89.89.80”, 6—445,83r, l—5a. 


Remarque. — La valeur de + ne dépend que de celle du module e, 
et du rapport entre le poids de l’unité de longueur de la barre et le 
poids de l'unité de longueur de cordon. La valeur de 9, toutes choses 
égales d’ailleurs , est en raison inverse de la racine carrée de la lon- 
gueur de la barre. La longueur du cordon, le module étant le même, 
est proportionnelle à celle de la barre et au sinus de l’inclinaison &. 
Plus le rapport > augmente, plus l'angle + approche de 90b, et plus 
la vitesse angulaire devient grande. 

En général pour que le centre G soit sur l’axe Op, il est nécessaire 
que le cordon soit très-long ou très-dense, si la vitesse angulaire n’est 
pas très-grande. 

Probléme deuxième. — On connaît la vitesse angulaire, la longueur 
de la barre et le rapport =; trouver les conditions nécessaires à 
équilibre dans la supposition que le centre G soit sur l’axe des #. 

Solution. — En éliminant les quantités cos. « et g au moyen des 


équations (47), (49) et (50), on a 


6? 


#1 ! 1 De 
(ina er" VOCALES RS FT a o9p 


Cette formule combinée avec les formules (46) et (18’) fera con- 
naïtre c, « et L. 


D'UN CORPS SOLIDE. 23 


Exemple. — On suppose 


P 
a — 0,3, — — 15000, 4— 107; 
(2 


on aura 
c— sin. 10.28, 84.17.47", = 48,58. 


Problème troisième. — Une sphère homogène est attachée à l’extré- 
mité inférieure d’un cordon vertical qui tourne uniformément sur lui- 
même, et le centre de gravité du système est tant soit peu écarté de la 
verticale qui passe par le point fixe; déterminer la situation d’équi- 
libre du cordon et de la sphère. 

Solution. — Le poids de la sphère étant supposé très-grand par 
rapport à celui du cordon, si l’on néglige les termes divisés par }?, 
la formule (31) en y faisant b — à donne cos. « — — + ; ensuite 
la formule (1) nous fournit cos. 8 — — cos. « et les formules (24) 
et (25) deviennent 


1 + 4 cos. 6 
h—(a+c—l) COS, à + (—) sin, x. / 


2 
lis (a+e) cos. a. 


Substituant dans cette dernière la valeur de cos. +, on aura 


et 
2g15 
| Ga (1— a) ? 


ou bien, eu égard à la valeur de *. formule (8), 


=} — 
: +): 


JP. BF 
TO S6P  (1—aÿ 


Pour l'exactitude de ces résultats il faut d’abord que la différence 


24 MÉMOIRE SUR L'ÉQUILIBRE 


Î — a ne soit pas très-petite; et si cette condition est remplie on aura 
pour < une valeur positive ou négative selon que / sera > ou < a. 
Dans le premier cas cos. « étant négatif, l'équilibre exige que le 
diamètre AB de la sphère soit tout entier du côté du cordon OA. 
Mais alors on doit changer le signe de a et les formules précédentes 
donnent: 

1° La distance entre le centre de la sphère et le point C où le 
prolongement du diamètre BA rencontre la verticale, c’est-à-dire 


l ge ( à ): 
Ve Un T gap Ds a 


20 La distance du point C au point fixe, ou la valeur de labscisse 


B 
Re Te 
SP (la) 


3° L’angle BCx — 8 au moyen de la formule 


cos. B — LE 
€0? 


4° La tension du cordon au point À, formule (2), exprimée par 


ePe 


DT — 


g 
5° L’équation de la courbe formée par le cordon OA, formule (19/), 


IPEP 8x3 
y = (tan. pee B nel 


7 6gP sin. 
6° La tension en un point quelconque du cordon, formule (15), 
Det E + 1£ (E sin. B— y") | Ô 


Si l’on avait / < a on pourrait supposer : négatif et par suite cos. 
positif. Mais on aurait alors cos. £ négatif et la valeur de : donnée par 
la formule (9) étant également négative, si 2 est très-grand, l'équation 


D'UN CORPS SOLIDE. 25 


(19) donnerait pour y une valeur imaginaire. Donc, le système étant 
d’abord en repos, si on lui imprime un mouvement de rotation autour 
de la verticale avec une vitesse angulaire croissante, le diamètre AB 
de la sphère ne prendra point la position indiquée par la figure, 
L'équilibre serait cependant possible dans-cette situation du diamètre 
si la vitesse angulaire était très-grande, pourvu que le point C füt situé 
entre le centre G et le point À ; ce qui rend négative la valeur de :. 
Mais pour déterminer les valeurs numériques de toutes les inconnues, 
il faudra recourir aux formules générales dans lesquelles ces quantités 
sont mélées, et qui ne peuvent être résolues que par des tàtonnemens. 


ADDITION. 


Dans le quatrième volume de la Correspondance citée, j'ai aussi 
considéré l'équilibre d’une chaine fermée et suspendue par un point 
de sa circonférence à l’extrémité du cordon OA. En imprimant au 
système une certaine vitesse angulaire, la chaine commence par s’ou- 
vrir en restant dans le plan vertical qui passe par la courbe OA ; mais 
elle ne tarde pas à s’incliner de manière que son plus grand diamètre 
prend la position AB. Pour avoir les conditions de l'équilibre relatif à 
cet état, on nommera : 

w la section transversale de la chaîne, 

gp’ sa densité, 

v, t, 3, les coordonnées rectangulaires d’un élément quelconque 
ds' de la courbe formée par la chaine, 

r la tension correspondante à l'élément ds’ et rapportée à l'unité 
de surface. 

Tow. X. À 


26 MÉMOIRE SUR L'ÉQUILIBRE 


L’oricine des coordonnées est placée au point C; les © positifs sont 
S P P ; 
ris dans le sens CA, les # positifs font un angle aigu avec l’axe Ox 
; 5 5 2 
et les z sont perpendiculaires au plan de la figure. 
Cela posé, on aura, d’après le principe des vitesses virtuelles, 


JA UJv + Tot + Zaz) p'ds — froids D 
et il est facile de s’assurer que l’on doit avoir 


U — (sin. & + é cos. æ) 6? sin. 4 — g cos. «, 
T— (vsin. & + é cos. x) 0° cos. & + q Sin. «, 
Z = — 65. 


En opérant sur la première de ces équations, d’après les méthodes 
connues, on trouve 


— const. — A Udv + Tdt + Zdz), 


p 

Pc - 
te 
pords dr 
rudui. dz 
= — d — —= Udz — Zdv. 
DANS AT 


En substituant dans ces équations les valeurs des forces accéléra- 
trices, on aura d’abord, en désignant la constante arbitraire par C. 


2 


— C + g(v cos. Sie) — IS + (v sin. & + é cos. «)°]. 


(52) 


& I ce 


Si l’on élimine au moyen de cette formule la quantité +, et si l’on 
fait pour abréger 


on aura, pour définir la courbe formée par la chaîne, les équations 


dz’ [6° (v sin. « + # cos. «) sin, & — g cos. «] z' — 4x a 
DO —— °° —— ———— Ù 
EE : 6 : d 
00 M C+g(vcos. a—isin.æ) — [2° +(vsin. « + £cos. a)°] 
dt & (vsin. « + # cos. æ) (4 sin. «— cos. «) — q (sin. & + {' cos. a), 
UE DNGGRGCXÇGGGGÇÇ OC U« 


G+ g(vcos. a— # sin. «) — SE + (v sin. & + 6 cos. «)] 


D'UN CORPS SOLIDE. 27 


Il est impossible d'intégrer ces équations dans le cas général qu’elles 
représentent, mais on peut les simplifier moyennant certaines restric- 
tions ; la première consiste à supposer que la troisième ordonnée # est 
une très-petite quantité que l’on peut négliger sans erreur sensible. 
Donc si nous faisons { — # — o, les dernières équations donneront 
seulement 


dz' & (oz! sin. a — z) — gz' cos. « 


(53). do. 


Î z2122 6” ï 
C + gu cos. a — RE n) 


Avec les mêmes restrictions la formule (52) devient 


2 


g 
— C + gv cos. « — 5 (z° + v° sin. *x). 


(52) 


D, l GL 


Malgré cette restriction, il n’est pas encore possible d'intégrer l’é- 
quation de la courbe formée par la chaine; et si l’on veut obtenir cette 
équation en termes finis, il est nécessaire de restreindre davantage 

5) 
la question. Nous nous bornerons à l’examen de deux cas particuliers. 
Supposons d’abord que l’on ait sensiblement cos. « — 0 ; l’équation 
PP q 
(53) se réduira à celle-ci, 


dont l'intégrale est 


et la constante 


Au moyen de ces valeurs, la formule (54) donnera 
T — pal”. 
Pour comparer la valeur de la tension à un poids donné, on fera 


6 — 2nr, et en désignant le poids de la chaine par P’ on aura 


P'— 27rgp'a'. 
Partant 


[}2Y) 0) a LA 
ar — n°7 — P'. 


28 MÉMOIRE SUR L'ÉQUILIBRE 


On voit donc que la tension est égale au poids de la chaine multi- 
plié par le rapport de sa longueur au coefficient de la pesanteur , et par 
le carré du nombre de tours qu’elle fait dans une seconde de temps. 

Considérons enfin le cas où la chaine reste dans le plan vertical, 
en d’autres termes faisons sin. « — 0 et cos. « — 1, dans les équations 
(53) et (54). Il en résultera 


GE NR gdz + O°zdv 
NON Re ee 
DRE 
<f 2 
— = C+Hgo— —z 
P 


La première de ces équations n’est pas intégrable sous forme finie ; 

(e) 2 
mais si l’on néglige les termes multipliés par 6° on trouve l'équation 
différentielle de la chainette; et si l’on néglige les termes multipliés 


par g on obtient 
dz’ 0°zdv 


équation intégrable et qui donne 


dz 
—— + VC (6: 20) —1, 
dv 


en désignant par C/ la nouvelle constante arbitraire. 

En changeant les constantes la dernière équation pourra être mise 
sous cette forme 
(B°— hp") ds 


(D = = R————— 
ACTE EN) 


où il est aisé de voir que l’on a fait 


1 


Ci PI US — 8 
2 € 92(b7—p') y 


la lettre b désigne ici la plus grande valeur de z. D’après cela, la va- 
leur de la tension sera donnée par la formule 


, 


— 1 6 (Bb — 51). 


DE 


D'UN CORPS SOLIDE. 29 


Faisons 
b 


2 DIS NAT E RC — 


Var 


et l'expression précédente de do deviendra 


b (1 —0c°) do 
D = = 2 ———_—_@_— 
26 V/1— c° sin. 29 
d’où l’on déduit 
b(1—0c° 
9 = a" (cr p). 


On déterminera les constantes arbitraires en supposant connue la 
longueur de la chaîne; ce qui rentre dans ce que nous avons déjà vu. 


FIN. 


SUR LA LATITUDE 


L'OBSERVATOIRE DE BRUXELLES, 


A. QUETELET, 


To. X. 1 


by 
SAUNYE 


AAA AA LV AAA VV LU LU UV AAA EVA EU AV LULU AAA 


SUR LA LATITUDE 


DE 


L'OBSERVATOIRE DE BRUXELLES. 


Avant de présenter mes propres recherches sur la latitude de Bruxel- 
les, j'ai cru qu'il pourrait être intéressant de faire connaitre les recher- 
ches qui ont été faites antérieurement pour la détermination de cet 
élément, et pour celle de la longitude de la même ville, dont je m'occupe 
en ce moment de déterminer aussi la valeur. Ces détails ne seront peut- 
être pas sans utilité pour l’histoire des sciences en Belgique, où l’on à 
peu fait, dans le dernier siècle, en faveur de Pastronomie et de la 
géodésie, et où l’on ignore assez généralement les travaux des savans 
qui ont précédé cette époque. 

Les principales déterminations de la latitude et de la longitude de 
Bruxelles que j'ai pu me procurer, sont les suivantes : 

D’après Gemma Frisius, tableau de la situation des principales 
villes du monde, qui termine la 2e édition de son ouvrage publié en 
1530, sous ce titre : Gemmaæ Phrysit medici et mathematici, de 
principüs astronomiæ, etc. 

Longitude à l'Est des Iles Fortunées! . . . . . 26° 42 00” 

HAE MENT CT RE CSI 00 


1 Gemma place Bruxelles à 8° 22’ à l’orient de Paris. 


SUR LA LATITUDE 


ES 


D'après Beausardus, dans un opuscule intitulé Annul 


astronomici cum certissimi lum commodissimi usus 
Petro Beausardo matheseos studioso auctore, in-18. 
Anvers 1553 : 
Long. à l’Est des Iles Fortunées EE 22! à l'Est de Paris). 
Dre CUT LS 
D’après Gemma De ae ses notes sur la cosmo- 
graphie d’Apien, page 86, édition in-4° de 1584 : 
Longitude à l'Est des Iles Fortunées (et de Paris 3°1 1’). 
taire de ME 
Ph. Van Lansberge, dansé son dtiioene dés princi- 
paux lieux du globe, fabulæ motuum ne éd. 
1632, p. 8, met Bruxelles à 11 minutes en temps à l’o- 
rient de Paris ou en degrés. 
Il fait la latitude de Joué 
À la page 111 de son Obicreatonum te. ocre 
publié avec les tables précédentes, Van Lansberge donne, 
à propos d’une éclipse solaire observée à Be ;kell 
août 1560, et rapportée par Stadius, des déterminations 
un peu différentes, et fait la latitude de cette ville de 51°. 
D’après Wendelin, dans l'ouvrage intitulé : Gotifredi 
Wendelini luminarcani eclipses lunares ab anno 1573 
ad 1643 observatæ, in-4°. Anvers, 1644 : 
Longitude à l'Est du 17 méridien de Wendelin, ' 
une ju aol oct ro vdta re: 
D’après Dérplices État du ciel pendant l'année 
1722, in-18. Paris. (Je ne possède de cette collection 
d'annuaires que ceux qui suivent l’année 1722 ) : 
Long. à 21° 55 à l'Est de l’île de Fer, ou à l’Est de Paris 
Latitude 


260 42! 00" 
51 00 00 


25 36 00 
51 4 00 


2 45 00 
50 48 00 


27 15 00 
50 48 00 


1 55 00 
50 50 50 


1 Le premier méridien de Wendelin passait par l'Islande; selon cet auteur, Bruxelles est à 


l’est de Paris de 8° 21’. 


DE L'OBSERVATOIRE DE BRUXELLES. 5 


D’après la Connaissance destemps de Paris pour 1727 
(je ne possède pas les volumes précédens ) : 
Longitudetà l'Est de Paris) purent 2020082025) 00! 
Latitude . . . 50 51 00 
D’après aire de Bo pour 1779. ia Pastion 
de Bruxelles, qui n’était pas indiquée dans les annuaires 
précédens de Berlin, se trouve donnée ici comme ayant 
été déterminée par des observations astronomiques : 
BouciuderaulEsthdes Paris veu emetoeteu tent 25 1645 
Batitudens lot bn: s . 50 51 00 
D’après l’académie inpérialete et royale de Bruselles À 
dans les observations météorologiques communiquées 
à la société palatine de Manheim, et qui ont été insé- 
rées dans le recueil de cette société pour 1781 : 
Longitude à l'Est de Paris . . . . . . . . 2 1 45 
Latitude . . . 50 5i 00 
D’après l’abbé Mann Mércinte ‘la la ab de Rue 
selles, page 1, im-8°, 1755. 
Longitude à l'Est de l’île de Fer’ . . . . . . 21 55 66 
atitade no ne oran ed Tea battu c450k515:00 
L'abbé Mann n'était pas étranger aux connaissances astronomiques, 
comme l’attestent les mémoires de l’ancienne académie de Bruxelles; 
du reste, en donnant la position de cette ville, il ne dit pas quelles 
sont les opérations qui ont servi à cette détermination, ni le lieu auquel! 
elles se rapportent. La latitude qu’il donne, la même que celle de la 
Connaissance des temps pour 1727, ne s'éloigne pas grandement de 
celle d'Apien, mais il n’en est pas ainsi pour la longitude, qui présente 
une différence de près de 1 degré et demi comparativement à Paris. Au 
reste, à l’époque même où écrivait l’abbé Mann, il restait encore bien de 
l'incertitude sur la position de nos principales villes : on peut en juger 
par le passage suivant, extrait de l’avant-propos des observations de 
M. Pigott, imprimé dans le tome Ier des anciens #emoires de l’aca- 
démie de Bruxelles... «Tandis qu'en Allemagne, en France, en 


6 SUR LA LATITUDE 


Angleterre, on multiplie les observations astronomiques, elles avaient 
été entièrement négligées dans les Pays-Bas, où jusqu'à présent il ne 
s’est pas élevé un seul observatoire. Par suite de ce qu'on vient de 
dire, on ne doit pas être étonné de trouver peu d'accord entre les 
géographes, qui ont construit des cartes des Pays-Bas Autrichiens : 
nécessairement incertains sur les vraies positions des lieux , ils ont été 
obligés de prendre pour guides les géographes qui les avaient pré- 
cédés ; ou bien ils ont tâché de corriger les erreurs de leurs devan- 
ciers, par des conjectures souvent plus erronées encore. Un coup 
d'œil jeté sur différentes cartes modernes et estimées suflira pour jus- 
tifier ce qu'on vient de dire, et, en les comparant, on verra avec 
surprise, qu'il y a telle ville déplacée, de 5, de 10, de 15 lieues et 
même davantage de sa véritable situation, etc. » 
Dans la Connaissance des fenre, pour 1789, on trouve 
pour longitude de Bruxelles à l'Orient de Paris 8’ 5/' en 
a 
Et pour la latitude . . . . . . 50 50 59 
Les seules explications qui se ee à ces dénens 
se réduisent à ces mots : « Toutes les villes de lAlle- 
magne et des Pays-Bas, qui sont marquées d’un À , ont 
été calculées par Dom Nouet ou par moi (Lalande) 
d’après les triangles de M. Cassini de Thury, et en sup- 
posant le rapport des arcs de la terre de 229 à 250.» 
La Connaissance des temps de Paris, pour l’an VIT de 
la république ( 1798 à 1799 ), dans son nouveau tableau 
des longitudes et des latitudes des principaux lieux de 
la terre, plaçca Bruxelles à la latitude septentrionale. 50 50 59 
Et à l'Orient, de Paris 8’ 8/’ en temps, ou. . . . . 2 2 00 
Ces élémens de position ont été constamment repro- 
duits depuis, dans les volumes de la Connaissance des 
temps, mais sans aucune indication sur le lieu auquel 
ils se rapportent. Seulement, on lit dans le volume publié 


pour 1836, page 113 du supplément : « En 1789, 


DE L'OBSERVATOIRE DE BRUXELLES. 7 


la longitude de Bruxelles avait été donnée d’après Cassini. 2° 1’ 15 
En 1799 (an VIT }, elle fut changée en . . . . . 2 2 0 
sans en indiquer la raison ; c’est celle qui a été donnée jusqu’aujour- 
d’hui , et que jai adoptée en attendant de nouvelles observations. * » 


Un de mes premiers soins, dès que je pus me servir des instrumens 
destinés à l’observatoire de Bruxelles, fut de chercher à déterminer 
la position géographique de cet établissement. Pour arriver à la con- 
naissance de la latitude, je fis usage du cercle mural de MM. Troughton 
et Simms. Cet instrument ne fut placé qu’à la fin du mois de juillet 
1835, par les soins obligeans de M. Gambey, qui se trouvait alors à 
Bruxelles pour le placement de sa lunette méridienne. Ge cercle est 
semblable en tout à celui de Greenwich , qui se trouve représenté dans 
le tome Ie des observations de cet établissement pour 1811 : il a six 
pieds anglais de diamètre, et porte une double division, l’une sur or 
et l’autre sur paladium, avec six microscopes qui permettent de lire 
jusqu'aux secondes sexagésimales, et d'apprécier les fractions de la 
seconde. 

Pendant la fin de l’année 1835, jé ne pus observer que d’une ma- 
nière très-irrégulière, par plusieurs motifs indépendans de ma volonté 
et surtout parce qu’il fallut couvrir le cercle à plusieurs reprises, pour 
le préserver de la poussière, pendant les travaux qui restaient encore 
à exécuter dans le voisinage de la salle où se trouve cet instrument. 

Le peu d'observations que je parvins à recueillir paraïtront dans 
le volume des Annales de l'Observatoire de Bruxelles pour 1855, qui 
est sous presse ; ces observations se rapportent aux différentes étoiles 
fondamentales. Quand je m’occupai des calculs de réduction, dans la 
vue d'obtenir la hauteur du pôle, je m’apercus que je parvenais à des 
résultats assez sensiblement différens, selon que je fesais usage des 
positions calculées dans les éphémérides de Londres, de Paris, ou de 


1 Depuis que ce Mémoire est écrit, j'ai obtenu sur la position géographique de Bruxelles, 
déterminée par Cassini de Thury , des renseionemens beaucoup plus satisfaisans qu’on trouvera 
à la suite de ce Mémoire. 


ô SUR LA LATITUDE 


Berlin, parce que les distances polaires de quelques étoiles y différent 
quelquefois de plusieurs secondes’. Je jugeai préférable d’ajourner 
mes calculs et d’attendre les observations de Paris, de Greenwich ou 
d’un autre observatoire connu, pour les comparer directement aux 
miennes. 

Cependant je me décidai à diriger mes observations vers une étoile 
dont la position ne laissât pas de doute, et qui püt être observée 
à ses passages supérieurs et inférieurs, afin de m’affranchir des 
erreurs des tables calculées. La polaire parut répondre parfaite- 
ment à mes vues: jemployai en conséquence la fin d'avril et le mois 
de mai, pour faire les observations dont je vais rendre compte. 

La marche que j'ai suivie consiste à ne pas observer la polaire 
seulement à son passage au méridien, mais à prendre encore la hau- 
teur de cette étoile plusieurs fois avant et après cet instant. J’obtenais 
ainsi, après avoir fait les réductions nécessaires au méridien, plusieurs 
observations, dont les résultats devaient nécessairement se contrôler. 

Quant aux observations des passages inférieurs qui avaient lieu le 
soir, elles se faisaient alternativement par réflexion sur le mercure et 
d’une manière directe. Les moyennes de ces deux séries d'observations 
me donnaient les extrémités de l’are formant le double de la hauteur 
de l’étoile au-dessus de l’horizon ; ou en d’autres termes, je détermi- 
nais sur mon cercle le diamètre qui répondait à la direction de l'horizon 
en même temps que je déterminais la hauteur de l'étoile. Ces deux 
opérations se faisant simultanément, mettaient mes résultats à l'abri 
des petites erreurs qui pouvaient survenir dans le placement du cercle, 
ou dans l'estimation des réfractions en opérant à des intervalles éloi- 
gnés ?. D’une autre part, en combinant les observations des passages 


1 2% du capricorne diffère par exemple de près de 5 secondes en déclinaison dans les éphé- 
mérides de Greenwich et de Berlin ; procyon de près de 4 secondes, etc. 

2 Cette méthode, que je regarde comme très-avantageuse , est expéditive et peut conduire à 
beaucoup de précision dans les résultats. J'ai pu faire en effet jusqu’à huit observations succes- 
sives pour un même passage de la polaire, et donner ainsi à mon cercle mural les avantages du 
cercle répétiteur ; il est vrai que cette méthode n’est applicable qu'aux étoiles dont le mouvement 


DE L'OBSERVATOIRE DE BRUXELLES. 9 


supérieurs avec celles des passages inférieurs ; j’évitais les petites er- 
reurs des tables relativement à la position de la polaire. 

La méthode que jai suivie suppose cependant que le fil de ma 
lunette, par rapport auquel j’estimais la hauteur de la polaire, était 
parfaitement droit et horizontal, car la moindre déviation devait né- 
cessairement produire des écarts assez considérables dans des mesures 
aussi délicates. Je pouvais, il est vrai, espacer également mes obser- 
vations des deux côtés du méridien, et alors les petits écarts provenant 
de l’horizontalité du fil s’entre-détruisaient nécessairement, si le fil était 
droit ; mais cette manière d'observer aurait été assez pénible et même 
impraticable dans certains cas, quand les nuages, par exemple, ne per- 
mettaient de voir l’étoile que par intervalles très-courts. Je préférai done 
observer, sans trop n'écarter du méridien , avec le fil tel qu'il était, sauf 
à faire ensuite les corrections nécessaires pour l’horizontalité. Le point 
essentiel était que le fil ne se dérangeät pas pendant le cours des 
diverses séries d'observations que je me proposais de faire. D'ailleurs, 
ces observations mêmes devaient me faire connaître si le fil était bien 
effectivement horizontal ainsi que la valeur de la déviation, s’il y en 
avait une. Or, cette déviation existait effectivement, et je l'avais déjà 
reconnue dans les observations que javais faites antérieurement. Celles 
que j'allais faire avaient donc un double but, puisqu'elles devaient 
me donner la mesure des corrections à faire pour les étoiles précé- 
demment observées. 

La formule suivante a servi au calcul de ces corrections. 


dans le champ de la lunette est fort peu rapide , comme l’est celui des étoiles circompolaires. Elle 
ressemble du reste beaucoup à celle que M. Airy emploie pour déterminer le double arc d’éléva- 
tion d’un astre au-dessus de l'horizon. On sait que cet astronome distingué commence par fixer 
la lunette du cercle à peu près sur le lieu du ciel où l'étoile va passer, il lit les divisions des mi- 
croscopes comme si l'observation était faite, puis au moyen d’un fil, mu par une vis micromé- 
trique parallèlement au fil horizontal fixe de la lunette, il estime la petite correction à faire. Cette 
estimation et un second pointé vers l'étoile peuvent s’opérer avec assez de rapidité pour que 
le procédé puisse être applicable à toutes les étoiles ; il suppose aussi une parfaite horizontalité 
dans les deux fils par rapport auxquels l’estimation a lieu , et beaucoup de promptitude dans le 
maniement de l'instrument. L'une des deux observations se fait par réflexion sur le mercure. 


Tow. X. 2 


10 SUR LA LATITUDE 


Correction en déclinaison pour l'horizontalité du fil = 0,159 : ; 
t est le nombre de minutes comptées entre l’observation et le passage 
de l'étoile au méridien, son signe est positif ou négatif, selon que 
l'observation a eu lieu avant ou après le passage supérieur; le con- 
traire a lieu pour le passage inférieur. Le coefficient 0/,159 est la 
moyenne des résultats calculés pour une minute, d’après trois séries 
d'observations, savoir : 


Du 15 avril au 7 mai, par 10 passages inférieurs . . . 0163 
Du 7 mai au 25 — -— — 0152 
Du 10 avril au 20, par 9 passages supérieurs . . . . . 0,163 

MOYERNE Se 0 5) 


Quant aux réfractions, je me suis servi pour les calculer des tables 
de Bessel, données dans la première partie des tables auxiliaires pu- 
bliées par M. Schumacher en 1822. Cela posé, je vais présenter les 
résultats de mes observations des passages inférieurs de la polaire, 
en me réservant de présenter tous les détails de ces observations dans 
les Annales de l'Observatoire pour 1836. 


11 


DE L'OBSERVATOIRE DE BRUXELLES. 


19° /0T.19008 | 


OS'OT LC TT'YTC CT 7 | 678 1676 LL'TS 90'88 
LS°GI | 69°0G 86°S7 | 79°c4 0766 61 86 ©9'86 
88°6 li 1096 LL°SY 08"Ta 68°66 1C 66 LG°86 
6L°6 sr'9T 60°SY 86 T8 AC LT°TS 10°86 
TT'OT | 8L'TT L9°Sr ge'6g Ce Se SUIS ©0'68 
IG'OT | S0°SG 89°9r | 19768 9656 TSTS 66 07 
ST'OT 1 SS°YC 97°sr 29:69 « 00'£8 83 08 6166 
OY'OT 1 S6°GC SL'97 | CB 68 66° 96 ST'CS LG'0r 
89°6 | 68°9c ET'9Y7 | 96 68 8796 62°TS LO'07 
SL°6 | 1295 IG 97 | IT Y 9r°98 09°T6 6 O7 
9T'OI i 69°6& CO TT L Ir rG ST 80° 60 80°68 
STI 1 AT°GG 88°2Y 09°Yg cS 96 L$°08 Sr or 
S9'OT | Sr°6c ST2T | 0979 0698 59°08 « SG Ir 
L8"OI n 997 Gr 97 | 8r°6G 0666 06 6& OG'IY 
68'0T i GI'95 98° ZT 0T'98 ©O' LE 66° 6& “ 90'YT 
Tr'OT 1 LS'TT LT | 89°29 6 S6 GL'2G 6667 
NTI | 66 60 se'9r | #6G'2G 6666 66 ST GL'TY 
GE'IT OS°TC IG'£Y7 Ce 88 ga'ce ‘ | 8T' TC Gr enr 
8c OI LYC 0c'SY | 06°89 96°78 66 9c OL'er 
LO'IT | 926 16° $Y7 | 08:99 68°T6 96°r& IL'Yr 
98°6 | 66 9T 50°97 | OL'68 GL'96 80 LT STST 
©r'OT 1 Se SG GE 97 | G9°64 « LL°SS OL'Gc r3°sr 
8S'O0T | CL'TC 88°9r l I6 6S'6T 0648 à 19°7G 6GL'SYr 
SSTT | OS'YT T9" ZT PPT 5096 g6'6c 9L'87 
LGTI « ji 96 TC 06 97 BI et 6676 GA IC 1607 
86,6 ,18 008 | 60,97,TI0008| 00,97 76 089! YL,T ,9c 688 | 70,98 S6,70C, 910606] L,,L7 05 09} 


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9& 
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LG 
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6© 
Co 
LI 
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CO CO CO 10 30 20 = GI “+ = 10 20 30 39 = 19 19 29 = 59 1 19 20 + 


(9) 2 (c) 


G ï ‘(9) + (5) *(9) —006 + (s) “u[Iog op 
| (8) — (2) & 009€ lNorxataqu wva (8)| cnanazoaura (4) fenenuuy,j soide p 
[SOL IT 0 PE ne 


& :NOIXATIAU MY a (y) 


“aNauaroaune (£) lesgorvauasao| "sNorTvAUIS:0 || 
006 — (7) + 6) À ———— | 
AUIVIO4 V'I aq = fs Go . 7 
HUIOLVAUTSEO 1 Êt qAuaswo SE Catoa 1 aq IVENOZIUON HAUASTO Duv ŒIUAN av LINQTAUVT 


aandinvr À NOSIVNITOZE VI HG AJANOO LNVNAL NX ÉNOSIVNITOHC INIO4 AA LOV HA VA AC ALANOD ENVNAL NAN AUANON 


Joan 979409 no sopn] ou0j0d pp op saunupfur sobossod sop suoyvauosqo 


12 SUR LA LATITUDE 


On peut voir, par le tableau qui précède, que, pendant tout le 
cours des observations, le point du cercle mural correspondant à la 
direction de l'horizon, n’a pas sensiblement varié : les deux valeurs 
limites ont été 130 3’ 37//,02 et 13° 3/ 33//,40. Cette distance 3/’,62, 
dont la moitié 1/’,81 forme à peu près l'écart de la moyenne, peut étre 
attribuée autant au pointé qu’à l’instrument même; d’ailleurs les ob- 
servations par réflexion sur le mercure, quand Pair est agité, ne 
comportent pas toujours la même précision que celle qu'on est en 
droit d'attendre des observations directes. Je serais cependant disposé 
à croire qu'entre le 30 avril et le 7 mai, il pourrait y avoir eu un petit 
mouvement de laxe, comme aussi entre les observations du 19 au 
20, de manière qu’on pourrait prendre, pour point correspondant à 
l'horizon, 

133’ 35/33 d’après les observations du 18 au 30 avril. 


13 3 36,10 — — du 7 au 19 mai. 
13 3 85,09 — — du 20 au 27 mai. 


En faisant servir les observations des passages inférieurs de la po- 
laire à la détermination de la latitude, et en employant à cet effet les 
positions calculées dans l'Annuaire de Berlin, qui s'accordent assez 
bien avec celles de la Connaissance des Temps et du Vautical Al- 
manac, on trouve, d’après le tableau donné à la page précédente : 


50° 51’ 10/84 par les 10 observations du 15 au 29 avril. 
» » 10,50 — 10 — du 30 avril au 20 mai. 
» » 10,68 — 6 — du 21 au 27 mai. 


ou bien, en prenant la moyenne générale, on a 


50° 51’ 10/67 pour latitude de l’observatoire. 
» » 12,57 pour valeur maximum !. 
» » 9,63 — — pninimum. 


Les observations des passages supérieurs de la polaire ont été moins 
nombreuses que celles des passages inférieurs; cela tient d’une part 
à ce que le ciel a été en général bien moins favorable pendant les obser- 
vations du matin. Plusieurs fois, l’air était tellement vaporeux, quoi- 
qu'il n’y eùt pas de nuages, qu'il était impossible de distinguer la 


! Cette observation aurait peut-être dû être rejetée , parce que les observations par réflexion 
ont été mauvaises à cause de l'agitation de l'air. 


DE L'OBSERVATOIRE DE BRUXELLES. 15 


polaire. Je ne pourrais même guère citer que trois ou quatre circon- 

_stances dans lesquelles l'étoile se montrait bien nettement ; aussi j’ai dû 

suspendre plusieurs fois les observations à cause de la fatigue de ma vue. 
Voici les passages que j'ai pu observer, et les résultats calculés. 


Observations des passages supérieurs de la polaire au cercle mural. 


NOMBRE ENREERANE DÉCLINAISON EN TENANT POINT LATITUDE 
compte dela réfrac- 

des tionet de la réduc- 
tion au méridien, 


de la polaire d’a-|compte de la décli- 
prèsl'Annuaire de] naison de l’étoile, 
Berlin. arc observé. (5) HORIZONTAL. 


de 


ogsenvarions. |ogservaTIons.| 21° observé. 


L'OBSERVATOIRE, | 


OO O-@ | 


65° 28’ 41/52188° 26 1/56163° 52° 43710|13° 8’ 35/83 |500 51’ 777) 
43.04 » 1.29 
45.74 59.24 
45.58 58.95 
47.84 568.86 
52.85 54.90 
51.91 54.69 
52.58 54.50 

54.38 
54.18 
53.75 
52.72 
52.80 


Ces résultats ne sont pas tout-à-fait aussi satisfaisans que ceux donnés 
par lobservation des passages inférieurs; cela tient surtout aux causes 
que j'ai indiquées précédemment. Le 16, par exemple, les deux seules 
observations que j'aie réussi à faire, dans les courts intervalles que des 
nuages laissaient entre eux, présentent une différence de 7 secondes ; 
les deux observations du 20 ont été aussi très-dificiles , cependant 
elles s’accordaient assez bien. En résumé, l’on trouve : 


14 SUR LA LATITUDE 


50° 51’ 1088 pour latitude de l'observatoire. 
» » 14,00 pour valeur »#aximum. 
» » 7,71 pour valeur minimum. 
2 


C’est un peu plus de 3 secondes pour les plus grands écarts, tandis 
que, par les passages inférieurs, nous n’en avons pas trouvé deux, 
quoique les observations fussent en nombre double. Du reste, il ne 
faut point perdre de vue que les erreurs des tables s'ajoutent ici à 
celles de l’instrument et du pointé. 

Pour faire dépendre la latitude des seules observations, j'ai réuni 
dans le tableau qui suit, les résultats déduits immédiatement des pas- 
sages supérieurs et inférieurs de la polaire. Le résultat des observations 
de chaque passage supérieur se trouve comparé à la moyenne des 
observations de deux passages inférieurs voisins ; et quand ces deux 
passages n’ont pu étre observés, j'ai pris le nombre donné par le 
passage qui précédait ou suivait immédiatement. 


Latitude déduite des passages supérieurs et inférieurs de la polaire. 


ARG OBSERVÉ, POLE HAUTEUR 


en tenant compte de la réf. et de la réd, ou POINT 
au mérid,, par le passage DU PÔLE OU EATITUDE 
S # 
MOYENNE DES ARCS HORIZONTAL, 


OBSERVATIONS. : L D Q DEL'ONSERVATOIRE. 
SUPÉRIEUR. INFÉRIEUR. précédens. Ë 


16 avril. 16528’ 41782 |62°20' 48/04 |63 84° 44/78 335738 | B0O°Bl’ 945 
ue » » 43.04 18.55 13.79 10.46 
18.74 45.15 45.44 10.11 
15.88 14.93 48.25 9.92 | 
47.34 13.86 13.45 10.12 | 

52.83 11.96 47.40 [13 & 11.30 

81.91 42.21 47.06 10.96 
592.58 10.75 16.66 » 10.56 À 

51.83 39.03 16.93 10.83 

33.41 40.32 16.86 10.76 

56.38 39.88 48.10 12.00 

53.95 38.89 4627 13 & 11.18 | 

54.93 38.06 46.49 11.40 

50° 51° 10/69 


DE L'OBSERVATOIRE DE BRUXELLES. 15 


Les résultats de ce tableau sont indépendans des erreurs des tables, 
et l’on peut voir que les valeurs individuelles s’accordent entre elles 
d’une manière satisfaisante. La moyenne générale est à peu près iden- 
tiquement la même que celle obtenue par l’observation des seuls 
passages inférieurs, et ne diffère pas de plus de 0/’.2 de la moyenne 
déduite de l’observation des passages supérieurs. En résumé, on a : 


50° 51’ 10/69 pour latitude de l'observatoire, 
» » 12,00 pour valeur maximum. 
» » 9,45 pour valeur minimum. 


Je pense, d’après ce qui vient d’être dit, qu’on peut admettre pour 
valeur de la latitude de l’observatoire de Bruxelles : 


50° 51° 107.7. 


Quelque satisfaisant que soit l’accord entre les résultats qui précè- 
dent, on ne doit pas se dissimuler cependant que, puisque la latitude 
déterminée ne repose que sur l'observation d’une même étoile, elle 
pourrait être entachée d’une même erreur, constante pour cette étoile 
et dépendante d’une flexion de l’instrument ou d’une autre cause agis- 
sant toujours dans le même sens ; du reste, je crois une pareille cause 
d'erreur peu probable’. 


1 Les observations faites en 1835, qui se rapportent à des étoiles de différentes déclinaisons , 
ont été calculées depuis que ce mémoire est écrit, et elles donnent une valeur qui s’accorde 
très-bien avec celle qui se trouve indiquée ici. 


péarsee ent pu pr dent “0e 
Mage qui ne L, mire) 9 


AAA AAA AAA NE AR EE EN AAA 


NOTE 


SUR LA DÉTERMINATION GÉOGRAPHIQUE 


DE BRUXELLES!. 


Les résultats des opérations trigonométriques que Cassini de Thury exécuta dans les trois 
années 1746 , 1747 , 1748, pour servir de bases aux cartes militaires des pays conquis par 
Louis XV, sont mentionnés dans un ouvrage intitulé : Description des conquêtes de Louis XF, 
depuis 1745 jusqu’en 1748, que cet astronome fit imprimer en 1775 à la suite de la relation 
de son voyage en Allemagne. C’est dans ce recueil que l’on a puisé les élémens qui ont servi à 
la détermination géographique de Bruxelles que nous offrons , laquelle détermination est déduite 


1 Les renseignemens contenus dans cette note ont été obtenus du dépôt de la guerre en France, par l’obli- 
geante entremise de notre ministère. 


Tom. X. 3 


18 NOTE. 


des données géodésiques les plus récentes, par l'intermédiaire de deux points géodésiques de 
1+ ordre, qu’elles ont de commun avec le réseau de Cassini. Ces points sont Malines et Anvers, 
qui font partie des chaînes de triangles que le colonel Tranchot étendit depuis Dunkerque jus- 
qu’au Rhin, pour servir au levé topographique de cette portion de territoire, soumise à la do- 
mination française, et que l’on comprenait alors sous la dénomination générale des quatre 
départemens réunis !. L'identité de ces deux points trigonométriques avec ceux de Cassini se 
trouve constatée par la comparaison suivante des angles d’un triangle qui appartient aux deux 
triangulations. 


ANGLES 
D " ———— 
DE CASSINI. DE TRANCHOT. 
Anvers EU OC GO TGS 660 17° 24” 
LENS ot © 000 0 à 0 do ot sua oc 7 1 5 71 13 18 
Hérenthals 0 D CU TC Re 2960) 43 29 18 


C’est donc à partir du côté Malines-Anvers, donné par la triangulation du colonel Tranchot , 
que l’on a calculé une série de huit triangles de Cassini, dont les trois derniers aboutissent au 
point de Bruxelles. 

C’est également à partir des latitudes et longitudes de Malines et d'Anvers, données par la 
géodésie, dans l'hypothèse d’un aplatissement de Pre que l’on a calculé la position géographi- 
que de Bruxelles. Voici le résumé des six résultats que l’on a obtenus et qui sont exprimés en grades. 


Bruxelles, latitude 565 4986/16 Longitude — 25 2480/84 


86.11 80.85 

88.97 78.94 

89.00 78.94 

87.04 77.68 

87.03 77.66 

Moyenne... 565 408788 ul — 25 2479/15 
En degrés . . . 50°5056” — 2° 1923" 


On ne trouve, dans l'ouvrage de Cassini, aucune indication du lieu de ses stations , à l’excep- 
tion de celles qu'il a faites à Ostende ( hôtel-de-ville ) et à Bruges ( clocher de N.-D. ); mais des 
travaux trigonométriques que les ingénieurs géographes militaires exécutèrent, en 1747, dans 
les Pays-Bas, et dont le dépôt général de la guerre possède les minutes, nous apprennent que 
le point de Bruxelles déterminé par Cassini , était à Ste.-Gudule. 

Nous joignons à cette note le tableau des huit triangles de Cassini, avec les résultats du calcul 
des azimuts, latitudes et longitudes de leurs sommets. 


1 Sarre, Rhin et Moselle, Ourthe, Roër. 


19 


NOTE. 


0‘OG691 
0‘90810 
g‘TO601 


6‘T9LIT 
91986 
0‘L96CI 


190818 
S‘rOYSI 
T SLLET 


80601 
L'TGYGI 
0‘L96CI 


*SAULEN NA SHLOD 


9% 67 
87 OOI 
TC 60 


L OST 
L6 CI 
ST ZI 


LS #9 
0 #8 
T 18 


OT 07 08 
Où 7G ©) 
108 16 099 


"SHNOIUUOD SATONV 


* SOUI[EN 
moquodue 


©  Sa[OXmuq 


SA9QUuIA) I, 
* SOUITUIU 


SO[[PXN1q 


* au9sSY 
* SoUI[eIN 


SaTPxniq 


SIHquuS ‘JL 
* ‘ sou 


moquodure) 


*SLARHUOS SA 


SKON 


0‘8Z6TI 
g‘98618 
g‘TO0CG 


1‘I96I 
O‘FSTLI 
6‘TOIST 


T'ALLET 
6‘S9T6I 
G6‘TOIST 


6‘TOISI 
g‘O8TeI 


8:t0078 


“SHULAN NA SHLQ9 


0$ ZG ZT 
08 6G OST 
0ù &6 I8 


0 6 97 
O8 81 92 
OT IT 89 


06 66 98 
0ù 99 88 
OL T6 66 


o° 


sg 0 67 
GE Zu GE 
10T 18 018 


*SHOIUMON SHTINV 


"SAOQUT7 20 SO)JOMNAT OUAUO INISSVT) 0p Spb] 


SIDAUVY 
* SoUIEIU 


SQUIA9 *L 


* song 
* SAUI[UN 


Squu *L 


*SXnq 
SAUr[E NX 
249SSY 
SIDAUY 


SOUIEN 


song 


"SLHNNOS S4Q 


SKON 


NOTE. 


20 


NOMS 


DES OBJETS, 


Malines . . 


Puers. . . 


Anvers. . . 


Puers . . . 


Malines . . 


T. Grimberg. 


Puers …+ . 


T. Grimberg. 


Malines . . 


T. Grimberpg . 


Anvers. . . 


T. Grimberg . 


Malines . , 


Campenhout . 


1e Grimberp o 


Campenhout . 


Positions géographiques des points de Cassini (en grades). 


AZIMUTS. 


1995,8722.4 
322, 6971.6 

81, 8878.3 
931, 7494.7 

39, 2827.3 
1906.1 
374, 4564.2 
174, 392.2 
1330.8 
239, 0411.5 


4, 0226.1 
203, 9977.7 


369, 8683.8 
169, 9294.14 
298, 4152.6 

95, 8682.14 


LATITUDES. 


565,6997.82 
86, 7828.41 


56, 9127.34 
56, 7528.38 
56, 6997.82 
56, 5941.34 
56, 7528.40 
56, 5941.50 


36, 6997.82 
56, 8938.62 
86, 9127.34 
56, 8938.64 
56, 6997.82 
56, 6028.27 


56, 940.02 
56, 6028.31 


—_95,3803.22 
9, 1882.11 


__9, 2939.68 
9, 1882.12 
9, 3803.22 
—_9, 2617.81 


1889.12 
—9, 2617.80 


—9, 3803.22 
—9, 2620.37 
9, 2939.68 
—_9, 2620.36 
_—2, 3803.22 
—_9, 4589.03 
—_9, 2618.94 
—2, 4589.12 


| 
| 
| 
| 


NOMS 


DES OBJETS. 


Malines . 
Assche. . 


Puers . . 
Assche. . 


Malines. . 


Bruxelles . 


Assche. . 


Bruxelles . 


Malines . 


Bruxelles . 


T. Grimbers 


Bruxelles . 


Campenhout 


Bruxelles . 


Malines , 


Bruxelles . 


AZIMUTS, 


62:,9031.0 
262, 6594.1 


18, 7990.1 
218, 7301.7 


23, 1099.0 
228, 0072.2 


334, 8307.1 
184, 9714.9 


1739.4 
228, 0711.1 

5, 9152.6 
203, 9044.0 


87, 9155.8 
987, 7517.0 


1739.4 
225, 0710.1 


LATITUDES. 


565,6997.82|- 9:,3803.22 
86, 5687.11|-_9, 0666.23] 
86, 7828.40|—9, 1532.12} 
86, 8687.05|—9, 0666.22) 
86, 6997.82|- 9, 3803.22} 
86, 4986.16|—2, 2480.84} 
86, 8687.08|—2, 0666.22] 
86, 4986.11|—9, 2480.85 


56, 
56, 


86, 
56, 


56, 
56, 
86, 
86, 


6997.82 
4988.97 


5940.02 
4989.00 


6028.29 
4987.04 


6997.82 
4987.03 


LONGITUDES. 


—9, 8803.22 
—_9, 2478.94 


—_9, 2618.94] 
—9, 2478.94 


9, 4589.08] 
—9, 2477.68] 


__9, 3803.22 
2 


MÉMOIRE 


SUR LES 


VARIATIONS DIURNE ET ANNUELLE 
DE LA TEMPÉRATURE, 


ET EN PARTICULIER 


DE LA TEMPÉRATURE TERRESTRE 


à DIFFÉRENTES PRÔFONDEURS, 


D'APRÈS LES OBSERVATIONS FAITES A L'OBSERVATOIRE DE BRUXELLES > 


Par À: QUETELET- 


Tow. X. 1 


AA a VAN PA Va A A A Va a AA AA A A A A A A a A GA A A A A AN AM M A A EN AV AV A A A PA A a A A A A A A A A AA 9 A A A AN A A A A A A 


MÉMOIRE 


LES VARIATIONS DIURNE ET ANNUELLE 


DE LA TEMPÉRATURE, 


ET EN PARTICULIER 


DE LA TEMPÉRATURE TERRESTRE 


À DIFFÉRENTES PROFONDEURS, 


D'APRÈS LES OBSERVATIONS FAITES À L'OBSERVATOIRE DE BRUXELLES !. 


CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 


Depuis long-temps les observations des températures, faites à la 
surface du globe, ont mis en évidence que le thermomètre subit deux 
espèces de variations très-prononcées, l’une annuelle et l’autre diurne. 


? Ce mémoire a été lu à l'académie, le 7 mai 1836. La rédaction n’a subi, depuis cette époque , 
d’autres changemens que ceux qui ont été nécessités par l'addition des tableaux de la tempéra- 
ture terrestre pendant le cours de l’année 1836. 


SUR LES VARIATIONS 


S 


Les observations ont fait connaitre, de plus, que ces variations pério- 
diques se manifestent encore, du moins dans de certaines limites, 
quand le thermomètre est enfoncé au-dessous de la surface du sol : 
ainsi, les variations diurnes, dépendantes du mouvement de la terre 
sur son axe, sont appréciables à plusieurs décimètres de profondeur; 
puis se présente une couche où elles cessent totalement de se mani- 
fester ; tandis que les variations annuelles, dépendantes du mouve- 
ment de translation de la terre dans son orbite, y sont encore très- 
sensibles. 

Ces dernières variations sont appréciables , dans nos climats, à 
plus de vingt mètres de profondeur; au delà se présente une seconde 
couche qu’on a nommée couche invariable des températures, parce 
que le thermomètre y conserve, pendant le cours de l’année, une 
hauteur à peu près constante. De sorte que l’on doit concevoir, au- 
dessous du sol, deux couches limites, l’une pour les variations diur- 
nes et l’autre pour les variations annuelles du thermomètre. 

Ces deux couches ne sont pas nécessairement parallèles ; leurs 
distances varient très-probablement en allant de l'équateur aux pôles, 
d’après l’état des eaux, la nature et la conformation des terrains et 
diverses autres circonstances. Le ixrès-petit nombre d’observations 
sur les températures terrestres, qui ont été recueillies jusqu'à pré- 
sent, n’ont pas permis de déterminer la direction de ces couches ni 
les particularités qu’elles présentent; seulement la théorie montre 
que, dans un même lieu, les profondeurs où les variations diurnes 
et annuelles de la température cessent de se manifester, sont entre 
elles comme les racines carrées des nombres qui représentent les 
durées des périodes des variations, et par conséquent comme I est 
à V/365, ou comme Î est à 19 environ. 

La théorie montre encore que les variations diurnes de la chaleur 
produisent les mêmes effets que les variations annuelles, mais dans 
des limites de terrain dix-neuf fois moins étendues ; ainsi, deux points 
d’une même verticale qui atteignent en même temps leur maximum de 
la chaleur du jour, sont environ dix-neuf fois moins éloignés que ceux 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 


(Sr 


qui parviennent ensemble à leur maximum de la chaleur annuelle !. 

En s’enfonçant progressivement au-dessous du sol, et en faisant ab- 
straction des variations diurnes et annuelles de la température, on 
reconnait que le thermomètre monte rapidement; et, en général, on 
peut estimer que, pour obtenir un degré centigrade d’accroissement 
dans la température, il suffit de done de 25 à 30 mètres ?. Si les 
variations diurne et annuelle n’existaient pas, il faudrait donc se 
représenter la température du globe comme allant en croissant quand 
on descend de la surface vers le centre; et il ne faudrait guére des- 
cendre, dans nos climats, de plus de 3000 mètres, pour trouver une 
température qui surpasserait celle de l’eau bouillante. 

En s’élevant de la surface vers les régions supérieures de l’atmo- 
sphère, on a reconnu au contraire que le thermomètre s’abaisse 
graduellement ; et, en prenant la moyenne entre les résultats observés, 
on trouve un degré centigrade d’abaissement pour 165 mètres d’éléva- 
tion *. La température va donc en s’abaissant, mais non pas d’après 
une même loi, depuis l’intérieur de la terre jusqu'aux dernières limites 
de l’atmosphère *. La température au delà de ces dernières limites, 
d’après les ingénieuses et savantes recherches de Fourier et de D 
sieurs autres Ai ciens , peut être évaluée à 60 degrés centigrades 
environ au-dessous de zéro; c'est ce qu’on a nommé Le température 
des espaces planétaires. 

Si les observations suivies des températures terrestres sont rares, 
celles faites à différentes hauteurs dans l’atmosphère le sont bien plus 
encore; l’on peut dire même qu’on ne connait à peu près rien sur les 


1 Théorie du mouvement de la chaleur dans les corps solides, par Fourier, pag. 168, tom. V 
des Mémoires de l’Académie royale des sciences de l’Institut de France. 

? Pouillet, Ælémens de physique et de météorologie , tom. IT, 2e partie, pag. 654, 1r° édit, 

? DUYSET PRES ; ? , 
airs 
Ibid., pag. 658. 

4 Ceci n’est pas rigoureusement vrai, car l'expérience prouve que, lorsqu'on ne considère 

que des hauteurs très-petites , comme 8 à 10 mètres, il se présente des irrégularités singulières 
ui dépendent de la direction du vent et de la présence ou de l'absence du soleil; il n’est pas 
P P ; 

rare, par exemple, de voir, entre ces limites, la température devenir croissante avec la hauteur. 
Ce phénomène arrive en général, dans la nuit jusqu'au matin, quand l’air est calme et le ciel 
serein; c’est un effet du rayonnement ( Pouillet, tome II, 2° partie, page 661 ). 


6 SUR LES VARIATIONS 


variations diurne et annuelle du thermomètre à différentes hauteurs. 
On ignore encore s’il existe des couches où ces variations cessent de 
se manifester; ceci du reste ne parait nullement probable *, mais il 
serait intéressant de rechercher si les limites des variations se resser- 
rent en s’élevant dans l’atmosphère; il ne serait pas moins intéressant 
de reconnaître où se trouvent les couches dans lesquelles les varia- 
tions diurne et annuelle ont le plus d'intensité *. Ce sont des problèmes 
curieux de la physique du globe qui sont restés jusqu'aujourd'hui 
sans solution. 


PREMIÈRE PARTIE. 


TEMPÉRATURE DE L'AIR. 


1. Résultats généraux des observations des variations diurne et 
annuelle de la température de l'air. 


Si l’action solaire se manifestait immédiatement, et si les phénomè- 
nes des températures ne se compliquaient d'aucune influence étrangère, 
le thermomètre, chaque jour, serait, à l’heure de midi même, à son 
plus haut point d’élévation ; et les degrés par lesquels il monte, dans 
le cours de la matinée, formeraient une échelle qui serait sensible- 
ment la même que celle des degrés par lesquels il s’abaisserait après 


1 Ce n’était pas l’opinion de Saussure ni celle du baron de Zach. Voyez le dict. de Gehler , 
IE, 1012 et la Corresp. de Zach, XXI, 119. 

? Il peut exister d’autres variations périodiques encore, bien moins sensibles et plus longues; 
par exemple, celle qui dépendrait du déplacement de la ligne des absides et qui se rapporterait 
aux températures moyennes annuelles, comparées entre elles. 


DIURNE ET ANNUELLE. 7 


midi; de sorte que la courbe qui représenterait la marche du ther- 
momètre pendant l’espace de vingt-quatre heures, pourrait être 
considérée comme symétrique des deux côtés de l’ordonnée mazimum : 
il en serait de même de la courbe qui représenterait les variations 
des températures annuelles ; le maximum se manifesterait au solstice 
d'été, et le minimum au solstice d'hiver. Mais il n’en est point ainsi; 
les courbes des variations ne sont point régulières, et les mavima et 
les minima ne tombent pas aux époques où le soleil a sa plus grande 
ou sa moindre action. Le problème se complique d’un grand nombre 
de causes, parmi lesquelles il faut surtout ranger les facultés inégales 
qu'ont les corps d’absorber, de transmettre ou de rayonner la chaleur, 
l'humidité de l'air ou de la terre, les vents ainsi que la configuration 
et l’élévation des terrains. Ces causes sont si complexes qu’il n’est 
guère possible d'aborder la solution du problème autrement que par 
l'expérience, en se réservant d'exprimer ensuite par des lois empiriques 
les principales circonstances qu'il présente. 

Le premier travail suivi sur les variations diurnes du thermomètre 
paraît dù à Chiminello de Padoue, qui, vers la fin du siècle dernier, 
eut la constance d’observer le thermomètre pendant 16 mois, et 
d'heure en heure, depuis 4 heures du matin jusqu’à 11 heures du 
soir. Des observations horaires furent aussi faites à Leith, près 
d'Édimbourg, pendant les années 1824 et 1825. Vers la méme épo- 
que, des observations semblables se faisaient par les soins de Neuber 
à Apenrade en Danemarck, mais sur une échelle moins étendue. 
Bento Sanchez Dorta, à Rio Janéiro, en 1785, et MM. Horner et 
Langsdorff sur le Grand-Océan se sont aussi occupés des variations 
horaires du thermomètre. 

Les principaux faits qui ont été mis en évidence par ces séries 
d'observations, sont les suivans : 

1° La courbe qui indique les variations diurnes du thermomètre n’est 
pas régulière; elle présente un maximum et un minimum qui sont sé- 
parés par des intervalles de temps inégaux. La distance de ces intervalles 
pendant le jour est moindre que pendant la nuit. Ainsi, l’on a trouvé : 


8 SUR LES VARIATIONS 


TEMPÉRATURE. 
MINIMUM, MAXIMUM, DIFFÉRENCE, 
A Padoue 4 5" Sat ee LE DEN TNT 
A LOIR SP Le 4,6 » onisetthee 2,6 soda KDE) 
ABATIS MRC NS ET Ne NO ME PMR ETLEE DONNEES EMLOLO 


20 Les termes mavimum et minimum sont variables selon les sai- 
sons, non-seulement pour les heures auxquelles ils se présentent, 
mais encore pour le nombre de degrés qui les séparent. On en jugera 
par les résultats suivans, déduits de l'observation ‘. 


ÉPOQUES DU WAXIMUN DIFTÉRENCE DES TEMPÉRAT. 
X Maximum et minimum. 
nf 


PADOUE,. PADOUE. LEITE,. 


! . ah Q 
TaDvien eee Eee 2,4 soir. 


Février 2. AMONT TE 1,9 
UMA S EE MR ENT AT THE 2,6 
Pr EL ee IR AR MEN 3,6 
Matane MS Rte 3,8 
APE ASUS MEN RE) de 8,1 
PCT SOMME TE CON EME 4,1 
A ONE TUE HAS PANNES 3,7 
Septembre NT 2,5 
NTOCtobDre etre TR Ten 1,4 
NOvVemDre Se PAUVRE ATOME ê 157 
Décembre fe} RE MP NCME 1,4 


ANNÉE . 


30 La moyenne des températures de deux heures homonymes, 
d’après M. De Humboldt, s’écarte généralement peu de la tempéra- 
ture moyenne du jour; l’écart est surtout peu sensible, quand on 
choisit 4 heures du matin et 4 heures du soir. 

Si l’on recherche, d’une manière expérimentale, les instans précis 
où se présentent les moyennes températures de l’année, on obtient 


1 Kæmtz, Lehrbuch der meteorologie, tome 1, pag. 85 et 87. Voyez aussi Saggt scientifici di 
padova, 1, 195 et 208, ainsi que l'Edinburyh journal of science, n° IX , juin 1826. 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 9 


ces résultats, d’après les observations de Leith et de Padoue : 


HEURE DE LA TEMPÉRATURE MOYENNE. 


LIEUX. 
— MATIN. SOIR. 
$ 1824, . . . . . 9heur. 183 minutes. 8 heur. 26 minutes. 
Rte 1 PR 0 is SORMEIE | 
AMPadoues cr LE RERO et Gr 41 » Hs pr) à 


4° Quoique les heures des températures moyennes de l’année soient 
très-différentes selon les climats, néanmoins l’intervalle des heures est 
à peu près le même sous les différentes latitudes. Ainsi, il a été 


À Leith de 11 heures 12 minutes. 
À Padoue . . 11 » 14 » 
À Apenrade. . 11 » 11 » 


5° Les instans de la température moyenne du jour varient selon 
les saisons, et présentent dans les différens lieux des discordances assez 
grandes ; on en pourra juger par le tableau suivant, où se trouvent aussi 
calculés les intervalles de temps qui séparent les deux instans du jour 
où le thermomètre atteint son élévation moyenne”. 


DISTANCE 


des temps moyens, 


MATIN. SOIR. 


PADOUE. LEITH. PADOUE. LEITH. 


Janvier US 


Février . 


Mars. 
Avril 
Mai . 
Juin. 
Juillet . 
Août. 


Septembre. . . . 
Octobre. 


Novembre . 


Décembre . 


1 Kæmtz, tome 1, page 107. 


Ton. X. 


19 


10 SUR LES VARIATIONS 


Si de la considération des variations diurnes , nous passons à celle 
des variations annuelles de la température , nous trouverons : 

1° La courbe des variations annuelles des températures présente 
plus de régularité que celle des variations diurnes. M. le baron De 
Humboldt avait fait observer sa remarquable symétrie des deux côtés 
de l’ordonnée maximum. M. Bouvard fit voir, d’après les observations 
de Paris, que les jours des plus basses et des plus hautes températu- 
res de l’année, ont été le 14 janvier et le 15 juillet, et ne diffèrent 
ainsi que d’un jour sur l’espace d’une demi-année. M. Kæmtz (tome 1, 
p. 126) a trouvé des périodes un peu différentes, et il a remarqué 
de plus que les époques des mavimuin et minimum de température 
varient peu avec les latitudes : voici les résultats sur lesquels il a fondé 
ses calculs; nous avons compris dans le même tableau les époques des 
températures moyennes. 


EPOQUES DES 


TEMPÉRATURES MOYENNES. 


MINIMUM. | MAXIMUN. 


Enontekis. . 
Christiania . 
Upsal . 
Fort Sullivan 
Manchester . 
Paris . 
Turin. 
Padoue 
Rome. 
Ville du Cap. 


Abusheher . 


Fort Johnston . 


En prenant les 


20 janvier. 


26 juillet. 


L août. 
dim 
21 juillet. 


28 avril. 
3 mai. 
22 avril. 
26 
27 

18 

18 
20 

1 mai. 
19 avril. 


22 octobre. 
14 


moyennes arithmétiques de ces nombres, on 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 11 


obtient : 


Pour le jour le plus froid de l’année 14 janvier. 
— le plus chaud . . . 926 juillet. 
24 avril. 


Pour les jours de température moyen. 
21 octobre. 


2° Les différens climats offrent des dissemblances très-prononcées 
relativement aux irrégularités qu on observe dans les variations diurne 
et annuelle du ee Cl On en jugera par Je tableau suivant : : 


TEMPÉRATURE DU MOIS 


TEMPÉRATURE 
moyenne DIFFÉRENCE. 
DE L'ANNÉE. LE PLUS CHAUD. LE PLUS FROID. 


Funchal . 
t-Malo . 
Paris . 
Londres . 
New-Yorck . 
Pékin. 


On a partagé , d’après ces différences de température, les climats, 
en climats constans , variables et excessifs : ainsi, Funchal appar- 
üendrait aux climats constans, et New-Yorck ainsi que Pékin aux 
climats excessifs. 

3° On a remarqué que le décroissement de température, en s’éle- 
vant au-dessus du sol, varie pendant les différentes saisons de l’année. 
Les observations de M. Guerin à Ventoux, près d'Avignon , ont fait 
voir qu’en été il suflisait de s'élever de 156 mètres pour avoir un 
abaissement d’un degré centigrade, et qu’en hiver il fallait s'élever à 
195 mètres. 


’ 


! Pouillet, météorologie, tome Il, page 636; le tableau original contient BE SALES erreurs de 
chiffres. Voyez aussi Kæmts, t. Il, p. 88. 


12 SUR LES VARIATIONS 


2. Observations des variations diurne et annuelle de la tempéra- 
ture de l'air en Belgique. 


Nous ne connaissons pas d'observations faites en Belgique dans la 
vue de déterminer les variations diurnes de la température, soit 
de l'air, soit de la terre; nous aurions voulu, à partir de 1836, pou- 
voir combler cette lacune, mais le manque d’aides et divers obstacles 
nous ont empêché de remplir cette tâche avec l'exactitude désirable ; 
il a fallu interrompre souvent les observations, surtout celles de la 
nuit, nous nous bornerons donc à ne présenter, comme essai, que 
celles qui concernent les maxima de la température. 

Ces observations ont été faites au moyen de quatre thermomètres : 
le premier était placé au nord et à l’ombre, à plus de 3 mètres d’élé- 
vation au-dessus du sol; les trois autres étaient placés au sud et 
directement sous l'influence du soleil, savoir À ayant sa boule ap- 
puyée à la surface de la terre, B ayant sa boule à moitié enterrée, 
et C ayant sa boule immédiatement au-dessous de la surface du sol. 
En général, pendant les jours de pluie, les thermomètres n’ont pas été 
observés, parce que l'humidité qui couvrait les instrumens et l’évapo- 
ration devaient nécessairement rendre leurs indications plus ou moins 
fautives ; il résulte de là qu'il ne faut guère compter plus de vingt 
jours d’observations pour chacun des quatre derniers mois de 1836, 
et la moitié seulement pour juin et mars. Les observations de jan- 
vier, pour le thermomètre exposé au nord, datent de 1834, époque 
à laquelle nous avons observé, pendant quinze jours consécutifs, les 
instrumens météorologiques, à partir de 5 heures du matin jusqu’à 
11 heures du soir. Ces dernières observations étaient faites en corres- 
pondance avec celles que M. Hudson faisait à la société royale de 
Londres. 

Enfin les époques des maxima ont été déterminées, en calculant 
une parabole dont les abscisses exprimaient les temps et dont les or- 
données indiquaient les hauteurs thermométriques correspondantes. 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 13 


Observations horaires de la température, echelle centigrade. 


HEURE |; 
du 
MAXIMUM. 


10 11 12 1 2 3 4 


HEURES. | HEURES. | HEURES. HEURE. | HEURES. HEURES, | HEURES. 


|| MOIS. |THERMOMÈTRES 


9°82 | 9°96| 10°06| 9°80| 9:80! 1 47 


. [Ther. au N.| 888| 9722 


Th. 4 auS. 
B » 
€ » 


21,95 | 22,33 | 22,18| 19,04| 17,92| 12 
19,18 | 20.10 | 20,19| 18,07| 16,85| 1 8 
18,82 | 19,86] 19,63 | 17,93! 16,70| 1 82 


Th. dau S. 30,65 | 30,96 | 30,84] 29,03 | 24,77| 0 56 | 
B » 29,96 | 30,09 | 29,74] 28,69| 25,38] 1 12 
C » 98,10 | 28,90 | 28,83 | 27,69| 25,37| 1 25 


Ther. au N. 
Th.auS. 4. 


18,18| 18,00! 17,87| 1 
19,60 | 18,99 | 17,71| 1 
19,27 | 17,68| 17,11| 1 21 
18,87| 17,83 | 16,96| 1 


| Oct. | Ther. au N. 


19,78 | 12,42) 12,09| O0 55 | 
Th. 4auS. 13,93 | 12,83 | 12,23| 0 99 | 
FE à 13,29 | 12,56| 11,84| 0 28 

C » 13,24 | 12,46| 11,95| 0 35 À 


Nov. | Ther. au N. 
Th. 4 aus. 


8,17| 8,17| 7,96| 7,89| 1 
7.93| 7,55| 6,76| 6,16| 0 
7,48| 7,25| 6,70| 5,88| 0 51 | 
7,88] 7,928| 6,71| 6,14| 0 


[| Déc. !| Ther. au N. 
| Th, 4 aus. 
B » 


9,06| 9,00! 8,86| 8,58| 1 2 | 
8,85| 8,20| 7,73| 7,28| O0 37 

8,00| 7,78| 7,39] 7,00| O 53 | 
7,88 


Ce tableau montre d’abord que les époques des marima de tempé- 


1 Quelques-uns des derniers jours de novembre se trouvent compris dans cette série de 
20 jours d’observations. 


14 SUR LES VARIATIONS 


rature diffèrent très-sensiblement pour nos quatre thermomètres ; car, 
en prenant les époques moyennes pour chacun d’eux, on trouve : 


ÉPOQUE DU MAX. DE TEMPÉRATURE. 


EL" — 


Pour le thermomètre placé au Nord. . . . . . 1 heure 25 minutes. 
— <bohé'antércliens menant SM D aie 16) » 
— B — AE A a a QD do 53 » 
_— C — AE RE M MO TO 53 » 


La différence pour le thermomètre placé au nord et à ombre, et 
pour le thermomètre À placé au sud sous l'influence des rayons so- 
laires, est de 46 minutes, ou de 42 seulement en comparant les 
observations faites les mêmes jours. 

Les mazima de température pour les thermomètres B et C! sont arri- 
vés à peu près exactement aux mêmes heures et ont suivi de 14 mi- 
nutes les mazima pour le thermomètre A. 

L’explication de cette différence semble se présenter naturellement. 
Les thermomètres, placés sous Paction directe du soleil, doivent en 
effet réparer plus rapidement les pertes de chaleur faites pendant la 
nuit que les thermomètres placés au nord et à l'ombre, car ils subis- 
sent au plus haut point l’action combinée de la chaleur rayonnante 
qui peut étre considérée comme agissant presqu'immédiatement, et 
de la chaleur de contact qui se transmet beaucoup plus lentement par 
l'intermédiaire de l'air et des corps environnans. Or les différens 
thermomètres , pendant la nuit, descendent assez généralement au 
même point, tandis que les thermomètres , placés au midi et à terre, 
montent quelquefois à une hauteur double, au-dessus de zéro, de 
celle indiquée par les thermomètres placés au nord et à l'ombre : 
ainsi, jai vu les premiers thermomètres s'élever jusqu'à 50 degrés 
centigrades et au delà, pendant que les autres m'allaient guère à 
plus de 28. 

Pendant les trois derniers mois de l’année , le temps a été assez gé- 
néralement couvert et pluvieux; et comme les températures variaient 
peu, les pertes de la nuit étaient plus rapidement réparées et les 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 15 


époques des maxima se sont rapprochées de midi. On peut voir aussi, 
dans les tableaux de Padoue et de Leith, qui ont été cités plus haut, 
qu’en général les époques des mazima se sont plus rapprochées de 
midi pendant les mois où les variations de température diurne étaient 
moindres. 

Quant à l'élévation de la température, on remarquera que, par 
des temps couverts ou humides, les thermomètres placés à la surface 
de la terre ont donné des indications un peu plus faibles que celui 
placé au nord et à trois mètres de hauteur au-dessus du sol; tandis 
que le contraire avait nécessairement lieu par un ciel serein et sous 
l'influence des rayons solaires. L’humidité et l’évaporation dans le con- 
tact du sol pouvaient être cause de la première différence. 

Si nous considérons maintenant l’étendue des oscillations thermo- 
métriques dans l’espace de 24 heures, voici les résultats que nous avons 
obtenus, pour quatre années et pour les différens mois. 


Différences des températures maximum ef minimum pendant le Jour. 


MOIS. | 1833. | 1832. | 1835. | 1836. | moyenne. | 


Janvier . 
Février . 
Mars. 
Avril. 
Mai . 
Juin . 
Juillet 
Août . 


Septembre . 
Octobre . . 


Novembre . 


Décembre 


Moyenne 


16 SUR LES VARIATIONS 


Nous pouvons juger, par ce tableau, que la variation des tempéra- 
tures est plus sensible à Bruxelles, dans l’espace de 24 heures, qu'à 
Leith ou à Padoue; et cela s’observe pour chacun des mois de l’an- 
née. Si l’on construit la courbe qui, par ses ordonnées, indique les 
variations diurnes, tandis que les abscisses représentent les mois de 
l'année; on trouve que sa forme est assez régulière, beaucoup plus 
du moins que ne le sont les courbes analogues, construites d’après 
les observations de Padoue et de Leith ( voyez la figure 1). Le calcul 
montre qu l’on a pour les époques 


De la variation minimum le 24 décembre. 


—- maximum 7 juillet. 
— moyenne 2 avril. 
— — 1 octobre. 


ainsi, les époques des variations mazimum et minimum tombent un 
peu après les solstices d'été et d'hiver, tandis que les époques des va- 
riations moyennes se présentent environ huit jours après les équi- 
noxes. 

La variation minimum m'arrive que deux jours après le solstice 
d'hiver, tandis que la variation maximum se présente environ quinze 
jours après le solstice d'été. Les retards sont donc directement en 
rapport avec la hauteur du soleil sur notre horizon, et avec l’amplitude 
de la variation thermométrique en 24 heures. 

Si nous passons maintenant aux variations annuelles des tempé- 
ratures, et si nous cherchons d’abord les époques des plus hautes et 
des plus basses températures de l’année , nous trouverons, en faisant 
usage des documens recueillis en Belgique depuis plus d’un demi- 
siècle ", et en prenant la moyenne entre les jours qui ont donné, cha- 


! Voyez l'Aperçu historique des observations de météorologie faites en Belgique jusqu’à ce 
jour, tome I des Annales de l’observatoire de Bruxelles, et tome VIII des Mémoires de l’acadé- 
nie royale de Bruxelles. 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 17 


que année, la plus haute et la plus basse température, 


ÉPOQUE DE LA TEMPÉRATURE 
EE RE 


ANNÉES. MINIMUM. MAXIMUM, 

1763 à 1788 (22 années). . . . . 17 janvier. 20 juillet. 
1800 à 1834 (84 — ). . . . . 14 — 21 — 

MoyEnre. . . . 15 janvier. 20 juillet. 


Les moyennes des deux séries d'observations s’écartent fort peu entre 
elles, et très-peu aussi des résultats obtenus dans d’autres localités. 

Quant à la question de savoir si notre climat doit être rangé parmi 
les climats variables, constans ou excessifs, il suffira de réunir les 
résultats des observations qui ont été faites en Belgique et qui sem- 
blent mériter le plus de confiance ’. 


TEMPÉRATURE TEMPÉRATURE DU MOIS 
D 


LIEUX D'OBSERVATION. | PÉRIODE. moyenne E SE 


, “ 
DE L'ANNÉE. PLUS CHAUD. PLUS FROID. 


DIFFÉRENCE. || 


De Poederlé . | 1777-78 
Bruxelles.{ L'abbé Mann . 1784-87 
Kick 22 ann. 
Malmes Men AMLE 10 ann. 
MaeSiniChE EU. 1818-29 


Moyenve. 


D’après ces résultats, notre climat devrait étre rangé parmi les cli- 
mats variables avec une tendance néanmoins à se rapprocher des cli- 
mats excessifs. Je crois du reste qu’en rejetant du calcul des moyennes 
les observations de Malines et celles de M. de Poederlé, qui semblent 
moins exactes, on aura des résultats qui méritent plus de confiance 
et qui sont encore conformes aux conclusions que nous venons d’ob- 
tenir : la température moyenne de l’année serait alors de 100,52 cent., 


l Aperçu historique, etc. 


Tom. X. 3 


18 SUR LES VARIATIONS 


et les températures des mois le plus chaud et le plus froid, de 200,36 
et 00,85, ce qui donne pour différence 190,51. 

Les observations de Bruxelles pour les quatre dernières années, 
dont la température a été assez douce, ont donné : 


TEMPÉRATURE DU MOIS 
2 TEMPÉRATURE Joe An ut ren] 
ANNEES. DIFFÉRENCE. 


HIOYENNE: LE PLUS CHAUD. LE PLUS FROID. 


1833. 
1834. 
1835. 
1836. 


Moyenne . 


En réunissant les observations de Bruxelles et de Maestricht, on 
trouve que les températures, dans leurs variations mensuelles, ont 
pue les valeurs suivantes : (Fes ÿ- fig. IE.) 


BRUXELLES. D'APRÈS 


TT 
MAESTRICHT. MOYENNE. L'OBSERVATOIRE. 
L'ABBÉ MANN. M'. KICKX. 1833-36. 


Janvier 
Février 
Mars . 
Avril . 
Mai. 

Juin 

Juillet. 
Août . 


Septembre 
Octobre . 


Novembre. 


Décembre. 


ANNÉE . 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 19 


Ce tableau montre que la température du mois d'octobre et celle 
de la fin d'avril représentent assez bien en Belgique la température 
moyenne de l’année. En employant les méthodes d’interpolation, on 
trouve plus exactement, d’après le tableau précédent, 


ÉPOQUES DE LA TEMPÉRATURE. POUR BRUXELLES ET MAESTRICAT. OBSERVATOIRE , 1833—86. 
Maximum M EU AO Tnt NOTE à 14,4 juillet. 
RON, QU NOTE OO ani RE EN 12,0 janvier. 
Moyenne en avril . . . DOG she shine | 2 25,6 avril. 

"en octobre 1F0NoCtobrE EEE 18,6 octobre. 


DEUXIÈME PARTIE. 
TEMPÉRATURE DE LA TERRE. 


1. Résultats généraux des observations des variations diurne et 
annuelle de la température de la terre, faites jusqu’a ce jour. 


Il existe bien peu d’observations suivies sur la température de la 
terre à diverses profondeurs ; et celles que nous avons, ne présentent 
peut-être pas toutes les garanties désirables, comme nous Île verrons 
plus loin. Les physiciens qui se sont occupés de ces sortes de recher- 
ches, ont en général adopté le même mode d’observation, qui con- 
siste à suivre la marche de thermomètres dont les boules plongent 
en terre à des profondeurs plus ou moins grandes, et dont les tubes 
sont assez longs pour que l'échelle des degrés se trouve placée au-dessus 
de la surface du sol. Mais je ne sache pas qu'aucun de ces observa- 
teurs, de ceux du moins qui ont publié leurs observations , aient eu 
égard à la différence des températures que devait nécessairement 


20 SUR LES VARIATIONS 


prendre le thermomètre à ses deux extrémités, ce qui exigeait une 
correction d'autant plus grande que la capacité de la boule était 
moindre par rapport à celle du tube. 

Je ne pense pas qu’on ait d'observations directes, faites dans le but 
de déterminer la couche où vont s’éteindre les variations diurnes 
du thermomètre. M. Muncke s’est occupé accidentellement de cette 
question . Au moyen de trois thermomètres dont les boules étaient 
placées en terre à des profondeurs de 1, 5; 3 et 5 pieds, il a trouvé, 
près de Heidelberg, les résultats suivans : 

1° L'influence des variations durnes de la température extérieure, 
s’est fait sentir jusqu’à la profondeur de 1, 5 pieds, et n’a plus été 
sensible à 3 pieds au-dessous du sol. 

20 Les influences mensuelles disparaissent à la profondeur de 
5 pieds. 

3° En soumettant les observations au calcul, les influences des va- 
riations annuelles doivent s'étendre à 30 pieds de profondeur *. 

Si la théorie était d'accord avec l’expérience, on déduirait facile- 
ment la profondeur à laquelle les variations diurnes du thermomètre 
doivent s’éteindre, par l’observation des températures annuelles à dif- 
férentes profondeurs, observation qui est plus facile et moins sujette 
à des anomalies que celle des variations diurnes. 

Pour mieux faire comprendre nos idées, nous entrerons d’abord 
dans quelques détails au sujet du calcul des variations annuelles. 


1 Dictionnaire de Gehler, tome Il}, page 988. 

2 Nous ne voyons pas bien comment l’auteur a déduit ce résultat de ses observations. Il 
semble , d’après la théorie, qu’il faudrait lire 60 pieds, s’il est vrai que la variation diurne ne 
s'éteint qu’à 8 pieds de profondeur. M. Maurice de Genève a fait aussi des observations sur les 
variations du thermomètre entre la surface de la terre et 8 pieds de profondeur. Il en est parlé 
dans la Bibliothèque universelle, vol. 8, n° 4, an VI ( 1798 ); mais je ne connais pas les résultats 
généraux auxquels ce savant est parvenu. M. de Saussure dans ses Voyages dans les Alpes, 
tome IIT, a épalement fixé son attention sur les températures terrestres. Enfin nous devons citer 
encore les observations que M. W. Hamilton a présentées à l'académie royale d'Irlande, en 1788 ; 
M. Cordier a fait aussi des recherches intéressantes sur la chaleur terrestre, mais non dans la 
vue de déterminer les élémens qui nous occupent ici; c’est par ce motif que nous avons dà les 
passer sous silence de même que celles de MM. Kupffer, Fox, De la Rive et Marcet, etc. 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 21 


D’après l'analyse, l’excès de la température la plus élevée sur la tempé- 
rature la plus basse, pendant le cours d’une année, devient d’autant 
moindre qu’on pénètre plus avant au-dessous du sol, et les différences 
observées dans les couches successives , décroissent en progression géo- 
métrique pendant qu’on descend en progression arithmétique. Si l’on 
représente par À,, à la profondeur p, la différence entre la tempé- 
rature annuelle la plus élevée et la température la plus basse, on aura 


À et B sont des valeurs constantes, que l’observation fait connaître. 
Il suffirait donc d’avoir observé avec soin les variations annuelles de 
deux thermomètres, placés à des profondeurs inégales, pour que la 
formule («) füt complétement déterminée. 

Si la formule précédente se vérifiait dans toute son étendue, À se- 

rait évidemment le logarithme de la différence des deux températures 
mavimum et minimum observées à la surface de la terre, puisqu'on 
y aurait p—0. Quant à B qui est généralement nécatif, on aurait 
B —— pour la couche où la différence des températures extrêmes de 
année n'est plus que d’un degré, puisque log. À, y serait nul. 
_ Une autre conséquence de cette formule, si elle se vérifiait rigou- 
reusement, c’est qu'il n’y aurait pas de couche invariable : mais on 
peut considérer comme telle, la couche où les variations annuelles 
ne tombent plus que sur la deuxième ou troisième décimale du chiffre 
qui indique la température centigrade moyenne de l’année. Or, en 
déterminant p sous la condition que la différence À, des températu- 
res mazimum et minimum ne soit plus que d’un centième de degré, 
on aura 


log_/N, —log: 0.01 = —2, et) — 2— A + B»; 
d’où l’on déduit 
2+A 
P == — B COCO MIO (8) 


Or, quand on a déterminé ainsi la profondeur où les températures 


22 SUR LES VARIATIONS 


annuelles n’éprouvent plus de variations sensibles, on en déduit fa- 
cilement celle où les variations diurnes cessent également de se 
manifester ; car nous avons déjà vu que les profondeurs de ces cou- 
ches sont comme les racines carrées des durées des périodes pendant 
lesquelles les variations s’accomplissent, et que par suite l’une est à 
peu près 19 fois plus rapprochée du sol que lautre. 

Il résulte encore des recherches analytiques faites sur les tempéra- 
tures terrestres que : 

1° Chaque point parvient soit à son maximum de chaleur, soit à 
la température moyenne, à une époque qui dépend de sa distance à 
la surface de la terre. Si l’on suivait cette température moyenne depuis 
Vinstant où elle affecte un point donné de l’intérieur du globe, en 
passant avec elle dans les points inférieurs, ou parcourrait la verticale 
d’un mouvement uniforme ‘. 

20 La différence de la température actuelle à la température moyenne 
augmente proportionnellement au sinus du temps écoulé depuis l’in- 
stant où cette température moyenne avait lieu”. 

: La formule qui détermine la température de la terre en fonction 
de la profondeur, est simple dans la pratique, mais ses constantes 
dépendent d’un grand nombre d’élémens qu’il sera bon de connaître. 
Voici comment elle est présentée dans la Théorie mathématique de 


la chaleur de M. Poisson, page 497, 
V7 
2bh 


H—-(27sn.#esin. y —2c0Q) CHINE 


H est l'excès du mavimum sur le minimuin que nous avons représenté 
par /,, et l’on voit, de plus, que nos constantes ont pour valeurs 


2bh 
A — los. . (57 sin. wsin. y — 2x Q) 
V7 
B — —— loge. 
a Le] 


1 Théorie du mouvement de la chaleur, par Fourier, page 163. 
? Même ouvrage, page 167. 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 23 


or, 7 est l’obliquité de l’écliptique, 
& la latitude du lieu, 
r le rapport de la circonférence au diamètre, 
« l’excentricité de l’orbite terrestre; 
hk une température constante, proportionnelle à l'intensité de la 
chaleur solaire, telle qu’elle est à la distance moyenne de la terre 
au soleil, et après avoir traversé l’atmosphère pour arriver au lieu 
d'observation. 
a— VÆ, c étant la chaleur spécifique de la terre, et 4 sa con- 
ductibilité. 
b—7, p étant une quantité positive, dépendante de la surface 
au point d'observation, et qui varierait avec les températures, si elles 


étaient élevées; D°— p° + 2h25 


— à _. où 5 est la longitude du périgée. 

Ainsi, dans notre formule (+), la constante À, qui exprime le loga- 
rithme de la différence des températures maximum et minimum de 
l’année à la surface du sol, dépend à la fois de la latitude du lieu, 
de la chaleur spécifique et de la conductibilité du sol, en faisant 
abstraction des élémens astronomiques qui seraient les mêmes pour 
les divers points du globe. La seconde constante B ne varie qu'avec 
la conductibilité et la chaleur spécifique du lieu d'observation ; et il 
est facile de voir qu'elle est, dans les différens lieux de la terre, 
comme la racine carrée du rapport de la chaleur spécifique à la con- 
ductibilité. 

Nous allons passer maintenant à la discussion des observations des 
températures terrestres que nous connaissons, et nous examinerons 
jusqu’à quel point elles s'accordent avec les résultats de la théorie. 

Le plus ancien observateur connu qui se soit occupé, d’une ma- 
nière suivie, des températures de la terre, est le marchand Ott de 
Lurich , qui, à partir de 1762, continua ses recherches pendant 
quatre années et demie, avec 7 thermomètres placés à diverses pro- 
fondeurs. Le tableau suivant contient les moyennes des résultats 
observés ; on n’y trouvera que les variations annuelles du thermomètre; 


24 SUR LES VARIATIONS 


il ne parait pas que l’auteur se soit occupé des variations diurnes. 
Nous devons du reste regretter ici plusieurs élémens importans. 1° On 
n’a pas eu égard à la correction que nous avons signalée et qui pro- 
vient de ce que généralement le liquide contenu dans le tube du 
thermomètre, n’a pas la même température que celui de la boule. 
2° Il n’est pas dit si le sol au-dessous duquel étaient les thermomètres, 
se trouvait ou non sous l’action directe du soleil. 3° On a aussi omis 
de dire si les températures ont été observées à une certaine heure du 
jour, ou si elles sont les moyennes de plusieurs observations succes- 
sives faites pendant le jour. 


Résultats moyens des observations faites à Zurich par Orr, et continuces 
pendant quatre ans et demi, à partir de 1762 ?. 


DIVERSES PROFONDEURS AUXQUELLES LES THERMOMÈTRES ÉTAIENT ÉTABLIS. 


MOIS. 


1/4 p1en. | 1/2 ren. 1 PIED. 2 PIEDS. 8 PIEDS. 4 PIEDS. 


Janvier. 
Février . 
Mars. 
Avril. 
Mai . 
Jun. 
Juillet . 
Août. 


Septembre . 
Octobre. 


Novembre . 


Décembre . 


Moyens. 


1 Les tableaux complets ne paraissent pas avoir été publiés ; le résumé en a paru dans diffé- 
rens ouvrages et dans la Météorologie de M. Pouillet, page 642. 
2 Il y a sans doute une faute d'impression chez M, Pouillet ; on lit 17,6, et plus loin il n’est 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 25 


PQ 


De ce tableau nous déduisons, pour les températures des mois les 


plus chauds et des mois les plus froids de l’année, les résultats qui 
suivent : 


PROFONDEUR MAXIMUN. MINDIUM. DIFFÉRENCE. DEMI-SOMME . 
AITAIT NE 18,97 centigrades . — 2,9 centigr. . 21°,6 cent. 76.9 
TUpiede nn. 19,5 juillet . . . — 0,6 février. . 20,1 . . 9,4 
OUT OS a TE LT) sr 4 02 Del CONTE) NO 8,9 
PEN E 16,6 août . . . NE RU EE LOS LT 9,0 
À Dot ot 16,1 » SRE 2,3 1 duo 18 loue 9,2 
GTA ANT ENT ES TELE: DUT AE HET EL 6) PAU 9,5 
LR ue 16,1 » RS Le 4,4 D NT es NI RTE SOINS 10,2 
(RDA 15,2 septembre. . 5,5 DA EM STE 10,3 


Nous voyons par ce tableau que : 

1° Les mazima différent bien moins entre eux que les minima, puis- 
que, d’une part, la différence des températures indiquées par le thermo- 
mètre le plus haut et le thermomètre le plus bas, n’est que de 4°,3, et 
qu’elle est, de l’autre part, de 6,1 ; ces discordances sont plus remar- 
quables encore en comparant la marche du thermomètre le plus bas 
à celle du thermomètre placé à Pair libre; on n’a pour différence des 
mazima que 32,5, tandis que, pour différence des minima, on a 8°,4. 

20 Les maxima et les minima ne suivent pas une marche uniforme; 
il semblerait qu'il y a solution de continuité, en passant de l'air libre 
au-dessous de la surface du sol. 

3° La différence des températures extrêmes diminue, à mesure qu’on 
descend plus bas. 

4° Les époques des mavima et des minima reculent d'autant plus 
qu’on s’abaisse à des profondeurs plus grandes. 

5° La température moyenne de Zurich est de 8°,8 centigrades; 
cette moyenne prise par rapport aux mois le plus chaud et le plus 


donné que 16°,6 pour le mois le plus chaud, d’après la même série d'observations. La moyenne 
de l’année indique aussi qu'il faut 16,6. Je n’ai pas les moyens de vérification nécessaires , mais 
je crains qu’il ne se soit encore glissé d’autres erreurs dans les nombres. 


Tom. X. A 


26 SUR LES VARIATIONS 


froid de l’année serait un peu moindre, mais elle est sensiblement 
égale à celle qui a été observée à + pied de profondeur’, puis sa va- 
leur va croissant à mesure qu’on s'enfonce au-dessous du sol, et d’une 
manière plus rapide que ne l’indique la théorie, eu égard à la chaleur 
du globe et abstraction faite des variations diurnes et annuelles. 

6° Si l’on compare la température moyenne des différens mois de 
l’année, aux températures moyennes déterminées de la même ma- 
nicre à l’aide des thermomètres enfoncés en terre, on trouve sa valeur 
moins grande, et l’on reconnait encore une progression croissante dans 
les températures des thermomètres, à mesure qu'ils sont placés plus 
bas. Mais le thermomètre placé à + de pied de profondeur semble 
encore faire anomalie, soit que le zéro de son échelle füt placé trop 
haut, soit qu'il y ait effectivement un maximum de température dans 
cette couche, soit enfin, comme nous en avons fait la remarque, que 
cette anomalie apparente dépende des heures des observations. 

7° Quoique les dates précises des mazüma et des minima ne soient 
pas indiquées, on remarquera cependant que février a été le mois le 
plus froid pour tous les thermomètres, tandis que le mois le plus 
chaud a été juillet, août, ou septembre, selon les indications des 
thermomètres les plus ou moins enfoncés en terre. En portant à 1 
mois ou 12 mois le temps de transmission de la température, depuis la 
surface du sol jusqu’à la profondeur de 6 pieds où était le thermo- 
mètre le plus bas, on aurait de cinq à sept jours environ pour le 
temps employé par la température à traverser une couche de terre d’un 
pied d’épaisseur, et en supposant la vitesse de transmission uniforme, 

Nous nous occuperons maintenant de rechercher la formule qui 
peut représenter les différences observées des mois le plus chaud et 
le plus froid de l’année. Afin de mieux juger de la facilité avec la- 
quelle la formule (4) se prête au calcul, nous avons successivement 
fait concourir à la détermination des constantes les résultats de l’ob- 


1 Le thermomètre placé à {74 de pied de profondeur semble former ici une anomalie ; il parai- 
trait que sa hauteur devrait être moindre ; cette discordance peut tenir aux heures des observa- 
tions qui étaient peut-être celles de son maximum, tandis que le contraire avait lieu plus bas. 


% 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 27 


servation du thermomètre placé à la plus grande profondeur avec les 
résultats observés au moyen des thermomètres placés à + pied, + pied 
et à un pied de profondeur; ces trois combinaisons ont donné les for- 
mules suivantes, er prenant pour unité le pied, 


Log. \, — 1,31695 — 0,05500 p 
— 1,26334 — 0,04639 p 


— 1,21741 — 0,03844 p, 


d’où ont été déduites les valeurs de ce tableau : 


DIFFÉRENCES CALCULÉES PAR LA 


PROFONDEUR DIFFÉRENCES 


observées. 1'° FoRMULE. DE FORMULE. 3ME FORMULE. 


La marche la plus simple eùt sans doute été d'employer la mé- 
thode des moindres carrés, mais elle n’aurait pas répondu à notre objet 
qui était de montrer comment la formule se prête à des observations 
isolées , et de savoir jusqu’à quel point on pourrait s’y fier si l’on n'avait 
employé que deux thermomètres. 

La formule qui emploie l'observation du thermomètre placé à + de 
pied de profondeur, satisfait le moins bien aux autres valeurs ob- 
servées ; c’est la troisième qu'il faudrait préférer, surtout si lon 
n’avait égard qu'aux thermomètres qui sont placés plus bas qu’un 


28 SUR LES VARIATIONS 


pied de profondeur; et qui, par là, se trouvent moins sous l'influence 
des variations diurnes de la température ‘. 

Si l’on recherche, au moyen des formules précédentes, les profon- 
deurs pour lesquelles les variations annuelles ne sont plus que 
de 1°, de O°1 et Oc01 du thermomètre , on trouve 


PROFONDEUR CALCULÉE. 
DIFFÉRENCE. Pt Re anne eee MOV ENNE 


1'° FoRNULE. 2M0 FORMULE. SC FORMULE. 


2350 pieds. 2792 pieds. 31,6 pieds. 2753 pieds. 
42,1 48,6 » D79 70000 49/5000) 


60,3 AONLE) 83,7 Oo» 7H; 


De ces résultats, on peut conclure que, de 23 à 32 pieds, le thermo- 
mètre pouvait subir des variations de près d’un degré dans le cours 
de l’année; que ces variations r'étaient plus guère que d’un dixième 
de degré entre 42 et 58 pieds de profondeur, et insensibles entre 
60 et 84 pieds. Par suite on peut conclure, d’après ce que nous avons 
déjà dit précédemment, qu'il faut s’enfoncer au moins à trois pieds 
de profondeur pour qu'à Zurich, on arrive jusqu’à la couche où les 
variations diurnes sont insensibles. 

Une autre série d'observations, non moins importante que celle de 
Zurich, a été faite à Leith, près d'Edimbourg, pendant les années 
1816 et 1817. M. Leslie” a employé à cet effet quatre thermomètres 


1 On peut très-bien reconnaitre du reste, par une construction, que les résultats observés , 
ou ne sont pas totalement exempts de tout reproche sous le rapport de l'exactitude, ou qu’il exis- 
tait des accidens de terrain qui produisaient des anomalies dans la transmission de la chaleur: 
voyez la fioure IL, qui représente les valeurs observées et les valeurs calculées pour Zurich. Les 
deux thermomètres placés dans le voisinage du sol, semblent surtout faire anomalie ; leurs indi- 
cations sont probablement compliquées des effets de la variation diurne. 

? M. Whewell fait observer que c’est par erreur qu’on a attribué à M. Fergusson les observa- 
tions de Leslie, page 30 de son Rapport sur les progrès des théories mathématiques de l'électricité, 
du magnétisme et de la chaleur, B° rapport de l Association britannique, séance de Dublin. L'on 
trouve dans les volumes de cette Association plusieurs autres rapports très-intéressans sur l’état 
de la science eu ésard aux températures et à la théorie générale de la chaleur ; nous citerons en 
particulier les rapports de MM. Forbes et Powell. 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 29 


à mercure d’inégale longueur. Les résultats de ces observations ont été 
publiés dans le Dictionnaire de chimie du docteur Ure, et reproduits 
dans les Élémens de physique de M. Pouillet, ainsi que dans la météorolo- 
gie de M. Kæmitz, mais d’une manière peu concordante. Un autre incon- 
vénient plus grave, c’est que ces deux physiciens ne sont pas d'accord sur 
les profondeurs où étaient placés les thermomètres ; M. Kæmtz indique 
1,2, 3 et 4 pieds, tandis que M. Pouillet marque 1, 2, 4 et 8 pieds. 
N'ayant pas eu l’occasion de consulter directement l’ouvrage du docteur 
Ure, je me suis adressé à ce savant qui a eu l’obligeance de me faire 
parvenir les nombres originaux que je reproduis ici, en les réduisant en 
mesure métrique. M. Ure ajoute à ces renseignemens que le lieu où se 
faisaient les observations, est à 50 pieds au-dessus du niveau de la mer. 

Nous devons faire observer que nous retrouvons ici toutes les lacunes 
qui se sont présentées au sujet des observations de Zurich, relativement 
à l'exposition, aux heures des observations et aux corrections à faire 
pour l’inégalité de température dans toute l’étendue du thermomètre. 


TEMPÉRATURE DE LA TERRE OBSERVÉE A ÉDIMBOURG. 1 
___———. | MOYENNE DES DEUX ANNÉES || 


1816. 1817. SIDE 
f | 1 pied. RE A 8 pieds 2 pieds. 4 pieds, i .i 1 pied. RE Re 
[| Janvier. | 0:56 2:39 14:83 Guyb). 7e | 128 3:05 4578 
Fév. .| 0,95 2,92 3,89 4,44 5,33 5] 1,86 93,33 4,61 
Mars. . | 1,67 2,61 4,22 5,7 1,85 5,39 2,89 3,88 4,80 
| Avril . | 4,928 3,85 5,22 5,78 5,89 | 575 4,67 5,55 
| Mai. . | 6,67 6,28 6,33 7,06 7,00 | 7,15 6,67 6,66 
Î Juin. . 110,89 10,00 8,28 7,67 9,66 8,66 10,75 9,83 8,82 
|| Juillet . | 12,22 11,39 10,78 12,78 10,78 112,56 12,09 10,78 
| Août. . | 10,00 11,39 10,33 19,17 11,11 110,94 11,78 10,72 
|| Septem. | 10,89 10,73 11,01 11,50 11,11 10,39) 11,28 11,11 11,06 
|| Octobre. | 8,33 9,61 9,83 9,7 9,66 9,66 | 7,97 9,63 
| Novemb. | 4,44 6,56 7,95 7,06 8,33 | 4,72 6,81 8,14 
[| Décemb. | 1,95 4,44 6,11 1,89 7,17 | 2,61 4,67 6,64 


| vovexve . 6,07 6,76 7,41 : 2 7,93 0! 6,67 7,67 


30 SUR LES VARIATIONS 


En prenant les différences de température des mois les plus chauds 
et les plus froids, on obtient d’après les tableaux d'Edimboursg : 


PROFONDEUR. MAXIMUM, MINIMUM. DIFFÉRENCE. DENI-SOMME. 
ALAIN 15°,20 centigrades . 3°,50 centig. . 11°,70 cent. 9,035 
INDIE RE 19,56 A OMMMSELE TUE LED SUME TANT? SITE MENR 6702 
D Lee À. 12 0e tait SOA SR ER LOS 7,57 
VATRENAST AO 112062. 5 42e TR OM Em 7,84 
(DEEE LOTO PR EME Bb ot bros 7,97 


Si nous ne considérons ici que les températures au-dessous du sol, 
nous trouvons que : 

1o Pour Edimbourg comme pour Zurich, les maxima différent 
bien moins entre eux que les minima. 

20 La différence des températures extrêmes diminue à mesure 
qu’on descend au-dessous du sol. 

3° Les époques des maxima et des minima reculent d'autant plus 
qu'on s’abaisse à des profondeurs plus grandes. 

4° La température moyenne d'Edimbourg est de 82,8; la moyenne 
température du mois le plus chaud et du mois le plus froid de l’année 
serait un peu plus grande, et elle surpasserait de près de deux degrés 
la température moyenne prise, de la même manière, par rapport aux 
couches inférieures ; mais ici l’on trouve, comme par les observations 
de Zurich , que les moyennes des deux températures extrêmes vont 
en augmentant avec les profondeurs. 

50 Si l’on compare entre elles les températures moyennes des mois de 
l'année, aux différentes profondeurs, on trouve qu’elles suivent encore 
une progression croissante; mais ici leurs valeurs sont moindres que 
celles de la température moyenne de l’année observée à l’air libre. 

M. Kæmtz s’est occupé de déterminer les constantes de la for- 
mule (+) qui établit la relation entre les profondeurs et les différences 
de température extrêmes correspondantes, mais ses résultats sont 
évidemment inexacts, puisqu'il a supposé que les profondeurs auxquel- 
les descendaient les boules des thermomètres, étaient 1, 2,3 et 4 pieds, 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 31 


au lieu de 1, 2, 4et 8, t. IE, p. 184. Jai rétabli la formule dans Phy- 
pothèse des profondeurs véritables ; et, en employant à la détermination 
des constantes les températures des thermomètres extrêmes, c’est-à- 
dire de celui placé à l’air libre et de celui dont la boule était à 8 
pieds de profondeur , les résultats du calcul ont été les suivans : 


DIFFÉRENCE DE TEMPÉRATURE 


PROFONDEUR. ÉCARTS. 
OBSERVÉE. CALCULÉE. 

À PEN ON PAROI E 11,70 11,70 0,00 

dE EN PNR 11,28 10,37 + 0,91 

OO RES SCORE 9,04 9,18 ON 

05 ON NSNERIRRS à 6,43 7,21 — 0,66 

GR" D'OR SE AR 4,44 4,44 0,00 


Voici la formule qui a donné les valeurs calculées, 
Log. /\, — 1,06819 — 0,05260 p. 


De cette même formule on déduit que la différence des températures 
extrêmes de l’année ne serait plus que d’un degré à la profondeur 
de 20,3 pieds, d’un dixième de degré à la profondeur de 39,3 pieds, 
et enfin d’un centième de degré à la profondeur de 58,3 pieds; de ce 
dernier résultat on peut conclure que les variations diurnes seraient 
inappréciables à une profondeur de trois pieds. 

Une troisième série d'observations a été faite à Strasbourg pendant 
les années 1821, 1822 et 1823, par M. Herrenschneider, mais avec 
un thermomètre seulement , enfoncé en terre à la profondeur de 
15 pieds. On en trouvera les résultats dans le tableau qui suit; nous 
ferons remarquer qu'ici surtout, à cause de la longueur du ther- 
momètre, il était indispensable d’avoir égard à l'inégalité de tempé- 
rature dans toute l'étendue de l’instrument. 


SUR LES VARIATIONS 


C9 
HO] 


TEMPÉRATURE DE LA TERRE OBSERVÉE À STRASBOURG. 1 


1821. ù 28. MOYENNE. 


Janvier 
Février 
Mars 
Avril . 
Mai. 
Juin 
Juillet. 
Aoùt . 


Septembre. 


Octobre 
Novembre. 


Décembre. 


Moyenne . 


La science a peu d'avantages à recueillir des observations précé- 
dentes. On trouve néanmoins que les époques du maximum et du 
minimum de température, subissent à cette profondeur des retards 
assez considérables , et que la variation annuelle y est très-faible. Si 
la théorie s’accordait avec l’observation, on pourrait employer avec 
les valeurs observées à l'air libre celles qui ont été obtenues au moyen 
du thermomètre de 15 pieds de longueur, pour déterminer le lieu où 
commence la couche invariable des températures, mais les résultats 
qu’on cbtiendrait ainsi, ne pourraient étre considérés que comme des 
approximations grossières. J'ai eu la curiosité de calculer cette for- 
mule qui devient, en prenant + 170,0 et —2°,0 pour les températures 
extrêmes à l’air libre ?, 

A\p = 1,27875 — 0,04020 p. 


! Pouillet, tome IT, 2%° partie, page 644. 
2 Ibid. 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 33 


On en déduit que la différence des températures extrêmes, pendant 
l’année , ne serait plus que d’un degré à la profondeur de 31 pieds en- 
viron, d’un dixième de degré à la profondeur de 56 pieds, et d’un 
centième de degré ou inappréciable à la profondeur de 81 pieds, à 
peu près comme pour Zurich. Les variations diurnes ne devraient 
être éteintes qu'à la profondeur de 4 pieds : M. Muncke a trouvé 
3 pieds pour Heidelberg qui est peu éloigné de Strasbourg. 

En résumant les observations précédentes sous le rapport du temps 
employé par la température à pénétrer successivement à des profon- 
deurs plus grandes, M. Pouillet a été conduit aux conclusions sui- 
vantes, t. IE, p. 644 : 

1° Au mois d'août, la température de la terre va en décroissant 
d’une manière à peu près uniforme depuis la surface du sol jusqu’à 
la couche imvariable ; 

2° Pendant le mois de septembre, la température est à peu près 
uniforme depuis la surface du sol jusqu’à la profondeur de 15 à 20 
pieds; plus bas, elle décroît un peu et lentement jusqu’à la couche in- 
variable ; 

3° Pendant les mois d'octobre et de novembre, la température va 
en croissant, depuis la surface du sol jusqu'à une profondeur de 
15 à 20 pieds; plus bas, elle se trouve à peu près égale à la tempéra- 
ture de la couche invariable ; 

4° Pendant les mois de décembre, de janvier et de février, la tem- 
pérature va en croissant d’une manière à peu près uniforme, depuis 
la surface du sol jusqu’à la couche invariable ; 

5° Pendant les mois de mars et d'avril, la température va en décrois- 
sant très-rapidement jusqu'à la profondeur d’un ou deux pieds; plus 
bas, elle décroit moins vite, et finit par devenir croissante; 

6° Pendant les mois de mai, juin et juillet, la température est 
encore décroissante, mais moins rapidement et jusqu’à une profon- 
deur plus grande; puis, elle redevient encore un peu croissante pour 
regagner la température de la couche invariable. 

En adoptant comme points de départ les jours des températures 


Ton. X. D 
{ 


34 SUR LES VARIATIONS 


moyennes et extrêmes à l’air, tels que les donne l'observation, 
M. Kæmtz a déterminé les temps que les températures emploieraient 
à descendre successivement aux couches inférieures. Voici le tableau 
qu’il donne, sans indiquer la base de son calcul *. 


PROFONDEUR. MINIMUM. MOYENNE. MAXIMUN . MOYENNE. 

Air libre. . .< : . 12 janvier. . 27 avril. . 27 juillet. . 93 octobre. 
lbpiedide pro PS D RER SO 2 Ta OU D 2 0 » 

2. » » NEVER NE ENG En OVEMDNRE. 
8 » » DÉND N  D MON, 000 0 MOI US #00 TO » 

4 » 15 mars . . 10 juin. . 6 septemb. 6 décembre. 


Nous rapprocherons de ces résultats ceux qui ont été observés 
par M. Muncke à Heidelberg *. 


ÉPOQUES 


(H LA À 
ANNEES. mem lemme 
, DU MAXIMUM. DU MINIMUM. 


Therm. de 1,5 pied. 


1821 ; DÉLAOUTSS MERE NET ES 2 janvier. 
1022 EN AE ANNE One 0116 ere 14 
1820 NN ee 81 août. 

SR RU 15 juillet . 

OZ CN UNE GANT EN 5 Li 


MOYENNE CR EN UR 24 juillet . 
Therm. de 5 pieds. 
TENNIS 7 septembre. 
DOS EME TRr OU NAE ME 10 juillet . 
ÉD ae, Ds émionde le 7 septembre. 
O2 CREME RENE 12 août. 
LOGEMENT A ON 80 » 


MOYENNE 0: SAN 20 août 


l TomelIl, page 186. 
? Dictionnaire de Gehler , tome HI , page 988. 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 39 


Il suivrait des observations de M. Muncke , que les mazima et mi- 
nima à l'air libre ont dù se présenter un peu plus tôt que ne lindi- 
que le tableau de M. Kæmitz'; il est fâcheux que leurs époques ne 
soient point marquées. Quoi qu’il en soit, le minimum de température 
a employé 28 jours, du 12 janvier au 9 février, à passer de la pro- 
fondeur de 1,5 pieds à 5 pieds, ce qui est un temps moins long 
que celui indiqué dans le tableau calculé. Le maximum a employé 
27 jours, du 24 juillet au 20 août, à passer du premier au second ther- 
momètre ; cette période est aussi moins longue que celle qui résulte du 
tableau calculé. Les résultats de M. Muncke tendent donc à établir que 
la chaleur mavimum a parcouru 3: pieds en 27 à 28 jours; c’est environ 
1 pied par 8 jours. D’après M. Kæmtz, il faudrait compter plus de 
11 jours pour la transmission de la chaleur à 1 pied de profondeur. 

Nous ne possédons que des indications imparfaites sur les époques 
des mavima et minima des températures à Zurich, et nous n’en 
avons pas pour Strasbourg; mais nous avons celles pour Édimbourg, 
qui sont : 


PROFONDEUR. MAXIMUM POUR 1816. MINIMUM. 
iNipie de RAR le) 0 6 hd) eue 0 février. 
2 Dh fiate . . . à 94 » « . e . . L » 

L DE 0 août . . . : . . 11 » 
GANDI ANA LEA TRE 1% septembre : : . . 16 » 
pour 1817. 
DM SAME B nn 5 o loc 0 janvier. 
2 » 10 » . . . . . » 
SE ANNE LR PA EE PRAONE 2 MERS 3 février. 
8 » 20 septembre : + … - 11 » 
MOYENNE. 
LS GE RS ENS ISRUTIET EE AE 15 janvier. 
DR AAC APE RE 17 » CH 1 A EPS 17 » 
RTE es MON NL (DEEE AE) LENS IS 7 février. 
FE ÉD DNS CAT SQUE à 17 septembre . . . . 13 » 


1 Il paraît du reste que, pour ce thermomètre, les indications sont plutôt relatives aux varia- 
tions diurnes qui sont encore très-fortes à cette profondeur, qu'aux variations annuelles. 
2 L'indication manque, Pouillet , t. Il, p. 643. 


36 SUR LES VARIATIONS 


Ces nombres également s’accordent assez peu avec ceux du tableau 
de M. Kæmtz. La durée pour la transmission de la chaleur maximum , 
du premier au quatrième thermomètre , a été de 66 jours; et, pour le 
minimum, de 29 jours ; ce qui donne, pour valeur moyenne, 47 jours em- 
ployés par la température à traverser une couche de 7 pieds anglais 
d'épaisseur , ou 1 pied par 7 jours environ. 

Dans ces derniers temps , M. Rudberg, professeur à l’université 
d’'Upsal, a fait également des observations sur la température de la 
terre, au moyen de trois thermomètres placés à des profondeurs de 
1,2et 3 pieds, au milieu d’une grande plaine où se trouve l’obser- 
vatoire. Les observations ont commencé au mois de décembre 1832, 
cependant les résultats de celles qui suivent, ne datent que de six 
mois après, et sont les moyennes des observations faites à 6 heures 
du matin et à 2 et 9 heures du soir. 


TEMPÉRATURE DE LA TERRE A UPSAL, 


A LA PROFONDEUR DE 
EL ——— 


UN PIED. DEUX PIEDS. TROIS PIEDS. 
| 


MOIS. 


Jos LAURE ES ON + 1586 cent. 15,00 cent. + 13°87 cent. 
AOUT RU Ce 13,12 13,03 12,88 
Septembre. . . : . . 12,18 12,01 11,93 
OcL0DrE NC NN 8,97 9,08 059 
Novembre 3,89 4,62 5,67 
Décembre Cr 0,81 1,77 2,78 
Janvier 1834 . . . . . 1S5L 0,42 0,40 
FEVRIER Une ON Ur 0,38 0,02 0,24 
Mars ati AR Anse 0,35 - 0,63 0,80 
PR PL AS CAO 3,36 3,02 2,74 
MAN CAEN AR ee 8,90 8,09 7,28 
if Os 0 fe à AU 13,68 12,50 11,99 


Si l'on prend la moyenne des valeurs pour chacun de ces thermomè- 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 37 


tres, on obtient pour la température de l’année, à Stockholm : 
P P ; 


À 1 pied de profondeur. : . . . . 6,60 centigrades. 
A 2 pieds » A RE GG » 
A 3 pieds » ER Me NO 02 » 


M. Rudberg conclut de ces nombres que la température moyenne 
de la terre, du moins jusqu’à 3 pieds d’enfoncement, se trouve indépen- 
dante de la profondeur ; et il pense que probablement ceci a lieu, pour 
toutes les profondeurs, jusqu'aux limites où cessent les variations 
annuelles de la température. Ce résultat, comme nous l'avons vu, ne 
serait pas tout-à-fait d'accord avec ceux qui ont été cités plus haut. 

Notre tableau, ajoute encore l’auteur, montre, en outre, que la 
température, vers la fin de septembre et vers la fin de mars, ou vers 
les époques des équinoxes de l’automne et du printemps, est la même 
à différentes profondeurs. 

Il est à remarquer que la température moyenne au-dessous de la 
surface du sol a été supérieure à la température de Pair qui était de 
+ 50,7. 

Si l’on prend les différences de températures du mois le plus chaud 
et du mois le plus froid, on a : 


THERMOMÈTRE. MAXIMUM, MINIMUM. DIFFÉRENCE. DEMI-SOMNME. 
À 1 pieddeprof. . . . ‘15,86 es 17,37 717 
à » A NE 15.00 — 0,42 15,42 7,29 
a be 0 TM 67 + 0,24 13,63 7,06 


En faisant concourir les différences données par le premier et le 
troisième thermomètre, à la détermination des constantes de la for- 
mule (+) qui donne le décroissement de température dans l’intérieur 
de la terre, on a : 

Lop. NE — 1,29245 — 0,05265 p. 


On en déduit pour la différence des températures extrêmes que 
devait indiquer le second thermomètre , 15°,39 ; valeur qui ne diffère 


36 SUR LES VARIATIONS 


que de trois centièmes de degré de 15°,42 qui ont été effectivement 
observés, fig. HT. Les profondeurs pour lesquelles les variations an- 
nuelles de la température ne seraient plus, d’après la formule, que de 
1°, 00,1 et 00,01 , se trouveraient respectivement à 24,6 pieds, 43,5 
et 62,5. D’où l’on voit en même temps que les variations diurnes, à trois 
pieds au-dessous du sol, doivent étre à peu près absolument insensibles. 

En résumé, les profondeurs auxquelles les variations annuelles 
peuvent être considérées comme nulles, se trouveraient d’après nos 
calculs précédens , 


Pour Heidelbere tn  260:0pieds? 
DNA UTICR Se (an ne TT  ENR NEURE NOT SE 
» Édimbourg SAONE SOANRRERE EE ME GES NME) 
NS TESdouRS 60 0060 à ble Moto GI 0 
» Upsal pe PSS 67 ba 


Ces nombres laissent sans doute beaucoup d'incertitude, celui calculé 
pour Heidelberg particulièrement; cependant nous pouvons les pren- 
dre comme une première approximation qui donne pour moyenne 
69 pieds environ. Cette limite, même celle de 84 pieds pour Zurich, 
est bien inférieure à celle que Fourier semble supposer dans le 
discours préliminaire de sa Théorie de la chaleur. «On ne peut, 
» dit ce savant géomètre, remarquer aucune variation diurne à la pro- 
.» fondeur d’environ trois mètres; et les variations annuelles cessent 
» d’être appréciables à une profondeur beaucoup moindre que 60 m. » 

Pour compléter l’aperçu des travaux qui ont été entrepris relative- 
ment aux températures terrestres, il me reste à parler maintenant 
d’une série importante d'observations qui ont été faites par M. Arago, à 
l’observatoire royal de Paris, mais qui malheureusement n’ont pas été 
publiées jusqu’à présent. M. Poisson, dans sa Théorie mathématique 
de la chaleur”, qui a paru pendant la composition de ce mémoire, 


1! Nous admettons ici le nombre déduit de la profondeur à laquelle s’éteint la variation diurne, 
et non le nombre donné par l’auteur. Pour Zurich, nous prenons le nombre donné par les ther- 
momètres placés hors de l'influence des variations diurnes les plus fortes. 

? 1 vol. in-4°, à Paris, chez Bachelier, 1835. Voyez pages 500 et suivantes. 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 39 


en a fait connaître quelques-uns des principaux résultats, que nous 
allons rapporter : € Pour comparer la température calculée à la tem- 
» pérature observée, il faudrait, dit M. Poisson, faire subir à celle-ci 
» une certaine correction dépendante du rapport des volumes de 
» liquide que renferment la tige et la boule de chaque thermomètre. 
» On s’occupe actuellement de cette correction; afin de pouvoir faire 
» usage des observations non corrigées que M. Arago m'a communi- 
» quées, je supposerai que leurs corrections soient peu considéra- 
» bles. » Nous suivrons ici exemple du savant géomètre français : nous 
verrons du reste bientôt, par les observations de Bruxelles, que les 
résultats observés et les résultats réduits diffèrent très-peu, si l’on a 
égard plutôt aux moyennes générales qu'aux indications individuelles 
et aux époques des maxima et des minima des températures. 
Considérons d’abord les indications des thermomètres aux différen- 
tes profondeurs, et déterminons les deux constantes de notre formule, 
en employant, comme l’a fait M. Poisson, les nombres donnés par les 
deux thermomètres dont les boules descendaient le plus bas. Or, d’après 
la moyenne de quatre années, l'excès du maximum sur le minimum 
des températures annuelles a été de 1°,414 à la profondeur de 8»,121, 
et de 20,482 à celle de 6,497. En prenant le mètre pour unité, on aura: 


Log. /\, — 1,37233 — 0,15016 p 


D'où l’on déduit les valeurs suivantes : 


TEMPÉRATURE A PARIS 
PROFONDEUR. 
OBSERVÉE. CALCULÉE. 


APP 5 0 RARRANE 16,870 23°869 


5 pieds ou 1,624. . . 13,017 13,429 
BUS Lune 7,800 7,650 
GP OFERENR 2,482 2,182 
CRAN 1,414 1,414 


1 Quand, au lieu de mètres, on emploie des pieds, la formule devient 


Log. A\p — 1,86348 — 0,04856 p. 


49 SUR LES VARIATIONS 


Les résultats calculés et observés s'accordent très-bien pour ce qui 
concerne l’intérieur de la terre, ig. IX; il n’en est plus de même à l'air 
libre, l'excès du mazimum sur le minimum qui est de 230,57, estbeau- 
coup plus grand par le calcul que par l'observation. « On peut re- 
» marquer, dit M. Poisson, que cet excès surpasse de près de moitié 
» la différence 18°,79—19,92, des températures des mois de juillet 
» ‘et janvier, marquées par le thermomètre suspendu dans l'air ; ce qui 
» n'empêche pas que la moyenne des températures qu’il indique 
» pendant l’année entière, ne diffère très-peu de celle de la surface. » 

La formule donnée plus haut montre que l’excès du maximum sur 
le minimum de température de l’année ne serait plus que de 1° à 9,12 
de profondeur, de 0°,1 à 15,8 et de 00,01 seulement à 22",4 ou à 
67,8 pieds de profondeur; ce qui s’accorde assez bien avec ce qui 
a été vu précédemment, pour d’autres lieux que Paris. 

Quant à ce qui concerne les époques des maxima et des minima 
pour les deux thermomètres placés à 6,497 et 82,121 de profon- 
deur, les seules dont il soit parlé dans l'ouvrage de M. Poisson, voici 
les résultats observés et calculés : 


ÉPOQUE DU MAXIMUM ÉPOQUE DU MINIMUM 


PROFONDEUR. 


OBSERVÉ. CALCULÉ. OBSERVÉ. CALCULÉ. 


15 novembre. | 14 novembre. | 10 mai. . . 19 mai. 


18 décembre . | 16 décembre . | 13 juin. . . 14 juin. 


Cette concordance est très-remarquable, surtout si l’on considère 
la difficulté d'observer l’époque précise des plus grandes excursions 
de la colonne thermométrique, pour des profondeurs où linstrument 
est quelquefois stationnaire pendant un assez grand nombre de jours, 
et où il ne subit que les influences des températures extérieures qui 
agissent sur l'extrémité du tube voisine de la surface du sol: Cette 
concordance du reste, doit disparaître en partie, si l’on considère que 
les observations de Paris n’ont pas été réduites pour les effets de l’iné- 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 41 


galité de température de la boule et de la tige des thermomètres. Les 
valeurs précédentes porteraient à 144 jours environ la durée de temps 
employé par la température à se transmettre à travers une couche de 
terre de 8,121 ou 25 pieds d'épaisseur; ce qui donne un peu plus 
de 6 pieds pour six Jours. 


2. Observations des variations diurne et annuelle de la tempéra- 
ture de la terre à Bruxelles. 


J'ai indiqué précédemment les résultats de toutes les observations 
des températures terrestres qui sont parvenus à ma connaissance; et 
j'ai fait remarquer que les physiciens à qui on les doit, ne semblent 
pas avoir eu égard aux inégalités de température que subissent né- 
cessairement dañs toute leur étendue, des instrumens plongés à des 
profondeurs plus ou moins grandes; aucun d’eux, du moins d’après 
ce que J'ai pu voir, n’a fait de corrections à ses résultats ’. On con- 
çoit cependant qu’un thermomètre dont la boule, plongée à 18 pieds 
de profondeur, marque 10 ou 12 degrés, tandis que la partie supé- 
rieure de son échelle se trouve dans un milieu dont la température 
pourrait différer d’une vingtaine de degrés, ne donnerait que des 
indications fautives. Les erreurs que l’on peut commettre sont faibles 
en général quand le thermomètre n’a que quelques pieds de longueur, 
mais elles sont extrémement sensibles pour les thermomètres qui des- 
cendent à de grandes profondeurs; elles le sont même à tel point, 
comme nous le verrons bientôt, que les termes maximum et mini- 
mum peuvent être déplacés d’un à deux mois. Dans la vue d’estimer 
directement ces corrections, M. Arago a fait construire des tubes de 
même longueur et de même calibre que ceux de ses thermomètres, 
de telle manière qu'ils représentent à peu près identiquement ces 
thermomètres, dont ils ne différent que par l'absence de boule. Il 
devient facile ensuite par la comparaison des deux instrumens, d’es- 


! Je ne parle point ici des observations de Paris, puisqu'on s'occupe de les corriger en ce 
moment. 


Ton.X. 6 


42 SUR LES VARIATIONS 


timer la correction qu'il convient d’apporter à la valeur observée. 

Avant de commencer mes observations sur les thermomètres de 
moindre dimension, j'avais eu connaissance de ce mode d’observer 
par M. Arago lui-même, qui avait bien voulu me donner à ce sujet 
tous les renseignemens désirables ; et j’avais en conséquence suivi une 
marche semblable à la sienne. Cependant comme, pour de faibles 
profondeurs, les corrections sont généralement très-petites et difficiles 
à lire sur les tubes de correction, j'ai employé un procédé un peu dif- 
férent qui na paru donner des résultats plus satisfaisans. Mes différens 
thermomètres sont placés, au nord et à l'ombre, dans un même plan, 
les uns à côté des autres, à peu près comme les tuyaux d’un orgue; 
J'ai pris le parti alors de faire les réductions par la connaissance de la 
température de chaque couche de terre dans laquelle se trouve plon- 
gée une boule de thermomètre, en commençant par les couches su- 
périeures. 

Pour comprendre ce mode de réduction, supposons des plans pa- 
rallèles et horizontaux passant par les boules de chacun des thermo- 
mètres plongés en terre; il est évident qu'entre la surface du sol et 
le plan parallèle le plus bas, nous aurons autant de couches horizontales 
qu'il y a de boules de thermomètres ; cela posé, représentons par 


S, la partie de la colonne thermométrique élevée au-dessus du sol. 
À,, la partie comprise entre le sol et le plan horizontal passant par la 1° boule therm. 
A,, la partie comprise entre les plans horizontaux passant par la 1° et la 2° boule. 


Ar, la partie comprise en général entre les deux plans horizontaux consécutifs, passant 
par les » — 1° et ne boules thermométriques. 


Il s’'ensuivra que le thermomètre #“”* aura son tube partagé en x 
parties, plus celle S qui s'élève au-dessus du sol: de manière que la 
colonne thermométrique = S + À, + À, + …. + À,. 

Or, il est évident que, pour que le thermomètre eût une mdication 
exacte, il faudrait que chacune de ses parties fut à la même tempé- 
rature, comme sil était placé horizontalement dans la couche où se 
trouve sa boule. Cette température corrigée, si l’on pouvait faire les 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 43 


réductions en toute rigueur, s’écarterait peu de celle de la boule, dont 
le liquide surpasse de beaucoup celui contenu dans le tube. La mé- 
thode de réduction que jai employée consiste, d’après cela, à faire que 
chacune des parties du tube thermométrique ait la même tempéra- 
ture que la boule. Ce procédé pour étre sensiblement exact, suppose 
que le calibre du tube soit bien connu dans toute son étendue, et de 
plus que le liquide qu'il contient forme un volume peu considérable 
en comparaison de celui contenu dans la boule. 

Cherchons maintenant la formule générale de réduction ; et, à cet 
effet, nommons respectivement s, @,, a, a, …. a, les températures 
indiquées par les thermomètres placés, le premier au-dessus du sol 
et les autres, dans l’intérieur de la terre, immédiatement au-dessous 
des couches À,, À., À,,... À,, nous aurons pour le »°”"° thermomètre : 


S "SC 
S + a 
À, Æ 9 = (y 
Différence de la tem- 
5 a, + a 
pérature de la boule du AN ENE NT 
thermomètre et de la dE 2 


température dela cou- 
che moyennepour . . 


Nous supposons, dans ces formules, que la température de la boule a, 
est moindre que chacune des températures des couches supérieures ; 
s’il en était autrement, il faudrait changer les signes dans le second 
membre de chaque formule correspondante à la couche où le ren- 
versement a lieu. 

Maintenant , la quantité dont il conviendrait d’allonger ou de rac- 
courcir la longueur de la colonne thermométrique, dépendrait à la 
fois de toutes ces inégalités de température dont nous venons de donner 
les expressions, ainsi que des épaisseurs des couches S, AÀ,, À... A,. 


4/4 SUR LES VARIATIONS 


En effet, chacune de ces couches, pour un degré de température, 
varie de 0,0011 de sa hauteur, d’après la dilatation connue de l’esprit 
de vin ; et, pour x degrés, la variation serait 


0,0011 x de sa hauteur. 


Ce qui semble le plus simple alors, c’est d'exprimer immédiatement 
la hauteur d’une couche en degrés de l’échelle du thermomètre pour 
lequel on fait les réductions ‘; ainsi je suppose que l'épaisseur de la 
couche soit de 25 centimètres, et que ces 25 centimètres fassent l’équi- 
valent de 6 degrés de l'échelle thermométrique, ou de y degrés en 
général, la correction en degrés sera de 


0,0011 x X y. 


Pour faciliter les corrections, il suffirait donc de construire une table 
à double entrée telle que la suivante. Dans la première colonne ver- 
ticale, on trouve la hauteur y de la couche, ou la longueur de la 
portion du tube thermométrique exprimée en degrés de l'échelle; et 
dans la première colonne horizontale se trouvent, pour argumens, les 
différences + de la température de la boule du thermomètre et de la 
température moyenne de la couche pour laquelle se fait une réduction, 


où l’on a 
n— + Qyn 


LT ———————————— — 
2 


1 Voici les données qui ont servi pour la réduction de mes différens thermomètres : 


PROTONDEUR NOMBRE POINT 
où de millimètres contenus dans un de 


DESCEND LA BOULE DU THERMOMÈTRE. DEGRÉ DE L'ÉCHELLE, L'ÉCHELLE À LA SURFACE DU SOL, 


0,58 pieds . 
1,38 


2,31 
3,08 
6,00 

12,00 

24,00 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 


PS 
Cr 


LONGUEUR ALLONGEMENT DE LA COLONNE THERMOMÉTRIQUE 


de T POUR UNE TEMPÉRATURE DE 
en degrés 


DE L’ÉCHELLE. 


