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Full text of "Mémoires de la Société de Physique et d'Histoire Naturelle de Genève"

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s.  \^oZ 


MEMOIRES 

DE   LA 

SOCIÉTÉ  DE  PHYSIQUE 

ET 

D'HISTOIRE  NATURELLE 

DE 

GENÈVE. 


I. 


s    12.0. 


GEKÉVE,  BE  L  IMPRIMERIE  DE  J.   I.    PASCHOIÎD. 


MÉMOIRES 

SOCIÉTÉ  DE  PHXSIQUE 

ET 

D'HISTOIRE  NATURELLE 

DE 

GENÈVE. 


Tome  I" 
Prem  ièrc    Fa  >tie. 


GENEVE, 

Clir.Z  J,  J.  rASCr.Ofn,  IMPlilMFrR-LÎBF.AIRE. 

PARiS, 


i^iii.  1\^,^.tr,{^  :■■    fSVL 


Commission  d'impression  pour  1S21. 


MM.  BoissiER. 

De  Candolle. 
De  la  Rive. 

DUFOUR. 

Marcet. 

PiCTET. 

Prévost. 

SORET 


Gosse,  j  ^'^°'"*^' 


PREFACE. 


r A  Société  de  Physique  et  d'Histoire  Naturelle 
de  Genève,  fondée  en  1790,  s'étoit  bornée,  jus- 
qu'à présent,  à  recevoir  les  communications  de 
ses  membres,  sur  leurs  propres  travaux,  ou  sur 
les  découvertes  dont  ils  avoient  connoissance. 
Quoique  la  plupart  des  Mémoires,  qui  j  ont  été 
lus,  aient  été  graduellement  publiés  par  leurs 
auteurs ,  dans  les  Journaux  scientifiques ,  ou  en 
corps  d'ouvrages  spéciaux,  elle  a  reconnu  cepen- 
dant qu'elle  en  possédoit  encore  plusieurs  qui 
méritoient  de  voir  le  jour;  elle  s'est  décidée  à 
les  insérer  dans  la  collection  dont  elle  donne  au- 
jourd'hui la  première  partie  ;  elle  espère  que 
cette  publication  pourra  servir  et  à  avancer  les 
progrès  dessciences  physiques  et  naturelles,età  en- 
couraorer  les  habitans  de  Genève  à  ces  études  aux- 
quelles  leur  goût  et  la  nature  du  pays  les  excitent 
déjà  depuis  long-temps.  Dans  ce  but,  elle  a  décidé 
de  nommer ,  chaque  année ,  une  commission  de 


VJ  PRÉrACE. 

sept  membres,  qui  est  chargée  de  choisir,  parmi 
les  Mémoires  lus  à  la  Société,  ceux  qui  feront 
partie  du  recueil  imprimé;  mais,  quoique  ce 
choix  indique  bien  une  approbation  générale, 
donnée  par  la  commission ,  aux  Mémoires  dont 
elle  décide  l'impression,  elle  n'entend  point  par- 
là  exprimer  un  jugement  spécial  sur  les  asser- 
tions diverses  qui  peuvent  y  être  contenues,  et 
elle  déclare  au  contraire  que  les  opinions  éiablies 
dans  tous  les  Mémoires ,  doivent  être  considérées 
comme  propres  à  leurs  auteurs. 

La  Société  se  propose  de  continuer  ce  recueil 
aussi  long-temps  que  le  permettront  et  l'abon- 
dance des  matériaux,  et  l'accueil  du  public.  Elle 
publiera  ou  des  demi-volumes ,  ou  des  volumes 
entiers,  selon  l'étendue  des  matières;  elle  ne  s'as- 
treindra point  à  faire  paroître  ses  volumes  à  des 
époques  fixes,  mais  elle  les  publiera  lorsqu'elle 
aura  un  nombre  suffisant  de  Mémoire-;  qu'elle 
jugera  propres  à  intéresser  les  savahs.  Elle  ad- 
mettra avec  plaisir,  dans  son  recueil,  non-seule- 
ment les  Mémoires  de  ses  propres  meiTibres , 
mais  ceux  qui  pourroient  lui  être  présentés  par 


PRÉFACE.  vi{ 

ses  correspondans  ou  par  toute  autre  personne. 
Elle  se  propose  aussi  d'insérer,  à  la  fin  de  chacun 
de  ses  volumes,  un  rapport  des  directeurs  du 
Jardin  et  du  Musée  académique,  contenant 
quelques  notices  sur  les  objets  nouveaux  ou  peu 
connus,  qui  auroient  été  observés  dans  ces  éta- 
blissemens. 

Une  notice  particulière,  qui  paroîtra  avec  la 
seconde  partie  du  premier  volume,  fera  con- 
noître  l'histoire  de  la  Société  jusqu'à  ce  jour. 
Nous  nous  bornerons  à  ajouter  ici,  en  présen- 
tant la  liste  de  ses  membres  actuels,  que,  n'ayant 
eu ,  dès  son  origine,  d'autre  but  que  de  se  vouer, 
d'une  manière  familière,  à  l'étude  de  la  nature, 
elle  a  écarté,  autant  qu'il  a  été  possible,  les  formes 
académiques  ;  elle  n'a  pas  même  de  Président 
permanent  ;  chaque  membre  préside  à  son  tour , 
et  cet  office  se  renouvelle  à  chaque  séance. 


viii 

Liste  des  membres  de  la  Société,  par  ordre 
d'admission. 


MM. 

^79°  (')•  COLLADON,  Pharmacien. 

De  Saussure  (Théodore),  Professeur  de  minéralogie. 
HuEER  (  François  ). 

Micheli-de-Chateauvieux  ,  Maréchal-de-camp. 
Necker-PE-Saussure  ,  ancien  Syndic,   Prof,  de  botanique. 
PiCTET  (Marc-Auguste),  Professeur  de  physique. 
Yaucher,  Pasteur  et  Professeur  de  théologie. 

1798.  Prévost  (Pierre),  Professeur  de  philosophie. 
BoiSSiER,  Professeur  de  littérature  et  d'archaeologie. 

1 799.  De  Candolle  ,  Professeur  d'histoire  naturelle. 
Maunoir  aine  ,  professeur  d'anatomie. 

1800.  De  la  PiivE,  ancien  Syndic,  Professeur  de  chimie- 
1802.  Berger,  Docteur  en  Médecine. 

Marcet,  Professeur  de  chimie. 

1804.  De  Bonstetten  (Ch.  Victor),  ancien  Baillif  de   Nion. 

1 805.  HuBER  fils  (  Pierre  ). 

1808.  Necker  fils  (  Louis  ),  Professeur  de  minéralogie. 

PiCTET  (Jean-Pierre),  Conseiller  d'Etat,  Professeur  adjoint. 
1812.  Deluc  (Jean-André). 

1816.  Peschier,  Pharmacien. 

1817.  Perrot  (  Louis  ). 

Gosse,  Docteur  en  Médecine. 

Mayor   (François)  ,  Docteur  en  Chirurgie. 

1818.  Gautier,  Professeur  d'astronomie. 
MoRiCAND  (  Stéphane  ). 

(1)  I.a  mori  a  enlevé,   parmi  les  fondaieurs   de    la  Sociélé,  MM.  G.  Anl.  Ds 
LvCj  Hor.  Ben.  De  Sa l'ssvb£, Gosse,  Jukim;,  Obier, SiiNEEiEB^  TiNciiy  et  Tui,i,ot. 


LISTE  DES   MEMBRES   DE   LA  SOCIETE,  JX 

MM. 

1819.  SoRET  (  Frédéric  ). 
DurouR,  Lieutenant-Colonel. 
JuRiNE  (  Sébastien  ). 

1820.  Macaire  fils,  Pharmacien. 

Bâcle  (  César-IIippolîle  )  ,  Capitaine. 
i8ai.  Choisy(J.  D.  ),  Ministre  du  St.  Evangile. 
Seringe  (  Nicolas-Chai-les  ). 
Dumas  (  Jean-André  ). 
Le  Royer  fils,  Pharmacien. 
Prévost  (Jean-Louis),  Docteur  en  Médecine. 
CoiNDET  fils  (  Charles),  Docteur  en  Chirurgie. 
COLLADON  fils  (Frédéric),  Docteur  en  Médecine. 

Membres  honoraires. 
MM. 

j8o].  Volta,  Professeur  à  l'Université  de  Pavie. 
1804.  Sthuve,  Professeur  à  l'Académie    de  Lausanne. 
i8o5.  De  Humboltd  (le  baron  Alexandre  ). 
1806.  DUTENS,  Officier  du  Génie. 

Wyttenbach,  Pasteur  et  Directeur  du  Musée,  à  Berne. 

Fleuriau  de  Belle- Vue,  à  La  TlocheUe. 
1810.  Chladni  (le  Docteur''. 

Lamouroux,  Professeur  d'histoire  naturelle,  à  Caen. 
1812.  DuMÈRiL,  Professeur  à  la  Faculté  de  Médecine,  à  Paris. 

D'Hombres-Firmas  ,  Maire  d'Alais. 
i8i3.  Marcel  de  Serres,  Professeur  de  minéralogie,  à  Montpellier. 
i8j4.  Ampère,  Professeur  à  l'école  polytechnique,  à  Paris. 

1816.  Risso,  Pharmacien, à  Kice. 

1817.  De  Clairville,  à  \\  inlherlhur. 

B 


X  LISTE   DES    MEMBRES    DE    LA   SOCIÉTÉ, 

MM. 

1817.  BouÉ,  Docteur  en  Médecine,  à  Hambourg. 
Aimé-Martin  ,  à  Paris. 

Laine,  anc.  direc.  des  mines  de  Servez,  à  Lausanne. 

1818.  Adams  (Williams  ),  Oculiste,  à  Londres. 
Dellcross,  Ingénieur-Géographe,  à  Paris. 

DuNAL  (Félix),  Docteur  en  Médecine,  à  Montpellier. 
De  Gélieux,  Pasteur,  dans  le  Canton  de  Neuchâtel. 
Johnson  (  le  Docteur  ) ,  à  Bristol, 
HoLLANDRE,  Professeur  d'histoire  naturelle,  à  Metz. 
De  Tschudy  (le  baron),  à  Metz. 

18 19.  Héron  de  Ville-Fosse,  Conseiller  d'Etat, à  Paris. 
Breislack.  (  Scipion  ),  Insp.  des  poudr.  et  salp.  à  Milan. 

De  La  Bêche,  membre  de  la  société  géologique  de  Londreti. 
ScHRANCK,  Professeur  de  Botanique,  à  Munich. 
Sterler  ,  Professeur  de  Botanique ,  à  Nymphembourg.x 

1820.  Chisholm,  Docteur  en  Médecine,  à  Edimbourg. 
Pelletier,  Docteur  èsrscipnces,  à  Paris, 
Ferrara  (  l'abbé  ) ,  à  Palerme. 

Ranzani  (  l'abbé  ),  Professeur  d'iàstoire  naturelle,  à  Bologne. 

1821.  Martius,  l'un  des  directeurs  du  jardin  botanique,  à  Munich. 
Balbis,  Professeur  de  botanique,  à  Lyon, 

Bigot  de  Morogue  ,  à  Orléans. 

Meckel,  Professeur  d'anatomie  et  de  physiologie,  à  Halle. 

AuDOUiN ,  membre  de  la  Société  Philomatique ,  à  Paris, 


XI 


Table  des  Mémoires  contenus  dans  la  première 
partie  du  premier  volume. 


jyiémoire  sur  quelques  particularités  de  Vœildu,  Thon  (Scomber  Thyn- 

nus  Linn.  )  et  d'autres  poissons,  par  Mr.  L.  Jurine,  P'*gs  ' 

Note   sur  les  dents  et  la  mastication  des  poissons  appelés 

Cyprins  ,  par  le  même ,  19 

De  l'effet  du  n^ouvement  d'un  plan  refringant  sur  la  réfraction, 

par  Mr.  P.  Prévost  (1),  25 

Observations  sur  les  rapports  qui  existent  entre  les  axes  de 

double  réfraction,  et  la  forme  des  cristaux,  par  Mr.  F.  SORET,        33 

Note  sur  le  mica ,  par  le  même ,  89 
Mémoire  sur  différens  instrumens  de  physique  et  de  meteoro- 

logie ,  par  AJr.  Pierre  Huber.  93 

Mémoire  sur  la  chute  des  feuilles ,  par  Mr.  P.  Vaucher,  12.0 

Notice  sur  la  contrée  basaltique  des  départemens  de  Rhin  et 

Moselle  et  de  la  Sarre,  par  Mr.  M.  A.  Pictet  ,  iSy 

Mémoire  sur  les  charognes,  par  Mr.  Vaucher,  168 

Essai  sur  les  animalcules  spermatiques  de  divers  animaux , 

par  MM.  J.-L.  Prévost,  et  J.-A.  Dumas  ,  180 

(i)  Ce  mémoire  avoit  été  envoyé  à  un  autre  recueil,  long-temps  avant  que 
l'impression  de  celui-ci  eût  été  décrété,  et  il  y  a  été  inséré  inopinément  dans  le 
temps  où  ce  volume  éloit  sous  presse.  Ce  double  emploi ,  auquel  l'auteur  et  l'édi- 
teur ont  eu  le  même  regret,  est  dû  à  des  circonstances  qui  ne  peuvent  plus  se 
présenter. 


Xlj  TABLE   T»ES    MEMOIRES. 

Mémoire  sur  les  affinités  naturelles  de  la  famille  des  nym~ 

phœacées ,  par  Mr.  De  Candolle  ,  p.  3oS 

De  rinjîuence  des  fruits  çerts  sur  l'air,  avant  leur  maturité, 
par  Mr.  De  Saussure.  245 


MÉMOIRES 

DE 

LA   SOCIÉTÉ   DE   PHYSIQUE    ET    D'HISTOIRE 
NATURELLE    DE    GENÈVE. 


MEMOIRE 

Suf^  quelques  particularités   de  l'œil   du    Thon 
(Sconiber  Thynnus,  Lin.)  et  d'autres  poissons. 

Par  L.  JURINE,  Professeur. 
^  Lu  à  la  Société  de  Pkys.  et  d'Hist.  nat,  de   Genève,  ) 


X-iA  lecture  du  mémoire  publié  par  le  savant  Haller  , 
sur  la  confiormation  de  l'œU  dans  les  poissons  (i)  ,  m'a 
conduit ,  pour  mieux  apprécier  les  découvertes  de  cet  au- 
teur, à  disséquer  les  yeux  de  la  plupart  des  poissons  ab- 
dominaux que  fournit  le  Ictu  Lcmctn.  Je  n'ai  cependant 
pas  tardé  à  sentir  qu'il  faUoit,  pour  dissiper  des  doutes 
et  constater  l'existence  d'objets  que  je  n'avois  fait  qu'aper- 
cevoir dans  les  poissons  désignés  ci-dessus,  que  je  dissé- 
quasse les  yeux  de  quelque  espèce  de  poisson  d'une  taille 
plus  considérable.   J'ai  donc  fait  venir  de  Marseille  plu- 

(i)  Mémoires  de  l'Académie  Royale  des  sciences  de  Paris,  année  ij6a. 
Mém.  de  la  Soc.  de  Phys,  etd^H.  nat.  T.  I."  i 


MÉMOIRE    SUR    l'(SIL   DU    THON. 


sieurs  yeux  de  thon  ,  conservés  dans  l'eau-de-vie  (i).  J'ai 
lieu  de  croire  que  les  particularités  relatives  à  l'organisation 
de  l'œil  de  ce  poisson  ,  lesquelles  feront  plus  spécialement 
l'objet  de  ce  mémoire  ,  sont  également  applicables  ,  au 
moins  pour  l'essentiel ,  aux  yeux  des  poissons  abdominaux 
d'eau  douce, 

L'œU  du  thon  est  aplati  en  avant ,  comme  celui  de  la 
plupart  des  poissons  (2) ,  et  con^  exe  en  arrière  ;  il  est  mu 
par  six  muscles  ,  quatre  droits  et  deux  obliques. 

La  partie  antérieure  de  la  sclérotique  est  ovale  ;  le 
contour  de  l'ouverture  qu'elle  forme  est  osseux  et  taillé 
en  biseau,  pour  recevoir  la  cornée  transparente  :  ce  cercle 
ovalaire  est  renforcé  aux  extrémités  de  son  grand  dia^ 
mètre ,  et  toujours  marqué  d'une  ligne  noire  à  celles  du 
petit.  La  zone  ou  partie  moyenne  de  la  sclérotique  ,  plus 
large  que  les  deux  entre  lesquelles  elle  est  comprise ,  est 
cartilagineuse  plutôt  qu'osseuse;  chacune  des  moitiés  pré- 
sente le  prolongement  de  la  ligne  noire  du  cercle  ovalaire 
osseux;  cette  ligne  noire,  formée  de  petits  vaisseaux  san- 
guins semblables  à  ceux  qui  fournissent  la  couleur  à  la 
ruyschienne  (3)  ,  remonte  jusqu'auprès  de  l'insertion  du 

(i)  Les  yeux  de  thon  que  j'ai  reçus,  dépouillés  de  leurs  parties  acceS' 
goires,  avoient  deux  pouces  de  diamètre;  je  suis  redevable  de  cet  envoi 
à  l'obligeance  de  Mr.  Louis  Odicr  négociant  de  Genève  ,  établi  à  Mar- 
seille. 

(2)  La  lote  (Gadus  Iota  ,  Lin.),  qui  habite  de  préférence  les  plus  grandes 
profondeurs  du  lac  Léman ,  fait,  entr'autres  poissons ,  exception  à  la  rè- 
gle ;  sa  cornée  transparente  est  très-convexe  :  cette  conformation  doit  rac- 
courcir ,  il  semble ,  l'étendue  du  foyer  visuel. 

(3)  La  membrane  ruyschienne,  tout-à-fait  noire  dans  les  poissons,  n'est 


MÉMOmE    SUR    lViL   DU    THOK,  3 

nerf  optique  ;  ces  mcmes  vaisseaux  colorent  en  noir  la 
paitie  de  la  cornée  qui  s'enchâsse  lims  le  cercle  osseux 
de  la  sclérotique.  Il  est  donc  probable  qu'il  y  a,  dans  l'é- 
paisseur des  lames  de  la  cornée,  un  intervalle  réservé  pour 
le  passage  de  ces  vaisseaux.  La  zone  postérieure  de  la 
sclérotique,  est  presque  membraneuse  ,  et  remonte  jusqu'à 
l'entrée  du  nerf  optique  dans  l'œU;  elle  s'unit  à  la  zone 
moyenne  d'une  manière  inégale. 

La  sclérotique  du  thon  se  sépare  par  la  macération  en 
deux  parties  égales ,  dans  le  sens  de  la  L'gne  noire  ,  les-' 
quelles  répondent  conséquemment  aux  extrémités  du  petit 
diamètre.  L'organisation  de  la  scléi'otique  de  ce  poisson 
semble  donc  indiquer  que  celle-ci  n'est  pas  compressible 
dans  la  zone  antéi'ieure,  qu'elle  l'est  peu  dans  la  moyenne, 
et  facilement  dans  la  postérieure. 

Le  rapport  du  grand  diamètre  de  la  cornée  transpa- 
rente au  petit  diamètre  est  :  :  17  :  i4-  Cette  membrane 
est  plus  épaisse  au  centre  que  sur  les  bords  ,  lesquels 
sont  taillés  en  biseau  de  manière  à  correspondre  au  bi- 
seau du  cercle  osseux  de  la  sclérotique. 

La  choroïde  s'étend  jusqu'à  l'attache  circulaire  qui  unit 
l'iris  à  la  sclérotique. 

La  glande  choroïdionnp  .  sons  la  form**  '^^^  trois-quarts 
d'un  anneau  irrégulier  ,  embrasse  le  nerf  optique  dans 
le  trajet  que  celui-ci  fait  entre  les  membranes  de  l'œil  ; 
par  sa  grosseur  elle  permet  de  distinguer  le  nombre  pro- 

que  la  lame  interne  de  la  seconde  des  deux  tuniques  de  l'œil,  ou  de  la 
choroïde:  son  nom  rappelle  celui  de  Ruysch ,  célèbre  auatomiste  liollan- 
dais,  bien  connu  surtout  par  ses  belles  injections. 


4  MÉMOIRE    SUR   L'(H;rL   DU   THOK. 

digieux  de  vaisseaux  dont  elle  est  composée  ,  lesquels  pro- 
duisent par  leur  entrecroisement  et  leurs  ramifications 
sur  la  tace  externe  de  la  ruyschienne  ,  un  réseau  à 
petites  mailles. 

La  ruyschienne  s'avance  ,  enduite  de  son  tapis  noir, 
jusqu'à  l'ouverture  de  la  sclérotique  autour  de  laquelle 
elle  est  fixée  ;  elle  se  contourne  ensuite  sur  elle-  même 
poiu"  former  l'uvée  ,  mais  sans  donner  naissance  aux 
procès-eiliaires   (i). 

L'uvée  adhère ,  dans  presque  toute  sa  face  interne , 
à  l'humeur  vitrée. 

S'il  est  vrai ,  comme  on  en  convient  généralement,  que 
la  pupille  des  poissons  soit  immobile,  on  pourroit  en  in- 
férer que  les  fibres  rayonnantes  de  l'uvée  ne  sont  pas  mus- 
culaires et  destinées  essentiellement,  comme  le  pensent 
quelques  physiologistes  ,  à  l'exécution  des  mouvemens  de 
la  pupille  ;  car  il  est  peu  de  quadrupèdes  chez  lesquels  ces 
fibres  soient  plus  évidentes  que  dans  les  yeux  des  gros 
thons. 

Le  nerf  optique  abandonne ,  à  son  entrée  dans  l'œil , 
le  névrilème  que  lui  avoit  fourni  la  dure  mère ,  et  par- 
court directement  et  à  nu,  une  étendue  d'environ  trois  à 
quane  Ugi-iAs  :  il  est  aplati  dans  ce  trajet ,  et  cannelé  assez 
profondément  à  sa  surface.  Ce  nerf ,  après  avoir  traversé 
la  ruyschienne ,  se  termine  par  un  étranglement ,  d'où 
naît  la  rétine  qui  se   trouve  divisée  ,   à  peu  près  depuis 

(i)  On  admet  généralement  (lue  l'uvée,  avec  son  éclat  argenté  et  doré, 
n'est  que  la  contiuaation  de  la  choroïde ,  car  l'iris  des  poissons  est  une 
membrane  si  fine,  «juon  voit  l'uvée  au  travers. 


MÉMOIRE   SUR    l'(EIL   DU   THON.  5 

l'origine  jusqu'à  rextrémité  ,  par  des  vaisseaux  dont  je 
parlerai  plus  en  détail  dans  la  suite.  On  voit  à  quelque 
distance  de  l'entrée  du  nerf  optique  dans  l'œil ,  un  assez 
gros  filet  nerveux ,  fourni  par  la  branche  ophtalmique  de 
la  cinquième  paire ,  lequel  ,  après  avoir  percé  la  scléro- 
tique ,  donne  plusieurs  petits  rameaux  à  la  glande  clio- 
roïdienne;  il  s'incline  ensuite  du  côté  de  la  partie  externe 
et  supérieure  de  l'œil ,  en  rampant  sur  la  face  interne  de 
la  choroïde  qu'il  sillonne,  et  se  termine  dans  l'uvée  en 
s'y  ramifiant.  Ce  nerf  et  le  suivant  paroissent  destinés 
à  remplir  les  fonctions  du  ganglion  ophtalmique  qui 
manque  dans  les  poissons. 

La  troisième  paire ,  après  avoir  pénétré  dans  l'orbite , 
)ette  un  filet  qui  accompagne  le  nerf  optique  (i)  et  se 
dirige,  de  concert  avec  lui,  jusqu'à  son  entrée  dans  l'œil  ; 
parvenu  là,  il  s'en  sépare,  et,  après  avoir  passé  au  travers 
des  lames  de  la  ruyschienne,  se  porte  conjointement  avec 
une  artère  fournie  par  la  centrale  de  la  rétine,  jusqu'à  la 
partie  inférieure  et  interne  de  l'uvée ,  ou  à  la  partie  op- 
posée du  filet  de  la  cinquième  paire.  Les  deux  Aaisseaux 
sanguins  dont  il  vient  d'être  question  ,  très-adhérents  à 
la  ruyschienne  dans  tout  leur  trajet ,  en  soulèvent  quel- 
ques lames,  et  forment  aiasi  ^^we■  sorte  do  ciéie  longitudi- 
nale qui  sépare  la  rétine ,  et  à  laquelle  s'attache  fortement 
Thiuneur  vitrée.  Ce  filet  de  la  troisième  paire  donne  ,  à 
trois  ou  quatre  lignes  de  la  grande  circonférence  de  l'uvée, 

(i)  Dans  le  brochet,  ce  filet  pénètre  l'enveloppe  du  nerf  optique  avec 
lequel  il  est  en  contact. 


6  MÉMOIRE    SUR   l'cEIL   DU   THON. 

un  rameau  délié  qui  aboutit  à  la  partie  inférieure  d'un 
corps  particulier,  irrégulièrement  lenticulaire,  d'une  couleur 
un  peu  jaunâtre  (i),  et  d'une  contexture  presque  grenée. 
Haller  l'a  nommé  carnpanula  ,  mais  je  présume  qu'on  peut 
le  regarder  comme  un  ganglion.  Le  filet  principal  con- 
tinue ensuite  son  trajet  jusqu'au  bord  fixe  de  i'uvée ,  et 
là  se  partage  en  deux  rameaux  dont  l'un  va  se  perdre 
dans  cette  membrane ,  tandis  que  l'autre ,  attaché  seide- 
ment  par  un  point  à  la  circonférence ,  se  réfléchit  pour 
se  terminer  comme  le  premier,  mais  à  la  partie  supérieure 
du  ganglion.  L'artère  qui  accompagne  ce  nerf  subit  les 
mêmes  divisions  que  lui  ;  elle  décèle  la  route  qu'en  sui- 
vent les  ramifications ,  par  la  coideur  noire  qu'elle  répand 
autour  d'elles ,  et  qu'on  voit  à  la  partie  postérieure  du 
ganglion,  en  plus  grande  abondance  qu'à  la  partie  an- 
térieure. 

J'aurois  sans  doute  conservé  à  ce  corps  le  nom  que 
lui  avoit  donné  Haller  ,  s'il  eût  réellement  été  creux 
comme  vme  cloche  ,  et  si  la  dénomination  que  j'y  ai  subs- 
tituée ne  m'eût  paru  mieux  appropriée  à  sa  nature. 

Il  y  a,  comme  l'a  remarqué  Haller,  entre  la  cornée  trans- 
parente et  l'iris  (  chambre  antérieure  de  l'œil  ) ,  une  cer- 
taine quaniiié  d'une  humeur  plu*  ou  moins  glutineuse  , 
probablement  plus  dense  que  l'eau  douce  ,  et  qui 
doit    rendre   les   rayons    de    liunière    plus   réfrangibles  , 

(i)  La  couleur  jaunâtre  de  ce  corps  dépendoit,  selon  toute  apparence, 
du  long  séjour  des  yeux  de  thon  dans  l'eau  de  vie,  car  dans  d'autres 
poissons  frais,  à  la  vérité  d'eau  douce ^  celte  couleur  est  d'un  gris  cendré 
et  plus  ou  moins  pointillé  de  noir. 


MÉMOIRE    SUR   l'oïIL   DU   THON.  7 

mais  il  n'est  point  vraisemblable  que  la  densité  de  cette 
humeur  soit  supérieure  à  la  densité  moyenne  de  l'eau  de 
mer  (i).  Le  cristallin  a  une  forme  sphérique  légèrement 
aplatie  par  devant  (2).  Il  est  chatonné  dans  l'humeur 
vitrée ,  de  manière  qu'il  n'y  a  qu'une  petite  partie  de 
la  surface  courbe  de  ce  corps  qui  soit  à  découvert  :  cette 
partie  fait  une  saillie  qu'on  aperçoit  au  travers  de  la  pu- 
pille ,  en  sorte  qu'il  ne  peut  y  avoir  de  chambre  posté- 
rieure entre  le  cristallin  et  l'uvée  (3). 

La  capsule  du  cristallin  est  faite  d'une  membrane  assez 

(i)  La  densité  moyenne  de  l'eau  de  mer  ne  peut  pas  diflërer  beaucoup 
de  1027,5  ,  Toau  distillée  étant  =  looo.  Je  na'i  pas  connaissance  qu'on  ait 
tenté  des  expériences  sur  la  densité  comparative  des  humeurs  de  l'œil  des 
poissons.  Hauxbée  avoit  trouvé  que  la  force  réfringente  de  l'humeur  vitrée 
de  l'oeil  humain  étoit  la  même  que  celle  de  l'eau  ,  et  Robertson  éprouva 
que  la  pesanteur  spécifique  en  étoit,  à  peu  de  chose  près  ,  la  même  que  celle 
de  l'eau.  Mr.  Chenevix  n'a  pas  trouvé  que  la  pesanteur  spécifique  de  l'hu- 
meur vitrée  différât  de  celle  de  l'humeur  aqueuse  ,  ni  dans  l'homme  ni  dans 
le  brebis  ;  dans  celle-ci  la  densité  de  ces  humeurs  excéderoit  ce  qu'elle  est 
dans  l'homme  de  7^55.  Mr.  Chenevix  établit  la  densité  des  humeurs  de 
l'œil  humain  =  100,  3.  Ou  ne  peut  gucres  supposer  que  ces  humeurs  soient 
beaucoup  plus  denses  dans  les  poissons  ,  en  sorte  que  le  pouvoir  réfringent 
de  leurs  yeux  doit  résider  ,  presque  en  totalité,  dans  le  cristallin  dont  la 
partie  centrale  ,  d'après  les  expériences  de  IMouro  sur  la  morue ,  est  d'un 
vingtième  plus  dense  que  la  zone  extérieure  ;  la  pesanteur  spécifique 
moyenne  du  cristallin  entier  de  ce  poisson  est ,  suivant  le  célèbre  anar 
tomiste  qui   vient  d'être  cité,   ;;  11 55;  1000. 

(2)  Il  est  probable  que  le  rapport  de  l'axe  au  diamètre  du  cristallin  ne 
s'éloigne  pas,  dans  la  plupart  des  poissons,  du  rapport  de   i3  à   14. 

(3)  On  a  trouvé  que  l'axe  de  l'œil  du  hareng  étant  =  i,  l'humeur  vi- 
trée et  l'humeur  aqueuse  n'occupent  à  elles  deux  qu'un  espace  =  f ,  et 
le  cristallin,  l'espace  restant  =  '. 


8  MÉMOIEE    SUR    jJi&ïl,   DU   THON". 

forte  et  transparente,  à  laquelle  s'attachent  deux  muscles 
minces,  de  figure  un  peu  différente.  L'un  de  ces  muscles, 
externe  et  supérieur  relativement  à  l'autre ,  s'unit  à  la 
capsule  par  une  aponévrose  élastique ,  presque  cartilagi- 
neuse, et  qui  occupe  une  assez  grande  étendue;  il  se  con- 
tourne ensuite  sur  lui-même,  s'incline  en  arrière  et  va 
s'attacher,  dans  toute  sa  largeur,  à  l'humeur  vitrée.  Le 
muscle  inférieur  et  interne  s'attache  aussi  à  la  capsule, 
mais  dans  la  partie  diamétralement  opposée  à  l'insertion 
du  premier;  il  se  partage  bientôt  après  en  deux  portions 
inégales  (l'inférieure  plus  grande  et  plus  forte  que  l'autre) 
lesquelles  se  fléchissent  en  arrière  pour  prendre  attache 
et  se  perdre  dans  l'humeur  ^  itrée.  C'est  à  la  portion  la 
plus  basse  du  muscle  inférieur  du  cristallin  qu'îU^outit  le 
ganghon  dont  j'ai  parlé  plus  haut;  l'union  de  celui  ci  à 
la  partie  musculaire  n'est  pas  immédiate  dans  le  thon  , 
elle  se  fait  par  l'intermédiaire  d'une  lamelle  mince  et  blanche 
qui  paroit  toute  nerveuse;  un  petit  filet  noir  ou  ramus- 
cule  artériel  paroît  séparer  le  ganglion  d'avec  la  lamelle 
blanche. 

L'humeur  vitrée  peu  abondante  dans  le  thon,  ainsi  que 
dans  les  autres  poissons,  n'est  pas  libre  à  la  manière 
dont  elle  l'est  dans  l'homme  et  les  quadrupèdes;  non- 
seulement  elle  tient  au  cristalhn  par  la  loge  qu'elle  lui 
fournit ,  mais  encore  par  les  deux  muscles  de  la  capsule  de 
celui-ci;  l'hiuneur  vitrée  adhère  en  outre  à  la  crête  lon- 
gitudinale que  forment  l'artère  et  le  nerf  du  ganglion , 
c'est-à-dire  depuis  leur  réunion,  près  de  la  naissance  de 
la  rétine,   jusqu'à  l'uvée;  l'humeur  vitrée  s'insinue  encore 


MÉMOIRE   SUR   L'oïIIi   DU   THOK.  ^ 

entre  les  deux  jambes  de  ce  nerf  et  s'unit  fortement  à 
l'inférieur,  au  ganglion  même  quelle  semble  recouvrir  en 
partie.  On  ne  peut  enfin  détacher  l'uvée  sans  reconnoître 
que,  dans  une  assez  grande  partie  de  sa  face  postérieure, 
elle  fait  corps,  pour   ainsi  dire,  avec  l'humeur  vitrée. 

Il  est  difficile  que  de  telles  connexions  de  l'humeur 
vitrée  avec  le  cristallin  et  l'uvée,  n'établissent  pas  entre 
ces  parties,  des  rapports  dont  les  effets  ont  pu  rester  jus- 
qu'à présent  inconnus. 

Je  ferois  remarquer ,  si  l'on  prétendoit  que  les  parties 
auxquelles  j'ai  donné  le  nom  de  muscles  du  cristallin  ne 
sont  pas  musculaires,  qu'on  distingue  très -nettement 
dans  le  supérieur  de  ces  deux  muscles,  une  organisation 
différente  entre  son  aponévrose  et  la  partie  comparative- 
ment charnue  et  fibrUlaire,  laquelle  doit  être,  je  présiune, 
capable  de  se  contracter  ;  mais  peut-être  cette  structure 
musculaire  est-elle  plus  évidente  encoi'e  dans  ce  que  j'ap- 
pelle le  muscle  inférieur  du  cristallin,  parce  que  les  fibres 
y  ont  un   peu  plus  d'épaisseur  (i). 

L'observation  suivante  porteroit  à  croire  que  l'uvée  des 
poissons  est  au  moins  in'itable,  quand  bien  même  l'im- 
mobilité de  leur  pupUie  seroit  définitivement  établie  de 
fait,  comme  elle  l'est  en  gtuéial.  Une  truite  d'environ 
trois  h^'res  fut  mise  dans    l'auge  d'un  bateau  au  sortir 

(i)  Ne  voulant  p?s  m'en  fier  uniquement  à  mes  yeux,  pour  décider 
la  rauscularité  de  < es  parties,  j'ai  engagé  MM.  Wayor  et  Dupin  mes  con- 
frères, à  l'adresse  de  qui  j'ai  eu  fréquemment  recours  dans  mes  dissertions, 
à  examiner  attenlivemeut  ces  muscles,  dont  l'existence  ne  leur  a  pas  paru 
douteuse. 

Mém.  de  la  Suc.  de  Phys.  et  d'H.  nat.   T.  I.  a 


iO  MEMOIBE    SUR    L  (KFIi   DU   THON. 

de  la  nasse  où  elle  setoit  prise;  peu  de  moments  après 
son  corps  se  couvrit  de  taches  brunes ,  et  l'iris  de  ses  yeux 
parut  se  di\  iser  en  trois  segmeas  de  forme  triangulaire  , 
à  chacun  desquels  le  bord  pupdlaire  servoit  de  base.  Je 
fis  porter  cette  truite  chez  ntoi ,  et  l'ayant  mise  dans  un 
baquet  plein  deau,  je  ne  trouvai,  pendant  le  cours  d'une 
heure  ,  que  de  légères  modifications  à  ces  apparences  ;  je 
sortis  alors  de  l'eau  le  poisson  pour  qu'il  pérît ,  et  à 
mesure  que  ses  forces  s'afFoibhrent  je  crus  remarquer  une 
diminution  dans  l'aire  des  segmens  (i). 

Je  n'ai  pu  pousser  plus  loin  mes  recherches  siu" 
l'organisation  de  l'œil  du  thon ,  parce  que  les  yeux 
qu'on  m'avoit  envoyés  de  Marseille  dans  de  l'eau-de-vie  ne 
m'ont  pas  permis  entr'autres  choses ,  de  prendre  une  idée 
assez  exacte  de  la  manière  dont  se  faisoit  l'épanouisse- 
ment de  la  rétine.  J'ai  tâché  de  suppléer  à  cette  lacune 
en  étendant  mes  observations  aux  yeux  de  quelques  pois- 
sons d'eau  douce.  J'ai  procédé  à  cette  recherche  de  la  ma-> 
nière  suivante;  j'enlevois  la  cornée,  l'uvéeet  le  cristallin, 
ce  qui  me  permettoit  de  voir  très-distinctement  ce  que  je 
nommerai  la  tache  blanche^  qui  paroît  n'être  formée  que 
du  tissu  médullaire  du  nerf  optique.  J'emportois  après 
l'humeur  vitrée  ,  et  pour  rcmuiiier  à  l'origine  de  la 
rétine  ,  j'écartois  doucement  les  deux  côtés  de  celle- 
ci;  je  la  rasseiïiblois  enfin  en  un  faisceau,  afin  d'exa- 
miner au-delà ,   le   mammelon   nerveux ,    et   voir  com- 

(i)  Chez  les  poissons  appelés  Corrégo/iea  le  boni  interne  et  un  peu 
inférieur  de  la  pupille  est  toujours  légèrement  allonj^é  ou  pyiiiorme;  j'i- 
gnore si  la  cause  de  cette  singularité  est  connue. 


MÉMOIRE    SUR   l'œIL   BU    THON.  11 

ment  il  lui  donnoit  naissance  ;  mais  il  faut,  pour  en 
reconnoître  exactement  le  point  de  départ ,  couper  une 
assez  grande  partie  de  la  sclérotique,  soutenir  le  reste  du 
globe  dans  une  situation  verticale,  et  l'agiter  doucement  dans 
l'eau;  la  rétine  se  détache  peu-à-peu,  à  l'aide  de  ce  pro- 
cédé, tellement  qu'il  ne  reste  plus  que  le  tubercule  mé- 
dullaire blanc,  entouré  d'un  cercle  noir  artériel  qui  cir- 
conscrit les  limites  de  la  naissance  de  cette  membrane; 
ce  tubercule  est  tantôt  cylindrique ,  tantôt  aplati  et  par 
fois  sémilunaire,  selon  les  espèces  de  poissons. 

Le  nerf  optique  de  la  tanche  et  du  chevesne  paroît  au 
fond  de  l'œil,  après  avoir  traversé  la  ruyschienne ,  comme 
une  simple  tache  blanche  circulaire ,  marquée  au  centre 
d'un  point  noirâtre,  qui  est  l'artère  centrale:  c'est  de 
la  partie  interne  de  ce   cercle  blanc   que  naît   la  rétine. 

La  forme  de  la  tache  blanche  dans  la  carpe  est  la  même 
que  dans  la  tanche  et  le  chevesne ,  mais  il  part  de  la 
circonférence  une  douzaine  de  petits  filets  blancs,  qui 
font  une  espèce  d'étoile  :  c'est  d'entre  ces  filets  que  sort 
la  rétine. 

La  tache  blanche  irrégulière  et  oblongue  dans  laféra, 
devient  presque  linéaire  du  côté  de  la  partie  interne 
et  intérieure  de  l'œil  ;  ou  voit  une  autre  ligne,  mais  noire, 
à  l'extrémité  de  cette  courte  ligne  blanche;  celle-là  indique 
l'artère  et  le  nerf  du  ganglion.  La  ligne  blanche  cesse  de- 
puis cet  endroit,  et  la  rétine  est  divisée;  on  reconnoît, 
si  l'on  éloigne  les  deux  bords  de  celle-ci ,  que  la  hgne 
blanche  est  formée  par  deux  filets  de  même  couleur  et 
parfaitement  semblables ,  quand  ils  sont  écartés,  à  la  lettre 


12  MÉMOTRTÎ    SUR   l'<EIL   DU   THON- 

Romaine  V  dont  le  sommet  se    perdroit   dans  la  tache 

^' La^seule  différence  que  j'aie  trouvée  entre  la  tache 
blanche  de  la  perche  et  celle  de  la  /ém  cest  que  1. 
deu^  petits  filets  blancs,  qui  forment  la  lettre  V,  pa 
roissent  déjà  séparés  dans  la  première  quand  on  a  en 
levé  l'humeur  vitrée.  Le  gangUon  du  cr.staUm  est  assez 
gros  dans  la  perche ,  et  ressemble  beaucoup  pour  la  h- 
gure,  à  celui  du  thon. 

La    tache    blanche  de    l'œil   de  la  imite ,  e.t   moms 
larc^e    mais  un  peu  plus  allongée  que    celle  de  la/./a 
deso  te  qu'elle  paroît  confondue  avec  son  prolongemen 
linéaire;  ce  derL  est  divisé,  près  de   son  ongme,  pa 
une  petite  tache  ovale  et  noirâtre,  puis  ses  deuK  filets 
se  rapprochent  l'un    de  l'autre    de    mamere  a  encad  e 
pour  ainsi  dire,  cette   tache  dans  un  cercle  blanc  de  la 
même  forme. 

Dans  le  saumon  la  tache  blanche  est  un  peu  plus  large 
que  dans  la  truite.  La  partie  externe  forme  une  zone  ova^ 
et  inégale,  qui  en  comprend  une  autre  dun  c  nd - 
bleuâtre ;ceUe^ci  est  traversée  par  une  hgne  Wandu.,  un 
peu  noirâtre  dans  son  centre,  dirigée  dans  le  me.ne  sens 
que  l'artère ,  et  qui  s'élargit  un  peu  dans  le  bas  comme 
si  elle  vouloit  se  bifurquer. 

La  tache  blanche  du  brochet  ne  se  compose  que  d'une 
ligne  blanche  maniuée  dans  le  mUieu  d  un  léger  hiet  noi- 
rltre ,  qu'on  sait  être  dû  à  l'artère  du  ganglion.  Cette 
ligne  est  plus  longue  que  dans  la  truite  et  le  .au>non. 


MÉMOIRE    SUR   l'œIL   DTT   THON".  l3 

Cette  tache,  dont  la  forme  et  si  variable,  est-elle  due 
à  quelque  pression  exercée  sur  la  substance  pulpeuse 
du  nerf  ?  La  glande  choroïdienne ,  qui  occupe  l'espace  com- 
pris entre  la  sclérotique  et  la  seconde  des  tuniques  de 
l'œil,  peut-elle  être  la  cause  de  ces  modifications  dans 
la  figure  de  la  tache  blanche ,  en  tant  que  la  confor- 
mation de  cette  glande  varieroit  elle-même  dans  les  diffé- 
rentes espèces  de  poissons  ? 

Je  rapporterai  maintenant  ce  que  les  Auteurs  que  j'ai 
consultés  ont  écrit  sur  le  sujet  qui  nous  occupe,  en  citant 
leurs  propres  expressions.  «  Les  poissons,  dit  Haller, 
n'ont  point  de  couronne  ciliaire  ;  l'uvée  est  chez  eux  appli- 
quée iraimédiatement  sur  le  corps  vitré,  et  le  cristallin  est 
comme  chatonné  dans  son  ouverture  ;  mais  il  y  a  un  organe 
singulier  qui  sert  à  affermir  ce  cristaUin  dans  sa  position,  et 
cet  organe  varie  dans  les  différentes  espèces  de  poissons. 
Dans  la  carpe ,  le  munier  et  la  tanche,  il  part  de  la  cho- 
roïde ,  à  l'endroit  où  devroit  être  la  couronne  ciliaire ,  une 
bande  dentelée  à  laquelle  un  prolongement  de  la  rétine 
sert  comme  de  doublure  ;  cette  bande  s'attache  postérieu- 
rement au  cristallin  et  reçoit  un  vaisseau  sanguin  consi- 
dérable qui  paroît  aller  directement  à  ce  dernier  ;  mais 
avant  que  d'y  arriver,  il  )ette  à  gauche  et  à  droite  c!es 
branches  dans  l'endroit  de  la  jonction  de  l'uvée  ,  du  corps 
vitré  et  de  la  rétine ,  et  forme  dans  cet  endroit  un  cercle 
parfait,  duquel  il  part  une  infinité  de  vaisseaux  qui  se 
rendent  dans  la  membrane  qui  enveloppe  le  corps  vitré, 
et  se  répandent  en  branches  toujours  de  plus  en  plus 
déliées ,  y  forment  par  leur  union  avec  les  vaisseaux  pos- 


l4  MÉMOIRE    SUR   l'œIL   DU   THON. 

teneurs  le  plus  beau  rideau  qui  se  voie  dans  le  corps  de 
lanimal.  » 

«  Dans  la  truite  ,  le  saumon ,  romble-chevalier,  le  nerf 
optique  fait  un  chemin  considérable  dans  loeil  avant 
que  de  s'épanouir  pour  former  la  rétine  ;  immédiatement 
avant  cet  épanouissement ,  il  sort  de  ce  nert ,  ou  de  ses 
enveloppes,  deux  vaisseaux  recouverts  d'une  gaîne  noire; 
ils  sont  accompagnés  d'un  nerf  particulier  qui  entre  dans 
l'oeil  à  côté  du  nerf  optique  ;  ils  forment  un  demi-cercle 
autour  de  la  concavité  postérieiu-é  de  lœil ,  et  quand 
ils  sont  presque  arrivés  ài'uvée,  il  s'y  joint  de  nouvelles 
membranes  et  de  nouveaux  vaisseaux ,  et  il  se  forme  du 
tout  une  espèce  de  petite  cloche  mouchetée  au-dehors  , 
blanche  en  dedans,  dont  la  figure  est  comme  paralîohque, 
et  qui  se  tennine  par  une  pointe  de  laquelle  il  part 
plusieurs  filets  qui  vont  s'attacher  à  la  partie  postérieure 
du   cristallin  (i). 

Il  seroit  curieux  ,  ajoutent  les  Académiciens  rédacteurs 
de  ce  Mémoire,  de  définir  l'usage  de  cette  cloche  para- 
bolique ;  le  nerf  qui  s'y  rend  pourroit  la  faire  regarder 
comme  muscidaire,  mais  M:  Haller  n'a  pu  y  distinguer 
des  fibres  parallèles,  et  il  aime  mieux  demeurer  dans  Tin- 
décision  sur  ce  point  que  de  hasarder  une  idée  qui  pourroit 
être  dans   la  suite  démentie  par  l'observation. 

(i)  Mémoires  de  l'Académie  Royale  des  Sciences  de  Paris,  année  1762 
pag.  42. 

Haller  a  reproduit  ailleurs,  dans  une  autre  langue,  à  peu  près  les 
mémos  expressions. 

Elementa  Phjsiologiae.   Tom  5.  pag.   38l   et  3gi, 


MÉMOIRE    SUR   l'œIL    DU    THOÎT.  l5 

«  H  y  a  un  grand  nombre  de  poissons,  dit  M.""  Cuvier, 
chez,  lesquels    la   formation    de    la   rétine    ressemble ,   à 
quelques  égards,  à  celle   qui  a  lieu  chez  les  oiseaux.    Je 
ne   puis  encore  nommer    tous   les  genres    dans  lesquels 
on  trouve  cet  arrangement;  je  l'ai  vu  dans  les   saumons 
et   les  truites,   dans   les  harengs,   les    maquereaux,    les 
perches ,  la  dorée,  la  morue  et  dans  le  poisson  lune  ;  il 
est  probable  qu'il  existe  dans  beaucoup  d'autres.  Le  nerf 
optique  perce   à   la  vérité  les  membranes  par  un   trou 
rond,  mais  après  avoir  traversé  la  ruyschienne,  il  forme 
deux  longues  queues  blanches  qui  forment  le  contour  de 
cette   membrane.   Ces  deux   queues ,    quoique    parallèles 
ne  sont  point  contiguës  ,  mais  une  production  de  la  ruys- 
chienne passe  entre  deux  pour  pénétrer  dans  l'épaisseur 
du  vitré.  La  rétine  naît  des  bords  opposés  à  ces  queues, 
comme  elle  naît  dans   les   oiseaux  de    la  ligne   blanche 
imique.  La  production  de  la   ruyschienne  a  une  forme 
triangulaire  que  Haller  a   comparée   à   une   cloche.  EUe 
est  noire,  vasculeuse  comme  le  reste  de  la  membrane,  et 
elle  vient  s'attacher  par  son  extrémité  à  un   côté    de  la 
capsule  du  cristallin  absolument  comme  le  peigne  dans 
les  oiseaux.  «    (i) 

La  description  de  M.*^  Cuvier  me  paroît  être  trop  gé- 
nérale, si  j'en  juge  au  moins  par  les  poissons  dont  jai 
fait  plus  haut  rémunération,  car  je  n'ai  su  reconnoître 
dans  aucun  d'eux  les  longues  queues  blanciies  qui ,  d'a- 
près cet  Auteur,  forment  le  contour  de  la  ruyschienne, 

(i)  Leçons  d'Anatomie  comparée.  Tom.  2.  pag.  4i7' 


l6  MÉMOIRE   SUR   l'œil   DU  THON. 

et  je  n'ai  pas  su  voir  non  plus  la  rétine  naître,  comme  il 
l'a  vu ,  des  bords  opposés  à  ces  queues. 

J'ai  cherché  vainement  dans  les  carpes  et  les  chevesnes 
l'organe  mentionné  par  Haller,  savoir,  la  bande  dentelée 
noire ,  qui ,  remplaçant  la  couronne  ciliaire ,  est  doublée 
par  la  rétine  et  s'attache  postérieurement  au  cristallin  , 
mais  je  ne  prétends  point  eu  nier  l'existence  d'une  ma- 
nièi'e  absolue. 

J'ai  pu  suivre  sur  l'humeur  vitrée  de  quelques  grosses 
truites  les  traces  de  l'anneau  vasculaire  ,  quoiqu'il  n'y 
soit  pas  aussi  bien  dessiné  quil  l'est  dans  les  carpes  de  gros- 
seur moyenne. 

J'ai  pu  aussi  confirmer  sur  les  yeux  des  saumons  l'ob- 
servation que  i'avois  faite  sur  ceux  des  truites ,  et  voii' 
sans  équivoque  l'insertion  du  muscle  supérieur  du  cris- 
tallin colorée  par  une  large  bande  noire  correspondant  à 
sa  partie  cartilagineuse  ou  aponévrotique  ;  ce  qui  pi'ouve 
évidemment  que  ce  muscle  reçoit,  comme  l'autre,  des  ra- 
mifications de  l'artère  centrale. 

Le  ganglion  du  cristallin  existe  dans  tous  les  poissons 
que  j'ai  examinés  ;  il  présente  à  la  vérité  selon  les  espèces 
de  légères  nuances  de  grosseur  et  de  forme  ;  mais  ces  nu- 
ances doivent  peu  influer  sur  les  usages  de  cet  organe. 
L'jntensité  de  la  couleur  noire  qui  le  recouvi'e  varie  dans 
les  individus  de  la  même  espèce. 

J'ai  long-temps  hésité  avant  d'arrêter  mon  opinion  sur 
la  nature  du  corps  que  jai  enfin  regardé  comme  un 
ganglion  ;  je  l'ai  fait  par  les  considérations   suivantes  : 

i.°  11  n'est  formé  que  par  le  filet  nerveux  de  la  troi- 


MÉMOIRE   SUR  l'œil   DU   THON.  l'J 

sième  paire  et  de  ses  deux  branches,  lequeU'isole  tout-â-fait 
du  côté  extérieur  de  l'œil. 

2."  Il  ne  communique  avec  le  muscle  inférieur  du  cris- 
tallin que  par  une  petite  lame  dont  la  couleur  m'a  paru 
différer  de  celle  du  ganglion  et  du  muscle. 

3.°  D  ressemble  tout-à-fait,  quant  à  la  forme,  aux  organes 
qui  sont  ainsi  nommés. 

4.°  La  manière  dont  il  se  termine  semble  écarter 
l'idée  que  ce  puisse  être   un  muscle. 

Quant  aux  usages  de  ce  ganglion  je  pense  que,  placé 
en  avant  de  la  rétine,  il  peut  provoquer  la  contraction 
des  muscles  du  cristallin,  et  opérer  un  changement  plus 
ou  moins  prompt  dans  le  foyer  visuel,  suivant  que  le 
cristallin  est  plus  ou  moins  enfoncé  dans  l'humeur  vitrée. 
Cette  supposition  acquerra  peut-être  plus  de  force  si,  en 
remontant  à  l'origine  du  filet  nerveux  qui  forme  ce  ganglion , 
on  reconnoît  qu'elle  est  commune  avec  celle  des  nerfs 
uniquement  consacrés  aux  muscles  moteurs  de  l'œil, 
lesquels  peuvent  aussi ,  par  leur  contraction  plus  ou 
moins  grande  sur  le  globe,  réagir  sur  le  foyer  visuel. 

Haller  toutefois  s'est  nettement  prononcé  contre  la  mo- 
bilité du  CiistaUin  ( i),  mais  il  ne  soupçonnoit  pas  l'existence 
des  muscles  de  cet  organe;  s'il  l'eût  connue,  de  ce  que  le 

(i)  uNul/ns  omnino  vires  reperio  neque  in  lente  c.rystallina ,  neqite  fx- 
tra  eam  ,  qiiœ  ejus  figurani  miitenl.  In  piscibus  créais  canipanalam  tenu 
insertam  eam  pusse  ad  la  tus  internum  irahere ,  utiqne  si  muscuhsa  fo- 
ret, yeriiin  uequeiste  motus  locumhabere polestjCiim  uvea  memhrana  ad 
vilream  counascutur ,  et  nitrea  ad  lentem  adliœresral ,  neque  ndeo  lens  ad 

Mém.  de  la  Suc.  de  Fhjs.  et  d'H.  nul.  T.  I.  3 


l8  MÉMOIRE    SUR   l'cŒIL   DU   THON» 

cristallin  adhère  à  l'humeur  vitrée  et  à  l'uvée,  il  n'auroit 
pas  argumenté  de  son  immobilité,  puisque  ces  deux  parties 
sont,  jusqu'à  un  certain  point,  susceptibles  d'un  mouve- 
ment passif,  que  peut  leur  communiquer  la  puissance 
gui  agit  sur  elles.  11  est  vrai  que  si  les  mouvemens  du 
cristallin  n'eussent  été  soumis  qu'à  l'action  de  la  campanula 
de  cet  Auteur ,  ils  auroient  toujours  eu  lieu  du  côté  in- 
terne et  inférieur  de  l'œil. 

latus  jnoveri  posait ,  quin  latè  vilrea  membrana  distrahalur  ;  quum,  si 
voluisset  natura  lentem  mobilem  esse,  cum  vitred  tunica  non  con/unxisset,  n 
plem.  Phys.  Tom  5.  pag.  5i5. 


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NOTE 

Sur  les  dents  et  la  mastication  des  poissons 
appelés  Cyprins, 

Par  L.  JURINE,  Professeur. 

(  Lue  à  la  Société  de  Physique  et  d'Histoire  naturelle  de  Genève.  ) 


ijES  dents  pharyngiennes  des  cyprins  sont  fixées  à  deux 
des  trois  os  qui  sont  intimement  unis  à  la  paroi  posté- 
rieure de  leur  pharynx. 

Le  premier  de  ces  trois  os  ,  placé  au-dessus  des  deux 
autres  ,  n'est  qu'un  prolongement  de  la  base  du  crâne  ; 
la  forme  en  approche  de  celle  d'un  lozange  ;  il  est  recou- 
vert d'un  cartilage  épais  et  tient  lieu  du  palais.  Les  deux 
autres  os ,  parfaitement  semblables  entr'eux  ,  sont  situés 
à  deux  des  côtés  opposés  de  l'os  supérieur.  La  figure  de 
ces  deux  os  pairs  est  presque  demi-circulaire  ,  leur  bord 
externe  est  mince ,  et  l'interne  pins  épais  Ces  deux  os 
sont  réunis  médiatement .  ^  l^^m'  partie  inférieure ,  par 
un  cartilage  qui  n'entrave  pas  leurs  mouvemens  récipro- 
ques. L'intervalle  qui  sépare  les  os  pairs  est  i-empli  par 
des  muscles  destinés  à  les  mouvoir. 

Les  dents  des  Cyprins  sont  fixées  à  la  partie  interne 
et  moyenne  des  os  pairs  ;  le  nombre ,  la  forme  et  la  posi- 


20  NOTE   SUR    LES    DENTS 

tien  de  ces  dents  varient  selon  les  espèces  ,  et  quelque- 
fois dans  les  individus  de  la  même  espèce. 

Les  dents  maxillaires  des  poissons  sont  composées  d'une 
suljs tance  émailleuse  en  dehors  et  d'une  substance  osseuse 
en  dedans. 

Les  dents  implantées  dans  des  alvéoles  finissent  par  s'y 
souder  ,  tandis  que  les  dents  pharyngiennes  tombent 
après  un  certain  laps  de  temps,  et  plusieurs  fois  sans 
doute  pendant  la  vie  du  poisson.  Je  n'ai  jamais  examiné 
de  cyprin  ,  même  de  grosseur  moyenne  ,  que  je  n'aie 
trouvé  autour  des  vieilles  dents ,  ou  le  rudiment  de  dents 
nouvelles  ,  ou  des  dents  déjà  suffisanunent  développées 
pour  en  conclm-e  qu'elles  auroient,  plus  ou  moins  promp- 
tement ,  chassé  les  anciennes. 

Chaque  dent  alvéolaire  ou  pharyngienne  est  originai^ 
rement  formée  d'une  vésicule  remplie  elle  -  même  d'une 
matière  gélatineuse ,  où  il  seroit  impossible  de  reconnoître 
le  moule  de  la  dent  future.  Cette  vésicule  après  avoir 
acquis  le  dernier  terme  de  sa  grosseur ,  sécrète  une 
matière  blanche  qui ,  en  se  durcissant  ,  forme  l'émail. 
Celui-ci  est-il  produit  par  une  simple  transsudation ,  ou 
peuL-il  être  l'effet  d'une  cristallisation  qui  seroit  elle-mêmQ 
le  résultat  de  i'évapuiatJon  de  la  partie  la  plus  fluide  du 
^uc  visqueux  que  contient  la  capsule  1"  Quoiqu'il  en  soit , 
c'est  tou)oiu-s  à  l'un  des  sommets  de  la  couronne  que  com- 
mence l'ossification  ,  qui  annonce  ainsi  la  forme  que  la 
dent  doit  avoir  par  la  suite.  L'émail  cesse  d'être  sécrété  , 
aussitôt  que  la  couronne   de  la  dent  est  achevée  ;   cette 


ET   LA  MASTICATION  DES   CYPRINS.  21 

première  sécrétion  est  suivie  de  celle  de  la  matière  osseuse 
qui  fait  le  coUet  et  la  racine  de  la  dent. 

M.""  Cuvier  pense  (i)  que  la  substance  émailleuse  des 
dents,  aussi  bien  que  l'osseuse,  se  forme  par  la  transsu- 
dation ,  comme  les  coquilles  ;  il  fonde  son  opinion  sur  ce 
que  la  partie  ossifiée  adhère  très-peu  à  la  substance  qui 
l'a  produite ,  et  sur  ce  que  les  vaisseaux  ne  paroissent 
point  y  pénétrer.  Mais  il  faudroit  expliquer ,  ava  t  d'a- 
dopter l'opinion  de  M.''  Cuvier  ,  pourquoi  les  dents  de 
l'homme ,  malgré  l'usage  journalier  ,  s'usent  aussi  peu , 
et  si  elles  ont  quelque  moyen  de  réparer  la  perte  qu'elles 
font  par  le  service  qu'elles  rendent  ;  tandis  que  les  dents 
qu'on  fait  passer,  immédiatement  après  l'extraction,  d'une 
bouche  dans  une  autre,  ou  celles  dont  on  a  seulement 
anéanti,  par  la  luxation,  le  principe  de  vie  qu'entret  e- 
noient  auparavant  les  vaisseaux  ,  se  détruisent  bien  plus 
promptement  par  le  même  service. 

On  ne  doit  pas  comparer  la  chute  des  dents  pharyn- 
giennes avec  celle  des  premières  dents  qu'on  nomme  dents 
de  lait  t  parce  que  celles  qui  doivent  succéder  à  ces  der- 
nières sont  ordinairement  contenues  dans  les  mêmes  al- 
véoles qui ,  pour  ainsi  dire,  leur  servent  de  moule,  et  im- 
priment à  leur  pousse  une  direction  déterminée.  Si  la  cap- 
sule de  chaque  nouvelle  dent  pharyngienne  se  trouvoit 
logée  au  fond  de  l'alvéole  qui  renferme  la  racine  de  l'an- 
cienne ,  on  concevroit  facilement  que  ,    par  son  dévelop- 

(i)  Cuvier,   Leçons  danat.  comp.  Tom.  3.  p.   ii6. 


2  2  'note     sur    les    DENTS 

pement  ,  elle  pousseroit  peii-à-peii  la  dent  qu'elle  doit 
remplacer ,  après  en  avoir  usé  les  racines  par  une  com- 
pression soutenue  ;  mais  il  n'en  est  pas  ainsi;  la  racine  de 
chacune  de  ces  dents  reste  toujours  largement  excavée  ; 
elle  n'a  qu'une  écorce  osseuse ,  plus  ou  moins  épaisse  » 
par  laquelle  elle  semble  être  placée  sur  l'os  qui  lui  sert  de 
base,  plutôt  qu'en  pénétrer  la  substance.  Autour  de  ces 
dents  sont  jetés,  on  diroit  presque  au  hasard,  les  ru- 
dimens  de  celles  qui  doivent  les  remplacer.  La  direction 
de  ces  nouvelles  dents  n'est  donc  point  en  rapport  avec 
celles  qu'elles  doivent  avoh*  dans  la  suite  ,  souvent  même 
elle  y  est  totalement  opposée;  de  sorte  que,  dans  ce  der- 
nier cas ,  il  faut  que  la  dent ,  déjà  formée  et  solide  ,  se 
retourne  sur  elle-même  pour  venir  occuper  la  place  qui 
lui  a  été  cédée  par  la  chute  de  l'ancienne.  Si  nous  prenons 
pour  exemple  la  carpe,  ce  ne  sera  pas  dans  le  tissu  cel- 
lulaire de  l'os  qu'on  trouvera  la  couronne  des  trois  pre- 
mières dents ,  savoir ,  de  la  pointue  et  des  deux  grosses 
molaires  ,  mais  bien  dans  le  bord  des  muscles  qui  unissent 
les  deux  os  pharyngiens  pairs  ;  tandis  que  les  deux  autres 
petites  molaires  montreront  leur  nouvelle  couronne  à  côté 
de  celle  des  anciennes ,  sans  que  la  racine  de  ces  dernières 
en  paroisse  idtérée. 

11  est  bien  difficile  de  se  rendre  raison  de  la  cause  qui 
détermine  un  renouvellement  aussi  fréquent  dans  les  dents 
pharyngiennes  des  cyprins  ,  car  ce  n  est  ni  à  l'usure , 
ni  à  la  carie  qu'on  peut  l'attribuer  ;  plusieurs  de  ces  an- 
ciennes dents  sont ,  à  la  vérité ,  noires  au  collet ,  sans 
être   pour  cela   corrodées   dans  la  partie  émailleuse  ,  et 


ET   LA    MASTICATION    DES    CYPRINS.  23 

d'autres  ont  leurs  aspérités  moins  prononcées  sans  être 
pour  cela  hors  de  service  ,  puisque  ces  poissons  ne  se 
nourrissent  que  de  substances  tendres  ,  et  tout  au  plus 
de  mollusques  dont  la  coquille  n'est  pas  bien  dure. 

Comme  je  n'ai  trouvé  ni  dans  l'ouvrage  de  M.""  Cuvier , 
que  j'ai  cité  plus  haut,  ni  ailleurs  ,  l'explication  de  cette 
cause ,  je  considère  ce  problème  de  zoologie  conrune  non 
encore  résolu.  On  doit  donc  envisager  le  canal  qui  s'étend 
depuis  les  lèvres  protractiles  des  cyprins  jusqu'à  lem's  mâ- 
choires pharyngiennes ,  comme  unp  espèce  d'entoiinoir  de- 
gustatif  et  susceptible  de  contraction  ,  de  sorte  que  le 
poisson  peut  à  volonté  rejeter  les  matières  qui  y  sont  con- 
tenues ,  si  elles  ne  lui  conviennent  pas,  ou  les  transmettre 
aux  dents  pharyngiennes  qui  les  tritweiat  avant  de  les 
faire  passer  dans  l'estomac. 

Qui  sait  encore  si  les  cyprins  ne  partageroient  pas  avec 
d'autres  animaux  la  faculté  de  ruminer  ;  la  situation  des 
dents  à  l'entrée  de  l'estopiac  favoriseroit  cette  idée  ;  d'ail- 
leurs ce  ne  seroient  pas  les  seuls  poissons  qui  pussent  le 
faire ,  du  moins  d'aprè§  le  témoignage  des  anciens ,  car 
Ovide  a  dit  du  scare. 

Al  contra  lierhosâ pisces  laxantur  arend 
Ut  scarus  ,  epastus  solus  qui  ruminât  escas. 

Je  termine  cette  note  en  énumérant  les  dents  de  chaque 
Cyprin  qu'on  trouve  dans  le  lac  Léman, 

La  carpe  (  Cyp.  carpio  )  en  a  cinq  ,  une  pointue  et 
quatre  molaires. 

Le  chevesne  (  Cyp.  fe.tes)  en  a  sept,  qui  sont  longues  . 
crochues  et  disposées  sur  deux  rangs  ;  le  supérieur  en  a 
deux  et  i'iiiférieur  cinq. 


94  NOTE    SUR    LES    DENTS,    etC. 

La  tanche  (  Cyp.  tinca)  en  a  cinq  qui  sont  comprimées; 
la  couronne  en  est  ovale  et  émoussée ,  à  l'exception  de 
la  première  où  elle  est  presque  ronde. 

Le  rotangle  ou  la  raufe  {Cyp.  erytrophtalmus')  en  a 
huit,  sur  deux  rangs;  cinq  sur  celui  d'en  bas  et  trois  sur 
celui  de  dessus;  ces  dents  sont  longues,  minces,  taillées 
en  forme  de  hache ,  crochues  au  bout  et  profondément 
dentelées  à  leur  boj'd  supérieur. 

La  rosse  ou  le  vangeron  (  Cyp.  rutilus)  en  a  cinq,  qui 
ressemlJent  à  celles  de  la  tanche. 

Le  goujon  (  Cyp.  gobio  )  en  a  cinq  ;  la  première 
courte ,  les  quatre  autres  longues  ,  grêles  et  crochues  à 
leur  extrémité. 


De  T effet  du  mouvement  S!un  plan  réfringent  sur 

la  réfraction^ 


Par   p.  PREVOST. 


§•  î.  X  ouR  s'assurer  de  l'efïet  de  la  vitesse  de  la  lumière 
sur  la  réfraction  ,  on  a  cherche  un  moyen  de  soumettre  à 
l'expérience  deux  rayons  mégalement  rapides.  La  vitesse 
absolue  de  la  lumière  ne  se  prêtoit  pas  à  ce  désir.  On  y  a 
suppléé  par  la  vitesse  relative.  Ne  pouvant  faiie  mouvoir 
le  rayon  plus  ou  moins  vite  dans  la  route  qu'il  suit ,  on 
a  fait  mouvoir  le  plan  réfringent  selon  cette  même  ligne 
de  direction  (i).  Mon  dessein  est  de  faire  voir  que  cette 
substitution  de  la  vitesse  relative  à  la  vitesse  absolue  al~ 
tère  les  résultats  de  l'expérience. 

§.  2.  Dans  cette  expérience  ,    on  profitoit  du  mouve- 


(i)  «C'est  ce  moyen  que  Mr.  Arago  a  employé....  »  Biot  ,  Astron. 
2.^«  édit.,  T.  m,  p.   i4o. 

J'appliijiie  cettfi phrase  à  mon  sujet,  parce  que  Fingémeuse  expérience  ,  à 
laquelle  elle  se  rapporte  daus  l'iatention  de  l'auteur,  est  au  fond  précisément 
la  même  que  je  présente  au  teste. 

A  la  page  i3^  de  l'ouvrage  cité  ,  il  est  fait  usage  d'une  comparaison  de  la 
marche  de  deux  molécules  ,  qui  ne  peut  pas  éclaircir  le  sujet  ;  parce  qu'on  y 
néglige  le  mouvement  de  translation  que  l'une  de  ces  molécules  a  en  commun 
avec  l'instrument.  —  Cette  remarque  (sans  rapport  avec  lobjetdece  mémoire) 
a  pour  but  d  éviter  une  discussion  inutile. 

Mèm.  de  la  Soc.  dePhys.  etd'H.  nat.  T.  I."  4 


sG  DE  l'effet  du  mouvement  d'un 

aient  de  la  terre  pour  donner  à  l'instrument  une  vitesse 
adtlitionnelle  ;  en  sorte  que  la  situation  de  cet  instrument 
restoit  sensiblement  la  même  par  rapport  au  rayon  de 
lumière.   Ainsi  nous  partirons  de  la  môme  supposition. 

Hypothèse.  Le  plan  réfringent  reste  constamment 
'parallèle  à  lui-même  ;  et  chacun  de  ses  points  suit  la 
même  direction  avec   une  vitesse  uniforme. 

§.  3.  Soit  un  plan  attractif  ,  et  une  particule  douée 
d'une  vitesse  perpendiculaire  au  plan  (soit  quelle  se  di- 
rige vers  le  plan  ou  en  sens  contraire  )  ;  pour  déterminer 
la  vitesse  et  la  direction  finale  de  la  particule  ,  il  n'im- 
porte pas  de  savoir  si  sa  vitesse  est  absolue  ou  relati^  e 
(  si  la  particule  se  meut  réellement,  ou  si  c'est  le  plan  qui 
se  meut  en  sens  contraire).  —  Car  ,  dans  les  deux  cas, 
d'instant  en  instant  (i),  la  particule  ne  sort  point  de  la 
direction  perpendicidaire  ;  et  sa  vitesse  a  pour  expression 
la  somme  de  la  vitesse  précédemment  acquise  et  de  celle 
que  l'attraction  lui  imprime  ,  somme  égale  de  part  et 
d'autre, 

■  §.  4-  Soit  un  plan  attractif ,  et  une  particule ,  placée  à 
l'extrême  limite  de  la  plage  attractive  et  douée  d'une  vi- 
tesse oblique  au  plan  et  dirigée  vers  lui,  Si  cette  vitesse 
est  absolue  ,  la  particule  décrira  une  courbe  ,  dont  la 
dernière  direction  coupera  le  plan  selon  la  loi  de  ré  frac-! 
tion  qui  a  Ueu  réellement  dans  la  nature.  —  (  Princip. 
math.  etc.  Lib.  \,   Prop.  c)4)- 


(i)  Instant ,  temps  assez  court  pour  que  la  vitesse  ,  imprimée  par  l'atr 
fraction  en  ce  temps-là ,  puisse  êti'e  réputée  uniform.e, 


PLAN    RÊFRINGEK't'stTR   LA    RÉFRACTION.  27 

§.5.  Dans  la  même  hypothèse  ,  si  la  vitesse  de  la  par- 
ticule est  relative  (si  c'est  le  plan  seul  qui  se  meut  en  sens 
contraire  )  ;  la  particule  décrira  une  ligne  droite  et  tom- 
bera sur  le  plan  sous  une  direction  perpendiculaire.  —, 
Proposition  évidente. 

§.  6.  Soit ,  sur  un  plan  attractif ,  une  particule  douée 
d'une  vitesse  qui  tend  à  l'éloigner  du  plan.  Si  cette  vitesse 
est  absolue,  la  particule  ,  au  sortir  de  la  plage  attractive, 
suivra  une  direction  conforme  à  ce  qu'indique  la  loi  conxiue 
de  la  réfraction  {Princip. ,  ibid). 

§.  7.  Dans  la  même  hypothèse  ;  si  la  vitesse  de  la  par- 
ticule est  relative  (si  le  plan  seul  se  meut)  ;  la  particule, 
attirée  par  le  plan  qui  fuit ,  décrira  une  perpendiculaire 
au  plan.  —  Evident. 

^.  8.  Soit  une  particule  émergente ,  douée  d'une  vitesse 
propre  absolue.  Si,  au  moment  où  elle  quitte  le  plan  at- 
tractif, sa  vitesse  est  tout-à-coup  augmentée  ou  diminuée  j 
elle  décrira,  dans  la  plage  attractive,  une  trajectoire  (que 
j'appellerai  rêfractionnelle).  Si  la  vitesse  ajoutée  ou  re- 
tranchée varie  ,  la  réfractionnelle  varie. 

Que  du  même  point  du  plan ,  la  particule  parte  suc- 
cessivement avec  sa  vitesse  propre  absolue  ,  avec  cette 
vitesse  augmentée  ,  avec  cette  vitesse  diminuée  ;  elle  dé- 
crira trois  différentes  réfractionnelles  et  sortira  de  la  plage 
attractive  sous  trois  différentes  directions. 

Soit  AB  (  Fig.  I  )  le  plan  attractif  ;  «  C  la  limite  de  la 
plage  attractive  ;  la  particule  émergente  E  décrira  succes- 
sivement, avec  les  vitesses  initiales  Ev,Ev  ^  E-J\  les  trois 

réfractionnelles Et,  Et\  fî^''; et  sortira 

îiux  poiiits ^  ,     ^'  j     /" ,     par  les 


z^a  DE  l'effet  du  mouvement  d'un 

tangentes  de  ces  trois  courbes  à  ces  trois  points  respectî- 
vemeat. 

§.  9.  Avant  de  considérer  le  dernier  cas  dont  je  dois 
m'occuper  ,  qui  est  tiussi  le  cas  réel  de  Texpérience  (  §.  i.)  ; 
je  commencerai  par  limiter  ce  cas  à  l'aide  d'une  nouvelle 
hypothèse  ,  ajoutée  à  celle  dont  j'ai  constamment  usé  jus- 
qu'ici (§.  2).  Dans  tout  ce  qui  précède  ,  j'ai  employé  un 
mot  (la  réfractionnelle)  pour  désigner  la  trajectoire  du 
rayon  daiis  la  plage  d'attraction ,  qui  laisse  dans  la  plus 
grande  indétermination  la  nature  de  cette  courbe ,  et  par 
conséquent  celle  de  la  force  dont  elle  dépend.  Je  vais 
maintenant  user  d'une  détermination  qui  circonscrira 
beaucoup  le  champ  de  nos  recherches  : 

Hypothèse.  Je  suppose  que  ,  dà7is  toute  la  plage  d'at- 
traction,  cette  force  est  la  même;  qu'elle  ne  varie  point 
par  la  distance. 

Je  n'entreprends  pas  de  justifier  cette  hypothèse  ,  que 
j'emploie  pour  éviter  une  difficulté,  et  que  j'abandonnerai 
finalement.  Cependant  je  dois  faire  remarquer,  i.°  qu'elle 
se  trouve  comprise  dans  la  démonstration  sur  laquelle  se 
fonde  la  loi  de  réfi'action,  à  laquelle  j'ai  renvoyé  ci-dessus 
(§§.  4  et  6)  ;  2..°  qu'il  n'est  peut-être  pas  absurde  de  sup- 
poser que  les  forces  de  la  nature  de  celles  qui  agissent 
sur  la  lumière  sont  peu  variables  dans  de  très-petits  es- 
paces ,  à  peu  près  comme  la  pesanteur  peut  être  sup- 
posée constante  près  de  la  terre  à  des  distances  peu  dif- 
férentes. 

§.  10.  Soit  une  particule  émergente  ,  douée  d'une  vitesse 
propre  absolue.  Si  ,  au  moment  où  elle  quitte  le  plai> 


PLAN    RÉFRINGENT   SUR    LA   REFRACTION  29 

attractif,  celui-ci  se  meut  (i)  dans  la  même  ligne  de  di- 
rection ;  et  si  en  conséquence  une  vitesse  relative  est 
ajoutée  ou  retranchée  à  celle  de  la  particule,  la  trajectoire 
de  la  particule  ne  changera  pas.  Ce  sera  constamment  la 
même  réfractionnelle  ;  mais  elle  sortira  de  la  plage  attrac- 
tive sous  des  directions  différentes. 

Soit  AB  (fig.  2)  le  plan  attractif;  E  ,  la  particule  émer- 
gente ;  *  ^  la  limite  de  la  plage  attractive  \  E  É'  t ,  l'arc  de 
réfractionnelle  ,  qu'elle  décrit  en  conséquence  de  sa  vi- 
tesse propre  et  de  l'attraction  combinées  ,  le  plan  étant 
immobile. 

Si  le  plan  se  meut  de  AB  en  A B'  ou  en  A"B"  ;'  la  li- 
mite se  transportera  de  «C  en  àC  ou  en  «"S"  respecti- 
vement. Ainsi  supposant  AB  ,  AB' ,  A" B" ,  les 
trois  dernières  situations  du  plan ,  dans  ces  trois  cas  res- 
pectivement ;  la  particule  décrira  les  trois  arcs 

Et,      Et' ,  Et",     d'une 

seule  et  même  réfractionnelle ,  et  s'échappera  par  la  tan- 
gente de  ces  arcs 

aux  points t,  i',  /",  respec- 

tivement. 

Par  conséquent  la  direction  finale  de  la  particule ,  dans 
ces  trois  cas  ,  différera  comme  diff"ère  celle  de  la  tangente 
de  ces  trois  arcs. 

§.  II.  Il  est  facile  de  voir  que  ce  résultat  (§.  lo)  n'est 
pas  le  même  que  celui  du  §.  8, 

§.  12.  Sortons  maintenant  de  notre  hypothèse  trop  li- 
mitée (§.9). 


(i)  Toujours  parallèlement  à  lui-même  avec  une  vitesse  uniforme.  (§.  2  ). 


3o  DE  l'effet  du  mouvement  b'un 

Si  (  comme  on  doit  l'admettre  )  lattraction  suit  une 
fonction  inverse  de  la  distance  (peut-être  la  seconde  puis- 
sance ,  ou  une  puissance  supérieure  )  ;  si  en  outre  le  rap- 
port de  la  vitesse  relative  additionnelle  (celle  du  plan) 
à  la  vitesse  propre  et  absolue  de  la  particule  (celle  de  la 
lumière)  est  très-petite  (comme  de  i  à  loooo)  ,-  on  en 
pourra  inférer,  i.°  qu'à  l'approche  de  la  limite,  la  ré- 
fractionnelle  est  presque  une  ligne  droite  ;  2.°  qu'à  cette 
époque,  un  très -petit  arc  de  cette  courbe  produit  une 
dé\iation  presque  nidle  ;  3.°  qu'en  conséquence  ,  l'expé- 
rience a  dû  probablement  donner  le  résultat  qu'elle  a 
donné  ,•  c'est-à-dire  ,  que  la  vitesse  de  la  terre  ,  ajoutée 
ou  retranchée ,  n'a  pas  dû  influer  sur  la  réfraction  de  la 
lumière. 

Ce  résultat,  qui  n'avoit  pas  été  prévu  (i)  ,  mérite, 
sous  plus  d'un  point  de  vue  ,  l'attention  des  physiciens, 
§.  i3.  Note  sur  le  §.  13. 

Ayant  communiqué  ce  mémoire  à  M/  le  professeur 
ScîuuB,  j'ai  reçu  de  lui  la  note  suivante  : 

Soient  (Fig.  3)  BC  un  plan  attirant  et  qui  se  meut 
parallèlement  àlui-jnême;  ^A^Ia  direction  d'une  molé- 
cule de  lumière  ;  A  M  la  courbe  que  cette  molécule  décrit 
en  ^ertu  de  l'attraction  du  plan  entre  les  limites  de  l'at- 
traction. Je  supposei-ai  d'abord  le  plan  immobile ,  et  j'ap- 
pellerai V  la  vitesse  de  la  lumière  suivant  AN \  a.  l'angle 
NAP ,  A  P  =^  X  ■.  PM  ^=  y  ;  t  \e  temps  que  la  molécule 
emploie  pour  aller  du  point  yJ  au  point  lU.  Je  supposerai 

(1}  Biox,   ibid. 


PLAN    RÉFRINGENT    SUR    LA    RÉFRACTfON.  01 

encore  que  la  force  d'attraction  du  plan  soit  en  raison 
inverse  de  la  n}""^  puissance  de  la  distance.  On  aura 
donc,  pour  le  point  quelconque  de  la  courbe,  x^=^vt  cos  «, 

la  force  d'attraction  <f  =  — ,  ^  étant  un  coefficient 

y" 

constant  qui  représente  la  valeur  de  4»  à  la  distance  i. 
Généralement  <?  ^=/  ^  ^  •  donc  --~-  =  — r—  ;  et  en  in- 

tégrant ,  ( -f^  )  = — ^  x h  C  ;  dx  =  vdl  cos  «  ; 

\dty         n  —  1        J'"~' 

dt  = :   substituant   cette    valeur    de   dt ,   on    a 

V  cos  a 

^       ..      A 


/  dy  \^       —~-  X  -^—  +  C 

(  ~-  ]  =  n  —  i       y"-'-  ,  OU  en  mettant  pour  A  , 

v'^  cos  ^  a, 

/  dy  \^            C              -^—  <p.  y      r 
'-^■y"\-djJ--^:r^^;T^-2lll •  Lorsque  j=o, 

■  ''  i/^   cos^   a. 

dy  ,  ,       ,  41.  y 

-j—  =  tang  a ,  et  1  on  peut  regarder  le  terme  n—i 

V^   COS^   a. 

comme  nul  au  pomt  A  ;  on  aura  donc  — ; — -  =  — ;— , 

*  '  V     COS^  a.  cos^  a. 

a  A 

et  C  =  f^  siV  «  ;  donc  (--p-\ r=tang^  g^TT—i      j"-'  ; 

^  ^  f *    COS^    a 

^y      ,  1  A    . 

-- —  =  tang  OL  H ,    — ; ; — : —    CtC. 

a  X  "  n  —  1        y  "~^  v  ^  sin  a.  cos  a 

d  V 
Or  — —  est  la  tangente  trigonométrique  de  l'angle  que 


la  tangente  à  la  courbe  en  M  fait  avec  l'axe  des  *,  ou 
avec  le  plan  j8  C.  Si  l'on  substitue  la  valeur  de  A  dans 


32  DE    l'ePUBT   du    MOUVEMEMT    d'uN" 

l'équation    précédente,    on    a 

dy  ,  2  a.  y 

—, —  =  tan^  a . .       ■    —   etc. 

clx  '^  Il  —  I  p^  am  2  a. 

Il  faut  remarquer  maintenant  ;  i."  que  la  limite  de  l'at- 
traction étant  extrêmement  peu  distante  du  plan  ,  la  plus 
grande  valeur  de  l'ordonnée  y  ,  qui  a  lieu  à  cette  limite 
est  une  quantité  extrêmement  petite;  2.^  qu'au-delà 
de   cette    limite ,    <}i  =  o  ;    d'où    il    suit    que    le    terme 

.  —z — r est  infiniment  petit  relativement  à  tangn. 

On  aura  doue ,  sans  erreur  sensible ,  — ^  =  tang  «. 

et  X 

La  même  conclusion  aura  lieu  si  le  plan  se  meut  paral- 
lèlement à  lui-même  avec  une  vitesse  très-petite  relative- 
ment à  celle  de  la  lumière.  En  effet ,  ce  mouvement  ne 
peut  qu'augmenter  y  et  diminuer  <?> ,  ou  réciproquement , 
d'une  quantité   infiniment  petite  au-dedans  de  la  limite 

d  attraction,  et  par  conséquent  le  terme .  t^ 

*  ■*  n  —  1        v^  sin  2  a. 

sera  encore  infiniment  petit. 

On  peut  donc  conclure  de  là  que ,  dans  tous  les  cas , 
la  direction  de  la  lumière  en  un  point  quelconque  de 
son  cours ,  compris  depuis  le  point  A  jusqu^à  la  limite 
d'attraction  j  ne  différera  de  la  droite  AN,  que 
d'une  quantité  infiniment  petite. 


MPtet  H.  Kat.  I   P.  32. 


Ficj.  1 . 


JFia.  2. 


AU 


F.y.3. 


OBSERVATIONS 

Sur  les  rapports  qui  existent  entre  les  axes  de 
double  réjraclion  et  la  Jorme  des  cristaux. 

Par   Frédéric    SORET. 

Lu  à  la  Société  Philomalique,  Février  1820;  et  à  la  Soc.  de  Phjrs.Nov,  182O.  (1) 


KJn  a  depuis  quelques  années,  étudié  avec  beaucoup 
de  persévérance  et  de  succès ,  les  phénomènes  de  double 
réfraction  et  de  polarisation  qui  s'observent  dans  la  plu- 
part des  corps  cristallisés.  Ces  recherches  ont  conduit  les 
Physiciens  à  des  considérations  fort  remarquables  sur  les 
modifications  que  fait  éprouver  à  la  lumière  la  forme 
des  corps  qu  elle  traverse.  Celles  dont  nous  allons  nous 
occuper  paroissent  avoir  quelqu'intérêt  par  le  degré  de 
génénilisation  dont  elles  sont  susceptibles. 

On  sait  depuis  long-temps  que  certains  cristaux  pro- 
duisent la  seule  réfraction  ordinaire,  lorsque  des  rayons 
de  lumière  sont  transmis  dans  leur  mihea  :  c'est  à  Du 

(i)  La  publication  de  ces  recherches  ayant  été  dîiïéiée ,  j'ai  profité  de 
beaucoup  d'observations  nouvelles  faites  par  Mr.  Biot  et  publiées  par  lui  ou 
encore  inédites.  Toutes  ces  observations  ont  confirmé  la  loi  que  nousdier- 
chons  a  établir,  et  plusieurs  d'entrelles  ont  présriué  de  nouveaux  points 
de  vue  qui  ont  été  pour  moi  l'occasion  de  faire  une  seconde  lecture  de 
ce  mémoire  à  la  Société  de  Physique  de  Genève. 

Mém.  de  la  60c.  de  P/ijs.  et  d'IJ.  nat.  T.  1."  5 


54  RAPPORTS   ENTRE  LES   AXES  DE   DOUBLE 

Fay  que  nous  devons  cette  importante  découverte  ;  ce 
savant,  privé  des  secours  que  nous  offrent  aujourd'hui  les 
lois.de  la  cristallisation,  avoit  conclu  de  ses  recherches, 
que  dans  tout  cristal  dont  la  réfraction  est  simple,  on  peut 
mener  trois  plans  perpendiculaires  les  uns  aux  autres  (i). 
Quatre  solides  rentrent  dans  cette  définition ,  1  octaèJre 
régulier,  le  cube,  le  dodécaèdre  rhomboïdal  et  le  tétraèdre 
régulier;  mais  cette  règle  de  Du  Fay  est  trop  générale  (a)- 
Mr.  Haiiy  est  le  premier  qui  l'ait  ramenée  à  sa  véritable 
expression  ,  en  observant  que  la  réfraction  simple  est 
propre  aws.  formes  limites  ,  savoir,  aux  quatre  susmeur- 
tionnées  ;  plus  tard  on  s'est  assuré  que  tous  les  autres 
cristaux  qu'il  appelle  formes  non  limites  offrent  à  l'ob-' 
servateur  le  phénomène  de  la  double  réfraction. 

Nous  entendons  avec  Mr.  Biot  par  axes  de  double  ré- 
fraction ,  les  lignes  dans  la  direction  desquelles  ce  phé- 
nomène est  nul  ;  tout  faisceau  de  lumière  qui  leur  est 
parallèle  n'éprouve  en  traversant  le  cristal  que  la  réfrac- 
tion ordinaire.  J'appelle  ligne  moyenne,  une  droite  menée 
dans  le  plan  des  axes  ,  de  manière  à  ce  quelle  divise  en 
deux  parties  égales  ,  l'angle  aigii  formé  par  leurs  direc- 
tions prolongées  indéfiniment. 

La  loi  des  sinus  ,  donnée  par  Mr.  Biot ,  s'appliquant  à 
tous  les  cas  avec  une  égale  rigueur ,   nous   prouve  qu« 


(i)  Fontenelle  ,  éloge  de  Du  Fay. 

(2)  En  efl'et ,  elle  s'applique  à  loctaèdre  à  base  carrée  qui  jouit  ainsi 
que  le  prisme  dfoit  à  base  cafj-ée  d'une  double  réfraction  souvent  trè&r 
forte. 


RÉFRACTION   ET   LA   FORME   BES   CRISTAUX.  35 

les  cristaux  à  un  axe  peuvent  être  considérés  comme 
en  ayant  effectivement  deux  confondus  avec  la  ligne 
moyenne,  c'est-à-dire,  ayant  un  angle  d'écartement  égal 
à  zéro. 

La  remarque  de  Du  Fay  indiquoit  une  relation  entre 
les  formes  primitives  des  corps  et  l'existence  ou  la  non- 
existence  de  la  double  réfraction  ;  c'étoit  un  grand  pas 
de  fait,  mais  ces  phénomènes  étant  aujourd'hui  mieux 
connus  et  leurs  lois  ayant  été  déterminées  ,  il  étoit  naturel 
d'aller  plus  loin  ,  en  cherchant  à  lier  le  nombre  et  la 
position  des  axes  avec  la  structure  des  cristaux.  On  a 
découvert  à  cet  égard  plusieurs  faits  remarquables;  comme 
ils  sont  intimement  liés  à  ceux  que  nous  nous  proposons 
de  faire  connoître  ici  ,  il  est  bon  de  présenter  avant 
tout  le  tableau  général  des  résultats  auxquels  un  grand 
nombre  d'expériences  vient  de  nous  conduire  ;  nous 
aurons  soin  ensuite  d'indiquer  ce  qui  n'appartient  pas  à 
nos  recherches. 

La  première  partie  du  tableau  qui  renferme  les  subs- 
tances à  un  seul  axe  de  double  réfraction  ne  contient  rien 
qui  ne  soit  déjà  connu  ,  mais  il  a  fallu  l'exposer  ici  à 
cause  de  sa  liaison  naturelle  avec  ce  qui  suit. 


36 


RAPPORTS  ENTRE  LES  AXES  DE  DOUBLE 


i)  L'  Classe.  DEUX  AXES  RÉUNIS  EN  UN  SEUL. 

Substances. 

DIKECTIOlN  de  L'AXE. 

Forme  primitive 

Nature 

de  la  réfraction. 

1 

Chaux  carbonalée. 

Axe  parallèle   à  la  petite  diagonale   du 
Rlioniboide  ,  c'est-à-dire  ,  passant  par 
Yaxe  du  uoyau  primitif. 

Rhomboïde. 

Répulsive. 

Quarz. 

Idem 

Idem.     • 

Attractive. 

Quarz  (2). 

Passant  par  \axe  du  Dodécaèdre  ,   per- 
pendiculaire à  la  base  des  deux  py- 
ramides. 

Dodécaèdre 
bipyramidal. 

Idem. 

Tourmaline. 

Passant  par  \axe  du  noyau.      .      .     . 

Rhomboïde. 

Répulsive.      1 

Emcraude. 

Parallèle   aux   arêtes    du  prisme  ,  ou  à 
son  axe,  perpendiculaire  aux  bases.  . 

Prisme  hexaèd. 
régulier. 

Répulsive. 

Zircon, 

Parallèle  à  la  petite  diagonale,  ouaxe  de 
roctaèdre  ÇBrewster) 

Octaèdre  à  base 
carrée. 

Attractive. 
{Biot.) 

Idocrase. 

Parallèle    aux    arêtes    du    prisme  ,    ou 
à  r<7jce ,    perpendiculaire    à    la    base 
(  Brewster  ). 

Prisme  droit  à 
base  carrée. 

1 

(i)  Pour  ne  pas  confondre  l'axe  du  noyau  avec  celui  ou  ceux  de  double   réfraclion  npus  auront 
soin  de  désigner  le  premier,  par  des  caraclères  italiques. 


(2)  Comme  plusieurs  minéralogistes  prennent  encore  le  Dù-léoaèilre  bipyramidal  pour  forme  pri- 
mitive du  quarz,  et  que  cette  forme  qui  convient  à  quelques  formes  secondaires,  s'accorde  aussi  avec 
les  pliéoooiènes  optiques,  je  l'ai  placée  dans  le  tableau,  après  celle  du  Rhomboïde,  que  IVlr.  Haiiy 
a  déterminée. 


RÉFRACTION    ET   LA   FORME    DES    CRISTAUX.  37 


ir  Classe.  CRISTAUX  A  DEUX  AXES  SÉPARÉS. 


A.  Axes  symétrique»;  autour  des  faces  du  noyau  primitif. 


Substances. 


Topase. 


Arragonite. 
{Fi§.3-A.) 


Mica   de 
Sibérie. 


Baryte  snl 

fatée. 
{Fig.6.-:!.) 


Ligne  moyemne. 


Parallèle  à  la  diago- 
nale AA  du  noyau 
ou  à  son  axe ,  per- 
pendiculaire à  la 
base  EEEE.  de 
l'octaèdre. 

Lig.  moyenne  A' A" 
perpendiculaire  à 
la  diagonale  ou 
axe  EE  de  l'oc- 
taèdre prim.  dans 
le  plan  AAAA  de 
la  base. 

Perpendiculaire  au 
plan  des  bases. 


Ligne  rnoy.  A'  A" 
p'arallèle  à  la  pe- 
tite diagonale  de 
la  base. 


Plan  des  Axes. 


Rapport   des  Axes 
alx  faces. 


Parallèle  à  la  diago- 
nale AA ,  et  aux 
arêtes  de  jonction 
des  faces  P. 


Parallèle  à  la  diago- 
nale EE  ,  et  aux 
arêtes  de  jonction 
des  faces  M. 


Passant  parla  grande 
diagonale  EE  et 
perpendiculaire  â 
la  base. 


Parallèle  au  plan  qui 
contient  les  pe- 
tites diaijOnales 
AA  et  perpendi- 
culaii-e  à  la  base. 


Axes  situés  dans  le 
plan  des  faces  M 
ou  faisant  de  part 
et  d'autre  ,  des 
angles  égaux  en- 
tr'eux  Ci). 

Les  Axes  AX',  AX 
formentdepart  et 
d'autre   des   faces 
P  des  angles  égaux 
entr'eux. 


Axes  faisant  avec  le 
plan  de  la  Lase 
des  angles  d'in- 
cidence PX'A" 
PXA"  égaux. 

Axes  faisant  sur  les 
plans  P  de  la  base 
des  angles  d'inci 
dence  égaux. 


Forme 
primitive. 


Octaèdre 
a  base  rec- 
tangle. 


Octaèdre 
à  base  reè- 
tangle. 


Prisme 
droit  à  base 
rhombe. 


Prisme 

droit  à  base 

rliombe. 


NaTI  REDE 

LA  RÉFRACT. 


Attractive. 


Répulsive. 


Répulsiv 


Attractive 


(3)  Quelquefois  les  axes  sont  plus  écartés  de  la  ligne  moyenne  que  les  faces  M  ,  mais  il  font  toujours 
des  angles  égaux  à  gauche  et  à  droite  de  ces  faces  ,  comme  on  le  voit  pour  les  axes,  AX",  AX' 
figure  2. 


38 


RAPPORTS    ENTRE   r,ES   AXES   DE   UOUBLE 


S0BSTANCE5.        LiGKE    MOTESNE. 


Péridot. 


*^mopliane 


Chaux 
auhydro- 
sullatée. 
{Fig-gbis.) 

Euclase. 
{Fig.io. 


Plan  des  Axes. 


Parallèle  aux  arêtes 
B  de  la  base  ,  per- 
pendiculaire aux 
faces  M. 

Parallèle  aux  arêtes 
du  prisme. 


Parallèle  aux  arêtes 
C  de  la  base  ,  per- 
ppudiculaire    aux 
pans  T. 

Parallèle  aux  côtés 
C  du  prisme  ou 
aux  faces  P. 


Dans  un  plan  paral- 
lèle aux  bases. 


Parallèle  aux  pans 
T  du  prisme,  per- 
pendiculaire à  la 
base. 


Dans    le    plan    des 
bases  P. 


Rapport  des  Axes 
Atx  faces. 


Forme 

primitive. 


Naturede 

LA  P^fRACT. 


Formant  des  angles     Prisme 
égaux  de  part  et  droit  à  base 
d'autre  des  faces  rectangle. 
T. 


Faisant  des  angles 
d'incidence  A  .v'A 
A'  X  A  égaux  sur 
les  plans  des  faces 
M. 

Faisant  des  angles 
d'incidence  égaux 
sur  les  faces  T. 


Dans    le    plan 
faces  T. 


des 


Prisme 
droit  à  base 
rectangle 


Prisme 
droi  t  à  base 
rectangle. 


Faisant  des  angles 
d'incidence  égaux 
sur  les  faces  P  des 
bases ,  on  sur  les 
arêtes  B. 


Attractive. 


Répulsive. 


Attractive, 


Prisme     Attractive, 
oblique     à 
base     rec- 
tangle. 


B.    Axes  symétriqui  s  autour  di  s  facks  stcoNDAiRES. 


Chaux  sul- 
I  fatée. 

i 

a  Forme  prf- 
}      aiilivp. 

i^Fig.  ii-ii.) 


b  Forme  se- 
contlarre 

(rig.,3.) 


Dans  le  plan  des 
bases ,  parallèle  à 
la  diagonale  d'un 
parallélogramme, 
dont  les  angles 
sont  égaux  à  ceux 
de  la  base  ,  et  dont 
les  côtés  sont  d.Tns 
lerapp.de  12:  Sg. 
Fig.  12. 

Parallèle  aux  côtés 
B  delabase,  ouaux 
faces  T  du  prisme 


Dans    le 
bases. 


plan    des 


Formant  avec  les 
faces  M  et  T  du 
prisTne,ou  avec  les 
côtés  B  et  C  de  la 
base  des  angles 
inégaux  ,  l'un  de 
16°  l'autre  de  So" 
environ. 

Fig.  11. 


Dans    le 
bases. 


plan    des 


F.  P. 

Prisme 
droit  à  base 
parallèlo- 
grammiqu 
non  rec- 
tangle. 


Formant  des  angles 
égaux  de  part  et 
d'autre  des  faces 
secondaires  T. 


F.  S. 

Prisme 
dioitàbase 
parallèlo- 
grammiiju. 
non  rec- 
tangle. 
^.     PMH3 

S-pM/ 


Attractive. 


RÉFRACTION   ET   LA   FORME   DES   CRISTAUX.  5^ 

Mr.  Brewster  ayant  fait  un  tableau  qui  se  trouve 
compris  cîans  le  nôtre  ,  mais  qui  est  relatif  seulement  au 
nombre  des  axes  réels  ou  hypothétiques  ,  en  a  déduit 
une  conséquence  fort  belle  ;  elle  est  étayée  par  un  assez 
grand  nombre  de  faits  pour  qu'on  puisse  espérer  de  la 
voir  se  généraliser  ;  la  voici  : 

i.*'  Tuus  les  cristaux  qui  n'oflFrent  qu'un  seul  axe  de 
double  réfraction  ont  des  formes  primitives  telles ,  que  les 
faces  qui  entourent  leur  axe  sont  toutes  semblablement 
disposées  par  rapport  à  lui;  ces  formes  sont  le  rhomboïde  , 
le  prisme  hexaèdre  régulier  j  Voctaèdre  isocèle  à  base 
carrée  et  le  prisme  droit  à  base  carrée  (i).  Mr.  Brewster 
ajoute  encore  à  ces  quatre ,  le  dodécaèdre  bipyramidal 
pour  le  quarz  et  le  plom.b  phosphaté  dL\x\(\\XG\s  Mr.  Haûy 
attribue  maintenant  un  rhomboïde  ; 

2.°  Tous  les  autres  cristaux  (les  formes  limites  ex- 
ceptées) ont  deux  axes  de  double  réfraction  (2). 

On  peut  présenter  ces  résultats  sous  une  forme  qui 
soit  plus  en  harmonie  avec  les  lois  de  la  cristallisation 
et  avec  nos  propres  recherches  ;  mais  auparavant ,  il  n'est 
peut-être  pas  inutile  de  retracer  ici  en  peu  de  mots  les 
principales  divisions  établies  par  Mr.  Haiiy  dans  la  clas- 
sification qu'il  a  faite  des  formes  primitives  non  limites , 

(i)Mr.  B.  faisoit  rentrer  le  prisme  à  base  carrée  dans  la  seconde  classe  , 
je  l'ai  replacé  dans  la  première  pour  des  raisons  ({ui  seront  exposées  plus 
bas. 

(2)  Mr.  B.  donne  aux  formes  limites ,  trois  axes  liypolhéliques  de  double 
réfraction ,  nous  n'en  tenons  pas  compte  ici ,  parce  q^ue  les  substances  dont 
1^  réfraction  est  simple  sortent  de  noire  sujet. 


4o       RAPPORTS  ENTRK  LES  AXÏ!S  DE  DOUBLR 

d'indiquer  leurs  signes  fondamentaux  et  de  rappeler  la 
loi  de  symétrie. 

Les  formes  primitives  non  limites  peuvent  avoir  une , 
deux  ou  trois  différentes  espèces  de  faces.  Dans  le  pre- 
mier cas  toutes  les  faces  sont  égales  ,  la  lettre  H  leur 
sert  de  signe  commun  ;  c'est  ce  qui  a  lieu  pour  le  rhont' 
hoïde  y  l'octaèdre  à  triangles  isocèles  ou  scalènes  égaux 
et  le  dodécaèdre  bipyramidal.  Dans  le  second  cas  le  so- 
lide est  composé  de  deux  espèces  de  faces  égales  par 
paires  ,  mais  différentes  d'une  paire  à  l'autre  ;  les  paires 
d'une  même  espèce  portent  le  signe  P ,  les  autres  le  signe 
ili/.  Dans  le  prisme  droit  à  base  rhombe  ou  carrée ,  on  a 
deux  paires  avec  un  signe  et  une  troisième  paire  avec 
l'autre.  Dans  l'octuèdre  à  base  rectangle  ,  on  a  deux 
paires  de  chaque  espèce.  Enfin  ,  le  troisième  cas  a  lieu 
lorsqu'il  y  a  trois  espèces  de  faces  égales  deux  à  deux 
comme ,  par  exemple ,  dans  le  prisme  droit  à  base  rec- 
tangle ,  les  trois  lettres  PMT  servent  à  distinguer  une 
paire  de  l'autre.  Des  signes  indicateurs  du  même  genre 
sont  attribués  aux  côtes  et  aux  angles  solides  du  cristal 
générateur  ,  pour  les  uns,  on  se  sert  des  consonnes 
£,  C,  D,  G,H ,  pour  les  autres ,  des  voyelles  ^4 ,  Ë,  O,  e. 

La  plupart  des  cristaux  observés  dans  la  natiu-e  sont 
des  formes  secondaires  produites  sur  le  solide  fonda- 
mental par  un  certain  grouppement  de  molécules  qui 
a  lieu  tantôt  parallèlement  aux  arêtes  ,  tantôt  oblique- 
ment à  elles  ,  c'est-à-dire  sur  les  angles.  La  loi  de  sy- 
métrie veut  que  lorsqu'une  face  secondaire  est  produite 
ainsi  par  un  dccroisseraenj:  quelconque  ,    le  même  dé- 


néFRACTION   ET   LA   FOTIME   DES   CRtSTAUX.  4l 

croissement  ait  aussi  lieu  sur  tous  les  côtés  ou  angles 
semblables  à  celui  qui  a  d'abord  été  modifié.  Il  en  résulte 
que  la  forme  primitive  est  masquée  en  tout  ou  en  partie 
par  des  faces  additionnelles  qui  ,  dans  le  premier  cas  » 
produisent  de  nouveaux  solides  ,  dont  on  peut  déduire  la 
véritable  forme  primitive  par  des  lois  ordinairement  fort 
simples.  On  trouvera ,  dans  la  suite  de  ce  travail ,  quel- 
ques développemens  relatifs  à  ce  que  nous  venons  de 
dire. 

Voici  maintenant  sous  quelle  forme  on  peut  pré- 
senter la  loi  qui  résidte  des  observations  de  Mr.  Brewster. 

i.^  Le  cas  d'un  seul  axe  de  double  réfraction  n'a  lieu 
que  lorsque  les  cristaux  sont,  ou  peuvent  être  ramenés 
à  des  formes  primitives  n'ayant  qu'une  seule  espèce  de 
faces  P  symétriquement  disposées  autour  de  \axe  du 
noyau.  Ces  formes  ont  été  nommées  plus  haut  ;  obser- 
vons seulement  ici  que  le  prisme  hexaèdre  régulier  qui  a 
deux  espèces  de  faces  et  qui  se  présente  très-fréquemment 
comme  forme  secondaire  peut  être  regardé  comme  ayant 
été  produit  sur  un  noyau  rhomboidal  hypothétique  (i), 
et  que  le  prisme  droit  à  base  carrée  se  déduit  aussi  avec 
la  plus  grande  facilité  d'un  octaèdre  à  base  du  même 
genre.  Le  dodécaèdre  bipyrainidat  considéré  comme 
forme  primitive  rentre  ainsi  qu'on  le  voit ,  dans  notre 
définition.  Le   point  essentiel  est  que  les  faces  qui  en- 


(i;  On  pourroit  aussi  ramener  le  prisme  hexaèdre  à  un  dodécaèdre  bipy- 
ramidal  par  un  décroissemer.l  produit  sur  tous  Us  bords  de  ses  bases. 
Htm.  de  la  Soc.  de  Fhys.  et  d'H.  nat  T.  I." 


6 


;-«' 


42  RAPPOnTS   ENTRE   LES    AXES   DE   DOUBt.E 

tourent  Vaxe  de  ces  différens  solides  sont  toutes  sem- 
blablement  disposées  par  rapport  à  lui ,  et  par  conséquent 
par  rapport  à  l'axe  de  double  rétraction  qui  se  confond 
toujours  ici  avec  le  premier. 

2.**  Le  cas  de  deux  axes  de  doulîle  réfraction  a  lien 
toutes  les  fois  que  la  forme  primitive  a  au  moins  deux 
espèces  de  faces  qui  ne  peuvent  être  ramenées  aux  so- 
lides précédons.  Ce  cas  a  encore  lieu  lorsque  ny  ayant 
qu'une  seule  espèce  de  faces  ,  elles  sont  dissemblable^ 
ment  situées  par  rapport  à  Vaxe ,  comme  dans  Y  octaèdre  à 
base  rhomboïdale.  On  a  dans  cet  octaèdre  huit  triangles 
scalènes  égaux ,  mais  dont  quatre  sont  placés  dans  un 
certain  sens  relativement  à  la  diagonale  ,  tandis  que  les 
quatre  autres  suivent  un  sens  opposé  :  l'influence  de  cette 
forme  sur  les  phénomènes  optiques  se  fait  apercevoir 
dans  le  soufre  transparent  que  Mr.  Brewster  a  soumis  à 
l'observation  et  qui  lui  a  présenté  les  deux  axes  distinct- 
tement  séparés. 

Quelques  exceptions  viennent  s'opposer  à  la  générali-' 
sation  de  ces  résultats ,  il  est  probable  cependant  que  des 
recherches  plus  étendues  finiront  par  les  faire  dispa- 
roître.  Selon  Mr.  Brewster  les  carbonates  de  Baryte  et  de 
Strontiane  ont  deux  axes  (i)  ;  selon  Mr.  Haiiy  ,  leur 
forme  primitive  est  un  rhomboïde  ;  nous  n'avons  pas  pu 


(i)  Mr.  Brewster  «'étant  servi  à  ce  qu'il  paroît  du  grand  traité  de  mi- 
néralogie ,  indique  pour  forme  primitive  de  ces  substances  le  prisme 
hexaèdre  ;  mais  la  diiSculté  est  la  même  vu  le  rapport  qui  existe  entre 
cette  forme  et  celle  qu'a  dé&niiivemem  adoptée  Mr.  Haiiy. 


RÉFRACTION   ET   LA    FORME   DES    CRISTAUX.  43 

confirmer  la  première  assertion  à  cause  de  la  rareté  des 
deux  substances,  mais  en  supposant  le  fait  incontestable, 
je  ne  vois  pas  comment  on  pourra  le  concilier  avec  les 
résultats  de  la  cristallographie  qui  de  leur  côté  paroissent 
décisifs.  Cette  difficulté  n'est  pas  la  seule ,  Mr.  Brewster 
croit  devoir,  en  outre,  faire  sortir  de  la  première  classe 
le  prisme  droit  à  base  carrée  pour  le  placer  dans  la  se- 
conde, en  raison  du  nombre  de  cas  dans  lesquels  il  y  a 
reconnu  l'existence  des  deux  axes.  J'ai  préféré  rétablir  la 
loi  des  faces  symétriques  autour  de  \axe  dans  toute  sa 
généralité  ,  parce  que  ,  parmi  les  exceptions  données  par 
Mr.  Brewster ,  les  vmes  n'existent  plus  et  que  les  autres 
paroissent  susceptibles  de  quelques  mudifications.  D'ail- 
leurs un  grand  nombre  de  substances  qui  affectent  cette 
forme  n'offrent  qu'un  seul  axe  de  double  réfraction  ,  l'ido- 
crase,  l'urane  oxidé,  le  titane  oxidé  en  sont  des  exemples. 
Nous  avons  dit  :  i.'*  que  le  nombre  des  exceptions  dimi- 
nuoit ,  témoin  la  mésotype  sur  laquelle  rouloit  la  prin- 
cipale difficulté  ,  cette  substance  qui  lors  de  l'époque  oh 
parut  le  mémoire  de  Mr.  Brewster  étoit  regardée  comme 
appartenant  au  prisme  droit  à  base  carrée,  est  douée  de 
deux  axes;  résultat  rendu  nécessaire  par  le  changement  qu'a 
subi  sa  forme  primitive  (i).  Nous  avons  dit  2.°  que  quant 
aux  autres  exceptions,  on  pouvoit  espérer  quelque  chan- 

(i)  Mr.  Hauy  avoit  d'abord  adopté  le  prisme  à  base  carrée  si  la  forme 
primitive  de  cette  substance,  mais  depuis  peu  et  indépendamment  de  toute 
considération  optique  ,  ce  savant  célèbre  a  trouvé  que  la  véritable  forme 
étoit  un  prisme  droit  à  base  rhomboïdalc  ,  solide  ,  qui  d'après  notre  dé- 
finition comporte  deux  axes  ,  ensorte  que  la  contradictioa  n'existe  plus. 


44  RAPPOHTS    ENTRE   LES    AXES   DE    DOUBLE 

gement  ;  en  effet ,  les  substances  à  base  carrée ,  dans  les- 
quelles Mr.  Brewster  a  trouvé  deux  axes ,  sont  des  sels 
chimiques  difficiles  à  étudier  sous  le  double  point  de  vue 
de  la  cristallographie  et  de  l'optique  et  qui  par  cela  même 
permettent  de  croire  qu'après  un  nouvel  examen  on  verra 
disparoître  les  anomalies  quils  présentent.  Enfin  ,  les 
micas  sur  lesquels  Mr.  Biot  a  fait  tant  d'observations  re- 
marquables et  qui  sont  consignées  principalement  dans 
les  mémoires  de  l'Académie  royale  des  sciences,  Tom.  I.", 
offrent  une  troisième  difficidté  plus  embarrassante  que 
les  précédentes  dans  l'état  actuel  de  la  science.  Sur  des 
échantillons  auxquels  jusqu'à  présent  on  a  donné  la  même 
forme  primitive  et  qu'on  a  considérés  comme  appartenans 
à  la  même  espèce  ,  ce  célèbre  physicien  a  observé  tantôt 
un  axe  de  double  réfraction ,  tantôt  deux  dont  l'écarté-' 
ment  est  variable.  Nous  reviendrons  plus  tard  sur  cette 
dernière  substance  ,  elle  mérite  à  plus  d'un  égard  de  fixer 
l'attention  du  physicien  et  du  minéralogiste  (i). 

Si  la  règle  qui  établit  un  rapport  entre  le  nombre  des 


(i)  Tout  ce  passage  existe  dans  le  mantiscrit  déposé  sur  le  bureau  de  la 
Société  philomatique ,  en  Février  1820,  manuscrit  qui  se  trouve  actuel- 
lement entre  les  mains  de  MM.  Biot,  Cauchy  et  Arago  rapporteurs 
du  mémoire  ,  je  n'ai  pas  cru  devoir  le  changer  quoique  Mr.  Brewster  ait 
depuis  peu  rectifié  l'anomalie  An  prisme  droit  à  base  carrée  ;  je  dois  cepen- 
dant dire  ici  que  Mr.  Brewster  avoit  dès  l'origine  pressenti  que  cette  ano- 
malie disparoitroit  de  sa  loi  ,  après  de  nouvelles  observations  ,  et  quoique 
les  modifications  que  ce  savant  physiciea  a  faites  à  sou  travail  ,  soient 
postérieures  à  la  lecture  de  ce  mémoire,  on  doit  les  considérer  comme  en 
tant  toui-a-fait  indépendantes  ,  puisque  je  n'ai  jusqu'à  présent  rien  publié 
sur  cette  matière. 


nÉFRACTION   ET   LA    FORMK   DES   CRISTAUX.  45 

axes  et  la  forme  primitive  présente  encore  quelques  points 
à  éclaii'cir  ,  quelques  objections  à  résoudre  ;  celle  de  la 
position  symétrique  des  mêmes  axes  autour  de  certaines 
faces  primitives  ou  secondaires  des  cristaux,  n'en  a  point 
offert  jusqu'à  présent.  Il  est  à  croire  qu'il  en  sera  de  même 
pour  les  observations  quon  pourra  faire  dans  la  suite. 
C'est  en  effet  une  conséquence  naturelle  des  lois  de  la 
cristallisation  et  de  la  position  symétrique  des  axes  autour 
de  la  ligne  moyenne. 

