s. \^oZ
MEMOIRES
DE LA
SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE
ET
D'HISTOIRE NATURELLE
DE
GENÈVE.
I.
s 12.0.
GEKÉVE, BE L IMPRIMERIE DE J. I. PASCHOIÎD.
MÉMOIRES
SOCIÉTÉ DE PHXSIQUE
ET
D'HISTOIRE NATURELLE
DE
GENÈVE.
Tome I"
Prem ièrc Fa >tie.
GENEVE,
Clir.Z J, J. rASCr.Ofn, IMPlilMFrR-LÎBF.AIRE.
PARiS,
i^iii. 1\^,^.tr,{^ :■■ fSVL
Commission d'impression pour 1S21.
MM. BoissiER.
De Candolle.
De la Rive.
DUFOUR.
Marcet.
PiCTET.
Prévost.
SORET
Gosse, j ^'^°'"*^'
PREFACE.
r A Société de Physique et d'Histoire Naturelle
de Genève, fondée en 1790, s'étoit bornée, jus-
qu'à présent, à recevoir les communications de
ses membres, sur leurs propres travaux, ou sur
les découvertes dont ils avoient connoissance.
Quoique la plupart des Mémoires, qui j ont été
lus, aient été graduellement publiés par leurs
auteurs , dans les Journaux scientifiques , ou en
corps d'ouvrages spéciaux, elle a reconnu cepen-
dant qu'elle en possédoit encore plusieurs qui
méritoient de voir le jour; elle s'est décidée à
les insérer dans la collection dont elle donne au-
jourd'hui la première partie ; elle espère que
cette publication pourra servir et à avancer les
progrès dessciences physiques et naturelles,età en-
couraorer les habitans de Genève à ces études aux-
quelles leur goût et la nature du pays les excitent
déjà depuis long-temps. Dans ce but, elle a décidé
de nommer , chaque année , une commission de
VJ PRÉrACE.
sept membres, qui est chargée de choisir, parmi
les Mémoires lus à la Société, ceux qui feront
partie du recueil imprimé; mais, quoique ce
choix indique bien une approbation générale,
donnée par la commission , aux Mémoires dont
elle décide l'impression, elle n'entend point par-
là exprimer un jugement spécial sur les asser-
tions diverses qui peuvent y être contenues, et
elle déclare au contraire que les opinions éiablies
dans tous les Mémoires , doivent être considérées
comme propres à leurs auteurs.
La Société se propose de continuer ce recueil
aussi long-temps que le permettront et l'abon-
dance des matériaux, et l'accueil du public. Elle
publiera ou des demi-volumes , ou des volumes
entiers, selon l'étendue des matières; elle ne s'as-
treindra point à faire paroître ses volumes à des
époques fixes, mais elle les publiera lorsqu'elle
aura un nombre suffisant de Mémoire-; qu'elle
jugera propres à intéresser les savahs. Elle ad-
mettra avec plaisir, dans son recueil, non-seule-
ment les Mémoires de ses propres meiTibres ,
mais ceux qui pourroient lui être présentés par
PRÉFACE. vi{
ses correspondans ou par toute autre personne.
Elle se propose aussi d'insérer, à la fin de chacun
de ses volumes, un rapport des directeurs du
Jardin et du Musée académique, contenant
quelques notices sur les objets nouveaux ou peu
connus, qui auroient été observés dans ces éta-
blissemens.
Une notice particulière, qui paroîtra avec la
seconde partie du premier volume, fera con-
noître l'histoire de la Société jusqu'à ce jour.
Nous nous bornerons à ajouter ici, en présen-
tant la liste de ses membres actuels, que, n'ayant
eu , dès son origine, d'autre but que de se vouer,
d'une manière familière, à l'étude de la nature,
elle a écarté, autant qu'il a été possible, les formes
académiques ; elle n'a pas même de Président
permanent ; chaque membre préside à son tour ,
et cet office se renouvelle à chaque séance.
viii
Liste des membres de la Société, par ordre
d'admission.
MM.
^79° (')• COLLADON, Pharmacien.
De Saussure (Théodore), Professeur de minéralogie.
HuEER ( François ).
Micheli-de-Chateauvieux , Maréchal-de-camp.
Necker-PE-Saussure , ancien Syndic, Prof, de botanique.
PiCTET (Marc-Auguste), Professeur de physique.
Yaucher, Pasteur et Professeur de théologie.
1798. Prévost (Pierre), Professeur de philosophie.
BoiSSiER, Professeur de littérature et d'archaeologie.
1 799. De Candolle , Professeur d'histoire naturelle.
Maunoir aine , professeur d'anatomie.
1800. De la PiivE, ancien Syndic, Professeur de chimie-
1802. Berger, Docteur en Médecine.
Marcet, Professeur de chimie.
1804. De Bonstetten (Ch. Victor), ancien Baillif de Nion.
1 805. HuBER fils ( Pierre ).
1808. Necker fils ( Louis ), Professeur de minéralogie.
PiCTET (Jean-Pierre), Conseiller d'Etat, Professeur adjoint.
1812. Deluc (Jean-André).
1816. Peschier, Pharmacien.
1817. Perrot ( Louis ).
Gosse, Docteur en Médecine.
Mayor (François) , Docteur en Chirurgie.
1818. Gautier, Professeur d'astronomie.
MoRiCAND ( Stéphane ).
(1) I.a mori a enlevé, parmi les fondaieurs de la Sociélé, MM. G. Anl. Ds
LvCj Hor. Ben. De Sa l'ssvb£, Gosse, Jukim;, Obier, SiiNEEiEB^ TiNciiy et Tui,i,ot.
LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIETE, JX
MM.
1819. SoRET ( Frédéric ).
DurouR, Lieutenant-Colonel.
JuRiNE ( Sébastien ).
1820. Macaire fils, Pharmacien.
Bâcle ( César-IIippolîle ) , Capitaine.
i8ai. Choisy(J. D. ), Ministre du St. Evangile.
Seringe ( Nicolas-Chai-les ).
Dumas ( Jean-André ).
Le Royer fils, Pharmacien.
Prévost (Jean-Louis), Docteur en Médecine.
CoiNDET fils ( Charles), Docteur en Chirurgie.
COLLADON fils (Frédéric), Docteur en Médecine.
Membres honoraires.
MM.
j8o]. Volta, Professeur à l'Université de Pavie.
1804. Sthuve, Professeur à l'Académie de Lausanne.
i8o5. De Humboltd (le baron Alexandre ).
1806. DUTENS, Officier du Génie.
Wyttenbach, Pasteur et Directeur du Musée, à Berne.
Fleuriau de Belle- Vue, à La TlocheUe.
1810. Chladni (le Docteur''.
Lamouroux, Professeur d'histoire naturelle, à Caen.
1812. DuMÈRiL, Professeur à la Faculté de Médecine, à Paris.
D'Hombres-Firmas , Maire d'Alais.
i8i3. Marcel de Serres, Professeur de minéralogie, à Montpellier.
i8j4. Ampère, Professeur à l'école polytechnique, à Paris.
1816. Risso, Pharmacien, à Kice.
1817. De Clairville, à \\ inlherlhur.
B
X LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ,
MM.
1817. BouÉ, Docteur en Médecine, à Hambourg.
Aimé-Martin , à Paris.
Laine, anc. direc. des mines de Servez, à Lausanne.
1818. Adams (Williams ), Oculiste, à Londres.
Dellcross, Ingénieur-Géographe, à Paris.
DuNAL (Félix), Docteur en Médecine, à Montpellier.
De Gélieux, Pasteur, dans le Canton de Neuchâtel.
Johnson ( le Docteur ) , à Bristol,
HoLLANDRE, Professeur d'histoire naturelle, à Metz.
De Tschudy (le baron), à Metz.
18 19. Héron de Ville-Fosse, Conseiller d'Etat, à Paris.
Breislack. ( Scipion ), Insp. des poudr. et salp. à Milan.
De La Bêche, membre de la société géologique de Londreti.
ScHRANCK, Professeur de Botanique, à Munich.
Sterler , Professeur de Botanique , à Nymphembourg.x
1820. Chisholm, Docteur en Médecine, à Edimbourg.
Pelletier, Docteur èsrscipnces, à Paris,
Ferrara ( l'abbé ) , à Palerme.
Ranzani ( l'abbé ), Professeur d'iàstoire naturelle, à Bologne.
1821. Martius, l'un des directeurs du jardin botanique, à Munich.
Balbis, Professeur de botanique, à Lyon,
Bigot de Morogue , à Orléans.
Meckel, Professeur d'anatomie et de physiologie, à Halle.
AuDOUiN , membre de la Société Philomatique , à Paris,
XI
Table des Mémoires contenus dans la première
partie du premier volume.
jyiémoire sur quelques particularités de Vœildu, Thon (Scomber Thyn-
nus Linn. ) et d'autres poissons, par Mr. L. Jurine, P'*gs '
Note sur les dents et la mastication des poissons appelés
Cyprins , par le même , 19
De l'effet du n^ouvement d'un plan refringant sur la réfraction,
par Mr. P. Prévost (1), 25
Observations sur les rapports qui existent entre les axes de
double réfraction, et la forme des cristaux, par Mr. F. SORET, 33
Note sur le mica , par le même , 89
Mémoire sur différens instrumens de physique et de meteoro-
logie , par AJr. Pierre Huber. 93
Mémoire sur la chute des feuilles , par Mr. P. Vaucher, 12.0
Notice sur la contrée basaltique des départemens de Rhin et
Moselle et de la Sarre, par Mr. M. A. Pictet , iSy
Mémoire sur les charognes, par Mr. Vaucher, 168
Essai sur les animalcules spermatiques de divers animaux ,
par MM. J.-L. Prévost, et J.-A. Dumas , 180
(i) Ce mémoire avoit été envoyé à un autre recueil, long-temps avant que
l'impression de celui-ci eût été décrété, et il y a été inséré inopinément dans le
temps où ce volume éloit sous presse. Ce double emploi , auquel l'auteur et l'édi-
teur ont eu le même regret, est dû à des circonstances qui ne peuvent plus se
présenter.
Xlj TABLE T»ES MEMOIRES.
Mémoire sur les affinités naturelles de la famille des nym~
phœacées , par Mr. De Candolle , p. 3oS
De rinjîuence des fruits çerts sur l'air, avant leur maturité,
par Mr. De Saussure. 245
MÉMOIRES
DE
LA SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE
NATURELLE DE GENÈVE.
MEMOIRE
Suf^ quelques particularités de l'œil du Thon
(Sconiber Thynnus, Lin.) et d'autres poissons.
Par L. JURINE, Professeur.
^ Lu à la Société de Pkys. et d'Hist. nat, de Genève, )
X-iA lecture du mémoire publié par le savant Haller ,
sur la confiormation de l'œU dans les poissons (i) , m'a
conduit , pour mieux apprécier les découvertes de cet au-
teur, à disséquer les yeux de la plupart des poissons ab-
dominaux que fournit le Ictu Lcmctn. Je n'ai cependant
pas tardé à sentir qu'il faUoit, pour dissiper des doutes
et constater l'existence d'objets que je n'avois fait qu'aper-
cevoir dans les poissons désignés ci-dessus, que je dissé-
quasse les yeux de quelque espèce de poisson d'une taille
plus considérable. J'ai donc fait venir de Marseille plu-
(i) Mémoires de l'Académie Royale des sciences de Paris, année ij6a.
Mém. de la Soc. de Phys, etd^H. nat. T. I." i
MÉMOIRE SUR l'(SIL DU THON.
sieurs yeux de thon , conservés dans l'eau-de-vie (i). J'ai
lieu de croire que les particularités relatives à l'organisation
de l'œil de ce poisson , lesquelles feront plus spécialement
l'objet de ce mémoire , sont également applicables , au
moins pour l'essentiel , aux yeux des poissons abdominaux
d'eau douce,
L'œU du thon est aplati en avant , comme celui de la
plupart des poissons (2) , et con^ exe en arrière ; il est mu
par six muscles , quatre droits et deux obliques.
La partie antérieure de la sclérotique est ovale ; le
contour de l'ouverture qu'elle forme est osseux et taillé
en biseau, pour recevoir la cornée transparente : ce cercle
ovalaire est renforcé aux extrémités de son grand dia^
mètre , et toujours marqué d'une ligne noire à celles du
petit. La zone ou partie moyenne de la sclérotique , plus
large que les deux entre lesquelles elle est comprise , est
cartilagineuse plutôt qu'osseuse; chacune des moitiés pré-
sente le prolongement de la ligne noire du cercle ovalaire
osseux; cette ligne noire, formée de petits vaisseaux san-
guins semblables à ceux qui fournissent la couleur à la
ruyschienne (3) , remonte jusqu'auprès de l'insertion du
(i) Les yeux de thon que j'ai reçus, dépouillés de leurs parties acceS'
goires, avoient deux pouces de diamètre; je suis redevable de cet envoi
à l'obligeance de Mr. Louis Odicr négociant de Genève , établi à Mar-
seille.
(2) La lote (Gadus Iota , Lin.), qui habite de préférence les plus grandes
profondeurs du lac Léman , fait, entr'autres poissons , exception à la rè-
gle ; sa cornée transparente est très-convexe : cette conformation doit rac-
courcir , il semble , l'étendue du foyer visuel.
(3) La membrane ruyschienne, tout-à-fait noire dans les poissons, n'est
MÉMOmE SUR lViL DU THOK, 3
nerf optique ; ces mcmes vaisseaux colorent en noir la
paitie de la cornée qui s'enchâsse lims le cercle osseux
de la sclérotique. Il est donc probable qu'il y a, dans l'é-
paisseur des lames de la cornée, un intervalle réservé pour
le passage de ces vaisseaux. La zone postérieure de la
sclérotique, est presque membraneuse , et remonte jusqu'à
l'entrée du nerf optique dans l'œU; elle s'unit à la zone
moyenne d'une manière inégale.
La sclérotique du thon se sépare par la macération en
deux parties égales , dans le sens de la L'gne noire , les-'
quelles répondent conséquemment aux extrémités du petit
diamètre. L'organisation de la scléi'otique de ce poisson
semble donc indiquer que celle-ci n'est pas compressible
dans la zone antéi'ieure, qu'elle l'est peu dans la moyenne,
et facilement dans la postérieure.
Le rapport du grand diamètre de la cornée transpa-
rente au petit diamètre est : : 17 : i4- Cette membrane
est plus épaisse au centre que sur les bords , lesquels
sont taillés en biseau de manière à correspondre au bi-
seau du cercle osseux de la sclérotique.
La choroïde s'étend jusqu'à l'attache circulaire qui unit
l'iris à la sclérotique.
La glande choroïdionnp . sons la form** '^^^ trois-quarts
d'un anneau irrégulier , embrasse le nerf optique dans
le trajet que celui-ci fait entre les membranes de l'œil ;
par sa grosseur elle permet de distinguer le nombre pro-
que la lame interne de la seconde des deux tuniques de l'œil, ou de la
choroïde: son nom rappelle celui de Ruysch , célèbre auatomiste liollan-
dais, bien connu surtout par ses belles injections.
4 MÉMOIRE SUR L'(H;rL DU THOK.
digieux de vaisseaux dont elle est composée , lesquels pro-
duisent par leur entrecroisement et leurs ramifications
sur la tace externe de la ruyschienne , un réseau à
petites mailles.
La ruyschienne s'avance , enduite de son tapis noir,
jusqu'à l'ouverture de la sclérotique autour de laquelle
elle est fixée ; elle se contourne ensuite sur elle- même
poiu" former l'uvée , mais sans donner naissance aux
procès-eiliaires (i).
L'uvée adhère , dans presque toute sa face interne ,
à l'humeur vitrée.
S'il est vrai , comme on en convient généralement, que
la pupille des poissons soit immobile, on pourroit en in-
férer que les fibres rayonnantes de l'uvée ne sont pas mus-
culaires et destinées essentiellement, comme le pensent
quelques physiologistes , à l'exécution des mouvemens de
la pupille ; car il est peu de quadrupèdes chez lesquels ces
fibres soient plus évidentes que dans les yeux des gros
thons.
Le nerf optique abandonne , à son entrée dans l'œil ,
le névrilème que lui avoit fourni la dure mère , et par-
court directement et à nu, une étendue d'environ trois à
quane Ugi-iAs : il est aplati dans ce trajet , et cannelé assez
profondément à sa surface. Ce nerf , après avoir traversé
la ruyschienne , se termine par un étranglement , d'où
naît la rétine qui se trouve divisée , à peu près depuis
(i) On admet généralement (lue l'uvée, avec son éclat argenté et doré,
n'est que la contiuaation de la choroïde , car l'iris des poissons est une
membrane si fine, «juon voit l'uvée au travers.
MÉMOIRE SUR l'(EIL DU THON. 5
l'origine jusqu'à rextrémité , par des vaisseaux dont je
parlerai plus en détail dans la suite. On voit à quelque
distance de l'entrée du nerf optique dans l'œil , un assez
gros filet nerveux , fourni par la branche ophtalmique de
la cinquième paire , lequel , après avoir percé la scléro-
tique , donne plusieurs petits rameaux à la glande clio-
roïdienne; il s'incline ensuite du côté de la partie externe
et supérieure de l'œil , en rampant sur la face interne de
la choroïde qu'il sillonne, et se termine dans l'uvée en
s'y ramifiant. Ce nerf et le suivant paroissent destinés
à remplir les fonctions du ganglion ophtalmique qui
manque dans les poissons.
La troisième paire , après avoir pénétré dans l'orbite ,
)ette un filet qui accompagne le nerf optique (i) et se
dirige, de concert avec lui, jusqu'à son entrée dans l'œil ;
parvenu là, il s'en sépare, et, après avoir passé au travers
des lames de la ruyschienne, se porte conjointement avec
une artère fournie par la centrale de la rétine, jusqu'à la
partie inférieure et interne de l'uvée , ou à la partie op-
posée du filet de la cinquième paire. Les deux Aaisseaux
sanguins dont il vient d'être question , très-adhérents à
la ruyschienne dans tout leur trajet , en soulèvent quel-
ques lames, et forment aiasi ^^we■ sorte do ciéie longitudi-
nale qui sépare la rétine , et à laquelle s'attache fortement
Thiuneur vitrée. Ce filet de la troisième paire donne , à
trois ou quatre lignes de la grande circonférence de l'uvée,
(i) Dans le brochet, ce filet pénètre l'enveloppe du nerf optique avec
lequel il est en contact.
6 MÉMOIRE SUR l'cEIL DU THON.
un rameau délié qui aboutit à la partie inférieure d'un
corps particulier, irrégulièrement lenticulaire, d'une couleur
un peu jaunâtre (i), et d'une contexture presque grenée.
Haller l'a nommé carnpanula , mais je présume qu'on peut
le regarder comme un ganglion. Le filet principal con-
tinue ensuite son trajet jusqu'au bord fixe de i'uvée , et
là se partage en deux rameaux dont l'un va se perdre
dans cette membrane , tandis que l'autre , attaché seide-
ment par un point à la circonférence , se réfléchit pour
se terminer comme le premier, mais à la partie supérieure
du ganglion. L'artère qui accompagne ce nerf subit les
mêmes divisions que lui ; elle décèle la route qu'en sui-
vent les ramifications , par la coideur noire qu'elle répand
autour d'elles , et qu'on voit à la partie postérieure du
ganglion, en plus grande abondance qu'à la partie an-
térieure.
J'aurois sans doute conservé à ce corps le nom que
lui avoit donné Haller , s'il eût réellement été creux
comme vme cloche , et si la dénomination que j'y ai subs-
tituée ne m'eût paru mieux appropriée à sa nature.
Il y a, comme l'a remarqué Haller, entre la cornée trans-
parente et l'iris ( chambre antérieure de l'œil ) , une cer-
taine quaniiié d'une humeur plu* ou moins glutineuse ,
probablement plus dense que l'eau douce , et qui
doit rendre les rayons de liunière plus réfrangibles ,
(i) La couleur jaunâtre de ce corps dépendoit, selon toute apparence,
du long séjour des yeux de thon dans l'eau de vie, car dans d'autres
poissons frais, à la vérité d'eau douce ^ celte couleur est d'un gris cendré
et plus ou moins pointillé de noir.
MÉMOIRE SUR l'oïIL DU THON. 7
mais il n'est point vraisemblable que la densité de cette
humeur soit supérieure à la densité moyenne de l'eau de
mer (i). Le cristallin a une forme sphérique légèrement
aplatie par devant (2). Il est chatonné dans l'humeur
vitrée , de manière qu'il n'y a qu'une petite partie de
la surface courbe de ce corps qui soit à découvert : cette
partie fait une saillie qu'on aperçoit au travers de la pu-
pille , en sorte qu'il ne peut y avoir de chambre posté-
rieure entre le cristallin et l'uvée (3).
La capsule du cristallin est faite d'une membrane assez
(i) La densité moyenne de l'eau de mer ne peut pas diflërer beaucoup
de 1027,5 , Toau distillée étant = looo. Je na'i pas connaissance qu'on ait
tenté des expériences sur la densité comparative des humeurs de l'œil des
poissons. Hauxbée avoit trouvé que la force réfringente de l'humeur vitrée
de l'oeil humain étoit la même que celle de l'eau , et Robertson éprouva
que la pesanteur spécifique en étoit, à peu de chose près , la même que celle
de l'eau. Mr. Chenevix n'a pas trouvé que la pesanteur spécifique de l'hu-
meur vitrée différât de celle de l'humeur aqueuse , ni dans l'homme ni dans
le brebis ; dans celle-ci la densité de ces humeurs excéderoit ce qu'elle est
dans l'homme de 7^55. Mr. Chenevix établit la densité des humeurs de
l'œil humain = 100, 3. Ou ne peut gucres supposer que ces humeurs soient
beaucoup plus denses dans les poissons , en sorte que le pouvoir réfringent
de leurs yeux doit résider , presque en totalité, dans le cristallin dont la
partie centrale , d'après les expériences de IMouro sur la morue , est d'un
vingtième plus dense que la zone extérieure ; la pesanteur spécifique
moyenne du cristallin entier de ce poisson est , suivant le célèbre anar
tomiste qui vient d'être cité, ;; 11 55; 1000.
(2) Il est probable que le rapport de l'axe au diamètre du cristallin ne
s'éloigne pas, dans la plupart des poissons, du rapport de i3 à 14.
(3) On a trouvé que l'axe de l'œil du hareng étant = i, l'humeur vi-
trée et l'humeur aqueuse n'occupent à elles deux qu'un espace = f , et
le cristallin, l'espace restant = '.
8 MÉMOIEE SUR jJi&ïl, DU THON".
forte et transparente, à laquelle s'attachent deux muscles
minces, de figure un peu différente. L'un de ces muscles,
externe et supérieur relativement à l'autre , s'unit à la
capsule par une aponévrose élastique , presque cartilagi-
neuse, et qui occupe une assez grande étendue; il se con-
tourne ensuite sur lui-même, s'incline en arrière et va
s'attacher, dans toute sa largeur, à l'humeur vitrée. Le
muscle inférieur et interne s'attache aussi à la capsule,
mais dans la partie diamétralement opposée à l'insertion
du premier; il se partage bientôt après en deux portions
inégales (l'inférieure plus grande et plus forte que l'autre)
lesquelles se fléchissent en arrière pour prendre attache
et se perdre dans l'humeur ^ itrée. C'est à la portion la
plus basse du muscle inférieur du cristallin qu'îU^outit le
ganghon dont j'ai parlé plus haut; l'union de celui ci à
la partie musculaire n'est pas immédiate dans le thon ,
elle se fait par l'intermédiaire d'une lamelle mince et blanche
qui paroit toute nerveuse; un petit filet noir ou ramus-
cule artériel paroît séparer le ganglion d'avec la lamelle
blanche.
L'humeur vitrée peu abondante dans le thon, ainsi que
dans les autres poissons, n'est pas libre à la manière
dont elle l'est dans l'homme et les quadrupèdes; non-
seulement elle tient au cristalhn par la loge qu'elle lui
fournit , mais encore par les deux muscles de la capsule de
celui-ci; l'hiuneur vitrée adhère en outre à la crête lon-
gitudinale que forment l'artère et le nerf du ganglion ,
c'est-à-dire depuis leur réunion, près de la naissance de
la rétine, jusqu'à l'uvée; l'humeur vitrée s'insinue encore
MÉMOIRE SUR L'oïIIi DU THOK. ^
entre les deux jambes de ce nerf et s'unit fortement à
l'inférieur, au ganglion même quelle semble recouvrir en
partie. On ne peut enfin détacher l'uvée sans reconnoître
que, dans une assez grande partie de sa face postérieure,
elle fait corps, pour ainsi dire, avec l'humeur vitrée.
Il est difficile que de telles connexions de l'humeur
vitrée avec le cristallin et l'uvée, n'établissent pas entre
ces parties, des rapports dont les effets ont pu rester jus-
qu'à présent inconnus.
Je ferois remarquer , si l'on prétendoit que les parties
auxquelles j'ai donné le nom de muscles du cristallin ne
sont pas musculaires, qu'on distingue très -nettement
dans le supérieur de ces deux muscles, une organisation
différente entre son aponévrose et la partie comparative-
ment charnue et fibrUlaire, laquelle doit être, je présiune,
capable de se contracter ; mais peut-être cette structure
musculaire est-elle plus évidente encoi'e dans ce que j'ap-
pelle le muscle inférieur du cristallin, parce que les fibres
y ont un peu plus d'épaisseur (i).
L'observation suivante porteroit à croire que l'uvée des
poissons est au moins in'itable, quand bien même l'im-
mobilité de leur pupUie seroit définitivement établie de
fait, comme elle l'est en gtuéial. Une truite d'environ
trois h^'res fut mise dans l'auge d'un bateau au sortir
(i) Ne voulant p?s m'en fier uniquement à mes yeux, pour décider
la rauscularité de < es parties, j'ai engagé MM. Wayor et Dupin mes con-
frères, à l'adresse de qui j'ai eu fréquemment recours dans mes dissertions,
à examiner attenlivemeut ces muscles, dont l'existence ne leur a pas paru
douteuse.
Mém. de la Suc. de Phys. et d'H. nat. T. I. a
iO MEMOIBE SUR L (KFIi DU THON.
de la nasse où elle setoit prise; peu de moments après
son corps se couvrit de taches brunes , et l'iris de ses yeux
parut se di\ iser en trois segmeas de forme triangulaire ,
à chacun desquels le bord pupdlaire servoit de base. Je
fis porter cette truite chez ntoi , et l'ayant mise dans un
baquet plein deau, je ne trouvai, pendant le cours d'une
heure , que de légères modifications à ces apparences ; je
sortis alors de l'eau le poisson pour qu'il pérît , et à
mesure que ses forces s'afFoibhrent je crus remarquer une
diminution dans l'aire des segmens (i).
Je n'ai pu pousser plus loin mes recherches siu"
l'organisation de l'œil du thon , parce que les yeux
qu'on m'avoit envoyés de Marseille dans de l'eau-de-vie ne
m'ont pas permis entr'autres choses , de prendre une idée
assez exacte de la manière dont se faisoit l'épanouisse-
ment de la rétine. J'ai tâché de suppléer à cette lacune
en étendant mes observations aux yeux de quelques pois-
sons d'eau douce. J'ai procédé à cette recherche de la ma->
nière suivante; j'enlevois la cornée, l'uvéeet le cristallin,
ce qui me permettoit de voir très-distinctement ce que je
nommerai la tache blanche^ qui paroît n'être formée que
du tissu médullaire du nerf optique. J'emportois après
l'humeur vitrée , et pour rcmuiiier à l'origine de la
rétine , j'écartois doucement les deux côtés de celle-
ci; je la rasseiïiblois enfin en un faisceau, afin d'exa-
miner au-delà , le mammelon nerveux , et voir com-
(i) Chez les poissons appelés Corrégo/iea le boni interne et un peu
inférieur de la pupille est toujours légèrement allonj^é ou pyiiiorme; j'i-
gnore si la cause de cette singularité est connue.
MÉMOIRE SUR l'œIL BU THON. 11
ment il lui donnoit naissance ; mais il faut, pour en
reconnoître exactement le point de départ , couper une
assez grande partie de la sclérotique, soutenir le reste du
globe dans une situation verticale, et l'agiter doucement dans
l'eau; la rétine se détache peu-à-peu, à l'aide de ce pro-
cédé, tellement qu'il ne reste plus que le tubercule mé-
dullaire blanc, entouré d'un cercle noir artériel qui cir-
conscrit les limites de la naissance de cette membrane;
ce tubercule est tantôt cylindrique , tantôt aplati et par
fois sémilunaire, selon les espèces de poissons.
Le nerf optique de la tanche et du chevesne paroît au
fond de l'œil, après avoir traversé la ruyschienne , comme
une simple tache blanche circulaire , marquée au centre
d'un point noirâtre, qui est l'artère centrale: c'est de
la partie interne de ce cercle blanc que naît la rétine.
La forme de la tache blanche dans la carpe est la même
que dans la tanche et le chevesne , mais il part de la
circonférence une douzaine de petits filets blancs, qui
font une espèce d'étoile : c'est d'entre ces filets que sort
la rétine.
La tache blanche irrégulière et oblongue dans laféra,
devient presque linéaire du côté de la partie interne
et intérieure de l'œil ; ou voit une autre ligne, mais noire,
à l'extrémité de cette courte ligne blanche; celle-là indique
l'artère et le nerf du ganglion. La ligne blanche cesse de-
puis cet endroit, et la rétine est divisée; on reconnoît,
si l'on éloigne les deux bords de celle-ci , que la hgne
blanche est formée par deux filets de même couleur et
parfaitement semblables , quand ils sont écartés, à la lettre
12 MÉMOTRTÎ SUR l'<EIL DU THON-
Romaine V dont le sommet se perdroit dans la tache
^' La^seule différence que j'aie trouvée entre la tache
blanche de la perche et celle de la /ém cest que 1.
deu^ petits filets blancs, qui forment la lettre V, pa
roissent déjà séparés dans la première quand on a en
levé l'humeur vitrée. Le gangUon du cr.staUm est assez
gros dans la perche , et ressemble beaucoup pour la h-
gure, à celui du thon.
La tache blanche de l'œil de la imite , e.t moms
larc^e mais un peu plus allongée que celle de la/./a
deso te qu'elle paroît confondue avec son prolongemen
linéaire; ce derL est divisé, près de son ongme, pa
une petite tache ovale et noirâtre, puis ses deuK filets
se rapprochent l'un de l'autre de mamere a encad e
pour ainsi dire, cette tache dans un cercle blanc de la
même forme.
Dans le saumon la tache blanche est un peu plus large
que dans la truite. La partie externe forme une zone ova^
et inégale, qui en comprend une autre dun c nd -
bleuâtre ;ceUe^ci est traversée par une hgne Wandu., un
peu noirâtre dans son centre, dirigée dans le me.ne sens
que l'artère , et qui s'élargit un peu dans le bas comme
si elle vouloit se bifurquer.
La tache blanche du brochet ne se compose que d'une
ligne blanche maniuée dans le mUieu d un léger hiet noi-
rltre , qu'on sait être dû à l'artère du ganglion. Cette
ligne est plus longue que dans la truite et le .au>non.
MÉMOIRE SUR l'œIL DTT THON". l3
Cette tache, dont la forme et si variable, est-elle due
à quelque pression exercée sur la substance pulpeuse
du nerf ? La glande choroïdienne , qui occupe l'espace com-
pris entre la sclérotique et la seconde des tuniques de
l'œil, peut-elle être la cause de ces modifications dans
la figure de la tache blanche , en tant que la confor-
mation de cette glande varieroit elle-même dans les diffé-
rentes espèces de poissons ?
Je rapporterai maintenant ce que les Auteurs que j'ai
consultés ont écrit sur le sujet qui nous occupe, en citant
leurs propres expressions. « Les poissons, dit Haller,
n'ont point de couronne ciliaire ; l'uvée est chez eux appli-
quée iraimédiatement sur le corps vitré, et le cristallin est
comme chatonné dans son ouverture ; mais il y a un organe
singulier qui sert à affermir ce cristaUin dans sa position, et
cet organe varie dans les différentes espèces de poissons.
Dans la carpe , le munier et la tanche, il part de la cho-
roïde , à l'endroit où devroit être la couronne ciliaire , une
bande dentelée à laquelle un prolongement de la rétine
sert comme de doublure ; cette bande s'attache postérieu-
rement au cristallin et reçoit un vaisseau sanguin consi-
dérable qui paroît aller directement à ce dernier ; mais
avant que d'y arriver, il )ette à gauche et à droite c!es
branches dans l'endroit de la jonction de l'uvée , du corps
vitré et de la rétine , et forme dans cet endroit un cercle
parfait, duquel il part une infinité de vaisseaux qui se
rendent dans la membrane qui enveloppe le corps vitré,
et se répandent en branches toujours de plus en plus
déliées , y forment par leur union avec les vaisseaux pos-
l4 MÉMOIRE SUR l'œIL DU THON.
teneurs le plus beau rideau qui se voie dans le corps de
lanimal. »
« Dans la truite , le saumon , romble-chevalier, le nerf
optique fait un chemin considérable dans loeil avant
que de s'épanouir pour former la rétine ; immédiatement
avant cet épanouissement , il sort de ce nert , ou de ses
enveloppes, deux vaisseaux recouverts d'une gaîne noire;
ils sont accompagnés d'un nerf particulier qui entre dans
l'oeil à côté du nerf optique ; ils forment un demi-cercle
autour de la concavité postérieiu-é de lœil , et quand
ils sont presque arrivés ài'uvée, il s'y joint de nouvelles
membranes et de nouveaux vaisseaux , et il se forme du
tout une espèce de petite cloche mouchetée au-dehors ,
blanche en dedans, dont la figure est comme paralîohque,
et qui se tennine par une pointe de laquelle il part
plusieurs filets qui vont s'attacher à la partie postérieure
du cristallin (i).
Il seroit curieux , ajoutent les Académiciens rédacteurs
de ce Mémoire, de définir l'usage de cette cloche para-
bolique ; le nerf qui s'y rend pourroit la faire regarder
comme muscidaire, mais M: Haller n'a pu y distinguer
des fibres parallèles, et il aime mieux demeurer dans Tin-
décision sur ce point que de hasarder une idée qui pourroit
être dans la suite démentie par l'observation.
(i) Mémoires de l'Académie Royale des Sciences de Paris, année 1762
pag. 42.
Haller a reproduit ailleurs, dans une autre langue, à peu près les
mémos expressions.
Elementa Phjsiologiae. Tom 5. pag. 38l et 3gi,
MÉMOIRE SUR l'œIL DU THOÎT. l5
« H y a un grand nombre de poissons, dit M."" Cuvier,
chez, lesquels la formation de la rétine ressemble , à
quelques égards, à celle qui a lieu chez les oiseaux. Je
ne puis encore nommer tous les genres dans lesquels
on trouve cet arrangement; je l'ai vu dans les saumons
et les truites, dans les harengs, les maquereaux, les
perches , la dorée, la morue et dans le poisson lune ; il
est probable qu'il existe dans beaucoup d'autres. Le nerf
optique perce à la vérité les membranes par un trou
rond, mais après avoir traversé la ruyschienne, il forme
deux longues queues blanches qui forment le contour de
cette membrane. Ces deux queues , quoique parallèles
ne sont point contiguës , mais une production de la ruys-
chienne passe entre deux pour pénétrer dans l'épaisseur
du vitré. La rétine naît des bords opposés à ces queues,
comme elle naît dans les oiseaux de la ligne blanche
imique. La production de la ruyschienne a une forme
triangulaire que Haller a comparée à une cloche. EUe
est noire, vasculeuse comme le reste de la membrane, et
elle vient s'attacher par son extrémité à un côté de la
capsule du cristallin absolument comme le peigne dans
les oiseaux. « (i)
La description de M.*^ Cuvier me paroît être trop gé-
nérale, si j'en juge au moins par les poissons dont jai
fait plus haut rémunération, car je n'ai su reconnoître
dans aucun d'eux les longues queues blanciies qui , d'a-
près cet Auteur, forment le contour de la ruyschienne,
(i) Leçons d'Anatomie comparée. Tom. 2. pag. 4i7'
l6 MÉMOIRE SUR l'œil DU THON.
et je n'ai pas su voir non plus la rétine naître, comme il
l'a vu , des bords opposés à ces queues.
J'ai cherché vainement dans les carpes et les chevesnes
l'organe mentionné par Haller, savoir, la bande dentelée
noire , qui , remplaçant la couronne ciliaire , est doublée
par la rétine et s'attache postérieurement au cristallin ,
mais je ne prétends point eu nier l'existence d'une ma-
nièi'e absolue.
J'ai pu suivre sur l'humeur vitrée de quelques grosses
truites les traces de l'anneau vasculaire , quoiqu'il n'y
soit pas aussi bien dessiné quil l'est dans les carpes de gros-
seur moyenne.
J'ai pu aussi confirmer sur les yeux des saumons l'ob-
servation que i'avois faite sur ceux des truites , et voii'
sans équivoque l'insertion du muscle supérieur du cris-
tallin colorée par une large bande noire correspondant à
sa partie cartilagineuse ou aponévrotique ; ce qui pi'ouve
évidemment que ce muscle reçoit, comme l'autre, des ra-
mifications de l'artère centrale.
Le ganglion du cristallin existe dans tous les poissons
que j'ai examinés ; il présente à la vérité selon les espèces
de légères nuances de grosseur et de forme ; mais ces nu-
ances doivent peu influer sur les usages de cet organe.
L'jntensité de la couleur noire qui le recouvi'e varie dans
les individus de la même espèce.
J'ai long-temps hésité avant d'arrêter mon opinion sur
la nature du corps que jai enfin regardé comme un
ganglion ; je l'ai fait par les considérations suivantes :
i.° 11 n'est formé que par le filet nerveux de la troi-
MÉMOIRE SUR l'œil DU THON. l'J
sième paire et de ses deux branches, lequeU'isole tout-â-fait
du côté extérieur de l'œil.
2." Il ne communique avec le muscle inférieur du cris-
tallin que par une petite lame dont la couleur m'a paru
différer de celle du ganglion et du muscle.
3.° D ressemble tout-à-fait, quant à la forme, aux organes
qui sont ainsi nommés.
4.° La manière dont il se termine semble écarter
l'idée que ce puisse être un muscle.
Quant aux usages de ce ganglion je pense que, placé
en avant de la rétine, il peut provoquer la contraction
des muscles du cristallin, et opérer un changement plus
ou moins prompt dans le foyer visuel, suivant que le
cristallin est plus ou moins enfoncé dans l'humeur vitrée.
Cette supposition acquerra peut-être plus de force si, en
remontant à l'origine du filet nerveux qui forme ce ganglion ,
on reconnoît qu'elle est commune avec celle des nerfs
uniquement consacrés aux muscles moteurs de l'œil,
lesquels peuvent aussi , par leur contraction plus ou
moins grande sur le globe, réagir sur le foyer visuel.
Haller toutefois s'est nettement prononcé contre la mo-
bilité du CiistaUin ( i), mais il ne soupçonnoit pas l'existence
des muscles de cet organe; s'il l'eût connue, de ce que le
(i) uNul/ns omnino vires reperio neque in lente c.rystallina , neqite fx-
tra eam , qiiœ ejus figurani miitenl. In piscibus créais canipanalam tenu
insertam eam pusse ad la tus internum irahere , utiqne si muscuhsa fo-
ret, yeriiin uequeiste motus locumhabere polestjCiim uvea memhrana ad
vilream counascutur , et nitrea ad lentem adliœresral , neque ndeo lens ad
Mém. de la Suc. de Fhjs. et d'H. nul. T. I. 3
l8 MÉMOIRE SUR l'cŒIL DU THON»
cristallin adhère à l'humeur vitrée et à l'uvée, il n'auroit
pas argumenté de son immobilité, puisque ces deux parties
sont, jusqu'à un certain point, susceptibles d'un mouve-
ment passif, que peut leur communiquer la puissance
gui agit sur elles. 11 est vrai que si les mouvemens du
cristallin n'eussent été soumis qu'à l'action de la campanula
de cet Auteur , ils auroient toujours eu lieu du côté in-
terne et inférieur de l'œil.
latus jnoveri posait , quin latè vilrea membrana distrahalur ; quum, si
voluisset natura lentem mobilem esse, cum vitred tunica non con/unxisset, n
plem. Phys. Tom 5. pag. 5i5.
«^
^
^=^
^
k
NOTE
Sur les dents et la mastication des poissons
appelés Cyprins,
Par L. JURINE, Professeur.
( Lue à la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève. )
ijES dents pharyngiennes des cyprins sont fixées à deux
des trois os qui sont intimement unis à la paroi posté-
rieure de leur pharynx.
Le premier de ces trois os , placé au-dessus des deux
autres , n'est qu'un prolongement de la base du crâne ;
la forme en approche de celle d'un lozange ; il est recou-
vert d'un cartilage épais et tient lieu du palais. Les deux
autres os , parfaitement semblables entr'eux , sont situés
à deux des côtés opposés de l'os supérieur. La figure de
ces deux os pairs est presque demi-circulaire , leur bord
externe est mince , et l'interne pins épais Ces deux os
sont réunis médiatement . ^ l^^m' partie inférieure , par
un cartilage qui n'entrave pas leurs mouvemens récipro-
ques. L'intervalle qui sépare les os pairs est i-empli par
des muscles destinés à les mouvoir.
Les dents des Cyprins sont fixées à la partie interne
et moyenne des os pairs ; le nombre , la forme et la posi-
20 NOTE SUR LES DENTS
tien de ces dents varient selon les espèces , et quelque-
fois dans les individus de la même espèce.
Les dents maxillaires des poissons sont composées d'une
suljs tance émailleuse en dehors et d'une substance osseuse
en dedans.
Les dents implantées dans des alvéoles finissent par s'y
souder , tandis que les dents pharyngiennes tombent
après un certain laps de temps, et plusieurs fois sans
doute pendant la vie du poisson. Je n'ai jamais examiné
de cyprin , même de grosseur moyenne , que je n'aie
trouvé autour des vieilles dents , ou le rudiment de dents
nouvelles , ou des dents déjà suffisanunent développées
pour en conclm-e qu'elles auroient, plus ou moins promp-
tement , chassé les anciennes.
Chaque dent alvéolaire ou pharyngienne est originai^
rement formée d'une vésicule remplie elle - même d'une
matière gélatineuse , où il seroit impossible de reconnoître
le moule de la dent future. Cette vésicule après avoir
acquis le dernier terme de sa grosseur , sécrète une
matière blanche qui , en se durcissant , forme l'émail.
Celui-ci est-il produit par une simple transsudation , ou
peuL-il être l'effet d'une cristallisation qui seroit elle-mêmQ
le résultat de i'évapuiatJon de la partie la plus fluide du
^uc visqueux que contient la capsule 1" Quoiqu'il en soit ,
c'est tou)oiu-s à l'un des sommets de la couronne que com-
mence l'ossification , qui annonce ainsi la forme que la
dent doit avoir par la suite. L'émail cesse d'être sécrété ,
aussitôt que la couronne de la dent est achevée ; cette
ET LA MASTICATION DES CYPRINS. 21
première sécrétion est suivie de celle de la matière osseuse
qui fait le coUet et la racine de la dent.
M."" Cuvier pense (i) que la substance émailleuse des
dents, aussi bien que l'osseuse, se forme par la transsu-
dation , comme les coquilles ; il fonde son opinion sur ce
que la partie ossifiée adhère très-peu à la substance qui
l'a produite , et sur ce que les vaisseaux ne paroissent
point y pénétrer. Mais il faudroit expliquer , ava t d'a-
dopter l'opinion de M.'' Cuvier , pourquoi les dents de
l'homme , malgré l'usage journalier , s'usent aussi peu ,
et si elles ont quelque moyen de réparer la perte qu'elles
font par le service qu'elles rendent ; tandis que les dents
qu'on fait passer, immédiatement après l'extraction, d'une
bouche dans une autre, ou celles dont on a seulement
anéanti, par la luxation, le principe de vie qu'entret e-
noient auparavant les vaisseaux , se détruisent bien plus
promptement par le même service.
On ne doit pas comparer la chute des dents pharyn-
giennes avec celle des premières dents qu'on nomme dents
de lait t parce que celles qui doivent succéder à ces der-
nières sont ordinairement contenues dans les mêmes al-
véoles qui , pour ainsi dire, leur servent de moule, et im-
priment à leur pousse une direction déterminée. Si la cap-
sule de chaque nouvelle dent pharyngienne se trouvoit
logée au fond de l'alvéole qui renferme la racine de l'an-
cienne , on concevroit facilement que , par son dévelop-
(i) Cuvier, Leçons danat. comp. Tom. 3. p. ii6.
2 2 'note sur les DENTS
pement , elle pousseroit peii-à-peii la dent qu'elle doit
remplacer , après en avoir usé les racines par une com-
pression soutenue ; mais il n'en est pas ainsi; la racine de
chacune de ces dents reste toujours largement excavée ;
elle n'a qu'une écorce osseuse , plus ou moins épaisse »
par laquelle elle semble être placée sur l'os qui lui sert de
base, plutôt qu'en pénétrer la substance. Autour de ces
dents sont jetés, on diroit presque au hasard, les ru-
dimens de celles qui doivent les remplacer. La direction
de ces nouvelles dents n'est donc point en rapport avec
celles qu'elles doivent avoh* dans la suite , souvent même
elle y est totalement opposée; de sorte que, dans ce der-
nier cas , il faut que la dent , déjà formée et solide , se
retourne sur elle-même pour venir occuper la place qui
lui a été cédée par la chute de l'ancienne. Si nous prenons
pour exemple la carpe, ce ne sera pas dans le tissu cel-
lulaire de l'os qu'on trouvera la couronne des trois pre-
mières dents , savoir , de la pointue et des deux grosses
molaires , mais bien dans le bord des muscles qui unissent
les deux os pharyngiens pairs ; tandis que les deux autres
petites molaires montreront leur nouvelle couronne à côté
de celle des anciennes , sans que la racine de ces dernières
en paroisse idtérée.
11 est bien difficile de se rendre raison de la cause qui
détermine un renouvellement aussi fréquent dans les dents
pharyngiennes des cyprins , car ce n est ni à l'usure ,
ni à la carie qu'on peut l'attribuer ; plusieurs de ces an-
ciennes dents sont , à la vérité , noires au collet , sans
être pour cela corrodées dans la partie émailleuse , et
ET LA MASTICATION DES CYPRINS. 23
d'autres ont leurs aspérités moins prononcées sans être
pour cela hors de service , puisque ces poissons ne se
nourrissent que de substances tendres , et tout au plus
de mollusques dont la coquille n'est pas bien dure.
Comme je n'ai trouvé ni dans l'ouvrage de M."" Cuvier ,
que j'ai cité plus haut, ni ailleurs , l'explication de cette
cause , je considère ce problème de zoologie conrune non
encore résolu. On doit donc envisager le canal qui s'étend
depuis les lèvres protractiles des cyprins jusqu'à lem's mâ-
choires pharyngiennes , comme unp espèce d'entoiinoir de-
gustatif et susceptible de contraction , de sorte que le
poisson peut à volonté rejeter les matières qui y sont con-
tenues , si elles ne lui conviennent pas, ou les transmettre
aux dents pharyngiennes qui les tritweiat avant de les
faire passer dans l'estomac.
Qui sait encore si les cyprins ne partageroient pas avec
d'autres animaux la faculté de ruminer ; la situation des
dents à l'entrée de l'estopiac favoriseroit cette idée ; d'ail-
leurs ce ne seroient pas les seuls poissons qui pussent le
faire , du moins d'aprè§ le témoignage des anciens , car
Ovide a dit du scare.
Al contra lierhosâ pisces laxantur arend
Ut scarus , epastus solus qui ruminât escas.
Je termine cette note en énumérant les dents de chaque
Cyprin qu'on trouve dans le lac Léman,
La carpe ( Cyp. carpio ) en a cinq , une pointue et
quatre molaires.
Le chevesne ( Cyp. fe.tes) en a sept, qui sont longues .
crochues et disposées sur deux rangs ; le supérieur en a
deux et i'iiiférieur cinq.
94 NOTE SUR LES DENTS, etC.
La tanche ( Cyp. tinca) en a cinq qui sont comprimées;
la couronne en est ovale et émoussée , à l'exception de
la première où elle est presque ronde.
Le rotangle ou la raufe {Cyp. erytrophtalmus') en a
huit, sur deux rangs; cinq sur celui d'en bas et trois sur
celui de dessus; ces dents sont longues, minces, taillées
en forme de hache , crochues au bout et profondément
dentelées à leur boj'd supérieur.
La rosse ou le vangeron ( Cyp. rutilus) en a cinq, qui
ressemlJent à celles de la tanche.
Le goujon ( Cyp. gobio ) en a cinq ; la première
courte , les quatre autres longues , grêles et crochues à
leur extrémité.
De T effet du mouvement S!un plan réfringent sur
la réfraction^
Par p. PREVOST.
§• î. X ouR s'assurer de l'efïet de la vitesse de la lumière
sur la réfraction , on a cherche un moyen de soumettre à
l'expérience deux rayons mégalement rapides. La vitesse
absolue de la lumière ne se prêtoit pas à ce désir. On y a
suppléé par la vitesse relative. Ne pouvant faiie mouvoir
le rayon plus ou moins vite dans la route qu'il suit , on
a fait mouvoir le plan réfringent selon cette même ligne
de direction (i). Mon dessein est de faire voir que cette
substitution de la vitesse relative à la vitesse absolue al~
tère les résultats de l'expérience.
§. 2. Dans cette expérience , on profitoit du mouve-
(i) «C'est ce moyen que Mr. Arago a employé.... » Biot , Astron.
2.^« édit., T. m, p. i4o.
J'appliijiie cettfi phrase à mon sujet, parce que Fingémeuse expérience , à
laquelle elle se rapporte daus l'iatention de l'auteur, est au fond précisément
la même que je présente au teste.
A la page i3^ de l'ouvrage cité , il est fait usage d'une comparaison de la
marche de deux molécules , qui ne peut pas éclaircir le sujet ; parce qu'on y
néglige le mouvement de translation que l'une de ces molécules a en commun
avec l'instrument. — Cette remarque (sans rapport avec lobjetdece mémoire)
a pour but d éviter une discussion inutile.
Mèm. de la Soc. dePhys. etd'H. nat. T. I." 4
sG DE l'effet du mouvement d'un
aient de la terre pour donner à l'instrument une vitesse
adtlitionnelle ; en sorte que la situation de cet instrument
restoit sensiblement la même par rapport au rayon de
lumière. Ainsi nous partirons de la môme supposition.
Hypothèse. Le plan réfringent reste constamment
'parallèle à lui-même ; et chacun de ses points suit la
même direction avec une vitesse uniforme.
§. 3. Soit un plan attractif , et une particule douée
d'une vitesse perpendiculaire au plan (soit quelle se di-
rige vers le plan ou en sens contraire ) ; pour déterminer
la vitesse et la direction finale de la particule , il n'im-
porte pas de savoir si sa vitesse est absolue ou relati^ e
( si la particule se meut réellement, ou si c'est le plan qui
se meut en sens contraire). — Car , dans les deux cas,
d'instant en instant (i), la particule ne sort point de la
direction perpendicidaire ; et sa vitesse a pour expression
la somme de la vitesse précédemment acquise et de celle
que l'attraction lui imprime , somme égale de part et
d'autre,
■ §. 4- Soit un plan attractif , et une particule , placée à
l'extrême limite de la plage attractive et douée d'une vi-
tesse oblique au plan et dirigée vers lui, Si cette vitesse
est absolue , la particule décrira une courbe , dont la
dernière direction coupera le plan selon la loi de ré frac-!
tion qui a Ueu réellement dans la nature. — ( Princip.
math. etc. Lib. \, Prop. c)4)-
(i) Instant , temps assez court pour que la vitesse , imprimée par l'atr
fraction en ce temps-là , puisse êti'e réputée uniform.e,
PLAN RÊFRINGEK't'stTR LA RÉFRACTION. 27
§.5. Dans la même hypothèse , si la vitesse de la par-
ticule est relative (si c'est le plan seul qui se meut en sens
contraire ) ; la particule décrira une ligne droite et tom-
bera sur le plan sous une direction perpendiculaire. —,
Proposition évidente.
§. 6. Soit , sur un plan attractif , une particule douée
d'une vitesse qui tend à l'éloigner du plan. Si cette vitesse
est absolue, la particule , au sortir de la plage attractive,
suivra une direction conforme à ce qu'indique la loi conxiue
de la réfraction {Princip. , ibid).
§. 7. Dans la même hypothèse ; si la vitesse de la par-
ticule est relative (si le plan seul se meut) ; la particule,
attirée par le plan qui fuit , décrira une perpendiculaire
au plan. — Evident.
^. 8. Soit une particule émergente , douée d'une vitesse
propre absolue. Si, au moment où elle quitte le plan at-
tractif, sa vitesse est tout-à-coup augmentée ou diminuée j
elle décrira, dans la plage attractive, une trajectoire (que
j'appellerai rêfractionnelle). Si la vitesse ajoutée ou re-
tranchée varie , la réfractionnelle varie.
Que du même point du plan , la particule parte suc-
cessivement avec sa vitesse propre absolue , avec cette
vitesse augmentée , avec cette vitesse diminuée ; elle dé-
crira trois différentes réfractionnelles et sortira de la plage
attractive sous trois différentes directions.
Soit AB ( Fig. I ) le plan attractif ; « C la limite de la
plage attractive ; la particule émergente E décrira succes-
sivement, avec les vitesses initiales Ev,Ev ^ E-J\ les trois
réfractionnelles Et, Et\ fî^''; et sortira
îiux poiiits ^ , ^' j /" , par les
z^a DE l'effet du mouvement d'un
tangentes de ces trois courbes à ces trois points respectî-
vemeat.
§. 9. Avant de considérer le dernier cas dont je dois
m'occuper , qui est tiussi le cas réel de Texpérience ( §. i.) ;
je commencerai par limiter ce cas à l'aide d'une nouvelle
hypothèse , ajoutée à celle dont j'ai constamment usé jus-
qu'ici (§. 2). Dans tout ce qui précède , j'ai employé un
mot (la réfractionnelle) pour désigner la trajectoire du
rayon daiis la plage d'attraction , qui laisse dans la plus
grande indétermination la nature de cette courbe , et par
conséquent celle de la force dont elle dépend. Je vais
maintenant user d'une détermination qui circonscrira
beaucoup le champ de nos recherches :
Hypothèse. Je suppose que , dà7is toute la plage d'at-
traction, cette force est la même; qu'elle ne varie point
par la distance.
Je n'entreprends pas de justifier cette hypothèse , que
j'emploie pour éviter une difficulté, et que j'abandonnerai
finalement. Cependant je dois faire remarquer, i.° qu'elle
se trouve comprise dans la démonstration sur laquelle se
fonde la loi de réfi'action, à laquelle j'ai renvoyé ci-dessus
(§§. 4 et 6) ; 2..° qu'il n'est peut-être pas absurde de sup-
poser que les forces de la nature de celles qui agissent
sur la lumière sont peu variables dans de très-petits es-
paces , à peu près comme la pesanteur peut être sup-
posée constante près de la terre à des distances peu dif-
férentes.
§. 10. Soit une particule émergente , douée d'une vitesse
propre absolue. Si , au moment où elle quitte le plai>
PLAN RÉFRINGENT SUR LA REFRACTION 29
attractif, celui-ci se meut (i) dans la même ligne de di-
rection ; et si en conséquence une vitesse relative est
ajoutée ou retranchée à celle de la particule, la trajectoire
de la particule ne changera pas. Ce sera constamment la
même réfractionnelle ; mais elle sortira de la plage attrac-
tive sous des directions différentes.
Soit AB (fig. 2) le plan attractif; E , la particule émer-
gente ; * ^ la limite de la plage attractive \ E É' t , l'arc de
réfractionnelle , qu'elle décrit en conséquence de sa vi-
tesse propre et de l'attraction combinées , le plan étant
immobile.
Si le plan se meut de AB en A B' ou en A"B" ;' la li-
mite se transportera de «C en àC ou en «"S" respecti-
vement. Ainsi supposant AB , AB' , A" B" , les
trois dernières situations du plan , dans ces trois cas res-
pectivement ; la particule décrira les trois arcs
Et, Et' , Et", d'une
seule et même réfractionnelle , et s'échappera par la tan-
gente de ces arcs
aux points t, i', /", respec-
tivement.
Par conséquent la direction finale de la particule , dans
ces trois cas , différera comme diff"ère celle de la tangente
de ces trois arcs.
§. II. Il est facile de voir que ce résultat (§. lo) n'est
pas le même que celui du §. 8,
§. 12. Sortons maintenant de notre hypothèse trop li-
mitée (§.9).
(i) Toujours parallèlement à lui-même avec une vitesse uniforme. (§. 2 ).
3o DE l'effet du mouvement b'un
Si ( comme on doit l'admettre ) lattraction suit une
fonction inverse de la distance (peut-être la seconde puis-
sance , ou une puissance supérieure ) ; si en outre le rap-
port de la vitesse relative additionnelle (celle du plan)
à la vitesse propre et absolue de la particule (celle de la
lumière) est très-petite (comme de i à loooo) ,- on en
pourra inférer, i.° qu'à l'approche de la limite, la ré-
fractionnelle est presque une ligne droite ; 2.° qu'à cette
époque, un très -petit arc de cette courbe produit une
dé\iation presque nidle ; 3.° qu'en conséquence , l'expé-
rience a dû probablement donner le résultat qu'elle a
donné ,• c'est-à-dire , que la vitesse de la terre , ajoutée
ou retranchée , n'a pas dû influer sur la réfraction de la
lumière.
Ce résultat, qui n'avoit pas été prévu (i) , mérite,
sous plus d'un point de vue , l'attention des physiciens,
§. i3. Note sur le §. 13.
Ayant communiqué ce mémoire à M/ le professeur
ScîuuB, j'ai reçu de lui la note suivante :
Soient (Fig. 3) BC un plan attirant et qui se meut
parallèlement àlui-jnême; ^A^Ia direction d'une molé-
cule de lumière ; A M la courbe que cette molécule décrit
en ^ertu de l'attraction du plan entre les limites de l'at-
traction. Je supposei-ai d'abord le plan immobile , et j'ap-
pellerai V la vitesse de la lumière suivant AN \ a. l'angle
NAP , A P =^ X ■. PM ^= y ; t \e temps que la molécule
emploie pour aller du point yJ au point lU. Je supposerai
(1} Biox, ibid.
PLAN RÉFRINGENT SUR LA RÉFRACTfON. 01
encore que la force d'attraction du plan soit en raison
inverse de la n}""^ puissance de la distance. On aura
donc, pour le point quelconque de la courbe, x^=^vt cos «,
la force d'attraction <f = — , ^ étant un coefficient
y"
constant qui représente la valeur de 4» à la distance i.
Généralement <? ^=/ ^ ^ • donc --~- = — r— ; et en in-
tégrant , ( -f^ ) = — ^ x h C ; dx = vdl cos « ;
\dty n — 1 J'"~'
dt = : substituant cette valeur de dt , on a
V cos a
^ .. A
/ dy \^ —~- X -^— + C
( ~- ] = n — i y"-'- , OU en mettant pour A ,
v'^ cos ^ a,
/ dy \^ C -^— <p. y r
'-^■y"\-djJ--^:r^^;T^-2lll • Lorsque j=o,
■ '' i/^ cos^ a.
dy , , , 41. y
-j— = tang a , et 1 on peut regarder le terme n—i
V^ COS^ a.
comme nul au pomt A ; on aura donc — ; — - = — ;— ,
* ' V COS^ a. cos^ a.
a A
et C = f^ siV « ; donc (--p-\ r=tang^ g^TT—i j"-' ;
^ ^ f * COS^ a
^y , 1 A .
-- — = tang OL H , — ; ; — : — CtC.
a X " n — 1 y "~^ v ^ sin a. cos a
d V
Or — — est la tangente trigonométrique de l'angle que
la tangente à la courbe en M fait avec l'axe des *, ou
avec le plan j8 C. Si l'on substitue la valeur de A dans
32 DE l'ePUBT du MOUVEMEMT d'uN"
l'équation précédente, on a
dy , 2 a. y
—, — = tan^ a . . ■ — etc.
clx '^ Il — I p^ am 2 a.
Il faut remarquer maintenant ; i." que la limite de l'at-
traction étant extrêmement peu distante du plan , la plus
grande valeur de l'ordonnée y , qui a lieu à cette limite
est une quantité extrêmement petite; 2.^ qu'au-delà
de cette limite , <}i = o ; d'où il suit que le terme
. —z — r est infiniment petit relativement à tangn.
On aura doue , sans erreur sensible , — ^ = tang «.
et X
La même conclusion aura lieu si le plan se meut paral-
lèlement à lui-même avec une vitesse très-petite relative-
ment à celle de la lumière. En effet , ce mouvement ne
peut qu'augmenter y et diminuer <?> , ou réciproquement ,
d'une quantité infiniment petite au-dedans de la limite
d attraction, et par conséquent le terme . t^
* ■* n — 1 v^ sin 2 a.
sera encore infiniment petit.
On peut donc conclure de là que , dans tous les cas ,
la direction de la lumière en un point quelconque de
son cours , compris depuis le point A jusqu^à la limite
d'attraction j ne différera de la droite AN, que
d'une quantité infiniment petite.
MPtet H. Kat. I P. 32.
Ficj. 1 .
JFia. 2.
AU
F.y.3.
OBSERVATIONS
Sur les rapports qui existent entre les axes de
double réjraclion et la Jorme des cristaux.
Par Frédéric SORET.
Lu à la Société Philomalique, Février 1820; et à la Soc. de Phjrs.Nov, 182O. (1)
KJn a depuis quelques années, étudié avec beaucoup
de persévérance et de succès , les phénomènes de double
réfraction et de polarisation qui s'observent dans la plu-
part des corps cristallisés. Ces recherches ont conduit les
Physiciens à des considérations fort remarquables sur les
modifications que fait éprouver à la lumière la forme
des corps qu elle traverse. Celles dont nous allons nous
occuper paroissent avoir quelqu'intérêt par le degré de
génénilisation dont elles sont susceptibles.
On sait depuis long-temps que certains cristaux pro-
duisent la seule réfraction ordinaire, lorsque des rayons
de lumière sont transmis dans leur mihea : c'est à Du
(i) La publication de ces recherches ayant été dîiïéiée , j'ai profité de
beaucoup d'observations nouvelles faites par Mr. Biot et publiées par lui ou
encore inédites. Toutes ces observations ont confirmé la loi que nousdier-
chons a établir, et plusieurs d'entrelles ont présriué de nouveaux points
de vue qui ont été pour moi l'occasion de faire une seconde lecture de
ce mémoire à la Société de Physique de Genève.
Mém. de la 60c. de P/ijs. et d'IJ. nat. T. 1." 5
54 RAPPORTS ENTRE LES AXES DE DOUBLE
Fay que nous devons cette importante découverte ; ce
savant, privé des secours que nous offrent aujourd'hui les
lois.de la cristallisation, avoit conclu de ses recherches,
que dans tout cristal dont la réfraction est simple, on peut
mener trois plans perpendiculaires les uns aux autres (i).
Quatre solides rentrent dans cette définition , 1 octaèJre
régulier, le cube, le dodécaèdre rhomboïdal et le tétraèdre
régulier; mais cette règle de Du Fay est trop générale (a)-
Mr. Haiiy est le premier qui l'ait ramenée à sa véritable
expression , en observant que la réfraction simple est
propre aws. formes limites , savoir, aux quatre susmeur-
tionnées ; plus tard on s'est assuré que tous les autres
cristaux qu'il appelle formes non limites offrent à l'ob-'
servateur le phénomène de la double réfraction.
Nous entendons avec Mr. Biot par axes de double ré-
fraction , les lignes dans la direction desquelles ce phé-
nomène est nul ; tout faisceau de lumière qui leur est
parallèle n'éprouve en traversant le cristal que la réfrac-
tion ordinaire. J'appelle ligne moyenne, une droite menée
dans le plan des axes , de manière à ce quelle divise en
deux parties égales , l'angle aigii formé par leurs direc-
tions prolongées indéfiniment.
La loi des sinus , donnée par Mr. Biot , s'appliquant à
tous les cas avec une égale rigueur , nous prouve qu«
(i) Fontenelle , éloge de Du Fay.
(2) En efl'et , elle s'applique à loctaèdre à base carrée qui jouit ainsi
que le prisme dfoit à base cafj-ée d'une double réfraction souvent trè&r
forte.
RÉFRACTION ET LA FORME BES CRISTAUX. 35
les cristaux à un axe peuvent être considérés comme
en ayant effectivement deux confondus avec la ligne
moyenne, c'est-à-dire, ayant un angle d'écartement égal
à zéro.
La remarque de Du Fay indiquoit une relation entre
les formes primitives des corps et l'existence ou la non-
existence de la double réfraction ; c'étoit un grand pas
de fait, mais ces phénomènes étant aujourd'hui mieux
connus et leurs lois ayant été déterminées , il étoit naturel
d'aller plus loin , en cherchant à lier le nombre et la
position des axes avec la structure des cristaux. On a
découvert à cet égard plusieurs faits remarquables; comme
ils sont intimement liés à ceux que nous nous proposons
de faire connoître ici , il est bon de présenter avant
tout le tableau général des résultats auxquels un grand
nombre d'expériences vient de nous conduire ; nous
aurons soin ensuite d'indiquer ce qui n'appartient pas à
nos recherches.
La première partie du tableau qui renferme les subs-
tances à un seul axe de double réfraction ne contient rien
qui ne soit déjà connu , mais il a fallu l'exposer ici à
cause de sa liaison naturelle avec ce qui suit.
36
RAPPORTS ENTRE LES AXES DE DOUBLE
i) L' Classe. DEUX AXES RÉUNIS EN UN SEUL.
Substances.
DIKECTIOlN de L'AXE.
Forme primitive
Nature
de la réfraction.
1
Chaux carbonalée.
Axe parallèle à la petite diagonale du
Rlioniboide , c'est-à-dire , passant par
Yaxe du uoyau primitif.
Rhomboïde.
Répulsive.
Quarz.
Idem
Idem. •
Attractive.
Quarz (2).
Passant par \axe du Dodécaèdre , per-
pendiculaire à la base des deux py-
ramides.
Dodécaèdre
bipyramidal.
Idem.
Tourmaline.
Passant par \axe du noyau. . . .
Rhomboïde.
Répulsive. 1
Emcraude.
Parallèle aux arêtes du prisme , ou à
son axe, perpendiculaire aux bases. .
Prisme hexaèd.
régulier.
Répulsive.
Zircon,
Parallèle à la petite diagonale, ouaxe de
roctaèdre ÇBrewster)
Octaèdre à base
carrée.
Attractive.
{Biot.)
Idocrase.
Parallèle aux arêtes du prisme , ou
à r<7jce , perpendiculaire à la base
( Brewster ).
Prisme droit à
base carrée.
1
(i) Pour ne pas confondre l'axe du noyau avec celui ou ceux de double réfraclion npus auront
soin de désigner le premier, par des caraclères italiques.
(2) Comme plusieurs minéralogistes prennent encore le Dù-léoaèilre bipyramidal pour forme pri-
mitive du quarz, et que cette forme qui convient à quelques formes secondaires, s'accorde aussi avec
les pliéoooiènes optiques, je l'ai placée dans le tableau, après celle du Rhomboïde, que IVlr. Haiiy
a déterminée.
RÉFRACTION ET LA FORME DES CRISTAUX. 37
ir Classe. CRISTAUX A DEUX AXES SÉPARÉS.
A. Axes symétrique»; autour des faces du noyau primitif.
Substances.
Topase.
Arragonite.
{Fi§.3-A.)
Mica de
Sibérie.
Baryte snl
fatée.
{Fig.6.-:!.)
Ligne moyemne.
Parallèle à la diago-
nale AA du noyau
ou à son axe , per-
pendiculaire à la
base EEEE. de
l'octaèdre.
Lig. moyenne A' A"
perpendiculaire à
la diagonale ou
axe EE de l'oc-
taèdre prim. dans
le plan AAAA de
la base.
Perpendiculaire au
plan des bases.
Ligne rnoy. A' A"
p'arallèle à la pe-
tite diagonale de
la base.
Plan des Axes.
Rapport des Axes
alx faces.
Parallèle à la diago-
nale AA , et aux
arêtes de jonction
des faces P.
Parallèle à la diago-
nale EE , et aux
arêtes de jonction
des faces M.
Passant parla grande
diagonale EE et
perpendiculaire â
la base.
Parallèle au plan qui
contient les pe-
tites diaijOnales
AA et perpendi-
culaii-e à la base.
Axes situés dans le
plan des faces M
ou faisant de part
et d'autre , des
angles égaux en-
tr'eux Ci).
Les Axes AX', AX
formentdepart et
d'autre des faces
P des angles égaux
entr'eux.
Axes faisant avec le
plan de la Lase
des angles d'in-
cidence PX'A"
PXA" égaux.
Axes faisant sur les
plans P de la base
des angles d'inci
dence égaux.
Forme
primitive.
Octaèdre
a base rec-
tangle.
Octaèdre
à base reè-
tangle.
Prisme
droit à base
rhombe.
Prisme
droit à base
rliombe.
NaTI REDE
LA RÉFRACT.
Attractive.
Répulsive.
Répulsiv
Attractive
(3) Quelquefois les axes sont plus écartés de la ligne moyenne que les faces M , mais il font toujours
des angles égaux à gauche et à droite de ces faces , comme on le voit pour les axes, AX", AX'
figure 2.
38
RAPPORTS ENTRE r,ES AXES DE UOUBLE
S0BSTANCE5. LiGKE MOTESNE.
Péridot.
*^mopliane
Chaux
auhydro-
sullatée.
{Fig-gbis.)
Euclase.
{Fig.io.
Plan des Axes.
Parallèle aux arêtes
B de la base , per-
pendiculaire aux
faces M.
Parallèle aux arêtes
du prisme.
Parallèle aux arêtes
C de la base , per-
ppudiculaire aux
pans T.
Parallèle aux côtés
C du prisme ou
aux faces P.
Dans un plan paral-
lèle aux bases.
Parallèle aux pans
T du prisme, per-
pendiculaire à la
base.
Dans le plan des
bases P.
Rapport des Axes
Atx faces.
Forme
primitive.
Naturede
LA P^fRACT.
Formant des angles Prisme
égaux de part et droit à base
d'autre des faces rectangle.
T.
Faisant des angles
d'incidence A .v'A
A' X A égaux sur
les plans des faces
M.
Faisant des angles
d'incidence égaux
sur les faces T.
Dans le plan
faces T.
des
Prisme
droit à base
rectangle
Prisme
droi t à base
rectangle.
Faisant des angles
d'incidence égaux
sur les faces P des
bases , on sur les
arêtes B.
Attractive.
Répulsive.
Attractive,
Prisme Attractive,
oblique à
base rec-
tangle.
B. Axes symétriqui s autour di s facks stcoNDAiRES.
Chaux sul-
I fatée.
i
a Forme prf-
} aiilivp.
i^Fig. ii-ii.)
b Forme se-
contlarre
(rig.,3.)
Dans le plan des
bases , parallèle à
la diagonale d'un
parallélogramme,
dont les angles
sont égaux à ceux
de la base , et dont
les côtés sont d.Tns
lerapp.de 12: Sg.
Fig. 12.
Parallèle aux côtés
B delabase, ouaux
faces T du prisme
Dans le
bases.
plan des
Formant avec les
faces M et T du
prisTne,ou avec les
côtés B et C de la
base des angles
inégaux , l'un de
16° l'autre de So"
environ.
Fig. 11.
Dans le
bases.
plan des
F. P.
Prisme
droit à base
parallèlo-
grammiqu
non rec-
tangle.
Formant des angles
égaux de part et
d'autre des faces
secondaires T.
F. S.
Prisme
dioitàbase
parallèlo-
grammiiju.
non rec-
tangle.
^. PMH3
S-pM/
Attractive.
RÉFRACTION ET LA FORME DES CRISTAUX. 5^
Mr. Brewster ayant fait un tableau qui se trouve
compris cîans le nôtre , mais qui est relatif seulement au
nombre des axes réels ou hypothétiques , en a déduit
une conséquence fort belle ; elle est étayée par un assez
grand nombre de faits pour qu'on puisse espérer de la
voir se généraliser ; la voici :
i.*' Tuus les cristaux qui n'oflFrent qu'un seul axe de
double réfraction ont des formes primitives telles , que les
faces qui entourent leur axe sont toutes semblablement
disposées par rapport à lui; ces formes sont le rhomboïde ,
le prisme hexaèdre régulier j Voctaèdre isocèle à base
carrée et le prisme droit à base carrée (i). Mr. Brewster
ajoute encore à ces quatre , le dodécaèdre bipyramidal
pour le quarz et le plom.b phosphaté dL\x\(\\XG\s Mr. Haûy
attribue maintenant un rhomboïde ;
2.° Tous les autres cristaux (les formes limites ex-
ceptées) ont deux axes de double réfraction (2).
On peut présenter ces résultats sous une forme qui
soit plus en harmonie avec les lois de la cristallisation
et avec nos propres recherches ; mais auparavant , il n'est
peut-être pas inutile de retracer ici en peu de mots les
principales divisions établies par Mr. Haiiy dans la clas-
sification qu'il a faite des formes primitives non limites ,
(i)Mr. B. faisoit rentrer le prisme à base carrée dans la seconde classe ,
je l'ai replacé dans la première pour des raisons ({ui seront exposées plus
bas.
(2) Mr. B. donne aux formes limites , trois axes liypolhéliques de double
réfraction , nous n'en tenons pas compte ici , parce q^ue les substances dont
1^ réfraction est simple sortent de noire sujet.
4o RAPPORTS ENTRK LES AXÏ!S DE DOUBLR
d'indiquer leurs signes fondamentaux et de rappeler la
loi de symétrie.
Les formes primitives non limites peuvent avoir une ,
deux ou trois différentes espèces de faces. Dans le pre-
mier cas toutes les faces sont égales , la lettre H leur
sert de signe commun ; c'est ce qui a lieu pour le rhont'
hoïde y l'octaèdre à triangles isocèles ou scalènes égaux
et le dodécaèdre bipyramidal. Dans le second cas le so-
lide est composé de deux espèces de faces égales par
paires , mais différentes d'une paire à l'autre ; les paires
d'une même espèce portent le signe P , les autres le signe
ili/. Dans le prisme droit à base rhombe ou carrée , on a
deux paires avec un signe et une troisième paire avec
l'autre. Dans l'octuèdre à base rectangle , on a deux
paires de chaque espèce. Enfin , le troisième cas a lieu
lorsqu'il y a trois espèces de faces égales deux à deux
comme , par exemple , dans le prisme droit à base rec-
tangle , les trois lettres PMT servent à distinguer une
paire de l'autre. Des signes indicateurs du même genre
sont attribués aux côtes et aux angles solides du cristal
générateur , pour les uns, on se sert des consonnes
£, C, D, G,H , pour les autres , des voyelles ^4 , Ë, O, e.
La plupart des cristaux observés dans la natiu-e sont
des formes secondaires produites sur le solide fonda-
mental par un certain grouppement de molécules qui
a lieu tantôt parallèlement aux arêtes , tantôt oblique-
ment à elles , c'est-à-dire sur les angles. La loi de sy-
métrie veut que lorsqu'une face secondaire est produite
ainsi par un dccroisseraenj: quelconque , le même dé-
néFRACTION ET LA FOTIME DES CRtSTAUX. 4l
croissement ait aussi lieu sur tous les côtés ou angles
semblables à celui qui a d'abord été modifié. Il en résulte
que la forme primitive est masquée en tout ou en partie
par des faces additionnelles qui , dans le premier cas »
produisent de nouveaux solides , dont on peut déduire la
véritable forme primitive par des lois ordinairement fort
simples. On trouvera , dans la suite de ce travail , quel-
ques développemens relatifs à ce que nous venons de
dire.
Voici maintenant sous quelle forme on peut pré-
senter la loi qui résidte des observations de Mr. Brewster.
i.^ Le cas d'un seul axe de double réfraction n'a lieu
que lorsque les cristaux sont, ou peuvent être ramenés
à des formes primitives n'ayant qu'une seule espèce de
faces P symétriquement disposées autour de \axe du
noyau. Ces formes ont été nommées plus haut ; obser-
vons seulement ici que le prisme hexaèdre régulier qui a
deux espèces de faces et qui se présente très-fréquemment
comme forme secondaire peut être regardé comme ayant
été produit sur un noyau rhomboidal hypothétique (i),
et que le prisme droit à base carrée se déduit aussi avec
la plus grande facilité d'un octaèdre à base du même
genre. Le dodécaèdre bipyrainidat considéré comme
forme primitive rentre ainsi qu'on le voit , dans notre
définition. Le point essentiel est que les faces qui en-
(i; On pourroit aussi ramener le prisme hexaèdre à un dodécaèdre bipy-
ramidal par un décroissemer.l produit sur tous Us bords de ses bases.
Htm. de la Soc. de Fhys. et d'H. nat T. I."
6
;-«'
42 RAPPOnTS ENTRE LES AXES DE DOUBt.E
tourent Vaxe de ces différens solides sont toutes sem-
blablement disposées par rapport à lui , et par conséquent
par rapport à l'axe de double rétraction qui se confond
toujours ici avec le premier.
2.** Le cas de deux axes de doulîle réfraction a lien
toutes les fois que la forme primitive a au moins deux
espèces de faces qui ne peuvent être ramenées aux so-
lides précédons. Ce cas a encore lieu lorsque ny ayant
qu'une seule espèce de faces , elles sont dissemblable^
ment situées par rapport à Vaxe , comme dans Y octaèdre à
base rhomboïdale. On a dans cet octaèdre huit triangles
scalènes égaux , mais dont quatre sont placés dans un
certain sens relativement à la diagonale , tandis que les
quatre autres suivent un sens opposé : l'influence de cette
forme sur les phénomènes optiques se fait apercevoir
dans le soufre transparent que Mr. Brewster a soumis à
l'observation et qui lui a présenté les deux axes distinct-
tement séparés.
Quelques exceptions viennent s'opposer à la générali-'
sation de ces résultats , il est probable cependant que des
recherches plus étendues finiront par les faire dispa-
roître. Selon Mr. Brewster les carbonates de Baryte et de
Strontiane ont deux axes (i) ; selon Mr. Haiiy , leur
forme primitive est un rhomboïde ; nous n'avons pas pu
(i) Mr. Brewster «'étant servi à ce qu'il paroît du grand traité de mi-
néralogie , indique pour forme primitive de ces substances le prisme
hexaèdre ; mais la diiSculté est la même vu le rapport qui existe entre
cette forme et celle qu'a dé&niiivemem adoptée Mr. Haiiy.
RÉFRACTION ET LA FORME DES CRISTAUX. 43
confirmer la première assertion à cause de la rareté des
deux substances, mais en supposant le fait incontestable,
je ne vois pas comment on pourra le concilier avec les
résultats de la cristallographie qui de leur côté paroissent
décisifs. Cette difficulté n'est pas la seule , Mr. Brewster
croit devoir, en outre, faire sortir de la première classe
le prisme droit à base carrée pour le placer dans la se-
conde, en raison du nombre de cas dans lesquels il y a
reconnu l'existence des deux axes. J'ai préféré rétablir la
loi des faces symétriques autour de \axe dans toute sa
généralité , parce que , parmi les exceptions données par
Mr. Brewster , les vmes n'existent plus et que les autres
paroissent susceptibles de quelques mudifications. D'ail-
leurs un grand nombre de substances qui affectent cette
forme n'offrent qu'un seul axe de double réfraction , l'ido-
crase, l'urane oxidé, le titane oxidé en sont des exemples.
Nous avons dit : i.'* que le nombre des exceptions dimi-
nuoit , témoin la mésotype sur laquelle rouloit la prin-
cipale difficulté , cette substance qui lors de l'époque oh
parut le mémoire de Mr. Brewster étoit regardée comme
appartenant au prisme droit à base carrée, est douée de
deux axes; résultat rendu nécessaire par le changement qu'a
subi sa forme primitive (i). Nous avons dit 2.° que quant
aux autres exceptions, on pouvoit espérer quelque chan-
(i) Mr. Hauy avoit d'abord adopté le prisme à base carrée si la forme
primitive de cette substance, mais depuis peu et indépendamment de toute
considération optique , ce savant célèbre a trouvé que la véritable forme
étoit un prisme droit à base rhomboïdalc , solide , qui d'après notre dé-
finition comporte deux axes , ensorte que la contradictioa n'existe plus.
44 RAPPOHTS ENTRE LES AXES DE DOUBLE
gement ; en effet , les substances à base carrée , dans les-
quelles Mr. Brewster a trouvé deux axes , sont des sels
chimiques difficiles à étudier sous le double point de vue
de la cristallographie et de l'optique et qui par cela même
permettent de croire qu'après un nouvel examen on verra
disparoître les anomalies quils présentent. Enfin , les
micas sur lesquels Mr. Biot a fait tant d'observations re-
marquables et qui sont consignées principalement dans
les mémoires de l'Académie royale des sciences, Tom. I.",
offrent une troisième difficidté plus embarrassante que
les précédentes dans l'état actuel de la science. Sur des
échantillons auxquels jusqu'à présent on a donné la même
forme primitive et qu'on a considérés comme appartenans
à la même espèce , ce célèbre physicien a observé tantôt
un axe de double réfraction , tantôt deux dont l'écarté-'
ment est variable. Nous reviendrons plus tard sur cette
dernière substance , elle mérite à plus d'un égard de fixer
l'attention du physicien et du minéralogiste (i).
Si la règle qui établit un rapport entre le nombre des
(i) Tout ce passage existe dans le mantiscrit déposé sur le bureau de la
Société philomatique , en Février 1820, manuscrit qui se trouve actuel-
lement entre les mains de MM. Biot, Cauchy et Arago rapporteurs
du mémoire , je n'ai pas cru devoir le changer quoique Mr. Brewster ait
depuis peu rectifié l'anomalie An prisme droit à base carrée ; je dois cepen-
dant dire ici que Mr. Brewster avoit dès l'origine pressenti que cette ano-
malie disparoitroit de sa loi , après de nouvelles observations , et quoique
les modifications que ce savant physiciea a faites à sou travail , soient
postérieures à la lecture de ce mémoire, on doit les considérer comme en
tant toui-a-fait indépendantes , puisque je n'ai jusqu'à présent rien publié
sur cette matière.
nÉFRACTION ET LA FORMK DES CRISTAUX. 45
axes et la forme primitive présente encore quelques points
à éclaii'cir , quelques objections à résoudre ; celle de la
position symétrique des mêmes axes autour de certaines
faces primitives ou secondaires des cristaux, n'en a point
offert jusqu'à présent. Il est à croire qu'il en sera de même
pour les observations quon pourra faire dans la suite.
C'est en effet une conséquence naturelle des lois de la
cristallisation et de la position symétrique des axes autour
de la ligne moyenne.
La symétrie que nous cherchons à établir est rendue
évidente par le tableau qui précède. On y voit que les
axes de double réfraction sont toujours en rapport avec
les faces du cristal primitif, et ce rapport a lieu, soit dans
la position de leur plan , soit dans la direction de leur
ligne moyenne ; cette ligne a des relations semblables
avec les faces semblables de chaque paire ; nous n'avons
pas donné sur sa position relative tous les détails qu'on
pourroit désirer dans un tableau général , parce que ses
rapports avec un ordre de faces étant connus , on en dé-
duit les autres avec la plus grande facilité. Prenons pour
exemple la cymophane , nous avons dit que sa ligne
moyenne étoit parallèle aux arêtes du prisme ; cette seule
donnée suffit avec la forme du cristal pour voir que la
ligne moyenne est aussi parallèle aux faces Met '_r et
qu'elle est perpendiculaire aux bases P , etc. La chaux
sulfatée et le fer phosphaté (i) ne présentent un rapport
(i) Des raisons étrangères à ce travail nous ont fait diflërer de publier les
résultats relatifs à cette dernière substance.
46 RAPPOnTS ENTRE LES AXES DE DOUBLE
avec les phénomènes optiques qu'en les convertissant
en cristaux secondaires , mais comme ces nouvelles formes
résultent des lois mêmes de la cristallisation , et qu'on en
peut déduire la véritable forme primitive , cette espèce
d'anomalie rentre dans la loi générale de symétrie et ne
peut pas être regardée comme une exception.
D sera peut-être utile d'entrer maintenant dans quel-
ques détails ultérieurs ; en observant avant tout que ce
travail est fondé sur des expériences de Mr. Biot , et qu'il
repose en outre sur des considérations dont les premières
idées lui appartiennent. Je dois les unes et les autres à
une complaisance aussi précieuse que peu commune et
dont je ne saurois trop témoigner ici toute ma recon-
noissance (i).
ToPASE. [Silice fluatée Alumineuse ^ Haûy).
Mr. Biot ayant soumis à l'expérience , divers échan-
tillons de ce minéral a trouvé que l'angle des axes de
double réfraction est sujet à varier d'un échantillon à
l'autre , lorsque la substance n'est pas tout-à-fait pure 5
tandis qu'il paroît demeurer constant dans des mor-
ceaux parfaitement hmpides. Les variations dans l'écarte-
(1) Le rapport de symétrie déjà sensible relativement aux faces du solide
primitif, se fait bien mieux sentir par la transformation du noyau en un
cristal secondaire , dans lequel la ligne moyenne consene la même po-
sition relative , c'est-à-dire , est parallèle à l'axe du cristal. Nous verrons
plus bas que toutes les substances que nous avons étudiées sont susceptibles
d'être ramenées à une forme commune , rigoureuse , ou très-approximative
et qui satisfait à cette condition.
RÉFRACTION ET LA FORME DES CRISTAUX. 'ij
ment des axes n'influent point sur leur position symétrique,
comme on peut s'en assurer en consultant les figures et
le tableau. Voyons maintenant de quelle manière nous
avons procédé pour déterminer cette position. Après avoir
clivé un cristal de topase incolore du Brésil parallèlement
aux bases des pyramides, Mr. Biot a déterminé au moyen
des caractères de polarisation , qu'il a fait connoître dans
ses ouvrages , la ligne d'intersection de la base par le plan
des axes qui lui est perpendiculaire , et a tracé cette
ligne sur la lame qu'il observoit.
I^ig. I , 2. En comparant l'intersection donnée 00'
avec les faces latérales du cristal j'ai facilement pu recon-
noître qu'elle étoit parallèle aux arêtes de jonction des
faces P (i) et que la ligne moyenne , perpendiculaire au
plan de clivage , devoit en conséquence passer par Vaxe
même du noyau. De cette double relation il résulte que les
axes ^X , AX , forment des angles égaux de part et
d'autre des faces M, quelque soit d'ailleurs leur degré
d'écartement. Un échantillon bien pur provenant du
Brésil présente des axes situés à très-peu près dans le plan
même des faces Ji, puisque leur distance de la ligne
moyenne est pour chacun d'eux d'environ 28° , 3o' et
(i) Mr. Biot a iaséré dans le bulletin des sciences de la Société philo-
matique , Février 1820, une note sur des topases , dans lesquelles outre la
variation déjà observée sur l'écartement des axes , il a trouvé de plus une
intensité de réfraction beaucoup plus grande qu'à l'ordinaire ; cette ditfé-
rence qui tient peut-être à quelque changement de composition , n'infitte
en rien sur les rapports de symétrie , comjne Mr. Biot l'observe lui-
même.
48 BAPPOHTS ENTRE LES AXES DE DOUBLE
que l'incidence de M sur la face de retour est de $7°,
^8' (i).
La forme primitive de la Topase telle qu'elle est donnée
par Mr. Haiiy dans son tableau comparatif est un oc-
taèdre rectangulaire dans lequel l'incidence de P sur P'
est de 88°, 2', et celle de ilf sur M de 122" , 42', {fig. i ,
lab. comp., p. 17).
En supposant que l'ancienne forme primitive fut la
véritable , on y reconnoîtroit aisément des rapports de
symétrie analogues à ceux que nous avons donnés pour
les prismes droits rhomboïdaux.
Arragonite.
Forme primitive. Octaèdre rectangidaire , dans lequel
l'incidence de J/sur M est de 11 5°, 56' et celle de P sur
P, de 109°, 28'. {Tabl. comp., pag. 6, fig. 3).
Une lame d'arragonite extraite d'un cristal parfaite-
ment pur d'Auvergne , a fourni à Mr. Biot le moyen de
déterminer avec certitude la position du plan des axes.
La section de ce plan sur la lame ( qui est elle même
taillée perpendiculairement à la base de l'octaèdre pri-
mitif) se trouve passer par la grande diagonale ou axe
du noyau. Voici comment je m'en suis assuré. La ligne
d'intersection tracée à l'encre sur le cristal par Mr. Biot ,
passe au milieu des angles aigus d'un rhombe formé par
la rencontre de lames naturelles de clivage. J'ai mesuré
{\) On doit se rappeler que les axes de double réfraction ont leur angle
d'écartement partagé en deux parties égales par la ligne moyenne et que
celle-ci qui n'est autre chose ici que Xaxe du cristal , passe par le milieu de
l'angle qui mesure Tiucidence des faces M.
RÉFRACTION ET LA FORME DES CRISTAUX. 4g
avec attention les angles de ce rhombe , ils se sont trouvés
être de ii6° et 64°, c'est-à-dire, précisément ceux qui me-
surent l'incidence des faces iWentr'eUes.
J^. 3. L'axe EE qui aboutit aux deux angles aigus
du rhombe en question , se confond par conséquent avec
la ligne d'intersection , sur la position de laquelle il ne
reste plus aucun doute. De plus, comme le plan des axes
est perpendiculaire à la section Ea Ed. {Fig. 3, 4),
il en résulte que la ligne moyenne est parallèle aux arêtes
de jonction des faces M , c'est cette ligne que Malus
croyoit être l'axe même de double réfraction , erreur facile
à commettre, à cause du peu d'écartement des lignes dans
lesquelles la double réfraction est nulle ; erreur pour ainsi
dire inévitable , à une époque où la possibilité de l'exis-
tence de deux axes n'étoit pas même soupçonnée.
On pouvoit conclure de cette expérience faite sur un
cristal simple que , lorsqu'on en viendi'oit à étudier des
prismes hexèadres composés de la juxta-position de plu-
sieurs octaèdres primitifs , la ligne moyenne demeureroit
constamment parallèle aux arêtes du prisme , tandis que
la direction du plan des axes varieroit avec la position des
diagonales de chaque cristtd composant. C'est en effet
ce que l'expérience a démontré , Mr. Biot a fait tailler
en plaque parallèlement à la base , l'extrémité d'un cristal
d'arragonite d'Espagne (i) , et a soiunis la lame extraite
(i) Les cristaux d'arragonite d'Espagne étant ordinairement mariés au
centre, ne peuvent être étudiés avec quelqu'exactitude , qu'en les observant
Uès-piès de leurs bases.
Mém. de la Soc. de Phys. et d'H. nat. T. I. 7
5o RAPPORTS ENTRE LFS AXES DE DOUBLB
de cette opération à une suite d'expériences , qui ont toutes
donné une ligne moyenne perpendiculaire au cristal 5
mais les lignes d'intersection des plans des axes variant
de position sur la lame, à mesure qu'on observoit une autre
position du cristal, chacune d'elles s'est trouvée parallèle
à l'une des diagonales des octaèdres partiels qui par leur
aggrégation forment le prisme hexaèdre composé.
Ces variations , qui au premier coup-d'œil ont paru en
opposition avec le système de cristallisation adopté par
Mr. Haiiy pour l'arragonite , viennent au contraire à son
appui par leur constante symétrie et par la considéra-
tion que la plupart des cristaux d'arragonite ne sont
pas simples , mais sont les résultats de grouppemens
particuliers.
L'olîjection qu'en tire Mr. Brewster contre la forme
primitive octaèdre ne nous paroît donc pas concluante :
Dans quelques arragonites , dit - il , le prismç hexaèdre
« est composé de parties irrégulières ; d'un côté le plan
» des axes prend une certaine direction, de l'autre il en
» prend une toute différente ; si l'arragonite n'avoit qu'un
» axe , l'explication ingénieuse de Mr. Haiiy sur la struc-
)> ture de cette substance seroit admissible, mais la posi-
» tion dissimétrique des deux axes de double réfraction
» autour de Vaxe du prisme est radicalement incompa-
» tible avec la forme primitive qui lui est assignée (i).b
Telle est en substance l'opinion de Mr. Brewster , ce que
nous avons dit plus haut sert à la combattre ; le rapport.
(i) Voyez le 3.° volume du Plidosophical , Edimbourg Journal j p. 6,
Cette observation est antérieure à la précédente.
RÉFRACTION ET LA FORME DES CRISTAUX. 5l
de symétrie ne doit pas être cherché dans un cristal
dont les parties ne forment pas un tout homogène et
qui par cela même doi^'ent agir sur la lumière indépen-
damment les unes des autres.
La forme primitive de Mr. le Comte de Bournon est
un prisme droit à base rhomboïdale , cette forme qui
n'est point incompatible avec celle de Mr. Haiiy , ( puis-
quelles peuvent aisément se déduire l'une de l'autre ) ,
convient comme celle que nous avons adoptée à tous les
phénomènes dont nous venons de donner ici le détail.
Les axes de double réfraction sont écartés d'environ 9°
chacun de la ligne moyenne , selon les observations de
Mr. Brewster. La loi des sinus donnée par Mr. Biot a
présenté le même résvdtat dans le cristal dont nous a^ ons
parlé. Comme la hgne moyenne est perpendiculaire à la
section principale , et passe dans le plan de la base , il est
évident {fig- 4), que les axes font avec les faces M , des
angles E A'^ ^ EA'X égaux entr'eux; peut-être existe-
t-il des faces secondaires dont l'incidence réciproque est
telle que les axes passent dans levir plan , mais si ce cas
particulier se présentoit, il n'ajouteroit que peu de chose
à la confirmation du rapport de symétrie que nous cher-
chons à établir.
La constitution optique de l'arragonite complètement
d'accord avec son système de cristallisation, soit par rapport
au nombre des axes , soit par rapport à la position de
leur- plan , démontre plus que jamais i'impossibihté qu'il y
a de réunir cette substance à la chaux carbonatée 5 mais
la séparation des deux espèces est trop généralement
5b rapports entre les axes de double
atloptée aujourdimi pour qu'il soit nécessaire de la mo-
tiver ici par de nouveaux argumens , d'autant plus qu'on
a reconnu dès l'abord, dans l'action de la chaux car-
bonatée et de l'arragonite siu-la lumière, des pliénomènes
incompatibles.
Mica rhomboïdal,
Nous devons aux importantes recherches de Mr. Biot
sur cette substance plusieiu-s résultats remarquables (i).
Les principaux sont , la variation du nombre des axes et
les ditïérences qui existent dans leur écartement , suivant
la nature des lames observées. Une seule chose est com-
mune à tous les micas , c'est la perpendicularité du plan
des axes sur la base du cristal primitif; car , quant à sa
direction , nous allons voir naître encore une troisième
difficulté. Dans les micas à deux axes , qui sont ceux
qui nous occupent maintenant , la ligne moyenne étant
perpendiculaire aux deux diagonales de la base, on a pour
l'incidence des axes sur la base des angles P'X'E, P'XE
{Fig. 5), égaux entr'eux, quelque soit d'ailleurs la di-
rection de la ligne d'intersection ; Mr. Biot avoit observé
que cette ligne paroissoit tantôt passer selon la petite
diagonale , tantôt selon la grande ; cette espèce d'osciUa-
tion entre deux positions rectangidaires étoit peu natu-
relle à admettre ; l'existence d'un clivage surnuméraire
faisant avec la petite diagonale des angles de 3o° et que
(i) Consultez à ce sujet le beau mémoire sur l'utilité des lois de la pola-;
risation de la lumière , inséré dans le Tom. !•«' des Mémoires de l'Académie
Royale des sciences , an. 1816
RÉFRACTION ET LA FORME DES CRISTAUX. 55
Mr. Biot a observé sur un grand nombre d'échantillons ,
nous donne la clef du phénomène (i).
En effet , ce clivage peut être confondu avec celui qui
donne la véritable forme primitive , puisque la seule dif-
férence est qu'il produit les angles de 60" là où sont les
angles de 120°, et vice versa (2). On peut conclure de
là que la grandeur des diagonales varie seule suivant la
manière dont on a clivé la lame, tandis que la position
de la ligne d'intersection ou du plan des axes est inva-
riable ; mais il en résulte du doute sur la véritable place
qu'on doit lui assigner , voici les raisons qui m'ont déter-
miné à préférer la grande diagonale , raisons peu fortes ,
il est vrai , mais qu'on peut cependant adopter jusqu'à ce
que de plus concluantes viennent à les appuyer ou à les
combattre (3).
(i) Ce clivage a lieu parallèlement à des faces secondaires qui seroient
données par le décroissement décroissement ^G^jqui reproduit la forme
primitive.
(2) La figure i4 servira à faire comprendre l'espèce de métastase dont
il est question ici. Le rliombe EAEA représente la forme primitive vue
par sa base •, G G est la ligne d'intersection passant par la grande diagonale.
Le rhombe EHEH est celui que produit le décroissement ^G^ ; on voit
que la ligne d'intersection passe par la petite diagonale.
(3) Un nouveau travail que j'ai fait sur les micas me semble confirmer
l'existence du plan des axes dans l'une et dans l'autre diagonale ; l'opinion
de Mr. Biot sur la possibilité qu'il existe plusieurs espèces confondues dans
le genre mica acquiert par ce fait même une nouvelle force. Mais cette
distinction à faire entre des substances différentes sort de notre sujet , et
nous ne nous attachons ici qu'à prouver la symétrie des axes dans la seule
espèce de mica , dont la forme primitive paroît être celle que Mr. Haiiy
a donnée dans son traité, (/^o/ez la noie à la fin du Mémoire.)
54 RAPPORTS ENTRE LES AXES DE DOUBLE
Parmi les nombreux échanlillons que possède Mr. Biot ,
deux ou trois offrent dans l'épaisseur de leurs lames des
infiltrations ferrugineuses ayant la forme du rhombe pri-
mitif; l'intersection du plan des axes passe par la grande
diagonale de ces rhombes, et comme U est naturel de penser
que des infiltrations ont lieu parallèlement aux faces pri-
mitives plutôt que parallèlement à un clivage supplémen-
taire qui est toujours moins net, j'ai cru pouvoir en inférer
que c'étoit la véritable position du plan. Si de nouvelles
observations prouvent que le contraire a lieu , ce sera
une correction à faire dans notre tableau, mais le rapport
de symétrie qui seul nous importe ici , n'en sera nullement
affecté (i).
La forme primitive du mica , telle qu elle a été déter-
minée par Mr. Haiiy est un prisme droit à base rhomboï-
dale dont les côtés font entr'eux des angles de 60" et 120°.
Cette forme est parfaitement compatible avec l'existence
des deux axes ; et si on la convertit par le décroissement
A E Jig, 1 5 ^ en un octaèdre rectangulaire , on apercevra
clairement le rapport de symétrie. Dans ce cas, les axes
font de part et d autre des faces secondaires et des angles
égaux entreux , tandis que la ligne moyenne passe par
\axe.
Mais parmi les cristaux observés par Mr. Biot , surtout
parmi ceux du Vésuve , il en est dans lesquels les deux
(i) Depuis la rédaction de ce mémoire je me suis assuré que dans les
micas dont la forme paroît être celui du prisme droit rhomboïde , le
plan des axes est parallèle aux grandes diagonales.
BÉPRACTION ET LA FORME DES CRISTAUX. 55
axes disparoissent pour n'en plus foriBer qu'un seul ; dans
ce cas , il y a contradiction avec la forme primitive rhom-
boïdale. Si ces cristaux analysés avec soin offrent préci-
sément la même composition que ceux à deux axes , si d'un
autre côté le prisme rhombe est la seule forme primitive
qu'on puisse leur attribuer, la contradiction est évidente,
et c'est une nouvelle exception à la généralité de la loi de^
Mr. Brew^ster (i). Mais comme les formes secondaires du
mica du Vésuve peuvent être attribuées à un hexaèdre
régulier . il est possible que leur analyse vienne s'unir
encore aux caractères physiques pour motiver la création
d'une nouvelle espèce (2).
Nous ne prétendons point ici décider la question sous
le point de vue minéralogique, mais les micas du Vésuve
et de Sibérie considérés par rapport aux phénomènes
physiques qu'ils présentent , doivent être soigneusement
(i) C'est aussi une objection contre le rapport de symétrie , à moins
qu'on ne regarde les deux axes comme séparés , mais d'une quantité angu-
laire assez petite pour que les expériences les plus délicates ne puissent
pas l'accuser.
(a) Mr. Biot dans son mémoire sur l'utilité des lois de la polarisation ,
observe qu'il existe une différence assez constante dans l'analyse des micas
à un axe et à deux , tous ceux d'entre ces premiers qu'on a soumis à
l'examen ont offert une quantité notable de magnésie , tandis que les autres
nen ont presque point donné; il seroit donc utile qu'on fit des recherches
du même genre sur le mica du Vésuve , elles trancheroient la question.
Peut-être trouveroit-on aussi un moyen sûr de distinguer les genres talc
et mica , le premier seroit magnésien , n'auroit qu'un axe et l'hexaèdre
pour forme primitive ; le second n'auroit point de magnésie en quantité
notable , auroit deux axes et le rhombe pour forme primitive.
56 RAPPORTS ENTRE LES AXES DE DOUBLE
distingués ; deux substances qui produisent des effets
différens sont, physiquement parlant, différemment cons-
tituées. Quant à la séparation des espèces minéralogiques ,
l'action seule des corps sur la lumière ne nous paruît pas
suffire pour la déterminer. Tant qu'il restera quelques diffi-
cultés sur la généralisation des lois qui nous occupent,
il faudra tenir compte des résultats de la cristallisation et
de l'analise.
Baryte sulfatée.
Forme primitive, fig. 6. Prisme droit à bases rhombes
dans lequel les angles du prisme sont de loi^Ss' et 78"
26', le rapport des côtés B et G est à peu près celui des
nombres 45 : 46 tab. comparatif, p. 53.
Mr. Biot s'est procuré des cristaux bien purs de Baryte
sulfatée d Auvergne ; après les avoir clivés et soumis aux
observations accoutumées , il a trouvé que leur ligne
moyenne étoit parallèle à la petite diagonale de la base.
Nous nous sommes- assurés que le plan des axes étoit per-
pendiculaire aux bases en observant qu'il coupoit à angles
droits les arrêtes de jonction des faces d et P, d'un cristal
secondaire appartenant à la variété époinlèe. Quant aux
axes, ils forment sur le prolongement des bases, des angles
égaux à ceux qui mesurent leur écartemeut de la ligne
moyenne, savoir ^P'^' = P"^'^"=i"'^'^"==^'/"'-^,
fig. 7. Pour rendre le raport de symétrie plus sensible et
le ramener à ce qu'il est dans la topase ou l'arragonite ,
îl faut convertir le prisme en un octaèdre à base rectan-
gulaire dont le signe soit ^^, fi,g. 16 , savoir la variété
RÉPRACTION ET LA rOTlME DES CRISTAUX. 67
binaire raccourcie de Mr. Haiiy , la ligne moyenne A' A"
devient \axe du cristal; c'est elle cjue iMalus indique pour
son axe douljle réfraction ; les deux véritables axes
sont alors également éloignés des faces d, et s'écartent
d'environ 18° 3o' de la ligne moyenne , d après Mr.
Brewster.
Péridoté
Forme primitive , Jîg. 8. Prisme droit à bases rec-
tangles , les côtés B, C t G sont entr'eux comme les
nombres 11, 14, 25. Tableau comp. page 62.
M'étant procuré un cristal de Péridot sur lequel les stries
qui sont propres aux faces ikfétoient très-visibles, et qui
renfermoit en outre dans son intérieur de forts indices
du clivage parallèle à T, je l'ai remis à Mr. Biot qui l'a
fait tailler dans le sens des bases , et qui a trouvé que le
plan des axes leur est parallèle. Les axes en se croisant
forment entr'eux un angle très-rapproché du droit , en
sorte quil est difficile de déterminer la position de la
ligne moyenne ; nous nous sommes cependant assurés
quelle est située dans le sens du clivage 7'; par consé-
quent les axes font sur les arêtes B ou les faces T du
prisme des angles dincidence égaux entr'eux et égaux à
ceux qui mesurent leur écartement de la ligne moyenne.
La forme primitive du péridot est un premier exemple
d'un solide à trois ordres de faces, égales deux à deux
P, AI, T ; solide susceptible d'être ramené à un cristal «le
deux paires de faces seulement ; en etïet, les quatre arêtes
G étant égales et semislablement placées, subissent simul"
Mém. de la Soc. de F/iy^. et d H. nat. T. 1." 8
58 RAPPORTS ENTRE LE3 AXES DE DOUBLE
tauémentua décroissejnent qui produit quatre faces égales,
sous lesquelles disparoissent les faces M et Z" du prisme.
Cette transformation rend le rapport de symétrie encore
plus sensible , vu que la ligne moyenne passe par la pe-
tite diagonale , et que les axes tout de part et d'autre des
faces secondaires n des angles égaux. Le nouveau cristal
a lui-même pour signe ^ ^ ■> fi g. 17. C'est un prisme droit
à base rhombe.
La stilbite et la cymophane dont les formes primitives
sont du même ordre que celle qui nous occupe, préseu-
sentent comme le péridot un rapport évident de symi trie :
prouvons-le encore pour la cymophane , il seroit peu né-
cessaire d'entrer (ians de plus grands détails sur des formes
aussi régulières et dans lesquelles les phénomènes opti-
ques se présentent avec aussi peu de difficultés j l'exemple
que nous venons de voir et ceux qui vont suivre suffisent
pour donner une idée complète de l'action des prismes
droits à bases rectangles sur les rayons réfractés.
Cymophane.
Forme primitive , fig. 9. Prisme droit à base rectan-
gulaire, dans lequel les côtés B,C,G, soi>t entr'eux comme
les nombres 26, 17, i4; TiJjl. comp. , page 3o.
Les faces Al sont comme dans le péridot chargées de
stries naturelles et même on aperçoit assez distinctement
le clivage parallèle k T ; c'est dans le plan de ce clivage ,
c'est-à-dire perpendiculaii'ement à la base , que passe le
plan des axes. La ligne moyenne se trouve dune être pa-
RÉFRACTION ET LA FORME DES CRISTAUX. 69
rallèle aux arêtes et aux faces du prisme. Les axes peu
écartés l'un de l'autre font sur le plan de la base des
angles d'incidence égaux.
La forme primitive est susceptible d être ramenée à un
solide à deux ordres de faces tel que le cristal secon-
daire ^ ^ , fig- 1 8. On aiu"a alors la ligne moyenne parallèle
à la petite diagonale de la base, et les axes symétriques au-
tour des faces secondaires o ; ces résultats sont dé-
duits ainsi que les précédens d'observations faites par
Mr. Biot.
Chaux anhydro- sulfatée.
Forme primitive. Prisme droit à bases rectangles dans
lequel les arêtes B , C, G , fig. 9 bis, sont entr'elles
comme les nombres 10, 12 , 9. Mémoires du Muséum ,
I." vol.
Mr. Biot qui vient de faire des recherches nouvelles
sur l'anhydrite , a bien voulu m'en communiquer les
principaux résultats ; nous allons les trouver tout-à-fait
conformes à ce que nous avons dit jusqu'à présent. Le
plan des axes est dans celui des bases , et la ligne moyenne
est parallèle aux arêtes C , car elle passe au milieu d'an-
gles obtus formés par la rencontre des lignes du clivage
surnuméraire indiquées dans le inémoire de Mr. Haiiy ;
il en résulte que les axes font des angles d'incidence
égaux sur les arêtes B ou les faces T qui leur corres-
pondent. Le clivage surnuméraii-e qui est très-visii)le sur
la plupart des cristaux, correspond au décroissement 'G';
6o RAPPORTS F.NTRE LES AXES BE DOUBLE
en convertissant la forme primiti^ e en un solide à deux
paires de faces au moyen de ce décroissement , on obtient
un prisme droit à base rhombe p'G\ Jjg, ij^ dans lequel
les axes sont symétriques autour de r (i), et enfin si
l'on fait disparoître P par un décroissement sur C on a
\ octaèdre rectangulaire ''^' ^ , flg. i6 (2) , où non-seule-^'
ment la symétrie des axes est conservée, mais où l'on a de
plus la ligne moyenne passant par la diagonale ou axe
du solide. Les cas précédens sont tous susceptibles d'être
ramenés à ce dernier et de pouvoir être comparés par
cela même , à celui qui s'observe dans la topase.
L'intensité de la doujjle réfraction, ainsi que la manière
dont se comportent les axes, ditïèrent beaucoup dans la
chaux anhydro- sulfatée et le gypse ; le seul rapport
qui existe entre ces deux substances est la position du
plan des axes dans la base. Lécartement de la ligne
moyenne , ( pour le minéral qui nous occupe ) n'est que
de 18° 45 46', d'après les expériences et les calculs de
Mr. Biot.
Euclase.
Forme primitive. Prisme oblique à base rectangulaire
dans lequel l'incidence de P sur M est à peu près de i3o°.
(i) Les faces /■ existent dans quelques cristaux secondaires , on subs-
tituera dans la fig. 17 , la lettre /■ à la lettre n. Les phénomènes étant
semblables dans le péridot et la chaux anhydro-sulfatée , les figures de
l'un peuvent servir à l'autre.
{1) On peut se représenier cet octaèdre en prenant celui de la baryte ;
fig. 16 ei eu remplaçaut M par o et d par /•.
KÉFRACTION ET LA FORME DES CRISTAUX. Gl
Mémoire sur la cristallisalion de l' Euclase , par
Mr. Haiiy , Mémoires du Muséum. Flg. lo.
Les nouvelles observations faites par Mr. Biot sur cette
précieuse substance prouvent plus que jamais de quelle
importance est l'étude des phénomènes optiques dans lem*
application aux lois de la cristallisation. En effet , dans
la supposition d'un prisme droit rectangle, première forme
adoptée par Mr. Haliy , on auroit eu un défaut de symé-
trie qui n'existe point ailleurs, la ligne moyenne auroit
passé par l'une des diagonales des faces T et les axes au-
roient correspondu à des faces différentes sous des angles
inégaux : cette discordance auroit signalé l'erreur.
Cette exception à la règle générale qui veut, que dans
tous les cristaux rigoureusement susceptibles d'être ra-
menés à deux paires de faces, les axes soient symétri-
ques, disparoit pour l'euclase , par le fait même du chan-
gement qu'on a fait subir à sa forme primitive. Celle que
Mr. Haiiy a donnée s'accorde parfaitement bien avec les
phénomènes observés; conuïie nous allons le voir.
Mr. Biot a inséré dans le bulletin des sciences , Fé-
vrier 1820 , les résultats de ses recherches. Le plan des
axes est situé dans celui des faces T du prisme , la hgne
moyenne est parallèle aux arêtes B ou au clivage de la
face P. Par conséquent les axes font des angles égaux
de part et d'autre de cette face.
L'Euclase n'est pas susceptible d'être ramenée rigou-
reusement à un solide de deux ordres de faces. Un ue
peut le tajre qu'approximativement.
Avant de terminçr cet article, je vais donner une nou-
02 RAPPORTS ENTRE LES AXES DE DOUBLE
velle preuve de la concordance des phénomènes optiques
avec ceux de la cristallisation. On a décrit sous le nom d'Eu-
clasede Sibérie, une substance verdâtre, très-dure, très-fra-
gile , se clivant en lames minces et qui se trouve tantôt
en cristaux, tantôt en feuillets dans la gangue de la
baikalite. Un minéralogiste habile dont je m'honore
d'être le parent et l'ami, Mr. J. Seguin résidant à Saint-
Pétesboarg , a eu la complaisance de m'envoyer quelques
fragmens de cette sulistance et un modèle de sa crista-
lisation ; le modèle s'étant perdu il ne restoit plus qu'à
consulter le clivage , j'ai voidu pour cela m'en remettre à
la profonde sagacité de Mr. Haiiy, possesseur d un échan-
tillon amorphe de cette substance qu'il avoit déjà depuis
long-temps classée dans l'espèce émeraucle et les mor-
ceaux que j'ai soumis à son examen l'ont pleinement
confirmé dans cette opinion.
On doit se rappeler quil existe des bérils, non-seule-
ment très-fragiles , mais encore susceptibles d'être clivés
en lames très-minces parallèlement, soit à l'aare, soit aux
bases ; s'il est difficile à la simple inspection de les re-
connoître , il n'en est pas de même à l'aide d'observa-
tions sur la réfraction de la lumière. Ces observations
ont de plus l'avantage d'être décisives dans le cas qui
nous occupe. Mr. Biot a bien voulu étudier avec moi la
prétendue Euclase de Sibérie , elle sest trouvée n'avoir
qu un axe de double réfraction ; la croix noii'e et les an-
neaux ayant paru comme dans le béiil ordinaire. 11 est
donc probable maintenant que si l'on trouve des cris-
taux bien déterminés de cette substance dans la baikalite,
RÉFRACTION ET LA FORME DES CRISTAUX. 63
leur forme confirmera la décision que viennent de donner
deux moyens aussi difïérens l'un de l'autre que le cli-
vage et la double réfraction.
J'ai observé que ce béril est essentiellement dychroïte.