La formule générale de réduction sera la suivante : 


À 
Correction totale — 0,0011 E (s— a) + y, (: Le Hi an ) He. 
Fo + Am An—1 + Un 
= Ym Fra CEA Un pe as — ue) A 
2 \ D J 
Où y, Y1, Y.... y, y, expriment les fractions du tube thermomé- 


trique comprises dans les couches S, À;, À,,.... À,, A, 


46 SUR LES VARIATIONS 
Cette formule peut s’écrire plus simplement, comme il suit : 


0,0011 
Correction totale — dat [sGy+u) + (y +) + @ (y, +y,) + 


+ Am (Ym + Ym4r )eee + An — Lan (Y + Yi + Ye + y) ; 


La formule devient plus simple encore quand les boules des ther- 
momètres sont placées à des profondeurs croissant selon une progres- 
sion arithmétique, c’est-à-dire de manière que l’on ait y, = y: = y; 
— y, — etc; elle devient alors 


À s ae 7 
Correction totale — 0,0011 Lu (S — ün) + y, G+ A, +++ On ep Due | c 


en posant 
D a—=@, + & + A3 + .... + On, 


Où à 


Correction totale — 0,0011 Luce — An) + Y; G + Sa— = — na, ) | ; 


ou bien encore 
— 0,001 [(5—ar) (y + L) + y, (Sa —nar)]. 


Dans le plus grand nombre de cas, on pourrait négliger le dernier 
terme de cette formule qui sera généralement faible. 

C’est en faisant usage de ces formules qu'ont été calculées les ré- 
ductions des observations de Bruxelles. On trouvera, à la fin de ce 
mémoire, dans les tableaux n° 1, 2 et 3, les résultats originaux des 
observations et les résultats réduits pour chaque dixaine de jours 
pendant les années 1834, 1835 et 1836; les tableaux n°5 4 et 5 ren- 
ferment les résultats mensuels de ces mêmes observations qui seront 
données, avec tous leurs détails et pour chaque jour, dans les Annales 
de l'Observatoire. Pendant les deux premières années, les thermomé- 
tres ont même été observés trois fois par jour, à 9 heures du matin, 
midi et 4 heures après midi. 

La seule inspection de ces tableaux pourra faire juger de quelle 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 47 


importance est la correction pour l'inégalité des températures dans 
Vétendue des thermomètres. La correction sera en général d'autant 
plus forte que la boule du thermomètre descend à une profondeur 
plus grande, et que sa capacité est moindre comparativement à celle 
du tube. La correction pour le thermomètre dont la boule descend à 
12 pieds de profondeur, par exemple, est de plus de huit dixièmes 
de degré au mois de décembre. Pour faire mieux juger de limpor- 
tance de cette correction , et du danger de s'en rapporter à des 
observations non réduites, je présenterai ici le tableau des corrections 


qu’il a fallu faire, pour mes différens thermomètres, et pour les résul- 
tats de midi, en 1835. 


CORRECTIONS POUR LES THERMOMÈTRES 
AUX PROFONDEURS DE 


|| Janvier 
|| Février 
Mars . 
| Avril . 
Mai. 
| Juin 
Juillet . 
Août 


Septembre 
Octobre 
Novembre. 


Décembre. 


| ANNÉE . 


Gn voit que les corrections sont positives pendant une partie de 
l’année, et négatives pendant l’autre. Les corrections sont à peu près 
nulles après les équinoxes, époques où se présentent les températures 


46 SUR LES VARIATIONS 


moyennes de l’année au-dessus de la surface du sol, et où les indications 
des thermomètres sont aussi à peu près les mêmes au-dessous de cette 
surface. 

On voit aussi que les corrections pour les résultats généraux des 
températures de toute l’année sont de signe positif, ce qui provient 
de ce que, si l’on ne considère que les résultats moyens, la boule 
est généralement plongée dans une couche d’une température plus 
élevée que l'extrémité de son tube; et en effet nous avons , d’après le 
tableau des observations réduites, pour 


Température moyenne de l'annee, d'apres les observations reduites 
2 
de chaque jour ?. 


PROFONDEUR 
ds 1836. MOYENNE. 
THERMOMÈTRES. 


A l'air libre. 
{| Surface du sol . 
0°58 de profondeur . 


1,38 20 
2,81 ue 
3,08 2 
6,00 

12,00 

21,00 


C’est donc à un demi-pied de profondeur environ que la moyenne 
des températures a présenté une valeur minimum qui a été de 9°,82 ; 
puis, la température moyenne de l’année a crù rapidement jusqu’à 
12 pieds environ. Les résultats des années qui vont suivre nous ap- 


1 Les résultats des observations sont donnés pour 9 heures du matin , comme représentant 
mieux les moyennes de l’année, à l'air libre et à la surface du sol; mais ceux concernantles tem- 
pératures de la terre , se rapportent à l'heure de midi. 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 49 


prendront sans doute à quelle cause il faut plus particulièrement rap- 
porter cette grande élévation des thermomètres de 12 et de 24 pieds, 
qui n’est point en rapport avec l'accroissement des températures 
au-dessous du sol. Dans les observations d'Édimbourg et de Zurich, 
on remarque également pour les thermomètres les le longs, une 
température moyenne de l’année plus élevée qu’elle ne ble dévué 
l’étre en raison des profondeurs où se trouvent les boules des instru- 
mens. Ceci tiendrait-il à un déplacement du zéro de l'échelle? Nous 
avons aussi remarqué dans ces observations que les températures 
moyennes de l’année, immédiatement au-dessous de la surface de la 
terre, présentent une espèce de minimum. 

Après avoir fait connaître les corrections préalables qu’exigeaient 
les indications de nos thermomètres, nous allons nous occuper des 
principaux résultats que l’on peut déduire de nos observations. Nous 
examinerons successivement ce qui concerne 1° les époques et les 
grandeurs des maxima et minima de la température annuelle à diffé- 
rentes profondeurs ; 2° la loi de décroissement des variations annuelles 
de la température au-dessous du sol; 3° la loi des variations que subit 
la température dans une même couche et pendant le cours d’une 
année. Enfin nous présenterons quelques recherches sur les variations 
diurnes de la température de la terre. 


3. Sur les époques et les grandeurs des maxima ef minima de la tem- 
pérature annuelle a différentes profondeurs. 


Il est assez difficile de déterminer d’une manière préeise, l'instant 
où un thermomètre, dont la boule descend à plusieurs mètres au- 
dessous du sol, atteint son point maximum ou son point minimum : 
le thermomètre en effet parait à peu près stationnaire pendant plu- 
sieurs jours vers l’une et l’autre de ces deux époques. On peut même 
dire que la moindre erreur dans les corrections reporte quelquefois 
un Mmarimum à plusieurs jours de distance de sa position véritable. 
Après avoir examiné cette difficulté avec soin, il m'a paru que la 

Tow. X. 7 


30 SUR LES VARIATIONS 


marche la plus sûre était de faire dépendre la détermination du maxi- 
mum où du minimum, ainsi que son époque, d’une série d’observa- 
tions successives. Je construis à cet effet un arc parabolique qui passe, 
autant que possible, par une suite de points dont les ordonnées sont 
les hauteurs thermométriques observées, et dont les abscisses sont 
les temps correspondans des observations. Lorsqu'un pareil arc a été 
tracé vers le lieu où se trouve un mazimum ou un minimum, le point 
que l’on cherche est facile à déterminer, par la condition que la 
tangente à la courbe, y devient parallèle à l’une des abscisses. On 
peut aussi employer la marche analytique, qui est plus directe et qui 
comporte plus d’exactitude. À linspection des hauteurs moyennes du 
thermomètre pour chaque mois, on aperçoit d’abord où se trouve, par 
exemple, la hauteur maximum; puis on prend les hauteurs thermo- 
métriques pour les deux mois entre lesquels tombe cette valeur 
mazimum. Ces trois nombres figurent trois ordonnées équidistantes, 
et par leurs extrémités on fait passer un arc de parabole qui ait son 
grand axe parallèle aux trois ordonnées en question : le sommet de 
la parabole appartient alors au maximum que l’on cherche, et son 
abscisse indique l’époque de ce maximum. 

Il ne sera peut-être pas hors de propos d’indiquer par un exemple 
la marche que nous avons suivie dans nos calculs. Écrivons à cet eflet, 
pour équation de la parabole, 


(y+ Fa) =P(x+c) 


dans laquelle — : a et— c sont les coordonnées du sommet de la 
courbe qu'il s’agit de déterminer. On tire de là 


y + ay= Paz + C; 
en faisant 


2 


C — cP — 


+] 


y exprime l’époque à laquelle se rapporte la température # observée. 
Pour plus de simplicité, si les trois hauteurs thermométriques ob- 
servées sont #, &' et #'', pour les trois mois consécutifs 0, 1 et 2, en 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 51 


représentant par 1 la durée du mois, et en comptant les temps à partir 
du premier mois, on aura 


OERET NE EN CINE CI) 
ee Na LE 
Je in = y ant 
en éliminant C,on a 
l'E = PE, 256) 014006 000) 
SH au— P(x— 7) 


l’élimination de a donne 


19 


! 


T— 2x + xt 


Par suite, les équations (2) et (1) donnent, pour les coordonnées 
de l’origine de la parabole, en observant que 


a 
C— GP — —, 
nn 
les valeurs 
P (a re a TD —3%x I 
0 IE) EUR — — 9 
) È 2 DT TU 9 


Prenons, pour exemple numérique , le calcul de l’époque et de la 


grandeur du maximum pour le thermomètre de 24 pieds, pendant 
Vannée 1834. Il faudra poser 


æ — 12/56 d'où l'on tire x+ 7x — 25/07 
To—M19;65 2x" — 95,30 
Gi — 09; 5 
TT 0709 Tr Tr — (0,23 
ainsi 
200 200 
P—=— —, et a— —— X 0,09 — 1; 


23 23 


92 SUR LES VARIATIONS 


l'emploi des logarithmes donne : 


Log. 200 230103 Log. © 1,94988 
Log. 0,09 2,95424 Log. (5) 1,89976 
Compl. log. 23 8,63827 Dos. 1,06070 
Log. 0,783 1,8933 Log. (c +2) 2,96046 
a — — 0,783—1 CET — —0,09 
«& 
— — 0,891 . c ——0,09 12,86 — — 12,65; 


5 
4 


ainsi le thermomètre, à 24 pieds de profondeur, s’est élevé dans sa 
valeur mavimum à 12°,65 ; ce qui est arrivé à 0,891 de mois, à partir 
du 15 novembre, ou bien à 26,73 jours du 15 novembre, c’est-à-dire 
le 11,73 décembre. 

Le calcul des maenima se fait exactement de la même maniere, 
seulement il faut avoir égard aux changemens de quelques signes. 

Cela posé, le calcul nous a donné, pour les époques auxquelles nos 
différens thermomètres ont atteint leur hauteur #navimum , les résul- 


tais qui suivent : 


PROFONDEUR. 


Surface. 
0758 
1,38 
2,31 
3,08 
6,00 

12,00 

24,00 


ÉPOQUE DU MAXIMUM DE TEMPÉRATURE. 


1834. 


19,5 juillet 
26,1 » 

4,3 août. 
10,2 » 

13,9 » 

4,3 septemb. 
8,1 octobre . 
11,7 décemb . 


1835. 


24,2 juillet 
2,0 août. 
10,2 » 
1520 
18,3 » 
7,9 septemb. 
7,8 octobre . 
3,0 décemb . 


1836. 


15,0 juillet 
16,8 

21,6 

25,6 

28,5 

? 

10,2 octobre . 
19,8 décemb . 


ÉPOQUE MOYENNE. 
19,6 juillet. 
95,3 » 
1,7 août. 
6,7 » 
9,90) 
6,1 septemb. 


8,7 octobre. 
11,5 décemb. 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 53 


ÉPOQUE DU MINIMUM DE TEMPÉRATURE. 


PROFONDEUR. 
1835. 1836. ÉPOQUE MOYENNE. || 


SULIACE UE -ee 9,0 janvier . . | 27,3 décembre. . 2,7 janvier. 


PSG" ON AO EN 210 an vier ER 19,2 » 
HÉXD SENS MERE RES DGA U Re OIGNON 28,1 » 
DO REUNION AOLD vies so NON TN 1,6 février. 
UOTE. OU TO ED ME ne Den EE M ANSE Re 9 
GORE UE 19,2 mars . . . AURAS MES RCE 19,2 mars. 
DOM AE EU Ne ADI Evrall on re OPA 12,0 avril. 

NE OO NUE 15 9h ee DE ui EE 13,8 juin. 


D’après ce tableau, le maximum de température se serait manifesté à 
la surface de la terre, le 20 juillet ; et, à la profondeur de 24 pieds, le 
12 décembre suivant. Le temps employé par le mavimum à se trans- 
mettre ainsi, aurait donc été de 145 jours. 

La température des hivers précédens a été très-irrégulière, et la 
courbe qui la représente, a éprouvé des inflexions si nombreuses qu’il 
devient presqu'impossible de déterminer son minimum absolu, celui 
du moins qui a dù amener le minimum de température des couches 
inférieures de la terre. Les thermomètres placés au-dessous de la sur- 
face du sol et à de faibles profondeurs, ont été à peu près stationnaires 
pendant tout l’hiver de 1835. Pour déterminer le minimum de tem- 
pérature de cet hiver, nous avons employé, pour les quatre thermo- 
mètres les plus courts et pour le thermomètre placé à la surface du 
sol, les résultats observés pour décembre et avril en même temps que 
la moyenne de janvier, février et mars, mois pendant lesquels ces ther- 
momètres n’ont presque pas varié: le calcul a donné, pour époque du 
minimum de température du thermomètre le plus long, le 14 juin; 
et il donne, pour le thermomètre placé à la surface de la terre, le 
3 janvier. Nous croyons néanmoins devoir déplacer ce minimum et 
le rapporter au 15 janvier, époque qui s’accorde beaucoup mieux avec 


54 SUR LES VARIATIONS 


la marche des thermomètres placés en terre, près de la surface, et qui 
n’ont pas autant que le précédent, subi des changemens brusques de 
température. La distance du 15 janvier au 14 juin serait ainsi de 
151 jours. 

En déterminant les époques auxquelles les thermomètres attei- 
gnaient leurs hauteurs moyennes, nous sommes parvenu aux résultats 
SUIVANS : 


ÉPOQUE DE LA TEMP. MOYENNE A LA SUITE DU MINIMUM. 


THERMOMÈTRE. 
MOYENNE, 


A la surface + . | 29) avril : «|| 2 Al ot UN RS OMaVrIle 
0,58 pieds . . GENE pole AI UT LAURE 8 mai. 
1,38 SUP eme ar MED noel CT 
2,31 HUE DENT ONE A1 UMR | SAUTER RG, 

3,08 A 5 MNEMAUIHS ANNEAE ê ae ILE 

6,00 RU sue lois 0 T2 nine SNS RARE APSEURE D 
12,00 : EN ui tle ER M Euler NS RILuLTerS 
24,00 + «| . . . . . | 10 septembre. | 10 septembre. | 10 septembre. 


ÉPOQUE DE LA TEMP. MOYENNE À LA SUITE DU MAXIMUM. 


THERMOMÈTRE. PET UN ET 
1834. 1835. 1836. . MOYENNE. 


A la surface. . . | 11 octobre +. | 12 octobre . | 23 octobre . | 15 octobre. 
0,58 pieds . . BOT a Le TT) 
1,38 Rs NOT . . | 13 novembre. | 31 
2,81 MEUME 1 novembre. | 30 Se SM 3 novembre. 
3,08 ET GE AN ER 2 novembre. NE TE) 


6,00 SRE] LEA POTAIR E e 8 décembre . 1 décembre . 5 décembre. 


» 12,00 . . | 11 janvier. . | 2 janvier. . | 18 janvier. . | 10 janvier. 


» 24,00 St : BRUN CO EEE: Me 6 mars . . | 15 mars . . | 11 mars. 


Pour se transmettre de la surface du sol à la profondeur de 24 pieds, 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 35 


la température moyenne a employé 133 jours, du 30 avril au 10 sep- 
tembre ; et 146, du 15 octobre au 1 1 mars. En conséquence on a compté 


145 jours pour le maximum. 


151 » pour le minimum. 

133 » pour la »oyenne après l'hiver. 

146 » pour la moyenne après l'été. 
Movene . . 144 jours environ. 


Ainsi, terme moyen, la vitesse pour la transmission de la chaleur, 
à partir de la surface du sol, a été de 144 jours pour 24 pieds, ce 
qur donne 1 pied parcouru par six jours. En employant le thermo- 
mètre de 12 pieds pour un semblable calcul, on trouve une vitesse de 
transmission un peu moindre et la température ne parcourrait que 
1 pied environ en sept jours; ce qui s’accorderait aussi mieux avec 
la marche des autres thermomètres, comme on peut le voir par le 
tableau qui suit, dans lequel nous avons inscrit les temps écoulés 
depuis les instans critiques observés à la surface du sol, en prenant 
pour points de départ le 20 juillet et le 15 janvier pour les tempé- 
ratures mavima et minima, et le 30 avril et le 15 octobre pour les 
températures moyennes. 


VITESSE OBSERVÉE DE TRANSMISSION VITESSE 
DE LA CHALEUR VITESSE 


calculée en suppos=!| 
PROFONDEUR APRÈS LA TEMP. MOYEN, | "OYENNE LA TRANSMISS. 
EE — 


+ —— |] 


Après Après 


observée. 
LU 
LE MAXIMUM. | LE MINIMUM. D'AVRIL. D'OCTOBRE. DE 6 9. | DE 7 J. 


5 jours.| 4 jours.| 8 jours. | 5 jours. 
SD 12 12 

17 16 17 

63 45 52 

87 74 


56 SUR LES VARIATIONS 


Ce qui précède montre 1° que l’on peut considérer la vitesse de 
transmission de la chaleur comme sensiblement uniforme; 2° que 
cette vitesse est de [ pied par 6 à 7 jours environ. 

Le thermomètre qui s’écarte le plus des résultats calculés est celui 
de 6 pieds qui, ayant d’ailleurs été cassé, n’a pu donner pour termes 
de comparaison que les résultats d’une seule année. 

Nous allons présenter maintenant les maxima et minima absolus 
des thermomètres tels qu’ils ont été obtenus par le calcul. 


MAXIMA. 


À 


1834. 1835. 1836. | moyenne. 1835. 1 1836. | moxexne. 


PROFONDEUR. 


16,10 
15,80 
15,67 
15,53 
? 
13,99 
12,76 


En estimant la température moyenne de l’année d’après la moyenne 
des températures maximum et minimum, on trouve encore ici que 
sa valeur augmente graduellement à mesure que l’on pénètre plus 
avant au-dessous de la surface du sol; et, ici encore, la température 
moyenne donnée par le premier thermomètre, à 0',58 de profondeur, 
est une quantité moindre que la température de l'air pendant les trois 
dernières années. 

Il paraïtrait donc très-probable, d’après la généralité des résultats 
obtenus précédemment, 1° qu’abstraction faite des effets des varia- 


1 La marche irrégulière des thermomètres placés dans le voisinage du sol, a fait qu'on s’est 
borné, pour l'hiver de 1835, à prendre les températures des mois les plus froids pour valeurs 
des minima. 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 97 


tions annuelle et diurne de la température, la chaleur terrestre est un peu 
moindre au-dessous de la surface du sol qu'au-dessus ; 2° que le mini- 
mum se trouverait dans la couche comprise entre la surface du sol et un 
pied de profondeur environ; 3° qu’à partir de ce minimum, la tempéra- 
ture annuelle va croissant et selon une progression qui semblerait même 
plus rapide que celle qu’on observe à des profondeurs plus grandes. 

En résumant également lesrecherches exposées précédemment, sous 
le rapport de la vitesse de transmission de la température d’une cou- 
che à l’autre de la terre, on trouve que 


UNE COUCHE DE TERRE D'UN PIED D ÉPAISSEUR À ÉTÉ TRAVERSÉE PAR LA CHALEUR 


A Zurich, dans l’espace de . . . . 5 à 7 jours ? 
A Heidelberg, — MCE VAL 8 D. 
A Édimbourg, — do 0e 7 » 
À Paris , = Ce FO ED D 6 » 
A Bruxelles, — 6 à 7 » 


Ainsi, {a vitesse de transmission de la température peut étre con- 
sidérée, dans sa valeur moyenne, comine étant de 6 a 7 jours, pour 
une couche de terre de 1 pied d'épaisseur. Il résulte encore de là 
qu'il faut une année environ pour que les chaleurs de l'été, ou les 
froids de l'hiver, se transmettent à la profondeur de 60 pieds. Or, 
nous verrons bientôt que c’est vers cette profondeur aussi que doit se 
trouver la couche des températures invariables , celle du moins où la 
plus grande variation de température annuelle n’est plus que de 4 à 
5 centièmes de degré du thermomètre centigrade. 


4. De la loi de décroissement des variations annuelles de la tempé- 
rature au-dessous de la surface de la terre. 


La théorie nous apprend que, lorsque l’on descend au-dessous de 
la surface de la terre selon une progression arithmétique, les ampli- 
tudes des variations du thermomètre, pendant le cours d’une année , 
doivent décroître selon une progression géométrique : la courbe qui 
a pour abscisses les profondeurs, et pour ordonnées les grandeurs de 


ces amplitudes, est donc une logarithmique. 
Tom. X. 8 


58 SUR LES VARIATIONS 


Nous allons chercher à reconnaitre si l’expérience est iei d'accord 
avec la théorie. Nous prendrons d’abord les élévations maxima et 
minima de nos différens thermomètres, telles que nous les avons 
déduites, par le calcul, des moyennes mensuelles des températures. 
Les mavima et minima obtenus de cette manière sont moins pro- 
noncés il est vrai, que ceux que l’on aurait effectivement, en tenant 
compte des observations individuelles de chaque jour; mais la marche 
irrégulière du thermomètre, surtout dans le voisinage de la surface 
du sol, semble devoir les faire préférer. Ce qu'il importe de consi- 
dérer en effet, ce n’est pas que le thermomètre s’est accidentellement 
élevé , pendant quelques instans, à une hauteur très-grande , mais 
qu'il se soit soutenu à cette hauteur pendant un temps assez no- 
table pour déterminer la température mavimum qui doit aller 
déterminer les maæima successifs de l’année aux différentes profon- 
deurs. Dans ces sortes d'observations, c’est à la fois à la hauteur du 
thermomètre et à la durée des chaleurs ou des froids qu’il faut avoir 
égard. Ce sont ces motifs qui nous ont fait préférer les mazima et 
minima déduits, par le calcul, des moyennes mensuelles, pour pouvoir 
étudier leur marche à l’intérieur de la terre. Cela posé, nous allons 
faire connaïtre quelles ont été les plus grandes variations annuelles 
de nos différens thermomètres, d’après trois années d’observations, et 
nous donnerons en regard les valeurs calculées. 


TEMPÉRATURES OBSERVÉES. VARIATIONS ANNUELLES, 


RE —— 


| 
PROFONDEUR. DIFFÉRENCE. 
MAXIMA. MININA. OBSERVÉES. CALCULÉES. 


0,58 pieds. 17,06 3,78 1328 13140 
1,38 16,91 4,47 12,44 12,41 


2,31 16,76 8,41 11,88 11,36 
3,08 16,74 6,16 10,88 10,83 
6,00 15,87 8,98 7,59 7,98 
12,00 14,81 10,02 4,49 4,80 
21,00 : 19,77 11,84 1,43 1,43 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 59 


La formule par laquelle ont été obtenues les valeurs calculées, est 


la suivante : 


Los. PT — 1,15108 — 0,0%149 p. 


Elle a été déduite immédiatement du résultat des observations des 
deux thermomètres les plus grands. L'on peut voir, par la /ig. HE, que 
l'accord entre les résultats observés et calculés est aussi grand qu’on 
peut le désirer, excepté peut-être pour le thermomètre de 6 pieds, 
qui du reste a été observé pendant un temps moins long que les au- 
tres thermomètres ‘. 

Si, dans la formule qui précède, nous faisons p—0o, nous trouve- 
rons pour la variation annuelle de la température à la surface de la 
terre 14°,16, valeur qui est inférieure de beaucoup à celle qui a été 
donnée effectivement par le thermomètre placé à la surface de la terre. 
Mais nous avons déjà eu occasion de voir combien les indications des 
thermomètres sont différentes, selon que leurs boules sont plus ou 
moins couvertes de terre. D'ailleurs, cette espèce de solution de con- 
tinuité peut tenir encore à l'exposition des instrumens et aux heures 
des observations qui compliquent, dans le voisinage du sol, les va- 
riations annuelles de Peffet des variations diurnes. La variation 
annuelle qui résulte du calcul, est aussi moindre que celle qu'à 
donnée l'observation pour Zurich; et le contraire a eu lieu pour Paris. 

On a pu voir que les limites dans lesquelles varie la température 
annuelle , se resserrent très - rapidement quand les profondeurs aug- 
mentent : à 24 pieds au-dessous du sol, par exemple, la variation 
annuelle n’a plus été que 10,43. La formule donnée plus haut montre 
que l'excès du maximum sur le minimum de température 


N’EST PLUS QUE DE : A LA PROFONDEUR DE : 
1;00 centig. 27,1 pieds. 
0,10 » 51,8 » 

0,01 » 75,9 » 


! En employant la méthode des moindres carrés, l'équation devient los. A — 1.14833 — 
6.04140p. Mais les résultats calculés s’écartant peu de ceux obtenus par la formule précédente , 
nous avons préféré laisser subsister celle-ci, à laquelle on a l'avantage de parvenir immé- 
diatement. 


60 SUR LES VARIATIONS 


Ainsi, les oscillations des températures pendant le cours de l’année 
ne tombent que dans les centièmes de degré à la profondeur de 
60 pieds; ce résultat s’accorde fort bien avec celui qu'ont présenté 
les eaux d’un puits de l'observatoire, qui descend à plus de 60 pieds 
au-dessous du sol. Les observations faites aux différentes époques de 
l’année n’ont pas en effet donné une différence de température ap- 
préciable, pendant tout le cours de 1834 et de 1835. 

Si nous rapprochons les résultats qui précèdent de ceux que don- 
nent les observations que nous avons discutées précédemment, nous 
trouverons les résultats suivans : 


PROFONDEUR A LAQUELLE LES PLUS GRANDES OSCILLATIONS DES 
TEMPÉRATURES ANNUELLES NE SONT PLUS QUE DE 
LIEUX. ————— 
1°,00. 0°,10. 0°,01. 

HOMME Vo 0 0.12 20,3 pieds. | 39,3 pieds. 58,3 pieds. 
Ujoenil 2 6 -6a 08 Motor 24,6  » 13,5 oo» 62,5 Oo» 
AUTICh San SENS ENS 27,8  » 49,5  » TAN) 
SHASDOUT ONCE 31,0 » 56,0  » 81,0 » 
Paris Mean EN RE UE 28,0 Oo» 48,5 oo» 68,9  » 
BEUX CES RES RTE ATEN MS 51,8 » 75,9 Oo» 


Il semblerait d’après ces nombres que, pour des latitudes élevées, 
les variations annuelles des températures pénètrent moins profondé- 
ment en terre, du moins les nombres d’Édimbourg et d’Upsal tendraient 
à le faire croire. Dans nos climats, on peut estimer, d’après les ob- 
servations de Paris, de Strasbourg, de Zurich et de Bruxelles, que 
les variations sont à peu près éteintes à 74 pieds de profondeur, 
puisqu'elles n’y sont plus que d’un centième de degré; même, à 50 
pieds, elles ne sont plus guère sensibles, puisqu'elles ne s'élèvent qu’à 
un dixième de degré. 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 61 


En rapprochant les formules qui ont servi aux calculs des obser- 
vations, on trouve 


BOUTAUpSa LE T0 PANE — 1,29245 — 0,05265 p 
» Édimbourg. . . — 1,06819 — 0,03260 p 
DAANBARIS IE UNE — 1,37633 — 0,04856 p 
» Bruxelles — 1,15108 — 0,04149 p 
» Strasbourg. — 1,27875 — 0,04020 p 
» Zurich . — 1,21741 — 0,03844 p. 


IL est très-remarquable que le coefficient, qui dépend de la chaleur 
spécifique et de la conductibilité de la terre pour la chaleur, semble 
croître avec la hauteur des latitudes. On doit regretter que les obser- 
vations qui servent à le déterminer soient encore si peu nombreuses, 
car cet élément est appelé à jouer un grand rôle dans la physique 
du globe. D’après la théorie de la chaleur , la valeur de b, comme il 
a été dit plus haut, est la suivante 


b — er log. e: 


r est le rapport de la circonférence au diamètre, c est la chaleur 
spécifique de la terre, # sa conductibilité, et log. e — 0,43429 *. 


! Depuis que ce qui précède est écrit, nous avons recu une lettre de M. Kupffer, qui se 
propose de faire également en Russie des observations sur les variations annuelles de la tem- 
pérature de la terre. Ce savant s’est occupé de calculer les observations de Strasbourg, de Zurich 
et d'Édimbourg. « La valeur de «, écrit-il ( c’est le coefficient de votre p, divisé par log. e ou 
par 0,43429), est à Bruxelles, selon vous, égal à 0,09373 et 0,0887; il est, d’après mes calculs, de 


0,1554 

01332 pour Édimbourg 
0,0904 » Strasbourg 
0,1102 » Zurich. 


« Cette valeur serait-elle plus grande pour les hautes latitudes que pour les basses ? Les obser- 
vations de Zurich ne sont cependant pas favorables à cette supposition. » En multipliant les 
coefficiens de M. Kupffer par 0,43429, on trouve les valeurs suivantes, un peu différentes des 
nôtres : 

{ 0,06747 
| 0,05784 
» Strasbourg  0,03935 
» Zurich. .  0,04786. 


Pour Édimbourg 


62 SUR LES VARIATIONS 


5. Sur la loi des variations de température que subit une méme 
couche de terre pendant la durée d'une année. Voyez fig. 4. 


D’après la théorie, quand on prend les temps pour abseisses, et les 
hauteurs thermométriques pour les ordonnées d’une courbe, cette ligne 
doit être une logarithmique. Nous allons chercher si ce résultat du cal- 
cul est conforme à ce que nous apprend l'expérience. En nommant y 
les hauteurs thermométriques aux époques désignées par + , on aurait 


y = À + B sin. (r+C); 


æ sera exprimé en degrés et compté à partir du premier jour de 
Van, de telle manière qu'après une année révolue, sa valeur sera de 
360°; on pourra donc considérer la distance d’un mois à l’autre 
comme étant de 30°. CG, À et B sont des constantes que l’expérience 
fait connaître ; du reste À indique la température moyenne de l’année 
pour la couche dont il s’agit, B est la demi-différence du maximum 
au minimum de température annuelle pour la même couche, et C est 
compté de l’époque où l’on avait la température moyenne de l’année. 

Les conséquences nécessaires de cette formule seraient que deux 
époques de l’année, également distantes du point mazimum ou du 
point minimum , doivent toujours présenter des températures égales, 
et que ces derniers points sont à six mois de distance l’un de l’autre. 
En effet, si +’ donne le maximum ( ce qui suppose + +C—90 ); 
180+! donnera nécessairement le minimum, car nous aurons 

Pour le maximum y=—=A+B sin. (x +C) — À +B 
» minimum y = À+B sin. (180+x+C) — A—B. 

Pour deux instans également éloignés du mavimum, de z degrés, 

par exemple, on aurait 
Avant le maximum y —= À + B sin. (90 ——z) 
Après » y = À + B sin. (90+z) 

Quel que soit 7, il est évident que ces deux expressions sont égales. 

Ce qui précède étant admis, nous allons passer à l’examen de ce 
qui se passe dans la couche placée à 24 pieds de profondeur. En 
prenant la moyenne des températures pour 1835 et 1836, on remar- 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 63 


quera d’abord que la moyenne température de l’année équivaut 
à 120,06, ce qui sera la valeur de À dans la formule. D'une autre 
part, l'excès du maximum sur le minimum de température de l’année 
est 120,80—110,34— 10,46; la moitié de cette valeur ou 00,73 formera 
la constante B. La troisième constante C pourra se déterminer par les 
époques auxquelles sont arrivées les températures moyennes et les 
températures extrêmes ; or, on a eu à 24 pieds de profondeur: 
La température moyenne le 11 mars. 
— — le 10 septembre. 
— maximum le 11,5 décembre. 
— minimum le 13,8 juin. 
Supposons qu’on prenne effectivement le 10 septembre pour époque 
de la température moyenne, ce qui nous ferait compter vingt jours plus 
P > P stJ p 
trois mois, ou 110 degrés jusqu’à la fin de l’année. Ce nombre sera notre 
troisième constante C; la formule est donc déterminée, et devient 


y — 12°,06 + 0°,73 sin. (110 +x). 


Nous allons mettre en présence les nombres calculés et ceux qui 
ont été donnés par l'observation. 


Variations annuelles de la température à 24 pieds de profondeur. 
P 


MOIS. VALEUR OBSERVÉE. VALEUR CALCULÉE. DIFFÉRENCE. 


Janvier. 
Février. 
Mars 
Avril . 
Mai. 
Juin. 
Juillet . 
Août 


Septembre 
Octobre 


Novembre. 


Décembre . 


Moyenne. 


64 SUR LES VARIATIONS 


Les différences qui existent entre les résultats du calcul et ceux de 
l'expérience sont si faibles, qu’on peut les attribuer aux erreurs des 
observations, ou plutôt aux petites erreurs inévitables dans le calcul 
des corrections. 

Le tableau qui suit présente, à côté des résultats obtenus par 
l'observation, ceux qui ont été déduits par le calcul pour les thermo- 
métres dont les boules descendaient à 12 et à 6 pieds de profondeur. 
Les formules qui ont servi aux calculs, sont, pour le thermomètre de 
12 pieds : 


y = 129,05 + 2,12 sin. (170° + x); 
pour le thermomètre de 6 pieds : 


y = 119,68 + 3°,51 sin. (22 + x). 


THERMOM. DE 12 PIEDS, 1835 ET 1836. THERNOMÈTRE DE 6 PIEDS, 1835. 
ER — 
MOIS. 


VALEUR OBS. | VALEUR CAL, | DIFFÉRENCE, VALEUR OBS. | VALEUR CAL. | DIFFÉRENCE. 


Î| Janvier 


|| Février 


ll] Mars . 


Avril . 
Mai. 
Juin 
|| Juillet. 
|| Août . 


Septembre 
Octobre . 


Novembre. 


|| Décembre. 


La loi des sinus s’observe encore assez bien pour le thermomètre 
dont la boule descend à 12 pieds de profondeur, puisque le plus grand 
écart entre l'observation et le calcul ne s'élève qu’à un quart de degré, 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 65 


et qu'il ne s'élève généralement pas au delà d’un dixième de degré. 
Mais il n’en est plus de même pour le thermomètre de six pieds de 
longueur, que nous w’avons pu, à la vérité, observer que pendant une 
année; d’ailleurs nous avons déjà eu occasion de soupconner qu’un 
déplacement avait eu lieu dans le zéro de l'échelle, avant que cet 
instrument ne füt cassé. Pour juger si la loi des sinus était encore 
applicable en se rapprochant de la surface de la terre, j'ai soumis au 
calcul les nombres relatifs au thermomètre de 3,08 pieds de longueur, 
pour lequel j'avais d’ailleurs 3 années d'observations, Voici quels ont 
été les résultats, en calculant d’après deux formules, dont la pre- 
mière obtenue directement était 


y —= 11°,03 + b°,0 sin. (225° + >) 
et dont la seconde, déduite par la méthode des moindres carrés ”, était 


y —= 11°,00 + 4°,95 sin. (224,99 + x). 


THERMOM. A 1", OU 3,08 DE PROFONDEUR, 1834, 35 ET 36. 


TU VAUT D OI ” 
MOIS. VALEUR CALCULÉE. 


EN 
VALEUR OBS, 


DIFFÉRENCE. | 
RE À I — 


QMe FORMULE. 


17e FoRMuLE. | 2° FORMULE. 1'e FORMULE. 


Janvier. 


| Février. 
| Mars. 
Avril 
Mai. 
Juin. 
Juillet . 
| Août. 
| Septembre. 
|| Octobre. 


|| Novembre . 


| Décembre . 


1 Les calculs ont été faits par M. Mailly , mon aide pour cette partie. 


Tom. X. 9 


66 SUR LES VARIATIONS 


Il est évident que les écarts entre les nombres calculés et les nom- 
bres observés, deviennent ici trop grands pour que l’on puisse con- 
tinuer à regarder les hauteurs thermométriques comme les ordonnées 
d’une sinusoïde dont les abscisses exprimeraient les époques des 
observations. Il est possible que nos recherches ne s'étendent pas 
encore sur une période de temps assez longue, pour que toutes les 
variations accidentelles se trouvent éliminées de nos résultats. ILest à 
remarquer, du reste, que les discordances que nous trouvons, sont 
moins apparentes quand nous représentons les valeurs numériques 
par des courbes tracées. On voit alors, en effet, que les plus grands 
écarts proviennent de ce que les températures moyennes observées 
ne tombent pas exactement à six mois de distance, mais se trouvent 
plus rapprochées en allant du printemps à l'automne. Or, comme c’est 
vers les points des températures moyennes, que les ordonnées subis- 
sent les variations les plus rapides, c’est aussi là que nous trouvons 
les plus foris écarts dans les nombres calculés. 


6. Sur les variations diurnes de la température de la terre. 


Pour étudier les effets des variations diurnes de la température de 
la terre, je me suis servi de huit thermomètres qui avaient été con- 
struits à Paris, par les soins de M. Saigey. Ces thermomètres ont été 
placés vers le commencement de 1836 : trois avaient leur boule vers 
la surface du sol; on a déjà pu voir, plus haut, les résultats qu’ils 
ont présentés; les cinq autres avaient respectivement leur boule à 
2, 4,6, 8 et 10 décimètres de profondeur. Leur exposition était au 
midi et accessible aux rayons solaires pendant les différentes saisons 
de l’année. Je ne pus commencer des observations d’une manière un 
peu suivie, que vers le mois de mars; et n'ayant point d'aide pour les 
observations de la nuit, je dus les suspendre encore. jusque vers le 
mois de juin. À cette époque, je m’aperçus que le thermomètre dont 
la boule était à 4 décimètres de profondeur, avait une fissure vers le 
haut du tube, qui donnait passage à la vapeur de l’esprit de vin ; à 
peu de temps de là, le thermomètre de deux décimètres fut brisé par 
un accident, de sorte que je me trouvai à peu près dans l'impossibilité 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 67 


de continuer mes recherches avec quelque fruit. Je m’aperçus aussi, avec 
regret, que l'exposition avait été mal choisie; les oscillations du liquide 
dans les thermomètres placés à la surface du sol, étaient quelque- 
fois si rapides et la température était si élevée, que les corrections 
pour les autres thermomètres devenaient trop considérables pour qu'il 
ne se présentât pas des erreurs graves dans des mesures aussi délica- 
tes; et en effet, les corrections pour les thermomètres de 10, de 8 et 
même de 6 décimètres dépassaient quelquefois de beaucoup l'effet de 
la variation diurne. Les résultats que jai déduits de ce genre d’obser- 
vations, sont donc peu sûrs, et si j'en parle ici avec quelque détail, 
c’est plutôt pour prévenir les physiciens sur les difficultés qu'ils peu- 
vent rencontrer dans ce genre de recherches. Je pense aussi que les 
observations pour être concluantes, devraient être faites, autant que 
possible, par des temps entièrement sereins ou entièrement couverts, 
pour éviter, dans les courbes des températures, toutes les inflexions 
accidentelles qu'y doivent nécessairement produire les oscillations de 
la température, à moins qu'on n’élimine ces effets accidentels, en opé- 
rant sur des périodes detemps un peu longues. Enfin, au milieu des pré- 
cautions sans nombre qu’il convient de prendre, il faut aussi avoir soin 
de corriger les effets des variations diurnes des effets de l’accroissement 
sraduel, ou de la diminution de la température d’un jour à l’autre. 

Parmi les résultats que j'ai obtenus, celui qui me semble mériter 
le plus de confiance, se rapporte aux temps qu’exige la température 
pour se transmettre à différentes profondeurs. D’après la moyenne des 
époques des m#avima de température, calculées d’après les formules 
indiquées précédemment, et pour chacun des jours du mois de mars, 
où les observations ont pu étre faites, j'ai trouvé : 


THERMOMÈTRES. HEURE DU MAXIMUM. 
Le die 
A , dont la boule est à la surface du sol . . . . 0,74 soir. 
B, — est à moitié enterrée. . . . . 0,92 » 
C, — est au-dessous de la surface du sol. 0,97 » 
Therm. — est à 0,2 de profondeur . . . 6,1 » 
— — est à 0,4 — nr 2 man 


— — est à 0,6 — Di) 


68 SUR LES VARIATIONS 


Le maximum de température s’est donc présenté, vers la surface 
du sol, à 0°,9; à deux décimètres de profondeur, il y a eu retard de 
5*,2; à quatre décimètres de profondeur, le retard a été de 12°,3; et 
à six décimètres, de 16°,9. On peut évaluer que la température, en lui 
supposant une vitesse uniforme, a parcouru un décimètre 


h m 
Dans l’espace de . . 2,6 d’après le thermomètre de , . . 0,2 
— À 3,1 — — pe atter OA 
— 5 0 2,8 — — T0: 6 


Ce qui donne, terme moyen, 2°,8 pour la durée de la transmission 
du maximum de température, à travers une couche de 1 décimètre 
d'épaisseur ; et la couche où les maxima et minima de température 
arriveraient aux mêmes instans qu'à la surface du sol, se trouverait 
à la profondeur de 8 décimètres et demi. 

L'époque du minimum de température a été plus difficile à obser- 
ver parce que, pour les thermomètres de #4 et de 6 décimètres , il 
arrivait vers les époques où les corrections sont les plus fortes et 
doivent inspirer le moins de confiance dans les résultats. En n’em- 
ployant que les indications du thermomètre de 0,2 de longueur, le 
minimum s’est présenté, terme moyen, à 10,7 du matin, et en re- 
portant le minimum de température, à la surface du sol, à 5°,5 du 
matin, on trouve encore 5',2 pour différence des temps entre ces deux 
époques. 

Au mois de juin, le thermomètre de 0",4 était hors d’usage , comme 
il a été dit; et les thermomètres supérieurs ont donné les valeurs qui 
suivent : 


THERMOMÈTRES. HEURE DU MAXIMUM. 
h 
A, dont la boule est à la surface du sol . . . . 1,34 soir. 
B, — est à moitié enterrée. . . . . 1,41 » 
C, — est au-dessous de la surface du sol 1,45  » 
Therm. — est à 0,2 de profondeur : . . 6,90 » 


En prenant 1°,40 et 6*,90 pour époques du mavimum de tempé- 
rature à la surface de la terre et à deux décimètres de profondeur, 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 69 


on trouve que cette dernière épaisseur a été traversée par la tempé- 
rature dans l’espace de 5 heures et demie, ce qui fait 2°,75 pour 
un décimètre, résultat qui confirme de nouveau celui obtenu précé- 
demment. 

L'époque du minimum de température, au mois de juin, s’est 
présentée pour le thermomètre de 0,2, à 9°,6 du matin; si l’on 
reporte le minimum de température à la surface à 3°,3 , on aura 
pour différence des temps 6',3 qui est une valeur un peu plus grande 
que les précédentes. 

Quant à l'excès de la température maximum sur la température 
minimum, d'après les indications de chacun de nos thermomètres, 
voici les résultats donnés pour les mois de mars et de juin : 


DIFFÉRENCE DES TEMPÉR. EXTRÈMES. 
EL 


THERMOMÈTRES. MARS. JUIN. 
A, dont la boule est à la surface du sol. . . . 14590 20,13 
B, — est à moitié enterrée. . . . 12,42 18,81 
C, — est au-dessous de la surface. . 12,04 17,30 
Therm. — est à 0,2 de profondeur. . . 919 3,92 


Nous nous bornons à présenter ici les observations obtenues par 
les quatre premiers thermomètres, à cause des incertitudes que les 
corrections doivent nécessairement introduire dans les indications 
des thermomètres inférieurs, surtout après que celui placé à 4 déci- 
mètres de profondeur eut été cassé; et nous prendrons pour tempé- 
rature de la terre, à sa surface, la moyenne des indications des trois 
thermomètres À, B et C; nous aurons ainsi 13°,12 pour le mois de 
mars , et 189,75 pour le mois de juin. Ces valeurs combinées respec- 
tivement avec celles de 2,19 et 3°,92, obtenues par le thermomètre 
de 0,2, donnent lieu aux équations suivantes, qui exprimeraient la 
marche des variations diurnes aux deux époques indiquèes : 


Pour le mois de mars, log. J\ — 1,11793 — 0,38874 p; 


—  dejuin, log. À, — 1,27300 — 0,33985 p. 


70 SUR LES VARIATIONS 


p exprime, en décimètres, la profondeur de la couche de terre 
pour laquelle À, est la variation de température la plus grande en 
24 heures. 

D’après ces deux formules, on calcule que À a les valeurs suivan- 
tes, aux profondeurs où étaient les autres thermomètres : 


VARIATIONS DIURNES 


PROFONDEURS. PAR LA |" FORMULE. PAR LA 2€ FORMULE. 
CE A QUE OMR PE Tr RUE D 0°37 0°82 
(DES OMORARNNAL R PS PATe RE 0,06 0,17 
TO Si nt MI A ra ce 0,01 0,04 
TOME AN PO AP EL ANS ARMES 0,002 0,007 


Les mêmes formules montrent encore que la plus grande variation 
diurne de la température se réduirait à un centième de degré, aux 
profondeurs de 8 décimètres d’après l’une, et de 1 mètre environ 
d’après l’autre; c’est-à-dire à peu près à la profondeur même où nous 
avons trouvé que les maxima et les minima arriveraient aux mêmes 
instans qu’à la surface de la terre. 

Or, nous avons vu plus haut que la variation annuelle de la tem- 
pérature se réduit aussi à un centième de degré à la profondeur d’un 
peu moins de 25 mètres; en prenant la 19° partie de cette valeur ou 
1m,3, on aurait le point correspondant où devrait s'étendre, d’après 
la théorie , la variation diurne. Ce point tomberait donc plus bas que 
ne semblerait l'indiquer l’observation; mais la discordance peut être 
due à l'exposition même des thermomètres et aux variations brusques 
de température qu’ils éprouvent sous l’action immédiate des rayons 
solaires. 

Si, au lieu de prendre la plus grande variation diurne de la tem- 
pérature, d’après ces derniers thermomètres, on prenait celle indiquée 
par les thermomètres exposés au nord et à l'ombre, on aurait 8°,66 
et 100,10 au lieu des valeurs 132,12 et 180,75. En faisant concourir 
ces valeurs avec les indications du thermomètre placé à la profondeur 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 71 
de 0,2, à la composition des formules, on trouve : 


Log. /\, — 0,93752 — 0,29854 p, 
Log. /\, — 1,00432 — 0,20551 p. 


La première formule donne un mètre environ et la seconde 1®,46 
pour la profondeur où les variations diurnes ne sont plus que 
de 0,01 ; ce qui s’accorde mieux avec les valeurs déduites indirecte- 
ment des observations des températures annuelles : la moyenne effec- 
tivement des deux valeurs précédentes est 12,23 au lieu de 1,3. 


CONCLUSIONS. 


Nous allons essayer de résumer succinctement les principaux ré- 
sultats que présentent les observations sur les températures de la 
terre faites jusqu’à ce jour, et particulièrement celles de Bruxelles. 

1° En descendant, à partir de la surface de la terre, à des pro- 
fondeurs toujours croissantes, la température moyenne de l’année 
augmente graduellement; néanmoins, il paraîtrait qu'immédiatement 
au-dessous de la surface du sol, et à la profondeur d’un demi-pied ou 
d’un pied environ, il se présente une couche dont la température 
moyenne est un minimum. 

20 La vitesse avec laquelle les variations annuelles des tempéra- 
tures se transmettent à l’intérieur de la terre, peut être considérée 
comme étant de 6 à 7 jours pour une couche de terre de 1 pied 
d'épaisseur. | 

30 L'observation montre que, conformément à la théorie, les 
différences des températures extrêmes de l’année décroissent en pro- 


72 SUR LES VARIATIONS 


sression géométrique pendant que l’on descend au-dessous de la sur- 
face du sol, selon une progression arithmétique. 

4 Les variations des températures annuelles peuvent être considé- 
rées comme à peu près nulles aux profondeurs de 60 à 75 pieds, 
c’est-à-dire vers la couche où les maxima et les minima des tempéra- 
tures devraient arriver aux mêmes époques qu’à la surface du sol. 

5° Quand on descend à plusieurs pieds de profondeur, les varia- 
tions annuelles des températures sont comme les sinus des temps, 
en supposant que la circonférence représente la période de l’année. 

6° Il paraïtrait qu'en avancant vers des latitudes élevées, les 
variations annuelles des températures pénètrent à des profondeurs 
moins grandes. 

7° La vitesse avec laquelle les variations divrnes des températu- 
res se transmettent à l’intérieur de la terre, peut être considérée 
comme étant d’un peu moins de trois heures pour une couche de 
terre de 1 décimètre d'épaisseur. 

8° Les variations déurnes des températures peuvent être considérées 
comme étant à peu près nulles à la profondeur de 1,3 ; c’est-à-dire 
à une profondeur 19 fois moindre que celle où s’éteignent également 
les variations annuelles , conformément à la théorie. 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 73 


RÉSUMÉ DES OBSERVATIONS FAITES EN 1834 SUR LA TEMPÉRATURE DE LA TERRE. 


TEMPÉRATURES OBSERVÉES. TEMPÉRATURES RÉDUITES. 
3 ES Î 
1834. 


suRF.|0m,19 | 0m,45 |0m,75 |1m,00 3m,90 |7m,80 0m,19 |Om,45 |Om,75 | 1m,00 |1m,95 |3m,90 


Janvier. . . 6,8 » » » » » 

9,6 | 8,20 6"86| 7:11! 7:52| 8°23 
9,6| 7 8,82 | 7,76) 8,09| 8,36| 8,84 
| Février. . . | 4,6 7,48) » | , | 3,64] 4,94 6,51) 7,63 
5,4 6,31 2,74] 3,73| 5,23) 6,43 
9,3 6,38 5,40! 5,26| 5,71) 6,41 
10,6 7,70 7,97| 7,65| 7,44) 7,67 
5,5 7,87| » 4,81| 6,19| 7,21| 7,96 
7,1 7,06 5,56| 5,78| 6,40) 7,12 
7,1 7,32 5,63! 6,17| 6,78) 7,38 
9,7 7,01 5,51| 6,66| 6,29) 7,05 
11,8 7,97 8,41| 7,89| 7,75| 7,93 
18,2 10,19 13,04 11,68 10,55 10,00 
12,00 13,62/13,08 12,40 11,73 
12,41| » 12,62/12,59 12,48 12,31 
13,16 14,85 13,89 13,35 13,01 


» » » » » » 
15,27113°59/12;92/11°45/16,19/15,86 15,41 115,13/13,15112,46 
Juillet. . . 15,69,13,94112,78,11,44116,94,16,33 15,77115,53,13,42)12,19 
17,01/14,68/12,22,11,62/18,48/17,98 17,23/16,82/14,10|12,51 
17,54,15,38/13,62|11,79/18,49 18,09 17,58,17,39|14,83|12,90 
18,15,15,95114,07,11,97/18,55 18,53 18,23)18,02|15,44,13,35 
18,12,16,39114,46,12,13118,36|18,25 18,00 17,99)15,96113,74 
17,64,16,51114,65/12,21/15,88,16,79 17,32,17,68)16,42|14,19 
Septembre . 16,68,16,34/14,88,12,34/15,02,16,00 16,32,16,67/16,27]14,53 
16,17116,11115,00,12,45/15,02/15,30 15,71116,14)16,06|14,75 
15,96,15,85/15,00,12,53]13,69|14,92 15,61116,02/15,93|14,90 
Octobre . . 6 14,72,15,49 14,93 12,58]12,52 13,26 14,01114,77|15,69/14,94 
14,37/15,01/14,79/12,62]11,57|12,87 13,81|14,50/15,32|14,94 
12,64114,33|14,46 12,58) 9,18,10,24 11,72,12,82|14,58/14,85 
|| Novembre. . 12,20/13,65|14,31,12,63/10,94111,19,11,60|12,23|13,93|14,64 
11,06,13,00/13,75,12,49) 5,20| 7,84) 9,94111,39)13,84/14,44 
8,78111,91113,26 12,38] 4,22) 5,59) 7,45| 9,01112,80/14,11 
|| Décembre. . 8,8411,11|12,99,12,39) 6,71| 7,26] 7,98| 8,93111,64113,73 
8,28,10,56112,44,12,24) 4,16| 5,98| 7,31| 8,50111,26|13,42 
7,54,10,00/12,03,12,16) 4,76| 5,31| 6,58] 7,66110,58|12,85 


74 SUR LES VARIATIONS 


0,75 |1m,00 | 1,95 |3m,90 |7m,80 


Janvier. . . 7539) 9/54/1160 | 649] 7,55/10;14 1243/12;57 
7,14) 9,23|11,33 | 6,45| 7,22| 9,67/12,04 12,52 
6,83| 8,85/10,92 | 6,08| 6,96| 9,36 11,69/12,43 
Février. . . 7,06| 8,68)10,73 6,46| 7,13] 9,05/11,35/12,37 
6,95| 8,55|10,48 6,31| 7,02] 8,91/11,11/12,26 
7,22| 8,40/10,63 29! 6,75] 7,26| 8,66/10,87/12,14 
7,03| 8,37/10,13 6,43| 7,11| 8,70,10,70 12,08} 
7,17| 8,27|10,02 6,77| 7,19] 8,46,10,50/11,97 
6,93| 8,22| 9,81 6,23| 6,99| 8,56/10,36,11,88) 
7,76| 8,40| 9,95! 7,50] 7,72| 8,41/10,23 
8,37| 8,69| 9,89 7,96| 8,41| 8,81/10,21 
8,29| 8,90] 9,95 7,77| 8,29| 9,00/10,20 
9,11| 9,22/10,13 8,89| 9,07| 9,14/10,24 
10,45| 9,78/10,37 10,48/10,36| 9,55/10,32 
11,40/10,47/10,60 11,39/11,37|10,27|10,51 
12,30/11,24|11,11 12,44/12,09|10,75|10,73 
14,63/12,27|11,60 15,24114,47]11,49|10,93 
14,50/13,06/11,86 14,45/14,52/12,89/11,51 
14,23/13,42|12,36 14,17|14,11/13,12/11,93 
15,28|13,89/12,79 15,39/15,17|13,49|12,24 
16,36/14,59|13,29 16,50/16,19)14,15/12,69 
16,67/15,12|13,62 16,67/16,62|14,84/13,10 
16,80/15,54/14,03 16,71/16,69/15,22|13,47 
16,97/15,79/14,32 16,84116,95/15,60| 13,89 
16,07/15,73|14,46 15,66/16,05/15,72|14,17 
15,34/15,50|14,53 14,82/15,39|15,61/14,41 
15,51/15,25|14,65 15,2615,51|15,33/14,49 
Octobre . . 14,51/15,06/14,54 13,85/14,62/15,32/14,53 
12,67|14,16/14,34 11,80/12,86|14,62|14,71 
11,81/13,52|14,07 10,93/11,94/13,98/14,49 
Novembre. . | 10,68/12,72| 13,58 9,60/10,94/13,44/14,28 
8,53|11,66/13,08 7,10) 8,74/12,51/13,96 
8,88|11,00|12,94 8,11| 8,93/11,40/13,63 
Décembre. . 9,62|10,79,12,56 8,83| 9,75|11,17|13,18 
7,76|10,28/11,93| 6,53| 8,01/11,08/12,80 
6,33| 9,38/11,47 5,19| 6,53/10,21/12,48 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 75 


RÉSUMÉ DES OBSERVATIONS FAITES EN 1836 SUR LA TEMPÉRATURE DE LA TERRE. 


TEMPÉRATURES OBSERVÉES. TEMPÉRATURES RÉDUITES. 


1836. 


0m,45 |0m,75 1m,95 |3m,90 |7m,80 |Om,19 |Om,45 1m,00 


Janvier. . . 2786| 4,07 11200 | 2,93 5959 12,07 
3,43| 4,22 10,55 À 3,45 5,26 11,50 
4,53| 5,09 10,27 4,53 | 5,79 11,07 
Février. . 4,85| 5,47 | 10,01 l 4,86 6,19 10,71 
4,57| 5,42 | 9,76 4,65 6,27 10,45 
3,25] 4,34 9,49 3,28 5,48 10,26 
5,59| 5,70 9,53 5,53 5,95 10,08 


» ») » À » » » 
7,62| 7,74 9,37 À 7,62 8,00 9,61 
6,30) 6,80 9,39 6,31 7,40 9,78 
7,50| 7,57 9,58 | 7,48 7,88 9,85 
8,66| 8,66 9,75 8,66 8,82 10,00 
7,79) 8,04 9,83 | 7,80 8,60 10,07 
9,60) 9,37 10,10 9,53 9,36 10,18 

10,23/10,28 10,32 À 10,20 (10,36 10,31 
12,48 11,89 10,69 12,38 11,46 10,47 
14,68 13,97 11,18 14,57 13,19 10,69 
14,89 14,56 11,59 14,81 14,15 11,06 
Juillet. . . 16,54 15,87 12,25 16,41 15,13 11,60 
16,11/16,00 12,54/11,88]16,09/16,07 15,74 11,94 
14,74 14,89 12,82/11,93/14,49/14,71 15,02 12,45 
15,03/15,11 13,21/12,06)14,90|14,99 15,11 12,86 
15,28 15,22 13,49/12,18]15,28/15,24 15,20 13,19 
14,90/15,11 13,68/12,28/14,67|14,87 15,23 13,44 
Septembre . 14,36/14,67 13,83/12,38]13,82|14,36 14,99 13,67 
12,25/13,00 13,79/12,38/11,36|12,29 13,87 13,91 
12,68 12,94 13,87 12,67 13,42 13,99 
Octobre . . eee 13,82/12,52/11,68/12,26 13,38 13,97 
12,99 13,11 13,86/12,62/12,58/13,00 13,49 13,96 
orales 13,64 | 10,85 12,76 14,01 
Novembre. . 7,64] 8,96 13,29 7,72 10,66 14,01 
7,69| 8,56 13,07 À 7,75 9,84 13,80 
7,45| 8,05 12,79 | 7,45 9,15 13,53 
Décembre. . 9,10| 9,46 12,63 9,14 10,06| » |13,15 
7,23] 8,06 12,26 7,28 9,24] » |12,95 
5,40| 6,75 11,81 5,55 7,96| » |12,73/12,79 


76 SUR LES VARIATIONS 


RÉSUMÉ GÉNÉRAL DES OBSERVATIONS FAITES EN 1834 ET 1835 SUR LA TEMPÉRATURE DE LA TERRE. 


TEMPÉRATURES OBSERVÉES. TEMPÉRATURES RÉDUITES. 


sure. |0m,19 |0w,45 [0m,75 |1m,00 |1m,95 |3m,90 |7m,80 J0m,19 [0m,45 |0m,75 | 1m,00 |1m,95 |3m,90 |7m,80 


Janvier. . . | s7| 7:36] 7,63| 7,94) 8,51 7°31| 7%60| 7°94| 8°53 
FÉVIIEr 6,4] 3,97| 4,66 6,72 3,93| 4,64 5,82| 6,82 
LÉTOMONCNE 7,8| 6,15) 6,54 7,54 6,11| 6,54) 7,02| 7,58 
| Avril . . 9,3| 6,58] 6,64 7,43 6,52| 6,57| 6,94) 7,45 
Mai. . . . | 17,3/13,21/12,61 11,53 » | » |13,09/12,45/11,81/11,35 
Juin. . . . | 19,615,65,15,04,14,62114,63 » » 115,52,14,88114,38]14,07| » 

|| Juillet. . . | 23,0/18,1517,67,17,14/16,75,14,66,13,21/11,62|17,9717,47/16,86,16,58 An 
| 
| 


Octobre . . 11,12/12,08 13,01/13,91/14,94/14,73/12,59|11,09/12,12/13,18/14,03/15,20)14,91 


Août . : . | 21,2 17,71,17,96,17,96/17,97/16,29/14,40/12,10]17,60/17,86/17,85/17,90/15,94/13,76 


| Septembre . 5 14,85 15,46/15,88|16,27/16,10/14,96|12,44114,78 15,41/15,8816,28 16,09 14,73 


|| Novembre. 6,78| 8,10) 9,37/10,68/12,85/13,77/12,50| 6,79) 8,21| 9,69/10,88/13,52|14,40 


13,33 


|| Décembre. . | 5,21] 5,89] 7,09] 8,22/10,56,12,49/12,26| 5,21| 5,95] 7,20] 8,36/11,16 
| 


ANNÉE. . 10,5610,86 11,22|11,68| » | » | » |L0,48/10,81/11,22/11,65 


1835. 


Janvier. . . 5,26 7,12] 9,21/11,29/11,96| 4,54] 5,31] 6,34] 7,24 12,05 
[| Février. . . 5,90 7,08| 8,54/10,51/11,68] 6,54) 5,91| 6,51| 7,14 11,11 
Mn né 5,79 7,04| 8,29| 9,99/11,39| 5,23] 5,79] 6,51| 7,10 110,52 
ASC 7,62 8,14) 8,66| 9,93/11,24) 7,61| 7,56| 7,74) 8,14| 8,74 10,21 


EAN ONE 10,55 10,32] 9,82/10,37/11,28/10,42/10,47/10,25/10,27| 9,65 10,36 


lésion OO 14,62 13,81/12,19/11,52/11,57|14,97|14,49/14,04/13,69/11,71/11,06 
| Juillet. . 16,00 15,29/13,97/12,81/11,92|16,39/15,83/15,35/15,16|13,59/12,28 


AontEnRe 16,93 16,81/15,49]13,99/12,36]16,63,16,85|16,74116,75/15,22,13,49 


Septembre . 14,82 15,64/15,53/14,55/12,65/14,13/14,79/15,25/15,65/15,55 14,36 


Octobre . . 11,11 12,99/14,25|14,32|12,73]10,02/11,16/12,19|13,14|14,64/14,58 


| Novembre. . 6,94 9,36/14,79/13,20/12,57| 5,75] 7,01| 8,27| 9,54/12,45/13,96 


Décembre. . 5,36 7,91/10,15|11,99/12,82] 3,96) 5,48| 6,85) 8,43/10,82/12,82 


Année. . | 11 10,07 11,49/12,04 à 9,60/10,05|10,50/11,02/11,63/12,23|12,06! 


I 
Ni 


DES TEMPÉRATURES DE LA TERRE. 


RÉSUMÉ GÉNÉRAL DES OBSERVATIONS FAITES EN 1836 SUR LA TEMPÉRATURE DE LA TERRE 


TEMPÉRATURES OBSERVÉES, TEMPÉRATURES RÉDUITES. 


surr.|0m,19 0m,19 |0m,45 |Om,75 |1m,00 |1m,95 |3m,90 


| Janvier. . . 7:93 10°60|11°90 5! 8°50/11955|12;70| 


Février. . . 3 | < 9,75,11,58 | 10,47 


J Mars . . . 9,45! 9,89 


| Avril . . . 9,57 9,88 
SENS PAR 110,09 11,5 | 10,19 
SR NTNE P 11,16 i 13,92/13,31 10,74 


I Juillet. . . ë 12,54 15,73/15,51 12,00 


Août. 13,46 14,95115,03|15,12 | 13,16 
Septembre . 13,83, 12,58,13,11|13,60) 13,86 


Octobre . . 11,18,12,04)12,62 13,98 


{| Novembre. 


Décembre. 


Nota. La révision définitive des tableaux a fait reconnaître deux à trois erreurs de chiffres, mais comme 
elles ne portent que sur des dernières décimales des indications thermométriques , elles ne modifient en 
rien les résultats cités dans ce mémoire. 


FIN. 


TABLE DES MATIÈRES. 


Considérations générales. 

Variations annuelle et diurne de la température, 8.— Couches où ces variations cessent de se 
maniféster , 4. — Elles sont à des profondeurs qui sont comme les racines carrées des durées 
des périodes annuelle et diurne, #b. — Autre loi relative aux mêmes périodes, 3b. — En 
faisant abstraction des variations annuelle et diurne, la chaleur semble croître en raison 
directe des profondeurs, 5. — Le contraire a lieu en sélevant dans l’atmosphère, #b. — 
Température des espaces planétaires, ib.— État de la science sous les rapports précédens, 6. 


PREMIÈRE PARTIE. 
TEMPÉRATURE DE L'AIR. 


1. Résultats généraux des observations des variations diurne et annuelle de la température de l’air. 


Limites des variations annuelle et diurne du thermomètre à l’air libre, 6. — Leur époque dé- 
pend d’une infinité de causes , 7. — Variations diurnes du thermomètre, 2h. — Observations 
horaires de Chiminello, de Brewster , de Neuber, etc., b. — La courbe qui les représente 
n'est pas régulière; les maxima et minima varient selon les saisons, 1h. — La température 
moyenne du jour s’écarte peu de la température moyenne de deux heures homonymes, 8. — 
L’intervalle de temps qui sépare les deux températures moyennes du jour, varie peu avec 
les climats, 9.—Les instans de la température moyenne du jour varient selon les climats , 4. 
— La courbe des variations annuelles est plus réoulière que celle des variations diurnes, 10. 
— Époques du minimum et du maximum de température de l’année, 4. — Époques de la 
température moyenne, 2b.— Les limites des variations sont très-différentes selon les climats, 
11. — Climats constans, variables, excessifs, 2b.— L'influence des saisons varie avec les 


hauteurs , 2b. 


2. Observations des variations diurne et annuelle de la température de l'air en Belgique. 


Il n’existe pas encore de travail spécial fait en Belgique sur les variations horaires du thermo- 
mètre, 12. — Observations faites à Bruxelles, 4b. — Résultats qu’elles présentent, 14. — 
Variation diurne, 15.— Variation annuelle, 16.——Époques du maximum et du minimum de 
température de l’année, 17. — Nature du climat en Belgique, tb. — Température de chaque 

Température moyenne de l’année, 19. 


mois en Beloique, 18. 


DEUXIÈME PARTIE, 


TEMPÉRATURE DE LA TERRE. 


1. Résultats généraux des observations diurne et annuelle de la température de la terre, faites 
Jusqu'à ce jour. 


Les anciennes observations n'étaient pas corrigées, 19. — Observations de M. Muncke, sur la 


60 TABLE DES MATIÈRES. 


variation diurne, 20. — Conséquences de la formule qui donne les variations annuelles à 
différentes profondeurs , 21. — Formule générale déduite de la théorie de la chaleur, 22. — 
Observations sur les variations annuelles faites, par Ott, à Zurich, 23. — Observations de 
Leslie, près d'Édimboureg , 26.— Observations de Herrenschneïder , près de Strasbourg, 81. 
— Conclusions déduites par M. Pouillet des observations précédentes, 33. — Observations 
de M. Muncke, à Heidelberg , 84.— Observations de M. Rudberg, à Upsal, 36. — Résumé 
des observations précédentes , 88. — Observations de M. Arago, tb. — Recherches analyti- 
ques de M. Poisson , +b. 


9, Observations des variations diurne et annuelle de la température de la terre à Bruxelles. 


Nécessité de corriger les indications des thermomètres placés en terre, ib. — Formule de cor- 
rection, 42. — Table pour les corrections, 45. — Corrections pour les températures de 
1835, 47. — Températures réduites pour 1834, 35 et 36, 48. 


3. Sur les époques et les grandeurs des maxima et minima de la température annuelle à différentes 


profondeurs. 


Calcul de l’époque des #axima et minima de la température annuelle , 49. — Type de calcul , 
50. 
52. Époque de la température moyenne à la suite du maximum et du minimum en 
1834, 35 et 36, 54.— Vitesse de transmission de la chaleur, 55. 

- et du minimum, donnée par le calcul, pour 1834, 35 et 36, 56.— Résumé des observations 
faites sur la vitesse de transmission de la chaleur, 57. 


Époque du maximum et du minimum de température annuelle en 1834, 35 et 36, 


Grandeur du maximum 


4. De la loi de décroissement des variations annuelles de la température au-dessous de la surface 
de la terre. 


Précautions à prendre dans le calcul, 58. — Résultats observés et calculés pour Bruxelles , 2b. 
— Résumé des observations faites jusqu’à ce jour, 60. — Formules qui ont servi à les cal- 
culer, 61. — Conséquences qu’on déduit de ces formules , 2b. 


5. Sur la loi des variations de température que subit une même couche de terre pendant la durée 
d’une année. 
Formule pour le calcul, 62.— Détermination des constantes, et applications pour Bruxelles, 63. 


6. Sur les variations diurnes de la température de la terre. 


Difficultés de ce genre d’observations, 66. — Vitesse de transmission de la chaleur, 67. — Va- 
riations diurnes de la température, 69. 

Conclusions, 71. 

Tableaux numériques , 73. 


Planches. 


FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES. 


® Memorres de L{4 


udemte. Tome À. 


Bruxelles 


ladoue 


Decernbre 


Grandeur de la Variation Dixrre du 


Therrroretre perdant l'Annee . 


(1 Cnhrnetre represente 1° Gnti.) 


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Novembre 


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perdant Les diferens rois de L'Annee. 


(1 Gnhrmetre represente 24 Cnty.) 


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Memorres de l'Acaderue. Tome X.. 


J'urface de la Terre 


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Courbes rdynant, pour différents Lenx 
Za lor de decroissement des Variations annuelles de la 


temperature azdessous de La surface de la’ terre. 


(1 Cenhimetre de tongaeur, dens le sers des ordonrees, 
represente 1 degre de L'echelle centyrade ) 


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RÉSUMÉ 


OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES 


À L'OBSERVATOIRE DE BRUXELLES, 


Par À. QUETELET , 


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ANA ILL UV LUUV LULU UV UV LUMUUNN VLUAR LULU AU AAA 


RÉSUMÉ 


DES 


OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES . 


FAITES EN 1835 ET 1836, 


A L'OBSERVATOIRE DE BRUXELLES. 


Les températures sont exprimées en degrés de échelle centigrade. 
Le thermomètre qui a servi aux observations, est trop bas d’un peu 
moins de deux dixièmes de degré, d’après une vérification faite le 
24 décembre 1836. La température moyenne de chaque jour a été 


4 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. 


déduite des températures limites, observées d’un midi à l'autre. Ce 
thermomètre, ainsi que l’hygromètre à cheveu de Saussure, est sus- 
pendu librement, vers le Nord et à l’ombre, sans avoir communica- 
tion avec les fenêtres ni les murs, et à 3,3 au-dessus du sol. 

Quant à la pression de l'atmosphère, elle a été observée au moyen 
d’un baromètre à niveau constant. Toutes les observations ont été 
réduites à zéro degré de température, et se trouvent corrigées de 
Veffet de la capillarité par la manière dont l’échelle du baromètre a 
été placée. Ce baromètre, d’après les observations de M. Bouvard, 
est plus bas que celui de lobservatoire de Paris de Omm,018. Son 
thermomètre est trop haut d’un degré : ainsi toutes les hauteurs baro- 
métriques doivent étre augmentées de Omm,13 environ. Le baromètre 
était placé dans une chambre dont la température a toujours été 

assez égale. Il est pourvu des moyens nécessaires pour assurer sa 
verticalité. Le thermomètre, dont le réservoir cylindrique est formé 
d’une portion du tube du baromètre, est placé vers le milieu de la 
colonne de mercure. 

Quant à la cuvette, on peut estimer sa hauteur à 59 mètres envi- 
ron au-dessus de l’unité de la Mer du Nord. ( V. les Annales de l'Ob- 
servatoire de Bruxelles, tome 1°, première partie. ) 

L'état de l'observatoire n’a pas encore permis d'observer, avec com- 
modité, la direction et l’intensité du vent, de sorte que les indications 
relatives à cet élément météorologique laissent à désirer. La forme 
des nuages est indiquée d’après le système de Howard. 

Je me suis encore servi, pour recueillir la pluie, de l’udomètre que 
j'ai décrit en présentant les observations de 1833. 


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OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. 


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7 


7 


OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. 


TEMPÉRATURE A BRUXELLES EN 1835. 


Janvier . . 


Février . . 


Mars. 


TU om Ge à 
Marne 14,1 15,5 


21 


Jia à à 0 18,3 20,5 le 11 
le à 0 20,5 23, le 19 
Bots 18,6 Mol le 12 
Septembre . 15,6 18,1 le 22 
Octobre . . 9,9 12,2 le 1° 
Novembre . 5,0 7,1 27 et 30 


Décembre . 1,5 le 1e 


Moyennes. 


TEMPÉRATURE MOYENNE DE L'ANNÉE. 


ES Maximum 
D'après le maximum et minimum moyens : . . . + 10,6 EXTRÈMES DE L'ANNÉE. + 
— — — ADSOIUS PRET 10,1 Du 
— les observations de 9 heures du matin . . . 10,7 
= Jévmots d'octobre re SR ET Tr 10,4 Intervalle de l'échelle parcouru . . . . . 


TEMPÉRATURE MOYENNE PAR MOIS MAXIMUM | MINIMUM | MAXIMUM | MINIMUM DATE DATE MOYENNE 
MOIS. RE ER moyen moyen absolu absolu du du 
Our. Du MAT. 4x. pu sorn.|9 1. DU sotR.| par mois panmois. | pammois. | pammois (max. assozu.|miv. amsou.| P4R MOIS. 


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30 17,2 
1° 19,1 
31 18,5 
et 3 15,6 
19 10,4 
11 5,5 
22 2,2 
+ 10,6 

. +29;8 

> — 104 

40,2 


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7. 


OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. 


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OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. 


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ÉTAT DU CIEL A BRUXELLES EN 1835. 


NOMBRE DE JOURS DE INDICATION DE L'ÉTAT DES NUAGES ET DU CIEL (6 


(aux heures des observations, quatre fois par jour). 


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Tonnerre. 
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| Ciel serein, 

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| Nuagesnon dé- 

f Ciel couvert. 


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Décemb. 


Toraux. 


*) Ces indications ne comprennent pus les observations relatives aux brouillards, à la pluie, à la gréle et À la neige. 


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S MÉTÉOROLOGIQUES. 


7. 


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OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. 


10 


PRESSION ATMOSPHÉRIQUE A BRUXELLES EN 1836. 


HAUTEURS MOYENNES DU BAROM. PAR MOIS. MAXIMUM MINIMUN 
—— absolu absolu DIFTÉRENCE. 


9H. DU MATIN. MIDI. Aun.pusoiR. | 9m. pu soin. PAR MOIS, PAR MOIS. 


das Ga emo le CHU à 

Février. |" 765,14 |N7E8,09 | 762,64 | 753.00 

lo 2020007 | ben ne 07 

Avril. . . | 758 | 76192 | 78378 | 784,05 

Mai | 760,62 |760,29 | 759,86 |. 760,10 

à à Joe | ou | moin | Un 

Juillet . . . | 787,56 || 787,47 | 78707 | 787,87 

Août... A, 7512 rs || 7578 787,67 

Septembre . . . | 782,18 | 78402 | vés7i | 781,99 | 765,02 | 742,36 99,66 
Octobre . . . . | 752,89 | 781,92 | 78498 | 785,05 | 768,78 | 784,01 31,72 
Novembre . . . | 749,87 | 749,67 | 749,71 | 750,84 | 763,28 | 782,86 98,72 
Décembre . . . | 783,25 | 82,80 | véo7e | 82,86 | 766,21 | 732,22 34,20 


Moyennes. . . . 755,05 754,86 754,46 754,92 767,58 738,08 29,50 


mm 
HAUTEUTEMOYENNER ea C  T704i0 
Différence à 9 heures du matin. . , . . ,. . .+ 0,23 x (_ Maximum. 
Extrêmes de l’année . . . . 
— BLANC Ga 20 de pe co ot or 00 6 où 2 a (D) fiN Minimum. 
= à 4 heures du soir, . . . . . . . : — 0,36 Intervalle de l'échelle parcouru . . . . 
— à 9 heures du soir, . . , . . . . .+ 0,10 


DATE DATE 
du du 


MAXIMUM. | MINIMUM. 


le 2 le 30 
le 15 le. 2 
le 18 le 28 
le. le 8 
le 15 le je 
le 27 le 2 
le 31 le 20 
le 12 le 23 
le 22 le 29 
le 22 le 3 
le 9 le 18 
22 le 9 
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OBSERVATIONS MEÉTEOROLO 


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OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. 


12 


HUMEDITÉ A BRUXELLES EN 1856. 


QUANTITÉ HYGROMÈTRE. 


MOIS. DEAN TONBÉE MOYENNES MAXIMUM | MINIMUM DATE DATE 
Re absolu absolu DU MAXIMUM|DU MINIMUM 
EN MILLIMÈT. ÎDEQ H, DU MAT.| DE MIDI. Êr I. DU SOIR.|DE 9H DUSOIR.| PAR MOIS PAR MOIS. absolu. absolu. 
ie à à à 0 | UE 83°2 g1°2 878 99°0 620 | le 6 | le 7 
RÉVTICR ECC 34,83 77,4 78,0 84,9 100,0 57,5 le 5 le 22 
MEN: 6. 0 Mano ME 133,46 71,9 71,3 80,7 92,5 53,0 le 21 le 27 
APnile ei MERE 40,35 66,7 63,6 77,8 93,0 81,8 |lelr,11| le 9 
EE Lo no à à 43,86 61,6 59,4 74,2 96,0 42,0 le 2 | 1e27, 29 
JUDO CRC 86,25 65,3 63,1 75,3 93,0 53,0 le 21 le 11 
EE 6 5 0 0 87,55 64,3 65,2 77,7 91,5 54,0 le 29 le3, 6 
AOUTE ET  Ece 24,70 64,5 62,3 74,9 92,0 46,5 le23,24| le 18 
Septembre . . . 77,02 69,2 69,9 81,0 92,8 55,0 |14,19,23| le 1e 
Octobre . . . . 65,52 74,2 74,5 84,3 93,5 59,0 le 16 le 30 
Novembre . . . 85,83 79,4 78,5 85,8 95,0 65,0 ? le 30 le 13 
Décembre . . . 75,11 82,4 83,8 86,0 95,5 70,5 le 25 le 13 
Année. . . . « | 824,34 FPT 71,9 80,8 94,4 55,8 
Hauteur moyenne de l’année . , . . . . . . . 75,5 
Différence à 9 heures du matin . . . . . . . . + 2,7 
_— ÉCENG 5 5 9 0 0 oo © 0 polo o 6 6 
— à 4“heures du soin... + 4? 
— à 9 heures du soir. . . . . . . . . +— 4,7 


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OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. 


15 


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OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. 


ÉTAT DU CIEL A BRUXELLES EN 1836. 


Janvier . 
Février . 
Mars. . 
Avril . 
Mai . . 
Juin. . 
Juillet . 
Aoùt. . 
Sept. . 
Octobre. 
Novemb. 


Décemb. 


Toraux . 


NOMBRE DES JOURS DE 


Brouillard 
Ê Ciel entièremt, 
| couvert 
| Cielsans nuages 


| Tonnerre, 


Ecluircies. 


18 | 0 3 4 0 5 4 3 11 14 | 0 
17 1 3 9 1 3 8 8 12 | 22 | 0 
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lards, à la pluie, À la gréle et à la neige. 


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NOTES. (1836.) 


Janvier. 26, vers 11 heures du matin, il se formeun brouillard qui s'élève peu à peu et cou- 
vre le ciel. Il a gelé pendant la nuit. — 28, une pluie très-fine, ou brouillard humide com- 
mence à midi. — 29, à 10 h. ; du soir, le baromètre marquait 732,82, réduit à 0°; vent fort 
pendant la nuit. 

Février. 2, vers 12 h. : après-midi, le vent de SSO devient fort. — Nuit du 10 au 11, vent 
fort et pluie. — 16, le ciel a commencé à se couvrir vers 6 h. s. par un vent NNO.— 17 entre 
3 et 4 heures du matin, vent fort et grêle. Quelques personnes ont entendu des coups de ion- 


nerre. — 19, neige le matin. 

Mars. 1, à 8 h. 56 du soir, orage, grêle, éclairs, coup de tonnerre, par un vent de SO très- 
fort. Le ciel était serein, lorsqu'on a apercu les premiers éclairs, et il a commencé à tonner, 
lorsqu'une partie du ciel était encore découverte. Le thermomètre s’est élevé subitement jus- 
qu'au delà de 8° au moment de l'orage. Les udomètres ont été renversés. — 12, vers 6 h. du 
soir, de forts éclairs et un coup de tonnerre, pluie et srèle. — Nuit du 13 au 14, vent de 50 
très-fort ; le matin , à 9 h. le mercure oscillait dans le tube barométrique. L'un des udomètres a 
donné 9», 17 et l’autre 1%%,15?.— 91,à 7h. 50’ du matin, un brouillard s’est subitement re- 
25, grèle à 8 h. 25’. 
descendu très-bas; voici sa marche pour Bruxelles : 


pandu et dissipé; tout avait disparu à 8h. Le 26 , le baromètre est 


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( Voir les Bulletins de l’académie de Bruxelles, tome III, page 107). Nuit du 28 au 29, vent fort. 
— 31, vers 1 h. 40’ du soir, grêle suivie d’une pluie très-forte. 


16 NOTES. 


Avril. Pendant la journée du 8 et celle du #, il a grèlé plusieurs fois. — 16, brouillard le ma- 
ün.— 97, il a grèlé dans les environs de Bruxelles, vers 5 h. du soir. — 29, vers 9h. du matin, 
neige fondue, grèle à différentes reprises dans la journée. — 30, comme les jours précédens, 
alternatives de pluie, neige, éclairs. 

Mai. 1, à 11h. 3 du soir, baromètre 746,52 ( réduit à 0° ) ; therm. ext. 5°, vent NNE très- 
fort. — 2, pluie et vent fort le matin ; vers 3 h., le temps s’éclaircit. — 6, à 4 h.+ du soir, orage, 
grêle, tonnerre , pluie abondante. — 15, jour de l’éclipse de soleil, on a observé : 


THERMOM. LIBRE 


HYGROMÈTRE, ÉTAT DU CIEL. 
au nord. 


BAROMÈTRE RÉDUIT À Oo. 


À 1 heure du soir 770,25 . . Vaporeux. 


è — 769,95 . . Serein. 


3: 769,32 . 
4 769,24 
4 769,12 


Un thermomètre exposé au soleil a donné les indications suivantes : 


Au commencement de l’éclipse . . 2692 
N'OSE, 9 © 0 0 0 0 06,0 0 25 
» 8  — 830 . ., . : . +: + . 20,4 minimum. 
DRAM ENS DEN PS en 70) 
ARE ND LUE RME eo 
» la fin de l’éclipse. . . . . . . 23,0 


17, à 9h. du matin, léger brouillard, odeur de tourbe brülée. —20, idem.—26,à9h. du 
soir , odeur très-prononcée et brouillard léser. — 27 , à 9 h. du matin , odeur de tourbe. 

Juin. 2, vers 3h. ? du soir, quelques coups de tonnerre. — 11, vers 4 h. : du soir, vent 
fort, tourbillons de poussière, orage, tonnerre, pluie d’averse Jusque vers 7 heures. —- 12, à 
midi 40’, le thermomètre extérieur qui à midi marquait 19,7, ne marque plus que 17°,1. 
— 15, le maximum de température est tombé entre 3 et 4 h., et a été de 27°,7. — 16, de3 h.x 
à 4 h. : du soir, coups de tonnerre; à 7 h., orage, pluie; à 9 h., tonnerre, pluie. — 18, vers 
7 h. du soir, coups de tonnerre, pluie. — 19, pluie à de courts intervalles de temps, pendant 
toute la journée. —20, à 9 h. du matin , le thermomètre, quoiqu’à l'ombre, monte en 5 minu- 
tes d’un degré, et l'hygromètre descend de 3 degrés. — 24 , pluie le matin, et pluie d'averse à 
différentes reprises après-midi. — 29, maximum de température entre 3 et 4 h. du soir. 

Juillet. 1, vers 9h. 3 du soir, quelques gouttes de pluie, — 18, dans la matinée, idem. 
19, pluie vers 8 h. du soir. — 20, pluie forte pendant toute la journée. — 25, à 10 h. 55° du 
matin, orage, tonnerre, éclairs, pluie d’averse ; barom. réduit 751°,71 ; therm. ext. 15°,2; 
hygrom. 719,5. — 29, grand vent le matin, pluie le soir. 


NOTES. 17 


Août. 1, quelques gouttes d’eau dans la soirée. — 3, pluie et tonnerre vers 8 h. du soir. 
— À, pluie et tonnerre à #h. Z du matin. — 10, on a vu des étoiles filantes du côté NNO, 
vers 10h. : du soir. — 14, brouillard sec le matin. — 15, tonnerre à3 h. du soir, et à 6.; pluie 
vers 6 h.; pluie abondante la nuit. 

Septembre. 2, pluie vers 5 h. 3 du soir. — 10, pluie très-forte vers 2 h. 50’ du soir. — 17, 
un peu après 4 h. le vent change et passe au NNE. — 20, pluie vers 10 h. T du soir. — Nuit du 
27 au 28, violent orage, pluie, tonnerre, éclairs, de minuit à 5 h. du matin. 

Octobre. Nuit du 1 au 2 , vent très-fort et pluie. — Nuit du 2 au 8, vent très-fort. — 3, vent 
de SO très-fort , pluie abondante, grande tempête, de 10 h. du matin à 8 h. du soir. — 8, pluie 
le soir et la nuit. — Nuit du 12 au 13, les udomètres ont été renversés par le vent. — 13, à 
midi, l’un ne renfermait rien, l’autre seulement quelques souttes d’eau.—17, brouillard le matin. 
—18, aurore boréale vers 8 h. du soir. Ce jour-là, à midi, le thermomètre centigrade indiquait 
17,1, et au moment du phénomène, 19,2. Le baromètre était très-haut, il marquait à l’obser- 
vatoire 766,05, et l'hygromètre de Saussure 90°. Le ciel était serein, et le vent, pendant la 
journée, avait été au sud. ( Voir les Bulletins de l'académie de Bruxelles , page 325, tome III. ) — 
20, pluie très-fine et brouillard pendant la journée. — 24 , idem pendant la matinée. — 27, vers 
2 h. 25°, vent et pluie très-forts; le baromètre qui est à son ménimum, marque 747%%,77 ré- 
duit à 0°. — 98, vers 10 h. 15’ et vers 11 h. neige; idem, pendant la soirée et la nuit. 

Novembre. 5, vers 2 h. 80’, vent très-fort ; le baromètre indique 735,86. — Nuit du 27 au 
98, vent très-fort. — 928, idem pendant la journée. — 29, grande tempête pendant la journée. 
Le vent qui soufflait du SO paraît avoir atteint sa plus grande force vers 8 h. du soir ; il s’est 
calmé vers 6 h. , et à 7 h. £, le ciel était en partie découvert. Le thermomètre, au plus fort de 
l'ouragan, marquait 17°,2, entre 1 et 2 heures de l'après-midi ; le baromètre, vers la mème, 
époque, atteignit son point meènimum, et réduit à 9, il indiquait à 2 h. 738"%,46. Les dégâts 
causés par l'ouragan ont été très-considérables ; plusieurs personnes ont péri. Ses effets se sont 
fait sentir jusque sur les côtes de la Mer du Nord. — Nuit du 29 au 80, pluie abondante. 
— 30, temps couvert ; à 4 h. du soir, vent assez fort; pluie vers 7 h. 5. 

Décembre. À, brouillard le matin, beau temps; le soir, vers 8 h., forte pluie. —2, le vent a 
commencé à se lever vers 2 h. 1 du soir; à 4 h. il était assez fort ; il a continué pendant la nuit; 
à 9h. } du soir, on a vu quelques éclairs. Marche du baromètre réduit à 0° : à 5 h. 760,12; 
à 7b., 759,25. — 3, vers 7 h. du matin, on a apercu un grand nombre d’éclairs ; pluie, de 
9 b. 50° du matin jusqu’au soir. — 5, vers 4 h. +, le ciel prend une teinte très-rougeûtre. — 
8, pluie à 9 b. du matin, vent très-fort à 10 h. ; ; marche du baromètre et des autres instrumens 


météorologiques : 


BAROMÈTRE A Oo. THERMOM. EXT. HYGROMÈTRE. ÉTAT DU CIEL. 


Pluie. 


heure 739508 


2 — 738,98 . 9,0 88,5 Le temps s'éclaircit, le 


vent est moins fort. 


738,79 . 9,2 86,5 Le vent se calme. 


18 NOTES. 


— 9, à 1 heure 45’ le barom. indique 735,12, le thermom. ext. + 4,7, l’hygrom. 86,0. 
à 3 heures — — 734,44 — . 4,1 _ 83,0. 
à 9 heures — — 732,24 — 4,0 — 88,0. 


A minuit moins un quart, il est tombé de la neige fondue. — Nuit du 9 au 10, neige, temps 
très-variable depuis plusieurs jours; fréquentes alternatives de pluie ; coups de vent , ete. — 
14,à11 h. : du matin, venttrès-fort. — Le 21, on a placé devant la boule du thermomètre de 
Bunten, une planchette pour le préserver du rayonnement de la chambre , qui a paru être 
sensible. — Nuit du 28 au 24, neige, gelée. — 25, neige abondante et vent très-fort pendant la 
journée et la soirée. Nuit du 25 au 26, il est tombé en Angleterre une telle quantité de neige, 
que toutes les communications ont été interrompues pendant plusieurs jours. — 26, vent 
très-fort, un peu de neige. Le temps est moins mauvais que la veille. — 27, le matin, beau 
temps : le baromètre monte; vers le soir, temps couvert, neige la nuit, — 28, le matin, neige. 
— 80, à 9 h. du soir, un peu de neige. — Dans la nuit du 81 , idem. 


FIN. 


à 


ÉOROLOGIE, 


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MÉMOIRE 


SUR 


LA MÉTÉOROLOGIE, 


_J. G. CRAHAY, 


PROFESSEUR DE PHYSIQUE A L'UNIVERSITÉ CATHOLIQUE. 


Tou. X. 


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MÉMOIRE 


LA MÉTÉOROLOGIE. 


Depuis l’année 1818 les observations météorologiques ont formé un 
sujet important de mes occupations. Je m'étais pourvu de bons instru- 
mens que je vérifiai souvent; j'ai été à même de pouvoir les placer 
dans des expositions favorables au but proposé. Attaché à l'instruction 
publique depuis la même époque, j'ai pu faire un emploi régulier de 
mon temps, de sorte que les interruptions dans les observations ont 
été très-rares; le plus souvent, durant mes absences à la fin du mois 
d'août et au commencement de septembre, J'ai été remplacé par des 
personnes sur l’exactitude desquelles je pouvais compter; à ces cas 
près, j'observai moi-même, persuadé que c'était une condition indis- 
pensable pour obtenir des résultats comparables. Aïnsi les lacunes 
qui existaient dans mes registres ont pu être remplies avec assez d’exac- 
titude par une interpolation convenable; ou, lorsque leur étendue ne 
me permettait pas l’emploi de ce moyen, et que je croyais devoir les 


4 MÉMOIRE SUR LA MÉTÉOROLOGIE. 


laisser en blanc, elles ne s’étendaient cependant que sur une petite 
partie du mois, de façon à ne pas en affecter les moyennes d’une 
manière bien sensible; à l'expiration de chaque mois, je soumettais les 
tableaux des observations à un examen attentif, et j’exécutais moi- 
même les calculs des diverses réductions et corrections. Pareillement 
je faisais moi-même les relevés annuels. 

Un résumé de quelques-unes de mes observations fut inséré dans 
le tome [ des Annales de l'Observatoire de Bruxelles, et dans le 
tome XIIT de la Correspondance mathématique ; il était extrait d’un 
travail que j'avais communiqué à la commission de statistique en 1826. 
Le directeur de l'observatoire l’étendit jusqu’en 1830, à l’aide des 
tableaux que je publiais d'année en année dans le même journal. 
Mon intention était de continuer mes observations pendant quelques 
années encore ayant d'en composer un résumé complet, mais leur 
série ayant été définitivement arrêtée en 1834 par mon départ de 
Maestricht, 1l ne me restait plus, pour utiliser les matériaux rassem- 
blés pendant seize années, qu’à m'occuper de la construction de 
l'édifice pour lequel ils étaient destinés. Avant d’y procéder, j'ai sou- 
mis tous les tableaux à une nouvelle discussion; jen ai formé les 
résumés, et c’est ce travail que j'ai l’honneur de soumettre à l’aca- 
démie. 

La température a été observée à l’aide d’un thermomètre à mercure, 
à échelle centésimale. L’instrument était exposé à l’air dans un es- 
pace suffisamment libre du côté du nord, à l’ombre d’un grand bâti- 
ment, des murs duquel il était isolé à une distance convenable pour 
ne pas participer à leur température. Les ninima de température 
sont fournis par un thermomètre à esprit-de-vin, construit d’après 
le modèle de celui de Rutherford. Tous les ans je placai ces imstru- 
mens dans la glace fondante, afin de m’assurer de la position de leur 
point zéro. 

Le baromètre employé est à niveau constant, par le moyen d’une 
vis qui agit sur un sac en peau formant le fond de la cuvette. Ce 
niveau était à 10,477 au-dessus du zéro au pont de la Meuse, et 


MÉMOIRE SUR LA MÉTÉOROLOGIE. 5 


celui-ci est placé à 42,036 au-dessus du zéro du Peil-schaal 
d'Amsterdam, point que l’on considère comme coïncidant avec les 
moyennes eaux de la Mer du Nord; et d’après cela le niveau du baro- 
mètre se trouvait à 52,513 au-dessus du niveau moyen de la mer. 
L’échelle du baromètre est divisée en millimètres, qui sont subdivisés 
en 20mes par le vernier. 

La correction, à cause de la dépression capillaire dans le tube et 
dans la cuvette, et laquelle s’élève à Omm,436 , est opérée sur l’instru- 
ment lui-même, par un abaissement de l'échelle d’une quantité égale 
à la dépression. La température de la colonne de mercure est indiquée 
par un thermomètre adapté à la partie moyenne de la planchette, et 
dont le réservoir est logé dans un bout de tube pareil au tube du ba- 
romètre et rempli de mercure. Les longueurs de la colonne baromé- 
trique sont réduites à zéro de température, en tenant compte seule- 
ment de la dilatation du mercure, sans égard à celle de la planchette ; 
cette dernière étant en bois d’acajou massif, à fibres droites, paral- 
lèles à sa longueur, j'ai considéré comme insensibles les variations 
de longueur de cette planchette, par les changemens de température, 
de même que par ceux dans l’état hygrométrique de Pair, lesquels 
d’ailleurs, n’oscillaient autour de linstrument que dans des limites 
resserrées. Jusqu'à l’année 1829, la correction pour la température 
était faite sur chaque observation, mais depuis cette époque, je me 
suis borné à la faire sur les moyennes par mois, après m'être assuré 
que les résultats ne différaient pas sensiblement de ceux obtenus par 
la première méthode. 

Pendant trois années j’ai observé l’hygromètre de De Saussure ; j'y 
ai renoncé ensuite quand j'ai vu que cet instrument ne restait pas com- 
parable à lui-même. Après avoir à plusieurs reprises changé le cheveu, 
J'ai reconnu que ce corps hygrométrique, exposé continuellement à 
l'air, contractait un allongement progressif, et qu'il perdait jusqu’à 
un certain point la faculté de se raccourcir par la sécheresse. L’er- 
reur augmentait successivement, et au bout de quelques mois, elle 
allait jusqu’à 4 et 5 degrés. Ignorant et l’époque où elle avait com- 


6 MÉMOIRE SUR LA MÉFÉOROLOGIE. 


mencé et la marche qu’elle suivait dans ses progrès, mes observations 
ne m'inspiraient aucune confiance. La seule chose qu’elles m’aient 
apprise, c’est que pour faire une série de bonnes observations à l’aide 
de l’hygromètre à cheveu, il faut consulter simultanément plusieurs 
de ces instrumens dont les cheveux ont été préparés et adaptés à des 
époques différentes, et dont on renouvelle de temps en temps les 
plus anciens, à mesure que les vérifications des deux points fixes de 
l'instrument et de son degré de sensibilité en ont montré la nécessité. 

L'udomètre dont je me suis servi depuis 1823, consistait dans un 
récipient dont l’ouverture de forme rectangulaire présentait une sur- 
face horizontale de 2530,0875 centimètres carrés ; il était placé à 
35 au-dessus du sol, sur un mur entre deux grands jardins, 
sans qu'il y eüt d'arbres dans le voisinage qui eussent pu intercepter 
les eaux du ciel. Le récipient communiquait avec le réservoir par un 
tube étroit. 

Les tableaux des hauteurs diurnes des eaux de la Meuse me furent 
fournis par les ingénieurs du Waterstaat. J’en déduisais les moyennes 
dont un résumé se trouve parmi les tableaux qui vont suivre. Jusques 
et y compris l’année 1827, ces hauteurs furent observées à l'échelle 
tracée sur l’une de piles du pont. Le zéro de cette échelle est à 
42,036 au-dessus de celui du Peil-schaal d'Amsterdam. À commen- 
cer de 1828 ces observations furent faites à l'échelle placée à l’entrée 
de la grande écluse du canal Zuid-Willems-Vaart, à une distance de 
740 mètres du pont, en descendant la rivière. Le zéro de cette échelle 
est élevé de 41,950 au-dessus de celui du Peil-schaal d'Amsterdam; 
de sorte qu'il est plus bas de 0,086 que celui du pont de la Meuse. 
À l'entrée de l’écluse, les hauteurs de la rivière peuvent être appré- 
ciées avec beaucoup plus d’exactitude que près du pont. On ne pour- 
rait pas, des observations faites à l’une de ces échelles, conclure 
avec précision les hauteurs de l’eau près de l'autre, à cause que la 
pente de la rivière entre ces deux points, est variable avec la hauteur 
absolue du niveau. La chute est d'autant plus forte que les eaux sont 
plus basses. La comparaison des observations faites simultanément 


MÉMOIRE SUR LA MÉTÉOROLOGIE. 7 


aux deux échelles a montré que, moyennement, le niveau était plus 
élevé près du pont qu’à la bouche de l’écluse de 0,469; pendant les 
hautes eaux, la différence des deux niveaux n’est que de 0",016, 
tandis que par les basses elle s'élève à 0,796. 


TEMPÉRATURE. 


Dans le tableau n° 1, j'ai compris les moyennes annuelles des tem- 
pératures observées quatre fois par jour, aux heures indiquées en tête 
des colonnes. 

En formant année par année la somme des températures aux qua- 
tre époques du jour, on trouve que le maximum correspond à l’an- 
née 1822, le minimum à 1829; par conséquent nous devons considérer 
la première comme la plus chaude, la deuxième comme la plus froide 
dans la série de 1818 à 1533. En consultant les tableaux des obser- 
vations faites à l’observatoire de Paris, je trouve que, de 1806 à 1826, 
l’année 1822 a été pareillement la plus chaude. 

Le même tableau n° 1 contient aussi les extrêmes des températu- 
res par an, et les époques auxquelles elles ont eu lieu. Nous ferons 
remarquer que la plus haute température a été de + 380,8 le 2 août 
1826, à 3 heures après-midi ; et que la plus basse est descendue à 
220,9 au-dessous du zéro, le 23 janvier 1823, à 85 heures du matin. 

Si, au lieu des dates respectives des températures extrêmes, on écrit 
les fractions de l’année qui y correspondent, et qu’on en prenne les 
moyennes sur les 16 années, on trouve, qu’année commune, le maxr- 
mum de température se présente le 19 juillet; c’est-à-dire 28 jours 
après le solstice d'été; le monimum s'offre le 22 janvier, c’est-à-dire 
32 jours après le solstice d'hiver. Les écarts dans les années prises 
isolément sont peu étendus, surtout pour les maxima. Ces résul- 


8 MÉMOIRE SUR LA MÉTÉOROLOGIE. 


tats sont conformes à la théorie qui indique en effet que la plus haute 
et la plus basse température de l’air ne coïncident pas avec les épo- 
ques des solstices, alors que les effets instantanés, soit pour élever, 
soit pour abaisser la température, sont les plus énergiques, mais que 
sa température doit s’accroître tant que la chaleur acquise pendant 
le jour, surpasse celle qui se perd pendant la nuit; ce qui, d’après 
notre tableau, arrive moyennement jusqu’au 19 juillet ; que de même 
en hiver, alors que les pertes surpassent les gains, la température 
doit baisser aussi long-temps que les premières l’emportent ; notre 
tableau nous montre que le point d'égalité s'offre au 22 janvier. Chose 
analogue a lieu pour les extrêmes diurnes, et voilà pourquoi la plus 
grande chaleur du jour a lieu vers les 3 heures après-midi, c’est-à- 
dire après le moment où l’action instantanée du soleil est la plus forte. 
Le minimum diurne arrive vers l'instant du lever du soleil, parce qu’à 
ce moment les pertes de la chaleur acquise pendant le jour ont duré 
le plus long-temps. 

La vraie température moyenne d’un jour, celle qu’on obtiendrait 
si l’on notait d’instant en instant, pendant les 24 heures, les indi- 
cations du thermomètre , et qu’on divisät la somme par le nombre des 
observations, cette moyenne doit peu s'éloigner de celle que donne 
la demi-somme du maximum et du minimum de température, qui ont 
eu lieu pendant les 24 heures; d’après cela , il est évident que la 
moyenne de ces extrêmes diurnes, prise sur l’année entière, peut être 
considérée comme représentant assez exactement la température 
moyenne effective de l’année entière. Or , les extrêmes de tempéra- 
ture diurne n’ayant été enregistrés que depuis 1826, ce n’est qu’à 
partir de cette époque, jusques et y compris 1833, que j'ai pu cal- 
culer les températures moyennes annuelles. Le tableau n° 2 présente 
ces résultats pour chacune des huit années. On y voit de nouveau 
que l’année 1829 a été froide. La moyenne des huit années est + 90,95, 
qui sera donc la vraie température moyenne annuelle de Maestricht. 

Jusqu'ici j'avais pris pour température moyenne annuelle celle de 
9 heures du matin. Pour vérifier jusqu’à quel point celle-ci s’approche 


MÉMOIRE SUR LA MÉTÉOROLOGIE. 9 


de la véritable, il faudrait prendre la moyenne des huit années 1826— 
1833 dans le tableau n° 1; on trouverait + 100,05, par conséquent, 
un excès de 0,1 de degré seulement. 

À chaque mois, la température atteint un certain maximum , et de 
même elle descend à un certain minimum , qui forment ainsi les extré- 
mes du mois. Si l’on prend leurs sommes respectives pour tous les 
mois de l’année, et qu’on les divise par 12, on aura les moyennes 
par an des maxima et des minima absolus mensuels. Ces résultats 
font l’objet des 5° et 6° colonnes du tableau n° 2. Leurs demi-som- 
mes, comprises dans la 7° colonne, s’approchent de beaucoup des 
véritables températures moyennes indiquées dans la 4° colonne ; les 
moyennes des huit années ne présentent qu’une différence de 00,18. 
On s’écarterait bien plus fortement de la vérité, si l’on se bornait à 
prendre la demi-somme des températures extrêmes de l’année entière; 
la 9e colonne du tableau n° 1, montre combien cette demi-somme 
éprouve de grandes variations d’une année à l’autre ; la moyenne des 
huit années donne + 8°,69, inférieure de 10,26 à la vraie température 
moyenne. 

Le 3° tableau offre les températures moyennes aux quatre époques 
du jour et distribuées sur les divers mois. 

C’est le résumé des quatre tableaux marqués n°3, (a), (b), (c), (d), 
qui renferment les moyennes par mois, pour chacune des seize an- 
nées en particulier. 

Dans le tableau n° 4, j'ai compris les moyennes par mois des extré- 
mes des températures observées jour par jour pendant les huit années 
1826 à 1833 inclusivement. Leurs demi-sommes, contenues dans la 
5° colonne, doivent étre considérées comme les vraies températures 
moyennes des mois correspondans. Afin de pouvoir les comparer avec les 
seules observations de 9 heures du matin, j’ai placé dans la 6° colonne 
de ce tableau les moyennes de celles-ci, prises sur les mêmes huit an- 
nées. Le rapprochement de ces nombres montre, que dans les mois 
d'avril, de mai, de juin, de juillet et d’août, la température à 9 heu- 
res du matin est supérieure à la moyenne véritable de ces mois, tandis 

Tom. X. 2 


10 MÉMOIRE SUR LA MÉTÉOROLOGIE. 


qu'aux autres mois de l’année, elle est inférieure. Le mois d'avril ne 
donne qu’un excédant de 0°,48, le mois d'octobre reste à 0,50 au- 
dessous. L’un et l’autre de ces mois fournissent également, par les 
seules observations de 9 heures, des nombres plus forts que la vraie 
température moyenne annuelle 9,95, avril ne s’en écarte que de 0,5. 
Mais la coïncidence est à peu près complète entre la température 
moyenne annuelle et celle du mois d'avril déduite des mazima et 
minima diurnes, car cette dernière étant de + 9°,97, n’est en excès 
que de 00,02. 

Le tableau n° 5 marque les limites entre lesquelles, moyennement, 
la température varie dans le courant de chaque mois. Il est digne de 
remarque que dans les mois d'été, comme dans ceux d'hiver, la diffé- 
rence entre les deux températures extrêmes est presque toujours la 
même , ainsi que le fait voir la dernière colonne; au commencement 
de l’année, elle est un peu plus grande que vers la fin. 

Afin de rendre plus sensible la marche de la température aux diver- 
ses saisons, je lai représentée dans la figure 7, planche 3, par une 
construction graphique; on y voit la courbe des températures moyen- 
nes et celles des températures extrêmes pour chaque mois. L’une des 
droites horizontales figure le zéro de l'échelle, Pautre la température 
moyenne annuelle. Les centres des petits cercles, placés sur Les lignes 
verticales des mois, représentent les moyennes correspondantes à cha- 
cune de ces époques, conformément aux tableaux n° 4 et 5. Leurs 
ordonnées sont construites sur une échelle de quatre millimètres pour 
un degré du thermomètre. 


TEMPÉRATURE DES GALERIES SOUTERRAINES DE LA MONTAGNE DE 
SAINT-PIERRE. 


Pour déterminer cette température, je choisis un endroit nommé 
da chambre des Eéquines ; c’est un cul-de-sac , éloigné de toute issue 


MÉMOIRE SUR LA MÉTÉOROLOGIE. 11 


et où il n’y a pas le moindre courant d’air; ces courans d’ailleurs se 
rencontrent rarement dans le souterrain, à moins que l’on ne se trouve 
près de quelque ouverture au jour. Les thermomètres dont je me servis 
avaient une marche bien déterminée, et à chaque visite dans la car- 
rière, les mêmes instrumens furent employés. L'un d’eux fut exposé à 
l'air de la galerie, à 12 mètre au-dessus du sol, un autre fut enfoncé 
en terre de manière que l’extrémité de la colonne de mercure fût seule 
visible; une fois il fut placé à un mètre de profondeur, dans un trou 
pratiqué quatre jours d'avance et tenu soigneusement bouché jusqu’à 
l'instant où le thermomètre y fut descendu, après quoi il fut aussitôt 
rebouché, pour n'être ouvert qu'au moment où le thermomètre fut 
consulté; celui-ci était logé dans un étui en fer-blanc, de manière à 
envelopper la majeure partie de la colonne mercurielle. Les instrumens 
placés, je me retirai dans un autre endroit des carrières pendant le 
temps nécessaire pour qu'ils pussent se mettre en équilibre de tempé- 
rature avec les corps environnans, et afin que ma présence et celle 
des flambeaux n’exerçät point d'influence. Voici les résultats obtenus 
dans trois visites. 

Le 2 mars 1822. Thermomètre exposé à l'air de la galerie + 80,5; 
thermomètre enfoncé en terre + 80,4 

Le 12 juillet 1822. Thermomètre exposé à l'air de la galerie + 8°,9 ; 
thermomètre enfoncé en terre + 8°,9 

Le 10 janvier 1823. Thermomètre exposé à l’air de la galerie + 8°,5; 
thermomètre enfoncé à 1 mètre de profondeur en terre + 90,0 

J'avais fixé à dessein les époques du 12 juillet 1822 et du 10 jan- 
vier 1823; la première après plus d’un mois de chaleurs fortes et con- 
sécutives. La deuxième, à la suite de trente jours d’un froid soutenu, 
pendant lesquels, déjà en décembre, le thermomètre était descendu 
à — 10°; la veille de la course il était à — 10°,7, et le jour même à 
— 8,9. Nous voyons qu'à ces deux époques l'air de la galerie ne 
marque qu’une différence de 0°,4. Le thermomètre enfoncé dans le 
sol a varié entre ces deux époques de 0,1 en sens contraire. La demi- 
somme des températures observées en janvier et en juillet s'élève 


12 MÉMOIRE SUR LA MÉTÉOROLOGIE. 


à + 80,7. Elle ne doit guère s'éloigner de la température moyenne 
de Pair du souterrain. 

De là suivrait que la température de ces galeries souterraines serait 
constamment inférieure à la température moyenne de l’air du dehors 
d'environ 1° +. Ne faut-il pas l’attribuer au refroidissement causé par 
l’évaporation continuelle qui a lieu sur les parois ? L'eau du terrain 
supérieur, filtrant à travers la masse poreuse de la pierre, se réduit 
en vapeur dans les galeries, et maintient constamment l’air à un point 
voisin de l'humidité extrême, ainsi que me l’a prouvé l’hygromètre à 
cheveu qui y marquait 980,9. La dissipation de cette vapeur au dehors, 
par les nombreuses ouvertures par lesquelles le souterrain est en com- 
munication avec l’espace libre, détermine une évaporation non inter- 
rompue dans les galeries. Bien que cette évaporation soit lente, comme 
elle est continuelle, elle suffit peut être pour rendre raison de la diffé- 
rence de 1°,25 qu'il y a entre la température du souterrain et celle à 
la surface du sol. Par là s’expliquerait aussi pourquoi dans certains 
endroits de cette carrière, la température est notablement inférieure 
à celle d’ailleurs, ainsi que Van Swinden le constata : En juillet 1782 
il trouva que dans un cul-de-sac désigné sous le nom de l'Enfer, le 
thermomètre marquait 475 degrés de Farenheit ou + 8°,75 centi- 
grades, tandis que partout ailleurs il se soutint à 48° F. ou + 8°,89 
cent. Or, l'Enfer n’est pas très-éloigné des issues, et de plus il est 
assez proche d’un endroit appelé la Fontaine bleue, où l’eau d’une 
mare située au-dessus de la montage, après avoir traversé la roche, 
tombe par gouttes dans le creux d’un bloc de pierre. Là, l’évapora- 
tion plus abondante et une plus facile dispersion des vapeurs, à raison 
d’une moindre distance à l’atmosphère libre, abaisse sensiblement la 
température, comme je m'en suis assuré également. Cette cause étend 
probablement son influence jusqu’à l'endroit nommé l'Enfer, et elle 
se trouve, suivant toute apparence, compliquée avec une propagation 
directe de la température du dehors, tant par les issues que par l’eau 
qui dégoutte de la voüte. Van Swinden trouva en juillet 1782 et en 
juin 1792 que la température de Peau du bassin de la Fontaine bleue 


MÉMOIRE SUR LA MÉTÉOROLOGIE. 13 


était égale à celle de l'air de la galerie, c’est-à-dire de 475 F.; quand 
je fis ma visite le 10 janvier 1823, alors que depuis un mois la tem- 
pérature avait été constamment au-dessous de zéro, je vis mes deux 
thermomètres placés à l'Enfer, l'un à 1+ mètre au-dessus du sol, l’au- 
tre enterré à la profondeur de 15 centimètres, tous les deux à + 70,26 
centigrades, pendant que dans la chambre des Béquines le thermomètre 
à 1= mètre au-dessus du sol marquait + 8,5; celui enfoncé à un 
mètre sous terre + 90,0. L'eau du bassin de la fontaine avait alors 
seulement + 4°,4 et l'air dans les environs ne faisait monter le ther- 
momètre qu'à + 6°,3. Le 7 mai 1829, je me rendis à la carrière 
expressément pour prendre la température de l’eau du bassin; je la 
trouvai, ainsi que celle de l'air environnant à + 70,6 cent. ; j'ai pensé 
pouvoir en conclure que l’infériorité de la température que marquait 
cette eau sur celle de l'air le 10 janvier, venait de ce que le liquide, 
après avoir traversé la roche, ne s'était pas dépouillé entièrement de 
la basse température du dehors. 

Sil est incontestable qu’un refroidissement doive étre le résultat de 
l’évaporation qui a lieu dans les galeries, je ne voudrais pas assurer 
que la différence entière de leur température d'avec celle du dehors, 
füt due uniquement à cette cause, et qu'une autre n’y concourût 
jusqu’à un certain point, savoir celle encore imparfaitement connue, 
qui produit et qui maintient dans quelques grottes un abaissement 
notable de température, même jusqu’à y faire congeler l’eau et la con- 
server à l’état de glace pendant l’année entière. 


PRESSION ATMOSPHÉRIQUE. 


Le tableau n° 6 contient les moyennes hauteurs du baromètre aux 
quatre époques du jour, et pour chacune des 16 années comprises 


14 MÉMOIRE SUR LA MÉTÉOROLOGIE. 


dans la série 1818 — 1833. Il renferme en outre la plus grande et la 
plus petite hauteur observée par an, et les dates auxquelles ces extré- 
mes se sont montrés. Un calcul semblable à celui employé pour dé- 
terminer les époques moyennes des plus hautes et des plus basses tem- 
pératures, a désigné le 23 janvier pour l’époque de la plus grande, 
et le 15 décembre pour celle de la moindre hauteur annuelle du 
baromètre ; mais on remarquera que les écarts de part et d'autre de 
ces instans moyens sont plus étendus que pour les extrêmes de tem- 
pérature. Toutefois le mavimum de hauteur barométrique n’a anticipé 
qu’une seule fois pendant les 16 années jusqu’au 11 novembre, et n’a 
retardé qu’une seule fois jusqu’au 27 mai. Le ménimum n’a anticipé 
que jusqu'au 18 septembre, et n’a retardé que jusqu'au 30 avril; de 
sorte que dans les mois d'été, les grandes oscillations ne se montrent 
pas; ce qui sera d’ailleurs encore prouvé plus loin. 

On peut remarquer dans ce tableau la constance avec laquelle 
loscillation diurne se montre aux quatre époques du jour dans les 
moyennes partielles de chaque année. Cette constance est telle qu'il 
est peu de mois où ce mouvement périodique ne soit mis en évidence. 

Les moyennes hauteurs aux quatre époques du jour, prises sur les 
16 années, ont été groupées par mois, de même dénomination , dans 
le tableau n° 7. 

Les quatre tableaux n° 7, (4), (B), (©), (D), contiennent ces 
moyennes par mois pour chacune des seize années en particulier. 

On ne s’éloignera guère de la vérité en considérant comme pres- 
sion moyenne diurne, la demi-somme du mavimum et du minimum ; 
et en ne recherchant que cette moyenne pression pendant le jour, 
on n'aura qu'à prendre la demi-somme entre les hauteurs du baro- 
mètre à 9 heures du matin et celles à 3 heures après-midi. Ce calcul 
a été effectué dans le tableau n° 8, sur les moyennes par mois, dé- 
duites des 16 années; il présente par conséquent la moyenne hauteur 
du baromètre pour chaque mois de l’année ; et, au bas de la colonne, 
la moyenne hauteur pour l’année entière. Laquelle, d’après cela, est 
de 757mm,195. En comparant ces résultats avec les hauteurs moyen- 


MÉMOIRE SUR LA MÉTÉOROLOGIE. 15 


nes à midi, des mois correspondans, placés dans la colonne suivante, 
on voit que les différences sont très-petites, et qu'au bout de l’année 
elles se sont presque exactement compensées. De sorte que pour avoir 
la moyenne pression , il suffirait d'observer à midi seulement. 

Les nombres portés dans ce tableau mettent en évidence une va- 
riation dans la pression aux diverses saisons : deux maxima, l'un 
en janvier, l’autre en juin, séparés par des minima dont l’un arrive 
en avril, l’autre en décembre. Le saut brusque du minimum de 
décembre au #7avimum de janvier est remarquable. La marche des 
pressions moyennes est représentée par la courbe, construite sur une 
échelle de 20 pour 1, dont le dessin, planche I, fig. 1, accompagne 
ces tableaux. La droite horizontale figure la pression annuelle moyenne 
ou 757,20. 

En formant mois par mois les différences de hauteurs barométriques 
de l’une des époques diurnes d'observation à la suivante, on obtient 
l’étendue des oscillations correspondantes. Ces résultats font l’objet 
du tableau n° 9. Il signale les variations qu'éprouvent ces valeurs d’un 
mois à l’autre. La 5° colonne où l’on a pris l’oscillation totale de 
9 heures du matin à 3 heures du soir, montre clairement une relation 
entre la grandeur de ces marées atmosphériques et les saisons. Un 
maximum à lieu en mai, de là un décroissement jusqu’en juillet, 
puis une augmentation jusqu'à un deuxième maximum en octobre; 
une chute rapide a lieu en novembre et aussitôt un accroissement qui 
continue sa marche jusqu'au mois de mai suivant, avec la particu- 
larité néanmoins d’éprouver un léger abaissement en mars. 

Afin de rendre plus sensible la relation entre l’oscillation diurne et 
les diverses époques de l’année, on a figuré par des courbes les va- 
riations dans les hauteurs barométriques , à 9 heures du matin et à 
3 heures du soir, par rapport à la hauteur intermédiaire à midi qui 
est représentée par une droite horizontale; ainsi les ordonnées de la 
courbe supérieure, fig. 3, pl. Il, sont les excès des hauteurs à 9 heures 
du matin sur celles à midi; celles de la courbe inférieure sont les 
quantités dont les hauteurs à 3 heures sont moindres que celles à 


16 MÉMOIRE SUR LA MÉTÉOROLOGIE. 


midi. L’une et l’autre courbe sont tracées sur l'échelle de 100 pour 1. 

Plus bas, dans la fig. 4, j'ai représenté par une droite horizontale 
le minimum de 3 heures, la courbe du maximum , à 9 heures, y a 
pour ordonnées l'étendue entière de l’oscillation diurne. 

Dans un mémoire présenté à l’académie le 4 juillet 1835, j'ai montré 
que mes observations conduisent à la conclusion que, pendant les mois 
d'été, le maximum axrive avant 9 heures du matin, et le minimum 
après 3 heures du soir; et qu'au contraire pendant les mois d'hiver, 
le maximum se présente après 9 heures du matin, et le minimum 
avant 3 heures du soir. D’après cela, les hauteurs extrêmes ne coïn- 
cideraient avec 9 heures du matin et 3 heures du soir, que lors des 
mois qui se trouvent sur les limites des deux saisons, tandis que pen- 
dant le reste de l’année le baromètre serait à 9 heures du matin plus 
bas que son maximum diurne, et à 3 heures du soir plus haut que 
son minimum; conséquemment, dans la saison d’été et dans celle 
d'hiver, les valeurs de loscillation diurne prise entre 9 heures du 
matin et 3 heures du soir, seraient moindres que celles de Poscillation 
totale prise entre ses véritables limites ; et par suite, elles seraient in- 
férieures à celles que l’on obtient entre ces deux mêmes heures du 
jour pendant les instans de l’année qui se trouvent entre les deux 
saisons, comme les mois de mai et d'octobre. Cette cause, toutefois, 
me parait étre trop faible pour pouvoir , à elle seule, altérer les va- 
leurs de l’oscillation diurne, mesurée entre 9 heures du matin et 
3 heures du soir, aussi fortement que notre tableau le montre ; sui- 
vant toute probabilité la majeure partie en est due à quelque action 
exercée par le soleil, mais laquelle, dans l’état actuel de la météo- 
rologie, ne peut pas encore être définie. 

La question se complique beaucoup, quand on considère que dans 
des endroits peu éloignés les uns des autres, tels que Paris et 
Maestricht, et où, en apparence, ces variations devraient avoir une 
marche sensiblement parallèle, elles éprouvent au contraire des dé- 
viations très-fortes. Pour rendre la comparaison exacte, il faut l’établir 
sur les moyennes déduites des mêmes années. Je me suis procuré ces 


MÉMOIRE SUR LA MÉTÉOROLOGIE. 17 


moyennes pour Paris, pour les années 1818 à 1826, en les extrayant 
du Mémoire de M. Bouvard sur les observations météorologiques faites 
à l’observatoire royal de Paris depuis l’année 1816 jusqu'à l’année 
1826; les moyennes pour les années 1826 à 1835, ont été prises dans 
les tableaux des observations météorologiques faites au même obser- 
vatoire pendant cette période, et insérés dans les divers volumes de la 
Connaissance des temps. 

La 6° colonne du tableau n° 9 renferme les moyennes valeurs de 
la période diurne pour Paris, pour les différens mois. En comparant 
ces nombres avec ceux relatifs à Maestricht, et inscrits dans la 5° co- 
lonne du même tableau, on se convaincera que la marche de la varia- 
tion diurne est bien différente dans les deux villes : moyennement, 
la valeur de la période à Paris excède celle à Maestricht de Omm,182, 

mais dans le mois de juillet l'excès s'élève à 0,517, et presque à 
autant en novembre, tandis qu’au contraire l'étendue de la variation 
à Maestricht l’emporte sur celle à Paris aux mois de juin et d'octobre. 
Aussi observe-t-on dans la première ville un maximum en octobre; 
dans l’autre ville, c’est au mois d'août que ce mawimum se présente. 
La fig. 5, pl. II, est la courbe des yariations diurnes à Paris, cor- 
respondante aux divers mois. De même que dans la fig. 4, j'y ai re- 
présenté par une droite horizontale les hauteurs barométriques à 
3 heures après-midi. 

La divergence dans la marche des variations diurnes aux deux villes 
se montre encore d’une manière saillante par le tableau n° 10, où 
l’on a écrit les unes à côté des autres , les moyennes annuelles des 
deux endroits pour chacune des années comprises dans la série 1818 
— 1833, et surtout par le tableau n° 11, où l’on a mis en regard 
les valeurs de la période aux deux villes, pour les mois d'août et 
d'octobre de chacune des seize années. 

Le 12° tableau contient les hauteurs extrêmes du baromètre par 
mois. En les comparant aux hauteurs moyennes des mois, on en a 
déduit les deux dernières colonnes , qui font voir l'étendue de ces 
oscillations de part et d’autre de la moyenne. Ces deux colonnes sont 

Ton. X. 3 


18 MÉMOIRE SUR LA MÉTÉOROLOGIE. 


construites graphiquement dans la fig. 2, pl. I; la ligne horizontale 
représente la pression moyenne. L’abaissement au-dessous de la 
moyenne est constamment plus fort que l'élévation au-dessus. 

Le tableau n° 13 indique le nombre de jours de pluie répartis par 
mois. 

Le 14° tableau relate la hauteur de l’eau tombée moyennement 
par mois. 

En divisant la hauteur de l’eau tombée par le nombre de jours de 
chute, le quotient est la quantité d’eau tombée moyennement par 
chaque jour de chute, dans les divers mois. Le tableau n° 15 contient 
le résultat de ce calcul. En le mettant en parallèle avec le précé- 
dent, on voit que les nombres qui correspondent aux mêmes mois ne 
suivent pas une même progression. La figure 6, planche IIT, qui re- 
présente ces résultats, rend la comparaison plus facile. 

Les 16e et 17° tableaux sont relatifs aux nombres de jours de ton- 
nerre. Dans le premier, ils sont répartis par mois, le deuxième fait voir 
combien le nombre de jours de tonnerre varie d’une année à l’autre. 

Le 18° tableau donne la direction des vents dominans. 

Enfin le 19° se rapporte aux hauteurs des eaux de la Meuse. 

J’ai commencé à Louvain une nouvelle série d’observations, dans 
laquelle je me suis proposé pour but principal de déterminer les instans 
précis des hauteurs extrêmes du baromètre par jour aux diverses épo- 
ques de l’année, et les valeurs correspondantes de l’oscillation. À cette 
fin, j'ai établi les observations vers les instans du jour où les deux 
extrêmes ont lieu, et de manière à les renfermer entre elles. Celles 
du matin sont fixées à 8, à 9 et à 10 heures, celles de l’après-midi 
à 3, à 4 et à 5 heures. 


19 


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MEMOIRE SUR LA METEOROLOGIE. 


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20 MÉMOIRE SUR LA MÉTÉOROLOGIE. 


Tasceau No 2. TEMPÉRATURE. 


a 


MOYENNES MOYENNES DEMI-SOMMES MOYENNES MOYENNES 


a DES MAXIMA | DES MINIMA 


ANNÉES. DES MAXIMA DES MINIMA | TEMPÉRATURES DEMI-SOMMES, 
absolus absolus 
moyennes 


diurnes. diurnes. ANNUELLES. PAR MOIS. PAR MOIS, 


1826 + 140,61 + 100,690 | + 210,93 à + 10,975 
1827 13,49 9,765 21,02 9,985 
1828 14,55 10,760 21,18 9,975 


1829 11,82 8,485 18,68 8,300 
1830 12,41 9,410 19,87 8,970 
1831 13,86 11,115 20,94 10,685 
1832 12,53 9,490 18,98 9,730 


1833 13,31 9,860 18,77 9,550 


Moyennes. + 13,32 E 9,95 E 20,17 


Tarau N°3. TEMPÉRATURES MOYENNES PAR MOIS, 


a 


CONCLUES DES 16 ANNÉES D’OBSERVATIONS (1818—1833). 


A 9 HEURES pu A 8 HEURES DU|A 9 HEURES DU 


MATIN. SOIR. SOIR. 


10,83 
5,03 
8,72 

14,33 

18,96 

21,52 

23,01 

22,26 

19,20 


Janvier . 
Février . 
Mars. 
Avril. 
Mai 
Juin . 
Juillet . 
Août. 


+ 


Septembre. 
Octobre. 


Novembre . 


HR EEE EEE + + 
HO OH OH OE EH HE + + 
HOHHOEOH EEE EE + 


FH HE ++ + + 


Décembre . 


+ 
+ 
8 
8 


MOoYENNES PAR AN . 


21 


2 


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MEMOIRE SUR LA MEÉTEOROLOGIE. 


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MEMOIRE SUR LA MEÉTEOROLOGIE. 


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(o)] 


Tazceau No 3 (b). 


2 . — 


TEMPÉRATURES MOYENNES A MIDI. 


ANNÉES. 


1818 . 
1819 . 
1820 

1821 

1822 . 
1823 . 
1824 . 
1825 . 
1826 . 
1827 

1828 . 
1829 . 
1830 

1831 . 
1832 . 


1833 . 


MoxenNes 


JANVIER. 


FÉVRIER. 


+- 4,01 
+ 7,13 
+ 5,01 
+ 2,65 
+ 7,81 
+ 5,76 
+ 6,25 
+ 5,29 

7,73 


AVRIL. 