La  symétrie  que  nous  cherchons  à  établir  est  rendue 
évidente  par  le  tableau  qui  précède.  On  y  voit  que  les 
axes  de  double  réfraction  sont   toujours  en  rapport  avec 
les  faces  du  cristal  primitif,  et  ce  rapport  a  lieu,  soit  dans 
la  position  de   leur  plan  ,  soit  dans  la  direction  de  leur 
ligne   moyenne  ;   cette  ligne  a  des    relations   semblables 
avec  les  faces  semblables  de  chaque  paire  ;  nous  n'avons 
pas  donné  sur  sa  position  relative  tous  les  détails  qu'on 
pourroit  désirer  dans  un  tableau  général ,   parce  que  ses 
rapports  avec  un  ordre  de  faces  étant  connus ,  on  en  dé- 
duit les  autres  avec  la  plus  grande  facilité.  Prenons  pour 
exemple   la  cymophane  ,    nous  avons   dit  que   sa  ligne 
moyenne  étoit  parallèle  aux  arêtes  du  prisme  ;  cette  seule 
donnée  suffit  avec  la  forme  du  cristal  pour  voir  que  la 
ligne  moyenne  est  aussi  parallèle  aux  faces  Met  '_r  et 
qu'elle  est  perpendiculaire  aux   bases  P  ,  etc.    La  chaux 
sulfatée  et  le  fer  phosphaté  (i)  ne  présentent  un  rapport 


(i)  Des  raisons  étrangères  à  ce  travail  nous  ont  fait  diflërer  de  publier  les 
résultats  relatifs  à  cette  dernière  substance. 


46       RAPPOnTS  ENTRE  LES  AXES  DE  DOUBLE 

avec  les  phénomènes  optiques  qu'en  les  convertissant 
en  cristaux  secondaires ,  mais  comme  ces  nouvelles  formes 
résultent  des  lois  mêmes  de  la  cristallisation  ,  et  qu'on  en 
peut  déduire  la  véritable  forme  primitive ,  cette  espèce 
d'anomalie  rentre  dans  la  loi  générale  de  symétrie  et  ne 
peut  pas  être  regardée  comme  une  exception. 

D  sera  peut-être  utile  d'entrer  maintenant  dans  quel- 
ques détails  ultérieurs  ;  en  observant  avant  tout  que  ce 
travail  est  fondé  sur  des  expériences  de  Mr.  Biot ,  et  qu'il 
repose  en  outre  sur  des  considérations  dont  les  premières 
idées  lui  appartiennent.  Je  dois  les  unes  et  les  autres  à 
une  complaisance  aussi  précieuse  que  peu  commune  et 
dont  je  ne  saurois  trop  témoigner  ici  toute  ma  recon- 
noissance  (i). 

ToPASE.  [Silice fluatée  Alumineuse ^  Haûy). 

Mr.  Biot  ayant  soumis  à  l'expérience  ,  divers  échan- 
tillons de  ce  minéral  a  trouvé  que  l'angle  des  axes  de 
double  réfraction  est  sujet  à  varier  d'un  échantillon  à 
l'autre ,  lorsque  la  substance  n'est  pas  tout-à-fait  pure  5 
tandis  qu'il  paroît  demeurer  constant  dans  des  mor- 
ceaux parfaitement  hmpides.  Les  variations  dans  l'écarte- 

(1)  Le  rapport  de  symétrie  déjà  sensible  relativement  aux  faces  du  solide 
primitif,  se  fait  bien  mieux  sentir  par  la  transformation  du  noyau  en  un 
cristal  secondaire ,  dans  lequel  la  ligne  moyenne  consene  la  même  po- 
sition relative  ,  c'est-à-dire  ,  est  parallèle  à  l'axe  du  cristal.  Nous  verrons 
plus  bas  que  toutes  les  substances  que  nous  avons  étudiées  sont  susceptibles 
d'être  ramenées  à  une  forme  commune  ,  rigoureuse  ,  ou  très-approximative 
et  qui  satisfait  à  cette  condition. 


RÉFRACTION   ET   LA    FORME    DES    CRISTAUX.  'ij 

ment  des  axes  n'influent  point  sur  leur  position  symétrique, 
comme  on  peut  s'en  assurer  en  consultant  les  figures  et 
le  tableau.  Voyons  maintenant  de  quelle  manière  nous 
avons  procédé  pour  déterminer  cette  position.  Après  avoir 
clivé  un  cristal  de  topase  incolore  du  Brésil  parallèlement 
aux  bases  des  pyramides,  Mr.  Biot  a  déterminé  au  moyen 
des  caractères  de  polarisation  ,  qu'il  a  fait  connoître  dans 
ses  ouvrages ,  la  ligne  d'intersection  de  la  base  par  le  plan 
des  axes  qui  lui  est  perpendiculaire  ,  et  a  tracé  cette 
ligne  sur  la  lame  qu'il  observoit. 

I^ig.  I  ,  2.  En  comparant  l'intersection  donnée  00' 
avec  les  faces  latérales  du  cristal  j'ai  facilement  pu  recon- 
noître  qu'elle  étoit  parallèle  aux  arêtes  de  jonction  des 
faces  P  (i)  et  que  la  ligne  moyenne  ,  perpendiculaire  au 
plan  de  clivage ,  devoit  en  conséquence  passer  par  Vaxe 
même  du  noyau.  De  cette  double  relation  il  résulte  que  les 
axes  ^X ,  AX ,  forment  des  angles  égaux  de  part  et 
d'autre  des  faces  M,  quelque  soit  d'ailleurs  leur  degré 
d'écartement.  Un  échantillon  bien  pur  provenant  du 
Brésil  présente  des  axes  situés  à  très-peu  près  dans  le  plan 
même  des  faces  Ji,  puisque  leur  distance  de  la  ligne 
moyenne  est  pour  chacun  d'eux   d'environ    28° ,    3o'  et 

(i)  Mr.  Biot  a  iaséré  dans  le  bulletin  des  sciences  de  la  Société  philo- 
matique  ,  Février  1820,  une  note  sur  des  topases  ,  dans  lesquelles  outre  la 
variation  déjà  observée  sur  l'écartement  des  axes  ,  il  a  trouvé  de  plus  une 
intensité  de  réfraction  beaucoup  plus  grande  qu'à  l'ordinaire  ;  cette  ditfé- 
rence  qui  tient  peut-être  à  quelque  changement  de  composition  ,  n'infitte 
en  rien  sur  les  rapports  de  symétrie  ,  comjne  Mr.  Biot  l'observe  lui- 
même. 


48       BAPPOHTS  ENTRE  LES  AXES  DE  DOUBLE 

que  l'incidence  de  M  sur  la  face  de  retour  est  de  $7°, 
^8'  (i). 

La  forme  primitive  de  la  Topase  telle  qu'elle  est  donnée 
par  Mr.  Haiiy  dans  son  tableau  comparatif  est  un  oc- 
taèdre rectangulaire  dans  lequel  l'incidence  de  P  sur  P' 
est  de  88°,  2',  et  celle  de  ilf  sur  M  de  122" ,  42',  {fig.  i , 
lab.  comp.,  p.   17). 

En  supposant  que  l'ancienne  forme  primitive  fut  la 
véritable  ,  on  y  reconnoîtroit  aisément  des  rapports  de 
symétrie  analogues  à  ceux  que  nous  avons  donnés  pour 
les  prismes  droits  rhomboïdaux. 

Arragonite. 

Forme  primitive.  Octaèdre  rectangidaire ,  dans  lequel 
l'incidence  de  J/sur  M  est  de  11 5°,  56'  et  celle  de  P  sur 
P,  de  109°,  28'.  {Tabl.  comp.,  pag.  6,  fig.  3). 

Une  lame  d'arragonite  extraite  d'un  cristal  parfaite- 
ment pur  d'Auvergne ,  a  fourni  à  Mr.  Biot  le  moyen  de 
déterminer  avec  certitude  la  position  du  plan  des  axes. 
La  section  de  ce  plan  sur  la  lame  (  qui  est  elle  même 
taillée  perpendiculairement  à  la  base  de  l'octaèdre  pri- 
mitif) se  trouve  passer  par  la  grande  diagonale  ou  axe 
du  noyau.  Voici  comment  je  m'en  suis  assuré.  La  ligne 
d'intersection  tracée  à  l'encre  sur  le  cristal  par  Mr.  Biot , 
passe  au  milieu  des  angles  aigus  d'un  rhombe  formé  par 
la  rencontre  de  lames  naturelles  de  clivage.  J'ai   mesuré 

{\)  On  doit  se  rappeler  que  les  axes  de  double  réfraction  ont  leur  angle 
d'écartement  partagé  en  deux  parties  égales  par  la  ligne  moyenne  et  que 
celle-ci  qui  n'est  autre  chose  ici  que  Xaxe  du  cristal ,  passe  par  le  milieu  de 
l'angle  qui  mesure  Tiucidence  des  faces  M. 


RÉFRACTION    ET   LA    FORME    DES    CRISTAUX.  4g 

avec  attention  les  angles  de  ce  rhombe ,  ils  se  sont  trouvés 
être  de  ii6°  et  64°,  c'est-à-dire,  précisément  ceux  qui  me- 
surent l'incidence  des  faces  iWentr'eUes. 

J^.  3.  L'axe  EE  qui  aboutit  aux  deux  angles  aigus 
du  rhombe  en  question  ,  se  confond  par  conséquent  avec 
la  ligne  d'intersection  ,  sur  la  position  de  laquelle  il  ne 
reste  plus  aucun  doute.  De  plus,  comme  le  plan  des  axes 
est  perpendiculaire  à  la  section  Ea  Ed.  {Fig.  3,  4), 
il  en  résulte  que  la  ligne  moyenne  est  parallèle  aux  arêtes 
de  jonction  des  faces  M ,  c'est  cette  ligne  que  Malus 
croyoit  être  l'axe  même  de  double  réfraction ,  erreur  facile 
à  commettre,  à  cause  du  peu  d'écartement  des  lignes  dans 
lesquelles  la  double  réfraction  est  nulle  ;  erreur  pour  ainsi 
dire  inévitable  ,  à  une  époque  où  la  possibilité  de  l'exis- 
tence de  deux  axes  n'étoit  pas  même  soupçonnée. 

On  pouvoit  conclure  de  cette  expérience  faite  sur  un 
cristal  simple  que ,  lorsqu'on  en  viendi'oit  à  étudier  des 
prismes  hexèadres  composés  de  la  juxta-position  de  plu- 
sieurs octaèdres  primitifs  ,  la  ligne  moyenne  demeureroit 
constamment  parallèle  aux  arêtes  du  prisme ,  tandis  que 
la  direction  du  plan  des  axes  varieroit  avec  la  position  des 
diagonales  de  chaque  cristtd  composant.  C'est  en  effet 
ce  que  l'expérience  a  démontré  ,  Mr.  Biot  a  fait  tailler 
en  plaque  parallèlement  à  la  base ,  l'extrémité  d'un  cristal 
d'arragonite  d'Espagne  (i)  ,   et  a  soiunis  la  lame  extraite 

(i)  Les  cristaux  d'arragonite  d'Espagne  étant  ordinairement  mariés  au 
centre,  ne  peuvent  être  étudiés  avec  quelqu'exactitude ,  qu'en  les  observant 
Uès-piès  de  leurs  bases. 

Mém.  de  la  Soc.  de  Phys.  et  d'H.  nat.  T.  I.  7 


5o       RAPPORTS  ENTRE  LFS  AXES  DE  DOUBLB 

de  cette  opération  à  une  suite  d'expériences ,  qui  ont  toutes 
donné  une  ligne  moyenne  perpendiculaire  au  cristal  5 
mais  les  lignes  d'intersection  des  plans  des  axes  variant 
de  position  sur  la  lame,  à  mesure  qu'on  observoit  une  autre 
position  du  cristal,  chacune  d'elles  s'est  trouvée  parallèle 
à  l'une  des  diagonales  des  octaèdres  partiels  qui  par  leur 
aggrégation  forment  le  prisme  hexaèdre  composé. 

Ces  variations  ,  qui  au  premier  coup-d'œil  ont  paru  en 
opposition  avec  le  système  de  cristallisation  adopté  par 
Mr.  Haiiy  pour  l'arragonite ,  viennent  au  contraire  à  son 
appui  par  leur  constante  symétrie  et  par  la  considéra- 
tion que  la  plupart  des  cristaux  d'arragonite  ne  sont 
pas  simples ,  mais  sont  les  résultats  de  grouppemens 
particuliers. 

L'olîjection  qu'en  tire  Mr.  Brewster  contre  la  forme 
primitive  octaèdre  ne  nous  paroît  donc  pas  concluante  : 
Dans  quelques  arragonites  ,  dit  -  il ,  le  prismç  hexaèdre 
«  est  composé  de  parties  irrégulières  ;  d'un  côté  le  plan 
»  des  axes  prend  une  certaine  direction,  de  l'autre  il  en 
»  prend  une  toute  différente  ;  si  l'arragonite  n'avoit  qu'un 
»  axe ,  l'explication  ingénieuse  de  Mr.  Haiiy  sur  la  struc- 
)>  ture  de  cette  substance  seroit  admissible,  mais  la  posi- 
»  tion  dissimétrique  des  deux  axes  de  double  réfraction 
»  autour  de  Vaxe  du  prisme  est  radicalement  incompa- 
»  tible  avec  la  forme  primitive  qui  lui  est  assignée  (i).b 
Telle  est  en  substance  l'opinion  de  Mr.  Brewster ,  ce  que 
nous  avons  dit  plus  haut  sert  à  la  combattre  ;  le  rapport. 

(i)  Voyez  le  3.°  volume  du  Plidosophical ,  Edimbourg  Journal j  p.  6, 
Cette  observation  est  antérieure  à  la  précédente. 


RÉFRACTION    ET   LA   FORME   DES   CRISTAUX.  5l 

de  symétrie  ne  doit  pas  être  cherché  dans  un  cristal 
dont  les  parties  ne  forment  pas  un  tout  homogène  et 
qui  par  cela  même  doi^'ent  agir  sur  la  lumière  indépen- 
damment les  unes  des  autres. 

La  forme  primitive  de  Mr.  le  Comte  de  Bournon  est 
un  prisme  droit  à  base  rhomboïdale  ,  cette  forme  qui 
n'est  point  incompatible  avec  celle  de  Mr.  Haiiy  ,  (  puis- 
quelles  peuvent  aisément  se  déduire  l'une  de  l'autre  )  , 
convient  comme  celle  que  nous  avons  adoptée  à  tous  les 
phénomènes  dont  nous  venons  de  donner  ici  le  détail. 

Les  axes  de  double  réfraction  sont  écartés  d'environ  9° 
chacun  de  la  ligne  moyenne ,  selon  les  observations  de 
Mr.  Brewster.  La  loi  des  sinus  donnée  par  Mr.  Biot  a 
présenté  le  même  résvdtat  dans  le  cristal  dont  nous  a^  ons 
parlé.  Comme  la  hgne  moyenne  est  perpendiculaire  à  la 
section  principale  ,  et  passe  dans  le  plan  de  la  base  ,  il  est 
évident  {fig-  4),  que  les  axes  font  avec  les  faces  M ,  des 
angles  E  A'^ ^  EA'X  égaux  entr'eux;  peut-être  existe- 
t-il  des  faces  secondaires  dont  l'incidence  réciproque  est 
telle  que  les  axes  passent  dans  levir  plan  ,  mais  si  ce  cas 
particulier  se  présentoit,  il  n'ajouteroit  que  peu  de  chose 
à  la  confirmation  du  rapport  de  symétrie  que  nous  cher- 
chons à  établir. 

La  constitution  optique  de  l'arragonite  complètement 
d'accord  avec  son  système  de  cristallisation,  soit  par  rapport 
au  nombre  des  axes ,  soit  par  rapport  à  la  position  de 
leur-  plan  ,  démontre  plus  que  jamais  i'impossibihté  qu'il  y 
a  de  réunir  cette  substance  à  la  chaux  carbonatée  5  mais 
la  séparation   des  deux   espèces  est    trop  généralement 


5b  rapports  entre  les  axes  de  double 

atloptée  aujourdimi  pour  qu'il  soit  nécessaire  de  la  mo- 
tiver ici  par  de  nouveaux  argumens ,  d'autant  plus  qu'on 
a  reconnu  dès  l'abord,  dans  l'action  de  la  chaux  car- 
bonatée  et  de  l'arragonite  siu-la  lumière,  des  pliénomènes 
incompatibles. 

Mica  rhomboïdal, 

Nous  devons  aux  importantes  recherches  de  Mr.  Biot 
sur  cette  substance  plusieiu-s  résultats  remarquables  (i). 
Les  principaux  sont ,  la  variation  du  nombre  des  axes  et 
les  ditïérences  qui  existent  dans  leur  écartement ,  suivant 
la  nature  des  lames  observées.  Une  seule  chose  est  com- 
mune à  tous  les  micas ,  c'est  la  perpendicularité  du  plan 
des  axes  sur  la  base  du  cristal  primitif;  car ,  quant  à  sa 
direction ,  nous  allons  voir  naître  encore  une  troisième 
difficulté.  Dans  les  micas  à  deux  axes  ,  qui  sont  ceux 
qui  nous  occupent  maintenant ,  la  ligne  moyenne  étant 
perpendiculaire  aux  deux  diagonales  de  la  base,  on  a  pour 
l'incidence  des  axes  sur  la  base  des  angles  P'X'E,  P'XE 
{Fig.  5),  égaux  entr'eux,  quelque  soit  d'ailleurs  la  di- 
rection de  la  ligne  d'intersection  ;  Mr.  Biot  avoit  observé 
que  cette  ligne  paroissoit  tantôt  passer  selon  la  petite 
diagonale  ,  tantôt  selon  la  grande  ;  cette  espèce  d'osciUa- 
tion  entre  deux  positions  rectangidaires  étoit  peu  natu- 
relle à  admettre  ;  l'existence  d'un  clivage  surnuméraire 
faisant  avec  la  petite  diagonale  des  angles  de  3o°  et  que 

(i)  Consultez  à  ce  sujet  le  beau  mémoire  sur  l'utilité  des  lois  de  la  pola-; 
risation  de  la  lumière  ,  inséré  dans  le  Tom.  !•«'  des  Mémoires  de  l'Académie 
Royale  des  sciences  ,  an.  1816 


RÉFRACTION   ET   LA   FORME   DES   CRISTAUX.  55 

Mr.  Biot  a  observé  sur  un  grand  nombre  d'échantillons , 
nous  donne  la  clef  du  phénomène  (i). 

En  effet ,  ce  clivage  peut  être  confondu  avec  celui  qui 
donne  la  véritable  forme  primitive ,  puisque  la  seule  dif- 
férence est  qu'il  produit  les  angles  de  60"  là  où  sont  les 
angles  de  120°,  et  vice  versa  (2).  On  peut  conclure  de 
là  que  la  grandeur  des  diagonales  varie  seule  suivant  la 
manière  dont  on  a  clivé  la  lame,  tandis  que  la  position 
de  la  ligne  d'intersection  ou  du  plan  des  axes  est  inva- 
riable ;  mais  il  en  résulte  du  doute  sur  la  véritable  place 
qu'on  doit  lui  assigner  ,  voici  les  raisons  qui  m'ont  déter- 
miné à  préférer  la  grande  diagonale  ,  raisons  peu  fortes  , 
il  est  vrai ,  mais  qu'on  peut  cependant  adopter  jusqu'à  ce 
que  de  plus  concluantes  viennent  à  les  appuyer  ou  à  les 
combattre  (3). 

(i)  Ce  clivage  a  lieu  parallèlement  à  des  faces  secondaires  qui  seroient 
données  par  le  décroissement  décroissement  ^G^jqui  reproduit  la  forme 
primitive. 

(2)  La  figure  i4  servira  à  faire  comprendre  l'espèce  de  métastase  dont 
il  est  question  ici.  Le  rliombe  EAEA  représente  la  forme  primitive  vue 
par  sa  base  •,  G  G  est  la  ligne  d'intersection  passant  par  la  grande  diagonale. 
Le  rhombe  EHEH  est  celui  que  produit  le  décroissement  ^G^  ;  on  voit 
que  la    ligne  d'intersection  passe  par  la  petite  diagonale. 

(3)  Un  nouveau  travail  que  j'ai  fait  sur  les  micas  me  semble  confirmer 
l'existence  du  plan  des  axes  dans  l'une  et  dans  l'autre  diagonale  ;  l'opinion 
de  Mr.  Biot  sur  la  possibilité  qu'il  existe  plusieurs  espèces  confondues  dans 
le  genre  mica  acquiert  par  ce  fait  même  une  nouvelle  force.  Mais  cette 
distinction  à  faire  entre  des  substances  différentes  sort  de  notre  sujet ,  et 
nous  ne  nous  attachons  ici  qu'à  prouver  la  symétrie  des  axes  dans  la  seule 
espèce  de  mica  ,  dont  la  forme  primitive  paroît  être  celle  que  Mr.  Haiiy 
a  donnée  dans  son  traité,  (/^o/ez  la  noie  à  la  fin  du  Mémoire.) 


54       RAPPORTS  ENTRE  LES  AXES  DE  DOUBLE 

Parmi  les  nombreux  échanlillons  que  possède  Mr.  Biot , 
deux  ou  trois  offrent  dans  l'épaisseur  de  leurs  lames  des 
infiltrations  ferrugineuses  ayant  la  forme  du  rhombe  pri- 
mitif; l'intersection  du  plan  des  axes  passe  par  la  grande 
diagonale  de  ces  rhombes,  et  comme  U  est  naturel  de  penser 
que  des  infiltrations  ont  lieu  parallèlement  aux  faces  pri- 
mitives plutôt  que  parallèlement  à  un  clivage  supplémen- 
taire qui  est  toujours  moins  net,  j'ai  cru  pouvoir  en  inférer 
que  c'étoit  la  véritable  position  du  plan.  Si  de  nouvelles 
observations  prouvent  que  le  contraire  a  lieu  ,  ce  sera 
une  correction  à  faire  dans  notre  tableau,  mais  le  rapport 
de  symétrie  qui  seul  nous  importe  ici ,  n'en  sera  nullement 
affecté  (i). 

La  forme  primitive  du  mica ,  telle  qu  elle  a  été  déter- 
minée par  Mr.  Haiiy  est  un  prisme  droit  à  base  rhomboï- 
dale  dont  les  côtés  font  entr'eux  des  angles  de  60"  et  120°. 
Cette  forme  est  parfaitement  compatible  avec  l'existence 
des  deux  axes  ;  et  si  on  la  convertit  par  le  décroissement 
A  E    Jig,  1 5  ^  en  un  octaèdre  rectangulaire ,   on  apercevra 

clairement  le  rapport  de  symétrie.  Dans  ce  cas,  les  axes 
font  de  part  et  d  autre  des  faces  secondaires  et  des  angles 
égaux  entreux ,  tandis  que  la  ligne  moyenne  passe  par 
\axe. 

Mais  parmi  les  cristaux  observés  par  Mr.  Biot ,  surtout 
parmi  ceux  du  Vésuve  ,  il  en  est  dans  lesquels  les  deux 

(i)  Depuis  la  rédaction  de  ce  mémoire  je  me  suis  assuré  que  dans  les 
micas  dont  la  forme  paroît  être  celui  du  prisme  droit  rhomboïde  ,  le 
plan  des  axes  est  parallèle  aux  grandes  diagonales. 


BÉPRACTION   ET   LA   FORME  DES   CRISTAUX.  55 

axes  disparoissent  pour  n'en  plus  foriBer  qu'un  seul  ;  dans 
ce  cas ,  il  y  a  contradiction  avec  la  forme  primitive  rhom- 
boïdale.  Si  ces  cristaux  analysés  avec  soin  offrent  préci- 
sément la  même  composition  que  ceux  à  deux  axes ,  si  d'un 
autre  côté  le  prisme  rhombe  est  la  seule  forme  primitive 
qu'on  puisse  leur  attribuer,  la  contradiction  est  évidente, 
et  c'est  une  nouvelle  exception  à  la  généralité  de  la  loi  de^ 
Mr.  Brew^ster  (i).  Mais  comme  les  formes  secondaires  du 
mica  du  Vésuve  peuvent  être  attribuées  à  un  hexaèdre 
régulier .  il  est  possible  que  leur  analyse  vienne  s'unir 
encore  aux  caractères  physiques  pour  motiver  la  création 
d'une  nouvelle  espèce  (2). 

Nous  ne  prétendons  point  ici  décider  la  question  sous 
le  point  de  vue  minéralogique,  mais  les  micas  du  Vésuve 
et  de  Sibérie  considérés  par  rapport  aux  phénomènes 
physiques  qu'ils  présentent ,  doivent  être  soigneusement 


(i)  C'est  aussi  une  objection  contre  le  rapport  de  symétrie  ,  à  moins 
qu'on  ne  regarde  les  deux  axes  comme  séparés ,  mais  d'une  quantité  angu- 
laire assez  petite  pour  que  les  expériences  les  plus  délicates  ne  puissent 
pas  l'accuser. 

(a)  Mr.  Biot  dans  son  mémoire  sur  l'utilité  des  lois  de  la  polarisation  , 
observe  qu'il  existe  une  différence  assez  constante  dans  l'analyse  des  micas 
à  un  axe  et  à  deux  ,  tous  ceux  d'entre  ces  premiers  qu'on  a  soumis  à 
l'examen  ont  offert  une  quantité  notable  de  magnésie  ,  tandis  que  les  autres 
nen  ont  presque  point  donné;  il  seroit  donc  utile  qu'on  fit  des  recherches 
du  même  genre  sur  le  mica  du  Vésuve  ,  elles  trancheroient  la  question. 
Peut-être  trouveroit-on  aussi  un  moyen  sûr  de  distinguer  les  genres  talc 
et  mica  ,  le  premier  seroit  magnésien  ,  n'auroit  qu'un  axe  et  l'hexaèdre 
pour  forme  primitive  ;  le  second  n'auroit  point  de  magnésie  en  quantité 
notable ,  auroit  deux  axes  et  le  rhombe  pour  forme  primitive. 


56  RAPPORTS    ENTRE    LES    AXES   DE   DOUBLE 

distingués  ;  deux  substances  qui  produisent  des  effets 
différens  sont,  physiquement  parlant,  différemment  cons- 
tituées. Quant  à  la  séparation  des  espèces  minéralogiques , 
l'action  seule  des  corps  sur  la  lumière  ne  nous  paruît  pas 
suffire  pour  la  déterminer.  Tant  qu'il  restera  quelques  diffi- 
cultés sur  la  généralisation  des  lois  qui  nous  occupent, 
il  faudra  tenir  compte  des  résultats  de  la  cristallisation  et 
de  l'analise. 

Baryte  sulfatée. 

Forme  primitive,  fig.  6.  Prisme  droit  à  bases  rhombes 
dans  lequel  les  angles  du  prisme  sont  de  loi^Ss'  et  78" 
26',  le  rapport  des  côtés  B  et  G  est  à  peu  près  celui  des 
nombres  45  :  46  tab.  comparatif,  p.  53. 

Mr.  Biot  s'est  procuré  des  cristaux  bien  purs  de  Baryte 
sulfatée  d  Auvergne  ;  après  les  avoir  clivés  et  soumis  aux 
observations  accoutumées  ,  il  a  trouvé  que  leur  ligne 
moyenne  étoit  parallèle  à  la  petite  diagonale  de  la  base. 
Nous  nous  sommes-  assurés  que  le  plan  des  axes  étoit  per- 
pendiculaire aux  bases  en  observant  qu'il  coupoit  à  angles 
droits  les  arrêtes  de  jonction  des  faces  d  et  P,  d'un  cristal 
secondaire  appartenant  à  la  variété  époinlèe.  Quant  aux 
axes,  ils  forment  sur  le  prolongement  des  bases,  des  angles 
égaux  à  ceux  qui  mesurent  leur  écartemeut  de  la  ligne 
moyenne,  savoir  ^P'^'  =  P"^'^"=i"'^'^"==^'/"'-^, 
fig.  7.  Pour  rendre  le  raport  de  symétrie  plus  sensible  et 
le  ramener  à  ce  qu'il  est  dans  la  topase  ou  l'arragonite , 
îl  faut  convertir  le  prisme  en  un  octaèdre  à  base  rectan- 

gulaire  dont  le  signe  soit  ^^,  fi,g.  16  ,    savoir  la  variété 


RÉPRACTION   ET   LA   rOTlME   DES   CRISTAUX.  67 

binaire  raccourcie  de  Mr.  Haiiy ,  la  ligne  moyenne  A'  A" 
devient  \axe  du  cristal;  c'est  elle  cjue  iMalus  indique  pour 
son  axe  douljle  réfraction  ;  les  deux  véritables  axes 
sont  alors  également  éloignés  des  faces  d,  et  s'écartent 
d'environ  18°  3o'  de  la  ligne  moyenne  ,  d  après  Mr. 
Brewster. 

Péridoté 

Forme  primitive ,  Jîg.  8.  Prisme  droit  à  bases  rec- 
tangles ,  les  côtés  B,  C t  G  sont  entr'eux  comme  les 
nombres   11,   14,  25.  Tableau   comp.  page   62. 

M'étant  procuré  un  cristal  de  Péridot  sur  lequel  les  stries 
qui  sont  propres  aux  faces  ikfétoient  très-visibles,  et  qui 
renfermoit  en  outre  dans   son  intérieur  de  forts  indices 
du  clivage  parallèle  à  T,  je  l'ai  remis  à  Mr.  Biot  qui  l'a 
fait  tailler  dans  le  sens  des  bases  ,    et  qui  a  trouvé  que  le 
plan   des  axes  leur  est  parallèle.  Les  axes  en  se  croisant 
forment  entr'eux   un  angle  très-rapproché  du  droit  ,  en 
sorte  quil  est    difficile    de   déterminer   la  position  de  la 
ligne  moyenne  ;   nous   nous  sommes   cependant  assurés 
quelle  est  située  dans  le  sens  du  clivage  7';   par  consé- 
quent les  axes   font  sur  les  arêtes  B  ou  les    faces   T  du 
prisme  des  angles  dincidence  égaux  entr'eux  et  égaux  à 
ceux  qui  mesurent  leur  écartement  de  la  ligne  moyenne. 
La  forme  primitive  du  péridot  est  un  premier  exemple 
d'un  solide  à  trois  ordres   de   faces,  égales   deux  à  deux 
P,  AI,  T  ;  solide  susceptible  d'être  ramené  à  un  cristal  «le 
deux  paires  de  faces  seulement  ;  en  etïet,  les  quatre  arêtes 
G  étant  égales  et  semislablement  placées,  subissent  simul" 
Mém.  de  la  Soc.  de  F/iy^.  et  d  H.  nat.  T.  1."  8 


58       RAPPORTS  ENTRE  LE3  AXES  DE  DOUBLE 

tauémentua  décroissejnent  qui  produit  quatre  faces  égales, 
sous  lesquelles  disparoissent  les  faces  M  et  Z"  du  prisme. 
Cette  transformation  rend  le  rapport  de  symétrie  encore 
plus  sensible ,  vu  que  la  ligne  moyenne  passe  par  la  pe- 
tite diagonale  ,  et  que  les  axes  tout  de  part  et  d'autre  des 
faces  secondaires  n  des  angles  égaux.  Le  nouveau  cristal 
a  lui-même  pour  signe  ^  ^  ■>  fi  g.  17.  C'est  un  prisme  droit 
à  base  rhombe. 

La  stilbite  et  la  cymophane  dont  les  formes  primitives 
sont  du  même  ordre  que  celle  qui  nous  occupe,  préseu- 
sentent  comme  le  péridot  un  rapport  évident  de  symi  trie  : 
prouvons-le  encore  pour  la  cymophane ,  il  seroit  peu  né- 
cessaire d'entrer  (ians  de  plus  grands  détails  sur  des  formes 
aussi  régulières  et  dans  lesquelles  les  phénomènes  opti- 
ques se  présentent  avec  aussi  peu  de  difficultés  j  l'exemple 
que  nous  venons  de  voir  et  ceux  qui  vont  suivre  suffisent 
pour  donner  une  idée  complète  de  l'action  des  prismes 
droits  à  bases  rectangles  sur  les  rayons  réfractés. 

Cymophane. 

Forme  primitive ,  fig.  9.  Prisme  droit  à  base  rectan- 
gulaire, dans  lequel  les  côtés  B,C,G,  soi>t  entr'eux  comme 
les  nombres  26,   17,  i4;  TiJjl.  comp. ,  page  3o. 

Les  faces  Al  sont  comme  dans  le  péridot  chargées  de 
stries  naturelles  et  même  on  aperçoit  assez  distinctement 
le  clivage  parallèle  k  T  ;  c'est  dans  le  plan  de  ce  clivage , 
c'est-à-dire  perpendiculaii'ement  à  la  base ,  que  passe  le 
plan  des  axes.  La  ligne  moyenne  se  trouve  dune  être  pa- 


RÉFRACTION    ET   LA    FORME   DES   CRISTAUX.  69 

rallèle  aux  arêtes  et  aux  faces  du  prisme.  Les  axes  peu 
écartés  l'un  de  l'autre  font  sur  le  plan  de  la  base  des 
angles  d'incidence  égaux. 

La  forme  primitive  est  susceptible  d  être  ramenée  à  un 
solide  à  deux  ordres  de  faces  tel  que  le   cristal  secon- 

daire  ^  ^ ,  fig-  1 8.  On  aiu"a  alors  la  ligne  moyenne  parallèle 

à  la  petite  diagonale  de  la  base,  et  les  axes  symétriques  au- 
tour des  faces  secondaires  o  ;  ces  résultats  sont  dé- 
duits ainsi  que  les  précédens  d'observations  faites  par 
Mr.  Biot. 

Chaux  anhydro- sulfatée. 

Forme  primitive.  Prisme  droit  à  bases  rectangles  dans 
lequel  les  arêtes  B ,  C,  G ,  fig.  9  bis,  sont  entr'elles 
comme  les  nombres  10,  12  ,  9.  Mémoires  du  Muséum  , 
I."  vol. 

Mr.  Biot  qui  vient  de  faire  des  recherches  nouvelles 
sur  l'anhydrite ,  a  bien  voulu  m'en  communiquer  les 
principaux  résultats  ;  nous  allons  les  trouver  tout-à-fait 
conformes  à  ce  que  nous  avons  dit  jusqu'à  présent.  Le 
plan  des  axes  est  dans  celui  des  bases ,  et  la  ligne  moyenne 
est  parallèle  aux  arêtes  C ,  car  elle  passe  au  milieu  d'an- 
gles obtus  formés  par  la  rencontre  des  lignes  du  clivage 
surnuméraire  indiquées  dans  le  inémoire  de  Mr.  Haiiy  ; 
il  en  résulte  que  les  axes  font  des  angles  d'incidence 
égaux  sur  les  arêtes  B  ou  les  faces  T  qui  leur  corres- 
pondent. Le  clivage  surnuméraii-e  qui  est  très-visii)le  sur 
la  plupart  des  cristaux,  correspond  au  décroissement  'G'; 


6o  RAPPORTS    F.NTRE   LES    AXES   BE    DOUBLE 

en  convertissant  la  forme  primiti^  e  en  un  solide  à  deux 
paires  de  faces  au  moyen  de  ce  décroissement ,  on  obtient 
un  prisme  droit  à  base  rhombe  p'G\  Jjg,  ij^  dans   lequel 

les  axes  sont  symétriques  autour  de  r  (i),  et  enfin  si 
l'on  fait  disparoître  P  par  un  décroissement  sur  C  on  a 

\ octaèdre  rectangulaire  ''^'  ^ ,  flg.  i6  (2)  ,  où  non-seule-^' 

ment  la  symétrie  des  axes  est  conservée,  mais  où  l'on  a  de 
plus  la  ligne  moyenne  passant  par  la  diagonale  ou  axe 
du  solide.  Les  cas  précédens  sont  tous  susceptibles  d'être 
ramenés  à  ce  dernier  et  de  pouvoir  être  comparés  par 
cela  même ,  à  celui  qui  s'observe  dans  la  topase. 

L'intensité  de  la  doujjle  réfraction,  ainsi  que  la  manière 
dont  se  comportent  les  axes,  ditïèrent  beaucoup  dans  la 
chaux  anhydro- sulfatée  et  le  gypse  ;  le  seul  rapport 
qui  existe  entre  ces  deux  substances  est  la  position  du 
plan  des  axes  dans  la  base.  Lécartement  de  la  ligne 
moyenne  ,  (  pour  le  minéral  qui  nous  occupe  )  n'est  que 
de  18°  45  46',  d'après  les  expériences  et  les  calculs  de 
Mr.  Biot. 

Euclase. 

Forme  primitive.  Prisme  oblique  à  base  rectangulaire 
dans  lequel  l'incidence  de  P  sur  M  est  à  peu  près  de  i3o°. 

(i)  Les  faces  /■  existent  dans  quelques  cristaux  secondaires  ,  on  subs- 
tituera dans  la  fig.  17  ,  la  lettre  /■  à  la  lettre  n.  Les  phénomènes  étant 
semblables  dans  le  péridot  et  la  chaux  anhydro-sulfatée  ,  les  figures  de 
l'un  peuvent  servir  à  l'autre. 

{1)  On  peut  se  représenier  cet  octaèdre  en  prenant  celui  de  la  baryte  ; 
fig.  16  ei  eu  remplaçaut  M  par  o  et  d  par  /•. 


KÉFRACTION    ET    LA    FORME   DES    CRISTAUX.  Gl 

Mémoire     sur  la    cristallisalion    de    l' Euclase  ,    par 
Mr.  Haiiy ,  Mémoires  du  Muséum.  Flg.   lo. 

Les  nouvelles  observations  faites  par  Mr.  Biot  sur  cette 
précieuse  substance  prouvent  plus  que  jamais  de  quelle 
importance  est  l'étude  des  phénomènes  optiques  dans  lem* 
application  aux  lois  de  la  cristallisation.  En  effet ,  dans 
la  supposition  d'un  prisme  droit  rectangle,  première  forme 
adoptée  par  Mr.  Haliy  ,  on  auroit  eu  un  défaut  de  symé- 
trie qui  n'existe  point  ailleurs,  la  ligne  moyenne  auroit 
passé  par  l'une  des  diagonales  des  faces  T  et  les  axes  au- 
roient  correspondu  à  des  faces  différentes  sous  des  angles 
inégaux  :  cette  discordance  auroit  signalé  l'erreur. 

Cette  exception  à  la  règle  générale  qui  veut,  que  dans 
tous  les  cristaux  rigoureusement  susceptibles  d'être  ra- 
menés à  deux  paires  de  faces,  les  axes  soient  symétri- 
ques, disparoit  pour  l'euclase ,  par  le  fait  même  du  chan- 
gement qu'on  a  fait  subir  à  sa  forme  primitive.  Celle  que 
Mr.  Haiiy  a  donnée  s'accorde  parfaitement  bien  avec  les 
phénomènes  observés;  conuïie  nous  allons  le  voir. 

Mr.  Biot  a  inséré  dans  le  bulletin  des  sciences ,  Fé- 
vrier 1820  ,  les  résultats  de  ses  recherches.  Le  plan  des 
axes  est  situé  dans  celui  des  faces  T  du  prisme  ,  la  hgne 
moyenne  est  parallèle  aux  arêtes  B  ou  au  clivage  de  la 
face  P.  Par  conséquent  les  axes  font  des  angles  égaux 
de  part  et  d'autre  de  cette  face. 

L'Euclase  n'est  pas  susceptible  d'être  ramenée  rigou- 
reusement à  un  solide  de  deux  ordres  de  faces.  Un  ue 
peut  le  tajre  qu'approximativement. 

Avant  de  terminçr  cet  article,  je  vais  donner  une  nou- 


02  RAPPORTS   ENTRE    LES    AXES   DE    DOUBLE 

velle  preuve  de  la  concordance  des  phénomènes  optiques 
avec  ceux  de  la  cristallisation.  On  a  décrit  sous  le  nom  d'Eu- 
clasede  Sibérie,  une  substance  verdâtre,  très-dure,  très-fra- 
gile ,  se  clivant  en  lames  minces  et  qui  se  trouve  tantôt 
en  cristaux,  tantôt  en  feuillets  dans  la  gangue  de  la 
baikalite.  Un  minéralogiste  habile  dont  je  m'honore 
d'être  le  parent  et  l'ami,  Mr.  J.  Seguin  résidant  à  Saint- 
Pétesboarg ,  a  eu  la  complaisance  de  m'envoyer  quelques 
fragmens  de  cette  sulistance  et  un  modèle  de  sa  crista- 
lisation  ;  le  modèle  s'étant  perdu  il  ne  restoit  plus  qu'à 
consulter  le  clivage  ,  j'ai  voidu  pour  cela  m'en  remettre  à 
la  profonde  sagacité  de  Mr.  Haiiy,  possesseur  d  un  échan- 
tillon amorphe  de  cette  substance  qu'il  avoit  déjà  depuis 
long-temps  classée  dans  l'espèce  émeraucle  et  les  mor- 
ceaux que  j'ai  soumis  à  son  examen  l'ont  pleinement 
confirmé  dans  cette  opinion. 

On  doit  se  rappeler  quil  existe  des  bérils,  non-seule- 
ment très-fragiles ,  mais  encore  susceptibles  d'être  clivés 
en  lames  très-minces  parallèlement,  soit  à  l'aare,  soit  aux 
bases  ;  s'il  est  difficile  à  la  simple  inspection  de  les  re- 
connoître ,  il  n'en  est  pas  de  même  à  l'aide  d'observa- 
tions sur  la  réfraction  de  la  lumière.  Ces  observations 
ont  de  plus  l'avantage  d'être  décisives  dans  le  cas  qui 
nous  occupe.  Mr.  Biot  a  bien  voulu  étudier  avec  moi  la 
prétendue  Euclase  de  Sibérie  ,  elle  sest  trouvée  n'avoir 
qu  un  axe  de  double  réfraction  ;  la  croix  noii'e  et  les  an- 
neaux ayant  paru  comme  dans  le  béiil  ordinaire.  11  est 
donc  probable  maintenant  que  si  l'on  trouve  des  cris- 
taux bien  déterminés  de  cette  substance  dans  la  baikalite, 


RÉFRACTION    ET   LA    FORME   DES   CRISTAUX.  63 

leur  forme  confirmera  la  décision  que  viennent  de  donner 
deux  moyens  aussi  difïérens  l'un  de  l'autre  que  le  cli- 
vage et  la  double  réfraction. 

J'ai  observé  que  ce  béril  est  essentiellement  dychroïte. 
Vu  par  transparence  il  est  d  un  jaune  sale  dans  le  sens 
des  bases  et  d'un  beau  vert  perpendiculairement  à  cette 
direction.  Lorsqu'on  en  place  un  fragment  sur  un  dia- 
phragme et  qu'on  l'étudié  au  travers  dun  prisme  de 
chaux  carbonatée,  ce  dychroïsme  devient  plus  sensible  en- 
core. Les  deux  images  sont  de  deux  couleurs  différentes , 
l'une  bleu  foncé  l'autre  jaune,  dans  la  seconde  position; 
elles  sont  égales  en  intensité  et  en  couleur  dans  la  pre- 
fnière  ;  preuve  que  la  double  réfraction  ne  s'opère  que 
dans  un  seul  sens  et  que  dans  l'autre  elle  est  nulle  (i) 
les  rayons  étant  alors  transmis  parallèlement  à  l'axe  de 
double  rétraction  comme  à  celui  de  cristallisation. 

Chaux  sulfatée. 

Forme  primitive.  Fig.  ii.  Prisme  droit  à  base  pa- 
ralléiogrammique  obliquangle  de  ii3°  8'  et  66°  Bu'.  Les 
côtés  £,  C,  Q  sont  entr'eux  comme  les  nombres  i3  , 
l3,  32,  Tableau  Gompar.  ,    page  8. 

Le  rapport  de  symétrie  dans  cette  substance  paroît 
être  d  un  ordre  différent  que  celui  qui  s'observe  dans  les 
précédentes.  11  dépend  d  un  décroissement  secondaire  et 
ne  peut  être  saisi  relativement  au  noyau. 


(i)  Les  deux  faisceaux  sont  de  la  même  couleur  et  de  la  môme  intensité 
loiscpe  le  rayon  passe  parallèlement  à  un  axe  de  double  réfraction. 


64       RAPPORTS  EKTRE  LES  AXES  DE  DOUBLE 

Mr.  Biot  a  depuis  long-temps  indiqué  la  véritable  position 
de  la  ligne  moyenne  (i)  ,  il  croyoit  alors  que  cette  ligne 
étoit  l'axe  même  de  double  réfraction;  mais  Mr.  Brewster 
a  établi  ensuite  lexistence  des  deux  axes ,  écartés  l'un  de 
l'autre  denviron  60°.  Le  premier  l'ésultat  auquel  avoit 
été  conduit  Mr.  Biot  étoit ,  pour  ainsi  dire ,  inévitable 
dans  les  limites  des  expériences  usitées  pour  ce  genre 
d'observations.  En  effet ,  l'intensité  de  la  double  réfraction 
est  très-foible  pour  la  chaux  sulfatée  ;  dans  le  voisinage 
de  l'axe  ce  phénomène  est  insensible  et  les  phénomènes 
de  polarisation  autour  de  la  ligne  moyenne  sont  seinblables 
à  ceux  qui  auroient  lieu  autour  d'un  axe  ;  c'est-à-dire  que 
les  relations  qu  ils  ont  entr'eux  ne  diiïèrent  pas  sensible- 
ment dans  l'une  ou  lautre  supposition  ;  il  faut ,  pour  que 
les  différences  deviennent  visibles ,  rendre  les  angles  de  ré^ 
fraction  très -considérables  en  augmentant  la  densité  du 
premier  milieu  dans  lequel  les  rayons  se  meuvent  ;  c'est- 
à-dire  quil  faut  remplacer  l'air  qui  entoure  la  lame  observée 
par  un  liquide  très-réfringent.  En  faisant  les  observations 
de  cette  manière ,  Mr.  Biot  avoit  remarqué  des  phéno- 
mènes d'un  autre  ordre,  qui  dans  l'état  donné  de  la  science 
ne  pouvoient  être  expliqués.  Ce  célèbre  physicien  avoit 
donc  dû  se  contenter  de  consigner  fidèlement  le  résultat 
de  ses  observations  dans  une  table  quon  peut  retrouver 
au  IV.^  volume  de  son  Traité  de  Physique ,  et  ces  obser- 
vations sont  si  exactes  qu'elles  se  trouvent  toutes  rigou- 
reusement expliquées  par  la  découverte  de  Mr.  Brewster 


(i)  Traité  de  physique  ,  toia.  IV ,  pag.  3o. 


RÉFRACTION    ET    LA   TORMB    DES    CRISTAUX.  65 

qui  lui-même  a  fait  remarquer  cette  concordance.  La  loi 
des  sinus  de  Mr.  Biot  pour  le  cas  des  deux  axes ,  con- 
firme maintenant  toutes  ces  données  de  l'observation  ; 
c'est  une  preuve  de  plus  de  la  similitude  qui  a  toujours 
été  trouvée  entre  les  résultats  de  l'expérience  et  ceux  de 
la  théorie. 

La  ligne  moyenne  coupe,  avons -nous  dit,  en  deux 
parties  inégales  les  angles  aigus  de  la  base  {fig.  12).  Les 
axes  de  doulJe  réfraction  font  donc  des  angles  inégaux 
avec  les  faces  ]M  et  T  du  prisme  ,  ou  les  cotés  B  ut  C 
de  la  base  ;  cette  dissimilitude  ,  (conséquence  nécessaire 
de  la  position  des  axes  qui  se  trouvent  rapportés  à  des 
pans  dont  les  dimensions  ne  sont  pas  les  mêmes) ,  faisoit 
un  contraste  avec  la  régularité  des  rapports  de  symétrie 
jusquà  présent  observés  ;  il  étoit  essentiel  de  trouver 
des  faces  telles  que  cette  condition  fut  remplie  5  aidé  du 
précieux  secours  de  Mr.  Biot,  j'ai  cherché  s  il  n'existoit 
point  de  faces  secondaires  qui  fussent  en  rapport  avec  la 
ligne  moyenne  et  qui,  étant  égales  en  dimensions  entr'eUes, 
correspondissent  également  à  lun  et  l'autre  axe;  cela  ne 
pouvoit  avoir  lieu  que  par  un  décroissement  parallèle  à  la 
ligne  moyenne.  Ce  décroissement  qui  se  déduit  des  données 
mêmes  de  Mr.  Biot ,  est  formé  par  trois  rangées  de  molé- 
cules en  largeur  à  droite  de  l'ai-ête  M.  Il  en  résulte  un 
prisme  droit  à  base  parallélogrammique  non  rectangle 
dont  le  signe  est  p^  ^  ,  fig.  i3  ,  et  dans  lequel  les  axes 
font  des  angles  d  incidence  égaux  sur  les  faces  ^,  de  part 
et  d  autre  des  grands  côtés  de  la  base ,  auxquels  la  ligne 
Mèm.  de  la  Soc.  de  Phjs.  et  d'H.  nat.  T.  1.  9 


66  RAPPORTS    ENTRE    LES    AXES    DE    DOUBLE 

moyenne  est  comme  nous  l'avons  observé  parallèle.  D  est 
facile  de  revenir  de  ce  prisme  secondaire  au  cristal  pri- 
mitif, par  le  décroissement  très-simple  de  ^  ^  ' . 

Il  est  possible  que  parmi  les  formes  analogues  à  celle 
de  lEuclase  et  de  la  chaux  sulfatée  (i)  ,  cest-à-dire, 
parmi  celles  qui  ne  sont  pas  susceptibles  d'être  rigoureu- 
sement ramenées  à  un  solide  de  deux  genres  de  faces ,  il 
se  trouve  plusieurs  cas  tels  que  celui  qui  vient  de  nous 
occuper;  il  pourra  se  présenter  alors  position  du  plan  des  axes 
telle,  quelle  nécessitera  une  construction  pour  rendre  ap- 
parent le  rapport  de  symétrie.  Cette  construction  tendra 
toujours  à  rapporter  les  axes  à  des  faces  de  même  nom , 
qu'on  cherchera  pour  cela  parmi  les  décroissemens  pa- 
rallèles ou  perpendiculaires  à  la  ligne  moyenne  (2)  ,•  ce 
qui  se  passe  dans  le  fer  phosphaté  vient  à  1  appui  de 
cette  supposition. 

Considérations  générales. 

Nous  avons  trouvé  que  les  axes  de  double  réfraction 
occupent  une  position  symétrique  relativement  à  de  cer- 
taines faces  d'un  cristal  primitif  ou  secondaire  ;  voyons 
s'il  n'est  pas  possible  de  pousser  plus  loin  ces  rappi'o- 
chemens. 

(i)  Si  l'on  renverse  la  position  delà  forme  primilive  de  l'Euclase  ,  c'est-à- 
dire  ,  si  l'on  fait  que  T devienne  la  base  ,  on  aura  une  forme  absolument  da 
même  genre  que  celle  qui  caractérise  le  noyau  primitif  du  gypse. 

(2)  Où  même  il  y  aura  des  cas  dans  lesquels  on  pourra  trouver  des  faces 
secondaires  faisant  des  angles  égaux  de  part  et  d'autre  de  la  ligne  moyenne. 


EÉFRACTION    KT    LA    FORME    DES    CRISTAUX.  67 

D'après  des  lois  déjà  bien  connues  et  que  les  travaux 
de  M/  Biot  ont  établies ,  la  plus  grande  ou  la  moindre 
vitesse  du  rayon  réfracté  extraordinaire  ,  a  lieu  dans 
une  ligne  perpendiculaire  au  plan  des  axes.  Si  l'on  sup- 
pose le  cristal  sur  lequel  on  fait  cette  expérience  ramené 
à  un  octaèdre  rectangulaire  dont  ïaxe  soit  la  ligne 
moyenne,  on  voit  que  la  ligne  de  plus  grande  ou  moindre 
vitesse  fait  des  angles  égaux  de  part  et  d'autre  des  se- 
condes faces  du  cristal ,  tandis  que  les  axes  de  double 
réfraction  sont  symétriques  aux  premières.  Ce  nouveau 
rapport  se  déduit  immédiatement  de  celui  que  nous  avons 
cherché  à  établir  dans  ce  mémoire. 

Prenons  pour  exemple  le  mica  rhomboïdal  ;  le  plan 
des  axes  passe  par  la  grande  diagonale  de  la  base  ,  donc  le 
plan  de  la  ligne  de  moindre  vitesse  (i)  est  parallèle  à  la 
petite  diagonale  du  même  rhombe;  cette  ligne  est  per- 
pendiculaire   aux   arêtes    H.    Si  l'on  convertit   le  mica 

en  l'octaèdre  ^  ^,  Jjg.  i5  ,  la  même  ligne v(^' fera  de  part 

d'autre  des  faces  o  des  angles  dincidence  égaux ,  tandis 
que  les  axes  seront  également  écartés  des  secondes  faces  d 
de  l'octaèdre. 

Le  rapport  est  plus  sensible  encore  dans  la  topase , 
parce  que  pour  cette  substance  il  n'y  a  point  de  cons- 
truction à  faire.  Le  plan  des  axes  est  perpendiculaire  aux 
plans  des  faces  31,  fig.  i ,  celui  de  la  ligne  de  plus  grande 
vitesse  l'est  donc  aux  plans  des  faces  F ,  et  la  ligne  elle 

(i^  Le  mica  est  répulsif ,  la  topase  attractive. 


68       RAPPORTS  ENTRE  LES  AXES  DE  DOUBLE 

même  fait  de  prut  et  d'autre  de  ces  secondes  faces  de  l'oc- 
taèdre des  angles  d'incidence  égaux. 

Maintenant  je  mène  au  sommet  d'un  octaèdre  rectanâu- 
laire  (i)  un  plan  tel  que  l'axe  lui  soit  perpendiculaire  (2), 
ce  plan  sera  parallèle  à  la  base  ;  je  suppose  que  sur  lui , 
tombe  un  faisceau  coiiique  de  lumière ,  tel  que  le  sommet 
soit  au  point  Afig.  2 1  et  que  l'écartement  de  ses  côtés  soit  égal 
à  celui  qu'il  faudroit  donner  à  des  rayons  incidens  placés 
sur  le  plan  des  axes  pour  qu'ils  fussent  transmis  paral-^ 
Içlernent  aux  axes  dans  le  cristal. 

Cela  étant  posé ,  il  est  évident  qu'il  se  formera  dans  le 
cristal  deux  cônes  de  rayons  réfractés  ,•  l'un  aura  pour 
base  un  cercle ,  ce  sera  celui  des  rayons  réfractés  ordi- 
naires ,  l'autre  aura  pour  base  une  ellipse ,  ce  sera  celui 
des  rayons  réfractés  extraordinaires.  Le  cercle  et  l'ellipse 
seront  tangens  aux  points  où  les  axes  de  double  réfracr^ 
tion  viendront  à  les  rencontrer  :  ces  bases  ou  ces  anneaux 
de  double  réfraction  seront  parallèles  à  la  base  même  du 
cristal;  le  plus  grand  écartement  de  l'ellipse  et  du  cercle 
aura  toujours  lieu  à  l'intersection  du  plan  de  plus  grande  ou 
moindre  vitesse;  le  minimum  de  l'écartement  des  rayons 
réfractés  aura  lieu  dans  le  plan  des  axes ,  et  pour  le  cas 
que  nous  avons  choisi  il  sera  nul ,  puisque  nous  faisons 
passer  le  faisceau  lumineux ,  de  façon  que  les  rayons  qui 
se  trouvent  dans  ce  plan  pénètrent  le  cristal  parallèle- 
ment aux  axes. 

(i)  Je  suppose  que  ce  soitua  cristal  attractif  ou  répulsif  indiiTéreniment. 
(2)  Ce  plan  est  par  conséquent  perpendiculaij:e  à  la  ligne  moyenne  AA\ 
qui  se  confond  avec  Xaxe. 


BÉFRACTION    ET    LA    FORME    DES    CRISTAUX.  Cg 

Pour  tous  les  cristaux  à  deux  axes  on  aura  le  même 
résultat  ,  la  trace  des  rayons  réfractés  sur  la  base  sera 
circulaire  pour  le  rayon  ordinaire ,  et  elliptique  pour  l'ex- 
traordinaire ;  pour  les  cristaux  à  un  seid  axe  les  deux 
traces  seront  circiUaires. 

L'ellipse  sera  inscrite  ou  circonscrite  au  cercle  selon 
que  le  cristal  sera  attractif  ou  répulsif  La  fïg.  1 9  ,  pour 
la  topase ,  et  la  jig,  20  pour  larragonite  ,  donnent  un 
exemple  de  l'un  et  de  l'autre  cas. 

La  trace  des  rayons  réfractés  étant  variable  ,  mais  le 
maxiiTium  et  le  minimum  de  l'écartement  ayant  lieu  sur 
des  plans  rectangulaires,  dont  l'un  est  relatif  à  la  symétrie 
des  axes  et  dont  l'autre  contient  une  ligne  symétrique 
aux  secondes  faces  de  cristal  ;  on  en  peut  conclure  im- 
médiatement que  les  rayons  réfractés  extraordinaires  qui 
passent  de  part  et  d'autre  de  la  ligne  moyenne  dans  ce 
plan,  sont  aux  secondes  faces  de  l'octaèdre,  ce  que  les  axes 
de  double  réfraction  sont  aux  premières  ;  et  en  effet  pour 
reprendre  le  cas  particulier  de  la  topase ,  les  faces  P  étant 
à  une  égale  distance  de  \axe  ,  fig.  \  ,  les  angles  qu'elles 
font  avec  les  rayons  réfractés  extraordinaires  au  maximum 
décartement  sont  égaux. 

Je  iTiène  par  les  axes  de  double  réfraction  ^ X,  ^  X' , 
fig.  21  ,  d'un  octaèdre  attractif  quelconque  des  plans  per- 
pendiculaires à  celui  des  axes  ,  je  fais  de  même  passer 
par  les  rayons  réfractés  extraordinaires  au  maximum  d  e- 


(i)  Je  le  prends  attractif  pour  fixer  les  idées,   le  même  raisouncment  a 
lieu  pour  le  répulsif. 


70       RAPPORTS  ENTRE  LKS  AXES  DE  DOUBLE 

cartement  des  plans  perpendiculaires  à  celui  de  plus  grande 
vitesse  et  j'obtiens  ainsi  une  pyramide  quadrangulaire 
qui  jointe  à  celle  qu'on  peut  construire  sur  la  seconde 
moitié  du  cristal ,  forme  un  octaèdre  à  base  rectangle 
inscrit  à  celui  qui  sert  de  forme  prinnitive  ou  secondaire; 
les  deux  octaèdres  ont  pour  axe  commun  la  ligne 
moyenne  AA' ;  les  côtés  de  leurs  bases  sont  parallèles, 
en  sorte  que  les  faces  correspondantes  sont  à  égale 
distance  les   unes   des    autres. 

Cet  octaèdre  optique,  si  je  puis  m'exprimer  ainsi,  existe 
dans  tous  les  cristaux  à  deux  axes ,  il  nous  reste  à  voir 
si  ces  mêmes  cristaux  ne  peuvent  pas  être  ramenés  à  des 
octaèdres  à  bases  rectangles  qui  soient  en  l'apport  de  sy- 
métrie avec  le  premier. 

Pour  la  topase  cette  symétrie  est  évidente  ,  puisqu'elle 
existe  dans  la  forme  primitive  de  la  substance  elle-même. 
Pour  Xarragonite ,  quoiqu'elle  soit  déjà  un  octaèdre  rec- 
tangulaire ,  comme  la  ligne  moyenne  est  perpendicu- 
laire à  \axe  ,  il  faut  construire  un  autre  octaèdre  in- 
verse du  premier  ;  c'est  ce  qu'on  obtient  en  remplaçant 
les  angles  A  par  quatre  plans  qui  fassent  disparoître  les 
faces  P  et  qui  soient  symétriques  aux  rayons  réfractés 
extraordinaires  ;  par  ce  moyen  la  ligne  moyenne  deviendra 
un  véritable  axe  (i). 

(i)  Pour  avoir  l'oc/aèrfre  en  question  ,  il  faut  ramener  la  véritable  forme 
primitive  à  un  prisme  droit  à  base  rhomboidale  ,   et  sur  ce  prisme   comme 

forme  primitive  vous  formerez  le  solide  demandé  par  les  décroissemens  ^  '  E' 

11  -^^  " 

les  lettres  AtxE  indiquent  les  angles  de  la  base. 


RÉFRACTION    ET    LA    FORME    DES    CRISTAUX.  7  l 

Nous  avons  déjà  construit  les  octaèdres  du  mica  et  de 
la  baryte  sulfatée  ;  passons  rapidement  en  revue  les 
autres  substances. 

Dans  la  chaux  anhydro- sulfatée  nous  ajouterons  aux 
faces  r ,  autour  desquelles  les  axes  sont  symétriques  , 
quatre  autres  faces  produites  sur  les  côtés  C ,  qui  croi- 
seront les  premières  à  angle  droit  et  feront  disparoître  les 
bases. 

Pour  l'octaèdre  du  péridot  nous  convertirons  le  cristal 

secondaire  ^'^'  en  un  autre  ^'<^'  qui  remplacera  Ppar  les 

quatre  faces  qui  manquent  pour  compléter  le  solide. 

La  Cymophane  satisfera  aux  mêmes  conditions  par  des 

décroissemens  simultanés  sur  les  arêtes  JS  et  C  de  la  base , 

et  ainsi  de  suite  ;  on  voit  qu'il  n'y  a  pas    de  difficultés 

pour  tous  les  cristaux  susceptibles    d'être  ramenés  à  des 

-solides  de  deux  ordres  de  faces. 

Il  n'en  est  pas  de  même  des  autres  ;  l'octaèdre  rectan- 
gulaire qui  en  résulte  ne  peut  être  qu'approximatif,  c'est 
le  cas  de  l'Euclase  ,  c'est  encore  celui  de  la  chaux  sulfatée 
et  du  fer  phosphaté. 

On  est  obligé  pour  le  gypse  de  chercher  autour  des 
arêtes  G  et  i/  du  prisme,  des  faces  qui  soient  également 
éloignées  de  la  ligne  moyenne  et  qui  fassent  disparoître 
it/  et  Z^,  puis  ensuite  de  former  par  un  décroissement 
intermédiaire  d'autres  faces  sur  les  angles  E  telles  , 
qu'elles  soient  autant  que  possible  perpendiculaires  aux 
précédentes. 

Pour  satisfaire  à  la  première  de  ces  conditions  on  voit 


72        RAPPORTS  ENTRE  LES  AXES  DE  DOUBLE 

que  les  décroissemens  |  g-     et    H  -ff'  produisent  des  faces 

m  m' 

dont  l'une  est  inclinée  de  29°  67',  et  l'autre  desg"  Sg'  sur  la 
b'gne  moyenne  ,  cette  différence  est  presque  insensible  , 
on  pourroit  la  rendre  moindre  encore ,  mais  jamais  on  ne 
parviendroit  a  égaler  m  à  ni'.  Les  faces  de  Xoclaèdre  optique 
qui  correspondent  aux  axes  de  double  réfraction  seront 
donc  aussi  près  qu'on  le  voudra  d"èti-e  également  éloignées 
des  faces  secondaires  m  et  m  ;  et  un  décroissement  inter- 
médiaire sur  l'angle  E  produira  d'autres  faces,  symétriques 
aux  plans  du  plus  grand  écartement. 

n  en  est  de  même  pour  le  fer  phosphaté  et  pour  toutes 
les  substances  de  cet  ordre.  Quoiqu'on  puisse  pousser 
l'appi'oximation  à  l'infini,  cette  absence  de  rigueur  présente 
une  difficulté  qui  peut-être  trouvera  son  explication  dans 
la  suite.  Le  nouveau  rapport  de  symétrie  que  nous  avons 
signalé  ici  et  qui  se  trouve  dans  le  tableau  suivant,  étant 
rigoureux  pour  la  plupart  des  cas ,  paroît  mériter  quel- 
qu'attention  malgré  ces  anomalies. 

Nous  allons  donner  l'énoncé  de  la  règle  sur  laquelle  se 
fonde  notre  second  tableau.  On  ne  peut  pas  lui  attribuer 
le  même  degré  de  généralité  qu'au  premier  rapport  de 
symétrie  que  nous  avons  étudié ,  et  surtout  on  ne  doit 
pas  se  hâter  d'en  tirer  une  loi  qui  peut-être  seroit  ren- 
versée par  de  nouvelles  observations.  Voici  l'énoncé  : 

Dans  tous  les  cristaux  doués  de  la  double  réfraction 
(étudiés  jusqu'à  présent),  la  ligne  moyenne  passe  par 
l'axe  d'un  noyau  primitif  ou  secondaire  dont  la  forme  est 
un  octaèdre  rectangulaire  rigoureux  ou  approximatif,  et 


RÉFRACTION    ET   LA    FORME    DES    CRTSTAUX.  j5 

dont  les  faces  ont  un  rapport  de  symétrie  constant  avec 
les  faces  de  l'octaèdre  optique. 

La  première  règle  étoit  celle-ci  : 

Dans  tous  les  cristaux  doués  de  la  double  réfraction  , 
la  ligne  moyenne  et  les  axes  ont  un  rapport  constant 
de  symétrie  avec  les  faces  d'un  cristal  primitif  ou  se- 
condaire. 

Nous  montrerons  plus  bas  que  tout  ce  que  nous  avons 
dit  sur  l'octaèdre  optique  s'applique  aux  cristaux  à  un 
axe;  dans  ceux-ci  la  forme  du  solide  optique  varie,  mais 
les  rapports  demeurent  les  mêmes. 

Voici  maintenant  pour  les  substances  à  deux  axes,  le 
tableau  des  octaèdres  rectangulaires  symétriques  aux  oc- 
taèdres optiques  avec  le  développement  des  rapports. 
Nous  avons  suivi  le  même  ordre  que  dans  le  précédent , 
seulement  nous  avons  ajouté  tout  ce  qui  se  rapporte  au 
plan  de  plus  grande  ou  moindre  vitesse  et  au  rayon  ré- 
fracté extraordinaire  pris  à  son  maximum  decartement. 


Mém.  de  la  Soc.  de  Phys.  et  dH.  nat.  T.  I."  lo 


74 


RAPPORTS  ENTRB  LES  AXES  DE  DOUBLE 


A.  Octaèdres  reciaiscui.airi  s  rigoureux. 


SOESTANCES. 


Topase. 


Arragonite. 


Mica  de 
Sibérie. 


Baryte  sul- 
fatée. 


Péridot. 


Cymopliane 


Chauxsulfa 
tée  anhy 
dre. 


MOYE>]SC. 


Plan  des  Axes 


Parallèle  à 
Vaxe  per- 
peudicul.à 
la  base. 

Idem. 


Idem. 


Idem. 


Idem. 


Idem. 


Idem. 


Rapport  des 
axes  alxfa.ces. 


Contenaml'ax. 
et  parall.  aux 
arêtes  de  jonc 
tien  des  faces 
P. 

Cont.  Vnxe  et 
parallèle  aux 
arêtes  de  jonc- 
tiou  des  faces 

0. 

Cont.  Vaxe  ,  et 
parallèle  aux 
arêtes  de  jonc 
tion  des  faces 
d. 

Cont.  Y  axe  et 
parallèle  aux 
arêtes  de  jonc- 
tion des  faces 
M. 

Cont.  Vaxe ,  et 
parallèle  aux 
arêtes  de  jonc- 
tion des  faces 

z. 

Cont.  Vaxe ,  et 
parallèle  aux 
arêtes  de  jonc- 
tion des  faces 
cl. 

Cont.  Vaxe  ,  et 
parallèle  aux 
arêtes  de  jonc- 
lion  des  faces 


Axes  faisant  de 
part  et  d'autre 
des  faces  M  des 
angles  égaux. 

Axes  faisant  des 
angles  égaux 
de  part  et  d'au- 
tre des  faces 
(P-) 

Faisant  des  an- 
gles égaux  de 
part  et  d'autre 
des  faces  o. 


Angles  égaux 
autour  des  fa- 
ces d. 


Angles  égaux  de 
part  et  d'autre 
des  faces  n. 


Angles  égaux  de 
part  et  d'autre 
des  faces  o. 


Angles  égaux 
autour  des  fa- 
ces /■. 


Plan 

de  la  ligne  de 

plus  grauild  ou 

moindre  Titesse. 


Rappokt 
des  rajons   ré- 
fractés cxtraor 
dinair.  au  itiaxi 
mumd'éearleno 


Signe  DE 
l'octaèdre. 


Contenant  Tn-v. 
et  paiall.  aux 
arêtes  de  jonc- 
tion des  faces 
M. 

Cont.  i'ajre  ,  et 
parallèle  aux 
arêtes  de  jonc- 
tion des  faces 

in 

Cont.  Yaxe  ,  et 
parallèle  aux 
arêtes  de  jonc- 
lion  des  faces 
o. 

Cont.  Yaxe ,  et 
parallèle  aux 
arêtes  de  joHc- 
tion  des  faces 
d. 

Cont.  Yaxe ,  et 
parallèle  aux 
arêtes  de  jonc 
tion  des  faces 
n. 

Cont.  Yaxe  ,  et 
parallèle    aux 
arêtes  de  joni 
tion    des  faces 

Cl. 

Cont.  Ynxe,  et 
parallèle  aux 
arêtes  de  jonc- 
tion  des  faces 


Faisant  de  part 
et  d'autre  des 
faces  P  des  an 
gles  égaux. 

Faisant  de  part 
et  d'autre  des 
faces  o  des  an 
gles  égaux. 

Faisant  des  an 
gles  égaux  d 
part  et  d'autre 
des  faces  d. 

Angles  égaux  de 
part  et  d'autre 
des  faces  M. 


Angles  égaux  de 
part  et  d'autre 
des  faces  i. 


Angles      égaux 
autour  des  fa 
ces  d. 


Angles  égaux 
.lutour  des  fa- 
ces z. 


PM. 
PM. 

Fig.  I. 


E   A 

(P)  o 


A    E 

d     o 
Fig.  i5. 


M  A 

M    d 

Fig.  i6. 


C  'G' 

n   a 


B 

d 


C  'G' 


- 

RÉFRACTION    ET    LA    FORME    DES   CRISTAUX. 

75 

B.    Oc'TAJJDRIîS   RECTANGULAIRrS  APPROXIMATIFS. 

Euclase. 

Passant    infini- 

ContenantlWe 

Angles    à     peu 

Contenantl'fljfe 

Angles  égaux 

ment   près    de 
Yaxe ,  et  inG- 
niment      près 

et  parall.   aux 
arêtes  de  jonc- 
tion des  faces 

près  égaux  au- 
tour des  faces 
(i6'). 

et  parall.  aux 
arêtes  de  jonc- 
tion des  faces 

de  part  et 
d'autre  des 
faces  s. 

d'être  perpen- 
diculaire à  la 
base. 

s. 

(66'). 

Chaux    sul- 
fatée. 

Idem. 

Cont.  ïaxe  ,  et 
parallèle     aux 

Angles    à    peu 
près  égaux  de 

Cont.  Yaxe  ,  et 
parallèle     aux 

Angles  égaux 
de    part    et 

arêtes  de  jonc- 
tion des  faces 

part  et  d'autre 
des  faces  (m/re') 

arêtes  de  jonc- 
tion des  faces 

d'autre  des 
faces  a. 

w. 

(mm'). 

Nous  venons  d'avancer  que  les  cristaux  à  un  axe  ren- 
trent dans  les  mêmes  rapports  de  symétrie  ;  pour  faire 
mieux  sentir  ce  rapprochement,  je  suppose  qu'on  fasse 
passer  un  plan  perpendiculairement  à  Vaxe  d'un  solide  quel- 
conque de  la  première  classe ,  et  qu'on  fasse  tomber  un 
faisceau  conique  de  lumière  au  point  d  intersection.  L'an- 
neau de  double  réfraction  se  formera  tout  autour  de  Vaxe 
et  présentera  deux  cercles  concentriques,  dont  l'un  sera  la 
trace  du  rayon  réfracté  ordinaire  ,  l'autre ,  celle  de  l'ex- 
traordinaire ;  le  plan  des  axes  ayant  disparu,  il  n'y  a  plus 
d'ellipse  ;  sous  un  même  degré  d'incidence  l'écartement 
des  rayons  réfractés  demeure  constant. 

Mais  on  peut  inscrire  ou  circonscrire  au  cercle  un  po- 
lygone régulier  quelconque ,  donc  on  peut  toujours  cons- 
truire dans  le  cristal  ou  sur  le  cône  optique  une  pyra- 
mide à  3 ,  4  ou  6  pans,  dont  toutes  les  faces  seront  éga- 


76       RAPPORTS  ENTRE  LES  AXES  DE  DOUBLE 

lement  distantes  des  faces  du  solide  primitif;  en  répétant 
la  même  opération  sur  la  seconde  moitié  du  cristal,  on 
aura  des  doubles  pyramides  symétriques  aux  formes  élé- 
mentaires. 

I^ig.  22.  Soit  par  exemple  la  chaux  carbonatée ,  je  peux 
circonscrire  au  cercle  des  rayons  réfractés  e>i.traordinaires, 
un  triangle  équiialéral  dont  les  côtés  seront  parallèles  aux 
faces  P.  Si  je  termine  la  double  pyramide  trièJre  optique, 
i'aurai  un  hexaèdre  bipyramidal  symétrique  au  rhumbe. 

J^ig.  2.3.  Dans  Toctaèdre  à  base  carrée  du  zircon  ,  j'ai 
un  résultat  semblable ,  je  circonscris  un  carré  au  cercle 
de  réfraction  extraordinaire,  je  complète  la  double  pyra- 
mide et  j'ai  un  octaèdre  optique  symétrique  au  primitif. 

Si  l'on  admet  pour  forme  primitive^î^.  24,  du  quars, 
le  dodécaèdre  bipyramidal,  on  voit  qu'on  peut  de  même 
obtenir  un  solide  optique  semblable ,  et  satisfaisant  aux 
conditions  requises. 

Nous  ne  donnons  pas  au  rapport  de  symétrie  pour  les 
cristaux  à  un  axe  le  même  degré  d'importance  que  pour 
ceux  à  deux,  parce  qu'il  y  a  plus  d'arbitraire  dans  la  cons^ 
truction  du  solide  optique. 

Dans  les  cristaux  à  deux  axes,  il  ne  peut  y  avoir  qu'une 
seule  espèce  de  forme  optique,  savoir  l'octaèdre  à  base  rec- 
tangle,  parce  que  le  rectangle  est  la  seule  figure  inscrip- 
tible  à  l'ellipse  dont  les  côtés  soient  perpendiculaires  aux 
plans  des  axes  et  de  plus  grande  ou  moindre  vitesse. 
Plus  les  axes  seront  rapprochés  de  la  ligne  moyenne  , 
plus  l'ellipse  s'approchera  du  cercle  ;  mais  comme  le  cercle 
est  un  cas  particulier  de  l'ellipse,  on  voit  que  le  cas  d'un 


RÉFRACTION   ET   LA    FORME   DES   CRISTAUX.  77 

seul  axe  rentre  dans  celui  de  deux  confondus  dans  la 
ligne  moyenne,  comme  le  suppose  la  loi  des  sinus  donnée 
par  Mr.  Biot. 

11  résulte  de  tout  ce  que  nous  venons  de  dire  quelques 
conséquences  pratiques  assez   utiles    pour  mériter  dêtre 
indiquées  ici ,  nous  ne  prétendons  point  qu'elles   soient 
rigoureuses  ,  mais  il  est  probable  quelles  pourront  servir 
de  guide  dans  la  plupart  des  recherches  qu'on  sera  appelé 
à  faire  sur  le  sujet  qui  nous  occupe. 
1°  Etant  donnée  \dL  forme  primitive. 
On    déduira  le   nombre  des  axes  de  double  réfraction 
d'après  la  loi  de  Mr.  Brewster  ;  on  obtiendra  la  position 
de  la  ligue  moyenne  et  du  plan  des  axes  en  les  cherchant  : 
Dans  l'un  des  plans  perpendiculaires   ou  parallèles  à  la 
base  du  noyau,  ^oxirXoctaèilre  rectangulaire. 

Dans  la  base  ou  dans  l'un  des  plans  perpendiculaires  à  la 
base  soit  diagonaux  ,  soit  parallèles  aux  faces  du  prisme  , 
pour  le  prisme  à  base  rhonibe. 

Dans  le  plan  parallèle  à  l'une  des  trois  paires  de  faces 
du  solide,  pour  le  prisme  à  base  rectangle. 

On  aura  la  ligne  moyenne  parallèle  à  l'un  des  côtés 
pour  Le  prisme  à  base  oblique. 

On  trouvera  immédiatement  l'axe  de  double  réfraction, 
toutes  les  fois  qu'il  devra  être  unique,  etc. 

2°  Etant  données  la  position  du  plan  des  axes  ,  leur 
nombre  ,  ou  le  solide;  optique  d'une  substance  dont  la 
cristallisation  est  iuconuue. 

On  en  déduira  la  classe  à  laquelle  appartient  la  forme 
primitive  d'après  le  nombre  des  axes.  Loi  de  Mr.  Brewster. 


78  RAPPORTS    ENTRE    LES    AXES    DE    DOUBLE 

On  déterminera  par  \ octaèdre  optique  un  autre  octaèdre 
rectangulaire  qui  lui  sera  symétrique  et  qui  pourra  servir 
de  guide  plus  ou  moins  sûr  dans  l'analyse  des  formes 
secondaires. 

Nous  croyons  presque  superflu  de  dire  en  terminant 
ces  notes  que  notre  intention  n'est  point  ici  de  préjuger 
l'influence  que  peuvent  avoir  ces  observations  encore 
trop  peu  nombreuses ,  sur  la  détermination  de  la  véritable 
forme  des  molécules  élémentaires  ;  on  n'est  point  assez 
avancé  dans  la  connoissance  des  forces  qui  produisent  la 
double  réfraction  ,  pour  pouvoir  décider  si  ce  phénomène 
dépend  de  la  forme  primitive  isolée  ou  d'un  grouppement 
particulier  ;  nous  avons  seulement  cherché  et  cru  dé- 
couvrir une  connexion  constante  entre  les  lois  de  la  cris- 
tahsation  telles  que  nous  les  devons  à  Mr.  Haiiy ,  et  celles 
de  la  double  réfraction.  La  position  symétrique  des  deux 
axes,  que  Mr.  Biot  a  le  premier  reconnue  et  qui  repose 
presque  en  entier  sur  des  observations  faites  par  lui- 
même  ,  vient  se  joindre  à  la  loi  du  nombre  des  axes  de 
Mr.  Brewster,  pour  rendre  cette  connexion  pour  ainsi 
dire  indubitable  ;  de  tels  résultats  valent  au  créateur  de 
la  cristallographie  l'honneur  bien  peu  commun  de  voir 
se  réunir  à  sa  théorie  des  sciences  qui  dans  l'oi-igine  pa- 
roissoient  vouloir  s'en  écarter. 


RÉFRACTION   ET   LA    FORME   DES    CRISTAUX.  79 

Rapports    qui    existent    entre    les    phénomènes    du 
dychroïsme  et  la  forme  des  corps  cristallisés  (i). 

Les  physiciens  conuoissent  maintenant  ,  grâces  aux 
ditït'rentes  notes  et  mémoires  publiés  par  MM.  Biot  et 
Brewster ,  les  rapports  qui  lient  entr  eux  les  phénomènes 
du  dychroïsme  et  ceux  de  la  cristallisation  ;  on  n"a  plus 
aucun  doute  à  ce  sujet;  mais  on  n'a  point  encore  réuni 
en  un  seul  corps  les  matériaux  épars,  et  à  plus  forte  raison 
cherché  à  remplir  quelques  lacunes  importantes.  Le  tra- 
vail qui  précède  nous  conduit  naturellement  à  satisfaire 
en  partie  à  la  première  de  ces  demandes  ;  quant  à  la  se- 
conde ,  quoique  nous  ayons  fait  quelques  observations 
nouvelles ,  elles  laissent  encore  beaucoup  à  désirer  pour 
l'ensemble  de  cette  portion  de  la  physique. 

On  appelle  dychroïsme  cette  propriété  qu'ont  certains 
corps  cristallisés  (jouissant  de  la  double  réfraction)  d'avoir 
deux  couleurs  différentes  suivant  la  direction  de  la  lumière 
transmise  dans  leur  milieu;  ainsi ,  le  mica  du  Vésuve  est 
l'ouge  dans  un  sens,  vert  dans  un  autre  ;  la  tourmaline 
est  d'un  noir  opaque  parallèlement  à  Xaxe,  verte  ou  brune 
ou  rouge,  etc.  ,  perpendiculairement  à  cette  même  ligne. 
Le  dychroïsme  n'a  jamais  lieu  dans  les  corps  doués  de  la 
réfraction  simple  ,  et  s'il  est  fréquent  de  ne  pas  l'observer 
dans  les  autres  cristaux  ,   on    doit  attribuer  son  absence 


(i)  Cette  partie  de  mon  mémoire  a  été  lue  à  la  Société  de  physique  et 
d'histoire  naturelle  de  Genève,  le  3i  Mai  182 1 ,  époque  à  laquelle  tout  ce 
qui  précède  étoit  déjà  imprimé. 


8o  RAPPOKTS   ENTRE   LES    AXES    DE    DOUBLE 

à  une  cristaillsation  imparfaite  du  principe  colorant  , 
comme  le  suppose  Mr.  Biot  ;  ou  peut-être  à  ce  que  la 
diiit'rence  des  teintes  est  trop  tbible  pour  pouvoir  être 
appréciée. 

Un  observe  que  le  maximum  de  dififérence  entre  les 
teintes  extrêmes ,  a  lieu  dans  la  direction  de  lignes  for- 
mant en ti- elles  des  angles  droits,  c est-à-dire,  pouvant 
être  considérées  comme  des  ordonnées  rectangulaires;  dans 
toute  direction  autre  que  celle  de  ces  ordonnées  on  a  des 
teintes  intermédiaires  qui  passent  par  nuances  insensibles 
aux  nuances  extrêmes ,  et  varient  suivant  le  degré  dobli- 
quité  du  rayon  transmis.  Nous  allons  voir  que  ces  or- 
données sont  en  rapport  avec  les  axes  dédouble  réfraction. 

D'après  la  loi  de  Mr.  Bi'ewster,  les  cristaux  sont  divisés 
en  deux  grandes  classes  qui  dépendent  des  formes  pri- 
mitives ;  savoir  les  cristaux  à  un  axe  et  les  cristaux  à 
deux  axes. 

Dans  le  premier  cas  ;  on  n'observe  que  deux  teintes 
extrêmes  et  les  ordonnées  rectangulaires  qui  détei'minent 
le  maximum  de  leur  ditïérence  sont  parallèles  ,  l'une  à 
l'axe  de  double  réfraction  ,  l'autre  à  la  ligne  de  plus  ou 
moins  grande  vitesse.  Ainsi ,  dans  l'émeraude ,  le  corindon 
bleu,  le  mica  (à  un  axe)  l'idocrase,  la  tourmaline,  etc., 
la  plus  grande  diiFérence  de  coloration  dans  la  lumière 
transmise  a  lieu,  lorsquelle  traverse  le  cristal  parallèlement 
et  perpendiculairement  à  Vaxe  du  prisme. 

Dans  le  second  cas;  l'existence  des  deux  axes  explique 
la  possibilité  du  trichroïsme  ;  on  conçoit  en  eifet  trois 
directions  rectangulaires  dans  lesquelles  la  lumière  peut 


f 

EÉFRACTION    ET    LA   TORME    DES    CRISTAUX.  8l 

traverser  le  cristal  avec  des  conditions  tout-à-fait  diffé- 
rentes :  i.°  Parallèlement  au  plan  des  axes  et  à  la  ligne 
moyenne  ;  2."  pai'allèlement  au  même  plan  et  perpendi- 
culairement à  la  ligne  moyenne  ;  3."  perpendiculairement 
à  ces  deux  directions.  Ces  trois  coordonnées  rectangu- 
laires supposent  trois  états  extrêmes  de  la  lumière  et  con- 
duisent à  admettre  l'existence  du  trichroïsme  ;  cest  ce  qui  a 
lieu  en  effet  quoique  rarement  ;  j'ai  eu  l'occasion  de  l'ob- 
server sur  deux  topases  du  Brésil  que  je  dois  à  l'amitié 
de  Mr.  Charles  Chauvet;  l'une  d'elles  d'une  teinte  rouge 
et  qui  ne  paroît  pas  avoir  été  brûlée ,  présente  ce  phéno- 
mène à  un  assez  haut  degré  :  dans  trois  directions  rec- 
tangulaires ,  j'observe  trois  teintes  extrêmes  qui  passent 
de  l'une  à  l'autre ,  par  des  positions  intermédiaires.  Ces 
coordonnées  correspondent ,  comme  je  m'en  suis  aisément 
assuré  ,  aux  trois  positions  que  nous  venons  d'indiquer 
plus  haut  pour  les  cristaux  à  deux  axes  ;  ce  qui  confirme 
d'une  manière  satisfaisante,  les  rapports  qui  existent  entre 
la  double  réfraction  et  les  changemens  de  faces. 

Notre  topase  vue  dans  la  première  direction  est  rose 
avec  une  légère  teinte  jaunâtre ,  dans  la  seconde  elle  est 
violette  sans  mélange  de  jaune ,  dans  la  troisième  elle  est 
blanc  jaunâtre. 

Aux  phénomènes  du  simple  dychroïsme  viennent  se 
rattacher  les  belles  observations  de  Mr.  Arago  sur  la 
décomposition  de  la  lumière  ordinaire  transmise  au  milieu 
des  corps  doués  de  la  double  réfraction.  Ces  observations 
n'exigent  qu'un  appareil  fort  peu  compliqué  (1);  le  cristal 

(i)  BioT,   Bulletin  de  la  Société  philom.    1819.    p.  i33. 
Mém.  de  la  Soc.  de  Phvs.  et  d' IL  nat.  ï.  I.  ix 


82        RAPPORTS  ENTRE  LES  AXES  DE  DOUBLE 

est  mis  sur  une  plaque  noircie,  percée  d'un  petit  jour  qui 
permet  ia  ti'ausmission  de  la  lumière;  au  devant  de  ce 
diaphragme  ou  place  un  prisme  de  chaux  carbonatce ,  taillé 
convenablement  et  achromatisé;  ce  prisme  sert  à  décom- 
poser la  kunière  transmise  en  deux  faisceaux  ,  qui  dans 
les  cristaux  dychro'ites  sont  pour  l'ordinaire  de  deux 
teintes  complémentaires  (i)  ,  quoique  la  lumière  ne  soit 
pas  primitivement   polarisée. 

C'est  au  moyen  de  cet  appareil  ou  de  quelqu  autre  ana- 
logue  que  Mr.  Arago  {Bulletin  de  la  Soc.  phyl.  i8ig, 
pag.  i^o ,  pour  la  baryte  sulfatée,  mémoire  de  Mr.  Biol), 
Mr.  Biot  (ibid.  ,  i8ig  ,  pag.  109  ,  pour  la  lopase  ,  page 
129,  et  pour  l'éiueraude  j  l'èpidote  ,  le  cori/idou  ).  M.r, 
Brewster.  (Jour,  de  p/iys.,  1820,  Philos. ,  Jour.,  n.°  f^T, 
pour  la  tourmaline ,  le  plomb  chroniaté,  le  pyroxène  ,  le 
cordiérite .  etc  ),  ont  reconnu  que  la  décomposition  de  la 
lumière  directe  dans  les  corps  cristallisés  est  en  rapport 
avec  l'existence  des  axes  de  double  réfraction. 

Mr.  Biot  a  été  plus  loin  ;  il  a  établi  que  dans  la  direc-" 
tion  de  l'axe,  la  lumière  transmise  parallèlement  à  lui,  doit 
être  décomposée  en  deux  faisceaux  égaux  en  coloration , 
c'est  ce  que  l'expérience   directe  démontre   pleinement. 

Reprenons  nos  deux  classes  de  cristaux  et  assurons- 
nous  de  la  connexion  qui  existe,  entre  les  phénomènes  de 
dychroïsme  ou  de  trichroïsme  et  ceux  de  la  décomposition, 
par  le  prisme  de  chaux  carbonatée. 

I.  Pour  les  cristaux  à  un  axe  : 

(i)  Complémentaires  de  la  couleur  transmise  du  cristal. 


RÉFRACTION     ET    LA    FORME    DES    CRISTAUX.  85 

La  lumière  est  décomposée  en  deux  faisceaux  inéga- 
lement colorés  dans  toute  position  autre  que  celle  de  Vaxe 
du  crlstiii  ou  de  l'axe  de  double  rétraction. 

Le  maximum  de  différence  entre  les  teintes  des  deux 
faisceaux  a  lieu  dans  la  direction  perpendiculaire  à  l'axe  ou 
parallèie  à  la  ligne  de  plus  ou  moins  grande  vitesse. 

Le  minimum  de  différence ,  ou  l'égalité  entre  les  deux 
teintes  des  faisc^^aux,  à  lieu  parallèlement  à  l'axe  de  double 
réfraction. 

Plus  le  rayon  transmis  est  oblique  sur  l'axe  ,  plus  la 
coloration  des  deux  faisceaux  est  différente,  et  vice  versa; 
les  ordonnées  rectangulaires  que  forment  l'axe  et  la  ligne 
de  plus  ou  moins  grande  vitesse  sont  les  limites. 

Le  corindon  bleu  du  Mont-Blanc  ,  l'émeraude,  la  tour- 
maline ,  l'idoci-ase  du  Piémont  ,  etc.  ,  présentent  nette- 
ment ces  phénomènes  qu'il  faut  comparer  avec  ceux  du 
dychrorsme  simple  dont  nous  avons  parlé  plus  haut. 

2.  Pour  les  cristaux  doués  de  deux  axes  de  double 
réfraction  : 

Outre  les  trois  positions  normales  dans  lesquelles  la  lu- 
mière peut  être  transmise  ,  il  en  existe  une  quatrième 
dont  il  faut  tenir  compte  dans  la  décomposition  de  la 
lumière  avec  le  prisme  ,  c'est  celle  qui  a  lieu  parallèlement 
à  chaque  axe  de   double  réfraction. 

L'expérience  de  Mr.  Arago  sur  la  barye  sulfatée  , 
prouve  que  les  phénomènes  de  décomposition  varient 
suivant  la  direction  de  la  lumière  ;  malheureusement  elle 
a  été  faite  sur  un  prisme  taillé  dans  lequel  on  ne  peut 
établir  le  rapport  de  la  cristallisation  avec  les  variations 


84       RAPPORTS  ENTRE  LES  AXES  DE  DOUBLE 

de  la  force  polarisante  ;  Mr.  Biot  a  fait,  dans  le  but  d'obvier 
à  cet  inconvénient,  quelques  observations  fort  curieuses 
sur  une  topase  jaune  du  Brésil  :  voici  quels  ont  été  ses 
principaux  résultats.  (  Bu  LU  t.  Philom. ,   i8iQ,  pag.  109.) 

i.°  Les  faisceaux  extraordinaire  et  ordinaire  ont  été 
blancs,  perpendiculairement  aux  bases  et  au  plan  des 
axes. 

2.°  Perpendiculairement  aux  bases  et  parallèlement 
au  plan  des  axes;  le  faisceau  (  £)  étoit  blanc,  le 
faisceau  (  O)  jaune  orangé. 

3°  Parallèlement  aux  bases  naturelles  (i)  et  au  plan 
des  axes ,    idem. 

Le  rayon  blanc  transmis  étoit  primitivement  polarisé  ; 
si  Mr.  Biot  avoit  eu  à  sa  disposition  une  topase  rouge  ,  les 
phénomènes  qu  il  signale  se  seroient  présentés  à  lui  d  une 
manière  encore  plus  frappante.  Ceux  que  nous  allons  d  é- 
crire  pour  l'échantillon  du  Brésil  trichroïte,  ont  été  étu-- 
diés  avec  un  rayon  transmis  non  polarisé  avant  son  in-» 
troduction  dans  le  cristal. 

Mr.  Biot  a  conclu  de  son  expérience  qu'il  existe  une 
connexion  intime  entre  les  phénomènes  de  la  décomposi- 
tion des  rayons  lumineux  et  la  position  du  plan  des  axes  ; 
Mr.  Brewster  a  de  son  côté  tiré  les  mêmes  conséquences 
d'observations  faites  sur  le  mica ,  le  pyroxène  et  le  cor-» 
diérite.  {PhiLosoph.  Joiun.  ,  n."  vi).  Ce  savant  pby^ 
sicien  a  vu,  par  exemple,  dans  une  variété  de  pyroxène 

(i)  Les  bases  naturelles  sont  celles  que  donne  le  clivage  de  celte  subs- 
tance. Le  prisme  étudié  par  M,  Biot  est  taillé. 


RÉFRACTION    ET   LA    FORME    DES    CRISTAUX.  85 

(Augite),  les  teintes  varier  avec  l'inclinaison  donnée 
au  cristal ,  et  se  trouver  en  rapport  avec  la  position  des 
axes  neutres  (i).  Il  ne  reste  plus  maintenant  qu'à  nous 
assurer  si  dans  un  cristal  à  deux  axes  ,  la  lumière  dé- 
composée parallèlement  à  1  un  quelconque  des  deux ,  ne 
donne  pas  des  faisceaux  égaux  en  intensité  et  en  colo- 
ration. Cest  ce  qui  a  lieu,  en  effet,  dans  la  topase  rouge- 
Voici  ce  qu'on  observe  sur  mon  échantillon. 

Parallèlement  à  la  ligne  moyenne  et  au  plan  des  axes  -. 
La  Lumière  des  nuées  transmise^  est  rose  jaunâtre;  dé- 
composée ,  elle  donne  deux  faisceaux;  l'un  jaune  clair  (  O)  , 
l'autre  violet  (E). 

2.  Parallèlement  au  plan  des  axes ,  et  perpendiculaire- 
ment à  la  ligne  moyenne  :  lumière  transmise  ,  violette  ; 
décomposée,  y  deux  faisceaux  ;  l'un  violet  (£)  ,  lautre 
blanc  jaunâtre  (  O). 

3.  Perpendiculairement  au  plan  des  axes  et  à  la  ligne 
moyenne  :  Lumière  transmise ,  blanc  grisâtre  ;  dècorn-^ 
posée,  deux  faisceaux;  l'un  viole  clair  (O),  l'autre  jau- 
nâtre   {E). 

4-  Parallèlement  à  l'un  quelconque  des  axes  de  double 
réfraction  :  Lumière  décomposée,  deux  faisceaux  égaux  en 
teinte  et  violâtres  {^). 

(i)  Mr.  le  Dr.  Brewster  appelle  axes  neutres  ,  ceux  qni  sont  désignés  ici 
par  axes  de  double  réfraction. 

(9)  Lorsque  cette  partie  du  mémoire  a  été  lue  à  la  Soc.  de  pliys. ,  le  second 
volume  du  traité  de  physique  de  Mr.  Biox  n'avoit  point  encore  paru  à  Genève. 
Il  esc  dit  à  la  page  5n  de  cet  ouvrage,  que  la  lumière  transmise  paral- 
lèlement aux  axes  de  double  réfraction ,  est  décomposée  en  deux  faisceaux 


86       RAPPORTS  ENTRE  LES  AXES  DE  DOUBLE 

Voici  par  quelle  expérience  je  me  suis  assuré  de  l'exacti- 
tude de  ce  dernier  résultat  :  J'ai  clivé  parallèlement  aux 
bases  de  la  forme  primitive ,  une  lame  de  cette  topase ,  et 
je  l'ai  soumise  d'après  les  procédés  de  Mr.  Biot ,  aux  obser- 
vations de  polarisation  (i).  Après  avoir  déterminé  la  posi- 
tion des  sections  principales  ;  savoir ,  celle  du  plan  des  axes 
et  celle  du  plan  qui  contient  la  ligne  de  pins  ou  moins 
grande  vitesse  ;  j'ai  trouvé  que  le  faisceau  extraordinaire 
disparoît ,  en  inclinant  la  lame  sur  le  rayon  polarisé 
dans  l'azimuth  4^°  >  lorsque  l'angle  d'inclinaison  est 
égal  à  4o°  environ,  à  gauche  et  à  droite  de  la  ligne 
moyenne;  cette  inclinaison  donne  la  mesure  de  l'écarte- 
ment  des  axes  en  ne  tenant  pas  compte  de  la  réfrangi- 
bilité  de  la  substance  ;  leur  écartement  réel  calculé  d'après 
la  formule  de  Mr.  Biot  est  d'environ  23° ,  ce  qui  s'accorde 
avec  les  obsez'vations  consignées  par  ce  célèbre  physisien 
dans  le  bulletin  de  la  Soc.  Phil.  ,  et  dans  son  mémoire 
sur  la  double  réfraction. 


de  couleur  pareille-,  par  conséquent  le  fait  énoncé  sous  le  N."  4  ne  doit 
plus  être  considéré  que  comme  une  preuve  de  la  justesse  de  celte  assertion. 
Mr.  Biot  n'a  pu  ,  dans  un  traité  élémentaire  ,  entrer  dans  de  plus  grands 
détails  ;  cette  considération  fait  que  les  développemens  que  j'ai  donnés  , 
peu\eut  avoir  quelqu'utilité  pour  l'intelligence  du  phénomène,  et  c'est  la 
raison  qui  m'a  déterminé  à  ne  pas  supprimer  cet  article. 

(i)  La  lunette  de  polarisation  dont  je  me  sers  a  été  construite  sur  le  plan 
de  celle  imaginée  par  Mr.  Biot ,  à  l'exception  de  quelques  cliangemens  re- 
latifs à  des  reckerches  que  j'avois  en  vue  ;  l'babile  mécanicien  (  Mr.  Gambey  ) 
auquel  j'ai  confié  l'exécution  de  cet  instrument  a  surpassé  mon  attente  par 
la  perfection  avec  lai  pelle  il  l'a  exécuté  dans  toutes  ses  parties,  ie  saisis  avec 
empressement  celte  occasion  de  lui  en  témoigner  mou  entière  satisfaction. 


I 


RÉFRACTION    ET    LA    FORME    DES   CRISTAUX.  87 

Après  avoir  tracé  sur  l'échantillon  de  topase  dont  j'avois 
détaché  la  lame  précédente ,  une  ligne  servant  à  indiquer 
la  position  du  pian  des  axes  ,  j'ai  fixé  cet  échantillon 
sur  un  diaphragme  dont  les  mouvemens  étoient  exacte- 
ment mesurés  par  un  cercle  divisé  et  au  devant  duquel 
étoit  placé  un  prisme  de  chaux  carljonatée  immobile,  l^e 
vernier  répondoit  à  zéro  lorsque  le  plan  de  clivage  étoit 
vertical ,  ou  lorsque  la  lumière  des  nuées  étoit  transmise 
parallèlement  à  la  ligne  moyenne;  les  deux  images  étoient 
alors  différentes,  l'une  jaune  (  O) ,  l'autre  violette  {E). 
En  inclinant  le  cristal  à  gauche  ou  à  droite  de  cette  posi- 
tion primitive,  j  ai  vu  les  deux  teintes  se  modifier  gra- 
duellement et  devenir  parfaitement  égales  à  +  4»° .  cest- 
à-dire  précisément  dans  la  direction  des  axes  (i). 

Pour  peu  qu'on  ait  fait  attention  aux  faits  qui  établis- 
soit  la  position  symétrique  des  axes  de  double  réfraction 
dans  les  corps  cristallisés,  on  en  déduira  comme  une  con- 
séquence nécessaire  les  rapports  du  dychroïsme  ou  du 
trichroisme  avec  les  faces  du  noyau  primitif  :  nous  croyons 
superflu  d'entrer  dans  de  plus  grands  détails  à  ce  sujet, 
nous  contentant  d'ajouter,  que  si  peu  de  corps  jouissent 
de  la  propriété  du  trichroisme,  cela  ne  prouve  rien  contre 
les  résultats  auxquels  on  est  parvenu  ;  pour  les  mêmes 
raisons  par  lesquelles  Mr.  Biot  explique  l'absence  fré- 
quente du  dychroïsme. 

Le  caractère  minéralogique  qui  résulte  de  la  variation 


(i)  Cette  observation  sur  le  trichroismp  de  la  topase  a  été  commuuiquée 
à  la  buciétc  de  Physique,  daos  sa  séance  du  25  Janvier  1821. 


88       RAPPORTS  ENTRE  LES  AXES  DE  DOUBLE 

des  teintes  d'après  la  position  du  cristal,  signalé  en  pr«i- 
mier  lieu  par  Mr.  le  Comte  de  Bournon  dans  le  mica ,  puis 
ensuite  par  d'autres  physiciens  et  cristaUographes  ;  peut 
servir  efficacement  en  minéralogie,  pour  distinguer  les  cris- 
taux doués  de  la  douljle  réfraction  ;  mais  comntie  l'observe 
très-bien  Mr.  Biot ,  il  est  impossible  qu'il  puisse  caracté- 
riser une  espèce;  aussi  les  minéj-jdogistes  François  n'ont- 
ils  pas  tardé  à  renoncer  aux  noms  peu  caractéristiques  de 
iolithe  et  dychroïte  pour  y  substituer  nelui  dp  r.o/dlèrite 
qui,  je  n'en  doute  pas,  doit  être  généralement  approuvé. 


Vh.et  R    naÉ.X  j.  88. 


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RÉFRACTION    ET   LA    FORME   DES   CRISTAUX.  89 


NOTE  SUR   LE  MICA. 


Je  crois  devoir  entrer  ici  dans  quelques  détails  qui  contribueront 
à  faire  comprendre  comment  il  peut  exister  des  micas  dans  les^ 
quels  le  plan  des  axes  varie  déposition,  sans  que  pour  cela  on 
en  puisse  tirer  une  objection  contre  la  constance  des  phénomènes 
optiques.  Ces  détails  élanl  les  résultats  d'observations  postérieures 
à  la  dernière  lecture  de  ce  mémoire ,  on  n'a  pas  cru  devoir 
les  insérer  dans  l'article  mica;  j'observerai  encore  que  ce  qui 
va  suivre  est  extrait  d'un  travail  sur  la  cristallisation  et  les 
propriélés  optiques  du  jnica  ,    qui  ne  tardera  pas  a   parotire. 

Parmi  les  formes  secondaires  de  cette  'substance  ,  les  prismes 
hexaèdres  dominent  ;  ces  prismes  jouissent  tantôt  de  deux  axes  de 
double  réfraction  ,  tantfit  d'un  seul  ;  voyons  d'abord  ce  qui  se  passe 
dans  le  premier  cas. 

Le  plan  des  axes  (  suivant  la  nature  de  la  lame  hexagonale 
soumise  à  l'observation)  est  parallèle  ou  perpendiculaire  à  deux 
côtés  opposés  de  l'hexygone.  Les  micas  de  Suède,  de  Sibérie, 
le  mica  jaune  de  Binn  etc,  sont  dans  le  premier  cas  ;  les  micas  du  St. 
Golhard  et  d'Altemberg  ;  eTc.  sont  dans  le  second.  C'est-h-dire  qu'en 
prenant  un  prisme  a  base  rhombe  pour  forme  pririlitive  ,  le  plan 
des  axes  est  comme  l'a  observé  Mr.  Biot ,  alternativement  pa- 
rallèle   h     la    grande   on  à   la     petite    diagonale   de    la  base. 

Mais  Monsieur  le  Comte  de  Bournon  ,  a  depuis  long- temps 
consinlé  que  le  mica  a  pour  forme  primitive  dominante,  un 
prisme  ohli(jiie  à  hase  rhottibe  ,  et  non  pas  un  prisme  droit;  dans 
ce  cas  il  faut  ,   pour  que   le   plan   des    axes  soit     en   rapport  de 

3Iém.  de  la  Soc.  de  Phys.  et  d'il.  naC  T.  1."  12 


g8       RAPPORTS  ENTRE  LES  AXES  DE  DOUBLE 

symétrie  avec  la  forme,  qu'il  passe  par  la  pelite  diagonale;  or, 
c'est  ce  qui  a  lieu  pour  les  premières  variétés  que  nous  avons 
nommées.  Ces  variétés  lorsqu'on  les  examine  avec  quelque  atten- 
tion présentent,  sens  rju!  doute,:  le  prisme  hexaèdre  oblique, 
pour  forme  secondaire;  dans  ce  prisme  deux  faces  seulement, 
(celles  qui  sont  produites  sur  les  arêtes  aiguës  de  la  forme  primitive)  , 
sont  perpendiculaires  h  la  base  et  parallèles  au  plan  des  axes_, 
tflndts- que  les- quatre  autres  gtpnt  inclinées.  Il  existe  d'aUlres  pris- 
mes' he:caèdré8  de  mie^j.  beaucoup  plus  rarement  observables, 
dont  tous  les  pans  paroissent  perpendiculaires  sur  la  base  ;  ce  sont 
ceux  qui  ont  été  déterminés  par  Monsieur  Haiiy  ;  le  mica  du  St.  Go- 
tliard  ,  celui  d'Altemberg  et  quelques  autres  que  j'ai  étudiés  avec 
soin  ,  me  semblent  devoir  se  rapporter,  à  cette  classe  ;  leur  forme 
pirimilive  seroit  alors  l'ancien  prisme  droit,  et  comme  le  plan  des  axes 
est  perpendiculaire  à  deux  faces  opposées  de  l'hexagone  ,  que  le 
clivage  indique,  pour  être  secondaires,  il  en  résulte  dans  ce  cas  que 
le  plan  passe  par  la  grande  diagonale  de  la  base.  La  variation 
de  position  du  plan  des  axes  devient  alors  un  fait  très-simple, 
elle   dépend  de   ce   qu'on  observe  des  iinicas  d'espèces  différentes. 

Il  n'est  pas  aussi  facile  de  rendre  raison  de  la  propriété  qu'ont 
tous  les  micas  verts  et  noirs,  volcaniques  ou  non,  de  n'avoir 
qu'un  seul  axe  de  double  réfraction  ;  j'avois  cru  d'abord  qu'ils  avoient 
tous  pour  forme  fondamentale  le  prisme  hexaèdre  droit,  qu'on 
auroit  pu  considérer  sans  difficulté  comme  étant  le  solide  primitif; 
alors  on  seroit  resté  dans  la  loi  de  Mr.  Brewster  et  l'on  auroit  été  dans 
le  cas  d'adopter  une  troisième  espèce  de  mica  ;  mais  deux  variétés  seu- 
lement de  cette  substance  m'ont  paru  pouvoir  rentrer  dans  ce  cadre  , 
un  mica  du  Tyrol  de  la  collection  de  Mr.  Sebastien  Jurine  et  un 
autre  du  Groenland  dans  le  cabinet  du  Musée  :  toutes  les  autres 
variétés  sont  pour  le  moins  douteuses.  J'ai  l'avantage  de  pos- 
séder un  beau  travail  de  M.  le  Comte  de  Bournon  sur  toutes 
les  cristalUsations  du  mica  qui  se   trouvent  dans    la  collection  par- 


RÉFRACTION   ET   LA    FORME   DES    CRISTAUX.  9I 

liculière  Ju  Roi  de  France,  (i)  Parmi  les  formes  du  noica  du 
Vésuve  qui  y  sont  décrites ,  il  en  est  plusieurs  qui  ne  peuvent 
en  aucune  façon  se-  rapporter  au  prisme  droit  hexaèdre  et  qui  par 
conséquent  nécessitent  la  présence  de  deux  axes;  cependant  toutes 
les  observations  de  Mr.  Biot ,  toutes  celles  que  j'ai  faites  de  mon 
côté,  prouvent  qu'il  n'est  point  de  mica  à  deux  axes  dans  les  dé- 
jections du  Vésuve  ;  cette  conlradicllon  entre  la  forme  et  le 
nombre  des  axes  est  la  plus  forte  objection  que  je  connoisse 
contre  la  loi  de  Mr.  Brewster  et  contre  celle  de  symétrie.  Quoique 
je  n'apprçoive  pas  encore  les  moyens  de  la  résoudre,  je  crois  devoir 
la  signaler  ici,  parce  que  c'est  surtout  vers  dépareilles  anomalies  que 
toute  l'attention  des  physiciens  et  des  cristallographes  doit  se  diriger. 
J'ai  dit ,  dans  une  autre  note  du  mémoire  qui  précède  ,  qu'il 
éloit  probable  que  l'opinion  de  Mr.  Biot  sur  la  composition  des 
micas  se  conCrraeroit,  savoir  que  tous  ceux  à  un  axe  scroient  trouvés 
magnésiens  par  l'analyse.  Mr.  Peschier,  habile  chimiste  connu  par 
plusieurs  analyses  remarquables,  n'a  pas  voulu  laisser  échapper  une 
occasion  aussi  belle  de  rendre  service  à  la  science,  et  s'est  em- 
pressé d'entreprendre  l'étude  chimique  des  micas.  Son  analyse  de 
micas  vert  et  noir  du  Vésuve  est  remarquable  par  les  résultats 
auxquels  il  est  parvenu.  Comme  Mr.  Peschier  ne  lardera  pas  à 
faire  part  aux  naturalistes  de  sa  découverte  ,  nous  nous  contenterons 
d'en  dire  ici  le  principal  résultat,  savoir,  que  ces  variétés  ne  con- 
tiennent point  de  magnésie  contre  toute  attente  ,  mais  que  par 
contre  ,  elles   diffèrent  de  toutes   celles   à    deux    axes,  par    la   pré- 


(t)  Mr.  lo  Comle  de  Bournon  m'a  donné  une  honorable  marque  de  sa  bleo- 
teillance  en  me  permellanl  d'insérer  dans  mon  mémoire  sur  le  mica  tous  les  Ira- 
vaux  qu'il  m'a  communiqués  ;  ce  célèbre  naluralitle  a  bien  voulu  en  outre  me 
faire  part  de  ses  conseils  et  me  donner  des  lenseignentens  qui  m'onl  élé  de  la  plus 
grande  milité  ;  je  me  plais  à  lui  en  témoigner  ici  toute  ma  reconnoissance  et 
je  m'empresserai  de  faire  jouir  les  crislallographes  du  précieux  dépôt  qui  m'a 
élé  confié. 


92  RAPPORTS  ENTRE   LES    AXES    DE   DOUBLE,  etC. 

sence  du  titane  oxidé  et  par    la  quantité    de   chaux   qu'elles  con- 
tienuent. 

Celte  note  prouve  que  nos  connoissances  sur  les  familles  talc 
et  mica  sont  encore  bien  peu  avancées  ;  mais  l'impcrfeclion  de 
celte  partie  de  notre  travail  doit  trouver  son  excuse  dans  les  nom- 
breuses diûcultés  qui  se  sont  ofTertes  à  nous  de  toutes  parts. 


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MEMOIRE 

Sur  diffërens   instrumens   de  Physique   et  de,. 
Météorologie. 

Par  p.  HUBER. 

(  Lu  à   la  Société  de  Phys.  et  d'Ilist.  Nat.  de  Genivt ,  le  19  Avril  1821.  ) 


Description  d'une  Balance  fondée  sur  un  nouveau  prin- 
cipe ,  et  de  quelques  instrumens  de  météorologie  qui 
{-en  dépendent. 

J_j'iN.STRUMENT  que  \à  vals  décrire  ,  netoit  point  destiné 
dans  l'origine  à  servir  de  balance.  Je  laTois  imaginé  à  la 
vérité  pour  fournir  un  contre-poids  à.  certains  corps  sus- 
pendus librement  autour  d'un  point  fixe  et  mus  en  avant 
et  horizontalement  par  le  moyen  d'un  fil;  mais  je  ma- 
perçus  bientôt  que  ce  procédé  présentoit  un  mode  de 
balance  tout  particulier  ,  qui  n'étoit  point  fondé  sur  les 
principes  du  levier  et  qui  cependant  étoit  susceptible 
d'une  justesse  rigoureuse. 

Le  même  principe  servant  de  base  à  mon  anémomètre 
et  à  mon  anémographe  ,  et  pouvant  fournir  à  la  physique 
des  moyens  très-commodes  pour  estimer  différentes  iorces, 
je  crois  quil  convient  de  laire  coanoUre  cette  bidance 
avant  de  donner  la  description  de  ces  autres  appare-'ils. 


^^  1,,.   M  niiisp.ii^v^^^-  DTPFÉTlENS"^NSTRUM'Ei5F5~  '""       """''*'  "'' 

Le  corps  de  cette  balance  {PL  \ ,  fig-  i.")  est  composé 
d'un  plateau  en  chêne  porté  sur  quatre  chevilles  à  vis,  et 
surmonté  de  deux  piliers  en  bois  élevés  perpendiculaire- 
ment sur  ses  extrémités  et  vis-à-vis  l'un  de  l'autre.  Une 
quatrième  pièce  de  bois  plus  légère ,  réunit  les  deux  pi- 
liers et  ferme  le  parallélograme.  La  distance  et  la  hauteur 
de  ces  pièces  sont  indifférentes. 

lia  partie  sensible  de  la  balance  consiste  en  une  simple 
soie,  ou  si  l'on  veut  une  petite  corde  attachée  d'une  part 
à  l'un  des  piliers  par  un  clou  yi ,  fig.  i ."  et  passant  de 
l'autre  sur  une  partie  susceptible  de  s'élever  le  long  du 
pilier  opposé. 

On  fait  à  la  soie  une  boucle  5  à  i5  ou  i8  pouces  du 
point  de  suspension  et  c'est  à  cette  boucle  que  l'on  pend 
un  poids  ou  peson  ,  d'une  pesanteur  connue  et  muni 
d'un  crochet. 

On  suspend  l'objet  que  l'on  veut  peser  à  l'extrémité 
C  de  la  soie  par  delà  la  poulie  ,  et  on  élève  ou  abaisse 
celle-ci  jusqu'à-fce  que  la  soie  présente  une  ligne  horizon- 
tale de  ^  en  D ,  c  est-à-dire  depuis  la  boucle  qui  sup 
porte  le  peson  jusqu'à  la  poulie  même. 