Vu par transparence il est d un jaune sale dans le sens
des bases et d'un beau vert perpendiculairement à cette
direction. Lorsqu'on en place un fragment sur un dia-
phragme et qu'on l'étudié au travers dun prisme de
chaux carbonatée, ce dychroïsme devient plus sensible en-
core. Les deux images sont de deux couleurs différentes ,
l'une bleu foncé l'autre jaune, dans la seconde position;
elles sont égales en intensité et en couleur dans la pre-
fnière ; preuve que la double réfraction ne s'opère que
dans un seul sens et que dans l'autre elle est nulle (i)
les rayons étant alors transmis parallèlement à l'axe de
double rétraction comme à celui de cristallisation.
Chaux sulfatée.
Forme primitive. Fig. ii. Prisme droit à base pa-
ralléiogrammique obliquangle de ii3° 8' et 66° Bu'. Les
côtés £, C, Q sont entr'eux comme les nombres i3 ,
l3, 32, Tableau Gompar. , page 8.
Le rapport de symétrie dans cette substance paroît
être d un ordre différent que celui qui s'observe dans les
précédentes. 11 dépend d un décroissement secondaire et
ne peut être saisi relativement au noyau.
(i) Les deux faisceaux sont de la même couleur et de la môme intensité
loiscpe le rayon passe parallèlement à un axe de double réfraction.
64 RAPPORTS EKTRE LES AXES DE DOUBLE
Mr. Biot a depuis long-temps indiqué la véritable position
de la ligne moyenne (i) , il croyoit alors que cette ligne
étoit l'axe même de double réfraction; mais Mr. Brewster
a établi ensuite lexistence des deux axes , écartés l'un de
l'autre denviron 60°. Le premier l'ésultat auquel avoit
été conduit Mr. Biot étoit , pour ainsi dire , inévitable
dans les limites des expériences usitées pour ce genre
d'observations. En effet , l'intensité de la double réfraction
est très-foible pour la chaux sulfatée ; dans le voisinage
de l'axe ce phénomène est insensible et les phénomènes
de polarisation autour de la ligne moyenne sont seinblables
à ceux qui auroient lieu autour d'un axe ; c'est-à-dire que
les relations qu ils ont entr'eux ne diiïèrent pas sensible-
ment dans l'une ou lautre supposition ; il faut , pour que
les différences deviennent visibles , rendre les angles de ré^
fraction très -considérables en augmentant la densité du
premier milieu dans lequel les rayons se meuvent ; c'est-
à-dire quil faut remplacer l'air qui entoure la lame observée
par un liquide très-réfringent. En faisant les observations
de cette manière , Mr. Biot avoit remarqué des phéno-
mènes d'un autre ordre, qui dans l'état donné de la science
ne pouvoient être expliqués. Ce célèbre physicien avoit
donc dû se contenter de consigner fidèlement le résultat
de ses observations dans une table quon peut retrouver
au IV.^ volume de son Traité de Physique , et ces obser-
vations sont si exactes qu'elles se trouvent toutes rigou-
reusement expliquées par la découverte de Mr. Brewster
(i) Traité de physique , toia. IV , pag. 3o.
RÉFRACTION ET LA TORMB DES CRISTAUX. 65
qui lui-même a fait remarquer cette concordance. La loi
des sinus de Mr. Biot pour le cas des deux axes , con-
firme maintenant toutes ces données de l'observation ;
c'est une preuve de plus de la similitude qui a toujours
été trouvée entre les résultats de l'expérience et ceux de
la théorie.
La ligne moyenne coupe, avons -nous dit, en deux
parties inégales les angles aigus de la base {fig. 12). Les
axes de doulJe réfraction font donc des angles inégaux
avec les faces ]M et T du prisme , ou les cotés B ut C
de la base ; cette dissimilitude , (conséquence nécessaire
de la position des axes qui se trouvent rapportés à des
pans dont les dimensions ne sont pas les mêmes) , faisoit
un contraste avec la régularité des rapports de symétrie
jusquà présent observés ; il étoit essentiel de trouver
des faces telles que cette condition fut remplie 5 aidé du
précieux secours de Mr. Biot, j'ai cherché s il n'existoit
point de faces secondaires qui fussent en rapport avec la
ligne moyenne et qui, étant égales en dimensions entr'eUes,
correspondissent également à lun et l'autre axe; cela ne
pouvoit avoir lieu que par un décroissement parallèle à la
ligne moyenne. Ce décroissement qui se déduit des données
mêmes de Mr. Biot , est formé par trois rangées de molé-
cules en largeur à droite de l'ai-ête M. Il en résulte un
prisme droit à base parallélogrammique non rectangle
dont le signe est p^ ^ , fig. i3 , et dans lequel les axes
font des angles d incidence égaux sur les faces ^, de part
et d autre des grands côtés de la base , auxquels la ligne
Mèm. de la Soc. de Phjs. et d'H. nat. T. 1. 9
66 RAPPORTS ENTRE LES AXES DE DOUBLE
moyenne est comme nous l'avons observé parallèle. D est
facile de revenir de ce prisme secondaire au cristal pri-
mitif, par le décroissement très-simple de ^ ^ ' .
Il est possible que parmi les formes analogues à celle
de lEuclase et de la chaux sulfatée (i) , cest-à-dire,
parmi celles qui ne sont pas susceptibles d'être rigoureu-
sement ramenées à un solide de deux genres de faces , il
se trouve plusieurs cas tels que celui qui vient de nous
occuper; il pourra se présenter alors position du plan des axes
telle, quelle nécessitera une construction pour rendre ap-
parent le rapport de symétrie. Cette construction tendra
toujours à rapporter les axes à des faces de même nom ,
qu'on cherchera pour cela parmi les décroissemens pa-
rallèles ou perpendiculaires à la ligne moyenne (2) ,• ce
qui se passe dans le fer phosphaté vient à 1 appui de
cette supposition.
Considérations générales.
Nous avons trouvé que les axes de double réfraction
occupent une position symétrique relativement à de cer-
taines faces d'un cristal primitif ou secondaire ; voyons
s'il n'est pas possible de pousser plus loin ces rappi'o-
chemens.
(i) Si l'on renverse la position delà forme primilive de l'Euclase , c'est-à-
dire , si l'on fait que T devienne la base , on aura une forme absolument da
même genre que celle qui caractérise le noyau primitif du gypse.
(2) Où même il y aura des cas dans lesquels on pourra trouver des faces
secondaires faisant des angles égaux de part et d'autre de la ligne moyenne.
EÉFRACTION KT LA FORME DES CRISTAUX. 67
D'après des lois déjà bien connues et que les travaux
de M/ Biot ont établies , la plus grande ou la moindre
vitesse du rayon réfracté extraordinaire , a lieu dans
une ligne perpendiculaire au plan des axes. Si l'on sup-
pose le cristal sur lequel on fait cette expérience ramené
à un octaèdre rectangulaire dont ïaxe soit la ligne
moyenne, on voit que la ligne de plus grande ou moindre
vitesse fait des angles égaux de part et d'autre des se-
condes faces du cristal , tandis que les axes de double
réfraction sont symétriques aux premières. Ce nouveau
rapport se déduit immédiatement de celui que nous avons
cherché à établir dans ce mémoire.
Prenons pour exemple le mica rhomboïdal ; le plan
des axes passe par la grande diagonale de la base , donc le
plan de la ligne de moindre vitesse (i) est parallèle à la
petite diagonale du même rhombe; cette ligne est per-
pendiculaire aux arêtes H. Si l'on convertit le mica
en l'octaèdre ^ ^, Jjg. i5 , la même ligne v(^' fera de part
d'autre des faces o des angles dincidence égaux , tandis
que les axes seront également écartés des secondes faces d
de l'octaèdre.
Le rapport est plus sensible encore dans la topase ,
parce que pour cette substance il n'y a point de cons-
truction à faire. Le plan des axes est perpendiculaire aux
plans des faces 31, fig. i , celui de la ligne de plus grande
vitesse l'est donc aux plans des faces F , et la ligne elle
(i^ Le mica est répulsif , la topase attractive.
68 RAPPORTS ENTRE LES AXES DE DOUBLE
même fait de prut et d'autre de ces secondes faces de l'oc-
taèdre des angles d'incidence égaux.
Maintenant je mène au sommet d'un octaèdre rectanâu-
laire (i) un plan tel que l'axe lui soit perpendiculaire (2),
ce plan sera parallèle à la base ; je suppose que sur lui ,
tombe un faisceau coiiique de lumière , tel que le sommet
soit au point Afig. 2 1 et que l'écartement de ses côtés soit égal
à celui qu'il faudroit donner à des rayons incidens placés
sur le plan des axes pour qu'ils fussent transmis paral-^
Içlernent aux axes dans le cristal.
Cela étant posé , il est évident qu'il se formera dans le
cristal deux cônes de rayons réfractés ,• l'un aura pour
base un cercle , ce sera celui des rayons réfractés ordi-
naires , l'autre aura pour base une ellipse , ce sera celui
des rayons réfractés extraordinaires. Le cercle et l'ellipse
seront tangens aux points où les axes de double réfracr^
tion viendront à les rencontrer : ces bases ou ces anneaux
de double réfraction seront parallèles à la base même du
cristal; le plus grand écartement de l'ellipse et du cercle
aura toujours lieu à l'intersection du plan de plus grande ou
moindre vitesse; le minimum de l'écartement des rayons
réfractés aura lieu dans le plan des axes , et pour le cas
que nous avons choisi il sera nul , puisque nous faisons
passer le faisceau lumineux , de façon que les rayons qui
se trouvent dans ce plan pénètrent le cristal parallèle-
ment aux axes.
(i) Je suppose que ce soitua cristal attractif ou répulsif indiiTéreniment.
(2) Ce plan est par conséquent perpendiculaij:e à la ligne moyenne AA\
qui se confond avec Xaxe.
BÉFRACTION ET LA FORME DES CRISTAUX. Cg
Pour tous les cristaux à deux axes on aura le même
résultat , la trace des rayons réfractés sur la base sera
circulaire pour le rayon ordinaire , et elliptique pour l'ex-
traordinaire ; pour les cristaux à un seid axe les deux
traces seront circiUaires.
L'ellipse sera inscrite ou circonscrite au cercle selon
que le cristal sera attractif ou répulsif La fïg. 1 9 , pour
la topase , et la jig, 20 pour larragonite , donnent un
exemple de l'un et de l'autre cas.
La trace des rayons réfractés étant variable , mais le
maxiiTium et le minimum de l'écartement ayant lieu sur
des plans rectangulaires, dont l'un est relatif à la symétrie
des axes et dont l'autre contient une ligne symétrique
aux secondes faces de cristal ; on en peut conclure im-
médiatement que les rayons réfractés extraordinaires qui
passent de part et d'autre de la ligne moyenne dans ce
plan, sont aux secondes faces de l'octaèdre, ce que les axes
de double réfraction sont aux premières ; et en effet pour
reprendre le cas particulier de la topase , les faces P étant
à une égale distance de \axe , fig. \ , les angles qu'elles
font avec les rayons réfractés extraordinaires au maximum
décartement sont égaux.
Je iTiène par les axes de double réfraction ^ X, ^ X' ,
fig. 21 , d'un octaèdre attractif quelconque des plans per-
pendiculaires à celui des axes , je fais de même passer
par les rayons réfractés extraordinaires au maximum d e-
(i) Je le prends attractif pour fixer les idées, le même raisouncment a
lieu pour le répulsif.
70 RAPPORTS ENTRE LKS AXES DE DOUBLE
cartement des plans perpendiculaires à celui de plus grande
vitesse et j'obtiens ainsi une pyramide quadrangulaire
qui jointe à celle qu'on peut construire sur la seconde
moitié du cristal , forme un octaèdre à base rectangle
inscrit à celui qui sert de forme prinnitive ou secondaire;
les deux octaèdres ont pour axe commun la ligne
moyenne AA' ; les côtés de leurs bases sont parallèles,
en sorte que les faces correspondantes sont à égale
distance les unes des autres.
Cet octaèdre optique, si je puis m'exprimer ainsi, existe
dans tous les cristaux à deux axes , il nous reste à voir
si ces mêmes cristaux ne peuvent pas être ramenés à des
octaèdres à bases rectangles qui soient en l'apport de sy-
métrie avec le premier.
Pour la topase cette symétrie est évidente , puisqu'elle
existe dans la forme primitive de la substance elle-même.
Pour Xarragonite , quoiqu'elle soit déjà un octaèdre rec-
tangulaire , comme la ligne moyenne est perpendicu-
laire à \axe , il faut construire un autre octaèdre in-
verse du premier ; c'est ce qu'on obtient en remplaçant
les angles A par quatre plans qui fassent disparoître les
faces P et qui soient symétriques aux rayons réfractés
extraordinaires ; par ce moyen la ligne moyenne deviendra
un véritable axe (i).
(i) Pour avoir l'oc/aèrfre en question , il faut ramener la véritable forme
primitive à un prisme droit à base rhomboidale , et sur ce prisme comme
forme primitive vous formerez le solide demandé par les décroissemens ^ ' E'
11 -^^ "
les lettres AtxE indiquent les angles de la base.
RÉFRACTION ET LA FORME DES CRISTAUX. 7 l
Nous avons déjà construit les octaèdres du mica et de
la baryte sulfatée ; passons rapidement en revue les
autres substances.
Dans la chaux anhydro- sulfatée nous ajouterons aux
faces r , autour desquelles les axes sont symétriques ,
quatre autres faces produites sur les côtés C , qui croi-
seront les premières à angle droit et feront disparoître les
bases.
Pour l'octaèdre du péridot nous convertirons le cristal
secondaire ^'^' en un autre ^'<^' qui remplacera Ppar les
quatre faces qui manquent pour compléter le solide.
La Cymophane satisfera aux mêmes conditions par des
décroissemens simultanés sur les arêtes JS et C de la base ,
et ainsi de suite ; on voit qu'il n'y a pas de difficultés
pour tous les cristaux susceptibles d'être ramenés à des
-solides de deux ordres de faces.
Il n'en est pas de même des autres ; l'octaèdre rectan-
gulaire qui en résulte ne peut être qu'approximatif, c'est
le cas de l'Euclase , c'est encore celui de la chaux sulfatée
et du fer phosphaté.
On est obligé pour le gypse de chercher autour des
arêtes G et i/ du prisme, des faces qui soient également
éloignées de la ligne moyenne et qui fassent disparoître
it/ et Z^, puis ensuite de former par un décroissement
intermédiaire d'autres faces sur les angles E telles ,
qu'elles soient autant que possible perpendiculaires aux
précédentes.
Pour satisfaire à la première de ces conditions on voit
72 RAPPORTS ENTRE LES AXES DE DOUBLE
que les décroissemens | g- et H -ff' produisent des faces
m m'
dont l'une est inclinée de 29° 67', et l'autre desg" Sg' sur la
b'gne moyenne , cette différence est presque insensible ,
on pourroit la rendre moindre encore , mais jamais on ne
parviendroit a égaler m à ni'. Les faces de Xoclaèdre optique
qui correspondent aux axes de double réfraction seront
donc aussi près qu'on le voudra d"èti-e également éloignées
des faces secondaires m et m ; et un décroissement inter-
médiaire sur l'angle E produira d'autres faces, symétriques
aux plans du plus grand écartement.
n en est de même pour le fer phosphaté et pour toutes
les substances de cet ordre. Quoiqu'on puisse pousser
l'appi'oximation à l'infini, cette absence de rigueur présente
une difficulté qui peut-être trouvera son explication dans
la suite. Le nouveau rapport de symétrie que nous avons
signalé ici et qui se trouve dans le tableau suivant, étant
rigoureux pour la plupart des cas , paroît mériter quel-
qu'attention malgré ces anomalies.
Nous allons donner l'énoncé de la règle sur laquelle se
fonde notre second tableau. On ne peut pas lui attribuer
le même degré de généralité qu'au premier rapport de
symétrie que nous avons étudié , et surtout on ne doit
pas se hâter d'en tirer une loi qui peut-être seroit ren-
versée par de nouvelles observations. Voici l'énoncé :
Dans tous les cristaux doués de la double réfraction
(étudiés jusqu'à présent), la ligne moyenne passe par
l'axe d'un noyau primitif ou secondaire dont la forme est
un octaèdre rectangulaire rigoureux ou approximatif, et
RÉFRACTION ET LA FORME DES CRTSTAUX. j5
dont les faces ont un rapport de symétrie constant avec
les faces de l'octaèdre optique.
La première règle étoit celle-ci :
Dans tous les cristaux doués de la double réfraction ,
la ligne moyenne et les axes ont un rapport constant
de symétrie avec les faces d'un cristal primitif ou se-
condaire.
Nous montrerons plus bas que tout ce que nous avons
dit sur l'octaèdre optique s'applique aux cristaux à un
axe; dans ceux-ci la forme du solide optique varie, mais
les rapports demeurent les mêmes.
Voici maintenant pour les substances à deux axes, le
tableau des octaèdres rectangulaires symétriques aux oc-
taèdres optiques avec le développement des rapports.
Nous avons suivi le même ordre que dans le précédent ,
seulement nous avons ajouté tout ce qui se rapporte au
plan de plus grande ou moindre vitesse et au rayon ré-
fracté extraordinaire pris à son maximum decartement.
Mém. de la Soc. de Phys. et dH. nat. T. I." lo
74
RAPPORTS ENTRB LES AXES DE DOUBLE
A. Octaèdres reciaiscui.airi s rigoureux.
SOESTANCES.
Topase.
Arragonite.
Mica de
Sibérie.
Baryte sul-
fatée.
Péridot.
Cymopliane
Chauxsulfa
tée anhy
dre.
MOYE>]SC.
Plan des Axes
Parallèle à
Vaxe per-
peudicul.à
la base.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Rapport des
axes alxfa.ces.
Contenaml'ax.
et parall. aux
arêtes de jonc
tien des faces
P.
Cont. Vnxe et
parallèle aux
arêtes de jonc-
tiou des faces
0.
Cont. Vaxe , et
parallèle aux
arêtes de jonc
tion des faces
d.
Cont. Y axe et
parallèle aux
arêtes de jonc-
tion des faces
M.
Cont. Vaxe , et
parallèle aux
arêtes de jonc-
tion des faces
z.
Cont. Vaxe , et
parallèle aux
arêtes de jonc-
tion des faces
cl.
Cont. Vaxe , et
parallèle aux
arêtes de jonc-
lion des faces
Axes faisant de
part et d'autre
des faces M des
angles égaux.
Axes faisant des
angles égaux
de part et d'au-
tre des faces
(P-)
Faisant des an-
gles égaux de
part et d'autre
des faces o.
Angles égaux
autour des fa-
ces d.
Angles égaux de
part et d'autre
des faces n.
Angles égaux de
part et d'autre
des faces o.
Angles égaux
autour des fa-
ces /■.
Plan
de la ligne de
plus grauild ou
moindre Titesse.
Rappokt
des rajons ré-
fractés cxtraor
dinair. au itiaxi
mumd'éearleno
Signe DE
l'octaèdre.
Contenant Tn-v.
et paiall. aux
arêtes de jonc-
tion des faces
M.
Cont. i'ajre , et
parallèle aux
arêtes de jonc-
tion des faces
in
Cont. Yaxe , et
parallèle aux
arêtes de jonc-
lion des faces
o.
Cont. Yaxe , et
parallèle aux
arêtes de joHc-
tion des faces
d.
Cont. Yaxe , et
parallèle aux
arêtes de jonc
tion des faces
n.
Cont. Yaxe , et
parallèle aux
arêtes de joni
tion des faces
Cl.
Cont. Ynxe, et
parallèle aux
arêtes de jonc-
tion des faces
Faisant de part
et d'autre des
faces P des an
gles égaux.
Faisant de part
et d'autre des
faces o des an
gles égaux.
Faisant des an
gles égaux d
part et d'autre
des faces d.
Angles égaux de
part et d'autre
des faces M.
Angles égaux de
part et d'autre
des faces i.
Angles égaux
autour des fa
ces d.
Angles égaux
.lutour des fa-
ces z.
PM.
PM.
Fig. I.
E A
(P) o
A E
d o
Fig. i5.
M A
M d
Fig. i6.
C 'G'
n a
B
d
C 'G'
-
RÉFRACTION ET LA FORME DES CRISTAUX.
75
B. Oc'TAJJDRIîS RECTANGULAIRrS APPROXIMATIFS.
Euclase.
Passant infini-
ContenantlWe
Angles à peu
Contenantl'fljfe
Angles égaux
ment près de
Yaxe , et inG-
niment près
et parall. aux
arêtes de jonc-
tion des faces
près égaux au-
tour des faces
(i6').
et parall. aux
arêtes de jonc-
tion des faces
de part et
d'autre des
faces s.
d'être perpen-
diculaire à la
base.
s.
(66').
Chaux sul-
fatée.
Idem.
Cont. ïaxe , et
parallèle aux
Angles à peu
près égaux de
Cont. Yaxe , et
parallèle aux
Angles égaux
de part et
arêtes de jonc-
tion des faces
part et d'autre
des faces (m/re')
arêtes de jonc-
tion des faces
d'autre des
faces a.
w.
(mm').
Nous venons d'avancer que les cristaux à un axe ren-
trent dans les mêmes rapports de symétrie ; pour faire
mieux sentir ce rapprochement, je suppose qu'on fasse
passer un plan perpendiculairement à Vaxe d'un solide quel-
conque de la première classe , et qu'on fasse tomber un
faisceau conique de lumière au point d intersection. L'an-
neau de double réfraction se formera tout autour de Vaxe
et présentera deux cercles concentriques, dont l'un sera la
trace du rayon réfracté ordinaire , l'autre , celle de l'ex-
traordinaire ; le plan des axes ayant disparu, il n'y a plus
d'ellipse ; sous un même degré d'incidence l'écartement
des rayons réfractés demeure constant.
Mais on peut inscrire ou circonscrire au cercle un po-
lygone régulier quelconque , donc on peut toujours cons-
truire dans le cristal ou sur le cône optique une pyra-
mide à 3 , 4 ou 6 pans, dont toutes les faces seront éga-
76 RAPPORTS ENTRE LES AXES DE DOUBLE
lement distantes des faces du solide primitif; en répétant
la même opération sur la seconde moitié du cristal, on
aura des doubles pyramides symétriques aux formes élé-
mentaires.
I^ig. 22. Soit par exemple la chaux carbonatée , je peux
circonscrire au cercle des rayons réfractés e>i.traordinaires,
un triangle équiialéral dont les côtés seront parallèles aux
faces P. Si je termine la double pyramide trièJre optique,
i'aurai un hexaèdre bipyramidal symétrique au rhumbe.
J^ig. 2.3. Dans Toctaèdre à base carrée du zircon , j'ai
un résultat semblable , je circonscris un carré au cercle
de réfraction extraordinaire, je complète la double pyra-
mide et j'ai un octaèdre optique symétrique au primitif.
Si l'on admet pour forme primitive^î^. 24, du quars,
le dodécaèdre bipyramidal, on voit qu'on peut de même
obtenir un solide optique semblable , et satisfaisant aux
conditions requises.
Nous ne donnons pas au rapport de symétrie pour les
cristaux à un axe le même degré d'importance que pour
ceux à deux, parce qu'il y a plus d'arbitraire dans la cons^
truction du solide optique.
Dans les cristaux à deux axes, il ne peut y avoir qu'une
seule espèce de forme optique, savoir l'octaèdre à base rec-
tangle, parce que le rectangle est la seule figure inscrip-
tible à l'ellipse dont les côtés soient perpendiculaires aux
plans des axes et de plus grande ou moindre vitesse.
Plus les axes seront rapprochés de la ligne moyenne ,
plus l'ellipse s'approchera du cercle ; mais comme le cercle
est un cas particulier de l'ellipse, on voit que le cas d'un
RÉFRACTION ET LA FORME DES CRISTAUX. 77
seul axe rentre dans celui de deux confondus dans la
ligne moyenne, comme le suppose la loi des sinus donnée
par Mr. Biot.
11 résulte de tout ce que nous venons de dire quelques
conséquences pratiques assez utiles pour mériter dêtre
indiquées ici , nous ne prétendons point qu'elles soient
rigoureuses , mais il est probable quelles pourront servir
de guide dans la plupart des recherches qu'on sera appelé
à faire sur le sujet qui nous occupe.
1° Etant donnée \dL forme primitive.
On déduira le nombre des axes de double réfraction
d'après la loi de Mr. Brewster ; on obtiendra la position
de la ligue moyenne et du plan des axes en les cherchant :
Dans l'un des plans perpendiculaires ou parallèles à la
base du noyau, ^oxirXoctaèilre rectangulaire.
Dans la base ou dans l'un des plans perpendiculaires à la
base soit diagonaux , soit parallèles aux faces du prisme ,
pour le prisme à base rhonibe.
Dans le plan parallèle à l'une des trois paires de faces
du solide, pour le prisme à base rectangle.
On aura la ligne moyenne parallèle à l'un des côtés
pour Le prisme à base oblique.
On trouvera immédiatement l'axe de double réfraction,
toutes les fois qu'il devra être unique, etc.
2° Etant données la position du plan des axes , leur
nombre , ou le solide; optique d'une substance dont la
cristallisation est iuconuue.
On en déduira la classe à laquelle appartient la forme
primitive d'après le nombre des axes. Loi de Mr. Brewster.
78 RAPPORTS ENTRE LES AXES DE DOUBLE
On déterminera par \ octaèdre optique un autre octaèdre
rectangulaire qui lui sera symétrique et qui pourra servir
de guide plus ou moins sûr dans l'analyse des formes
secondaires.
Nous croyons presque superflu de dire en terminant
ces notes que notre intention n'est point ici de préjuger
l'influence que peuvent avoir ces observations encore
trop peu nombreuses , sur la détermination de la véritable
forme des molécules élémentaires ; on n'est point assez
avancé dans la connoissance des forces qui produisent la
double réfraction , pour pouvoir décider si ce phénomène
dépend de la forme primitive isolée ou d'un grouppement
particulier ; nous avons seulement cherché et cru dé-
couvrir une connexion constante entre les lois de la cris-
tahsation telles que nous les devons à Mr. Haiiy , et celles
de la double réfraction. La position symétrique des deux
axes, que Mr. Biot a le premier reconnue et qui repose
presque en entier sur des observations faites par lui-
même , vient se joindre à la loi du nombre des axes de
Mr. Brewster, pour rendre cette connexion pour ainsi
dire indubitable ; de tels résultats valent au créateur de
la cristallographie l'honneur bien peu commun de voir
se réunir à sa théorie des sciences qui dans l'oi-igine pa-
roissoient vouloir s'en écarter.
RÉFRACTION ET LA FORME DES CRISTAUX. 79
Rapports qui existent entre les phénomènes du
dychroïsme et la forme des corps cristallisés (i).
Les physiciens conuoissent maintenant , grâces aux
ditït'rentes notes et mémoires publiés par MM. Biot et
Brewster , les rapports qui lient entr eux les phénomènes
du dychroïsme et ceux de la cristallisation ; on n"a plus
aucun doute à ce sujet; mais on n'a point encore réuni
en un seul corps les matériaux épars, et à plus forte raison
cherché à remplir quelques lacunes importantes. Le tra-
vail qui précède nous conduit naturellement à satisfaire
en partie à la première de ces demandes ; quant à la se-
conde , quoique nous ayons fait quelques observations
nouvelles , elles laissent encore beaucoup à désirer pour
l'ensemble de cette portion de la physique.
On appelle dychroïsme cette propriété qu'ont certains
corps cristallisés (jouissant de la double réfraction) d'avoir
deux couleurs différentes suivant la direction de la lumière
transmise dans leur milieu; ainsi , le mica du Vésuve est
l'ouge dans un sens, vert dans un autre ; la tourmaline
est d'un noir opaque parallèlement à Xaxe, verte ou brune
ou rouge, etc. , perpendiculairement à cette même ligne.
Le dychroïsme n'a jamais lieu dans les corps doués de la
réfraction simple , et s'il est fréquent de ne pas l'observer
dans les autres cristaux , on doit attribuer son absence
(i) Cette partie de mon mémoire a été lue à la Société de physique et
d'histoire naturelle de Genève, le 3i Mai 182 1 , époque à laquelle tout ce
qui précède étoit déjà imprimé.
8o RAPPOKTS ENTRE LES AXES DE DOUBLE
à une cristaillsation imparfaite du principe colorant ,
comme le suppose Mr. Biot ; ou peut-être à ce que la
diiit'rence des teintes est trop tbible pour pouvoir être
appréciée.
Un observe que le maximum de dififérence entre les
teintes extrêmes , a lieu dans la direction de lignes for-
mant en ti- elles des angles droits, c est-à-dire, pouvant
être considérées comme des ordonnées rectangulaires; dans
toute direction autre que celle de ces ordonnées on a des
teintes intermédiaires qui passent par nuances insensibles
aux nuances extrêmes , et varient suivant le degré dobli-
quité du rayon transmis. Nous allons voir que ces or-
données sont en rapport avec les axes dédouble réfraction.
D'après la loi de Mr. Bi'ewster, les cristaux sont divisés
en deux grandes classes qui dépendent des formes pri-
mitives ; savoir les cristaux à un axe et les cristaux à
deux axes.
Dans le premier cas ; on n'observe que deux teintes
extrêmes et les ordonnées rectangulaires qui détei'minent
le maximum de leur ditïérence sont parallèles , l'une à
l'axe de double réfraction , l'autre à la ligne de plus ou
moins grande vitesse. Ainsi , dans l'émeraude , le corindon
bleu, le mica (à un axe) l'idocrase, la tourmaline, etc.,
la plus grande diiFérence de coloration dans la lumière
transmise a lieu, lorsquelle traverse le cristal parallèlement
et perpendiculairement à Vaxe du prisme.
Dans le second cas; l'existence des deux axes explique
la possibilité du trichroïsme ; on conçoit en eifet trois
directions rectangulaires dans lesquelles la lumière peut
f
EÉFRACTION ET LA TORME DES CRISTAUX. 8l
traverser le cristal avec des conditions tout-à-fait diffé-
rentes : i.° Parallèlement au plan des axes et à la ligne
moyenne ; 2." pai'allèlement au même plan et perpendi-
culairement à la ligne moyenne ; 3." perpendiculairement
à ces deux directions. Ces trois coordonnées rectangu-
laires supposent trois états extrêmes de la lumière et con-
duisent à admettre l'existence du trichroïsme ; cest ce qui a
lieu en effet quoique rarement ; j'ai eu l'occasion de l'ob-
server sur deux topases du Brésil que je dois à l'amitié
de Mr. Charles Chauvet; l'une d'elles d'une teinte rouge
et qui ne paroît pas avoir été brûlée , présente ce phéno-
mène à un assez haut degré : dans trois directions rec-
tangulaires , j'observe trois teintes extrêmes qui passent
de l'une à l'autre , par des positions intermédiaires. Ces
coordonnées correspondent , comme je m'en suis aisément
assuré , aux trois positions que nous venons d'indiquer
plus haut pour les cristaux à deux axes ; ce qui confirme
d'une manière satisfaisante, les rapports qui existent entre
la double réfraction et les changemens de faces.
Notre topase vue dans la première direction est rose
avec une légère teinte jaunâtre , dans la seconde elle est
violette sans mélange de jaune , dans la troisième elle est
blanc jaunâtre.
Aux phénomènes du simple dychroïsme viennent se
rattacher les belles observations de Mr. Arago sur la
décomposition de la lumière ordinaire transmise au milieu
des corps doués de la double réfraction. Ces observations
n'exigent qu'un appareil fort peu compliqué (1); le cristal
(i) BioT, Bulletin de la Société philom. 1819. p. i33.
Mém. de la Soc. de Phvs. et d' IL nat. ï. I. ix
82 RAPPORTS ENTRE LES AXES DE DOUBLE
est mis sur une plaque noircie, percée d'un petit jour qui
permet ia ti'ausmission de la lumière; au devant de ce
diaphragme ou place un prisme de chaux carbonatce , taillé
convenablement et achromatisé; ce prisme sert à décom-
poser la kunière transmise en deux faisceaux , qui dans
les cristaux dychro'ites sont pour l'ordinaire de deux
teintes complémentaires (i) , quoique la lumière ne soit
pas primitivement polarisée.
C'est au moyen de cet appareil ou de quelqu autre ana-
logue que Mr. Arago {Bulletin de la Soc. phyl. i8ig,
pag. i^o , pour la baryte sulfatée, mémoire de Mr. Biol),
Mr. Biot (ibid. , i8ig , pag. 109 , pour la lopase , page
129, et pour l'éiueraude j l'èpidote , le cori/idou ). M.r,
Brewster. (Jour, de p/iys., 1820, Philos. , Jour., n.° f^T,
pour la tourmaline , le plomb chroniaté, le pyroxène , le
cordiérite . etc ), ont reconnu que la décomposition de la
lumière directe dans les corps cristallisés est en rapport
avec l'existence des axes de double réfraction.
Mr. Biot a été plus loin ; il a établi que dans la direc-"
tion de l'axe, la lumière transmise parallèlement à lui, doit
être décomposée en deux faisceaux égaux en coloration ,
c'est ce que l'expérience directe démontre pleinement.
Reprenons nos deux classes de cristaux et assurons-
nous de la connexion qui existe, entre les phénomènes de
dychroïsme ou de trichroïsme et ceux de la décomposition,
par le prisme de chaux carbonatée.
I. Pour les cristaux à un axe :
(i) Complémentaires de la couleur transmise du cristal.
RÉFRACTION ET LA FORME DES CRISTAUX. 85
La lumière est décomposée en deux faisceaux inéga-
lement colorés dans toute position autre que celle de Vaxe
du crlstiii ou de l'axe de double rétraction.
Le maximum de différence entre les teintes des deux
faisceaux a lieu dans la direction perpendiculaire à l'axe ou
parallèie à la ligne de plus ou moins grande vitesse.
Le minimum de différence , ou l'égalité entre les deux
teintes des faisc^^aux, à lieu parallèlement à l'axe de double
réfraction.
Plus le rayon transmis est oblique sur l'axe , plus la
coloration des deux faisceaux est différente, et vice versa;
les ordonnées rectangulaires que forment l'axe et la ligne
de plus ou moins grande vitesse sont les limites.
Le corindon bleu du Mont-Blanc , l'émeraude, la tour-
maline , l'idoci-ase du Piémont , etc. , présentent nette-
ment ces phénomènes qu'il faut comparer avec ceux du
dychrorsme simple dont nous avons parlé plus haut.
2. Pour les cristaux doués de deux axes de double
réfraction :
Outre les trois positions normales dans lesquelles la lu-
mière peut être transmise , il en existe une quatrième
dont il faut tenir compte dans la décomposition de la
lumière avec le prisme , c'est celle qui a lieu parallèlement
à chaque axe de double réfraction.
L'expérience de Mr. Arago sur la barye sulfatée ,
prouve que les phénomènes de décomposition varient
suivant la direction de la lumière ; malheureusement elle
a été faite sur un prisme taillé dans lequel on ne peut
établir le rapport de la cristallisation avec les variations
84 RAPPORTS ENTRE LES AXES DE DOUBLE
de la force polarisante ; Mr. Biot a fait, dans le but d'obvier
à cet inconvénient, quelques observations fort curieuses
sur une topase jaune du Brésil : voici quels ont été ses
principaux résultats. ( Bu LU t. Philom. , i8iQ, pag. 109.)
i.° Les faisceaux extraordinaire et ordinaire ont été
blancs, perpendiculairement aux bases et au plan des
axes.
2.° Perpendiculairement aux bases et parallèlement
au plan des axes; le faisceau ( £) étoit blanc, le
faisceau ( O) jaune orangé.
3° Parallèlement aux bases naturelles (i) et au plan
des axes , idem.
Le rayon blanc transmis étoit primitivement polarisé ;
si Mr. Biot avoit eu à sa disposition une topase rouge , les
phénomènes qu il signale se seroient présentés à lui d une
manière encore plus frappante. Ceux que nous allons d é-
crire pour l'échantillon du Brésil trichroïte, ont été étu--
diés avec un rayon transmis non polarisé avant son in-»
troduction dans le cristal.
Mr. Biot a conclu de son expérience qu'il existe une
connexion intime entre les phénomènes de la décomposi-
tion des rayons lumineux et la position du plan des axes ;
Mr. Brewster a de son côté tiré les mêmes conséquences
d'observations faites sur le mica , le pyroxène et le cor-»
diérite. {PhiLosoph. Joiun. , n." vi). Ce savant pby^
sicien a vu, par exemple, dans une variété de pyroxène
(i) Les bases naturelles sont celles que donne le clivage de celte subs-
tance. Le prisme étudié par M, Biot est taillé.
RÉFRACTION ET LA FORME DES CRISTAUX. 85
(Augite), les teintes varier avec l'inclinaison donnée
au cristal , et se trouver en rapport avec la position des
axes neutres (i). Il ne reste plus maintenant qu'à nous
assurer si dans un cristal à deux axes , la lumière dé-
composée parallèlement à 1 un quelconque des deux , ne
donne pas des faisceaux égaux en intensité et en colo-
ration. Cest ce qui a lieu, en effet, dans la topase rouge-
Voici ce qu'on observe sur mon échantillon.
Parallèlement à la ligne moyenne et au plan des axes -.
La Lumière des nuées transmise^ est rose jaunâtre; dé-
composée , elle donne deux faisceaux; l'un jaune clair ( O) ,
l'autre violet (E).
2. Parallèlement au plan des axes , et perpendiculaire-
ment à la ligne moyenne : lumière transmise , violette ;
décomposée, y deux faisceaux ; l'un violet (£) , lautre
blanc jaunâtre ( O).
3. Perpendiculairement au plan des axes et à la ligne
moyenne : Lumière transmise , blanc grisâtre ; dècorn-^
posée, deux faisceaux; l'un viole clair (O), l'autre jau-
nâtre {E).
4- Parallèlement à l'un quelconque des axes de double
réfraction : Lumière décomposée, deux faisceaux égaux en
teinte et violâtres {^).
(i) Mr. le Dr. Brewster appelle axes neutres , ceux qni sont désignés ici
par axes de double réfraction.
(9) Lorsque cette partie du mémoire a été lue à la Soc. de pliys. , le second
volume du traité de physique de Mr. Biox n'avoit point encore paru à Genève.
Il esc dit à la page 5n de cet ouvrage, que la lumière transmise paral-
lèlement aux axes de double réfraction , est décomposée en deux faisceaux
86 RAPPORTS ENTRE LES AXES DE DOUBLE
Voici par quelle expérience je me suis assuré de l'exacti-
tude de ce dernier résultat : J'ai clivé parallèlement aux
bases de la forme primitive , une lame de cette topase , et
je l'ai soumise d'après les procédés de Mr. Biot , aux obser-
vations de polarisation (i). Après avoir déterminé la posi-
tion des sections principales ; savoir , celle du plan des axes
et celle du plan qui contient la ligne de pins ou moins
grande vitesse ; j'ai trouvé que le faisceau extraordinaire
disparoît , en inclinant la lame sur le rayon polarisé
dans l'azimuth 4^° > lorsque l'angle d'inclinaison est
égal à 4o° environ, à gauche et à droite de la ligne
moyenne; cette inclinaison donne la mesure de l'écarte-
ment des axes en ne tenant pas compte de la réfrangi-
bilité de la substance ; leur écartement réel calculé d'après
la formule de Mr. Biot est d'environ 23° , ce qui s'accorde
avec les obsez'vations consignées par ce célèbre physisien
dans le bulletin de la Soc. Phil. , et dans son mémoire
sur la double réfraction.
de couleur pareille-, par conséquent le fait énoncé sous le N." 4 ne doit
plus être considéré que comme une preuve de la justesse de celte assertion.
Mr. Biot n'a pu , dans un traité élémentaire , entrer dans de plus grands
détails ; cette considération fait que les développemens que j'ai donnés ,
peu\eut avoir quelqu'utilité pour l'intelligence du phénomène, et c'est la
raison qui m'a déterminé à ne pas supprimer cet article.
(i) La lunette de polarisation dont je me sers a été construite sur le plan
de celle imaginée par Mr. Biot , à l'exception de quelques cliangemens re-
latifs à des reckerches que j'avois en vue ; l'babile mécanicien ( Mr. Gambey )
auquel j'ai confié l'exécution de cet instrument a surpassé mon attente par
la perfection avec lai pelle il l'a exécuté dans toutes ses parties, ie saisis avec
empressement celte occasion de lui en témoigner mou entière satisfaction.
I
RÉFRACTION ET LA FORME DES CRISTAUX. 87
Après avoir tracé sur l'échantillon de topase dont j'avois
détaché la lame précédente , une ligne servant à indiquer
la position du pian des axes , j'ai fixé cet échantillon
sur un diaphragme dont les mouvemens étoient exacte-
ment mesurés par un cercle divisé et au devant duquel
étoit placé un prisme de chaux carljonatée immobile, l^e
vernier répondoit à zéro lorsque le plan de clivage étoit
vertical , ou lorsque la lumière des nuées étoit transmise
parallèlement à la ligne moyenne; les deux images étoient
alors différentes, l'une jaune ( O) , l'autre violette {E).
En inclinant le cristal à gauche ou à droite de cette posi-
tion primitive, j ai vu les deux teintes se modifier gra-
duellement et devenir parfaitement égales à + 4»° . cest-
à-dire précisément dans la direction des axes (i).
Pour peu qu'on ait fait attention aux faits qui établis-
soit la position symétrique des axes de double réfraction
dans les corps cristallisés, on en déduira comme une con-
séquence nécessaire les rapports du dychroïsme ou du
trichroisme avec les faces du noyau primitif : nous croyons
superflu d'entrer dans de plus grands détails à ce sujet,
nous contentant d'ajouter, que si peu de corps jouissent
de la propriété du trichroisme, cela ne prouve rien contre
les résultats auxquels on est parvenu ; pour les mêmes
raisons par lesquelles Mr. Biot explique l'absence fré-
quente du dychroïsme.
Le caractère minéralogique qui résulte de la variation
(i) Cette observation sur le trichroismp de la topase a été commuuiquée
à la buciétc de Physique, daos sa séance du 25 Janvier 1821.
88 RAPPORTS ENTRE LES AXES DE DOUBLE
des teintes d'après la position du cristal, signalé en pr«i-
mier lieu par Mr. le Comte de Bournon dans le mica , puis
ensuite par d'autres physiciens et cristaUographes ; peut
servir efficacement en minéralogie, pour distinguer les cris-
taux doués de la douljle réfraction ; mais comntie l'observe
très-bien Mr. Biot , il est impossible qu'il puisse caracté-
riser une espèce; aussi les minéj-jdogistes François n'ont-
ils pas tardé à renoncer aux noms peu caractéristiques de
iolithe et dychroïte pour y substituer nelui dp r.o/dlèrite
qui, je n'en doute pas, doit être généralement approuvé.
Vh.et R naÉ.X j. 88.
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^J^ifr. 9f.
RÉFRACTION ET LA FORME DES CRISTAUX. 89
NOTE SUR LE MICA.
Je crois devoir entrer ici dans quelques détails qui contribueront
à faire comprendre comment il peut exister des micas dans les^
quels le plan des axes varie déposition, sans que pour cela on
en puisse tirer une objection contre la constance des phénomènes
optiques. Ces détails élanl les résultats d'observations postérieures
à la dernière lecture de ce mémoire , on n'a pas cru devoir
les insérer dans l'article mica; j'observerai encore que ce qui
va suivre est extrait d'un travail sur la cristallisation et les
propriélés optiques du jnica , qui ne tardera pas a parotire.
Parmi les formes secondaires de cette 'substance , les prismes
hexaèdres dominent ; ces prismes jouissent tantôt de deux axes de
double réfraction , tantfit d'un seul ; voyons d'abord ce qui se passe
dans le premier cas.
Le plan des axes ( suivant la nature de la lame hexagonale
soumise à l'observation) est parallèle ou perpendiculaire à deux
côtés opposés de l'hexygone. Les micas de Suède, de Sibérie,
le mica jaune de Binn etc, sont dans le premier cas ; les micas du St.
Golhard et d'Altemberg ; eTc. sont dans le second. C'est-h-dire qu'en
prenant un prisme a base rhombe pour forme pririlitive , le plan
des axes est comme l'a observé Mr. Biot , alternativement pa-
rallèle h la grande on à la petite diagonale de la base.
Mais Monsieur le Comte de Bournon , a depuis long- temps
consinlé que le mica a pour forme primitive dominante, un
prisme ohli(jiie à hase rhottibe , et non pas un prisme droit; dans
ce cas il faut , pour que le plan des axes soit en rapport de
3Iém. de la Soc. de Phys. et d'il. naC T. 1." 12
g8 RAPPORTS ENTRE LES AXES DE DOUBLE
symétrie avec la forme, qu'il passe par la pelite diagonale; or,
c'est ce qui a lieu pour les premières variétés que nous avons
nommées. Ces variétés lorsqu'on les examine avec quelque atten-
tion présentent, sens rju! doute,: le prisme hexaèdre oblique,
pour forme secondaire; dans ce prisme deux faces seulement,
(celles qui sont produites sur les arêtes aiguës de la forme primitive) ,
sont perpendiculaires h la base et parallèles au plan des axes_,
tflndts- que les- quatre autres gtpnt inclinées. Il existe d'aUlres pris-
mes' he:caèdré8 de mie^j. beaucoup plus rarement observables,
dont tous les pans paroissent perpendiculaires sur la base ; ce sont
ceux qui ont été déterminés par Monsieur Haiiy ; le mica du St. Go-
tliard , celui d'Altemberg et quelques autres que j'ai étudiés avec
soin , me semblent devoir se rapporter, à cette classe ; leur forme
pirimilive seroit alors l'ancien prisme droit, et comme le plan des axes
est perpendiculaire à deux faces opposées de l'hexagone , que le
clivage indique, pour être secondaires, il en résulte dans ce cas que
le plan passe par la grande diagonale de la base. La variation
de position du plan des axes devient alors un fait très-simple,
elle dépend de ce qu'on observe des iinicas d'espèces différentes.
Il n'est pas aussi facile de rendre raison de la propriété qu'ont
tous les micas verts et noirs, volcaniques ou non, de n'avoir
qu'un seul axe de double réfraction ; j'avois cru d'abord qu'ils avoient
tous pour forme fondamentale le prisme hexaèdre droit, qu'on
auroit pu considérer sans difficulté comme étant le solide primitif;
alors on seroit resté dans la loi de Mr. Brewster et l'on auroit été dans
le cas d'adopter une troisième espèce de mica ; mais deux variétés seu-
lement de cette substance m'ont paru pouvoir rentrer dans ce cadre ,
un mica du Tyrol de la collection de Mr. Sebastien Jurine et un
autre du Groenland dans le cabinet du Musée : toutes les autres
variétés sont pour le moins douteuses. J'ai l'avantage de pos-
séder un beau travail de M. le Comte de Bournon sur toutes
les cristalUsations du mica qui se trouvent dans la collection par-
RÉFRACTION ET LA FORME DES CRISTAUX. 9I
liculière Ju Roi de France, (i) Parmi les formes du noica du
Vésuve qui y sont décrites , il en est plusieurs qui ne peuvent
en aucune façon se- rapporter au prisme droit hexaèdre et qui par
conséquent nécessitent la présence de deux axes; cependant toutes
les observations de Mr. Biot , toutes celles que j'ai faites de mon
côté, prouvent qu'il n'est point de mica à deux axes dans les dé-
jections du Vésuve ; cette conlradicllon entre la forme et le
nombre des axes est la plus forte objection que je connoisse
contre la loi de Mr. Brewster et contre celle de symétrie. Quoique
je n'apprçoive pas encore les moyens de la résoudre, je crois devoir
la signaler ici, parce que c'est surtout vers dépareilles anomalies que
toute l'attention des physiciens et des cristallographes doit se diriger.
J'ai dit , dans une autre note du mémoire qui précède , qu'il
éloit probable que l'opinion de Mr. Biot sur la composition des
micas se conCrraeroit, savoir que tous ceux à un axe scroient trouvés
magnésiens par l'analyse. Mr. Peschier, habile chimiste connu par
plusieurs analyses remarquables, n'a pas voulu laisser échapper une
occasion aussi belle de rendre service à la science, et s'est em-
pressé d'entreprendre l'étude chimique des micas. Son analyse de
micas vert et noir du Vésuve est remarquable par les résultats
auxquels il est parvenu. Comme Mr. Peschier ne lardera pas à
faire part aux naturalistes de sa découverte , nous nous contenterons
d'en dire ici le principal résultat, savoir, que ces variétés ne con-
tiennent point de magnésie contre toute attente , mais que par
contre , elles diffèrent de toutes celles à deux axes, par la pré-
(t) Mr. lo Comle de Bournon m'a donné une honorable marque de sa bleo-
teillance en me permellanl d'insérer dans mon mémoire sur le mica tous les Ira-
vaux qu'il m'a communiqués ; ce célèbre naluralitle a bien voulu en outre me
faire part de ses conseils et me donner des lenseignentens qui m'onl élé de la plus
grande milité ; je me plais à lui en témoigner ici toute ma reconnoissance et
je m'empresserai de faire jouir les crislallographes du précieux dépôt qui m'a
élé confié.
92 RAPPORTS ENTRE LES AXES DE DOUBLE, etC.
sence du titane oxidé et par la quantité de chaux qu'elles con-
tienuent.
Celte note prouve que nos connoissances sur les familles talc
et mica sont encore bien peu avancées ; mais l'impcrfeclion de
celte partie de notre travail doit trouver son excuse dans les nom-
breuses diûcultés qui se sont ofTertes à nous de toutes parts.
T'y
->XD Ja^<
MEMOIRE
Sur diffërens instrumens de Physique et de,.
Météorologie.
Par p. HUBER.
( Lu à la Société de Phys. et d'Ilist. Nat. de Genivt , le 19 Avril 1821. )
Description d'une Balance fondée sur un nouveau prin-
cipe , et de quelques instrumens de météorologie qui
{-en dépendent.
J_j'iN.STRUMENT que \à vals décrire , netoit point destiné
dans l'origine à servir de balance. Je laTois imaginé à la
vérité pour fournir un contre-poids à. certains corps sus-
pendus librement autour d'un point fixe et mus en avant
et horizontalement par le moyen d'un fil; mais je ma-
perçus bientôt que ce procédé présentoit un mode de
balance tout particulier , qui n'étoit point fondé sur les
principes du levier et qui cependant étoit susceptible
d'une justesse rigoureuse.
Le même principe servant de base à mon anémomètre
et à mon anémographe , et pouvant fournir à la physique
des moyens très-commodes pour estimer différentes iorces,
je crois quil convient de laire coanoUre cette bidance
avant de donner la description de ces autres appare-'ils.
^^ 1,,. M niiisp.ii^v^^^- DTPFÉTlENS"^NSTRUM'Ei5F5~ '"" """''*' "''
Le corps de cette balance {PL \ , fig- i.") est composé
d'un plateau en chêne porté sur quatre chevilles à vis, et
surmonté de deux piliers en bois élevés perpendiculaire-
ment sur ses extrémités et vis-à-vis l'un de l'autre. Une
quatrième pièce de bois plus légère , réunit les deux pi-
liers et ferme le parallélograme. La distance et la hauteur
de ces pièces sont indifférentes.
lia partie sensible de la balance consiste en une simple
soie, ou si l'on veut une petite corde attachée d'une part
à l'un des piliers par un clou yi , fig. i ." et passant de
l'autre sur une partie susceptible de s'élever le long du
pilier opposé.
On fait à la soie une boucle 5 à i5 ou i8 pouces du
point de suspension et c'est à cette boucle que l'on pend
un poids ou peson , d'une pesanteur connue et muni
d'un crochet.
On suspend l'objet que l'on veut peser à l'extrémité
C de la soie par delà la poulie , et on élève ou abaisse
celle-ci jusqu'à-fce que la soie présente une ligne horizon-
tale de ^ en D , c est-à-dire depuis la boucle qui sup
porte le peson jusqu'à la poulie même.
On comprend que pour tendre le fil horizontalement
à toutes la hauteurs où l'on peut mener la poulie , il
faudroit une suite de poids de plus en plus forts.
Il seroit difficile de s'assurer de l'horizontalité de cette
partie de la soie sans une ligne horizoulaïe qui cheminât
avec la poulie. Celle-ci portée par un bras , s'élève et s'a-
baisse à volonté et se fixe à la hauteur où l'on veut, par
le moyen d'une vis de compression C. Un fil de laiton
' DE PHYSIQUE ET DE METEOROLOGIE. 96
tendu horizontalement EF est donc porté par le même
bras au niveau de la gorge de la poulie.
Non-sevdement cette poidie peut s'élever, mais elle peut
encore s'avancer au besoin sur le bras, qui consiste en une
règle maintenue horizontalement par un ajutage très-exact.
On la fixe à telle ou telle place au moyen d'une cheville
de fer. Le clou auquel la soie est attachée est le point
central autour duquel tourne le peson en s'élevant de o°
à 90° d'un arc de cercle vertical.
La partie de la soie qui va du peson au centre est un
rayon d'une longueur supposée invariable , qui se meut
autour de ce centre et s'arrête à tel ou tel angle selon le
poids qu'on oppose au peson.
Cet angle est indiqué par l'inclinaison de la soie et par
la rencontre avec les degrés d'une graduation particulière
établie sur une planche près du centre de suspension.
Une horizontalité parfaite est nécessaire dans cette ma-
chine : la moindre déviation du fil de laiton qui sert de
niveau entraîneroit de grandes erreurs. C'est pourquoi on
doit établir toutes les pièces qui composent la balance bien
à l'équerre et les construire d'un bois qui ne travaille pas.
De petits niveaux à bulles d'air (^g , h) donneront la fa-
cilité de s'assurer de l'horizontalité de la machine et les
vis dont sa base est munie fourniront les moyens de rec-
tification nécessaires.
La graduation de cette balance n'étoit point une chose
facile ; elle m'a long-temps occupé , et je lois parvenu à
lui donner le degré dexactitude qu'un tâtonnement réi-
téré peut atteindre, lorsqu'une circonstance heureuse vint
9^ SUR DIFFÉRENS INSTRTIMENS
apporter toute Ta rigueur du calcul à l'expression des dit-
férentes forces correspondantes aux inclinaisons de la soie
sur la graduation.
Ayant proposé à un très-habile géomètre , Mr. Scliaub,
à propos de mon anémomètre , de déterminer la force
horizontale, nécessaire pour élever à tel ou tel degré de
l'arc du cercle , un corps suspendu librement par un point
fixe, il .eut la complaisance de s'occuper de cette ques-
tion , et découvrit que les tensions horizontales étoient
en raison des tangentes et non des angles indiqués.
Vérité que j'avois soupçonnée vaguement d'après le ré-
sultat de mes essais, mais dont je n'avois pu m' assurer à
cause de l'imperfection quavoit alors la machine que
j'employois.
Dès que je me sentis soutenu par la théorie , je compris
le parti que je pouvois tirer de cette loi, et je cherchai le
rno}en le plus facile d'appliquer cette formule aux ins-
trumfens dont je moccupois. Dans le fait, il ne s'agissoit
que de trouver une ligne qui servit de tangente à tous
les angles indiqués par la soie sur la graduation. Je trouvai
facilement cette ligne, en tirant au bas d'mi arc de cercle
mie horizontale d'une longueur intléfinie.
JJexntri^nce confnma pleinement le théorème, et je
dojuiai à ma gaiduation la forjne qu'elle a actuellement.
GraducUion de la balance tangentigrade.
Ijc poicts normal ou peson , est situé à i5 ou i8 pouces
du point de rotation , comme je l'ai dit; la ligne cachée
par l'a soie indique le degré auquel il répond.
DE PHYSIQUE ET BR METEOROLOGIE. 97
Ce degré varie selon les poids que l'on met de l'autre
part , et le rapport de ces poids est en raison des tan-
gentes des angles indiqués par l'inclinaison de la soie à
partir de la verticale.
Lorsque la balance tangentigrade est chargée de deux
poids égaux, elle indique l'angle de 45° dont la tangente
est égale au rayon. C'est là le modide de la graduation que
j'ai donnée à ma balance.
Si de la distance de six pouces , à partir du centre de
rotation, et prise verticalement au-dessous de ce point ,
je mène une ligne horizontale sur la planche qui doit
porter la graduation , j aurai une ligne qui sera coupée à
la longueur de six pouces par la sécante de 45° i cest la
tangente de cet angle ; et c'est justement là que la soie
coupe cette ligne , car elle fait ici le rôle d'une sécante.
Le rayon est donc le module auquel tous les poids se
rapportent ; si vous doublez cette tangente , elle repré-
sentera un poids double ,• si vous la divisez en deux , trois
ou quatre parties égales , les poids correspondans seront
sous - doubles , etc., c'est-à-dire, que les poids qui main-
tiendront la soie à ces divisions (la balance étant en ac-
tion ou ramenée à l'horizontalité ) seront toujours en-
tr'eux comme la longueur relative de ces tangentes , c'est
pourquoi j'ai désigné cette balance sous le nom de tan-
gentigrade.
La grandeur du module est pai'faitement indifférente.
Ce module , c'est la distance du centre de rotation à la
ligne horizontale qui porte les divisions ; on peut le prendre
plus ou moins grand selon le but qu'on se propose ; si
3Iéin. de la Soc. de Phys. et d'H. nat. T. 1." i3
g8 SUR DIFFÉRENS INSTRUMENS
l'on veut des divisions très-détaillées on prend un grand
rayon. Voyez pi. H , fig. 3.
Pour régler ma graduation , je donne au poids normal
une quantité connue, comme trois onces, et je divise le
module en trois parties égales répondant à i , 2 et 3 onces;
je prolonge cette ligne horizontale et je continue à la di-
viser de la même manière jusqu'à six onces , qui ré-
pondent à deux modules. Désirant continuer la gradua-
tion sans l'agrandir outre mesure , je partage l'espace qui
règne entre le centre de rotation et la ligne graduée en
deux parties égales dans la hauteur, et je prends pour mo-
dule le rayon de trois pouces \ je tire une ligne horizon-
tale à cette distance au-dessous du point de rotation et je
divise celle-ci en raison de son module ; c'est-à-dire que
trois pouces répondent à trois onces, je la gradue de pouce
en pouce , laissant cependant en blanc les six premiers
pouces que j'ai déjà plus en grand au-dessous , je vais
jusqu'à 12 onces sur cette ligne. Je prends un module
d'un pouce et demi , et divisant la ligne qui y correspond
de demi-pouce en demi-pouce , j'obtiens 24 onces ; une
quatrième division plus rapprochée du centre et prise à
9 lignes du module me donne les onces jusqu'à 4<^'
li est facUe de subdiviser les divisions de la graduation
inférieure puisqu'elles présentent une longueur de deux
pouces par once ; la seconde }^^\\q. peut encore être sub-
divisée , mais celles qui indiquent des poids au-delà de
trois fois le poids normal sont trop rapprochés pour pré-
senter clairement des fractions. Au surplus rien nem-
pêche de prendre un beaucoup plus grand module.
DE PHYSIQUE ET DE METEOROLOGIE. qg
On pourroit donner à la graduation un pied de module ,
diviser celui-ci en loo p. et prendre pour poids normal
à volonté une livre , ou une once ou un dixième d'once ,
ou même un quintal, en ayant égard à la force et au poids
des chaînes. Pour de très-petits poids , il faut des soies
très-fines , une poulie très-bien suspendue , et surtout
bien équilibrée.
Si en changeant le poids normal on vouloît se servir
de la même gradjation , on feroit cette proportion. L'an-
cien peson est au nouveau comme la valeur indiquée est
à la valeur réelle.
Démonstration du principe de la balance tangentigrade
et de V anémomètre de Mr. Huber , par Mr. Schaub,
Professeur de Mathématiques , à Genève.
Soit B la position du centre de gravité de l'appareil
mobile lorsque le poids de cet appareil fait équilibre avec
la force d'impulsion du vent (supposé agir horizonta-
lement).
L'angle CB=^6; B Z? = l'intei^sité delà force d'im-
pulsion du vent sur la surface dont a représente la gran-
deur ; nommons cette intensité pour l'unité de suriace
P-
Appelons m la masse de l'appareil mobile , g la pe-
santeur, m g sera le poids de cet appareil; représentons
m g par B L.
Décomposons B D en deux forces , Tune B E dans le
sens du rayon CB qui sera détruite par la résistance de
lOO SUR niFFÉRENS INSTRUMENS
la machine, et l'autre BF tangentielle; on aura ^F=
BI) cos6=^pa^ cou 9.
Décomposons de même B L en deux forces, l'une BM
dans le sens de CB , qui sera détruite, et l'autre BH
tangentielle , on aura BH = BL sin6 = mg sin fl.
Dans le cas d'équilibre , il faut que BH soit égal à BF;
on aura donc pour ce cas l'équation.
pa cos ^ = mg sin â.
à'oh Von tire p ^^"^ '^^^=~ iang fl. Donc la force
d'imptdsion du vent est proportionnelle à la tangente de
l'angle fl.
Si fl = 45° , p = — f : c'est-à-dire que sous l'angle de 45°
la force d'impulsion du vent est égale au rapport du poids
de la partie mobile de l'appareil à la surface de la plan-
chette.
Pour des valeurs de 9 comprises entre 45° et 90° la force,
croît dans une proportion très-rapide, et pour fl = 90° la
force p seroit infinie ; mais ces conséquences abstraites
souffrent toujours dans la pratique des modifications.
Si tang. ^ ^ a i p=-mg^ dans ce cas la force d'impul-
sion du vent est égale au poids de la partie mobile de la
machine.
Le même appareil m'a fourni une autre balance qui
n'est pas moins rigoureuse, et dont l'application est bien
plus commode. PI. 7." , jig. 2.
J'ai appelé celle-ci , balance spontanée , parce qu'elle
indique d elle -même le poids d'un objet sans qu'on ait
d'autre peine que celle de le suspendre à un fil.
DE PHYSIQUE ET DE METEOROLOGIE. 101
Le principe auquel elle appartient n'est pas aussi simple
que celui de la balance tangentigrade , mais son exécution
n'offre aucune difficulté. Dans la balance spontanée la
poulie ne change pas de place ; elle doit être très-bien
suspendue. La soie , destinée à porter et à indiquer les
poids, est comme dans l'autre balance, fixée par une de
ses extrémités à un clou (pointe de Paris), elle passe de
même sur la poulie située à quelques pieds du point de
rotation et indique les valeurs par linclinaison de la
partie qui est près du centre. La poulie est située de ma-
nière à ce que sa gorge soit au niveau du centre de ro-
tation de la soie , et le peson est fixé à une boule située
précisément et rigoureusement à moitié distance entre
la partie supérieure de la poulie et le clou auquel est
attachée la soie.
Il est facile de graduer soi-même cette balance. On
donne au peson ( ou poids nornial ) i o onces , on lui
oppose successivement , et dixième d'once par dixième
d'once , des poids qui font varier l'inclinaison de la soie ,
d'un centième. On inscrit sur une ligne horizontale le
lieu précis où s arrête la soie pour chaque nouveau poids ,
et l'on peut étendre la graduation , aussi loin que l'on
veut ; cependant il vient un point où l'on est obhgé par
la Doucle du peson de former une seconde ligne graduée,
celle-ci sera graduée de dixième en dixième , on pourra
aller ainsi jusqu'à dix fois le poids normal et plus encore.
La longueur de la balance ne change rien à sa gradua-
tion , elle sera d'autant plus sensible que la poulie sera
mieux équilibrée et plus libre : si elle portoit sur des rou-
102 SUR DIFFEREES INSTRUMEXS
leaux, on pourroit peser des objets d'une exlreme petitesse,
la longueur de la soie depuis le centre de rotation au
peson doit être souvent vérifiée. Je ne doute pas qu'on
ne pût remplacer la soie dans cette partie par une chaîne
ou par une verge de fer sans aucun inconvénient; on
feroit entrer alors le poids de la chaîne dans celui du
peson. On pourroit encore le contrebalancer si c'étoit un
bras composé d une verge; par un prolongement de cette
verge en sens contraire, la machine seroit aii^i d'im usage
plus simple et plus commode.
La marche de la graduation est à peu près égale entre
o et — , elle devient croissante dès-lors jusqu'à ~: puis
elle reste dans des limites assez égales jusquà environ
deux fois et demi le poids normal. Depuis là elle décroît •
sensiblement.
Le poids qui répond à ■— indique la place où les deux
brins de soie font ensemble un angle droit , à J^ la ligne
graduée est longue de deux fois le rayon. L'égalité des
poids correspond au 57° { du quart de cercle vertical, à
compter de bas en haut.
Dèmon&lration du principe de la Balance spontanée.
Soit ./^ 5 = 2 a un fil horizontal très-délié , tendu par
un poids P;\e fA ^ B P passe par une poulie très-libre
en S , et son poids est supposé assez petit pour qu'on
puisse le négliger. Si l'on suspend au point C milieu de
j4 B nn poids )" le fil ACB prendra la position ADB.
Tirons la verticale ^ E et nommons 9 l'angle D A E , on
aura A D=zA C^^a. On aura, dans le cas d'équilibre :
F : p :: sin AD p '■ sin ADB , ou F : p :: sin 6 :
DE PHYSIQUE ET DE MÉTÉOROLOGIE. lo5
sin. ADB. Mais dH^ ^Sa'^ — /^ a '^ sinlLe triangle
AJJB donne : DB : AB :: cos 6 : sm^DB, donc
sin ADB = — iiL^flî Doue . P : p :: sin 0 :
' " ^"^ » .. ^in i ' ^2^«__ OU P : p :: tang « iJ
J/' ( 5 - 4 «ù» I; •
Si fl est assez petit pour que l'on puisse supposer sin 9
= o , sans erreur sensible, on aura à très - peu prés :
P:p :: tang 6: ^; d'où l'on tire P =p tang 9 x 1 1 1 18*
On aura P ^ p tang 9 à moins d'un millième près entre
les limites fl = oet9=29 minutes. Donc entre ces li-
mites , on aura à moins d'un millième près ; le poids P est
au poids p comme la tangente de l'angle DAC est au
rayon.
Description d'un anémomètre présenté à la Société de
Physique et d' Histoire naturelle de Genève en 1817
et perfectionné dès-lors.
L'étude des vents m'ayant toujours paru trop négligée
par les météorologues , je crus pouvoir attribuer leur in-
différence pour des phénomènes aussi saillans à l'imperfec-
tion des instrumens destinés à en mesurer l'intensité.
Cependant, me disois-je, la nature nous présente par-
tout des anémomètres. Les branches des arbres, les brins
d herbes, les nuages, la fumée et tant d autres objets se-
roient dexceliens anémomètres si la force nécessaire
pour les mouvoir ou les fléchir étoit bien connue , s'ils
lo4 SUR DTFFÉRENS INSTRUMENS
présentoient toujours au vent une même surface , et si
cette surface leur opposoit toujours une résistance directe.
De là ridée de construire une machine qui remplît ces
conditions. L'inclinaison des objets chassés par le vent et
retenus d'ailleurs à quelque point fixe , pouvoit fournir ,
et avoit déjà présenté un moyen anémométrique à quel-
ques physiciens. Mais jusqu ici personne ne me sejniiloit
avoir combiné cette condition avec les autres conditions
du problème.
Ayant fait quelques essais préliminaires, j'entrevis bien-
tôt la possibilité d'organiser un instrument de manière à
remplir mon but, et je conçus l'espérance de pouvoir me-
surer exactement l'intensité du courant par l'écartemént
auquel parviendroit un objet poussé par les vents.
On a vu où cette recherche m'a conduit. A l'aide d'un
habile mathématicien, j'ai trouvé une théorie applicable
à toutes les forces qui agissent horizontaleiTient contre la
pesanteur d'un corps suspendu; il ne s'agissoit plus que
de disposer un volant de manière à ce quil reçût tout
l'etfort du vent ( que je suppose agir horizontalement ) ,•
2.° qui lui présentât toujours la même surface , et une
surface toujours perpendiculaire au courant. En 3." lieu
il falloit que chaque degré de force imprimé par le vent à
ce volant fut immédiatement dénoncé aux yeux de 1 ob-
servateur , ainsi que la diiection du fluide ambiant.
Le vent pouvoit représenter le fil horizontal de la ba-
lance tangentigrade , il ne s'agissoit que de lui donner
prise sur un volant convenablement disposé.
Je suspendis un volant d'une surface donnée à deux
hr, PHYSIQUE ET DE MÉTÉOROLOGIE. ïo5
hranches de ter très-minces de 1 8 pouces , par deux tou-
rillons places à ia moitié de sa hauteur. Les deux branches
de ter eues-mtmes turent suspendues par Tune de leui's
exticmités sur deux axes sembtables et horizontaux portés
par une girouette mobile de manière à diriger tout l'ap-
pareil en face du vent (FI. i , Jig. i.").
La girouette elle-même porte une graduation semblable
à ceiie de la balance tangentigrade..
Le volant est maintenu dans une position verticale par
le moyen d un poids fixé à sa base , ou par un procédé
moins simple , mais plus ingénieux , imaginé et exécute
par Cl. Lcchet, jeune homme doué d'un singulier talent
pour les mécaniques et élève de mon père.
11 consiste dans le jeu d'une ou de deux branches pa-
rallèles à celles qui portent le volant et situées de ma-
nière à l'accompagner dans tous ses mouvemens ,• elles
marchent simultanément et parallèlement aux branches
qui lui servent de support et sont fixées, d'une part près
du point centi'al, de l'autre au volant lui-même.
Par ce moyen, le volant se maintient toujours dans une
position verticale , quelque soit la hauteur où le vent
puisse le porter.
Les mêmes parallèles pouvant être situées très -près
de la girouette graduée, serviront si Ion veut d index,
comme dans l'anémomètre représenté (/-"/. "2 , jïg. i.' );
on peut même n'en employer qu une seule et la fixer au
milieu du bord supérieur du volant. Dans la fig. i."" l'axe
de la girouette a été prolongé afin que le volant ne soit
point masqué par la girouette; la parallèle qui tert d index
Méin. de In Hue. de Phys. et d'il. nul. 11. \. 14
lo6 SUR DIFFÉRENS INSTRTTMENS
doit être placée au haut de la girouette à une petite dis-
tance de l'axe ; c'est au-dessous de ce point que commence
la graduation.
Le support de la girouette consiste en une espèce de
potence à 1 extrémité de laquelle est une ouverture qui
donne passage à l'axe vertical de la machine : cet arran-
gement présente un inconvénient , c'est que le vent est
masqué dans une direction par le pied de la potence ; on
pare à cet inconvénient en tournant le pied dans une di-
rection différente de celle du vent.
Mais il y auroit plusieurs autres moyens que je
n'ai pas encore mis en œuvre , pour éviter complète-
ment cette imperfection.
Un de ces moyens , seroit de construire un volant
double. Le pied de la machine seroit une simple flèche
en fer, armée d anneaux dans lesquels laxe de la gi-
rouette très- prolongé tourneroit librement.
Pour démasquer ce pied qui se trouveroit naturelle-
ment dans la direction du vent au volant , on com-
poseroit celui-ci de deux Aolans de seize pouces de
surface , et séparés par un espace de six pouces. L'en-
semble des deux volans pèseroit une certaiue quantité ;
pour avoir l'effort du vent sur la surface de seize
pouces , on prendroit la moitié des forces indiquées sur
lindex. Le double ne donneroit pas l'effort du vent
sur une surface doulde , parce qu étant divisée , le vent
a moins de prise sur elle. Si Ion calculoit autrement,
on auroit une erreur à craindre, parce que l'effet du vent
sur deux volans de seize pouces n'est pas égal à ce-
TtV. PHYSTQITE ET BR METÉOnOLOGTE. ÎO7
lui du vent sur une surface de trente-deux pouces ; il
est moindre.
On peut aussi placer la girouette et tout son appa-
reil dans un cercle , ou dans un ovale vertical qui
chemine avec elle et tourne sur un pivot. Toutes ces
méthodes sont bonnes , pourvu que la girouette tourne
avec la plus grande liberté sur son axe , que le volant
soit bien démasqué et que l'index marche parallèlement
aux supports de l'anémomètre.
Le poids total du volant et de ses branches , en
comptant les parallèles et tout ce qui se meut par
l'effort du vent , doit donner le poids normal équivalent
au module; c'est-à-dire, que si tout cet appareil mobile
pesoit quatre onces, je donnerois au module de la gra-
duation quatre onces , et je la diviserois en con-
séquence.
J'ai donné trois onces au poids total de l'anémo-
mètre , la graduation est donc divisée exactement
comme celle de la balance, donc le module est sup-
posé trois entiers ; la surface du volant est de quatre
pouces en quarré.
On doit placer le pied de l'anémomètre dans une po-
sition parfaitement verticale , sans cela les degrés qu'il
indiqueroit seroient ou trop forts ou trop ioibies. La
machine doit donc être munie d'un plomb suspendu
par un fil, dans quelque partie à l'abri du vent; je l'ai
placé entre quatre vitres dans le pied même de l'ané^
momètre.
Il doit encore porter une rose des vents en fer-blanc,
|08 SUR DIFFÉRENS INSTRUMENS
peinte à Thuile comme la girouette. L'axe de celle-ci
prolongé porte une aiguille qui se dirige sur cette rose
selon la direction du vent. Afin de pouvoir mettre le
pied de la machine indifféremment dans toutes les po-
sitions , on laisse la rose des vents libre et on la tourne
au nord ; lorsque la machine est établie , ou la fixe sur
ce point au moyen dun bouton à vis.
11 faut avoir soin de donner à toutes les branches de
l'anémomètre le moins d épaisseur possible dans le sens
d'où vient le vent, afin qu'il n'ait que peu de prise sur
elles et que l'on puisse négliger cette considération.
Lorsque lindex annonce six onces , cela veut dire que
le vent agit sur une surface de seize pouces avec une
force de six onces ; s'il indique un dixième , c'est uu ,
dixième douce sur la même surface.
Lépaisseur du volant ne changeant rien à la surface
quil oppose au vent, je le compose de deux feuilles de
carton verni, collées sur un petit cliassis, et de ma-
nière à laisser entr elles un espace vide. Une ouver-
ture dans la feuille qui ne reçoit pas le vent permet
d'insérer des poids dans le volant , ce qui est très com-
mode pour le tarer et pour doui^ler au besoin la
pesanteur de tout l'appareil; dans ce cas les valeurs
de la graduation seroient censées doubles de ce qu'elles
indiquent.
On peut encore agrandir le volant, ce qui n'offre
aucune difficulté ; on doit dans ce cas indiquer la sur-
face sur laquelle agit limpulsion du vent.
Je joins ici un résultat obtenu par le Chevalier de
DE PHYSIQUE ET DE MÉTÉOROLOGIE. 1 O9
Borda dans des expériences destinées à estimer la vi-
tesse relative à la résistance de l'air : ces expériences
faites sur un volant de quatre pouces en quarré peuvent
s'appliquer à l'anémomètre que je viens de décrire.
Surface, quatre pouces.
ÏSISTANCE DE
LAIR.
VITESSE.
Livres.
Pieds.
0, 1472
25, 47
0, 0786
17^ 99
G, o3t»8
12, 66
0, 0184
8, 96
0, 0092
6, 33
Description de V Anémographe.
L'instrument auquel j'ai donné ce nom, est construit
sur le même principe que mon anémomètre. ( PI. 5 et 4.)
Dès que j'eus la certitude que les tangentes don-
noient des degrés comparables, je sentis que si je pouvois
faire traîner par les verges de l'anémomètre un petit
char qui parcourût une ligne horizontale , cette ligne
pouvant représenter les tangentes de tous les angles ,
depuis 0 , jusqu'à go* , un crayon porté par le train
de derrièie de ce char, pourroit tracer sur le papier
des lignes proportionnelles aux forces du vent.
La principale difficulté consistoit à faire pousser par
les verges le char en question dans une direction hori-
zontale : pour cela j'établis à droite et à gauche des
deux verges , une plate-forme sur laquelle deux rou-
ÏIO SUR DtFFÉRENS INSTRUMENS
lettes portant un essieu en fer s'avançoient par le moyea
des verges; mais il falloit encore quelles reculassent, et
dans ce but je fis passer les verges dans des espèces
de boîtes coniques en buis, percées d'un trou verticale
( FI. 3, fig. 2. ) Ces mêmes boîtes sont percées dans le
sens horizontal de deux trous pratiqués dans le même
alignement et aboutissant près de Taxe ; ils sont destinés
à recevoir l'axe des roulettes et l'extrémité de l'essieu.
La boîte doit être assez pesante pour résister à la
tendance qu'ont les verges à soulever l'objet quelles
charient.
L'essieu dont je viens de parler forme l'avant- train
du char ; il entraîne deux branches minces en bois dur ,
recourbées et percées à cette extrémité pour lui être
emboitées. Ces branches vont en droite ligne depuis là
jusqu'au train de derrière, auxquelles elles servent de
longes ou flèches: ( PI. 3. aa..Jîg. y. )
Le train de derrière consiste en deux petites rou-
lettes dont l'essieu porte un crayon ; elles cheminent
aussi sur une planche et sont retenues du côté ex-
térieur par un petit rebord.
Les deux verges de l'anémographe sont fixées à un
demi châssis qui tourne horizontalement par le moyen
dune gii'ouette élevée. Ce châssis porte dans le sens
d'oii vient le vent , une caisse ( d ) de vingt-deux
pouces de long , onze pouces de large , et deux pouces
de hauteur , destinée à contenir deux cylindres en
fci -blanc sur lesquels rovde une feuille de papier sans
fin (e). Cette caisse tourne avec tout l'appareil ; elle porte
le plancher destiné au train de derrière ( PL, 4. ).
DE PHYSIQUE ET DE MJÉTÉOBOLOGIE. lll
Les deux rouleaux en fer-blanc, terminés chacun
par une rondelle en cuivre, reposent sur des axes
très-déliés : l'un des rouleaux peut avancer et reculer
dans la caisse, au moyen d'un demi châssis horizon-
tal dans lequel il est enclavé et qui glisse entre les
bords de la caisse : il se meut en avant ou en arrière ,
au moyen d'une vis de rappel, établie à l'extrémité
de la caisse.
Les rouleaux peuvent s'enlever avec la plus grande
facilité.
Le diamètre des deux rouleaux est de deux pouces ,
afin que leur circonférence soit de six pouces. Celui
qui ne doit pas se mouvoir en avant, porte à lune
de ses extrémités une espèce de manivelle qui s'adapte
à la grande aiguille d'une forte montre ( PL 3. ^ ) '.
ensorte que celle-ci une fois en mouvement, le rouleau
fait en une heure un luur sur lui-même.
Les rouleaux sont munis de deux rangées de petites
dents en fer, au moyen desquelles le papier qui passe
autour d'eux est entraîné dans leur marche et che-
inine régulièrement.
Par la disposition de tout l'appareil le crayon situé
sur l'essieu du train de derrière ( PL 4. ) répond au
bord du papier lorsque le volant est en repos , c'est-à-
dire pendant le calme; le papier marche sous le crayon,
ensorte que sa tra(;e décriroit une ligne parallèle au
bord si le calme duroit un certain tems. Mais si le
vent fait élever le volant, à chaque mouvement de
celui-ci, le crayon avance sur le papier dune quantité
lia SUR DIFPKRENS fNTSTRUMENS
égale ù la tangente des angles parcourus pour un rayon
de dix-huit lignes.
Le dessin qui résulte de la trace faite par le crayon,
représente une suite de mouvemens qui répondent à
chaque minute , à chaque instant indiqué par la marche
du papier.
Le papier sur lequel s'inscrit la force du vent est
ii'ie biude sans fiu de trente-six pouces de longueur
sur onze pouces de largeur à peu près. Il peut do'ic
indi juer les eiforts du vent pendant six heures, chaque
minute répond à l'étendue d'une ligne du pied de roi.
Lorsquou veut moins de détail et avoir douze heures
de la marche du vent sans changement de papier, on
peut employer, comme je l'ai fait, un cylindre d'une
surfiCe moitié moindre, c'est-à-dire, d'un pouce à
peu près de diamètre, il s'adapte à l'aiguiUe de la
montre de la mêiue iittiulère, mai» celle-ui doit s'éle-
ver dan^ sa chà§sç afin que les deux rouleaux soyent
de niveau: par ce moyeu, un espace de trois pouces
répond à une he,ure, ce qui est bien suffisant pour
des observations ordinaires.
Le demi-chiissis qui, porte l'anémomètre, la caisse et
ses rouleaux , to.Ut> ce petit appareil est mu par une gi-
rouette dont l'axie traverse le bras d'une potence et repose
sur un bras iuférieur du même support (K). Cet axe
prolongé porte deux barres de fer qui viennent au se-
cours de la Çi-^isse et tournent avec elle en opposition au
vent. Cet axe pose par son extrémité inférieure sur une
vii^ en bois terminée gar une virole pleine en laiton, dans
Iket Huât I. p.U3.
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DE PHYSIQUE ET DE MÉTÉOROLOGIE. IJO
laquelle est ménagée une légère concavité pour recevoir
cet axe.
L'axe de la girouette est l'une des pièces dont l'exécu-
tion exige le plus de soin. Dans la partie qui répond à la
girouette il est carré, mais il va en diminuant dans cette
partie de la base au sommet , afin de recevoir les deux
branches en bois qui portent la girouette : ces deux bran-
ches ont un trou carré dans lequel entre l'axe ; il faut
faire attention au sens de la girouette dans toute la cons-
truction de Taxe : celui-ci est arrondi dans toute la partie
qui r.?pond an tube creux en fonte que l'on voit sous le
bras de la potence : plus bas , l'ciic prend une forme
applatie pour présenter au vent le moins d'obstacle pos-
sible, mais en revanche il est très-élargi dans le sens
opposé.
A sa base il reçoit une branche montante applatie
de même, et placée dans la même direction par rapport
au vent. L'axe porte en outre une bande horizontale qui
se fixe à la caisse par derrière , tandis que la branche
montante la reçoit par dessous.
(Tout cet arrangement a cependant l'inconvénient de
masquer légèrement le volant : il seroit facile de l'éviter en
faisant supporter la cuisat- par un axe divisé , qui sou-
tiendroit tout l'appareil au moyen de quatre barres de
fer ascendantes ).
La caisse a un fond très-mince ; ses bords sont cons-
truits en bois dur i les cylindres quelle renferme roulent
dans des échappes très-libres sur des axes bien centrés;
Qelui qui peut se mouvoir en avant, n'est retenu' que par
Mém. de la Soc. de Phys. et dH. nat. T. I." 1 5
rir4 SUR DITFKRENS INSTRUMENS
deux pelUs ressorts, destinas à céder à ia tension du pa-
pier, et les chappes dans lesquelles ces axes sont reçus
sont elles - rnêmes mobiles, pari:e qu'il faut qu'elles se
prêtent à l'inégale élasticité du papier. La montre est située
dans une chasse disposée de manière à pouvoir sé{e\er
ou s'abaisser à volonté , afin de correspondre au roideau
d un pouce, lorsque l'on veut en faire usage j jiar la même
raison, les pièces de laiton qui servent de support à ce
rouleau, sont percées à deux hauteurs ditférenles.
Le plancher sur lequel roule le train fie derrière du char
destiné à porter le crayon , consiste en deux petits trot-
toirs élevé*; au-çlesBus jlu papier , ciracune des règles qui
le composent est disposée au travers de la ciiisse sur de
petits pieds attenans à ses bords , ces trottoirs servent
chacun à l'une des roues du char ; leur distance dépend
des autres arrangemens et n influe en rien sur le succès
de la machine; ils reçoivent une petite bande de bois en
guise de parapet du côté extérieur. Une autre règle inter-
médiaire passe au contraire sous la bande supérieure du
papier , pour servir de table au crayon et oitfrir au pa-
pier un support sans lequel il céderoit et n'offriroit pas
la résistance nécessaire aux traces qu'il doit recevoir.
{PI- 4). . . . _
Le demi-chàssis destiné à porter les branches de l'ané-
momètre est fixé à la caisse par quatre fortes vis en fer;
car c'est la caisse qui porte ce châssis ; il tourne avec elle ,
et avec son axe , mais il ne touche point celui-ci ; il est
percé au milieu de sa longueur d un trou assez large pour
laisser un libre passage au tube eia foule qui est fixé au
DE PHYSIQUE ET DE MÉTÉOROLOGIE. Il5
bras de la potence et au centre duquel passe l'axe de la
girouette.
Ce demi-chàssis, porte, à quelques pouces de son ori-
gine, un cylindre en bois t'ait au tour et posé horizonta-
lement, entre les côtés du châssis, sur des axes jouant
dans du laiton (m) , PL 3 , Ji^. i .
Ce cylindre horizontal sert de support aux l^ranches
ou verges chi volant, qui doivent être placées sur la même
ligne , à la distance qui paroîtra la plus commode et
symétri<juement à l'égard du centre ou de l'axe de la
girouette.
La parallèle disposée pour maintenir le volant dans la-
verticale sera adaptée au châssis.
Le plancher qui porte le train de devant du char con-
siste aussi en deux règles horizontales, situées à un pouce
et demi du centre de mouvement des verges, c'est le mo-
dtde : ces règles n auront point de rebord pour ne pas
ris {lier de gêner en rien la liberté du volant.
Les deux pièces q;ie j'ai appelées des boîtes , et qui
reçoivent l'essieu du train de devant'^, sont comme je l'ai
dé)à ttit en bois pesant, de la forme d'un cône tronqué rec-
tangidairement par la pointe , et obliquement pai- la base,
afin de ne pas gêner le mouvement des branches par leur
frottement contre le plancher.
L'essieu ( PI. 3 , //g. 2 ) est d'une forme un peu re-
courbée afin de ne pas gêner le porte crayon du rhombe.
Cette macliine auroit été très-incomplète , si je m'étois
borné à lui faire indiquer les forces du vent. 11 importoit
au moins autant de connoître la direction du fluide en,
mouvement.
Il 6 SUR DTFfÉRENS ÏNSTiltTMENS
Dans ce but, cherchant un point d'appui sur la potence
même qui demeure immobile, on a réussi à laire porter à ce
bras un tube qui embrasse l'axe de la girouette et qui est
indéjjendant de celle-ci. {JPl 'ùyfig. i). Ce tube traverse
librement le demi-châssis qui pprie les branches de l'ané-;
momètre et descend jusqu'au niveau de la caisse.
L'n cordon fixé autour de ce tube, par le moyen de
quelques petites dents , fait marcher autour du tube ,
co^nme a^e , une petite règle de bois qui glisse horizon-
talement dans une coulisse attenante à la partie mobile
de l'appareil {PL 3, fîg. o) ; celle-ci tourne avec cet
appareil, mais la règle retenue par le cordon ne suit pas
le mouvement , elle ne peut que reculer ou avancer dans
laji'ainure d'une planchette qui la serre légèrement contre
li^ tube même; elle en sort d^me certaine quantité quand
lfi,,]^^ut est dans certain rhombe^ieUe sort davantage si
le vent change , oU' recule, s'il tourne d'un autre côté.
Cette règle est assez longue pour que le vent puisse faire
trois tours sans la mettre hors de sa coulisse. Elle sert de
support au crayon du rhoinbe ; comipe cette espèce de
porte-crayon est situé hors du centre de rotation ho-
rizontal, le crayon ne répondroit pas au milieu du papier
si l'on ne donnoit à son support un bras à angle droit qui
le remit dans la direction centrale , et ce bras consiste
en une petite bande de ressort en fer afin (Je laisser plus
de jeu au crayon. Ai; moyen de ce bras {pi. 3 , fig. 5 a),
le crayon du rhombe se meut exactement sur le même
alignement que le crayon destiné à tracer les forces du
V«nt : en sorte, que leurs ti'aces correspondent sur le pa-
T)t; physique et de MéiÉonoLOrtiE. 117
Jîier relativement au temps de leur exécution , elles se
tiouvent dans la JTiême minute sur la même ligne ; ou
peut donc à chaque instant du jour voir quelle étoit la
direction et la force du vent. {PL 4 ,fig. i ).
Mais on doit avant tout placer raïïiénograjihe conve-
nablement , dans un lieu découvert et éloigné de tout ob-
jet qui puisse présenter des reflexions ou des refoidemens
du vent ; il iaut ensuite l'orienter au moyen d'une bous-
sole et faire ensorte que le porte-crayon soit arrangé dans
sa coulisse de manière à correspondre au bord du papier
lorsquil indique le nord. Enfin, il faut mettre la machine
parfaitement de niveau et la solidifier au moyeu d'énormes
poids posés sur son pied.
On ne dispose la girouette ainsi que les crayons , qu'au
moment où l'on veut agir , afin de ne pas risquer de bar-
boiuller d'avance le papier. On marque sur le papier
l'heure où commence l'observation , et on laisse aller la
machine toute seule pendant tout le temps que le papier
doit marcher sous les crayons.
Il faut une montre extrêmement forte pour qu'elle ne
soit pas arrêtée dans son trajet ; j'ai cependant remai'qué
qu'elle étoit moins sujette à cet inconvénient par le vent
que par le calme.
Le pied de la machine exige quelque considération. On
pourroit le construire de bien des manières ; mais pour
sa solidité, il faut qu'il soit disposé de telle sorte qu'il
oppose une large base sous le centre de mouvement," j'ai
donné àla base la forme d'une double croix {pi. ^ifig. 2),
toutes les pièces dont elle est composée se joignent au
»l8 SUR DIFPÉRENS INSTRUMENS
moyen de chevilles afin de pouvoir être démontée facile-
ment (i).
Dans toutes ces machines il convient de conserver la
même surface au volant ; celle de quatre pouces en quarré
pourra servir de type général et l'on saura toujours à quoi
s'en tenir. Sa charge dans laménograplie est de quatre
onces ; parce qu'il seroit plus difficile de faire jouer les
branches qui portent le volant en avant et en arrière,
avec le char qu'elles traînent, si ce volant devoit s'élever
à des angles très-considérables , tandis qu'il suffit pour la
graduation d'un module de i8 lignes pour quatre onces.
Le papier employé pour Taménographe doit être très-
mince , très-uni , et un peu transparent. Le jiapier de
soie anglois est, ce me semble , le meilleur qu'il y ait dans
ce genre, parce qu'il est uni. Il doit être assez transparent
pour qu'on puisse lire au tra'sers l'écriture à l'encre.
Après l'opération de la machine , on enlève le papier de
dessus ses rouleaux , on le transporte sur une espèce de
réglet tracé avec de l'encre , afin de voir à quel rhombe et
(i) Je me plais à reconnoître ici tout ce que je dois aux soins de Mr.
Gourdon l'ainé qui sVst chargé de l'exécution de cette macbinc : elle a
reçu de lui plusieurs perfcctionnemens très-utiles , entr'aulres celui d'avoir
transporté le support de la girouette au bas de son axe , ce qui exigeoit
plusieurs modifîcatious importantes dans le reste de la mécanique , et ce
qui lui donne une solidité qu'elle n'avoit point lorsque le bras supérieur de
la potence étoit chargé de tout le fardeau.
• On ne saurait s'adresser mieux qu'à MM. Gourdon de Genève pour
1 exécution des anémomètres , puisqu'ils en ont déjà construit qui répondent
parfaitement à mon attente et au but poiu: lequel ils sont destinés.
DE PliVSlQUG El' DE MlÎTlloMOLOUrE. 119
à quelle force correspondent les traces des deux ci'ayons ;
ces traces ressemblent beaucoup à des coiuljes baromé-
triques , chaque mou\ ement, chaque impulsion du a ent
y est indiqué et répond à telle ou telle minute.
Le réglet, ( pi. 5) répond à la tangente des angles par-
courus par le volant : son module est d'un pouce et demi;
il vaut quatre onces : ainsi chaque once est indiquée par
un espace de 4 1- \- Le^i rhoinbes répondent à un module
régulier, chacun des points cardinaux est indiqué par un
espace de 4 1 a- 1^* commencent dans la partie la plus
élevée du papier , tandis que les forces commencent au
contraire dans la ligne la plue liasse. Tip module des
onces étant égal à celui des points cardinaux , celui-ci
peut, au besoin sen'ir de module; aussi dans le réglet A'oit-
on qu'un ^ ent très-violent seroit également indiqué sur
cette graduation. {Voy.pl. 5) , le réglet de cette planche
est réduit sur une petite échelle.
Les crayons employés , sont ceux de Conté de Paris ; ils
ne doivent être ni trop durs ni trop tendres ; ils glissent
dans de petits tulies ^ erticaux en corne , de la grosseur
d'un tuyau de plume ; s'ils sont trop légers on leur adapte
une petite cape en plomb , afin de les faire marquer.
NB. Quelques fautes s'étant glissées dans l'impression de ce mémoire,
l'on croit devoir consigner ici les principales.
P. 94, ligne dernière, C lisez G
P. 99, lig. i5, nprès B mitiez (PI. I, fig. 3)
P. 99, lig. 19, l'angle CB lisez l'angle ACB
P. 102) lig. 26 ; P lisez p
MEMOIRE
SUR
LA CHUTE DES FEUILLES.
Par Mr. le Professeur VAUCHER , Recleur de l'Académie.
{Lu à la Société de Phys. et d'Iiht. Nat. de Genève.)
XL y a peu de phénomènes de physiologie aussi remar-
quables que celui de la chute des feuilles. Les arbres qui
pendant tout le cours de leté conservent leur feuil-
lage, malgré les intempéries de l'atmosphère, et les ef-
forts des vents , se dépouillent naturellement , et comme
d'eux-mêmes aux approches de 1 automne ; quelles que
soient d'ailleurs la température de la saison, et les cir-*
constances dans lesquelles ils se trouvent placés.
Les seules exceptions quil y ait à cette loi de la
nature , sont les arbres verts dont la défoliation ne s!o-
père souvent qu'après quelques années, et ceux dont
les feuilles se dessèchent à la vérité dans le même temps
que les autres , mais ne se séparent de leurs tiges qu'à
l'époque du printemps.
Les physiologistes qui se sont occupés ^e cette inté-
ressante question l'ont trouvée assez difficile à résoudre ;.
les uns ont cru que les feuilles tomboient des arbres,
sua LA CHUTE DES FEUILLES. 121
parce que le bouton qui naît à leur aisselle , et qui
grossit considérablement en automne , écartoit insensi-
blement le pétiole de sa tige, et l'obligeoit enfin à s'en
séparer ; les autres ont imaginé que cette chute prove-
noit d'une maladie de la feuille occasionnée par l'a-
bondance des sucs qu'elle recevoit en automne , et la
diminution de sa transpiration insensible , ou bien enfin
ils ont attribué ce phénomène, à la différence de l'ac-
croissement entre la circonférence de la tige et le pétiole
de la feuille ; différence dont l'effet étoit de rompre les
fibres qui attachoient la tige au pétiole de la feuille.
Mais aucune de ces trois explications ne me paroîl
suffisante. D'abord, quant à la première, il est évident
h la simple inspection, qu'elle ne sauroit être admise.
Cette pression du bouton , qui à la manière d'un coin ,
devroit détacher le pétiole de sa tige , ne s'opère presque
jamais de la manière dont il faudroit la concevoir, et ce-
pendant elle devroit être générale , pour répondre à
un effet aussi constant que celui dont il est question-
Les feuilles qui n'ont pas de boutons visibles à leur
aisselle, ou qui n'en n'ont que de très-petits, tombent
aussi promptement que les autres ; et dans les feuilles
composées, les folioles aux aisselles desquelles il n'y a
jamais de boutons, se séparent souvent du pétiole prin-
cipal , avant que celui-ci se détache lui-même de sa
tige.
11 existe cependant un seul cas dans lequel la pres-
sion du bouton est, sinon là cause principale, du moins
la cause secondaire de la chute de la feuille ; c'est lorsque
JUém. du la Soc. de Phys. etWH. nat. T. 1." i6
122 Stm liX CHtTTR DES FEUILLES.
le; pétiole, au lieu d'être placé au-dessous du bouton, se-
lon' la' loi commune, l'enveloppe au contraire, comme
un boûnet enveloppe, la tête qui le porte; alors il est
manifeste que le bouton en croissant doit soulever et
arracher de sa tige le pétiole qui le recouvre : mais cet
arrangement est assez rare, et les seuls arbres sur les-
quels je l'ai aperçu sont les platanes, les espèces ar-
borescentes des sumacs, l'ailanthe glanduleux, les aca-
cias et les féviers. La maladie ou le pléthore des
feuilles ne peut pas mieux occasionner la rupture de
leur pétiole. Il arrive quelquefois, et particulièrement
après les gelées blanches qu'elles tombent saines et vertes.
D ailleurs dans les automnes sèches-, lorsque les sucs
moins abondans ne doivent pas occasiormer le pléthore,
ces feuilles tombent aussi, promptement, et même plus-
tôt que dans les automnes humides. Enfin cette hypo-
thèse n'explique point, pourquoi dans le cas de mala-
die la séparation se fait au pétiole plutôt qu'à la feuille,
comment elle a toujours lieu de la même manière , et
au même point , comment surtout elle est nette et
trancht-e , tandis qu'elle devroit alors paroître irréguUère
et inégale. En un mot, cette seconde cause ne s'applique
point aux circonstances du phénomène d'une manière
claire et satisfaisante,
Ertfln la troisième supposition qui attribue cette chute
à laccroissement du diamètre de la tige, quoique bien
plus vraie et plus conforme à la marche de la nature
que la précédente, ne rend pas compte cependant de
tous les faits particuliers qui accompagnent la rupture;
Stm li 4. CHUTE DES FEUILLES. 123
par exemple on comprend bien comment, le grossisse-
ment de la tige peut favoriser la séparation du pétiole
lorsque celui-ci ne reçoit plus d'accroissement ; mais on
ne conçoit pas , comment cette séparation au lieu de
présenter toutes les irrégularités des fractures ordinaires,
se trouve au contraire si tranchée et si semblable à
elle-même dans toutes les plantes. D'ailleurs quand cette
explication pourroit convenir aux feidlles simples , c'est-
à-dire à celles dont le pétiole ne se divise point , on
ne pourroit pas l'appliquer également aux feuilles com-
posées , dont les folioles se séparent du pétiole commun ,
sans que celui-ci reçoive plus d'accroissement que les
pétioles particuliers qu'il supporte. *'
Pour trouver, s'il est possible, la vraie cause de là'
chute des feuilles, laissons les conjectures et attachons'-nous
uniquen;emt à l'obsei-vation. Si 1 on considère le point d ad-
hérence d'un pétiole au moment où il est séparé de sa
tige , on remarque qu'il forme, comme nous 1 avons déjà^
dit, une section parfaitement nette et tranchée. Cette
espèce de cicatrice dont l'empreinte se voit aussi très-.'
bien sur la tige, est différemment figurée, selon la con-^'
formation du pétiole, elle imite un fer à cheval , un
cœur, un segment de cercle , etc ,• mais toujours elle'
est semblable à elle-mêmo dans les mêmes espèces. Or'
si Ion vouloit tenter de rompre le pétiole ailleurs qu'au
point ordinaire de sa séparation, au lieu d'obtenir des
fractures régulièrement tranchées, on apercevroit cons-
tamment des fibres déchirées et des bavures; preuve*
évidente que la séparation a été préparée d'avance par
l'24 SITR liA CHUT8 DES PEUIl-LFS.
la nature , eïi un seul point exclusivement , et qu elle
nest point due à 1 action de causes extérieures. La
manière dont elle a été préparée, est , si je ne me trompe,
facile à concevoir.
Les fibres du pétiole , au lieu d'être un simple pro-
longement de la tige , en sont séparées au point même oii
s'opère la fracture; l'union des unes avec les autres,
nest quune espèce de rapprochement ou de soudure, et
il n'y a point entre elles de continuité réelle .Celte sou-
dure sans doute nécessaire à l'élaboration de quelques
sucs , est probablement formée par quelque portion de
parenchyme interposé entre les deux systèmes de fibres.
'Jant que ce parenchyme est soumis à l'action végéta-
t^ye, l'adhérence est maintenue, mais lorsquil vient à
se dessécher, elle cesse d avoir lieu; la feuille ne tarde
pas à tomber.
Cette discontinuité s'aperçoit très-bien à l'extérieur :
qn remarque , au point où doit se faire la rupture , un
anneau circulaire qui séj are distinctement la tige du
pétiole. On peut même désigner long-temps à 1 avance
le heu précis où la séparation s'opérera. Cet étrangle-
ment, facile à observer dans la plupart des arbres, est
surtout marqué dans le pétiole commun des feuilles
composées, dont la chiite présente beaucoup plus de
variétés que celle des feuilles simples. On le voit, par
exemple, dans l'araiie épineuse diviser en plusieurs par-
ties le pétiole principal et les pétioles particuliers. Dans
le marronnier , Ion distingue à la base des folioles , l'an-
neau qui les attache. Dans le noyer , on explique pour-
SUR LA CHUTE DES FEUILLES. 125
quoi la foliole impaire reste adhérente, tandis que les
autres se détachent. Dans la clématite des haies , on re-
marque sur les feuilles vertes toutes les irrégularités
que doit représenter leur chute : cependant Ion voit
avec évidence que la discontinuité qui a lieu pour les
pétioles des feuilles composées , n est pas de la même
nature que celle des feuilles simples et qu'elle ne pro-
vient pas d'une différence d'organisation entre les
fibres.
Cette séparation naturelle et préparée des parties
d un même tout, n'est point un phénomène particulier aux
feuiUes des tiges arborescentes. Un la voit également dans
les pédoncules qui supportent les fleurs mâles d'un grand
nombre de plantes, par exemple, des noyers, des saules, etc.;
mais elle est encore mieux marquée dans les péricarpes.
Les différentes manières dont ces péricarpes s'ouvrent
au moment de leur maturité, et la constance de ces
modes dans les mêmes espèces, ne peuvent pas être
expliquées sans recourir à une organisation particulière,
à une soudure primitive, semblable à celle qui a L'eu
dans les pétioles. Et en effet , l'on peut facilement ob-
server sur les parois extérieures d un grand nombre de
péricarpes les mêmes traces de, rainures ou d'étrangle-
ment, fit les semences elles-mêmes ne se séparent des
foibles pédoncules qui les portent, que par des moyens
analogues à ceux que nous avons indiqués pour les
feuilles.
Mais, peut-on demander comment se détermine la
chute des feuilles ? Pourquoi , s'il y a une séparation
126 SUR LA CHUTE DES FEUILLES.
originaire du pétiole avec les tiges , les feuilles ne t<Mn-
bent- elles pas aussitôt qu'elles sont nées, et pourquoi
au conti'aire, ces mêmes feuilles qui pendant tout l'été
ont été si intimement unies à leur tige, s'en détachent-
elles d'elles - mêmes aux approches de l'hiver ?
La raison de ce fait n'est pas difficile à rendre. Elle
tient à deux circonstances principales:
La i"., c'est qu'il existe, comme nous l'avons dit,
entre la tige et le pétiole une substance, qui les unit
et que les botanistes connoissent sous le nom de pa-
renchyme. Tant que ce parenchyme est imprégné de
sucs végétatifs et remplit ses fonctions vitales , l'adhé-
rence se maintient et la rupture qu'on tenteroit ne se-
roit qu'une déchirure, mais lorsque l'automne arrive,
ce parenchyme interposé se dessèche ou s'altère et il
cesse d'être continu avec celui de la tige, comme on peut
en voir des exemples dans plusieurs plantes et en par-
ticulier dans la vigne lorsqu'elle se dépouille de ses
feuilles.
. La 2*. , c'est que les fibres qui enveloppent les vais-
seaux dans la tige ou les rameaux , ne sont pas de
la même nature que celles qui pénètrent dans les pé^
tioles. A l'époque du premier développement, c'est-à-
dire au printemps, la différence n'est pas sensible,
mais en automne les premières se sont endurcies , tandis
que les autres sont restées herbacées ; les premières con-
tinuent à vivre, tandis que les autres meurent; et par-
conséquent il doit y avoir entre elles une séparation na-
turelle. De plus, la tige et les rameaux augmentent de
diamètre , tandis que le pétiole au contraire se con-
SUR LA. CHUTE DES FEUILLES. 137
tracte en se desséchant. Cette nouvelle circonstance fa-
vorise encore la séparation , et enfin la rupture devient
complète. Mais il faut bien se rappeler que cette dif-'
férence d'accroissement entre la tige et le pétiole , n'est
pas la cause première de la chute des feuilles , elle n'en
est qu'une des circonstances accessoires. La vraie et
l'unique cause, est la solution de continuité, et cette
solution de continuité dépend primitivement de la dif-
férence dans l'organisation. Jamais , sans cette différence,
les feuilles ne se seroient séparées de leur tige d'une
manière si générale et si uniforme. Elles auroient été au
contraire tirnillées de tous les côtés , elles se seroient
rompues irrégulièrement comme les pédoncules d'un
grand noinbre de fruits , et l'aspect d'un arbre dépouillé
de ses feuilles auroit présenté des rameaux chargés des
vestiges inutiles de leurs anciens pétioles , et une espèce
de désordre qui ne se trouve jamais dans les ouvrages
de la nature.
En examinant de plus près encore le phénomène , au
moment où il se passe, c'est-à-dire à 1 époque de la chute
des feuilles , on voit qu'il est encore favorisé par la tor-
sion du pédoncule. Cette torsion, qui tend à rompre la pe-
tite adhésion qui peut exister encore entre le pétiole et la
tige, s'observe très -bien sur les feuilles qui sont près de
tomber, et surtout sur celles qui couvrent déjà la terre.
Je l'ai vue avec évidence sur celles du saule, du cerisier,
du pommier, du pêcher, et de plusieurs autres arbres, mais
je n'ai pas observé dans quel sens elle avait heu , et si elle
ne variait pas de direction dans les feuilles qui n'apparte-
naient pas à la mêjne espèce ou plutôt au même genre. Cet
128 SUR LA CHUTE DES FEUILLES.
anneau, ou cette rainure qui indique d'avance le point
de séparation est très-facile à apercevoir , surtout aux ap-
proches de l'automne. J'ai déjà dit qu'elle étoit double dans
les orangers dont les feuilles se rompent tantôt par le pre-
mier point , tantôt par le second. Ellle est aussi très-re-
marquable dans les Vinetiers (Berbe/is), où elle est placée
au-dessous du point de contact de la feuiUe avec la tige,
ensorte qu'après la chute de la première , on aperçoit des
rudimens de pétioles qui enveloppent et protègent les nou-
veaux boutons , et quand la séparation a eu lieu, on voit
nettement sur la section les points où se faisoit l'adhé-
rence , et qui n'étoient autre chose que les faisceaux de
fibres. Ils sont rangés sur la cicatrice comme les clous
sur un fer de cheval , ordinairement en nombre impair
cinq , trois , un , et ils subsistent jusques à ce que l' épi-
derme disparoisse.
Cette explication ne peut s'appliquer, dans toute son
étendue, qu'aux feuilles simples dont l'organisation diffère
de celle des tiges. Dans les feuilles composées, la chute des
folioles doit être déterminée par une autre cause , et cette
cause il faut la chercher dans la portion de parench} me
interoosée entre les fibres du pétiole commim , et celles
des pétioles particuliers. Tant que ce parenchyme remplit
ses fonctions , il conserve son adhérence avec les deux
systèmes de fibres ou de vaisseaux. Lorsque la feuille a
achevé de prendre sou acci-oissement il se dénature et se
dessèche peu-à-peu , en même temps , les fibres et les
vaisseaux se désunissent, et le moindre mouvement, la
moindre agitation extérieure fait cesser l'adhérence : mais
dans ce cas la séparation n'est pas aussi déterminée que
SUR LA CHUTE DES FEUILLES, 1 29
dans les feuilles simples. Elle présente , au contraire , beau-
coup d'irrégularités dans la même plante , quelquefois la
feuille entière se sépare de la tige , et les folioles restent
adhérentes ; quelquefois ce sont des portions du pétiole
commun qui se rompent, souvent ce sont les folioles, et
jamais, comme on le comprend aisément, cette rupture dé-
terminée par le simple dessèchement du parenchyme ,
n'est aussi nette et aussi tranchée que les autres ; on y
'retrouve, au contraire, de nombreuses bavures et des traces
plus ou moins distinctes de ce même parenchyme désor-
ganisé qui reste adhérent.
Il n'est pas difficile d'accorder ce que nous avons dit
jusqu'à présent avec les divers phénomènes que présente
la chute des feuilles; puisque la rupture du pétiole dé-
pend d'une organisation primitive , et qu'elle est déter-
minée par l'accroissement de la tige , on comprend d'abord
comment les rameaux de l'année commençant à s'endurcir
par leur base , les feuilles inférieures doivent se détacher
avant celles du sonmiet , comme cela arrive en effet dans
tous les arbres. On explique de même aisément pourquoi
les feuilles tombent dans les pays chauds , ainsi que dans
les pays froids , dans les serres , comme en plein air : la
chaleur, qui tend à favoriser l'accroissement de la tige ,
doit avancer plutôt que retarder le moment de la sépa-
ration des feuilles ; et plus l'on approche des climats méri-
dionaux, plus la défoliation doit être hâtive. Les gelées
qui , en altérant l'organisation du pétiole , nuisent à son
adhérence , accéléreront de même la chute des feuilles , et
c'est pourquoi dans ce cas particulier elles tombent lors-
Mém. de la Soc. de Phys. et d'H. nat. T. 1." 17
lOO StTR LA CHUTE DES PRUILLE5.
qu'elles sont encore vertes. Mais les arbres, dont les jets
ont été plus tardifs , ou plus vigoureux , doivent, au con-
traire, conserver leurs feuilles jusqu'à ce que leurs tiges
aient acquis une consistance ligneuse, ce qui est le cas
des chênes et des charmes qui ont été émondés. Pareille-
ment, les branches qu'on coupe avant l'automne ne doi-
vent pas perdre leui's feuilles même après le dessèchement,
parce que celles-ci ont été arrêtées dans leur végétation,
avant d'être arrivées à l'époque déterminée poui* leur
chute.
La seule objection qu'on puisse faire à toute cette théorie,
c'est qu'il existe des arbres qui ne se défeuillent pas pen-
dant l'automne , ni même pendant l'hiver. Mais cette sin-
gularité qui leur est propre, ne fait pas une exception à
la règle que nous venons d'établir , au contraire , elle la
confirme. Si l'on examine avec attention leurs feuilles .
on verra qu'elles ne sont point semblables à celles des
autres arbres, mais qu'au contraire, elles sont incompa-
rablement plus dures , plus coriaces et plus ligneuses. II
n'est donc pas étonnant que, leur tissu approchant davan-
tage de celui de la tige , elles restent plus long-temps à
s'en séparer. Mais loi'squ'enfin cette tige a pris un assez
grand accroissement pour que son adhérence avec le pé-
tiole se soit rompue, alors ces feuilles rentrent dans la loi
commune, et abandonnent leurs branches : l'époque de
leur dépouillement n'est point déterminée , £arce que ces
arbres sont d'une nature fort différente les uns des autres:
souvent elle a lieu au printemps , quelquefois dans le
courant de l'été , <?a en voit même qui ne quittent leurs
SUR LA THUTE BES FEUILLES. l3l
feuilles qu'au bout de quelques années. On y découvre
aussi des modes particuliers de séparation ; dans la ronce,
par exemple , le lieu destiné à la rupture est d'une con-
sistance beaucoup plus molle que tout le reste , dans l'o-
ranger, les feuilles ont un étranglement qui leur est propre.
Mais, en admettant ces considérations et d'autres du même
genre, on trouvera finalement que la défoliation de ces ar-
bres dépend de la même cause que nous avons assignée ,
c'est-à-dire d'une solution de continuité organique entre
les vaisseaux et les libres des tiges , et les vaisseaux et les
fibres des pétioles.
J ajoutei^ai en terminant cette explication que l'anneau
circulaire , ou l'étranglement qui se trouve à la base du
pétiole, et qui est commun à tous les arbres, ne s'aperçoit
point dans les plantes annuelles et dans toutes celles qui
quoique vivaces sont destinées à périr chaque année jus-
qu'à la racine. J ai souvent observé de pareilles plantes ,
et je n'ai jamais rien vu qui ressemblât à un anneau :
elles ont leurs tiges intimement unies à leurs feuilles , et
formant avec elles un seul tout qui subsiste jusqu'à la
fin. Il y a plus , lorsqu'on tente de séparer ces feuilles de
leurs tiges, bien loin d'obtenir cette rupture tranchée qui
est propre aux arbres, on déchire irrégulièrement les fibres
et les vaisseaux , et l'on forme ce qu on peut appeler une
vraie plaie.
La raison de cette différence d'organisation se présen te
d'elle-même, et vient de la sagesse de l'Auteur de la nature.
Les arbres, qui dévoient toutes les années renouveler leurs
feuilles , avoient besoin pour s'en dépouiller d'un moyen
l!52 SUR LA. CHUTE DES FEUILLES.
qui fut facile , et qui ne leur causât aucun dommage ,
mais dans les plantes herbacées , dont les feuilles étoient
appelées à la même durée que leurs tiges, un tel moyen
de^enoit superflu , c'est pourquoi il n'a pas été em-
ployé.