MAI. 


JUILLET, 


SEPTEMBRE! OCTOBBE. 


NOVEMBRE, 


+ 80,85 |-+140,68 |+170,04 |--230,30 |-+240,49 |-210,73 |-+190,53 |+-130,62 | 100,23 


9,31 
6,98 
10,16 
11,91 
8,05 
6,59 
5,71 
8,46 
8,59 
8,30 
7,19 
11,07 
9,71 
6,26 
5,58 


14,88 
15,62 
16,09 
14,77 
10,55 
11,58 
13,81 
12,26 
13,98 
13,40 
12,38 
14,36 
14,41 
13,14 
11,34 


22,35 
18,90 
18,22 
24,21 
19,37 
20,56 
21,08 
22,27 
20,77 
21,59 


20,59 


17,87 
19,23 
18,79 
21,60 


21,95 
23,35 
25,34 
22,66 
23,19 
21,97 
21,60 
22,31 
19,28 
20,42 


19,21 
18,95 
19,59 
18,38 
18,08 
20,61 
21,38 
19,41 
18,97 
19,86 
17,56 
15,23 
16,67 
17,19 
15,69 


12,64 
11,59 
13,69 
16,13 
13,66 
13,93 
13,99 
15,54 
15,17 
13,16 
11,63 
12,51 
16,96 
13,36 
14,37 


+ 8,80 |-+-13,58 |+-17,72 | 20,67 |+-22,26 |-+-21,46 | 18,52 |+- 13,87 


5,64 
5,66 
11,30 
11,10 
7,57 
9,81 
8,50 
6,64 
6,12 
9,82 
5,66 
8,97 
7,13 
6,71 
7,74 


+ 8,01 


MOYENNES 


DÉCEMBRE par 


+-130,80 
14,04 
12,29 
13,47 
14,52 
12,45 
13,34 
13,75 
13,66 
12,58 
13,80 
10,97 
11,60 
13,14 
11,84 


12,64 


+ 4,91 | 12,99 


MEMOIRE SUR LA MÉTEOROLOGIE. 


r 


7 


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MEMOIRE SUR LA METEOROLOGIE. 


+ 
Cal 


Tagreau No 3 (d). 


7 


TEMPÉRATURES MOYENNES A 9 HEURES DU SOIR. 


ANNÉES. 


1822 . 
1823 . 
1824 
1825 . 
1826 . 
1827 
1828 . 
1829 
1830 
1831 . 
1832 
1833 . 


Moyennes, 


JANVIER, | FÉVRIER, | MARS. 


AVRIL, 


MAI. 


JUIN. 


JUILLET, 


+ 47,64 |+10°,70 | 140,01 |+-180,88 |+-24°,08 


5,23 


3,21 


5,99 


8,60 
5,38 


4,07 


2,28 |+ 5,16 


10,47 
11,04 
11,59 
10,26 
7,27 
7,94 
10,52 
9,06 
10,59 
9,60 
9,27 
10,79 
10,60 


15,41 
13,91 
11,32 
15,82 
14,20 
12,04 
13,97 
12,40 
14,46 
14,06 
14,34 
13,27 


12,88 


17,59 
14,81 
14,40 
19,53 
14,47 
15,62 
16,43 
17,77 
16,57 
16,93 
16,33 
14,01 


14,62 


20,56 
17,60 
15,48 
18,01 
16,33 
17,58 
18,61 
20,33 
18,30 
18,23 
18,18 
17,37 


17,76 


AOUT. 


SEPTEMBRE! OCTOBRE, [NOVEMBRE.|DÉCEMERE, 


+-160,96 |+-160,13 |-+10°,61 |-+ 80,64 


20,22 
18,71 
17,87 
17,23 
17,84 
16,88 
17,93 
20,44 
16,98 
16,21 
16,50 
15,36 


16,34 


16,49 
13,91 
15,69 
14,00 
14,61 
15,80 
16,66 
14,88 
15,44 
15,76 
14,85 
12,28 


13,35 


+ 9,79 |-13,70 |+-16,23 |+-18,06 |+-17,25 (pente 


10,64 
9,54 
10,55 
12,80 
9,60 
10,94 
11,49 
12,44 
11,51 
10,46 
9,27 
9,82 


13,52 


4,46 
3,96 
9,71 
9,25 
6,33 
8,25 
6,83 
5,22 
4,13 
7,00 
4,13 
7,14 


5,37 


+-10,73 |+ 6,22 


+ 00,40 
+ 1,68 
+ 2,21 


7,32 


6,66 
6,28 
5,18 
6,65 
5,55 
4,90 


0,49 


3,35 


+ 
+ 4,73 
= 
+ 


6,81 


+ 3,44 


MOYENNE 


par 


ANNÉE. 


+-100,93 
10,85 
9,00 
10,23 
11,02 
9,27 
10,13 
10,68 
10,50 
9,44 
10,49 
8,17 
8,50 
9,88 
8,45 
9,06 


————— 


+ 9,79 


TagLeau No 4, 
a on til 


MÉMOIRE SUR LA MÉTÉOROLOGIE. 


TEMPÉRATURE. 


RÉSULTATS MOYENS DES HUIT ANNÉES D'OBSERVATIONS (1826—1833 ). 


MOYENNES PAR MOIS 


MOYENNES PAR MOIS 


DEMI-SONME 


à 9 heures du matin, 


TEMPÉRATURE MOYENNE 


DES MAXIMA DES MINIMA ou 
MOIS. DIFFÉRENCES. CONCLUE 
de de température moyenne AE anne 
température diurne. | température diurne. PAR MOIS. (1826 — 1833 ). 

Janvier . + 0,81 — 30,55 40,36 — 10,37 — 10,75 

|| Février . + 4,82 — 0,73 5,55 + 2,05 + 1,67 

Mars. + 9,06 + 2,76 6,30 + 5,91 + 5,76 

J| Avril. + 14,01 + 5,93 8,08 0009,97 + 10,45 

Mai . + 18,66 + 9,66 9,00 + 14,16 + 14,91 

Juin. —+ 21,48 + 12,50 8,98 + 16,99 + 18,09 

Juillet . + 88,11 + 14,75 8,36 + 18,93 + 19,75 

Août. + 21,65 + 13,56 8,09 + 17,61 + 17,90 

Septembre. + 18,46 + 11,14 7,32 + 14,80 + 14,69 

| Octobre. . + 14,66 + 8,13 6,53 + 11,40 + 10,90 

Novembre . + 7,68 + 3,17 4,51 + 5,43 + 4,98 

Décembre . + 5,28 He 1,06 3,72 + 3,42 + 3,24 

Moy. par année. + 130,51 + 60,57 60,73 + 90,95 + 10,05 
DU TEMPÉRATURE. 


RÉSULTATS MOYENS CONCLUS DES HUIT ANNÉES 


Janvier . 
|| Février. 

{| Mars 

[| Avril 
Juin . 
Juillet. . 
Août . . 
Septembre. 
Octobre . 
Novembre, 


Décembre. . . . 


Moyennes par année . 


MAXIMA ABSOLUS 
de 
TEMPÉRATURE 


par mois. 


HE EHE EE + 


+ 


MINIMA ABSOLUS 


de 
TEMPÉRATURE 


par mois. 


Ton. X. 


DEMI-SONME. 


+++ +E +] 


+ 


DIFFÉRENCE. 


r 


TÉOROLOGIE. 


7 


MEMOIRE SUR LA ME 


r 


26 


TaLeau No 6. 


PRESSION ATMOSPHÉRIQUE. 


HAUTEURS MOYENNES ANNUELLES DU BAROMNÈTRE 


1 9 heures 


du matin. 
mm - 
758,17 
757,04 


758,02 


759,36 
756,29 
756,80 
759,05 
758,87 
757,40 
757,73 
756,40 
756,25 
755,67 
758,90 
756,13 


757,47 


midi. 


mm. 


757,87 
756,68 
757,18 
757,33 
759,09 
756,12 
756,66 
758,89 
758,65 
757,17 
757,50 
756,21 
755,99 
755,36 
758,57 


155,82 


757,23 


à 3 heures 


du soir. 
757,82 
756,24 
757,54 
756,88 
758,67 
755,85 
756,37 
758,49 
758,32 
756,88 
757,24 
755,91 
755,71 
755,06 
758,32 


755,55 


756,91 


à 9 heures 


du soir. 


mu. 


757,76 
756,96 
757,80 
757,54 
759,54 
756,23 
756,83 
759,01 
758,73 
757,28 
757,69 
756,31 
756,23 
755,54 
758,75 


755,89 


757,38 


HAUTEURS EXTRÈMES. 


Maximum. 


mm 


775,26 
773,80 
776,69 
783,18 
779,60 
775,87 
774,18 
778,13 
777,53 
775,16 
772,60 
776,10 
774,08 
774,38 
772,60 


776,64 


776,03 


Minimum, 


732,36 
737,98 
722,36 
714,63 
739,22 
725,95 
728,71 
726,42 
729,01 
735,27 
730,01 
736,55 


730,54 


DIFFÉRENCE. 


DATES DES MAXIMA. 


29 décembre à midi. 
2 janvier à 9 beur. du matin. 
9 janvier à 
6 février à 10 heur. du matin. 
28 février à 9 heur. 
11 noyembre à — 
27 mai 
29 janvier à 9 heures du soir. 
17 janvier à 9 heur. 
28 décembre à 9 heur, du mat. 
2 décembre à 
3 février à 
1 janvier à 
8 janvier 
4 avril à 


8 janvier 


La date moy. corresp.au 23 janvier. 


DATES DES MINIMA. 


mars à 9 heur, du matin. 
novembre à midi. 
mars à 3 heures du soir. 
25 décembre à 9 heur. du m. 
2 décembre à 9 h. du soir. 
2 février à 3 heur. du soir. 
3 mars à 6 heur. du soir. 
20 octobre à 87 h. du mat. 
14 novembre à 9 h. du mat. 
4 mars à 3 heures du soir. 
21 mars à 51 h dusoir, 
14 septembre à 8 h. au soir. 
9 décembre à 9 h. du soir. 
26 février à 41 du soir. 
30 avril à 10 heures du mat. 


1 septembre à 6 h. du mat. 


La date moy. corresp. au 15 déc. 


D 


MEMOIRE SUR LA MÉTEOROLOGIE. 


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7 


7 


E SUR LA METEOROLOGIE. 


MEMOIR 


Taszeau No 7 (2). HAUTEURS MOYENNES DU BAROMÈTRE A MIDI. 


—@ñ 


BMOYENNES 


ANNEES. JANVIER, | FÉVRIER.| Mans. AVRIL. MAT, JUILLET. AOÛT, [SEPTEMBRE] OCTOBRE. [NOVEMBRE.| DÉCEMBRE par 


ANNÉE, 


mn, + mme. mm. . . nim : nim. 


1818 : 758,57 46 | 753,29 | 753,62 759,08 758,79 757,87 
1819 MES 31 57,97 | 56,09 56,91 55,49 56,68 
1820 59,36 56,26 57,26 51,93 5737 

1821 . | 658,62 52,10 58,17 59,19 57,33 
18220 61,38 61,96 58,30 54,35 59,09 


1825 53,99 54,97 57,83 54,31 56,12 
1824 61,46 55,01 57,56 52,21 56,66 
1825 1 0:18365:38 62,71 57,28 59,01 58,89 


1826 61,77 59,67 58,32 57,56 58,65 


1827 55,16 52,45 57,83 54,39 57,43 | 57,17 


1828 60,36 56,76 55,97 61,42 60,95 | 57,50 


1829 1: | DS 54,95 54,99 58,11 61,98 | 56,21 


1830 57,66 61,34 55,04 63,64 48,87 | 55,99 


1831 c 55,07 55,69 55,37 57,99 ] 55,23 55,36 


1832 59,22 56,48 57,80 61,65 58,99 | 58,57 


1833 ; o 55,18 52,20 55,82 


MoxENEs. . 757,06 757,20 | 756,79 | 756,72 | 757,23 
ÈS 


7 


METEOROLOGIE. 


MEMOIRE SUR LA 


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MEMOIRE SUR LA MÉTEOROLOGIE. 


30 


Tazseav No 7 (D). 


2, 


ANNÉES. JANVIER. | FÉVRIER. 


mm, 


756,29 

53,02 

60,30 

65,84 

68,04 
53,52 | 48,18 
61,66 | 56,61 
65,76 | 64,05 
61,98 | 62,30 
54,59 | 60,21 
60,59 | 56,02 
53,82 | 61,61 
57,78 | 66,81 
54,99 | 56,47 
59,24 | 61,25 


64,82 | 49,09 


759,06 | 758,51 


ARS, 


56, 
54,78 
61,21 
55,77 
56,43 
54,55 


756,83 


AVRIL, 


mm. 


155,62 
57,14 
56,84 
57,52 
57,56 
58,49 
57,55 


58,67 


756,99 


JUIN. 


757,82 


JUILLET, 


mm 


760,07 
58,55 
57,65 
58,55 
54,63 
56,08 
59,69 
60,61 
58,02 
61,46 
52,94 
54,05 
57,30 
57,10 
59,77 
57,49 


757,75 


AOUT. |SEPTEMBRE| OCTOBRE, [NOVEMBRE.|DÉCEMPRE, 


755,13 
59,98 
59,88 
57,78 
58,88 
59,43 
57,08 
56,81 
56,59 
59,18 
58,45 
51,19 
53,51 
55,98 
62,77 
55,49 


757,4 


mm, 


758,61 
53,62 
57,89 
58,66 
56,70 
63,34 
52,56 
53,02 
53,58 
59,35 
58,58 
58,09 
56,80 
55,74 
56,89 
57,49 


756,93 


HAUTEURS MOYENNES DU BAROMÈTRE A 9 HEURES DU SOIR. 


mm, 


763,68 
55,41 
59,90 
50,82 
62,90 
55,87 
57,40 
51,06 
57,08 
57,88 
61,34 
62,49 
49,08 
55,99 
59,40 
52,52 


757,05 


MOYENNE 


par 


ANNÉE. 


Tasreau No 7. 
ES 


MÉMOIRE SUR LA MÉTÉOROLOGIE. 


HAUTEURS MOYENNES DU BAROMÈTRE , 


31 


PAR MOIS, CONCLUES DES 16 ANNÉES n’oseRvATIONS Depuis 1818 susqu'A 1833, 


Janvier 


Février 
Mars. 
Avril 
Mai. 

Juin. 

|| Juillet. 
Août 

|| Septembre. 
Octobre 
Novembre. 


Décembre. 


9 HEURES DU MATIN. 


MoyENNES PAR ANNÉES . 


3 HEURES DU SOIR. 


758,81 


758,00 
756,25 
754,99 
756,52 
757,33 
757,39 
756,87 
756,91 
756,74 
756,64 
756,47 


756,91 


9 HEURES DU S0IR. | 


759,06 
758,51 
756,83 
755,53 
756,99 
757,82 
757,75 
757,42 
757,38 
757,32 
756,93 
757,05 


757,38 


Tazreau Nos. 
me" 


Janvier. . 
Février 
Mars 
Avril . 

|| Mai. 
Juin 
Juillet . 
Août 


Septembre 
Octobre 

| Novembre. 
Décembre. 


MoYENNES . 


DEMI-SOMME 


des hauteurs barométri- 
ques à 9 heures du ma- 
tin et à 3 heures du 
soir. 


mm. 
759,05 
758,28 
756,50 
755,35 
756,89 
757,65 
757,61 
757,15 
757,24 
757,12 
756,81 
756,69 


757,195 


7 


HAUTEURS MOYENNES 
du 
BAROMÈTRE 


à midi. 


. 
759,03 
758,37 
756,61 
755,35 
756,94 
757,71 
757,67 
757,06 
757,25 
757,20 
756,79 
756,72 


757,23 


DIFFÉRENCES. 


DIFFÉRENCES 


des moyennes mensuel- 
les avec la moyenne 
annuelle 757,20. 


MEMOIRE SUR LA MEÉTEOROLOGIE. 


r 


Taseau No 9. MOYENNES OSCILLATIONS DIURNES, POUR CHAQUE MOIS, 


A" 


CONCLUES DES ANNÉES 1818 — 1833. 


» CG ss Observat. de Paris, 
PÉRIODE PERIODE PÉRIODE PÉRIODE DIFFÉRENCE 


de de de de PÉRIODE 


9 n. pu maAuN | minr À 8 neures | 3 HEURES pu sorr [9 HEURES DU MATIN de : 
LE 3 à ; : 9 HEURES DU MATIN|LES DEUX VILLES. 
À midi. du soir. à9h du soir, à 3 h. du soir. 


à 3h. du soir. 


entre 


im. 


0,25 


Janvier . 
Février . 0,18 
Mars . 
Avril. 


Mai . 


Juin . 


Juillet 


Août. 


Septembre . 


Octobre, 


Novembre . 


A 


Décembre . 


Moyennes 


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MEMOIRE SUR LA METEOROLOGIE. 


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tSANANAIG SNOLLYTITIOSO SIG SATIAANNNY SANNTAON 


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*OT oN ‘OVaTaY 


a 


Toxw. 


34 MÉMOIRE SUR LA MÉTÉOROLOGIE. 


Tasreau No 12. 
A 


HAUTEURS DIFFÉRENCES ÉTENDUE 
HAUTEURS Rss à | \ 
extrèmes du baromètre par mois, ou des oscillations extrêmes par mois, 
moyen. des ann.1818-1833. étendue moyenne 


de 


L'OSCILLATION MOIS. 
MAXIMUM. MINIMUM, : MAXIMUM. MINIMUM. 
par mois. 


moyennes du rapportees aux hauteurs moyen. 


EEE 


mm nim, man 


Janvier. . 740,74 759,05 + 14,20 
Tévrier. . 740,64 758,28 12,52 
Mars. . . 737,04 756,50 12,99 
Avril. . 740,53 755,35 12,17 


Mai . . 746,11 756,89 9,86 
MINS oo 0 747,04 757,65 8,29 
| Juillet . . 748,81 757,61 7,59 
Aout 746,05 757,15 8,41 
Septembre. 744,05 757,24 10,10 
Octobre. . 740,12 757,12 11,49 
l| Novembre . 742,08 756,81 12,23 
Décembre : 739,32 756,69 14,74 


[| Moyennes . 742,71 757,195 + 11,22 


Tasrau No 15. NOMBRE DES JOURS DE PLUIE, DE NEIGE OU DE GRÊLE. 


7 


N ANNÉES, 

| JANVIER 

À NOVEMBRE. 
DÉCEMBRE 


| JUILLET, 
OCTOBRE 


MÉMOIRE SUR LA MÉTÉOROLOGIE. 35 


Tagzeau No 14. HAUTEUR DE L'EAU TOMBÉE, EXPRIMÉE EN MILLIMÈTRES. 


TT, 


| ANNÉES, 


, 


| SEPTEMBRE. |} 
 NOVENBRE. || 
| DÉCEMBRE. 


À JANVIER. 
N FÉVRIER. 
MAI, 

f JUIN. 
À JUILLET. 
À OCTOBRE, 


1823 | 24,94| 80,91| 70,75 | 42,53 | 01,50] 40,24| 96,83 | 49.25 | 31,90 | 47,43 | 20,56 | 77,27 |675,71 
1824 | 57,43] 34,03| 78,38 | 45,14) 48,77 | 43,32 |130,71 |101,85 | 51,34| 50,75 |127,36 |117,49 886,57 
1825 | 34,71| 26,48| 20,95 | 43,16 | 27,31| 26,56| 39,45| 62,11 | 41,07| 36,51 |100,00 | 56,05 |514,36 | 
1826 | 6,52| 25,30| 43,91] 43,87 | 88,58 100,59 | 38,30 | 85,57 |101,18| 67,25 | 87,63 | 46,68 |735,36 | 
| 1827 | 93,24] 28,22 |119,56| 49,33 | 84,98] 32,25 | 36,16 | 91,97 | 41,90| 43,40 | 55,69 | 61,90 |738,60 ! 
1828 | 90,04) 34,03| 65,89 | 82,21 | 68,54| 26,74 104,15 | 65,29 | 80,88 | 31,11 | 13,68 | 44,07 [715,63 
1829 | 45,93| 33,48] 10,67| 73,04| 25,93 |120,83 160,60 [140,09 | 60,00! 69,21 | 75,14! 6,13 [821,051 
| 1830 | 29,25) 56,52| 23,58] 75,02 | 38,04 /108,18| 45,57 | 97,98 | 71,28 | 48,04 | 45,81 | 60,83 |700,10 | 
1831 | 41,58] 38,81 | 31,66| 28,06 | 35,95/112,92 100,23 | 53,95 | 65,37] 33,40 | 94,46 | 58,77 693,16 |! 
1832 | 42,05] 11,03 | 40,51 | 25,89 | 83,79 /109,82| 50,91 [102,60 | 22,61 | 46,40 | 70,43 | 67,15 |673,19 | 
1833 | 23,90) 81,33} 26,21] 63,52) 10,00! 34,82| 38,18| 25,02 | 64,19 | 16,72| 69,09 |145,59 |596,37 | 


Moyen. 


44,51| 40,92| 48,37 | 51,98| 54,65| 68,75 | 76,46| 79,61 | 58,25] 44,56| 69,06] 67,25 |704,37 || 


Tarzan No 15. HAUTEUR MOYENNE DE L'EAU TOMBÉE PAR CHAQUE JOUR 
DE PLUIE , DE NEIGE OU DE GRÈLE. 


Taszeau N° 16. NOMBRE TOTAL DES JOURS DE TONNERRE DANS L'ESPACE 
men DE 11 ANNÉES (18231833). 


Tazreau No 17. 
me" 


f D E S ANNÉES 
RÉPARTITION DES JOURS DE TONNERRE SUR LES AN ONE NUS 


|| 1823 | 1824 | 1825 | 1826 | 1827 | 1828 | 1829 | 1830 1831 1332 1833 PAR AN. 


SON MÉMOIRE SUR LA MÉTÉOROLOGIE. 


Tagceau No 18. DIRECTION DES VENTS DOMINANS, MOYENNES DE 12 ANNÉES 


I "7 
(1822—1833). 


S:-0. 


Tanceau No 19. HAUTEURS DES EAUX DE LA MEUSE EN MÈTRES; MOYENNES 
PO ET DE 11 ANNÉES (1823—1833). 


HAUTEUR MAXIMA MINIMA VARIATION 
moyenne par moyens par moyens par moyenne par 


MOIS, MOIS. MOIS, MOIS. 


à ñ : à 
metres. metres. metres. metres. 


Janvier. Ch Sù AOMUD MN oO 10 1,05 2,25 0,47 1,78 
KÉVRIETS NT ONCE CN 1,32 2,28 0,58 


MTATS NEC ESS NE TN OREE MA PRTES ERRS 1,41 2,45 0,76 


ÉGiE | boitier fobrormal a ban io la til lc te 0,90 0,50 
MES lotlootte Malolo tot abietoltlonls 0,65 0,26 
MAT io Mao toto ornoner eMollé nr taMolte 0,34 0,11 


MONTE op) eo NO er ENONMANMONTONME 0,37 0,05 


POS Où CAE EU re ETRANGER 0,33 0,10 


Septembre MCE NN OC 0,32 
Don 16 0 60e 16 016 le oointe 0,25 
Novembre . 


Décembre CNT CAN 1,58 


MoyENNES DE L'ANNÉE . . , . . . 0,77 


FIN. 


Memotres de L'Acadeérue.. 


VTT IE 


COURBES DES PRESSIONS ATMOSPHÉRIOUES . 


de re 
ee = Fi È Ë 
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Pe.. Éo — N & FR 
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0 
Hauteur moyenne 


anricelle di Baron. 


Echelle de 


20 pour 4. 


Avril 


Mar 


Jatitt 


Jullet 


L 


Ao 


74 
Sep lertbr'e 
Octobre 


Tome X.. 


7) 
Decembre 


Janvier 


an is 
Mg =, 


Courbe des maxtmums | 


W207er20) Par TOUS. SY\ 


Haateurs moyennes | 


Courbe des runimims 


F 7 F LÉ 
IMOYCRS PAT MOIS 7 


mensuelles der Barom. |) 


nc 


_Bchelle de L pour +. 


SOUS 


Tasceau N 
TE 


| 
| 
| Nombre d 


TaBLeau N 
mm... 


Janvier 
Février 
Mars. 
Avril, 


Mai . 


Juin . 
Juillet 
Août. 
Septeml 
Octobre 
Novemb 


Décemb 


Memorres de L'Academe 


PL. 2. ‘ 


do». 9) 
Fo. oO. 


Courbe des hauteürs 
moyennes dr Barormetre 
É 


#9 Lceures da matin 
ë 


Hanteurs moyennes 


da Parometre a rude. 


Courbe des hauteurs 
INOIENTES dc Barometre 


= 21 U : ” . 
a © heures apres rude 


Echelle de 100 pour 1 


COURBES DES OSCILLATIONS DHRNES DL * BPAROMETRE 


Jurioter 


2 


L'eprter: 


Juillet 


Aorit 


Septembre 


Cetobre. 


Novernbre | 
| 
| 


Decembre 
Janvier 


TomeX. 


Fig. 4 
Æchelle de 100 pour 1. 


Courbe repré tentent Les 
evces des hauteurs moyen es 
du Baromètre à .9 Leures 
di mabrsur celles a 
J Leures apres mule à 


Maestricht . 


Hauteurs moyennes 


de Barometre à 3 heures | 


apres rad, « Maestricht 


Fo. 5. 
Er 
chelle de 100 Peur 1. 


Courbe représentant les 


RÉ 
exces des hauteurs LOYER 
2 


nes du Darometre «,9 
heures du malin, sur 

E e ! 
cles &« 3 lcares apres 


rue, & Llaris. 


auteurs moyennes du 


Baromètre à à heures 


î Re 
Apres tuée, à Lars. 


\ 


) 


Mezosres de l'Académie | : Troie 
TD COURBES DE LA HAUTEUR DES AUX TOMBBES DU CAL 


œ 6 à : 
Fe. 6.  : 
R NS ï = KR 
Ÿ È Ÿ à à À SES 
SE 
Ÿ D \ L L 
SN MR CSSS IST 1 SUR 


Courbe de la hauteur 
moyenne de lEar 
tombee du Gel 


Zehele de 1 pour 1 


Courbe de la hauteur 
moyenne de l'Exu tombce 
par chague jour de plue, 
de neige où de grele : | 
chele de 10 pour 1. 


Zero des Echelles. % > | | | 


Temperature moyenne 
* arnuclle = 995 A | 


-dessus de la glace, fondante 


Courbe des maximums 
; DEA 
de temperature par mots 


Talure ax 


/ 


Lero de t'Echelle 
Thermometrique D > 


b —>- Tempe 


Cour de des lempera = 


lures 7royerres par } 


77 O1 m7 


(l | | 
= 777 |(: | 
| Echelle de |L millimetres 


| 

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| 

| 

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Thermemetre | 
| 

| 

| 

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2JUDPUOf 62777 2p 
SUOSSDP-TD D 11]D.J0d 197 CE 
; 


/ / 
pour chaque (egre du 
| | 


Courbe des minemims | 


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de temperature par 


mous nc. 


= —— A 


MÉMOIRE 


SUR LES 


INSTANS DU MAXIMUM ET DU MINIMUM 


DE 


HAUTEUR DIURNE DU BAROMÈTRE, 


AUX DIVERSES SAISONS PENDANT LE JOUR ñ 


PAR Je G: CRAHAVY, 


PROFESSEUR DE PHYSIQUE A L’UNIVERSITÉ CATHOLIQUE. 


Présenté à la séance du 4 juillet 1835. 


Tou. X. l 


ANANAN ANA LU ANA UN LAN NE ANA AAA AA AA A AAA AAA AA AAA AAA 


MÉMOIRE 


SUR LES 


INSTANS DU MAXIMUM ET DU MINIMUM 


DE 


HAUTEUR DIURNE DU BAROMÈTRE, 


AUX DIVERSES SAISONS , PENDANT LE JOUR. 


Métant proposé de déterminer les instans précis du maximum et 
du minimum de hauteur diurne du baromètre, j'avais, en 1831, 
ajouté deux observations par jour à celles que je faisais depuis plu- 
sieurs années à 9 heures du matin, à midi, à 3 et à 9 heures du soir; 
les nouvelles observations furent fixées à 8 huit heures du matin et à 
6 heures du soir, afin d’avoir plus de données dans les environs des 
instans où l’on supposait que la colonne était à ses limites, pendant 
le jour, et que l’on présumait arriver vers les 9 heures du matin et 
vers les quatre heures du soir. Deux autres limites se présentent pen- 
dant la nuit : un maximum vers les onze heures du soir et un mini- 
mum vers les 4 heures du matin. La fixation de ceux-ci n’entrait pas 
dans le but de mes recherches. Deux années d’observations ( 1831 


4 SUR LA HAUTEUR DIURNE 


et 1832) suilirent pour indiquer les époques moyennes par an, de 
manière à ne pas s'éloigner beaucoup du résultat qu’un plus grand 
nombre d'observations fournirait. Je trouvai que la colonne atteint 
moyennement sa plus grande hauteur à 9,184 (9° 11’ 2/’) du matin, 
et sa moindre à 3,760 (3° 45’ 36) après-midi. La méthode de cal- 
cul suivie dans ce travail, et les résulats obtenus furent insérés dans 
le 8 volume de la Correspondance mathématique et physique. 

La comparaison des moyennes mensuelles de ces deux années me 
fit entrevoir que les maxima et minima ne coïncident pas aux mêmes 
instans du jour dans les diverses saisons. Mais cette question ne pou- 
vant être résolue complétement que par une grande masse d’observa- 
tions, je résolus de continuer encore pendant quelques années mes 
6 notations par jour. Ce travail fut interrompu, à cause de mou dé- 
part de Maestricht, aux premiers jours de septembre de l’an passé. 
Je nai pu recommencer mes observations à Malines qu’au mois de 
février dernier; cette série étant incomplète, jy ai omis pour le mo- 
ment les époques de 8 heures du matin et de 6 heures du soir, pour 
les reprendre dans la suite. D'ailleurs je ne me croyais pas suffisam- 
ment autorisé à faire concourir aux recherches proposées, les obser- 
vations faites à Maestricht avec celles faites à Malines; les instans 
du maximum et du minimum pouvant ne pas être les mêmes dans 
ces deux villes. Je ne possède donc pour la ville de Maestricht de 
série complète, à 6 observations par jour, que les trois années 1831, 
1832 et 1833; l’année 1834 ne s'étend qu'aux 7 premiers mois. 

Quoique ces observations ne soient pas en nombre suffisant pour 
permettre d’en déduire une loi relativement aux époques des extrêmes 
diurnes aux diverses saisons, elles montrent cependant des particula- 
rités remarquables que j'ai cru mériter d’être signalées, et que j'ai 
l’honneur de soumettre à l’académie. 

En groupant par mois les moyennes des hauteurs barométriques, 
fournies par les années 1831, 1832 et 1833, toutes corrections faites, 
J'obtiens le tableau suivant : 


DU BAROMÈTRE. 5 


ÉPOQUES DES OBSERVATIONS DIURNES. ! 


8 HEURES DU | 9 HEURES DU 3 HEURES DU | 6 HEURES DU | 9 HEURES DU | 


MATIN. MATIN. SOIR. SOIR. SOIR. 


Janvier . . . .| 759,895 760,094 759,697 759,557 759,621 759,683 
Février . . . . 55,892 55,777 55,532 55,282 55,506 55,601 
LED SOON 55,480 55,601 55,441 55,083 55,322 55,586 
Al co aece 53,975 53,999 53,511 53,042 52,966 53,388 
MMS te 57,512 57,510 57,106 56,739 56,678 57,273 
din © RC 55,522 55,452 55,248 55,065 55,127 55,617 
es core 58,378 58,352 58,011 57,734 57,703 58,121 
ARC ORNE 56,367 56,472 56,149 55,821 55,728 56,240 
Septembre .  . 57,892 58,040 57,821 57,528 57,664 58,081 
Octobre. . . . 58,636 58,725 58,274 57,981 58,183 58,446 
Novembre . . . 56,817 56,983 56,740 56,498 56,645 56,706 
Décembre . . . 55,668 55,803 55,473 55,382 55,541 55,970 


Moyens. de l’année 756,8360 756,9007 756,5833 756,3093 756,3903 756,7260 


Maintenant, pour déterminer les instans du maximum et du mini- 
mum, jai considéré les époques diurnes des observations comme des 
abseisses, et les hauteurs barométriques correspondantes à ces époques 
comme des ordonnées. Ensuite, j'ai supposé une parabole passant par 
les extrémités de trois de ces ordonnées , et dont l’axe fût parallèle à 
ces droites; Pabscisse du sommet de la courbe correspond à l’instant 
de la limite. Nommant «, 6, », les instans des observations, @, b, c, 
les hauteurs correspondantes du baromètre, labscisse z du sommet 
est donnée par l'équation 


nt E[(9—a) (a—b)—(8—4) (a—c)]. 
(B—a) (a—c)—(y—x) (a—b) 


Cette méthode diffère de celle que j'avais employée pour le travail 
inséré dans le 8° volume de la Correspondance mathématique et 
physique, mais elle m’a semblé plus convenable, et elle est bien plus 
courte. Elle conduit d’ailleurs à des résultats qui diffèrent peu de ceux 
que j’obtins alors, en employant les mêmes élémens. 


6 SUR LA HAUTEUR DIURNE 


Pour calculer le maximum, qui a lieu le matin, J’emploie les ob- 
servations de S heures, de 9 heures et de midi, — Pour le mènimum 
de l'après-midi, je fais servir les observations de midi, de 3 heures 
et de 6 heures. 

Voici les résultats. D’abord, en prenant les moyennes des trois 
années entières, j'obtiens pour l'instant du maximum 9",259 du ma- 
ün ; et pour celui du minimum 3°,812 de l'après-midi. 

Calculant ensuite ces instans mois par mois, je trouve : 


MAXIMUM MINIMUM 


LE MATIN. LE SOIR. 


JEUNES LIELUTE MEN EN à 3h,559 
FÉVR EE ER 3,082 
Mars: VE bo 0 des 3,299 
Aria ire AU MU 5,080 


LIEN ag Va Net ol 5,098 
Juin rue 208 te 78,5 3,741 
SUEE hide SN e 4,878 
NS Da OR UE 5,687 
Septembre. . . . . . 3,549 
Octobre ESP RE ER 244 3,276 
Novembre EC 3,366 
Décembre re 2,592 


Les instans du maximum en février et en juin s’éloignent consi- 
dérablement de ceux des autres mois, en examinant plus particuliè- 
rement les courbes qui appartiennent à ces deux mois, j'ai reconnu 
que tandis que celles des autres mois avaient leur concavité vers l’axe 
des abscisses, celles de février et de juin étaient tournées en sens 
inverse; les nombres 15°,400 et 78',5 appartiennent à des minima. 
La branche parabolique qui s’étend de midi vers S heures du matin, 
s'éloigne de laxe des abscisses. Il semblait résulter de là que pen- 
dant ces deux mois le maximum a lieu long-temps avant 8 heures ; 
c’est ce qui est confirmé par les résultats que j'ai obtenus en prenant, 


DU BAROMÈTRE. 7 


pour les sept premiers mois de l’année, les moyennes des observa- 
tions faites pendant les quatre années 1831, 1932, 1833 et 1834. Ces 


moyennes sont inscrites dans le tableau suivant : 


8 HEURES DU 9 HEURES DU 3 HEURES DU 6 HEURES DU 


MATIN, MATIN. SOIR. SOIR. 


Jénvier 0 Op 758,5745 758,7530 758,4245 758,2898 758,3530 
Février. . . . - 57,9238 57,8668 57,6555 57,4158 57,6590 
Mars nn nt ne 57,9505 58,0523 |  57,8460 57,4998 57,6798 
NAN PRIE 55,9445 55,9828 55,4733 54,9803 54,9168 
uv D BROUE NT 57,8618 57,8675 57,4955 57,1173 57,0498 
Juin. heures 56,2405 56,2005 56,0133 55,8095 55,8318 
ATEN 58,1540 58,1313 57,7725 57,4683 57,3798 


Calculant les limites par la méthode exposée plus haut, j'obtiens : 


MAXIMUM MINIMUM 


LE MATIN. LE SOIR. 


Janvier 0. 9h,740 
Eévriens ae eee 0,061 avant 


minuit ou11h,939 du 
soir de la veille. 


HAS 0 po de teste 9,694 
Amiens sance 8,868 
HER LEA UE NC 8,595 
neue Le 4,929 
ER AARONE 8,031 


Et maintenant les instans relatifs aux mois de février et de juin 
répondent à des maxima, les courbes tournent leurs concavités vers 
l'axe des abscisses. Ces maxima arrivent, comme l’on voit, beaucoup 
plus tôt dans la matinée qu'aux autres mois. 

En comparant ce tableau avec celui résultant des moyennes des 
trois années, on remarque, qu’à l'exception des mois de février et de 


8 SUR LA HAUTEUR DIURNE 


juin, les nombres ne diffèrent pas beaucoup dans leur relation mu- 
tuelle ; et par conséquent il est permis d’en conclure que, bien que 
les seules trois années 1831, 1832 et 1833 ne suffisent pas pour établir 
avec la dernière précision les instans des hauteurs extrêmes diurnes 
pour les divers mois , les résultats qu’elles fournissent ne doivent ce- 
pendant pas beaucoup s'éloigner de ceux que l’on obtiendra en com- 
binant une plus grande quantité d'observations. 

Les instans du #inimum après-midi, présentent aussi des rela- 
tions remarquables; en avril, mai, juin, juillet, août, ils arrivent 
notablement plus tard qu'aux autres mois. Cette remarque m'a conduit 
à partager l’année en deux groupes, l’un contenant les six mois d'été : 
avril, mai, juin, juillet, août et septembre ; l’autre renfermant les six 
mois d'hiver : octobre, novembre, décembre, janvier, février et mars. 
Par cette disposition, j'arrive aux valeurs moyennes suivantes pour 
les hauteurs de la colonne barométrique, déduites des trois années 


1831, 1832, 1833. 


8 HEURES DU 9 HEURES DU 3 HEURES DU 6 HEURES DU 


MATIN. MATIN. SOIR. SOIR. 


Mois d'été . . . . 756,6077 756,6375 756,3077 755,9882 755,9777 


Mois d'hiver . . . |  757,0647 757,1638 756,8595 756,6305 756,8030 


Substituant ces valeurs dans la formule rapportée plus haut, il 
vient : 


MAXIMUM MINIMUM 


LE MATIN LE SOIR. 


MOIS NA LÉ ER PC 8h,9265 4h,6019 


| Mois d'hiver. . . . . . 9b,4884 3h,2111 


DU BAROMÈTRE. 9 


Résultat qui nous conduit à cette conclusion importante : qu'en 
été l’instant du mavimum arrive de meilleure heure, et celui du mi- 
nimum plus tard qu’en hiver; qu’ainsi en été l’espace compris entre 
l'instant du mavimum et celui du minimum est plus grand que celui 
compris entre les mêmes périodes en hiver. Dans la première saison 
la durée de loscillation diurne est de 7°,6754, dans la seconde elle 
n'est que de 5°,7227. 


CIN. 


Ton. X. 


[) 


RÉFLEXIONS 


SUR L 


THÉORIE ÉLECTRO-CHIMIQUE 


ET LA COMPOSITION MOLÉCULAIRE 


DES CORPS: 


PAR M. MARTENS, 


DOCTEUR EN SCIENCES ET EN MÉDECINE. 


To. X. 1 


\ 


pat ER TR 


AAA AN A AA LUN AE UE EAN AAA AAA AAA 


RÉFLEXIONS 


SUR LA 


THÉORIE ÉLECTRO-CHIMIQUE 


DE L'AFFINITÉ 


ET LA COMPOSITION MOLÉCULAIRE DES CORPS. 


Avant les brillantes découvertes de l'influence de la pile sur les dé- 
compositions des corps et du dégagement de l'électricité par l’effet des 
combinaisons chimiques, on attribuait uniquement ces combinaisons à 
l'influence d’une force attractive moléculaire, analogue à la force de 
cohésion et n’en différant dans ses effets que parce qu’elle s’exerce entre 
des molécules de nature différente. Cette manière d’envisager l’affinité 
chimique paraissait trés-naturelle, puisqu'il est tout simple d’admettre 
une force d'attraction moléculaire ou d'adhésion entre les particules de 
nature différente, aussi bien qu'entre celles de même nature. Cette force 
d'adhésion pour les corps de nature différente, se trouve d’ailleurs 
constatée par diverses expériences de Guyton-Morveau et autres. Rien 
n’exigeait donc jusqu'alors que l’on attribut l’origine des combinaisons 
chimiques à d’autres forces qu’à celles de l'attraction moléculaire des 
corps, d'autant plus que l’on remarque que tout ce qui favorise le jeu 
de la force de cohésion , favorise aussi celui de la force d’affinité. Ainsi 


4 SUR LA THÉORIE 


l'on sait que deux parties solides d’un même corps, mises légèrement en 
contact l’une avec l’autre, adhèrent difficilement entre elles, parce qu’il 
est diflicile de rendre le contact des particules qui sont en regard les 
unes des autres, assez intime ou assez rapproché pour que la force 
d'attraction moléculaire puisse produire son effet : il faut ordinairement 
pour que cette force puisse convenablement s'exercer, ou que les sur- 
faces des deux parties contiguës soient bien polies, pour pouvoir se 
toucher le plus immédiatement possible, ou que par l’action du marteau 
on les ait fortement rapprochées comme on le fait souvent pour les mé- 
taux, ou que l’une des parties ait été fondue ou ramollie pour pouvoir 
se mouler et s’insinuer dans tous les interstices de la surface de l’autre, 
comme cela a lieu pour le fer qu’on veut souder à lui-même. Eh bien, 
ne voyons-nous pas de même que tout ce qui peut multiplier les points 
de contact entre deux corps hétérogènes, ou le rendre plus intime en 
liquéfiant, par exemple, l’un des deux corps, favorise singulièrement 
leur combinaison ? et ne devait-on pas de cette similitude d'effets, con- 
clure à l'identité ou à l’analogie de la cause? Cette marche si rationnelle 
a effectivement été suivie en premier lieu. On disait alors que toutes les 
particules de matière, que tous les atomes, quelle que soit leur nature, 
exercent une attraction les uns sur les autres, qui devient insensible à 
de très-petites distances , que cette attraction inhérente à la matière et 
variant en intensité avec la nature des molécules, constitue les différens 
degrés d’affinité que les corps manifestent entre eux, enfin que la cohé- 
sion n’est qu'un cas particulier de cette force attractive s’exerçant entre 
des particules homogènes, et de là aussi la dénomination d’affinité d'ag- 
grégation, que quelques chimistes lui avaient donnée, par opposition à 
l’'affinité chimique désignée par eux sous le nom d’afinité de compo- 
sition. 

Plus tard, ayant reconnu l'immense influence que l’action galvanique 
exerce sur les combinaisons chimiques , ayant observé que beaucoup de 
combinaisons peuvent être empêchées par l'effet d’une action galva- 
nique très-faible (témoin le cuivre, le fer, préservés de l’oxidation par 
leur contact avec un peu de zine, etc.); que d’autres combinaisons peu- 


ÉLECTRO-CHIMIQUE. 5 


vent être déterminées par le même agent dans des circonstances analo- 
gues (témoin le fer dont l’oxidation se trouve singulièrement accélérée 
par son contact avec un corps électro-négatif), plusieurs chimistes ont 
été portés à conclure que les combinaisons chimiques n'étaient que 
l'effet des attractions électriques ou des états électriques divers dans 
lesquels les corps se constituent au moment de leur contact et avant de 
se combiner : et en effet, il a été reconnu que, lors de la combinaison de 
deux corps, ilse manifeste toujours des électricités de nature contraire, 
qui parfois se neutralisent et sont alors insensibles au condensateur; 
mais qui dans ce cas-là même peuvent être rendues sensibles par le 
faible courant qu’elles produisent au moment de leur réunion et à l’aide 
du galvano-multiplicateur de Sweigger. Aussi attribue-t-on générale- 
ment à ce courant ou à la réunion des électricités de nom contraire, qui 
accompagne la combinaison chimique , la cause principale de la chaleur 
qui se manifeste ordinairement dans cette circonstance. 

Mais une grande difficulté se présente dans cette manière d’inter- 
préter les phénomènes de combinaison chimique. On se demande natu- 
rellement quelle est la cause qui retient les molécules si fortement unies 
après que les deux électricités, sources de la combinaison, se sont neu- 
tralisées ou ont disparu. Lei les partisans de la doctrine électro-chimique 
de l’affinité, se sont vus forcés d’avoir recours à une hypothèse aussi 
invraisemblable que peu compatible avec la simplicité que la nature met 
dans tous ses procédés. Ampère imagina que toutes les molécules de- 
vaient avoir une électricité qui leur est propre, et dont elles ne peuvent 
point se séparer, et qu’à raison de cette électricité elles étaient entou- 
rées, par influence, d’une atmosphère de fluide électrique de nom con- 
traire ; que dans leurs combinaisons, les atmosphères électriques seules 
qui les enveloppent, disparaissent par leur réunion en se neutralisant, 
et que leurs électricités propres continuant à subsister, les tiennent réu- 
nies jusqu'à ce que de nouvelles forces viennent les séparer. Mais une 
telle hypothèse, peu conforme aux lois connues de la distribution de 
l'électricité dans les corps, ne saurait être admise que lorsqu'il y a im- 
possibilité de se rendre raison du phénomène par les propriétés ordi- 


6 SUR LA THÉORIE 


naires de la matière : c’est ce que Newton a si bien exprimé en établis- 
sant comme règle dans ses principes mathématiques , qu’il ne faut point 
admettre plus de causes des phénomènes naturels , que celles qui sont 
strictement nécessaires à leur explication. Causas rerum naturaliuwm 
non plures admitti debere, quam que et veræ sint et earum phæno- 
ments explicandis sufficiant. (Prince. math., hb.3). Il fallait donc avant 
d'admettre une hypothèse aussi compliquée, voir si les forces attractives 
qui animent toutes les molécules de la matière, ne suffisent pas à la pro- 
duction du phénomène pour l'explication duquel elle a été imaginée , et 
c’est ce que les chimistes modernes me semblent avoir généralement 
négligé. IL est certain, en effet, que si les états électriques de nature 
contraire dans lesquels se constituent les corps de différente nature au 
moment de leur contact, contribuent à produire leur réunion chimique, 
il n’en est pas moins évident que ces électricités doivent disparaitre par 
le fait même de la combinaison et que si les corps restent unis après leur 
combinaison, il faut en chercher la cause ailleurs que dans l'attraction 
électrique , qui, au reste, ne saurait produire une force d’adhésion aussi 
marquée entre les molécules de nature contraire, que celle que l’on 
remarque généralement dans les corps composés. Mais la cause de cette 
forte adhésion entre les molécules constituantes, se présente d’elle- 
même dès que l’on admet, ce à quoi ilest impossible de se refuser, qu'il 
existe entre les particules de matière hétérogènes ou dissemblables, une 
force attractive analogue à celle qui existe entre les particules similaires. 
En admettant cette force d'attraction moléculaire entre toutes les par- 
ticules matérielles, qu’elles soient de même nature ou de nature diffé- 
rente, tous les phénomènes de combinaison des corps s’expliquent 
parfaitement sans l’intervention de l'hypothèse d'Ampère. Il est certain, 
en effet, que les corps une fois combinés, resteront unis par la seule 
influence de cette force d'adhésion ou d'attraction moléculaire , à la- 
quelle on a donné les noms de cohésion et d’afjinité , suivant qu’on la 
considère entre des particules de même nature ou entre des particules 
hétérogènes. Cette force devra généralement maintenir les molécules 

constituantes des corps réunies avec bien plus de force qu’elle ne main- 


ÉLECTRO-CHIMIQUE. 7 


tient unies les molécules intégrantes, parce qu’il est vraisemblable, 
d’après l'observation des phénomènes, qu’elle est généralement plus 
forte entre les particules de nature différente qu’entre celles de même 
nature , et parce que les molécules constituantes sont toujours bien plus 
rapprochées entre elles que ne le sont les molécules intégrantes ; car ce 
n’est principalement qu'entre celles-ci que l’on remarque les pores où 
les interstices vides que les corps nous présentent dans leur intérieur; 
et ce qui le prouve, c’est que lorsqu'un corps composé s’imbibe d’un 
liquide qui va se loger dans ses pores, le liquide ne pénètre jamais entre 
les molécules constituantes du corps poreux, mais seulement entre les 
particules intégrantes. Ainsi, quand l’eau vient à se congeler dans les 
pores d’une pierre calcaire ou autre, et que par la dilatation que la glace 
éprouve, elle rompe les enveloppes dans lesquelles elle est emprisornée, 
jamais la pierre, dans ce cas, ne se trouve décomposée; elle pourra 
tomber en poussière par l’écartement produit entre ses molécules in- 
tégrantes; mais ses particules constituantes n’éprouveront jamais la 
moindre séparation ; la pierre ne sera point décomposée. D'ailleurs dans 
les gaz composés, quelle que soit l'expansion ou la dilatation qu'ils 
éprouvent en diminuant la pression qu'ils supportent, dilatation qui ne 
peut se faire que par l'agrandissement de leurs pores, jamais les molé- 
cules constituantes ne se séparent, jamais il n’y a décomposition, ce qui 
prouve que les molécules constituantes des gaz ne laissent pas entre 
elles des intervalles aussi sensibles que les molécules intégrantes, ou du 
moins que ces intervalles, s'ils existent entre les molécules constituantes, 
ne subissent point de changement par la simple dilatation du gaz. Nous 
pourrions eiter encore d’autres faits qui ne laissent point de doute que 
les pores que l’on observe dans les corps, ne se trouvent principalement 
entre leurs molécules intégrantes, et que les molécules constituantes 
sont généralement bien plus rapprochées entre elles que ne le sont les 
molécules intégrantes; ce qui peut servir à expliquer pourquoi elles 
tiennent communément ensemble avec tant de force, et pourquoi les 
procédés de division mécanique qui peuvent séparer les particules inté- 
grantes, ne sauraient disjoindre les molécules constituantes. 


8 SUR LA THÉORIE 


Nous admettrons donc que de même qu'il existe une force attractive 
entre les molécules de même nature, désignée sous le nom de cohésion, 
et que personne ne s’est avisé jusqu'ici de rattacher aux attractions élec- 
triques, puisque deux corps de même nature ne manifestent jamais 
d'électricité au moment de leur contact; que de méme aussi il existe 
une force attractive analogue entre des molécules de nature différente , 
et que l’on désigne sous le nom d’afiinité. C’est cette force inhérente à 
la matière et variable d'intensité d’un corps à l’autre qui est la source 
première et la cause principale des combinaisons et décompositions chi- 
miques ; mais les effets de cette force sont souvent annulés ou renforcés 
par l’influence d’autres forces qui la contrarient ou la secondent, et 
entre autres par celle qui résulte des attractions électriques s’exerçant 
entre les particules des corps, au moment où ils vont se combiner. Cette 
force joignant son action à celle de l’affinité, si elle agit dans le même 
sens, elle pourra déterminer des combinaisons que l’affinité seule 
n'aurait pu produire; et, si elle agit en sens contraire, elle pourra 
empécher l'effet de l’affinité. Tous les phénomènes électro-chimiques 
s'expliquent parfaitement dans cette manière de voir. 

On sait que le fer exposé à l’air sec ne s’oxide point à la température 
ordinaire; mais en contact avec un air humide ou plongé dans de l’eau 
aérée, il s’oxide assez facilement; c’est que l’eau ou la couche d’humi- 
dité qui se dépose sur le fer dans une atmosphère humide, prenant dans 
son contact avec le métal une électricité négative, rend le fer positif et 
augmente par conséquent sa tendance à se combiner avec l’oxigène qui 
est toujours électro-négatif. L’attraction électrique ajoutant ici son 
effet à l’action de l’affinité, qui, seule, serait insuffisante pour produire 
la combinaison, doit faciliter celle-ci, de même que la force vitale chez 
les êtres vivans y détermine, conjointement avec l’affinité chimique, des 
combinaisons que cette dernière force, prise isolément, n’aurait pu 
produire dans les mêmes circonstances, On observe aussi que lorsque 
l’oxidation du fer a une fois commencé, elle peut ensuite continuer 
même dans l'air sec et faire des progrès rapides à la température ordi- 
naire; c’est qu'ici encore la mince couche d’oxide formée, fait avec le 


ÉLECTRO-CHIMIQUE. 9 


fer sous-jacent un élément galvanique qui tend à fixer davantage l’oxi- 
gène sur le fer, rendu, par son contact avec l’oxide, plus fortement 
électro-positif, qu’il n'aurait pu l'être par la seule présence du gaz 
oxigène. 

On peut, d’un autre côté, comme l’a observé Wetzlar (Bulletin des 
sciences physiques , avril 1828), empêcher entièrement l’oxidation du 
fer à la température ordinaire, lorsqu'on le rend électro-négatif en le 
faisant communiquer avec un métal d’une propriété électro-positive 
plus marquée. Une lame de fer, mise en contact avec une lame de zine, 
et ainsi plongée dans l’eau, a encore conservé son poli après plusieurs 
jours; il ne s'était formé que de l’oxide de zinc. On peut encore empé- 
cher que le fer ne s’oxide dans l’eau, et sans avoir recours à la chaîne 
galvanique, en dissolvant des substances électro-positives dans le li- 
quide, ce qui rend le métal électro-négatif. Dans lammoniaque ou dans 
tout autre liquide alcalin, même dans l’eau de chaux, le fer ne s’oxide 
point : aussi est-il reconnu qu’on peut préserver le fer et l'acier de la 
rouille, en les enduisant d’une solution de potasse ou en les plongeant 
dans de l’eau de chaux et les laissant sécher avant de les graisser. Rap- 
pellons encore ici la belle découverte de Davy, qui est parvenu à pré- 
server de l’oxidation la doublure en cuivre des vaisseaux de mer, en la 
mettant en contact avec un métal qui soit électro-positif avec le cuivre 
etrende ainsi ce dernier électro-négatif. 

Mais dans tous ces cas, l’action électrique ne peut empêcher l’affinité 
chimique de produire son effet, que lorsque celle-ci est très-faible et 
qu'il faut des circonstances favorables pour qu’elle puisse produire une 
combinaison. Ainsi le potassium s’oxide entièrement dans l'air, lors 
même qu'il est tenu constamment électro-négatif en le mettant en 
communication avec le pôle négatif d’une batterie galvanique , dont le 
pôle positif communique avec le sol. Un fil de zinc est attaqué par 
l'acide sulfurique étendu d’eau et dégage de l'hydrogène lors même 
qu'on le tient constamment chargé d'électricité négative, en le faisant 
communiquer avec le conducteur négatif d’une forte machine électrique 
en mouvement, et le dégagement d'hydrogène est même absolument 

Tom. X. 2 


10 SUR LA THÉORIE 


égal que le fil soit électrisé négativement ou qu'il le soit positivement, 
comme je l'ai reconnu en le mettant successivement en communication 
avec le conducteur négatif et le conducteur positif d’une bonne et forte 
machine électrique. Un fil de cuivre en communication avec le pôle 
négatif d’une pile et par conséquent électro-négatif, n’en est pas moins 
oxidé et dissous par l'acide nitrique dans lequel on le plonge, à moins 
que l’on ne fasse aboutir dans le même acide un fil de platine partant 
de l’autre pôle de la pile, auquel cas il y aura un courant galvanique 
qui, tendant à transporter l’oxigène et l'acide vers le pôle positif, et 
devant décomposer le sel cuivreux, s’il pouvait se former, empêche 
l’oxidation du cuivre et sa dissolution dans l’acide nitrique; mais dès 
qu'on interrompt le circuit, le cuivre est attaqué et dissous, ainsi que 
l’a observé Singer (Élémens d'électricité et de galvanisme , traduits 
par Thillaye, page 397). Ce qui montre que l’état électro-négatif d’un 
corps n'est pas toujours un obstacle à sa combinaison avec l’oxigène, 
qu'un courant galvanique intense peut seul souvent empêcher cette 
combinaison, parce qu’il peut la défaire si elle était formée et qu’au- 
cun composé ne saurait se produire dans les circonstances dans les- 
quelles 1l se décompose. 

On a cru remarquer que les corps composés offraient dans leur con- 
tact avec les autres corps une électricité dépendante de celle des élémens 
qui les constituent. Dans les oxacides, l'état électrique propre à l’oxi- 
gène prédomine et d'autant plus que l'acide est plus fort, c’est-à-dire, 
que lorsque l’acide est en contact avec un autre corps, il prend l’élec- 
tricité que contracte ordinairement l’oxigène. Dans les alcalis ou les 
oxides basiques, c’est l'électricité propre au métal qui prédomine, et 
c’est là peut-être une des raisons de la grande tendance que les acides 
et les oxides basiques ont à se combiner entre eux, vu la grande diffé- 
rence qui existe entre les états électriques de ces composés. 

Puisque l’état électrique d’un composé parait toujours dépendre de 
celui de ses élémens, il s’en suit que lorsqu'un oxide est dans l’état 
neutre ou même lorsqu'il est alcalin ou basique, c’est-à-dire électro- 
positif, il faut qu'en le combinant de plus en plus avec de nouvelles 


ÉLECTRO-CHIMIQUE. 11 


doses d’oxigène, son électricité positive disparaisse, et que même l’élec- 
tricité propre à loxigène, savoir l'électricité négative, devienne pré- 
dominante, auquel cas le corps doit montrer des propriétés acides ou 
au moins pouvoir se combiner plus facilement aux bases, parce que son 
affinité naturelle pour ces substances (et tous les corps de la nature 
doivent avoir plus ou moins d’aflinité les uns pour les autres), se trou- 
vera renforcée ici par l'effet des attractions électriques. Ainsi l’oxide 
noir de manganèse ne montre presque pas de propriétés alcalines ou 
basiques ; mais quand on lui combine encore de l’oxigène, il devient 
acide ou forme l’acide manganésique ou manganique. Le chrôme à 
l’état d’oxide vert est une base salifiable; plus oxigéné, il constitue 
l’acide chromique. Cependant il faut avouer qu’il existe beaucoup de 
corps dont on n’augmente pas ou auxquels on ne donne pas des pro- 
priétés acides ou alcalines, en leur combinant une plus grande dose 
du corps propre à donner ces propriétés. Ainsi le protoxide d'azote est 
neutre ; donc en ajoutant à l’azote une nouvelle quantité d’oxigène, il 
semble qu’il devrait devenir acide, et cependant le deutoxide d’azote est 
encore tout-à-fait neutre. Le protoxide d'hydrogène est neutre et le 
deutoxide l’est aussi. Ainsi l'acidité ou l’alcalinité d’un corps ne peut 
pas être due uniquement à la prédominance de tel ou tel état électrique ; 
mais aussi à l’affinité chimique de la substance pour les acides ou les 
bases ; et dès-lors il est facile de concevoir pourquoi le protoxide d'azote 
qui est neutre, ne devient pas acide en passant à l’état de deutoxide ; 
c’est qu'il est possible que, malgré son état électro-négatif qui doit lui 
donner de la tendance à se combiner aux bases , il n’ait cependant point 
pour elles assez d’affinité pour pouvoir s’y unir et présenter ainsi la pro- 
priété caractéristique des acides. 

Tout concourt donc à démontrer que les combinaisons chimiques 
doivent être rapportées principalement à l'attraction moléculaire qui 
s'exerce entre les substances de nature différente , comme entre celles 
de même nature; mais il est aussi incontestable que les attractions élec- 
triques qui se manifestent entre les corps hétérogènes, concourent à 
déterminer leur combinaison et favorisent ainsi l’action de l’afhinité, 


12 SUR LA THÉORIE 


qui, sans elles, est souvent impuissante pour produire la combinaison. 
En admettant cette conclusion toute simple et conforme aux faits, on 
échappe à la nécessité de devoir adopter une hypothèse plus ou moins 
bizarre sur l'électricité propre que quelques-uns croient inhérente aux 
diverses molécules de la matière, sans que dans aucun cas cette électri- 
cité puisse s’en séparer; hypothèse qui se trouve en contradiction avec 
les lois connues du mouvement et de la propagation de l'électricité , et 
qui se concilie surtout difficilement avec les variations que l’on ren- 
contre souvent dans la nature électrique de certains corps, qui, comme 
on sait, sont tantôt électro-positifs , tantôt électro-négatifs, suivant les 
corps avec lesquels on les met en contact. Nous admettrons donc que 
les corps n’ont point d'électricité qui leur est inhérente ; mais que, dans 
leur contact avec d’autres corps, ils se mettent mutuellement dans des 
états opposés d'électricité, conformément à la belle découverte de Volta, 
et que dans ce contact les uns ont une tendance marquée à prendre 
l'électricité positive, ce qui doit leur faire donner le nom de corps élec- 
tro-positifs, et que les autres prennent communément lélectriciténéga- 
tive, ce qui les a fait appeler corps électro-négatifs. Cette conclusion 
n’est que l’expression rigoureuse des faits; mais elle n'autorise pas à 
adopter l'hypothèse, du reste fort ingénieuse, à l’aide de laquelle Am- 
père a voulu rattacher la cause des combinaisons chimiques aux seules 
attractions électriques. Dans la discussion de cette hypothèse, nous 
avons pu vérifier encore l'exactitude de cette règle générale, que dans 
les sciences naturelles il ne faut jamais se presser d'établir des hypo- 
thèses compliquées pour l’explication des phénomènes, quelqu'ngé- 
nieuses qu’elles puissent paraître. C’est en s’écartant de ce principe, que 
l’on est tombé si souvent dans des erreurs graves, d'autant plus funestes, 
qu’elles se rapportent souvent aux premiers principes de la science, et 
que, faute d’examen ultérieur, elles finissent par être adoptées aveu- 
glément comme des vérités démontrées, sans que l’on se doute seule- 
ment du peu d’exactitude des raisonnemens qui ont servi à les établir. 
Ceci peut s'appliquer jusqu’à un certain point à une doctrine géné- 
ralement répandue de nos jours, relativement au mode de compo- 


ÉLECTRO-CHIMIQUE. 13 


sition atomistique des corps. On sait que plusieurs chimistes ayant re- 
connu que beaucoup de fluides élastiques, et surtout des gaz composés, 
w’offrent pas sous le même volume le même nombre d’atomes, ont été 
portés à admettre que les atomes, ou les dernières particules insécables 
des corps, sont encore composés d’autres atomes plus petits que l’action 
chimique peut seule séparer ; de sorte que, d’après eux, on devrait 
admettre deux espèces d’atomes ou de molécules intégrantes dans les 
corps, les uns séparables mécaniquement ou par la chaleur et que 
l’on appellerait afomes physiques , et les autres, quoique de même 
nature chimique que les précédens, séparables seulement par l’action 
chimique, et qu'on appellerait, pour cette raison, nolécules chimi- 
ques ; ces molécules réunies en groupes d’un petit nombre de parti- 
cules, constitueraient ainsi les atomes physiques. Mais avec un peu 
d'attention, on s’aperçoit que l’on tombe encore ici dans une hypo- 
thèse bien peu vraisemblable; c’est que les dernières particules dans 
lesquelles les gaz simples peuvent se diviser spontanément, ou celles 
qui s’éloignent de plus en plus les unes des autres, lorsque ces gaz 
se dilatent, ne sont point des molécules indivisibles; mais sont for- 
mées encore par des molécules de même nature, réunies en groupes 
que l’action chimique peut seule diviser. Il faudrait done admettre 
que les atomes des corps simples sont toujours réunis et disposés par 
groupes à peu près comme le sont les molécules constituantes des corps 
composés; mais il en résulterait que les atomes similaires des corps 
ne seraient Jamais disposés entre eux d’une manière homogène; que 
les uns seraient plus rapprochés entre eux que les autres, que la 
division mécanique et la chaleur pourraient bien séparer les uns, 
mais non les autres. Cette hypothèse répugne trop, ce me semble, à 
la raison pour pouvoir être admise, et quoique adoptée par plusieurs 
chimistes distingués, je suis plutôt porté à croire avec Berzélius que 
dans les gaz composés la distance entre les atomes est généralement 
plus grande qu’elle ne l’est dans les gaz simples qui les ont formés, 
et il l'explique, si tant est qu’on puisse l’expliquer, par l’augmen- 
tation de volume de l'atome composé. Quoi qu'il en soit, il suffit que 


14 SUR LA THÉORIE 


l'hypothèse de Berzélius, qui n’est que la simple expression des 
faits, puisque nous voyons, par exemple, un volume d'hydrogène et 
un volume de chlore, donner naissance à deux volumes d'acide hy- 
drochlorique , ne soit point en contradiction avec les propriétés phy- 
siques des gaz pour que nous puissions l’admettre. Or, rien ne nous 
oblige à croire que les gaz doivent renfermer tous sous le même volume, 
le même nombre d’atomes physiquement séparables. Ni la similitude 
de leurs propriétés physiques, ni luniformité des lois qu'ils suivent 
dans leur dilatation par la chaleur, ne nous indique, comme beau- 
coup de chimistes le pensent, qu’ils renferment sous le même volume 
le même nombre d’atomes, ou que ceux-ci se trouvent placés à la même 
distance les uns des autres dans tous les fluides élastiques. IL suffit, 
en effet, que la force répulsive qui s'exerce entre les molécules, l’em- 
porte sur la force attractive, ce qui a évidemment lieu dans les gaz, 
pour que par des accroissemens égaux de température, répondant à des 
accroissemens égaux d’élasticité, ces corps se dilatent également, Dès 
qu’en effet la force attractive ne se manifeste plus entre les molécules 
d’un corps, elle ne peut plus modifier les effets du calorique, agent 
ou source de la force répulsive, et dès lors à des accroissemens égaux 
de température devront répondre des dilatations égales, quelle que 
soit, du reste, la distance entre les molécules des divers gaz. Aussi 
Laplace a démontré dans sa Mécanique céleste, tom. 5, pag. 89 à 91, 
que la loi de Mariotte aussi bien que celle d’égale dilatabilité par la 
chaleur peuvent se déduire rigoureusement de l'hypothèse que les molé- 
cules des gaz sont à des distances telles que leur attraction mutuelle 
est insensible, et qu’elles ne sont influencées que par l’action répul- 
sive du calorique, qui n’est sensible qu’à des distances imperceptibles. 
D'ailleurs, les expériences de Dulong et Petit sur la chaleur spécifique 
des corps simples, montrent que ce sont bien les mêmes atomes que 
ceux que donne la chimie que l’on doit envisager dans les phénomènes 
physiques pour arriver à des lois simples et générales. 

Ainsi rien n’autorise à admettre que les derniers atomes insécables 
des corps sont toujours divisibles chimiquement en d’autres molécules 


ÉLECTRO-CHIMIQUE. 15 


de même nature, et nous adoptons, par conséquent, l’hypothèse beau- 
coup plus vraisemblable que tous les gaz, et surtout les gaz composés, 
ne renferment pas sous le même volume un égal nombre de molé- 
cules intégrantes ou d’atomes. Il n’est donc point exact de vouloir 
toujours calculer le poids des atomes des fluides élastiques d’après la 
densité de ces fluides, comme le font la plupart des chimistes de nos 
jours. Il est plus rationnel de prendre pour point de départ, comme 
pour les corps solides, la combinaison binaire la plus neutre et la plus 
stable que chaque fluide gazeux peut former avee un autre corps, et 
de supposer que cette combinaison est formée d’un atome de lun contre 
un de l’autre. Ce n’est que pour les gaz simples que la densité peut 
être considérée comme proportionnelle au poids atomistique, puis- 
qu'eux seuls paraissent contenir à volumes égaux le même nombre 
d’atomes, non pas à raison de l'identité de leurs propriétés physiques, 
mais parce qu’on a trouvé qu’à égalité de volume et de pression, ils 
ont la même capacité pour la chaleur, et que, d’après les recherches 
de Dulong et Petit, tous les atomes simples ont aussi la méme capa- 
cité pour la chaleur; d’où résulte que sous le même volume les gaz 
simples doivent renfermer le même nombre d’atomes : mais cette con- 
séquence n’est applicable qu'aux fluides élastiques simples auxquels 
on a reconnu jusqu'ici, à volumes égaux, la même capacité pour la 
chaleur. 


FIN. 


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MÉMOIRE 


SUR LES 


COMPOSES DÉCOLORANS DU CHLORE, 


PAR 


M. MARTENS, 


PROFESSEUR DE CHIMIE A L'UNIVERSITÉ CATHOLIQUE DE LOUVAIN. 


Présente le 7 mai 1836. 


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MÉMOIRE 


SUR LES 


COMPOSÉS DÉCOLORANS DU CHLORE. 


Au mois de janvier 1834, j'ai adressé à l’académie royale des sciences 
et belles-lettres de Bruxelles un Mémoire sur les chlorures d’oxides 
solubles, dans lequel, après avoir discuté la valeur relative des divers 
procédés recommandés pour la préparation du chlorate de potasse, 
J'ai cherché à prouver que les chlorures d’oxides décolorans devaient 
étre considérés comme de simples composés d’oxibases et de chlore. 
Peu de temps après M. Balard de Montpellier ayant également exa- 
miné la question de la composition des chlorures d’oxides, est arrivé à 
des résultats qui l’ont porté à conclure que ces composés devaient être 
assimilés à des mélanges de chlorures métalliques et d’hypochlorites, 
sels à oxacide de chlore , auxquels il faudrait, d’après lui, rapporter 


1 J'ai fait voir dans ce mémoire : 1° que le chlorate de potasse que l’on obtient en faisant 
passer du chlore à travers une solution concentrée de cet alcali, n’est que le résultat pur et sim- 
ple de la décomposition spontanée du chlorure de potasse préalablement formé , décomposition 
qui est entièrement subordonnée à l'insolubilité du chlorate de potasse qui peut en provenir ; 
2% que lorsqu'on veut préparer du chlorate de potasse par une espèce de double décomposition 
avec le chlorure de chaux et le chlorure de potassium, il ne faut pas, comme l’a recommandé 
M. Liebio (Ann. de chimie et de phys., tom. XLIX), décomposer préalablement à chaud le chlorure 
de chaux à employer, jusqu’à ce qu'il ait perdu toute vertu décolorante ; car par là on utiliserait 
tout au plus le tiers du chlorure de chaux, les deux autres tiers se décomposant en chlorure de 
calcium qui ne saurait concourir à la formation du chlorate de potasse. 


4 SUR LES COMPOSÉS DÉCOLORANS 


leurs principales propriétés. C’est, comme on sait, la confirmation de 
l'opinion émise en premier lieu par M. Berzélius et adoptée par plu- 
sieurs chimistes distingués. Cette opinion n'avait d’abord été fondée 
que sur l’analogie que l’on suppose devoir exister entre les manières 
d'agir du chlore et du soufre sur les oxides alcalins, et parmi les ex- 
périences par lesquelles M. Berzélius a cherché ensuite à l’appuyer, il 
n’en est aucune qui ne s'explique tout aussi bien dans l’ancienne hy- 
pothèse qui considère ces composés comme des combinaisons peu sta- 
bles de chlore et d’oxides métalliques. C’est ce que je crois avoir prouvé 
dans le mémoire déjà cité, publié dans le tome X des Xémoires cou- 
ronnés de l’Académie royale de Bruxelles. J’y ai même fait voir que les 
propriétés des chlorures d’oxides s'expliquent mieux dans l’ancienne 
que dans la nouvelle hypothèse. Celle-ci acquit depuis une grande 
importance par les travaux de M. Balard, qui lui donnèrent beaucoup 
plus de vraisemblance et semblaient avoir renversé tous les argumens 
que j'avais fait valoir en faveur de l’ancienne manière de voir au sujet 
de la composition des chiorures d’oxides. On devait croire dès lors que 
l'hypothèse de M. Berzélius allait être transformée en une vérité de fait 
et serait définitivement adoptée par tous les chimistes. Mais en répé- 
tant les expériences de M. Balard et en étendant mon premier travail 
sur les composés que l’acide chloreux (bioxide de chlore de certains 
chimistes) forme avec les oxides alcalins, je me suis convaincu que les 
conséquences que M. Balard a cru pouvoir déduire de ses expériences, 
relativement à la composition des chlorures décolorans, ne sont point 
exactes et qu'il faut continuer à les considérer comme de simples com- 
posés de chlore et d’oxides métalliques. Afin de mettre la question 
dans tout son jour, je diviserai mon travail en trois parties. Dans la 
première je donnerai un léger aperçu sur les composés oxigénés du 
chlore; dans la deuxième jindiquerai les principales propriétés des 
chlorites et leur mode de préparation ; dans la troisième je traiterai 
des hypochlorites dans leurs rapports avec les chlorures doxides, et 
je ferai voir que ces sels, de même que les chlorites, sont tout-à-fait 
distincts des chlorures décolorans. 


DU CHLORE. 5 


(hi 


APERÇU SUR LES OXACIDES DU CHLORE. 


On connait maintenant, grâce aux derniers travaux de M. Balard, 
quatre combimaisons bien définies du chlore avec l’oxigène, qui sont 
toutes acides et peuvent être assimilées sous le rapport de leur mode 
de composition aux oxacides du soufre, et en effet on a : 


Acide hypochloreux Ck°0 Acide hyposulfureux S°0°. 
—  chloreux CAO° — sulfureux SO*, 
—  chlorique Ch°05 —  hyposulfurique S°O5. 
—  perchlorique CA°07 — sulfurique SOS. 


L’acide hypochloreux, quoiqu’offrant la même composition que le 
prétendu protoxide de chlore de certains chimistes , est cependant un 
composé tout différent, ainsi que M. Balard l’a mis hors de tout doute. 
Quant à ce protoxide de chlore découvert par Davy, il est certain que 
cen’est qu’un mélange de chlore et d'acide chloreux ; c’est ce que prou- 
vent l’action de l’eau et celle du protochlorure de mercure sur ce 
composé, qui isolent les deux gaz qui s’y trouvent mélangés; c’est ce 
que prouve encore la contraction insolite d’un 6% de volume que 
présenteraient l’oxigène et le chlore engagés dans cette prétendue com- 
binaison. Et en effet, la formule qui exprime la réaction à l’aide de 
laquelle ce gaz est produit, peut s’écrire comme suit : 


2KO, CR?205 + 12HCh — 2KCX? + 6H20 + 6CA20 — 2KCA? + 6H20 + 3C2O2 + IC. 


Ainsi le prétendu protoxide de chlore provenant de la réaction de 
Vacide chlorhydrique sur le chlorate de potasse peut très-bien n’étre 
qu’un mélange constant ou uniforme d’un volume de gaz chloreux CAO? 
et de trois volumes de chlore. Cette supposition rend non-seulement 
raison de la constance de composition de ce protoxide (ce qui l’a fait 


6 SUR LES COMPOSÉS DÉCOLORANS 


considérer par plusieurs chimistes comme un composé défini ou sw 
generis); mais elle explique surtout la contraction insolite de me 
du volume total des gaz qui en font partie : car dans un volume de gaz 
acide chloreux il y a contraction d’un tiers des volumes des gaz con- 
stituans ; donc dans un mélange invariable d’un volume de ce gaz avec 
trois volumes de chlore, il doit y avoir contraction de +me du volume 
total. Ce mode de contraction confirme ainsi, ce que les expériences de 
Soubeiran avaient déjà prouvé, que le protoxide de chlore de Davy 
n’est qu’un mélange de chlore et de gaz chloreux. 

Le deuxième composé oxigéné de chlore, celui que l’on obtient en 
faisant réagir l'acide sulfurique sur le chlorate de potasse d’après le 
procédé du comte Stadion, est aussi évidemment un acide : 1° parce 
qu'il neutralise parfaitement les oxides solubles alcalins comme nous 
le verrons tout à l’heure; 2° parce que, d’après la théorie électro- 
chimique , il est impossible qu'un oxide de chlore plus oxigéné que 
l'acide hypochloreux ne présente pas des caractères d’acidité au 
moins aussi marqués que ce dernier. Nous continuerons donc d’appe- 
ler ce gaz, acide chloreux, et les sels qu'il forme avec les oxides 
basiques seront par conséquent des chlorites. 

L’acide chlorique Ch*O* est entièrement comparable aux acides hy- 
pophosphorique et hyposulfurique. IL devrait porter le nom d’acide 
hypochlorique , en réservant celui d'acide chlorique, conformément 
aux règles de la nomenclature, pour le composé le plus oxigéné et en 
même temps le plus stable du chlore , appelé improprement acide per- 
chlorique. L’acide chlorique se décompose en effet à chaud et même 
à la longue à froid en gaz acide chloreux et en acide perchlorique à 
l'instar de l’acide hyposulfurique, qui se transforme en acides sulfu- 
reux et sulfurique : aussi suffit-il de le chauffer très-légèrement pour 
qu'il exhale une forte odeur de gaz acide chloreux et qu’il se colore 
en jaune par suite de ce dernier gaz qui reste en partie dissous dans 
le liquide. 

L’analogie entre les acides du chlore et ceux du soufre serait par- 
faite si la composition de l'acide perchlorique était représentée par 


DU CHLORE. 7 


Ch°O”, ainsi que M. Gay-Lussac l'avait d’abord admis d’après la nature 
de la réaction qui donne naissance à cet acide. Tous les phénomènes 
dans lesquels cet acide intervient ou se produit, s'expliquent mieux en 
lui donnant pour formule atomistique C?hO°. Il serait donc intéressant 
de reprendre l’analyse de ce composé acide, qui ne me semble pas 
avoir été faite avec toute la rigueur nécessaire pour inspirer une en- 
tière confiance. 


6 2. 


DES CHLORITES. 


Les chlorites ou les composés plus ou moins neutres formés par 
l'acide chloreux avec les oxides basiques et dont j'ai le premier , je 
pense, démontré l'existence dans mon Mémoire déjà cité sur les chlo- 
rures d’oxides, sont des sels plus stables que les hypochlorites de 
M. Balard et ne se décomposent pas par une faible élévation de tempé- 
rature. [ls précipitent le nitrate d'argent et ont pour caractère distinc- 
tif de donner lieu, pas l'addition dun acide minéral ou d’un acide 
organique assez fort , même lorsque ceux-ci sont étendus d’eau, à une 
vive effervescence de gaz acide chloreux. Ceux que j'ai examinés 
jusqu'ici sont tous solubles dans l’eau. Tels sont ceux de potasse, de 
soude , de barite, de chaux. On les obtient facilement en faisant passer 
lentement du gaz acide chloreux dégagé par le procédé du comte Sta- 
dion , à travers des dissolutions des trois premières bases ou à travers 
un lait de chaux. En y faisant passer ce gaz jusqu’à ce que le liquide 
refuse d’en prendre davantage, on obtient des solutions parfaitement 
neutres au papier de tournesol, fortement décolorantes et laissant déga- 
ger une grande masse de gaz acide chloreux par l’addition d’un acide 
même très-faible. M. Berzélius avait cru que dans ces circonstances il ne 
se forme qu’un mélange de chlorure et de chlorate ; mais quand on fait 
directement une forte solution de ces deux composés, et qu’on la sa- 
ture même d’acide chloreux, elle ne dégage pas par l’addition d’un 


8 SUR LES COMPOSÉS DÉCOLORANS 


acide une quantité appréciable d'acide chloreux, preuve que les solu- 
tions salines obtenues dans le premier cas sont de véritables composés 
d'acide chloreux et des bases alcalines. 

Ce qui a pu faire croire à la non-existence des chlorites, c’est que 
pendant le passage de l’acide chloreux à travers une solution de po- 
tasse assez concentrée, il se dépose au fond en peu de temps une grande 
masse de chlorate de potasse, et il reste en dissolution du chlorure de 
potassium ; mais la formation de ces sels n’a lieu que lorsque la solu- 
tion est déjà chargée d’une certaine quantité de chlorite ; elle est sub- 
ordonnée à l’insolubilité du chlorate dans la quantité de liquide sur 
laquelle on opère ; ainsi ils ne se produisent pas en saturant un lait de 
chaux d'acide chloreux ni en employant une solution faible d’une 
partie de potasse pure sur trente parties d’eau. En tout cas le chlo- 
rite de potasse ne peut pas être obtenu en solution aussi forte que le 
chlorure de potasse sans se décomposer, parce que la décomposition 
spontanée d’un chlorite produit proportionnellement beaucoup plus de 
chlorate que celle d’un chlorure d’oxide, ainsi que nous le verrons 
tout à l’heure. Comme le chlorate de soude est beaucoup plus soluble 
que celui de potasse, on conçoit qu’il devra être possible d'obtenir des 
solutions de chlorite de soude beaucoup plus fortes que celles de chlo- 
rite de potasse. Aussi ayant fait passer du gaz acide chloreux à travers 
une dissolution d’une partie de soude à l’alcohol sur cinq à six parties 
d’eau, jusqu’à ce qu’elle refusàt d’en prendre davantage, j'ai obtenu 
une solution neutre fortement décolorante, n'ayant laissé déposer aucun 
sel pendant l'opération, et qui était tellement chargée de chlorite qu’en 
versant sur quelques gouttes du liquide récemment préparé une goutte 
d'acide sulfurique, il en résulta une si vive effervescence de gaz chlo- 
reux que, par sa décomposition spontanée , il y eut une forte explo- 
sion de produite. 

L’acide chloreux à la manière des autres acides peut produire avec 
les bases des chlorites alcalins et des chlorites neutres; et en effet, 
quand on fait passer du gaz acide chloreux à travers une solution al- 
caline, le gaz est d’abord absorbé sans colorer en aucune manière le 


DU CHLORE. 9 


liquide qui conserve aussi une réaction alcaline et ne laisse pas dépo- 
ser du chlorate lors même qu’il est très-concentré. Ce premier chlorite 
produit ayant une réaction alcaline, ne déeolore pas sans l'intervention 
d’un acide, mais il laisse dégager beaucoup de gaz acide chloreux par 
l'addition des acides; on peut le concentrer à une faible chaleur, ou, 
ce qui vaut mieux, dans le vide, sans qu'il subisse de décomposition , et 
on peut l’obtenir ainsi à l’état solide. 

J’ai même obtenu du chlorite de potasse alcalin en petits cristaux 
lamellaires très-minces, que lon aurait pris d’abord pour du chlorate 
de potasse, mais qui s’en distinguait aisément par la vive effervescence 
d’oxide de chlore qu'il produisit par l’addition de l'acide sulfurique, 
étendu au moins de dix fois son poids d’eau, acide qui restait sans ac- 
ton sur le chlorate de potasse. Un tel chlorite alcalin se conserve méme 
dans l'air sans altération , à moins qu’exposé à un air très-humide il ne 
puisse tomber en déliquescence et absorber ensuite l'acide carbonique 
de l’atmosphère. En solution ilse conserve aussi, mais à labre de l'air. 

Lorsqu'on fait passer du gaz acide chloreux à travers une solution 
d’un chlorite de potasse alcalin ou à travers une solution potassée, 
jusqu’à ce qu’elle refuse d’en prendre davantage, il arrive une époque 
où elle commence à se colorer par l'absorption du gaz acide ; alors elle 
perd sa réaction alcaline et laisse bientôt déposer une grande quantité 
de chlorate de potasse si on opère sur une forte solution alcaline et 
que le gaz acide continue à y passer ; mais si la solution potassée est 
faible, on n'obtient qu’un chlorite neutre très-décolorant sans préci- 
pitation de chlorate. 

Ce liquide, lors même qu’il est déjà neutralisé par l'acide chloreux, 
absorbe encore une certaine quantité de cet acide qui lui donne alors 
une couleur jaune-fauve très-foncée; mais cette dernière portion d’a- 
cide s’échappe en grande partie en laissant la solution quelque temps 
exposée à l’air, et elle en est chassée très-promptement par une chaleur 
voisine de 89°C. Cette même chaleur, si elle est prolongée, finit par 
décomposer tout le chlorite en chlorate et chlorure. 

Comme le chlorite de potasse neutre ne peut être obtenu en solu- 

Tom. X. 2 


10 SUR LES COMPOSÉS DÉCOLORANS 


tion concentrée sans qu'il se décompose, on conçoit que, lors de son 
évaporation spontanée, il doit se transformer en chlorate et en chlo- 
rure. C’est effectivement ce qui a lieu, et en le laissant évaporer à froid 
sous une grande cloche au-dessus de la chaux vive, j’ai obtenu un ré- 
sidu de chlorate et de chlorure à peu près dans le rapport de six par- 
ties en poids de chlorate contre une de chlorure de potassium, ce qui 
me fait croire que la composition du chlorite neutre de potasse doit 
étre représentée par 


CA20:, KO, 
d’où 


6Ck204KO — 5C4°05KO + CZK, 


formule qui rend assez bien raison des résultats obtenus, et montre que, 
pour un atome de chlorure métallique, 11 y a cinq atomes de chlorate 
formés, ce qui est l’inverse du produit de la décomposition spontanée 
des chlorures d’oxides. Tous les chlorites neutres au papier de tournesol, 
au moins ceux de potasse, de soude, de chaux et de barite, qui sont les 
seuls que j'aie préparés jusqu'ici, se comportent de la même manière, et, 
soumis à l’évaporation spontanée sous des cloches au-dessus d’une grande 
masse de chaux vive, ils ont laissé pour résidu un composé nullement 
décolorant, fusant sur les charbons ardens et ne degageant de l'acide 
chloreux que par de l'acide sulfurique concentré : c'était du chlorate 
mêlé d’un peu de chlorure. Avec les chlorites de potasse et de soude, 
ilétait même facile de distinguer, après l’évaporation, les cristaux 
mixtes de chlorate et de chlorure ; mais le premier était toujours beau- 
coup plus abondant que le second. 

Il est facile de concevoir maintenant pourquoi les chlorites alcalins 
doivent être plus stables que les chlorites neutres; c’est que, par leur 
composition même, ils ne sont pas susceptibles de se transformer en 
chlorate et chlorure , car on a 


6CAO2KO — 3C7°K + 3CA205KO — 3C°. 


DU CHLORE. 1i 


C’est sans doute par une raison analogue qu’on peut évaporer, 
comme je l'ai reconnu, jusqu'a siccité, les chlorures de potasse et de 
soude avec excès de base ou offrant une réaction alcaline, sans qu’ils 
se décomposent en chlorates et chlorures métalliques, comme le font 
constamment dans ce cas les chlorures d’oxides neutres, c’est-à-dire 
ceux qui ne font pas passer au bleu le papier de tournesol rouge et qui 
ne précipitent pas le sublimé corrosif. J'ai constaté, en effet, qu’on 
pouvait évaporer, même à 50°C, du chlorure de potasse alecalin, et ob- 
tenir ainsi un composé sec amorphe fortement décolorant et laissant 
dégager beaucoup de chlore par l'addition des acides les plus faibles. 
Ce qui explique comment certains chimistes sont parvenus à obtenir 
du chlorure de soude solide par une prompte évaporation , tandis que 
d’autres n’ont pu y réussir : c’est que les uns ont opéré sans doute 
sur du chlorure neutre et les autres sur du chlorure alcalin. 

Les chlorites avec excès d’acide chloreux conservés en dissolution, 
finissent par devenir acides et par contenir de l’acide chlorique libre, 
ce qui est sans doute le résultat de la décomposition de l’acide chlo- 
reux excédant qui, comme on sait, se transforme dans l’eau en acide 
chlorique et en chlore. 

Les chlorites neutres dissous se décomposent en partie quand on 
y fait passer un courant d’acide carbonique, ce qui indique que la- 
cide chloreux ne tient que faiblement aux bases. Cependant la décom- 
position n’est jamais totale, même en employant le chlorite de chaux 
et y faisant passer pendant plusieurs heures un courant d’acide carbo- 
nique. Pendant ce passage on remarque que la solution de ce chlo- 
rite , si elle était mcolore, se colore promptement par l'acide chloreux 
mis à nu. Ce dernier finit ensuite par étre entrainé par le courant 
d'acide carbonique suffisamment prolongé, et alors le liquide qui s’é- 
tait d’abord coloré redevient de nouveau incolore; après quoi l’acide 
carbonique n’exerce plus aucune action sur le liquide que l’on croi- 
rait entièrement décomposé; mais il est facile de voir que, dans cet 
état, il contient encore beaucoup d’acide chloreux, puisque l'addition 
de l'acide sulfurique colore de nouveau le liquide en dégageant une 


12 SUR LES COMPOSÉS DÉCOLORANS 


grande quantité d'acide chloreux. Il faut donc croire que l'acide car- 
bonique a seulement le pouvoir de faire passer les chlorites neutres à 
l’état de chlorites alcalins ou de carbonato-chlorites. 

Les chlorites neutres dissous exercent une action décolorante très- 
énergique ; ils ont aussi, comme le chlore et les chlorures d’oxides, un 
pouvoir oxidant très-marqué et font passer instantanément le sulfure 
noir de plomb à l’état de sulfate blanc. Lorsqu'on les soumet à la distil- 
lation à la température de leur ébullition, ils laissent dégager un peu 
d'acide chloreux, et le résidu de la distillation est un mélange de chlo- 
rate avec un peu de chlorure métallique , offrant d’ailleurs une réaction 
alcaline sensible, provenant sans doute du dégagement partiel de l’a- 
cide chloreux, ou de ce que le chlorite employé contenait encore un 
petit excès de base qui n’était point sensible au papier de tournesol en 
présence du chlorite neutre décolorant. 

Un mélange de chlorite et de chlorure métallique dissous ne laisse 
encore dégager que du gaz chloreux par l’addition des acides; ce qui 
montre que les chlorures d’oxides qui, dans les mêmes circonstances, 
ne dégagent que du chlore, ne peuvent point être considérés comme 
des mélanges de chlorites et de chlorures, ainsi qu’on l'avait d’abord 
présumé. 


6 3. 


DES HYPOCHLORITES. 


Les hypochlorites, dont la découverte est due à M. Balard de Mont- 
pellier, ont beaucoup d’analogie avec les chlorites, décolorent et ont 
un grand pouvoir oxidant comme eux. Ils sont assez stables quand ils 
sont avec excès de base ou qu'ils offrent une réaction alcaline , et on 
peut alors évaporer leurs solutions sans qu'ils se décomposent ; mais 
neutres, ils n’ont qu’une existence éphémère; la moindre élévation 
de température ou la concentration de la solution, en détermine la 


DU CHLORE. 13 


décomposition en chlorure et chlorate, ordinairement, dit Balard, avec 
dégagement d’oxigène. Ce qui distingue facilement les hypochlorites 
des chlorites, c’est que l’addition d’un acide n’en dégage que de l’a- 
cide hypochloreux pur ou mêlé de chlore, et que, si l’hypochlorite est 
préalablement mêlé d’une suffisante quantité de chlorure métallique, 
l'acide n’en dégage que du chlore pur; ce qui résulte, sans doute, 
de l’action de l'acide chlorhydrique dégagé du chlorure sur l'acide 
hypochloreux de Phypochlorite, d’où une décomposition mutuelle des 
deux acides conformément à la formule  : 


Ck20 + 2HCh — H°20 + 3Ch, 


qui exprime la réaction connue de l'acide chlorhydrique sur l'acide 
hypochloreux. Ce phénomène, qui ne s’observe pas avec les chlorites 
mélés de chlorures, parce que l’acide chlorhydrique n’a pas d'action 
sur l’acide chloreux, est absolument analogue à celui de l’action d’un 
acide sur un mélange de chlorure et de chlorate, acide qui, s’il est 
assez fort , dégage de ce mélange salin à froid, et avec effervescence, 
du gaz chloreux mêlé de son volume de chlore, comme je l'ai re- 
connu par expérience, ce qui est aussi conforme à la formule : 


CA205 + 2HCA4 — H°0 + 2Ch0? + 2Ch, 


qui exprime la réaction de l'acide chlorhydrique sur l’acide chlo- 
rique, réaction qui ne donne pas lieu à froid à de l’eau et à du chlore, 
comme on le dit généralement, mais qui produit, comme je l’ai con- 
staté, un abondant dégagement de gaz acide chloreux mêlé de chlore. 
Cette réaction facilite aussi singulièrement la décomposition des chlo- 
rates et des chlorures par les acides; car j'ai reconnu que de l’acide 
sulfurique étendu de son volume d’eau, qui, à la température ordinaire, 
n’a point d'action bien sensible, ni sur le chlorate de potasse, mi sur le 
chlorure de potassium, produit néanmoins leur décomposition quand 
ils sont réunis, et donne lieu à un vif dégagement de gaz chloreux mêlé 
de son volume de chlore. Par la même raison un mélange d’iodure de 


14 SUR LES COMPOSÉS DÉCOLORANS 


potassium et d’iodate de potasse en solution, se décompose par tout 
acide faible, même l'acide carbonique, avec précipitation d’iode, comme 
l’a reconnu M. Gay-Lussac (Anz. de chimie, tome XCI, pag. 86-87). 
Ce phénomène résulte encore de ce que les acides iodique etiodhydrique 
se décomposent mutuellement avec formation d’eau et précipitation 
d’iode. La propriété des hypochlorites de laisser dégager du chlore 
par l'addition d’un acide faible, lorsqu'ils sont préalablement mêlés 
d’un chlorure métallique, propriété qui les rapproche beaucoup des 
chlorures d’oxides , n’a pas peu contribué à faire croire que ces derniers 
ne seraient que des mélanges de chlorures et d'hypochlorites, et que ce 
serait à ceux-ci qu'ils doivent leurs principales propriétés et notam- 
ment leur vertu décolorante. Mais cette circonstance ne peut pas plus 
nous porter à regarder les chlorures d’oxides comme des mélanges de 
chlorures métalliques et d’hypochlorites , que la précipitation de l’iode 
d’un mélange d’iodure de potassium et d’iodate de potasse par un acide 
fable ne peut nous autoriser à confondre avec ces mélanges dissous 
incolores, un iodure d’oxide que la couleur seule, indépendamment 
des autres propriétés, suffit pour en distinguer. 

Les hypochlorites, lors même qu'ils sont mélés de chlorures métal- 
liques, se distinguent encore des chlorures d’oxides en ce qu'une 
faible élévation de température les décompose toujours, ordinairement 
avec dégagement d’oxigène suivant M. Balard (Ann. de chimie et de 
phys., tome LVIE, pag. 299); tandis que ce dégagement ne se manifeste 
jamais, comme je l'ai reconnu, quand on fait bouillir du chlorure de 
potasse. Celui-ci résiste d’ailleurs facilement à une température de 50 
à 60°, sans se décomposer, et quand il n’est point avec excès de chlore, 
on peut même le chauffer au delà de 80° sans qu’il se décompose. Les 
hypochlorites sont des sels très-peu stables et se décomposent sponta- 
nément en été au bout de peu de jours; les chlorures de potasse et de 
soude se conservent au contraire très-long-temps à l'abri de l'air et de 
la lumière. 

Les chlorures de potasse et de soude , avec excès de chlore, tels qu’on 
les obtient en les préparant par la voie directe, c’est-à-dire en faisant 


DU CHLORE. 15 


passer du chlore à travers une solution de l’oxide, jusqu'à ce qu’elle 
refuse d’en prendre davantage, nous offrent une propriété bien remar- 
quable qui n’a pas encore été signalée et qui ne peut guère s'expliquer 
dans la supposition que ce seraient des hypochlorites mêlés de chlo- 
rures. Cette propriété, que j'ai constatée avec soin, consiste en ce que, 
soumis à la distillation dans une cornue de verre communiquant avec 
un récipient, ils se décomposent à la température de leur ébullition , 
sans dégager de l’oxigène, ni même une quantité notable de chlore, 
mais en produisant de l’acide hypochloreux, qui va se condenser avec 
la vapeur d’eau dans le récipient de l’appareil distillatoire. Le liquide 
distillé, ainsi obtenu, jouit en effet de toutes les propriétés de l’acide 
hypochloreux de Balard; il a la même odeur, décolore comme lui, 
décompose, comme lui, à froid, l'acide oxalique avec effervescence 
d'acide carbonique, dégage, comme lui, du chlore du chlorure de 
sodium, exerce la même action sur la limaille de fer, mais plus lente- 
ment à raison de l’état de dilution dans lequel il se trouve. Quand on 
fractionne les produits de la distillation, on trouve que la première 
portion de liquide recueillie, contient un peu de chlore libre, au moins 
à en juger par l’odorat; mais le liquide qui vient ensuite a l’odeur et 
toutes les propriétés caractéristiques de l'acide hypochloreux de Balard. 
On doit en général arrêter la distillation lorsque le chlorure d’oxide est 
distillé à moitié, parce que le liquide restant dans la cornue est alors 
presqu’entièrement décomposé et n'offre plus que du chlorure métallique 
neutre, mêlé de tant soit peu de chlorate, dont la formation ici ne me 
paraît qu'accidentelle. Quand, au lieu de distiller ainsi des chlorures de 
potasse ou de soude avec excès de chlore, on distille des chlorures 
neutres obtenus par double décomposition avec le chlorure de chaux, 
ou que l’on distille le chlorure de chaux lui-même, il ne passe en 
distillation que de l’eau contenant au plus quelques faibles traces à 
peine appréciables d'acide hypochloreux ou de chlore. Les formules 
atomistiques rendent parfaitement raison de cette diversité de résultats ; 
car on a : 
Ch? + Ch?KO — C°K + Ch20. 


16 SUR LES COMPOSÉS DÉCOLORANS 


Ainsi le chlore libre ou excédant, qui existe ordinairement en quan- 
tité notable dans un chlorure de potasse ou de soude, fait par la voie 
directe, peut, à raison de son affinité pour l’oxigène, favoriser la dé- 
composition du chlorure d’oxide, qui tend toujours à se transformer en 
chlorure métallique, et donner ainsi naissance à de lacide hypochlo- 
reux. Sans ce chlore libre il serait impossible de se rendre compte, 
dans cette circonstance, de la formation de l'acide hypochloreux, à 
moins de supposer que le résidu de la distillation ne devienne alcalin, 
ce qui n’est pas, car on devrait avoir alors : 


9Ch2KO — Ch?20 + Ch2K + KO. 


Le résultat de cette distillation des chlorures de potasse ou de soude, 
sursaturés de chlore, ne paraît guère explicable dans l'hypothèse de 
M. Balard sur leur composition, puisqu’il faudrait que le chlore excédant 
décomposât l’hypochlorite et réagit ensuite sur l’oxide mis à nu, de 
manière à former encore avec lui de l'acide hypochloreux qui se dégage 
et un chlorure métallique neutre qui reste, réaction très-compliquée 
et peu admissible. On sait aussi que l’acide hypochloreux liquide, versé 
sur un chlorure métallique de la première section, tel que le chlorure 
de sodium, se décompose à froid avec effervescence de chlore, et que 
l’on a pour résidu un composé identique au chlorure de soude dé- 
colorant obtenu par la voie ordinaire. Cette réaction est facile à 
concevoir d’après la formule : 


Ch20 + Ch?Na = Ch? + Ch?,Nao. 


Or, ceux qui admettent que les chlorures d’oxides sont des mélanges 
de chlorures métalliques et d’hypochlorites, doivent supposer avec 
M.Balard (Ann. de chimne et de phys., tome LVIT, pag. 266), que l'acide 
hypochloreux décompose partiellement les chlorures des métaux alca- 
lins avec formation d’un mélange de chlorure et d’hypochlorite; mais 
il est difficile, pour ne pas dire impossible , de croire que l’acide hypo- 
chloreux puisse décomposer un chlorure métallique, en transformant 


DU CHLORE. 17 


ces composés très-stables en composés aussi éphémères que le sont les 
hypochlorites. 

Au reste, M. Balard a observé que l'acide hypochloreux ne peut pas 
s'unir au peroxide de fer (Annal., tom. LVIT, pag. 296), tandis que 
Grouvelle a fait connaitre un chlorure décolorant soluble de peroxide 
de fer ; ce qui a obligé M. Balard de considérer ce chlorure décolorant 
comme un mélange d'acide hypochloreux et de perchlorure de fer, etil 
explique ainsi comment ce composé peut donner de l'acide hypochlo- 
reux par la distillation ; mais le chlorure de potasse préparé directe- 
ment et sursaturé de chlore, donne aussi de l'acide hypochloreux par 
la distillation, avec un résidu de chlorure métallique; ce qui doit faire 
penser que le chlorure décolorant de peroxide de fer à une composition 
analogue. Je suis même porté à croire que la formation de l'acide hypo- 
chloreux, dans le procédé de préparation de M. Balard avec l’oxide 
mercuriel, est subordonnée à la productien d’un chlorure d’oxide déco- 
lorant; car en projetant de l’oxide rouge de mercure, délayé avec de 
l'eau, dans un flacon plein de chlore et agitant, on voit généralement 
le tout se dissoudre si on n’a pas employé un excès d’oxide de mercure 
ou trop peu d’eau, et il se produit alors un simple chlorure d’oxide 
mercuriel très-décolorant, contenant tout l’oxide de mercure dissous. 
En distillant ce chlorure, il doit nécessairement donner de l’acide hy- 
pochloreux , même sans présence d’un excès de chlore,et convient, par 
conséquent, mieux que tout autre chlorure d’oxide, à la préparation 
de l’acide hypochloreux ; car on a: 

2Ch?,Hg0O — Ch0 + Ch°Hg,HgO 


Chlorure Ac hypo- Oxido-chlorure 
d'oxide, chlorcux. de mercure. 


Comme l’oxido-chlorure de mercure est très-peu soluble, on conçoit 
que, quand on fait du chlorure d'oxide de mercure, en agitant de l’oxide 
rouge de mercure dans un flacon avec du chlore et de l’eau, et qu'on 
emploie assez d’oxide mercuriel pour absorber ou neutraliser tout le 
chlore et surtout en employant peu d’eau, le chlorure d’oxide mercu- 
riel pourra se décomposer, au moins en partie, à mesure qu'il se forme, 

Tom. X. 3 


18 SUR LES COMPOSÉS DÉCOLORANS 


par suite de l’insolubilité de loxido-chlorure de mercure, et produire 
ainsi, par sa décomposition, de l’acide hypochloreux, qui restera dissous 
et retiendra un peu d’oxide de mercure non décomposé,, tandis que de 
Voxido-chlorure de mercure se dépose comme dans le procédé de pré- 
paration recommandé par M. Balard. D’après cela il est facile de voir que 
le chlorure d’oxide de mercure, surtout quand il est employé en solution 
très-concentrée, de manière à se décomposer spontanément en acide 
hypochloreux et en oxido-chlorure insoluble, doit pouvoir donner un 
acide hypochloreux beaucoup plus concentré que les chlorures de 
potasse ou de soude qui ne sont pas susceptibles d’une pareille décom- 
position et qui, au reste, doivent contenir un excès de chlore, pour 
donner naissance à cet acide par leur décomposition à chaud. 

La distillation des chlorures décolorans d’oxides de zinc et de cuivre, 
obtenus en projetant ces oxides hydrates, mélés d’eau, dans un flacon 
plein de chlore , comme l’a indiqué Grouvelle , donne encore les mêmes 
produits que celle du chlorure d’oxide de mercure; ce qui doit faire 
croire que la réaction dans tous ces cas est absolument analogue. 

C’est sans doute parce que les oxides de mercure et de zinc forment 
avec le chlore des chlorures d’oxide très-solubles, que leurs sels ne sont 
pas précipités pas les chlorures neutres peu concentrés des oxides de la 
première section, comme le sont en général les autres sels métalliques 
des quatre dernières sections, et c’est même là un excellent moyen, 
comme je l’ai reconnu, de voir si une solution de potasse ou de soude 
est saturée de chlore, en constatant qu’elle ne précipite plus les solu- 
tions de sublimé corrosif. 

M. Balard allègue surtout comme preuve de l'identité des hypochlori- 
tes avec les chlorures d’oxides solubles, leur grande vertu décolorante 
et oxidante, qui est semblable à celle de ces derniers. Comme ceux-ci, 
dit-il, ils transforment en sulfates les sulfures récemment précipités et 
peuvent ainsi servir, aussi bien que l’eau oxigénée, à la restauration 
des tableaux dans lesquels la couleur blanche employée par le peintre 
a pris une couleur noire par le changement du carbonate de plomb en 
sulfure (Ann. de chim. et de phys., tome LVIE, pag. 301). Mais les 


DU CHLORE. 19 


chlorites produisent absolument le même effet, comme je l’ai constaté 
plus d’une fois ; ils décolorent aussi bien que les hypochlorites, lors- 
qu'ils ne sont pas avec excès de base, et cependant on ne saurait les 
confondre avec les chlorures d’oxides. 

On a encore rapporté en faveur de l'opinion de M. Berzélius sur la 
composition des chlorures d’oxides, la manière d’agir du nitrate d’ar- 
gent neutre sur ces composés. Il se forme, suivant M. Balard, par le mé- 
lange des deux solutions, un précipité de chlorure d'argent, et la liqueur 
surnageante est, pendant quelques instans, très-décolorante, mais elle 
se trouble bientôt et se décompose , ce qui montre, dit-on, qu'il y a eu 
d’abord formation de chlorure d'argent précipité et de chlorite ou d’hy- 
pocblorite, qui est resté dissous pendant quelques instans sans décom- 
position, ce qui annoncerait que le chlorure d’oxide décolorant est un 
mélange de chlorure métallique et de chlorite. Mais il est bien plus 
naturel d'admettre que, dans l’action du nitrate d’argent sur le chlorure 
de chaux et de potasse, il s’est formé d’abord du chlorure décolorant 
d’oxide d’argent , et que ce dernier, à peine formé ou au moment même 
de sa formation, s’est décomposé spontanément en chlorure et en 
chlorate, par suite de l’insolubilité du premier, de même que nous 
voyons le chlorure de potasse en solution concentrée, se décomposer 
de la même manière, par suite de l’insolubilité du chlorate. 

Rien ne prouve donc jusqu'ici que les chlorures décolorans soient 
des mélanges d’hypochlorites et de chlorures métalliques. Tous les faits 
s’accordent, au contraire, à faire regarder ces composés comme des 
combinaisons faibles de chlore et d’un oxide basique ; c’est ce que j'ai 
montré encore dans mon Mémoire sur les chlorures d'oxides, publié 
dans le tome X des Mémoires couronnés de l'académie de Bruxelles. 
Rien ne répugne du reste à admettre l’existence de pareils composés; 
car il ne me paraît pas démontré encore que le soufre dont l’action sur 
les oxides a d’abord donné naissance à l'hypothèse de M. Berzélius sur 
la composition des chlorures d’oxides, ne puisse, dans certaines cir- 
constances, s’unir également aux oxides et former des sulfures d’oxides. 
Ce qui tend à le faire croire, c’est que le soufre hydraté, obtenu par 


90 SUR LES COMPOSÉS DÉCOLORANS DU CHLORE. 


précipitation, se dissout, comme je l'ai reconnu, à une température 
très-peu élevée, à celle de 10 à 20°, dans une solution de soude ou de 
potasse, qui se colore dès les premières portions de soufre dissoutes, et 
que ce sulfure traité par l'acide chlorhydrique, ne donne qu’un préei- 
pité de soufre sans hydrure et sans aucun dégagement d'hydrogène 
sulfuré. Je suis porté à croire que dans tous les sulfures alcalins faits 
par la voie humide, il existe une portion de sulfure qui est simplement 
à l’état de sulfure d’oxide. Aussi est-il facile de constater que le poly- 
sulfure de potassium et de calcium, fait par ce procédé, est d’un emploi 
peu avantageux pour la préparation de l’hydrure de soufre, et qu’en 
versant l’un ou l’autre dans de l'acide chlorhydrique avec les pré- 
cautions ordinaires, on n'obtient qu'un hydrure de soufre mélé de 
beaucoup de soufre hydraté; tandis que le poly-sulfure obtenu en 
dissolvant du soufre à chaud dans une solution de mono-sulfure de 
potassium, produit par la réduction du sulfate par le charbon, donne 
dans les mêmes circonstances un hydrure de soufre sans mélange de 
soufre à l’état libre. Je sais que cette différence de résultats peut aussi 
être attribuée, au moins en partie, à la présence de l’hyposulfite dans 
les sulfures obtenus par la voie humide; mais rien ne montre que ce 
dernier y existerait en assez grande quantité pour rendre parfaitement 
raison de ce phénomène. 


FIN. 


MANANARANANANANANANAANANAN UN EN EN NE ANA AN AAA AN ANA ANANMANAMANARANAMAAANAANAN 


NOTE SUPPLÉMENTAIRE. 


Ce Mémoire était déjà terminé lorsque, voulant dans mon cours de chimie ne laisser 
aucun doute que la formation du chlorate de potasse dans l'absorption du chlore par 
une solution de cet alcali, est entièrement le résultat de la décomposition du chlo- 
rure de potasse préalablement formé, et que cette décomposition n’est que l'effet de 
l'insolubilité du chlorate et nullement dépendant de la chaleur qui se produit pendant 
l'absorption du chlore comme l’avait présumé M. Morin ( Ann. de Chimie et de Phys., 
tom. XXXVII, pag. 146), je fis passer du chlore à travers une solution bouillante d’une 
partie de potasse sur quatre parties d’eau. Le chlore fut absorbé en grande quantité, 
comme si la solution potassée eût été froide, et il ne se produisit qu’un chlorure d’oxide 
excessivement décolorant sans dépôt de chlorate. Lorsque la solution fut saturée de chlore 
(ce que je reconnus à ce qu’elle ne précipita plus le‘sublimé corrosif), je la laissais refroidir; 
il se fit alors au bout de quelques temps un abondant dépôt de chlorate de potasse, et la 
solution perdit presque tout son pouvoir décolorant , au point qu’une bande de papier de 
tournesol, rougi par un acide, qui, dans la solution bouillante, se trouvait instantanément 
blanchie, dut séjourner pendant quelques minutes dans le liquide refroidi avant d’être 
décolorée. Ce qui est une preuve que le dernier liquide contenait beaucoup moins de 
chlorure de potasse que le liquide bouillant, et que c’est aux dépens de ce chlorure que 
s’est formé, lors du refroidissement, le chlorate de potasse déposé. Celui-ci, d’ailleurs, était 
aussi abondant que si on avait opéré à froid (voir aussi mon Mémoire déjà cité sur les 
chlorures d’oxide, pag. 7). 

Cette expérience me semble fournir encore un argument puissant contre l'opinion de 
ceux qui assimilent les chlorures d’oxides aux hypochlorites. Ces derniers sels, en effet, 
étant très-peu stables et se décomposant par la moindre élévation de température, d’après 
les observations de M. Balard , il est impossible d'admettre que, dans le passage du chlore à 
travers une solution bouillante de potasse, il puisse se former un hypochlorite; et ce- 
pendant on obtient ainsi un liquide très-décolorant tout-à-fait identique au chlorure de 
potasse. Celui-ci est donc d’une toute autre nature que les hypochlorites préparés en sa- 
lurant un alcali par l’acide hypochloreux. Aussi est-il facile de reconnaître que les chlo- 
rures de potasse ou de soude non sursaturés de chlore, tels que ceux qu’on obtient 


ho 


2 NOTE SUPPLÉMENTAIRE. 


par double décomposition avec le chlorure de chaux, peuvent être long-temps tenus 
bouillans sans rien perdre de leur vertu décolorante, et qu’ils ne se décomposent que lors- 
que leurs solutions, par l’évaporation, sont devenus assez concentrées pour donner nais- 
sance à un chlorate insoluble dans la quantité de liquide restant. 

Il suit de ce qui précède que, lorsqu'on veut retirer du chlorate de potasse du chlorure 
de cet alcali, si ce chlorure est sans excès de chlore, comme lorsqu'on l’a obtenu en 
précipitant le chlorure de chaux par le carbonate de potasse, on peut le concentrer 
à la température de son ébullition, sans qu’il en résulte une perte de produit; mais si 
le chlorure de potasse est avec excès de chlore, comme l’est ordinairement celui 
que l'on prépare par la voie directe en faisant passer du chlore par une solution de po- 
tasse jusqu'à ce qu’elle refuse d’en absorber davantage, il ne faut pas, lorsqu'on veut 
transformer tout le chlorure d’oxide en chlorate, évaporer la solution décolorante à 100b, 
parce qu’on la décomposerait en partie en acide hypochloreux qui se dégagerait, et en 
chlorure de potassium , comme nous l'avons vu plus haut. Il faut dans ce cas, pour obtenir 
le plus de chlorate de potasse possible, évaporer simplement la solution de chlorure 
d’oxide à une température de 50 à 60° au plus, afin de ne pas donner lieu à la formation 
et au dégagement d'acide hypochloreux, d’où une perte de produit, vu qu’une portion 
de chlorure d’oxide se transforme dans ce cas en chlorure métallique sans production 
d’une portion correspondante de chlorate de potasse. 


MONOGRAPHIE 


DES 


BRACONIDES DE BELGIQUE, 


PAR 


C. WESMAEL, 
PROFESSEUR A L'ATHÉNÉE ROYAL DE BRUXELLES, 


( SUITE.) 


Tou. X. 1 


| LG : 


A VAN VA Va VA a Va Va VA A Va a a A Aa A A A A A A A A A A A A A A A A A GA A A A A A A A GA PA A A A SA A A ANS 


RECTIFICATION. 


Vers la fin de l'introduction à la première partie de ce Mémoire, 
j'ai laissé entrevoir que l'apparition de l’ouvrage de M. Nees Von Esen- 
beck, au moment de l’annonce du mien, pourrait bien n'être pas due 
au hasard : en quoi je n’avais nullement l'intention de blesser ce sa- 
vant, puisque tout auteur a naturellement le droit de faire en sorte de 
ne pas étre devancé. Depuis lors, M. Nees Von Esenbeck n’a fait l’hon- 
neur de m'écrire, en me témoignant toute la peine qu'il avait ressentie 
en lisant cette assertion, eten m’assurant qu’elle n’avait aucun fonde- 
ment. Comme la bonne foi et la probité scientifique sont au nombre des 
qualités qui distinguent surtout les savans Allemands, je n’empresse 
de déclarer que j’abandonne bien volontiers l’idée que j'avais eue d’a- 
bord, espérant que la franchise de cet aveu contribuera à détruire les 
préventions que pourrait avoir conçues à mon égard un savant, dont 
personne plus que moi n’apprécie les vastes connaissances et les nom- 
breux travaux. 


C. WESMAEL. 


AAANANANANANANANANANANANANANANANANARANANAN RE NANAAANANANARV EN NRANANANANARANANANANARANANANANANAN TV 


MONOGRAPHIE 


BRACONIDES DE BELGIQUE. 


BRACONIDES ENDODONTES. 


4 
(suITE.) 


Troisième Groupe. 


ARÉOLAIRES. 


Ces braconides forment un groupe dont les caractères distinctifs 
consistent dans le peu d'épaisseur du vertex et la petitesse de la deuxième 
cellule cubitale, lorsqu'il y en a trois. Le vertex est plus ou moins 
excavé en arrière, et deux des ocelles sont insérés à son extrême bord 
postérieur. La deuxième cellule cubitale, très-petite, est quelquefois 
presque carrée, le plus souvent triangulaire ; et dans ce dernier cas, 
la nervure postérieure est parfois avortée, de sorte qu'il n’y a alors que 


6 MONOGRAPHIE 


deux cellules cubitales. Le bord antérieur du chapéron est entier. 
L’abdomen est sessile et a toujours six ou sept segmens distincts. 


TABLEAU SYNOPTIQUE DES GENRES. 


3 cellules cubitales. . . .. G. Microdus. 
Mâchoires et lèvre cachées. 
2 cellules cubitales. . . .. G. Ischius. 
Yeux glabres. 
Mâchoires et lèvre prolon- 
gées en forme de bec... . G. Agathis. 
Antennes de 18larticles "M MN G. Microgaster. 
Yeux velus. . 


Antennes de 20 articles. . - . G. Adelius. 


| 


DES BRACONIDES DE BELGIQUE. 


XXII. G. MICRODUS. 


MICRODUS. Sect. 1. Ne. Vox Es. — PASSI SPEC. Faz. — Paz. 


Antennes composées d’un nombre d’ar- 
ticles variable. 

Tarière longue, filiforme. 

Une cellule radiale , linéaire-lancéolée, 
complète ; radius également épais dans 
toute son étendue. 

Trois cellules cubitales ; la deuxième 
très-petite , carrée ou triangulaire. 

Cellule humérale interne des ailes in- 
férieures émettant un rameau de son 


Antennæ numero articulorunt varia- 
bih. 

Terebra exserta, longa, filiformis. 

Cellula radialis una, lineari-lanceo- 
lata, perfecta, nervo valido clausa. 


Cellulæ cubitales tres; secunda minuta, 
subquadrata vel triangularis. 

Alarum posticarum cellula husneralis 
interna ramulum ex latere postico emit- 


bord postérieur. tens. 


Jai fait remarquer plus haut (page 248) les rapports qui existent 
entre les fhitigastres et quelques espèces de Hicrodus. Ce dernier 
genre suit donc immédiatement les Cryptogastres et commence très- 
naturellement la série des Aréolaires, au moyen des espèces dela pre- 
mière division ; tandis que celles de la seconde division conduisent aux 
Agathis tant par la forme de la tête que par la réticulation des ailes. 

Les Microdus ont les antennes grèles, souvent contournées à 
l'extrémité, composées d’un nombre d'articles qui varie non-seulement 
d’espèce à espèce, mais même entre les individus d’une même espèce, 
et qui, chez ceux que j'ai observés, ne va pas au-dessous de trente ni 
au delà de itrente-huit articles. Leurs ocelles sont très-saillans, et leurs 
yeux sont glabres. 


8 MONOGRAPHIE 


On trouve les microdus dans les bois, voltigeant sur les arbrisseaux, 
et quelquefois sur les fleurs. Certaines espèces se montrent aux pre- 
miers jours du printemps, lorsque les feuilles commencent à peine à se 
développer. Leurs métamorphoses sont inconnues. 


I. Première cellule cubitale distincte de la discoïdale externe. — Deuxième cel- 
lule cubitale quadrangulaire. — Flancs et dos du mésothorax sans sillons. (Sub-G. 


EARINUS). 
1. M. Nirmuzus. ©. 0. 


Niger, palpis teslaceis ; pedibus rufis ; posticorum tibiis basi late albidis , tarsis 
nigris; capile thoraceque longius albido pubescentibus; hypostomate toto carinato; 
metathoracis medio et abdominis seymento primo tricarinatis. (Terebra longitu- 
dine abdominis, 9.) 3 li. 


Mrcronus Nrrimuzus. Ve. Von Es. Hym. Ich. Aff. 144. 8. 


Les antennes sont de la longueur du corps, entièrement noires ( de 
36 ou 37 articles). La tête est noire, velue; la face est fortementé levée 
en carène dans le milieu, couverte d’un duvet long et blanchâtre, 
très-finement pointillée et un peu mate. Le chaperon est légèrement 
convexe , entièrement distinct de la face, assez fortement ponctué. Le 
derrière du vertex et les joues sont vaguement ponctués. Les palpes 
sont testacés. Le corselet est noir, finement pointillé, couvert d’un long 
duvet blanchätre. On distingue presque toujours sur le milieu du dos 
du mésothorax la trace d’une double impression longitudinale très- 
superficielle. Le dos du métathorax est presque plane; il est parcouru 
longitudinalement dans le milieu par deux carènes qui partent d’un 
même point de sa base, s’écartent un peu, et s'étendent ensuite à peu 
près parallèlement jusqu'à l'extrémité; entre ces deux carènes il s’en 
trouve une troisième quelquefois peu distincte, qui n’atteint pas la base. 
L’abdomen est noir, lisse, luisant; le premier segment offre toujours 
trois carènes longitudinales, dont une de chaque côté partant de la 
base, et parcourant environ les deux tiers de la longueur, et une troi- 


DES BRACONIDES DE BELGIQUE. 9 


sième au milieu des deux autres qui se prolonge un peu plus loin 
qu’elles , mais qui naïît assez loin de la base. Les pieds sont fauves; les 
Jambes de derrière sont blanchâtres avec l'extrémité fauve, et quelque- 
fois une légère nuance testacée ou fauve près de la base. Les tarses de 
derrière sont noirs; quelquefois l’extrème bout des jambes de derrière 
est noir ou noirâtre, et alors, les tarses intermédiaires sont plus ou 
moins obscurs. Les ailes sont transparentes ; l’écaille de la base est 
testacée; la radicule est testacée ou noirâtre. Le radius est un peu sinué 
entre la deuxième cellule cubitale et la côte. Le stigmate est noiratre. 

La femelle ne diffère que par la présence de la tarière qui est de la 
longueur de l’abdomen. 

J'ai pris onze mâles et deux femelles de cette espèce, vers la fin 
d'avril, au bois de la Cambre près de Bruxelles. 


Observation. — Quoique je n’aie pas de doute que l'espèce que je viens de décrire est bien le 
Microdus Nitidulus de M. Nees Von Esenbeck, je dois cependant faire remarquer que sa descrip- 
tion du métathorax s’éloigne un peu de la mienne. Il dit qu'il ÿy a au milieu du métathorax un 
espace triangulaire lancéolé profond. Il est vrai que l’espace compris entre les deux carènes est 
quelquefois un peu enfoncé; et quant à la troisième carène médiane , il est possible qu'elle était 
effacée chez l'individu qu'il a décrit ; j'en ai d’ailleurs chez qui elle est peu distincte, ou irré- 
gulière. 4 


2. M. Tuoracicus. Q. 


DE : 2 LS x L AR Vous 
Niger, mesothoracis dorso pedibusque rufis; capite thoraceque longius albido-pu 
bescentibus ; terebra abdomine paulo tongiore, 9.3 li. 


, 


Mrcropus Taoracreus. Ve. Von Es. Hym. Ich. Aff. 143. 1. 


Les antennes sont un peu plus longues que la moitié du corps, noires, 
(de 35 articles). Les palpes sont noirs; la tête est noire, couverte d’un 
long duvet blanchâtre et conformée comme chez l'espèce précédente ; 
cependant le milieu de la face est un peu moins élevé en carène. Le 
corselet est pubescent comme la tête, noir avec le dos du mésothorax 
fauve jusqu'à l’écusson. Le métathorax est convexe; les trois carènes 
du milieu sont très-fines et s'étendent toutes trois de la base à l’extré- 
mité. L’abdomen est noir, lisse, luisant ; le premier segment a, de cha- 


que côté de la base, une carène qui en parcourt à peu près la moitié de 
Tou. X. 2 


10 MONOGRAPHIE 


la longueur. La tarière est un peu plus longue que l’abdomen. Les 
pieds sont fauves; les jambes de derrière ont une nuance blanchâtre 
vers la base; les tarses de derrière sont noirâtres. Les ailes sont trans- 
parentes ; l’écaille de la base et la radicule sont testacées; le radius 
est smué comme chez l'espèce précédente; le stigmate est d’un fauve 
testacé. 

J'ai pris une seule femelle de cette espèce, à la même époque et à la 
même place que le #7. Nitidulus. 


Observation. — M. Nees Von Esenbeck dit que la face est plane : elle paraît effectivement telle 
quand on la regarde de profil ; mais vue par devant , elle est évidemment élevée dans le milieu, 
au moins chez l'individu que je viens de décrire. Il dit aussi que le métathorax est parcouru 
dans le milieu par un sillon longitudinal ; il en résulterait que, sous ce rapport, cette espèce est 
sujette à varier, comme la précédente. 


3. M. Varicoxis. Mehe. 0. 


Niger, pedibus rufo-testaceis, tibiis posticis albidis; harum apice, coxis tarsisque 
posticis , nigris ; metathorace subconvexæo. ( Terebra corpore paulo breviore, o.) 
DEN 


Var. 1. &. Tébiis posticis macula ante basin fusca. 
Var. 2. ©. Cowis anticis nigris. 


Le male a les antennes noires, de la longueur du corps (de 37 ou 35 
articles). Les palpes sont testacés. Tout le corps est noir, luisant, pu- 
bescent. La face est plane. Le métathorax est peu convexe '; il est par- 
couru dans le milieu par deux carènes longitudinales, parallèles, plus 
élevées à l'extrémité. Le premier segment de l'abdomen a de chaque 
côté de la base une carène longitudinale qui s’évanouit avant l’extré- 
mité. Les hanches de devant et celles du milieu sont testacées ; celles 
de derrière sont noires; tous les trochanters sont testacés ; les cuisses 


1 Quoique le métathorax soit moins convexe que chez les espèces suivantes , il l’est cependant 
plus qu’on ne serait tenté de croire en le regardant de profil ; car il y a alors une illusion pro- 
duite par les carènes médianes qui s'élèvent à l'extrémité, au lieu de suivre la courbe du reste 
de la surface. 


DES BRACONIDES DE BELGIQUE. 11 


sont d’un fauve testacé; les jambes de devant et celles du milieu sont 
testacées ; celles de derrière sont blanchâtres avec une tache testacée 
peu distincte près de la base, et l’extrémité noire. Les tarses de devant 
et ceux du milieu sont testacés; ceux de derrière sont noirs. Les ailes 
sont transparentes; l’écaille de la base et la radicule sont testacées; le 
radius est droit entre la deuxième cellule cubitale et la côte. Le stigmate 
est d’un testacé obscur, avec la côte noirâtre. 

Dans la Var. À, les jambes de derrière ont près de la base une tache 
postérieure noiràtre. 

Chez la femelle, les antennes sont un peu plus longues que la moitié 
du corps (de 37 articles). Les carènes du milieu du mésothorax sont 
effacées, ou ne sont distinctes qu’à l'extrémité. La tarière est de la lon- 
gueur du corselet et de l'abdomen. 

Dans la Var. 2, les hanches de devant sont noires, quelquefois avec 
_ l'extrémité testacée. 

J'ai pris huit femelles et sept males de cette espèce, vers la fin d'avril, 
aux environs de Bruxelles. Trois de ces males appartiennent à la Var. 1 
et quatre femelles à la Var. 2. 


4. M. Arrims. Méhe. o.0. 


Niger, pedibus rufis, tibiis posticis albidis, macula ante basin apiceque rufis vel 
rufo-fuscis , tarsis posticis nigris; metathorace convexo. (Terebra corpore paulo 
breviore, 9.) 2+ hi. 


Var. 1. s. Coxis anterioribus f'uscis. 


Le mâle a les antennes de la longueur du corps, noires (de 34 ou 35 
articles). Tout le corps est noir, luisanit, pubescent; les palpes sont 
d’un fauve testacé ; la face est plane. Le dos du métathorax est convexe; 
il est parcouru dans le milieu par deux carènes longitudinales paral- 
lèles, qui ne sont pas relevées vers l'extrémité. Le premier segment de 
l'abdomen a de chaque côté de la base une carène qui s’évanouit vers 
le milieu. Les pieds sont fauves; les jambes de derrière sont blanchà- 


12 MONOGRAPHIE 


tres avec une tache avant la base et l’extrémité tantôt fauves, tantôt 
noirâtres. Les tarses de derrière sont noirs. Les ailes sont transparentes ; 
l’écaille et la radicule sont testacées ou d’un testacé obscur ; le radius 
est droit entre la deuxième cellule cubitale et la côte. Le stigmate est 
d’un brun-noirâtre. 

Le mâle de la Var. 1 a les quatre premières hanches noirätres. 