On  comprend  que  pour  tendre  le  fil  horizontalement 
à  toutes  la  hauteurs  où  l'on  peut  mener  la  poulie  ,  il 
faudroit  une  suite  de  poids  de  plus  en  plus  forts. 

Il  seroit  difficile  de  s'assurer  de  l'horizontalité  de  cette 
partie  de  la  soie  sans  une  ligne  horizoulaïe  qui  cheminât 
avec  la  poulie.  Celle-ci  portée  par  un  bras ,  s'élève  et  s'a- 
baisse à  volonté  et  se  fixe  à  la  hauteur  où  l'on  veut,  par 
le  moyen  d'une  vis  de  compression  C.  Un  fil  de  laiton 


'     DE    PHYSIQUE   ET   DE   METEOROLOGIE.  96 

tendu  horizontalement  EF  est  donc  porté  par  le  même 
bras  au  niveau  de  la  gorge  de  la  poulie. 

Non-sevdement  cette  poidie  peut  s'élever,  mais  elle  peut 
encore  s'avancer  au  besoin  sur  le  bras,  qui  consiste  en  une 
règle  maintenue  horizontalement  par  un  ajutage  très-exact. 
On  la  fixe  à  telle  ou  telle  place  au  moyen  d'une  cheville 
de  fer.  Le  clou  auquel  la  soie  est  attachée  est  le  point 
central  autour  duquel  tourne  le  peson  en  s'élevant  de  o° 
à  90°  d'un  arc  de  cercle  vertical. 

La  partie  de  la  soie  qui  va  du  peson  au  centre  est  un 
rayon  d'une  longueur  supposée  invariable ,  qui  se  meut 
autour  de  ce  centre  et  s'arrête  à  tel  ou  tel  angle  selon  le 
poids  qu'on  oppose  au  peson. 

Cet  angle  est  indiqué  par  l'inclinaison  de  la  soie  et  par 
la  rencontre  avec  les  degrés  d'une  graduation  particulière 
établie  sur  une  planche  près  du  centre  de  suspension. 

Une  horizontalité  parfaite  est  nécessaire  dans  cette  ma- 
chine :  la  moindre  déviation  du  fil  de  laiton  qui  sert  de 
niveau  entraîneroit  de  grandes  erreurs.  C'est  pourquoi  on 
doit  établir  toutes  les  pièces  qui  composent  la  balance  bien 
à  l'équerre  et  les  construire  d'un  bois  qui  ne  travaille  pas. 
De  petits  niveaux  à  bulles  d'air  (^g ,  h)  donneront  la  fa- 
cilité de  s'assurer  de  l'horizontalité  de  la  machine  et  les 
vis  dont  sa  base  est  munie  fourniront  les  moyens  de  rec- 
tification nécessaires. 

La  graduation  de  cette  balance  n'étoit  point  une  chose 
facile  ;  elle  m'a  long-temps  occupé ,  et  je  lois  parvenu  à 
lui  donner  le  degré  dexactitude  qu'un  tâtonnement  réi- 
téré peut  atteindre,  lorsqu'une  circonstance  heureuse  vint 


9^  SUR   DIFFÉRENS    INSTRTIMENS 

apporter  toute  Ta  rigueur  du  calcul  à  l'expression  des  dit- 
férentes  forces  correspondantes  aux  inclinaisons  de  la  soie 
sur  la  graduation. 

Ayant  proposé  à  un  très-habile  géomètre  ,  Mr.  Scliaub, 
à  propos  de  mon  anémomètre  ,  de  déterminer  la  force 
horizontale,  nécessaire  pour  élever  à  tel  ou  tel  degré  de 
l'arc  du  cercle ,  un  corps  suspendu  librement  par  un  point 
fixe,  il  .eut  la  complaisance  de  s'occuper  de  cette  ques- 
tion ,  et  découvrit  que  les  tensions  horizontales  étoient 
en  raison  des  tangentes  et  non  des  angles  indiqués. 
Vérité  que  j'avois  soupçonnée  vaguement  d'après  le  ré- 
sultat de  mes  essais,  mais  dont  je  n'avois  pu  m' assurer  à 
cause  de  l'imperfection  quavoit  alors  la  machine  que 
j'employois. 

Dès  que  je  me  sentis  soutenu  par  la  théorie ,  je  compris 
le  parti  que  je  pouvois  tirer  de  cette  loi,  et  je  cherchai  le 
rno}en  le  plus  facile  d'appliquer  cette  formule  aux  ins- 
trumfens  dont  je  moccupois.  Dans  le  fait,  il  ne  s'agissoit 
que  de  trouver  une  ligne  qui  servit  de  tangente  à  tous 
les  angles  indiqués  par  la  soie  sur  la  graduation.  Je  trouvai 
facilement  cette  ligne,  en  tirant  au  bas  d'mi  arc  de  cercle 
mie  horizontale  d'une  longueur  intléfinie. 

JJexntri^nce  confnma  pleinement  le  théorème,  et  je 
dojuiai  à  ma  gaiduation  la  forjne  qu'elle  a  actuellement. 

GraducUion  de  la  balance  tangentigrade. 

Ijc  poicts  normal  ou  peson  ,  est  situé  à  i5  ou  i8  pouces 
du  point  de  rotation  ,  comme  je  l'ai  dit;  la  ligne  cachée 
par  l'a  soie  indique  le  degré  auquel  il  répond. 


DE    PHYSIQUE    ET    BR    METEOROLOGIE.  97 

Ce  degré  varie  selon  les  poids  que  l'on  met  de  l'autre 
part ,  et  le  rapport  de  ces  poids  est  en  raison  des  tan- 
gentes des  angles  indiqués  par  l'inclinaison  de  la  soie  à 
partir  de  la  verticale. 

Lorsque  la  balance  tangentigrade  est  chargée  de  deux 
poids  égaux,  elle  indique  l'angle  de  45°  dont  la  tangente 
est  égale  au  rayon.  C'est  là  le  modide  de  la  graduation  que 
j'ai  donnée  à  ma  balance. 

Si  de  la  distance  de  six  pouces  ,  à  partir  du  centre  de 
rotation,  et  prise  verticalement  au-dessous  de  ce  point , 
je  mène  une  ligne  horizontale  sur  la  planche  qui  doit 
porter  la  graduation ,  j  aurai  une  ligne  qui  sera  coupée  à 
la  longueur  de  six  pouces  par  la  sécante  de  45°  i  cest  la 
tangente  de  cet  angle  ;  et  c'est  justement  là  que  la  soie 
coupe  cette  ligne ,   car  elle  fait  ici  le  rôle  d'une  sécante. 

Le  rayon  est  donc  le  module  auquel  tous  les  poids  se 
rapportent  ;  si  vous  doublez  cette  tangente ,  elle  repré- 
sentera un  poids  double  ,•  si  vous  la  divisez  en  deux ,  trois 
ou  quatre  parties  égales ,  les  poids  correspondans  seront 
sous  -  doubles ,  etc.,  c'est-à-dire,  que  les  poids  qui  main- 
tiendront la  soie  à  ces  divisions  (la  balance  étant  en  ac- 
tion ou  ramenée  à  l'horizontalité  )  seront  toujours  en- 
tr'eux  comme  la  longueur  relative  de  ces  tangentes ,  c'est 
pourquoi  j'ai  désigné  cette  balance  sous  le  nom  de  tan- 
gentigrade. 

La  grandeur  du  module  est  pai'faitement  indifférente. 

Ce  module ,  c'est  la  distance  du  centre  de  rotation  à  la 

ligne  horizontale  qui  porte  les  divisions  ;  on  peut  le  prendre 

plus  ou  moins  grand  selon  le  but  qu'on  se  propose  ;  si 

3Iéin.  de  la  Soc.  de  Phys.  et  d'H.  nat.  T.  1."  i3 


g8  SUR   DIFFÉRENS    INSTRUMENS 

l'on  veut  des  divisions  très-détaillées  on  prend  un  grand 
rayon.  Voyez  pi.  H ,  fig.  3. 

Pour  régler  ma  graduation ,  je  donne  au  poids  normal 
une  quantité  connue,  comme  trois  onces,  et  je  divise  le 
module  en  trois  parties  égales  répondant  à  i ,  2  et  3  onces; 
je  prolonge  cette  ligne  horizontale  et  je  continue  à  la  di- 
viser de  la  même  manière  jusqu'à  six  onces  ,  qui  ré- 
pondent à  deux  modules.  Désirant  continuer  la  gradua- 
tion sans  l'agrandir  outre  mesure ,  je  partage  l'espace  qui 
règne  entre  le  centre  de  rotation  et  la  ligne  graduée  en 
deux  parties  égales  dans  la  hauteur,  et  je  prends  pour  mo- 
dule le  rayon  de  trois  pouces  \  je  tire  une  ligne  horizon- 
tale à  cette  distance  au-dessous  du  point  de  rotation  et  je 
divise  celle-ci  en  raison  de  son  module  ;  c'est-à-dire  que 
trois  pouces  répondent  à  trois  onces,  je  la  gradue  de  pouce 
en  pouce ,  laissant  cependant  en  blanc  les  six  premiers 
pouces  que  j'ai  déjà  plus  en  grand  au-dessous  ,  je  vais 
jusqu'à  12  onces  sur  cette  ligne.  Je  prends  un  module 
d'un  pouce  et  demi ,  et  divisant  la  ligne  qui  y  correspond 
de  demi-pouce  en  demi-pouce ,  j'obtiens  24  onces  ;  une 
quatrième  division  plus  rapprochée  du  centre  et  prise  à 
9  lignes  du  module  me  donne  les  onces  jusqu'à  4<^' 

li  est  facUe  de  subdiviser  les  divisions  de  la  graduation 
inférieure  puisqu'elles  présentent  une  longueur  de  deux 
pouces  par  once  ;  la  seconde  }^^\\q.  peut  encore  être  sub- 
divisée ,  mais  celles  qui  indiquent  des  poids  au-delà  de 
trois  fois  le  poids  normal  sont  trop  rapprochés  pour  pré- 
senter clairement  des  fractions.  Au  surplus  rien  nem- 
pêche  de  prendre  un  beaucoup  plus  grand  module. 


DE    PHYSIQUE    ET    DE    METEOROLOGIE.  qg 

On  pourroit  donner  à  la  graduation  un  pied  de  module  , 
diviser  celui-ci  en  loo  p.  et  prendre  pour  poids  normal 
à  volonté  une  livre ,  ou  une  once  ou  un  dixième  d'once , 
ou  même  un  quintal,  en  ayant  égard  à  la  force  et  au  poids 
des  chaînes.  Pour  de  très-petits  poids ,  il  faut  des  soies 
très-fines  ,  une  poulie  très-bien  suspendue  ,  et  surtout 
bien  équilibrée. 

Si  en  changeant  le  poids  normal  on  vouloît  se  servir 
de  la  même  gradjation ,  on  feroit  cette  proportion.  L'an- 
cien peson  est  au  nouveau  comme  la  valeur  indiquée  est 
à  la  valeur  réelle. 

Démonstration  du  principe  de  la  balance  tangentigrade 
et  de  V anémomètre  de  Mr.  Huber ,  par  Mr.  Schaub, 
Professeur  de  Mathématiques ,  à  Genève. 

Soit  B  la  position  du  centre  de  gravité  de  l'appareil 
mobile  lorsque  le  poids  de  cet  appareil  fait  équilibre  avec 
la  force  d'impulsion  du  vent  (supposé  agir  horizonta- 
lement). 

L'angle  CB=^6;  B  Z?  =  l'intei^sité  delà  force  d'im- 
pulsion du  vent  sur  la  surface  dont  a  représente  la  gran- 
deur ;  nommons  cette  intensité  pour   l'unité  de  suriace 

P- 

Appelons  m  la  masse  de  l'appareil  mobile ,  g  la  pe- 
santeur, m  g  sera  le  poids  de  cet  appareil;  représentons 
m  g  par  B  L. 

Décomposons  B  D  en  deux  forces ,  Tune  B  E  dans  le 
sens  du  rayon  CB  qui  sera  détruite  par  la  résistance  de 


lOO  SUR  niFFÉRENS  INSTRUMENS 

la  machine,  et  l'autre  BF  tangentielle;  on  aura  ^F= 
BI)  cos6=^pa^  cou  9. 

Décomposons  de  même  B L  en  deux  forces,  l'une  BM 
dans  le  sens  de  CB ,  qui  sera  détruite,  et  l'autre  BH 
tangentielle ,  on  aura  BH  =  BL  sin6  =  mg  sin  fl. 

Dans  le  cas  d'équilibre ,  il  faut  que  BH  soit  égal  à  BF; 
on  aura  donc  pour  ce  cas  l'équation. 
pa  cos  ^  =  mg  sin  â. 
à'oh  Von  tire  p  ^^"^ '^^^=~  iang    fl.    Donc    la    force 

d'imptdsion  du  vent  est  proportionnelle  à  la  tangente  de 

l'angle  fl. 

Si  fl  =  45° ,  p  =  — f  :  c'est-à-dire  que  sous  l'angle  de  45° 

la  force  d'impulsion  du  vent  est  égale  au  rapport  du  poids 
de  la  partie  mobile  de  l'appareil  à  la  surface  de  la  plan- 
chette. 

Pour  des  valeurs  de  9  comprises  entre  45°  et  90°  la  force, 
croît  dans  une  proportion  très-rapide,  et  pour  fl  =  90°  la 
force  p  seroit  infinie  ;  mais  ces  conséquences  abstraites 
souffrent  toujours  dans  la  pratique  des  modifications. 

Si  tang.  ^  ^  a  i  p=-mg^  dans  ce  cas  la  force  d'impul- 
sion du  vent  est  égale  au  poids  de  la  partie  mobile  de  la 
machine. 

Le  même  appareil  m'a  fourni  une  autre  balance  qui 
n'est  pas  moins  rigoureuse,  et  dont  l'application  est  bien 
plus  commode.  PI.  7."  ,  jig.  2. 

J'ai  appelé  celle-ci ,  balance  spontanée  ,  parce  qu'elle 
indique  d  elle -même  le  poids  d'un  objet  sans  qu'on  ait 
d'autre  peine  que  celle  de  le  suspendre  à  un  fil. 


DE    PHYSIQUE    ET   DE    METEOROLOGIE.  101 

Le  principe  auquel  elle  appartient  n'est  pas  aussi  simple 
que  celui  de  la  balance  tangentigrade ,  mais  son  exécution 
n'offre  aucune  difficulté.  Dans  la  balance  spontanée  la 
poulie  ne  change  pas  de  place  ;  elle  doit  être  très-bien 
suspendue.  La  soie ,  destinée  à  porter  et  à  indiquer  les 
poids,  est  comme  dans  l'autre  balance,  fixée  par  une  de 
ses  extrémités  à  un  clou  (pointe  de  Paris),  elle  passe  de 
même  sur  la  poulie  située  à  quelques  pieds  du  point  de 
rotation  et  indique  les  valeurs  par  linclinaison  de  la 
partie  qui  est  près  du  centre.  La  poulie  est  située  de  ma- 
nière à  ce  que  sa  gorge  soit  au  niveau  du  centre  de  ro- 
tation de  la  soie ,  et  le  peson  est  fixé  à  une  boule  située 
précisément  et  rigoureusement  à  moitié  distance  entre 
la  partie  supérieure  de  la  poulie  et  le  clou  auquel  est 
attachée  la  soie. 

Il  est  facile  de  graduer  soi-même  cette  balance.  On 
donne  au  peson  (  ou  poids  nornial  )  i  o  onces  ,  on  lui 
oppose  successivement ,  et  dixième  d'once  par  dixième 
d'once ,  des  poids  qui  font  varier  l'inclinaison  de  la  soie , 
d'un  centième.  On  inscrit  sur  une  ligne  horizontale  le 
lieu  précis  où  s  arrête  la  soie  pour  chaque  nouveau  poids , 
et  l'on  peut  étendre  la  graduation  ,  aussi  loin  que  l'on 
veut  ;  cependant  il  vient  un  point  où  l'on  est  obhgé  par 
la  Doucle  du  peson  de  former  une  seconde  ligne  graduée, 
celle-ci  sera  graduée  de  dixième  en  dixième ,  on  pourra 
aller  ainsi  jusqu'à  dix  fois  le  poids  normal  et  plus  encore. 

La  longueur  de  la  balance  ne  change  rien  à  sa  gradua- 
tion ,  elle  sera  d'autant  plus  sensible  que  la  poulie  sera 
mieux  équilibrée  et  plus  libre  :  si  elle  portoit  sur  des  rou- 


102  SUR    DIFFEREES    INSTRUMEXS 

leaux,  on  pourroit  peser  des  objets  d'une  exlreme petitesse, 
la  longueur  de  la  soie  depuis  le  centre  de  rotation  au 
peson  doit  être  souvent  vérifiée.  Je  ne  doute  pas  qu'on 
ne  pût  remplacer  la  soie  dans  cette  partie  par  une  chaîne 
ou  par  une  verge  de  fer  sans  aucun  inconvénient;  on 
feroit  entrer  alors  le  poids  de  la  chaîne  dans  celui  du 
peson.  On  pourroit  encore  le  contrebalancer  si  c'étoit  un 
bras  composé  d  une  verge;  par  un  prolongement  de  cette 
verge  en  sens  contraire,  la  machine  seroit  aii^i  d'im  usage 
plus  simple  et  plus  commode. 

La  marche  de  la  graduation  est  à  peu  près  égale  entre 
o  et  — ,  elle    devient  croissante  dès-lors  jusqu'à  ~:  puis 
elle  reste   dans  des  limites  assez   égales   jusquà  environ 
deux  fois  et  demi  le  poids  normal.  Depuis  là  elle  décroît  • 
sensiblement. 

Le  poids  qui  répond  à  ■—  indique  la  place  où  les  deux 
brins  de  soie  font  ensemble  un  angle  droit ,  à  J^  la  ligne 
graduée  est  longue  de  deux  fois  le  rayon.  L'égalité  des 
poids  correspond  au  57°  {  du  quart  de  cercle  vertical,  à 
compter  de  bas  en  haut. 

Dèmon&lration  du  principe  de  la  Balance  spontanée. 
Soit  ./^  5  =  2  a  un  fil  horizontal  très-délié  ,  tendu  par 
un  poids  P;\e  fA  ^ B P  passe  par  une  poulie  très-libre 
en  S ,  et  son  poids  est  supposé  assez  petit  pour  qu'on 
puisse  le  négliger.  Si  l'on  suspend  au  point  C  milieu  de 
j4  B  nn  poids  )"  le  fil  ACB  prendra  la  position  ADB. 
Tirons  la  verticale  ^  E  et  nommons  9  l'angle  D  A  E ,  on 
aura  A  D=zA  C^^a.  On  aura,  dans  le  cas  d'équilibre  : 
F  :  p  ::  sin  AD  p  '■  sin  ADB  ,  ou    F  :  p  ::  sin  6  : 


DE    PHYSIQUE   ET    DE   MÉTÉOROLOGIE.  lo5 

sin.  ADB.  Mais  dH^  ^Sa'^  —  /^  a '^  sinlLe  triangle 
AJJB  donne  :  DB  :  AB  ::  cos  6  :  sm^DB,  donc 
sin  ADB  =     — iiL^flî Doue  .  P  :  p  ::  sin  0  : 

'  "  ^"^  »  ..  ^in  i  ' ^2^«__  OU  P  :  p  ::  tang  «  iJ 


J/'  (  5  -  4  «ù»  I;  • 

Si  fl  est  assez  petit  pour  que  l'on  puisse  supposer  sin  9 
=  o  ,  sans  erreur  sensible,  on  aura  à  très  -  peu  prés  : 
P:p  ::  tang 6:  ^;  d'où  l'on  tire  P  =p tang 9  x   1 1  1 18* 

On  aura  P  ^  p  tang  9  à  moins  d'un  millième  près  entre 
les  limites  fl  =  oet9=29  minutes.  Donc  entre  ces  li- 
mites ,  on  aura  à  moins  d'un  millième  près  ;  le  poids  P  est 
au  poids  p  comme  la  tangente  de  l'angle  DAC  est  au 
rayon. 

Description  d'un  anémomètre  présenté  à  la  Société  de 
Physique  et  d' Histoire  naturelle  de  Genève  en  1817 
et  perfectionné  dès-lors. 

L'étude  des  vents  m'ayant  toujours  paru  trop  négligée 
par  les  météorologues ,  je  crus  pouvoir  attribuer  leur  in- 
différence pour  des  phénomènes  aussi  saillans  à  l'imperfec- 
tion des  instrumens  destinés  à  en  mesurer  l'intensité. 

Cependant,  me  disois-je,  la  nature  nous  présente  par- 
tout des  anémomètres.  Les  branches  des  arbres,  les  brins 
d herbes,  les  nuages,  la  fumée  et  tant  d autres  objets  se- 
roient  dexceliens  anémomètres  si  la  force  nécessaire 
pour  les  mouvoir  ou  les  fléchir  étoit  bien  connue  ,  s'ils 


lo4  SUR  DTFFÉRENS  INSTRUMENS 

présentoient  toujours  au  vent  une  même  surface ,  et  si 
cette  surface  leur  opposoit  toujours  une  résistance  directe. 

De  là  ridée  de  construire  une  machine  qui  remplît  ces 
conditions.  L'inclinaison  des  objets  chassés  par  le  vent  et 
retenus  d'ailleurs  à  quelque  point  fixe  ,  pouvoit  fournir  , 
et  avoit  déjà  présenté  un  moyen  anémométrique  à  quel- 
ques physiciens.  Mais  jusqu  ici  personne  ne  me  sejniiloit 
avoir  combiné  cette  condition  avec  les  autres  conditions 
du  problème. 

Ayant  fait  quelques  essais  préliminaires,  j'entrevis  bien- 
tôt la  possibilité  d'organiser  un  instrument  de  manière  à 
remplir  mon  but,  et  je  conçus  l'espérance  de  pouvoir  me- 
surer exactement  l'intensité  du  courant  par  l'écartemént 
auquel  parviendroit  un  objet  poussé  par  les  vents. 

On  a  vu  où  cette  recherche  m'a  conduit.  A  l'aide  d'un 
habile  mathématicien,  j'ai  trouvé  une  théorie  applicable 
à  toutes  les  forces  qui  agissent  horizontaleiTient  contre  la 
pesanteur  d'un  corps  suspendu;  il  ne  s'agissoit  plus  que 
de  disposer  un  volant  de  manière  à  ce  quil  reçût  tout 
l'etfort  du  vent  (  que  je  suppose  agir  horizontalement  )  ,• 
2.°  qui  lui  présentât  toujours  la  même  surface ,  et  une 
surface  toujours  perpendiculaire  au  courant.  En  3."  lieu 
il  falloit  que  chaque  degré  de  force  imprimé  par  le  vent  à 
ce  volant  fut  immédiatement  dénoncé  aux  yeux  de  1  ob- 
servateur ,  ainsi  que  la  diiection  du  fluide  ambiant. 

Le  vent  pouvoit  représenter  le  fil  horizontal  de  la  ba- 
lance tangentigrade  ,  il  ne  s'agissoit  que  de  lui  donner 
prise  sur  un  volant  convenablement  disposé. 

Je  suspendis  un  volant  d'une  surface  donnée  à  deux 


hr,    PHYSIQUE    ET   DE    MÉTÉOROLOGIE.  ïo5 

hranches  de  ter  très-minces  de  1 8  pouces  ,  par  deux  tou- 
rillons places  à  ia  moitié  de  sa  hauteur.  Les  deux  branches 
de  ter  eues-mtmes  turent  suspendues  par  Tune  de  leui's 
exticmités  sur  deux  axes  sembtables  et  horizontaux  portés 
par  une  girouette  mobile  de  manière  à  diriger  tout  l'ap- 
pareil en  face  du  vent    (FI.  i ,  Jig.  i."). 

La  girouette  elle-même  porte  une  graduation  semblable 
à  ceiie  de  la  balance  tangentigrade.. 

Le  volant  est  maintenu  dans  une  position  verticale  par 
le  moyen  d  un  poids  fixé  à  sa  base ,  ou  par  un  procédé 
moins  simple ,  mais  plus  ingénieux ,  imaginé  et  exécute 
par  Cl.  Lcchet,  jeune  homme  doué  d'un  singulier  talent 
pour  les  mécaniques  et  élève  de  mon  père. 

11  consiste  dans  le  jeu  d'une  ou  de  deux  branches  pa- 
rallèles à  celles  qui  portent  le  volant  et  situées  de  ma- 
nière à  l'accompagner  dans  tous  ses  mouvemens  ,•  elles 
marchent  simultanément  et  parallèlement  aux  branches 
qui  lui  servent  de  support  et  sont  fixées,  d'une  part  près 
du  point  centi'al,  de  l'autre  au  volant  lui-même. 

Par  ce  moyen,  le  volant  se  maintient  toujours  dans  une 
position  verticale ,  quelque  soit  la  hauteur  où  le  vent 
puisse  le  porter. 

Les  mêmes  parallèles  pouvant  être  situées  très -près 
de  la  girouette  graduée,  serviront  si  Ion  veut  d  index, 
comme  dans  l'anémomètre  représenté  (/-"/.  "2 ,  jïg.  i.'  ); 
on  peut  même  n'en  employer  qu  une  seule  et  la  fixer  au 
milieu  du  bord  supérieur  du  volant.  Dans  la  fig.  i.""  l'axe 
de  la  girouette  a  été  prolongé  afin  que  le  volant  ne  soit 
point  masqué  par  la  girouette;  la  parallèle  qui  tert  d  index 

Méin.  de  In  Hue.  de  Phys.  et  d'il.  nul.   11.  \.  14 


lo6  SUR   DIFFÉRENS    INSTRTTMENS 

doit  être  placée  au  haut  de  la  girouette  à  une  petite  dis- 
tance de  l'axe  ;  c'est  au-dessous  de  ce  point  que  commence 
la  graduation. 

Le  support  de  la  girouette  consiste  en  une  espèce  de 
potence  à  1  extrémité  de  laquelle  est  une  ouverture  qui 
donne  passage  à  l'axe  vertical  de  la  machine  :  cet  arran- 
gement présente  un  inconvénient  ,  c'est  que  le  vent  est 
masqué  dans  une  direction  par  le  pied  de  la  potence  ;  on 
pare  à  cet  inconvénient  en  tournant  le  pied  dans  une  di- 
rection différente  de  celle  du  vent. 

Mais  il  y  auroit  plusieurs  autres  moyens  que  je 
n'ai  pas  encore  mis  en  œuvre  ,  pour  éviter  complète- 
ment  cette   imperfection. 

Un  de  ces  moyens ,  seroit  de  construire  un  volant 
double.  Le  pied  de  la  machine  seroit  une  simple  flèche 
en  fer,  armée  d anneaux  dans  lesquels  laxe  de  la  gi- 
rouette très- prolongé   tourneroit  librement. 

Pour  démasquer  ce  pied  qui  se  trouveroit  naturelle- 
ment dans  la  direction  du  vent  au  volant ,  on  com- 
poseroit  celui-ci  de  deux  Aolans  de  seize  pouces  de 
surface ,  et  séparés  par  un  espace  de  six  pouces.  L'en- 
semble des  deux  volans  pèseroit  une  certaiue  quantité  ; 
pour  avoir  l'effort  du  vent  sur  la  surface  de  seize 
pouces ,  on  prendroit  la  moitié  des  forces  indiquées  sur 
lindex.  Le  double  ne  donneroit  pas  l'effort  du  vent 
sur  une  surface  doulde  ,  parce  qu  étant  divisée ,  le  vent 
a  moins  de  prise  sur  elle.  Si  Ion  calculoit  autrement, 
on  auroit  une  erreur  à  craindre,  parce  que  l'effet  du  vent 
sur  deux  volans  de  seize  pouces  n'est  pas   égal  à  ce- 


TtV.    PHYSTQITE    ET    BR    METÉOnOLOGTE.  ÎO7 

lui  du  vent  sur  une  surface  de  trente-deux  pouces  ;  il 
est   moindre. 

On  peut  aussi  placer  la  girouette  et  tout  son  appa- 
reil dans  un  cercle ,  ou  dans  un  ovale  vertical  qui 
chemine  avec  elle  et  tourne  sur  un  pivot.  Toutes  ces 
méthodes  sont  bonnes ,  pourvu  que  la  girouette  tourne 
avec  la  plus  grande  liberté  sur  son  axe ,  que  le  volant 
soit  bien  démasqué  et  que  l'index  marche  parallèlement 
aux  supports  de  l'anémomètre. 

Le  poids  total  du  volant  et  de  ses  branches ,  en 
comptant  les  parallèles  et  tout  ce  qui  se  meut  par 
l'effort  du  vent ,  doit  donner  le  poids  normal  équivalent 
au  module;  c'est-à-dire,  que  si  tout  cet  appareil  mobile 
pesoit  quatre  onces,  je  donnerois  au  module  de  la  gra- 
duation quatre  onces ,  et  je  la  diviserois  en  con- 
séquence. 

J'ai  donné  trois  onces  au  poids  total  de  l'anémo- 
mètre ,  la  graduation  est  donc  divisée  exactement 
comme  celle  de  la  balance,  donc  le  module  est  sup- 
posé trois  entiers  ;  la  surface  du  volant  est  de  quatre 
pouces   en  quarré. 

On  doit  placer  le  pied  de  l'anémomètre  dans  une  po- 
sition parfaitement  verticale ,  sans  cela  les  degrés  qu'il 
indiqueroit  seroient  ou  trop  forts  ou  trop  ioibies.  La 
machine  doit  donc  être  munie  d'un  plomb  suspendu 
par  un  fil,  dans  quelque  partie  à  l'abri  du  vent;  je  l'ai 
placé  entre  quatre  vitres  dans  le  pied  même  de  l'ané^ 
momètre. 

Il  doit  encore  porter  une  rose  des  vents  en  fer-blanc, 


|08  SUR   DIFFÉRENS    INSTRUMENS 

peinte  à  Thuile  comme  la  girouette.  L'axe  de  celle-ci 
prolongé  porte  une  aiguille  qui  se  dirige  sur  cette  rose 
selon  la  direction  du  vent.  Afin  de  pouvoir  mettre  le 
pied  de  la  machine  indifféremment  dans  toutes  les  po- 
sitions ,  on  laisse  la  rose  des  vents  libre  et  on  la  tourne 
au  nord  ;  lorsque  la  machine  est  établie ,  ou  la  fixe  sur 
ce  point  au  moyen  dun  bouton  à  vis. 

11  faut  avoir  soin  de  donner  à  toutes  les  branches  de 
l'anémomètre  le  moins  d  épaisseur  possible  dans  le  sens 
d'où  vient  le  vent,  afin  qu'il  n'ait  que  peu  de  prise  sur 
elles  et  que  l'on  puisse  négliger  cette  considération. 
Lorsque  lindex  annonce  six  onces  ,  cela  veut  dire  que 
le  vent  agit  sur  une  surface  de  seize  pouces  avec  une 
force  de  six  onces  ;  s'il  indique  un  dixième ,  c'est  uu , 
dixième  douce  sur  la   même   surface. 

Lépaisseur  du  volant  ne  changeant  rien  à  la  surface 
quil  oppose  au  vent,  je  le  compose  de  deux  feuilles  de 
carton  verni,  collées  sur  un  petit  cliassis,  et  de  ma- 
nière à  laisser  entr elles  un  espace  vide.  Une  ouver- 
ture dans  la  feuille  qui  ne  reçoit  pas  le  vent  permet 
d'insérer  des  poids  dans  le  volant ,  ce  qui  est  très  com- 
mode pour  le  tarer  et  pour  doui^ler  au  besoin  la 
pesanteur  de  tout  l'appareil;  dans  ce  cas  les  valeurs 
de  la  graduation  seroient  censées  doubles  de  ce  qu'elles 
indiquent. 

On  peut  encore  agrandir  le  volant,  ce  qui  n'offre 
aucune  difficulté  ;  on  doit  dans  ce  cas  indiquer  la  sur- 
face  sur  laquelle  agit   limpulsion  du  vent. 

Je  joins  ici  un  résultat  obtenu  par  le   Chevalier  de 


DE    PHYSIQUE   ET    DE    MÉTÉOROLOGIE.  1 O9 

Borda  dans  des  expériences  destinées  à  estimer  la  vi- 
tesse relative  à  la  résistance  de  l'air  :  ces  expériences 
faites  sur  un  volant  de  quatre  pouces  en  quarré  peuvent 
s'appliquer  à  l'anémomètre  que  je  viens  de  décrire. 

Surface,   quatre  pouces. 


ÏSISTANCE    DE 

LAIR. 

VITESSE. 

Livres. 

Pieds. 

0,     1472 

25,   47 

0,    0786 

17^  99 

G,  o3t»8 

12,  66 

0,  0184 

8,  96 

0,  0092 

6,  33 

Description   de  V Anémographe. 

L'instrument  auquel  j'ai  donné  ce  nom,  est  construit 
sur  le  même  principe  que  mon  anémomètre.  (  PI.  5  et  4.) 

Dès  que  j'eus  la  certitude  que  les  tangentes  don- 
noient  des  degrés  comparables,  je  sentis  que  si  je  pouvois 
faire  traîner  par  les  verges  de  l'anémomètre  un  petit 
char  qui  parcourût  une  ligne  horizontale ,  cette  ligne 
pouvant  représenter  les  tangentes  de  tous  les  angles , 
depuis  0 ,  jusqu'à  go* ,  un  crayon  porté  par  le  train 
de  derrièie  de  ce  char,  pourroit  tracer  sur  le  papier 
des  lignes  proportionnelles  aux  forces  du  vent. 

La  principale  difficulté  consistoit  à  faire  pousser  par 
les  verges  le  char  en  question  dans  une  direction  hori- 
zontale :  pour  cela  j'établis  à  droite  et  à  gauche  des 
deux  verges ,   une   plate-forme   sur  laquelle   deux   rou- 


ÏIO  SUR   DtFFÉRENS   INSTRUMENS 

lettes  portant  un  essieu  en  fer  s'avançoient  par  le  moyea 
des  verges;  mais  il  falloit  encore  quelles  reculassent,  et 
dans  ce  but  je  fis  passer  les  verges  dans  des  espèces 
de  boîtes  coniques  en  buis,  percées  d'un  trou  verticale 
(  FI.  3,  fig.  2.  )  Ces  mêmes  boîtes  sont  percées  dans  le 
sens  horizontal  de  deux  trous  pratiqués  dans  le  même 
alignement  et  aboutissant  près  de  Taxe  ;  ils  sont  destinés 
à  recevoir  l'axe  des  roulettes  et  l'extrémité  de  l'essieu. 
La  boîte  doit  être  assez  pesante  pour  résister  à  la 
tendance  qu'ont  les  verges  à  soulever  l'objet  quelles 
charient. 

L'essieu  dont  je  viens  de  parler  forme  l'avant- train 
du  char  ;  il  entraîne  deux  branches  minces  en  bois  dur , 
recourbées  et  percées  à  cette  extrémité  pour  lui  être 
emboitées.  Ces  branches  vont  en  droite  ligne  depuis  là 
jusqu'au  train  de  derrière,  auxquelles  elles  servent  de 
longes  ou    flèches:  (  PI.  3.  aa..Jîg.  y.  ) 

Le  train  de  derrière  consiste  en  deux  petites  rou- 
lettes dont  l'essieu  porte  un  crayon  ;  elles  cheminent 
aussi  sur  une  planche  et  sont  retenues  du  côté  ex- 
térieur  par    un   petit   rebord. 

Les  deux  verges  de  l'anémographe  sont  fixées  à  un 
demi  châssis  qui  tourne  horizontalement  par  le  moyen 
dune  gii'ouette  élevée.  Ce  châssis  porte  dans  le  sens 
d'oii  vient  le  vent ,  une  caisse  (  d  )  de  vingt-deux 
pouces  de  long ,  onze  pouces  de  large ,  et  deux  pouces 
de  hauteur ,  destinée  à  contenir  deux  cylindres  en 
fci -blanc  sur  lesquels  rovde  une  feuille  de  papier  sans 
fin  (e).  Cette  caisse  tourne  avec  tout  l'appareil  ;  elle  porte 
le  plancher  destiné   au  train  de  derrière  (  PL,  4.  ). 


DE    PHYSIQUE    ET   DE   MJÉTÉOBOLOGIE.  lll 

Les  deux  rouleaux  en  fer-blanc,  terminés  chacun 
par  une  rondelle  en  cuivre,  reposent  sur  des  axes 
très-déliés  :  l'un  des  rouleaux  peut  avancer  et  reculer 
dans  la  caisse,  au  moyen  d'un  demi  châssis  horizon- 
tal dans  lequel  il  est  enclavé  et  qui  glisse  entre  les 
bords  de  la  caisse  :  il  se  meut  en  avant  ou  en  arrière  , 
au  moyen  d'une  vis  de  rappel,  établie  à  l'extrémité 
de   la  caisse. 

Les  rouleaux  peuvent  s'enlever  avec  la  plus  grande 
facilité. 

Le  diamètre  des  deux  rouleaux  est  de  deux  pouces , 
afin  que  leur  circonférence  soit  de  six  pouces.  Celui 
qui  ne  doit  pas  se  mouvoir  en  avant,  porte  à  lune 
de  ses  extrémités  une  espèce  de  manivelle  qui  s'adapte 
à  la  grande  aiguille  d'une  forte  montre  (  PL  3.  ^  )  '. 
ensorte  que  celle-ci  une  fois  en  mouvement,  le  rouleau 
fait  en    une  heure    un    luur    sur   lui-même. 

Les  rouleaux  sont  munis  de  deux  rangées  de  petites 
dents  en  fer,  au  moyen  desquelles  le  papier  qui  passe 
autour  d'eux  est  entraîné  dans  leur  marche  et  che- 
inine  régulièrement. 

Par  la  disposition  de  tout  l'appareil  le  crayon  situé 
sur  l'essieu  du  train  de  derrière  (  PL  4.  )  répond  au 
bord  du  papier  lorsque  le  volant  est  en  repos ,  c'est-à- 
dire  pendant  le  calme;  le  papier  marche  sous  le  crayon, 
ensorte  que  sa  tra(;e  décriroit  une  ligne  parallèle  au 
bord  si  le  calme  duroit  un  certain  tems.  Mais  si  le 
vent  fait  élever  le  volant,  à  chaque  mouvement  de 
celui-ci,  le  crayon  avance  sur    le  papier  dune  quantité 


lia  SUR    DIFPKRENS    fNTSTRUMENS 

égale  ù  la  tangente  des  angles  parcourus  pour  un  rayon 
de  dix-huit  lignes. 

Le  dessin  qui  résulte  de  la  trace  faite  par  le  crayon, 
représente  une  suite  de  mouvemens  qui  répondent  à 
chaque  minute ,  à  chaque  instant  indiqué  par  la  marche 
du  papier. 

Le  papier  sur  lequel  s'inscrit  la  force  du  vent  est 
ii'ie  biude  sans  fiu  de  trente-six  pouces  de  longueur 
sur  onze  pouces  de  largeur  à  peu  près.  Il  peut  do'ic 
indi  juer  les  eiforts  du  vent  pendant  six  heures,  chaque 
minute  répond  à  l'étendue  d'une  ligne  du  pied  de  roi. 
Lorsquou  veut  moins  de  détail  et  avoir  douze  heures 
de  la  marche  du  vent  sans  changement  de  papier,  on 
peut  employer,  comme  je  l'ai  fait,  un  cylindre  d'une 
surfiCe  moitié  moindre,  c'est-à-dire,  d'un  pouce  à 
peu  près  de  diamètre,  il  s'adapte  à  l'aiguiUe  de  la 
montre  de  la  mêiue  iittiulère,  mai»  celle-ui  doit  s'éle- 
ver dan^  sa  chà§sç  afin  que  les  deux  rouleaux  soyent 
de  niveau:  par  ce  moyeu,  un  espace  de  trois  pouces 
répond  à  une  he,ure,  ce  qui  est  bien  suffisant  pour 
des     observations    ordinaires. 

Le  demi-chiissis  qui,  porte  l'anémomètre,  la  caisse  et 
ses  rouleaux ,  to.Ut>  ce  petit  appareil  est  mu  par  une  gi- 
rouette dont  l'axie  traverse  le  bras  d'une  potence  et  repose 
sur  un  bras  iuférieur  du  même  support  (K).  Cet  axe 
prolongé  porte  deux  barres  de  fer  qui  viennent  au  se- 
cours de  la  Çi-^isse  et  tournent  avec  elle  en  opposition  au 
vent.  Cet  axe  pose  par  son  extrémité  inférieure  sur  une 
vii^  en  bois  terminée  gar  une  virole  pleine  en  laiton,  dans 


Iket  Huât   I.  p.U3. 

ÎALAlsrCE     TAN  GENTI  GRADE 


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DE   PHYSIQUE   ET   DE    MÉTÉOROLOGIE.  IJO 

laquelle  est  ménagée  une  légère  concavité  pour  recevoir 
cet  axe. 

L'axe  de  la  girouette  est  l'une  des  pièces  dont  l'exécu- 
tion exige  le  plus  de  soin.  Dans  la  partie  qui  répond  à  la 
girouette  il  est  carré,  mais  il  va  en  diminuant  dans  cette 
partie  de  la  base  au  sommet ,  afin  de  recevoir  les  deux 
branches  en  bois  qui  portent  la  girouette  :  ces  deux  bran- 
ches ont  un  trou  carré  dans  lequel  entre  l'axe  ;  il  faut 
faire  attention  au  sens  de  la  girouette  dans  toute  la  cons- 
truction de  Taxe  :  celui-ci  est  arrondi  dans  toute  la  partie 
qui  r.?pond  an  tube  creux  en  fonte  que  l'on  voit  sous  le 
bras  de  la  potence  :  plus  bas  ,  l'ciic  prend  une  forme 
applatie  pour  présenter  au  vent  le  moins  d'obstacle  pos- 
sible, mais  en  revanche  il  est  très-élargi  dans  le  sens 
opposé. 

A  sa  base  il  reçoit  une  branche  montante  applatie 
de  même,  et  placée  dans  la  même  direction  par  rapport 
au  vent.  L'axe  porte  en  outre  une  bande  horizontale  qui 
se  fixe  à  la  caisse  par  derrière  ,  tandis  que  la  branche 
montante  la  reçoit  par  dessous. 

(Tout  cet  arrangement  a  cependant  l'inconvénient  de 
masquer  légèrement  le  volant  :  il  seroit  facile  de  l'éviter  en 
faisant  supporter  la  cuisat-  par  un  axe  divisé  ,  qui  sou- 
tiendroit  tout  l'appareil  au  moyen  de  quatre  barres  de 
fer  ascendantes  ). 

La  caisse  a  un  fond  très-mince  ;  ses  bords  sont  cons- 
truits en  bois  dur  i  les  cylindres  quelle  renferme  roulent 
dans  des  échappes  très-libres  sur  des  axes  bien  centrés; 
Qelui  qui  peut  se  mouvoir  en  avant,  n'est  retenu' que  par 
Mém.  de  la  Soc.  de  Phys.  et  dH.  nat.  T.  I."  1 5 


rir4  SUR   DITFKRENS    INSTRUMENS 

deux  pelUs  ressorts,  destinas  à  céder  à  ia  tension  du  pa- 
pier, et  les  chappes  dans  lesquelles  ces  axes  sont  reçus 
sont  elles  -  rnêmes  mobiles,  pari:e  qu'il  faut  qu'elles  se 
prêtent  à  l'inégale  élasticité  du  papier.  La  montre  est  située 
dans  une  chasse  disposée  de  manière  à  pouvoir  sé{e\er 
ou  s'abaisser  à  volonté  ,  afin  de  correspondre  au  roideau 
d  un  pouce,  lorsque  l'on  veut  en  faire  usage  j  jiar  la  même 
raison,  les  pièces  de  laiton  qui  servent  de  support  à  ce 
rouleau,  sont  percées  à  deux  hauteurs  ditférenles. 

Le  plancher  sur  lequel  roule  le  train  fie  derrière  du  char 
destiné  à  porter  le  crayon  ,  consiste  en  deux  petits  trot- 
toirs élevé*;  au-çlesBus  jlu  papier ,  ciracune  des  règles  qui 
le  composent  est  disposée  au  travers  de  la  ciiisse  sur  de 
petits  pieds  attenans  à  ses  bords  ,  ces  trottoirs  servent 
chacun  à  l'une  des  roues  du  char  ;  leur  distance  dépend 
des  autres  arrangemens  et  n  influe  en  rien  sur  le  succès 
de  la  machine;  ils  reçoivent  une  petite  bande  de  bois  en 
guise  de  parapet  du  côté  extérieur.  Une  autre  règle  inter- 
médiaire passe  au  contraire  sous  la  bande  supérieure  du 
papier  ,  pour  servir  de  table  au  crayon  et  oitfrir  au  pa- 
pier un  support  sans  lequel  il  céderoit  et  n'offriroit  pas 
la   résistance   nécessaire    aux    traces    qu'il   doit  recevoir. 

{PI-  4).  .  .  .    _ 

Le  demi-chàssis  destiné  à  porter  les  branches  de  l'ané- 
momètre est  fixé  à  la  caisse  par  quatre  fortes  vis  en  fer; 
car  c'est  la  caisse  qui  porte  ce  châssis  ;  il  tourne  avec  elle  , 
et  avec  son  axe ,  mais  il  ne  touche  point  celui-ci  ;  il  est 
percé  au  milieu  de  sa  longueur  d  un  trou  assez  large  pour 
laisser  un  libre  passage  au  tube  eia  foule  qui  est  fixé  au 


DE    PHYSIQUE   ET   DE    MÉTÉOROLOGIE.  Il5 

bras  de  la  potence  et  au  centre  duquel  passe  l'axe  de  la 
girouette. 

Ce  demi-chàssis,  porte,  à  quelques  pouces  de  son  ori- 
gine, un  cylindre  en  bois  t'ait  au  tour  et  posé  horizonta- 
lement, entre  les  côtés  du  châssis,  sur  des  axes  jouant 
dans  du  laiton   (m)  ,   PL  3 ,  Ji^.   i . 

Ce  cylindre  horizontal  sert  de  support  aux  l^ranches 
ou  verges  chi  volant,  qui  doivent  être  placées  sur  la  même 
ligne ,  à  la  distance  qui  paroîtra  la  plus  commode  et 
symétri<juement  à  l'égard  du  centre  ou  de  l'axe  de  la 
girouette. 

La  parallèle  disposée  pour  maintenir  le  volant  dans  la- 
verticale  sera  adaptée  au  châssis. 

Le  plancher  qui  porte  le  train  de  devant  du  char  con- 
siste aussi  en  deux  règles  horizontales,  situées  à  un  pouce 
et  demi  du  centre  de  mouvement  des  verges,  c'est  le  mo- 
dtde  :  ces  règles  n  auront  point  de  rebord  pour  ne  pas 
ris  {lier  de  gêner  en  rien  la  liberté  du  volant. 

Les  deux  pièces  q;ie  j'ai  appelées  des  boîtes  ,  et  qui 
reçoivent  l'essieu  du  train  de  devant'^,  sont  comme  je  l'ai 
dé)à  ttit  en  bois  pesant,  de  la  forme  d'un  cône  tronqué  rec- 
tangidairement  par  la  pointe  ,  et  obliquement  pai-  la  base, 
afin  de  ne  pas  gêner  le  mouvement  des  branches  par  leur 
frottement  contre  le  plancher. 

L'essieu  (  PI.  3 ,  //g.  2  )  est  d'une  forme  un  peu  re- 
courbée afin  de  ne  pas  gêner  le  porte  crayon  du  rhombe. 

Cette  macliine  auroit  été  très-incomplète  ,  si  je  m'étois 
borné  à  lui  faire  indiquer  les  forces  du  vent.  11  importoit 
au  moins  autant  de  connoître  la  direction  du  fluide  en, 
mouvement. 


Il  6  SUR    DTFfÉRENS    ÏNSTiltTMENS 

Dans  ce  but,  cherchant  un  point  d'appui  sur  la  potence 
même  qui  demeure  immobile,  on  a  réussi  à  laire  porter  à  ce 
bras  un  tube  qui  embrasse  l'axe  de  la  girouette  et  qui  est 
indéjjendant  de  celle-ci.  {JPl  'ùyfig.  i).  Ce  tube  traverse 
librement  le  demi-châssis  qui  pprie  les  branches  de  l'ané-; 
momètre  et  descend  jusqu'au  niveau  de  la  caisse. 

L'n  cordon  fixé  autour  de  ce  tube,  par  le  moyen  de 
quelques  petites  dents  ,  fait  marcher  autour  du  tube , 
co^nme  a^e ,  une  petite  règle  de  bois  qui  glisse  horizon- 
talement dans  une  coulisse  attenante  à  la  partie  mobile 
de  l'appareil  {PL  3,  fîg.  o)  ;  celle-ci  tourne  avec  cet 
appareil,  mais  la  règle  retenue  par  le  cordon  ne  suit  pas 
le  mouvement ,  elle  ne  peut  que  reculer  ou  avancer  dans 
laji'ainure  d'une  planchette  qui  la  serre  légèrement  contre 
li^  tube  même;  elle  en  sort  d^me  certaine  quantité  quand 
lfi,,]^^ut  est  dans  certain  rhombe^ieUe  sort  davantage  si 
le  vent  change ,  oU'  recule,  s'il  tourne  d'un  autre  côté. 
Cette  règle  est  assez  longue  pour  que  le  vent  puisse  faire 
trois  tours  sans  la  mettre  hors  de  sa  coulisse.  Elle  sert  de 
support  au  crayon  du  rhoinbe  ;  comipe  cette  espèce  de 
porte-crayon  est  situé  hors  du  centre  de  rotation  ho- 
rizontal, le  crayon  ne  répondroit  pas  au  milieu  du  papier 
si  l'on  ne  donnoit  à  son  support  un  bras  à  angle  droit  qui 
le  remit  dans  la  direction  centrale  ,  et  ce  bras  consiste 
en  une  petite  bande  de  ressort  en  fer  afin  (Je  laisser  plus 
de  jeu  au  crayon.  Ai;  moyen  de  ce  bras  {pi.  3  ,  fig.  5  a), 
le  crayon  du  rhombe  se  meut  exactement  sur  le  même 
alignement  que  le  crayon  destiné  à  tracer  les  forces  du 
V«nt  :  en  sorte,  que  leurs  ti'aces  correspondent  sur  le  pa- 


T)t;  physique  et  de  MéiÉonoLOrtiE.  117 

Jîier  relativement  au  temps  de  leur  exécution  ,  elles  se 
tiouvent  dans  la  JTiême  minute  sur  la  même  ligne  ;  ou 
peut  donc  à  chaque  instant  du  jour  voir  quelle  étoit  la 
direction  et  la  force  du  vent.  {PL  4  ,fig.  i  ). 

Mais  on  doit  avant  tout  placer  raïïiénograjihe  conve- 
nablement ,  dans  un  lieu  découvert  et  éloigné  de  tout  ob- 
jet qui  puisse  présenter  des  reflexions  ou  des  refoidemens 
du  vent  ;  il  iaut  ensuite  l'orienter  au  moyen  d'une  bous- 
sole et  faire  ensorte  que  le  porte-crayon  soit  arrangé  dans 
sa  coulisse  de  manière  à  correspondre  au  bord  du  papier 
lorsquil  indique  le  nord.  Enfin,  il  faut  mettre  la  machine 
parfaitement  de  niveau  et  la  solidifier  au  moyeu  d'énormes 
poids  posés  sur  son  pied. 

On  ne  dispose  la  girouette  ainsi  que  les  crayons ,  qu'au 
moment  où  l'on  veut  agir ,  afin  de  ne  pas  risquer  de  bar- 
boiuller  d'avance  le  papier.  On  marque  sur  le  papier 
l'heure  où  commence  l'observation ,  et  on  laisse  aller  la 
machine  toute  seule  pendant  tout  le  temps  que  le  papier 
doit  marcher  sous  les  crayons. 

Il  faut  une  montre  extrêmement  forte  pour  qu'elle  ne 
soit  pas  arrêtée  dans  son  trajet  ;  j'ai  cependant  remai'qué 
qu'elle  étoit  moins  sujette  à  cet  inconvénient  par  le  vent 
que  par  le  calme. 

Le  pied  de  la  machine  exige  quelque  considération.  On 
pourroit  le  construire  de  bien  des  manières  ;  mais  pour 
sa  solidité,  il  faut  qu'il  soit  disposé  de  telle  sorte  qu'il 
oppose  une  large  base  sous  le  centre  de  mouvement,"  j'ai 
donné  àla  base  la  forme  d'une  double  croix  {pi.  ^ifig.  2), 
toutes  les  pièces  dont  elle  est  composée  se  joignent  au 


»l8  SUR   DIFPÉRENS    INSTRUMENS 

moyen  de  chevilles  afin  de  pouvoir  être  démontée  facile- 
ment (i). 

Dans  toutes  ces  machines  il  convient  de  conserver  la 
même  surface  au  volant  ;  celle  de  quatre  pouces  en  quarré 
pourra  servir  de  type  général  et  l'on  saura  toujours  à  quoi 
s'en  tenir.  Sa  charge  dans  laménograplie  est  de  quatre 
onces  ;  parce  qu'il  seroit  plus  difficile  de  faire  jouer  les 
branches  qui  portent  le  volant  en  avant  et  en  arrière, 
avec  le  char  qu'elles  traînent,  si  ce  volant  devoit  s'élever 
à  des  angles  très-considérables ,  tandis  qu'il  suffit  pour  la 
graduation  d'un  module  de  i8  lignes   pour  quatre  onces. 

Le  papier  employé  pour  Taménographe  doit  être  très- 
mince  ,  très-uni ,  et  un  peu  transparent.  Le  jiapier  de 
soie  anglois  est,  ce  me  semble  ,  le  meilleur  qu'il  y  ait  dans 
ce  genre,  parce  qu'il  est  uni.  Il  doit  être  assez  transparent 
pour  qu'on  puisse  lire  au  tra'sers  l'écriture  à  l'encre. 

Après  l'opération  de  la  machine ,  on  enlève  le  papier  de 
dessus  ses  rouleaux ,  on  le  transporte  sur  une  espèce  de 
réglet  tracé  avec  de  l'encre ,  afin  de  voir  à  quel  rhombe  et 


(i)  Je  me  plais  à  reconnoître  ici  tout  ce  que  je  dois  aux  soins  de  Mr. 
Gourdon  l'ainé  qui  sVst  chargé  de  l'exécution  de  cette  macbinc  :  elle  a 
reçu  de  lui  plusieurs  perfcctionnemens  très-utiles  ,  entr'aulres  celui  d'avoir 
transporté  le  support  de  la  girouette  au  bas  de  son  axe ,  ce  qui  exigeoit 
plusieurs  modifîcatious  importantes  dans  le  reste  de  la  mécanique  ,  et  ce 
qui  lui  donne  une  solidité  qu'elle  n'avoit  point  lorsque  le  bras  supérieur  de 
la  potence  étoit  chargé  de  tout  le  fardeau. 

•  On  ne  saurait  s'adresser  mieux  qu'à  MM.  Gourdon  de  Genève  pour 
1  exécution  des  anémomètres  ,  puisqu'ils  en  ont  déjà  construit  qui  répondent 
parfaitement  à  mon  attente  et  au  but  poiu:  lequel  ils  sont  destinés. 


DE   PliVSlQUG   El'   DE    MlÎTlloMOLOUrE.  119 

à  quelle  force  correspondent  les  traces  des  deux  ci'ayons  ; 
ces  traces  ressemblent  beaucoup  à  des  coiuljes  baromé- 
triques ,  chaque  mou\  ement,  chaque  impulsion  du  a  ent 
y  est  indiqué  et  répond  à  telle  ou  telle  minute. 

Le  réglet,  (  pi.  5)  répond  à  la  tangente  des  angles  par- 
courus par  le  volant  :  son  module  est  d'un  pouce  et  demi; 
il  vaut  quatre  onces  :  ainsi  chaque  once  est  indiquée  par 
un  espace  de  4  1-  \-  Le^i  rhoinbes  répondent  à  un  module 
régulier,  chacun  des  points  cardinaux  est  indiqué  par  un 
espace  de  4  1  a-  1^*  commencent  dans  la  partie  la  plus 
élevée  du  papier ,  tandis  que  les  forces  commencent  au 
contraire  dans  la  ligne  la  plue  liasse.  Tip  module  des 
onces  étant  égal  à  celui  des  points  cardinaux  ,  celui-ci 
peut,  au  besoin  sen'ir  de  module;  aussi  dans  le  réglet  A'oit- 
on  qu'un  ^  ent  très-violent  seroit  également  indiqué  sur 
cette  graduation.  {Voy.pl.  5) ,  le  réglet  de  cette  planche 
est  réduit  sur  une  petite  échelle. 

Les  crayons  employés ,  sont  ceux  de  Conté  de  Paris  ;  ils 
ne  doivent  être  ni  trop  durs  ni  trop  tendres  ;  ils  glissent 
dans  de  petits  tulies  ^  erticaux  en  corne  ,  de  la  grosseur 
d'un  tuyau  de  plume  ;  s'ils  sont  trop  légers  on  leur  adapte 
une  petite  cape  en  plomb ,  afin  de  les  faire  marquer. 


NB.  Quelques  fautes  s'étant  glissées  dans  l'impression  de  ce  mémoire, 
l'on  croit  devoir  consigner  ici  les  principales. 

P.  94,  ligne  dernière,  C   lisez  G 
P.  99,  lig.   i5,  nprès  B  mitiez  (PI.  I,  fig.  3) 
P.  99,  lig.   19,  l'angle  CB  lisez  l'angle  ACB 
P.  102)  lig.  26  ;   P  lisez    p 


MEMOIRE 

SUR 

LA  CHUTE  DES  FEUILLES. 

Par  Mr.  le  Professeur  VAUCHER ,  Recleur  de  l'Académie. 
{Lu  à  la  Société  de  Phys.  et  d'Iiht.  Nat.  de  Genève.) 


XL  y  a  peu  de  phénomènes  de  physiologie  aussi  remar- 
quables que  celui  de  la  chute  des  feuilles.  Les  arbres  qui 
pendant  tout  le  cours  de  leté  conservent  leur  feuil- 
lage, malgré  les  intempéries  de  l'atmosphère,  et  les  ef- 
forts des  vents ,  se  dépouillent  naturellement ,  et  comme 
d'eux-mêmes  aux  approches  de  1  automne  ;  quelles  que 
soient  d'ailleurs  la  température  de  la  saison,  et  les  cir-* 
constances  dans  lesquelles  ils  se    trouvent  placés. 

Les  seules  exceptions  quil  y  ait  à  cette  loi  de  la 
nature ,  sont  les  arbres  verts  dont  la  défoliation  ne  s!o- 
père  souvent  qu'après  quelques  années,  et  ceux  dont 
les  feuilles  se  dessèchent  à  la  vérité  dans  le  même  temps 
que  les  autres ,  mais  ne  se  séparent  de  leurs  tiges  qu'à 
l'époque  du  printemps. 

Les  physiologistes  qui  se  sont  occupés  ^e  cette  inté- 
ressante question  l'ont  trouvée  assez  difficile  à  résoudre  ;. 
les  uns  ont  cru  que  les   feuilles   tomboient  des  arbres, 


sua   LA   CHUTE    DES   FEUILLES.  121 

parce  que  le  bouton  qui  naît  à  leur  aisselle ,  et  qui 
grossit  considérablement  en  automne  ,  écartoit  insensi- 
blement le  pétiole  de  sa  tige,  et  l'obligeoit  enfin  à  s'en 
séparer  ;  les  autres  ont  imaginé  que  cette  chute  prove- 
noit  d'une  maladie  de  la  feuille  occasionnée  par  l'a- 
bondance des  sucs  qu'elle  recevoit  en  automne  ,  et  la 
diminution  de  sa  transpiration  insensible ,  ou  bien  enfin 
ils  ont  attribué  ce  phénomène,  à  la  différence  de  l'ac- 
croissement entre  la  circonférence  de  la  tige  et  le  pétiole 
de  la  feuille  ;  différence  dont  l'effet  étoit  de  rompre  les 
fibres  qui  attachoient  la    tige  au  pétiole  de  la  feuille. 

Mais  aucune  de  ces  trois  explications  ne  me  paroîl 
suffisante.  D'abord,  quant  à  la  première,  il  est  évident 
h  la  simple  inspection,  qu'elle  ne  sauroit  être  admise. 
Cette  pression  du  bouton  ,  qui  à  la  manière  d'un  coin  , 
devroit  détacher  le  pétiole  de  sa  tige ,  ne  s'opère  presque 
jamais  de  la  manière  dont  il  faudroit  la  concevoir,  et  ce- 
pendant elle  devroit  être  générale ,  pour  répondre  à 
un  effet  aussi  constant  que  celui  dont  il  est  question- 
Les  feuilles  qui  n'ont  pas  de  boutons  visibles  à  leur 
aisselle,  ou  qui  n'en  n'ont  que  de  très-petits,  tombent 
aussi  promptement  que  les  autres  ;  et  dans  les  feuilles 
composées,  les  folioles  aux  aisselles  desquelles  il  n'y  a 
jamais  de  boutons,  se  séparent  souvent  du  pétiole  prin- 
cipal ,  avant  que  celui-ci  se  détache  lui-même  de  sa 
tige. 

11  existe  cependant  un  seul  cas  dans  lequel  la  pres- 
sion du  bouton  est,  sinon  là  cause  principale,  du  moins 
la  cause  secondaire  de  la  chute  de  la  feuille  ;  c'est  lorsque 

JUém.  du  la  Soc.  de  Phys.  etWH.  nat.   T.  1."  i6 


122  Stm  liX   CHtTTR    DES   FEUILLES. 

le; pétiole,  au  lieu  d'être  placé  au-dessous  du  bouton,  se- 
lon' la'  loi  commune,  l'enveloppe  au  contraire,    comme 
un  boûnet  enveloppe,  la  tête  qui  le   porte;  alors  il  est 
manifeste   que  le  bouton  en   croissant  doit   soulever  et 
arracher  de   sa  tige  le  pétiole   qui  le  recouvre  :  mais  cet 
arrangement  est  assez  rare,   et  les  seuls  arbres  sur  les- 
quels je  l'ai   aperçu   sont  les    platanes,    les   espèces  ar- 
borescentes des  sumacs,  l'ailanthe  glanduleux,  les  aca- 
cias    et    les    féviers.    La     maladie   ou    le   pléthore    des 
feuilles   ne  peut   pas  mieux  occasionner  la   rupture  de 
leur  pétiole.   Il    arrive    quelquefois,   et  particulièrement 
après  les  gelées  blanches  qu'elles  tombent  saines  et  vertes. 
D  ailleurs    dans   les   automnes  sèches-,  lorsque   les  sucs 
moins  abondans  ne  doivent  pas  occasiormer  le  pléthore, 
ces  feuilles  tombent  aussi,  promptement,  et  même  plus- 
tôt  que  dans  les  automnes  humides.  Enfin  cette   hypo- 
thèse n'explique  point,    pourquoi  dans  le  cas  de  mala- 
die la  séparation  se  fait  au  pétiole  plutôt  qu'à  la  feuille, 
comment  elle  a  toujours  lieu  de  la  même   manière  ,    et 
au   même    point  ,    comment    surtout   elle   est    nette   et 
trancht-e  ,  tandis  qu'elle  devroit  alors  paroître  irréguUère 
et  inégale.  En  un  mot,  cette  seconde  cause  ne  s'applique 
point  aux  circonstances  du   phénomène    d'une    manière 
claire  et  satisfaisante, 

Ertfln  la  troisième  supposition  qui  attribue  cette  chute 
à  laccroissement  du  diamètre  de  la  tige,  quoique  bien 
plus  vraie  et  plus  conforme  à  la  marche  de  la  nature 
que  la  précédente,  ne  rend  pas  compte  cependant  de 
tous  les   faits  particuliers  qui  accompagnent  la  rupture; 


Stm   li 4.    CHUTE   DES   FEUILLES.  123 

par  exemple  on  comprend  bien  comment,  le  grossisse- 
ment de  la  tige  peut  favoriser  la  séparation  du  pétiole 
lorsque  celui-ci  ne  reçoit  plus  d'accroissement  ;  mais  on 
ne  conçoit  pas ,  comment  cette  séparation  au  lieu  de 
présenter  toutes  les  irrégularités  des  fractures  ordinaires, 
se  trouve  au  contraire  si  tranchée  et  si  semblable  à 
elle-même  dans  toutes  les  plantes.  D'ailleurs  quand  cette 
explication  pourroit  convenir  aux  feidlles  simples ,  c'est- 
à-dire  à  celles  dont  le  pétiole  ne  se  divise  point ,  on 
ne  pourroit  pas  l'appliquer  également  aux  feuilles  com- 
posées ,  dont  les  folioles  se  séparent  du  pétiole  commun , 
sans  que  celui-ci  reçoive  plus  d'accroissement  que  les 
pétioles  particuliers  qu'il  supporte.  *' 

Pour  trouver,  s'il  est  possible,  la  vraie  cause  de  là' 
chute  des  feuilles,  laissons  les  conjectures  et  attachons'-nous 
uniquen;emt  à  l'obsei-vation.  Si  1  on  considère  le  point  d  ad- 
hérence d'un  pétiole  au  moment  où  il  est  séparé  de  sa 
tige  ,  on  remarque  qu'il  forme,  comme  nous  1  avons  déjà^ 
dit,  une  section  parfaitement  nette  et  tranchée.  Cette 
espèce  de  cicatrice  dont  l'empreinte  se  voit  aussi  très-.' 
bien  sur  la  tige,  est  différemment  figurée,  selon  la  con-^' 
formation  du  pétiole,  elle  imite  un  fer  à  cheval  ,  un 
cœur,  un  segment  de  cercle  ,  etc  ,•  mais  toujours  elle' 
est  semblable  à  elle-mêmo  dans  les  mêmes  espèces.  Or' 
si  Ion  vouloit  tenter  de  rompre  le  pétiole  ailleurs  qu'au 
point  ordinaire  de  sa  séparation,  au  lieu  d'obtenir  des 
fractures  régulièrement  tranchées,  on  apercevroit  cons- 
tamment des  fibres  déchirées  et  des  bavures;  preuve* 
évidente  que   la  séparation  a  été  préparée  d'avance  par 


l'24  SITR   liA   CHUT8   DES   PEUIl-LFS. 

la  nature ,  eïi  un  seul  point  exclusivement ,  et  qu  elle 
nest  point  due  à  1  action  de  causes  extérieures.  La 
manière  dont  elle  a  été  préparée,  est ,  si  je  ne  me  trompe, 
facile  à  concevoir. 

Les  fibres  du  pétiole ,  au  lieu  d'être  un  simple  pro- 
longement de  la  tige ,  en  sont  séparées  au  point  même  oii 
s'opère  la  fracture;  l'union  des  unes  avec  les  autres, 
nest  quune  espèce  de  rapprochement  ou  de  soudure,  et 
il  n'y  a  point  entre  elles  de  continuité  réelle  .Celte  sou- 
dure sans  doute  nécessaire  à  l'élaboration  de  quelques 
sucs ,  est  probablement  formée  par  quelque  portion  de 
parenchyme  interposé  entre  les  deux  systèmes  de  fibres. 
'Jant  que  ce  parenchyme  est  soumis  à  l'action  végéta- 
t^ye,  l'adhérence  est  maintenue,  mais  lorsquil  vient  à 
se  dessécher,  elle  cesse  d avoir  lieu;  la  feuille  ne  tarde 
pas  à  tomber. 

Cette  discontinuité  s'aperçoit  très-bien  à  l'extérieur  : 
qn  remarque  ,  au  point  où  doit  se  faire  la  rupture ,  un 
anneau  circulaire  qui  séj  are  distinctement  la  tige  du 
pétiole.  On  peut  même  désigner  long-temps  à  1  avance 
le  heu  précis  où  la  séparation  s'opérera.  Cet  étrangle- 
ment, facile  à  observer  dans  la  plupart  des  arbres,  est 
surtout  marqué  dans  le  pétiole  commun  des  feuilles 
composées,  dont  la  chiite  présente  beaucoup  plus  de 
variétés  que  celle  des  feuilles  simples.  On  le  voit,  par 
exemple,  dans  l'araiie  épineuse  diviser  en  plusieurs  par- 
ties le  pétiole  principal  et  les  pétioles  particuliers.  Dans 
le  marronnier  ,  Ion  distingue  à  la  base  des  folioles  ,  l'an- 
neau qui  les  attache.  Dans  le  noyer ,  on  explique  pour- 


SUR  LA  CHUTE  DES  FEUILLES.  125 

quoi  la  foliole  impaire  reste  adhérente,  tandis  que  les 
autres  se  détachent.  Dans  la  clématite  des  haies ,  on  re- 
marque sur  les  feuilles  vertes  toutes  les  irrégularités 
que  doit  représenter  leur  chute  :  cependant  Ion  voit 
avec  évidence  que  la  discontinuité  qui  a  lieu  pour  les 
pétioles  des  feuilles  composées ,  n  est  pas  de  la  même 
nature  que  celle  des  feuilles  simples  et  qu'elle  ne  pro- 
vient pas  d'une  différence  d'organisation  entre  les 
fibres. 

Cette  séparation  naturelle  et  préparée  des  parties 
d  un  même  tout,  n'est  point  un  phénomène  particulier  aux 
feuiUes  des  tiges  arborescentes.  Un  la  voit  également  dans 
les  pédoncules  qui  supportent  les  fleurs  mâles  d'un  grand 
nombre  de  plantes,  par  exemple,  des  noyers,  des  saules,  etc.; 
mais  elle  est  encore  mieux  marquée  dans  les  péricarpes. 
Les  différentes  manières  dont  ces  péricarpes  s'ouvrent 
au  moment  de  leur  maturité,  et  la  constance  de  ces 
modes  dans  les  mêmes  espèces,  ne  peuvent  pas  être 
expliquées  sans  recourir  à  une  organisation  particulière, 
à  une  soudure  primitive,  semblable  à  celle  qui  a  L'eu 
dans  les  pétioles.  Et  en  effet ,  l'on  peut  facilement  ob- 
server sur  les  parois  extérieures  d  un  grand  nombre  de 
péricarpes  les  mêmes  traces  de,  rainures  ou  d'étrangle- 
ment, fit  les  semences  elles-mêmes  ne  se  séparent  des 
foibles  pédoncules  qui  les  portent,  que  par  des  moyens 
analogues  à  ceux  que  nous  avons  indiqués  pour  les 
feuilles. 

Mais,    peut-on  demander    comment   se   détermine   la 
chute  des  feuilles  ?  Pourquoi ,   s'il   y  a   une   séparation 


126  SUR  LA   CHUTE   DES   FEUILLES. 

originaire  du  pétiole  avec  les  tiges  ,  les  feuilles  ne  t<Mn- 
bent- elles  pas  aussitôt  qu'elles  sont  nées,  et  pourquoi 
au  conti'aire,  ces  mêmes  feuilles  qui  pendant  tout  l'été 
ont  été  si  intimement  unies  à  leur  tige,  s'en  détachent- 
elles  d'elles  -  mêmes  aux   approches  de  l'hiver  ? 

La  raison  de  ce  fait  n'est  pas  difficile  à  rendre.  Elle 
tient   à  deux  circonstances  principales: 

La  i".,  c'est  qu'il  existe,  comme  nous  l'avons  dit, 
entre  la  tige  et  le  pétiole  une  substance,  qui  les  unit 
et  que  les  botanistes  connoissent  sous  le  nom  de  pa- 
renchyme. Tant  que  ce  parenchyme  est  imprégné  de 
sucs  végétatifs  et  remplit  ses  fonctions  vitales ,  l'adhé- 
rence se  maintient  et  la  rupture  qu'on  tenteroit  ne  se- 
roit  qu'une  déchirure,  mais  lorsque  l'automne  arrive, 
ce  parenchyme  interposé  se  dessèche  ou  s'altère  et  il 
cesse  d'être  continu  avec  celui  de  la  tige,  comme  on  peut 
en  voir  des  exemples  dans  plusieurs  plantes  et  en  par- 
ticulier dans  la  vigne  lorsqu'elle  se  dépouille  de  ses 
feuilles. 

.  La  2*. ,  c'est  que  les  fibres  qui  enveloppent  les  vais- 
seaux dans  la  tige  ou  les  rameaux ,  ne  sont  pas  de 
la  même  nature  que  celles  qui  pénètrent  dans  les  pé^ 
tioles.  A  l'époque  du  premier  développement,  c'est-à- 
dire  au  printemps,  la  différence  n'est  pas  sensible, 
mais  en  automne  les  premières  se  sont  endurcies  ,  tandis 
que  les  autres  sont  restées  herbacées  ;  les  premières  con- 
tinuent  à  vivre,  tandis  que  les  autres  meurent;  et  par- 
conséquent  il  doit  y  avoir  entre  elles  une  séparation  na- 
turelle. De  plus,  la  tige  et  les  rameaux  augmentent  de 
diamètre ,  tandis   que   le   pétiole    au   contraire    se   con- 


SUR   LA.   CHUTE    DES    FEUILLES.  137 

tracte  en  se  desséchant.  Cette  nouvelle  circonstance  fa- 
vorise encore  la  séparation ,  et  enfin  la  rupture  devient 
complète.  Mais  il  faut  bien  se  rappeler  que  cette  dif-' 
férence  d'accroissement  entre  la  tige  et  le  pétiole ,  n'est 
pas  la  cause  première  de  la  chute  des  feuilles ,  elle  n'en 
est  qu'une  des  circonstances  accessoires.  La  vraie  et 
l'unique  cause,  est  la  solution  de  continuité,  et  cette 
solution  de  continuité  dépend  primitivement  de  la  dif- 
férence dans  l'organisation.  Jamais ,  sans  cette  différence, 
les  feuilles  ne  se  seroient  séparées  de  leur  tige  d'une 
manière  si  générale  et  si  uniforme.  Elles  auroient  été  au 
contraire  tirnillées  de  tous  les  côtés ,  elles  se  seroient 
rompues  irrégulièrement  comme  les  pédoncules  d'un 
grand  noinbre  de  fruits  ,  et  l'aspect  d'un  arbre  dépouillé 
de  ses  feuilles  auroit  présenté  des  rameaux  chargés  des 
vestiges  inutiles  de  leurs  anciens  pétioles ,  et  une  espèce 
de  désordre  qui  ne  se  trouve  jamais  dans  les  ouvrages 
de  la  nature. 

En  examinant  de  plus  près  encore  le  phénomène  ,  au 
moment  où  il  se  passe,  c'est-à-dire  à  1  époque  de  la  chute 
des  feuilles ,  on  voit  qu'il  est  encore  favorisé  par  la  tor- 
sion du  pédoncule.  Cette  torsion,  qui  tend  à  rompre  la  pe- 
tite adhésion  qui  peut  exister  encore  entre  le  pétiole  et  la 
tige,  s'observe  très -bien  sur  les  feuilles  qui  sont  près  de 
tomber,  et  surtout  sur  celles  qui  couvrent  déjà  la  terre. 
Je  l'ai  vue  avec  évidence  sur  celles  du  saule,  du  cerisier, 
du  pommier,  du  pêcher,  et  de  plusieurs  autres  arbres,  mais 
je  n'ai  pas  observé  dans  quel  sens  elle  avait  heu  ,  et  si  elle 
ne  variait  pas  de  direction  dans  les  feuilles  qui  n'apparte- 
naient pas  à  la  mêjne  espèce  ou  plutôt  au  même  genre.  Cet 


128  SUR  LA  CHUTE  DES  FEUILLES. 

anneau,  ou  cette  rainure  qui  indique  d'avance  le  point 
de  séparation  est  très-facile  à  apercevoir ,  surtout  aux  ap- 
proches de  l'automne.  J'ai  déjà  dit  qu'elle  étoit  double  dans 
les  orangers  dont  les  feuilles  se  rompent  tantôt  par  le  pre- 
mier point ,  tantôt  par  le  second.  Ellle  est  aussi  très-re- 
marquable dans  les  Vinetiers  (Berbe/is),  où  elle  est  placée 
au-dessous  du  point  de  contact  de  la  feuiUe  avec  la  tige, 
ensorte  qu'après  la  chute  de  la  première ,  on  aperçoit  des 
rudimens  de  pétioles  qui  enveloppent  et  protègent  les  nou- 
veaux boutons  ,  et  quand  la  séparation  a  eu  lieu,  on  voit 
nettement  sur  la  section  les  points  où  se  faisoit  l'adhé- 
rence ,  et  qui  n'étoient  autre  chose  que  les  faisceaux  de 
fibres.  Ils  sont  rangés  sur  la  cicatrice  comme  les  clous 
sur  un  fer  de  cheval ,  ordinairement  en  nombre  impair 
cinq  ,  trois  ,  un  ,  et  ils  subsistent  jusques  à  ce  que  l' épi- 
derme  disparoisse. 

Cette  explication  ne  peut  s'appliquer,  dans  toute  son 
étendue,  qu'aux  feuilles  simples  dont  l'organisation  diffère 
de  celle  des  tiges.  Dans  les  feuilles  composées,  la  chute  des 
folioles  doit  être  déterminée  par  une  autre  cause ,  et  cette 
cause  il  faut  la  chercher  dans  la  portion  de  parench}  me 
interoosée  entre  les  fibres  du  pétiole  commim  ,  et  celles 
des  pétioles  particuliers.  Tant  que  ce  parenchyme  remplit 
ses  fonctions  ,  il  conserve  son  adhérence  avec  les  deux 
systèmes  de  fibres  ou  de  vaisseaux.  Lorsque  la  feuille  a 
achevé  de  prendre  sou  acci-oissement  il  se  dénature  et  se 
dessèche  peu-à-peu  ,  en  même  temps ,  les  fibres  et  les 
vaisseaux  se  désunissent,  et  le  moindre  mouvement,  la 
moindre  agitation  extérieure  fait  cesser  l'adhérence  :  mais 
dans  ce  cas  la  séparation  n'est  pas  aussi  déterminée  que 


SUR   LA   CHUTE   DES    FEUILLES,  1 29 

dans  les  feuilles  simples.  Elle  présente ,  au  contraire ,  beau- 
coup d'irrégularités  dans  la  même  plante ,  quelquefois  la 
feuille  entière  se  sépare  de  la  tige ,  et  les  folioles  restent 
adhérentes  ;  quelquefois  ce  sont  des  portions  du  pétiole 
commun  qui  se  rompent,  souvent  ce  sont  les  folioles,  et 
jamais,  comme  on  le  comprend  aisément,  cette  rupture  dé- 
terminée par  le  simple  dessèchement  du  parenchyme  , 
n'est  aussi  nette  et  aussi  tranchée  que  les  autres  ;  on  y 
'retrouve,  au  contraire,  de  nombreuses  bavures  et  des  traces 
plus  ou  moins  distinctes  de  ce  même  parenchyme  désor- 
ganisé qui  reste  adhérent. 

Il  n'est  pas  difficile  d'accorder  ce  que  nous  avons  dit 
jusqu'à  présent  avec  les  divers  phénomènes  que  présente 
la  chute  des  feuilles;  puisque  la  rupture  du  pétiole  dé- 
pend d'une  organisation  primitive ,  et  qu'elle  est  déter- 
minée par  l'accroissement  de  la  tige ,  on  comprend  d'abord 
comment  les  rameaux  de  l'année  commençant  à  s'endurcir 
par  leur  base ,  les  feuilles  inférieures  doivent  se  détacher 
avant  celles  du  sonmiet ,  comme  cela  arrive  en  effet  dans 
tous  les  arbres.  On  explique  de  même  aisément  pourquoi 
les  feuilles  tombent  dans  les  pays  chauds ,  ainsi  que  dans 
les  pays  froids ,  dans  les  serres ,  comme  en  plein  air  :  la 
chaleur,  qui  tend  à  favoriser  l'accroissement  de  la  tige  , 
doit  avancer  plutôt  que  retarder  le  moment  de  la  sépa- 
ration des  feuilles  ;  et  plus  l'on  approche  des  climats  méri- 
dionaux, plus  la  défoliation  doit  être  hâtive.  Les  gelées 
qui ,  en  altérant  l'organisation  du  pétiole ,  nuisent  à  son 
adhérence ,  accéléreront  de  même  la  chute  des  feuilles  ,  et 
c'est  pourquoi  dans  ce  cas  particulier  elles  tombent  lors- 

Mém.  de  la  Soc.  de  Phys.  et  d'H.  nat.  T.  1."  17 


lOO  StTR    LA    CHUTE    DES    PRUILLE5. 

qu'elles  sont  encore  vertes.  Mais  les  arbres,  dont  les  jets 
ont  été  plus  tardifs  ,  ou  plus  vigoureux ,  doivent,  au  con- 
traire, conserver  leurs  feuilles  jusqu'à  ce  que  leurs  tiges 
aient  acquis  une  consistance  ligneuse,  ce  qui  est  le  cas 
des  chênes  et  des  charmes  qui  ont  été  émondés.  Pareille- 
ment, les  branches  qu'on  coupe  avant  l'automne  ne  doi- 
vent pas  perdre  leui's  feuilles  même  après  le  dessèchement, 
parce  que  celles-ci  ont  été  arrêtées  dans  leur  végétation, 
avant  d'être  arrivées  à  l'époque  déterminée  poui*  leur 
chute. 

La  seule  objection  qu'on  puisse  faire  à  toute  cette  théorie, 
c'est  qu'il  existe  des  arbres  qui  ne  se  défeuillent  pas  pen- 
dant l'automne ,  ni  même  pendant  l'hiver.  Mais  cette  sin- 
gularité qui  leur  est  propre,  ne  fait  pas  une  exception  à 
la  règle  que  nous  venons  d'établir ,  au  contraire ,  elle  la 
confirme.  Si  l'on  examine  avec  attention  leurs  feuilles  . 
on  verra  qu'elles  ne  sont  point  semblables  à  celles  des 
autres  arbres,  mais  qu'au  contraire,  elles  sont  incompa- 
rablement plus  dures ,  plus  coriaces  et  plus  ligneuses.  II 
n'est  donc  pas  étonnant  que,  leur  tissu  approchant  davan- 
tage de  celui  de  la  tige ,  elles  restent  plus  long-temps  à 
s'en  séparer.  Mais  loi'squ'enfin  cette  tige  a  pris  un  assez 
grand  accroissement  pour  que  son  adhérence  avec  le  pé- 
tiole se  soit  rompue,  alors  ces  feuilles  rentrent  dans  la  loi 
commune,  et  abandonnent  leurs  branches  :  l'époque  de 
leur  dépouillement  n'est  point  déterminée ,  £arce  que  ces 
arbres  sont  d'une  nature  fort  différente  les  uns  des  autres: 
souvent  elle  a  lieu  au  printemps  ,  quelquefois  dans  le 
courant  de  l'été ,  <?a  en  voit  même  qui  ne  quittent  leurs 


SUR    LA    THUTE   BES   FEUILLES.  l3l 

feuilles  qu'au  bout  de  quelques  années.  On  y  découvre 
aussi  des  modes  particuliers  de  séparation  ;  dans  la  ronce, 
par  exemple ,  le  lieu  destiné  à  la  rupture  est  d'une  con- 
sistance beaucoup  plus  molle  que  tout  le  reste  ,  dans  l'o- 
ranger, les  feuilles  ont  un  étranglement  qui  leur  est  propre. 
Mais,  en  admettant  ces  considérations  et  d'autres  du  même 
genre,  on  trouvera  finalement  que  la  défoliation  de  ces  ar- 
bres dépend  de  la  même  cause  que  nous  avons  assignée , 
c'est-à-dire  d'une  solution  de  continuité  organique  entre 
les  vaisseaux  et  les  libres  des  tiges ,  et  les  vaisseaux  et  les 
fibres  des  pétioles. 

J  ajoutei^ai  en  terminant  cette  explication  que  l'anneau 
circulaire ,  ou  l'étranglement  qui  se  trouve  à  la  base  du 
pétiole,  et  qui  est  commun  à  tous  les  arbres,  ne  s'aperçoit 
point  dans  les  plantes  annuelles  et  dans  toutes  celles  qui 
quoique  vivaces  sont  destinées  à  périr  chaque  année  jus- 
qu'à la  racine.  J  ai  souvent  observé  de  pareilles  plantes , 
et  je  n'ai  jamais  rien  vu  qui  ressemblât  à  un  anneau  : 
elles  ont  leurs  tiges  intimement  unies  à  leurs  feuilles ,  et 
formant  avec  elles  un  seul  tout  qui  subsiste  jusqu'à  la 
fin.  Il  y  a  plus ,  lorsqu'on  tente  de  séparer  ces  feuilles  de 
leurs  tiges,  bien  loin  d'obtenir  cette  rupture  tranchée  qui 
est  propre  aux  arbres,  on  déchire  irrégulièrement  les  fibres 
et  les  vaisseaux ,  et  l'on  forme  ce  qu  on  peut  appeler  une 
vraie  plaie. 

La  raison  de  cette  différence  d'organisation  se  présen  te 
d'elle-même,  et  vient  de  la  sagesse  de  l'Auteur  de  la  nature. 
Les  arbres,  qui  dévoient  toutes  les  années  renouveler  leurs 
feuilles ,  avoient  besoin  pour  s'en  dépouiller  d'un  moyen 


l!52  SUR    LA.    CHUTE    DES    FEUILLES. 

qui  fut  facile ,  et  qui  ne  leur  causât  aucun  dommage , 
mais  dans  les  plantes  herbacées ,  dont  les  feuilles  étoient 
appelées  à  la  même  durée  que  leurs  tiges,  un  tel  moyen 
de^enoit  superflu  ,  c'est  pourquoi  il  n'a  pas  été  em- 
ployé. 

La  première  réflexion  qui  se  préeente  ici  est  relative  à 
la  forme  des  feuilles  des  arbres.  Elles  sont  à  peu  près 
toutes  pétiolées  ,  au  moins  dans  nos  climats  ,  jamais  ses- 
siles,  ni  décurrentes  ou  amplexicaules.  La  raison  de  cette 
ressemblance  qui  existe  dans  les  feuilles  des  arbres ,  tandis 
que  celles  des  herbes  sont  si  différentes  entre  elles ,  me 
paroît  dépendre  en  grande  partie  du  phénomène  de  leur 
chute.  Moins  les  points  de  contact  sont  nombreux  et  plus 
iiussi  cette  chute  est  facile  ;  or  ,  le  pétiole  mince  et  étroit 
des  feuilles  des  arbres  n'adhère  presqu  à  la  tige  que  par 
le  petit  nombre  des  faisceaux  de  ses  fibres.  Lorsque  la 
portion  du  parenchyme  qui  étoit  interposé  entre  la  tige 
et  l'extrémité  du  pétiole  vient  à  se  dessécher,  la  soudure 
qu'elle  occasionnoit  cesse  d'avoir  lieu  et  la  feuille  se  sépare 
presque  sans  effort.  Je  ne  connois  qu'un  seiJ  exemple 
d'étranglement  placé  dans  la  substance  de  la  feuille  et 
non  pas  à  la  base  du  pétiole,  c'est  celui  que  présente 
l'oranger,  encore  je  ne  sais  pas,  si  la  feuille  se  sépare  par 
cet  étranglement ,  ou  par  l'extrémité  de  sa  queue. 

Seconde  Réflexion.  On  sait  que  dans  les  arbres  les 
feuilles  sont  toujours  attachées  aux  tiges  nouvelles  ,  et 
jamais  aux  rameaux  de  l'année  précédente  ,  et  que,  toutes 
les  fois  que  les  feuilles  se  développent  sur  des  tiges  an- 
ciennes, ces  feuilles  ne  proviçnnent  point  immédiatement 


\ 


SUR    LA   CHUTB   DES    FEUILLES.  l55 

des  tiges ,  mais  des  nouveaux  rameaux  auxquels  elles  ont 
donné  naissance.  Il  ne  peut  donc  exister,  entre  la  tigr 
déjà  ligneuse  et  la  feuille  encore  molle  et  délicate,  cette 
espèce  dunion  quî  lie  cette  dernière  avec  une  jeune  tige  , 
et  si  elle  existoil,  la  feuille  qui  seroit  attachée  à  une  vieille 
»..tige  ne  pourroit  pas  en  être  séparée  par  les  mêmes  moyens 
qui  la  détachent  de  son  rameau. 

Troisième  Réflexion.  L'espèce  de  cicatrice  que  forme 
la  feuille  en  abandonnant  sa  tige  ,  et  qui  est  très-marquée 
dans  plusieurs  arbres ,  comme  par  exemple  ,  les  marron- 
niers et  les  frênes,  ne  tarde  p^as  à  s'effacer,  et  à  disparoître 
entièrement.  Le  moyen  que  la  nature  emploie  pour  ré- 
parer ce  petit  désordre,  dont  elle  est  la  première  cause, 
mérite  d'être  indiqué.  L'épiderme  de  la  cicatrice  se  dé- 
tache et  emporte  en  tombant  les  dernières  traces  de  la 
rupture. 

Quatrième  Réflexion.  Il  étoit  intéressant  de  généra- 
liser ces  remarques  sur  la  chute  des  feuilles,  et  de  voir, 
par  exemple ,  si  les  pédoncules  tenoient  aussi  à  leur  tige 
par  des  soudures  prédisposées.  Pour  une  plus  grande  clarté, 
je  distingue  ici  deux  sortes  de  pédoncules,  ceux  qui  sou- 
tiennent les  fruits ,  et  ceux  qui,  ne  portant  que  des  fleurs 
à  étamines ,  se  rencontrent  particulièrement  dans  les  arbres 
à  chatons.  Ces  derniers  tombent  lorsque  la  fécondation 
est  achevée,  et  sans  doute  par  une  cause  semblable  à 
celle  de  la  chute  des  feuilles.  Au  contraire  ,  les  autres 
adhérant  encore  à  la  tige  après  la  maturité  du  fruit,  leur 
pédoncule  acquiert  une  consistance  ligneuse  et  se  des- 
sèche long-temps  avant  de  tomber.  A  l'époque  de  sa  cbùte 


l34  SUR    tiA    CHUTE    DES    FEUILLES. 

qui  est  presque  toujours  occasionnée  par  quelque  agita- 
tion de  lair ,  il  se  rompt  irrégulièrement  dans  les  divers 
points  de  sa  longueur,  et  ne  présente  pour  l'ordinaire 
aucune  trace  d'étranglement  ou  danneau.  Cette  anomalie 
apparente  renferme  de  grandes  preuves  de  sagesse.  Les 
chatons  mâles  devenus  parfaitement  inutiles  après  qu'ils 
ont  répandu  leur  poussière  doivent  se  dessécher  incon- 
tinent et  rentrer  dans  la  circulation  générale.  Mais  les 
fruits  après  leur  maturité  doivent  encore  rester  quelque 
temps  sur  les  arbres  ,  parce  qu'ils  s'y  conservent  mieux 
pour  la  noumture  des  animaux  que  sur  la  surface  de  la 
terre,  et  surtout  parce  que  les  graines  répandues  de  plus 
haut,  et  poussées  pai-  les  vents,  doivent  se  semer  plus  au 
loin. 

Ainsi,  le  pédoncule  se  brise  au  gré  du  vent,  un  peu 
plus  tôt,  ou  un  peu  plus  tard  ,  mais  toujours  après  la  ma- 
turité du  fruit,  et  la  nature  pourvoit  à  ce  que  son  dé- 
périssement ne  se  communique  pas  à  la  tige. 

Cinquième  Réflexion.  11  existe  plusieius  genres  de 
plantes  dont  quelques  espèces  ont  des  tiges  ligneuses  et 
persistantes  pendant  l'hiver ,  tandis  que  d'autres  sont  an- 
nuelles ou  du  moins  ne  se  conservent  que  par  leurs  ra- 
cines,  les  sureaux  et  les  moi'elles  {^solanuni)  en  sont  des 
exemples.  Or,  vous  n'apercevrez  pas  la  moindre  discon^ 
tinuité  dans  le  pétiole  des  feuilles  du  sureau  herbacé,  ou 
de  la  morelle  ,  pomme  de  terre ,  tandis  qu  au  contraire 
l'anneau  de  rupture  est  extrêmement  marqué  soit  dans  les 
sureaux  en  arbre,  soit  dans  la  morelle  douce  amère,  soit 
dans  plusieurs  autres  espèces  du  même  genre. 


«UR   LA   CHUTE   DES   FKUILLES.  j55 

N'est-ce  pas  ià  une  pleine  confirmation  de  l'opinion  que 
j'avance  ,  et  du  but  que  s'est  proposé  l'Auteur  de  la 
nature. 

Sixième  Réflexion.  Je  puis  ajouter  en  faveur  de  la 
cause  que  j'assigne  à  la  chute  dts  feuilles,  sa  simplicité, 
et  en  même  temps  les  nombreux  effets  qu'elle  produit  , 
car  c'est  à  ces  traits  qu'on  reconnoît  la  marche  ordinaire 
de  la  nature  ,•  au  moyen  de  ces  ruptures  prédisposées , 
toutes  les  feuilles  d'un  arbre ,  et  quelquefois  toutes  celles 
d'une  forêt,  dans  l'intervalle  de  quelques  jours,  se  séparent 
«ans  peine  et  sans  effort  du  tronc  qui  les  portoit,  elles  le 
quittent  lorsque  leiu"  destination  a  été  remplie,  et  qu'elles 
ont  servi  à  son  accroissement  et  à  la  maturité  de  ses  fruits; 
au  printemps  suivant  eUes  sont  remplacées  par  de  nou- 
velles feuilles  qui  subissent  à  leur  tour  le  même  sort,  et 
ainsi  de  suite  jusqu'à  ce  que  le  végétal  ait  lui-même  ac- 
compli sa  destinée.  Et  ces  feuilles  en  se  décomposant  ren- 
dent encore  à  la  terre  d  importans  services  ;  elles  y  accu- 
mulent ce  terreau  précieux  qui  est  l'agent  le  plus  actif  de 
toute  végétation. 

Sepliètne  Réflexion.  Les  soudures  que  j'ai  annoncées 
entre  les  pétioles  des  feuilles  et  les  arbres,  doivent  appar- 
ie ir  à  tous  les  arbres  des  forêts  froides  et  tempérées  dont 
les  feuilles  sont  parenchymateuses  et  d'un  tissu  lâche  , 
et  qui  appartiennent  par  conséquent  à  la  classe  des  dé- 
cotylédonées.  Je  ne  sais  point  ce  qui  a  lieu  à  cet  égard 
dans  les  zones  torrides ,  et  je  soupçonne  beaucoup  que  les 
végétaux  monocotylédons  et  arborescens  ne  jouissent  point 
de  cette  propriété ,  ou  que  du  moins  elle  s  y  trouve  très- 


j36  sur  la  chute  des  feuilles. 

modifiée.  C'est  un  nouveau  champ  ouvert  à  la  botanique , 
et  je  ne  doute  pas  qu'il  ne  fournisse  matière  à  des  re- 
cherches très-curieuses. 


. -X,-X.-X.-X.-X.-X.-% -X. -V.  " 


NOTICE 

Sur  la  confinée  basaltique  des  Departemens  de 
Rhin  et  Moselle,  et  de  la  Sarre, 

(  Lue  à  la  Soc.  de  Phys.  et  d'Hist.  nat.  ,  le  18  Janvier  1810.  ) 
Par  M.  A.  PICTET  ,   Membre  de  celte  Société. 


ijoRSQUE  j'appris  ,  au  commencement  de  l'année  der- 
nière (1809),  que  dans  une  pai'tie  delà  tournée  à  laquelle 
j'allois  être  appelé ,  comme  l'un  des  Inspecteurs  généraux 
de  l'Université,  j'aurois  à  suivre  les  bords  du  Rhin  dans 
sa  région  basaltique ,  j'éprouvai  une  vive  satisfaction.  J'a- 
vois  visité ,  il  y  a  quelques  années  ,  les  basaltes  du  nord 
de  l'Irlande,  et  en  particulier  la  fameuse  chaussée  desGéans  : 
J'avois  vu  là  une  a  as  te  contrée  où  les  phénomènes  de  ce 
genre  se  montrent  sous  les  formes  les  plus  variées  et  les 
plus  gigantesques  ,  mais  où  aucune  de  ces  formes  ne  res- 
semble le  moins  du  monde  à  celles  qui  caractéi'isent  les 
volcans  ;  point  de  cônes  ,  point  de  craters ,  point  de  laves 
ni  de  déjections  d  aucune  espèce;  rien  ne  peut  mettre  sur  la 
voie  de  deviner  le  secret  de  la  natme  dans  la  production 
de  ces  singidiers  amas  de  prismes  plus  ou  moins  réguliers. 
Si  c'est  le  feu  qui  les  a  créés ,  où  étoit  le  foyer  dembra- 
semens  aussi  vastes  •"  Ce  ne  pourroit  être  qu'au  fond  des 
jners  voisines;  et  alors,  à  quel  bouleversement  ne  faut-il 
Méin.  de  la  Soc.  de  Phys.  et  d H.  nat.  T.  I."  18. 


l38  SUR  LA  CONTRÉE  BASALTIQUE  DES  DÉPARTEMENS 

pas  recourir!  Je  n'avois  rapporté  de  ce  pays  que  des  con- 
jectareti  vagues  sur  la  liaison  prcsumaljle  entre  les  phé- 
nomènes volcaniques  proprement  dits  et  ceux  Ae?,  forma- 
tions basaltiques  :  je  n'avois  point  au  l'AuAergne  ni  le 
Vivarais,  où  ces  phénomènes  sont  rapprocliés  ;  et  jentre- 
voyois  la  perspective  de  trouver  le  long  du  Rhin  des  oc- 
casions de  les  observer ,  si  le  temps  que  je  devois  donner 
à  l'objet  principal  de  ma  mission  (fort  étrangère  à  l'his- 
toire naturelle)  poavoit  me  le  permettre. 

Je  n'oubliai  point ,  en  partant ,  les  deux  fidèles  com- 
pagnons de  toutes  mes  coui'ses ,  mon  baromètre  portatif 
et  mon  marteau.  J'avois  déjà  pris  avec  moi  le  premier  de 
ces  instrumens  dans  une  tournée  du  même  genre ,  mais 
dans  un  pays  ditférent,  faite  Tannée  précédente.  Je  l'avois 
observé  à  chaque  poste ,  çf  j'avois  nivelé  ainsi  ma  route 
d  une  manière  assez  exacte  ;  parce  que  dans  le  court  inter- 
valle de  temps  qui  sépare  un  relai  du  suivant,  il  y  a  peu 
de  probabiUté  que  la  hauteur  absolue  du  baromètre  chan- 
gera ;  et  on  obtient  alors  la  hauteur  relative ,  aux  deux 
stations,  par  deux  observations  successives  d'un  même 
instrument  ,  presqu'avec  autant  de  certitude  que  si  l'on 
avoit  des  observations  faites  simidtanément  à  chacune 
de  ces  deux  stations.  Cette  observation  n'entraîne  aucune 
perte  de  temps  ;  celui  qu'on  emploie  nécessairement  à  re- 
layer est  plus  que  suffisant  pour  opérer  ;  la  nuit  n'y  met 
pas  même  d'obstacle  ,  on  observe  facilement  à  l'aide  d  une 
lanterne;  et  il  est  toujours  satisfaisant,  et  souvent  très- 
utile  de  retrouver  les  hauteurs,  soit  relatives  ,  soit  abso- 
lues ,  des  endroits  par  lesquels  on  a  passé.  Si,  comme  j'en 


DE  RHIN  ET  MOSELLE  ET  DE  LA  SARRE.     1 3g 

siïîs  convainpu ,  le  procédé  de  l'observation  et  du  calcul 
peut  être  mis  à  la  portée  de  tous  les  voyageurs  et  aiTiené 
au  degré  de  simplicité  auquel  on  a  porté  l'instrument ,  on 
pourra  réunir  ,  au  bout  de  peu  d'années,  un  nombre  d'ol>- 
servations  suffisant  pour  former  une  topographie  verticale 
de  la  France  ,  l'un  des  élémens  principaux  de  la  géogra- 
phie physique  de  ce  vaste  empire. 

Je  me  bornerai ,  dans  la  notice  que  je  mets  aujourdlmi 
sous  les  yeux  de  la  Société  ,  à  ceux  d'entre  les  objets  que 
m'a  offert  une  tournée  de  64©  lieues ,  qui  ont  rapport  à 
l'histoire  naturelle.  J'ai  donné  quelques  détails  dans  les 
séances  précédentes  ,  sur  les  antiquités  de  Mayence  ,  et 
sur  celles  récemment  découvertes  près  de  Ligny  en  Barrois. 

De  Mayence  jusqu'à  Coblentz, ,  les  bords  du  Rhin  ne 
m'ont  rien  offert  de  bien  remarquable.  Le  fleuve  com- 
mence à  s'encaisser  à  Bingen ,  à  trois  postes  de  Mayence. 
De  ce  bourg  jusqu'à  Coblentz  il  coule  entre  deux  collines 
assez  élevées ,  qui  présentent  des  sites  très-variés  ;  les 
relais  de  poste  sont  établis  dans  de  petites  viUes,  dont 
toute  l'industrie  se  borne  à  la  culture  et  au  commerce  des 
vins.  Les  chemins  sont  détestables  et  même  dangereux  , 
à  cause  du  voisinage  du  fleuve,  au  bord  duquel  ils  forment 
souvent  de  longues  et  étroites  corniches  oh  deux  voitures 
peuvent  à  peine  clieminer  de  front.  A  une  Ueue  de  Coblentz 
la  vallée  s'élargit  et  forme  un  vaste  bassin  qui  reçoit  aussi 
la  Moselle  ;  la  ville  est  bâtie  au  confluent  de  cette  rivière 
et  du  fleuve;  sa  situation  est  belle  et  heureuse.  En  face  de 
la  ville ,  de  l'autre  côté  du  Rliin  ,  on  voit  sur  une  haute 
colline  ou  plutôt  sur  un  rocher  presque  à  pic ,  la  célèbre 


l4o     SUR  LA   CONTRÉE  BASALTIQUE  T)ES  T)ÉPAUTEMENS 

furteresse  cVEhreiibreistein  ,  aujourd'hui  démantelée.  Aa 
pied  de  la  forteresse  et  au  débouché  d'un  vallon,  est  la  ville 
du  Tkal  (le  Carouge  de  Coblentz  )  (i).  Le  Rhin  seul 
ks  sépare;  on  passe  le  fleuve  de  l'une  à  l'autre  ville  sur  un 
pont-volant  ;  c'est  un  très-grand  bateau,  ou  bac  ponté, 
de  forme  rectangulaire;  il  est  attaché  par  le  côté  à  un  cable 
retenu  à  distance  du  côté  d'Amont  par  un  bateau;  ce  ba- 
teau tient  lui-même  par  un  cable  à  un  autre ,  supérieur 
dans  le  lit  du  fleuve  ;  celui-ci  à  un  suivant ,  et  ainsi  de 
suite  jusqu'à  un  dernier ,  qui  est  attaché  à  une  ancre  au 
milieu  du  fleuve.  A  partir  de  ce  point  fixe,  la  série  de 
ces  embarcations  forme  une  longue  ligne ,  ou  rayon ,  à 
l'extrémité  duquel  est  le  bac,  qui  se  trouve  poussé  alter-< 
nativement  d'une  rive  à  l'autre  par  l'action  oblique  du  cou- 
rant contre  son  côté  postérieur  ,  à  la  manière  des  bacs  or- 
dinaires qui  se  meuvent  le  long  d'une  corde  tendue  d'une 
rive  à  l'autre. 

J'eus  le  bonheur  de  rencontrer  dans  M.  de  Lezay  Mar- 
nésia ,  préfet  de  Rhin  et  Moselle  ,  qui  réside  à  Coblentz, 
un  homme  instruit ,  actif  et  prévenant  ,  qui  me  mit  à 
portée  de  profiter  de  mon  séjour  de  la  manière  la  plus 
intéressante  pour  moL  Une  circonstance  particulière  et 
imprévue  prolongea  ce  séjour  ;  mon  excellent  compagnon 
de  voyage  fut  attaqué  d'une  indisposition  qui  le  retint  au 
logis  pendant  deux  jours  ;  je  les  employai  en  excursions 
dans  la  contrée  ,  conduit  par  M.  de  Lezay  (2). 

(i)  La  ville  de  Carouge  est  située  au  bord  de  l'Arve,  du  côté  opposé  À 
•Genève  ,  et  très-voisine  de  cette  rivière. 

{1)  Cet  adruinistrateur  distingué  a  péri  ,  comme  on  sait ,  par  un  accideut 
fie  voiture  ,  à  Strasbourg  ,  dans  uu  jour  de  fête  publique. 


DE    RHIN    ET   MOSELLE     ET    DE    LA    3ARRE.  l4] 

Je  remarquai ,  en  dînant  chez  lui  à  notre  arrivée,  qu'on 
bvivoit  à  1  ordinaire  une  eau  acidulé ,  d'une  saveur  très- 
agréable  ,  contenue  dans  des  cruches  de  grès  qu'on  ne 
bouchoit  point.  Il  m'apprit  que  la  source  de  cette  eau 
étoit  au  Thaï ,  et  qu'elle  faisoit  la  boisson  ordinaire  à  Co- 
blentz.  Nous  allâmes  ensemble  visiter  cette  source,  et  j'eus 
alore  l'occasion  de  voir  la  facile  et  simple  manœuvre  du 
pont  volant.  On  passe ,  pour  ainsi  dire ,  sans  s'en  aper- 
cevoir et  sans  savoir  pourquoi  ni  comment ,  le  fleuve  qui 
est  très-large  à  Coblentz.  La  source  acidulé  est  au  milieu 
de  la  ville  du  Thaï  ;  elle  remplit  jusques  près  de  son 
bord  un  puits  assez  profond,  de  forme  quarrée,  d'où  l'on 
voit  monter  au  travers  de  l'eau,  qui  n'est  pas  très-limpide, 
une  foule  de  buJles  d'air,  que  j'ai  lieu  de  croire  ttre  de  l'a- 
cide carbonique ,  non-seulement ,  parce  que  l'eau  est  im- 
prégnée de  ce  gaz  ,  mais  parce  que  je  l'ai  reconnu  dans 
d'autres  sources  du  pays  dont  j'aurai  l'occasion  de  parler. 
On  voyoit  autour  du  puits  plusieurs  femmes  du  peuple 
qui  venoient  remplir  des  cruches,  pour  leur  usage  ou  pour 
les  porter  vendi-e  à  Coblentz.  J'appris  avec  surprise  qu'on 
n'y  mettoit  jamais  de  bouchon;  et  que  l'eau  ,  loin  de  se  dé- 
tériorer ou  de  s'affadir  en  étoit  meilleure.  Je  me  borne  à 
citer  ce  fait  sans  prétendre  l'expliquer.  Certainement  je 
ne  l'aurois  pas  deviné. 

La  journée  du  lendemain  fut  consacrée  aux  objets  de 
notre  mission.  JNous  la  terminâmes  par  une  pi'omenade 
le  long  des  bords  du  Rhin  ,  où  pour  défendre  la  rive 
Française  des  empiètemens  du  fleuve,  le  Pi'éfet  a  fait 
planter  une  oseraie,  qui  a  plus  d'une  demi-lieue  de  Ion- 


l42    SUR    LA    CONTTRÉE    BASALTIQUE  DES  DÉPARTEMENS 

gueur,  et  qui,  déjà  très-touffue,  atteint  mieux  son  objet 
que  toutes  les  cligues  imaginaUes  ;  une  allée  sablée  et 
plantée  en  rosiers  et  en  arbustes  à  fleurs  de  toute  espèce, 
règne  le  long  de  cet  immense  quai  ;  et ,  dans  les  soirées 
dété  toute  la  belle  population  de  Goblentz  y  vient  prendre 
le  frais. 

Le  bassin  de  Goblentz  termine  au  sud -est  la  région  vol- 
canique qui ,  jusques  à  Bonn  ,  borde  la  rive  gauclie  du 
Rhin  et  s'étend  à  quelques  lieues  dans  les  terres.  J'ai  in- 
diqué cette  région  sur  la  carte  par  une  enluminui'e  qui  en 
désigne  à  peu  près  l'étendue  ;  elle  continue  sur  la  rive 
droite ,  mais  là  je  n'avois  pas  de  données  pour  la  tracer. 

M.  de  Lezay ,  à  qui  je  n  avois  point  dissimidé  mon  ar- 
dent désir  de  visiter  cette  contrée ,  prévint  mon  vœu  et 
destina  sa  journée  entière  du  lendemain  à  une  grande 
tournée  que  nous  fei-ions  ensemble.  Une  collection  mi- 
néralogique  assez  considérable,  que  j'avois  vue  chez  lui, 
m'avoit  fait  présumer  qu'il  aimoit  cette  branche  de  l'his- 
toire naturelle  ;  je  ne  tardai  pas  à  découvrir  qu'il  n  etoit 
pas  simple  amateur  ,  mais  véritablement  connoissem-  en 
minéralogie  :  tout  se  réunit  donc  pour  me  rendre  cette 
journée  profitable,  autant  qu'agréable.  Nous  partîmes  de 
bonne  heure  dans  une  calèche  ouverte,  attelée  d'excellens 
chevaux  ;  et  certes  il  les  falloit  tels ,  car  nous  leur  ûmes 
faire  douze  à  treize  lieues ,  et  quelquefois  dans  des  che- 
mins de  traverse  très-fatigans. 

Nous  passâmes  la  Moselle  en  sortant  de  Goblentz  sur 
un  assez  beau  pont  de  pierre  ,  ou  plutôt  de  lave ,  bâti 
en  i33o. 


DE    RHIN    ET   MOSELLP.    ET    DE    LA    SAliHE.  )  45 

La  première  observation  qui  s'ofFiût  fut  la  beauté  des 
•Cliemins  vicinaux.  M.  de  Lezay  a  porté  dans  cette  partie 
de  son  administration  une  attention  et  uni.'  activité  par- 
ticulières ;  et  les  circonstances ,  il  faut  le  dire ,  l'ont  fort 
aidé ,-  le  soi  du  département  est ,  en  grande  partie  formé 
de  collines  ondoyantes,  sm*  lesquelles  les  routes  ne  sont 
ditiiciles  ni  à  tracer  ni  à  entretenir  ;  on  trouve  presque 
partout  de  l'excellent  gravier  volcanique;  et  mieux  que 
tout  cela,  les  communes  sont  en  général  assez  à  leur  aise, 
et  susceptibles  d  émulation  entr  elles.  Le  Préfet  a  cherché 
à  accroître  cette  disposition  ;  il  a  nommé  inspecteurs  par- 
ticuliers des  routes  ceux  d'entre  les  Maires  des  communes 
qui  lui  ont  paru  les  plus  actifs  ,  les  plus  intelligens ,  et 
les  plus  susceptibles  détre  influencés  par  cet  utile  prin- 
cipe d'émulation;  et  le  résultat  de  ces  moyens  x-éunis  est 
véritablement  admirable.  Déjà  les  deux  tiers  du  départe- 
ment sont  couverts  d'un  rézeau  de  routes,  qui  n'ont  que 
la  largeur  nécessaire  à  deux  voitures,  mais  qui  sont  bien 
établies  et  bien  entretenues ,  par  des  cantoniers  répartis 
de  lieue  eu  lieue,  et  occupés  à  remplir  les  ornières  et  à 
donner  cours  aux  eaux  stagnantes. 

On  travailloit  dans  la  campagne  aux  labours  du  prin- 
temps. Le  sol  est  si  léger  que  cette  opération  contras- 
toit  beaucoup  à  mes  yeux,  avec  celle  du  même  génie  dans 
notre  pays  ,  où  elle  occupe  souAent  six  bœufs  ,  deux 
hommes  et  une  lourde  charrue.  Ici  la  charrue  est  fort  lé- 
gère, et  n'a  qu'une  corne;  elle  est  attelée  d'un  seul  bœuf, 
le  laboureur  la  tient  d'une  main,  et  de  l'autre  un  petit 
bâton  en  façon  de  canne  ;  et  il  a  l'air  de  se  promener  pour 
son  plaisir. 


l44   SUR   LA    CONTRÉE   BASALTIQUE  DES  DÉpARTEMENS 

A  peine  avions-nous  fait  une  demi-lieue  ,  que  je  re** 
marquai  dans  le  talus  à  droite  ,  récemment  taillé  pour 
élargir  le  chemin,  des  couches  horizontalement  stratifiées, 
que  je  ne  regardois  guères ,  les  prenant  pour  du  sable  ou 
du  gra^  ier  commun.  «  Voilà ,  me  dit  M.  de  Lezay  ,  la 
matière  qui  rend  nos  routes  si  bonnes.»  —  «Vous  avez  ce 
gravier  bien  à  portée.»  —  «  Ce  n'est  point  du  gravier  ;  re- 
gardez de  plus  près.  »  Nous  descendons;  et  je  vois ,  à  ma 
grande  surprise  ,  que  ces  couches  sont  formées  de 
grains  légers  ,  spongieux,  en  un  mot  de  véx'itable  pierre 
ponce  en  fragmens.  On  l'appelle  dans  le  pays  Bimsteiri' 
J'en  mets  un  échantillon  sous  les  yeux  de  la  Société  (i). 
Cette  lave  granuleuse  forme  là  évidemment  une  strati- 
fication ,  par  alUn  ioa ,  à  lu  manière  de  nos  graviers  et  de 
nos   sables   (n). 