La première réflexion qui se préeente ici est relative à
la forme des feuilles des arbres. Elles sont à peu près
toutes pétiolées , au moins dans nos climats , jamais ses-
siles, ni décurrentes ou amplexicaules. La raison de cette
ressemblance qui existe dans les feuilles des arbres , tandis
que celles des herbes sont si différentes entre elles , me
paroît dépendre en grande partie du phénomène de leur
chute. Moins les points de contact sont nombreux et plus
iiussi cette chute est facile ; or , le pétiole mince et étroit
des feuilles des arbres n'adhère presqu à la tige que par
le petit nombre des faisceaux de ses fibres. Lorsque la
portion du parenchyme qui étoit interposé entre la tige
et l'extrémité du pétiole vient à se dessécher, la soudure
qu'elle occasionnoit cesse d'avoir lieu et la feuille se sépare
presque sans effort. Je ne connois qu'un seiJ exemple
d'étranglement placé dans la substance de la feuille et
non pas à la base du pétiole, c'est celui que présente
l'oranger, encore je ne sais pas, si la feuille se sépare par
cet étranglement , ou par l'extrémité de sa queue.
Seconde Réflexion. On sait que dans les arbres les
feuilles sont toujours attachées aux tiges nouvelles , et
jamais aux rameaux de l'année précédente , et que, toutes
les fois que les feuilles se développent sur des tiges an-
ciennes, ces feuilles ne proviçnnent point immédiatement
\
SUR LA CHUTB DES FEUILLES. l55
des tiges , mais des nouveaux rameaux auxquels elles ont
donné naissance. Il ne peut donc exister, entre la tigr
déjà ligneuse et la feuille encore molle et délicate, cette
espèce dunion quî lie cette dernière avec une jeune tige ,
et si elle existoil, la feuille qui seroit attachée à une vieille
»..tige ne pourroit pas en être séparée par les mêmes moyens
qui la détachent de son rameau.
Troisième Réflexion. L'espèce de cicatrice que forme
la feuille en abandonnant sa tige , et qui est très-marquée
dans plusieurs arbres , comme par exemple , les marron-
niers et les frênes, ne tarde p^as à s'effacer, et à disparoître
entièrement. Le moyen que la nature emploie pour ré-
parer ce petit désordre, dont elle est la première cause,
mérite d'être indiqué. L'épiderme de la cicatrice se dé-
tache et emporte en tombant les dernières traces de la
rupture.
Quatrième Réflexion. Il étoit intéressant de généra-
liser ces remarques sur la chute des feuilles, et de voir,
par exemple , si les pédoncules tenoient aussi à leur tige
par des soudures prédisposées. Pour une plus grande clarté,
je distingue ici deux sortes de pédoncules, ceux qui sou-
tiennent les fruits , et ceux qui, ne portant que des fleurs
à étamines , se rencontrent particulièrement dans les arbres
à chatons. Ces derniers tombent lorsque la fécondation
est achevée, et sans doute par une cause semblable à
celle de la chute des feuilles. Au contraire , les autres
adhérant encore à la tige après la maturité du fruit, leur
pédoncule acquiert une consistance ligneuse et se des-
sèche long-temps avant de tomber. A l'époque de sa cbùte
l34 SUR tiA CHUTE DES FEUILLES.
qui est presque toujours occasionnée par quelque agita-
tion de lair , il se rompt irrégulièrement dans les divers
points de sa longueur, et ne présente pour l'ordinaire
aucune trace d'étranglement ou danneau. Cette anomalie
apparente renferme de grandes preuves de sagesse. Les
chatons mâles devenus parfaitement inutiles après qu'ils
ont répandu leur poussière doivent se dessécher incon-
tinent et rentrer dans la circulation générale. Mais les
fruits après leur maturité doivent encore rester quelque
temps sur les arbres , parce qu'ils s'y conservent mieux
pour la noumture des animaux que sur la surface de la
terre, et surtout parce que les graines répandues de plus
haut, et poussées pai- les vents, doivent se semer plus au
loin.
Ainsi, le pédoncule se brise au gré du vent, un peu
plus tôt, ou un peu plus tard , mais toujours après la ma-
turité du fruit, et la nature pourvoit à ce que son dé-
périssement ne se communique pas à la tige.
Cinquième Réflexion. 11 existe plusieius genres de
plantes dont quelques espèces ont des tiges ligneuses et
persistantes pendant l'hiver , tandis que d'autres sont an-
nuelles ou du moins ne se conservent que par leurs ra-
cines, les sureaux et les moi'elles {^solanuni) en sont des
exemples. Or, vous n'apercevrez pas la moindre discon^
tinuité dans le pétiole des feuilles du sureau herbacé, ou
de la morelle , pomme de terre , tandis qu au contraire
l'anneau de rupture est extrêmement marqué soit dans les
sureaux en arbre, soit dans la morelle douce amère, soit
dans plusieurs autres espèces du même genre.
«UR LA CHUTE DES FKUILLES. j55
N'est-ce pas ià une pleine confirmation de l'opinion que
j'avance , et du but que s'est proposé l'Auteur de la
nature.
Sixième Réflexion. Je puis ajouter en faveur de la
cause que j'assigne à la chute dts feuilles, sa simplicité,
et en même temps les nombreux effets qu'elle produit ,
car c'est à ces traits qu'on reconnoît la marche ordinaire
de la nature ,• au moyen de ces ruptures prédisposées ,
toutes les feuilles d'un arbre , et quelquefois toutes celles
d'une forêt, dans l'intervalle de quelques jours, se séparent
«ans peine et sans effort du tronc qui les portoit, elles le
quittent lorsque leiu" destination a été remplie, et qu'elles
ont servi à son accroissement et à la maturité de ses fruits;
au printemps suivant eUes sont remplacées par de nou-
velles feuilles qui subissent à leur tour le même sort, et
ainsi de suite jusqu'à ce que le végétal ait lui-même ac-
compli sa destinée. Et ces feuilles en se décomposant ren-
dent encore à la terre d importans services ; elles y accu-
mulent ce terreau précieux qui est l'agent le plus actif de
toute végétation.
Sepliètne Réflexion. Les soudures que j'ai annoncées
entre les pétioles des feuilles et les arbres, doivent appar-
ie ir à tous les arbres des forêts froides et tempérées dont
les feuilles sont parenchymateuses et d'un tissu lâche ,
et qui appartiennent par conséquent à la classe des dé-
cotylédonées. Je ne sais point ce qui a lieu à cet égard
dans les zones torrides , et je soupçonne beaucoup que les
végétaux monocotylédons et arborescens ne jouissent point
de cette propriété , ou que du moins elle s y trouve très-
j36 sur la chute des feuilles.
modifiée. C'est un nouveau champ ouvert à la botanique ,
et je ne doute pas qu'il ne fournisse matière à des re-
cherches très-curieuses.
. -X,-X.-X.-X.-X.-X.-% -X. -V. "
NOTICE
Sur la confinée basaltique des Departemens de
Rhin et Moselle, et de la Sarre,
( Lue à la Soc. de Phys. et d'Hist. nat. , le 18 Janvier 1810. )
Par M. A. PICTET , Membre de celte Société.
ijoRSQUE j'appris , au commencement de l'année der-
nière (1809), que dans une pai'tie delà tournée à laquelle
j'allois être appelé , comme l'un des Inspecteurs généraux
de l'Université, j'aurois à suivre les bords du Rhin dans
sa région basaltique , j'éprouvai une vive satisfaction. J'a-
vois visité , il y a quelques années , les basaltes du nord
de l'Irlande, et en particulier la fameuse chaussée desGéans :
J'avois vu là une a as te contrée où les phénomènes de ce
genre se montrent sous les formes les plus variées et les
plus gigantesques , mais où aucune de ces formes ne res-
semble le moins du monde à celles qui caractéi'isent les
volcans ; point de cônes , point de craters , point de laves
ni de déjections d aucune espèce; rien ne peut mettre sur la
voie de deviner le secret de la natme dans la production
de ces singidiers amas de prismes plus ou moins réguliers.
Si c'est le feu qui les a créés , où étoit le foyer dembra-
semens aussi vastes •" Ce ne pourroit être qu'au fond des
jners voisines; et alors, à quel bouleversement ne faut-il
Méin. de la Soc. de Phys. et d H. nat. T. I." 18.
l38 SUR LA CONTRÉE BASALTIQUE DES DÉPARTEMENS
pas recourir! Je n'avois rapporté de ce pays que des con-
jectareti vagues sur la liaison prcsumaljle entre les phé-
nomènes volcaniques proprement dits et ceux Ae?, forma-
tions basaltiques : je n'avois point au l'AuAergne ni le
Vivarais, où ces phénomènes sont rapprocliés ; et jentre-
voyois la perspective de trouver le long du Rhin des oc-
casions de les observer , si le temps que je devois donner
à l'objet principal de ma mission (fort étrangère à l'his-
toire naturelle) poavoit me le permettre.
Je n'oubliai point , en partant , les deux fidèles com-
pagnons de toutes mes coui'ses , mon baromètre portatif
et mon marteau. J'avois déjà pris avec moi le premier de
ces instrumens dans une tournée du même genre , mais
dans un pays ditférent, faite Tannée précédente. Je l'avois
observé à chaque poste , çf j'avois nivelé ainsi ma route
d une manière assez exacte ; parce que dans le court inter-
valle de temps qui sépare un relai du suivant, il y a peu
de probabiUté que la hauteur absolue du baromètre chan-
gera ; et on obtient alors la hauteur relative , aux deux
stations, par deux observations successives d'un même
instrument , presqu'avec autant de certitude que si l'on
avoit des observations faites simidtanément à chacune
de ces deux stations. Cette observation n'entraîne aucune
perte de temps ; celui qu'on emploie nécessairement à re-
layer est plus que suffisant pour opérer ; la nuit n'y met
pas même d'obstacle , on observe facilement à l'aide d une
lanterne; et il est toujours satisfaisant, et souvent très-
utile de retrouver les hauteurs, soit relatives , soit abso-
lues , des endroits par lesquels on a passé. Si, comme j'en
DE RHIN ET MOSELLE ET DE LA SARRE. 1 3g
siïîs convainpu , le procédé de l'observation et du calcul
peut être mis à la portée de tous les voyageurs et aiTiené
au degré de simplicité auquel on a porté l'instrument , on
pourra réunir , au bout de peu d'années, un nombre d'ol>-
servations suffisant pour former une topographie verticale
de la France , l'un des élémens principaux de la géogra-
phie physique de ce vaste empire.
Je me bornerai , dans la notice que je mets aujourdlmi
sous les yeux de la Société , à ceux d'entre les objets que
m'a offert une tournée de 64© lieues , qui ont rapport à
l'histoire naturelle. J'ai donné quelques détails dans les
séances précédentes , sur les antiquités de Mayence , et
sur celles récemment découvertes près de Ligny en Barrois.
De Mayence jusqu'à Coblentz, , les bords du Rhin ne
m'ont rien offert de bien remarquable. Le fleuve com-
mence à s'encaisser à Bingen , à trois postes de Mayence.
De ce bourg jusqu'à Coblentz il coule entre deux collines
assez élevées , qui présentent des sites très-variés ; les
relais de poste sont établis dans de petites viUes, dont
toute l'industrie se borne à la culture et au commerce des
vins. Les chemins sont détestables et même dangereux ,
à cause du voisinage du fleuve, au bord duquel ils forment
souvent de longues et étroites corniches oh deux voitures
peuvent à peine clieminer de front. A une Ueue de Coblentz
la vallée s'élargit et forme un vaste bassin qui reçoit aussi
la Moselle ; la ville est bâtie au confluent de cette rivière
et du fleuve; sa situation est belle et heureuse. En face de
la ville , de l'autre côté du Rliin , on voit sur une haute
colline ou plutôt sur un rocher presque à pic , la célèbre
l4o SUR LA CONTRÉE BASALTIQUE T)ES T)ÉPAUTEMENS
furteresse cVEhreiibreistein , aujourd'hui démantelée. Aa
pied de la forteresse et au débouché d'un vallon, est la ville
du Tkal (le Carouge de Coblentz ) (i). Le Rhin seul
ks sépare; on passe le fleuve de l'une à l'autre ville sur un
pont-volant ; c'est un très-grand bateau, ou bac ponté,
de forme rectangulaire; il est attaché par le côté à un cable
retenu à distance du côté d'Amont par un bateau; ce ba-
teau tient lui-même par un cable à un autre , supérieur
dans le lit du fleuve ; celui-ci à un suivant , et ainsi de
suite jusqu'à un dernier , qui est attaché à une ancre au
milieu du fleuve. A partir de ce point fixe, la série de
ces embarcations forme une longue ligne , ou rayon , à
l'extrémité duquel est le bac, qui se trouve poussé alter-<
nativement d'une rive à l'autre par l'action oblique du cou-
rant contre son côté postérieur , à la manière des bacs or-
dinaires qui se meuvent le long d'une corde tendue d'une
rive à l'autre.
J'eus le bonheur de rencontrer dans M. de Lezay Mar-
nésia , préfet de Rhin et Moselle , qui réside à Coblentz,
un homme instruit , actif et prévenant , qui me mit à
portée de profiter de mon séjour de la manière la plus
intéressante pour moL Une circonstance particulière et
imprévue prolongea ce séjour ; mon excellent compagnon
de voyage fut attaqué d'une indisposition qui le retint au
logis pendant deux jours ; je les employai en excursions
dans la contrée , conduit par M. de Lezay (2).
(i) La ville de Carouge est située au bord de l'Arve, du côté opposé À
•Genève , et très-voisine de cette rivière.
{1) Cet adruinistrateur distingué a péri , comme on sait , par un accideut
fie voiture , à Strasbourg , dans uu jour de fête publique.
DE RHIN ET MOSELLE ET DE LA 3ARRE. l4]
Je remarquai , en dînant chez lui à notre arrivée, qu'on
bvivoit à 1 ordinaire une eau acidulé , d'une saveur très-
agréable , contenue dans des cruches de grès qu'on ne
bouchoit point. Il m'apprit que la source de cette eau
étoit au Thaï , et qu'elle faisoit la boisson ordinaire à Co-
blentz. Nous allâmes ensemble visiter cette source, et j'eus
alore l'occasion de voir la facile et simple manœuvre du
pont volant. On passe , pour ainsi dire , sans s'en aper-
cevoir et sans savoir pourquoi ni comment , le fleuve qui
est très-large à Coblentz. La source acidulé est au milieu
de la ville du Thaï ; elle remplit jusques près de son
bord un puits assez profond, de forme quarrée, d'où l'on
voit monter au travers de l'eau, qui n'est pas très-limpide,
une foule de buJles d'air, que j'ai lieu de croire ttre de l'a-
cide carbonique , non-seulement , parce que l'eau est im-
prégnée de ce gaz , mais parce que je l'ai reconnu dans
d'autres sources du pays dont j'aurai l'occasion de parler.
On voyoit autour du puits plusieurs femmes du peuple
qui venoient remplir des cruches, pour leur usage ou pour
les porter vendi-e à Coblentz. J'appris avec surprise qu'on
n'y mettoit jamais de bouchon; et que l'eau , loin de se dé-
tériorer ou de s'affadir en étoit meilleure. Je me borne à
citer ce fait sans prétendre l'expliquer. Certainement je
ne l'aurois pas deviné.
La journée du lendemain fut consacrée aux objets de
notre mission. JNous la terminâmes par une pi'omenade
le long des bords du Rhin , où pour défendre la rive
Française des empiètemens du fleuve, le Pi'éfet a fait
planter une oseraie, qui a plus d'une demi-lieue de Ion-
l42 SUR LA CONTTRÉE BASALTIQUE DES DÉPARTEMENS
gueur, et qui, déjà très-touffue, atteint mieux son objet
que toutes les cligues imaginaUes ; une allée sablée et
plantée en rosiers et en arbustes à fleurs de toute espèce,
règne le long de cet immense quai ; et , dans les soirées
dété toute la belle population de Goblentz y vient prendre
le frais.
Le bassin de Goblentz termine au sud -est la région vol-
canique qui , jusques à Bonn , borde la rive gauclie du
Rhin et s'étend à quelques lieues dans les terres. J'ai in-
diqué cette région sur la carte par une enluminui'e qui en
désigne à peu près l'étendue ; elle continue sur la rive
droite , mais là je n'avois pas de données pour la tracer.
M. de Lezay , à qui je n avois point dissimidé mon ar-
dent désir de visiter cette contrée , prévint mon vœu et
destina sa journée entière du lendemain à une grande
tournée que nous fei-ions ensemble. Une collection mi-
néralogique assez considérable, que j'avois vue chez lui,
m'avoit fait présumer qu'il aimoit cette branche de l'his-
toire naturelle ; je ne tardai pas à découvrir qu'il n etoit
pas simple amateur , mais véritablement connoissem- en
minéralogie : tout se réunit donc pour me rendre cette
journée profitable, autant qu'agréable. Nous partîmes de
bonne heure dans une calèche ouverte, attelée d'excellens
chevaux ; et certes il les falloit tels , car nous leur ûmes
faire douze à treize lieues , et quelquefois dans des che-
mins de traverse très-fatigans.
Nous passâmes la Moselle en sortant de Goblentz sur
un assez beau pont de pierre , ou plutôt de lave , bâti
en i33o.
DE RHIN ET MOSELLP. ET DE LA SAliHE. ) 45
La première observation qui s'ofFiût fut la beauté des
•Cliemins vicinaux. M. de Lezay a porté dans cette partie
de son administration une attention et uni.' activité par-
ticulières ; et les circonstances , il faut le dire , l'ont fort
aidé ,- le soi du département est , en grande partie formé
de collines ondoyantes, sm* lesquelles les routes ne sont
ditiiciles ni à tracer ni à entretenir ; on trouve presque
partout de l'excellent gravier volcanique; et mieux que
tout cela, les communes sont en général assez à leur aise,
et susceptibles d émulation entr elles. Le Préfet a cherché
à accroître cette disposition ; il a nommé inspecteurs par-
ticuliers des routes ceux d'entre les Maires des communes
qui lui ont paru les plus actifs , les plus intelligens , et
les plus susceptibles détre influencés par cet utile prin-
cipe d'émulation; et le résultat de ces moyens x-éunis est
véritablement admirable. Déjà les deux tiers du départe-
ment sont couverts d'un rézeau de routes, qui n'ont que
la largeur nécessaire à deux voitures, mais qui sont bien
établies et bien entretenues , par des cantoniers répartis
de lieue eu lieue, et occupés à remplir les ornières et à
donner cours aux eaux stagnantes.
On travailloit dans la campagne aux labours du prin-
temps. Le sol est si léger que cette opération contras-
toit beaucoup à mes yeux, avec celle du même génie dans
notre pays , où elle occupe souAent six bœufs , deux
hommes et une lourde charrue. Ici la charrue est fort lé-
gère, et n'a qu'une corne; elle est attelée d'un seul bœuf,
le laboureur la tient d'une main, et de l'autre un petit
bâton en façon de canne ; et il a l'air de se promener pour
son plaisir.
l44 SUR LA CONTRÉE BASALTIQUE DES DÉpARTEMENS
A peine avions-nous fait une demi-lieue , que je re**
marquai dans le talus à droite , récemment taillé pour
élargir le chemin, des couches horizontalement stratifiées,
que je ne regardois guères , les prenant pour du sable ou
du gra^ ier commun. « Voilà , me dit M. de Lezay , la
matière qui rend nos routes si bonnes.» — «Vous avez ce
gravier bien à portée.» — « Ce n'est point du gravier ; re-
gardez de plus près. » Nous descendons; et je vois , à ma
grande surprise , que ces couches sont formées de
grains légers , spongieux, en un mot de véx'itable pierre
ponce en fragmens. On l'appelle dans le pays Bimsteiri'
J'en mets un échantillon sous les yeux de la Société (i).
Cette lave granuleuse forme là évidemment une strati-
fication , par alUn ioa , à lu manière de nos graviers et de
nos sables (n).
Je commençois à ouvi-ir les yeux : après vuie heure e£
demie de marche , les mom emens du terrain devinrent
plus mai'qués , et je distinguois déjà dans le lointaui plu-
sieurs sommets , de forme conique écrasée, ou plutôt dé-
chirée. Nous passâmes auprès de l'un de ces monticules,
nommé Caniilleberg : il étoit boisé jusques vers le haut,
et ne ressemijloit pas mal à celui sur lequel étoit l'ancien
château de Mournex , qui appartient actuellement à 1 un
de nos collègues (3). 11 y a au sommet un hermitaga
(i) Les (■clianlillons désigiiôs dans cette notice sont déposés au Musée ^
avec indication de la page du mémoire à larpelle ils se rapportent,
(a) N." Yi 'Ifi ^ collection au Miisée.
(S) Ml-. Gosse le père , (jue la Société a eu. le malheur de perdre en iSiJ-».
l
Ï)U RHIN V.r MOSELT.B ET DE LA SAHRE. l45
occupé, par deux hermites. Nous ne cessions point de
monter insensiblement : à dix heures du matin nous at-
tei^îîmes un vaste plateau nommé TVolfllial où nous
quittâmes la route de Goblentz à Mayen , l'un des bourgs
principaux du Département , et nous prîmes à droite ,
en nous rapprochant du Rhin , dont nous étions pour-
tant à environ quatre lieues. Je fis là l'observation du
baromètre ; il étoit de 6 li. -^ plus bas qu'à Coblentz ; et
le therm. à 7 (i?), ce qui donne, pour la quantité d'ascen-
sion depuis Coblentz, 4^8 pieds.
De ce plateau nous redescendîmes un peu pour tra-
Terser une assez grande plaine au milieu de laquelle on
Toit un ci - devant monastère , aujourd'hui une ferme
nommée Frauenkirh. Près de là, et au bord du chemin,
nous nous arrêtâmes pour observer une source minérale
assez remarquable, nommée Schmahl-brunnen.l^e sort
en partie d'un petit bassin artificiel de basalte , autour
duquel, sur son bord, est gravée une inscription en langue
allemande. Au-dessous du bassin, la source forme une
sorte de petit marais, de quelques toises détendue, où l'on
"voit eu beaucoup d'endroits leau minérale sortir du fond
«n bouillonnant et en amenant des bulles d'air à la sur-
face. Je n'avois pas prévu ce genre d'observation , et je
n'étois muni d'aucun appareil approprié ; un grand go-
belet de verre qu'on avoit joint à nos provisions de bouche
me servit de récipient ; après lavoir rempli dans l'eau
"de la source, je le tins renversé au-dessus de l'un des
"endroits d où sortoient les bulles ; il fut rempli en cinq
âecondes par le gaz. L'odeur de ce gaz étoit celle de l'a-
Méin. de la Soc. de P/ijys, et d'H. nat, T. 1," 15
l46 SUR LA CONTRÉE BASALTIQUE DES DÉPARTEMENS
cide carbonique , et des plus piquantes. J'essayai d'y in-
troduire une allumette enflammée j elle s'y éteignit comjne
si je l'eusse plongée dans l'eau. La saveur de cette eau me,
parut plus saline et moins acide que celle du Thaï , dont
jai parlé tout-à4'heure. Elle sort avec assez d'abondance
pour produire un petit ruisseau , sur le fond duquel ,
comme sur celui de la source, il se dépose une grande
quantité d'oxide de fer d'une belle couleur rouge orange (i).
On ne s'aperçoit d'aucune odeur sulfureuse. Sa tempéra-i
ture est à io° 5 (K) , elle me semble un peu au-dessus
de la moyenne du climat.
Je n'ai point dit encore qu'indépendamment des obser-<
valions générales qui nous appeloient dans cette contrée ^
elle renfermoit pour moi deux objets de curiosité très-vive.
L'un étoit ces carrières renommées de meules de moulin,
taillées dans la lave , pierres qui sont connues et pré-:
férées dans tout le nord et jusques en Amérique ; on les
conduit par terre jusques au Rhin à Andernach, d'où on les
emJDarque pour toutes les destinations. L'autre objet étoit
la célèbre abbaye du Lac, déjà fameuse dans les temps
de la chevalerie, mais plus intéressante pour moi par les
phénomènes volcaniques dont eUe est comme le centre,
que par les souvenirs du moyen âge qu'elle peut réveiller.
J'allois à la piste des volcans étemts, comme un botaniste
cherche une plante rare, ou comme un antiquaire poiu-suit
une médaille d'Othon.
Nous arrivâmes à onze heures au village de Nieder-
(0 ^•° i^ de la collection au Musée, ,i
DU RHIN ET MOSELLE ET DE LA SARRË. i47
mendig , près duquel sont les carrières de lave qui portent
son nom. Nous fimes alte à l'auberge. Nous y trouvâmes
(j'ignore si c'étoit par hasard) deux propriétaires des prin-
cipales carrières, qui nous offrirent très-gracieusement de
nous y accompagner; l'un ne parloit que l'allemand, l'autre
écorchoit le français, tout juste ce qu'il en falloit pour se
faire deviner au travers de mille coq-à-lânes. M. de
Lezay questionnoit pour moi et me traduisoit les réponses.
Nous apprîmes, en déjeunant, qu'avant la guerre et le
blocus maritime, la valeur annuelle de l'exploitation de ces
carrières s'élevoit jusques à cent mille écus ; et qu'elle est ré-
duite actuellement à la simple consommation du pays, c'est
à-dire presque à rien. Les habitans du village , auxquels ce
commerce avoit procuré une honnête aisance, sont actuel-
lement réduits à une misère telle, que les femmes, obli-
gées de s'emprunter réciproquement des soidiers pour
aLer à l'église le dimanche , ne peuvent s'y rendre que
tour-à-tour.
Quoique nous eussions fort bon appétit , il me sem-
bloit que déjeûner étoit perdre du temps; et je pris la li-
berté de presser le départ poiu- les carrières , qui ne sont
qu'à dix minutes de distance du village. On y arrive en
montant par une pente douce. Je m'attendois à voir, ou
une grande coulée de lave , ou des escarpemens basalti-
ques , dans la masse desquels on taiUeroit les meules. . . .
Rien de tout cela. Je vois çà et là sur un plateau pres-
que horizontal, des entassemens de débris artificiels, entre
lesquels sont de vastes entoimoirs presque contigus , et
dont ceux qui sont anciens et comblés ressemblent à de
l48 SUR LA CONTRÉE BASALTIQUE DES DÉPARTEMENS
petits craters ; mais là main de l'homme y est d'ailleurs
trop évidente pour qu'on puisse s'y tromper. Sur quel-
ques-uns de ces entonnoirs sont établis des tours des-
tinés à monter les meules , du fond des galeries souter^-
raines jusques au-dehors , où on les voit appuyées les unes
contre les autres par centaines. Les plus grandes ont dix-
sept pouces d'épaisseur, et les plus petites un pied. Oa
nomme les premières jungfer, les autres rrolf. Il y a ,
sur le teriàtoire de Niedermendig , neuf de ces carrières
actuellement en exploitation. Ces travaux étoient, dit-on,
en activité déjà au quatorzième siècle.
La lave basaltique poreuse qu'on exploite dans ces car-
rières est ensevelie sous des bancs très - épais de terrain
d'alluvion , sous lesquels ou a lieu de s'étonner que son
-existence ait été découverte, et même soupçonnée; car
elle ne s'annonce point au jour. On trouve là, en creusant
sous la terre végétale, quinze à vingt pieds d'épaisseur de
ce même bimsleiii dont j'ai parlé tout-à-l'heui'e , et dont
les fragmens n'ont aucune adhéi-ence entr'eux, ce qui
oblige à évaser beaucoup les ouvertures, de crainte des
éboulemens , ou bien à les contenur par un mur cylin-*
drique bâti en façon de puits avec les débris des lavés.
Je voulois descendre dans l'une des carrières pour ob-
server de plus près les stratifications. On en choisit une
à laquelle on avoit pratiqué dans l'épaisseur de la couche
de bimatein une galerie couverte , prise de loin et des-
cendant en pente douce, garnie de marches jusques au
bord du puits creusé dans la matière solide. Là, on trou-
voit pour descendre au fond , non pas une échelle ordi-
n ©U RHIM BT MOSELLE BT PE l^k SARpE. .l49
jnàîre , mais une longue poutre garnie cle bâtons enfilés
comme on en donne aux poules pour atteindre leur gite.
JEncoBîbré d un baromètre ef d'un marteau , je tfpuvois
en descendant, qiie j'aurois eu besqiii pour iija sûreté par-
faite d'une main de plus; d'autant que ces bâtons, à moitié
usés, et glissans , ii'ofFroient qu'un soutien très-précaire.
Je descendis pourtant sans accident, et je m'applaudis fort
jd'être arrivé dans ce souterrain. L'observation du baro-
mètre me donna soixante dix-huit pieds de profondeiu:
depuis l'entrée de la galerie. Le puits étant fort large, o^i
voyoit très-clair au fond. Voici la stratification que j'ob-
.fiervai en descendant.
Après le bimstein , se trouvoit un banc assez épajs
d'argile grise renfermant çà et là des fragniens étrangers»
comme des débris de coquilles et des morceauJt de basalte*
JPlus bas commençoit la coulée de lave, qui paroiâsoit évi-
demment composée de prismes verticaux juxtà-posés»
Si quelqu un étoit porté à croire que ces faces verti-
cales , en apparence prismatiques , avoiejit revêtu cette
forme par suite du mode d'exploitation lorsqu'on avo^t
creusé le puits , je lui répondrois que les fissures vert^i-
cales qui séparent et décident ces prismes ne peuvent être
l'ouvrage des hommes ; je réponckois tout aussi victorieu-
sement que, lorsqu'en parcourant les galeries horizontales
qui partent du fond du puits, je regardois le plafond, je
le voyois tout entier à comparlimens polygpnes^ qui incji-
quoient évidemment la section horizontale d'une masse
de prismes verticaux. Je me rappelai avoir j^adis obscr\ é le
même phénomène dans une matière bien différente de la
l5o SUR LA CONTREE BASALTIQUE DÈS DÉPARTEMÊNS
iave ; c'étoit dans les mines de sel gemme de Norlhwich
en Angleterre.
Je remarquai l'un de ces polygones , d'environ deux
pieds de diamètre, au milieu duquel onenVoyoit un plus
petit , semblable au grand , mais d'une matière blanchâtre,
toute différente ; il étoit malheureusement à douze ou
quinze pieds au-dessus de moi , en sorte que je ne pus
pas en apprendre davantage. Mais je puis dire avoir trouvé
dans ce puits une réunion de deux circonstances qui m'a
conduit à une vérité intuitive. J'ai vu là une masse énorme
de \^^,'e certaine , c'est-à-dire , indubitablement volcan>-
que ; et cette même lave y est organisée en prismes , à la
façon des basaltes les plus purs et les plus compactes.
On peut remarquer, dans la section verticale de cette
lave, une transition qui conduit à un autre fait important:
sa partie supérieure se rapproche tout-à-fait de la nature
des scories; aussi on la rejette dans l'exploitation (i). C'est
dans la partie moyenne, qui a environ cinquante pieds d'é-
paisseur , que la masse rémiit les deux qualités qui en font
une bonne pierre meidièrer savoir, une porosité suffisante,
et une assez grande dureté. Au-dessous des galeries en
exploitation, la lave n'est point épuisée, mais elle devient si
dure et si compacte qu'on ne l'exploite pas ; elle passe à
l'état de vrai basalte ; les ouvriers le nomment diillstein.
11 paroîtroit donc qu'une coulée volcanique , dont la nur-
ture chimique est peut-être la même dans toute son
épaisseur verticale, peut, parle seul fait de la compre»-»
(i) N." i^ de k collection.
Se RHIN- ET MOSELLE ET DE LA , CARRE- iSl
«iqn physique qu'exercent les couches supérieures sur les
inférieures , donner de la Live en haut, et du basalte en
bas ; à peu près comme les cuves des brasseurs qui ont
vingt-cinq pieds de profondeur et qu'on voit à Londres i
donnent en bas de la bière prête à boire, tandis <ju'en haut,
la liqueur est encore en pleine fermentation^
Je mets sous les yeux de la Société deux échantillons
de cette lave meuUère. Elle renferme souvent , comme on,
peut le remarquer, des noyaux de matières étrangères (i)î
on y trouve des fragmens anguleux de feldspath,- des nids
dépidote aiguillée verte ; et bien plus rarement, on y ren"
contre une substance bleue, à cassure vitreuse, découverte
il y a peu d'années à Albano et dans les en\ irons du lac
de Nerni ; on l'a trouvée aussi en Auvergne. On l'a nommée
Hauyne.
Pendant mon séjour dans ce souterrain , j'eus roccasioit
d^y répéter une obser\'ation physique que j'ai faite dans
plusieLU"s cavernes naturelles au milieu de l'été , et dont
je n'ai pas encore trou^ é d explication bien satisfaisante.
Je voyois, dans quelques endroits, de l'eau tomber goutte
à goutte du plafond sur le sol du souterrain , ou contre ses
parois. Or , partout où cette stillation s'opéroit , on voyoit
au-dessous une masse de glace d'une certaine épaisseur.
Cependant, la température de l'air étoit à3 ^ {R) , et j'ai
lien de croire qu'en aucune saison elle ne descend à zéro
dans ces souterrains.
H étoit temps d'en sortir. J'avois encore bien des choses
CO >'•" il et i^ de la coUeciiou.
ïSa sun iÀ co^n'iièE éASAiitT^TiE nv département
à voir dans cette riche journée. Nous remontâmes , les
poches pleines , comme on peut croire ; et pour moi , la
tête encore plus remplie. J'éprouvois , comme une glou-
tonnerie d'observation , qui me donnoit une sorte de mal-
aise, quand je songëois à là désolante rapidité du temps.
En repassanl auprès des aliciens entoïmoirs Fermés,
qui ressemblent à des cràters , on nous en montra tm de
fimeste mémoire. Quatre hommes y furent ensevelis par
un éboulement , il y a quarante ans , et leurs ossemens
y reposent.
^.Nons ne retournâmes point à Niedermeiidîg, nous nous
rendîmes au village de Beln ' , où réside le maire de cet
arrondissement, homme très-actif, instruit, bon agricul-*
teur, parlant couramment le français, et qui me parut l'un
des inspecteurs fayoris du Préfet dans cette contrée. Pour
mon malheur, il avoït été prévenu de notre arrivée, et nous
attehdoit'à dinet ! Je n-a^ois faim que de voir ; pen-*
dant les derniéi;'s pféparàtifâ du repas , mon baromètre
m'apprit que, depuis le sol des carrières jusqu'à Beln nous
avions monté de 48 pièds. Effectivement , le village est à
mi-côte d'une colline cputonniee de quelques rochers qui
ressemblent fort de loin à du basalte; et qvie j'aurois bien
mieux aimé aller' visiter qtiè de'm'asseoir à table. Dans
toute autre disposition d'esprit j*aurois pu, et dû, tirer
très-bon parti de la conversation qui étoit instructive ;
mais je ne songëois qu'à ce que j'avois vu , rt à ce que jfe
pourrois voir encore , si'le'' dîné pbu voit "finir. H étoit
quatre heures "dû sôîr ,' "et Tkons étions à la fin de Mars.
On eut pitié de moi, et on abfégèa. Néiis allumes d'abord
DE RHIN ET M0SEL1.E ET DE LA SARHE. 1 53
visker une source acidulé ferrugineuse , nommée Edel-
hrunnen , qui sort assez près du viUage dans un vallon
charmant. Elle me parut ressembler à tous égards à celle
que nous avions vue le matin ; et on lui a donné , comme
à l'autre , un bassin de basalte. J'estime leur distance res-^
pective d'environ une lieue, à vol d'oiseau. J'appris que,
dans les travaux de l'été, les ouvriers de la campagne vien-
nent de fort loin chercher leur boisson à cette som'ce , qui
a pour eux presque tous les avantages du vin.
Non loin de là, et en remontant le même vallon , nous
visitâmes une autre carrière d un genre tout différent de
celles que nous venions de voir , mais qu'on a lieu de croire
aussi d origine volcanique. On l'appelle Pierre à four ;
JBackqfenslein. C'est un banc d'environ vingt-cinq pieds
d'épaisseur , taillé en escarpement , et qu'on exploite
partie à ciel ouvert , partie en galerie souterraine , qui
peut avoir une centaine de pieds de profondeur. Elle est
composée de fragmens agglutinés en brèche grossière , ou
plutôt en tuf a ; elle se taille aisément, et se durcit à l'air,
et encore plus au feu. En examinant de près les fragmens
dont elle est composée , on y trouve du schiste argileux
bleuâtre; des noyaux d'une substance jaune et légère; des
lames de mica noir en petite quantité ; enfin , de petits
grains tiès-blancs, qui resiemblent à de la chaux. Ce banc
est placé immédiatement ai>-dessou3 de la terre végétale ;
et les fissures qui s'entrecroisent dans sa masse ne donnent
aux formes qu elles dessinent aucune régularité apparente.
Elle offre, tbns sa qualité, des différences analogues à
celles que j'ai fait remarquer dans la lave ; c'est-à-dire
Mém. de la Soc. de Phyî. et iPIl. nal. ï. I." so
1 54 SUR LA CONTRÉE BASALTIQUE DES DÉPAHTEMENS
que dans la partie supérieure du banc , ce tuf volcanique
(car cen est un) est d'un grain moins fin, et contient
des noyaux plus gros, dont quelques-uns sont de basalte
et de lave. Au bas il est plus dur et plus noirâtre : la
meilleure portion du banc n a guères que douze pieds d'é-
paisseur. (Ja envoie ces pieri'es à four jusques en Bi'abaut
par la navigation du Rhin (i).
Je vis que le Préfet et le Maii'e mettoient de l'intérêt à
aHer visiter ensemble un chemin qu'on étoit occupé à ré-
parer non loin de là. De mon côté , j'avois à cœur la vi-
site aux basaltes présumés du haut de la colline. Nous
nous séparâmes, en nous assignant un rendez-vous. Arrivé
au sommet , je trouvai bien des masses de nature Ijasal-
tique , mais aucune forme régulière. Mes compagnons se
firent attendre si long -temps au rendez - vous , que je
craignis une équivoque , dont le résultat auroit pu être
embarrassant. Enfin, ils ai'rivèi-ent , et nous partîmes pour
l'abbaye du Lac, où nous envoyâmes la voiture qui de-
voit nous ramener. Il étoit cinq heures et un quart.
Nous nous dirigeâmes à travers champs , d abord en
montant un peu , ensuite en redescendant davantage, au
tra\^ers d'une belle forêt de hêtres , au sortir de laquelle
nous vîmes paroître tout- à- coup le vaste bâtiment de
l abbaye, et le lac, auprès duquel ce monastère est situé.
Les bords sont un peu marécageux du côté de 1 abbaye.
Lédifice est très-vaste et bien conservé. Sa fondation
date, à ce qu'on dit, du neuvième siècle; mais les bàtimens
actuels sont sûrement plus modernes. Il a moins souffert
(i) N." ^ de la collection.
I
DE RHIN ET MOSELLE ET DE LA SARRE. l55
que beaucoup d'autres des ravages de la révolution. Il est
occupé par un régisseur , pour le compte du Domaine de
la Couronne. 11 est question d'y placer le dépôt de men-
dicité du département ; et c'est bien dommage. Je ne crois
pas qu'il existe un site plus véritablement pittoresque;
il l'étoit pour nous au mois de Mars , qu'auroit-il été dans
la belle saison!
Ce lac a i3oo arpens de surface. Il est environné de
collines boisées, à peu près de même hauteur, et qui pré-
sentent , au premier aspect , l'idée d'un immense cratère
dont le bord se seroit rompu du côté par lequel on arrive
au lac , et par lequel ses eaux s'écoulent actuellement dans
un canal souterrain.
Mais avec un peu de réflexion , et sans cesser de voir
dans toute l'enceinte du lac les phénomènes volcaniques ,
iOn n'y reconnoît pas l'existence possible d'un crater véri- .
table. Feu M. de Luc , qui a visité cette contrée en ob-
servateur , et qui a pu y donner le temps nécessaire , a
trouvé autour du lac tout l'assortiment de matières qui
prouve jusqu'à 1 évidence qu'un volcan a existé là ; mais il
ajoute sur la forme actuelle de l'enceinte et sur son étendue,
des considérations qui me paroissent frappantes de justesse
et que je ne puis mieux exposer que dans ses propres
termes. (Vo-ez Lettre 94i P^g- 198).
J'appris de M. de Lez.ay qu'il y a, vers l'extrémité du
lac opposée au couvent, et oh la nuit qui s'avançoit ne nous
permeltoit plus daller .,: ua;creux auprès dun vieux tronc
d arbre , dans lequel se répète ct^ .petit le phénomène de
la grotte du chien, il y a dans cette fosse naturelle une
l56 SUR LA CONTRÉE BASALTIQUE DES DÉPATITEMENS
émission constante de gaz acide carbonique , qui tue les
souris et les oiseaux lorsqu'ils s'y trouvent par hasard ex-
posés. Il ne nous resta de lumière que de quoi faire mie
courte excursion le long du bord du lac au pied de la col-
line qui l'entoure. Les masses roulées qu'on y trouve sont
une agglomération volcanique qui tient en quelque sorte
le milieu entre le pouddingue et la lave. J'en mets un
échantillon sous les yeux de la Société (i).
Nous quittâmes 1 abbaye à la nuit , et au grand trot
des chevaux nous n'arrivâmes à Coblexitz qu'après dix
heuies du soir. Je partis le lendemain i." Avril pour
Bonn.
La route de Coblentz à Bonn se fait le long du Rhin ;
mais le fleuve n'y est point aussi constammeut encaissé
qu'il l'est de Bingen à Coblentz, et elle offre des sites plus
variés. A Andernach , premier relai depuis Coblentz , nous
AÎmes au bord du fleuves de grandes provisions de ces
meules de la^e dont j'avois examiné la carrière la veille.
Je savois qu'au-delà d' Andernach on pouvoit découvrir,
de la route même , des basaltes en place. J'étois tout yeux
pour qu'ils ne m'échappassent pas. Au bout de trois quarts
d'heure de route j'aperçus les premiers; on distinguoit fort
bien la fornie prismatique lorsqu'on se trouvoit rapproché
de la masse , qui de loin paroissoit un rocher informe.A une
lieue au-delà du reliii de Remagen , nous ^ îmes , dans le
lit même du fleuve , un faisceau ou groupe de basaltes ,
en prismes parfaitement réguliers , qui formoient comme
une petite île; elle doit disparoître lorsque les eaux sont
(i) N.° i^ de la collection.
DE RHIN BT MOSELLE ET DE LA SARRE. iSj
hautes. Un peu plus loin nous passâmes au pied d'un
rocher basaltique sur lequel on voit une mazure qui porte
encore le nom de château de Roland. En face , et dans
une île du Rhin peu distante, est un monastère, encore
habité actuellement par des l'eligieuses , et oii l'on dit que
la fille de Charlemagne étoit enfermée , lorsque le preux
chevalier fit bâtir cette tour, pour être à portée de voir la
Dame de ses pensées. J'ai lieu de croire qu'à cette dis-
tance , et les lunettes d'approche n'étant pas encore in-
ventées , il la voyoit plutôt du cœur que des yeux.
Long-temps avant qu'on arrive à Bonn, et jusques dans
la ville même , la route est bordée de bornes faites avec
des prismes de basalte tellement réguliers qu'on ne peut
se persuader qu'ils ne soient pas taillés de main d'homme.
La principale carrière de ces prismes est dans le voisinage
du relai de Remagen.
Après une excursion au nord jusques à Aix-la-Chapelle
et vers les confins de la Hollande , nous revînmes à Go-
blentz pour nous diriger sur Trêves. M. de Lezay avoit
ajouté aux bontés dont il nous a comblés , 1 invitation de
visiter un volcan éteint , nommé Falkenley , qui n'étoit
quàpeu de distance de la route, et qui méritoit d'être vu.
Il nous donna, au départ, une lettre pour le Maire de
Luzerath , village qui u'est qu'à deux lieues du volcan ;
il l'invitoit à nous y accompagner. Nous devions coucher
aux bains de Bertrich , qui en sont assez voisins , et re-
partir le lendemain pour ïrèves.
Peu après notre départ de Coblentz , le temps se dé-
rangea tout-à-fait. Nous eûmes des bourasques de pluie
l58 SUR L4 CONTRÉE BASALTIQUE DES DÉPARTEMENS
mêlée de neige; des relais mal servis, des chemins affreux.
Nous étions partis à quatre heures et demi du matin , et
nous n'arrivâmes qu'à trois heures après midi à Luzerath,
troisième relai depuis Coblentz. Un surcroit de malheur
nous y attendoit. Le Maire, notre protecteur , notre ci-
cérone , étoit absent. On ne savoit quand il reviendroit.
Nous tenons conseil , pendant qu'on attèle , par une pluie
battante. Mon compagnon de voyage qui n'avoit pas
pour les volcans éteints un goût aussi prononcé que le
mien , et qui étoit frappé de l'idée que nous n'avions
pas une heure à perdre , étoit bien tenté d'aller en
avant. J'insistai pour l'excui-sion , et il eut la bonté de
céder. En y pensant aujoiu-d'hui de sang-froid, je sui&
encore plus touché de sa complaisance que je ne le fus
dans le moment. Nous quittâmes donc la grande route,
pour aller coucher aux bains de Bertrich , par des chemins^
de traverse.
M. de Lezay m'avoit annoncé , qu'avant d'arriver à
Bertrich on vuyoit le volcan sur la droite du chemin et
à peu de distance. Je ne cessois point de regarder à droite
quand nous fumes dans les parages indiqués ; et , à un
quart de lieue des bains , voyant à droite une colline ro-
cailleuse en pain de sucre, je ne doutai point que ce ne tut
là mon volcan. Je demande à mon compagnon de me
laisser descendre , et d'aller in'attendre aux bains. Il mac-
corde la première de mes demandes , mais me refuse la
seconde, et m'attend sur place, ce q;ii me genoit beau-
coup. Il pleuvoit assez fort ; je vais droit au monticule ,
au travers d'une prairie qui devient peu-à-peu, et attendu
DE RHIN ET MOSELLE ET DE LA SARRE. iSg
la circonstance, un véritable marais, où j'enfonce à plaisir.
J'arrive enfin et je ne trouve qu une colline terminée par
des entassemens pierreux ; mais aucun signe , ni basalti-
que , ni volcanique. Je x'eyiens tout honteux, et encore
plus mouillé.
Il n'y a à Bortrich , outre la maison des bains , qui étoit
fermée , que quelques maisons de paysans dont l'une , soi-
disant auberge, n'étoit qu'une misérable gargotte. Pendant
que mon compagnon s'y arrange comme il peut, et fait
préparer un prétendu soupe , je retourne, toujours en para-
pluie, profiter d'une heure de jour qui restoit encore, pour
visiter le vallon enchanteur qui recèle ces bains. J'aper-
çois le long des bords du ruisseau des rangées de charmans
petits basaltes qui semblent se montrer pour me donner
du courage et de l'espérance ; je monte là où je trouve des
sentiers , mais je ne découvre rien de plus ; et la nuit me
cliasse au logis , où je rentre assez triste ; j'avois un motif
de chagrin de plus que mon compagnon de voyage , c'étoit
le sentiment pénible de l'avoir engagé dans une excursion
à laquelle il étoit peu disposé , et qui tournoit aussi
mal.
11 étoit huit heures ; et après nous être réchauffés et
séchés de notre mieux , tout en faisant des plans vagues
pour le lendemain, nous allions avaler une mauvaise soupe,
et nous coucher , lorsque nous entendîmes dans la cour
le pas d'un cheval; seroit-ce notre maire de Luzerath ?. . .
c étoit lui-même ! Il avoit appris notre passage et nos in-
tentions , en rentrant chez lui , et n'avoit point hésité à
venir nous joindre , malgré la nuit et le mauvais temps. 11
iGo SUR LA CONTRÉE BASALTIQUE DES DÉPARTEMENS
avoit pensé à tout, car il sortit de son porte-manteau deux
bouteilles d'excellent vin , une volaille et du jambon. Je
laisse à deviner si nous lui sûmes gré de son zèle et de sa
prévoyance. Je n'ai point dit que le concierge des bains ,
ayant appris qu'il y avoit à l'auberge des illustres étran-
gers , épithète dont il nous décora dès la première révé-
rence» s'étoit cru obligé, ou avoit cru proEtable de venir
nous tenir compagnie. Nous fîmes , à nous quatre , un
soupe très-agréable , où j'appris en conversation plusieurs
détails plus intéressans que ceux qui précèdent.
L'origine de Bertrich remonte, à ce qu'on prétend, jus-^
qu'au treizième siècle. On 1 attribue- à un saint liei'mite,
nommé Berteric, qui au treizième ou quatorzième siècle se re-
tira dans ce lieu, admirablement choisi pour quitter le monde*.
On y trouve , en miniature , toutes les beautés que nos Alpes
peuvent offrir en grand, et de plus, des singularités et des
curiosités naturelles qu'on ne rencontre point dans les^
Alpes. Je veux parler des phénomènes volcaniques et ba-
saltiques qu'on y voit rapprochés , et qui font de ces lieux
charmans comme un cabinet de géologie ; à chaque pas on
change de site ; partout des objets nouveaux et des bel-
védères natui'els pour les observer et pour les admirei*.
C'est une nature tour-à-tour agreste , et ornée de tout son.
luxe.
A toutes ces beautés , il faut ajouter le bienfait dune
eau thermale à 3o'' {R). L Electeur de Trêves y établit»
en 1760, un vaste bâtiment en pierre de taille; la source
est tout auprès , et se distribue par des tuyaux daus qua-
torze étuves voûtées , dont six sont doubles et huit sim-
DU RHIM ET MOSELLE ET DE LA SARBE. iGl
pies ; en sorte que vingt malades peuvent en profiter à la
fois. L'eau n'a qu'une toible odeur sulfureuse, et aucune
saveur saline. On dit que cet établissement a coûté i5o,ooo
écus à l'Electeur. Le noniljre des amateurs qui s'y rendent
annuellement est entre 4 et 5oo. La plupart viennent
d'Allemagne et de Hollande. On dit que ces eaux ont
fait d'assez belles cures , sans parler des miracles aux-
quels le concierge essaya de nous faire croire.
Nous fîmes nos plans pour le lendemain , en supposant
( et moi en espérant , le beau temps ; car mon baromètre
mis en expérience dès notre arrivée montoit à vue d œil ).
.Nous devions partir à la pointe du jour accompagnés de
notre brave Maire pour le volcan de Falkenley , en re-
prenant la route qui nous avoit amenés à Bertrich ; et
revenant ensuite sur nos pas jusques fort près des bains ,
nous devions prendre là le chemin de ti-averse qui nous
ramèneroit dans la route de Trêves.
Le lendemain , au jour , le temps fut superbe , ainsi
que le baromètre me l'avoit promis. 11 fallut, avant de
nous mettre en route , visiter en détail le bâtiment des
bains , dont le concierge ne nous fit pas grâce d'une
étuve.
Je fis, en retournant par le chemin de la veille, quelques
remarques qui m'avoient échappé alors , et d'autres qui
me furent indiquées par notre cicérone. Je découvris le
long du torrent qui occupe le fond du vallon , fond si
étroit qu'il n'y a rigoureusement de place que pour le
torrent et le chemin , je découvris , dis-je , beaucoup plus
de basaltes que le jour précédent ; leurs prismes se mon-
Mém. de la Soc. de Phjs. et d'H. mit. T. I." ai
162 SUR LA CONTRÉE BASALTIQUE DES DEPARTEMENS
troient le long des bords du toxTent immédiatement sur-
montés , et comme chargés par des masses de rochers de
nature absolument différente ; c'est-aTdire de schistes
feuilletés , à bancs diversement inclinés. Voilà dans cette
formation , le feu et l'eau , Vulcain et iNeptune qui se cou-
doyent tout-à-fait et sans transition quelconque; je pré^
sente un échantillon de ces schistes (i).
Fort près du pont sur lequel on passe le torrent , on
nous conduisit à 1 une des curiosités de la contrée , c'est
une grotte basaltique, véritable miniature de celle de
Fingal dans fîle de Staffa. C'est une galerie naturelle ,
haute de cinq pieds, large de trois, et qui a une dixaine -
de pas de longueur. Ses nnurs latéraux sont une suite de
colonnes basaltiques formées d assises superposées , d'en-
viron neuf pouces de large sur six de haut, et en façon de
boules applaties , ou de grosses raves dont la forme poly-
hèdre est presque effacée , mais se découvre encore ; ces
sphéroïdes sont composés de couches pierreuses concen-
triques ; et dans la partie postérieure des colonnes , qui
ne font guères saillie que d'une moitié de leur épaisseur,
l'intervalle d'ime boule à l'autre est comblé, dans la masse,
par une lave compacte qui semble avoir coulé eii façon
de mortier à demi liquide , et avoir rempli les interstices
entre les boules et ceux entre les colonnes (2). On Aoit,
parmi les échantillons que je mets sous vos yeux deux
morceaux de cette matière , qui répondent aux deux an-
gles d'un prisme, et sur Tune des faces desquels on dé-
(i) N.° ^ de la collection.
(2) N." If de la coUeciiou.
DE RHIN ET MOSELLE ET DE LA SARRE. l63
couvre la forme de la boule basaltique enveloppée. Ces
morceaux se rapprochent , par leur figure , des frag-
mens singuliers que j'avois remarqués jadis le long de
chacune des arrêtes prismatiques des basaltes articulés de
la chaussée des Géans (i).
A l'extrémité de la grotte opposée à celle par laquelle on
y entre, on voit un bras du torrent se précipiter en cas-
cades sur les têtes arrondies d'un grouppe de basaltes. On
diroit , qu'autour de cette grotte comme au-dedans , tout
se réunit pour offrir un spectacle rare, et que je trouvois
du plus haut intérêt.
En quittant la grotte nous parcourûmes, en remontant,
la longue et rapide descente qui nous avoit conduit la
veille aux bains , et au bas de laquelle j'avais fait mon ex-
cursion marécageuse. Je remarquai , chemin faisant , que
les rochers qui bordoient le .chemin à droite av oient un
aspect équivoque , tenant le milieu entre le basalte et la
pierre de formation purement aqueuse. Le marteau éclair-
cit la question. J'eus môme le bonheur de détacher un
échantillon que je mets sous vos yeux , et qui offre la
transition entre le basalte et la lave. 11 est tout-à-fait com-
pacte en A , eten B , il présente déjà le tissu spongieux
qui caractérise la lave (2).
Arrivés au haut de cette longue montée , nous sommes
à peu près à la hauteur du volcan , on nous le montre à
peu de distance,- je lavois bien vu la veille , mais je navois
(i) N.° |-j et Yj Je la colleclion.
(a) N.» ^ de la collection.
l64 SUR LA CONTRER BASALTIQUE DES "DÉPARTEMENS
pu le deviner sous sa forme ; c'est un sommet horizontal
non isolé, couvert de terre végétale, sans apparence de
cône ni de cratère. D'un côté est un escarpement presque
vertical mais irrégulier qui, vu de loin, n'offre rien qu'on
n'ait vu cent fois ailleurs. Je me désolois la veille de ce
qu'il m avoit écha[)pé , et j'avois bien tort , car je laurois
vu bien mal et bien péniblement par la pluie et à nuit
tombante ; le lendemain , au contraire , tout se réunissoit
pour l'observer à mon aise. Je mis cette observation morale
dans un sac où j'en ai beaucoup d'autres de ce genre , et je
courus au volcan. L'n sentier très - praticable nous con-
duisit sous lescarpement : nous le dépassâmes ,■ nous gra-
vîmes , sur notre droite , un talus déboulement; et arrivés
au haut , nous nous trouvâmes sous une galerie natu-
relle de cinq à six pieds de haut , et longue de quelques
pas ; et notre bon et aimable guide nous dit ; « Regardez ! »
Nous nous ti'ouvions sur, ou plutôt dans une coulée de
lave, aussi évidente que si elle eut daté de l'année dernière.
Mon jeune domestique , de notre pays , assez intelligent ,
et qui n'avoit jamais rien vu de pareil , me demandoit naï-
vement , quand cette montagne avoit été fondue? La la\e
surplomboit sur nos têtes , et formoit la paroi de la galerie.
On y voyoit tous les accidens de fusion , tous les mélanges ,
toutes les formes bisarres qui caractérisent ce phénomène
dans les volcans actuels. J'en ai choisi quelques échantil-
lons que je mets sous les yeux de la Société et qui té-
moigneront pour moi si je lois soupçonné d'exagéra-
tion (i).
(') N." if , ii, il , U " ¥é de la coUecùoa. '
DU RHIN ET MOSELLE ET DE LA SARUE. l65
La forme de la galerie sous laquelle nous étions étoit
due à la série des périodes de 1 éruption. Une première lave,
refroidie au degré où elle ne couloit plus, mais où elle
pouvoit être encore soulevée, avoit formé le mur vertical
de la galerie ; une seconde bouffée un peu plus liquide ,
étoit venue se répandre par-dessus, et surplomber, comme
prête à verser ; mais le refroidissement lavoit saisie dans
cet acte même; et elle formoit ainsi la saillie au-dessus de
nos têtes.
Je croyois qu'en montant plus haut je trouverois un
cratère , une bouche , en un mot une souixe quelconque
de cette éruption. Rieu. La colline est plane au sommet,
ainsi que je l'ai dit; et si elle a été plus élevée, ou conique
autrefois, tout cet excédent a disparu.
A côté de la lave est un entassement de rochers de na-
ture basaltique , coupés presque à pic , dans lesquels on
voit un nombre de crevasses ou de solutions de continuité ,
mais qui n'affectent aucune figure régulière ; c'est cette
irrégularité dans la forme générale et particulière de cette
colline qui me l'avoit fait si heureusement méconnoître la
veille.
Je ne me rassasiois point de ce spectacle absolument
nouveau pour moi , car je voyois pour la première" fois
des laves en place. Je consiUtai le baromètre pour savoir à
quelle hauteur nous étions au-dessus des bains. 11 étoit plus
bas de huit lignes 77 ce qui, par la température moyenne
de -f- 2° me donna 664 pieds d'élévation. — Il fallut partir.
Nous primes là congé du Maire , très - reconnoissans de
tout le dévouement qu'il nous avoit montré et nous re-
l66 SUR LA CONTRÉE BASALTIQUE DES DEPARTEMENS
descendîmes aux bains pour y prendre notre voiture et la
route de Ti'èves.
Ce fut au tour de mon compagnon de me remercier d'a-
voir insisté la veille pour que nous fissions cette excursion,
que lui-même trouvoit finalement très-intéressante , et qui
fournit matière à la conversation pendant les longues et
pénibles heures de route jusqu'à Trêves , où nous n'arri-
vâmes qu'à cinq heures et demie du soir. Les chemins
étoient affreux, et par pitié pour les chevaux j'en fis une-
partie à pied. Je ramassai, entre Wittlich et Herzenrath,
parmi les pierres entassées le long du chemin et destinées,
aux réparations (entassemens , qui, pour le dire en pas-
sant , indiquent toujours aux voyageurs qui songent à les
regarder la nature Hthologique du sol environnant ) , un
échantillon de trapp , dont la forme rhomboïdale est des
plus régulières que le hasard m ait jamais fait rencontrer ;
je le mets sous vos yeux, (i)
11 est temps de terminer ma narration. Je vous demande
pardon, Messieurs , de l'avoir entremêlée de détails fort
étrangers aux objets ordinaires de nos réunions ; mais si ,
comme je n'en doute guère , la série des impressions reçues
dans le cours d'un voyage appartient à son histoire natu-
relle , en cherchant à vous décrire et à vous faire partager
celles que j'ai éprouvées dans lintéressante contrée dont je
viens de vous entretenir, je suis resté dans les limites et
dans l'esprit de notre institution. Si je me suis trompé, je
demande grâce.
(i) N.° i^ de la coUeciiou.
DU RUm F.T MOSELtB ET DE LA SAnHB. 167
Liste des échantllloîis relatifs à la notice qui précède , et
déposés par l'auteur au Musée National.
N.»
d'or-
dre.
Pag. de
la notice.
10
11
12
i3
1 Bimstein , soii pierre ponce granuleuse, d'alluvioD , i44
3 Oîiide de fer déposé sur une pierre dans la source
diie Schmalbrunnen , l46
Lave spongieuse occupant le dessus des carrières de
Niedermendi^ , NB. elle a enveloppé du feld-
spath , i5o
Lave meulière, des carrières de Niedermendig, avec
feldspath enveloppé , mais non fondu , i5i
La (uèine , avec feldspath enveloppé et fondu en ma-
melons , i5i
Baclcovenatein , ou pierre à four, l54
Conglomérat volcanique , près l'abbaye Jm Z/ac , i56
Schiste qui repose sur le basalte dans le vallon de
Beririch , 162
Coulée basaltique entre les colonnes prismatiques de
la grotte de Bertrich , 162
Lave basaltique moulée sur les angles des assises des
colonnes de la grotte de Bertrich ( deux échan- i63
tillons) ,
Basalte porphyroïde passant à l'état de lave,dey^en jB, i65
Lave du petit volcan éteint, de Falkenley , 164
Idem , ibid.
14 \ldein , avec schiste enveloppé, ibid.
15 j/cZew , plus compacte , ibid.
16 \Tdern , demi-vitreuse, ibid.
N-^des
érlianlil-
lons dans
(a collec-
t'iou dil
^luscp.
^1
ti t
17
'l'rapp en rhomboïde régulier ; entre Wittlich et
Ilerzenrath (Rhin et Moselle), 166
11
86
W
82
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87
9»
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9*
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i2
84
MEMOIRE
SUR
LES CHARAGNES.
Par M. le Prof. ^ VAUCHËR , Membre de celle Société'.
(La à la Société d'Hist. Naf. de Genèce , le 32 Juin jSao. )
ijA fractification des .charagnes a été long-temps l'obieC
des recherches des botanistes. Linné , qui d'abord avoit
placé ces plantes immédiatement après les lichens, comme'
des végétaux dont les organes généi'ateurs ne pouvoient
être aperçus , adopta dans sa douzième édition du Sys-
tème de la nature , l'opinion de Schreber , et les rangea
dans la monaecie monandrie , comme des fleurs dont la
corolle étoit nulle , dont les pistils étoient formés d'un
ovaire couronné par cinq stigmates, et les fleurs m;iles
d'une anthère globuleuse sessile, située ordinairement au-
dessous du pistil. Il ajoutoit à tous ces caractères un ca-
lice à quatre feuilles pour la fleur femelle , et une seule
semence. Sclimidel , dans ses recherches sur la charagne
flexible , et ensuite Hedwig, dans sa théorie de la géné-
ration et de la fructification des plantes cryptogainiques ,
s'écartèrent de cette opinion ; ils supprimèrent d'abord le
calice de la fleur femelle dont ils considérèrent les quatre
SUR LES CHARAGNES. J Gg
feuilles comme des rudimens d'autant de rameaux , placés
ainsi que tous les autres aux articulations des tiges ,
et au lieu d'une semence unique , ils donnèrent à la
charagne une baie polysperme ; Hedwig lui-même re-
présente fort en détail ces prétendues graines dans sa
description de la charagne commune , et il ajoute que tout
homme exempt de préjugés ne peut se refuser à ci'oire,
que les petits corpuscules qui sortent de la baie, lors-
qu'on lécrase, ne soient de véritables semences.
Enfin , M. Frédéric Marti us, membre de l'Académie des
sciences de Munich , vient de publier siu* la physiologie
des charagnes , un mémoire où il entre dans de grands
détails sur leur organisation, soit intérieure soit extérieure.
Il décrit exactement toutes les parties de la fleur , soit les
grains rouges que ses prédécesseurs avoient pris pour des
anthères , soit les corpuscules qui avoient été considéx'és
comme lorgane femelle , et il conclut ainsi qu'Hedwig ,
que les grains qui sortent du corpuscule ovoïde et quil
représente dans ses figures étoient de véiùtables semences.
Mais quelque vraisemblable que fut cette opinion , elle
ne pouvoit être considérée comme certaine qu après avoir
été confirmée par l'observation. Car la nature est si va-
riée dans ses manières d agir , et surtout dans ce qui con-
cerne le grand acte de la reproduction , que 1 analogie ne
doit gaères s'éteiuh-e au-delà des espèces d un même genre,
et qu il est imprudent surtout de l'employer pour des genres
q.u n'ont aucun rapport entr'eux- 11 falloit donc Aoir
germer ces g»ains, pour assurer qu'ils étoient des semences,
et ni lie Iwig, ni T.Iartius , ni aucun de leurs prédéces-
Miim. de {a ^jfoc. de F/iji. eldH. nat. T. L" aa
170 SUR LES CHAR AGNES.
sears n'ont imaginé de prendi-e la peine de tenter cette
expérience décisive.
11 y avoit long-temps que j'avois entrepris de constater
ce fait qui étoit en rapport avec ceux, qui m'avolent oc-
cupé sur les conferves , et cependant je n'avois jamais pu
parvenir à mon but. Je ramassois bien des charagnes , je
les observois bien dans des vases , mais avec quelque soin
que je renouvelasse l'eau qui les contenoit , elle ne tar-
doit pas à s'altérer, et toutes mes plantes se décomposuient
sans que je pusse obtenir aucun résultat. Mes tentatives
auroient été long-temps infructueuses , si le hasard ne
m'avoit pas présenté au mois de Novembre de Tannée der-
nière (18 19) de magnifiques touffes de charagne commune,
dont les corpuscules séminifères plus nombreux et plus
apparens que je ne les avois jamais vus , se faisoient re-
marquer même à la vue simple par un éclat blanchâtre ,
et se séparoient d eux-mêjnes de la plante. L'anthère , ou
le petit sphéroïde jaune, que l'on considère comme la fleur
mâle avoit déjà disparu, et tout indiquoit que ce moment
étoit celui de la dissémination de la graine.
Je ramassai un grand nombre de ces grains, ou cor-
puscules ovoïdes, qui se détachoient naturellement par le
lavage , et je les suivis avec beaucoup de régularité pendant
tout le cours de 1 hiver. Ils ne subissoient aucun change-
ment, mais ils ne s'altéroiu'nt pas non plus, jusqu'au mo-
ment où les chaleurs du priiitemps commencèrent à se
faire sentir , et où leur surface se cliargea d'une matière jau-
nâtre et flocconeuse qui appartenoit à des plantes para-
sites encore mal connues, et qui sembloit précéder la dé-
composition de mes grains.
-SUR LF.S CHARAGNES. I7I
Cependant, le 23 Avril, après cinq mois d'observations,
je crus apercevoir un petit prolongement à l'une des ex-
trémités de quelques-uns de ces grains ; bientôt après , ce
prolongement devint plus marqué; enfin, je fus persuadé
que j'avois sous les yeux les véritables semences des cha-
ragnes. J'eus le plaisir de les faire voir à M. de Candolle
qui partagea mon opinion.
Dès-lors, je les ai suivies attentivement jusqu'à l'épo-
que actuelle (22 Juin 1820), et je crois pouvoir présenter
aujourdhui des observations à peu près complètes sur ce
petit problème physiologique. Comme les grains qui ser-
voient à mes premières recherches , et que j'avois étudiés
pendant le cours de l'hiver , dévoient s'altérer toujours
plus , parce qu'ils plongeoient dans l'eau , et n etoient pas
enfoncés dans le limon des fossés qui est leur habitation
naturelle, j imaginai d'aller au mois de Mai dans la même
place où, six mois plus tôt, j'avois recueilli les grains que
j'observois actuellement, et d'y chercher dans la boue ceux
qui s y seroient semés naturellement , afin de les substi-
tuer aux grains qui faisoient en ce moment le sujet de
mes recherches.
Ma tentative réussit pleinement , et je rapportai de cette
mare une grande quantité de grains blancs parfaitement
conservés , mais qui ne germaient pas encore. J'eus le plaisir
de les voir bientôt se développer de la même manière que
ceux que j'avois conservés pendant tout le cours de l'hiver ,
et je pus les observer avec facilité dans toutes leurs pé-
riodes. Enfin , j'allai sur le lieu même pour y observer la
germination naturelle , et je tirai ûqh mêmes fossés qui
172 Sun LES CHARAGNTF.S.
avoient fourni à mes observations précédentes , une très-
grande quantité de jeunes chara^ nés qui en tapissoient
le fond , et que je pus t'aciieoient dégager du limon où elles
croissoient avec leurs semences , leurs nouvelles tiges et
leurs racines. Actueileineut je possède plusieurs individus,
pourvus encore de leurs grîiines , et qui sont cependant
assez développés pour quon y voie distinctement tous les
organes de la i'ructification t'uture. J'en ai desséché un
assez grand nombre dans cet état et dans tous les états in-
termédiaires.
Je puis donc donner actuellement l'histoire à peu près
complète de la fructification de ce genre et la description
des organes qui l'opèrent,
La plante naît au printemps de semences répandues en
automne; et dès les premiers jours de Juin , on com-
mence à apercevoir au troisième ou quatrième verlicille
les rudimens de ses fleurs. Elles sont toutes situées sur
le côté interne , trois ou quatre sur le même rameau à
l'endroit même de l'articulation. Chaque fleur est com-
posée, au moins dans la charagne commune, d'une éta-
mine globuleuse, sessile, dune belle couleur de cinabre,
et entourée d'une membrane transparente. Immédiate-
ment au-dessus de cette membrane est placée la fleur
femelle. Cette fleur est entourée de deux ou trois rudi-
mens de rameaux qui lui forment comme une espèce de
calice. Elle consiste uniquement dans un corpuscule cy-
lindrique allongé , obliquement strié, enveloppé lui-même
d'une membrane demi-transparente et striée, et couronné
par cinq ou six prolongemens que plusieurs auteurs pren-
SUR hV.S CHAR AGNES. I70
nent pour un calice supère , et que je considère comme
autant de stigmates. Ce corpuscule se renfle par la ma-
turité et devient ovoïde, les stigmates se séparent ensuite
en forme de disque à cinq lobes profonds, renvelo['pe
extérieure s'endurcit et devient blanche, enfin la graine
tombe.
L'étamine examinée avec de fortes loupes, n'est point
composée d'une matière solide et homogène , elle présente
au contraire une organisation très-belle et très-compliquée.
La surface extérieure est régulièrement réticulée , bordée
d'une membrane transparente et divisée par des cloisons.
En coupant transversalement cette anthère, on la trouve
formée d'une grande quantité de filets blanchâtres , arti-
culés et transparens ; entre ces filets sont d'autres corps
cyhndriques fermés à une de leurs extrémités et qui pa-
roissent s'ouvrirfjpar l'autre, ils sont remplis de cette ma-
tière rougeàtre qui donne sa couleur à toute la masse de
l'antiière et qui disparoît assez promptement puisqu'on
ne l'aperçoit plus, long-temps avant que la dissémina-
tion s opère. Un peut même facilement voir sortir cette
matière rouge en forme de flocons légers et étendus , en
comprimant fortement l'anthère au moment où elle est com-
plètement développée. Mais je me réserve de donner ailleurs
mie description complète de cet organe si remarqualjle , je
dirai seulement ici que j'ai été frappé de la ressemblance
qui se trouvoit entre les filets articulés dont je viens de
parler, et les corps adducteurs qu'a découverts lledwig, et
qui jouent un si grand rôle dans lorganisation sexuelle
des mousses.
174 SUR LES CHABAGNES.
D'après ce que nous venons d'exposer, on ne peut douter
que ce corps rouge ne soit destiné à quelque usage parti-
culier , et cet usage ne peut «tre autre chose que la fécon-
dation de la plante. 11 est bien vrai qu'où a objecté d'un
côté quil auroit dû être placé au-dessus du germe et non
pas au-dessous , et de l'autre que la matière fécondante
qu il pourroit contenir seroit absorbée par l'eau avant d'ar-
river aux stigmates de la fleur femelle : mais ces idées sont
prises de ce qui se passe dans les fécondations atmosphé-
riques, car, jusqu'à présent, nous n'avons presqu'aucune
conuoissance des fécondations sous l'eau. Et il n'est pas
difficile d'imaginer, d un côté que la matière fécondante ne
puisse être plus légère que le liquide dans lequel elle plonge,
et de l'aulre , que sa substance ne soit indissoluble à l'eau,
comme celle des anthères ordinaires est indissoluble à 1 air.
Et ce qui confirme ces idées, cest que Martius a trouvé
effectivement que ces grains ronds et rouges descharagues
se dissolvoient en grande paa-tie dajis l'alcool et que par
conséquent leur nature devoit être résineuse et muciiagi-
neuse.
Le germe est construit d'une manière très-différente de
ce que j'appelle dans ce moment l'anthère. Un y reconnoît
distinctement une envelop[3e extérieure , formée d'un mu-
cilage dabord verdàtre , ensuite jaune, et enfin d'un blanc
sale à l'époque de la maturité. Au-dessous de ce mucilage
est une seconde enveloppe à demi transparente et d'mie
consistance cornée : elle forme seule le prolongement
du grain , et elle s'y divise en cinq dents qiii s'entrou-
vrent pour donner naissance à la jeune plante au mo—
SUR LES CHAIlAGNES. 176
ment oii celle-ci se développe. De chacune de ces cinq
dents part une strie qui descend jusquà la base du
germe, se contournant en spirale en taisant à peu près de
droite à gauche une révolution et demi. Ces spirales sont
planes dans cette seconde enveloppe , mais elles sont tort
saillantes dans la première , où elles forment cinq sillons
correspondant exactement aux stries intérieures , et qui
comprennent par conséquent aussi une révolution et
demi.
Avant la maturité et dès sa naissance, le fruit est cou-
ronné par cinq ou six prolongemens, que quelques auteurs
appellent calice supérieur et que je désigne sous le nom de
stigmate; ils sont liés entre eux, et quand on les détache,
ils présentent l'apparence d'une rosette parfaite. La base
de celte rosette s'insère exactement dans le vide que laisse
la première enveloppe, mais je n'ai jamais vu sa commu-
nication avec l'intérieur du grain.
Cet intérieur est rempli d une matière mucilagineuse ,
et peut être résineuse, que presque tous les auteurs ont
pnse pour les semences, parce que toutes les fois qu'on
presse le grain , elle en sort sous la foi'me de globules.
Ces globules ont été exactement dessinés par lîedwig et
par Martius: mais il suffisoit de voiries ditféi'ences quils
présentoient , soit en forme, soit en volume, pour s'ashurer
qu'ils n'étoient pas les véritables graines. Ce fut même la
raison qui m'engagea à entreprendre la recherche dont je
m'occupe. J'ai vu depuis qu'en les pressant on les réduit
en globules de diamèti'e extrêmement petit et presque iin-
perceplibie. 11 faut donc les considérer comme formés tl'uue
/
JjS SUR LES CHARAGNES.
substance liqClide, insoluble dans l'eau, avec laquelle elle
présente des phénomènes semblables à ceux qu'on obtient
par des mélanges huileux.
Le germe proprement dit des charagnes, au moment
de son développement, occupe presque toute la capacité
du sac où il est renfermé , et il pousse un petit filet qui
se fait jour à travers les cinq dents dont nous avons parlé ;
lorsqu'il a atteint une certaine étendue , il donne nais-
sance à son premier \erticille, qui se montre un peu au-
dessous du sommet, et qui e->t tonné d'abord d'un rayon,
puis de deux, puis de trois et davantage , et à mesure que
ce filet s'allonge, on voit se former au-dessous de son pre-
mier verticille des renflemens qui donnent naissance à des
racines simples. Ces racines se prolongent indéfiniment
et s'enfoncent dans la vase où elles servent à fixer et peut-
être aussi à nourrir la plante. Le grain reste long-temps
adhérent à la tige, et jusqu'à présent nous n'avons pas vu
dans les jeunes charagnes des grains détachés.
Il n'est pas douteux , comme la très -bien prouvé
M. Léman, soit dans le Journal des mines, n." igi ,
Novem. i8ia, pag. 34 1, et dans le nouveau Bulletin de
la Société philomatique , tom. 3, n.° 58, 3.'' année p. io8 ,
que le petit fossile désigné sous le nom de Gvrogonite ,
et trouvé dans les formations d'eau douce, ne soit la pétri-
fication de diverses espèces de charagnes. En eft'et, comme
il le dit lui-même , la ressemblance est parfaite entre la
gyrogonite et le fruit même de la charagne. J'ajouterai
deux confirmations de cette vérité. La prenuère, c'est que
l'eijveloppe extérieure dont jai parlé , et qui se présente
i
SUR LES CHAR AGNES. I77
d'abord sous la forme de mucilage , devient ensuite une
matière fort dure , de consistance de porcelaine , et pré-
sentant une forte résistance lorsqu'on veut la casser; la se-
conde , c'est qu'en visitant le fond de nos fossés , j'y ai
trouvé un grand nombre de semences de charagnes, d'une
blancheur fort remarquable et d'une conservation parfaite.
Celles d'entre elles qui parviennent à germer s'entrouvrent
considérablement et finissent sans doute par se détruire ,
mais celles qui sont trop enfoncées pour jouir de l'in-
fluence de la lumière et par conséquent pour germer, se
conservent très-long-temps dans l'état où elles se trou-
vent, jusqu'à ce qu'elles se pénétrent de sucs pieiTeux,
comme le font les diverses coquilles auxquelles elles res-
semblent beaucoup pour la consistance (i). Je remarque,
il est vrai, que nos gyrogonites sont plus grosses que les
graines de la cliaragne vulgaire , mais on peut trouver
des gyrogonites plus petites, et d'ailleurs il existe quelques
espèces de ce genre, entre autres celle de notre lac , chara
tomentosa^ dont les graines sont incomparablement plus
grosses que celles qui font l'objet de ce mémoire.
Mais je ne puis m'empêcher de remarquer le rapport
qui se trouve entre la conformation de ces graines et l'élé-
ment dans lequel elles se développent. Si elles n'avoient
pas été douées d'une tunique extérieure, et que cette tu-
nique n'eut pas été d'une consistance si dure , il y a long-
(1) Il seroit assez intéressant de reclierclier si la substance des gyrogo-
nites est bien diil'éreute de celle des graines de charagnes , et si parmi
ces gyrogonites il n'y en a pas qui sont de véritables graines conservées sans
altération quelconque.
Méin. de la Soc. de Phys. et J!H. nat. T. I." Si3
178 SUR LES CHARAGNES.
temps que ce genre auroit été détruit ; si d'un autre côté
la fleur mâle n avoit pas été formée d'une substance rési-
neuse , elle n'auroit pu remplir aucune de ses fonctions '•
elle les auroit mal remplies, si elle n'avoit pas été nue et
placée pi-ès de la fleur qu'elle devoit féconder. Il y a donc
ici un exemple bien remarquable du rapport qui existe
entre la conformation des organes et la nature de t éiémeut
oi^i ils doivent se développer et remplir leurs fonctions. Je
ne sais pas si dans le petit nombre des plantes dont la fé-
condation s'opère sous l'eau, on a eu l'occasion de faire
des observations semblables.
Je ne puis encore décider si les charagnes sont vérita-
blement des plantes annuelles , comme f annoncent la plu-
part des ouvrages de botanique , ou si elles peuvent se
conserver pendant l'hiver, et reproduire de nouveaux ra-
meaux au printemps suivant. Je ne sais pas non plus s'il n'y
a qu'une dissémination à la fia de l'été , et si les graines ont
besoin de passer l'hiver dans le limon , avant de pouvoir
germer. Je déciderai ces questions et quelques autres du
même genre dans le cours de cette année. En attendant,
je puis avancer que la charagne de notre lac, appelée
chez nous herbe à écurer, commence seulement depuis
quelques jours (22 Juin 1820) à montrer ses grains
rouges. Ce phénomène est bien connu de nos vendeuses
d'herbe qui disent, dans ce momeiit , que l'herbe à
écurer n'est pas encore fleurie, et quelle ne fleurira que le
mois prochain. Elles avoient, depuis long-temps, reconnu
une rieur dans la disposition élégante et x-éguijcre des tiges
de cette plante. Cependant, comme on peut se procurer de
M Pkee Hnat r.p.17.9.
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m.iy. 3>i^érfrui état) fie laaraizieaeimiauiP.
"VU. lyeime p7ati& acec tf<t e/rame. etfieô x/^uc.^ .
SUR LES CHARAGNFS. 1 79
l'herbe à écurer pendant tout le cours de l'hiver et du prin-
temps , il est clair que la plante subsiste encore dans ces
deux époques.
Je me propose de pousser plus loin mes recherches sur
ce genre , et de présenter la monographie des charagnes
conjointement avec celle des prèles. J examinerai attenti-
veioent les différences qui existent, soit dans les fleurs,
soit dans les autres parties de ces singulières plantes , et
j'espère trouver des caractères qui sutliront pour les dis-
tinguer soliiiement et les tirer de la confusion où elles sont
encore plongées.
ESSAI
Sur les Animalcules spermatiques de dwej'S
Animaux,
Par J. L. PRÉVOST , Doct. en Médechw , et J. A. DUMAS , Élève en
Pharmacie.
A
-VANT de passer à rénumération des expériences que
nous avons tentées sur cette classe singulière d'êtres or-
ganisés , nous dirons quelques mots des organes prépara-
teurs de la semence. On peut distinguer jusques à quatre
sièges de sécrétion qu'il nous importe de connoître et dont
nous devons discuter l'emploi particulier.
Le premier , le plus général de tous est le testicule or-
gane ovoïde et binaire dans les animaux vertébrés , mais
dont la forme et le nombre varient dans les autres classes.
Sa structure n'offre qu'un lacis de vaisseaux spermatiques
et sanguins ; les premiers convergent vers le centre de
l'organe, s'y réunissent en rameaux plus gros, pour se
verser enfin, dans un conduit unique plus ou moins long,
plus ou moins replié sur lui-même. On nomme épididime
sa première portion , canal déférent, la seconde, il charrie
évidemment le liquide élaboré par le testicule et vient
s'ouvrir sur les parties latérales et antérieures du veru-
montanum.
I
l
Stm LES ANIMALCULES SPERMATIQUES, elC. l8l
Chez les quadrupèdes , cette portion de l'urètre reçoit
aussi les aboutissans de divers organes sécréteurs. L'un
des plus remarquables , que l'on a pourtant considéré jus-
qu'à ce jour comme un simple dépôt de la liqueur excrétée
par le testicule , porte le nom de vésicule séminale, par
analogie avec la vésicule du foie à laquelle on le compare
d'ordinaire. Nous verrons qu'il est peut-être convenable
d'établir quelques restrictions aux fonctions qu'on lui at-
tribue généralement 5 il manque dans beaucoup d'animaux.
La prostate verse aussi dans le même lieu le liquide
qu'elle sépare du sang. Cette glande que peu d'animaux
possèdent , ne se trouve pas dans certaines espèces très-
rapprochées d'ailleurs de celles qui en sont munies par le
reste de leur organisation.
Les canaux des glandes de Cowper viennent aiissi se
rendre à ce réservoir et lui transmettent un liquide qu'on
a toujours considéré comme assez analogue à celui de la
prostate. Plusieurs animaux sont dépourvus de ces or-
ganes , sans qu'on puisse généraliser les causes de leur
absence.
Enfin , on a distingué dernièrement un appareil vési-
culeux plutôt que glandulaire qu'on a considéré comme
l'adjuvant des vésicules séminales et auquel , en consé-
quence , on a donné le nom de vésicule accessoire; il existe
fort rarement.
- Tels sont les organes qui peuvent participer à la pro-
duction du liquide spermatique. L'urètre recevroit donc à
la fois les liquides que chacun d'eux secrète , s'il étoit pos-
sible que leur existence fût simidtanée. Mais les trois der-
iSa SUR LES ANIMALCULES SPERMATIQUES
iiiers manquent trop fréquemment pour qu'on puisjie
imaginer que leur coopération soit nécessaire à la pro-
duction de l'agent fécondateur. La vésicule séminale elle-
même peut être éliminée avec facilité , soit qu'on ne voie
en elle qu'un simple lieu de dépôt, soit qu'on lui accorde
le rôle dorgane sécréteur. Dans l'une et l'autre supposition
son absence fréquente démontre assez, qu elle ne joue qu'un
rôle secondaire.
Le testicule paroit donc l'organe essentiel à cette forma-
tion, et rien ne confirme mieux la vérité de cette conclu-
sion que l'exemple d une foule d'animaux qui n en possè-
dent pas d'autre. Les oiseaux, beaucoup d'animaux à sang
froid n'ont réellement qu'un testicule dont le liquide est
porté jusques au lieu de l'émission par un canal droit ou
fréquemment replié sur lui-même.
Passons maintenant à l'étude de la liqueur spermatiqiie
elle-même et cherchons à fixer les idées des personnes que
-la physiologie intéresse sur un sujet quon regarde au-
jourd'hui comme fort obscur : en effet , la plupart des
auteurs qui ont écrit récemment sur cette science ont
manifesté des opinions vagues et douteuses sur ce point
important. L'abus étrange que les amis des hypothèses
hasardeuses et brillantes ont fait du microscope à cette
occasion jusiifie assez, la répugnance que les esprits po-
sitifs éprouvent à discuter des observations faites avec un
instrument décevant pour tous ceux qu'one longue habi-
tude n'a pas rendu maître de son emploi.
Personne n'ignore cependant que plusieurs naturaliste»
du plus grand mérite , ont signalé et confirmé l'existence
l
DE DIVERS ANIMAUX. l83
de certains êtres agités de mouvemens spontanés dans les
liquides séminaux de presque tous les animaux. La peti-
tesse de ces corps les avoit dérobés aux recherches , jus-
ques vers l'an 1677. A cette époque ils furent reconnus
par Hamme et Leewenhoek d'an coté et par Hartzaecher
de l'autre , sans qu'il soit possible d établir entr'eux la
priorité d'une manière bien précise. Les deux derniers
décrivirent les animalcules qui leur furent offerts par
les semences de divers animaux et constatèrent des diffé-
rences assez notables entr'eux. Mais les idées hypothéti-
ques mises en avant par Leew enhoek ont jeté beaucoup
de doute sur les résultats de leurs travaux , surtout depuis
que ceux de Haller sur l'oeuf ont démontré la préexistence
du germe.
Après en être resté là pendant un temps assez long,
l'attention des observateurs fut de nouveau rappelée sur
ce point par M. Néedain , dont les dissertations sont trop
connues pour qu'il puisse être utile de les rappeler ici.
M. de Buffon s'en occupa beaucoup aussi vers la même
époque et publia des observations l'emarquables par leur
inexactitude. Enfin , M. Spallanzani fixa son attention sur
ce sujet qu'il traita d'une manière plus positive et avec la
logique sévère qu on admire dans tous les ouvrages de cet
habile physicien.
11 examina et décrivit les animalcules dans un grand
nombre danimaux et remarqua toujours le plus p;u"tait
accord entre ses propres observations et celles de Leewen-
hoek. Mais il envisagea la question sous un point de vue
particulier, qui lui fut suggéré par ses travaux, sur les
l84 SUR liÈS ANIMALCULES SPERMATIQUES
infusoires et par les idées de Bonnet qui occupoient alors
toute lEurope savante.
Pour nous , notre unique but consiste à donner une des-
cription comparable des animalcules et surtout à prouver
qu'ils sont le résultat d'une véritable sécrétion. Afin de
mettre tous nos lecteurs à m^me dapprécier la confiance
que nos résultats méritent, nous allons exposer quelques*
unes des dissections que nous avons pratiquées.
Lapin.
On saigne à mort de la carotide un mâle vigoureux et
l'on procède immédiatement à l'exameii des organes de la
génération.
Testicule. L'on fait diverses sections de cet organe et
l'on trouve toujours qu'en délayant le liquide blanchâtre
qui transude des vaisseaux divisés, il présente au micros-
cope une foule d'animalcules doués d'un mouvement ra-
pide. Soit qu'on prenne la tranche vers le centre de l'or-
gane , soit qu'on la coupe près de la circonférence , soit
enfin qu'on essaie les extrémités , on aperçoit toujours des
êtres mouvans de même forme , de même dimension et
en quantité considérable. Ils ont à peu près l'aspect général
d'une anguille, leur tête est arrondie, allongée et plate,
leur queue assez courte se termine en pointe, lem* longueur
totale est de o,°""o4o. Si l'agitation qu'on remarque en eux
étoit due à de simples attractions ou répulsions de masse,
ils se mouvroient en bloc et tout d une pièce , on observe,
au contraire, des flexions rapxdes et alternatives de la
DE DIVERS ANIMAUX. l85
queue qui ne permettent pas de chercher ailleurs la cause
de leur mouvement progressif. Us ne semblent avoir aucun
but déterminé, s'agitant quelquefois pendant long-temps ,
sans changer de place d'une manière appréciable, et dans
tous les cas on observe une dégradation manifeste de vé-
locité , depuis l'instant où on les a extraits de 1 organe ,
jusques à celui qui marque le terme de leur faculté loco-
motrice. Elle ne dure au plus que vingt ou trente minutes,
mais les portions qui sont restées dans l'organe en offrent
encore quelques indices deux heures après la mort de l'a-
nimal. Malgré toutes les précautions pour prendre avec
délicatesse le liquide exsudé des vaisseaux seuls , on trouve
toujours les animalcules mêlés de matière étrangères qui
paroissent provenir de débris du tissu du testicule.
Epididyine. W est gorgé d'un liquide blanc dont on
délaye quelques portions dans un peu de salive. On y ob-
serve les mêmes animalcules , mais ils sont dégagés des
substances qui les souilloient dans le liquide tiré du tes-
ticule. Us ne diffèrent en rien de ceux que nous avons
décrits , si ce n'est qu'ils se présentent d'une manière un
peu plus nette.
Canal défèrent. Il donne lieu aux mêmes remarques
que l'épididyme
p^éslcule séminale. Gest une poche carrée dont les angles
supérieurs se terminent en cornes. Ses parois épaisses, mais
très-souples , ressemblent assez, par leur texture à la vessie
urinaire. L'intérieur est revêtu d'une membrane muqueuse.
On la trouve remplie d'uu liquide gris Jaunâtre , dans le-
quel on distingue une grande quantité d'animalcules en
Méin. de la Suc. de F/i^s. et d'H. nat. T. J." a*
j86 SUR LRS ANIMALCULES SPERMATIQUJLS
mouvement. Ils sont mêlés de quelques corps étrangers ,
sphéroïdaux, très-gros; souvent agglomérés et de diamètres
divers. On n'a pas besoin d'ajouter de la salive pour voir
les animalcules distincts, et séparés. Celui des organes pré-
cédens , au contraire , en rent'ermoit une si grande masse
quon ne distinguoit absolument rien sans cette pré-
caution.
Prostate, Divisée ses vaisseaux propres laissent tran-
suder un liquide blanc , laiteux , dans lequel on ne voit
que des globules analogues à ceux du lait , mais point
d'anirnalculçs.
Cochon d'Inde.
On saigne un mâle vigoureux de la carotide et on
examine immédiatement les organes de la génération.
l^esticule. Les diverses sections quon en fait, laissent
transuder un liquide épais et blanchâtre, qui délayé dans
la salive, offre au microscope une foule d animalcules
mouvans et très-ditïérens de ceux du lapin, tant pour la
longueur que pour la forme. Leur tête est circulaire et non
point ovale, plate et marquée dans le milieu d'un cercle
plus transparent que le bord. Leur queue est plus longue,
plus large et ondulée dans l'état de mort ou pendant la
pi-ogression. Mais lorsquils sont agités sans locomotion
sensible, elle est courbée en arc et semble inflexible. Leur
longueur totale est de o,°""o83, ils sont mêlés de matières
hétérogènes qui ne peuvent provenir que du tissu du tes-
ticule et qui offrent la même apparence que les fragment
-qu'on en détache.
- DE DIVERS ANIMAUX 187
EpidicJyme. Il est gorgé d'un liquide blanc , d'appa-
rence laiteuse. Fris à l'origine ou à la fin du canal et dé-
layé de salive, il offre toujours des animalcules en grand
nombre et sans aucun mélange de substances étrangères.
Leur forme est identique avec celle des précédens.
Canal déférent. Le liquide qu'U renferme ressemble
en tout point à celui de l'épididyme,
f^csicules séninales. Ce sont deux boyaux longs, tor-
tueux et bosselés. Deux membranes forment leurs parois ;
l'une interne d'un tissu muqueux, l'autre externe blanche
cassante et assez semblable à l'enveloppe des artères. Elle
est très -contractile et son action chasse dans l'urètre la
matière dont la vésicule est remplie. Si l'on perce l'organe,
la force avec laquelle elle s'échappe par l'ouverture
montre quelle éprouve une pression assez considérable,
La substance dont nous venons de faire mention est
épaisse, transparente , opaline et comme pidpeuse, elle s'é-
paissit rapidement à l'air et devient alors concrète blanche
et friable. En se desséchant , elle prend un aspect corné.
On l'examine au microscope seule ou délayée dans un peu
de salive, elle ne présente que des globules gros et trans-
parens , souvent agglomérés , mais faciles à séparer.
Dans plusieurs expériences , nous n avons pas trouvé
d'autre substance dans les vésicules , mais quelquefois la
base de ces boyaux étoit plus blanche qu'à l'ordinaire et
contenoit des animalcules ; ceux-ci provenoient d'un peu
de li.juide reflué du canal déférent et se voyoient mêlés à
une grande quantité de la substance propre aux vésicules.
Dans quelques occasions noiis avons observé que la por-
l88 SUR LES ANIMALCULES SPERMATIQUES
tion liquide en contact avec la membrane muqueuse en
contenoit jusques au sommet des culs de sacs , ils étoient
en mouvement dans l'un et l'autre cas , identiques avec
ceux du canal déférent, mais disséminés dans une grande
masse de la matière propre aux vésicules.
P'ésicules accessoires. Elles se trouvent à la base des
précédentes qu'elles entourent , sont composées de boyaux
analogues, mais plus minces, plus courts, plus nombreux
et agglomérés en forme de grappe. Le liquide qu'elles con-
tiennent est transparent , très-fluide, incoagulable spon^
tanérnent ; il ne montre au microscope aucun animalcule,
mais seulement quelques globules gros , rares , différens
en volume et d'un aspect qui rappelle celui des gouteletteg
de graisse.
Glandes de Coivper. Le liquide fourni par la section
de leurs vaisseaux est d'un blanc laiteux , renferme beau-
coup de globules analogues à ceux du lait, mais point
d'animalcules.
Canal de l'urètre. Il étoit occupé par un tampon de
matière solide parfaitement semblable à celle des vésicules
séminales. La portion liquide en contact avec la mem-
brane muqueuse contenoit des animalcules , mais en petit
nombre. L'espèce d'émission à laquelle éloit due la pré-
sence de cette substance dans le canal avoit été produite
par une contraction des vésicules opérée après la mort au
moment où l'on ouvroit l'abdomen.
Hérisson.
On le saigne à mort'de la carotide et l'on passe à l'examen
des organes générateurs.
DE DIVERS ANIMAUX. J 89
Testicule. Comme sur les deux animaux précédens des
sections faites en divers endroits de cet organe, fournissent
toutes un liquide rempli d'animalcules, mûlés de quelques
substances étrangères. Ils sont très-grêles; leur tête est
circulaire , rapplatie , marquée au centre d'un point lumi-
neux; leur queue est longue , d'une couleur plus foncée que
celles des précédens, leur longueur totale est de o,°"°o66,
ils se meuvent avec rapidité, le diamètre de leur tête est
de o,oo33, elle ressemble assez à un globule de lait.
Epididyme et canal déférent. Ils contiennent tous
deux un liquide blanc de lait , visqueux et rempli d'a-
nimalcules , sans mélange d'aucune matière hétérogène.
yêsicules. De chaque coté de la vessie , se voient trois
grappes allongées , formées d'un grand nombre de vais-
seaux jaunâtres, très-petits au sommet, mais se réunissant
successivement en branches plus considérables. Celles-ci
forment enfin un canal unique qui s'ouvre dans l'urètre
à côté du vérumontanum ; un examen attentif du tissu
et de la disposition de ces organes ne laisse apercevoir au-
cune différence entr'eux, ils sont gorgés d'un liquide blanc
opalin , qui jaillit des grosses ramifications lorsqu on les
ouvre, il coagule avec lenteur et d'une manière imparfaite,
examiné au microscope, il n'offre point d animalcules, mais
une foule de corps irréguliers, de toutes les formes , de toutes
les grosseurs , et ressemblant assez à des débris de matières
muqueuses, dont ils ont la transparence et l'aspect grenu.
L'on ne remarque aucune différence , quelle que soit la
partie des vésicules d'oia Ion retire la liqueur. Nous n'avons
pas examiné les vésicules proprement dites, car iîous rap-
igO StTR LES ANtMALCULES SPERMATIQUES
portons celles que nous venons de décrire aux vésicules
accessoii-es de M. Cuvier.
Glandes de Cofvper très-volumineuses. Elles contien*
nent un liquide blanc , laiteux , coagulant dès la sortie-
de la glande et renfeiTnant de gros globules réguliers et
nombreux, d ailleurs point d'animalcules. Les vaisseaux
eftérens de l'organe se rendent à un renflement qu'un
canal assez long joint à l'urètre. La partie postérieure de
celui-ci est remi^lie d'un liquide blanchâtre en partie coa-
gulé et dans lequel on voit au moyen du microscope quel-^
ques animalcules très-mobiles , mêlés d'une grande quan-
tité de particules parfaitement semblables à celles que nous
a ions vu dans la glande de Cowper. Les animalcules se
distinguent très-bien quoiqu'en petit nombre.
Chat.
Testicule. Diverses sections de cet organe fournissent
toutes un liquide blanchâtre qu'on délaye de salive avant
de l'examiner au microscope. 11 présente des animalcules
dont la tête est circidaire avec un point lumineux au centre,
la queue courte, rarement flexueuse et se portant toute
entière d'un et d'autre côté de la tête pendant la progres-
sion. Leur longueur totale est de o,'°"'o4o, le mouvement
cesse au bout de demi-heure. L épididyme et le canal dé-
férent donnent lien aux mêmes remarques que dans le*
animaux précédens.
Prostate. Cet organe nous offroit un intérêt majeur, a
cause de l'impossibilité dans laquelle nous nous sommes
trouvés relativement à son examen sur l'homme. N'ayant
DE DIVERS ANIMAUX, I9I
aucun cadavre à notre disposition, nous avons du chercher
parmi les animaux qu'il nous étoit facile de nous procurer
ceux dont les organes offrent assez d'analogie pour qu'on
soit en droit de tirer une conclusion applicable à la phy-
siologie humaine. Le chat et le chien présentent des pros-
tates bien comparables à celles de l'homme et nous avons
cru , sous ce rapport , devoir répéter notre examen à
plusieurs reprises. Dans l'animal qui nous occupe la pi-os-
tate nous a fourni toujours un liquide laiteux et globuleux,
soit que nous ayons pris des tranches de cet organe et que
nous ayons reçu sur une plaque de verre le liquide qu'une
compression graduée en faisoit transuder , soit que nous
ayons cherché à obtenir celui des canaux qui se rendent
dans le vérumontanum, soit enfin qu'après avoir soigneu-
sement lavé l'intérieur du bulbe de l'urètre nous ayons
comprimé la glande pour faire arriver son liquide dans
cette cavité. Dans tous ces cas on a obtenu le même fluide
blanchâtx'e , globuleux et l'attention la plus soutenue n'a
pu percevoir d'animalcule au milieu de tous ces globules
blancs et analogues à ceux du lait.
Glandes de CoTvper. On sait qu'elles sont très-volu-
mineuses chez cet animal , et quon peut aisément exa-
miner leur forme et les propriétés du liquide qu'elles sé-
crètent ; on l'a trouvé globuleux comme le précL-dent et
comme ceux des autres glandes de Cowper précédemment
examinées.
Chien.
Testicule. H renferme un hquide blanc laiteux comme
à l'ordinaire; sa consistance visqueuse exige quoii le dé-
iga srni les animalcules sperma^tiques
laye de salive pour percevoir les animalcules avec quel-
que facilité ; il semble s'épaissir encore en passant au
travers des conduits de l'épididyme et des canaux défé-
rens dans lesquels on trouve d'ailleurs des animalcules dé-
gagés de matière étrangère , quoique la liqueur prise dans
le testicule offre toujours un mélange de fra^mens hété'
rogenes.
Prostate. Cette glande examinée de la manière décrite
ci-dessus fournit des résultats parfaitement analogues ;
dans tous les cas on obtient un liquide blanchâtre , glo-
buleux , épais et visqueux et complètement dépourvu d'a-
nimalcules.
Les circonstances de cette étude paroîtront bien singu-
lières à ceux qui réfléchiront aux caractères physiques de
la liqueur séminale fournie par le chien au moment de la
copulation. 11 laisse suinter goutte à goutte un fluide gri-
sâtre , très-liquide , d'une consistance analogue à celle de
la salive , et contenant une quantité d'animalcules très-
foible, comparativement aux liquides fournis par les ca-
naux deférens. 11 n est pas nécessaire de le délayer pour
observer ceux-ci , car ils se présentent d'une manière par-
faitement nette et isolée ; leur mouvement persiste ordi-
nairement pendant deux ou trois heures, quelquefois pour-
tant nous lavons vu cesser au bout de quelques minutes,
ce qui nous autorise à. penser qu'il est ditïicile de sou-
mettre les variations et la cessation de ce mouvement à
une étude régulière , comme M. Spallanzani s'est appliqué
à le faire. Létat de l'animal exerce une influence très-
grande et inappréciable sur cette faculté que nous avons
DE DIVERS ANIMAUX. ig3
toujours vue soumise à des irrégularités désespérantes. Les
animalcules du chien sont les plus petits parmi les mami-
feres, leur longueur totale est de o'°°,oi6, leur tête est
ovoïde , leur queue grêle et leurs mouvemens brusques et
faciles à suivre lorsque le microscope grossit suffisam-
ment. Revenons-en à la singularité que nous observions
entre la sécrétion de deux liquides épais et visqueux , et
l'émission d'une semence presqu'aussi fluide que de l'eau
claire. On ne peut guère se rendre raison de cette diffé-
rence entre les liquides sécrétés et le liquide émis qu'en
supposant un état particulier des deux organes ou de l'un
d'entr'eux seiJement pendant la copulation , ou bien en-
core en admettant une abondante sécrétion des muqueuses
de l'urètre. L'analogie repousse la première hypothèse et
nous voyons dans tous les animaux le testicule sécrétant
si lentement et si uniformément le même liquide qu'il pa-
roît difficile d'admettre une exception pour le chien. Nous
en dirons presque autant de la prostate , ce qui nous forcera
nécessairement à adopter l'opinion opposée et à charger la
muqueuse du conduit de l'urètre ouïes sinus de Morgagni
de la sécrétion du véhicule qui sert à délayer les produits
fournis par le testicide et la prostate.
En examinant ces divers ^égultats , nous voyons que le
testicule est le seul organe sécréteur dans lequel on trouve
des animalcules , que ceux-ci parcourent l'épididyme , le
canal déférent, arnvent dans le bulbe de l'urètre , où ils
se mêlent au produit des autres glandes. Chez quelques
animaux ils se rendent dans la vésicule séminale , tandis
Mêrn. de la Soc. de Phys, etdUH. nat. T. I." 25
194 SUR LES ANIMALCULES SPERMATIQtJES
qu'il en est d'autres, chez lesquels ils n'y parviennent pas
du tout; ou bien d'une manière évidemment ncciden telle.
Les vésicules séminales contiennent dans le cochon dinde,
une matière essentiellement ditïérente de celles que pro-
duisent les diverses glandes qui s'épanchent dans le bulbe
de l'urètre. Cette différence a été très - judicieusement
signalée par M. Andral, dans le second cahier du Journal
de Physiologie de M. Magendie. Nos propres observations
appuyent les siennes et donnent sans doute une grande
probabilité à cette formation particulière; quelques essais
chimiques ne nous ont rien appris de plus positif à cet;
égard, et toutes nos tentatives pour éclairer son origine
ont été sans fruit jusqu'à présent; est-elle sécrétée par la
membrane des vésicules elles-mùme ? ou bien résulte-t-
elle de l'altération de la substance fournie par les glandes
de Cowperi* Toutes ces suppositions, sont également im-
probables et la production de cette substance remarquable
est encore recouverte d un voile épais.
Dans le même animal les vésicules accessoires ne res-
semblent en rien aux vésicules proprement cUtes ; leur
apparence, la liqueur qu'elles contiennent, dont les ca-
ractères ne varient jamais , suffisent à les distinguer en-
tièrement.
La prostate , les glandes de Cowper sécrètent un li-
quide particulier qui ne renferme jamais d'animalcules ;
elles le versent à l'origine de l'urètre , où il se mêle à celui
du testicule sans influencer les animalcules d'une manière
perceptible. En poursuivant nos recherches, nous aurons
probablement occasion de modifier et d'étei>dre ces ré*
DE DIVERS ANIMAUX ïgS
sultats, mais ils suffisent au but que nous nous sommes
proposés pour le moment. En effet , le testicule est le
seul organe nécessaire à la génération , il est aussi le
lieu unique d'où les animalcules tirent leur origine. Ces
êtres , quelle que soit leur nature intime , par leur iden-
tité dans chaque espèce , leur apparition qui suit une
marche analogue au développement et à l'activité des or-
ganes génitaux , leur absence dans les individus mâles
stériles paroissent le résultat d'une véritable action sé-
crétoire et le principe actif de toute fécondation.
Une expérience de M. Spallanzani infirmeroit , il est
vrai , notre conclusion d'une manière irréfragable s'il étoit
permis d'en admettre La possibilité. Dans ses recherches
sur la fécondation artificielle , il assure avoir fécondé des
œufs de grenouille avec un liquide composé de sperme et
deau, mais dépourvu d'animalcules. La difficulté de cette
investigation rend son expérience trop peu concluante ,
pom' qu'on puisse sur une base aussi frêle , renoncer à
une opinion qui explique toutes les circonstances de la
formation du liquide spermatique et de son action. Nous
conservons le même doute sur les observations dans les-
quelles il assure avoir vu des animalcules spermatiques
dans le sang et les vaisseaux sanguins de divers animaux.
Nous rendons hautement justice à l'habileté profonde et
à la véracité de cet illustre physicien qu'il est bien plus
facile de critiquer que d'imiter, comme l'ont prouvé beau-
coup de physiologistes qui se sont essayés sur les mêmes
sujets que lui , mais nous ne pouvons admettre les faits
précités. Il connoissoit trop peu la constitution des glo-
igG SUR LEff ANIMALCULES SPERMATtQUES
bules du sang pour être bon juge à cet égard, et il à pu
prendre pour des animalcules des files de globules vues de
tranchant.
Ces considérations diverses ne permettent pas non plus
de les confondre avec les infusoires. Ceux-ci par leurs
formes variées, la durée de leur vie qui se prolonge pen-
dant cinq ou six joiu^s au moins, leur existence dans les
substances organiques décomposées, leur absence cons-
tante dans celles qui sont soumises à l'influence fatale ;
enfin , par la manière dont lis sont affectés par l'oxigène
se rattachent immédiatement aux autres parties dn règne
animal. Il est bien à regretter que leur étude ne soit pas
reprise aujourd'hui par un naturaliste habile , elle four-
niroit , sans doute , des vues physiologiques d'un grand
intérêt.
Notre opinion sur ce point étant fixée , nous avons
cru devoir procéder ici comme dans l'étude du sang. INous
nous sommes donc livrés à 1 examen du principe actif du
liquide spermatique et nous allons faire connoître les faits
principaux que nous avons observés. Lépididyme, le canal
déférent nous fournissant les animalcules dégagés de toute
impureté ; c'est dans ces conduits que nous avons tou-
jours pris le liquide examiné. Dans quelques cas rares nous
avons été forcés de recourii- au testicule et nous aurons
soin d'en faire mention.
Putois. Les animalcules de cette espèce sont en tout
semblables à ceux du hérisson.
Cheval. Ses animalcules sont de même forme et de même
apparence que ceux du hérisson, mais leur longueur est
DE DIVERS ANIMAUX. 197
moindre La tête semble avoir une trace de collerette au-
tour du point lumineux.
Souris blanche. M. Golladon, pharmacien de cette ville,
dont l'amour pour les sciences naturelles est bien connu,
a eu la bonté de mettre à notre disposition quelques in-
dividus mâles de cette variété. Leur sperme extrait du
canal déférent, nous a offert des animalcules remarquables
par quelques taches lumineuses régulièrement disposées
sur la tête. Leur longueur totale est de o°'",o8o , leur forme
se rapproche de celle des animalcules du lapin.
Bélier. 11 n'existe pas de différence perceptible entre ses
animalcules et ceux du lapin.
Bouc. De même forme et de même longueui- que ceux
du lapin,
Oiseaux.
Dans cette classe , comme nous l'avons déjà remarqué ,
l'appareil générateur mâle consiste simplement en deux
testicules très-volumineux dont le liquide se rend dans le
cloaque au moyen de canaux déférens, fréquemment re-
pliés sur eux-mêmes et terminés quelquefois par une pa-
pille facile à l'econnoître sur la membrane interne du
cloaque. Les testicules sont situés très - pi'ofondément
dans l'abdomen , les canaux déférens sont quelquefois fort
grêles et difficiles à trouver, en sorte que le seul jnoyen
qu'on puisse employer pour se procurer la liqueur sper-
matique consiste à saigner l'animal à mort , et à procéder
sur le champ à l'examen des organes générateurs. A cet
effet, nous isolons le canal déférent des vaisseaux sau-
igS SUR LES ANnviALCULES SPERMATIQUËS
guins qui l'avoisinent et nous en plaçons une portion sur
un vei're bien net. En l'exprimant ensuite on fait sortir
le liquide qu'on délaye à volonté.
Coq. Obtenue par ce procédé, la liqueur spermatique
de cet animal a paru d'abord remplie d'une immensequan-
tité d'animalcules vivement agités , mais en la délayant
davantage ils se sont montrés d'une manière isolée et
nous avons pu saisir leur qneue ; elle étoit tellement grêle
qu'avec un grossissement de cinq cents fois le diamètre
elle avoit encore plutôt l'air d'une ombre que celui d'un
corps réel. Après la dessication elle devenoit plus facile à
distinguer, et c'est dans cet état que nous avons été forcés
de la dessiner et de la mesurer, car,, pendant que le mou-
vement se manifeste on ne peut parvenir ci saisir le point
où elle se termine. Chez un autre individu très-robuste ,
nous avons pu nous procurer la liqueur spermatique sans
le tuer. Nous avons vidé le cloaque et après l'avoir soi-
gneusement lavé, nous avons pressé le canal déférent, de
manière à faire sortir le liquide qu'il contenoit par la pe-
tite papille qui le ^erse dans le cloaque. Cette opération
nous a fourni un liquide rempli d'animalcules en mou-
vement, semblables à ceux que nous avons décrits, leur
longueur est de o,"'"o33. Des tranches du testicule offrent
comme dans les mammifères des animalcules identiques
mêlés de quelques fragmens de matière hétérogène.
Canard. Ses animalcules examinés après avoir saigné
l'animal à mort ont conservé leur mouvement pendant
douze ou quinze minutes au plus. Leur longueur totale
est de o,'°°'oi6, et leur forme est d'ailleurs identique avec
celle des précédens.
DE DIVERS ANIMAUX. I99
Moineau. La ténuité du canal déférent ne nous a pas
permis d'en isoler les animalcules , et nous avons été
forcés de couper une trauclie du testicule , de délayer
dans de la salive le liquide qui s'en est écoulé , pour ob-
tenir une vue nette de ceux-ci. Ils étoient en grand nombre'
se mouvoient avec agilité ,• leur tête étoit plate , circu-
laire et se présentoit souvent de tranchant , leur queue
étoit fort remarquable par sa longueur, sa ténuité, et sur-
tout sa rigidité; droite et effilée comme une aiguille, elle
ne plioit pas sensiblement dans les mouvemens de 1 animal
qui sembloit aller tout dune pièce.
Animaux à sang froid.
Flpère. Quelques recherches sur le poison de cet animal
nous ayant fourni l'occasion den disséquer plusieurs, nous
avons examiné les organes générateurs des mâles que nous
avons rencontrés. Prise dans le testicule ou dans le canal
déférent, la liqueur spermatique nous a toujours offert
des animalcules longs de Oi^^oGG , immobiles ou se mouvant
foiblement , et pourvus d'une tête ovoïde ; deux autres
serpens que nous avons pu soumettre à une perquisition
semblable , nous ont présenté des animalcules de même
forme, mais dans l'un d'eux , ils étoient plus longs comme
on peut le voir dans le tableau.
Grenouille. La liqueur séminale de ces animaux ob-
tenue par émission spontanée renferme une telle quan-
tité d'animalcules et leur mouvement est si rapide , que
l'œil armé d'un microscope n'y perçoit qu'une espèce de
bouillonnement très-singulier. Mais lorsqu'on les délaye
aOO SUR LES ANIMALCULES SPERMATIQUES
OU qu'on prend le liquide du testicule, le mouvement plus
lent et les animalcules mieux isolés permettent de per-
cevoir leur forme sans difficulté. Ils sont fort petits et
ressemblent beaucoup à ceux du coq , soit pour la forme
générale , soit pour les dimensions absolues , comme on
peut le voir dans la table ci-dessous.
Salamandre. Lorsquon presse le ventre aux mâles
pendant les derniers mois du printemps , on fait sortir
par l'ouverture du cloaque une liqueur qui renferme beau-
coup d'animalcules en mouvement. Ils sont fort longs ,
fort grêles et ont vuie tête ovale tellement plate que lors-
qu'elle se présente de coté, on croiroit qu'ils n'en ont pas
du tout. Ils se meuvent d'mie manière aussi fatigante
que singulière; leiu* corps entier se coui'be en arc très-
régulier , mais qui prend à tout instant une direction
contraire. Quelquefois ils exécutent cette évolution pen-
dant plus de dix minutes sans changer de place. Leur
longueur totale est de o°'°,4 , lorsquils sont à sec leur
corps devient ondulé.