La femelle a les antennes un peu plus longues que la moitié du 
corps (de 35 articles). Les carènes médianes du métathorax sont aussi 
bien marquées que chez le mäle ; les deux premiers segmens de labdo- 
men sont en grande partie couverts de fines rugosités. La tarière est de 
la longueur du corselet et de l'abdomen. 

J'ai pris trois mâles et une femelle de cette espèce , vers la fin d’avril, 
aux environs de Bruxelles. 


Observations. — Cette espèce diffère de la précédente : 1° par la couleur des pieds ; 2° par la 
convexité du méthatorax. La lonoueur des pieds est à peu près la même, mais ils sont un peu 
plus épais. 

Chez l’un des mâles, le premier et le second segment de l'abdomen ont , par places, quelques 
rugosités ; chez les autres , il n’y en a pas. Cela prouve que, comme caractère spécifique, ces 
rugosités ont bien peu d'importance chez les Microdus. 


9. M. Dezusorn. Mihi. à. 0. 


Niger, pedibus rufis, coæis omnibus tarsisque posticis nigris ; tibiis posticis albidis, 
macula ante basin apiceque rufo-vel nigro-fuscis ; abdominis segmentis duobus 
prioribus subtiliter rugulosis. ( Terebra corpore paulo breviore , 9.) 24 li. 


Le mâle a les antennes noires, un peu plus courtes que le corps (de 
33 articles). Tout le corps est noir, luisant, légèrement pubescent. Les 
palpes sont d’un testacé obscur. Le milieu de la face est distinctement 
un peu élevé en carène. Le métathorax est très-convexe, caréné comme 
chez l’espèce précédente. Les deux premiers segmens de l'abdomen 
sont en grande partie rugueux; le premier est bicaréné à la base. 
Toutes les hanches sont noires; les trochanters de devant et du milieu 
ont le premier article noirâtre et le second fauve; ceux de derrière sont 
fauves. Les cuisses sont fauves ; elles ont en dessous, à la base , une tache 


DES BRACONIDES DE BELGIQUE. 13 


allongée noire. Les jambes de devant et celles du milieu sont fauves ; 
celles de derrière sont blanchâtres avec une tache sous la base, et 
l'extrémité d’un fauve obscur ou noirâtre. Les tarses de devant sont 
fauves avec le dernier article obscur ; ceux du milieu sont obscurs ; ceux 
de derrière sont noirs. Les ailes sont transparentes. À son départ de la 
deuxième cellule cubitale, le radius décrit une courbe à peine sensible 
qui le rapproche un peu du stigmate, mais vers l’extrémité il est droit. 
Le stigmate est d’un brun noïrätre. 

La femelle a les antennes un peu plus longues que la moitié du corps 
(de 31 ou 32 articles). Ses palpes sont testacés. Tous ses trochanters 
sont fauves; sa tarière est de la longueur du corselet et de l’abdomen. 

J’ai pris quatre femelles et un male de cette espèce , aux environs de 
Bruxelles, vers la fin d'avril. 


Observations. — Quoique cette espèce ressemble extrêmement à la précédente, je la crois 
néanmoins distincte à cause de la réunion de ces quatre circonstances : face un peu élevée dans 
le milieu ; antennes à articles moins nombreux ; hanches de couleur différente (noires); cellule 
radiale plus étroite sous le stigmate. 

Les cinq individus que je possède ont tous les deux premiers segmens de l'abdomen également 
rugueux. Je n’attache cependant pas grande importance à ce caractère, puisqu'il varie dans 
l'espèce précédente. 


6. M. Tusercurarus. Mihe. '.0. 


Niger, pedibus rufis , coxis, trochanterum articulo primo, tarsisque posticis nigris ; 
tibiis posticis albidis, macula ante basin apiceque fuscis ; primi seymenti abdo- 
minis tuberculis lateralibus acute prominulis. ( Coæis posterioribus rufis ; terebra 
corpore paulo breviore, o.) 27 li. 


Le mâle a les antennes à peu près de la longueur du corps, noires 
(de 30 à 32 articles). Tout le corps est noir, pubescent. Les palpes 
sont testacés; la face est distinctement élevée en carène dans le milieu. 
Le métathorax est très-convexe, bicaréné longitudinalement dans le 
milieu. L’abdomen est lisse. Le premier segment a de chaque côté, à 
peu de distance de la base, une forte saillie latérale aiguë. Il est sur- 
monté de deux carènes qui n’atteignent pas son extrémité. Les hanches 


14 MONOGRAPHIE 


sont noires ; le premier article des trochanters est noir, le deuxième est 
d’un fauve plus ou moins obscur. Les cuisses sont fauves , quelquefois 
sans taches, le plus souvent avec une tache noire en dessous à la base, 
soit sur toutes, soit sur les quatre premières seulement ; les jambes de 
devant et celles du milieu sont fauves ou d’un fauve testacé ; celles du 
milieu sont quelquefois obscures vers l’extrémité. Les jambes de der- 
rière sont blanchätres avec une tache ou demi-anneau noir ou noirâtre 
un peu avant la base; leur extrémité est noire, parfois mélangée de 
fauve en dessous. Les quatre premiers tarses sont d’un fauve testacé, 
avec le dernier article noir ou noirâtre ; ceux de derrière sont noirs. 
Les ailes sont transparentes. L’écaille de la base est ordinairement 
testacée et la radicule noiratre. La nervure supérieure de la cellule 
discoïdale externe ne décrit qu’une courbe très-légère en sortant du 
préstigmate et ne se courbe fortement que pour rejoindre la deuxième 
nervure humérale. En quittant la deuxième cellule cubitale, le radius 
se courbe un peu vers le stigmate, et il se recourbe en sens contraire 
vers l'extrémité. Le stigmate est d’un brun obscur. 

La femelle (un seul individu) a les hanches du milieu et celles de 
derrière fauves ; les trochanters de devant ont le premier article noir, 
et le second fauve; les quatre derniers sont fauves avec la base du pre- 
mier article noir. Les cuisses sont fauves sans taches. La tarière est 
de la longueur du corselet et de l'abdomen. (Les antennes de 30 
articles). 

J'ai pris huit mäles et une femelle de cette espèce aux environs de 
Bruxelles, vers la fin d'avril. 


Observations. — Cette espèce diffère des deux précédentes en ce que : 1° sa face est un peu 
plus courte et distinctement élevée longitudinalement dans le milieu ; 2° les tubercules latéraux 
du premier sepment sont très-saillans ; 8° la nervure supérieure de la discoïdale externe n’est 
pas, comme chez eux, fortement arquée à sa sortie du préstigmate ; # le radius décrit une 
double sinuosité entre la deuxième cellule cubitale et la côte. 

J'ai hésité long-temps si je ne rapporterais pas cette espèce au Bassus Gloriatorius de Panzer, 
qui a absolument les mêmes couleurs, mais qui, à en juger par la fioure , est beaucoup plus 
grand. Ce qui m'a décidé à ne pas le faire, c’est que M. Nees Von Esenbeck a rapporté à l'espèce 
de Panzer des individus d’aussi forte taille, et qui probablement diffèrent de mon M. Tuber- 
culatus. 


DES BRACONIDES DE BELGIQUE. 15 


IT. Première cellule cubitale confondue avec la discoïdale externe. — Deuxième 
cellule cubitale triangulaire. — Un sillon longitudinal vers le bas des flancs. — 


Deux sillons convergens sur le dos du mésothorax. (Sub-G. THEROPHILUS.) 


7. M. Rurtpes. 


Niger, pedibus rufis, tibiis posticis apice nigris ; abdomine a basi ultra dimidium 
striato ruguloso ; terebra corpore paulo breviore, 9. 2k li. 


? Mrcronus Rurmwes. Ve. Von Es. Hym. Ich. AfF. 146. 6. 


La femelle a les antennes un peu plus courtes que le corps (de 33 ou 
34 articles), noires, quelquefois fauves en dessous vers la base. La tête 
est noire, lisse, luisante ; le labre est d’un fauve testacé ; les palpes sont 
d’un fauve très-obscur. Le prothorax et le mésothorax sont noirs, lui- 
sans; les deux sillons du dos du mésothorax sont très-profonds, et 
l’espace compris entre eux est fort protubérant. Le dos du métathorax 
est d’un noir terne, fortement rugueux, surmonté dans le milieu d’une 
carène qui n’atteint pas l'extrémité. L’abdomen est noir; le premier 
segment, et le second jusque près de l'extrémité, sont couverts de 
fines rugosités longitudinales assez régulières et parallèles. La tarière 
est de la longueur du corselet et de l'abdomen. Les pieds sont fauves ; 
ceux de derrière ont le bout des jambes noir et les derniers articles des 
tarses obscurs. Les ailes sont transparentes. Le stigmate est noirâtre. 

J'ai pris trois femelles de cette espèce, pendant le courant de Pété, 
aux environs de Bruxelles. 


Observation.— Je doute si cette espèce est la même quele M. Rufipes de M. Nees Von Esenbeck, 
parce que : l° il ne parle pas de la couleur du labre ; 2° il dit que toutes les jambes sont noires 
au bout; 3° selon lui la tarrière est de la longueur du corps; 4 il dit que l’abdomen a une dent 
saillante de chaque côté de la base. Quant à ce dernier caractère , je conviens qu'il est ordinai- 
rement plus prononcé chez les mâles que chez les femelles, et comme je n’ai que des individus 
de ce dèrnier sexe, il m’est difficile d’asseoir un jugement certain. 


1 En comptant, comme je l’ai toujours fait, pour un seul seoment tout l’espace dont les bords 
latéraux ne sont pas entamés ; il en résulte que le second segmeut est très-lons et partagé en 
trois par autant de sillons transversaux , dont le second est arqué. 


16 MONOGRAPHIE 
8. M. Tummurus. o'.Q. 


Niger , macula orbitarum postica ; pedibusque rufis ; coxis , trochanteribus , tibiis 
apice tarsisque posticis , nigris. ( Terebra longitudine corporis, o.) 1:—21 li. 


Micropus Tuwupuzus. /Ve. Von Es. Hym. Ich. AfF. 147. 8. 


Var. 1. os. 0. Labro rufo testaceo. 
Var. 2. ©.  Coxistrochanteribusque posterioribus rufis. 
Var. 3. ©.  Trochanteribus rufis; tarsis posticis basi testaceis. 


Le mâle a les antennes à peu près de la longueur du corps, noires, 
(de 30 articles). Tout le corps est légèrement pubescent ; les derniers 
articles des palpes sont testacés ou d’un testacé obscur. La tête est 
noire, luisante et a par derrière, contre les yeux, une tache linéaire 
fauve. Le bord supérieur de la face est un peu échancré dans le milieu. 
Le prothorax et le mésothorax sont noirs, luisans ; le métathorax est 
rugueux, d’un noir terne; il est surmonté dans le milieu de deux 
carènes qui, partant d’un même point de la base, s’écartent en ligne 
courbe, et se rejoignent ensuite à l'extrémité, de manière a laisser 
entre elles un espacc ovale aigu aux deux bouts. L’abdomen est noir, 
luisant. Le premier segment est couvert de rugosités longitudinales 
fines et plus ou moins distinctes. Les hanches sont noires. Le premier 
article des trochanters est noir; le second est fauve ou fauve-obscur. 
Les cuisses et les jambes sont fauves ; les jambes de derrière sont noires 
au bout; les tarses de devant sont fauves, ceux du milieu sont fauves ou 
d’un fauve obscur; ceux de derrière sont noirs. Les ailes sont transpa- 
rentes avec une légère temte obscure; quelquefois on distingue un 
espace transversal incolore vis-à-vis du stigmate; celui-ci est noir ou 
noirätre. Le radius est droit entre la deuxième cubitale et la côte. 

La femelle ne diffère du mâle que par la présence de la tarière qui est 
de la longueur du corps. 

Dans la Var. 1, le mâle et la femelle ont le labre d’un fauve testacé ; 
quelquefois les jambes de derrière ont près de la base une tache ou 
demi-anneau obscur, et quelquefois en outre les cuisses de derrière 


DES BRACONIDES DE BELGIQUE. 17 


sont plus ou moins obscures, surtout au côté interne et au côté externe. 

Dans la Var. 2, la femelle a les hanches et les trochanters des quatre 
derniers pieds entièrement fauves, et quelquefois une tache obseure 
près de la base des jambes de derrière. 

Dans la Var. 3, la femelle a tous les trochanters fauves, et le premier 
article des tarses de derrière testacé jusque près de l'extrémité. Les 
jambes de derrière ont une tache légèrement obscure avant la base. IL 
n’y à pas de tache orbitale fauve derrière les yeux. 

J'ai pris six mâles et huit femelles de cette espèce, aux environs de 
Bruxelles, pendant l’été. Trois mâles et trois femelles appartiennent à 
la Var. 1, deux femelles, à la Var. 2, et une à la Var. 3. 


9. M. Consricuus. Mihe. 9.0. 


Niger, ore pedibusque rufis, tibiis posticis apice nigris (orbitis posticis abdominis- 
que medio rufis, s.) (Orbitis abdomineque rufis , hujus seymento primo nigro; 
terchra longitudine corporis, 9.) 2 li. 


Le mâle à les antennes environ de la longueur du corps, noires (de 
31 articles). La tête est noire, luisante; les orbites postérieurs des yeux, 
le chaperon, les mandibules et les palpes sont d’un fauve testacé. Le 
prothorax et le mésothorax sont noirs, luisans; le métathorax est d’un 
noir terne, fortement rugueux, presque tronqué obliquement à l’ex- 
trémité. Il est surmonté dans le milieu du dos de deux petites carènes 
longitudinales qui s’arrêtent où commence la partie déclive. Le premier 
segment de l’abdomen est noir; il est couvert de fines rugosités longitu- 
dinales ; 1l a de chaque côté, à peu de distance de la base, un tubercule 
fort saillant ; le second segment est fauve ; les suivans sont noirs avec le 
bord latéral fauve; tout le ventre est fauve. Les pieds sont fauves ; le 
bout des jambes de derrière est noir ; les tarses de derrière ont l’extré- 
mité des articles légèrement obscure. Les ailes ont une teinte noirâtre, 
et une ligne transversale incolore vis-à-vis du stigmate. La deuxième 
cellule cubitale est un peu pétiolée ; la cellule radiale est très-étroite; 


et le radiusest sinué vis-à-vis de l’extrémité du stigmate. 
Ton. X. 3 


18 MONOGRAPHIE 


Chez la femelle, les orbites des yeux tout entiers et une partie des 
joues sont d’un fauve testacé ; l'abdomen est fauve avec le premier 
segment noir ; la tarière est de la longueur du corps. 

J'ai pris un mâle et une femelle de cette espèce, dans le mois de jquil- 
let, aux environs de Bruxelles. 


10. M. Cncuzrres. «'.Q. 


Niger, femoribus tibiisque anterioribus rufis; tibiès posticis albidis, macula ante 
basin apiceque fuscis ; tarsis posticis basi albidis ; radio ante apicem sinuato. 
( Terebra longitudine corporis, 9. ) 2 li. 


Mrcronus Cineuures. /Ve. Von Æs. Hym. Ich. AfF. 148.9. Q. 


Le mâle a les antennes de la longueur du corps, noires (de 31 arti- 
cles chez un individu). La tête est noire, luisante; le bord supérieur de 
la face est un peu saillant dans le milieu. Les derniers articles des palpes 
sont d’un testacé obscur. Le prothorax et le mésothorax sont noirs, 
luisans. Le métathorax est d’un noir terne, entièrement rugueux, 
presque tronqué à l'extrémité, et parcouru dans le milieu par deux 
petites carènes longitudinales plus ou moins distinctes, effacées vers 
l'extrémité. L’abdomen est noir, luisant ; le premier segment a quelques : 
fines rugosités longitudinales. Les hanches sont noires ; celles de devant 
et quelquefois celles du milieu sont d’un testacé plus ou moins obscur 
en dessous. Les trochanters sont noirs. Les cuisses, les jambes et les 
tarses de devant sont d’un fauve testacé; les cuisses du milieu sont 
d’un fauve testacé avec la base noire; les jambes du milieu sont d’un 
fauve testacé avec l'extrême base blanchätre et quelquefois une nuance 
obscure près de la base et à l'extrémité; les tarses du milieu sont obscurs 
avec la base du premier article blanchâtre. Les cuisses de derrière sont 
noires; les jambes sont blanchâtres jusqu’un peu plus bas que le milieu, 
puis noires jusqu’au bout, et elles ont près de la base un demi-anneau 
noirätre. Les tarses sont noirs avec la base du premier article blanchätre. 
Les ailes sont noirâtres, avec une ligne transversale incolore vis-à-vis 


DES BRACONIDES DE BELGIQUE. 19 


du stigmate. La deuxième cellule cubitale est longuement pétiolée ; la 
cellule radiale est extrêmement étroite; le radius est fortement sinué 
vis-à-vis de l'extrémité du stigmate, et dans cet endroit il est presque 
incolore. 

Chez la femelle, les tarses du milieu sont moins obscurs , et les jam- 
bes de derrière sant quelquefois d’un brun noirâtre vers l’extrémité. La 
tarière est de la longueur du corps. 

J'ai pris deux mâles et deux femelles de cette espèce, dans le mois 
d'août, aux environs de Bruxelles. 


20 MONOGRAPHIE 


——— — 


XXIIL. G. ISCHIUS. Mur. 


MICRODUS. Sect. 2. Ne. Von Es. 


Antennes composées d’un nombre d’ar- Antennœæ numero articulorum varia- 
ticles variable. bih. 

Tarière longue , filiforme. Terebra exserta, longa, filiformis. 

Une celluleradiale oblongue-lancéolée, Cellula radiatis una, oblongo-lanceo- 


complète; radius également épais dans  /ata, perfecta, nervo valido clausa. 
toute son étendue. 

Deux cellules cubitales ; la première Cellulæ cubitales duæ; prima neroum 
recoit la nervure récurrente. recurrentenr excipit. 


C’est surtout par la disposition des nervures des ailes que les Zschius 
diffèrent des Æicrodus ; ainsi 1° leur cellule radiale est notablement 
plus large; 20 ils n’ont que deux cellules cubitales; et la première 
n’est jamais confondue avec la discoïdale externe ; 3° la cellule humé- 
rale interne des ailes inférieures n’émet pas un rameau de son bord 
postérieur. Îls ont aussi les hanches de derrière proportionnellement 
plus grosses. Quant aux yeux, ils sont glabres comme ceux des #icro- 
dus, et ils ont comme eux les mâchoires et la lèvre courtes et cachées. 

On rencontre ordinairement les Zschius sur les fleurs. On n’a pas 
observé leurs métamorphoses. 


DES BRACONIDES DE BELGIQUE. 21 
1. Osscuraror. &'. 0. 


Niger, femoribus anticis vel anterioribus apice, tibiisque plus minus, rufis; ais, 
fuscis. ( Terebra longitudine variabili, o.) 11— 2: {i. 


Mrceropus Ossauraror. /Ve. Von Es. Hym. Ich. Aff., I, 151, 149. 


(Var. ?) Mrcropus ANNULATOR. Id. Id. 159. 
( War. ?) Mreronus Levicaror. Id. Id. 13 ©. 
(War. ?) Micronus Puncruraror.  Zd. Id. 12. 


Les antennes ont environ trente articles chez le mâle, et vingt-sept 
chez la femelle ; celles du mâle sont de la longueur du corps; celles 
de la femelle sont un peu plus courtes et varient d’ailleurs de longueur 
et d'épaisseur. Elles sont ordmairement noires. Quelquefois cepen- 
dant elles sont d’un fauve obscur vers la base ( excepté le premier ar- 
ticle qui est toujours noir). La tête, le thorax et l’abdomen sont noirs. 
Le labre et les mandibules sont quelquefois fauves. La plus grande 
partie de la tête et du thorax est finement ponctuée ou légèrement 
chagrinée. La face est un peu protubérante. Les flancs du mésothorax 
sont lisses, luisans et sont parcourus vers le bas par un sillon longitu- 
dinal crénelé. Le dos du mésothorax est marqué de deux sillons con- 
vergens qui se rejoignent au devant de l’écusson. Le métathorax est 
rugueux. Le premier segment de l'abdomen est ordinairement ponctué 
très-finement et un peu mat; rarement il est presque entièrement lisse 
et luisant ; quelquefois il est légèrement canaliculé dans le milieu. Le 
deuxième segment est finement ponctué et mat comme le premier, 
soit en entier, soit un peu à la base ; ou bien il est entièrement lisse et 
luisant ainsi que les segmens suivans. La tarière de la femelle est tan- 
tôt de la longueur de Pabdomen, tantôt de la longueur des deux tiers 
ou des trois quarts du corps, tantôt elle est aussi longue que le corps, 
ou même un peu plus. Les hanches sont noires, ainsi que le premier 
article des trochanters; le dernier article de ceux-ci a ordinairement 
plus ou moins de fauve, surtout aux pieds de derrière. Les cuisses sont 
noires avec l'extrémité de celles de devant et quelquefois aussi de celles 
du milieu fauve. Les jambes sont tantôt fauves avec l'extrémité de celles 


22 MONOGRAPHIE 


Ho] 


de derrière noirâtre ; tantôt les quatre premières sont d’un fauve ob- 
seur vers la base, avec l'extrémité, ou méme tout le côté extérieur 
noirätre , et celles de derrière noirâtres avec le milieu d’un fauve ob- 
scur. Chez les mâles, le noir domine ordinairement davantage, et les 
quatre pieds postérieurs sont quelquefois entièrement noirs. Les ailes 
ont une teinte obscure plus on moins intense. 

Je possède deux mäles et sept femelles de cette espèce pris aux 
environs de Bruxelles. M. Robert a aussi pris les deux sexes aux en- 


virons de Liége. 


Observation. — Si je suis porté à croire que les Microdus Punctulator, Levigator, Obscurator 
et Annulator, ne sont que des variétés d'une seule et même espèce, c’est que la plupart des indi- 
vidus que je possède semblent être intermédiaires entre ces quatre espèces de M. Nees Von 
Esenbeck ; ainsi, l’un d'eux, long de 24 liones, a les deux premiers seomens de l'abdomen et 
la base du troisième finement chagrinés, et les antennes assez grèles : sous ce double rapport 
il se rapproche du Ï. Punctulator, mais il s’en éloigne : 1° par la structure du métathorax qui 
n'est pas tronqué ; 2° par la surface tout-à-fait lisse des segmens, à partir du quatrième ; 8° par 
les dimensions de la tarière qui est aussi longue que la moitié du corps; 4° par la couleur des 
pieds dont le bout des quatre cuisses antérieures et toutes les jambes sont d’un fauve testacé. 
Tous les individus suivans ont au plus deux lignes de long; l’un d’eux diffère du précédent, en 
ce que l'extrémité du second segment et tous les suivans sont lisses, et les pieds plus obscurs. 
Un troisième individu a le premier seoment et la moitié antérieure du second très-finement cha- 
grinés, les antennes d’un fauve obscur vers la base, la tarière aussi longue que le corselet et 
l'abdomen; du reste , il ressemble au précédent. Trois autres individus ont le premier sepment 
canaliculé dans le milieu, et finement chagriné ainsi que la base du second : sous ce rapport ils 
ressemblent au M. Obscurator; mais l’un d’eux s’en éloigne parla brièveté de la tarièrequiest de 
lalongueur de la moitié du corps ; etun autre a le second seoment presque entièrement chagriné. 
Enfin je possède un individu qui , par ses antennes épaisses , son abdomen entièrement lisse et sa 
tarière un peu plus longue que l'abdomen, ressemble au M. Levigator ; et qui en diffère : 1° par 
ses antennes toutes noires ; 2 par son métathorax rugueux ; 8° par la couleur des cuisses et des 
jambes sur lesquelles le noir domine beaucoup plus. 

Parmi les noms imposés par M. Nees Von Esenbeck à ses quatre espèces, j'ai choisi celui 
d’Obscurator, parce qu'il n'indique rien qui ne soit applicable à tous les individus que je possède. 


DES BRACONIDES DE BELGIQUE. 23 


XXIV. Ge AGATHIS. LarT. 
BRACON. Fas. Srin.— ICHNEUMON. Jur. — AGATHIS. Nr. Von Es. 


Antennes d’un nombre d'articles va- 
riable. 

Machoires et lèvre allongées en forme 
de bec. 

Tarière longue, filiforme. 

Une cellule radiale linéaire-lancéolée , 

complète; radius également épais dans 
toute son étendue. 
- Trois cellules cubitales; la première 
confondue avec la discoïdale externe ; la 
deuxième très - petite triangulaire, ou 
quadranoulaire. 

Cellule hu mérale interne des ailes in- 
férieures émettant un rameau de son bord 
postérieur. 


Antennæ numero articuloruin varia- 
bili. 
Maille et labium in rostrum producta. 


Terebra exserta, longa, filiformis. 
Cellula radialis una lineari-lanceolata, 
perfecta, nervo valido clausa. 


Cellulæ cubitales tres ; prima in discoï- 
dalem externam effusa ; secunda minuta, 
triangularis, vel quadrata. 


Alarum posticarum cellula humeralis 
interna ramulum ex latere posteriore emit- 
tens. 


Te 


De même que les Yicrodus et les Zschius, les Agathis ont les yeux 
glabres et la cellule radiale bien complète. Par la disposition des ner- 
vures des ailes, ils se rapprochent singulièrement des Æicrodus de 
la seconde division, et ils n’en diffèrent que par le prolongement ros- 
triforme des mâchoires et de la lèvre. 

On trouve les Agathis sur les fleurs. 


1. A. Nicra. ©. 0. 

Nigra, fémoribus anterioribus apice late, tibiisque omnibus rufis, harum posticis 
apice nigris ; femoribus posticis apice piceo rufis ; rostro capite longiore ; cellula 
cubitali secunda ut plurimum trigona , petiolata. ( Terebra corpore longiore , 9.) 
D 

Var. 1. Femoribus omnibus rufis, basi brevi spatio nigris. 


AGaruts Nicra. Ve. Von Es. Hym. Ich, Aff. 198, 1. 


Le mâle a les antennes à peu près de la longueur du corps, entièe- 


Lo) 


4 MONOGRAPHIE 


rement noires ; la tête est noire, luisante; l'espèce de bec formé par 
la lèvre et les mâchoires est plus long que la tête, noir, ainsi que les 
palpes. Le corselet est noir, luisant ; on distingue toujours sur les flancs 
quelques vestiges d’un sillon longitudinal. Le métathorax est légère- 
ment rugueux sur les bords; il est parcouru longitudinalement dans le 
milieu par deux faibles carènes parallèles, peu distantes , entre les- 
quelles il se trouve quelquefois des traces d’une troisième. L’abdomen 
est noir, luisant ; le premier segment a ordinairement vers la base quel- 
ques rugosités plus ou moins distinctes. Les hanches et les trochanters 
sont noirs; les cuisses de devant et celles du milieu sont noires depuis 
la base jusque près du milieu, puis fauves jusqu’à l'extrémité ; celles 
de derrière sont noires avec le côté supérieur d’un fauve obscur vers 
le bout. Toutes les jambes sont fauves ; celles de derrière sont noirà- 
tres à l'extrémité; tous les tarses sont noirâtres. Les ailes ont une teinte 
obscure, avec une ligne flexueuse incolore vis-à-vis du stigmate. La 
deuxième cellule cubitale est triangulaire, et plus ou moins pétiolée. 

La femelle ne diffère que par la présence de la tarière qui est un peu 
plus longue que le corps. 

Dans la Var. 1, les cuisses sont fauves avec l'extrême base noire. 

Je possède quatre mâles et une femelle de cette espèce, pris aux en- 
virons de Bruxelles pendant le mois de juillet. 


2. À. Ruriparris. &'. o. 


Nigra, palpis maæillaribus et femoribus anticis vel anterioribus apicem versus, 
tibiisque anterioribus rufo testaceis ; tibiis posticis pallidius testaceis , apice nigris ; 
rostro capite breviore ; cellula secunda cubitali ut plurimum tetragona, sessili. 
(Terehra corpore longiore, o.) 15 —2 {i. 

Acarmis Rurrpazris. ÎVe. Von Es. Hym. Ich. Aff. 129, 3. 


? Var. ©. Terebra corporis vix longitudine. 
Le male a les antennes à peu près de la longueur du corps, entiè- 


rement noires ( souvent de 24 articles, rarement de 26 à 29). La tête 
est noire, luisante; le rostre formé par les mâchoires et la lèvre est 


DES RRACONIDES DE BELGIQUE. 25 


moins long que la tête, noir; les trois ou quatre derniers articles des 
palpes maxillaires sont d’un testacé quelquefois assez obscur. Le cor- 
selet et l'abdomen sont colorés et conformés comme chez l’espèce pré- 
cédente ; seulement, le premier segment de l’abdomen a ordinairement 
des rugosités plus nombreuses et plus distinctes. Les hanches et les 
trochanters sont noirs; les cuisses de devant sont d’un fauve testacé 
avec la base noire; celles du milieu sont noires avec l'extrémité d’un 
fauve testacé; celles de derrière sont noires. Les quatre premières jambes 
sont d’un fauve testacé; celles de derrière sont d’un testacé plus pâle 
avec l’extrémité noire, et souvent un vestige d’anneau obscur près de 
la base. Les tarses de devant et ceux du milieu sont tantôt d’un fauve 
testacé avec le dernier article obscur, tantôt le premier article seul ou 
les deux premiers sont d’un fauve testacé, tantôt ils sont entièrement 
noirâtres comme ceux de derrière. Les ailes ont une teinte obscure, 
avec une ligne flexueuse incolore vis-à-vis du stigmate; la deuxième 
cellule cubitale est en carré plus ou moins rétréci extérieurement, 
quelquefois presque triangulaire, et elle est sessile. 

Chez la femelle, les cuisses intermédiaires sont quelquefois entiè- 
rement noires, et les jambes de la même paire sont souvent noirâtres 
à l’extrême bout. La tarière est plus longue que le corps (les antennes 
ont de 21 à 24 articles). 

J'ai pris aux environs de Bruxelles huit mâles et sept femelles de 
cette espèce, depuis le commencement de juin jusqu’en septembre. 
M. Robert m'a aussi envoyé un male des environs de Liége. 

Observation. — Je ne sais si je dois regarder comme une variété deux autres femelles dont la 
tarière est à peine aussi longue que le corps, mais qui ne me semblent présenter aucune autre 
différence appréciable. 

3. A. BREVISETA. ©. 
Nigra, femoribus anterioribus apice, tibiisque rufo testaceis; harum posterioribus 
apice et ante basin nigris ; rostro capite breviore ; cellula cubitali secunda qua- 


drata. ( Terebra longitudine abdominis, %.) 2 li. 


Acartuis Brevisera. Ve. Won Es. Hym. Ich. Aff. 131. 4. 


La femelle a les antennes noires (le seul individu que je possède a 
Ton. X. 4 


26 MONOGRAPHIE 


vingt-huit articles, et elles sont mutilées). Les palpes, le rostre, la 
tête, le corselet et l’abdomen sont noirs, et conformés comme chez l’es- 
pèce précédente. L’extrémité des quatre premières cuisses, et toutes 
les jambes sont d’un fauve testacé, un peu plus pâle à celles de der- 
rière ; les quatre dernières jambes ont l'extrémité et une tache près de 
la base noires ou noirâtres. La tarière est de la longueur de l’abdomen; 
les ailes ont la méme teinte que chez les précédens ; la deuxième cel- 
lule cubitale est carrée. 
J'ai pris un individu de cette espèce aux environs de Bruxelles. 
4. À. PurcatTor. «.0. 
Rufo-testacea ; antennis , pedum posticorum tibiis apice , tarsisque plus minus nigris; 


alis obseuris, basi flavescentibus ; anticis fascia media, posticis, macula margi- 
nali &, fascia o, albo hyalinis. (Terebra longitudine fere abdominis, 9.) 33 di. 


AGarurs Purcator. Ve. Von Es. Hym. Ich. Aff. 141. 11. o. 
AGaATHIS DEFLAGRATOR, tb. Id. 140. 10. var. B. ©. 

Le male a les antennes de la longueur du corps, entièrement noires; 
tout le corps et les pieds sont d’un fauve testacé ou fauves; ceux de 
derrière ont les genoux, l'extrémité des jambes et les tarses noirs. Les 
ailes ont une teinte jaunâtre à la base, à peu près dans toute l’étendue 
des cellules humérales ; ensuite elles sont noirâtres jusqu’à l'extrémité ; 
les supérieures sont traversées vis-à-vis du stigmate par une large bande 
incolore, et les inférieures ont une tache incolore sur le bord externe un 
peu au delà du milieu. Le stigmate est jaune avec l'extrémité noiratre. 

Chez la femelle, les antennes sont de la longueur des trois quarts 
du corps; quelquefois les genoux de derrière ne sont pas noirs, et 
souvent les tarses de la même paire sont fauves avec l'extrémité des 
articles noire. La tarière est à peu près de la longueur de labdomen. 
Entre la bande transversale qui est vis-à-vis du stigmate et l'extrémité 
de l'aile, il y a une seconde bande large, toujours un peu obsure, et 
dont les limites sont plus ou moins tranchées; les ailes inférieures sont 
traversées vers le milieu par une large bande transversale incolore. 

J'ai examiné 4 mâles et 4 femelles de cette espèce, pris aux environs 
de Bruxelles ; M. Robert me l’a aussi envoyée des environs de Liége. 


DES BRACONIDES DE BELGIQUE. 


LE 
Si 


XXV. G MICROGASTER. Lar. 


ICHNEUMON. Lix. Fas. Scur. Vizz. De Grer. Grorr. Ouiv. Jur. — EV ANTA. 
CEROPALES, CRYPTUS. Fas. — BASSUS. Panz. — MICROGASTER. Lar. 
GraAv. Ne. Vox Es. 


Antennes de dix-huit articles. 
Yeux velus. 
Tarière saillante ou cachée. 


Antennæ octodecim-articulatæ. 
Oculi villosi. 
Terebra exserta vel recondita. 


Une cellule radiale, grande, triangu- Cellula radialis una, magna, triangu- 


laire; première partie du radius épaisse, 

la deuxième très-fine , ou effacée. 
Cellules cubitales au nombre de deux 

ou de trois; dans ce dernier cas, la 


laris; radii pars prior valida, posterior 
tenuissima vel obsoleta 

Cellulæ cubitales , vel tres, secunda mi- 
nuta, triangulari ; vel duæ. 


deuxième petite, triangulaire. 


Les Microgastres ont les antennes assez épaisses, droites ou ar- 
quées, jamais contournées à l'extrémité, toujours composées de dix- 
huit articles dans les deux sexes. Les hanches de derrière sont 
beaucoup plus grandes que les autres, et sont insérées obliquement 
au-dessus des hanches du milieu. L’abdomen est sessile, court, de 
la longueur au plus du corselet. La tarière est cachée ou saillante, 
et lorsqu'elle est saillante, sa longueur varie beaucoup; ses valves 
sont souvent larges, plus ou moins en massue, rarement filiformes. 
La cellule radiale des ailes supérieures est grande, triangulaire; 
mais la partie du radius, qui s’étend de l'angle interne à l'extrémité, 
est si faiblement marquée, que souvent elle est à peine visible, et 
que la cellule paraît incomplète. Aux ailes inférieures, on distingue 


28 MONOGRAPHIE 


chez plusieurs espèces deux cellules radiales et deux cellules cubitales. 

Chez beaucoup de Microgastres, le dos du premier segment de l’ab- 
domen se compose 1° : d’une partie médiane en carré long, quelque- 
fois rétrécie vers l’extrémité, toujours de consistance ferme ou coriace, 
presque toujours noire, circonscrite latéralement par un léger rebord 
ou par un sillon plus ou moins distinct : c’est ce que je nomme le dis- 
que; 2° d’une partie marginale bordant le disque sur les côtés, de 
consistance moins ferme ou membraneuse, souvent de couleur pale, et 
s’élargissant plus ou moins vers l’extrémité. 

Les Microgastres déposent leurs œufs dans le corps des chenilles. 
Chaque chenille en nourrit ordinairement un grand nombre. Lors- 
qu’elles ont atteint le terme de leur croissance, elles sortent en lui per- 
çant la peau, et filent, les unes à côté des autres, des coques soyeuses , 
avec un ordre qui varie selon les espèces. On peut donc ranger les 
Microgastres parmi les insectes qui rendent le plus de services aux cul- 
livateurs. 


I. 
Trois cellules cubitales. 

A. 
Pas de sillon longitudinal sur les flancs. 

À. 


Deuxième segment de l’abdomen partagé en deux par un sillon transversal. 
œ. 


Portion antérieure du second seyment de l’abdomen une fois plus longue que la 
postérieure. 


1. M. Dimnrarus. o. Mehi. 


Niger , antennis rufescentibus ; palpis , mandibulis, pedibus, abdominisque duobus 
prioribus segmentis rufis, his totis rugosis ; alarum stigmate bicolore, &. 23 le, 


Les antennes ont une fois et demie la longueur du corps, et sont 
d’un fauve obscur avec les deux premiers articles noirs. La téte est 


DES BRACONIDES DE BELGIQUES. 29 


noire, ponctuée; la face est finement chagrinée et terne ; le labre, les 
mandibules et les palpes sont fauves. Le corselet est noir; le prothorax, 
le dos du mésothorax, les épaules et la poitrine sont ponctués, les flancs 
et l’écusson sont lisses. Le métathorax est très-rugueux, caréné lon- 
gitudinalement dans le milieu. Les deux premiers segmens de l’abdo- 
men sont fauves, entièrement rugueux; la partie antérieure du second 
est à peu près aussi longue que le premier, et elle est une fois plus 
longue que la partie postérieure. Les segmens suivans sont noirs et 
lisses. Les pieds sont fauves; l’extrémité des jambes de derrière et les 
ongles de tous les tarses sont noirs. Les ailes ont une teinte obscure; 
les supérieures ont une tache incolore près de la deuxième cellule cu- 
bitale ; les nervures humérales sont jaunâtres; le stigmate est noirâtre 
avec une grande tache jaune à la base. 

J'ai pris un seul mâle de cette espèce au commencement du mois 
d'août, dans la plaine de Mon-Plaisir, près de Bruxelles. 


b. 


Portion antérieure du second segment de l’abdomen un peu plus longue, ou de 
même longueur que la postérieure. 


2. M. Maromnezzus. d.o@. Mihi. 


Niger, antennis rufescentibus ; palpis, pedibus , abdominis cingulo medio, ventre- 
que testaceis ; pedum posticorum genubus , tibiis apice tarsisque nigris ; abdominis 
segmento primo toto, secundo sulcum usque rugulosis, sulco paulo pone medium 
sito. (Terebra 3 abdominis, o.) 13 di. 


Le mâle a les antennes plus longues que le corps, d’un fauve tes- 
tacé, noirâtres au-dessus vers la base. La tête est noire, ponctuée; la 
face est chagrinée et terne ; les mandibules sont fauves; les palpes sont 
testacés. Le corselet est noir; le prothorax, le dos du mésothorax, les 
épaules et la poitrine sont finement ponctuées; le disque des flancs et 
l’écusson sont lisses. Le métathorax est rugueux, caréné longitudina- 
lement dans le milieu. Le dos de l’abdomen est noir; les angles api- 
caux du premier segment, les bords latéraux et l’extrémité du second 


30 MONOGRAPHIE 


sont testacés ; le ventre est testacé avec l’extrémité noire. La surface 
du premier segment, et celle du second jusqu’au sillon transversal est 
rugueuse ; ce sillon partage le segment en deux portions inégales, l’an- 
térieure un peu plus longue que la postérieure. Les pieds sont testa- 
cés; ceux de derrière ont le côté extérieur des hanches, les genoux, 
l'extrémité des jambes et les tarses noirs. Les ailes ont une très-légère 
teinte cendrée; le stigmate est noire. 

Chez la femelle, les antennes sont à peine aussi longues que le corps, 
d’un fauve plus obscur que chez le mâle. Le second segment de lab- 
domen est d’un fauve testacé depuis le sillon transversal jusqu’à l’ex- 
trémité ; les segmens suivans sont d’un fauve testacé sur les côtés. Les 
hanches de derrière sont entièrement testacées; la tarière est à peu 
près de la longueur du tiers de l'abdomen. 

J'ai pris un mâle et une femelle de cette espèce vers le milieu de 
l'été aux environs de Bruxelles. 


Observation.—Cette espèce paraît avoir beaucoup d’analogie avec le M. Marginatus 169. 12. 
de M. Nees Von Esenbeck ; mais d’après lui la tarière de la femelle n’est pas saillante. 


3. M. Drerrixaror. Panz. 


Niger, pedibus rufis basi nigris ; alis anticis fusco bifasciatis, stigmate bicolore ; 
scutello giblo, punctato ; abdominis seymentis duobus prioribus punctalo-rugo- 
sis, sulco secundi paulo pone medium sito, &. 2x di. 


Icuveumon Derrimaror. Panz. Faun. Germ. 79. 11. 

Bassus Derrimaror. Panz. Krit. rev. 75. 

Icuxeumon Deprimaror. Fab. Syst. Piez. 83. 69. 

Icaxeumon Derriator. Fab. Supp. Ent. Syst. 227. 
Microcasrer Derrimaror. Spin. ns. Lis. Fasc. 3. 148. 3. 
Mrcrocasrer Deprmraror. Lat. Hist. Gen. T,. xmr. 190. 8. 
Icaveuxon Deprimaror. Jur. Hymen. 112. 

Mrcrocasrer Depriwaror. Znc. Meth. Ins. T. x. 42. 
Microcasrer Derraror. ]Ve. Von Es. Hym. Ich. Aff. 164. 4. 


Le mäle a les antennes un peu plus longues que le corps, entie- 
rement noires ; la tête est noire ponctuée; la face est presque cha- 
grinée, terne ; l'extrémité des mandibules et les trois derniers articles 


DES BRACONIDES DE BELGIQUE. 31 


des palpes maxillaires sont d’un fauve obscur. Le corselet est noir ; le 
prothorax, le mésothorax sont très-ponctués; la partie des flancs qui 
avoisine les ailes est lisse. L’écusson est fortement convexe, ponctué; 
le métathorax est très-rugueux, caréné longitudinalement dans le mi- 
lieu. L’abdomen est noir. Le sillon transversal du second segment est 
très-profond et le divise en deux portions imégales, dont la postérieure 
un peu plus courte que l’antérieure. Le premier segment et la partie 
antérieure du second sont très-rugueux; la partie postérieure de celtui- 
ci est rugueuse, mais moins, surtout vers l'extrémité. Les segmens 
suivans sont lisses. Les pieds sont fauves : les hanches et les trochan- 
ters, l'extrême base des cuisses de devant, le bout des cuisses, des jam- 
bes et des articles des tarses de derrière, sont noirs. Les hanches de 
derrière sont fortement ponctuées. Les ailes sont transparentes avec 
deux bandes transversales obscures, dont la première s’étend sur les 
deux cellules discoïdales supérieures ; la seconde, partant du stigmate, 
traverse l'aile en passant sur la seconde cellule cubitale. La première 
moitié du stigmate est testacée, l’autre est noire. 

Je ne possède qu’un seul mâle de cette espèce ; je crois l'avoir pris 
aux environs de Bruxelles. : 


Observation. — Je regarde comme douteuses toutes les citations relatives à cette espèce, ex- 
cepté celle de Panzer; quoique la figure donnée par lui ne soit pas très-soisnée, elle donne 
cependant une juste idée de la coloration des ailes, et des rugosités qui couvrent les deux pre- 
miers seomens de l'abdomen. La description de Spinola que M. Nees Von Esenbeck paraît prendre 
comme point de départ, est très-ambiguë ou très-inexacte, car Spinola dit que le premier seo- 
ment de l'abdomen est rugueux, sans parler du second; et il dit que les pieds sont entièrement 
fauves. 


4. M. Groparus. «1. 0. 


ÎNiger, palpis testaceis basi nigris ; pedibus rufis, coxis, trochanteribus superis , 
femoribus tibiisque posticis apice, tarsisque posticis nigris ; abdominis seymento 
prèmo toto, secundo sulcum medianum usque opaco-rugosis. (Terebra 4 abdo- 


minis o.) 2 li. 


M. Grogarus. Ve. Von Es. Hym. Ich. Aff. 163. 3. 


Var. À. ©. Femoribus posticis totis rufis. 24 le. 


32 MONOGRAPHIE 


Le 


Var. 2. 0.0. Tibis tarsisque posticis totis rufis 1:—21 li. 
Var. 3. d'.9. Femoribus tibiis tarsisque posticis totis rufis. 2 li. 


M. Rurwes. /Ve. Von Es. Hym. Ich. Aff. 164. 5. 


Var. 4. o. Palpis, femoribus anticis basi late, intermediisque totis 
nigris. 2 li. 


Le mâle a les antennes noires, un peu plus longues que le corps. 
La tête est noire, ponctuée; la face est chagrinée, d’un noir terne; 
Les trois ou quatre derniers articles des palpes maxillaires sont testa- 
cés; le dernier article des labiaux est testacé, ou noirâtre avec la base 
testacée, et quelquefois entièrement noirâtre. Le corselet est noir; il 
est couvert de petits points enfoncés, très-serrés sur le dos du méso- 
thorax, épars et peu distincts sur la poitrine. L’écusson et les flancs 
sont lisses, luisans; le métathorax est très-rugueux, caréné longitudi- 
nalement dans le milieu- L’abdomen est noir ; le premier segment et 
la moitié antérieure du second sont rugueux et ternes. Les hanches 
et le premier article des trochanters sont noirs; les cuisses sont fauves ; 
elles ont très-souvent une petite tache noire à la base en dessous, et 
quelquefois aussi au-dessus ; celles de derrière ont l’extrême bout noir. 
Les jambes sont fauves ; celles de derrière sont noires à l'extrémité, 
et quelquefois blanchätres à la base. Les quatre tarses antérieurs sont 
fauves; ceux de derrière sont noirs avec la base de chaque article 
fauve ou testacée : les ailes ont une légère teinte sombre; on y distingue 
ordinairement une bande transversale plus foncée qui s’étend depuis 
le stigmate jusque sur la deuxième cellule cubitale. Le stigmate est 
noir. 

La femelle a les antennes un peu plus courtes que le corps. La ta- 
rière est un peu plus longue que le tiers de l’abdomen. 

La femelle de la Var. 1 diffère en ce qu’elle a toutes les cuisses en- 
tièrement fauves , et les tarses de derrière tout entiers d’un noir foncé. 

Chez la Var. 2, les genoux de derrière sont noirs, mais les jambes 
et les tarses de la même paire sont entièrement fauves; ceux-ci sont 


DES BRACONIDES DE BELGIQUE. 33 


quelquefois d’un fauve un peu obscur. Il y a quelquefois un peu de 
noir à la base des cuisses. 

Chez la Var. 3, les cuisses, les jambes et les tarses de derrière sont 
entièrement fauves comme ceux des deux premières paires. Les cuisses, 
surtout celles du milieu, ont souvent un peu de noir à la base. Une 
femelle a sur les côtés du second segment une bordure testacée. 

Le male de la Var. 4 a tous les trochanters et les hanches noirs. 
Les cuisses de devant sont noires de la base au milieu, et fauves du 
milieu à l'extrémité ; les cuisses du milieu sont noires ; celles de der- 
rière sont fauves avec l'extrémité noire; les jambes sont fauves; celles 
de derrière ont l’extrémité noire ; les quatre premiers tarses sont fauves; 
ceux de derrière sont noirâtres avec la base des articles d’un fauve 
obscur. Les palpes sont entièrement noirs. 

J'ai pris vingt individus de cette espèce aux environs de Bruxelles ; 
une femelle appartient à la Var. 1 ; trois males et trois femelles à la Var. 2; 
cinq males et trois femelles à la Var. 3, et un seul mâle à la Var. 4. 


Observation. — Si on excepte le Var. 4, les autres se nuancent entre elles de telle sorte qu'il 
est presque impossible de fixer leurs limites. Les trois derniers articles des palpes maxillaires 
sont tantôt d’un testacé clair, tantôt d’un testacé obscur, et la couleur du deuxième article de 
ces palpes ainsi que du dernier des labiaux varie du noir au testacé, sans que ces variations 
soient en harmonie avec celles des pieds. Il en est de même des ailes qui sont tantôt plus sombres, 
tantôt presque incolores, et de la base du ventre qui est tantôt noire, tantôt plus ou moins 
testacée. 


9. M. SuBcomPLETus. à. 0. 

INiger, palpis testaceis ; antennis apicem versus rufo-piceis ; pedibus rufis, coxis , 
trochanteribus superis, femoribus tibiisque poslicis apice, larsisque posticis, ni- 
gris ; abdominis seymento primo toto, secundoque sulcum medianum usque opaco- 
rugosis. ( Terebra à abdominis, o.) 1:—2 li. 


Mrcrocasrer Suscowpzerus. {Ve. Von. Es. Hym. Ich. Aff. 165, 6. 


La femelle a les antennes à peu près de la longueur du corps, noires 

à la base, d’un fauve obscur vers l'extrémité. Les palpes sont testacés. 

La tête est noire, ponctuée; la face est finement rugueuse, d’un noir 

mat. Le corselet est noir ; le dos du mésothorax est couvert de petits 
Ton. X. ) 


34 MONOGRAPHIE 


points enfoncés très-serrés ; la poitrine est à peine distinctement poin- 
üllée, luisante ; les flancs sont lisses ainsi que l’écusson. Le métathorax 
est très-rugueux, caréné longitudinalement dans le milieu. L’abdomen 
est noir ; le premier segment et la moitié antérieure du second sont ru- 
gueux et ternes. Les rugosités de l'extrémité du premier segment sont 
longitudinales, un peu obliques, et convergentes postérieurement. Le 
ventre est testacé depuis la base jusqu’à peu de distance de l'extrémité. 
La tarière est de la longueur des deux tiers de l'abdomen. Les hanches 
et le premier article des trochanters sont noirs ; les cuisses sont fauves 
avec les genoux de derrière noirs. Les jambes sont fauves avec l’extré- 
mité de celles de derrière noire, et leur base blanchätre. Les quatre 
tarses antérieurs sont fauves; ceux de derrière sont noirs ou noirâtres 
avec la base des articles d’un fauve plus ou moins obscur. Les ailes sont 
légèrement obscures vers l'extrémité; le stigmate est noirâtre. 

Le male ne diffère de la femelle que par l'absence de la tarière. 

J'ai pris trois femelles et un mâle de cette espèce aux environs de 
Bruxelles. 


Observation. — Quoique les couleurs des antennes, des palpes et des pieds soient identique- 
ment les mêmes chez les quatre individus que je possède, je suis loin de croire qu’elles ne puis- 
sent pas varier, et je pense que ce qui distingue surtout cette espèce de la précédente, c’est la 
longueur de la tarière. 

Si l'espèce que je viens de décrire est la même que celle de M. Nees Von Esenbeck. 1l parait 
qu’elle a souvent les antennes noires. 


6. M. Nirimuzus. o'.o. Mihe. 


Niger, palpis testaceis, pedibus rufis, coxis nigris, posticorum femoribus tibiisque 
apice , larsisque nigris; abdominis segmento primo toto, secundoque sulcum me- 
dianum usque nitidulo-rugosis. ( Terebra + abdominis ç.) 24 li. 


Le mâle a les antennes noires, de la longueur du corps. La face est 
finement chagrinée, d’un noir mat; le reste de la tête est noir, luisant, 
légèrement ponctué. Le corselet est noir; le dos du mésothorax est 
couvert de petits points enfoncés très-serrés; la poitrine est à peine 
pointillée; les flancs, les épaules et l’écusson sont lisses, le métathorax 


DES BRACONIDES DE BELGIQUE. 39 


est très-rugueux, d’un noir assez luisant, caréné longitudinalement 
dans le milieu ; de chaque côté, près de son extrémité, il y a toujours 
un espace lisse, très-luisant. L’abdomen est noir; les deux premiers 
seomens ont un rebord latéral bien distinct; le premier et la moitié 
antérieure du second sont rugueux, assez luisans; le ventre est d’un 
testacé plus ou moins obscur depuis la base jusque vers l'extrémité du 
second seoment. Les pieds sont d’un fauve testacé avec les hanches 
noires ; ceux de derrière ont en outre le premier article des trochanters, 
les genoux, l'extrémité des jambes et les tarses noirs ou noirâtres. Les 
ailes sont transparentes avec une légère nuance obscure vers l’extré- 
mité. Le stigmate est noir. La partie du radius située entre la deuxième 
cellule cubitale et la côte, est ordinairement distincte dans toute son 
étendue. (Chez la plupart des espèces , cette partie du radius est effacée 
près de la deuxième cellule cubitale.) 

Les antennes de la femelle sont un peu plus courtes que le corps; sa 
tariére est de la longueur de la moitié de l'abdomen. 

J'ai pris quatre mâles et une femelle de cette espèce vers le milieu de 
mai, aux environs de Bruxelles. 


7. M. Tunis. o.0. 


Niger, femoribus anticis apice , tarsis anterioribus, tibiisque omnibus rufis , harum 
posticis, tarsisque üisdem fuscis; abdominis segmento primo toto, secundoque 
suleum medianum usque rugosis. (Terebra 3 abdominis , 9.) 14— 2x la. 


Var. 1. so. Tübüs posterioribus nigris summa basi pallidis. 
Var. 2. o.o. Palpis maxillaribus apice testacers. 


Mrcrocasrer Trsraus. Ve. Von Es. Hym. Ich. Aff. 168, 10. 
Var. 3. &.  Femoribus posticis intus rufis, extus nigris fascia rufa. 


Mrcrocasrer Nicricans. Ve. Von Es. Hym. Ich. Aff. 167, 9. 


Le mâle a les antennes plus longues que le corps , entièrement noires, 
les palpes sont noirs. La tête est noire, ponctuée; la face est finement 


36 MONOGRAPHIE 


chagrinée; le corselet est noir; le dos du mésothorax est couvert de 
points enfoncés très-serrés ; la poitrine et le devant des flancs sont légè- 
rement ponctués; le reste des flancs et l’écusson sont lisses. Le méta- 
thorax est très-rugneux, caréné longitudinalement dans le milieu. 
L’abdomen est noir ; le premier segment et la moitié antérieure du 
second sont rugueux. Les hanches, les trochanters et les cuisses sont 
noires; les cuisses de devant sont fauves vers lextrémité; les quatre 
jambes et les quatre tarses antérieurs sont fauves; les jambes de der- 
rière sont d’un fauve un peu plus foncé avec l'extrémité d’un noir 
obscur ; les tarses de derrière sont noirs, quelquefois la base des arti- 
cles est d’un fauve obscur. Les ailes sont obscures vers l’extrémité; on 
distingue ordinairement aussi une nuance obscure sur la première 
partie du radius, et une autre sur la nervure supérieure de la cellule 
discoïdale externe ou sur toute cette cellule; quelquefois toutes ces 
nuances sont peu distinctes ou se confondent. 

La femelle a les antennes de la longueur du corps. Sa tariére fait 
environ le tiers de la longueur de l'abdomen. 

Dans la Var. 1, les quatre jambes postérieures sont noires avec l’ex- 
trême base testacée; les ailes sont entièrement obscures. 

Dans la Var. 2, le mâle et la femelle ont les trois derniers articles des 
palpes maxillaires testacés. 

Dans la Var. 5, les quatre jambes antérieures sont fauves avec une 
nuance obscure vers le milieu; les cuisses de derrière sont fauves au côté 
interne, noires des autres côtés avec une large bande transversale fauve 
près de l’extrémité. Les jambes de derrière sont fauves avec l'extrémité 
noire. Tous les tarses sont noirâtres. 

J'ai pris sept mâles et quatre femelles de cette espèce pendant les 
mois de mai et de juin, aux environs de Bruxelles ; un mâle et une 
femelle appartiennent à la Var. 1, et une autre à la Var. 2; un male de 
cette variété n'a été envoyé des environs de Liége par M. Robert. 

J'ai pris un seul mâle de la Var. 3 aux environs de Charleroi. 


Observation. — Je ne serais pas étonné que cette espèce ne fût qu'une variété du 4. Globatus ; 
la forme et la proportion de toutes les parties du corps sont les mêmes, et la Var, 4, du 


DES BRACONIDES DE BELGIQUE. 37 


M. Globatus d’une part, la Var. 8, du #. Tibialis d'autre part, semblent former le chainon 


qui, sous le rapport des couleurs , réunit les deux espèces. 


C. 


Portion antérieure du second segment de l'abdomen beaucoup plus courte que la 
postérieure. 


8. M. Dorsauis. 0. 


Niger, palpis albidis ; labro , mandibulis, abdominis lateribus, ventre , pedibusque 
rufolestaceis ; posticorum coxis , tibiis apice , tarsisque nigris ; metathorace levi. 


( Terebra ? abdominis, ç.) 13 li. 


Mrcrocasrer Donrsaus. Ve. Von Es. Hym. Ich. Aff. 170. 13. 


» 


Les antennes sont noires avec le dessous du premier article fauve. La 
tête est noire , luisante, finement ponctuée; le labre et les mandibules 
sont fauves; les palpes sont très-pàles; le corselet est noir, couvert de 
petits points enfoncés très-serrés sur le dos du mésothorax ; le méta- 
thorax est lisse, ou presque lisse, luisant, caréné longitudinalement 
dans le milieu. Le premier segment de l’abdomen est finement rugueux, 
d’un noir mat avec une bordure latérale étroite testacée qui s’élargit 
près de l'extrémité. Le second segment est lisse, noir avec une tache 
latérale fauve, élargie postérieurement ; il est partagé par un sillon 
transversal en deux parties dont l’antérieure une fois plus courte que la 
postérieure. Les autres segmens sont noirs ayec les côtés fauves , ou 
fauves avec une tache transversale noire à la base. Le ventre est fauve; 
quelquefois il a une petite tache noire dans le milieu à quelque distance 
de la base. La tarière est de la longueur des trois quarts de l'abdomen. 
Les pieds sont d’un fauve testacé; ceux de derrière ont les hanches, 
l'extrémité des jambes et de chaque article des tarses noirs. Les ailes 
sont tout-à-fait transparentes ; le stigmate est noir. 

J'ai pris deux femelles de cette espèce aux environs de Bruxelles. 


Observation. — La portion dorsale de l'abdomen que j'ai regardée comme la partie antérieure 
du second sezment, a été envisagée par M. Nees Von Esenbeck comme appartenant au premier 
Oo ? Le] 
sesment. 


38 MONOGRAPHIE 


2. 


Deuxième segment de l'abdomen sans sillon transversal. 
9. M. Pics. ©. Mrhe. 


Niger ; pedibus piceo-nigris , trochanteribus inferis, femoribus anterioribus apice, 
tibiis anticis , posterioribus basi , tarsisque anticistestaceis ; cellula cubitali secunda 
minulissima ; ahdominis seymento secundo integro. (Terebra + abdominis 9.) 1 li. 


Les antennes sont noires, épaisses, à articles aussi larges que longs 
vers la base (les derniers manquent). La tête est noire; l'extrémité 
des mandibules et les palpes sont testacés. Le corselet est noir ; le mé- 
tathorax a quelques rides éparses et à peine distinctes, et une carène 
longitudinale dans le milieu, laquelle n’atteint pas l’extrémité. L’ab- 
domen est noir luisant; le premier segment a une bordure latérale étroite 
testacée. Le second segment n’est pas divisé par un sillon transversal. 
La tarrière a environ la longueur des deux cinquièmes de l'abdomen. 
Les pieds sont courts et épais; les quatre hanches antérieures sont 
noirâtres ; celles de derrière sont noires. Le premier article des tro- 
chanters est noirâtre; le second est testacé. Les quatre cuisses anté- 
rieures sont noirätres avec l’extrémité testacée; celles de derrière sont 
noires. Les jambes et les tarses de devant sont testacés; les jambes du 
milieu sont noirâtres avec la base et l’extrémité testacées ; celles de der- 
riére sont noires avec la base testacée. Les quatre tarses postérieurs sont 
noirâtres. Les ailes ont une très-légère teinte obscure; le stigmate est 
d’un testacé obscur ; la deuxième cellule cubitale est extrêmement petite. 

J’ai pris une seule femelle de cette espèce aux environs de Bruxelles. 


Observation. — Le seul individu sur lequel avait été faite cette description, ayant été égaré 
postérieurement , il m'est devenu impossible d’en vérifier l’exactitude. 


Un sillon longitudinal crénelé ou rugueux vers le bas des flancs. (Deuxième segment 
de l’abdomen n'étant jamais partagé par un sillon transversal.) 


+ 


Écusson luisant. 


DES BRACONIDES DE BELGIQUE. 39 


10. M. Iurressus. Mohe. . 

Niger, palpis pallide testaceis ; pedibus rufo-testaceis, coxis, trochanteribus basi, 
tarsisque posticis nigris; scutello nitido ; metathorace confertim subtiliter rugoso. 
2 97 fi. 

Le mâle a les antennes plus longues que le corps, entièrement noires. 
La tête est d’un noir mat; les palpes sont testacés. Le corselet est noir; 
le dos du mésothorax est mat ; l’écusson est très-luisant, très-finement 
pointillé. La ligne longitudinale enfoncée qui parcourt le milieu de la 
poitrme est très-fine et tout-à-fait lisse. Le sillon crénelé qui longe 
les flancs est étroit, et au-dessus de lui les flancs sont lisses. Le mé- 
tathorax est couvert de rugosités nombreuses, fines et serrées, et 
il est caréné longitudinalement dans le milieu. L’abdomen est noir. 
Le disque du premier segment présente ordinairement quelques légères 
rugosités; il se rétrécit un peu vers l'extrémité, et se termime par une 
petite élévation lisse. Le second segment est un peu inégal, et le mi- 
lieu de sa base est occupé par une légère éminence lisse. Les hanches 
sont noires; le premier article des trochanters est noir; le second est 
noir avec l'extrémité plus ou moins fauve. Les cuisses sont d’un fauve 
testacé, et ont à la base, au-dessus et en dessous, une petite tache 
noire. Les jambes sont d’un fauve testacé; l'extrémité de celles de der- 
rière est noirâtre. Les quatre tarses antérieurs sont d’un fauve testacé 
avec le dernier article noir. Les tarses de derrière sont noirs. Les ailes 
sont transparentes; le stigmate est noir. La deuxième cellule cubitale 
est au moins aussi large que longue. 

J'ai pris quatre individus de cette espèce, pendant le mois de mai, 
aux environs de Bruxelles. 

11. M. Trisnis. ©. 0. 

Niger, femoribus anterioribus apice, tibiis omnibus, tarsisque anterioribus saturate 
rufis; alis nigrantibus, stigmate bicolore; scutello nitido; metathorace crasse 
rugoso. (Terebra recondila, 9.) 13 li. 

Microcasrer Trisnis. Ve. Von Es. Hym. Ich. Aff. 168. 11. 


Var. 1. '.0. Alis minus infuscatis. 


Le mâle a les antennes assez épaisses, sétacées, un peu plus longues 


40 MONOGRAPHIE 


que le corps, entièrement noires. La tête est d’un noir mat; les palpes 
sont d’un fauve obscur. Le thorax est noir; le dos du mésothorax est 
mat. La poitrine est finement ponctuée, partagée longitudimalement 
par un sillon crénelé. Celui qui longe les flancs est large, profond, 
bien distinct, et au-dessus de lui les flancs sont lisses. L’écusson est 
finement ponctué, très-luisant. Le métathorax est couvert de fortes 
rugosités ; il est surmonté dans le milieu d’une carène longitudinale 
qui ordinairement n’est bien distincte que vers la base. L’abdomen est 
noir; le disque du premier segment n'est pas rétréci vers l’extrémité ; 
sa surface offre toujours quelques rugosités très-fines, excepté à l’ex- 
trémité qui est lisse. Les bords latéraux sont tantôt d’un fauve testacé, 
tantôt d’un fauve obscur, ou presque noirs. Les autres segmens sont 
lisses, luisans. Les hanches sont noires ; les trochanters sont noirs avec 
l'extrémité du second article plus ou moins fauve. Les cuisses de de- 
vant sont fauves avec la base noire; celles du milieu sont noires avec 
l'extrémité fauve ; celles de derrière sont noires. Toutes les jambes sont 
fauves. Les quatre tarses antérieurs sont fauves ou fauve-obscur ; ceux 
de derrière sont noirs. Les ailes sont noiratres; les supérieures ont, vers 
le milieu, une bande transversale flexueuse presque incolore. Le stig- 
mate est noir avec une tache pâle à la base. 

Les couleurs de la femelle ne différent pas de celles du male. Ses 
antennes sont un peu plus courtes, un peu moins épaisses vers la base. 
Sa tarière n’est pas saillante. 

Les individus de la Var. ! ont les ailes plus claires, et ordinaire- 
ment, les côtés du premier segment de l’abdomen plus ou moins testa- 
cés. Ils sont de petite taille, et la plupart sont des femelles. 

J'ai pris cinq mâles et quatre femelles de cette espèce dans le cou- 
rant des mois de juillet et d'août, aux environs de Bruxelles. 


Observation. — Je crois que cette espèce est bien le M. Tristis de M. Nees Von Esenbeck, et 
que c’est par erreur que sa diagnose spécifique indique l'abdomen comme entièrement fauve. 


DES BRACONIDES DE BELGIQUE. 41 


12. M. Canaricurarus. Mihi. 0. 

Niger, palpis pallidis ; pedibus rufis, coxis et trochanteribus superis nigris, tarsis 
posticis fuscis; alis hyalinis fascia subobsoleta fusca , stigmate nigro-piceo ; seu- 
telli disco nitido; metathorace crasse rugoso; abdominis seymento primo cana- 
liculato. ( Terebra recondita 9.) 24 li. 

Les antennes sont un peu plus longues que le corps, filiformes, en- 
tièrement noires. La tête est d’un noir mat. Le premier article des 
palpes est noir, les autres sont d’un testacé pâle. Le thorax est noir; 
le dos du mésothorax est mat, et offre les traces de deux sillons lon- 
gitudimaux très - superficiels, écartés. L’écusson est finement ponctué 
et luisant dans le disque; il est plus fortement ponctué et moims lui- 
sant sur les bords. La poitrine est très - finement ponctuée, partagée 
longitudinalement par un sillon crénelé. Celui qui longe les flancs 
est large, profond et au-dessus de lui les flancs sont lisses. Le méta- 
thorax est très-rugueux. L’abdomen est noix; le disque du premier seg- 
ment est presque lisse, profondément canaliculé de la base à l’extré- 
mité, dont le milieu offre un petit tubercule lisse. Les côtés de ce 
seoment sont fauves ou fauve-obscur., Les autres segmens sont lisses, 
luisans. La tarière n’est pas saillante. Les hanches et le premier ar- 
ticle des trochanters sont noirs. Les cuisses, les jambes et les quatre 
tarses antérieurs sont fauves; les tarses de derrière sont noirâtres. Les 
ailes sont transparentes et presque incolores; les supérieures ont une 
nuance enfumée sur le radius depuis le stigmate jusqu’à la deuxième 
cellule cubitale; le stigmate est d’un brun noirûtre. 

J'ai pris deux femelles de cette espèce aux environs de Bruxelles. 


_. 
Écusson d’un noir mat, chagriné. 
13. M. Srmozæ. s.0. 


Niger, palpis testaceis; pedibus rufis, coxis omnibus , genubusque posticis nigris ; 
alis infuscatis, stigmate bicolore; scutello opaco ; abdominis seymento primo, 
secundoque basi obsolete , rugulosis. ( Terebra recondita , 9.) 25— 24 li. 


Mrcrocasrer Srinozæ. /Ve. Von Es. Hym. Ich. Aff. 166. 7. 


Le mâle a les antennes noires, sétacées, un peu plus longues que 
Tox. X. : 6 


42 MONOGRAPHIE 


le corps. Les palpes sont testacés. La tête est d'un noir mat. Le tho- 
rax est noir ; le dos du métathorax est mat et offre les vestiges de deux 
sillons longitudinaux très-superficiels et écartés. L’écusson est mat. Les 
flancs sont lisses au-dessus du sillon crénelé qui les longe inférieure- 
ment. La poitrine est parcourue longitudinalement dans le milieu par 
un sillon crénelé. Le métathorax est très-rugueux, caréné au milieu. 
L’abdomen est noir; le disque du premier segment s’élargit insensi- 
blement et devient assez fortement convexe vers l'extrémité; toute sa 
surface est rugueuse. Il a une bordure latérale étroite, ordinairement 
testacée. Le second segment a, près du milieu, une légère dépression 
transversale un peu arquée ; entre la base et cette dépression il est très- 
légèrement rugueux. Le reste de ce segment est lisse, luisant, ainsi 
que les suivans. La moitié antérieure du ventre est testacée. Les han- 
ches sont noires. Le premier article des irochanters est ordinairement 
noir à la base et fauve à l'extrémité; le second article est fauve. Les 
cuisses et les jambes sont fauves ; les genoux de derrière sont noirs. 
Les quatre tarses antérieurs sont fauves; ceux de derrière sont noirs 
ou noirâtres. Les ailes ont une teinte enfumée, et souvent une nébu- 
losité plus foncée sur le radius entre le stigmate et la deuxième cellule 
cubitale ; l’espace avoisinant cette nébulosité est presque incolore. Le 
stigmate est noir avec une tache d’un jaune pâle à la base. 

Chez la femelle, les antennes sont un peu plus grèles, filiformes ; 
la base du premier article est un peu fauve. Les tarses de derrière 
sont quelquefois fauves. La tarière n’est pas saillante. 

J'ai pris quatre males de cette espèce aux environs de Bruxelles ; la 
femelle m’a été envoyée des environs de Liége par M. Robert. 


DES BRACONIDES DE BELGIQUE. 43 
14. M. Tusercuuirer. Mihi. à. 0. 


Niger, ore, pedibus, segmenti primi (et interdum secundi) marginibus lateralibus 
testaceis vel rufis , coxis posticis nigris ; scutello opaco ; disco primi segmenti ru- 
guloso , apice angustato et tubereulato ; stigmate bicolore. (Terebra recondita , 9.) 
1:—2 di. 


Var. 1. 0.0. Antennis testacers. 
Var. 2. d.  Antennis nigris, bast rufis. 
Var. 3. w.0. Labro, genubusque posticis nigris. 


Les antennes du male sont noires, sétacées, un peu plus longues 
que le corps. La tête est d’un noir mat; les palpes, les mandibules et 
le labre sont testacés. Le thorax, y compris l’écusson est d’un noir mat; 
les flancs seuls sont lisses et luisans. La poitrine est partagée par un 
sillon longitudinal crénelé. Le métathorax est très-rugueux. Le dis- 
que du premier segment de l’abdomen est noir, entièrement rugueux, 
étroit, rétréci à l'extrémité, et se termine en un tubercule lisse; ses 
bords latéraux sont fauves ou testacés. Le second segment est noir, 
ordinairement avec les côtés fauves ou. testacés vers la base; il est mar- 
qué des mêmes inégalités que chez le Ÿ. Zmpressus. Les autres seg- 
mens sont noirs; toute la moitié antérieure du ventre est jaunâtre. Les 
pieds sont tantôt d’un testacé pale, tantôt d’un fauve testacé ; les han- 
ches de derrière sont noires. Les tarses de derrière sont plus ou moins 
obscurs. Les ailes n’ont qu'une très-légère teinte enfumée, souvent peu 
ou point apparente. La deuxième cellule cubitale est plus longue que 
large. Le stigmate est noir avec une petite tache blanchätre à la base. 

Les antennes de la femelle sont un peu plus courtes et filiformes. 
Sa tarière n’est pas saillante. 

Les individus de la Var. 1 sont de petite taille; ils ont les antennes 
testacées avec le premier article obscur; les pieds sont testacés; les 
hanches seules de derrière sont noires. 

Dans la Var. 2, les antennes sont noires avec le premier article 
fauve. 

Dans la Var. 3, le labre est noir; les cuisses de derrière sont noires 


44 MONOGRAPHIE 


au bout, et quelquefois aussi à la base; les quatre hanches antérieures 
sont plus ou moins obscures au-dessus. 
J'ai pris treize individus de cette espèce aux environs de Bruxelles. 


Observation. — Je ne sais si je dois rapporter à cette espèce trois femelles chez qui la base 
des cuisses du milieu et presque tout le côté supérieur de celles de derrière est noirâtre, et qui 
ont l’écusson assez luisant, de sorte qu’elles semblent être intermédiaires entre le M. Tristis et 
le M. Tuberculifer. 


15. M. Fucvicornis. Mihe. 0.0. 


INiger, palpis, pedibus et abdominis medio rufis ; seutello et disco segmenti primi 
scabrieulis , opacis ; stigmate bicolore. (Antennis ferrugineis , basi et supra ni- 
gris, a.) (Antennis lestaceis , bast el apice nigris; terebra recondita ; g.) 14—2 ti. 


Le mâle a les antennes sétacées, un peu plus longues que le corps, 
fauves ou ferrugineuses en dessous, noirâtres au-dessus, avec le pre- 
mier article entièrement noir. La tête est d’un noir mat ; le labre et les 
mandibules sont tantôt fauves, tantôt noirs; les palpes sont d’un fauve 
testacé. Le thorax, y compris l’écusson, est d’un noir mat; les flancs 
seuls sont en grande partie lisses et luisans. La poitrine est parcou- 
rue au milieu par un sillon longitudinal crénelé. Le métathorax est 
fortement rugueux. Le disque du premier segment est noir, entière- 
ment rugueux, un peu rétréci à l'extrémité, et se termine par un tu- 
bercule lisse et fauve. Ses bords latéraux sont fauves ou testacés. Le 
second segment est fauve; ordinairement avec l’extrême bord pos- 
térieur noir. Les segmens suivans sont noirs. La moitié antérieure du 
ventre est fauve. Les pieds sont fauves ; les hanches de derrière sont 
quelquefois noires en dessous à la base ; les genoux de la même paire 
sont quelquefois noirâtres. Les tarses de derrière sont souvent noirs ou 
obscurs. Les ailes ont une légère teinte enfumée ; le stigmate est noir 
avec une petite tache pâle à la base. 

La femelle a les antennes de la longueur du corps, testacées avec le 
premier article et les derniers noirs. Le premier segment de l'abdomen 
est fauve avec une tache noire près de l’extrémité. La tarière n’est pas 
saillante. 


DES BRACONIDES DE BELGIQUE. 45 


J'ai pris sept mâles et deux femelles de cette espèce aux environs 
de Bruxelles vers le milieu de l'été. M. Robert m'a aussi envoyé un 
mâle des environs de Liége. 


IL. 


Deux cellules cubitales. 


À. 


Second segment de l'abdomen marqué vers le milieu ou avant le milieu d’une 
ligne transversale enfoncée , et de chaque côté vers les bords, d’une ligne longitu- 
dinale plus ou moins distincte : l’espace compris entre ces lignes et la base du 
segment, n'élant jamais triangulaire !. 


16. M. Persricuus ©. 0. 


Segmento primo toto, secundo a basi ad medium, coxisque posticis rugulosis ; 
niger , palpis pallidis, pedibus rufotestaceis, coxis , trochanteribus plus minus, 
femoribusque posticis totis vel magna ex parte, nigris. (Terebra subexserta 9.) 


1—1: 4. 


Mrcrocaster Persricuus. ÂVe. Won Es. Hym. Ich. aff. 1. 177. 23. 
Microcastrer Dirricrnis. Id. . Id. 182. 80.- 


Var. 1. o.0. Pedibus rufotestaceis, coxis, trochanteribus superis, genu- 
busque posticis nigrés. 1—1+ li. 


? Mucrocasrer Arrnis. /Ve. Won Es. Hym. Ich. aff. 1. 176. 22. 


Var. 2. ©.  Pedibus rufotestaceis, posticorum coxis genubusque ni- 
grès. 1 le. ? 
* Var. 3. . 0. Pedibus nigris, femoribus anticis apice, tibiisque anticis 
vel anterioribus rufis. 1 le. 


Les antennes sont de la longueur du corps, entièrement noires. 
Les palpes sont pâles. Les mandibules sont d’un fauve plus ou moins 
obscur. La tête, le thorax et l'abdomen sont noirs. Les flancs du méso- 
thorax sont lisses et luissans immédiatement sous les ailes; mais par 


1 Dans les descriptions des espèces n° 17, 18, 19, 20, 21, je n’ai pas fait mention de la 
ligne transversale ni des deux lignes longitudinales submarginales enfoncées du second seoment , 
parce qu’elles sont souvent moins distinctes que chez les espèces suivantes, à cause des rugosités 
de la surface qu’elles circonscrivent. 


46 MONOGRAPHIE 


devant et vers le bas, ils sont très-finement chagrinés et ternes. On 
distingue ordinairement un court sillon rugueux au fond de la dépres- 
sion qui existe vers l’extrémité. Le métathorax est fortement rugueux. 
Le premier segment de l'abdomen tout entier et la moitié antérieure du 
second sont rugueux; les segmens suivans sont lisses, luisans. La 
base du ventre est d’un testacé pale. La tarière de la femelle est à peine 
saillante. Les hanches de derrière sont distinctement chagrinées et 
ternes. Toutes les hanches sont noires ainsi que le premier article des 
trochanters ; le second article est ordinairement fauve. Les cuisses, les 
jambes et les tarses de la première et de la seconde paire sont d’un 
fauve testacé; rarement les cuisses de devant sont noïrâtres à la base. 
Les cuisses intermédiaires sont tantôt noirâtres à la base, tantôt rayées 
de noirâtre au côté supérieur. Les cuisses de derrière sont ou fauves 
avec le côté supérieur et l’extrémité noirs, ou noires avec une tache 
longitudinale fauve plus ou moins distincte, ou entièrement noires. 
Les jambes de derrière sont fauves avec l'extrême bout noir. Les tarses 
de derrière sont noirs ou noirätres. Quelquefois les tarses des deux pre- 
mières paires sont aussi noirätres. Les ailes sont transparentes avec 
le stigmate et les nervures obscurs. 

Dans la Var. 1 les pieds sont d’un fauve testacé avec toutes les 
hanches, le premier article de tous les trochanters, et les genoux de 
derrière noirs. On distingue souvent une petite bordure d’un jaune 
pâle à chaque angle apical du premier segment et vers le milieu de 
chaque bord latéral du second. Un mal e de cette variété a les antennes 
testacées avec la base noirâtre. 

Dans la Var. 2, les pieds sont d’un fauve testacé avec les hanches de 
derrière et les genoux de la même paire noirs. 

Dans la Var. 3, les palpes sont noirâtres ; les pieds sont noirs avec 
l'extrémité des cuisses de devant, les jambes de la même paire, et 
quelquefois celles du milieu fauves. 

J'ai trouvé cette espèce aux environs de Bruxelles, depuis juin Jus- 
qu’en septembre; j'en ai examiné vingt individus dont cinq appar- 
tiennent à la Var. À, un à la Var. 2, et trois à la Var. 5. 


DES BRACONIDES DE BELGIQUE. 47 


Observation. — Parmi les individus que je rapporte à cette espèce , il en est qui paraissent 
avoir beaucoup d’analogie avec le M. Dificilis ; mais comme l’auteur ne parle pas du métathorax 
qui est bien remarquable par ses fortes rugosités, je doute si c’est la même espèce. 

Quant aux individus de la Var. 1, leurs couleurs sont absolument les mêmes que celles du 
M. Affinis; je doute néanmoins qu’ils appartiennent à cette espèce, parce que, d’après l’au- 
teur, le premier segment abdominal ne serait rugueux que dans le milieu, et serait lépèrement 
sillonné au milieu ; tandis que tous ceux que j'ai examinés, ont le premier segment entièrement 
rugueux, convexe et souvent caréné dans le milieu vers l'extrémité. 


17. M. Carponanus. Mihe. o. 


Segmentis duobus prioribus abdominis opacoruqulosis; niger, palpis pallidis, pedi- 
bus rufotestaceis, coxis omnibus femoribusque ae nigris; lerebra subexæ- 
serta ; o. 1 di. 


Les antennes sont noires, de la longueur du corps. Les palpes sont 
piles. La tête et le thorax sont noirs; le méthathorax est presque 
lisse, luisant, fortement caréné dans le milieu. L’abdomen est noir 
avec la base du ventre päle. Le premier segment, et les deux moitiés 
du second sont rugueux et ternes. La tarière est à peine saillante. Les 
pieds de devant et ceux du milieu sont d’un fauve testacé avec les 
hanches noires, et quelquefois les cuisses un peu obscures vers la 
base. Les pieds de derrière ont les hanches et les cuisses noires, et les 
jambes d’un fauve testacé avec l'extrémité noirâtre , ainsi que les tarses. 
Les ailes sont transparentes avec les nervures et le stigmate obscur. 

J'ai pris deux femelles de cette espèce aux environs de Bruxelles. 

Observation — L'impression transversale qui partage en deux le second seoment, est telle- 


ment profonde que l’on pourrait croire que ce sont deux segmens distincts ; en comptant de cette 
manière , le dos des trois premiers segmens serait rugueux et terne. 


18. M. Reconnirus. &'.0. 


Niger ; palpis luteis, ventre basi pedibusque rufo testaceis, coxis omnibus, femori- 
bus tibisque posticis apice nigris; abdominis seymento primo apice ruguloso, 
lateribus pallide flavis ; secundi dimidio anteriore itidem ruguloso, marginibus 
lateralibus et carinula media levibus. ( Terebra subexæserta , o. ) 1x di. 


Microcasrer Reconprrus Ve. Won Æs. Hym. Ich. aff. 1. 174. 19. 


Var. 1. &.0. Coxis anterioribus rufotestacers. 


Les antennes sont noires. Les palpes sont testacés. La tête et le 


48 MONOGRAPHIE 


thorax sont noirs. Les flancs du mésothorax sont luisans, à peine fine- 
ment ponctués en avant et sous la dépression ordinaire qui est tout- 
à-fait lisse. Le métathorax est finement rugueux. Le premier segment 
de l’abdomen est noir sur le dos avec une bordure latérale étroite d’un 
testacé pale; le second segment est également noir sur le dos; les autres 
segmens sont entièrement noirs. Le ventre est d’un fauve pale dans 
l’étendue des deux premiers segmens environ. Le disque (la partie 
noire) du premier segment est légèrement rugueux dans son tiers api- 
cal, et est aussi large, ou à peu près, à l'extrémité que vers la base. 
Le second segment est rugueux dans sa moitié antérieure avec une 
légère carène longitudinale lisse dans le milieu, et un bord étroit lisse 
de chaque côté. La moitié postérieure du second segment est lisse ainsi 
que les segmens suivans. La tarière de la femelle est à peine saillante. 
Les pieds sont d’un fauve testacé avec toutes les hanches noires, et en 
outre, aux pieds de derrière, la base du premier article des trochan- 
ters, les genoux et l'extrême bout des jambes, également noirs. Les 
tarses de derrière sont d’un fauve obscur ou noirâtres. Les hanches de 
derrière sont lisses et luisantes. Les ailes sont transparentes; le stigmate 
et les nervures sont noirâtres; l’écaille et la radicule sont noires. 

La Var. 1 ne diffère que par la couleur des quatre premières 
hanches qui sont d’un fauve testacé. 

J’ai examiné trente-six individus de cette espèce pris aux environs 
de Bruxelles ; sept d’entre eux appartiennent à la Var. 1. 


19. M. Sessiuis. o.o. 


Niger, palpis, femoribus anticis apice, tibiès anticis, posterioribus basi testaceis ; 
abdominis seymento primo, et dimidio anteriore secundi rugulosis, hujus mar- 
ginibus lateralibus et carinula media levibus. ( Terebra subexserta, @.) 13 — 
13 di. 


? Mrcrocasrer Sessiuis. /Ve. Von Es. Hym. Ich. aff. 1. 185. 35. et ejus syno. 


Les palpes sont pales. Les antennes, la tête et le thorax sont noirs. 
Les flancs du mésothorax sont luisans et lisses. Le métathorax est fine- 


DES BRACONIDES DE BELGIQUE. 49 


ment rugueux, très-rarement presque lisse. L’abdomen est noir. Le 
premier segment est très-finement rugueux, quelquefois lisse vers la 
base. La moitié antérieure (ou un peu moins) du second est légèrement 
rugueuse avec les bords latéraux et une faible carène médiane lisses. 
La tarière de la femelle est à peine saillante. Les hanches et les tro- 
chanters sont noirs. Les cuisses sont noires avec l’extrémité de celles 
de devant et rarement de celles du milieu testacée. Les jambes de de- 
vant sont testacées, quelquefois un peu obscures extérieurement; les 
quatre jambes postérieures sont noires avec la base testacée. Les tarses 
de devant sont testacés ; les intermédiaires sont d’un testacé obscur ou 
noirâtre ainsi que ceux de derrière; ceux-ci ont quelquefois la base 
du premier article pale. Les ailes sont d’un blanc transparent ; le 
stigmate et la première partie du radius sont noirs; les autres nervures 
sont plus pâles. 

J'ai pris neuf mäles et une femelle de cette espèce vers la fin de 
mai, aux environs de Bruxelles. 


Observation. — Dans la description de M. Nees Von Esenbeck, l'étendue de la partie ru- 
gueuse du second segment chez la femelle, est exprimée en chiffres qui (au moins dans mon 


exemplaire) sont très-mal imprimés, de sorte qu'il serait difficile de décider si c’est 4 ou £. 


Chez la seule femelle que je possède, c’est environ le premier tiers de ce segment qui est très- 
léoèrement rugueux. Une autre cause de doute, c’est que, d’après le même auteur, le second 
segment, chez le mâle, est presque entièrement rugueux, tandis que, dans mon espèce, la 
moitié antérieure seule est rugueuse. 


20. M. Srurius. Mihi. «.o. 


Niger, palpis , trochanterum articulo secundo ; femoribus anticis , intermediis 
apice late, tibiisque testaceis, harum posticis apice fuscis ; abdominis seymento 
primo , secundique dimidio anteriore subtiliter rugulosis, hujus marginibus et 
carinula media leviusculis. (Terebra sub exserta, o.) 1: li. 


L'espèce que je désigne sous ce nom n’est peut-être qu’une va- 
riété de la précédente, dont elle ne diffère que par les couleurs des 
pieds : les hanches et le premier article des trochanters sont noirs; 
le second article des trochanters est testacé. Les cuisses de devant 


sont testacées, celles du milieu sont testacées avec la base obscure; 
Ton X. 7 


50 MONOGRAPHIE 


celles de derrière sont d’un noir brun. Les jambes sont testacées ; 
l'extrémité de celles de derrière est ordinairement obseure. Les tarses 
sont testacés; ceux de derrière sont d’un testacé obscur. Il y a une 
tache pâle plus ou moins distincte à la base du ventre. Pour le reste, 
Je renvoie à la description de l'espèce précédente. 

J'ai pris deux mâles et une femelle aux environs de Bruxelles. 


21. M. Vimneroruu. Mrhe. ©. 

Niger, palpis apice pallidis; femoribus anticis apice, tibiis anticis, posteriori- 
bus basi late, rufotestaceis ; tartis fuscis ; abdominis segmento primo et secundi 
dimidio anieriore subtiliter rugulosis, hujus marginibus lateralibus levibus ; 
terebra + abdominis, valvis valde clavatis. À di. 

Les antennes sont noires, de la longueur du corps. Les deux ou 
trois derniers articles des palpes maxillaires sont pales. La tête et le 
thorax sont noirs. Le dos du métathorax cffre à peine quelques traces 
de fines rugosités. L’abdomen est entiérement noir; le premier seg- 
ment et la moitié antérieure du second sont finement chagrinés : les 
bords latéraux de cette moitié sont lisses. La tarière est à peu près de 
la longueur du quart de l’abdomen , et ses valves sont fortement élar- 
gies en massues vers l'extrémité. Les pieds sont noirs, excepté la moitié 
terminale les cuisses de devant, l’extrême bout de celles du milieu, 
les jambes de devant, les deux premiers tiers de celles du milieu et la 
première moitié de celles de derrière, qui sont d’un fauve testacé. Les 
tarses sont noirâtres. Les ailes sont transparentes avec le stigmate, 
l’écaille et la radicule noirs. 

Jai pris deux femelles de cette espèce dans une oseraie près de 
Bruxelles, vers le milieu de mai. 


22. M. Breviconnis. Mehe. o. 

Niger, palpis pallidis, femoribus anticis apice late, tibiis anticis, posterioribus basi 
late, rufotestaceis ; abdominis (a medio ad apicem valde compressi) segmento 
primo et secundi dimidio anteriore rugulosis, hujus marginibus lateralibus 
levibus ; antennis apice submoniliformibus, corpore brevioribus; terebra subex- 
serta, o. 1—11 li. 


Les antennes sont de la longueur des deux tiers du corps, entière- 


DES BRACONIDES DE BELGIQUE. 51 


ment noires, assez épaisses ; les huit derniers articles sont courts, aussi 
larges que longs; les palpes sont blanchâtres; la tête et le thorax sont 
noirs. Le métathorax est légèrement rugueux. L’abdomen est noir, 
plus étroit que le thorax, plan sur le dos depuis la base jusque vers le 
milieu, et fortement comprimé du milieu à l’extrémité. Le premier 
segment est léoèrement rugueux, quelquefois lisse vers la base; la 
moitié antérieure du second segment est légèrement rugueuse, avec 
les bords latéraux lisses; la tarière est à peine saillante. Les hanches 
et les trochanters sont noirs; les cuisses de devant sont testacées avec 
la base noire; les quatre postérieures sont noires; les jambes de devant 
sont testacées ; celles du milieu et de derrière sont testacées de la base 
au milieu, et noirâtres du milieu à l’extrémité. Les tarses de devant 
sont testacés ; les quatre postérieurs sont noirâtres. Les ailes sont trans- 
parentes ; le stigmate est d’un testacé obscur; les nervures sont un 
peu plus pales. 


J'ai pris quatre femelles de cette espèce aux environs de Bruxelles. 


23. M. Texesrosus. Mehe. ©. 


Niger, palpis, femoribus anticis apice , tibiis anterioribus, posticisque basi rufo- 
testaceis; abdominis seymento primo et secundi dimidio anteriore rugulosis, 
hujus marginibus lateralibus et carinula media leviuseulis ; terebra } abdomi- 
mis on LT (7. 


Cette espèce qui ressemble beaucoup à la précédente par les cou- 
leurs, en diffère considérablement par les formes. 

Les antennes sont à peu près de la longueur du corps, entièrement 
noires ; les articles décroissent peu à peu de longueur vers l'extrémité, 
mais les derniers sont encore distinctement plus longs que larges. Les 
palpes sont testacés. La tête et le thorax sont noirs. Le métathorax 
est assez fortement rugueux. L’abdomen est noir, insensiblement 
aminci vers l'extrémité. Le premier segment et la moitié antérieure 
du second sont finement rugueux; les bords latéraux de cette moitié, 
ainsi qu'une carène médiane à peine distincte, sont plus ou moins lisses, 
et sa partie rugueuse est une fois plus large que longue. La portion 


52 MONOGRAPHIE 


rugueuse du second segment est limitée postérieurement par une ligne 
transversale enfoncée plus profonde que chez la plupart des espèces 
voisines. La partie saillante de la tarière fait à peu près le quart de la 
longueur de l'abdomen. Les pieds sont noirs avec la moitié apicale des 
cuisses de devant , les quatre premières jambes et la base de celles de 
derrière d’un fauve testacé. Tantôt les tarses des deux premières paires 
sont d’un fauve testacé; tantôt ils sont obscurs; ceux de derrière sont 
toujours noirs ou noirâtres. Les ailes sont transparentes avec le stig- 
mate noirâtre. 
J'ai pris trois femelles de cette esnèce aux environs de Bruxelles. 


24. M. Fuucinosus. Mihe. o.o. 


Niger, palpis pallidis ; tibiis anterioribus basi vel totis, posticis basi, femoribus 
interdum anticis vel anterioribus apice, teslaceis ; abdominis seymento primo 
(apice saltem) ruguloso ; secundo linea transversa paulo ante medium impressa. 
(Terebra ? abdominis, 9.) 1 di. 


Cette espèce diffère 1° du #7. Brevicornis par ses antennes plus 
longues et son abdomen qui n’est pas brusquement comprimé du 
milieu à l’extrémité ; 2° du #. Tenebrosus en ce que le métathorax et 
les deux premiers segmens de l’abdomen sont moins rugueux. 

Le mâle a les antennes noires, d’un quart plus longues que le corps. 
Les palpes (au moins les trois derniers articles des maxillaires) sont 
päles. La tête et le thorax sont noirs. Le métathorax est très-finement 
chagriné, quelquefois à peu près lisse. L’abdomen est noir; le premier 
segment est légèrement rugueux, ordinairement lisse vers la base. Comme 
chez la plupart des espèces précédentes, le second est marqué un 
peu avant le milieu, d’une ligne transversale enfoncée et de deux petites 
lignes longitudinales submarginales ; l’espace compris entre ces lignes 
est très-légèrement rugueux, quelquefois presque entièrement lisse, 
assez souvent un peu élevé dans le milieu vers la base. Les pieds sont 
noirs. Les jambes sont testacées à la base; quelquefois les deux ou les 
quatre premières sont presque entièrement de cette couleur. Les ailes 


DES BRACONIDES DE BELGIQUE. 93 


sont transparentes avec le stigmate et les nervures d’un testacé 
obscur ; celles-ci sont toutes également marquées. 

La femelle a les antennes à peme plus longues que le corps; les bords 
latéraux du premier segment de l’abdomen sont quelquefois testacés 
ou blanchätres. L’extrémité des deux ou des quatre premières cuisses 
est ordinairement testacée. La tarière est de la longueur du quart de 
l'abdomen à valves larges, en massue. 

J'ai pris quatre mâles et six femelles de cette espèce aux environs 
de Bruxelles, en juillet et en août. 


25. M. Iupurus. 0. 


ÎNiger , palpis, tibiisque partim, testaceis ; abdominis segmento primo ruguloso, 
sulculo apice impresso ; secundo linea transversa ante medium impressa ; tere- 
bra + abdominis, o. 15. di. 


Microcasrer Iupurus. Ve. Von Es. Hym. Ich. aff. 1. 187. 37. 


Var. 1. ©. Palpis fuscis, tbiis vix summa basi sordide testaceis. 


La principale différence entre cette espèce et la précédente consiste 
dans la longueur de la tarière et la largeur de ses valves. 

La femelle a les antennes noires, environ de la longueur du corps. 
Les trois derniers articles des palpes maxillaires sont testacés. La tête 
et le thorax sont noirs. La face est assez fortement carénée longitudi- 
nalement dans le milieu. Le métathorax est presque lisse, à peine fine- 
ment ponctué, luisant. L’abdomen est noir; le premier segment est 
légèrement rugueux, et marqué près de l’extrémité d’une petite ligne 
médiane longitudinale enfoncée. Le second segment est lisse, lui- 
sant (ainsi que les suivans), et il est marqué un peu avant le milieu 
d’une ligne transversale enfoncée et de deux petites lignes longitudinales 
submarginales. La tarière est aussi longue ou un peu plus longue que 
la moitié de l'abdomen, à valves assez larges. Les pieds sont noirs avec 
les jambes de devant en entier d’un testacé un peu obscur, et les 
quatre postérieures seulement vers la base. Les’ ailes sont transpa- 


94 MONOGRAPHIE 


rentes; le stigmate et les nervures des supérieures sont d’un testacé 
obsur; celles-ci sont toutes également marquées. 
Dans ia Var. 1, les palpes sont noiratres, et il n’y a à la base de toutes 
les jambes qu'un très-court espace à peine distinct d’un testacé sale. 
J'ai pris trois femelles de cette espèce pendant le courant de juin 
aux environs de Bruxelles. 


Observation. — Je ne suis pas bien certain que cet espèce est le M. Zmpurus de M. Nees Von 
Esenbeck. 


26. M. Lowcrcauna. Mon. o. 


Niger , palpis pallidis, femoribus anticis apice late, tibiis anticis, posterioribus 
basi testaceis ; abdominis segmento secundo prope basin transversim impresso ; 
terehra valvis gracilibus, decurvis, longitudine abdominis. Alarum stigmate 
fusco, @. 1:—2. di. 


Les antennes sont noires, de la longueur du corps. Les palpes sont 
päles. La tête et le thorax sont noirs. Le métathorax est presque 
entièrement couvert de points enfoncés très-serrés. L’abdomen est noir. 
Le premier segment est ponctué vers l’extrémité. Le second est mar- 
qué à peu de distance de la base d’une ligne transversale enfoncée et 
de deux petites lignes longitudinales submarginales. La tarière est 
aussi longue ou un peu plus longue que l’abdomen, à valves grèles, 
presque filiformes , un peu arquées vers le bas. Les pieds sont noirs; 
les cuisses de devant sont testacées avec la base noire; les jambes et les 
tarses de la même paire sont testacés, ainsi que les quatre jambes pos- 
térieures vers la base. Les ailes sont d’un blanc transparent; les ner- 
vures sont quelquefois très-pales; le stigmate est noir ou noiratre, 
quelquefois avec la base plus pâle. 

J'ai pris deux femelles de cette espèce aux environs de Bruxelles, 
pendant le mois de juin. 


Observation. — J'avais d’abord rapporté cette espèce au M. Emarginatus de M. Nees Von 


Esenbeck; mais il m'a paru ensuite qu'il y avait trop de différence dans la longueur de la 
tarière. 


DES BRACONIDES DE BELGIQUE. 5h) 
27. M. Ocurosrieua. Mihe. à. 0. 


Niger, palpis pallidis; tibiis anticis &. , femoribus insuper anticis vel anterioribus 
apice tibiisque posterioribus basi Q., testaceis ; metathorace medio foveola vel 
sulculo, et abdominis segmento secundo linea transversa ante medium, impres- 
sis; alarum stigmate albido, marginibus fusco-testaceis. ( Terebra à — 3 abdo- 
minis , o.) 13— 1: /i. 


Le mäle a les antennes noires, un peu plus longues que le corps. 
Les palpes sont pâles ou testacés. La tête, le thorax et l’abdomen sont 
noirs. Le métathorax est finement chagriné, quelquefois presque lisse; 
il est marqué dans le milieu d’une fossette ovale ou d’un léger sillon 
longitudinal. Le premier segment de l'abdomen est légèrement cha- 
griné, et marqué ordinairement dans le milieu près de l’extrémité d’une 
courte ligne longitudinale enfoncée plus ou moins distincte. Le second 
segment est lisse, marqué avant le milieu d’une ligne transversale en- 
foncée et de deux petites lignes longitudinales submarginales. Les pieds 
sont noirs : les jambes et les tarses de devant, et les genoux du milieu 
sont testacés. Les ailes sont transparentes avec les nervures très-pâles; 
la plus grande partie de la première nervure humérale, la côte, la pre- 
mière partie du radius et le contour du stigmate sont testacés ; tout le 
disque de ce dernier est d’un blanc jaunâtre. 

La femelle diffère du male par ses antennes qui ne sont que de la 
longueur du corps, et par moins de noir aux pieds ; outre les jambes 
et les tarses de devant, elle a les deux tiers ou la moitié terminale des 
cuisses de la même paire, la moitié supérieur des quatre jambes pos- 
‘térieures, les tarses du milieu , et quelquefois la base du dernier article 
des tarses de derrière, testacés. La tarière est de la longueur environ 
des deux tiers ou des trois quarts de l'abdomen. Les valves sont droites, 
insensiblement plus larges vers l’extrémité. 

J’ai pris trois mäles et trois femelles de cette espèce aux environs de 
Bruxelles; une femelle m'a aussi été envoyée des environs de Liége, 


par M. Robert. 


Observation. — Gette espèce qui, par la couleur du stigmate des ailes, a de l'analooie avec 


56 MONOGRAPHIE 


les M. Emarginatus et Lacteus de M. Nees Von Esenbeck , diffère du premier en ce que les valves 
de la tarière sont droites, et du second par sa taille qui est beaucoup moindre. 


28. M. Exrarcinarus. 0. 


Niger , palpis pallidis ; femoribus tibiis tarsisque anticis, tibiis posterioribus basi 
late, alarum squamula et radice , testaceis ; metathorace medio foveola vel sul- 
culo, et ahdominis segmento secundo ante medium linea transversa , impressis ; 
alis lacteis ; stigmate fusco-testaceo, basi pallido. ( Terebra % abdominis, valvis 
decurvis, 9.) 13 di. 


Mrcrocasrer EmarGrNatus. /Ve, Won Es. Hym. Ich. Aff. 1. 182. 32. 


La femelle a les antennes noires, de la longueur du corps. Les 
palpes sont pales. La tête, le thorax et l'abdomen sont noirs. Le mé- 
tathorax est très-finement chagriné et n’a dans le milieu qu’un faible 
vestige d’une cannelure longitudimale à peine distincte. Le premier 
segment de l’abdomen est très-légèrement chagriné, marqué près de 
l'extrémité d’un court sillon longitudinal. Le second segment est mar- 
qué avant le milieu d’une ligne transversale enfoncée, et, de chaque 
côté, d’une petite ligne longitudinale submarginale. La tarière est de 
la longueur des deux tiers de l'abdomen, à valves assez grèles, un peu 
arquées vers le bas. Les pieds sont noirs; les trochanters de devant et 
le deuxième article des quatre postérieurs, les cuisses, les jambes et 
les tarses de devant, les quatre jambes postérieures depuis la base jus- 
qu'aux deux tiers, et la base des articles des quatre tarses postérieurs, 
sont testacés. Les ailes sont d’un blanc transparent avec les nervures 
de la même couleur. Le dessus et extrémité de la première nervure 
humérale, et la première partie du radius sont testacés. Le stigmate 
est d’un testacé obscur avec une tache pâle à la base. L’écaille et la 
radicule des ailes sont d’un testacé pâle. 

Chez une autre femelle, que je crois appartenir à la même espèce, 
le métathorax est presque lisse, luisant, marqué d’une fossette ovale 
peu profonde. Le premier segment de l'abdomen est plus fortement 
rugueux, et le second l’est également depuis la base jusqu’à l’impres- 
sion transversale. Les cuisses de devant ont un peu de noir à la base; 


DES BRACONIDES DE BELGIQUE. 57 


l’extrémité des cuisses du milieu et les jambes de la même paire tout 
eutières sont testacées. La tarière n’est que de la longueur de la moitié 
de l'abdomen, et ses valves sont un peu plus larges. 

J’ai pris ces deux femelles aux environs de Bruxelles. 


Observation. — Chez une autre femelle, d’ailleurs semblable aux précédentes, le stigmate 
des ailes est entièrement d’un testacé obscur, la tarière est à peine de la longueur de la moitié de 
abdomen, et ses valves paraissent être droites. Je ne sais si c’est une espèce distincte. 


29. M. GAGATES. ©. 


DNiger, femoribus anticis apice tibisque iisdem antice rufo-testaceis ; seygmento se- 
cundo prope basin transversim impresso ; alis nigro-hyalinis. Terebra longi- 
tudine abdominis, o. 13. 


Mrcrocasrer Gacares. Ve. Won Es. Hym. Ich. Aff. 1. 183. 33. 


Les antennes, les palpes, la tête, le thorax et l’abdomen sont noirs. 
Le métathorax est lisse, luisant. Le premier segment est très-légère- 
ment rugueux vers l'extrémité. Le second est marqué près de la base 
d’une ligne tranversale enfoncée. La tarière est presque aussi longue 
que l’abdomen , à valves à peine arquées. Les pieds sont noirs : l’ex- 
trémité des cuisses de devant et le côté antérieur des jambes de la 
même paire sont d’un fauve testacé. Les ailes sont noires. 

La seule femelle de cette espèce que je possède, m'a été envoyée 
des environs de Liége, par M. Robert. 


Observation. — D'après la description de M. Nees Von Esenbeck, les jambes de devant tout 
entières et la base de celles du milieu sont testacées. 


30. M. Lives. Mohe. ©. 


Niger, femoribus linea utrinque, tibiis anticis, intermediis vel totis, vel ut et 
posticis basi, tarsis anticis vel anterioribus rufotestaceis ; abdominis seymento 
secundo linea transversa ante medium impresso. ( Terebra longitudine abdomi- 
nis, o.) 14 di. 

Microcasrer Azsirennis. Var. 8. IVe. Von Æs. Hym. Ich. Af. 1. 186. 36. 


Les antennes sont de la longueur du corps, entièrement noires. 
Tou. X. 8 


38 MONOGRAPHIE 


Les trois derniers articles des palpes maxillaires sont d’un testacé ob- 
scur. La tête, le thorax et l’abdomen sont noirs. Le métathorax est 
lisse, luisant. Le second segment de l’abdomen est marqué, avant le 
milieu, d’une ligne transversale enfoncée, et de deux petites lignes 
longitudinales submarginales. La tarière est de la longueur de l’abdo- 
men, à valves à peine courbées. Les hanches sont noires. Les tro- 
chanters sont noirs : quelquefois ceux de devant sont testacés. Les 
cuisses sontnoires avec une bande longitudinale d’un fauve testacé aux 
côtés antérieur et postérieur; quelquefois les cuisses de devant ne sont 
noires qu’à la base, et celles de derrière, à la base et à l’extrémité. Les 
jambes sont d’un fauve testacé : ordinairement celles du milieu sont 
noirâtres vers l'extrémité, et celles de derrière aussi surtout au côté 
interne. Les tarses de devant, et quelquefois ceux du milieu sont tes- 
cés; ordinairement les quatre tarses postérieurs sont noirâtres. Les 
ailes sont transparentes, mais sans teinte blanchätre. Toutes les ner- 
vures sont bien marquées, noirâtres, ainsi que le stigmate. 
J’ai pris trois femelles de cette espèce aux environs de Bruxelles. 


Observation.—Cette espèce qui, par la couleur des pieds , ressemble beaucoup à la Var. 8. du 
M. Albipennis , s'en éloigne par la couleur des ailes et des nervures. 


31. M. Orscurus. &. 0. 


Niger, femoribus anticis apice, tibiis anterioribus , posticis basi, tarsisque anticis 
rufotestaceis ; abdominis segmento primo ruguloso ; secundo linea transversa ante 
medium impresso ; alarum nervis omnibus et stigmate nigris. ( Terebra % abdo- 
minis, o.) 14 di. 


Mrcrocasrer Onscurus. Ve. Von Es. Hym. Ich. Aff. 1. 182. 81. 


La femelle a les antennes noires, de la longueur du corps. Les trois 
derniers articles des palpes maxillaires sont d’un testacé obscur. La 
tête, le thorax et l'abdomen sont noirs. Les flancs du mésothorax 
sont assez fortement ponctués en avant et vers le bas. Le métathorax 
et le premier segment de l’abdomen sont rugueux. Le second est mar- 
qué vers le tiers antérieur d’une ligne transversale enfoncée et de deux 
petites lignes longitudinales submargimales : l’espace compris entre ces 


DES BRACONIDES DE BELGIQUE. 59 


lignes est à peu près lisse. La tarière est de la longueur des deux tiers 
de l’abdomen, à valves droites, assez grèles. Les pieds sont noirs : l’ex- 
trémité des cuisses de devant, les quatre jambes antérieures, la base de 
celles de derrière et les tarses de devant sont d’un fauve testacé. Les 
ailes sont transparentes avec une très-légère teinte obscure; toutes les 
nervures sont bien marquées, noires ainsi que le stigmate. La nervure 
discoïdo-cubitale et la première partie du radius sont exactement pa- 
rallèles et sont en même temps un peu moins éloignées que de cou- 
tume, ce qui rend la première cellule cubitale un peu plus étroite. 

Le seul mâle que je possède, diffère de la femelle par la couleur des 
jambes du milieu qui sont noirätres au bout. 

J’ai pris un mâle et une femelle de cette espèce vers la fin de mai, 


près de Bruxelles ; une autre femelle m'a été envoyée des environs de 
Liége par M. Robert. 


32. M. ANAuIS. 0. 


Niger, antennarum basi, palpis, abdominis dimidio posteriore , pedibusque flavo- 
testaceis, genubus posticis nigris. ( Terebra subexserta 11 /o. 
> 9 P 9 : LRQ 


Microcasrer Anauis. ÎVe. Won Es. Hym. Ich. Aff. 1. 180. 27. 


Le premier article des antennes est testacé avec l’extrémité noire; 
les autres sont tous noirâtres au-dessus ; en dessous, ceux qui sont vers 
la base, sont d’un testacé un peu obscur. Les palpes sont pales. La 
tête et le thorax sont noirs. Les flancs du mésothorax sont fortement 
ponctués vers le bas, et la fossette située vers leur extrémité est un 
peu rugueuse ; le métathorax est assez fortement rugueux. Le premier 
segment de l'abdomen a le dos noir, rugueux, avec une bordure laté- 
rale étroite d’un jaune pâle ; la moitié antérieure du second segment 
est rugueuse, noire avec les bords latéraux d’un jaune testacé ; la moi- 
tié postérieure est lisse, noire avec les bords latéraux et l'extrémité d’un 
jaune testacé. Les segmens suivans et le ventre tout entier sont d’un 


1 Je désigne sous ce nom la nervure qui sépare la première cellule cubitale de la cellule dis- 
coïdale supérieure externe. 


60 MONOGRAPHIE 


jaune testacé. La tarière est à peine saillante. Les pieds sont d’un jaune 
testacé; ceux de derrière ont la base des hanches et les genoux noirs, 
et les articles des tarses obscurs vers l'extrémité. Les ailes sont trans- 
parentes avec le stigmate et les nervures d’un testacé un peu obscur. 

J'ai pris une seule femelle de cette espèce, dans le mois de juillet, 
aux environs de Bruxelles. 


33. M. Foruosus. Méhi. 


Niger, ore, abdominis segmento primo toto, pedibusque flavotestaceis , coxis 
posticis nigris, 2 li. 


Les antennes sont noires, filiformes, de la longueur du corps. Le 
labre, les mandibules et les palpes sont d’un jaune testacé. La tête et 
le thorax sont noirs. Les flancs du mésothorax et ie métathorax sont 
lisses, luisans. L’abdomen est noir avec le premier segment tout en- 
tier, et le ventre dans l’étendue des deux premiers segmens, d’un jaune 
testacé. Sur le dos, le second segment est noir avec une étroite bor- 
dure latérale, et une autre au bord postérieur interrompue au milieu, 
d’un jaune testacé. La surface de ce segment est lisse, et Pimpression 
transversale ordinaire est située un peu avant le milieu. Le reste de 
Vabdomen est noir. Les pieds sont d’un testacé pâle; ceux de derrière 
ont les hanches noires, les genoux, l'extrémité des jambes et des ar- 
ticles des tarses obscurs. Les ailes sont transparentes avec les ner- 
vures et le stigmate noirs. L’écaille et la radicule sont päles. 

Cette espèce remarquable dont je ne possède qu'un seul individu, 
m'a été envoyée des environs de Liége, par M. Robert. 


Observation. — Le sexe de l'individu que je viens de décrire me semble douteux. Il n'y a pas 
detarière saillante , et cependant les antennes sont filiformes, et composées vers l'extrémité d’ar- 
ticles assez allongés, comme on les voit ordinairement chez les femelles. 


DES BRACONIDES DE BELGIQUE. 61 


34. M. Rurcorns. o'.0. 


Niger , segmenti primi abdominis disco subruquloso apicem versus valde angustato ; 
hujus marginibus lateralibus late, ventre fere toto, ore, antennis plus minus 
pallide, pedibusque testaceis ; posticorum coæis bas, tibiis apice , tarsisque fuscis. 
( Terebra 3 abdominis, o.) 14 di. 

Microcasrer Ruriconnis. Ve. Won Es. Hym. Ich. Aff. 1. 179. 95. 

Le mâle a les antennes plus longues que le corps, testacées ou fer- 
rugineuses, ordinairement avec le côté supérieur et l’extrémité noi- 
râtres. Les mandibules et le labre sont testacés; les palpes sont très- 
pâles. La tête et le thorax sont noirs. Le dos de l’abdomen est noir 
avec une large bordure pâle sur les côtés du premier segment; le dis- 
que de celui-ci se rétrécit fortement de la base à l'extrémité, et sa sur- 
face est un peu rugueuse. Le second segment est marqué, avant le 
milieu, d’une ligne transversale enfoncée. Ses bords latéraux sont sou- 
vent testacés. Les deux tiers antérieurs du ventre et les pieds sont 
testacés. Les hanches de derrière sont noires avec l’extrémité testacée; 
le bout des jambes et les tarses de la même paire sont noirâtres. Les 
ailes sont transparentes avec le stigmate et les nervures obscures; lé- 
caille et la radicule sont testacées. 

La femelle diffère du mâle, 1° par ses antennes un peu plus courtes 
et qui sont quelquefois entièrement d’un testacé pâle ; 2° par la cou- 
leur des pieds qui n’ont que peu de noir à la base des hanches de der- 
rière, ou même dont les pieds de derrière sont quelquefois entièrement 
testacés. La tarière est un peu moins longue que l'abdomen, à valves 
grèles. 

J'ai pris dix mäles et cinq femelles de cette espèce aux environs 
de Bruxelles, pendant les mois de juin et de juillet. 


39. M. Puncricer Méhe. o. 


Niger, segmenti primi abdominis disco rugoso-punctato, basi et apice subæqui- 
lato; hujus et secundi segmenti marginibus lateralibus, ventre basi, ore, pedi- 
busque testace?s, posticorum coxis nigris, tibiis apice tarsisque subfusers ; terebra 

q Du) ges, P 5 
breviter exserta 13 le. 


Les antennes sont d’un ferrugineux obscur. Les mandibules et 


62 MONOGRAPHIE 


le labre sont testacés, et les palpes blanchâtres. La tête et le thorax 
sont noirs, L’abdomen est noir avec les bords latéraux de l’extrémité 
du premier segment et ceux du second, ainsi que la moitié antérieure 
du ventre testacés. Le disque du premier segment est en carré long, 
sans rétrécissement notable vers l'extrémité, marqué de grands points 
enfoncés confluens, et garni seulement vers son extrémité d’une bor- 
dure latérale membraneuse assez large. Le second segment est marqué 
un peu avant le milieu d’une ligne transversale enfoncée, sinuée. La 
tarière ne dépasse que de très-peu le dernier segment ventral *. Les 
pieds sont testacés, excepté les hanches de derrière qui sont noires, 
et l’extrémité des jambes et des articles des tarses de la même paire 
qui sont légèrement obscurs. Les ailes sont transparentes avec l’écaille 
et la radicule testacées , les nervures et le stigmate d’un testacé obscur : 
celui-ci est marqué d’une tache blanchâtre à la base. 

J’ai pris la seule femelle que je possède au mois de juin , aux environs 
de Bruxelles. 


B. 


Second segment de l'abdomen marqué vers le milieu d’une ligne transver- 
sale enfoncée, et de deux lignes obliques qui, partant du milieu de la base, 
vont en divergeant rejoindre la ligne transversale, de manière à former avec 
elle un triangle aussi haut ou plus haut que large. 


36. M. Trrancuzator. Mihe. .o. 


Niger, palpis, femoribus anticis apice , tibiis anticis, posterioribus basi testaceis; 
abdominis segmento primo apice ruguloso. (Terebra recondila , 9.) 1. di. 


Les antennes sont noires, de la longueur du corps chez la femelle, 
un peu plus longues chez le mâle. Les palpes sont testacés, quelque- 
fois légèrement obscurs. La tête et le thorax sont noirs. Le métatho- 
rax est lisse, luisant. L’abdomen est noir ; le premier segment est lisse, 


1 Chez l'individu que je décris, l'extrémité de l'abdomen est bäillante ; le dernier segment 
dorsal et le dernier ventral laissent ainsi entre eux une profonde échancrure d’où sort la tarière 
dont la partie visible égale en longueur les deux tiers de l'abdomen, quoiqu’elle dépasse de très- 
peu son extrémité. 


DES BRACONIDES DE BELGIQUE. 63 


luisant, avec l'extrémité très-légèrement rugueuse et un peu mate, 
et une courte cannelure médiane près de cette extrémité. Le second 
segment est marqué transversalement d’une ligne enfoncée, un peu 
avant le milieu; cette ligne est rejointe de chaque côté, a quelque 
distance du bord latéral, par une autre ligne qui part en divergeant 
du milieu de la base du segment; ces trois lignes circonscrivent un 
espace triangulaire, un peu convexe et lisse. La tarière de la femelle 
n’est pas saillante. Les pieds sont noirs ; la moitié apicale des cuisses de 
devant, les jambes de la même paire, le tiers supérieur ou seulement 
l’extrême base des quatre dernières et les tarses de devant sont testacés. 
Les ailes sont transparentes avec le stigmate d’un testacéobsur. 

Huit individus, six mâles et deux femelles , sont sortis de coques d’un 
jaune päle que j'ai trouvées réunies en un petit paquet et attachées à 
une tige de gramimée, vers le milieu de juin, près de Boisfort. 


37. M. Lrviniwes. Méhi. «.0. 


Niger, palpis, ventre basi, abdominis segmento primo marginibus lateralibus , 
alarum stigmate et nervis, pedibusque pallide testaceis ; coxis posticis, et inter- 
dum anterioribus nigris; femoribus posterioribus supra et infra, tibiis apice 
tarsisque posticis, fuscis. ( Terebra abdominis, o.) 14 li. 


Le mâle a les antennes noires, rarement d’un ferrugineux obscur 
en dessous. Les palpes sont d’un testacé pale. La tête et le thorax sont 
noirs. L’abdomen est noir avec les bords latéraux du premier segment, 
quelquefois ceux du second vers la base, et la moitié antérieure du 
ventre d’un testacé pâle. Les pieds sont de la même couleur; les 
hanches de derrière, et quelquefois la base des quatre premières, sont 
noires; le côté supérieur et le côté inférieur des quatre cuisses posté- 
rieures, l’extrémité des jambes de derrière et les tarses de la même 
paire, sont noirâtres. Les ailes sont transparentes avec le stigmate pâle. 

Chez la femelle, les quatre cuisses postérieures ne sont quelquefois 
que très-légèrement rayées d’obscur. La longueur de la tarière est à peu 
près du quart de l'abdomen. 


64 MONOGRAPHIE 


J'ai pris quatre mâles et deux femelles de cette espèce aux environs 
de Bruxelles. 


Observation. — Cette espèce est peut-être la même que le M. Circumscriptus de M. Nees Von 
Esenbeck, mais je n’en suis pas certain. 


30. M. Masaus. Mihe. d.0. 


Niger, palpis, abdominis seymento primo et secundo marginibus lateralibus , 
ventre basi late, pedibusque rufotestaceis; posticorum coxis, tihiis apice et 
tarsis, alarumque stigmate nigris; coxis posticis rugulosopunctatis. ( Terebra 
subexserta, ç.) 13 di. 


Var. l. Femoribus posticis apice nigris, &.9. 


Le mâle a les antennes noires et les palpes testacés. La tête et 
le thorax sont noirs. Les flancs du mésothorax sont assez fortement 
ponctués sur le devant et vers le bas. Le dos du métathorax est 
presque toujours mat, très-finement chagriné. L’abdomen est noir, 
avec les bords latéraux du premier segment , ceux du second en tout ou 
en partie, et les deux tiers antérieurs du ventre, d’un fauve pâle. Les 
pieds sont d’un fauve pâle avec les hanches de derrière noires , et cou- 
vertes de points enfoncés qui les font paraître comme légèrement cha- 
grinées; l'extrémité des jambes et les tarses de la même paire sont d’un 
noir obscur. Les ailes sont transparentes avec le stigmate et la plus 
grande partie des nervures noires; l’écaille de la base est pâle, mais la 
radicule est noire ou marquée d’une tache noire. 

La femelle ne diffère du mâle que par la tarière qui dépasse à peine 
l'extrémité de l’abdomen. 

Dans la Var. 1, les cuisses de derrière sont noires ou noirâtres à 
l'extrémité. Deux individus, male et femelle, sont en outre remarqua- 
bles en ce que le dos du métathorax est presque lisse et assez luisant. 

J'ai pris six mâles et quatre femelles de cette espèce pendant le mois 
de mai, dans le bois de La Cambre près de Bruxelles. 


DES BRACONIDES DE BELGIQUE. 65 


39. M. Furcricer. Mihi. à. 0. 


Niger, palpis, abdominis segmento primo (et interdum secundo) marginibus late- 
ralibus, ventre basi, pedibusque rufotestaceis, coxis posticis nigris ; alarum stig- 
mate fusco vel nigro. (Ultimo seymento ventrali ulira dorsi apicem producto, 
terebra breviter exserta, 9.) 1à li. 


Var. Tobiis apice tarsisque posticis fuscrs. 


Sous le rapport des couleurs, cette espèce ressemble extrêmement à 
la précédente. Sous d’autres rapports, elle en diffère, 1° en ce que le 
métathorax est en pente plus raide ; 2° les hanches de derrière ne sont 
que très-légèrement ponctuées et sont luisantes; 3° le dernier segment 
ventral de la femelle dépasse distinctement l'extrémité dorsale de 
l'abdomen; 4° la tarière est un peu plus saillante, et ses valves sont 
plus aiguës au bout. 

J'ai pris un mâle et trois femelles de cette espèce, aux environs de 
Bruxelles. 


40. M. GLomeraTus. ©. @. 


Niger, palpis pallidis , pedibus rufotestaceis, coxis posticis nigris ; abdominis scg- 
mento primo marginibus tateralibus, ventre basi, alarum nervis et stigmate , 
sordide testaceis; femoribus linearibus. ( Terebra subeæserta , 9.) 1E— 1: di. 


Mrcrocasrer GLowerarus. /Ve. Von Es. Hym. Ich. Aff. 179. 26. 


Le male a les antennes noires et les palpes pâles. La tête et le tho- 
rax sont noirs. L’abdomen est noir avec les bords latéraux du premier 
segment, quelquefois ceux du second à la base, et la partie antérieure 
du ventre d’un testacé plus ou moins obscur, quelquefois d’un ferru- 
gineux obscur. Les pieds sont d’un fauve testacé avec les hanches de 
derrière noires jusque près de l'extrémité. Quelquefois l’extrémité des 
jambes de derrière et les tarses de la même paire sont légèrement ob- 
seurs. Les cuisses sont proportionnellement plus minces et plus li- 


néaires que chez les espèces précédentes. Les ailes sont transparentes 
To. X. 9 


66 MONOGRAPHIE 


avec les nervures et le stigmate d’une couleur pâle et livide; lécaille 
de la base est pale, et la radicule est noirûtre. 

La femelle ressemble au mâle; sa tarière dépasse à peine l'extrémité 
de l’abdomen. 

J'ai examiné vingt-cinq individus de cette espèce qui est une des 
plus communes en Belgique. 


Observations. — Comme la synonymie de la plupart des auteurs qui ont parlé de cette espèce 
me paraît assez douteuse , je n’ai cité que la description de M. Nees Von Esenbeck. 

Mon iravail sur les Microgastres était déjà très-avancé , lorsque J'ai eu connaissance de l’ou- 
vrage de M. Bouché!, dans lequel sont décrites quelques espèces de ce genre, et qui porte la 
date de1834 comme l'ouvrage de M. Nees Von Esenbeck, de sorte qu’il est très-difficile de savoir 
auquel des deux appartient la priorité. 

A la fin de son dernier volume, le savant professeur de Breslau a essayé d'établir la concor- 
dance de ses espèces avec celles de M. Bouché. Comme je me réserve de revenir plus tard sur 
toute la synonymie des Microgastres, je ferai seulement observer en passant que M. Nees Von 
Esenbeck me semble rapporter à tort son M. Glomeratus à celui de M. Bouché, puisque l'espèce 
de ce dernier a les genoux de derrière, l’écaille et le stigmate des ailes noirâtres , et paraîtrait 
ainsi avoir plus d’analosie avec le M. Affinis ou avec le M. Reconditus de M. Nees Yon Esenbeck. 


! Naturgeschichte der [nsekten besonders in hinsicht ihrer ersten Zustande als Earven und 
Puppen. Berlin, 1834. 


DES BRACONIDES DE BELGIQUE. 67 


XXVIE Ge ADELIUS. Hacron. 


Antennes de vingt articles. ÆAntennœæ viginti-articulatæ. 
Yeux velus. Oculi villosi. 
Une cellule radiale subovale, incom- Cellula radialis una, subovata, im- 


plète, largement ouverte à l’extrémité.  perfecta, apice late aperta. 
Deux cellules cubitales. Cellulæ cubitales duæ. 


J’avais d’abord établi ce genre sous le nom de P/eicmerus ; mais 
l'ayant depuis lors trouvé indiqué sous le nom de Adelius que lui a 
donné M. Haliday”, j'ai du céder à celui-ci la priorité. Je ferai cepen- 
dant observer que déjà M. Kirby a appelé Adelium un genre de Co- 
léoptères hétéromères de la famille des Ténébrionites, et que je ne sais 
s’il suffit de changer une lettre à un mot, pour acquérir le droit de 
l'appliquer à deux genres différens. 

Il y a la plus grande analogie entre ce genre et celui des Microgas- 
tres : la position respective des deux derniers segmens du thorax et des 
deux dernières paires de hanches est la même. Les principales différences 
consistent, 1° dans le nombre d'articles des antennes ; 2° la forme de 
la cellule radiale ; 3° la grandeur respective des deux cellules discoï- 
dales qui sont également longues chez les Adelius, tandis que l’interne 
est beaucoup plus courte que l’externe chez les Microgastres; 4° La 
forme de l'abdomen qui est plus large, plus arrondie chez les Adelius ; 
50 l’épaisseur du vertex qui, chez les Adelius, se prolonge notablement 
derrière les ocelles, de sorte que, sous ce rapport, ces insectes man- 
quent de l’un des caractères du groupe des Aréolaires. 

Les mœurs des Adelius me sont inconnues. 


l_Entomological Magazine, vol. I, pag. 262. 


68 MONOGRAPHIE DES BRACONIDES DE BELGIQUE. 
A. SUBFASCIATUS. 0". Q. 
Niger, alis hyalinis, anticis fascia media fusca. (Terebra subeæserta ; 9.) 4 ti. 
? Aneuus Susrascratus. Halid, Ent. Mag. vol. I, pag. 262. 


Ce petit insecte est entièrement noir, excepté les mandibules, les 
palpes, les jambes de devant vers la base et l'extrémité, et leurs tarses 
qui sont d’un testacé obscur. Les ailes sont transparentes : les supé- 
rieures sont traversées par une large bande obscure, divisée elle-même 
presque complétement en deux par une ligne incolore vis-à-vis du 
stigmate. 

La femelle ne diffère du màle que par ses antennes un peu plus 
épaisses , et par la présence de la tarrière qui est très-courte. 

J'ai pris deux males et trois femelles de cette espèce aux environs 
de Bruxelles; je les ai trouvés courant avec agilité sur les feuilles du 
saul Marceau, pendant le mois de juin. 


Obervation. —M. Haliday n’ayant pas donné de description de son espèce, j'ignore si c’est la 
même que la mienne. 


FIN. 


EXPLICATION DES FIGURES. 


INB. Tous les objets sont représentés plus ou moins grossis. 

Les figures 4—X représentent les deux premiers segmens de l’abdomen de diverses espèces 
de Microgastres. Le chiffre 1 indique le premier segment et le chiffre 2 le second segment , 
qui est partagé en deux parties de grandeur et de forme variables, excepté dans la figure £ 
où il n’offre pas de division. 


Fig. 4. Les deux premiers seomens de l'abdomen du Wicrogaster Dimidiatus. On observe à peu 
près la même conformation chez le M. Carbonarius. 