Je  commençois  à  ouvi-ir  les  yeux  :  après  vuie  heure  e£ 
demie  de  marche  ,  les  mom  emens  du  terrain  devinrent 
plus  mai'qués  ,  et  je  distinguois  déjà  dans  le  lointaui  plu- 
sieurs sommets  ,  de  forme  conique  écrasée,  ou  plutôt  dé- 
chirée. Nous  passâmes  auprès  de  l'un  de  ces  monticules, 
nommé  Caniilleberg  :  il  étoit  boisé  jusques  vers  le  haut, 
et  ne  ressemijloit  pas  mal  à  celui  sur  lequel  étoit  l'ancien 
château  de  Mournex  ,  qui  appartient  actuellement  à  1  un 
de  nos  collègues  (3).  11  y   a  au  sommet   un  hermitaga 

(i)  Les  (■clianlillons  désigiiôs  dans  cette  notice  sont  déposés  au  Musée ^ 
avec  indication  de  la  page  du  mémoire  à  larpelle  ils  se  rapportent, 
(a)  N."  Yi  'Ifi  ^  collection  au  Miisée. 
(S)  Ml-.  Gosse  le  père ,  (jue  la  Société  a  eu.  le  malheur  de  perdre  en  iSiJ-». 


l 


Ï)U  RHIN   V.r  MOSELT.B  ET  DE  LA   SAHRE.  l45 

occupé,  par  deux  hermites.  Nous  ne  cessions  point  de 
monter  insensiblement  :  à  dix  heures  du  matin  nous  at- 
tei^îîmes  un  vaste  plateau  nommé  TVolfllial  où  nous 
quittâmes  la  route  de  Goblentz  à  Mayen  ,  l'un  des  bourgs 
principaux  du  Département ,  et  nous  prîmes  à  droite  , 
en  nous  rapprochant  du  Rhin  ,  dont  nous  étions  pour- 
tant à  environ  quatre  lieues.  Je  fis  là  l'observation  du 
baromètre  ;  il  étoit  de  6  li.  -^  plus  bas  qu'à  Coblentz  ;  et 
le  therm.  à  7  (i?),  ce  qui  donne,  pour  la  quantité  d'ascen- 
sion depuis  Coblentz,  4^8  pieds. 

De  ce  plateau  nous  redescendîmes  un  peu  pour  tra- 
Terser  une  assez  grande  plaine  au  milieu  de  laquelle  on 
Toit  un  ci  -  devant  monastère  ,  aujourd'hui  une  ferme 
nommée  Frauenkirh.  Près  de  là,  et  au  bord  du  chemin, 
nous  nous  arrêtâmes  pour  observer  une  source  minérale 
assez  remarquable,  nommée  Schmahl-brunnen.l^e  sort 
en  partie  d'un  petit  bassin  artificiel  de  basalte ,  autour 
duquel,  sur  son  bord,  est  gravée  une  inscription  en  langue 
allemande.  Au-dessous  du  bassin,  la  source  forme  une 
sorte  de  petit  marais,  de  quelques  toises  détendue,  où  l'on 
"voit  eu  beaucoup  d'endroits  leau  minérale  sortir  du  fond 
«n  bouillonnant  et  en  amenant  des  bulles  d'air  à  la  sur- 
face. Je  n'avois  pas  prévu  ce  genre  d'observation  ,  et  je 
n'étois  muni  d'aucun  appareil  approprié  ;  un  grand  go- 
belet de  verre  qu'on  avoit  joint  à  nos  provisions  de  bouche 
me  servit  de  récipient  ;  après  lavoir  rempli  dans  l'eau 
"de  la  source,  je  le  tins  renversé  au-dessus  de  l'un  des 
"endroits  d  où  sortoient  les  bulles  ;  il  fut  rempli  en  cinq 
âecondes  par  le  gaz.  L'odeur  de  ce  gaz  étoit  celle  de  l'a- 
Méin.  de  la  Soc.  de  P/ijys,  et  d'H.  nat,  T.  1,"  15 


l46   SUR   LA    CONTRÉE   BASALTIQUE   DES  DÉPARTEMENS 

cide  carbonique ,  et  des  plus  piquantes.  J'essayai  d'y  in- 
troduire une  allumette  enflammée  j  elle  s'y  éteignit  comjne 
si  je  l'eusse  plongée  dans  l'eau.  La  saveur  de  cette  eau  me, 
parut  plus  saline  et  moins  acide  que  celle  du  Thaï ,  dont 
jai  parlé  tout-à4'heure.  Elle  sort  avec  assez  d'abondance 
pour  produire  un  petit  ruisseau  ,  sur  le  fond  duquel , 
comme  sur  celui  de  la  source,  il  se  dépose  une  grande 
quantité  d'oxide  de  fer  d'une  belle  couleur  rouge  orange  (i). 
On  ne  s'aperçoit  d'aucune  odeur  sulfureuse.  Sa  tempéra-i 
ture  est  à  io°  5  (K)  ,  elle  me  semble  un  peu  au-dessus 
de  la  moyenne  du  climat. 

Je  n'ai  point  dit  encore  qu'indépendamment  des  obser-< 
valions  générales  qui  nous  appeloient  dans  cette  contrée  ^ 
elle  renfermoit  pour  moi  deux  objets  de  curiosité  très-vive. 
L'un  étoit  ces  carrières  renommées  de  meules  de  moulin, 
taillées  dans  la  lave ,  pierres  qui  sont  connues  et  pré-: 
férées  dans  tout  le  nord  et  jusques  en  Amérique  ;  on  les 
conduit  par  terre  jusques  au  Rhin  à  Andernach,  d'où  on  les 
emJDarque  pour  toutes  les  destinations.  L'autre  objet  étoit 
la  célèbre  abbaye  du  Lac,  déjà  fameuse  dans  les  temps 
de  la  chevalerie,  mais  plus  intéressante  pour  moi  par  les 
phénomènes  volcaniques  dont  eUe  est  comme  le  centre, 
que  par  les  souvenirs  du  moyen  âge  qu'elle  peut  réveiller. 
J'allois  à  la  piste  des  volcans  étemts,  comme  un  botaniste 
cherche  une  plante  rare,  ou  comme  un  antiquaire  poiu-suit 
une  médaille  d'Othon. 

Nous   arrivâmes  à  onze  heures  au  village  de  Nieder- 

(0  ^•°  i^  de  la  collection  au  Musée,  ,i 


DU   RHIN   ET   MOSELLE   ET  DE   LA   SARRË.  i47 

mendig ,  près  duquel  sont  les  carrières  de  lave  qui  portent 
son  nom.  Nous  fimes  alte  à  l'auberge.  Nous  y  trouvâmes 
(j'ignore  si  c'étoit  par  hasard)  deux  propriétaires  des  prin- 
cipales carrières,  qui  nous  offrirent  très-gracieusement  de 
nous  y  accompagner;  l'un  ne  parloit  que  l'allemand,  l'autre 
écorchoit  le  français,  tout  juste  ce  qu'il  en  falloit  pour  se 
faire  deviner  au  travers  de  mille  coq-à-lânes.  M.  de 
Lezay  questionnoit  pour  moi  et  me  traduisoit  les  réponses. 

Nous  apprîmes,  en  déjeunant,  qu'avant  la  guerre  et  le 
blocus  maritime,  la  valeur  annuelle  de  l'exploitation  de  ces 
carrières  s'élevoit  jusques  à  cent  mille  écus  ;  et  qu'elle  est  ré- 
duite actuellement  à  la  simple  consommation  du  pays,  c'est 
à-dire  presque  à  rien.  Les  habitans  du  village ,  auxquels  ce 
commerce  avoit  procuré  une  honnête  aisance,  sont  actuel- 
lement réduits  à  une  misère  telle,  que  les  femmes,  obli- 
gées de  s'emprunter  réciproquement  des  soidiers  pour 
aLer  à  l'église  le  dimanche  ,  ne  peuvent  s'y  rendre  que 
tour-à-tour. 

Quoique  nous  eussions  fort  bon  appétit ,  il  me  sem- 
bloit  que  déjeûner  étoit  perdre  du  temps;  et  je  pris  la  li- 
berté de  presser  le  départ  poiu-  les  carrières  ,  qui  ne  sont 
qu'à  dix  minutes  de  distance  du  village.  On  y  arrive  en 
montant  par  une  pente  douce.  Je  m'attendois  à  voir,  ou 
une  grande  coulée  de  lave ,  ou  des  escarpemens  basalti- 
ques ,  dans  la  masse  desquels  on  taiUeroit  les  meules.  .  . . 
Rien  de  tout  cela.  Je  vois  çà  et  là  sur  un  plateau  pres- 
que horizontal,  des  entassemens  de  débris  artificiels,  entre 
lesquels  sont  de  vastes  entoimoirs  presque  contigus  ,  et 
dont  ceux  qui  sont  anciens  et  comblés  ressemblent  à  de 


l48  SUR  LA  CONTRÉE  BASALTIQUE  DES  DÉPARTEMENS 

petits  craters  ;  mais  là  main  de  l'homme  y  est  d'ailleurs 
trop  évidente  pour  qu'on  puisse  s'y  tromper.  Sur  quel- 
ques-uns de  ces  entonnoirs  sont  établis  des  tours  des- 
tinés à  monter  les  meules ,  du  fond  des  galeries  souter^- 
raines  jusques  au-dehors ,  où  on  les  voit  appuyées  les  unes 
contre  les  autres  par  centaines.  Les  plus  grandes  ont  dix- 
sept  pouces  d'épaisseur,  et  les  plus  petites  un  pied.  Oa 
nomme  les  premières  jungfer,  les  autres  rrolf.  Il  y  a  , 
sur  le  teriàtoire  de  Niedermendig  ,  neuf  de  ces  carrières 
actuellement  en  exploitation.  Ces  travaux  étoient,  dit-on, 
en  activité  déjà  au  quatorzième  siècle. 

La  lave  basaltique  poreuse  qu'on  exploite  dans  ces  car- 
rières est  ensevelie  sous  des  bancs  très  -  épais  de  terrain 
d'alluvion ,  sous  lesquels  ou  a  lieu  de  s'étonner  que  son 
-existence  ait  été  découverte,  et  même  soupçonnée;  car 
elle  ne  s'annonce  point  au  jour.  On  trouve  là,  en  creusant 
sous  la  terre  végétale,  quinze  à  vingt  pieds  d'épaisseur  de 
ce  même  bimsleiii  dont  j'ai  parlé  tout-à-l'heui'e ,  et  dont 
les  fragmens  n'ont  aucune  adhéi-ence  entr'eux,  ce  qui 
oblige  à  évaser  beaucoup  les  ouvertures,  de  crainte  des 
éboulemens ,  ou  bien  à  les  contenur  par  un  mur  cylin-* 
drique  bâti  en  façon  de  puits  avec  les  débris  des  lavés. 

Je  voulois  descendre  dans  l'une  des  carrières  pour  ob- 
server de  plus  près  les  stratifications.  On  en  choisit  une 
à  laquelle  on  avoit  pratiqué  dans  l'épaisseur  de  la  couche 
de  bimatein  une  galerie  couverte ,  prise  de  loin  et  des- 
cendant en  pente  douce,  garnie  de  marches  jusques  au 
bord  du  puits  creusé  dans  la  matière  solide.  Là,  on  trou- 
voit  pour  descendre  au  fond ,  non  pas  une  échelle  ordi- 


n         ©U   RHIM   BT  MOSELLE  BT  PE    l^k   SARpE.  .l49 

jnàîre  ,  mais  une  longue  poutre  garnie  cle  bâtons  enfilés 
comme  on  en  donne  aux  poules  pour  atteindre  leur  gite. 
JEncoBîbré  d  un  baromètre  ef  d'un  marteau  ,  je  tfpuvois 
en  descendant,  qiie  j'aurois  eu  besqiii  pour  iija  sûreté  par- 
faite d'une  main  de  plus;  d'autant  que  ces  bâtons,  à  moitié 
usés,  et  glissans  ,  ii'ofFroient  qu'un  soutien  très-précaire. 
Je  descendis  pourtant  sans  accident,  et  je  m'applaudis  fort 
jd'être  arrivé  dans  ce  souterrain.  L'observation  du  baro- 
mètre me  donna  soixante  dix-huit  pieds  de  profondeiu: 
depuis  l'entrée  de  la  galerie.  Le  puits  étant  fort  large,  o^i 
voyoit  très-clair  au  fond.  Voici  la  stratification  que  j'ob- 
.fiervai  en  descendant. 

Après  le  bimstein  ,  se  trouvoit  un  banc  assez  épajs 
d'argile  grise  renfermant  çà  et  là  des  fragniens  étrangers» 
comme  des  débris  de  coquilles  et  des  morceauJt  de  basalte* 
JPlus  bas  commençoit  la  coulée  de  lave,  qui  paroiâsoit  évi- 
demment composée  de  prismes  verticaux  juxtà-posés» 

Si  quelqu  un  étoit  porté  à  croire  que  ces  faces  verti- 
cales ,  en  apparence  prismatiques  ,  avoiejit  revêtu  cette 
forme  par  suite  du  mode  d'exploitation  lorsqu'on  avo^t 
creusé  le  puits  ,  je  lui  répondrois  que  les  fissures  vert^i- 
cales  qui  séparent  et  décident  ces  prismes  ne  peuvent  être 
l'ouvrage  des  hommes  ;  je  réponckois  tout  aussi  victorieu- 
sement que,  lorsqu'en  parcourant  les  galeries  horizontales 
qui  partent  du  fond  du  puits,  je  regardois  le  plafond,  je 
le  voyois  tout  entier  à  comparlimens  polygpnes^  qui  incji- 
quoient  évidemment  la  section  horizontale  d'une  masse 
de  prismes  verticaux.  Je  me  rappelai  avoir  j^adis  obscr\  é  le 
même  phénomène  dans  une  matière  bien  différente  de  la 


l5o  SUR  LA  CONTREE  BASALTIQUE  DÈS  DÉPARTEMÊNS 

iave  ;  c'étoit  dans  les  mines  de  sel  gemme  de  Norlhwich 
en  Angleterre. 

Je  remarquai  l'un  de  ces  polygones ,  d'environ  deux 
pieds  de  diamètre,  au  milieu  duquel  onenVoyoit  un  plus 
petit ,  semblable  au  grand ,  mais  d'une  matière  blanchâtre, 
toute  différente  ;  il  étoit  malheureusement  à  douze  ou 
quinze  pieds  au-dessus  de  moi  ,  en  sorte  que  je  ne  pus 
pas  en  apprendre  davantage.  Mais  je  puis  dire  avoir  trouvé 
dans  ce  puits  une  réunion  de  deux  circonstances  qui  m'a 
conduit  à  une  vérité  intuitive.  J'ai  vu  là  une  masse  énorme 
de  \^^,'e  certaine ,  c'est-à-dire  ,  indubitablement  volcan>- 
que  ;  et  cette  même  lave  y  est  organisée  en  prismes  ,  à  la 
façon  des  basaltes  les  plus  purs  et  les  plus  compactes. 

On  peut  remarquer,  dans  la  section  verticale  de  cette 
lave,  une  transition  qui  conduit  à  un  autre  fait  important: 
sa  partie  supérieure  se  rapproche  tout-à-fait  de  la  nature 
des  scories;  aussi  on  la  rejette  dans  l'exploitation  (i).  C'est 
dans  la  partie  moyenne,  qui  a  environ  cinquante  pieds  d'é- 
paisseur ,  que  la  masse  rémiit  les  deux  qualités  qui  en  font 
une  bonne  pierre  meidièrer savoir,  une  porosité  suffisante, 
et  une  assez  grande  dureté.  Au-dessous  des  galeries  en 
exploitation,  la  lave  n'est  point  épuisée,  mais  elle  devient  si 
dure  et  si  compacte  qu'on  ne  l'exploite  pas  ;  elle  passe  à 
l'état  de  vrai  basalte  ;  les  ouvriers  le  nomment  diillstein. 
11  paroîtroit  donc  qu'une  coulée  volcanique  ,  dont  la  nur- 
ture  chimique  est  peut-être  la  même  dans  toute  son 
épaisseur  verticale,  peut,  parle  seul  fait  de  la  compre»-» 

(i)  N."  i^  de  k  collection. 


Se  RHIN-  ET  MOSELLE  ET  DE  LA ,  CARRE-     iSl 

«iqn  physique  qu'exercent  les  couches  supérieures  sur  les 
inférieures  ,  donner  de  la  Live  en  haut,  et  du  basalte  en 
bas  ;  à  peu  près  comme  les  cuves  des  brasseurs  qui  ont 
vingt-cinq  pieds  de  profondeur  et  qu'on  voit  à  Londres  i 
donnent  en  bas  de  la  bière  prête  à  boire,  tandis  <ju'en  haut, 
la  liqueur  est  encore  en  pleine  fermentation^ 

Je  mets  sous  les  yeux  de  la  Société  deux  échantillons 
de  cette  lave  meuUère.  Elle  renferme  souvent ,  comme  on, 
peut  le  remarquer,  des  noyaux  de  matières  étrangères  (i)î 
on  y  trouve  des  fragmens  anguleux  de  feldspath,-  des  nids 
dépidote  aiguillée  verte  ;  et  bien  plus  rarement,  on  y  ren" 
contre  une  substance  bleue,  à  cassure  vitreuse,  découverte 
il  y  a  peu  d'années  à  Albano  et  dans  les  en\  irons  du  lac 
de  Nerni  ;  on  l'a  trouvée  aussi  en  Auvergne.  On  l'a  nommée 
Hauyne. 

Pendant  mon  séjour  dans  ce  souterrain ,  j'eus  roccasioit 
d^y  répéter  une  obser\'ation  physique  que  j'ai  faite  dans 
plusieLU"s  cavernes  naturelles  au  milieu  de  l'été ,  et  dont 
je  n'ai  pas  encore  trou^  é  d  explication  bien  satisfaisante. 
Je  voyois,  dans  quelques  endroits,  de  l'eau  tomber  goutte 
à  goutte  du  plafond  sur  le  sol  du  souterrain ,  ou  contre  ses 
parois.  Or ,  partout  où  cette  stillation  s'opéroit ,  on  voyoit 
au-dessous  une  masse  de  glace  d'une  certaine  épaisseur. 
Cependant,  la  température  de  l'air  étoit  à3  ^  {R) ,  et  j'ai 
lien  de  croire  qu'en  aucune  saison  elle  ne  descend  à  zéro 
dans  ces  souterrains. 

H  étoit  temps  d'en  sortir.  J'avois  encore  bien  des  choses 

CO  >'•"  il  et  i^  de  la  coUeciiou. 


ïSa  sun  iÀ  co^n'iièE  éASAiitT^TiE  nv  département 
à  voir  dans  cette  riche  journée.  Nous  remontâmes  ,  les 
poches  pleines ,  comme  on  peut  croire  ;  et  pour  moi ,  la 
tête  encore  plus  remplie.  J'éprouvois ,  comme  une  glou- 
tonnerie d'observation ,  qui  me  donnoit  une  sorte  de  mal- 
aise, quand  je  songëois  à  là  désolante  rapidité  du  temps. 

En  repassanl  auprès  des  aliciens  entoïmoirs  Fermés, 
qui  ressemblent  à  des  cràters ,  on  nous  en  montra  tm  de 
fimeste  mémoire.  Quatre  hommes  y  furent  ensevelis  par 
un  éboulement ,  il  y  a  quarante  ans  ,  et  leurs  ossemens 
y  reposent. 

^.Nons  ne  retournâmes  point  à  Niedermeiidîg,  nous  nous 
rendîmes  au  village  de  Beln  ' ,  où  réside  le  maire  de  cet 
arrondissement,  homme  très-actif,  instruit,  bon  agricul-* 
teur,  parlant  couramment  le  français,  et  qui  me  parut  l'un 
des  inspecteurs  fayoris  du  Préfet  dans  cette  contrée.  Pour 
mon  malheur,  il  avoït  été  prévenu  de  notre  arrivée,  et  nous 
attehdoit'à  dinet  !  Je  n-a^ois  faim  que  de  voir  ;  pen-* 
dant  les  derniéi;'s  pféparàtifâ  du  repas  ,  mon  baromètre 
m'apprit  que,  depuis  le  sol  des  carrières  jusqu'à  Beln  nous 
avions  monté  de  48  pièds.  Effectivement ,  le  village  est  à 
mi-côte  d'une  colline  cputonniee  de  quelques  rochers  qui 
ressemblent  fort  de  loin  à  du  basalte;  et  qvie  j'aurois  bien 
mieux  aimé  aller'  visiter  qtiè  de'm'asseoir  à  table.  Dans 
toute  autre  disposition  d'esprit  j*aurois  pu,  et  dû,  tirer 
très-bon  parti  de  la  conversation  qui  étoit  instructive  ; 
mais  je  ne  songëois  qu'à  ce  que  j'avois  vu ,  rt  à  ce  que  jfe 
pourrois  voir  encore  ,  si'le''  dîné  pbu voit  "finir.  H  étoit 
quatre  heures  "dû  sôîr ,' "et  Tkons  étions  à  la  fin  de  Mars. 

On  eut  pitié  de  moi, et  on  abfégèa.  Néiis  allumes  d'abord 


DE  RHIN  ET  M0SEL1.E  ET  DE  LA  SARHE.      1 53 

visker  une  source  acidulé  ferrugineuse ,  nommée  Edel- 
hrunnen  ,  qui  sort  assez  près  du  viUage  dans  un  vallon 
charmant.  Elle  me  parut  ressembler  à  tous  égards  à  celle 
que  nous  avions  vue  le  matin  ;  et  on  lui  a  donné  ,  comme 
à  l'autre ,  un  bassin  de  basalte.  J'estime  leur  distance  res-^ 
pective  d'environ  une  lieue,  à  vol  d'oiseau.  J'appris  que, 
dans  les  travaux  de  l'été,  les  ouvriers  de  la  campagne  vien- 
nent de  fort  loin  chercher  leur  boisson  à  cette  som'ce ,  qui 
a  pour  eux  presque  tous  les  avantages  du  vin. 

Non  loin  de  là,  et  en  remontant  le  même  vallon ,  nous 
visitâmes  une  autre  carrière  d  un  genre  tout  différent  de 
celles  que  nous  venions  de  voir ,  mais  qu'on  a  lieu  de  croire 
aussi  d  origine  volcanique.  On  l'appelle  Pierre  à  four  ; 
JBackqfenslein.  C'est  un  banc  d'environ  vingt-cinq  pieds 
d'épaisseur ,  taillé  en  escarpement ,  et  qu'on  exploite 
partie  à  ciel  ouvert  ,  partie  en  galerie  souterraine  ,  qui 
peut  avoir  une  centaine  de  pieds  de  profondeur.  Elle  est 
composée  de  fragmens  agglutinés  en  brèche  grossière ,  ou 
plutôt  en  tuf  a  ;  elle  se  taille  aisément,  et  se  durcit  à  l'air, 
et  encore  plus  au  feu.  En  examinant  de  près  les  fragmens 
dont  elle  est  composée  ,  on  y  trouve  du  schiste  argileux 
bleuâtre;  des  noyaux  d'une  substance  jaune  et  légère;  des 
lames  de  mica  noir  en  petite  quantité  ;  enfin ,  de  petits 
grains  tiès-blancs,  qui  resiemblent  à  de  la  chaux.  Ce  banc 
est  placé  immédiatement  ai>-dessou3  de  la  terre  végétale  ; 
et  les  fissures  qui  s'entrecroisent  dans  sa  masse  ne  donnent 
aux  formes  qu  elles  dessinent  aucune  régularité  apparente. 
Elle  offre,  tbns  sa  qualité,  des  différences  analogues  à 
celles  que  j'ai  fait  remarquer  dans  la  lave  ;  c'est-à-dire 
Mém.  de  la  Soc.  de  Phyî.  et  iPIl.  nal.  ï.  I."  so 


1 54  SUR  LA  CONTRÉE  BASALTIQUE  DES  DÉPAHTEMENS 

que  dans  la  partie  supérieure  du  banc ,  ce  tuf  volcanique 
(car  cen  est  un)  est  d'un  grain  moins  fin,  et  contient 
des  noyaux  plus  gros,  dont  quelques-uns  sont  de  basalte 
et  de  lave.  Au  bas  il  est  plus  dur  et  plus  noirâtre  :  la 
meilleure  portion  du  banc  n  a  guères  que  douze  pieds  d'é- 
paisseur. (Ja  envoie  ces  pieri'es  à  four  jusques  en  Bi'abaut 
par  la  navigation  du  Rhin  (i). 

Je  vis  que  le  Préfet  et  le  Maii'e  mettoient  de  l'intérêt  à 
aHer  visiter  ensemble  un  chemin  qu'on  étoit  occupé  à  ré- 
parer non  loin  de  là.  De  mon  côté ,  j'avois  à  cœur  la  vi- 
site aux  basaltes  présumés  du  haut  de  la  colline.  Nous 
nous  séparâmes,  en  nous  assignant  un  rendez-vous.  Arrivé 
au  sommet ,  je  trouvai  bien  des  masses  de  nature  Ijasal- 
tique ,  mais  aucune  forme  régulière.  Mes  compagnons  se 
firent  attendre  si  long -temps  au  rendez  -  vous  ,  que  je 
craignis  une  équivoque  ,  dont  le  résultat  auroit  pu  être 
embarrassant.  Enfin,  ils  ai'rivèi-ent ,  et  nous  partîmes  pour 
l'abbaye  du  Lac,  où  nous  envoyâmes  la  voiture  qui  de- 
voit  nous  ramener.  Il  étoit  cinq  heures  et  un  quart. 

Nous  nous  dirigeâmes  à  travers  champs ,  d  abord  en 
montant  un  peu  ,  ensuite  en  redescendant  davantage,  au 
tra\^ers  d'une  belle  forêt  de  hêtres ,  au  sortir  de  laquelle 
nous  vîmes  paroître  tout- à- coup  le  vaste  bâtiment  de 
l abbaye,  et  le  lac,  auprès  duquel  ce  monastère  est  situé. 
Les  bords  sont  un  peu  marécageux  du  côté  de  1  abbaye. 

Lédifice  est  très-vaste  et  bien  conservé.  Sa  fondation 
date,  à  ce  qu'on  dit,  du  neuvième  siècle;  mais  les  bàtimens 
actuels  sont  sûrement  plus  modernes.  Il  a  moins  souffert 

(i)  N."  ^  de  la  collection. 


I 


DE  RHIN  ET  MOSELLE  ET  DE  LA  SARRE.     l55 

que  beaucoup  d'autres  des  ravages  de  la  révolution.  Il  est 
occupé  par  un  régisseur  ,  pour  le  compte  du  Domaine  de 
la  Couronne.  11  est  question  d'y  placer  le  dépôt  de  men- 
dicité du  département  ;  et  c'est  bien  dommage.  Je  ne  crois 
pas  qu'il  existe  un  site  plus  véritablement  pittoresque; 
il  l'étoit  pour  nous  au  mois  de  Mars ,  qu'auroit-il  été  dans 
la  belle  saison! 

Ce  lac  a  i3oo  arpens  de  surface.  Il  est  environné  de 
collines  boisées,  à  peu  près  de  même  hauteur,  et  qui  pré- 
sentent ,  au  premier  aspect ,  l'idée  d'un  immense  cratère 
dont  le  bord  se  seroit  rompu  du  côté  par  lequel  on  arrive 
au  lac ,  et  par  lequel  ses  eaux  s'écoulent  actuellement  dans 
un  canal  souterrain. 

Mais  avec  un  peu  de  réflexion  ,  et  sans  cesser  de  voir 
dans  toute  l'enceinte  du  lac  les  phénomènes  volcaniques , 
iOn  n'y  reconnoît  pas  l'existence  possible  d'un  crater  véri-  . 
table.  Feu  M.  de  Luc  ,  qui  a  visité  cette  contrée  en  ob- 
servateur ,  et  qui  a  pu  y  donner  le  temps  nécessaire  ,  a 
trouvé  autour  du  lac  tout  l'assortiment  de  matières  qui 
prouve  jusqu'à  1  évidence  qu'un  volcan  a  existé  là  ;  mais  il 
ajoute  sur  la  forme  actuelle  de  l'enceinte  et  sur  son  étendue, 
des  considérations  qui  me  paroissent  frappantes  de  justesse 
et  que  je  ne  puis  mieux  exposer  que  dans  ses  propres 
termes.  (Vo-ez  Lettre  94i  P^g-  198). 

J'appris  de  M.  de  Lez.ay  qu'il  y  a,  vers  l'extrémité  du 
lac  opposée  au  couvent,  et  oh  la  nuit  qui  s'avançoit  ne  nous 
permeltoit  plus  daller .,: ua;creux  auprès  dun  vieux  tronc 
d  arbre  ,  dans  lequel  se  répète  ct^  .petit  le  phénomène  de 
la  grotte  du  chien,  il  y  a  dans  cette  fosse  naturelle  une 


l56    SUR   LA    CONTRÉE   BASALTIQUE   DES  DÉPATITEMENS 

émission  constante  de  gaz  acide  carbonique  ,  qui  tue  les 
souris  et  les  oiseaux  lorsqu'ils  s'y  trouvent  par  hasard  ex- 
posés. Il  ne  nous  resta  de  lumière  que  de  quoi  faire  mie 
courte  excursion  le  long  du  bord  du  lac  au  pied  de  la  col- 
line qui  l'entoure.  Les  masses  roulées  qu'on  y  trouve  sont 
une  agglomération  volcanique  qui  tient  en  quelque  sorte 
le  milieu  entre  le  pouddingue  et  la  lave.  J'en  mets  un 
échantillon  sous  les  yeux  de  la  Société  (i). 

Nous  quittâmes  1  abbaye  à  la  nuit ,  et  au  grand  trot 
des  chevaux  nous  n'arrivâmes  à  Coblexitz  qu'après  dix 
heuies  du  soir.  Je  partis  le  lendemain  i."  Avril  pour 
Bonn. 

La  route  de  Coblentz  à  Bonn  se  fait  le  long  du  Rhin  ; 
mais  le  fleuve  n'y  est  point  aussi  constammeut  encaissé 
qu'il  l'est  de  Bingen  à  Coblentz,  et  elle  offre  des  sites  plus 
variés.  A  Andernach ,  premier  relai  depuis  Coblentz  ,  nous 
AÎmes  au  bord  du  fleuves  de  grandes  provisions  de  ces 
meules  de  la^e  dont  j'avois  examiné  la  carrière  la  veille. 
Je  savois  qu'au-delà  d' Andernach  on  pouvoit  découvrir, 
de  la  route  même  ,  des  basaltes  en  place.  J'étois  tout  yeux 
pour  qu'ils  ne  m'échappassent  pas.  Au  bout  de  trois  quarts 
d'heure  de  route  j'aperçus  les  premiers;  on  distinguoit  fort 
bien  la  fornie  prismatique  lorsqu'on  se  trouvoit  rapproché 
de  la  masse ,  qui  de  loin  paroissoit  un  rocher  informe.A  une 
lieue  au-delà  du  reliii  de  Remagen  ,  nous  ^  îmes  ,  dans  le 
lit  même  du  fleuve ,  un  faisceau  ou  groupe  de  basaltes  , 
en  prismes  parfaitement  réguliers ,  qui  formoient  comme 
une  petite  île;  elle  doit  disparoître  lorsque  les  eaux  sont 

(i)  N.°  i^  de  la  collection. 


DE  RHIN  BT  MOSELLE  ET  DE  LA  SARRE.     iSj 

hautes.  Un  peu  plus  loin  nous  passâmes  au  pied  d'un 
rocher  basaltique  sur  lequel  on  voit  une  mazure  qui  porte 
encore  le  nom  de  château  de  Roland.  En  face  ,  et  dans 
une  île  du  Rhin  peu  distante,  est  un  monastère,  encore 
habité  actuellement  par  des  l'eligieuses ,  et  oii  l'on  dit  que 
la  fille  de  Charlemagne  étoit  enfermée ,  lorsque  le  preux 
chevalier  fit  bâtir  cette  tour,  pour  être  à  portée  de  voir  la 
Dame  de  ses  pensées.  J'ai  lieu  de  croire  qu'à  cette  dis- 
tance ,  et  les  lunettes  d'approche  n'étant  pas  encore  in- 
ventées ,  il  la  voyoit  plutôt  du  cœur  que  des  yeux. 

Long-temps  avant  qu'on  arrive  à  Bonn,  et  jusques  dans 
la  ville  même ,  la  route  est  bordée  de  bornes  faites  avec 
des  prismes  de  basalte  tellement  réguliers  qu'on  ne  peut 
se  persuader  qu'ils  ne  soient  pas  taillés  de  main  d'homme. 
La  principale  carrière  de  ces  prismes  est  dans  le  voisinage 
du  relai  de  Remagen. 

Après  une  excursion  au  nord  jusques  à  Aix-la-Chapelle 
et  vers  les  confins  de  la  Hollande ,  nous  revînmes  à  Go- 
blentz  pour  nous  diriger  sur  Trêves.  M.  de  Lezay  avoit 
ajouté  aux  bontés  dont  il  nous  a  comblés ,  1  invitation  de 
visiter  un  volcan  éteint ,  nommé  Falkenley ,  qui  n'étoit 
quàpeu  de  distance  de  la  route,  et  qui  méritoit  d'être  vu. 
Il  nous  donna,  au  départ,  une  lettre  pour  le  Maire  de 
Luzerath  ,  village  qui  u'est  qu'à  deux  lieues  du  volcan  ; 
il  l'invitoit  à  nous  y  accompagner.  Nous  devions  coucher 
aux  bains  de  Bertrich ,  qui  en  sont  assez  voisins  ,  et  re- 
partir le  lendemain  pour  ïrèves. 

Peu  après  notre  départ  de  Coblentz ,  le  temps  se  dé- 
rangea tout-à-fait.  Nous  eûmes  des  bourasques  de  pluie 


l58    SUR    L4    CONTRÉE    BASALTIQUE  DES  DÉPARTEMENS 

mêlée  de  neige;  des  relais  mal  servis,  des  chemins  affreux. 
Nous  étions  partis  à  quatre  heures  et  demi  du  matin  ,  et 
nous  n'arrivâmes  qu'à  trois  heures  après  midi  à  Luzerath, 
troisième  relai  depuis  Coblentz.  Un  surcroit  de  malheur 
nous  y  attendoit.  Le  Maire,  notre  protecteur ,  notre  ci- 
cérone ,  étoit  absent.  On  ne  savoit  quand  il  reviendroit. 
Nous  tenons  conseil ,  pendant  qu'on  attèle ,  par  une  pluie 
battante.  Mon  compagnon  de  voyage  qui  n'avoit  pas 
pour  les  volcans  éteints  un  goût  aussi  prononcé  que  le 
mien  ,  et  qui  étoit  frappé  de  l'idée  que  nous  n'avions 
pas  une  heure  à  perdre ,  étoit  bien  tenté  d'aller  en 
avant.  J'insistai  pour  l'excui-sion  ,  et  il  eut  la  bonté  de 
céder.  En  y  pensant  aujoiu-d'hui  de  sang-froid,  je  sui& 
encore  plus  touché  de  sa  complaisance  que  je  ne  le  fus 
dans  le  moment.  Nous  quittâmes  donc  la  grande  route, 
pour  aller  coucher  aux  bains  de  Bertrich ,  par  des  chemins^ 
de  traverse. 

M.  de  Lezay  m'avoit  annoncé  ,  qu'avant  d'arriver  à 
Bertrich  on  vuyoit  le  volcan  sur  la  droite  du  chemin  et 
à  peu  de  distance.  Je  ne  cessois  point  de  regarder  à  droite 
quand  nous  fumes  dans  les  parages  indiqués  ;  et ,  à  un 
quart  de  lieue  des  bains  ,  voyant  à  droite  une  colline  ro- 
cailleuse en  pain  de  sucre,  je  ne  doutai  point  que  ce  ne  tut 
là  mon  volcan.  Je  demande  à  mon  compagnon  de  me 
laisser  descendre  ,  et  d'aller  in'attendre  aux  bains.  Il  mac- 
corde  la  première  de  mes  demandes ,  mais  me  refuse  la 
seconde,  et  m'attend  sur  place,  ce  q;ii  me  genoit  beau- 
coup. Il  pleuvoit  assez  fort  ;  je  vais  droit  au  monticule , 
au  travers  d'une  prairie  qui  devient  peu-à-peu,  et  attendu 


DE  RHIN  ET  MOSELLE  ET  DE  LA  SARRE.     iSg 

la  circonstance,  un  véritable  marais,  où  j'enfonce  à  plaisir. 
J'arrive  enfin  et  je  ne  trouve  qu  une  colline  terminée  par 
des  entassemens  pierreux  ;  mais  aucun  signe  ,  ni  basalti- 
que ,  ni  volcanique.  Je  x'eyiens  tout  honteux,  et  encore 
plus  mouillé. 

Il  n'y  a  à  Bortrich ,  outre  la  maison  des  bains  ,  qui  étoit 
fermée  ,  que  quelques  maisons  de  paysans  dont  l'une ,  soi- 
disant  auberge,  n'étoit  qu'une  misérable  gargotte.  Pendant 
que  mon  compagnon  s'y  arrange  comme  il  peut,  et  fait 
préparer  un  prétendu  soupe ,  je  retourne,  toujours  en  para- 
pluie, profiter  d'une  heure  de  jour  qui  restoit  encore,  pour 
visiter  le  vallon  enchanteur  qui  recèle  ces  bains.  J'aper- 
çois le  long  des  bords  du  ruisseau  des  rangées  de  charmans 
petits  basaltes  qui  semblent  se  montrer  pour  me  donner 
du  courage  et  de  l'espérance  ;  je  monte  là  où  je  trouve  des 
sentiers ,  mais  je  ne  découvre  rien  de  plus  ;  et  la  nuit  me 
cliasse  au  logis  ,  où  je  rentre  assez  triste  ;  j'avois  un  motif 
de  chagrin  de  plus  que  mon  compagnon  de  voyage ,  c'étoit 
le  sentiment  pénible  de  l'avoir  engagé  dans  une  excursion 
à  laquelle  il  étoit  peu  disposé  ,  et  qui  tournoit  aussi 
mal. 

11  étoit  huit  heures  ;  et  après  nous  être  réchauffés  et 
séchés  de  notre  mieux  ,  tout  en  faisant  des  plans  vagues 
pour  le  lendemain,  nous  allions  avaler  une  mauvaise  soupe, 
et  nous  coucher ,  lorsque  nous  entendîmes  dans  la  cour 
le  pas  d'un  cheval;  seroit-ce  notre  maire  de  Luzerath  ?.  . . 
c  étoit  lui-même  !  Il  avoit  appris  notre  passage  et  nos  in- 
tentions ,  en  rentrant  chez  lui  ,  et  n'avoit  point  hésité  à 
venir  nous  joindre ,  malgré  la  nuit  et  le  mauvais  temps.  11 


iGo  SUR  LA  CONTRÉE  BASALTIQUE  DES  DÉPARTEMENS 

avoit  pensé  à  tout,  car  il  sortit  de  son  porte-manteau  deux 
bouteilles  d'excellent  vin ,  une  volaille  et  du  jambon.  Je 
laisse  à  deviner  si  nous  lui  sûmes  gré  de  son  zèle  et  de  sa 
prévoyance.  Je  n'ai  point  dit  que  le  concierge  des  bains  , 
ayant  appris  qu'il  y  avoit  à  l'auberge  des  illustres  étran- 
gers ,  épithète  dont  il  nous  décora  dès  la  première  révé- 
rence» s'étoit  cru  obligé,  ou  avoit  cru  proEtable  de  venir 
nous  tenir  compagnie.  Nous  fîmes  ,  à  nous  quatre ,  un 
soupe  très-agréable  ,  où  j'appris  en  conversation  plusieurs 
détails  plus  intéressans  que  ceux  qui  précèdent. 

L'origine  de  Bertrich  remonte,  à  ce  qu'on  prétend,  jus-^ 
qu'au  treizième  siècle.  On  1  attribue- à  un  saint  liei'mite, 
nommé  Berteric,  qui  au  treizième  ou  quatorzième  siècle  se  re- 
tira dans  ce  lieu,  admirablement  choisi  pour  quitter  le  monde*. 
On  y  trouve ,  en  miniature ,  toutes  les  beautés  que  nos  Alpes 
peuvent  offrir  en  grand,  et  de  plus,  des  singularités  et  des 
curiosités  naturelles  qu'on  ne  rencontre  point  dans  les^ 
Alpes.  Je  veux  parler  des  phénomènes  volcaniques  et  ba- 
saltiques qu'on  y  voit  rapprochés ,  et  qui  font  de  ces  lieux 
charmans  comme  un  cabinet  de  géologie  ;  à  chaque  pas  on 
change  de  site  ;  partout  des  objets  nouveaux  et  des  bel- 
védères natui'els  pour  les  observer  et  pour  les  admirei*. 
C'est  une  nature  tour-à-tour  agreste  ,  et  ornée  de  tout  son. 
luxe. 

A  toutes  ces  beautés ,  il  faut  ajouter  le  bienfait  dune 
eau  thermale  à  3o''  {R).  L Electeur  de  Trêves  y  établit» 
en  1760,  un  vaste  bâtiment  en  pierre  de  taille;  la  source 
est  tout  auprès  ,  et  se  distribue  par  des  tuyaux  daus  qua- 
torze étuves  voûtées ,  dont  six  sont  doubles  et  huit  sim- 


DU  RHIM  ET  MOSELLE  ET  DE  LA  SARBE.     iGl 

pies  ;  en  sorte  que  vingt  malades  peuvent  en  profiter  à  la 
fois.  L'eau  n'a  qu'une  toible  odeur  sulfureuse,  et  aucune 
saveur  saline.  On  dit  que  cet  établissement  a  coûté  i5o,ooo 
écus  à  l'Electeur.  Le  noniljre  des  amateurs  qui  s'y  rendent 
annuellement  est  entre  4  et  5oo.  La  plupart  viennent 
d'Allemagne  et  de  Hollande.  On  dit  que  ces  eaux  ont 
fait  d'assez  belles  cures  ,  sans  parler  des  miracles  aux- 
quels le  concierge  essaya  de  nous  faire  croire. 

Nous  fîmes  nos  plans  pour  le  lendemain ,  en  supposant 
(  et  moi  en  espérant ,  le  beau  temps  ;  car  mon  baromètre 
mis  en  expérience  dès  notre  arrivée  montoit  à  vue  d  œil  ). 
.Nous  devions  partir  à  la  pointe  du  jour  accompagnés  de 
notre  brave  Maire  pour  le  volcan  de  Falkenley  ,  en  re- 
prenant la  route  qui  nous  avoit  amenés  à  Bertrich  ;  et 
revenant  ensuite  sur  nos  pas  jusques  fort  près  des  bains  , 
nous  devions  prendre  là  le  chemin  de  ti-averse  qui  nous 
ramèneroit  dans  la  route  de  Trêves. 

Le  lendemain ,  au  jour ,  le  temps  fut  superbe ,  ainsi 
que  le  baromètre  me  l'avoit  promis.  11  fallut,  avant  de 
nous  mettre  en  route ,  visiter  en  détail  le  bâtiment  des 
bains  ,  dont  le  concierge  ne  nous  fit  pas  grâce  d'une 
étuve. 

Je  fis,  en  retournant  par  le  chemin  de  la  veille,  quelques 
remarques  qui  m'avoient  échappé  alors ,  et  d'autres  qui 
me  furent  indiquées  par  notre  cicérone.  Je  découvris  le 
long  du  torrent  qui  occupe  le  fond  du  vallon  ,  fond  si 
étroit  qu'il  n'y  a  rigoureusement  de  place  que  pour  le 
torrent  et  le  chemin ,  je  découvris  ,  dis-je  ,  beaucoup  plus 
de  basaltes  que  le  jour  précédent  ;  leurs  prismes  se  mon- 

Mém.  de  la  Soc.  de  Phjs.  et  d'H.  mit.  T.  I."  ai 


162  SUR  LA  CONTRÉE  BASALTIQUE  DES  DEPARTEMENS 

troient  le  long  des  bords  du  toxTent  immédiatement  sur- 
montés ,  et  comme  chargés  par  des  masses  de  rochers  de 
nature  absolument  différente  ;  c'est-aTdire  de  schistes 
feuilletés  ,  à  bancs  diversement  inclinés.  Voilà  dans  cette 
formation  ,  le  feu  et  l'eau ,  Vulcain  et  iNeptune  qui  se  cou- 
doyent  tout-à-fait  et  sans  transition  quelconque;  je  pré^ 
sente  un  échantillon  de  ces  schistes  (i). 

Fort  près  du  pont  sur  lequel  on  passe  le  torrent ,  on 
nous  conduisit  à  1  une  des  curiosités  de  la  contrée ,  c'est 
une  grotte  basaltique,  véritable  miniature  de  celle  de 
Fingal  dans  fîle  de  Staffa.  C'est  une  galerie  naturelle  , 
haute  de  cinq  pieds,  large  de  trois,  et  qui  a  une  dixaine - 
de  pas  de  longueur.  Ses  nnurs  latéraux  sont  une  suite  de 
colonnes  basaltiques  formées  d  assises  superposées ,  d'en- 
viron neuf  pouces  de  large  sur  six  de  haut,  et  en  façon  de 
boules  applaties ,  ou  de  grosses  raves  dont  la  forme  poly- 
hèdre  est  presque  effacée  ,  mais  se  découvre  encore  ;  ces 
sphéroïdes  sont  composés  de  couches  pierreuses  concen- 
triques ;  et  dans  la  partie  postérieure  des  colonnes  ,  qui 
ne  font  guères  saillie  que  d'une  moitié  de  leur  épaisseur, 
l'intervalle  d'ime  boule  à  l'autre  est  comblé,  dans  la  masse, 
par  une  lave  compacte  qui  semble  avoir  coulé  eii  façon 
de  mortier  à  demi  liquide ,  et  avoir  rempli  les  interstices 
entre  les  boules  et  ceux  entre  les  colonnes  (2).  On  Aoit, 
parmi  les  échantillons  que  je  mets  sous  vos  yeux  deux 
morceaux  de  cette  matière  ,  qui  répondent  aux  deux  an- 
gles d'un  prisme,  et  sur  Tune  des   faces  desquels  on  dé- 

(i)  N.°  ^  de  la  collection. 
(2)  N."  If  de  la  coUeciiou. 


DE  RHIN  ET  MOSELLE  ET  DE  LA  SARRE.      l63 

couvre  la  forme  de  la  boule  basaltique  enveloppée.  Ces 
morceaux  se  rapprochent  ,  par  leur  figure  ,  des  frag- 
mens  singuliers  que  j'avois  remarqués  jadis  le  long  de 
chacune  des  arrêtes  prismatiques  des  basaltes  articulés  de 
la  chaussée  des  Géans  (i). 

A  l'extrémité  de  la  grotte  opposée  à  celle  par  laquelle  on 
y  entre,  on  voit  un  bras  du  torrent  se  précipiter  en  cas- 
cades sur  les  têtes  arrondies  d'un  grouppe  de  basaltes.  On 
diroit ,  qu'autour  de  cette  grotte  comme  au-dedans  ,  tout 
se  réunit  pour  offrir  un  spectacle  rare,  et  que  je  trouvois 
du  plus  haut  intérêt. 

En  quittant  la  grotte  nous  parcourûmes,  en  remontant, 
la  longue  et  rapide  descente  qui  nous  avoit  conduit  la 
veille  aux  bains ,  et  au  bas  de  laquelle  j'avais  fait  mon  ex- 
cursion marécageuse.  Je  remarquai ,  chemin  faisant ,  que 
les  rochers  qui  bordoient  le  .chemin  à  droite  av oient  un 
aspect  équivoque ,  tenant  le  milieu  entre  le  basalte  et  la 
pierre  de  formation  purement  aqueuse.  Le  marteau  éclair- 
cit  la  question.  J'eus  môme  le  bonheur  de  détacher  un 
échantillon  que  je  mets  sous  vos  yeux ,  et  qui  offre  la 
transition  entre  le  basalte  et  la  lave.  11  est  tout-à-fait  com- 
pacte en  A  ,  eten  B ,  il  présente  déjà  le  tissu  spongieux 
qui  caractérise  la  lave  (2). 

Arrivés  au  haut  de  cette  longue  montée ,  nous  sommes 
à  peu  près  à  la  hauteur  du  volcan  ,  on  nous  le  montre  à 
peu  de  distance,-  je  lavois  bien  vu  la  veille  ,  mais  je  navois 


(i)  N.°  |-j  et  Yj  Je  la  colleclion. 
(a)  N.»  ^  de  la  collection. 


l64    SUR    LA    CONTRER   BASALTIQUE  DES  "DÉPARTEMENS 

pu  le  deviner  sous  sa  forme  ;  c'est  un  sommet  horizontal 
non  isolé,  couvert  de  terre  végétale,  sans   apparence  de 
cône  ni  de  cratère.  D'un  côté  est  un  escarpement  presque 
vertical  mais  irrégulier  qui,  vu  de  loin,  n'offre  rien  qu'on 
n'ait  vu  cent  fois  ailleurs.  Je  me  désolois  la  veille  de  ce 
qu'il  m avoit  écha[)pé ,   et  j'avois  bien  tort ,  car  je  laurois 
vu  bien  mal  et  bien  péniblement  par  la  pluie  et  à  nuit 
tombante  ;  le  lendemain  ,  au  contraire  ,  tout  se  réunissoit 
pour  l'observer  à  mon  aise.  Je  mis  cette  observation  morale 
dans  un  sac  où  j'en  ai  beaucoup  d'autres  de  ce  genre ,  et  je 
courus  au  volcan.   L'n  sentier  très  -  praticable  nous  con- 
duisit sous  lescarpement  :  nous  le  dépassâmes ,■  nous  gra- 
vîmes ,  sur  notre  droite  ,  un  talus  déboulement;  et  arrivés 
au  haut ,   nous  nous  trouvâmes  sous  une  galerie  natu- 
relle de  cinq  à  six  pieds  de  haut ,    et  longue  de  quelques 
pas  ;  et  notre  bon  et  aimable  guide  nous  dit  ;  «  Regardez  !  » 
Nous  nous  ti'ouvions  sur,  ou  plutôt  dans  une  coulée  de 
lave,  aussi  évidente  que  si  elle  eut  daté  de  l'année  dernière. 
Mon  jeune  domestique  ,  de  notre  pays  ,  assez  intelligent , 
et  qui  n'avoit  jamais  rien  vu  de  pareil ,  me  demandoit  naï- 
vement ,  quand  cette  montagne  avoit  été  fondue?  La  la\e 
surplomboit  sur  nos  têtes ,  et  formoit  la  paroi  de  la  galerie. 
On  y  voyoit  tous  les  accidens  de  fusion ,  tous  les  mélanges , 
toutes  les  formes  bisarres  qui  caractérisent  ce  phénomène 
dans  les  volcans  actuels.  J'en  ai  choisi  quelques  échantil- 
lons que  je  mets  sous  les  yeux  de  la  Société  et  qui  té- 
moigneront   pour   moi   si    je  lois    soupçonné    d'exagéra- 
tion (i). 

(')  N."  if ,  ii,  il ,  U  "  ¥é  de  la  coUecùoa.  ' 


DU    RHIN   ET   MOSELLE   ET   DE    LA    SARUE.  l65 

La  forme  de  la  galerie  sous  laquelle  nous  étions  étoit 
due  à  la  série  des  périodes  de  1  éruption.  Une  première  lave, 
refroidie  au  degré  où  elle  ne  couloit  plus,  mais  où  elle 
pouvoit  être  encore  soulevée,  avoit  formé  le  mur  vertical 
de  la  galerie  ;  une  seconde  bouffée  un  peu  plus  liquide  , 
étoit  venue  se  répandre  par-dessus,  et  surplomber,  comme 
prête  à  verser  ;  mais  le  refroidissement  lavoit  saisie  dans 
cet  acte  même;  et  elle  formoit  ainsi  la  saillie  au-dessus  de 
nos  têtes. 

Je  croyois  qu'en  montant  plus  haut  je  trouverois  un 
cratère  ,  une  bouche ,  en  un  mot  une  souixe  quelconque 
de  cette  éruption.  Rieu.  La  colline  est  plane  au  sommet, 
ainsi  que  je  l'ai  dit;  et  si  elle  a  été  plus  élevée,  ou  conique 
autrefois,  tout  cet  excédent  a  disparu. 

A  côté  de  la  lave  est  un  entassement  de  rochers  de  na- 
ture basaltique ,  coupés  presque  à  pic ,  dans  lesquels  on 
voit  un  nombre  de  crevasses  ou  de  solutions  de  continuité , 
mais  qui  n'affectent  aucune  figure  régulière  ;  c'est  cette 
irrégularité  dans  la  forme  générale  et  particulière  de  cette 
colline  qui  me  l'avoit  fait  si  heureusement  méconnoître  la 
veille. 

Je  ne  me  rassasiois  point  de  ce  spectacle  absolument 
nouveau  pour  moi ,  car  je  voyois  pour  la  première"  fois 
des  laves  en  place.  Je  consiUtai  le  baromètre  pour  savoir  à 
quelle  hauteur  nous  étions  au-dessus  des  bains.  11  étoit  plus 
bas  de  huit  lignes  77  ce  qui,  par  la  température  moyenne 
de  -f-  2°  me  donna  664  pieds  d'élévation.  —  Il  fallut  partir. 
Nous  primes  là  congé  du  Maire ,  très  -  reconnoissans  de 
tout  le  dévouement  qu'il  nous  avoit  montré  et  nous  re- 


l66  SUR  LA  CONTRÉE  BASALTIQUE  DES  DEPARTEMENS 

descendîmes  aux  bains  pour  y  prendre  notre  voiture  et  la 
route  de  Ti'èves. 

Ce  fut  au  tour  de  mon  compagnon  de  me  remercier  d'a- 
voir insisté  la  veille  pour  que  nous  fissions  cette  excursion, 
que  lui-même  trouvoit  finalement  très-intéressante ,  et  qui 
fournit  matière  à  la  conversation  pendant  les  longues  et 
pénibles  heures  de  route  jusqu'à  Trêves ,  où  nous  n'arri- 
vâmes qu'à  cinq  heures  et  demie  du  soir.  Les  chemins 
étoient  affreux,  et  par  pitié  pour  les  chevaux  j'en  fis  une- 
partie  à  pied.  Je  ramassai,  entre  Wittlich  et  Herzenrath, 
parmi  les  pierres  entassées  le  long  du  chemin  et  destinées, 
aux  réparations  (entassemens ,  qui,  pour  le  dire  en  pas- 
sant ,  indiquent  toujours  aux  voyageurs  qui  songent  à  les 
regarder  la  nature  Hthologique  du  sol  environnant  )  ,  un 
échantillon  de  trapp ,  dont  la  forme  rhomboïdale  est  des 
plus  régulières  que  le  hasard  m  ait  jamais  fait  rencontrer  ; 
je  le  mets  sous  vos  yeux,  (i) 

11  est  temps  de  terminer  ma  narration.  Je  vous  demande 
pardon,  Messieurs  ,  de  l'avoir  entremêlée  de  détails  fort 
étrangers  aux  objets  ordinaires  de  nos  réunions  ;  mais  si , 
comme  je  n'en  doute  guère ,  la  série  des  impressions  reçues 
dans  le  cours  d'un  voyage  appartient  à  son  histoire  natu- 
relle ,  en  cherchant  à  vous  décrire  et  à  vous  faire  partager 
celles  que  j'ai  éprouvées  dans  lintéressante  contrée  dont  je 
viens  de  vous  entretenir,  je  suis  resté  dans  les  limites  et 
dans  l'esprit  de  notre  institution.  Si  je  me  suis  trompé,  je 
demande  grâce. 

(i)  N.°  i^  de  la  coUeciiou. 


DU   RUm   F.T  MOSELtB   ET  DE   LA   SAnHB.  167 

Liste  des  échantllloîis  relatifs  à  la  notice  qui  précède ,  et 
déposés  par  l'auteur  au  Musée  National. 


N.» 

d'or- 
dre. 


Pag.  de 
la  notice. 


10 


11 
12 

i3 


1     Bimstein  ,  soii  pierre  ponce  granuleuse,  d'alluvioD  ,  i44 
3    Oîiide  de  fer  déposé  sur  une  pierre  dans  la  source 

diie  Schmalbrunnen ,  l46 

Lave  spongieuse  occupant  le  dessus  des  carrières  de 
Niedermendi^  ,  NB.  elle  a    enveloppé  du  feld- 
spath ,  i5o 
Lave  meulière,  des  carrières  de  Niedermendig,  avec 

feldspath  enveloppé  ,  mais  non  fondu  ,  i5i 

La  (uèine  ,  avec  feldspath  enveloppé  et  fondu  en  ma- 
melons ,  i5i 
Baclcovenatein  ,  ou  pierre  à  four,                                   l54 
Conglomérat    volcanique  ,  près  l'abbaye  Jm  Z/ac  ,       i56 
Schiste  qui  repose  sur  le  basalte  dans  le  vallon  de 

Beririch  ,  162 

Coulée  basaltique  entre  les  colonnes  prismatiques  de 

la  grotte  de  Bertrich  ,  162 

Lave  basaltique  moulée  sur  les  angles  des  assises  des 
colonnes  de  la  grotte  de  Bertrich    (  deux    échan-   i63 
tillons)  , 
Basalte  porphyroïde  passant  à  l'état  de  lave,dey^en  jB,  i65 
Lave  du  petit  volcan  éteint,  de  Falkenley ,  164 

Idem  ,  ibid. 

14  \ldein ,  avec  schiste  enveloppé,  ibid. 

15  j/cZew  ,  plus  compacte  ,  ibid. 

16  \Tdern ,  demi-vitreuse,  ibid. 


N-^des 
érlianlil- 
lons  dans 
(a  collec- 
t'iou  dil 
^luscp. 

^1 
ti  t 


17 


'l'rapp  en  rhomboïde    régulier  ;  entre  Wittlich  et 
Ilerzenrath  (Rhin  et  Moselle),  166 


11 


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84 


MEMOIRE 

SUR 

LES  CHARAGNES. 

Par  M.  le  Prof.  ^  VAUCHËR  ,   Membre  de  celle  Société'. 
(La  à  la  Société  d'Hist.  Naf.  de  Genèce ,  le  32  Juin  jSao. ) 


ijA  fractification  des  .charagnes  a  été  long-temps  l'obieC 
des  recherches  des  botanistes.  Linné ,  qui   d'abord  avoit 
placé  ces  plantes  immédiatement  après  les  lichens,  comme' 
des  végétaux  dont  les  organes  généi'ateurs  ne  pouvoient 
être  aperçus ,   adopta  dans  sa  douzième  édition  du  Sys- 
tème de  la  nature ,  l'opinion  de  Schreber ,  et  les  rangea 
dans  la  monaecie  monandrie ,  comme   des   fleurs  dont  la 
corolle  étoit  nulle  ,   dont  les  pistils   étoient   formés  d'un 
ovaire  couronné  par  cinq  stigmates,  et  les  fleurs  m;iles 
d'une  anthère  globuleuse  sessile,  située  ordinairement  au- 
dessous  du  pistil.  Il  ajoutoit  à  tous  ces  caractères  un  ca- 
lice à  quatre  feuilles  pour  la  fleur  femelle ,  et  une  seule 
semence.  Sclimidel ,  dans  ses  recherches  sur  la  charagne 
flexible ,  et  ensuite  Hedwig,  dans  sa  théorie  de  la  géné- 
ration et  de  la  fructification  des  plantes  cryptogainiques , 
s'écartèrent  de  cette  opinion  ;  ils  supprimèrent  d'abord  le 
calice  de  la  fleur  femelle  dont  ils  considérèrent  les  quatre 


SUR   LES    CHARAGNES.  J  Gg 

feuilles  comme  des  rudimens  d'autant  de  rameaux ,  placés 
ainsi  que  tous  les  autres  aux  articulations  des  tiges , 
et  au  lieu  d'une  semence  unique ,  ils  donnèrent  à  la 
charagne  une  baie  polysperme  ;  Hedwig  lui-même  re- 
présente fort  en  détail  ces  prétendues  graines  dans  sa 
description  de  la  charagne  commune  ,  et  il  ajoute  que  tout 
homme  exempt  de  préjugés  ne  peut  se  refuser  à  ci'oire, 
que  les  petits  corpuscules  qui  sortent  de  la  baie,  lors- 
qu'on lécrase,  ne  soient  de  véritables  semences. 

Enfin  ,  M.  Frédéric  Marti  us,  membre  de  l'Académie  des 
sciences  de  Munich  ,  vient  de  publier  siu*  la  physiologie 
des  charagnes ,  un  mémoire  où  il  entre  dans  de  grands 
détails  sur  leur  organisation,  soit  intérieure  soit  extérieure. 
Il  décrit  exactement  toutes  les  parties  de  la  fleur ,  soit  les 
grains  rouges  que  ses  prédécesseurs  avoient  pris  pour  des 
anthères  ,  soit  les  corpuscules  qui  avoient  été  considéx'és 
comme  lorgane  femelle ,  et  il  conclut  ainsi  qu'Hedwig , 
que  les  grains  qui  sortent  du  corpuscule  ovoïde  et  quil 
représente  dans  ses  figures  étoient  de  véiùtables  semences. 

Mais  quelque  vraisemblable  que  fut  cette  opinion  ,  elle 
ne  pouvoit  être  considérée  comme  certaine  qu  après  avoir 
été  confirmée  par  l'observation.  Car  la  nature  est  si  va- 
riée dans  ses  manières  d  agir ,  et  surtout  dans  ce  qui  con- 
cerne le  grand  acte  de  la  reproduction ,  que  1  analogie  ne 
doit  gaères  s'éteiuh-e  au-delà  des  espèces  d  un  même  genre, 
et  qu  il  est  imprudent  surtout  de  l'employer  pour  des  genres 
q.u  n'ont  aucun  rapport  entr'eux-  11  falloit  donc  Aoir 
germer  ces  g»ains,  pour  assurer  qu'ils  étoient  des  semences, 
et  ni  lie  Iwig,  ni  T.Iartius ,  ni  aucun  de  leurs  prédéces- 
Miim.  de  {a  ^jfoc.  de  F/iji.  eldH.  nat.  T.    L"  aa 


170  SUR   LES   CHAR  AGNES. 

sears  n'ont  imaginé  de  prendi-e  la  peine  de  tenter  cette 
expérience  décisive. 

11  y  avoit  long-temps  que  j'avois  entrepris  de  constater 
ce  fait  qui  étoit  en  rapport  avec  ceux,  qui  m'avolent  oc- 
cupé sur  les  conferves  ,  et  cependant  je  n'avois  jamais  pu 
parvenir  à  mon  but.  Je  ramassois  bien  des  charagnes  ,  je 
les  observois  bien  dans  des  vases  ,  mais  avec  quelque  soin 
que  je  renouvelasse  l'eau  qui  les  contenoit ,  elle  ne  tar- 
doit  pas  à  s'altérer,  et  toutes  mes  plantes  se  décomposuient 
sans  que  je  pusse  obtenir  aucun  résultat.  Mes  tentatives 
auroient  été  long-temps  infructueuses  ,  si  le  hasard  ne 
m'avoit  pas  présenté  au  mois  de  Novembre  de  Tannée  der- 
nière (18 19)  de  magnifiques  touffes  de  charagne  commune, 
dont  les  corpuscules  séminifères  plus  nombreux  et  plus 
apparens  que  je  ne  les  avois  jamais  vus  ,  se  faisoient  re- 
marquer même  à  la  vue  simple  par  un  éclat  blanchâtre , 
et  se  séparoient  d  eux-mêjnes  de  la  plante.  L'anthère  ,  ou 
le  petit  sphéroïde  jaune,  que  l'on  considère  comme  la  fleur 
mâle  avoit  déjà  disparu,  et  tout  indiquoit  que  ce  moment 
étoit  celui  de  la  dissémination  de  la  graine. 

Je  ramassai  un  grand  nombre  de  ces  grains,  ou  cor- 
puscules ovoïdes,  qui  se  détachoient  naturellement  par  le 
lavage ,  et  je  les  suivis  avec  beaucoup  de  régularité  pendant 
tout  le  cours  de  1  hiver.  Ils  ne  subissoient  aucun  change- 
ment, mais  ils  ne  s'altéroiu'nt  pas  non  plus,  jusqu'au  mo- 
ment où  les  chaleurs  du  priiitemps  commencèrent  à  se 
faire  sentir ,  et  où  leur  surface  se  cliargea  d'une  matière  jau- 
nâtre et  flocconeuse  qui  appartenoit  à  des  plantes  para- 
sites encore  mal  connues,  et  qui  sembloit  précéder  la  dé- 
composition de  mes  grains. 


-SUR    LF.S    CHARAGNES.  I7I 

Cependant,  le  23  Avril,  après  cinq  mois  d'observations, 
je  crus  apercevoir  un  petit  prolongement  à  l'une  des  ex- 
trémités de  quelques-uns  de  ces  grains  ;  bientôt  après  ,  ce 
prolongement  devint  plus  marqué;  enfin,  je  fus  persuadé 
que  j'avois  sous  les  yeux  les  véritables  semences  des  cha- 
ragnes.  J'eus  le  plaisir  de  les  faire  voir  à  M.  de  Candolle 
qui  partagea  mon  opinion. 

Dès-lors,  je  les  ai  suivies  attentivement  jusqu'à  l'épo- 
que actuelle  (22  Juin  1820),  et  je  crois  pouvoir  présenter 
aujourdhui  des  observations  à  peu  près  complètes  sur  ce 
petit  problème  physiologique.  Comme  les  grains  qui  ser- 
voient  à  mes  premières  recherches  ,  et  que  j'avois  étudiés 
pendant  le  cours  de  l'hiver  ,  dévoient  s'altérer  toujours 
plus  ,  parce  qu'ils  plongeoient  dans  l'eau ,  et  n  etoient  pas 
enfoncés  dans  le  limon  des  fossés  qui  est  leur  habitation 
naturelle,  j  imaginai  d'aller  au  mois  de  Mai  dans  la  même 
place  où,  six  mois  plus  tôt,  j'avois  recueilli  les  grains  que 
j'observois  actuellement,  et  d'y  chercher  dans  la  boue  ceux 
qui  s  y  seroient  semés  naturellement ,  afin  de  les  substi- 
tuer aux  grains  qui  faisoient  en  ce  moment  le  sujet  de 
mes  recherches. 

Ma  tentative  réussit  pleinement ,  et  je  rapportai  de  cette 
mare  une  grande  quantité  de  grains  blancs  parfaitement 
conservés ,  mais  qui  ne  germaient  pas  encore.  J'eus  le  plaisir 
de  les  voir  bientôt  se  développer  de  la  même  manière  que 
ceux  que  j'avois  conservés  pendant  tout  le  cours  de  l'hiver , 
et  je  pus  les  observer  avec  facilité  dans  toutes  leurs  pé- 
riodes. Enfin ,  j'allai  sur  le  lieu  même  pour  y  observer  la 
germination  naturelle ,  et  je  tirai  ûqh  mêmes  fossés  qui 


172  Sun    LES    CHARAGNTF.S. 

avoient  fourni  à  mes  observations  précédentes ,  une  très- 
grande  quantité  de  jeunes  chara^ nés  qui  en  tapissoient 
le  fond  ,  et  que  je  pus  t'aciieoient  dégager  du  limon  où  elles 
croissoient  avec  leurs  semences ,  leurs  nouvelles  tiges  et 
leurs  racines.  Actueileineut  je  possède  plusieurs  individus, 
pourvus  encore  de  leurs  grîiines  ,  et  qui  sont  cependant 
assez  développés  pour  quon  y  voie  distinctement  tous  les 
organes  de  la  i'ructification  t'uture.  J'en  ai  desséché  un 
assez  grand  nombre  dans  cet  état  et  dans  tous  les  états  in- 
termédiaires. 

Je  puis  donc  donner  actuellement  l'histoire  à  peu  près 
complète  de  la  fructification  de  ce  genre  et  la  description 
des  organes  qui  l'opèrent, 

La  plante  naît  au  printemps  de  semences  répandues  en 
automne;  et  dès  les  premiers  jours  de  Juin  ,  on  com- 
mence à  apercevoir  au  troisième  ou  quatrième  verlicille 
les  rudimens  de  ses  fleurs.  Elles  sont  toutes  situées  sur 
le  côté  interne ,  trois  ou  quatre  sur  le  même  rameau  à 
l'endroit  même  de  l'articulation.  Chaque  fleur  est  com- 
posée, au  moins  dans  la  charagne  commune,  d'une  éta- 
mine  globuleuse,  sessile,  dune  belle  couleur  de  cinabre, 
et  entourée  d'une  membrane  transparente.  Immédiate- 
ment au-dessus  de  cette  membrane  est  placée  la  fleur 
femelle.  Cette  fleur  est  entourée  de  deux  ou  trois  rudi- 
mens de  rameaux  qui  lui  forment  comme  une  espèce  de 
calice.  Elle  consiste  uniquement  dans  un  corpuscule  cy- 
lindrique allongé  ,  obliquement  strié,  enveloppé  lui-même 
d'une  membrane  demi-transparente  et  striée,  et  couronné 
par  cinq  ou  six  prolongemens  que  plusieurs  auteurs  pren- 


SUR    hV.S    CHAR  AGNES.  I70 

nent  pour  un  calice  supère ,  et  que  je  considère  comme 
autant  de  stigmates.  Ce  corpuscule  se  renfle  par  la  ma- 
turité et  devient  ovoïde,  les  stigmates  se  séparent  ensuite 
en  forme  de  disque  à  cinq  lobes  profonds,  renvelo['pe 
extérieure  s'endurcit  et  devient  blanche,  enfin  la  graine 
tombe. 

L'étamine  examinée  avec  de  fortes  loupes,  n'est  point 
composée  d'une  matière  solide  et  homogène  ,  elle  présente 
au  contraire  une  organisation  très-belle  et  très-compliquée. 
La  surface  extérieure  est  régulièrement  réticulée ,  bordée 
d'une  membrane  transparente  et  divisée  par  des  cloisons. 
En  coupant  transversalement  cette  anthère,  on  la  trouve 
formée  d'une  grande  quantité  de  filets  blanchâtres  ,  arti- 
culés et  transparens  ;  entre  ces  filets  sont  d'autres  corps 
cyhndriques  fermés  à  une  de  leurs  extrémités  et  qui  pa- 
roissent  s'ouvrirfjpar  l'autre,  ils  sont  remplis  de  cette  ma- 
tière rougeàtre  qui  donne  sa  couleur  à  toute  la  masse  de 
l'antiière  et  qui  disparoît  assez  promptement  puisqu'on 
ne  l'aperçoit  plus,  long-temps  avant  que  la  dissémina- 
tion s  opère.  Un  peut  même  facilement  voir  sortir  cette 
matière  rouge  en  forme  de  flocons  légers  et  étendus ,  en 
comprimant  fortement  l'anthère  au  moment  où  elle  est  com- 
plètement développée.  Mais  je  me  réserve  de  donner  ailleurs 
mie  description  complète  de  cet  organe  si  remarqualjle  ,  je 
dirai  seulement  ici  que  j'ai  été  frappé  de  la  ressemblance 
qui  se  trouvoit  entre  les  filets  articulés  dont  je  viens  de 
parler,  et  les  corps  adducteurs  qu'a  découverts  lledwig,  et 
qui  jouent  un  si  grand  rôle  dans  lorganisation  sexuelle 
des  mousses. 


174  SUR   LES   CHABAGNES. 

D'après  ce  que  nous  venons  d'exposer,  on  ne  peut  douter 
que  ce  corps  rouge  ne  soit  destiné  à  quelque  usage  parti- 
culier ,  et  cet  usage  ne  peut  «tre  autre  chose  que  la  fécon- 
dation de  la  plante.  11  est  bien  vrai  qu'où  a  objecté  d'un 
côté  quil  auroit  dû  être  placé  au-dessus  du  germe  et  non 
pas  au-dessous ,  et  de  l'autre  que  la  matière  fécondante 
qu  il  pourroit  contenir  seroit  absorbée  par  l'eau  avant  d'ar- 
river aux  stigmates  de  la  fleur  femelle  :  mais  ces  idées  sont 
prises  de  ce  qui  se  passe  dans  les  fécondations  atmosphé- 
riques,  car,  jusqu'à  présent,  nous  n'avons  presqu'aucune 
conuoissance  des  fécondations  sous  l'eau.  Et  il  n'est  pas 
difficile  d'imaginer,  d  un  côté  que  la  matière  fécondante  ne 
puisse  être  plus  légère  que  le  liquide  dans  lequel  elle  plonge, 
et  de  l'aulre  ,  que  sa  substance  ne  soit  indissoluble  à  l'eau, 
comme  celle  des  anthères  ordinaires  est  indissoluble  à  1  air. 
Et  ce  qui  confirme  ces  idées,  cest  que  Martius  a  trouvé 
effectivement  que  ces  grains  ronds  et  rouges  descharagues 
se  dissolvoient  en  grande  paa-tie  dajis  l'alcool  et  que  par 
conséquent  leur  nature  devoit  être  résineuse  et  muciiagi- 
neuse. 

Le  germe  est  construit  d'une  manière  très-différente  de 
ce  que  j'appelle  dans  ce  moment  l'anthère.  Un  y  reconnoît 
distinctement  une  envelop[3e  extérieure  ,  formée  d'un  mu- 
cilage dabord  verdàtre ,  ensuite  jaune,  et  enfin  d'un  blanc 
sale  à  l'époque  de  la  maturité.  Au-dessous  de  ce  mucilage 
est  une  seconde  enveloppe  à  demi  transparente  et  d'mie 
consistance  cornée  :  elle  forme  seule  le  prolongement 
du  grain ,  et  elle  s'y  divise  en  cinq  dents  qiii  s'entrou- 
vrent pour  donner  naissance  à  la  jeune  plante  au  mo— 


SUR   LES   CHAIlAGNES.  176 

ment  oii  celle-ci  se  développe.  De  chacune  de  ces  cinq 
dents  part  une  strie  qui  descend  jusquà  la  base  du 
germe,  se  contournant  en  spirale  en  taisant  à  peu  près  de 
droite  à  gauche  une  révolution  et  demi.  Ces  spirales  sont 
planes  dans  cette  seconde  enveloppe ,  mais  elles  sont  tort 
saillantes  dans  la  première ,  où  elles  forment  cinq  sillons 
correspondant  exactement  aux  stries  intérieures ,  et  qui 
comprennent  par  conséquent  aussi  une  révolution  et 
demi. 

Avant  la  maturité  et  dès  sa  naissance,  le  fruit  est  cou- 
ronné par  cinq  ou  six  prolongemens,  que  quelques  auteurs 
appellent  calice  supérieur  et  que  je  désigne  sous  le  nom  de 
stigmate;  ils  sont  liés  entre  eux,  et  quand  on  les  détache, 
ils  présentent  l'apparence  d'une  rosette  parfaite.  La  base 
de  celte  rosette  s'insère  exactement  dans  le  vide  que  laisse 
la  première  enveloppe,  mais  je  n'ai  jamais  vu  sa  commu- 
nication avec  l'intérieur  du  grain. 

Cet  intérieur  est  rempli  d  une  matière  mucilagineuse , 
et  peut  être  résineuse,  que  presque  tous  les  auteurs  ont 
pnse  pour  les  semences,  parce  que  toutes  les  fois  qu'on 
presse  le  grain ,  elle  en  sort  sous  la  foi'me  de  globules. 
Ces  globules  ont  été  exactement  dessinés  par  lîedwig  et 
par  Martius:  mais  il  suffisoit  de  voiries  ditféi'ences  quils 
présentoient ,  soit  en  forme,  soit  en  volume,  pour  s'ashurer 
qu'ils  n'étoient  pas  les  véritables  graines.  Ce  fut  même  la 
raison  qui  m'engagea  à  entreprendre  la  recherche  dont  je 
m'occupe.  J'ai  vu  depuis  qu'en  les  pressant  on  les  réduit 
en  globules  de  diamèti'e  extrêmement  petit  et  presque  iin- 
perceplibie.  11  faut  donc  les  considérer  comme  formés  tl'uue 


/ 


JjS  SUR   LES    CHARAGNES. 

substance  liqClide,  insoluble  dans  l'eau,  avec  laquelle  elle 
présente  des  phénomènes  semblables  à  ceux  qu'on  obtient 
par  des  mélanges  huileux. 

Le  germe  proprement  dit  des  charagnes,  au  moment 
de  son  développement,  occupe  presque  toute  la  capacité 
du  sac  où  il  est  renfermé ,  et  il  pousse  un  petit  filet  qui 
se  fait  jour  à  travers  les  cinq  dents  dont  nous  avons  parlé  ; 
lorsqu'il  a  atteint  une  certaine  étendue  ,  il  donne  nais- 
sance à  son  premier  \erticille,  qui  se  montre  un  peu  au- 
dessous  du  sommet,  et  qui  e->t  tonné  d'abord  d'un  rayon, 
puis  de  deux,  puis  de  trois  et  davantage  ,  et  à  mesure  que 
ce  filet  s'allonge,  on  voit  se  former  au-dessous  de  son  pre- 
mier verticille  des  renflemens  qui  donnent  naissance  à  des 
racines  simples.  Ces  racines  se  prolongent  indéfiniment 
et  s'enfoncent  dans  la  vase  où  elles  servent  à  fixer  et  peut- 
être  aussi  à  nourrir  la  plante.  Le  grain  reste  long-temps 
adhérent  à  la  tige,  et  jusqu'à  présent  nous  n'avons  pas  vu 
dans  les  jeunes  charagnes  des  grains  détachés. 

Il  n'est  pas  douteux  ,  comme  la  très -bien  prouvé 
M.  Léman,  soit  dans  le  Journal  des  mines,  n."  igi  , 
Novem.  i8ia,  pag.  34 1,  et  dans  le  nouveau  Bulletin  de 
la  Société  philomatique ,  tom.  3,  n.°  58,  3.''  année  p.  io8  , 
que  le  petit  fossile  désigné  sous  le  nom  de  Gvrogonite , 
et  trouvé  dans  les  formations  d'eau  douce,  ne  soit  la  pétri- 
fication de  diverses  espèces  de  charagnes.  En  eft'et,  comme 
il  le  dit  lui-même ,  la  ressemblance  est  parfaite  entre  la 
gyrogonite  et  le  fruit  même  de  la  charagne.  J'ajouterai 
deux  confirmations  de  cette  vérité.  La  prenuère,  c'est  que 
l'eijveloppe  extérieure  dont  jai  parlé ,  et  qui  se  présente 


i 


SUR   LES    CHAR  AGNES.  I77 

d'abord  sous  la  forme  de  mucilage  ,  devient  ensuite  une 
matière  fort  dure ,  de  consistance  de  porcelaine ,  et  pré- 
sentant une  forte  résistance  lorsqu'on  veut  la  casser;  la  se- 
conde ,  c'est  qu'en  visitant  le  fond  de  nos  fossés ,  j'y  ai 
trouvé  un  grand  nombre  de  semences  de  charagnes,  d'une 
blancheur  fort  remarquable  et  d'une  conservation  parfaite. 
Celles  d'entre  elles  qui  parviennent  à  germer  s'entrouvrent 
considérablement  et  finissent  sans  doute  par  se  détruire , 
mais  celles  qui  sont  trop  enfoncées  pour  jouir  de  l'in- 
fluence de  la  lumière  et  par  conséquent  pour  germer,  se 
conservent  très-long-temps  dans  l'état  où  elles  se  trou- 
vent, jusqu'à  ce  qu'elles  se  pénétrent  de  sucs  pieiTeux, 
comme  le  font  les  diverses  coquilles  auxquelles  elles  res- 
semblent beaucoup  pour  la  consistance  (i).  Je  remarque, 
il  est  vrai,  que  nos  gyrogonites  sont  plus  grosses  que  les 
graines  de  la  cliaragne  vulgaire ,  mais  on  peut  trouver 
des  gyrogonites  plus  petites,  et  d'ailleurs  il  existe  quelques 
espèces  de  ce  genre,  entre  autres  celle  de  notre  lac  ,  chara 
tomentosa^  dont  les  graines  sont  incomparablement  plus 
grosses  que  celles  qui  font  l'objet  de  ce  mémoire. 

Mais  je  ne  puis  m'empêcher  de  remarquer  le  rapport 
qui  se  trouve  entre  la  conformation  de  ces  graines  et  l'élé- 
ment dans  lequel  elles  se  développent.  Si  elles  n'avoient 
pas  été  douées  d'une  tunique  extérieure,  et  que  cette  tu- 
nique n'eut  pas  été  d'une  consistance  si  dure ,  il  y  a  long- 

(1)  Il  seroit  assez  intéressant  de  reclierclier  si  la  substance  des  gyrogo- 
nites est  bien  diil'éreute  de  celle  des  graines  de  charagnes  ,  et  si  parmi 
ces  gyrogonites  il  n'y  en  a  pas  qui  sont  de  véritables  graines  conservées  sans 
altération  quelconque. 

Méin.  de  la  Soc.  de  Phys.  et  J!H.  nat.  T.  I."  Si3 


178  SUR   LES    CHARAGNES. 

temps  que  ce  genre  auroit  été  détruit  ;  si  d'un  autre  côté 
la  fleur  mâle  n  avoit  pas  été  formée  d'une  substance  rési- 
neuse ,  elle  n'auroit  pu  remplir  aucune  de  ses  fonctions  '• 
elle  les  auroit  mal  remplies,  si  elle  n'avoit  pas  été  nue  et 
placée  pi-ès  de  la  fleur  qu'elle  devoit  féconder.  Il  y  a  donc 
ici  un  exemple  bien  remarquable  du  rapport  qui  existe 
entre  la  conformation  des  organes  et  la  nature  de  t  éiémeut 
oi^i  ils  doivent  se  développer  et  remplir  leurs  fonctions.  Je 
ne  sais  pas  si  dans  le  petit  nombre  des  plantes  dont  la  fé- 
condation s'opère  sous  l'eau,  on  a  eu  l'occasion  de  faire 
des  observations  semblables. 

Je  ne  puis  encore  décider  si  les  charagnes  sont  vérita- 
blement des  plantes  annuelles  ,  comme  f  annoncent  la  plu- 
part des  ouvrages  de  botanique  ,  ou  si  elles  peuvent  se 
conserver  pendant  l'hiver,  et  reproduire  de  nouveaux  ra- 
meaux au  printemps  suivant.  Je  ne  sais  pas  non  plus  s'il  n'y 
a  qu'une  dissémination  à  la  fia  de  l'été ,  et  si  les  graines  ont 
besoin  de  passer  l'hiver  dans  le  limon ,  avant  de  pouvoir 
germer.  Je  déciderai  ces  questions  et  quelques  autres  du 
même  genre  dans  le  cours  de  cette  année.  En  attendant, 
je  puis  avancer  que  la  charagne  de  notre  lac,  appelée 
chez  nous  herbe  à  écurer,  commence  seulement  depuis 
quelques  jours  (22  Juin  1820)  à  montrer  ses  grains 
rouges.  Ce  phénomène  est  bien  connu  de  nos  vendeuses 
d'herbe  qui  disent,  dans  ce  momeiit ,  que  l'herbe  à 
écurer  n'est  pas  encore  fleurie,  et  quelle  ne  fleurira  que  le 
mois  prochain.  Elles  avoient,  depuis  long-temps,  reconnu 
une  rieur  dans  la  disposition  élégante  et  x-éguijcre  des  tiges 
de  cette  plante.  Cependant,  comme  on  peut  se  procurer  de 


M  Pkee  Hnat  r.p.17.9. 


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SUR    LES   CHARAGNFS.  1  79 

l'herbe  à  écurer  pendant  tout  le  cours  de  l'hiver  et  du  prin- 
temps ,  il  est  clair  que  la  plante  subsiste  encore  dans  ces 
deux  époques. 

Je  me  propose  de  pousser  plus  loin  mes  recherches  sur 
ce  genre  ,  et  de  présenter  la  monographie  des  charagnes 
conjointement  avec  celle  des  prèles.  J  examinerai  attenti- 
veioent  les  différences  qui  existent,  soit  dans  les  fleurs, 
soit  dans  les  autres  parties  de  ces  singulières  plantes  ,  et 
j'espère  trouver  des  caractères  qui  sutliront  pour  les  dis- 
tinguer soliiiement  et  les  tirer  de  la  confusion  où  elles  sont 
encore  plongées. 


ESSAI 

Sur  les  Animalcules  spermatiques  de  dwej'S 

Animaux, 

Par  J.  L.  PRÉVOST ,  Doct.  en  Médechw  ,  et  J.  A.  DUMAS  ,  Élève  en 

Pharmacie. 


A 


-VANT  de  passer  à  rénumération  des  expériences  que 
nous  avons  tentées  sur  cette  classe  singulière  d'êtres  or- 
ganisés ,  nous  dirons  quelques  mots  des  organes  prépara- 
teurs de  la  semence.  On  peut  distinguer  jusques  à  quatre 
sièges  de  sécrétion  qu'il  nous  importe  de  connoître  et  dont 
nous  devons  discuter  l'emploi  particulier. 

Le  premier ,  le  plus  général  de  tous  est  le  testicule  or- 
gane ovoïde  et  binaire  dans  les  animaux  vertébrés ,  mais 
dont  la  forme  et  le  nombre  varient  dans  les  autres  classes. 
Sa  structure  n'offre  qu'un  lacis  de  vaisseaux  spermatiques 
et  sanguins  ;  les  premiers  convergent  vers  le  centre  de 
l'organe,  s'y  réunissent  en  rameaux  plus  gros,  pour  se 
verser  enfin,  dans  un  conduit  unique  plus  ou  moins  long, 
plus  ou  moins  replié  sur  lui-même.  On  nomme  épididime 
sa  première  portion ,  canal  déférent,  la  seconde,  il  charrie 
évidemment  le  liquide  élaboré  par  le  testicule  et  vient 
s'ouvrir  sur  les  parties  latérales  et  antérieures  du  veru- 
montanum. 


I 

l 


Stm  LES    ANIMALCULES    SPERMATIQUES,  elC.  l8l 

Chez  les  quadrupèdes ,  cette  portion  de  l'urètre  reçoit 
aussi  les  aboutissans  de  divers  organes  sécréteurs.  L'un 
des  plus  remarquables ,  que  l'on  a  pourtant  considéré  jus- 
qu'à ce  jour  comme  un  simple  dépôt  de  la  liqueur  excrétée 
par  le  testicule  ,  porte  le  nom  de  vésicule  séminale,  par 
analogie  avec  la  vésicule  du  foie  à  laquelle  on  le  compare 
d'ordinaire.  Nous  verrons  qu'il  est  peut-être  convenable 
d'établir  quelques  restrictions  aux  fonctions  qu'on  lui  at- 
tribue généralement  5  il  manque  dans  beaucoup  d'animaux. 

La  prostate  verse  aussi  dans  le  même  lieu  le  liquide 
qu'elle  sépare  du  sang.  Cette  glande  que  peu  d'animaux 
possèdent ,  ne  se  trouve  pas  dans  certaines  espèces  très- 
rapprochées  d'ailleurs  de  celles  qui  en  sont  munies  par  le 
reste  de  leur  organisation. 

Les  canaux  des  glandes  de  Cowper  viennent  aiissi  se 
rendre  à  ce  réservoir  et  lui  transmettent  un  liquide  qu'on 
a  toujours  considéré  comme  assez  analogue  à  celui  de  la 
prostate.  Plusieurs  animaux  sont  dépourvus  de  ces  or- 
ganes ,  sans  qu'on  puisse  généraliser  les  causes  de  leur 
absence. 

Enfin ,  on  a  distingué  dernièrement  un  appareil  vési- 
culeux  plutôt  que  glandulaire  qu'on  a  considéré  comme 
l'adjuvant  des  vésicules  séminales  et  auquel ,  en  consé- 
quence ,  on  a  donné  le  nom  de  vésicule  accessoire;  il  existe 
fort  rarement. 

-  Tels  sont  les  organes  qui  peuvent  participer  à  la  pro- 
duction du  liquide  spermatique.  L'urètre  recevroit  donc  à 
la  fois  les  liquides  que  chacun  d'eux  secrète  ,  s'il  étoit  pos- 
sible que  leur  existence  fût  simidtanée.  Mais  les  trois  der- 


iSa  SUR    LES    ANIMALCULES    SPERMATIQUES 

iiiers  manquent  trop  fréquemment  pour  qu'on  puisjie 
imaginer  que  leur  coopération  soit  nécessaire  à  la  pro- 
duction de  l'agent  fécondateur.  La  vésicule  séminale  elle- 
même  peut  être  éliminée  avec  facilité ,  soit  qu'on  ne  voie 
en  elle  qu'un  simple  lieu  de  dépôt,  soit  qu'on  lui  accorde 
le  rôle  dorgane  sécréteur.  Dans  l'une  et  l'autre  supposition 
son  absence  fréquente  démontre  assez,  qu  elle  ne  joue  qu'un 
rôle  secondaire. 

Le  testicule  paroit  donc  l'organe  essentiel  à  cette  forma- 
tion, et  rien  ne  confirme  mieux  la  vérité  de  cette  conclu- 
sion que  l'exemple  d  une  foule  d'animaux  qui  n  en  possè- 
dent pas  d'autre.  Les  oiseaux,  beaucoup  d'animaux  à  sang 
froid  n'ont  réellement  qu'un  testicule  dont  le  liquide  est 
porté  jusques  au  lieu  de  l'émission  par  un  canal  droit  ou 
fréquemment  replié  sur  lui-même. 

Passons  maintenant  à  l'étude  de  la  liqueur  spermatiqiie 
elle-même  et  cherchons  à  fixer  les  idées  des  personnes  que 
-la  physiologie  intéresse  sur  un  sujet  quon  regarde  au- 
jourd'hui comme  fort  obscur  :  en  effet ,  la  plupart  des 
auteurs  qui  ont  écrit  récemment  sur  cette  science  ont 
manifesté  des  opinions  vagues  et  douteuses  sur  ce  point 
important.  L'abus  étrange  que  les  amis  des  hypothèses 
hasardeuses  et  brillantes  ont  fait  du  microscope  à  cette 
occasion  jusiifie  assez,  la  répugnance  que  les  esprits  po- 
sitifs éprouvent  à  discuter  des  observations  faites  avec  un 
instrument  décevant  pour  tous  ceux  qu'one  longue  habi- 
tude n'a  pas  rendu  maître  de  son  emploi. 

Personne  n'ignore  cependant  que  plusieurs  naturaliste» 
du  plus  grand  mérite ,  ont  signalé  et  confirmé  l'existence 


l 


DE    DIVERS    ANIMAUX.  l83 

de  certains  êtres  agités  de  mouvemens  spontanés  dans  les 
liquides  séminaux  de  presque  tous  les  animaux.  La  peti- 
tesse de  ces  corps  les  avoit  dérobés  aux  recherches  ,  jus- 
ques  vers  l'an  1677.  A  cette  époque  ils  furent  reconnus 
par  Hamme  et  Leewenhoek  d'an  coté  et  par  Hartzaecher 
de  l'autre  ,  sans  qu'il  soit  possible  d  établir  entr'eux  la 
priorité  d'une  manière  bien  précise.  Les  deux  derniers 
décrivirent  les  animalcules  qui  leur  furent  offerts  par 
les  semences  de  divers  animaux  et  constatèrent  des  diffé- 
rences assez  notables  entr'eux.  Mais  les  idées  hypothéti- 
ques mises  en  avant  par  Leew  enhoek  ont  jeté  beaucoup 
de  doute  sur  les  résultats  de  leurs  travaux ,  surtout  depuis 
que  ceux  de  Haller  sur  l'oeuf  ont  démontré  la  préexistence 
du  germe. 

Après  en  être  resté  là  pendant  un  temps  assez  long, 
l'attention  des  observateurs  fut  de  nouveau  rappelée  sur 
ce  point  par  M.  Néedain ,  dont  les  dissertations  sont  trop 
connues  pour  qu'il  puisse  être  utile  de  les  rappeler  ici. 
M.  de  Buffon  s'en  occupa  beaucoup  aussi  vers  la  même 
époque  et  publia  des  observations  l'emarquables  par  leur 
inexactitude.  Enfin ,  M.  Spallanzani  fixa  son  attention  sur 
ce  sujet  qu'il  traita  d'une  manière  plus  positive  et  avec  la 
logique  sévère  qu  on  admire  dans  tous  les  ouvrages  de  cet 
habile  physicien. 

11  examina  et  décrivit  les  animalcules  dans  un  grand 
nombre  danimaux  et  remarqua  toujours  le  plus  p;u"tait 
accord  entre  ses  propres  observations  et  celles  de  Leewen- 
hoek. Mais  il  envisagea  la  question  sous  un  point  de  vue 
particulier,  qui  lui  fut  suggéré  par  ses  travaux,  sur  les 


l84  SUR   liÈS    ANIMALCULES   SPERMATIQUES 

infusoires  et  par  les  idées  de  Bonnet  qui  occupoient  alors 
toute  lEurope  savante. 

Pour  nous ,  notre  unique  but  consiste  à  donner  une  des- 
cription comparable  des  animalcules  et  surtout  à  prouver 
qu'ils  sont  le  résultat  d'une  véritable  sécrétion.  Afin  de 
mettre  tous  nos  lecteurs  à  m^me  dapprécier  la  confiance 
que  nos  résultats  méritent,  nous  allons  exposer  quelques* 
unes  des  dissections  que  nous  avons  pratiquées. 

Lapin. 

On  saigne  à  mort  de  la  carotide  un  mâle  vigoureux  et 
l'on  procède  immédiatement  à  l'exameii  des  organes  de  la 
génération. 

Testicule.  L'on  fait  diverses  sections  de  cet  organe  et 
l'on  trouve  toujours  qu'en  délayant  le  liquide  blanchâtre 
qui  transude  des  vaisseaux  divisés,  il  présente  au  micros- 
cope une  foule  d'animalcules  doués  d'un  mouvement  ra- 
pide. Soit  qu'on  prenne  la  tranche  vers  le  centre  de  l'or- 
gane ,  soit  qu'on  la  coupe  près  de  la  circonférence  ,  soit 
enfin  qu'on  essaie  les  extrémités  ,  on  aperçoit  toujours  des 
êtres  mouvans  de  même  forme ,  de  même  dimension  et 
en  quantité  considérable.  Ils  ont  à  peu  près  l'aspect  général 
d'une  anguille,  leur  tête  est  arrondie,  allongée  et  plate, 
leur  queue  assez  courte  se  termine  en  pointe,  lem*  longueur 
totale  est  de  o,°""o4o.  Si  l'agitation  qu'on  remarque  en  eux 
étoit  due  à  de  simples  attractions  ou  répulsions  de  masse, 
ils  se  mouvroient  en  bloc  et  tout  d  une  pièce  ,  on  observe, 
au  contraire,   des  flexions  rapxdes  et  alternatives  de  la 


DE  DIVERS   ANIMAUX.  l85 

queue  qui  ne  permettent  pas  de  chercher  ailleurs  la  cause 
de  leur  mouvement  progressif.  Us  ne  semblent  avoir  aucun 
but  déterminé,  s'agitant  quelquefois  pendant  long-temps , 
sans  changer  de  place  d'une  manière  appréciable,  et  dans 
tous  les  cas  on  observe  une  dégradation  manifeste  de  vé- 
locité ,  depuis  l'instant  où  on  les  a  extraits  de  1  organe  , 
jusques  à  celui  qui  marque  le  terme  de  leur  faculté  loco- 
motrice. Elle  ne  dure  au  plus  que  vingt  ou  trente  minutes, 
mais  les  portions  qui  sont  restées  dans  l'organe  en  offrent 
encore  quelques  indices  deux  heures  après  la  mort  de  l'a- 
nimal. Malgré  toutes  les  précautions  pour  prendre  avec 
délicatesse  le  liquide  exsudé  des  vaisseaux  seuls ,  on  trouve 
toujours  les  animalcules  mêlés  de  matière  étrangères  qui 
paroissent  provenir  de  débris  du  tissu  du  testicule. 

Epididyine.  W  est  gorgé  d'un  liquide  blanc  dont  on 
délaye  quelques  portions  dans  un  peu  de  salive.  On  y  ob- 
serve les  mêmes  animalcules  ,  mais  ils  sont  dégagés  des 
substances  qui  les  souilloient  dans  le  liquide  tiré  du  tes- 
ticule. Us  ne  diffèrent  en  rien  de  ceux  que  nous  avons 
décrits ,  si  ce  n'est  qu'ils  se  présentent  d'une  manière  un 
peu  plus  nette. 

Canal  défèrent.  Il  donne  lieu  aux  mêmes  remarques 
que  l'épididyme 

p^éslcule  séminale.  Gest  une  poche  carrée  dont  les  angles 
supérieurs  se  terminent  en  cornes.  Ses  parois  épaisses,  mais 
très-souples ,  ressemblent  assez,  par  leur  texture  à  la  vessie 
urinaire.  L'intérieur  est  revêtu  d'une  membrane  muqueuse. 
On  la  trouve  remplie  d'uu  liquide  gris  Jaunâtre ,  dans  le- 
quel on  distingue  une  grande  quantité  d'animalcules  en 
Méin.  de  la  Suc.  de  F/i^s.  et  d'H.  nat.  T.  J."  a* 


j86  SUR    LRS    ANIMALCULES    SPERMATIQUJLS 

mouvement.  Ils  sont  mêlés  de  quelques  corps  étrangers , 
sphéroïdaux,  très-gros;  souvent  agglomérés  et  de  diamètres 
divers.  On  n'a  pas  besoin  d'ajouter  de  la  salive  pour  voir 
les  animalcules  distincts,  et  séparés.  Celui  des  organes  pré- 
cédens  ,  au  contraire  ,  en  rent'ermoit  une  si  grande  masse 
quon  ne  distinguoit  absolument  rien  sans  cette  pré- 
caution. 

Prostate,  Divisée  ses  vaisseaux  propres  laissent  tran- 
suder  un  liquide  blanc ,  laiteux  ,  dans  lequel  on  ne  voit 
que  des  globules  analogues  à  ceux  du  lait  ,  mais  point 
d'anirnalculçs. 

Cochon  d'Inde. 

On  saigne  un  mâle  vigoureux  de  la  carotide  et  on 
examine  immédiatement  les  organes  de  la  génération. 

l^esticule.  Les  diverses  sections  quon  en  fait,  laissent 
transuder  un  liquide  épais  et  blanchâtre,  qui  délayé  dans 
la  salive,  offre  au  microscope  une  foule  d animalcules 
mouvans  et  très-ditïérens  de  ceux  du  lapin,  tant  pour  la 
longueur  que  pour  la  forme.  Leur  tête  est  circulaire  et  non 
point  ovale,  plate  et  marquée  dans  le  milieu  d'un  cercle 
plus  transparent  que  le  bord.  Leur  queue  est  plus  longue, 
plus  large  et  ondulée  dans  l'état  de  mort  ou  pendant  la 
pi-ogression.  Mais  lorsquils  sont  agités  sans  locomotion 
sensible,  elle  est  courbée  en  arc  et  semble  inflexible.  Leur 
longueur  totale  est  de  o,°""o83,  ils  sont  mêlés  de  matières 
hétérogènes  qui  ne  peuvent  provenir  que  du  tissu  du  tes- 
ticule et  qui  offrent  la  même  apparence  que  les  fragment 
-qu'on  en  détache. 


-    DE    DIVERS    ANIMAUX  187 

EpidicJyme.  Il  est  gorgé  d'un  liquide  blanc ,  d'appa- 
rence laiteuse.  Fris  à  l'origine  ou  à  la  fin  du  canal  et  dé- 
layé de  salive,  il  offre  toujours  des  animalcules  en  grand 
nombre  et  sans  aucun  mélange  de  substances  étrangères. 
Leur  forme  est  identique  avec  celle  des  précédens. 

Canal  déférent.  Le  liquide  qu'U  renferme  ressemble 
en  tout  point  à  celui  de  l'épididyme, 

f^csicules  séninales.  Ce  sont  deux  boyaux  longs,  tor- 
tueux et  bosselés.  Deux  membranes  forment  leurs  parois  ; 
l'une  interne  d'un  tissu  muqueux,  l'autre  externe  blanche 
cassante  et  assez  semblable  à  l'enveloppe  des  artères.  Elle 
est  très -contractile  et  son  action  chasse  dans  l'urètre  la 
matière  dont  la  vésicule  est  remplie.  Si  l'on  perce  l'organe, 
la  force  avec  laquelle  elle  s'échappe  par  l'ouverture 
montre  quelle  éprouve  une  pression  assez  considérable, 

La  substance  dont  nous  venons  de  faire  mention  est 
épaisse,  transparente  ,  opaline  et  comme  pidpeuse,  elle  s'é- 
paissit rapidement  à  l'air  et  devient  alors  concrète  blanche 
et  friable.  En  se  desséchant ,  elle  prend  un  aspect  corné. 
On  l'examine  au  microscope  seule  ou  délayée  dans  un  peu 
de  salive,  elle  ne  présente  que  des  globules  gros  et  trans- 
parens  ,  souvent  agglomérés ,  mais  faciles  à  séparer. 

Dans  plusieurs  expériences ,  nous  n  avons  pas  trouvé 
d'autre  substance  dans  les  vésicules ,  mais  quelquefois  la 
base  de  ces  boyaux  étoit  plus  blanche  qu'à  l'ordinaire  et 
contenoit  des  animalcules  ;  ceux-ci  provenoient  d'un  peu 
de  li.juide  reflué  du  canal  déférent  et  se  voyoient  mêlés  à 
une  grande  quantité  de  la  substance  propre  aux  vésicules. 
Dans  quelques  occasions  noiis  avons  observé  que  la  por- 


l88  SUR   LES    ANIMALCULES   SPERMATIQUES 

tion  liquide  en  contact  avec  la  membrane  muqueuse  en 
contenoit  jusques  au  sommet  des  culs  de  sacs ,  ils  étoient 
en  mouvement  dans  l'un  et  l'autre  cas  ,  identiques  avec 
ceux  du  canal  déférent,  mais  disséminés  dans  une  grande 
masse  de  la  matière  propre  aux  vésicules. 

P'ésicules  accessoires.  Elles  se  trouvent  à  la  base  des 
précédentes  qu'elles  entourent ,  sont  composées  de  boyaux 
analogues,  mais  plus  minces,  plus  courts,  plus  nombreux 
et  agglomérés  en  forme  de  grappe.  Le  liquide  qu'elles  con- 
tiennent est  transparent ,  très-fluide,  incoagulable  spon^ 
tanérnent  ;  il  ne  montre  au  microscope  aucun  animalcule, 
mais  seulement  quelques  globules  gros  ,  rares  ,  différens 
en  volume  et  d'un  aspect  qui  rappelle  celui  des  gouteletteg 
de  graisse. 

Glandes  de  Coivper.  Le  liquide  fourni  par  la  section 
de  leurs  vaisseaux  est  d'un  blanc  laiteux ,  renferme  beau- 
coup de  globules  analogues  à  ceux  du  lait,  mais  point 
d'animalcules. 

Canal  de  l'urètre.  Il  étoit  occupé  par  un  tampon  de 
matière  solide  parfaitement  semblable  à  celle  des  vésicules 
séminales.  La  portion  liquide  en  contact  avec  la  mem- 
brane muqueuse  contenoit  des  animalcules ,  mais  en  petit 
nombre.  L'espèce  d'émission  à  laquelle  éloit  due  la  pré- 
sence de  cette  substance  dans  le  canal  avoit  été  produite 
par  une  contraction  des  vésicules  opérée  après  la  mort  au 
moment  où  l'on  ouvroit  l'abdomen. 

Hérisson. 
On  le  saigne  à  mort'de  la  carotide  et  l'on  passe  à  l'examen 
des  organes  générateurs. 


DE   DIVERS    ANIMAUX.  J  89 

Testicule.  Comme  sur  les  deux  animaux  précédens  des 
sections  faites  en  divers  endroits  de  cet  organe,  fournissent 
toutes  un  liquide  rempli  d'animalcules,  mûlés  de  quelques 
substances  étrangères.  Ils  sont  très-grêles;  leur  tête  est 
circulaire ,  rapplatie  ,  marquée  au  centre  d'un  point  lumi- 
neux; leur  queue  est  longue ,  d'une  couleur  plus  foncée  que 
celles  des  précédens,  leur  longueur  totale  est  de  o,°"°o66, 
ils  se  meuvent  avec  rapidité,  le  diamètre  de  leur  tête  est 
de  o,oo33,  elle  ressemble  assez  à  un  globule  de  lait. 

Epididyme  et  canal  déférent.  Ils  contiennent  tous 
deux  un  liquide  blanc  de  lait ,  visqueux  et  rempli  d'a- 
nimalcules ,  sans  mélange  d'aucune  matière  hétérogène. 

yêsicules.  De  chaque  coté  de  la  vessie  ,  se  voient  trois 
grappes  allongées ,  formées  d'un  grand  nombre  de  vais- 
seaux jaunâtres,  très-petits  au  sommet,  mais  se  réunissant 
successivement  en  branches  plus  considérables.  Celles-ci 
forment  enfin  un  canal  unique  qui  s'ouvre  dans  l'urètre 
à  côté  du  vérumontanum  ;  un  examen  attentif  du  tissu 
et  de  la  disposition  de  ces  organes  ne  laisse  apercevoir  au- 
cune différence  entr'eux,  ils  sont  gorgés  d'un  liquide  blanc 
opalin ,  qui  jaillit  des  grosses  ramifications  lorsqu  on  les 
ouvre,  il  coagule  avec  lenteur  et  d'une  manière  imparfaite, 
examiné  au  microscope,  il  n'offre  point  d  animalcules,  mais 
une  foule  de  corps  irréguliers,  de  toutes  les  formes ,  de  toutes 
les  grosseurs  ,  et  ressemblant  assez  à  des  débris  de  matières 
muqueuses,  dont  ils  ont  la  transparence  et  l'aspect  grenu. 
L'on  ne  remarque  aucune  différence ,  quelle  que  soit  la 
partie  des  vésicules  d'oia  Ion  retire  la  liqueur.  Nous  n'avons 
pas  examiné  les  vésicules  proprement  dites,  car  iîous  rap- 


igO  StTR    LES    ANtMALCULES    SPERMATIQUES 

portons  celles  que  nous  venons  de  décrire  aux  vésicules 
accessoii-es  de  M.  Cuvier. 

Glandes  de  Cofvper  très-volumineuses.  Elles  contien* 
nent  un  liquide  blanc ,  laiteux ,  coagulant  dès  la  sortie- 
de  la  glande  et  renfeiTnant  de  gros  globules  réguliers  et 
nombreux,  d ailleurs  point  d'animalcules.  Les  vaisseaux 
eftérens  de  l'organe  se  rendent  à  un  renflement  qu'un 
canal  assez  long  joint  à  l'urètre.  La  partie  postérieure  de 
celui-ci  est  remi^lie  d'un  liquide  blanchâtre  en  partie  coa- 
gulé et  dans  lequel  on  voit  au  moyen  du  microscope  quel-^ 
ques  animalcules  très-mobiles ,  mêlés  d'une  grande  quan- 
tité de  particules  parfaitement  semblables  à  celles  que  nous 
a  ions  vu  dans  la  glande  de  Cowper.  Les  animalcules  se 
distinguent  très-bien  quoiqu'en  petit  nombre. 

Chat. 

Testicule.  Diverses  sections  de  cet  organe  fournissent 
toutes  un  liquide  blanchâtre  qu'on  délaye  de  salive  avant 
de  l'examiner  au  microscope.  11  présente  des  animalcules 
dont  la  tête  est  circidaire  avec  un  point  lumineux  au  centre, 
la  queue  courte,  rarement  flexueuse  et  se  portant  toute 
entière  d'un  et  d'autre  côté  de  la  tête  pendant  la  progres- 
sion. Leur  longueur  totale  est  de  o,'°"'o4o,  le  mouvement 
cesse  au  bout  de  demi-heure.  L  épididyme  et  le  canal  dé- 
férent donnent  lien  aux  mêmes  remarques  que  dans  le* 
animaux  précédens. 

Prostate.  Cet  organe  nous  offroit  un  intérêt  majeur,  a 
cause  de  l'impossibilité  dans  laquelle  nous  nous  sommes 
trouvés  relativement  à  son  examen  sur  l'homme.  N'ayant 


DE   DIVERS    ANIMAUX,  I9I 

aucun  cadavre  à  notre  disposition,  nous  avons  du  chercher 
parmi  les  animaux  qu'il  nous  étoit  facile  de  nous  procurer 
ceux  dont  les  organes  offrent  assez  d'analogie  pour  qu'on 
soit  en  droit  de  tirer  une  conclusion  applicable  à  la  phy- 
siologie humaine.  Le  chat  et  le  chien  présentent  des  pros- 
tates bien  comparables  à  celles  de  l'homme  et  nous  avons 
cru ,  sous  ce  rapport ,  devoir  répéter  notre  examen  à 
plusieurs  reprises.  Dans  l'animal  qui  nous  occupe  la  pi-os- 
tate  nous  a  fourni  toujours  un  liquide  laiteux  et  globuleux, 
soit  que  nous  ayons  pris  des  tranches  de  cet  organe  et  que 
nous  ayons  reçu  sur  une  plaque  de  verre  le  liquide  qu'une 
compression  graduée  en  faisoit  transuder  ,  soit  que  nous 
ayons  cherché  à  obtenir  celui  des  canaux  qui  se  rendent 
dans  le  vérumontanum,  soit  enfin  qu'après  avoir  soigneu- 
sement lavé  l'intérieur  du  bulbe  de  l'urètre  nous  ayons 
comprimé  la  glande  pour  faire  arriver  son  liquide  dans 
cette  cavité.  Dans  tous  ces  cas  on  a  obtenu  le  même  fluide 
blanchâtx'e ,  globuleux  et  l'attention  la  plus  soutenue  n'a 
pu  percevoir  d'animalcule  au  milieu  de  tous  ces  globules 
blancs  et  analogues  à  ceux  du  lait. 

Glandes  de  CoTvper.  On  sait  qu'elles  sont  très-volu- 
mineuses chez  cet  animal  ,  et  quon  peut  aisément  exa- 
miner leur  forme  et  les  propriétés  du  liquide  qu'elles  sé- 
crètent ;  on  l'a  trouvé  globuleux  comme  le  précL-dent  et 
comme  ceux  des  autres  glandes  de  Cowper  précédemment 
examinées. 

Chien. 

Testicule.  H  renferme  un  hquide  blanc  laiteux  comme 
à  l'ordinaire;  sa  consistance  visqueuse  exige  quoii  le  dé- 


iga  srni  les  animalcules  sperma^tiques 

laye  de  salive  pour  percevoir  les  animalcules  avec  quel- 
que facilité  ;  il  semble  s'épaissir  encore  en  passant  au 
travers  des  conduits  de  l'épididyme  et  des  canaux  défé- 
rens  dans  lesquels  on  trouve  d'ailleurs  des  animalcules  dé- 
gagés de  matière  étrangère ,  quoique  la  liqueur  prise  dans 
le  testicule  offre  toujours  un  mélange  de  fra^mens  hété' 


rogenes. 


Prostate.  Cette  glande  examinée  de  la  manière  décrite 
ci-dessus  fournit  des  résultats  parfaitement  analogues  ; 
dans  tous  les  cas  on  obtient  un  liquide  blanchâtre ,  glo- 
buleux ,  épais  et  visqueux  et  complètement  dépourvu  d'a- 
nimalcules. 

Les  circonstances  de  cette  étude  paroîtront  bien  singu- 
lières à  ceux  qui  réfléchiront  aux  caractères  physiques  de 
la  liqueur  séminale  fournie  par  le  chien  au  moment  de  la 
copulation.  11  laisse  suinter  goutte  à  goutte  un  fluide  gri- 
sâtre ,  très-liquide ,  d'une  consistance  analogue  à  celle  de 
la  salive ,  et  contenant  une  quantité  d'animalcules  très- 
foible,  comparativement  aux  liquides  fournis  par  les  ca- 
naux deférens.  11  n  est  pas  nécessaire  de  le  délayer  pour 
observer  ceux-ci ,  car  ils  se  présentent  d'une  manière  par- 
faitement nette  et  isolée  ;  leur  mouvement  persiste  ordi- 
nairement pendant  deux  ou  trois  heures,  quelquefois  pour- 
tant nous  lavons  vu  cesser  au  bout  de  quelques  minutes, 
ce  qui  nous  autorise  à. penser  qu'il  est  ditïicile  de  sou- 
mettre les  variations  et  la  cessation  de  ce  mouvement  à 
une  étude  régulière ,  comme  M.  Spallanzani  s'est  appliqué 
à  le  faire.  Létat  de  l'animal  exerce  une  influence  très- 
grande  et  inappréciable  sur  cette  faculté  que  nous  avons 


DE   DIVERS    ANIMAUX.  ig3 

toujours  vue  soumise  à  des  irrégularités  désespérantes.  Les 
animalcules  du  chien  sont  les  plus  petits  parmi  les  mami- 
feres,  leur  longueur  totale  est  de  o'°°,oi6,  leur  tête  est 
ovoïde ,  leur  queue  grêle  et  leurs  mouvemens  brusques  et 
faciles  à  suivre  lorsque  le  microscope  grossit  suffisam- 
ment. Revenons-en  à  la  singularité  que  nous  observions 
entre  la  sécrétion  de  deux  liquides  épais  et  visqueux ,  et 
l'émission  d'une  semence  presqu'aussi  fluide  que  de  l'eau 
claire.  On  ne  peut  guère  se  rendre  raison  de  cette  diffé- 
rence entre  les  liquides  sécrétés  et  le  liquide  émis  qu'en 
supposant  un  état  particulier  des  deux  organes  ou  de  l'un 
d'entr'eux  seiJement  pendant  la  copulation ,  ou  bien  en- 
core en  admettant  une  abondante  sécrétion  des  muqueuses 
de  l'urètre.  L'analogie  repousse  la  première  hypothèse  et 
nous  voyons  dans  tous  les  animaux  le  testicule  sécrétant 
si  lentement  et  si  uniformément  le  même  liquide  qu'il  pa- 
roît  difficile  d'admettre  une  exception  pour  le  chien.  Nous 
en  dirons  presque  autant  de  la  prostate ,  ce  qui  nous  forcera 
nécessairement  à  adopter  l'opinion  opposée  et  à  charger  la 
muqueuse  du  conduit  de  l'urètre  ouïes  sinus  de  Morgagni 
de  la  sécrétion  du  véhicule  qui  sert  à  délayer  les  produits 
fournis  par  le  testicide  et  la  prostate. 

En  examinant  ces  divers  ^égultats  ,  nous  voyons  que  le 
testicule  est  le  seul  organe  sécréteur  dans  lequel  on  trouve 
des  animalcules  ,  que  ceux-ci  parcourent  l'épididyme  ,  le 
canal  déférent,  arnvent  dans  le  bulbe  de  l'urètre  ,  où  ils 
se  mêlent  au  produit  des  autres  glandes.  Chez  quelques 
animaux  ils  se  rendent  dans  la  vésicule  séminale ,  tandis 

Mêrn.  de  la  Soc.  de  Phys,  etdUH.  nat.  T.  I."  25 


194  SUR    LES    ANIMALCULES    SPERMATIQtJES 

qu'il  en  est  d'autres,  chez  lesquels  ils  n'y  parviennent  pas 
du  tout;  ou  bien  d'une  manière  évidemment  ncciden telle. 