A'scargoL La liqueur séminale prise dans le canal dé-
férent nous a présenté les animalcules les plus remar-
quables que nous eussions jamais vus. Es ont la forme
générale de ceux des salamandres , mais leur corps est
ondulé dans toute sa longueur ; ils se meuvent avec assez
de lenteur pour qu'on puisse aisément les suivre ; ils ont
une tête semblable à celle des précédens, mais la longueur
de leur corps excède de beaucoup celle de tous les autres. Ils
nagent à la manière des serpens, c'est-à-dire en exécutant
des inflexions horiion taies. Quelquefois ils ont l'air détre
DE DIVERS ANIMAUX ^Ol
en repos complet , mais leur tête pivote sur sa base et
décrit des oscillations exti-aordinaii'ement rapides. Ce ba-
lancement peut durer pendant un temps assez long sans
que l'animalcule change sensiblement de place. Pour les
mesurer nous avons été forcés de prendre un grossisse-
ment moins fort qu à l'ordinaire , car celui de trois cent
fois le diamètre ne pouvoit percevoir leur corps entier ,
quoique son champ embrasse près de cinq pouces. 11 semble
qu'on devroit les voir à l'œil nu , puisqu'ils ont près de
demi ligne de longueur réelle , mais si l'on réfléchit à leur
ténuité , l'on pourra concevoir comment ils échappent à
nos sens, si l'on ne fait pas usage d'une lentille.
Les autres escargots en possèdent de semblables , les
limaces , les lymnées en ont aussi d analogues , mais des
occupations pressantes ne nous ont pas encore permis de
les étudier convenablement et de prendre leurs dimensions.
En général , ils paroissent plus petits.
On remarquera, sans doute, que nous avons omis dans
cette énumération, une classe entière d'animaux vertébrés.
Nous voulons parler des poissons dont la laite devoit at-
tirer notre attention , dès que nous avons songé à nous
livrera cette étude. En effet, elle nous a fort souvent
occupés , mais nous n'avons jamais obtenu de résultat sa-
tisfaisant. Spallanzani qui l'avoit examinée a décrit et des-
siné des globules légèrement allongés auxquels il attribue
un mouvement fort rapide. Haller pai'le d'animalcules
munis d'une queue, et nous à l'instar du célèbre physicien
italien nous n'avons vu que des globules. Cette anomalie ,
dans une loi , qui semble générale nous empêche de pu-
Méin, de la Soc. de Phys. et d'H. nat. T. I." 26
^02 SUR LRS ANIMALCULES SPKRMATIQUES
hlier nos observations sur ce point, du moins jusqu'à-ce
que la saison nous ait permis de renouveller nos perqui-
sitions.
Pour prendre nos mesures, nous avons employé notre
moyen ordinaire , c'est-à-dire que nous avons comparé
l'image de l'animalcule perçue par lœil droit avec une
règle fixe vue de l'œil gauche. C'est ainsi que nous avons
pris les dimensions des globules du sang (Bibl. Univ.,
tom. 17). Et nous trouvons que cette méthode réunit
l'exactitude à la facilité. Cependant , nous avons craint
qu'elle n'offrit quelque cause d'erreur pour les animalcules
très-longs dont le corps occupoit presque tout le cliamp
de nos lentilles et nous avons mesuré les mêmes au moyen
d'un micromètre divisé en dixièmes de ligne. Cette opé-
ration facile nous ayant fourni des résultats absolument
semblables à ceux que nous avions obtenus par le premier
procédé, nous avons continué d'en faire usage.
Dans notre manière de voir le mouvement spontané des
animalcules spermatiques est un phénomène trop inté-
ressant pour que nous n'ayons pas cherché à reconnoître
si les agents dont leffet sur les grands animaux est bien
comiu, seroient susceptibles de produire sur ceux-ci quel-
que action semblable.
Le sperme du chien demeure parfaitement fluide et
transparent , le mouvement s'y conserve pendant plusieurs
heures. Ces deux circonstances nous ont déterminés à le
choisir , bien que la petitesse des animalcules qa il ren-
ferme, le rendit moins propre à nos observations que celui
du colimaçon ou de la salamandre.
2. ^
DE nrVERS ANTMAXJX. %0Ô
Première Expérience. Nous avons mis dans deux cap-
sules d'argent des quantités égales de liqueur sperma-i-
tique , nous avons laissé l'une comme terme de compa-
raison, et nous avons fait plonger dans l'autre une ba-
guette métallique , vernie jusqu à son extrémité , de ma-
nière qu'en mettant en communication la baguette et la
capsule avec les deux surfaces d'une bouteille de Leyde
fortement chargée , on excitait une étincelle qui passoit
forcément au travers du liquide et non point à sa sur-
face. Après quelques décharges , les animalcules étoient
complètement immobiles , tandis que ceux qu'on avoit
conservés comme étalons s'agitoient tout autant quavant
l'expérience qui n'avoit duré que cinq minutes.
Lobservation relative aux phénomènes galvaniques pré-
sentoit plus de difficultés. 11 falloit que l'altération du
mouvement fut perçue sous le microscope , au moment
oili on placeroit les animalcules dans le circuit sans qu'il
fut possible d en attribuer l'effet à une secousse étrangère.
Deuxième Expérience. Nous avons fixé sur une glace
deux fils de platine dont les extrémités vis-à-vis l'une
de l'autre étoient séparées par quelques lignes d'intervalle.
Cet appai'eil a été mis sous le microscope et les fils ont
été placés en communication avec deux branches de laiton
qui se rendoient dans des capsules pleines de mercure et
portées par une table indépendante de 1 appui du micros-
cope. L'une d'elles communiquoit à demeure avec l'un des
pôles d'une forte pile, l'autre servoit à établir ou rompre
le circuit , au moyen de rimm(;rsion ou de 1 émersion du
fil polaire. Un a mis alors une goutte de liqueui* sperma-
yo4 SUR LES ANIMALCULES SPERM\TfQUES
tique entre les deux fils de platine et le mouvement des
animalcules étant bien perçu , l'on a établi le circuit gal-
vanique. Mais soit qu'il ait été continu, soit qu'on ait
donné des secousses, on n'a pu voir aucune altération dans
le mouvement. Après avoir suffisamment constaté ce point,
on a promené le microscope dans toute letendue du li-
quide et Ton a vu que dans les portions contigues au pôle
positif ils étoient tous immobiles , tandis que soit auprès
du pôle opposé, soit dans les autres parties du liquide, on
les voyoit aussi agités qu'avant l'expérience. Cet etfet étoit
dû , sans aucun doute , à 1 action des acides produits au
pôle positif. Nous nous en sommes assurés directement.
Les découvertes nouvelles sur les propriétés du courant
galvanique fermé ne nous permettoient pas de clorre
notre travail sans tenter quelques expériences relatives à
ce genre d action. 11 est juste d avouer que nous n'avons
pu percevoir aucun effet sensible. Nous avons employé
d'abord l'appareil précédent après avoir substitué aux deux
pointes de platine mi fil entier du même métal. Certaine-
ment, les expériences dans lesquelles nous avons pu éviter
l'influence calorifique , ont prouvé la nullité d'effet du cou-
rant ; il en a été de même d un fort aimant que nous avons
mis en rapport avec le liquide , soit sous le microscope
même , soit ailleurs pendant un temps assez long.
Les autres agents susceptilsles dinfluencer l'irritabilité
animale nous ont présenté des résultats trop incertains pour
que nous les détaillons ici. Comme on ne peut les mélanger
avec la liqueur spermatique autrement qu'à l'état liquide ,
et que l'eau pure elle-même suffit quelquefois pour abolir
2
DE DIVERS ANIMAUX. /o5
le mouvement , on ne peut tirer aucune espèce de conclu-
sion de laddition d'une eau chargée d'opium, d'acide prus-
sique , etc. Toutefois , nous avons pu nous assurer qu en
général les liquides alcalins à un degré très-foible sont fa-
vorables à la persistance du mouvement , tandis que les
liquides acides tendent à le détruire sans doute à cause de
l'action chimique qu'ils font éprouver à la substance propre
des animalcules. Telle est la cause qui nous fait préférer
la salive à tout autre liquide pom* délayer le sperme, lors-
qu'il est trop épais. M. Spallanzani avoit aussi trouvé qu'elle
devoit fixer le choix de l'observateur , mais il paroissoit
attribuer plutôt son action à la température quà la com-
position chimique.
On voit que nos épreuves laissent beaucoup de doute
sur 1 irritabilité de ces petits êtres. La dernière surtout
semble démontrer sans réplique quelle diffère matérielle-
ment de celle des grands animaux , qui sont toujours af-
fectés par un courant galvanique suffisant.
Notre intention dans ce travail que nous avons entrepris
avec une grande prévention contre tous les écrits qui
avoient paru sur ce sujet , consiste simplement à rem-
placer par des faits positifs et dénués de toute hypothèse,
les travaux de nos prédécesseurs qui n'ont laissé dans l'es-
prit des physiologistes modernes qu'une fluctuation pé-
nible , comme on peut s'en assurer en parcourant leurs
écrits. Nous terminons , bien couvaincus de la vérité des
résultats que nous avons exposés et que nous rapeilerons
encore ici.
« i,° Les animalcides spermatiques n'ont rien de com-
>06 SUR LES ANIMALCULES SPERMATFQUES
» mun avec les iiifusoires , si ce n'est leur stature micros-
» copique.
» 2° Ils sont produits par le testicule seul et ne se
» montrent dans cet organe que lorsque l'animal a at-
7, teint lâge de puberté.
» 3.° Enfin , ils paroissent être le principe actif de la
» semence, tout comme les globules du sang sont lelé-
» ment indispensable de ce fluide. »
Explication des Planches.
Planche T. Figure i. Ammalcule du cochoa d'Inde grossi 3ooO'
fois en diamèlie.
Fig. 2, Aiiinjaleile de la souris blanche, j'd,
Fig. 3. Animalcule du liéiisson , id.
Fig. 4. Auimalcnle du cheval, id,
Fig. 5. AniinaJcnle du chat, id.
Fig. 6. Animalcule du bélier , icK
Fig. 7. Animalcule du chien , id-
Planche II. Figure 1. Animalcule du moineau, grossiss8menr
égal à 3ooo fois le diaoïèire.
Fig. 2. Animalcule du coq , id.
Fig. 3 Animalcule du canard , id.
Fig. 4. Animalcule de la vipère , id'.
Fig. 5. Animalcule de l'escargot grossi 180 fois en diamètre'
seulement.
Fig. 6. Animalcule de la salamandre grossi 3oo fois en diamètre,
dessiné après la cessation du mouvement.
Fig. 7. Le même dessiné pendant la vie.
DE UIVEHS ANIMAUX.
2
X07
Tableau des mesures précises de quelques animalcules
spennatiques.
NOM DE L'ANIMAL.
Hérisson (Erinaceus ^uropeus.). . .
Pltois ( Mustela Putorius. )
Souris blanche ( Mus musculus v. alba. )
Cochon d'Inde (Mus Porcellus. ) . . .
Cheval ( Equus Caballus. )
Chat (Felis Catus.)
Béher (Ovis Aries.)
Bouc (Capra Hircus. )
Chien (Canis Familiaris. )
Moineau. (Fringilla Domestica) . . .
Coq ( Pliasianus Gallus. j
Canard (Anas Bosclias. )
iViPÉRE (Colubra Bcrus. )
Couleuvre de Razomowsky
Orvet (Anguis Fragilis. )
Grenouille (Rana Esculeiila ). . . .
Salamandre (Salaraandra Crislata.) .
jEscARGOT (Hélix Poinalia.)
Lymnée (Hélix Palustris. )
Longueur
Longueur
Longueur
Grossisse-
réelle
léelle i
en fi'act.
eu Fi-act.
apparente
ment.
de'cim.
vulg.
i
mm
miu
1
lura
20,
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15
25,
»
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0, o83
1
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»
id.
0, 080
2
25
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0, o83
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»
id.
0, o33
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5,
M
id.
0, 016
1
60
20,
»
id.
0, 066
Ts
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id.
0, 100
1
10
20,
»
id.
0, 066
1
Ts
8,
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0, 026
À
120,
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180
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5
1 10,
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180
0, 611
3
5
i[. Plief H. iia.f.I.p.20 8,
^ 9
Pi. I.
■^u„uu,_&e/
^Ytar/i . iA~u/^i^
M. Pi..eC aaf I.p. 2 08.
1
-P7 2.
-^aj/t£ui, ^e.^.
Onj/jcccA Jculn
MEMOIRE
Sur les affinités naturelles de la Jamille des
Nymphœacées .
Par M. DE CANDOLLE , Professeur.
(Lu à la Société ds Phys. et cCHist. Nat. de Genève , en Mars i3i^.}
JUa place que l'on doit assigner aux Nymphaeacées dans
l'ordre niturel est extrêmement difficile à déterminer avec
précision et a exercé la sagacité des plus habiles botanistes,
NoiTimer MM. Richard , Corréa , Mirbel , Salisbury ,
Turpin , Poiteau, etc. , et dire que ce sujet a long-temps
exercé leur sagacité, c'est en faire sentir toute la difficulté.
Il ne s'agit pas seulement de légères diversités d'opinion
pour rapprocher les Nymphaeacées des familles déjà consi-
dérées comme voisines , mais la discussion a lieu entre
des classes différentes, et il ne s'agit de rien moins que
de placer cet ordre à l'une ou à l'autre des extrémités de
la série des végétaux connus. En un mot , les Nymphaea-
cées sont-elles Endogènes ou Exogènes, Monocotylédones
ou Dicotylédones , voisines des Hydrocharidées et des Or-
chidées , ou des Papaveracées et des Renonculacées ? La
décision de cette question en entraînera une seconde, c'est
de savoir à quelle classe doivent appartenir les Podophyl-
lées qu'on ne peut guères éloigner des Nymphaeacées. Nous
Mèm. de la Soc. de Phys. et d'H. nat. T. I." 27
210 StR LES AFFINITES NATURELLES
tenterons de la résoudre par l'anatomie des tiges , par
l'exameu de l'embiyon , et par les compaiaisons que la
structure entière des fleurs et des fruits pourra faire
naître at^ec d'autres familles dont la place est bien dé-
terminée.
L'anatomie des tiges a été donnée par M. Mirbel, d'après
le Nélumbo (ann. mus., vol. i3 , tom. 34), et on y re-
connoît les caractères des exogènes tels qu'ils se montrent
dans un grand nombre de plantes aquatiques. Les fais-
ceaux des fibres y sont disposés par zones concentriques;
les plus jeunes sont en dehors; mais le tissu cellulaire in-
terposé , soit entre les fibres , soit entre les couches , soit
dans le canal médullaire, soit dans le tissu cortical, est
beaucoup plus considérable que dans les exogènes qui frap-
pent ordinairement nos regards et de plus on observe dans
l'intervalle des couches des rangées de lacunes ou cel-
lules aériennes disposées en anneau régulier. Ce double
caractère se retrouve dans d'antres plantes aquatiques que
personne ne nie être de la classe des exogènes telles que
l'Hippuris et le Myriophyllum; ce que M. Mirbel a vu dans
le ISélumbo, il l'a encore vu dans la tige duNiiphar jaune
(ann. mus. i6 , pi. 20), et je l'ai observé de même dans
les deux Néuufars. M. Corréa insiste beaucoup sur l'a-
nalogie de la structure des tiges du Nélumbo et des Nym-
phaea avec celle des exogènes et quoiqu'il n'y admette
aucun cotylédon , il n'hésite point à regarder ces plantes
comme de la classe de celles où il y en a ordinairement
deux. Le fait n'a d'ailleurs été révoqué en doute par aucun
de ceux mêmes qui croyent que ces plantes sout monoco-
DE LA FAMILLE DKS NYMPH^ACÉES. 211
tilédones ; ils se contentent de dire que le caractère déduit
de la structure des tiges n'est pas toujours d'accord avec
celui qui est tiré de la graine. Voyons si réellement les
Nymphaeaeées offrent une exception à la loi générale qui
veut que les exogènes soient toutes munies de deux coty-
lédons opposés.
Si l'on examine la graine du Nuphar faune , on y trouve
d'abord le spei'moderme qu'on enlè\e; sous cette enveloppe
on voit l'amande composée : i.° d'un grand albumen fa-
rineux tronqué à sa base; 2..° d'un corps en forme de toupie
niché à la^ base tronquée de l'albumen vers le point où la
graine tient au cordon ombilical. Ce corps a été 6gui-é par
Gaertner comme étant l'embryon et l'est en effet ; mais
Gaertner ne l'a point ouvert et l'a décrit en conséquence
comme étant indivis ou monocotylédoné ; l'ayant ouvert ,
il y a maintenant quinze ans , )'y ai fait une observation
qui a depuis entraîné une foule de discussions savantes
mais contradictoires. J'ai remarqué (Bull, philom. 1802 ,
n.° 5 1 , tom. 3 , pag. 3 ) que l'embryon est enveloppé dans
un tégument particulier auquel il adhère par sa base , si l'on
fend ce tégument on y trouve deux petits lobes arrondis ,
charnus et opposés , entre lesquels est cachée la jeune plu-
mule. J'ai désigné ces corps charnus comme les cotylédons
et j'ai considéré le tégument comme un organe particulier
aux Nymphaea. M. Mirbel (ann. mus. 1 16, p. i53 , tom. 2.0)
a admis en entier ma manière de voir et a représenté les
mêmes organes avec un peu plus de détail. M. Correa a
pensé que ce tégmnent particulier est une expansion de la
radicule q^ui se replie sur elle-même et enveloppe tout l'em-
212 SUR LES AFFINITÉS NATURELLES
bryon. M. Richard veut, au contraire que le tégument, soit
le cotylédon unique, et que tout ce quil renferme soit la
plumule. Tout ce que nous venons de dire du nuphar est
vrai du nymphéa blanc, excepté, que dans celui-ci les
graines sont de moitié plus petites et que l'embryon y est
presque globuleux. Quant au Nélumbo , la structure de
la graine est peut-être plus extraordinaire encore ou du
moins diffère assez des précédentes pour mériter une des-
cription détaillée : chaque carpelle du Nélumbo renferme
une seiUe graine dont le tégument propre se distingue
souvent assez mal du péricarpe. Cette graine n'a point
d'albumen ; son embryon est très-gros , composé de deux
lobes épais, charnus, opposés, un peu concaves que MM.
Mirlicl et Poiteau regardent comme les cotylédons ; au
point de jonction de ces deux lobes est une très -petite
protubérance que M. Mirbel prend pour le rudiment de
la radicule qui ne se développe point; en dedans des lobes
se trouve une membrane très-mince qui enveloppe la base
de la plumule : M. Richard la prend pour le cotylédon :
MM. Poiteau et Mirbel pensent , au contraire , que cette
membrane naît à la base des cotylédons comme dans tout
le cours de la végétation de cette plante il se trouve une
membrane stipulaire à la base interne de chaque feuille. A
la germination les deux lobes se séparent sans changer de
forme ni de consistance et laissent sortir la jeune tige qui
s'élève de leur centre; cette tige porte des feuiUes à quel-
que distance de sa base et pousse des radicelles éparses
entre les lobes et les premières feuilles. M. Gorrea pense
que les lobes sont des expansions de la radicule , que les
l
DE LA FAMILLE DES NYMPH.EACÉliS. 2l5
cotylédons manquent absolument , et que la partie qui
sort par la fente des lobes est la plumixle elle-même. Cher-
chons à apprécier ces diverses opinions et surtout à les
concilier , s'il est possible , avec les faits précédemment in-
diqués sur le nymphaea et le nuphar. Ces trois genres sont
tellement voisins par l'ensemble de leur structure qu'il est
difficile d'admettre dans l'un des loix très - différentes de
celles qu'on admet dans les autres.
L'hypothèse de ceux qui prennent les Nympha^acées pour
monocotylédones offre cette difficulté dans un sens , celle
de leurs antagonistes dans l'autre : je m'explique.
Si le tégument qui enveloppe l'embryon des nénufars
est leur cotylédon, comme le veut M. Richard , il faut que
dans le Nélumbo cet organe soit représenté ou par les deux
lobes épais , ou par la membrane de leur base interne ;
dans la première hypothèse , il faudroit admettre ce qui
seroit presque absurde , que le Nélumbo est dicotylédone,
tandis que les nénufars seroient monocotylédones : dans la
deuxième, que le Nélumbo a en dehors de ses cotylédons
un organe spécial qui manque dans les nénufars.
Si le tégument qui enveloppe l'embryon des nénufars
n'est pas leur cotylédon et que les deux lobes charnus et
opposés, situés à l'intérieur soient deux cotylédons comme
je l'ai soutenu et comme le pensent MM. Poiteau et Mirbel,
alors nous aurons à chercher leurs représentans dans le
Nélumbo ; ce seront , ou comme le veulent MM. Poiteau
et Mirbel , les deux lobes charnus extérieurs , et alors les
nénufars se trouveront avoir un organe qui manque dans
le Nélumbo, ou bien les lobes extérieurs seroient, comme
2l4 SUR LES AFFINITÉS NATURELLES
le pense M. Correa les analogues du tégument de l'em-
bryon des nénufars , et le Nélumbo seroit dépourvu de
vrais cotylédons, tandis que les nénufars en auroient deux.
Ainsi , quelque soit Thypothèse qu'on adopte , il faut de
nécessité que ces deux genres , quoique très-voisins , pré-
sentent un disparate marqué dans la structure de leur
embryon , il faut de nécessité admettre ici une exception
aux lois générales. Voyons cependaiit celle de ces diverses
manières de voir qui réunit le plus de probabilité ou qui
fait la moindre exception aux règles connues dans les
autres végétaux : i." Si l'on suppose que le tégument ex,-
terne des néuufai'S est im cotylédon qui renferme la gem~
mule, et qu'il est représenté dans le Mélumbo par la mem-
brane située à la base des deux lobes charnus, il faut aussi
supposer que c'est un embiyon sans radicule. Preniière
exception ; 2.° que le cotylédon enveloppe entièrement la
gemmule, sans aucune espèce de fente ni de fissure laté-
rale. Deuxième exception ; 3.° que les deux premières
feuilles de la gemmule sont opposées , ce qui n'a lieu dans
aucune monocotylédone. Troisième exception ; 4-" que la
radicule du Nélumbo s'épanouit en deux lobes très-grands
et sépai'ables , ce qui n'est connu dans aucune plante.
Quatrième exception ; 5.° que les organes qui rempliroient
le rôle de cotylédons dans les Nymphaeacées seroient in-
capables d'en remplii- les fonctions : en effets les cotylédons
de tous les végétaux connus , sont ou charnus , dépouj'vus
de stomates , et doivent être considérés comme des ma-
gasins de nourriture préparée d'avance pour la jeune
plante , ou minces foliacés munis de stomates et sont alors.
DE LA FAMILLE DES NYMPHE ACÉES. 21 5
susceptibles de préparer l'aliinent de la jeune plante. Dans
l'hypothèse que je combats, le cotylédon des Nymphaeacées
seroit membraneux , et cependant dépourvu de stomates ,
c'est-à-dire, qu'il ne renfermeroit point de nourriture, et
ne pourroit point en prépai-er. Je ne dis pas que cela soit
absolument impossible, mais je dois noter ce tait comme
une cinquième et grave exception aux lois connues.
2.° Les opinions des nativralistes qui admettent les Nym-
phaeacées parmi les dicotylédones se sousdivisent en deux :
savoir , celle de M. Cori'ea et la mienne qui paroît con-
forme à celle de MM. Poiteau et Mirbel.
Dans l'hypothèse de M. Gorrea, le tégument externe des
Nénufars et les deux grands lobes charnus du Nélumbo
seroient une expansion extraordinaire de la radicule , les
deux lobes charnus et internes des Nénufars seroient les
cotylédons qui manqueroient dans le Nélumbo. Cette idée
offre déjà beaucoup moins de ditïicLdtés que la précé-
dente : la famille des Convolvulacées nous montre déjà
un exemple de genres voisins, les uns munis, les autres
dépourvus de cotylédons ; les embryons du Pekéa et de
plusieurs autres genres offrent déjà des exemples de ra-
dicules très-grosses. Mais voici cependant quelques consi-
dérations qui me paroissent dii'imentes contre cette théorie :
i.° à l'exception du Lecytliis , nous ne connoissons encore
parmi les végétaux vasculaires que des plantes dépour-
vues de feuilles qui manquent de cotylédons , et il fau-
droit admettre que le Nélumbo est dans ce cas insolite ;
2.° nous avons bien quelques exemples de radicules
épaisses, mais aucun de radicule réfléchie sur elle-même
2l6 SUR I,BS AFFINITÉS NATURELLES
de manière à envelopper partie ou totalité de l'embryon ;
3.° Si les deux lobes charnus du JNélumbo sont des ex-
pansions de la radicule , pourquoi y a-t-il à leur base une
memJjrane comme à la base des feuilles ordinaires de la
plante? enfin, si le tégument des Nénufars est 1 analogue
des lobes épais du INélumbo, pourquoi cette même mem-
brane nVxiste-t-elIe pas à sa base?
Toutes ces difficultés me paroissent, je l'avoue, s'éva-
nouir dans la manière dont je considère ces parties ; j'ad-
mets : i.° que le tégument externe des Nénufars est un
sac propre à ces plantes et dont j'ignore la nature; 2.° que
les deux corps charnus et opposés sont les cotylédons ;
3.° que dans le Nélumbo les deux corps charnus sont les
cotylédons , et que le tégument externe ou manque ab-
solument ou plutôt est soudé avec les cotylédons , de ma-
nière à se rompre en deux parties avec eux; 4-° qu'enfin,
dans les uns et dans les autres la radicule est réduite à un
moignon très -court et qui ne prend aucun développe-
ment. Cette hypothèse a seule, parmi toutes celles qui ont
été proposées, l'avantage de concilier, dans une description
commune, les structures en apparence si diverses des deux
sections des Nymphaeacées , d attribuer l'usage de nourrir
la plante à des organes charnus comme le grand nombre
des vrais cotylédons, d'expliquer l'opposition de ces parties,
et la position de la membrane stipulaire située à leur ai-
selle comme à l'aisselle des feuilles ordinaires de ces plantes.
Elle admet cependant quelques exceptions aux lois géné-
rales : i.° l'existence d'un sac particulier autour de l'em-
bryon des Nymphaeacées. Ce sac seroit une espèce d'arille
DE LA FAMILLE DES NYMPH^AcÉES. 21 7
OU de pellicule interne qui entoureroit l'embryon comme
l'arille ou la pellicule entourent la graine dans certaines
familles : il ne seroit pas plus extraordinaire qu'il n'existât
pas dans d'autres familles , qu'il ne l'est de voir l'arille ou
la pellicule envelopper certaines graines et manquer abso-
lument dans d'autres. Je serois assez porté à penser avec
M. Correa que ce sac est une expansion insolite de la ra-
dicule, mais comme aucun fait à moi connu n'a prouvé
cette ingénieuse hypothèse, qui est d'ailleurs étrangère au
fond de cette discussion , je désignerai ce sac comme un
organe particulier, sous le nom de saccule (sacculum),
sans rien préjuger sur sa nature. L'idée que ce saccule
puisse être libre dans les Nénufars et soudé avec les coty-
lédons dans le Nélumbo n'est pas plus extraordinaire que
la soudure des cotylédons entreux, qu'on atknel cepen-
dant sans hésiter dans la Capucine et dans quelques autres
plantes , que la soudure du spermoderme avec le péricarpe ,
ou du péricarpe avec le calice que l'on est obligé de re-
connoître dans près de la moitié du règne végétal;
2.° Le non - développement de la radicule des Nym-
phaeacées par ses extrémités est une exception à la struc-
ture ordinaire delà plupart des végétaux; mais observons
d'abord que cette exception est admise dans toutes les hy-
pothèses faites sur les Nymphaeacées. Remarquons de pLiS
que M. Mirbel l'a expliqué d une manière très-ingénieuse,
soit par la comparaison avec la structure de l'amande or-
dinaire, so;t par l'analogie avec les faits obtenus par voie
expérimenta'e par MM. Vastel, Thouin, Des fontaines et
Labillardière sur des graines de Courge. J'ajouterai que
Mém. de la Soc. de Phys. et d'il. nat. T. 1." 28
21& SUR LES AFFINITÉS NATURELLES
dans bien des plantes à radicule épaisse cet organe prend
très-peu de développement et donne simplement comme
la tige elle-même naissance à des radicelles ; ces radicelles
dans les Nymphaeacées naissent au-dessus des cotylédons;
mais ce phénomène a lieu, quoique plus tard, dans presque
toutes les plantes rampantes, et surtout dans les plantes
aquatiques,
3.° L'inégalité du volume comparatif des organes que
je prends pour cotylédons dans les deux sections de la
famille sembleroit encore une objection contre moi , mais
c'est au contraire une confirmation de mon opinion ;
car cette inégalité se trouve d'accord avec l'absence ou la
présence de l'albumen. Dans les Nénufars qui ont un al--
bumen les cotylédons sont petits : dans le Nélunabo oii
l'albumen manque, les cotylédons sont foft grands. D'ail-
leurs on trouve des diversités bien plus grandes entre les
genres de certaines familles, les Légumineuses, par exemple,
dont personne ne contestera la coordination. On pourroit
soupçonner que là où les cotylédons sont enfermés dans
un sac comme dans les Nénufars , ils n'ont pu absorber
toute l'eau de l'amnios , que celui-ci s'est transformé en
albumen et que les cotylédons sont restés très -petits.
Tandis qu'au contraire , là où les cotylédons n'étoient pas
enveloppés dans un sac (ou ce qui revient presqu'au même
étoient greffés avec lui), ils ont pu absorber toute leau dç
l'amnios et alors il n'y a point eu de résidu ou d'albumen
et les cotylédons sont devenus fort grands.
Je crois donc que cette hypothèse est celle qui admet
dans la structure des Nymphaeacées le moins d'exception
\
DE LA FAMILLE DES NYMPH^ACÉES. 21 g
aux lois générales , qu'elle est la seule qui rende raison
des rapports des genres entr'eux , et nous verrons tout-à-
l'heure qu'elle s'accorde encore avec ce que nous savons
des caractères des classes et des familles avec lesquelles les
Nympliaeacées ont quelques rapports réels.
Si nous examinons les caractères communs aux dico-
tylédones et aux monocotylédones , nous verrons dans la
structure des Nymphaeacées quelques traits propres à ré-
soudre la question :
i.° Les feuiUes de ces plantes avant leur développement
ont une vernation involutive, c'est-à-dire que leurs deux
bords sont roulés en-dessus la côte moyenne servant d'axe ;
or , ce mode d'enroidement n'a été encore à ma connois-
sance observé que dans des dicotylédones, et quoique je ne
veuille pas nier qu'il ne fut possible dans les monocotylé-
dones , il faut cependant avouer que sous ce rapport les
Nymphaeacées se rapprochent mieux des dicotylédones;
2.° Le suc de la tige des Nymphaeacées est d'après
M. Salisbury un peu laiteux, et on ne connoît point de
plantes à suc laiteux parmi les monocotylédones ;
3.° Les parties de la fleur des Nymphaeacées sont toutes
en nombre quaternaire ou quinaire ; savoir , quatre ou
cinq sépales , plusieurs rangées de pétales et d'étamines
alternes avec les sépales et alternes entr'eux et toutes com-
posées de quatre ou cinq pièces. Or, les nombres quater-
naires et quinaires sont très-rares dans les monocotylé-
dones, et très-fréquens dans les dicotylédones;
4.° Le nombre total des tégumens floraux ne passe
jamais dans les Monocutylcdones 6 ou 9 , c'est-à-dire
220 SUR LES APPINITÉS NATURELLES
deux OU trois rangées de trois , il s'élève beaucoup plus
haut dans un grand nombre de dicotylédones , notam-
ment dans les magnoliacées , les renonculacées , etc. , qui
sous ce rapport ressemblent aux Nénufars. Ainsi , plusieurs
traits généraux de la structure des Nymph^acées ont déjà
plus de rapports avec les dicotylédones qu'avec les mo-
nocotylédon es. Cherchons maintenant à les compare i"
avec les familles qui peuvent offrir quelqu'analogie; mais
pour donner plus de précision à cette comparaison , ex-
posons d'abord la véritable structure de la Heur des Nym-
ph^acées.
Le pédoncule de ces plantes est constamment solitaire,
cylindrique, dépourvu de bractées et terminé par une seule
fleur. Le réceptacle ou torus de cette fleur mérite dabord
notre attention ; co rccepiaule est très-grand , très-déve-
loppé dans toutes les Nymphaeacées et porte les autres
organes d'une manière assez singulière ; dans le ÎSélumbo
le torus est en fonne de cône renversé , à sa base il porte
le calice les pétales et les étamines assez rapprochés les
les uns des autres ; à son sommet il est évasé eiî un dis-
que plane dans lequel sont nichés de douze à vingt cair-
pelles distincts les uns des autres, et placés dans autant de
petites alvéoles du torus. Chaque carpelle ou fruit partiel
se termine par un stile très-court et un stigmate arrondi
et renferme mie graine ( peut-être originairement deux )
attachée au sommet et par conséquent pendante dans le
péricarpe. Cette structure semble au premier coup-d'œil
bien différente de celle des Ménufors Oti Ion a coutucne
de dire qu'il ny a qu'un ovaire couronné par un stije
rayonnant : mais elle en diffcre peu en réahié.
DE LA FAMILLE DES NYMPH.^ACEES. 221
Dans le Nymphaea blanc , on trouve le torus très-dé-
veloppé, qui enveloppe complètement les carpelles au lieu
de les porter dans les alvéoles de sa surface. C'est ce torus
développé qu'on a coutume de regarder comme l'ovaire de
la fleur. Ce torus porte le calice, les pétales et les étamines
comme dans le iNélumbo, mais disposés d'une manière un
peu différente : les sépales sont comme dans le Nélurabo
à la base du torus. Les pétales naissent comme dans le
Nélumbo sur le torus, alternes avec les sépales, mais leur
base est soudée avec le torus, de manière à ce que leur
limbe ne devient libre qu'à une certaine distance du ca-
lice : il en est de même des filets des étamines qui sont
aussi soudés avec le torus et ne sont libres que vers le
sommet. Si Ton examine la structure interne de cet organe,
on y trouve un certain nombre (ordinairement seize) de
carpelles membraneux et renfermant plusieurs graines ;
ces carpelles, qu'on appelle ordinairement des loges sont
disposées en rayonnant autour d'un axe idéal et central ;
ils sont composés dune membrane très-mince , continue
dans toute son étendue, et chaque carpelle est séparable
sans déchirement des deux qui l'avoisinent et même du
torus ; c'est ce qu'on voit assez facilement lorsqu'on exa-
mine le fruit avant sa maturité absolue, car à la maturité
totale toutes les parties baignées par une pulpe gélati-
neuse deviennent impossibles à distinguer. Gh.ique car-
pelle se prolonge à son sommet en un stigmate qui sort
par la sommité du sac formé par le torus et ces sei/.e sti-
gmates en s'épanouissant à la surface de cet organe, res-
tent plus ou moins soudes ensemble, de manière à former
222 SUR LES AFFINITES NATURELLES
tin plateau rayonnant , semblable à celui des Pavots et com-
posés d'autant de rayons qu'il y a de carpelles ou de pré-
tendues loges dans le fruit. Je ne puis pas mieux comparer
le fruit du Nymphtea qu'à l'orange qui est connue de tout
le monde ; les loculamens ou carpelles du Nymphaea sont
comme dans l'orange, verticillés autour d'un axe commun ,
séparables les uns des autres , formés par mie membrane
continue et indéhiscente, enveloppés en entier dans vin
tégument particulier et prolongés à leur sommet, en au-
tant de stiles plus ou moins soudés ensemble. Mais dans
l'orange les graines sont attachées à l'angle interne de cha-
que carpelle ; dans le Nymphaea, ces graines adhèrent à la
totalité des parois latérales de chaque carpelle. Cette at-
tache latérale des graines sur la face entière des parois
ne se retrouve que dans les Pavots , qui comme nous le
verrons tout-à-l'heure , ont les plus grands rapports avec
les Nénufars. Avant de les mentionner , disons quelques
mots de la structure des. autres genres de la famille des
Nymphaeacées.
Les Nuphars ou les Nénuphars jaunes, que tous les bota-
nistes s'accordent aujourd huià considérer comme un genre
bien distinct des blancs, tiennent le miheu entre la struc-
ture du Nélumboet celle du Nymphaea: le torus s'y pro-
longe comme dans le Nymphaea, de manière à envelopper
complètement les carpelles qui sont polyspermes et par-
faitement semblables à ceux du Ny,mpaea. Mais les sé-
pales , les pétales et les élamines sont attachés à la base
de ce torus comme dans le Nélumbo et ne se soudent
DE LA FAMILLE DES NYMPHE ACÉES. 2 23
point avec lui dans aucune partie de leur étendue. Au
contraire , dans le quatrième genre de la famille , l'Eu-
ryale , les étamines et les pétales sont comme dans le
Nymphaea soudés a^'^ec le torus dans la plus grande partie
de sa longueur; et de plus, le calice lui-même a ses
sépales soudés avec ce torus, de manière qu'en considérant
le fruit dans sa totalité , on a eu quelque raison de dire
qu'il étoit infère, quoiqu'on sache bien que des fruits in-
fères sont en général impossibles là où les étamines ne
sont pas attachées au calice. Cette manière de décrire les
Nymphaeacées étant tout-à-fait différente de celle à la-
quelle on est accoutumé , je dois la justifier par quelques
exemples et en faire sentir la justesse et les avantages.
Que le singulier évasement qui porte les ovaires du
Nélumbo, soit le réceptacle de la fleur, c'est ce dont con-
viennent aujourd'hui tous les botanistes et notamment
MM, Salisbury, Richard, Mirbel, Poiteau, Turpin, Sims,
c'est-à-dire , tous ceux qui ont décrit la plante ; c'est un
organe analogue à bien des égards avec la partie pulpeuse
qui porte les ovaires des Fraisiers ; mais les étamines des
Fraisiers étant attachées au calice et non au torus , celui-
ci reste beaucoup plus isolé; on trouvera plus d'analogie
en examinant le tubercule épais qui dans le Cleome gi-
gantea porte au centre le pistilet sur les bords les étamines
et les pétales,
Maintenant , si le corps en cône renversé qui porte les
ovaires du Nélumbo , au lieu d'être plat à sa surface étoit
en forme de poche concave , et que les carpelles y fussent
enveloppés en entier sauf Içurs stigmates , nous aurions
224 StTR LES AFFINITES NATURELLES
exactement la structure des Nénuphars jaunes. Veut-on
un exemple de cette structure , on en trouve un qui ne
me paroît pas contestable quoique dans une famille bien
éloignée de celle-ci. L'urcéole qui enveloppe l'ovaire des
carex est de même un prolongement du torus ou récep-
tacle qui entoure et cache l'ovaire : cet urcéole des carex
est ouvert à son sommet pour donner issue à un stigmate,
mais il me paroît certain que dans les Scléria il est clos et
soudé avec la graine , la cupule qui entoure la base de
l'ovaire des conifères et notamment de 1 If, est un organe
analogue qui est assez grand dans l'Ephédra pour enve-
lopper l'ovaire presqu'entièrement. Dans ces familles l'ur-
céole n'enveloppe qu'un ovaire , mais nous pouvons citer
des faits plus analogues à la famille qui nous occupe parmi
celles où se trouvent plusieurs ovaires.
Si nous examinons les Pivoines en herbe , nous trou-
verons leurs ovaires qui sont très-gros et au nombre de
deux à cinq entourés à leur base par une légère protubé-
rance du torus : cette protubérance est dentée et irrégu-
lière. Dans le Pivoine en arbre ou le Moutan , cette pro-
tubérance est beaucoup plus saillante et embrasse la base
des ovaires ; il existe même une variété de cette espèce ou
peut-être une espèce voisine, le Pœonia papaveracea
d' Andrews, dans laquelle l'expansion du disque ou l'ur-
céole est très - développé et enveloppe complètement les
ovaires, de manière à ne laisser sortir au-dehors que les
stigmates. Aussi Andrews a-t-il décrit son espèce comme
ayant un ovaire unique et divisé intérieurement en plu-
sieurs loges, tandis qu'il est évident que ce sont plusieurs
M.PK.ee.H.nat.I.p. 22 4.
i'i.i
o
^
ttu-
1^ #. ^/
7
,?
M PK et H naÉl/p 224
PI II.
â
Oc if e /- o A f
DE LA FAMILLE DES NYMPHE ACÉES. 225
carpelles enveloppés dans un urcéole. Or , c'est préci-
sément ce qui arrive dans les Nénuphars. M. Robert
Brown qui a le premier fait sur la Pœonia papaveracea
l'obsei-vation piquante que je viens de rapporter , a vu
une fois l'une des dents de l'urcéole de la Pœonia moutan
porter une anthère et semble disposé à croire que cet ur-
céole est par sa nature analogue aux filets des étamines :
je suis loin d'attaquer cette opinion qui s'accorde avec un
grand nombre de faits , mais sans rien préjuger sur la
nature de cet organe, je me borne à affirmer qu'il ne fait
pas partie essentielle du fruit proprement dit , mais que
les carpelles soit solitaires , soit multiples peuvent être
dans certains cas enveloppés en tout ou en partie par une
expansion du torus.
11 suit de là : i.° qu'il est des fruits en apparence uniques
et multiloculaires qui sont en réalité composés de plu-
sieurs carpelles enfermés dans un urcéole , tels sont ceux
de Nymphaeacées, et de quelques Pivoines.
2..° Que lorsque cet urcéole existe , il peut ne porter les
parties de la fleur qu'à sa base, ou bien celles-ci peuvent
être soudées plus ou moins complètement avec lui de ma-
nière à former, ou ce qu'on a appelé l'insertion pleurogi-
tique des étamines du Nymphaea blanc , ou le fruit infère
de l'Euryale. Je pense maintenant que c'est de cette ma-
nière qu'il faut considérer la structure de l'Eupomatia et
que ce genre , ainsi que M. Robert Brown lavoit indiqué ,
rentre sous ce rapport dans les Anonacées précisément
comme l'Euryale dans les Nymphaeacées. Je suis même
porté à croire qu'il existe quelque chose d'analogue dans
Mém. de la Soc. de Phys, et d'H, nat, T. I." 29
â26 SUB LES AFFINITÉS NATUREM/ES
certaines Magnoliacées , et que l'enveloppe externe et ir-
régulièrement déhiscente, si bien observée par M. Richard,
dans le fruit du Talauma, n'est peut-être autre chose qu'une
expansion du disqu« qui dans cette famille , comme dans
les Nymphaeacées porte les sépales , les pétales , les éta-
mines et embrasse plus ou moins les ovaires.
Ces considérations sur la structure réelle des fruits m'en-
traîneroient beaucoup au-delà des bornes de ce Mémoire, et
je reviens à l'examen des rapports des Nymphajacces avec
les familles qu'on leur a comparées.
LevS Nymphaeacées ayant en réalité plusieurs ovaires»
il faut les mettre en parallèle avec les familles où l'on
renc(Mître cette structure. Nous trouvons d'abord parmi
les monocotylédoncs les Alismacées , qui seules dans toute
l«i classe ont des ovaires nombreux. Mais les étamines y
sont périgynes et non hypogyntes , de sorte que loi-s-même
qu'on supposeroit les Nymphaeacées monocotylédoncs , on
auroit bien de la peine à les en rapprocher. Quant aux
Hydrocharidées , elles s'écartent des Nymphaeacées par
l'unité de leur ovaire , l'adhérence du calice avec lui . la
position périgyne des étamines , etc. .
Si au contraire » nous cherchons la place des Nym-
phaeacées supposées dicotylédones , nous arriverons à des
résultats beaucoup plus satisfaisans; ces plantes sont évi-
demment de la classe des Tiialamiflores ( Polypétales hy-
pogynes de Jussieu), et se placent assez bien entre la
première et la seconde des cohortes que j ai proposées à
la page I25 du i." volume du Sysiema vegetabilium ,
Qu en d'autres termes entre les Renonculacées et les Pa-
t
DE LA FAMILLE DES NYMPH^ACÉES. Say
pavéracées, non loin des Magnoliacées , des Anoûacées,
et même des Berbéridées.
Si nous comparons la structure des Nénufars avec celles
des Pivoines herbacées , nous y trouverons des rapports
sensibles. Dans l'un et l'autre genre, un tronc charnu,'
épais , horizontal ou obhque donne naissance en-dessous
à des fibres radicales, en-dessus aux parties ascendantes:"
les pétioles des feuilles se dilatent à leur base en larges
membranes ; les fleurs sont grandes , le calice est persis-
tant à sépales souvent colorés en dedans ; les pétales sont
alternes avec les sépales : les étamines en grand nombre
attachées à la base du torus ; celui-ci se proloi^ dans les
Pavots , comme dans les Nénufars , de manière à
envelopper en entier les ovaires dont les stigmates seuls
sont visibles au-dehors. Mais dans les Pivoines, comme
dans toutes les Renonculacées les graines sont attac^li)('es
dans chaque carpelle au bord de la suture , et par con-
séquent à l'angle intérieur , d'oii résulte que quand ils
viennent à se souder pour former un fruit unique comme
dans les Nigelles les graines sont attachées à l'angle in-
terne de chaque loge. Dans les Nénufars , au contraire ,
les graines sont attachées sur les disques latéraux des car-
pelles , de sorte que lorsque ceux-ci sont soudés, les
graines paroissent fixées aux cioisons des loges du fruit et
non au centre.
Ce dernier caractère est commun aux Nénufars et àiix
Pavots , et si nous comparons la structure dii Nénufal-
jaune , par exemple , avec celle du Pavot , nous y trou-
verons des rapports très-renaarquables : ces rapports Oirt
3 28 SUR LES AFFINITÉS NATURELLES
de tout temps frappé les yeux. Dioscoride dit déjà que le
fruit du Nénufar ressemble à celui du Pavot, et le nom de
Papaver palustre , que les premiers botanistes , à la
renaissance des lettres donnoient, aux Nénufars peint
aesez bien ces végétaux. On trouve dans une fleur de
Pavot un nombre de sépales et de pétales sous-multiple de
celui des Nymphaea et un grand nombre d'étamines in-
sérées comme dans les Nénufars sur le torus ou sur la
base de l'ovaire. Le fruit des Pavots est composé de plu-
sieurs carpelles disposés en rayonnant autour d'un axe
fictif. Ces carpelles ressemblent à ceux des Nénufars, en
ce qu'ils portent leurs graines sur leurs faces latérales et
sur le disque entier de ces deux faces; caractère qui dans
le règne végétal ne se retrouve que dans ces deux genres.
Mais dans le Pavot les carpelles sont pour ainsi dire in-
complets, c'est-à-dire que leurs pai'ois latérales ne se prolon-
gent pas jusqu'au centre du fruit : ces carpelles sont chez
l'un et l'autre genre assez enveloppés dans un prolongement
du torus qui est soudé avec leur face externe et les re~
CQuvre en entier sauf les stigmates : ceux-ci naissent de
chaque carpelle et se soudent ensemble en un disque
rayonnant qui couronne le fruit ; si l'on doute de la pré-
sence du torus autour du fruit des Pavots, il est aisé de s'en
convaincre en jetant les yeux sur une tête de Pavot à l'époque
de la maturité j on y voit les petites valves des carpelles
qui s'ouvrent en dehors, mais qui sont retenues et comme
bridées par un enveloppe générale qui est évidemment con-
tinue avec la portion du torus à laquelle les étamines
sont insérées. Le fruit du Nénufar jaune est donc en réa;*
DK LA FAMILLE DES NYMPH^ACÉES. 229
lité plus voisin de celui du Pavot qu'il ne l'est du Né-
lumbo et peut-être que le Pavot ne l'est des Chélidoines :
essayons cependant de montrer comment cette structure
du Pavot se concilie avec celle des autres Papavéracées.
Chaque carpelle de Pavot, quoique continu, peut être con-
sidéré comme composé de trois pièces séparables à la maturi-
té, deux latérales qui portent les graines à leur face interne,
et une troisième dorsale qui ne porte point de graines. Ces
carpelles sont tous disposés autour d'un axe fictif et enve-
loppés dans la membrane qui est le prolongement du
torus : les parois latérales des deux carpelles voisins sont
soudés ensemble par leur face externe , de manière à former
ce qu'on appelle une cloison incomplète , partant du bord
pour atteindre le centre. La valve dorsale se refléchit à la
maturité par son sommet , mais comme elle est retenue
en place par la membrane du torus , elle ne peut s'ouvrir
que très- légèrement ; dans le Méconopsis et l'Argémone
on retrouve la même structure des carpelles , avec cette
seule différence que le torus ne se prolonge pas sur eux ,
ou s'y prolonge en membrane extraordinairement fine ,
de sorte que les valves dorsales peuvent s'ouvrir beaucoup
plus complètement. Une seconde différence est sensible
entre les fruits du Pavot et ceux des autres Papavéracées.
Dans le INénufar , les bords latéraux des carpelles se pro-
longent jusqu'au centre du fruit; dans les Pavots ils s'ar-
rêtent avant le centre , de manière que chaque carpelle
est béant du coté interne ; dans le Méconopsis les valves
latérales sont encore plus courtes , mais portent toujours
les graines : dans l'Argémone elles sont tellement courtes
2JO SUR LES AFFINITES NATURELLES
qu'à peine on peut les reconnoître , mais elles portent ton-
]jurs les graines de la même manière , c'est-à-dire sur
deux rangées, l'une d'un côté, l'autre de l'autre. Ce sont
ce qu'on y appelle les sutures ou placentas interval-
vulaires , ces sortes de nervures représentent donc réelle-
ment les valves latérales des carpelles du Pavot et comme
elles, se prolongent au sommet pour former les stigmates.
Telle est la modification qui explique comment les fruits
en apparence si disparates du Pavot et de la Chélidoine
appartiennent à la même structm'e. Une troisième diffé-
rence se trouve encore entre les fruits des Papavéracées ,■
mais elle est purement numérique. Dans les Pavots ort"
trouve de quatre à vingt carpelles disposés autour de l'axe
fictif, il n'y en a que quatre à sept dans le Méconopsis et
l'Argémone, trois à quatre dans le Rœmeria, deux dans les
Chélidoines et le Glaucium , et de là dans les Corydalis ,
les Crucifères et les Cléomés, Ces dégradations de forme
se confirment toutes les unes par les autres et me semblent
montrer de la manière la plus évidente les vrais rapports
des Papavéracées entr elles et de celles-ci d'un côté av-ec
les Crucifères , de l'auti'e avec les Nymphaeacées : je re-
viens à ces dernièi'es ,- quelques traits particuliers de leur
structure se retrouvent encore dans quelques Papavéracées.
anomales , ainsi , la Sanguinaria a comme l«s Nénufars
une tige épaisse souterraine qui émet en-dessous des ra-
dicules , en-dessus des feuilles radicales pétiolées, des pé-
doncules nus et uniflores , et ses pétales sont disposés siur
plusieurs rangées successives comme dans les Nénufars.
La Bocconia a comme les Nympbaea la graine enveloppé*
l
DE LA FAMILLE DES NYMPH.EACÉES. 201
dans une espèce d'arille pulpeux. Enfin, toutes les Pa-
véracées ont le suc propre laiteux , et M. Salishury a fait
la même observation sur les tiges des INymphseacces.
Les difïérences de ces deux familles sont donc si légères
qu'on peut les réduire à ceci : i.". les sépales du calice sont
articulés sur la tige et par conséquent facilement caducs
dans les Papavéracées ils sont continus avec le pédoncule
et par conséquent ordinairement persistants dans lesNym-
phaeacées; 2.° ces sépales sont au nombre de deux seulement
dans les Papavéracées , de quatre et rarement cinq dans
les Nymphaeacées , mais observons que les autres rapports
des Papavéracées sont avec des familles qui ont quatre
sépales, et que les différences numériques des sépales sont
ici d'accord dans celles des pétales ; 3.° les anthères des
Nymphaeacées sont adnées aux filarfîens par leur face ex-
terne, celles des Papavéracées sont attachées par leur base ;
4.° les fruits desNymphaeacées sont réellement indéliiscens,
c'est-à-dire qu'ils ne s'ouvrent que par la destruction plus
ou moins irrégulière de leur tissu; ceux des Papavéracées
Couvrent toujours spontanément quoique souvent d'une
manière peu prononcée ; 5.° l'albumen des Papavéracées
est huileux, celui des Nymphaeacées est farineux et manque
quelquefois ; 6.° l'embryon des Nymphaeacées est revêtu
d'un sac particulier qui manque dans les Papavéracées.
Ces différences sont si légères et si faciles à concilier par
les lois de l'anatomie qu'il est peu de familles voisines qui
n'en offrent de semblables. Mais il ne suffit pas d'avoir in-
diqué les rapports intimes des Nymphaeacées avec les Pa-
vots et les Pivoines , il faut montrer encore que cette fa-
232 SUR LES AFFINITÉS NATURELLES
mille offre des rapports avec celles qui appartiennent ù
la cohorte des Thalamiflores à plusieurs carpelles.
Les Magnoliacées ont sans doute un port fort différent
des Nymphaeacées , cependant elles s'en approchent , soit
par les membranes stipulaires situées à la base de leurs
feuilles , soit par le nombre de leurs pétales et l'apparence
de leurs fleurs, soit par leurs anthères adnées aux fila-
mens, soit surtout par l'insertion des pétales et des éta-
mines sur la base du fruit ,• ce dernier caractère se
trouve aussi dans les Anonacées , dans les Renonculacées
et est plus ou moins sensible dans toutes les familles' de
cette cohorte. C'est ce qui montre que ces familles sont
parmi les Polypétales celles qui sont les plus loin d'être
périgynes et ce qui a motivé l'ordre que j'ai admis dans le
Systema vegetabiliUfn. Observons ici en passant que l'es-
pèce de support si remarquable dans les Capparidées qui
soutient l'ovaire et porte cependant à sa base les étamines
et les pétales se retrouve quoique plus court dans le Pavot,
le Nénupliar jaune et même dans le Néliunbo, les Renon-
culacées , les Magnoliacées. Mais ajoutons qu'il ne faut
pas confondre comme on l'a toujours fait le torus et le
thécaphore des Capparidées. Ces deux organes sont très-
distincts , notamment dans les Cléomès. Ce torus porte
latéralement les pétales et les étamines et de son sommet
s'élève un thécaphore, c'est-à-dire un support ou pédicelle
spécial qui soutient l'ovaire. Quand le torus est très-court
ou de forme globuleuse , la distinction de ces deux or-
ganes est très-claire. Quand' le torus est c}lindrique ou
allongé elle est plus difficile , et on a dit alors très-inexac-
ment que les étamines étoient gynandi'iques,
l
DE liA FAMILLE DF.S NYMPH^ACEES. t5S
Les rapports des INymphéacées avec les Berbéridées sont
cerlaineiTierit beaucoup moins intimes qu'avec les Pavots ,
mais ils existent cependant : pour les faire comprendre
il seia nécessaire que j'entre dans quelques détails sur les
Berbéridées elles-mêmes.
Les Berbéridées diffèrent de toutes les Thalamiflores
par la manière bizarre dont leurs anthères s'ouvrent au
moyen d'une valve qui se détache de la base au sommet,
mais d ailleurs ces anthères sont adnées et à deux loges
comme dans les Magnoliacées et les Nymphaeacées. Le ca-
lice y est formé par deux rangées de sépales , chaque
rangée se compose de deux à trois pièces. Les pétales sont
en même nombre que les sépales et placés devant eux ,
et les étamines devant les pétales. Comme ce double ca-
ractère est au nombre des plus importans et qu'il ne se
retrouve que dans les Ménispermées , on a placé les Ber-
béridées à côté délies, et tous les botanistes ont à cet égard
comme à tant d'autres adopté le jugement de M. de Jussieu.
Ce rapport est confirmé par ceux déduits de la structure
des graines , de la position des feuilles , du nombre ter-
naire ou quaternaire , mais jamais quinaire des pièces
florales dans les deux familles. Les carpelles paroissent
dans l'une et dans l'autre essentiellement multiples, mais
comme dans toutes le» familles voisines ils peuvent être
réduits à 1 unité de deux manières : i.° ils peuvent être
soudés ensemble, c'est ce qui a lieu chez les Renoncu-
lacées dans le ISigel'.a, chez les Dilk'niacées dans le Dil-
lénia, chez les Anonacées d;tns TAnona , chez les Ménis-
permées, dans le Lardizaitijla et le Burasaia, chez les Ber-
Mém. de la Soc. dePliya, etJH. nul. T. 1." 3o
254 SUR LES AFFINITÉS NATURELLES
béridées peut-être dans le Mahonia , chez les Nymphaeacées
dans le Nyinphjea et le Nutar, enfin , chez toutes les Papa-
véracées; 2. ' ils peuvent être réduits à l'unité par lavorte-
ment plus ou moins constant de quelques-uns d'eutr eux
et alors les graines se trouvent attachces dune manière
excentrique et sans symétrie, c'est ce qui a lieu parmi les
Renonculacées dans les Consolida «t les Actaea, parmi
les Dilléniacées dans le Delima, le Doliocarpus et le Da-
villa , parmi les Magnoliacées clans le Tasmannia, parmi
les Anonacées peut-être dans le Monodora , parmi les
Ménispermées dans le Cissampelos, parmi les Berbéridées
dans le Berberis , le Nandina , le Léontice , le Caulo-
phyllum, TEpimedium et le Diphylleia , c'est-à-dire, dans
presque toutes. Cet accident paroît, au contraire , n'avoir
jamais lieu ni dans les iVymphaeacées , ni dans les Papa-
véracées connues , quoique parmi ces dernières le Bocco-
nia paroisse en être très- près.
Quant aux rapports des Berbéi-idées avec les Papavé-
racées , rapports qu'Adanson a indiqués le premier, il faut
d'abord ne pas seulejnent avoir devant les yeux le genre
Berberis , mais du Berberis qui, comme Linné l'a le premier
démontré , a les véi'itables feuilles avortées et changées
en épines rameuses , nous passons au Mahonia qui a les
feuilles développées et ailées, de là au Nandina qui est
encore ligneux , puis nous descendons aux genres her-
bacés, le Léontice, le Caulophyllum , l'Epimedimn et sur-
tout le Diphylleia. Ces derniers ont des rapports si frap-
pans avec le Sanguinaria et la plupart des Papavéracées
et dçs f umariacées quil est impossible de les méconnoitre.
DR I.A FAMILLE DES NYMPH^ACÉfS. 255
Ces deux familles ont en commun des sépales caducs en
nombre déterminé , des graines attachées latéralement et
munies d'albumen et une insertion analogue dans toutes
les parties de la fleur.
Mais leurs rapports sont bien plus intimes soit avec les
Papavéracées , soit avec les Nymphaeacées lorsqu'on fait
intervenir le grouppe encore peu nombreux et mal connu
des Podopliyllées. Je réunis sous ce nom quatre genres
qui peut-être un jour formeront deux familles , mais qui
ne peuvent s'écarter beaucoup les uns des autres; savoir,
Podophyllum et Jeffersonia qui forment une première tribu
voisine des Berbéridées herbacées, Nectris et Hydropeltis»
qui en forment une seconde voisine des Nymphaeacées.
Que le Podophyllum et le Jeffersonia soient voisins»
des Berbéridées herbacées ; c'est , je crois , ce qui sera peu
contesté , car à l'exception de la déhiscence des anthères
on auroit bien de la peine à établir quelque différence
essentielle entr'eux et le Diphylleia qui a les feuilles pel-
tées comme le Podophyllum , divisées en deux lobes par
une fissure moyenne comme le Jeffersojiia ; le Podo-
phyllum a les parties de la fleur en ordre ternaire comme
le Diphylleia, le Jeffersonia en ordre quaternaire comme
l'EpimediiuTi. Le premier a le fruit charnu , solitaire et
des graines attachées à un placenta latéral comme le Di-
phylleia , le second a un fruit capsulaire , solitaire et des
graines latérales comme l'Epimedium. Dans l'un et l'autre
le nombre des pétales est double de celui des sépales ,
comme dans les Berbéridées ; et celui des étamines est ou
comme dans les Berbéridées égal aux pétales, et alors elles
256 SUR LES ArFTNITÉs NATI'HELLrs
sont placées devant eux ou comme dans les Nymphae.icces
muihpie des péuiies et sur plusieurs rangs. 11 seroit en
dtiiuUit beaucoup plus facile de réunir le Po:.iop!iyllum
et le Jedersonia aux iierbéridées , comme section distincte
par les anthères, que de les en éloigner tout- à-fait.
Quant aux rapports des liydropeitidées a^ec les Nym-
phaeacées , ils ont été sentis pojr la première fois par un
botaniste de l'ordie le plus élevé, célèbre par ses coanois-
sances et dont on admire toujours la sagacité. M. Richard
montre que dans l'IIydropeltis et le iNectris l'embryon est,
comme dans les Néuufars, situé à la base et en dehors de
1 albumen; il trouve de grands rapports dans la forme de
ces embryons qu'il regarde comme très-analogues. Ayant
considéré les Nymphéa comme monocotylédones , il est
entraîné à mettre ceux-ci dans la même classe, mais si,
comme je crois l'avoir prouvé , les INympha^acées soiit di-
cotylédones , les mêmes raisonnemens le prouvent pour
les Hydropeltées. Il y a même , quant à celles-ci , un ar-
gument de plus, c'est que le Nectris a les feuilles infé-
rieures opposées , ce qui n'a jamais lieu dans les monoco-
tylédones. Je rappellerai ici lobservatiun , capitale à mon
avis , que j'ai faite en un seul mot dans la théorie élémen-
taire, cest que la vraie différence des deux grandes classes
du Règne végétal n'est pas dans le nombre des cotylédons
qui est variable, mais dans leur position qui est constante;
ainsi , on trouve souvent trois cotylédons dans les Renon-
cules , les Haricots , et un plus grand nombre dans les
Pins et les Sapins , mais ce qui ne manque jamais dans
les £xo° ènes , c'est (jue les cotylédons , c'eat-ù-dire , les
DE LA FAMILLE DES NYMPH^ACÉES. 237
premières feuilles de la plante sont opposées ou verticil-
lées: tantôt ces feuilles retenues cormne l'a dit M. Mirbel,
par une espèce de bride , restent toutes dans la même po-
sition. Tantôt elles en dévient peu-à-peu : les premières
paires qui suivent sont souvent encore opposées , peu-à-
peu lune d'elles croit au-dessus de l'autre et elles devien-
nent ce qu'on appelle très-mal à propos éparses, et ce que
Bonnet a mieux désigné sous le nom de feuilles en quin-
conce , parce qu'elles sont disposées en spires composées
de cinq, c'est-à-dire que la sixième recouvre la première,
la septième, la seconde, etc. Toutes les feuilles des Exo-
gènes sont donc primitivement opposées ou verticUlées ,
c'est-à-dire disposées sur un même plan horizontal , mais
elles peuvent dévier de cette position pour former des
spires plus ou moins alongées. Linverse a lieu dans les
Monocotylédon es ou Endogènes ; leurs cotylédons , c'est-
à-dire leurs premières feuilles sont alternes , on en trouve
un dans le plus grand nombre, deux dans le Cycas, peut-
être trois, quatre ou cinq dans les graminées, mais jamais
il n'y en a qu'un dans chaque plan horizontal ; c'est dans
ce sens que le terme de monocotylédone peut être con-
servé. Ces cotylédons ou premières feuilles forment donc
à la base des tiges , tantôt des rangées disposées alterna-
tivement d un et d autre côté d'oi^i proviennent les feuilles
distiches si communes dans cette classe, tantôt des spires
plus ou moins prolongées d où proviennent les feuilles en
spirales simples ou multiples qu'on y observe si fréquem-
ment ; lorsque les feuilies alternes sont très -rapprochées
deux à deux, elles simulent des feuilles opposées , et c'est
238 SUR r.ES AFFfNITÉS NATURET-LES
ce qui a lieu dans les glumes des Graminées, et j<r croi»
dans les feuilles du liox/iu/gk/a glorionoides ; lorsque les
feuilles en spirale sont très-rapprochées eatr elles , elles si-
mulent des feuilles verticillées , c'est ce qui a lieu dans
les Fritillaires , dans le Convallaria verticilUila, etc. Ainsi,
lorsque dans une plante on trouve les feuilles d'en bas al-
ternes et celles du haut opposées , ce peut être une mo-
nocotylcdone lorsque c'est l'inverse comme dans le Nectris,
c'est une dicotylédone. Je reviens aux Hydropeltées et à
leurs rapports avec les Nymphaeacées.
L'IIydropeltis a trois ou quatre sépales ; dans le pre-
mier cas il s'approche du Nectris qui en a trois , dans le
second , du INymphaea qui en a quatre , ces sépales sont
persistans et colorés à l'intérieur comme dans les Nym-
phaeacées. Les pétales sont alternes avec les sépales et
assez semblables à eux comme dans les Nymphéa. Les
étamines sont en nombre multiple des pétales, le double
dans le Nectris, huit ou neuf fois plus grand dans IHydro-
peltis. Ces divers organes sont disposés sur plusieurs sé-
ries et msérés au torus comme dans les Nymphaeacées ,
mais le torus ne se prolonge point dans lesHydropeltidées,
de manière à envelopper les ovaires, de sorte que ceux-ci
sont libres , distincts et non enfermés dans cette espèce
de sac qui les masque dans les Nénufars. Les ovaires des
Hydropeltidées sont multiples (6-18, dans l'Hydropeltis ,
2 dans le Nectris) ; chacun d'eux est formé dune valve
rephée sur elle-même, indéhiscente, uiiiloculaire , ter-
minée par le style et paroit comme le Néiumbo renfermer
deux ovules dont un avorte. La graine est pendante dans
[
DE LA FAMILLE DES NYMPH.^ACÉES. sSg
le carpelle comme dans le Nélumbo, munie d'un albumen et
d'un embrion qtii est situé à sa l)ase , et qui d'après M.
llichard a la forme d'un petit ciiampignon, ce qui s'éloigne
-très-peu de celui des INénufars. M. Richard va jusquà dire
que les Hydropeltidées sont plus voisines du INénutar que le
ÎSélumbo. Sans aller tout-à-tait aussi loin , je crois qu'elles
s'en approchent beaucoup en effet , mais qu'elles en dif-
fèrent essentiellement par leurs ovaires non enveloppés
dans le torus.
Je crois donc avoir prouvé que les genres Podophylliun
et Jeffersonia sont voisins les Berbéridées et les genres
Wectris et Hydropeltis des Nymphasacées : il me reste à dé»-
montrer que ces deux grouppes ont entr'eux des rapports
intimes. Je trouve dans l'un et dans l'autre des plantes
aquatiques ou des lieux humides , à feuilles peltées , les
inférieures souvent opposées , des péduncules nus , uni-
flores , réellement axillaires, mais qui paroissent quelquefois
radicaux ou terminaux, des sépales en nombre déterminé,
ordinairement trois ou quatre ; des pétales disposés sur une
deux ou trois séries , et chaque série composée dautant de
pétales qu'il y a de sépales. Des étamines disposées en une
ou plusieurs séries ; dans le premier cas devant les pétales,
dans le second , les unes devant les pétales, les autres de-
vant les sépales , toujours insérées sur le torus : des an-
thères attachées par leur base au sommet du filet, à deux
loges s ouvrant du côté intérieur par autant de fentes Ion-,
gitudinales et n'étaut ni adnées comme dans les Nym-
phaeacces , ni munies de valves comme dans les Berbé-
ridées ; des graines attachées à l'un des côtés des carpelles,
24o SUK LES AFFINITÉS NATURELLES
pendantes, munies d'un albumen et d'un embryon situé
à sa base.
Dans cette masse de caractères communs les deux sec-
tions se distinguent par des différences légères : i." les
vraies Podophyllées naissent dans des lieux ombragés et
humides. Les Hydropeltidées dans les eaux; 2." les Podo-
phyllées ont souvent une tige souterraine , épaisse , ho-
rizontale comme les Nénufars ; les Hydropeltidées une
tige alongée, cylindrique comme les Berbéridées et les Re-
noncules aquatiques; 3.° les Podophyllées nont qu'un seul
ovaire comme la plupart des Berbéridées , les Hydropel-
tidées en ont plusieurs. Cette dernière différence paroît
considérable , mais observons que le Nectris qui a deux
ovaires , semble tenir le milieu entre les deux grouppes ,
que le nombre très-variable des ovaires de l'Hydropeltis
indique le peu d importance de ce caractère dans cette fa-
mille, que l'attache latérale des graines dans le Podo-
phyllum et le Jeffersonia , indique la probabilité de l'a-
vortement d'un second ovaire , qu enfin , dans toutes les
famiUes voisines on trouve des genres à ovaires simples
et multiples évidemment voisins. Je crois donc que ces
quatre genres forment une petite famille; peut-être un
jour on devra ou lui réunir ou en rapprocher davantage
les fausses Renonculacées , c'est-à-dire l'Actaea , le Zan-
thorhiza et le Paeonia qui ont les anthères introrses , mais
je les laisse à la suite des Renonculacées , soit à cause de
leur port, soit à cause du nombre quinaire de leurs organes
floraux. Ainsi , les athnités des diverses familles que je
viens de mentionner se confirment les unes par les autres
DE LA FAMILLE DES NYMPH^ACÉES. 24 1
et tendent, ce me semble, à établir sur des bases fixes
l'ordre que j'ai cru devoir admettre dans les deux premiers
volumes du Système du Règne végétal. Il ne faut pas
perdre de vue que les familles ne sont pas liées entr'elles
par des rapports assez peu nombreux pour qu'il soit pos-
sible de les faire comprendi'e par une simple série, qui
supposeroit que chacune ne ressemble. qu'à celle qui la
précède et à celle qui la suit. Un ordre géographique oii
chacune seroit placée entre toutes celles qui lui ressem-
blent , pourroit seul donner une idée des vrais rapports
des êtres : mais pour l'usage pratique de la science et
pour la disposition des livres et des collections on est
obligé d'adopter un oi'dre linéaire : cet ordre est néces-
sairement artificiel , il faut seulement faire en sorte qu il
rompe le moins de rapports possibles. Celui que j'ai adopté
dans cette première cohorte est le suivant :
Renonculacées. PodophyUées.
Dilléniacées. Nymphfeacées.
Magnohacées. Papavéracées.
Anonacées. Fumariacées.
Ménispermées, Crucifères.
Berbéridées. Capparidées.
On pouroit peut-être avec quelque raison préférer celui-ci ;
Magnoliacées. Ménispermées.
Dilléniacées. Berbéridées.
Anonacées. PodophyUées.
5i
242 SUR LES AFFINITÉS NATURELLES ■
Reiion enlacées. Fumariacées.
ISymphaeacées. Crucifères.
Papavéracées. Capparidées.
L'une et l'autre de ces dispositions offre quelques avan-
tages et quelques inconvéïiiens , et j'avoue que dans la
persuasion où je suis de l'impossibilité de représenter des
rapports multiples dai>s une série simple , jç ne mettrois
pas grande importance à débattre celle des deux qui
mériteroit la préférence ; j'en mettrois d'autant moins
que je suis persuadé que nous sommes encore loin de con-
noître les vraies bases de la classification des familles de
Dicotylédones comparées entr'elles ; jusqu'à ce que ce
problème soit résolu , on ne pourra rien établir de po-
sitif sur l'ordre général de cette classe.
Explication des figures,
1. Fruit du Poeonia moulan dessiné d'apiè )a nainre vivante
On y dislingue en a les sépales ou feuilles du calice, en b les
débris de l'urcéole ou enveloppe membraneuse qui enlouroil les
ovaires, en c les carpelles ou fruits partiels tpii dans cet individu
éloient au nombre de g, mais avoriesj un de ces carpi lies isoles
et vu du coté intérieur est représente en d pour montrer rat-
tache des graines aux deux bords.
2. Fruit de la variété (ou espèce voisine) du Poeonia moutao
que Mr. Andrews a designée sous le nom de Pœonia papave-
racea , dessine d'après un e'clianiillon conserve' dans l'alkool et en-
voyé par Mr. Robert Brown- La lettre a indique les sépalçs oij
DE LA FAMILLE DES NYMPH^ACÉES. 'i^O
feuilles du calice , au dessous mais très-près desquels se trouve
une feuille florale indiquée au simple trait g. La lettre b montre
ce qu'on appelleroit l'ovaire , mais ce qui est en réalité la réunion
de plusieurs, ovaires renfermés dans un urcéole complet légère-
ment marqué de stries longitudinales et ouvert à son extrémité
pour laisser sortir les stigmates e; on voit dans la figure voisine
ce corps ouvert de manière à montrer les fragmens à demi dé-
tachés de l'urcéole 5, et la portion de cet urcéole qui reste en
place , et enveloppe les ovaires c ; ceux-ci sont couronnés par
leurs stigmates e : on les voit isolés dans la figure inférieure d.
La lettre f indique le torus ou réceptacle de la fleur marqué par
des impressions régulières qui sont les cicatrices des pétales et des
étamines.
3. Jeune fruit et germination des Nélumbium, la figure yi est
copiée de Rumphius et légèrement corrigée d'après un échan-
lillon sec; elle représente un fruit de Nélumbo de l'Inde, des-
siné très-peu de temps après la fleuraison; on y voit en a le
bourrelet qui indique la place du cal^ce^ en f le bonrelel qui
indicpie le torus ou l'atiaclie des pétales et des éiamines dont
les débris sont encore persisians, en b l'expansion du torus qui
porte et enveloppe les ovaires c c nichés dans autant de cavités
partielles; le fruit mur étant bien représenté dans Gœriner m'a paru
inutile a reproduire, la figure du jeune fruit suffisant pour me
faire comprendre.
4. Fruit du Nélumbium luleum d'après Mr. Poiteau. On le voit
en a entier et de grandeur naturelle , en & le même dépouillé
de son enveloppe, et montrant la division des cotylédons, en
c le même ofîVant les cotylédons écartés l'un de l'autre avec la
gemmule située enlr'eux , en d la même dans un étal de ger-
luinaliou commencée.
244 aUR LES AFFINITÉS NATURELLES
5. Fruit du Nnpliar jaune vu en a entier, en b coupé en tra-
vers, en e coupé en long.
6. Graines du Nii(>liar jaune; a la graine entière de grandeur
naturelle; b la même grossie; c la graine dépouillée de son en-
veliippe et dont on a enlevé l'embryon; cl l'embryon entier; e le
luême dépouillé du saccule ; _/" le même avec les cotylédons
étalés pour montrer la gemmule ; g le même avec l'indication d«
la place du saccule.
7. Fruit du Nym|ibsea blanc; a entier, b coupé en travers; c
le njéme plus jeune ou a l'étal d'ovaire.
8. Graines du Nym]iliaea blanc ; a de grandeur naturelle ; 5
grossie ; c isolée de l'espèce d'arille ou pellicule qui l'entoure ; d
la même grossie ; e la même dépouillée de son enveloppe pro-
pre et dont on a enlevé l'embryon; f l'embryon; g le même
grossi ; h l'embryon avec ses cotylédons écarte's ; i le même avec
les cotylédons plas écartés pour montrer la gemmule.
g. Fruit du Pavot somnifère; n entier; b coupé en travers
pour montrer la position des cloisons ; c le stigmate isolé,
10. Graines du Pavot d'orient d'après Gœrlner ; a de grandeur
naturelle ; b grossie a la loupe ; c coupée en long pour mouirer
l'albumen et l'embryon ; d l'embryon vu isolé.
3 1. Le fruit de l' Argemone mexicana.
12. Le fruit du Meconopsis cambrica d'après Viguier.
j5. Le fruii du Rœmeria hybrida; a entier; b ù moitié ouvert;
c tout ouvert.
i4 Le fruit du Chelidonium ma jus.
I
De tiiifluence des Fruits çerts sur lair açant
leur maturité.
Par M. Th. DE SAUSSURE.
( Lu à la Soc. de Phys.et cTHist. nat. , le j Septembre 1821.}
ijoRSQUE je me suis occupé dans mes recherches sur
la végétation (i) , de l'action des fruits verts sur l'air at-
mosphérique , j'ai admis qu ils y produisent les mêmes
effets que les t'euilles, ou qu'ils y répandent comme elles
du gaz oxigène par la décomposition de l'acide carbonique,
avec cette différence, qu'à volume égal, ils en décom-
posent beaucoup moins. Mes expériences à ce sujet in-
diquent que les raisins en état de verjus, et les fruits
verts du solanum pseudo-capsicum , exposés au soleil,
et adhérens à la plante et au sol qui les ont fait croître,
ajoutent du gaz oxigène à l'air contenu dans le vase où
ils sont renfermés , tandis que les mêmes fruits dans des
circonstances d'ailleurs égaies, en détruisent l'oxigène,
lorsque le vase dont je viens de parler contient de l'hy-
drate de chaux. Ce dernier absorbant lacide carbonique
qu'ils forment et qu'ils reçoivent du sol, retient l'oxigène
qu'ils auroient dégagé sans cet intermède.
Dans les expériences que j ai publiées , le dégagement
(1) Pag. 57 , et i2(>.
Mém . de la Soc. de Phys. et dH. nat. T. 1." 52
246 DE l'influence DES FRUITS VERTS
du gaz oxigène n'a pas eu le même succès lorsque les fruits
étoient séparés du végétal qui les portoit; ils ont comme
les feuilles, absorbé le gaz oxigciie de l'air à lobscurité,
en le remplaçant (au volume du fruit près) par une
quantité égale de gaz acide carbonique ; mais au soleil ,
ils n'ont décomposé qu'en partie le gaz acide produit
pendant la nuit, tandis que sur la plante, ils le décompo-
soient en totalité. Cette différence partielle et purement
accidentelle dépendoit évidemment de la déperdition de
force végétative que doit éprouver un fruit qui est détaché
de sa plante, et qui ne reçoit aucun aliment, et elle
ne doit pas porter atteinte aux expériences qui m'ont fait
admettre que les fruits verts se comportent dans l'air
comme les feuilles. Ces expériences n'offroient d'ailleurs
qu'une confirmation dij principe qui suppose que la fa-
culté d'émettre <Ju gaz oxigène au soleil est essentielle
aux parties vertes herbacées en état de végétation.
M. Bérard vient de publier (i) si^r la maturation des
fruits, un mémoire très-intéressant, dans lequel il s'est
principalement occupé à déterminer leur influence sur
l'atmosphère; il a mis à ses observation^ un soin bien
digne déloge, il a décrit ses procédés et ses résultats avec
le détail qu'exigent de pareilles expériences , il les a variées
à linfini , et il est arrivé à ce résultat remarquable, c'est
que les fruits verts , dans aucune époque de leur crois-
sance, ne se comportent comme les feuilles au soleil,
qu'ils n'y décomposent pas le gaz acide carbonique ,
(i) Annales de chùnie et de phys. tom. i6 , pag. i52.
1
SUR l'air av\nt leur maturité. 24^7
qu'ils n'y dégagent point de gazoxigène, et que l'unique
action qu'ils exercent sur 1 atmosphère dans toutes les pé-
riodes de leur végétation , est de transformer son oxigène
en acide carbonique; il est même porté à croire qu'en temps
égal, les fruits verts font dispai-oître plus d'oxigène au so-
leil qu'à l'ombre.
On a pu admettre cette opinion avec d'autant plus de
vraisemblance que les nombreuses expériences qulngen-
housz (i) avoit faites précédemment avec des fruits verts
détachés de la plante, et placés dans l'air au soleil sous un
récipient, confirment celles de M. Bérard , tandis que
les miennes étoient peu variées et décrites sans aucun
détail.
Ingenhousz a observé cependant que quelques-uns des
fruits qui méphitisoient l'air au soleil et à l'ombre, le cor-
rompoient moins au soleil , et qu'ils dégageoieiit souvent
du gaz oxigène comme les feuilles , lorsqu ils étoient sub-
mergés dans de l'eau de source; il en a obtenu ainsi, quoique
pas constamment , des petites poires vertes , des concombres,
des raisins, des gousses du physalis alkekengi, du car-
diospermum hahcacabum, des siliques d acacia, et des
haricots (2),
(1) Ce physicien a donné à la 44° Snclion de ses expériences sur les végé-
gélaux , vol. 2, le titre suivant. La facullê qu'ont beaucoup de fruits de
méphitiser l'air , soit au soleil, soit à l'ombre , est très-considérable , etc.
Il croyoil que les fruits transformoient non-seulement Voxigène mais même
l'azote en acide carbonique. Il altribuoit d'ailleurs la même influence aux
feuilles à l'obscurité.
(2) Expériences sur les végétaux , vol. i , pag. 64 et vol. 2, pag. 61 ,
22i et suiv.
248 DE l'influence des fruits verts
Sene])ier a trouvé que les fruits submergés dans de l'eau
de source au soleil, donnoient dans tous les niomens de
leur existence un air souvent plus mauvais , quelquefois
aussi bon, mais jamais meilleur que l'air atmosphé-
rique (i).
Je vais exposer actuellement de nouvelles expériences sur
un sujet qui n'étoit pas suffisamment éclairci ; ces re-
cherches inspirent d'autant plus dintérêt que certains
fruits présentant beaucoup de substance végétale conden-
sée dans un petit volume , semblent offrir à quelques égards
des résultats plus précis que ceux des feuilles minces qui
exigent en raison de leur étendue un volume d'air trop
grand pour que les changemens qu'elles y produisent soient
toujours bien appréciés.
Puisqu'il s'agit de reconnoître si la substance verte
herbacée des fruits, considérée isolément, dégage du gaz
oxigène, on doit croire que ceux dans lesquels cette couleur
est très-foible, et qui sont formés d'un parenchyme jaune
ou blanc très-épais , ne conduisent à aucun résultat bien
déterminé ; car il est reconnu ( sauf des exceptions assez
rares) que les matières végétales qui ne sont pas vertes,
corrompent l'air au soleil et à l'ombre , quelque soit le
siège où elles se trouvent , et que leur effet peut l'empor-
ter sur celui des parties vertes. On pourroit d'après
cela, ne prendre en considération, ni les pêches, ni les
amandes, ni les pommes, ni les fraises dont le vert pâle,
jaunâtre ou grisâtre , ou nuancé de plusieurs autres cou-
(i) Mémoires pbysico-cliimiques sur la lumière solaire , tom. i , p- 299-
SUR l'air avant IjKUR MATUIUTÉ. a4(5
leurs n'est pas comparable au vert pur et intense des
feuilles qui acconipagnent ces fruits.
Expériences sur les légumes de pois (pisuin sativum)
à écosser , à rames.
A. Dégagement du gaz oxigène par ces Jruits plongés dans
l'eau.
Les gousses de pois que j'ai soumises à toutes mes ex-
périences, n'étoient pas encore parvenues à leur maturité ,
elles avoient huit ou neuf centimètres de long , elles
étoient extérieurement et intérieurement d'un beau vert,
mais un peu moins foncé que leurs feuilles; elles con-
tenoient des semences très-tendres, blanchâtres à l'exté-
rieur , vertes à l'intérieur , et de quatre à huit millimètres
de diamètre.
Cinquante-six grammes de ces gousses occupant quatre-
vingt-deux centimètres cubes, ont dégagé à la fin de
Juin dans 1800 grammes d'eau de source au soleil,
entre onze heures du matin , et quatre heures et demie
du soir , 24 centimètres cubes d'air dépourvu d'acide car-
bonique : 100 de cet air étoient composés de 38,25 d' oxi-
gène et de 61,75 d'azote.
Cette expérience faite en même temps , et dans les
ntiêmes proportions avec de l'eau de pluie (i), a produit
(i) L'eau de pluie ne trouble pas l'eau de chaux; cependant un litre deau
de pluie m'a fourni par une heure d'ébulition , 20 \ centimètres cubes d'air ^
•dont 100 contenoient 32,83 d'oxigène , 65,67 d'azote et i,5 d'acide car-
bonique.
Ve^u de source que j'ai employée dans toutes mes expériences a produit
ajO DE l'iNFLTJENCE des FRTTtTS VERTS
huit centimètres cubes et demi d'air, dont loo conte-
noient 27, 5 d'oxigène et 72, 5 dazote.
Pour comparer rémission aérienne des feuilles et des tiges
avec celle des fruits , j'ai fait les épreuves suivantes en
même temps et avec les mêmes quantités d'eau que dans
les expériences précédentes, mais en plaçant sous le ré-
cipient une moindre quantité de tiges et de feuilles.
Vingt grammes de feuilles ailées de pois, ont dégagé
34 centimètres cubes d'air, dont 100 contenoient 53 d'oxi-
gène et 4? dazote.
Cette expéi-ience faite avec de l'eau de pluie a pro-
duit 8f centimètres cubes d'air, dont 100 contenoient
28, 25 d'oxigène et 71,75 d'azote.
Vingt grammes de tiges creuses de pois de 3 à 5 mil-
limètres de diamètre, et qui déplaçoient 4o centimètres
cubes, ont dégagé i3^ centimètres cubes d air, dont 100
contenoient 38 d'oxigène et 62 dazote.
Ces résultats montrent que les parties vertes des lé-
gumes de pois se comportent comme celles des feuilles ,
relativement à l'émission du gaz oxigène, dans des eaux
diiféremment imprégnées de gaz acide carbonique. L'in-
fériorité en quantité et en pureté du gaz oxigène dégagé
par les légumes , tient :
i.° A ce qu'ils offrent moins de surface.
2..° A ce qu'ils ont une coiJeur verte moins foncée.
3." A ce que leur gaz étant dégagé plus lentement,
sous le même poids , et par le niême procédé , 80 ^ centimètres cubes
d.'ir, dont 100 contenoient 75,5 d'acide carbonique , 16, 5 d'azote et 8
d'oxigène.
l
9un l'air avant lecr maturité. 251
offre plus de prise à l'action de i'eau qui le souille soit
en i'absorijant, soit en y ajoutant de 1 azote.
4.° A ce qu'ils contiennent de grandes cavités remplies
dair qui se mêle au gaz oxigène.
M. liérard montre , comme lavoit fait Ingenliousz , que
le fluide aëriforme contenu dans les gousses du colutea
arborescens , soit en général dans les cavités vertes des
végétaux, a la même composition que l'air qui les en-
vironne , parce qu'il les traverse facilement ; M. Bérard
voit aussi que lorsqu'elles ont été pendant longtemps
submergées dans de l'eau de source, elles ne contiennent
que peu ou point de gaz oxigène. Ce l'ésultat conforme
à celui qu'on devoit attendre de l'effet des végétaux sur
l'air à l'obscurité, a été probablement obtenu à l'ombre ;
car si ce chimiste eut fait l'expérience au soleil, avec des
gousses bien vertes, il auroit dii les trouvei' remplies d'un
gaz beaucoup plus pur que l'air commun (i) : ainsi dans
l'expérience que j'ai faite sur les gousses de pois, elles
dégageoient par expression immédiatement après leur
séparation du végétal, un air dont 100 contenoient 19,3
doxigène, 79,2 dazote et i,5 d'acide carbonique,- tandis
qu'après leur submersion dans l'eau de source au soleil,
on en exprimoit un air, dont 100 contenoiont 3o d'oxi-
gène, 69 dazote, et i d'acide carbonique, quoique
j'eusse empêché par un treillis en fil de laiton placé sous
le récipient, qu'elles ne fussent en contact avec le gaz
qu'elles avoient dégagé. Ces résultats concourent à prou-
(1) Ingenlious ) Expér. sur les végétaux , vol. 2 , pag. 61.
252 CE l'influence DES FRUITS VERTS
ver que l'acide carbonique est décomposé dans lintérieur
des végétaux.
B. Jnjhience des légumes de pois sw l'air alinosphérique pen-
dant la nuit.
Les gousses de pois soumises à toutes mes expériences
dans lair , étoient semblables à celles dont j'ai parlé pré-
cédemment. J'en ai placé six au coucher du soleil , dans
965 centimètres cubes d'air, sous un récipient fermé par
du mercure; elles pesoient 23^ grammes , et occupoient
34 1 centimètres cubes : leurs pédoncules longs de quatre
ou cinq lignes, trempoient dans huit ou dix grammes
d'eau contenue dans un vase fixé sous le récipient. Au
bout de douze heures de séjour à l'obscurité, elles ont
produit dans leur atmosphère une diminution de volume,
ou fait une inspiration égale à 18 centimètres cubes,
avec les corrections relatives aux changemens de temt-
pérature et de pression. Cette réduction sera toujours
sous- entendue. L'analyse par la potasse et l'eudiomètre
de Volta a montré que l'air du récipient avoit subi les
modifications suivantes.
Atmosphère des légumes avant l'expérrence. Atmosphère après l'expérience
Gaz oxigène. . . . 202, 6 cent. c. i5i , 3 cent. c.
azote 762 , 4 762, 9
Acide carbonique. 0(1) 32 , 8
965 947
Inspiration. . . . 18
I
965
(1) Ce signe fo) signifie dans toutes mes expériences une quantité d'acide
SUR l'air avant leur maturité. 2.55
Cette inspiration est la plus grande que j'aie observée
parmi les fruits soumis à mes recherches : je dois obser-
ver que cette fonction est jusqu'à ua certain point su-
bordonnée à la grandeur du vase où se fait l'expérience;
un végétal à volume égal fait une inspiration moindre
sous un grand récipient que sous un petit, parce que
sous ce dernier, la plante étant en contact avec une plus
grande proportion de gaz acide se comporte à quelques
égards comme l'eau qui seroit placée dans différens mé-
langes de ce gaz et d air atmosphérique.
C. Influence des légumes de pois sur l'air atmosphérique au
soleil.
J'ai introduit à sept heures du matin , six gousses de
pois dans 990 centimètres cubes d'air, contenu dans un
récipient fermé par de l'eau (i). Le vase dans lequel elles
carbonique trop petiic pour qu'elle ne se confonde pas avec les erreurs d'ob-
servalion parles épreuves eudiomctrîques ordinaires.
Les erreurs que je puis avoir faites en général dans la détermination des
volumes de l'air, doivent (à cause du diamètre des récipiens) s'élever
à six ou sept centimètres cubes. Cette incertitude en produit une presque
aussi grande dans l'évalution du gaz azote.
(i) Lorsque l'acide carbonique qui pouvoil être présent dans ces espé-
TÏences , n'excédoit pas la cinq centième partie de l'air , et lorsqu'elles no
duroient qu'un petit nombre de jours , les résultats obtenus en fermant le
récipient par l'eau , n'étoient pas sensiblement dilférens de ceux où je lui
sabsiituois du mercure : les manipulations dans le premier cas étoient plus
faciles , et ainsi à quelques égards plus exactes. On jugera de la lenteur de
l'absorption du gaz acide carbonique mêlé à l'air dans ces circonst.it!ccs, par
3Iém. de la Soc. de Phys. et d'il. nat. T. I," 33
254 DE L'rNFLUENCE DES PRriTS V^ERTS
trempoient portoit une baguette de verre autour de la-
quelle elles étoient liées en faisceau lâche qui ne touchoit
pas les parois du récipient; elles recevoient les rayons
directs di* soleil au travers d'une croisée pour modérer
leur intensité.
Comme un seul jour de soleil n'auroit pas fourni un
résultat prononcé, et que les pois auroient pu souffrir
6 ils eussent été plus nombreux, je les ai sortis du ré-
cipient le soir au travers de leau, pour les remplacer de
même le matin par daut~es gousses récemment cueillies-
Ce procédé qui a été réy 'té pendant quatre jours dans
la même atmosphère, a l'avantage de prolonger l'expé-
rience aussi longtemps qu'on le désire , sans que le fruit
s'altère, et de permettre qu'elle soit interrompue en le
sortant du récipient lorsque le ciel se couvre, pour la
continuer lorsqu'il s'éclaircit. Après 48 heures dexposi-^
tion au soleil, ou le soir du quatrième jour de lexpé-
rience, lair du récipient avoit augmenté de 2.3^ centi-
mètres cubes qui étoient formés en grandes parties de gaz;
oxigène; il ne contenoit point d'acide carbonique.
le résultat suivant ; j'ai mêlé looo centimètres cubes d'air avec 5o centimètres
cubes d'acide carbonique dans un récipient fermé par l'eau , et semblable
à ceux où j'ai fait toutes mes expériences (ils avoieut environ it> centimètres
Reliant, 8 centimètres de diamètre, et une capacité de 1800 centimètres
cubes); au bout de 48 heures , l'absorption du gaz acide carbonique n'étoit
pas sensible; après un mois elle étoit égale à aS centimètres cubes, au
bout de deux mois, le récipient contenoit au moins 12 centimètres cubes
de ce gaz, La température a varié entre 18° et 25° ccutigr.
SUR l'air avant leur maturité. 255
Aluiosplière ties fiuils avant ArUnospIière des fruits après
l'expcrience, l'expéiicnce.
Gaz oxigène. . . 207 , 9 cent. c. ■ 228 , 97 cent. c.
azote. . . . 782, 1 789, 53
Acide Carbon. . o
0
990 ioi3, 5
On doit admettre que l'addition d'oxigène dans le ré-
sultat précédent est due pi'inci paiement à l'acide car-
bonique que les fruits ont formé , et retenu dans leur
intérieur pendant la nuit , et qu'ils ont transporté et
décomposé dans le répipient. Les feuilles donnent des ré-
sultats analogues ; mais ils ne peuvent être aussi pro-
noncées qu'avec celles qui sont grasses ou très-charnues.
D. Légumes de pois exposas dans la même atmosphère à l'action de
la nuit et du soleil.
Dans le résultat précédent, les pois n'avoient été ex-
posés qu'au soleil , tandis qu'ici , ils ont reçu pendant
quarante-huit heures dans la même atmosphère, l'influence
de l'obscurité pendant la nuit, et du soleil pendant le jour.
Cette expérience a été commencée le soir , et terminée
de même ; si je l'eusse commencée le matin , et terminée
le matin d'un des jours suivans, les résultats auroient été
différens , parce que le fruit n'auroit pas décomposé le gaz
acide qu'il avoit formé pendant la nuit qui a précédé sa
sortie.
L'appareil étoit disposé d'ailleurs comme le précédent ;
les six gousses de pois ont été renouvellées quatre fois à
256 DE l'[npluence des fruits verts
intervalles é^aux pendant les deux jours qu'elles ont passé
SQusle récipient. L'air que j'y avois introduit, et qui oo
cupoit 940 centimètres cubes , a sulîi par le séjour de ces
fruits , des changemens si peu notables qu'ils pourroient
être attribués à des erreurs d'observation.
A.lmosplière des fruits avant l'expérience. Almospbère après l'expérience.
Gaz oxigène ... 197 , 4 centim. c. 192 cent. c.
azote. .... 742 , 6 yao , 9
acide carb. . . o 7,1
940 gSo
En comparant ces résultats aA'^ec ceux obtenus en B oh
les pois ont formé 34 centimètres cubes de gaz acide
carbonique dans une seule nuit , on voit que dans la der-
nière expérience JJ les pois ont décomposé pendant le
jour, l'acide qu'ils avoient formé pendant la nuit, ou que
durant les deux jours et les deux nuits destinés à cette
expérience, les fruits ont du former et décomposer environ
58 centimètres cubes de gaz acide carbonique , sans tenir
compte de celui qui étoit élaboré par Telfet de l'inspi-
ration.
DD Pour rechercher si le renouvellement des gousses
avoit eu de l'influence sur les résultats , j'ai répété l'ex-
périence précédente dans looo centimètres cubes d'air con-
tenu par du mercure, en laissant les mêmes pois pendant
48 heures sous le récipient , et en modéi-ant encore plus
l'intensité du soleil; mais il nen est i'ésulté avec ce fruit
aucune différence importante , ainsi qu'on en peut jugep
par l'analyse suivante :
il
SUR l'air avant leur maturité. 257
Atmosplière des fruils avant l'expérience. Atmosphère après l'expérience.
Gaz oxigène . . 210, ceiitim, c. 204, 7 cent. c.
azote 790 , 798, 8
acide carb. . . o o
1000 ioo3, 5
E. Décomposilion du ga^ acide carbonique par les légumes de pois
dans un mélange artificiel de ce gaz avec l'air.
J'ai ajouté le matin , à 970 centimètres cubes d'air
atmosphérique , 80 centimètres cubes , d'acide carbo-
nique. Cette addition n'a pas été faite toute à la fois ,
la moitié ou 4o centimètres cubes d'acide carbonique ,
ont été introduits en commençant l'expérience, et l'autre
moitié, deux jours après son établissement : elle a duré
quatre jours pendant lesquels les six gousses de pois
n'ont été exposées qu'au soleil, dans l'atmosphère artifi-
cielle ; elles en étoient retirées pendant les nuits.
Atmosphère des fruits avant l'expérience. Atmosphère après l'expérience.
Gaz oxigène . . . 2o3, 7 centim. c. 2,58 cent. c.
azote .... 766, 3 773
acide carbon. 80 21
io5o io52
Ces résultats semblent indiquer que la végétation a fait
disparoître 69 centimètres cubes d'acide carbonique , et
qu'elle les a remplacés par 54 centimètres cubes d'oxigène;
mais cette compensation est en grande partie accidentelle,
car si l'on compare ce produit avec celui qui a été obtenu
en C dans une atmosphère où l'on n'avoit pas introduit
258 DE L'rNFLUENCE DES FRUITS VERTS
artificiellement de l'acide carbonique, l'on trouve que
l'atmosphère E a dû subir une diminution de volume; elle
tient surtout au renouvellement des fruits qui s'impré-
gnoient de l'acide carbonique artificiel et qui le transpor-
toient hors du récipient , lorsqu'on les en sortoit pour les
renouveller.
E E Lexpériènce suivante qui a duré 48 heures a été
destinée à constatler la précédente en la variant , et à re-
chercher si les fruits solidifient l'eau : ici les gousses n'ont
point été renouvellées , et elles ont passé les jours et les
nuits dans le récipient qui étoit fermé par du mercure.
Atmosphère des gousses avant l'expérience. AtuiospUère après l'expérience.
Gaz, oxigène .... 210 centim. c. ii38 , 9 cent. c.
azote 7jjo 801 , 4
acide carboniq. 5o 7,7
io5o 1048
La différence des quantités de gaz oxigène dégagé, entre
ce résultat et celui de l'expérience DD où les gousses
ont végété en même temps sans acide carbonique artifi-
ciel , montre quelles ont produit en E E, par la décom-
position de ce dernier , 34 centimètres cubes de gaz oxi-
gène, ou quelles ont décomposé environ 34 centimètres
cubes de gaz acide carbonique artificiel. Ces gousses E E
qui pesoient vertes, avant l'expérience, 22,, 18 grammes ,
se sont réduites après l'expérience, à 3, 34 grammes par le
dessèchement dans une étuve chauffée au 3o'. centig.
Les gousses D I) qui, avant l'expérience étoientdumême
poids que les précédentes , se sont réduites par le même
SUR l'air avant leur maturité. 269
dessèchement , à 3 , 29 grammes : il en résulte que les
gousses EE ayant augmenté leur substance végétale
sèche de cinq centigrammes en végétant avec de leau et
une atmosphère qui ne leur a fourni à très-peu près (i)
que dix-huit milligrammes de carbone , doivent avoir fixé
les élémens de l'eau. Cette expérience a été répétée , une
seconde fois , avec un résultat analogue. Un fruit très-
épais donneroit des produits plus incertains , à cause de la
lenteur du dessèchement qui modifie irrégulièrement les
substances organiques.
Expériences sur les Prunes Reine Claude.
F. Dégagement du gaz oxîgène par ces fruits plongés dans l'eau.
Je me suis occupé de ce fruit avec d'autant plus d'in-
térêt , qu'il est très-vert avant sa maturité , et qu il est
un de ceux que M. Bérard a soumis particulièrement à son
examen.
Les prunes employées dans les expériences suivantes .
ont été cueillies à la fin de Juin, environ cinq semaines
aA'^ant leur maturité ; elles étoient d'un vert de porreau
foncé ; j'ai eu soin quelles fussent exemptes de taches ; elles
avoient au moins deux centimètres de diamètre ; leur pulpe
dure , verte intérieurement , mais passant au jaune ver-
dâtre, en s'approchant du noyau , formoit autour de celui-
ci , une couche de huit millimètres d'épaisseur.
(i) On pourroit y ajouter quelques traces d'oxigène ; mais cette quantité
4outeuse peut être négligée ; et Fou ne prétend point arriver ici à une cx-
tfôme précision.
a6o DK l'influence des fruits verts
Deux cent grammes de ces prunes occupant i88^ centi-
mètres cubes, ont dégagé dans 1 800 grammes d'eau de
soui'ce au soleil, entre dix heures du matin et cinq heures
du soir , 22 centimètres cubes d'air , ou beaucoup moins
d'air que les pois qui offrent plus de surface ; 100 de cet
air contenoient Sg d'oxigène , 67 d'azote , et 4 d acide
carbonique.
Cette expérience faite en m«me temps , et dans les
mêmes proportions avec de l'eau de pluie, a produit i3 -
centimètres cubes d'air dont 100 contenoient 34 d'oxigène,
63 d'azote et 3 d'acide carbonique.
2.0 grammes de feuilles de prunier ont dégagé en même
temps dans 1800 grammes d'eau de source , 26 centimètres
cubes d'air dont 100 contenoient 48 d'oxigène, 5o d'azote
et 2 d'acide carbonique.
L'expérience précédente faite avec de l'eau de pluie a
produit i4| centimètres cubes d'air dont 100 contenoient
32,5 d'oxigène et 77,5 d'azote.
Ces résultats montrent que les prunes se comportent
sous leau comme leurs feuilles relativement à l'émission
du gaz oxigène , sauf sa quantité qui est moindre par les
fruits : j'en ai donné la principale raison à l'occasion des
gousses de pois.
G. Influence des prunes sur T air pendant Ta nuit.
Toutes mes expériences cLins l'air avec ce fruit ont été
faites en coupant l'extrémité d'une branche qui portoit
quatre prunes adhérentes presque au même point j leur
SUR l'aîr avant leur maturité. 261
tige commune, longue d'un centimètre, trempoit dans
un vase plein d'eau , placé sous un récipient. Les quatre
prunes pesoient 43 grammes, et déplaçoient 4o ^ centim-
cubes. En cueillant ces fruits le soir , et en les laissant
pendant une nuit sous le récipient , elles ont fourni au
bout de douze heures les résultats suivans dans 1000 cen-
timètres cubes d air :
Almosplière des prunes avanl l'expérience.
Almosphère après l'expérience.
Gaz oxigène ... 210, cent. c.
i55, 8 cent, c.
azote . . . 790,
797^ 4
acide carb. . 0
39, 8
1000 993
Inspiration 7
1000
G G Pour rechercher l'influence du volume de l'atmos-
phère sur celui de l'inspiration ; j'ai introduit trois prunes
occupant ^5 centimètres cubes, dans 416 centimètres cubes
d'air sur du mercure , pendant le même temps (jue les
précédentes.
Atmosphère des prunes avanl l'expérience. Almosphère après l'expérience.
Gaz oxigène . , 87, 3 cent, c. 87, 6 centim. c.
azote . . . 328 , 7 329 , 3
acide carbon. o 20,1
416 407
Inspiration 9
416
Les quantités de gaz oxigène que les prunes ont détruit
Méin. de la Soc. de P/iys. et il H. nat. T. L" 54
26-2 DE l'influence DES FRUITS VERTS
dans ces deux expériences n'offrent qu'une légère diffé-
rence relativement au volume du fruit, mais l'inspiration
a été beaucoup plus grande dans la petite atmosphère ; ce
résidtat montre que les inspirations doivent être plus
petites à l'air libre que sous un récipient, surtout lorsque
les plantes laissent du gaz acide carbonique dans leur
atmosphère.
H. Influence des prunes sur l'air atmosphérique au soleil.
Ces fruits ont été exposés pendant quatre jours ou 4'^
heures au soleil sous le récipient ; ils en ont été retirés
pendant les nuits , comme les pois en C.
Atmosphère des pruaes avant l'expérience. Atmosplière après l'expérience.
Gaz oxigène . . 2o5, 8 centim. c. 226, 9 cent, c
azote, . . 774. 2 790, 6
acide carbon. o o
980 1017, 5
Les prunes ont amélioré l'air du récipient par des expira-
rations égales à 21 centimètres cubes de gaz oxigène; elles
sont moins grandes que l'inspiration G ne l'indique ,
parce qu'en iï, elle a été faite à l'air libre.
I. Prunes exposées à l'action de la nuit et du soleil daus la même
atmosphère.
On a procédé dans cette expérience comme en D, avec
cette différence que pour obtenir des résidtats plus pro-
noncés , les quatre prunes renouvellées matin et soir , ont
passé dans le récipient quati'e jours et quatre nuits.
SUR l'air AV4NT LEUR MATURITÉ. 265
Atmosplière des prunes avant l'expérience. Atmosphère après l'expérience.
Gaz oxigène . . 189 centim. c. 173, 8 cent. c.
azote .... 7 II 722 , 2
acide carbon. o o
goo 896
Les changemens que les prunes ont fait subir à leur
atmosphère n'étoient pas considérables , mais les résul-
tats antérieurs indiquent qu'elles ont détruit pendant
les quatre nuits de cette expérience , au moins deux cents
centimètres cubes de gaz oxigène, et qu'elles n'en auroient
pas laissé une trace dans le récipient , si elles n eussent pas
décomposé un volume à peu près égal de gaz acide car-
bonique.
K. Décomposition du gaz acide carbonique par les prunes dans
un mélange artificiel de ce gaz avec l'air.
J'ai fait végéter pendant quatre jours au soleil , mais
non pendant les nuits , ce fruit dans un mélange de 900
centimètres cubes d'air atmosphérique avec 100 d acide
carbonique, dont une moitié a été introduite en commen-
çant l'expérience, et l'autre moitié deux jours après son
établissement, Les prunes ont été renouvellées quatre
fois.
Atraosplière avant Atmosplière après
l'expérience. l'expérience.
Gaz oxigène. . . 189 cent. c. 25i , 3 cent. c.
azote 711 724 1 8
Acide carbon . . 100 o
1000 986, 1
264 DE 1,'lNFLUENCE DES FRUITS VERTS
La comparaison des résultats obtenus en H avec ceux
de la dernière expérience, montre que dans celle-ci, les
les prunes ont ajouté environ 4i centimètres cubes de
gaz oxigène à leur atmosphère par leffet de la décom-
position de l'acide carbonique que j'y ai introduit.
La principale cause de la diminution de volume que l'air
a subie après Texpérience tient au renouvellement de$
fruits qui ont transporté hors du récipient, une grande
quantité d'acide carbonique qu'ils nont pas décomposé.
D ailleurs l'eau qui servoit de clôture a contribué ici à
cette diminution , parce que l'atmosphère où ils n'ont vé-
gété que pendant quarante-huit heures, est restée en
contact pendant dix jours avec ce liquide à cause du
mauvais temps,
L. Influence des pnines sur l'air, lorsqu'elles ont acquis tout
leur accroissement.
Les expériences suivantes ont été faites un mois après
les précédentes, sur des prunes qui touchoient au
terme de leur maturité, ou qui n'en étoient éloignées
que de deux ou trois jours ; le volume de ce fruit avoit
doublé; on n'a mis par cette raison sous chaque récipient,
que deux prunes qui pesoient entre 46 et 5o grammes;
elles y sont souvent parvenues à leur entière maturité.
SUR l'air avant leur maturité. 265
Expérience pendant douze heures de nuit.
Atmosphère des prunes avant Atmoçpbère des prunes après
l'expérience. l'expérience.
Gaz oxigène. . . 210 cent. c. 186, 3 cent. c.
azote 790 791 ' 6
acide carb. .0 12,1
looo 990
Inspiration. . 10
1000
Cette expérience répétée deux fois avec des résultats
semblables , montre que les fruits à volume égal détruisent
plus doxigène, lorsqu ils sont éloignés de leur maturité que
lorsqu'ils en sont rapprochés. Les feuilles se comportent de
même, (Recherches sur la végétation pag. 100 et suiv.).
Expéiience pendant douze heures de soleil.
Atmosphère des prunes avant Atmosphère des prunes après
l'expérience. l'expérience.
Gaz oxigène. . . 210 cent. c. igS, 6 cent. c.
azote 790 797 ' I
acide carb. .0 7,3
1000 1000
Lorsque j ai continué cette expérience pendant quatre
jours, en retirant du récipient les prunes le soir pour en
introduire de nouvelles le lendemain, leur atmosphère a
éprouvé une diminution de 19 centimètres cubes, parce
que la proportion d'acide est devenue assez grande pour
266 DE l'influence des fruits verts
qu'elles aient pu l'absorber. Les prunes à peu près mûres
font disparoître plus d'oxigène à l'ombre qu'au soleil :
elles auroient produit un effet contraire, si elles n'eussent
point décomposé lacide carbonique.
Expérience pendant quatre jours de soleil et quatre nuits; les prunes
n'ont pas été renouvellées .
Atmosplière ayant Almosphère après
rexpérieoce. l'expérience.
Gaz oxigène. . . 199, 5 cent. c. 178, 6 cent. c.
azote ySo , 5 761 , 8
acide Carbon. o 11,6
gSo 947
Pendant les quatre nuits de cette expérience, les prunes
ont dû détruire 95 centimètres cubes de gaz oxigène;
mais puisqu'en y ajoutant les jours correspondans , elles
n'en ont détruit que 2.% centimètres cubes, elles doivent
avoir dégagé 95 — 26=^69 centimètres cubes de gaz oxigène
pendant leur exposition au soleil.
Expérience pendant quatre jours de soleil et quatre nuits dans un mé-
lange d'air et d'acide carbonique: les fruits n'ont pas été renou\>ellés .
Atmosphère des prunes avant
Atm
osphère des prunes après
1 expérience
l'expérienct
Gaz Oxigène. . ,
199.
5
cent.
c.
197-
8
azote
760,
5
773,
7
acide carbon.
5o
12
1000 9^3 , 5
La comparaison du résultat précédent avec celui-ci,
SUR l'air avant leur maturité. 267
montre que les prunes à l'époque de leur maturité, ont
décomposé une partie de l'acide carbonique artificiel ,
quoiqu'elles aient vicié leur atmosphère dans cette expé-
rience , ainsi que dans toutes les autres L , considérées
isolément.
Expériences sur les pommes sauvages ( Pyrus-
malus. L. ).
M. Dégagement du gas oxigène , par ces fruits plonges dans l'eau.
Après avoir employé dans les expériences préce'dentes
des truits presqu'entièrement verts à l'extérieur et à 1 in-
térieur, j'examinerai un fruit tel que les pommes dont la
plus grande partie de la substance étant blanche peut
vicier l'air atmosphérique au soleil et à l'ombre.
J'ai choisi des pommes qui n'ofFroient point de nuance
rougeâtre à l'extérieur; leur épidémie étoit d'un vert pâle
et uniforme; leurs pépins n'étoieiit point encore colorés ;
elles avoient environ trois centimètres de diamètre; leur
chair intérieure étoit blanche, et seulement nuancée d'un
vert peu sensible près de l'épiderme.
Vingt de ces pommes pesant 200 grammes et occu-
pant 240 centimères cubes, ont dégagé en Juillet, dans
1800 grammes d'eau de source, par un soleil très-foible,
entre onze heures du matin, et cinq heures du soir 24^
centimètres cubes dair qui après avoir été dépouillé de
^.""d'acide carbonique, contenoit 27 ^ de gaz oxigène (1)
et 72 ^ d azote.
(i) Pour obtenir du gaz oxigène des pommes dans de l'eau de source , il faut
268 DE l'influence des fruits verts
Cette expérience faite en même temps, et dans les
mêmes proportions avec de l'eau de pluie, a produit 2&
centimètres cubes dair : loo parties de cet air dépouillé
de 3 d'acide carbonique, contenoient 29 j d'oxigeiie et
70 I d'azote.
Vingt grammes de feuilles de pommier ont dégagé eu
même temps dans 1800 centimètres cubes d'eau de source,
II, 3 centimètres cubes d'air qui conteiioit ^.'"°" d'oxi-
gène et q^.'"" d'azote ; un soleil vif doubloit la quan-
tité de l'air dégagé sans diminuer sa pureté.
Avec l'eau de pluie, elles ont produit dans tous les
cas, comme les autres feuilles, un air inférieur en quan-
tité et en pureté à celui qu'elles fournissoient avec l'eau
de source.
que le soleil soit très-foible , parce que ces fruits subissent par un soleil
vif, une prompte fermentation qui leur fiiit dégager un air impur ; il faut
de plus les empèclier d'être en contact avec l'air qu'elles ont produit , en
mettant intérieurement près du dôme du récipient un treillis en cuivre.
Lorsque je n'ai pas pris ces précautions , j'ai obtenu de ce fruit sous l'eavi
de source dans les mêmes circonstances , mais par un soleil vif, 39 J con-
timètres cubes d'air qui contenoit plus d'un cinquième d'acide carbonique ;
100 de eet air privé d'acide , étoient composés de 11 d'oxigèae , et de 88
d azote. Les pommes ont fourni en même temps , et de la même manière
dans de l'eau de pluie , 3o centimètres cubes d'air qui contenoient 2 -J cen-
timètres cubes d'acide carbonique ; 100 de cet air privé d'acide , étoient
composés de aS d'oxigène et de ^5 d'azote. Je ne puis expliquer par quelle
raison , l'air étoit constamment plus pur avec l'eau de pluie qu'avec l'eau de
source, car abstraction faite de l'acide carbonique , l'air que ces eaux recè-
le.eat , étoit formé des mêmes proportious d'azote et d'oxigène. L'eau de
source tenoit en dissolution beaucoup de carbonate de chaux qui provoquoit
peut-être la fermentation.
stTR l'air avant leur maturité. 269
Puisque les pommes n'ont pas dégagé plus d'oxigène
dans leau de source que dans l'eau de pluie, on doit
admettre qu'elles ne peuvent pas décomposer sous l'eau,
avant de fermenter, une plus grande quantité d'acide carbo-
nique que celle qui se trouve dans leur parenchyme, et que
leur faculté d élaborer ce gaz est extrêmement foible, ainsi
qu'on pourroit le prévoir par la seule inspection du truit.