Fig. B. Les deux premiers segmens de l'abdomen du Microgaster Deprimator. 


Fig. C. Les deux premiers segmens de l'abdomen du Microgaster Globatus. On observe à peu 
près la même conformation chez les M. Marginellus, Subcompletus, Tibialis et 
Perspicuus. 


Fig. D. Les deux premiers segmens de l'abdomen du Microgaster Dorsalis. On observe à peu 
près la même conformation chez le M. Punctiger. 


Fig. E. Les deux premiers seomens de l'abdomen du Microgaster Impressus. On observe à peu 
près la même conformation chez les M. Tristis, Canaliculatus, Spinolæ, T ubercula- 
tus, Fulvicornis. 


Fig. F. Les deux premiers seomens de l'abdomen du Microgaster Reconditus. On observe une 
conformation plus ou moins analogue chez les M. Sessilis, Spurius, Brevicornis, 
Tenebrosus, Fuliginosus, Analis. 


Fig. G. Les deux premiers seomens de l'abdomen du Microgaster Impurus. On observe à peu 
près la mème conformation chez les M. Enmnarginatus, Lincipes, Obscurus, Lon- 
gicauda. 


Fig. H. Les deux premiers segmens de l’abdomen du Microgaster Ruficornis. 
Fig. I. Les deux premiers, segmens de l'abdomen du Microgaster Formosus. 


Fig. K. Les deux premiers segmens de l'abdomen du Hicrogaster Glomeratus. On observe à peu 
près la même conformation chez les M. Lividipes, Majalis et Fulcriger. 


70 EXPLICATION DES FIGURES. 


Figures supplémentaires, relatives à la première partie de l'ouvrage. 


Fig. L. Tête du Microctonus Boops, vue par-devant. Voyez 1"° partie, pag. 59. 
Fig. M. Une antenne du Wicroctonus Clavicornis. Voyez 1"° partie, pag. 65. 


1. Un éperon de la jambe de derrière chez le Phylax Calcarator. Voyez 1° partie, 


Fig. N. pag- 161. 
2. Un éperon de la jambe de derrière chez le Phylax Annulicornis. Voyez 1° partie, 
pag. 160. 


Fig. O. Une antenne de l'AÆspigonus Diversicornis d'. Voyez 1"° partie, pag. 186. 


Fig. P. Proterops Nigripennis, six fois grossi. Voyez 1°° partie, pag. 202. 


Wen. de l'Acad.de Brurelles Tone X 
e ———— 


Wicrodus Nhdalus Microdus Linda tes dqathes Purgator Zschucs Obseuralor 


Micragaster Sprnolw Jcrogaster Glomeratus lets Subfaseratus. 


ès 


Dessine Par l'Anteur: PCR CIN A 


tri naix 


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MÉMOIRE 


SUR 


UN POISSON NOUVEAU, 


DANS LE CANAL DE MESSINE 


EN JANVIER 1855, 


E L'ACADÉNIE DE BRUXELLES DU 17 SaNVIER 1855 ; 


PAR F. CANTRAINE, 


Docteur en sciences 


To. X. à 1 


ANANANAN ANA EAU LANTA A NA AAA AAA AAA AAA 


MÉMOIRE 


UN POISSON NOUVEAU, 


TROUVÉ 


DANS LE CANAL DE MESSINE. 


Dans la première grande tribu, établie par MM. Cuvier et Valen- 
ciennes dans la famille des Scombéroïdes, vient se placer un poisson 
qui se trouve dans la Méditerranée et qui est, sous tous les rapports, 
digne de figurer dans cette intéressante famille. C’est le Rovetto ou 
Roveddu des Siciliens ‘. 

Un fait très-singulier et qui étonnera bien des personnes qui s’occu- 
pent de l’ichthyologie, c’est qu’un poisson aussi grand, si remarquable 
par ses caractères et par la délicatesse de sa chair, qui se trouve dans 
des parages où ont séjourné des naturalistes distingués, soit demeuré 
Jusqu’à ce jour inconnu à la science et n’ait figuré que dans les livres 


L_Roveddu est un qualificatif qui, en sicilien , signifie rude (ruvidus) : il aura été donné à ce 
poisson à cause de la sensation que l’on éprouve lorsqu'on passe la main sur sa peau d’arrière 
en ayant. 


4 SUR UN POISSON NOUVEAU. 


des Apicius modernes de la Sicile, et sur la table de quelques grands à 
Naples. Rafinesque, il est vrai, la connu de nom, mais ce ne fut pas 
sans peine que je parvins à le découvrir dans ses écrits. Ce savant a 
contribué puissamment, il faut le dire, à faire connaître les poissons 
siciliens, mais l’état des sciences naturelles à l’époque où il écrivait, et 
son peu de talent pour la partie descriptive, rendent ses ouvrages fort 
obscurs et très-difiiciles à consulter, surtout pour un naturaliste de 
cabinet; et Cuvier, malgré la perspicacité de son génie, en passant 
sous silence dans la seconde édition de son règne animal différens 
genres de cet auteur, a fait voir assez clairement combien il est difficile 
de le débrouiller. Heureusement pour le voyageur naturaliste , Rafines- 
que a eu soin de joindre au nom systématique une synonymie assez 
étendue et assez exacte des noms que le poisson porte dans les diffé- 
rens vals de la Sicile, ce qui fait que ses ouvrages sont indispensables 
aux savans qui visitent cette île. Cependant il ne fut pas sur ce point 
à l'abri de l’erreur, et comme il se laissa quelquefois guider par les 
renseignemens de personnes à qui la science m'était pas très-familière, 
il en résulta que dans sa synonymie vulgaire on trouve parfois dans le 
même article les noms de poissons très-disparates. Dans ce cas se trouve 
la synonymie de l’Esturgeon (Acipenser Sturio L. Sturio vulgaris 
Raf. ‘), dans son /ndice d’Fihologia Siciliana, pag. 41, on y voit 
figurer le nom du poisson qui fait le sujet de ce mémoire, poisson 
qui n’a rien de commun avec lesturgeon que la délicatesse de la chair. 
Rafinesque n'aurait certainement pas commis une telle erreur s’il avait 
eu ce poisson sous les yeux; il en aurait fait un nouveau genre et il 
aurait eu raison. 

Si le corps alongé de ce poisson, sans corcelet, la forme et la dis- 
tribution de ses dents et le profil de sa tête lui donnent quelque res- 
semblance avec le Scomber alun Lacep., et le rangent près des Thyr- 
sites Cuv. Val., d’autres caractères du premier ordre empéchent de y 


! Rafinesque, loc. citat., pag. 58, créa le genre Stwrio pour les Esturgeons qui ont le museau 
court et se terminant plus ou moins obtusément , et non en spatule. On ne sent point le besoin 
de la formation d’un tel genre, tout-à-fait artificiel ; aussi ne fut-il pas adopté. 


SUR UN POISSON NOUVEAU. 5 


placer : sa carène abdominale, la forme de ses nageoires et ses longues 
dents vomériennes me paraissent plus que suffisans pour en faire un genre 
qui sera lié aux Tassards (Cybium , Cuv. Val.) par la caréne obtuse 
et rudimentaire qui se trouve de chaque côté de la queue, et par sa 
peau uniforme. Il est bien vrai qu'au lieu des pinnules qui existent 
dans toute cette tribu, il a une nageoire composée de deux rayons 
branchus, qui sont réunis sur une grande partie de leur longueur par 
une membrane fort mince ; mais ce caractère ne me paraît pas suffisant 
pour l’en séparer, puisque la plupart des espèces de cette tribu ont les 
pinnules voisimes de la dorsale et de l’anale munies en arrière d’une mem- 
brane triangulaire ou coupée diagonalement : il s'éloigne, à coup sur, 
moins du type que les Zepidopes et les Trichiures, dont on a fait un 
appendice à la tribu. 

Dans ces temps, où les sciences naturelles marchent d’un pas si rapide, 
où un chacun veut contribuer à en étendre le domaine, une prompte 
publication étant l'unique moyen de s’assurer la priorité d’une décou- 
verte, je communiquai à M. le professeur P. Savi de Pise, dans une 
lettre écrite de Messine, en date du 10 février 1833, les diagnoses généri- 
ques et spécifiques de quelques-uns des poissons que je venais de dé- 
couvrir : il eut la complaisance de les faire insérer dans le prochain 
numéro du Journal des sciences et des arts qui s’imprime à Pise. Je 
pus ainsi attendre le moment opportun pour mettre au jour les détails 
qui se trouvaient dans mes notes, et que mes occupations ne me 
permettaient pas alors de rédiger, ainsi que les dessins que j'en fis 
sur le frais. C’est d’un de ces poissons que je vais donner la descrip- 
tion. J’ai cru bon de laisser au nouveau genre auquel il appartient, 
le nom vulgaire de Rovetus ou mieux Aoveltfo; je sais pourtant que 
cette dénomination pèche contre une des règles de la philosophie 
terminologique établies par Illiger : c’est une règle qui n’est pas 
toujours à suivre : : et je dédie l’espèce type à M. Temminck , savant 


1 Les principes de philosophie terminologique émis par Illiger dans son Prodromus, m’a- 
vaient porté à changer le nom de Rovetus en celui d’Acanthoderma; de müres considérations 
me font reprendre la première dénomination. 


6 SUR UN POISSON NOUVEAU. 


qui a rendu de si grands services à l’ornithologie, et dont les nombreux 
ouvrages se trouvent dans toutes les bibliothèques. Je le prie d’accep- 
ter ce petit tribut de ma reconnaissance, pour les sages conseils dont il 
a bien voulu m’honorer pendant le cours du voyage scientifique qui 
me fut confié en 1926. 


Genre. — ROVETUS. 


R. corpore tribus dorsalibus distinctis instructo, prima spinosa ; ventre cari- 
nato; lateribus caudæ carina obtusa , inermi munrtis. 


Roverus. Giornale delle scienze , belle lettere ed arti di Prsa. Année 1833. 
AcanrnopermA. Bulletin de l’Académie Royale de Bruxelles. Janvier 1835. 
_ Ibidem — — — Avril 1835. 
Espèce. — Roverus Temmnoxn, N. 


R. corpore elongato, compresso, brunneo-nigrescente, squamis scutisque ob- 
tecto ; squamis ovalibus, oblongis, levibus , exiquis , imbricatis : scutis parvis 
distantibus, postice bicuspidatis, per series requlares dispositis : linea late- 
ralé nulla ; cauda utrinque paululum carinata ; oculis subellipticis : rictu 
magno, mandibula longiore : mandibula , ossibus intermaxillaribus, pala- 
tinis, pharyngeisque, vomero énstructis dentibus conico-compressis , curva- 
tisque : cœcis quatuordecim ; membrana branchiali septemradiata : caudali 
emarginata . 


PAS NV D RG ed NE CIE" 


Roverus Teneur , N. Giornale loc. cit. 
AcanrnoneRma Temmmwcrir , N. Bulletin, loc. cit. 


Ce poisson a le corps alongé, comprimé, verticalement ovale, un 
peu rétréci pour la tête dont le museau est en pointe mousse, cunéi- 
forme, et surtout pour la queue qui est cylindrique. Sa plus grande 
hauteur est au-dessus des ventrales et fait environ le sixième de sa lon- 
gueur en y comprenant les rayons médians de la caudale, et sa plus 


SUR UN POISSON NOUVEAU. 7 


grande épaisseur égale la moitié de la hauteur, non compris la dorsale. 
La longueur de la tête depuis le museau jusqu’au bord postérieur de 
lopercule fait exactement le quart de l’espace compris entre l’extré- 
mité de la mandibule et la base des rayons médians de la caudale, et 
sa hauteur vis-à-vis de l’œil en est un peu plus du huitième. 

Le dos est obtus dans toute sa longueur : la région abdominale est 
comprimée ; on y trouve une carène très-prononcée qui commence 
entre les ventrales et finit à l’anus. 

La nuque descend par une ligne tant soit peu convexe, qui devient 
droite pour former le front; celui-ci est large, un peu excavé dans le 
sens longitudinal : la ligne se continue droite jusqu'aux intermaxil- 
laires; en un mot, le profil de la tête offre supérieurement un plan in- 
cliné presque droit. 

La mächoire inférieure est un peu plus longue que la supérieure, et 
la bouche est légèrement oblique; son ouverture s'étend jusque sous 
l’œil, et fait un peu plus du tiers de la longueur de la tête. 

L’œil est au-dessus de la base du maxillaire et tout près de la ligne 
du profil; il est plus rapproché du museau que des ouïes, subellipti- 
que, son diamètre horizontal étant au vertical comme 8 : 9 ; son dia- 
mètre horizontal fait à peu près le sixième de la longueur de la tête, et 
l'intervalle entre les yeux mesure neuf fois leur diamètre. 

Les deux orifices de la narine sont percés au-dessus du bord frontal 
du premier sousorbitaire ; ils sont peu rapprochés l’un de l’autre, 
grands et creusés dans un enfoncement longitudinal placé en avant 
de l'œil; lantérieur, qui est le plus petit ; est ovale, le second est très- 
comprimé, en fente verticale plus large en haut qu’en bas; l’espace 
qui les sépare est de moitié plus grand que l’intervalle entre lorifice 
postérieur et l’œil dont l’orbite présente en cet endroit un angle sail- 
lant. 

Le maxillaire est presque droit ; il est grêle, un peu élargi et arrondi 
à sa base ; les écailles et les plaques qui le recouvrent dans toute sa 
longueur ressemblent à celles du corps, mais sont plus petites : il n’est 
point caché quand la bouche est fermée. 


8 SUR UN POISSON NOUVEAU. 


L’intermaxillaire est fort, muni d’écailles et de plaques sur une 
partie de sa longueur. 

Les lèvres sont simples, peu charnues, surtout la supérieure qui est 
à peine sensible ; l’inférieure est recouverte de petites écailles et de 
plaques qui la font paraître chagrinée. 

La mâchoire supérieure n’est pas protractile : l’inférieure a ses bran- 
ches très-fortes ; elles ne sont pas soudées, et à leur conjonction on 
trouve un voile membraneux qui forme comme dans les Serrans une 
espèce de poche ou de fourreau dans lequel la pointe de la langue 
peut se loger : à la mâchoire supérieure il existe une autre poche sem- 
blable, qui se prolonge sur les côtés jusqu’au delà des deux tiers de 
l’intermaxillaire. Les intermaxillaires et les mandibulaires portent une 
seule rangée de dents espacées, coniques, tant soit peu comprimées, 
aiguës et légèrement recourbées; on en compte quinze de chaque côté 
à la machoire inférieure ; à la supérieure il y en a davantage; les plus 
fortes se trouvent sur le pied des intermaxillaires, où il y en a 4 à 6, 
et sur la mâchoire inférieure. 

Le vomer est armé de quelques dents crochues ; leur nombre varie 
de 1 à 4; quand il y en a 3, elles forment un triangle équilatéral : les 
palatins portent une série de pareilles dents. Le milieu du palais est 
lisse ainsi que la langue; celle-ci est grande, charnue, un peu obtuse 
à son extrémité. 

En écartant les opercules, on voit les os pharyngiens dont les supé- 
rieurs sont au nombre de quatre, deux de chaque côté; l’antérieur est 
alongé, le postérieur arrondi, très-reculé; ils sont armés de fortes 
dents crochues, un peu mobiles : les inférieurs, un de chaque côté, 
sont très-alongés , libres et armés comme les supérieurs. À l’extrémité 
supérieure du troisième arceau on trouve des dents qui ressemblent à 
celles des pharyngiens. 

Chaque arc branchial est garni d’une rangée de tubercules assez 
gros, hérissés de dents aiguës assez fortes; dans leurs intervalles 1l y 
a un grand nombre de dents aciculaires d’inégale longueur : les tu- 
bercules du premier arc s’alongent un peu sous forme de râtelures. 


SUR UN POISSON NOUVEAU. 9 


Les ouïes sont bien fendues et jusque sous le milieu de la mâchoire 
inférieure : leurs membranes sont à découvert et leurs extrémités se 
croisent un peu. On compte dans chacune sept rayons arqués et forts. 

Le premier sousorbitaire est lisse à son bord inférieur, couvert 
d’écailles et rude sur tout le reste ; il ne couvre que l'intervalle qui 
sépare l’œil de la mâchoire, et se continue en arrière avec quelques 
osselets très-minces qui cernent l'orbite. 

Le crâne est recouvert d’une peau nue, très-lisse, percée de petits 
pores (follicules sebacés) ; elle s'étend jusqu’à l’extrémité du museau: 
une peau semblable tapisse la dépression longitudinale dans laquelle 
sont percés les orifices de la narine. 

La joue est simplement revétue d’écailles et de plaques semblables 
à celles qui recouvrent le tronc; elles n’en différent que par la taille. 

Le préopercule est presque rectangulaire et a son angle fort arrondi; 
son limbe est sans écailles et légèrement festonné; son bord montant 
est entier et nu; le reste est écailleux. 

L’opercule , le subopercule et l’interopercule sont couverts de pla- 
ques et d’écailles ; leur limbe est lisse et entier : les deux derniers sont 
fort grêles. 

Le surscapulaire ne se voit pas extérieurement non plus que le sca- 
pulaire; en relevant la membrane branchiale on voit l’huméral qui, un 
peu au-dessous de la pectorale, porte une crête qui le divise dans le 
sens de sa longueur et qui a derrière elle un large sillon en gouttière. 

Les écailles qui recouvrent le corps sont très- petites, à peine visi- 
bles même avec la loupe; je ne les découvris que par celles qui se 
détachaient dans la manipulation; elles sont rhomboïdales, alongées, 
lisses; le bord visible, un peu arrondi, quelquefois légèrement échan- 
cré; l’autre qui est implanté dans le tissu vasculaire, est tronqué et 
sans rayons. Pour les raisons que je viens d'indiquer, il me fut impos- 
sible de les compter, par conséquent je ne puis dire de combien cha- 
que rangée longitudinale ou verticale est composée. Les petites plaques 
ou écussons qui sont la principale armure de l’enveloppe sont espacées, 
disposées par séries régulières : ce sont de petits corps cornés qui se 

Ton. X. 9 


10 SUR UN POISSON NOUVEAU. 


terminent en arrière par deux crêtes ou épines divergentes qui sont 
marquées ordinairement de trois dentelures : on compte trente de ces 
écussons sur une ligne qui va de l’anus au dixième rayon de la pre- 
micre dorsale, et quatre-vingt-quinze sur une ligne depuis les ouïes 
jusqu’à la caudale. 

Il n’y a pas de ligne latérale à l'extérieur ; on ne peut la découvrir 
que dans le système cutané; nous en parlerons plus tard lorsque nous 
nous occuperons de la conformation de la peau. 

Le dos est orné de trois nageoires, la première épineuse, les deux 
autres molles. La première commence vis-à-vis l'ouverture des ouïes; 
elle est assez basse; elle occupe un espace qui fait à peu près les 
deux cinquièmes de la longueur totale, y compris les rayons médians 
de la caudale : ses rayons, au nombre de quatorze, sont grêles et es- 
pacés ;-le premier est court, mesurant en hauteur les deux cinquièmes 
du second, qui avec les six suivans sont les plus longs et à peu près 
égaux : le neuvième et les autres vont en diminuant progressivement, 
de manière que le quatorzième se voit à peine; il est très-distant du 
treizième et porte en arrière une membrane qui parait vouloir l’unir à 
la seconde dorsale. Ces rayons sont unis entre eux sur presque toute 
leur longueur par une membrane délicate sans lambeaux ou autres di- 
visions; couchés, ils peuvent se cacher dans le sillon dans lequel ils 
sont implantés. Cette nageoire se termine précisément où commence 
la seconde dorsale presque vis-à-vis de l’anus. 

La deuxième dorsale est un peu falciforme et a ses premiers rayons 
beaucoup plus élevés que ceux de la première, mais elle n’est pas 
moitié aussi longue; elle est composée de seize rayons branchus qui 
paraissent articulés à leur base quand ils sont desséchés : à la base 
du premier il y en a en avant un autre peu distinct et qui n’arrive pas 
jusqu’au bord : le plus élevé est le troisième; les postérieurs sont plus 
séparés et le dernier est muni d’une membrane en arrière. À l’aide de 
la loupe on découvre de petites écailles entre les bases des rayons an- 
térieurs de cette nageoire. 

Ün peu en arrière de celle-ci se trouve la troisième dorsale, compo- 


SUR UN POISSON NOUVEAU. 11 


sée de deux rayons branchus ; le dernier est le plus long et tous deux sont 
plus élevés que les derniers de la nageoire qui les précède : elle paraît 
remplacer les pmnules que l’on voit dans grand nombre d’espèces de 
celte famille. L'espace qui sépare ces deux nageoires égale les deux 
cinquièmes de la hauteur du corps à cet endroit. En arrière de cette 
troisième dorsale, il reste un espace sans nageoires, égal à = de la 
longueur totale; cette partie, qui est la queue, n’a guère que le quart 
de la hauteur du corps: on y trouve de chaque côté, vers son extrémité, 
une carène obtuse, bien sensible dans le frais, et qui occupe la place 
de la vraie carêne des Thons : la peau qui la recouvre ne différe point 
extérieurement de celle du reste de l’enveloppe. 

La caudale a son bord postérieur échancré; on lui compte quinze 
à seize rayons branchus en ne prenant que ceux qui arrivent jusqu’au 
bord, mais à la base du premier et du dernier on en trouve encore 
quelques petits : cette nageoire est fort rude et entre les bases des rayons 
qui la composent, il y a de petites écailles peu apparentes. La longueur 
de son premier rayon fait le sixième de la longueur totale : ces rayons 
sont si serrés et si peu distincts qu'il est très-difficile d’en indiquer pré- 
cisément le nombre. 

L’anus est sous le premier rayon de la seconde dorsale : sa distance 
à la base du rayon médian de la caudale est exactement la moitié de 
sa distance au museau. 

La première anale répond à peu près à la seconde dorsale à laquelle 
elle ressemble en tout. On peut en dire autant de la seconde anale 
relativement à la troisième dorsale. 

La pectorale est presque en triangle scalène, assez forte, longue du 
neuvième du tout et composée de treize rayons dont le quatrième est 
le plus long; ils sont tous branchus, excepté le premier. Elle est située 
vis-à-vis du second rayon de la première dorsale. L'aisselle est revêtue 
d’une peau semblable à celle du dessus de la tête. 

La ventrale est courte et étroite, elle ne fait que les + de la pecto- 
rale : elle a sixrayons dont cinq branchus, plus épais et un épineux assez 
faible ; ils sont souvent contournés : son point d’attache est sous la pec- 


12 SUR UN POISSON NOUVEAU. 


torale un peu en arrière : le dernier rayon est uni sur presque toute sa 
longueur à la carène abdominale par une membrane; d’autres fois cette 
membrane réunit les deux ventrales, mais alors elle ne communique 
point avec la carêne. 

Une remarque à faire c’est que toutes les nageoires molles sont cha- 
grinées et très-rudes quand on y passe la main, en la dirigeant du bord 
vers leur base. 

La couleur de ce poisson est d’un brun plus ou moins foncé, quel- 
quefois presque noir : toutes les nageoires molles sont brunes à leur 
base et noirâtres à leur sommet : les membranes qui unissent les rayons 
de la première dorsale, celles des ventrales et la poche qui se trouve 
à la jonction des mandibulaires et entre les intermaxillaires sont de 
cette dernière couleur. Les plaques sont d’un gris blanc hyalin; ce qui 
fait paraitre le corps comme moucheté. 

L'iris est argenté presque phosphoré et fortement lavé de noir. 

Nous dirons maintenant quelques mots de l'appareil digestif. 

L’œsophage est ample, en entonnoir; réuni à l'estomac, il occupe 
en ligne droite les + de la longueur de l'abdomen; leurs parois im- 
ternes sont revêtues de plis longitudimaux très-forts, qui sillonnent aussi 
lintestin, et qui se changent dans le rectum en un réseau à fortes 
mailles. L’estomac est très-alongé, conservant la même dimension sur 
presque toute sa longueur, et se termine en cul-de-sac un peu en avant 
du cloaque : sa seconde branche ( duodenum) a des parois plus épaisses 
encore ; elle se porte en avant et après avoir formé une courbure, elle 
se termine par un rétrécissement qui est le pylore , autour duquel sont 
attachés quatorze cœcums très-alongés, simples, d’inégale longueur 
et disposés en chalumeau. L’intestin est très-court et s’unit au rectum 
sans laisser d’étranglement : le rectum est plus dilaté que lui et plus fort, 
il va directement à lV’anus en diminuant graduellement de diamètre. 
Cette conformation de l’appareil digestif indique un appétit vorace, un 
instinct carnassier et est en harmonie avec l’armure de sa bouche : il 
doit abonder par conséquent en sucs gastriques; aussi dans son esto- 
mac ne trouvai-je jamais qu'une matière digérée, grasse et de la con- 


SUR UN POISSON NOUVEAU. 13 


sistance de la crème. Il est probable qu’il fait sa nourriture de cépha- 
lopodes qui vivent en grande quantité dans les profondeurs rocailleuses 
qu'il habite, n'ayant pas trouvé dans son estomac de débris osseux 
de poissons. Son foie est volumineux, d’un rouge pâle tirant sur l’ocre 
et divisé en deux lobes principaux, dont le plus grand est situé dans 
le côté gauche; il est pointu en arrière et a deux échancrures posté- 
rieures peu profondes; on pourrait même dire qu'il y a un troisième 
lobe qui est plus court, et qui est placé immédiatement sous la masse 
des appendices cœcales. 

La vésicule du fiel est un long boyau étroit, qui arrive presque à la 
moitié de l’estomac. La rate est trés-alongée et se trouve immédiatement 
derrière la bourse du fiel. 

Les reins occupent toute la longueur de l'abdomen et diminuent 
graduellement d’avant en arrière. 

Les ovaires sont volumineux aussi longs que Pestomac, d’égale gros- 
seur ; ils sont d’un blanc rosé ou roussâtre. 

Il n’y a pas de vessie natatoire. Le péritoine est un et présente dif- 
férentes cavités tout le long de la colonne vertébrale. 

Le Royetto n’est point tourmenté par beaucoup d'animaux parasites ; 
plus heureux que grand nombre de poissons dont la peau est attaquée 
par les cymothoës (pous de mer), les intestins obstrués par une masse 
de vers intestinaux, la fibre musculaire, le foie et quelquefois le péritoine 
percés en divers sens par d’autres vers qui y ont fixé leur domicile, il ne 
nourrit ordinairement qu'un petit ver armé antérieurement de deux 
bouches en suçoirs et qui, par sa forme, ressemble à un petit tétard de 
grenouille; sa partie antérieure est brune, la postérieure blanche; quel- 
quefois il est entièrement blanc : il reste attaché aux parois intérieures 
de l’estomac; il y est en très-petit nombre et souvent on ne l’y trouve pas. 

Les os de ce poisson sont également composés d’un tissu spongieux 
très-lâche , au point qu’on les coupe avec la plus grande facilité et 
qu'on les mâche pour la substance muqueuse qu’ils contiennent en 
abondance. Cette conformation semble appuyer l'opinion de quelques 
physiologistes qui ont observé que le séjour paraît exercer une grande 


14 SUR UN POISSON NOUVEAU. 


influence sur la disposition du tissu osseux. Serait-il vrai que chez les 
poissons osseux, ce tissu est d'autant plus lâche qu'ils habitent à de 
plus grandes profondeurs? Le Rovetto vit en effet dans des endroits 
excessivement profonds comme le détroit de Messine, et dans les abimes 
qui se trouvent au pied de l’ancien Tauromenium, aujourd’hui Taor- 
mina. Ce théorème physiologique rencontrera beaucoup de détrac- 
teurs. Sa peau offre une particularité remarquable et dont je n’ai trouvé 
d'exemple dans aucun autre poisson : pour en donner une juste idée, 
je me vois obligé d’entrer dans de longs détails qu'on me pardonnera en 
faveur de l'intérêt qu’une telle conformation inspire. Dans sa descrip- 
tion je suivrai l’ordre des tégumens. 

Il y a d’abord le produit solide externe qui est composé des écailles 
et des plaques ; puis une couche de pigmentum qui repose sur un tissu 
vasculaire assez épais, lequel est supporté par des ramifications des 
fibres du vrai derme; vient alors une cavité considérable, ensuite une 
seconde couche de pigmentum, un second tissu vasculaire et le derme. 
J'ai omis dans cette énumération deux réseaux, l’un est le réseau 
nerveux dont on ne connaît pas exactement la conformation, même 
dans les animaux du plus grand volume et dans lesquels le système 
dermeux a acquis le plus grand développement; l’autre est le réseau 
cellulaire dont quelques auteurs nient l’existence dans les poissons : 
j'en dirai plus tard quelques mots. 

J'ai déjà décrit la forme et la distribution des écailles ; quant aux pla- 
ques, je n’ai parlé que de la partie qui est à découvert à la surface de l’en- 
veloppe : je vais en faire connaitre le reste. Ces plaques, que j'ai déjà 
dit être d’une nature cornée, très-dense, qu’on a nommée depuis peu 
squammeine , par la conformation et la distribution de leurs racines, 
forment une cuirasse ou plutôt une cotte de mailles qui doit servir à 
protéger puissamment le corps qu’elles recouvrent : envisagées sous le 
rapport physiologique, elles doivent jouer un rôle non moins important 
en protégeant ou en facilitant les émanations cutanées. On peut les 
diviser en quatre parties, savoir : le corps, les deux épines divergentes 
externes , les racines supérieures et les racines inférieures. Le corps 


SUR UN POISSON NOUVEAU. 15 


est comprimé, de peu de volume et repose sur le derme à laide d’un 
cartilage assez considérable qui lui sert de pied ou de support; ce corps 
s’élargit, forme extérieurement et en arrière les deux épines diver- 
gentes, se prolonge en avant sous la forme tantôt d’une lamelle large 
très-mince et perforée en différens endroits (fig. 4 et 5), tantôt de 
deux branches ou racines divergentes, aplaties, qui se bifurquent. Quelle 
que soit la forme de cette partie, elle s'étend dans le réseau vascu- 
laire externe, et le soutient fortement dans son isolement. La qua- 
trième partie ou la partie inférieure du noyau se prolonge aussi en 
avant, descend obliquement vers le derme, se rétrécit et se divise tout 
à coup pour former deux racines lamelleuses divergentes, qui sont im- 
plantées à la surface du vrai derme, d’où elles sortent bientôt, se re- 
lèvent en décrivant une parabole et vont se réunir chacune à l'extrémité 
de la racine supérieure à l’aide d’un ligament subcartilagineux ( fig. 6): 
ce point de réunion est aussi celui où l’écusson se met en contact avec 
la branche de l’écusson voisin (fig. 4, a), et avec la base de celui qui 
est en avant (fig. 4, 6) pour former la cotte de mailles qui est rendue 
de grandeur naturelle dans les figures 2 et 6, où je l’ai détachée avec 
le plus grand soin du derme pour en laisser voir la configuration. C’est 
seulement dans cette espèce de réseau que l’on reconnait l'existence de 
la ligne latérale; les losanges sont à cet endroit moins réguliers, et 
une branche qui indique la direction de cette ligne leur sert de dia- 
gonale; elle est très-bien rendue figure 2, d-e; cette branche est sim- 
plement attachée à l’écusson, mais n’en fait point partie. 

La première couche de pigmentum est composée de molécules bien 
visibles à l’œil nu ; elles forment des agglomérats (gemmules de Gaultier) 
qui ressemblent à des points : vues au microscope, les molécules colo- 
rantes sont à la suite les unes des autres et forment des vermoulures 
très-fines, fort agréables à l’œil et partout de la même force (fig. 7) : 
le réseau qui les supporte est le réseau vasculaire externe qui est sup- 
porté à son tour par un derme rudimentaire, car J'y ai trouvé quel- 
ques vestiges de fibres surtout dans les parties qui avoisinent l’écusson; 
cependant en ayant examiné un fragment avec un très-bon microscope, 


16 SUR UN POISSON NOUVEAU. 


je n’y trouvai point le feutre que je vis dans le vrai derme. Dans ces 
trois systèmes réunis, on voit à l’œil nu des orifices qui les traversent 
d’outre en outre, et qui sont d’une dimension assez grande pour y 
passer une épingle médiocre sans en léser les parois : ces orifices se 
trouvent plus particulièrement à la partie antérieure des plaques dont 
ils traversent les racines supérieures ; ils sont rendus dans les figures 
1 et 2. Ils ne livrent passage à aucun mucus ou secrétion liquide ; ils 
serviront sans doute à laisser sortir les exhalations gazeuses qui ont 
lieu par les systèmes sous-jacens. Ce réseau vasculaire a des follicules 
sébacés ordinaires qui sécrètent un mucus abondant, et est imbibé d’un 
liquide assez délié qui paraît huileux et dont le rôle sera peut-être 
d’empécher l’eau de pénétrer dans la cavité par les orifices, en détrui- 
sant l'effet de la capillarité. 

La cavité, dont j'ai parlé dans l’énumération des tégumens ou des 
parties de l’enveloppe, consiste en un espace situé entre le réseau vas- 
culaire externe et le pigmentum interne, espace dans lequel je ne 
trouvai aucune sécrétion : la coupe de la peau, fig. 3, la rend parfai- 
tement et à peu près de grandeur naturelle. Cette cavité, qui s'étend 
tout autour du corps où l’on observe des écussons et des écailles, 
ressemble à une galerie de mineurs dont les piliers sont les noyaux 
des écussons. Ses parois sont tenues à une distance constante l’une de 
l’autre par la force des racines de ces derniers. Au premier aspect, on 
serait porté à voir dans chacune de ces parois un système séparé, 
mais s’armant les yeux d’une forte loupe, on y reconnaît un même 
système, c’est-à-dire, le réseau vasculaire et un derme rudimentaire : 
on observe, en effet, une légère communication entre les deux parois 
par le noyau des écussons, autour duquel il y a quelques fibres qui 
vont d’une paroi à l’autre. à 

Le second réseau vasculaire ou plutôt la seconde partie de ce sys- 
tème est plus serré, moins épais que l’autre, et présente une surface 
qui est très-polie, luisante et bien colorée; les follicules sébacés, s'ils 
y sont plus nombreux, sont de bien moindre dimension et peu visi- 
bles à l'œil nu. La seconde couche de pigmentum que ce réseau sup- 


SUR UN POISSON NOUVEAU. 17 


porte, ne diffère presque pas de la première; elle est cependant d’une 
moindre intensité, et ses molécules sont beaucoup plus petites; elles 
remplissent entièrement le réseau, et celles qui se trouvent près du derme 
y forment une petite couche, couleur de plomb, qu’on parvient facile- 
ment à enlever lorsque la peau a été soumise à la cuisson ’. 

Nous avons vu tout-à-l’heure combien était singulière la conforma- 
tion du réseau vasculaire; la distribution de la matière colorante l’est 
encore davantage; dans le règne animal je ne connais, en effet, au- 
cun étre qui présente comme celui qui nous occupe, le phénomène 
de deux couches de pigmentum séparées. 

Le derme est épais, fort solide et très-coriace: il est d’une épaisseur 
remarquable à la région abdominale, et sur les côtés de la queue où 
il forme une espèce de carène obtuse qui doit servir à protéger les 
tendons sous-jacens, organes locomoteurs du premier ordre, surtout 
dans les espèces de cette famille. 

Je ne n’étendrai pas davantage sur les différentes couches qui con- 
stituent l'enveloppe, ce n’est pas ici la place; j’ajouterai seulement que 
je suis loin de partager l'opinion de Richerand sur l’usage du pig- 
mentum. Pourquoi ce double réseau vasculaire et ces deux couches 
de pigmentum ? je l’ignore. J'aime mieux faire cet aveu que de m’en- 
gager dans le champ des hypothèses, et d'établir sur des fondemens 
ruineux une vaine théorie. Je laisse aux habiles physiologistes, qui 
verront ou qui liront les détails de l’organisation du Rovetto, le soin 
de dévoiler le but que la nature eut dans une telle formation, et d’en 
tirer les conséquences qu’ils croiront naturelles. 

Je terminerai ce mémoire par une courte digression sur le tissu cel- 
lulaire. Ce système, traité commeil devrait l’étre, ne pourrait pas trou- 
ver place ici, à cause de son étendue : aussi me contenterai-je d’en 


L Il me semble que la division que Gaultier fit du réseau vasculaire de l’homme n'est point 
applicable chez les poissons : je n’y ai pas vu de couche albide profonde, la matière colorante 
n’y forme pas non plus une couche distincte , mais ses molécules pénètrent tout-à-fait ce réseau. 
Quant à la couche albide superficielle, on la voit; on la prendrait même pour l’épiderme qu’elle 
remplace dans les poissons. 


Tox. X. 3 


18 SUR UN POISSON NOUVEAU. 


dire quelques mots et d'exposer ma manière de voir sur ce système 
dans les poissons. Celui qui s'occupe d'anatomie comparée, s’aperçoit 
des difficultés que ce système présente ; on en reconnait, à la vérité, 
l'existence dans les trois classes supérieures des animaux vertébrés, 
mais on le refuse aux poissons. Je n’entreprends point de réfuter les 
doctrines des savans qui ont écrit sur ce sujet, j’examinerai seulement 
jusqu’à quel point une telle assertion est fondée. En niant l'existence 
du tissu cellulaire dans les poissons, on a été trop loin ; on aurait mieux 
fait de dire qu'il y est très-modifié : on observe, en effet, que dans 
un grand nombre d’entre eux, le derme tend à se confondre avec le 
système locomoteur sous-jacent comme on le voit dans les poissons 
cartilagineux, dans les Siluroïdes, les Murénoïdes , etc., etc., mais un 
fait semblable ne s’observe-t-il pas aussi dans quelques mammifères, 
notamment dans quelques phoques? Si nous avons plusieurs poissons 
qui militent en faveur de la non-existence, il y en a d’autres en plus 
grand nombre chez qui son existence doit étre reconnue, surtout dans 
les Cyprins, les Gades, les Labres et dans la plupart des Acanthopté- 
rygiens; on peut s’en assurer par la facilité avec laquelle la peau se 
détache quand un poisson a été exposé à un soleil ardent pendant vingt 
à trente minutes : on trouve alors le derme séparé du système mus- 
culaire par une couche d’un liquide séreux qui doit provenir de la 
décomposition de la matière nutritive demi-animalisée, pour me servir 
de l’expression de Richerand, déposée dans le tissu cellulaire, dont 
elle a ensuite fait crever les vacuoles. Sans doute, ce tissu est très-ru- 
dimentaire, mais je ne doute point qu'il existe. 

Voilà tout ce que J'ai pu recueillir sur ce poisson, que les Épicu- 
riens placent avec raison en tête de leur répertoire culinaire, à cause 
de son goût délicat et qui semble vouloir irriter leur gourmandise par 
son apparition rare. Il diffère en cela des autres espèces de la même 
famille qui offrent une proie aussi facile que précieuse à l’activité des 
pêcheurs. On le prend dans le détroit de Messine, dans les profon- 
deurs de Taormina et dans les parages de Malte, quoique pendant le 
séjour que je fis dans cette île je ne l'y aie pas vu. Il atteint quatre à 


SUR UN POISSON NOUVEAU. 19 


cinq pieds de long, pèse jusqu’à quarante livres et se vend quelquefois 
quatre francs la livre. Ce prix élevé provient de la saison et du rôle 
qu'il est destimé à jouer. Il n’est que trop souvent employé comme 
moyen de corruption ; on pourrait en citer bien des exemples : adresse- 
t-on une pétition au gouvernement ? un Æoveltto ne tarde point à être 
expédié pour l’appuyer : a-t-on des enfans à placer ? un Rovetto est 
envoyé de temps en temps à Naples pour se ménager ou pour se con- 
server des protecteurs : enfin, le Rovetto est souvent une meilleure 
recommandation que les talens et le mérite. Paul Jove, dans son ou- 
vrage De Piscibus romanis , a égayé son histoire du Fegaro des Ita- 
liens ( Sciæna aquila, Cuv.), en racontant une anecdote qui sert à 
faire connaïtre jusqu'où peut aller la gourmandise de quelques hommes 
et les faiblesses de quelques autres, en même temps qu’elle nous donne 
une idée de la délicatesse de sa chair”. Je ne doute point que l’on puisse 
recueillir sur le Rovetto des faits qui fourniraient un épisode aussi cu- 
rieux que celui qu’on lit dans Paul Jove, ou si ce poisson n’y a pas 
donné lieu, au moins le mérite-t-il plus que le Fegaro ; mais ils ne sont 
point parvenus à ma connaissance, et je ne veux point en forger. En 
fait de sciences, je préfére les fruits de l’observation aux productions 
de l’imagination. 


! Cuvier a traduit cette anecdote dans sa notice sur le Sciæna aquila, insérée dans le premier 
volume des Mémoires du Muséum d'histoire naturelle, pag. 1. 


FAN. 


EXPLICATION DES PLANCHES. 


PLANCHE I. 


Fig. 1. Roverus Temmnexir. /Vobis. 
Fig. 2. Coupe du même entre l'anus et les ventrales. 


PLANCHE II. 


Fig. 1. Portion de la peau, un peu grossie, qui laisse voir la distribution des écailles et des 


écussons. 


Fig. 2. Portion de la peau, où l’on voit la cotte de mailles ou réseau formé par les racines des 


écussons , détaché du derme. 
a) Derme. 
b) Réseau vasculaire externe , où l’on voit les orifices qui mettent la cavité en 
rapport avec l'extérieur. On y voit aussi la cotte de mailles. 
ccc) Cotte de mailles. 
d-e) Ligne latérale. 


Fig. 3. Coupe de la peau, qui laisse voir la cavité qui s’y trouve. 
0] P P q qui 


aaa) Corps des écussons. 


LA a , 2 . Le Si ©) 
Fig. 4. Écussons avec leurs racines, dégagées entièrement de toute substance étrangère : il y 


en a trois. 
a) Point où les branches de deux écussons se mettent en rapport entre elles. 
b) Point où un écusson se met en rapport avec celui qui le précède. 


Fig. 5. Ecusson isolé, vu en dessus ; on y voit des orifices. 
Fig. 6. Le même, vu de côté, pour montrer comment la racine supérieure ou externe se réunit 


à son extrémité avec l’inférieure. 


Fig. 7. Fragment du réseau vasculaire, vu au microscope, pour montrer les vermoulures que 


forment les molécules de la matière colorante. 


PL. Wemoures de Ulcadeurce de Brruvelles. Tome X. 


"9 


Gantraine, fee. Uessanæ 1853. Üo Lüth.de Barggraa ff. 
ROVETUS (TE MMINCKIT ) 


A3" 


sed terne Av 


PL. II. Mernocres de l'Acadernce de Pruxdles. Tome X. 


Léth.de Bürggraaf} : 


MÉMOIRE 


SUR 


LES ÉVOLUTIONS DE L’EMBRYON 


LES MOLLUSQUES GASTÉROPODES; 


B. C&. DUMORTIER. 


cE Du G mar 1835. 


Ton. X. 1 


Deum sempiternum, immensum, omniscium , omni- 
potentem, expergefactus a tergo transeuntem vidi et 
obstupui ! Lepi aliquot ejus vestigia per creata rerum, 
in quibus omnibus, etiam in minimis ut fere nullis, 
quæ Vis! quanta Sapientia! quam inextricabilis Per- 
fectio ! 


Linné, Systema nature, p. 10. 


ANA NUE LUN EAN AAA AAA 


MÉMOIRE 


SUR 


LES ÉVOLUTIONS DE L’EMBR YON 


DANS 


LES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 


Les phénomènes qui enveloppent le grand mystère de la génération 
des animaux ont fixé depuis long-temps l'attention des savans, et sont 
bien dignes de leur étude. Il est curieux d’assister à ce sublime spectacle, 
de percer d’un œil scrutateur le voile dont la nature a enveloppé ce 
mystère, de voir la vie animer la matière organisable, et les organes 
constitutifs se développer successivement jusqu’à ce que l’étre nouveau 
soit formé sur le type des parens auxquels il doit l'existence. 

Beaucoup de naturalistes ont cherché à exposer ce grand mystère; 
cependant, la connaissance des lois générales qui président à l’organi- 
sation et des métamorphoses successives que présente l'embryon, tant 
à l’intérieur qu’à l'extérieur, laisse encore beaucoup à désirer. 

Depuis Aristote, il n’est point d’anatomiste qui n’ait étudié le déve- 


EMBRYOGÉNIE 


ES 


loppement de l'embryon de l’œuf de la poule; l'élévation de l'espèce 
dans l'échelle des êtres, la facilité d’observer son système circulatoire 
par suite de la coloration du sang, la grosseur de ses œufs, la commodité 
de pouvoir se les procurer à chaque instant de l’incubation, ont fait 
que c’est sur cet animal que se sont dirigées le plus grand nombre d’ob- 
servations. Cependant, maloré des avantages aussi incontestables, l'œuf 
de la poule offre de bien grandes difficultés. Le plus grand obstacle 
qui s'offre à l'observateur réside dans l’opacité des tégumens de l'œuf 
qui ne permet pas d’apercevoir l'embryon sans rompre les enveloppes 
qui l’entourent, et cette rupture entrainant avec elle la dislocation des 
parties constitutives, détruit immédiatement l’objet qu’il s’agit d’étu- 
dier. En second lieu l'embryon du poulet, ainsi que celui de la plupart 
des animaux supérieurs, est opaque et ne permet pas de voir ce qui se 
passe dans son intérieur. 

Pour suivresavec facilité toutes les phases tant internes qu’externes 
de l’embryogénie, il fallait trouver un être dont l'œuf fût transparent 
et l'embryon lui-même diaphane, de manière à apercevoir tout ce 
qui s’y passe sans devoir recourir à la rupture de l’œuf; ayant trouvé 
ces conditions dans les œufs des mollusques, j’en ai fait l’objet de ce 
Mémoire. J’ai retiré de cette étude un autre avantage, celui de con- 
naïître les diverses phases de l’embryogénie des animaux inférieurs 
qui, suivant la judicieuse observation de M. Serres, sont eux-mêmes 
comme des embryons permanens des animaux supérieurs, de sorte que 
cette étude peut servir à éclaircir les points les plus importans des pre- 
mières phases de l’embryogénie des animaux supérieurs et de l’homme. 

L’embryon animal ne présente pas, comme on l’a avancé, l’organi- 
sation en petit de l’être parfait de son espèce; il n’est point la miniature 
des parens qui lui ont donné naissance. Dans son état originel, il con- 
siste uniquement en matières organisables plus ou moins fluides, qui 
Woffrent aucune trace de tissus ni d'organisation, mais qui, bientôt 
se transforment en tissus et donnent peu à peu naissance aux divers 
organes. La manière dont s'opère cette transformation des fluides en 
tissus est encore inconnue, elle est cependant la base de tout l’orga- 


DES MOLLUSQUES. 5) 


nisme. On sait, à la vérité, que les globules solides suspendus dans 
certains fluides organiques, tels que le lait, le sang, etc., peuvent, sous 
l'empire de circonstances données, s’agglomérer en une masse solide ; 
mais cette masse n’est qu'une simple concrétion, un coagulum qui 
offre aucun tissu organique. Or, on ne peut méconnaître que dans 
les corps organiques les tissus seuls sont organisés et doués de la vie; 
les fluides servent à les former et à les entretenir, ilen sont l'élément 
primordial et auxiliaire de chaque instant, c’est par eux que nous 
existons et que nous vivons, mais ils n’ont rien d’organisé, ils ne sont 
ni l'existence ni la vie. On ne peut donc rien conclure de la formation 
de ces concrétions à celle des tissus organiques. C’est donc le mode 
de formation des tissus organiques qu’il importe de rechercher, et c’est 
sur quoi J'ai dirigé mes études dans le cours de ce Mémoire. 

J’ai choisi pour objet de mes observations les œufs de Limnée, à cause 
de leur transparence et de la facilité de les conserver dans le liquide. 
Cela aura encore cet avantage que l’on pourra mieux comparer mes 
recherches aux observations très-incomplètes , présentées par M. Carus 
dans son ouvrage intitulé : Von den aussern Lebensbedingungen der 
Weiss-und Kaltblütigen thiere. (Des conditions extérieures de la vie 
chez les animaux à sang blanc et froid.) 

L'espèce qui a servi à mes observations est le Zimneus ovalis dont 
la coquille est représentée pl. 1, fig. 1 À. Jai aussi observé le déve- 
loppement d’autres espèces du méme genre et de plusieurs autres 
tels que Planorbe, Physe, Limace, etc.; mais l’ensemble des faits 
étant le même, j'ai cru pouvoir me borner à la description d’une 
espèce, afin de faire mieux ressortir les diverses phases de ses déve- 
loppemens. 

Ayant observé depuis long-temps que la durée du développement 
des œufs de mollusques avait lieu en raison de la température, de sorte 
qu’en été ce développement est extrêmement rapide, tandis qu'il 
est très-lent au premier printemps, j'ai choisi cette dernière saison 
pour mes observations. En effet, à l’époque de l'apparition du système 
nerveux, les phases du développement se succèdent d’une mamière 


6 EMBRYOGÉNIE 


tellement rapide qu’il est presque impossible de les suivre pendant les 
chaleurs de l'été, tandis qu’au premier printemps, ces phases, ralen- 
ties par l’abaissement de la température, permettent bien mieux de 
les suivre et de les étudier. Cette observation rend compte des diffé- 
rences qui existent entre les résultats de M. Stiebel et ceux de M. Carus. 
Si M. Stiebel n’a reconnu les premiers vestiges du cœur que le seizième 
jour, tandis que M. Carus dit les avoir observés le huitième, il ne faut 
pas en conclure qu'il y ait erreur de part ou d'autre, mais seulement 
qu'ils ont observé à des températures différentes. 

Les œufs des mollusques gastéropodes aquatiques sont parfaitement 
diaphanes et limpides comme une goutelette d’eau, de sorte qu’ils 
laissent entrevoir avec la plus grande facilité tous les développemens 
de l'embryon. Ceux des gastéropodes terrestres sont fréquemment 
opaques ou obscurs. Chez ces derniers, les œufs sont libres , inadhé- 
rens, et non réunis en frai; chez les mollusques d’eau douce au con- 
traire, ils sont réunis en assez grand nombre en un frai de forme 
variable , au moyen d’une agglomération de substance albumineuse, 
dont nous verrons plus tard la destination. Chez les Limnées le frai 
est très-allongé, tandis qu’il est très-court et même presque ovale 
dans les Physes et les Paludines ovipares; dans les Planorbes il est 
peltiforme. Les Planorbes présentent encore cette particularité que 
le frai est totalement inadhérent aux corps voisins, et qu’il tombe au 
fonds de l’eau, tandis que les mollusques aquatiques des autres 
genres attachent leur frai aux plantes et aux corps solides qu’ils ren- 
contrent. 

Si lon examine le frai des Limnées immédiatement au moment de 
la ponte, on voit qu'il ne possède aucun tégument propre, mais 
qu'il est simplement formé d’une matière albumineuse évacuée par 
l'animal au fur et à mesure qu'il pond ses œufs et qui ne diffère en 
rien de l’albumen contenu dans l’œuf, ainsi que le démontre l’ana- 
lyse chimique. Cette matière est fournie par l’oviducte pendant le 
passage de l’œuf des mollusques. Une partie pénètre alors dans Pin- 
térieur de l’œuf dont la membrane est déjà toute formée à cette 


DES MOLLUSQUES. 7 


époque, et le surplus forme une coulée qui, agglutinant les œufs 
entre eux, devient le frai que nous observons. Plus tard ce frai parait 
contenu dans une membrane très-mince et pellucide que l’on recon- 
nait très-distinctement. Il y a donc métamorphose de la partie externe 
du frai, qui de fluide qu’elle était, se transforme naturellement en 
une membrane solide. C’est un fait très-utile à remarquer, et qui nous 
mettra sur la voie de la théorie de la transformation des fluides orga- 
nisables en solides. 

Je présenterai encore une observation pour terminer ce qui est relatif 
au frai. Dans les premiers temps de son existence, sa substance est 
très-dense et très-consistante, tandis qu'au moment où les œufs sont 
près d’éclore, elle devient molle et fluide. Que l’on ne pense pas que 
cette diminution de densité de la coulée albumineuse est due au 
temps qui s'écoule entre la ponte et l’éclosion; car si des œufs sont 
pondus avant l’hiver, sa densité reste la même pendant toute la 
froide saison, tandis que pendant l'été la diminution de densité est 
aussi rapide que le développement de l'embryon. Ainsi cette diminu- 
tion de densité est en rapport, non pas avec le temps que le frai a 
parcouru, mais avec la rapidité du développement de l’embryon, 
d’où il faut conclure que c’est ce développement qui l’occasionne. 
Voici comment j'explique ce curieux phénomène. L’embryon des 
mollusques prend un accroissement rapide et considérable aux dépens 
des particules nutritives tenues en suspension dans l’albumen con- 
tenu dans l’œuf, et par là cet albumen doit nécessairement perdre 
de sa densité. Alors l’albumen externe composant la coulée, se trou- 
vant d’une densité plus grande que l’atbumen interne , il s'opère, en 
vertu de la loi d’endosmose , un effort constant à travers la membrane 
de l’œuf qui tend à rétablir l'équilibre, en transportant les parties 
nutritives à l’intérieur, ce qui fait que l’albumen externe fournit à 
la nourriture de l’embryon comme lalbumen interne de l’œuf. Par 
cette sage prévoyance, la nature a voulu qu'aucune des parties nutri- 
tives de l’albumen ne füt perdue; elle a voulu aussi que le jeune 


A 


mollusque püt, à sa naissance, traverser facilement la coulée qui en- 


8 EMBRYOGÉNIE 


toure les œufs, ce qui lui eüùt été diflicile si sa densité fût restée telle 
qu’elle est après la ponte. 


re Prase. — INERTIE. (Germe). 
Lx Jour. — OEufs au moment de la ponte. (PI. 1. fig. 1, B-H.) 


TeupéRATURE. — 9 h. du matin. + 5,2 centig. 
— WE on gt 5 me 50) 
= 9 h. du soir . + 2,2. 


Si l’on examine un œuf de Limnée au moment de la ponte, on voit 
qu’il est composé de trois parties distinctes, l’enveloppe , albumen et 
le globule embryonaire. L’enveloppe est mince et parfaitement dia- 
phane, sa forme ovale détermine celle de l'œuf. L’albumen est d’une 
limpidité parfaite et ressemble à une goutelette d’eau ou de cristal. 
Le globule embryonnaire est petit, ponctiforme, opaque, et situé 
vers la base de l’œuf à l’enveloppe duquel il paraït d’abord attaché 
(pl. 1, fig. 1, D). Au moment de la ponte, le globule embryonnaire est 
d’une forme irrégulièrement globuleufe, et je n’y ai observé aucune 
trace de hile qui paraîtra plus tard. Cest l'embryon que M. Carus a 
désigné sous le nom de sphère vitelline, expression suivant moi très- 
impropre , puisque l’œuf des mollusques gastéropodes est totalement 
privé de vitellus. Nous verrons en effet ce prétendu vitellus, se trans- 
former lui-même en un jeune mollusque par une suite de métamorpho- 
ses, ce qui démontre que c’est réellement l'embryon et non un vitellus. 

Tel est l’état de l’œuf fécond au moment de la ponte, mais on 
observe souvent des œufs où la matière qui compose l’embryon est 
disjointe et forme des espèces de grumeaux gélatineux (pl. 1, fig. 1, F.) 
Ces œufs sont inféconds, ce qui prouve que pour que la fécondation 
ait lieu, il est nécessaire que les molécules destinées à former l’em- 
bryon aient pu se concentrer en une masse compacte, sans laquelle 
les molécules organisables restent sans action. L’agglomération de 


DES MOLLUSQUES. 9 


ces molécules est donc la première condition de la génération, c’est 
une loi invariable de la nature. De même dans les conjugées nous 
voyons les spires et les étoiles contenues dans les articles se fondre 
et se réunir en un seul corps qui devient ensuite un embryon. 

L’œuf infécond des mollusques (fig. 1, F), comparé à l’œuf fécond 
(fig. 1, E) nous présente donc un grand enseignement, il démontre 
que l'embryon de ces animaux ne se compose de prime-abord que 
d’une masse de molécules agglomérées entre elles, ainsi qu’on l’observe 
dans les végétaux chez les conjugées. Pour s’assurer de cette vérité, 
il suffit de comprimer un embryon entre deux fines lames de verre, 
sous le champ du microscope : alors on voit distinctement que le glo- 
bule embryonnaire ne se compose que d’une agglomération de gru- 
meaux gélatineux absolument semblables à ceux qui sont contenus 
dans l’œuf infécond, sans aucune trace de tissus organiques (pl. 1, 
fig. 1, G). Ainsi le globule embryonnaire n’est qu'un aggrégat de 
matière inerte. Plus tard ce globule, qui n’offre aucune trace d’orga- 
nisation, deviendra organisé, 1l présentera une enveloppe générale et 
un système cellulaire à l’intérieur ; plus tard encore, par une suite de 
métamorphoses, il donnera naissance à un animal parfait; ainsi un être 
organisé naîtra de ce globule inerte et sans organe, lorsque la vie, 
qui est l'électricité positive des tissus organiques, viendra l’animer. 

Un point très-important à éclaircir, était de connaitre la nature 
chimique du globule embryonnaire. Pour arriver à cette fin, j'ai soumis 
des œufs soit entiers, soit écrasés, à divers réactifs, et voici ce que J'ai 

_ observé. | 

L’acide sulfurique concentré mélangé de sucre a coloré la liqueur 
contenue dans l’œuf en rouge et l’embryon en violet (pl. À, fig. 1, H). 
La coloration en rouge par le réactif que je viens d'indiquer, montre 
que la liqueur contenue dans l’œuf est réellement de l’albumine. Quant 
à la coloration de l'embryon en violet, il importe de ne pas perdre de 
vue que cette couleur se compose de deux rayons lumineux , l’un rouge 
et l’autre bleu. Le rouge étant déterminé par l’albumine que l’œil doit 
traverser et dont l'embryon est pénétré, on doit considérer ce dernier 

To. X. 2 


10 EMBRYOGÉNIE 


comme étant coloré en bleu par l'effet de l'acide sulfurique concentré 
mélangé de sucre. Or, on sait que le mucus a la propriété d’être coloré 
en bleu par les acides. Il est donc présumable que l'embryon doit être 
considéré comme originairement formé de mucus. Aimsi le mucus 
serait la base de l’organisation animale, lorsqu'il est en contact avec 
l’albumine qui lui sert de matrice et d'alimentation. 

Je dois toutefois déclarer que le mucus rejeté par les limaces ne 
m'a pas offert le phénomène du bleuissement par les acides, si remar- 
quable dans le mucus qui enveloppe les poissons. J’ai tenté à cet égard 


beaucoup d'expériences sans arriver à un résultat pleinement satis- 
faisant. 


Six heures après la ponte (pl. 1, fig. I-K.) 


Le globule embryonnaire qui était attaché à la paroi latérale de 
V’œuf est maintenant libre et inadhérent, il est toujours totalement 
rond, opaque, et d’une couleur obscure. On remarque sur le côté 
un hile muqueux et diaphane (fig. 1, K, a) qui est la vésicule de 
Purkinje. Plus tard nous verrons ce hile s’élargir, s'ouvrir en fente et 
. donner naissance au pied et à la tête de l’animal , tandis que le reste 
de la periphérie du globule deviendra le manteau. Je ne pense pas 
avec M. Carus que ce hile devienne l’axe de rotation, rien n’étant 
démontré à cet égard. 


2 Jour. — (PI. 1, fig. 2, 4-C.) 


Température. — 9 h. du matin + 8,1 centig. 
— midi. . . . + 6,8. 
— 9 h. du soir . + 4,0. 


Le globule embryonnaire s’est considérablement accru , et déjà il 
est doublé en grosseur. On remarque une compression à la partie qui 
environne le hile et une autre à la partie opposée, de sorte que l’em- 
bryon est comprimé à ses deux pôles. Le hile de son côté s’est pro- 


DES MOLLUSQUES. 11 


longé et paraît formé de deux globules diaphanes, qui ne tardent pas 
à se séparer et à se détacher l’un de l’autre (fig. 2, C, a, b.) 

Je pense que M. Carus s’est trompé lorsqu'il représente embryon 
pourvu de deux hiles et lorsqu'il indique ces hiles, comme formant 
plus tard l'axe de rotation de l’embryon’. Suivant moi, le hile est 
unique et c’est vraisemblablement lui qui, plus tard, devient la cica- 
tricule laquelle donne issue au pied et à la tête de l’animal; si cette 
opinion est fondée, il n’est pas douteux que l’axe de rotation serait 
par les deux côtés latéraux de l'embryon et non par le hile. Toutefois 
le hile disparaissant complétement le 4° jour pour ne reparaître que 
le & jour, après diverses métamorphoses, il est impossible d'assurer 
avec une précision rigoureuse que sa situation primitive correspond 
. avec sa position finale, quoique tout tende à faire croire qu’il en est 
ainsi. 

3e Joun. — (PI. 1, fig. 3, A-B.) 


TewpératTure, — 9 h. du matin. + 7,1 centig. 
— midi... 92 
— 9 h. du soir . + 5,6. 


Une notable métamorphose s’est déclarée dans le globule embryon- 
naire qui a pris une forme totalement différente de celle qu'il offrait 
hier. Sa périphérie s’est divisée en cinq lobes peu profonds; le centre 
du globule est plus diaphane que sa périphérie; le hile est situé entre 
deux lobes ; rarement il est externe. Dans cet état l’embryon paraîtrait 
devoir donner naissance à un être radiaire et nullement à un animal 
pair. Ainsi avant que d'adopter la distribution binaire qu’il affectera 
plus tard, l'embryon passe par la division radiaire, qui caractérise les 
animaux inférieurs; de sorte qu'il est radiaire avant que d’être mol- 
lusque. | 

Il est digne de remarque que l’état actuel de l'embryon des Limnées, 


! Carus, Von den üusseren Lebensbedinqungen der weiss- und kaltblutigen Thiere, p. 53, t. 1, 
fig. IN, 4. 


12 EMBRYOGÉNIE 


correspond à l’état de l’œuf des grenouilles, trois heures après la 
fécondation, et qui se trouve représenté par MM. Prévost et Dumas, 
pl. 6, fig. G&, de leur 2e mémoire inséré dans le second volume des 
Annales des sciences naturelles. 


4e Jour. — (PI. 1, fig. 4.) 


Température. — 9 h. du matin. + 8,0 centig. 
— DUMONT) E 
— 9 h. du soir . + 5,7. 


Les lobes si remarquables que l’on observait hier à la périphérie du 
globule embryonnaire ont disparu, et ce globule présente mainte- 
nant à sa surface des facettes irrégulières. On n’aperçoit plus de hile 
et la partie diaphane centrale est totalement évanouie. Dans cet état, 
le globule embryonnaire de la Limnée représente celui de la grenouille 
sept heures après la fécondation :. 


Se Jour. — (PI. 1, fig. 5.) 


TeupéraTure. — 9 h. du matin. + 4,8 centio. 
— midi . . . . + 6,8. 
— 9 h. du soir . + 8,5. 


Le globule embryonnaire n’a fait depuis hier aucun progrès; il 
présente la même forme générale et sa périphérie offre encore des 
facettes. Toutefois on aperçoit au milieu, une zone transversale plus 
claire et plus transparente que le reste de la surface. 

L'état stationnaire du globale embryonnaire pendant ce jour et les 
deux suivans, offre une grande analogie avec ce qui se passe dans l’œuf 


1 Dans la comparaison del’évolution del’embryon des Batraciens, j'ai admis les époques décrites 
par MM. Prévost et Dumas. Toutefois, je dois déclarer qu’il en est des œufs des batraciens comme 
des œufs des mollusques, relativement à l'influence de la température sur leur développement. 
J'ai souvent observé sur les œufs de grenouille, des différences énormes en raison de la tem- 
pérature plus ou moins chaude. 


DES MOLLUSQUES. 13 


de la grenouille. L’embryon de cette dernière, après s’étre porté vers 
la formation radiaire avec une remarquable rapidité, quitte cette dis- 
position et parait rester stationnaire pendant un temps plus consi- 
dérable que celui qu'il avait mis à la parcourir, jusqu’à ce que la 
cicatrice s’opère à sa surface, pour amener une phase totalement 
nouvelle. C’est l’analogue de ce qui a lieu chez les Mollusques. 


6e Jour. — (PI. 1, fig. 6, 4-B.) 


Température, — 9 h. du matin. + 3,9 centig. 
— midi . . . . + 5,2. 
— 9 h. du soir . + 1,7. 


Les facettes qui caractérisaient le globule embryonnaire pendant 
les deux jours précédens ont disparu ainsi que la zone transversale. Sa 
périphérie s’est arrondie et elle est légèrement échancrée au sommet; 
à côté de cette échancrure, la partie plus claire s’est réunie en un large 
point diaphane. 

Dans un autre œuf de même époque (pl. 1, fi. 6, B) je remarque 
que le pourtour du globule embryonnaire présente encore de légères 
facettes, mais ces facettes sont irrégulières et plus petites que le jour 
précédent. 


7e Jour. — (PI. 1, fig. 7, 4-D.) 


TEMPÉRATURE. — 9 h. du matin. + 3,0 centis. 
— midi . . . . + 9,5. 
— soir . . + . + 6,2. 


Le globule embryonnaire, après avoir pendant plusieurs jours affecté 
la formation radiaire, acquiert une tendance vers la formation paire; 
il devient ovale et l’on remarque que la partie diaphane est placée sur 
le côté, et que même quelquefois elle forme une proéminence remar- 
quable (fig. 7, À). Au reste on n’observe aucune trace de tissu ni de 


14 EMBRYOGÉNIE 


cellules dans son intérieur , qui paraît toujours homogène, seulement 
on y remarque quelques striatures (fig. 7, C, D) qui semblent an- 
noncer la prochaine formation du tissu cellulaire. 

Le même jour dans la soirée j'ai vu d’autres globules embryonnaires 
affecter une forme presque arrondie, mais leur périphérie se figurait 
encore en facettes obscures ; l’une de ces facettes était beaucoup plus 
claire et presque diaphane ( fig. 7, B et C). L'état diaphane d’une 
partie de la périphérie et la tendance vers la formation paire an- 
noncent la grande révolution que le jour suivant doit présenter. 


2e Puase. — MOTILITÉ. (Embryon). 


_ 8e Jour. — (PI. 1 , fig. 8, 4-C). 


TEMPÉRATURE. — 9 h. du matin. + 9,5 cent. 
— MI EE NI 7e 
— 9 h. du soir . + 12,2. 


Ce jour présente un grand événement dans l'existence du globule 
embryonnaire. Ce globule, jusqu'ici inerte, devient doué de motilité, 
indice certain que la vie s’y est développée ; dès lors le globule em- 
bryonnaire doit être considéré comme un véritable embryon. 

Toutefois la motilité se borne à un mouvement de rotation de l’em- 
bryon sur lui-même, sans que jusqu’ici il puisse se transporter d’un 
lieu à un autre. Le mouvement de rotation est lent, et l'embryon met 
environ une minute pour l’effectuer. Dans le Zimneus stagnalis , indé- 
pendamment du mouvement de rotation sur lui-même, l’embryon 
décrit encore une ellipse au pourtour de l’œuf, à la manière des astres 
célestes; ce dernier mouvement est beaucoup moins évident dans le 
Limneus vulgaris. 

L’embryon ne laisse entrevoir aucune trace d’organisation. En em- 
ployant divers réactifs, on n’aperçoit aucun tissu cellulaire, mais seu- 
lement un feutré général. L’embryon parait réniforme et légèrement 


DES MOLLUSQUES. 15 


comprimé par les côtés; la partie opposée à l’échancrure est plus claire 
et plus diaphane que le reste. 

Tandis que j'observais l'embryon de cette époque, j'eus occasion 
de reconnaitre un phénomène remarquable. De l’échancrure qu’il pré- 
sente, je vis tout à coup sortir une goutelette de liquide (fig. 8, B) qui 
s’'étendit bientôt dans Palbumen comme une goutte de lait qui tombe 
dans l’eau. IL est clair qu'il se pratiquait à cette partie de embryon 
une fissure qui rejetait un liquide d’une densité différente de l’albu- 
men, ce qui prouve que pendant les jours précédens une assimilation 
avait déjà eu lieu dans la matière formant le globule embryonnaire. 

Ce phénomène concorde avec la formation de la cicatrice de l’em- 
bryon des Batraciens et des Mammifères décrite et figurée par 
MM. Prévost et Dumas dans les Annales des sciences naturelles, 
tome IE, pl. 6, fig. À, S, T, U, V et tome lIIT, pl. 5, fig. 4, C, 5 D" 
et pl. 6, fig. À', B', C'. Il est curieux de noter la concordance de 
l'apparition de cet important phénomène chez différens animaux. La 
présence de la cicatrice que nous avons reconnue apparaître le 8° jour 
dans la Limnée, se fait remarquer douze jours après l’accouplement 
sur les ovules du chien et seulement dix-huit heures après la féconda- 
tion dans les œufs des Batraciens. J’ai encore observé la cicatrice 
dans les Exosquelettés, et spécialement dans les œufs de la Forficulé, 
mais comme ces œufs pondus avant l’hiver ne se développent qu’au 
printemps, il est impossible de préciser l’époque de son apparition. 
L'important est de remarquer que la cicatrice s’opère sur les embryons 
des trois classes d'animaux. 

Après que l’embryon eut rejeté la goutelette de liquide dont j'ai 
parlé plus haut, il prit sur-le-champ diverses formes différentes, d’où 
résulte la preuve que déjà il possède la faculté de se contracter, et 
qu’ainsi, l’enveloppe générale existe déjà. 

Ici se présente une question du plus haut intérêt pour la physiologie 
animale. L’embryon suspendu dans le liquide se meut sur lui-même 
sans qu'on puisse lui reconnaître aucun organe externe, aucun levier 
qui opère ce mouvement, et pourtant il se meut. Cest là un des phé- 


16 EMBRYOGÉNIE 


nomènes les plus curieux que nous offre l’étude de la nature. Ce mou- 
vement de rotation, mouvement purement automatique, ne peut être 
expliqué par aucune des lois qui président aux mouvemens des corps 
organisés ; mais 1l est complétement analogue aux mouvemens que 
décrivent les astres et surtout certaines nébuleuses. Ainsi l'embryon 
des mollusques aquatiques destiné à former plus tard un petit monde, 
est régi par les mêmes lois que ces masses énormes, encore embryon- 
naires , et destinées à former plus tard des mondes nouveaux. 


Qme Jour. — (PI. 1, fig. 9, 4-D.) 


TeupéRATURE. — 9 h. du matin. + 14,7 centig. 
— Midi . . .+ 17,8. 
— 9 h. du soir . + 12,4. 


La fissure qui s’est formée hier à la périphérie de l’embryon est 
aujourd’hui devenue une cicatrice très-distincte; ses deux lèvres sont 
distantes et son ouverture est béante; elle commence à l'endroit le 
plus échancré et se poursuit sur le dos (fig. 9, D). Cette cicatrice 
parait aplatie et couverte d’une gelée transparente. Vu de côté, l’em- 
bryon est légèrement comprimé, et la partie où se trouve la cicatrice 
est relevée en crète (fig. 9, C). Pendant que j'observais, j'ai eu occa- 
sion de voir un embryon lancer par la cicatrice un jet de liquide sem- 
blable à la goutelette que j'avais observée la veille, mais aujourd’hui 
le jet se faisait avec plus de force et de continuité. Ces jets établis- 
sent des ouvertures qui deviennent ensuite l'issue des divers organes. 

L’embryon continue à tourner sur lui-même, et chaque tour exige 
environ 45 secondes ; mais il ne tourne pas toujours dans le même sens, 
car après avoir fait trois quart de tour environ, il change de position, 
sans toutefois changer de direction, mais continue à tourner oblique- 
ment à peu près comme dans la fig. 8, C. 

Vers la fin du jour, on commence à voir obscurément le tissu cellu- 
laire qui tend à se former dans son intérieur, cet état est représenté 


pl. 1, fig. 8, D. 


DES MOLLUSQUES. 17 


L'état de l'embryon de la Limnée pendant ce jour, correspond à 
l’état de l’œuf de la grenouille vers la soixantième heure, tel que l’ont 
représenté MM. Prevost et Dumas dans leur beau Mémoire, pl. 6, fig. V 
et X, t. II des Annales des sciences naturelles. 

Je ne partage pas l'opinion de MM. Prevost et Dumas lorsqu'ils 
assurent (Annales des sciences naturelles, t. TL, p. 132) que la 
ligne primitive formant la cicatrice de l'embryon doit être considérée 
comme le rudiment du système nerveux. Une analogie d'aspect avec 
le système cérébro-spinal des Mammiferes a été cause de leur erreur, 
et leur a fait aussi supposer la priorité du système nerveux; mais 
cette analogie cesse d'exister dans les Mollusques, qui cependant of- 
frent la même disposition embryonnaire. En suivant les progrès de la 
cicatrice, nous verrons qu’elle n’est nullement le rudiment du système 
nerveux, mais bien l'ouverture d’issue des parties antérieures de 
l’animal. 


10me Jour. — (PI. 2, fig. 10, 4-B.) 


TewréraTurRE. — 9 h. du matin. + 16,3 centig. 
— Mid -20,5. 
— 9 h. du soir . + 15,4. 


L’embryon devient doué de locomotilité. Il continue à tourner len- 
tement sur son axe, en mettant environ 40 secondes à chaque rota- 
tion, mais en même temps il voyage dans l’albumine et se transporte 
aux diverses parties de l’œuf. Quelquefois , mais très-rarement, il voyage 
directement et sans tourner sur son axe. Ses mouvemens n’ont rien 
de régulier. 

La cicatrice s’est agrandie à la surface de l'embryon, et déjà, dans 
la substance de celui-ci, on commence à voir distinctement le tissu 
cellulaire. 

La région de la cicatrice est toujours relevée en crête. 

Le tissu cellulaire dont on commençait hier à apercevoir obscu- 


To. X. 3 


18 EMBRYOGÉNIE 


rément les premières traces, est aujourd’hui tout formé et parfate- 
ment visible au centre de l'embryon; il ne se compose encore que 
d’un petit nombre de cellules agglomérées et qui plus tard formeront 
le foie de l'animal. Ainsi, les organes sécréteurs sont les premiers à 
apparaître, et ils précèdent tous les organes de la vie animale. C'est là 
un point très-important et qui se trouvera bien constaté par la suite 
de nos observations, que le premier indice d'organisation de Pembryon 
des Mollusques, se fait apercevoir dans le foie. 


Lime Jour. — (PI. 2, fig. 11, 4-C.) 


Teurérarure. — 9 h. du matin. + 17,0 centio. 
— Midi. nn 2 IL4,S: 
— 9h. du soir . + 11,7, 


L'embryon a aujourd’hui acquis en grandeur les deux neuvièmes 
de la longueur de l’œuf et environ un tiers de sa largeur (fig. 11, À). 

Le tissu cellulaire est de plus en plus visible et aggloméré à la 
parüe centrale de l'embryon. La crête formée par la cicatricule a to- 
talement disparu. L’embryon est de forme globuleuse; il continue à se 
mouvoir comme le jour précédent; les lèvres de la cicatrice se sont 
sensiblement écartées (fig. 11, ©). 

Voulant connaître si le test commence à se former, j’ai versé quel- 
ques gouttes d'acide citrique sur le porte-objet. Un instant après, 
l'embryon s’est mu avec plus de rapidité, ce qui m'a fait connaitre 
que l’acide était parvenu jusqu’à lui, mais bientôt le mouvement se 
ralentit et finit enfin tout-à-fait par la cessation de la vie. Dans 
cette expérience, je n'ai pu apercevoir aucune effervescence vers 
Vembryon, ce qui me fait présumer qu'il n’y existe à cette époque 
aucune trace de test calcaire. Après sa mort, l'embryon paraissait à 
peine contracté et j'en ai conclu qu’il ne se composait encore que de 
mucus, et que le tissu cellulaire n'avait pas encore acquis la solidité 
qui le rend contractible au contact des acides. 


DES MOLLUSQUES. 19 


19me Jour. — (PI. 2, jig. 12, 4-C.) 


TeupératTure. — 9 h. du matin. + 13,0 centig. 
= MCE Ne 
— 9h. du soir . + 8,5. 


L'embryon continue son mouvement automatique et sa forme est 
toujours globuleuse, ses cellules paraissent de plus en plus manifestes, 
parce que son tissu général devient presque diaphane, ce qui laisse 
facilement entrevoir les cellules. Celles-ci se pressent l’une contre 
Vautre sans qu’on puisse voir si leurs parois sont simples ou doubles. 
La cicatrice s’est de plus en plus ouverte et sa largeur est égale à 
sa longueur (fig. 12, B), sa surface est couverte de gelée diaphane, elle 
a pris la forme d’un arc et chacune de ses extrémités est marquée 
d’un point plus foncé. Dans ses mouvemens, l'embryon change à cha- 
que instant de forme , ce qui montre qu'il n’a pas encore de coquille. 

En effet, une injection d'acide citrique ne produit pas d’efferves- 
cence, mais tue l'embryon en peu d’instans, Alors celui-ei montre une 
large ouverture couverte de gelée diaphane, et bientôt il se contracte 
sensiblement, enfin il s’obscurcit et ne laisse plus voir de cellules 
(fig. 12, C. Il est donc certain que le tissu cellulaire a acquis depuis 
hier un grand degré de solidification, puisqu'il est susceptible de se 
contracter par l'effet des acides, ce qui n'avait pas lieu jusqu'ici. 


13me Jour. — (PI. 2, fig. 13, 4-D.) 


À TewpératTure. — 9 h. du matin. + 8,2 centig. 
— NE EE 1070 
— 9h. dusoir . + 5,8. 


L'ouverture qui formait d’abord une simple cicatrice et qui depuis 
lors s’était de plus en plus entr’ouverte de manière à présenter hier 
deux dimensions presque égales, s’est accrue notablement aujour- 
d'hui, de sorte que les deux lobules qu’elle présente (fig. 13, Doc), 
forment maintenant le sens de sa largeur, tandis que les grands lobes 


20 EMBRYOGÉNIE 


(fig. 13, D a, b) qui étaient les lèvres de la cicatrice, forment actuelle- 
ment sa longueur, et déjà cette longueur est plus grande que la dis- 
tance qui sépare les deux lobules. Dans le mouvement de l'embryon, 
l’un de ces points collatéraux (fig. 13, Da) marche toujours en avant, 
l'autre (fig. 13, Db) est toujours en arrière. Plus tard nous verrons la 
partie actuellement postérieure devenir la tête ; les yeux y apparaîtront 
et alors le mouvement gyratoire cessera tout-à-fait. 

Vu de côté (fig. 13, B et C) l'embryon est ovale et la partie ouverte 
présente toujours l'aspect d’une masse gélatineuse. À travers les cel- 
lules on apercoit des striatures obscures qui, à leur tour, donneront 
naissance à des cellules nouvelles. Au reste, la couleur générale de 
l'embryon est plus claire et plus diaphane. Celui-ci en tournant, 
prend quelquefois une forme aplatie (fig. 13, C), les cellules se con- 
centrent en une bande longitudinale. C’est le foie qui se forme et qui 
est ainsi le premier organe interne. 

Il est bien digne de remarque que l'embryon, après avoir présenté 
pendant quelques jours, une fissure longitudinale qui indiquait la for- 
mation longitudinale, est encore aujourd’hui revenu à la formation 
régulière et radiaire cruciforme. 

Il semble qu'avant de prendre l’élongation qui formera le mollusque, 
il passe par celle des médusaires dont la partie dorsale est bombée, et 
la partie ventrale concave et ouverte. À ce sujet, je dois faire remarquer 
que la position de l'embryon des Mollusques est telle, qu'il présente 
souvent la partie dorsale en dessous et la partie ventrale par dessus. 
C’est dans cet état que le représentent nos dessins, jusques y com- 
pris le 21e jour. 


Läme Jour. — (PL. 2, Jig. 14, A-F). 


Température, — 9 h. du matin. + 6,0 centig. 
— NE EME 19707 
— 9 h. du soir . + 5,7. 


L’embryon aujourd’hui présente deux faces bien distinctes, l’une 


DES MOLLUSQUES. 21 


convexe et hémisphérique qui offre une organisation incontestable, 
Vautre presque aplatie et recouverte de gélatine. La premiére s’est 
formée de la périphérie du globule embryonnaire, l’autre, de la cica- 
tricule qui s’y était présentée dès le 9% jour. Plus tard la partie con- 
vexe deviendra le manteau, tandis que la partie gélatineuse formera 
tout le reste de l'enveloppe de l’animal, et donnera naissance à la tête 
et au pied. Déjà on peut voir que l'embryon passe à la formation longitu- 
dinale et qu’il commence à affecter la forme des Mollusques (fig. 14, C', 
aux deux côtés de l'ouverture on aperçoit les lobules qui se pronon- 
cent de plus en plus (fig. 14, À et B, bb) et qui disparaîtront ensuite. 
Ce sont ces deux lobules qui constituent la tête et la queue dans les 
animaux vertébrés. Plusieurs fois j'ai remarqué un endroit plus clair 
vers le centre de la partie gélatineuse ; c’est l’origine de l’ouverture 
respiratoire. Il est présumable que dans le principe toute la surface 
gélatineuse de la cicatrice fait les fonctions d’organe de la respiration, 
car, après le rapprochement des deux lobes du manteau, cette sur- 
face devient la cavité respiratoire. Il n’est donc guère douteux qu’elle 
remplissait déjà cette fonction pendant la deuxième phase de l’em- 
bryogénie. 

L’embryon tourne toujours avec rapidité, en formant une spire obli- 
que qui représente la spire de la future coquille (fig. 14, E). La partie 
du manteau qui marche en avant et qui deviendra l'extrémité de la 
spire est obtuse, (fig. 14, A), tandis que celle qui marche en arrière et 
qui plus tard recouvrira la tête est échancrée (fig. 14, B). Il n'existe 
encore aucune trace de coquille, mais elle tend à se former, et si l’on 
observe un embryon de Physe à cette époque, on voit très-distinctement 
à son extrémité une dépression mamelonnée qui donne naissance à la 
coquille. 

À l’intérieur de l'embryon, les cellules primitives présentent dans 
leur intérieur des cellules secondaires déjà très-distinctes, aui se sont 
formées aux dépens des matières organisables qu’elles contenaient 
(fig. 14, D). Cette formation médiane des cellules secondaires est un 
phénomène remarquable; bientôt nous verrons les cellules primitives 


29 EMBRYOGÉNIE 


se rompre pour faire place aux cellules secondaires qu’elles ont engen- 
drées dans leur intérieur, et alors il ne restera plus des premières qu’un 
réseau qui paraîtra vasculaire. 

Il était curieux de savoir jusqu’à quel point les matières primitives 
composant Pembryon s'étaient transformées en tissus. À cet effet, j'ai 
rompu un œuf de Limnée et jy ai injecté une goutte d’acide citrique; à 
lPinstant, toute la partie composant le manteau et le tissu cellulaire 
s’est contractée, tandis que la masse gélatineuse a conservé ses dimen- 
sions (fig. 14, F). Il est donc clair que jusqu'ici cette masse gélati- 
neuse n’a encore aucune organisation réelle, tandis que le manteau et 
le foie sont complétement organisés. 


15me Jour. — (PI. 2, fig. 15, 4-D.) 


Température. — 9 h. du matin. + 8,4 centig. 
— Melieus ce io 
= 9h. du soir .+ 8. 


L’embryon qui s’est chaque jour accru est aujourd’hui à peu près 
de la grandeur du tiers de l’œuf, et a acquis une forme tout-à-fait longi- 
tudinale (fig. 15, À). Toute la partie gélatineuse s’est notablement ac- 
crue et offre une forte protubérance conique vers le côté échancré du 
manteau (fig. 15 Aa). Cette protubérance que je nommerai podo-cé- 
phalique est l’origine de la tête et du pied réunis, qui sont pendant quel- 
que temps confondus ensemble ; elle n'offre encore à présent aucune 
trace de tissu ni d'organisation. Les deux lobules que l’on remarquait 
les jours précédens sont disparus et sont fondus dans les bords du 
manteau. 

L’embryon se meut continuellement et presque toujours en formant 
une spire cycloïde dont la forme représente celle qu’affectera plus tard 
la coquille. Dans cette évolution, la partie destinée à devenir le pied 
et la tête (fig. 15, Aa) fait un tour plus grand et excentrique, tandis que 
la partie destinée à devenir l’extrémité de la spire (fig. 15, AD) fait un 
tour plus court et central. Chaque tour se fait environ en 40 secondes. 


DES MOLLUSQUES. 23 


L’extrémité destinée à devenir la tête se lève avec peine, et parvenue au 
sommet, elle retombe avec vitesse. Le lobe échancré du manteau pré- 
sente aujourd’hui une protubérance au centre de l’échancrure (fig. 15, 
C). Les lobules latéraux tendent à s’atténuer. 

Lorsque l'embryon est vu de côté, on reconnait qu’un grand change- 
ment s’est opéré dans son intérieur ; la masse de tissu cellulaire a déjà 
formé le foie ; elle s’est divisée en deux grands lobes (fig. 15, Acd) sé- 
parés par une large fissure, et dont le supérieur, vu de côté, offre à 
l'observateur environ 6 et l’inférieur 10 à 12 grandes cellules primi- 
tives, lesquelles sont remplies de petites cellules secondaires. Ces lobes 
sont distincts à la base et ont l’aspect d’un cœur bilobé. Le lobe qui est 
aujourd’hui le plus rapproché du mamelon podo-céphalique (fig. 15, 
Ac) sera bientôt refoulé en arrière et deviendra le lobe postérieur, tan- 
dis que l’autre (fig. 15, Ad) deviendra le lobe antérieur. La ligne mé- 
diane qui sépare les deux lobes est très-forte et très-prononcée. Entre 
l'extrémité des deux lobes du foie, vers la partie podo-céphalique, on 
aperçoit un grand espace Jaunâtre et arrondi, qui est la glande sé- 
crétoire de l’oviducte (fig. 15 , ae) ou peut-être l'estomac, ce que je n’ai 
pu déterminer avec certitude. 

En examinant attentivement la partie destinée à former l'extrémité 
du tortillon, et qui maintenant marche en avant (fig. 15, Ab), on com- 
mence à y apercevoir le premier rudiment de la coquille qui d’abord 
a la forme d’une Patelle. Quant au mode qui préside à cette première 
formation, on voit à l'extrémité de l’embryon une dépression dont le 
centre est comme mamelonné, c’est là que se forme la coquille qui 
est d’abord tellement mince et petite, qu’elle ne peut étre aperçue 
qu'en y prétant la plus grande attention (jig. 15, B). Cette dépression 
est plus évidente dans la Physe, qui à cette époque ne présente pas 
encore de cellules secondaires. | 

L’embryon de Limnée que nous venons d'observer est parvenu au 
même point que l'embryon de Grenouille de quatre jours, décrit et 
figuré par MM. Prevost et Dumas (Ann. sc. nat., t. LE, pl. 6, fig. a, a’). 
L'un et l’autre, après avoir présenté à leur surface une cicatrice qui 


%4 EMBRYOGÉNIE 


s’est successivement accrue, offrent en cet instant un productus qui 
en sort et qui est destiné à devenir la tête. Mais il est un fait qui 
me parait très-remarquable, c’est que la formation de l’embryon de 
la Grenouille, se fait parallèlement à la fissure, tandis que celui de 
la Limnée se fait transversalement à cette fissure, de telle sorte que 
chez la Grenouille, la tête sort de extrémité de la fissure, et le sys- 
tème cérébro-spinal se forme dans cette fissure même, tandis que chez 
la Limnée, la tête sort d’une des lèvres de la fissure, et le système 
cérébro-spinal ne se forme pas. Aussi le développement des deux 
embryons qui jusqu'ici avait été semblable, sera-t-il dorénavant en- 
tièrement différent. 


16me Jour. — (PI. 2, fig. 16. 4-F.) 


Température. — 9 h. du matin. + 12,2 centig. 
— EN 6 no 6 EC 
— SOC LD AO 


L’embryon s’est encore beaucoup accru et sa grandeur est de moitié 
de la longueur de l’œuf. Son mouvement est beaucoup plus rapide, il 
présente environ trois tours par chaque minute et même davantage si la 
température est chaude; ce mouvement se fait toujours dans le sens de 
la spire, le crochet en avant. La tournure de la coquille est entièrement 
arrêtée, elle forme déjà le crochet oblique et gagne sans cesse du terrain 
sur le manteau (fig. 16, D, c et 16 E). De son côté, la tête se forme 
de plus en plus et le 16° jour au soir elle apparaît comme tronquée 
(fig. 16, B). 

À l’intérieur, les deux lobes du foie sont de plus en plus distincts et 
la fissure intermédiaire qu’on y apercevait hier a fait place à un canal 
(fig. 16 À, d) qui, après s’être dirigé obliquement en arrière (/ig. 16, C, b) 
traverse en ligne droite la partie ouverte de l'embryon (fig. 16, D). 
C’est le commencement de la formation du canal intestinal qui, plus 
tard , circule dans la même direction au tour du foie. 

Les cellules secondaires en s’accroissant et en s’élargissant ont fait 


DES MOLLUSQUES. 95 


disparaître presqu’entièrement les cellules primaires, dont les traces 
figurent un réseau vasculaire (fig. 16, B). On peut compter environ 
huit cellules secondaires dans chaque cellule primaire, mais ce nom- 
bre doit être plus considérable. À l’aide des plus forts grossissemens 
on n'aperçoit dans la masse gélatineuse podo-céphalique et qui est 
destinée à former le pied et la tête, aucune trace de cellules, mais seu- 
lement une myriade de points, situés principalement au voisinage de 
la surface externe, lesquels en s’accroissant incessamment à l’intérieur, 
présentent bientôt l’aspect d’un feutré entrelacé de canalicules qui 
partent d’une zone peu éloignée de la face externe et descendent vers 
le centre, de façon à présenter une infiltration centripète de canalicules 
(fig. 16, F). Cette partie, destinée à former le pied et la tête, offre de 
temps à autre des mouvemens vibratoires semblables à une espèce 
de frémissement. 

On voit par ce qui précède que la formation du système dermo-mus- 
culaire est bien différente de celle du système glanduleux, puisque 
celui-ci est cellulaire et s’augmente par des productions médianes, 
tandis que celui-là est canaliculaire et s’'augmente par des infiltrations 
centripètes. Stiebel a eu tort de dire qu’il existe des cellules dans la 
formation de la tête; il est évident que cet organe en est entièrement 
dépourvu. 


3° Puase. — SENTIMENT. ( Fétus.) 


17e sour. — (PI. 3, fig. 17, 4-G.) 


TewpéraruRe. — 9 h. du matin. + 12,2 centis. 
—_ — midi. M 0#15;6 
— — EDR Do ant nr OE 


La formation du système nerveux est devenue certaine par l’appa- 
rition des yeux qui en démontrent l'existence (fig. 17, 4b, Bb, C, D). 
Les yeux sont insérés dans le feutré à la base du mamelon podo-cépha- 
lique, et paraissent d’abord comme ponctués et obscurs (fig. 17, C'et D). 

To. X. 4 


26 EMBRYOGÉNIE 


En méme temps que le système nerveux s’est formé, l'embryon cesse 
de tourner automatiquement, l'extrémité postérieure en avant, et il 
commence à se mouvoir la tête en avant avec autant de régularité et 
de facilité que l’étre parfait. 

En même temps encore, on commence à apercevoir les palpitations 
du cœur vers l’extrémité inférieure du lobe supérieur du foie, qui 
correspond au côté droit de l’embyon. Le cœur parait formé d’une 
membrane excessivement mince et ne peut-être aperçu que par ses 
mouvemens. Ces mouvemens sont irréguliers, lents et faibles, ils ont lieu 
tous les cinq ou dix secondes; quelquefois on est des heures entières 
sans les apercevoir. Le soir, les deux lobes cellulaires sont renflés, et 
comme soufflés, l’antérieur est rugueux et plus clair, le postérieur 
plus foncé. À l'extérieur, les yeux sont recouverts d’une membrane 
hémisphérique, que je crois étre l’extrémité du manteau qui remplit 
les fonctions de paupières (fig. 17, Bb et b). Le pied est doué de 
mouvemens propres et peut se contracter jusqu’à toucher le cro- 
chet. La coquille est très-distincte et embrasse la partie postérieure 
du manteau (fig. 17, Ad); sa texture est excessivement mince et 
vitrée, sa longueur d’environ la moitié du manteau, sa forme repré- 
sente celle d’une Testacelle ( fig. 17, E). Vers la fin du jour, on voit 
que le manteau commence à se détacher de la tête. Derrière, la. tête 
on aperçoit un organe arrondi transparent et jaunâtre (fig. 17, Bc) que 
M. Carus regarde comme la glande secrétoire supérieure de l’oviducte 
et que je crois être le cerveau ou peut-être la glande prostate; la 
glande secrétoire de l’oviducte est située à l’extrémité des deux lobes 
du foie, je lai indiquée le 15e jour (/ig. 15, 4e). 

J’ai dit que j'avais d’abord aperçu le cœur battre vers l'extrémité 
du lobe antérieur du foie (fig. 17, 4e), au point de jonction du lobe 
postérieur et vers le côté droit du fétus; le soir j'ai aperçu le cœur 
battre vers le côté gauche, également à l'extrémité du lobe antérieur 
du foie (fig. 17, Ga), lequel s’allonge obliquement vers le côté 
gauche. Ces pulsations sont simples et irrégulières, Ainsi les pulsations 
ont lieu aux deux extrémités de la jonction dorsale des deux lobes du 


DES MOLLUSQUES. 27 


foie, d’où il faut conclure que dans l’origine il existe deux cœurs re- 
présentant l’un le ventricule et l’autre l’oreillette. Bientôt nous verrons 
ces deux cœurs se réunir à la partie médiane de la jonction des deux 
lobes du foie, former un cœur unique composé d’un ventricule et 
d’une oreillette, et dont les mouvemens seront réguliers et composés 
de systole et de diastole. 


16me Jour. —(P1. 3, fig. 18, A-E). 


Teupérarure. — 9 h. du matin. + 10,5 centig. 
2 MI PEINE 
= 9 h. du soir .+ 86,1. 


Depuis le moment où la cicatricule est apparue à la surface de 
l'embryon, celui-ci a toujours présenté une de ses faces ouverte, c’est 
celle qui est opposée au dos de l'animal. Aujourd’hui les forces de 
la nature tendent à clore le fétus de toutes parts, et à cet effet celui- 
ei se replie fortement sur lui-même et reste immobile dans cet état 
(fig. 18 À et 18 Æ) pendant toute la journée, afin que les bords béans 
du manteau puissent se rapprocher, et qu’il s’opère entre eux une sou- 
dure qui fasse la clôture de la cavité viscérale. En peu d’heures la 
coquille a atteint les bords du manteau sous la forme d’une Crépidule 
(/ig. 18 B), et à cet effet, on voit les tissus muqueux s’allonger en ma- 
nière de bourlet le long des bords du test, afin de secréter la ma- 
tière dont se forme la coquille. 

Bientôt le fétus est clos de toutes parts et ne laisse plus apercevoir 
qu’un pertuis qui deviendra l’ouverture de la respiration (ig.18, Eb) . 
À travers cette ouverture on aperçoit le cœur situé encore à la partie 
dorsale entre les deux lobes du foie (fig. 18, Ca), et dont les mouve- 
mens sont de plus en plus visibles. Ce cœur est unique et simple, 
composé d’un ventricule et d’une oreillette et situé au centre des deux 
points où l’on apercevait hier les pulsations que nous avons décrites. 
Examiné par la région dorsale, le cœur a la forme d’un sac très-mince 
et tellement diaphane qu’on ne peut le reconnaître qu’à ses pulsations. 


28 EMBRYOGÉNIE 


Son mouvement de contraction s’opère par le rapprochement des 
loges vers la partie postérieure, en sorte qu’alors l’orifice de cet organe 
se resserre vers le crochet pour refouler le sang dans la grande artère. 
Généralement ces mouvemens se répètent à deux ou trois secondes 
d'intervalle. Il n’est donc pas douteux que l’animal, en se contractant 
sur sa coquille, a fait refouler les deux demi-cœurs l’un vers l’autre, et 
qu’ainsi ils se sont soudés pour n’en former qu’un seul. 

Jai dit que l’animal se recourbe fortement sur sa coquille, qu’il 
s'étend et reste en repos la coquille en bas. Au moyen de cette po- 
sition et de cette extension, la tête se détache du tronc et se sépare 
du manteau (fig. 18, Aa), qui laisse apercevoir les tentacules au- 
dessus des veux (/ig. 18, Ea). Le collier commence à se former aussi 
à la faveur de cette position. 

De leur côté, les yeux sont de plus en plus apparens et le feutré 
qui se forme dans le tissu musculaire du pied, atteint jusqu’à sa base 
(fig. 18, D). La partie postérieure de la tête est notablement diaphane. 
C’est à travers cette partie diaphane que l’on aperçoit l'organe jaunâtre 
que je crois être la glande prostate qui est située vers la base du pied 


(fig. 18, Da). 
19me Jour. — (PI. 3, fig. 19, 4-D). 


TEMPÉRATURE. — 9 h. du matin. + 8,3 centig. 
— MIT MEN ROUE 
— 9h. dusoir . + 6,3. 


Le fétus s’est notablement accru et ne peut plus se tenir dans l’œuf 
sinon courbé sur lui-même (fig. 19, À). À cet effet, il se contracte for- 
tement sur lui-même, et reste immobile afin de clore le siphon de sa 
coquille laquelle bientôt fait le crochet et prend la forme d’une Ancille 
(fig. 19, C). Au moyen de cette contraction, la cavité abdominale est 
devenue complétement close ainsi que le manteau. De son côté, le cœur 
est refoulé vers la partie médiane du dos, mais toujours du côté droit; 
le ventricule (fig. 19, Aa) a son ouverture dirigée en avant au voismage 


DES MOLLUSQUES. 29 


de l’oreillette (fig. 19, Ab), qui est en communication avec lui. De son 
côté, l’orifice de la cavité respiratoire a été refoulée au bord du man- 
teau (fig. 19, Ba). Dans ses contractions, le cœur paraît bordé d’un 
chapelet de cellules (fqg. 19, Da, b), mais il n’est pas douteux que 
ces apparences de cellules sont l'effet d’une illusion d'optique et que 
la substance du cœur est complétement continue. 

En observant le foie, j'ai compté environ 18 cellules secondaires 
dans l’espace d’une cellule primaire. Ces cellules secondaires sont 
pressées les unes contre les autres, mais aucunement munies de fa- 
cettes comme dans les végétaux; leur membrane est lisse et leur gran- 
deur irrégulière. Les parois des cellules primaires paraissent transfor- 
mées en un réseau de vaisseaux. Les deux lobes du foie sont tellement 
comprimées qu’on ne peut les distinguer. 

Derrière la tête on aperçoit deux rangées d’espèces de cellules 
(fig. 19, Bb) que je crois être la langue du fétus vue à travers ses mem- 
branes. Entre les deux yeux, le lobule jaunätre dont la couleur diffère 
sensiblement du reste de la tête, et que l’on apercevait les jours pré- 
cédens, continue à se présenter. 

Dans l’état de contraction où le fétus s’est placé, le collier se forme 
définitivement ; il établit la distinction entre la tête et le tronc, et laisse 
à découvert l'ouverture béante de la coquille (fig. 19, 4). 


20e Jour. — (PI. 3, fig. 4-C.) 


TeuréraTure. — 9 h. du matin. + 7,4 centio. 
— CONTE NE EE 
— 9 h. du soir . + 6,5. 


Le fétus est encore presque toujours immobile et pendant dans 
l'œuf, l'extrémité du pied dirigée en haut (fig. 20, B). Il se contourne 
sur lui-même pour former le premier tour de spire à sa coquille, qui 
prend bientôt la forme d’un Piléopsis (fig. 20, C). C’est cette dispo- 
sition spirale que l'animal prend pour former sa coquille qui fait 
refluer le cœur vers le côté gauche. Les pulsations du cœur sont tou- 


30 EMBRYOGÉNIE 


jours irrégulières et on continue à apercevoir le pertuis de la cavité 
respiratoire qui est encore en communication avec cet organe. 

La cavité abdominale devenue complétement close, ainsi que le 
manteau, est totalement enveloppée par le manteau et la coquille. Le 
manteau sert incessamment à l'augmentation du test, au moyen du 
bourlet qui est à son extrémité (fig. 20, Aa et fig. 20, Ba), et qui 
s’allonge sans sesse pour procurer l’élongation de la coquille, laquelle 
acquiert la forme d’un bonnet phrygien. 

Comparé à l’œuf, le fétus dans son état de contraction en occupe plus 
de la moitié ; je pense au reste que l’œuf de la Limnée s’accroit beau- 
coup pendant l’évolution de l’embryon, et c’est ce qu'a déjà observé 
Swammerdam chez la Paludine vivipare , dans laquelle il a rencontré 
des œufs de différente grosseur, suivant qu'ils sont plus ou moins 
avancés ‘. Cet accroissement de la membrane de l’œuf peut très - bien 
s’expliquer par lafflux d’albumine que la loi d’endosmose y amène, 
ainsi que je lai expliqué plus haut, et qui procure l’extension de la 
membrane. Cest en effet à partir de cette époque que la coulée albumi- 
neuse qui enveloppe les œufs commence à se liquéfier. 


21e Jour. — (PI. 4, fig. 21, À-C.) 


Température. — 9 h. du matin. + 7,9 centis. 
— midi. . . . + 10,3. 
— 9 h. du soir . + 6,4. 


Le fétus augmente sa coquille et ne bouge presque plus. Le pied est 
toujours très-étendu et se sépare de la tête qui devient ainsi tout-à- 
fait distincte (fig. 21, À). Quelquefois ce fétus rampe sur son pied le 
long de la paroi de l'œuf. 

La coquille s’augmente constamment , elle présente une circonvolu- 
tion complète et peut contenir tout le fétus sauf la tête et le pied 


(fig. 21, B). 


1 Swammerdam, Bibel der Natur, p. 76. 


DES MOLLUSQUES. 31 


Les pulsations du cœur (fig.21 , C) sont très-rapides ; on en compte 
60 à 80 par minute. À la dilatation du ventricule (fig. 21, Ca) succède 
la dilatation de loreillette (/ig. 21, Cb) qui est tellement forte qu’elle 
paraît chaque fois refouler le ventricule à l’intérieur. 


22 à 29e Jour. — (PI. 4, fig. 24,26, 28.) 


L'animal étant totalement formé, augmente de plus en plus sa co- 
quille. Jusqu'à l’époque où il éclot, il se meut dans l'œuf comme un 
mollusque parfait. Vers le 24° jour la masse charnue qui constitue la 
bouche devint de plus en plus distincte (fig. 24). Les jours:suivans on 
remarque les déglutitions que l’animal effectue avee la bouche et les 
contractions du pharynx qui s’en suivent. 

La coquille s’augmente graduellement et déjà l’on peut remarquer à 
sa surface des stries transversales qui indiquent son prolongement. 
Le 26° jour (fig. 26), elle a acquis une circonvolution beaucoup plus 
grande que celle que j'ai figurée le 21e jour ; le 28: elle s’est encore 
plus accrue (fig. 28). Au reste l’animal étant complétement formé, 
son état n'offre plus rien de curieux pour lembryogénie. Il reste dans 
l'œuf pendant quelques jours, afin de se fortifier de plus en plus et d’être 
à même de résister à l’action des agens extérieurs lorsque le moment 
d’éclore sera venu. 


30e Jour. — (PI. #4, fig. 30, À, B.) 


Nous voici arrivés au terme moyen de l’accomplissement du déve- 
loppement embryonnaire des œufs de Limnée (fig. 30, A). Enfin 
l'animal rompt la coquille de l’œuf qui le retient prisonnier. À cet 
eflet, il rampe sur sa paroi qu'il saisit avec la bouche et qu'il attire 
avec violence. Après maints efforts, il parvient à la rompre et en 
sort pour rester pendant quelques jours dans la matière muqueuse 
que forme l’enveloppe générale du frai, après quoi il nage dans 
l’eau. Dans le premier âge de sa vie, l'animal ne respire que de 


32 EMBRYOGÉNIE 


l’eau et en respire constamment. On peut s’en assurer en jetant un 
peu de poussière insoluble dans l’eau qui le contient; alors on voit 
bientôt les globules composant cette poussière attirés et ballottés vers 
lorifice de la cavité respiratoire, laquelle se referme bientôt pour ne 
pas y permettre l’introduction des matières étrangères à l’eau. Ce n’est 
que lorsqu'il a atteint un âge plus avancé qu’il commence à respirer 
l'air en nature. 

Lorsque l’animal rompt la paroi de l’œuf, son test a acquis une 
circonvolution et demie (fig. 30, B). Vers le 36° jour, lorsqu'il sort 
de la coulée albumineuse, ce test a atteint deux circonvolutions, 
mais ce n’est que par la suite qu'il prend la forme définitive qu’il doit 
avoir dans l’état adulte. 


DES MOLLUSQUES. 33 


RÉSUMÉ. 


Nous avons parcouru toutes les phases de la formation de l’em- 
bryon des Mollusques Gastéropodes; résumons ces différentes phases 
en peu de mots. 

L'embryon apparait d’abord sous la forme d’un globule muqueux 
qui semble attaché à la paroi de l'œuf. Pendant les premiers jours, 
il subit diverses modifications de formes; c’est sa première période: 
celle de l'existence germinale. Alors commence une ère nouvelle, celle 
de la vie embryonnaire : il devient doué d’un mouvement de rotation et 
tourne lentement sur son axe, sans cependant qu'on puisse Y observer 
aucun organe propre à la motilité. Bientôt il s'opère une cicatrice 
à la surface de l'embryon, et cette cicatrice produira plus tard le 
pied et la tête de l’animal. Vers la même époque, on commence à 
apercevoir à l’intérieur un tissu cellulaire qui devient de plus en 
plus distinct et qui constitue le foie. La cicatrice, de son côté, s’aug- 
mente chaque jour et finit par être une large ouverture qui occupe 
la moitié de l'embryon. Celui-ci ne cesse de culbuter sur lui-même, 
l'extrémité postérieure en avant, et en décrivant une spire elliptique 
qui détermine la forme que prendra plus tard la coquille. Alors s'opère 
un phénomène important : à l’intérieur des cellules primordiales , on 
commence à apercevoir des cellules secondaires, qui, s’accroissant 
chaque jour de plus en plus, finissent par détruire les cellules primor- 
diales, dont les parois seules persistent, et deviennent un lacis de petits 
vaisseaux. 

Jusqu'ici le tissu cellulaire avait formé une seule masse centrale, 
mais lorsque la partie gélatineuse s’allonge pour former le pied et la 
tète, on aperçoit en même temps qu'il s’opère une production mé- 
diane, qui tend à diviser la masse cellulaire en deux parties; c’est 
le système intestinal qui se forme. Le système musculaire se présente 
alors sous l’apparence d’un feutré d’infiltrations fibrillaires qui se 
dirigent de dehors en dedans. De son côté la grande veine latérale 

Tom. X. b) 


34 EMBRYOGÉNIE 


de la spire apparait presque en même temps. Bientôt, ensuite, on 
commence à distinguer les yeux qui annoncent la formation du sys- 
tème nerveux; le cerveau apparaît sous la forme d’un lobe jaunätre, 
et alors le cœur commence à battre entre les deux lobes du foie; sa 
texture excessivement mince est complétement diaphane; d’abord il 
en existe deux qui bientôt se réunissent en un seul. Dans le même 
moment, le test commence à se former à l'extrémité de l'embryon; 
d’abord il présente la forme du test d’une Patelle, mais en s’accroissant 
chaque soir, il passe tour-à-tour par les formes de la Testacelle, 
de la Crépidule, de Ancyle, du Cabochon , et lorsque l’animal éclot, 
il présente celle de la Succinée. . 

Après Papparition du système nerveux, la vie fétale commence ; 
l'embryon cesse de tourner et de culbuter sur lui-même, il marche 
en avant et se meut avec autant de facilité que l'être parfait. Le 
manteau se détache, le collier se distingue, la tête et le pied se for- 
ment. Le pied est doué d’un mouvement propre et peut se dilater 
jusqu’à toucher l'extrémité du crochet. L’embryon se contourne en 
spirale et reste la tête en bas pour former sa coquille. On aperçoit 
au milieu de la face antérieure une large ouverture qui se dirige 
vers le dos et communique avec le cœur; c’est l’ouverture de la respi- 
ration. Bientôt les bords du manteau se rapprochent, la cavité abdo- 
minale se clot, l’ouverture de la respiration se resserre et ne forme 
plus qu'un trou, et c’est à cette époque que l’on peut rapporter la 
formation de la cavité pulmonaire. Le cœur, qui d’abord avait apparu 
vers le côté droit de l’embryon, se porte vers la région dorsale et peu 
à peu par suite de la direction spirale de l’embryon, il se dirige vers 
le côté gauche où il se fixe définitivement dans une large cavité; 
son aspect est celui d’un sac ouvert par lextrémité libre. 

L’embryon reste alors tranquille, tous ses organes sont formés; il 
demeure cependant encore dans l’œuf pour se forüifier et parfaire son 
test, il finit enfin par rompre l’œuf, et après avoir passé quelques jours 
dans la coulée albumineuse qui réunit le frai, il sort de toutes ses 
enveloppes et commence à respirer l’eau. 


DES MOLLUSQUES, 39 


CONCLUSIONS. 


Nous venons de parcourir toutes les phases de l’embryogénie des 
Mollusques. Il nous reste à exposer les lois physiologiques qui résultent 
des faits que nous venons d'observer, et c’est en comparant ces faits 
à ce qui se passe dans l’embryogénie soit des animaux squelettés, soit 
des végétaux, que nous verrons combien d’aussi petites observations 
peuvent jeter de lumière sur les grandes lois qui régissent la formation 
des êtres organisés. 

Dans la série d'observations que nous venons de parcourir, l’em- 
bryon des Limnées nous montre les divers états primitifs de l'existence 
embryonnaire, états qui nous sont cachés dans les œufs des Mammi- 
fères et des oiseaux, car les observations sur l’œuf de ces animaux se 
rapportent toutes à la seconde période de l’embryogénie des Mollus- 
ques. Îl importe donc d'examiner avec soin les premiers faits que nous 
avons observés ; ils seront fertiles en conséquences importantes pour la 
physiologie animale et générale. 

Nous avons vu par les observations qui précèdent, que le globule 
embryonnaire des Mollusques était origimairement composé de sub- 
stances à l’état fluide et par conséquent inorganisées ; nous avons vu 
que ce globule se composait d’abord de grumeaux concentrés en une 
masse commune, lesquels, après s’être unis, se transforment bientôt 
en tissus organiques et deviennent ensuite un embryon; nous avons vu 
que l’organisation commence par la surface du globule qui devient ainsi 
susceptible de modifier ses formes; qu’ensuite on observait à l’inté- 
rieur un tissu cellulaire organique comparable aux grumeaux dont la 
masse générale s’est composée. Ainsi, c’est la surface du globule em- 
bryonnaire qui forme le premier tissu général, comme c’est la surface 
des grumeaux dont il se compose, qui devient le premier tissu cellu- 
laire interne. Ainsi, la transformation originelle des fluides organisa- 
bles en tissus s’opère par la solidification de leurs surfaces. 

Nous avons vu dans le cours du développement embryonnaire deux 


36 EMBRYOGÉNIE 


modes de développement des tissus, celui du foie dont le tissu cellulaire 
s’augmente par des productions médianes comme je l'ai indiqué le pre- 
mier dans les végétaux ‘, et celui du tissu dermo-musculaire qui se 
propage par laccroissement centripète des canalicules qui forment 
le fentré d'infiltration que l’on y remarque. Ceci renverse absolument 
luniformité de formation des tissus animaux, indiquée par Bordeau, 
Meckel, etc., et l’on est forcé de reconnaitre la pluralité de forma- 
tion des tissus animaux admise par Bichat et son école. 

Les tissus animaux ne se forment pas comme les tissus végétaux au 
moyen des métamorphoses de la cellule; chez eux chaque système 
forme un tout distinct et séparé, et les organes creux se forment d’abord 
par des cavités. Ainsi la séparation du foie en deux lobes donne lieu à 
une cavité dont les parois deviennent le système intestinal ; aimsi encore, 
le rapprochement des deux lobes du manteau pour clore la cavité viscé- 
rale donne lieu à une cavité qui devient la cavité respiratoire. Dans l’o- 
rigine, cette cavité est en communication avec le cœur, et peut-être le 
fluide respiré se rend-il alors dans les vaisseaux pour y tenir lieu de sang. 

En suivant le développement de l’embryon, nous avons reconnu 
l'apparition des systèmes constitutifs dans l’ordre suivant : 1° L’enve- 
loppe générale ; 2° le système secréteur ; 3° le système intestinal ; 4° le 
système musculaire; 5° le système circulatoire; 6° le système respira- 
toire; 7° le système nerveux. Le développement de l’enveloppe géné- 
rale appartient à la première période de l’existence embryonnaire, 
celle de la vie matérielle pendant laquelle l'assimilation se fait de proche 
en proche comme dans les algues; le développement des systèmes secré- 
teur, intestinal et musculaire appartient à la deuxième période, celle 
de la vie viscérale ; enfin, le développement des systèmes respiratoire, 
circulatoire et nerveux appartient à la vie nerveuse. — Il suit de ces 
observations que les organes de la vie nerveuse ne préexistent pas, 
comme on l’a dit, à ceux de la vie viscérale. Si le contraire a été af- 


1 Recherches sur la structure comparée, et le développement des animaux et des végétaux; in-4°, 
fig. Bruxelles, M. Hayez, 1832. 


DES MOLLUSQUES. 37 


firmé, c’est que l’on a étudié des œufs d'animaux qui avaient déjà 
accompli leur première période, comme le sont les œufs d'oiseaux que 
l’on soumet à l’incubation, et ceux des Mammifères que l’on rencontre 
dans les trompes de la matrice. C’est ce qui explique pourquoi les sys- 
tèmes de la vie viscérale peuvent exister encore après la mort des 
organes de la vie nerveuse; de même qu’ils ont préexisté à ces derniers, 
de même ils peuvent survivre à leur mort. 

Depuis le moment ou la fissure s’opère à la surface du germe jusqu’à 
Vapparition du système nerveux, l'embryon culbute sans cesse sur lui- 
même par un mouvement automatique, et la partie qui est destinée à 
devenir l’extrémité postérieure marche en avant. En tournant ainsi 
sans cesse sur lui-même, les matières nerveuses qui se forment sont 
nécessairement emportées à l'extrémité postérieure du tourbillon; à 
elles s’agglomèrent, s'organisent et forment bientôt le cerveau. Alors, 
le système nerveux étant formé, comme le témoigne la présence des 
yeux, l'embryon cesse de tourner automatiquement, il marche en 
avant et est doué de mouvemens libres comme l'animal parfait. Ainsi 
se trouve confirmée cette vérité que J'ai proclamée dans un précédent 
ouvrage, que la production en avant est caractéristique du système 
nerveux :. 

Dans l’évolution de l’embryon animal tout indique la grande loi du 
développement centripète. Le système dermo-musculaire s’accroit par 
l'augmentation centripète de ses canalicules. Le système circulatoire 
présente d’abord deux cœurs qui bientôt marchent à la rencontre l’un 
de l’autre et se confondent sur la ligne médiane ; le système tégumen- 
taire lui-même voit ses lobes marcher à la rencontre l’un de l'autre. 
Ces lobes de la fissure embryonnaire, qui sont les cotylédons animaux, 
au lieu de s’écarter comme dans les végétaux pour donner place à un 
article nouveau, se rapprochent et se soudent entre eux pour clore 
l'animal, et renfermer en un bourgeon toutes les parties qu'il pré- 
sente. Ainsi, il n’existe pas chez l’animal de vie végétative comme 


1 Recherches sur la structure comparée des animaux et des végétaux , deuxième éd. , p. 61. 


38 EMBRYOGÉNIE 


Bichat l’a dit; la vie végétative, c’est le développement centrifuge. 

L’embryon des Mollusques et celui des vertébrés se forment origi- 
nairement de même et sont dans le principe soumis lun et l’autre à 
toutes les mêmes lois; mais bientôt une différence survient qui les en- 
traine dans une organisation différente. Dans l’embryon des animaux 
endosquelettés, le système cérébro-spinal se forme longitudinalement 
dans la cavité de la cicatrice du globule embryonnaire avec laquelle il 
est par conséquent parallèle; la tête naît à l’une des extrémités de cette 
cicatrice, les membres inférieurs à l’autre extrémité; les côtes appa- 
raissent de chaque côté des lèvres de la fissure qui se réunissent en 
suite pour clore la cavité abdominale et former la ligne blanche. Dans 
l'embryon des Mollusques, au contraire , le système nerveux est trans- 
versal à la cicatrice; la téte naît de l’une des lèvres de la fissure, la 
pointe du crochet naît de Pautre et les extrémités de la cicatrice se 
réunissent pour clore l’abdomen. Ainsi, la tête et le crochet des Mol- 
lusques sont situés à la place qu’occupent les côtes dans l'embryon des 
animaux endosquelettés ; ainsi, le système nerveux des Mollusques ne 
correspond nullement, ni au système cérébro-spinal des animaux 
endosquelettés, ni à tout système nerveux longitudinal ; il est la repré- 
sentation des nerfs intercostaux et de leurs ganglions. Cette observation 
démontre combien les Mollusques sont éloignés des vertébrés dans 
leur organisation prototype ; elle explique clairement pourquoi il ne 
peut y exister, ni de système nerveux longitudinal, ni de squelette, 
qui ne manquent jamais dans les animaux supérieurs. 

Les observations qui précèdent nous ont dévoilé la formation em- 
bryonnaire originelle des animaux vertébrés et des mollusques. Dans 
l’évolution de l'embryon des animaux exosquelettés dont j'ai étudié les 
phases, j'ai vu le globule embryonnaire d’abord entier, se fendre aussi 
en une cicatrice bilobée et les deux extrémités de l'animal corres- 
pondre aux deux extrémités de cette cicatrice comme dans les ver- 
tébrés. Le système nerveux longitudinal s’y forme aussi parallèlement 
à la cicatrice, mais le système squeletteux, au lieu d’apparaître dans 
le fond de la cavité de la cicatrice comme dans les vertébrés, apparaît 


DES MOLLUSQUES. 39 


d’abord entre l'extrémité de ses lèvres, ce qui est cause que le squelette 
y est extérieur et qu'il y a absence de système cérébro-spinal. Cette 
structure est très-manifeste dans les œufs de forficule. En comparant ce 
développement embryonnaire à celui des Mollusques, il est évident 
que les exosquelettés sont typiquement bien plus rapprochés des ani- 
maux vertébrés que les Mollusaues, puisque dans ceux-là les forma- 
tions se font parallèlement à la cicatrice, tandis qu’elles se font trans- 
versalement chez les Mollusques. Par-là se trouve confirmée cette 
vérité que j'ai précédemment proclamée, que la progression des ani- 
maux est en rapport direct avec leur squelette. 

Nous venons de voir en quoi les lois d’embryogénie des Mollnsques 
et des animaux squelettés, identiques dans le principe, amènent plus 
tard une organisation dissemblable; comparons maintenant les faits qui 
viennent de se dérouler sous nos yeux dans l’embryon animal avec ce 
qui à lieu dans l'embryon végétal: c’est là le seul moyen de parvenir 
à la connaissance des grandes lois de physiologie générale, qui prési- 
dent au développement des corps organisés. 

En examinant l’évolution des Mollusques nous avons démontré que 
les tissus animaux quoique formés originairement de même par la so- 
lidification des surfaces, se développent de différentes manières : le 
tissu cellulaire par des productions médianes, le tissu dermo-mus- 
culaire par un feutré de canalicules centripètes. Ainsi chez les ani- 
maux , les tissus ne se forment pas aux dépens les uns des autres; 
il n’y existe pas un tissu générateur unique, mais bien plusieurs 
tissus originellement distincts. — Les belles observations de M. Mirbel 
ont prouvé que chez les végétaux il existe un seul tissu originel, 
le tissu cellulaire, qui, par une suite de métamorphoses, se trans- 
forme en tissu vasculaire. Par conséquent le règne végétal est carac- 
térisé par l’unité originelle, et le règne animal par la pluralité ori- 
ginelle des tissus. 

Dans l’origine de la formation, l'embryon animal ne diffère en rien 
de l'embryon végétal. L'un et l’autre apparaît d’abord sous la forme 
d’un globule embryonnaire ; l’un et l’autre offre la formation de l’enve- 


40 EMBRYOGÉNIE 


loppe générale et du tissu cellulaire avant celle d'aucun autre organe ; 
lun et l’autre présentent à la surface une fissure qui s’ouvre en cicatrice 
pour faciliter le grand œuvre de l’organisation; les lèvres de cette cica- 
trice sont les lobes ou cotylédons de l'embryon. Jusque là les lois de 
l’évolution de l’embryon animal et végétal sont identiquement les 
mêmes. Alors apparait une différence bien minime en soi, mais qui 
doit amener les plus grands résultats. La fissure qui forme la cicatrice 
s’ouvre chez le végétal à la face supérieure de l'embryon, et chez l’ani- 
mal, à la partie qui formera plus tard la ligne blanche, et par consé- 
quent à la surface inférieure. Ainsi l'animal est originairement un 
végétal renversé; c’est l’inverse de la proposition généralement admise. 

Bientot après, une autre différence se fait jour. Dans l’évolution de 
l'embryon, la formation et la croissance de l’animal se font horizonta- 
lement, ou ce qui revient au même, parallèlement au plan de la cica- 
trice ; c’est dans cette situation horizontale qu'apparaissent les 
premiers rudimens du système nerveux, du système circulatoire, du 
système intestinal, du système osseux , etc., et c’est ce qui détermine 
cette situation horizontale de l’animal. Au contraire la formation et la 
croissance du végétal se font verticalement à ce plan, ou, ce qui re- 
vient au même, l’axe cylindro-médullaire se forme dans la direction 
verticale relativement au plan de la cicatrice, et ce qui détermine 
la situation verticale du végétal, n’est suivant moi qu’une première 
conséquence de la situation de la fissure. 

L'observation si simple de la situation supère ou infère de la cica- 
trice, nous explique le pourquoi de la différence d’organisation des 
animaux et des végétaux. Si le végétal se dirige vers le ciel , c’est que 
la cicatrice de son embryon s’est opérée au pôle zénith du globule ; si 
l'animal rampe sur la terre, si sa ligne blanche se dirige de ce côté, 
c’est que la cicatrice de son embryon s’est opérée à son pôle nadir. 
C’est par suite de cette disposition infère ou supère que la formation 
et le développement de l'embryon animal se font parallèlement au plan 
de la cicatrice, tandis que chez lembryon végétal, la formation et le 
développement se font verticalement à ce plan. C’est par suite de ces 


DES MOLLUSQUES. 41 


dispositions que le développement de l’animal est centripète et le déve- 
loppement du végétal centrifuge. C’est par suite de cette disposition 
que les lèvres de la cicatrice, qui sont les lobes ou cotylédons de l’em- 
bryon, se rapprochent plus tard et se soudent dans l'embryon animal, 
tandis qu’ils tendent à se séparer chez le végétal pour donner passage à 
la tige. C’est par suite de cette disposition que les organes respira- 
toires et des sexes qui dans l’animal sont bientôt renfermés par la sou- 
dure de ces lobes, restent au contraire constamment externes dans le 
végétal par leur écartement. C’est par suite de cette disposition que 
l'embryon végétal naît composé d’un seul article, tandis que l’em- 
bryon animal doit, avant la naissance, se former de toutes pièces et 
qu’ainsi à cette époque il est un bourgeon. C’est par suite de cette dis- 
position que le dos de l'embryon, c’est-à-dire la partie opposée à la 
cicatrice, se trouvant chez le végétal dirigé vers la terre, peut s’y 
enfoncer pour former des racines, tandis que la même partie se trou- 
vant chez l'animal dirigée vers le ciel, elle ne peut que donner naissance 
à des ailes qui l’élèvent vers le firmament. Ainsi dans l’évolution des 
étres organiques, les lois d'analogqie sont les primitives ; celles de 
divergence, les secondaires. 


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EXPLICATION DES PLANCHES . 


Planche 1. 


Figure 1 4.—Coquille du Zimneus Vulgaris de grandeur naturelle. 
— 1 B.—Un œuf du Limneus Vulgaris au moment de la ponte, et de orandeur naturelle. 
— 1 C.—Le mème, fortement grossi, au sortir de l’oviducte, avec le globule embryonnaire 
vers la partie inférieure. 
— 1 D.—Le mème, placé sur le côté, afin de montrer qu’à cette époque le globule em- 
bryonnaire paraït accolé à la paroi de l'œuf. ; 
OŒuf au moment de la ponte, beaucoup plus grossi. 


— 1E£. 

— 1 F.—Un œuf infécond et dont la matière embryonnaire ne s’est pas agglomérée, mais 
forme des espèces de grumeaux. 

— 1 G.—Globule embryonnaire écrasé, vu à un très-fort grossissement et présentant l’as- 
pect de grumeaux muqueux analogues à ceux que l’on observe à la figure 
précédente. 

— 1 Æ.—Un œuf plongé dans de l’acide sulfurique concentré mélangé de sucre ; l’albu- 
mine se colore en carmin et le globule embryonnaire en violet clair. 

— 1 1.—Un œuf du premier jour, six heures après la ponte. 

— 1 Æ.—Le globule embryonnaire du mème, fortement grossi ; on apercoit en « un glo- 
bule muqueux. 

— 2 4.—OEuf du deuxième jour, présentant deux globules muqueux. 

— ® B.—Le mème, beaucoup plus grossi, montrant le globule embryonnaire comprimé 
de deux côtés. 


— 2 C.—Le globule embryonnaire plus fortement orossi, présentant en « et b deux glo- 
bules muqueux. 


— 8 4.—Œuf du troisième jour, fortement grossi. 


! Les numéros des figures indiquent le jour depuis la ponte; les lettres se rapportent aux divers états 
pendant la même journée. 


44 


EXPLICATION DES PLANCHES. 


Figure 3 B.—Le globule embryonnaire plus fortement grossi, avec deux globules muqueux 


en 4. 

—Globule embryonnaire du quatrième jour. 

—Globule embryonnaire du cinquième jour. 
A,—Globule embryonnaire du sixième jour , offrant un point éclairé en a. 
B.—Autre slobule embryonnaire du sixième jour, offrant un point éclairé en a. 
A.—Globule embryonnaire du septième jour. 


A OO OO x + 


B.—Autre globule embryonnaire du même jour. 
C.—Le même, doublement grossi. 


AU 


D.— Autre slobule embryonnaire du même jour. Dans cette figure et la précédente, 
on commence à apercevoir une espèce de feutré interne, qui précède l’appa- 
rition du tissu cellulaire. 

Œuf du huitième jour , contenant l'embryon qui tourne sur lui-même dans la 
direction indiquée. 


8 4. 