Les  vésicules  séminales  contiennent  dans  le  cochon  dinde, 
une  matière  essentiellement  ditïérente  de  celles  que  pro- 
duisent les  diverses  glandes  qui  s'épanchent  dans  le  bulbe 
de  l'urètre.  Cette  différence  a  été  très  -  judicieusement 
signalée  par  M.  Andral,  dans  le  second  cahier  du  Journal 
de  Physiologie  de  M.  Magendie.  Nos  propres  observations 
appuyent  les  siennes  et  donnent  sans  doute  une  grande 
probabilité  à  cette  formation  particulière;  quelques  essais 
chimiques  ne  nous  ont  rien  appris  de  plus  positif  à  cet; 
égard,  et  toutes  nos  tentatives  pour  éclairer  son  origine 
ont  été  sans  fruit  jusqu'à  présent;  est-elle  sécrétée  par  la 
membrane  des  vésicules  elles-mùme  ?  ou  bien  résulte-t- 
elle  de  l'altération  de  la  substance  fournie  par  les  glandes 
de  Cowperi*  Toutes  ces  suppositions,  sont  également  im- 
probables et  la  production  de  cette  substance  remarquable 
est  encore  recouverte  d  un  voile  épais. 

Dans  le  même  animal  les  vésicules  accessoires  ne  res- 
semblent en  rien  aux  vésicules  proprement  cUtes  ;  leur 
apparence,  la  liqueur  qu'elles  contiennent,  dont  les  ca- 
ractères ne  varient  jamais  ,  suffisent  à  les  distinguer  en- 
tièrement. 

La  prostate  ,  les  glandes  de  Cowper  sécrètent  un  li- 
quide particulier  qui  ne  renferme  jamais  d'animalcules  ; 
elles  le  versent  à  l'origine  de  l'urètre  ,  où  il  se  mêle  à  celui 
du  testicule  sans  influencer  les  animalcules  d'une  manière 
perceptible.  En  poursuivant  nos  recherches,  nous  aurons 
probablement   occasion  de  modifier  et  d'étei>dre  ces  ré* 


DE    DIVERS    ANIMAUX  ïgS 

sultats,  mais  ils  suffisent  au  but  que  nous  nous  sommes 
proposés  pour  le  moment.  En  effet  ,  le  testicule  est  le 
seul  organe  nécessaire  à  la  génération ,  il  est  aussi  le 
lieu  unique  d'où  les  animalcules  tirent  leur  origine.  Ces 
êtres  ,  quelle  que  soit  leur  nature  intime ,  par  leur  iden- 
tité dans  chaque  espèce  ,  leur  apparition  qui  suit  une 
marche  analogue  au  développement  et  à  l'activité  des  or- 
ganes génitaux ,  leur  absence  dans  les  individus  mâles 
stériles  paroissent  le  résultat  d'une  véritable  action  sé- 
crétoire  et  le  principe  actif  de  toute  fécondation. 

Une  expérience  de  M.  Spallanzani  infirmeroit ,  il  est 
vrai ,  notre  conclusion  d'une  manière  irréfragable  s'il  étoit 
permis  d'en  admettre  La  possibilité.  Dans  ses  recherches 
sur  la  fécondation  artificielle  ,  il  assure  avoir  fécondé  des 
œufs  de  grenouille  avec  un  liquide  composé  de  sperme  et 
deau,  mais  dépourvu  d'animalcules.  La  difficulté  de  cette 
investigation  rend  son  expérience  trop  peu  concluante  , 
pom'  qu'on  puisse  sur  une  base  aussi  frêle  ,  renoncer  à 
une  opinion  qui  explique  toutes  les  circonstances  de  la 
formation  du  liquide  spermatique  et  de  son  action.  Nous 
conservons  le  même  doute  sur  les  observations  dans  les- 
quelles il  assure  avoir  vu  des  animalcules  spermatiques 
dans  le  sang  et  les  vaisseaux  sanguins  de  divers  animaux. 
Nous  rendons  hautement  justice  à  l'habileté  profonde  et 
à  la  véracité  de  cet  illustre  physicien  qu'il  est  bien  plus 
facile  de  critiquer  que  d'imiter,  comme  l'ont  prouvé  beau- 
coup de  physiologistes  qui  se  sont  essayés  sur  les  mêmes 
sujets  que  lui ,  mais  nous  ne  pouvons  admettre  les  faits 
précités.  Il  connoissoit  trop  peu  la  constitution  des  glo- 


igG  SUR   LEff  ANIMALCULES   SPERMATtQUES 

bules  du  sang  pour  être  bon  juge  à  cet  égard,  et  il  à  pu 
prendre  pour  des  animalcules  des  files  de  globules  vues  de 
tranchant. 

Ces  considérations  diverses  ne  permettent  pas  non  plus 
de  les  confondre  avec  les  infusoires.  Ceux-ci  par  leurs 
formes  variées,  la  durée  de  leur  vie  qui  se  prolonge  pen- 
dant cinq  ou  six  joiu^s  au  moins,  leur  existence  dans  les 
substances  organiques  décomposées,  leur  absence  cons- 
tante dans  celles  qui  sont  soumises  à  l'influence  fatale  ; 
enfin  ,  par  la  manière  dont  lis  sont  affectés  par  l'oxigène 
se  rattachent  immédiatement  aux  autres  parties  dn  règne 
animal.  Il  est  bien  à  regretter  que  leur  étude  ne  soit  pas 
reprise  aujourd'hui  par  un  naturaliste  habile ,  elle  four- 
niroit ,  sans  doute ,  des  vues  physiologiques  d'un  grand 
intérêt. 

Notre  opinion  sur  ce  point  étant  fixée ,  nous  avons 
cru  devoir  procéder  ici  comme  dans  l'étude  du  sang.  INous 
nous  sommes  donc  livrés  à  1  examen  du  principe  actif  du 
liquide  spermatique  et  nous  allons  faire  connoître  les  faits 
principaux  que  nous  avons  observés.  Lépididyme,  le  canal 
déférent  nous  fournissant  les  animalcules  dégagés  de  toute 
impureté  ;  c'est  dans  ces  conduits  que  nous  avons  tou- 
jours pris  le  liquide  examiné.  Dans  quelques  cas  rares  nous 
avons  été  forcés  de  recourii-  au  testicule  et  nous  aurons 
soin  d'en  faire  mention. 

Putois.  Les  animalcules  de  cette  espèce  sont  en  tout 
semblables  à  ceux  du  hérisson. 

Cheval.  Ses  animalcules  sont  de  même  forme  et  de  même 
apparence  que  ceux  du  hérisson,  mais  leur  longueur  est 


DE   DIVERS    ANIMAUX.  197 

moindre  La  tête  semble  avoir  une  trace  de  collerette  au- 
tour du  point  lumineux. 

Souris  blanche.  M.  Golladon,  pharmacien  de  cette  ville, 
dont  l'amour  pour  les  sciences  naturelles  est  bien  connu, 
a  eu  la  bonté  de  mettre  à  notre  disposition  quelques  in- 
dividus mâles  de  cette  variété.  Leur  sperme  extrait  du 
canal  déférent,  nous  a  offert  des  animalcules  remarquables 
par  quelques  taches  lumineuses  régulièrement  disposées 
sur  la  tête.  Leur  longueur  totale  est  de  o°'",o8o ,  leur  forme 
se  rapproche  de  celle  des  animalcules  du  lapin. 

Bélier.  11  n'existe  pas  de  différence  perceptible  entre  ses 
animalcules  et  ceux  du  lapin. 

Bouc.  De  même  forme  et  de  même  longueui-  que  ceux 
du  lapin, 

Oiseaux. 

Dans  cette  classe  ,  comme  nous  l'avons  déjà  remarqué  , 
l'appareil  générateur  mâle  consiste  simplement  en  deux 
testicules  très-volumineux  dont  le  liquide  se  rend  dans  le 
cloaque  au  moyen  de  canaux  déférens,  fréquemment  re- 
pliés sur  eux-mêmes  et  terminés  quelquefois  par  une  pa- 
pille facile  à  l'econnoître  sur  la  membrane  interne  du 
cloaque.  Les  testicules  sont  situés  très  -  pi'ofondément 
dans  l'abdomen  ,  les  canaux  déférens  sont  quelquefois  fort 
grêles  et  difficiles  à  trouver,  en  sorte  que  le  seul  jnoyen 
qu'on  puisse  employer  pour  se  procurer  la  liqueur  sper- 
matique  consiste  à  saigner  l'animal  à  mort ,  et  à  procéder 
sur  le  champ  à  l'examen  des  organes  générateurs.  A  cet 
effet,  nous  isolons  le  canal  déférent  des  vaisseaux  sau- 


igS  SUR   LES   ANnviALCULES    SPERMATIQUËS 

guins  qui  l'avoisinent  et  nous  en  plaçons  une  portion  sur 
un  vei're  bien  net.  En  l'exprimant  ensuite  on  fait  sortir 
le  liquide  qu'on  délaye  à  volonté. 

Coq.  Obtenue  par  ce  procédé,  la  liqueur  spermatique 
de  cet  animal  a  paru  d'abord  remplie  d'une  immensequan- 
tité  d'animalcules  vivement  agités ,  mais  en  la  délayant 
davantage  ils  se  sont  montrés  d'une  manière  isolée  et 
nous  avons  pu  saisir  leur  qneue  ;  elle  étoit  tellement  grêle 
qu'avec  un  grossissement  de  cinq  cents  fois  le  diamètre 
elle  avoit  encore  plutôt  l'air  d'une  ombre  que  celui  d'un 
corps  réel.  Après  la  dessication  elle  devenoit  plus  facile  à 
distinguer,  et  c'est  dans  cet  état  que  nous  avons  été  forcés 
de  la  dessiner  et  de  la  mesurer,  car,,  pendant  que  le  mou- 
vement se  manifeste  on  ne  peut  parvenir  ci  saisir  le  point 
où  elle  se  termine.  Chez  un  autre  individu  très-robuste , 
nous  avons  pu  nous  procurer  la  liqueur  spermatique  sans 
le  tuer.  Nous  avons  vidé  le  cloaque  et  après  l'avoir  soi- 
gneusement lavé,  nous  avons  pressé  le  canal  déférent,  de 
manière  à  faire  sortir  le  liquide  qu'il  contenoit  par  la  pe- 
tite papille  qui  le  ^erse  dans  le  cloaque.  Cette  opération 
nous  a  fourni  un  liquide  rempli  d'animalcules  en  mou- 
vement, semblables  à  ceux  que  nous  avons  décrits,  leur 
longueur  est  de  o,"'"o33.  Des  tranches  du  testicule  offrent 
comme  dans  les  mammifères  des  animalcules  identiques 
mêlés  de  quelques  fragmens  de  matière  hétérogène. 

Canard.  Ses  animalcules  examinés  après  avoir  saigné 
l'animal  à  mort  ont  conservé  leur  mouvement  pendant 
douze  ou  quinze  minutes  au  plus.  Leur  longueur  totale 
est  de  o,'°°'oi6,  et  leur  forme  est  d'ailleurs  identique  avec 
celle  des  précédens. 


DE    DIVERS    ANIMAUX.  I99 

Moineau.  La  ténuité  du  canal  déférent  ne  nous  a  pas 
permis  d'en  isoler  les  animalcules  ,  et  nous  avons  été 
forcés  de  couper  une  trauclie  du  testicule  ,  de  délayer 
dans  de  la  salive  le  liquide  qui  s'en  est  écoulé  ,  pour  ob- 
tenir une  vue  nette  de  ceux-ci. Ils  étoient  en  grand  nombre' 
se  mouvoient  avec  agilité  ,•  leur  tête  étoit  plate  ,  circu- 
laire et  se  présentoit  souvent  de  tranchant ,  leur  queue 
étoit  fort  remarquable  par  sa  longueur,  sa  ténuité,  et  sur- 
tout sa  rigidité;  droite  et  effilée  comme  une  aiguille,  elle 
ne  plioit  pas  sensiblement  dans  les  mouvemens  de  1  animal 
qui  sembloit  aller  tout  dune  pièce. 

Animaux  à  sang  froid. 

Flpère.  Quelques  recherches  sur  le  poison  de  cet  animal 
nous  ayant  fourni  l'occasion  den  disséquer  plusieurs,  nous 
avons  examiné  les  organes  générateurs  des  mâles  que  nous 
avons  rencontrés.  Prise  dans  le  testicule  ou  dans  le  canal 
déférent,  la  liqueur  spermatique  nous  a  toujours  offert 
des  animalcules  longs  de  Oi^^oGG ,  immobiles  ou  se  mouvant 
foiblement ,  et  pourvus  d'une  tête  ovoïde  ;  deux  autres 
serpens  que  nous  avons  pu  soumettre  à  une  perquisition 
semblable ,  nous  ont  présenté  des  animalcules  de  même 
forme,  mais  dans  l'un  d'eux  ,  ils  étoient  plus  longs  comme 
on  peut  le  voir  dans  le  tableau. 

Grenouille.  La  liqueur  séminale  de  ces  animaux  ob- 
tenue par  émission  spontanée  renferme  une  telle  quan- 
tité d'animalcules  et  leur  mouvement  est  si  rapide ,  que 
l'œil  armé  d'un  microscope  n'y  perçoit  qu'une  espèce  de 
bouillonnement  très-singulier.  Mais  lorsqu'on  les  délaye 


aOO  SUR    LES    ANIMALCULES   SPERMATIQUES 

OU  qu'on  prend  le  liquide  du  testicule,  le  mouvement  plus 
lent  et  les  animalcules  mieux  isolés  permettent  de  per- 
cevoir leur  forme  sans  difficulté.  Ils  sont  fort  petits  et 
ressemblent  beaucoup  à  ceux  du  coq ,  soit  pour  la  forme 
générale ,  soit  pour  les  dimensions  absolues ,  comme  on 
peut  le  voir  dans  la  table  ci-dessous. 

Salamandre.  Lorsquon  presse  le  ventre  aux  mâles 
pendant  les  derniers  mois  du  printemps ,  on  fait  sortir 
par  l'ouverture  du  cloaque  une  liqueur  qui  renferme  beau- 
coup d'animalcules  en  mouvement.  Ils  sont  fort  longs , 
fort  grêles  et  ont  vuie  tête  ovale  tellement  plate  que  lors- 
qu'elle se  présente  de  coté,  on  croiroit  qu'ils  n'en  ont  pas 
du  tout.  Ils  se  meuvent  d'mie  manière  aussi  fatigante 
que  singulière;  leiu*  corps  entier  se  coui'be  en  arc  très- 
régulier  ,  mais  qui  prend  à  tout  instant  une  direction 
contraire.  Quelquefois  ils  exécutent  cette  évolution  pen- 
dant plus  de  dix  minutes  sans  changer  de  place.  Leur 
longueur  totale  est  de  o°'°,4  ,  lorsquils  sont  à  sec  leur 
corps  devient  ondulé. 

A'scargoL  La  liqueur  séminale  prise  dans  le  canal  dé- 
férent nous  a  présenté  les  animalcules  les  plus  remar- 
quables que  nous  eussions  jamais  vus.  Es  ont  la  forme 
générale  de  ceux  des  salamandres  ,  mais  leur  corps  est 
ondulé  dans  toute  sa  longueur  ;  ils  se  meuvent  avec  assez 
de  lenteur  pour  qu'on  puisse  aisément  les  suivre  ;  ils  ont 
une  tête  semblable  à  celle  des  précédens,  mais  la  longueur 
de  leur  corps  excède  de  beaucoup  celle  de  tous  les  autres.  Ils 
nagent  à  la  manière  des  serpens,  c'est-à-dire  en  exécutant 
des  inflexions  horiion taies.  Quelquefois  ils  ont  l'air  détre 


DE    DIVERS    ANIMAUX  ^Ol 

en  repos  complet ,  mais  leur  tête  pivote  sur  sa  base  et 
décrit  des  oscillations  exti-aordinaii'ement  rapides.  Ce  ba- 
lancement peut  durer  pendant  un  temps  assez  long  sans 
que  l'animalcule  change  sensiblement  de  place.  Pour  les 
mesurer  nous  avons  été  forcés  de  prendre  un  grossisse- 
ment moins  fort  qu  à  l'ordinaire  ,  car  celui  de  trois  cent 
fois  le  diamètre  ne  pouvoit  percevoir  leur  corps  entier  , 
quoique  son  champ  embrasse  près  de  cinq  pouces.  11  semble 
qu'on  devroit  les  voir  à  l'œil  nu  ,  puisqu'ils  ont  près  de 
demi  ligne  de  longueur  réelle  ,  mais  si  l'on  réfléchit  à  leur 
ténuité ,  l'on  pourra  concevoir  comment  ils  échappent  à 
nos  sens,  si  l'on  ne  fait  pas  usage  d'une  lentille. 

Les  autres  escargots  en  possèdent  de  semblables  ,  les 
limaces ,  les  lymnées  en  ont  aussi  d  analogues ,  mais  des 
occupations  pressantes  ne  nous  ont  pas  encore  permis  de 
les  étudier  convenablement  et  de  prendre  leurs  dimensions. 
En  général ,  ils  paroissent  plus  petits. 

On  remarquera,  sans  doute,  que  nous  avons  omis  dans 
cette  énumération,  une  classe  entière  d'animaux  vertébrés. 
Nous  voulons  parler  des  poissons  dont  la  laite  devoit  at- 
tirer notre  attention ,  dès  que  nous  avons  songé  à  nous 
livrera  cette  étude.  En  effet,  elle  nous  a  fort  souvent 
occupés ,  mais  nous  n'avons  jamais  obtenu  de  résultat  sa- 
tisfaisant. Spallanzani  qui  l'avoit  examinée  a  décrit  et  des- 
siné des  globules  légèrement  allongés  auxquels  il  attribue 
un  mouvement  fort  rapide.  Haller  pai'le  d'animalcules 
munis  d'une  queue,  et  nous  à  l'instar  du  célèbre  physicien 
italien  nous  n'avons  vu  que  des  globules.  Cette  anomalie , 
dans  une  loi ,  qui  semble  générale  nous  empêche  de  pu- 
Méin,  de  la  Soc.  de  Phys.  et  d'H.  nat.  T.  I."  26 


^02  SUR    LRS    ANIMALCULES    SPKRMATIQUES 

hlier  nos  observations  sur  ce  point,  du  moins  jusqu'à-ce 
que  la  saison  nous  ait  permis  de  renouveller  nos  perqui- 
sitions. 

Pour  prendre  nos  mesures,  nous  avons  employé  notre 
moyen  ordinaire ,  c'est-à-dire  que  nous  avons  comparé 
l'image  de  l'animalcule  perçue  par  lœil  droit  avec  une 
règle  fixe  vue  de  l'œil  gauche.  C'est  ainsi  que  nous  avons 
pris  les  dimensions  des  globules  du  sang  (Bibl.  Univ., 
tom.  17).  Et  nous  trouvons  que  cette  méthode  réunit 
l'exactitude  à  la  facilité.  Cependant ,  nous  avons  craint 
qu'elle  n'offrit  quelque  cause  d'erreur  pour  les  animalcules 
très-longs  dont  le  corps  occupoit  presque  tout  le  cliamp 
de  nos  lentilles  et  nous  avons  mesuré  les  mêmes  au  moyen 
d'un  micromètre  divisé  en  dixièmes  de  ligne.  Cette  opé- 
ration facile  nous  ayant  fourni  des  résultats  absolument 
semblables  à  ceux  que  nous  avions  obtenus  par  le  premier 
procédé,  nous  avons  continué  d'en  faire  usage. 

Dans  notre  manière  de  voir  le  mouvement  spontané  des 
animalcules  spermatiques  est  un  phénomène  trop  inté- 
ressant pour  que  nous  n'ayons  pas  cherché  à  reconnoître 
si  les  agents  dont  leffet  sur  les  grands  animaux  est  bien 
comiu,  seroient  susceptibles  de  produire  sur  ceux-ci  quel- 
que action  semblable. 

Le  sperme  du  chien  demeure  parfaitement  fluide  et 
transparent ,  le  mouvement  s'y  conserve  pendant  plusieurs 
heures.  Ces  deux  circonstances  nous  ont  déterminés  à  le 
choisir ,  bien  que  la  petitesse  des  animalcules  qa  il  ren- 
ferme, le  rendit  moins  propre  à  nos  observations  que  celui 
du  colimaçon  ou  de  la  salamandre. 


2.    ^ 
DE    nrVERS    ANTMAXJX.  %0Ô 

Première  Expérience.  Nous  avons  mis  dans  deux  cap- 
sules d'argent  des  quantités  égales  de  liqueur  sperma-i- 
tique ,  nous  avons  laissé  l'une  comme  terme  de  compa- 
raison, et  nous  avons  fait  plonger  dans  l'autre  une  ba- 
guette métallique  ,  vernie  jusqu  à  son  extrémité  ,  de  ma- 
nière qu'en  mettant  en  communication  la  baguette  et  la 
capsule  avec  les  deux  surfaces  d'une  bouteille  de  Leyde 
fortement  chargée ,  on  excitait  une  étincelle  qui  passoit 
forcément  au  travers  du  liquide  et  non  point  à  sa  sur- 
face. Après  quelques  décharges  ,  les  animalcules  étoient 
complètement  immobiles ,  tandis  que  ceux  qu'on  avoit 
conservés  comme  étalons  s'agitoient  tout  autant  quavant 
l'expérience  qui  n'avoit  duré  que  cinq  minutes. 

Lobservation  relative  aux  phénomènes  galvaniques  pré- 
sentoit  plus  de  difficultés.  11  falloit  que  l'altération  du 
mouvement  fut  perçue  sous  le  microscope ,  au  moment 
oili  on  placeroit  les  animalcules  dans  le  circuit  sans  qu'il 
fut  possible  d  en  attribuer  l'effet  à  une  secousse  étrangère. 

Deuxième  Expérience.  Nous  avons  fixé  sur  une  glace 
deux  fils  de  platine  dont  les  extrémités  vis-à-vis  l'une 
de  l'autre  étoient  séparées  par  quelques  lignes  d'intervalle. 
Cet  appai'eil  a  été  mis  sous  le  microscope  et  les  fils  ont 
été  placés  en  communication  avec  deux  branches  de  laiton 
qui  se  rendoient  dans  des  capsules  pleines  de  mercure  et 
portées  par  une  table  indépendante  de  1  appui  du  micros- 
cope. L'une  d'elles  communiquoit  à  demeure  avec  l'un  des 
pôles  d'une  forte  pile,  l'autre  servoit  à  établir  ou  rompre 
le  circuit ,  au  moyen  de  rimm(;rsion  ou  de  1  émersion  du 
fil  polaire.  Un  a  mis  alors  une  goutte  de  liqueui*  sperma- 


yo4  SUR    LES    ANIMALCULES    SPERM\TfQUES 

tique  entre  les  deux  fils  de  platine  et  le  mouvement  des 
animalcules  étant  bien  perçu  ,  l'on  a  établi  le  circuit  gal- 
vanique. Mais  soit  qu'il  ait  été  continu,  soit  qu'on  ait 
donné  des  secousses,  on  n'a  pu  voir  aucune  altération  dans 
le  mouvement.  Après  avoir  suffisamment  constaté  ce  point, 
on  a  promené  le  microscope  dans  toute  letendue  du  li- 
quide et  Ton  a  vu  que  dans  les  portions  contigues  au  pôle 
positif  ils  étoient  tous  immobiles  ,  tandis  que  soit  auprès 
du  pôle  opposé,  soit  dans  les  autres  parties  du  liquide,  on 
les  voyoit  aussi  agités  qu'avant  l'expérience.  Cet  etfet  étoit 
dû ,  sans  aucun  doute  ,  à  1  action  des  acides  produits  au 
pôle  positif.  Nous  nous  en  sommes  assurés  directement. 

Les  découvertes  nouvelles  sur  les  propriétés  du  courant 
galvanique  fermé  ne  nous  permettoient  pas  de  clorre 
notre  travail  sans  tenter  quelques  expériences  relatives  à 
ce  genre  d  action.  11  est  juste  d  avouer  que  nous  n'avons 
pu  percevoir  aucun  effet  sensible.  Nous  avons  employé 
d'abord  l'appareil  précédent  après  avoir  substitué  aux  deux 
pointes  de  platine  mi  fil  entier  du  même  métal.  Certaine- 
ment, les  expériences  dans  lesquelles  nous  avons  pu  éviter 
l'influence  calorifique ,  ont  prouvé  la  nullité  d'effet  du  cou- 
rant ;  il  en  a  été  de  même  d  un  fort  aimant  que  nous  avons 
mis  en  rapport  avec  le  liquide ,  soit  sous  le  microscope 
même ,  soit  ailleurs  pendant  un  temps  assez  long. 

Les  autres  agents  susceptilsles  dinfluencer  l'irritabilité 
animale  nous  ont  présenté  des  résultats  trop  incertains  pour 
que  nous  les  détaillons  ici.  Comme  on  ne  peut  les  mélanger 
avec  la  liqueur  spermatique  autrement  qu'à  l'état  liquide  , 
et  que  l'eau  pure  elle-même  suffit  quelquefois  pour  abolir 


2 
DE    DIVERS    ANIMAUX.  /o5 

le  mouvement ,  on  ne  peut  tirer  aucune  espèce  de  conclu- 
sion de  laddition  d'une  eau  chargée  d'opium,  d'acide  prus- 
sique ,  etc.  Toutefois ,  nous  avons  pu  nous  assurer  qu  en 
général  les  liquides  alcalins  à  un  degré  très-foible  sont  fa- 
vorables à  la  persistance  du  mouvement ,  tandis  que  les 
liquides  acides  tendent  à  le  détruire  sans  doute  à  cause  de 
l'action  chimique  qu'ils  font  éprouver  à  la  substance  propre 
des  animalcules.  Telle  est  la  cause  qui  nous  fait  préférer 
la  salive  à  tout  autre  liquide  pom*  délayer  le  sperme,  lors- 
qu'il est  trop  épais.  M.  Spallanzani  avoit  aussi  trouvé  qu'elle 
devoit  fixer  le  choix  de  l'observateur  ,  mais  il  paroissoit 
attribuer  plutôt  son  action  à  la  température  quà  la  com- 
position chimique. 

On  voit  que  nos  épreuves  laissent  beaucoup  de  doute 
sur  1  irritabilité  de  ces  petits  êtres.  La  dernière  surtout 
semble  démontrer  sans  réplique  quelle  diffère  matérielle- 
ment de  celle  des  grands  animaux ,  qui  sont  toujours  af- 
fectés par  un  courant  galvanique  suffisant. 

Notre  intention  dans  ce  travail  que  nous  avons  entrepris 
avec  une  grande  prévention  contre  tous  les  écrits  qui 
avoient  paru  sur  ce  sujet ,  consiste  simplement  à  rem- 
placer par  des  faits  positifs  et  dénués  de  toute  hypothèse, 
les  travaux  de  nos  prédécesseurs  qui  n'ont  laissé  dans  l'es- 
prit des  physiologistes  modernes  qu'une  fluctuation  pé- 
nible ,  comme  on  peut  s'en  assurer  en  parcourant  leurs 
écrits.  Nous  terminons ,  bien  couvaincus  de  la  vérité  des 
résultats  que  nous  avons  exposés  et  que  nous  rapeilerons 
encore  ici. 

«  i,°  Les  animalcides  spermatiques  n'ont  rien  de  com- 


>06  SUR    LES    ANIMALCULES   SPERMATFQUES 

»  mun  avec  les  iiifusoires ,  si  ce  n'est  leur  stature  micros- 
»    copique. 

»  2°  Ils  sont  produits  par  le  testicule  seul  et  ne  se 
»  montrent  dans  cet  organe  que  lorsque  l'animal  a  at- 
7,    teint  lâge  de  puberté. 

»  3.°  Enfin  ,  ils  paroissent  être  le  principe  actif  de  la 
»  semence,  tout  comme  les  globules  du  sang  sont  lelé- 
»   ment  indispensable  de  ce  fluide.  » 


Explication  des  Planches. 

Planche  T.  Figure   i.  Ammalcule  du  cochoa  d'Inde  grossi  3ooO' 

fois  en  diamèlie. 
Fig.    2,    Aiiinjaleile  de  la  souris  blanche,  j'd, 
Fig.   3.   Animalcule  du   liéiisson  ,   id. 
Fig.   4.    Auimalcnle  du  cheval,  id, 
Fig.    5.   AniinaJcnle  du  chat,   id. 
Fig.   6.   Animalcule  du  bélier ,    icK 
Fig.   7.   Animalcule  du  chien  ,  id- 

Planche  II.  Figure  1.  Animalcule   du   moineau,   grossiss8menr 

égal  à  3ooo  fois  le  diaoïèire. 
Fig.   2.   Animalcule  du  coq  ,  id. 
Fig.   3  Animalcule  du  canard  ,  id. 
Fig.  4.    Animalcule  de  la  vipère  ,    id'. 
Fig.    5.   Animalcule  de    l'escargot  grossi    180    fois    en    diamètre' 

seulement. 
Fig.  6.   Animalcule  de  la  salamandre  grossi  3oo  fois  en  diamètre, 

dessiné  après  la  cessation  du  mouvement. 
Fig.  7.   Le  même  dessiné   pendant  la  vie. 


DE    UIVEHS    ANIMAUX. 


2 
X07 


Tableau  des  mesures  précises  de  quelques  animalcules 

spennatiques. 


NOM   DE   L'ANIMAL. 


Hérisson  (Erinaceus  ^uropeus.).   .   . 

Pltois  (  Mustela  Putorius.  ) 

Souris  blanche  (  Mus  musculus  v.  alba.  ) 
Cochon  d'Inde  (Mus  Porcellus. ) .   .   . 

Cheval  (  Equus  Caballus.  ) 

Chat  (Felis  Catus.) 

Béher  (Ovis  Aries.) 

Bouc  (Capra  Hircus.  ) 

Chien  (Canis  Familiaris.  ) 

Moineau.   (Fringilla  Domestica)  .    .   . 

Coq  (  Pliasianus  Gallus.  j 

Canard  (Anas  Bosclias.  ) 

iViPÉRE  (Colubra    Bcrus.  ) 

Couleuvre  de  Razomowsky 

Orvet  (Anguis  Fragilis.  ) 

Grenouille  (Rana  Esculeiila  ).   .    .   . 
Salamandre  (Salaraandra  Crislata.)  . 

jEscARGOT  (Hélix   Poinalia.) 

Lymnée    (Hélix  Palustris.  ) 


Longueur 

Longueur 

Longueur 

Grossisse- 

réelle 

léelle      i 

en  fi'act. 

eu  Fi-act. 

apparente 

ment. 

de'cim. 

vulg. 

i 

mm 

miu 

1 
lura 

20, 

)) 

3oo 

0,    066 

15 

25, 

» 

id. 

0,  o83 

1 
1  3 

M, 

» 

id. 

0,    080 

2 
25 

25, 

» 

id. 

0,  o83 

T2 

.5, 

» 

id. 

0,  o5o 

I 
20 

'2, 

» 

id. 

0,  o4o 

1 

id. 

id. 

/(/. 

id. 

kl. 

id. 

id. 

id. 

5, 

)) 

id. 

0,  016 

To 

25, 

» 

id. 

0,  o83 

1 

13 

10, 

» 

id. 

0,  o33 

30 

5, 

M 

id. 

0,  016 

1 
60 

20, 

» 

id. 

0,  066 

Ts 

3o, 

)) 

id. 

0,   100 

1 

10 

20, 

» 

id. 

0,  066 

1 
Ts 

8, 

)) 

id. 

0,  026 

À 

120, 

» 

id. 

0,  4"o 

_2_ 

i5o, 

« 

180 

0,  833 

5 

1 10, 

)> 

180 

0,  611 

3 
5 

i[.  Plief  H.  iia.f.I.p.20  8, 

^  9 


Pi.  I. 


■^u„uu,_&e/ 


^Ytar/i .  iA~u/^i^ 


M.  Pi..eC    aaf  I.p.  2  08. 
1 


-P7    2. 


-^aj/t£ui,  ^e.^. 


Onj/jcccA        Jculn 


MEMOIRE 

Sur  les  affinités  naturelles  de  la  Jamille   des 
Nymphœacées . 

Par  M.  DE  CANDOLLE  ,  Professeur. 
(Lu  à  la  Société  ds  Phys.  et  cCHist.   Nat.  de  Genève ,  en  Mars   i3i^.} 


JUa  place  que  l'on  doit  assigner  aux  Nymphaeacées  dans 
l'ordre  niturel  est  extrêmement  difficile  à  déterminer  avec 
précision  et  a  exercé  la  sagacité  des  plus  habiles  botanistes, 
NoiTimer  MM.  Richard  ,  Corréa  ,  Mirbel  ,  Salisbury  , 
Turpin  ,  Poiteau,  etc. ,  et  dire  que  ce  sujet  a  long-temps 
exercé  leur  sagacité,  c'est  en  faire  sentir  toute  la  difficulté. 
Il  ne  s'agit  pas  seulement  de  légères  diversités  d'opinion 
pour  rapprocher  les  Nymphaeacées  des  familles  déjà  consi- 
dérées comme  voisines  ,  mais  la  discussion  a  lieu  entre 
des  classes  différentes,  et  il  ne  s'agit  de  rien  moins  que 
de  placer  cet  ordre  à  l'une  ou  à  l'autre  des  extrémités  de 
la  série  des  végétaux  connus.  En  un  mot ,  les  Nymphaea- 
cées sont-elles  Endogènes  ou  Exogènes,  Monocotylédones 
ou  Dicotylédones  ,  voisines  des  Hydrocharidées  et  des  Or- 
chidées ,  ou  des  Papaveracées  et  des  Renonculacées  ?  La 
décision  de  cette  question  en  entraînera  une  seconde,  c'est 
de  savoir  à  quelle  classe  doivent  appartenir  les  Podophyl- 
lées  qu'on  ne  peut  guères  éloigner  des  Nymphaeacées.  Nous 
Mèm.  de  la  Soc.  de  Phys.  et  d'H.  nat.  T.   I."  27 


210  StR    LES    AFFINITES    NATURELLES 

tenterons  de  la  résoudre  par  l'anatomie  des  tiges ,  par 
l'exameu  de  l'embiyon  ,  et  par  les  compaiaisons  que  la 
structure  entière  des  fleurs  et  des  fruits  pourra  faire 
naître  at^ec  d'autres  familles  dont  la  place  est  bien  dé- 
terminée. 

L'anatomie  des  tiges  a  été  donnée  par  M.  Mirbel,  d'après 
le  Nélumbo  (ann.  mus.,  vol.  i3  ,  tom.  34),  et  on  y  re- 
connoît  les  caractères  des  exogènes  tels  qu'ils  se  montrent 
dans  un  grand  nombre  de  plantes  aquatiques.  Les  fais- 
ceaux des  fibres  y  sont  disposés  par  zones  concentriques; 
les  plus  jeunes  sont  en  dehors;  mais  le  tissu  cellulaire  in- 
terposé ,  soit  entre  les  fibres  ,  soit  entre  les  couches  ,  soit 
dans  le  canal  médullaire,  soit  dans  le  tissu  cortical,  est 
beaucoup  plus  considérable  que  dans  les  exogènes  qui  frap- 
pent ordinairement  nos  regards  et  de  plus  on  observe  dans 
l'intervalle  des  couches  des  rangées  de  lacunes  ou  cel- 
lules aériennes  disposées  en  anneau  régulier.  Ce  double 
caractère  se  retrouve  dans  d'antres  plantes  aquatiques  que 
personne  ne  nie  être  de  la  classe  des  exogènes  telles  que 
l'Hippuris  et  le  Myriophyllum;  ce  que  M.  Mirbel  a  vu  dans 
le  ISélumbo,  il  l'a  encore  vu  dans  la  tige  duNiiphar  jaune 
(ann.  mus.  i6 ,  pi.  20),  et  je  l'ai  observé  de  même  dans 
les  deux  Néuufars.  M.  Corréa  insiste  beaucoup  sur  l'a- 
nalogie de  la  structure  des  tiges  du  Nélumbo  et  des  Nym- 
phaea  avec  celle  des  exogènes  et  quoiqu'il  n'y  admette 
aucun  cotylédon  ,  il  n'hésite  point  à  regarder  ces  plantes 
comme  de  la  classe  de  celles  où  il  y  en  a  ordinairement 
deux.  Le  fait  n'a  d'ailleurs  été  révoqué  en  doute  par  aucun 
de  ceux  mêmes  qui  croyent  que  ces  plantes  sout  monoco- 


DE   LA   FAMILLE    DKS   NYMPH^ACÉES.  211 

tilédones  ;  ils  se  contentent  de  dire  que  le  caractère  déduit 
de  la  structure  des  tiges  n'est  pas  toujours  d'accord  avec 
celui  qui  est  tiré  de  la  graine.  Voyons  si  réellement  les 
Nymphaeaeées  offrent  une  exception  à  la  loi  générale  qui 
veut  que  les  exogènes  soient  toutes  munies  de  deux  coty- 
lédons opposés. 

Si  l'on  examine  la  graine  du  Nuphar  faune ,  on  y  trouve 
d'abord  le  spei'moderme  qu'on  enlè\e;  sous  cette  enveloppe 
on  voit  l'amande  composée  :  i.°  d'un  grand  albumen  fa- 
rineux tronqué  à  sa  base;  2..°  d'un  corps  en  forme  de  toupie 
niché  à  la^  base  tronquée  de  l'albumen  vers  le  point  où  la 
graine  tient  au  cordon  ombilical.  Ce  corps  a  été  6gui-é  par 
Gaertner  comme  étant  l'embryon  et  l'est  en  effet  ;  mais 
Gaertner  ne  l'a  point  ouvert  et  l'a  décrit  en  conséquence 
comme  étant  indivis  ou  monocotylédoné  ;  l'ayant  ouvert , 
il  y  a  maintenant  quinze  ans ,  )'y  ai  fait  une  observation 
qui  a  depuis  entraîné  une  foule  de  discussions  savantes 
mais  contradictoires.  J'ai  remarqué  (Bull,  philom.  1802  , 
n.°  5 1 ,  tom.  3 ,  pag.  3  )  que  l'embryon  est  enveloppé  dans 
un  tégument  particulier  auquel  il  adhère  par  sa  base ,  si  l'on 
fend  ce  tégument  on  y  trouve  deux  petits  lobes  arrondis  , 
charnus  et  opposés ,  entre  lesquels  est  cachée  la  jeune  plu- 
mule.  J'ai  désigné  ces  corps  charnus  comme  les  cotylédons 
et  j'ai  considéré  le  tégument  comme  un  organe  particulier 
aux  Nymphaea.  M.  Mirbel  (ann.  mus.  1 16,  p.  i53 ,  tom.  2.0) 
a  admis  en  entier  ma  manière  de  voir  et  a  représenté  les 
mêmes  organes  avec  un  peu  plus  de  détail.  M.  Correa  a 
pensé  que  ce  tégmnent  particulier  est  une  expansion  de  la 
radicule  q^ui  se  replie  sur  elle-même  et  enveloppe  tout  l'em- 


212  SUR    LES   AFFINITÉS    NATURELLES 

bryon.  M.  Richard  veut,  au  contraire  que  le  tégument,  soit 
le  cotylédon  unique,  et  que  tout  ce  quil  renferme  soit  la 
plumule.  Tout  ce  que  nous  venons  de  dire  du  nuphar  est 
vrai  du  nymphéa  blanc,  excepté,  que  dans  celui-ci  les 
graines  sont  de  moitié  plus  petites  et  que  l'embryon  y  est 
presque  globuleux.  Quant  au  Nélumbo ,  la  structure  de 
la  graine  est  peut-être  plus  extraordinaire  encore  ou  du 
moins  diffère  assez  des  précédentes  pour  mériter  une  des- 
cription détaillée  :  chaque  carpelle  du  Nélumbo  renferme 
une  seiUe  graine  dont  le  tégument  propre  se  distingue 
souvent  assez  mal  du  péricarpe.  Cette  graine  n'a  point 
d'albumen  ;  son  embryon  est  très-gros ,  composé  de  deux 
lobes  épais,  charnus,  opposés,  un  peu  concaves  que  MM. 
Mirlicl  et  Poiteau  regardent  comme  les  cotylédons  ;  au 
point  de  jonction  de  ces  deux  lobes  est  une  très -petite 
protubérance  que  M.  Mirbel  prend  pour  le  rudiment  de 
la  radicule  qui  ne  se  développe  point;  en  dedans  des  lobes 
se  trouve  une  membrane  très-mince  qui  enveloppe  la  base 
de  la  plumule  :  M.  Richard  la  prend  pour  le  cotylédon  : 
MM.  Poiteau  et  Mirbel  pensent ,  au  contraire  ,  que  cette 
membrane  naît  à  la  base  des  cotylédons  comme  dans  tout 
le  cours  de  la  végétation  de  cette  plante  il  se  trouve  une 
membrane  stipulaire  à  la  base  interne  de  chaque  feuille.  A 
la  germination  les  deux  lobes  se  séparent  sans  changer  de 
forme  ni  de  consistance  et  laissent  sortir  la  jeune  tige  qui 
s'élève  de  leur  centre;  cette  tige  porte  des  feuiUes  à  quel- 
que distance  de  sa  base  et  pousse  des  radicelles  éparses 
entre  les  lobes  et  les  premières  feuilles.  M.  Gorrea  pense 
que  les  lobes  sont  des  expansions  de  la  radicule ,  que  les 


l 


DE   LA    FAMILLE   DES    NYMPH.EACÉliS.  2l5 

cotylédons  manquent  absolument  ,  et  que  la  partie  qui 
sort  par  la  fente  des  lobes  est  la  plumixle  elle-même.  Cher- 
chons à  apprécier  ces  diverses  opinions  et  surtout  à  les 
concilier ,  s'il  est  possible ,  avec  les  faits  précédemment  in- 
diqués sur  le  nymphaea  et  le  nuphar.  Ces  trois  genres  sont 
tellement  voisins  par  l'ensemble  de  leur  structure  qu'il  est 
difficile  d'admettre  dans  l'un  des  loix  très  -  différentes  de 
celles  qu'on  admet  dans  les  autres. 

L'hypothèse  de  ceux  qui  prennent  les  Nympha^acées  pour 
monocotylédones  offre  cette  difficulté  dans  un  sens ,  celle 
de  leurs  antagonistes  dans  l'autre  :  je  m'explique. 

Si  le  tégument  qui  enveloppe  l'embryon  des  nénufars 
est  leur  cotylédon,  comme  le  veut  M.  Richard  ,  il  faut  que 
dans  le  Nélumbo  cet  organe  soit  représenté  ou  par  les  deux 
lobes  épais ,  ou  par  la  membrane  de  leur  base  interne  ; 
dans  la  première  hypothèse  ,  il  faudroit  admettre  ce  qui 
seroit  presque  absurde  ,  que  le  Nélumbo  est  dicotylédone, 
tandis  que  les  nénufars  seroient  monocotylédones  :  dans  la 
deuxième,  que  le  Nélumbo  a  en  dehors  de  ses  cotylédons 
un  organe  spécial  qui  manque  dans  les  nénufars. 

Si  le  tégument  qui  enveloppe  l'embryon  des  nénufars 
n'est  pas  leur  cotylédon  et  que  les  deux  lobes  charnus  et 
opposés,  situés  à  l'intérieur  soient  deux  cotylédons  comme 
je  l'ai  soutenu  et  comme  le  pensent  MM.  Poiteau  et  Mirbel, 
alors  nous  aurons  à  chercher  leurs  représentans  dans  le 
Nélumbo  ;  ce  seront ,  ou  comme  le  veulent  MM.  Poiteau 
et  Mirbel ,  les  deux  lobes  charnus  extérieurs ,  et  alors  les 
nénufars  se  trouveront  avoir  un  organe  qui  manque  dans 
le  Nélumbo,  ou  bien  les  lobes  extérieurs  seroient,  comme 


2l4  SUR   LES    AFFINITÉS    NATURELLES 

le  pense  M.  Correa  les  analogues  du  tégument  de  l'em- 
bryon des  nénufars ,  et  le  Nélumbo  seroit  dépourvu  de 
vrais  cotylédons,  tandis  que  les  nénufars  en  auroient  deux. 
Ainsi ,  quelque  soit  Thypothèse  qu'on  adopte ,  il  faut  de 
nécessité  que  ces  deux  genres ,  quoique  très-voisins ,  pré- 
sentent un  disparate  marqué  dans  la  structure  de  leur 
embryon ,  il  faut  de  nécessité  admettre  ici  une  exception 
aux  lois  générales.  Voyons  cependaiit  celle  de  ces  diverses 
manières  de  voir  qui  réunit  le  plus  de  probabilité  ou  qui 
fait  la  moindre  exception  aux  règles  connues  dans  les 
autres  végétaux  :  i."  Si  l'on  suppose  que  le  tégument  ex,- 
terne  des  néuufai'S  est  im  cotylédon  qui  renferme  la  gem~ 
mule,  et  qu'il  est  représenté  dans  le  Mélumbo  par  la  mem- 
brane située  à  la  base  des  deux  lobes  charnus,  il  faut  aussi 
supposer  que  c'est  un  embiyon  sans  radicule.  Preniière 
exception  ;  2.°  que  le  cotylédon  enveloppe  entièrement  la 
gemmule,  sans  aucune  espèce  de  fente  ni  de  fissure  laté- 
rale. Deuxième  exception  ;  3.°  que  les  deux  premières 
feuilles  de  la  gemmule  sont  opposées ,  ce  qui  n'a  lieu  dans 
aucune  monocotylédone.  Troisième  exception  ;  4-"  que  la 
radicule  du  Nélumbo  s'épanouit  en  deux  lobes  très-grands 
et  sépai'ables  ,  ce  qui  n'est  connu  dans  aucune  plante. 
Quatrième  exception  ;  5.°  que  les  organes  qui  rempliroient 
le  rôle  de  cotylédons  dans  les  Nymphaeacées  seroient  in- 
capables d'en  remplii-  les  fonctions  :  en  effets  les  cotylédons 
de  tous  les  végétaux  connus  ,  sont  ou  charnus ,  dépouj'vus 
de  stomates ,  et  doivent  être  considérés  comme  des  ma- 
gasins de  nourriture  préparée  d'avance  pour  la  jeune 
plante ,  ou  minces  foliacés  munis  de  stomates  et  sont  alors. 


DE   LA    FAMILLE    DES    NYMPHE ACÉES.  21 5 

susceptibles  de  préparer  l'aliinent  de  la  jeune  plante.  Dans 
l'hypothèse  que  je  combats,  le  cotylédon  des  Nymphaeacées 
seroit  membraneux ,  et  cependant  dépourvu  de  stomates , 
c'est-à-dire,  qu'il  ne  renfermeroit  point  de  nourriture,  et 
ne  pourroit  point  en  prépai-er.  Je  ne  dis  pas  que  cela  soit 
absolument  impossible,  mais  je  dois  noter  ce  tait  comme 
une  cinquième  et  grave  exception  aux  lois  connues. 

2.°  Les  opinions  des  nativralistes  qui  admettent  les  Nym- 
phaeacées parmi  les  dicotylédones  se  sousdivisent  en  deux  : 
savoir ,  celle  de  M.  Cori'ea  et  la  mienne  qui  paroît  con- 
forme à  celle  de  MM.  Poiteau  et  Mirbel. 

Dans  l'hypothèse  de  M.  Gorrea,  le  tégument  externe  des 
Nénufars  et  les  deux  grands  lobes  charnus  du  Nélumbo 
seroient  une  expansion  extraordinaire  de  la  radicule  ,  les 
deux  lobes  charnus  et  internes  des  Nénufars  seroient  les 
cotylédons  qui  manqueroient  dans  le  Nélumbo.  Cette  idée 
offre  déjà  beaucoup  moins  de  ditïicLdtés  que  la  précé- 
dente :  la  famille  des  Convolvulacées  nous  montre  déjà 
un  exemple  de  genres  voisins,  les  uns  munis,  les  autres 
dépourvus  de  cotylédons  ;  les  embryons  du  Pekéa  et  de 
plusieurs  autres  genres  offrent  déjà  des  exemples  de  ra- 
dicules très-grosses.  Mais  voici  cependant  quelques  consi- 
dérations qui  me  paroissent  dii'imentes  contre  cette  théorie  : 
i.°  à  l'exception  du  Lecytliis ,  nous  ne  connoissons  encore 
parmi  les  végétaux  vasculaires  que  des  plantes  dépour- 
vues de  feuilles  qui  manquent  de  cotylédons ,  et  il  fau- 
droit  admettre  que  le  Nélumbo  est  dans  ce  cas  insolite  ; 
2.°  nous  avons  bien  quelques  exemples  de  radicules 
épaisses,  mais  aucun  de  radicule  réfléchie  sur  elle-même 


2l6  SUR    I,BS    AFFINITÉS    NATURELLES 

de  manière  à  envelopper  partie  ou  totalité  de  l'embryon  ; 
3.°  Si  les  deux  lobes  charnus  du  JNélumbo  sont  des  ex- 
pansions de  la  radicule ,  pourquoi  y  a-t-il  à  leur  base  une 
memJjrane  comme  à  la  base  des  feuilles  ordinaires  de  la 
plante?  enfin,  si  le  tégument  des  Nénufars  est  1  analogue 
des  lobes  épais  du  INélumbo,  pourquoi  cette  même  mem- 
brane nVxiste-t-elIe  pas  à  sa  base? 

Toutes  ces  difficultés  me  paroissent,  je  l'avoue,  s'éva- 
nouir dans  la  manière  dont  je  considère  ces  parties  ;  j'ad- 
mets :  i.°  que  le  tégument  externe  des  Nénufars  est  un 
sac  propre  à  ces  plantes  et  dont  j'ignore  la  nature;  2.°  que 
les  deux  corps  charnus  et  opposés  sont  les  cotylédons  ; 
3.°  que  dans  le  Nélumbo  les  deux  corps  charnus  sont  les 
cotylédons ,  et  que  le  tégument  externe  ou  manque  ab- 
solument ou  plutôt  est  soudé  avec  les  cotylédons  ,  de  ma- 
nière à  se  rompre  en  deux  parties  avec  eux;  4-°  qu'enfin, 
dans  les  uns  et  dans  les  autres  la  radicule  est  réduite  à  un 
moignon  très -court  et  qui  ne  prend  aucun  développe- 
ment. Cette  hypothèse  a  seule,  parmi  toutes  celles  qui  ont 
été  proposées,  l'avantage  de  concilier,  dans  une  description 
commune,  les  structures  en  apparence  si  diverses  des  deux 
sections  des  Nymphaeacées ,  d  attribuer  l'usage  de  nourrir 
la  plante  à  des  organes  charnus  comme  le  grand  nombre 
des  vrais  cotylédons,  d'expliquer  l'opposition  de  ces  parties, 
et  la  position  de  la  membrane  stipulaire  située  à  leur  ai- 
selle  comme  à  l'aisselle  des  feuilles  ordinaires  de  ces  plantes. 
Elle  admet  cependant  quelques  exceptions  aux  lois  géné- 
rales :  i.°  l'existence  d'un  sac  particulier  autour  de  l'em- 
bryon des  Nymphaeacées.  Ce  sac  seroit  une  espèce  d'arille 


DE  LA   FAMILLE   DES   NYMPH^AcÉES.  21 7 

OU  de  pellicule  interne  qui  entoureroit  l'embryon  comme 
l'arille  ou  la  pellicule  entourent  la  graine  dans  certaines 
familles  :  il  ne  seroit  pas  plus  extraordinaire  qu'il  n'existât 
pas  dans  d'autres  familles ,  qu'il  ne  l'est  de  voir  l'arille  ou 
la  pellicule  envelopper  certaines  graines  et  manquer  abso- 
lument dans  d'autres.  Je  serois  assez  porté  à  penser  avec 
M.  Correa  que  ce  sac  est  une  expansion  insolite  de  la  ra- 
dicule, mais  comme  aucun  fait  à  moi  connu  n'a  prouvé 
cette  ingénieuse  hypothèse,  qui  est  d'ailleurs  étrangère  au 
fond  de  cette  discussion ,  je  désignerai  ce  sac  comme  un 
organe  particulier,  sous  le  nom  de  saccule  (sacculum), 
sans  rien  préjuger  sur  sa  nature.  L'idée  que  ce  saccule 
puisse  être  libre  dans  les  Nénufars  et  soudé  avec  les  coty- 
lédons dans  le  Nélumbo  n'est  pas  plus  extraordinaire  que 
la  soudure  des  cotylédons  entreux,  qu'on  atknel  cepen- 
dant sans  hésiter  dans  la  Capucine  et  dans  quelques  autres 
plantes ,  que  la  soudure  du  spermoderme  avec  le  péricarpe , 
ou  du  péricarpe  avec  le  calice  que  l'on  est  obligé  de  re- 
connoître  dans  près  de  la  moitié  du  règne  végétal; 

2.°  Le  non  -  développement  de  la  radicule  des  Nym- 
phaeacées  par  ses  extrémités  est  une  exception  à  la  struc- 
ture ordinaire  delà  plupart  des  végétaux;  mais  observons 
d'abord  que  cette  exception  est  admise  dans  toutes  les  hy- 
pothèses faites  sur  les  Nymphaeacées.  Remarquons  de  pLiS 
que  M.  Mirbel  l'a  expliqué  d  une  manière  très-ingénieuse, 
soit  par  la  comparaison  avec  la  structure  de  l'amande  or- 
dinaire, so;t  par  l'analogie  avec  les  faits  obtenus  par  voie 
expérimenta'e  par  MM.  Vastel,  Thouin,  Des  fontaines  et 
Labillardière   sur  des  graines  de  Courge.  J'ajouterai  que 

Mém.  de  la  Soc.  de  Phys.  et  d'il.  nat.  T.  1."  28 


21&  SUR    LES    AFFINITÉS    NATURELLES 

dans  bien  des  plantes  à  radicule  épaisse  cet  organe  prend 
très-peu  de  développement  et  donne  simplement  comme 
la  tige  elle-même  naissance  à  des  radicelles  ;  ces  radicelles 
dans  les  Nymphaeacées  naissent  au-dessus  des  cotylédons; 
mais  ce  phénomène  a  lieu,  quoique  plus  tard,  dans  presque 
toutes  les  plantes  rampantes,  et  surtout  dans  les  plantes 
aquatiques, 

3.°  L'inégalité  du  volume  comparatif  des  organes  que 
je  prends  pour  cotylédons  dans  les  deux  sections  de  la 
famille  sembleroit  encore  une  objection  contre  moi ,  mais 
c'est  au  contraire  une  confirmation  de  mon  opinion  ; 
car  cette  inégalité  se  trouve  d'accord  avec  l'absence  ou  la 
présence  de  l'albumen.  Dans  les  Nénufars  qui  ont  un  al-- 
bumen  les  cotylédons  sont  petits  :  dans  le  Nélunabo  oii 
l'albumen  manque,  les  cotylédons  sont  foft  grands.  D'ail- 
leurs on  trouve  des  diversités  bien  plus  grandes  entre  les 
genres  de  certaines  familles,  les  Légumineuses,  par  exemple, 
dont  personne  ne  contestera  la  coordination.  On  pourroit 
soupçonner  que  là  où  les  cotylédons  sont  enfermés  dans 
un  sac  comme  dans  les  Nénufars ,  ils  n'ont  pu  absorber 
toute  l'eau  de  l'amnios  ,  que  celui-ci  s'est  transformé  en 
albumen  et  que  les  cotylédons  sont  restés  très -petits. 
Tandis  qu'au  contraire ,  là  où  les  cotylédons  n'étoient  pas 
enveloppés  dans  un  sac  (ou  ce  qui  revient  presqu'au  même 
étoient  greffés  avec  lui),  ils  ont  pu  absorber  toute  leau  dç 
l'amnios  et  alors  il  n'y  a  point  eu  de  résidu  ou  d'albumen 
et  les  cotylédons  sont  devenus  fort  grands. 

Je  crois  donc  que  cette  hypothèse  est  celle  qui  admet 
dans  la  structure  des  Nymphaeacées  le  moins  d'exception 


\ 


DE    LA    FAMILLE   DES   NYMPH^ACÉES.  21  g 

aux  lois  générales  ,  qu'elle  est  la  seule  qui  rende  raison 
des  rapports  des  genres  entr'eux ,  et  nous  verrons  tout-à- 
l'heure  qu'elle  s'accorde  encore  avec  ce  que  nous  savons 
des  caractères  des  classes  et  des  familles  avec  lesquelles  les 
Nympliaeacées  ont  quelques  rapports  réels. 

Si  nous  examinons  les  caractères  communs  aux  dico- 
tylédones et  aux  monocotylédones  ,  nous  verrons  dans  la 
structure  des  Nymphaeacées  quelques  traits  propres  à  ré- 
soudre la  question  : 

i.°  Les  feuiUes  de  ces  plantes  avant  leur  développement 
ont  une  vernation  involutive,  c'est-à-dire  que  leurs  deux 
bords  sont  roulés  en-dessus  la  côte  moyenne  servant  d'axe  ; 
or ,  ce  mode  d'enroidement  n'a  été  encore  à  ma  connois- 
sance  observé  que  dans  des  dicotylédones,  et  quoique  je  ne 
veuille  pas  nier  qu'il  ne  fut  possible  dans  les  monocotylé- 
dones ,  il  faut  cependant  avouer  que  sous  ce  rapport  les 
Nymphaeacées  se  rapprochent  mieux  des  dicotylédones; 

2.°  Le  suc  de  la  tige  des  Nymphaeacées  est  d'après 
M.  Salisbury  un  peu  laiteux,  et  on  ne  connoît  point  de 
plantes  à  suc  laiteux  parmi  les  monocotylédones  ; 

3.°  Les  parties  de  la  fleur  des  Nymphaeacées  sont  toutes 
en  nombre  quaternaire  ou  quinaire  ;  savoir ,  quatre  ou 
cinq  sépales ,  plusieurs  rangées  de  pétales  et  d'étamines 
alternes  avec  les  sépales  et  alternes  entr'eux  et  toutes  com- 
posées de  quatre  ou  cinq  pièces.  Or,  les  nombres  quater- 
naires et  quinaires  sont  très-rares  dans  les  monocotylé- 
dones, et  très-fréquens  dans  les  dicotylédones; 

4.°  Le  nombre   total  des  tégumens  floraux   ne   passe 
jamais  dans  les  Monocutylcdones  6  ou  9 ,   c'est-à-dire 


220  SUR    LES    APPINITÉS    NATURELLES 

deux  OU  trois  rangées  de  trois ,  il  s'élève  beaucoup  plus 
haut  dans  un  grand  nombre  de  dicotylédones  ,  notam- 
ment dans  les  magnoliacées ,  les  renonculacées  ,  etc. ,  qui 
sous  ce  rapport  ressemblent  aux  Nénufars.  Ainsi ,  plusieurs 
traits  généraux  de  la  structure  des  Nymph^acées  ont  déjà 
plus  de  rapports  avec  les  dicotylédones  qu'avec  les  mo- 
nocotylédon es.  Cherchons  maintenant  à  les  compare i" 
avec  les  familles  qui  peuvent  offrir  quelqu'analogie;  mais 
pour  donner  plus  de  précision  à  cette  comparaison  ,  ex- 
posons d'abord  la  véritable  structure  de  la  Heur  des  Nym- 
ph^acées. 

Le  pédoncule  de  ces  plantes  est  constamment  solitaire, 
cylindrique,  dépourvu  de  bractées  et  terminé  par  une  seule 
fleur.  Le  réceptacle  ou  torus  de  cette  fleur  mérite  dabord 
notre  attention  ;  co  rccepiaule  est  très-grand ,  très-déve- 
loppé  dans  toutes  les  Nymphaeacées  et  porte  les  autres 
organes  d'une  manière  assez  singulière  ;  dans  le  ÎSélumbo 
le  torus  est  en  fonne  de  cône  renversé ,  à  sa  base  il  porte 
le  calice  les  pétales  et  les  étamines  assez  rapprochés  les 
les  uns  des  autres  ;  à  son  sommet  il  est  évasé  eiî  un  dis- 
que plane  dans  lequel  sont  nichés  de  douze  à  vingt  cair- 
pelles  distincts  les  uns  des  autres,  et  placés  dans  autant  de 
petites  alvéoles  du  torus.  Chaque  carpelle  ou  fruit  partiel 
se  termine  par  un  stile  très-court  et  un  stigmate  arrondi 
et  renferme  mie  graine  (  peut-être  originairement  deux  ) 
attachée  au  sommet  et  par  conséquent  pendante  dans  le 
péricarpe.  Cette  structure  semble  au  premier  coup-d'œil 
bien  différente  de  celle  des  Ménufors  Oti  Ion  a  coutucne 
de  dire  qu'il  ny  a  qu'un  ovaire  couronné  par  un  stije 
rayonnant  :  mais  elle  en  diffcre  peu  en  réahié. 


DE   LA    FAMILLE   DES   NYMPH.^ACEES.  221 

Dans  le  Nymphaea  blanc ,  on  trouve  le  torus  très-dé- 
veloppé,  qui  enveloppe  complètement  les  carpelles  au  lieu 
de  les  porter  dans  les  alvéoles  de  sa  surface.  C'est  ce  torus 
développé  qu'on  a  coutume  de  regarder  comme  l'ovaire  de 
la  fleur.  Ce  torus  porte  le  calice,  les  pétales  et  les  étamines 
comme  dans  le  iNélumbo,  mais  disposés  d'une  manière  un 
peu  différente  :  les  sépales  sont  comme  dans  le  Nélurabo 
à  la  base  du  torus.  Les  pétales  naissent  comme  dans  le 
Nélumbo  sur  le  torus,  alternes  avec  les  sépales,  mais  leur 
base  est  soudée  avec  le  torus,  de  manière  à  ce  que  leur 
limbe  ne  devient  libre  qu'à  une  certaine  distance  du  ca- 
lice :  il  en  est  de  même  des  filets  des  étamines  qui  sont 
aussi  soudés  avec  le  torus  et  ne  sont  libres  que  vers  le 
sommet.  Si  Ton  examine  la  structure  interne  de  cet  organe, 
on  y  trouve  un  certain  nombre  (ordinairement  seize)   de 
carpelles   membraneux  et  renfermant  plusieurs  graines  ; 
ces  carpelles,  qu'on  appelle  ordinairement  des  loges  sont 
disposées  en  rayonnant  autour  d'un  axe  idéal  et  central  ; 
ils  sont  composés  dune  membrane  très-mince  ,  continue 
dans  toute  son  étendue,  et  chaque  carpelle  est  séparable 
sans  déchirement  des  deux  qui  l'avoisinent  et  même  du 
torus  ;  c'est  ce  qu'on  voit  assez  facilement  lorsqu'on  exa- 
mine le  fruit  avant  sa  maturité  absolue,  car  à  la  maturité 
totale   toutes  les  parties  baignées  par   une  pulpe  gélati- 
neuse deviennent  impossibles  à  distinguer.  Gh.ique  car- 
pelle se  prolonge  à  son  sommet  en  un  stigmate  qui  sort 
par  la  sommité  du  sac  formé  par  le  torus  et  ces  sei/.e  sti- 
gmates en  s'épanouissant  à  la  surface  de  cet  organe,  res- 
tent plus  ou  moins  soudes  ensemble,  de  manière  à  former 


222  SUR   LES    AFFINITES    NATURELLES 

tin  plateau  rayonnant ,  semblable  à  celui  des  Pavots  et  com- 
posés d'autant  de  rayons  qu'il  y  a  de  carpelles  ou  de  pré- 
tendues loges  dans  le  fruit.  Je  ne  puis  pas  mieux  comparer 
le  fruit  du  Nymphtea  qu'à  l'orange  qui  est  connue  de  tout 
le  monde  ;  les  loculamens  ou  carpelles  du  Nymphaea  sont 
comme  dans  l'orange,  verticillés  autour  d'un  axe  commun , 
séparables  les  uns  des  autres  ,  formés  par  mie  membrane 
continue  et  indéhiscente,  enveloppés  en  entier  dans  vin 
tégument  particulier  et  prolongés  à  leur  sommet,  en  au- 
tant de  stiles  plus  ou  moins  soudés  ensemble.  Mais  dans 
l'orange  les  graines  sont  attachées  à  l'angle  interne  de  cha- 
que carpelle  ;  dans  le  Nymphaea,  ces  graines  adhèrent  à  la 
totalité  des  parois  latérales  de  chaque  carpelle.  Cette  at- 
tache latérale  des  graines  sur  la  face  entière  des  parois 
ne  se  retrouve  que  dans  les  Pavots ,  qui  comme  nous  le 
verrons  tout-à-l'heure ,  ont  les  plus  grands  rapports  avec 
les  Nénufars.  Avant  de  les  mentionner ,  disons  quelques 
mots  de  la  structure  des.  autres  genres  de  la  famille  des 
Nymphaeacées. 

Les  Nuphars  ou  les  Nénuphars  jaunes,  que  tous  les  bota- 
nistes s'accordent  aujourd  huià  considérer  comme  un  genre 
bien  distinct  des  blancs,  tiennent  le  miheu  entre  la  struc- 
ture du  Nélumboet  celle  du  Nymphaea:  le  torus  s'y  pro- 
longe comme  dans  le  Nymphaea,  de  manière  à  envelopper 
complètement  les  carpelles  qui  sont  polyspermes  et  par- 
faitement semblables  à  ceux  du  Ny,mpaea.  Mais  les  sé- 
pales ,  les  pétales  et  les  élamines  sont  attachés  à  la  base 
de  ce  torus  comme  dans  le  Nélumbo  et  ne  se  soudent 


DE    LA   FAMILLE   DES   NYMPHE ACÉES.  2  23 

point  avec  lui  dans  aucune  partie  de  leur  étendue.  Au 
contraire  ,  dans  le  quatrième  genre  de  la  famille ,  l'Eu- 
ryale ,  les  étamines  et  les  pétales  sont  comme  dans  le 
Nymphaea  soudés  a^'^ec  le  torus  dans  la  plus  grande  partie 
de  sa  longueur;  et  de  plus,  le  calice  lui-même  a  ses 
sépales  soudés  avec  ce  torus,  de  manière  qu'en  considérant 
le  fruit  dans  sa  totalité ,  on  a  eu  quelque  raison  de  dire 
qu'il  étoit  infère,  quoiqu'on  sache  bien  que  des  fruits  in- 
fères sont  en  général  impossibles  là  où  les  étamines  ne 
sont  pas  attachées  au  calice.  Cette  manière  de  décrire  les 
Nymphaeacées  étant  tout-à-fait  différente  de  celle  à  la- 
quelle on  est  accoutumé  ,  je  dois  la  justifier  par  quelques 
exemples  et  en  faire  sentir  la  justesse  et  les  avantages. 

Que  le  singulier  évasement  qui  porte  les  ovaires  du 
Nélumbo,  soit  le  réceptacle  de  la  fleur,  c'est  ce  dont  con- 
viennent aujourd'hui  tous  les  botanistes  et  notamment 
MM,  Salisbury,  Richard,  Mirbel,  Poiteau,  Turpin,  Sims, 
c'est-à-dire ,  tous  ceux  qui  ont  décrit  la  plante  ;  c'est  un 
organe  analogue  à  bien  des  égards  avec  la  partie  pulpeuse 
qui  porte  les  ovaires  des  Fraisiers  ;  mais  les  étamines  des 
Fraisiers  étant  attachées  au  calice  et  non  au  torus  ,  celui- 
ci  reste  beaucoup  plus  isolé;  on  trouvera  plus  d'analogie 
en  examinant  le  tubercule  épais  qui  dans  le  Cleome  gi- 
gantea  porte  au  centre  le  pistilet  sur  les  bords  les  étamines 
et  les  pétales, 

Maintenant ,  si  le  corps  en  cône  renversé  qui  porte  les 
ovaires  du  Nélumbo ,  au  lieu  d'être  plat  à  sa  surface  étoit 
en  forme  de  poche  concave ,  et  que  les  carpelles  y  fussent 
enveloppés  en  entier  sauf  Içurs  stigmates ,  nous  aurions 


224  StTR   LES    AFFINITES    NATURELLES 

exactement  la  structure  des  Nénuphars  jaunes.  Veut-on 
un  exemple  de  cette  structure ,  on  en  trouve  un  qui  ne 
me  paroît  pas  contestable  quoique  dans  une  famille  bien 
éloignée  de  celle-ci.  L'urcéole  qui  enveloppe  l'ovaire  des 
carex  est  de  même  un  prolongement  du  torus  ou  récep- 
tacle qui  entoure  et  cache  l'ovaire  :  cet  urcéole  des  carex 
est  ouvert  à  son  sommet  pour  donner  issue  à  un  stigmate, 
mais  il  me  paroît  certain  que  dans  les  Scléria  il  est  clos  et 
soudé  avec  la  graine ,  la  cupule  qui  entoure  la  base  de 
l'ovaire  des  conifères  et  notamment  de  1  If,  est  un  organe 
analogue  qui  est  assez  grand  dans  l'Ephédra  pour  enve- 
lopper l'ovaire  presqu'entièrement.  Dans  ces  familles  l'ur- 
céole n'enveloppe  qu'un  ovaire ,  mais  nous  pouvons  citer 
des  faits  plus  analogues  à  la  famille  qui  nous  occupe  parmi 
celles  où  se  trouvent  plusieurs  ovaires. 

Si  nous  examinons  les  Pivoines  en  herbe ,  nous  trou- 
verons leurs  ovaires  qui  sont  très-gros  et  au  nombre  de 
deux  à  cinq  entourés  à  leur  base  par  une  légère  protubé- 
rance du  torus  :  cette  protubérance  est  dentée  et  irrégu- 
lière. Dans  le  Pivoine  en  arbre  ou  le  Moutan ,  cette  pro- 
tubérance est  beaucoup  plus  saillante  et  embrasse  la  base 
des  ovaires  ;  il  existe  même  une  variété  de  cette  espèce  ou 
peut-être  une  espèce  voisine,  le  Pœonia  papaveracea 
d' Andrews,  dans  laquelle  l'expansion  du  disque  ou  l'ur- 
céole est  très  -  développé  et  enveloppe  complètement  les 
ovaires,  de  manière  à  ne  laisser  sortir  au-dehors  que  les 
stigmates.  Aussi  Andrews  a-t-il  décrit  son  espèce  comme 
ayant  un  ovaire  unique  et  divisé  intérieurement  en  plu- 
sieurs loges,  tandis  qu'il  est  évident  que  ce  sont  plusieurs 


M.PK.ee.H.nat.I.p.  22  4. 


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DE   LA   FAMILLE   DES   NYMPHE ACÉES.  225 

carpelles  enveloppés  dans  un  urcéole.  Or ,  c'est  préci- 
sément ce  qui  arrive  dans  les  Nénuphars.  M.  Robert 
Brown  qui  a  le  premier  fait  sur  la  Pœonia  papaveracea 
l'obsei-vation  piquante  que  je  viens  de  rapporter  ,  a  vu 
une  fois  l'une  des  dents  de  l'urcéole  de  la  Pœonia  moutan 
porter  une  anthère  et  semble  disposé  à  croire  que  cet  ur- 
céole est  par  sa  nature  analogue  aux  filets  des  étamines  : 
je  suis  loin  d'attaquer  cette  opinion  qui  s'accorde  avec  un 
grand  nombre  de  faits  ,  mais  sans  rien  préjuger  sur  la 
nature  de  cet  organe,  je  me  borne  à  affirmer  qu'il  ne  fait 
pas  partie  essentielle  du  fruit  proprement  dit ,  mais  que 
les  carpelles  soit  solitaires  ,  soit  multiples  peuvent  être 
dans  certains  cas  enveloppés  en  tout  ou  en  partie  par  une 
expansion  du  torus. 

11  suit  de  là  :  i.°  qu'il  est  des  fruits  en  apparence  uniques 
et  multiloculaires  qui  sont  en  réalité  composés  de  plu- 
sieurs carpelles  enfermés  dans  un  urcéole ,  tels  sont  ceux 
de  Nymphaeacées,  et  de  quelques  Pivoines. 

2..°  Que  lorsque  cet  urcéole  existe ,  il  peut  ne  porter  les 
parties  de  la  fleur  qu'à  sa  base,  ou  bien  celles-ci  peuvent 
être  soudées  plus  ou  moins  complètement  avec  lui  de  ma- 
nière à  former,  ou  ce  qu'on  a  appelé  l'insertion  pleurogi- 
tique  des  étamines  du  Nymphaea  blanc  ,  ou  le  fruit  infère 
de  l'Euryale.  Je  pense  maintenant  que  c'est  de  cette  ma- 
nière qu'il  faut  considérer  la  structure  de  l'Eupomatia  et 
que  ce  genre  ,  ainsi  que  M.  Robert  Brown  lavoit  indiqué , 
rentre  sous  ce  rapport  dans  les  Anonacées  précisément 
comme  l'Euryale  dans  les  Nymphaeacées.  Je  suis  même 
porté  à  croire  qu'il  existe  quelque  chose  d'analogue  dans 
Mém.  de  la  Soc.  de  Phys,  et  d'H,  nat,  T.  I."  29 


â26  SUB    LES   AFFINITÉS    NATUREM/ES 

certaines  Magnoliacées ,  et  que  l'enveloppe  externe  et  ir- 
régulièrement déhiscente,  si  bien  observée  par  M.  Richard, 
dans  le  fruit  du  Talauma,  n'est  peut-être  autre  chose  qu'une 
expansion  du  disqu«  qui  dans  cette  famille  ,  comme  dans 
les  Nymphaeacées  porte  les  sépales  ,  les  pétales  ,  les  éta- 
mines  et  embrasse  plus  ou  moins  les  ovaires. 

Ces  considérations  sur  la  structure  réelle  des  fruits  m'en- 
traîneroient  beaucoup  au-delà  des  bornes  de  ce  Mémoire,  et 
je  reviens  à  l'examen  des  rapports  des  Nymphajacces  avec 
les  familles  qu'on  leur  a  comparées. 

LevS  Nymphaeacées  ayant  en  réalité  plusieurs  ovaires» 
il  faut  les  mettre  en  parallèle  avec  les  familles  où  l'on 
renc(Mître  cette  structure.  Nous  trouvons  d'abord  parmi 
les  monocotylédoncs  les  Alismacées ,  qui  seules  dans  toute 
l«i  classe  ont  des  ovaires  nombreux.  Mais  les  étamines  y 
sont  périgynes  et  non  hypogyntes ,  de  sorte  que  loi-s-même 
qu'on  supposeroit  les  Nymphaeacées  monocotylédoncs ,  on 
auroit  bien  de  la  peine  à  les  en  rapprocher.  Quant  aux 
Hydrocharidées  ,  elles  s'écartent  des  Nymphaeacées  par 
l'unité  de  leur  ovaire ,  l'adhérence  du  calice  avec  lui .  la 
position  périgyne  des  étamines  ,   etc.  . 

Si  au  contraire  »  nous  cherchons  la  place  des  Nym- 
phaeacées supposées  dicotylédones ,  nous  arriverons  à  des 
résultats  beaucoup  plus  satisfaisans;  ces  plantes  sont  évi- 
demment de  la  classe  des  Tiialamiflores  (  Polypétales  hy- 
pogynes  de  Jussieu),  et  se  placent  assez  bien  entre  la 
première  et  la  seconde  des  cohortes  que  j  ai  proposées  à 
la  page  I25  du  i."  volume  du  Sysiema  vegetabilium , 
Qu  en  d'autres  termes  entre  les  Renonculacées  et  les  Pa- 


t 


DE   LA   FAMILLE   DES   NYMPH^ACÉES.  Say 

pavéracées,  non  loin  des  Magnoliacées ,  des    Anoûacées, 
et  même  des  Berbéridées. 

Si  nous  comparons  la  structure  des  Nénufars  avec  celles 
des  Pivoines  herbacées ,  nous  y  trouverons  des  rapports 
sensibles.  Dans  l'un  et  l'autre  genre,  un  tronc  charnu,' 
épais ,  horizontal  ou  obhque  donne  naissance  en-dessous 
à  des  fibres  radicales,  en-dessus  aux  parties  ascendantes:" 
les  pétioles  des  feuilles  se  dilatent  à  leur  base  en  larges 
membranes  ;  les  fleurs  sont  grandes ,  le  calice  est  persis- 
tant à  sépales  souvent  colorés  en  dedans  ;  les  pétales  sont 
alternes  avec  les  sépales  :  les  étamines  en  grand  nombre 
attachées  à  la  base  du  torus  ;  celui-ci  se  proloi^  dans  les 
Pavots  ,  comme  dans  les  Nénufars ,  de  manière  à 
envelopper  en  entier  les  ovaires  dont  les  stigmates  seuls 
sont  visibles  au-dehors.  Mais  dans  les  Pivoines,  comme 
dans  toutes  les  Renonculacées  les  graines  sont  attac^li)('es 
dans  chaque  carpelle  au  bord  de  la  suture ,  et  par  con- 
séquent à  l'angle  intérieur ,  d'oii  résulte  que  quand  ils 
viennent  à  se  souder  pour  former  un  fruit  unique  comme 
dans  les  Nigelles  les  graines  sont  attachées  à  l'angle  in- 
terne de  chaque  loge.  Dans  les  Nénufars ,  au  contraire , 
les  graines  sont  attachées  sur  les  disques  latéraux  des  car- 
pelles ,  de  sorte  que  lorsque  ceux-ci  sont  soudés,  les 
graines  paroissent  fixées  aux  cioisons  des  loges  du  fruit  et 
non  au  centre. 

Ce  dernier  caractère  est  commun  aux  Nénufars  et  àiix 
Pavots ,  et  si  nous  comparons  la  structure  dii  Nénufal- 
jaune ,  par  exemple ,  avec  celle  du  Pavot ,  nous  y  trou- 
verons des  rapports  très-renaarquables  :  ces  rapports  Oirt 


3  28  SUR    LES    AFFINITÉS   NATURELLES 

de  tout  temps  frappé  les  yeux.  Dioscoride  dit  déjà  que  le 
fruit  du  Nénufar  ressemble  à  celui  du  Pavot,  et  le  nom  de 
Papaver  palustre  ,  que  les  premiers  botanistes  ,  à  la 
renaissance  des  lettres  donnoient,  aux  Nénufars  peint 
aesez  bien  ces  végétaux.  On  trouve  dans  une  fleur  de 
Pavot  un  nombre  de  sépales  et  de  pétales  sous-multiple  de 
celui  des  Nymphaea  et  un  grand  nombre  d'étamines  in- 
sérées comme  dans  les  Nénufars  sur  le  torus  ou  sur  la 
base  de  l'ovaire.  Le  fruit  des  Pavots  est  composé  de  plu- 
sieurs carpelles  disposés  en  rayonnant  autour  d'un  axe 
fictif.  Ces  carpelles  ressemblent  à  ceux  des  Nénufars,  en 
ce  qu'ils  portent  leurs  graines  sur  leurs  faces  latérales  et 
sur  le  disque  entier  de  ces  deux  faces;  caractère  qui  dans 
le  règne  végétal  ne  se  retrouve  que  dans  ces  deux  genres. 
Mais  dans  le  Pavot  les  carpelles  sont  pour  ainsi  dire  in- 
complets, c'est-à-dire  que  leurs  pai'ois  latérales  ne  se  prolon- 
gent pas  jusqu'au  centre  du  fruit  :  ces  carpelles  sont  chez 
l'un  et  l'autre  genre  assez  enveloppés  dans  un  prolongement 
du  torus  qui  est  soudé  avec  leur  face  externe  et  les  re~ 
CQuvre  en  entier  sauf  les  stigmates  :  ceux-ci  naissent  de 
chaque  carpelle  et  se  soudent  ensemble  en  un  disque 
rayonnant  qui  couronne  le  fruit  ;  si  l'on  doute  de  la  pré- 
sence du  torus  autour  du  fruit  des  Pavots,  il  est  aisé  de  s'en 
convaincre  en  jetant  les  yeux  sur  une  tête  de  Pavot  à  l'époque 
de  la  maturité  j  on  y  voit  les  petites  valves  des  carpelles 
qui  s'ouvrent  en  dehors,  mais  qui  sont  retenues  et  comme 
bridées  par  un  enveloppe  générale  qui  est  évidemment  con- 
tinue avec  la  portion  du  torus  à  laquelle  les  étamines 
sont  insérées.  Le  fruit  du  Nénufar  jaune  est  donc  en  réa;* 


DK   LA   FAMILLE   DES    NYMPH^ACÉES.  229 

lité  plus  voisin  de  celui  du  Pavot  qu'il  ne  l'est  du  Né- 
lumbo  et  peut-être  que  le  Pavot  ne  l'est  des  Chélidoines  : 
essayons  cependant  de  montrer  comment  cette  structure 
du  Pavot  se  concilie  avec  celle  des  autres  Papavéracées. 

Chaque  carpelle  de  Pavot,  quoique  continu,  peut  être  con- 
sidéré comme  composé  de  trois  pièces  séparables  à  la  maturi- 
té, deux  latérales  qui  portent  les  graines  à  leur  face  interne, 
et  une  troisième  dorsale  qui  ne  porte  point  de  graines.  Ces 
carpelles  sont  tous  disposés  autour  d'un  axe  fictif  et  enve- 
loppés dans  la  membrane   qui  est    le  prolongement  du 
torus  :  les  parois  latérales  des  deux  carpelles  voisins  sont 
soudés  ensemble  par  leur  face  externe ,  de  manière  à  former 
ce  qu'on  appelle  une  cloison  incomplète  ,  partant  du  bord 
pour  atteindre  le  centre.  La  valve  dorsale  se  refléchit  à  la 
maturité  par  son  sommet ,  mais  comme  elle  est  retenue 
en  place  par  la  membrane  du  torus  ,  elle  ne  peut  s'ouvrir 
que  très- légèrement  ;  dans  le  Méconopsis  et  l'Argémone 
on  retrouve  la  même  structure  des   carpelles ,  avec  cette 
seule  différence  que  le  torus  ne  se  prolonge  pas  sur  eux , 
ou  s'y  prolonge  en  membrane   extraordinairement  fine , 
de  sorte  que  les  valves  dorsales  peuvent  s'ouvrir  beaucoup 
plus  complètement.   Une  seconde  différence  est  sensible 
entre  les  fruits  du  Pavot  et  ceux  des  autres  Papavéracées. 
Dans  le  INénufar ,  les  bords  latéraux  des  carpelles  se  pro- 
longent jusqu'au  centre  du  fruit;  dans  les  Pavots  ils  s'ar- 
rêtent avant  le  centre ,  de  manière  que  chaque  carpelle 
est  béant  du  coté  interne  ;  dans  le  Méconopsis  les  valves 
latérales  sont  encore  plus  courtes ,   mais  portent  toujours 
les  graines  :  dans  l'Argémone  elles  sont  tellement  courtes 


2JO  SUR    LES    AFFINITES   NATURELLES 

qu'à  peine  on  peut  les  reconnoître ,  mais  elles  portent  ton- 
]jurs  les  graines  de  la  même  manière  ,  c'est-à-dire  sur 
deux  rangées,  l'une  d'un  côté,  l'autre  de  l'autre.  Ce  sont 
ce  qu'on  y  appelle  les  sutures  ou  placentas  interval- 
vulaires ,  ces  sortes  de  nervures  représentent  donc  réelle- 
ment les  valves  latérales  des  carpelles  du  Pavot  et  comme 
elles,  se  prolongent  au  sommet  pour  former  les  stigmates. 
Telle  est  la  modification  qui  explique  comment  les  fruits 
en  apparence  si  disparates  du  Pavot  et  de  la  Chélidoine 
appartiennent  à  la  même  structm'e.  Une  troisième  diffé- 
rence se  trouve  encore  entre  les  fruits  des  Papavéracées  ,■ 
mais  elle  est  purement  numérique.  Dans  les  Pavots  ort" 
trouve  de  quatre  à  vingt  carpelles  disposés  autour  de  l'axe 
fictif,  il  n'y  en  a  que  quatre  à  sept  dans  le  Méconopsis  et 
l'Argémone,  trois  à  quatre  dans  le  Rœmeria,  deux  dans  les 
Chélidoines  et  le  Glaucium ,  et  de  là  dans  les  Corydalis  , 
les  Crucifères  et  les  Cléomés,  Ces  dégradations  de  forme 
se  confirment  toutes  les  unes  par  les  autres  et  me  semblent 
montrer  de  la  manière  la  plus  évidente  les  vrais  rapports 
des  Papavéracées  entr  elles  et  de  celles-ci  d'un  côté  av-ec 
les  Crucifères ,  de  l'auti'e  avec  les  Nymphaeacées  :  je  re- 
viens à  ces  dernièi'es ,-  quelques  traits  particuliers  de  leur 
structure  se  retrouvent  encore  dans  quelques  Papavéracées. 
anomales ,  ainsi ,  la  Sanguinaria  a  comme  l«s  Nénufars 
une  tige  épaisse  souterraine  qui  émet  en-dessous  des  ra- 
dicules ,  en-dessus  des  feuilles  radicales  pétiolées,  des  pé- 
doncules nus  et  uniflores ,  et  ses  pétales  sont  disposés  siur 
plusieurs  rangées  successives  comme  dans  les  Nénufars. 
La  Bocconia  a  comme  les  Nympbaea  la  graine  enveloppé* 


l 


DE   LA   FAMILLE   DES   NYMPH.EACÉES.  201 

dans  une  espèce  d'arille  pulpeux.  Enfin,  toutes  les  Pa- 
véracées  ont  le  suc  propre  laiteux  ,  et  M.  Salishury  a  fait 
la  même  observation  sur  les  tiges  des  INymphseacces. 

Les  difïérences  de  ces  deux  familles  sont  donc  si  légères 
qu'on  peut  les  réduire  à  ceci  :  i.". les  sépales  du  calice  sont 
articulés  sur  la  tige  et  par  conséquent  facilement  caducs 
dans  les  Papavéracées  ils  sont  continus  avec  le  pédoncule 
et  par  conséquent  ordinairement  persistants  dans  lesNym- 
phaeacées;  2.°  ces  sépales  sont  au  nombre  de  deux  seulement 
dans  les  Papavéracées ,  de  quatre  et  rarement  cinq  dans 
les  Nymphaeacées ,  mais  observons  que  les  autres  rapports 
des  Papavéracées  sont  avec  des  familles  qui  ont  quatre 
sépales,  et  que  les  différences  numériques  des  sépales  sont 
ici  d'accord  dans  celles  des  pétales  ;  3.°  les  anthères  des 
Nymphaeacées  sont  adnées  aux  filarfîens  par  leur  face  ex- 
terne, celles  des  Papavéracées  sont  attachées  par  leur  base  ; 
4.°  les  fruits  desNymphaeacées  sont  réellement  indéliiscens, 
c'est-à-dire  qu'ils  ne  s'ouvrent  que  par  la  destruction  plus 
ou  moins  irrégulière  de  leur  tissu;  ceux  des  Papavéracées 
Couvrent  toujours  spontanément  quoique  souvent  d'une 
manière  peu  prononcée  ;  5.°  l'albumen  des  Papavéracées 
est  huileux,  celui  des  Nymphaeacées  est  farineux  et  manque 
quelquefois  ;  6.°  l'embryon  des  Nymphaeacées  est  revêtu 
d'un  sac  particulier  qui  manque  dans  les  Papavéracées. 
Ces  différences  sont  si  légères  et  si  faciles  à  concilier  par 
les  lois  de  l'anatomie  qu'il  est  peu  de  familles  voisines  qui 
n'en  offrent  de  semblables.  Mais  il  ne  suffit  pas  d'avoir  in- 
diqué les  rapports  intimes  des  Nymphaeacées  avec  les  Pa- 
vots et  les  Pivoines ,  il  faut  montrer  encore  que  cette  fa- 


232  SUR   LES   AFFINITÉS    NATURELLES 

mille  offre  des  rapports  avec  celles  qui  appartiennent  ù 
la  cohorte  des  Thalamiflores  à  plusieurs  carpelles. 

Les  Magnoliacées  ont  sans  doute  un  port  fort  différent 
des  Nymphaeacées ,  cependant  elles  s'en  approchent ,  soit 
par  les  membranes  stipulaires  situées  à  la  base  de  leurs 
feuilles  ,  soit  par  le  nombre  de  leurs  pétales  et  l'apparence 
de  leurs  fleurs,  soit  par  leurs  anthères  adnées  aux  fila- 
mens,  soit  surtout  par  l'insertion  des  pétales  et  des  éta- 
mines  sur  la  base  du  fruit  ,•  ce  dernier  caractère  se 
trouve  aussi  dans  les  Anonacées ,  dans  les  Renonculacées 
et  est  plus  ou  moins  sensible  dans  toutes  les  familles'  de 
cette  cohorte.  C'est  ce  qui  montre  que  ces  familles  sont 
parmi  les  Polypétales  celles  qui  sont  les  plus  loin  d'être 
périgynes  et  ce  qui  a  motivé  l'ordre  que  j'ai  admis  dans  le 
Systema  vegetabiliUfn.  Observons  ici  en  passant  que  l'es- 
pèce de  support  si  remarquable  dans  les  Capparidées  qui 
soutient  l'ovaire  et  porte  cependant  à  sa  base  les  étamines 
et  les  pétales  se  retrouve  quoique  plus  court  dans  le  Pavot, 
le  Nénupliar  jaune  et  même  dans  le  Néliunbo,  les  Renon- 
culacées ,  les  Magnoliacées.  Mais  ajoutons  qu'il  ne  faut 
pas  confondre  comme  on  l'a  toujours  fait  le  torus  et  le 
thécaphore  des  Capparidées.  Ces  deux  organes  sont  très- 
distincts  ,  notamment  dans  les  Cléomès.  Ce  torus  porte 
latéralement  les  pétales  et  les  étamines  et  de  son  sommet 
s'élève  un  thécaphore,  c'est-à-dire  un  support  ou  pédicelle 
spécial  qui  soutient  l'ovaire.  Quand  le  torus  est  très-court 
ou  de  forme  globuleuse  ,  la  distinction  de  ces  deux  or- 
ganes est  très-claire.  Quand' le  torus  est  c}lindrique  ou 
allongé  elle  est  plus  difficile ,  et  on  a  dit  alors  très-inexac- 
ment  que  les  étamines  étoient  gynandi'iques, 


l 


DE    liA    FAMILLE    DF.S    NYMPH^ACEES.  t5S 

Les  rapports  des  INymphéacées  avec  les  Berbéridées  sont 
cerlaineiTierit  beaucoup  moins  intimes  qu'avec  les  Pavots , 
mais  ils  existent  cependant  :  pour  les  faire  comprendre 
il  seia  nécessaire  que  j'entre  dans  quelques  détails  sur  les 
Berbéridées  elles-mêmes. 

Les  Berbéridées  diffèrent  de  toutes  les  Thalamiflores 
par  la  manière  bizarre  dont  leurs  anthères  s'ouvrent  au 
moyen  d'une  valve  qui  se  détache  de  la  base  au  sommet, 
mais  d  ailleurs  ces  anthères  sont  adnées  et  à  deux  loges 
comme  dans  les  Magnoliacées  et  les  Nymphaeacées.  Le  ca- 
lice y  est  formé  par  deux  rangées  de  sépales  ,  chaque 
rangée  se  compose  de  deux  à  trois  pièces.  Les  pétales  sont 
en  même  nombre  que  les  sépales  et  placés  devant  eux , 
et  les  étamines  devant  les  pétales.  Comme  ce  double  ca- 
ractère est  au  nombre  des  plus  importans  et  qu'il  ne  se 
retrouve  que  dans  les  Ménispermées ,  on  a  placé  les  Ber- 
béridées à  côté  délies,  et  tous  les  botanistes  ont  à  cet  égard 
comme  à  tant  d'autres  adopté  le  jugement  de  M.  de  Jussieu. 
Ce  rapport  est  confirmé  par  ceux  déduits  de  la  structure 
des  graines  ,  de  la  position  des  feuilles ,  du  nombre  ter- 
naire ou  quaternaire  ,  mais  jamais  quinaire  des  pièces 
florales  dans  les  deux  familles.  Les  carpelles  paroissent 
dans  l'une  et  dans  l'autre  essentiellement  multiples,  mais 
comme  dans  toutes  le»  familles  voisines  ils  peuvent  être 
réduits  à  1  unité  de  deux  manières  :  i.°  ils  peuvent  être 
soudés  ensemble,  c'est  ce  qui  a  lieu  chez  les  Renoncu- 
lacées  dans  le  ISigel'.a,  chez  les  Dilk'niacées  dans  le  Dil- 
lénia,  chez  les  Anonacées  d;tns  TAnona ,  chez  les  Ménis- 
permées,  dans  le  Lardizaitijla  et  le  Burasaia,  chez  les  Ber- 
Mém.  de  la  Soc.  dePliya,  etJH.  nul.  T.  1."  3o 


254  SUR    LES    AFFINITÉS    NATURELLES 

béridées  peut-être  dans  le  Mahonia ,  chez  les  Nymphaeacées 
dans  le  Nyinphjea  et  le  Nutar,  enfin  ,  chez  toutes  les  Papa- 
véracées;  2.  '  ils  peuvent  être  réduits  à  l'unité  par  lavorte- 
ment  plus  ou  moins  constant  de  quelques-uns  d'eutr  eux 
et  alors  les  graines  se  trouvent  attachces  dune  manière 
excentrique  et  sans  symétrie,  c'est  ce  qui  a  lieu  parmi  les 
Renonculacées  dans  les  Consolida  «t  les  Actaea,  parmi 
les  Dilléniacées  dans  le  Delima,  le  Doliocarpus  et  le  Da- 
villa ,  parmi  les  Magnoliacées  clans  le  Tasmannia,  parmi 
les  Anonacées  peut-être  dans  le  Monodora  ,  parmi  les 
Ménispermées  dans  le  Cissampelos,  parmi  les  Berbéridées 
dans  le  Berberis ,  le  Nandina ,  le  Léontice ,  le  Caulo- 
phyllum,  TEpimedium  et  le  Diphylleia  ,  c'est-à-dire,  dans 
presque  toutes.  Cet  accident  paroît,  au  contraire  ,  n'avoir 
jamais  lieu  ni  dans  les  iVymphaeacées  ,  ni  dans  les  Papa- 
véracées  connues  ,  quoique  parmi  ces  dernières  le  Bocco- 
nia  paroisse  en  être  très- près. 

Quant  aux  rapports  des  Berbéi-idées  avec  les  Papavé- 
racées  ,  rapports  qu'Adanson  a  indiqués  le  premier,  il  faut 
d'abord  ne  pas  seulejnent  avoir  devant  les  yeux  le  genre 
Berberis ,  mais  du  Berberis  qui,  comme  Linné  l'a  le  premier 
démontré ,  a  les  véi'itables  feuilles  avortées  et  changées 
en  épines  rameuses ,  nous  passons  au  Mahonia  qui  a  les 
feuilles  développées  et  ailées,  de  là  au  Nandina  qui  est 
encore  ligneux  ,  puis  nous  descendons  aux  genres  her- 
bacés, le  Léontice,  le  Caulophyllum ,  l'Epimedimn  et  sur- 
tout le  Diphylleia.  Ces  derniers  ont  des  rapports  si  frap- 
pans  avec  le  Sanguinaria  et  la  plupart  des  Papavéracées 
et  dçs  f  umariacées  quil  est  impossible  de  les  méconnoitre. 


DR    I.A    FAMILLE   DES    NYMPH^ACÉfS.  255 

Ces  deux  familles  ont  en  commun  des  sépales  caducs  en 
nombre  déterminé ,  des  graines  attachées  latéralement  et 
munies  d'albumen  et  une  insertion  analogue  dans  toutes 
les  parties  de  la  fleur. 

Mais  leurs  rapports  sont  bien  plus  intimes  soit  avec  les 
Papavéracées ,  soit  avec  les  Nymphaeacées  lorsqu'on  fait 
intervenir  le  grouppe  encore  peu  nombreux  et  mal  connu 
des  Podopliyllées.  Je  réunis  sous  ce  nom  quatre  genres 
qui  peut-être  un  jour  formeront  deux  familles ,  mais  qui 
ne  peuvent  s'écarter  beaucoup  les  uns  des  autres;  savoir, 
Podophyllum  et  Jeffersonia  qui  forment  une  première  tribu 
voisine  des  Berbéridées  herbacées,  Nectris  et  Hydropeltis» 
qui  en  forment  une  seconde  voisine  des  Nymphaeacées. 

Que  le  Podophyllum  et  le  Jeffersonia  soient  voisins» 
des  Berbéridées  herbacées  ;  c'est ,  je  crois  ,  ce  qui  sera  peu 
contesté  ,  car  à  l'exception  de  la  déhiscence  des  anthères 
on  auroit  bien  de  la  peine  à  établir  quelque  différence 
essentielle  entr'eux  et  le  Diphylleia  qui  a  les  feuilles  pel- 
tées  comme  le  Podophyllum ,  divisées  en  deux  lobes  par 
une  fissure  moyenne  comme  le  Jeffersojiia  ;  le  Podo- 
phyllum a  les  parties  de  la  fleur  en  ordre  ternaire  comme 
le  Diphylleia,  le  Jeffersonia  en  ordre  quaternaire  comme 
l'EpimediiuTi.  Le  premier  a  le  fruit  charnu  ,  solitaire  et 
des  graines  attachées  à  un  placenta  latéral  comme  le  Di- 
phylleia ,  le  second  a  un  fruit  capsulaire ,  solitaire  et  des 
graines  latérales  comme  l'Epimedium.  Dans  l'un  et  l'autre 
le  nombre  des  pétales  est  double  de  celui  des  sépales  , 
comme  dans  les  Berbéridées  ;  et  celui  des  étamines  est  ou 
comme  dans  les  Berbéridées  égal  aux  pétales,  et  alors  elles 


256  SUR    LES    ArFTNITÉs    NATI'HELLrs 

sont  placées  devant  eux  ou  comme  dans  les  Nymphae.icces 
muihpie  des  péuiies  et  sur  plusieurs  rangs.  11  seroit  en 
dtiiuUit  beaucoup  plus  facile  de  réunir  le  Po:.iop!iyllum 
et  le  Jedersonia  aux  iierbéridées  ,  comme  section  distincte 
par  les  anthères,   que  de  les  en  éloigner  tout- à-fait. 

Quant  aux  rapports  des  liydropeitidées  a^ec  les  Nym- 
phaeacées ,  ils  ont  été  sentis  pojr  la  première  fois  par  un 
botaniste  de  l'ordie  le  plus  élevé,  célèbre  par  ses  coanois- 
sances  et  dont  on  admire  toujours  la  sagacité.  M.  Richard 
montre  que  dans  l'IIydropeltis  et  le  iNectris  l'embryon  est, 
comme  dans  les  Néuufars,  situé  à  la  base  et  en  dehors  de 
1  albumen;  il  trouve  de  grands  rapports  dans  la  forme  de 
ces  embryons  qu'il  regarde  comme  très-analogues.  Ayant 
considéré  les  Nymphéa  comme  monocotylédones ,  il  est 
entraîné  à  mettre  ceux-ci  dans  la  même  classe,  mais  si, 
comme  je  crois  l'avoir  prouvé ,  les  INympha^acées  soiit  di- 
cotylédones ,  les  mêmes  raisonnemens  le  prouvent  pour 
les  Hydropeltées.  Il  y  a  même ,  quant  à  celles-ci ,  un  ar- 
gument de  plus,  c'est  que  le  Nectris  a  les  feuilles  infé- 
rieures opposées  ,  ce  qui  n'a  jamais  lieu  dans  les  monoco- 
tylédones. Je  rappellerai  ici  lobservatiun  ,  capitale  à  mon 
avis ,  que  j'ai  faite  en  un  seul  mot  dans  la  théorie  élémen- 
taire, cest  que  la  vraie  différence  des  deux  grandes  classes 
du  Règne  végétal  n'est  pas  dans  le  nombre  des  cotylédons 
qui  est  variable,  mais  dans  leur  position  qui  est  constante; 
ainsi ,  on  trouve  souvent  trois  cotylédons  dans  les  Renon- 
cules ,  les  Haricots ,  et  un  plus  grand  nombre  dans  les 
Pins  et  les  Sapins ,  mais  ce  qui  ne  manque  jamais  dans 
les  £xo°  ènes ,  c'est  (jue  les  cotylédons  ,  c'eat-ù-dire ,  les 


DE    LA    FAMILLE    DES    NYMPH^ACÉES.  237 

premières  feuilles  de  la  plante   sont  opposées  ou  verticil- 
lées:  tantôt  ces  feuilles  retenues  cormne  l'a  dit  M.  Mirbel, 
par  une  espèce  de  bride  ,  restent  toutes  dans  la  même  po- 
sition. Tantôt  elles  en  dévient  peu-à-peu  :  les  premières 
paires  qui  suivent  sont  souvent  encore  opposées ,  peu-à- 
peu  lune  d'elles  croit  au-dessus  de  l'autre  et  elles  devien- 
nent ce  qu'on  appelle  très-mal  à  propos  éparses,  et  ce  que 
Bonnet  a  mieux  désigné  sous  le  nom  de  feuilles  en  quin- 
conce ,  parce  qu'elles  sont  disposées  en  spires  composées 
de  cinq,  c'est-à-dire  que  la  sixième  recouvre  la  première, 
la  septième,  la  seconde,  etc.  Toutes  les  feuilles  des  Exo- 
gènes sont  donc  primitivement  opposées  ou  verticUlées , 
c'est-à-dire  disposées  sur  un  même  plan  horizontal ,  mais 
elles  peuvent  dévier    de  cette  position  pour  former  des 
spires  plus  ou  moins  alongées.  Linverse  a  lieu  dans  les 
Monocotylédon  es  ou  Endogènes  ;  leurs  cotylédons  ,  c'est- 
à-dire  leurs  premières  feuilles  sont  alternes ,  on  en  trouve 
un  dans  le  plus  grand  nombre,  deux  dans  le  Cycas,  peut- 
être  trois,  quatre  ou  cinq  dans  les  graminées,  mais  jamais 
il  n'y  en  a  qu'un  dans  chaque  plan  horizontal  ;  c'est  dans 
ce  sens  que  le  terme  de  monocotylédone  peut  être  con- 
servé. Ces  cotylédons  ou  premières  feuilles  forment  donc 
à  la  base  des  tiges  ,   tantôt  des  rangées  disposées  alterna- 
tivement d  un  et  d  autre  côté  d'oi^i  proviennent  les  feuilles 
distiches  si  communes  dans  cette  classe,  tantôt  des  spires 
plus  ou  moins  prolongées  d  où  proviennent  les  feuilles  en 
spirales  simples  ou  multiples  qu'on  y  observe  si  fréquem- 
ment ;  lorsque  les  feuilies  alternes  sont  très -rapprochées 
deux  à  deux,  elles  simulent  des  feuilles  opposées  ,  et  c'est 


238  SUR    r.ES    AFFfNITÉS    NATURET-LES 

ce  qui  a  lieu  dans  les  glumes  des  Graminées,  et  j<r  croi» 
dans  les  feuilles  du  liox/iu/gk/a  glorionoides  ;  lorsque  les 
feuilles  en  spirale  sont  très-rapprochées  eatr  elles ,  elles  si- 
mulent  des  feuilles  verticillées ,  c'est  ce  qui  a  lieu  dans 
les  Fritillaires ,  dans  le  Convallaria  verticilUila,  etc.  Ainsi, 
lorsque  dans  une  plante  on  trouve  les  feuilles  d'en  bas  al- 
ternes et  celles  du  haut  opposées ,  ce  peut  être  une  mo- 
nocotylcdone  lorsque  c'est  l'inverse  comme  dans  le  Nectris, 
c'est  une  dicotylédone.  Je  reviens  aux  Hydropeltées  et  à 
leurs  rapports  avec  les  Nymphaeacées. 

L'IIydropeltis  a  trois  ou  quatre  sépales  ;  dans  le  pre- 
mier cas  il  s'approche  du  Nectris  qui  en  a  trois ,  dans  le 
second ,  du  INymphaea  qui  en  a  quatre ,  ces  sépales  sont 
persistans  et  colorés  à  l'intérieur  comme  dans  les  Nym- 
phaeacées.  Les  pétales  sont  alternes  avec  les  sépales  et 
assez  semblables  à  eux  comme  dans  les  Nymphéa.  Les 
étamines  sont  en  nombre  multiple  des  pétales,  le  double 
dans  le  Nectris,  huit  ou  neuf  fois  plus  grand  dans  IHydro- 
peltis.  Ces  divers  organes  sont  disposés  sur  plusieurs  sé- 
ries et  msérés  au  torus  comme  dans  les  Nymphaeacées  , 
mais  le  torus  ne  se  prolonge  point  dans  lesHydropeltidées, 
de  manière  à  envelopper  les  ovaires,  de  sorte  que  ceux-ci 
sont  libres ,  distincts  et  non  enfermés  dans  cette  espèce 
de  sac  qui  les  masque  dans  les  Nénufars.  Les  ovaires  des 
Hydropeltidées  sont  multiples  (6-18,  dans l'Hydropeltis , 
2  dans  le  Nectris)  ;  chacun  d'eux  est  formé  dune  valve 
rephée  sur  elle-même,  indéhiscente,  uiiiloculaire ,  ter- 
minée par  le  style  et  paroit  comme  le  Néiumbo  renfermer 
deux  ovules  dont  un  avorte.  La  graine  est  pendante  dans 


[ 


DE   LA    FAMILLE    DES    NYMPH.^ACÉES.  sSg 

le  carpelle  comme  dans  le  Nélumbo,  munie  d'un  albumen  et 
d'un  embrion  qtii  est  situé  à  sa  l)ase ,  et  qui  d'après  M. 
llichard  a  la  forme  d'un  petit  ciiampignon,  ce  qui  s'éloigne 
-très-peu  de  celui  des  INénufars.  M.  Richard  va  jusquà  dire 
que  les  Hydropeltidées  sont  plus  voisines  du  INénutar  que  le 
ÎSélumbo.  Sans  aller  tout-à-tait  aussi  loin ,  je  crois  qu'elles 
s'en  approchent  beaucoup  en  effet ,  mais  qu'elles  en  dif- 
fèrent essentiellement  par  leurs  ovaires  non  enveloppés 
dans  le  torus. 

Je  crois  donc  avoir  prouvé  que  les  genres  Podophylliun 
et  Jeffersonia  sont  voisins  les  Berbéridées  et  les  genres 
Wectris  et  Hydropeltis  des  Nymphasacées  :  il  me  reste  à  dé»- 
montrer  que  ces  deux  grouppes  ont  entr'eux  des  rapports 
intimes.  Je  trouve  dans  l'un  et  dans  l'autre  des  plantes 
aquatiques  ou  des  lieux  humides ,  à  feuilles  peltées ,  les 
inférieures  souvent  opposées ,  des  péduncules  nus  ,  uni- 
flores  ,  réellement  axillaires,  mais  qui  paroissent  quelquefois 
radicaux  ou  terminaux,  des  sépales  en  nombre  déterminé, 
ordinairement  trois  ou  quatre  ;  des  pétales  disposés  sur  une 
deux  ou  trois  séries  ,  et  chaque  série  composée  dautant  de 
pétales  qu'il  y  a  de  sépales.  Des  étamines  disposées  en  une 
ou  plusieurs  séries  ;  dans  le  premier  cas  devant  les  pétales, 
dans  le  second  ,  les  unes  devant  les  pétales,  les  autres  de- 
vant les  sépales ,  toujours  insérées  sur  le  torus  :  des  an- 
thères attachées  par  leur  base  au  sommet  du  filet,  à  deux 
loges  s  ouvrant  du  côté  intérieur  par  autant  de  fentes  Ion-, 
gitudinales  et  n'étaut  ni  adnées  comme  dans  les  Nym- 
phaeacces  ,  ni  munies  de  valves  comme  dans  les  Berbé- 
ridées ;  des  graines  attachées  à  l'un  des  côtés  des  carpelles, 


24o  SUK    LES    AFFINITÉS    NATURELLES 

pendantes,  munies  d'un  albumen  et  d'un  embryon  situé 
à  sa  base. 

Dans  cette  masse  de  caractères  communs  les  deux  sec- 
tions se  distinguent  par  des  différences  légères  :  i."  les 
vraies  Podophyllées  naissent  dans  des  lieux  ombragés  et 
humides.  Les  Hydropeltidées  dans  les  eaux;  2."  les  Podo- 
phyllées ont  souvent  une  tige  souterraine ,  épaisse ,  ho- 
rizontale comme  les  Nénufars  ;  les  Hydropeltidées  une 
tige  alongée,  cylindrique  comme  les  Berbéridées  et  les  Re- 
noncules aquatiques;  3.°  les  Podophyllées  nont  qu'un  seul 
ovaire  comme  la  plupart  des  Berbéridées ,  les  Hydropel- 
tidées en  ont  plusieurs.  Cette  dernière  différence  paroît 
considérable ,  mais  observons  que  le  Nectris  qui  a  deux 
ovaires ,  semble  tenir  le  milieu  entre  les  deux  grouppes , 
que  le  nombre  très-variable  des  ovaires  de  l'Hydropeltis 
indique  le  peu  d  importance  de  ce  caractère  dans  cette  fa- 
mille, que  l'attache  latérale  des  graines  dans  le  Podo- 
phyllum  et  le  Jeffersonia  ,  indique  la  probabilité  de  l'a- 
vortement  d'un  second  ovaire  ,  qu  enfin  ,  dans  toutes  les 
famiUes  voisines  on  trouve  des  genres  à  ovaires  simples 
et  multiples  évidemment  voisins.  Je  crois  donc  que  ces 
quatre  genres  forment  une  petite  famille;  peut-être  un 
jour  on  devra  ou  lui  réunir  ou  en  rapprocher  davantage 
les  fausses  Renonculacées  ,  c'est-à-dire  l'Actaea  ,  le  Zan- 
thorhiza  et  le  Paeonia  qui  ont  les  anthères  introrses ,  mais 
je  les  laisse  à  la  suite  des  Renonculacées ,  soit  à  cause  de 
leur  port,  soit  à  cause  du  nombre  quinaire  de  leurs  organes 
floraux.  Ainsi ,  les  athnités  des  diverses  familles  que  je 
viens  de  mentionner  se  confirment  les  unes  par  les  autres 


DE   LA   FAMILLE   DES    NYMPH^ACÉES.  24 1 

et  tendent,  ce  me  semble,  à  établir  sur  des  bases  fixes 
l'ordre  que  j'ai  cru  devoir  admettre  dans  les  deux  premiers 
volumes  du  Système  du  Règne  végétal.  Il  ne  faut  pas 
perdre  de  vue  que  les  familles  ne  sont  pas  liées  entr'elles 
par  des  rapports  assez  peu  nombreux  pour  qu'il  soit  pos- 
sible de  les  faire  comprendi'e  par  une  simple  série,  qui 
supposeroit  que  chacune  ne  ressemble. qu'à  celle  qui  la 
précède  et  à  celle  qui  la  suit.  Un  ordre  géographique  oii 
chacune  seroit  placée  entre  toutes  celles  qui  lui  ressem- 
blent ,  pourroit  seul  donner  une  idée  des  vrais  rapports 
des  êtres  :  mais  pour  l'usage  pratique  de  la  science  et 
pour  la  disposition  des  livres  et  des  collections  on  est 
obligé  d'adopter  un  oi'dre  linéaire  :  cet  ordre  est  néces- 
sairement artificiel ,  il  faut  seulement  faire  en  sorte  qu  il 
rompe  le  moins  de  rapports  possibles.  Celui  que  j'ai  adopté 
dans  cette  première  cohorte  est  le  suivant  : 

Renonculacées.  PodophyUées. 

Dilléniacées.  Nymphfeacées. 

Magnohacées.  Papavéracées. 

Anonacées.  Fumariacées. 

Ménispermées,  Crucifères. 

Berbéridées.  Capparidées. 

On  pouroit  peut-être  avec  quelque  raison  préférer  celui-ci  ; 

Magnoliacées.  Ménispermées. 

Dilléniacées.  Berbéridées. 

Anonacées.  PodophyUées. 

5i 


242  SUR    LES    AFFINITÉS    NATURELLES     ■ 

Reiion  enlacées.  Fumariacées. 

ISymphaeacées.  Crucifères. 

Papavéracées.  Capparidées. 

L'une  et  l'autre  de  ces  dispositions  offre  quelques  avan- 
tages et  quelques  inconvéïiiens  ,  et  j'avoue  que  dans  la 
persuasion  où  je  suis  de  l'impossibilité  de  représenter  des 
rapports  multiples  dai>s  une  série  simple ,  jç  ne  mettrois 
pas  grande  importance  à  débattre  celle  des  deux  qui 
mériteroit  la  préférence  ;  j'en  mettrois  d'autant  moins 
que  je  suis  persuadé  que  nous  sommes  encore  loin  de  con- 
noître  les  vraies  bases  de  la  classification  des  familles  de 
Dicotylédones  comparées  entr'elles  ;  jusqu'à  ce  que  ce 
problème  soit  résolu  ,  on  ne  pourra  rien  établir  de  po- 
sitif sur  l'ordre  général  de  cette  classe. 


Explication  des  figures, 

1.  Fruit  du  Poeonia  moulan  dessiné  d'apiè  )a  nainre  vivante 
On  y  dislingue  en  a  les  sépales  ou  feuilles  du  calice,  en  b  les 
débris  de  l'urcéole  ou  enveloppe  membraneuse  qui  enlouroil  les 
ovaires,  en  c  les  carpelles  ou  fruits  partiels  tpii  dans  cet  individu 
éloient  au  nombre  de  g,  mais  avoriesj  un  de  ces  carpi  lies  isoles 
et  vu  du  coté  intérieur  est  représente  en  d  pour  montrer  rat- 
tache   des    graines    aux   deux  bords. 