N. Influence des pommes sur l'air pendant la nuit.
J'ai employé pour chaque expérience dans lair, deux
pommes semblables à celles dont j'ai parlé précédemment ;
elles déplaçoient ensemble 27 ^ centimètres cubes; elles
étoient accolées à une courte tige qui trempoit dans
l'eau ; elles ont fourni par une exposition de douze heures
de nuit sous un récipient plein d'air, les résultats
suivans :
Atmosplière des pommes Almosplièrp des pommes
avaiu l*e\périence. après l'expérience.
Gaz oxigène. 210 cent, c. igS , 6 cent, c.
azote. . . 790 79Ï ' 9
acide carb. o 7 ■. 8
looo 993 , 3
Inspiration. 6 , 7
1000
O. Pommes expose'es à l'action de la nuit et du soleil dans la
même utniosj hère.
Les pommes sont beaucoup plus altérées par le soleil
et la chaleur que les truits dont je me suis occupé ]as-
Mém. de la Soc. de Phjs. et d H. nat, T. i." 35
370 DE l'cnflurkce des fruits verts
qu'ici; elles y forment du gaz acide carbonique qu'elles
absorbent même au soleil, avec une promptitude singu-
lière : j'ai évité cet accident en voilant le récipient
avec de la gaze , et en couvrant son dôme de papier
mouillé, pendant l'exposition au soleil dont les rayons
étoient d'ailleurs alFoiblis comme ci-devant par les vitres
des fenêtres.
Pendant les deux, nuits et les deux jours employés à
cette expérience qui a eu le même réstdtat sur l'eau et
le mercure, et qui a été favorisée par le beau temps, les
pommes n'ont pas été renouvellées pour qu'elles n'em-
portassent pas hors du récipient, le gaz acide quelles
avoient formé pendant la nuit.
Atmosphère
des pommes
At
mosplière îles
pommes
avaot l'expérience.
après leipérieuce.
Gaz oxigène.
210
cent.
c.
2o5 ,
6 cent.
c.
azote. . ,
. 790
M.
4
■p
acide carb.
0
-
0
-
lOOO
loio
Lorsque j'ai fait cette expérience en renouvellant les
pommes, matin et soir, elles ont fait subir à leur atmos-
phère, une diminution de neuf centimètres cubes , et elles
ont détruit quatorze centimètres cubes de gaz oxigène.
On trouve par la comparaison des résultats détaillés
en iV et O, que les pommes ont décomposé pendant
le jour, environ zS centimètres cubes du gaz acide car-
bonique qu'elles avoient formé à l'obscurité.
SUR i.'air avant leur maturité. 271
p. Décomposition du gaz acide carbonique par les pommes dans
un mélange artijiciel de ce gaz avec l'air.
J'ai exposé deux pommes pendant deux nuits et deux
jours dans un mélange de 1000 centimètres cubes d'air
avec 5o d acide carbonique , en ayant soin de couvrir de
gaze, et en partie de papier mouillé le récipient, lors-
qu il étoit exposé au soleil; sans cette précaution les pommes
ont toujours vicié leur atmosphère : elles n'ont pas été re-
nouveliées dans le résultat que je détaille ici,
Atmosphère des pommes Atmosphère des pommes
aTant l'expérience. après l'eipérience.
Gaz oxigène. 210 cent. c.
azote. . , . 790
acide cai-b. 5o
218,3 cent
799. 7
i3
io5o io3i
En comparant cette expérience avec la précédente,
on voit que les pommes ont dégagé environ i3
centimètres cubes de gaz oxigène par la décom-
position partielle de 1 acide carbonique que j'ai introduit
dans le récipient. La diminution de 19 centimètres cubes
qu'on observe dans le volume de l'atmosphère après
1 expérience, doit être attribuée principalement à l'acide
carbonique dont les pommes se sont imprégnées sans lui
faire subir aucun changement. Elles en absorboient une
quantité égale aux deux tiers de leur volume pendant
une journée d'expooition au soleil; si je les eusse renou-
vellées, 1 absorption au roi t été plus grande : deux pommes
qui occupoient 27 cenlimèlres cubes , ont fait subir par
272 DE l'influence DIÎS FRUITS VERTS
la seule imbibition de l'acide carbonique, une diminution
de 75 centimètres cubes, à un mélange composé de 1000
centimètres cubes dair, et de 100 d'acide où elles ont
été reiiouvellées quatre fois pendant quatre jours en ne
séjournant qu'au soleil dans le récipient; mais cette
imbibition d'acide carbonique , n'est que peu ou point
sensible à la fin de l'expérience, lorsquon ne les a pas
renouvellées, et qu'on leur a donné le temps de le dé-
composer entièrement. 11 suit de toutes ces expériences,
(en faisant abstraction de l'intensité des effets) que
les pommes ont sur l'air la même influence que les
feuilles.
Expériences sur les raisins en état de verjus.
Q. Dégagement du gas oxigène par ces fruits plonges dans
l'eau.
Deux cents grammes de raisins qui avoient environ
douze millimètres de diamètre ont dégagé à la fin
de juillet dans 1800 grammes deau de source entre
onze heures du matin et cinq heures du soir par un
soleil très-pâle, 5, 6 centimètres d'air dont 100 contenoient
29 d'oxigène et 71 d'azote.
Cette expérience faite en même temps et dans les mêmes
proportions, avec de feau de pluie, a produit 5, 2. cent.
cubes d'air; 100 de cet air contenoient 3i d'oxigène et
69 d'azote.
Vingt grammes de feuilles de vigne ont dégagé en
même temps dans 1800 grammes d'eau de source, ii| cen-
SUR l'air avant leur maturité. 273
timbres cubes dair, dont 100 contenoieiit 3o d'oxigène
et 70 d azote.
Vingt grammes de tiges vertes de vigne de 4 à 6
millimètres de diamètre ont dégage eu même temps
2 7 centimètres cubes d'air dans 1800 grammes deau de
source; 100 de cet air conteiioient 4^» doxigène et 54
d'azote.
II paroît d'après ces expériences que la faculté d'éla-
borer 1 acide carbonique, e^t bien foible dans les raisins,
ou qu'ils ne peuvent pas en décomposer sous l'eau, une
quantité qui excède beaucoup celle qui se trouve dans
leur parenchyme antérieurement à limmersion.
Ce résultat tient principalement à ce que la force vé-
gétative des raisins est très - affoiblie lorsqu'ils sont sé-
parés de la plante ; je m'en suis assuré :
i." Par la différente influence qu'ils ont sur l'air, dans
ce cas et dans celui où ils restent adhérens au cep.
2.° parce i|ue des raisins détachés dont le péduncule
trempe dans leau, perdent par le dessèchement beaucoup
plus deau quils n'en peuvent absorber par la succion;
ainsi , une grappe de verjus récemment cueillie , et
qui pesoit 29 grammes , a perdu pendant 24 heures à
romi)re , 2^ grammes de son poids, en ne pouvant su-
cer que trois décigrammes d'eau, tandis que trois prunes
qui pesoient également 29 grammes, et qui étuient
comme le fruit précédent au milieu de leur accroissement,
ont augmenté dans le même temps, leur poids de i, 7
grammes en suçant 2, 6 grammes deau. quoiqu elles
eussent bien moins de sui'face que les raisins.
274 DE l'influence DES FRUITS VERTS
R. Influence du verjus sur l'air pendant la nuit.
Mes expériences dans l'air avec ce frait, ont été faites
à la fin de juillet et dans le mois daoût, en plaçant dans
looo centimètres cubes d'air, une grappe en état de
verjus, semblable à celles dont j'ai parié précédemment;
elle pesoit 32 grammes et occupoit 33, 7 centimètres
cubes; son péduncule trempoit dans l'eau sous le réci-
pient; j'ai eu soin que les raisins n'en touchassent pas
la paroi. Eu les cueillant le soir, et en les mettant
immédiatement après en expérience , ils ont présenté
au bout de douze heures les résultats suivans ;
Atmosphère des raisins Atmosphère des raisins
avant l'expérience. après l'expérieuce.
Gaz oxigène, 210 cent. c. 181 , 2 cent. c.
azote. . . . 790 792 , 3
acide carb. o 1 6 , 5
1000 990
Inspiration. la
1000
S. Influence du verjus sur l'air au soTeiT.
J'exposerai ici les résultats de deux expériences; l'une
que J'appellerai exp. sans abri, a été faite en ne modé-
l'ant les rayons du soleil que par une croisée ou les vitres
d'une tenêtre; l'autre expérience , que je nommerai avec
abri, a été établie à la même exposition, mais en voilant
le récipient avec de la gaze claire, et en couvrant son
SUR. l'air avant leur maturité. 275
dôme de papier mouillé; on verra par comparaison avec
M, qu'elles conduisent toutes aux mêmes résultats pour
la déi'umposition de l'acide carbonique, quoique dans
l'expérience sans abri, les raisins aient vicié leur at-
• mosphère.
Ces fruits dans les deux cas, ont été exposés pen-
dant quatre jours ou 4^ heures au soleil; ils étoient
retirés du récipient pendant les nuits et renouvelles
le matin.
Expérience sans abri.
Atmosphère des raisins Almosphëre des raisins
avant l'expérience. après l'expérience.
Gaz oxigène. 210 cent. c. 192, 4 cent. c.
azote. . . . 790 800 , 3
acide carb. o 7,3
looo 1000
S S. Expérience avec abri.
Atmosphère des raisins Almosplière des raisins
avanl l'expérience. après l'expérience.
Gaz oxigène. 210 cent. c. 208, 3 cent, c,
azote. . . . 790 797 , 7
acide carb, o o
1000 . 1006
T. Verjus exposé à l'action de la nuit et du soleil dans la même
.Atmosphère.
Ces fruits ont été placés pendant 96 heures sous le ré-
cipent, ou pendant quatre jours de soleil et quatre nuits;
ils y ont été renouvelles matin et soir.
276 DE L'iNPLtJENCE DES FRUITS VERTS
Expérience sans ahri.
AlmosplièrP dps raisins Almosplière clps raisins
avant l'cipérience. ajirès l'exiiéri^uce.
Gaz oxigène, 210 cent. c. 167, 4 cent. c.
azute. . , . 790 798 , 7
acide carb. o 7 » i
1000 973 , 2.
I e résultat R , indique que pendant les quatre nuits
de l'expérience T , les raisins auroient dû faire disparoître
ii5 centini. cubes de gaz oxigène; mais puisquen y
ajoutant les jours correspondans , ils n'ont détruit que
43 centim. cubes de ce gaz, ils doivent avoir dégagé au
soleil en viciant leur atmosphère, ii5 — 43=^82 centjm. c.
de gaz oxigène, par la décomposition de l'acide carbu-
ni(jue qu'ils avoient formé à l'obscurité.
TT. Expérience avec abri.
Ces fruits ont resté 96 heures sous le récipient ou
quatre jours de soleil et quatre nuits j ils n'ont pas été
renouvelles.
Atmosphère des raisins avant l'expérience. Atmosplière après l'expérience.
Gaz oxigène. . . . 210, cent, c, 202, 9 cent. c.
azote 790 , 802 , I
Acide carbonique. o o
1000 ioo5
Ces expériences montrent que la différente influence
des riiisins sur leur atmosphère au soleil et à l'obscurité ,
SUR l'air av\nt leur maturité. 277
est plus prononcée en affoil>lissant beaucoup l'action des
rayons solaires.
J'ai déjà décrit (Recherches sur la végétation, pag. i3i),
l'action des raisins sur l'air avec rinfluence du jour et de
la nuit, lorsqu'ils restent attachés au cep dont les racines
sont dans le sol : j'expose ici sur cet objet une nouvelle
expérience avec des détails que j'avois supprimés précé-
demment.
J'ai introduit le 24 juillet 1821 , dans une bouteille de
verre blanc , ^t de 44o centimètres cubes , une grappe de
raisin qui croissoit contre un mur au midi ; elle portoit
3o grains de 3 millimètres de diamètre ; ils étoient om-
bragés dans la bouteille, par les feuilles extérieures, comme
ils l'auroient été à l'air libre.
Deux fragmens demi-cylindriques de liège , insérés dans
le col du bocal , en^ eloppoient l'extrémité raccourcie du
sarment qui portoit la grappe ; celle-ci ne touchoit point
le verre. La clôture a été successivement lutée avec de la
vessie mouillée , de la cire molle et des bandes de toile
enduites de craie et de blanc d'œuf.
Au bout de douze jours , les raisins ayant triplé de vo-
lume et transpiré 3o grammes d'eau , j'ai coupé au soleil ,
après midi , la branche qui portoit la bouteille , pour l'ouvrir
dans du mercure. Ce liquide en y pénétrant a montré
qu à température égale , l'air y étoit plus raréfié que l'at-
mosphère extérieure (i), et que le lut avoit bien rempli
(1) D'autres résultats montrent (comme on doit le prévoir), que dans
ces expériences , la chaleur du soleil expulse lentement au travers de 1»
3Iùm. de la Soc. de Phys. et d'il. nat. T. 1." 36
27*? DE l'influence DES FRUITS VF.RTS
ses fonctions. La grappe cléplaçoit alors neuf centimètres
cubes : 1 air de la bouteille ne contenoit point cVacide car-
bonique : reudiomètre de Volta y a indiqué par plusieurs
épreuves répétées, iiro^'u"- de gaz oxigène, ou x^'™'- de plus
que dans lair atmosphérique. Les feuilles adhérentes à
une plante qui a ses racines dans le sol , présentent ordi-
nairement un résultat analogue ; il indique qu elles dé-
composent l'acide carbonicjue qui se forme dans la tige ou
quelles reçoivent de la terre par l'eau qui les aJimente.
J'ai répété cette expérience avec des cerises ; mais elle
a été sans résultat, parce qu'elles jaunissoient sans se dé-
velopper , quoiqu'elles transpirassent beaucoup ; c'est sur-
tout par l'accroissement du fruit , qu'on peut s'assurer ici
du succès de l'opération,
V. Dc'composition du gaz acide carbonique par du verjus dans
un viciante arlijî.ciel de ce gas avec l'air. :
Il ■jj> ;• ) I li ;;■. ''
J'ai fait végéter dans un mélange de 900 centimètres
cubes d air, et de 5o centimètres cubes d'acide carbonique
pendant quatre nuits et quatre jours de soleil, une grappe
de raisin détachée, qui pesoit 3^ grammes comme les
précédentes ; elle n'a pas été renouvellée ; on a modéré
riiitensité du soleil en voilant avec une gaze claire le
récipient , et en couvrant son dôme de papier mouillé.
branche elle-même , une partie de l'air contenu dans le bocal , et (jue l'air
extérieur y rentre lensiùte par la même voie pendant la nuit.
SUR l'air avant leur maturité. 200
Atmosphère Ses raisins avant l'expérience. Atmosphère après l'expérience.
Gaz oxigène . . . 199, 5 cent. c. 226, 9 cent. c.
azote ySo, 5 764, 7
acide carboniq. 5o, 7, 4
looo 998
.Les raisins se sont très-légèrement ridés dans cette ex-
périence quoique leur péduncule trempât dans l'e^iu; mais
ils n'en ont pas moins décomposé la plus gi-ande partie de
l'acide carbonique étranger à celui qu'ils ont formé avec
l'oxigène ambiant. J'ai répété la mêiTie expérience pendant
le même temps, dans un mélange de 900 centimètres cubes
dair et de 100 d acide carbonique, en renouvellant les
raisins tous les jours; ils ont fait subir alors à leur at-
mosphère , une diminution de 74 centimètres cubes , eu
emportant hors du récipient l'acide carbonique qui est
absorbé par ce fruit aussi promptement que par les
pommes.
X. Iii/Iiience des raisins sur l'air, lorsqu'ils ont acquis tout leur
accroissement.
Les raisins employés aux expériences suivantes, avoient
un volume au moins double de celui des précédens ;
leur couleur avoit changé, en passant au vert jaunâtre;
ils étoient à demi transparens , et ils touchoient à peu
près à l'époque de leur maturité en étant légèrement au-
dessous. Chaque observation a été faite comme les pré-
cédentes sur une grappe du poids de trente-deux grammes.
Plusieurs grains ont entièrement mûri sous les récipiens ;
a8o DE l'influence bks fruits verts
le dôme de ces vases étoit couvert de papier mouillé ; ils
n'ont reçu les rayons directs du soleil qu'au travers d'une
gaze claire, et des vitres des fenêtres.
Expérience pendant douze heures de nuit.
Atmosphère des raisins avant l'expérience. Atmosphère après l'expériesc*.
Gaz oxigèue . . . 210, cent, c, 192, 9 cent. c.
azote .... 790, 796, 8
acide carboniq. o, 7,3
1000 997
Inspiration 3
looo
Cette expérience confirme les résultats précédeiis L , en
montrant que les fruits consument moins doxigène , lors-
qu'ils s'approchent de leur maturité.
Expérience pendant quarante-huit heures de soleil.
Les raisins n'ont pas passé les nuits sous le récipient ; ils ont été renouvelles
quatre fois.
Atmosphère avant l'expérience. Atmosphère après l'expérience.
Gaz oxigène ... 210, cent. c. 2i3, i cent. c.
azote .... 790, 800, 4
acide carboniq. o , 7,5
— . — ..-«. ■ '- ■ ■ - ■ ■
1000 I02I
SUR Ii'aiR avant r.EUR IVÎATURITÉ. aSi
:in,'
Expérience pendant quatre jours <fe soleil et qifqlre ?iiuts^'^^
Les raisins n'ont pas été renouvelles. .QÏïO f^-'^
Atmosphère ayant l'eiptiieace. Atmosphère après l'expérience.
Gaz oxigène ... 210, cent. <*. 210, cent. c.
azote. .... 790, 790,
acide carboiiiq. o, o
1000 1000
L'atmosphère n'a dono changé sous aucun rapport r'
tandis que dans une expérience semblable avec les raisins
en état de verjus TT, il y a eu une petite diminution
d'oxigène : cette différence peut être l'effet de l'état chi-
mique du suc de ces fruits à l'époque de la maturité
qui les empêche de retenir l'oxigène de l'acide qu'ils dé-
composent.
Pour vérifier ce résultat, j'ai fait simultanément , dans
le courant de septembre , les deux expériences suivantes
sur du verjus et sur des raisins à peu près mûrs. Les grains
du verjus n'avoient que neuf millimètres de diamètre,
tandis que celui des grains de verjus 7' 7', étoit de douze
millimètres : les raisins mûrs avoient un diamètre moyen
de dix-sept millimètres : les deux grappes qui pesoient
chacune trente-deux grammes, ont resté cinq nuits et
cinq jours sous leur récipient, et elles n'ont point paru
altérées. Le ciel a été couvert pendant la moitié du temps,
sauf le dernier jour.
282 DE l'influence DES FRUITS VERTS
Atmosphère du verjus et des Alraosplière du verjus Atraosplière des raïsinf
raisius oiùrs avant l'expérience. après l'expérience. mûrs après l'expériencs.
Gaz oxig. 210 c. c. 199, 4 c. c. 202, 6 c. c.
azote 790, 795, 6 79^, i
acide c. o o 7,3
,'\i ,: '
1000 995 1002 |.
Ce résultat obtenu encore une troisième fois a confiiTné
celui de l'expérience précédente, en indiquant que le verju*
fait disparoître une quantité d'oxigène qui n'est pas repré-
sentée dans du gaz acide carbonique , tandis que les raisins
mars ne changent point la quantité d'oxigène qui étoit
contenue dans leur atmosphère avant l'expérience , car il
est évident que la petite quantité d acide carbonique qu'ils
ont laissée accidentellement sous le récipient, auroit pu
être décomposée comme elle l'a été dans le résultat an-
térieur.
Les parties vei'tes peuvent fixer le gaz oxigène par la
décomposition de lacide carbonique. Lorsqu'elles végètent
jour et nuit, sous un récipient plein d'air atmosphérique
avec de 1 eau pure , cette fixation doit être beaucoup moins
sensible que dans ua mélange artificiel dair et de gaz
acide , non pas tant parce qu'elles en décomposent une
plus petite quantité dans le premier cas , que parce
que n'y! puisant point de carbone, elles ne peuvent aug-
menter que très - foiblement leur substance végétale
sèche. Les fruits ne mont pas paru propres à démoixtrer
rigoureusement cette fixation, à cause de la foiblesse de
leur végétation qui ne m'a permis de leur faire décom-
sua L'A'th' AVANT LEUR 'MATUrilTél '385
poser avx plus , que deux, ou trois fois leur Volume de
gaz acide carbonique artificiel , tandis que les feivilles en
décomposent facilement cinquante fois leur volume : la
quantité de gaz oxigène que: les fruits ont eu la faculté
de fixer se trouvant^ inférieure à leiu* volume , pourroit
être attribuée à une simple interposition de gaz acide dans
le parenchyme.
Expérience pendant quatre jours et quatre huils , sur des raisins
à peu près mûrs , dans un mélange artificiel d'air et d acide
carbonique ;
Le fruit n"a pas éic reaouvellé. -
Atmosphère avant l'expérience. Almosplière après l'expérience.
Gaz oxigène . . . 199, 5 cent. c. 207, 7 cent. c.
azote .... 760, 5 7.'So, 3
acide carboniq. 5o, m
1000 979
Les 'résultats de cette expérience con^airés*' avec F',
montrent que les raisins qui touchjent à lepôoCnë de la ma-
turité, peuvent décomposer encore l'acide carbonique ar-
tificiel , mais en beaucoup moins grande quantité que
lorsqu'ils sca\t 'en état de verjus. La 'grande diminution
de volume qu'on observe dans la dernière expérience i'viellt
dé ce que l'acide non décomposé, se trouvant très-sur-
abondant , a été retenu en partie dans le parenchyme du
friiit; on en jugera par les résultats suivans ; ils ont été
obtenus en même temps sur du verjus et sur du raisin à
peu près mCir , 'exposés l'un et l'autre pendant cinq nuits
284 DE l'influence dfs fruits verts
et cinq jours dans une atmosphère où Ton a diminué de
moitié la dose d'acide carbonique artificiel.
Âtmosph. du verjus et des raisins Atmosphère du verjus
mûrs avant l'expérleuce. après l'eipérience.
Gaz oxig. 2IO, c. c. 224, 4 c. c.
azote 790, 795, 6
acide c. 25, o
Atmosph
des raisins
murs ap
res
l'çipér.
216,
9
é. cL
794,
6
8,
5
1020 1020 1020
RÉSUMÉ.
Les observations que je viens d'exposer conduisent aux
résultats suivants: '^ewsja
Les fruits verts ont sur l'air, au soleil et à l'obscurité ,
la même influence que les feuilles : leur action ne diffère
que par l'intensité qui est plus 2;rande dans ces dernières.
Ils font disparoître pendant la nuit le gaz oxigène de
leur atmosphère , et ils le remplacent par du gaz acide
carbonique qu'ils absorbent en partie : cette absorption, est
ordinairement moins grande à l'air libre que sous un
récipient.
lis consument à ^olume égal plus d'oxigène à l'obscu-
ritf(,.Jaisqu'ils, sont éloignés delà maturité que lorsqu'ils
en sont rapprochés. ,
Dans leur exposition au soleil, ils dégagent en tout,
ou en partie, loxigène de l'acide carbonique qu'ils ont ins-
piré pendant la nuit , et ne laissent aucune trace de cet
acide dans leur atmosphère. Plusieurs fruits détachés de la
plante , ajoutent ainsi du gaz oxigène à de l'air qui ne
il
SUR l'air avant leur maturité. 285
contenoit point d'acide carbonique. Lorsque leur végétation
est très-foible ou très-languissante, ils corrompent l'air
dans toutes les circonstances, mais moins au soleil qu'à
l'obscurité.
Les fruits verts détachés de la plante , et exposés à
l'action successive de la nuit et du soleil , ne le changent
que peu ou point en pureté et en volume; les légères va-
riations qu'on observe à cet égard , dépendent , soit de la
faculté plus ou moins grande qu ils ont délaborer l'acide
carbonique , soit de leur composition qui se modifie sui-
vant le degré de maturité ; ainsi les raisins en état de
verjus paroissent s'assimiler en petite quantité l'oxigène
de l'acide carbonique qu'ils forment dans l'air où ils vé-
gètent jour et nuit , tandis que les raisins à peu près
mûrs, représentent en totalité, pendant le jour , dans leur
atmosphère , l'oxigène de l'acide qu ils ont produit à l'obs^
curité. Sil n'y a point d'illusion dans ce résultat qui a été
foible, mais constant dans toutes mes expériences , il si-
gnale le passage de l'état acide à l'état sucré , en indi-
quant que l'acidité du verjus tient à la fixation du gaz
oxigène atmosphérique , et que cette acidité clisparoît ,
lorsque le fruit ne puise que du carbone dans l'air ou dans
l'acide carbonique.
Les fruits verts décomposent en tout ou en partie , non-
seulement l'acide carboniijue qii ils ont produit pendant la
nuit, mais en outre, celui qu'on ajoute artificiellement à
leur atmosphère. <^u,ind on fait cette dernière expérience
avec des fruits qui sont aqueux, et qui tels que les pommes
et les raisins n'élaborent que lentement le gai acide, on
Mém. de la Soc. de Phys. et d'H. nat. T. 1." 67
aSR DE l'influexce des fruits verts
voit qu'ils absorbent (i) au soleil , une portion de gaz
beaucoup plus grande que ne pourroit le faire un même
volume d eau dans un semblable mélange ; ils dégagent
dès-lors l'oxigène de l'acide absorbé , et paroissent ainsi
1 élaborer dans leur intéi'ieur.
Leur tacLilté de décomposer l'acide carbonique, s'aSFoiblit
aux approches de la maturité.
Ils s'approprient dans leur végétation l'oxigène et l'hy-
drogène de l'eau , eu lui faisant perdre l état liquide.
Ces résultats ne s'observent souvent , que dans des
volumes d'air qui excèdent trente ou quarante fois le vo-
lume du fruit , et qu'eu atfoiblissant beaucoup l action
échauffante du soleil ; si l'on néglige ces précautions ,
plusieurs fruits corrompent l'air , même au soleil , en for-
mant de l'acide carbonique avec l'oxigène ambiant ; mais
encore dans cette dernièie circonstance , la seule compa-
raison de leur effet à l'obscurité avec celui qu'ils produisent
sous l'influence successive de la nuit et du soleil, démontre
qu'Us décomposent l'acide carbonique.
Les différences entre les résultats de M. Bérard et les
miens , viennent principalement de ce qu'il a renfermé
les fruits dans un espace qui n'excédoit que six ou hiùt
fois leur volume , et qui étoit trop étroit pour qu'ils ne
souffrissent pas du voisinage ou du contact des parois du
récipient échauffé par le solejl : quelques plantes grasses
résistent à cette épreuve , et mes résultats avec le cactus ,
(i) L'absorption au soleil , dans un mélange d'une partie d'acide carbo-
nique et de vingt parties dair , est égale aux deux tiers environ du volume
de ces fruits.
SUll t,'AIR AVANT LEUR MATUPaTÉ. 287
peuvent avoir engagé ce chimiste à traiter les fruits par
le même procédé ; mais plusieurs d'entr'eux exigent plus
de ménagement , non-seulement que les plantes grasses ,
mais même que les feuilles les plus délicates. Je crois en-
core qu'il auroit dû alimenter les fruits par une petite
quantité d'eau : l'apparence de fraîcheur qu'il leur a trouvée
après l'expérience , pourroit être fondée , s'il s'agissoit de
feuilles qui perdent leur port et leur consistance par le
moindre dessèchement , mais elle a peu de valeur pour
des fruits épais et charnus qui peuvent se détériorer et
perdre de leur poids, sans en donner aucun indice à la
seule inspection.
Si mes remarques ont signalé une légère erreur sur ce
seul point du mémoire de M. Bérard , il est trop riche en
faits nouveaux et bien observés, pour qu'elles en diminuent
la valeur.
FIN DE LA PREMIERE PARTIE DU TOME PREMIER.
P^i aSo, hg. 8 : aM Aégagé, a^'mtez èam de Fea* de sovce.
■ «W — ïfi : ••» dà[açé , mimA i daii 4e Feam de soorce.
aâ*, — 7: 15a, Smz ift^
— 13: ^, &<e îaJL
MÉMOIRES
DE LA
SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE
ET
DHISTOIPŒ NATURELLE
DE
GENÈVE.
TOME V
Seconde Partie.
&EMEVE, DE L IMPRIMERIE DE J.-J. PASCHOUD.
MÉMOIRES
I DE LA \
SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE
ET
D'HISTOIRE NATURELLE
DE
GENÈVE.
TOME V
Seconde Partie.
GENÈVE,
CHEZ J.-J. PASCHOUD, IMPRIMEUR-LIBRAIRE.
PARIS,
MÊME MAISON DE COMMERCE,
RUE DE SEINE , N." 48.
1822.
NOTICE
SUR
LA SOCIÉTÉ DE PHYSK^UÉ ET D'filSTCHRE
NATURELLE.
Par M. le Prof. VAUCHER , "Membre de celle Société.
i-/A Société de Physique et d'Histoire naturelîe
de Genève fut fondée en 1790 par quelques amis
qui desiroient s'entretenir de leurs études favo-
rites, et s'aider réciproquement dans les objets
de leurs recherches. Afin de lui donner plus d'é-
clat , et d'en retirer , en même temps , plus de
fruit, ils pensèrent à y admettre les Hommes dis-
tingués qui, alors, honoroient notre ville, et
dont la réputation ne s'est point affoiblie par le
temps. Ces véritables amis de la science étoient
déjà membres des premières Académies dé l'Jiu-
rope; mais ils n'hésitèrent point à se réunir à
leurs jeunes concitoyens, pour répandre dans
leur commune patrie le goût de l'étude à la-
quelle ils a voient consacré leur vie. Charles
Bonnet, déjà parvenu à un âge avancé, ne
voulut point accepter la place de Président per_
îtjv NOTICE.
pétuel qui hii étoit offerte ; il déclara qu'il s'ho-
noroit du titre de simple associé. Le célèbre De
Saussure montra le même patriotisme et le
même dévoûment; il se fit un devoir d'assister
à toutes les séances de la société , il s'intéressoit
vivement à ses travaux, et il y apportoit réguliè-
rement le fruit de ses observations. Son exemple
fut imité par Senebier, son ami et quelque-
fois son émule. Il en fut de même de Jurine ,
de TiNGRY , et de tous ces Hommes , aussi mo-
destes que sa vans , dont la mort nous a doulou-
reusement séparés.... .; .
Les reunions avoient d abord lieu tous les mois ,
successivement, chez les différens membres.
C etoit , à proprement parler , des assemblées
d'amis qui, après s'être entretenus familière-
ment sur divers objets, entroient en séance pour
entendre le Mémoire de la personne chez la-
quelle ils étoient reçus, et qui étoit toujours le
Président temporaire. On faisoit ensuite, sur
le mémoire qu'on avoit entendu , les remarques
qu'on jugeoit convenables. On passoit enfin
aux observations particulières que communi-
quoient les différens membres, et Ion se sépa-
NOTICE. XV
roit avec le désir de se revoir et le sentiment
iqu'on avoit acquis de nouvelles connoissances
sur des objets intéressans.
'Toutes les fois qu'il arrivoit dans notre ville
des Hommes distingués dans les sciences , la
Société se faisoit un devoir de les inviter pour
jouir de leurs lumières, et pour leur témoigner
le plaisir qu'elle éprouvoit de leur présence ; et ,
comme Genève est une ville de passage, et
qu elle attire , à différens égards , l'attention des
étrangers , ce plaisir n'étoit pas rare. C'est à
notre société que Volta, accompagné de son
ami Brugnatelli , exposa , avant d'arriver à
Paris, toutes ses découvertes sur cette admi-
rable pile qui a depuis enfanté et enfante tous
les jours tant de prodiges. C'est là que nous
avons eu le plaisir d'entendre, plus ou moins
souvent, Dolomieù, Prony, Poisson, Dav y ,
Chladni , Berthollet , Berzelius , Arago ,
BioT, Ampère et la plupart de ces Hommes
illustres qui ont ouvert les différentes routes de la
science, ou qui cultivent encore aujourd'hui,
avec tant d'honneur, le champ défriché par leurs
prédécesseurs.
KVJ NOTICE.
C'étoit aussi dans les archives de la société,
qui avait, son secrétaire et ses régîtres , que
se déposoient les observations de ceux des mem-
bres qui entretenoient des correspondances étran-
gères, ou qui avoient été appelés à faire quel-
ques voyages dans l'intérêt de la science. Cétoit
mie fête pour nous que de revoir un compa-
triote qui partageoit nos goûts d'étude, et dont
nous avions été long-temps séparés. Nous con-
templions, avec un vif intérêt, les honorables
richesses qu'il étaloit à nos regards; nous écou-
tions, dans un profond recueillement, ce qu'il
avoit à nous raconter sur les progrès de la
science à laquelle nous étions voués. Qui de
nous ne se rappelle encore les rapports si lu-
mineux et si logiques du célèbre De Saussure;
ceux de M. Odier sur la vaccine , à la pro-
pagation de laquelle il travailla avec tant
de zèle; ceux de M. Jurine sur ses diverses
courses dans les parties encore mal connues de
nos Alpes?
Toutes les fois qu'une expérience nouvelle
étoit annoncée dans les .journaux ou dans:
notice; xvii
les corirespondances , les difFérens membres de
la société, qui pouvoieut s'y intéresser, se fai-
soient un devoir de la répéter en présence de
leurs confrères. Nous étions ainsi au niveau
des connaissances européennes , et nous prenions
presque toujours part aux recherches qui occu-
poient les Chimistes, les Naturalistes ou les Phy-
siciens du temps. Il n'y avoit dans nos aimables
réunionsauGune rivalité , ni aucun amour propre;
chaque membre en entrant oublioit sa répu-
tation pour s^entretenir familièrement avec des
compatriotes ou des confrères. Les talens nais-
sans étoient encouragés, les Hommes déjà cé-
lèbres étoient écoutés avec une sorte de respect,
et je ne me rappelle pas, dans un intervalle de
trente années , dy avoir vu naître aucune dis-
cussion orageuse, ou d'y avoir entendu quel-
ques-uns de ces mots aigres ou piquans , qui '
rendent souvent désagréables des associations de/
ce genre. / ' ?
Par une singularité assez bizarre, notre ville ,•
qui avoit donné aiaissance à plusieurs Naturà--
listes distingués , qui renfermoit depuis long--
Xviij NOTICE.
tempis de précieux cabinets appartenant à des
particuliers , étoit entièrement dépourvue de
toute collection publique, soit en histoire natu-
relle , soit en instruniens de physique. La so-
ciété crut donc convenable de réparer cette lacune
dans nos établissemens scientifiques, et de créer
un dépôt des productions remarquables que ses
différens membres auroient recueillies, ou qui
lui auroient été adressées pai' ses correspondans.
Elle reçut même quelques collections de bo-
tanique et quelques ouvrages destinés à com-
mencer sa bibliothèque ; mais ces dons furent
rares et peu importans; parce que, d'un côté,
elle manquoit de local, et que, de l'autre, elle
ne renfermoit alors dans son sein aucun na-
turaliste qui pût mettre en ordre les dons qui
lui auroient été offerts. Les circonstances étoieht
d'ailleurs très-défavorables : la révolution fran-
çaise ocGupoit tous les esprits, et les inquié-
tudes qu'elle inspiroit à notre ville, ne nous
permettoient pas de poursuivre, avec quelques
succès, des projets si peu en rapport avec les
idées du jour.
NOTICE. XJX
Nous fûmes plus heureux dans la demande
que nous fîmes, à notre Gouvernement, d'un
jardin de botanique. Dès que la société en
eut pris possession, elle réussit à y construire
une serre et à y rassembler un assez grand
nombre de plantes. Le legs que son respectable
membre, Charles Bonnet, lui fit en mourant,
servit à l'entretien d'un jardinier et à quelques
dépenses indispensables; et l'un des membres
de la société donna, dans ce jardin, quelques
cours qui commencèrent à développer le goût
de la botanique dans nos jeunes compatriotes.
Cependant notre société, toujours plus ou
moins contrariée par les circonstances où se
trouvoit l'Europe , éprouvoit un état de lan-
gueur qui rendoit sa marche chancelante, et
donnoit lieu à de fréquentes interruptions dans
la suite de ses séances. Elle tenta, plus d'une fois,
d'imprimer ses Mémoires, mais elle fut toujours
forcée d'ajourner ce projet à des temps plus
heureux.
Néanmoins, ses différens membres employoient
utilement leurs loisirs ; mais ils envoyoient
XX NOTICE.
les plus importans de leurs travaux à ces collec-
tions scientifiques qui jouissent, depuis long-
temps, d'une réputation méritée. Ils étoient in-
sérés dans le journal de Physique, dans les an-
nales de Chimie, dans les bulletins de la Société
Philomathique , dans les mémoires de l'Ins-
titut de France, dans ceux de la société
Royale de Londres ou enfin dans ceux des
Académies de Berlin, de Turin, etc.
C'est dans ces différentes archives , que l'on
peut voir les résultats de plusieurs recherches
d'Horace Bénedict et de Théodore De Saussurï: ,
de Marc Auguste Pictet, de Guillaume An-
toine Deluc , de Senebîer , Jurine , Odier ^ Tii^-
GRY, etc. Quelques-uns de ces mémoires étoient
réunis en corps d'ouvrages, comme ceux de M.
JuRiKE sur les monocles , sur les diptères et sur les
poissons de notre lac; ceux de M. Vaucher sur
les conferves d'eau douce; ceux de M. HusERfils
sur les fourmis, etc. D'autres enfin, occupent
une place dans cet ouvrage périodique dont les
principaux rédacteurs étoient membres de la
société , et qui , d'abord smis le nom de Bi-
NOTICE. XXJ
bliothèque Britannique, et ensuite sous celui
de Bibliothèque Universelle , a servi à répandre
un grand nombre de découvertes ou d'inventions
utiles.
Enfin, des circonstances plus heureuses per-
mirent à notre Société de prendre son essor et
de remplir pleinement le but de son institution;
elle s'est accrue depuis quelques années d'un
grand nombre de nouveaux membres, physiciens
ou naturalistes, qui, formés par de bonnes études,
par leurs voyages ou par leur séjour dans des
Universités étrangères, sont , de plus , animés d'un
vif désir d'avancer la science qu'ils cultivent.
C'est leur coopération qui nous a engagés à re-
venir à notre ancien projet, et à faire enfin pa-
roitre une collection de nos propres mémoires.
Plusieurs de ceux qui sont publiés dans ce pre-
mier volume, ont été tirés de l'oubli auquel la
modestie de leurs auteurs les avoit condamnés;
on jugera , toutefois , qu'ils n'étoient pas tout-à-
fait indignes de voir le jour, et qu'ils éclaircis-
sent des parties encore obscures de l'Histoire
Naturelle, ou même qu'ils ouvrent de nou-
Xxij NOTICE.
vellcs routes dans ces régions sans bornes. Si l'é-
mulation, qui règne maintenant au milieu de
nous, continue à se maintenir, ou même, si elle
va en augmentant, ce qui est fort probable, nous
ne tarderons pas à faire paroître de nouveaux
volumes, qui ne seront ni inférieurs au premier,
ni inutiles à l'avancement de la science. En même
temps, nos jeunes Physiciens et Naturalistes dé-
veloppent leur activité sur un grand nombre
d'objets destinés à faciliter leurs travaux futurs
et les progrès ultérieurs de l'Histoire Naturelle
dans notre patrie.
Ainsi , depuis quelques années, notre ville
s'est enrichie d'un jardin botanique, qui compte
déjà environ 5,ooo espèces de plantes; d'un
Musée Académique quirenferme des collections
relatives aux trois règnes de la nature; d'une
société de lecture qui nous donne le moyen de
connoître tous les principaux journaux scienti-
fiques et littéraires qui se publient. Nous avons
le bonheur de voir notre Gouvernement pro-
téger ces utiles institutions, et les jeunes gens se
dévouer avec zèle aux divers soins qu'exige leur
exacte surveillance.
NOTICE, xxiij
Quoique la plupart des mémoires qui com-
posent ce recueil , se rapportent à la Botanique
en général, ou à des recherches particulières
d'Histoire Naturelle et de Physique; cepen-
dant, le premier but de notre société avoit été la
connoissance approfondie des productions que
fournissoit notre sol. Dans cette intention, on
avoit même divisé le territoire de notre ville
en douze secteurs de 3o.°, qui s'étendoient ap-
proximativement à une distance de douze à
quinze lieues, et dont chacun étoit confié aux
recherches d'un des membres delà Société. Mais
ce plan qui avoit quelque chose de séduisant,
au premier coup-d'œil, présentoit, dans la réa-
lité, des inconvéniens de tout genre, qui ont
dû le faire modifier. Toutefois, en abandon-
nant une exécution impossible , on ne s'est point
éloigné de l'esprit qui l'avoit dictée. Les divers
districts de l'heureuse terre que nous habitons ,
ont été explorés sous différens point de vue. D'a-
bord, M. De Saussure, et ensuite, M M.Deluc,
JuBiNE ET PicTET out étudié uos Alpcs SOUS les
rapports géologiques. M. De Saussure s'est
KXJV NOTICE.
encore occupé, avec beaucoup de soin, de la
géologie et de la lithologie des environs de Ge-
nève; M. JiRTNE a rassemblé tous les insectes
de nos collines et de nos Alpes, et a décrit,
peu de temps avant sa mort, les espèces et les
mœurs des difierens poissons qui habitent
notre lac. Le même savant et M. Louis Nec-
KER ont fait des collections de nos oiseaux indi-
gènes. M. Guillaume Antoine Deluc et M. son
fils ont rassemblé les nombreuses pétrifications
de nos montagnes; et nos habiles botanistes ont
exploité le terroir de notre Canton.
Des collections , à peu près complètes , de ces
différens objets existent depuis long-temps chez
divers particuliers et ornent déjà, ou orneront
bientôt, les salles de notre Musée.
Les phénomènes météorologiques et physiques,
propres à notre climat, ont été étudiés; non
seulement, on peut trouver dans les ouvrages
de M. Bénedict De Saussure, particulièrement
dans le récit de son ascension au Mont-Blanc
et de son séjour au Col du Géant , une foule
de faits curieux, accompagnés d'explications
NOTICE. XXV
satifaisantes; mais, d'abord, M. Deluc, et, en-
suite, MM. De Saussure et Pictet, ont porté, à
peu près, à son dernier degré de perfection,
soit la théorie, soit la pratique usuelle du ba-
romètre et des trois autres instrumens qu'em-
ploie chaque jour la Météorologie. Le phéno-
mène singulier des sèches a encore occupé
M. JuRiNE dans les dernières années de sa vie ;
ceux de la réfraction parallèle et du mirage
si commun sur notre lac ont aussi eu leurs
observateurs. Il en a été de même de la tem-
pérature de ses eaux et de la forme bizarre de
son bassin. Ensorte que je crois pouvoir affir-
mer avec raison que, proportion gardée, il n'y
a aucune ville dont les environs , à une assez
grande distance, soient mieux connus que ceux
de Genève , sous les divers rapports de la Géo-
logie, de l'Entomologie, de 1 Ornithologie, de
la Lithologie, de la Minéralogie, et en gé-
néral, de tout ce qui se rapporte à l'Histoire
Naturelle.
Il reste cependant beaucoup à faire ; car
la nature est inépuisable, soit dans les détails ,
XXVi NOTICE.
soit dans les considérations plus générales. Par
exemple , les différentes couches qui composent
notre sol ne me paroissent pas suffisamment
connues; le sol végétal lui-même n'a pas été
assez étudié , sous le double rapport des prin-
cipes constituans et de leur emploi dans la vé-
gétation ; les phénomènes de Météorologie
concernant principalement les brouillards ,
les vents généraux , les vents locaux n'ont pas
encore été bien classés. Il reste à compléter
l'histoire des coquillages terrestres ou fluviatiles,
celle de quelques mollusques ou testacées,
propres à notre lac ou à nos rivières; à ras-
sembler, peut-être dans un seul ou au moins dans
plusieurs corps d'ouvrage, la description mé-
lodique des diverses productions de notre sol.
C'est ce que M. De Candolle vient de tenter
pour la Botanique de notre bassin; et, son plan,
s'il reçoit son exécution , nous fera pleinement
connoître tous les végétaux qui y croissent.
Nous avons une position qui excite les jeunes
gens à l'étude de la nature; le climat que nous
habitons est tempéré, et notre sol peut être par-
NOTICE. XXvij
couru avec une égale facilité dans les froids de
l'hiver et les chaleurs de l'été; au lieu de s'é-
tendre en plaines immenses et monotones, il est
diversifié de mille manières; sur le premier plan,
sont nos collines et nos vallons; ensuite, les deux
belles chaines opposées du Salève et du Jura;
puis, des montagnes élevées qui forment, pour
ainsi dire , l'avant scène de la perspective ; en-
fin, ces magnifiques Alpes couronnées par cet
immense Mont-Blanc que l'œil ne se lasse jamais
de contempler. Les courses dans ces divers lieux
sont des parties de plaisir qui sont toujours va-
riées et toujours délicieuses ; on y respire un air
frais et parfumé; on s'y sent toujours plus gai et
plus agile ; on y est entouré d'une nature toute
nouvelle et toute brillante ; on y admire mille
tableaux enchanteurs, mille productions, mille
phénomènes qu'on n'aperçoit jamais dans la
plaine. Tout y élève et ennoblit les pensées , tout
y porte avec passion à l'étude des merveilles de
la nature; aussi, ces beaux lieux sont-ils sans
cesse visités par des étrangers de toutes les nations
qui ne se lassent point de les contempler , et qui
XXviij NOTICE.
en rapportent toujours des souvenirs précieux.
On n'en revient jamais sans avoir acquis quelque
idée nouvelle , et sans avoir mieux senti tout le
charme attaché à la contemplation etàTétude de
la nature. Ce sont les lieux où les Hallfr, les De-
Luc , les De Saussure et tant d'autres préludèrent
aux belles découvertes qui les ont ensuite immor-
talisés; ce sont encore ceux où nos concitoyens
et notre jeunesse puisent sans cesse cet attache-
ment à leur patrie, et ce goût des beautés de la
nature qui, dans l'état actuel de la société, for-
ment une partie si considérable de nos vraies
jouissances.
Voilà le tableau fidèle de letat de la so-
ciété d'Histoire Naturelle au milieu de nous,
soit par rapport à ses travaux passés, soit, sur-
tout, par rapport à ses projets pour l'avenir. Je
n'ai pas dû, en le rédigeant, parler de ses membres
actuels ni des heureuses espérances qu'ils nous
permettent de concevoir ; ce sont leurs ouvrages
qui. établissent leur réputation, et c'est au temps
seul qu'il appartient de les juger. Mais je ne
peux pas terminer cette courte notice , sans rap-
NOTICE. XXJK
peler ici les noms des membres de la société que
la mort nous a déjà enlevés, et sans faire men-
tion des principaux titres qu'ils ont à Testime de
l'Europe savante.
Le premier est Charles Boi^net, surnommé
le Philosophe (chrétien , également distingué
comme Naturaliste et comme Métaphysicien.
Ses noinbreux ouvrages, ont été recueillis en lo
vol. in-4."; et il suffît de les parcourir , pour se
faire une idée de l'élévation d'esprit et de la force
d'imagination qui distinguoient leur auteur.
On publiera peut-être un jour sa correspon-
dance avec le Grand Haller, son illustre ami ,
qui est déposée, depuis long-temps, dans notre
Bibliothèque publique.
Le second est son élève et son parent, Ho-
race Bénedict De Saussure, dont les ou-
vrages seront toujours consultés et admirés par
ceux qui s'adonneront aux mêmes études. Je ne
peux rien ajouter à sa réputation; je me conten-
terai de rappeler ici qu'il fut aussi grand citoyen
que grand Naturaliste; qu'il favorisa dans sa
patrie, par ses nombreux niojens, tous les éta-
KXX NOTICE.
blissemens utiles, et qu'il avança considérable-
ment les progrès des arts et des sciences. Il avoit
été formé par Bonnet à cette logique sévère et à
ce respect scrupuleux pour la vérité, qui carac-
térisent tous ses ouvrages.
Jean Senebier est connu par la part qu'il
prit aux premièi-es découvertes des gaz , avec
Priestley et Ingenhouse, et par la découverte de
la décomposition de l'acide carbonique dans les
végétaux, au moyen de la lumière solaire. II
consacra une partie de sa vie à des recherches sur
le perfectionnement des procédés propres aux
arts cultivés dans sa patrie. Il étoit , en même
temps, un Bibliothécaire distingué et un savant
Antiquaire. Il a enrichi le journal de Physique
de plusieurs mémoires, et il a publié de plus
une Physiologie végétale, une Histoire littéraire
de Genève, etc. Sa complaisance, sa modestie
et son dévoûment étoient sans bornes.
Guillaume Antoine Deluc , frère et d'abord
collaborateur du célèbreDELuc, fut très-versé dans
la Géologie de son temps et dans la connoissance
des pétrifications dont il possédoitunbeau cabinet.
NOTICE. XXXJ
II publia à la fin de sa vie plusieurs mémoires
intéressans , qui ont été insérés dans le journal
de Physique ou dans la Bibliothèque britan-
nique.
ToLioT, amateur fort modeste et peu connu
du public. Il devoit à lui seul les connoissances
qu'il avoit acquises sur diverses parties de l'His-
toire Naturelle et , en particulier , sur la Géo-
logie et la Lithologie.
Henri Albert Gosse, Botaniste instruit et versé
dans plusieurs branches de l'Histoire Naturelle,
fut le principal fondateur des sociétés d'Histoire
Naturelle Genevoise et Helvétique ; il a obtenu
quelques couronnes académiques, et s'est beau-
coup occupé des feutrages et des fourneaux des
doreuses. . -
Louis Odier, Médecin distingué et ami zélé
de tout ce qui pouvoit contribuer au bien de l'hu-
manité et à l'avantage de sa patrie. Il fit le pre-
mier connoître sur le Continent et introduisit
dans sa patrie la découverte de Jenner que M.
PicTET avoit rapportée d'Angleterre, et il eut
l'honneur de donner à la Vaccine le nom qu'elle
XXxi] KO TIGE.
porte. Il est l'auteur de quelques mémoires et de
plusieurs extraits insérés dans la Bibliothèque
britannique et dans l'ancien journal de Genève.
On lui doit aussi un bon Manuel de médecine
pratique.
Louis JiRiNE, chirurgien du premier mérite
et connu dans presque toute l'Europe. Il étoit ha-
bile dans le plus grand nombre des parties de
l'Histoire naturelle qu'il a enrichie d'une foule
d'observations. Il possédoit de plus un magnifique
cabinet de minéralogie, de géologie et d'entomo-
logie. On lui doit unenouvelle classification et une
nomenclature des diptères, une histoire complète
des monocles, une histoire des poissons de notre
lac, et des mémoires séparés sur l'histoire natu-
relle, la chirurgie, la médecine et l'anatomie
comparée. Ilavoit obtenu un grand nombre de
médailles étrangères et il avoit été honoré du
prix que l'Institut de France avoit décerné au
meilleur mémoire sur le Croup. Sa mort qui a
eu lieu en 1819a été une perte publique.
TiisrGRY, élève de Rouelle et bon (^>himiste
pour le temps où ilprofegsoit; il introduisit à Ge^
NOTICE. xxxiij
nève , qui étoit devenue sa patrie adoptive , le
goût de cette belle science qu il cultiva jusqu'à sa
mort. Il est auteur d'un ouvrage sur les diffé-
rentes espèces de vernis, d'un autre sur la théorie
des émaux, et d'un mémoire sur le principe vo-
latil des crucifères qui fut couronné par l'Acadé-
mie de Dijon. Il a légué la belle campagne qu'il
possédoit au Professeur qui seroit désigné par
notre Académie pour enseigner la Chimie ap-
pliquée aux arts, et il a donné ainsi à notre ville
un bel exemple de ces nobles fondations qui
tournent au profit de la science et dont futilité
ne sauroit être mise en doute.
Tels sont les Hommes illustres ou excellens
dont la mort nous a séparés. Leur perte a été un
deuil pour notre Société ; mais leurs travaux
leur survivent, et leur souvenir est loin de s'é-
teindre au milieu de nous. Puisse la Providence
donner à notre patrie des hommes qui leur
ressemblent.
F
MEMOIRES
DE
LA SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE
NATURELLE DE GENÈVE.
(Seconde Partie du Tome I.")
MEMOIRE
«Sw7' la sèçe d'Août et sur les divers inodes de dé-
veloppement des arbres.
Par M. le Prof. VAUCHER , Membre de celle Sociélé.
JLje phénomène de la sève d'Août est un des sujets de
la physiologie végétale qui ont été le moins examinés, et
sur lequel par conséquent les idées des botanistes sont
loin d'être fixées. Les uns, comme notre illustre De Saus-
sure, d'après le témoignage de Senebier (i), croient que
c'est un mouvement propre qui ne dépend ni du froid ,
ni de l'humidité , ni de la sécheresse. Les autres, comme
Duhamel, penclient plutôt pour l'opinion que l'action
de la sève dAoùt est déterminée par ces mêmes
(i) Physiologie végétale. ^ ol. 4 > P- m-
Mém. de la Soc. de Phys. etdH. nal. T. l" , 2.' Part. x
agO SUR LA SEVE D AOUT ET SUR LES DIVERS
agens extérieurs auxquels les premiers refusent toute
ùifluence.
Pour décider cette importante question, j'ai suivi avec
soin diftérens végétaux pendant tout le cours de leur
développement annuel, et j'ai répété bien des fois les
observations dont je vais rendre compte. Quand je
les aurai exactement rapportées, j'en Urerai ensuite les
di\erses conséquences physiologi(jaes qu'elles présentent.
E est d abord certain qu'on n'apeiçoit aucune varia-
tion dans les mouvemens de la sève des plantes annuelles
et de celles qui périssent chaque année jusqu'à la racine.
Les unes et les autres croissent indéfiniment jusqu'à ce
que leurs tiges soient couronnées de fleurs, lorsque les
fleurs sont terminales, ou jusqu'à ce que la sève se soit
arrêtée, lorsque les fleurs sont latérales. Leur dévelop-
pement dépend donc entièrement des circonstances at-
mosphériques , qui peuvent le suspendre, le retarder
ou le hâter. 11 embrasse un espace plus ou moins long,
selon la nature de la plante, qui est souvent surprise
par le fi'oid avant d'avoir pu entièrement l'accomplir.
Dans celles de ces plantes même dont le développe-
ment n'a éprouvé aucun obstacle, on peut voir que les
tJges qui ne sont pas terminées par des fleurs, sont
comme avortées à leur sommet ; c'est-à-dire qu'il s'y trouve
un grand nombre de feuilles qui vont en diminuant
de grandeur, et qui seroient sans doute parvenues à
leur accroissement, dans des circonstances plus favo-
rables : la nature les avoit pourvues à l'avance d'organes
qai sont restés incomplets, parce qu'elles uont pas été
appelées à eu faire usage,
1
MODES DE DEVELOPPEMENT DES ARBRES. 29I
Il est encore une autre classe de plantes qu'il faut
exclure des observations relatives à la sève d'Août. Ce
sont toutes celles qui sentortillent ou se soutiennent
par des appuis. Ces sortes de végétaux prennent des ac-
ci-oissemens très-considérables, et paroissent se dévelop-
per indéfiniment : ceux dentre eux qui sont annuels sont
détruits par l'hiver; mais, chez les autres, la végétation
n'est que ralentie ou suspendue. Dans les contrées équa-
toriales, ils parviennent au sommet des arbres les plus
élevés, doù ils redescendent même, poussés, pour ainsi
dire, par la force de leur développement. Ces espèces de
végétaux n'appartiennent donc pas à ceux que nous devons
considérer ici, au moins par les tiges qui les terminent.
Car il m'a paru qu'indépendamment de ces pousses su-
périeures, ils en émettoient dautres qui n étoient ni en-
tortillées, ni appuyées, et qui ressembloient alors, comme
nous le verrons plus tard, à celles des arbres que nous
allons examiner (i).
Enfin ie phénomène de la sève d'Août ne peut pas
avoir lieu pour les plantes grasses qui n'ont point de
bourgeons; elles se développent continuellement à la ma-
nière des cornouillers et de ceux de nos arbres dont
les feuilles sont nues; et quoiqu'elles aient extérieurement
de très-grandes ressemblances, elles difïerent beaucoup pour
l'organisation extérieure, puisque les unes, comme nos
(i) Les végétaux dont je veux parler ici sont les cotées , les bignones,
les péniploques , les regutlisses , les lierres , les clématites, les vignes, les
cisses , et en général luus ceux des pays chauds , soit qu'ils constituent des
genres , soh. qu'ils foiment des espèces dan» dts genres dont, les aulics tsj.ècc5
ne sont pas grimpantes.
2g2 SUR LA SÈVE d'aOÙT ET SUR LES DIVERS
orpins, nos joubarbes et nos saxifrages, supportent les
froids les plus intenses, tandis que les autres en sont sur-
le-champ affectées.
On peut encore séparer de la recherche qui nous oc-
cupe les conifères , qui ne sont presque jamais un objet
de culture et qui diffèrent à tant d'égards des autres végé-
taux. Ceux de ces arbres qui portent des feuilles fasci-
culées n'ont point de bourgeons axillaires ; les autres
n'eu sont pas absolument dépourvus, il est vrai, mais au
lieu d'en émettre à la base de toutes leurs feuilles , ils
n'en portent qu'un très-petit nombre, disposés sans ordre
le long de la tige. Ces Jjourgeons même , dans leur état
naturel , ne donnent point naissance à des rameaux, mais
seulement à des fascicules de feuilles, qui sont des ra-
meaux avortés, placés sur les tiges de l'année précédente
et très-visibles, par exemple, dans les mélèzes, les cyprès,
les ifs, etc. Les véritables bourgeons terminent la tige;
le plus grand est celui du centre, les autres, au nombre
detrois, quati'e, ou cinq, sont latéraux, et forment en se dé-
veloppant , ces espèces de rameaux verticillés qui distin-
guent les tiges des conifères. Lors donc qu'on taille un arbre
de ce genre , l'on dérange toute cette symétrie , et l'on
substitue à ces pousses régulières des pousses latérales,
disposées sans aucun ordre , et irrégulièrement dévelop-
pées. Je nai jamais vu de seconde pousse danâ les
arbres de ce genre; leurs bourgeons s'épanouissent au
printemps, et s'étendent jusqu'à ce qu'on voie paroître
ceux de l'année suivante bien enveloppés de leurs écailles
et bien enduits de résine. La seule exception que m'ait
MODES DE DÉVELOPTEMENT DES ARBKËS, SgS
offert jusqu'à présent cette règle est celle du mélèze et
surtout du pin d Alep (i), qui non seulement développe ses
secondes pousses , mais qui présente, même en automne,
les troisièmes débarrassées de leurs écailles; sa végétation
continue ainsi toute Tannée.
11 est enfin une dernière classe de végétaux , dans
lesquels je n'ai encore rien vu qui ressemblât à des se-
condes pousses : ce sont les bruyères, les genévriers, les
thuyas, les cyprès , et en général tous ces arbres à feuilles
coriaces, persistantes, courtes et le plus souvent distiques.
Ils se développent sans cesse depuis le printemps jusqu'en
automne, et il nest pas facile de se taire une idée nette
de ce (ju'on doit entendre par leurs bourgeons.
Par l'apport aux arbrisseaux soit indigènes soit exotiques,
ils sont aussi variés dans leur développement que les arbres
dont nous allons parler; je crois même qu'en les exa-
minant de près on trouvera qu'ils présentent entre eux
plus de différences que les arljres proprement dits. Ils
peuvent être comparés à cet égard aux insectes, ou même
aux animalcules microscopiques, dont les organes sont -
plus variés que ceux des animaux plus grands. Voyez
par exemple les daphnés, les chèvrefeuilles, etc.
Certains arbres sont entièrement dépourvus de bour-
geons, , tels sont les cornouillers, les viornes, les oliviers,
les hydrangées et , jusqu'à un certain point, les noyers. Ils
croissent indéfiniment, et ne s'arrêtent dans leur végéta-
(i) C'est au Jardin Botanique dé Tienève que je l'ai suivi et qu'on peut
Je voii- encoie.
ag^ SUR liA SÈVE d'août et sur les divers
tion que lorsque le froid les surprend, ou que leur tige
se termine par la fleur. Ils se déiendent de la gelée par
leur parenchyme qui est rare et desséché, et aussi par les
poils qui recouvrent leurs feuilles avant qu'elles soient
déplacées, comme on peut le voir dans les cornouillers.
il y a quelque chose de plus dans les noyers d'Amérique ;
leurs bourgeons sont formés de feuilles qui se développent
au printemps, et dont les extérieures ne paroissent avor-
tées que dans l'espèce commune (i). Ces arbres doivent
être beaucoup plus nombreux dans les pays chauds, si
du moins il en existe beaucoup dont l'organisation ait
des rapports avec ceux qui composent nos vergers et
nos forêts.
Je place au second rang les arbres qui sont, à la vé-
rité, dépourvus de bourgeons comme les premiers, mais dont
chaque feuille porte avec elle une ou plusieurs stipules.
Ces arbres se développent aussi continuellement, tant que
la saison le permet; mais dans l'hiver les stipules, qui
étoient près de s'ouvrir, remplissent alors les fonctions
des écailles et protègent les feuilles non encore écloses.
J'ai reconnu jusqu'à présent cette disposition dans les
aunes, les tulipiers, les magnoliers, les figuiers, l'oseille
arborescente, etc., c'est-à-dire dans des arbres de climats
très-diiférents. Dans les aunes, les stipules sont résineuses
et par conséquent bien défendues contre le froid,- dans le
tulipier, elles sont desséchées, et je crois aussi un peu ré-
sineuses; dans les magnoliers, les figuiers et l'oseille, elles
sont plus délicates, et moins préservatrices. 11 seroit très-
(i) Car cela n'a pas lieu dans les espèces étrangères, surtout dans le
fraxinifolia et quelques autres.
MODES DE DÉVELOPPEMENT DES ABBHES. 296
intéressant pour la physiologie végétale de reconnoître
si les arbres des pays chauds ont un grand nomin'e de
végétaux constitués de cette manière.
Les arbres que j examine ensuite sont pourvus de
germes ou de bourgeons proprement dits formés dé-
cailles bien distinctes des feuilles.- Ces bourgeons pa-
roissent aux extrémités des brandies dès la fin de Juin;
q.i'ns soient formés de rudiments de feuilles, ou qu'ils
aient une origine différente, ce qui semble assez probable
dans certains cas, comme, par exemple, dans le chêne; il
n'en est pas moins vrai que ces bourgeons paroissent
préorganisés d'avance, en sorte que lors même que l'arbre
qui les porte est placé dans des circonstances oili il peut
presque se développer continuellement , il n en donne pas
moins à la fin du printemps des bourgeons nouveaux,
très-bien formés, et qui se développent souvent dans le
cours de la même année. Ces arbres à bourgeon ter-
minal peuvent se diviser en deux sections : celle à feuilles
opposées et celle à feuilles alternes. Dans la première,
on voit paroître au sommet de la tige trois bourgeons ,
le central ou terminal, qui est de beaucoup le plus con-
sidérable, et les deux latéraux qui étoient originairement
placés à l'aiselle des feuilles opposées; quelquefois ces
deux bourgeons latéraux se développent très-peu, et on
n'aperçoit que le terminal; quelquefois, au contraire, on
en remarque trois bien distincts. Dans la seconde section,
qui renferme les arbres à feuilles alternes, il n'y a guères
qu'un bourgeon terminal au-dessus duquel on voit sou-
vent celui qui appartenoit à l'aisselle de la dernière feuille.
2q6 sur la sève d'août et sur les divers
Cependant , il arrive aussi, comme dans les cerisiers,
dans lescbeneset dans qi:elques arbres de nos jardins, que
les feuilles s'accumulent au sommet delà tige, qui pré-
sente alors un assemblage de bourgeons: mais l'on dis-
tingue toujours le terminal à sa grosseur, et l'on voit à
ses cotés, ou les feuilles qui ont donné naissance aux
autres , oa du moins les traces des ruptures quont
laissées leurs pétioles en se séparant de la tige.
Dans les arbres à feuilles opposées qui conservent leur
bourgeon terminal, on place les maronniers, les pavias,
les érables, les fusains, les frênes, les chèvrefeuilles; et
dans ceux à feuilles alternes, on compte les clavaliers ,
houx, apalanches, pistachiers, pêchers, amandiers, ce-
risiers , pommiers , poiriers , alisiers , néfliers , sorbiers ,
peupliers, chênes, hêtres, argans, pythospermes, argou-
siers , gingos , azaliers , etc.
Dans ces deux formes oii le bourgeon d'automne est
prédisposé et existe déjà dans celui du printemps, le
nombre des feuilles qui s étendent d'un bouton à lautre
doit être le même dans tous les arbres de la même espèce;
mais ces feuilles seront plus ou moins rappiochées, selon la
force plus ou moins grande de la végétation. Le contraire
doit avoir lieu dans les arbres dépourvus de bourgeons,
et dont le développement est, pour ainsi dire, indéfini-
Enfin, il nous reste à parler d'une classe nombreuse de
végétaux arborescens , qui paroissent dépourvus de bour-
geon terminal, ou chez, lesquels du moins ce bourgeon
ne subsiste pas en hiver. Ces végétaux croissent et s'é-
tendent tant que les circonstances atmosphériques les fa-
MODES DE DÉVELOPPEMENT DBS ARBRES. 297
vorisent, et lorsque la température cesse d'être convenable
à leur développement, la sommité des tiges se dessèche
et se rompt; non pas, il est vrai, par une fracture préparée
à l'avance , comme celle des pétiole» , mais cependant d'une
manière assez régulière ; elle est d'abord très-manifeste ,
mais elle s'efface peu à peu et finit enfin par disparoître
entièrement. Ce phénomène n'est point un accident,
puisqu'on le retrouve, comme on va le voir, dans un
grand nombre de genres, dont toutes les espèces le pré-
sentent sans exception, et que la manière dont la tige
s'effile, indique suffisamment qu'elle n'étoit pas desti-
née à préparer un bouton terminal. La seule exception
que j'aie vue jusqu'à présent est celle que m'ont offerte
les lilas de Chine et de Perse , qui portent un bourgeon
terminal, tandis que les espèces congénères en sont
dépourvues.
Ces végétaux appartiennent également aux deux fa-
milles des arbres à feuilles alternes et des arbres à feuilles
opposées. Les premiers n'ont qu'un bourgeon à leur som-
met, et, comme il est facile de le comprendre, il étoit celui
que portoit la dernière feuille à son aisselle. Les autres
en ont constamment deux , et on les reconnoît facilement
à la dichotomie de leurs tiges.
Les arbres à feuilles alternes , dont les tiges se rompent
à leur extrémité , sont jusqu'à présent :
Les charmes, tilleuls, noisetiers, abricotiers, nerpruns,
cytises, guainiers, saules, diospires, bouleaux, châtaigniers,
mûriers, micocouliers, ormeaux, orangers, coignassiers ,
rosiers, papiriers-
Mém. ile la Soc.de Phys. et d'H. nàl. T. 1.", 2.' Part. a
agS SUR tiA SÈVE d'août et sur les divers
Ceux à feuilles opposées sont ;
Les lilas, staphyliers , sureaux, grenadiers , philadelphes ,
periploques, coriaires, cisses.
Un doit encore ranger dans les arbres à rupture ceux
dont les bourgeons , au lieu d'être placés à laisselle des
feuilles, sont au contraire logés dans l'intérieur et à la
base des pétioles, qui sont alors fort élargis. Ces arbres en
assez gand nombre sont :
Les féviers, les ptélées, les robiniers, les amorphes,
les platanes, les sumacs dans une de leurs trois divisions,
les sophoras, les ailanthes, les chicots, etc.
Ces arbres , dont la tige se rompt constamment à l'ex-
trémité , présentent naturellement un phénomène qui no
peut pas se rencontrer dans les autres. C'est que leurs
pousses annuelles ne sont pas subdivisées, car les ra-
meaux ont besoin, pour se faire jour, que les feuilles soient
tombées, et par conséquent ils ne paroissent que l'année
suivante. Ce fait est facile à vérifier dans les féviers , les
platanes et les robiniers. Cependant, lorsqu'on les taille au
moment de la sève, on voit quelquefois le rameau qui
se fait jour en perçant la base du pétiole; c'est ce que
j'ai remarqué, du moins dans quelques robiniers, le so-
phora du Japon, etc. Mais jusqu'à présent je n'ai rien
observé de semblable dans les platanes et les féviers.
Ces divisions relatives aux diflférens modes de gem-
mations ou de vernations des arbres, s'accordent très-bien
avec les genres des botanistes , mais non pas avec les
familles; caries poiriers et les pommiers par exemple, sont
séparés des coignassiers ;j les pruniers, des cerisiers; les
MODES DE DÉVELOPPEMENT DES ARBRES. 299
bouleaux, des aunes : il y a même dans certains genres
des espèces aberrantes; mais je soupçonne que ces es-
pèces ne sont pas toujours congénères , et j'en suis sûr
dans certains cas.
Voici jusqu'à présent l'énumération de ces espèces
aberrantes :
L'érable à feuilles de frêne, bourgeons cachés et rupture.
Le nerprun alaterne, trois bourgeons au sommet.
Le nerprun bourdainier , sans bourgeons comme le
cornouiller.
Les sumacs vénéneux et radicant, comme le nerprun
bourdainier.
Le sumac fustet, bourgeon terminal.
Le sumac de Virginie, bourgeons cachés et rupture
comme l'ailanthe.
Le bouleau nain, bourgeon terminal.
Le charagane chamlagu, rupture. Les autres espèces ont
un bourgeon terminal.
Les lilas de Chine et celui de Perse ont un bourgeon
terminal. Le commun a une rupture.
Les pruniers nain et couché n'ont point de rupture.
La viorne obier a une rupture et deux bourgeons.
Les autres espèces s'étendent à l'indéfini.
Le calicanthe précoce a ses bourgeons latéraux vi-
sibles; dans les autres espèces, ils sont cachés par le
pétiole.
Le même arbre a constamment la même forme, c'est-
à-dire, que les chênes, par exemple , ont toujours leur
bourgeon terminal, et les saules leur rupture. Jtisqu^
5oO SUR LA SÈVE d'aoÙT ET SUR LES DIVERS
présent je n'ai aperçu aucune exception à cette loi que celle
du lilas commun, dont quelques branches m'ont paru,
au jardin botanique de Genève , conserver leur bourgeon
terminal, tandis que toutes celles que j'ai vues ailleurs
présentent des ruptures. Cependant , comme les autres es-
pèces de ce genre ont leur bourgeon terminal, je serais
plus porté à placer l'exception dans les lilas communs ,
et à considérer la rupture comme une irrégularité , ou
une aberration.
D ne faut pas confondre la rupture du bourgeon avec
celle de la tige florale, comme je l'ai fait d'abord dans
les pavias. Cet arbre , qui a un beau bourgeon terminal
et deux latéraux , me paroissoit quelquefois terminé par
deux bourgeons entre lesquels se montroit une belle
rupture déjà cicatrisée, mais je vérifiai ensuite que cette
rupture étoit celle d'un pédoncule terminal dont tous les
marons avoient av^orté. Cette cause d'iUusion peut se pré-
senter toutes les fois que l'arbre a les feuilles opposées,
et les fleurs terminales ; et je l'ai vue sur le cornouil-
ler sanguin qui a les feuilles opposées et qui est privé
de bourgeon. Ses grappes florales étoient tombées, et
laissoient entre deux branches latérales une apparence
de rupture.
J'ai reconnu qu'il y avoit un grand rapport entre ces
formes de développement et le phénomène des épines.
Tous les arbres véritablement épineux, c'est-à-dire, dont
les rameaux se terminent en pointe aiguë, et non pas ceux
dont les épines sortent du tronc , ou ne sont pas évidem-
mevit une continua tioij des branches, comme les féviers ,
MODES DE DÉVELOl'PEMliNT DTÎ.S AnSitE.S. ■ ;">01
les orangers, etc., ont un bourgeon ternninal, et non pas
une rupture. On peut en voir des exemples dans les
néfliers , aliziers , poiriers , hipp(>phaé , sideroxylon , pom-
miers, etc. Et cela n'est pas étonnant et se comprend de soi-
même; car quand il y a rupture, il ne peut pas y avoir
des épines terminales. Cependant, le prunier épineux pré-
sente jusqu'à présent une exception : ses tiges princi-
pales ont une rupture, quoique ses tiges latérales sf
terminent en épines. Lorsquon cultive dans un bon
terrain un arbre épineux, on devra souvent, d'après ce
que nous venons de dire, changer ses épines en bour-
geons .; car ses épines ne sont que des bourgeons
avortés.
Si l'on conçoit bien ces distinctions , il sera facile de se
foniier des idées justes de ce que c'est que la sève d'Août ,
et des plantes sur lesquelles elle peut exercer quelque
influence; l'on comprendra d'abord qu'elle ne doit pas
être aperçue sur les plantes annuelles dont le dévelop-
pement continue sans cesse, ni sur celles qui, quoique
douées d'une plus longue vie, périssent cependant chaque
année jusqu'à leurs racines, ni sur les végétaux grimpans
dont les tiges supérieures s'étendent sans cesse, ni enfin
sur les conifères, le pin dAlep excepté.
11 y a encore d'autres arbres qui ne peuvent point pré-
senter de sève d'Août : ce sont ceux dont les feuilles sont
dépourvues de stipules et de boutons écailleux, et ceux
dont chaque feuille est enveloppée de ses stipules. Les
cornouillers fournissent, comme je l'ai dit, des exemples du
premier ca§ , et les tulipiers, ainsi que les aunes, appar-
302 SUR LA SÈVE d'aoUT ET SUR LES DIVERS
tiennent au second. Cependant, comme les fleurs des cor-
nouillers sont placées au sommet des tiges, toutes les
fois que ces arbres fleurissent en automne, ils offient
une apparence de seconde pousse. Il en est de même
des figuiers qui donnent deux fois du fruit ; mais
il n'y a rien de semblable dans les aunes et dans
les tulipiers.
Les autres arbres sont susceptibles de donner une se-
conde pousse; elle aura lieu toutes les fois que leur
bourgeon terminal ou latéral, après la rupture de la tige,
se développera de la même manière que s'étoit épa-
noui quelques mois plus-tôt celui du printemps, avec cette
différence toutefois , que les écailles du dernier , ayant été
exposées plus long-temps aux intempéries de l'hiver,
seront plus endurcies, plus colorées et plus résineuses.
Or, c'est effectivement ce qui a lieu quelquefois dans
nos climats. Lorsqu'un arbre vigoureux est placé dans
une bonne terre, qu'il est jeune, et qu'il est secondé parles
circonstances atmosphériques, on voit alors sur ses prin-
cipales branches s'épanouir quelques-uns des bourgeons de
l'année, surtout ceux qui terminoient les pousses. L'on
reconnoît que cela a lieu toutes les fois que l'on voit
les feuilles supérieures des tiges colorées d'un vert plus
gai que le reste de l'arbre. Cela indique en effet un dé-
veloppement qui n'est point contemporain des autres ,
et l'on peut facilement reconnoître le point de la tige
d'où est parti. le second bourgeon; on y remarque une
écorce ridée, et couverte de cicatrices serrées, qui sont
les points d'insertion d'autant d'écaillés.
MOUB*- DE DÉVELOPPEMENT DES ARBRES. OOO
Cette circonstance se présente rarement dans la na-
ture laissée à elle-mênme ; à peine trouveroit-on dans des
forêts entières un ou deux arbres pourvus de ces nou-
velles pousses. Dans nos vergers il me semble également
qu'on n'aperçoit guères ce second développement sur les
pommiers , les poiriers , ou même les cerisiers , qui , comme
on le sait, ne végètent guères après avoir donné leurs
fruits. 11 est plus commun dans les pruniers et les abri-
cotiers; mais on le voit souvent dans les noyers, surtout
lorsquils sont jeunes et yigoureux.
Ce n'est donc point un phénomène général que celui
de la sève d'Août; non-seulement il n'appartient, comme
on le voit, qu'à certains arbres, mais encore ces arbres
ne le présentent qu'en certaines circonstances. 11 faut,
pour qu'il ait lieu naturellement, que l'arbre ait une
pousse forte et soit placé dans un terrain riche, surtout
dans nos clinaats. Il faut qu'après une sécheresse un peu
longue qui a arrêté le mouvement de la sève, il sur-
vienne des pluies chaudes et abondantes; alors l'arbre
est, pour ainsi dire, ranimé, et il s'épanouit comme s'il
Jouissoit d'un second printemps; mais si la tempéra-
ture étoit telle qu'il n'y eut point de pluie abondante
après les chaleurs de l'été, il ny auroit point de se-
conde sève.
Les choses se passent autrement dans ceux de nos
arbres que nous émondons, ou que nous ététons pour
faire du bois; alors les nouvaux jets ont une telle abon-
^iance de sève, que non-seulement ils donnent une seconde
pousse terminale, mais que souvent les rameaux axil-
3o4 SUR liA SÈVE d'août ET SUR LES DIVERS
laii'es s épanouissent eux-mêmes. On peut en voir faci-
lement des exemples dans les érables de nos vignes ,
dans nos charmes , nos peupliers , nos hêtres , et sur-
tout dans nos chênes et nos saules que l'on taille si
fréquemment.
Un peut , du reste, faire à volonté l'expérience , en re-
tranchant l'extrémité d'une branche au moment où elle
végète fortement; incontinent, les bourgeons axillaires
se développent, et si Ton retranche encore l'extrémité de
ces rameaux axillaires, ils ne tarderont pas eux-mêmes
à développer des bourgeons placés dans leurs jeunes
branches : on hâtera ainsi la végétation d'un arbre, et
l'on en développera les bourgeons un an , deux ans , trois
ans et jusqu'à quatre ans plus tôt que la végétation laissée à
elle-même ne les auroit présentés. Les écailles de ces bour-
geons seront vertes et mal formées , mais enfin elles
existeront. ''
n arrive quelquefois qu'en émondant les arbres à rup-
ture, on porte aux extrémités une plus grande quan-
tité de sève , et qu'on suspend pour un temps, si' l'on
n'arrête pas, pour toujours, cette même rupture. Le jet
de la tige se termine alors par une espèce de bourgeon
formé de feuilles avortées et accumulées en grand nombre,
et les bourgeons des aisselles inférieures donnent alors
des rameaux. On peut voir des exemples de ces ano-
malies dans les charmes de nos bois, ou les charmilles
de nos jardins.
Ces considérations nous permettent de modifier , à
certains égards, le système adopté généralement p^r les
MODBS DE DÉVELOPPEMENT DES ABBRES. 5o5
botanistes sur la nature des écailles des bourgeons. Ils
les considèrent comme des feuilles avortées, et on ne peut
nier qu'ils n'aient généralement raison, et que ces écailles
ne portent souvent , comme dans le noyer , les traces
de ces mêmes feuilles: mais je pense qu'il faut d abord
en excepter les écaiUes des arbres résineux , et celles de
quelques autres arbres, comme le chêne, qui n'ont aucun
rapport avec leurs feuilles et que jamais personne n'a pu
voir vertes ou parenchymateuses. Ensuite il ne faut pas
considérer cet avortement comme une circonstance ac-
cidentelle, et qui n'auroit pas lieu si l'arbre étoit placé
dans un climat différent. C'est au contraire une pré-
disposition organique et inhérente au végétal qui étoit
destiné à avoir des feuilles bien formées , et des écailles ,
rudimens de feuilles. Car nous avons reconnu que si
par leffet de quelques causes particulières le végétal
donne deux ou même plusieurs jets dans la même année;
ces jets sont tous pourvus de leurs bourgeons écaiUeux,
et qu'il en est de même des pousses latérales, lorsque
les bourgeons axillaires se développent. Ainsi nous con-
sidérerons les avortemens, comme emportant avec eux
lidée d ordre, et non de désordre; ils répondent, en effet,
à la définition qu'on a coutume de donner des ouvrages
du Créateur, c'est-à-dire, qu'ils fournissent l'exemple de
la simplicité dans les moyens et de la magnificence dans
l'exécution. 11 y a bien plus d'intelligence et de sagesse
à produire un organe différent avec une légère modifi-
cation de l'organe primitif, qail n'y en auroit à le former
d'une manière plus compliquée. Cette réflexion s'apphque
Mém. de la Soc. de Phys. et d'H. nat. T. 1.", 2.' Part. 3
5o6 SUR LA SÈVE d'aoÛT ET SUR LES DIVERS
aux autres avortemens, comme, par exemple, aux sé-
pales des calices, aux vrilles, etc.
Les pousses du mois d'Août sont quelquefois des feuilles,
et quelquefois des fleurs. Ce sont des fleurs, par exemple,
dans les diverses espèces de cornouillers , de viornes,
et, en général, dans les arbres qui n'ont ni bourgeons,
ni stipules. Ce sont, au contraire, des feuilles dans le
chêne , les ormeaux , les charmilles , les bouleaux , les
pommiers, les pruniers, etc. Apparemment que dans ces
dernièi-es espèces, le développement des boutons à fleurs
est plus difficile que celui des boutons à bois. Mais il
y a dans cette matière un assez grand nombre de points
qui me paroissent encore obscurs, et qui par consé-
quent ont besoin d'être éclaircis : Chaque espèce a-t-elle
sa disposition particulière de boutons à fleurs et de bou-
tons à feuilles, comme, par exemple, le daphné bois
gentil , les rosages, azalées, etc.? Ou bien, y a-t-il,
comme cela est beaucoup plus probable , des divisions
générales ? Les branches à fruits sont-elles souvent dif-
férentes de celles à feuilles, comme cela a lieu dans le
poirier, et dans plusieurs espèces de liane, dont les tiges
grimpantes et stériles se développent à linfini, tandis
que celles qui fructifient n'ont qu'un accroissement
très-borné? C'est ce qu'il importe, je crois, beaucoup
d'examiner.
Voilà , les diverses apparences de la sève d'Août dans
nos climats; elle n'appartient, comme on le voit, qu'à
un petit nombre de végétaux, elle ne se montre point
exclusivement au mois d'Août, et quand elle a lieu,
MODES DE DÉVELOPPEMENT DES ARBRES. 5o'J
soit naturellement, soit cirtificiellement, elle peut déve-
lopper successivement plusieurs pousses. Dans les tro-
piques, où il n'existe, peut-être, point d'arbres à bourgeons
proprement dits, le développement doit être indéfini; la
sécheresse le retarde ou l'arrête ; les pluies chaudes au
contraire l'accélèrent fortement. Dans le midi de la
France , de l'Italie , etc. , les arbres se dépouillent plus
promptement que dans nos climats, et l'on n'aperçoit
pas de secende pousse dans le petit nombre de nos
arbres fruitiers qu'on y cultive, à moins qu'il ne sur-
vienne des pluies abondantes dans les mois d'été , ce qui
est fort rare. On doit en dire autant pour une autre
raison des pays septentrionaux ; la chaleur n'y est pas
assez grande pour mettre deux fois l'année la sève en
mouvement. Je me rappelle , cependant , qu'à la suite
d'un été très-chaud, qui fut suivi d'une automne belle
et prolongée, je rencontrai sur le mont Cenis, presque
tous les rosages ferrugineux chargés de fleurs nouvelle-
ment écloses. Je sais aussi , que dans nos montagnes
les fraises donnent deux fois des fruits, parce que les
chaleurs de l'été qui les détruisent dans la plaine, sont
remplacées dans ces lieux élevés par une température
plus douce et, surtout, plus humide. Mais ces circons-
tances ne peuvent guères se rencontrer dans les climats
du nord, où la chaleur est moindre, et où les nuits
sont plus froides.
Les différentes observations que présente ce mémoire
fourniront, je crois, un nouveau champ à la physiolo-
gie botanique, et de nouveaux caractères à la descrip-
3o8 SUR LA SÈVE d'aOUT ET SUR LBS DIVERS
tion scientifique des vc'gétaax. On y remarquera le mode
de leur végétation terminale, le nombre de leurs pousses
annuelles , la manière dont leurs boui-geons sont placés
par rapport aux pétioles qui les cachent ou les laissent
à découvert. On observera en portant ses regards plus
loin, si les fleurs sortent de la tige ancienne ou de la
tige nouvelle ; si la plante a des branches à feuilles, dif-
férentes de celles qui donnent des fleurs ; si les feuilles
sont articulées, c'est-à-dire séparables ; si les pédoncules
ont des points d'attache, ou s'ils tombent après s'être
desséchés : et de toutes ces considérations , et d autres
semblables, on conclura que la nature a diversifié les
végétaux beaucoup plus qu'on ne le croiroit au premier
coup-d'œil, etquil n'y en a peut-être aucun qui, com-
paré seulement avec ses congénères , ne fournisse des
différences très-dignes d'attention.
MEMOIRE
Sur plusieurs cristallisations noui^elles de Stron-
tiane sulfatée.
Par !MM. MORICAND et SORET.
(Lu à la Société de Phys. etd'Hist. Nat. de Genève f te 5 ^vril 1831.)
-L/e genre de travail qui consiste à décrire toutes les
cristallisations connues dun minéral, n'est pas en lui-
même dune grande importance. Quelques formes suf-
fisent ordinairement pour caractériser la nature de la
molécule primitive et pour en obtenir la détermination
exacte,- le reste est un luxe dans la science. Cependant,
il est un autre point de vue sous lequel cette étude ac-
quiert de l'intérêt; non seulement elle nous conduit à la
confirmation des lois établies par le célèbre Gristallographe
Français, mais elle dirige encore notre attention sur les
rapports qui existent entre la structure de chaque cristal
et .son gisement. Ces rapports ont été déjà signalés par
plus d'un minéralogiste.
On a reconnu l'influence des terrains et des gangues
sur la nature de la cristallisation , et Ion a senti quil
seroit utile au géologue comme au minéralogiste , d'établir
quelques lois généx'ales , fondées sur ces remarquables
5lO SUR PLUSIEURS CRISTALLISATIONS NOUVELLES
résultats. On est loin, il est vrai, d'avoir obtenu quelque
chose de satisfaisant à cet égard; les faits sont en trop
petit nombre , mais il est facile de les multiplier.
L'étude comparative des modifications d'une substance
quelconque, prise dans différentes localités; la détermi-
nation des formes que cette substance affecte; la des-
cription des terrains qui constituent ses divers gisemens
peuvent donc , si on les considère sous le rapport que
nous venons d'indiquer, jeter quelqu'intérêt sur une no-
menclature aride au premier coup-dœil.
Quelques ciixonstances favorables ayant mis entre
nos mains plusieurs échantillons de Strontiane sulfatée
provenant de différens pays , nous hésitons d'autant moins
à faire connoître les faits nouveaux qui se sont offerts
à nos recherches , que la liste des modifications connues
de ce minéral est très-peu considérable.
La Sicile est en première ligne, c'est de là, que pro-
viennent, comme on le sait, le plus grand nombre de
formes et les plus belles cristallisations. L'un de nous
ayant récemment exploré cette contrée, en a rapporté
de nouvelles richesses que nous nous empressons de
faixe connoître h nos lecteurs. La Strontiane de Conilla
et celle de Bex, dans le Canton de Vaud, quoique assez
semblables par leur apparence extérieure et leur gi-
sement à celle de Sicile , présentent cependant des
modifications particulières que nous décrirons à part. Enfin
nous destinerons un dernier article pour la variété qui
se trouve aux environs d'Arau, et qui est quelquefois
cristallisée.
DE STROKTIANE SULFATÉE. 3ll
Comme nous ne prétendons point ici donner un tableau
général des formes de la Strontiane sulfatée, l'ordre des
localités nous paroît le meilleur à suivre; d'autant plus,
qu'il sera facile au lecteur de rétablir celui des cris-
tallisations.
Les faces nouvelles étant en petit nombre, il est inu-
tile d'en donner le tableau non plus que celui de leurs
incidences : on aura soin de les indiquer dans le cours
du mémoire; et quant aux faces déjà décrites, on pourra
recourir aisément au grand traité de M. Haiiy, ainsi
qu'à quelques mémoires particuliers de ce célèbre
cristallographe.
Dans chaque article, nous passerons des formes les plus
simples aux plus composées.
Strontiane sulfatée de Sicile.
s I
I. Strontiane sulfatée trapézienne p ,
Variété analogue à celle qui porte le même nom dans
l'espèce Baryte sulfatée ; Traité pi. xxxv fig. 112,
Observée et déterminée pour la première fois par le
célèbre L. J urine. 11 en ex.iste une fort bt;lle druse dans
la collection de son fils.
Parmi les échantillons nouvellement rapportés de Si-
cile, plusieurs présentent une modification de la yariété
épui/iléc, qui la rend analogue à celle que nous décrivons •_
les cristaux sont raccourcis et comprimés dans le sens des
faces P, et les faces. M sont linéaix'es; il est rare de les
3l2 SUR PLUSIEURS CRISTALLISATIONS NOUVELLES
voir disparoîti'e complètement pour former la cristalli-
sation que nous venons de décnre.
Collections J urine et Moricand.
I 2 2
o , 7. • 7 MEAB
2. a. s. quatuorsexdecimale 1.1 / ^
Variété dodécaèdre , plus les faces z situées vers le som-
met, au bas des arêtes de jonction des faces M et d.
Voyez, Traité PI. xxxvi fig. 126., dont on retranchera
les faces P.
Collection Moricand.
o ç 7- .7. . MÈaB'H*
à. Î5. s. bisumbinaire i^» »
m. o d z s
Cette forme correspond à celle qui , dans l'espèce Baryte
sulfatée , porte le même nom.
C'est la variété précédente plus la face s à chaque
sommet.
Coll. Jurine, Moricand, Soret.
/ « • /• /• •/ • PMÈB'H' ^^ ,^
4. o. s. mixU-bi&unilaire p m » ^ \PS- 4 )
La face s est fortement striée parallèlement à ses arêtes
de jonction avec M.
Ce cristal, (lorsque son axe est horizontal) a l'ap-
parence d un prisme droit rectangulaire, terminé par deux
pvramides tétraèdres cunéiformes, avec de légères tronca-
tures z, vers le bas de leurs arêtes.
Coll. Moricand.
DE STRONTIANE SULFATÉE. 3l3
. o ' 7 / PMÈÂ'H'
5. a. s. équivalente p ^ ,
Variété analogue à la Baryte sulfatée qui porte le
même nom. Traité fig. 1 1 6.
Coll. Moricand, Soret, Jurine.
« o , , pmÈae^^e .<. X
6. S. s. umbmcure p^yj ^ ^ ^ {fîg- 1-)
Cristallisation remarquable par la présence de la face
X entre o et M; cette face a été décrite par M. Haùy ,
dans la Stront. suif de Meudon. 11 est curieux de la voir
se produire dans des gisemens qui n'ont point de rap-
ports géologiques entr'eux.
M. le Comte De Bournon avoit déjà remarqué cette
face sur quelques échantillons de Gatolica qui se trouvent
dans la collection du Roi.
Incidence de x sur M il^l^" 1^2.'.
Coll. Moricand, Soret.
„ ç , . , ., MPÉaB'H'
7. î>. s. isomeriae t.* ., ,
' MF 0 a z s
Variété hisunibinaire plus les faces P au prisme. Son
analogue existe dans la Baryte sulfatée.
Coll. Jurine, Moricand, Soret.
« C „ 7- ■ • , PMÈABA , n os
8. s. s. disjointe p j^| ^ ^^ ^ ^ {fig- 8 )
h face nouvelle, située entre d et P.
Incidence de P sur h 168° 28'.
Mém. de la Soc. de Phys. et d'H. nat. T. I.", a.' Pari. 4
3l4 SUR PLUSIEURS CRISTALLISATIONS NOUVELLES
C est la variété entourée plus les faces h à chaque som-
met. C>rdii)aii-enient elles se présentent sous la forme de
filets très- déliés. Un ou deux échantillons se sont prêtés
aux mesures gonyomètriques.
Collection Moricand.
9. s. s. sexquadrivigesimale jy^ p ^ ^ ^ ^
Variété unibibinciire , fig. 6. plus les faces z au
sommet.
Coll. Moricand, Soret,
1 2 2
10. S.s.octoduovigésimale pM o ^^'T'^' '?' ^f'' 9>
i-, face nouvelle, produite sur l'arête G du prisme,
entre les deux faces o,
^, face nouvelle, produite sur la même arête, entre k
et M,
Incidence de h sur M i27''4i'; de k sur t i5i°3';
de l sur M i56°43'.
Collection Moricand.
Cristaux grouppés.
i. Strontiane sulfatée prismatique :
Prisme droit à base rhomboïdale , formé par la réunion
d'un grand nombre de petits cristaux appartenans à la
variété dodécaèdre. Leurs sommets funt saillie sur les
bases du prisme composé et les rendent raboteuses. Ces
groupes ont jusqu'à un pouce de diamètre et forment de
magnifiques druses.
Collection Moricand.
DE STRONTIANE SULFATEE. 3l5
2. Stront. sulfat. péri-hexagonale.
Prisme droit à base hexagonale; il est formé, de même
que le pi'écédent , par un groupement de petits cristaux ;
ceux-ci appartiennent à la variété èpoinlée. C'est la pris-
matique dont les arêtes qui correspondent aux angles
aigus du prisme se trouvent remplacées par les faces P.
N.° ~ du Musée de Genève, donné par M. Moricand,
Collection Moricand,
annotations.
Le gisement de la Strontiane sulfatée de Sicile est assez
connu, pour qu'il soit inutile d'entrer, à ce sujet, dans
de nombreux détails. On sait que les plus belles cristal-
lisations proviennent des soufrières de San-Cataldo, Ca-
tolica et Ibiza. 0\\ sait encore, que le soufre se trouve
disséminé en rognons ou en petites couches dans une
marne bleuâtre, et que cette marne accompagne le
gypse qui constitue la foi'mation de ces différentes
collines.
Les mines d'Arragona qui sont précisément dans les
mêmes circonstances géologiques que les précédentes,
présentent au lieu de Strontiane, des petits cristaux de
Baryte sulfatée Irapézienne, répandus en grande abon-
dance sur leur gangue. La nature tle ces cristaux est
facile à reconnoître par lodeur de leur émail.
A San-Gataldo, les cavités un peu étendues contien-
nent dénormes Stalactites de chaux, dont la couleur
a beaucoup de rapport avec celle du soufre. Lors-
qu'on casse ces Stalactites, on trouve souvent vers leur
3l6 SUR PLUSIEURS CRISTALLrSATIONS KÔUVELLKS
centre du soufre natif; celui-ci est recouvert d'une couche
plus ou moins épaisse de Calcaire jaune qui alterne avec
du Soufre amorphe, et dont la surface extérieure présente
des cristallisations analogues à la variété métastatique.
La Strontiane sulfatée s'implante sur la chaux, et il n'est
pas rare enfin de la voir elle même recouverte par le
Soufre, qui alors, est régulièrement cristallisé. Cette sue-*
cession de substances qui paroissent avoir été formées
tantôt par sublimation tantôt par concrétion, est assez,
remarquable; il ne paroît pas qu'on l'ait déjà signalée.
Strontiane sulfatée de Bex,
1. Stront. suif, unibinaire ,
0 a
Cristaux isolés d'un gris bleuâtre, opaques ou trans-
lucides, disséminés dans une argile grise, et quelquefois
implantés confusément les uns sur les autres. Quelques-
uns passent à la variété trapézienne par un très-petit
filet P,
Cette variété , qu'on peut comparer à un octaèdre cu-
néiforme, a son analogue dans la Baryte sulfatée. 11 en
existe de beaux grouppes daiïs le Musée du Canton de
Vaud à Lausanne,
Musée de Lausanne , Collection Soret.
1 2
2. Stront. sidf. duohis unitaire , (fiff-^)
dos ^■^ °
Prisme droit rhomboïdal . terminé par une base hexa»
DE STRONTIANE SULFATÉE. 5lJ
gonale très-large, avec deux facettes obliques sur les
petits côtés correspondans aux angles aigus du prisme.
Ces cristaux sont implantés verticalement sur une
gangue calcaire parmi d'autres cristaux très-gros de
Chaux carbonatée binaire; les intervalles sont remplis
par du soufre natif amorphe.
Collection Soret.
PË A
3. Str. suif uniqualernaire p , {fîg- i )
Variété de forme analogue à la trapézienne, mais en
prismes beaucoup plus comprimés; la face / est nouvelle,
et tient la place de cl,
Incidence de P sur l i57°48'; de l sur l 44''^4''
Coll. de Lausanne, Laine, Soret.
4 8
4. St. suif, hyperoxide p ,
Variété analogue à la précédente. Remplacez dans la
figure de \ uniqualernaire les faces 0 par les faces q qui
sont beaucoup plus inclinées sur P.
Incidence de P sur q i7i"4 ^o".
Incidence de q sur q i7''5i'.
Musée de Lausanne, Coll. Soret.
I 2
5. St. suif, qualuordècimale t.» .
\ ArKlé duobisunitaire, plus les faces M au sommet,
elles sont iuclinées sur les angles obtus du prisme; même
gangue que cette dernière.
Collection J urine.
3l8 SUR PLUSIEURS CRISTALLISATIONS NOUVELLES
1 2 4
6. Stront. suif, équidisjointe p i /
Variété uniquaternaire , plus les faces d sur les arêtes
de jonction des faces /.
En cristaux blanchâtres très-comprimés.
Musée de Lausanne.
4 8 4
P F F A
7. Str. suif, octo-uniquaternaire p , {fig- 3 )
En cristaux blanchâtres très-comprimés ; même gangue
que les précédens, avec lesquels ils sont entremêlés,
12 8 4
8. Str. S. hordéel^^^^^^^ (fig. 6)
Variété trapézlenne très-comprimée", dont toutes les
arêtes des bases sont i-emplacées par les faces / et q;
même gangue que les précédentes.
Coll. Laine, Soret. Musée de Lausanne.
12 4
2.^ir.s.soussextuple\^^^^ (fig. S)
Son Altesse ROy aie le Prince de Danemarck possède,
dans Sa précieuse collection , un morceau de Strontiane
sulfatée, sans contredit le plus remarquable de tous ceux
qui sont sortis des salines de Bex. Nous avons obtenu des
bontés du Prince, la flatteuse permission d'insérer dans
notre Mémoire la description de cette belle druse ; et nous
éprouvons d'autant plus de plaisir à remplir cette honorable
tâche, que l'cchantillon dont il s'agit, présente une cristal-
lisation nouvelle dont nous ne possédions qu un fragment
DE STRONTIÂNE SULFATEE Sig
trop mal caractérisé pour pouvoir être décrit. La plupart des
cristaux qui forment cette druse, appartiennent à des va-
riétés déjà connues, telles que la Strontiane sulfatée époin-
tée, dodécaèdre^ Irupézitnne , etc. Cependant, quelques-
uns oifrent une fate surnuméraire l, que nous avons déjà
fait connoître plus liaut, et qui détermine ici une forme
nouvelle.
Nous avons nommé ce cristal soj^ssex/w/j/e, daprès la
méthode de M. Haiiy, et pour rappeler une variété de
Baryte sulfatée qui lui est tout à fait analogue.
On remarque sur plusieurs des cristaux qui recouvrent
cette belle druse, un accident peu rare dans la iiaryte suif-
d'Auvergne, mais qui nous paroît nouveau pour la Stron-
tiane. Les sommets semblent avoir été formés après coup;
la substance qui les compose est blanche tandis que
dans le prisme elle est d'un beau bleu de ciel. La sé-
paration des couleurs est bien tranchée ; elle est déter-
minée par un plan parallèle à l'une des faces M du prisme
primitif. Nous devons encore signaler ici un autre acci-
dent que présentent ces pyramides, (qu'on poarroit ap-
peler de formation secondaire) c'est (ju elles sont toutes
composées de deux sommets qui se pénètrent réciproque-
ment, tandis que les prismes sont simples aiiisi que les
pyramides des cristaux formés tout d'une pièce.
Coll. de S. A. R. le Prince de Danemarck.
PMÈÂii
lo. Î5tr. s. progressive •, •.,, , ,
Analogue à la Baryte sulfatée qui porte le même
nom.
320 SUR PLUSIEURS CBISTALLISATIONS NOUVELLES
P, o, dans le prisme; M, c/, s, /, au sommet ; voyez la fi-
gure de la variété disjointe dans laquelle on remplacera
h par l.
Collection Soret.
Crist. Indéterminable&.
I. Str. suif, laniino-bacillaire.
En baguettes très-applaties. Ce sont les cristallisations
imparfaites ries variétés 6, 7, 8, etc. On ne peut mieux
lea comparer qu'à des lames d'épées. Elle a pour
gangue la même roche que les variétés p/écédentes. M.
de Charpentier l'a découverte sur de la Strontiane suif-
blanche fibro-laminaire. C'est cet échantillon qui a été
pour ce savant iVaturaliste le premier indice de la pré-
sence de la Strontiane dan s la galerie des Vauds.
Collection Soret.
annotations.
Les variétés décrites dans le précédent article ont toutes
été trouvées à Bex dans le Canton de Vaud , mais elles
proviennent de deux localités différentes. Les Numéros
2 et 5 sont connus depuis quelques années ; ils ont
été observés par l'un de nous svu- des échantillons
sortis du commerce, ensorte qu'on ignore leur gisement
précis; on croit qu'ils ont été trouvés dans un puits actuelle-
ment fermé. A peu près à la même époque , Monsieur de
Charpentier avoit reconnu la présence delà Strontiane sul-
fatée dans la Galerie dite des Vauds, et plus tard ce savant
naturaliste à découvert dans la même galerie un filon
DE STRONTIANE SCLFATÉE 321
d'oïl l'on a tiré les belles druses qui décorent la Collec-
tion de Lausanne et quelques autres cabinets.
Monsieur de Charpentier en nous faisant part de sa dé-
couverte a bien voulu nous communiquer quelques détails
qu'il nous a permis de transcrire ici.
«La Strontiane sulfatée, dit-U, se rencontre dans le cal-
caire de transition qui recouvre la couche supérieure de
Gypse, dans la Galerie des Vauds ; elle se trouve à une très-
petite distance de ce Gypse, ou pour mieux dire de la chaux
anhydro-sulfatée (à 5 ou 4 pieds). Tantôt on la trouve en
cristaux isolés, tantôt sur une gangue de chaux carbonatée
manganésitere. Un rencontre entin des cavités remplies
d'argile qui renferment des cristaux de cette substance
parfaitement isolés et dune forme très-nette. »
Nous ajouterons à cet exposé rapide des observations de
M. de Charpentier, que la Strontiane est accompagnée de
petits cristaux de^ chaux carbonatée niétastatique ana-
logues à ceux de Sicile, et que la chaux carb. mangané-
sifère est remarquable par le contournement de ses cris-
taux et par la belle couleur rose qui la caractérise. Quant
à la Strontiane sulfatée, outre les formes que nous avons
décrites, on y retrouve la plupart de celles qui sont déjà
connues ; ainsi les variétés dodécaèdre , épointée et en-
tourée , s'observent fréquemment sur les druses. Les échan-
tillons de Bex sont plus agréables à Tceil que ceux des
autres pays, par le contraste de leurs couleurs ; le beau
bleu de ce minéral joint à son éclat et à sa transparence ; la
couleur jaune citron du soufre et le rose de la chaux carb.
manganésifère; se détachent fort heureusement sur le fond
Mém. de la Soc. de Phys. et d'H. nat. T. 1.", a.' Part. 5
322 SUR PLUSIEURS CRISTALLISATIONS NOUVELLES
noir de la gangue. Les cristaux sont ordinairement petits ,
quelques-uns cependant, parmi les prismatiques, atteignent
un pouce de longueur; ceux qui sont comprimés sont
quelquefois plus grands encore.
Les cristaux empâtés dans l'argile ne sont pas transpa-
reiis; quelques-uns sont tout au plus translucides; leur
couleur est le bleu de ciel cendré ou le gris , leurs formes
sont très-simples et leurs angles très-bien prononcés; en
général ces cristaux sont complets ; plusieurs affectent la
forme que nous avons appelée Irapézienne , mais ils sont
prismatiques, tandis que ceux de Sicile sont comprimés.
Les autres appartiennent aux variétés épointée de
M. Haiiy, et unibinaire de notre mémoire.
Les numéros 3, 4i 6, 7, 8, sont comprimés et de cou-
leur blanche, leur transparence est quelquefois parfaite,
en sorte qu'il est facile d'étudier sur eux, sans les dénaturer,
les phénomènes de double réfraction et de polarisation. On
X)bserve sur quelques druses, que les cristaux sont entassés
les uns sur les autres de façon à donner à la masse un aspect
laminaire; lorsqu'ils sont raccourcis, il ressemblent à de
petites tables carrées excessivement minces.
Les cristaux de soufre qui accompagnent la Strontiane
sont très-nets, mais en général assez petits. Ce sont les
premiers que l'on ait observés dans les produits des excava-
tions de Bex, où d'ailleurs le soufre natif amorphe est
fort abondant.
Ces découvertes intéressantes pour la minéralogie, et le
zèle infatiguable du savant auquel le Gouvernement du
Canton de Vaad a confié l'exploitation et la direction des
PE STRONTIANE SULFATÉE. SsS
salines , nous font espérer de nouvelles et nombreuses ri-
chesses pour la science.
Nous ne terminerons pas cet article sans adresser de vifs-
remerciemens à MM. Chavannes et Lardy, directeurs du
Musée Cantonnai de Lausanne. Nous devons à l'extrême
complaisance de ces deux Savans Naturalistes , d'avoir pu
étudier avec soin toutes les variétés de formes qui se
trouvent dans la collection confiée à leurs soins ; par ce
moyen nous avons confirmé, sur des échantillons très-beaux
et très-bien caractérisés, des mesures que nous avions
prises sur des cristaux moins volumineux. Notre désii'
étant de faire connoître autant que possible les richesses
minéralogiques de la Suisse, nous n'avons pas hésité à dé-
crire les variétés de Strontiane sulfatée qui se trouvent
hors de nos collections, et nous avons obtenu à cet égard
un grand nombre de renseignemens de MM. Laine , Lardy
et de Charpentier. L'un de nous a vu sa collection enrichie
de plusieurs variétés nouvelles, dues à leur généreuse com-
plaisance.
On trouvera dans le Musée Académique de Genève,
sous les Numéros ff, j| des échantillons provenans d'un
échange fait avec la collection du Canton de Vaud. Ces
échantillons présentent des variétés de formes déjà conniies
dans la Strontiane sulfatée ; telles que la dodécaèdre , l'é-
pointée et l'entourée. Le Numéro jf provenant de la même
localité, est placé dans le buffet des combustibles, à cause
des cristaux de soufre natif assez bien prononcés qui ac-
compagnent la Strontiane,
324 SUR PLUSIEURS CRISTALLISATIONS NOUVELLES
Strontiane sulfatée de Conilla.
1
4 2 2
1. Stront. suif, mixti- unibinaire ,
o a z
Prisme à quatre pans, sommet à 6 faces, d au prisme.
Coll. J urine.
2. Str. sulfatée, épointèe
' o X s
Variété apotome tronquée à chaque sommet par une
face rhomboïdale s. Les cristaux sont implantés sur la
gangue de manière à ne pouvoir pas être mesurés.
On ne doit donc considérer cette détermination que
comme approximative. Nous n'avons décrit cette variété
que pour fixer l'attention des cristallographes sur les rap-
ports de formes qui peuvent être observés entre des cris-
taux pris dans les gisemens les plus différens.
Collection du Musée , Numéro | ; doiuié par M.' Boissier.
jinnotalions.
La Strontiane sulfatée de Conilla en Espagne est rare
dans les Collections. Elle a beaucoup d'analogie par sa
couleuret sa gangue avec celle delà galerie des Vauds à
Bex. Les petits cristaux de Chaux Carbonatée qui l'ac-
compagnent , appartiennent pour la plupart à la variété
métasiatique ou à quelqu'autre analogue; la roche qui
sert de gangue semble appartenir au calcaire noir de tran-
sition : enfin on y retrouve le soufre natif très-nettement
cristallisé.
DE STRONTIANE SULFATÉE. SaÔ
LaStrontiane sulfatée, dodécaèdre, épointée et entou--
rée accompagne les variétés que nous avons décrites.
Strontiane sulfatée d'Arau.
c -7 pmeÊba
i. o. s. sexvigesimaLe p ].,j i
Cristal très-comprimé, blanc, transparent. Il se trouve
dans les fissures d'une argile noke endurcie. P, /, au Prisme
M , o , ^ , «, au sommet.
Coll. J urine.
jinnotations.
Il est rare de trouver des cristaux bien prononcés dans
les fissures de la roche argileuse qui sert de gangue à cette
variété de Strontiane; tous sont plus ou moins comprimés
et se rapportent à des modifications déjà connues ; celle
que nous avons décrite est remarquable en ce qu elle re-
produit les faces nouvelles que l'on observe sur la Stron-
tiane sulfatée de Bex. On auroit pu s'attendre à trouver
quelqu'autre genre de décroissement, vu la différence des
localités et surtout des gisemens.
Telles sont les principales cristallisations qui se sont of-
fertes à nos recherches, nous ne doutons pas qu'il n'en
existe encore beaucoup d autres inédites; provenant, soit
des localités qui nous ont occupé soit de celles que nous
avons négligées. 11 nous a paru entr'autres , que la Stron-
tiane sulfatée de Montecchio Maggiore , dans le Vicenlin,
ofFroit des formes nouvelles : la petitesse des cristaux et
326 SUR PLUSIEURS CRIf.TAL,LISATIONS NOUVELLES
leur, position sur la gangue, ne nous a pas permis de prendre
(les mesures exactes (i). Nous avons négligé aussi de faire
mention de quelques autres formes nouvelles dans les
variétés de Sicile et de Bex, parce que leurs faces presque
linéaires ne pouvoient être calculées qu'approximativement.
Ce n'est pas ici la place de donner de grands détails sur
les propriétés optiques de cette substance; peut-être en
parlerons-nous ailleurs; nous nous contenterons do dire
que la transparence des cristaux comprimés de Bex nous
a permis d'étudier les phénomènes de la polarisation sans
dénaturer la substance. Nous y avons constaté la pré-
sence des deux axes de double réfraction. Ces axes ont une
position symétrique avec les faces de la forme primitive,
et les sections principales sont parallèles aux diagonales
des bases , comme dans la Baryte sulfatée.
11 existe une différence dans le clivage des variétés com-
primées et prismatiques, qu'il est bon de consigner ici. Les
premières (de Bex) sont fréquemment sillonnées par des
stries parallèles aux faces M du prisme, et se clivent avec
la plus grande facilité dans le sens de ces faces. Les autres
(celle de Sicile surtout) se clivent dans le sens des bases
avec plus de facilité encore; le moindre frottement , le
(i) Ces cristaux sont comprimés dans le genre de celui d'Arau, que nous
avons décrit plus haut. Leur sommet est dièdre, on n y n apperçoit dis- -
tinctement que les faces M; au prisme , on retrouve les faces P et d , dont
les arêtes de jonction sont remplacées par une facette dont Fincidencc
sur P paroît beaucoup se rapprocher de celle que nous avons donnée pour
2 sur P. Si c'est réellement cette face , on a nne nouvelle cristallisation qui
peut prendre le nom de duo^uaternaire>
DE STRONTIANE SULFATÉE. 327
plus léger choc suffisent , pour déterminer des fissures pa-
rallèles aux faces P , ou même pour séparer complètement
les deux moitiés du prisme. Il nous a été impossible , pour
cette raison, de parvenir à polir des lames selon des plans
perpendiculaires aux bases , et de les soumettre à des ob-
servations optiques dans cette direction.
lI.iePt.H.iiat, 2^^p.Y. I.p.^SS
Fiig 1
s:^/.
^u/. S-
ij'^^Tvn^ux/ne^ d^e/y^^/^t^^
MONOGRAPHIE DES PRELES.
Histoire générale et physiologique du genre.
Par M. le Professeur VAUCHER.
{Mémoire lu à la Société d'Histoire naluielleet de Physique, «n Février i8i8.)
JLjes Prêles dont j'entreprends la monographie, consti-'
tuent en Botanique un genre tellement distinct qu'il suffit
d'en connoître une espèce pour distinguer avec facilité
toutes les autres.
Elles sont désignées en latin par le nom d'Equisetum
(^crin de cheval), qui exprime assez bien l'apparence des
espèces communes et qui leur avoit déjà été donné par
Pline et Dioscoride. Cependant les plus anciens Botanistes
modernes, tels que Dodonaeus et Lobelius, les avoient
appelées Hipuris d'un mot grec qui signifie queue de
cheval^ mais qui a été abandonné depuis que Linné l'a
appliqué à un genre de plaiites fort différent des Prêles.