8 B.—Embryon du huitième jour, lançant le mucus par son échancrure en a. 

8 C.—Spire cycloïde que décrit l'embryon pendant le dixième jour. 

9 4.—Embryon du neuvième jour, présentant à son sommet en & une cicatrice relevée 
en crête. 

9 B.—Le même, doublement grossi, à travers lequel on commence à distinguer les 
premières traces du tissu cellulaire. 

9 C.—Le même, au grossissement de la fig. 9 4, vu de côté, pour montrer les lèvres 
de la cicatrice et la matière gélatineuse qui en sort en a. 

9 D.—Le même à la fin de la journée, au grossissement de la fig. 9 B, et dans lequel 
on distingue les traces du tissu cellulaire. 


Planche 2. ! 


Figure 10 4.—Embryon du dixième jour, montrant très-distinctement le tissu cellulaire réuni 


2 


en masse à son intérieur. — a la cicatrice et la matière gélatineuse qu’elle 
présente. a 

10 B.—Le même, vu de côté, pour montrer l'ouverture de la cicatrice en & et ses deux 
lèvres qui sont les lobes ou cotylédons de l'embryon animal. 

11 4.—OEuf du onzième jour, avec l'embryon. 

11 B.—Embryon du mème. — a partie pélatineuse de la cicatrice. 

11 C.—Le même embryon, vu de côté et montrant les lèvres de la cicatrice beaucoup 


plus écartées, au milieu desquelles se trouve la partie gélatineuse a. 
12 4. 


Embryon du douzième jour. — a partie gélatineuse couvrant la cicatrice. — 
b, b, les deux lobules de la cicatrice qui bornent ses extrémités. 
12 B.—Le même, vu de côté, pour montrer l’écartement des lèvres de la cicatrice. 
— a partie gélatineuse. 
12 C.—Le mème, tué par l’alcali volatil et contracté. 


1 Il importe de ne pas perdre de vue que, dans cette planche et la suivante, la position de l’embryon 
est telle que la partie dorsale est représentée inférieure et la partie ventrale supérieure. 


Figure 13 4.—Embryon du treizième jour. — a, partie gélatineuse couvrant la cicatrice. — 
b, b, les deux lobules de la cicatrice. 

— 13 B.—Le mème, vu de côté, présentant un de ses lobules entre les deux lèvres de la 
cicatrice. — a partie gélatineuse. 

— 13 C.—Le même, vu de côté dans un moment où il s’allonge et fait ainsi disparaître 
le lobule intermédiaire. 

— 15 D.—Le même, vu du côté de l'ouverture de la cicatrice. — a, b, les deux lèvres de 
la cicatrice qui sont les lobes de l'embryon. — a, la partie qui formera l’ex- 
trémité du crochet. — b, la partie qui donnera naissance à la tête. — e, €, les 
deux lobules latéraux. 

— 14 4.—Embryon du quatorzième jour, présentant la partie qui formera l'extrémité du 
crochet. — a partie sélatineuse. — D, b, les deux lobules. 

— 14 B.—Le même, présentant la partie qui formera la tête.— à ; partie gélatineuse.— 
b, b, les deux lobules.— c, l’'échancrure du manteau derrière la place qui 
Honta naissance à la tête, 

— 14 C.—Le même, vu de côté et devenant irrégulier. — & , partie gélatineuse. — b, le 
lobule intermédiaire de gauche. — c, la lèvre destinée à former l'extrémité | 
postérieure du crochet qui maintenant marche en avant. 

— 14 D.—Cinq cellules primordiales devenant matrices des cellules secondaires. 

— 14 £.—Spiroïde que décrit l'embryon au quatorzième jour. 

— 14 F.—Embryon tué par l’'ammoniaque.— a, partie gélatineuse. 

— 15 Z.—Embryon du quinzième jour, vu de côté. — 4, productus destiné à former le 
pied et la tête.— b, crochet postérieur où naît le premier rudiment du test. 
— c, lobe postérieur du foie. — d, Jobe antérieur, — e, partie Jaunâtre. 

— 152 pe rudiment du test. 

— 15 C.—L'embryon, vu par le côté de la tête. 

— 15 D.—Le pied séparé pour faire voir la première trace de tissu musculaire. 

— 16 4 — a, productus destiné à 
former le pied et la tête. — b, lobe postérieur du foie, — c, lobe antérieur. 
— d, formation du canal intestinal. 

— 16 B.—Le même, au soir du seizième jour. Le pied s’est aplati à son extrémité. On 
aperçoit très-distinctement les cellules secondaires, et les traces des cellules 
primitives persistent comme un réseau vasculaire. 

— 16 C.—Le mème, vu par le dos. — a, a, les deux oreillettes du manteau. — b, for- 
mation du canal intestinal entre les deux lobes du foie. 

— 16 D.—Le même, vu par le côté droit. — a, le pied. — b, la partie antérieure du 
manteau appliquée contre la tête. — c, le test. 

— 16 Æ.—Le test séparé. 

— 16 F.—L'extrémité du pied, pour montrer la formation du système dermo-musculaire. 

Planche 3. 
Figure 17 4. ix-septième jour, au matin, vu par le côté droit.— &, le pied. 


EXPLICATION DES PLANCHES. 45 


— b, première formation des yeux. — c, le manteau recouvrant là tête, — 


46 


EXPLICATION DES PLANCHES. 


d, le test. — e, la place où l’on aperçoit les premières pulsations du cœur, 
au côté droit. 


Fiqure 17 B.—Le mème, vu par le derrière de la tête et du pied. — a, le pied. — b, les yeux. 


— c, lobule jaunûtre. 

17 C.—Première formation des yeux. 

17 D.—Un œil vu en face et qui paraît composé d’un cercle d’ocelles. 

17 Æ£.—Le test séparé. 

17 F.—Embryon du mème jour au soir, vu par le côté gauche. 

17 G.—Extrémité postérieure du même, vue par le dos, montrant en a la place où l'on 
apercoit , du côté gauche, des pulsations du cœur. 

16 4.—Embryon au dix-huitième jour, vu par le côté droit et se repliant pour former 
sa coquille. — a, lobe du manteau détaché de la tête. 

18 B.—Le test au dix-huitième jour séparé. 

18 C.—Extrémité postérieure de l'embryon au dix-huitième jour, vue par le dos, 
montrant en a le cœur qui s’est réuni au centre des deux lobes du foie. 

18 D.—Le pied, pour montrer la formation centripète du système dermo-musculaire. 
— a, lobule jaunâtre. 

18 Æ.—Autre embryon du mème jour, replié sur lui-même et vu par l’occiput, pour 
montrer les tentacules &, et l’orifice de la respiration b. 

19 4.—Embryon du dix-neuvième jour, enfoncé dans son test pour le compléter et 
clore circulairement son orifice. Le cœur est au milieu du dos; on y distingue 
le ventricule &, et l’oreillette b. 

19 B.—Le même, vu par le derrière de la tête. — «, l’orifice de la respiration. — b, 
ce que je crois être la langue. 

19 C.—Le test au dix-neuvième jour, séparé. 

19 D.—L'aspect de l'ouverture du cœur pendant le mouvement systole a, et de 
diastole b. 

20 4.—Embryon du vingtième jour, dans son œuf, vu par le côté droit. — &, bour- 
let qui forme le test, 


20 B.—Le même, vu par le côté gauche. — &, bourlet qui forme le test. — b, le 
cœur. 
20 C.—Le test au vingtième jour, séparé. 


Planche 4. 


Figure 21 4.—Embryon du vingt-unième jour , vu par le côté gauche, et dont le pied rampe 


contre la paroi de l'œuf. 
21 B.—Son test séparé. 
21 C.—Le cœur au vingt-unième jour. — a, le ventricule. — b, l'oreillette. 


24. —Embryon au vingt-quatrième jour, vu par le côté droit et rampant contre la 
paroi de l'œuf. 
26. —Le test au vingt-sixième jour, vu du côté de la spire. 


28. —Le test au vingt-huitième jour, vu du côté de l’enroulement. 


EXPLICATION DES PLANCHES. 47 


Figure 30 4.—Œuf du trentième jour, au moment où l'embryon cherche à en rompre la 
membrane pour éclore. 


— 80 B.—Le test au trentième jour, vu par l’ouverture. 


— 36. —Le test au trente-sixième jour, lorsque l'embryon est sorti de la coulée albu- 
mineuse et nage dans l’eau. 


FIN. 


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NOTICE HISTORIQUE 


SUR 


LA VILLE ET LE PORT D’OSTENDE, 


PAR 
M. BELPAIRE; 


PRÉSENTÉE À LA SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1631. 


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NOTICE HISTORIQUE 


LA VILLE ET LE PORT D’OSTENDE. 


Ostende ne peut se vanter d’une existence bien ancienne; il est plus 
que probable que cette ville n’a pris son origine que postérieurement 
à la domination romaine, et elle a cela de commun avec la plupart des 
villes de la Flandre, si pas avec toutes. En effet, les anciens nous dé- 
peignent la Morinie et la Ménapie , deux pays qui, du temps des Ro- 
mains occupaient la côte, depuis le Pas-de-Calais jusqu’à l’'Escaut , 
en s'étendant plus ou moins vers l’intérieur, comme remplies de forêts 
et de marais; ces pays ne pouvaient donc être que très-peu peuplés 
et fort peu cultivés. Aussi, ces mêmes anciens nous disent-ils que 
toute la partie forestière et marécageuse était déserte, servant seule- 
ment de refuge contre l’ennemi, et que le reste ne contenait aucune 
ville. 

Le pays que les Morins et les Ménapiens occupaient présente dans 
la plus grande partie un sol extrêmement sableux, qui n’a été livré à 
l’agriculture qu’au moyen de travaux considérables, et qu’on n’entre- 


NOTICE SUR LA VILLE 


ds 


tient dans un état de fécondité qu’à force de soins et de peines. Un sol 
aussi aride ne pouvait être cultivé par des peuples barbares, dénués 
des connaissances et des moyens nécessaires pour forcer une terre 
rebelle à répondre à l'attente du laboureur, et s’il est vrai, d’après 
un passage de César *, que les Ménapiens eussent des champs de blé; 
si Varron * atteste qu'ils fumaieni leurs terres avec la marne; si Pline ° 
prouve que l’agriculture était exercée avec le plus grand soin par ce 
peuple, tout cela doit s'entendre sans nul doute des terres qui leur 
appartenaient au delà du sol sableux ; car pour ce dernier, aujourd’hui 
même que l’agriculture est si avancée dans ces pays, de grandes éten- 
dues de terres n’ont point encore recu la charrue. 

Mais ce sol quelqu'impropre qu'il soit en lui-même pour la culture 
des céréales, convient néanmoins généralement bien au bois, qui y 
croit même spontanément. Il a donc du se couvrir de forêts et se pré- 
senter dans cet état aux regards des Romains. Long-temps encore il 
a continué à se montrer ainsi, et il ne paraît pas qu'il s’y fut opéré 
quelque changement au temps de Charlemagne. Mais peu à peu, la 
culture des terres s'étant perfectionnée, les forêts disparurent en grande 
partie et on n’en voit plus aujourd’hui que quelques parcelles. 

Quant aux marais, nous avons fait voir dans un mémoire couronné 
par l'académie des sciences de Bruxelles, en nous appuyant sur l’exis- 
tence d’une couche de tourbe, qui régne sous une couche de glaise 
particulièrement dans les iles de la Zélande et le long de la côte de la 
Flandre, que ces marais se trouvaient à la lisière de ces pays du côté 
de la mer. Nous avons fait voir que cette tourbe qui, dans sa partie 
inférieure renferme des plantes aquatiques et dans sa partie supérieure 
des objets d'arts de la période romaine , n’a été recouverte de la 
couche de glaise, due aux inondations de la mer, que pendant ou de- 
puis cette période. Ostende n’a donc commencé à exister que posté- 
rieurement aux premières inondations, et probablement peu après. 


l Cæs., De bell. Gall., lib. IV, cap. XIX et XXXVIT, 
2 Varro, De re rust. lib. 
3 Plin., lib, XVIT, cap. VI et VII. 


ET LE PORT D'OSTENDE. b) 


L’irruption de la mer dans ces marais a produit deux effets remar- 
quables ; le premier de fournir des communications nombreuses entre 
la côte et l’intérieur du pays, au moyen de criques multipliées que 
les inondations formérent; et le second de répandre une couche de 
vase qui plus tard a formé un sol extrêmement fertile. La côte, en 
général, et surtout les bords et l'embouchure des criques ont donc dü 
se couvrir d'habitans, trafiquant du produit de leur pêche avec ceux 
de l’intérieur, qui, à leur tour, ont été attirés vers eux. De nouvelles 
relations se sont établies avec l’étranger; et, lorsque plus tard, Pin- 
dustrie agricole a, au moyen de digues et d’écluses, repris sur la mer 
quelques parties des terres qu’elle avait envahies , une source de ri- 
chesses plus considérables encore a appelé en ces lieux les agricul- 
teurs des pays voisins qui achevèrent de les peupler. 

Voilà ce qui s’est passé sur presque tous les points de la côte depuis 
le Pas-de-Calais jusqu'au Jutland. Toute cette côte, entièrement uni- 
forme et faisant partie d'un même terrain géologique, a été soumise 
aux mêmes révolutions. Constamment la mer a rongé ses bords, et des 
parties considérables du continent sont passées avec les édifices qui 
les couvraient sous son empire. Elle chasse constamment devant elle 
les dunes qui la bordent. Soulevée par la fureur des vents, elle rompt 
fréquemment ces barrières, et se précipitant sur les terres elle y porte 
la désolation et la mort. Une histoire générale de toutes les révolutions 
que cette côte a subies, serait un ouvrage intéressant , dont là notice 
que nous donnons peut être considérée comme un des chapitres. 

L’annalyste Meyer! est l’auteur qui parle d'Ostende, sous la date 
la plus reculée. Suivant lui, il est fait mention de cette ville dans une 
charte de 814, par laquelle un certain Gobert de Steenland fit don 
à l’abbaye de S'-Bertin à St-Omer, de trente-trois petites villes et 
villages parmi lesquels se trouvait Ostende. Si cette donation est 
véritable , il en résulte une forte présomption qu'à cette époque la mer 
avait déjà fait sa premiere invasion dans ces environs, et que l’une des 


1 Meyer, 4nn. Fland., pag. 11. 


6 NOTICE SUR LA VILLE 


criques d’alors avait son embouchure au lieu où était Ostende; car les 
pécheurs qui les premiers l’ont fondée auront choisi de préférence un 
lieu qui leur procuràt une communication facile avec la mer d’un côté 
et avec l’intérieur de l’autre. Cette première irruption daterait même 
du VE siècle, ou avant, s'il est vrai, comme Oudegherst  l’assure, que 
Oudenbourg , village à une lieue et demie d’Ostende, vers l’intérieur, 
état connu au milieu de ce siècle pour une ville maritime de grand 
commerce; car cela ne pourrait avoir eu lieu qu’au moyen d’une crique 
qui allait jusqu’à ce bourg. Mais quant à la donation de 814, on sait 
combien peu on doit croire à l'authenticité de pareilles chartes à une 
époque où presque personne ne savait mi lire ni écrire, et où surtout 
il était extrêmement rare que les donations aux églises fussent rédi- 
gées par écrit ; et quant à Oudenbourg, Oudegherst ne dit pas sur quel 
fondement il établit le fait qu'il avance ; et bien qu'il soit certain à 
l’inspection des lieux que Oudenbourg, à une époque quelconque, 
et peut-être à plusieurs époques différentes, a communiqué avec la 
mer au moyen de criques, il est pourtant douteux que cela ait eu 
lieu au Ve siècle. Un passage de la vie de saint Arnulfe, évéque de 
Soissons, mort saintement à Oudenbourg en 1087, porte que dans 
les limites de la paroisse de Ghistelles il existait une veine de terre 
noire et roussätre qui, située au milieu de nombreux marais, était 
dificile à traverser, et servait d’asile à une espèce d'hommes constam- 
ment livrés au brigandage *. La tourbe que l’on trouve actuelle- 
ment à plusieurs pieds sous le sol au nord et à l’ouest de Ghistelles, 
bourg à une lieu d’Oudenbourg, et qui est évidemment désignée dans 
ce passage par les mots vena terræ nigra et quasi subrufa, était 
donc encore à nu pendant le XIe siècle. Il en résulte que la mer n’était 
pas encore venue couvrir ces lieux. 


1 Oudegherst, Kron. van Vlaend. Gend, 1785, bl. 6. 

2 Intra terminos parochiæ Gistellensis quæ subjacet diocesi Tornacensi, est quædam vena 
terræ nigra et quasi subrufa, quæ crebris paludibus intersila, non facile potest transiri. In his 
vero locis moratur genus hominum atrocitatem semper gestiens, ut vulqus Schytarum. {n actis 
S. Arnulf apud Mabilionem seculi VI Benedictini, parte II, pag. 537, num. xvur. 


ET LE PORT D'OSTENDE. 7 


Mais on ne pourrait pas en conclure que la mer n’avait point du tout 
franchi les dunes à cette époque; car il faut remarquer qu'Ouden- 
bourg et Ghistelles sont sur le bord extrême de la couche de glaise, 
et que, dansses débordemens, la mer n’a jamais atteint toutes les parties 
bases des cantons qu’elle visitait. Cela paraît difficile à croire au pre- 
mier moment, mais c’est pourtant une vérité que l’on peut encore 
vérifier aujourd’hui entre Ostende et Bruges, où l’on trouve une grande 
étendue de terrain plus bas que la haute mer, et plus bas conséquem- 
ment que la couche de glaise qui se trouve entre ce terrain et la mer. 
À la réflexion, on conçoit, en effet, que des obstacles , quelque légers 
qu'ils puissent étre dans un pays aussi plat, ont pu empêcher les eaux 
d'avancer autant qu’elles l’auraient fait sans cela ; on conçoit encore 
que ces obstacles ont dù céder les uns après les autres, et que la mer a 
avancé d'autant plus avant, que son séjour a été plus prolongé, et 
qu'ainsi elle est parvenue le plus tard aux lieux les plus éloignés. 

Au premier apercu on croirait trouver dans une ancienne chronique 
la preuve que le village de Steene, à trois quarts de lieues d’Ostende, 
formait un port de mer au XIIIe siècle. Cette chronique porte qu’une 
flotte formée en Frise et destinée pour la Palestine, arriva en 1269, 
dans un port de Flandre nommé Stein, suivant l’éditeur : Zn portu 
Flandriæ qui dicitur Stein *, où elle resta quelque temps et fut traitée 
d’une manière distinguée par Marguerite, comtesse de Flandre. 
L'éditeur de cette chronique ne sait où placer ce port de Stein. Mais 
il faut admettre ici la correction d’Alting * et lire Suin au lieu de Sfern. 
Le Zavin était en effet alors le lieu de rendez-vous de tous les navires 
qui abordaient en Flandre, comme le prouve un diplôme de Florent, 
comte de Hollande, de l’année 1276, recueilli par Mieris ‘et portant : 
Cum mercatores….. qui actenus in Flandria ad portum ibidem , qui 
Suin appellatur..…. se transferre consueverant, nunc ad portum 


1 Chronica beati emonis et menconis abbatum Werumensium, ad ann. 1269, apud Matthæ, 
Analecta, tom. If, pag. 252. 
2 Alting, Notit. Germ. infer., pars altera, voce Sixcraza , fol. 160. 


3 Charterboek, eerste deel, bl. 384 en 385. 


8 NOTICE SUR LA VILLE 


nostrum de Durdrecht.….. se transferre desiderant, etc., et dans la 
traduction : Havene die men heet Swin, le port nommé Swin. Du 
reste, déjà depuis long-temps les environs d’Ostende étaient endigués 
et l'embouchure des criques fermées par des écluses. 

C’est ce qui résulte d’une charte du comte Philippe, de l’année 1171". 
« Nous avons ordonné, y est-il dit, de prendre possession et de sou- 
mettre à notre domination les nouvelles terres que la mer a rejetées, 
et avons permis que la dixme de ces nouvelles terres qui se trouvaient 
alors labourables dans les paroisses de Slype , Liffinge, Steene et Onze- 
Lieve-Vrouw-Kapelle, appartint à perpétuité aux Templiers. » 

La même chose résulte encore de diverses pièces consignées dans un 
registre de chartes de la ville d’Ostende, écrit en 1562 et continué 
jusqu’en 1577. La plus ancienne pièce qui y soit rapportée *, est la 
charte de la comtesse Marguerite, de l’année 1267, établissant la 
commune d'Ostende. Une autre de la même comtesse, en date de 1270, 
contient rachat des droits que le chevalier Waterman de Ghant avait 
sur Ostende avant l’affranchissement, et une troisième pièce sous la 
date de 1284 ‘, contient une convention entre ceux d’Ostende, ceux 
du Franc de Bruges, dont Wouterman van Ghent était échevin, et la 
wateringue de Serwoutermans (de wateringhe van myns here Wou- 
termans ambacht van Ghendt) à l'effet d'élargir, pour le rendre navi- 
gable, un canal de décharge ou waterganc qui allait de l’écluse nord 
de la waterganc d'est, jusqu’au sud d’Ostende. 

Cette dernière pièce, qui se trouve rappelée dans une sentence du 
Franc, en date de 1443 *, prouve que la wateringue de Serwouter- 
mans, qui entoure encore aujourd’hui Ostende, existait déjà au XIIIe 
siècle ; que l’on avait transformé les criques en watergances et fermé 
leur embouchure par des écluses. Car il faut remarquer que si toutes 


1 Consignée aux Placards de Flandre, troisième vol., pag. 36. 
2 Oude register, fol. 4 r°. 

3 Jibd., fol. 83 v°. 

Ibid. , fol. 32 v°. 

Jhid., fol. 84 r°. 


= 


UN 


ET LE PORT D'OSTENDE. 9 


u’avaient pas été fermées , le pays n’aurait pas discontinué de s’inonder, 
et que celle qui serait restée ouverte aurait pris un accroissement 
énorme, comme nous verrons bientôt que ç’a été le cas au port d'Os- 
tende. 

Remarquons que le chevalier Waterman de Ghant, dont il est 
question dans la charte de 1279, est apparemment l’échevin du Franc 
Wouterman van Grhent, lun des signataires de la convention de 1284, 
le même qui aura obtenu l'octroi d’endiguer cette partie de terres qui 
porte son nom; de wateringhe van myns heere Wautermans ambacht 
van Ghendt, et que c’est pour cela que ce Waterman ou Wauterman 
avait des droits sur Ostende. 

Le registre dont nous venons de parler offre des matériaux précieux 
pour l’histoire d’Ostende. Nous allons rapporter ce que nous y avons 
recueilli de plus intéressant. 

D'abord nous ferons remarquer que, dans un acte des bourgmestre 
et échevins, de l’année 1335 ?, cette ville se trouve indiquée sous le 
nom d'Ostende-te-Streep. I y avait à côté d'Ostende un village appelé 
Onze-Lieve-Vrouw-Ter-Streep, qui, menacé de submersion, en l’an- 
née 1123 *, fut englouti en 1334 °, en même temps que Scharphout. 
Le village de Westende, également sur le bord de la mer, à PEst du 
port de Nieuport, se trouve, avec la même épithète de Ter-Streep, 
dans une charte de 1173 *, par laquelle Philippe, comte de Flandre, 
donne à l’abbaye d'Oudenbourg toutes les terres nouvelles qui se trou- 
vaient près de Westende de te Streep, et ailleurs, entre les dunes, l’Iser 
et la mer, et toutes celles qui viendraient sy joindre par alluvion de la 
mer. On doit en conclure que toute la partie de la côte qui se trouve 
entre les chenaux actuels d'Ostende et de Nieuport, se nommait de 
Streep, qu'Ostende, ainsi que le nom l'indique (extrémité est), termi- 
nait ce canton d’un côté, et Westende (extrémité ouest) de l’autre. 


1 Oude register, fol. 219 ve. 

2 Meyer, Ann. Fland, pag. 88. 

3 Bowens, Vaurw. besch. van Oostende, bl. 11. 

4 Kluit, Aist. crit. Hol. et Zeel., tom. II, pag. 200. 


To. X. 


19 


10 NOTICE SUR LA VILLE 


La tempête de 1334, qui ravagea si terriblement toute cette côte, 
n’épargna pas Ostende. Cette ville avait même été tellement mal 
arrangée, tant par cette tempête que par celles qui avaient régné 
précédemment, que l’on dut songer à reculer l’église. Le comte Louis, 
autorisa l’année suivante ‘ de la placer ailleurs, ainsi que le cimetière, 
et l’évêque de Tournay confirma cette autorisation *. 

La mer ne s’en tint pas là; on voit par une charte de Philippe-le- 
Hardi, de l’année 1396*, que de mémoire d'hommes, la ville avait 
diminuée de moitié ou davantage , particulièrement par la tempête de la 
St.-Vincent 1394, qui avait emporté et mis sous l’eau , plusieurs mai- 
sons et une grande partie du terrain de l’échevinage ; au point que 
plusieurs habitans ne trouvant plus où rebâtir leurs maisons, étaient 
allés se placer hors de l’échevinage, sur le territoire du Franc de 
Bruges. Le magistrat d’Ostende fut donc forcé d'acquérir 260 mesures 
de terre attenante à Ostende, au delà d’une digue haute et longue, 
élevée depuis cinq ans derrière la ville, par ceux du. Franc, contre les 
inondations de la mer. Philippe-le-Hardi approuva cette cession par 
la charte citée, et accorda en outre trois bonniers de dunes pour le 
même objet. 

Le canal de navigation creusé en 1284, ayant été mis hors de ser- 
vice, par l'établissement des nouvelles digues élevées contre les 
grandes marées de la mer, les wateringues des heer Wautermans 
ambacht et de Ghistelles ambacht, convinrent, en 1443, d’en faire 
creuser un nouveau, large de 2 verges (28 pieds) et profond de 8 pieds, 
pour l’écoulement des eaux d’Ostende et des terres avoisinantes , et afin 
d'établir une navigation dans l'intérêt des habitans de cette ville et 
des environs. Ce canal, comme le premier, venait se terminer au sud 
de la ville, près de l’emplacement du nouveau cimetière. Il existait 
encore au commencement du XVILE siècle, pendant le fameux siége. 
Bonours, auteur d’une relation de ce siége, le regarde comme lune 


! Oude register, fol. 219 ve. 
2 Jbid., fol. 220 vo. 
* Ibid. fol. 


ET LE PORT D'OSTENDE. 11 


des branches de l’Yperlée ‘, petite rivière qui prend son origine au- 
dessus d’Ypres. Le fait est que l’Yperlée se jette dans les anciennes 
criques du port de Nieuport. On creusa, nous ignorons vers quel temps, 
un canal depuis ces criques jusqu’à Bruges, en passant par Ouden- 
bourg; on nomme encore ce canal Yperlée et le petit canal d’Ostende 
communiquait avec lui au moyen d’une grande waterganc. Cest en 
s'appuyant sur l'existence de cette communication entre Oudenbourg 
et la mer, que d’Anville, qui lui donne également la dénomination de 
branche de l’Yperlée, suppose que le Portus Æhpatiaci des anciens, 
se trouvait à Oudenbourg *. Mais cet état de choses est d’une date 
beaucoup plus récente que la domination romaine. 

Lors du creusement du canal en 1443, Ostende n’avait point encore 
de chenal qui conduisit directement de la ville à la mer, de sorte que 
les pécheurs étaient obligés d’échouer leurs barques sur la côte, comme 
cela a encore lieu à Blankenberg et ailleurs. Mais on ne tarda pas à y 
jouir de cette faveur ; Philippe-le-Bon permit aux ostendais, par octroi 
de 1445 *, de se creuser un havre, depuis la mer, au travers de la 
digue, jusque dans la ville, pour que leurs pécheurs et autres pussent 
y entrer quand bon leur semblerait, ou lorsqu'ils y seraient contraints 
par tempête ou autrement. Dans la requête présentée à cet effet, ceux 
d’Ostende exposent que les tempêtes enlevaient constamment des 
parties de la ville tellement grandes , qu’on était obligé chaque année 
d’abattre une ou plusieurs rangées de maisons, tout du long de la digue 
de mer, pour la refaire et la renforcer du côté de la ville; que depuis 
l'agrandissement consenti en 1397, l’ancienne ville était encore tant 
diminuée par l'effet du flux et des inondations, qu'il n’en restait plus 
guère. Ils soutenaient que le creusement d’un havre mettrait fin à 
cet envahissement, que ce havre serait d’ailleurs très-utile pour la 
navigation, puisqu'il n’y avait point de port intermédiaire entre 
Nieuport et l’Ecluse, éloignés l’un de l’autre de plus de dix grosses 

Le siége d’Ostende, pag. 58. 


1 
2 Not. de la Gaul. v°. Porrus Ævarracr. 
3 Oude register, fol. 34 vo. 


12 NOTICE SUR LA VILLE 


lieues. Charles VIT, roi de France, confirma cet octroi, et le havre fut 
creusé à l’ouestde la ville jusqu’à la digue qui séparait la partie ancienne 
de la partie nouvelle , bâtie en 1397. Le havre longeait ensuite la digue 
de l’ouest à l’est, dans toute la largeur de la ville et séparait ainsi les 
deux quartiers. 

Ce fut là l’origine de la prospérité d'Ostende. Elle devint bientôt 
assez grande pour exciter la jalousie des villes voisines. Les brugeois 
prétendirent soumettre les ostendais à leur droit d'étape et empêcher 
tout achat ou vente à Ostende ', ce qui aurait rendu parfaitement 
inutile le nouveau havre que avait coûté 15 ou 16,000 écus à creuser. 

Mais ce fut principalement aux villes maritimes de la Flandre que 
cette prospérité naissante d’Ostende porta ombrage, et cela à cause du 
commerce du hareng caqué ; ce commerce, qui avait pris naissance quel- 
que temps auparavant, par suite de l’invention de Guillaume Beukels 
et de l’ostendais Kien, son compagnon, s’était porté de préférence sur 
Ostende, où il attirait un grand nombre de marchands étrangers, sur- 
tout des bretons. Les habitans de Nieuport, Damme et l'Écluse, jaloux 
de cette préférence donnée à Ostende, présentèrent en 1483, aux 
députés des {rois membres de Flandre, une requête à l'effet d'obtenir 
le comblement du port et d'y faire interdire le commerce du hareng. 

Dans cette requête, après avoir fait l'éloge de la Flandre, remplie 
de villes et chäteaux fondés seulement depuis huit ou dix siècles, 
les exposans soutiennent qu'il n’y avait autrefois que les trois ports et 
étapes de Damme, Biervliet et Nieuport, où l’on marquät le hareng, 
(c’est-à-dire, où l’on mit sur les tonnes de hareng une marque distinc- 
tive); que ces trois étapes étaient renommées parmi les marchands 
français, anglais, espagnols, écossais, bretons et autres, qui y venaient 
échanger leur vin, leur blé, leur sel, leur laine , leur fer et cent autres 
espèces de marchandises, contre du hareng et autres produits; que 
depuis peu, tout cela avait changé au grand préjudice du commerce 
et des trois villes qui allaient à rien, et menaçaient d’une ruine totale, 


l Arrêt du grand conseil de Flandre, en date de 1456. Oude register, fol. 38 r°. 


ET LE PORT D'OSTENDE. 13 


la moitié des habitations se trouvant déjà abandonnées; que le mal 
venait de ce qu’on avait creusé un havre à Ostende, où il arrivait 
plus de hareng que dans les trois autres ports; et de ce qu’on s’y était 
ayisé de marquer le hareng, bien qu'il füt d’une qualité inférieure et 
se vendit moins cher. C'était une pitié, suivant eux, de voir que trois 
ou quatre très-bonnes villes, qui au dernier transport, arrêté à Ouden- 
bourg , en 1408, avaient été taxées dans les charges de la Flandre, 
savoir : Damme, à raison de neuf escalins, l'Écluse de quarante esca- 
lins et Nieuport de quatorze escalins par cent livres de gros, fussent 
ruinées pour un port taxé seulement à raison de deux escalins six 
deniers, entièrement ouvert et sans défense , et dont le salut dépendait 
d’une simple digue. Ostende, ajoutaient-ils, était constamment exposée 
à l’engloutissement de la mer, comme le savaient tous ceux qui y 
avaient entendu les lamentations et les gémissemens des habitans, 
pendant une tempête, et comme le faisait assez prévoir le reculement 
des dunes à l’écluse de sheer Wautermans, lesquelles depuis trente-six 
ans avaient tellement été rongées, qu'il avait fallu reculer l’écluse de 
huit à neuf verges (112 à 126 pieds de Flandre). Ils ajoutaient que la 
ville était exposée à devenir la proie d’une poignée d’ennemis ou de 
brigands , n’y ayant ni château, ni fort, ni mur pour la défendre, et 
qu'ainsi les marchands étrangers s’y trouvaient toujours en danger 
d’être dépouillés. 

Quant au hareng, celui d’Ostende était, suivant les exposans, d’une 
qualité inférieure à celui des trois villes plaignantes, et se vendait moins 
cher; et néanmoins les ostendais, disaient-ils, avaient su par des pra- 
tiques illégales , attirer dans leur ville plus de hareng qu'il n’en venait 
dans les trois autres; cependant les marchands étrangers qui achetaient 
le hareng à Ostende, ne trouvant pas de navires à y affréter pour la 
France, étaient forcés de l'envoyer à l'Écluse, d’où il fallait ensuite 
l'envoyer par petites barques à Damme, pour y passer l'étape, ce qui 
entrainait de grands frais et faisait même souvent manquer l'expédition, 
les navires ne voulant pas retarder leur départ pour attendre 12 ou 
15 lasts de hareng. 


14 NOTICE SUR LA VILLE 


La réponse des ostendais à cette requête” est extrêmement remar- 
quable, en ce qu’elle jette un jour tout nouveau sur Beukels et sur 
son invention. Ils y disent qu'Ostende est une ville notable et privilé- 
giée, beaucoup plus ancienne que Damme et que V'Écluse ; que les 
ostendais avaient toujours été aussi experts que les plaignans à la 
pêche; qu'il n’y avait pas plus de quatre-vingts ans que le procédé 
de caquer le hareng avait été mis en pratique en Flandre, et que les 
ostendais, les premiers, avaient aidé à le faire, puisque c'était un 
nommé Gillis Beufels de Hughenvliet et un Jacques Kien d’Ostende , 
qui les premiers, vers cette époque, firent en mer le hareng caqué; 
qu'il se passa encore beaucoup de temps avant que le commerce en füt 
établi et que l’on connût la valeur de cette denrée , qui depuis avait tant 
augmenté et augmentait encore tant la prospérité du pays; que main- 
tenant on faisait à Ostende plus du tiers du hareng caqué de la Flandre; 
qu'avant qu’on ne préparât celte espèce de hareng, les trois villes 
plaignantes étaient plus florissantes qu'elles ne l'avaient été depuis, 
qu'ainsi elles n’avaient point dù leur richesse passée au commerce de 
ce poisson; que le transport de 1408 n'avait point été réglé sur ce 
commerce, qui mexistait pas encore, ou était de fort peu d'importance, 
Beukels et Kien venant seulement de trouver leur procédé; et enfin 
que ceux d'Ostende étaient depuis trente-huit ans et davantage, en 
possession de marquer le hareng et avaient ainsi acquis la prescription. 

Quant aux dangers de la mer, auxquels la ville était exposée, ils 
soutenaient que ces dangers avaient beaucoup diminués par le creuse- 
ment du havre; qu'avant ce creusement, les digues et les dunes étaient 
rongées en un an plus qu’en dix depuis, que le port offrait un écoule- 
ment aux eaux pluviales, qui sans cela inonderaient dans beaucoup de 
circonstances deux ou trois métiers voisins ; que ce n’était pas la première 
fois que les écluses du sheer Wautermans ambacht avaient été reculées; 
et qu’elles avaient cédé plus souvent avant que le port n’y füt, que 
maintenant. 


! Oude register. 


ET LE PORT D’OSTENDE. 15 


Ce mémoire jette, comme nous l’avons dit, un très-grand jour sur la 
question de savoir à qui est dü le procédé de caquer le hareng, que 
dans ces derniers temps on a voulu contester à notre patrie, en faveur 
de la France. On voit, en effet, par cette pièce, la plus ancienne 
connue, qui fasse mention de cette invention, qu’elle est réellement 
due à Beukels, et qu'un ostendais, nommé Jacques Kien, y a eu part. 
On y voit encore que ce fut tout au commencement du XV: siècle 
qu'ils firent en mer le premier hareng caqué; ce qui prouve que 
Beukels n’est pas mort en 1397, comme le prétendent quelques bio- 
graphes. 

L'on ne peut d’ailleurs douter que Beukels et son compagnon, 
n'aient véritablement introduit un procédé nouveau. Le mémoire le 
dit expressément à plusieurs reprises; d’abord le paragraphe 3 porte : 
« qu'Ostende a été l’origine de l’art de faire le hareng caqué en mer ’,» 
et le paragraphe 18, « qu'il n’y a pas plus de quatre-vingts ans ou 
environ, que l’on commença à caquer le hareng en Flandre, puisque 
c’est vers cette époque qu'un nommé Gilles Beukels de Hughenvlet , 
et un certain Jacques Kien d’Ostende, avaient été les premiers à faire 
ce hareng en mer *; au paragraphe 69, il est répété de nouveau que 
«c’est vers le temps du transport de 1408, que Beukels et Kien trou- 
vèrent la manière de faire le hareng caqué, et que ce procédé fut quel- 
que temps avant d’être connu et avant qu’on sût en apprécier toute 
l'importance *. 


1 Die van Oostende... hebben..…. voortyds van den eerste oorsprong gheweest der konst ende 
middel van den harinc te maken in ‘t see, ende te bringhen hier in  landt, ende 00k zyn nog 
principale cause van den grooten inbringst van den haringhe..……. die nu regneert in Vlaenderen 
daer zeer lettel neringhe of plach te wezen. 

2 Ten is niet boven lxxx jaren leden of daer omtrent dat men de coopmanschepen van den ha- 
ryncte kaken begonstete doene in Vlaenderen , want eenen ghenaemt Gillis Beukelsvan Hughenchete 
ende eenen Jacob Kien van Oostende waeren de ghene die eerst den caecharync in ‘t see maekten 
ende hier in ‘t landt brochten, dat niet boven lxxx jaren leden 1s of daer ontrent, ende was 
noch eene langhe poose daer naer eer de necringhe van dien rees ende dat men wiste de weerde 
ende proufit van dien...... voor welken tyt dat men den caecharync eerst maeñte de voorsch. drie 
steden 1varen in meerder prospeniteit dan zy sichtent geweest hebben. 

$ Ten tyde van den voorn. transport (1408), 00 was gheene of zeer lettel neeringhe van caee- 


16 NOTICE SUR LA VILLE 


Ce n’était pas non plus une imitation de ce que l’on faisait en France, 
puisque les Français venaient eux-mêmes acheter le hareng flamand , 
et qu'il est encore dit, dans le mémoire, que le hareng d’Ostende 
s’'envoyait à Paris et par toute la France. Et en eflet, ce procédé 
nouveau ne consistait pas, comme on l’a prétendu, à mettre simple- 
ment le hareng en tonneaux, ou à le saler, ce qui se pratiquait 
depuis des siècles, mais à lui enlever les intestins aussitôt, ou peu 
après qu'il était pris, à le faire dégorger dans de la saumure, et à 
le repaquer quelques jours après dans la saumure sanguinolente. Voilà 
ce qui rend le hareng caqué si supérieur à celui qui a été seulement 
salé. 

Je sais bien qu’on pourrait dire que les imitateurs ont pu surpasser 
leurs maitres ; que de même que les Hollandais sont demeurés, pres- 
qu’exclusivement, en possession d’un art qu'ils avaient pris chez les 
Flamands, et qu'après avoir été inférieurs à ceux-ci, comme le mémoire 
en offre la preuve, ils sont devenus depuis long-temps les pourvoyeurs 
de leurs anciens maitres, de même les Flamands ont pu enlever aux 
Français leur procédé et leur devenir supérieurs. Mais je ne puis ad- 
mettre qu’une pareille révolution ait pu s’opérer dans l’espace de trente 
ou quarante ans, qui s’est écoulé entre les premiers essais de Beukels 
et la réputation européenne du hareng flamand. 

C’est véritablement dans l'enlèvement des intestins, ce qui s’opère 
par la gorge, que consiste le caquage : het kaken. D'où vient ce mot 
kaken? est-ce de kaak, opercule de poisson, et ce nom a-t-il été 
donné à ce procédé, parce que c’est entre les opercules que les intes- 
tins se retirent ? ou bien vient-il du français caque , tonneau, et la 
dénomination de kaak haring, n'est-elle que la traduction de celle 
de hareng caqué, qui se trouve dans des chartes françaises beaucoup 
plus anciennes que linvention dont il s’agit? C'est ce que nous ne 


harinc, want te dien tyde of daer ontrent was cerst de maniere vondden by den voorsch. Gillis 
Beukels van Hughenvliet ende Jacob Kien van Oostende caecharinc te maeken ende hier in °t land 
te bringhen, en was zekere tyt daer naer cer daer of eeneghe neeringhe quam daer of dat te 
spreken 1. 


ET LE PORT D'OSTENDE. 17 


décidrons pas ; mais dans cette dernière supposition, le hareng préparé 
à la nouvelle manière, se mettant encore en tonneaux (en caques), 
aura continué à s'appeler hareng caqué, quoiqu'il fût véritablement 
préparé d’une manière toute différente. Une fois la supériorité du 
procédé connue, on l'aura employé pour tout le hareng mis en ton- 
neau, en sorte que tout hareng en caques était en même temps du 
baak haring. : 

Le mémoire que nous venons d'analyser détruit une opinion uni- 
versellement répandue, suivant laquelle Beukels aurait vu le jour à 
Biervliet, où il est mort; c’est comme on vient de voir, à Hughevliet 
qu'il a pris naissance. La difficulté est de savoir où était Hughevliet. 
On voit dans Sanderus ‘, que ce lieu était compté au nombre des villes, 
en 1309, et que la mer l’engloutit en 1404; mais du reste Sanderus 
ne sait s’il faut le placer dans l’ile de Cadsant, entre l’Ecluse et l’'Escaut, 
ou s’il était la même chose que Sf.-Pieters-Capel-van-Hüükenvliet , 
dans la paroisse de Slype, près d'Ostende. La première hypothèse 
nous parait préférable ; St.-Pieters-Capelle, qui existe encore dans le 
voisinage de Slype, est trop éloigné de la mer pour qu’elle ait pu 
Pengloutir en 1404, sans faire subir le même sort à beaucoup d’autres 
villages imtermédiaires, et cet événement serait resté profondément 
gravé dans la mémoire des hommes de ces contrées, fort long-temps 
après; on sait au contraire que le Cadsant a éprouvé de très-grandes 
pertes par l’envahissement de la mer. 

Ce mémoire vérifie aussi Passertion de Van Meeteren * et de la 
chronique de Flandre”, que l'invention du caquage a eu lieu à Ostende. 
Si les ostendais, quoiqu'ayant pratiqué les premiers le procédé de 
Beukels et de Kien, n’obtinrent pas d’abord le principal marché de 
cette denrée, c’est que n'ayant point eu avant 1445 de chenal où les 
navires étrangers pussent aborder, ils furent obligés de porter le pro- 
duit de leur pêche à Damme, lieu de rendez-vous des marchands de 


1 Eerste deel, derde boek, bl. 199 en 214. 
? Hist. Belgi., etc. , pag. 54. 
3 Troisième partie, pag. 141. 


Ton. X 3 


18 NOTICE SUR LA VILLE 


tous les pays. Mais aussitôt que leur havre fut creusé, ils établirent le 
marché du hareng dans leur propre ville, et à leur tour les pêcheurs 
de Damme furent forcés d'apporter leur pêche à Ostende, comme le 
dit positivement le mémoire cité. 

Revenant maintenant à notre sujet, qu’on voudra bien nous par- 
donner d’avoir abandonné un instant, pour un point d'histoire inté- 
ressant vivement notre pays, nous ferons remarquer que si, comme 
on le prétend dans ce mémoire, la ville résistait mieux contre la mer, 
depuis le creusement du havre, cela n’était dü qu'aux nouvelles res- 
sourees que le port lui procurait et qui lui permettaient d’entretenir 
mieux ses digues. La ville et le pays voisin furent en effet bientôt 
exposés aux plus grands dangers. 

Une horrible tempête; survenue dans les premiers jours de novem- 
bre 1502’, détériora tellement les digues de la ville, que tout le plat 
pays jusqu’à Bruges , fut en crainte d'inondation. Les dunes des deux 
côtés de la ville avaient toujours continué à céder, et il en avait été de 
même de la digue de mer; au point que l’ancienne ville se trouvait 
presqu’entièrement en mer. Les ostendais ne pouvant plus suffire à la 
dépense que leur occasionaient leurs digues bouleversées chaque 
hiver par les tempêtes les plus affreuses*, obtinrent en 1507, de faire 
contribuer les terres avoisinantes, dans ces frais extraordinaires. 

En 1515 °, Charles-Quint ordonna une répartition de 10,754 livres 
de quarante gros de Flandre, entre les métiers de Bourgbourg, Bergues, 
Furnes et Cassel, et les villes qui s'y trouvaient, pour la réparation 
des dunes et des digues qui défendaient ces divers métiers. 

Le port d'Ostende tendant à s’envaser, on fut obligé en 1517”, de 
construire à l'extrémité Est du chenal, une écluse de chasse, pour le 
curer en retenant les eaux à marée haute, et en les lâchant à marée 
basse. Mais les tempêtes ayant détruit presqu’entièrement les digues 


l Oude register, fol. 87 v°. 

2 Jbid., fol. 71 ve. 

3 Jbid., fol. 181 r°. 

# Octrois de 1517. Zhid., fol. 74 r° , et de 1534 fol. 165 v°. 


ET LE PORT D'OSTENDE. 19 


en 1530 et 1532, on dut barrer cette écluse, qui ne fut rouverte que 
deux ans après, le port menaçant déjà de s’envaser ”. 

En 1552, tous les ouvrages maritimes furent encore une fois forte- 
ment endommagés, et il en coùta dix mille florins à les réparer”. La 
tempête de la Toussaint 1570, fit pour trente mille florins de dégâts *. 

Le 5 octobre, douze cents hommes du parti réformé ayant aban- 
donné Audenaerde, vinrent en un jour jusqu'à Ostende, qu'ils surpri- 
rent; un courrier envoyé de Bruges pour faire part de ce mouvement 
aux habitans de la côte, s'étant arrêté au village de Breedene, à une 
lieue d'Ostende, au lieu de continuer sa route. Ces hommes s’'emparè- 
rent de tous les navires qui s’y trouvaient et forcèrent les marins à les 
conduire dans l’ile de Walcheren, à la marée du lendemain. Ils étaient 
arrivés à Ostende par Lichtervelde, Thourout, Oudenbourg et Bree- 
dene. Lorsqu'ils se furent emparés de la nouvelle ville, le greffier 
d’Ostende se retira dans l’ancienne, et fit couper le pont qui joignait 
l’une à l’autre. Il se sauva ensuite par les quais et les dunes à Breedene 
et de là à Bruges ; ce qui fait voir qu’il n’y avait point encore de chenal 
de ce côté. Les ostendais cherchèrent à s’excuser de cette surprise, et 
firent faire une enquête, pour prouver qu'ils n’avaient pu l'empêcher *. 

Ostende ayant peu après embrassé le parti des Provinces-Unies, la 
ville fut successivement fortifiée. On l’entoura en 1585 d’un double 
fossé et d’autres fortifications. On fit aussi raser les dunes qui se trou- 
vaient à l’est et dominaient la ville. La mer ne rencontrant plus d’ob- 
stacle de ce côté, se fraya bientôt une nouvelle issue, et se répandit 
journellement à plus de 1,200 pas autour de la ville. Dans les fortes 
marées elle s’étendait même à plus d’une lieue, à l’ouest, atteignant 
Leffinghe , Snaeskerke et Oudenbourg, et ne laissant que les dunes 


9? 
pour approcher de la ville; c’est ce qui, pendant le fameux siége 


! Oude register, fol 165 v°. 

2? Octroi de Charles-Quint, du 12 mars 1551 (avant Pâques). Zbid., fol. 98 v°. 

8 Octroi de Philippe IL, de 1571. Zbid., fol. 184 r°. 

4 Oude register, fol. 201 r°, 202 v° et 209 r°. 

5 Van Meeteren, pag. 454 et suiv. Hist. du siége d’Ostende, Paris, 1604, pag. 1 v°, et Mém. 
adressé aux états de Fland., par Van Langren. Bruxelles , 1650, pag: 4. 


20 NOTICE SUR LA VILLE 


qu'Ostende eut à soutenir au commencement du siècle suivant, fit sa 
principale défense, et permit à cette ville de résister pendant trois ans 
contre les efforts mouïs de l’archidue Albert. 

C'est de cette époque que date le nouveau chenal'. L'ancien, celui 
d'Ouest, dont l'accès, par certains vents, était difficile et périlleux , fut 
négligé et se combla de sable *. IL fut mis entièrement hors de service 
pendant le siége. Au reste ce chenal était fort peu profond et demeu- 
rait presqu à sec à basse marée *. Le nouveau, au contraire, déjà très- 
considérable , avait plus de cent pieds de largeur et offrait à marée 
basse, plus de trois pieds d’eau à son embouchure et environ deux 
piques (apparemment deux verges ou 28 pieds) dans l’intérieur. Cette 
profondeur augmentait de jour en jour et l’on prévoyait dès-lors que 
ce port deviendrait le meilleur de la Flandre ‘. 

Remarquons que cette irruption de la mer, redoutée depuis plusieurs 
siècles, à légal de la mort, qui devait tout anéantir jusqu'à Bruges, 
contre laquelle on se défendait, par des dépenses tellement considéra- 
bles, que les terres voisines étaient devenues une charge pour leurs 
propriétaires *, qui chaque fois qu'on en était menacé, faisait pousser 
des lamentations et des cris déchirans aux ostendais, arriva sans la 
moindre sensation, et sans avoir laissé de trace de l’époque précise à 
laquelle elle eut lieu. Deux circonstances sont causes de cette singula- 
rité; la première c’est que la mer dans ses débordemens, n’atteignit 
pas tous les lieux plus bas que son niveau, et la raison, nous l'avons 
dite au commencement de cette Notice. La seconde, c’est que les 
déprédations de la garnison d’Ostende, et l’exigeance des troupes que 
l'archiduc avait placées dans des forts construits à une, deux et trois 
lieues autour de la ville, avait anéanti l’agriculture et fait fuir les 
habitans. Les wateringues étaient négligées, et beaucoup de terres 


! Van Meeteren, loc. cit. 

= Le Mémor. siège d’Ostende, par De Bonours. Bruxelles , 1628 , pag. 59. 
© Hist. du siége d’Ostende, pag. 1 v. 

 Ibid., ibid. 

? Sentence du grand conseil, de 1561, Oude register, fol. 98 »°. 


ET LE PORT D'OSTENDE. 21 


basses, que la mer n’atteignait pas, qui comprenaient une grande 
quantité de châteaux et de villages inhabités, et s’étendaient depuis 
Ostende jusqu’à Dixmude et Nortdam ', restaient inondés par les 
eaux pluviales. 

Pendant le siége, un troisième havre fut creusé, entre les deux 
autres et au travers de l’ancienne ville, depuis le chenal qui séparait 
les deux quartiers; cette dernière issue n’avait d'autre objet que de 
procurer une entrée libre et hors de l'atteinte du canon des assiégeans, 
aux navires chargés de munitions. 

On voit par les relations du siége, qu’on ne pouvait sortir d’Ostende 
que par les digues *, ou par les dunes, et qu'il fallait faire un détour 
d’une lieue pour se porter vers Bruges. Ces digues étaient celles qui 
séparaient la wateringue de Serwautermans, d'avec la wateringue de 
Blankenberg, à l’est, et d’avec celle du Camerlinx-ambacht à l'ouest. 
La première allait des dunes près de Breedene jusqu’à Oudenbourg, 
en passant par Plasschendale *; l’autre passait à Steene et se terminait 
aussi vers Oudenbourg , d’un côté et de l’autre au fort Albert, dans les 
dunes, à un quart de lieue ouest de la ville. Là se trouvait une écluse 
de décharge, servant à la grande watergang qui venait de Steene. 
Une autre écluse se trouvait à une demi-lieue plus vers l’ouest, dans 
les dunes près d’un village ruiné, nommé ÂVeer. Ce village et ces 
écluses ont disparu depuis long-temps, toutes les eaux se déchargeant 
par le port d’Ostende. 

Il faut remarquer que du temps du siége, les deux grandes digues 
dont nous venons de parler, n’empéchaient point la mer de s'étendre 
dans les fortes marées, à plus d’une lieue à l’ouest de la ville. Peut-être 
avait-on pratiqué des trouées à cet effet. On rétablit peu à peu ces digues 
après la reddition de la ville. La grande de l’ouest le fut en 1608 , et 


1 Le Mémor. siége d’Ostende, pag. 54. 

2? Le siége d’Ostende, pag. 80. 

5 Jbid., pag. 99. 

4 Ibid., pag. 54. 

5 Beschryv. der stad Oostende, door Bowens ; eerste deel, bl. 104. 


22 NOTICE SUR LA VILLE 


quatre ans plus tard on endigua le polder de Breedene ”. En 1626, 
on diminua encore le cours de l’eau, en faisant une digue depuis le 
fort Philippe, le long des criques nommées Keyaert et Gamveloze, 
jusqu’à la digue du Camerlinx-ambacht, ce qui abrita le village de 
Landvoorde et les schores avoisinans *. 

Après le siége, les maisons et l’église de l’ancienne ville, ayant été 
ruinées par l’artillerie des assiégeans, on abandonna entièrement ce 
quartier , et bientôt il ne resta plus aucune trace de la première ha- 
bitation des ostendaus. 

La destruction d’une digue et d’autres ouvrages que les assiégeans 
avaient élevés pour approcher du nouveau chenal de l’est, le seul dont 
on ait fait usage à partir de cette époque, avait permis à l’eau de 
s'étendre sur une trop grande largeur et lui faisait perdre toute sa 
profondeur; on y remédia par la construction de jetées qui resserraient 
son Cours *. 

Peu d'années après, l’existence de ce port fut une seconde fois mise 
en problème, s’il faut en croire la chronique de Flandre *, suivant 
laquelle, lors du traité de 1634, entre la France et les Provinces- 
Ünies, contre l'Espagne, on convint, à l'avance, du partage des con- 
quêtes futures ; la France devant recevoir dans son lot les villes et les 
forts maritimes de la Flandre, depuis Blankenberg jusqu'à Nieuport; 
à condition que le port d’Ostende serait détruit. Heureusement pour 
les ostendais, l'espoir des contractans ne se réalisa pas. Au reste, on 
ne trouve rien de cet arrangement dans les articles patens de ce traité *. 

Les endiguemens faits depuis la reddition avaient laissé encore une 
grande étendue à la marée, qui ne s’arrétait qu'aux digues d'Albert, 
de Plasschendale et de Breedene. Cependant la superficie de ce terrain 
s’élevant promptement, la mer ne le couvrait plus que cinq ou six fois 


1 Beschryv. der stad Oostende, bl. 105. 

2 Thid., 1bid., bl. 108. 

3 Octroi du 11 juillet, deuxième registre des chartes d’Ostende 
4 Kron. van Vlaend., derde deel, bl. 646—648. 

5 Voy. Waghenaer , Ned. Hist. 


ET LE PORT D'OSTENDE. 23 


par mois, en 16590, et seulement de deux ou trois pieds d’eau selon le 
vent *. Aussi le port, maloré les travaux que lon y fit en 1659°, s’en- 
sablait tellement qu'on ne lui trouva plus que deux à trois pieds de 
profondeur aux basses eaux de l’équinoxe du printemps de 1662. Une 
ouverture faite aux digues du polder de Zandvoorde, endigué en 1626, 
comme nous venons de le dire, donna un nouvel accès à la mer, dans 
une partie de ce polder, et la masse des eaux qui passaient par le 
chenal, étant par là beaucoup augmentée, ainsi que le courant, on 
obtint aussitôt une plus grande profondeur. Cependant le courant étant 
encore trop faible pour enlever le banc qui s'était formé à l’embou- 
chure et s’accroissait même de jour en jour, on fut obligé dans les deux 
années suivantes , de donner plus d’étendue encore aux inondations, 
et l’on obtint enfin avant la fin de l’année 1664, le résultat désiré. 
Pour le maintenir, on défendit la construction de toute digue ou bar- 
rage qui aurait pu arrêter le cours de l’eau dans ce polder *. 

Ce cours fut néanmoins restreint sur un autre point; car le canal de 
Bruges, creusé, ou plutôt agrandi en 1622 jusqu’à Plasschendale, à 
cinq quarts de lieue d’Ostende, fut prolongé en 1666, jusque près de 
la ville, et les écluses construites à Plasschendale furent placées à 
Slykens. Mais ce dernier ouvrage ne s’acheva qu’en 1676, et dans l’in- 
_ tervalle, en 1669, il avait déjà fallu creuser le chenal *. 

Il est probable que l’on fit encore quelques dispositions subsé- 
quentes pour l’approfondissement du port; car en 1698, on trouva à 
l'embouchure 50 à 70 pieds à basse marée ; dans l’intérieur 40 à 50 
pieds et une trentaine dans les criques supérieures. Le courant était 
si violent à cette époque, que craignant des dégâts à la ville et aux 
jetées, on s’empressa de refermer le polder de Zandvoorde *. 

Cette énorme profondeur du port d’Ostende à une époque où les 


! Mém. cité de Van Lanoren, pag. 4. 

? Nieuv register van Oostende, num. 45. 

5 Bowens, Besch. der stad Oostende, eerste deel, bl. 127 en volq. 
4 Bowens, eerste deel, bl. 142. 

5 Ibid. 


24 NOTICE SUR LA VILLE 


circonstances paraissaient beaucoup moins favorables que vers la fin 
du XVIe siècle et au commencement du XVIIe, est vraiment étonnante, 
et nous ne savons à quoi l’attribuer, à moins de supposer qu’on avait 
commencé dès-lors à faire dériver les eaux de l’'Escaut et de la Lys, 
par le canal d’Ostende, et qu'une plus grande quantité de wateringues 
avaient pris leur suation par cette ville, en même temps qu’elles soi- 
gnaient davantage l'évacuation de leurs eaux. 

Quoi qu'il en soit, on ne voit pas qu'il ait été rien fait de bien remar- 
quable au port depuis lors jusqu'en 1720; à cette dernière époque le 
commerce avec l’Inde-Orientale, devenant de plus en plus considérable, 
et le port s'étant encore ensablé et presque fermé à son embouchure, 
par le banc qui se reproduisait sans cesse, on songea aux moyens de le 
rendre propre à recevoir les grands navires employés pour ce com- 
merce, et à cette fin on rouvrit le polder de Steene ". Mais ce moyen 
n'ayant eu que peu d’eflet, on obtint la profondeur désirée, deux ans 
plus tard , en laissant rentrer la mer dans une partie du Kamerlinx- 
ambacht*. La mer entourait ainsi journellement la moitié de la ville 
et couvrait tout le polder de S'e-Catherine, ce qui fit abandonner le 
village de ce nom. Cet état de chose resta jusqu’en 1744, que ce 
polder fut endigué de nouveau‘. Néanmoins le port était encore si 
profond en 1755, qu’un navire à trois mâts, ayant coulé bas dans l’ar- 
rière chenal, laissait passer à peine le bout de son grand mât à marée 
haute *. 

Cette grande profondeur ne se maintint pas, et ce qui le prouve, 
c’est que le port qui ne s'était pas gêlé en 1740, se ferma entièrement 
en 1776 *, quoique le froid füt moins grand d’un degré, circonstance 
qui ne peut étre attribuée qu’à une moindre force du courant, dont la 
profondeur est dépendante. 


Kron. van Vlaend., derde deel, bl. 1114. 
Bowens, ouvrage cité, tom. Il, pag. 37. 
Ibid., pag. 106. 
Ibid., pag. 130. 
5 Ihbid., pag. 150. 


> À D 


ET LE PORT D'OSTENDE. 25 


Le port resta néanmoins dans un état satisfaisant jusque vers la fin 
du dernier siècle. À cette époque, le mauvais état des finances, en 
France, qui ne permit pas d'entretenir les travaux, et la diminution 
considérable des arrières eaux due aux envasemens, firent que le port 
s’ensablait à vue d'œil; on résolut enfin , dans les premières années du 
siècle actuel, d'y porter remède. L’estacade fut réparée afin d’empécher 
le sable de la grève de donner dans le chenal; et on substitua aux 
arrières eaux l’effet d’une écluse de chasse, revenant ainsi à ce qui 
s'était pratiqué au commencement du XVI: siècle. Cette écluse, chef- 
d'œuvre de précision et de solidité, fut achevée en 1810. Par sa con- 
struction, ce qui restait encore de terres inondées depuis plus de deux 
siècles, fut rendu à l’agriculture. 

D’autres écluses construites sous le gouvernement hollandais, en 
travers du port et contre la ville, réduisent à bien peu de chose, ce 
tronc, qui jadis avait des branches si nombreuses et si considérables. 


FIN. 


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NOTICE 


SUR UN 


MANUSCRIT DE LI MUISIS, 


ABBÉ DE S'-MARTIN DE TOURNAY; 


E.-C. DE GERLACHE, 


IDENT DE LA COMMISSION R 
ET DIRECTEUR DE L'ACADÉMIE POUR L'ANNÉE 1836—1857. 


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RAPPORT À L’ACADÉMIE 


SUR UN 


MANUSCRIT DE LI MUISIS, 


ABBÉ DE Sr-MARTIN DE TOURNAY. 


Dans une collection de Manuscrits, récemment acquise par les 
soins de M. le ministre de l’intérieur , pour notre riche bibliothèque de 
Bourgogne, on a retrouvé une suite , inédite, des Chroniques de Er 
Muisis. Momentanément dépositaire de cette collection’, Li Muisis 
est tombé dans mes mains, et j'en ai traduit quelques fragmens que je 
vous demande la permission de vous communiquer. Ce manuscrit ne me 
parait pas particulièrement remarquable par le nombre et l'importance 
des faits historiques ; mais il exprime avec tant de vérité les mœurs et 


1 M. de Theux avait chargé l’auteur de cette notice de la négociation relative à l’achat de ces 
manuscrits. 


4 SUR UN MANUSCRIT 


les idées de l’époque; on y rencontre quelques-uns de ces détails si 
négligés par nos historiens , et dont les écrivains de nos jours aiment 
tant à colorer leurs récits; les événemens qu’il retrace se sont passés 
si près de nous, que sous ces divers rapports, il m’a paru digne d’at- 
tirer un instant vos regards ‘. 

Les rivalités d'Édouard d'Angleterre et de Philippe de Valois, qui 
se disputaient la même couronne, furent, comme l’on sait, le signal 
d’une guerre longue, acharnée et cruelle, et d’une suite de désas- 
tres pour la France, pendant la dernière moitié du XIVe siècle. La 
faiblesse et la déconsidération du pouvoir royal, après de sanglantes 
défaites, amenèrent l'anarchie, et un désordre général dans l'État: 
l’énormité et l'arbitraire des impôts; les vexations et les voleries des 
agens du fisc; l’altération et les variations des monnaies; l’anéantisse- 
ment du commerce et de l’industrie; le pillage des gens de guerre; 
et enfin l'oppression, l’épuisement et la misère du peuple. IL régnait 
au milieu de tout ce débordement de maux , une ignorance , une gros- 
sièreté, une licence de mœurs , un luxe dans la table et dans les vête- 
mens, une fureur de dépenser et de jouir, incroyables. Comme il y 
avait, pour ainsi dire , absence de gouvernement, le peuple, que per- 
sonne ne défendait, que tout le monde opprimait, outrageait, pres- 
surait, torturait, était tombé dans une telle dégradation, il était 
tellement abruti par l’excès de ses malheurs, qu’il avait perdu tout 
sentiment de liberté, de dignité et d'humanité. La religion, si pro- 
fondément empreinte dans les âmes à cette époque, était presqu’en- 
tièrement obscurcie par lignorance et le fanatisme. Dans les Pays-Bas, 
et surtout en Flandre, où les villes étaient nombreuses et peuplées, 
où les grands intérêts d’un commerce immense avaient introduit , entre 
les communes, le droit d'association ; où les communes avaient appris 
à se gouverner et à se défendre elles-mêmes, tantôt contre le despo- 


1 Je ne dirai rien ici des autres manuscrits de Li Muisis, déjà analysés dans différens recueils. 
M. Delepierre de Bruges a traduit et publié, notamment, différens extraits de la Chronique dite 
des Flandres , qui se termine à l’année 1348. Celle-ci, qui en est en quelque sorte la suite, em- 
brasse particulièrement les années 1349 à 1350. 


DE LI MUISIS. 5) 


tisme de leurs princes, tantôt contre les ennemis du dehors, au milieu 
même des dissensions intestines et des réactions continuelles, les 
choses n’allaient pas à beaucoup près aussi mal. Mais en rappelant ici, 
en peu de mots, la situation déplorable dans laquelle se trouvait la 
France, à la fin du règne de Philippe de Valois, nous croyons faire 
mieux comprendre certains faits indiqués plutôt que racontés par notre 
vieux chroniqueur, tournaisien et français, et les plaintes que lui 
arrache le douloureux spectacle dont il va dérouler quelques pages à 
nos yeux. C’est dans ces tristes circonstances, c’est à la suite des 
guerres étrangères et civiles, et de toutes les calamités qu’elles en- 
traînent, que les nations se trouvèrent subitement frappées d’un fléau 
si épouvantable, qu’elles oublièrent leurs maux présens, à la vue de ce 
danger nouveau qui semblait menacer le genre humain tout entier. Ce 
fléau, c'était la peste. Messieurs, il faut lire dans les écrivains du temps 
ce que fut la peste au XIVe siècle, pour se faire une idée de ses rava- 
ges’. Elle éclata, disent-ils, en Asie, puis elle se jeta sur l’Europe, 
en commençant par l'Italie : de là elle gagna le midi de la France; 
puis le nord et le couchant, d’où elle envahit nos provinces. Dans 
les lieux qu’elle atteignit, elle enleva tantôt le tiers, tantôt le quart, 
tantôt le cinquième des habitans ; dans d’autres, elle emporta presque 
tout. On compte qu’en général la moitié de la population y périt. Cette 
calamité produisit l'effet le plus extraordinaire sur ces hommes igno- 
rans, barbares, endurcis par le malheur et par l'habitude de voir verser 
le sang, mais pourtant animés d’une foi vive et profonde. Ils firent un 


1 Villani et d’autres historiens prétendent qu’elle enleva les quatre cinquièmes des habitans de 
l'Europe. À Paris, il mourut 40,000 personnes en deux mois. Papon, De la peste , ou Époques 
mémorables de ce fléau. 

Le Continuateur de Nangis est celui des auteurs contemporains qui donne le plus de détails 
sur la peste de 1349, et qui en décrit le mieux les symptômes. « L'épidémie, dit-il, emportait 
tant de monde, qu’à peine ceux qui restaient pouvaient-ils ensevelir les morts. Elle faisait plus 
de ravages parmi les jeunes gens que parmi les vieillards. La maladie durait rarement plus de 
deux ou trois jours ; et le plus souvent, ceux qu’on croyait encore sains, mouraient subitement. 
Un gonflement paraissait tout à coup aux aisselles ou à laine, et dès qu'il se formait , c'était un 
signe infaillible de mort. Le mal semblait provenir et de l'imagination et de la contagion; car si 
un bien-portant visitait un malade, il était rare qu’il échappt , etc. » 


6 SUR UN MANUSCRIT 


retour sur eux-mêmes, et ne songèrent plus qu’à désarmer la colère 
divine. Il s’opéra dans leurs mœurs une révolution soudaine. Les 
femmes abandonnèrent ces vétemens et ces parures qui scandalisaient 
si fort les gens austères ; les hommes renoncèrent à l’ivrognerie, à la 
débauche, aux blasphèmes et aux jeux de hasard, qui étaient une des 
plaies de cette époque : ceux qui avaient contracté des liens illégitimes 
se hâtaient de faire bénir leur union par l'Église : plus de guerres pri- 
vées, plus de procès : on pardonnait à ses ennemis; on se réconciliait 
avec eux. On vit cesser, comme par miracle, une grande partie de ces 
violences atroces qui désolaient la société". Cest au milieu de la stu- 
peur générale, qu'apparurent des bandes de pèlerins à demi-nus, por- 
tant des croix rouges sur leurs chapeaux et des fouets à la main. On les 
appelait Flagellans. Ces hommes, exaltés, comme les anciens croisés, 
par l'excès de leur zèle religieux, par le souvenir de leurs crimes et la 
crainte d’une fin prochaine, versaient leur sang pour racheter leurs 
péchés, appelaient la miséricorde du Ciel sur eux et sur les chrétiens, 
et sa colère sur les ennemis du Christ. 

Les malheureux juifs , éternels objets de la haine du peuple, se trou- 
vèrent aussitôt désignés à ses vengeances. Voilà dans quel ordre de 
temps se succédèrent les événemens retracés par Li Muisis. Mais cet 
auteur, qui les rapporte simplement tels qu’ils se sont passés sous ses 
yeux, ou dans son voisinage, parle d’abord de la Destruction des Juifs ; 
puis, des Flagellans ; puis, de l’Épidémie qui ravagea nos provinces 
etune partie du monde. 

Li Muisis n’est pas, comme Froissard (qui écrivit quelques années 
après lui), un homme à la vie active, vagabonde, errant de cour en 
cour, cherchant et recueillant les aventures guerrières et chevaleres- 
ques, au loin, et un peu au hasard , pour avoir le plaisir de les raconter. 
C’est un digne religieux, un vieillard, qui emploie les loisirs d’une pro- 


1 Il est vrai de dire toutefois, pour compléter ce tableau, que des hommes sans foi et sans 
frein , qui voulaient jouir encore un instant de cette vie, qui allait leur échapper, se livraient 
avec fureur à toute sorte d’excès. Une foule d’autres , subitement enrichis par des successions sur 
lesquelles ils ne comptaient point, se hâtaient de les dévorer dans de continuelles orgies. 


DE LI MUISIS. 7 


fession méditative et austère, partagée entre l'étude des lettres et la 
prière, en recueillant quelques faits et quelques souvenirs, pour l’édi- 
fication et l’instruction de ses lecteurs. Dans la chronique que j’ai sous 
les yeux, et à laquelle s'appliquent particulièrement ces considéra- 
üons, Li Muisis se borne à compiler et à enregistrer , comme il le 
dit lui-même, les événemens particuliers dont il avait été témoin dans 
sa ville, en quelque sorte à la porte de son couvent, et ceux qui lui 
avaient été racontés par des hommes dignes de foi. Ce livre, écrit en 
latin du moyen âge, entremélé de narrations, de digressions, de 
réflexions , d’oraisons, de prose et de vers, et de prose rimée, porte 
tout à la fois l'empreinte du siècle et du caractère de l’auteur. Vous n’y 
trouverez aucun art d’historien ; point de vues politiques ; point de faits 
généraux ; point de liaison : ce n’est guère qu’un recueil d’anecdotes, 
dictées à peu près jour par jour , et dans l’ordre où elles avaient frappé 
son oreille. Quant au style, il n’est remarquable que par un certain 
ton de naïveté et de simplesse, que j'ai calqué le plus littéralement 
possible , si ce n’est dans quelques endroits, pour éviter les nombreuses 
redites du vieux chroniqueur. Mais l'écrivain est d’une bonne foi qui 
pousse le scrupule si loin, que quand il rapporte des choses qui se sont 
passées à Bruxelles ou à Gand, il n'oublie jamais de remarquer qu’il 
n’en répond pas, attendu qu'il n’en a point été témoin. Que pouvait-on 
faire de plus à cette malheureuse époque? lorsqu'il n’y avait point de 
relations régulières entre les villes les plus proches ? avant que Pimpri- 
merie ne füt inventée ? et lorsqu'on était moine? Mais ne poussons pas 
ces réflexions trop loin. Que nous resterait-il de Pantiquité et du 
moyen âge, sans ces hommes qui se livraient alors, à peu près seuls, 
à la culture des lettres ? Point de doute que Li Muisis ne fût un homme 
très-savant pour son siècle, quoiqu'il en eüt en partie les préjugés. Et 
c’est pour cela même qu'il le peint d'autant mieux. Il parle de l’astro- 
logie comme d’une haute science. Et comment n’y eüt-il pas cru ? Son 
ami, Jean de Harlebeck, lui avait prédit, lorsqu'il était jeune moine, 
bien des événemens qu’il avait vu arriver depuis. Tout le monde alors 
recourait aux astrologues. Les rois et les princes en avaient toujours à 


8 SUR UN MANUSCRIT 


leur suite. Ils remplaçaient les anciens augures parmi les chrétiens de 
ce temps-là. Il était défendu de naïtre ou de mourir , de faire la paix 
ou la guerre sans les consulter. Les malheurs du présent, l’inquiétude 
de lavenir, l'ignorance du peuple et des gouvernemens, cette espèce 
de fatalité aveugle qui semblait présider à la destinée des nations, 
amenèrent à leur suite les vieilles superstitions de l'astrologie, avec 
lesquelles de faux savans trompaient de très-bonne foi une multitude 
grossière et crédule qui ne demandait qu’à être trompée. Cette étrange 
science avait ses règles. On distinguait, nous dit Li Muisis, les vérita- 
bles des faux astrologues. Les vrais ne considéraient comme infaillibles 
les événemens qu'ils lisaient écrits sur le front des étoiles, qu’autant 
qu'il plairait à Dieu de n’en point changer le cours. Les Juifs aussi 
étaient livrés à l'astrologie ; mais la leur était diabolique. Ils ne croyaient 
point au Christ; ils étaient riches et usuriers; et ils pratiquaient la 
médecine : le peuple concluait de tout cela qu'ils étaient empoison- 
neurs publics et amis de la peste. Il les accusait de corrompre les 
eaux courantes, celles des puits et des fontaines : sans s'inquiéter si 
cela était physiquement possible , ni quel rapport nécessaire il y avait 
entre cet empoisonnement prétendu et l'épidémie qui l’épouvantait. 
Ils avaient avoué dans les tourtures : que fallait-il de plus? Pas une 
plainte ne s’échappe de la bouche du bon Li Muisis pour compatir à 
leur destinée. Puis vient l’accusation, différentes fois reproduite, comme 
vous le savez, dans notre histoire, contre ceux qui feignaient de se 
faire chrétiens, pour avoir occasion de se procurer des hosties consa- 
crées, sur lesquelles ils se livraient à d’horribles profanations. C’était 
aussi le temps où l’on envoutait son ennemi avec de petites figures de 
cire, que l’on poignardait en secret, en prononcant des paroles magi- 
ques; où les juges, non moins fanatiques que les accusateurs et les 
accusés , punissaient les envouteurs par d’horribles supplices. En son- 
geant à ces vengeances contre les Juifs, pendant l’épidémie du XIVe 
siècle, il est impossible de ne pas se rappeler quelques-unes des 
atroces fureurs populaires qui ont accompagné chez nous le choléra. 
Le peuple est toujours peuple, excessif et aveugle dans son amour 
ou dans sa colère, surtout quand il craint ou quand il souffre. 


DE LI MUISIS. 9 


Mais voici de nouveaux traits qui peignent les mœurs de l’époque. 
Quand on s’apercut, dit Li Muisis, que le clergé séculier ne se mettait 
point en peine de conjurer les ravages de l'épidémie (notons en pas- 
sant que Li Muisis était moine), parce qu’il y faisait bien ses affaires, 
le magistrat de Tournay publia un réglement dans lequel il s’en pre- 
nait aux blasphémateurs, aux joueurs, aux concubinaires. Il ne laissa 
pas toutefois d’ordonner quelques précautions sanitaires assez sages. 
Mais ces précautions mêmes prouvent à quel point la police et l’admi- 
nistration générale et locale étaient encore dans l’enfance. Nous ne 
voyons pas qu'on ait cherché à séparer, comme de nos jours, les 
malades des bien portans; qu’on ait soumis ceux-là à un traitement 
médical et régulier ; qu’on ait tenté d’assainir les rues et les habita- 
tions infectées; qu’on ait combattu enfin par des moyens préventifs 
une terrible épidémie qui déconcertait alors, comme aujourd’hui , tout 
l’art des médecins. 

Li Muisis avait du reste dans l'esprit une certame indépendance. 
Dans une espèce de rapsodie en vers latins rimés , retrouvée, dit-il, 
dans un vieux livre et qu'ila intercalée dans son ouvrage, on passe en 
revue les différens états de la société : personne n’y est épargné : le 
campagnard, Pusurier, le marchand, le moine, le soldat y comparais- 
sent tour à tour. Je ne vous citerai que ce passage sur l’homme de 
guerre , dont l’unique métier semblait alors de tuer et de voler, que 
le poète appelle énergiquement le cheval du able”. 

Ailleurs, en déplorant les vices et les scandales du siècle, il observe 
que malheureusement le clergé lui-même en était infecté, et que l’on 
pouvait bien dire fel prétre , lel peuple. Cependant la religion était 
le seul lien de la société. Il n’y avait plus de vie morale que là. Si le 
clergé soutenait le pouvoir royal, le peuple y trouvait aussi parfois 
ses représentans. La liberté politique et religieuse se réfugièrent dans 


1 Superbi milites, equi diaboli, 
Huc illuc cursitant, feroces, validi, 
Virosque, bestias ubi reperiunt, 
Nituntur rapere, vel interficiunt. 


Ton. À. 9 


10 SUR UN MANUSCRIT 


le clergé : c'était la tribune, la presse, l’opposition de ce temps-là. 
Quand les Flagellans vinrent à Tournay étaler leurs corps ensan- 
glantés, au couvent de St-Martin, un prédicateur, le frère Gérard de 
muro, monta en chaire; il censura violemment les vices du peuple, qui 
l’écouta patiemment : mais en terminant son sermon, il omit de prier 
pour ceux qui faisaient des pénitences publiques, parce que cette 
innovation déplaisait au clergé; et le peuple, qui les approuvait, se 
mit à murmurer. Alors il se trouva un prêtre qui se rendit l'organe de 
ses opinions à l'égard des Flagellans : une bande de pénitens liégeois 
étant venue à Tournay, conduite par un frère de l’ordre des prédica- 
teurs, celui-ci obtint aussi la permission de prêcher au couvent de 
St-Martin ; et il fit une apologie véhémente des Flagellans, en face du 
clergé tournaisien. 

J'ai déjà dit, Messieurs, que vous ne rencontreriez dans cette chroni- 
que, ni jugement sur l’ensemble des événemens , ni sur la marche des 
affaires publiques. Mais elle ne laisse pas de toucher en passant bon 
nombre de faits particuliers, curieux à recueillir. Aimsi, Li Muisis se 
plaint de l’altération des monnaies qui détruisait le commerce; de la 
cherté des subsistances qui désolait le pauvre peuple et laissait les 
ouvriers sans travail et sans pain. Tournay appartenait alors à la 
France : or la France n’était pas un pays de liberté. Certes on n’en 
pouvait pas dire autant des Flandres. 

Li Muisis parle des Flamands comme d’un peuple entété et muable 
dans ses volontés’. Cela pouvait étre vrai comme trait de caractère 
national. Maïs il ne nous apprend rien sur le gouvernement de ces 
puissantes communes, dont lalliance était tout à la fois briguée par 
les rois de France et d'Angleterre; qui mettaient sur pied des armées 
si formidables; qui gagnaient parfois de grandes batailles sur leurs 
puissans voisins, et qui se relevaient plus nombreuses et plus terri- 
bles même après leurs défaites. | 

Pourquoi les Flandres, presque toujours agitées, presque toujours 


1 Gentes Flandriæ sunt populus capitosus et mutabihs. 


DE LI MUISIS. 11 


en guerre avec leurs princes, ou avec leurs voisins, déchirées par Les 
factions et par les rivalités des communes et des métiers, étaient- 
elles si vivantes, si riches, si florissantes, tandis que les provinces de 
France étaient si pauvres, si misérables, si asservies? N'est-ce pas, 
qu’à défaut de gouvernement régulier, et de bonnes lois qui les pro- 
tégeassent, elles savaient elles-mêmes, au besoin, se faire respecter, 
et s’armer du glaive de la justice pour réprimer les excès de la force 
brutale, qui presque partout ailleurs tenait le faible sous ses pieds ? En 
voici un exemple, que j’emprunte à notre auteur, et qui me parait con- 
firmer cette assertion. 

« Quelques communes de Flandres, dit Li Muisis ‘, ayant appris 
que sur leurs frontières, il y avait des gens de guerre, des nobles et des 
seigneurs qui opprimaient durement leurs vassaux et leurs voisins, il 
fut convenu entre le comte, les trois villes, et le pays de Flandres, 
qu'il serait fait une enquête pour connaître la vérité. Les commissaires 
chargés de l'enquête vinrent en la ville de Courtray, où ils se mirent 
en devoir de procéder. Deux frères, le sire de Halevin et le sire Des- 
pienne, quoique prévenus que la voix, publique les accusait, inspirés 
par je ne sais quels conseils, eurent la témérité de se montrer à Cour- 
tray. Ils y furent arrêtés et mis en prison, malgré les vives sollicitations 
du roi de France, du comte et de la comtesse de Flandres, et de 
beaucoup d’autres qui voulaient les sauver. Mais la clameur du peuple 
l’'emporta, et dans la nuit d'avant Noël, ils furent décapités en puni- 
tion de leurs crimes. Cette sévérité plut aux uns et déplut à beaucoup 
d’autres dont elle excita les murmures. Les commissaires demeurèrent 
encore quelque temps à Courtray, pour y continuer leurs poursuites. 
Un grand nombre de chevaliers, de nobles, de vilains, furent par eux 
déclarés bannis. Mais après avoir terminé leurs opérations, deux de ces 
fonctionnaires qui étaient gantois, accompagnés de deux échevins de 
Courtray, s'étant mis en route pour retourner à Gand, furent assaillis 
et tués, avec un de leurs domestiques, par un chevalier nommé sire 


1 Page 93 du manuscrit. 


12 SUR UN MANUSCRIT 


Gérard de Stiennes, qu'ils avaient déclaré banni avec les siens. Le cas 
parut énorme, attendu que l'enquête avait eu lieu par autorité de jus- 
tice. Plusieurs députés de Gand, de Bruges et d’Ypres vinrent alors à 
Courtray pour aviser à ce qu’il y avait à faire. On attendit le retour du 
comte, qui se trouvait à Paris, pour se concerter avec lui. Et après en 
avoir délibéré en sa présence , on résolut qu'on mettrait le feu à la mai- 
son dudit Gérard de Stiennes. Ce qui fut fait. » | 

J'arrive enfin au texte de Li Muisis, dont je vous demande pardon 
d’avoir détourné si long-temps votre attention. J'aurais du, je l’avoue, 
m’apercevoir plus tôt que vous en jugeriez mieux en l’écoutant lui-même. 
Les passages guillemetés sont traduits à peu près littéralement. 


FRAGMENS EXTRAITS DE LA SUITE DES CHRONIQUES DE LI MUISIS. 
Raisons pourquoi le présent livre fut compilé. 


« Moi, Gilles, humble abbé du monastère de S'-Martin de Tournay, 
de l’ordre de S'-Benoît, et le 17° de ses abbés, depuis que notre cou- 
vent fut restauré, après sa destruction par les Vandales et les Nor- 
mands *, considérant qu’en l’année 1349, au commencement de 
novembre, après la fête de la Toussaint, il y aura 78 ans que je suis 
né, 60 ans que je suis moine audit couvent de St.-Martin, et 18 ans 
que j'en suis abbé; considérant que j'ai rédigé jadis un livre en trois 
traités * qui embrasse un grand nombre d’événemens ; qu'au commen- 


1 Narratio pro quà causà fuit liber 1ste compilatus. PP. 1 et 2 du manuscrit. 

2 L'abbaye de S'-Martin fut fondée vers l’an 650 par saint Éloy, évèque de Noyon et de Tour- 
nay. Ce monastère, par les donations et les priviléges qu'il obtint des rois francs, était riche et 
florissant , lorsqu'il fut détruit par les Normands en 882. Il n’en resta d'autres souvenirs , pen- 
dant près de deux siècles, qu’une petite chapelle élevée sur l'emplacement qu'il avait jadis 
occupé. L'ancienne maison de saint Martin fut rétablie en 1092 par les soins d’Odon , chanoine 
de Tournay, et depuis évêque de Cambray. 

La 5° peinture du Li Muisis ( p. 109) représente cette destruclion en trois actes : savoir, 
1° l'assaut et la prise du couvent par les Normands; % sa destruction; 8° la fuite et le déména- 
gement des moines. On les voit sortir, l’un avec ses livres , l’autre avec ses chausses, etc. 

3 Cette chronique sera publiée par l’un de nos collègues de la commission d'histoire , avec les 
autres manuscrits de Li Muisis. « Un des articles les plus considérables de cet ouvrage est celui 


DE LI MUISIS. 13 


cement de cette année 1349, le monde se trouvant placé sous une 
maligne influence, fut affligé de divers fléaux qui envahirent d’abord 
les pays lointains : fléaux dont on parla d’abord beaucoup, mais dont 
le peuple ne s’'émut guère jusqu'à ce qu’il ne se sentit lui-méme 
frappé, parce qu'il était trop enfoncé dans ses vices ; me ressouvenant 
encore que ces grandes calamités n'avaient été prédites autrefois par 
maître Jean de Harlebeck, je résolus de mettre par écrit ces faits mé- 
morables , à savoir : la prise et la destruction des Juifs; l'histoire de 
ceux qui faisaient des pénitences publiques ; et enfin celle de la 
grande mortalité qui frappa les hommes, les femmes et les enfans. 
Ce Jean de Harlebeck était clerc et bon catholique, et très-versé dans 
lastronomie *. Religieux, prêtres et séculiers, tous ceux qui avaient 
foi en la science des astres, venaient à lui pour le consulter, parce 
qu'il ne pouvait se déplacer, étant boiteux et impotent. Et, bien 
qu'il fût un fameux astrologue, il estimait la foi catholique au-dessus 
de tout; il affirmait qu’elle était vraie; et jusqu'à sa mort, il mena 
une sainte vie, portant un cilice et macérant sa chair à force de jeu- 
nes. Mais il n’aimait pas à parler de la science des astres, si ce n’était 
avec ses amis particuliers, et cela dans l'intimité et le secret. IL ne 
faisait point de prédiction qui ne füt vraie. Étant jeune moine encore, 
j'étais très-lié avec lui : souvent il me prenait à part et me prédisait 
des choses que je voyais arriver ensuite. » 

Ici * Li Muisis raconte qu’un jour ( c'était en l’année 1298, lorsque 
Gui de Dampierre, ayant renoncé à son allégeance envers le roi Phi- 
lippe-le-Gros , on vit commencer les hostilités entre les Flamands et 
les Français), voyant Jean de Harlebeck plus gai qu'à l'ordinaire, il 
lui demanda quelques pronostics sur ce qu’il adviendrait de ces guer- 


» qui a pour objet la guerre qui se fit, pour ainsi dire, sous Les yeux de l’auteur, depuis l’an- 

» née 1340, jusqu’à l’année 1345 inclusivement. On ne peut guère désirer de mémoires plus 

» exacts. On y suit jour par jour les marches et les campemens des armées. On y lit les noms 

» des villes, des villages , des châteaux , des monastères pillés, brülés ou détruits.» Notice sur la 

chronique latine de Li Muisis , improprement appelée Chronique des Flandres, par De Bréquigny. 
1 Fuit homo catholicus, et semper studens èn diversis scientiis, ef maxime in astronom4. 


? Page 22. 


14 SUR UN MANUSCRIT 


res. Jean de Harlebeck fit les prédictions désirées jusqu'aux années 
1345, 1346, 13547, 1348 et 1349; mais il ne voulut pas aller plus 
loin. Il existait encore d’autres divinations d’un célèbre astrologue, 
nommé Jean de Muris', qui annonçaient des guerres, des massacres, 
des inondations, des épidémies; et il était évident, selon Li Muisis, 
que cela se rapportait aux événemens dont il va entretenir ses lec- 
teurs. Il explique ensuite comme quoi un grand nombre d’astrologues , 
inhabiles ou ignorans, font des pronostics qui ne s’accomplissent point. 
Mais ce n’est pas une raison, dit-il, pour mépriser cette science, ni 
pour la réputer fausse. Toutefois il signale de grandes différences 
entre les anciens et les modernes astrologues. Ceux-là prétendent, 
dit-il, que tout ce qu'ils ont prédit, d’après le cours des astres, doit 
arriver nécessairement; tandis que ceux qui sont véritablement ca- 
tholiques, croient que la volonté de Dieu doit toujours prédominer :. 
Vous allez voir par le récit de la destruction des Juifs, par l’histoire 
de Fustigeans, et par celle de l'épidémie, l’à-propos de cette digres- 
sion de Li Muisis. 

« En 1349°, et pendant les années suivantes, dit-il, advinrent plu- 
sieurs des choses qui avaient été prédites par les astrologues. D'abord 
le bruit se répandit généralement que les Juifs, en jetant du poison 
dans les puits et les fontaines, cherchaient à détruire le peuple chré- 
tien: On apprit qu'une grande mortalité avait commencé en Orient : 
qu'elle s'était étendue dans les Indes, puis sur toutes les régions 
habitées par des peuples chrétiens ou païens : de l'Orient au Nord, 
et du Nord au Midi, ainsi que le rapportaient les voyageurs et les 
marchands qui fréquentaient les pays lointains. Dans beaucoup d’en- 
droits une tierce partie de la population ; dans d’autres le quart; dans 
d’autres la moitié, avait péri : dans d’autres, sur dix personnes, une 
ou deux seulement échappèrent. Beaucoup de terres et de vignes de- 
meurèrent incultes faute de bras. Les astrologues disaient que cette 


l Page 18-20. 
? Page 19. 
3 Pages 20 et 21. 


DE LI MUISIS. 15 


calamité venait de la conjonction de certaines planètes et de certains 
astres ; que cette conjonction avait produit la corruption de Pair, et 
que cette corruption avait engendré la maladie qu'ils nommaient 
épidémie. 

» L'on apprit aussi qu'en Allemagne, en Hongrie, dans le duché 
de Brabant, dans les cités, dans les villes, dans les châteaux, dans les 
bourgs et dans les villages, les habitans s’excitaient, les uns les autres, 
à se rassembler par bandes de 200, de 300, de 500 et plus, quand 
ils le pouvaient : ils couraient le pays pendant 33 jours consécutifs !. Et 
deux fois, chaque jour, à pieds nus, dépouillés jusqu'aux reins, la 
tête couverte d’un capuchon, armés de fouets, ils se flagellaient jus- 
qu'au sang. À la fin ils parcoururent aussi la Flandre. À quelle occa- 
sion, pourquoi, et de quelle manière ? c’est ce que personne n’a pu 
m'apprendre. N'ayant point de renseignemens positifs à cet égard, je 
n’en dirai rien: Je me contenterai de parler de ce que j'ai vu et en- 
tendu moi-même. 

» En cette année 1348, on s’empara de tous les Juifs dans les diffé- 
rens pays qu'ils habitaient, et on les mit en prison. La raison pourquoi 
on les mettait en prison, c’est qu'ils étaient véhémentement soupçon- 
nés de vouloir faire périr méchamment les chrétiens, en jetant en 
secret du poison dans les puits, dans les fontaines et dans les eaux 
en général; et ils le firent réellement dans bien des lieux, d’après la 
commune renommée *. Il y avait parmi ceux de cette religion certains 
astrologues, subtils et sayans, qui avaient pronostiqué, en regardant 
le cours des astres, qu'il adviendrait une grande mortalité; et les juifs 
espéraient profiter de ce fléau pour exécuter en sûreté leur horrible 
complot. Ces mêmes astrologues avaient aussi deviné, d’après les 


1 En mémoire des 33 ans que Jésus-Christ avait passés sur la terre. 

2 Anno M.CCC.XLIX capti fuerunt judei, et in carceribus et prisionibus universaliter positi, 
in omnibus locis ubicug. morabantur. Ratio autem captionis fuit, quoniam vehemens suspicio erat 
super eos, q. ipsi populum cristianum malitiose per venenum destruere nitebantur, et quod ve- 
nenum, in puteis, in fontibus, et in aquis secrete projiciebant ; et hoc fecerunt in pluribus locis , 
sicut fama et rumor coms. laborabat, etc. 


16 SUR UN MANUSCRIT 


astres, qu’une certaine secte devait être anéanitie ; et ils pensaient qu’il 
s'agissait des chrétiens. Mais lorsqu'ils virent des pénitens qui por- 
taient des croix rouges sur leurs habits, ils craignirent qu’ils ne fussent 
eux-mêmes menacés. On rapportait encore beaucoup d’autres choses 
qu'il serait trop long de redire ici. En France, depuis le roi St-Louis, 
il ne restait que peu ou point de juifs. Mais partout où il s’en trouvait, 
on les prit, et on leur fit ce qu’ils avaient voulu faire à d’autres. Beau- 
coup nierent leurs mauvais desseins : quelques-uns les confessèrent. 
Je ne saurais dire exactement ce qui leur arriva dans les régions loin- 
taines ; mais la renommée portait qu'en Allemagne et dans divers autres 
pays, on les décapita, on les brüla, on s’en défit d’une ou d'autre 
manière ‘. Il est certain que dans les comtés de Lorraine et de Bar, 
on brüla tous ceux que l’on put saisir. 

» Dans la ville que l’on nomme Bruxelles *, au duché de Brabant, 
où le duc et son fils aîné faisaient leur résidence, il y avait un juif 
fort riche; et ce juif, depuis long-temps, voyait très-familièérement le 
seigneur duc; et le duc Paimait beaucoup et avait confiance en lui. Ce 
juif avait feint de se faire baptiser. Mais quant il vit arriver des péni- 
tens qui portaient des croix rouges, il alla trouver le duc et lui dit : 
Seigneur , l'apparition de ces hommes est un signe que moi et tous 
ceux de la religion juive, nous sommes menacés d’une mort certaine. 
Le duc lui répondit : ne craignez rien; car je ne connais homme qui 
vive qui oserait mettre la main sur vous. — Le juif répliqua : O bon 
duc ! vous ne pouvez l’empécher, car cela est ordonné là haut*. Cr, 
il y avait à Bruxelles un grand nombre de juifs, et le duc, tant à cause 
de l'amitié qu'il avait pour celui-ci, que pour le profit qu’il tirait de 
cette nation, avait résolu de les défendre et d’empécher qu'ils ne fus- 
sent détruits. Néanmoins les habitans de Bruxelles ayant ouï parler 
de ces bruits de poison, vinrent trouver le fils aîné du duc, et lui de- 


1 Le massacre des Juifs fut en effet presque général, excepté à Avignon, où le Pape les pro- 
tégea, dit Meyer. 

? In villa que dicitur Bruxella. 

% © bone dux! tu non potes contra ire, quia desuper est ordinatum. 


DE LI MUISIS. 17 


mandèrent que tous les Juifs fussent mis à mort. Ils s’adressaient à lui, 
parce qu’ils savaient que son père était résolu de les protéger. Le jeune 
prince, dans l’intérêt de la foi catholique, les encouragea dans leur 
projet, et leur enjoignit, nonobstant les ordres du duc, de tuer tous 
les Juifs, disant qu’il se chargeait d'obtenir leur grâce auprès de son 
père. Alors la commune, et les habitans de Bruxelles, se mirent à la 
recherche des Juifs, et tuèrent tous ceux qui tombèrent entre leurs 
mains. L’on dit quil en périt plus de 500. Le riche juif dont nous 
avons parlé fut pris vivant : il reconnut qu'il s'était fait baptiser mé- 
chamment et par fraude; qu'il avait trempé, comme les autres, dans 
le complot de l’empoisonnement des eaux, parce que sur la foi de son 
étoile il comptait que la nation juive lemporterait sur les chrétiens. Il 
reconnut aussi qu'il avait fait semblant, par trois fois, de recevoir le 
corps de N.-$. Jésus-Christ à l'autel; qu’il avait envoyé les trois hosties 
consacrées à des juifs qui demeuraient à Cologne; et que ces juifs ayant 
percé ces hosties, il en était sorti du sang. Enfin il s’avoua coupable de 
beaucoup d’autres choses horribles, que des militaires et différentes 
personnes qui assistaient à son interrogatoire , rapportèrent. Pour moi, 
je raconte ceci par ouï-dire, car je n’y fus pas présent. Ce juif fut jugé 
et brülé’. Dans le même moment on fit justice de tous les Juifs, dans 
plusieurs villes du duché de Brabant, et dans d’autres comtés et duchés. 

» Je ne dois point omettre ici ce qui se passa dans la cité de Co- 
logne. Dans cette cité, 1l y avait une grande quantité de juifs aux- 
quels on avait assigné un quartier distinct, où ils demeuraient ensemble 
séparés des chrétiens. Il arriva que beaucoup de juifs, qui se sauvaient 
des lieux où on les mettait à mort, vinrent se réfugier à Cologne, 
et y résidèrent avec les autres : de sorte qu'il se trouva là une 
grande multitude de juifs. Voyant cela , les citoyens et les habitans de 
cette ville tinrent conseil entre eux, et résolurent de les détruire comme 
on avait fait ailleurs. De leur côté, les Juifs se fortifièrent et s’armé- 
rent, avec des armes que leurs débiteurs chrétiens leur avaient ci- 


1 Fuit judicatus et combustus. 
Tom. X. 3 


18 SUR UN MANUSCRIT 


devant remises en gage. Ils résistèrent d’abord vaillamment dans leur 
quartier : de sorte qu'on ne savait comment les y forcer. Les chrétiens 
n’osaient mettre le feu aux maisons des juifs, de crainte que la ville 
entière ne brülit. 

» Alors, les bouchers et plusieurs citoyens de Cologne, s’avisèrent 
de faire passer du côté des juifs des gens qui feignirent d'abandonner 
le parti des assaillans pour se joindre aux assiégés. Et la première 
fois que les juifs firent irruption dans la ville, les chrétiens, qui en 
étaient prévenus, tinrent ferme. Il y eut là un grand combat; mais 
enfin par la grâce de Dieu les juifs furent domptés'. On disait com- 
munément qu'on en avait massacré plus de 25,000. Beaucoup de 
chrétiens y périrent aussi. Le quartier qu'habitaient ces Israélites fut 
dévasté, et leurs maisons brülées de fond en comble. En voilà bien 
assez sur la destruction des Juifs et sur la manière dont elle s’opéra. 
Depuis la fête de la Toussaint de 1349, il ne fut plus question d’eux. 
Si ceux dont je tiens ce que je viens de rapporter ont été véridiques, 
mon récit n'est point menteur. Si la postérité y trouve des inexactitu- 
des, elle ne doit point me limputer; car, je répète ce que l’on n’a 
dit, et non ce que j'ai vu de mes propres yeux. » 

En tête de ce récit, l’on voit une peinture représentant au naturel 
le supplice des Juifs. La scène a lieu sur l’une des places de la ville 
de Bruxelles. Vers la gauche, on aperçoit un bâtiment gothique flan- 
qué de tourelles comme une forteresse. Le bücher est creusé dans 
une fosse profonde. L’on y a précipité une quantité de juifs, dont les 
physionomies expriment, à travers les flammes, les angoisses de la 
douleur. À droite et à gauche du bûcher, on remarque des groupes de 
peuple qui applaudissent à ce spectacle et semblent insulter à ces 
malheureux. D’un côté, le bourreau, ou lun de ses agens, lance dans 
le feu, avec colère, le fagot dont il est chargé : d’un autre côté, un 
personnage, qui paraît être un magistrat, y enfonce un morceau de 
bois, pour l’attiser de sa propre main. 


! Et fuit ibi ingens bellum ; sed per Dei voluntatem Judei fuerunt superati. 


DE LI MUISIS. 19 


Les artistes consulteront sans doute avec intérêt les figures du 
Li Muisis, comme monument de la peinture et des costumes à cette 
époque. Il paraît que le manuscrit contenait originairement sept mi- 
niatures, car le feuillet de garde porte ces mots écrits d’une main 
moderne : cum 7 pulcherrimis picturis. Quelque téméraire en aurait 
donc retranché deux ? 

« Ceux qui vivaient en l’année 1349 ( poursuit Li Muisis) virent 
et ouirent des choses tellement surprenantes, qu'il ma paru nécessaire 
d’en donner une idée à ceux qui viendront après nous. . Tout le peu- 
ple, c’est-à-dire, les hommes et les femmes, les ecclésiastiques et les 
laïques étaient tombés dans un dérèglement de mœurs si grand, que 
c'était horrible à voir, surtout pour ceux qui avaient connu les temps 
passés. Que dirai-je d’abord des habits et des parures? Les hommes 
portaient des vêtemens si étroits, qu'ils accusaient les formes de leurs 
cuisses; ce qui était chose très-déshonnête ‘. Cependant les femmes 
semblaient prendre plaisir à les regarder ainsi. Que dirai-je des fem- 
mes elles-mêmes? Elles imitaient l'exemple des hommes dans leurs 
modes et leurs vétemens. Elles portaient des justaucorps si serrés 
qu’elles ne semblaient presque point habillées. Elles ornaient leurs têtes 
de cheveux empruntés dont elles se faisaient de grandes cornes comme 
des bêtes *. Elles se promenaient par les rues et les places publiques, 
et se présentaient aux églises, parées comme pour des noces. Aux 
sermons, aux funérailles, aux offices des morts, elles ne songeaient 


1 Dans les peintures du livre de Li Muisis, tous les hommes paraissent reyètus d’une espèce 
de jaquette qui descend jusqu'aux genoux, et quelquefois jusqu'aux talons : vous n’y rencon- 
trez rien qui ressemble à ces hauts-de-chausses collans qui excitaient si fort la colère de Li Mui- 
sis, et qui cependant nous sont demeurés. Au reste, Li Muisis n’était pas le seul qui se plaignit 
de l'instabilité et de l’indécence des modes. Voici ce qu’on lit dans un autre écrivain contempo- 
rain, « Zn temporibus istis inceperunt homines, et specialiter nobiles , ut puta nobiles scutifert , 
» eteorum sequaces, sicut ali burgenses, et quasi omnes servientes, se ipsos , in robis et habitu 
» deformare : nam gestare cæperunt robas curtas, et ita breves quod quasi eorum nates et pudendu 


» confusibiliter apparebant;.. barbas longas ommes viri ut in pluribus nutrire cœperunt :.… que 
» quidem modus derisionem in communi plebe non modicum generavit. » Continuateur de Nan- 
gis , Spicilége de D’Achery, t. III. 

2 Ornabant capita sua capillis alienis, cornibus magnis, sicut bestiæ. 


20 SUR UN MANUSCRIT 


qu'à provoquer les hommes par leurs gestes, leurs rires et leurs œil- 
lades. Quant aux chansons amoureuses, aux danses nouvelles au son 
des instrumens , et à toutes les autres inventions du vice, il y aurait 
trop à dire. Et ce qu'il y a de plus affligeant, c’est que les ecclé- 
siastiques eux-mêmes n'étaient pas totalement à l’abri de la conta- 
gion : pour le malheur de l’Église il semblait que le temps fût venu 
où l’on pouvait leur appliquer ce commun proverbe : Tel peuple , tel 
prétre"\» 


Suit l’histoire des fustigeans. 


« Le jour de l’ascension de la Ste-Vierge Marie, il arriva de la ville 
de Bruges, environ 200 pélerins, vers l’heure de midi. Ils se rassem- 
blèrent sur la place du marché; et une grande rumeur se répandit 
aussitôt par toute la ville, dont les habitans accouraient pour voir 
cet étrange spectacle. Ces pèlerins se mirent d’abord en devoir d’ac- 
complir leur pénitence, et à se flageller rudement. Ceux de Tournay, 
tant hommes que femmes, qui n’avaient jamais vu chose semblable, 
eurent grande pitié de ces pauvres gens qui s’'infligeaient à eux-mé- 
mes un châtiment si cruel, et ils appelaient la miséricorde de Dieu 
sur eux. Ces pénitens brugeois demeurèrent dans la ville pendant toute 
la journée et la nuit suivante. Le lendemain , c'était un dimanche, ils 
vinrent au couvent de St-Martin ; là ils recommencèrent leurs flagel- 
lations : après le diner, ils la réitérèrent sur la place du marché. Et 
la commune s’intéressait de plus en plus à eux. Toutefois les opinions 
étaient loin d’être unanimes à leur égard, car il y avait des gens de 
bon jugement qui ne les approuvaient pas; mais le plus grand nom- 
bre prenait parti pour eux. 

» Le mardi suivant une procession, où se trouvaient réunis le doyen, 
le chapitre, une grande affluence de religieux, et tout le peuple, se 


! Ut populus, sic sacerdos. 


DE LI MUISIS. 21 


rendit à notre couvent de S't-Martin. Là le frère Gérard de Huro , de 
l’ordre des mineurs, précha la parole de Dieu, au sujet de la grande 
mortalité qui menaçait tout le monde. Il reprit énergiquement les 
vices, et les habits immodestes des hommes et des femmes. Mais à la 
fin de son sermon, il omit de prier pour les flagellans. Le peuple en 
fut imdigné, et pendant toute la semaine il murmura violemment con- 
tre ce prédicateur. 

» Après ceux-ci vinrent à Tournay environ 400 pénitens gantois, 
puis environ 300 de la ville de Cluse' sur mer, et 400 du pays de 
Durderecht * qui accomplirent leur pénitence, tantôt sur la place du 
marché, tantôt au monastère de St-Martin. Le samedi suivant , il 
arriva de Liége une troupe d’environ 1806 pénitens ; ayant avec eux 
un membre de lordre des frères prêécheurs, qui obtint aussi la per- 
mission de se faire entendre à S'-Martin de Tournay. Celui-ci vanta 
beaucoup les pénitences publiques; il appela les flagellans des soldats 
rouges”, à cause qu'ils faisaient couler leur sang en abondance. Ii 
compara le mérite de ce sang à celui de J.-C., et avança bien d’au- 
tres propositions qui parurent téméraires et causèrent un grand 
scandale parmi le clergé. 

» On ne saurait croire à quel point pendant tout ce temps-là les 
gens du monde redevinrent pieux. Par un effet de la grâce divine, 
les hommes abandonnérent leurs vêtemens immodestes; les femmes 
changtrent leurs coiffures, déposèrent leurs cornes et leurs haucet- 
tes “. On n’entendait plus blasphémer. Les hommes cessèrent de jurer 
par les saints noms de J.-C., de sa passion, de la Vierge Marie et de 
tous les saints. On n’entendait plus parler de jeux de dés et d’autres 
semblables, dans les lieux mêmes où jadis on ne voyait que cela. 
Plus de danses, plus de chansons deshonnètes : tout le train ordinaire 

1 De l'Écluse. 

2 Dordrecht. 

3 Rubeosmilites. 

4 Et plurimæ mulieres habitum capitis mutaverunt , cornua sua et haucettas deponendo. 


Je n’ai pu découvrir ce que signifie le mot haucetta. Peut-être faut-il lire housettas, qui pour- 
rait se traduire en vieux francais par housettes ou houseaux. 


22 SUR UN MANUSCRIT 


de la vie était changé. On ne remarquait plus de ces désordres publics 
si communs entre les deux sexes. Que le Dieu d'Israël les maintienne 
dans ces saintes dispositions, et leur fasse la grace d’y persévérer ! 
Ce qui est très-remarquable encore, c’est que tous ces gens qui fai- 
saient des pénitences publiques, et beaucoup d’autres, à leur exem- 
ple, se désistaient de leurs querelles, et des guerres dans lesquelles 
ils étaient engagés , et se réconciliaient avec leurs ennemis. Cela s’est 
vu à Tournay et en divers autres lieux‘. 

» Voici le costume de ces fustigeans *. Par dessus leurs habits or- 
dinaires , ils portaient une espèce de mantelet, vulgairement nommé 
cloche. Sur le devant de cette cloche, était une croix rouge, et une 
autre par derrière. Leurs cloches étaient ouvertes d’un côté, et là 
étaient attachés des fouets semblables à ceux que nous appelons vul- 
gairement scorgies *. Ces fouets étaient garnis de trois nœuds, et 
chaque nœud armé de petites pointes de fer acérées. Sur leur tête ils 
avaient un capuchon par dessus une manière de chapeau, avec une 
croix rouge par devant, et une par derrière. Ils avaient en mains des 
bâtons de pénitens. Quand ils entraient dans une ville ils se faisaient 
précéder de la croix et de la bannière, et portaient des cierges de 
cire torse; tantôt beaucoup de cierges, tantôt peu, selon leurs moyens. 
Ils marchaient d’un pas cadencé, et chantaient des cantiques, chacun 
selon son idiome , les Flamands en flamand, les Brabançons en teu- 
tonique, et les Français en français *. Leurs pieds étaient nus, et une 
grande partie de leur corps également nue; ils étaient garnis d’un 
léger vêtement de toile, ou tablier, semblable à ceux que portent les 
boulangers quand ils sont à l’ouvrage, rond en haut et en bas et tou- 


1 Multum enim est commendandum quod penitentiam facientes, et ad evemplum eorum quam- 
plurimi condonabant. Et indulgebant querras motas inter partes. Et hoc fuit in Tornaco et in di- 
versis locis. 

2 P. 40. 

3 Habitus eorum erat quod super vestimenta sua consueta, habebant colobium , quod vulgariter 
cloche nuncupamus, etc. 

4 Et cantando secundum suum idioma, Flumingi, in flamingo; illi de Brabantia in theuto- 
nico, et Gall, in Gallico. 


DE LI MUISIS. 23 


chant presqu’à terre, qu'ils nouaiïent vers le milieu du ventre et qui 
couvrait leurs cuisses ’. 

» Vers la première semaine de la quadragésime , on publia un ordre 
du gouverneur de la cité, portant que l’on eut à s’abstenir désormais 
de toute pénitence publique non ordonnée par l'autorité compétente, 
sous peine de bannissement. La même défense fut faite de la part du 
roi, avec menace de confiscation de corps et de biens *. » 


De l'épidémie qui étendit ses ravages sur toute la France et jusqu’à 
Tournay. 


« Après la fête de la St-Jean, la mortalité commença dans la rue 
de Merdenchon, paroisse de St-Piat ; et ensuite elle gagna les autres 
paroisses. Cn présentait chaque jour aux églises cinq, dix, ou quinze 
corps. À S'-Brice, on en présentait vingt ou trente. Et dans toutes les 
églises, les curés, les clercs et les fossoyeurs, pour augmenter leurs 
bénéfices , faisaient sonner les cloches nuit et jour, matin et soir. Au 
milieu de ces alarmes, tout le monde tremblait pour soi, et personne 
ne songeait à remédier au mal. 

» Les gouverneurs de la cité voyant que ni le doyen, ni le chapi- 
tre, ni le clergé n’avisaient aux moyens d’arrêter l'épidémie, parce 
que cette grande mortalité leur rapportait beaucoup, après avoir tenu 
conseil entre eux, firent publier l’ordonnance suivante * : 

« Il est enjoint à tous ceux qui entretiennent des concubines de 


1 Les figures coloriées qui se trouvent en tête du 80° feuillet représentent exactement les 
fustigeans tels qu’ils sont décrits dans le texte. 

? En France, l'autorité prit ombrage de ces rassemblemens , et les dissipa par la force. 

Parisiis autem non venerunt, neque ad partes gallicanas, prohibiti per dominum regem 
Franciæ, dit le Continuateur de Nangis. On trouve dans d'Oudesherst, ch. CLXXV, et 
dans Meyer ( Ann. fland., lib. XII), quelques détails curieux sur les flagellans. On voit que le 
pouvoir spirituel s’entendit avec les gouvernemens pour anéantir une secte qui ne tarda point 
à devenir aussi dangereuse pour les mœurs et pour la relision, que pour la paix publique. 

3 Gubernatores civitatis videntes quod decanus et capitulus et clerus totus de remedio apponendo 
non curabant, quia suû intererat, et in facto lucrabantur, habito concilio, fecerunt ordina- 
tiones, etc. 


19 


24 SUR UN MANUSCRIT 


les épouser, ou de les renvoyer immédiatement; aux connétables, 
chacun dans leurs ressorts, d’en prévenir ceux que cela concerne, de 
les forcer à s'unir en légitime mariage, ou à se séparer, sous peine 
d’être bannis par décret du conseil et des jurés. Que si quelqu'un 
meurt, soit de jour, soit de nuit, il soit enterré à l'instant, sans au- 
cun appareil. Qu'il y ait des fosses toujours ouvertes, profondes de 
six pieds, et sans élévation au-dessus du sol. Défense de se rassembler 
dans les maisons mortuaires au sortir des églises, et d'établir des sié- 
ges ou des bancs dans les rues, pour y stationner. Défense de se vêtir 
de deuil, à moins que ce ne soit pour la mort d’un père, d’un frère, d’un 
enfant ou d’un époux. Défense de dépenser, en un seul repas, plus 
de dix écus. Défense de travailler le samedi après 9 heures du soir, 
et de vendre ou d’acheter le dimanche autre chose que des victuail- 
les. Défense de fabriquer et de vendre des dés, de jouer à aucun jeu 
où l’on fait rouler des dés; de prendre en vain le nom de Dieu et de 
ses saints. ») 

» La maladie ayant redoublé, vers la St-Mathieu, il fut totalement 
défendu de se vêtir de noir, de sonner les cloches, et de se réunir 
pour assister aux obsèques, selon l’usage admis dans les temps ordi- 
naires. 

» J'ai oui dire à plusieurs personnes dignes de foi, que cette or- 
donnance fut cause que beaucoup d'hommes et de femmes, qui vivaient 
en concubinage, s’unirent en mariage légitime ; et qu’on n’entendait 
plus comme autrefois parler de blasphèmes, de juremens , ni d’autres 
choses mauvaises ; que ceux qui s’occupaient jadis à faire des dés, 
changeant tout à coup de mal en bien, avec la même matière dont ils 
fabriquaient ci-devant de petits objets carrés, en faisaient de ronds 
qui servaient à dire pater noster’. 

» La mortalité fut si grande à Tournay, que des gens bien infor- 
més prétendirent que plus de 25 mille personnes y périrent. Les plus 
riches et les plus notables habitans, surtout ceux qui buvaient du 


! De materia de qua taxillos quadratos faciebant, facere inceperunt res rotundes, de quibus 
pater noster faciebant. 


DE LI MUISIS. 25 


vin , se préservaient du mauvais air, et s’abstenaient de fréquenter les 
malades, échappaient pour la plupart. Mais si on approchait des per- 
sonnes infectées, l’on mourait ou l’on devenait bientôt malade. La 
contagion atteignit les ‘petites ruelles étroites, avant d’envahir les 
quartiers vastes et bien aérés. Quand une personne succombait dans 
une maison, les autres la suivaient de près. Dans une seule famille, 
l'épidémie emportait jusqu’à 10 individus, et quelquefois davantage. 
On remarqua que les chiens, les rats et les souris périssaient aussi. 
Au demeurant, personne, ni parmi les riches ni parmi les pauvres, 
m'était en sûreté. Il mourut surtout un grand nombre de curés et d’ec- 
clésiastiques qui entendaient les confessions des mourans et leur ad- 
ministraient les sacremens !. 

» Au monastère de St-Pierre, en Hainaut, il y avait une chàsse 
contenant des reliques de saint Sébastien. Le bruit s’en étant répandu 
lorsque l'épidémie commençait à étendre ses ravages ; une grande 
multitude de peuple s’y porta, et aussi beaucoup de nobles, de che- 
valiers et de hautes dames, d’ecclésiastiques, de chanoines, et de 
religieux de toute espèce. Leur dévotion: était grande et admirable à 
voir; mais à mesure que le mal se calmait, les pélerinages et les dé- 
votions se ralentirent également ”.» 

Li Muisis raconte vers la fin de son livre, qu'ayant perdu pres- 
qu’entièrement la vue, il ne pouvait plus dire la messe; que pour se 
procurer quelques distractions, il passait son temps à dicter , de sou- 
venir, soit en latin, soit en français. C'était ainsi qu'il évitait l’oisi- 
veté, et prenait ses maux en patience; et on s’étonnait de le voir si 
résigné et si gai. Dieu toutefois lui réservait dans ce monde une 
dernière consolation. Certain oculiste, venant d'Allemagne, lui fit une 


S 


1 On voit qu'ici Li Muisis rend plus de justice à ces mêmes hommes contre lesquels il avait 
lancé tout à l'heure un trait, peut-être , peu mérité. 

2 Quod videre fuit devotissimunt et mirabile. Sed cessante aliquantulum mortalitate ( post fes- 
tum omnium sanctorum ) ; cessavit peregrinatio et devotio. 

3 Page 100. 

4 Ad vitandam otiositatem, et ne essem impatiens, multa in latino et gallico feci registrare ; 
.… unde multisuper patientià meû mirabantur ; et toto tempore illo hilaris eram et semper gaudens. 


To. X. 4 


26 SUR UN MANUSCRIT 


opération avec un instrument délicat, semblable à une aiguille, qui ne 
lui causa qu’une douleur légère, et lui rendit la vue, non pas compléte- 
ment, non pas de manière à bien reconnaitre les gens, ni à pouvoir lire 
etécrire, parce qu'il était déjà octogénaire , mais assez claire pour pou- 
voir jouir encore de la lumière du soleil”. On voit à la 100 page du 
manuscrit, une peinture où le docteur et le patient sont représentés au 
moment de l’opération. Le recueil se termine à l’année 1352, dont Li 
Muisis ne dit presque rien. Vient enfin une espèce de chronique biogra- 
phique , en vers, alternativement latins et français, des 17 abbés de 
St-Martin de Tournay. Voici quelques-uns des vers français sur Li 
Muisis lui-même , qui est le dernier de la liste. 


Gilles Li Muisis fut nommés ; 
Grand paour ot quand fut sommés, 
S'il volroit le faix entreprendre : 
Consentir convenait ou rendre... 
Or fut maistre dixseptimes.. 
Pape Jehans vinte deusimes 
Cassa pour voir l'élection. 

… Puis le pronuncha 

Abbet ?, SUGE 
Tréstoutes ses prospérités , 

Et toutes ses adversités 

En son livre seront trouvées, 
Car il les a bien registrées... 


Pour terminer, Messieurs, je conclus de ce que je viens de vous 
dire, et mieux encore des fragmens que j'ai eu l'honneur de vous 


1 Le passage suivant peut intéresser les oculistes et les chirurgiens. Quidam magister de 
Alamania venit in Tornacum, qui cum parva dolore, et cito transacto, cum quodam instrumento , 
admodum acûs, discoperiens lumen oculorum , visum recuperavi , et vidi : non sicut in œtate ju- 
venili, sed sicut œtas mea requirebat, quia jam eram octogenarius. Et videbam celum , luna, 
stellas : non perfecte agnoscens gentes , etc. 

2 Thierri du Parc, 16° abbé de S'-Martin, étant mort le 18 avril 1831, Gilles Li Muisis fut 
élu unanimement pour lui succéder. Le pape déclara d’abord son élection nulle, mais il la con- 
firma, proprio motu , en 1332... Li Muisis réussit à rétablir son monastère , fort déchu, tant pour 
le spirituel que pour le temporel ; et après l'avoir gouverné, d'une manière fort louable, pen- 
dant l’espace de 22 ans, il y mourut en 1852. Paquot, Mémorres hittér. des P.-B. 


DE LI MUISIS. 27 


communiquer; qu'un ouvrage écrit avec tant d’exactitude et de pro- 
bité, par un contemporain, et par un témoin irrécusable, mérite 

2 2 2 
l'attention des hommes de lettres et des érudits; et que nous ne 
pouvons qu'applaudir à l’entreprise du savant professeur qui se pro- 
pose de nous faire bientôt connaître les différentes chroniques de 
La Muisis, en entier. 


FIN. 


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CINQUIÈME MÉMOIRE 


SUR 


LES DEUX PREMIERS SIÉCLES 


L'UNIVERSITÉ DE LOUVAIN, 


PAR LE BARON DE REIFFENBERG; 


ANS LES SÉANCES DU 22 NOVEMBRE ET 6 DÉCEMBRE 1834, 


Tox. X. Î 


CINQUIÈME MÉMOIRE 


SUR 


LES DEUX PREMIERS SIÈCLES 


DE 


L'UNIVERSITÉ DE LOUVAIN. 


ANANANANANANANAN EN ANA AR AAA AAA A AAA AA AAA AAA AAA AAA A 


SECONDE PARTIE. 


S IV. — FACULTÉ DES ARTS. 


L. PHILOLOGIE ET PÉDAGOGIQUE. 


LIT. Juste Lipse et son époque dans ses rapports avec l'université 
de Louvain. 


La philologie allait traverser l’âge du formalisme et s’attacher, de 
préférence, à la discussion matérielle des textes, sans négliger les 
détails archéologiques. Pour elle le moment de l’enthousiasme était 
passé et celui d’une critique large, dominant toute une composition 
si vaste qu’elle soit, n’était pas encore venu. Elle devait, s’occupant 
moins de la pensée que de l’expression, dépenser dans des recherches 
arides et minutieuses un immense savoir, de hautes capacités, et, en 
s’efforcant de rendre aux modèles du gout leur pureté primitive, s’ex- 
poser à contracter la passion des petites choses et à tomber dans une 
frivolité lourde et sérieuse; mais en même temps le scepticisme se mêlait 


4 SUR LES DEUX PREMIERS SIÈCLES 


à ses investigations, et son respect pour l'antiquité ne l’empéchait point 
de douter quelquefois du témoignage des anciens ni même d’en établir 
la fausseté. 

Un des hommes les plus influens de cette époque fut, sans contredit, 
Juste Lipse, dont les défauts même fortifièrent l'autorité. Avec bien 
moins de grâce, de finesse et de philosophie qu'Érasme , un sentiment 
moins exquis et moins intime de l'antiquité, il fut placé à côté de 
Joseph Scaliger et de Casaubon, et partagea le triumvirat littéraire. 
Son jugement avait plus d'étendue que de profondeur, son érudition 
plus de luxe peut-être que de véritable richesse. Son style caprisant et 
affecté a principalement donné prise à ses nombreux adversaires. Il 
s’imaginait l’avoir calqué sur Tacite dont il avait fait une étude parti- 
culière, et dont il a publié une édition, encore aujourd’hui la meil- 
leure, quoi qu’en ait dit le P. Bouhours *, et qu’au lieu de pénétrer le 
génie de Tacite, il ait vu uniquement dans cet écrivain de petites 
phrases rapides et hachées *. 

Quant à son caractère, on est en droit de lui reprocher beaucoup de 
versatilité. Placé dans un siècle où s’accomplissaient de grandes révolu- 
tions, il semble qu'il ait pris pour modèle de sa conduite l’inconstance 
des événemens et qu'il ne se soit pas mis en peine de demeurer d'accord 
avec lui-même, quand le monde avait cessé d’y être. 

Il y a déjà treize ans que j'ai exquissé dans les mémoires de cette 
compagnie un résumé des travaux de Juste Lipse”. Il me dispense de 
m'étendre sur ce sujet. 


1 Parmi les jugemens singuliers prononcés sur cet homme célèbre, il en est un que nous ne 
connaissons que récemment : c’est celui de Lingendes , évêque de Mâcon, qui, selon Tallemant 
des Réaux , le grand compilateur d’historiettes , disait que les trois livres qu'il préférait étaient la 
Bible, Érasme et  Astrée. 

2 « Il ressemble donc à Lipse, dit Philanthe, qui s'étant mêlé d'éclaircir Tacite, ne fait rien 
moins que cela, ou fait voir qu'il ne l'entend pas trop lui-même. » La manière de bien penser 
dans les ouvrages d'esprit, Amsterdam , 1688 , pag. 358. 

3 Archives philologiques, 1, 32. 

4 De J'usti Lipsi vita et scriptis commentarius (couronné en 1821). M.-J.-V. Leclercq, qui, 
dans le temps, a jugé cet ouvrage avec la plus flatteuse bienveillance, me louait d’avoir eu le 


DE L'UNIVERSITÉ DE LOUVAIN. s) 


Juste Lipse, né avec une grande vivacité d'esprit, une mémoire pro- 
digieuse, l’amour de l'étude et un impatient désir de célébrité, voyagea 
dans sa jeunesse et put acquérir cette sorte de lumières que donnent 
la comparaison des différens pays et le commerce de leurs hommes 
supérieurs, lumières auxquelles ni la lecture, ni la méditation ne peu- 
vent entièrement suppléer. Il visita l’Italie, retrouva dans Rome les 
traces encore vivantes de ce qu'il avait admiré dans les livres, vit la 
France et l'Allemagne et habita la Hollande où venaient de se résoudre 
des questions toutes nouvelles et d’une si haute importance. Ces excur- 
sions durent faire germer dans sa tête des idées qui autrement y au- 
raient pris difficilement naissance. Mais en séjournant sur la terre 
classique des beaux arts il ne paraît pas avoir cédé à leur séduction. 
Imperialis assure qu’il avait pour la musique une aversion si pro- 
noncée, que le son des instrumens le plongeait dans une noire mé- 
lancolie *. Il y a plus : il dit de lui-même qu'il a un esprit propre à 
tout, excepté la musique, et quand il expose sa doctrine politique sur 
l'éducation convenable à un prince, il n’est pas loin d’en exclure la mu- 
sique et la poésie , et proscrit sans pitié toute sorte de romans, l’Amadis 
à leur tête : Zngeniosi nugatoris proles , pestilens liber, si unquam 


courage de compulser la longue biosraphie de Juste Lipse par Aubert Le Mire* : c’est sans doute 
par distraction que s’exprimait ainsi le savant critique. La notice d’Aubert Le Mire ne contient 
en effet que quelques pages. — Comme mon mémoire n’a pas été imprimé sous mes yeux, je 
saisis cette occasion d'y relever quelques fautes qui s’y sont glissées et que l’errata n’a pas corri- 
gées; voy. troisième mémoire, pag. 80 ,note 2. Table, ligne 6 : duobus lisez duabus ; pag. 14, 
ligne 12, Lutherianis lisez Lutheranis ; pag. 15, ligne 18, ruris lisez ruri; pag. 29, ligne 8, 
triadis lisez tetrados ; passim : quando quidem lisez vel quum, etc. — M. de Beauclas a inséré un 
extrait de cette biographie de Juste Lipse dansle Plutarque des Pays-Bas.— Dans notre Bibliotheca 
Lipsiana, nous avons omis les deux articles suivans qui sont rares, comme toutes les pièces de 
circonstance imprimées sur des feuilles volantes et séparées. Justi Lipsii Epistola scripta 18 julii 
1596 ( de induciis ), in-4° sans lieu ni date , contenant une feuille. 

Justi Lipsii epistola qua respondet cuidam viro principr deliberanti bellum ne an pax an potius 
induciæ expediant regi Hispaniarum cum Gallo, Anglo, Batavo, scrèpta LIT januarii MDXCF. 
Une feuille in-4° sans lieu ni date, imprimée en italique. 

1 Jo. Imperialis Museum historicum, Hamb. 1711 , pag. 119 ; Mélanges d'histoire et de lité. par 
M. de Vigneul Marville (Dom d’Argonne), IVeéd. II, 82; Teissier, élog., IV° éd., IV, 531. 