2.  Fruit  de  la  variété  (ou  espèce  voisine)  du  Poeonia  moutao 
que  Mr.  Andrews  a  designée  sous  le  nom  de  Pœonia  papave- 
racea  ,  dessine  d'après  un  e'clianiillon  conserve'  dans  l'alkool  et  en- 
voyé par  Mr.  Robert   Brown-  La  lettre  a  indique  les    sépalçs  oij 


DE   LA   FAMILLE   DES   NYMPH^ACÉES.  'i^O 

feuilles  du  calice  ,  au  dessous  mais  très-près  desquels  se  trouve 
une  feuille  florale  indiquée  au  simple  trait  g.  La  lettre  b  montre 
ce  qu'on  appelleroit  l'ovaire  ,  mais  ce  qui  est  en  réalité  la  réunion 
de  plusieurs,  ovaires  renfermés  dans  un  urcéole  complet  légère- 
ment marqué  de  stries  longitudinales  et  ouvert  à  son  extrémité 
pour  laisser  sortir  les  stigmates  e;  on  voit  dans  la  figure  voisine 
ce  corps  ouvert  de  manière  à  montrer  les  fragmens  à  demi  dé- 
tachés de  l'urcéole  5,  et  la  portion  de  cet  urcéole  qui  reste  en 
place  ,  et  enveloppe  les  ovaires  c  ;  ceux-ci  sont  couronnés  par 
leurs  stigmates  e  :  on  les  voit  isolés  dans  la  figure  inférieure  d. 
La  lettre  f  indique  le  torus  ou  réceptacle  de  la  fleur  marqué  par 
des  impressions  régulières  qui  sont  les  cicatrices  des  pétales  et  des 
étamines. 

3.  Jeune  fruit  et  germination  des  Nélumbium,  la  figure  yi  est 
copiée  de  Rumphius  et  légèrement  corrigée  d'après  un  échan- 
lillon  sec;  elle  représente  un  fruit  de  Nélumbo  de  l'Inde,  des- 
siné très-peu  de  temps  après  la  fleuraison;  on  y  voit  en  a  le 
bourrelet  qui  indique  la  place  du  cal^ce^  en  f  le  bonrelel  qui 
indicpie  le  torus  ou  l'atiaclie  des  pétales  et  des  éiamines  dont 
les  débris  sont  encore  persisians,  en  b  l'expansion  du  torus  qui 
porte  et  enveloppe  les  ovaires  c  c  nichés  dans  autant  de  cavités 
partielles;  le  fruit  mur  étant  bien  représenté  dans  Gœriner  m'a  paru 
inutile  a  reproduire,  la  figure  du  jeune  fruit  suffisant  pour  me 
faire  comprendre. 

4.  Fruit  du  Nélumbium  luleum  d'après  Mr.  Poiteau.  On  le  voit 
en  a  entier  et  de  grandeur  naturelle  ,  en  &  le  même  dépouillé 
de  son  enveloppe,  et  montrant  la  division  des  cotylédons,  en 
c  le  même  ofîVant  les  cotylédons  écartés  l'un  de  l'autre  avec  la 
gemmule  située  enlr'eux ,  en  d  la  même  dans  un  étal  de  ger- 
luinaliou   commencée. 


244  aUR    LES    AFFINITÉS   NATURELLES 

5.  Fruit  du  Nnpliar  jaune  vu  en  a  entier,  en  b  coupé  en  tra- 
vers,   en  e  coupé    en    long. 

6.  Graines  du  Nii(>liar  jaune;  a  la  graine  entière  de  grandeur 
naturelle;  b  la  même  grossie;  c  la  graine  dépouillée  de  son  en- 
veliippe  et  dont  on  a  enlevé  l'embryon;  cl  l'embryon  entier;  e  le 
luême  dépouillé  du  saccule  ;  _/"  le  même  avec  les  cotylédons 
étalés  pour  montrer  la  gemmule  ;  g  le  même  avec  l'indication  d« 
la  place    du  saccule. 

7.  Fruit  du  Nym|ibsea  blanc;  a  entier,  b  coupé  en  travers;  c 
le  njéme    plus   jeune   ou   a   l'étal    d'ovaire. 

8.  Graines  du  Nym]iliaea  blanc  ;  a  de  grandeur  naturelle  ;  5 
grossie  ;  c  isolée  de  l'espèce  d'arille  ou  pellicule  qui  l'entoure  ;  d 
la  même  grossie  ;  e  la  même  dépouillée  de  son  enveloppe  pro- 
pre et  dont  on  a  enlevé  l'embryon;  f  l'embryon;  g  le  même 
grossi  ;  h  l'embryon  avec  ses  cotylédons  écarte's  ;  i  le  même  avec 
les  cotylédons   plas    écartés   pour   montrer   la  gemmule. 

g.  Fruit  du  Pavot  somnifère;  n  entier;  b  coupé  en  travers 
pour  montrer  la   position  des  cloisons  ;   c  le  stigmate  isolé, 

10.  Graines  du  Pavot  d'orient  d'après  Gœrlner  ;  a  de  grandeur 
naturelle  ;  b  grossie  a  la  loupe  ;  c  coupée  en  long  pour  mouirer 
l'albumen    et    l'embryon  ;   d    l'embryon  vu  isolé. 

3  1.   Le   fruit   de   l' Argemone   mexicana. 

12.   Le  fruit    du  Meconopsis  cambrica   d'après   Viguier. 

j5.  Le  fruii  du  Rœmeria  hybrida;  a  entier;  b  ù  moitié  ouvert; 
c  tout    ouvert. 

i4  Le  fruit   du    Chelidonium   ma  jus. 


I 


De  tiiifluence  des   Fruits  çerts  sur  lair  açant 
leur  maturité. 

Par  M.  Th.  DE  SAUSSURE. 
(  Lu  à  la  Soc.  de  Phys.et  cTHist.  nat.  ,  le  j  Septembre  1821.} 


ijoRSQUE  je  me  suis  occupé  dans  mes  recherches  sur 
la  végétation  (i)  ,  de  l'action  des  fruits  verts  sur  l'air  at- 
mosphérique ,  j'ai  admis  qu  ils  y  produisent  les  mêmes 
effets  que  les  t'euilles,  ou  qu'ils  y  répandent  comme  elles 
du  gaz  oxigène  par  la  décomposition  de  l'acide  carbonique, 
avec  cette  différence,  qu'à  volume  égal,  ils  en  décom- 
posent beaucoup  moins.  Mes  expériences  à  ce  sujet  in- 
diquent que  les  raisins  en  état  de  verjus,  et  les  fruits 
verts  du  solanum  pseudo-capsicum ,  exposés  au  soleil, 
et  adhérens  à  la  plante  et  au  sol  qui  les  ont  fait  croître, 
ajoutent  du  gaz  oxigène  à  l'air  contenu  dans  le  vase  où 
ils  sont  renfermés ,  tandis  que  les  mêmes  fruits  dans  des 
circonstances  d'ailleurs  égaies,  en  détruisent  l'oxigène, 
lorsque  le  vase  dont  je  viens  de  parler  contient  de  l'hy- 
drate de  chaux.  Ce  dernier  absorbant  lacide  carbonique 
qu'ils  forment  et  qu'ils  reçoivent  du  sol,  retient  l'oxigène 
qu'ils  auroient  dégagé  sans  cet  intermède. 
Dans  les  expériences  que  j  ai  publiées ,  le  dégagement 

(1)  Pag.  57  ,  et  i2(>. 
Mém .  de  la  Soc.  de  Phys.  et  dH.  nat.  T.    1."  52 


246  DE    l'influence   DES    FRUITS    VERTS 

du  gaz  oxigène  n'a  pas  eu  le  même  succès  lorsque  les  fruits 
étoient  séparés  du  végétal  qui  les  portoit;  ils  ont  comme 
les  feuilles,  absorbé  le  gaz  oxigciie  de  l'air  à  lobscurité, 
en  le  remplaçant  (au  volume  du  fruit  près)  par  une 
quantité  égale  de  gaz  acide  carbonique  ;  mais  au  soleil , 
ils  n'ont  décomposé  qu'en  partie  le  gaz  acide  produit 
pendant  la  nuit,  tandis  que  sur  la  plante,  ils  le  décompo- 
soient  en  totalité.  Cette  différence  partielle  et  purement 
accidentelle  dépendoit  évidemment  de  la  déperdition  de 
force  végétative  que  doit  éprouver  un  fruit  qui  est  détaché 
de  sa  plante,  et  qui  ne  reçoit  aucun  aliment,  et  elle 
ne  doit  pas  porter  atteinte  aux  expériences  qui  m'ont  fait 
admettre  que  les  fruits  verts  se  comportent  dans  l'air 
comme  les  feuilles.  Ces  expériences  n'offroient  d'ailleurs 
qu'une  confirmation  dij  principe  qui  suppose  que  la  fa- 
culté d'émettre  <Ju  gaz  oxigène  au  soleil  est  essentielle 
aux  parties  vertes  herbacées  en  état  de  végétation. 

M.  Bérard  vient  de  publier  (i)  si^r  la  maturation  des 
fruits,  un  mémoire  très-intéressant,  dans  lequel  il  s'est 
principalement  occupé  à  déterminer  leur  influence  sur 
l'atmosphère;  il  a  mis  à  ses  observation^  un  soin  bien 
digne  déloge,  il  a  décrit  ses  procédés  et  ses  résultats  avec 
le  détail  qu'exigent  de  pareilles  expériences ,  il  les  a  variées 
à  linfini ,  et  il  est  arrivé  à  ce  résultat  remarquable,  c'est 
que  les  fruits  verts ,  dans  aucune  époque  de  leur  crois- 
sance, ne  se  comportent  comme  les  feuilles  au  soleil, 
qu'ils  n'y  décomposent    pas   le    gaz    acide   carbonique  , 

(i)  Annales  de  chùnie  et  de  phys.  tom.  i6  ,  pag.  i52. 


1 


SUR  l'air  av\nt  leur  maturité.  24^7 

qu'ils  n'y  dégagent  point  de  gazoxigène,  et  que  l'unique 
action  qu'ils  exercent  sur  1  atmosphère  dans  toutes  les  pé- 
riodes de  leur  végétation ,  est  de  transformer  son  oxigène 
en  acide  carbonique;  il  est  même  porté  à  croire  qu'en  temps 
égal,  les  fruits  verts  font  dispai-oître  plus  d'oxigène  au  so- 
leil qu'à  l'ombre. 

On  a  pu  admettre  cette  opinion  avec  d'autant  plus  de 
vraisemblance  que  les  nombreuses  expériences  qulngen- 
housz  (i)  avoit  faites  précédemment  avec  des  fruits  verts 
détachés  de  la  plante,  et  placés  dans  l'air  au  soleil  sous  un 
récipient,  confirment  celles  de  M.  Bérard ,  tandis  que 
les  miennes  étoient  peu  variées  et  décrites  sans  aucun 
détail. 

Ingenhousz  a  observé  cependant  que  quelques-uns  des 
fruits  qui  méphitisoient  l'air  au  soleil  et  à  l'ombre,  le  cor- 
rompoient  moins  au  soleil ,  et  qu'ils  dégageoieiit  souvent 
du  gaz  oxigène  comme  les  feuilles ,  lorsqu  ils  étoient  sub- 
mergés dans  de  l'eau  de  source;  il  en  a  obtenu  ainsi,  quoique 
pas  constamment ,  des  petites  poires  vertes ,  des  concombres, 
des  raisins,  des  gousses  du  physalis  alkekengi,  du  car- 
diospermum  hahcacabum,  des  siliques  d acacia,  et  des 
haricots  (2), 

(1)  Ce  physicien  a  donné  à  la  44°  Snclion  de  ses  expériences  sur  les  végé- 
gélaux  ,  vol.  2,  le  titre  suivant.  La  facullê  qu'ont  beaucoup  de  fruits  de 
méphitiser  l'air  ,  soit  au  soleil,  soit  à  l'ombre ,  est  très-considérable ,  etc. 
Il  croyoil  que  les  fruits  transformoient  non-seulement  Voxigène  mais  même 
l'azote  en  acide  carbonique.  Il  altribuoit  d'ailleurs  la  même  influence  aux 
feuilles  à  l'obscurité. 

(2)  Expériences  sur  les  végétaux ,  vol.  i  ,  pag.  64  et  vol.  2,  pag.  61  , 
22i  et  suiv. 


248  DE  l'influence  des  fruits  verts 

Sene])ier  a  trouvé  que  les  fruits  submergés  dans  de  l'eau 
de  source  au  soleil,  donnoient  dans  tous  les  niomens  de 
leur  existence  un  air  souvent  plus  mauvais ,  quelquefois 
aussi  bon,  mais  jamais  meilleur  que  l'air  atmosphé- 
rique (i). 

Je  vais  exposer  actuellement  de  nouvelles  expériences  sur 
un  sujet  qui  n'étoit  pas  suffisamment  éclairci  ;  ces  re- 
cherches inspirent  d'autant  plus  dintérêt  que  certains 
fruits  présentant  beaucoup  de  substance  végétale  conden- 
sée dans  un  petit  volume  ,  semblent  offrir  à  quelques  égards 
des  résultats  plus  précis  que  ceux  des  feuilles  minces  qui 
exigent  en  raison  de  leur  étendue  un  volume  d'air  trop 
grand  pour  que  les  changemens  qu'elles  y  produisent  soient 
toujours  bien  appréciés. 

Puisqu'il  s'agit  de  reconnoître  si  la  substance  verte 
herbacée  des  fruits,  considérée  isolément,  dégage  du  gaz 
oxigène,  on  doit  croire  que  ceux  dans  lesquels  cette  couleur 
est  très-foible,  et  qui  sont  formés  d'un  parenchyme  jaune 
ou  blanc  très-épais ,  ne  conduisent  à  aucun  résultat  bien 
déterminé  ;  car  il  est  reconnu  (  sauf  des  exceptions  assez 
rares)  que  les  matières  végétales  qui  ne  sont  pas  vertes, 
corrompent  l'air  au  soleil  et  à  l'ombre ,  quelque  soit  le 
siège  où  elles  se  trouvent ,  et  que  leur  effet  peut  l'empor- 
ter sur  celui  des  parties  vertes.  On  pourroit  d'après 
cela,  ne  prendre  en  considération,  ni  les  pêches,  ni  les 
amandes,  ni  les  pommes,  ni  les  fraises  dont  le  vert  pâle, 
jaunâtre  ou  grisâtre ,  ou  nuancé  de  plusieurs  autres  cou- 

(i)  Mémoires  pbysico-cliimiques  sur  la  lumière  solaire  ,  tom.  i  ,  p-  299- 


SUR    l'air    avant   IjKUR   MATUIUTÉ.  a4(5 

leurs    n'est  pas  comparable  au  vert  pur    et  intense  des 
feuilles  qui  acconipagnent  ces  fruits. 

Expériences  sur  les   légumes  de  pois  (pisuin  sativum) 
à  écosser ,   à  rames. 

A.     Dégagement  du   gaz   oxigène   par  ces  Jruits    plongés    dans 

l'eau. 

Les  gousses  de  pois  que  j'ai  soumises  à  toutes  mes  ex- 
périences, n'étoient  pas  encore  parvenues  à  leur  maturité  , 
elles  avoient  huit  ou  neuf  centimètres  de  long ,  elles 
étoient  extérieurement  et  intérieurement  d'un  beau  vert, 
mais  un  peu  moins  foncé  que  leurs  feuilles;  elles  con- 
tenoient  des  semences  très-tendres,  blanchâtres  à  l'exté- 
rieur ,  vertes  à  l'intérieur  ,  et  de  quatre  à  huit  millimètres 
de  diamètre. 

Cinquante-six  grammes  de  ces  gousses  occupant  quatre- 
vingt-deux  centimètres  cubes,  ont  dégagé  à  la  fin  de 
Juin  dans  1800  grammes  d'eau  de  source  au  soleil, 
entre  onze  heures  du  matin ,  et  quatre  heures  et  demie 
du  soir ,  24  centimètres  cubes  d'air  dépourvu  d'acide  car- 
bonique :  100  de  cet  air  étoient  composés  de  38,25  d' oxi- 
gène   et  de  61,75  d'azote. 

Cette  expérience  faite  en  même  temps ,  et  dans  les 
ntiêmes  proportions   avec  de  l'eau  de  pluie  (i),  a  produit 

(i)  L'eau  de  pluie  ne  trouble  pas  l'eau  de  chaux;  cependant  un  litre  deau 
de  pluie  m'a  fourni  par  une  heure  d'ébulition ,  20  \  centimètres  cubes  d'air  ^ 
•dont  100  contenoient  32,83  d'oxigène  ,  65,67  d'azote  et  i,5  d'acide  car- 
bonique. 

Ve^u  de  source  que  j'ai  employée  dans  toutes  mes  expériences  a  produit 


ajO  DE    l'iNFLTJENCE    des    FRTTtTS    VERTS 

huit  centimètres  cubes  et  demi  d'air,  dont    loo   conte- 
noient  27,  5  d'oxigène  et  72,  5    dazote. 

Pour  comparer  rémission  aérienne  des  feuilles  et  des  tiges 
avec  celle  des  fruits  ,  j'ai  fait  les  épreuves  suivantes  en 
même  temps  et  avec  les  mêmes  quantités  d'eau  que  dans 
les  expériences  précédentes,  mais  en  plaçant  sous  le  ré- 
cipient une  moindre  quantité  de  tiges  et  de  feuilles. 

Vingt  grammes  de  feuilles  ailées  de  pois,  ont  dégagé 
34  centimètres  cubes  d'air,  dont  100  contenoient  53  d'oxi- 
gène et  4?  dazote. 

Cette  expéi-ience  faite  avec  de  l'eau  de  pluie  a  pro- 
duit 8f  centimètres  cubes  d'air,  dont  100  contenoient 
28,  25  d'oxigène  et  71,75  d'azote. 

Vingt  grammes  de  tiges  creuses  de  pois  de  3  à  5  mil- 
limètres de  diamètre,  et  qui  déplaçoient  4o  centimètres 
cubes,  ont  dégagé  i3^  centimètres  cubes  d air,  dont  100 
contenoient  38   d'oxigène  et  62  dazote. 

Ces  résultats  montrent  que  les  parties  vertes  des  lé- 
gumes de  pois  se  comportent  comme  celles  des  feuilles , 
relativement  à  l'émission  du  gaz  oxigène,  dans  des  eaux 
diiféremment  imprégnées  de  gaz  acide  carbonique.  L'in- 
fériorité en  quantité  et  en  pureté  du  gaz  oxigène  dégagé 
par  les  légumes  ,  tient  : 

i.°   A  ce  qu'ils  offrent  moins  de  surface. 

2..°  A  ce  qu'ils  ont   une    coiJeur  verte  moins  foncée. 

3."  A  ce  que  leur  gaz  étant   dégagé  plus  lentement, 

sous  le  même  poids  ,  et  par  le  niême  procédé  ,  80  ^  centimètres  cubes 
d.'ir,  dont  100  contenoient  75,5  d'acide  carbonique  ,  16, 5  d'azote  et  8 
d'oxigène. 


l 


9un  l'air  avant  lecr  maturité.  251 

offre  plus  de  prise  à  l'action  de  i'eau  qui  le  souille  soit 
en  i'absorijant,  soit  en  y  ajoutant    de  1  azote. 

4.°  A  ce  qu'ils  contiennent  de  grandes  cavités  remplies 
dair  qui  se  mêle  au  gaz  oxigène. 

M.  liérard montre ,  comme  lavoit  fait  Ingenliousz ,  que 
le  fluide  aëriforme  contenu  dans  les  gousses  du  colutea 
arborescens ,  soit  en  général  dans  les  cavités  vertes  des 
végétaux,  a  la  même  composition  que  l'air  qui  les  en- 
vironne ,  parce  qu'il  les  traverse  facilement  ;  M.  Bérard 
voit  aussi  que  lorsqu'elles  ont  été  pendant  longtemps 
submergées  dans  de  l'eau  de  source,  elles  ne  contiennent 
que  peu  ou  point  de  gaz  oxigène.  Ce  l'ésultat  conforme 
à  celui  qu'on  devoit  attendre  de  l'effet  des  végétaux  sur 
l'air  à  l'obscurité,  a  été  probablement  obtenu  à  l'ombre  ; 
car  si  ce  chimiste  eut  fait  l'expérience  au  soleil,  avec  des 
gousses  bien  vertes,  il  auroit  dii  les  trouvei'  remplies  d'un 
gaz  beaucoup  plus  pur  que  l'air  commun  (i)  :  ainsi  dans 
l'expérience  que  j'ai  faite  sur  les  gousses  de  pois,  elles 
dégageoient  par  expression  immédiatement  après  leur 
séparation  du  végétal,  un  air  dont  100  contenoient  19,3 
doxigène,  79,2  dazote  et  i,5  d'acide  carbonique,-  tandis 
qu'après  leur  submersion  dans  l'eau  de  source  au  soleil, 
on  en  exprimoit  un  air,  dont  100  contenoiont  3o  d'oxi- 
gène,  69  dazote,  et  i  d'acide  carbonique,  quoique 
j'eusse  empêché  par  un  treillis  en  fil  de  laiton  placé  sous 
le  récipient,  qu'elles  ne  fussent  en  contact  avec  le  gaz 
qu'elles  avoient  dégagé.   Ces  résultats  concourent  à  prou- 

(1)  Ingenlious  )  Expér.  sur  les  végétaux  ,  vol.  2  ,  pag.  61. 


252  CE    l'influence    DES    FRUITS    VERTS 

ver  que  l'acide  carbonique  est  décomposé  dans  lintérieur 
des  végétaux. 

B.     Jnjhience  des   légumes  de  pois  sw  l'air  alinosphérique  pen- 
dant la  nuit. 

Les  gousses  de  pois  soumises  à  toutes  mes  expériences 
dans  lair  ,  étoient  semblables  à  celles  dont  j'ai  parlé  pré- 
cédemment. J'en  ai  placé  six  au  coucher  du  soleil ,  dans 
965  centimètres  cubes  d'air,  sous  un  récipient  fermé  par 
du  mercure;  elles  pesoient  23^  grammes ,  et  occupoient 
34 1  centimètres  cubes  :  leurs  pédoncules  longs  de  quatre 
ou  cinq  lignes,  trempoient  dans  huit  ou  dix  grammes 
d'eau  contenue  dans  un  vase  fixé  sous  le  récipient.  Au 
bout  de  douze  heures  de  séjour  à  l'obscurité,  elles  ont 
produit  dans  leur  atmosphère  une  diminution  de  volume, 
ou  fait  une  inspiration  égale  à  18  centimètres  cubes, 
avec  les  corrections  relatives  aux  changemens  de  temt- 
pérature  et  de  pression.  Cette  réduction  sera  toujours 
sous-  entendue.  L'analyse  par  la  potasse  et  l'eudiomètre 
de  Volta  a  montré  que  l'air  du  récipient  avoit  subi  les 
modifications  suivantes. 

Atmosphère  des  légumes  avant  l'expérrence.         Atmosphère  après  l'expérience 

Gaz  oxigène.  .  .  .  202,  6  cent.  c.  i5i ,  3  cent.  c. 

azote 762  ,  4  762,  9 

Acide  carbonique.       0(1)  32 ,  8 

965  947 

Inspiration.  .  .  .  18 


I 


965 


(1)  Ce  signe  fo)  signifie  dans  toutes  mes  expériences  une  quantité  d'acide 


SUR  l'air  avant  leur  maturité.  2.55 

Cette  inspiration  est  la  plus  grande  que  j'aie  observée 
parmi  les  fruits  soumis  à  mes  recherches  :  je  dois  obser- 
ver que  cette  fonction  est  jusqu'à  ua  certain  point  su- 
bordonnée à  la  grandeur  du  vase  où  se  fait  l'expérience; 
un  végétal  à  volume  égal  fait  une  inspiration  moindre 
sous  un  grand  récipient  que  sous  un  petit,  parce  que 
sous  ce  dernier,  la  plante  étant  en  contact  avec  une  plus 
grande  proportion  de  gaz  acide  se  comporte  à  quelques 
égards  comme  l'eau  qui  seroit  placée  dans  différens  mé- 
langes de   ce  gaz  et  d  air  atmosphérique. 

C.     Influence  des   légumes   de  pois  sur    l'air  atmosphérique  au 

soleil. 

J'ai  introduit  à  sept  heures  du  matin ,  six  gousses  de 
pois  dans  990  centimètres  cubes  d'air,  contenu  dans  un 
récipient  fermé  par  de  l'eau  (i).  Le  vase  dans  lequel  elles 


carbonique  trop  petiic  pour  qu'elle  ne  se  confonde  pas  avec  les  erreurs  d'ob- 
servalion  parles  épreuves  eudiomctrîques  ordinaires. 

Les  erreurs  que  je  puis  avoir  faites  en  général  dans  la  détermination  des 
volumes  de  l'air,  doivent  (à  cause  du  diamètre  des  récipiens)  s'élever 
à  six  ou  sept  centimètres  cubes.  Cette  incertitude  en  produit  une  presque 
aussi  grande  dans  l'évalution  du  gaz  azote. 

(i)  Lorsque  l'acide  carbonique  qui  pouvoil  être  présent  dans  ces  espé- 
TÏences  ,  n'excédoit  pas  la  cinq  centième  partie  de  l'air  ,  et  lorsqu'elles  no 
duroient  qu'un  petit  nombre  de  jours  ,  les  résultats  obtenus  en  fermant  le 
récipient  par  l'eau  ,  n'étoient  pas  sensiblement  dilférens  de  ceux  où  je  lui 
sabsiituois  du  mercure  :  les  manipulations  dans  le  premier  cas  étoient  plus 
faciles  ,  et  ainsi  à  quelques  égards  plus  exactes.  On  jugera  de  la  lenteur  de 
l'absorption  du  gaz  acide  carbonique  mêlé  à  l'air  dans  ces  circonst.it!ccs,  par 

3Iém.  de  la  Soc.  de  Phys.  et  d'il.  nat.  T.  I,"  33 


254  DE    L'rNFLUENCE   DES   PRriTS    V^ERTS 

trempoient  portoit  une  baguette  de  verre  autour  de  la- 
quelle elles  étoient  liées  en  faisceau  lâche  qui  ne  touchoit 
pas  les  parois  du  récipient;  elles  recevoient  les  rayons 
directs  di*  soleil  au  travers  d'une  croisée  pour  modérer 
leur  intensité. 

Comme  un  seul  jour  de  soleil  n'auroit  pas  fourni  un 
résultat  prononcé,  et  que  les  pois  auroient  pu  souffrir 
6 ils  eussent  été  plus  nombreux,  je  les  ai  sortis  du  ré- 
cipient le  soir  au  travers  de  leau,  pour  les  remplacer  de 
même  le  matin  par  daut~es  gousses  récemment  cueillies- 
Ce  procédé  qui  a  été  réy  'té  pendant  quatre  jours  dans 
la  même  atmosphère,  a  l'avantage  de  prolonger  l'expé- 
rience aussi  longtemps  qu'on  le  désire  ,  sans  que  le  fruit 
s'altère,  et  de  permettre  qu'elle  soit  interrompue  en  le 
sortant  du  récipient  lorsque  le  ciel  se  couvre,  pour  la 
continuer  lorsqu'il  s'éclaircit.  Après  48  heures  dexposi-^ 
tion  au  soleil,  ou  le  soir  du  quatrième  jour  de  lexpé- 
rience,  lair  du  récipient  avoit  augmenté  de  2.3^  centi- 
mètres cubes  qui  étoient  formés  en  grandes  parties  de  gaz; 
oxigène;  il  ne  contenoit  point  d'acide  carbonique. 


le  résultat  suivant  ;  j'ai  mêlé  looo  centimètres  cubes  d'air  avec  5o  centimètres 
cubes  d'acide  carbonique  dans  un  récipient  fermé  par  l'eau  ,  et  semblable 
à  ceux  où  j'ai  fait  toutes  mes  expériences  (ils  avoieut  environ  it>  centimètres 
Reliant,  8  centimètres  de  diamètre,  et  une  capacité  de  1800  centimètres 
cubes);  au  bout  de  48  heures  ,  l'absorption  du  gaz  acide  carbonique  n'étoit 
pas  sensible;  après  un  mois  elle  étoit  égale  à  aS  centimètres  cubes,  au 
bout  de  deux  mois,  le  récipient  contenoit  au  moins  12  centimètres  cubes 
de  ce  gaz,  La  température  a  varié  entre  18°  et  25°  ccutigr. 


SUR  l'air  avant  leur  maturité.  255 

Aluiosplière  ties  fiuils  avant  ArUnospIière  des  fruits  après 

l'expcrience,  l'expéiicnce. 

Gaz  oxigène.  .  .  207  ,  9  cent.  c.     ■    228 ,  97  cent.  c. 

azote.  .  .  .  782,   1  789,  53 

Acide    Carbon.  .       o 


0 


990  ioi3,     5 

On  doit  admettre  que  l'addition  d'oxigène  dans  le  ré- 
sultat précédent  est  due  pi'inci paiement  à  l'acide  car- 
bonique que  les  fruits  ont  formé  ,  et  retenu  dans  leur 
intérieur  pendant  la  nuit ,  et  qu'ils  ont  transporté  et 
décomposé  dans  le  répipient.  Les  feuilles  donnent  des  ré- 
sultats analogues  ;  mais  ils  ne  peuvent  être  aussi  pro- 
noncées qu'avec  celles  qui  sont  grasses  ou  très-charnues. 

D.  Légumes  de  pois  exposas  dans  la  même  atmosphère  à  l'action  de 
la  nuit  et  du  soleil. 

Dans  le  résultat  précédent,  les  pois  n'avoient  été  ex- 
posés qu'au  soleil ,  tandis  qu'ici ,  ils  ont  reçu  pendant 
quarante-huit  heures  dans  la  même  atmosphère,  l'influence 
de  l'obscurité  pendant  la  nuit,  et  du  soleil  pendant  le  jour. 
Cette  expérience  a  été  commencée  le  soir  ,  et  terminée 
de  même  ;  si  je  l'eusse  commencée  le  matin ,  et  terminée 
le  matin  d'un  des  jours  suivans,  les  résultats  auroient  été 
différens  ,  parce  que  le  fruit  n'auroit  pas  décomposé  le  gaz 
acide  qu'il  avoit  formé  pendant  la  nuit  qui  a  précédé  sa 
sortie. 

L'appareil  étoit  disposé  d'ailleurs  comme  le  précédent  ; 
les  six  gousses  de  pois  ont  été  renouvellées  quatre  fois  à 


256  DE  l'[npluence  des  fruits  verts 

intervalles  é^aux  pendant  les  deux  jours  qu'elles  ont  passé 
SQusle  récipient.  L'air  que  j'y  avois  introduit,  et  qui  oo 
cupoit  940  centimètres  cubes ,  a  sulîi  par  le  séjour  de  ces 
fruits ,  des  changemens  si  peu  notables  qu'ils  pourroient 
être  attribués  à  des  erreurs  d'observation. 

A.lmosplière  des  fruits  avant  l'expérience.  Almospbère  après  l'expérience. 

Gaz  oxigène  ...  197  ,  4  centim.  c.      192     cent.  c. 
azote.    ....  742  ,  6  yao  ,  9 

acide  carb.     .  .   o  7,1 

940  gSo 

En  comparant  ces  résultats  aA'^ec  ceux  obtenus  en  B  oh 
les  pois  ont  formé  34  centimètres  cubes  de  gaz  acide 
carbonique  dans  une  seule  nuit ,  on  voit  que  dans  la  der- 
nière expérience  JJ  les  pois  ont  décomposé  pendant  le 
jour,  l'acide  qu'ils  avoient  formé  pendant  la  nuit,  ou  que 
durant  les  deux  jours  et  les  deux  nuits  destinés  à  cette 
expérience,  les  fruits  ont  du  former  et  décomposer  environ 
58  centimètres  cubes  de  gaz  acide  carbonique ,  sans  tenir 
compte  de  celui  qui  étoit  élaboré  par  Telfet  de  l'inspi- 
ration. 

DD  Pour  rechercher  si  le  renouvellement  des  gousses 
avoit  eu  de  l'influence  sur  les  résultats ,  j'ai  répété  l'ex- 
périence précédente  dans  looo  centimètres  cubes  d'air  con- 
tenu par  du  mercure,  en  laissant  les  mêmes  pois  pendant 
48  heures  sous  le  récipient ,  et  en  modéi-ant  encore  plus 
l'intensité  du  soleil;  mais  il  nen  est  i'ésulté  avec  ce  fruit 
aucune  différence  importante ,  ainsi  qu'on  en  peut  jugep 
par  l'analyse  suivante  : 


il 


SUR  l'air  avant  leur  maturité.  257 

Atmosplière  des  fruils  avant  l'expérience.  Atmosphère  après  l'expérience. 

Gaz  oxigène  .  .  210,  ceiitim,  c.  204,  7    cent.  c. 

azote 790  ,  798,  8 

acide  carb.  .  .       o  o 


1000  ioo3,  5 

E.  Décomposilion  du  ga^  acide  carbonique  par  les  légumes  de  pois 
dans  un  mélange  artificiel  de  ce  gaz  avec  l'air. 

J'ai  ajouté  le  matin  ,  à  970  centimètres  cubes  d'air 
atmosphérique  ,  80  centimètres  cubes  ,  d'acide  carbo- 
nique. Cette  addition  n'a  pas  été  faite  toute  à  la  fois  , 
la  moitié  ou  4o  centimètres  cubes  d'acide  carbonique  , 
ont  été  introduits  en  commençant  l'expérience,  et  l'autre 
moitié,  deux  jours  après  son  établissement  :  elle  a  duré 
quatre  jours  pendant  lesquels  les  six  gousses  de  pois 
n'ont  été  exposées  qu'au  soleil,  dans  l'atmosphère  artifi- 
cielle ;   elles  en  étoient  retirées  pendant  les  nuits. 

Atmosphère  des  fruits  avant  l'expérience.  Atmosphère  après  l'expérience. 

Gaz  oxigène     .  .  .   2o3,  7  centim.  c.         2,58  cent.  c. 
azote      ....  766,  3  773 

acide  carbon.       80  21 


io5o  io52 

Ces  résultats  semblent  indiquer  que  la  végétation  a  fait 
disparoître  69  centimètres  cubes  d'acide  carbonique  ,  et 
qu'elle  les  a  remplacés  par  54  centimètres  cubes  d'oxigène; 
mais  cette  compensation  est  en  grande  partie  accidentelle, 
car  si  l'on  compare  ce  produit  avec  celui  qui  a  été  obtenu 
en  C  dans  une  atmosphère  où  l'on  n'avoit  pas  introduit 


258  DE    L'rNFLUENCE    DES   FRUITS   VERTS 

artificiellement  de  l'acide  carbonique,  l'on  trouve  que 
l'atmosphère  E  a  dû  subir  une  diminution  de  volume;  elle 
tient  surtout  au  renouvellement  des  fruits  qui  s'impré- 
gnoient  de  l'acide  carbonique  artificiel  et  qui  le  transpor- 
toient  hors  du  récipient ,  lorsqu'on  les  en  sortoit  pour  les 
renouveller. 

E  E  Lexpériènce  suivante  qui  a  duré  48  heures  a  été 
destinée  à  constatler  la  précédente  en  la  variant ,  et  à  re- 
chercher si  les  fruits  solidifient  l'eau  :  ici  les  gousses  n'ont 
point  été  renouvellées ,  et  elles  ont  passé  les  jours  et  les 
nuits  dans  le  récipient  qui  étoit  fermé  par  du  mercure. 

Atmosphère  des  gousses  avant  l'expérience.  AtuiospUère  après  l'expérience. 

Gaz,  oxigène  ....       210  centim.  c.     ii38  ,  9  cent.  c. 

azote 7jjo  801  ,  4 

acide  carboniq.         5o  7,7 

io5o  1048 

La  différence  des  quantités  de  gaz  oxigène  dégagé,  entre 
ce  résultat  et  celui  de  l'expérience  DD  où  les  gousses 
ont  végété  en  même  temps  sans  acide  carbonique  artifi- 
ciel ,  montre  quelles  ont  produit  en  E  E,  par  la  décom- 
position de  ce  dernier  ,  34  centimètres  cubes  de  gaz  oxi- 
gène, ou  quelles  ont  décomposé  environ  34  centimètres 
cubes  de  gaz  acide  carbonique  artificiel.  Ces  gousses  E  E 
qui  pesoient  vertes,  avant  l'expérience,  22,,  18  grammes  , 
se  sont  réduites  après  l'expérience,  à  3,  34  grammes  par  le 
dessèchement  dans  une  étuve  chauffée  au  3o'.  centig. 

Les  gousses  D I)  qui,  avant  l'expérience  étoientdumême 
poids  que  les  précédentes ,  se  sont  réduites  par  le  même 


SUR  l'air  avant  leur  maturité.  269 

dessèchement ,  à  3 ,  29  grammes  :  il  en  résulte  que  les 
gousses  EE  ayant  augmenté  leur  substance  végétale 
sèche  de  cinq  centigrammes  en  végétant  avec  de  leau  et 
une  atmosphère  qui  ne  leur  a  fourni  à  très-peu  près  (i) 
que  dix-huit  milligrammes  de  carbone ,  doivent  avoir  fixé 
les  élémens  de  l'eau.  Cette  expérience  a  été  répétée  ,  une 
seconde  fois ,  avec  un  résultat  analogue.  Un  fruit  très- 
épais  donneroit  des  produits  plus  incertains  ,  à  cause  de  la 
lenteur  du  dessèchement  qui  modifie  irrégulièrement  les 
substances  organiques. 

Expériences  sur  les  Prunes  Reine  Claude. 
F.  Dégagement  du  gaz  oxîgène  par  ces  fruits  plongés  dans  l'eau. 

Je  me  suis  occupé  de  ce  fruit  avec  d'autant  plus  d'in- 
térêt ,  qu'il  est  très-vert  avant  sa  maturité ,  et  qu  il  est 
un  de  ceux  que  M.  Bérard  a  soumis  particulièrement  à  son 
examen. 

Les  prunes  employées  dans  les  expériences  suivantes . 
ont  été  cueillies  à  la  fin  de  Juin,  environ  cinq  semaines 
aA'^ant  leur  maturité  ;  elles  étoient  d'un  vert  de  porreau 
foncé  ;  j'ai  eu  soin  quelles  fussent  exemptes  de  taches  ;  elles 
avoient  au  moins  deux  centimètres  de  diamètre  ;  leur  pulpe 
dure ,  verte  intérieurement ,  mais  passant  au  jaune  ver- 
dâtre,  en  s'approchant  du  noyau ,  formoit  autour  de  celui- 
ci  ,  une  couche  de  huit  millimètres  d'épaisseur. 

(i)  On  pourroit  y  ajouter  quelques  traces  d'oxigène  ;  mais  cette  quantité 
4outeuse  peut  être  négligée  ;  et  Fou  ne  prétend  point  arriver  ici  à  une  cx- 
tfôme  précision. 


a6o  DK  l'influence  des  fruits  verts 

Deux  cent  grammes  de  ces  prunes  occupant  i88^  centi- 
mètres cubes,  ont  dégagé  dans  1 800  grammes  d'eau  de 
soui'ce  au  soleil,  entre  dix  heures  du  matin  et  cinq  heures 
du  soir ,  22  centimètres  cubes  d'air ,  ou  beaucoup  moins 
d'air  que  les  pois  qui  offrent  plus  de  surface  ;  100  de  cet 
air  contenoient  Sg  d'oxigène ,  67  d'azote  ,  et  4  d acide 
carbonique. 

Cette  expérience  faite  en  m«me  temps  ,  et  dans  les 
mêmes  proportions  avec  de  l'eau  de  pluie,  a  produit  i3  - 
centimètres  cubes  d'air  dont  100  contenoient  34  d'oxigène, 
63  d'azote  et  3  d'acide  carbonique. 

2.0  grammes  de  feuilles  de  prunier  ont  dégagé  en  même 
temps  dans  1800  grammes  d'eau  de  source  ,  26  centimètres 
cubes  d'air  dont  100  contenoient  48  d'oxigène,  5o  d'azote 
et  2  d'acide  carbonique. 

L'expérience  précédente  faite  avec  de  l'eau  de  pluie  a 
produit  i4|  centimètres  cubes  d'air  dont  100  contenoient 
32,5  d'oxigène  et  77,5  d'azote. 

Ces  résultats  montrent  que  les  prunes  se  comportent 
sous  leau  comme  leurs  feuilles  relativement  à  l'émission 
du  gaz  oxigène ,  sauf  sa  quantité  qui  est  moindre  par  les 
fruits  :  j'en  ai  donné  la  principale  raison  à  l'occasion  des 
gousses  de  pois. 

G.  Influence  des  prunes  sur  T air  pendant  Ta  nuit. 

Toutes  mes  expériences  cLins  l'air  avec  ce  fruit  ont  été 
faites  en  coupant  l'extrémité  d'une  branche  qui  portoit 
quatre  prunes  adhérentes  presque  au  même  point  j  leur 


SUR  l'aîr  avant  leur  maturité.  261 

tige  commune,  longue  d'un  centimètre,  trempoit  dans 
un  vase  plein  d'eau ,  placé  sous  un  récipient.  Les  quatre 
prunes  pesoient  43  grammes,  et  déplaçoient  4o  ^  centim- 
cubes.  En  cueillant  ces  fruits  le  soir ,  et  en  les  laissant 
pendant  une  nuit  sous  le  récipient ,  elles  ont  fourni  au 
bout  de  douze  heures  les  résultats  suivans  dans  1000  cen- 
timètres cubes  d  air  : 


Almosplière  des  prunes  avanl  l'expérience. 

Almosphère  après  l'expérience. 

Gaz  oxigène  ...     210,  cent.  c. 

i55,  8  cent,  c. 

azote  .  .  .         790, 

797^  4 

acide  carb.  .        0 

39,  8 

1000  993 

Inspiration         7 

1000 

G  G  Pour  rechercher  l'influence  du  volume  de  l'atmos- 
phère sur  celui  de  l'inspiration  ;  j'ai  introduit  trois  prunes 
occupant  ^5  centimètres  cubes,  dans  416  centimètres  cubes 
d'air  sur  du  mercure  ,  pendant  le  même  temps  (jue  les 
précédentes. 

Atmosphère  des  prunes  avanl  l'expérience.         Almosphère  après  l'expérience. 

Gaz  oxigène  .  ,      87,  3  cent,  c.       87,  6  centim.  c. 
azote     .  .  .   328  ,  7  329  ,  3 

acide  carbon.      o  20,1 


416  407 

Inspiration      9 


416 
Les  quantités  de  gaz  oxigène  que  les  prunes  ont  détruit 
Méin.  de  la  Soc.  de  P/iys.  et  il  H.  nat.  T.  L"  54 


26-2  DE    l'influence    DES    FRUITS    VERTS 

dans  ces  deux  expériences  n'offrent  qu'une  légère  diffé- 
rence relativement  au  volume  du  fruit,  mais  l'inspiration 
a  été  beaucoup  plus  grande  dans  la  petite  atmosphère  ;  ce 
résidtat  montre  que  les  inspirations  doivent  être  plus 
petites  à  l'air  libre  que  sous  un  récipient,  surtout  lorsque 
les  plantes  laissent  du  gaz  acide  carbonique  dans  leur 
atmosphère. 

H.  Influence  des  prunes  sur  l'air  atmosphérique  au  soleil. 

Ces  fruits  ont  été  exposés  pendant  quatre  jours  ou  4'^ 
heures  au  soleil  sous  le  récipient  ;  ils  en  ont  été  retirés 
pendant  les  nuits ,  comme  les  pois  en  C. 

Atmosphère  des  pruaes  avant  l'expérience.  Atmosplière  après  l'expérience. 

Gaz  oxigène    .  .  2o5,  8  centim.  c.     226,  9  cent,  c 
azote,     .  .     774.  2  790,  6 

acide  carbon.     o  o 


980  1017,  5 

Les  prunes  ont  amélioré  l'air  du  récipient  par  des  expira- 
rations  égales  à  21  centimètres  cubes  de  gaz  oxigène;  elles 
sont  moins  grandes  que  l'inspiration  G  ne  l'indique , 
parce  qu'en  iï,  elle  a  été  faite  à  l'air  libre. 

I.  Prunes  exposées  à  l'action  de  la  nuit  et  du  soleil  daus  la  même 

atmosphère. 

On  a  procédé  dans  cette  expérience  comme  en  D,  avec 
cette  différence  que  pour  obtenir  des  résidtats  plus  pro- 
noncés ,  les  quatre  prunes  renouvellées  matin  et  soir ,  ont 
passé  dans  le  récipient  quati'e  jours  et  quatre  nuits. 


SUR   l'air    AV4NT    LEUR   MATURITÉ.  265 

Atmosplière  des  prunes  avant  l'expérience.  Atmosphère  après  l'expérience. 

Gaz  oxigène    .  .  189  centim.  c.  173,  8  cent.  c. 

azote  ....  7 II  722  ,  2 

acide  carbon.      o  o 


goo  896 

Les  changemens  que  les  prunes  ont  fait  subir  à  leur 
atmosphère  n'étoient  pas  considérables ,  mais  les  résul- 
tats antérieurs  indiquent  qu'elles  ont  détruit  pendant 
les  quatre  nuits  de  cette  expérience  ,  au  moins  deux  cents 
centimètres  cubes  de  gaz  oxigène,  et  qu'elles  n'en  auroient 
pas  laissé  une  trace  dans  le  récipient ,  si  elles  n  eussent  pas 
décomposé  un  volume  à  peu  près  égal  de  gaz  acide  car- 
bonique. 

K.    Décomposition  du  gaz  acide  carbonique  par  les  prunes  dans 
un  mélange  artificiel  de  ce  gaz  avec  l'air. 

J'ai  fait  végéter  pendant  quatre  jours  au  soleil ,  mais 
non  pendant  les  nuits ,  ce  fruit  dans  un  mélange  de  900 
centimètres  cubes  d'air  atmosphérique  avec  100  d  acide 
carbonique,  dont  une  moitié  a  été  introduite  en  commen- 
çant l'expérience,  et  l'autre  moitié  deux  jours  après  son 
établissement,  Les  prunes  ont  été  renouvellées  quatre 
fois. 

Atraosplière  avant  Atmosplière  après 

l'expérience.  l'expérience. 

Gaz  oxigène.  .  .  189  cent.  c.     25i  ,  3  cent.  c. 

azote 711  724 1  8 

Acide   carbon  .  .  100  o 

1000  986,  1 


264  DE    1,'lNFLUENCE    DES    FRUITS    VERTS 

La  comparaison  des  résultats  obtenus  en  H  avec  ceux 
de  la  dernière  expérience,  montre  que  dans  celle-ci,  les 
les  prunes  ont  ajouté  environ  4i  centimètres  cubes  de 
gaz  oxigène  à  leur  atmosphère  par  leffet  de  la  décom- 
position de  l'acide  carbonique  que  j'y  ai  introduit. 

La  principale  cause  de  la  diminution  de  volume  que  l'air 
a  subie  après  Texpérience  tient  au  renouvellement  de$ 
fruits  qui  ont  transporté  hors  du  récipient,  une  grande 
quantité  d'acide  carbonique  qu'ils  nont  pas  décomposé. 
D  ailleurs  l'eau  qui  servoit  de  clôture  a  contribué  ici  à 
cette  diminution ,  parce  que  l'atmosphère  où  ils  n'ont  vé- 
gété que  pendant  quarante-huit  heures,  est  restée  en 
contact  pendant  dix  jours  avec  ce  liquide  à  cause  du 
mauvais  temps, 


L.    Influence    des  pnines  sur  l'air,    lorsqu'elles  ont  acquis   tout 
leur  accroissement. 

Les  expériences  suivantes  ont  été  faites  un  mois  après 
les  précédentes,  sur  des  prunes  qui  touchoient  au 
terme  de  leur  maturité,  ou  qui  n'en  étoient  éloignées 
que  de  deux  ou  trois  jours  ;  le  volume  de  ce  fruit  avoit 
doublé;  on  n'a  mis  par  cette  raison  sous  chaque  récipient, 
que  deux  prunes  qui  pesoient  entre  46  et  5o  grammes; 
elles  y  sont  souvent  parvenues  à  leur  entière  maturité. 


SUR  l'air  avant  leur  maturité.  265 

Expérience  pendant  douze  heures  de  nuit. 

Atmosphère  des  prunes  avant  Atmoçpbère  des  prunes  après 

l'expérience.  l'expérience. 

Gaz  oxigène.  .  .  210  cent.  c.  186,  3  cent.  c. 

azote 790  791  '  6 

acide  carb.  .0  12,1 


looo  990 

Inspiration.  .       10 


1000 
Cette  expérience  répétée  deux  fois  avec  des  résultats 
semblables ,  montre  que  les  fruits  à  volume  égal  détruisent 
plus  doxigène,  lorsqu ils  sont  éloignés  de  leur  maturité  que 
lorsqu'ils  en  sont  rapprochés.  Les  feuilles  se  comportent  de 
même,   (Recherches  sur  la  végétation  pag.   100  et  suiv.). 

Expéiience  pendant  douze  heures  de  soleil. 

Atmosphère  des  prunes  avant  Atmosphère  des  prunes  après 

l'expérience.  l'expérience. 

Gaz  oxigène.  .  .  210  cent.  c.  igS,  6  cent.  c. 

azote 790  797  '   I 

acide  carb.  .0  7,3 

1000  1000 

Lorsque  j  ai  continué  cette  expérience  pendant  quatre 
jours,  en  retirant  du  récipient  les  prunes  le  soir  pour  en 
introduire  de  nouvelles  le  lendemain,  leur  atmosphère  a 
éprouvé  une  diminution  de  19  centimètres  cubes,  parce 
que  la  proportion  d'acide  est  devenue  assez  grande  pour 


266  DE  l'influence  des  fruits  verts 

qu'elles  aient  pu  l'absorber.  Les  prunes  à  peu  près  mûres 
font  disparoître  plus  d'oxigène  à  l'ombre  qu'au  soleil  : 
elles  auroient  produit  un  effet  contraire,  si  elles  n'eussent 
point  décomposé  lacide  carbonique. 

Expérience  pendant  quatre  jours  de  soleil  et  quatre  nuits;  les  prunes 
n'ont  pas  été  renouvellées . 

Atmosplière  ayant  Almosphère  après 

rexpérieoce.  l'expérience. 

Gaz  oxigène.  .  .  199,  5  cent.  c.         178,  6  cent.  c. 

azote ySo  ,  5  761 ,  8 

acide  Carbon.       o  11,6 


gSo  947 

Pendant  les  quatre  nuits  de  cette  expérience,  les  prunes 
ont  dû  détruire  95  centimètres  cubes  de  gaz  oxigène; 
mais  puisqu'en  y  ajoutant  les  jours  correspondans ,  elles 
n'en  ont  détruit  que  2.%  centimètres  cubes,  elles  doivent 
avoir  dégagé  95  —  26=^69  centimètres  cubes  de  gaz  oxigène 
pendant  leur  exposition  au  soleil. 

Expérience  pendant  quatre  jours  de  soleil  et  quatre  nuits  dans  un  mé- 
lange d'air  et  d'acide  carbonique:  les  fruits  n'ont  pas  été  renou\>ellés . 


Atmosphère  des  prunes  avant 

Atm 

osphère  des  prunes  après 

1  expérience 

l'expérienct 

Gaz  Oxigène.  .  , 

199. 

5 

cent. 

c. 

197- 

8 

azote 

760, 

5 

773, 

7 

acide  carbon. 

5o 

12 

1000  9^3 ,  5 

La   comparaison  du  résultat  précédent  avec  celui-ci, 


SUR  l'air  avant  leur  maturité.  267 

montre  que  les  prunes  à  l'époque  de  leur  maturité,  ont 
décomposé  une  partie  de  l'acide  carbonique  artificiel , 
quoiqu'elles  aient  vicié  leur  atmosphère  dans  cette  expé- 
rience ,  ainsi  que  dans  toutes  les  autres  L ,  considérées 
isolément. 

Expériences    sur    les   pommes    sauvages    (  Pyrus- 
malus.  L.  ). 

M.  Dégagement  du  gas  oxigène ,  par  ces  fruits  plonges  dans  l'eau. 

Après  avoir  employé  dans  les  expériences  préce'dentes 
des  truits  presqu'entièrement  verts  à  l'extérieur  et  à  1  in- 
térieur, j'examinerai  un  fruit  tel  que  les  pommes  dont  la 
plus  grande  partie  de  la  substance  étant  blanche  peut 
vicier  l'air  atmosphérique  au  soleil  et  à  l'ombre. 

J'ai  choisi  des  pommes  qui  n'ofFroient  point  de  nuance 
rougeâtre  à  l'extérieur;  leur  épidémie  étoit  d'un  vert  pâle 
et  uniforme;  leurs  pépins  n'étoieiit  point  encore  colorés  ; 
elles  avoient  environ  trois  centimètres  de  diamètre;  leur 
chair  intérieure  étoit  blanche,  et  seulement  nuancée  d'un 
vert  peu  sensible  près  de  l'épiderme. 

Vingt  de  ces  pommes  pesant  200  grammes  et  occu- 
pant 240  centimères  cubes,  ont  dégagé  en  Juillet,  dans 
1800  grammes  d'eau  de  source,  par  un  soleil  très-foible, 
entre  onze  heures  du  matin,  et  cinq  heures  du  soir  24^ 
centimètres  cubes  dair  qui  après  avoir  été  dépouillé  de 
^.""d'acide  carbonique,  contenoit  27  ^  de  gaz  oxigène  (1) 
et  72  ^  d  azote. 

(i)  Pour  obtenir  du  gaz  oxigène  des  pommes  dans  de  l'eau  de  source  ,  il  faut 


268  DE  l'influence  des  fruits  verts 

Cette  expérience  faite  en  même  temps,  et  dans  les 
mêmes  proportions  avec  de  l'eau  de  pluie,  a  produit  2& 
centimètres  cubes  dair  :  loo  parties  de  cet  air  dépouillé 
de  3  d'acide  carbonique,  contenoient  29 j  d'oxigeiie  et 
70  I  d'azote. 

Vingt  grammes  de  feuilles  de  pommier  ont  dégagé  eu 
même  temps  dans  1800  centimètres  cubes  d'eau  de  source, 
II,  3  centimètres  cubes  d'air  qui  conteiioit  ^.'"°"  d'oxi- 
gène  et  q^.'""  d'azote  ;  un  soleil  vif  doubloit  la  quan- 
tité de  l'air  dégagé  sans  diminuer  sa  pureté. 

Avec  l'eau  de  pluie,  elles  ont  produit  dans  tous  les 
cas,  comme  les  autres  feuilles,  un  air  inférieur  en  quan- 
tité et  en  pureté  à  celui  qu'elles  fournissoient  avec  l'eau 
de   source. 

que  le  soleil  soit  très-foible  ,  parce  que  ces  fruits  subissent  par  un  soleil 
vif,  une  prompte  fermentation  qui  leur  fiiit  dégager  un  air  impur  ;  il  faut 
de  plus  les  empèclier  d'être  en  contact  avec  l'air  qu'elles  ont  produit  ,  en 
mettant  intérieurement  près  du  dôme  du  récipient  un  treillis  en  cuivre. 
Lorsque  je  n'ai  pas  pris  ces  précautions  ,  j'ai  obtenu  de  ce  fruit  sous  l'eavi 
de  source  dans  les  mêmes  circonstances  ,  mais  par  un  soleil  vif,  39  J  con- 
timètres  cubes  d'air  qui  contenoit  plus  d'un  cinquième  d'acide  carbonique  ; 
100  de  eet  air  privé  d'acide  ,  étoient  composés  de  11  d'oxigèae  ,  et  de  88 
d  azote.  Les  pommes  ont  fourni  en  même  temps  ,  et  de  la  même  manière 
dans  de  l'eau  de  pluie  ,  3o  centimètres  cubes  d'air  qui  contenoient  2  -J  cen- 
timètres cubes  d'acide  carbonique  ;  100  de  cet  air  privé  d'acide  ,  étoient 
composés  de  aS  d'oxigène  et  de  ^5  d'azote.  Je  ne  puis  expliquer  par  quelle 
raison ,  l'air  étoit  constamment  plus  pur  avec  l'eau  de  pluie  qu'avec  l'eau  de 
source,  car  abstraction  faite  de  l'acide  carbonique  ,  l'air  que  ces  eaux  recè- 
le.eat  ,  étoit  formé  des  mêmes  proportious  d'azote  et  d'oxigène.  L'eau  de 
source  tenoit  en  dissolution  beaucoup  de  carbonate  de  chaux  qui  provoquoit 
peut-être  la  fermentation. 


stTR  l'air  avant  leur  maturité.  269 

Puisque  les  pommes  n'ont  pas  dégagé  plus  d'oxigène 
dans  leau  de  source  que  dans  l'eau  de  pluie,  on  doit 
admettre  qu'elles  ne  peuvent  pas  décomposer  sous  l'eau, 
avant  de  fermenter,  une  plus  grande  quantité  d'acide  carbo- 
nique que  celle  qui  se  trouve  dans  leur  parenchyme,  et  que 
leur  faculté  d  élaborer  ce  gaz  est  extrêmement  foible,  ainsi 
qu'on  pourroit  le  prévoir  par  la  seule  inspection  du  truit. 

N.     Influence  des  pommes  sur  l'air  pendant  la  nuit. 

J'ai  employé  pour  chaque  expérience  dans  lair,  deux 
pommes  semblables  à  celles  dont  j'ai  parlé  précédemment  ; 
elles  déplaçoient  ensemble  27 ^  centimètres  cubes;  elles 
étoient  accolées  à  une  courte  tige  qui  trempoit  dans 
l'eau  ;  elles  ont  fourni  par  une  exposition  de  douze  heures 
de  nuit  sous  un  récipient  plein  d'air,  les  résultats 
suivans  : 

Atmosplière  des  pommes  Almosplièrp  des  pommes 

avaiu   l*e\périence.  après  l'expérience. 

Gaz  oxigène.     210  cent,  c.  igS  ,  6  cent,  c. 

azote.  .  .     790  79Ï  '  9 

acide  carb.       o  7  ■.  8 

looo  993 ,  3 

Inspiration.  6 ,  7 


1000 

O.     Pommes  expose'es  à  l'action   de  la  nuit  et  du  soleil  dans  la 
même   utniosj  hère. 

Les  pommes   sont   beaucoup  plus  altérées  par  le  soleil 
et  la  chaleur  que  les  truits  dont    je  me  suis  occupé  ]as- 
Mém.  de  la  Soc.  de  Phjs.  et  d  H.  nat,  T.  i."  35 


370  DE  l'cnflurkce  des  fruits  verts 

qu'ici;  elles  y  forment  du  gaz  acide  carbonique  qu'elles 
absorbent  même  au  soleil,  avec  une  promptitude  singu- 
lière :  j'ai  évité  cet  accident  en  voilant  le  récipient 
avec  de  la  gaze ,  et  en  couvrant  son  dôme  de  papier 
mouillé,  pendant  l'exposition  au  soleil  dont  les  rayons 
étoient  d'ailleurs  alFoiblis  comme  ci-devant  par  les  vitres 
des  fenêtres. 

Pendant  les  deux,  nuits  et  les  deux  jours  employés  à 
cette  expérience  qui  a  eu  le  même  réstdtat  sur  l'eau  et 
le  mercure,  et  qui  a  été  favorisée  par  le  beau  temps,  les 
pommes  n'ont  pas  été  renouvellées  pour  qu'elles  n'em- 
portassent pas  hors  du  récipient,  le  gaz  acide  quelles 
avoient  formé  pendant  la  nuit. 


Atmosphère 

des  pommes 

At 

mosplière  îles 

pommes 

avaot  l'expérience. 

après  leipérieuce. 

Gaz  oxigène. 

210 

cent. 

c. 

2o5  , 

6  cent. 

c. 

azote.  .  , 

.    790 

M. 

4 

■p 

acide  carb. 

0 

- 

0 

- 

lOOO 

loio 

Lorsque  j'ai  fait  cette  expérience  en  renouvellant  les 
pommes,  matin  et  soir,  elles  ont  fait  subir  à  leur  atmos- 
phère, une  diminution  de  neuf  centimètres  cubes  ,  et  elles 
ont  détruit  quatorze  centimètres  cubes   de  gaz   oxigène. 

On  trouve  par  la  comparaison  des  résultats  détaillés 
en  iV  et  O,  que  les  pommes  ont  décomposé  pendant 
le  jour,  environ  zS  centimètres  cubes  du  gaz  acide  car- 
bonique qu'elles  avoient  formé  à  l'obscurité. 


SUR  i.'air  avant  leur  maturité.     271 

p.    Décomposition  du  gaz  acide  carbonique  par  les  pommes  dans 
un  mélange  artijiciel  de  ce  gaz  avec  l'air. 

J'ai  exposé  deux  pommes  pendant  deux  nuits  et  deux 
jours  dans  un  mélange  de  1000  centimètres  cubes  d'air 
avec  5o  d  acide  carbonique ,  en  ayant  soin  de  couvrir  de 
gaze,  et  en  partie  de  papier  mouillé  le  récipient,  lors- 
qu  il  étoit  exposé  au  soleil;  sans  cette  précaution  les  pommes 
ont  toujours  vicié  leur  atmosphère  :  elles  n'ont  pas  été  re- 
nouveliées   dans  le  résultat  que  je  détaille  ici, 

Atmosphère  des  pommes  Atmosphère  des  pommes 

aTant  l'expérience.  après  l'eipérience. 


Gaz  oxigène.     210  cent.  c. 
azote.  .  ,  .  790 
acide  cai-b.     5o 

218,3  cent 

799.  7 
i3 

io5o  io3i 

En  comparant  cette  expérience  avec  la  précédente, 
on  voit  que  les  pommes  ont  dégagé  environ  i3 
centimètres  cubes  de  gaz  oxigène  par  la  décom- 
position partielle  de  1  acide  carbonique  que  j'ai  introduit 
dans  le  récipient.  La  diminution  de  19  centimètres  cubes 
qu'on  observe  dans  le  volume  de  l'atmosphère  après 
1  expérience,  doit  être  attribuée  principalement  à  l'acide 
carbonique  dont  les  pommes  se  sont  imprégnées  sans  lui 
faire  subir  aucun  changement.  Elles  en  absorboient  une 
quantité  égale  aux  deux  tiers  de  leur  volume  pendant 
une  journée  d'expooition  au  soleil;  si  je  les  eusse  renou- 
vellées,  1  absorption  au  roi  t  été  plus  grande  :  deux  pommes 
qui  occupoient  27  cenlimèlres  cubes  ,   ont  fait  subir  par 


272  DE    l'influence    DIÎS    FRUITS    VERTS 

la  seule  imbibition  de  l'acide  carbonique,  une  diminution 
de  75  centimètres  cubes,  à  un  mélange  composé  de  1000 
centimètres  cubes  dair,  et  de  100  d'acide  où  elles  ont 
été  reiiouvellées  quatre  fois  pendant  quatre  jours  en  ne 
séjournant  qu'au  soleil  dans  le  récipient;  mais  cette 
imbibition  d'acide  carbonique ,  n'est  que  peu  ou  point 
sensible  à  la  fin  de  l'expérience,  lorsquon  ne  les  a  pas 
renouvellées,  et  qu'on  leur  a  donné  le  temps  de  le  dé- 
composer entièrement.  11  suit  de  toutes  ces  expériences, 
(en  faisant  abstraction  de  l'intensité  des  effets)  que 
les  pommes  ont  sur  l'air  la  même  influence  que  les 
feuilles. 

Expériences  sur  les  raisins  en  état  de  verjus. 

Q.     Dégagement    du    gas    oxigène   par  ces  fruits  plonges  dans 

l'eau. 

Deux  cents  grammes  de  raisins  qui  avoient  environ 
douze  millimètres  de  diamètre  ont  dégagé  à  la  fin 
de  juillet  dans  1800  grammes  deau  de  source  entre 
onze  heures  du  matin  et  cinq  heures  du  soir  par  un 
soleil  très-pâle,  5,  6  centimètres  d'air  dont  100  contenoient 
29   d'oxigène   et  71  d'azote. 

Cette  expérience  faite  en  même  temps  et  dans  les  mêmes 
proportions,  avec  de  feau  de  pluie,  a  produit  5,  2.  cent. 
cubes  d'air;  100  de  cet  air  contenoient  3i  d'oxigène  et 
69  d'azote. 

Vingt  grammes  de  feuilles  de  vigne  ont  dégagé  en 
même  temps  dans  1800  grammes  d'eau  de  source,  ii|  cen- 


SUR  l'air  avant  leur  maturité.  273 

timbres  cubes  dair,  dont  100  contenoieiit  3o  d'oxigène 
et  70  d  azote. 

Vingt  grammes  de  tiges  vertes  de  vigne  de  4  à  6 
millimètres  de  diamètre  ont  dégage  eu  même  temps 
2  7  centimètres  cubes  d'air  dans  1800  grammes  deau  de 
source;  100  de  cet  air  conteiioient  4^»  doxigène  et  54 
d'azote. 

II  paroît  d'après  ces  expériences  que  la  faculté  d'éla- 
borer 1  acide  carbonique,  e^t  bien  foible  dans  les  raisins, 
ou  qu'ils  ne  peuvent  pas  en  décomposer  sous  l'eau,  une 
quantité  qui  excède  beaucoup  celle  qui  se  trouve  dans 
leur   parenchyme  antérieurement  à  limmersion. 

Ce  résultat  tient  principalement  à  ce  que  la  force  vé- 
gétative des  raisins  est  très  -  affoiblie  lorsqu'ils  sont  sé- 
parés de  la  plante  ;   je  m'en   suis  assuré  : 

i."  Par  la  différente  influence  qu'ils  ont  sur  l'air,  dans 
ce  cas  et  dans  celui  où   ils  restent  adhérens  au  cep. 

2.°  parce  i|ue  des  raisins  détachés  dont  le  péduncule 
trempe  dans  leau,  perdent  par  le  dessèchement  beaucoup 
plus  deau  quils  n'en  peuvent  absorber  par  la  succion; 
ainsi  ,  une  grappe  de  verjus  récemment  cueillie  ,  et 
qui  pesoit  29  grammes ,  a  perdu  pendant  24  heures  à 
romi)re ,  2^  grammes  de  son  poids,  en  ne  pouvant  su- 
cer que  trois  décigrammes  d'eau,  tandis  que  trois  prunes 
qui  pesoient  également  29  grammes,  et  qui  étuient 
comme  le  fruit  précédent  au  milieu  de  leur  accroissement, 
ont  augmenté  dans  le  même  temps,  leur  poids  de  i,  7 
grammes  en  suçant  2,  6  grammes  deau.  quoiqu elles 
eussent  bien   moins  de  sui'face  que  les  raisins. 


274  DE    l'influence    DES    FRUITS   VERTS 

R.     Influence  du  verjus  sur  l'air  pendant  la  nuit. 

Mes  expériences  dans  l'air  avec  ce  frait,  ont  été  faites 
à  la  fin  de  juillet  et  dans  le  mois  daoût,  en  plaçant  dans 
looo  centimètres  cubes  d'air,  une  grappe  en  état  de 
verjus,  semblable  à  celles  dont  j'ai  parié  précédemment; 
elle  pesoit  32  grammes  et  occupoit  33,  7  centimètres 
cubes;  son  péduncule  trempoit  dans  l'eau  sous  le  réci- 
pient; j'ai  eu  soin  que  les  raisins  n'en  touchassent  pas 
la  paroi.  Eu  les  cueillant  le  soir,  et  en  les  mettant 
immédiatement  après  en  expérience ,  ils  ont  présenté 
au   bout  de  douze  heures  les  résultats  suivans  ; 

Atmosphère   des  raisins  Atmosphère  des  raisins 

avant  l'expérience.  après  l'expérieuce. 

Gaz  oxigène,       210  cent.  c.  181  ,  2  cent.  c. 

azote.  .  .  .    790  792  ,  3 

acide  carb.        o  1 6 ,  5 

1000  990 

Inspiration.       la 


1000 
S.     Influence  du  verjus  sur  l'air  au  soTeiT. 

J'exposerai  ici  les  résultats  de  deux  expériences;  l'une 
que  J'appellerai  exp.  sans  abri,  a  été  faite  en  ne  modé- 
l'ant  les  rayons  du  soleil  que  par  une  croisée  ou  les  vitres 
d'une  tenêtre;  l'autre  expérience ,  que  je  nommerai  avec 
abri,  a  été  établie  à  la  même  exposition,  mais  en  voilant 
le   récipient   avec  de  la  gaze  claire,  et  en  couvrant  son 


SUR.  l'air  avant  leur  maturité.  275 

dôme  de  papier  mouillé;  on  verra  par  comparaison  avec 
M,  qu'elles  conduisent  toutes  aux  mêmes  résultats  pour 
la  déi'umposition  de  l'acide  carbonique,  quoique  dans 
l'expérience  sans  abri,  les  raisins  aient  vicié  leur  at- 
•  mosphère. 

Ces  fruits  dans  les  deux  cas,  ont  été  exposés  pen- 
dant quatre  jours  ou  4^  heures  au  soleil;  ils  étoient 
retirés  du  récipient  pendant  les  nuits  et  renouvelles 
le  matin. 

Expérience  sans  abri. 

Atmosphère  des  raisins  Almosphëre  des  raisins 

avant  l'expérience.  après  l'expérience. 

Gaz  oxigène.     210  cent.  c.  192,  4  cent.  c. 

azote.  .  .  .  790  800 ,  3 

acide  carb.      o  7,3 

looo  1000 

S  S.     Expérience  avec  abri. 

Atmosphère  des  raisins  Almosplière  des  raisins 

avanl  l'expérience.  après  l'expérience. 

Gaz  oxigène.     210  cent.  c.  208,  3  cent,  c, 

azote.  .  .  .  790  797  ,   7 

acide  carb,         o  o 


1000  .  1006 

T.     Verjus  exposé  à  l'action   de  la  nuit  et  du  soleil  dans  la  même 

.Atmosphère. 

Ces  fruits  ont  été  placés  pendant  96  heures  sous  le  ré- 
cipent,  ou  pendant  quatre  jours  de  soleil  et  quatre  nuits; 
ils  y  ont  été  renouvelles   matin  et  soir. 


276  DE   L'iNPLtJENCE    DES   FRUITS   VERTS 

Expérience  sans  ahri. 

AlmosplièrP  dps  raisins  Almosplière  clps  raisins 

avant  l'cipérience.  ajirès  l'exiiéri^uce. 

Gaz  oxigène,     210  cent.  c.  167,  4  cent.  c. 

azute.  .  ,  .  790  798 ,  7 

acide  carb.       o  7  »  i 

1000  973 ,  2. 

I  e  résultat  R ,  indique  que  pendant  les  quatre  nuits 
de  l'expérience  T ,  les  raisins  auroient  dû  faire  disparoître 
ii5  centini.  cubes  de  gaz  oxigène;  mais  puisquen  y 
ajoutant  les  jours  correspondans ,  ils  n'ont  détruit  que 
43  centim.  cubes  de  ce  gaz,  ils  doivent  avoir  dégagé  au 
soleil  en  viciant  leur  atmosphère,  ii5 — 43=^82  centjm.  c. 
de  gaz  oxigène,  par  la  décomposition  de  l'acide  carbu- 
ni(jue  qu'ils  avoient  formé  à  l'obscurité. 

TT.  Expérience  avec  abri. 

Ces  fruits  ont  resté  96  heures  sous  le  récipient  ou 
quatre  jours  de  soleil  et  quatre  nuits  j  ils  n'ont  pas  été 
renouvelles. 

Atmosphère  des  raisins  avant  l'expérience.  Atmosplière  après  l'expérience. 

Gaz  oxigène.  .  .  .  210,     cent,  c,  202,  9  cent.  c. 

azote 790  ,  802  ,  I 

Acide  carbonique.       o  o 


1000  ioo5 

Ces  expériences  montrent   que  la  différente  influence 
des  riiisins  sur  leur  atmosphère  au  soleil  et  à  l'obscurité  , 


SUR  l'air  av\nt  leur  maturité.  277 

est  plus  prononcée  en  affoil>lissant  beaucoup  l'action  des 
rayons  solaires. 

J'ai  déjà  décrit  (Recherches  sur  la  végétation,  pag.  i3i), 
l'action  des  raisins  sur  l'air  avec  rinfluence  du  jour  et  de 
la  nuit,  lorsqu'ils  restent  attachés  au  cep  dont  les  racines 
sont  dans  le  sol  :  j'expose  ici  sur  cet  objet  une  nouvelle 
expérience  avec  des  détails  que  j'avois  supprimés  précé- 
demment. 

J'ai  introduit  le  24  juillet  1821  ,  dans  une  bouteille  de 
verre  blanc ,  ^t  de  44o  centimètres  cubes ,  une  grappe  de 
raisin  qui  croissoit  contre  un  mur  au  midi  ;  elle  portoit 
3o  grains  de  3  millimètres  de  diamètre  ;  ils  étoient  om- 
bragés dans  la  bouteille,  par  les  feuilles  extérieures,  comme 
ils  l'auroient  été  à  l'air  libre. 

Deux  fragmens  demi-cylindriques  de  liège ,  insérés  dans 
le  col  du  bocal ,  en^  eloppoient  l'extrémité  raccourcie  du 
sarment  qui  portoit  la  grappe  ;  celle-ci  ne  touchoit  point 
le  verre.  La  clôture  a  été  successivement  lutée  avec  de  la 
vessie  mouillée ,  de  la  cire  molle  et  des  bandes  de  toile 
enduites  de  craie  et  de  blanc  d'œuf. 

Au  bout  de  douze  jours ,  les  raisins  ayant  triplé  de  vo- 
lume et  transpiré  3o  grammes  d'eau ,  j'ai  coupé  au  soleil , 
après  midi ,  la  branche  qui  portoit  la  bouteille ,  pour  l'ouvrir 
dans  du  mercure.  Ce  liquide  en  y  pénétrant  a  montré 
qu  à  température  égale ,  l'air  y  étoit  plus  raréfié  que  l'at- 
mosphère extérieure  (i),  et  que  le  lut  avoit  bien  rempli 

(1)  D'autres  résultats  montrent  (comme  on  doit  le  prévoir),  que  dans 
ces  expériences  ,  la  chaleur   du  soleil  expulse  lentement  au  travers  de  1» 

3Iùm.  de  la  Soc.  de  Phys.  et  d'il.  nat.   T.  1."  36 


27*?  DE    l'influence    DES    FRUITS    VF.RTS 

ses  fonctions.  La  grappe  cléplaçoit  alors  neuf  centimètres 
cubes  :  1  air  de  la  bouteille  ne  contenoit  point  cVacide  car- 
bonique :  reudiomètre  de  Volta  y  a  indiqué  par  plusieurs 
épreuves  répétées,  iiro^'u"-  de  gaz  oxigène,  ou  x^'™'-  de  plus 
que  dans  lair  atmosphérique.  Les  feuilles  adhérentes  à 
une  plante  qui  a  ses  racines  dans  le  sol ,  présentent  ordi- 
nairement un  résultat  analogue  ;  il  indique  qu  elles  dé- 
composent l'acide  carbonicjue  qui  se  forme  dans  la  tige  ou 
quelles  reçoivent  de  la  terre  par  l'eau  qui  les  aJimente. 

J'ai  répété  cette  expérience  avec  des  cerises  ;  mais  elle 
a  été  sans  résultat,  parce  qu'elles  jaunissoient  sans  se  dé- 
velopper ,  quoiqu'elles  transpirassent  beaucoup  ;  c'est  sur- 
tout par  l'accroissement  du  fruit ,  qu'on  peut  s'assurer  ici 
du  succès  de  l'opération, 

V.  Dc'composition  du  gaz  acide   carbonique  par  du    verjus  dans 

un  viciante  arlijî.ciel  de  ce  gas  avec  l'air.  : 

Il  ■jj>  ;•  )  I  li  ;;■.  '' 

J'ai  fait  végéter  dans  un  mélange  de  900  centimètres 
cubes  d air,  et  de  5o  centimètres  cubes  d'acide  carbonique 
pendant  quatre  nuits  et  quatre  jours  de  soleil,  une  grappe 
de  raisin  détachée,  qui  pesoit  3^  grammes  comme  les 
précédentes  ;  elle  n'a  pas  été  renouvellée  ;  on  a  modéré 
riiitensité  du  soleil  en  voilant  avec  une  gaze  claire  le 
récipient ,  et  en  couvrant  son  dôme  de  papier  mouillé. 


branche  elle-même  ,  une  partie  de  l'air  contenu  dans  le  bocal ,   et  (jue  l'air 
extérieur  y  rentre  lensiùte  par  la  même  voie  pendant  la  nuit. 


SUR   l'air   avant    leur   maturité.  200 

Atmosphère  Ses  raisins  avant  l'expérience.  Atmosphère  après  l'expérience. 

Gaz  oxigène    .  .  .     199,  5    cent.  c.      226,  9  cent.  c. 

azote ySo,  5  764,  7 

acide  carboniq.     5o,  7,  4 

looo  998 

.Les  raisins  se  sont  très-légèrement  ridés  dans  cette  ex- 
périence quoique  leur  péduncule  trempât  dans  l'e^iu;  mais 
ils  n'en  ont  pas  moins  décomposé  la  plus  gi-ande  partie  de 
l'acide  carbonique  étranger  à  celui  qu'ils  ont  formé  avec 
l'oxigène  ambiant.  J'ai  répété  la  mêiTie  expérience  pendant 
le  même  temps,  dans  un  mélange  de  900  centimètres  cubes 
dair  et  de  100  d acide  carbonique,  en  renouvellant  les 
raisins  tous  les  jours;  ils  ont  fait  subir  alors  à  leur  at- 
mosphère ,  une  diminution  de  74  centimètres  cubes  ,  eu 
emportant  hors  du  récipient  l'acide  carbonique  qui  est 
absorbé  par  ce  fruit  aussi  promptement  que  par  les 
pommes. 

X.  Iii/Iiience  des  raisins  sur  l'air,  lorsqu'ils  ont  acquis  tout  leur 

accroissement. 

Les  raisins  employés  aux  expériences  suivantes,  avoient 
un  volume  au  moins  double  de  celui  des  précédens  ; 
leur  couleur  avoit  changé,  en  passant  au  vert  jaunâtre; 
ils  étoient  à  demi  transparens ,  et  ils  touchoient  à  peu 
près  à  l'époque  de  leur  maturité  en  étant  légèrement  au- 
dessous.  Chaque  observation  a  été  faite  comme  les  pré- 
cédentes sur  une  grappe  du  poids  de  trente-deux  grammes. 
Plusieurs  grains  ont  entièrement  mûri  sous  les  récipiens  ; 


a8o  DE  l'influence  bks  fruits  verts 

le  dôme  de  ces  vases  étoit  couvert  de  papier  mouillé  ;  ils 
n'ont  reçu  les  rayons  directs  du  soleil  qu'au  travers  d'une 
gaze  claire,  et  des  vitres  des  fenêtres. 

Expérience  pendant  douze  heures  de  nuit. 
Atmosphère  des  raisins  avant  l'expérience.  Atmosphère  après  l'expériesc*. 

Gaz  oxigèue  .  .  .       210,  cent,  c,        192,    9  cent.  c. 
azote ....  790,  796,  8 

acide  carboniq.      o,  7,3 

1000  997 

Inspiration        3 


looo 


Cette  expérience  confirme  les  résultats  précédeiis  L ,  en 
montrant  que  les  fruits  consument  moins  doxigène  ,  lors- 
qu'ils s'approchent  de  leur  maturité. 

Expérience  pendant  quarante-huit  heures  de  soleil. 

Les  raisins  n'ont  pas  passé  les  nuits  sous  le  récipient  ;  ils  ont  été  renouvelles 

quatre  fois. 

Atmosphère  avant  l'expérience.  Atmosphère  après  l'expérience. 

Gaz  oxigène  ...      210,  cent.  c.        2i3,  i  cent.  c. 
azote    ....       790,  800,  4 

acide  carboniq.       o ,  7,5 

— . — ..-«.  ■  '-      ■    ■  -   ■  ■ 

1000  I02I 


SUR   Ii'aiR    avant    r.EUR    IVÎATURITÉ.  aSi 


:in,' 


Expérience  pendant  quatre  jours  <fe  soleil  et  qifqlre  ?iiuts^'^^ 

Les  raisins  n'ont  pas  été  renouvelles.  .QÏïO  f^-'^ 

Atmosphère  ayant  l'eiptiieace.  Atmosphère  après  l'expérience. 

Gaz  oxigène  ...     210,  cent.  <*.  210,  cent.  c. 

azote.  ....     790,  790, 

acide  carboiiiq.      o,  o 


1000  1000 

L'atmosphère  n'a  dono  changé  sous  aucun  rapport  r' 
tandis  que  dans  une  expérience  semblable  avec  les  raisins 
en  état  de  verjus  TT,  il  y  a  eu  une  petite  diminution 
d'oxigène  :  cette  différence  peut  être  l'effet  de  l'état  chi- 
mique du  suc  de  ces  fruits  à  l'époque  de  la  maturité 
qui  les  empêche  de  retenir  l'oxigène  de  l'acide  qu'ils  dé- 
composent. 

Pour  vérifier  ce  résultat,  j'ai  fait  simultanément ,  dans 
le  courant  de  septembre ,  les  deux  expériences  suivantes 
sur  du  verjus  et  sur  des  raisins  à  peu  près  mûrs.  Les  grains 
du  verjus  n'avoient  que  neuf  millimètres  de  diamètre, 
tandis  que  celui  des  grains  de  verjus  7' 7',  étoit  de  douze 
millimètres  :  les  raisins  mûrs  avoient  un  diamètre  moyen 
de  dix-sept  millimètres  :  les  deux  grappes  qui  pesoient 
chacune  trente-deux  grammes,  ont  resté  cinq  nuits  et 
cinq  jours  sous  leur  récipient,  et  elles  n'ont  point  paru 
altérées.  Le  ciel  a  été  couvert  pendant  la  moitié  du  temps, 
sauf  le  dernier  jour. 


282  DE    l'influence    DES    FRUITS    VERTS 

Atmosphère  du  verjus  et  des     Alraosplière  du  verjus     Atraosplière   des  raïsinf 
raisius  oiùrs  avant  l'expérience.       après  l'expérience.       mûrs  après  l'expériencs. 

Gaz  oxig.       210  c.  c.     199,  4  c.  c.       202,  6  c.  c. 
azote       790,  795,  6  79^,   i 

acide  c.        o  o  7,3 

,'\i  ,: ' 

1000  995  1002  |. 

Ce  résultat  obtenu  encore  une  troisième  fois  a  confiiTné 
celui  de  l'expérience  précédente,  en  indiquant  que  le  verju* 
fait  disparoître  une  quantité  d'oxigène  qui  n'est  pas  repré- 
sentée dans  du  gaz  acide  carbonique ,  tandis  que  les  raisins 
mars  ne  changent  point  la  quantité  d'oxigène  qui  étoit 
contenue  dans  leur  atmosphère  avant  l'expérience ,  car  il 
est  évident  que  la  petite  quantité  d  acide  carbonique  qu'ils 
ont  laissée  accidentellement  sous  le  récipient,  auroit  pu 
être  décomposée  comme  elle  l'a  été  dans  le  résultat  an- 
térieur. 

Les  parties  vei'tes  peuvent  fixer  le  gaz  oxigène  par  la 
décomposition  de  lacide  carbonique.  Lorsqu'elles  végètent 
jour  et  nuit,  sous  un  récipient  plein  d'air  atmosphérique 
avec  de  1  eau  pure ,  cette  fixation  doit  être  beaucoup  moins 
sensible  que  dans  ua  mélange  artificiel  dair  et  de  gaz 
acide ,  non  pas  tant  parce  qu'elles  en  décomposent  une 
plus  petite  quantité  dans  le  premier  cas  ,  que  parce 
que  n'y!  puisant  point  de  carbone,  elles  ne  peuvent  aug- 
menter que  très  -  foiblement  leur  substance  végétale 
sèche.  Les  fruits  ne  mont  pas  paru  propres  à  démoixtrer 
rigoureusement  cette  fixation,  à  cause  de  la  foiblesse  de 
leur  végétation   qui  ne  m'a  permis  de  leur  faire   décom- 


sua   L'A'th'  AVANT    LEUR  'MATUrilTél  '385 

poser  avx  plus ,  que  deux,  ou  trois  fois  leur  Volume  de 
gaz  acide  carbonique  artificiel ,  tandis  que  les  feivilles  en 
décomposent  facilement  cinquante  fois  leur  volume  :  la 
quantité  de  gaz  oxigène  que:  les  fruits  ont  eu  la  faculté 
de  fixer  se  trouvant^  inférieure  à  leiu*  volume ,  pourroit 
être  attribuée  à  une  simple  interposition  de  gaz  acide  dans 
le  parenchyme. 

Expérience  pendant  quatre  jours  et  quatre  huils ,  sur  des  raisins 
à  peu  près  mûrs ,  dans  un  mélange  artificiel  d'air  et  d  acide 
carbonique  ; 

Le  fruit  n"a  pas  éic  reaouvellé.  - 

Atmosphère  avant  l'expérience.  Almosplière  après  l'expérience. 

Gaz  oxigène  .  .  .     199,  5  cent.  c.        207,  7  cent.  c. 
azote     ....     760,  5  7.'So,  3 

acide  carboniq.     5o,  m 

1000  979 

Les 'résultats  de  cette  expérience  con^airés*' avec  F', 
montrent  que  les  raisins  qui  touchjent  à  lepôoCnë  de  la  ma- 
turité, peuvent  décomposer  encore  l'acide  carbonique  ar- 
tificiel ,  mais  en  beaucoup  moins  grande  quantité  que 
lorsqu'ils  sca\t  'en  état  de  verjus.  La  'grande  diminution 
de  volume  qu'on  observe  dans  la  dernière  expérience  i'viellt 
dé  ce  que  l'acide  non  décomposé,  se  trouvant  très-sur- 
abondant ,  a  été  retenu  en  partie  dans  le  parenchyme  du 
friiit;  on  en  jugera  par  les  résultats  suivans  ;  ils  ont  été 
obtenus  en  même  temps  sur  du  verjus  et  sur  du  raisin  à 
peu  près  mCir ,  'exposés  l'un  et  l'autre  pendant  cinq  nuits 


284  DE  l'influence  dfs  fruits  verts 

et  cinq  jours  dans  une  atmosphère  où  Ton  a  diminué  de 

moitié  la  dose  d'acide  carbonique  artificiel. 

Âtmosph.  du  verjus  et  des  raisins     Atmosphère  du  verjus 
mûrs  avant  l'expérleuce.  après  l'eipérience. 

Gaz  oxig.       2IO,  c.  c.       224,  4  c.  c. 
azote       790,  795,  6 

acide  c.      25,  o 


Atmosph 

des  raisins 

murs  ap 

res 

l'çipér. 

216, 

9 

é.  cL 

794, 

6 

8, 

5 

1020  1020  1020 

RÉSUMÉ. 

Les  observations  que  je  viens  d'exposer  conduisent  aux 
résultats  suivants:  '^ewsja 

Les  fruits  verts  ont  sur  l'air,  au  soleil  et  à  l'obscurité  , 
la  même  influence  que  les  feuilles  :  leur  action  ne  diffère 
que  par  l'intensité  qui  est  plus  2;rande  dans  ces  dernières. 

Ils  font  disparoître  pendant  la  nuit  le  gaz  oxigène  de 
leur  atmosphère  ,  et  ils  le  remplacent  par  du  gaz  acide 
carbonique  qu'ils  absorbent  en  partie  :  cette  absorption,  est 
ordinairement  moins  grande  à  l'air  libre  que  sous  un 
récipient. 

lis  consument  à  ^olume  égal  plus  d'oxigène  à  l'obscu- 
ritf(,.Jaisqu'ils, sont  éloignés  delà  maturité  que  lorsqu'ils 
en  sont  rapprochés.  , 

Dans  leur  exposition  au  soleil,  ils  dégagent  en  tout, 
ou  en  partie,  loxigène  de  l'acide  carbonique  qu'ils  ont  ins- 
piré pendant  la  nuit ,  et  ne  laissent  aucune  trace  de  cet 
acide  dans  leur  atmosphère.  Plusieurs  fruits  détachés  de  la 
plante ,    ajoutent  ainsi  du  gaz  oxigène  à  de  l'air  qui  ne 


il 


SUR  l'air  avant  leur  maturité.  285 

contenoit  point  d'acide  carbonique.  Lorsque  leur  végétation 
est  très-foible  ou  très-languissante,  ils  corrompent  l'air 
dans  toutes  les  circonstances,  mais  moins  au  soleil  qu'à 
l'obscurité. 

Les  fruits  verts  détachés  de  la  plante ,  et  exposés  à 
l'action  successive  de  la  nuit  et  du  soleil ,  ne  le  changent 
que  peu  ou  point  en  pureté  et  en  volume;  les  légères  va- 
riations qu'on  observe  à  cet  égard ,  dépendent ,  soit  de  la 
faculté  plus  ou  moins  grande  qu ils  ont  délaborer  l'acide 
carbonique ,  soit  de  leur  composition  qui  se  modifie  sui- 
vant le  degré  de  maturité  ;  ainsi  les  raisins  en  état  de 
verjus  paroissent  s'assimiler  en  petite  quantité  l'oxigène 
de  l'acide  carbonique  qu'ils  forment  dans  l'air  où  ils  vé- 
gètent jour  et  nuit  ,  tandis  que  les  raisins  à  peu  près 
mûrs,  représentent  en  totalité,  pendant  le  jour  ,  dans  leur 
atmosphère  ,  l'oxigène  de  l'acide  qu  ils  ont  produit  à  l'obs^ 
curité.  Sil  n'y  a  point  d'illusion  dans  ce  résultat  qui  a  été 
foible,  mais  constant  dans  toutes  mes  expériences ,  il  si- 
gnale le  passage  de  l'état  acide  à  l'état  sucré  ,  en  indi- 
quant que  l'acidité  du  verjus  tient  à  la  fixation  du  gaz 
oxigène  atmosphérique  ,  et  que  cette  acidité  clisparoît , 
lorsque  le  fruit  ne  puise  que  du  carbone  dans  l'air  ou  dans 
l'acide  carbonique. 

Les  fruits  verts  décomposent  en  tout  ou  en  partie ,  non- 
seulement  l'acide  carboniijue  qii  ils  ont  produit  pendant  la 
nuit,  mais  en  outre,  celui  qu'on  ajoute  artificiellement  à 
leur  atmosphère.  <^u,ind  on  fait  cette  dernière  expérience 
avec  des  fruits  qui  sont  aqueux,  et  qui  tels  que  les  pommes 
et  les  raisins  n'élaborent  que  lentement  le  gai  acide,  on 
Mém.  de  la  Soc.  de  Phys.  et  d'H.  nat.  T.  1."  67 


aSR  DE  l'influexce  des  fruits  verts 

voit  qu'ils  absorbent  (i)  au  soleil ,  une  portion  de  gaz 
beaucoup  plus  grande  que  ne  pourroit  le  faire  un  même 
volume  d  eau  dans  un  semblable  mélange  ;  ils  dégagent 
dès-lors  l'oxigène  de  l'acide  absorbé ,  et  paroissent  ainsi 
1  élaborer  dans  leur  intéi'ieur. 

Leur  tacLilté  de  décomposer  l'acide  carbonique,  s'aSFoiblit 
aux  approches  de  la  maturité. 

Ils  s'approprient  dans  leur  végétation  l'oxigène  et  l'hy- 
drogène de  l'eau  ,   eu  lui  faisant  perdre  l  état  liquide. 

Ces  résultats  ne  s'observent  souvent  ,  que  dans  des 
volumes  d'air  qui  excèdent  trente  ou  quarante  fois  le  vo- 
lume du  fruit ,  et  qu'eu  atfoiblissant  beaucoup  l  action 
échauffante  du  soleil  ;  si  l'on  néglige  ces  précautions  , 
plusieurs  fruits  corrompent  l'air ,  même  au  soleil ,  en  for- 
mant de  l'acide  carbonique  avec  l'oxigène  ambiant  ;  mais 
encore  dans  cette  dernièie  circonstance ,  la  seule  compa- 
raison de  leur  effet  à  l'obscurité  avec  celui  qu'ils  produisent 
sous  l'influence  successive  de  la  nuit  et  du  soleil,  démontre 
qu'Us  décomposent  l'acide  carbonique. 

Les  différences  entre  les  résultats  de  M.  Bérard  et  les 
miens  ,  viennent  principalement  de  ce  qu'il  a  renfermé 
les  fruits  dans  un  espace  qui  n'excédoit  que  six  ou  hiùt 
fois  leur  volume  ,  et  qui  étoit  trop  étroit  pour  qu'ils  ne 
souffrissent  pas  du  voisinage  ou  du  contact  des  parois  du 
récipient  échauffé  par  le  solejl  :  quelques  plantes  grasses 
résistent  à  cette  épreuve ,  et  mes  résultats  avec  le  cactus , 

(i)  L'absorption  au  soleil  ,  dans  un  mélange  d'une  partie  d'acide  carbo- 
nique et  de  vingt  parties  dair ,  est  égale  aux  deux  tiers  environ  du  volume 
de  ces  fruits. 


SUll    t,'AIR    AVANT    LEUR    MATUPaTÉ.  287 

peuvent  avoir  engagé  ce  chimiste  à  traiter  les  fruits  par 
le  même  procédé  ;  mais  plusieurs  d'entr'eux  exigent  plus 
de  ménagement ,  non-seulement  que  les  plantes  grasses  , 
mais  même  que  les  feuilles  les  plus  délicates.  Je  crois  en- 
core qu'il  auroit  dû  alimenter  les  fruits  par  une  petite 
quantité  d'eau  :  l'apparence  de  fraîcheur  qu'il  leur  a  trouvée 
après  l'expérience ,  pourroit  être  fondée ,  s'il  s'agissoit  de 
feuilles  qui  perdent  leur  port  et  leur  consistance  par  le 
moindre  dessèchement  ,  mais  elle  a  peu  de  valeur  pour 
des  fruits  épais  et  charnus  qui  peuvent  se  détériorer  et 
perdre  de  leur  poids,  sans  en  donner  aucun  indice  à  la 
seule  inspection. 

Si  mes  remarques  ont  signalé  une  légère  erreur  sur  ce 
seul  point  du  mémoire  de  M.  Bérard ,  il  est  trop  riche  en 
faits  nouveaux  et  bien  observés,  pour  qu'elles  en  diminuent 
la  valeur. 


FIN  DE  LA  PREMIERE  PARTIE  DU  TOME  PREMIER. 


P^i  aSo,  hg.    8  :  aM  Aégagé,  a^'mtez  èam  de  Fea*  de  sovce. 

■  «W    —    ïfi  :  ••»  dà[açé ,  mimA  i  daii  4e  Feam  de  soorce. 
aâ*,  —     7:  15a,  Smz  ift^ 

—    13:     ^,  &<e  îaJL 


MÉMOIRES 

DE     LA 

SOCIÉTÉ  DE  PHYSIQUE 

ET 

DHISTOIPΠ NATURELLE 


DE 

GENÈVE. 

TOME  V 

Seconde  Partie. 

&EMEVE,    DE  L  IMPRIMERIE  DE  J.-J.    PASCHOUD. 


MÉMOIRES 

I   DE     LA       \ 

SOCIÉTÉ  DE  PHYSIQUE 


ET 


D'HISTOIRE  NATURELLE 


DE 

GENÈVE. 


TOME   V 

Seconde  Partie. 


GENÈVE, 

CHEZ    J.-J.   PASCHOUD,    IMPRIMEUR-LIBRAIRE. 

PARIS, 

MÊME  MAISON   DE    COMMERCE, 


RUE   DE   SEINE  ,   N."    48. 
1822. 


NOTICE 


SUR 

LA  SOCIÉTÉ  DE  PHYSK^UÉ  ET  D'filSTCHRE 
NATURELLE. 

Par  M.  le  Prof.    VAUCHER  ,  "Membre  de  celle  Société. 


i-/A  Société  de  Physique  et  d'Histoire  naturelîe 
de  Genève  fut  fondée  en  1790  par  quelques  amis 
qui  desiroient  s'entretenir  de  leurs  études  favo- 
rites, et  s'aider  réciproquement  dans  les  objets 
de  leurs  recherches.  Afin  de  lui  donner  plus  d'é- 
clat ,  et  d'en  retirer ,  en  même  temps ,  plus  de 
fruit,  ils  pensèrent  à  y  admettre  les  Hommes  dis- 
tingués qui,  alors,  honoroient  notre  ville,  et 
dont  la  réputation  ne  s'est  point  affoiblie  par  le 
temps.  Ces  véritables  amis  de  la  science  étoient 
déjà  membres  des  premières  Académies  dé  l'Jiu- 
rope;  mais  ils  n'hésitèrent  point  à  se  réunir  à 
leurs  jeunes  concitoyens,  pour  répandre  dans 
leur  commune  patrie  le  goût  de  l'étude  à  la- 
quelle ils  a  voient  consacré  leur  vie.  Charles 
Bonnet,  déjà  parvenu  à  un  âge  avancé,  ne 
voulut  point  accepter  la  place  de  Président  per_ 


îtjv  NOTICE. 

pétuel  qui  hii  étoit  offerte  ;  il  déclara  qu'il  s'ho- 
noroit  du  titre  de  simple  associé.  Le  célèbre  De 
Saussure  montra  le  même  patriotisme  et  le 
même  dévoûment;  il  se  fit  un  devoir  d'assister 
à  toutes  les  séances  de  la  société ,  il  s'intéressoit 
vivement  à  ses  travaux,  et  il  y  apportoit  réguliè- 
rement le  fruit  de  ses  observations.  Son  exemple 
fut  imité  par  Senebier,  son  ami  et  quelque- 
fois son  émule.  Il  en  fut  de  même  de  Jurine  , 
de  TiNGRY ,  et  de  tous  ces  Hommes ,  aussi  mo- 
destes que  sa  vans ,  dont  la  mort  nous  a  doulou- 
reusement séparés....  .;    . 

Les  reunions  avoient  d  abord  lieu  tous  les  mois , 
successivement,  chez  les  différens  membres. 
C  etoit  ,  à  proprement  parler ,  des  assemblées 
d'amis  qui,  après  s'être  entretenus  familière- 
ment sur  divers  objets,  entroient  en  séance  pour 
entendre  le  Mémoire  de  la  personne  chez  la- 
quelle ils  étoient  reçus,  et  qui  étoit  toujours  le 
Président  temporaire.  On  faisoit  ensuite,  sur 
le  mémoire  qu'on  avoit  entendu ,  les  remarques 
qu'on  jugeoit  convenables.  On  passoit  enfin 
aux  observations  particulières  que  communi- 
quoient  les  différens  membres,  et  Ion  se  sépa- 


NOTICE.  XV 

roit  avec  le  désir  de  se  revoir  et  le  sentiment 
iqu'on  avoit  acquis  de  nouvelles  connoissances 
sur  des  objets  intéressans. 
'Toutes  les  fois  qu'il  arrivoit  dans  notre  ville 
des  Hommes  distingués  dans  les  sciences ,  la 
Société  se  faisoit  un  devoir  de  les  inviter  pour 
jouir  de  leurs  lumières,  et  pour  leur  témoigner 
le  plaisir  qu'elle  éprouvoit  de  leur  présence  ;  et , 
comme  Genève  est  une  ville  de  passage,  et 
qu  elle  attire ,  à  différens  égards ,  l'attention  des 
étrangers ,  ce  plaisir  n'étoit  pas  rare.  C'est  à 
notre  société  que  Volta,  accompagné  de  son 
ami  Brugnatelli  ,  exposa ,  avant  d'arriver  à 
Paris,  toutes  ses  découvertes  sur  cette  admi- 
rable pile  qui  a  depuis  enfanté  et  enfante  tous 
les  jours  tant  de  prodiges.  C'est  là  que  nous 
avons  eu  le  plaisir  d'entendre,  plus  ou  moins 
souvent,  Dolomieù,  Prony,  Poisson,  Dav y  , 
Chladni  ,  Berthollet  ,  Berzelius  ,  Arago  , 
BioT,  Ampère  et  la  plupart  de  ces  Hommes 
illustres  qui  ont  ouvert  les  différentes  routes  de  la 
science,  ou  qui  cultivent  encore  aujourd'hui, 
avec  tant  d'honneur,  le  champ  défriché  par  leurs 
prédécesseurs. 


KVJ  NOTICE. 

C'étoit  aussi  dans  les  archives  de  la  société, 
qui  avait,  son  secrétaire  et  ses  régîtres  ,  que 
se  déposoient  les  observations  de  ceux  des  mem- 
bres qui  entretenoient  des  correspondances  étran- 
gères, ou  qui  avoient  été  appelés  à  faire  quel- 
ques voyages  dans  l'intérêt  de  la  science.  Cétoit 
mie  fête  pour  nous  que  de  revoir  un  compa- 
triote qui  partageoit  nos  goûts  d'étude,  et  dont 
nous  avions  été  long-temps  séparés.  Nous  con- 
templions, avec  un  vif  intérêt,  les  honorables 
richesses  qu'il  étaloit  à  nos  regards;  nous  écou- 
tions, dans  un  profond  recueillement,  ce  qu'il 
avoit  à  nous  raconter  sur  les  progrès  de  la 
science  à  laquelle  nous  étions  voués.  Qui  de 
nous  ne  se  rappelle  encore  les  rapports  si  lu- 
mineux et  si  logiques  du  célèbre  De  Saussure; 
ceux  de  M.  Odier  sur  la  vaccine ,  à  la  pro- 
pagation de  laquelle  il  travailla  avec  tant 
de  zèle;  ceux  de  M.  Jurine  sur  ses  diverses 
courses  dans  les  parties  encore  mal  connues  de 
nos  Alpes? 

Toutes  les  fois  qu'une  expérience  nouvelle 
étoit    annoncée    dans    les  .journaux   ou    dans: 


notice;  xvii 

les  corirespondances ,  les  difFérens  membres  de 
la  société,  qui  pouvoieut  s'y  intéresser,  se  fai- 
soient  un  devoir  de  la  répéter  en  présence  de 
leurs  confrères.  Nous  étions  ainsi  au  niveau 
des  connaissances  européennes ,  et  nous  prenions 
presque  toujours  part  aux  recherches  qui  occu- 
poient  les  Chimistes,  les  Naturalistes  ou  les  Phy- 
siciens du  temps.  Il  n'y  avoit  dans  nos  aimables 
réunionsauGune  rivalité ,  ni  aucun  amour  propre; 
chaque  membre  en  entrant  oublioit  sa  répu- 
tation pour  s^entretenir  familièrement  avec  des 
compatriotes  ou  des  confrères.  Les  talens  nais- 
sans  étoient  encouragés,  les  Hommes  déjà  cé- 
lèbres étoient  écoutés  avec  une  sorte  de  respect, 
et  je  ne  me  rappelle  pas, dans  un  intervalle  de 
trente  années  ,  dy  avoir  vu  naître  aucune  dis- 
cussion orageuse,  ou  d'y  avoir  entendu  quel- 
ques-uns de  ces  mots  aigres  ou  piquans ,  qui  ' 
rendent  souvent  désagréables  des  associations  de/ 
ce  genre.  /        '  ? 

Par  une  singularité  assez  bizarre,  notre  ville  ,• 
qui  avoit  donné  aiaissance  à  plusieurs  Naturà-- 
listes  distingués ,  qui  renfermoit   depuis   long-- 


Xviij  NOTICE. 

tempis  de  précieux  cabinets  appartenant  à  des 
particuliers ,  étoit  entièrement  dépourvue  de 
toute  collection  publique,  soit  en  histoire  natu- 
relle ,  soit  en  instruniens  de  physique.  La  so- 
ciété crut  donc  convenable  de  réparer  cette  lacune 
dans  nos  établissemens  scientifiques,  et  de  créer 
un  dépôt  des  productions  remarquables  que  ses 
différens  membres  auroient  recueillies,  ou  qui 
lui  auroient  été  adressées  pai'  ses  correspondans. 
Elle  reçut  même  quelques  collections  de  bo- 
tanique et  quelques  ouvrages  destinés  à  com- 
mencer sa  bibliothèque  ;  mais  ces  dons  furent 
rares  et  peu  importans;  parce  que,  d'un  côté, 
elle  manquoit  de  local,  et  que,  de  l'autre,  elle 
ne  renfermoit  alors  dans  son  sein  aucun  na- 
turaliste qui  pût  mettre  en  ordre  les  dons  qui 
lui  auroient  été  offerts.  Les  circonstances  étoieht 
d'ailleurs  très-défavorables  :  la  révolution  fran- 
çaise ocGupoit  tous  les  esprits,  et  les  inquié- 
tudes qu'elle  inspiroit  à  notre  ville,  ne  nous 
permettoient  pas  de  poursuivre,  avec  quelques 
succès,  des  projets  si  peu  en  rapport  avec  les 
idées  du  jour. 


NOTICE.  XJX 

Nous  fûmes  plus  heureux  dans  la  demande 
que  nous  fîmes,  à  notre  Gouvernement,  d'un 
jardin  de  botanique.  Dès  que  la  société  en 
eut  pris  possession,  elle  réussit  à  y  construire 
une  serre  et  à  y  rassembler  un  assez  grand 
nombre  de  plantes.  Le  legs  que  son  respectable 
membre,  Charles  Bonnet,  lui  fit  en  mourant, 
servit  à  l'entretien  d'un  jardinier  et  à  quelques 
dépenses  indispensables;  et  l'un  des  membres 
de  la  société  donna,  dans  ce  jardin,  quelques 
cours  qui  commencèrent  à  développer  le  goût 
de  la  botanique  dans  nos  jeunes  compatriotes. 

Cependant  notre  société,  toujours  plus  ou 
moins  contrariée  par  les  circonstances  où  se 
trouvoit  l'Europe ,  éprouvoit  un  état  de  lan- 
gueur qui  rendoit  sa  marche  chancelante,  et 
donnoit  lieu  à  de  fréquentes  interruptions  dans 
la  suite  de  ses  séances.  Elle  tenta,  plus  d'une  fois, 
d'imprimer  ses  Mémoires,  mais  elle  fut  toujours 
forcée  d'ajourner  ce  projet  à  des  temps  plus 
heureux. 
Néanmoins,  ses  différens  membres  employoient 
utilement  leurs    loisirs  ;   mais    ils    envoyoient 


XX  NOTICE. 

les  plus  importans  de  leurs  travaux  à  ces  collec- 
tions scientifiques  qui  jouissent,  depuis  long- 
temps, d'une  réputation  méritée.  Ils  étoient  in- 
sérés dans  le  journal  de  Physique,  dans  les  an- 
nales de  Chimie,  dans  les  bulletins  de  la  Société 
Philomathique ,  dans  les  mémoires  de  l'Ins- 
titut de  France,  dans  ceux  de  la  société 
Royale  de  Londres  ou  enfin  dans  ceux  des 
Académies   de   Berlin,  de   Turin,  etc. 

C'est  dans  ces  différentes  archives ,  que  l'on 
peut  voir  les  résultats  de  plusieurs  recherches 
d'Horace  Bénedict  et  de  Théodore  De  Saussurï:  , 
de  Marc  Auguste  Pictet,  de  Guillaume  An- 
toine Deluc  ,  de  Senebîer  ,  Jurine  ,  Odier  ^  Tii^- 
GRY,  etc.  Quelques-uns  de  ces  mémoires  étoient 
réunis  en  corps  d'ouvrages,  comme  ceux  de  M. 
JuRiKE  sur  les  monocles ,  sur  les  diptères  et  sur  les 
poissons  de  notre  lac;  ceux  de  M.  Vaucher  sur 
les  conferves  d'eau  douce;  ceux  de  M.  HusERfils 
sur  les  fourmis,  etc.  D'autres  enfin,  occupent 
une  place  dans  cet  ouvrage  périodique  dont  les 
principaux  rédacteurs  étoient  membres  de  la 
société ,  et    qui ,  d'abord  smis  le  nom   de    Bi- 


NOTICE.  XXJ 

bliothèque  Britannique,  et  ensuite  sous  celui 
de  Bibliothèque  Universelle ,  a  servi  à  répandre 
un  grand  nombre  de  découvertes  ou  d'inventions 
utiles. 

Enfin,  des  circonstances  plus  heureuses  per- 
mirent à  notre  Société  de  prendre  son  essor  et 
de  remplir  pleinement  le  but  de  son  institution; 
elle  s'est  accrue  depuis  quelques  années  d'un 
grand  nombre  de  nouveaux  membres,  physiciens 
ou  naturalistes,  qui,  formés  par  de  bonnes  études, 
par  leurs  voyages  ou  par  leur  séjour  dans  des 
Universités  étrangères, sont ,  de  plus ,  animés  d'un 
vif  désir  d'avancer  la  science  qu'ils  cultivent. 

C'est  leur  coopération  qui  nous  a  engagés  à  re- 
venir à  notre  ancien  projet,  et  à  faire  enfin  pa- 
roitre  une  collection  de  nos  propres  mémoires. 
Plusieurs  de  ceux  qui  sont  publiés  dans  ce  pre- 
mier volume,  ont  été  tirés  de  l'oubli  auquel  la 
modestie  de  leurs  auteurs  les  avoit  condamnés; 
on  jugera ,  toutefois ,  qu'ils  n'étoient  pas  tout-à- 
fait  indignes  de  voir  le  jour,  et  qu'ils  éclaircis- 
sent  des  parties  encore  obscures  de  l'Histoire 
Naturelle,  ou  même   qu'ils  ouvrent  de  nou- 


Xxij  NOTICE. 

vellcs  routes  dans  ces  régions  sans  bornes.  Si  l'é- 
mulation, qui  règne  maintenant  au  milieu  de 
nous,  continue  à  se  maintenir,  ou  même,  si  elle 
va  en  augmentant,  ce  qui  est  fort  probable,  nous 
ne  tarderons  pas  à  faire  paroître  de  nouveaux 
volumes,  qui  ne  seront  ni  inférieurs  au  premier, 
ni  inutiles  à  l'avancement  de  la  science.  En  même 
temps,  nos  jeunes  Physiciens  et  Naturalistes  dé- 
veloppent leur  activité  sur  un  grand  nombre 
d'objets  destinés  à  faciliter  leurs  travaux  futurs 
et  les  progrès  ultérieurs  de  l'Histoire  Naturelle 
dans  notre  patrie. 

Ainsi ,  depuis  quelques  années,  notre  ville 
s'est  enrichie  d'un  jardin  botanique,  qui  compte 
déjà  environ  5,ooo  espèces  de  plantes;  d'un 
Musée  Académique  quirenferme  des  collections 
relatives  aux  trois  règnes  de  la  nature;  d'une 
société  de  lecture  qui  nous  donne  le  moyen  de 
connoître  tous  les  principaux  journaux  scienti- 
fiques et  littéraires  qui  se  publient.  Nous  avons 
le  bonheur  de  voir  notre  Gouvernement  pro- 
téger ces  utiles  institutions,  et  les  jeunes  gens  se 
dévouer  avec  zèle  aux  divers  soins  qu'exige  leur 
exacte  surveillance. 


NOTICE,  xxiij 

Quoique  la  plupart  des  mémoires  qui  com- 
posent ce  recueil ,  se  rapportent  à  la  Botanique 
en  général,  ou  à  des  recherches  particulières 
d'Histoire  Naturelle  et  de  Physique;  cepen- 
dant, le  premier  but  de  notre  société  avoit  été  la 
connoissance  approfondie  des  productions  que 
fournissoit  notre  sol.  Dans  cette  intention,  on 
avoit  même  divisé  le  territoire  de  notre  ville 
en  douze  secteurs  de  3o.°,  qui  s'étendoient  ap- 
proximativement à  une  distance  de  douze  à 
quinze  lieues,  et  dont  chacun  étoit  confié  aux 
recherches  d'un  des  membres  delà  Société. Mais 
ce  plan  qui  avoit  quelque  chose  de  séduisant, 
au  premier  coup-d'œil,  présentoit,  dans  la  réa- 
lité, des  inconvéniens  de  tout  genre,  qui  ont 
dû  le  faire  modifier.  Toutefois,  en  abandon- 
nant une  exécution  impossible ,  on  ne  s'est  point 
éloigné  de  l'esprit  qui  l'avoit  dictée.  Les  divers 
districts  de  l'heureuse  terre  que  nous  habitons , 
ont  été  explorés  sous  différens  point  de  vue.  D'a- 
bord, M.  De  Saussure,  et  ensuite,  M  M.Deluc, 
JuBiNE  ET  PicTET  out  étudié  uos  Alpcs  SOUS  les 
rapports   géologiques.   M.    De    Saussure  s'est 


KXJV  NOTICE. 

encore  occupé,  avec  beaucoup  de  soin,  de  la 
géologie  et  de  la  lithologie  des  environs  de  Ge- 
nève; M.  JiRTNE  a  rassemblé  tous  les  insectes 
de  nos  collines  et  de  nos  Alpes,  et  a  décrit, 
peu  de  temps  avant  sa  mort,  les  espèces  et  les 
mœurs  des  difierens  poissons  qui  habitent 
notre  lac.  Le  même  savant  et  M.  Louis  Nec- 
KER  ont  fait  des  collections  de  nos  oiseaux  indi- 
gènes. M.  Guillaume  Antoine  Deluc  et  M.  son 
fils  ont  rassemblé  les  nombreuses  pétrifications 
de  nos  montagnes;  et  nos  habiles  botanistes  ont 
exploité  le  terroir  de  notre  Canton. 

Des  collections ,  à  peu  près  complètes ,  de  ces 
différens  objets  existent  depuis  long-temps  chez 
divers  particuliers  et  ornent  déjà,  ou  orneront 
bientôt,  les  salles  de  notre  Musée. 