Jusquà présent on s'est peu occupé de l'étude sérieuse
de ces singuliers végétaux. Bauhin dans son Pinax n'en
mentionne qu'un petit nombre d'espèces qu'il caractérise
assez mal, et les restes de 1 herbier de cet homme célèbre
sont extrêmement défectueux à cet égard. Tournefort
Mém. de la Soc. de Phys. et dH. nat. T. I.", i' Pari. 6
55o MONOGRAPHIE DES PRELES.
n'a pas eu plus de succès dans la distinction des espèces
de ce genre. Linné lui-même les énumère avec une grande
négligence, au moins dans les anciennes éditions de ses
ouvrages. Les premières descriptions qui renferment
quelqu exactitude sont d'abord celles de Haller, et ensuite
celles de De Candolle dans sa Flore Française. Le Diction-
naire de La Marck a donné ensuite la détermination
d'un plus grand nombre d'espèces, recueillies soit par
Des Fontaines en Barbarie , soit par Michaux dans l'Amé-
rique Septentrionale, soit par divers autres Botanistes en
Europe. Enfin ditférens voyageurs, tels que Burchell au
Cap, Bory St.- Vincent à l'Isle de France, De Biich aux
Canaries , Michaux dans l Amérique Septentrionale ,
Humboldt dans la Méridionale, etc., ont encore recueilli
et décrit des espèces nouvelles de Prêles ; en sorte que
ce genre, qui n'en comprenoit autrefois que six ou sept
bien déterminées , en renferme aujourd'hui plus de vingt
qui différent par des caractères marqués.
Indépendamment des auteurs systématiques, quelques
Naturalistes se sont occupés soit de la reproduction, soit
de la physiologie des Prêles. Entre les premiers , on
compte particuhèrement le célèbre Hedwig qui , dans sa
Théorie de la génération et de la fructification des Cryp-
togames , a recherché , décrit et dessiné avec soin les or-
ganes de la reproduction de ce genre. Dans le nombre
des autres, on peut mettre le Botaniste Schkuhr, qui a
donné de bonnes figures de quelques espèces de Prêles ,
mais surtout Mirbel, qui a exposé nettement et au moyen
da très-belles figures , l'organisation de la Prêle des champs
MONOGRAPHIE DES FRELES. 55l
et de la Prêle des limons. ( Voy. Bullet. Philom. Floréal
an 9.)
La place des Prêles dans l'ordre naturel est tout-à-fait
incertaine, parce que cette famille dont tous les individus
sont liés entr'eux par les rapports les plus intimes , n'a
presque aucune ressemblance avec les autres. En effet,
la fructification des Équisétacées est étrangère à celle de
toutes les autres plantes connues, quoique la structure
de leur tige et de leurs rameaux ait des rapports au
moins extérieurs avec les Ephédras , et avec les Casua-
rines ou Filaos : ces dernières ont en effet une tige
verticillée, dont les articulations sont pourvues de la
même gaîne dentée qui distingue les Prêles. Cependant
les Casuarines et les Ephédras sont des plantes ligneuses
et solides, dont l'organisation intérieure n'offre rien de
semblable à celle des Prêles. Peut-être trouvera-t-on
quelque part un jour , et dans la Nouvelle - Hollande
même, dont les Casuarines sont originaires, des plantes
qui seront enfin unies aux Prêles par des nœuds plus
étroits.
Les Prêles sont un genre primitivement Européen,
qu'on a retrouvé ensuite dans les trois autres parties du
monde, et jusque dans les îles de l'Afrique. Les six prin-
cipales espèces, savoir, celles des champs, des rivières, d'hi-
ver , des bois et des limons des marais, sont très-ancienne-
ment connues, et habitent dans la plupart de nos contrées.
Elles croi.-^^sent également dans quelques autres régions,
étrangères, ei, piincipaleirent dans l'Amérique Septen-
trionale. La Prêle multiforme, qui a été plus récemment
332 MONOGRAPHIE DES PRELES.
décrite, est également répandue dans presque toute
lEurope , où ses diverses variétés ont souvent été prises
pour autant despèces distinctes. La plupart des Prêles
étrangères approchent de ce dernier type beaucoup plus
que des autres, et les i-essemblances sont quelquefois si
frappantes qu'on pourroit aisément s'y tromper. Jusqu'à
présent elles n'offrent aucune espèce à hampe, si l'on en
excepte pourtant la Prêle à gros épis, Macrostachion,
que Poiret a cueillie sur les côl.es de Barbarie , et qui
très-probablement est une variété de la fluviatile. On n'y
voit point non plus de Prêles régulières et qui approchent
pour le port de nos Prêles les plus communes. Elles
émettent en général un petit nombre de rameaux dis-
posés sans symétrie , et les verticilles ne sont jusqu'à
présent bien marqués que dans la Prêle très-rameuse de
Des Fontaines , ou la Prêle gigantesque de Plumier et
d'Humboldt.
Cette régularité, qui est le caractère le plus frappant
de quelques Equisétacées, semble tenir de très-près à la
fructification. Quand la tige est stérile , les rameaux sont
très-nombreux ; quand elle est chargée d'épis , les rameaux
sont beaucoup plus rares ; et ce rapport entre les épis
et les rameaux n'est pas très-étonnant : on comprend en
effet comment la sève qui est employée à développer et
à perfectionner des fruits , ne peut pas développer et
nourrir un grand nombre de branches.
Les Prêles se plaisent en général au bord des ruisseaux
et dans les lieux humides. Les unes vivent même dans
les eaux, comme la Prêle des limons et quelquefois celle
MONOGRAPHIE DES PRELES. 333
des marais; les autres préfèrent les glaises froides, comme
celles des champs et des fleuves. On en rencontre même
dans les terreins sablonneux et non humectés, comme
par exemple la Prêle multiforme ; mais cette dernière es-
pèce paroît être fortement influencée par la nature du
terrein dans lequel elle croît , car tantôt elle ne déve-
loppe qu'un petit nombre de tiges grêles et fort courtes,
tantôt au contraire, et surtout lorsqu'elle sort d'un ter-
rein plus riche , on voit sortir de la touffe principale
des tiges beaucoup plus grosses et plus ramifiées, qu'on
croiroit ne point appartenir à la même espèce. Et les
connoissances que nous avons acquises des localités des
Prêles étrangères, nous montrent qu'elles ne différent
point à cet égard des Prêles Européennes,
Ces plantes ont en général une organisation solide qui
semble les rendre capables de braver les extrêmes de la
chaleur et du froid. Cependant elles se plaisent de pré-
férence dans les lieux tempérés. Celles que Humboldt a
rencontrées dans l'Amérique Equinoxiale y vivent , l'une
à la hauteur de i36o toises au-dessus de la mer, et l'autre
à celle de 43o. Les termes extrêmes sont jusqu'à présent,
d'un côté la Prêle très-rameuse des Antilles ou la Prêle
allongée de l'île Bourbon , et de l'autre la Prêle séta'^ée
du Canada. Dans nos climats , la Prêle des bois est la
seule qui s'élève à quelque hauteur ; on la rencontre
fréquemment dans les montagnes subalpines à 3 à i^oo
toises d'élévation.
Les Equisétacées vivent en familles ou en réuniolis
assez nombreuses, en sorte quil est fort rare den ren-
334 MONOGRAPHIE DES PRELES.
contrer qui soient isolées et formées d'une seule tige.
Cette propriété dépend ici comme ailleurs de la nature
des racines qui végètent et setendent à l'indéfini dans
le sol , où elles pénètrent quelquefois jusqu'à une grande
profondeur. Toutes les Prêles limoneuses ou palustres
d'une même mare ou d'un même étang proviennent d'or-
dinaire d'une même racine qui va sans cesse en s'étendant
dans toutes les directions. On en peut dire autant des
autres espèces Européennes, et si les racines de la Prêle
des champs n'étoient pas sans cesse rompues par la
charrue ou le hoyau , cette espèce présenteroit sans
doute les mêmes apparences que les autres. Mais la diffi-
culté que l'on éprouve à s'en débarrasser dans les lieux
où l'on désire l'extirper , prouve que ses racines ont la
faculté de repousser des rejets de tous les points de leurs
nœuds.
En effet , elles sont tellement vivaces , que je ne
crois pas que la nature ait fixé de terme à leur durée ;
comme elles sont composées d'articulations assez sem-
blables à celles des tiges , et que chacune de ces articu-
lations est elle-même un point vital , ou un centre de
végétation, indépt-ndamment de tous les autres, il s'ensuit
que tant qu'il se développe de nouvelles articulations ,
et il s'en forme toutes les années , la plante subsiste et
peut produire de nouveaux jets. Mais ces jets qu'elle
émet tous les printemps dès les mois de Mars ou d'Avril,
n'ont pas la même longévité ; lorsqu'ils ne portent que
des épis , ils se flétrissent dès qu'ils ont répandu leurs
graines; lorsqu'ils sont encore pourvus de feuilles, ils
MONOGRAPHIE DES PRELES. 355
subsistent plus long-temps, mais ils atteignent bientôt
leur entier développement. Dès-lors , c'est-à-dire depuis
la fin de l'été, ils commencent à languir et à se dessé-
cher; ils sont ensuite irrégulièrement sphacélés, et ils
ont à peu près disparu avant la fin de l'automne. Je
n'excepte de cette description, au moins parmi les Prêles
d'Europe, que la multiforme, et surtout la Prêle d'hiver
dont l'organisation est plus solide et le tissu plus serré i
cette dernière conserve sa tige pendant toute l'année, et
elle pousse au printemps de nouveaux rameaux de ses
articulations inférieures.
Je n'ai pas trouvé jusqu'à présent que les Prêles fussent
sujettes à d'autres maladies qu'à une espèce de sphacèle
qui ne ressemble pas mal, pour la couleur et la nature,
aux extrémités des dents ou des gaines qui terminent les
articulations de leurs tiges. Il n'est pas rare , en effet ,
de voir dans leurs différentes espèces , principalement
dans celles des champs et des fleuves, les tiges et les
rameaux noircis et comme charbonnés par cette espèce
de gangrène qui nuit essentiellement à leur vie et dont
je n'ai pas encore pu reconnoître la cause. J'ai cependant
aperçu dans les mêmes espèces des transudations dune
matière rougeàtre qui tient dassez près à ces plantes
parasites décrites par De CandoUe, et en particulier à
la rouille des blés, Puccinia graminum, Syn. 5^6, ou
XJredo Unearis , 624, ou enfin Uredo rubigo vera, 627;
car ces trois descriptions me paroisseut s'appliquer
également à la maladie que l'on désigne à Genève sous
le nom de f^entaison , et qui attaque les blés et bien
336 MONOGRAPHIE DES PRELES.
d'autres plante». La poussière des Prêles est donc une
ïlredo , o^ peut-être une Puccinie , car je ne l'ai pas
encore bien examinée, et je ne puis pas assurer qu'elle
soit toujours l'origine du sphacèle.
Je n'ai pas non plus lieu de croire que les Prêles
servent d'habitation à aucun insecte. Leurs fleurs peu
brillantes et dépourvues des nectaires et des autres or-
ganes que présentent la généralité des plantes, n'attirent
ni les abeilles, ni les mouches, et je n'ai jamais aperçu
sur leurs tiges ou leurs rameaux la moindre trace de ces
ruptures et de ces désordres que produisent les insectes :
il semble quelles vivent isolées dans l'économie de la
nature, sans y produire aucun bien ni aucun mal. Elles
sont regardées en général comme un des fléaux de
l'agriculture, et Haller assure que celles des champs et
des marais nuisent essentiellement aux bêtes à cornes ,
dont elles ébranlent les dents et troublent la digestion.
Cependant tous les jours ces animaux les consomment
vertes ou sèches , sans qu'il en résulte d'accident notable.
On sait même que les bestiaux recherchent la Prêle des
marais, et que les anciens Romains comme les Toscans
modernes se nourrissoient des jeunes sommités de la
Prêle des fleuves. On dit même, mais sans l'assurer, que
ces plantes ne sont pas inutiles à la médecine. Quoi qu'il
en soit, elles ne servent, au moins jusqu'à présent,
qu'aux ouvriers en bois et en métal. Ils les emploient à
polir leurs ditîérens ouvrages, et ils recherchent dans ce
but la Prêle d hiver, dont les tiges sont plus rudes et plus
consistantes que celles des autres espèces.
MONOGRAPHIE DES PRELES. 337
Ce qui distingue au premier coup d'œil les Prêles, c'est
la simplicité apparente de leur structure et leur symétrie
extérieure. Toutes les parties qui les composent , la ra-
cine , la tige et les rameaux , sont formées d'anneaux
emboîtés les uns dans les autres et facilement séparables ,
surtout après lepoque de la croissance. Au moment où
la tige sort de terre, on n'aperçoit que les premières ar-
ticulations , les autres sont encore enveloppées par ces
membranes scarieuses que quelques Botanistes ont dé-
signées sous le nom de feuilles, et qui terminent tous
les anneaux : successivement on voit paroître les arti-
culations supérieures , entourées à leur circonférence de
ces rameaux verticillés, qui se subdivisent aussi quelque-
fois en rameaux secondaires ou même tertiaires , et dont
la conformation est exactement la même que celle de la
tige principale.
11 y a peu de genres, ou plutôt il n'y en a point où
les avortemens soient aussi nombreux et aussi manifestes.
Dans la Prêle fluviatile, tout est arrangé avec une ré-
gularité surprenante; les rameaux forment des verticillés
complets qui naissent à une certaine distance du sol et
qui sortent ensuite de toutes les articulations supérieures
sans laisser aucun vide. On en peut dire autant des autres
Prêles à hampe , où l'on ne voit d'avortement qu'à l'ex-
trémité supérieure, qui se prolonge quelquefois en simple
filet. Mais les Prêles à tige fructifère présentent des
avortemens de différentes formes ; quelquefois tous leurs
verticillés manquent et la tige reste nue, quelquefois elles
ne donnent naissance quà quelques rameaux épars et
Mém. de la Soc.de Phy s. et d'il. nat. T. I.", 2." Part. 7
338 MONOGRAPHIE DES PRELES.
irrégulièrement placés. Plus souvent la tige de ces plantes
reste nue tant que l'épi fleurit , et quand il est tombé ,
les rameaux se développent assez régulièrement , comme
on le voit dans lés Prêles des marais et des limons. —
Souvent ces mêmes rameaux prennent un assez grand
accroissement pour développer eux-mêmes des épis, comme
le prouvent les variétés des Prêles des marais , des limons
et des fleuves , que je cite dans cet ouvrage. Enfin , en
l'egardant avec quelque attention les verticilles des Prêles
dont les tiges avortent , on y verra des rameaux assez
bien développés, d autres qui n'ont et n'auront que quel-
ques anneaux, d'autres qui n'en ont qu'un, d'autres enfin
qui n'ont pu se faire jour , mais qui ont soulevé
l'écorce à lendroit où ils dévoient paroître : en sorte
qu'il est impossible , après avoir observé de près toutes
ces variations dans le développement , de ne pas conclure
que les Prêles ont été organisées par la nature avec une
parfaite symétrie, mais que les circonstances extérieures
ont modifié et modifient sans cesse sous nos yeux leur
type primordial.
La tige des Prêles, comme celle des plantes qui vivent
dans les eaux ou sur leurs bords , est molle et fistuleuse.
Sa forme extérieure est cylindrique ou polygonale, et
elle est traversée dans son centre par un tube creux d'un
diamètre d'autant plus grand que l'espèce habite dans des
lieux plus humides. Ce tube principal est entouré de
cylindres plus petits dont le nombre varie selon les es-
pèces : ceux-ci sont entourés d'autres cylindres plus
grands, plus extérieurs et qui alternent avec les pré-
MONOGRAPHIE DES PRELES. Sog
cédens; et ce second rang est souvent suivi d'un troisième:
le nombre de ces cylindres, dont l'on pourroit peut-être
compter jusqu'à quatre rangs, va en augmentant dans
le même individu depuis la base jusqu'au milieu de la
tige, et il diminue ensuite jusqu'au sommet. M. Mirbel,
dans son excellente Physiologie des Prêles, publiée dans
le Bulletin Philomathique pour Floréal an 9 , représente
tous ces cylindres si réguliers et disposés avec tant de
symétrie, comme formés par la retraite des cellules qui
occupent la partie intérieure de la tige. Mais quelle que
soit l'époque où l'on coupe cette tige , elle offre les mêmes
cylindres toujours disposés de la même manière ; les ra-
meaux en sont également pourvus. Or, on ne peut pas
attribuer un ordre si constant à une circonstance qui de
sa nature doit présenter de grandes irrégularités, à moins
qu'on ne prétende que les cellules étoient organisées de
manière qu'en se séparant elles dévoient former des
cylindres parfaits : ce qui revient à dire que les cylindres
avoient été prédisposés comme les cellules.
Tous ces cylindres, ou plus exactement tous ces tubes ,
car dans certaines espèces leur coupe horizontale est plus
ou moins ellypsoide , ne continuent pas sans interruption
depuis la racine jusqu'au sommet, au contraire ils se
termi ent brusquement à chaque articulation, et ils re-
commencent dans le même ordre à l'articulation suivante,
en diminuant toutefois ou en augmentant de nombre,
selon qu'ils s'éloignent ou qu'ils se rapprochent du milieu
de la tige, où ils sont toujours plus nombreux. Cette
organisation appartient également aux rameaux qui ont
54o MONOGRAPHIE DES PRELES.
aussi leurs entre-nœuds et leurs nœuds. Ces nœuds ou
ces articulations constituent la partie véritablement solide
de la Jc^rtle. C'est toujours de là et jamais d'ailleurs que
sortent les rameaux, et Mirbel observe avec raison que
lentre-nœud est organisé comme les végétaux monoco-
tylés, tandis que le nœud ressemble entièrement pour
sa structure extérieure aux dicotylés. Les cellules et les
fausses trachées s'allongent du haut en bas dans toute
l'étendue de l'entre-nœud, tandis que dans l'articulation
elles s'étendent horizontalement , et c'est en vertu de
cette disposition que , selon Mirbel , elles peuvent donner
naissance aux rameaux.
La racine des Prêles est formée d'une longue tige prin-
cipale d un diamètre presque égal à celui de la tige ex-
térieure, et ramifiée à l'indéfini. Sa coiisistance est assez
dure , on y remarque intéi'ieurement les mêmes cylindres
que j'ai décrits, disposés dans le même ordre, quoiqu'en
moins grand nombre ; mais le cylindre central et creux y
est remplacé par un cylindre solide. Ces racines sont ar-
ticulées comme les tiges, et les rangs de tubes sont in-
terrompus à chacun de ces anneaux qui sont fort rap^
proches. C'est de ces anneaux que partent des radicules
semblables à celles des autres plantes ; on en voit aussi
sortir des corps allongés en forme de glands et qui en
ont à peu près la grosseur. Ils sont organisés intérieure-
ment comme les racines et percés de tubes cylindriques.
Ces productions singulières se remarquent dans presque
toutes les Prêles. Haller et long-temps après De Candolle
les ont trouvées dans la Prêle des marais 5 je les ai
MONOGRAPHIE DES PRELES. 34l
reconnues dans la Prêle des champs et celle des rivières,
et sans doute qu'elles se rencontrent dans plusieurs
autres. On ne connoît point jusqu'ici leur usage, mais
il est clair qu'elles ne sont pas essentielles , puisqu'elles
manquent souvent.
Cest une question assez difficile à résoudre que la déter-
mination du point où commence la racine véritable de la
Prêle et où se termine la tige, parce qu'on ne trouve
pas dans ce genre de plantes ce collet ou ce renflement
qui existe dans le plus grand nombre des végétaux; au
contraire la racine jusqu'à une grande profondeur a la
même organisation que la tige , les mêmes anneaux ,
les mêmes tubes intérieurs, et en général la même ap-
parence. On pourroit donc la qualifier de tige souter-
raine, et donner le nom de racine à ces radicules qui, à
une certaine profondeur, partent circulairement de tous
les points des difFérens anneaux. Cependant ces tiges
souterraines ont d'assez grandes différences avec les tiges
aériennes : elles sont vivaces , et beaucoup plus consis-
tantes , parce que leur tube central est plein ; et elles
sont de plus imprégnées d'une espèce de sève destinée à
alimenter les nouveaux jets qu'elles émettent; enfin elles
sont recouvertes d'un duvet cotonneux et roussàtre plus
ou moins abondant. Ceci est un nouvel exemple de ces
nombreuses nuances que la nature a mises entre des
organes destinés aux mêmes fonctions. Mais je ne puis
croire avec le Docteur La Roche ( Voyez Monographie
des Panicauts , Introduction, pag. 2-3), que la seule
différence réelle entre les tiges sou teri aines et les tiges
342 MONOGRAPHIE DES PUELES,
proprement dites , vienne de ce que ces dernières sont ex-
posées à l'action de l'air et de la lurnière, tandis que les
autres sont enscAelies dans le sol. Il est sûr, au contraire,
que si on enveloppoit de terre les tiges des Prêles, elles
seroient promptement détruites , tandis que les racines
subsistent quoiqu'exposées assez long-temps à l'air, et sem-
blent conserver une force indéfinie de vitalité, au moins
dans leurs nœuds.
Pour achever d émettre mon idée , je dirai qu'on doit
considérer ce qu'on appelle communément racine dans
les Prêles , comme une suite continue de collets ou de
centres de végétation , qui , toutes les fois qu'ils seront
placés dans des circonstances convenables et assez près
du terrein , donneront naissance à des tiges , et ces tiges
feront toujours avec la lacine d'où elles sont sorties
un angle aigu du côté du sol. Mais comment ces racines
des Prêles pénètrent- elles à une si grande profondeur
dans les terreins les plus argilleux , et comment sont-
elles terminées ? c'est ce que je ne connois pas encore
avec une entière certitude.
L'organisation des rameaux est la même que celle des
tiges. Ils ont extérieurement leurs divers rangs de cy-
lindres concentriques. Leurs verticilles sont pourvus de
gaines ou collerettes, et dans quelques espèces, comme
la Prêle des bois en particulier, ces rameaux donnent
naissance à d'autres rameaux secondaires ou même ter-
tiaires. Mais ces cylindres, ainsi que les dents des gaines sont
beaucoup moins nombreux , à mesure que l'on s'écarte
de la tige principale , et les uns et les autres finissent
par s'évanouir à peu près, aux dernières sommités.
MONOGRAPHIE DES PRELES. 543
Le nombre des rameaux que fournit luie Prêle à chaque
articulation , lors du moins qu'il n'y a aucun avortement ,
est exactement égal à celui des tubes du premier ordre
auxquels ils correspondent , tandis qu'ils sont alternes à
ceux du second rang. Il en est de même du nombre des
dents de chaque collerette qui indique toujours le
nombre complet ou possible des rameaux. Toutes les fois
que les tiges des Prêles sont striées , ce qui arrive fré-
quemment, la dent est le prolongement de la partie
éleA'ée et le rameau est placé dans l'enfoncement.
Ce rameau est entouré à sa base de quatre ou cinq
petites écailles qui ont été considérées quelquefois comme
des feuilles, mais qui sont uniquement destinées à
le protéger avant son développement : quelques au-
teurs ont comparé , avec plus de raison , ces collerettes
aux gaines de graminées , et les dents aux ligules des
feuilles ; il est bien vrai qu'il y a beaucoup de res-
semblance entre les gaînes des graminées et des Prêles :
mais comme jamais les dents de ces dernières ne se pro-
longent en feuilles , nous dirons que c'est là un de ces
rapports nombreux qui existent entre des êtres qui
semblent n'être que des modifications d'un même type ,
et nous conserverons à ces appendices, qui existent dans
toutes les espèces de Prêles, les noms synonymes de
collerettes , d'involucres ou de gaînes.
La surface de la tige des Prêles est couverte de ces
glandes corticales qui se trouvent plus ou moins dans tous
les végétaux , et que Mirbel a déjà observées dans une
des espèces de ce genre : elles sont placées dans les en-
544 MONOGRAPHIE DES PRELES.
foncemens des stries , tandis que les aspérités se trouvent
sur la convexité du sillon , ou au moins sur ses bords.
Mais ce qu'on ne peut s'empêcher de remarquer ici, c'est
que les Prêles qui ont d'ailleurs tant de ressemblances
qu'il est difficile d'y trouver des caractères suffisans pour
la distinction des espèces , diffèrent beaucoup entr elles
pour le nombre et la disposition de ces mêmes glandes.
Les unes , comme la Prêie des bois , celle des ombrages
et celle des fleuves, en sont presque dépourvues; les
autres, comme celle des marais, en sont plus abondam-
ment fournies : dans certaines espèces elles sont éparses,
dans dautres elles sont arrangées dans un ordre régulier.
11 y a même des différences dans le nombre des rangs
qu'occupent ces glandes régulières , comme il y en a pour
la forme et le contour de la glande elle-même. J'ai été
obligé d'employer ces caractères qui m'ont paru très-cons-
tans , pour me guider moi-même dans la formation et
la distinction des espèces. On trouvera dans les planches
qui sont jointes à cet ouvrage, à côté de chaque espèce,
la forme et la disposition de ses glandes, et l'on pourra
toujours observer ce caractère; lorsqu'on aura quelque
doute sur l'espèce que l'on examine, il suffira d'enlever
une légère portion de l'épiderme, et de la débarrasser du
parenchyme quelle a emporté avec elle. Le microscope
simple donnera immédiatement la forme et la disposition
des glandes.
Toutes ces observations doivent se faire sur les tiges,
parce que les rameaux pourroient présenter des diffé-
rences , surtout dans le nombre des rangs. 11 en est de
MONOGRAPHIE DES PRELES. 345
même des gaînes et surtout des racines. Lorsque j'ai voulu
soumettre au microscope leur surface extérieure , je l'ai
trouvée composée d'un tissu serré, solide et sans aucune
apparence de discontinuité , comme il étoit facile de le
prévoir : c'est donc là une autre différence qui existe
entre les tiges souterraines et les tiges aériennes. Les
premières sont toujours lisses, et ne présentent non plus
aucune de ces aspérités qui sont si communes dans les
autres.
Les organes de la reproduction sont portés sur des épis
coniques, qui tantôt terminent la tige et tantôt en sont
séparés, quoiqu'ils sortent de la même racine. Dans ce
dernier cas , la hampe , désignée par les Botanistes sous
le nom de tige fertile, est dépourvue de rameaux ; du
reste elle conserve la même organisation intérieure. Quel-
quefois même , comme dans la Prêle des bois , elle porte
des rudimens de rameaux qui indiquent un avortement.
Mais toujours on la reconnoît à sa couleur rougeàtre, à
ces collerettes agrandies qui protègent l'épi avant son
développement. Ces hampes ne subsistent que jusqu'à ce
que l'épi ait atteint sa maturité et ait répandu ses graines :
Dès-lors l'épi se flétrit et disparoît insensiblement avec la
tige qui le porte , tandis que les autres tiges de la Prêle
subsistent jusqu'à la fin de l'automne.
Ce phénomène singulier de l'existence des Prèles sur
deux tiges n'appartient complètement qua deux espèces ,
celle des champs et celle des fleuves. La Prêle des bois
et celle des ombrages présentent, comme on le verra ,
uii très-beau passage entre les Prêles à tiges stériles et
Mém. de la Soc. de Phjs. et dH. nal. T. 1.", a.* Pan. 8
546 MONOGRAPHIE DES PRELES.
les Prêles à tiges fertiles. Toutes les autres espèces connues
jusquà présent appartiennent à ces dernières. Il est bien
vrai que Poiret a cueilli en Barbarie, près du Bastion de
France , à l'époque du printemps , une Prêle à hampe
fleurie qu'il appelle Macrostachion , à cause de la gran-
deur de son épi,- mais il la considère lui-même comme
une variété de la fluviatile , et on doit la regarder comme
telle jusquà ce qu'on ait examiné ses tiges stériles.
L'épi des Prêles est un assemblage très-serré décailles
ou involucres polygonaux, qui ne ressemblent pas mal
à des têtes de clous. Ces têtes ou écailles sont divisées
dans leur partie intérieure en six ou sept loges membra-
neuses disposées circulairement , et qui s ouvrent en de-
dans par une fente longitudinale. Il en sort, au moment
de l'inflorescence , lorsque les écailles s'é(5artent les unes
des autres , et surtout lorsqu'on les secoue, une poussière
bleuâtre et qui forme comme un nuage autour de lépi.
Cette poussière , reçue sur du papier blanc et examinée
attentivement, change promptement de forme et ne tarde
pas à ressembler à un duvet cotonneux. En suivant
l'observation avec une bonne loupe , on aperçoit bientôt
que cette poussière est formée d un immense amas de
grains verts , dont chacun porte à sa base quatre lames
élastiques spatulées à leur sommet et recouvertes de pul-
viscules : ces lames, qui étoient d'abord roulées autour
du grain, n'ont pas plutôt perdu l'humidité dont elles
étoient imprégnées qu'elles se développent par un mouve-
ment d'élasticité ou d irritabilité , et s'agitent en mille sens
divers, en s' élevant et s'abaissant sur le papier où elles
MONOGRAPHIE DES PRELES. 347
ont été répandues. Le phénomène cesse si on les plonge
dans l'eau, ou seulement si on les humecte avec l'haleine.
Elles se replient alors autour du grain vert qu'elles en-
veloppoient primitivement, et reprennent leur première
apparence. Ce joli phénomène, qui a été observé par les
plus anciens Botanistes, se répète autant de fois qu'on
le désire.
Y a-t-il quelque ressemblance entre les organes que je
viens de décrire et ceux qui servent à la reproduction
des plantes phanérogames ? Peut-on croire que les lames
soient des étamines , que les pulviscules qui les recou-
vrent remplissent les fonctions de la poussière fécondante,
et que les petits grains verts soient des semences ou peut-
être des capsules ? C'est là du moins l'opinion qui se
présente naturellement , quand on considère avec soin
cet ingénieux appareil, et c'est celle d'Hedwig dans sa
Théorie de la Génération et de la Fructification des
plantes cryptogames. Cet auteur a même cru apercevoir
dans le grain vert un petit prolongement auquel il donne
le nom de style, et qui étoit surtout apparent avant la
maturité de lepi et louverture naturelle de la loge.
Mais toutes probables qce fussent ces conjectures , il
falloit les vérifier par des expériences. C'est ce que j'ai
fait dès l'année 1817. J'ai mis dans l'eau ces graines sup-
posées des Prêles, pour voir si ce liquide y détermiiieroit
quelques dcveloppemens, et en même temps j'en ai semé
d'autres dans des vases remplis d'un terreau très-fin, que
j'eus soin d entretenir constamment humide. C'étoit le 3
Avril, à l'époque de l'apparition des Prêles à hampe. Au
348 MONOGRAPHIE DES PRELES.
bout de deux jours, les grains plongés dans l'eau mon-
troient une petite pointe à peu près du tiers de leur
diamètre. Le troisième jour cette pointe s etoit considéra-
blement allongée, elle étoit transparente et ressembloit à
un tube vide. Le quatrième et le cinquième jour l'ac-
croissement étoit si remarquable, que, prévoyant l'étiole-
ment du filet , je tirai de l'eau une partie de ces grains
en état de germination , pour les placer sur une terre
huiïiectée où leur développement seroit moins rapide.
Les grains qui avoient été semés dans des vases sans
immersion préalable n'éprouvèrent d'abord aucun change-
ment. Il sembloit même quelquelois qu'ils étoient perdus
ou détruits, parce qu'on nobservoit aucune teinte verte
sur la place même où ils avoient été répandus en plus
grande abondance. Mais enfin , au bout d un mois , le
vase parut reverdir. A cette époque, les grains observés
au microscope s'étoient considérablement développés ;
d'un côté ils avoient poussé une ou deux radicules
simples et blanchâtres qui s'enfonçoient en terre , et de
l'autre ils s'étoient renflés et divisés d'abord en deux, en
suite en trois et quatre lobes. Us continuèrent à croître
pendant tout le cours du mois de Mai ; vers le 1 5 , ils
avoient à peu près la forme indiquée dans la PI. i.'^",
f.g. 3. Dès-lors ils se ramifièrent à tel point, qu'on
ne pouvoit pas embrasser leur ensemble au microscope
composé. On les voyoit distinctement à l'œil nu , et on
les auroit aisément pris pour de jeunes Jongermannes
au feuillage frisé. A la loupe , et surtout au microscope »
c'étoient des tiges cylindriques, nombreuses, articulées et
ramassées en faisceau. ( Voy. PI. i.'% fig. 4- )
MONOGRAPHIE DES PRELES. 349
Pour éclaircir de plus en plus cet intéressant sujet, jai
mis successivement en expérience les grains de la Prêle
fluviatile, de la Prêle des marais et de la limoneuse, et
j'ai suivi leurs développemens en parallèle avec ceux de
la Prêle des champs. La fluviatile dont j'espérois beau-
coup, parce que ses dimensions sont très -considérables,
ne m'a offert que des grains égaux en grosseur , ou peut-
être même plus petits que ceux des autres Prêles. Ils se
sont agrandis de la même manière et ont présenté les
mêmes apparences. 11 en a été de même des grains des
deux autres Prêles que j'ai fait germer dans des vases conti-
nuellement humectés, parce que ces plantes croissent de
préférence dans les mares et les petits étangs. Leurs grains
ont pris les développemens qui sont désignés dans les
figures qui appartiennent à ces espèces.
Mais ils se sont arrêtés à ce terme , malgré les pré-
cautions que j'avais prises pour les préserver de fair ex-
térieur et pour les tenir toujours humides. Je les ai
d'abord vus rester stationnaires , ensuite perdre insensible-
ment leurs racines, et enfin se flétrir et disparoître. Les
fléaux dont ces jeunes plantes ont été les victimes sont
d'abord les mousses et principalement le Funaire hygromé-
trique, qui les ont successivement envahies : ensuite elles ont
été atteintes d'une espèce de chancre ou de pourriture qui
les a gonflées intérieurement et les a enfin converties en
une gelée d'un vert foncé et livide qui a quelquefois re-
couvert une grande partie du vase. Mais leur plus dan-
gereux ennemi a été le bysse terrestre , et une petite
conferve parasite, presque microscopique et non encore
35o MONOGRAPHIE DES PHELES.
décrite, qui sembloit se nourrir de leur substance et pre-
noit des accroisse mens très-rapides. Comme je n etois pas
en garde contre ces différentes attaques, je nai pas lutté,
comme j'aurois dû, dès le premier envahissement; mais
je dois avouer que dans les années qui ont suivi 1817,
je n'ai pas été plus heureux, soit parce que la tempéra-
ture extérieure n'a pas été favorable, soit surtout pai-ce
que . j'ai observé avec plus de négligence. Mais je re-
commencerai mes expériences avec une nouvelle attention
dans le printemps de cette année ( 1822 ).
Cependant ce que j'ai vu tant de fois suffit, je pense,
pour constater que le grain vert est bien la semence des
Prêles, qui sont des plantes acotylédones , puisque ce
grain tout entier se développe sans qu'on puisse y aper-
cevoir aucun corps étranger à l'embryon ou à la plantule.
Je ne suis pas entièrement convaincu que le filet ou la
plumule parte précisément du point où Hedwig a cru
observer un rudiment de style, mais la racine ou les
radicules sortent bien du point opposé au filet. Je ne
pense pas non plus que l'on puisse s'assurer par des ex-
périences directes que les quatre filets soient des étamines,
et que les pulviscules qui les recouvrent soient un vé-
ritable pollen. Cependant l'analogie est fortement pro-
noncée pmir cette opinion , surtout si l'on convient qu'il
ne faut pas chercher ici des anthères et des loges sem-
blables à celles des plantes phanérogames, et il faut avouer
que les mouvemens élastiques des lames qui entourent le
grain vert sont merveilleusement propres à secouer la
poussière fécondante, et à favoriser la dissémination des
MONOGRAPHIE DES PRELES. 35 1
graines fécondées. Mais si l'on ne peut douter que les
grains verts ne soient de véritables semences , on doit
s'étonner de ce qu'elles remplissent si mal leur destina-
tion ; car je n'ai jamais trouvé une seule Prêle qui ne
me parut pas fort ancienne et dont la racine ne se
prolongeât pas indéfiniment dans la terre. Je crois que
les autres Botanistes n'ont pas été plus heureux. 11 faut
donc convenir, au moins jusquà présent, que les Prêles
sont des plantes dont les mêmes individus subsistent
depuis un temps dont on ne sauroit assigner le terme,
et qui répandent chaque année des myriades de graines
autrefois fertiles , aujourd'hui infécondes. Y a-t-il beau-
coup de genres qui ressemblent à cet égard à celui des
Prêles ? C'est ce que j'ignore entièrement.
S'il n'y a point de genre en Botanique qui soit plus
distinct que celui des Prêles , il n'y en a point peut-être
non plus où les véritables espèces soient plus difficiles à
distinguer. Tant que les auteurs systématiques se sont
contentés de décrire celles qui étoient anciennement
connues, comme la Prêle des champs, la fluviatile, celle
des bois , celle des limons , celle des marais et celle
d'hiver, la nomenclature en étoit facile, parce que leur
port différent , le lieu de leur habitation , et d'autres ca-
ractères aussi simples que frappans , suffisoient à les
distinguer. Mais lorsqu'ils y ont ajouté la Prêle que j'ai
appelée multiforme, à cause des nombreuses variétés
quelle présente, et surtout lorsque nos Botanistes voya-
geurs ont apporté des pays étrangers ces Prêles qui,
quoique recueillies dans des climats très-difïérens , pré-
352 MONOGRAPHIE DES PRELES.
sentoient toutes à peu près le même type, alors la diffi-
culté s'est beaucoup accrue, et la distribution en espèces
bien distinctes et bien faciles à reconnoître a été presque
impossible. Pour tirer ce genre du cahos où il alloit être
plongé , j'ai fait ce que j'ai pu , et surtout j'ai commencé
un travail qu'achèveront les autres. J'ai représenté par
des figures exactes toutes les Prêles que je possédois ou
que j'avois pu me procurer par le secours de mes aiTiis,
et je les ai accompagnées de définitions et de descriptions
qui m'ont paru suffisantes. J'ai tâché ensuite d'y recon-
noître des caractères précis, constans, ou qui ne varioient
que dans certaines limites ; j'ai adopté comme principe ,
de ne pas réunir facilement sous la même espèce des
Prêles prov'enant de pays très-diiférens , quand même ces
Prêles présentoient quelque ressemblance. J'ai observé sur
place toutes les espèces qui étoient à ma portée, afin de
bien distinguer la variété de l'espèce. Enfin, j'ai rejeté
dans un appendice toutes les Prêles que je n'avois pu
voir de mes yeux et qiii n'étoient pas suffisamment dé-
crites, en indiquant toutefois celles qui ne me paroissoient
former que des variétés, et celles, au contraire, qui me
sembloient constituer des espèces. Au moyen de toutes
ces précautions , j'espère avoir fait un ouvrage utile à la
science, et jose solliciter des Botanistes qui s'intéresseront
à mon travail, soit des remarque;» propres à le compléter,
soit des renseignemens sur les espèces encore mal connues.
Je publierai ces observations eu forme de supplément ,
et je parviendrai ainsi à compléter insensiblement cette
Monographie.
MONOGRAPHIE DES PRELES. 353
Afin de mettre les Botanistes en état de juger des
soins que j'ai donnés soit à la distinction des espèces, soit
à leur distribution en groupes ou petites familles, je vais
faire connoître les caractères que j'ai employés et la ma-
nière dont je les ai subordonnés.
Celui que je place au premier rang, parce qu'il semble
indiqué par la nature , et que tous les Botanistes l'ont
adopté, c'est celui de 1 inflorescence. Les Prêles qui ont
une hampe et une tige stérile doivent être évidemment
séparées des autres. Les légères anomalies que présente
ce caractère et dont j'ai déjà fait mention , n'ont aucune
importance et ne peuvent donner lieu à aucune erreur
durable : malheureusement il ne s'applique qu'à quatre
espèces.
Je placerois bien ici, pour second caractère, la subdi-
vision des rameaux ; mais il n'y a que deux Prêles dont
les rameaux soient manifestement subdivisés , et elles
appartiennent 1 une et l'autre à la section des Prêles à
hampe. On trouve bien, il est vrai, quelques subdivisions
dans la Prêle des champs, mais elles sont peu apparentes
et assez rares.
Le second caractère fondamental est le nombre des dents
de la gaine ou de la collerette. Ce nombre est exactement
le même que celui des tul^s intérieurs , ou des stries, ou
des rameaux quand il n'y a point davortement. Mais il
faut remarq ler que le nombre de ces dents n'est pas cons-
tant, et qu'il va, au contraire, en croissant depuis la base
jusqu'au milieu de la tige où il atteint son maximum : de
plus , les divers individus de la même espèce présentent
Méin. de la la Hoc. de P/iy.' et d'il. nat. T. 1.", 2.'Part. 9
354 MONOGRAPHIE DES PRELE',
encore quelques différences à qet égard selon l'étendue de
leur accroisaemeut : mais ces variations sont comprises
entre certaines limites quelles ne dépassent jamais et
qui suffisent poar la distinction des espèces. Ainsi, par
exemple , daas la Prèle fluviatile le maximum des dents
varie à peu près de 28 à 4o, dans la limoneuse de 17 à 22,
dans celle d'hiver de i4 à 18, dans celle des champs, de
9 à 12, dans celle des marais, de 6 à 8 , et dans celle des
bois de 10 à 12. 11 est bien entendu quil ne s'agit ici que
des tiges, car les rameaux ont proportionnément beaucoup
moins de dents , et les ramilles ou rameaux secondaires
encore moins.
Le troisième caractère est celui de la tige qui est tantôt
cylindrique , tantôt plus ou moins angideUî.e , tantôt lisse
et unie , tantôt striée et raboteuse. Les aspérités plus ou
moins marquées, qui placées au boni des sillons, donnent
à la Prêle cette propriété de polir pour laquelle elle est
employée dans les arts , ne se rencontrent ni dans les
hampes, ni dans les Prêles (jui habitent les eaux, comme
la limoneuse ; elles varient en intensité dans la même es-
pèce, selon le lieu oii elle a cru; mais, prises dans cer-
taines limites , elles peuvent fournir de très-bonnes dis-
tinctions.
Le quatrième caractère est celui de la régularité des ra-
meaux , certaines espèces ont leurs verticilles toujours
complets, principalement les espèces à hampe, tandis que
les autres les ont toujours incomplets ou même nuls. Ce
caractère pourra donc être employé , soit pour séparer
absolument certaines espèces, dans lesquelles il n'y a que
MONOGRAPHIE DES PRELES. 355
peu OU point d'avortemens , soit pour distinguer celles qui
ont peu de rameaux , de celles qui n'en ont point; il fau-
dra observer toutefois que, dans les Prêles privées de hampe,
les rameaux ne se développent guères qu'après la chute
de l'épi à l'époque où ils commencent à recevoir la sève
avec plus d'abondance : on en peut voir des exemples
frappans, dans les Prêles des limons et des marais. Toutes
les fois que la Prêle multiforme développe une tige
principale , cette tige est chargée de rameaux , tandis
que les autres en sont privées.
11 existe enfin un dernier caractère auquel j'ai été obligé
de recourir pour distinguer dans les mêmes groupes des
espèces malheureusement trop voisines , c'est celui des
glandes corticales; caractère qui se trouve par hasard très-
varié dans les Prêles. Je ne sais pas si la même chose a lieu
dans d'autres genres, mais ici on peut dire avec vérité qu'il y
a, selon les espèces de Prêles, une très-grande différence dans
la forme , le nombre et la distribution de ces glandes : je
me suis déjà étendu sur ce sujet. J'ajouterai seulement
ici , que la figure de chaque espèce sera accompagnée de
celle de ses glandes, et qu'on pourra toujours recourir à
cette note distinctive dans les cas difficiles , et lorsque
les au'res manqueront.
Indépendamment de ces caractères principaux , il en
est u'autres accessoires quon ne doit pas entièrement né-
gliger. Tel est celui des tubes intérieurs , qui varient pour
le nombre des rangs et pour la forme. (Quelques Prêles ont
deu\ rangs de tubes , tandis que d autres en ont trois : la
plupart sont cylindriques , cependant ceux de la Prêle des
356 MONOGRAPHIE DES PRELES.
limons sont allongés dans le sens de la circonférence, et ceux
de la Trêle des champs le sont dans celui du rayon. Tel est
le caractère des rameaux qui, ordinairement cylindriques,
sont anguleux dans la Prêle des champs et dans quelques
autres. Tel est celui de la consistance de la tige qui est
quelquefois assez solide et quelquefois fistuleuse; tels sont
enfiu ceuxi du port, de la hauteur, du diamètre des tiges, et
de leur durée, car il en est qui résistent à l'hiver, tandis
que les autres sont détruites avant la fin de l'automne. Par
rapport au nombre des rameaux, à la forme des dents,
aux appendices transparens qui les terminent , à l'ampli-
tude des collerettes, aux couleurs dont elles sont teintes et
aux autres caractères qu'ont souvent employés les Bota-
nistes, il faut s'en défier beaucoup, parce qu'ils dépendent,
en grande partie , de la saisoji de l'année oii l'on observe
la plante, du ten-ein sur lequel elle a cru , de la quantité
d'épis dont elle est chargée et d'autres circonstances faciles
à imaginer.
Enfin , j'ajouterai , en terminant cette physiologie , que
la fructification des Prêles ne m'a paru admettre aucune
variation importante. Toutes les espèces que j'ai exa-»
minées ont leur épi conique , leurs écailles polygonales ,
leurs quatre lames élastiques , leurs graines nues et à peu
près sphériques. Les seules différences que j'aie aperçues,
au moins jusqu'à présent , n'ont consisté que dans les di-
mensions de ces parties dont le nombre et les proportions
in'ont paru à peu près invariables. Mais autant lappareil
de la fructification est semblable à lui-même dans les di-
verses espèces de Prêles , autant il s'éloigne de tous les
MONOGRAPHIE DES PRELES. 357
autres. Les Ephédras, les Charagnes elles Filaos surtout,
qui ont à l'extérieur , et dans la structure des tiges de grands
rapports avec les Prèles, s'en éloignent entièrement dans
tout ce qui concerne la fructification. Je ne désespère pas,
comme je l'ai déjà dit , qu'on ne trouve enfin des familles,
qui lient les Prêles à ces premiers genres ; mais je suis en-
core plus porté à croire que ces familles ont été détruites
dans les grandes catastrophes dont notre terre a été au-
trefois le théâtre, et qui ont fait disparoître un si grand
nombre de formes , soit animales, soit végétales. En effet,
on vient de découvrir presque simultanément dans un
grand nombre de terrains houillers , des empreintes de
végétaux dont l'organisation et la forme extérieure dé-
voient avoir les plus grands rapports avec les Prèles, mais
qui en différoient cependant par la grandeur de leurs di-
mensions, qui alloient en épaisseur jusqu'à trois décimètres
et en hauteur jusqu'à quatre mètres; tandis que les tiges
des plus grandes Prêles actuelles n'ont pas plus d'un pouce
dans le premier sens , et de quatre à cinq pieds , dans le
second; plusieurs même ne s'élèvent pas jusqu'à un pied,
et n'ont pas plus de deux ou trois lignes de diamètre. Il
est fort vraisemblable que, parmi ces antiques et énormes
végétaux herliacés , plusiem's avoient l'organisation des
Prêles, sans posséder leur fructification , ou enfin, consti-
tuoient des familles intermédiaires entre ce genre et ceux
qui en sont actuellement le plus voisins. On peut même
soupçonner que ces grandes catastrophes dont les débris
sont encore sous nos yeux , ont fait disparoître une foule
d'êtres qui unissoient entre eux ceux qui subsistent encore,
558 MONOGRAPHTE DES PRELES.
et qui, dans cette supposition, ne seroientque des fragmens
épars d'un ordre naturel bien plus parfait que celui que
nous avons sous les yeux. Au reste, la plupart de ces
idées sont déjà indiquées dans un beau mémoire que
M. Alexandre Brongniart a publié dernièrement dans
les annales des ratines, année 1821 , et elles seront en-
core plus développées dans un ouvrage du même auteur
qui ne tardera pas de paroître , et qui renfermera une clas-
sification de ceux de ces végétaux pétrifiés qui ont déjà
été étudiés. Quelques auteurs Allemands , et en particu-
lier M. de Stemberg se sont déjà occupés de ces objets.
MONOGRAPHIE DFS PRELBS. SSg
CARACTÈRE NATUREL
DES PRÈLES.
J_/ES Prêles ont une tige plus ou moins simple , dont les branches
sont loujours vcriicillées. Celle lige, ainsi que ses rameaux, est
formée d'articles allongés, munis à leur point de jonction d'une gaine
dentée. L'appareil de la fruclilicalion est porté sur un épi terminal,
conique, serré el composé de corpuscules pédicellés assez semblables
à des lèles de clous: en dessous sont placés des cornets membraneux,
qui s'ouvrent sur leur face interne par une fente longitudinale. Ces
cornets renferment des globules verdâlres , spbériques , qui sont
autaut de semences acolylédones ; chacun d'eux est surmonté par
quatre lames brillantes, élargies à leur sommet, roulées et appli-
quées autour des globules lorsqu'elles sont humides , étalées el ou-
vertes en croix lorsqu'elles sont sèches. Ces lames sont recouvertes
de pulviscules sphériques , au moment où les graines sortent de
leur cornet, et l'on ne peut guères douter que ces pulviscules ne
soient la poussière fécondante , que le mouvement élastique et
hygrométrique des lames répand sur les graines.
La fruclificalion des Prêles n'a aucun rapport avec celle des
autres plantes actuellement connues , mais leur structure et surtout
Ifur port ont queltpie ressemblance avec la structure cl le port
des Casuarines el des Ciiaragnes.
Dans lo tableau synoptique suivant, les drnts, ainsi que les
glandes, sont toujours comptées vers le milieu de la lige prmci-
pale.
.PnêLFS privées de liampcs.
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MONOGRAPHIE DES PRELES. 56]
DESCRIPTION DES ESPÈCES.
Prêles à hampe parfaite.
DIX A QUATORZE DENTS.
Equiselwn aivense. Prêle des champs
Equiseliim caule slerili siilcato , siibscahro , slriis circiler duo-
clenis , dentlhus tolùlein , raniis scabi-iiiscuUs, tetragoiiis ; caidc friic
li/icantc nudo evanido , iiwohicris Iaxis , denlihits duodeciiii.
Syn. Equisetiim aivense Linn. Lam. Flor. Franc. Dict. Bot. et
omnium auctonim.
A. Equiselum Çtriquetnim^. Caide sulcalo, slriis circiler dtio-
decini, rainis liigonis. Bory-St. Vincent.
Equisetinn aniphibolttin. Retz , Supp. Flor. Scand.
Les tiges stériles sont fistuleiises , et présentent dans leur section
horizontale trois rangs de cylindres dont le nombre varie de tîix à
quatorze. Les dénis de la gaine sont aiguës et allongées. Les ra-
meaux sont ordinairement complets dans les verlicilles du centre,
mais ils avortent vers le sommet qui se prolonge souvent en tige
simple et effilée. Ils sont anguleux et tétragones , presque toujours
simples , quelquefois cependant ils se divisent un peu , surtout dans
les verlicilles inférieurs ; mais cette ramification est bien loin de
ressembler à celle de la Prèle des bois.
La hampe part de la même racine que la tige stérile , mais elle se
montre plus tôt ; elle est moins grande et moins consistante ; ses
gaînes sont aussi plus renflées et plus allongées; on peut remarquer
les mêmes caractères dans la hampe de la Prèle lluviatile , qui ne
diffère de celle des champs que par ses dimensions , et le nombre
Mém. de la Suc. de Phys. et dH. nul. T. l.", a.' Part. lo
562 MONOGRAPHIE DES PRELES.
beaucoup pins considérable de ses dénis ; toutes les deux ont leur
tube centr;d entouré d'un seul rang de cylindres.
Celle espèce, la plus commune de loutea dan; nos climals , se
plaît dans les glaises humides j ou l'on ne peut parvenir à la dé-
truire. Elle fleurit au mois d'Avril , et perd promjilement ses
hampes, mais les tigec cubsistent jusqu'aux premiers froids. Son
port est très-variable ; orainaircmenl elle est droite , quelquefois
cependant elle est couchée. Ses racu-aux sont aussi plus ou moins
étalés, mais elle se dictingue toujours facilement des autres es-
pèces.
Elle est sujette à la maladie doEt j'ai parlé dans le discours pré-
liminaire, et qui est une espèce de rouille.
Je n'ai jamais vu dans celte espèce les tlgcï stériles porter des
fleurs.
Elle habite dans toute l'Europe , et se trouve encore dans l'A-
mérique septentrionale , selon Humboldt et Bigelow.
A. Celte variété a été cueillie par Bory-Saint-Vincent , dans les
plaines d'Eylau : elle se distingue de ï Equiselum a/veiise par ses
anneaux plus rapprochés, ses rameaux plus serrés, et qui sont tou-
joui-. Irigones ; c'est pourquoi elle a élé désignée par le nom d'E-
quisetum Iriquelrum ; mais ces différences ne suffisent pas pour
constituer une espèce , d'autant plus que j'ai souvent observé dans
l'espèce ordinaire des rameaux trigones; la même variété a été
cueillie en Scanie par Agardh , et se trouve dans l'herbier de M.
Des Fontaines.
Planch. I. Fig. i. Prêle des champs.
Fig. 2. Hampe de la Prèle des champs.
Fi"'. 5. Epiderme avec ses glandes vues au microscope.
Fi°'. 4- Seclion horizontale de la tige avec ses différens
ordres de tubes.
Fig. 5. Graines avec leurs lames élastiques.
Fig. 6. Les mêmes , dans leurs différens degrés de dé-
veloppement.
MONOGRAPHIE DES PRELES. 363
VINGT- SIX A TRENTE DENTS.
E<jiiisetuin flmiatile. Prèle fluvialile.
Caille sterili cylindrico , glahro , dcntihiis et ramis circiler Iriginta:
caille friiciificau le nudo , evanido , hwohwris Iaxis , slriis Iriginta.
Syn. Equisetum fluvialile , Lin.
Eqidseliini palustre longiorihus setis. C.B. Pm. iT».
Ef/uisetum maximum. La Marck. Flor. Fr.
Eqiiiselum lielcocharin , Ehrli. Plant, crypl.
Equiselutn telmateya Ehr. Plant, cryp. exsic. 3i.
Efjidselum ehumeum Schreb. Rolh , Cat. Bot. I. pag. 128.
Equisctinn macrostachion , Poiret. Dict. Botan.
La lige est tiroite .. Csluleuse , et souvent remarquable par sa
blancheur et son poli. Sa coupe horizontale offre deux rangs de
cylindres dont le nombre moyen va au - delà de trente. Les dents
de la gaîne , toujours en même nombre que les cylindres in-
térieurs , sont étroites , noirâtres , et serrées contre la tige ;
celte espèce est celle qui présente le plus de régularilé dans ses
parties. Ses rameaux n'avortent jamais, au moins dans les verlicilles
inférieurs. Ils sont octogones ou décagones , à huit ou neuf articu-
lations , et jamais subdivisés ; ils sont serrés contre la lige à l'époque
de leur développement, et s'étalent ensuite.
Celle espèce, ])!us grande et plus développée que la précédente,
atteint quelquefois la grandeur de quatre pieds ; elle se rencontre
le long des haies humides et des ruisseaux ; ses différens aspects ont
trompé qufhiues Botanistes , qui l'ont décrite sous deux noms
différens.
Sa hampe paraît au printemps , à la nême époque que
la Prèle (l(^s clianjps , dont elle ne se dislingue guères que par
ses dimensions doubles ou triples. Cette liamjie rougeâlre est re-
vêtue de gaines fjn amples et fort allongées. Leur* dents, aiguë»
564 WONOGRAPIUE DBS PRELES.
et courtes, sont aussi nombreuses que celles de la tige stérile. C'est
une erreur d'imaginer comme l'a fait Piolh , que la hampe fructifère
pousse des feuilles après la chute de l'épi; il n'y a point de
rapport entre l'organisation delà tige stérile et celle de la hampe;
cette dernière meurt constamment après avoir répandu ses graines.
Cette espèce est sujette à la rouille ( z<ref/o ) , comme l'espèce
précédente. Elle se développe pendant tout le cours du printemps
et péiil jusqu'il la racine \>a.r les premiers froids.
Elle présente quatre variétés ou monstruosités fort remarquables.
Dans la première, la hampe est divisée jusqu'à la base en quatre
ou cinq épis partiels.
Dans ia seconde , les tiges sléiiles , entièrement semblables aux
autres, sont terminées par des épis très-bien formés qui donnent
des graines fécondes,
Dans la troisième, les liges , non -seulement portent des épis
semblables à ceux des hampes, mais elles ont de plus leurs ra-
meaux jiourvus d'épis plu.s petits et fructifères.
Dans la quatrième, les verlicilies sont contournés en s])irale de-
puis le bas de la ])lante jusqu'à son sommet. A oyez. Plauch. II. A,
La première de ces variétés a été rencontrée près de Nyon, en
Suisse. La seconde et la troisième près de Nyon et de Berne, et
la quatrième près de Thun. C'est JM. Trog, Botaniste de cette ville
qui l'a coiiiniuiiiquée à M. De Candolle.
JJEffiiist'/iiin niacrostachio/i de Poiret , trouvé en Barbarie , près
du bastion de France, n'est sans doute qu'une variété d^ijluviatile,
quoifpi'on ne connoisse pas encore ses tiges stériles.
Planc. II. Fig. i. Tige stérile de Prèle fluviatile.
a. Hampe ou lige fertde,
3. Semences de Prèle fluviatile dans leur pre-
mier état.
:)'. Les mêmes pourvues de leurs lames élastiques.
4. Semences dans différeps degrés de dévelop^
pement.
MONOGUAPHIK DES PRELES. 365
5. Ejnderiiie de la tige vu au microscope , et dépourvu
de glandes.
6. Section liorizoïilale vue au microscope.
Planch. II. A. Prèle fluvialile contournée en spirale.
Prêles à hampe imparfaite.
DIX A QUATOnZE DFNTS.
Equiseluui sjh'alicwn , Prèle des bois.
Er/uiseliim cauh slerUi,Jistuloso stiiato , dentihis et j-amis cir-
citer diiodecun , ranils repetilo rmuosis , arcualo dejlcxis ; caule
frucllficanle , fcre imdo , vaginis Iaxis, ramis paucioribus , depau-
pera/is.
Syn. Eqinsclum sylvaliciiin Linn. La Marck. Dicl. Bot. et
omnium fcre auclorum.
Eqiiiselmn capdlare Iloff. Germ. crypt. 3.
Eqiiiseliun syhalicum teiiiiissiniis sclis Bauli. Pin. iG.
Sa tige est slriée , fisluleuse , fragile et épineuse à la loupe.
Ses gaines sont roussàtres , allongées , inégalement déniées. Ses
verlicilles sont complets et réguliers dans les tiges stériles ou dans
celles qui ne portent que des épis courts et minces. Les rameaux
sont anguleux, plusieurs fois divisés, recourbés, d'abord quadran-
gnlaires et ensuite triquèlres. Les tiges fertiles sont rougcàires,
formées de sept ou huit articulations dont les inTérieures soiU dé-
pourvues de rameaux ; dans les supérieures ces rameaux sont
courts, avortés et souvent teints en brun.
Cette plante présente un beau passage entre les Prêles qui sont
pourvues de hampes et celles qui en sont privées. On y voit
manifestement que le développement de l'épi nuit ti celui des
rameaux ; et que plus le premier est considérable , plus les rameaux
566 MONOGRAPHIE DES PnELES.
sont petits et pour ainsi dire avortés. Du reste on rencontre clans
cette espèce sons les passages entre la hampe nue et la lige stérile.
La Prèle des bois se dislingue de toutes les autres par son port
élégant et elle a dans toutes ses parties une délicatesse et une
flexibilité qui ne se rencontre guères dans les espèces congénères.
La Prèle des bois babite dans les contrées moiitueuses et élevées
de l'Europe et de l'Anaérique Septentrionale (i). Elle se plaît
de préférence dans les terrains argilleux et humides. Elle fleurit
au premier printemps et perd promptement ses liges fertiles; mais
les tiges stériles subsistent jusqu'aux premiers froids, comme celles
de la Prèle des bois et de la Prèle des prés : on comprend
que le but de celte permanence est de procurer à la racine une
végétation qui la rende capable de donner de nouveaux jets le
printemps suivant.
M. de Candolle possède dans son herbier un échantillon de celte
Prêle , qui lui a été communiqué par M. Le Clerc et qui vient de
Terre-Neuve. Quoiqu'il soit incomplet , parce qu'il est dépourvu de
fructification , je n'hésite paint h le placer parmi les Prèles des bois ,
auxquelles il ressemble entièrement , soit pour les gaines et les di-
visions des rameaux, soit pour les aspérités de la tige, et pour leport.
Plane, III. Fig. I. Prêle des bols tronquée.
Fig. 2. Tige portant des feuilles et des fleurs.
Fig. 3. Hampe imparfaite de la môme Prêle.
Fig. 4- Epidémie et glandes éparses vues au mi-
croscope.
DOUZE A QUINZE DENTS.
Ecni'iselitm umbrosum. Prèle des ombrages.
Equiseliiin coule sterili Jisluloso , denlibus et ramis circiter
duodeciin , i-amis smipJicibus , arciiafo deflexis , trifjiie/rïs ;
caille frucli/icante nudiiisculo , vaginis Iaxis , ramis depniiperatis.
(i) Eu particulier à MewfonDdUnd, (Herb. Banks.)
MONOGRAPHIE DES PRELES. 56j
Syn. Equiselwn iinihrosuin Wild. Dict. Botan. Mever et Bory
St. -Vincent.
Les tiges slt^riles sont hautes d'environ un pied , pourvues de
légères épines. Les gaines sont verdâtres à dculs inégales.
Les tiges ferliles ne portent leurs rameaux que dans ics verlicilles
supérieurs. Elles ont dos gaines lâches et assez colorées. Toute la
plante est d'un vert gai et d'un port très-élégant. Elle ressemble tel-
lement à la Proie des bois qu'on diroit qu'elle n'en est que le pre-
mier développ"ment. Cependant elle en diffère conslamment au
moins dans les écha:;iiiIons que j'ai scus les yeux , par sa lige sim-
plement rameuse , ses rameaux triquètres , les gaines des liges
moins sèches et les dents des rameaux serrées et lancéolées.
Elle a d'abord été Irouvée dans les forêts humides de la Pomé-
ranie et de la Prusse. Ce sont Meyer et Bory St. Vincent qui
l'ont fait connaître. La Peyrouse l'a ensuite recueillie dans les bois
élevés et frais des Pyrénées.
Plane. IV. Fig. i. Tige stérile.
Fig' 2. Tige portant des feuilles et des fleurs.
Fig. 3. Hampe imparfaite.
Fig. 4- Epidémie et glandes éparses et très -rares
vues au microscope.
Prêles privées de hampes.
A DIX DENTS.
Equisetiim palustre. Prêle des marais.
Eqideluin caiiJe sulcato, subscahro , sulcis den/ibiisque Jere
octonis , /■omis loticlem quadrangularihus sœpe ahorlwis.
A. Equiselnmpoljs/achion. C. B. Piuax i5 , fi.'^ 2.
B. Equiseiuin nudiini vaginis dilatalis.
368 MONOGRAPHIE DES PRELES.
Syn. Ecjuiseluin paluslre aiicloriun.
Equisclum palustre hic^'iorihiui sctis , Bauh. Pin. i5.
F.fjuhcluni iuherosum. De Cand. FI. Fr. (Sup. , pag. 245).
Ft/uiseliim Veroneiise. Pollin Plant. Ver. Fariet k. poljslachia?
Equiseluni piocenim. Poil. Plant. Ver. ?
Sa lige esi sillonnt'e de huit h neuf arêtes saillantes qui lui don-
nent un aspect anguleux : les gaines médiocrement adhérentes
ont le même nombre de dents. Ses rameaux avortent souvent , en
tout ou en partie, ce qui donne à la [)lante une forme irrégulière.
L'épi est terminal, médiocre, trois ou quatre fuis plus long que large
et engagé jusqu'à son entier développement dans sa gaine supé-
rieure qui est en général plus dilatée que les autres. Il s'en dégage
ensuite et paroît porté sur un pédoncule long de quelques lignes. Les
rameaux qui ne sortent souvent, comme dans la Prèle limoneuse,
qu'après la chute de l'épi , sont en général télragones. Leurs faces
sont creusées en sillon , et leurs gaines se terminent par quatre
dents courtes et noirâtres.
Cette espèce se rencontre avec la précédente le long des petits
ruis-seaux et des mares dont l'eau est renouvelée. Ou la trouve aussi
dans les prés humides. Elle fleurit à la fin du printemps , mais sa
floraison dure plus long-temps que celle de la Prèie des limons. Elle
me paroît être la même que Y Equiselinn pioceniin de Pollini.
La Variété polyslacliion est assez commune. On la reconnoît
à ses rameaux allongés, et chargés d'un petit é|)i termina! qui donne
des graines. C'est je crois la Prèle de Vérone , de Pollini.
Il y a une seconde variété où la tige qui porte l'épi est re-
couverte dégaines dilatées dépourvues de rameaux. Dans cet état
elle a des rapports avec les Prèles à hampe.
Les tubercules qui adhèrent quelquefois à sa racine, ont déjà été
observés par Hallcr (i), on les rencontre, je pense, dans le grand
(i) Sdrpes Ileh'cdcœ j n.° 1677.
MONOGRAPHIE DES PRELES. SGg
nombre des espèces ; du moins je les ai vus très-gros et très-dislinct»
dans la Prèle des champs , et dans celle des fleuves. Elle est aussi
sujette à la rouille. ( Uredo').
Plane. V. Fjg. i . Prèle des marais.
Fig. 2. Prêle des marais, Variété prolifère.
Fig. 3. Epiderme et glandes sur plusieurs rangs vues
au microscope.
Fig. 4- Section transversale avec ses divers rangs de
tubes.
Fig. 5. Graines avec leurs lames élastiques.
Fig. 6. Les mêmes dans leurs divers degrés de déve^
loppement.
Equisetwn ramosissimum. Prêle ramifiée.
Efjiiiseliun cauliiiis stria/is , r-amis ni/merosis ,
phs , dentibus sexdecim , vagimilis dentihus octonis.
Syn. E(juisetum ramosissimum Des F. Flor. At. V. 2. p. SgS.
Eqiiisetum ehngatinn Wild. ?
Equiselum Jijcmale Bory St. Vincent, Voyag. V. a. p. loo.?
Sa tige cannelée et un peu rude au toucher est haute de près de
trois pieds et de la grosseur d'une plume d'oie. Ses stries el ses
dents sont à peu près au nombre de seize dans son plus grand
développement. Les rameaux assez réguliers et un ppu divisés ne
vont guères au-delà de douze. Ils ont sept ou huit stries et autant
de dents à leurs anneaux : les principaux sont charge's d'^épis courts
et noirâtres. Mais ce qui distingue surtout cette espèce, ce sont ses
belles giiîiies d'un brun clair en forme de fourreau, de huit à neuf
lignes de long et terminées par des dents Irès-coiirles et noirjUres.
Les rollerelles partielles sont tronquées et im ]ipu blanchâtres.
CItaqi.ie rameau a onze ou douze articulations dout la première est
fort courte, la lige principale doit en avoir autant.
Celte belle espèce a été trouvée par Des Fontaines en Barbarie,
Méin. de la Suc. de Phys. et d'H. nat. T. 1.", a.' Part. 1 1
OyO UONOGRAPHIE DES PRELE?,
dans 1p royaume de Tunis, au pied des montagnes de Lowan. Elle
ressemble pour le port à la Prêle gigantesque de Iluiiiboldl , mais
elle s'en dislingue par ses stries moins nombreuses , et par ses
gaînes beauroup plus grandes , plus lâches et colorées en brun.
Les glandes diffèrent aussi de celles de la Prèle gigantesque.
Elles sont disposées sur deux rangs , comme on peut le voir dans la
Fig. a de la Plane. VI. La Prêle gigantesque a au contraire trois
rangs de glandes.
Wildenow assure l'avoir cueillie près de Venise , sur les bords des
haies humides où elle croissoit avec ï^driindo donax. M. Adolplie
Bron^niarl à la complaisance duquel je dois plusieurs renseigne-
mens sur le genre des Prêles , possède la même espèce trouvée au
Lido sur le bord de la mer. Wildenow , qui la décrit sous le nom
A'elongaltnn , croit qu'elle est la même que Bory Si -Vincent désigne
sous le nom ù'hremah et qu'il a rencontrée dans les sables de
Bordeaux et dans l'iie Bourbon. Quoiqu'il en soit, celle espèce
est assez distincte pour qu'elle ne puisse être long-temps confondue
avec les autres.
Plane. VI. Fig. i . Prêle ramifiée.
Fig. 2. Epidémie et glandes vues au microscope.
Equisetiiin gigaiiteimi. Prêle gigantesque.
Equisetuin caille seinel ramoso , denlihus vaginainim niemhrana-
ceis, caducis, circiler vicenis, ramis nunierosis, plus mimisve régula-
riler disposilis , hexagonis aut etlam octogonis spiciferis.
Svn. Eqniselum ramosissimum Wildenow.
Enuiselum giganteum. Caule striato arborescente , frondihus
siinpUcibiis , slriatis spiciferis. Linn. La Marck. Dict.
Equisetuin altissimum ramosum. Plum. Spec. ii. Icon. 120,
fig. 2. Selis simplicissiinis spiciferis patentihus , iiodosis.
Equisetuin ramosissimum Humboldt et Bonpland.
Equisetuin Humholdtii. La IVIarck , Dict.
MONOGRAPHIE DES PRELES. O7 1
La tige s'élève a plus de cinq pieds : elle est à sa base de la gros-
seur du doigt , lisse au toucher quoique striée , et d'un vert cendré.
Les gaînes , dans leur plus grand développement , sont blan-
cliâtres, terminées par vingt dents membraneuses, transparentes et
caduques. Les pfemières articulations ne contiennent qu'un petit
nombre de rameaux souvent unilalùres , mais les supérieures en
fournissent à peu près douze qui garnissent uniformément la tige.
Ils vont ensuite en diminuant jusqu'au près du sommet, oîi la lige
reste simple quoique pourvue encore d'une dizaine de dents ou
Stries. Les rameaux partiels sont à six , sept ou huit faces , les in-
férieurs sont allongés , les supérieurs sont plus courts, les uns et
les autres portent fréquemment des fleurs. Leurs gaînes , ainsi que
celles de la lige principale, n'ont rien de remarquable; elles sont
naédiocres et blanchâtres.
Celte belle plante habite à Saint-Domingue où elle a été trouvée
p'ar M. Berlers qui l'a communiquée à M. Balbis ; c'est la
même que Plumier avait recueillie à la Jamaïque et h la Martinique,
et que Humboldt a rapportée dernièrement des Caraques. Elle ne
ressemble que peu à la Prèle des marais à laquelle l'herbier de Banks
paroît la rapporter. Wildenow la décrit deux fois , d'abord sous le
nom de rainosissimum et ensuite sous celui de giganteutn. Il en
est de même du Dictionnaire de La Marck , qui l'appelle tantôt
Prêle gigantesque et tantôt Prèle de Humboldt. Mais je suis convain-
cu, par l'inspection des échantillons et des figures, que ces dénomi-
nations s'appliquent toutes à la même espèce.
Ses glandes sont irrégulièrement disposées sur trois rangs.
Plane. VII. Fig. i . Partie Inférieure de la lige de la Prèle gi-
gantesque.
Fig. 2. Partie supérieure.
Fig. 3. Epiderme et glandes vues au microscope.
572 MONOGRAPHIE DES rRELCS.
Eqiilseliiin Itinosum. Prêle des limons.
Equisehmi caule gtahro ,fistuloso ^ siriis dent'ibusqiie fere qiia-
tiiordeciin , ramis simplicibus sœpiiis ahorlivis.
yl . Equisetum limosuin polfsiacliioii. Seringe , inéd,
Syn. Equisetum nuclmn lœvius. Raj. Synop. i3i. t. 5. f. 2.
Equisetum limosum. Wildeuow .
Equisetum JJui'iatilc. Linnœi herbar,
Equisetum. N.® 1677. var. fi. Hall. Stirp. Helv.
Equisetum uliginosum. Wild. Muhlenb. in lilleris?
Les tiges sont fisluleuses, lisses, très-peu consislanles et rayées ,
d'environ quatorze stries. Les dcnis sont aiguës , courtes , noi-
râtres et étroitement appliquées conire la tige. Les épis avant
leur développement sont noirs , plus courts et plus compacts
que ceux des autres espèces. Tant que ces épis sulisistent ,
les tiges sont nues, ou du moins garnies de rameaux courts et
comme avortés, mais lorsqu'ils sont tombés, les rameaux s'allon-
gent et donnent à la plante un aspect tout différent. Du reste , il
n'y a point d'espèce qui varie autant dans le nombre et l'étendue
de ses rameaux ; quelquefois tout le verlicille se développe, quel-
quefois une partie seulement ou un seul rameau, et l'on distingue
très-bien sur la tige les points où les avortemens ont lieu.
Quelques auteurs ont distingué comme variétés les deux élats ex-
trêmes de la Prêle des limons. Haller réunit cette espèce avec celle des
marais , sous la variété /3. Mais nous verrons que ces deux plantes
sont bien distinctes et doivent former par conséquent deux espèces.
La Prêle des limons est commune dans les eaux vives , et même
un peu stagnantes de toute l'Europe. Elle se retrouve dans l'Amérique
Septentrionale. Sa floraison a lieu à la fin du printemps ou au com-
mencement de l'été dans un intervalle de peu de jours. Les racines
sont traçantes et forment des entrelacemens si multipliés que toutes
les tiges, qui paroissent au premier coup-d'œil séparées, appar-
tiennent probablement à la même plante.
I
MONOGRAPHIE DES PRELES. 07J
La variété A. polyslachion, trouvée par M. Seringa , est as.'^ez
commune aux environs de Berne. Elle se dlslingiie de l'espèce prin-
cipale par ses rameaux supérieurs chargés d'épillets fertiles : cette
disposition dos rameaux n'est pas pro|)re h la Prèle des limons , elle
se rencontre bien plus fréquemment dans celle des marais.
UEfjuisetiim UUgiiiosum ou Prèle des tourbières de IMuldenberg,
ne diffère point de notre Prèle des limons , quoique Wildenow et
après lui Poiret dans le Dicl. Bot. en aient fait une espèce. Elle a
exactement la même tige , les mêmes gaînes , les mêmes stries et
le même épi ^ seulement les échantillons que j'ai sous les yeux ont
été cueillis à l'époque oîi la plante n'étoit pas encore entièrement
développée ; c'est pourquoi Wildenow dit qu'elle n'a que quatre ra-
meaux , mais on aperçoit les rudimens des autres qui , dans leur
complet développement, doivent toujours égaler le nombre des stries.
Ces rameaux sont tétragones vers le sommet, comme cela arrive aussi
h ceux de la Prêle des limons , ils ont huit ou dix stries quand ils
prennent naissance plus près de la racine.
Schkuhr qui a donné une bonne figure de la Prêle des limons a
bien observé les stries blanchâtres qui distinguent ses tiges, mais il n'a
pas vu les pores du second ordre que présente la coupe horizontale.
Linné l'a décrite sous le nom de Fluviatile , et elle existe sous cette
dénomination dans son herbier avec la phrase suivante : Equi-
setuin caille striato, frondibus siihsimplicihits . Spec. pi. iSiy.
Flor. Lapp. 3g3. La Tehnaleya est dans une autre feuille , sous le
nom de Fluviatile , provenant de l'herbier de Miller. Ces détails
m'ont été fournis par M. De CandoUe,
Plane. Vin. Fig. i. Extrémité supérieure fructifère de la Prêle
des limons.
Fig. 2. Tige sans fleurs.
Fig. 3. Variété prolifère.
Fig. 4- Graines avec ou sans leurs lames.
Fig. 5. Graines dans différens degrés de dévelop-
pement.
Ôl-t MONOGRAPHIE DES PRELES.
Fig. G. Coupe horizontale avec ses deux rangs de
tubes observés au microscope , ainsi que
les graines.
QUINZE A DIX-HUIT DENTS.
Eqiiisetiim hvemale. Prêle d'hiver.
Efjitiselimi caule suhniido , scabro , Jlsluloso , stiiis et djiitihiis
fere oclochcim , dentihus pilosis aut evanidis.
Syn. Equisetum hyeinale Linn. et omnium fere aiiclonim.
Eqitisetuin Joins nuduin , raniosum. Bauh. Pin. 16.
La lige est composée de douze ou treize articulations ordinaire-
ment nues, et qui ne donnent jamais naissance qu'à quelques ra-
meaux épars. Les gaines sont serrées et terminées par quinze à dix-
Imil dents , tronquées au sommet où elles se terminent souvent par
un simple poil qui tombe en se flétrissant. Le milieu de la gaine est
ordinairement teint en blanc lavé de rouge , tandis que les deu.x
extrémités sont noirâtres, ce qui sert à distinguer assez bien cette
espèce , dont la couleur est d'ailleurs un peu glauque.
La lige est rude au loucher , et la loupe y découvre des aspé-
rités nombreuses. Les sommités sont souvent stériles par avorle-
ment , souvent aussi elles se terminent par un épi noir et compact ,
enveloppé dans sa gaîne et entouré d'épis plus courts, qui donnent
à la plante l'apparence d'un Schoin.
Colle Prèle a un port très-différent de toutes ses congénères :
elle s'élève jusqu'à deux pieds et fleurit au milieu du printemps après
les Prèles à hampe. Elle croit dans les forêts humides, où elle ré-
siste à nos hivers, par sa plus grande consistance. Elle est employée
de préférence à polir les bois et les métaux. L'analyse chimique
a démontré qu'elle contenoit de la silice.
On la trouve dans les deux Continents : elle a été recueillie dans
l'Amérique méridionale, par Fraser, et dans les Etats- unis , par
plusieurs Botanistes Anglo-Axnéricains.
MONOGHAPHIE DES PRELES. Cfjît
On pourroit quelquefois la confonflre avec la Prèle mulliforzne
rameuse, ruais on l'eu distinguera toujours par lus teinles variées
de ses gaines , la grandeur de ses dimensions et sa consistance.
Ses glandes sont sur deux rangs et un peu trapézoïdes.
Plane. IX. Fig. i. Prèle d'hiver dans tout son développement.
Fig. 2. Tige sans épi.
Fig. 5. Section horizontale avec ses deux rangs de
tubes.
Fig. 4' Glandes sur deux rangs vues au microscope.
Fig. 5. Pores corticaux.
Ef/m'setiim Burchellii Prêle de Burchell.
Ecjiiisetum cauïibus fere simpUcibns , striis duodenis , vaginis
sekiceis , spicâ ovatd , compacta , cinered.
Syn. Eciulselum BwxlieUii. Burchell. Cat. Plant. Africœ ex-
tratropicœ.
La tige principale est haute d'un ou deux pieds , pourvue de
quelques rameaux courts irréguliers et souvent prolifères : elle se
compose d'une douzaine d'articulations, et porte à son sommet un
épi compact , cendré , ovale , d'environ neuf lignes de longueur ,
et dont les écailles sont marquées d'une tache noire : celte der-
nière circonstance est peut-être accidentelle et dépend de l'î^ge de
la plante. On compte une douzaine de slries sur la tige principale
et un peu plus de la moitié sur les rameaux dont les inférieurs
quoiqu'assez conrts, comme je l'ai dit plus haut , sont quelquefois
terminés par des épis. Toute la plante présente un aspect irrégulicr,
sa couleur est cendrée, et sa consistance assez grande. Ses gaines
sont médiocres, et ses dents aiguës et transparentes.
Celte espèce différente, au premier coup-d'œil, de toutes les
autres a été trouvée par Burchell dans l'Afrique méridionale , au-
dclh du Tropique et prohahlement proche du Cap : elle appartient
SyS MONOGRAPHIE DES PRELES.
au groupe des mulliformes dont elle diffère cependant à plusieurs
égards.
Les glandes sont sur trois rangs , mais les rameaux n'ont quel-
quefois que deux rangs.
Plane. X. Fig. i. Prèle de Burchell.
Fig. 2. Glandes grossies de la Prêle de Burchell.
Equisetum Tiniorianiim. Prêle de Timor.
Equisetum caulihus numerosis scahriuscidis ferme midis, striis
fere duodenis , t-'oginis adultis tnincatis.
Syn. Equisetum de Timor. Musée de Paris 1821.
Les tiges de deux ou trois lignes de diamètre s'élèvent au-delà
de deux pieds. Elles sortent de la racine, ou des premiers verlicilles;
elles sont peu consistantes et fortement marquées de dix à douze sil-
lons. Les rameaux très-peu nombreux partent irrégulièrement des
différens verliuilles , et atteignent la hauteur des tiges principales.
Ils ont des stries un peu moins nombreuses et des gaînes mé-
diocres , blanchâtres et tronquées. Toute la plante est d'un gris
cendré et un peu noirâtre. Elle porte svirement des épis , mais l'é-
chantillon que j'ai sous les yeux en est dépourvu.
Cette espèce est voisine des Prêles mulliformes; mais elle en diffère
par la mollesse de ses tiges , par ses gaînes , par sa grandeur, et en
général par son port ; ses glandes sont sur deux rangs.
Elle existe dans l'herbier du Musée d'Histoire Naturelle de Paris,
sans fructification quelconque , et elle est indiquée comme une es-
pèce nouvelle venant de Timor. M. Ad. Brongniart soupçonne que
cette espèce est la même que l'on trouve dans l'herbier de Burmann
accompagnée du nom de Japan. Il sera aisé de vérifier cette con-
jecture.
Plane. X. Fig. 3. Prêle de Timor.
Fig. 4. Glandes grossies sur deux rang».
MONOGRAPHIE DES PRELES. ^77
Ef/iit'sehim stipulaceum. Prêle stipulacée.
Eqiiisetimi caulibiis ramosis , angulatis , denlibiis sex sphacelalis
fiiscis ; spicis ovaio elotigalls, stipulaceis.
Les tiges qui s'élèvent jusqu'à un pied parlent des difff^rentes ar-
ticulations de la racine ; elles sont amincies , peu consislanies , sil-
lonnées de six ou sept siries profondes , et elles émettent irrégulière-
ment quelques rameaux stériles. Les gaines sont roussàlrcs , mé-
diocres , pourvues de six ou sept dents caduques; les épis terminent
les liges principales; ils sont d'un brun foncé , ovales , allongés
et enveloppés en partie par les dents allongées de la gaîne sur la-
quelle ils reposent , et c|ul prend alors la forme d'un calice mem-
braneux.
Cette espèce de Prêle a été rapportée du Pérou par Dombey , et
m'a été communiquée par des Fontaines. Elle a beaucoup de rap-
port avec la Prêle des marais par sa consistance , sa forme an-
guleuse, le nombre de ses stries et la disposition de ses glandes;
mais elle en diffère par ses épis plus allongés, enveloppés de gaîues
dont les dents prolongées forment une espèce de calice , et surtout
par le mode de son développement. La Prêle des marais est une
espèce régulière qui émet à chaque articulation des rameaux ei»
nombre presqu'égal aux dents de ses gaînes ; tandis que les liges
delà Prêle stipulacée, sont à peu près nues, au moins dans la
partie supérieure.
Cette plante se trouve dans llierbier du IMusée d'Histoire Na-
turelle de Paris , avec la désignation de celui qui l'a fait connoîlre.
Elle y porte les deux noms à^ Ecjuhelimi Jlimalde . L. ^iHi'Equisetum
giganteum L. qui ne lui conviennent nullement , comme on peut
le voir p.ar les descriptions de ces espèces, et l'inspection des figures.
Elle ressf^mbleroil bien plus , comme je l'ai dit plus haut, ^i la Prêle
des marais , ou comme le pense M. Adolphe Brongniart à la Prêle
rameuse de De Candolle , dont elle a un peu le port. Mais la dif-
Mém. de la Soc. de Phjrg. et d'H. nat. T. \" , a.' Pan. 12
SyS MONOGRAPHfE DES PUELES.
f'érence des pairies et les caractères que j'ai donnés suffisent pour
l'en distinguer.
La Prêle rameuse de De Candolle est une variété de la Prèle mulr-
tiforme.
Les glandes de la Prêle stipulacée sont sur plusieurs rangs.
Plane. XI. Fig. i. Prêle stipulacée.
Fig. 2. Glandes grossies de la Prèle stipulacée.
Equiseliim Pannonicxnn. Prèle de Hongrie.
Etpiisctiiin caiiJibus subsimplicihus , glahrhisculis , ramis hexa-
goiiis , solilariîs , cagihariini dentibiis obtiisis , spica lerminali.
Wiil<Ienow Spec. plant.
Syn. Equisetum Pannoniciim Waldstein et Kitaib. T. 2.
Equisetutn Pannonicwn Willdenow.
La lige s'élève jusqu'à un pied, elle est nue, ou pourvue d'un
petit nombre de rameaux qui partent des verlicilles inférieurs. Ces
rameaux courts sont hexagones ou heptagones , les gaines sont ter-
minées par des dents lancéolées , noiriilres et un peu obtuses.
Celle espèce a été trouvée par Waldstein et Kilaibel , dans les
marais de la Hongrie : elle ressemble à la Prèle des marais par
le lieu de son habitation et son orsanisation générale; elle en dif-
fère selon les auteurs par sa lige non sillonnée et beaucoup plus
nue. Mais ces différences , et surtout la seconde sont peu mipor-
lanles, parce que la Prèle des marais présente toutes les appa-
rences intermédiaires entre les lises nues , et les ti^es verlicillées.
Je ne liens compte ni de la forme ni de la couleur des dents des
gaîues qui varient tout à fait selon l'âge de la plante.
Je la regarde donc , ainsi que la précédente, comme Irès-voisîne
de la Prèle des marais ; je la recommande aux Botanisles , pour
qu'ils en observent les glandes, el qu'ils l'examinent de plus jirès dans
un grand nombre d'exemplaires. Je ne l'ai pas fait graver, parce
MONOGRAPHIE DES PRELES. ^79
que je n'ai pas pu me la procurer, quanti je l'aurai observée,
je jugerai si elle est une véritable espèce.
l
Eqitisettnn iindlijorme. Prèle Mulliforme.
E(]iiisetinn cniiHhiis minierosis , striatis , glahiuscvlis , siilcaùs,
apice spicifeiis , rainis paucioribus irregidariler disposkh, vaginis
plus miiius've sphaceUilis , oclonls.
Synon. Ecpiiselinn i'arie :^aUim , Schleich. Cat. pi. lielvet.
Ecpiisetwn /ï7j/?e,Hoppe Exs.
Eqiiisefiim s/ipidaceiim , Sclileicli. inédite.
EqidselLiin cavipanulaliiin , FI. Fr.
Eqiiisetum ramosiim , Schleicli. De CanrloUe Sup. à la FI. Fr.
Equisetwn jiudiim minus variegatuinbasdeense, C. Bauh. Pin. 16.
E<juiselum asperrimiun Dickson. '
Celte espèce est celle dont la sj'nonymie est la plus difficile,
parce que la plupart des auteurs lui ont donné des noms différens,
et que quelques-uns en ont fait deux ou même trois espèces, d'a-
j)rès les apparences variées que présente son port.
En général, ses tiges sont nombreuses, sillonnées de luiil ou
neuf aréles , minces , dures , nues ou chargées d'un petit nombre
dé rameaux simples et disposés irrégulièrement; les gaîues sont
petites , serrées , munies de dents qui tombent aisément. On aper-
çoit à la loupe les aspérités qui couvrent les liges et les ra-
meaux:. Elle comprend cin(j variétés.
a. Eq tnsetuin inuldformc variegatum. Prèle mulliforme panachée.
. Celte ])remière variété est la Prélepanachée (^variegatum) des
auteurs. iSes tiges .'Oiil hautes de huit à douze pf)uces , .souvent ter-
minée.'; par un épi cous t, et constamment remarquables par h urs
gaines noires couronnées de dent." blanches ; elle croît sur les sables
- des rivières et dans les lieux secs. C'est celle de C. Bauiiin.
P Equiseliiin mulliforme ravinsvm. Prèle midiiforme ranieusp.
Cette seconde variété est peu connue des Cotanislcs quoiqu'elle soit
38 O MONOGRAPHIE DES PnÊLES.
assez répandue ; elle émet de sa racine plusieurs liges courtes sembla
blés à celles de la variété adonlles gaines sont plus ou moins noirâtres;
mais on y observe encore une ou plusieurs tiges principales , qui
peuvent s'élever jusqu'à trois pieds et qui sont terminées par un épi
plus grand que celui de la variété a. Les gaines sont amples,
assez lâches , blanclies ou brunes , mais rarement noires ; les
rameaux sont assez nombreux , plus ou moins réguliers , et quel-
quefois prolifères. Cette variété ,6 se trouve souvent réunie à la
première , et l'on peut facilement observer des échantillons qui pré-
sentent toutes les nuances intermédiaires. Ordinairement la Prêle
rameuse se rencontre dans des terrains plus riches et plus favorables
à la végétation.
y. Equisetum mullifonne paleaceiim. Vrèle mxûli^oTine paléacée.
Cette troisième variété, est beaucoup plus ramifiée que la précé-
dente , ses gaînes sont aussi plus sèches et plus agrandies , elle est
indiquée par Schleicher comme croissant sur des rochers oii elle
s'élève jusqu'à deux pieds , sa couleur est d'un vert cendré , elle
est sèche et dure dans toutes ses parties. Les gaînes de ses tiges
et de SCS rameaux sont blanchâtres.
<^. Equùetitm mulllfo/me tenue. Prèle multiforme amincie.
Celte quatrième variété ressemble en tout à la première , ex-
cepté dans ses gaînes qui ne sont pas teintes en noir ; ce qui dépeud
ou de l'Age ou de quelques circonstances accidentelles.
t. Equisetiiin mullifonne campanulaliim. Prèle multiforme
campanulée,
Cette cinquième variété (^campanulatum de Poiret) est sem-
blable h l'amincie ; mais ses gaînes sont plus lâches et comme
campanulces. L'épi est souvent porté sur un court pédoncule , qui
semble sortir de sa gaîne comme d'un godet : sa lige , ou ses tiges
principales sont remarquables par leur couleur cendrée, et leurs
sillons profonds.
MONOGRAPHIE BES PRELES. 38l
Toutes ces variétés jiassent constamment des unes dans les autres;
elles ont les ra^mes glandes , le même nombre de stries , leur con-
sistance est sèche et dure, leurs tiges sont filiformes, et les épis
qui les terminent sont toujours courts et lancéolés.
Elles sont répandues dans les diverses parties de l'Europe, comme
les autres espèces des anciens Botanistes; jusqu'à présent il ne paroît
pas qu'elles aient été retrouvées ni en Asie , ni en Afrique , ni
dans l'Amérique méridionale.
Voici la S) nonymie des variétés.
Première variété. Equisetuin multiforme l'ariegatum-
Syn. Efjuisetum cariegatum Wildenovv, Scbleicher, De Candolle,
La Marck , Dict.
E(juisetum nudiiin variegalum hasileense Bauh. prodr, 24.
Deuxième variété. Ee/uisetum mulùfonne rainosum.
Syn. Equisetutn. N.° 1679. T^ar. a. Haller ,
Troisième variété. Equiselinn multiforme paleaceum.
Syn. Equisetutn paleaceum, Schleicli, inédit. Helvet.
Quatrième variété. Equisetum multiforme tenue.
Syn. Equisetutn tenue, Hopp. e.\s.
Equisetutn ramosum. De Cand.
Cinquième variété. Equisetutn multiforme campanulatum.
Syn. Equisetutn campanulatum. Dict. La M. Supp.
Plan. XII. Fig. 1 . Prèle multiforme variée.
Fig. 2. Glandes grossies de la Prêle multiforme
variée.
Fig. 3. Prêle multiforme canipanulée.
Fig. 4- Glandes grossies de la Prêle multiforme
campanulée.
MONOGRAPHIE DES PRELES,
Equiseluni incaniun. Prèle blanchâtre.
Ecpiisetinri caitlibiis filifonuibiis , itwanis ,])i-ofunde mlcalis, âen-
t'ihus septenis oclonisve , raviis paucioribiis , inegularitcr dispositis ,
dentihiis fpiinis , seai-iosis caducis , vaginulismediocrihus.
Syn. Equisetiim ramosissimiim. Grande Canarie. Christ. Smith,
publié par de Buch.
Ses tiges sont minces, allongées , bianrliâlres , douces au loucher,
et marquées de sillons profonds. Elles atteignent la hauteur de huit
ou dis pouces dans l'échantillon que j'ai sous les yeux , et sont ir-
régulièrement ramifiées. Le.s gaîncs de la tige n'ont que sept ou
huit dents , et celles des rameaux quatre ou cinq. Les sommités
des tiges portent sûrement des épis , mais la plante que j'ai sous
les yeux en est entièrement dépourvue.
Celte espèce a un très-grand rapport avec la Prêle multiforme
et en particulier avec la variété /3 , mais comme elle n'a pas
été recueillie en Europe, et qu'elle en diffère à certains égards,
j'ai préféré de l'en séparer. Je ne sais pas ]>ourquoi elle a été dé-
signée sous le nom de ramosisslminn par les premiers Botanistes
qui l'ont cueillie , car elle n'a de ressemblance ni avec la plante de
Des Fontaines, ni avec celle de Humboldt , ni avec celle de Wil-
denow. Je l'ai désignée sous le nom A'incanum , pour éviter une
plus grande confusion dans la synonymie.
Ses glandes sont ovales, sur deux rangs, ordinairement simples.
Plane. XIII. Fig. i. Prêle blanchâtre.
Fig. 2. Glandes grossies de la Prêle blanchâtre.
Ef/uise/imi eloitoa'init. Prèle allongée.
Eijuiseliiin caiilibiis sex sulcaiis , scabriiiscidis, rantispaucioribus
ureguîariler disposilis , elongalis, ^'aginis mediocribus, denlibun dia-
phauis aristatis , caducis.
Syn. Erjuiselum elongatuin. Wildenow-
MONOGRAPHIE DES PRELES. 383
Equisehmi Jiycinale. Bory St. -Vincent.
Exclus. Syn. Equiseii ramosissitiii. Des F. FI. Ail. V. 2. p. 5g8.
Les tiges sont iiaules de deux ou trois pieds, grêles et peu consis-
tantes , h huit ou neuf sillons dans leur plus grand développement.
Elles sont sini[)les,ou bien elles émettent, dans tjuelcpies-unes de leurs
articulations , un, deux ou trois rameaux qui varient beaucoup dans
leur grandeur ; les uns ne comprennent que deux ou trois vorli-
cllles , tandis que les autres atteignent presque la longueur de la
tige ; quelquefois ceux qui partent de la base sont divisés. Toute
la planle est assez douce au louclier , ses racines sont profondes ,
sa couleur , quand elle est desséchée, est d'un gris sale, et ses gaines
ont la même teinte ; elle perd irrégulièrement ses dents transpa-
rentes et aiguiîs. Les épis qui terminent les tiges , et sans doute
quelquefois les rameaux principaux, sont courts et n'ont rien de re-
marquable.
Celte espèce a été cueillie par Bory St. -Vincent dans les lieux
humides et marécageux des îles Maurice et Bourbon. Il l'a dé-
signée mal-à-propos sous le nom de Prêle d'hiver , car elle n'a
point de rapport avec cette espèce. Wddenow essaie d'y rapporter
VEqiiiselwn rainosissnninn de Des Fontaines , FI. Atl. V. 2. p. 3y8,
qui en diffère beaucoup. Il croit aussi l'avoir cueillie sans frutlifi-
cation dans les haies humides des environs de Venise ; et l'avoir
reçue des sables de Bordeaux , par Bory St- Vincent.
Elle est mentionnée dans l'herbier du Musée de Paris comme
ayant été trouvée dans l'île Bourbon, par Perrolet et Commerson.
On peut la confondre avec les variétés de la Prêle mullifomie , mais
elle en diffère essentiellement par la forme et la disposition de ses
glandes , qu'on trouvera représentées dans les figures. Comme
celte forme de glandes doubles ne m'a paru appartenir jusqu'à pré-
sent à aucune espèce d'Europe , je ne puis croire encore que la Prêle
cueillie à Venise par Wildenow , et à Bordeaux par Bory Saint-
Viucenl lui-même , se rapporte à notre Prêle allongée.
384 MONOGRAPHIE DES PRELES.
Je vois que la même remarque a déjà été faite par M. De Canrlolle.
Les glandes sont placées sur deux rangs et ordinairement doubles.
Plan. XIII. Fig. 3. PrAIe allongée.
Fig. 4- Glandes grossies de la Frêle allongée.
Equiseliint Bogoleitse. Prêle de Bogota.
Ecjuiseliau caulibiis cœspilosis , siinplicibiis , ti'ansi'ersim imdu-
latis , glahvis monoslachyis , caginis Iaxis <juadridentatis , dentibus
acuminato-suhulatis , apice sphacelatis.
Sj'n. Equiseliini Bogofense. Wildenow.
Efjiiiselum Bogotense. Runth in Humb. et Bonpl. Nova gênera
et Spec j P. I. p. 42.
Ses racines sont rameuses et rampantes ; elles produisent plu-
sieurs tiges simples réunies en gazon , droites quadrangulaires , gla-
bres, ondulées transversalement, terminées par un seul épi , longues
de quatre à huit pouces , les enirenœuds ont six à neuf ligues,
les gaînes sont cannelées, lâches à leur sommet, à quatre dents
subulées , membraneuses, diaphanes , droites et un peu sphacélées ,
les épis sont obiongs , cylindriques et longs d'un demi-pouce.
Cette espèce qui croit le long des chemins, à la Nouvelle Grenade,
proche de Santa-Fé de Bogota, et proche d'Alto del Roble, dans des
bois de ch^ne, paroit fort distincte de toutes les autres par ses tiges
quadrangulaires et ondulées transversalement. Humboldl qui l'a
cueillie , la considère comme voisine de la Prêle multiforme variée,
mais les deux caractères que j'ai indiqués l'en séparent suffisam-
ment : c-lle lui ressemble du reste un peu par le port.
Je n'ai pas pu jusqu'à présent me la procurer , elle ne se trouve
encore que dans l'herbier du célèbre Botaniste qui la trouvée ; je
neconnoi s point ses glandes.
MONOGRAPHIE DES PRELES. 585
Equisetiim scirpoides. Prêle sétacée.
Equisetum ccudibus numerosis , gîabris , attenuatis , suhlorluosis ,
iuh lente muricatis, sulcatis strils sex ; ramis nonnullis irregulariter
disposifi's ; vaginis fiiscis tridentatis interdum quadridentatis ; spicis
terminalibus , brevissimis , nigricanlibiis.
Syn. Equisetum scirpoides. Wildenow.
Equisetum caulibus simplicibus, selaceis ; cagijiis triseiis; capitula
hrevissimo, nigricante. Mich. Amer. 281. V. 2. Purshs. FI. Bor.
Amer. 2. p. 652.
Excl. Syn. Equisetum reptans. Svvarlz. in lilt. ?
Ses tiges sont nombreuses , grêles , très-amincies , douces au
toucher et fortement chagrinées à la loupe , elles s'élèvent à peine
de cinq à six pouces , en donnant naissance à quelques rameaux
irrégulièrement disposés , et quelquefois terminés comme la tige par
de petits épis noirâtres. Sa couleur est d'un vert plus ou moins foncé ,
selon l'époque où elle a été cueillie. Ce qu'elle présente de très-
remarquable , c'est le nombre des dents de ses gaines qui n'est que
la moitié de celui des stries. Elle a six ou huit sillons et trois ou
quatre dents , ordinairement trois. Dans toutes les autres Prêles le
nombre des dents est toujours égal à celui des stries ; ici il est sous-
double ; on voit assez bien la réunion des deux stries qui forment
une seule dent.
La Prêle télacée diffère de toutes les autres par son port qui
ressemble à celui d'un Scirpe , et par les trois dénis de ses
gaines. Elle a éié cueillie par Michaux dans les forêts du Ca-
nada , et elle a encore été décrite par Purshs. dans sa Flor. Am. 2.
p. 652. J'en ai sous les yeux deux échanlilloiis , l'un de Michaux
qui m'a été communiqué par M. Des Fontaines , et l'autre de
l'herbier Lambert que j'ai reçu de M. De Candijlle Ils se rap-
porlcnt évidemment à la même plante.
J'en exclus, j usqu'à présent, rjE^MMC/w/n repians de Swarlz qui
Mém. de la Suc. de Phys. et d'H. nat. T. 1.", a.' Pari, i 3
586 MONOGRAPHIE DES PRELES,
a été trouvé en Suède , parce que la même plante n'habite guèrcs
les deux Contiuens. Cet Equisetiun reptans est peut-être VEqui-
sefiim arvcnse que j'ai souvent trouvé sous la forme d'une petite
Prêle rampante avec des rameaux trigones, mais dépourvus d'épi.
La Prèle sétacée a deux rangs de glandes comme la Prêle niuK
tiforme et la Prêle d'hiver.
Flanc. XI. Fig. 3. Prêle sétacée.
Fig. 4- Glandes grossies de la Prêle sétacée.
Equiselujn reptans. Prêle rampante.
Equiseluin multicaule ; caulibus procianhentihus , fîlifonnibus
nudis, scahris, ietragonis; vaginaruin dentibus setaceis , nigris. Des-
crips. ex Walh.
Equisetuni replans. Swartz in litfer.
Equisetum reptans. Walhenberg. Roth. Germ. 5. 6. Ehrh. Beilr.
3. p. jj.
Cette espèce est, dit Walhenberg , la plus petite de tout le genre.
Ses racines qui s'étendent beaucoup sur la terre et sous la terre émet-
tent des tiges qui se ramifient plusieurs fois. Elles sont fort minces,
rudes au loucher, à quatre sillons et à quatre angles. Les gaines
sont noires , les dents sétacées et persistantes. L'épi est sessile ,
presque enfermé dans sa gaîne , de moitié plus épais que la tige qui
le porte , et remarquable par ses écailles qui sont noires.
Cette plante a , dit-on , été trouvée dans le Groenland, et dans les
forêts subalpines de la Prusse et de la Suède. Walhenberg dit
qu'on la rencontre fréquemment dans le Norlland et quelquefois dans
les Alpes de la Botnie. Il ajoute que ses liges filiformes et un peu
clandestines empêchent de la distinguer.
Wildenow l'a confondue avec la Prêle sétacée de Michaux, dont
elle diffère cependant par ses tiges quadrangulaires et ses gaînes à
quatre dents. D'ailleurs elle n'a encore été reconnue qu'en Eu-
MONOGRAPHIE DES PRELES. SSy
Pope , tandis que celle de Michaux habite l'Amérique septentrionale.
Du reste, je n'ai pas pu, jusqu'à présent, me la procurer. Elle se trouve
dans l'herbier de M. B.Delessert, comme une nouvelle espèce en-
voyée par Swariz et cueillie dans la Laponie.
, Equisetum débile. Prèle penchée.
E(juisetuni caulibus teretibus , erecthisculis , 14- i5 striatis ,
lœvihus ; ramis inordinatis , 6-7 striatis teniiibiis ; vaginis den-
tCbus 14- 1 5 nigricantibus , apice diaphanis, longe aristatis ; spicis
terminalibus , ellipsoideis , inira ultimam imaginant sessilibus ; peltis
seplem scriatis, verticillatis , circiler 5 - 'j in unoguoque ve?Hicillo.
Descript. ex Candoll. inédit.
Syn. Equisetum débile. Roxb.' inédit, ex Ind. orient.
Cette plante , dont je n'ai sous les yeux qu'une partie de ra-
meau, se rapproche un peu de notre Prêle multiforme rameuse,
mais elle en diffère par le nombre plus considérable de ses stries
et de ses dents, et comme elle a été cueillie dans les Indes
orientales, il est assez probable qu'elle constitue une espèce dis-
tincte : M. De CandoUe dit qu'elle a le port de la Prèle limoneuse ,
mais elle ne lui ressemble point dans les caractères généraux de
son organisation.
Ses glandes sont sur deux rangs comme celles de la Prèle mul-
tiforme , mais ces rangs sont souvent doublés , disposition qui est
commune aux Prêles étrangères et qui se retrouve en particulier
dans la Prêle blanchâtre des Canaries,
Equisetum pralense. Prèle des prés.
Syn. Equisetum caulibus simplicibus, ramosis, scaberrimis ; ra-
mis tetragonis; spica terminait. Wildenow, Spec. plant. Rolh, Germ
3. 6. Ehrh. Beitr. 3. p. 77.
588 MONOGRAFHIE DES PR-Êliié^.
Ses tiges sont simples , rameuses et très-rudes au toucher ; les ra-
meaux , au nombre de seize h chaque verlicille , sont tétragones ,
très-ouverts et stériles , leurs gaînes sont terminées par quatre dents
aiguës.
Cette espèce a été trouvée par Ehrhart , dans les prés de l'Alle-
magne ; jusqu'à présent je ne connois rien qui lui ressemble. La
principale singularité qu'elle présente, ce sont des tiges à seize ra-
meaux , qui par conséquent ont au moins seize stries , tandis que
les rameaux eux-mêmes n'en ont que quatre. Or , dans les Prêles
dépourvues de hampe , les stries des tiges et des rameaux ne m'ont
jamais présenté une différence aussi considérable ; elle appartien-
droit à la Prêle des champs, si ses tiges ne portoient pas des épis,
et à la Prêle des marais , si elles étoient moins rudes , et que ses
verlicilles ne donnassent pas naissance à seize rameaux.
Je crois avoir vu , il y a quelques années , celte Prêle des prés,
et avoir reconnu qu'elle ressembloit beaucoup à la Prèle des marais,
je ne l'ai plus retrouvée dès-lors. J'invite les Botanistes à l'examiner
de nouveau.
Equisetum procerum. Prêle élevée.
Eqitisetum caulibus simplicïter raniosis , glabris , strialis , apice
spiciferis ; rarnùs vclonùs , Jiejougonis ; vaginarum dentibus aris-
tatis , sphacelatis , apice suhdiaphanis.
Syn. Equisetum procerum , Poil. Plant. Véron.
Equisetum. procerum, Dict. La M.
Cette espèce a été trouvée dans le territoire de Vérone par
Pollini. Je n'y sais voir aucune différence avec la Prêle des marais ,
mais je l'indique pour qu'on l'examine avec soin et qu'on observe ses
glandes.
MONOGRAPHIE DES PRELES. SB^
EqiUseium T^erotiense. Prêle de Vérone.
Equisetiirn caiilibiis siniplicibus, ramosis, gîàbris ; ramis hexa-
gonis, apice spicifèris; dentibus vaginarum acutis, sphacelatis, apice
diaphanis.
Syn. Equisetum T^eronense. PoUini , Plant. Veron. Spreng.
Pug. 2. p. 94.
Equisetum V^eronense. Dict. La M.
Cette plante a aussi été trouvée dans le territoire de Vérone
Elle ne diffère de la précédente que parce que ses rameaux portent
des épis. C'est probablement la variété polyslachion de la Prèle
des marais. Je la recommande également à l'attention des Bota-
nistes pour qu'ils vérifient ma conjecture , et qu'ils observent ,
s'ils le peuvept , la disposition des glandes de celte espèce encore
douteuse.
ijuji • ■ nij ir, aa'i , ', ; î :,;,.
u;uub
ifim uli ,t!
Ajl^iiA <«i|«Ul>i !\t\ »)■> Juv'iaeoilp'i ;,«!■« »<)lij»YVU.'
Sgo MONOGRAPHIE DES PRELES.
NOTE.
Q.
'l'oiQUE je n'aie poiut vu les racines de ces dernières Prèles , non plus
c[ue pelles de la plupart des espèces étrangères à l'Europe , je ne doute
point qu'elles ne soient semblables à celles que j'ai décrites, c'est-à-dire ,
qu elles ne se composent d'articulations prolongées indéfiniment , et qui
émettent de vraies racines ramifiées et sans anneau. Je viens dernière-
ment encore de vérifier ce que j'ai dit dans mon discours préliminaire ,
sur le développement indéfini de ces tiges souterraines. J'en ai trouvé qui
se prolongeoient jusqu'à douze ou quinze pieds , et qui étoient entièrement
semblables aux tiges aériennes pour l'organisation générale : elles n'en dif-
féroient que par la plus grande consistance , l'absence des rameaux , et sans
doute aussi des glandes : on voit attachées çà et là, à leurs divers nœuds, ces
tuberosités dont j'ai déjà parlé, et qui appartiennent à un grand nombre de
Prèles. Les vraies racines sortent aussi de ces nœuds, elles sont ramifiées , con-
tinues, sans anneau , et se prolongent quelquefois de plusieurs pieds. Malgré
mes efforts , je n'ai poiiit trouvé l'extrémité de ces tiges souterraines , d'où
partoient sans fin de nouvelles branches formant un angle aigu du côté du
sol , en même temps qu'elles paroissoient se détruire à de plus grands enfon-
cemens. La Prêle est donc une plante dont jusqu'à présent la durée doit être
considérée comme indéfinie, et qui, du moins à ma connoissance, ne fournit
plus de nouveaux individus, quoique ses graines soient susceptibles de dévelop-
pement. Ces nouvelles remarques m'ont été fournies par la Prèle des champs ,
'
MONOGRAPHIE DES PRELES. 0Q\
et par les Prêles multiformes variée et rameuse , et elles doivent s'appliquer
à toutes le Prèles d'Europe.
Je ne doute pas qu'on ne reucoutre facilement dans les terrains liouillers
des empreintes de ces tiges souterraines.
M.dePh.H. nar.t}' p y I.p.392.
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31 aePlL.H.iLat. 2*p.Y. 1. p 7,99.
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]Vr. iePh.H.naf . 2r p. T. I. p. 3 9 2.
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Eq Ramosissimum.
]Vt. dePL.H.iiat.S^p. Y. I. p.3 92.
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Eq. Limosum
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lI.dePt.H nat 2«p. V I p 392.
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IV. V
Eq. HYEMALE.
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Eq Burchelui
Eq Timorianum
3I.dePK.H iiat.2^;p T.I.p.392
IV'
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EQ Stipulaceum.
Eq- Setaceum
t. M
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EQ Gampanuiatum
Eq Variegatum
PI /.m
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Pli
Éi
'^ I
■*
Eq Elomcatum.
EQ. INGMSIUM.
Mie PiLÏÏ.nat. 2" p . T.I.p.3 5>2.
Pi MA
EO ThiniATlLK
->
MEMOIRE
Sur ïajamille des Ternstrœmiacées et en parti-
culier sur le genre Saurauja.
Par M. le Prof. DE CANDOLLE.
{Présenté à la Société d» Physique et d'Histoire Naturelle en Janvier i8ao.)
il ORONHA paroît avoir le premier de tous les natura-
listes observé les caractères de quelques arbres et ar-
bustes de rUe de Java, remarquables par leur corolle
raonopétale portant un grand nombre d'étamines et par
leur ovaire libre à 5 loges et à 5 styles. Il en découvrit
deux espèces dont les dessins sont consei'vés dans la Bi-
bliothèque de Mr. de Jussieu, et reconnoissant quils for-
moient un genre nom eau, il leur donna , mais sans le
publier le nom de Scapha soit pour faire allusion à
leurs fleurs en forme d'auge, soit peut-être parce que
la légèreté de leur bois les rend propres à faire des
bateaux.
Commerson et Lahaie en visitant l'île de Java y ont
cueilli quelques espèces du même genre qui se trouvent
sans nom dans leurs herbiers. Mr. Lechenault a recueilli
dans la même île trois espèces de ce genre , et reconnois-
sant qu'il n'étoit point encore décrit, il lui donna le
Mém. de la Soc. de Phys. et d'H. nat. T. 1.'% 2." Part. j 4
OQ-i SUR LA FAMILLE DES TERNSTR(EMIACÉES.
nom de Van-alphimia en l'honneur d'un Hollandois qui
avoit favorisé ses travaux dans Itle de Java. Le travail de
Mr. Lechenault envoyé à Mr. de Jussieu resta inédit
conune celui de Noronha.
MM. Sessé et Moçino dans leur grande expédition
au Mexique découvrirent deux arbres dont ils firent
faire les dessins et qu'ils se proposoient de publier comme
formant un genre nouveau. Mr. Moçino et moi dans
la revuc; que nous avons faite ensemble de ses manus-
crits pendant son séjour à Montpellier avions l'inten-
tion de lui donner le nom mythologique de Leucothea
en faisant allusion à la blancheur de ses fleurs.
Ce travail n'ayant pas été publié non plus que les
précédens, Mr. Wildenow a été le premier qui a fait
connoître au public les caractères du genre qui nous
occupe ; il en a reçu une espèce des environs de Ca-
raque oii elle avoit été cueillie par Mr. Bredemeyer et il
il donné à ce genre le nom de Saurauja en l'honneur du
Comte de Saurau amateur de la Botanique. Ce nom de
Saurauja ayant été le premier publié doit faire aban-
donner tous les autres et être admis dorénavant pour
désigner le genre dont je donnerai ci-après la description.
Ce genre dont on ne connoît jusqu'à présent qu'une seule
espèce décrite , va être portée jusqu'à douze par la réu-
nion des divers documens que j'ai pu me procurer jus-
qu'à présent.