* Cette vie se lit aussi dans Rollius, ZZ dec. Mem. philos., pag. 74 et suix 


6 ; SUR LES DEUX PREMIERS SIÈCLES 


fuit, et natus blande inficere aut interficere juventutem. Le curé du 
chevalier de la Manche n'était pas aussi sévère. Qu’aurait dit Juste 
Lipse du Télémaque *? 

Après avoir été le martyr de la grammaire”, il vint, à l’âge de seize 
ans (1563 ), à l’université de Louvain où il eut pour condisciples Mar- 
tin-Antoine Delrio, André Schott, Victor Giselin, Jean Lernutius, et 
pour maitre principal Corneil Valerius, professeur de littérature latine 
au collége des trois langues. Non-seulement il y étudia les belles-let- 
tres et ce qu’on appelait alors la philosophie, mais il s’'appliqua aussi 
à la jurisprudence, ce qui lui permit par la suite d’y faire sa licence 
(1576) et d'expliquer publiquement les /eges regiæ et decemvirales ; 
il y Joignit le premier livre de Tite Live*. En 1579, il alla s'établir à 
Leyde où les États-Généraux lui avaient fait des offres avantageuses et 
où il compta parmi ses écoliers le prince Maurice ‘ et le célèbre Jean 
Gruter qui suivit ses leçons pendant sept années consécutives*. Après y 
avoir resté treize ans il revint enfin dans sa patrie*. Il succéda alors à 
Jean Stadius dans la chaire d’histoire ancienne, autour de laquelle il 
sut attirer un grand concours d’auditeurs : les archiducs se rendirent 
eux-mêmes à Louvain pour l'entendre ?. 


1 Oper. Il, 162, IV, 129, Jo. Deckherus, descriptis Adespotis, éd. II, 1686 , pag. 238. Me- 
nagiana, 1715, 1, 241, 

2 Troisième Mémoire, pag. 26. 

3 Valer. Andr., Coll. triling. Buslid. , 58 et 62. 

4 Dansla collection des autographes de M. Te Water, qui méritait le nom de collector diligens, il 
y avait une lettre originale en latin écrite par Maurice à Juste Lipse. Joy. p. 8 du catal., part. II. 

5 Ordinum vocatu et stipendio sane perhonesto ( de J. Lipsii vita et scriptis, 18). Le mot ordi- 
nes à trompé l’illustre M. Boissonnade qui, au lieu de dire dans la Biographie universelle, NI, 327, 
que François Burman enseigna au collése de leurs hautes puissances à Leyde, le fait professeur 
au collége des ordres! Voy. Varticle de Juste Lipse dans {{lustrium Hollandiæ et West-Frisiæ 
ordinum abma academia Leidensis, Lugd. Bat., 1614, in-4°, figo., pag. 167-178 et les éloges de 
Teissier ; Leyde, 1715, IV, 525-544. 

6 Il habita dans la rue de Paris (autrefois van Porys ou des Poireaux ) une maison qui était 
un cabaret lorsque M. Caïmo la fit démolir pour en construire une autre. Nous avons donné 
dans notre biographie latine la vue de la maison paternelle de Juste Lipse à Isch, appelée la ville 
d’Essen par Teissier , et elle a été reproduite dans la Collection des principales vues des Pays-Bas, 
publiée à Tournai par le sieur Dewasmes. 

7 Vernulæus exagère sans doute et fait de la rhétorique quand il écrit ces lignes : /nvideant 


DE L'UNIVERSITÉ DE LOUVAIN. 


Ni 


Quoique les troubles civils eussent porté à l’université un coup fu- 
neste et que le collége des trois langues, dont Juste Lipse était un des 
professeurs titulaires ‘, se ressentit surtout du malheur des temps, la 
renommée et le savoir d’un pareil homme suffisaient pour soutenir en- 
core ce grand établissement littéraire, car il est peu d'écrivains qui 
aient été comblés de plus d’éloges et mieux traités par leurs contem- 
porains ; aussi l’on croirait que la postérité, en traitant Juste Lipse avec 
moins de faveur, a voulu se venger de ce que ceux-ci avaient, en quel- 
que sorte, usurpé son rôle et devancé ses jugemens. 

Si on le considère ici sous le point de vue de la pédagogique ; on voit 
qu'il n’approuvait ni la manière dont on exposait les élémens du latin 
dans la plupart des écoles, ni le temps qu’on y consacrait. Lui-même 
avait fait la funeste expérience de cette fastidieuse et pénible méthode. 
Enfant, il avait été d’abord écrasé sous le poids d’un Despautère , mis 
à dix ans sous la conduite de Pierre Dujardin ?, il fut forcé d'apprendre 
la grammaire de Jean De Coster*; confié à d’autres mains, il en étu- 


academiæ omnes, hic Lovanit historiam veterem reqius professor et consiliarius magno auditorum 
ex tofa Europa advolantium concursu et favore explanavit, Albertumque et Isabellam principes 
auditores habuit. Nemo illum tam in terris natum quam e cœlo lapsum putavit, atque idcirco summi 
undequaque viri, ut Lipsium viderent, Lovanium veniebant. Acar. Lov., 1667, in-4°, pag. 169. 
Teissier, IV, 535, tombe dans un excès contraire et s’en rapporte sans aucun doute à un ennemi 
de Juste Lipse, quand il assure qu’il avait très-peu d’auditeurs dans son auditoire. On trouvera, 
au reste, grand nombre de jugemens sur J. Lipse dans Tobiæ Magiri Eponymologicum criticum , 
Fr. ef Lws., 1687 , in-4°, pas. 517-520. La bibliothèque de Louvain en possède un exemplaire 
chargé de notes MSS dignes d'attention. 

1 Valère André se contredit sur ce point. Dans son histoire du collége de Busleyden, pag. 58. 
il dit que Juste Lipse y donna quelques lecons : docentem aliquando Lipsium vidit, et dans ses 
Fastes académiques il affirme positivement, pag. 280 de l'édition de 1650, qu'il n’y enseigna 
jamais : Veque enim is umquam in hoc collegio docuit, quamvis præter honorarium quod illi idem 
Brabantiæ ordines persolvebant, stipendii quoque Burlidiani acciperet auctarium , a Carolo Cæsare 
concessum. Cette version , plus récente, est probablement la meilleure. 

2 La 90° lettre de la première centurie ad Belgas porte cette suscription : Petro Jardino . 
Rectori scholæ Athensis. Elle est datée du mois de juillet 1601. 

3 Quatrième Mémoire, pag. 77. À la pag. 21 du premier Mémotre, nous appelons Henricus 
Custodis, Henri Bont, mais son nom était Costers ou De Coster. S'il est vrai que Guillaume Cus- 
todis , professeur en droit à l’université de Louvain , prenait le nom de Bont, à cause de son oncle 
maternel Jean Bont, docteur ès-droit , conseiller de quatre ducs de Bourgogne et chancelier de 
Brabant, ce n'est là qu’un cas particulier. 


8 SUR LES DEUX PREMIERS SIÈCLES 


dia ensuite une différente, et jusqu’à sa treizième année il fut condamné 
à rapprendre, au milieu d’une foule de subtilités et de niaiseries, ce 
qu'il savait déjà depuis l’âge de huit ans. 

Frappé des abus de l’enseignement, Juste Lipse voulait y remédier 
en y faisant entrer l’art d’enseigner et en créant des espèces d'écoles 
normales, telles, à peu près, qu’on en a institué de nos jours. On en 
a la preuve dans un fragment d’une de ses lettres au cardinal Frédé- 
ric Borromée, fragment placé par David Martini à la suite des ÆVo- 
mina et stucha eorum qui in colleqium bibliothecæ Ambrosianæ 
Mediolant, anno 1609, V id. decemb. cooptati sunt. Cet opuscule a 
été réimprimé à Anvers en 1611. Le passage suivant mérite l'attention 
du lecteur : 

Sœpe miratus sum cum tam imulla passim collegia aut scholæ 
instituantur pueris aut juventutr formandæ, neminem adhuc fuisse 
qui proprie sollicitus esset et curaret de doctoribus , sine quibus, 
cui usur tota illa institutio est? speciem , non rem habet ; et multi in 
cursu sunt, pauci ad metam veniunt et verum studiorum finem. 
Cavendi prospiciendique ratio, aut hæc est quan inis, aut nulla : 
et ipsi eligendi, alendi , formandi sunt qui forment. 

Ces paroles qui auraient dû être sérieusement méditées, passèrent 
inaperçues. Cependant il est juste de remarquer qu’en 1561 on avait 
essayé de réformer au collége du Château les méthodes vicieuses d’en- 
seignement et qu'on y publia un plan d’études intitulé : Exemplum 
reformatæ rationis studiorum, qui inspira ces vers à Corn. Valerius : 


Prima reformati studii laus vestra feretur 
Ut res cumque cadat, colilis qui castra Minervæ, 
Castrensemque scholam regilis, pubemque docetis, etc. 1 


On a reproché à Juste Lipse de ne pas savoir le grec; car il jouis- 
sait d’une trop haute réputation pour qu’on ne mit pas de l’empres- 
sement à lui chercher un endroit faible. Il avait cependant appris le 


1 Valer. Andr., Fast. Acad., pag. 250. 


DE L'UNIVERSITÉ DE LOUVAIN. 9 


grec à Cologne sous Gérard de Kempen ', et vraisemblement il ne 
l'avait pas négligé depuis. Il est à présumer que ce reproche signifie 
tout au plus que les connaissances de Juste Lipse comme helléniste 
n'étaient pas comparables à celles qu'il possédait dans le reste de la 
philologie, et qu’il n’égalait pas, sous ce rapport, la force des Scaliger 
et des Casaubon qu’on lui opposait sans cesse. 

À vrai dire, cette langue dans laquelle, au XIe siècle, Sigebert de 
Gembloux était versé, ainsi que dans l’hébraïque *, n’était pas culti- 
vée avec beaucoup d’ardeur à l’université de Louvain, au moment où 
Juste Lipse la fréquenta. Th. Langius qui l’enseignait de son temps 
et qui avait succédé à Rescius et à Amaury ou Amerotius * de Soissons, 
n'avait pas su, malgré son mérite, triompher de l'indifférence des élèves 
et des préventions de certains professeurs. Vers 1555, Boetius Eppo, 
sans être revêtu d’un titre officiel, avait expliqué avec succès, à Lou- 
vain, Homère et Hésiode *, à peu près comme les privat-docenten des 
universités allemandes, mais Juste Lipse n’en écrivait pas moins, en 
1602, que le collége des Trois-Langues , où le grec était le plus en 
honneur, et où seulement on l’enseignait d'obligation, restait silencieux 
et désert: « Lips... ad nunc jacent ibi omnia et silent : heu tempora, 
an et heu judicia dicam? sed refræno. Aur. at non ego, et publi- 
cum desiderium votumque est, præsertim græcæ linquæ. Quando 
habebimus? Lies. Tempestivitas exspectanda est, etc. *, Ce passage 
est clair et peu sujet à contestation. Ce qui ne prouve pas moins la 

décadence de l'université, c’est ce que rapporte encore Juste Lipse® du 
nombre extrêmement réduit d’étudians qu’elle comptait vers 1602, tan- 


1 £pist. Jo. Woverio. Oper. IL, 159-162. 

2 Hist. lit. de la France, X1, 535-565; Brogr. Univ. XLII, 319. 

En 1011, S'-Macaire, évêque d’Antioche, en Pisidie, vint en France et s'étant retiré à S'- 
Bavon de Gand, y mourut l’année suivante. Ce fait a pu être favorable à la propagation du grec 
en Belgique. Hist. hit. de la France, NI, 114. 

3 Amaury enseiona le grec au collése du Lys et à celui des trois langues. Le cardinal Granvelle 
avait été son élève. £ 

4 Bibl. Belqg., 189. 

5 Voy. le chapitre consacré à ce collége. 

6 Lovan. , lib. IIL, chap. IV. 


Tow. X. 


19 


10 SUR LES DEUX PREMIERS SIÈCLES 


dis que trente-sept ans auparavant il y en avait vu de 7 à 8000, af- 
fluant de tous les pays du monde, du fond de l'Allemagne, de la France, 
de l'Angleterre , de l'Italie, de l'Espagne, et appartenant aux premières 
familles. 

Lws. Scifote Lovanium , rem insignem , rem historia et notitia di- 
gnam fuisse ; sed fuisse, et fato rerum humanarum hucredactum. Quid 
enim nunc, nisi vos pauci studiost, sustinetis? Pauci si meuwm adoles- 
centiæ œvum video : et ante annos triginta septem ; scio ad septena 
aut octona millia eorum , qui musis operabantur domicilium hic 
habuisse. Pulcher aspectus ! cum Batavi, Frish, Menapü, ulterio- 
res Germani et magna nobihtas occurreret : cum Gall, Britanni, 
Hispani, Itali, et e longinquis etiam gentibus Europæ. Heæc nos 
vidimus, et mixti iis fuimus : nunc Hrulneque aliud quam Heu! dico”. 

Pour en revenir au grec, l’université produisit cependant alors plu- 
sieurs hellénistes du plus grand mérite, et la Belgique vit exécuter 
un ouvrage immortel, la polyglotte de Plantin. Parmi ces hellénistes. 
il faut compter au premier rang un homme qui n’a pas été assez re- 
marqué et qui doit être jugé non-seulement par ce qu'il a donné au 
public, mais par ce qu’il se proposait de lui donner. Nous voulons parler 
de Jean Lievens ou Livineïus de Termonde où il naquit vers l’an 1546 *. 
Son oncle maternel Livin Vander Beke , plus connu dans la république 
des lettres sous le nom de Zævinus Torrentius, Vavait envoyé faire 
ses premières études à Cologne, où s'étant fort avancé dans les lan- 
gues grecque et latine, il vint poursuivre ses études à Louvam et y 
faire un cours de théologie. Livineïus était encore à Louvain le der- 
nier mai 1575 *, et s’y appliquait surtout à la lecture des auteurs grecs” 
tant sacrés que profanes. Il se prépara à en publier des éditions et se 
lia d'amitié avec des personnes animées du même goût, notamment 


1 Lovan., lib.1, chap. I. 

Juste Lipse légua ses livres et MSS grecs aux jésuites qui étaient fort riches en ce genre, et 
qui cultivaient les humanités avec un succès dont il est juste de leur tenir compte. 

2? Aub. Miræi Ælogia; Teiïssier , Éloges, IV , 362-364. 

5 Paquot, I, 850. 


DE L'UNIVERSITÉ DE LOUVAIN. 11 


avec Guillaume Canterus et André Schott. C’est avec le premier qu’il 
travailla à confronter et à examiner quelques manuscrits de la version 
des Septante, et leurs observations servirent à la partie grecque de la 
polyglotte d'Anvers. Ayant eu l’occasion d’aller ensuite à Rome, il 
profita de ce voyage pour entrer en relation avec les savans qui s’y 
trouvaient, et pour fouiller dans la bibliothèque du Vatican et d’autres. 

IL mourut à Anvers, le 15 janvier 1599, äâgé seulement de 51 ans. 
Juste Lipse qui était lié avec lui, fut affecté de sa perte". Dans les 
notes de son traité De cruce, il avoue qu’il lui était redevable d’une 
correction sur Suidas, et, à ce propos, il le traite d’ami et d'homme 

sérieusement instruit et sans aucune ambition : Amico nostro , serio 

et sine ambitione docto”; bien qu'ailleurs il rejette une de ses resti- 
tutions du texte de Pline le jeune*. À Livineïus est adressée la sep- 
üème lettre du quatrième livre de ses Epistolicæ quæstiones *. Elle 
roule sur un passage de Tite-Live. C’est aussi à ce savant qu’a été écrite 
la onzième lettre de la troisième centurie ad Belgas*. On y voit que 
Livineïus avait le projet de faire une édition des panégyriques des an- 
ciens, pour laquelle il avait besoin de Jean Cuspinianus qui les avait 
corrigés mieux que Beatus Rhenanus, quoique la Biographie univer- 
selle ne parle pas de cet important travail °. L'édition de Livineïus parut 
en effet en 1599, chez Moretus, in-8°. 

C’est la première édition estimable des panégyriques. Livineïus a fait 
usage d’un bon manuscrit et d’une quantité de ces secours que les phi- 
lologues appellent swbsidia. Un des derniers éditeurs des panégyristes , 
Jaeger, dit de lui : Functus est etiam officio interpretis et docta anno- 
tahione plurimum lucis lis auctoribus fæneravit’. 


1 Oper., IL, 505. 

2 Jbid., IL, 682. 

8 Jbid., IN, 809. 

4 Ibid., 1, 191. 

5 Ibid, nl > #19. En tibi Cuspiniani Panegyricos , quos volebas. Utere et ede mox in tuam fu- 
main et pus um bonum. Et in Tacito, pag. 521. 

6 X, 384. 

7 Prœfat. Jœgeri in ed. H. J. Arntzenü, 1790, in-4°, pag. 798 sq. 


12 SUR LES DEUX PREMIERS SIÈCLES 


Les autres publications de Livineïus, qui, par parenthèse, a été 
omis par la Biographie universelle, où nous comptons combler cette 
lacune, à l’aide du supplément, ont pour objet divers écrits de saint 
Grégoire de Nysse , de Théodore Studita et de l’empereur Andronic. 
La mort, dit Paquot, Va empêché de publier les épitres de sarnt Jean 
Chrysostôme , les tragédies d’'Euripide, les Dipnosophistes d’Afhénée 
et quelques autres ouvrages grecs dont il avait fait la révision. La biblio- 
thèque de l’université de Louvain a le bonheur de posséder quelques- 
uns de ces auteurs avec des gloses et des collations de Pécriture nette 
et élégante de Livineïus; tels que : 1° les Parallèles de Plutarque, 
Bâle, 1535, in-fol., avec des notes nombreuses jusqu'à la page 296. 

20 Epistolæ diversorum philosophorum , oratorum , rhetorum sex 
el viginti *. Ed. Aldina, Venetiis, 1499, im-4. Livineïus y cite un MS 
sur papier d’Alciphron, que Pierre Patin, doyen de Bruxelles, lui avait 
prété à Anvers, en 1601. 

Il s’y trouve transcrit une lettre d’Isocrate, remplissant cinq pages et 
demie de copie, avec ce titre : 

Ex Fulvii Ursini bibliotheca descriptam hanc secum attulit in 
Belgium R. P. Andreas Schottus Soc. Jesu, ann. 1596. ‘Tooparns 
Apydiuo, Aoxcdmuovioo Bande. Eds, etc. 

3° Un Grégoire de Naziance, de Bâle, in-fol., avec une multitude 
de remarques manuscrites. Livineïus, à la fin de la table, y a ajouté 
une note en grec, avec son nom et la date de 1577. 

4° Un Afhénée entièrement collationné sur un MS de Wamesius, 
qu’on a consulté depuis el que Casaubon cite. 

Les leçons diverses de Livineïus annoncent du goût, un tact fin et 
délicat, et c’est ainsi qu’on le juge en Allemagne, où notre confrère 
M. Bekker a coopéré à le faire mieux apprécier. 

Gaspar Barthius le loue aussi sous ce rapport, et regrette que ses 
recherches soient en partie ensevelies dans la poussière des bibliothè- 
ques, in tabulariis delitescere suspicamur*. 


1 [, 881, et Bibl. Belg., 678. 
2 4d Statium, X, 211, 860, 44511, 360 ; LIL, 779. ddvers., L. IX , col. 2934. 


DE L'UNIVERSITÉ DE LOUVAIN. 13 


Thomas Crenius le cite comme ayant travaillé sur Properce '. Ses 
notes sur cet auteur sont citées à tout moment dans les commentaires 
de Brouckhuysen et de Burman. 

Nicolas Heinsius avait recu des jésuites d'Anvers un exemplaire 
de Claudien, avec des variantes tirées d’un manuscrit du Vatican, 
par Livineïus. Heinsius, étant à Rome, compulsa de nouveau ce 
codex et en informa son ami Jean Fred. Gronovius, qui était à 
Deventer *. 

Livineïus s'était encore occupé de Silius Italicus. Jean Bollan- 
dus envoya à Nic. Heinsius l’exemplaire de ce poète, sur lequel 
Livineïus avait écrit ses notes. Heinsius, alors ambassadeur à Stock- 
holm, l'écrit à Puflendorf, qui possédait les mêmes notes en manu- 
scrit *. 

Guillaume Canter, d'Utrecht, pareillement ami de Juste Lipse, et 
disciple comme lui de Corneil Valerius, passa presque toute sa vie à 
Louvain, faisant ses délices du grec. Il avait parcouru la France, l'Italie 
et l'Allemagne, et s'était fait connaître d’une manière avantageuse à 
Ch. Sigonius, Fulvius Ursinus, Antoine Muret et Jean Dorat. À 
Louvain il partageait son temps avec une rigoureuse parcimonie ; le 
matin il lisait, et écrivait l’après midi : Vunquam , dit Juste Lipse , vide 
tam indefessum ingenium et laboris hujus musici aut appetens magis 
aut ferens. Semper lle in hbris, chartis ; noctu, diu, assiduus, 
accubuus; nec des solum omnes appensi et numerati ad hanc 
curam , sed horæ, quas sinqulas ad clepsydram dividere et attribuere 
ille solitus huic lechoni aut huic scriptioni”. Dans une lettre à 
Théodore Canter, frère de Guillaume, et qui partageait son goût pour 
la littérature grecque, lettre insérée parmi ses Questions épistolaires”, 
il dit encore : Fratris tui Gulielmi præcipiti morte jacturam et nos 


1 Animad. philol. P. XVI, pag. 822. 

2 Burmanni Sylloge epist., II, 291, 298. 
3 Jbid., V, 266. 

& Oper., IX, 9. 

5 Ibid, 1, 203. 


14 SUR LES DEUX PREMIERS SIÈCLES 


fecimus et muse. Nos, amici, illæ adjutoris et magni quitlem si vita 
longior contigisset. 

G. Canter mourut le 15 juin 1575, Suiff. Petri, Miræus, Fabricias, 
Nicéron, Foppens, etc., ont suffisamment indiqué ses ouvrages, aux- 
quels M. Boissonnade a rendu pleine justice *. 

Plus fécond , plus connu à l'étranger , André Schott? étudia, comme 
les précédens, à l’université de Louvain, où il apprit le grec de 
Th. Langius; il y enseigna ensuite la rhétorique au collége du Château 
et forma des liaisons avec Juste Lipse, Louis Carrion, Suffridus Petri, 
les frères Popma et Canter. Ses leçons étaient suivies par Pierre Pan- 
nus, qu'il emmena plus tard avec lui à Douai, à Paris eten Espagne. 

À Paris il fut le commensal d’Auger de Busbeck*, ambassadeur de 
l’empereur à la cour de France, et publia le premier le monument 
d’Ancyre rapporté de l'Orient par ce diplomate. 

Son séjour en cette ville le mit, en outre, en relation avec Claude 
Dupuy , Joseph Scaliger, Pierre et François Pithou, Jean Passerat, 
Nicolas Guilon, Nicolas Lefebvre et Papirius Masson. 

Ayant quitté la France pour l'Espagne, il devint professeur de grec 
à Tolède, puis à Saragosse. 


1 C. Burman, Trajectum cruditum, pag. 59-76; Huet., de Claris interpr., 1680, in-4, 
pag: 174. Teissier, IT, pag. 78-88. Biogr. Univ., NIL, pag. 37-38. 

Baillet place G. Canter parmi les enfans célèbres par leurs études. 

2 Il était natif d'Anvers et issu d’une famille considérée dans le commerce, qu’on a voulu ratta- 
cher à la maison de Douglas, ce qui a été confirmé même par un diplôme frauduleusement arraché 
au roi Charles IT; mais Jos. Van der Leene a montré combien cette prétention est chimérique 
dans le Théâtre de la noblesse du Brabant, lequel contient plus d’une révélation cruelle pour 
maintes vanités nobiliaires. Cela est d'autant meilleur à relever, que jamais les prétentions en ce 
genre n’ont été plus fréquentes, depuis que les doctrines d'égalité sont préconisées et que les 
moyens de vérification légale n'existent plus. 

3 Nous avons déjà parlé dans ces mémoires de cet homme illustre auquel nous avons consacré 
une notice spéciale dans le Dictionnaire de la conversation. L'auteur du Moyen de parvenir (que 
ce soit Beroald de Verville , comme le veut l'opinion commune, ou un autre, ainsi que le pré- 
tend M. Ch. Nodier ) s’est épayé aux dépens de Busbeck, en racontant une anecdote graveleuse 
d’où il résulterait que ce personnage si instruit, si poli, ne parlait qu’un français barbare, une 
espèce de galimathias barroque. Cela suffit pour rendre l’historiette plus que suspecte. Ædit. 
Cazin , 1, 128. 


DE L'UNIVERSITÉ DE LOUVAIN. 15 


Informé qu'Anvers, sa ville natale, était assiégée par le duc de Parme, 
il fit vœu d’embrasser la règle des jésuites, si cette cité rentrait sous la 
domination du roi d'Espagne. En 1586, il s’acquitta de cette promesse. 

Le reste de sa vie fut consacré à l’enseignement, à Gandie, à Rome 
et à Anvers, où il mourut le 23 janvier 1629 *. 

Juste Lipse le proclame l’un de ses amis les plus chers et les plus 
intimes ; il fait l’éloge de sa traduction de la Bibliothèque de Photius , 
ainsi que de son travail sur Sénèque, et lui adresse plusieurs lettres *. 

Valère André, historien de la Belgique littéraire et de l’université 
de Louvain, fut trois ans le secrétaire du père André Schott et s’imitia 
sous un si bon guide, à la connaissance du grec, tandis qu’il apprenait 
l’hébreu de Jean Haius, écossais et théologien de la compagnie de 
Jésus *. sue 

La bibliothèque de Bourgogne et celle de Puniversité de Louvain, 
possèdent plusieurs auteurs grecs annotés par Schott. Dans la seconde 
on voit un Polybe (Anv., 1582, in-4°) qui lui a appartenu, et qui porte 
son nom, mais sans notes manuscrites, et les Vifæ comparatæ Aristo- 
telis ac Demosthenis , Aug. Vindel., 1608, in-4°, toutes chargées de ses 
remarques. 

Tels étaient les hommes les plus distingués qui, avec Juste Lipse, 
maintinrent la gloire des lettres dans l’université et retardèrent le mou- 


1 Babl. Belq., 56-59 ; Biogr. Univ., XLI, 229-231. 

2 Oper., I, 165, 202, 212, 333 ; II, 82, 130, 160, 176, 262, 290, 380, 490, 507, 508 et 
513, 517, 524. 

Huet, De claris interpretibus critique la traduction de Photius, pag. 175 : De sua autem in- 
terpretatione Photiana sic præfatur Andreas Schottus : Elaboravi quidem, quoad ejus fieri po- 
tuit, ut sensa verbis comprehensa sequerer , et non tam verba numerarem , quam sensum ex 
bona fide appenderem. Æabemus confitentem reum, sed vèr eximius : 


"AAoroi éoobAcie té axrodetoa Wdyoy. 


3 Quand Huet vint à Louvain , où il fit des recherches dans la bibliothèque des chanoines réou- 
liers de S'-Martin, il visita particulièrement Valère André et lui demanda son amitié : Znter 
Lovanienses professores nomen aliquod tum gerebat Valerius Andreas qui scriptoribus Belgis et 
Hispanis celebris inclaruit. Salutavi hominem et in amicorum ejus album referri vol. De rerus 
AD EUM PERTINENTIBUS, pag. 137. 


16 SUR LES DEUX PREMIERS SIÈCLES 


vement rétrograde que le gouvernement espagnol devait imprimer aux 
esprits. Tous ils considéraient Juste Lipse comme leur maitre et regar- 
daient les censures mélées aux éloges qu’on lui prodiguait, comme 
l'effet de l’envie. 

Une de ces censures les plus sensibles pour Juste Lipse, en ce 
qu’elle compromettait sa probité constamment scrupuleuse et exem- 
plaire, était celle qui portait sur de prétendus plagiats. On a fait sonner 
bien haut cette accusation, et des écrivains de grande réputation, les 
Muret, les Faber, les Montaigu, les Saumaise, n’ont pas hésité à la 
soutenir. Mais pour avoir une idée de la légèreté de cette imculpation, il 
suffit de raconter cette anecdote. 

Dans les textes imprimés de Tacite, on lisait : C. Nacui id Cæsari ; 
or Muret avait corrigé ce passage en mettant : Gnarum id Cæsari, ce 
qui n’est pas un tour de force bien merveilleux. Cependant Muret ne 
revenait pas de sa découverte, il en était heureux et fier, 1l lestimait un 
de ses plus beaux titres à la reconnaissance de la postérité. Au milieu de 
cette joie, il arriva que Juste Lipse fit la même correction. Aussitôt 
Muret de crier au meurtre et d’mvectiver son rival comme s’il lui avait 
dérobé un trésor !. Une autre fois il lui reprocha amèrement d’avoir 
traité un sujet qu'il s'était réservé. Juste Lipse lui répondit avec autant 
de grâce que de modération et il est difficile de soupçonner, après avoir 
lu sa lettre, que le bon droit ne fut pas de son côté ”. 

Juste Lipse, professeur d'histoire, avait vécu avec les Grecs et les 
Romains. Ce ne fut que vers la fin de sa vie qu'il comprit que les 
annales du moyen âge, pour m'être pas écrites par des 7ife-Live et des 
Thucidide, n’en sont pas moins dignes d'intérêt. Il avait conçu l’idée 
d'écrire une histoire générale du Brabant , mais son Zovanium n’en est 
pas un échantillon de nature à séduire. 

Parmi ses lettres il y en a une à Henri Schott, dans laquelle il s’oc- 
cupe de nouveau d'archéologie nationale, et, en passant des langues 


1 Thomasius , de plagio hterario, $ 80, 117, 222. 
2 Oper., I, 337-338 : cum viro magno amica velitatio. Comp. mon mémoire latin , pag. 147. 


DE L'UNIVERSITÉ DE LOUVAIN. 17 


modernes que n’embrassait pas l’enseignement académique '. « Nous 
avons souvent, dit-il, causé et plaisanté même à propos de notre langue 
et de Becanus, qui, vous le savez, exalte non-seulement son ancienneté 
et son élégance, mais établit qu’elle est la langue primitive, celle d’où 
dérivent toutes les autres. » Là-dessus, après avoir cité le serment de 
Louis et de Charles, fils de Louis-le-Pieux , et tiré un long vocabu- 
laire d’un psautier de la méme époque, qui était entre les mains 
d'Arnold de Wachtendonck, il rejette les conséquences qu’on prétend 
ürer de quelques ressemblances entre les différens idiomes, regarde 
comme inutile toute discussion sur la préséance chronologique des 
langues, et avoue son antipathie pour cette espèce de recherches ?. 

En s'exprimant ainsi, Juste Lipse ne se doutait pas qu’un passage 
de ses écrits inspirerait un ouvrage étendu, conçu dans l'esprit de 
Becanus, et où ses rêveries sont peut-être surpassées. Quoique cette 
anecdote ne tienne pas intimement au sujet de ce mémoire, nous l’y 
placerons cependant comme un épisode, attendu qu’elle est ignorée et 
qu’elle appartient à l’histoire de notre littérature. 


1 Oper., Il, 493. 

2 Ceux qui tirent le flamand du gothique ont lieu de resretter la perte de deux écrivains 
cités par Pline le naturaliste, et négligés par Strabon ou inconnus à cet écrivain : Philémon et 
Xénophon de Lampsaque, dont les ouvrages devaient être remplis de détails curieux sur la Mer 
Baltique et les pays des Goths et des Slaves , entre autres de noms géographiques recueillis dans 
la langue même de ces peuples. Parmi les écrits relatifs à l’ancienne littérature theotisque, je con- 
signerai ici les titres de deux opuscules académiques , parce que, par leur nature même, ces sortes 
de publications sont exposées à s’anéantir en peu de temps : 

G. Werner, Dodecas thesium ex historia poetico-theotisca, Regiom. , 1714. 

Chr. Schoettgenius , de antiquissimis linguæ germ. monumentis gothico-theotiscis. Stare. 1723. 

Une des fautes les plus puériles que l’on ait commises à propos des langues germaniques est 
celle de la Ravalière qui confond la langue Francisque ou celle de Charlemagne avec la Romana 
rustica, depuis la langue française. Cette faute grossière est reproduite par l'abbé Aubert et par 
Fabre d'Olivet et dans le Dictionnaire de la conversation, à l'article de Charlemagne , M. Tissot , 
répétant la même chose , dit sérieusement que ce prince a été un des léoislateurs de la langue 
française. On est péniblement affecté en voyant un homme comme M. Tissot écrire de semblables 
hérésies. Ceux qui ont entendu son discours de réception à l’académie française , ne l’ont pas 
été moins, quand il a parlé de la Cyropédie de Lucien et pris le Dupuy, secrétaire de l’Académie 
des Inscriptions , pour le Dupuis auteur de l’origine des cultes! Voy. les Poésies du Roë de Na- 
varre, 1, vix, 77 et 82; Le troubadour, pag. xxx , etnotre Zntroduction à Ph. Mouskes. etc. 


To. X. 3 


16 SUR LES DEUX PREMIERS SIÈCLES 


M. Charles-Joseph De Grave, ancien conseiller du conseil de 
Flandre, fut, lors de la réunion de la Belgique à la France, nommé 
député au conseil des anciens. Cette magistrature lui laissait un loisir 
qu'il voulut utiliser en relisant ses classiques. Ayant repris Tacite dans 
le texte de Juste Lipse, il s'arrêta sur ce passage des Jœurs des Ger- 
mains : (Cæterum et Ulixem quidam opinantur longo illo et fabuloso 
errore in hunc Oceanum delatum, adissé Germanie terras, Aseibur- 
giumque, quod in ripa Rheni situm hodie que incolitur ; ab allo con- 
stitutum….". » Sur quoi Juste Lipse remarque, en raillant, qu'autant 
vaudrait dire qu’Ulysse a été le fondateur de Vlessingen ou Ulyssingen. 
M. De Grave fut frappé comme d’une lumière imprévue. IL prit au 
sérieux la plaisanterie de Juste Lipse et se sentit tourmenté du besoin 
de la convertir en réalité historique. 

Mais son éducation sur ce point était entièrement à faire. Il demanda 
des livres à M. Van Hulthem, qui , membre du Tribunat, était plus souvent 
dans les bibliothèques publiques qu’à la chambre. Celui-ci lui prêta 
les lettres de Baillet sur l’Atlantide, et M. De Grave fut tout près de 
croire que les Belges étaient les véritables ÂAtlantes ; il n’en douta plus 
après avoir lu Olaus Rudbekius , dont il détourna l’érudition pour l’ap- 
pliquer à son pays, et d’étymologie en étymologie, de rapprochement 
en rapprochement, il parvint à composer la République des gens Ély- 
sées , où l'erreur est du moins ingénieuse et l’absurdité piquante”. 

Revenons à l’université de Louvain. 

Juste Lipse eut pour successeur Erycius Puteanus que la Biogra- 


1 Édit. de 1607 publiée avec une dédicace de Woverius, pag. 435. 

2 La septième feuille du premier volume de la République des Champs Éysées était à peine 
imprimée, quand M. De Grave mourut. Le reste de l'impression fut surveillé par M. G.-B. Lié- 
geard. l’ancien Messager des sciences et des arts contient un extrait des MSS de l’auteur, pouvant 
faire suite à son ouvrage, n° 6, 1823, pag. 211 ;,n®9 ct 10, pag. 364; n° 11 et 12, pag. 442; 
n®5,6,7et8, 1834, pag. 248. La fin a été annoncée, mais n’a point paru. C’est cet extrait qui 
est marqué dans le catalogue de feu Vandenzande d'Anvers, sans avertir qu’il a été imprimé, ce 
qui a trompé plus d’un amateur, entre autres le bibliothécaire de Bourgogne. — Parmi les MSS 
de M. Beyts, son catalogue indique, sous le n° 1292 : Sur l’histoire ancienne et critique de 
louvrage intitulé : La république des Champs Élysées; dans le catalogue MS de la bibl. de Bour- 
gogne , cet article est désigné ainsi sous le n° 9645 : Beyts, Zxtravagances et inepties du livre in- 


DE L'UNIVERSITÉ DE LOUVAIN. 19 


phie universelle appelle Henri Dupuy ‘, et dont J.-J. Rousseau, en son 
Dictionnaire de musique, fait deux personnages, savoir : Vander Put- 
ten et Erycius Dupuis *. Le fait est qu'il se nomme lui-même De Put, 
et.il paraît que, sur ce point, il était en état de prononcer mieux que 
personne. Au reste, quoiqu'il fut fort inférieur à son maître et son ami, 
dont il s’étudiait à reproduire les défauts, ce n’était pas un homme or- 
dinaire; il savait même beaucoup de choses que dédaignaient les savans 
de profession; par exemple, il était versé dans la théorie de la musique, 
de la peinture, des mathématiques et des fortifications. Il était en ou- 
tre gradué en droit. 

Tourmenté du besoin d'écrire et de jouir vite des plaisirs de la pu- 
blicité, il a éparpillé ses connaissances et ses talens dans une foule de 
petits écrits, trop minces pour surnager sur le gouffre de l’oubli. Nous 
n'avons, en quelque sorte, que la petite monnaie de son génie. 

Il n’était pas en son pouvoir de donner aux études une direction éle- 
vée; son esprit ne l’y portait pas, et d’ailleurs une administration ti- 
morée et tracassière s’y serait opposée. Cependant son zèle produisit 
d’heureux effets et gagna aux lettres quantité de jeunes gens qui sans 
lui les aurait désertées. Gouverneur du château de Louvain, en même 
temps que professeur, fonction qu'il remplit pendant quarante ans, il 
institua dans sa demeure une sorte d'académie qu’il appelait palestre. Il 
y exerçait ses jeunes disciples d’une manière profitable et dont on peut 


titulé : La République des Champs Élysées par De Grave. Voy. notre notice sur Beyts dans le 
58° vol. de la Brogr. Univ. Une brochure spirituelle qui se rattache à l’histoire de l’ouvrage de 
M. de Grave et à celle de notre littérature, sous la domination française, est celle-ci dont 
M. Cornelissen est l’auteur principal, s’il n’en est l’auteur unique : Factum ou Mémoire qui était 
destiné à être prononcé dans une affaire contentieuse où il s’agissait de deux têtes, l’une en plâtre 
et l’autre en marbre. (Gand) Brumaire an XI (novembre 1802), vux et 95 pages in-12. On s'y 
raille avec gaieté de nos origines celtiques. Les personnes dont on n’y trouve que les initiales 
sont MM. Van Toers et Hellebaut, Vervoert, Kluyskens, Pisson, Beyts, De Grave, Cornelissen, 
Benau , etc. 

1 XII, 822. 

2 Archives pour l’histoire civile et littéraire des Pays-Bas, 1, 47. 

3 Voy. l'analyse de ses lettres inédites à Plouvier dans les Voices et extraits des MSS de la bi- 
bliothèque de Bourgogne, 1, 54. 


20 SUR LES DEUX PREMIERS SIÈCLES 


prendre une idée dans ce que nous avons écrit ailleurs. Il avait aussi 
rassemblé une bibliothèque nombreuse qu’il mettait généreusement à 
la disposition de ses amis *. 

L’Italien J. Imperialis, son contemporain, l’apostrophe ainsi dans 
le chapitre de son Musée historique intitulé Parergon virorum illus- 
trium adhuc viventium : « Tu quidem, Eryci Puteane, Lovaniensis 
gymnastii decus insigne, allicis juvenum undique confluentium agmina, 
solidissima reconditæ liüteraturæ peritia : sed Ztalorum voces tuo 
nomini adplaudentes, propria tibi referant scripta, ipsorum per- 
sæpe trita manibus el comprobata consensu. Te unum merito magno 
Lipsio antecessori suffectum prædicat Belgium. Te historiographi 
reqü perampio auclum honorario, Germani suscipiunt et Hispant ; 
ut propterea non semel a cunctis orbis gymnasiis concupitus , ea vi- 
vens fruaris majestate virtutum, quam non vngrata posteritas, mul- 
torum etiam curriculo conservatura sit. » Cette dernière prédiction 
ne s’est pourtant pas vérifiée et la postérité s’est complu à mériter 
l'épithète d’ingrata. 

Dans le Bruxella septenaria, monument de son mauvais goût, il dit, 
peut-être par amour du nombre sept auquel il prétend tout réduire, 
qu'il s’y trouvait autant d'écoles que de paroisses, c’est-à-dire sept. 
Qu’y apprendront les enfans, pour sortir de l'enfance ? se demande-t- 
il; et il répond : ils y apprendront ce qui est prescrit dans le chapitre 
xvin de la vingt-troisième session du concile de Trente, c’est à savoir: 
la grammaire, le chant, le comput ecclésiastique et les autres arts li- 
béraux, aliarumque bonarum artium disciplinam *. 

Dans ce nombre de sept écoles n'étaient pas comprises celles tenues 
par des ordres religieux, tels que les Augustins et les Jésuites. Ceux-ci 


1 Notices et extraits des MSS, 46 et suiv. 

2 A la bibliothèque du rot , à Paris, dans le cabinet desreliures précieuses, il y a des livres reliés 
à la facon de ceux de Groslier, et qui sont la plupart des Aldes : ils portent l'inscription Lawrini et 
amicorum. C’est M. Van Praet qui recherche avidement tout ce qui provient de Bruges, auquel, 
je pense, on en doit l'acquisition.— Au chapitre intitulé : Bebhothèque, il sera fait mention de 
l’opuscule de Puteanus, intitulé : 4uspicia bibliothecæ Lovaniensis. Voy. note C. 

8 Pag. 96. 


DE L'UNIVERSITÉ DE LOUVAIN. 21 


considéraient l’enseignement comme leur bien : Hanc provinciam so- 
cietalis nostræ esse propriam ex pontificis Gregorii XIII hteris 
aperte constat, lit-on dans l’Zmago prime sæculi societatis Jesu'. 
L'université qui redoutait cette concurrence, avait essayé plus d’une 
fois de s'opposer à leur établissement, mais elle avait fini par céder, 
et quand Valère André imprimait la première édition de ses Fasti aca- 
demici, c’est-à-dire en 1635, on n’enseignait déjà plus les humanités 
dans les pédagogies ou colléges de la faculté des arts, excepté dans 
le collége du Porc *. 

À propos des écoles de Bruxelles, nous ferons remarquer que l’ad- 
ministration publique, en ce qui regarde l’enseignement , était dirigée 
en Flandre par des principes plus hbéraux qu’en Brabant. En effet, à 
Bruxelles le nombre des écoles était limité et extrémement restreint, 
tandis que dans le privilége de Baudouin VIH et de la reine Mathilde 
on lit: Si ques in Grandavo scolas regere voluerit, sciverit et potue- 
rit, licet ei, nec aliquis poterit contradicere. N'est-ce pas la liberté 
d'enseignement si vantée aujourd’hui? Voy. De Bast, Recueil d'anti- 
quités, Introduction, pag. cv, et Warnkœænig, Flandr. Staats und 
Rechtsgesch., Tubing, 1855, 1, 438-445. 

Le pape Eugène IV, l'an 1443, avait institué dans l’église de 
St.-Pierre à Louvain, des canonicats er faveur de deux professeurs de 
la faculté des arts, chargés d'enseigner l’un l'éthique, l’autre la rhé- 
torique et l’éloquence. Celui-ci donnait sa lecon le mardi et le jeudi, 
à dix heures du matin *. ù 

Le 4 mars 1446, il fut réglé que la leçon de rhétorique se donne- 
rait dans les écoles des arts in scholis artium , que les bacheliers se- 
raient obligés de la fréquenter et de prouver leur fréquentation par un 
certificat du professeur. 

Valère André a dressé une liste des professeurs de rhétorique de la 
faculté des arts, quoique, remarque-t-il, ni les actes de la faculté, ni 

1 Antv., 1640, in-fol., pag. 342. 


9 


? Pag. 146. Il sera question plus tard de ces différens colléges. 
$ Fast. Acad., 1650, pag. 245 


22 SUR LES DEUX PREMIERS SIÈCLES 


les registres des colléges n’eussent conservé les noms de tous ceux qui 
y avaient enseigné, ceux qui subsistent encore, témoignent, en effet, 
du peu de soin qu’on mettait à les tenir. 

Le premier est Jean Block. 

À sa mort, arrivée en 1453, la faculté des arts pria toutes les autres 
de l’aider à le remplacer, attendu que le cours de rhétorique n’avait pas 
été institué seulement pour Putilité et la gloire de la faculté des arts, 
mais pour celles de l'université entière. Le magistrat de la ville ayant 
présenté Hugues de Harlem, et celui-ei s’étant muni du consentement 
du doyen de l’église de St-Pierre, il jouit tranquillement de sa chaire 
et de sa prébende. 

Il eut pour successeurs : 

En 1453, Pierre à Rivo ou Vanderbeke d'Alost ou plutôt d’Asch. 
Ce fut lui qui, en 1477, étant recteur, prononça un discours sur l’ar- 
rivée de l’archiduc Maximilien ’. 

Henri Deulin, de Merville ; il renonça à sa chaire de rhétorique en 
1490 pour occuper celle de droit canon”. 

Jean De Palude ou Dumarnis *. 

Adrien Barlandus; le 22 décembre 1539 sa place fut occupée par 
Arnold Ghinckt de Hasselt, décédé le 13 janvier 1549. 

Guill. Lupus ou Wolffs de Godsenhove, mit en vers latins la vie de 
saint Trond, opuscule imprimé avec la vie du même saint par Gérard 
Moringus, Louvain, 1540. 

Livin Ghoir, licencié en théologie, président du collége de Gand, 
en 1587. 

Jean-Baptiste Gramaye, assez connu comme historiographe *. 

Nicolas Vernulæus ou Vernulz, historien de l’université de Louvain 
et auteur, entre autres, de plusieurs tragédies de collége, en latin *. 


1 Fasti acad., pag. 98-94. 
2 Ibid., 173-247. 


3 
4 
5 


Quatrième mémoire, pag. 79. 

Essai sur la statistique ancienne de la Belgique. 

Dans notre quatrième mémoire, pag. 69, à propos des spectacles d'école , nous avons parlé 
de M. Hécart. Il n’a pas omis la peau de bœuf (voy. son ouvrage, pag. 88), mais il n’en a parlé 


DE L'UNIVERSITÉ DE LOUVAIN. 23 


À l’occasion de sa nomination il s’éleva un différend entre le magistrat 
de la ville de Louvain et la faculté des arts. La faculté , en vertu de la 
bulle du pape Engène IV, prétendait que le magistrat ne pouvait ad- 
mettre personne à professer l'éthique ou la rhétorique, à moins qu'on 
n’eüt régenté trois ans dans son sein; qu'ensuite il n’était permis à 
personne de se pourvoir devant le magistrat pour obtenir les provisions 
de cette chaire, avant d’en avoir reçu la permission de ladite faculté. 
Le magistrat, au contraire, soutenait que cette autorisation préalable 
n’était pas nécessaire, et qu'il pouvait conférer les chaires d'éthique et 
de rhétorique ainsi que les prébendes qui en dépendaient, à qui bon lui 
semblerait, pourvu que ce füt un sujet capable. Il intervint enfin un 
arrangement, dont voici les clauses essentielles : 

Quod nulli deinceps lectio ethices aut rhetorices a magistratu con- 
feratur, nisi ei, qui per triennium in facultate rexerit, aut in ea 
plulosophiam vel etiam rhetoricam (si de provisione hujus lectionis 
agatur ) in aliquo quatuor pædagiorum tegerit, üsque deficientibus 
alicui de concilio ejusdem facultatis existenti. Poterit tamen magis- 
tratus , ebiam 1is deficientibus , easdem lectiones , aut alteram earum, 
cum præbendis adnexis, cuicumque idoneo libere conferre, ita quod 
in posterum nemo tenebitur a facultate veniam petere, ut magistra- 
tur pro iisdem lectionibus supplicet. 

Vernulæus, cause ou prétexte de ces démélés, fut admis par la fa- 
culté qui le dispensa de toutes les conditions qui pouvaient lui man- 
quer. Après vingt-sept années de professorat et trente de présidence 
au collége de Mylius, il mourut en 1649, âgé de soïxante-six ans. Il 
fut remplacé par Josse Houbraecken, de Geldorp. 

Mais déjà la belle et saine littérature ne comptait presque plus de 
partisans dans l’université. 


que sur le titre. Au reste, cette pièce est aussi mentionnée dans les {necdotes dramatiques, 1775, 
2 vol. in-12, tom, IT, pag. 447, Brunet, Nouvelles recherches bibl., UL, 24. 


FIN. 


bé tendu tr airs rai sn rapppn 
DUPSUEE Es “sr nhtof no reines Abo À 


AAA AAA AE EEE AE ANA EAU RAA AA AAA 


NOTES. 


À. 


Sur Corarn Mansion, troisième Mémoire, pag. 17 


Les deux impressions curieuses citées en cet endroit et qui appartiennent à l’année 1488, 
n'ont pu être imprimées par Colard Mansion qui mourut en 1484, suivant M. Van Praet ( Notice, 
pag. 4). Une au moins , le Pardon des Brugeois, appartiendrait donc à un imprimeur de Bruges 
dont on ignore le nom, et qui vivait à la fin du XV° siècle. J'oir mon édition de la Chronique 
métrique de Chastelain et de Molinet , pag. 108. 


Pour le remarquer en passant, M. Van Praet ne dit rien de l’opinion qui fait naître Mansion 


à Cambrai. V’oy. la Biographie Cambraisienne de M. Arthur Dinaux, dans les Wémotres de la 
Société d’Emulation de Cambrai pour 1822, pas. 221-222. 


B. 


Sur CLevnarrs, quatrième Mémoire, pag. 24. 


Pour compléter ce que j'ai dit des différentes éditions des lettres de Cleynarts, nous ferons 
remarquer qu’on trouve des exemplaires de la première édition avec cette désignation : 4pud 
Martinum Rotarium, au lieu de 4pud Petrum Phalesium. C’est l'unique différence qu’on y re- 
marque. 


C. 
Sur les Ænalecta de Neurs, 2hid., pag. 71. 


J'ai donné une notice de ces 4nalecta, qui sont une rareté telle que M. Gérard qui avait beau- 
coup connu Nelis, croyait qu’il n’existait pas plus de six exemplaires de la dernière partie. Con- 


Tow. X. A 


26 NOTES. 


sultez mon Mémoire (réimprimé en partie dans le tome I de mon édition de Philippe Mouskes ) 
sur les tentatives faites au sein de l’Académie pour la publication des monumens de notre histoire, 
pag. 66-67. Depuis il m'est tombé entre les mains un nouvel exemplaire de ce recueil plus com- 
plet que celui que j'avais décrit et peut-être unique. Il a passé de la librairie du sieur Anciaux , 
à Louvain, aux archives du royaume. Voici ce qu'il contient : 

I. Oratio Martini Dorpii Theologi…., pag. 1-66. 

IL. Martini Dorp Tomus Aululariæ Plautinæ adjectus..…, pag. 67-94. 

IT. Petri Castellanr ludus…, pag. 95-139. 

IV. Erycii Puteani auspicia bibliothecæ publicæ Lovaniensis, 141-197. 

Inachevé dans l’autre exemplaire , mais ici terminé. 

V. Wiglii ab Ayta Zuichemi Dissertationes historico-pragmaticæ quinque, 1-52. 

Inachevé dans l’autre exemplaire, ici terminé. 

VI. Tabulæ publicæ Lovaniensium.… , pag. 1-175 ou 176. 

J'ai dit dans les procès-verbaux des quatre premières séances de la Commission d'histoire, que 
ce cartulaire avait été imprimé en 1765 d’après l'original , pag. 11, conservé à Louvain et com- 
pilé vers 1380, par un certain Lambertus de Insula. Ici au bas de la pag. 175 on a mis le mot 
Finis, et le verso de cette page n’est pas imprimé comme dans l’exemplaire que jai précédemment 
décrit, où il offre le commencement d’un acte flamand du due Jean IL, daté de 1332. Or, le 
recueil est annoncé comme devant aller jusqu'en 1368. 

Le catalogue de Te Water porte, sous le n° 2077 : Tabulæ publicæ Lovan. S. chartæ, quibus 
concessa Lovaniensibus privilegia ab ann. 1233 ad ann. 1368. 

Dicitur operis, in Belqio editi, tomus secundus, sed desinens p. 176. Ejusdem collectionis tomi 
primi pars secunda deinde impressa est, in qua Viglii ab Aytta Dissert. historico-Pragm. de rebus 
Lotharing., Brabant., Luccemb.; sed hœc quoque pars desinit,p. 48. Nec plura, quod sciam , 
alicubi exstant. On voit que le savant Te Water avait été moins heureux que nous dans ses trou- 
vailles bibliographiques. 

La Biographie universelle en parlant de Nelis , n'indique pas non plus les éditions et traductions 
suivantes : 

L’Aveugle de la Montagne , Amsterdam et Paris, chez les libraires associés, 1789, in-18, où la 
pagination recommence à chaque partie. Après l’errata il y a 65 pages contenant une analyse de 
l'ouvrage, tirée de l'Esprit des journaux. 

De Blinde vom Berg (trad. du même traité), sans lieu ni date, avec une planche gravée, 
173 pp. in-18. 

Parmi les écrits de Te Water, indiqués dans son catalogue, p. 402, on trouve une notice 
intitulée : Over de letterk. verdiensten van den bischop K. F. De Nelis, 1806. 


D. 


Annorarrons p’Anpré Scuorr, cénquième Mémoire, pag. 15. 


Ajoutez qu’à la bibliothèque de Louvain, il y a encore un Élien de l'édition de Salamanque , 
Andreas Portonorius, 1555 , in-4° , édition omise par Fabricius, Harles, Grodderst, avec beau- 


NOTES. 27 


coup de notes MSS. d'André Schott et d’un autre philologue , plus une table également MS. Ce 
volume a appartenu aux jésuites d'Anvers. 


RELATIONS DES JÉSUITES AVEC L'UNIVERSITÉ DE LOUVAIN, 2bid. , pag. 21. 


Nous publierons dans un mémoire subséquent une demande adressée par saint Ionace au 
souverain des Pays-Bas, pour établir à Louvain des écoles jésuitiques. Elle est en latin et se 
trouve aux archives du royaume. 


ERRATA. 


Quatrième Mémoire. 


Pag. 99 — 12. G. Heber, lisez R. Heber. On lit sa biographie dans la Literary Gazette, n° 575, 
pag. 682 et suiv. 


» 93 — 8. De corruptis artium, lisez de corruptione artium. 


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NOUVELLES RECHERCHES 


PIERRE-PAUL RUBENS, 


UNE VIE INÉDITE DE CE GRAND PEINTRE, 


PHILIPPE RUBENS, SON NEVEU, 


AVEC DES NOTES ET DES ÉCLAIR GISSEMENS RECUEILLIS 


LE BARON DE REIFFENBERG. 


é à la séance du 17 janvier 1835 


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NOUVELLES RECHERCHES 


SUR 


PIERRE-PAUL RUBENS, 


CONTENANT 


UNE VIE INÉDITE DE CE GRAND PEINTRE. 


En 1819, feu notre confrère M. Van Hulthem informa l’académie 
qu'il avait lu dans des notes manuscrites sur la Bibliothèque belgique 
de Foppens, qu’il existait une vie inédite, écrite en latin, de l’illustre 
Rubens, par son intime ami Gaspar Gevartius, greffier de la ville 
d'Anvers. Il ajouta qu'il était parvenu, après beaucoup de recherches, 
à en obtenir une copie, et exprima l'intention d’en enrichir nos mémoi- 
res, en joignant à cette notice quelques lettres autographes de ce grand 
peintre. Mais M. Van Hulthem avait une répugnance invincible à con- 
fier au papier les trésors de son érudition, et ce n’était guère qu'à son 
corps défendant qu'il rédigeait pour nous ou pour le public quelques- 
unes de ces notes précieuses dont il a parsemé les gardes de ses livres. 
D'ailleurs la mort est venue le surprendre au milieu de mille projets 
généreux, conçus dans l'intérêt des lettres. Ce qu’il n’a pas eu le temps 
ou la patience de faire, je le ferai; et en accomplissant un de ses désirs, 
je lui témoignerai la reconnaissance que m’inspirera toujours l'affection 


NOUVELLES RECHERCHES 


PSN 


qu’il n’a cessé de me montrer pendant plus de vingt années. La vie de 
Rubens qu’ii se proposait d'insérer dans notre recueil, je l’ai retrouvée 
parmi les manuscrits de la Bibliothèque de Bourgogne, que j'ai le 
plaisir de voir confiés à l’un de nos confrères. En la mettant sous vos 
yeux, je tâcherai d’y rattacher quelques éclaireissemens qui, sans doute, 
ne remplaceront pas ceux qu'aurait pu fournir M. Van Hulthem, mais 
qui du moins, j'ose le croire, ne seront pas tout-à-fait inutiles à l’his- 
toire des arts dans notre patrie. Ce mémoire servira d’ailleurs de com- 
plément à celui que j'ai déjà inséré dans notre sapiens volume, sur 
Rubens et sa famille. 

Mais avant de transcrire l’abrégé de sa vie, qu'il me soit permis de 
dire que M. Van Hulthem a été trompé en l’attribuant à Gevartius. 
Sil est possible qu’on en ait vu une ou plusieurs copies provenant de 
ce savant, il n’en est pas moins certain que la notice elle-même est de 
Philippe Rubens”, neveu de Pierre-Paul, car c’est lui qui le déclare 
expressément dans une de ses lettres à Roger de Piles. Partant d’un si 
proche parent du grand peintre, il me semble que cette notice n’en 
est que plus curieuse. 


VITA PETRI PAULI RUBENII. 


Perrus-Paurus Rugens patrem habuit Joannem Antverpiæ natum, 
qui, postquam ltaliam per septennium, ad capiendum ingenii cultum 
judiciumque confirmandum, peragrässet et in utroque jure doctoratuüs 
gradum esset adeptus *, reversus est in Belgium, et Antverpiæ senato- 
rià dignitate per annos sex integros magnà cum laude functus est, ac 
demüm civilibus bellis exortis, quo procul ab üis, nimirum quietis 
amans, ageret, patriam, cui propter administratæ Reipublicæ justitiæ- 
que merita charus erat, ultro reliquit, seseque Coloniam Agrippinam 

J'ai donné quelques détails sur son compte dans la généalogie des Rubens. 


1 
2 À Rome, en 1554. 
3 


Depuis le 7 mai 1562, jusqu'au 27 du même mois 1568. 


SUR RUBENS. 5 


cum uxore et liberis recepit : ubi anno salutis humanæ 1577 ' natus 
est Petrus Paulus noster, qui prima litterarum rudimenta ibi perce- 
pit”, eà ingenii felicitate, ut æquales facilè excederet, donec anno 1587, 
post obitum patris, se cum matre Antverpiam, quæ hüc faciles aditus 
bonis omnibus, quasi postliminio, præbebat, cupidè retulit, et reli- 
quum studiorum cursum confecit *. 

Mox a matre datus in familiam dominæ Margaritæ de Ligne , viduæ 
Philippi comitis de Lalain, aliquantulùm temporis illic inter honora- 
ri0s pueros ( paigios vocamus ) meruit. 

Sed statim aulicæ:-vitæ pertæsus et à genio suo ad picturæ studium 
impulsus, à matre impetravit, attritis jam parentum per bella opibus, 
ut Adamo van Noort, pictori Antverpiensi, instituendus traderetur. 

Sub hoc magistro prima artis suæ fundamenta per annos quatuor 
posuit, eo profectu, ut appareret à naturà ipsà ad hoc factus. 

Deindè sub Ottonis Venii, pictorum belgicorum illo tempore prin- 
cipis, disciplinà alios quatuor annos ferè exegit. 

Sed cum eà jam esset famä, ut dubiam magistro suo principatüs 
palmam redderet, impetus illum cepit Ttaliam videndi, ut antiquorum 
et recentium artificum celebratissima illic opera propius contempla- 


1 Le 29 juin. Le Messager des sciences et des arts, liv. 9 et 10 de l’ancienne série, contient 
un mémoire sur une inscription placée à Cologne, devant la maison où l’on prétend que naquit 
Rubens et que mourut Marie de Médicis. 

Le lieu de naissance de Rubens a soulevé une controverse. Pour le faire naître à Anvers on 
a invoqué la vie de Philippe Rubens , son frère, écrite par J. Brants, beau-père du célèbre pein- 
tre. On y lit que la régence d’Anvers appela Philippe Rubens de Rome pour lui conférer la charge 
de secrétaire de la ville ; mais que cette fonction ne devant être remplie que par une personne 
jouissant du droit de bourgeoisie, par les priviléges accordés aux seuls Brabancçons, on alléoua 
que l’on pouvait bien faire une exception en faveur d’un homme du mérite de Philippe Rubens , 
bien que celui-ci ne fût pas né à Anvers, où tous ses frères et sœurs, père et mère et ses an- 
cêtres avaient vu le jour : ea civitate donaretur ubi fratres (par conséquent P.-P. Rubens) sorore, 
uterque parens, aliique retro majores hunc aerem primum hausêre. (Le Polygraphe belge, 
p. 6, 28.) Le journal intitulé l’A4rtiste, d’après des indications de Mantelius et de M. de Villen- 
fagne , a voulu placer le berceau de Rubens à Curenge, aux environs de Liége. Cette assertion 
a été combattue par M. Cudell dans la Revue belge, 1°° année, 300 — 313. 

2 Sous la direction de son père qui lui servit de maïtre; il y fréquenta aussi les cours de 
l’université. 

8 Au collése des jésuites. 


6 NOUVELLES RECHERCHES 


retur, et ad hæc exemplaria penicillum suum formaret. Profectus 
est IX maii MDC. 

Venetias ut venit, sors illum hospitio junxit nobili mantuano, Vin- 
centii Gonzagæ, Mantuæ ac Montisferati ducis domestico : huie tabulas 
quasdam à se delineatas ostendit ; ille duci, qui, ut erat picturæ et 
omnium artium liberalium studiosissimus, statim eum sibi applicuit, 
atque in familiam suam adscivit, ubi septem annos explevit!. 

Interim tamen Romam excurrens, ubi duas * tabulas fecit in ecelesià 
Sanctæ crucis in Hierusalem, jussu serenissimi principis Alberti 
Austriaci, qui sub eo titulo Sanctæ Romanæ Ecclesiæ cardinalis 
olim fuerat. 

Missus est pauld post in Hispaniam a duce Mantuano, ut Regi Ca- 
tholico Philippo quarto * rhedam pulcherrimam et septem generosissi- 
mos equos offerret. Redux ex Hispanià tabulam magni altaris in templo 
Sanctæ Mariæ Za Nova Romæ perfecit*. 

Mox revocatur in Belgium ob morbum matris periculosum ; citatis 
equis eo volavit, sed matrem tamen vita functam repperit *. 

Ut in Belgium rediit anno 1609, sparsà jam latè peritiæ ejus famà , 
principes Albertus et Isabella ab eo pingi voluerunt, et ne versoriam 
in Îtaliam caperet (quo præmiorum ingentium illecebris revocabatur) 
in familiam adscriptum suam, compedibus aureis ligàrunt. 

Ipse pauld post se maritali vinculo*, ducta filia Joannis Branti, 
senatoris Antverpiensis, et Claræ de Moy, cujus sororem haud multô 
antè duxerat Philippus Rubens, frater natu maximus, urbi Antver- 
piensi à secretis, unicus alumnus Justi Lipsii , Viri immortalis. 


1 Depuis le 9 mai 1600 jusques en décembre 1608, ce qui fait plus de 8 ans et demi. 

2 Il y peignit frois tableaux, l'invention de la vraie croix, le couronnement d’épines et le 
crucifiement. 

3 Lisez Philippo tertio. 

4 Il y fit trois tableaux, la Vierge entourée d’anges au maïtre-autel et deux autres de chaque 
côté. 

5 Elle mourut le 15 nov. 1608. Rubens ne revint à Anvers qu'en décembre ou en janvier 1609, 
ce que les mots qui suivent semblent confirmer. 

5 Le 9 nov. 1609. 


SUR RUBENS. 7 


In contubernio soceri aliquot annos vixit', quo tempore fecit tabu- 
Jam magni altaris ecclesiæ paræcialis S*. Walburgis Antverpiæ, quæ 
supplicium Domini nostri exhibet *. 

Interim ædes proprias magnanque juxta aream Antverpiæ emit, 
ubi diætam amplissimam romanà formà ædificat, picturæ studio aptam, 
hortumque latissimum omnis generis arboribus conserit. 

Nam licet principes Belgicæ Bruxellis illum habitare mallent, quo 
peracri ejus et eleganti ingenio propiüs fruerentur , tamen impetravit, 
ut Antverpiæ sedem figere liceret, ne aulicorum negotiorum continua 
series studiis Apelleæ artis damno foret. 

Per Italiam undiquè conquiri jussit ingentem antiquarum statuarum 
et gemmarum vim, quà domum suam instruxit, magnam quoque nu- 
mismatum veterum copiam. 

Ulirà varias, quas undiquè tabulas, quas imperatori, regi catholico, 
regi Angliæ, resi Poloniæ, duci Bavarico*, duci Neoburgico, episcopo 
Herbipolensi aliisque principibus elaboravit, omnes ferè Belgicæ 
ecclesias artis suæ pictoriæ tabulis instruxit. 

Antverpiæ præcipuè templum divæ Virginis, ecclesias præmonstra- 
tensium, fratrum franciscanorum, dominicanorum, augustinianorum, 
sed præ altis, ecclesiam novam patrum societatis Jesu, cujus et lacu- 
naria picturis ejus undique fulgent *. 


1 En 1611, au mois de septembre, il fit un accord avec les suppôts du serment des arquebu- 
siers pour leur peindre une descente de croix, la même qui est dans l’église N.-D., par suite 
d’un compromis pour la réparation d’une muraille qui séparait la maison qu’il leur avait achetée 
vers l’année 1610 , du jardin d’exercice de cette confrérie. On peut juger par là que Rubens ne 
resta pas long-temps chez son beau-père. Voyez parmi les éclaircissemens, sous la lettre À, une 
pièce relative à cet accommodement. 

2 Ce tableau fut placé en 1610. 

3 Un poète décrié, mais dont on peut encore feuilleter les écrits par curiosité, Gacon, qui se 
surnommait le poète sans fard, a fait une description du massacre des innocens, peint par 
Rubens et possédé par l'électeur de Bavière. (Voy. ses Poésies, 1701, pp. 213-218). On y lit 


ces vers : 
Vous donc qui prétendez à la sublime gloire 
D'’exprimer sur la toile ou la fable ou l'histoire; 
Voulez-vous recueillir Le fruit de vos labeurs, 
Apprenez de Rubens l’art d'émouvoir les cœurs, etc. 


4 Voy. sous la lettre B le contrat passé à cette occasion avec ces pères. 


8 NOUVELLES RECHERCHES 


Mirum sanè tàm multa præclaraque opera exiguo tempore perfe- 
cisse, cum tamen sæpè ob publica negotia Bruxellas avocaretur ab Al- 
berto principe, qui singulari eum benevolentia complectebatur. Itaque 
et primogenito ejus filio nomen dare voluit : nec minori, post obitum 
Alberti, gratià floruit apud Isabellam viduam, atque omnes aulæ 
magnates, præcipuè apud marchionem Spinolam, qui sæpè prædicare 
solitus, tantas in Rubenio elucere undiquè animi dotes, ut picturæ 
scientiam vel inter minimas ducendam existimaret. 

Moliebatur hoc ferè tempore' Parisiis Maria Medicæa, vidua Fran- 
ciæ regina, magnificam illam palatit Luxemburgensis molem, quam 
ut numeris omnibus absolutam redderet, voluit porticis utrasque Ru- 
.benianis tabulis illustrari, atque in una quidem vitam suam exprimi, 
in altera res gestas Henrici quarti delineari. 

Sed dimidio tantum voti sui potita est, nam exilium suum pulcher- 
rimo operi intercessit, illa tamen porticus, quæ vitam ejus continet, 
plenè perfecta est. 

At düum Parisiis est Rubens, ut tabulas illas loco suo poni curet 
supremamque manum imponat, anno scilicet 1625, forte illic repperit 
ducem Buquingamiæ , flagrantissima regis Angliæ, principisque Wal- 
liæ ? gratia florentem. Is postulat ut imaginem suam penicillo describat, 
nec dissimulat, sibi cordi esse, ut commota pridem inter Hispaniæ 
Britanniæque reges odia et bella sopiantur. 

Refert hoc Bruxellis redux Rubenius infanti Isabellæ quæ jubet ut 
illam ducis benevolentiam alat ac foveat; hoc à parte suà præstat 
Rubens, nec dux deest, qui pauld post Antverpiam mittit unum ex fami- 
liaribus suis, qui omnia Rubenii cimelia emat, quorum pretium fuit 
centum millium florenorum. Intereà moritur uxor Rubenii anno 1626. 


1 En 1620. On exécute maintenant, aux Gobelins, en tapisseries magnifiques toute la galerie 
de Médicis qui est devenue un des plus rares ornemens du Louvre. 

2 Quoique le mariage du prince de Galles eût été arrêté du vivant de Jacques [®, cependant 
lorsque cette alliance fut conclue , il n’y avait plus de prince de Galles en Angleterre , parce que 
ce prince (Charles I°") était devenu roi par la mort de son père, avant même que le contrat de 
mariage fût signé à Paris. Les biographes n’ont pas fait attention à cette circonstance en rappor- 
tant cette anecdote. 


SUR RUBENS. 9 


Deindè ab infante Isabellà mittitur in Hispanias ad regem anno 1628, 
quo in otio celeberrima Titiani opera in Escuriali depinxit”. Redit 
sequenti anno cum codicillis secretarii sanctioris consilii pro se et filio 
suo Alberto. 

Mox in Angliam transit * et pacem inter utrosque reges componit*, 
in abitu eques creatus à rege Angliæ *, quæ dignitas illi confirmatur a 
rege catholico *. 

Et post res benè gestas, Antverpiæ anno 1630 ducit in secundas 
nuptias Helenam Formentiam, virginem sexdecim annorum , quæ for- 
mæ præstantia judicio Paridis ejus Helenam vicisset. 


1 Le Titien consacra ses dernières années, dit M. De Angelis, à multiplier les jouissances de 
l'esprit sombre et inquiet de Philippe II. Après avoir terminé une grande composition allégo- 
rique pour Charles-Quint (le fameux tableau de la religion , qui est à l’Escurial, et qui a été gravé 
par Fontana), il peignit Diane et Actéon , Andromède et Persée , Médée et Jason, Pan et Syrinx, 
Vénus et Adonis, qui sont plutôt des poèmes que des tableaux. « On verra par là, ajoute-t-il, 
s’il est possible de bien juger le Titien ailleurs qu’en Espagne. » Biogr. univ., XLVI, 155. 

? En 1629. 

3 En 1630. 

4 Le 15 décembre 1630. 

5 Le 20 août 1631. Les lettres patentes furent enresistrées le 2 mars 1632. « Rubens, dit 
Shaw, qui était à la fois peintre fameux, grand politique et courtisan accompli, fut envoyé 
ambassadeur en Angleterre et y laissa plusieurs monumens de son génie. On sait quel cas faisait 
de Rubens l’infortuné Charles I‘, ce bon juge des beaux-arts.» Æssai sur les Pays-Bas autrichiens, 
1788, p. 176. 

Shaw, pour le dire en passant, est un des étrangers qui ont le plus exactement parlé de notre 
pays , aprécié avec tant de légèreté au dehors. Cependant lui-même n’est pas exempt d'erreur : 
par exemple, p. 125, il dit que Froissard a fait en langue latine un portrait vrai et naturel des 
mœurs du XIV° siècle. En supposant que cette inadvertance n’appartienne pas à son traducteur 
(je n’ai pas le texte original sous les yeux ), il aura pris pour Froissard même l’abrégé qu’en 
a fait en latin J. Sleidan, Francof. Andr. W'echel, 1584, in-12. 

Pour en revenir à Rubens, s’il a trouvé parmi les Anglais des admirateurs sincères, il y a 
aussi rencontré des détracteurs passionnés. Quel belse, en effet, pourrait écouter de sang-froid 
ces paroles sacriléges de lord Byron, excusables seulement par l’aveu qu’elles renferment : 
« Il faut vous rappeler. que je ne me connais pas en peinture et que je la déteste, à moins qu’elle 
ne me rappelle quelque chose que j'aie vu, ou que je croie possible de voir. C’est pourquoi 
j'abhorre et crache dessus tous les sujets de saints et la moitié des impostures dont les églises 
et les palais regorgent ici. Jamais de ma vie je ne fus si dégoûté qu’en Flandre du Rubens , et de 
ses éternelles femmes et de son infernal éclat de couleurs, du moins à ce qu'il me semblait. » 
Mémorres, t. IL, ch. 12. 


Tou. X. 2 


10 NOUVELLES RECHERCHES 


Ex eà quinque liberos procreavit, quorum primogenitum Franciscus 
de Moncada, marchio de Aytona, Belgii gubernator', de fonte baptis- 
mali suscepit, et Franciscum appellavit, qui jàm in supremo Brabantiæ 
senatu sedet. 

Sed heu! res mortalium fluxæ et instabiles, ut lubrica est earum et 
incerta possessio. Petro Paulo ad culmen gloriæ jam evecto, invida 
mors ( prob dolor!) manum injecit, et quod in eo mortale erat, rapuit ; 
sed ejus famæ non potuit nocere, quæ perennabit quamdiü scientia- 
rum cultores erunt. | 

Decessit & vita anno 1640, ætatis 64° et sepultus est Antverpiæ in 
ecclesià S'. Jacobi in sacello à viduà et liberis sepulturæ ejus et suo- 
rum exstructo; quæ vidua posteà nupsit baroni Joanni Baptistæ 
Broechoven de Bergeyck, equiti ordinis militaris S". Jacobi, regi ca- 
tholico à consilüis, status Belgu in Hispanis et Belgicis provinciis , et 
ejusdem plenipotentiario pro pace inità Aquisgrani cum rege christia- 
nissimo anno 1668. 

Solebat Rubens hyeme et æstate semper interesse primo missæ 
sacrificio *, nisi podagra ( quà vehementer laborabat) eum impediret, 
post quod appliquabat se operi, assidente semper lectore, qui librum, 
Plutarchum, vel Senecam prælegeret, ità ut lectioni et picturæ suæ 
simul intentus esset. 

In arte pictorià plurimos habuit discipulos, inter quos excelluerunt 


1 Francois de Moncada, marquis d’Aytona, comte d’Ossone, grand sénéchal d'Aragon, mou- 
rut devant Clèves, le 10 août 1635, à l’âge de 49 ans. Belgii et Burg. Gubernatores. Colon. 1677, 
pp: 77-79. 

2 Rubens étant né le 28 juin 1577 et décédé le 380 mai 1640, il n’avait que 62 ans 11 mois et 
quelques jours quand il mourut. Il était donc alors dans sa 63° année et non dans sa 64° comme 
le dit aussi son épitaphe. 

3 J. B. de Brouckhoven , chevalier de l’ordre militaire de saint Jacques, baron de Bergeyck, 
conseiller du conseil suprême pour les affaires des Pays-Bas et de Bourgogne à Madrid , envoyé 
extraordinaire en Angleterre, fut élevé à la dignité de comte par le roi Charles II. Les lettres 
patentes sont du 9 déc. 1676. La famille de Brouckhoven avait été anoblie en 1607 par l’em- 
pereur Rodolphe IL, et en 1620 par les archidues Albert et Isabelle. V. le Vobil. des P. B. et 
Cbristyn, Jurisp. heroïca, 1, 194, 235. 

4 Cette candeur de conviction, cette foi vive est une puissance enlevée aux imaginations mo- 
dernes, qui se tourmentent vainement pour croire à quelque chose. 


SUR RUBENS. 11 


Petrus Soutmans, pictor Sigismundi, regis Poloniæ, Justus van Esmond, 
Erasmus Quellinus ‘ , Joannes Brouchorst, Joannes vanden Hoecke, 
pictor archiducis Leopoldi, et præcipuë Antonius van Dyck, cujus 
ingenium advertens, eum in familiam recepit, et unicum alumnum 
habuit, qui talem progressum fecit, ut in eà arte nemini cesserit. 

Sæpius suasit Rubens Isabellæ infanti pacem cum Batavis esse 
faciendam , quam illa toto pectore exoptabat, et ad eam sub manu trac- 
tandam Rubenio curam dedit, quam facilè procurasset, nisi invidi 
ejus gloriæ negotium semper invertissent *. 

Cujusnomine et mandato multa etiam negotia Bruxellis tractavit cum 
regina Franciæ, duce Aurelianensi, Ulasdislao, principe Poloniæ, 
duce Neoburgico et aliis magnatibus, quibus ob facundiam et cæteras 
animi dotes gratus erat. 

Sed ut finem imponam, restat epitaphica inscriptio quam clarissi- 
mus Gevartius * Rubenio, intim suo, fecit : 


D. O. M. 


Petrus Paulus Ruberius Eques 
Joannis, hujus urbis senatoris, filius, 
Steini Toparcha : 
Qui inter cæteras, quibus ad miraculum excelluit, 
Doctrinæ, historiæ priscæ omniumque bonarum artium 
Et elegantiarum dotes, 
Non sui tantum sæculi 
Sed et omnis ævi 
Apelles dici meruit, 
Atque ad regum principumque virorum amicitias 
Gradum sibi fecit. 


1 Comme il a existé un grand nombre d'artistes du nom de Quellin, et qu’il règne à leur égard 
une extrême confusion, pour la faire cesser, on a essayé de dresser une généalogie de leur 
famille. On la trouvera parmi les éclaircissemens à la fin de ce Mémoire. 

2 Ce conseil de reconnaître l'indépendance de la Hollande est la plus haute preuve de la capa- 
cité politique de Rubens. 

3 Gevaerts n’aurait point parlé ainsi de lui-mème, et cette observation pourrait servir à com- 
battre l’opinion qui lui attribue la notice sur Rubens, si l’on n'avait pas un témoignage plus 
explicite et plus concluant. 


12 NOUVELLES RECHERCHES 


À Philippo IV, Hispaniarum Indiarumque rege, 
Inter sanctioris consili seribas adscitus, 
Et ad Carolum magnæ Britanniæ regem 
Anno M D G XXIX delegatus, 
Pacis inter eosdem principes mox initæ 
Fundamenta feliciter posuit. 
Obiit anno salut. M D G XL, xxx mañ, 
Æiatis LXIV ?. 


Nihil dicam de Alberto: filio ejus, qui fuit Philippo quarto in sanc- 
üore consilio à secretis, quàm quod se dignum hoc parente præbuerit, 
ut testantur varia ejus scripta, etiam quædam posthuma de Aie vestia- 
ria, præcipuè de Lato clavo, de gemmis Tiberiana et Auqustæa , de 
urbibus Neocoris, de nummo Augusti, qui inscribitur : Asia recepta, 
de Vatali die Auqusti, quæ omnia clarissimus vir Joannes Georgius 
Grævius, apud Batavos eloquentiæ professor, ex variis ejus et disper- 
sis schedis collegit ad instantiam Philippi Ruben *, senatoris Antver- 
piensis, Alberti patruelis et filiarum tutoris, sine quo blattis et tineis 
cessissent pabulum. 

Mors illum méœærore animi languentem in flore ætatis rapuit, post- 
quäm unicum filium undecim annorum, à cane, ipsi blandiente, unico 
dente tantisper in manu læsum, post quadraginta dies adhuc sanum, 
et unicà nocte insanientem et simul morientem vidisset. 

Quorum funera admirabili carmine deplorat clarissimus vir Nicolaus 
Heinsius, quod prædictotractatui de Re veshiaria præmissum est, dignum 
sane, ut à viris doctissimis legatur et admiretur. Adjungo epitaphium, 
quod exstat in prædicto sacello. 


1 Voy. plus haut p. 10, note 2. Il faudrait lire pour être exact œætat. LXIII. 

2 Bibl. belg. 1, 1007-1008. 

3 Le père de l’auteur de cette notice. Son monument fut placé dans l’église de St.-Michel à 
Anvers. Philippe avait été l’élève de Juste-Lipse, qui lui a écrit plusieurs lettres et a donné de 
lui un témoignage imprimé dans ses œuvres. D’autres lettres de Philippe à Juste-Lipse se lisent 
dans le Sylloge de Burman, 11, 103. 

Parmi ses poésies il y a une pièce adressée à son frère : 

Ad Petrum Paulum Rubenium navigantem,in-4°, et dansle tome IV des Deliciæ poet. Belq. p. 42, 

Le buste de cet auteur a été gravé par Corn. Gallæus. 

Vid. Bibl. belg. 11, 1043-44. 


SUR RUBENS. 13 


D. O. M. 


Albertus Rubenius Pet. Paul. Fil. 
Regi cathol. in sanctiore consilio 
A secrelis hîc situs est, 

Qui politioris omnis litteraturæ , 
Historiæ Græcæ et Latinæ ! reique 
Antiquariæ cognitione nemini cedens, 

Honoris medio in cursu decessit 
An. sal. M D C LVII kal. octob. ætat. XLIIT. 
D. Clara del Monte 
Mariti carissimi desiderio ægra, 
Vixque elapso mense ipsum secuta, 
Sacro perpetuo in hoc sacello pie 
Fundato, obüit ætat. xxxix ?. 


RU RP 


1 Le monument porte Romanœ au lieu de Latinæ. 
2 La Bibl. belg. qui donne cette épitaphe avec de légères variantes, ajoute : XXW novembris 


M D C LVII. 


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ÉCLATRCISSEMENS. 


A. 


Extrait des registres du serment des arquebusiers , à Anvers, relativement au 
célèbre tableau de la Descente de croix , de Rubens, quiest dans l’église N.-D. 
en cette ville !. 


Op seven september 1611 is het stuck op de camer der Coloveniers-gulde aenbesteet 
aen Petrus Paulus Rubbens ter presentie van den hooftman heer Nicolaes Rockoex ?. 

Op dry visitatien van het peneel ten huyse van ditto Rubbens anno 1611 is betaelt 
aen drinckgelt ÿ aen de discipels en de beschenckinge van wyn. . . . . . f 9 10 


1 M. Cornelissen a fait connaître cette pièce par extrait. dans les Annales belgiques, NV, 55-65. Cet article 
intitulé : Discussion critique sur une anecdote relative à la Descente de croix, tableau de P.-P. Rubbens , est 
piquant et ingénieux. 

Mistriss Trollope, dont le voyage en Belsique renferme une foule d’erreurs puériles , s’exprime ainsi sur ce 
tableau : « La fameuse Descente de croix , le chef-d'œuvre de Rubens , orne cette église (de N.-D.). C’est en 
effet un tableau dans lequel se déploie toute la puissance de l’art, et qui renferme toutes les qualités par 
lesquelles Raphaël s’est rendu célèbre. Toutefois il ne réalise pas entièrement l’idée que je m’en était formée. 
L’attitude de saint Jean conviendrait mieux à un gracieux pantomime qu’à un disciple désolé du Sauveur : et le 
riche coloris de la peinture, tout harmonieux qu’il est , s’accorde plutôt avec le goût de l’artiste qu'avec le ton 
de la scène …. L’académie possède une riche collection de tableaux, parmi lesquels on en compte plusieurs du 
premier ordre: de ce nombre est un Van Dyck, et je pense que s’il était placé à côté du Rubens de N.-D., on 
y remarquerait tout ce qui m’a semblé manquer au dernier de ces ouvrages capitaux. Le sujet, les personnages, 
sont les mêmes ; le temps est un peu plus avancé dans le tableau de Van Dyck, le corps de Jésus repose déjà 
sur le sein de sa mère ; saint Jean à côté d’elle, tient une des mains du rédempteur , et la Madelaine, un peu 
plus loin, regarde le groupe avec des yeux remplis de larmes. L’agonie maternelle est exprimée avec une 
énergie qui surpasse tout ce que j'ai vu de plus pathétique sur la toile; et les teintes modestes qui prédominent, 
sont dans un bel accord avec cette heure imposante. » Ch. 8. 

2 Ce Nicolas Rockocx, premier bourgmestre d'Anvers, en 1603 , 1605, 1608, 1609, 1611 ,1615, 1617, 1621 
et 1625, fut armé chevalier par l’archiduc Albert, le 12 décembre 1599, avec Jacques d’Assa, fils de Ferdinand 
d’Assa et de Barbe Rockocx, pareillement premier bourgmestre d'Anvers, en 1596, 1597 , 1600, 1601 , 1604, 
1610, 1613 et 1614. Vobiliuvre des P.-B., 1, 118-119 

5 Ces pour boire aux élèves de Rubens, les 323 pots de bierre dont ce grand homme doit payerla moitié, 
aussi bien que la paire de gants stipulée au profit de sa femme , sont des détails bien petits, bien indignes d’une 
si haute renommée, mais il est curieux de voir le génie se faisant homme et se pliant aux pauvretés de l’exis- 
tence sociale. 


16 ÉCLAIRCISSEMENS. 


In het jaer 1612 is het stuck uytgehaelt uyt het huys van ditto Rubbens. 

Betaelt aen de aerbeyders voor het voeren van de stoffen van houtwerck , peneel, als 
het afdoen van het stuck van den solder tot in den vloer ten huyse van P. P. Rubbens, 
van uyt het selven huys te voeren naer de capelle, leveringe van berdt daer toe verbe- 
sight, ende andere materialen,mitsgaders ook aen D gelaeghen s00 in ’t besteden 
met de aennemers als wercklieden by specificatie. . . ne NE MTIGENRE 

Den 4 december 1613 is de oude schilderye van den autaer area lle een stuck 
avontmael seplaceert voor de schouwe op de guldecamer !. 

Op S'e-Magdalena dagh ? 1614 is geweyt den nieuwen autaer van de Colveniers-gulde 
in de cathedrale kercke van ©. L. V. 

Op 8 january 1615 is geaccordeert met P. P. Rubbens ende David Remeens vergulder 
nopende hun naerwerck, ende alsdan met hun present de oude dekens verteert. f. 46 18 

Item alsdan aen P. P. Rubbens betaelt op dope van syne t’achterheyt by quit- 


tantie Su MATE NEA TRIO 0.0 
Item ook betaell aen De Re ton voor tergaen van de schilderye ende 
byvalle by quittantie. . . . Dans h char Me ALT) 


Op 25 july 1615 sent ordLert ee France 40 moe over het opmaeken van den 
muer tegens den hof van P. P. Rubbens. 

Betaelt anno 1615 £. 40 2 voor 323 potten bier gedroncken by de arbeyders in ’t maec- 
ken van den muer ende huysinge daer af P. P. Rubbens de helft van het bier moet gelden 
ten respecte van den muer , ende voorder niet. 

Item alsdan betaelt aen de erfscheyders voor ‘t meeten van de nieuwen gemetsien muer 
daerat le PRubbens deteeneelft mo DUrRaES ER NE NN RE EE 

Iiem quamp goet aen François de Craeyer. . . . . Par an LAC) 

Voor het opmaecken van den selven muer boven den de met hem aengegaen 
aengaende synen vrydom. 

Anno 1615 betaelt. . . . enr are 0) 

Voor een paer handschoenen RARE aen “1 ie van P. P. Rubbens als 
besproocken. 

Den 16 decemb. 1622 heeft den deken Jan Leese ter camer overgelevert de generale 
quiltantie van P. P. Rubbens schilder, daer by hy bekent voldaen te syn van de somme 
van vier hondert ponden vlaems, in volle betaclinghe van het maecken van de schil- 
derye staende op den autaer, in dato 13 february 1621. 

Aldus opgesocht ende bevonden by den ondergesch. secretaris van de Coloveniers- 
gulden in Antwerpen, 27 july 1771. 

J. B. Berrens. 


Il résulte de ce qui précède que le chef-d'œuvre de Rubens coûta aux arquebusiers 
environ 9000 francs. 


1 Brülé le 11 nov. 1737- 
2 22 juillet. 


ÉCLAIRCISSEMENS. 17 
B. 
Contrat passé entre les RR. PP. jésuites d'Anvers et Rubens. 


Den 2952 meert anno 1620 is den Eerw. pater Jacobus Tirinus 1, Præpositus van t huys 
der professen der societyt Jesu veraccordeert met S'. Petro Paulo Rubbens. 

Ten eersten dat den voorschreven S'. Rubbens soo haest het hem mogelyck sal syn 
immers voor het uylgaen van desen tegenwoordige jaer leveren sal de negen et dertigh 
stucken schilderie, de welke tot de suffyten soo van de bovenste als benedenste galderien 
in de nieuwe kercke van de voorschreve professen noodig syn, volgende de lyste van de 
selve schildere hem overgegeven van den voors. præpositus ?, tot wiens geliefle nochtans 
sal hy gehouden syn ettelycke van dien te veranderen s0o wanneer hy ’t selfde nuttig 
bevinden sal. 

Ten tweeden dat den voors. S'. Rubbens de teekeninge van alle de voors. 39 stucken 
sal gehouden syn met syn eygen handt in ’t cleyne te maken, ende door Van Dyck 3 
mitsgaders sommige anderesynedicipelen {soon t groot te doen opwerken ende volmaken 
als den heysch van de stucken ende van de plaetsen daer s’ ingeset moelen worden wesen 
sal, ende belooft hier in syne eere ende conscienlie te quyten in der vuegen dat hy met 
syn eygen band in de selve volmaken salt gene men bevinden sal daer aen te gebreken. 

Ten derden dat den voors. Rubbens sal met syn eygen handt opmaken een ander 
schilderie voor een van de vier zyde autaeren van de voors. kercke, sulcke als den voors. 
P. Præposito t synen tyde gelieven sal, ofte in stede van dese laelste schilderie sal hy aen 
den voors. P. Præposito overleveren alle de negen en dertigh kleyne afteekeningen boven 
genoemt, ende dat ten keuze van den voors. S' Rubbens. 

Ten vierden sal den voors. P. Præpositus ten dage van de volle leveringe van de voors. 
39 stucken aen den voors. Rubbens gehouden wesen toe te schiken de somme van seven 
duysend guldens , item op den selven dag nog andere dry duysend guldens voor de twee 
groote schilderien van onse heylige vaders Ignatio ende Xaverio, alreede door den selven 
S" Rubbens opgemaeckt voor de hoochsale van de voors. nicuwe kercke ende sal den 
voors. P. Præpositus van dien voorseyden dage voor de voorseyde f. 10,000, aen den 


1 Jac. Tirinus naquit à Anvers en 1580. Il a laissé divers ouvrages mentionnés dans la Zi%/. Belg. 11 mourut 
le 14 juillet 1636. 

2 Voy.sous la lettre C. 

5 Le style de protocole était alors , on le voit, d’une naïve familiarité. 

4 Le passage suivant de M. Valery, relativement à Raphaël, peut s’appliquer à Rubens, avec certaines 
restrictions : « Les loges de Raphaël , si elles ne sont pas toutes de'sa main, furent exécutées sous sa direction 
» et par ses élèves. Jamais ce prince de l’école romaine ne se rendait au Vatican qu’à la tête de cinquante 
» peintres, vassaux de'son génie, et attirés, fixés auprès de lui par le charme de son caractère. Cette féodalité 
» dans les arts, si favorable aux grands ouvrages, tenait à d’autres mœurs qui ne peuvent renaître. Les pré- 
» tentions, l'indépendance des artistes actuels, la dignité académique, ne permettent plus l'obéissance ; la 


» subordination , auxquelles on doit les vastes et beaux travaux qui maintenant nous étonnent. » Voyage en 
Italie, liv. XIV, ch. 3. 


Tow. X. 3 


18 ÉCLAIRCISSEMENS. 


voorseyden S' Rubbens jaerlyckx rentswys tot 6 4 p. c. betaelen f. 625 , totler 1yd toe hem 
gelieven sal de voors. somme ten geheelen oft ten deele affteleggen. 

Ten vyffden sal P. Præpositus gehouden wesen te leveren het lynwaert ofte teycken die 
noodig sullen syn tot het opmaken van de voorseyde 39 stucken. 

Ten sesden ist by aldien dat voor den hoogen autaer van de voorseyde nieuwe kercke 
eene nieuwe schilderie sal moelen gemaeckt worden soo en sal P. Præpositus die selve 
door niemant anders dan door den voors. Rubbens doen maken, behouden redelycke 
conditie ende accoort mel malkanderen. 

Ten sevensten sal den voors. P. Præpositus aen den voors. S° Van Dyck ter bequamer 
iydt aenbesteden eene schilderie van de voors. vier seyde autacren der voors. kercke. 

Aldus ter goeder trouwe samen veraccordeert, in de tegenwoordigheyt van den eerw. 
P. Carolus Scribani ! , rector van ‘t collegie der societyt Jesu tot Brussel, desen 29 meert 
1620. Leeger stont : (Zfa est). 

Was onderteekent, 


Jacosus Tirinus , Præp. 


Dese gecollationneert teghens het origineel, berust hebbende in de archieven van het 
professie-huys der gesupprimeerde societyt Jesu , is door my ondergeschreven actuarius 
van den heere raed ende commissaris van het selve professie-huys Van den Cruyce, daer 
mede bevonden te accorderen. T’ oorconden in Antwerpen, desen 24 november 1773. 


J. F. Van Asso, Zctuarius. 


C. 


Liste remise par le prévôt des jésuites a Rubens, et désignant les sujets des peintures 
destinées à la nouvelle église de la société. 


Expulsio Adami et Evæ e paradiso. 
Sanctus Athanasius. 

Michael Luceferum deturbans. 
Sanctus Basilius. 

Abraham immolans filium. 
Sanctus Gregorius Nasiansenus. 


5 œ N 


DRCT 


1 Onest bien aise de trouver parmiles parties de Rubens un homme du mérite de Charles Scribani. Ce savant 
originaire de Gênes, était né à Bruxelles. Outre beaucoup d’ouvrages de controverse ct de théologie, il com- 
posa : Defensio posthumu Justi Lipsii, Antverpia et origines Antoerpiensium, Il est certainement remarquable 
que dans ces deux traités publiés en 1610, c’est-à-dire lorsque Rubens avait 33 ans, il n’ait rien dit de lui en 
parlant des peintres d'Anvers. Antverp., 31-39. Cependant Rubens était déjà célèbre, et son neveu dit avec 
raison sous l’an 1609, sparsé jam late peritiæ ejus famd. 

L’Imago primi sœæculi societatis Jesu, pp. 877-879 , contient un long éloge de Charles Scribani, qui connais- 
sait parfaitement l’esprit de sa société et en soutenait les intérêts avec le plus grand zèle. 


ÉCLAIRCISSEMENS. 19 


Melchisedechi sacrificium. 


. Sanctus Chrysostomus. 


Joseph dominus Egypti triumphans. 


. Annunciatio B. V. 

. Nativitas, etc. 

. Tres reges. — Assumplio. 

. Sancta Magdalena rapta ad angelorum harmoniam. 
. Sancta Anna. 

. Sancta Barbara. 

. Resurrectio Ghristi. 

. Sancta Cæcilia. 

. Margareta cum cruce in manu calcans draconem. 
. Moyses in monte orans. 

. Sanctus Ambrosius. 

. David Goliath caput detruncans. 

. Sanctus Hieronymus. 

. Salomon in throno eburneo cum regina Saba. 

. Sanctus Auguslinus. 

. Elias curru igneo in cœlum (raptus). 

. Sanctus Gregorius. 


Esther adorans Assuerum. 


. Crucifixio Christ. 

. Ascensio Christi in cælum. 

. Sancta Lucia cum Sancta Agatha illi apparente. 
. Spiritus sanctus in Pentecoste. 

. Sancta Catharina. 

33. 
. Clara Eugenia. 


Sancta Elisabetha. 


Sur cette liste manquent cinq sujets dont on aura peut-être laissé le choix à Rubens. 
C'étaient peut-être les quatre peintures qui séparaient en deux les suites des galeries hautes 
et basses, avec la peinture du milieu, sous l’orgue, ou les trois tableaux sous le buffet 
d’orgues et les deux du milieu des galeries basses , représentant le nom de Jésus et celui 
de la Vierge, entourés d’une gloire. — On sait que ces tableaux ont été la proïe d’un 
incendie, le 18 juillet 1718. 


OBSERVATION. 


Ce mémoire sur Rubens devait être suivi de plusieurs autres sur un sujet différent et destinés 
à achever les recherches relatives à quelques anciens fiefs de la Belgique, dont le commencement 
a été inséré dans le Recueil de l’académie. Une partie du manuscrit avait été même soumise à la 
compagnie. Mais on a pensé que ce travail très-long et d’une forme un peu monotone, absor- 
berait une trop grande place dans nos mémoires, en conséquence il sera publié ailleurs. La série 
des seigneurs de Durbuy, de la Roche , de Clermont, de Daelhem et de Kuyk, avait été tirée des 
manuscrits de feu l'abbé Ernst, ainsi quon s’est plu à le déclarer en 1834 dans le Specimen d’une 
réimpression qui n’a pu avoir lieu ; en 1835, page 411 du tome deuxième de la seconde édition 
des mémoires de Jacques Du Clereq, et plus récemment p. LXVI de l'introduction au premier 
volume de la chronique de Philippe Mouskes : abandonné à lui-même, l’auteur de la suite lais- 
sera sans doute beaucoup à désirer. Quoiqu'il en soit, on trouvera cette suite dans un ouvrage 
dont les premières livraisons paraissent en ce moment sous le titre de Mémoires héraldiques et 
historiques sur la Belgique. 


AN RNANAN ANA ANA ANA AAA AAA ANA RU A AAA AAA RAR AAA ANA AAA AAA AAA 


ERRATA. 


MÉMOIRE SUR RUBENS. 


Page 5, ligne 30, sorore, lisez sorores. 
— 11, — 15, intim, — intimo. 


MÉMOIRE SUR L'UNIVERSITÉ DE LOU VAIN. 


Page 18, ligne 17, Baillet, lisez Bailly. 
— ib., — 21-22, gens Élysées, lisez Champs-Élysées. 


, XD EUTSE tra 
vob A RAM 


ARNOLD QUELLIN, 
LE VIEUX, 


Sculpteur, reçu À l'aca- 
démie en 1640. 11 bâtit une 
maison à Anvers, dans la 
quelle il mourut et qui 
fut habitée par Arnold, le 
jeune Elle était située dans 
la Rubens-straet, vis-à-vis 
de la maison de Rubens. 
Mort célibataire, 


GÉNÉALOGIE DES QUELLIN. 


(Pa. 21.) 


ÉRASME QUELLIN, 
DIT LE VIEUX, 


Sculpteur, reçu à l'aca- 
démie d'Anvers en 1607; 
épousa 


ÉLISABÈTH VAN UDEN, 


fille de N. Van Uden, le- 
quel fut peintre d'Elisa- 
beth, reine d'Angleterre. 
Il en eut onze enfans dont 
nous ne connaissons que 
les suivans: 


ÉRASME QUELLIN 
DIT LE JEUNE, 


HUBERT QUELLIN, 


Peintre et graveur, reçu 
À l'académie d'Anvers en 
1666; il exerça quelque 
temps la sculpture et pu- 
Llia en 1665 les sculptures 
de l'hôtel-de-ville d'Am- 
sterdam, faites par Arnold 
le vieux. Mort en 1688. 


Peintre, élève de Ru- 
bens, mort en 1678. 1 
épousa 


CATHERINE HEMELAER. 


OCTAVE QUELLIN; 


Mort en bas âge. 


ARTUS QUELLIN # LE VIEUX, 


Né en 1607, d'autres disent en 1609 , élève de Fran- 
çois Duquesnoy , à Rome. On trouve un HENRI QUEL- 
LIN qui, en 1644, fut reçu chez lui comme disciple. 
C'était un de ses plus jeunes frères ou de ses neveux. 
11 fut maître aussi d'un autre de ses neyeux, ANTUS 
QUELLIN, le jeune, né à St-Trond, mort en 1700, 
et dont nous ne pouvons désigner précisément le pére. 
Dans le Dict. des Lommes ilL., à la suite de la dernière 
éd. des Dél. des Pays-Bas, lequel est copié de Feller, 
on donne à Artus Quellin, le jeune, les sculptures de 
l'hôtel-de-ville d'Amsterdam, qui sont d'Arnold le 
vieux, 


ÉLISABETH QUELLIN, 


Morte en bas âge. 


CATHÉRINE QUELLIN; 


MARIE QUELLIN; 


Qui se consacra à la dé- 
votion. 


Qui épousa François De 
Zagere , sculpteur. 


ARNOLD QUELLIN ; 
LE JEUNE, 


CONNÉLIE QUELLIN, 
épousa Pierre Verbrug- 
gen, le vieux, Foy. la liste 
des doyens de St-Luc, 
sous l'an 1659. 


JEAN=ÉR: QUELLIN, THOMAS QUELLIN: 


Surnommé LE JEUNE, 
peintre, qui épousa I51- 
BELLE TENIERS, fille de 
David Tenicrs, le jeune; 
ilen eut trois filles, mor- 
les religieuses, et un fils 
qui se noya duns l'Escaut, 
près de l'abbaye de St-Her- 
nard 


QUELLIN. 


Walpole dit qu'il mou- 
rut à l'âge de 33 ans, et 
qu'il fit le mausolée de 
Thomas Thynn, lequel 
mourut le 12 février 1682. 
Si done ce monument a 
été élevé en 1682 ou au 
commencement de 1683, 
et que N. Quellin mourut 
quelque temps après, il 
serait né vers 1640. Il ne 
peut donc étre confondu 
avec HENRI QUELLIN, 
nommé plus huut. 


CORNÉLIE QUELLIN ; 


Qui épousa Pierre Ver- 
bruggen, l'aîné, sculp- 
teur. 


Le. AGENÉALOGIE DES QUES 


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OBSERVATIONS 


SUR DIVERS POINTS OBSCURS 


DE L’'HISTOIRE DE LA CONSTITUTION 


DE L’ANCIENNE ROME, 


PAR 


M. ROULEZ, 


PROFESSEUR A L'UNIVERSITÉ DE GAND; 


Présentées à la séance du 4 juillet 1835. 


Tow. X. 1 


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OBSERVATIONS 


SUR DIVERS POINTS GBSGURS 


DE L’'HISTOIRE DE LA CONSTITUTION 


DE 


L’'ANCIENNE ROME. 


CHAPITRE PREMIER. 


DE L'ORIGINE DU SÉNAT ET DU CHANGEMENT QUI S OPÉRA DANS SA CONSTITU- 
TION LORS DE L'ABOLITION DE LA ROYAUTÉ. 


Toutes les cités de l'antiquité avaient leur sénat : c’est-à-dire que 
partout les membres de lassociation politique envoyaient des délégués 
dans un conseil général, pour y régler les intérêts communs, et pré- 
parer les mesures qui devaient être soumises à leur sanction. Une 
pareille institution n’est point l’œuvre de la volonté arbitraire des gou- 
vernans , elle forme un élément essentiel de la constitution des états, 
elle a son origine dans la vie patriarcale; aussi la retrouve-t-on, du 
moins en substance, même chez les peuples nomades et barbares ”. Ces 


1 Voyez Dornseiffen, Vesfigia vitae nomadicae tam in moribus quam in legibus romanis 
conspicua. Traject. ad Rhen., 1819, p. 32. 


À OBSERVATIONS SUR LA CONSTITUTION 


députés de la cité sont choisis ordinairement parmi les personnes les 
plus recommandables par leur âge et leur expérience; de là leur nom de 
senatores et celui de senatus pour désigner leur assemblée (senes yécovres 
yceovsta *). À Rome quand les trois tribus furent réunies, les trois cents 
gentes qu'elles renfermaient eurent leurs représentans dans le sénat. 
Mais avant l’époque de la réunion, chaque tribu ou plutôt chaque 
bourgeoisie séparée avait aussi son grand conseil. Tite-Live (LE, 8) et 
Denys (IE, 12, pag. 260) racontent qu’il y eut d’abord cent sénateurs 
de la création de Romulus. Le dernier (IL, 47, pag. 389) ajoute 
qu'après la paix conclue avec les Sabins, le nombre fut doublé, mais 
Tite-Live ne fait point mention de cet accroissement. Pareille omis- 
sion doit-elle étre mise sur le compte de la négligence de l'historien, 
ou ne serait-il pas plus rationnel de lui chercher une autre cause? 
L'organisation du sénat romain avait pour base celle des curies et des 
gentes ; or, l'institution des curies ne datant que de l’époque de la réu- 
nion des Sabins aux habitans de la Rome du Palatin ”, le sénat romain 
n'aura pas été organisé définitivement avant ce temps. Je crois pou- 
voir invoquer à l'appui de ma conjecture l’autorité d’un passage de 
Cicéron” où Tatius est associé à Romulus pour l'élection des sénateurs 
romains. Peut-être que dans ses sources, conformes à celles d’où dé- 
coulait l'indication de Cicéron, Tite-Live n’aura trouvé mentionnée 
qu’une seule création de sénateurs, notamment pour l’époque de la 
réunion des deux peuples. Mais, guidé par la marche que l’histoire 
prenait dans son récit, ou s’appuyant sur d’autres données, il aura placé 


1 Festus s. v. senatores, p. 260. Ibiq. Znterpret., p. 708. Ed. Lindemann. Cf. Hoffa, De se- 
natu romano, qualis fuerit reipublicae liberae temporibus, P. 1. Marburg., 1827, p. 40 sq. 

2 Voir mon article sur la légende de l'enlèvement des Sabines. Recueil encyclopédique belge, 
juillet, 1834, tom. I, p. 61. Cf. Cicéron, De Rep., II, 8. 

3 De Republ., I, 8 : «(Romulus) quamquam cum Tatio in regium consilium delegerat prin- 
cipes qui appellati sunt propter caritatem patres. » L'explication de patres propter caritatem ne 
paraît pas la véritable, Les gentes, subdivisions des curies, se composaient d’une réunion de fa- 
milles ; le chef de la famille se nommait pater, dans le sens romain du mot, qui désignait un ci- 
toyen marié selon les formalités voulues par le droit civil. Chaque gens déléouait le chef d’une 
des familles comprises dons son sein. Nous pouvons donc avancer que les sénateurs ne rece- 
vaient pas au sénat le titre de patres, mais qu'ils l'y apportaient. 


DE L’ANCIENNE ROME. 5 


cette création antérieurement, et, dans ce cas, eût-il même trouvé un 
autre nombre, la rectitude de son jugement l’eüt averti que pour le 
sénat de Romulus il ne pouvait pas dépasser la centaine. Il est toutefois 
fort possible que même pour le moment de la réunion, les annales aient 
parlé formellement de l’organisation d’un sénat de cent membres, ne con- 
cernant que les Romains du Mont-Palatin, et qu’elles n’aient rien dit du 
sénat sabin , auquel il n’aura rien été innové, parce qu'il reposait déjà 
sur l'institution des curies. Rien ne s’oppose à ce que l’on admette que 
le sénat de Romulus, avant de se plier aux formes des curies sabines, 
comptât déjà cent membres, cependant j'ose émettre l'opinion qu'il 
n’en avait que soixante, c’est-à-dire deux fois le nombre des jours 
que renfermait le mois de l’année cyclique; si quelque annaliste n’en 
indiquait que cinquante, c’est que le collége des decemprimi ne s’y 
trouvait pas compris. Pour n’avoir pas fait attention à cette circon- 
stance, des écrivains ‘ ont pu avancer qu'après la réunion aux Sabins 
on avait élu cinquante (il n’en fallait que quarante pour compléter 
la centaine) sénateurs seulement. D’autres auteurs, se méprenant sur le 
sens de cette indication, et trompés par l’image d'institutions grecques, 
crurent qu'il n’y avait eu réellement que cent cinquante sénateurs 
à la mort de Romulus*. Quoi qu’il en soit, il faut regarder comme avéré 
qu'après la jonction des sujets de Tatius et de Romulus, le nombre 
des membres du sénat se montait à deux cents. L’accession de la troi- 
sième tribu l’augmenta naturellement d’un tiers. Mais l’admission des 
Luceres au sénat n’eut pas lieu en même temps que leur incorporation 
à la cité. C’est la croyance mal fondée à la simultanéité de ces deux 
événemens qui aura donné naissance au récit de l’augmentation même 
partielle du nombre des sénateurs, attribuée à Tullus Hostilius*. Ce ne 
fut qu'avec l’aide de Tarquin Priscus, qui cherchait à se créer un parti 


1 Dans Denys, Il, 47, p. 334, ed. R. 

2 Plutarque, Vum., p. 60. F. suiv. 

3 Tite-Live, 1, 80. Niebuhr, Rôm. Gesch. tom. I, p. 316, est d'avis que la tradition regarde 
seulement la ville de Lucerum. D’autres savans, en admettant purement et simplement le récit 
de l'historien , croient cependant que l'entrée des gentes d’Albe au sénat n’a pas servi à augmen- 
ter le nombre des sénateurs, mais à le compléter. 


6 OBSERVATIONS SUR LA CONSTITUTION 


dans le sénat, que la troisième tribu obtint la faveur d’y envoyer ses 
délégués; encore ne furent-ils pas admis dans cette assemblée sur le 
même pied que les anciens membres : on les appela patres minorum 
gentium, dénomination qui indique une infériorité de droits politiques 
chez les gentes qu’ils représentaient !. 

Après l’expulsion de Tarquin-le-Superbe, Brutus * fit diverses élec- 
üons pour remplacer dans le sénat les citoyens que le roi avait fait 
mettre à mort. Ces nouveaux membres, pris dans les rangs des cheva- 
liers, ne furent pas appelés patres comme les anciens sénateurs, mais 
simplement conscripti, c’est-à-dire inscrits avec les patres, et cela, 
sans doute, par la raison qu'ils m’étaient pas chefs de famille5. De là 
l’origine de la formule d’allocution au sénat patres conscripti, ainsi 
contractée de patres et conscriptr, d'après l’usage adopté dans le vieux 
langage officiel*. 

Quiconque a parcouru attentivement les annales de Rome, doit avoir 
acquis la conviction qu’à certaines époques et même de bonne heure 
déjà , il s’est opéré des changemens importans dans la constitution du 
sénat. Le mode de nomination, les qualités requises pour l’admission, 
n'étaient pas les mêmes sous les rois que dans les premiers temps de 
la république. On s'étonne de ne pas trouver dans le récit des his- 
toriens quelque mention circonstanciée d’un changement introduit vers 
cette époque. Ce silence s’expliquerait cependant si l’on obtenait la cer- 
titude qu'une pareille réorganisation s’est opérée au milieu d’une révolu- 
tion politique plus grave, telle, par exemple, que labolition de laroyauté. 

! Tite-Live, 1, 35. Denys, IT, 67, p. 879. — Cicéron, De Rep. , IL, 20, avance qu'il dou- 
bla le nombre des anciens sénateurs. Cette assertion paraît reposer sur l'opinion qu'il n’y 
avait que 150 sénateurs à la mort de Romulus. Voyez Niebubr , p. 316. 

2 Tite-Live, IL, 1. P. Valerius est cité comme auteur de cette élection , par Plutarque, Pt. 
Public., p. 102, et it. Rom., p. 25, et par Festus, sub. v. qu? patres, etc. Denys, V, 13, 
p. 874 l’attribue aux deux consuls à la fois. 

# C’est donc par erreur que Tacite (Annal., XI, 25) nomme patres minorum gentium les 
sénateurs de la création de Brutus , puisqu'ils n'avaient pas même le titre de patres. Ainsi tombe 
également l'explication d’Hoffa, ouv. c., p. 10, qui applique cette dénomination tant à ceux 
de la création de Brutus que de celle de Tarquin. 


4 Voir dans Niebubr, t. I, p. 469, plusieurs exemples de noms pareillement accolés l’un à 
Vautre sans conjonction. 


DE L’ANCIENNE ROME. 7 


Je crois avoir découvert dans Tite-Live la preuve que c’est précisé- 
ment alors qu'elle eut lieu. L’historien ‘, qui en cet endroit copiait 
peut-être les annales, en parlant de la création de sénateurs par Bru- 
tus, ajoute : Conscriptos videlicet in vovum senaruw appellabant lec- 
tos. L'expression de novus senatus ne peut pas indiquer un renou- 
vellement du sénat, puisqu'il n’avait été fait qu’un nombre limité de 
nouvelles nominations. Il faut donc y reconnaitre l'indication d’une 
véritable réorganisation de cette assemblée. Il n’est pas probable qu’un 
heureux moment de divination nous fasse jamais découvrir l'étendue 
de cette réforme. Toutefois nous pouvons signaler quelques innovations 
qui ne sont pas sans importance. 

Des historiens rapportent * que sous les rois la nomination des séna- 
teurs appartenait au prince. Cette assertion prise à la lettre répugne 
à la nature de cette institution dans son état primitif : on s’attendrait 
à voir chaque gens élire elle-même son représentant; Denys parle à 
la vérité d’une pareille élection, mais il se trompe en attribuant aux 
curies *. Pour concilier ce qu'il y a de contradictoire dans les deux 
récits, on pourrait admettre que le roi devait choisir dans une curie 
et dans une gens déterminées et que son choix avait besoin d’être ap- 
prouvé par la gens à laquelle appartenait le chef de famille élu, à moins 
qu'on n'aime mieux accorder l’élection à la gens et la ratification au 
roi. Sous la république, cette nomination passa aux consuls *, mais 
avec une latitude qui en changea entièrement le caractère, et la ren- 
dit presque arbitraire. Je soupconne que l’innovation consista en ce 
que l’on cessa d’être obligé de prendre * les nouveaux membres dans 
une curie et dans une gens déterminées, et que le choix ne fut plus 
soumis à aucune approbation. Des savans ° se fondant principalement 


DT 

2 Woyez Tite-Live, 1, 8. 

3 Niebuhr, t. I, p. 356. 

4 Liv. Il, 1. Festus sub. v. præteriti senatores. 

5 Il semble que c’est l'induction la plus raisonnable que l’on puisse tirer des paroles de Fes- 
tus , IL. « Consules..….. coNJuNGrIssIMos srBr QuosquE patriciorum et deinde plebeiorum legebant. » 

6 Manutius de senatu romano dans Rosini 4ntiquit. Roman. , ed. Dempst., p. 857. 


8 OBSERVATIONS SUR LA CONSTITUTION 


sur un passage de Tite-Live', ont prétendu que depuis l'expulsion des 
rois jusqu à l'établissement de la censure, les sénateurs avaient été élus 
dans l’assemblée du peuple. D’autres * adoptant un terme moyen, ont 
supposé que la nomination en appartenait aux consuls, et qu’elle devait 
seulement être confirmée ensuite par le peuple. Mais il n’est pas même 
nécessaire de recourir à cet expédient; car un examen plus attentif des 
paroles de lhistorien romain fait voir qu'il ne s’agit pas d’une admis- 
sion au sénat, mais simplement de la concession du patriciat à des 
étrangers. 

L'exercice de certaines magistratures ouvrait dans Rome républi- 
caine l'entrée au sénat *. Nulle part dans les auteurs anciens il n’est 
fait mention de l’époque où cette prérogative s'établit. Dans cette in- 
certitude, on peut, en toute confiance, la regarder comme un fruit de 
la réforme que nous avons signalée. Il en faut dire autant de la fixation 
de l’âge requis pour devenir sénateur. Tant que le sénat ne se com- 
posait que de chefs de famille tous plus ou moins avancés en àge, il 
est probable que les lois ne déterminaient rien à cet égard; mais du 
moment que l’on dérogeait à cet ordre de choses, il fallait prendre des 
mesures pour empêcher que le soin des affaires de l’état ne fut laissé 
à la merci de l’inexpérience. La promotion des chevaliers au sénat par 
Brutus a dù faire sentir le besoin de prendre une détermination rela- 
tivement à l’âge où l’on serait jugé apte à entrer au sénat. 


1 IV, 4. A ce passage de Tite-Live on en joint un de Cicéron pro Sexho, ec. 65 : « Qui ( ma- 
Jores nostri) cum regian potestatem non tulissent, ita magistratus annuos creaverunt, ut con- 
silium senatus reipubli. praeponerent sempiternum : deligerentur autem in id consilium A8 universo 
poPuLO , éfc. » Il n’est pas question ici d’une élection par le peuple, mais bien d'un choix fait 
dans les rangs du peuple. Ab est employé pour ex. Voir des exemples de cet emploi chez 
Cicéron , dans Ernest. Cav. Cic., p. 257, ed. 6. 

? Hoffa. , p. 16. 

3 Cic., De Legg., I, 3, 10. 


DE L’ANCIENNE ROME. 9 


CHAPITRE EL. 


DES CHEVALIERS SOUS LES ROIS. 


Peu de sujets offrent un aussi vaste champ à la critique historique que 
la constitution de l’ancienne Rome : il est des questions sur lesquelles 
on peut facilement proposer six à sept hypothèses, toutes également 
marquées au coin de la vraisemblance. Telle est celle de l'institution des 
chevaliers sous les rois, à l'égard de laquelle je vais exposer mes idées 
qui différent en plusieurs points de celles qui ont été émises jusqu'ici. 

Au rapport de plusieurs auteurs * dont les renseignemens découlaient 
de sources anciennes, les chevaliers connus à Rome sous le nom d’equi- 
tes avaient eu dans les premiers temps, diverses autres dénommations, 
parmi lesquelles celle de celeres se trouvait la plus ancienne. Toute- 
fois, la comparaison de deux passages de Tite-Live ne semble pas être 
favorable à cette assertion : en effet, l'historien romain après avoir dit, 
liv. I, ch. 13 : Eodem tempore centuriæ tres equitum conscriplæ 
sunt ; ajoute un peu plus bas (1, 15) : (Romulus) Zrecentos armatos 
ad custodiam corporis , quos celeres appellavit, non in bello solum 
sed etiam in pace habuit. En ne se référant pas dans ce second pas- 
sage à ce qu'il avait avancé précédemment, Tite-Live a l’air de donner 
à entendre qu'il s’agit de deux choses différentes; aussi s’est-on° em- 


1 Plinius, Æist. Nat., XXIIL, 2. « Equitum nomen saepe variatum est, in dis quoque qui ad 
equitatum trahebantur, Celeres sub Romulo regibusque appellati sunt, deinde Flevumines, postea 
Trossuli. » Festus sub. v. celeres, p. 42, ed. Lindemann : « Celeres antiqui dixerunt, quos nunc 
equites dicimus , a celere interfectore Remi, qui initio a Romulo üis praepositus fuit; qui primitus 
electi fuerunt ex singulis curts dent, ideoque omnino trecentr fuere. » Denys. , Il, 13, p. 263 et 
64, p. 372, ed. Reisk. J. Lydus, De Magist. Rom. , 1, 24. 

2 Manutius in Grævii, Thesaur. Ant. R., I, p.l44sq. Wachsmuth , 4eltere Geschichte des Rôm. 
Staates, p. 199. CF. p. 224. 

Tox. X. 9 


10 OBSERVATIONS SUR LA CONSTITUTION 


paré du vague que laisse son récit, pour nier toute identité entre les 
celeres et les equites. Mais outre l’autorité des écrivains cités plus haut, 
la parfaite conformité dans le nombre et dans le mode de création, 
ainsi que d’autres motifs encore ont porté d’autres savans ‘ à soutenir 
la réalité de cette identité, et à accuser plutôt la négligence de Tite- 
Live. Tout en me rangeant de l'avis de ces derniers, je le modifierai 
cependant de manière même à expliquer la prétendue contradiction 
dont on fait un reproche à l'historien romain. D’abord, je m’empresse 
de déclarer, ce que j'espère établir ensuite, que les celeres sont bien 
identiques avec les equites, mais qu'il faut faire une différence entre 
les érecenti celeres, dont il est parlé dans le second passage et les 
trois centuries de chevaliers mentionnées dans le premier, en tant que 
les uns sont les chevaliers de la Rome du Palatin, tandis que nous 
devons voir dans les autres les chevaliers après la réunion des trois 
tribus. Je viens d'avancer que, dans mon opinion, les celeres sont 
les chevaliers de la ville primitive de Romulus, ou en d’autres termes 
les Ramnes. En eflet, je pense que c’est cette idée qui a donné nais- 
sance à l'expression de celsi Ramnes, par laquelle Horace (Epist. 
ad Pison., 341) désigne l’ordre des chevaliers ; adjectif celsus ayant 
une signification et une origine communes avec celer”. Cest égale- 
ment l'induction la plus naturelle et même la seule raisonnable que 
lon puisse tirer de la tradition qui rapportait que les celeres devaient 
leur nom à un certain Celer, meurtrier de Rémus, auquel Romulus 
en avait confié le commandement dans le principe de leur organi- 
sation * 


1 Niebuhr, Rôümische Geschichte, Th. 1, p. 847, éd. 4. F. Muhlert, De Equitibus Romans, 
Hildesiæ , 1832, p. 3 seqq. 

2 Festus sub. voc. «cersus ex graeco, xéays eques dictus.» Le texte de l'édition de Lindemann, 
p- #2, porte : cecsus a graeco xéaaew dictus. Les mots celsus, celer viennent tous deux de l’ancien 
verbe cello, x£)20, citus ambulo , d'où dérive également xéay;. Voy. Lindemann , ad Festi, 1.1., 
p.379, coll. p. 320. Kéae, dans le dialecte éolien xéayp signifiant un cheval de main, et, appliqué 
à l’homme , un cavalier, nul doute que les Romains n'aient attaché immédiatement cette dernière 
signification à leurs celeres , et non celle d'hommes prompts, actifs. 

8 Valerius Antias ap. Dionys., I.L., p.263 (cf. I, 87, p. 227). Festus s. v. celeres. Servius, 
ad Æneid., XI, 603. Joan. Lydus, de Magistr. Rom. 1, 14, p. 30; 9, p. 24. 


DE L’ANCIENNE ROME. 11 


- Si nous consultons le récit des historiens ‘ touchant les motifs de la 
création de celeres, nous trouvons que Romulus les institua d’abord 
dans le but d’en faire une sauvegarde pour sa personne. Cette asser- 
tion que démentent la nature du gouvernement royal à Rome et la po- 
sition des rois vis-à-vis des patriciens a été rejetée avec raison par 
Niebubr et par d’autres savans*?. Denys indique comme second motif de 
l'institution, ou, si l’on aime mieux, comme attributions des celeres, 
la direction des travaux les plus urgens, rà rarerefyorra rôv ecyuv. Muhlert*, 
s'appuyant de la comparaison d’autres passages, pense que par le terme 
vague d’iyw, l'auteur a voulu parler de la construction des édifices ainsi 
que d’autres travaux publics. Mais qu’on le prenne dans ce sens ou qu’on 
lui donne une acception plus étendue, il ne demeurera pas moins évi- 
dent que de pareilles occupations m’exigeaient pas l'emploi successif 
ou simultané de trois cents hommes, et que, par conséquent, ce mo- 
tif n’est guère plus admissible que l’autre. Le but véritable et unique 
de cette institution est précisément celui avoué relativement aux equs- 
tes, nous voulons dire le service de la cavalerie. Denys l'indique suffi- 
samment quand il ajoute que les celeres en campagne combattaient 
tantôt à cheval, tantôt à pied, selon la nature du terrain. Dans un État 
où en temps de guerre chaque citoyen devenait soldat et devait s’ar- 
mer et se nourrir à ses frais, le service dans la cavalerie était tout à 
la fois honorable et dispendieux , et ne pouvait être fait que par les 
citoyens les plus riches et les plus considérés. Que le roi se soit dé- 
chargé sur quelques-uns des chevaliers d’une partie des soins de 
l'administration, cela aura eu lieu moins peut-être à cause de leur 
qualité de celeres, qu’à cause de leur position sociale. Il n’est pas 
non plus invraisemblable que plusieurs d’entre eux auront entouré 
la personne du prince, nullement comme sauvegarde, pas même 
comme garde d'honneur, mais comme aides-de-camp et officiers 


1 Tite-Live, I, 15. Denys, Il, 13. Plutarq., Romul., c. 26. Servius, ad Æn., l.c. Joan. Ly- 
dus, de Magistr. Rom. 1, 12 et 24. : 

2 Niebubr, tom. I, p. 348. Mublert, p. 8 sq. Bæhr dans : Seebode”s und Jahn’s Veu. Jahr- 
büch. für Philologie, B. N. Hft., 2, p. 116; 1832. 

3 Ouv. cité, pag. 2. 


12 OBSERVATIONS SUR LA CONSTITUTION 


d'ordonnance’. On pourrait croire que les courses de chevaux et de 
chars qui avaient lieu aux fêtes du dieu Consus ou Neptunus Equestris, 
étaient exécutées par les celeres, et si l’on voulait avec Hüllmann * 
interpréter l’ancienne dénomination des chevaliers flezuwmines (Plinius 
1.1.) par conducteurs de chars, Wagenreiter, ce serait à cette cir- 
constance seule qu’elle aurait rapport, et non au prétendu usage de 
combattre sur des chars à la guerre, usage dont il m’existe pas la 
moindre trace chez les Romains *. 

Suivant le témoignage de Tite-Live et de Denys, les celeres étaient 
au nombre de trois cents. Lorsque ce dernier auteur ajoute qu'ils fu- 
rent choisis par les curies, il confond évidemment deux époques. À 
la tête de chaque centaine d'hommes, ou centurie, se trouvait un com- 
mandant ou centurion, qui obéissait aux ordres d’un chef supérieur 
nommé“ éribunus celerum. Les 304 celeres, y compris ies chefs, répon- 
daient au nombre des jours de l’année de Romulus. Le éribunus cele- 
rum subsista à Rome plus long-temps que les celeres proprement dits, 
c’est-à-dire, qu’on conserva ce titre au commandant en chef de la 
cavalerie romaine à une époque où elle ne se composait plus seule- 
ment de Ramnes , mais aussi du contingent des deux autres tribus, et 
que le nom de celeres ne servait déjà plus pour en désigner proprement 
luniversalité. De même que primitivement chaque centaine d'hommes 
avait son centurion, il est probable que par la suite chaque tribu aura 
aussi possédé son tribun‘; d’où vient que Denys ‘ cite parmi les collé- 


1 Cette idée a été trop spécialisée par Denys, L.1., ainsi que par les auteurs cités dans Servius, 
ad Æn., \1., où on lit : 4 eos celeres ideo appellatos dicunt, quod explorationes obirent et 
quae usus exigeret velocius facerent. » 

2 Rümische Grundverfassung; Bonn, 1832, p. 11. 

3 Flexumines peut aussi bien venir a flectendo equo, que a flectendo curru. Cette première 
étymologie a pour elle l'autorité de Varron dans Servius, ad Æn., IX, 606, où je crois qu'il 
est bien question des chevaliers romains : FLecrerE autem, verbo antiquo usus est ; nam equites 
apud veteres xLexures vocabantur, sicut ait Varro Rerum Humanarum. » Ce passage manque 
à la collection des fragmens de Varron (ed. Bipont.), et le mot flevutes aux dictionnaires. 

4 Denys, 1.1. 

5 C’est aussi l’opinion de Niebubr, tom. I, p.848 ; elle est combattue par Wachsmuth, ouv. 
cité, p. 213 suiv., et Walter, Rœmische Rechtsgeschichte, p. 28. 