Les  phénomènes  météorologiques  et  physiques, 
propres  à  notre  climat,  ont  été  étudiés;  non 
seulement,  on  peut  trouver  dans  les  ouvrages 
de  M.  Bénedict  De  Saussure,  particulièrement 
dans  le  récit  de  son  ascension  au  Mont-Blanc 
et  de  son  séjour  au  Col  du  Géant ,  une  foule 
de  faits   curieux,   accompagnés    d'explications 


NOTICE.  XXV 

satifaisantes;  mais,  d'abord,  M.  Deluc,  et,  en- 
suite, MM.  De  Saussure  et  Pictet,  ont  porté,  à 
peu  près,  à  son  dernier  degré  de  perfection, 
soit  la  théorie,  soit  la  pratique  usuelle  du  ba- 
romètre et  des  trois  autres  instrumens  qu'em- 
ploie chaque  jour  la  Météorologie.  Le  phéno- 
mène singulier  des  sèches  a  encore  occupé 
M.  JuRiNE  dans  les  dernières  années  de  sa  vie  ; 
ceux  de  la  réfraction  parallèle  et  du  mirage 
si  commun  sur  notre  lac  ont  aussi  eu  leurs 
observateurs.  Il  en  a  été  de  même  de  la  tem- 
pérature de  ses  eaux  et  de  la  forme  bizarre  de 
son  bassin.  Ensorte  que  je  crois  pouvoir  affir- 
mer avec  raison  que,  proportion  gardée,  il  n'y 
a  aucune  ville  dont  les  environs ,  à  une  assez 
grande  distance,  soient  mieux  connus  que  ceux 
de  Genève ,  sous  les  divers  rapports  de  la  Géo- 
logie, de  l'Entomologie,  de  1  Ornithologie,  de 
la  Lithologie,  de  la  Minéralogie,  et  en  gé- 
néral, de  tout  ce  qui  se  rapporte  à  l'Histoire 
Naturelle. 

Il   reste   cependant   beaucoup   à   faire  ;   car 
la  nature  est  inépuisable,  soit  dans  les  détails , 


XXVi  NOTICE. 

soit  dans  les  considérations  plus  générales.  Par 
exemple ,  les  différentes  couches  qui  composent 
notre  sol  ne  me  paroissent  pas  suffisamment 
connues;  le  sol  végétal  lui-même  n'a  pas  été 
assez  étudié ,  sous  le  double  rapport  des  prin- 
cipes constituans  et  de  leur  emploi  dans  la  vé- 
gétation ;  les  phénomènes  de  Météorologie 
concernant  principalement  les  brouillards  , 
les  vents  généraux ,  les  vents  locaux  n'ont  pas 
encore  été  bien  classés.  Il  reste  à  compléter 
l'histoire  des  coquillages  terrestres  ou  fluviatiles, 
celle  de  quelques  mollusques  ou  testacées, 
propres  à  notre  lac  ou  à  nos  rivières;  à  ras- 
sembler, peut-être  dans  un  seul  ou  au  moins  dans 
plusieurs  corps  d'ouvrage,  la  description  mé- 
lodique des  diverses  productions  de  notre  sol. 
C'est  ce  que  M.  De  Candolle  vient  de  tenter 
pour  la  Botanique  de  notre  bassin;  et,  son  plan, 
s'il  reçoit  son  exécution ,  nous  fera  pleinement 
connoître  tous  les  végétaux  qui  y  croissent. 

Nous  avons  une  position  qui  excite  les  jeunes 
gens  à  l'étude  de  la  nature;  le  climat  que  nous 
habitons  est  tempéré,  et  notre  sol  peut  être  par- 


NOTICE.  XXvij 

couru  avec  une  égale  facilité  dans  les  froids  de 
l'hiver  et  les  chaleurs  de  l'été;  au  lieu  de  s'é- 
tendre en  plaines  immenses  et  monotones,  il  est 
diversifié  de  mille  manières;  sur  le  premier  plan, 
sont  nos  collines  et  nos  vallons;  ensuite,  les  deux 
belles  chaines  opposées  du  Salève  et  du  Jura; 
puis,  des  montagnes  élevées  qui  forment,  pour 
ainsi  dire ,  l'avant  scène  de  la  perspective  ;  en- 
fin, ces  magnifiques  Alpes  couronnées  par  cet 
immense  Mont-Blanc  que  l'œil  ne  se  lasse  jamais 
de  contempler.  Les  courses  dans  ces  divers  lieux 
sont  des  parties  de  plaisir  qui  sont  toujours  va- 
riées et  toujours  délicieuses  ;  on  y  respire  un  air 
frais  et  parfumé;  on  s'y  sent  toujours  plus  gai  et 
plus  agile  ;  on  y  est  entouré  d'une  nature  toute 
nouvelle  et  toute  brillante  ;  on  y  admire  mille 
tableaux  enchanteurs,  mille  productions,  mille 
phénomènes  qu'on  n'aperçoit  jamais  dans  la 
plaine.  Tout  y  élève  et  ennoblit  les  pensées ,  tout 
y  porte  avec  passion  à  l'étude  des  merveilles  de 
la  nature;  aussi,  ces  beaux  lieux  sont-ils  sans 
cesse  visités  par  des  étrangers  de  toutes  les  nations 
qui  ne  se  lassent  point  de  les  contempler ,  et  qui 


XXviij  NOTICE. 

en  rapportent  toujours  des  souvenirs  précieux. 
On  n'en  revient  jamais  sans  avoir  acquis  quelque 
idée  nouvelle ,  et  sans  avoir  mieux  senti  tout  le 
charme  attaché  à  la  contemplation  etàTétude  de 
la  nature.  Ce  sont  les  lieux  où  les  Hallfr,  les  De- 
Luc ,  les  De  Saussure  et  tant  d'autres  préludèrent 
aux  belles  découvertes  qui  les  ont  ensuite  immor- 
talisés; ce  sont  encore  ceux  où  nos  concitoyens 
et  notre  jeunesse  puisent  sans  cesse  cet  attache- 
ment à  leur  patrie,  et  ce  goût  des  beautés  de  la 
nature  qui,  dans  l'état  actuel  de  la  société,  for- 
ment une  partie  si  considérable  de  nos  vraies 
jouissances. 

Voilà  le  tableau  fidèle  de  letat  de  la  so- 
ciété d'Histoire  Naturelle  au  milieu  de  nous, 
soit  par  rapport  à  ses  travaux  passés,  soit, sur- 
tout, par  rapport  à  ses  projets  pour  l'avenir.  Je 
n'ai  pas  dû,  en  le  rédigeant,  parler  de  ses  membres 
actuels  ni  des  heureuses  espérances  qu'ils  nous 
permettent  de  concevoir  ;  ce  sont  leurs  ouvrages 
qui. établissent  leur  réputation,  et  c'est  au  temps 
seul  qu'il  appartient  de  les  juger.  Mais  je  ne 
peux  pas  terminer  cette  courte  notice ,  sans  rap- 


NOTICE.  XXJK 

peler  ici  les  noms  des  membres  de  la  société  que 
la  mort  nous  a  déjà  enlevés,  et  sans  faire  men- 
tion des  principaux  titres  qu'ils  ont  à  Testime  de 
l'Europe  savante. 

Le  premier  est  Charles  Boi^net,  surnommé 
le  Philosophe  (chrétien ,  également  distingué 
comme  Naturaliste  et  comme  Métaphysicien. 
Ses  noinbreux  ouvrages,  ont  été  recueillis  en  lo 
vol.  in-4.";  et  il  suffît  de  les  parcourir  ,  pour  se 
faire  une  idée  de  l'élévation  d'esprit  et  de  la  force 
d'imagination  qui  distinguoient  leur  auteur. 
On  publiera  peut-être  un  jour  sa  correspon- 
dance avec  le  Grand  Haller,  son  illustre  ami , 
qui  est  déposée,  depuis  long-temps,  dans  notre 
Bibliothèque  publique. 

Le  second  est  son  élève  et  son  parent,  Ho- 
race Bénedict  De  Saussure,  dont  les  ou- 
vrages seront  toujours  consultés  et  admirés  par 
ceux  qui  s'adonneront  aux  mêmes  études.  Je  ne 
peux  rien  ajouter  à  sa  réputation;  je  me  conten- 
terai de  rappeler  ici  qu'il  fut  aussi  grand  citoyen 
que  grand  Naturaliste;  qu'il  favorisa  dans  sa 
patrie,  par  ses  nombreux  niojens,  tous  les  éta- 


KXX  NOTICE. 

blissemens  utiles,  et  qu'il  avança  considérable- 
ment les  progrès  des  arts  et  des  sciences.  Il  avoit 
été  formé  par  Bonnet  à  cette  logique  sévère  et  à 
ce  respect  scrupuleux  pour  la  vérité,  qui  carac- 
térisent tous  ses  ouvrages. 

Jean  Senebier  est  connu  par  la  part  qu'il 
prit  aux  premièi-es  découvertes  des  gaz ,  avec 
Priestley  et  Ingenhouse,  et  par  la  découverte  de 
la  décomposition  de  l'acide  carbonique  dans  les 
végétaux,  au  moyen  de  la  lumière  solaire.  II 
consacra  une  partie  de  sa  vie  à  des  recherches  sur 
le  perfectionnement  des  procédés  propres  aux 
arts  cultivés  dans  sa  patrie.  Il  étoit ,  en  même 
temps,  un  Bibliothécaire  distingué  et  un  savant 
Antiquaire.  Il  a  enrichi  le  journal  de  Physique 
de  plusieurs  mémoires,  et  il  a  publié  de  plus 
une  Physiologie  végétale,  une  Histoire  littéraire 
de  Genève,  etc.  Sa  complaisance,  sa  modestie 
et  son  dévoûment  étoient  sans  bornes. 

Guillaume  Antoine  Deluc  ,  frère  et  d'abord 
collaborateur  du  célèbreDELuc,  fut  très-versé  dans 
la  Géologie  de  son  temps  et  dans  la  connoissance 
des  pétrifications  dont  il  possédoitunbeau  cabinet. 


NOTICE.  XXXJ 

II  publia  à  la  fin  de  sa  vie  plusieurs  mémoires 
intéressans ,  qui  ont  été  insérés  dans  le  journal 
de  Physique  ou  dans  la  Bibliothèque  britan- 
nique. 

ToLioT,  amateur  fort  modeste  et  peu  connu 
du  public.  Il  devoit  à  lui  seul  les  connoissances 
qu'il  avoit  acquises  sur  diverses  parties  de  l'His- 
toire Naturelle  et ,  en  particulier  ,  sur  la  Géo- 
logie et  la  Lithologie. 

Henri  Albert  Gosse,  Botaniste  instruit  et  versé 
dans  plusieurs  branches  de  l'Histoire  Naturelle, 
fut  le  principal  fondateur  des  sociétés  d'Histoire 
Naturelle  Genevoise  et  Helvétique  ;  il  a  obtenu 
quelques  couronnes  académiques,  et  s'est  beau- 
coup occupé  des  feutrages  et  des  fourneaux  des 
doreuses.  .  - 

Louis  Odier,  Médecin  distingué  et  ami  zélé 
de  tout  ce  qui  pouvoit  contribuer  au  bien  de  l'hu- 
manité et  à  l'avantage  de  sa  patrie.  Il  fit  le  pre- 
mier connoître  sur  le  Continent  et  introduisit 
dans  sa  patrie  la  découverte  de  Jenner  que  M. 
PicTET  avoit  rapportée  d'Angleterre,  et  il  eut 
l'honneur  de  donner  à  la  Vaccine  le  nom  qu'elle 


XXxi]  KO  TIGE. 

porte.  Il  est  l'auteur  de  quelques  mémoires  et  de 
plusieurs  extraits  insérés  dans  la  Bibliothèque 
britannique  et  dans  l'ancien  journal  de  Genève. 
On  lui  doit  aussi  un  bon  Manuel  de  médecine 
pratique. 

Louis  JiRiNE,  chirurgien  du  premier  mérite 
et  connu  dans  presque  toute  l'Europe.  Il  étoit  ha- 
bile dans  le  plus  grand  nombre  des  parties  de 
l'Histoire  naturelle  qu'il  a  enrichie  d'une  foule 
d'observations.  Il  possédoit  de  plus  un  magnifique 
cabinet  de  minéralogie,  de  géologie  et  d'entomo- 
logie. On  lui  doit  unenouvelle  classification  et  une 
nomenclature  des  diptères,  une  histoire  complète 
des  monocles,  une  histoire  des  poissons  de  notre 
lac,  et  des  mémoires  séparés  sur  l'histoire  natu- 
relle, la  chirurgie,  la  médecine  et  l'anatomie 
comparée.  Ilavoit  obtenu  un  grand  nombre  de 
médailles  étrangères  et  il  avoit  été  honoré  du 
prix  que  l'Institut  de  France  avoit  décerné  au 
meilleur  mémoire  sur  le  Croup.  Sa  mort  qui  a 
eu  lieu  en  1819a  été  une  perte  publique. 

TiisrGRY,  élève  de  Rouelle  et  bon  (^>himiste 
pour  le  temps  où  ilprofegsoit;  il  introduisit  à  Ge^ 


NOTICE.  xxxiij 

nève ,  qui  étoit  devenue  sa  patrie  adoptive ,  le 
goût  de  cette  belle  science  qu  il  cultiva  jusqu'à  sa 
mort.  Il  est  auteur  d'un  ouvrage  sur  les  diffé- 
rentes espèces  de  vernis,  d'un  autre  sur  la  théorie 
des  émaux,  et  d'un  mémoire  sur  le  principe  vo- 
latil des  crucifères  qui  fut  couronné  par  l'Acadé- 
mie de  Dijon.  Il  a  légué  la  belle  campagne  qu'il 
possédoit  au  Professeur  qui  seroit  désigné  par 
notre  Académie  pour  enseigner  la  Chimie  ap- 
pliquée aux  arts,  et  il  a  donné  ainsi  à  notre  ville 
un  bel  exemple  de  ces  nobles  fondations  qui 
tournent  au  profit  de  la  science  et  dont  futilité 
ne  sauroit  être  mise  en  doute. 

Tels  sont  les  Hommes  illustres  ou  excellens 
dont  la  mort  nous  a  séparés.  Leur  perte  a  été  un 
deuil  pour  notre  Société  ;  mais  leurs  travaux 
leur  survivent,  et  leur  souvenir  est  loin  de  s'é- 
teindre au  milieu  de  nous.  Puisse  la  Providence 
donner  à  notre  patrie  des  hommes  qui  leur 
ressemblent. 


F 


MEMOIRES 

DE 

LA   SOCIÉTÉ    DE   PHYSIQUE  ET   D'HISTOIRE 
NATURELLE  DE  GENÈVE. 

(Seconde  Partie  du  Tome  I.") 


MEMOIRE 

«Sw7'  la  sèçe  d'Août  et  sur  les  divers  inodes  de  dé- 
veloppement des  arbres. 

Par  M.  le  Prof.    VAUCHER  ,   Membre  de  celle  Sociélé. 


JLje  phénomène  de  la  sève  d'Août  est  un  des  sujets  de 
la  physiologie  végétale  qui  ont  été  le  moins  examinés,  et 
sur  lequel  par  conséquent  les  idées  des  botanistes  sont 
loin  d'être  fixées.  Les  uns,  comme  notre  illustre  De  Saus- 
sure, d'après  le  témoignage  de  Senebier  (i),  croient  que 
c'est  un  mouvement  propre  qui  ne  dépend  ni  du  froid , 
ni  de  l'humidité ,  ni  de  la  sécheresse.  Les  autres,  comme 
Duhamel,  penclient  plutôt  pour  l'opinion  que  l'action 
de    la    sève     dAoùt     est    déterminée    par    ces    mêmes 

(i)  Physiologie  végétale.   ^  ol.  4  >  P-  m- 

Mém.  de  la  Soc.  de  Phys.  etdH.  nal.  T.  l" ,  2.'  Part.  x 


agO  SUR    LA    SEVE    D  AOUT    ET    SUR  LES  DIVERS 

agens  extérieurs  auxquels  les  premiers  refusent  toute 
ùifluence. 

Pour  décider  cette  importante  question,  j'ai  suivi  avec 
soin  diftérens  végétaux  pendant  tout  le  cours  de  leur 
développement  annuel,  et  j'ai  répété  bien  des  fois  les 
observations  dont  je  vais  rendre  compte.  Quand  je 
les  aurai  exactement  rapportées,  j'en  Urerai  ensuite  les 
di\erses  conséquences  physiologi(jaes  qu'elles  présentent. 

E  est  d  abord  certain  qu'on  n'apeiçoit  aucune  varia- 
tion dans  les  mouvemens  de  la  sève  des  plantes  annuelles 
et  de  celles  qui  périssent  chaque  année  jusqu'à  la  racine. 
Les  unes  et  les  autres  croissent  indéfiniment  jusqu'à  ce 
que  leurs  tiges  soient  couronnées  de  fleurs,  lorsque  les 
fleurs  sont  terminales,  ou  jusqu'à  ce  que  la  sève  se  soit 
arrêtée,  lorsque  les  fleurs  sont  latérales.  Leur  dévelop- 
pement dépend  donc  entièrement  des  circonstances  at- 
mosphériques ,  qui  peuvent  le  suspendre,  le  retarder 
ou  le  hâter.  11  embrasse  un  espace  plus  ou  moins  long, 
selon  la  nature  de  la  plante,  qui  est  souvent  surprise 
par  le  fi'oid  avant  d'avoir  pu  entièrement  l'accomplir. 

Dans  celles  de  ces  plantes  même  dont  le  développe- 
ment n'a  éprouvé  aucun  obstacle,  on  peut  voir  que  les 
tJges  qui  ne  sont  pas  terminées  par  des  fleurs,  sont 
comme  avortées  à  leur  sommet  ;  c'est-à-dire  qu'il  s'y  trouve 
un  grand  nombre  de  feuilles  qui  vont  en  diminuant 
de  grandeur,  et  qui  seroient  sans  doute  parvenues  à 
leur  accroissement,  dans  des  circonstances  plus  favo- 
rables :  la  nature  les  avoit  pourvues  à  l'avance  d'organes 
qai  sont  restés  incomplets,  parce  qu'elles  uont  pas  été 
appelées  à  eu  faire  usage, 


1 


MODES  DE  DEVELOPPEMENT  DES  ARBRES.      29I 

Il  est  encore  une  autre  classe  de  plantes  qu'il  faut 
exclure  des  observations  relatives  à  la  sève  d'Août.  Ce 
sont  toutes  celles  qui  sentortillent  ou  se  soutiennent 
par  des  appuis.  Ces  sortes  de  végétaux  prennent  des  ac- 
ci-oissemens  très-considérables,  et  paroissent  se  dévelop- 
per indéfiniment  :  ceux  dentre  eux  qui  sont  annuels  sont 
détruits  par  l'hiver;  mais,  chez  les  autres,  la  végétation 
n'est  que  ralentie  ou  suspendue.  Dans  les  contrées  équa- 
toriales,  ils  parviennent  au  sommet  des  arbres  les  plus 
élevés,  doù  ils  redescendent  même,  poussés,  pour  ainsi 
dire,  par  la  force  de  leur  développement.  Ces  espèces  de 
végétaux  n'appartiennent  donc  pas  à  ceux  que  nous  devons 
considérer  ici,  au  moins  par  les  tiges  qui  les  terminent. 
Car  il  m'a  paru  qu'indépendamment  de  ces  pousses  su- 
périeures, ils  en  émettoient  dautres  qui  n étoient  ni  en- 
tortillées, ni  appuyées,  et  qui  ressembloient  alors,  comme 
nous  le  verrons  plus  tard,  à  celles  des  arbres  que  nous 
allons  examiner  (i). 

Enfin  ie  phénomène  de  la  sève  d'Août  ne  peut  pas 
avoir  lieu  pour  les  plantes  grasses  qui  n'ont  point  de 
bourgeons;  elles  se  développent  continuellement  à  la  ma- 
nière des  cornouillers  et  de  ceux  de  nos  arbres  dont 
les  feuilles  sont  nues;  et  quoiqu'elles  aient  extérieurement 
de  très-grandes  ressemblances,  elles  difïerent  beaucoup  pour 
l'organisation  extérieure,    puisque   les  unes,  comme  nos 

(i)  Les  végétaux  dont  je  veux  parler  ici  sont  les  cotées  ,  les  bignones, 
les  péniploques  ,  les  regutlisses ,  les  lierres  ,  les  clématites,  les  vignes,  les 
cisses ,  et  en  général  luus  ceux  des  pays  chauds  ,  soit  qu'ils  constituent  des 
genres ,  soh.  qu'ils  foiment  des  espèces  dan»  dts  genres  dont,  les  aulics  tsj.ècc5 
ne  sont  pas  grimpantes. 


2g2  SUR    LA    SÈVE    d'aOÙT    ET  SUR  LES    DIVERS 

orpins,  nos  joubarbes  et  nos  saxifrages,  supportent  les 
froids  les  plus  intenses,  tandis  que  les  autres  en  sont  sur- 
le-champ   affectées. 

On  peut  encore  séparer  de  la  recherche  qui  nous  oc- 
cupe les  conifères  ,  qui  ne  sont  presque  jamais  un  objet 
de  culture  et  qui  diffèrent  à  tant  d'égards  des  autres  végé- 
taux. Ceux  de  ces  arbres  qui  portent  des  feuilles  fasci- 
culées  n'ont  point  de  bourgeons  axillaires  ;  les  autres 
n'eu  sont  pas  absolument  dépourvus,  il  est  vrai,  mais  au 
lieu  d'en  émettre  à  la  base  de  toutes  leurs  feuilles ,  ils 
n'en  portent  qu'un  très-petit  nombre,  disposés  sans  ordre 
le  long  de  la  tige.  Ces  Jjourgeons  même ,  dans  leur  état 
naturel ,  ne  donnent  point  naissance  à  des  rameaux,  mais 
seulement  à  des  fascicules  de  feuilles,  qui  sont  des  ra- 
meaux avortés,  placés  sur  les  tiges  de  l'année  précédente 
et  très-visibles,  par  exemple,  dans  les  mélèzes,  les  cyprès, 
les  ifs,  etc.  Les  véritables  bourgeons  terminent  la  tige; 
le  plus  grand  est  celui  du  centre,  les  autres,  au  nombre 
detrois,  quati'e,  ou  cinq,  sont  latéraux,  et  forment  en  se  dé- 
veloppant ,  ces  espèces  de  rameaux  verticillés  qui  distin- 
guent les  tiges  des  conifères.  Lors  donc  qu'on  taille  un  arbre 
de  ce  genre ,  l'on  dérange  toute  cette  symétrie  ,  et  l'on 
substitue  à  ces  pousses  régulières  des  pousses  latérales, 
disposées  sans  aucun  ordre ,  et  irrégulièrement  dévelop- 
pées. Je  nai  jamais  vu  de  seconde  pousse  danâ  les 
arbres  de  ce  genre;  leurs  bourgeons  s'épanouissent  au 
printemps,  et  s'étendent  jusqu'à  ce  qu'on  voie  paroître 
ceux  de  l'année  suivante  bien  enveloppés  de  leurs  écailles 
et  bien  enduits  de  résine.  La  seule  exception  que  m'ait 


MODES    DE    DÉVELOPTEMENT    DES    ARBKËS,  SgS 

offert  jusqu'à  présent  cette  règle  est  celle  du  mélèze  et 
surtout  du  pin  d  Alep  (i),  qui  non  seulement  développe  ses 
secondes  pousses  ,  mais  qui  présente,  même  en  automne, 
les  troisièmes  débarrassées  de  leurs  écailles;  sa  végétation 
continue    ainsi  toute  Tannée. 

11  est  enfin  une  dernière  classe  de  végétaux ,  dans 
lesquels  je  n'ai  encore  rien  vu  qui  ressemblât  à  des  se- 
condes pousses  :  ce  sont  les  bruyères,  les  genévriers,  les 
thuyas,  les  cyprès  ,  et  en  général  tous  ces  arbres  à  feuilles 
coriaces,  persistantes,  courtes  et  le  plus  souvent  distiques. 
Ils  se  développent  sans  cesse  depuis  le  printemps  jusqu'en 
automne,  et  il  nest  pas  facile  de  se  taire  une  idée  nette 
de   ce  (ju'on    doit  entendre  par  leurs  bourgeons. 

Par  l'apport  aux  arbrisseaux  soit  indigènes  soit  exotiques, 
ils  sont  aussi  variés  dans  leur  développement  que  les  arbres 
dont  nous  allons  parler;  je  crois  même  qu'en  les  exa- 
minant de  près  on  trouvera  qu'ils  présentent  entre  eux 
plus  de  différences  que  les  arljres  proprement  dits.  Ils 
peuvent  être  comparés  à  cet  égard  aux  insectes,  ou  même 
aux  animalcules  microscopiques,  dont  les  organes  sont - 
plus  variés  que  ceux  des  animaux  plus  grands.  Voyez 
par  exemple  les  daphnés,  les  chèvrefeuilles,  etc. 

Certains  arbres  sont  entièrement  dépourvus  de  bour- 
geons, ,  tels  sont  les  cornouillers,  les  viornes,  les  oliviers, 
les  hydrangées  et ,  jusqu'à  un  certain  point,  les  noyers.  Ils 
croissent  indéfiniment,  et  ne  s'arrêtent  dans  leur  végéta- 

(i)  C'est  au  Jardin  Botanique  dé  Tienève  que  je  l'ai  suivi  et  qu'on  peut 
Je  voii-  encoie. 


ag^         SUR  liA  SÈVE  d'août  et  sur  les  divers 

tion  que  lorsque  le  froid  les  surprend,  ou  que  leur  tige 
se  termine  par  la  fleur.  Ils  se  déiendent  de  la  gelée  par 
leur  parenchyme  qui  est  rare  et  desséché,  et  aussi  par  les 
poils  qui  recouvrent  leurs  feuilles  avant  qu'elles  soient 
déplacées,  comme  on  peut  le  voir  dans  les  cornouillers. 
il  y  a  quelque  chose  de  plus  dans  les  noyers  d'Amérique  ; 
leurs  bourgeons  sont  formés  de  feuilles  qui  se  développent 
au  printemps,  et  dont  les  extérieures  ne  paroissent  avor- 
tées que  dans  l'espèce  commune  (i).  Ces  arbres  doivent 
être  beaucoup  plus  nombreux  dans  les  pays  chauds,  si 
du  moins  il  en  existe  beaucoup  dont  l'organisation  ait 
des  rapports  avec  ceux  qui  composent  nos  vergers  et 
nos  forêts. 

Je  place  au  second  rang  les  arbres  qui  sont,  à  la  vé- 
rité, dépourvus  de  bourgeons  comme  les  premiers,  mais  dont 
chaque  feuille  porte  avec  elle  une  ou  plusieurs  stipules. 
Ces  arbres  se  développent  aussi  continuellement,  tant  que 
la  saison  le  permet;  mais  dans  l'hiver  les  stipules,  qui 
étoient  près  de  s'ouvrir,  remplissent  alors  les  fonctions 
des  écailles  et  protègent  les  feuilles  non  encore  écloses. 
J'ai  reconnu  jusqu'à  présent  cette  disposition  dans  les 
aunes,  les  tulipiers,  les  magnoliers,  les  figuiers,  l'oseille 
arborescente,  etc.,  c'est-à-dire  dans  des  arbres  de  climats 
très-diiférents.  Dans  les  aunes,  les  stipules  sont  résineuses 
et  par  conséquent  bien  défendues  contre  le  froid,-  dans  le 
tulipier,  elles  sont  desséchées,  et  je  crois  aussi  un  peu  ré- 
sineuses; dans  les  magnoliers,  les  figuiers  et  l'oseille,  elles 
sont  plus  délicates,  et  moins  préservatrices.  11  seroit  très- 

(i)  Car  cela  n'a  pas  lieu  dans  les  espèces  étrangères,  surtout  dans  le 
fraxinifolia  et  quelques  autres. 


MODES    DE    DÉVELOPPEMENT    DES    ABBHES.  296 

intéressant  pour  la  physiologie  végétale  de  reconnoître 
si  les  arbres  des  pays  chauds  ont  un  grand  nomin'e  de 
végétaux  constitués  de  cette  manière. 

Les  arbres  que  j  examine  ensuite  sont  pourvus  de 
germes  ou  de  bourgeons  proprement  dits  formés  dé- 
cailles  bien  distinctes  des  feuilles.-  Ces  bourgeons  pa- 
roissent  aux  extrémités  des  brandies  dès  la  fin  de  Juin; 
q.i'ns  soient  formés  de  rudiments  de  feuilles,  ou  qu'ils 
aient  une  origine  différente,  ce  qui  semble  assez  probable 
dans  certains  cas,  comme,  par  exemple,  dans  le  chêne;  il 
n'en  est  pas  moins  vrai  que  ces  bourgeons  paroissent 
préorganisés  d'avance,  en  sorte  que  lors  même  que  l'arbre 
qui  les  porte  est  placé  dans  des  circonstances  oili  il  peut 
presque  se  développer  continuellement ,  il  n  en  donne  pas 
moins  à  la  fin  du  printemps  des  bourgeons  nouveaux, 
très-bien  formés,  et  qui  se  développent  souvent  dans  le 
cours  de  la  même  année.  Ces  arbres  à  bourgeon  ter- 
minal peuvent  se  diviser  en  deux  sections  :  celle  à  feuilles 
opposées  et  celle  à  feuilles  alternes.  Dans  la  première, 
on  voit  paroître  au  sommet  de  la  tige  trois  bourgeons , 
le  central  ou  terminal,  qui  est  de  beaucoup  le  plus  con- 
sidérable, et  les  deux  latéraux  qui  étoient  originairement 
placés  à  l'aiselle  des  feuilles  opposées;  quelquefois  ces 
deux  bourgeons  latéraux  se  développent  très-peu,  et  on 
n'aperçoit  que  le  terminal;  quelquefois,  au  contraire,  on 
en  remarque  trois  bien  distincts.  Dans  la  seconde  section, 
qui  renferme  les  arbres  à  feuilles  alternes,  il  n'y  a  guères 
qu'un  bourgeon  terminal  au-dessus  duquel  on  voit  sou- 
vent celui  qui  appartenoit  à  l'aisselle  de  la  dernière   feuille. 


2q6         sur  la  sève  d'août  et  sur  les  divers 

Cependant ,  il  arrive  aussi,  comme  dans  les  cerisiers, 
dans  lescbeneset  dans  qi:elques  arbres  de  nos  jardins,  que 
les  feuilles  s'accumulent  au  sommet  delà  tige,  qui  pré- 
sente alors  un  assemblage  de  bourgeons:  mais  l'on  dis- 
tingue toujours  le  terminal  à  sa  grosseur,  et  l'on  voit  à 
ses  cotés,  ou  les  feuilles  qui  ont  donné  naissance  aux 
autres ,  oa  du  moins  les  traces  des  ruptures  quont 
laissées  leurs  pétioles  en  se  séparant  de  la  tige. 

Dans  les  arbres  à  feuilles  opposées  qui  conservent  leur 
bourgeon  terminal,  on  place  les  maronniers,  les  pavias, 
les  érables,  les  fusains,  les  frênes,  les  chèvrefeuilles;  et 
dans  ceux  à  feuilles  alternes,  on  compte  les  clavaliers , 
houx,  apalanches,  pistachiers,  pêchers,  amandiers,  ce- 
risiers ,  pommiers  ,  poiriers ,  alisiers ,  néfliers ,  sorbiers , 
peupliers,  chênes,  hêtres,  argans,  pythospermes,  argou- 
siers ,  gingos ,  azaliers ,  etc. 

Dans  ces  deux  formes  oii  le  bourgeon  d'automne  est 
prédisposé  et  existe  déjà  dans  celui  du  printemps,  le 
nombre  des  feuilles  qui  s  étendent  d'un  bouton  à  lautre 
doit  être  le  même  dans  tous  les  arbres  de  la  même  espèce; 
mais  ces  feuilles  seront  plus  ou  moins  rappiochées,  selon  la 
force  plus  ou  moins  grande  de  la  végétation.  Le  contraire 
doit  avoir  lieu  dans  les  arbres  dépourvus  de  bourgeons, 
et  dont  le  développement  est,  pour    ainsi  dire,  indéfini- 

Enfin,  il  nous  reste  à  parler  d'une  classe  nombreuse  de 
végétaux  arborescens ,  qui  paroissent  dépourvus  de  bour- 
geon terminal,  ou  chez,  lesquels  du  moins  ce  bourgeon 
ne  subsiste  pas  en  hiver.  Ces  végétaux  croissent  et  s'é- 
tendent tant  que  les  circonstances  atmosphériques  les  fa- 


MODES  DE  DÉVELOPPEMENT  DBS  ARBRES.      297 

vorisent,  et  lorsque  la  température  cesse  d'être  convenable 
à  leur  développement,  la  sommité  des  tiges  se  dessèche 
et  se  rompt;  non  pas,  il  est  vrai,  par  une  fracture  préparée 
à  l'avance ,  comme  celle  des  pétiole» ,  mais  cependant  d'une 
manière  assez  régulière  ;  elle  est  d'abord  très-manifeste , 
mais  elle  s'efface  peu  à  peu  et  finit  enfin  par  disparoître 
entièrement.  Ce  phénomène  n'est  point  un  accident, 
puisqu'on  le  retrouve,  comme  on  va  le  voir,  dans  un 
grand  nombre  de  genres,  dont  toutes  les  espèces  le  pré- 
sentent sans  exception,  et  que  la  manière  dont  la  tige 
s'effile,  indique  suffisamment  qu'elle  n'étoit  pas  desti- 
née à  préparer  un  bouton  terminal.  La  seule  exception 
que  j'aie  vue  jusqu'à  présent  est  celle  que  m'ont  offerte 
les  lilas  de  Chine  et  de  Perse ,  qui  portent  un  bourgeon 
terminal,  tandis  que  les  espèces  congénères  en  sont 
dépourvues. 

Ces  végétaux  appartiennent  également  aux  deux  fa- 
milles des  arbres  à  feuilles  alternes  et  des  arbres  à  feuilles 
opposées.  Les  premiers  n'ont  qu'un  bourgeon  à  leur  som- 
met, et,  comme  il  est  facile  de  le  comprendre,  il  étoit  celui 
que  portoit  la  dernière  feuille  à  son  aisselle.  Les  autres 
en  ont  constamment  deux ,  et  on  les  reconnoît  facilement 
à  la  dichotomie  de   leurs  tiges. 

Les  arbres  à  feuilles  alternes ,  dont  les  tiges  se  rompent 
à  leur  extrémité ,  sont  jusqu'à  présent  : 

Les  charmes,  tilleuls,  noisetiers,  abricotiers,  nerpruns, 
cytises,  guainiers,  saules,  diospires,  bouleaux,  châtaigniers, 
mûriers,  micocouliers,  ormeaux,  orangers,  coignassiers , 
rosiers,  papiriers- 

Mém.  ile  la  Soc.de Phys.  et d'H.  nàl.  T.  1.",  2.'  Part.        a 


agS         SUR  tiA  SÈVE  d'août  et  sur  les  divers 

Ceux  à  feuilles  opposées  sont  ; 

Les  lilas,  staphyliers ,  sureaux,  grenadiers ,  philadelphes , 
periploques,  coriaires,  cisses. 

Un  doit  encore  ranger  dans  les  arbres  à  rupture  ceux 
dont  les  bourgeons ,  au  lieu  d'être  placés  à  laisselle  des 
feuilles,  sont  au  contraire  logés  dans  l'intérieur  et  à  la 
base  des  pétioles,  qui  sont  alors  fort  élargis.  Ces  arbres  en 
assez  gand  nombre   sont  : 

Les  féviers,  les  ptélées,  les  robiniers,  les  amorphes, 
les  platanes,  les  sumacs  dans  une  de  leurs  trois  divisions, 
les  sophoras,  les  ailanthes,  les  chicots,  etc. 

Ces  arbres ,  dont  la  tige  se  rompt  constamment  à  l'ex- 
trémité ,  présentent  naturellement  un  phénomène  qui  no 
peut  pas  se  rencontrer  dans  les  autres.  C'est  que  leurs 
pousses  annuelles  ne  sont  pas  subdivisées,  car  les  ra- 
meaux ont  besoin,  pour  se  faire  jour,  que  les  feuilles  soient 
tombées,  et  par  conséquent  ils  ne  paroissent  que  l'année 
suivante.  Ce  fait  est  facile  à  vérifier  dans  les  féviers ,  les 
platanes  et  les  robiniers.  Cependant,  lorsqu'on  les  taille  au 
moment  de  la  sève,  on  voit  quelquefois  le  rameau  qui 
se  fait  jour  en  perçant  la  base  du  pétiole;  c'est  ce  que 
j'ai  remarqué,  du  moins  dans  quelques  robiniers,  le  so- 
phora  du  Japon,  etc.  Mais  jusqu'à  présent  je  n'ai  rien 
observé  de  semblable  dans  les  platanes  et  les  féviers. 

Ces  divisions  relatives  aux  diflférens  modes  de  gem- 
mations ou  de  vernations  des  arbres,  s'accordent  très-bien 
avec  les  genres  des  botanistes ,  mais  non  pas  avec  les 
familles;  caries  poiriers  et  les  pommiers  par  exemple,  sont 
séparés  des  coignassiers ;j  les  pruniers,  des  cerisiers;  les 


MODES   DE   DÉVELOPPEMENT   DES    ARBRES.  299 

bouleaux,  des  aunes  :  il  y  a  même  dans  certains  genres 
des  espèces  aberrantes;  mais  je  soupçonne  que  ces  es- 
pèces ne  sont  pas  toujours  congénères ,  et  j'en  suis  sûr 
dans  certains  cas. 

Voici    jusqu'à  présent  l'énumération   de   ces   espèces 
aberrantes  : 

L'érable  à  feuilles  de  frêne,  bourgeons  cachés  et  rupture. 

Le  nerprun  alaterne,  trois  bourgeons  au  sommet. 

Le  nerprun  bourdainier ,  sans    bourgeons   comme  le 
cornouiller. 

Les  sumacs  vénéneux  et  radicant,  comme  le  nerprun 
bourdainier. 

Le  sumac  fustet,  bourgeon  terminal. 

Le  sumac  de  Virginie,  bourgeons  cachés  et  rupture 
comme  l'ailanthe. 

Le  bouleau  nain,  bourgeon  terminal. 

Le  charagane  chamlagu,  rupture.  Les  autres  espèces  ont 
un  bourgeon  terminal. 

Les  lilas  de  Chine  et  celui  de  Perse  ont  un  bourgeon 
terminal.  Le  commun  a  une  rupture. 

Les  pruniers  nain  et  couché  n'ont  point  de  rupture. 

La  viorne  obier  a  une  rupture  et  deux  bourgeons. 
Les  autres  espèces  s'étendent  à  l'indéfini. 

Le  calicanthe  précoce  a  ses  bourgeons  latéraux  vi- 
sibles; dans  les  autres  espèces,  ils  sont  cachés  par  le 
pétiole. 

Le  même  arbre  a  constamment  la  même  forme,  c'est- 
à-dire,  que  les  chênes,  par  exemple ,  ont  toujours  leur 
bourgeon   terminal,   et  les  saules  leur  rupture.   Jtisqu^ 


5oO  SUR    LA    SÈVE    d'aoÙT    ET    SUR    LES  DIVERS 

présent  je  n'ai  aperçu  aucune  exception  à  cette  loi  que  celle 
du  lilas  commun,  dont  quelques  branches  m'ont  paru, 
au  jardin  botanique  de  Genève ,  conserver  leur  bourgeon 
terminal,  tandis  que  toutes  celles  que  j'ai  vues  ailleurs 
présentent  des  ruptures.  Cependant ,  comme  les  autres  es- 
pèces de  ce  genre  ont  leur  bourgeon  terminal,  je  serais 
plus  porté  à  placer  l'exception  dans  les  lilas  communs , 
et  à  considérer  la  rupture  comme  une  irrégularité ,  ou 
une  aberration. 

D  ne  faut  pas  confondre  la  rupture  du  bourgeon  avec 
celle  de  la  tige  florale,  comme  je  l'ai  fait  d'abord  dans 
les  pavias.  Cet  arbre ,  qui  a  un  beau  bourgeon  terminal 
et  deux  latéraux ,  me  paroissoit  quelquefois  terminé  par 
deux  bourgeons  entre  lesquels  se  montroit  une  belle 
rupture  déjà  cicatrisée,  mais  je  vérifiai  ensuite  que  cette 
rupture  étoit  celle  d'un  pédoncule  terminal  dont  tous  les 
marons  avoient  av^orté.  Cette  cause  d'iUusion  peut  se  pré- 
senter toutes  les  fois  que  l'arbre  a  les  feuilles  opposées, 
et  les  fleurs  terminales  ;  et  je  l'ai  vue  sur  le  cornouil- 
ler sanguin  qui  a  les  feuilles  opposées  et  qui  est  privé 
de  bourgeon.  Ses  grappes  florales  étoient  tombées,  et 
laissoient  entre  deux  branches  latérales  une  apparence 
de  rupture. 

J'ai  reconnu  qu'il  y  avoit  un  grand  rapport  entre  ces 
formes  de  développement  et  le  phénomène  des  épines. 
Tous  les  arbres  véritablement  épineux,  c'est-à-dire,  dont 
les  rameaux  se  terminent  en  pointe  aiguë,  et  non  pas  ceux 
dont  les  épines  sortent  du  tronc ,  ou  ne  sont  pas  évidem- 
mevit  une  continua tioij  des  branches,  comme  les  féviers  , 


MODES    DE    DÉVELOl'PEMliNT    DTÎ.S    AnSitE.S.  ■  ;">01 

les  orangers,  etc.,  ont  un  bourgeon  ternninal,  et  non  pas 
une  rupture.  On  peut  en  voir  des  exemples  dans  les 
néfliers ,  aliziers ,  poiriers ,  hipp(>phaé ,  sideroxylon ,  pom- 
miers, etc.  Et  cela  n'est  pas  étonnant  et  se  comprend  de  soi- 
même;  car  quand  il  y  a  rupture,  il  ne  peut  pas  y  avoir 
des  épines  terminales.  Cependant,  le  prunier  épineux  pré- 
sente jusqu'à  présent  une  exception  :  ses  tiges  princi- 
pales ont  une  rupture,  quoique  ses  tiges  latérales  sf 
terminent  en  épines.  Lorsquon  cultive  dans  un  bon 
terrain  un  arbre  épineux,  on  devra  souvent,  d'après  ce 
que  nous  venons  de  dire,  changer  ses  épines  en  bour- 
geons .;  car  ses  épines  ne  sont  que  des  bourgeons 
avortés. 

Si  l'on  conçoit  bien  ces  distinctions  ,  il  sera  facile  de  se 
foniier  des  idées  justes  de  ce  que  c'est  que  la  sève  d'Août , 
et  des  plantes  sur  lesquelles  elle  peut  exercer  quelque 
influence;  l'on  comprendra  d'abord  qu'elle  ne  doit  pas 
être  aperçue  sur  les  plantes  annuelles  dont  le  dévelop- 
pement continue  sans  cesse,  ni  sur  celles  qui,  quoique 
douées  d'une  plus  longue  vie,  périssent  cependant  chaque 
année  jusqu'à  leurs  racines,  ni  sur  les  végétaux  grimpans 
dont  les  tiges  supérieures  s'étendent  sans  cesse,  ni  enfin 
sur  les  conifères,   le  pin  dAlep  excepté. 

11  y  a  encore  d'autres  arbres  qui  ne  peuvent  point  pré- 
senter de  sève  d'Août  :  ce  sont  ceux  dont  les  feuilles  sont 
dépourvues  de  stipules  et  de  boutons  écailleux,  et  ceux 
dont  chaque  feuille  est  enveloppée  de  ses  stipules.  Les 
cornouillers  fournissent,  comme  je  l'ai  dit,  des  exemples  du 
premier  ca§ ,  et  les  tulipiers,  ainsi  que  les  aunes,  appar- 


302  SUR   LA   SÈVE    d'aoUT   ET   SUR  LES  DIVERS 

tiennent  au  second.  Cependant,  comme  les  fleurs  des  cor- 
nouillers sont  placées  au  sommet  des  tiges,  toutes  les 
fois  que  ces  arbres  fleurissent  en  automne,  ils  offient 
une  apparence  de  seconde  pousse.  Il  en  est  de  même 
des  figuiers  qui  donnent  deux  fois  du  fruit  ;  mais 
il  n'y  a  rien  de  semblable  dans  les  aunes  et  dans 
les  tulipiers. 

Les  autres  arbres  sont  susceptibles  de  donner  une  se- 
conde pousse;  elle  aura  lieu  toutes  les  fois  que  leur 
bourgeon  terminal  ou  latéral,  après  la  rupture  de  la  tige, 
se  développera  de  la  même  manière  que  s'étoit  épa- 
noui quelques  mois  plus-tôt  celui  du  printemps,  avec  cette 
différence  toutefois ,  que  les  écailles  du  dernier ,  ayant  été 
exposées  plus  long-temps  aux  intempéries  de  l'hiver, 
seront  plus  endurcies,   plus  colorées  et   plus  résineuses. 

Or,  c'est  effectivement  ce  qui  a  lieu  quelquefois  dans 
nos  climats.  Lorsqu'un  arbre  vigoureux  est  placé  dans 
une  bonne  terre,  qu'il  est  jeune,  et  qu'il  est  secondé  parles 
circonstances  atmosphériques,  on  voit  alors  sur  ses  prin- 
cipales branches  s'épanouir  quelques-uns  des  bourgeons  de 
l'année,  surtout  ceux  qui  terminoient  les  pousses.  L'on 
reconnoît  que  cela  a  lieu  toutes  les  fois  que  l'on  voit 
les  feuilles  supérieures  des  tiges  colorées  d'un  vert  plus 
gai  que  le  reste  de  l'arbre.  Cela  indique  en  effet  un  dé- 
veloppement qui  n'est  point  contemporain  des  autres , 
et  l'on  peut  facilement  reconnoître  le  point  de  la  tige 
d'où  est  parti. le  second  bourgeon;  on  y  remarque  une 
écorce  ridée,  et  couverte  de  cicatrices  serrées,  qui  sont 
les  points  d'insertion  d'autant  d'écaillés. 


MOUB*-  DE  DÉVELOPPEMENT  DES  ARBRES.     OOO 

Cette  circonstance  se  présente  rarement  dans  la  na- 
ture laissée  à  elle-mênme  ;  à  peine  trouveroit-on  dans  des 
forêts  entières  un  ou  deux  arbres  pourvus  de  ces  nou- 
velles pousses.  Dans  nos  vergers  il  me  semble  également 
qu'on  n'aperçoit  guères  ce  second  développement  sur  les 
pommiers ,  les  poiriers  ,  ou  même  les  cerisiers ,  qui ,  comme 
on  le  sait,  ne  végètent  guères  après  avoir  donné  leurs 
fruits.  11  est  plus  commun  dans  les  pruniers  et  les  abri- 
cotiers; mais  on  le  voit  souvent  dans  les  noyers,  surtout 
lorsquils  sont  jeunes  et  yigoureux. 

Ce  n'est  donc  point  un  phénomène  général  que  celui 
de  la  sève  d'Août;  non-seulement  il  n'appartient,  comme 
on  le  voit,  qu'à  certains  arbres,  mais  encore  ces  arbres 
ne  le  présentent  qu'en  certaines  circonstances.  11  faut, 
pour  qu'il  ait  lieu  naturellement,  que  l'arbre  ait  une 
pousse  forte  et  soit  placé  dans  un  terrain  riche,  surtout 
dans  nos  clinaats.  Il  faut  qu'après  une  sécheresse  un  peu 
longue  qui  a  arrêté  le  mouvement  de  la  sève,  il  sur- 
vienne des  pluies  chaudes  et  abondantes;  alors  l'arbre 
est,  pour  ainsi  dire,  ranimé,  et  il  s'épanouit  comme  s'il 
Jouissoit  d'un  second  printemps;  mais  si  la  tempéra- 
ture étoit  telle  qu'il  n'y  eut  point  de  pluie  abondante 
après  les  chaleurs  de  l'été,  il  ny  auroit  point  de  se- 
conde sève. 

Les  choses  se  passent  autrement  dans  ceux  de  nos 
arbres  que  nous  émondons,  ou  que  nous  ététons  pour 
faire  du  bois;  alors  les  nouvaux  jets  ont  une  telle  abon- 
^iance  de  sève,  que  non-seulement  ils  donnent  une  seconde 
pousse  terminale,  mais  que  souvent  les  rameaux   axil- 


3o4  SUR    liA    SÈVE    d'août    ET    SUR  LES  DIVERS 

laii'es  s  épanouissent  eux-mêmes.  On  peut  en  voir  faci- 
lement des  exemples  dans  les  érables  de  nos  vignes , 
dans  nos  charmes  ,  nos  peupliers ,  nos  hêtres  ,  et  sur- 
tout dans  nos  chênes  et  nos  saules  que  l'on  taille  si 
fréquemment. 

Un  peut ,  du  reste,  faire  à  volonté  l'expérience  ,  en  re- 
tranchant l'extrémité  d'une  branche  au  moment  où  elle 
végète  fortement;  incontinent,  les  bourgeons  axillaires 
se  développent,  et  si  Ton  retranche  encore  l'extrémité  de 
ces  rameaux  axillaires,  ils  ne  tarderont  pas  eux-mêmes 
à  développer  des  bourgeons  placés  dans  leurs  jeunes 
branches  :  on  hâtera  ainsi  la  végétation  d'un  arbre,  et 
l'on  en  développera  les  bourgeons  un  an ,  deux  ans  ,  trois 
ans  et  jusqu'à  quatre  ans  plus  tôt  que  la  végétation  laissée  à 
elle-même  ne  les  auroit  présentés.  Les  écailles  de  ces  bour- 
geons seront  vertes  et  mal  formées ,  mais  enfin  elles 
existeront.  '' 

n  arrive  quelquefois  qu'en  émondant  les  arbres  à  rup- 
ture, on  porte  aux  extrémités  une  plus  grande  quan- 
tité de  sève  ,  et  qu'on  suspend  pour  un  temps,  si'  l'on 
n'arrête  pas,  pour  toujours,  cette  même  rupture.  Le  jet 
de  la  tige  se  termine  alors  par  une  espèce  de  bourgeon 
formé  de  feuilles  avortées  et  accumulées  en  grand  nombre, 
et  les  bourgeons  des  aisselles  inférieures  donnent  alors 
des  rameaux.  On  peut  voir  des  exemples  de  ces  ano- 
malies dans  les  charmes  de  nos  bois,  ou  les  charmilles 
de  nos  jardins. 

Ces  considérations  nous  permettent  de  modifier ,  à 
certains  égards,  le  système  adopté  généralement  p^r  les 


MODBS   DE   DÉVELOPPEMENT   DES    ABBRES.  5o5 

botanistes  sur  la  nature  des  écailles  des  bourgeons.  Ils 
les  considèrent  comme  des  feuilles  avortées,  et  on  ne  peut 
nier  qu'ils  n'aient  généralement  raison,  et  que  ces  écailles 
ne  portent  souvent ,  comme  dans  le  noyer  ,  les  traces 
de  ces  mêmes  feuilles:  mais  je  pense  qu'il  faut  d abord 
en  excepter  les  écaiUes  des  arbres  résineux ,  et  celles  de 
quelques  autres  arbres,  comme  le  chêne,  qui  n'ont  aucun 
rapport  avec  leurs  feuilles  et  que  jamais  personne  n'a  pu 
voir  vertes  ou  parenchymateuses.  Ensuite  il  ne  faut  pas 
considérer  cet  avortement  comme  une  circonstance  ac- 
cidentelle, et  qui  n'auroit  pas  lieu  si  l'arbre  étoit  placé 
dans  un  climat  différent.  C'est  au  contraire  une  pré- 
disposition organique  et  inhérente  au  végétal  qui  étoit 
destiné  à  avoir  des  feuilles  bien  formées ,  et  des  écailles  , 
rudimens  de  feuilles.  Car  nous  avons  reconnu  que  si 
par  leffet  de  quelques  causes  particulières  le  végétal 
donne  deux  ou  même  plusieurs  jets  dans  la  même  année; 
ces  jets  sont  tous  pourvus  de  leurs  bourgeons  écaiUeux, 
et  qu'il  en  est  de  même  des  pousses  latérales,  lorsque 
les  bourgeons  axillaires  se  développent.  Ainsi  nous  con- 
sidérerons les  avortemens,  comme  emportant  avec  eux 
lidée  d  ordre,  et  non  de  désordre;  ils  répondent,  en  effet, 
à  la  définition  qu'on  a  coutume  de  donner  des  ouvrages 
du  Créateur,  c'est-à-dire,  qu'ils  fournissent  l'exemple  de 
la  simplicité  dans  les  moyens  et  de  la  magnificence  dans 
l'exécution.  11  y  a  bien  plus  d'intelligence  et  de  sagesse 
à  produire  un  organe  différent  avec  une  légère  modifi- 
cation de  l'organe  primitif,  qail  n'y  en  auroit  à  le  former 
d'une  manière  plus  compliquée.  Cette  réflexion  s'apphque 
Mém.  de  la  Soc.  de  Phys.  et  d'H.  nat.  T.  1.",  2.'  Part.        3 


5o6  SUR    LA    SÈVE    d'aoÛT    ET   SUR  LES   DIVERS 

aux  autres   avortemens,  comme,  par  exemple,  aux  sé- 
pales  des  calices,   aux  vrilles,  etc. 

Les  pousses  du  mois  d'Août  sont  quelquefois  des  feuilles, 
et  quelquefois  des  fleurs.  Ce  sont  des  fleurs,  par  exemple, 
dans  les  diverses  espèces  de  cornouillers  ,  de  viornes, 
et,  en  général,  dans  les  arbres  qui  n'ont  ni  bourgeons, 
ni  stipules.  Ce  sont,  au  contraire,  des  feuilles  dans  le 
chêne ,  les  ormeaux ,  les  charmilles ,  les  bouleaux ,  les 
pommiers,  les  pruniers,  etc.  Apparemment  que  dans  ces 
dernièi-es  espèces,  le  développement  des  boutons  à  fleurs 
est  plus  difficile  que  celui  des  boutons  à  bois.  Mais  il 
y  a  dans  cette  matière  un  assez  grand  nombre  de  points 
qui  me  paroissent  encore  obscurs,  et  qui  par  consé- 
quent ont  besoin  d'être  éclaircis  :  Chaque  espèce  a-t-elle 
sa  disposition  particulière  de  boutons  à  fleurs  et  de  bou- 
tons à  feuilles,  comme,  par  exemple,  le  daphné  bois 
gentil  ,  les  rosages,  azalées,  etc.?  Ou  bien,  y  a-t-il, 
comme  cela  est  beaucoup  plus  probable ,  des  divisions 
générales  ?  Les  branches  à  fruits  sont-elles  souvent  dif- 
férentes de  celles  à  feuilles,  comme  cela  a  lieu  dans  le 
poirier,  et  dans  plusieurs  espèces  de  liane,  dont  les  tiges 
grimpantes  et  stériles  se  développent  à  linfini,  tandis 
que  celles  qui  fructifient  n'ont  qu'un  accroissement 
très-borné?  C'est  ce  qu'il  importe,  je  crois,  beaucoup 
d'examiner. 

Voilà ,  les  diverses  apparences  de  la  sève  d'Août  dans 
nos  climats;  elle  n'appartient,  comme  on  le  voit,  qu'à 
un  petit  nombre  de  végétaux,  elle  ne  se  montre  point 
exclusivement  au   mois   d'Août,    et  quand   elle  a    lieu, 


MODES  DE  DÉVELOPPEMENT  DES  ARBRES.      5o'J 

soit  naturellement,  soit  cirtificiellement,  elle  peut  déve- 
lopper successivement  plusieurs  pousses.  Dans  les  tro- 
piques, où  il  n'existe,  peut-être,  point  d'arbres  à  bourgeons 
proprement  dits,  le  développement  doit  être  indéfini;  la 
sécheresse  le  retarde  ou  l'arrête  ;  les  pluies  chaudes  au 
contraire  l'accélèrent  fortement.  Dans  le  midi  de  la 
France ,  de  l'Italie ,  etc. ,  les  arbres  se  dépouillent  plus 
promptement  que  dans  nos  climats,  et  l'on  n'aperçoit 
pas  de  secende  pousse  dans  le  petit  nombre  de  nos 
arbres  fruitiers  qu'on  y  cultive,  à  moins  qu'il  ne  sur- 
vienne des  pluies  abondantes  dans  les  mois  d'été ,  ce  qui 
est  fort  rare.  On  doit  en  dire  autant  pour  une  autre 
raison  des  pays  septentrionaux  ;  la  chaleur  n'y  est  pas 
assez  grande  pour  mettre  deux  fois  l'année  la  sève  en 
mouvement.  Je  me  rappelle ,  cependant ,  qu'à  la  suite 
d'un  été  très-chaud,  qui  fut  suivi  d'une  automne  belle 
et  prolongée,  je  rencontrai  sur  le  mont  Cenis,  presque 
tous  les  rosages  ferrugineux  chargés  de  fleurs  nouvelle- 
ment écloses.  Je  sais  aussi  ,  que  dans  nos  montagnes 
les  fraises  donnent  deux  fois  des  fruits,  parce  que  les 
chaleurs  de  l'été  qui  les  détruisent  dans  la  plaine,  sont 
remplacées  dans  ces  lieux  élevés  par  une  température 
plus  douce  et,  surtout,  plus  humide.  Mais  ces  circons- 
tances ne  peuvent  guères  se  rencontrer  dans  les  climats 
du  nord,  où  la  chaleur  est  moindre,  et  où  les  nuits 
sont  plus  froides. 

Les  différentes  observations  que  présente  ce  mémoire 
fourniront,  je  crois,  un  nouveau  champ  à  la  physiolo- 
gie botanique,  et   de  nouveaux   caractères  à  la  descrip- 


3o8  SUR   LA   SÈVE   d'aOUT   ET  SUR  LBS  DIVERS 

tion  scientifique  des  vc'gétaax.  On  y  remarquera  le  mode 
de  leur  végétation  terminale,  le  nombre  de  leurs  pousses 
annuelles ,  la  manière  dont  leurs  boui-geons  sont  placés 
par  rapport  aux  pétioles  qui  les  cachent  ou  les  laissent 
à  découvert.  On  observera  en  portant  ses  regards  plus 
loin,  si  les  fleurs  sortent  de  la  tige  ancienne  ou  de  la 
tige  nouvelle  ;  si  la  plante  a  des  branches  à  feuilles,  dif- 
férentes de  celles  qui  donnent  des  fleurs  ;  si  les  feuilles 
sont  articulées,  c'est-à-dire  séparables ;  si  les  pédoncules 
ont  des  points  d'attache,  ou  s'ils  tombent  après  s'être 
desséchés  :  et  de  toutes  ces  considérations ,  et  d  autres 
semblables,  on  conclura  que  la  nature  a  diversifié  les 
végétaux  beaucoup  plus  qu'on  ne  le  croiroit  au  premier 
coup-d'œil,  etquil  n'y  en  a  peut-être  aucun  qui,  com- 
paré seulement  avec  ses  congénères ,  ne  fournisse  des 
différences  très-dignes  d'attention. 


MEMOIRE 

Sur  plusieurs  cristallisations  noui^elles  de  Stron- 
tiane  sulfatée. 

Par  !MM.    MORICAND  et   SORET. 
(Lu  à  la  Société  de  Phys.  etd'Hist.  Nat.  de  Genève  f  te  5  ^vril  1831.) 


-L/e  genre  de  travail  qui  consiste  à  décrire  toutes  les 
cristallisations  connues  dun  minéral,  n'est  pas  en  lui- 
même  dune  grande  importance.  Quelques  formes  suf- 
fisent ordinairement  pour  caractériser  la  nature  de  la 
molécule  primitive  et  pour  en  obtenir  la  détermination 
exacte,-  le  reste  est  un  luxe  dans  la  science.  Cependant, 
il  est  un  autre  point  de  vue  sous  lequel  cette  étude  ac- 
quiert de  l'intérêt;  non  seulement  elle  nous  conduit  à  la 
confirmation  des  lois  établies  par  le  célèbre  Gristallographe 
Français,  mais  elle  dirige  encore  notre  attention  sur  les 
rapports  qui  existent  entre  la  structure  de  chaque  cristal 
et  .son  gisement.  Ces  rapports  ont  été  déjà  signalés  par 
plus   d'un  minéralogiste. 

On  a  reconnu  l'influence  des  terrains  et  des  gangues 
sur  la  nature  de  la  cristallisation ,  et  Ion  a  senti  quil 
seroit  utile  au  géologue  comme  au  minéralogiste  ,  d'établir 
quelques  lois  généx'ales ,   fondées    sur  ces    remarquables 


5lO       SUR    PLUSIEURS    CRISTALLISATIONS    NOUVELLES 

résultats.  On  est  loin,  il  est  vrai,  d'avoir  obtenu  quelque 
chose  de  satisfaisant  à  cet  égard;  les  faits  sont  en  trop 
petit  nombre ,   mais  il  est  facile  de  les  multiplier. 

L'étude  comparative  des  modifications  d'une  substance 
quelconque,  prise  dans  différentes  localités;  la  détermi- 
nation des  formes  que  cette  substance  affecte;  la  des- 
cription des  terrains  qui  constituent  ses  divers  gisemens 
peuvent  donc ,  si  on  les  considère  sous  le  rapport  que 
nous  venons  d'indiquer,  jeter  quelqu'intérêt  sur  une  no- 
menclature aride  au  premier  coup-dœil. 

Quelques  ciixonstances  favorables  ayant  mis  entre 
nos  mains  plusieurs  échantillons  de  Strontiane  sulfatée 
provenant  de  différens  pays ,  nous  hésitons  d'autant  moins 
à  faire  connoître  les  faits  nouveaux  qui  se  sont  offerts 
à  nos  recherches ,  que  la  liste  des  modifications  connues 
de   ce  minéral  est  très-peu  considérable. 

La  Sicile  est  en  première  ligne,  c'est  de  là,  que  pro- 
viennent, comme  on  le  sait,  le  plus  grand  nombre  de 
formes  et  les  plus  belles  cristallisations.  L'un  de  nous 
ayant  récemment  exploré  cette  contrée,  en  a  rapporté 
de  nouvelles  richesses  que  nous  nous  empressons  de 
faixe  connoître  h  nos  lecteurs.  La  Strontiane  de  Conilla 
et  celle  de  Bex,  dans  le  Canton  de  Vaud,  quoique  assez 
semblables  par  leur  apparence  extérieure  et  leur  gi- 
sement à  celle  de  Sicile  ,  présentent  cependant  des 
modifications  particulières  que  nous  décrirons  à  part.  Enfin 
nous  destinerons  un  dernier  article  pour  la  variété  qui 
se  trouve  aux  environs  d'Arau,  et  qui  est  quelquefois 
cristallisée. 


DE  STROKTIANE  SULFATÉE.  3ll 

Comme  nous  ne  prétendons  point  ici  donner  un  tableau 
général  des  formes  de  la  Strontiane  sulfatée,  l'ordre  des 
localités  nous  paroît  le  meilleur  à  suivre;  d'autant  plus, 
qu'il  sera  facile  au  lecteur  de  rétablir  celui  des  cris- 
tallisations. 

Les  faces  nouvelles  étant  en  petit  nombre,  il  est  inu- 
tile d'en  donner  le  tableau  non  plus  que  celui  de  leurs 
incidences  :  on  aura  soin  de  les  indiquer  dans  le  cours 
du  mémoire;  et  quant  aux  faces  déjà  décrites,  on  pourra 
recourir  aisément  au  grand  traité  de  M.  Haiiy,  ainsi 
qu'à  quelques  mémoires  particuliers  de  ce  célèbre 
cristallographe. 

Dans  chaque  article,  nous  passerons  des  formes  les  plus 
simples  aux   plus  composées. 

Strontiane  sulfatée  de  Sicile. 

s   I 
I.  Strontiane  sulfatée   trapézienne  p   , 

Variété  analogue  à  celle  qui  porte  le  même  nom  dans 
l'espèce  Baryte  sulfatée  ;  Traité  pi.  xxxv  fig.  112, 

Observée  et  déterminée  pour  la  première  fois  par  le 
célèbre  L.  J  urine.  11  en  ex.iste  une  fort  bt;lle  druse  dans 
la  collection  de  son  fils. 

Parmi  les  échantillons  nouvellement  rapportés  de  Si- 
cile, plusieurs  présentent  une  modification  de  la  yariété 
épui/iléc,  qui  la  rend  analogue  à  celle  que  nous  décrivons  •_ 
les  cristaux  sont  raccourcis  et  comprimés  dans  le  sens  des 
faces  P,  et   les  faces.  M  sont  linéaix'es;  il  est  rare  de  les 


3l2       SUR    PLUSIEURS   CRISTALLISATIONS    NOUVELLES 

voir    disparoîti'e  complètement  pour  former  la  cristalli- 
sation que  nous  venons  de  décnre. 
Collections  J  urine  et  Moricand. 

I      2    2 

o  ,  7.  •      7    MEAB 

2.  a.  s.  quatuorsexdecimale  1.1       /  ^ 

Variété  dodécaèdre ,  plus  les  faces  z  situées  vers  le  som- 
met, au  bas  des  arêtes  de  jonction  des  faces  M  et  d. 
Voyez,  Traité  PI.  xxxvi  fig.  126.,  dont  on  retranchera 
les    faces  P. 

Collection  Moricand. 

o  ç      7-       .7.     .     MÈaB'H* 
à.  Î5.  s.  bisumbinaire  i^»       » 

m.  o  d  z     s 

Cette  forme  correspond  à  celle  qui ,  dans  l'espèce  Baryte 
sulfatée ,  porte  le  même  nom. 

C'est  la  variété  précédente  plus  la  face  s  à  chaque 
sommet. 

Coll.  Jurine,  Moricand,  Soret. 

/    «  •  /•  /•       •/   •       PMÈB'H'    ^^   ,^ 

4.  o.  s.  mixU-bi&unilaire    p  m  »      ^         \PS-  4  ) 

La  face  s  est  fortement  striée  parallèlement  à  ses  arêtes 
de  jonction  avec  M. 

Ce  cristal,  (lorsque  son  axe  est  horizontal)  a  l'ap- 
parence d  un  prisme  droit  rectangulaire,  terminé  par  deux 
pvramides  tétraèdres  cunéiformes,  avec  de  légères  tronca- 
tures  z,  vers  le  bas  de  leurs  arêtes. 

Coll.  Moricand. 


DE    STRONTIANE    SULFATÉE.  3l3 

.  o       '  7    /    PMÈÂ'H' 

5.  a.  s.  équivalente  p  ^       , 

Variété   analogue  à   la  Baryte    sulfatée    qui   porte    le 
même  nom.  Traité  fig.    1 1 6. 
Coll.  Moricand,  Soret,  Jurine. 

«  o  ,       ,         pmÈae^^e  .<.      X 

6.  S.  s.   umbmcure  p^yj  ^  ^     ^      {fîg-  1-) 

Cristallisation  remarquable  par  la  présence  de  la  face 
X  entre  o  et  M;  cette  face  a  été  décrite  par  M.  Haùy , 
dans  la  Stront.  suif  de  Meudon.  11  est  curieux  de  la  voir 
se  produire  dans  des  gisemens  qui  n'ont  point  de  rap- 
ports géologiques  entr'eux. 

M.  le  Comte  De  Bournon  avoit  déjà  remarqué  cette 
face  sur  quelques  échantillons  de  Gatolica  qui  se  trouvent 
dans  la  collection  du  Roi. 

Incidence  de  x  sur  M   il^l^"  1^2.'. 

Coll.  Moricand,  Soret. 

„    ç  ,    .       ,  .,    MPÉaB'H' 

7.  î>.  s.   isomeriae  t.*  .,       , 

'  MF  0  a  z    s 

Variété   hisunibinaire  plus  les  faces  P  au  prisme.    Son 
analogue  existe  dans  la  Baryte  sulfatée. 
Coll.  Jurine,  Moricand,  Soret. 

«    C    „         7-    ■     •     ,      PMÈABA    ,    n        os 

8.  s.  s.   disjointe  p  j^|  ^  ^^  ^  ^   {fig-  8  ) 

h  face  nouvelle,  située   entre  d  et  P. 

Incidence  de  P  sur  h  168°  28'. 

Mém.  de  la  Soc.  de  Phys.  et  d'H.  nat.  T.  I.",  a.'  Pari.  4 


3l4       SUR     PLUSIEURS    CRISTALLISATIONS    NOUVELLES 

C  est  la  variété  entourée  plus  les  faces  h  à  chaque  som- 
met. C>rdii)aii-enient  elles  se  présentent  sous  la  forme  de 
filets  très- déliés.  Un  ou  deux  échantillons  se  sont  prêtés 
aux  mesures   gonyomètriques. 

Collection  Moricand. 

9.  s.  s.  sexquadrivigesimale  jy^  p  ^  ^  ^    ^ 

Variété  unibibinciire ,  fig.  6.  plus  les  faces  z  au 
sommet. 

Coll.  Moricand,  Soret, 

1   2  2 

10.  S.s.octoduovigésimale  pM  o  ^^'T'^'  '?'  ^f''  9> 

i-,  face  nouvelle,  produite  sur  l'arête  G  du  prisme, 
entre  les  deux   faces  o, 

^,  face  nouvelle,  produite  sur  la  même  arête,  entre  k 
et  M, 

Incidence  de  h  sur  M  i27''4i';  de  k  sur  t  i5i°3'; 
de  l  sur  M   i56°43'. 

Collection   Moricand. 

Cristaux  grouppés. 

i.   Strontiane  sulfatée  prismatique  : 

Prisme  droit  à  base  rhomboïdale ,  formé  par  la  réunion 
d'un  grand  nombre  de  petits  cristaux  appartenans  à  la 
variété  dodécaèdre.  Leurs  sommets  funt  saillie  sur  les 
bases  du  prisme  composé  et  les  rendent  raboteuses.  Ces 
groupes  ont  jusqu'à  un  pouce  de  diamètre  et  forment  de 
magnifiques    druses. 

Collection  Moricand. 


DE    STRONTIANE    SULFATEE.  3l5 

2.  Stront.  sulfat.  péri-hexagonale. 

Prisme  droit  à  base  hexagonale;  il  est  formé,  de  même 
que  le  pi'écédent ,  par  un  groupement  de  petits  cristaux  ; 
ceux-ci  appartiennent  à  la  variété  èpoinlée.  C'est  la  pris- 
matique dont  les  arêtes  qui  correspondent  aux  angles 
aigus  du  prisme  se  trouvent  remplacées  par  les  faces  P. 

N.°  ~  du  Musée  de  Genève,  donné  par  M.  Moricand, 

Collection  Moricand, 

annotations. 

Le  gisement  de  la  Strontiane  sulfatée  de  Sicile  est  assez 
connu,  pour  qu'il  soit  inutile  d'entrer,  à  ce  sujet,  dans 
de  nombreux  détails.  On  sait  que  les  plus  belles  cristal- 
lisations proviennent  des  soufrières  de  San-Cataldo,  Ca- 
tolica  et  Ibiza.  0\\  sait  encore,  que  le  soufre  se  trouve 
disséminé  en  rognons  ou  en  petites  couches  dans  une 
marne  bleuâtre,  et  que  cette  marne  accompagne  le 
gypse  qui  constitue  la  foi'mation  de  ces  différentes 
collines. 

Les  mines  d'Arragona  qui  sont  précisément  dans  les 
mêmes  circonstances  géologiques  que  les  précédentes, 
présentent  au  lieu  de  Strontiane,  des  petits  cristaux  de 
Baryte  sulfatée  Irapézienne,  répandus  en  grande  abon- 
dance sur  leur  gangue.  La  nature  tle  ces  cristaux  est 
facile  à  reconnoître  par  lodeur  de  leur  émail. 

A  San-Gataldo,  les  cavités  un  peu  étendues  contien- 
nent dénormes  Stalactites  de  chaux,  dont  la  couleur 
a  beaucoup  de  rapport  avec  celle  du  soufre.  Lors- 
qu'on casse  ces  Stalactites,  on   trouve   souvent  vers  leur 


3l6        SUR   PLUSIEURS   CRISTALLrSATIONS  KÔUVELLKS 

centre  du  soufre  natif;  celui-ci  est  recouvert  d'une  couche 
plus  ou  moins  épaisse  de  Calcaire  jaune  qui  alterne  avec 
du  Soufre  amorphe,  et  dont  la  surface  extérieure  présente 
des  cristallisations  analogues  à  la  variété  métastatique. 
La  Strontiane  sulfatée  s'implante  sur  la  chaux,  et  il  n'est 
pas  rare  enfin  de  la  voir  elle  même  recouverte  par  le 
Soufre,  qui  alors,  est  régulièrement  cristallisé.  Cette  sue-* 
cession  de  substances  qui  paroissent  avoir  été  formées 
tantôt  par  sublimation  tantôt  par  concrétion,  est  assez, 
remarquable;  il  ne  paroît  pas  qu'on  l'ait  déjà  signalée. 

Strontiane  sulfatée  de  Bex, 

1.  Stront.  suif,  unibinaire       , 

0  a 

Cristaux  isolés  d'un  gris  bleuâtre,  opaques  ou  trans- 
lucides, disséminés  dans  une  argile  grise,  et  quelquefois 
implantés  confusément  les  uns  sur  les  autres.  Quelques- 
uns  passent  à  la  variété  trapézienne  par  un  très-petit 
filet  P, 

Cette  variété  ,  qu'on  peut  comparer  à  un  octaèdre  cu- 
néiforme, a  son  analogue  dans  la  Baryte  sulfatée.  11  en 
existe  de  beaux  grouppes   daiïs  le   Musée  du  Canton  de 

Vaud  à  Lausanne, 

Musée  de  Lausanne ,  Collection  Soret. 

1     2 

2.  Stront.   sidf.  duohis unitaire       ,  (fiff-^) 

dos       ^■^  ° 

Prisme  droit  rhomboïdal .  terminé  par  une  base  hexa» 


DE    STRONTIANE   SULFATÉE.  5lJ 

gonale  très-large,  avec  deux  facettes  obliques  sur  les 
petits  côtés  correspondans  aux  angles  aigus  du  prisme. 

Ces  cristaux  sont  implantés  verticalement  sur  une 
gangue  calcaire  parmi  d'autres  cristaux  très-gros  de 
Chaux  carbonatée  binaire;  les  intervalles  sont  remplis 
par  du  soufre  natif  amorphe. 

Collection  Soret. 

PË  A 

3.  Str.  suif  uniqualernaire  p      ,    {fîg-  i  ) 

Variété  de  forme  analogue  à  la  trapézienne,  mais  en 
prismes  beaucoup  plus  comprimés;  la  face  /  est  nouvelle, 
et  tient  la  place  de  cl, 

Incidence  de  P  sur  l  i57°48';    de  l  sur  l    44''^4'' 

Coll.  de  Lausanne,  Laine,  Soret. 

4     8 

4.  St.  suif,  hyperoxide    p  , 

Variété  analogue  à  la  précédente.  Remplacez  dans  la 
figure  de  \ uniqualernaire  les  faces  0  par  les  faces  q  qui 
sont  beaucoup  plus   inclinées  sur  P. 

Incidence  de  P  sur  q    i7i"4    ^o". 

Incidence  de   q  sur  q  i7''5i'. 

Musée  de  Lausanne,  Coll.  Soret. 

I      2 

5.  St.  suif,  qualuordècimale  t.»       . 

\ ArKlé  duobisunitaire,  plus  les  faces  M  au  sommet, 
elles  sont  iuclinées  sur  les  angles  obtus  du  prisme;  même 
gangue  que  cette  dernière. 

Collection  J  urine. 


3l8      SUR   PLUSIEURS    CRISTALLISATIONS    NOUVELLES 

1      2    4 

6.  Stront.  suif,  équidisjointe  p      i  / 

Variété  uniquaternaire ,  plus  les  faces  d  sur  les  arêtes 
de  jonction  des  faces  /. 

En  cristaux  blanchâtres  très-comprimés. 
Musée  de  Lausanne. 

4      8    4 

P  F  F  A 

7.  Str.  suif,  octo-uniquaternaire  p         ,     {fig-  3  ) 

En  cristaux  blanchâtres  très-comprimés  ;  même  gangue 
que  les  précédens,  avec  lesquels  ils  sont   entremêlés, 

12     8     4 

8.  Str.  S.   hordéel^^^^^^^     (fig.  6) 

Variété  trapézlenne  très-comprimée",  dont  toutes  les 
arêtes  des  bases  sont  i-emplacées  par  les  faces  /  et  q; 
même    gangue  que   les  précédentes. 

Coll.  Laine,  Soret.  Musée  de  Lausanne. 

12     4 

2.^ir.s.soussextuple\^^^^    (fig.  S) 

Son  Altesse  ROy aie  le  Prince  de  Danemarck  possède, 
dans  Sa  précieuse  collection ,  un  morceau  de  Strontiane 
sulfatée,  sans  contredit  le  plus  remarquable  de  tous  ceux 
qui  sont  sortis  des  salines  de  Bex.  Nous  avons  obtenu  des 
bontés  du  Prince,  la  flatteuse  permission  d'insérer  dans 
notre  Mémoire  la  description  de  cette  belle  druse  ;  et  nous 
éprouvons  d'autant  plus  de  plaisir  à  remplir  cette  honorable 
tâche,  que  l'cchantillon  dont  il  s'agit,  présente  une  cristal- 
lisation nouvelle  dont  nous  ne  possédions  qu  un  fragment 


DE  STRONTIÂNE  SULFATEE  Sig 

trop  mal  caractérisé  pour  pouvoir  être  décrit.  La  plupart  des 
cristaux  qui  forment  cette  druse,  appartiennent  à  des  va- 
riétés déjà  connues, telles  que  la  Strontiane  sulfatée  époin- 
tée,  dodécaèdre^  Irupézitnne ,  etc.  Cependant,  quelques- 
uns  oifrent  une  fate  surnuméraire  l,  que  nous  avons  déjà 
fait  connoître  plus  liaut,  et  qui  détermine  ici  une  forme 
nouvelle. 

Nous  avons  nommé  ce  cristal  soj^ssex/w/j/e,  daprès  la 
méthode  de  M.  Haiiy,  et  pour  rappeler  une  variété  de 
Baryte  sulfatée  qui  lui  est  tout  à  fait  analogue. 

On  remarque  sur  plusieurs  des  cristaux  qui  recouvrent 
cette  belle  druse,  un  accident  peu  rare  dans  la  iiaryte  suif- 
d'Auvergne,  mais  qui  nous  paroît  nouveau  pour  la  Stron- 
tiane. Les  sommets  semblent  avoir  été  formés  après  coup; 
la  substance  qui  les  compose  est  blanche  tandis  que 
dans  le  prisme  elle  est  d'un  beau  bleu  de  ciel.  La  sé- 
paration des  couleurs  est  bien  tranchée  ;  elle  est  déter- 
minée par  un  plan  parallèle  à  l'une  des  faces  M  du  prisme 
primitif.  Nous  devons  encore  signaler  ici  un  autre  acci- 
dent que  présentent  ces  pyramides,  (qu'on  poarroit  ap- 
peler de  formation  secondaire)  c'est  (ju elles  sont  toutes 
composées  de  deux  sommets  qui  se  pénètrent  réciproque- 
ment, tandis  que  les  prismes  sont  simples  aiiisi  que  les 
pyramides  des  cristaux  formés  tout  d'une  pièce. 

Coll.  de  S.  A.  R.   le  Prince  de  Danemarck. 


PMÈÂii 


lo.  Î5tr.  s.  progressive  •,  •.,,       ,       , 

Analogue   à   la    Baryte   sulfatée    qui    porte   le   même 


nom. 


320       SUR    PLUSIEURS  CBISTALLISATIONS   NOUVELLES 

P,  o,  dans  le  prisme;  M,  c/,  s,  /,  au  sommet  ;  voyez  la  fi- 
gure de  la  variété  disjointe  dans  laquelle  on  remplacera 
h  par  l. 

Collection  Soret. 

Crist.  Indéterminable&. 

I.  Str.   suif,   laniino-bacillaire. 

En  baguettes  très-applaties.  Ce  sont  les  cristallisations 
imparfaites  ries  variétés  6,  7,  8,  etc.  On  ne  peut  mieux 
lea  comparer  qu'à  des  lames  d'épées.  Elle  a  pour 
gangue  la  même  roche  que  les  variétés  p/écédentes.  M. 
de  Charpentier  l'a  découverte  sur  de  la  Strontiane  suif- 
blanche  fibro-laminaire.  C'est  cet  échantillon  qui  a  été 
pour  ce  savant  iVaturaliste  le  premier  indice  de  la  pré- 
sence   de    la  Strontiane  dan  s  la  galerie  des  Vauds. 

Collection  Soret. 

annotations. 

Les  variétés  décrites  dans  le  précédent  article  ont  toutes 
été  trouvées  à  Bex  dans  le  Canton  de  Vaud ,  mais  elles 
proviennent  de  deux  localités  différentes.  Les  Numéros 
2  et  5  sont  connus  depuis  quelques  années  ;  ils  ont 
été  observés  par  l'un  de  nous  svu-  des  échantillons 
sortis  du  commerce,  ensorte  qu'on  ignore  leur  gisement 
précis;  on  croit  qu'ils  ont  été  trouvés  dans  un  puits  actuelle- 
ment fermé.  A  peu  près  à  la  même  époque  ,  Monsieur  de 
Charpentier  avoit  reconnu  la  présence  delà  Strontiane  sul- 
fatée dans  la  Galerie  dite  des  Vauds,  et  plus  tard  ce  savant 
naturaliste   à   découvert  dans  la  même  galerie  un  filon 


DE  STRONTIANE  SCLFATÉE  321 

d'oïl  l'on  a  tiré  les  belles  druses  qui  décorent   la  Collec- 
tion de  Lausanne  et  quelques  autres  cabinets. 

Monsieur  de  Charpentier  en  nous  faisant  part  de  sa  dé- 
couverte a  bien  voulu  nous  communiquer  quelques  détails 
qu'il  nous  a  permis  de  transcrire  ici. 

«La  Strontiane  sulfatée,  dit-U,  se  rencontre  dans  le  cal- 
caire de  transition  qui  recouvre  la  couche  supérieure  de 
Gypse,  dans  la  Galerie  des  Vauds  ;  elle  se  trouve  à  une  très- 
petite  distance  de  ce  Gypse,  ou  pour  mieux  dire  de  la  chaux 
anhydro-sulfatée  (à  5  ou  4  pieds).  Tantôt  on  la  trouve  en 
cristaux  isolés,  tantôt  sur  une  gangue  de  chaux  carbonatée 
manganésitere.  Un  rencontre  entin  des  cavités  remplies 
d'argile  qui  renferment  des  cristaux  de  cette  substance 
parfaitement  isolés  et  dune  forme  très-nette.  » 

Nous  ajouterons  à  cet  exposé  rapide  des  observations  de 
M.  de  Charpentier,  que  la  Strontiane  est  accompagnée  de 
petits  cristaux  de^  chaux  carbonatée  niétastatique  ana- 
logues à  ceux  de  Sicile,  et  que  la  chaux  carb.  mangané- 
sifère  est  remarquable  par  le  contournement  de  ses  cris- 
taux et  par  la  belle  couleur  rose  qui  la  caractérise.  Quant 
à  la  Strontiane  sulfatée,  outre  les  formes  que  nous  avons 
décrites,  on  y  retrouve  la  plupart  de  celles  qui  sont  déjà 
connues  ;  ainsi  les  variétés  dodécaèdre ,  épointée  et  en- 
tourée ,  s'observent  fréquemment  sur  les  druses.  Les  échan- 
tillons de  Bex  sont  plus  agréables  à  Tceil  que  ceux  des 
autres  pays,  par  le  contraste  de  leurs  couleurs  ;  le  beau 
bleu  de  ce  minéral  joint  à  son  éclat  et  à  sa  transparence  ;  la 
couleur  jaune  citron  du  soufre  et  le  rose  de  la  chaux  carb. 
manganésifère;  se  détachent  fort  heureusement  sur  le  fond 
Mém.  de  la  Soc.  de  Phys.  et  d'H.  nat.  T.  1.",  a.' Part.         5 


322       SUR   PLUSIEURS   CRISTALLISATIONS  NOUVELLES 

noir  de  la  gangue.  Les  cristaux  sont  ordinairement  petits , 
quelques-uns  cependant,  parmi  les  prismatiques,  atteignent 
un  pouce  de  longueur;  ceux  qui  sont  comprimés  sont 
quelquefois  plus  grands  encore. 

Les  cristaux  empâtés  dans  l'argile  ne  sont  pas  transpa- 
reiis;  quelques-uns  sont  tout  au  plus  translucides;  leur 
couleur  est  le  bleu  de  ciel  cendré  ou  le  gris ,  leurs  formes 
sont  très-simples  et  leurs  angles  très-bien  prononcés;  en 
général  ces  cristaux  sont  complets  ;  plusieurs  affectent  la 
forme  que  nous  avons  appelée  Irapézienne  ,  mais  ils  sont 
prismatiques,  tandis  que  ceux  de  Sicile  sont  comprimés. 
Les  autres  appartiennent  aux  variétés  épointée  de 
M.  Haiiy,  et  unibinaire  de  notre  mémoire. 

Les  numéros  3,  4i  6,  7,  8,  sont  comprimés  et  de  cou- 
leur blanche,  leur  transparence  est  quelquefois  parfaite, 
en  sorte  qu'il  est  facile  d'étudier  sur  eux,  sans  les  dénaturer, 
les  phénomènes  de  double  réfraction  et  de  polarisation.  On 
X)bserve  sur  quelques  druses,  que  les  cristaux  sont  entassés 
les  uns  sur  les  autres  de  façon  à  donner  à  la  masse  un  aspect 
laminaire;  lorsqu'ils  sont  raccourcis,  il  ressemblent  à  de 
petites  tables  carrées  excessivement  minces. 

Les  cristaux  de  soufre  qui  accompagnent  la  Strontiane 
sont  très-nets,  mais  en  général  assez  petits.  Ce  sont  les 
premiers  que  l'on  ait  observés  dans  les  produits  des  excava- 
tions de  Bex,  où  d'ailleurs  le  soufre  natif  amorphe  est 
fort  abondant. 

Ces  découvertes  intéressantes  pour  la  minéralogie,  et  le 
zèle  infatiguable  du  savant  auquel  le  Gouvernement  du 
Canton  de  Vaad  a  confié  l'exploitation  et  la  direction  des 


PE  STRONTIANE  SULFATÉE.  SsS 

salines ,  nous  font  espérer  de  nouvelles  et  nombreuses  ri- 
chesses pour  la  science. 

Nous  ne  terminerons  pas  cet  article  sans  adresser  de  vifs- 
remerciemens  à  MM.  Chavannes  et  Lardy,  directeurs  du 
Musée  Cantonnai  de  Lausanne.  Nous  devons  à  l'extrême 
complaisance  de  ces  deux  Savans  Naturalistes ,  d'avoir  pu 
étudier  avec  soin  toutes  les  variétés  de  formes  qui  se 
trouvent  dans  la  collection  confiée  à  leurs  soins  ;  par  ce 
moyen  nous  avons  confirmé,  sur  des  échantillons  très-beaux 
et  très-bien  caractérisés,  des  mesures  que  nous  avions 
prises  sur  des  cristaux  moins  volumineux.  Notre  désii' 
étant  de  faire  connoître  autant  que  possible  les  richesses 
minéralogiques  de  la  Suisse,  nous  n'avons  pas  hésité  à  dé- 
crire les  variétés  de  Strontiane  sulfatée  qui  se  trouvent 
hors  de  nos  collections,  et  nous  avons  obtenu  à  cet  égard 
un  grand  nombre  de  renseignemens  de  MM.  Laine  ,  Lardy 
et  de  Charpentier.  L'un  de  nous  a  vu  sa  collection  enrichie 
de  plusieurs  variétés  nouvelles,  dues  à  leur  généreuse  com- 
plaisance. 

On  trouvera  dans  le  Musée  Académique  de  Genève, 
sous  les  Numéros  ff,  j|  des  échantillons  provenans  d'un 
échange  fait  avec  la  collection  du  Canton  de  Vaud.  Ces 
échantillons  présentent  des  variétés  de  formes  déjà  conniies 
dans  la  Strontiane  sulfatée  ;  telles  que  la  dodécaèdre  ,  l'é- 
pointée  et  l'entourée.  Le  Numéro  jf  provenant  de  la  même 
localité,  est  placé  dans  le  buffet  des  combustibles,  à  cause 
des  cristaux  de  soufre  natif  assez  bien  prononcés  qui  ac- 
compagnent la  Strontiane, 


324      SUR   PLUSIEURS    CRISTALLISATIONS   NOUVELLES 

Strontiane  sulfatée  de  Conilla. 


1 

4      2    2 


1.  Stront.  suif,  mixti- unibinaire       , 

o  a  z 

Prisme  à  quatre  pans,  sommet  à  6  faces,  d  au  prisme. 
Coll.  J  urine. 

2.  Str.  sulfatée,  épointèe 

'  o      X       s 

Variété  apotome  tronquée  à  chaque  sommet  par  une 
face  rhomboïdale  s.  Les  cristaux  sont  implantés  sur  la 
gangue  de  manière  à  ne  pouvoir  pas  être  mesurés. 

On  ne  doit  donc  considérer  cette  détermination  que 
comme  approximative.  Nous  n'avons  décrit  cette  variété 
que  pour  fixer  l'attention  des  cristallographes  sur  les  rap- 
ports de  formes  qui  peuvent  être  observés  entre  des  cris- 
taux pris  dans  les  gisemens  les  plus  différens. 

Collection  du  Musée ,  Numéro  |  ;  doiuié  par  M.'  Boissier. 

jinnotalions. 

La  Strontiane  sulfatée  de  Conilla  en  Espagne  est  rare 
dans  les  Collections.  Elle  a  beaucoup  d'analogie  par  sa 
couleuret  sa  gangue  avec  celle  delà  galerie  des  Vauds  à 
Bex.  Les  petits  cristaux  de  Chaux  Carbonatée  qui  l'ac- 
compagnent ,  appartiennent  pour  la  plupart  à  la  variété 
métasiatique  ou  à  quelqu'autre  analogue;  la  roche  qui 
sert  de  gangue  semble  appartenir  au  calcaire  noir  de  tran- 
sition :  enfin  on  y  retrouve  le  soufre  natif  très-nettement 
cristallisé. 


DE  STRONTIANE  SULFATÉE.  SaÔ 

LaStrontiane  sulfatée,  dodécaèdre,  épointée  et  entou-- 
rée  accompagne  les  variétés  que  nous  avons  décrites. 

Strontiane  sulfatée  d'Arau. 

c  -7  pmeÊba 

i.  o.   s.   sexvigesimaLe   p  ].,j  i 

Cristal  très-comprimé,  blanc,  transparent.  Il  se  trouve 
dans  les  fissures  d'une  argile  noke  endurcie.  P,  /,  au  Prisme 
M ,  o ,  ^  ,  «,  au  sommet. 

Coll.  J  urine. 

jinnotations. 

Il  est  rare  de  trouver  des  cristaux  bien  prononcés  dans 
les  fissures  de  la  roche  argileuse  qui  sert  de  gangue  à  cette 
variété  de  Strontiane;  tous  sont  plus  ou  moins  comprimés 
et  se  rapportent  à  des  modifications  déjà  connues  ;  celle 
que  nous  avons  décrite  est  remarquable  en  ce  qu  elle  re- 
produit les  faces  nouvelles  que  l'on  observe  sur  la  Stron- 
tiane sulfatée  de  Bex.  On  auroit  pu  s'attendre  à  trouver 
quelqu'autre  genre  de  décroissement,  vu  la  différence  des 
localités  et  surtout  des  gisemens. 

Telles  sont  les  principales  cristallisations  qui  se  sont  of- 
fertes à  nos  recherches,  nous  ne  doutons  pas  qu'il  n'en 
existe  encore  beaucoup  d autres  inédites;  provenant,  soit 
des  localités  qui  nous  ont  occupé  soit  de  celles  que  nous 
avons  négligées.  11  nous  a  paru  entr'autres ,  que  la  Stron- 
tiane sulfatée  de  Montecchio  Maggiore ,  dans  le  Vicenlin, 
ofFroit  des  formes  nouvelles  :  la  petitesse   des  cristaux  et 


326        SUR   PLUSIEURS  CRIf.TAL,LISATIONS  NOUVELLES 

leur,  position  sur  la  gangue,  ne  nous  a  pas  permis  de  prendre 
(les  mesures  exactes  (i).  Nous  avons  négligé  aussi  de  faire 
mention  de  quelques  autres  formes  nouvelles  dans  les 
variétés  de  Sicile  et  de  Bex,  parce  que  leurs  faces  presque 
linéaires  ne  pouvoient  être  calculées  qu'approximativement. 

Ce  n'est  pas  ici  la  place  de  donner  de  grands  détails  sur 
les  propriétés  optiques  de  cette  substance;  peut-être  en 
parlerons-nous  ailleurs;  nous  nous  contenterons  do  dire 
que  la  transparence  des  cristaux  comprimés  de  Bex  nous 
a  permis  d'étudier  les  phénomènes  de  la  polarisation  sans 
dénaturer  la  substance.  Nous  y  avons  constaté  la  pré- 
sence des  deux  axes  de  double  réfraction.  Ces  axes  ont  une 
position  symétrique  avec  les  faces  de  la  forme  primitive, 
et  les  sections  principales  sont  parallèles  aux  diagonales 
des  bases ,  comme  dans  la  Baryte  sulfatée. 

11  existe  une  différence  dans  le  clivage  des  variétés  com- 
primées et  prismatiques,  qu'il  est  bon  de  consigner  ici.  Les 
premières  (de  Bex)  sont  fréquemment  sillonnées  par  des 
stries  parallèles  aux  faces  M  du  prisme,  et  se  clivent  avec 
la  plus  grande  facilité  dans  le  sens  de  ces  faces.  Les  autres 
(celle  de  Sicile  surtout)  se  clivent  dans  le  sens  des  bases 
avec  plus   de  facilité  encore;  le  moindre  frottement ,  le 

(i)  Ces  cristaux  sont  comprimés  dans  le  genre  de  celui  d'Arau,  que  nous 
avons  décrit  plus  haut.  Leur  sommet  est  dièdre,  on  n y  n apperçoit  dis- - 
tinctement  que  les  faces  M;  au  prisme  ,  on  retrouve  les  faces  P  et  d ,  dont 
les  arêtes  de  jonction  sont  remplacées  par  une  facette  dont  Fincidencc 
sur  P  paroît  beaucoup  se  rapprocher  de  celle  que  nous  avons  donnée  pour 
2  sur  P.  Si  c'est  réellement  cette  face  ,  on  a  nne  nouvelle  cristallisation  qui 
peut  prendre  le  nom  de  duo^uaternaire> 


DE  STRONTIANE  SULFATÉE.  327 

plus  léger  choc  suffisent ,  pour  déterminer  des  fissures  pa- 
rallèles aux  faces  P ,  ou  même  pour  séparer  complètement 
les  deux  moitiés  du  prisme.  Il  nous  a  été  impossible  ,  pour 
cette  raison,  de  parvenir  à  polir  des  lames  selon  des  plans 
perpendiculaires  aux  bases ,  et  de  les  soumettre  à  des  ob- 
servations optiques  dans  cette  direction. 


lI.iePt.H.iiat,  2^^p.Y.  I.p.^SS 


Fiig   1 


s:^/. 


^u/.  S- 


ij'^^Tvn^ux/ne^  d^e/y^^/^t^^ 


MONOGRAPHIE  DES  PRELES. 

Histoire  générale  et  physiologique   du  genre. 

Par  M.  le  Professeur  VAUCHER. 
{Mémoire  lu  à  la  Société  d'Histoire  naluielleet  de  Physique,  «n  Février  i8i8.) 


JLjes  Prêles  dont  j'entreprends  la  monographie,  consti-' 
tuent  en  Botanique  un  genre  tellement  distinct  qu'il  suffit 
d'en  connoître  une  espèce  pour  distinguer  avec  facilité 
toutes  les  autres. 

Elles  sont  désignées  en  latin  par  le  nom  d'Equisetum 
(^crin  de  cheval),  qui  exprime  assez  bien  l'apparence  des 
espèces  communes  et  qui  leur  avoit  déjà  été  donné  par 
Pline  et  Dioscoride.  Cependant  les  plus  anciens  Botanistes 
modernes,  tels  que  Dodonaeus  et  Lobelius,  les  avoient 
appelées  Hipuris  d'un  mot  grec  qui  signifie  queue  de 
cheval^  mais  qui  a  été  abandonné  depuis  que  Linné  l'a 
appliqué  à  un  genre  de  plaiites  fort  différent  des  Prêles. 

Jusquà  présent  on  s'est  peu  occupé  de  l'étude  sérieuse 
de  ces  singuliers  végétaux.  Bauhin  dans  son  Pinax  n'en 
mentionne  qu'un  petit  nombre  d'espèces  qu'il  caractérise 
assez  mal,  et  les  restes  de  1  herbier  de  cet  homme  célèbre 
sont  extrêmement  défectueux  à  cet  égard.  Tournefort 
Mém.  de  la  Soc.  de  Phys.  et  dH.  nat.  T.  I.",  i'  Pari.  6 


55o  MONOGRAPHIE  DES  PRELES. 

n'a  pas  eu  plus  de  succès  dans  la  distinction  des  espèces 
de  ce  genre.  Linné  lui-même  les  énumère  avec  une  grande 
négligence,  au  moins  dans  les  anciennes  éditions  de  ses 
ouvrages.  Les  premières  descriptions  qui  renferment 
quelqu  exactitude  sont  d'abord  celles  de  Haller,  et  ensuite 
celles  de  De  Candolle  dans  sa  Flore  Française.  Le  Diction- 
naire de  La  Marck  a  donné  ensuite  la  détermination 
d'un  plus  grand  nombre  d'espèces,  recueillies  soit  par 
Des  Fontaines  en  Barbarie ,  soit  par  Michaux  dans  l'Amé- 
rique Septentrionale,  soit  par  divers  autres  Botanistes  en 
Europe.  Enfin  ditférens  voyageurs,  tels  que  Burchell  au 
Cap,  Bory  St.- Vincent  à  l'Isle  de  France,  De  Biich  aux 
Canaries  ,  Michaux  dans  l  Amérique  Septentrionale  , 
Humboldt  dans  la  Méridionale,  etc.,  ont  encore  recueilli 
et  décrit  des  espèces  nouvelles  de  Prêles  ;  en  sorte  que 
ce  genre,  qui  n'en  comprenoit  autrefois  que  six  ou  sept 
bien  déterminées ,  en  renferme  aujourd'hui  plus  de  vingt 
qui  différent  par  des  caractères  marqués. 

Indépendamment  des  auteurs  systématiques,  quelques 
Naturalistes  se  sont  occupés  soit  de  la  reproduction,  soit 
de  la  physiologie  des  Prêles.  Entre  les  premiers ,  on 
compte  particuhèrement  le  célèbre  Hedwig  qui ,  dans  sa 
Théorie  de  la  génération  et  de  la  fructification  des  Cryp- 
togames ,  a  recherché ,  décrit  et  dessiné  avec  soin  les  or- 
ganes de  la  reproduction  de  ce  genre.  Dans  le  nombre 
des  autres,  on  peut  mettre  le  Botaniste  Schkuhr,  qui  a 
donné  de  bonnes  figures  de  quelques  espèces  de  Prêles , 
mais  surtout  Mirbel,  qui  a  exposé  nettement  et  au  moyen 
da  très-belles  figures ,  l'organisation  de  la  Prêle  des  champs 


MONOGRAPHIE   DES   FRELES.  55l 

et  de  la  Prêle  des  limons.  (  Voy.  Bullet.  Philom.  Floréal 
an  9.) 

La  place  des  Prêles  dans  l'ordre  naturel  est  tout-à-fait 
incertaine,  parce  que  cette  famille  dont  tous  les  individus 
sont  liés  entr'eux  par  les  rapports  les  plus  intimes ,  n'a 
presque  aucune  ressemblance  avec  les  autres.  En  effet, 
la  fructification  des  Équisétacées  est  étrangère  à  celle  de 
toutes  les  autres  plantes  connues,  quoique  la  structure 
de  leur  tige  et  de  leurs  rameaux  ait  des  rapports  au 
moins  extérieurs  avec  les  Ephédras ,  et  avec  les  Casua- 
rines  ou  Filaos  :  ces  dernières  ont  en  effet  une  tige 
verticillée,  dont  les  articulations  sont  pourvues  de  la 
même  gaîne  dentée  qui  distingue  les  Prêles.  Cependant 
les  Casuarines  et  les  Ephédras  sont  des  plantes  ligneuses 
et  solides,  dont  l'organisation  intérieure  n'offre  rien  de 
semblable  à  celle  des  Prêles.  Peut-être  trouvera-t-on 
quelque  part  un  jour ,  et  dans  la  Nouvelle  -  Hollande 
même,  dont  les  Casuarines  sont  originaires,  des  plantes 
qui  seront  enfin  unies  aux  Prêles  par  des  nœuds  plus 
étroits. 

Les  Prêles  sont  un  genre  primitivement  Européen, 
qu'on  a  retrouvé  ensuite  dans  les  trois  autres  parties  du 
monde,  et  jusque  dans  les  îles  de  l'Afrique.  Les  six  prin- 
cipales espèces,  savoir,  celles  des  champs,  des  rivières,  d'hi- 
ver ,  des  bois  et  des  limons  des  marais,  sont  très-ancienne- 
ment connues,  et  habitent  dans  la  plupart  de  nos  contrées. 
Elles  croi.-^^sent  également  dans  quelques  autres  régions, 
étrangères,  ei,  piincipaleirent  dans  l'Amérique  Septen- 
trionale. La  Prêle  multiforme,  qui  a  été  plus  récemment 


332  MONOGRAPHIE    DES    PRELES. 

décrite,   est  également    répandue    dans     presque    toute 
lEurope ,  où  ses  diverses  variétés  ont  souvent  été  prises 
pour  autant  despèces  distinctes.  La    plupart  des   Prêles 
étrangères  approchent  de  ce  dernier  type  beaucoup  plus 
que  des  autres,  et  les  i-essemblances  sont  quelquefois  si 
frappantes  qu'on  pourroit  aisément  s'y  tromper.  Jusqu'à 
présent  elles  n'offrent  aucune  espèce  à  hampe,  si  l'on  en 
excepte  pourtant  la  Prêle  à  gros  épis,    Macrostachion, 
que  Poiret  a  cueillie  sur  les  côl.es  de  Barbarie  ,    et  qui 
très-probablement  est  une  variété  de  la  fluviatile.  On  n'y 
voit  point  non  plus  de  Prêles  régulières  et  qui  approchent 
pour  le    port   de  nos    Prêles   les   plus  communes.  Elles 
émettent  en  général   un  petit  nombre  de  rameaux   dis- 
posés sans  symétrie  ,  et  les   verticilles  ne   sont   jusqu'à 
présent  bien  marqués  que  dans  la  Prêle  très-rameuse  de 
Des  Fontaines ,   ou  la  Prêle  gigantesque  de   Plumier   et 
d'Humboldt. 

Cette  régularité,  qui  est  le  caractère  le  plus  frappant 
de  quelques  Equisétacées,  semble  tenir  de  très-près  à  la 
fructification.  Quand  la  tige  est  stérile  ,  les  rameaux  sont 
très-nombreux  ;  quand  elle  est  chargée  d'épis ,  les  rameaux 
sont  beaucoup  plus  rares  ;  et  ce  rapport  entre  les  épis 
et  les  rameaux  n'est  pas  très-étonnant  :  on  comprend  en 
effet  comment  la  sève  qui  est  employée  à  développer  et 
à  perfectionner  des  fruits  ,  ne  peut  pas  développer  et 
nourrir  un  grand  nombre  de  branches. 

Les  Prêles  se  plaisent  en  général  au  bord  des  ruisseaux 
et  dans  les  lieux  humides.  Les  unes  vivent  même  dans 
les  eaux,  comme  la  Prêle  des  limons  et  quelquefois  celle 


MONOGRAPHIE   DES   PRELES.  333 

des  marais;  les  autres  préfèrent  les  glaises  froides,  comme 
celles  des  champs  et  des  fleuves.  On  en  rencontre  même 
dans  les  terreins  sablonneux  et  non  humectés,  comme 
par  exemple  la  Prêle  multiforme  ;  mais  cette  dernière  es- 
pèce paroît  être  fortement  influencée  par  la  nature  du 
terrein  dans  lequel  elle  croît ,  car  tantôt  elle  ne  déve- 
loppe qu'un  petit  nombre  de  tiges  grêles  et  fort  courtes, 
tantôt  au  contraire,  et  surtout  lorsqu'elle  sort  d'un  ter- 
rein  plus  riche ,  on  voit  sortir  de  la  touffe  principale 
des  tiges  beaucoup  plus  grosses  et  plus  ramifiées,  qu'on 
croiroit  ne  point  appartenir  à  la  même  espèce.  Et  les 
connoissances  que  nous  avons  acquises  des  localités  des 
Prêles  étrangères,  nous  montrent  qu'elles  ne  différent 
point  à  cet  égard  des  Prêles  Européennes, 

Ces  plantes  ont  en  général  une  organisation  solide  qui 
semble  les  rendre  capables  de  braver  les  extrêmes  de  la 
chaleur  et  du  froid.  Cependant  elles  se  plaisent  de  pré- 
férence dans  les  lieux  tempérés.  Celles  que  Humboldt  a 
rencontrées  dans  l'Amérique  Equinoxiale  y  vivent ,  l'une 
à  la  hauteur  de  i36o  toises  au-dessus  de  la  mer,  et  l'autre 
à  celle  de  43o.  Les  termes  extrêmes  sont  jusqu'à  présent, 
d'un  côté  la  Prêle  très-rameuse  des  Antilles  ou  la  Prêle 
allongée  de  l'île  Bourbon ,  et  de  l'autre  la  Prêle  séta'^ée 
du  Canada.  Dans  nos  climats ,  la  Prêle  des  bois  est  la 
seule  qui  s'élève  à  quelque  hauteur  ;  on  la  rencontre 
fréquemment  dans  les  montagnes  subalpines  à  3  à  i^oo 
toises  d'élévation. 

Les  Equisétacées   vivent  en  familles    ou  en    réuniolis 
assez  nombreuses,  en  sorte  quil  est  fort  rare  den  ren- 


334  MONOGRAPHIE   DES   PRELES. 

contrer  qui  soient  isolées  et  formées  d'une  seule  tige. 
Cette  propriété  dépend  ici  comme  ailleurs  de  la  nature 
des  racines  qui  végètent  et  setendent  à  l'indéfini  dans 
le  sol ,  où  elles  pénètrent  quelquefois  jusqu'à  une  grande 
profondeur.  Toutes  les  Prêles  limoneuses  ou  palustres 
d'une  même  mare  ou  d'un  même  étang  proviennent  d'or- 
dinaire d'une  même  racine  qui  va  sans  cesse  en  s'étendant 
dans  toutes  les  directions.  On  en  peut  dire  autant  des 
autres  espèces  Européennes,  et  si  les  racines  de  la  Prêle 
des  champs  n'étoient  pas  sans  cesse  rompues  par  la 
charrue  ou  le  hoyau ,  cette  espèce  présenteroit  sans 
doute  les  mêmes  apparences  que  les  autres.  Mais  la  diffi- 
culté que  l'on  éprouve  à  s'en  débarrasser  dans  les  lieux 
où  l'on  désire  l'extirper ,  prouve  que  ses  racines  ont  la 
faculté  de  repousser  des  rejets  de  tous  les  points  de  leurs 
nœuds. 

En  effet ,  elles  sont  tellement  vivaces  ,  que  je  ne 
crois  pas  que  la  nature  ait  fixé  de  terme  à  leur  durée  ; 
comme  elles  sont  composées  d'articulations  assez  sem- 
blables à  celles  des  tiges ,  et  que  chacune  de  ces  articu- 
lations est  elle-même  un  point  vital ,  ou  un  centre  de 
végétation,  indépt-ndamment  de  tous  les  autres,  il  s'ensuit 
que  tant  qu'il  se  développe  de  nouvelles  articulations , 
et  il  s'en  forme  toutes  les  années ,  la  plante  subsiste  et 
peut  produire  de  nouveaux  jets.  Mais  ces  jets  qu'elle 
émet  tous  les  printemps  dès  les  mois  de  Mars  ou  d'Avril, 
n'ont  pas  la  même  longévité  ;  lorsqu'ils  ne  portent  que 
des  épis ,  ils  se  flétrissent  dès  qu'ils  ont  répandu  leurs 
graines;  lorsqu'ils  sont  encore  pourvus   de  feuilles,  ils 


MONOGRAPHIE   DES   PRELES.  355 

subsistent  plus  long-temps,  mais  ils  atteignent  bientôt 
leur  entier  développement.  Dès-lors ,  c'est-à-dire  depuis 
la  fin  de  l'été,  ils  commencent  à  languir  et  à  se  dessé- 
cher; ils  sont  ensuite  irrégulièrement  sphacélés,  et  ils 
ont  à  peu  près  disparu  avant  la  fin  de  l'automne.  Je 
n'excepte  de  cette  description,  au  moins  parmi  les  Prêles 
d'Europe,  que  la  multiforme,  et  surtout  la  Prêle  d'hiver 
dont  l'organisation  est  plus  solide  et  le  tissu  plus  serré  i 
cette  dernière  conserve  sa  tige  pendant  toute  l'année,  et 
elle  pousse  au  printemps  de  nouveaux  rameaux  de  ses 
articulations  inférieures. 

Je  n'ai  pas  trouvé  jusqu'à  présent  que  les  Prêles  fussent 
sujettes  à  d'autres  maladies  qu'à  une  espèce  de  sphacèle 
qui  ne  ressemble  pas  mal,  pour  la  couleur  et  la  nature, 
aux  extrémités  des  dents  ou  des  gaines  qui  terminent  les 
articulations  de  leurs  tiges.  Il  n'est  pas  rare ,  en  effet , 
de  voir  dans  leurs  différentes  espèces ,  principalement 
dans  celles  des  champs  et  des  fleuves,  les  tiges  et  les 
rameaux  noircis  et  comme  charbonnés  par  cette  espèce 
de  gangrène  qui  nuit  essentiellement  à  leur  vie  et  dont 
je  n'ai  pas  encore  pu  reconnoître  la  cause.  J'ai  cependant 
aperçu  dans  les  mêmes  espèces  des  transudations  dune 
matière  rougeàtre  qui  tient  dassez  près  à  ces  plantes 
parasites  décrites  par  De  CandoUe,  et  en  particulier  à 
la  rouille  des  blés,  Puccinia  graminum,  Syn.  5^6,  ou 
XJredo  Unearis ,  624,  ou  enfin  Uredo  rubigo  vera,  627; 
car  ces  trois  descriptions  me  paroisseut  s'appliquer 
également  à  la  maladie  que  l'on  désigne  à  Genève  sous 
le  nom  de   f^entaison ,  et  qui  attaque  les   blés  et  bien 


336  MONOGRAPHIE   DES   PRELES. 

d'autres  plante».  La  poussière  des  Prêles  est  donc  une 
ïlredo  ,  o^  peut-être  une  Puccinie ,  car  je  ne  l'ai  pas 
encore  bien  examinée,  et  je  ne  puis  pas  assurer  qu'elle 
soit  toujours  l'origine  du  sphacèle. 

Je  n'ai  pas  non  plus  lieu  de  croire  que  les  Prêles 
servent  d'habitation  à  aucun  insecte.  Leurs  fleurs  peu 
brillantes  et  dépourvues  des  nectaires  et  des  autres  or- 
ganes que  présentent  la  généralité  des  plantes,  n'attirent 
ni  les  abeilles,  ni  les  mouches,  et  je  n'ai  jamais  aperçu 
sur  leurs  tiges  ou  leurs  rameaux  la  moindre  trace  de  ces 
ruptures  et  de  ces  désordres  que  produisent  les  insectes  : 
il  semble  quelles  vivent  isolées  dans  l'économie  de  la 
nature,  sans  y  produire  aucun  bien  ni  aucun  mal.  Elles 
sont  regardées  en  général  comme  un  des  fléaux  de 
l'agriculture,  et  Haller  assure  que  celles  des  champs  et 
des  marais  nuisent  essentiellement  aux  bêtes  à  cornes  , 
dont  elles  ébranlent  les  dents  et  troublent  la  digestion. 
Cependant  tous  les  jours  ces  animaux  les  consomment 
vertes  ou  sèches ,  sans  qu'il  en  résulte  d'accident  notable. 
On  sait  même  que  les  bestiaux  recherchent  la  Prêle  des 
marais,  et  que  les  anciens  Romains  comme  les  Toscans 
modernes  se  nourrissoient  des  jeunes  sommités  de  la 
Prêle  des  fleuves.  On  dit  même,  mais  sans  l'assurer,  que 
ces  plantes  ne  sont  pas  inutiles  à  la  médecine.  Quoi  qu'il 
en  soit,  elles  ne  servent,  au  moins  jusqu'à  présent, 
qu'aux  ouvriers  en  bois  et  en  métal.  Ils  les  emploient  à 
polir  leurs  ditîérens  ouvrages,  et  ils  recherchent  dans  ce 
but  la  Prêle  d hiver,  dont  les  tiges  sont  plus  rudes  et  plus 
consistantes  que  celles  des  autres  espèces. 


MONOGRAPHIE    DES    PRELES.  337 

Ce  qui  distingue  au  premier  coup  d'œil  les  Prêles,  c'est 
la  simplicité  apparente  de  leur  structure  et  leur  symétrie 
extérieure.  Toutes  les  parties  qui  les  composent ,  la  ra- 
cine ,  la  tige  et  les  rameaux ,  sont  formées  d'anneaux 
emboîtés  les  uns  dans  les  autres  et  facilement  séparables , 
surtout  après  lepoque  de  la  croissance.  Au  moment  où 
la  tige  sort  de  terre,  on  n'aperçoit  que  les  premières  ar- 
ticulations ,  les  autres  sont  encore  enveloppées  par  ces 
membranes  scarieuses  que  quelques  Botanistes  ont  dé- 
signées sous  le  nom  de  feuilles,  et  qui  terminent  tous 
les  anneaux  :  successivement  on  voit  paroître  les  arti- 
culations supérieures ,  entourées  à  leur  circonférence  de 
ces  rameaux  verticillés,  qui  se  subdivisent  aussi  quelque- 
fois en  rameaux  secondaires  ou  même  tertiaires ,  et  dont 
la  conformation  est  exactement  la  même  que  celle  de  la 
tige  principale. 