Ayant été ainsi appelé par ce concours de matériaux
nouveaux à m'occuper de ce genre peu connu , cet exa-
men m'a conduit à m'occuper aussi de la place qu'il
SUR LA FAMILLE DES TEKNSTRŒMIACÉES. 5^5
doit occuper dans l'ordre naturel, et comme la famille
des Ternstrœmiacées à laquelle je pense qu'on doit le
réunir ou du moins le joindre jusqu'à nouvel examen ^
est encore peu connue, j'ai cru qu'il pourroit n'être pas
inutile de présenter ici l'histoire succincte de cette fa-
mille : on y apercevra encore plusieurs lacunes, je le
sais , mais peut-être cependant ce premier travail pour-
ra-t-il contribuer à faire éclaircir les points douteux qui
restent encore dans l'histoire de ces plantes toutes exo-
tiques ; la plupart sont assez incomplètement décrites
pour qu'il vaille la peine d'ajouter quelques détails à leurs
descriptions, et d'ailleurs aux vingt-et-une espèces connues
aujourd'hui dans cette famille , je me trouve pouvoir en
ajouter dix-sept entièrement inédites; c'est ce qui, mal-
gré l'imperfection des documens que je puis présenter ,
m'a engagé à en donner ici une monographie abrégée.
Les Ternstrœmiacées sont au nombre des familles
dont toutes les espèces sont confinées dans les régions
équatoriales et distribuées soit dans l'Asie , soit surtout
dans l'Amérique (i); cette circonstance a fait qu'elles
ont long-temps échappé aux recherches des natura-
listes et qu'elles sont encore trop rai'es dans les collec-
tions pour avoir été bien étudiées ; la première espèce
qui s'est présentée à l'examen des Botanistes est un ar-
buste du Royaume de la Nouvelle-Grenade que Mutis
envoya à Lnnié et que son fils fit connoitre en 1781 dans
(1) Sur les 3g espèces connues aujourd'hui on en compte 25 dans les parties
chaudes des deux Amériques, et i4 dans les parues méridionales et orientales
de l'Asie.
3g6 SUR LA FAMILLE DES TERNSTKCEMIACÉES.
le supplément sous le nom de Ternstrœmia meridio'
nalis du nom d'un naturaliste Suédois nommé ïernstrœm
qui avoit voyagé en Chine et qui étoit mort en i745- Ce
genre Ternstrœmia s'est trouvé dans la suite accru non-
seulement de quelques espèces découvertes dan.s le Pérou
par Ruiz et Pavon , mais encore des espèces qui com-
posoient le genre Taonabo d'Aublet; celui-ci avoit été
considéré comme distinct par son auteur, mais après im
examen plus attentif il n'a pas paru différer du genre
de Linné. Mr. de Jussieu avoit placé les genres Terns-
trœmia et Tonabea (cétoit ainsi qu'il nommoit le Tao-
nabo ) à la suite de la famille des orangers et sans pa-
roître avoir donné une attention particulière à leur
étude.
Dès-lors Mr. Swartz fit connoître son genre Eroteum
dont il changea lui-même ensuite le nom en Freziera
afin d'éviter la trop grande ressemblance d'Eroteum
avec Erodium ; ce genre Freziera avoit évidemment de
grands rapports avec le Ternstrœmia et commença à
faire pressentir l'existence d'un grouppe particulier. Mr.
Mirbel , appelé à s'occuper de divers genres auparavant
confondus avec les orangers , reconnut en effet le grouppe
formé par le Ternstrœmia et le Freziera et le décrivit
en i8i3 sous le nom de famille des Ternstrœmiées.
Quelques années plus tard , Mr. Brown prouva que le
genre Eurya découvert par Thunberg au Japon appar-
tenoit au même grouppe.
Mes recherches quant aux genres qui composent cette
famille me conduisent à penser, i.° que le genre Cleyera
SUR LA FAAÏILLE DES TERNSTRŒMIACÉES, Sgy
établi par Thunberg et depuis lors l'éiini par les au-
teurs avec le ïernstrœmia mérite d'être conservé comme
genre distinct appartenant à la même famille , 2.° que
le genre Lettsomia de la flore du Pérou rentre probable-
ment aussi dans le même grouppe , 3.° que le genre
publié par VVilldenow sous le nom de Saurauja est
très-voisin des Ternstrœmiacées et doit dans l'état ac-
tuel de la science être réuni à cette famille en y consti-
tuant une section très-prononcée, 4-° enfin que le genre
Palava de la flore du Pérou, très-différent du Palava de
Cavanilles et dont par ce motif j'ai changé le nom en celui
d'Apatelia, est très-voisin du Saurauja et ne peut pas
en être écarté dans l'ordre naturel.
Mes observations sur les rapports et les différences de
ces genres entr'eux m'ont conduit à les groupper en
trois tribus proïioncées, savoir :
i." Les Ternstrœmiées , qui se réduisent au seul
genre Ternstrœmia , se distinguent à leur calice muni
extérieurement de deux bractéoles , leur corolle mono-
pétale dont les lobes sont opposés aux pétales, leurs
anthères adnées aux filamens, leur style et leur stigmate
simple.
2." Les Frezierées où je réunis les genres Cleyera, Fre-
ziera, Eurya et Lettsomia ont pour caractères : un calice
muni de deux bractéoles à sa base; cinq pétales dis-
tincts : des anthères adnées : un style simple : 3 à 5
stigmates distincts.
3." Les Sauraujées qui se forment des genres Sau-
rauja et Apatelia noiit point de bractéoles à la basp
SgS SUR liA FAMILLE DES TERNSTRŒMIACÉES.
da calice; leur corolle est moiiopétale ; leurs anthères
oscillantes et leurs styles au nombre de 3 à 5; peut-être
cette dernière tribu mérite -t- elle de former une famille
distincte , mais comme la structure interne de la graine
des deux derniers grouppes est inconnue, j'ai préféré
les laisser réunir dans une même famille plutôt que de
les séparer trop légèrement.
Avant d'entrer dans les détails descriptifs qui cons-
tatent ces diverses assertions , je commencerai par ex-
poser les caractères généraux de la famille des Terns-
trœmiacées, j'indiquerai ses rapports avec les diverses
familles dont il est possible de la rapprocher , et je
terminerai par l'exposé méthodique des genres et espèces
de la famille.
Les Ternstrœmiacées sont toutes des arbustes ou des
arbres de moyenne grandeur ; leur écorce est ridée dans
les vieux troncs ; leur bois paroît dans la plupart peu
compact ; leurs branches sont alternes ainsi que les
feuilles : celles-ci paroissent persistantes dans le plus
grand nombre , toujours dépourvues de stipules';, portées
sur de courts pétioles, à nervures pennées; mais les ner-
vures latérales sont quelquefois à peine sensibles; leur
forme est ovale lancéolée ou oblongue ; elles sont en-
tières ou légèrement dentées sur leur bord, le plus sou-
vent de consistance coriace. Les pédicelles portent une
seule fleur dans les Ternstrœmiées et les Frezierées ;
ils se ramifient et en portent plusieurs dans les Saurau-
jées, ils sont solitaires ou naissent deux ou trois en-
semble le plus souvent de l'aisselle, quelquefois le long
SUR LA FAMILLE DES TERNSTR(EMrACÉES. 899
des rameaux hors des aisselles , mais je n'en ai jamais
vu de terminaux dans aucune espèce quoique Linné fils
donne ce caractère à son Ternstrœmia meridionalis qui
par ce motif et quelques autres que j'indiquerai ci-après
est une espèce encore indécise.
Les pédicelles de ces plantes sont souvent munis à
leur base d'une petite écaille et on observe de plus dans
quelques espèces deux petites bractéoles opposées si-
tuées au sommet du pédicelle ou à la base du calice ;
quelques auteurs les ont décrit comme parties du ca-
lice , mais il me paroît plus exact de les considérer
con;me des bractéoles vu quelles manquent dans plu-
sieurs genres évidemment très-voisins de ceux qui en
sont munis et que d'ailleurs dans ceux mêmes qui les
portent elles paroissent tout-à-fait en dehors de la sy-
métrie florale. La longueur des pédicelles et surtout de
ceux qui ne portent qu'une fleur paroît assez constante
dans les individus d'une même espèce et paroît propre
à donner d'assez bons caractères spécifiques.
La fleur des Ternstrœmiacées est composée première-
ment d'un calice persistant muni à sa base dans les
Ternstroemiées et les Freziérées de deux bractéoles plus
petites que les sépales, mais qui d'ailleurs leur res-
semblent beaucoup; les sépales sont au nombre de 5,
concaves, inégaux, coriaces, obtus, embriqués les uns
sur les autres en estivation quinconciale. La corolle se
compose d'autant de pétales qu'il y a de sépales au ca-
lice ; ces pétales sont attachés à un disque hypogyne et
ne paroissent nullement adhérer au calice : ii» sont tantôt
4oO SUR LA FAMILLE DES TERNStRŒMIACEES.
complètement libres comme dans les Freziérées , tantôt
légèrement soudés par leurs bkses de manière à former
ce qu'on appelle une corolle monopétale comme dans
les Ternstrœmiées et les Sauraujées ; cette corroUe a
tantôt le tube très-court et est ainsi en forme de roue,
c'est ce qu'on voit dans les ïernstrœmia et les Apatelia;
ailleurs ces pétales sont soudés environ jusqu'à la moitié
de leur longueur comme dans les Saurauja , et enfin
les auteurs de la flore du Pérou mentionnent une espèce
de Ternstrœmia qu'ils appellent quinquedentata et où
les pétales sont soudés jusques près du sommet; cette
diversité dans la soudure des pétales n'est point un mo-
tif pour séparer les plantes dont je viens de parler; ces
phénomènes se présentent dans presque toutes les fa-
milles de plantes caliciflores et notamment dans les Eri-
cinées et les Fraugulacées qui ont quelques rapports
avec celle qui nous occupe ; ils sont plus rares il est vrai
dans les plantes à pétales hypogynes , mais cependant
les pétales des Aurantiacées , des Méliacées et des Mal-
vacées présentent bien quelquefois une véritable sou-
dure à leurs bases.
Les pétales des Ternstrœmiacées parôissent offrir une
autre diversité plus digne d'attention; ces pétales sont
d'après Mr. Mirbel opposés aux sépales et j'ai en effet vé-
rifié ce caractère dans le genre Ternstrœmia , mais je
n'ai point trouvé la même disposition dans les autres
genres : les pétales du Gleyera, de lEurya, du Freziéra et
de l'Apatelia m'ont paru décidément alternes avec les
sépales et tous les auteurs qui les ont ou décrits ou fi-
SUR liA PAMILt-E DES TERNSTRfEMrACÉES. 4oi
gurés les représentent de même comme alternes avec les
pièces du calice. 11 importe que ceux qui auront occa-
sion de voir ces différens genres vivans constatent bien
cette différence remarquable,- en attendant cette confir-
mation je n'ai pas cru devoir séparer, autrement que
comme tribus, les genres à pétales alternes de celui qui
a les pétales opposés avec lequel ils ont d'ailleurs des
rapports évidens de structure; une semblable différence
se retrouve dans les genres divers de la famille des Fran-
gulacées, et cet exemple, quoique je sente bien les objec-
tions dont il est susceptible, pourra peut-être me servir
d'excuse.
Les étamines des Ternstrœmiacées sont attachées
comme les pétales au disque hypogyne ; elles sont tantôt
entièrement libres, tantôt un peu soudées par leur base
avec les pétales; ce qui, selon la règle commune, a surtout
lieu dans les genres où les pétales sont déjà soudés en-
tr'eux. Ces étamines sont en nombre multiple des pétales ,
trois, quatre ou cinq, situées devant chacun d'eux; leurs
filets sont droits, courts, à peu près en forme d'alêne à
leur sommet; un peu planes à leur base ; les anthères sont
droites, à deux loges, adnées aux filamens dans les Terns-
trœmiées et les Fréziérées , adhérentes au sommet du
filet par le milieu seulement de leur face dorsale dans les
Sauraujées.
L'ovaire est toujours libre , de forme arrondie ou ovale,
divisé à l'intérieur en un nombre de loges qui varie de
devix à cinq; les styles sont en nombre égal à celui des
loges de l'ovaire , tantôt complètement libres entr'eux
Mém. de la Soc. de Phys. et d'H. nat. T. I.", 2.' Pari. 1 5
4o2 SUR LA FAMILLE BES TERNSTRŒMIACÉES.
comme dans les Sauraujées; tantôt plus ou moins soudés,
de manière à former ce qu'on appelle un style symple,
tex-miné par des stygmates plus ou moins profondément
divisés, comme dans les Fréziérées; ou enfin réunis en-
tièrement, de manière à n'offrir qu'un style et qu'un stig-
mate apparent, comme dans les Ternstrœmiées. Cette
diversité se remarque dans un trop grand nombre de fa-
milles pour qu il vaille la peine de citer ici des exemples
pi'opres à prouver qu'on ne pourroit pas sur ce seul
caractère séparer ces tribus en familles distinctes. Le
fruit est ce qu'on appelle un fruit simple divisé en
loges, c'est-à-dire que les carpelles ou élémens primitifs
de ce fruit sont intimement soudés : dans sa jeunesse on
voit souvent encore les traces des lignes de soudure et
c'est ce qui a fait croire à Aublet que ses Ternstrœmia
avoient un fruit capsulaire; ce fruit est le plus souvent
charnu et indéhiscent ; dans quelques genres cependant
on le trouve capsulaire et déhiscent. L exemple dun
grand nombre de familles prouve que cette différence qui
influe beaucoup sur la végétation, l'histoire et l'usage des
plantes, n'est pas en général liée avec des différences es-
sentielles d'anatomie, et peut se retrouver dans des sys-
tèmes très-voisins d'organisation.
- Les graines sont attachées à l'angle interne de chaque
loge, et au moins au nombre de deux dans chacune
d'elles ; elles sont ovales , un peu anguleuses , ou légère-
ment arquées ; elles n ont encore été observées que dans
le genre Ternstrœmia. M/ Mirbel a vu le premier, et
j'ai vérifié, que ces graines renferment un albumen charnu
SUR liA FAMILLE DES TERNSTRCEMIACÉES. 4o3
mais peu considérable; leur embryon est grêle, cylin-
drique, arqué ou replié sur lui-même; leur radicule est
longue, dirigée vers le hyle; leurs cotylédons sont oblongs
et la plumule n'est pas visible dans la graine mûre. La
germination daucune espèce de cette famille n'a encore
été observée et les caractères de la graine n'ont encore,
comme je le disois tout-à-l'heure , été étudiés que dai^
les Ternstrœmia ; or , comme ce genre diffère des autres
par la position des pétales, il importe de vérifier si les
graines tendroient par leur structure à infirmer ou à con-
firmer les rapprochemens établis ici.
Si d'après les caractères que nous venons de tracer et en
nous aidant de ce que le port des plantes peut suggérer,
nous tentons de déterminer la place que les Ternstrœmiar
cées doivent occuper dans l'ordre naturel, nous trouve-
rons encore bien des difficultés pour résoudre cette ques-
tion; M." Mirbel, en établissant cette famille, la place
auprès des Théacées qui sont les mêmes que mes Camel-
liées (i); M."" de Jussieu qui la mentionne dans son mé-
moire sur les Aurantiacées (Mém. mus. vol. II, p. 443),
propose de la placer auprès des Ebénacées, des Olacinées
et des Ardisiacées. La question est douteuse, même dans
l'ordre artificiel sous lequel on a coutume de distribuer les
familles naturelles des dycotylédones; en effet, une partie
des Ternstrœmiacées a la corolle monopétale et Vautre
(i) J'ai indiqué l'existence de celte famille en Février i8i3 dans la première
édiiion de la Théorie éiémeniaire ; M. Mirbel l'a publié de son côlé au mois
de Décembre de la uiéme aouec.
4o4 SUR LA FAMILLE DES TERNSTRfflMTACEES.
polypétale, de sorte qu'il y a autant de raison pour les
mettre au rang des CoroUiflores qu'à celui des Thalami-
flores : elles ont même des rapports si prononcés avec quel-
ques Calyciflores, telles que les Syntiplocées, qu'elles sem-
blent destinées à réunir toutes les objections qu'il est pos-
sible de faire contre l'ordre actuel des familles. Si je croyois
cet ordre fondé sur des caractères vraiment naturels, je
mettrois un grand prix à discuter la place réelle que les
Ternstrœmiacées doivent y occuper, mais je suis au con-
traire plus convaincu tous les jours : i.° que toute série
purement linéaire est contraire à l'ordre naturel; 2.° que
les classes des Dicotylédones sont encore artificielles. Je
pourrai donc me contenter de faire remarquer les rapports
et les différences des Ternstrœmiacées avec les divers
grouppes qu'il est possible de comparer avec elles.
Les Ternstrœmiacées ont de la ressemblance dans le
port , et dans plusieurs caractères avec les Camelliées , mais
ne peuvent cependant être réunies avec elles; la tribu des
Tei'nstrœmiées offre une graine d'une structure interne
entièrement différente, et quoique celle des deux autres
sections soit mal connue, on peut déjà affirmer à leur
grandeur et à leur forme extéiùeure qu'elle diffère tout-à-
fait de celles des Camelliées. Celles-ci ont d'ailleurs une
capsule à trois valves assez différente du fruit des diverses
tribus de Ternstrœmiacées, et chacune de celles-ci, prise
séparément, offre quelques caractères spéciaux de diffé-
rence.
Le port des Ternstrœmiacées est encore plus voisin des
Ebénacées que des Camelliées, mais des argumens de
SUR Jjk FAMILLE DES TKRNSTRCïMrACKES. Wl)
même genre tenclent à les en séparer; la graine quoique
mal connue dans notre famille est évidemment très-dijîé-
rente de celle des Ebénaçées.
Enfin si l'on lie consurtoit que le port, on nhésiteroit
pas , à, placer les Ternstrœmiacées près des Symplocées,
mais celles-ci ont l'ovaire adhérent au calice, la corolle
décidément périgyne, une drupe à quatre loges, des
graines pendantes et un embryon droit dans un albumen
cartilagineux.
Dans l'état actuel de la science, ces trois familles ne
peuvent se trouver à côté les unes des autres, et par
conséquent les Ternstrœmiacées seront nécessairement
éloignées de quelques-unes de leurs analogues ; dans ce
doute, je les ai placées à la suite des Gordoniées et des
Camelliacées , non loin des Aurantiacées ; mais sans
attacher à cette place une importance décidée. Je ter-
minerai ce mémoire par l'exposé méthodique des genres
et des espèces de cette famille.
TERNSTROEMIACEAE.
Ternstrœmleœ Mirh. Bull, philom i8i3, p. 58 1. Juss. Meut.
Mus. 2, p. 443.
Fr. Cal. sepala 5j concava, inœqualia , coriacea , imbricala ,
oLtusa, persislentia , extùs sœpè bracleolis duabus oppositis ca-
lyce minoribus stipata. Petala tôt quot sepala, disco hypogyno in-
serta , nunc oranino libéra, nunc basi plus rainusve in coroUam ga-
mopetalam coalita. Stamina plurima, peîalorum numéro tripla qua-
4o6 SUR LA FAMILLE BES TERNSTRffliVÏIACÉES.
drupla quinave , receptaculo inserla, imis petalis prœserlim coalitis
adnata; filamenta subulala , brevia ; antherae ereclœ biloculares.
Ovarium liberum , ovatum. Styli 2-5, nunc omnino liberi nunc ad
médium usque coalili, uunc rarius ad apicem conflali. Fruclus ovato
gloljosus, intusin lot loculos radiatim divisus quot sunt styli, nunc
sicco-baccatus indehisccns, niinc capsularis dehiscens. Semina in
quoque loculo plurima, angulo interne ad placentam centralem
adfixa , nunc arcuata, nunc ovata aiit angulala , in Freziereis et Sau-
raujeis non salis nota , in Ternstrœmieis donata albumine carnoso
parco , erabryone tereli axiii arcualo replicalove , cotyledonibus
oblongis, plumulà inccnspicuà, radiculà longâ hylo adversâ.
P^cg- Arbores Frutlcesve élégantes, cortice rugoso, ligno molli
albo, ramis terelibus. Fclia alterna exstipulala petiolata penni-
nervia coriacea ovala lanceolatave, intégra aut serrata, nunc glabra,
nunc villosa aut toraentosa. Peduncub axillares aut latérales (nun-
quam terminales), uni aut mult.flori, basi saspius squamâ instructi.
l'Iores albi aut ocbroleuci.
Hist. E speciebus buic ordini nunc relalis Linnseus novil i ,
Willdenowius 9, Persoonius i5. Nunc Sg species notas sunt.
Distr. Geogr. Ex iis aS habitant in Araericœ ufriusque partibas
calidioribus , nempè in insulis Caribœis, Mexico, Guianà et Peruviâ,
14 in Asiâ calidiore et orientali, nempè in ludiâ, Japoniâ, Napauliâ.
Ohs. Ordo non salis notus prœserlim qnoad seminum slructuram
inlernam et affinilates cum aliis ordinibus , accedit ex habilu iiiter
Thalamifloras ad CamtlKeas, inler Calycifloras ad Symploceas, inter
Corollifloras ad Ebenaceas et Myrsineas , âb omnibus differl slruclurà
seminis externà et sine dubio interna.
I
SUR LA FAMILLE DES TEaNSTRfflMlACEES. ioj
CONSPECTUS GENERUM.
Tribus prima. Ternstroemie^.
■Calyx basi bihracleolatits . Slyliis i . Siigma siwplex. Petala
inter se coalita , sepalis opposite^, ^ntherœ aclnatœ.
1. T£R^fSTRŒMIA. Petala inter se basi coalita. Antherae glabrae.
Bacca bilocularis.
Tribus secunda. FrezierevE.
Calix basi blbracteolatus. Stylus i. Sligmala 5-5. Pelala dlstincla
sepalis alterna, ^ntherœ adnalœ,
2. Cleyera. Petala inter se libéra. Aniherse retrorsum hispidae.
Stilus filiformis. Sligraata 2-3. Bacca 2-5- locularis. ^ , ^
3. Freziera. Petala inter se libéra. Antherœ glabrae basi subcor-i
datée. Stylus apice 3-5-fidus. Bacca 5-5- locularis.. '[ ,
4- EURYA. Petala inter se libéra. Antherae glabrae tetragonae.
Stylus apice 3-5- fidus. Capsula 5-5 -locularis.
5. Lettsomia. Petala inferne equilantia , interiora angustiora.
Filamenta incurva. Stigmata 3-5. Bacca 3-5- locularis (car. fl. Per.)
Tribus fertia. SauraujEjE.
Slfli 3-5. Calix basi ebracteolatiis. Petala inter se coalita, sepalis
alterna, ylntherœ incutnbenles.
6. SauraUJA. Petala inter se ad médium coalita. Styli 5-5.
Capsula 3-5- locularis.
7. Apatelia. Petala sublibera aut vix subcoalila. Slyli 5. Cap-
sula 5 -locularis.
4o8 SUR LA FAMILLE DES TERNSTRŒEMIACÉES.
Tribus prima. Ternstrœmie^. Mirb. bull. pliilom j8i3,
pag. 38 1.
Car. Calyx basi bibracteolatus. Petala basi iuter se coalila , se-
palis opposita. Antberas atlnalœ. Slylus unicus. Sligma simplex.
Ohs. Ad banc Iribu solam pertinent caractères sperraici supernè
indicati.
I. TERNSTRŒMIA.
. ' ' '\"- ■ >''i . .
Ternslrœmia LiN.f. sitpl. Sg. Schreb. gen. n. 8']2. — Taonabo
yJuBL. Guimi. i. p. 569. — Ternslrœmia et Tonahea.Juss.gen.
p. 26a et265. '-^' Ternstrœmia et Dupinia. Neck. elem. n. io42
et 1008. — Amphania Banks, iiiecl.
Car. Calvx 5 rarius'6-sepalusi exlùs basi bibracteatus , persis-
tons. Pelala 5-6 plus minus inter se coalita , sepalis opposita. Stam.
plurimœ corollae inserta, duplici série disposita, Ëlamentis brevibus,
anliieris ereçtisbblongis glabris. Slylus i. Sligma capitatum , Bacca
subexsucca, calyce slipata, subspbœrica , a-locularis, loculis 5-/^^
spermls. Semina angulo interno adiixa, testa fragili donata. Al-
bumen parcum carnosum. Embryo teres arcuato-replicatus, radi-
cule longA , cotyledonibus parvis, plumulâ inconspicuâ.
P'eg. Arbores Araericanœ. Folia ovata aut oblonga aut obovata,
coriacea , intégra aut dentata , breviter peliolata. Pedicelli uniflori ,
basi scpiaramulà instructif apice sub calyce bibracteolali. Flores
albi aut subocbroleuci.
Obs. In hoc senere lanlum inter omnes ad ordinem relates ca-
ractercs sperniici rite cognili suât , undè forsan a cœleris olim
segregandum erit.
I. Ternstrœmia brevipes.
T. foliis inlegerrimis obovatis subemarginalis , pedicellis axilla-
ribus flore vix longioribus.
SXTR LA rAMU-r-E DES TERNSTRŒMïAcÉES. 409
T. meridionalis. Miilis in Lin. f. supl. 264?
Ifab. Iq America calidiore , verosirnililer ( si synonj'mon Mu^
tisli liùc rite relaliim ) in regno Novas-Granadse ( Mut. ) ad raoutem
Qnindiii ( BonpI. ) 5. (v. V. C. in hort. Malmaison).
Folia 5 poil, longi , 2 fpre lala , oblusissima aut cmarginaa.
Pedicelli 5-4 lin longi subinflexo-cernui. Bracteolœ 2 gabrae co-
riacpœ. CoroUa albiila 5-fida , lobis in specimine vivo subaculis.
In flore a cl Mulisio ipso date ef mecum ab amie. Bonpiand
conimunicato cornllœ lobi sunt obtusi ferè rotundali nec aculius-
culi , an duœ forsan adbuc bic confusae species ?
2. TdrnoTRŒMIA peduficularis^
T. foliis inlc^gerrimis ovato-obloiigis^ oblusis , pedicellislatera-
libus flore Iriplo longioribus.
T. meridionalis. Sivartz. ohs. hot^ 20'j ?
Hab. In insulis Caribceis et (si synonymon Swarlzii rilè relatum)
sppciatim in Jamaica, Nevis et Domlnica.(S\Y.) 6. (v. s. sp. )
Media inler T. brevipedeni et T. linealara. Eami tereles. Folia
fere laevia , obovalo-oblonga^ basi attenuala, inpellolumbrevissimum
angustata , 4 poil, longa , pollict-m lala, obtusa, subtus subrufescen-
tia. Pedicelli latérales aut suprà extrave axillares , compressi,
pollicem et ullra longi , apice subinflexi , foliis fere longiludine
œquales. Bracteolae 2 deciduse, oblongœ , aculœ. Sepala 5 coriacsa
subrotunda , niargine juniora glanduloso-subserrulata. Flores T.
Levipedis sed lobi obtusîores.
[ 5. Ternstrœmia lïiieata. Tab. i.
T. foliis integcrrimis oblongis subacutis , pedicellis lateralibus
«ernuis flore \\\ lonsioribiis.
T meridionalis. Moc. et Sessé fl. mex. ined. ic. et descr.
Hab. In Mexico ad clivum vulgo det Toto in ilintre Sancluatii
Ghalmensis 5 fl. maio.
Arbor 4 orgyalis. Rami scabri.corticerugoso rimoso. Folia brevis
Mem. de la Soc. dePhys. et d'il. nat. T. 1.'', 2 .' Pari, 1 G
4lO SUR LA FAMILLE DES TERNSTRŒMIACÉES.
sime petiolata , basi altenuata. Pediculli exlrà axillares , fuscescentes ,
cernui. Bractgolasnullœ aut deciduae. Calyx sepalis ovalo-orbiculalis
demum retlexls. Corolla subglobosa albida cura lineà nibrâ transver-
sal! in niedio loboruoi piclâ. Bacca uvata. Semina rubra ( fl. Mex. ).
4. Ternstrœmia elliptica.
T. foliis infegerrimis elUpticis acutls , pedicellls lateralihus pe-
tiolo duplo longioribus.
T. elliptica Siv.prod. 81. Vahl symb. 3. p. 61. ^
Amphania inlpgrifolia Soland. mss, ex Fors.
Hah. lu insulis Caribaeis nempe in Si. Vincenlio (^Forsflh) ,
Montserrat et Guadalupa (Sw. ). 3- (^- *• *P- ®'"^ f'-)-
Rarai tereles. Folia marginibus in sicco revolutis , breviter petio-
lata , utrinque acuta, 3 poil, longa , sesqui-pollicem lata. Speci-
lufn raeum provenit ex ipso Forsy^hio a i;[uo cl. Valilius suum
habuit.
4. Ternstrœmia punctala.
T. foliis integris oblongis subenlarginatis margine punctato-den-
llculatis, pediculis axillaribus peliolo multo longioribus.
Taonabo punctata. Auhl. Guian. i. p. bji. t. 228.*
T. punclata. Sw. prod. 81. Mirh bull. phil. i8i5. p 582.
Hah. In Guianœ sylvis supra montem Serpentis dictum (Aubl. )
5. fl. aug.
6. Ternstrœmia dentala.
T. foliis dentato- serratis ovali- oblongis acuminalis , pediculis
axillaribus lateralibusque petiolo paulo longioribu.s.
Taonabo deniata. Auhl. Guian. 1. p. 56y. /. 227. *
T. dentala. Siv. prvd. 81.
Hah. la Guianae sylvis supra monlem Serpentis dictum. ( Aubl.)
5. (v. s. sp. ).
Species sub hoc nominc a cl. Mirbelio ( bull. phil. 18 1 3, p. 582)
descripta milii ignota , sed a uoslrà diversa videtur , nam in nosirâ
SUR LA FAMILLE 1)ES TERNSTR(ŒMIACÉeS. 4 II
bracleœ arlsunt 2 distinct» et in Mirbi^lianâ nullas ; in nosirâ co-
rollae lobi sunl vix patentes , in Mirbeliana palentissimi ; in nostra
aniheras omnino glabrje et in Mirbeliana apice barbatœ : in nostrâ
Stylus siniplex , in Mirbeliana triûdus ; nostra a Falri.sio in Cuiana
lecla optimè ironi Aubletianœ respondet, nisi in eo quod folia sint
paulo latiora et minus acuininata.
7. Ternstrœmia salicifolia.
T. foliis serrulalis oblongis acuminatis subaveniis, pedicellis
2-3 asillaribus peliolo ferè brevioribus.
T.' f1<^ntala. Spreng ! in herb. BaJb.
Hab. In sylvis Guadalupœ. Bertero 6. (v. s. sp. ).
Barni teretes, apice jiiniores pube adpressâ subpubenfeSjarlulll gla-
tri rufi. Folia eodeniniodo juniora sublus Mibpubc ntia , adulta gla-
berrima , breviter peliolata , oblonga , ulrinque arutninala , serrala ,
niargitie ad basin subrevoluto , 4 poil, longa , poUicem lata , venis
parvis non prominulis. Pi-dicelli 2-5 ex axillis orti , 1-2 lin. longi ,
glabri aut in apice ramorum subpubentes. Bracteolœ 2 ciliolata^.
Calycis sepala oblusa, juniora sallem ciliala.
8. Ternstrœmia lenosa.
T. foliis serrulaiis oblongis venosis , pedicellis aggregalis axilla-
ribus peliolo ferè brevioribus.
T. venosa Spi-eng. neu eiitd. i.p. 162.
Hab. In Brasilia (Ottd ex Spr. ). 5.
Bracfeolae 2 ciliala? ad basini calycis. Corolla flavida , 5partita.
Folia suprà obscure, sublùs flavido-virentia , venis subtus promi-
nulis.
9. Ternstrœmia ? quin(jueparlita.
T. foliis obsolète serrulali.s obovatis , corrolfis cpiinquepartiti»,
T. fjtiinquepartita Riiis et Pau. syst. Jl. perih'. p. 180
Hab. Il) Aiidinm sybalicis et frigidis versus Pillao vicum ( R.
et P. ) 3. fl. a maio ad septcuib.
4l2 SUR LA FAMILLE DES TERKSTROîMrAeÉKS.
Frulex biogyalis frondosissimus. Bracteolae cilialœ. Stamina in 5
phalanges disposila (R. et P. ). Snecies forsaa a génère excludeaJa?
lo. Ternstrœmia ? glohiflora.
T. foliis integerrimis oblongis, coroliis globosis quinquedenlatis.
Ternslraîmia gldbiflona. Ruiz et Pav. syst.Jl. p. i8o.
Hub. In Andium sjivalicis frigidis versus Piilao vicum ( R. et P. )
2. fl. fi niaio arl aug.
frulex 4'ulnaris raraosissrmus; bracteolae non cilialae. slainina
in 5 phalanges disposila (R. etP.).
Tribus secunda. Freziere^.
Car. Calyx basi bibracteolalus. Pelala inter se libéra sepalis al-
terna; aniher£e adnatse .Siylus i. Sligmata 3-5 disliucta. — Semiua
non salis nota.
II. CLEYERA.
Cleyera Thvnb. Jap. p. 12. - Hoseria scop. -Ternstra&miae
sp. THUNB. act. soc. Lin.
■Car. Calyx 5-sepalus , persistens , exlus basi tibracteolaius.
Pelala 5 basi libéra nec coalila, sepalis alterna. Slaraina pliirima, imi«
pelalis adhaerenlia , filamentis tenuibus , aniheris erectis laleralitcr
retrorsum hirtis. Gvariuni i globosum. Stylus filiformis. Stigmata
2-3. Bacca exsuoca , calyce stipata , subsphœrica , 2-3-locularis ,
Joculis 3-4-spermis. Symino —
f^eg. Arbores Asiaticœ,habitu Ternstrœmias simu1antes,sed petalis
liberis cum sepalis allcrnantibus anîherisque hirtis, salis distinctap.
I. CleyêRA Japonica.
C. Foliis obioiigo-larK.eolatis avenlis apice serrulatis.
Mokokf vel Mukokf. Kœnipf. amaeii. 5.p.8']5.* et p. 'j'jl^.iç.
Cleyera japonica Thunb.Jl. Jap. p. a.:il^. * et p. 12. *
STTR LA FAMILLE DES TEHNSTRŒMIACEES. 4l 5
Ternstrœmia japonica. Thunb. act. Liiu soc. 2. p. 535. willd.
f<p. 2. p. I 1 29.
Hab. In Japoniâ propè Nagasaki (Th.) 3- H- jal.-aul. ( v. s.
sp. sine fl. ),
Speciinen parvum liabui al) amie. Delessert qui ipse , ut vidclur.,
olim sub hoc nomine a Thunbergio habuit; opiimè congruit cum
icône Kœmpferiana et a sequenli specie differl folils anguslloribus
aveniis , sed difFert a descriplione Thunbergiana in eo quod folia
sint eliam apice intégra : -an polius.ideo.ad sequeiitls var. primam
•rendum ?
2. Cleyera Ochnacea.
C Foliis ovaU -oblongis utrinque aculis supernè venosis inlegrts.
=ti. Kœnrpferiana.
^embokv Seu Ruugamhokf vulgo Sakaki Kœmpf. amcen. 777,
Banks ic. Tcoempf. t. 33.
/3. TVaïlichiana.
Hab. a. in Japon ia (Kœmpf.) , /3. in NapauHa (^TT^all.^ 3
( V. s, sp. var. |8. à cl. WaHich comm. ).
T^ar. a. est, tesle Kœmferio , arbor medrocris idolls sacra, Myrii
Boraani foliis et (loribus , exlremitate surcolorum tenui et reduncA ,
Laccis piperis magnitudine stylo cttspidatis, seinind>us in carne pul-
■posâ et austera 6-7 aut plurimis saporis subamari.
f^ar. |8 , quam cl. WaUich mecuna amicissimè cirra pluribus
■aliis Napaulensibus rarissimis plantis coromunicavit et quam ipse
cuni du-bio ad Sakaki retullt , opiimè e\ sicco congruit cum iconc
Kœmpferiana nisi ex stylo in icône (forsan picloris incuriâ) sim-
phci et in nosfrà apice 3- 3-iîdo. Rami Cercles glabri ut tota planta,
^olia juniora ad apicemramulorum convoluta et acumen ferè ut ia
Fico aut Masnohâ acuminatum subincurvum constituenlia ; adulta
breviter peliolata , elHpiica , utrin(jue attenuala , 3 poil, lonf^a,
pjoUicem Jata , peninervia , venis laleralibns supernè pro-
roinulis. Pedicelli ex axillis foliorum ramuii infcrionim sœpe jam
•deciduorum orfi, 3-5 aggregali, iuflexi aut subcernui , i-flori,
4l4 SUR LA FAMILLE DES TERNSTRiSMIACEES.
6-8 lin. longi. Bracleolse 2 sub calyce ovali-ol>long£e catlucîs-
siîiue. Calycis sepala 5 ovalia oblusa margine membranacea. Pe-
fala 5 patenlia ovali-obloiiga oblusa calyce duplo longiora. Stamia*
ad cujusque pelali basiin 5 - 6 , brevia ; aniherae ereclœ ad quod-
que lalus pilis rigidis relrorsis siogulari modo hirtis. Ovariura sub-
gtobnsum. Stylus 1 filiformis , apice in sligmata 2-5 fissus. Fructus
juilij isnolus.
o*-
III. FREZIEBA.
Eroipum Soland. niss. Sw. prod. 85. Schreb. gen. n. ly^y.-
Freziera. Siv.fl. ind. occ. a. p. 971. PViLD. sp. 2. p. 1179-
HuMB. et BoNFL. pi. eejiiiiu i. p. 22.
Car. Calyx 5-sepaIus , persisleiis , exlùs ba.ii bibracteolalus.
Pefala 5 dislincla basi laliora. Siam. 20-3o dislo bypogyno inserta
aut rarius imls petalis adboerentia , Ciansenlis subulalis , aniheris
ere;;tis subcordaiis. Ovarium subroluiidum. Stylus brevissimus, 3-5-
fidus. Bacca essucca , slylo acuminala , 3 - 5 - lucularis , calyce
bracteolisque slipala. Srmina plurima angulo loculorum centrali<
ad receptaculum angulalum adfixa.
/ eo'. Arboivs Americanœ, excelsse, Lauri babitu. Folia peliolala».
coriacea, supernè glabra , sublus sîrpius toraentosa aul serioea , in-
terduiii piibescenlia demum glabra , penninervia , intégra aut ser-
rata , juniora involutiva. Pedicelli axillares , solilarii aut geniini
terni plurimive , brèves, uniflori , basi squammulà instructi ^ apice
sub calyce bracteolas 2 opposilas gerentes.
Obs. Nomen quod prima vice Solander et ipse Swarlzius huic
giMi<-ri imposuerimt , Swarlzius deinde in Frezieram mutavit ob-
nimiam Erotei et Erodii coasonantiam.
I . Freziera ihœoldes.
F. foliis ovalo- lancpolatis serrulalo- denlalis ulrinque glabriSj
pedicellis solilariis unifloris^.
SUR LA FAMILLE DES TERNSTnŒEMI ACCES. 4l5
Eroleum thœoides. Sw! prod. 85.
Fr. lliœoides. Sw. fl. ind. occ. 2. p. 972. *
Hab. in "raonlibus excelsis Jamaicœ auslralis in monte Catlia-
rinae parsecias S.'' Andreae ('S'w. )3 C''- s. sp. ).
3. Freziera undulala.
F. foliis elliplico-lanceolalis acuminatis serratis utrinque glabrisj
floribus axillaribus confertis.
Eroteuna undulafum. Sw ! prod. 85. T^ahl ! symh. 1. p. 61.
Fr. undulala. Sw. fl. ind. occ. 2. p. 974-* ff^dld. sp. 2. p.
1179-
Hab. In sylvis montium summorum insularnm Sti. Cbrislo-
■phori (Mass.), Moniserrali in sulphuris monte (Ryan), Guada-
lupae (Ponlbieu)', S.'' Vincenlii (Anders. ) 3 (^- *■ *P0
Folia novella et Kamuli teneri paululum pubescunt.
3. Freziera nervosa.
F. foliis lanceolalis denlatis supernè glabris sublus pubescenllbus,
pedicellis plurimis fasciculatis.
F. nervosa. Humb. et Bonpl. pi. equin. i. p. 3i. /. 9.*
Hab. in Americae auslralis provinciâ Paslo locis frigidis (Humb.
€l Bonpl. ) 3.
4. Freziera sericea.
F. foliis elliplico-lanceolalis acuminatis serruialis subtus argen-
leis , floribus 2-3 axillaribus sessilibus. ^
F. sericea. Humb. et Bonpl. pi. equin. i. p. 2g. /. 8.*
Hab. frequenlissima in provinciœ Paslo frigidis inler urbem
Qnilo et Popayan ( H. et B. ) 3-
5. Freziera clirysophylla.
F. foliis lanceolalo-oblongis acuminatis snptrnè glabris sublus
tomenlo sericeo aureo rillosissimis , pedivielhs axdlaribus paucis
brevibus.
F. chrysophjlla. Humb. et Bonpl. pi. equin. i. p. 27. /. 7. '^
4l6 SUR LA. FAMILLE DES TERNSTRŒMIACEES.
Hab. In frigidis Andibus Peruviœ juxla urbem Pogayan (H. ef
B.) 5 ( V. s. sp. ).
6. Freziera canescens-.
F. foliis elliplico-oblongis serrulatis sublus tomeutosis incanifr,
pcdicellis 1-2 axilfaribus.
F. canescens. Hiiinb. el Bonpï. pi. eqiiin. i. p. aS. t. 6. *
Hab. In Péruvien andibus inter Quito et Ybarra (H. et B.) 5î
y. Freziera reliciila/a.
F. foliis ovalo-lanceolalis serratis subtus tomentosisj pedunculis
3-5 axillaribus fasriculalis.
F. reiiculala. Hiiml . et Bonpl ! pi. eguin \.p. 23. /. 5.*
Hab. In Peruviœ Andibus propè urbem Almaguer (H, et B. )
5 (v. s. s^-l
W. EURYA.
Eurya. Thvnb. ft. Jap.p. ïi. nov. gen. 67. ScHREff. gen.n. 820.
Juss. gen. /^^2. Lam. m. t. 40 !•
Car. Calj'x 5-sepalîis extùs basl bibracleolàtus , sepalîs ovalis-
concavis, bracleolis calyce triplo brevioribus. Pelala 5" libéra suB-
rotundo-ovata concava. Slan»; i5 , filamenlis brevissimis , an-
iheris erectis lelragonis longitudine ferè corolJae. Ovarium i. stylus-
subulatus. Sligmala 3- S? reflexa. Capsula globosa , stylo persis-
lente apiculala , S^ 5-? -locttlaris , S- 5 - valris, iocuUs 3 - 4 -sperniis.
Semina triqueira
T^eg. Frutices Asialici. Foiia alterna, brevissimè petiolata , ob-
longa aut ov^la , serrata , smipervirenlia , peiHiinervia. Pedicelli
j - 3 ad axillas foJioruna j brevlssimi , i-flori. Flores parvi , albL
Obs. Fruclus capsularis dicilur a Thunbergio, baccaJus a Kœmp-
ferio. Genu.s valdè afilne Frezierse sed antheris tctragouis nec basi
cordalis dktiuclum.
SUR LA FAMILLE DES TERNSTR(EM1Ac£e8. AlJ
1. EoRYA Japonica.
E. ramulis eliam junioribus glabris, foliis ovalo-oblongis, flo-
ribus nxillaribus.
Fisnkaki. Kœmpf. amœn. 5. p. 778.
E. Japonica. Thunb ! Jap. p. 19t. /. aS. *
Hall. In Japoniâ , vulgaris in montibus circa Nagasaki. (Th.)^-
11. sept. - oclob. ( V. s. sp. ).
Frulex ex omni parle glaber , ramis Iaxis ereclo-incurvis. Folia
frequenlia, ovato-oblonga , vix peliolata , regulariler serrala , ser-
raluris subcallosis , non maie Pbyllireae lalifoliœ folia rcferenlia.
Pedicelli axiilares gemlni brèves tenues i - flori. Alabaslra parva.
Ex Kœmprerio duae sunl Fisakaki species : una flosculis rubcn-
llbus , altéra floribus albis ; iilraque babct baccara succosam Ju-
niperinœ similem et colilnr eleganfiœ causa in Japoniaj borlis ur-
banis. An verè rarlem ac Eurya ? an duœ species hic confusœ ?
2. EuRYA mulùflora.
E. ramulis pilosiusculis , foliis elliptico-oblongis , floribus secus
ramos sœpius infra folia fascicnlalis.
Hah. In Napaulia TVaïïlcli. 5. (v. s. sp. ).
Frulex raniosissimus , ramis tprelibu.s altcrnis , cortice fusco gla-
bro , ramulis tenellis apice pilosiusculis piibpsceniibtisve. Folia al-
terna, elliplico- oblonga , serraluris minimis aculis denliculala j 2
po'il. longa , scmi poil. laJa , glabra , sublus paliidiora , in sicco
suoflavescenlia. Pedicelli brevi,*simi , 2-5 fasciruiali , infra folia
secus raraos ad folinrum ■velerum axillas rascenJes, i - fiori , piu-
rimi secus ramos. UracteoUe 2 ovaio-subro'unda; glabra? ad basin
calycis. Sepala 5 cnmformia Sfd paulo majora. Peiaia 5 ovalia
obiusa calyce duplo longiora. Filamenta 10- 1 5 tenuia. Aniherae
teiragonae. Fruclus videtur bacca exsucca , visgrani piperis dj-
midiam magniludinem a?cjuans.
Mém. de la Soc. de Phys. et et II. nat. T 1.", 2 ' Pari, ] 7
4] 8 SUR LA. FAMILLE DES TERNSTRflïitflAciES.
3. EoRYA ac.uminala.
E. Ramulis \ illosis , foliis elliplico-oblongis acumlnalis , floribus
asJllaribus paucis.
Hab. In Napaulià. IVallich 3 ' ( "^^ ■*• ^P- )
Priori valdè affinis et forsan ab eâ non salis dislincta. Specimina
djfferunl tanlum ramulis per lolam longitudineni nec apice lantura
villosis , foliis niagis objongis et acuminalis , pedicellis paulo longio-
ribus , solilariisj gemiuis, rarius ternis, ad axiUas ortis.
V. LETTSOjNIIA.
LuUsoniia Ruq el Pav. srsf./I.per i5^. prodr. p. 77. t t^
Car. Calyx 5-sepalus, basi bibracleolatus. Pelala infernè equi-
tantia.interiora angusiiora. Stam., plurima Glamenlis incurvis. Slylus
I brevissimus. Stigmata 3-5. Bacca 5- 5-locularis. Seraina uume-
losa , trigona. Placenlœ angulis dissepimenlorum adnatae(R. et P.).
F.eg. Frutices Peruvianœ triorgyales non salis noLse. Genus ideo
recognoscendum.
1. Lettsomia tomentosa,
L. foliis lanceolalis integerrirais subtus tomenloso-sericeis , baccis
5-loculainbus.
L. \omen\o?'?k Ruiz el Pav syst. i34.
Hah. lu Peruviœ nemoribiis copLosè inter Cbincbao vicura et Pati
pfedium, 5- ^- ^"d- sep'emb,
2. Lettsomia lanata.
L. foliis lanceolatis obsolète serrulatîs lanalis , baccis trilocu-
laribus.
L. lauala Ruis et Pav. syst. i55.
Hah. In Peruvias nemoribus versus Pati prœdiura et Chinchao
,el Pillao vicos. ( R. et P. ) 3, fl. aug. septemb.
SUR LA FAMILLE DBS TEUNSTROÏMIACÉES. 4lQ
Tribus lertia- Saurauje.ï.
Car. Calyx exius ebracteolalus. Pelala sepalis alterna bas! pliis^
minus inter se in corollam i -peîalam coalita. Slamina imœ corollœ'
adliœrenlia. Anllieraj clor?o inserlœ incumbenlcs nec adnatie. Slylii
5- 5 ab ovarii apice distincti. - Semina non satis nota.
VI. SAURAUJA.-
Saurauja. TVillt). nov. act. soc. nat. ciir. herol 3. f. 4o6. t. 4-
Leucoihea yZ. mex. i«eJ. - Scapha Noronha meJ.- Vanalphi-
mia Lechen z>ie(^. - Sauramia juss. mem. mus. 5. p. 245.
Car. Calyx 5-sepaIus , persislens , basi ebractealus', sppalis
obovatls orbiculalisve , interioribus margine snbmembranaceis.
Petala toro inserla , basi in corollam monopetalara coalita , lubo
brevi, limbo 5-iobo, lobis obovatis obcordalisve. Stam plurima tubo
corollas adnata et inler se basi filamenforum subcoalita. Anlher.-e
*rectœ. Ovarium globosura. Slyli 5 filiformes in stigmata simplicia
desinenles. Capsula globosa , calyce cincta , stylis coronala, 5-lo-
cularis,5-valvis. Semina plurima, angulo loculamenlorura inlerno ad-
£\a
f^eg. Arbores frulicesve, aliaî Americanae , aliœ Asiaticse , ligno
molli donatae. Rami lereles , juniores (ut pedunculi pelioli et folio-
rum nervi medii ) plus minusve pilis strigoso - membranaceis fer-
rugineis obsili. Folia alterna, exstipulata, peliolata , ovalia , acu-
minata , serrala , penninervia , supernè glabra, aut juniora pilos
eparsos gerenlia , sublus glabra aut velutina nervo medio sempcr
substrigoso. Pedunculi axitlares aut latérales, siniplicos aut ramosi,
uni aut mulliHori. Flores albi.
Ohs. Genus speciosum ab omnibus aliis Ternsiroemiaceis stylis'
plurimis facile dislinctum , cum Apalelià solà confer«u(!um sed di—
4-20 SUR LA FAMILLE DES TERNSTRŒMIACÉES.
versïlm ob corollam vere monopetalara nec petalis imà taulum basi
coalitis conslanlem.
r, Saurauja excelsa.
S. foliis oblongo-obovatis acutlusculis integerrimis suprà sca-
bridis sublus ad venas piloso-hirtis , peduiiculis fusco-villosis loiigis
apice tricliolonio -paniculali:?.
S. excelsa. TVilld. act.-nov. nal. ciir. 5. p. ^06. t. /^.*
Hah. lu sylvis e\celsis inoniaais inter rupes secus rivulos in pro-
vincià Caracasanâ (Bredeineyer ex Willd. ) 3- fl'-aprili-
2. Saurauja vHIosq. Tab. II.
S. foliis ellipticis utrinque acuminalis a medio ad apicem hinc
inde serralis , subli^s ramuiis pedunculisque viliosis.
Leucolhea villosa. Moc. et Sessé. Jl. mex ined. ic,
Hab. In Mexico. 3-
Ratni adulll glabri fusco-virides , jiiniores villosi. Folia ovalia ,
ulrinque acuminala , petiolala , sublus villosa. Pedunculi axillares^
villosi , erecii , apice paniculato - corymbosi , peliolo longiores ,
folio breviores. Bracteœ lineares , aculœ. Calycis sepala ovalia,
subobtusa, villosa. Corolla alba , 5-fula, patens j lobis ovalibus.
Slamina multiserialla , coroUœ longitudine.
3. Saurauja seirata. Tab. III.
S. foliis elliplicis basi allenualis aculis serratis glabris , ramU
peliolis pedunculisque tomento ferrugineo velutials,
Leucoltiea serrata Moç. et Sesse' /l. mex. ined. ic.
Hah. In Mexico. 3-
Riiini aduUi glabri fusco rubentes , juniores tomento brevi fer-
rugineo velutini. Folia elliplica , fere obovata , basi atteouate ,
apice acula , irregulariter grosseque serrata , glabra. Petioll abbre-
viali, tomeiitoso-l'crruginei. Pedunculi eodeai tomento velutini, axil-
lares , srecti , folio breviores, paniculati. Bracteœ lineares. Flores
albi. CoroUœ lobi ovalo-rolundi oblusi.
SUR LA FAMILLE DES TEUNSTRdïSUACÉES. 421
4. SauraujA Napaulensis.
5. foliis oblongis ulrinque acuminatis serraîis supernè glabris
subtus in nervis ramulisque slrigoso-pilosis, pedunculis racemosis
petiolo multo longioribus.
Hab. In Napaulià TJ^allich. 3- ( "v. s. sp. )
Rami teretes fusci , adulti glabri , juniores pilis strigoso-palea-
ceis ferrugineis conferlis scabri. Folia ad apicem ramularum ap-
proximata , alterna , breviter petiolala , oblonga , ulrinque alle-
nuala , regulariter serrata , 4"5 poil, longa, poUicera lala , penni-
uervia , nervis subtus regulariter prominulis , supernè glaberrima,
subtus juniora lomenlo brevi velulina , adulta subglabrata , pe-
tiolo nervisque strigoso-pilosis. Pedunculi asillares , erecli , sub-
villosi 5 poUices longi , racemosi , 7-8-llori, pedicellis i-floris
ebracteatis 6-8 lin. longis. Sepala orbiculata fera glabra persis-
tentia. Flos ignolus. Fruclus junior globosus stylis 5 brevibus co-
ronatus.
5. Saurauja lanceolala. Tab. IV.
S. foliis oblongo-Ianceolatis acuminatis minutissimè serrulalis ,
adullis glabris , junioribus squamulas rufas in nervis gerenlibus ,
pedunculis axillaribus petiolo subœqualibus apice umbellatis.
Vanalphimia lanceolata. Lech ! mss. ni. 643.
,j3. glabrata.
Hab. in Java ubi dicitur Popko. Lechenault. 3- ( v. s. sp. iu
h. Mus. Par. )
Species nimis affinis ApateKœ lanceolatœ sed monopetala.
Arbor. Rami teretes , juniores pilis squuniosis aculis adpressis
ruGs demum deciduls obsiti. Folia oblonga , acuminata , palmam
et ampliùs longa , peuniuervia , margine serraturis minimis acutis
8parsis subserrala , petiolo senii polbuem longo nervisque iniprimis
junioribus pilos squanimosos gerenlibus , cœterum glabra. Pe-
dunculi axillares , petiolo paulo breviores , pilis squammosis rufis
obsiti, apice umbellatira ramosi , pediceUis 3-5 pedunculp ferè
422 SUR LA FAMILLE DES TEHNSTRCEMIACEES.
loiigiorlbns i-floris ebraclealis. Flores parvi nempè 4- Silin. dia-
naetro. Calyx sepalis 5 ovalibus , a esterioribus acutis, interioribua
obtusis coloratis. Corolla 5-parlita , lobis oblongis obtusis. Stamina
20-25 coroUœ tubo inserla. Anlberae ferè sessiles. Ovarium ova-
tum. Styli 5 erecli. Capsula ( ex Lech. ) ovalo-globosa, 5-sulcata,
5-locularis j 5-valvis. Semiiia in quoque loculo plurima , minuta,
orbiculata.
6. Saurauja nudi/lora. Tab. V.
S. foliis obovalis subaculis subserralis , adlillis utrinque glabris'i
pedunculis laleralibus i-floris solilariis.
Hah. In Javc^. La Haye. 3- (v. s. sp. in herb. Deless, )
Rami teretes cinerui , adiilti glabri , juniores pilis squamraosis
riifis raris brevibus laliusculis hine indè ul pelioli pedunculi et nervi
niedii paginac folioriim inferioris obsili. Foiia sparsa , ovalia aut
obovala , subaciUa , serraluris niiiiimis prœserliui ad apicem ins-
tructa , basi secus petiolum non attenuata , juniora subvelulina ,
adulta glabra , 5-8 poil, longa , 5 poil, lata , penninervia , supernè
obscure, infernè rufo viridia. Pedunculi latérales et axillares, sim-
plices, i-flori , bracteolis destiluti, vix poliicem longi. Galyx glaber
sepalis oblusissiniis. Corolla 5-£lda, lobis obtusissimis , 7-8 lin.
diam.
7. SaurAUJA hracteolata..
S. foliis ovalibus ulrinque attenualis subserratis glabrls , pedun-
culis laleralibus simplicibus ramosisve bracteolas miuimas sparsas-
gerenlibus.
Hah. In Java. Gommersoir. 3 (v. s. sp, in herb. Juss. )
Priori valdè affinis , sed ex speciminibus , equidem paucissimis ,-
inihi obviis di£ferre videtur : i.° foliis longioribus apice et praeser-
tim basi magis acuminatis ; 2.° pedunculis longioribus , nunc fas-
ciculatis ,. nunc subramosis , bracteolas sparsas ovatâs minimas
hinc indè gerentibus.
SUR LA FAMILLE DES TERNSTROTMIAflÉES. 423
8. Saurauja hracteosa. Tab. VI. A.
S. foliis ovalibus basi cordalis acurainatls subserralis , petîunculis
axillaribus Iricliolomis , bracleis oblongis pedicelli longtludine.
/3. Pwiclala Tab. Vï. B.
Hah. la Java. La Haye 5" ( *'• ^- ^P- '" berb. Deless )
Arbor. Ramilereles, adulli glabri cinerei , juniores pili» squam-
mosis rufescenlibus obsili. Folia allcrna , exslipulala, patentia , pe-
tiolala , ovaba j basi j^aululum cordata , superiora exaclè ovalia ,
acuminala , serraturis exserlis minimis dislanlibus inslrucla , su-
pernè glaberrima , subtus rufa , nervis nervuiisque lenuissimè pilo-
siuscuHs , inler nervulos tomenio tenuissimo adpresso rufo ferè
pulveraceo velulina, penninervia , nervis laleralibus opposilis al-
lernisve , 5-4 poil, longa , sesquipollicem duosve pollices lata. Pe-
dunculi ex axillis supremis orti, erecti , folii circitpr longiludine ,
tridiotomi , sirigoso pilosi , pedicello medio nudo brevi i - floro ,
laleralibus trifidis aut Iricholomis , ex axillâ bracteœ oblongae acu-
tœ foliaceœ slrigoso-pilosas ortis et vix eam superanlibus. Calyx
5-sepalus , persistons , sepalis ovalis subrotundisve oblusis dorso ia
parte aëri exposilâ pills l'errûgineis birsulis , cœterum glabris , in-
terioribus margine submembcanaceis. Corolla subcampanulata ,
lubo lalo brevi , lobis 5 ultra médium divlsis obcordalis nenipè
apice obtuse emarginalis. Slam. plurima corollà breviora , lubo in-
Ovariufli globosum. Slyli 5 filiformes.
Var. li. (Tab. VI. fig. B.) liic indicata est ex unico folio cum
variatalis a. specimiiiibus commixlo et àd speciem nondura cogni-
X&m forsan referendo : Hoc folium 8 poil, longum et 3 poil, lalum,
€t ideo cœteris majus prrecipuè differt in eo quod serralurae sint lon-
giores , et pagina supcrior piios sparsos undique gerat :
9. Saurauja tris //la. Tab. VII.
S. foliis ellipiicis utriuque acutiusculis tenuis.simè scrrali.s £,lybris,
petiolis pediculisfjue strigoso- squamulosis , pedicellis axillaribus
iasciculalls simplicibus triûdisve.
424 SUR I.A FAMILLE DES TERKSTRCSMIACÉëS.
Uah. In Moliiccis, ( herb. Lambert.) 3- ( ^- «• T- ^
Tiami aciulti glabri , juniores ul et petioli et pedunculi squam-
mullsrainissimisadpressis sparsis ruCsstrigosis asperali.Folia allernaj
pxslipulata , ppliolo i-i | poli, longo inslrucla , cllipllca ulrinque
subacnminala , tenuissimè serrata , ppnninervia , glabra , 8-10
poil, longa , 5-4 lala. redicnli ex axillls fasclculali , alii simplices,
alii trifidi ramosive , gracillimi , pétiole sœpivis breviores. Brac-
leolœ minimœ, yix uUae. Flores parvi. Sepala 5 ovall-oblcnga , ob-
lusa , glabre. Ovarium ovatum. Slyli 5 filiformes simplices.
Cœlera igiiota.
10. Saurauja gigantea.
S. foliis ovaiibus basi cordatls acuminalis serralis sublus velutino-
rufls , pedunculis axilluribus Irichotorais folio dimidio brevioribus
subcbractealls,
Scaplia giganJea. Noronha ic. ined. in hibl. Jiiss.
Hah. In Java ubi Kileho niundin dicilur ( Nor.) 3-
Frutex. Bami leretes , juniores ferruginei. Folia alterna , supcrnè
glabra , atroviridia , sublus et in peliolo pilis ferrugineis omnino
cooperla , patula , ovala, basi cordata , acuminata , serrata , penni-
nervia , petiolo 5 lin. longo. Pedunculi axillares , foliis dimidio
breviores , apice ramosi subcorymbosi , y-S-flori. Calyx- 5-sepalus.
Corolla alba , 5-parllla, lobis apice emarginalis basi angusialis.
Stamina flava , corollà breviora. Ovarium globosum. Styli 4. (Nor.)
21. Saurauja creniilata.
S. foliis obovalls basi cuneatis apice subacutis crenulato-serratis ,
pedunculis unifloris in ramis veteribus aggregatis.
Van-alpliimia djinote. Lech ! niss. n. 679.
Hab. In Java ubi verosimiliter Djinote dicilur, Lechenauh 3-
( V. s. sp. in. beel. Mus. Par.)
Arbor. Eami leretes , Sfepè iistulosi , juniores pilis minimis rufîs
fquamrauloso-tomenlosi. Folia obovala , basi cuneala , apice sub-
SUR LA FAMILLE DES TERNSTRŒMIACÉES. 425
bacuta, penninervia , aduUa glabra , juniora ohlonga sublus in
nervis et peliolo rufo-velulioa , margine crenis latis obtulis sub
dentata et ex sinubus serraturas minimas obtusas tuberculiformes
agfntibus, peliolo 8-9-liii. longo. Pedunculi è ramis veteribus orli ,
G-7 aggregati, basi ferè nudi , pollicem et ultra longi, tenues, i-
flori, simplices, squammulis rufis minimis obsiti , bracteolas paucas
minimas gerentes. Flores ampli. Calyx 5-sepalus, glaber , lobis
rotundatis obtusissimis. Corolla calyce duplo longior, 5-fida , lobis
Lifîdis, lobulis obtusis.
12. Saurauja ? cauliflora.
S. foliis oblongis acuminatis arist'ato - serratis supernè glabris
subtus villosis ferrugineis , pedicellis i -floris in trunco adgregalis.
Scapha cauliflora. Noronha ic. et descr. inecl. in hihl. Jitss.
Hab. In Java ad ripas fluvii Sudani propè Boghor. ( Nor. ) ^.
Arbuscula 12-pedalis. Radiées aquarum alvo lavalœ , long as ,
întorlae , nigricantes Truncus vix femoris crassilie , corlice obscure
rubro , ramis expansis forluosis , ligno subrubro molli nilido , me-
dullà succosà albà. Ramuli superiores anguioii, hispidi, verrucosi,
flavescentes, è viridi et fusco mixti. Folia alterna , breviler petiolata ,
rigida , patala , oblunga, utrinque acuminala, serrata, 7 poil, longa,
5 lata, supernè glabra , obscure viridia, subtus pennatim nr rvosa as-
pera colore subrubro squalido polluta, sapore astringente douata.
Flores ex ipso trunco orti, 8-io fasciculali , pedicellis capillaribus i-
floris suffulti , fibrillis subulatis iuvolucriformibus intermixti. Calyx
5-sepalus , rigidus , concavus , oblusus , persistens. Corolla monope-
taia , 5- partila , albissima , lobis obovalis basi angustatis .-quce
bilidis sc'U emarginalis.- Stam. circiter 20, lulea , aequalia , imœ co-
rolbe inserta , aniheris bifidis auralis supernè corniciilalis , polline
albo. Ovarium liberum et globosum ex icône, calyci aclualum et tur-
binatum ex descriptione. Styli 3-4 aibi filiformes. Fiuclus avellanœ
nucis magnltudine , subrolundus , baccalus . noili.*. , stylis siipe-
ralus , puipuro-roseus , 5-4- !o(ulijri.<- , (oiin-«i'a rer r: il dorialus.
Mém. de la Soc. de Phys. et d'H. nul. T. 1.", 2.' Pi,i i. 1 8
426 SUR LA FAMILLE DES TERNSTROTMIACÉES.
Semina plurima , heraisphœrica , flava , Sinapeos magniludine ,
axi accumbenlia , muco viscoso iniraersa. Fruclus a Javanis edulis
acidukis fatuus similis fructui Lycopersicorum ; Javani dicunt fru'"
licem Kolcho , Malaici Lelcndèran ( Nor. Mss.) Frustulum flore
deslilutam a Comraersonio in Java lectum huic speciei verosimiliter
pertinens vidi in herb. Jussiceano ; liuic sunt foliorum serraturae
aristata; ; pagina superior atrovirens , inferior pilis ferrugineis sub-
sericeis adpressis veslila. Ramuli iisdi'm pilis obsiti. Habitus alia-
ruin Sauraujarum. Haec species videlur constitaere genus pro-
prium fructu baccato distinctum , sed nolui ex planlâ niihi ignolâ
genus novum condere.
VII. APATELIA.
Patava Rviz et Pav. fl. per. prod. p. 88. t. 11. syst. p. 180. non
Caj^.- Palavia Potr. siipl. 4- P- 261.
Car. Calyx 5-sepalus, sepalis obovatis concavis persistentibus ,
•3 interioribus angusiioribns. Petala 5 obovala aut obcordata , imà
basi inter se coalita. Stamina plurima unguibus petalorum inserta ,
in quinque phalanges ideô disposita. Anlherœ oblongœ , basi bi-
fidaî , apice biperforalœ , dorso medio apici fdamenti insertae.
Ovarium liberum^ ovalum. Styli 5 filiformes. Stigmata subcapilata.
Capsula ovata , obtuse pentagona , stylis coronata , 5-locularis,
5 - valvis , angulis -dehiscens. Semina plurima , telragona ,
Iruncata.
Vesr. Frutices 2-5-orgyaIes. Rami juniores , pedunculi , petioli ,
follorumque paginœ inferioris nervi plus minus ve pilis slrigoso-
membranaceis ferrugineis obsili. Folia alterna , exslipulala , pelio-
lata , ovalia , acuminata , serrata , penninervia , supernè pilis
raris sparsis , subtùs nervis elevatis slrigiferis, parenchimate nunc ,
velutino nnncglabro. Pedunculi axillares, solitarii, peliololongiores,
apice racemura simplicem aul subramosura gerentes. Braeleolœ 2-5
sub calvce. CorollEe albœ cum staminibus deciduœ.
SUR LA FAMILLE DES TERNSTROIMIACÉES. 427
Obs. Nomen Palavœ jam a Cavanillesio anieà generi Malvaceo a
botanicis servato datum mutandurn erat; huic nosrro generi imposai
nomen , olim Miuervse Venerique sacrum , significans fallax et
alludens ad dubiam corollœ indolem.
I. Apatelta lanceolala.
A folils ovali-lanceolalis ulrinque acuminalis serralis , sublus
ferrugineis , ramis petiolis pedunculisque sirigoso - pilosissimis.
Palava lanreoJala Buiz et Pav.. syst. veg.Jl.per. i8i.
/3. Peduncularis , Tab. VIII.
Hah. In Peruviœ nemoribus circa Cucbero Chincao et Iscu-
lumam. 3- f • sUp-oct. ( v. s. ep. in hprb. Deless.)
Frulex 3-orgyalis, Kami juniores [ledunculi petioli undique pilis
strigosis rufo-ferriigineis longis subadpressis cooperli. Folia ovali-
oblonga ferè lanceolala, utrinque attenuata, serraluris parvis crebris
instructa , supernè airo-viridia , pilis raris praesertim in nervis do-
nata, subtus ferruginea pilis confertissimis in nervis strigosis super
parenchyma velulinis , petiolis pollicem longis, limbo 8-gpoli.
longo, 5-4 lato , nervis pennalis , supernè medio et lateralibus pers-
picuis , subtus medio et lateralibus elevalis , tertiariis rcticulatlm
disposilis. Pedunculi axillares petioio triplô longiores, apliylli. viiio-
sissimi. Bacemus pedunculo dimidiô brevior , conffi'lissimus, snb-
ramosus , mulliflorus. Flores subsessiles. Calyx persistens , 5-se-
paius , sepalis obovatis coiicaviusculis oblusis extus iu parle aëri ex-
posità sirigoso - pilosis , caeterum glabris. Petala 5 recfpla< ulo m-
serta , inler se vix ac nevix subcnalita , rotatim di>iposita , ovala ,
calyce paulo breviora , basi intus subpilosiuscnla. Slamina plurima
cum ])elalis subadnala , in quinque phalanges dis|)osila. Fila-
meiila subulala imà basi subvillosa , pelalis [laiilo brt-xiora. An-
iherae oblonyae , dorso adfixœ. Ovanum globosiim , glabrum , ii-
berum. Slyli 5 filiformes apice subcapilali. Fruclus mihi igno-
tus.
428 SUR LA FAMILLE DES TERNSTRŒMIACÉES.
Var. i3 , a priore differt ramis petiolis pedunculisque multo mi-
nus pilosis ; foliis minoribus angustioribus basi secus peliolum non
productis sed obtuse aut rolundè basi terminalis , subtus magis to-
menlosis , pedunculis petiolo quadruple longioribus , gracilioribus ;
racemo minus conferlo , pedunculi terliam lougitudinis parlem vix
aequante, pedicellis perspicuis nec subnuUis, pelalis calyce paulolon-
gioribus.
3. Apatelia glabrata.
A. foliis oblongis acutis serrulatis uîrinque subglabris , ramis
peliolis pedunctdisque slrigis minimis subpilosis.
PalaVa glabrala. Riiis et Pœ>. syst. veg. fl. per. i8i.
Hab. In Munnœ ruiicatlonibus Carpales vernaculè diclis.
(R. et P.) fl. aug.-sept, ( v. s. sp. iu herb' Deless.)
Fructex biorgyalis. B.ami tenues , adulti glabri , juniores pilis
paleaceis ferrugineis adpressis minimis rariusculis dislinclis obsiti.
Pedunculi petioli nervique foliorum subtus pilis iisdem bine indè
onusti. Folia oblonga , 2-3 poil, ionga , vix pollicem lala , acuta .-
serrulata , supernè pilis raris hinc indè conspersa , subtus nervi»
exceplis glabra. Pedunculus peliolo vix longior , apice subirifidus,
multiflorus. Flores laxi par»i , brevissimè pedicellati , mihi non
satis noti.
5. Apatelia hiserrata.
A Foliis obovatis oblongis biserralis , racemls brachiatis , pedi-
eulis trifloris.
Palava biserrata. Ruis et Pm>. syst. 88 1.
Hab. In Peruviœ nemoribus circa Munna et Chincao. (R. et P.) 3.
Frutex biorgyalis hirsutus.
SUR LA FAMILLE DES TKBNSTIllEMrACEF.S. 4zq
EXPLICATION DES PLANCHES.
I. TernsTr^mia LINeAta. Un rameau de grandeur nalurelle. -
a. la fleur doat on a ôté la corolle. -i. la corolle close. - c. la
corolle fendue en long et élalée pour montrer les élammes et la
raie transver.sale des lobes, d. le fruit avec le calice qui^ persiste. -
e. le môme coupé en travers pour montrer les deux loges. -^ et
g. la graine entière. - fi , la même coupée en travers, i - 1 em-
bryon isolé. -^. la graine coupée en long. -Celte figure est copiée
de celles de la Flore inédile du Mexique.
II. Saurauja villosa. Un rameau de grandeur naiurelle. - o.
la fleur dont on a ôlé la corolle. - è. la corolle fendue en long et
élalée. c. l'ovaire après la floraison avec le calice. -c^. le fruit coupe
en travers. -e. une graine. - Cette lî;rure est copiée de la Flore mé-
6
dite du Mexique.
III. Saurauja serrata. Rameau de grandeur naturelle. Figure
copiée de la Flore du Mexique.
IV. Saurauja lanceolata. Rameau de grandeur naturelle. -
a. le calice vu en dehors, -b. un des poils du calice vu à la loupe. -
c. la corolle vue par-dessous, d. la même vue en - dessus. - e. un
des lobes détachés et portant les étamines -^i une élamine.-^. le
calice et le pistil - h. le fruit coupé en travers. - i. une graine vue a
une forte loupe. - Figure faile d'après un rameau desséché.
V. Saurauja nudiPlora. Un rameau de grandeur naturelle. -
a. la fleur dont on a enlevé la corolle. Figure faite d'après un rameau
desséché.
VI. SaurAuJa BRACTEOSA. a. Un rameau de grandeur nalu-
turelle de la var. «. - a. le calice vu en dehors. -è la corolle vue en
43o SUR LA FAMILLE DES TERNSTRfflMIACÉES,
dehors - c. la même vue en dedans. -B. une feuille de la var. B. -
Figure d'après le sec.
VII. Saurauja tristyla. Hameau de grandeur naturelle. -
a. la (leur Jonl la corolle éloit tombée.- h, le pistil. - Figure d'après
le sec.
VIII. Apatelia lAnceolata var. jS. pedimculatis. Rameau de
grandeur naturelle. - a. le i alice et le pistil. - h. le fruit coupé
en travers. -c. une graine de grandeur naturelle. - £?. U même
grossie.
M.aeTi..H:.iiat.2^p.Y.I.p.l31.
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0, <} ® ^
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THIŒSTJiœMIA ÙmcUoj? .
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M. de PR.H:.ii.at.2.^p.Y. I. p.43L
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M.dePli.H.jia.f.2^p.Y. I p.43i
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M.leît.F.iiaf .Sfp.T. I.p.431
T.
J!4 viu. rjj. /hif/it/onL. ^ .
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ItiePJi.H.nat.Sfp.Y. I.p. 431
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M.de Pk.H.uat.^^p.V. I.]p.4i3l
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3f de PL. Huai. ^.- p Y. I. p.43i
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RAPPORT
Sur les plantes rares ou nouçelles qui ont Jleuri
dans le Jardin de Botanique de Genève pen-
dant les années i8ig, 1820 et 1821.
Par Mr. De Candolle , Prof. d'Histoire naturelle et Directeur du Jardin.
{^Lu à la Société de Phys. el d'Hist. naturelle , le ^ Mai 1822. )
Vjtenève s'étant enrichi depuis quelques années de deux
établissemens émineinment utiles à i Histoire naturelle , le
Jardin de Botanique et le Musée Académique, et 1 Obser-
vatoire qui existoit auparavant ayant reçu de nouveaux
développemens , la Société de Physique et d'Histoire natu-
relle a cru devoir inviter les Directeurs de ces établisse-
mens à consigner chaque année dans les volumes de ses
mémoires les faits ou les objets nouveaux ou peu connus
qui auroient été observés dans ces institutions. Elle a
espéré que ces notices donneroient l'occasion de faire con-
noître graduellement certains faits qui considérés isolé-
ment n'auroient pas été peut-être assez importans pour
mériter un mémoire spécial , mais dont la réunion con-
tribue cependant à compléter la connoissance des pro-
Mém. de la S'jc. de P/ijs. et d'H. mit. T. 1.", 2/ Tari. 1 9
452 SUR LES PLANTES RARFS OU NOUVELLES
duits OU dps phénomènes naturels. C'est pour me conformer .
à ce désir delà Société que je vais exposer ici quelques-unes
des observations que j ai eu occasion de taire sur les
plantes rares ou nouvelles du Jardin.
Le Jardin de Botanique de Genève a été commencé à
la fin de 1817 ; l'année 1818 a été consacrée à y bâtir une
orangerie et des serres , et quoique dès-lors il y eut déjà
quelques plantes de pleine terre ; ce n'est que dans Tannée
1819 quon a pu commencer à y étudier les végétaux avec
quelque suite ; on conçoit facilement que les premiers
soins du Directeur ont dû avoir pour oljjet bien plus la
fondation et l'organisation générale de rétablissement que
iétude spéciale des plantes rares qui pouvoient s y trouver,
et cette circonstance engageia, sans doute, les lecteurs de
ces notices à les considérer avec indulgence.
Les plantes qui fleurissent dans le Jardin de Genève
sont la plupart dessinées par les artistes et les amateurs
de la ville sur un format et un plan convenu, la réunion
de ces dessins , dont le plus grand nombre est dû aux
Dames , forme une collection publique de laquelle nous
chercherons un jour à extraire pour les publier, les dessins
qui représentent des espèces ou nouvelles ou non encore
figurées dans les livres de Botanique. Cette circonstance
nous engage à donner ici, non la description complète des
plantes que nous indiquons , mais ceux des traita prin-
cipaux de leur organisation qui peuvent servir à les faire
distinguer et classer.
DU JARDIN DE BOTANIQUE. 455
1 . CLEMALIS parvijîora.
Clématite à petites fleurs.
C peilunculis i -Jlnri.s , sepalis e/lipiicis apice subdilalatis ,
Joliis pi/naliin sectis , petiolis cirrhijbrniibus , segmrntis pe-
tioliilatis b - partitif ir/legri^ve , lobis outilis mucronulatis in-
tfgris 3.
J'ignore la patrie de cette Clématite; elle m'a été envoyée
par MM. Bauman , sous le nom de CL crispa , mais elle
en diffère beaucoup, tlie se rapproche de cette espèce et
appartient comme elle à la section des Viticelles , parce
que ses carpelles sont glabres et non terminés en queue
barbue ; mais d'ailleurs elle a tout le port de la section
des Flammules; ses fleurs sont blanches, assez semblables
à celles de la C. flaininula , mais solitaires, un peu plus
petiles et comme disposées en cloche à leur base. Les éta-
mines au nombre denviron vingt-quatre sont de moitié
plus courtes que les sépales. Les ovaires sont au nombre
de huit. Cette espèce forme un buisson plus petit que la
C. Jlammula ; elle fleurit du mois de Juin au mois d Août.
Elle se cultive en pleine terre.
2. AQLILEGIA atropurpurea (Willd.)
Ancolie pourpre -foncé.
Nous avons reçu de M. Fischer , Directeur du Jardin
de (jorenki, la graine d'une variété de cette plani-e qui
tend à prouver que ï^ . Dahuncu de Patrin que j'avois
conservé dans le Sysleina (i. p. 338.) comme espèce dis-
■i54 SUR. LES PLANTES RAUES OU NOUVELLES
tinte , n'est qu'une variété de \ A. alropurpurea ; il faudra
donc modifier les caractères classiques de cette plante
comme suit :
A. Atrofurpurea ( Willd. en. S']']. ) ca/caribus redis
linibo œquallbus , ntylis staininibiisqite trcpala siibœ-
quanlibus nul exseitis , s palis longitudi/ie ptLalorum V .
in Sibiria et Oaliuna.
et. 15REVISTYLA (Willd. l. c. DG. syst. i. p. 338, ) ulyUs
stamina non superanlibiis. ( v. s. )
li. Dahurica ( Patr. Deless. ic. sel. i. t. 49 ) slylis longé
exsertis , foliis glab/is. ( v. s. )
y. FiscHERiANA , stj/is longè exsertis , foliis subtus
villosis.- ^. alropurpurea J'^isc/t. (v. v.)
3. PASSIFLORA Ugularis (Juss,)
Passiflore ligulée.
Cette plante qui a été décrite par M. de Jussieu (ann.
mus. 6. t. 4o)' d'après un échantillon desséché n'avoit
point encore été introduite dans les jardins d Europe: nous
en avons reçu la graine de M. Antoine Courant, qui établi
à Ténériffe, ne néglige aucune occasion de nous enrichir
de tout ce que les îies Canaries présentent de précieux.
Cette espèce nest pas originaire de ces îles, mais du Pérou
et sa graine provient du Jardin botanique de Ténériffe.
Elle n a point encore fleuri dans nos serres, mais la forme
de sa tige et de ses feuilles ne laisse guères de doute
sur le nom que nous lui avons assigné : elle grimpe
comme la plupart de Passiflores , mais sa tige se dégarnit
DU JARDIN DE BOTANIQUE. 435
beaucoup de feuilles par le bas, ce qui nuit à l'élégance
de son port. Le genre des Passiflores , même dégagé ,
comme l'a tait M. de Jussieu, des Tacsonia et des Muru-
cuia , présente encore cent onze espèces ; j'ai tenté d'ap-
porter quelque précision dans leur étude en les divisant en
sept sections , corrme suit :
Sect. 1. Aslrophea. Point de vrilles; point d'involucre;
calice à dix lobes ; tige en arbre.
Sect. II. Polyanthea. Pédoncules multiflores , tantôt
au nombre de deux avec une vrille intermédiaire , tantôt
rameux , le lobe du milieu étant prolongé en vrille ; in-
volucre nul ou très-petit ; calice à dix lobes.
Sect. m. Tetrapathea. Calice à quatre lobes ; quatre
étamines ; involucre nul ou très-petit ; pédoncules rameux
à trois fleurs ; vrilles simples naissant dans les aisselles
doili il ne sort point de pedicelles. Cette section ne ren-
ferme qu'une espèce inédite , originaire de la Nouvelle-
Zélande et que j'ai vue dans Iherbier de Sir Joseph Banks,
le P. telrandra.
Sect. IV. Cieca (Med. malv. 97.) cal. à cinq lobes;
involucre nul ou très-petit; pédoncules uniflores et vrilles
simples sortant le plus souvent des mêmes aisselles.
Sect. V. Decaloba , cal. à dix lobes ; involucre nul ou
très-petit; pédoncules uniflores et vrilles simples sortant
des mêmes aisselles.
Sect. VI. Granadïlla , involucre composé de trois fo-
lioles assez grandes , entières ou dentées mais non déchi-
quetées; cal. à dix lobes ; pédoncules uniflores et grappes
simples sortant des mêmes aisselles. - C'est ici que se rap-
porte le P. liguLaris.
«i5f) SirR LES PLANTES KARES OU NOUVELLES
SecL VU. Dysosmia. Involucre composé de trois fo-
lioles découpées profondément en lobes capillaires ter-
minés par une tête glanduleuse ; calice à dix lobes ; pe-
dicelles solitaires et vrilles simples ; fruit presque capsu-
laire. Cette section composée de plantes herbacées et non
ligneuses doit probablement former une genre distinct.
tille comprend les P. hibiacifolia Lam , fœtida Cav. et
cUiata Ait. Nous avons cultivé les deux premières qui
soat certainement distinctes: on les reconnoît facilement
à ce que la tige et les pétioles de la P. hibiscijotia sont
garnis d'un duvet court, mol et serré, tandis que dans la
P^ fœtida ces mêmes organes sont hérissés de longs poiis
étalés.
4. CERASTIUM Biebersteinii.
Ceraiste de Bieberstein.
C.' caitîibus repentibus diffuf^is foliiaque oblongo lancealalis to-
mentoso-lanatis , peduncnlis erectis dichotomis , sepali.i oblongis
iomentonis , capsula ovaiu subcylindricâ calyce lungioi'e. y .
C. repens. Bieb. Jl. iaur. 1. p, 36o. supl. 020 , non Lin,
On sait que l'espèce de Ceraiste désignée par Linné sous
le nom de C. lomentosuin a déjà présenté plusieurs sujets
d'incertitude : Linné dit formellement quelle a les cap-
sules globuleuses et cite un synonyme de Sauvages qui ne
paroît pas lui appartenir ; il rapporte à son espèce deux
phrases du Pinax de Bauhin qui appartiennent peut-être
a deux plantes; l'une qui seroit la var. /3. de Linné, mais
qui est de beoucoup la plus commune, est une petite e.s-
DU JARDIN DE BOTANIQXriî. 437
pèce qui est connue des jardiniers Français sous le nom
dî Oreille de souris et à laquelle les auteurs modernes ont
conservé le nom de C. tonienlosum ; Lamarck la bien
décrite sous ce nom et remarque avec raison qu'elle n'a
point les capsules globuleuses mais oblongues ; c'est celle-
ci que M. Tenore a désignée dans son prodrome de la
Flore Napolitaine, sous le nom de C. Coluinnce , en faisant
allusion à ce que Columna la le premier décrite et figurée
sous le nom de Ocynioides lyc/initis replante radice dans
son Phytobasanos, édition de 1744 i P- 118. t. 21. Elle
est originaire du royaume de Naples et peut-être de celui
de Grenade.
L'autre plante qui ressemble à celle-là et qui fait le
sujet de cet article est peut-être la var. « de Linné , mais
c'est ce qu'on peut seulement présumer daprès l'épithète
de Major qui se trouve pour vmique différence entre les
deux variétés. Elle a été trouvée dans les lieux pierreux des
montagnes de Crimée, par MM. Maschall de Bieberstein
et Steven; ce dernier m'en a envoyé des graines ; le pre-
mier la désignée dans sa flore sous le nom de C. repens ,
mais il observe dans le supplément qu'elle paroît assez
différente du C. repens pour pouvoir constituer une es-
pèce : il me paroît , en effet, évident qu'elle se rapproche
davantage du C. tonienlosum, et je lui ai donné 'c nom
de C. Biebersteinli en l'honneur du naturaliste qui la
découverte.
Elle végète bien en pleine terre, et placée à côté du C to-
nientosum, elle en diffère dès la première vue p.ir sa su-
perficie beaucoup moins blanche, par ses feuilles deux ou
458 sua LES PLANTES RARES OU NOUVELLES
trois fois plus targes, plutôt oblongues que linéaires et
par sa fleur et son fruit deux fois plus grands. Semée
au printemps de 1820, elle a fleuri au mois de Mai 1821,
Sa tige est rampante à sa base , puis ascendante , cylin-
drique , couverte ainsi que les feuilles d'un duvet laineux
et blanchâtre; les rameaux sont surtout bien moins blancs
que dans le C. cotonneux ; ils sont longs d'un pied ,
presque nus dans la partie fleurie. Les feuilles sont ob-
longues-lancéolées , planes, longues d'un pouce et demi ,
l.irge de trois à quatre lignes ; celles qui approchent des
fleurs sont très-courtes, en forme de bractées scarieuses
sur les bords ; les pédoncules forment un corymbe dicho-
tome ; les fleurs sont blanches ; le calice est cotonneux ,
scarieux sur les bords des sépales , long de quatre lignes.
Les pétales sont deux fois plus longs , rétrécis en coin à
leur base, échancrés à leur sommet par un sinus aigu en
deux lobes obtus. Les étamines sont plus courtes que le
calice , munies d'anthères jaunes ; l'ovaire est arrondi ,
chargé de cinq styles ; il se change en une capsule cylin-
drique deux fois presque plus longue que le calice , s'ou-
vrant par dix dents droites ; les graines sont rousses un
peu chagrinées.
5 LAVATERA subovnUi.
Lavatère à feuilles ovées.
L. caule xiiffrulicoso , foliis subtomentosis ouatis d<'ntatis sub-
trilobis , lobo medio productiore , pedicellis i - 2 axdlaribus
peiioli longiludine , calycis interioris lobis accuminatis. 3-
DU JARDIN DE BOTANIQUE. 45()
Cette espèce paroît être indigène des environs de Mo-
gador, autant que je puis le juger, d'après un échan-
tillon que je trouve parmi ceux ramassés par Broussonet
et qui diffère peu de la plante que nous avons eue vi-
vante ; ceile-ci nous est arrivée sous un taux nom, inêice
avec d'autres graines. Kile est petite, diffuse, raîneuse,
un peu grisâtre, ses fleurs sont d'un violet très -pâle,
de grandeur médiocre. Le genre des Lavatères , réduit
ainsi que je l'ai indiqué dans la Flore Française par i'ex-
clasion des Stegia , présente encore trois grouppes très-
prononcés, dont deux avoient déjà été aperçus par Me-
dikus, qui en avoit tait des genres ; je les considère comme
de simples sections et les caractérise comme suit :
Sect. 1. Olbia. ( Med. malv. 40 réceptacle du fruit
conique central et saillant. — L. phœnicea , olbia j nii-
cans , ihuringiaca , etc.
Sect. II. AxoLOPHA, réceptacle tronqué au sommet et
poussant latéralement des crêtes verticales et membra-
neuses, qui séparent les carpelles les uns des autres. — L,
maritirnu , triloba , subovala.
Sect. 111. Anthema (Med. malv. p. 4^) réceptacle petit,
creusé de ponctuations peu mar piées, ni saillant, ni chargé
de crêtes, — 1j. arbona , />. crttica , etc. C'est à la se-
conde de ces .«sections qu'appartient la nouvelle espèce
que nous avons cultivée au jardin et qui y a été observée
par M. Choisy. —La La^aleia [jseudo-olbia Dest". appar-
tient au genre Stegia.
Me'm. de la Soc. de Pîiyi. et ctH. nat. T. I.", a.* Part. 20
44o SUR LES PLANTES RARES OU NOUVELLES
6. PERIPTERA punicea.
Periptère Pourpre.
P. foUis inferioribus cordalis subquinquelobo-hastatin , supe-
rioribus Jiastatis , petalis erectis spathulatis apice subdentalis'
calyce duplo longioribus.
Cette jolie espèce de Malvacée est originaire de la Nou-
velle-Espagne : elle se trouve figurée dans les planches
inédites de la Flore du Mexique, sous le nom de Sida Mal"
vaviscus, qui exprime le rapport de sa fleur avec le genre
Malvaviscus : dès-lors M. Sims l'a publié dans le ma-
gasin Botanique , planche i644» sous le nom de Sida pe-
riptera , et ensuite M. Lagasca sous celui à'Anoda pu-
nicea (nov. gen. et sp. 21.) Elle s'approche en effet par
la structure de son fruit du genre Anoda plus que du genre
Sida , mais elle diffère de l'un et de l'autre par la structure
de sa fleur cylindracée et au même titre à peu près que
le Malvaviscus diffère de l'Hibiscus et du Pavonia , et
doit sous ce rapport être considérée comme un genre par-
ticulier. Cette plante nous a été communiquée par M. John
Walker, dans le jardin duquel M. Sims l'avoit dé;à dé-
crite.— Le genre Anoda se distingue en deux séries, savoir
les espèces dont les carpelles, toujours disposés en verti-
cilles, se prolongent en pointes épineuses , et celles dont
le fruit n'a pas de pointes et dont les carpelles sont sou-
vent irrégulièrement distribués ; à la première série ap-
partiennent les Anoda haslata , tnloba et Ddltniana.
DU JARDIN DE BOTANIQUE. 44 1
I! faut ranger dans la seconde : i° \A. parviflora de
Cavanilles ; 2.° \A. acerifolla 4ui est le Sida acerlfoUa
Zucc. obs. n. 80 , auquel il faut peut-être rapporter la
planche i54i du Bot. mag. qui porte le nom de Sida has-
tata, quoique distincte du S. hastala de Caragne. cette
plante est originaire du Mexique et sa figure fait 'partie
des planches inédites de la Flore mexicaine . .sous le nom
de Sida cjuinqueluba.
7- GERANIUM Flassovianum.
Géranium de Vlassov.
G. caule tereli , foliis 5- lohh , lobis ovali-acuminatis inciso-den-
talis , slipulis cujusquefolii in unicam apice bifidam cormatis .
petalis oboi'atis integris. y.
La plante, que je de'signe ici, est provenue de graines en-
voyées des jardins d Allemagne sous ce nom, que je con-
serve dans l'idée qu'elle a peut-être été décrite dans quel-
quojvrage à moi inconnu : ce nom qui fait allusion à
celui de Vlassov, botaniste Russe, paroît indiquer que
l'espèce est originaire de l'empire Russe. Cette espèce ap-
partient à la série des Géraniums vivaces à pédoncules
biflores et a des rapports avec les G. angulatum, nodosum
et striatiini ; il a comme eux les pétales d'un blanc un
peu rosé, relevé de veines violettes ou purpurines, mais
il di[Fere de l'un et de l'autre par ses p-^ales entiers et non
échancrés et par ses stipules, qui naissant de chaque côté
de la base de la feuille , sont chacune soudées avec la sti-
pule voisine qui appartient à la feuille opposée , de ma-
44? SUR LES PLAKTES RARES OIT NOUA BLLES
nière qu'entre chaque paire de feuilles il semble n'y avoir
quune seule stipule bifiJe : cette conformatioa rappelle
ce qui se passe dans certains Astragales, tels que \jJ.
uniJuUus où les deux stipules se soudent en une seule
opposée à la feuille. Ce caractère des stipules soudées se
retrouve dans une autre espèce de Géranium , très-voi-
sine du Flassovianuni et qui a été récemment décrite par
M. Sweet, sous le nom de G. ^p"'ailichianum.(Gec.t.2o.)
Cette plante est très-voisine de notre G. F'iassovianurn,
mais elle a la tige un peu anguleuse et non exactement
cylindrique , la plante entière est beaucoup plus velue ,
presque soyeuse , ses pétales sont échancrés , beaucoup
plus grands , de couleur purpurine et non veinés ; enfin ,
ses stigmates sont beaucoup plus longs que dans notre
plante. — Le G. Vlassovianum vit en pleine terre ; il a
fleuri la seconde année de sa vie au mois de J uin ; il a
quelquefois par accident les pédoncules uniflores.
GERANIUM longipes.
Géranium à long pédoncule.
G. cnulp tereiierrctn plabrd,foUis palmato-subpeUatis 5-'J-lobi.f,
lohis obfongis grosse dentalis incisis , pedunculis è ramnrnm
du- t)i,>rnia longis.simis , petalis integris , statninum filamentis
suhulati.s gtabris. "jf .
La patrie de ce Géranium m'est inconnue : je l'ai obtenu
de graines provenant de divers jardins sous di> ers noms ,
DU JARDIN DE BOTANIQUE. 443
Li plupart appartenant à d'autres espèces , quelquefois
sous celui de Ger. Londini , que je n'ai pas conservé , vu
que le sens m'en est incoiuiu ; c'est une belle espèce , qui
a du rapport avec le Ger.pratense] sa tige s élève droite à
peu près à deux pieds de hauteur , ses stipules sont dis-
tinctes , lancéolées, linéaires; ses pétioles sont longs et
cependant beaucoup dépassés pa_' les pédoncules, qui at-
teignent jusques à six et huit pouces de longueur. Le
limbe des feuilles est en cœur arrondi , mais les lobes en
sont si rapprochés qu'il semble pelté; les nervures sont
saillantes en-dessus des feuilles ; celles-ci sont un peu pu-
bescentes sur leurs deux faces. Les pédoncules portent 4
bractées , deux à l'origine des pédicelles et deux qui pa-
roissent plus particulièrement appartenir au pédicelle , qui
se développe le dernier. Les pédicelles ont environ un
pouce de longueur et sont fléchis au sommet avant la
fleuraison, de manière que le bouton est pendant ; les sé-
pales sont à trois ou cinq nervures, et terminés par une
pointe longue et molle, les pétales sont obovés , obtus ,
plus longs que le calice, d'un violet lilas avec cinq veines
pi 'S foiîfées à la base; les stigmates sont rougeâfres ré-
fléchis.— Jai toujours vu dans celte espèce les pétales de
la même couleur; j'ai au contraire une variété du G. pra-
tense, dans laquelle les deux pétales supérieurs sont Irès-
souvent blancs, les trois intérieurs restant bleus comme à
l'ordinaire : on retrouve ici môme dans les Geraniées à
jflears régulières cette tendance à la disparité des pétilles
si remarquable dans plusieurs Péiargoniums,
4^
4'l4 SUR LES PLANTES RARES OU NOUVELLES
9. PELARGONIUM nobile,
Pélargonium noble.
P. suhglabrum glaucescens , fuliis cordatis h-loho-palmatljicîis ,•
lohis aculis versus apicem dentatis , p-dunculis 'b-'k- fioris ,
tubo nectarifero calyce duplo longiore , pelalis calyce tripla
■ ferè longioribus '^.
Cette plante est cultivée depuis quelques années dans
les jardins et nous a été communiquée sous le nom,
que nous lui conservons, par M. Wallner, qui a d'ailleurs
enrichi le Jardin de plusieurs espèces très-précieuses. Celle-
ci ressemble beaucoup par son feuillage, son port et la
structure de ses fleurs au P. grandijlorum , mais elle a
les fleurs roses ; ses deux pétales supérieurs sont , comme
dans le P. grandifolium^ marqués de raies purpurines ra-
meuses. Son tube nectarifère est proportionnellement plus
court, c'est-à-dire, deux fois et non quatre fois plus long
que le calice. Elle est probablement hybride du P. à grandes
fleurs et de quelqu'espèces à fleurs purpurines.
10. PELARGONIUM JatrophœfoUum .
Pélargonium à feuilles de Jatropha.
P. foliis palmalipartilis viscosis glabris , lohis lanceolato-
linearibus pinnatifidis , lobulis dentatis distantibus acumi-
natis , umbellis 4- Jloris, tubo- nectarijero brevissimo , petalis
superioribus obtusis. 3-
Je n'avois fait qu'indiquer cette espèce dans le catalogue
DU JARDIN DE BOTANIQUE. 445
du Jardin de Montpellier, publié en i8i3 ; dès-lors elle s'est
multipliée avec facilité et paroît une des espèces les plus
robustes ; elle appartient au groupe des Pelargoniums à
sept étamines , à pétales inégaux et à feuilles découpées
au-delà du milieu, e est-à-dire, aux Raduloe. Elle a beau-
coup de rapports d'un côté avec le P. denticulatum , de
l'autre avec la variété pinnatifide du Pel. quercifollum.
Elle diffère du premier parce que les lobes de ses feuilles
sont constamment plus larges et que les pétales supérieurs
sont entiers et non échancrés. Elle se distingue du second,
représenté à la planche i5 de la géraniologie de L'héritier ,
parce que les feuilles sont palmatifides et non pinnatifides.
Les fleurs ressemblent beaucoup aux deux espèces citées ;
ces différences sont légères ; mais je ne les ai point vues
s'altérer depuis dix ans, que je cultive cette plante, et l'on
sait que dans ce genre des Pelargoniums où se forment
tant d'hybrides dans les jardins , on est obligé de noter
des différences qu'on pourroit négliger dans la plupart
des autres.
II. DODONAEA dioica (Roxb.)
DoDONÉE dioïque.
D. foliis ahovato-ohlongis basi cuneatis apice acufis non vîscosïs^
ramis janioribus compressis , adultls teretiusculin , Jloribus
dioicis racemosis. 3-
Les Dodonées forment un genre tellement naturel qu'on
le distingue sans la moindre difficulté de tous les autres
groupes avec lesquels on peut le comparer. Après avoir
446 SVR LES PLANTES RAHES OU NOUVELLES
placé ce genre à la suite des Térébinthacées , M. de Jussieu
a été conduit à le rapprocher des Sapindacées, et en effet,
le genre Amirola semble constater la vérité de ce rappro-
chement. Je fais des Dodonées une tribu de la famille des
Sapindacées; elle se caractérise par ses fleurs dépourvues
de pétales, par ses fruits à deux ou trois ailes membra-
neuses , par son embryon roulé ou en un seul ou en plu-
sieurs tours spiraux, par ses cotylédons linéaires alongtset
par ses feuilles simples. Cette tribu comprend les genres
Amirola de Persoou , Dodonaea de Linné et Alectryon
de Gœriner.
Les espèces qui composent le genre Dodonaea ont été
généralement mal décrites et confondues les unes avec les
autres : dernièrement M. Meyer dans sa Flore d'Essequebo
a cherché à prouver combien on avoit confondu dobjets
sous le nom de £). viscosa : celui-ci, qui est le plus commun
dans les jardins, doit rester borné à l'arbuste, figuré par
Plumier (éd. Burm. t. 247. f 2. ) et Sloane (hist. 2. t. 162.
t. 3.) elle croît dans les parties chaudes de l'Amérique et
j'ai un échantillon recueilli au royaume d Ovvare en Afrique,
par M. de lieauvois ; qui ne me paroît point différer
de l'espèce Américaine.
Il n'y a guères eu plus d'exactitude dans la limitation du
D. angaatifolia, et l'on trouve actuellement sous ce nom
dans les ouvrages de botanique plusieurs espèces qui me
paroissent très-distinctes et que j'ose d'autant mieux dis-
tinguer qu'elles sont de pays différens et que j'en ai des
écbantillons, qui proviennent des auteurs mêmes , qui les
ont décrites j ces espèces sont :
DU JARDIN DE BOTANIQUE. •i4'7
ï.* Le D. angustifolia de Swartz (obs. i5o.) qui croît
à la Jamaïque , et que pour cette raison je désigne sous
le nom de Jamaicensis ; c'est celui qui a été figuré par
P. Browne ( Jam. t. 18. f. 1.) et très- probablement par
Cavanilles (ic. t. 327.)
2." Le D. angustifolia de Roxburgh (cat. cale. p. 28.)
qui croît k Ceylan et à Timor; c'est celui que Kurmann
ie père a figuré dans sa Flore de Ceylan, planch. 28, et
que son fils a désigné dans la Flore des Indes, sous le nom
de Pùtlea viscosa ; pour rappeler le nom de l'auteur, qui
en a donné la première description, que je désigne sous
Tépilhète de D. Burmanniana,
3." Le D. angustifolia , figuré par Lamarck dans ses
illustrations , planch. 3o4- i. 2. est une espèce originaire
de l'iie de Bourbon , très-remarquable par ses feuilles li-
néaires et obtuses et par ses fruits de moitié plus petits
que cedx des espèces précédentes : je le nomme par ce
motif D. microcarpa.
4." Le D. anguMifolia désigné par Lamarck dans le
Dictionnaire, est un arbuste qui a été cultivé jadis dans
le jardin de Paris, sous le nom de Bois de reinette et qui
est remarquable par ses feuilles linéaires acuminées aux
deux extrémités et qui lorsqu'on les frotte exhalent une
odeur de Pomme de reinette ; je n'en connois point les
fruits, et d'après sa ressemblance avec un échtUitillon eu
feuilles de la Nouvelle-Hollande je la soupçonne originaire
de ce pays. Je la désigne sous le nom de D. salicifoUa.
5." 11 paroîtroit que le £). angustifolia de Linné fils
seroit originaire du Cap de Bonne -Espérance , et que
Mém. de la Soc. de Phys, p! d'il. nat. T. 1.", 3.' Part. 2 1
448 SUR LES PLANTES RARES OU NOUVELLES
par conséquent il pourroit bien différer de tous les pré-
cédens : mais il n'est désigné que par une phrase, qui
convient à toutes les espèces et je n'ai pu me procurer la
plante,
6.° Enfin, on a cultivé dans les jardins sous le même
nom de D.angustifolia et sous celui de D. angusiissima,
que je conserve pour éviter toute confusion, un arbuste
remarquable par ses feuilles longues, étroites , linéaires,
entières et marquées de petits points blanchâtres , qu'on
prend d'abord pour des écailles , mais qui paroissent en-
suite n'être que des taches. Je ne connois pas son fruit ,
la feuille ne peut se confondre ni avec le D. jUiformïs de
Link, à cause de sa longueur , ni avec le D. elœagnoides
de Kudolphi à cause de sa forme.
Les Dodonaea de la Nouvelle-Hollande sont, sans nommer
le D. salicifolia, que j'ai mentionné plus haut avec doute,
les Z>. asplenifolia et cuneata de Rudge , très-remar-
quables par la forme de leurs feuilles , et le D. triqiietra,
qu'on distingue à ses rameaux triangulaires et à ses fleurs
dioïques.
C'est de cette dernière espèce que se rapproche l'arbuste
que j'ai sous les yeux et qui fait le sujet principal de cet
article ; il m'avoit été envoyé sous le nom de H. helero-
phylla , nom peu exact et que je n'ai trouvé dans aucun
livre : mais j'avois reçu de mon honorable ami M. Lambert
des échantillons desséchés du D. dioica de lloxburgh (cat.
cale. p. 28) qui sont identiques avec la plante vivante et
je lui ai conservé ce nom , qui lui convient très-bien, et
qui est publié depuis 18 14- H seroit possible que dès-lors
nu JARDIN DE BOTANIQUE. 4i()
cet arbuste eut été désigné par M. Link (enum. h. berol.
I. 1821. p. 38i) sous le nom de D. obtongifolla , mais
quelques-uns de^ caractères désignés ne conviennent à
ma plante que d'une mîin ère imparfaite ; il est possible
que la planche 5o du quatrième volume de l'herbier d'Am-
boine représente 1 individu femelle de notre espèce, ou du
D. tiiqaetra, mais je nen puis juger exactement ne con-
noissant que l'individu màle du Z>. dioica, MM. Pvoxburgh
et Link ne paroissent connoître non plus que le màle de
cette espèce.
Notre arbuste a fleuri dans la serre au mois d'Octobre
1819 , il s'éleva droit à deux ou trois pieds de hauteur ,
et ne présenta en aucune de ses parties la viscosité si fré-
quente dans ce genre : ses rameaux sont glabres , pour-
prés ou violets, comprimés et presqu'à deux angles sail-
îans dans leur jeunesse , à peu près cylindriques dans l'état
adulte , ses feuilles naissent des angles saillans , elles sont
alternes, portées sur de courts pétioles, oblongues ou obovées,
réti'écies en coin alongé à leur base, acuminées à leur som-
met, d'une consistance un peu plus molle que celle des autres
espèces, parfaitement glalîres, lisses et d'un verd pâle et
livide en-dessous avec les nervures rougeâtres. Les pé-
doncules naissent des aisselles supérieures et portent des
grappes rameuses de sept h huit fleurs , qui se disposent
en panicule interrompue; les pédicelles nont point de
bractées et à la place de ces organes se trouve un petit
tubercule. Chacun d'eux est filiforme, long de quatre à
cinq lignes et articulé un peu au-dessus de la base , le
calice est à quatre lobes profonds, obtus, très-petits, étalés
45o SUR LES FLAKTBS RARES OU NOUVELLES
et même réfléchis à la fin de la fleuraison. Les huit éta-
minesont les filets très-courts; les anthères alongées , tè-
tragones, droites et jaunâtres dans leur jeunesse, rou-
geâtres et tordues dai^s un âge avancé, à peu près comme
dans le Chironia; à la place du pistil ou ne trouve qu'un
tubercule pâle et obtus.
12. NEMOPANTHES Canadensi».
Nemopanthe de Canada.
L'arbuste que je désigne ici est celui que Michaux a
décrit sous celui d'Jlex Canadensis ( fi. bor. am. s.
p. 229. t. 9. ) et qui a été admis sous ce nom dans la
plupart des ouvrages subséquens ; il a fleuri dans loran-
gerie du Jardin au mois d Avril 1819. L'examen de sa
fructification me convainquit qu'il ne pouvoit être rangé
parmi les Houx, et j'en fis faire le dessin sous le nom de
Nutlallia^ en le dédiant ainsi à M. Nuttall, auteur d'un
excellent ouvrage sur les plantes de l'Amérique septen-
trionale ; je l'indiquai sous ce nom , dans le rapport
imprimé en 1821. Cependant à peu près à la même
époque (Août 1819) M. Rafinesque observant cet ar-
buste en Amérique , le désigna aussi comme genre dis-
tinct sous le nom de Nemopanthes ; dès -lors le nom
de Nuttallia, ayant été employé par M. Sprengel pour
désigner un genre nouveau de légumineuses , j'ai cru
que pour éviter toute confusion il convenoit d'adopter le
nom générique de M. Uafinesque. Quant au nom d'espèce.
DU JARDIK DE BOTANIQUE. 45l
j'ai dù conserver celui de Michaux qui ne présente aucun
motif de cassation et qui a l'avantage de rappeler le nom
primitif.
Le genre Nemopanthes appartient à la famille des
Frangulacées (Rhamni Juss.) et se place entre les genres
llcx et Evonymus ; il a presque le fruit du premier et la
fleur du second; il difïere de l'un et de l'autre : i." par
ses fleurs le plus souvent dioïques ou polygames par avor-
tement; 2.° par l'extrême brièveté de son calice, qu'on pour-
roit dire presque nul, î'i moins que comme M. Rafinesque
ne donne , à ce que j'appelle corolle , le nom de calice et
alors on diroit que la corolle manque; il se distingue en
particulier de \ llex par ses pétales distincts et non soudés
en corolle monopétale et tend à confirmer l'opinion que
ce caractère n'est pas suffisant pour distinguer les ordres
des plantes calyciflores ; il ne peut se confondre avec
\ Evonymus y à cause de son fruit, qui au lieu d'être cap-
sulaire et indéhiscent est charnu et déhiscent. Michaux et
Rafinesque disent que ce fruit est à quatre loges et à
quatre graines; l'individu que nous cultivons est à trois
loges et à trois ovules. 11 résulte de ces observations que le
caractère générique peut être exprimé comme suit :
Nemopanthes. Flores abortu dioïci polygainive. Caljx
niininius vix conspicuus. P étala 5 dislincta ohlongo-
linearia decidua. Stam. 5 pelalis alterna. Ovarium he-
misphœricum , succo viscose obductum ; stylus o. Stlg-
mata 3-4 sessilia , in masculis vix manifesta. J3acca
subglobosa 'îi-^-locularis 'h-l^-spernia,.
N. Canadensis.-//ex Canadensis. Michx Jl. 2. p. 299.
45a SUR LBS PLANTES RAIÎKS OU NOUVELLES
A 49. Poir.suppl. 3. p, ^^-Ait. heiv. éd. 2. v. 1. p. 279.
Fursh.Jl. hor.am. 1. p. 118- Nemopanthes fasclcularis.
Raj.']ourn. phys. Août 181 9. p. ^'o.-Nultallia Canadensis
D. C. rapp.jard. Gcn. 1821. p. 44.
Cet arbuste croît dans les montagnes du Canada près
du lac Champlain et jusques en Caroline; il vit en pleine
terre dans le Jardin de Genève ; il s'élève à la hauteur de
trois pieds environ : ses rameaux sont grisâtres , cylindri-
ques, divergens, un peu tortueux ; les bourgeons sont
tbrmés d écailles foliacées , brunes et caduques ; chacun
d'eux donne naissance à 4-6 feuilles et à autant de pédi-
ceîles ; les feuilles sont caduques , glabres , pétiolées ,
ovale-oblongues , acuminées aux deux extrémités , lon-
gues d'un pouce; les pédicelles sont nus, filiformes, plus
courts que les feuilles et ne portent qu'une seule fleur
petite , d'un jaune pâle et verdâtre. Son fruit n'a pas
encore mûri chez, nous.
i3. SEMPERVIVUM cœspilcsum. (G. Sm.)
Joubarbe gazonnante.
iS. herbaceiim , foîiis radicalibiis conferlis , caulinis sparsis ,
omnibus oblongo-linearibus rigide ciliatis utrinque lineis
Juscis macuîatis , Jloribus corymboso paniculatis.
S. cœpisiosum. CJir. Smii/i. herb. et mss, i8i6- Bucli. jl, can.
S. cilialum. Sinis. bot. mag. t. 1978. op<. 7wn JJ'^illd.
S. Simsii S^veel h. suburb lond. p. 200.
Hab. In summis rupibus insulte magnse Canaiix; Clir. Smiih, y.
DU JAllDIN DE BOTANIQUE. 453
Cette jolie espèce de Joubarbe a été découverte sur les
rochers de la Grande Canarie , en 1 8 1 5 , par mon ami
M. Christian Smith , le même qui a depuis si malheureu-
sement terminé sa carrière dans 1 expédition du C-ongo.
Elle a été très-bien décrite et figurée par M. Sims , en
l8i8 , mais oubliant quil existoit déjà une espèce de
SempervU'um , décrite par Willdenow , sous le nom de
ciliatum et n'étant frappé que de la convenance de ce nom,
ij l'a imposé à sa plante; les lois de la nomenclature ayant
obligé à supprimer ce nom, M. Sweet a proposé de donner
à cette espèce 1« nom de S. Simsii ; mais l'un et l'autre
de ces botanistes avoit ignoré, sans doute, que M. Ghr.
Smith avoit donné à sa plante le nom de S. cœspltosum ,
qui a été adopté par son ami et son compagnon de voyage,
M. L. de Buch, dans la liste des plantes des Canaries qu'il
a publiée d'après Chr. Smith (in-4-''. Berlin 1819). Ce
nomme paroit mériter d'être conservé, puisqu'il est celui
donné par le botaniste auquel nous devons la connois-
sance de cette plante.
Le but pour lequel je l'insère dans cette notice n'est
pas de relever cette légère incorrection de nomencla-
ture, mais de consigner ici un fait remarquable de phy-
sique végétale , quoiqu'il ait déjà été indiqué dans les
annales de Physique et de Chimie. La plante dont
il est question a été cueillie par M. Smith, dans l'été de
i8i5 , aux Canaries : il m'en a donné un échantillon des-
séché au mois de Février 1816 ; je l'ai dès-lors gardée
un an dans mon herbier; au bout de ces dix-huit mois
de dessication , je m'aperçus qu'elle avoit encore l'appa-
454 SUR LES PLANTES RARES OU NOUVELLES
rence d'avoir conservé quelque reste de vitalité ; le Jardin
n'étant pas alors établi , je la confiai à M. Dufour , pépi-
niériste habile de cette ville, qui la soigna dans sa serre ;
elle y reprit vie, et c'est de ce pied, conservé dix- huit
mois en herbier, que proviennent ceux que nous possédons
aujourd'hui dans le Jardin Botanique et qui fleurissent
toutes les années au printemps, Ce fait m'a paru digne
d'être conservé comme un exemple extraordinaire de la
lenteur avec laquelle la vie s'éteint dans certaines plantes
grasses.
STACH\S tenuifolia. (Fiscli.)
Epiaire à feuilles menues.
iS. verticillis bifloris , calycibus pungentibus glabris , coroUce
pubescentis labio superiore hifido , inferiore ferè ^i-fido , Joliis
imjimis pinnatifidis , summh Unearibus inlegris. y.