6 II, 64, p. 372. Reisk. 


DE L’'ANCIENNE ROME. 15 


ges sacerdotaux celui des fribuni celerum. Toutefois Pan d’eux aura 
non-seulement reçu des honneurs particuliers, mais aura encore agi 
d'ordinaire au nom de ses collègues, c’est pourquoi il est nommé seul. 
On a peu de renseignemens sur le compte de ce haut fonctionnaire : 
P 5 
commandant militaire en campagne, magistrat et sacrificateur en ville, 
il tenait le premier rang après le roi *, et possédait comme lui le droit 
d’assembler le peuple *; aussi plusieurs rois passérent-ils par cette 
charge avant d'arriver au trône *. On a comparé, non sans fondement, 
la position du éribunus celerum à côté du roi à celle du magister equi- 
tum adjoint au dictateur *, et comme le maître de cavalerie jouissait, 
à ce qu'il parait, de la plupart des distinctions extérieures du préteur”, 
distinctions attachées sans doute à l’exercice de semblables attributions, 
il ne serait pas impossible que quelques-unes de ces attributions aient 
appartenu au #ribunus celerum. Mais je ne saurais partager l’opinion de 
Hüllmann ° sur lidentité de ce magistrat avec le præfectus urbi, ne füt- 
ce que par la seule raison que celui-ci était établi pour remplacer le roi 
pendant son absence, tandis que le éribunus celerum, en sa qualité de 
commandant de la cavalerie, suivait le’ roi en campagne”. La question 
de la nomimation du {ribunus celerum n’est pas non plus sans diffi- 
culté. Denys, qui est ici notre unique guide, semble en contradic- 
ton avec lui-même; car si d’un côté (IV, 13), il fait conférer cette 
dignité par le peuple, d’une autre part (IV, 71), il en donne la colla- 
tion au roi. Je crois pouvoir concilier ces deux passages en admettant 
que la nomination appartenait au roi, dont le choix était peut-être 

1 Pomponius, fr., 2, ( 15. Dis., de Origine juris, 1, 2. Denys, IV, 8, p. 638. 

2 Tit. Liv., 1, 59. Denys, IV, 75, p. 819, et 71, p. 812, où Brutus, tribun des celeres, 
dit : Kai drodédorai por nard vôuous ExxAyolar , dre Bounotuyy ouyxu gi. Mublert, p. 5, ne lui accorde 
ce droit qu’en l'absence du roi; ce qui est contraire au texte de Denys. 

3 Tarquin Priscus fut tribun des celeres sous Ancus (Denys, IIT, 40, p. 526. 41, p. 529, IV, 
6, p. 648), et Servius sous Tarquin Priscus (Denys, IV, 8, p. 638). 

4 Pomponius , 1.1. ( 19. Joan. Lydus, de Magistratibus Rom. 1, 14, va mème jusqu’à donner 
déjà au éribunus celerum, le nom de magister equitum. 

5 Dion Cass., Hist. Rom., XUIT, 27 ; vol. IL, p. 43, éd. Stürz. 


6 Ouv. cité, p. 140 et suiv. 


7 Ainsi Sp. Lucretius avait été créé préfet de la ville, pendant que Brutus était érbunus 
celerum, Denys, IV, 82, p. 832; 71, p. 812. 


14 OBSERVATIONS SUR LA CONSTITUTION 


limité aux commandans de la cavalerie dans chaque tribu , mais que 
le candidat élu devait recevoir son autorité de Passemblée des curies. 
C’est sans doute à une pareille confirmation en vertu d’une lex cu- 
riata que Brutus fait allusion, quand il affirme qu'il tient son autorité 
de la loi”. Mais quelle était la durée de la charge de tribun des celeres? 
Hüllmann * la regarde comme conférée à vie, et si l’on peut objecter à 
son opinion qu’elle ne repose sur aucune indication d'auteur ancien”, 
elle a du moins pour elle l’analogie de ce qui avait lieu relativement 
à la royauté. On pourrait conjecturer aussi que de même que le maitre 
de la cavalerie sortait de charge simultanément avec le dictateur *, le 
tribun des celeres résignait ses fonctions à la mort du roi qui l'avait 
nommé *. Unetroisième hypothèse se présente encore, c’est de borner la 
durée de sa charge au temps de son service dans la cavalerie. Personne, 
je pense, n’admettra pour cette époque une magistrature annuelle. 

Après cette courte digression sur le #ribunus celerum dans la période 
de la royauté, nous en revenons aux chevaliers. Il était tout naturel 
que lors de la réunion des Sabins aux Romains, leur nombre füt doublé 
par l'accession de trois cents hommes de la cavalerie de Tatius aux 
celeres de Romulus : aussi Plutarque * porte-il ce nombre à six cents. 
C’est précisément à la même époque que Tite- Live place la création de 
trois centuries de chevaliers distinguéesen Ramnenses, Titienses et Lu- 
ceres, noms empruntés aux tribus auxquelles elles appartenaient. Il faut 
remarquer que le mot centurie n’est déjà plus employé ici pour dési- 
gner la réunion de cent hommes, mais pour un nombre indéterminé, 
bien que dans ce cas on ait pu avoir égard aux cent gentes hors des- 


1 Denys, IV, 75, cuyré£o pèy éyo tÿy ÉxxAyolay oorep £oy Éreidÿ cuyxeyopyrai por sara vomoy. Cf. 
le passage cité plus haut note 2, p. 13. 

? Rôüm. Grundverfass., p. 125. Cf. Walter, Rôm. Rechtsgesch., p. 35. 

3 Gottling, Berlin. Jahrbüch. für wissenschaftiche Kritik, n° 88; mai 1833, p. 704. 

4 Tit.-Liv., IV, 34, VII, 15, XXII, 33. 

5 Dans Denys, IV, 6, p. 648. Gellius et Licinius racontent que la neuvième année du règne 
d’Ancus, Servius fut envoyé par ce prince contre les Latins en qualité de commandant de la 
cavalerie. Mais on ne peut pas inférer de là que sa nomination datât seulement d'alors. Gellius 
faisait arriver Servius à Rome l’année même qu'Ancus monta sur le trône. 


5 Vit. Romul. c. 25. CF. Lydus, de Magist., 1, 16, p, 34; 46, p. 78. 


DE L’ANCIENNE ROME. 15 


quelles ils étaient pris. S'il faut ajouter foi au récit de Pintarque, Numa 
aurait supprimé les celeres. À mon avis il n’y a que deux moyens d’ex- 
pliquer cette assertion étrange , c’est d’y voir l’indication de la préémi- 
nence que le roi transféra des celsi (celeres) Ramnes aux Sabins en 
s’entourant de T'ifienses et en prenant parmi eux son {ribunus cele- 
rum”, ou bien d'y reconnaitre le fait de la suppression du nom de 
celeres qui, propre aux Ramnes, ne convint plus pour désigner la géné- 
ralité des chevaliers appelés alors flezumines, flevutes ou même déjà 
equites. Après la destruction d’Albe et la translation de ses habitans 
sur le mont Cœlius, Tullus, rapporte Tite-Live (E, 30), créa dix es- 
cadrons ({wrmæ) de cavalerie; ce qui revient à dire qu'il augmenta 
de trois cents le nombre des chevaliers. Niebuhr° regarde cet accrois- 
sement comme étranger à la cité romaine, et comme concernant seu- 
lement la cavalerie de la ville de Lucerum sur le mont Cœlius. Pour 
moi, elle me paraît l’expression de ladjonction des chevaliers de la 
tribu des Zuceres aux Ramnenses et aux Tiienses. Si on la place au 
temps de Tullus, c’est par la raison qu'on a coutume de regarder ce 
prince comme le fondateur des Zuceres; mais rien n’empéche de croire 
qu’elle ait eu lieu plus tôt, et nous avons vu ci-dessus que Tite-Live, 
qui a méconnu le sens de ce dernier renseignement, nous la présente 
comme s'étant opérée simultanément avec celle des Ttienses. Il y eut 
donc alors neuf cents chevaliers dans les trois centuries, chacune des 
tribus en fournissant trois cents *. 

La division nationale des Romains en trois tribus servait de base 
aux centuries des chevaliers; c’est en changeant celles-ci que Farquin 
Priscus essaya d'opérer un changement dans les premières. Il profita 
dans ce but de l’occasion favorable que lui offrait la nécessité d’une 
augmentation de cavalerie. C’est la raison pour laquelle cette réforme, 
dans laquelle on ne saurait méconnaitre une extension de la constitu- 

1 Pot. Numae, c. 7. 

2 Cf. Bæhr., LIL, p. 119. 

8 Nicbubr, tom. I, p. 316, not. 769. 

4 


Isidor., Origg , IX, 8, 51 (vol. II, p. 801 du Corpus grammaticor. latinor. vet. ed, Lin- 
demann) : Romans enim equites in un& tribu trecenti fuerunt. 


16 OBSERVATIONS SUR LA CONSTITUTION 


tion romaine *, nous apparait dans les auteurs anciens * comme un 
simple changement d'organisation militaire. Il semble résulter de la 
combinaison des paroles de Cicéron avec le passage de Tite-Live *, 
que le dessein de Tarquin n’était pas seulement de former de nouvelles 
centuries et comme conséquence naturelle de nouvelles tribus, mais 
encore de changer les noms des anciennes. Cette mutation de nom de- 
vait sans doute effacer jusqu’au moindre vestige d’une prééminence 
qu’il voulait faire disparaitre en accordant à toutes les tribus des droits 
égaux. Mais les projets du prince soulevèrent dans les rangs des pa- 
triciens une opposition insurmontable dont l’augure Attus Navius se 
constitua l'organe. Force fut à Tarquin de céder : il ne changea donc 
rien à l’organisation des centuries , mais il doubla le nombre des che- 
valiers existans , et donna à ceux de création nouvelle les noms de 
Ramnenses, Tilienses et Luceres secundi. D'un autre côté, il fallut 
aussi admettre dans les tribus, les maisons auxquelles appartenaient 
les nouveaux chevaliers, mais elles n’y furent incorporées qu’avec des 
droits politiques inférieurs, et de même que leurs représentans dans 
la cavalerie étaient appelés secundi, elles reçurent dans les curies la 
désignation de gentes minores *. À la suite du doublement de Tarquin 
le nombre des chevaliers, précédemment de neuf cents, dut s’élever à 
dix-huit cents, et c’est précisément celui que nous donne Tite-Live *. 


1 Niebuhr, tom. [, p. 376 sq., 416 sqq. Cf. Mublert, p. 7 sqq. 

2 Tit.-Liv. , 1, 86. Cicér., de Republ., Il, 20. Florus, I, 5. On croirait que Denys, II, 71 , 
p. 590 et 72, p. 594, ainsi que Festus s. v- Navia, p. 180, ed. Lindem., en se servant du 
mot de tribu au lieu de celui de centurie, ont soupçonné la vérité. - 

3 Cic.l.l. : Mec potuit Tatiensium et Ramnensium et Lucerum mutare cum cuperet nomina. 
Tit.-Liv., 1.1. : 4ddere alias constituit, suoque insignes relinquere nomine—negare Attus Na- 
vèus — neque mutari neque novum constitui (posse). 

4 Voir Walter, Rôm. Rechsgeschichte , B. 1, Verfassung , p. 28, not. 87. Son opinion se ren- 
contre avec celle qu'avait émise auparavant Reisig, Jen. Litteratur-Zeit, Jahrg., 1823. Ergünzung 
Blätt., n° 38 seqq., et qui est appuyée par Mublert, p. 9. 

5 Il n’est donc nullement nécessaire de substituer dans le texte de Tite-Live 1200 à 1800, 
comme l'ont proposé, entre autres, Glareanus , ad k. l., et Niebuhr (tom. E, p. 377, not. 892), 
et comme l’a faitImm. Bekker , dans son édition. C’est au contraire l'indication de Cicéron (de Rep. , 
IL, 20) qui paraît fautive. Mais cette inexactitude doit plutôt être mise sur le compte de l'au- 
teur, qu’attribuée à une altération de son texte. Ces divergences proviennent sans doute, comme 


DE L’'ANCIENNE ROME. 17 


Nous arrivons à Servius Tullius. La réorganisation de l’état qui im- 
mortalisa le nom de ce prince, s’étendit aussi à l’institution des che- 
valiers. Le témoignage unanime des auteurs nous apprend que lenombre 
total des centuries fut porté à dix-huit. Mais c’est là aussi tout ce que 
nous savons de positif. Si nous tentons de faire un pas de plus pour 
nous enquérir de la nature de ce changement, du rapport des ancien- 
nes centuries aux nouvelles, nous heurtons contre des doutes et des 
contradictions. Comme Tite-Live (1. L.) doit servir de base principale à 
la discussion, je transeris ici ses expressions : £quitum ex pri- 
moribus civitatis duodecim scripsit centurias. Sex item alias cen- 
turias tribus a Romulo institutis sub iisdem quibus inaugqurate 
erant nominibus fecit. On voit qu'il est question de deux ordres 
distincts de centuries, le mot alias ne saurait laisser aucun doute à 
cet égard. Cette distinction réside dans le principe même de l'élection; 
à côté de la chevalerie de naissance qui fut conservée, surgit une 
nouvelle chevalerie, celle de fortune. On dirait que Denys' a entrevu 
cette différence à travers un nuage, car quoiqu'il n’ait pas voulu lex- 
primer, elle se révèle pourtant en substance dans ses expressions : 
TO dË Ty inréuy TAnSos EmÉAEÉE) Ék TOY ÉYOYTEU TO jé JIITOY Tiumua val uata yévos ÉmIpaydy. 
L’historien grec a eu tort de regarder la richesse comme une con- 
dition indispensable pour l’admission dans toutes les dix-huit centu- 
ries indistinctement. Un savant jurisconsulte* est tombé récemment dans 
l'erreur opposée, en admettant exclusivement l'élément aristocratique 
sans aucun égard au cens, et en supposant arbitrairement que douze 
centuries se composérent de l’ancienne noblesse latine incorporée à la 
commune romaine après la conquête. Mais quand même le témoignage 
de Tite-Live et de Denys, corroboré par l'autorité de Cicéron, ne con- 
tredirait pas cette opmion, la nature des choses avertirait suffisamment 
que, dans une institution essentiellement timocratique, on ne pouvait pas 


l'observe judicieusement Francke ( De Trib. Cur. et Cent. ratione, p. I sq.), de ce qu'il n’y 
avait de constant que le fait du doublement. 

1 IV, 18, p. 681. 

2 Walter, Kômische Rechtsgeschichte, ce. 4, p. 33. 


Ton. X. 3 


13 OBSERVATIONS SUR LA CONSTITUTION 


mettre entièrement de côté la considération de la fortune ‘. Sil ne peut 
plus rester de doute sur l'existence de deux catégories de chevaliers, 
on peut encore se trouver embarrassé pour décider dans laquelle il 
convient de caser les patriciens. Gôttling * les croyant désignés dans 
Tite-Live par le terme de primores, suppose qu'ils formaient douze 
centuries ayant un nombre égal de suffrages, tandis que les plébéiens 
se trouvaient répartis dans six centuries avec autant de suffrages. Ob- 
servons d’abord que primores qui, dans Tite-Live, désigne parfois les 
patriciens , dans cet endroit où il est question du cens, doit s’enten- 
dre nécessairement de ceux qui tiennent le premier rang par leur for- 
tune, sans aucune distinction politique. Ensuite l’opinion de Gôttling, 
füut-elle exacte, pour le reste, aurait encore le désavantage de reposer 
sur une base vicieuse; en effet, pour l’établir, ce savant se trouve dans 
l'obligation de corriger, sans que rien si non son hypothèse l’y autorise, 
le passage de Tite-Live de la manière suivante : Equitum ex primo- 
ribus civitatis XIT scripsit centurias, tribus a Romulo instilutis 
sub üsdem quibus inaugquratæ erant nominibus. Sex item alias 
fecit centurias. » Cependant la pensée réelle de l'historien romain est 
bien celle qu’exprime le texte des manuscrits et des éditions. Pour 
s’en convaincre, il suflit de le comparer avec lui-même dans un autre 
endroit ainsi qu'avec un passage de Festus”* : cette combinaison donne 


1 Nous n'avons pas de notion précise sur l'élévation du cens des chevaliers à l’époque de Ser- 
vius; mais nous pouvons conjecturer avec assez de certitude , d’après l'expression censu mavimo 
dans Cicéron (1.1.), qu'il devait égaler au moins celui de la première classe. C’est à tort qu’on 
voudrait en inférer qu'il dut s'élever plus haut (Fuss, 4ntiquit. Rom., p. 148), puisque la plu- 
part d’entre eux, ne possédant rien par eux-mêmes, n'étaient promus à ce rang que comme 
représentans de la fortune de leurs pères. — Il n’est guère besoin d’avertir qu’il y aurait de l’ab- 
surdité à admettre déjà pour lors le million d’as. Voir Niebubr, t. I, p. 456. Eisendecher, Br- 
gerrecht im alten Rom, p. 259. 

2? Dans Hermes, oder Jahrbücher der Litteratur, Leiïpz. , 1826, tom. XXVI, p. 84 sqq. Il est 
suivi par Mublert, ouv. cité, p. 11. 

3 Tite-Live, [, 80 : « Quas nunc quia geminatae sunt sex vocant cexrurras. Festus sub. voc., 
p. 259 sq., ed. Lindemann : « Sex suffragia appellantur in equitum centuriis quae sunt adfectae 
(AL. editt. adjectae ex conject.) ei numero centuriarum, quas Priscus Tarquinius rex constituit.» 
Ce dernier passage renferme un contre-sens que je ne crois pas devoir attribuer à Festus lui- 
même, comme l’a fait Niebubr (tom. I, pag. 454, not. 1004. Cf. Walter, ouv. cité, pag. 82, 


DE L’ANCIENNE ROME. 19 


pour résultat que les trois centuries, telles qu’elles avaient été instituées 
par Romulus, et constituées par Tarquin Priscus, ainsi, se composant 
de patriciens seulement, furent maintenues par Servius, appelées les 
six centuries par excellence, et dans la suite les six suffrages ‘. 

Si le but de Servius, en changeant l’ordre des choses établi, fut d’ap- 
peler la commune à la liberté, une saine politique lui faisait un devoir 
d’user des plus grands ménagemens envers les patriciens. L’établisse- 
ment de six centuries réservées à la naissance était un apaisement jeté 
à l'aristocratie, mais cette mesure eut-elle été autre chose qu’une dé- 
rision, si les patriciens n'avaient pas joui de la faculté d'entrer dans 
les centuries timocratiques, quand ils possédaient la fortune requise ? 
Refouler les patriciens dans les six centuries des chevaliers et les ex- 
clure des autres centuries ainsi que des classes *; par conséquent ne leur 
accorder que six suffrages sur deux cent quatre-vingt-quinze , eût été, 
à mon avis, porter le coup de mort à l'aristocratie, surtout si l’on ad- 
met que les comices par centuries ont été en vigueur depuis Servius. 
Iln’en fut pas ainsi, car l’histoire de Rome atteste que le parti aristo- 
cratique , loin d’être anéanti, se montra encore après cette époque plein 
de vie et de force. Nous n'avons point, que je sache, de renseigne- 
ment certain pour ou contre l'exclusion des patriciens des douze cen- 
turies de chevaliers; quant à leur admission dans les classes, je n’en 


not. 17), mais bien à la falsification de son texte. La correction suivante donnerait un sens con- 
venable : « Sex suffrag. appel. in eq. centuriis, quae sunt kFECTAE Ex numero centuriarum , etc. » 
Cependant il se pourrait que Festus ait voulu dire non pas précisément que les centuries elles- 
mêmes furent désignées par la dénomination de six suffrages, mais qu'on appela les six suf- 
frages, par excellence , ceux qui demeurèrent affectés aux centuries patriciennes à une époque, 
ou représentées seulement par un petit nombre de membres, elles n'avaient plus guère qu’une 
existence nominale et étaient devenues une espèce de bourgs-pourris. Dans cette hypothèse 
je proposerais de lire : « Sex suffragia appell. in eq. centuris, quæ sunt AbrEcrA ei numero 
cent., etc. » Les centuries de Tarquin étaient en réalité au nombre de six, mais nominalement 
elles ne comptaient que pour trois. ; 

1 Plusieurs savans avant moi ont reconnu et prouvé la nécessité de placer les patriciens dans 
les six centuries. Joy. Niebuhr, tom. I, pag. 454. Reisig, 1. L. G. C. Buchardi, Ueber den 
Census der Rômer, pag. 19. Franckius , De Trib. Cur. et Centur. ratione, pag. 88. Walter, LI. 

2 Cest l'avis avancé par Niebuhr, tom. I, pag. 458. Cf. Schulze, Volksversammlungen der 
Eümer, pag. 59, 70, 309. 


29 OBSERVATIONS SUR LA CONSTITUTION 


voudrais pas d'autre preuve ‘ que le récit touchant le patricien L. Tar- 
quitius, qui fut contraint à cause de sa pauvreté à faire le service 
militaire dans l’infanterie *. 

La circonstance que dans Tite-Live (LE, 45) et dans Cicéron (IT, 22) 
les six centuries sont nommées en second lieu, pourrait faire croire à 
leur infériorité, mais la raison en est qu'il s’agit d’une institution de 
fortune, en dehors de laquelle elles sont placées, et que naturellement 
l'exception vient après la règle. Loin d’être inférieures, les centuries 
patriciennes, comme on Îe reconnaît assez généralement”, occupèrent 
un rang plus élevé, et se maintinrent dans la possession d'anciens privi- 
léges. De ce nombre étaient l'allocation de dix mille as pour l’achat 
d’un cheval, et d’un subside annuel de deux mille as, pour le paie- 
ment duquel on avait établi une taxe sur les veuves et les Diners 
Tite-Live nous donne cette institution comme appartenant à à Servius, 
mais nous savons maintenant par Cicéron ‘ qu’elle remonte à Tarqui- 


1 Woy. Franckius, De Frib. Cur. et Centuriar. ratione, pag. 72 sq. Wachsmuth Æeltere Ge- 
sue etc., pag. 234. 

2 Tite-Live, IL, 25. Je concède très-volontiers à Niebuhr que l'exemple déterminé de Tarqui- 
tius appartienne à l’histoire poétique , mais je soutiens que la tradition repose sur quelque chose 
de vrai, savoir , la possibilité qu’un patricien fasse partie d’une classe, et cela suffit ici. 

3 Niebuhr, £. I, pag. 459. Franckius, p.87 sq. Eisendecher, pag. 252. 

4 De Rep., I, 20 : Deinde equitatum ad hunc morem constituit qui usque adhuc est retentus, 
nec potuit Titiensium—mutare, cum cuperet , nomina, quod— non erat. Atque etiam Corinthios 
video publicis equis assignandis et alendis orborum et viduarum tributis fuisse quondam diligentes. 
Sed tamen prioribus equitum partibus secundis additis, etc. La liaison des divers membres 
de cette phrase parait défectueuse. Mublert, ouv. c., pag. 14, soupconne que les mots « atque 
etiam » jusqu'à « déligentes » n’appartiennent pas à cet endroit, mais qu’ils y auront été insérés 
par un copiste, et qu’ils faisaient originairement partie de l'exposition de l’organisation de Servius. 
Ce savant propose, en conséquence, de les éliminer, et prend de là occasion de revendiquer cette 
institution pour Servius, conformément au récit de Tite-Live. Je ne saurais me rallier à cet 
avis. Il suffit de jeter un coup d’œil sur le chapitre précédent , où est racontée l’arrivée à Tarqui- 
nies du corinthien Démarate, père de Tarquinius , pour se convaincre que la comparaison qu'é- 
tablit Cicéron entre une institution des Corinthiens et celle de Tarquin est bien là à sa place. Si 
l'on trouvait de l'impossibilité à ce que la mention de ce qu'avait fait Tarquin, mention qui devait 
servir ici de terme de comparaison , se déduisit de l’énonciation générale «cequitatum ad hunc morem 
constituit qui usque adhuc est retentus » j'aimerais mieux admettre une lacune en cet endroit ; 
et il y a plus, je ne conserve aucun doute sur son existence. La transposition des mots «atque 
etiam — diligentes » avant « nec potuit — non erat » proposée par Francke, ouv. c., pag. 12, 


DE L’ANCIENNE ROME. 21 


nius Priscus; on pourrait croire, en ne consultant que l’analogie, que 
celui-ci avait borné ce bienfait aux Ramnes, Titienseset Luceres primi. 
Les chevaliers qui devaient cette qualité à leur fortune étaient obli- 
gés de s’équiper et de s’entretenir à leurs frais, et il ne parait pas 
qu'ils aient obtenu la moindre indemnité avant l'introduction de la 
solde *. 

Nous venons de dire que chaque chevalier recevait dix mille as pour 
l'achat de son cheval. À en juger par la rareté du numéraire alors, et 
par l'évaluation des bœufs et des moutons dans les amendes, cette 
somme paraît tellement exorbitante que plusieurs savans ont élevé 
des doutes sur l’exactitude des nombres, et que quelques-uns * même 
se sont imaginé que les dix mille as servaient à monter toute une cen- 
turie. Niebuhr°, pour expliquer cette exagération , fait observer que 
d’abord il s'agissait d’un cheval de bataille, dont le prix devait être 
beaucoup plus élevé que celui d'un cheval ordinaire; qu'ensuite on 
avait besoin d’un palefrenier, qu’il fallait aussi monter. Cette observa- 
tion tendante à fixer à mille as environ le prix d’un cheval, s'accorde 
assez avec un passage de Varron ‘ où'il est question d’un equus pu- 
blicus mille assarium. Si, comme il est à présumer, on se méfiait 
encore de l’exactitude de cette somme, je proposerais de regarder les 
deux mille as, non comme destinés à couvrir précisément les premiers 
frais de l’achat du cheval et de l'équipement, mais comme une dotation, 
payée une seule fois, et moyennant laquelle le chevalier était tenu de se 
remonter autant de fois qu'il deviendrait nécessaire pendant toute la 
durée de son service. Du moins les auteurs n’insinuent nulle part que 
l’État ait remplacé les chevaux perdus sur le champ de bataille : de là 


facilite assurément la marche de la phrase, mais je regarde le déplacement de éamen comme 
superflu ; il n’y a aucune opposition entre « nec potuit, etc.» et ce qui précède. 

1 Mublert pense que, quant à la pension, les chevaliers plébéiens l’ont aussi reçue, De Equitib., 
pag. 15. 

2 Wachsmuth, ÆZltere Geschichte, etc., pag. 231 sqq. 287. Franckius, ouv. c., pag. 38. 

3 Tom. I, pag. 459. 

4 De ling. lat., VI, 71, pag. 191, ed. Müller : « ef non equom publicum mille Assarrun esse 
sed mille assariorum. » Toutefois je conviens avec Muhlert , pag. 13, qu'il n’est guère possible de 
tirer une induction certaine du vague de ces mots. 


22 OBSERVATIONS SUR LA CONSTITUTION 


un patricien pauvre comme l'était Tarquitius n’osait pas accepter cette 
somme et courir ensuite les chances du service militaire dans la ca- 
valerie. Niebuhr suppose que chaque chevalier se faisait suivre en cam- 
pagne par un palefrenier; cette hypothèse acquiert le plus haut degré 
de vraisemblance de la circonstance rapportée par les historiens, que 
dans plusieurs occasions les chevaliers descendirent de cheval pour 
combattre à pied, puisqu'il n’est nullement probable qu'ils aient laissé 
leurs chevaux sans gardiens. Mais qu'arrivait-il quand un chevalier 
venait à étre démonté ouétait mis hors de combat. Sans doute que dans 
le premier cas son palefrenier lui amenait un cheval de réserve ou plu- 
tôt lui cédait le sien. Pour le second cas, je conjecture que, conformé- 
ment à ce qui avait lieu pour linfanterie *, sa place était prise par 
un accensus. Je fonde mon opinion touchant l'existence d’un corps 
de réserve pour la cavalerie non pas sur la simple analogie , mais sur un 
renseignement de Varron qui, selon moi, ne saurait avoir un autre 
sens?. Il nest pas probable que ces hommes de remplacement aient été 
les mêmes que les palefreniers qui auront été d'ordinaire des esclaves. 

Outre le privilége de la dotation et d’une pension annuelle, les cen- 
turies patriciennes reçurent sans doute encore de Servius la prérogative 
de fournir le éribunus celerum ; au moins quand plus tard il se repro- 
duisit dans le maître de la cavalerie, ce magistrat était choisi exclusi- 
vement parmi les patriciens. On comptait parmi les marques distinctives 
des chevaliers à Rome l’annulus aureus ei langustus clavus ou tunica 
angusticlavia. Ces insignes remontent-ils jusqu’au berceau de la che- 
valerie, ou bien en ont-ils remplacé d’autres , et étaient-ils communs 
aux dix-huit centuries ? Ce sont là des questions auxquelles il sera 
difficile qu'un heureux hasard fournisse une réponse. 


1 Voir sur le corps de réserve des accensi les autorités citées par Niebuhr, R. G., tom. I, 
pag. 470, note 1034. Cf. les Interprèt. de Festus, sub. v. adscriptici, pag. 819 sq. ed. Lind. 

2 Varro, De ling. lat., N, 82, pag. 32, ed. Müller : Magister equitum, quod summa potestas 
hujus in equites et Accensos. Gottling ( Hermes, 1. 1.) entend par accensi, dans ce passage, les 
chevaliers plébéiens qui possédaient le cens de la première classe et y étaient adjoints. Il propose, 
en conséquence, d'écrire accensi equitum. Cette interprétation, adoptée aussi par Mublert, 
pag. 12, est manifestement madmissible, et l'addition superflue. 


DE L’ANCIENNE ROME. 23 


CHAPITRE HE. 


DES CENTURIES DE SERVIUS, EU ÉGARD PRINCIPALEMENT AU CÉLÈBRE PAS- 
SAGE DE CICÉRON, De Rep. II, 22. 


À l’époque où écrivaient Tite-Live et Denys, l'institution des centu- 
ries de Servius Tullius existait encore à la vérité; mais elle avait subi des 
changemens et revêtu des formes nouvelles qui la rendaient méconnais- 
sable. Ces historiens en la décrivant ne purent donc pas se laisser guider 
par ce qu'ils voyaient, mais ils furent obligés de puiser leurs rensei- 
gnemens à des sources anciennes. Cependant les détails avec lesquels 
ils en parlent, principalement leurs indications exprimées en chiffres, 
firent croire long-temps à l'exactitude de leur récit. Il ne fallut rien 
moins qu'un renseignement de Cicéron, venu au jour il y a quelques 
années, mais malheureusement très-mutilé, et les longues discussions 
littéraires auxquelles il a donné naissance, pour nous prouver que bien 
des points de cette organisation se dérobaient encore à nous sous le voile 
de l'incertitude. Une des questions, demeurées encore pendantes malgré 
tous les efforts qu’on a faits pour les résoudre, est celle qui est relative 
à la fixation du nombre des centuries. Sur les centuries qui apparte- 
näaient proprement aux classes, Denys (IV, 18, p. 682), et Tite - Live 
(E, 43), s'accordent entre eux : ils en comptent 80 dans la première, 20 
dans chacune des trois suivantes , et 30 dans la cinquième, en tout 170. 
Mais leur accord cesse par rapport aux centuries additionnelles, et nul 
doute que cette dissidence ne provienne de la différence des guides 
qu'ils suivaient. Remarquons aussi que Tite-Live veut nous donner les 
centuries principalement dans l’ordre qu’elles tenaient à l’armée, tandis 
que Denys a surtout égard à celui d’après lequel elles étaient appelées 


24 OBSERVATIONS SUR LA CONSTITUTION 


à voter. En conséquence, celui-ci réunit les 18 centuries de chevaliers 
à la première classe, le premier au contraire n’en fait pas même mention. 
Denys adjoint à la deuxième classe deux centuries d'ouvriers et à la 
quatrième également deux centuries, une de cornicines et une de 
tubicines. Les deux centuries d'ouvriers sont placées par Tite-Live dans 
la première classe, et il range dans la cinquième trois classes addition- 
nelles, les accensi , les cornicines et les tibicines. De sorte qu’avec la 
centurie extra classes, dont Denys fait mal à propos une sixième 
classe, et en suppléant au premier les dix-huit centuries de chevaliers, 
nous obtenons en somme totale, pour Tite-Live 194 centuries et pour 
Denys 193. Quant à Cicéron, il est impossible de déterminer d’une 
manière incontestable le nombre qu'il avait adopté, son texte se trou- 
vant mutilé et falsifié à l'endroit où il en était question. On ne peut 
donc plus aspirer qu'à approcher plus ou moins de la vérité ; et le 
résultat de toute recherche à cet égard dépendra de la manière dont 
on aura corrigé le texte corrompu. L’exposé des essais tentés depuis 
dix à douze ans pour restituer et expliquer ce passage devenu célèbre, 
exigerait à lui seul presqu'un volume. Je n’aurai égard ici qu’à deux 
hypothèses, d’abord à celle d’Orelli*, parce qu’elle a la prétention de 
se rapprocher le plus de la leçon du manuscrit, et ensuite à celle 
de Niebuhr * que j'adopte en partie. Je vais transcrire avant tout le 
texte primitif du Palimpseste, qui est de la teneur suivante : Vunc 
ralionem videtis esse talem, ut equitum certamine et suffragiis et 
prima classis addita centuria quæ ad summum usum urbis fabris 
tignariis est data, VIII centurias ; tot enim relique sunt, octo solæ 
si accesserunt, confecta est vis populi universa ; reliquaque multo 
major multitudo sex et nonaginta centuriarum neque excluderetur 
suffragiis , etc. Voici maintenant comment une seconde main a cor- 
rigé postérieurement le passage dans le manuscrit : Vunc—talem, ut 


1 Voy. Niebubr, Rümische Geschichte, Th. 1, pag. #72; éd. 4. Franckius, De Trib. curiarum 
et centuriar. ratione, pag. #2. Buchardi, Ueber den Census der Rôümer, pag. 59. 

2 Dans son édition des œuvres de Cicéron, vol. IV, P. I, pag. 450 sq. 

8 Rüm. G., tom. I, pag. 472 sq. 


DE L’ANCIENNE ROME. 25 


equitum centuriæ cum sex suffragiis et prima classis —— est data , 
LXXXVIITI centurias habeat : quibus ex centum quatuor centu- 
rèis (tot enim reliquæ sunt) octo solæ , etc. Orelli en s’attachant 
scrupuleusement à la lettre du texte , dresse le calcul suivant : 


Equitum centuriæ (c’est-à-dire les Ramnes, Tit.et Lucer.) . . . 3 
GUMESEX SU TOUS MES RQ RAR 7 0) 6 

Et prima classis , addita centuria. ( La centurie des charpentiers était 
pour le vote répartie dans les autres centuries de la 1° classe) . 80 
XX VIT CentUrtASdhabeat EN SE TER 0) 

Quibus ex centum quatuor centurüs, tot enim reliquæ sunt, octo 
Soletstacceserunane le PER NES ER ANIME MONT Near 8 
Contectakes AVIS MPopUAUMIVELSAT PP ES EN ON CO 07 
Reliqua que — sex et nonaginta centuriarum . . . . . . . 96 
Torar conforme à l'indication de Denys. . . 193 


On remarquera que la difficulté est surmontée ici au moyen de la 
supposition que les sex suffragia d’après Festus, s. v., doivent s’enten- 
dre des douze nouvelles centuries créées par Servius, et que les trois cen- 
turies nominales de Tarquin, reconnues pour six centuries par Servius, 
n'auraient cependant eu que trois suffrages. Je crois avoir réfuté ailleurs 
cette assertion ; je me bornerai à ajouter ici une seule observation qui 
me parait décisive : dans le système de nos adversaires, deux centuries 
de chevaliers n’ont qu’un seul suffrage; je demanderai en conséquence 
quelles sont les causes probables de ce désavantage des chevaliers sur 
les autres centuries, voire même celles des fibicines, cornicines, etc. 
Pourquoi ici deux mesures? Si l’on parvenait à me satisfaire sur ce 
point, j'exigerais encore qu'on me dise ce qui arrivait, lorsque les deux 
centuries qui avaient un suffrage en commun émettaient un vote 
opposé. Si, afin d’éluder cette question, on se rejetait sur l’assertion 
arbitraire qu’elles votaient réunies, j'aurais à opposer le témoignage de 
Denys ‘, qui leur attribue formellement dix-huit suffrages. 


1 X,17, pas. 2033, ed. Reisk. 
Ton. X. J 


26 OBSERVATIONS SUR LA CONSTITUTION 


L'hypothèse qui servait de base au calcul croulant, celui-ei tombe 
également avec elle. Orelli a soin de prévenir que, pour agir avec cir- 
conspection et selon les règles de la saine critique, il faut se garder de 
rien changer du moins aux nombres écrits en toutes lettres. Cette pré- 
caution serait fort sage si l’on pouvait fonder la présomption que dans 
les plus anciens MSS., les nombres aient été écrits comme ici les uns 
en chiffres, les autres en toutes lettres. Pour moi je penche à croire 
qu'ils étaient écrits originairement de la dernière manière, et qu'un co- 
piste, afin d’abréger sa besogne, les aura mis en chiffres tous ou en 
partie. De là l’origine de nombreuses altérations successives, dont Nie- 
bubr a tracé la filiation de main de maître. Parmi tous ces nombres, il 
n’y en a qu'un seul de certain et qui doive être maintenu imtact, c’est 
celui de sex et nonaginta centuriarum, qui se trouve répété quel- 
ques lignes plus bas. 

Voici comment Niebuhr a proposé en dernier lieu de rétablir le 
passage altéré : Vunc—talem ut prima classis, addita centuria , quæ 
—est data, LXXXT centurias habeat : quibus ex CXIV centurs, 
tot entm reliquæ sunt, equitum centuriæ cum sex suffragus sole si 
accesserunt, etc. ! 

Dans l’explication de l’illustre historien de Rome, se rencontre un 
obstacle commun à celle d’Orelli et qu'aucun de ces deux savans n’est 
parvenu à écarter avec succès, par la raison toute simple que cet ob- 
stacle n’existait que dans leur imagination. Ils ne savent trop que faire 
ni l’un ni l’autre de la centurie d’ouvriers, placée dans la première 
classe. Orelli a recours à une supposition d’après laquelle le nom de 
centurie n'aurait été accordé aux charpentiers que par déférence et 
comme distinction honorifique, tandis que dans les comices ils auraient 
voté disséminés dans les centuries de la première classe. S'il en eut été 
ainsi, Cicéron n'avait que faire de les nommer à cet endroit. Niebubr 
de son côté pense que si par leur rang les charpentiers appartenaient 
à la première classe, ils étaient pourtant par leur nature exclus des 
classes et votaient avec les autres centuries additionnelles. Cette hy- 
pothèse est sans contredit plus rationnelle que la précédente , mais je 


DE L’ANCIENNE ROME. 27 


doute qu’elle soit plus vraie. L'écrivain romain ne s’occupe pas de 
classer les centuries d’après le rang qu’elle tenaient, mais bien de les 
grouper d’après leur vote. Si donc il adjoint la centurie des charpen- 
tiers à la première classe, c’est qu’effectivement elle votait avec cette 
classe. L’embarras de Niebuhr et d’Orelli provient de ce qu'ils se sont 
imaginé que la majorité des centuries devait se composer de la moitié 
plus une. Ceci n’est nullement nécessaire. Cicéron fait remarquer que 
d’après l’organisation des classes, l’aristocratie de fortune et de nais- 
sance prédominait dans les comices, et que quand elle demeurait for- 
tement unie entre elle, la majorité lui était assurée. Peu importait pour 
ce qu’il voulait prouver que cette majorité fut de la moitié des centu- 
ries , plus une, deux ou trois. C’est ainsi que dans Denys (1.1. ) nous 
voyons la première classe votant à l'unisson avec les chevaliers, déci- 
der de l'affaire également par une majorité de la moitié des voix plus 
trois. Encore une autre conséquence malencontreuse de la supposition 
de Niebubr : en transférant la centurie des charpentiers de la pre- 
mière classe aux dernières centuries, il obtient une minorité composée 
de quatre-vingt-dix-sept centuries; cependant Cicéron dit positivement 
qu’elle n’en avait que quatre-vingt-seize. 

Les considérations qui précèdent démontrant la nécessité de conser- 
ver les charpentiers dans la première classe, il s'ensuit que la première 
masse des votans se composait de 99 centuries et la second de 96, en 
tout 195. Savoir 170 pour les cinq classes, 18 des chevaliers et 7 cen- 
turies additionnelles. Ce sont outre les fabri tignart adjoints à la pre- 
mière classe, les accensi, velati, liticines, cornicines , proletari et 
une septième dont la lacune qui commence à ce mot nous dérobe le 
nom. Niebuhr avance avec assurance que c’étaient les capite censi. 
Selon Julius Paulus' les prolétaires, dans le sens le plus restreint du 
mot, étaient ceux dont la fortune s’élevait à moins de 1,500, mais à plus 
de 375 as; ceux qui possédaient moins encore, ou rien du tout s’appe- 
laient capite censi. Mais dans une acception plus étendue ces deux 
subdivisions se trouvaient comprises sous le nom de proletari : c’est 


1 Dans Aul. Gelle, V., 4., XVI, 10. 


28 OBSERVATIONS SUR LA CONSTITUTION 


vraisemblablement dans ce dernier sens que Cicéron emploie ce mot, 
comme on peut en juger par une phrase précédente où il dit : £os 
aut qui non plus mille quingentum œris aut omnino nihil in suum 
censum præter caput attulissent proletarios nominavwit. Je crois, en 
conséquence, que la dernière centurie mentionnée par Cicéron , ren- 
fermait les abri ferrarii dont parlent Tite-Live et Denys. 

Nous avons vu que Tite-Live et Denys n'étaient pas d'accord entre 
eux sur le nombre total des centuries; Cicéron qui en compte 195, 
s'éloigne à son tour de l’un et de l’autre, et la dissidence chez lui réside 
également dans les centuries additionnelles. Nous allons essayer de 
trouver une explication à la prétendue contradiction dans les données 
de ces auteurs. Les indications de Cicéron sont sans nul douteles plus 
anciennes et les plus authentiques; il les devait probablement à Polybe 
qui avait pu les puiser directement ou indirectement dans les commen- 
taires attribués à Servius. Celles que suit Tite-Live ‘ sont différentes 
mais sont anciennes aussi. Quant aux notions qui ont guidé Denys, 
elles semblent se rapporter à une époque où l’organisation de Servius 
avait déjà subi quelques modifications, et l'historien a commis l'erreur 
de les appliquer à l’organisation primitive. Selon Cicéron on comptait 
alors sept centuries additionnelles, savoir les accensr, velati, hiticines, 
cornicines, proletarii (fabri ferrarü), fabri tignaru. Une de ces 
centuries manque à Tite-Live, c’est celle des velati. Ne perdons pas 
de vue que si l’auteur du traité de la république considère les centuries 
relativement aux comices, l’historien romain nous les présente avant 
tout comme système militaire; c’est pourquoi il répartit les centuries 
additionnelles dans les classes, pour autant qu’elles appartiennent à 
Varmée. Une seule en étant exclue, iln’en parle qu’en dernier lieu, sans 
même la désigner par son nom; c’est celle des proletarii dans le sens 
le plus étendu. D’après la conjecture aussi ingénieuse que vraisem- 
blable de Nicbuhr* les accenst et les velati, désignés aussi sous la dé- 


! Rien n'indique en effet que Tite-Live ait consulté les Commentaires de Servius. Voy. Lach- 
mann, De fontibus historiarum Livii Comment, 1 p. 54, sq. 
? R.G., tom. I, pag. 469. 


DE L’ANCIENNE ROME. 29 


nomination générique de assidur, formaient deux centuries distinctes 
probablement l’une de l’autre par le cens ; de telle sorte que les accensi 
étaient peut-être ceux dont la fortune s’élevait à plus de 7000 as, 
les velati ceux dont le cens était placé entre le leur et celui des pro- 
letarir. Mais à l’armée ces deux centuries se trouvaient réunies dans le 
bataillon de réserve. Je soupçonne qu’alors elles n’en constituaient plus 
qu’une seule sous le nom d’accensi-velati' ou simplement d’accensi. 
Voilà, selon moi, l’unique motif pour lequel Tite-Live compte une 
centurie de moins que Cicéron. Quand les hommes de remplacement 
ne suivirent plus les drapeaux d’après l’ancien système, et qu’ainsi les 
accensi ne figurèrent plus sur le cadre de l’armée, on aura proba- 
blement éliminé pareillement leurs centuries du système des comices, 
et on les aura refoulées dans la centurie des prolétaires. C’est pour cette 
raison que dans Denys, dont les renseignemens, comme je le con- 
jecture, retracent une époque postérieure à ce changement, nous 
ne trouvons plus que 193 centuries, et qu’il n’y est plus question d’ac- 
censt velati. Peut-être que la masse compacte entassée alors dans la 
centurie proletarti lui aura fait donner impropremenit le nom de classe. 


1 D’après ma manière de voir, Orelli eût mieux fait de conserver dans Cicéron la lecon ordi- 
naire que de joindre les mots d’accensi velati, suivant l'avis de Steinacker et de Gôttling. 


FIN. 


sang cu Mt di 
F'ÉONÈTE # ” 9 siens 


AAA AAA AAA AAA NEA AM AA ARR ANA ER 


APPENDICE. 


J'avais déjà soutenu ailleurs et j'ai avancé de nouveau (pag. #) que l'établissement des 
curies à Rome, ne datait que de l’époque de la réunion des Sabins aux Romains. Une 
considération que j'ai omis de faire valoir en faveur de ce sentiment et contre l'opinion 
presque généralement accréditée, qu’elles existaient déjà avant ce temps dans la ville 
latine de Romulus, c’est que, pour autant que je sache, on ne trouve dans l’histoire 
aucun vestige de l'existence de curies chez les peuples d’origine latine. Je crois avec 
MM. Müller et Micali que l'institution est étrusque, mais je ne pense pas comme eux que 
Rome l'ait empruntée directement aux habitans de l'Étrurie, mais bien qu’elle l’a reçue 
par l'intermédiaire des Sabins. ( 7’oir Müller, Die Etrusker. Abth. I, p. 380. Micahi 
Storia degli antichi Popoli Italiani. T. IL, p. 79 , éd. 2.) 


Nous avons vu ( p. 7) que Tite-Live en parlant de la création de sénateurs par Brutus , 
se sert du terme de ir Novum sENATUM; je dois ajouter maintenant que Denys, IV, 42, 
p. 748, lorsqu'il mentionne la fournée de sénateurs faite par Tarquin le Superbe, em- 
ploie l'expression équivalente de été BouXv. Quelle conclusion tirer de ces deux passa- 
ges ? nulle autre, je pense, si ce n’est que Tarquin changea le premier l’ancien mode de 
nomination au sénat, et que l'innovation introduite arbitrairement par ce prince, fut 
établie légalement lors de l'abolition de la royauté. Le dernier roi de Rome n'avait plus 
voulu pour sénateurs que des gens qui lui fussent dévoués ; les auteurs de la commotion 
politique qui renversa le trône des Tarquins , avaient à craindre , en rétablissant l’ancien 
système électoral , de voir arriver au sénat des partisans d’une restauration. Parmi les 
annalistes, les uns auront placé cette réforme à l’époque où elle reçut une sanction lé- 
gale , tandis que quelques autres l’auront attribuée à Tarquin-le-Superbe, comme à son 
véritable auteur. — En signalant divers changemens qui se seraient opérés simultané- 
ment avec la réforme du mode de nomination, j'ai été trop loin peut-être, lorsque j'ai 
insinué qu’on aurait fixé alors un âge pour l'admission au sénat : il semble, du moins, 


32 APPENDICE. 


qu'un passage de Denys ( VI, 66, p. 1191 ) soit contraire à ma conjecture. Dans cet en- 
droit, les consuls, pour vaincre l’opposition que tous les jeunes sénateurs faisaient à l'avis 
; > P 
de leurs collègues plus avancés en âge, menacent d'empêcher que désormais pareil scan- 
dale ne se renouvelle en fixant par une loi l’âge, avant lequel on ne serait plus admis à 
0’? 
siéger au sénat. Il est à remarquer que ceci se passait vingt ans environ après l'expulsion 
8 P P 

des rois. Cependant il ne faudrait pas déduire avec trop d'assurance de ce renseignement, 
qu'aucune disposition légale n’existât encore à cet égard; les consuls auraient voulu 
seulement reculer davantage cel âge. 


SUR 


LE MYTHE DE DÉDALE 


CONSIDÉRÉ 


PAR RAPPORT A L'ORIGINE DE L'ART GREC; 


PAR M. ROULEZ, 


PROFESSEUR A L'UNIVERSITÉ DE GAND. 


Présenté à la séance du 7 mars 1835. 


Ton. X. 


AAA EAU LULU LU VAR MMA AA 


SUR 


LE MYTHE DE DÉDALE 


CONSIDÉRÉ 


PAR RAPPORT A L'ORIGINE DE L'ART GREC. 


Il est des questions obscures et ardues, dont on ne peut guère espé- 
rer de solution satisfaisante, mais qui par leur haute importance ne 
cessent d'attirer à elles les investigations de la science. De ce nombre 
sont celles sur l’origine et les époques primitives de la population, de 
la religion, de l’art et en général de la civilisation en Grèce. Les sys- 
tèmes les plus opposés ont été mis en avant à cet égard, et une pareille 
divergence d'opinions n’a rien qui doive étonner. Là où la réalité se 
dérobe à nos yeux, où la vérité est enveloppée de ténèbres si épaisses 
que le flambeau du génie ou de l’érudition ne peut les dissiper, surgit 
l'hypothèse aux formes multiples, et vient de droit en occuper la place. 

Quant à la population primitive de la Grèce, il est un point constant 
et que l’on ne saurait méconnaître, quelque manière de voir d’ailleurs 
que l’on adopte sur cette question, c’est que les traditions historiques, 
aussi loin que l’on remonte à leur source, nous montrent les Pélasges 
comme les premiers habitans de cette contrée. Au milieu de ces peu- 


SUR LE MYTHE DE DÉDALE. 


JS 


plades qu’assez souvent on se représente à tort comme sauvages", ap- 
parait subitement dans la suite la race des Hellènes, race prétendûment 
étrangere et hostile aux Pélasges, qu’elle finit par anéantir. Fait qui, 
traduit en d’autres termes, et réduit à son expression simple et véritable, 
indique que la civilisation grecque dans son développement progressif 
à travers les siècles, offrit deux états distincts personnifiés dans les 
Pélasges et les Hellènes. Cest une tradition généralement adoptée et 
que depuis plus de deux mille ans un grand nombre d’auteurs ont 
répétée sur la foi Pun de l’autre, qu’en Grèce, institutions, croyances 
religieuses, culture morale et intellectuelle, tout était venu de l’étran- 
ger et avait été importé de l'Égypte ou de la Phénicie sur les vaisseaux 
de Cécrops, de Danaüs et de Cadmus. Remonter à la source de cette 
opinion, soumettre à l'examen d’une critique rigoureuse un fait au- 
quel l’assentiment unanime des siècles semblait avoir imprimé le cachet 
de la vérité, eùt été jadis une témérité perverse, un crime de lèse-his- 
toire qu’une sentence de réprobation aurait infailliblement frappé. Une 
pareille entreprise ne devenait possible que dans les derniers temps, 
où l'indépendance de toute autorité, la liberté dans les jugemens, et le 
besoin de connaissances réelles et positives fondèrent une ère nouvelle 
pour les recherches de l’érudition, et donnèrent naissance à la véritable 
critique historique. Déjà en 1815, l’ingénieux Kanngiesser” avait com- 
battu et rejeté l’origine orientale des colons grecs. Mais la manière 
dont il chercha à établir ses vues nouvelles, fut cause en partie, qu’on 
ne les considéra que comme des paradoxes subtils, des aberrations de 
l'esprit d'investigation historique. Quelques années après, le célèbre 
C. O. Müller* descendit à son tour dans l’arène armé de toute la puis- 


1 On peut citer entre autres preuves de la fausseté de cette idée les traditions suivant lesquelles 
lArcadie(Aristot, ap. schol. ad Aristophan. Nub. 397) et la Crète (Hérodot. I, 173) avant d’être 
habitées par les Pélasges, auraient été le séjour de Barbares. Ceux-ci sont les Pélasses représen- 
tant l'état social de la Grèce avant l’époque de la civilisation pélaspique proprement dite. 

2 Grundrisf der Alterthumswissenschaft. 

3 Geschichten Hellenischer Stämme und Stüdte, Th. 1. Orchomenos und die Minyer. M. Gui- 
gnaut a promis de donner un résumé des aroumens de Müller ainsi que de ceux de deux autres 
savans et ingénieux partisans du même système (Welcher , weber eine Kretensische Kolonie in 


SUR LE MYTHE DE DÉDALE. 5 


sance d’une érudition vaste et positive, et d’une rare sagacité de criti- 
que. Sous sa plume, les hypothèses hardies de son devancier dépouil- 
lèrent l’aspect rude et choquant du paradoxe, pour revêtir les formes 
plus douces d’une vraisemblance que les yeux les plus prévenus ne 
purent méconnaitre. S'appuyant sur des indications précises d'auteurs 
anciens, il dénia à l'Égypte et à la Phénicie l'honneur d’étre la terre 
natale de la civilisation hellénique, et désigna la Thrace, cet antique 
berceau des populations européennes, comme le lieu de départ des 
colonies de Cécrops, de Cadmus et de Danaüs. Les idées du savant 
professeur de Gôttingue sur la colonisation de la Grèce ancienne , jetées 
çà et là dans le corps d’un ouvrage où cette question n’est traitée qu’ac- 
cessoirement, avaient besoin d'être rassemblées et développées pour 
que leur vérité apparüt dans tout son jour. Cette tâche a été entreprise 
par M. Schnitzler ‘ et remplie avec infiniment de talent. Cependant, il 
faut l'avouer, quelque retentissement que ce système eût dans le monde 
savant, quelle que soit même la solidité des bases sur lesquelles il repose, 
il a excité en général peu de prosélytisme. Nous croyons toutefois 
qu’on doit chercher les causes de l’indifférence ou de l’hostilité qui 
semble sy attacher, moins dans la haine des innovations, compagne 
presque toujours inséparable de l'attachement aux idées anciennes, 
moins aussi peut-être dans une sage circonspection, conseillée par l’ex- 
périence de tous les jours, qui nous montre la courte durée des théories 
nouvelles les plus brillantes, que dans l’entraînement irrésistible de 
notre siècle vers l'Orient, où un monde antique se révèle à la science 
moderne. Jadis aussi le père de l’histoire ne put se soustraire à une 
semblable prédilection, qu'il avait rapportée de son long et savant pèle- 
rinage aux rives du Nil. Mais un système peu goûté dans un certain 
temps, pouvant, d’après la versatilité de la mode, obtenir l’assentiment 
Theben die Güttine Europa und Kadmos den Koenig. Nülcker, Mythologie des Japetischen Ge- 
schlechts ) dans les éclaircissemens sur le tom. II, livre V, 6 1, de la traduction française de 
l'ouvrage de Creuzer Symbolik und Mythologie der alten Vülker. 

! J.-H. Schintzler , weber die Colonisation des alten Griechenlands durch Cecrops, Danarïs und 


Kadmus. Appendice à la première époque de l'Histoire de la littérature grecque , par Schoell , tra- 
duite en allemand. Berlin, 1828, tom. I, pag. 40 et suiv. 


6 SUR LE MYTHE DE DÉDALE. 


et l'admiration d’une autre époque, il peut étre utile de rassembler çà 
et là les matériaux propres à en consolider les fondemens, et de renou- 
veler quelques-uns des titres qui le recommanderont peut-être à l’at- 
tention de nos descendans. Cest ce que nous entreprenons de faire 
ici relativement à la question de l’origine de l’art en Grèce, question 
également controversée et qui a divisé les savans en plusieurs camps”. 
Tandis que les uns, et à leur tête Müller, se serrant autour de la ban- 
nière de Winkelmann, regardent l’art comme une production du sol 
de la Grèce, où il s’est développé sans le secours d’aucune culture étran- 
gère, les partisans de l’opinion opposée reconnaissent l'influence égyp- 
tienne, mais ne tombent pas d'accord entre eux sur l’époque où elle se 
fit sentir, les uns l’admettant seulement à partir du règne de Psam- 
métique, les autres la faisant remonter aux siècles fabuleux. Notre but 
n’est pas d'examiner la question dans toute son étendue ni sous toutes 
ses faces, nous nous abstiendrons même de toute considération géné- 
rale; c’est le peuple grec lui-même que nous voulons interroger sur 
l’origine et les progrès de l’art, et nous croyons trouver l'expression 
fidèle de ses croyances dans les traditions sur la naissance et la des- 
tinée du personnage mythique, qui n’est rien autre que la personni- 
fication de l’art antique. Nous examinerons donc le Mythe de Dédale, 
principalement sous le point de vue historique, le seul peut-être dont 
il soit possible de tirer quelques inductions raisonnables *. 

Dans l’ancien langage des Grecs, on appelait du nom générique de 
dadhoy (dudiiew travailler artistement ) tout travail fait par la main d’un 
artiste *, et particulièrement les statues (£éw«). Dans Homère, les ob- 
jets travaillés avec art sont caractérisés par l’épithète de dde : d’où 
vient qu’on nomma Dédale (%%%0: ) l'artiste par excellence, l’être sym- 
bolique, dans lequel l’art était personnifié *. Les anciens ne s’accor- 


1 Woy. Wachsmuth, Æellenische Alterthumskunde , IT Th., 2° Abth., pas. 324. 

? Consulter Sillig , Cataloqus artificum Græcorum et Romanorum voc. Dzævarus , pag. 169. 
Lips. 1927. 

# Etymologicum magnum , voc, Axidua. 

4 Pausanias ,1x, 8, 2. — Un des plus grands archéologues de notre époque, Hirt ( Geschichte 


SUR LE MYTHE DE DÉDALE. 7 


dent pas sur le lieu de naissance de Dédale : les uns le font naïtre dans 
VAttique ‘, les autres en Crète”. Quoique ces deux pays aient été éga- 
lement le siége d’établissemens pélasgiques”, il n’est pourtant pas in- 
différent d’observer que la première de ces deux opinions, qui n’a 
probablement pas sa source uniquement dans la vanité des Athéniens, 
a pour elle la plus grande vraisemblance, et sert de réfutation à l’hy- 
pothèse qui fait de la Crète un point de transition, un lieu d'étape où 
l’art étranger aurait séjourné, à son passage de l'Orient en Grèce. Les 
indications des auteurs sur les parens de Dédale varient de nouveau, 
mais ici la divergence est plutôt apparente que réelle, Quelques-uns 
lui donnent pour père Métion ; d’autres, au contraire, regardent Métion 
comme son aïeul et le font fils d'Eupalamus *. Thésée *, dans Plutarque, 
appelle Dédale son cousin germain, du chef de sa mère Mérope, fille 
d’Erechtée; mais Métion ayant lui-même pour frère Erechtée, il en 
résulte que toutes les traditions sont unanimes pour faire descendre 
Dédale de ce roi d'Athènes. Nous ne nous arréterons pas au rensei- 
gnement de Pausanias”, suivant lequel il serait fils d’un certain Pala- 
méon d'Athènes; car ce nom ainsi que celui d'Eupalamus n’étant que 
la désignation emblématique d’un artiste habile et distingué, doit étre 
considéré simplement comme l'expression de l’idée, que nulautre qu’un 
artiste ne pouvait avoir donné le jour au père de l’art. Pour en reve- 
nir à Erechtée, chef de la famille d’où sortait Dédale, il était petit- 


der bildenden Künste bei den Alien. Berlin, 1833, pag. 71) pense que la personnification de 
Dédale a dû son origine à une fausse interprétation d’un passage de l’Iliade (xvnr 893), où 
ce nom n’est qu'une simple épithète donnée à Vulcain. Un autre savant (L. Wihl, Orat. de ar- 
tium inter Græcos primordüs, etc., Monachii, 1831 ) prétend que ce nom est dérivé de la langue 
phénicienne. Il est à craindre qu'il ne soit seul de son avis. 

1 Diodor. Sic., IV, 76; Pausan., VIT, 4, 5. 

2 Eustath. ad Hom., Il., XNIII, 592. 

8 Consulter sur l'établissement des Pélasges en Crète avant l’époque des migrations doriennes 
Hoeck, Æreta, ein Versuch zur Aufhellung der Mythologie und Geschichte der Religion und Ver- 
fassung dieser [nsel. Gôtting., 1823-30, tom. I, pag. 147. Cf., tom. Il, pag. 4. 

4 Nous renvoyons pour les citations à l'ouvrage de Sillig, pag 170. 

5 Vita Thesei, c. 18. p. 8. D. 

6 Apollodor, III, 15 ; 2biq. Heyne, pag. 340. 

7 IX, 8, 4. 


8 SUR LE MYTHE DE DÉDALE. 


fils’ de l’ancien roi du même nom, plus connu sous celui d'Erichthonius. 
C'est donc d’après l’origine de ce personnage mythique que nous de- 
vons statuer sur l’indigénat ou la pérégrinité de ses descendans. Or, 
des différens récits qu’on débitait sur la naissance d’Erichthonius, on 
peut inférer avec assurance et certitude qu'il était fils de la terre, ou 
en d’autres termes autocthone; ce qui du reste est parfaitement con- 
forme à l’étymologie de son nom. Il appartient, en conséquence, à 
cette race antique des Pélasges qui nous apparaissent sur le sol de la 
Grèce bien loin derrière l’époque fabuleuse des migrations. Iei, 1l 
est vrai, se laisse apercevoir encore la tendance à reproduire partout 
l'influence égyptienne. Selon le témoignage de Diodore de Sicile ?, 
Erichtonius était un égyptien, qui, dans un temps de famine, apporta 
du blé dans l’Attique, et pour prix de ce bienfait fut appelé à régner 
sur ce pays, où il fonda les mystères d’'Eleusis : mais comme il est 
prouvé que ces mystères, loin d’être venus en Grèce du dehors, se 
rattachent essentiellement au culte pélasgique *, il s’en suit que la fable 
sur l’origine égyptienne de leur fondateur se trouve réduite au néant. 

De l'Attique, sa patrie, Dédale passa en Crète. Voici comment la 
fable explique le motif de son exil : Poussé par un sentiment de jalousie 
contre un jeune artiste à la fois son neveu et son élève, il le préci- 
pita du haut de la citadelle, et ayant été pour ce meurtre condamné 
à mort par l’Aréopage, il échappa au supplice en se réfugiant en Crète, 
à la cour du roi Minos ‘. La nature de cette fiction montre assez, ce 
semble, qu’elle doit son origine à la poésie tragique (nous savons po- 
sitivement que Sophocle avait composé une tragédie intitulée Pédale). 
Elle n’est peut-être aussi que l'indication d’une rivalité qui, dans des 
temps postérieurs, aura éclaté entre diverses classes ou familles d’ar- 
tistes à Athènes. Pour ce qui est de la fuite de Dédale, en elle-même, 
quelque peu de croyance que l’on soit disposé à accorder aux mythes, 

1 Apollodor, IT, 14, 8; Hygin, /ab. 16-48. 

2 [, 29. 

3 Voir Müller, Orchomenos. Beylage I. Cf. Guigniaut, ouvrage cité, tom. Il, pag. 316, note 1. 


4 Ovid. Metamorph., NI, 241, sqq. ; et d’autres auteurs cités par le dernier éditeur Baum- 
garten-Crusius , pag. 302; Servius ad Aen., VI, 14 ; Heyne ad Appollodor., MI, 15, 9, p. 348. 


SUR LE MYTHE DE DÉDALE. 9 


on ne saurait s'empêcher d’y voir la transplantation de l’art pélasei- 
que de l’Attique en Crète, ou plutôt les heureux accroissemens qu'il 
prit dans ce dernier pays, par suite d’une impulsion communiquée de 
la Grèce centrale. 

Le séjour de Dédale en Crète se rattache aux temps de la plus grande 
illustration de cette île, à cette époque où elle était le principal foyer 
de la civilisation grecque à son berceau : Minos l’avait dotée d’une 
sage législation; son empire s’étendait sur la plupart des iles et sur une 
partie du littoral de la mer Égée; elle avait banni la piraterie de ces 
parages, et s'était élevée au rang de première puissance maritime de 
la Grèce d'alors '. Le nom de Dédale se mêle aussi aux perfectionne- 
mens que recut la navigation en Crète. On lui attribue l’invéntion de 
de la voile et de la mâture des vaisseaux *. Sa fuite de l’ile avec son 
fils Icare ou moyen d'ailes attachées avec de la cire ‘ est la même idée 
cachée sous la plus charmante fiction. Dédale, emblème de lart en 
général, exerçant une heureuse influence sur l’art nautique, rappelle 
à l'esprit une autre personnification mythique, en qui il semble que 
l’on ait voulu figurer les premiers essais de la navigation , dont le tra- 
vail des métaux est une condition nécessaire : nous voulons parler des 
Telchines*, marins demi-sauvages, auteurs et consécrateurs des pre- 
mières images des Dieux, inventeurs de l’art de mettre en œuvre le 
fer *, dont on place le séjour en Crète, à Cypre et à Rhodes. Si, à côté 
des Telchines, on se représente les Cuwrètes et les Dactyles-Idéens”, 


1 Poirrelativement à la puissance maritime des Crétois sous Minos Plass, Vor-und Urgeschichte 
der Hellenen, pag. 201 sqq., 179 et 360. Hæœck., Creta., tom. Il, pag. 181 sqq. 

2 Pausan., IX, 11,3. 

3 Diodor. Sic. IV, 79; Ovid., Metam., NIII, 189 sqq. 

4 On peut consulter sur les Telchines Lobeck , De bello Eleusinio , P. 1, pag. 11 sqq., et 4glo- 
phamus seu de Theologiæ mysticæ causis, Regiom., 1829-30, pas. 1181 sqq. Creuzer, Religions 
de l'antiquité, etc. , tom. IL, pag. 275 sqq., où il est aussi parlé des Dactyles -Idéens. Welcker, 
Eschylische Trilogie, pag. 172 sqq. 

5 Nous n’ignorons pas toutefois que le savant Lobeck a fait observer que les auteurs les plus 
dignes de foi ne disent rien de cette invention du travail des métaux par les Telchines. 
Voy. Aglaoph., pag. 1199. 

6 Ils n’appartenaient pas originairement au mont Ida en Crète, mais à la montagne du même 


Tou. X. 2 


10 SUR LE MYTHE DE DÉDALE. 


dont les noms désignent tantôt des divinités, tantôt des prêtres, et aux- 
quels d'anciennes légendes attribuent la découverte du fer et du cui- 
vre qu’ils enseignèrent les premiers à mettre en œuvre; on se trouve 
naturellement amené à l’idée que ces deux classes d'êtres fabuleux, 
qui en plusieurs points semblent s'identifier ‘, sont la représentation 
symbolique de la civilisation pélasgique avant Dédale, alors que les 
arts et la religion se trouvaient encore unis entre eux par une mysté- 
rieuse alliance. 

L'artiste fugitif signala surtout son activité en Crète par la construc- 
tion du nnêue ne de Cnosse, qui, suivant le témoignage d’au- 
teurs anciens? , fut fait sur le modèle de celui d'Égypte, et que, par 
conséquent, dx partisans du système oriental ne manquent pas de 
considérer comme un jalon indicateur de la route qu’a suivie l’art 
égyptien dans sa marche vers la Grèce. Mais comment ceux qui ac- 
ceptaient de bonne foi cette tradition ont-ils pu se dissimuler qu’elle 
reposait sur le plus monstrueux anachronisme ? Dédale, le contempo- 
rain de Minos, avoir bâti son labyrinthe sur le plan de _ d'Ée gypte, 
dont la fondation , au rapport d’Hérodote *, datait du temps de la dodé- 
carchie (environ 650 ans avant Jésus-Christ)! Il est vrai que cette 
opinion d'Hérodote sur l’époque où le labyrinthe égyptien fut construit, 
bien qu’elle ait encore des défenseurs *, ne saurait se soutenir en pré- 
sence des argumens qu’on lui a opposés. La plupart des savans ° s’ac- 
cordent pour reculer la construction de ce monument gigantesque à 
des temps bien antérieurs, alors que Part jeta sur le sol de lÉg gypte les 


nom en Phryoie, d’où leur culte passa dans cette île. Cf. Hoeck., Creta. tom. I, pag. 859 : le culte 
y fut entièrement pélasgique ; du moins le plus important de ces Dactyles de Crète , Jasius était 
dieu des Pélasges et des Arcadiens. 

1 Müller, Dorier, 1, pag. 474. 

2 Diodor., 1, 97. IV, 79; Plin., Hist. nat., xxxvi, 18, 19; Apollodor., HE, 15, 8. 

3 Nous croyonsutile de rappeler ici qu'il a été démontré jusqu’à l'évidence par le savant Hœck, 
Creta , tom. 1, pag. 52, qu'il n’existe aucune preuve d’immigrations égyptiennes en Crète. 
IL, 148. 
Mannert, Geographe der Griechen und Rümer, X, [, pag. 426. 
On les trouvera indiqués dans Beck, Anleitung zur Weltgeschichte, V, pag. 721, et Bæhr 
sur l'endroit cité d'Hérodote, tom. I; Excurs. X, pag. 918. 


S 


a 


6 


SUR LE MYTHE DE DÉDALE. 11 


pyramides et tant d’autres merveilles. Au moyen de cette hypothèse, 
le fait de limitation se trouverait débarrassé de l’absurdité qui s’y at- 
tachait primitivement ; mais pour en soutenir la vraisemblance, il fau- 
drait prouver d’abord que l’œuvre admirable de Dédale, telle qu’on 
nous l’a dépeint, a existé ailleurs que dans les récits fabuleux et poé- 
tiques qui nous en ont transmis la renommée. Personne n’ignore que 
déjà dans l'antiquité, et notamment au temps de Diodore de Sicile et 
de Pline, on cherchait en vain des vestiges du labyrinthe de Crète. 
Tournefort et d’autres voyageurs modernes ont cru le retrouver dans 
une vaste caverne, dont l'entrée est près de l’ancienne Gortyne, et qui 
par mille détours s'étend dans la profondeur de PIda ‘: Mais il est re- 
comnu maintenant que la prétendue identité de la caverne de Gortyne 
et du labyrinthe de Cnosse est entièrement dénuée de vérité”. Les an- 
ciens”* font aussi mention d’une grotte souterraine à Cnosse même. On 
doit y voir sans doute des carrières, servant de tombeaux, telles que 
celles qui existaient à Nauplie et que Strabon* appelle cyclopéennes, 
voulant dire certainement pélasgiques. C’est probablement ces souter- 
rains de Cnosse ( ouvrage pélasgique et pour cette raison attribué à 
Dédale) que la fable a métamorphosés en labyrinthe idéal, dont elle 
emprunta le type à l'Égypte. 

Dans la suite, Dédale ayant encouru la disgräce du monarque cré- 
tois, chercha de nouveau son salut dans la fuite, et alla se réfugier en 
Sicile auprès du roi Cocalus*. L'examen des causes de lirritation de 
Minos importe peu à notre sujet, il suffira de rappeler en passant que 
la manière d’agir qu’on prête à ce prince envers Dédale ainsi que tout 


1 Cockerell a donné des renseisnemens étendus etexactssur la grotte de Gortyne dans : Travels 
in various countries of the East edited by Walpole, pag. 402 sqq. Cf. Hœck, Creta., tom. I ; Bey- 
lage, N, pag. 447 sqq. 

2 Hœck, thid., pag. 56 suiv. 

3 Etymolog. Magn. et Gudian. voc. AuBipySoe. 

4 VIII, pag. 379. Les carrières de Nauplie sont aussi nommées labyrinthes , mot dont l'origine 
est grecque. Cf. Müller, Zandbuch der Archæologie der Kunst, pag. 81. 

5 Diodor. Sic., IV, 78. Philisti fragm., 1, pag. 145, ed. Güller. Isidor. Origg. XIX, 1959 
(C. Gr. L. ed. Lindemann. T. IE, p. 598), où il faut lire 27 Siciliam au lieu de in Cilicium. 


12 SUR LE MYTHE DE DÉDALE. 


le blâme déversé sur la conduite de ce personnage fabuleux, a sa source 
dans l’inimitié et la malveillance notoïres des Athéniens à l'égard des 
Crétois et de leur roi’. L'arrivée de Dédale en Sicile n’atteste pas seu- 
lement la présence de l'art pélasgique dans cette contrée, mais la na- 
ture des légendes qui se rattachent à sa fuite lève encore toute espèce 
de doute sur sa transplantation immédiate d’une ile dans l’autre, et sur 
les relations des habitans des deux pays *. Les travaux de Dédale en 
Sicile portent visiblement l'empreinte de la main des Pélasges: on cite 
un vaste réservoir (:7%6:9pz) * d’où le fleuve Alabon se jetait dans la 
mer, ouvrage qui en rappelle d’autres de la même nature dans la Grèce 
pélasgique ‘. Il bâtit en outre un mur sur le mont Éryx et une forteresse 
sur un rocher près d’Agrigente; elle servait probablement de citadelle 
à cette ville *, et n’est peut-être rien autre qu’une de ces forteresses 
des Pélasges connues sous le nom de Zarisses. 

Les uns font mourir Dédale en Sicile, d’autres au contraire le font 
passer dans l’ile de Sardaigne. Bien plus, d’après des renseignemens 
puisés à une source différente, il serait allé directement de Crète en 
Sardaigne avec la colonie qu’y conduisit Aristée”. L'association de Dé- 
dale aux compagnons d’Aristée nous ramène encore aux Pélasges; car 
le fils de Cyrène régnait en Arcadie et doit étre considéré comme une 
divinité des Pélasges qu’on retrouve dans presque tous leurs établisse- 
mens. Dédale laissa dans cette île un grand-nombre d’ouvrages, qui, 
au temps de Diodore de Sicile, subsistaient encore, et étaient désignés 
par la dénomination de Dédaléens. I] s’agit ici de ces constructions énig- 
matiques, de ces fameux nurrhages de la Sardaigne, qui, dans les der- 


1 Voy. Sillig, Cataloqus artific., pag. 170 suiv. 

? Voir sur les établissemens crétois en Sicile, Hæck , Creta , tom. IT, pag. 372 suiv. 

3 Cf. Cluvier , Sicilia antiqua, cap. IT, pag. 133. 

4 Par ex. les canaux d'écoulement du lac Copaïs, etc. Cf. Müller, Æandbuch der 4rchæol., 
$S5, n°4, pas. 31. 

5 Voy. Wesseling ad Diodor. Sic., pag. 321. 

5 Sallust., Hist., V, 10, pag. 224, ed. Gerlach. 

7 Sallust. (apud Servium ad Georg.,1, 14, et ad Æn., NI, 14.) Hist. fragm. incerta, 196, 197, 
pag. 257 ed. Gerl. Mythographi Latini, \, 43, pag. 16; IT, 82, pag. 103, éd. Bode. — Consul- 
ter sur la colonie d’Aristée, Niecbuhr, Histoire romaine, tom. I, pag. 158, éd. de Bruxelles. 


SUR LE MYTHE DE DÉDALE. 13 


niers temps et jusqu'aujourd’hui, ont fixé à un si haut point l'attention 
des archéologues. illustre auteur de l'ouvrage sur les Étrusques !, tout 
enclin qu'ilse montre à en faire honneur à ce peuple, ne peut disconvenir 
toutefois qu'ils offrent plusieurs points de ressemblance avec les pro- 
ductions de l’art grec. Il nous semble que dans une pareille incertitude 
la légende de l’arrivée de Dédale dans l’ile avec une colonie de Pélasges 
devrait faire pencher la balance en faveur de ceux-ci. 

Dédale parut aussi à Cumes, qui, dans l’opinion commune * passe 
pour le plus ancien établissement des Grecs en Italie, et y construisit 
un temple en l’honneur d'Apollon*. Nous croyons qu’il est question ici 
de l’Apollon Vomios ou Agreus, nom sous lequel Aristée fut adoré. 
Capoue posséda aussi le grand artiste ‘, et, au rapport du géographe 
Scylax”, des monumens élevés par lui en Libye attestaient qu'il avait 
étendu ses courses jusque dans ce pays, siége, comme on sait, de la 
colonie pélasgique de Cyrène. Quant à son séjour en Égypte et à l’érec- 
tion des propylées du temple de Vulcain à Memphis°, ce sont autant de 
fables fabriquées à plaisir par des Grecs, dans le but peu national de 
faire de leur patrie une espèce de colomie égyptienne. 

En suivant Dédale dans ses voyages et dans sa vie errante, nous avons 
eu occasion de faire mention de ses principaux ouvrages d'architecture ; 
mais cette branche de l’art ne fut pas la seule qu’il cultiva, il fut encore 
statuaire renommé. Les anciens? citent de lui entre autres les statues 
d'Hercule à Thèbes, de Trophonius à Lébadée, de Britomartis à Olonte, 
de Minerve à Cnosse, de Vénus à Délos; cette dernière qu’on pourrait 
envisager comme un morceau de transition, où le type dédaléen n’est pas 
encore atteint, puisque sa partie inférieure présentait la forme carrée des 
Hermès, avait été donnée par Ariadne à Thésée, qui en fit présent aux 


Müller, Etrusker, IV, 2, 2, pag. 227. 

Gette opinion est combattue par Niebuhr, Hist. rom., tom. I, pag. 145. 
Viroe., Æn., NI, 14. 

Silius Ital., XIT, 102. Auson. Zdyl. X, 301. 

Peripl., pag. 53, éd. Hudson. 

Diodor., I, 97. 

Pausan,, IX, 40, 2. Cf. Sillig, Catalog. Artific., pag, 172 suiv. 


YU D Où 5 À D = 


14 SUR LE MYTHE DE DÉDALE. 


Déliens. Toutes ces idoles, ainsi que d’autres que la faux du temps avait 
détruites, étaient faites de bois. Aussi a-t-on lieu de s'étonner de voir men- 
tionner le chœur dansant d’Ariadne en marbre blanc, qui, selon toute 
apparence était un bas-relief". Homère le connaissait déjà de réputation”, 
et l’on croyait au temps de Pausanias qu’il existait encore à Cnosse*. Ce- 
pendant, l’origine prétendüment postérieure de la sculpture sur le mar- 
bre ne prouve point, comme on l’a fort bien observé‘ contre l'emploi de 
cette matière à une époque plus reculée. Pareille observation pour- 
rait se faire par rapport à la peinture, si l’assertion * d’après laquelle 
Dédale aurait peint dans le temple d’Apollon à Cumes la fin malheu- 
reuse de son fils Icare, méritait quelque confiance et ne devait pas plu- 
tôt être reléguée dans la foule des contes inventés par les grammairiens. 
L'art personnifié dans Dédale prit la plus grande extension” : suivant le 
témoignage de Pausanias”, cet artiste fit preuve de son habilité en 
mécanique par la fabrication d’un char d’airain à deux roues. Nous 
avons parlé plus haut de ses inventions par rapport à la navigation. Il 
passe, en outre, pour inventeur de la scie, du rabot, de l’aplomb, de 
la tarière *. Cette tradition sur l’invention , dans la Grèce, d’instrumens 
appartenant à l’art de travailler le bois, dépose de nouveau contre l’im- 
portation de cet art par des étrangers. 

De tout ce qui précède, on peut conclure sans difficulté, que loin 
d'offrir le moindre indice de l’origine orientale de l’art grec, le mythe 
entier de Dédale témoigne en faveur de son origine pélasgique. Avant 
de terminer, nous indiquerons le type distinctif de l’art pendant l’é- 
poque dont ce personnage fabuleux est le représentant. Considéré 


1 Voy. Heyne, Art.inter Græc. hist. (Opusc. Acad.N, p.339). Thiersch Aunstepoch., I, p.19, sq. 

2 Ilhiad., XVIII, 591. 

3 IX, 40, 2, VIII, 16, 2. 

4 Voy. Hoeck, Creta, tom. IT , pag. 397. 

5 Scriptores Rerum Mythicarum Latini tres Romæ nuper reperti, 1, 43, pag. 16, ed. Bode. 

6 On le fit remonter aussi aux premiers temps de la civilisation naissante : c’est ainsi qu’on dit 
que Dédale fabriqua la première table et la première chaise (Isid. Origg.XX, 1, 1.p. 616), et qu'on 
lui attribue l'invention de la construction des toits et des murailles. (Id. #bid., XIX, 8, 1, p. 590). 

OO Enne 

8 Plin., Hist. Nat., NI, 56. Seneca, Epist. 90. 


SUR LE MYTHE DE DÉDALE. 15 


comme statuaire, Dédale est pour nous l’auteur par excellence des si- 
mulacres de dieux en bois. Remarquons toutefois, qu’en ceci il ne se 
montre pas comme inventeur; son apparition marque seulement un 
progrès. Il existait avant lui des statues de dieux, mais le premier il 
leur fit des yeux ouverts, détacha les mains du corps, sépara les jambes 
et les pieds", ou bien, comme parlait la fiction, leur communiqua la vie 
et le mouvement ?. Mais ce perfectionnement, dont on fait honneur à 
Dédale, ne serait-il pas simplement la réalisation d'essais tentés avant 
lui ? Nous pensons du moins que c’est la conclusion la plus naturelle 
qu'on puisse tirer d’un passage de Pindare * où le poète attribue aux 
statues des Telchines la vie qui animait celles de Dédale*. Au dire de 
Pausanias”, les ouvrages du père de Part, loin de charmer, affectaient 
désagréablement la vue, mais en revanche on y voyait percer quelque 
chose de divin. La statuaire esclave du culte conserva long-temps le 
type déterminé et consacré par la religion. Ce type se retrouve encore 
environ cent ans avant Phidias‘; peut-être ne disparut-il entièrement 
que lors de l’extinction de l’ancien culte des Pélasges. Par là s’expli- 
que la circonstance étrange en apparence, que des artistes tels que 
Dipœnus et Scyllis de Crète, Endœus d'Athènes, Learchus de Rhe- 
gium , etc., dont l’âge postérieur est suffisamment constaté, nous 
sont donnés pour des fils ou des disciples de Dédale. L’asservisse- 
ment de la statuaire au culte religieux peut aussi autoriser la con- 
jecture, que les idoles attribuées à Dédale auront été exécutées 
postérieurement, en remplacement d'anciennes, dont on n’aura pas osé 
changer le type. 


Si nous passons maintenant à l'architecture , nous trouverons que 


1 Diodor, IV, 76. Suidas , sub voc. Auinha route. 

2? Aristot. 4nim., 1, 4. Plat. Menon. Oper. T. IT, p. 97. Callistrat. Zcon., n. 8, p. 899. Dion 
Chrysost. Or. 37, p. 457. A. 

3 Olymp., NIX, 5 ; ibiq. Dissen., Il, pag. 87. 

4 Peut-être ces statues des Telchines étaient-elles aussi de bois, du moins il n’est pas constaté 
qu'elle aient été plutôt d’airain ou d'argile. Voy. Lobeck Æglaophamus, pag. 1199, not. 

SITES 

5 Voy. Thiersch, Kunstepoch, 1, pag. 10. 


16 SUR LE MYTHE DE DÉDALE. 


les ouvrages dédaléens se distinguent par l’emploi de pierres polygones : 
ce sont les constructions pélasgiques proprement dites, que l’on con- 
fond communément avec les murs cyclopéens. Dans ceux-ci, il y a 
absence entière du polygone, et les intervalles qui se trouvent entre les 
énormes blocs de pierre brute sont comblés au moyen d’autres pierres 
d’un moindre volume ‘. 

Ainsi dans l'architecture comme dans la sculpture, Dédale repré- 
sente une époque de progrès, ou, pour mieux dire, à la suite de ce 
progrès commence l’art dans la véritable acception du mot. C’est donc 
parmi les Pélasges et hors de l'atmosphère de toute influence étrangère 
que l’art grec prit naissance et se développa, pour s’élancer bientôt 
dans les voies de la perfection et de l’originalité. 


1 Nous hasardons de faire ici Papplication de la distinction entre les constructions cyclopéennes 
et pélassiques établie par le savant voyageur anglais William Gell, dans son ouvrage traduit en 
allemand sous le titre de Probestücke von Stadtmauern des alten Griechenlands von sir William 
Gell. München, 1831. 


FIN. 


OBSERVATIONS OSTÉOLOGIQUES 


L'APPAREIL COSTAL DES BATRACIENS, 


CH. MORREN, 


CORRESPONDAST DE L'ACADÉMIE , DOCTEUR EN SCIENCES, ETC., 


PRÉSENTÉES DANS LA SÉANCE DU 8 AVRIL 1835. 


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OBSERVATIONS OSTÉOLOGIQUES 


SUR 


L'APPAREIL COSTAL DES BATRACIENS. 


En 1805, dans ses Zecons d'anatomie comparée, Cuvier énonçait 
un singulier antagonisme entre les développemens respectifs de l’ap- 
pareil sternal et des côtes chez tous les reptiles; en effet « les gre- 
nouilles, disait-il, ont un sternum et point de côtes; les serpens, des 
côtes et point de sternum; les tortues, des côtes soudées à la carapace 
et un sternum confondu dans le plastron; le crocodile et les lézards, 
des côtes parfaites, mais un sternum en grande partie cartilagineux . » 

On ne saurait mieux exprimer le caractère de ce principe formulé 
plus tard par le grand émule de Cuvier : que la nature, dans ses res- 
sources pour différencier de toutes les façons son type primordial, 
établit comme clef de l'édifice de ses œuvres admirables l’agrandisse- 
ment des parties sur un point et la diminution proportionnelle sur un 
autre”. Il y a dans le passage de Cuvier, que nous venons de citer, 
une véritable tendance à faire pressentir la loi du balancement des or- 
ganes : quand les côtes ne se développent pas, le sternum se développe 


1 Leçons d'anatomie comparée, tom. I, 8° lecon, pag. 210. 
2 Geoffroy S'-Hilaire , Cours de l’histoire naturelle des Mammifères ; 1828 , 16° lecon, pag. 22. 


4 OBSERVATIONS OSTÉOLOGIQUES. 


et vice versd. On voit que le rapport de l'équilibre avait été saisi, et 
c’est beaucoup. 

Il est vrai qu’à la même époque et en étudiant l’organisation des sa- 
lamandres , Cuvier remarqua dans ces animaux quelque chose qui sem- 
blait contredire le balancement organique entre les appareils costaux 
et sternaux. «Les salamandres, dit-il, ont des côtes si courtes qu'elles 
ressemblent aux apophyses transverses des vertèbres; elles n’ont qu’un 
seul point d’articulation sur lequel elles sont peu mobiles... Ces rep- 
tiles n’ont pas de sternum proprement dit, mais l’épaule en tient lieu 
en partie ‘.» Ainsi, voilà des côtes très-courtes ou même, comme 
Cuvier les appelle dans le même passage, des rudimens de côtes qui 
coexistent avec un sternum si peu développé qu’on hésite à l’admet- 
tre. Or, d’après l’idée dominante exprimée plus haut, chez les sala- 
mandres les côtes devraient étre grandes, bien prononcées. 

Cela prouve que peut-être l’antagonisme n’existe pas chez les rep- 
tiles entre les côtes et l’appareil sternal, mais bien entre les côtes et 
quelque autre appareil. 

Effectivement, c’est ce qui arrive. 

Chez les serpens, il y a un grand nombre de côtes et toutes sont 
bien développées. À quoi servent les côtes chez ces singuliers ani- 
maux? Non-seulement, comme organes protecteurs, elles défendent 
par leurs arceaux les viscères et contribuent à la respiration, mais elles 
servent évidemment à la reptation, à la locomotion. Les ophidiens, 
sans pieds, sans membres extérieurs, marchent par les plis de la peau, 
et ces plis sont déterminés en grande partie par les mouvemens des 
côtes. Ainsi, le développement intrinsèque et la multiplication de ces 
organes se font au profit de la locomotion. 

Chez les sauriens, on voit les ptérodactyles, animaux des temps 
antédiluviens, posséder aussi un système de locomotion extraordi- 
naire ; ils volent, et l'aile se forme par l’amplification du deuxième 
doigt du membre antérieur. Ici la loi du balancement s'établit d’après 


! Leçons d'anatomie comparée, tom. [, p. 211. 


OBSERVATIONS OSTÉOLOGIQUES. 6) 


le type des cheiroptères; mais nous sommes dans un monde ancien, 
alors que les lois de la nature ne pouvaient pas frapper en grand un 
règne dont tous les membres n’existaient pas encore. 

Comme pour nous donner une preuve nouvelle de la fixité de ses 
principes, la nature nous offre dans la création actuelle les dragons, 
sauriens que les rapports les plus saillans classent près des pterodac- 
tyles, et qui, sans voler, à proprement dire, se laissent choir sans 
danger des branches d'arbres, parce qu'ils sont armés d'ailes ou de 
parachutes. Or, ces organes, formés évidemment pour accroïtre la lo- 
comotion, se développent par l’hypertrophie des six premières fausses 
côtes qui déjà ne font plus l’arceau autour des viscères , mais s'étendent 
excentriquement comme des doigts du membre antérieur des pterodac- 
tyles. Voilà donc bien certainement les côtes qui, encore une fois, con- 
tribuent à mieux établir pour l'animal, ses rapports avec l’espace et le 
monde extérieur; c’est encore une fois au profit de la locomotion que 
les côtes subissent l'effet du principe du balancement organique. 

Ces réflexions nous portent à croire qu'il faut préférer à l’antago- 
nisme découvert par Cuvier entre les organes sternaux et costaux , celui 
que Meckel a semblé démontrer, à notre avis, avec une rare sagacité. 

Les côtes disparaissent chez les batraciens anoures. Voilà un fait 
non moins certain que celui-ci : les batraciens urodèles présentent des 
côtes, très-simples à la vérité, mais enfin des côtes. Or, chez les uro- 
dèles le système locomotif, peu développé dans les membres (tritons, 
salamandres, etc.), se renfonce par le développement de la queue, et 
chez quelques tritons en particulier par Pexistence des pièces en V de 
lappendice caudal. Les côtes sont d’autant plus petites que ces pièces 
sont plus grandes. 

Chez les batraciens anoures, la fonction locomotive prend un ca- 
ractère particulier, celui du saut; aussi ka queue disparaïît-elle, et le 
profit de cette absence tourne tout entier au développement des mem- 
bres, mais les côtes elles-mêmes ne restent pas étrangères à cette muta- 
tion. Les grenouilles sautent mieux et plus que les crapauds, et les 
crapauds présentent encore de petites côtes dans une des espèces, et 


6 OBSERVATIONS OSTÉOLOGIQUES. 


de grandes apophyses transverses dans d’autres, tandis que les gre- 
nouilles, avec leurs longs membres postérieurs, n’offrent rien de sem- 
blable. Ce sont là des faits sur lesquels les naturalistes n’ont pas porté 
une attention suffisante, et l'existence des côtes chez un crapaud adulte 
est même quelque chose de neuf dans les fastes erpétologiques; du 
moins nous le croyons. 

Que la disparition de la queue chez les tétards se fait au profit du 
développement des membres, organes locomoteurs dont la queue ne 
remplit que le vicariat, cela est incontestable. Chez les anoures, quand 
la queue se résorbe, ce sont les membres postérieurs qui se montrent 
les premiers ; désormais ils seront les plus développés; chez les urode- 
les où les quatre membres ont, proportionnellement avec les anoures, 
un développement plus égal, ce sont les antérieurs qui se montrent, 
quand la queue se raccourcit. C’est ce qu’on peut bien voir en étudiant, 
comme nous l'avons fait, simultanément les métamorphoses des gre- 
nouilles, des crapauds et des tritons. 

Meckel, avons-nous dit, a vu l’antagonisme exister chez les batra- 
ciens non pas entre le sternum et les côtes, mais entre les côtes et un 
autre appareil hypertrophié : ce devait être celui de la locomotion. 
Nous avons vu tantôt que les serpens, les dragons, devaient nous con- 
duire à cette idée. Sans énoncer ces antécédens, Meckel aperçut que 
cet antagonisme, ce balancement existait entre les côtes et les mem- 
bres. Dans notre manière de voir, les considérations que nous puisons 
dans l'étude des sauriens et des ophidiens sont de quelque poids dans 
ces recherches : la nature ne nous fournit pas des analogies pour 
rien. 

Pour Meckel, les os séparés que les batraciens urodèles présentent 
au bout des apophyses transverses, os assez petits en général et comme 
perdus au milieu des chairs (salamandra terrestris, s. atra , etc., voy. 
fig. 6,7, 8 et 9, a), sont regardés comme des côtes, si on veut, mais 
il est plus enclin à y voir des os accessoires des apophyses transverses, 
os accessoires qui seraient soudés avec ces appendices chez les anoures, 
et qui resteraient séparés, indépendans, chez les urodèles. Dans le cas 


OBSERVATIONS OSTÉOLOGIQUES. fl 


de soudure, l'os costiforme, comme il l'appelle, renforce l’apophyse 
transverse qui devient plus forte, plus large, plus longue. 

De cette manière , on dirait que le surcroît des membres chez tous les 
batraciens a amené le défaut des côtes. Mais à cette opinion qui, au 
fait, est celle de Meckel, si nous avons bien saisi sa pensée, nous aurons 
deux objections à faire : 1° rien n’autorise à ne pas voir dans les os cos- 
tiformes de Meckel, de véritables côtes; 2° chez les batraciens urodèles, 
comme dans les Triton punctatus, T. alpestris, T. palmatus, ete., les 
membres sont peu développés, et cependant les os costiformes ou mieux 
les côtes sont petits. Cependant Meckel énonce comme suit sa manière 
de penser : «Le développement plus considérable des membres chez les 
batraciens anoures est sans doute cause du non développement d’une 
partie de ces apophyses en un os propre’. » 

Nous n’attribuons donc pas, comme Meckel, au sur-développement 
des membres seuls, chez les batraciens anoures, l'absence complète ou 
presque complète des côtes, mais nous croyons que cette absence se 
lie au système total de la locomotion, quel qu’en soit l’appareil princi- 
pal ou accessoire. 

Ainsi nous pensons que les batraciens urodèles à membres petits ont 
de petites côtes, parce que leur queue comprimée est grande et ren- 
forcée d’os particuliers (voyez et comparez fig. 1 a, fig. 2et 3, 4, 5 a), 
comme dans les Tritons. 

Nous présumons que chez les batraciens urodèles, dont la locomotion 
au moyen des membres et de la queue n’est pas très-active, les côtes 
peuvent se conserver dans un état moyen de développement, comme 
dans les salamandra terrestris, salamandra atra, etc. (voyez fig. 
6,7,8et9 a). 

Nous croyons que dans les batraciens anoures, quand les membres 
et surtout les postérieurs conviennent à un saut vif, et que l’animal 
vit sur les arbres où la locomotion doit être très-active, ce sont les 
côtes qui disparaissent, et que même les apophyses transverses des ver- 


1 Meckel, Anatomie comparée , tom. IIE, pag. 548. 


8 OBSERVATIONS OSTÉOLOGIQUES. 


tébres se ressentent de cette atrophie et deviennent plus courtes et 
plus faibles, comme dans les Zyla viridis, H. versicolor (ex Lava. 
Museum groninganum). Voyez fig. 10 et 11. 

Quand les membres postérieurs servent au saut, mais quand l’animal 
vit à terre et que sa locomotion n’est pas très-active, les côtes avortent 
encore, mais les apophyses transverses montrent un renforcement dans 
leur extrémité qui parfois dégénère en un appendice particulier (Rana 
boans de New-Yorck et la plupart des grenouilles). Ce renforcement se 
fait surtout remarquer sur les deuxième, troisième et quatrième vertè- 
bres (voyez fig. 12, a,b,c). 

Enfin, quand les membres postérieurs, en devenant plus courts, 
plus trapus, déterminent plutôt la marche que le saut, ou un saut 
moins étendu , les apophyses transverses s’élargissent, s’allongent, se 
renforcent de gibbosités qui dénotent l'existence de vraies côtes armées 
de leur cartilage terminal, mais soudées aux apophyses (Dactylethra 
capensis. Voyez fig. 14 et 15 a, b, c), ou même, ce qui n’est pas connu, 
pensons-nous, portent de vraies côtes (Bufo obstetricans. Voyez fig. 13, 
a, b,c, d),0s séparés, articulés avec les apophyses transverses. 

Ici, nous devons placer l’observation que nous avons faite sur le 
crapaud accoucheur. Ce crapaud présente à la deuxième , troisième et 
quatrième vertèbres (et peut-être la cinquième, au moins quelque- 
fois) de véritables côtes, c’est-à-dire comme dans les batraciens uro- 
dèles , des os séparés , articulés avec le bout des apophyses transverses. 
Sur la seconde vertébre, la côte est petite, carrée; sur la troisième elle 
est longue, transversale et présente deux dilatations aux extrémités et 
un étranglement au milieu; la plus grosse extrémité est celle qui s’ar- 
ticule avec l’apophyse. La côte de la quatrième vertèbre est comme 
celle de la seconde , petite et carrée. 

Dans aucun auteur à notre disposition nous ne trouvons l'indication 
de ces pièces; les ouvrages généraux et très-récens n’en parlent pas. 
Or, on donnait aux batraciens anoures comme caractères ostéologiques 
classiques de n’avoir ni côtes ni vestiges de côtes. Ce caractère doit être 
modifié. 


OBSERVATIONS OSTÉOLOGIQUES. 9 


Sur le Dactylethra capensis, grenouille d'Afrique qui offre des dents 
comme nos grenouilles indigènes, et si remarquable par ses ongles 
coniques aux trois doigts internes des membres postérieurs, nous avons 
vu quelque chose d’analogue à ce qui arrive sur le crapaud accoucheur. 
Les deuxième, troisième et quatrième vertèbres ont des apophyses 
transverses énormes, dirigées transversalement ou courbées en arrière, 
tandis que les quatre vertèbres suivantes ont leurs apophyses transverses 
courtes, frèles et dirigées en haut sur la quatrième vertébre; les apo- 
physes transverses portent une pièces cartilagineuse élargie qui rem- 
place évidemment une partie de la côte; et l’on voit même en regardant 
le squelette d’en dessous, que l’apophyse transverse est réellement limi- 
tée par deux lignes raboteuses, convergeant en angle aigu au sommet 
duquel se soude une véritable côte osseuse aussi longue que l’apophyse 
élargie à son bout libre où s'attache le cartilage costal. Sur la troisième 
vertèbre, la côte soudée est plus longue que l’apophyse transverse. 
Sur la seconde vertèébre , l’apophyse est de la même longueur ; mais la 
côte soudée est plus large à sa soudure, triangulaire, finissant en pointe 
extérieurement. 

Ce sont ces divers faits qui nous ont porté à examiner d’une manière 
spéciale l’antagonisme entre l’appareil costal et celui de la locomotion, 
quels que soient d’ailleurs les organes de ce dernier. 


FIN. 


Ton. X. 


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4. 


14 


15. 


. Même vertèbre, vue au-dessous. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


Os d’une partie de la queue du Triton cinereus, vue de côté et à la loupe. 
a. Os en » de la queue. 
Mème partie vue d’en dessus. On aperçoit des apophyses transverses épineuses. 
Vertèbre dorsale du même animal, vue en dessus. 
a. Côte articulée avec l’apophyse transverse. 
Même organe, vu au-dessous et à la loupe. 
a. Côte. 


. Même organe, vu de côté et à la loupe. 


a. Côte. 


. Vertèbre dorsale de la Salamandra terrestris, vue au-dessus et à la loupe. 


a. Côte. 


. Mème vertèbre, vue de côté. 


a. Côte. 


a. Côte. 
Autre vertèbre du même animal, vue au-dessus et à la loupe. 
a. Côte. 


. Colonne vertébrale de l’Ayla viridis, vue au-dessus et à la loupe. 


Même colonne, vue au-dessous et à la loupe. 
Colonne vertébrale de la Rana boans de New-Yorck , de srandeur naturelle. 
a; b, c. Apophyses transverses des seconde, troisième et quatrième vertèbres. 


. Colonne vertébrale du Bufo obstetricans, de grandeur naturelle et vue au-dessus. 


a. Côte de la seconde vertèbre. 
b. Côte de la troisième. 
c. Côte de la quatrième. 
d. Côte de la cinquième vertèbre, visible seulement d’un côté. 
Colonne vertébrale du Dactylethra capensis, vue au-dessus et de grandeur naturelle. 
a; b. Apophyses transverses de la seconde et de la troisième vertèbre. 
c. Apophyse transverse de la quatrième vertèbre avec 
d. son cartilage costal. 
Seconde, troisième et quatrième vertèbres du même animal , vues au-dessous. 
a, b, c. Lignes de soudure des côtes avec les apophyses transverses. 


Mémocre de H.Ch. Morren lore_X 


Car. Morren ad nat dehn.et par. 


Loue 


[ 
“ 
1 
ï 
1e 


a D EN EN ES ER 


MÉMOIRE 


TROIS INTÉGRALES DÉFINIES, 


M'. J. PLANA, 


DIRECTEUR DE L'OBSERVATOIRE DE TURIN. 


(A 


NU 


AAA AE MANU AU EU UV LU LULU LU VUE LULU LUNA LU UAUAVAU 


MÉMOIRE 


SUR 


LES INTÉGRALES DÉFINIES 


œ 


T—1 TR 
æ  dx.e cos. bz ; 


o 


Le 


T—1 TE? 
Rd r el simebr 
à 

T—2 M 
æ  dx.e sin. bz; 


L'EXPOSANT 7 ÉTANT UN NOMBRE POSITIF QUELCONQUE, 


ET MÈME ZÉRO. 


(1). Avant tout je remarque que la troisième de ces intégrales 
est toujours réductible aux deux premières. En effet, l'intégration 
par parties, donne 


p2 
T—1 
Te RAT h —ax 1 Tr _ax 
fe À dee  sinibr Neo z d. [e sin. br|. 
T—1 T—1 


: 
_ 


MÉMOIRE 


Or il est manifeste que le premier terme de cette expression de- 
vient nul en y faisant 3 — o : même dans le cas où + < 1; puisque 


CU G bi + 
D'UN SINn- DT — DT TND Er etc. 
2.3 


Le même terme devient encore nul en y faisant z — @. Car, le 
simple bon sens suffit pour faire voir, que l'infini exprimé par e 


est d’un ordre supérieur à l'infini exprimé par 4-1. Au reste, si Von 
veut démontrer cette vérité d’une manière savante, on remplacera 


ax 


e* par sa valeur en série toujours convergente ; ce qui donnera 


ne za” 


1 (2 +4 (: x Tv? : ) 
+ etc). 
2 9.8 2.8.4 ...m m+l (m+1l)(m+2 


Donc, en divisant les termes de cette fraction par z"”, et faisant 
ensuite & infiniment grand, on pourra admettre l'équation 


——— ————————— te. 
ni +1 Fa (m+1) (+92) pates 


T 


Or, il est clair que le dénomimateur 1 + = + etc., augmente 
avec la valeur de + et qu’il devient infini avec x : de sorte que Von 


a l’équation 


T—2 —ax a T—1 AT 
(CIRE fe die sin (br —{ Le dx.e sin. bx 
== 


SUR TROIS INTÉGRALES DÉFINIES. 5 


(2). Maintenant, afin d’écarter des recherches suivantes le cas par- 
ticulier où :— 0, je vais donner les deux formules qui sy rappor- 
tent. Pour cela, je pars de ce principe; que, & étant un nombre 
positif quelconque, on 2, 


DPr 1 
fps ire 
e z 


Donc, en multipliant les deux membres de cette équation, succes- 
sivement par e “ cos. bædx, e ** sin. bædx, et intégrant ensuite de- 
puis æ— o jusqu’à & — @œ, il viendra : 


_ œ @ œ œ 
+ ( ) —4ax 
5 —px eee dx.e cos. bx 
re COS DT dpe — dp dæ.e cos. bx — —— ; 
Oo Oo g e Os ‘ 
@œ œ a œ œ 
2 —ax 
ge —px —(a+p)x dæ.e sin. bx 
Na sin. bx ne à ja sin. bx — RE PT GT 
e € 0 e » # 
o 0 o 9, 


Mais il est facile de démontrer par l'intégration effective, que 


—(a+ple , b 
dx.e Sin. DT = ——— 
r (a+p) + b? 


partant, nous avons 


JE cos. bx cie 
FE (a+p) +b° 


œ œ 


Jet SE TUE dp.b s 
MNT) EN 


6 MÉMOIRE 
d’où on tire la conséquence que 


2?  —ax 
: . b: 
(Lee Lee DE ne = } log. [ (a + œ) + b]— Ilog. (a +b)= © ; 


T 


@ 


(3) E es re \ fs Tnt = = — arc. (rang. — 5) ——= arc. (tang. — ‘) . 


o 


En faisant + — o dans l’équation (1), on voit que 


œ 


re NeeD 
En 
= 


o 


(3). Passons maintenant à la recherche des formules relatives au 
cas général. L'intégration par parties donne 


T —x T “2 T—1 —x 
JE die ——#7x e +7- fe dx.e . 
La « 


Donc, en supposant l’exposant - positif, on a toujours 
_% ee x 
fa de —7 fe dx.e . 


Ainsi, en posant 


CE) ALI Ne ON PE ETES re 


o 


la propriété caractéristique de cette fonction de +, sera exprimée 
par l'équation 


(CO) SIN EE NENLE MEME EN te nr (SR 


De là il est facile de conclure que la recherche actuelle est es- 


SUR TROIS INTÉGRALES DÉFINIES. 7 


sentiellement liée avec les transcendantes comprises dans la fonction 
que Legendre a nommée Gamma. 

Pour rendre cette connexion évidente d’une manière à la fois claire 
et simple, j’observe d’abord que lon a 


et comme par la nature de ces limites, on peut remplacer ax par , 
cette équation revient à dire que 


2 —ax 1 eh 7 T 
(ten fe due ie | dre ===, 


pourvu que le nombre a soit réel et positif. 
Cela posé, en développant cos. bz, et sin. bx, on aura à l’aide 
de cette dernière formule : 


œ 
T—1 —Ax 
: æ dx.e cos. br — 


o 


Ds) n(r#2) 


ne ne nn ae nt 
Le] 
a —ax 
jee ‘dre sin. br — 
bT 1 3 5 
RDS NE NES) A an D er (re) 4 ON 
a a° 9.8.a? a° 2.3.4.5.a aÿ 


Mais, en vertu de l'équation (6), on a 


T (r+2) = c(r+l). T(r); 

T (T+38) = r(r+1) (+2). T(c); 
T(r+4) = r(r+1) (r+2) (r+3). Do); 
Etc. 


8 MÉMOIRE 


Donc, en substituant ces valeurs, il viendra 


C] 
| —ax 
æ dx.e cos. bx — 


(:) = * + MERE En 


aT 2 a 2.3.4 af 


Ù 
+71 —ax 
T dx.e sin. br — 


Tr) ë b r(r+1) (+2) b° r(r+1) (r+2) (r+8) (+4) bi | 
[: a 2.3. OU 2.3,4.5 Ca. es 


Une léoère réflexion suffit pour faire voir que ces suites infinies 
sont sommables, et que l’on a 


(B) re ee AT Phone br = 0 [ea 0" + +) | ; 


(9) pm sf A en CE) Les +0" |. 


2V—1 


o 


Avant d’aller plus loin, j’observe que la nature de ces limites per- 
met de remplacer # par 2” 
il viendra 


2 m n LL n 
n—1l — ax ni AE ATTe — À 
10). . z  dr.e cos. br — ( ) a—bV/—1 + (a+bV—1 ; 
) 2m 


o 


à m 7 n n 
n—i — ax m DE ae nu 
(He + 0 f: dx.e sin. br HAE (a—bV—1) ” —(a+bV—1) | 
e OmV/—_I 


: si après ce changement on fait rm — n, 


Par ce moyen fort simple on augmente en quelque sorte la géné- 
ralité des deux formules précédentes. 


SUR TROIS INTÉGRALES DÉFINIES. 9 


Pour faire disparaître le signe imaginaire qui les affecte, il n’y a 
71 4 ! 
qu’à poser les équations 


CR 


a—V'a +b. cos. p; b—Va+b. sin. p; tang. 9 — 


Alors on obtient 


ble 


à 
(D) of ins po. cos. br = (a°+ be). cos. (ro). T(r); 


+ 


(13). - . fr dre sin. br — (a° +). 2 sin. (ro). T'(r); 
m Nr AN 
n—1 —ax m 1 Gr n n | 
1) -0lte EN COUT Do — = (ab) CN NII": 
() J: fe RAT m (se) ca = :) =, é 
À n—1 —ax 7 1 Fr _ 
(1) 01 2 VE dx.e sin. bx = — (a°+b°) e sin. Ê o ) T = 
m m m 


o 


(4). Par la manière dont nous venons d'établir ces formules, on 
conçoit que rien ne limite ni la grandeur ni la petitesse du paramè- 
tre a : il suffit que ce soit un nombre positif. Elles sont donc aussi 
vraies dans le cas où @ serait une quantité infiniment petite : mais 
alors ces expressions sont réductibles à une quantité finie augmen- 
tée d’une quantité infiniment petite. Donc, en prenant seulement la 
quantité finie, on aura la limite vers laquelle ces intégrales définies 
convergent à mesure que le paramètre a diminue. En d’autres termes 
cela revient à dire que dans le cas particulier de a =0o,on a 


œ 


up T'(r). cos. (- 5) 
(DO) ER RNE z dRACOS IT ES 


L] 


œ 


T'(:). sin. (- :) 
(IN ARE 2 MR Dr ee en ERREs"e 
e b° 


o 


Tou. X. o 


10 MÉMOIRE 


À ces deux formules il faut joindre celle qu’on obtient en faisant 
a = o dans l'équation (1), c’est-à-dire / 


D [ (x). cos. (-5) 
(AB) EEE RESESS x dx. sin. br — . 


(1—7)b° T1 


o 


Si 7 est une quantité censée plus petite que l’unité, comme les 
tables de la fonction gamma sont construites pour des nombres com- 
pris entre l’unité et 2, afin de rendre ces trois dernières formules 
plus commodes pour le calcul arithmétique, on y remplacera r(r) 
par sa valeur 2 F(14-5) : ce qui donnera 


œ 


ou | T (+7). cos. (- 5) 
(E))s. 16 16 0 are D DORE NL à 


Ç TbT 
sai T'(1+7). sin. (- 5) 
CO) PT RAEN e D ARS IE ee REZ" 
É TbT 
” T(1+r). cos. (- 2) 
(21) Eee 0e PE ner 
T(1—7) bT—1 


o 


(5). La considération des limites par laquelle nous venons de dé- 
montrer ces formules, est peut-être la seule qui puisse sauver toutes 
les objections. Mais on pourrait dire que la supposition de «a — 0 ne 
doit pas être absolument nécessaire. Effectivement, on peut s’en 
passer, si l’exposant r est une quantité plus petite que l’unité. Alors 
1—- est aussi une quantité plus petite que l'unité, et la formule 


(7) donne 


(2 


D Ar) —px ai 
fps. ù ae rene nee) 


En multipliant les deux membres de cette équation par dx cos. bx, 


SUR TROIS INTÉGRALES DÉFINIES. 
et intégrant ensuite depuis # — o jusqu'à # — @œ, nous avons 


œ 


? PA ie 
fe cos. bx fa. e =" A9) fa dx cos. bzx ; 


ou bien 


œ 


7 ï TES Kane 
dp.p dx.e cos. bx = T'(l+r) jf x dx. cos. bx. 


Mais on a 


œ 


—px b 
dx.e cos, br — FRE ; 


o 


partant l'équation précédente donne 


" = 
Er dx. cos. br = ——— CN 
; Fos b°'+p° 


si l’on observe maintenant que 


on pourra établir l’équation 


œ œ 
1 Fi CU 
99 5 9 
(22). - - : 7 MAT COS Nbr — 
D° T (1—:) 1 +2 


o 


Il est clair qu’on trouvera de la même manière 


9 d 
(23). . . - . Re CASIO EE a, 
e b Te Te 


11 


12 MÉMOIRE 


D’après un théorème connu d’Euler, on a 


œ 


CHA a M ce ms T 
1+2° 2 sin. (25) 2sini(r2) 


a 


œ 


1e 7 7 
JEANNE. (er) Nes) 


Donc en substituant ces valeurs, on aura 


co 


Fe F = [ : 
(2) MEME ‘1 DAT COS Nbr Eee eo ê 
à BD (=) 2 sin. (+7) 


0 2 


RE i T 
DD) te AN SU dr sin bre ets ERNEST 
( ) . DT T(1—5) 2 cos. (+2) 


Or on sait que les fonctions gamma donnent 


T 
F7 


T'(r). D (1—7) — 


Sin. T7 


donc, par la substitution de la valeur de T'(1—+) fournie pas cette 
dernière équation, on fera coïncider les équations (24) et (25) avec 
les équations (16) et (17). 

(6). Ces dernières équations sont ainsi démontrées pour toute 
valéur de + plus petite que l’unité. À la limite, c’est-à-dire, lors- 
que r—1, elles donnent 


œ œo 


1 
fa. cos. br — 0, fa. sin. DT — =: 
5 LI h 


o 


D'un autre côté, on a 


+ 


È in. br * 1 os D 
fa. cos, br — nu a fa. sin. DT — - — SORA: 
b ‘ b b 


a 


4 


Ces expressions sont absolument indéterminées lorsqu'on y fait 


SUR TROIS INTÉGRALES DÉFINIES. 13 


æ = @ : mais l’indétermination cesse en les regardant comme les 
limites des intégrales définies 


œ co 


—ax. Fi — ax 
dx.e cos. br, dx.e sin. bx 
o o 


à mesure que la quantité & décroit. Les résultats qu’on obtient par 
cette considération juste, s'accordent avec ceux qu'on aurait en 
supposant , 


sin. (bœ) —o, cos. (b œ) — 0. 


Le mécanisme du calcul redresse en quelque sorte ce qu'il y a 
d’obseur, et même d’inadmissible dans ces deux équations. Car on 
est en droit de nier que le même arc b œ puisse avoir à la fois son 
sinus et son cosinus égaux à zéro. Les formules de réduction 


nl n+-1 n 
J> dx. cos. x — v sin. —(n+1) fx dx. sin. x, 
a 
n+1 n+1 F n 
f dr. Sin. 2 — — x cos. x + (n +1) fx dr. cos. x, 
€ 


donnent (en supposant sin. G@ — 0, cos. œ@ — 0) pour toute valeur 
entière et positive de =; 


fe dr. cos. x — (1.2.3... r—1) cos. (- 7) ( 


. Maintenant, si l’on remplace le produit 1.2.3... : —1 par la fonc- 
tion T'(r), on a des formules qui subsistent pour toute valeur po- 
sitive de +, lesquelles s’accordent avec les formules (16) et (17). 

Dès qu'on fera des objections sur une telle conséquence, il faudra 
reprendre le raisonnement par lequel on considère ces expressions 


14 MÉMOIRE 
comme les limites des intégrales définies 


œ C2] 
T— — 


ÿ 1 —ax 1 —ax 
æ dx.e cos. bx, } x dx.e sin. b? 
e 


o 


à mesure que le nombre a décroit. 
(7). Je ne sais si je me trompe, mais les équations 


œ 
fe dx. cos. x = T (r) cos. (:- 2) ; 


o 


œ 
T—1 Ù “ FF. 
æ dx. sin. x = T (x) sin. | - 3) : 
o 


doivent être regardées comme équivalentes à celles qu’on aurait, s'il 
était possible d'obtenir, sans définir l'exposant -, les intégrales in- 


définies 
T—1 G— 
Vi .d®. cos. æ, De + dx. sin. x. 


Suivant cette manière de voir, il serait permis de changer le signe 
de - dans ces formules. Si après ce changement on remplace + par 
Tr Ho, On aura 


dx. cos. x T 
(26). . . . . EE = 1620 Go) 
dx. sin. æ 
(21) EE JE =—T(—<—0)sin. (r+0) =: 
T: 1 


Or il est démontré dans le second volume des Exercices de cal. 
int. de Legendre, que pour toute valeur entière du nombre a, 
on doit admettre l’équation 


T(—a) = infini, 


et que pour toute valeur entière augmentée d’une fraction, comme 


SUR TROIS INTÉGRALES DÉFINIES. 15 


nous supposons le nombre : +, on doit admettre l'équation 


(—1),TT (1—0) 


DO) AMV: DIN CU TO XL 2 
(28) n((e ) o(1+0) (240) (340)... (r+0) 


Il suit de là que les équations (26) et (27) donnent 


Fer mu 
CN sn GANNE Rp O se) 


SON AE) COTON 


œ 


GNU Ver Ne 
, mi. .(=r+=0).r(1— 
(ED) 0 00 Je sin. æ Gi) De (: Ra 9 +) ( 


mOn &(1+o) (2-40) (340)... (T+0) 


En posant, par exemple, : — o et o — 2, ces formules donnent 


(2) 


dœ. cos. 6 97 
RE en 
me “ 


oo 


He ne ne Qsins TC (1) = VQ7. 
aVx 4 


Si cette application de la formule (28) de Legendre est exacte, 
il sera facile de l’introduire dans les formules (8) et (9). 

(8). Les formules (22) et (25) sont susceptibles d’une autre trans- 
formation. En effet, si on partage l'intégration depuis + — o jusqu’à 
æ — œ en deux parties : la première depuis # — o jusqu’à æ — 1; 
la seconde depuis + — 1 jusqu'à æ — ®; il est facile de voir que 


1 


ue à 
17 1—7T Tel 
dæx.æ dx ( æ + T ) 
= == TEE ET VENTE ; 
e 1 +7? 1 +7 
o o 


1 


des fees, 
Dre ee VU 


16 MÉMOIRE 


partant nous avons 


31) TT dx. cos. ba vs ( FO 20) 
ê b° r(1—:) IEre 


o o 


(32) 1e nn anale ve de (et à cs) 
221) Ne œ An . PSE (le LE 


Et en écrivant = à la place de 1 —7, il viendra 


1 


(33) dx. cos. bx bia: dpi (a dti 
go HE: \(@) 1+2° À 


Fe 0 


2 PRE 
e æT T'(r) e 1 + x° 


(9). Mascheront a trouvé ces deux formules dans ses Notes sur le 
calcul intégral d’Euler (voyez pag. 51 et 56). Les propriétés de la 
fonction T'(-) ne lui étaient pas assez connues pour les appliquer ici 
avec avantage : mais en considérant le cas des nombres entiers, 
Mascheroni a transformé l’équation 


par un procédé particulier qui revient à celui-ci. En multipliant les 
deux termes de cette fonction, d’abord par 1.2.3... u—1, et en- 
suite par (2 +1) (+2)... (u +<—1) il est clair que l’on a 

ae Li T(u+ &) 

NON AIT ET ONE O 


ou bien 


SUR TROIS INTÉGRALES DÉFINIES. 17 


D À 
Le nombre #, ainsi introduit, peut étre pris aussi grand qu’on 
veut : en le supposant infiniment grand, il est permis de réduire à 


VPunité le produit 
(1+2) (+) dd: 
(E \ H [122 } 


LEA T'(w+T) ; 
nt) AD (Es) (e) 


et alors on a 


Mais nous avons 


D(u+r) = 1.2.8... 7—1. r(r+1) (+2)... (r+w—1) 
— Nc). (+1) (+2). (cul); 


DA) NS Ne 


done on peut remplacer l'équation précédente par celle-ci : 


1 is à (+) +2). Great) 


1 
T(r) Ie 


Ge 


Telle est la fonction de + par laquelle Æascheroni remplaçait le 
facteur —— dans les formules (33) et (34) : et par là il les rendait 
applicables aux cas où l’exposant + est une fraction ou un nombre 
fractionnaire. Par exemple, soit r — =; la formule (35) donne 


1 PS es qe 
Ce u — + 

T(:) 2 4 DELL # 
nl 5. 7 C0) 07 al Bo Eiooscccc Qu—1 mu 
RC DM PETITE TS 


To. X. 3 


18 MÉMOIRE 


1 ’ 
—= ; et par conséquent 


1 
partant on AT) — = 


1 


dz cos. be ane sin. no 1 “dx (° pet) 
TV 1+2° 


2 


Actuellement, si l’on fait (comme Mascheroni) x = =, on ob- 
tient 


1 1 1 1 


dx(a +x ) ./ (1+2) he ds . ds 
em NN 2 Le TR ON RENE, nn de = TEE 
1+2 1 + 24 1+3V2 +7 13170 7) 


— dzV’2 dzV® T 
= (79 fs v2 Ur ee: 
JO 1+(:V2-1) RIT VE ED ONE 


et par conséquent 


Le dx cos. be cos. SPL ee dx sin. bx br + 
(CO) — V3 


Mascheroni, par méprise, écrivait 21/2 au lieu de V2, dans l’in- 
tégration que nous venons d'exécuter à sa manière; ce qui lui fai- 
sait trouver V2 au lieu de V/Z. Mais, par l'analyse que je viens 
d’exposer, on ne saurait révoquer en doute la justesse de ses deux 
formules générales. 

En faisant dans les p. 53,57 et 58 des Adnotationes de Mascheroni, 
la rectification fort simple dont je viens de parler, on fait tomber le 
reproche d’inexactitude publié par Zapluce , en 1809, à la page 248 
du quinzième cahier du Journal de l'École Polytechnique. D'ailleurs 
il est juste de ne point passer sous silence que toutes ces mtégrales 
avaient été trouvées antérieurement par Zuler (voy. pag. 337—345 
du tom. IV de son Cal. intégral). Mais il n’est pas moins juste de dire 
que ce tom. IV a été publié en 1794, et que l’opuscule de Hascheront 
a été publié en 1790. Toutefois, on doit accorder la priorité à Euler, 


Ÿ | 


SUR TROIS INTÉGRALES DÉFINIES. 19 


puisque son manuscrit avait été remis, le 30 avril 1781, à l’Académie 
de Saint-Pétersbourg. 

-(10). Pour montrer, par un exemple, comment on peut appliquer à 
ces intégrales les propriétés de la fonction gamma , je fais, pour un 
moment , 


@œ 


ne dx. sin, br — p(r, b) : 


o 


d’après la formule (17) on a 


b 


1 1 2 n—1l COUT. 
= = Joue -.r ( Sin. —” 
—_ ñn n n 9 


Or, on sait que 
in où Ge r . ct a) ; | 
n nñn 0) V/n 


(voyez pag. 23 du second vol. des Exercices de Legendre). En outre, 
il est facile de voir que le produit de ces sinus étant équivalent à 


n—1l 


1 


SE 7 27 87 \ (n—1)7 \ 
9 ONU = cos. — "2 1 — cos. — A TES Ge LS Eh006 o) Pico | 
\ “ n) ) 


peut être remplacé par l’expression fort simple = : car la décom- 


20 MÉMOIRE 


position du binome #”—1 fournit l'équation 


f T 2 —] ): 
{ 2° — 27 cos. — + 1) æ*— 2x cos. == + 1 |... | 2° — 2x cos. ri) Eu {l 
\ n ) n n 


= + + T + 2 +]; 


où il suffit de faire æ— 1, pour voir que la quantité soumise au ra- 
dical précédent est égale à ». On a donc 


nee 
Si l’on fait 
Jen sin. bt — y(r,b), 
on aura par les équations (16) et (17), 


W(r,b)—=v(Tr,b). cot. 22 


Or, il est évident que le produit 


2 Nil TND T 9 7 n—l 
cot. —: —:+ çcot. —: —+ ot. —+ —"..re cot. — — 

2 n DEL DT a n 

CE | TNT T 8 7 n—l 
COS. —- —+ COS. —* —+ COS. —+ —"""*" cos, — > 

D n Jun 2 n 2 ñn 1 

: TT 3 

JUBEZN EL Nr AU ere Um Il 
SIN. —+ —*+ SIN. —+ —+ Sin. —+ —--.".: sin. —: 

Don Ya n DUT 2 ñn 


partant on à aussi 


(38) LEE refihes (es) = ae 


(11). L'analyse précédente offre le moyen de démontrer un autre 
résultat remarquable dans la classe des intécreles définies. Je reprends 


SUR TROIS INTÉGRALES DÉFINIES. 91 


la formule (7), savoir 


F] T —ax T(r+l) 
x dx.e = —————— : 
Feb 


En multipliant les deux membres par da.e * cos. ba, et intégrant 
ensuite depuis a — o jusqu'à a — ®, on à 


a @œ @œ 
= — pa 
— pa = ax da.e cos. ba. 
da.e cos. ba o de Se) 
a +1 
—(2+p)a d b 
He » faux cos. ee Ho 2e 


Il suit de là que 


B+(p+a) CRETE 


en écrivant —7 au lieu de -, cette formule donne 


dx (v+p) ei —pa 
- —T (1—:7) a da.e cos. ba. 
[++ a) 


Maintenant, si on suppose r < 1, nous avons, en vertu de l’é- 
quation 


ou bien 


D'(r). T(1—7) — 


2 
Sin. T7 


C2 


dx (x+p) FT. 1 TT TPE 
Re mn en a dae cos. ba. 
: aT [b +(x+p}] sinT7 T(r) 


MÉMOIRE 


19 
[RO] 


Donc, en appliquant ici la formule (8), il viendra 


dx(x+p) A 7 
(40) a [b+(o+p)]  2sin 


o 


Lo + (pi |. 


L’équation (7) donne de même 


mit ) di b 
oie «fu sin. Er ue sin “ 
at +1" 


d'où l’on tire 


ul fee 5 de à Lee sin. ba. 
(CODE Dee) (r+1) : 


et en écrivant — z au lieu de =, on aura si r < 1: 


œ 


dx 1 T 1 af —pa 
(2) RE PP PRE ER RE : à 
) at [b+(p+x)] b sin. T7 Tr) È 290 Jia. LT 


o 


D’après la formule (9), on a donc 


> dx T. —7T _—T 
(8) le eo Toto le D) |: 


Cette équation étant multipliée par p et ensuite retranchée de 
l'équation (40), on en tire 


de Fr HG ec 
(4). Dee ver (pb 1) nl) | 


Comme 7 < 1, l’exposant 1— 7 est positif. 


SUR TROIS INTÉGRALES DÉFINIES. 23 


En faisant ici p — 7 cos. 0, b — r sin. 6, les formules (43) et 
(44) donnent 


L2 
: a—T dx 7 Sin. Tô 
(JE). 800 ua" D +(z+p) 7 rit sin. 4 sin. 7r 
Le) 
À Aer 7 sin. (1—<)p 
(CÉASMENE NE P+(a+p)  1Sin.6sin. 7e ? 
[2 
ou bien, 
(7) nu T dr no) 7 sin. (1—<) 6 
le UNE sin. 0 sin. 7(1—7) 
Oo r (a 
ie ! 
Le a—Tdx rl=T x sin. 74 
(HO) ES 9x æ sin. 6sin.7t 
1+ —. cos. 0 + Tes 
© r (ne 


Ainsi 1l est démontré que ces deux formules sont comprises dans 
la formule unique 


œ FR . 
(9) at8 dx cl—£ 7 sin. B0 
: AN ES 1+9cx cos. 0 + c22°  sin.0.sin.r8 ? 


(2 


B étant < 1 : ce qui s'accorde avec une formule donnée par Legendre 
à la pag. 101 du second volume de ses Exercices. 


FIN. 


DATENT 
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