Cette espèce indigène de l'empire Russe est indiquée
sous ce nom par M. Fisclier, dans le catalogue du Jardin de
Gorenki, et les graines nous en ont été communiquées par
ce savant ; elle est très-distincte de toutes ses congénères ;
la plante entière est glabre, haute d un pied, droite, grêle
et rameuse dès sa base; la tige est tétragone, un peu pur-
purine ; les feuilles sont disposées par paires écartées ,
étalées, étroites , les inférieures et celles des branches sté-
riles pinnali partîtes à lobes inégaux , distans , linéaijes ,
pointus; les supérieures et celles des rameaux fleuris sont
linéaires, entières ou dentelées; les florales plus courtes
que les fleurs ; celles-ci sont solitaires aux aisselles des
DU JARDIN DE BOTANIQUE. 455
feuilles florales , par conséquent opposées , portées sur
un pédicelle nu , long d'une ligne ; le calice est tubuleux,
à dix nervures , à cinq lobes presqu'égaux , un peu épi-
neux. La corolle a son tube blanc, cylindrique, plus long
que le calice , son limbe d'un pourpre pâle , mélangé de
blanc et de pourpre foncé; la lèvre supérieure est dressée,
oblongue , divisée au sommet en deux lobes obtus , séparés
par un sinus aigu, l'inférieure est plus grande, horizon-
tale , à trois lobes , les deux latéraux obtus déjetés , celui
du milieu étalé, bilobé. Les quatre étamines sont pres-
qu'égales , le style est terminé par deux stigmates courts
et très-aigus. _
i5. STACHYS prostratra. (Lag.)
Epiaire couchée.
5. verticillis sex-Jloris , calycibus pungentibus subuillosis , eo-
rollce villosœ lablo superiore intégra, inferiore 'h-lobo , foliis
apice dentatls , inferioribus cunealo - lanceolatis , superio-
ribus sublinearibus , caulibus ramosissimis prostralris. y .
Cette plante est pro venue de graines envoyées sous le
nom que j'ai conservé , par M. Lagasca , directeur du
Jardin de Botanique de Madrid. Elle vit en pleine terre
et paroît robuste. Elle a presque le port de la Stachys side-
riiis, mais s'en distingue dès le premier coup-d'œil par
ses fleurs purpurines ; elle ressemble d'ailleurs à quatre
espèces du même genre avec lesquelles il convient de la
comparer.
I ° Elle â des rapports intimes avec la Stachys arenaria
32
456 SUR LES PLANTES RARES OU NOUVELLES
de Desfontaines , mais elle en diffère par s;i tige plus
couchée, moins velue, ses feuilles moins rélrécies à la
base et la lèvre supérieure de la corolle entière et non
bifide. Au reste, la St. arenarla de Desfontaines ne doit
point être confondue avec l'espèce figiu-ée sous ce uum.
dans le Bot. Mag. t. igSg. Celle-ci devra conserver le
nom de Skichys diffusa ^ qui lui est donné dans Iç catal.
hort. Regio Madrit.
2." Notre espèce a aussi des rapports avec la .S7. pur-
purea de Poiret (suppl. 5. p. 277.) mais elle en dilfère parce
qu'elle est beaucoup plus glabre , que ses feuilles florales
sont ovées, lancéolées, acumiuées et non oblongues, que
le tube de la corolle est plus court et la lèvre supérieure
entière. La St. purpurea de Poiret diffère au reste totale-
ment de la 67, purpurea de Tenore, laquelle est la Siachys
arvensis var. purpurea Poir. dict. 7. p. SyS.
3.° L'Epiaire couchée paroît différer de la Siachys scor-
difolia, de Wiildenow (enum. 616) , que par une erreur
d'impression Poiret a désignée sous le nom de Slav/ijs cor-
difoLia (suppl. 5. p. 227. Notre espèce n'a pas les feuilles
entièrement glabres : son calice est à peine strié ; le tube
de la corolle dépasse bien un peu le calice mais n'est pas
deux fois plus long ; enfin , la lèvre supérieure de la co-
rolle est entière.
4," Si on compare notre Epiaire avec la Siachys scor-
dioides de Poiret (dict. 5. p. SyS) qui paroît différente de
la Si. scordifolia Willd. tUe s'en distingue encore par sa
tige herbacée et non demi-ligneuse , par ses fleurs pur-
purines et non jaunâtres , et par l'intégrité de sa lèvre
supérieure.
DU JARDIN DE BOTANIQUE.
16 STACHYS spectabilis. (Choisy.)
EPIAIRE remarquable.
S. Ferticillis mult'Jloris distantibus , calycibus b-fidis corollâ
dimidio brevioribus , foliis sublus inconii aculis senatis, in-
ferioribus petiolatis cordalin, superioribus subsessilibus ouato-
lanceolatis , caule villof,isi,imo If.
Cette belle espèce d'Epiaire est provenue de graines, qui
nous avoient été envoyées par M. Fischer, Directeur du
Jardin de Gorenki . sous le nom de Stachys Germanicœ
affinis. Elle vil en pleine terre, et a fleuri la seconde
année de sou existence au mois de juin. Elle a été, en mon
absence, observée et décrite par M. Choisy. Sa tige est
droite, rameuse, quadrangulaire, hérissée de poils longs,
blancs , mois et laineux; ses feuilles sont vertes en dessus,
blanchâtres en dessous , un peu plus longues que les entre-
nœuds. Les fleurs forment des verticilles serrés, le long de
la tige principale et des rameaux, latéraux; on en compte
quinze à vingt à chaque verticille; leur calice est en cloche
alongée, rougeàtre, un peu laineux, à cinq lobes égaux,
aigus. La corolle est d'un rose pourpre; son tube est de la
longueur du calice; les lèvres grandes, la supérieure en-
tière, obtuse, droite, velue en dessus; l'inférieure pen-
dante à trois lobes arrondies, dont celui du milieu dépasse
beaucoup les autres. Les étamines dépassent un peu le
tiibe de la corolle, et les deux latérales se déjettent de côté
après la fleuraison. Les lobes de l'ovaire sont glabres, et le
style prend naissance entre les deux supérieurs; le stig-
mate est à deux lobes aigus.
458 SUR LES PLANTES RARES OU NOUVELLES
Cette espèce ressemble à la Stachys jélpina et à la Sta-
cJiys palustris par sa fleur, à la Slachys Qernianica par
son port.
17, MEIVTHA Manda. (WaU.)
Menthe agréable.
M. Spicis oblongo-cylindraceis , fol.is petiolatis ouato-rhom-
beis grosse dei^latis subtus glabris punctatis , supernè pube-
rulis &
Cette espèce est originaire du Napaul; j'en ai reçu les
graines sans nom, de IM. Wallich, au mois de septembre
1820; les ayant semées immédiatement dans la serre, j'eus
au mois de novembre suivant une plante que je décrivis
alors sous le nom de Mentha micrantha , nom sous le-
quel je l'ai indiquée dans le Rapport du Jardin de 1821,
pag. 44; niais j'ai reçu dès-lors des échantillons desséchés
de cette plante de M. Wallich, sous le nom de Mentha
hlanda , nom que j'adopte ici , soit pour rendre hommage
au naturaliste de qui je tiens la plante, soit parce qu'il est
probable qu'il l'a décrite lui-même sous ce nom à Cal-
cutta. Quant à l'état actuel de nos connaissances en Eu-
rope, elle forme une espace élégante et bien caractérisée,
surtout par l extrême petitesse de ses fleurs.
Sa tige est droite, tétragone, à peine pubescente, haute
d'un à deux pieds, et divisée en rameaux grêles et oppo-
sés. Ses feuilles sont étalées, munies d'un pétiole qui a plus
d'un pouce de longueur, ovales presju'en rhombe, rétré-
cies et entières à leur baie, dentées daus l'autre moitié, gar-
DU JARDIN DE BOTANIQUE. 469
nies en dessus de très-petits poils, ponctuées en dessous
d'une manière très-prononcée , agréablement odorantes
lorsqu'on les froisse. Les grappes de fleurs sont droites >
cylindriques, longues d'un pouce, composées de feuilles
florales sétacées , à peine visibles, de l'aisselle desquelles
naissent des faisceaux d'environ cinq fleurs, entremêlées
elles-mêmes de très-petites bractéoles ; les fleurs sont blan-
ches , très-petites ; le calice est vert, un peu pubescent , à
tube court, à cinq lobes égaux, droits et pointus. La co-
rolle dépasse à peine le calice ; elle n'a qu'une ligne de
longueur; sa surface extérieure est pubescente; le tube se
resserre au-dessus de l'ovaire, et se divise en quatre lobes
ou deux lèvres peu distinctes, la supérieure entière, courte,
en forme de voûte, l'inférieure à trois lobes, très-obtus;
deux étamines sont attachées sous la lèvre supérieure et
munies d'anthères rouges, fertiles , réniformes; deux autres
sous la lèvre inférieure plus courtes, à anthères quelque-
fois jaunâtres et avortées. L'ovaire est à quatre lobes gla-
bres et arrondis , le style simple et blanc , terminé par deux
stigmates aigus, qui ne dépassent pas la corolle. La plante
est morte après la fleuraison.
18. VERONICA carnea,
Véronique couleur de chair.
J^ Florihus racemoxo-spicatis foliis npposi/is lanceolalis aciitls
ceaualiler serratis basi brei>è cunealis cauleque erecto pubes-
cenlibus, bracteis linearibus pedicelli tong.tudine y.
J'ignore la patrie de cette plante j elle m'est arrivée dans
46o SUR LES PLANTES RARES OU NOUVELLES
les graines de plusieurs Jardins sous des noms divers et
erronés , et quelqu'immense que soit le nombre des véro-
niques décrites , je ne sais la rapporter exactement à au-
cune d'elles; elle a des rapports marqués avec les V. ar-
guta et média, et pourroit bien être, ou une variété, ou
une hybride de l'une ou de l'autre.
Sa tige est droite, cylindrique, pubescente, haute de
deux à trois pieds. Ses feuilles sont toutes opposées, ex-
cepté celles du haut qui sont alternes, lancéolées, aiguës,
brièvement rétrécies en coin à la base, entières dans la
partie en coin, bordées dans le reste de dentelures eu
scie, égales entre elles, au nombre d'environ vingt-cinq de
chaque côté, pubesceutes sur les deux faces, dressées ou
étalées, non réfléchies, longues de deux pouces, larges de
cinq lignes. Les grappes terminent la tige et les rameaux;
elles sont droites, multiflores; celle qui termine la tige est
la plus longue. Les bractées sont linéaires, pubesceutes,
longues de deux à trois lignes, c'est-à-dire de la longueur
du pédicelle. Les fleurs sont élégantes, d'un rose paie, ou
couleur de chair. Le cahce est glabre, à quatre lobes
oblongs-linéaires , écartés, aigus, dont les deux inférieurs
sont un peu plus longs. La corolle a le tube court , la gorge
barbue en dedans, le limbe à cinq lobes étalés, ovales ob-
tus, un peu inégaux, les deux étamiues ont les filets roses,
les anthères pourpres, le pollen jaune; dans une fleur, j'ai
trouvé trois étamines dont une plus courte. Lbvaire est
ové; le style fihforme, pourpré, deux fois plus long que le
calice, à stigmate simple. La capsule ovée, échancrée,
glabre, à deux loges polyspermes un peu renflées.
DU JARDIN DE BOTANIQUE. 46l
19. RICINUS lœvis.
RicLN lisse.
R. foUis pellatis serratls , îobis oblongis serratia , cauîe pruinoso,
stigmatibus 3 bifidis, capsulis inermibus Icepibus,
Cette espèce de ricin m'a été envoyée sous le nom de Ri-
cinusinermis. Elle ressemble beaucoup à celle que Jacqum
a décrite et figurée sous ce nom à la planche igS. de ses
Icônes rariores , et mériteroit lepithète diinermis à tout
aussi juste titre; mais elle en diffère par plusieurs carac-
tères tranchés, i ." ses capsules sont un peu plus petites, à su-
tures peu saillantes, parfaitement lisses sur la surface. 2.° Ses
stigmates sont plus grêles et plus dressés. 3.° Ses grappes
sont dégarnies par le bas, et beaucoup plus longues; elles
atteignent jusques à deux et trois pieds de longueur, tan-
dis que celles du R. inerme ne passent guère un pied.
4.° Plusieurs de ses rameaux sont aplatis au-dessous de
la première feuille; la partie aplatie est bordée de deux
nervures saillantes, qui descendent des aisselles delà feuille;
le R. inerme a au contraire les rameaux presque cylindri-
ques et les capsules ont les sutures très-saillantes, et le
reste de la surface ridé en travers. Le R. lisse supporte
la pleine terre; il commence à fleurir à la fin d'août, et sa
fleuraison continue jusqu'aux premières gelées. Sa patrie
ne m'est pas coimue.
462 SUn LES PLANTES RARES OU NOUVELLES
S.O. IRIS spathulata. (Sweet.)
Iris en spathule.
/. scapo tereti subtrifloro foliis linearibus longiore, spathis ven-
iricosis , ovariis hexagonis , petalis apice obtuse emarginatis ,
majoribus imberbibus subspaihulatis , stigmatibus bijidis acutis.
I. spuriu. Curt. bot. jnag. t. 58.
ï. spuria jB minor. Ait. Kew. éd. 2,. v. \. p. 116. Rœm. etSchult.
syst. 1. p, 468.
I. spaihulaïa. Sweet. hort. suburb. Lond, p. 12. n. 26.
Cette plante a été long-temps confondue avec \lris
spuria et peut-être y a-t-il encore sous ce nom d'autres
espèces confondues : celle qui nous occupe ici s'en rap-
proche en effet aussi bien que des Iris stenogma , ochro-
leuca, Guldenstaddi et halophila , parce qu'elle a comme
elles les pétales extérieurs imberbes, et les ovaires à six an-
gles ou côtes saillantes ; mais elle en diffère parce que ses
pétales sont tous obtusément échancrés au sommet ; les ex-
térieurs sont étalés , rétrécis en une espèce d'onglet et
évasés au point oii les stigmates se terminent en un limbe
ovale. La partie, qui joue le rôle d'onglet, est blanchâtre
avec des veines purpurines et une bande jaunâtre , le
limbe est bleu à peine veiné ; les pétales intérieurs sont
dressés , oblongs , d'un violet pourpre semblable à celui
des stigmates. Ceux-ci naissent d'un style court ; ils sont
«talés sur les pétales externes , redressés à leur sommet
où ils sont comme fendus en deux lobes aigus ; à l'extré-
mité de la partie étalée et à la surface inférieure se trouve
SUR LES PLANTES RARES OU NOUA ELLES 465
la duplicature glanduleuse et transversale qu'on doit con-
sidérer comme le véritable stigmate ; dans cette espèce ,
cette dupiicature se prolonge en deux pointes ou cornes
assez remarquables : au reste , je dirai ici en passant que
cette duplicature présente par sa forme et sa position des
caractères qui méritent dèlre observés dans les espèces
d'Iris; la noire a le pollen d un jauije orangé, la plante n'a
guères qu'un pied à un pied et demi de hauteur 5 elle est
bien figurée dans la planche citée du Magasin botanique ;
c'est par cette figure que nous avons reconnu son nom
dans le catalogue de M. Sweet , ouvrage singulièrement
commode pour les directeurs de Jardins botaniques, et oîi
l'on trouve plus d'instruction que la forme ne semble
l'indiquer ; cette espèce n'étant encore désignée que par
son nom, nous avons cru devoir appeler sur elle l'atten-
tion des botanistes : sa patrie m'est inconnue.
M^m. de la Soc. de Phys. el (TH. nnt. T. I.'', 3.' Pâri. aj
RAPPORT
Sur les minéraux rares ou offrant des cristalli-
sations nouvelles , observés dans la collection
du Musée académique de Genève.
Par F. SORET.
{Lu à la Société de Phys. et cCHist. Naturelle , le 2 Mal 182s.) (1).
V/uoiQUE l'établissement du Musée Académique de
Genève date d'une époque très -récente (2) , il mérite
déjà l'attention des naturalistes par les remarquables
progrès qu'il a faits. Nous devons ce rapide accroissement
au z.èie toujours renaissant de nos compatriotes pour tout
ce qui intéresse ie bien public , et il nous est flatteur
d'ajouter que les étrangers même y ont beaucoup con-
tribué. La collection minéralogique, qui est la moins com-
plète de toutes, peut servir de preuve à notre assertion;
il n'est aucun des objets quelle renferme qui n'ait été
(1) La jilupart de ces noies avoient clé déjà lues dans d'autres séances;
on les a présentées de nouveau dans leur ensemble , pour se conformer au
règlement.
(■>.) Fondé en 1 8 1 8 , la salle de Minéralogie n'a été construite qu'à la fin
de 1819.
466 SUR LES MINÉRAUX RARES
donné au Musée , et déjà plusieurs d'entr'eux méritent
d'être connus . soit en raison de leur beauté , soit à cause
des faits nouveaux quils présentent. INous croyons ne
pouvoir mieux témoigner notre reconnoissance aux bien-
faiteurs de notre établissement , qu'en publiant une no-
tice sur toutes les variétés qui ne sont point encore dé-
crites. Une place est réservée à cet effet dans le recueil
des mémoires de la Société de Physique et d Histoire Na-
turelle , et les Administrateurs s'engagent à y consigner
les observations qu'ils jugeront propres à enrichir le do-
maine de la science.
Nous ne suivrons aucun ordre de classification pour
les matières qui seront traitées ; la nature même de ce
rapport ne le permettroit pas. De même, nous nous conten-
terons de ne décrire aujourd hui qu'une foible partie des
cristallisations nouvelles qui se trouvent dans la collec-
tion ; les autres n'ayant pas encore fait le sujet de mé-
moires lus à la Société de Physique.
I.
TOPASE.
(^ Silice fiuatée aluniineuse. Haûy.)
Toutes les collections renferment un nombre plus ou
moins considérable de cristaux non décrits de cette subs-
tance. Les variétés qui proviennent de Saxe et de Sibérie
se font surtout remarquer par la grande quantité de leurs
modifications nouvelles. Nous en avons déterminé plus
ou OFFRANT DES CRISTALLISATIONS NOUVELLES. 467
de cinquante , dont nous devons surtout la connoissance
à MM. Laine et J urine (i) ; elles seront pour nous 1 objet
d'un travail particulier. Aujourd'hui nous extrairons de
ce travail la description des principales variétés qui se
trouvent dans la collection du Musée. Parmi ces dernières
nous n'avons observé aucune face nouvelle , si ce n'est
une ou deux si petites , qu'il nous a été impossible d'en
prendre exactement la mesure.
Cette circonstance nous rend les maîtres d'épargner
au lecteur une inutile complication de signes. En con-
séquence , nous donnerons seulement les lettres pro-
pres à la désignation de chaque face. On retrouvera
sans peine les lois de décroissement , soit dans le tableau
comparatif du célèbre Haiiy , soit dans un mémoire sur
la Pycnite, du même auteur (2).
Nous laissons pour le moment de côté la question de
savoir si peut-être il n'y auroit pas quelqu avantage à
préférer l'ancienne forme primitive donnée par M. Haiiy,
à celle qu'il adopte aujourd'hui; et nous avertissons que
dans le cours de cet article , on a conservé les si2;nes et
les lettres propres à \ octaèdre rectangulaire (5). Toutes
(i) Ma colleclion particulière tn renferme en outre une vingtaine.
(2) Journal des Mines , n." i33.
(3) Long-temps après la confection de ces notes , j'ai vu dans le traité
de Cristallographie de Haiiy un passage qui indique la convenance de
prendre pour forme primitive , dans le cas actuel, un prisme droit rliom-
boidal ; j'abonde pour ma part daas ce sens ; mais la planche de ce mé-
moi e étant gravée , je me suis vu dans la nécessité de conserver les lettres
relaiives à l'octaèdre , les substitutions de signes que le lecteur dtvra faire
468 SUR LES MINÉRAUX RARES
les fois qu'une figure du grand Traité sera citée , on aura
soin d'y faire les changemens de lettres qui sont annoncés
dans le tableau comparatif et que nous répéterons en
note, pour éviter toute espèce de confusion (i).
Cristallisations de la Topase.
1. Topase Epoinlée , t. l. o. z.
Voyez planche XLIV^, fig. 37 du Traité , plus la face
z qui tronque le sommet.
^ (2) Cristal isolé de Saxe. Donné par M,'^ Hor. Boissier,
ancien Kecteur.
2. Topase Decemoctonale P. t. l. s. o. fig. i.
Prisme à huit faces. Pyramide à dix faces. Cristal isolé.
^. De Saxe. Donné par M." H. Boissier.
La même variété se trouve au Brésil.
3. Topase Nono-octonale. P. M. z. o. t. L fig. 2.
Variété de couleur blanche , sur druse. Prisme à huit
faces; neuf au sommet.
^. I. Sibérie. Donnée par M*". Fréd. Soret.
4. Topase Quatuordéciin-octonale. P. c. r. 0. s. t. l.
Prisme à huit pans; quatorze faces au sommet, /n'otfre
qu'un simple filet. Cristal isolé.
j5 De Saxe. Donateur, M."" H. Boissier.
5. Topase Nono-déciniale. t. L o. P. p. s. c. fig. 3.
de nouveou ii'oi.rpiu aucune diifirulté, surlout lorsqu'on aura sous les
yeux la s<'eon(le édition du grand liai té de minéralogie.
(i) Les chaugemeus qu'il faut faire aux anciennes figures sont :
M pour /-. z pour P.
t pOiir M. P pour n,
(2) Ces cliiffres Indiquent les numéros du grand registre et de l'éclian-
lillou.
ou OFFRANT DES CRISTALLISATIONS NOUVELLES. 46g
Dix faces au prisme ; neuf à la pyramide.
J'appelle p la face à laquelle M." Haiiy a donné le signe
r dans son mémoire sur la Pycnite ( Journ. des mines ,
n." i33.) Ce changement est fondé sur ce que cette der-
nière lettre est employée dans le tableau comparatif pour
désigner une autre face. (Voy. P. IL fig. 28.) La face z
n'est qu'un simple filet.
La forma de cette Topase est intéressante en ce qu'elle
présente une face p qui n'avoit point encore, à ce que je
crois , été observée sur la Topase proprement dite , mais
seulement sur la variété à laquelle on donnoit le nom de
Pycnite; variété réunie à l'espèce qui nous occupe, par
M.^ Hauy.
^. 2. De Sibérie. Sur la même druse que le n.° 3.
6. Topase Septenideclin-octonale P. t. l. o. x. z. s. c.
Voyez la fig. 42 du Traité, plus la face c. Dix-sept faces
au sommet ; huit au prisme.
If. De Saxe , donnée par M.'^ Hor. Boissier.
7. Topase Qaindecim-duodécLmale. P. ô. L u. z. x. s. 0.
Voyez la fig. 4-- du Traité de minéralogie , plus les
faces u qu'il faut ajouter au prisme. Douze faces au prisme ;
quinze à la pyramide.
^. De Saxe. Donnée par M."^ H. Boissier.
8. Topase Nonodecirn- octonale. P. M. t. l. z. o. s. L\ c.
Dix-neuf faces au sommet; huit au prisme. (Fig. 4)
^. 3. De Sibérie. Sur la même druse que la troisième
variété.
Cette druse présente encore une cristallisation nou-
velle ^. 4- fort bien caractérisée. C'est la variété distique
470 SUR LES MINÉRAUX RARES
modifiée par une facette non décrite encore, qui remplace
<?, et qui forme sur la face adjacente P un angle fort obtus.
La position du cristal sur la druse, s'oppose à toute me-
sure d angles par le gouyomètre , et par conséquent rend
imp ssible la détermination complète de cette variété.
9. Topase Sept rndecini-duodéciniale P. s. o. x. z. c. t.
l. II.
IS. f^. De Schneckenstein ; sur druse. Bel échantillon
donné par M."^ le Syndic Michéli. (Voyez fig. 5.) Prisme
à douze pans, sommet ayant dix-sept faces.
La même druse présente quelques autres cristaux de
variétés déjà connues.
Observations générales.
Nous aurions saisi cette occasion de parler des pro-
priétés optiques de la Topase , si nous n'en avions pas
traité fort au long dans un autre travail (1). Mais
nous consignerons cependant ici quelques faits cu-
rieux , relatifs à la coloration des fausses Topases ;
faits qui intéressent la théorie de la couleur propre des
corps , et que nous croyons peu connus. Voici comment
nous avons été conduits à nous en occuper.
Depuis quelques années MM. Dumas et Raisin ont
établi à Genève une fabrique de pierres fausses , et sont
parvenus en peu de temps à donner à leurs produits un
degré de perfection vraiment remarquable. Ces Messieurs,
dont la complaisance égale l'habileté , ont bien voulu me
(1) Observations sur les rapports de la cristallisatiou et de la douille
réfracliou.
ou OFFRANT DES CniSTALLISATIONS NOUVELLES. 47 1
communiquer plusieurs détails fort curieux sur leur fa-
brication. Sans entrer ici dans un développement qui
n'appartiendroit plus à notre sujet ; nous nous conten-
terons de faire quelques observations sur le verre qui imite
la Topase.
On sait généralement que la pierre du Brésil qui porte
ce nom, change de couleiir et passe de l'orange au rouge
violet, lorsqu'on l'expose à l'action d'une chaleur convena-
blement graduée. Dans cet état le minéral prend le
nom de Topase brûlée , ou même on le décore du titre
de Rubis , quoique cette dernière substance soit d une
toute autre nature (i). Un phénomène analogue se re-
produit, mais d'une manière beaucoup plus frappante, dans
les verres colorés, MM. Dumas et Raisin font toutes leurs
teintes de Topase avec un verre dont la couleur naturelle
est un jaune clair, semblable à celui du corindon vulgai-
rement appelé Topase Orientale. Ce verre réduit en petits
frasmens et soumis à l'action du feu se colore successive-
ment en jaune foncé , en orange ^ etc. , puis au moment
où la fusion commence, il passe au rouge violet.
J'ai répété cette expérience avec soin, en observant la
succession des teintes produites, et je me suis assuré qu'elles
descendoient dans l'ordre des anneaux de Newton par la
série suivante -.jaune clair, jaune orangé , orange , rouge
orangé , rouge violet.
(i) Si i'ou se sert des caractères tipés Je la double léfratlioa , du dl-
cLroismo et de la décomposuiou des couleurs par le prisme de cLaux càr-
bonalée j on est sûr de ue pas confondre la Topase bidlte avec le liub.s
(Spiuelle) dont la réfraction est simple.
Mém. de ia Soc. de Fhys. et d'il. nat. T. {." , J.' Pi.n. a t
472 SUR LES MINÉRAUX UAIIES
MM. Dumas et Raisin , ont fabriqué un autre verre
dont la couleur propre est le bleu clair ( bleu de ciel blan-
châtre , aiguë marine bleue ). Ce verre , après une re-
cuite, imite très-bien la Topase l'ousse du Brésil. Voici
comment les fragmens que j'ai étudiés se comportent
au feu.
Exposés à l'action d'une chaleur graduellement crois-
sante, ces fragmens ont passé du bleu clair au vert clair
d'aiguë marine , puis au ve/i jaunâtre. Après les avoir
fait parvenir à cette dernière teinte , je les ai laissé re-
iroidir, et la couleur bleue a reparu par une succession
de nuances inverse de la première (i). Si l'on pousse le
ieu jusqu'au rouge , on obtient après le vert jaunâtre un
jaune clair, puis enfin le jaune orange ; ce dernier degré
de coloration est permanent dans le verre après son entier
refroidissement
On voit encore dans ce cas un exemple remarquable
d'une succession de couleurs en harmonie avec l'échelle
de Newton. La dilatation fait monter les teintes dans
l'ordre des anneaux ; la condensation ou la contraction
des molécules par le refroidissement, produit l'effet inverse.
Il est probable qu'une autre cause agit de concert avec
la chaleur pour faire varier la couleur du verre , et que
c'est à un changement d'oxid^tion dans la matière colo-
rante qu'est due la permanence de la dernière teinte.
(i) Mr. Brewster a fait de» expériences analogues , sur un Rubis qui a
passé du rouge au vert, puis du vej-t au rouge, suivant <jue les degrés de tem-
pérature varioient.
ou OFFRANT DES CRISTALLISATIONS NOUVELLES. 473
Ces exemples se rattachent aux explications que M/ Biot
a données sur la couleur propre des corps et que ce
célèbre physicien a consignées dans son Traité de Phy-
que (i).
n.
Chaux sulfatée de Bex,
' Il est probable qu'en examinant avec quelque soin les
nombreux et beaux échantillons de Chaux sulfatée qui
proviennent des salines de Bex, on y rencontrera encore
plusieurs variétés de formes non décrites : Les faces que nous
avons déjà fait connoître peuvent parleurs seules combinai-
sons produire une infinité de modifications nouvelles. De-
puis l'époque où mon illustre maître, Louis Jurine, observa
les cristallisations de Bex et m'en confia la détermination,
jusqu'à-ce jour, j'ai pu m'assurer de la vérité de cette
.-issertion ; et l'on trouvera dans le Musée de Lausanne ,
ainsi que plusieurs collections particulières , de nom-
breuses richesses inédites. Quant aux faces nouvelles ,
leur nombre «si beaucoup plus limité ; je dois la con-
noissance de la seule que j'aie vue depuis long-temps, aux
précieuses bontés de son Altesse Royale le Prince de
Danemarck, qui a daigné me la faire remarquer, enrichir
(i) Dans le Traité sur le Chalumeau que vient de publier le rëlèbre
chi'iDist« Suédois Berzelius ; on voit plusieurs excniples de verres métalli-
ques dont la couleur varie suivant leur degré de température. On pourroit
faire à ce snjet une suite de recherches fort intéressantes et qui probablement
confirmeroient les phénomènes déjà connus. J'ignore si l'on a fait mention ,
474 SUR LES MINÉRAUX RARES
ma collection de l'échantillon sur lequel elle se trouve ,
et me permettre d'en donner la description (i).
Nous allons maintenant passer en revue quelques formes
non décrites qui se trouvent dans la collection du Musée
de Genève et nous nous dispenserons , de même que pour
la Topase , d'indiquer les signes de décroissement , et de
donner le tableau des incidences. On peut retrouver les
uns et les autres dans les Annales des Mines, 1817.
I. Chaux sulfatée Septemdécimale P. h. f. n. u. l. o.
C'est-à-dire , ayant dix faces en prisme , et sept à chaque
sommet.
C'est la variété didécaèdre plus les faces n au sommet.
^. Cristal isolé. Donné par M.J Fred. Soret.
3. Chaux sulfatée AscendanLe P. q. k. i. f. h. o. l.
Les signes qui indiquent les lois de décroissement des
faces secondaires vont en progression ascendante.
C'est la variété pentanome dans laquelle u manque et
/• est remplacé par q.
^. Cristal isolé. Echangé avec le Musée Cantonnai de
Lausanne.
3. Chaux sulfatée tétranome P. k. i. h. f. 0. L n. u.
C'est-à-dire , ayant quatre lois de décroissement sur la
même arête c.
^. Sur druse, gros cristal. Donné par M.' St. Moricand.
sous le rapport qui nous occupe , des changemens de teintes dans la couleur
du ciel, au lever et au coucher du soleil. J'ai plus d'une fois eu l'occasion
d'observer que ces changemens s'etTetituoient en suivant l'ordre des anneaux.
(1) Voyez Bibl. Univ. CfMux sulfatée ^pophane. Oct. 182t.
ou OFFRANT DES CRISTALLISATIONS NOUVELLES. 476
Observations.
Outre les cristallisations que nous venons de décrire ,
le Musée possède plusieurs formes déjà connues , telles
que la Didécaèdre , Vequidisj ointe , la Sexdecimale , la
Deoihexaèdre ^ la Trapezienne, etc., parmi les cristaux
qui appartiennent à cette dernière variété , on doit signaler
le magnifique échantillon placé dans la première armoire,
sous le N.° ^. Ce cristal unique par sa grandeur et sa
pureté, provient ainsi que les premiers des salines de Bex,
il a été donné par M/ M. A. Pictet, et se trouve déjà décrit
dans le mémoire sur la Chaux sulfatée, précédemment cité
(Ann. des mines , 1817.)
Les échantillons de cette substance qui proviennent
d'autres localités et qui sont répandus dans les diffé-
rentes collections sont trop petits ou pas assez dia-
phanes pour qu'il soit facile de s'assurer par une ex-
périence directe de leur double réfraction ; mais un
cristal de Bex, de moyenne grosseur, suffit pour constater
le phénomène ; lorsqu'on regarde une fenêtre au travers
d'une des grandes faces P de la base , et d'une face
secondaire qui lui soit opposée , telle que/"; on aperçoit
que les barreaux sont très-distinctement doublés. Cette
expérience grossière est suffisante pour s'assurer du fait;
on conçoit qu'elle seroit plus satisfaisante si l'on regardoit
la pointe d'une épingle ou la flamme d'une bougie.
476 SUR LES MINÉRAUX RARES
m.
Chaux fi-uatée de Salève.
N. J-. Chaux fluatée Cubique. Grande druse, donnée
par M,' Selligue.
M/ Gosse , le père , dont Genève et les amis de la
science déplorent la perte ; possédoit dans sa collection,
un échantillon de celte substance, mais on en ignoroit la
localité précise ; nous en devons la connoissance aux re-
cherches de M."" Selligue. Quelques détails sur ce nouveau
gisement ne seront peut-être pas déplacés ici.
Vers la partie du sommet du petit Salève qui domine
Etrembières, M."^ Selligue a trouvé, épars ça et là sur le sol,
des blocs d'un calcaire grisâtre analogue à celui qui cons-
titue le massif de la montagne ; plusieurs de ces blocs
étoient remplis de fissures ou de cavités irrégulières en-
tièrement tapissées de cristaux jaunâtres, faciles à con-
fondre au premier coup-d'œil avec de la Chaux carbo-
natée , mais dont la forme cubique déceloit bien vite la
nature.
Les variétés de formes qu'offrent ces cristaux sont assez
nombreuses, mais le cube domine; les autres modifications
sont principalement \a primitive, la bordée, la irièpoiniée
et la cubo-ociaèdre.
Il n'y a point pénétration de la Chaux fluatée dans la
gangue , les cristaux reposent sur une croûte de même
nature qu'eux, et qui adhère fortement au calcaire.
Lorsque M."^ Selligue me fit part de son observation ,
ou OFFRANT DES CRISTALLISATIONS NOUVELLES. 477
je lui témoignai le désir d''aller avec lui au Salève , pour
chercher à trouver la Chaux fluatée en place. Notre course
ne fut pas infructueuse : après quelques heures de re-
cherches , je trouvai une druse à la surface même de la
dernière couche calcaire de la montagne. Les cristaux
étoient petits et peu nombreux , mais ils suffisoient pour
constater le gisement. Ils ne paroissoient pas répandus
dans la roche par filons, mais plutôt par amas.
La collection du Musée ne possède aucune cristallisa-
tion non décrite de cette substance; mais parmi les échan"
tillons qui figurent dans les buffets , il en est un que nous
devons signaler ici , comme unique par sa beauté :
savoir, le N. ^. qui a été donné par M." H. Boissier , au-
quel le Muse'e doit une grande partie de ses richesses.
C'est un cristal parfaitement bien conservé de Chaux
fluatée rose primitive ; il a plus de deux pouces de dia-
mètre, sa teinte est intense et repartie fort également sur
toutes les faces; il repose sur un petit fragment de gangue;
et deux ou trois autres cristaux de la même substance, re-
marquables par leur grosseur, adhérent à quelques-unes
de ses faces. Ce précieux morceau vient du St.-Gothard.
Nous devons encore à la générosité de M."^ Seymour ,
de Londres, quelques belles druses de Chaux fluatée pro-
venant du Gumberland.
IV.
Cyaiophane.
Les cristallisations connues de cette substance sont fort
478 SUR LES MINÉRAUX RARES
peu nombreuses. J'ai eu Toccasion d'en trouver plusieurs
nouvelles dans la collection de M/ Jurine , ainsi que parmi
mes propres échantillons , et j'en ai fait le sujet d'un mé-
moire lu en 18 19, à la Société des Amateurs des sciences
naturelles, à Genève. Deux ou trois de ces formes se re-
trouvant au Musée, nous transcrirons ici les articles qui
les concernent.
1. Cymophane quadri-duodéc'unale M. T. 0. i, fig. 6.
Prisme à quatre pans ; sommet à six faces. Voyez la va-
riété annulaire du traité , planche 4^ , f- 27 , dont vous
retrancherez les faces s au prisme.
If. Du Brésil. Donné par M."" Soret.
2. Cymophane quadrioclonale M. T. 5. i. fig. 7.
Quatre faces à chaque sommet , huit pans au prisme.
Voy. la figure de la variété annulaire moins les faces
o au sommet.
I5. Du Pegu. Donné par M."" H. Boissier.
3. Cymophane perioctaèdre V. M. T. s.
Variété primitive, fig. sS du traité P. 4- ^ comprimée
dans le sens des faces M, et tronquée sur les quatre arêtes
du prisme par les faces s.
{-. Du Brésil. Donné par M. F. Soret.
Cristaux maclés.
4. Cymophane annulaire hémitrope P. M. s. t. i. fig. 8.
C'est une hémitropie fort intéressante de la variété annu-
laire. Les cristaux se coupent sous l'angle de 60" (i). li en
(i) 11 est facile de dctermiuer cet angle par les stries naturelles des
faces M , ou eu mesurant riucideuce de T sur T.
ou OFFRANT DES CRISTALLISATIONS NOUVELLES. 479
résulte un prisme hexagone comprimé et tronqué sur
toutes les arêtes de ses bases ; mais le prisme n'est pas
régulier, on y observe un angle rentrant qui peut dispa-
roître lorsque les deux cristaux s<=> pénétrent davantage.
Il existe une autre hémitropie de la Cymophane , mais
elle est rectangulaire; j'en dois la connoissance à M.' Biot.
Ce savant illustre l'a découverte en étudiant la lumière
polarisée, transmise au travers d'un cristal taillé paral-
lèlement aux faces M. On voit distinctement dans cet
échantillon des modifications de teintes qui accusent la pré-
sence d'un cristal entièrement encaissé dans le premier,
et le croisant à angle droit. Cette hémitropie observée
il y a plus de deux ans par M."^ Biot , prouve d'une ma-
nière évidente, que l'étude des phénomènes optiques peut
conduire à la connoissance de certains accidens de cris-
tallisation , qu'il nous seroit impossible d'atteindre au-
trement.
Le cristal décrit dans cet article , et la variété pérloc-
taèdre, ont été rapportés du Brésil par M." David Chauvet.
Du Brésil. Donné par M."^ Charles Chauvet.
il
S9*
V.
Stilbite, Mésotïpe et laumonite de Cormayeur.
N. 1^. Slilbite anainorphique s. s. M. T.
Voyez Traité de Minéralogie. HaiJy , tom. 3 , fig. 1 79.
Des éboulemens du glacier de Miage. Cristal isolé.
Donné par M. Fred. Soret.
Mérn. de la Hoc. de Phys, et d'H. nat. T. 1.", a.' Part. a5
48o SUR LES MINÉRAUX RARES
]V. yI- Stilbite lamellaire blanche et rose, servant de
gangue à de la Mésotype aciculaire.
Même localité. Donnée par M/ Fred. Soret.
Observations (i).
Les gisemens de la Stilbite ne sont pas très-nombreux :
pendant long-temps on a cru que cette substance étoit,
ainsi que la Mésotype, particulière aux formations volca-
niques; mais plus tard on s'est assuré du contraire, et les
variétés qui proviennent du Saint -Gothard , du Dau-
phiné , etc. , etc. prouvent qu'on la rencontre jusques
dans les formations les plus anciennes de notre globe. Les
Alpes en offrent un nouvel exemple. M." Marie Des-
cbamps de Servoz vient de m'envoyer deux ou trois
échantillons d'un minéral , trouvé cette année pour la pre-
mière fois dans la partie supérieure du glacier de Miage.
Cette substance n'est autre chose que de la Stilbite la-
mellaire et cristallisée. Un des morceaux présente la variété
dodécaèdre avec la même forme arrondie. Deux autres
morceaux , dont l'un est cité en tête de cette note , N.° 77
offrent des cristaux isolés assez remarquables par leur
volume. Ils se rapportent à la variété anamorphique de
M."^ Haiiy et ont un pouce de longueur ; je crois qu'il est
rare d'en trouver d'aussi volumineux dans des roches
d'ancienne formation.
Le N. H est cité parce que la Stilbite est accompagnée
(1) Extrait d'une note lue àla Société de Physique, le 20 Sept. 1821.
ou OFFRANT DES CRISTALLISATIONS NOUVELLES. 4^1
de Mésotype aciculaire qui tapisse quelques cavités. Les
fibres divergentes de cette substance ont un éclat vitreux ,
et comme j'en possède un échantillon régulièrement cris-
tallisé, sous la forme épointée^ j'ai pu confirmer par son
moyen la véritable nature de ce minéral. On sait que la
Mésotype est fort rare hors des formations trappéennes et
volcaniques ; on la cite dans la Serpentine du Piémont, et
M."^ le comte de Bournon en a décrit une variété qui a
l'Amphibole pour gangue. Mais je crois que c'est la pre-
mière fois que son existence dans les roches primitives
d'une plus ancienne formation est constatée. La gangue
de mon échantillon est un Cyanite avec Quarz hyalin
cristallisé et Amiantoïde. Je dois ajouter que mon collègue
et collaborateur , M^ Stéphano Moricand , qui m'auroit
sûrement aidé dans la confection de ces notes sans une
absence qu'il a faite ; possédoit depuis deux ans dans sa
collection un morceau de ce minéral ; mais c'étoit le seul
que les guides de Ghamounix eussent apporté; son gise-
ment étoit douteux, et les nouvelles recherches ont servi
à dissiper toute incertitude.
La Stilbite et surtout la Mésotype de Miage sont en-
«ore très-rares ; elles sont remarquables en ce quelles ac-
compagnent quelquefois le minéral connu depuis peu de
temps sous le nom de Laumonite de Cormayeur : cette va-
riété, ou peut-être cette nouvelle espèce, mérite je crois de
fixer l'attention des naturalistes.
La Laumonite de Cormayeur a toutes les propriétés
principales de celle d'Huelgoet , mais elle en diffère es-
sentiellement par la forme, telle du moins que la donnée
482 SUR LES MINÉRAUX RARES
M.'' Haiiy. Ses cristaux sont le plus souvent des prismes
obliques à bases rhombes , d'autant plus incompatibles
avec l'octaèdre rhomboidal pour forme primitive , qu il
ny a pas d'accord dans l'incidence de quelques-unes des
faces de clivage. D'un autre côté, M/ le Comte de Bournon .
ayant comparé la forme de ces cristaux avec celle qu'il
attribue à la Laumonite proprement dite , n'y voit pas
de différence : ce rapprochement est digne de fixer l'at-
tention , puisqu'en se confirmant il nécessiteroit un
changement dans la forme primitive la plus générale-
ment adoptée. IN 'ayant pas actuellement à ma disposition
des cristaux bien prononcés d'Iluelgoet , je ne puis éta-
blir aucune comparaison , et je renvoie à une autre
époque l'aclièvement de ce travail , en me contentant
d'exposer rapidement aujourdhui mes principales ob-
servations.
Les cristaux se clivent avec la plus grande facilité ,
également bien sur les quatre pans du prisme; et la coupe
transversale de ces quatre faces de clivage , m'a paru être
un carré parfait. Je n'ai point pu obtenir de clivage sen-
sible parallèlement aux bases rhombes; mais, sur quel-
ques cristaux, j'ai obtenu une face de clivage , inégale-
ment inclinée sur les pans du prisme, et qui comparée
par la mesure directe et par le procédé des reflets avec un
petit prisme primitif de Feldspath m'a paru présenter
des incidences identiques. En sorte, qu'assimilant les pans
du prisme de la Laumonite de Cormayeur aux faces P
et M du Feldspath, et le clivage oblique à la face T, j'en
avois conclu l'identité géométrique des substances. Si je
ou OFFRANT DE« CniSTALLISATIONS NOUVELLES. 483
ne présente pas aujourdhui cette opinion comme positive,
c'est que les objections et les remarques judicieusesqua bien
voulu me fournir M. le Comte de Bournon , m'ont donné
quelque méfiance sur mon travail. L'identité d'incidences
des faces de la base sur celles du prisme, reconnue par
M."^ de Bournon , entre la substance de Cormayeur et la
Laumonite primitive ; jointe à la facilité qu'il y a de con-
fondre avec un carré parfait une section transversale, (qui
daprès ce célèbre minéralogiste doit être un rhombe dont
les angles diffèrent très-peu de l'angle droit, me déter-
minent à ne donner que 1 exposé des faits sans rien con-
clure. D'autres cristallographes seront peut-êtz'e plus heu-
reux que moi dans leurs observations ; il seroit surtout
essentiel davoir un plus grand nombre de formes secon-
daires ; je n'en connois encore que deux. Une analyse
chimique de ce minéral seroit essentielle ; car , que ce soit
une nouvelle espèce, un Feldspath, ou de la Laumonite,
les résultats nen seront pas moins importans pour la
science (i). Si quelque chimiste vouloit entreprendre cette
recherche , il nous seroit facile de lui procurer des débris
(i) Si c'est une Laumonite , elle servira à décider la question de la forme
primitive de cette substance ; si c'est un Feldspath , elle présentera
une modification secondaire fort remarquable et dont la symétrie contras-
tera avec la structure de la molécule ; enfin , si c'est une nouvelle espèce ,
l'intérêt qu'elle présentera n'est pas équivoque : dans cette dernière suppo-
sition , oserai-je indiquer d'avance le nom du célèbre Jurinc pour ce mi-
néral ? Je n'ai pas besoin d'ajouter que les savans doivent celte marque de
leur reconnoissance à un homme qui a rendu tant de services à l'tlistoire
Naturelle et à ceux qui en faicoiem l'objet de leurs éludes.
4 84 SUR LES MINÉRAUX RARES
de Laumonite de Gormayeur en quantité suffisante pour
ses opérations (i).
N.° j-,. Laumonite de Connayeur. Donnée par M/ Pes-
ehier, pharmacien.
VI.
Tourmaline.
N, ^. Tourmaline noire, cristallisée en prismes très-
courts , sur une gangue d'amphibole vert foncé. Ile d'Elbe.
Donateur; M."' André Melly.
Cet échantillon présente deux cristallisations nouvelles.
I. La Tourmaline Sisuni/aiVe p^ (fiff- 9)
C'est la variété isogone dans laquelle la face l a disparu
au prisme. Le sommet supérieur a six faces , l'inférieur
trois , et le prisme six pans.
« 20 2_
a. La Tourmaline Duobisunitaire „ „
s / r o
C'est la variété isogone de M."" Haiiy , dans laquelle la
faee l du prisme est remplacée par /' , qui paroît ici sous
la forme d'un filet {^V oyez traité , fig. ii6. ) où cette va-
riété est indiquée.
Les cristaux que nous venons de décrire sont petits ,
d'un noir parfait et ont la plupart de leurs faces assez
éclatantes; celles du prisme ne sont point striées et il est
(i) Si l'identité de clivage entre la Lauiuonile de Gormayeur et le Feld-
spath est confirmée et si, d'un autre côté, l'analyse nese prête pas à ce rap-
prochetoent, le minéral qui nous occupe présentera un nouveau genre d'in-
térêt en se raltacliant à l'intéressante question des Isomorphes.
OtJ OFFRANT DES CRISTiLLISATIONS NOUVELLES. 485
à remarquer que dans tous les morceaux que nous avons
vus, les cristaux qui sont couchés ou implantés sur la
gangue, sans affecter de direction commune, ont tous leurs
sommets inférieurs ternes et comme à demi décomposés,
tandis que les sommets supérieurs sont très-brillans.
H. Tourmaline rose aciculaire radiée, de l'île d'Elbe. Do-
nateur, M"^ Moricand.
|j. Tourmaline jaune et verte. Idem. Ile d'Elbe.
M.'- André Melly.
H. Idem; ibid.M.' Moricand. '
1 2 2-0 _ O k
ff. Tourmaline rose épointée / ^ p l ifiS- ' °* )
Sommet inférieur. Cristal isolé.
tI . Tourmaline épointée verte , sommet inférieur. Ibid.
m: Melly.
Ce n'est pas sans intention que ces différentes variétés
de Tourmaline de l'île d'Elbe sont réunies dans un
article commun. Il est difficile sans l'analyse de les con-
sidérer comme des variétés distinctes. Leurs couleurs
sont , il est vrai , fort différentes prises dans les teintes
extrêmes, mais on trouve sur les divers échantillons du
Musée , ainsi que sur d'autres morceaux dont la collec-
tion de M." Sébastien Jurine et la mienne ont été en-
richies par l'obligeance de M.' Melly , on y trouve , dis-
je , toutes les nuances intermédiaires entre une couleur
et l'autre ; souvent la même druse présente les quatre ou
cinq couleurs principales ; d'autres fois on voit un cristal
ou un prisme aciculaire de Tourmaline, noir à sa base»
passer en allant veis l'autre extrémité au vert dEpidote, au
486 SUR LES MINÉRAUX RARES
blanc jaunâtre , au jaune serin , au rose et au blanc.
Lorsque les cristaux verts ou roses sont terminés , ce
qui est fort rare, ils présentent les mêmes modifications.
En un mot, il seroit plus difficile dans cette variété de
Tourmaline que dans toute autre, de faire quelque divi-
sion fondée uniquement sur la couleur.
Outre ces chan^emens de teintes qui se succèdent d'une
extrémité à lauire du cristal , et qui caractérisent la
Tourmaline que nous décrivons; on voit d autres prismes
où les couleurs varient du centre à la circonférence, comme
par exemple, le rose à l extérieur et le jaune pur au centre,
ce cas est le plus rare, il est analogue à celui qu'on observe
dans la Tourmaline des Etats-Unis.
La gangue est un granit essentiellement composé de
Feldspath et de Quarz, lun et lautre cristallisés ; le Mica
blanc y est aussi cristallisé et flabelliforme. On remarque
dans les cavités, du Feldspath sous deux états différens ,
dai.s l'un il ressemble aux cristaux de Feldspath des gra-
nits ordinaires; dans l'autre, il est tout-à-fait analogue à
l'Adulaire. Enfin , M.' Moricand possède dans sa collec-
tion une druse de Tourmaline verte de la même localité ,
sur laquelle est implanté un beau cristal de Béril primitif
bleuâtre.
Tous ces détails prouvent que la gangue de Tourma-
line Ijnj^iide de Dolomieu pouvait bien provenir de lîle
d'Elbe, comme le pensoit ce célèbre géologue. La descnp-
lion de son échantillon se rapproche, en eiïet, beaucoup
de celle que nous avons donnée. ( Voyez le nouveau
Diction. d'Hist. Naturelle , art. Tourmaline , tom. 54 ,
pag. 337.)
ou OFFRANT DES CRISTALLISATIONS NOUVELLES. 487
Parmi les variétés de couleurs , les seules que nous
ayons vues cristallisées sont la verte couleur d'Epidote ,
la verte terminée par un sommet blanchâtre , la rose et
la Jjlanche ; je possède le seul échantillon terminé de
cette dernière variété que je connoisse ; il est accompagné
de Tourmaline verte et rosàtre. Je le dois , ainsi que plu-
sieurs autres substances intéressantes de l'île d'Elbe , au zèle
éclairé que mon ami M/ Melly a mis à me les procurer.
Presque tous ces cristaux se présentent sous le même
aspect , c'est-à-dire implantés sur la gangue , et laissant
à découvert le sommet inférieur qui consiste en une seule
face plane ; en sorte , qu ils ressemblent à des cristaux de
Béril qui auroient i>euf faces au prisme et qui seroient for-
tement striés ; cette apparence leur a fait donner par les
ouvriers le nom à^Acqua marina. Le cristal isolé que
nous possédons au Musée présente aussi le sommet infé-
rieur. Mais on ohiserve, quoi([ue beaucoup plus rarement,
des échantillons sur lesquels lautre sommet est visible (i),
ce qui permet de compléter la détermination de cette nou-
velle variété de forme. C'est un prisme à neuf pans striés',
terminé par une seule face plane au sommet inférieur,
et par la même face plus ou moins développée au sommet
supérieur , avec les trois faces de la forme primitive.
Un ne connoit encore que peu de formes , dans les-
quelles l'un des sommets soit privé des faces primitives.
Nous citerons à cette occasion le magnifique cristal de
Tourmaline rose de Sibérie , donné par M." de la Marpe
(1) M.' Jurine en possède un rose et j'en al un vevt dans ma collection.
Mcm. de la Soc. dePhys. et d'H. mit. T, 1."', 3.*f ari. 26
488 SUR LES MINÉRAUX RARES
au Musée de Lausanne, qui présente la troncature ho-
rizontale , propre à la variété que nous décrivons ici.
Ces ditférentes variétés de Tourmaline sont très-fra-
giles, surtout la rose; les fractures s'opèrent principale-
ment dans le sens de l'axe et perpendiculairement à cette
direction. On explique avec facilité la première de ces di-
visions mécaniques, en l'attribuant à un grouppement de
prismes, réunis pour former un cristal commun.
Enfin, le minéral que nous décrivons est encore re-
marquable par ses propriétés optiques. Deux prismes croisés
entr'eux laissent passer une grande partie des rayons
lumineux (i) ; de plus , ils ne sont point opaques vus
parallèlement à leur axe de cristallisation ou de double
réfraction, lors-même qu'on prend des prismes qui ont
plus d'un demi-pouce de longueur.
N. fj. Tourmaline verte emmiellée isogone ? Sur une
gangue de Dolomie : vallée de Binden , près du village
de Feld , dans le Vallais. Donnée par M."^ F. Soret.
C'est dans une couche de Dolomie superposée à celle
qui contient l'Arsenic sulfuré que j'ai trouvé cette jolie
variété de Tourmaline.
Les cristaux sont fort petits , complètement empâtés
dans la gangue et terminés par des sommets à trois
faces. Sans leur forme prismatlcjne et leur cristallisation,
il seroit facile de les confondre avec le Zinc sulfuré la-
mellaire jaune qui les accompagne , et qui est abondam-
ment disséminé sur la gangue en petites couches peu dis-
(t) Ils sont semblables en cela à la Tourmaline rose de Sibérie et à
la verte du .St. Goiliard.
ou OFFRANT DES CRISTALLISATIONS NOUVELLES. 489
tantes les unes des autres, ce qui donne aux échantillons
casses en travers un aspect rubanné fort agréable à la vue.
^ Je cite cette variété (dont quelques cristaux sont tout-
a-fait transparens) à cause de sa couleur qui varie entre
Je jaune d'or le plus pur et le vert de bouteille analogue
a celui de la Tourmaline précédemment décrite , et qui
semble par \k faire un passage entre les Tourmalines
brunes et vertes du St.-Gothard.
N. f|. Tourmaline blanc verdatre isogone ? Dans une
Dolomie avec Mica , prise à lextrémilé de la vallée de
Binden, près du col Formazza. Donnée par M/ Fréd. Soret.
Cette variété dont j'ai trouvé un petit nombre d'échan-
tillons au milieu des débris d'une couche de Dolomie , se
distingue de la Tourmaline verte ordinaire du St.-Gothàrd,
par ses prismes à neuf pans et par ses sommets qui ne
m'ont jamais offert plus de trois faces; ce n'est donc que
par analogie que je rapproche cette forme de celle qu'a
présentée la Tourmaline blanche décrite par Dolomieu. Elle
en diffère par la transparence ; celle que nous décrivons
n'est jamais opaque ; ses cristaux entièrement engagés
dans la Dolomie sont ordinairement fort petits , les^pîus
gros n'atteignent pas le volume ordinaire des Tourmalines
vertes proprement dites; leur couleur varie entre le blanc
presque pur et uu vert très-pâle et laiteux. Ce î^'est pas
la seuie fois que nous aurons à remarquer comb:en toutes
les productions minérales de la vallée de Biaden sont sem-
blables à celles qu'on trouve dans le St.-Gothard même.
Cette première localité a de plus l'avantage de présenter
490 SUR LES MINÉRAUX RARES
au minéralogiste presque toutes les substances de l'autre ,
dans un espace fort limité et facile à parcourir.
VII.
Fer Oligiste.
N. If. Fer oligiste cristallisé, de Pormenaz. M.' Selligue.
~. Fer oligiste , idem , ibid. 31.'" Eynard-Ghatelain.
f|. Jdem j avec des reflets irisés , en grands cristaux,
ibid. MM. Charlet (i).
j|. Fer oligiste couvert d'oxide de fer , ibid , idem.
M." Eynard-Chatelain.
Nous citons ces différens échantillons, dont deux sont
remarquables par leur beauté , afin de signaler une lo-
calité qui nest pas encore généralement connue, et d'oii
proviennent des morceaux dont l'éclat rivalise avec celui
du Fer de Framont ou du Dauphiné.
Le N. ^ présente la substance telle qu'elle est au sortir
du filon , une croûte plus ou moins épaisse d'oxide de fer
couvre les cristaux et les ternit complètement; les autres
échantillons ont été lavés par les guides qui sont parvenus
à les dégager tout à fait de leur enveloppe terreuse.
Les cristaux sont tantôt très-petits et semblables à ceux
de Framont , tantôt grands et fort comprimés ; ils sont
toujours implantés verticalement sur la gangue. Souvent
de petits cristaux brillans de Quarz. hyalin les accom-
pagnent. Leurs formes assez difficiles à saisir, paroissent
se rapprocher des variétés Uniternaire et Equivalente ,
f.' i3o, i33.du Traité de Minéral. Quelques-unes présentent
(1) Chefs de l'excellent Hôtel de l'Union , à Cliamounix.
ou OFFRANT DES CraSTALLTSATSONS NOUVELLES, égi
de nouvelles faces trop petites pour être mesurées avec
quelque exactitude.
VIII.
PicTiTE. ( Titane Pictite. )
yj. Pictite quadrioctonalet quadriduodécimal, (Jig. ii.)
du Talèfre , sur druse. Donné par M/ M. A. Pictet.
(Voyez Bibliolh. Univers. Février 1822.)
-^. Pictite disjoint {fig. 12) de la vallée de Binden
en Vallais. M.^ Fréd. Soret.
Voyez le journal ci-dessus.
Ces deux variétés ayant été déjà décrites ailleurs, nous
ne rappellerons pas les motifs qui nous ont d abord déter-
minés à les séparer du Titane silicéo-calcaire , et nous ne
donnerons aucun détail sur la nature de leur cristallisa-
tion ; mais nous saisirons cette occasion pour insister
davantage sur les caractères différentiels du Pictite et du
Sphène.
Lorsque j'insérai mon mémoire dans laBibl. Universelle,
j'ignorois que M."^ G. Rose eut fait un travail nouveau sur
le Titane siliceo-calcaire. Ce travail pulîlié à Berlin , sous
\e ûtvt as Sphenis atque J'itanitœ sisteniate crlstallino dis-
sertatio , est cité dans l'excellent Traité d'Oryctognosie ,
de M." Leonhard ; et l'on donne dans cet ouvrage les
dimensions de la forme primitive adoptée par M."^ Rose.
Selon lui, c'est un prisme oblique rhomboidal {_fig- i4) '
dans lequel l'incidence de P sur H est de 94° 54' , P sur
M 94° 38', M sur M. i33° 4'; et le rapport des demi-
diagonales de la section transversale à la hauteur = V 1 87 :
-jgs SUR LES MINERAUX RARES
V34 : i; OU ff : p : h =:Vi'] . ïi. : V 17.2. : i . M/ le
Comte de Bounion a fait sur la même substance des re-
cherches importantes qu'il a eu la bonté de me commu-
niquer ; il résulte aussi de ses observations que le Titane
siliceo-calcaire a pour forme primitive, un prisme oblique
rhomboïdal du même genre que celui adopté par M/ Rose,
mais dans lequel les dimensions se trouvent être les sui-
vantes : l'incidence de M sur M, i55° 6', de M sur M' 44°
55' de P sur H . 128° 62' . Le rapport du côté B de la base à
l'arête H = i3 : 8.
D'une autre part nous nous sommes assurés que le Pic-
tite présente une forme primitive analogue à celles-ci;
frappé de ces rapports, j'ai cherché à rapprocher de nou-
veau les deux espèces, en essayant de déduire par le calcul
l'une des formes primitives de l'autre ; mais nous allons
voir par l'exposé rapide de ce travail que le rapprochement
paroit inadmissible. :
Dans la forme primitive de M/ Rose, l'incidence de la
base sur l'arête H du prisme est de 94° 38'. Cet angle dans
lePictiteest de 98" 8'; je l'ai déduit par le calcul de lii>-
cidence de P sur M. Admetfoas pour le moment que ma
face M soit secondaire , cherchons à la déduire du prisme
primitif de M." Rose , et voyons jusqu'à quel point ces
premières données peuvent s'accorder.
Dans l'une des formes , f . i4 , la base est inclinée sur les
angles obtus du prisme; dans lautre , f. i5. cest le con-
traire. La loi de décroissement la plus simple qu'on puisse
obtenir pour ramener les faces M du Pictite aux faces M
ou OFFRANT DES CRISTALLISATIONS NOUVELLES. 4g5
du Sphène est ^G^ qui donne ii4° i6' et 65° 44' ^ ^^ ''^i-i
de ii5" 42' , et 64° 18'. Pour taire disparoître cette diffé-
rence de plus d'un degré, il t'audroit admettre une loi telle
que ff Gfl , ou une autre plus rapide encore. Celle à laquelle
iious nous sommes arrêtés, sort des limites qu exige la
simplicité des lois de la cristallisation , et comme elle
est loin de donner un rapprochement satisfaisant entre
le calcul et les mesures, c'est déjà une raison de supposer
que les pans M du Pictite ne peuvent pas être considérés
comme produits par un décroissement déduit de la forme
primitive du Sphène.
Maintenant nous avons vu que leur incidence sur la
base est de 94" 19'. Il ne faut pas s'arrêter au rappro-
chement singulier de cette incidence avec celle qui lui est
correspondante dans le Sphène, et qui n'en diffère que de 1 9';
il faut chercher quelle seroit dans le Pictite l'incidence de
P sur M en admettant que P fit sur l'arête H l'angle de 94"
54", au lieu de celui de 98" 8' que nous avions trouvé. Dans
cette supposition on devroit avoir pour l'incidence de P
sur M du Pictite 92" 36' , c'est-à-dire , une différence
plus fo/te de deux degrés de la valeur que nous ont
données et les mesures et le calcul.
Rappelons ici que nos mesures ont été prises d'après
celles des angles plans a fig. 12 et (2 fig. 11; ainsi que
directement par le plan de clivage P, et quelles ont
donné des résultats concordans.
En poussant plus loin ce rapprochement on voit que
l'angle « du Pictite, que nous avons trouvé d'environ 83",
devi^pit être beaucoup plus rapproché de l'angle droit, ou
4{j4 SUR LES AIINÉRALX. «ARES
que les faces s et /, devroient être produites par des dé-
croissemens intermédiaires tellement compliqués, qu'on
ne pourroit pas facilement les admettre.
Quant à la forme primitive du Sphène adoptée par M.
le comte de Bournon, elle présente les mêmes difficultés
de rapprochement avec le Pictite que la précédente, tandis
qu'au contraire on la trouve fort analogue à celle de M.
Rose. La base est inclinée sur les arêtes obtuses H; l'inci-
dence des faces M entr'elles se rapproche beaucoup dans
l'un et dans lautre système; et si l'inclinaison de la base
est beaucoup plus forte chezIVF. de Bournon, je retrouve
dans les notes que ce célèbre minéralogiste a bien voulu me
coxificr, quon peut déduire de la forme primitive un autre
noyau dans lequel l'incidence de la base sur larête H seroit de
q5°/^/, ce qui se rapprocheroit tout-à-fait du système suivi
par M. Rose, et tendroit davantage à prouver que la modi-
fication proposée pour le Sphène, par ces deux savans, est
fondée sur de solides considérations, et doit être adoptée.
Quelque soit donc la forme primitive qu'on prenne pour
le Titane siiiceo-calcaire; celle de M. Haïiy (i) , celle de M.
le comte de Bournon, ou celle de M. Rose, on voit qu'elle
diffère toujours assez, de celle qui caractérise le Pictite pour
qu'il soit convenable de maintenir \ espèce que nous avons
proposée. J'ai lieu de regretter que la planche qui accom^
pagne ce mémoire fut terminée lorsque itL de Bournon me
fit l'honneur de m'adresser de nouveaux détails sur le
(t) Dans mon mémoire sur le Pirtite (Ribliolh. Univ'er. Février 1822 ,)
j'ai déjà cliercbé à montrer la diCeronce de formes entre It- i'ictile el le Ti-
tane silLceo -calcaire avec la forme primitive qua douoée M.' Haûy.
ou OFFRANT DES CRISTALLISATIONS NOUVELLES. 4^^
Sphène, ainsi que les figures de quelques-unes des nom-
breuses formes qu'il a déterminées dans cette substance.
J'ai profité des places vides pour insérer après coup trois
de ces figures; elles serviront de terme de comparaison
entre le Titane siliceo-calcaire et le Piotite. On verra du
premier coup-dœil combien l'aspect des formes secon-
daires est différent, quoique le système de cristallisation
soit analogue; et cette comparaison aura de plus lutilité
de faciliter l'étude crislallographique de l'une et l'autre
substance. Les descriptions suivantes et la détermination
des lois sont d'après M.' de Bournon; j'ai seulement pris
la liberté de les représenter avec les signes de décroisse-
mens adoptés dans le cours de ce mémoire (i).
Figure 1 5 , Titane siliceo-calcaire , dont le signe est :
PMÙÂ
PM 3 *
Incidence de ! sur F iSo"; de i sur P i38''i8'.
Fig i6, même variété raccourcie; cette figure donne la
clef de la forme qu'affecte habituellement la variété ma-
clée, diteschorl en gouttière de De Saussure.
Figure 1 7, Titane siliceo-calcaire.
PM'G'ÙA
PM 1 l 'i
Incidence de ]_ sur M, 112" 27'.
(1) Le lecteur sait que dans la méthode de W/ de ISournon , les
faces de la base sont désignées par T et celles du prisme par P et F'. Pour
faciliter lexamen comparatif du Sphène et du Pictite , j'ai rétabli ces lellies
sur un sYslème uniforme.
jUéin. de lu S-jc. de Phys. et d'JI.nat. T. I.", 3.' Pari. 27
496 SUR LES MINÉRAX^X RAREi
Ces variétés se trouvent dans la collecticn du Roi de
France. M. le comte de Bournon en a décrit plus de 5o;
ce précieux travail dont je ne puis donner qu'un bien
foibie aperçu, n'a point encore vu le jour; espérons que les
minéralogistes en jouiront bientôt, ainsi que des nom-
breuses richesses inédites qui se trouvent encore dans le
portefeuille du savant directeur de cette belle collection.
Je rappelle de nouveau, en terminant ces notes, que
c'est principalement sur les cristaux de Binden que j'ai pris
mes mesures : ceux de Taléfre, plus ou moins engagés
dans la gangue, n'auroient pu me conduire qu'à des ré-
sultats beaucoup plus incertains (i).
IX.
Feldspath Apyrb.
jj. Feldspath apyre (Andalousite) rose, de Tile d'Elbe j
W André Melly.
H Jclem, couleur vert clair, ibid. M/ Melly.
On a pu voir dans le cours de ces notes combien l'île
d'Elbe est riche en substances nouvelles et intéressantes;
les échantillons que nous venons de citer en sont encore
une preuve. Quoique l'Andalousite soit maintenant connue
dans plusieurs gisemens, celle que l'Administration doit
au zèle de M."^ Melly, l'un de ses collaborateurs, doit être
citée, parce qu'elle se prête mieux aux observations cristallo-
graphiques que toute autre. La plupart des minéralo-
gistes penchent à croire que l'Andalousite a pour forme
(i) Il faut encore se rappeler que l'on vend habituellement à CUamounix
du Sphène pour du Pictite,
ou OFFRANT DES CRTSTALLÎSATTONS NOUVELLES. 497
primitive un prisme droit à base légèrement rhumboïdale;
ce caractère, joint à celui de sa pesanteur spécifique, de
sa dureté et de son infusibilité, suffiroit amplement pour
justifier rétablissement d'une espèce proprement dite; si
M/ Haiiy n'avoit pas à plusieurs reprises tait naître quel-
ques doutes sur la véritable forme de celte substance.
Déjà, dans le tableau comparatif, on voit que le clivage
obtenu parallèlement aux pans des prismes semble con-
duire à une section transversale rectangulaire, et plus tai-d
dans un mémoire sur la Macle, le même auteur nous ap-
prend qu étant parvenu à cliver un cristal d Andalousite
parallèlement à la base, il a trouvé celle-ci inégalement
inclinée sur les pans du prisme, de manière à produire
une forme primitive, tout-à-fait analogue à celle du Feld-
spath, si ce n'est même identique.
Le Feldspath Apyre (i) de l'île d'Elbe se présente en longs
prismes dont la section paroît être tantôt un carré, tan-
tôt un rhombe d'environ 70° et i3o°. Les sommets sont
trop informes pour quon puisse en tirer quelque parti
dans la détermination de la structure; mais ces cristaux se
clivent presqu'également bien dans le sens des faces du
prisme, et parallèlement à la base; ensorte qu'on peut
obtenir avec quelques soins un prisme de clivage qui , com-
paré à celui du Feldspath ordinaire, paroît n'en point
différer, comme l'a déjà observé M/ Haiiy (2),
(1) Jameaonile de Mr. Léman. /4ndalousUe de la plupart des autres miné
ralogistes.
(a) Je dois observer que j"ai dans ma collection de petits prismes ver-"
4(j8 SUR LES MfNÉRAUX RARES
Je me suis aussi assuré par des mesures directes et
par la comparaison des reflets; que l'incidence pans T, sur
les faces P et M est comme dans le Feldspath de 60", et
120°. 11 m'a paru, comme à M. Haiiy, que ces dernières
faces se croisoient à angle droit; mais je nai pas pu les
mesurer bien exactement à cause de leur peu de largeur.
Au reste, la substance que nous décrivons, a une grande
analogie avec les autres variétés de Feldspath apyre; seu-
lement ses cristaux ont un aspect un peu moins gras.
La cassure dans le sens des faces P et M, est laminaire; pa^
rallèlement à la face T elle est éclatante. Lapes. «p. prise
avec beaucoup de soin, par mon collègue et ami,
M.' Dumas, est de 5,o8. Enfin sa dureté est considé-
rable.
Les prismes paroissent quelquefois partir d'un centre
commun, et s'écarter en rayonnant dans toutes les direc^
tions. Ils sont complètement empâtés dans la gangue qui
est un Feldspath laminaire du plus beau blanc. Ce Feld-
spath est encore remarquable par son éclat nacré, qui le
fait dans dans quelques parties ressembler à de 1 Apophyl-
lite; d autres fois, il est d'une teinte bleuâtre, et ses
lames se contournent ; il ressemble alors à de cer-
taines variétés de Baryte ; enfin quelques fragmens ont
l'aspect du Pétalite, et je ne serois point étonné qu'on trou-
dàtres à base oblique qui m'ont été vendus comme Corindon du Carnate et
qui comparés aux prismes du Feldspath apyre que j'ai clivés , ont une
grande analogie de forme avec eux. Ce fait pourroit être rapproché de l'ajir
cieune opinion de M.' le Comte deBournon sur le Spath Adamantin.
ou OFFRANT DES CRISTALLISATIONS NOU\ ELLES. 499
vât (lu Lithion dans leur analyse. Nous ajouterons en-
core que ce Feldspath sert de gangue à des prismes can-
nelés de Tourmaline ; qu'il se clive très-aisément selon
les faces de la forme primitive, et qu'il exhale une odeur
fétide lorsqu'on le brise.
Une analyse bien soignée de cette variété d'Andalou-
site seroit à désirer; en effet, tous les caractères physi-
ques, sauf celui de la cristallisation, semblent la séprera
du Feldspath; et l'Andalousite joue, par rapport à cette
dernière espèce, le même rôle que la Rubellite (i), relati-
vement à la Tourmaline ordinaire. A cet égard on sent
que son examen chimique serviroit à jeter quelque jour
sur 1 importante question des /so/^iorpAes, ou sur la pos-
sibilité de voir des espèces minérales différentes, affecter
la même forme non limite.
([) On sait que M.' Berzelius considère la Rubellite comme une espèce
tout-à-fait dilTérente de la Tourmaline proprement dite , quoique sa form«
soit pi'écisémeut la même.
M de Pli. H naf /i' p'V . I.p. 500.
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NOTE
Su7' quelques obseiyations Astronomiques faites
en 1821 et 1822^! t Observatoire de Genèçe.
( Lat. 46*> 13' N. ; long. iS." a 4-' àe temps à l'Est de Paris.)
Par M.' le Prof. Gautier,
JLje bâtiment de l'Observatoire de Genève ayant été res-
tauré en 1820, ce nest que peu de jours avant Téclipse de
soleil du 7 Septembre de cette année qu'on pût y ré-
tablir les instrumens. L'observation de ce l)eau phéno-
mène , dont M. le Prof. Pictet à consigné les détails dans
le tom. 1 5 de la Bibliothèque Universelle^ étoit mie heu-
reuse époque à prendre pour date d'une nouvelle ère d'ac-
tivité de cet établissement public, connu précédemment
par les travaux du savant Astronome Jacques - André
MiiUet et récemment confié à mes soins.
L'objet de la présente Note n'étant pas de faire la des-
cription de cet observatoire, je ne parlerai que de ceux des
instrumens qu'il contient qui ont servi aux observations
que je rapporte ici.
La lunette méridienne, faite par Sisson , est de cinq
pieds et repose sur deux piliers de roche calcaire. Elle
50 2 NOTE SUR QUELQUES OBSERV. ASTRONOMIQUES.
grossit cinquante fois , est munie d'un grand niveau à
bulle d'air , et porte à son foyer un réticule , composé
d'un fil iiorizontal et de cinq fils d'araignée verticaux. Les
distances angulaires respectives de ces fils , depuis le pre-
mier au cinquième, déduites de riig passages d'étoiles,
réduits à l'équateur et évalués en temps moyen, sont les
suivantes :
27"% 35 27,705 37,589 27,9g;
Ce qui donne la quantité — — 77-7- à retrancher de la
•* I cos- decL-
moyenne de chaque passage aux cinq fils, pour avoir l'ins-
tant moyen de l'observation.
Une mire avoit été établie précédemment , par les soins
de MM. Pictet, Delcros et de moi, sur la montagne de
Salève, du côté du midi, à une distance de l'Observatoire,
d'environ 5433 toises, sur la direction de la méridienne, di-
rection déterminée, tant par des passages supérieurs et infé-
.r'eurs d'étoiles circompolaires opposées , que par la compa-
l'aison des passages du soleil avec le résultat de hauteurs cor-
respondantes et absolues. Mais, quoique les piliers de la lu-
nette méridienne fussent restés en place, il convenoit de s'as-
surer de nouveau de l'exactitude de la position de cette
mire ou de la lunette méridienne dont le fil central la
bissectoit.
J ai employé à cet effet la méthode de M.' Delambre ,
fondée sur la combinaison deux à deux des passages voi-
sins d'étoiles hautes et basses , méthode qui est regardée
comme îa plus exacte, et qui vient encore d'être exposée
NOTE SUR QUELQUES OBSERV. ASTRONOMIQUES. 5o3
et recommandée par M. F. Baily , dans le I." volume des
Mémoires de la Société astronomique de Londres. Les
tableaux ci-joints présentent le résultat des observations
que j'ai faites dans ce but jusqu'à présent. Les déviations
horizontales, exprimées dans chaque colonne en fractions
de seconde de temps , sont celles qui résultent de l'ob-
servation des passages du couple d'étoiles dont les noms
se trouvent en abrégé en tête de la colonne. J'ai fait usage,
en général , dans le calcul de ces observations , des ascen-
sions droites moyennes du dernier catalogue de Piazzi et des
Tables particulières d'aberration et de nutation, publiées à
Marseille, en 1812, par M."^ le Baron de Zach, en adoptant
cependant quelquefois de préférence les ascensions droites
déterminées par MM. Pond et Bessel, et les positions ap-
parentes pour 1821 , données par M."^ Schumacher dans
ses A stronomische Hïtlfstafeln fur 1821 , mais en ayant
soin d'employer des élémens du même auteur pour les
deux étoiles de chaque couple.
Mém. de la Soc. de Phya. et d'H. nat. T. I.", 2.* Part, 28
5o4 NOTE SUR QUELQUES OBSERV. ASTRONOMIQUES.
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0,35
o,5i
o,j^
0,46
Moyenne er
1 1822
Movpnne ^f
1821
0 ,3oi
ni'rîile
o',33i
Soi
ty^'g-j^ (\e <\fy.rè, de flévialion
ont-nliile,
5o6 NOTE SUR QUELQUES OBSERV. ASTRONOMIQUES.
L'iaspection de ces tableaux , dont on n'a éiiininé au-
cune observation faite des couples d'étoiles qui y entrent,
ni d'autres convenables pour cet objet, montre par les pe-
tites diiîérences qui existent entre les déviations conclues
de groupes différens observés le mênje jour, qu on ne peut
compter qu'à quelques dixièmes de seconde près su'r l'exac-
-titudede chaque résultat en particulier. Et comment s'en
étonner, quand on réfléchit qu'outre les légères incerti-
tudes qui existent encore sur l'ascension droite, la pré-
cession , l'aberration et la nutation des étoiles fixes , les
petites erreurs de l'observation peuvent être accrues par
cette méthode et en produire d'un peu plus fortes dans
les déviations qu'on en conclut , lorsque les étoiles ob-
servées ne passent pas au méridien, l'une pues du Zénith,
l'autre près de l'horison : tandis que quand elles y passent,
leur mouvement étant plus lent , donne lieu à un peu
plus dincertitude dans les observations.
Une partie des écarts d un jour à l'autre peut être at-
tribuée aussi à ce que la mire a étant pas visible de nuit,
ou lorsque la montagne est couverte de nuages , je n'ai
pu toujours m'assurer d'avance que la limette étoit exac-
tement réglée sur elle, et jai vérifié ensuite quel e avoit
en etfet quelquefois subi une petite déviatio'). Ceal ce qui
avoit lieu, par exemple, lors des passages du 1 1 Février 1821.
Nous nous occupons, M.' Pictet et n)oi, de placer sur un
point plus voisin, situé dans la plaine , une mn-e subsi-
diaire qui pourra être éclairée lu nuit. Mais comme on
peut admettre qne les déviations de la lunette méridienne
ont eu lieu indirféremment de i un et de laulre coté de la
NOTE SUR QUELQUES OBSERV. \STRONOMIQUES. 5o7
mire actuelle , j'ai lieu d'espérer que la moyenne des ré-
suitats obtenus , dont à peine un seul sur 89 secarte
d une seconde , donne assez exactement la déviation de
cette mire elle-même. Cette déviation est donc d'environ
un tiers de seconde de temps ou cinq secondes de degré,
du côté de i'Orieat ; et il en résulte que le centre de la
mire doit être reculé vers lOxident d'environ y pouces 5
lignes, sur un rayon de 5435 toises, à moins quon ne
prétère tenir compte par le calcul des etïets de cette pe-
tite déviation dans les déterminations du temps absolu
qui requièrent ce degré de précision.
La pendule dont nous nous servons principalement est
de Shelton , munie d un pendule compensateur à grille
et réglée sur le temps moyen. Sa marche, suivie assidû-
ment, surtout à l'aide des passages du soleil à la lunette
méridienne, est en général assez régulière, mais présente,
cependant , quelques phases qui paroissent être périodi-
ques et dépendre de la température. C'est ainsi que, sans
que la vis de la lentille ait été touchée depuis le mois de
Janvier 1821 , la pendule a avancé, en général, de demi à
deux secondes par jour pendant les saisons froides, et
r«tardé de une à trois secondes pendant les chaudes ,
en présentant par fois quelques irrégularités dans les pas-
sages de 1 un des états à l'autre : ces passages ne s opérant
que quelque temps après les changemens de température
et suivant l'avancement de la saison.
Pour donner une idée plus précise de la marche ordi-
naire de cette pendule, je rapporterai ici le résultat des pas-
sages uu soleil dans le mois de février 182:1, remarquable
3o8 NOTB SUR QUELQUES OBSERV. ASTRONOMIQUES.
par sa douceur et sa sérénité , mais où la pendule n'a
^uère été plus régulière que de coutume. Les observa-
tions sont calculées d'après la Connoissance des temps ,
en appliquant aux valeurs du temps moyen à midi vrai
quelle fournit , une correction égale au centième de la
différence en 24 heures , pour les réduire au méridien de
Genève.
1822.
Févr.
A\ance JiiuDe
pendule.
Févr.
Avant e dlurue
pendule.
o',94 1
I
o\87
17
2
3
0,79
0,83
18
19
1,09
0,82
4
1,02
20
0, 5i
7
8
1,23
0,57
22
23
0,67
0,68
9
1,28
24
0, 5o
i3
i,o5
25
1,09
14
0,94
26
0, 82
i5
0,78
27
0,99
La petite secousse de tremblement de terre , qui a été
ressentie à Genève, le 19 de ce mois à 9. 5."" du matin ,
n'a , comme on voit, produit aucun dérangement sen-
sible dans la marche de la pendule.
J'ai cherché, toutes les fois que le temps me l'a permis,
à observer, avtc soin, les occultations d'cloiles qui se sont
pré.centt'es, ainsi que les éclipses de Satellites de Jupiter,
dont l'ol ser^ation n'est cependant pas susceptible de la
mùne exactitude. La lunette achromatique dont je me
iJ
NOTE SUR QUELQUES OBSERV. ASTRONOMIQUES. 50v
suis servi est de Dollond le père et a trois pieds et demi
de distance focale et trois pouces et demi d'ouverture. L'oc-
cultation du I." Mai dernier m'a montré qu'on pou voit
observer distinctemement avec elle, au coucher du soleil,
l'immersion d'une étoile de quatrième à cinquième gran-
deur; et les diflférences d'une demi-minute et plus entre
mes observations de quelques éclipses de Satellites de Ju-
piter et celles de M. Pictet , faites avec une excellente
lunette de Ramsden de trente pouces , prouvent aussi en
faveur de la force de la mienn».
Le tableau suivant présente le résumé des observations
de ce genre que nous avons faites jusqu'à présent avec
nos lunettes respectives. Celles de M.' Pictet y sont dé-
signées par la lettre P; et le grossissement linéaire pro-
duit par l'oculaire dont nous nous sommes servis, y est
en général indiqué , d'après un dynamètre de Ramsden,
ainsi que l'instrument employé , lorsqu'il est autre que
ceux dont je viens de parler.
5lO NOTE SUR QUELQUES OBSERV. ASTRONOMIQUES.
Eclipses et occultations observées.
1820.
4 Sepienibre.
id,
10 Décembre.
iSiii.
18 Janvier.
6 Février.
12 Avril.
6 Mai.
10 Juillet.
II.
l8 Octobre.
36 Novembre.
3 Décembre.
6.
' id.
id.
iSaz.
50 Avril.
1." Mai.
Immersion du a.* Satellite de Jupiter à 8' 46° 20'
de temps moyen à Genève , grossisseiiieut 67,
observation donieuse.
Eclipse de soleil.
Commencement à
Fin
id
Imm. premier Satellite
id
Emersion 1." Satellite
T. M.
l*" k" 25' P. gr. 5o.
3.55.10. id.
5.55.1a. gr. 68.
8.57.39. p. gr. 79.
8 . 58 . 4o gr. 1 56.
6.^5.16. id.
id.
5.a3. 9
6.4o.2i,3.
7.43.51,5.
i5. 0.28.
10.7.36.
gr. 7a.
td.
id.
id.
Imm, / Poissons .
Emersion
Imm. p Lion ....
Imm. K Gémeaux
Em. ( aperçue un peu
lard ) 10. 58. 30,7.
Imm. second Satellite . 14.17.59.
Im. T Scorpion . ... 7.5i. 7,7.
Emersion , douteuse . g. 4. 34.
Occultation de Mars
Instant de la disparition
complète 20. 5.47. gr. ]36.
Premier instant de la
réapparition 2l.26.l4,6. P. lun. de
10 pi. gr. 53.
jrf. (observe' trop tard. ) ai. 26. 17. gr. 7a.
Ëm. second Satellite . 7.54. 5o. id.
id.
id
Em. premier Satellite
id
7.55. 16. P. gr. 5o.
lo.5i.i4. gr. 7a.
10.33. P, lun. 10 pi.
gr. 67.
8.io.5o. gr. i56.
8. II. 16. P. télescope
Grég," gr. 80.
8 . 59 . 68. id.
9. j.a8. gr. i56.
Imm. troisième Satellite.
id. à environ ....
Em. troisième Satellite
à environ 11. 9-^8. id.
id. 11. 10. 41. P. télescope
Immersion de l'une des
Pléiades 7.56.ao,3. id.
Imm. d Lion.
1mm. V Lion
i3. 15.53,7. S""- 73.
7. ia.54,7. gr. ]36.
NOTE SUR QUELQUES OBSERV. ASTRONOMIQUES. 5ll
Je terminerai cette Note , dans laquelle l'espace me
manque pour entrer dans plus de développemens , en
rapportant quelques observations récentes de taches du
soleil. On sait qu il règne encore de l'incertitude sur la
nature de ces taches; et un astronome Italien , M. Biaochi ,
a, dernièrement avancé {Conesp. Aslron. t. b , p. 55o),
d'après ses propres observations, qu il étoit assez vraisem-
blable, qu'outre le mouvement qui leur est imprimé par
l'effet de la rotation du soleil , elles ont un mouvement
propre , sensible et irrégulier. Les changemens fréquens
qu'elles présentent dans leurs apparences , pourroient
peut-être expliquer une partie de ces irrégularités de po-
sition observées, sans quil fut nécessaire de leur sup-
poser aucun mouvement particulier : mais ce n'est que
par un grand nombre de bonnes observations qu'on peut
espérer de décider la question. Les suivantes ont été faites
dans le mois de Mars dernier, par M.' ie Prof. Pictet, avec
sa lunette deRamsden. montée parallatiquement et munie
d'un excellent micromètre de Tioughton à fils d'araignée,
dont le cadran est divisé en cent parties, équivalant cha-
cune à un arc de 0,681 de seconde. Il a déterminé jour
par jour la position de chaque tache sur le disque ap-
parent du soleil , en observant , trois ou quatre lois de
suite , les passages consécutifs de la tache et du bord
Oriental ou Occidental du soleil au fil horaire du micro-
mètre, et en comptant chaque fois le nombre de tours et
de divisions parcouru par 1 aiguille du cadran pour rendre
le fil de déclinaison mobile tangent au bord supérieur du
soleil , pendant que le fil fixe coupoit la tache. Je rappor-
Mém. d» la Soc. d« Phyt. tt (fU. nat. T. I.", a.* Pan. 39
5i» NOTE SUR QUELQUES OBSRRV. ASTRONOMIQUES.
terai dans sa totalité la première observation , afin dft
donner la mesure de l'accord de chaque évaluation et me
bornerai pour les autres à la moyenne des résultats ob-
tenus. Les instans des passages étant déterminés en temps
moyen , leurs diiFérences , telles qu elles sont rapportées
dans le tableau ci-dessous , devi-aient à la rigueur être
accrues de l'accélération des étoiles pendant ces intervalles ,
pour exprimer les différences d'ascension droite corres-
pondantes , en temps sidéral : mais cette accélération est
insensible dans des intervalles si courts.
Le bord du soleil comparé aux taches, pour déterminer
leur déclinaison , a toujours été le bord inférieur apparent
dans la lunette qui renverse , et par conséquent le bord
supérieur vrai. Pour les ascensions droites , on a pris en
général celui des bords du soleil, occidental ou orientai,
le plus voisin de la tache.
l8t2.
PASSAGES
au fi[ huraire.
Tache g'' aâ" 5j', 5
Isol. a bord. a5. 5i , 5
MJiaclie ....
ars. I , du
/sol. a b. .
jtache 3a. 3i , 5
Isol. a* b. . . 3a. 6o
Différence
cl'asc. droite
en temps'
^9"
Différence de dkclin.
tache et bord sup. soleil
évaluée
fin lour^
du cadran
3o. 4,5/ '
i8,5
f tache 35. 54 j ,« k
Isola'' b. .. 36. 13, 5j ^^'^
Inst. moyen à la pend, o'' ag" 53*, 5
Avance pendule. . . i . Sg , 5
iDSt.moy. eotemsmoy. o 38" 1 3'
i8*,6a
7*, 4o
7,55
7,33
7,3a
Eu degrés.
8' 35", 9
8. 30, 5
8.11,66;
8. i8,46
8'. 18", 63
5p*
NOTE SUR QUELQUES OBSERV. ASTRONOMIQUES.
Observations de taches du soleil.
5i5
1822.
Tfmps MOÏEN
DirFÉHENCE
DiFF. de décl.
des
d'asc. (tr^jÎLe
tache et b'nd
Mars.
observations.
en leu)s.
super, soleil
6
1." tache. 1
a^. bord sol,
■ oSP-^iS'
18*62
8'i8"63
1
id.
id.
3 3 . 1 9 . 46
b6, 18
8.44,57
7
id-
23. 5i .56
5o, y.S
.O.-iO, 61
9
I." bord sol.
1." laclie.
. 30.5g. 1
54,0
13.36,83
10
id.
33.58.3i
39, 37
.5. 7,83
1 1
id.
a t. 38. 4
37.95
'6.37, 25
13
id.
33.25. 10
37,8
id. 9,49
i5
id.
31 . Il . 30
10, 83
19.18,15 1
10
I." bord sol.
a.''* tache.
33.45. 4
63, 0
i
1 1 . 56, 64
11
id.
2..35.15
48,88
15.27,17
la
id.
33.3o.54
35,1
i5. 12, 8"*
i6
id.
ai .11 .37, 5
34, 83
16.42,8
i5
id.
30.a3.57
8,33
19.46,37
16
id.
30 . 4o . 6
4,33
ao.56, 17
32
3.' tache,
a.* bord sol.
, 23.57.43
20, 75
7.17,76
24
id.
0.31.33
29^77
7.51,49
ich
id.
33.54. i3
4o, a3
8.55,96
35
id.
3o. a. 35
5o, 17
9.51,48
36
id.
ao. 17.5a
63,38
li . 31,0
37
id.
19.a6.31
75,37
la. 58,75
39
1." bord sol.
3.' tache.
4.68.54
35,95
1 5 . 1 6, o4
18.16,7
3o
id.
31.38.54
lo, 5
Avitl 1.
id.
33. 55.41
6, 0
ao.44, i6
Les taches observées étoient de forme irrégulière , an"
guleuses et entourées d'une pénombre grisâtre , elles on t pré-
5l4 NOTE SUR QUELQUES OBSKRV. ASTRONOMIQUES.
sente quelques variations dans leur apparence, et ont été
souvent environnées de facules vers les bords du disque
du soleil et d'un grand nombre d'autres petites ta-
ches vers son centre. Le diamètre vertical de la pre-
mière, mesuré au micromètre de ïroughton , étoit de 20"
le 10 Mars. Celui de la troisième , composée de deux ou
trois noyaux conligus et situés dans une même pénombre,
étoit de 24", I le 28 Mars, et le diamètre vertical de la pé-
nombre elle-même étoit deiiviron 67 ' le 26.
Les passages du soleil àla lunefte méridienne m'ont donné
le 6 Mars 57', 29 de temps , pour la quantité dont la pre-
mière tache passoit après le centre du soleil
8 i3. ici.
11 27, pour la quantité dont elle précédoit ce
même centre.
12 38. id.
i5 60,47. ici.
26 io,o5. dont une autre tache passoit plus
tard que le centre
27 1,12. plus tôt.
9 Avril 40 9- id.
10 5o,ti. ici.
Je dois renvoyer h un volume suivant de ces Mémoires
le calcul de nos occultations qui exige des observations
correspondantes. J'espère pouvoir y en joindre d'autres; et
présenter aussi des observations faites avec un cercle ré-
pétiteur astronomique, dont notre Gouvernement a dé-
crété l'acquisition à ses frais pour l'Observatoire et que
nous ne devons pas tarder à obtenir de M.' Gambey , ar-
tiste distingué de Paris.
FIM ©E LA SECONDE PARTIE DU TOME PREMIER.
TABLE.
A. *
Abbaye du !ac , ou de Laach. Sa desciiplion , i54.
Amphaviia Banks. Voyez TeinsUœuiia.
Anémogiaphe , 109,
Ant'momèlre, io.'>.
Animalcules speimaliques (Essai sur les), 180 — 207. — du Putois,
du Cheval, 196. — de la Souiis blanthe, du Bélier , du Bouc, 197.—
du Coq, du Canard, 198. — du Moineau, de la Vipère, de la Gre-
nouille, 199. — As la S alamandre: de l'Escargot, 200. — de la Limace,
des Limées, des Poissons, 201. — Ils sont insensibles à l'action du fluide
galvanique , 200. — Ils sont tue's par le fluide électrique, 2o5, — Ta-
bleau de la longueur de quelques animalcules, 207.—
Auoda. Observations sur les espèces de ce genre, 4^0»
Anthema. Section des Lavatera , 'iSg.
Apatelia. Genre de piaules, 426.
Aquilegia. airopurpurea , 433.
Arragonile sa forme primitive , 48. — Détermination des axes de double
réfraction, 4g. — Position des axe» dans un cristal composé, 49. — Ob-
jection de Mr. Bi-ewsler contre la loi rae primilive donnée par Mr. Haiiy,
5o. — Forme primitive de celte substance selon Mr. le Comte de Bour-
non, 5i. — (Portion des axes de double réfraction el de la ligne moyenne
dans 1'), 57.
Aslrophi-a section des Passiflora , 455.
Axes de double réfraction etc. ( Observations sur les rapports qui existent
entre les), 55 —92. — Leur nombre, 3i — 35. — Cristaux à un axe
56, à deux axes 57. — Expression de celle loi, 4' — ■42. — Exceptions, 42. —
Leur nalure 3t. — Ifur nombre est en rapport avec la ijalure de la
forme primitive , 3y. — A\e de double léfraction appelés neutre par
Mém. de la Hoc. de fliys. el d'Jti. nat. T. 1.", a.* JParl. 00
5l6 TABLE.
Mr. Brewslei-,85. — Axe de crislalisaliou , doit être distingué de ceux de
doul)le léfrutlioii, 56.
Axolojjha secliuu des Lavatera, 429.
B.
Balance sponlanée. Sa description , 101. — Démonstration dn principe sur
le |U^1 elle est fuiidée, 102.
Baliiiue tangent igriide. Sa description, ()4 Sa graduation, g6. — Déiiioos-
IralioM du principe sur lequel elle e^l fuiidée, j^g,
Barile sulfalée (position des axes de double léfraclioii et de la V'^te mo-
yenne dans la), 57. — Sa forme primitive, 56. — Détermination de la
structure optique, 56.
Barite sulfatée Irapézienne dans les mines de souffre d'Arragona en Si-
cile, 5i5.
Baromètre portatif. Son usage pour des observations successives, i38.
Basalte dans le voisinage du Schiste, 162.
Basalte. prèsd'Andernach i56, près de Rome 167, près de Bertlirich, iSg.
Berbéiidécs. Leurs affinités, 255.
Béril primitif accompagnant la Tourmaline verte de l'Ile d'Elbe, 486.
Brochet. Oeil du Brochet, 5.
c.
Carpe (Tache blanche de la ), 11, nombre et position de ses dents, aS.
Carrières de Laves à Auderuach lîy , leur profondeur, 149.
Cerastium Biebersieiuii, 436.
Charagnes ( Mémoue sur les;, 168 — i-g. — Histoire des recherches faites
antéiieureraenl sur leur fructification , i68. — Suite d'observations aux-
quelles elles ont été soumises 170. — Histoire de la fructification du genre
et description des organes qui l'opèrent, 172. — Ressemblance parfaite
entre la Girogouiie et le fruit de la Charagne, 176. — Les Charagnes sont-
elles des piaules annuelles? 178.
Chaux aiihydro-sulfatée. Sa forme primitive, 5p Détermination des axes
de double réfaction, 59. — Différences optiques avec la chaux sul-
fatée, 60. — (Position des axes de double réfraction et de la ligne moyenne
dans la ) , 58.
TABLE. 5 17
Chanx carbonali'e ( Position de l'axe de double réfi-aclion dans la ) , 56.
Chaux flualée deSalève, 476. — Son gissemenl , 476 du St. Golhard crlatal
iemarqiidl)!e par son volume, 4''7>
Chaux bulfalée de Bes,475. — Double réfraclion, 475. — Crislal reraai-
quuble par sou volume, 'tjô — Cristallisations nouvelles; ascendante, 474.
— septenidtciniale , 474. — tétranorae, 474. — ( Position des axes de
double rtfraction et de la ligne moyenne dnus la), 58. — Sa forme pri-
mitive , 65. — Doit avoir deux axes de double réfraction , 64. — Leur dé-
termination , 65.
Chivesue. Tache blanche de la Chevesne, 11. — Nombre el position de ses
dents , 23.
Chute des feuilles. ( Mémoire sur la), 120 — i56. Exposition du phéno-
mène, 120. — Exceptions à la loi de la chute des feuille*): liO. — Opi-
nii»n3 des physiologistes sur les causes de celte clinte, 120. — Réfutation de
leurs e"*plicatious, 121. — Examen du point où se fait la rupture, 123.
— Comment se détermine la chute des feuilles, 125. —Comment se dé-
termine la chute des feuilles composées, 1 20. — Application de celte
lh<Wie aux divers phénomènes que présente la chute des feuilles, 12g.
— Résolution d'une objection qu'on peut faire à cette théorie, j5o. —
Pourquoi l'étranglement qui se trouve à la base du pétiule ne se trouve
pas dans les plantes annuelles, ni dans celles qui périssent chaque année
jusqu'à la racine, i5i. — Réflexions snr la forme des feuilles, sur leur
position, sur la disparition de la cicatrice, sur la manière dont les pédoncules
tiennent à la lige, sur les diflérences que présentent à l'égard de la chute
des feuilks, les plantes ligneuses et herbacées, qui apparticnuent à la même
famille sur l'ut lilé de cette rupture; simultanée des feuilles, sur l'absence
du phénomène dans les Monocotyledons arborescens , i32 ^ i56.
Cieca. Section des Passillora , 455.
Clematis parv-flora , 433.
Cleyera. Genre de plantes , 4i2.
Contrée Basaltique des départemens de Rhin.el Moselle et de la Sarre,
( Mémoire sur la ) , 1 3^ — 167. j. ■
Cyinophane, 477. — Nouvelles cristallisations , annulaire /ie//2i7/-o/)e , 478.
— perioclaëdre, iyB. — quadriduodecimale , 478. — quadrioctonale, 4^8.
— Hémitropie rectangulaire observée par Mr. IJiot , 479. — Sa forme pri-
niilire, 58. — Position de ses axes de double réfaction déterminée, Sg.
5l8 . TABLE.
Cyprins. (Noie sur les dents et la mastication des poissons appelés ), 19 — si,
— Cyprinus carpio. Voy. Carpe. — Cyprinus teses. Voy. Clievusne. —
Cypriniis linca.^oy. Tanche. — Cyp. crythrophtaimu.s. Voy.B.oli.iiigle.
— Cyprinus rulilus, Voy. Rosse. — Cyprinus gobiu. Voy. Goujon.
D.
Decaloba. Seclion des Passiflora , 435.
Décoinposilion de la conteur des substances doutes de la double léfraclion au
moyeu de la chaux carbonatée , 82. — pour les substances à un a\e de
double réfraction, 82. — pour celles à deux axes, 85. — Ses rapport»
avec la position désaxes, 84 — Dans la Topaze rouge du Brésil, 85.
Dents des cyprins, jg — 24. Dents phiuyngiennes leur posilion , 19. —
Denis maxillaires, 20. — Chute des pli.iryngieiines et renouvelleÉiietil j
21 — 22. leur usage, 23. — Nombre des dents dans la Carpe et la Cho-
Tcsne , 23. — De la Tanche , du Rotangle , de !a Rosse, du Goujon, ai.
Dodonca. Observation sur ce genre. é'IS»'
Dodonea dioica, 445 — 449.
Dupinia Neck. Voyez Ternstrœraîa.
Dychroïsme. Ses rapports aveC la cristallisation , yg. -,- Sa définition, 79. *—
Il n'a pas lieu dans les formes limites, n^. — Ses rapports avec les axes de
double réfraction, 80. — Appareil pour l'observer, 81. Autt-urs qui ont
parlé de ce phénomène, 82. — Le Dichroïsme détermine la décomposition
des couleurs par le prisme de chaux carbonatée , 82. — Vlinijna et VJa-
xinia du phénomène; 85. — ne peut être qu'un caractère miuéialogique se-
condaire.
E.
Emeraude. (posilion de l'axe de double réfraction dans V), 36.
Equisetum et Equisetacese. Voyez Prêle.
Eioteura Sw. Voyez Freziera.
Euclase. (Posilion des axes de double réfraction et de la ligne moyenne
dans 1'), 38. — Sa forme primitive, 60. — Détermination des axes de
double réfraction , 61. — L'Enclase de Sibérie est une Ëuieraud«, 62.
Eurya. Genres de plantes, 4i6.
F.
Feldspath apyre ( Andalousite ), de l'Ile d'Elbe rose et vert clair, p. 496.—
Ses caractères, 497 — *yo.
TABLB, 5ig
Fer oligisle de Pormenaz 496.
Formes , on les distingue en limites et non limiffs , 34. ^ primitives,
leur classification , 39. — Manières de désiguei' leuis faces , i^O,
Fieziera genre de plantes, 414.
Fieziérées ( Tribu des), 397, 407, 4i5
G.
Ge'raniuin longipes (1) 442.
Géranium vlassovianum, 44'*
Glandes de Cowper , 181. — dans le Cochon d'inde, 188. —du Héri-
son jgo. — du Chat , icji
Goujon. Nombre et position de ses dents , 24«
Granadilla. Section des Fassiflora, 435.
H.
Hoseria Scop. Voyez Cleyera,
I.
Idocrase ( position de l'axe de double réfraction dans 1' ) 36.
llex canadensis. Voyez Nemupanihes,
Instrumens de physique et de météorologie. (Mémoire sur différens). gS— i ijt
Iiis spathulala, 4G2.
Jardin botanique de Genève (Plantes rares du), 432 —462,
L.
Laumonite de Cormayeur , 48 « . — Son clivage comparé à celui du Feld«
spath, 482.
Lavatera. Division du genre eu sections , 459.
Lavatera subovata , 438.
L.ell!:omia. Genre de plantes, 4i8.
Leucolhea FI. mex. Voyez Sauraujà.
Ligne moyenne sa position, 54. — est parallèle à l'axe d'un noyau primi-
tif ou hypothétique, ya. — Titbieau de subslances où celte loi est ex-
(i) Depuis l'impression du raéaioire ici relaté ceue espèce a été désignée par M, Link
dans l'Encora, lioiL, bérol, toï. 2. page 296, sous te nom de G. LoQde:>ii. Elle provient aio&i
çiue la suivante de graines de bjbérie euTO^ées par M. Fiscber.
520 TAB|,E.
poséd, 74. — Cela a également lieu dans les cristaux à un axe de double
ix'fraclioii , -jS. — Exemples , 76.
Ligne de plus grande ou moindre vilesse. Sa position est en rapport avec la
nature de la forme primitive, 6j. — Développemens, 6d.
Liqueur spermatique ( Historique de l'élude microscopique de la ) , i85.
Loi de symétrie, 4". — Ses i-apporls avec le nombre des axes de double ré-
fraction, 4i. — De la position symétrique des axes de doulde rdfiaclion ,
45. — Son application , 'j'j — Du nombre des axes de double l'éfractiuD^
Sg. — Son application, 77.
Lote ( Orgauisatioa de l'œil de la} , 2.
M.
Mentha Manda, 458.
Mi'aotype de Coi mayeur dans les roches primitives, drg.
Mica. Position des a\es de double rél'r.tction et dt la ligne moyenne dans celui
de Sibérie, 87. — Sa forme primitive paroîl être un prisme oblique , 89. —
La variation du plan des nxes paroit dépendre de ce qu'on ob.^erve des
micas d'espèces dlfiférenles, yo. — A un axe, 90. — Composition variable
de cette substance , 91. — rhomboidal , Sa. — Variation du nombre des
axes de double réfraction, 02. — Explication du changement de jwsition
du plan des aies , 53. — Sa forme primitive , 54- — Variation dans la
composition du mica en rapport avec ses propriétés optiques , 55.
Musée Académique ( Rapport sur les minéraux rares ou offrant des cristslli-
saliou nouvelles du ) 465 — 499.
N.
Nemopanihes canadcnsis, 45o.
NymphéacéesJT-'amille des), 209 — 244. leurs aiiinilés naturelles, 209.
O.
Observations aslroDoraiques(Nole sur quelques) , 5oi — 5i4. Observatoire de
Genève, sa position géographique, 5oi. — Observations faites à la lunette
méridienne de l'Observa loire,5oi. — Déteriuination de la déviation de la ujire
méridienne do l'Observatoire , 562 — 5o5. Marche de la pendule de l'ob-
servatoire, 507 — 5o8. Eclipses et occultations observées, 5o(J — 5io
Ta«hes du soleil , 5i.i — 5i'5.
TABLE. 521
Olbia. Section dos Lavalera , 459.
(Eil du Tlion ,1 — 18. de la Lote ,2. — du Brochet , 5.
P.
Palava FI. per. Voyez Apalelia.
Passifloia. Uivision du genre en sections, 435.
Passiflora ligularis , 454-
Pi'largoniuiu jalro|)liœfoliuni, 4i4.
Pelurgoiiium nobile, 444.
Peridot ( posilion des axes de double réfraction et de la ligne moyenne
dans le), 38. — Sa forme primiliFe, 5; — Dc'lerminallon des axes de
double réfiaclion, 67. — Ses rapports optiques avec la Slilbile et la Cy-
raophane , 58.
Periptera punicea,4'to.
Piclile ( Titane Piclite) , 491. — Comparaison de ses caractères avec ceux du
Sphêne, 491 — 495. Ses crislallisalious , quadriuctoual ^ quadriduodéci-
mal disjoint, 491'
Poljanlhea. Section des Passillora , 455.
Prêles ( Monographie des ) , 329— 391. Histoire ge'n.'rale et physiologique
du genre, 329. — Caractère naturel des Piêlcs, 569— Tableau sy uop-
tique et analytique des espèces , 56o. — Description des espèces, 36i.
Prêle des champs, 56i. — Prêle fluvialile , 565. — Prêle des bois, 365. —
Prêles des ombrages, 566 Piêle des marais, 367 — Prêle raniifue, 369.
— Prêle gigantesque, 570. — Prêle des Limon.'.. 372.— Piêle d'liy»cr. 574.
— Prêle de Burchell, 3^5 Prêle de Timor, 376 — Prêle stipulacée, 577.
— Prêle de Hongrie , 57S. — Prêle miiltifonne , 379 — Prêle blan-
châtre, 58j, — Prêle alongëe, 58j Prêle de Bogota , 584. _ Tiêle
sélacée , 585. — Prêle rampante , 386. — Piêle penchée, 387. — Prêle des
prés, 578. — Prêle élevée, 388. — Piêle de Vérone, 589. — Note sur les
Piêles, 392.
Prostate. Sa description générale, jSi. — du Lapin , 186. —du Chat, 190.
■—du Chien, 192,
Quartz ( Position de l'axe de double réfraction dans le ), 56,
032 TABLE.
R.
Réfi-aclion simple. Quels sont les crislaux qui la produisent , 33i
Ricinus lœvis , 46 1.
Rosse ou Vangeron. Nombre el posilion de ses dents, 24.
Rolaugle ou Raufe. Nombre et posiliou de ses dents , a4.
S.
Sauraraia Juss. Voyez Saurauja,
Saurauja. Genre de plantes, SgS — 4ig.
Sauraujtîes (Tribu des ), 097, 4o7, iig.
Scapa Nor. Voyez Saurauja.
Strapervivum cœspitosum , 452.
Sève d'Août ( Mémoire sur la ) et sur les divers modes de développement des
arbres , 289 à S08. — Opinions des naturalisles sur ce sujet , 289. — Vi'ge'-
taux dans lesipiols ce phénomène n'a pas lieu, 290. — Classificalion des
végétaux sous ce rapport , 29,5. — Dislinclion à faire entre la rupliire du
bourgeon terminal el celle de la ligne florale, 5oo. — Circonslances dans
lesquelles ce phénomène n'a pus lieu, 5o2. — Modificalions que lui fait
éprouver raclioii d'émonder , 5o5. — Conséquences qu'on peut tirer des
conMdéralions précédentes sur ta nature des écailles et des bourgeons, 5o5,
— Inilueuce du climat sur la nature de la sève d'Août , 5o6.
Stacliys lenuifolia , 454.
Slachys prostrala , 455.
Stachys spectabilis, i5j.
Stilbile de Cormayeur, 4-79. — Son gîssement dans des roches primitives, 48o.
— Ses formes, anamoipbique, 4^9. — lamellaire , 48o.
Stroutiane sulfatée ( Mémoire sur plusieurs Cryslallisations nouvelles de ),
809 — 327. — Ses deux axes de double réfraction , ^26. — DiSérence du
clivage entre les variélés comprimées et les pnsmaliques , 026.
Slronliaae suUatée d'Arau , sexoîgésimale , 5-ià.
— de Bex. son gissemenl, 32r. — ses formes crislallinps —
bordée, 3 1 8. — dodécaèdre, 32 1 à 325. duobisunitaire, 5i6: — époiulée ,
321 à 325. — entourée, 32 1 à 325. — equidisjolnte, 5i8; — hyperoxide ,
5 1 7. — lamiuo bacillaire , J20. — octouniquaternaire , 3 1 8. — progressive ,
519.— quatuordécimak-, 317;— sous sextuple, 3 18;— unibinaire, 3i6;—
uniquultrnaire. Si?; —en crislaux bleu de ciel à sommets blaucs, ôig. —
accorupagaés de souLe cryslallisé , âaa , 523.
Slrontianc sulfatée de Coiiilla , mixii-unibiaalre , 324, épointcc, ?i\\.
Slrontiaue sulfatée de Sicile , son gisscmriu , 3i5 , ses formes cryslallraes ,
irapézicnne , 3îi, quatuor sex deeimnle , 5i2, bis unibinaire , 3i2,
mixtibisunitaire , 3is, équivalente, 3i3 , unibinaire, 3i3, isamè-
ride , 3i3 , disjointe, 3i3, sexquadrivigésimale , 3t/\ , octoduo vigési-
male , 3i4, prismatique, 3i4 , pcrihèxagonalc , 3i5.
Tacbe blauclie de l'œil du Brocbet , la, de la Carpe, i i , du Cbc-
vesne , 1 1 , de la Fera , 1 1 , de la Perclic , 12 , du Saumon , 12 , de la
Tanche, 11 , du Tbon , 10 , de la Truite ,12.
Tcrnstrœraia , genre de plantes, ses espèces , 4o8 — ii2.
Terustrsemiacèes ( Mémoire sur la famille des ) , 393 — ^io. Histoire et t'
Géographie 5g3 — ^dl- Division , Sg/. Caractères , 3g8 — /^oj. Place ^
qu'elle occupe dans les familles naturelles, ^oô — /{o5. Ternslroemices.
( Tribu des) 3c)y.
Thon. (Mémoire sur quelques particidarités de l'œil du), i — 18.
Topase , 466 , ses formes crvstallines , époiutée , 468 , decemortonale , 468 ,
uonooctonale , ^68 , quatuordecim oclouale , 468 , nouodccimale , 4*^8,
scptemdecim octouale , 469 , quindecim duodécimale , 46g j nono-
decim octonale , 469 , septemdecim duodécimale , ^\-o.
Topases artificielles, 4/0 — 473.
Tourmaline, 4^4 , ^°^ gissement , 4^6 , ses formes crystallines bisuni-
taire , 4^4- Duobisunitaire, 484- Variétés, rose aciculaire radiée, 4^5,
jaune et verte , 485 , rose épointéc verte , à sommet inférieur , 4^5 ,
verte émiellée isogone , 488, blanc verdàtre isogone , 489-
Veronica carnea , 45g.
Omission. Réfracliou ( Des elTets du mouvement d'un plan réfringent sur
la), 25 — 3a,
TABLE DES MÉMOIRES
CONTENUS
DANS LA SECONDE PARTIE DU I." VOLUME.
M^
Page
Iémoire sur la sève d'août, el sur les divers modes
de développement des arbres ; par M. le Professeur
Vaucher aSg
Mémoire sur plusieurs cristallisations nouvelles de Slron-
tiane sulfatée; par ^MM. Moricand et Soret. . 509
Monographie des Prèles ; histoire générale et physiolo-
gique du genre; par M. le Professeur Vauciier. . 029
Mémoire sur la famille des Ternstrœmiacées , et en parti-
culier sur le genre Saurauja ; par M. le Professeur
De Candolle ogS
Rapport sur les plantes rares ou nouvelles qui ont fleuri
dans le jardin de Botanique de Genève pendans les
années 1819, 1820 et 2821; par M. le Professeur
De Candolle /^5x
Rapport sur les minéraux rares ou offrant, des cristalli-
sations nouvelles, observés dans la collection du Musée
Académique de Genève; par F. SoRET 4^5
Noie sur quelques observations astronomiques faites en
1821 et 1822 à l'observalions de Genève; par IM, le
Professeur Gautier 5oi
Table des matières du tome I, I." et 2.''" partie. . . . 5i5
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