11  y  a  peu  de  genres,  ou  plutôt  il  n'y  en  a  point  où 
les  avortemens  soient  aussi  nombreux  et  aussi  manifestes. 
Dans  la  Prêle  fluviatile,  tout  est  arrangé  avec  une  ré- 
gularité surprenante;  les  rameaux  forment  des  verticillés 
complets  qui  naissent  à  une  certaine  distance  du  sol  et 
qui  sortent  ensuite  de  toutes  les  articulations  supérieures 
sans  laisser  aucun  vide.  On  en  peut  dire  autant  des  autres 
Prêles  à  hampe ,  où  l'on  ne  voit  d'avortement  qu'à  l'ex- 
trémité supérieure,  qui  se  prolonge  quelquefois  en  simple 
filet.  Mais  les  Prêles  à  tige  fructifère  présentent  des 
avortemens  de  différentes  formes  ;  quelquefois  tous  leurs 
verticillés  manquent  et  la  tige  reste  nue,  quelquefois  elles 
ne  donnent  naissance  quà  quelques  rameaux  épars  et 
Mém.  de  la  Soc.de Phy s.  et  d'il.  nat.  T.  I.",  2."  Part.  7 


338  MONOGRAPHIE    DES    PRELES. 

irrégulièrement  placés.  Plus  souvent  la  tige  de  ces  plantes 
reste  nue  tant  que  l'épi  fleurit ,  et  quand  il  est  tombé , 
les  rameaux  se  développent  assez  régulièrement ,  comme 
on  le  voit  dans  lés  Prêles  des  marais  et  des  limons.  — 
Souvent  ces  mêmes  rameaux  prennent  un  assez  grand 
accroissement  pour  développer  eux-mêmes  des  épis,  comme 
le  prouvent  les  variétés  des  Prêles  des  marais ,  des  limons 
et  des  fleuves ,  que  je  cite  dans  cet  ouvrage.  Enfin ,  en 
l'egardant  avec  quelque  attention  les  verticilles  des  Prêles 
dont  les  tiges  avortent ,  on  y  verra  des  rameaux  assez 
bien  développés,  d autres  qui  n'ont  et  n'auront  que  quel- 
ques anneaux,  d'autres  qui  n'en  ont  qu'un,  d'autres  enfin 
qui  n'ont  pu  se  faire  jour ,  mais  qui  ont  soulevé 
l'écorce  à  lendroit  où  ils  dévoient  paroître  :  en  sorte 
qu'il  est  impossible ,  après  avoir  observé  de  près  toutes 
ces  variations  dans  le  développement ,  de  ne  pas  conclure 
que  les  Prêles  ont  été  organisées  par  la  nature  avec  une 
parfaite  symétrie,  mais  que  les  circonstances  extérieures 
ont  modifié  et  modifient  sans  cesse  sous  nos  yeux  leur 
type  primordial. 

La  tige  des  Prêles,  comme  celle  des  plantes  qui  vivent 
dans  les  eaux  ou  sur  leurs  bords ,  est  molle  et  fistuleuse. 
Sa  forme  extérieure  est  cylindrique  ou  polygonale,  et 
elle  est  traversée  dans  son  centre  par  un  tube  creux  d'un 
diamètre  d'autant  plus  grand  que  l'espèce  habite  dans  des 
lieux  plus  humides.  Ce  tube  principal  est  entouré  de 
cylindres  plus  petits  dont  le  nombre  varie  selon  les  es- 
pèces :  ceux-ci  sont  entourés  d'autres  cylindres  plus 
grands,  plus  extérieurs  et  qui  alternent  avec  les  pré- 


MONOGRAPHIE    DES    PRELES.  Sog 

cédens;  et  ce  second  rang  est  souvent  suivi  d'un  troisième: 
le  nombre  de  ces  cylindres,  dont  l'on  pourroit  peut-être 
compter  jusqu'à  quatre  rangs,  va  en   augmentant  dans 
le  même  individu  depuis  la  base  jusqu'au   milieu  de  la 
tige,  et  il  diminue  ensuite  jusqu'au  sommet.  M.  Mirbel, 
dans  son  excellente  Physiologie  des  Prêles,  publiée  dans 
le  Bulletin  Philomathique  pour  Floréal  an  9  ,  représente 
tous  ces  cylindres   si  réguliers  et  disposés  avec  tant  de 
symétrie,  comme  formés  par  la  retraite  des  cellules  qui 
occupent  la  partie  intérieure  de  la  tige.  Mais  quelle  que 
soit  l'époque  où  l'on  coupe  cette  tige ,  elle  offre  les  mêmes 
cylindres  toujours  disposés  de  la  même  manière  ;  les  ra- 
meaux en  sont  également  pourvus.  Or,  on  ne  peut  pas 
attribuer  un  ordre  si  constant  à  une  circonstance  qui  de 
sa  nature  doit  présenter  de  grandes  irrégularités,  à  moins 
qu'on  ne  prétende  que  les  cellules  étoient  organisées  de 
manière    qu'en    se    séparant    elles   dévoient   former  des 
cylindres  parfaits  :  ce  qui  revient  à  dire  que  les  cylindres 
avoient  été  prédisposés  comme  les  cellules. 

Tous  ces  cylindres,  ou  plus  exactement  tous  ces  tubes  , 
car  dans  certaines  espèces  leur  coupe  horizontale  est  plus 
ou  moins  ellypsoide ,  ne  continuent  pas  sans  interruption 
depuis  la  racine  jusqu'au  sommet,  au  contraire  ils  se 
termi  ent  brusquement  à  chaque  articulation,  et  ils  re- 
commencent dans  le  même  ordre  à  l'articulation  suivante, 
en  diminuant  toutefois  ou  en  augmentant  de  nombre, 
selon  qu'ils  s'éloignent  ou  qu'ils  se  rapprochent  du  milieu 
de  la  tige,  où  ils  sont  toujours  plus  nombreux.  Cette 
organisation  appartient  également  aux  rameaux  qui  ont 


54o  MONOGRAPHIE    DES    PRELES. 

aussi  leurs  entre-nœuds  et  leurs  nœuds.  Ces  nœuds  ou 
ces  articulations  constituent  la  partie  véritablement  solide 
de  la  Jc^rtle.  C'est  toujours  de  là  et  jamais  d'ailleurs  que 
sortent  les  rameaux,  et  Mirbel  observe  avec  raison  que 
lentre-nœud  est  organisé  comme  les  végétaux  monoco- 
tylés,  tandis  que  le  nœud  ressemble  entièrement  pour 
sa  structure  extérieure  aux  dicotylés.  Les  cellules  et  les 
fausses  trachées  s'allongent  du  haut  en  bas  dans  toute 
l'étendue  de  l'entre-nœud,  tandis  que  dans  l'articulation 
elles  s'étendent  horizontalement ,  et  c'est  en  vertu  de 
cette  disposition  que ,  selon  Mirbel ,  elles  peuvent  donner 
naissance  aux  rameaux. 

La  racine  des  Prêles  est  formée  d'une  longue  tige  prin- 
cipale d  un  diamètre  presque  égal  à  celui  de  la  tige  ex- 
térieure, et  ramifiée  à  l'indéfini.  Sa  coiisistance  est  assez 
dure ,  on  y  remarque  intéi'ieurement  les  mêmes  cylindres 
que  j'ai  décrits,  disposés  dans  le  même  ordre,  quoiqu'en 
moins  grand  nombre  ;  mais  le  cylindre  central  et  creux  y 
est  remplacé  par  un  cylindre  solide.  Ces  racines  sont  ar- 
ticulées comme  les  tiges,  et  les  rangs  de  tubes  sont  in- 
terrompus à  chacun  de  ces  anneaux  qui  sont  fort  rap^ 
proches.  C'est  de  ces  anneaux  que  partent  des  radicules 
semblables  à  celles  des  autres  plantes  ;  on  en  voit  aussi 
sortir  des  corps  allongés  en  forme  de  glands  et  qui  en 
ont  à  peu  près  la  grosseur.  Ils  sont  organisés  intérieure- 
ment comme  les  racines  et  percés  de  tubes  cylindriques. 
Ces  productions  singulières  se  remarquent  dans  presque 
toutes  les  Prêles.  Haller  et  long-temps  après  De  Candolle 
les   ont    trouvées  dans    la  Prêle  des  marais  5    je  les  ai 


MONOGRAPHIE   DES    PRELES.  34l 

reconnues  dans  la  Prêle  des  champs  et  celle  des  rivières, 
et  sans  doute  qu'elles  se  rencontrent  dans  plusieurs 
autres.  On  ne  connoît  point  jusqu'ici  leur  usage,  mais 
il  est  clair  qu'elles  ne  sont  pas  essentielles ,  puisqu'elles 
manquent  souvent. 

Cest  une  question  assez  difficile  à  résoudre  que  la  déter- 
mination du  point  où  commence  la  racine  véritable  de  la 
Prêle  et  où  se  termine  la  tige,  parce  qu'on  ne  trouve 
pas  dans  ce  genre  de  plantes  ce  collet  ou  ce  renflement 
qui  existe  dans  le  plus  grand  nombre  des  végétaux;  au 
contraire  la  racine  jusqu'à  une  grande  profondeur  a  la 
même  organisation  que  la  tige ,  les  mêmes  anneaux , 
les  mêmes  tubes  intérieurs,  et  en  général  la  même  ap- 
parence. On  pourroit  donc  la  qualifier  de  tige  souter- 
raine, et  donner  le  nom  de  racine  à  ces  radicules  qui,  à 
une  certaine  profondeur,  partent  circulairement  de  tous 
les  points  des  difFérens  anneaux.  Cependant  ces  tiges 
souterraines  ont  d'assez  grandes  différences  avec  les  tiges 
aériennes  :  elles  sont  vivaces ,  et  beaucoup  plus  consis- 
tantes ,  parce  que  leur  tube  central  est  plein  ;  et  elles 
sont  de  plus  imprégnées  d'une  espèce  de  sève  destinée  à 
alimenter  les  nouveaux  jets  qu'elles  émettent;  enfin  elles 
sont  recouvertes  d'un  duvet  cotonneux  et  roussàtre  plus 
ou  moins  abondant.  Ceci  est  un  nouvel  exemple  de  ces 
nombreuses  nuances  que  la  nature  a  mises  entre  des 
organes  destinés  aux  mêmes  fonctions.  Mais  je  ne  puis 
croire  avec  le  Docteur  La  Roche  (  Voyez  Monographie 
des  Panicauts ,  Introduction,  pag.  2-3),  que  la  seule 
différence  réelle  entre  les   tiges  sou teri  aines  et  les  tiges 


342  MONOGRAPHIE    DES    PUELES, 

proprement  dites ,  vienne  de  ce  que  ces  dernières  sont  ex- 
posées à  l'action  de  l'air  et  de  la  lurnière,  tandis  que  les 
autres  sont  enscAelies  dans  le  sol.  Il  est  sûr,  au  contraire, 
que  si  on  enveloppoit  de  terre  les  tiges  des  Prêles,  elles 
seroient  promptement  détruites ,  tandis  que  les  racines 
subsistent  quoiqu'exposées  assez  long-temps  à  l'air,  et  sem- 
blent conserver  une  force  indéfinie  de  vitalité,  au  moins 
dans  leurs  nœuds. 

Pour  achever  d  émettre  mon  idée ,  je  dirai  qu'on  doit 
considérer  ce  qu'on  appelle  communément  racine  dans 
les  Prêles ,  comme  une  suite  continue  de  collets  ou  de 
centres  de  végétation ,  qui ,  toutes  les  fois  qu'ils  seront 
placés  dans  des  circonstances  convenables  et  assez  près 
du  terrein ,  donneront  naissance  à  des  tiges ,  et  ces  tiges 
feront  toujours  avec  la  lacine  d'où  elles  sont  sorties 
un  angle  aigu  du  côté  du  sol.  Mais  comment  ces  racines 
des  Prêles  pénètrent- elles  à  une  si  grande  profondeur 
dans  les  terreins  les  plus  argilleux ,  et  comment  sont- 
elles  terminées  ?  c'est  ce  que  je  ne  connois  pas  encore 
avec  une  entière  certitude. 

L'organisation  des  rameaux  est  la  même  que  celle  des 
tiges.  Ils  ont  extérieurement  leurs  divers  rangs  de  cy- 
lindres concentriques.  Leurs  verticilles  sont  pourvus  de 
gaines  ou  collerettes,  et  dans  quelques  espèces,  comme 
la  Prêle  des  bois  en  particulier,  ces  rameaux  donnent 
naissance  à  d'autres  rameaux  secondaires  ou  même  ter- 
tiaires. Mais  ces  cylindres,  ainsi  que  les  dents  des  gaines  sont 
beaucoup  moins  nombreux ,  à  mesure  que  l'on  s'écarte 
de  la  tige  principale ,  et  les  uns  et  les  autres  finissent 
par  s'évanouir  à  peu  près,  aux  dernières  sommités. 


MONOGRAPHIE    DES   PRELES.  543 

Le  nombre  des  rameaux  que  fournit  luie  Prêle  à  chaque 
articulation ,  lors  du  moins  qu'il  n'y  a  aucun  avortement , 
est  exactement  égal  à  celui  des  tubes  du  premier  ordre 
auxquels  ils  correspondent ,  tandis  qu'ils  sont  alternes  à 
ceux  du  second  rang.  Il  en  est  de  même  du  nombre  des 
dents  de  chaque  collerette  qui  indique  toujours  le 
nombre  complet  ou  possible  des  rameaux.  Toutes  les  fois 
que  les  tiges  des  Prêles  sont  striées ,  ce  qui  arrive  fré- 
quemment, la  dent  est  le  prolongement  de  la  partie 
éleA'ée  et  le  rameau  est  placé  dans  l'enfoncement. 

Ce  rameau  est  entouré  à  sa  base  de  quatre  ou  cinq 
petites  écailles  qui  ont  été  considérées  quelquefois  comme 
des  feuilles,  mais  qui  sont  uniquement  destinées  à 
le  protéger  avant  son  développement  :  quelques  au- 
teurs ont  comparé  ,  avec  plus  de  raison ,  ces  collerettes 
aux  gaines  de  graminées  ,  et  les  dents  aux  ligules  des 
feuilles  ;  il  est  bien  vrai  qu'il  y  a  beaucoup  de  res- 
semblance entre  les  gaînes  des  graminées  et  des  Prêles  : 
mais  comme  jamais  les  dents  de  ces  dernières  ne  se  pro- 
longent en  feuilles ,  nous  dirons  que  c'est  là  un  de  ces 
rapports  nombreux  qui  existent  entre  des  êtres  qui 
semblent  n'être  que  des  modifications  d'un  même  type , 
et  nous  conserverons  à  ces  appendices,  qui  existent  dans 
toutes  les  espèces  de  Prêles,  les  noms  synonymes  de 
collerettes ,  d'involucres  ou  de  gaînes. 

La  surface  de  la  tige  des  Prêles  est  couverte  de  ces 
glandes  corticales  qui  se  trouvent  plus  ou  moins  dans  tous 
les  végétaux ,  et  que  Mirbel  a  déjà  observées  dans  une 
des  espèces  de  ce  genre  :  elles  sont  placées  dans  les  en- 


544  MONOGRAPHIE    DES    PRELES. 

foncemens  des  stries ,  tandis  que  les  aspérités  se  trouvent 
sur  la  convexité  du  sillon ,  ou  au  moins  sur  ses  bords. 
Mais  ce  qu'on  ne  peut  s'empêcher  de  remarquer  ici,  c'est 
que  les  Prêles  qui  ont  d'ailleurs  tant  de  ressemblances 
qu'il  est  difficile  d'y  trouver  des  caractères  suffisans  pour 
la  distinction  des  espèces ,  diffèrent  beaucoup  entr  elles 
pour  le  nombre  et  la  disposition  de  ces  mêmes  glandes. 
Les  unes ,  comme  la  Prêie  des  bois  ,  celle  des  ombrages 
et  celle  des  fleuves,  en  sont  presque  dépourvues;  les 
autres,  comme  celle  des  marais,  en  sont  plus  abondam- 
ment fournies  :  dans  certaines  espèces  elles  sont  éparses, 
dans  dautres  elles  sont  arrangées  dans  un  ordre  régulier. 
11  y  a  même  des  différences  dans  le  nombre  des  rangs 
qu'occupent  ces  glandes  régulières ,  comme  il  y  en  a  pour 
la  forme  et  le  contour  de  la  glande  elle-même.  J'ai  été 
obligé  d'employer  ces  caractères  qui  m'ont  paru  très-cons- 
tans ,  pour  me  guider  moi-même  dans  la  formation  et 
la  distinction  des  espèces.  On  trouvera  dans  les  planches 
qui  sont  jointes  à  cet  ouvrage,  à  côté  de  chaque  espèce, 
la  forme  et  la  disposition  de  ses  glandes,  et  l'on  pourra 
toujours  observer  ce  caractère;  lorsqu'on  aura  quelque 
doute  sur  l'espèce  que  l'on  examine,  il  suffira  d'enlever 
une  légère  portion  de  l'épiderme,  et  de  la  débarrasser  du 
parenchyme  quelle  a  emporté  avec  elle.  Le  microscope 
simple  donnera  immédiatement  la  forme  et  la  disposition 
des  glandes. 

Toutes  ces  observations  doivent  se  faire  sur  les  tiges, 
parce  que  les  rameaux  pourroient  présenter  des  diffé- 
rences ,  surtout  dans  le  nombre  des  rangs.   11  en  est  de 


MONOGRAPHIE   DES   PRELES.  345 

même  des  gaînes  et  surtout  des  racines.  Lorsque  j'ai  voulu 
soumettre  au  microscope  leur  surface  extérieure ,  je  l'ai 
trouvée  composée  d'un  tissu  serré,  solide  et  sans  aucune 
apparence  de  discontinuité ,  comme  il  étoit  facile  de  le 
prévoir  :  c'est  donc  là  une  autre  différence  qui  existe 
entre  les  tiges  souterraines  et  les  tiges  aériennes.  Les 
premières  sont  toujours  lisses,  et  ne  présentent  non  plus 
aucune  de  ces  aspérités  qui  sont  si  communes  dans  les 
autres. 

Les  organes  de  la  reproduction  sont  portés  sur  des  épis 
coniques,  qui  tantôt  terminent  la  tige  et  tantôt  en  sont 
séparés,  quoiqu'ils  sortent  de  la  même  racine.  Dans  ce 
dernier  cas ,  la  hampe ,  désignée  par  les  Botanistes  sous 
le  nom  de  tige  fertile,  est  dépourvue  de  rameaux  ;  du 
reste  elle  conserve  la  même  organisation  intérieure.  Quel- 
quefois même ,  comme  dans  la  Prêle  des  bois ,  elle  porte 
des  rudimens  de  rameaux  qui  indiquent  un  avortement. 
Mais  toujours  on  la  reconnoît  à  sa  couleur  rougeàtre,  à 
ces  collerettes  agrandies  qui  protègent  l'épi  avant  son 
développement.  Ces  hampes  ne  subsistent  que  jusqu'à  ce 
que  l'épi  ait  atteint  sa  maturité  et  ait  répandu  ses  graines  : 
Dès-lors  l'épi  se  flétrit  et  disparoît  insensiblement  avec  la 
tige  qui  le  porte ,  tandis  que  les  autres  tiges  de  la  Prêle 
subsistent  jusqu'à  la  fin  de  l'automne. 

Ce  phénomène  singulier  de  l'existence  des  Prèles  sur 
deux  tiges  n'appartient  complètement  qua  deux  espèces , 
celle  des  champs  et  celle  des  fleuves.  La  Prêle  des  bois 
et  celle  des  ombrages  présentent,  comme  on  le  verra  , 
uii  très-beau  passage  entre  les  Prêles  à  tiges  stériles  et 
Mém.  de  la  Soc.  de  Phjs.  et  dH.  nal.  T.  1.",  a.*  Pan.  8 


546  MONOGRAPHIE    DES    PRELES. 

les  Prêles  à  tiges  fertiles.  Toutes  les  autres  espèces  connues 
jusquà  présent  appartiennent  à  ces  dernières.  Il  est  bien 
vrai  que  Poiret  a  cueilli  en  Barbarie,  près  du  Bastion  de 
France ,  à  l'époque  du  printemps ,  une  Prêle  à  hampe 
fleurie  qu'il  appelle  Macrostachion ,  à  cause  de  la  gran- 
deur de  son  épi,-  mais  il  la  considère  lui-même  comme 
une  variété  de  la  fluviatile ,  et  on  doit  la  regarder  comme 
telle  jusquà  ce  qu'on  ait  examiné  ses  tiges  stériles. 

L'épi  des  Prêles  est  un  assemblage  très-serré  décailles 
ou  involucres  polygonaux,  qui  ne  ressemblent  pas  mal 
à  des  têtes  de  clous.  Ces  têtes  ou  écailles  sont  divisées 
dans  leur  partie  intérieure  en  six  ou  sept  loges  membra- 
neuses disposées  circulairement ,  et  qui  s  ouvrent  en  de- 
dans par  une  fente  longitudinale.  Il  en  sort,  au  moment 
de  l'inflorescence ,  lorsque  les  écailles  s'é(5artent  les  unes 
des  autres ,  et  surtout  lorsqu'on  les  secoue,  une  poussière 
bleuâtre  et  qui  forme  comme  un  nuage  autour  de  lépi. 
Cette  poussière ,  reçue  sur  du  papier  blanc  et  examinée 
attentivement,  change  promptement  de  forme  et  ne  tarde 
pas  à  ressembler  à  un  duvet  cotonneux.  En  suivant 
l'observation  avec  une  bonne  loupe ,  on  aperçoit  bientôt 
que  cette  poussière  est  formée  d  un  immense  amas  de 
grains  verts ,  dont  chacun  porte  à  sa  base  quatre  lames 
élastiques  spatulées  à  leur  sommet  et  recouvertes  de  pul- 
viscules  :  ces  lames,  qui  étoient  d'abord  roulées  autour 
du  grain,  n'ont  pas  plutôt  perdu  l'humidité  dont  elles 
étoient  imprégnées  qu'elles  se  développent  par  un  mouve- 
ment d'élasticité  ou  d  irritabilité ,  et  s'agitent  en  mille  sens 
divers,  en  s' élevant  et  s'abaissant  sur  le  papier  où  elles 


MONOGRAPHIE    DES    PRELES.  347 

ont  été  répandues.  Le  phénomène  cesse  si  on  les  plonge 
dans  l'eau,  ou  seulement  si  on  les  humecte  avec  l'haleine. 
Elles  se  replient  alors  autour  du  grain  vert  qu'elles  en- 
veloppoient  primitivement,  et  reprennent  leur  première 
apparence.  Ce  joli  phénomène,  qui  a  été  observé  par  les 
plus  anciens  Botanistes,  se  répète  autant  de  fois  qu'on 
le  désire. 

Y  a-t-il  quelque  ressemblance  entre  les  organes  que  je 
viens  de  décrire  et  ceux  qui  servent  à  la  reproduction 
des  plantes  phanérogames  ?  Peut-on  croire  que  les  lames 
soient  des  étamines ,  que  les  pulviscules  qui  les  recou- 
vrent remplissent  les  fonctions  de  la  poussière  fécondante, 
et  que  les  petits  grains  verts  soient  des  semences  ou  peut- 
être  des  capsules  ?  C'est  là  du  moins  l'opinion  qui  se 
présente  naturellement ,  quand  on  considère  avec  soin 
cet  ingénieux  appareil,  et  c'est  celle  d'Hedwig  dans  sa 
Théorie  de  la  Génération  et  de  la  Fructification  des 
plantes  cryptogames.  Cet  auteur  a  même  cru  apercevoir 
dans  le  grain  vert  un  petit  prolongement  auquel  il  donne 
le  nom  de  style,  et  qui  étoit  surtout  apparent  avant  la 
maturité  de  lepi  et  louverture  naturelle  de  la  loge. 

Mais  toutes  probables  qce  fussent  ces  conjectures ,  il 
falloit  les  vérifier  par  des  expériences.  C'est  ce  que  j'ai 
fait  dès  l'année  1817.  J'ai  mis  dans  l'eau  ces  graines  sup- 
posées des  Prêles,  pour  voir  si  ce  liquide  y  détermiiieroit 
quelques  dcveloppemens,  et  en  même  temps  j'en  ai  semé 
d'autres  dans  des  vases  remplis  d'un  terreau  très-fin,  que 
j'eus  soin  d  entretenir  constamment  humide.  C'étoit  le  3 
Avril,  à  l'époque  de  l'apparition  des  Prêles  à  hampe.  Au 


348  MONOGRAPHIE    DES    PRELES. 

bout  de  deux  jours,  les  grains  plongés  dans  l'eau  mon- 
troient  une  petite  pointe  à  peu  près  du  tiers  de  leur 
diamètre.  Le  troisième  jour  cette  pointe  s  etoit  considéra- 
blement allongée,  elle  étoit  transparente  et  ressembloit  à 
un  tube  vide.  Le  quatrième  et  le  cinquième  jour  l'ac- 
croissement étoit  si  remarquable,  que,  prévoyant  l'étiole- 
ment  du  filet ,  je  tirai  de  l'eau  une  partie  de  ces  grains 
en  état  de  germination ,  pour  les  placer  sur  une  terre 
huiïiectée  où  leur  développement  seroit  moins  rapide. 

Les  grains  qui  avoient  été  semés  dans  des  vases  sans 
immersion  préalable  n'éprouvèrent  d'abord  aucun  change- 
ment. Il  sembloit  même  quelquelois  qu'ils  étoient  perdus 
ou  détruits,  parce  qu'on  nobservoit  aucune  teinte  verte 
sur  la  place  même  où  ils  avoient  été  répandus  en  plus 
grande  abondance.  Mais  enfin ,  au  bout  d  un  mois ,  le 
vase  parut  reverdir.  A  cette  époque,  les  grains  observés 
au  microscope  s'étoient  considérablement  développés  ; 
d'un  côté  ils  avoient  poussé  une  ou  deux  radicules 
simples  et  blanchâtres  qui  s'enfonçoient  en  terre ,  et  de 
l'autre  ils  s'étoient  renflés  et  divisés  d'abord  en  deux,  en 
suite  en  trois  et  quatre  lobes.  Us  continuèrent  à  croître 
pendant  tout  le  cours  du  mois  de  Mai  ;  vers  le  1 5 ,  ils 
avoient  à  peu  près  la  forme  indiquée  dans  la  PI.  i.'^", 
f.g.  3.  Dès-lors  ils  se  ramifièrent  à  tel  point,  qu'on 
ne  pouvoit  pas  embrasser  leur  ensemble  au  microscope 
composé.  On  les  voyoit  distinctement  à  l'œil  nu ,  et  on 
les  auroit  aisément  pris  pour  de  jeunes  Jongermannes 
au  feuillage  frisé.  A  la  loupe ,  et  surtout  au  microscope  » 
c'étoient  des  tiges  cylindriques,  nombreuses,  articulées  et 
ramassées  en  faisceau.  (  Voy.  PI.  i.'%  fig.  4-  ) 


MONOGRAPHIE   DES    PRELES.  349 

Pour  éclaircir  de  plus  en  plus  cet  intéressant  sujet,  jai 
mis  successivement  en  expérience  les  grains  de  la  Prêle 
fluviatile,  de  la  Prêle  des  marais  et  de  la  limoneuse,  et 
j'ai  suivi  leurs  développemens  en  parallèle  avec  ceux  de 
la  Prêle  des  champs.  La  fluviatile  dont  j'espérois  beau- 
coup, parce  que  ses  dimensions  sont  très -considérables, 
ne  m'a  offert  que  des  grains  égaux  en  grosseur ,  ou  peut- 
être  même  plus  petits  que  ceux  des  autres  Prêles.  Ils  se 
sont  agrandis  de  la  même  manière  et  ont  présenté  les 
mêmes  apparences.  11  en  a  été  de  même  des  grains  des 
deux  autres  Prêles  que  j'ai  fait  germer  dans  des  vases  conti- 
nuellement humectés,  parce  que  ces  plantes  croissent  de 
préférence  dans  les  mares  et  les  petits  étangs.  Leurs  grains 
ont  pris  les  développemens  qui  sont  désignés  dans  les 
figures  qui  appartiennent  à  ces  espèces. 

Mais  ils  se  sont  arrêtés  à  ce  terme ,  malgré  les  pré- 
cautions que  j'avais  prises  pour  les  préserver  de  fair  ex- 
térieur et  pour  les  tenir  toujours  humides.  Je  les  ai 
d'abord  vus  rester  stationnaires ,  ensuite  perdre  insensible- 
ment leurs  racines,  et  enfin  se  flétrir  et  disparoître.  Les 
fléaux  dont  ces  jeunes  plantes  ont  été  les  victimes  sont 
d'abord  les  mousses  et  principalement  le  Funaire  hygromé- 
trique, qui  les  ont  successivement  envahies  :  ensuite  elles  ont 
été  atteintes  d'une  espèce  de  chancre  ou  de  pourriture  qui 
les  a  gonflées  intérieurement  et  les  a  enfin  converties  en 
une  gelée  d'un  vert  foncé  et  livide  qui  a  quelquefois  re- 
couvert une  grande  partie  du  vase.  Mais  leur  plus  dan- 
gereux ennemi  a  été  le  bysse  terrestre ,  et  une  petite 
conferve  parasite,  presque  microscopique  et  non  encore 


35o  MONOGRAPHIE    DES    PHELES. 

décrite,  qui  sembloit  se  nourrir  de  leur  substance  et  pre- 
noit  des  accroisse  mens  très-rapides.  Comme  je  n  etois  pas 
en  garde  contre  ces  différentes  attaques,  je  nai  pas  lutté, 
comme  j'aurois  dû,  dès  le  premier  envahissement;  mais 
je  dois  avouer  que  dans  les  années  qui  ont  suivi  1817, 
je  n'ai  pas  été  plus  heureux,  soit  parce  que  la  tempéra- 
ture extérieure  n'a  pas  été  favorable,  soit  surtout  pai-ce 
que .  j'ai  observé  avec  plus  de  négligence.  Mais  je  re- 
commencerai mes  expériences  avec  une  nouvelle  attention 
dans  le  printemps  de  cette  année  (  1822  ). 

Cependant  ce  que  j'ai  vu  tant  de  fois  suffit,  je  pense, 
pour  constater  que  le  grain  vert  est  bien  la  semence  des 
Prêles,  qui  sont  des  plantes  acotylédones  ,  puisque  ce 
grain  tout  entier  se  développe  sans  qu'on  puisse  y  aper- 
cevoir aucun  corps  étranger  à  l'embryon  ou  à  la  plantule. 
Je  ne  suis  pas  entièrement  convaincu  que  le  filet  ou  la 
plumule  parte  précisément  du  point  où  Hedwig  a  cru 
observer  un  rudiment  de  style,  mais  la  racine  ou  les 
radicules  sortent  bien  du  point  opposé  au  filet.  Je  ne 
pense  pas  non  plus  que  l'on  puisse  s'assurer  par  des  ex- 
périences directes  que  les  quatre  filets  soient  des  étamines, 
et  que  les  pulviscules  qui  les  recouvrent  soient  un  vé- 
ritable pollen.  Cependant  l'analogie  est  fortement  pro- 
noncée pmir  cette  opinion ,  surtout  si  l'on  convient  qu'il 
ne  faut  pas  chercher  ici  des  anthères  et  des  loges  sem- 
blables à  celles  des  plantes  phanérogames,  et  il  faut  avouer 
que  les  mouvemens  élastiques  des  lames  qui  entourent  le 
grain  vert  sont  merveilleusement  propres  à  secouer  la 
poussière  fécondante,  et  à  favoriser  la  dissémination  des 


MONOGRAPHIE    DES   PRELES.  35 1 

graines  fécondées.  Mais  si  l'on  ne  peut  douter  que  les 
grains  verts  ne  soient  de  véritables  semences ,  on  doit 
s'étonner  de  ce  qu'elles  remplissent  si  mal  leur  destina- 
tion ;  car  je  n'ai  jamais  trouvé  une  seule  Prêle  qui  ne 
me  parut  pas  fort  ancienne  et  dont  la  racine  ne  se 
prolongeât  pas  indéfiniment  dans  la  terre.  Je  crois  que 
les  autres  Botanistes  n'ont  pas  été  plus  heureux.  11  faut 
donc  convenir,  au  moins  jusquà  présent,  que  les  Prêles 
sont  des  plantes  dont  les  mêmes  individus  subsistent 
depuis  un  temps  dont  on  ne  sauroit  assigner  le  terme, 
et  qui  répandent  chaque  année  des  myriades  de  graines 
autrefois  fertiles ,  aujourd'hui  infécondes.  Y  a-t-il  beau- 
coup de  genres  qui  ressemblent  à  cet  égard  à  celui  des 
Prêles  ?  C'est  ce  que  j'ignore  entièrement. 

S'il  n'y  a  point  de  genre  en  Botanique  qui  soit  plus 
distinct  que  celui  des  Prêles ,  il  n'y  en  a  point  peut-être 
non  plus  où  les  véritables  espèces  soient  plus  difficiles  à 
distinguer.  Tant  que  les  auteurs  systématiques  se  sont 
contentés  de  décrire  celles  qui  étoient  anciennement 
connues,  comme  la  Prêle  des  champs,  la  fluviatile,  celle 
des  bois ,  celle  des  limons ,  celle  des  marais  et  celle 
d'hiver,  la  nomenclature  en  étoit  facile,  parce  que  leur 
port  différent ,  le  lieu  de  leur  habitation ,  et  d'autres  ca- 
ractères aussi  simples  que  frappans  ,  suffisoient  à  les 
distinguer.  Mais  lorsqu'ils  y  ont  ajouté  la  Prêle  que  j'ai 
appelée  multiforme,  à  cause  des  nombreuses  variétés 
quelle  présente,  et  surtout  lorsque  nos  Botanistes  voya- 
geurs ont  apporté  des  pays  étrangers  ces  Prêles  qui, 
quoique  recueillies  dans  des  climats  très-difïérens ,  pré- 


352  MONOGRAPHIE    DES    PRELES. 

sentoient  toutes  à  peu  près  le  même  type,  alors  la  diffi- 
culté s'est  beaucoup  accrue,  et  la  distribution  en  espèces 
bien  distinctes  et  bien  faciles  à  reconnoître  a  été  presque 
impossible.  Pour  tirer  ce  genre  du  cahos  où  il  alloit  être 
plongé ,  j'ai  fait  ce  que  j'ai  pu ,  et  surtout  j'ai  commencé 
un  travail  qu'achèveront  les  autres.  J'ai  représenté  par 
des  figures  exactes  toutes  les  Prêles  que  je  possédois  ou 
que  j'avois  pu  me  procurer  par  le  secours  de  mes  aiTiis, 
et  je  les  ai  accompagnées  de  définitions  et  de  descriptions 
qui  m'ont  paru  suffisantes.  J'ai  tâché  ensuite  d'y  recon- 
noître des  caractères  précis,  constans,  ou  qui  ne  varioient 
que  dans  certaines  limites  ;  j'ai  adopté  comme  principe , 
de  ne  pas  réunir  facilement  sous  la  même  espèce  des 
Prêles  prov'enant  de  pays  très-diiférens ,  quand  même  ces 
Prêles  présentoient  quelque  ressemblance.  J'ai  observé  sur 
place  toutes  les  espèces  qui  étoient  à  ma  portée,  afin  de 
bien  distinguer  la  variété  de  l'espèce.  Enfin,  j'ai  rejeté 
dans  un  appendice  toutes  les  Prêles  que  je  n'avois  pu 
voir  de  mes  yeux  et  qiii  n'étoient  pas  suffisamment  dé- 
crites, en  indiquant  toutefois  celles  qui  ne  me  paroissoient 
former  que  des  variétés,  et  celles,  au  contraire,  qui  me 
sembloient  constituer  des  espèces.  Au  moyen  de  toutes 
ces  précautions ,  j'espère  avoir  fait  un  ouvrage  utile  à  la 
science,  et  jose  solliciter  des  Botanistes  qui  s'intéresseront 
à  mon  travail,  soit  des  remarque;»  propres  à  le  compléter, 
soit  des  renseignemens  sur  les  espèces  encore  mal  connues. 
Je  publierai  ces  observations  eu  forme  de  supplément , 
et  je  parviendrai  ainsi  à  compléter  insensiblement  cette 
Monographie. 


MONOGRAPHIE    DES   PRELES.  353 

Afin  de  mettre  les  Botanistes  en  état  de  juger  des 
soins  que  j'ai  donnés  soit  à  la  distinction  des  espèces,  soit 
à  leur  distribution  en  groupes  ou  petites  familles,  je  vais 
faire  connoître  les  caractères  que  j'ai  employés  et  la  ma- 
nière dont  je  les  ai  subordonnés. 

Celui  que  je  place  au  premier  rang,  parce  qu'il  semble 
indiqué  par  la  nature ,  et  que  tous  les  Botanistes  l'ont 
adopté,  c'est  celui  de  1  inflorescence.  Les  Prêles  qui  ont 
une  hampe  et  une  tige  stérile  doivent  être  évidemment 
séparées  des  autres.  Les  légères  anomalies  que  présente 
ce  caractère  et  dont  j'ai  déjà  fait  mention ,  n'ont  aucune 
importance  et  ne  peuvent  donner  lieu  à  aucune  erreur 
durable  :  malheureusement  il  ne  s'applique  qu'à  quatre 
espèces. 

Je  placerois  bien  ici,  pour  second  caractère,  la  subdi- 
vision des  rameaux  ;  mais  il  n'y  a  que  deux  Prêles  dont 
les  rameaux  soient  manifestement  subdivisés  ,  et  elles 
appartiennent  1  une  et  l'autre  à  la  section  des  Prêles  à 
hampe.  On  trouve  bien,  il  est  vrai,  quelques  subdivisions 
dans  la  Prêle  des  champs,  mais  elles  sont  peu  apparentes 
et  assez  rares. 

Le  second  caractère  fondamental  est  le  nombre  des  dents 
de  la  gaine  ou  de  la  collerette.  Ce  nombre  est  exactement 
le  même  que  celui  des  tul^s  intérieurs  ,  ou  des  stries,  ou 
des  rameaux  quand  il  n'y  a  point  davortement.  Mais  il 
faut  remarq  ler  que  le  nombre  de  ces  dents  n'est  pas  cons- 
tant, et  qu'il  va,  au  contraire,  en  croissant  depuis  la  base 
jusqu'au  milieu  de  la  tige  où  il  atteint  son  maximum  :  de 
plus ,   les  divers  individus  de  la  même  espèce  présentent 

Méin.  de  la  la  Hoc.  de  P/iy.'  et  d'il.  nat.  T.  1.",  2.'Part.     9 


354  MONOGRAPHIE    DES    PRELE', 

encore  quelques  différences  à  qet  égard  selon  l'étendue  de 
leur  accroisaemeut  :  mais  ces  variations  sont  comprises 
entre  certaines  limites  quelles  ne  dépassent  jamais  et 
qui  suffisent  poar  la  distinction  des  espèces.  Ainsi,  par 
exemple ,  daas  la  Prèle  fluviatile  le  maximum  des  dents 
varie  à  peu  près  de  28  à  4o,  dans  la  limoneuse  de  17  à  22, 
dans  celle  d'hiver  de  i4  à  18,  dans  celle  des  champs,  de 
9  à  12,  dans  celle  des  marais,  de  6  à  8  ,  et  dans  celle  des 
bois  de  10  à  12.  11  est  bien  entendu  quil  ne  s'agit  ici  que 
des  tiges,  car  les  rameaux  ont  proportionnément  beaucoup 
moins  de  dents ,  et  les  ramilles  ou  rameaux  secondaires 
encore  moins. 

Le  troisième  caractère  est  celui  de  la  tige  qui  est  tantôt 
cylindrique ,  tantôt  plus  ou  moins  angideUî.e  ,  tantôt  lisse 
et  unie ,  tantôt  striée  et  raboteuse.  Les  aspérités  plus  ou 
moins  marquées,  qui  placées  au  boni  des  sillons,  donnent 
à  la  Prêle  cette  propriété  de  polir  pour  laquelle  elle  est 
employée  dans  les  arts  ,  ne  se  rencontrent  ni  dans  les 
hampes,  ni  dans  les  Prêles  (jui  habitent  les  eaux,  comme 
la  limoneuse  ;  elles  varient  en  intensité  dans  la  même  es- 
pèce, selon  le  lieu  oii  elle  a  cru;  mais,  prises  dans  cer- 
taines limites ,  elles  peuvent  fournir  de  très-bonnes  dis- 
tinctions. 

Le  quatrième  caractère  est  celui  de  la  régularité  des  ra- 
meaux ,  certaines  espèces  ont  leurs  verticilles  toujours 
complets,  principalement  les  espèces  à  hampe,  tandis  que 
les  autres  les  ont  toujours  incomplets  ou  même  nuls.  Ce 
caractère  pourra  donc  être  employé ,  soit  pour  séparer 
absolument  certaines  espèces,  dans  lesquelles  il  n'y  a  que 


MONOGRAPHIE    DES   PRELES.  355 

peu  OU  point  d'avortemens ,  soit  pour  distinguer  celles  qui 
ont  peu  de  rameaux  ,  de  celles  qui  n'en  ont  point;  il  fau- 
dra observer  toutefois  que,  dans  les  Prêles  privées  de  hampe, 
les  rameaux  ne  se  développent  guères  qu'après  la  chute 
de  l'épi  à  l'époque  où  ils  commencent  à  recevoir  la  sève 
avec  plus  d'abondance  :  on  en  peut  voir  des  exemples 
frappans,  dans  les  Prêles  des  limons  et  des  marais.  Toutes 
les  fois  que  la  Prêle  multiforme  développe  une  tige 
principale ,  cette  tige  est  chargée  de  rameaux ,  tandis 
que  les  autres  en  sont  privées. 

11  existe  enfin  un  dernier  caractère  auquel  j'ai  été  obligé 
de  recourir  pour  distinguer  dans  les  mêmes  groupes  des 
espèces  malheureusement  trop  voisines  ,  c'est  celui  des 
glandes  corticales;  caractère  qui  se  trouve  par  hasard  très- 
varié  dans  les  Prêles.  Je  ne  sais  pas  si  la  même  chose  a  lieu 
dans  d'autres  genres,  mais  ici  on  peut  dire  avec  vérité  qu'il  y 
a,  selon  les  espèces  de  Prêles,  une  très-grande  différence  dans 
la  forme ,  le  nombre  et  la  distribution  de  ces  glandes  :  je 
me  suis  déjà  étendu  sur  ce  sujet.  J'ajouterai  seulement 
ici ,  que  la  figure  de  chaque  espèce  sera  accompagnée  de 
celle  de  ses  glandes,  et  qu'on  pourra  toujours  recourir  à 
cette  note  distinctive  dans  les  cas  difficiles  ,  et  lorsque 
les   au'res  manqueront. 

Indépendamment  de  ces  caractères  principaux  ,  il  en 
est  u'autres  accessoires  quon  ne  doit  pas  entièrement  né- 
gliger. Tel  est  celui  des  tubes  intérieurs  ,  qui  varient  pour 
le  nombre  des  rangs  et  pour  la  forme.  (Quelques  Prêles  ont 
deu\  rangs  de  tubes ,  tandis  que  d  autres  en  ont  trois  :  la 
plupart  sont  cylindriques  ,  cependant  ceux  de  la  Prêle  des 


356  MONOGRAPHIE   DES    PRELES. 

limons  sont  allongés  dans  le  sens  de  la  circonférence,  et  ceux 
de  la  Trêle  des  champs  le  sont  dans  celui  du  rayon.  Tel  est 
le  caractère  des  rameaux  qui,  ordinairement  cylindriques, 
sont  anguleux  dans  la  Prêle  des  champs  et  dans  quelques 
autres.  Tel  est  celui  de  la  consistance  de  la  tige  qui  est 
quelquefois  assez  solide  et  quelquefois  fistuleuse;  tels  sont 
enfiu  ceuxi  du  port,  de  la  hauteur,  du  diamètre  des  tiges,  et 
de  leur  durée,  car  il  en  est  qui  résistent  à  l'hiver,  tandis 
que  les  autres  sont  détruites  avant  la  fin  de  l'automne.  Par 
rapport  au  nombre  des  rameaux,  à  la  forme  des  dents, 
aux  appendices  transparens  qui  les  terminent ,  à  l'ampli- 
tude des  collerettes,  aux  couleurs  dont  elles  sont  teintes  et 
aux  autres  caractères  qu'ont  souvent  employés  les  Bota- 
nistes, il  faut  s'en  défier  beaucoup,  parce  qu'ils  dépendent, 
en  grande  partie  ,  de  la  saisoji  de  l'année  oii  l'on  observe 
la  plante,  du  ten-ein  sur  lequel  elle  a  cru  ,  de  la  quantité 
d'épis  dont  elle  est  chargée  et  d'autres  circonstances  faciles 
à  imaginer. 

Enfin ,  j'ajouterai ,  en  terminant  cette  physiologie ,  que 
la  fructification  des  Prêles  ne  m'a  paru  admettre  aucune 
variation  importante.  Toutes  les  espèces  que  j'ai  exa-» 
minées  ont  leur  épi  conique ,  leurs  écailles  polygonales , 
leurs  quatre  lames  élastiques  ,  leurs  graines  nues  et  à  peu 
près  sphériques.  Les  seules  différences  que  j'aie  aperçues, 
au  moins  jusqu'à  présent ,  n'ont  consisté  que  dans  les  di- 
mensions de  ces  parties  dont  le  nombre  et  les  proportions 
in'ont  paru  à  peu  près  invariables.  Mais  autant  lappareil 
de  la  fructification  est  semblable  à  lui-même  dans  les  di- 
verses espèces  de  Prêles ,  autant  il  s'éloigne  de  tous  les 


MONOGRAPHIE   DES    PRELES.  357 

autres.  Les  Ephédras,  les  Charagnes  elles  Filaos  surtout, 
qui  ont  à  l'extérieur ,  et  dans  la  structure  des  tiges  de  grands 
rapports  avec  les  Prèles,  s'en  éloignent  entièrement  dans 
tout  ce  qui  concerne  la  fructification.  Je  ne  désespère  pas, 
comme  je  l'ai  déjà  dit ,  qu'on  ne  trouve  enfin  des  familles, 
qui  lient  les  Prêles  à  ces  premiers  genres  ;  mais  je  suis  en- 
core plus  porté  à  croire  que  ces  familles  ont  été  détruites 
dans  les  grandes  catastrophes  dont  notre  terre  a  été  au- 
trefois le  théâtre,  et  qui  ont  fait  disparoître  un  si  grand 
nombre  de  formes  ,  soit  animales,  soit  végétales.  En  effet, 
on  vient  de  découvrir  presque  simultanément  dans  un 
grand  nombre  de  terrains  houillers ,  des  empreintes  de 
végétaux  dont  l'organisation  et  la  forme  extérieure  dé- 
voient avoir  les  plus  grands  rapports  avec  les  Prèles,  mais 
qui  en  différoient  cependant  par  la  grandeur  de  leurs  di- 
mensions, qui  alloient  en  épaisseur  jusqu'à  trois  décimètres 
et  en  hauteur  jusqu'à  quatre  mètres;  tandis  que  les  tiges 
des  plus  grandes  Prêles  actuelles  n'ont  pas  plus  d'un  pouce 
dans  le  premier  sens ,  et  de  quatre  à  cinq  pieds ,  dans  le 
second;  plusieurs  même  ne  s'élèvent  pas  jusqu'à  un  pied, 
et  n'ont  pas  plus  de  deux  ou  trois  lignes  de  diamètre.  Il 
est  fort  vraisemblable  que,  parmi  ces  antiques  et  énormes 
végétaux  herliacés ,  plusiem's  avoient  l'organisation  des 
Prêles,  sans  posséder  leur  fructification  ,  ou  enfin,  consti- 
tuoient  des  familles  intermédiaires  entre  ce  genre  et  ceux 
qui  en  sont  actuellement  le  plus  voisins.  On  peut  même 
soupçonner  que  ces  grandes  catastrophes  dont  les  débris 
sont  encore  sous  nos  yeux ,  ont  fait  disparoître  une  foule 
d'êtres  qui  unissoient  entre  eux  ceux  qui  subsistent  encore, 


558  MONOGRAPHTE    DES   PRELES. 

et  qui,  dans  cette  supposition,  ne  seroientque  des  fragmens 
épars  d'un  ordre  naturel  bien  plus  parfait  que  celui  que 
nous  avons  sous  les  yeux.  Au  reste,  la  plupart  de  ces 
idées  sont  déjà  indiquées  dans  un  beau  mémoire  que 
M.  Alexandre  Brongniart  a  publié  dernièrement  dans 
les  annales  des  ratines,  année  1821  ,  et  elles  seront  en- 
core plus  développées  dans  un  ouvrage  du  même  auteur 
qui  ne  tardera  pas  de  paroître ,  et  qui  renfermera  une  clas- 
sification de  ceux  de  ces  végétaux  pétrifiés  qui  ont  déjà 
été  étudiés.  Quelques  auteurs  Allemands ,  et  en  particu- 
lier M.  de  Stemberg  se  sont  déjà  occupés  de  ces  objets. 


MONOGRAPHIE    DFS   PRELBS.  SSg 

CARACTÈRE  NATUREL 

DES  PRÈLES. 


J_/ES  Prêles  ont  une  tige  plus  ou  moins  simple  ,  dont  les  branches 
sont  loujours  vcriicillées.  Celle  lige,  ainsi  que  ses  rameaux,  est 
formée  d'articles  allongés,  munis  à  leur  point  de  jonction  d'une  gaine 
dentée.  L'appareil  de  la  fruclilicalion  est  porté  sur  un  épi  terminal, 
conique,  serré  el  composé  de  corpuscules pédicellés  assez  semblables 
à  des  lèles  de  clous:  en  dessous  sont  placés  des  cornets  membraneux, 
qui  s'ouvrent  sur  leur  face  interne  par  une  fente  longitudinale.  Ces 
cornets  renferment  des  globules  verdâlres  ,  spbériques  ,  qui  sont 
autaut  de  semences  acolylédones  ;  chacun  d'eux  est  surmonté  par 
quatre  lames  brillantes,  élargies  à  leur  sommet,  roulées  et  appli- 
quées autour  des  globules  lorsqu'elles  sont  humides  ,  étalées  el  ou- 
vertes en  croix  lorsqu'elles  sont  sèches.  Ces  lames  sont  recouvertes 
de  pulviscules  sphériques  ,  au  moment  où  les  graines  sortent  de 
leur  cornet,  et  l'on  ne  peut  guères  douter  que  ces  pulviscules  ne 
soient  la  poussière  fécondante  ,  que  le  mouvement  élastique  et 
hygrométrique   des  lames  répand  sur  les  graines. 

La  fruclificalion  des  Prêles  n'a  aucun  rapport  avec  celle  des 
autres  plantes  actuellement  connues  ,  mais  leur  structure  et  surtout 
Ifur  port  ont  queltpie  ressemblance  avec  la  structure  cl  le  port 
des  Casuarines  el  des  Ciiaragnes. 

Dans  lo  tableau  synoptique  suivant,  les  drnts,  ainsi  que  les 
glandes,  sont  toujours  comptées  vers  le  milieu  de  la  lige  prmci- 
pale. 


.PnêLFS  privées  de  liampcs. 


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MONOGRAPHIE    DES    PRELES.  56] 


DESCRIPTION  DES  ESPÈCES. 


Prêles  à  hampe  parfaite. 

DIX    A    QUATORZE    DENTS. 

Equiselwn  aivense.  Prêle  des  champs 

Equiseliim  caule  slerili  siilcato  ,  siibscahro ,  slriis  circiler  duo- 
clenis  ,  dentlhus  tolùlein ,  raniis  scabi-iiiscuUs,  tetragoiiis  ;  caidc  friic 
li/icantc  nudo  evanido  ,  iiwohicris  Iaxis  ,  denlihits  duodeciiii. 

Syn.  Equisetiim  aivense  Linn.  Lam.  Flor.  Franc.  Dict.  Bot.  et 
omnium  auctonim. 

A.  Equiselum  Çtriquetnim^.  Caide  sulcalo,  slriis  circiler  dtio- 
decini,  rainis  liigonis.  Bory-St.  Vincent. 

Equisetinn  aniphibolttin.  Retz ,   Supp.  Flor.  Scand. 

Les  tiges  stériles  sont  fistuleiises ,  et  présentent  dans  leur  section 
horizontale  trois  rangs  de  cylindres  dont  le  nombre  varie  de  tîix  à 
quatorze.  Les  dénis  de  la  gaine  sont  aiguës  et  allongées.  Les  ra- 
meaux sont  ordinairement  complets  dans  les  verlicilles  du  centre, 
mais  ils  avortent  vers  le  sommet  qui  se  prolonge  souvent  en  tige 
simple  et  effilée.  Ils  sont  anguleux  et  tétragones ,  presque  toujours 
simples  ,  quelquefois  cependant  ils  se  divisent  un  peu  ,  surtout  dans 
les  verlicilles  inférieurs  ;  mais  cette  ramification  est  bien  loin  de 
ressembler  à  celle   de  la  Prèle  des  bois. 

La  hampe  part  de  la  même  racine  que  la  tige  stérile ,  mais  elle  se 
montre  plus  tôt  ;  elle  est  moins  grande  et  moins  consistante  ;  ses 
gaînes  sont  aussi  plus  renflées  et  plus  allongées;  on  peut  remarquer 
les  mêmes  caractères  dans  la  hampe  de  la  Prèle  lluviatile ,  qui  ne 
diffère  de  celle  des  champs  que  par  ses  dimensions ,  et  le  nombre 
Mém.  de  la  Suc.  de  Phys.  et  dH.  nul.  T.  l.",  a.'  Part.  lo 


562  MONOGRAPHIE    DES    PRELES. 

beaucoup  pins  considérable  de  ses  dénis  ;  toutes  les  deux  ont  leur 

tube  centr;d  entouré  d'un  seul  rang  de  cylindres. 

Celle  espèce,  la  plus  commune  de  loutea  dan;  nos  climals  ,  se 
plaît  dans  les  glaises  humides  j  ou  l'on  ne  peut  parvenir  à  la  dé- 
truire. Elle  fleurit  au  mois  d'Avril  ,  et  perd  promjilement  ses 
hampes,  mais  les  tigec  cubsistent  jusqu'aux  premiers  froids.  Son 
port  est  très-variable  ;  orainaircmenl  elle  est  droite  ,  quelquefois 
cependant  elle  est  couchée.  Ses  racu-aux  sont  aussi  plus  ou  moins 
étalés,  mais  elle  se  dictingue  toujours  facilement  des  autres  es- 
pèces. 

Elle  est  sujette  à  la  maladie  doEt  j'ai  parlé  dans  le  discours  pré- 
liminaire, et  qui  est  une  espèce  de  rouille. 

Je  n'ai  jamais  vu  dans  celte  espèce  les  tlgcï  stériles  porter  des 
fleurs. 

Elle  habite  dans  toute  l'Europe ,  et  se  trouve  encore  dans  l'A- 
mérique septentrionale  ,  selon  Humboldt  et  Bigelow. 

A.  Celte  variété  a  été  cueillie  par  Bory-Saint-Vincent ,  dans  les 
plaines  d'Eylau  :  elle  se  distingue  de  ï Equiselum  a/veiise  par  ses 
anneaux  plus  rapprochés,  ses  rameaux  plus  serrés,  et  qui  sont  tou- 
joui-.  Irigones  ;  c'est  pourquoi  elle  a  élé  désignée  par  le  nom  d'E- 
quisetum  Iriquelrum  ;  mais  ces  différences  ne  suffisent  pas  pour 
constituer  une  espèce  ,  d'autant  plus  que  j'ai  souvent  observé  dans 
l'espèce  ordinaire  des  rameaux  trigones;  la  même  variété  a  été 
cueillie  en  Scanie  par  Agardh  ,  et  se  trouve  dans  l'herbier  de  M. 
Des  Fontaines. 
Planch.  I.  Fig.   i.  Prêle  des  champs. 

Fig.   2.  Hampe  de  la  Prèle  des  champs. 

Fi"'.  5.  Epiderme  avec  ses  glandes  vues  au  microscope. 

Fi°'.  4-   Seclion  horizontale  de  la  tige  avec  ses  différens 

ordres  de   tubes. 
Fig.   5.   Graines  avec  leurs  lames  élastiques. 
Fig.  6.   Les  mêmes ,  dans  leurs  différens  degrés  de  dé- 
veloppement. 


MONOGRAPHIE    DES    PRELES.  363 


VINGT- SIX    A    TRENTE    DENTS. 


E<jiiisetuin  flmiatile.  Prèle  fluvialile. 

Caille  sterili  cylindrico ,  glahro  ,  dcntihiis  et  ramis  circiler  Iriginta: 
caille  friiciificau le  nudo ,  evanido  ,  hwohwris  Iaxis ,   slriis  Iriginta. 
Syn.  Equisetum  fluvialile  ,  Lin. 

Eqidseliini  palustre  longiorihus  setis.  C.B.   Pm.   iT». 
Ef/uisetum  maximum.    La  Marck.    Flor.  Fr. 
Eqiiiselum  lielcocharin ,  Ehrli.  Plant,   crypl. 
Equiselutn  telmateya    Ehr.   Plant,  cryp.    exsic.   3i. 
Efjidselum  ehumeum  Schreb.  Rolh  ,  Cat.  Bot.  I.  pag.  128. 
Equisctinn  macrostachion ,  Poiret.  Dict.  Botan. 

La  lige  est  tiroite  ..  Csluleuse  ,  et  souvent  remarquable  par  sa 
blancheur  et  son  poli.  Sa  coupe  horizontale  offre  deux  rangs  de 
cylindres  dont  le  nombre  moyen  va  au  -  delà  de  trente.  Les  dents 
de  la  gaîne  ,  toujours  en  même  nombre  que  les  cylindres  in- 
térieurs ,  sont  étroites  ,  noirâtres  ,  et  serrées  contre  la  tige  ; 
celte  espèce  est  celle  qui  présente  le  plus  de  régularilé  dans  ses 
parties.  Ses  rameaux  n'avortent  jamais,  au  moins  dans  les  verlicilles 
inférieurs.  Ils  sont  octogones  ou  décagones  ,  à  huit  ou  neuf  articu- 
lations ,  et  jamais  subdivisés  ;  ils  sont  serrés  contre  la  lige  à  l'époque 
de  leur  développement,  et  s'étalent   ensuite. 

Celle  espèce,  ])!us  grande  et  plus  développée  que  la  précédente, 
atteint  quelquefois  la  grandeur  de  quatre  pieds  ;  elle  se  rencontre 
le  long  des  haies  humides  et  des  ruisseaux  ;  ses  différens  aspects  ont 
trompé  qufhiues  Botanistes  ,  qui  l'ont  décrite  sous  deux  noms 
différens. 

Sa  hampe  paraît  au  printemps  ,  à  la  nême  époque  que 
la  Prèle  (l(^s  clianjps  ,  dont  elle  ne  se  dislingue  guères  que  par 
ses  dimensions  doubles  ou  triples.  Cette  liamjie  rougeâlre  est  re- 
vêtue de  gaines  fjn  amples  et  fort  allongées.  Leur*  dents,  aiguë» 


564  WONOGRAPIUE    DBS    PRELES. 

et  courtes,  sont  aussi  nombreuses  que  celles  de  la  tige  stérile.  C'est 
une  erreur  d'imaginer  comme  l'a  fait  Piolh  ,  que  la  hampe  fructifère 
pousse  des  feuilles  après  la  chute  de  l'épi;  il  n'y  a  point  de 
rapport  entre  l'organisation  delà  tige  stérile  et  celle  de  la  hampe; 
cette  dernière  meurt  constamment  après  avoir  répandu  ses  graines. 

Cette  espèce  est  sujette  à  la  rouille  (  z<ref/o  )  ,  comme  l'espèce 
précédente.  Elle  se  développe  pendant  tout  le  cours  du  printemps 
et   péiil  jusqu'il  la  racine  \>a.r  les  premiers  froids. 

Elle  présente  quatre  variétés  ou  monstruosités  fort  remarquables. 

Dans  la  première,  la  hampe  est  divisée  jusqu'à  la  base  en  quatre 
ou  cinq  épis  partiels. 

Dans  ia  seconde  ,  les  tiges  sléiiles  ,  entièrement  semblables  aux 
autres,  sont  terminées  par  des  épis  très-bien  formés  qui  donnent 
des  graines  fécondes, 

Dans  la  troisième,  les  liges  ,  non -seulement  portent  des  épis 
semblables  à  ceux  des  hampes,  mais  elles  ont  de  plus  leurs  ra- 
meaux  jiourvus  d'épis  plu.s  petits  et  fructifères. 

Dans  la  quatrième,  les  verlicilies  sont  contournés  en  s])irale  de- 
puis le  bas  de  la  ])lante  jusqu'à  son  sommet.  A  oyez.  Plauch.  II.  A, 

La  première  de  ces  variétés  a  été  rencontrée  près  de  Nyon,  en 
Suisse.  La  seconde  et  la  troisième  près  de  Nyon  et  de  Berne,  et 
la  quatrième  près  de  Thun.  C'est  JM.  Trog,  Botaniste  de  cette  ville 
qui  l'a  coiiiniuiiiquée  à  M.  De  Candolle. 

JJEffiiist'/iiin  niacrostachio/i  de  Poiret ,  trouvé  en  Barbarie  ,  près 
du  bastion  de  France,  n'est  sans  doute  qu'une  variété  d^ijluviatile, 
quoifpi'on  ne  connoisse  pas  encore  ses  tiges  stériles. 

Planc.  II.  Fig.  i.  Tige  stérile  de  Prèle  fluviatile. 
a.  Hampe  ou  lige  fertde, 

3.  Semences   de  Prèle  fluviatile    dans  leur   pre- 

mier état. 
:)'.  Les  mêmes  pourvues  de  leurs  lames  élastiques. 

4.  Semences    dans   différeps  degrés  de  dévelop^ 

pement. 


MONOGUAPHIK    DES    PRELES.  365 

5.  Ejnderiiie  de  la  tige  vu  au  microscope ,  et  dépourvu 

de  glandes. 

6.  Section  liorizoïilale  vue  au  microscope. 
Planch.  II.  A.  Prèle  fluvialile   contournée  en  spirale. 


Prêles  à  hampe   imparfaite. 

DIX    A    QUATOnZE    DFNTS. 

Equiseluui  sjh'alicwn ,  Prèle  des  bois. 

Er/uiseliim  cauh  slerUi,Jistuloso  stiiato  ,  dentihis  et  j-amis  cir- 
citer  diiodecun ,  ranils  repetilo  rmuosis  ,  arcualo  dejlcxis  ;  caule 
frucllficanle  ,  fcre  imdo ,  vaginis  Iaxis,  ramis  paucioribus ,  depau- 
pera/is. 

Syn.    Eqinsclum  sylvaliciiin  Linn.    La  Marck.  Dicl.    Bot.   et 
omnium  fcre  auclorum. 

Eqiiiselmn  capdlare  Iloff.  Germ.  crypt.  3. 
Eqiiiseliun  syhalicum   teiiiiissiniis  sclis  Bauli.  Pin.   iG. 

Sa  tige  est  slriée  ,  fisluleuse  ,  fragile  et  épineuse  à  la  loupe. 
Ses  gaines  sont  roussàtres  ,  allongées ,  inégalement  déniées.  Ses 
verlicilles  sont  complets  et  réguliers  dans  les  tiges  stériles  ou  dans 
celles  qui  ne  portent  que  des  épis  courts  et  minces.  Les  rameaux 
sont  anguleux,  plusieurs  fois  divisés,  recourbés,  d'abord  quadran- 
gnlaires  et  ensuite  triquèlres.  Les  tiges  fertiles  sont  rougcàires, 
formées  de  sept  ou  huit  articulations  dont  les  inTérieures  soiU  dé- 
pourvues de  rameaux  ;  dans  les  supérieures  ces  rameaux  sont 
courts,    avortés  et  souvent  teints  en  brun. 

Cette  plante  présente  un  beau  passage  entre  les  Prêles  qui  sont 
pourvues  de  hampes  et  celles  qui  en  sont  privées.  On  y  voit 
manifestement  que  le  développement  de  l'épi  nuit  ti  celui  des 
rameaux  ;  et  que  plus  le  premier  est  considérable ,  plus  les  rameaux 


566  MONOGRAPHIE    DES    PnELES. 

sont  petits  et  pour  ainsi  dire  avortés.  Du  reste  on  rencontre  clans 

cette  espèce  sons  les  passages  entre  la  hampe  nue  et  la  lige  stérile. 

La  Prèle  des  bois  se  dislingue  de  toutes  les  autres  par  son  port 
élégant  et  elle  a  dans  toutes  ses  parties  une  délicatesse  et  une 
flexibilité  qui  ne  se  rencontre  guères  dans  les  espèces   congénères. 

La  Prèle  des  bois  babite  dans  les  contrées  moiitueuses  et  élevées 
de  l'Europe  et  de  l'Anaérique  Septentrionale  (i).  Elle  se  plaît 
de  préférence  dans  les  terrains  argilleux  et  humides.  Elle  fleurit 
au  premier  printemps  et  perd  promptement  ses  liges  fertiles;  mais 
les  tiges  stériles  subsistent  jusqu'aux  premiers  froids,  comme  celles 
de  la  Prèle  des  bois  et  de  la  Prèle  des  prés  :  on  comprend 
que  le  but  de  celte  permanence  est  de  procurer  à  la  racine  une 
végétation  qui  la  rende  capable  de  donner  de  nouveaux  jets  le 
printemps  suivant. 

M.  de  Candolle  possède  dans  son  herbier  un  échantillon  de  celte 
Prêle  ,  qui  lui  a  été  communiqué  par  M.  Le  Clerc  et  qui  vient  de 
Terre-Neuve.  Quoiqu'il  soit  incomplet ,  parce  qu'il  est  dépourvu  de 
fructification ,  je  n'hésite  paint  h  le  placer  parmi  les  Prèles  des  bois  , 
auxquelles  il  ressemble  entièrement ,  soit  pour  les  gaines  et  les  di- 
visions des  rameaux,  soit  pour  les  aspérités  de  la  tige,  et  pour  leport. 

Plane,  III.    Fig.   I.  Prêle  des  bols  tronquée. 

Fig.   2.  Tige  portant  des  feuilles  et  des  fleurs. 
Fig.   3.  Hampe  imparfaite  de  la  môme  Prêle. 
Fig.  4-  Epidémie   et    glandes    éparses  vues    au   mi- 
croscope. 

DOUZE    A    QUINZE    DENTS. 

Ecni'iselitm  umbrosum.    Prèle  des  ombrages. 

Equiseliiin  coule  sterili  Jisluloso  ,  denlibus  et  ramis  circiter 
duodeciin  ,  i-amis  smipJicibus  ,  arciiafo  deflexis  ,  trifjiie/rïs  ; 
caille  frucli/icante  nudiiisculo ,  vaginis  Iaxis  ,  ramis  depniiperatis. 

(i)  Eu  particulier  à  MewfonDdUnd,  (Herb.  Banks.) 


MONOGRAPHIE    DES    PRELES.  56j 

Syn.  Equiselwn  iinihrosuin  Wild.  Dict.  Botan.  Mever  et  Bory 
St. -Vincent. 

Les  tiges  slt^riles  sont  hautes  d'environ  un  pied  ,  pourvues  de 
légères  épines.  Les  gaines  sont  verdâtres  à  dculs  inégales. 

Les  tiges  ferliles  ne  portent  leurs  rameaux  que  dans  ics  verlicilles 
supérieurs.  Elles  ont  dos  gaines  lâches  et  assez  colorées.  Toute  la 
plante  est  d'un  vert  gai  et  d'un  port  très-élégant.  Elle  ressemble  tel- 
lement à  la  Proie  des  bois  qu'on  diroit  qu'elle  n'en  est  que  le  pre- 
mier développ"ment.  Cependant  elle  en  diffère  conslamment  au 
moins  dans  les  écha:;iiiIons  que  j'ai  scus  les  yeux  ,  par  sa  lige  sim- 
plement rameuse  ,  ses  rameaux  triquètres  ,  les  gaines  des  liges 
moins  sèches  et  les  dents  des  rameaux  serrées  et  lancéolées. 

Elle  a  d'abord  été  Irouvée  dans  les  forêts  humides  de  la  Pomé- 
ranie  et  de  la  Prusse.  Ce  sont  Meyer  et  Bory  St.  Vincent  qui 
l'ont  fait  connaître.  La  Peyrouse  l'a  ensuite  recueillie  dans  les  bois 
élevés  et  frais  des  Pyrénées. 

Plane.  IV.  Fig.    i.  Tige  stérile. 

Fig'   2.  Tige  portant  des  feuilles  et  des  fleurs. 
Fig.   3.  Hampe  imparfaite. 

Fig.  4-  Epidémie  et  glandes   éparses  et  très -rares 
vues  au  microscope. 


Prêles  privées  de  hampes. 

A    DIX   DENTS. 

Equisetiim  palustre.    Prêle  des  marais. 

Eqideluin    caiiJe   sulcato,    subscahro  ,    sulcis  den/ibiisque  Jere 
octonis  ,  /■omis  loticlem  quadrangularihus  sœpe  ahorlwis. 

A.  Equiselnmpoljs/achion.    C.  B.  Piuax  i5  ,  fi.'^  2. 

B.  Equiseiuin  nudiini  vaginis  dilatalis. 


368  MONOGRAPHIE   DES   PRELES. 

Syn.   Ecjuiseluin  paluslre  aiicloriun. 
Equisclum  palustre  hic^'iorihiui  sctis ,   Bauh.  Pin.  i5. 
F.fjuhcluni  iuherosum.  De  Cand.   FI.  Fr.    (Sup.  ,  pag.  245). 
Ft/uiseliim  Veroneiise. Pollin  Plant.  Ver.  Fariet k. poljslachia? 
Equiseluni  piocenim.  Poil.  Plant.  Ver.  ? 

Sa  lige  esi  sillonnt'e  de  huit  h  neuf  arêtes  saillantes  qui  lui  don- 
nent un  aspect  anguleux  :  les  gaines  médiocrement  adhérentes 
ont  le  même  nombre  de  dents.  Ses  rameaux  avortent  souvent ,  en 
tout  ou  en  partie,  ce  qui  donne  à  la  [)lante  une  forme  irrégulière. 
L'épi  est  terminal,  médiocre,  trois  ou  quatre  fuis  plus  long  que  large 
et  engagé  jusqu'à  son  entier  développement  dans  sa  gaine  supé- 
rieure qui  est  en  général  plus  dilatée  que  les  autres.  Il  s'en  dégage 
ensuite  et  paroît  porté  sur  un  pédoncule  long  de  quelques  lignes.  Les 
rameaux  qui  ne  sortent  souvent,  comme  dans  la  Prèle  limoneuse, 
qu'après  la  chute  de  l'épi  ,  sont  en  général  télragones.  Leurs  faces 
sont  creusées  en  sillon  ,  et  leurs  gaines  se  terminent  par  quatre 
dents  courtes  et  noirâtres. 

Cette  espèce  se  rencontre  avec  la  précédente  le  long  des  petits 
ruis-seaux  et  des  mares  dont  l'eau  est  renouvelée.  Ou  la  trouve  aussi 
dans  les  prés  humides.  Elle  fleurit  à  la  fin  du  printemps  ,  mais  sa 
floraison  dure  plus  long-temps  que  celle  de  la  Prèie  des  limons.  Elle 
me  paroît  être  la  même  que  Y Equiselinn  pioceniin  de  Pollini. 

La  Variété  polyslacliion  est  assez  commune.  On  la  reconnoît 
à  ses  rameaux  allongés,  et  chargés  d'un  petit  é|)i  termina! qui  donne 
des  graines.  C'est  je   crois  la  Prèle  de  Vérone  ,   de  Pollini. 

Il  y  a  une  seconde  variété  où  la  tige  qui  porte  l'épi  est  re- 
couverte dégaines  dilatées  dépourvues  de  rameaux.  Dans  cet  état 
elle  a  des  rapports  avec  les  Prèles  à  hampe. 

Les  tubercules  qui  adhèrent  quelquefois  à  sa  racine,  ont  déjà  été 
observés  par  Hallcr  (i),  on  les  rencontre,  je  pense,  dans  le  grand 

(i)  Sdrpes  Ileh'cdcœ  j  n.°  1677. 


MONOGRAPHIE    DES    PRELES.  SGg 

nombre  des  espèces  ;  du  moins  je  les  ai  vus  très-gros  et  très-dislinct» 
dans  la  Prèle  des  champs  ,  et  dans  celle  des  fleuves.  Elle  est  aussi 
sujette  à  la  rouille.  (  Uredo'). 

Plane.  V.  Fjg.   i .  Prèle  des  marais. 

Fig.   2.  Prêle  des  marais,  Variété  prolifère. 

Fig.  3.   Epiderme  et  glandes  sur  plusieurs  rangs  vues 

au  microscope. 
Fig.  4-  Section  transversale  avec  ses  divers  rangs  de 

tubes. 
Fig.  5.   Graines  avec  leurs  lames  élastiques. 
Fig.  6.  Les  mêmes  dans  leurs  divers  degrés  de  déve^ 
loppement. 


Equisetwn  ramosissimum.  Prêle  ramifiée. 
Efjiiiseliun  cauliiiis  stria/is  ,    r-amis   ni/merosis  , 
phs  ,  dentibus  sexdecim  ,   vagimilis  dentihus  octonis. 

Syn.   E(juisetum  ramosissimum  Des  F.  Flor.   At.  V.  2.  p.  SgS. 

Eqiiisetum  ehngatinn  Wild.  ? 

Equiselum  Jijcmale  Bory  St.   Vincent,  Voyag.   V.    a.  p.  loo.? 

Sa  tige  cannelée  et  un  peu  rude  au  toucher  est  haute  de  près  de 
trois  pieds  et  de  la  grosseur  d'une  plume  d'oie.  Ses  stries  el  ses 
dents  sont  à  peu  près  au  nombre  de  seize  dans  son  plus  grand 
développement.  Les  rameaux  assez  réguliers  et  un  ppu  divisés  ne 
vont  guères  au-delà  de  douze.  Ils  ont  sept  ou  huit  stries  et  autant 
de  dents  à  leurs  anneaux  :  les  principaux  sont  charge's  d'^épis  courts 
et  noirâtres.  Mais  ce  qui  distingue  surtout  cette  espèce,  ce  sont  ses 
belles  giiîiies  d'un  brun  clair  en  forme  de  fourreau,  de  huit  à  neuf 
lignes  de  long  et  terminées  par  des  dents  Irès-coiirles  et  noirjUres. 
Les  rollerelles  partielles  sont  tronquées  et  im  ]ipu  blanchâtres. 
CItaqi.ie  rameau  a  onze  ou  douze  articulations  dout  la  première  est 
fort  courte,    la  lige  principale  doit  en  avoir  autant. 

Celte  belle  espèce  a  été  trouvée  par  Des  Fontaines  en  Barbarie, 

Méin.  de  la  Suc.  de  Phys.  et  d'H.  nat.  T.  1.",  a.'  Part.  1 1 


OyO  UONOGRAPHIE    DES    PRELE?, 

dans  1p  royaume  de  Tunis,  au  pied  des  montagnes  de  Lowan.  Elle 
ressemble  pour  le  port  à  la  Prêle  gigantesque  de  Iluiiiboldl ,  mais 
elle  s'en  dislingue  par  ses  stries  moins  nombreuses  ,  et  par  ses 
gaînes    beauroup  plus    grandes ,  plus  lâches  et   colorées  en  brun. 

Les  glandes  diffèrent  aussi  de  celles  de  la  Prèle  gigantesque. 
Elles  sont  disposées  sur  deux  rangs  ,  comme  on  peut  le  voir  dans  la 
Fig.  a  de  la  Plane.  VI.  La  Prêle  gigantesque  a  au  contraire  trois 
rangs  de  glandes. 

Wildenow  assure  l'avoir  cueillie  près  de  Venise ,  sur  les  bords  des 
haies  humides  où  elle  croissoit  avec  ï^driindo  donax.  M.  Adolplie 
Bron^niarl  à  la  complaisance  duquel  je  dois  plusieurs  renseigne- 
mens  sur  le  genre  des  Prêles  ,  possède  la  même  espèce  trouvée  au 
Lido  sur  le  bord  de  la  mer.  Wildenow  ,  qui  la  décrit  sous  le  nom 
A'elongaltnn  ,  croit  qu'elle  est  la  même  que  Bory  Si  -Vincent  désigne 
sous  le  nom  ù'hremah  et  qu'il  a  rencontrée  dans  les  sables  de 
Bordeaux  et  dans  l'iie  Bourbon.  Quoiqu'il  en  soit,  celle  espèce 
est  assez  distincte  pour  qu'elle  ne  puisse  être  long-temps  confondue 
avec  les  autres. 

Plane.  VI.  Fig.  i .  Prêle  ramifiée. 

Fig.  2.  Epidémie  et  glandes  vues  au  microscope. 


Equisetiiin  gigaiiteimi.  Prêle  gigantesque. 

Equisetuin  caille  seinel  ramoso ,  denlihus  vaginainim  niemhrana- 
ceis,  caducis,  circiler  vicenis,  ramis  nunierosis,  plus  mimisve  régula- 
riler  disposilis  ,  hexagonis  aut  etlam  octogonis  spiciferis. 

Svn.  Eqniselum  ramosissimum  Wildenow. 

Enuiselum  giganteum.  Caule  striato  arborescente  ,  frondihus 
siinpUcibiis  ,   slriatis  spiciferis.  Linn.  La  Marck.  Dict. 

Equisetuin  altissimum  ramosum.  Plum.  Spec.  ii.  Icon.  120, 
fig.  2.  Selis  simplicissiinis  spiciferis  patentihus  ,  iiodosis. 

Equisetuin  ramosissimum  Humboldt  et  Bonpland. 

Equisetuin  Humholdtii.  La  IVIarck  ,  Dict. 


MONOGRAPHIE   DES   PRELES.  O7  1 

La  tige  s'élève  a  plus  de  cinq  pieds  :  elle  est  à  sa  base  de  la  gros- 
seur du  doigt ,  lisse  au  toucher  quoique  striée  ,  et  d'un  vert  cendré. 
Les  gaînes  ,  dans  leur  plus  grand  développement  ,  sont  blan- 
cliâtres,  terminées  par  vingt  dents  membraneuses,  transparentes  et 
caduques.  Les  pfemières  articulations  ne  contiennent  qu'un  petit 
nombre  de  rameaux  souvent  unilalùres  ,  mais  les  supérieures  en 
fournissent  à  peu  près  douze  qui  garnissent  uniformément  la  tige. 
Ils  vont  ensuite  en  diminuant  jusqu'au  près  du  sommet,  oîi  la  lige 
reste  simple  quoique  pourvue  encore  d'une  dizaine  de  dents  ou 
Stries.  Les  rameaux  partiels  sont  à  six  ,  sept  ou  huit  faces  ,  les  in- 
férieurs sont  allongés  ,  les  supérieurs  sont  plus  courts,  les  uns  et 
les  autres  portent  fréquemment  des  fleurs.  Leurs  gaînes  ,  ainsi  que 
celles  de  la  lige  principale,  n'ont  rien  de  remarquable;  elles  sont 
naédiocres  et  blanchâtres. 

Celte  belle  plante  habite  à  Saint-Domingue  où  elle  a  été  trouvée 
p'ar  M.  Berlers  qui  l'a  communiquée  à  M.  Balbis  ;  c'est  la 
même  que  Plumier  avait  recueillie  à  la  Jamaïque  et  h  la  Martinique, 
et  que  Humboldt  a  rapportée  dernièrement  des  Caraques.  Elle  ne 
ressemble  que  peu  à  la  Prèle  des  marais  à  laquelle  l'herbier  de  Banks 
paroît  la  rapporter.  Wildenow  la  décrit  deux  fois  ,  d'abord  sous  le 
nom  de  rainosissimum  et  ensuite  sous  celui  de  giganteutn.  Il  en 
est  de  même  du  Dictionnaire  de  La  Marck ,  qui  l'appelle  tantôt 
Prêle  gigantesque  et  tantôt  Prèle  de  Humboldt.  Mais  je  suis  convain- 
cu, par  l'inspection  des  échantillons  et  des  figures,  que  ces  dénomi- 
nations s'appliquent  toutes  à  la  même  espèce. 

Ses  glandes  sont  irrégulièrement  disposées  sur  trois  rangs. 

Plane.  VII.  Fig.    i .  Partie  Inférieure   de  la  lige  de  la  Prèle  gi- 
gantesque. 
Fig.   2.  Partie  supérieure. 
Fig.  3.  Epiderme  et  glandes  vues  au  microscope. 


572  MONOGRAPHIE    DES    rRELCS. 

Eqiilseliiin  Itinosum.  Prêle  des  limons. 

Equisehmi  caule  gtahro  ,fistuloso  ^  siriis  dent'ibusqiie  fere  qiia- 
tiiordeciin  ,   ramis  simplicibus  sœpiiis  ahorlivis. 

yl .  Equisetum  limosuin  polfsiacliioii.  Seringe ,  inéd, 

Syn.  Equisetum  nuclmn   lœvius.  Raj.   Synop.    i3i.   t.   5.  f.   2. 
Equisetum  limosum.   Wildeuow . 
Equisetum  JJui'iatilc.  Linnœi  herbar, 
Equisetum.  N.®   1677.    var.   fi.  Hall.    Stirp.  Helv. 
Equisetum  uliginosum.  Wild.  Muhlenb.  in  lilleris? 

Les  tiges  sont  fisluleuses,  lisses,  très-peu  consislanles  et  rayées  , 
d'environ  quatorze  stries.  Les  dcnis  sont  aiguës  ,  courtes ,  noi- 
râtres et  étroitement  appliquées  conire  la  tige.  Les  épis  avant 
leur  développement  sont  noirs ,  plus  courts  et  plus  compacts 
que  ceux  des  autres  espèces.  Tant  que  ces  épis  sulisistent  , 
les  tiges  sont  nues,  ou  du  moins  garnies  de  rameaux  courts  et 
comme  avortés,  mais  lorsqu'ils  sont  tombés,  les  rameaux  s'allon- 
gent et  donnent  à  la  plante  un  aspect  tout  différent.  Du  reste  ,  il 
n'y  a  point  d'espèce  qui  varie  autant  dans  le  nombre  et  l'étendue 
de  ses  rameaux  ;  quelquefois  tout  le  verlicille  se  développe,  quel- 
quefois une  partie  seulement  ou  un  seul  rameau,  et  l'on  distingue 
très-bien  sur  la  tige  les  points  où  les  avortemens  ont  lieu. 

Quelques  auteurs  ont  distingué  comme  variétés  les  deux  élats  ex- 
trêmes de  la  Prêle  des  limons.  Haller  réunit  cette  espèce  avec  celle  des 
marais  ,  sous  la  variété  /3.  Mais  nous  verrons  que  ces  deux  plantes 
sont  bien  distinctes  et  doivent  former  par  conséquent  deux  espèces. 

La  Prêle  des  limons  est  commune  dans  les  eaux  vives  ,  et  même 
un  peu  stagnantes  de  toute  l'Europe.  Elle  se  retrouve  dans  l'Amérique 
Septentrionale.  Sa  floraison  a  lieu  à  la  fin  du  printemps  ou  au  com- 
mencement de  l'été  dans  un  intervalle  de  peu  de  jours.  Les  racines 
sont  traçantes  et  forment  des  entrelacemens  si  multipliés  que  toutes 
les  tiges,  qui  paroissent  au  premier  coup-d'œil  séparées,  appar- 
tiennent probablement  à  la  même  plante. 


I 


MONOGRAPHIE    DES    PRELES.  07J 

La  variété  A.  polyslachion,  trouvée  par  M.  Seringa  ,  est  as.'^ez 
commune  aux  environs  de  Berne.  Elle  se  dlslingiie  de  l'espèce  prin- 
cipale par  ses  rameaux  supérieurs  chargés  d'épillets  fertiles  :  cette 
disposition  dos  rameaux  n'est  pas  pro|)re  h  la  Prèle  des  limons  ,  elle 
se  rencontre  bien  plus  fréquemment  dans  celle  des  marais. 

UEfjuisetiim  UUgiiiosum  ou  Prèle  des  tourbières  de  IMuldenberg, 
ne  diffère  point  de  notre  Prèle  des  limons  ,  quoique  Wildenow  et 
après  lui  Poiret  dans  le  Dicl.  Bot.  en  aient  fait  une  espèce.  Elle  a 
exactement  la  même  tige  ,  les  mêmes  gaînes  ,  les  mêmes  stries  et 
le  même  épi  ^  seulement  les  échantillons  que  j'ai  sous  les  yeux  ont 
été  cueillis  à  l'époque  oîi  la  plante  n'étoit  pas  encore  entièrement 
développée  ;  c'est  pourquoi  Wildenow  dit  qu'elle  n'a  que  quatre  ra- 
meaux ,  mais  on  aperçoit  les  rudimens  des  autres  qui ,  dans  leur 
complet  développement,  doivent  toujours  égaler  le  nombre  des  stries. 
Ces  rameaux  sont  tétragones  vers  le  sommet,  comme  cela  arrive  aussi 
h  ceux  de  la  Prêle  des  limons ,  ils  ont  huit  ou  dix  stries  quand  ils 
prennent  naissance  plus  près  de  la  racine. 

Schkuhr  qui  a  donné  une  bonne  figure  de  la  Prêle  des  limons  a 
bien  observé  les  stries  blanchâtres  qui  distinguent  ses  tiges,  mais  il  n'a 
pas  vu  les  pores  du  second  ordre  que  présente  la  coupe  horizontale. 
Linné  l'a  décrite  sous  le  nom  de  Fluviatile ,  et  elle  existe  sous  cette 
dénomination  dans  son  herbier  avec  la  phrase  suivante  :  Equi- 
setuin  caille  striato,  frondibus  siihsimplicihits .  Spec.  pi.  iSiy. 
Flor.  Lapp.  3g3.  La  Tehnaleya  est  dans  une  autre  feuille  ,  sous  le 
nom  de  Fluviatile ,  provenant  de  l'herbier  de  Miller.  Ces  détails 
m'ont  été  fournis  par  M.  De  CandoUe, 

Plane.  Vin.  Fig.    i.  Extrémité  supérieure    fructifère  de  la  Prêle 
des  limons. 
Fig.  2.  Tige  sans  fleurs. 
Fig.   3.  Variété  prolifère. 
Fig.  4-   Graines  avec  ou  sans  leurs  lames. 
Fig.  5.  Graines    dans    différens  degrés  de  dévelop- 
pement. 


Ôl-t  MONOGRAPHIE    DES    PRELES. 

Fig.  G.  Coupe  horizontale  avec  ses  deux  rangs  de 
tubes  observés  au  microscope  ,  ainsi  que 
les  graines. 

QUINZE    A    DIX-HUIT    DENTS. 

Eqiiisetiim  hvemale.  Prêle  d'hiver. 

Efjitiselimi  caule  suhniido  ,  scabro ,  Jlsluloso ,  stiiis  et  djiitihiis 
fere  oclochcim  ,  dentihus pilosis  aut  evanidis. 

Syn.  Equisetum  hyeinale  Linn.  et  omnium  fere  aiiclonim. 
Eqitisetuin  Joins  nuduin  ,  raniosum.  Bauh.    Pin.  16. 

La  lige  est  composée  de  douze  ou  treize  articulations  ordinaire- 
ment nues,  et  qui  ne  donnent  jamais  naissance  qu'à  quelques  ra- 
meaux épars.  Les  gaines  sont  serrées  et  terminées  par  quinze  à  dix- 
Imil  dents  ,  tronquées  au  sommet  où  elles  se  terminent  souvent  par 
un  simple  poil  qui  tombe  en  se  flétrissant.  Le  milieu  de  la  gaine  est 
ordinairement  teint  en  blanc  lavé  de  rouge  ,  tandis  que  les  deu.x 
extrémités  sont  noirâtres,  ce  qui  sert  à  distinguer  assez  bien  cette 
espèce ,    dont  la  couleur  est  d'ailleurs  un  peu  glauque. 

La  lige  est  rude  au  loucher  ,  et  la  loupe  y  découvre  des  aspé- 
rités nombreuses.  Les  sommités  sont  souvent  stériles  par  avorle- 
ment ,  souvent  aussi  elles  se  terminent  par  un  épi  noir  et  compact , 
enveloppé  dans  sa  gaîne  et  entouré  d'épis  plus  courts,  qui  donnent 
à  la  plante  l'apparence  d'un  Schoin. 

Colle  Prèle  a  un  port  très-différent  de  toutes  ses  congénères  : 
elle  s'élève  jusqu'à  deux  pieds  et  fleurit  au  milieu  du  printemps  après 
les  Prèles  à  hampe.  Elle  croit  dans  les  forêts  humides,  où  elle  ré- 
siste à  nos  hivers,  par  sa  plus  grande  consistance.  Elle  est  employée 
de  préférence  à  polir  les  bois  et  les  métaux.  L'analyse  chimique 
a  démontré  qu'elle  contenoit  de  la  silice. 

On  la  trouve  dans  les  deux  Continents  :  elle  a  été  recueillie  dans 
l'Amérique  méridionale,  par  Fraser,  et  dans  les  Etats- unis  ,  par 
plusieurs  Botanistes  Anglo-Axnéricains. 


MONOGHAPHIE    DES    PRELES.  Cfjît 

On   pourroit  quelquefois  la  confonflre  avec  la  Prèle  mulliforzne 
rameuse,   ruais  on  l'eu  distinguera  toujours  par  lus  teinles  variées 
de  ses  gaines  ,  la  grandeur  de  ses  dimensions  et  sa  consistance. 
Ses  glandes  sont  sur  deux  rangs  et  un  peu  trapézoïdes. 

Plane.  IX.  Fig.   i.  Prèle  d'hiver  dans  tout  son  développement. 
Fig.   2.  Tige  sans  épi. 
Fig.  5.  Section  horizontale  avec  ses  deux  rangs  de 

tubes. 
Fig.  4'  Glandes  sur  deux  rangs  vues  au  microscope. 
Fig.   5.  Pores  corticaux. 


Ef/m'setiim  Burchellii  Prêle  de  Burchell. 

Ecjiiisetum  cauïibus  fere  simpUcibns  ,  striis  duodenis  ,   vaginis 
sekiceis  ,  spicâ  ovatd ,  compacta ,  cinered. 

Syn.  Eciulselum  BwxlieUii.  Burchell.  Cat.  Plant.  Africœ  ex- 
tratropicœ. 

La  tige  principale  est  haute  d'un  ou  deux  pieds ,  pourvue  de 
quelques  rameaux  courts  irréguliers  et  souvent  prolifères  :  elle  se 
compose  d'une  douzaine  d'articulations,  et  porte  à  son  sommet  un 
épi  compact  ,  cendré ,  ovale  ,  d'environ  neuf  lignes  de  longueur  , 
et  dont  les  écailles  sont  marquées  d'une  tache  noire  :  celte  der- 
nière circonstance  est  peut-être  accidentelle  et  dépend  de  l'î^ge  de 
la  plante.  On  compte  une  douzaine  de  slries  sur  la  tige  principale 
et  un  peu  plus  de  la  moitié  sur  les  rameaux  dont  les  inférieurs 
quoiqu'assez  conrts,  comme  je  l'ai  dit  plus  haut ,  sont  quelquefois 
terminés  par  des  épis.  Toute  la  plante  présente  un  aspect  irrégulicr, 
sa  couleur  est  cendrée,  et  sa  consistance  assez  grande.  Ses  gaines 
sont  médiocres,  et  ses  dents  aiguës  et  transparentes. 

Celte  espèce  différente,  au  premier  coup-d'œil,  de  toutes  les 
autres  a  été  trouvée  par  Burchell  dans  l'Afrique  méridionale  ,  au- 
dclh  du  Tropique  et  prohahlement  proche  du  Cap  :   elle  appartient 


SyS  MONOGRAPHIE    DES    PRELES. 

au  groupe  des  mulliformes  dont  elle  diffère  cependant  à  plusieurs 


égards. 


Les  glandes  sont  sur  trois  rangs ,  mais   les  rameaux  n'ont  quel- 
quefois que  deux  rangs. 

Plane.  X.  Fig.   i.  Prèle  de  Burchell. 

Fig.   2.   Glandes  grossies  de  la  Prêle  de  Burchell. 


Equisetum  Tiniorianiim.  Prêle  de  Timor. 

Equisetum  caulihus  numerosis  scahriuscidis  ferme  midis,  striis 
fere   duodenis  ,   t-'oginis  adultis  tnincatis. 

Syn.  Equisetum  de  Timor.  Musée  de  Paris  1821. 

Les  tiges  de  deux  ou  trois  lignes  de  diamètre  s'élèvent  au-delà 
de  deux  pieds.  Elles  sortent  de  la  racine,  ou  des  premiers  verlicilles; 
elles  sont  peu  consistantes  et  fortement  marquées  de  dix  à  douze  sil- 
lons. Les  rameaux  très-peu  nombreux  partent  irrégulièrement  des 
différens  verliuilles  ,  et  atteignent  la  hauteur  des  tiges  principales. 
Ils  ont  des  stries  un  peu  moins  nombreuses  et  des  gaînes  mé- 
diocres ,  blanchâtres  et  tronquées.  Toute  la  plante  est  d'un  gris 
cendré  et  un  peu  noirâtre.  Elle  porte  svirement  des  épis  ,  mais  l'é- 
chantillon que  j'ai  sous  les  yeux  en  est  dépourvu. 

Cette  espèce  est  voisine  des  Prêles  mulliformes;  mais  elle  en  diffère 
par  la  mollesse  de  ses  tiges ,  par  ses  gaînes  ,  par  sa  grandeur,  et  en 
général  par  son  port  ;  ses  glandes  sont  sur  deux  rangs. 

Elle  existe  dans  l'herbier  du  Musée  d'Histoire  Naturelle  de  Paris, 
sans  fructification  quelconque  ,  et  elle  est  indiquée  comme  une  es- 
pèce nouvelle  venant  de  Timor.  M.  Ad.  Brongniart  soupçonne  que 
cette  espèce  est  la  même  que  l'on  trouve  dans  l'herbier  de  Burmann 
accompagnée  du  nom  de  Japan.  Il  sera  aisé  de  vérifier  cette  con- 
jecture. 

Plane.  X.    Fig.  3.  Prêle  de  Timor. 

Fig.  4.  Glandes  grossies  sur  deux  rang». 


MONOGRAPHIE    DES    PRELES.  ^77 

Ef/iit'sehim  stipulaceum.  Prêle  stipulacée. 

Eqiiisetimi  caulibiis  ramosis  ,  angulatis ,  denlibiis  sex  sphacelalis 
fiiscis  ;  spicis  ovaio  elotigalls,  stipulaceis. 

Les  tiges  qui  s'élèvent  jusqu'à  un  pied  parlent  des  difff^rentes  ar- 
ticulations de  la  racine  ;  elles  sont  amincies  ,  peu  consislanies ,  sil- 
lonnées de  six  ou  sept  siries  profondes ,  et  elles  émettent  irrégulière- 
ment quelques  rameaux  stériles.  Les  gaines  sont  roussàlrcs  ,  mé- 
diocres ,  pourvues  de  six  ou  sept  dents  caduques;  les  épis  terminent 
les  liges  principales;  ils  sont  d'un  brun  foncé  ,  ovales  ,  allongés 
et  enveloppés  en  partie  par  les  dents  allongées  de  la  gaîne  sur  la- 
quelle ils  reposent ,  et  c|ul  prend  alors  la  forme  d'un  calice  mem- 
braneux. 

Cette  espèce  de  Prêle  a  été  rapportée  du  Pérou  par  Dombey  ,  et 
m'a  été  communiquée  par  des  Fontaines.  Elle  a  beaucoup  de  rap- 
port avec  la  Prêle  des  marais  par  sa  consistance  ,  sa  forme  an- 
guleuse, le  nombre  de  ses  stries  et  la  disposition  de  ses  glandes; 
mais  elle  en  diffère  par  ses  épis  plus  allongés,  enveloppés  de  gaîues 
dont  les  dents  prolongées  forment  une  espèce  de  calice ,  et  surtout 
par  le  mode  de  son  développement.  La  Prêle  des  marais  est  une 
espèce  régulière  qui  émet  à  chaque  articulation  des  rameaux  ei» 
nombre  presqu'égal  aux  dents  de  ses  gaînes  ;  tandis  que  les  liges 
delà  Prêle  stipulacée,  sont  à  peu  près  nues,  au  moins  dans  la 
partie  supérieure. 

Cette  plante  se  trouve  dans  llierbier  du  IMusée  d'Histoire  Na- 
turelle de  Paris  ,  avec  la  désignation  de  celui  qui  l'a  fait  connoîlre. 
Elle  y  porte  les  deux  noms  à^ Ecjuhelimi Jlimalde .  L.  ^iHi'Equisetum 
giganteum  L.  qui  ne  lui  conviennent  nullement ,  comme  on  peut 
le  voir  p.ar  les  descriptions  de  ces  espèces,  et  l'inspection  des  figures. 
Elle  ressf^mbleroil  bien  plus  ,  comme  je  l'ai  dit  plus  haut,  ^i  la  Prêle 
des  marais  ,  ou  comme  le  pense  M.  Adolphe  Brongniart  à  la  Prêle 
rameuse  de  De  Candolle  ,  dont  elle  a  un  peu  le  port.  Mais  la  dif- 

Mém.  de  la  Soc.  de  Phjrg.  et  d'H.  nat.  T.  \" ,  a.'  Pan.  12 


SyS  MONOGRAPHfE    DES    PUELES. 

f'érence  des  pairies  et  les  caractères  que  j'ai  donnés  suffisent  pour 
l'en  distinguer. 

La  Prêle  rameuse  de  De  Candolle  est  une  variété  de  la  Prèle  mulr- 
tiforme. 

Les  glandes  de  la  Prêle  stipulacée  sont  sur  plusieurs  rangs. 

Plane.  XI.  Fig.   i.  Prêle  stipulacée. 

Fig.   2.  Glandes  grossies  de  la  Prèle  stipulacée. 


Equiseliim  Pannonicxnn.  Prèle  de  Hongrie. 

Etpiisctiiin  caiiJibus  subsimplicihus  ,  glahrhisculis  ,  ramis  hexa- 
goiiis  ,  solilariîs ,  cagihariini  dentibiis  obtiisis  ,  spica  lerminali. 
Wiil<Ienow  Spec.  plant. 

Syn.  Equisetum  Pannoniciim  Waldstein  et  Kitaib.  T.  2. 
Equisetutn  Pannonicwn  Willdenow. 

La  lige  s'élève  jusqu'à  un  pied,  elle  est  nue,  ou  pourvue  d'un 
petit  nombre  de  rameaux  qui  partent  des  verlicilles  inférieurs.  Ces 
rameaux  courts  sont  hexagones  ou  heptagones  ,  les  gaines  sont  ter- 
minées par  des  dents  lancéolées  ,  noiriilres  et  un  peu  obtuses. 

Celle  espèce  a  été  trouvée  par  Waldstein  et  Kilaibel ,  dans  les 
marais  de  la  Hongrie  :  elle  ressemble  à  la  Prèle  des  marais  par 
le  lieu  de  son  habitation  et  son  orsanisation  générale;  elle  en  dif- 
fère  selon  les  auteurs  par  sa  lige  non  sillonnée  et  beaucoup  plus 
nue.  Mais  ces  différences  ,  et  surtout  la  seconde  sont  peu  mipor- 
lanles,  parce  que  la  Prèle  des  marais  présente  toutes  les  appa- 
rences intermédiaires  entre  les  lises  nues  ,  et  les  ti^es  verlicillées. 
Je  ne  liens  compte  ni  de  la  forme  ni  de  la  couleur  des  dents  des 
gaîues  qui  varient  tout  à  fait  selon  l'âge  de  la  plante. 

Je  la  regarde  donc  ,  ainsi  que  la  précédente,  comme  Irès-voisîne 
de  la  Prèle  des  marais  ;  je  la  recommande  aux  Botanisles ,  pour 
qu'ils  en  observent  les  glandes,  el  qu'ils  l'examinent  de  plus  jirès  dans 
un  grand  nombre  d'exemplaires.  Je  ne  l'ai  pas  fait  graver,  parce 


MONOGRAPHIE    DES    PRELES.  ^79 

que    je  n'ai  pas  pu  me   la  procurer,   quanti  je   l'aurai  observée, 
je  jugerai  si  elle  est  une  véritable  espèce. 


l 


Eqitisettnn  iindlijorme.    Prèle  Mulliforme. 

E(]iiisetinn  cniiHhiis  minierosis  ,  striatis  ,  glahiuscvlis  ,  siilcaùs, 
apice  spicifeiis  ,  rainis  paucioribus  irregidariler  disposkh,  vaginis 
plus  miiius've  sphaceUilis  ,  oclonls. 

Synon.  Ecpiiselinn   i'arie :^aUim ,  Schleich.   Cat.  pi.  lielvet. 

Ecpiisetwn  /ï7j/?e,Hoppe  Exs. 

Eqiiisefiim  s/ipidaceiim ,  Sclileicli.  inédite. 

EqidselLiin  cavipanulaliiin  ,  FI.   Fr. 

Eqiiisetum  ramosiim ,  Schleicli.  De  CanrloUe  Sup.  à  la  FI.  Fr. 

Equisetwn  jiudiim  minus  variegatuinbasdeense,  C.  Bauh.  Pin.  16. 

E<juiselum  asperrimiun  Dickson.  ' 

Celte  espèce  est  celle  dont  la  sj'nonymie  est  la  plus  difficile, 
parce  que  la  plupart  des  auteurs  lui  ont  donné  des  noms  différens, 
et  que  quelques-uns  en  ont  fait  deux  ou  même  trois  espèces,  d'a- 
j)rès  les   apparences  variées  que  présente  son  port. 

En  général,  ses  tiges  sont  nombreuses,  sillonnées  de  luiil  ou 
neuf  aréles  ,  minces  ,  dures  ,  nues  ou  chargées  d'un  petit  nombre 
dé  rameaux  simples  et  disposés  irrégulièrement;  les  gaîues  sont 
petites  ,  serrées  ,  munies  de  dents  qui  tombent  aisément.  On  aper- 
çoit à  la  loupe  les  aspérités  qui  couvrent  les  liges  et  les  ra- 
meaux:.   Elle  comprend   cin(j   variétés. 

a.  Eq tnsetuin  inuldformc  variegatum.  Prèle  mulliforme  panachée. 

.  Celte  ])remière  variété  est  la  Prélepanachée  (^variegatum)  des 
auteurs.  iSes  tiges  .'Oiil  hautes  de  huit  à  douze  pf)uces  ,  .souvent  ter- 
minée.'; par  un  épi  cous  t,  et  constamment  remarquables  par  h  urs 
gaines  noires  couronnées  de  dent."  blanches  ;  elle  croît  sur  les  sables 
-   des  rivières  et  dans  les  lieux  secs.  C'est  celle   de  C.    Bauiiin. 

P     Equiseliiin  mulliforme  ravinsvm.  Prèle  midiiforme  ranieusp. 
Cette  seconde  variété  est  peu  connue  des  Cotanislcs  quoiqu'elle  soit 


38 O  MONOGRAPHIE    DES    PnÊLES. 

assez  répandue  ;  elle  émet  de  sa  racine  plusieurs  liges  courtes  sembla 
blés  à  celles  de  la  variété  adonlles  gaines  sont  plus  ou  moins  noirâtres; 
mais  on  y  observe  encore  une  ou  plusieurs  tiges  principales  ,  qui 
peuvent  s'élever  jusqu'à  trois  pieds  et  qui  sont  terminées  par  un  épi 
plus  grand  que  celui  de  la  variété  a.  Les  gaines  sont  amples, 
assez  lâches ,  blanclies  ou  brunes  ,  mais  rarement  noires  ;  les 
rameaux  sont  assez  nombreux  ,  plus  ou  moins  réguliers  ,  et  quel- 
quefois prolifères.  Cette  variété  ,6  se  trouve  souvent  réunie  à  la 
première  ,  et  l'on  peut  facilement  observer  des  échantillons  qui  pré- 
sentent toutes  les  nuances  intermédiaires.  Ordinairement  la  Prêle 
rameuse  se  rencontre  dans  des  terrains  plus  riches  et  plus  favorables 
à  la  végétation. 

y.  Equisetum  mullifonne  paleaceiim.  Vrèle  mxûli^oTine  paléacée. 

Cette  troisième  variété,  est  beaucoup  plus  ramifiée  que  la  précé- 
dente ,  ses  gaînes  sont  aussi  plus  sèches  et  plus  agrandies ,  elle  est 
indiquée  par  Schleicher  comme  croissant  sur  des  rochers  oii  elle 
s'élève  jusqu'à  deux  pieds  ,  sa  couleur  est  d'un  vert  cendré  ,  elle 
est  sèche  et  dure  dans  toutes  ses  parties.  Les  gaînes  de  ses  tiges 
et  de  SCS  rameaux  sont  blanchâtres. 

<^.  Equùetitm  mulllfo/me  tenue.  Prèle  multiforme  amincie. 

Celte  quatrième  variété  ressemble  en  tout  à  la  première ,  ex- 
cepté dans  ses  gaînes  qui  ne  sont  pas  teintes  en  noir  ;  ce  qui  dépeud 
ou  de  l'Age  ou  de  quelques  circonstances  accidentelles. 

t.  Equisetiiin  mullifonne  campanulaliim.  Prèle  multiforme 
campanulée, 

Cette  cinquième  variété  (^campanulatum  de  Poiret)  est  sem- 
blable h  l'amincie  ;  mais  ses  gaînes  sont  plus  lâches  et  comme 
campanulces.  L'épi  est  souvent  porté  sur  un  court  pédoncule  ,  qui 
semble  sortir  de  sa  gaîne  comme  d'un  godet  :  sa  lige  ,  ou  ses  tiges 
principales  sont  remarquables  par  leur  couleur  cendrée,  et  leurs 
sillons  profonds. 


MONOGRAPHIE    BES   PRELES.  38l 

Toutes  ces  variétés  jiassent  constamment  des  unes  dans  les  autres; 
elles  ont  les  ra^mes  glandes  ,  le  même  nombre  de  stries  ,  leur  con- 
sistance est  sèche  et  dure,  leurs  tiges  sont  filiformes,  et  les  épis 
qui  les  terminent  sont  toujours  courts  et  lancéolés. 

Elles  sont  répandues  dans  les  diverses  parties  de  l'Europe,  comme 
les  autres  espèces  des  anciens  Botanistes;  jusqu'à  présent  il  ne  paroît 
pas  qu'elles  aient  été  retrouvées  ni  en  Asie  ,  ni  en  Afrique ,  ni 
dans  l'Amérique  méridionale. 

Voici  la  S)  nonymie  des  variétés. 
Première  variété.  Equisetuin  multiforme  l'ariegatum- 
Syn.  Efjuisetum  cariegatum  Wildenovv,  Scbleicher,  De  Candolle, 
La  Marck ,  Dict. 

E(juisetum  nudiiin  variegalum  hasileense  Bauh.  prodr,  24. 

Deuxième  variété.  Ee/uisetum  mulùfonne  rainosum. 

Syn.  Equisetutn.  N.°   1679.    T^ar.  a.  Haller , 

Troisième  variété.  Equiselinn  multiforme  paleaceum. 

Syn.  Equisetutn  paleaceum,  Schleicli,   inédit.  Helvet. 

Quatrième  variété.  Equisetum  multiforme  tenue. 

Syn.  Equisetutn  tenue,  Hopp.  e.\s. 

Equisetutn  ramosum.  De  Cand. 

Cinquième  variété.  Equisetutn  multiforme  campanulatum. 

Syn.  Equisetutn  campanulatum.  Dict.  La  M.  Supp. 

Plan.  XII.  Fig.   1 .   Prèle  multiforme  variée. 

Fig.   2.  Glandes   grossies    de    la    Prêle   multiforme 

variée. 
Fig.  3.  Prêle  multiforme  canipanulée. 
Fig.  4-  Glandes   grossies    de    la   Prêle    multiforme 
campanulée. 


MONOGRAPHIE    DES    PRELES, 

Equiseluni  incaniun.  Prèle  blanchâtre. 

Ecpiisetinri  caitlibiis  filifonuibiis ,  itwanis  ,])i-ofunde  mlcalis,  âen- 
t'ihus  septenis  oclonisve ,  raviis  paucioribiis  ,  inegularitcr  dispositis , 
dentihiis  fpiinis ,  seai-iosis  caducis ,  vaginulismediocrihus. 

Syn.  Equisetiim  ramosissimiim.  Grande  Canarie.  Christ.  Smith, 
publié  par  de  Buch. 

Ses  tiges  sont  minces,  allongées  ,  bianrliâlres  ,  douces  au  loucher, 
et  marquées  de  sillons  profonds.  Elles  atteignent  la  hauteur  de  huit 
ou  dis  pouces  dans  l'échantillon  que  j'ai  sous  les  yeux  ,  et  sont  ir- 
régulièrement ramifiées.  Le.s  gaîncs  de  la  tige  n'ont  que  sept  ou 
huit  dents  ,  et  celles  des  rameaux  quatre  ou  cinq.  Les  sommités 
des  tiges  portent  sûrement  des  épis  ,  mais  la  plante  que  j'ai  sous 
les  yeux  en  est  entièrement  dépourvue. 

Celte  espèce  a  un  très-grand  rapport  avec  la  Prêle  multiforme 
et  en  particulier  avec  la  variété  /3  ,  mais  comme  elle  n'a  pas 
été  recueillie  en  Europe,  et  qu'elle  en  diffère  à  certains  égards, 
j'ai  préféré  de  l'en  séparer.  Je  ne  sais  pas  ]>ourquoi  elle  a  été  dé- 
signée sous  le  nom  de  ramosisslminn  par  les  premiers  Botanistes 
qui  l'ont  cueillie  ,  car  elle  n'a  de  ressemblance  ni  avec  la  plante  de 
Des  Fontaines,  ni  avec  celle  de  Humboldt ,  ni  avec  celle  de  Wil- 
denow.  Je  l'ai  désignée  sous  le  nom  A'incanum  ,  pour  éviter  une 
plus  grande  confusion   dans  la  synonymie. 

Ses  glandes  sont  ovales,  sur  deux  rangs, ordinairement  simples. 

Plane.  XIII.  Fig.   i.  Prêle  blanchâtre. 

Fig.   2.   Glandes  grossies  de  la  Prêle  blanchâtre. 


Ef/uise/imi  eloitoa'init.   Prèle  allongée. 

Eijuiseliiin  caiilibiis  sex  sulcaiis  ,  scabriiiscidis,  rantispaucioribus 
ureguîariler  disposilis ,  elongalis,  ^'aginis  mediocribus,  denlibun  dia- 
phauis  aristatis ,  caducis. 

Syn.  Erjuiselum  elongatuin.  Wildenow- 


MONOGRAPHIE    DES    PRELES.  383 

Equisehmi  Jiycinale.  Bory  St. -Vincent. 

Exclus.  Syn.  Equiseii ramosissitiii.  Des  F.  FI.  Ail.  V.  2.  p.  5g8. 

Les  tiges  sont  iiaules  de  deux  ou  trois  pieds,  grêles  et  peu  consis- 
tantes ,  h  huit  ou  neuf  sillons  dans  leur  plus  grand  développement. 
Elles  sont  sini[)les,ou  bien  elles  émettent,  dans  tjuelcpies-unes  de  leurs 
articulations  ,  un,  deux  ou  trois  rameaux  qui  varient  beaucoup  dans 
leur  grandeur  ;  les  uns  ne  comprennent  que  deux  ou  trois  vorli- 
cllles ,  tandis  que  les  autres  atteignent  presque  la  longueur  de  la 
tige  ;  quelquefois  ceux  qui  partent  de  la  base  sont  divisés.  Toute 
la  planle  est  assez  douce  au  louclier  ,  ses  racines  sont  profondes  , 
sa  couleur  ,  quand  elle  est  desséchée,  est  d'un  gris  sale,  et  ses  gaines 
ont  la  même  teinte  ;  elle  perd  irrégulièrement  ses  dents  transpa- 
rentes et  aiguiîs.  Les  épis  qui  terminent  les  tiges  ,  et  sans  doute 
quelquefois  les  rameaux  principaux,  sont  courts  et  n'ont  rien  de  re- 
marquable. 

Celte  espèce  a  été  cueillie  par  Bory  St. -Vincent  dans  les  lieux 
humides  et  marécageux  des  îles  Maurice  et  Bourbon.  Il  l'a  dé- 
signée mal-à-propos  sous  le  nom  de  Prêle  d'hiver  ,  car  elle  n'a 
point  de  rapport  avec  cette  espèce.  Wddenow  essaie  d'y  rapporter 
VEqiiiselwn  rainosissnninn  de  Des  Fontaines  ,  FI.  Atl.  V.  2.  p.  3y8, 
qui  en  diffère  beaucoup.  Il  croit  aussi  l'avoir  cueillie  sans  frutlifi- 
cation  dans  les  haies  humides  des  environs  de  Venise  ;  et  l'avoir 
reçue  des  sables  de  Bordeaux  ,  par  Bory  St- Vincent. 

Elle  est  mentionnée  dans  l'herbier  du  Musée  de  Paris  comme 
ayant  été  trouvée  dans  l'île  Bourbon,  par  Perrolet  et  Commerson. 
On  peut  la  confondre  avec  les  variétés  de  la  Prêle  mullifomie  ,  mais 
elle  en  diffère  essentiellement  par  la  forme  et  la  disposition  de  ses 
glandes  ,  qu'on  trouvera  représentées  dans  les  figures.  Comme 
celte  forme  de  glandes  doubles  ne  m'a  paru  appartenir  jusqu'à  pré- 
sent à  aucune  espèce  d'Europe  ,  je  ne  puis  croire  encore  que  la  Prêle 
cueillie  à  Venise  par  Wildenow  ,  et  à  Bordeaux  par  Bory  Saint- 
Viucenl  lui-même  ,  se  rapporte  à  notre  Prêle  allongée. 


384  MONOGRAPHIE    DES   PRELES. 

Je  vois  que  la  même  remarque  a  déjà  été  faite  par  M.  De  Canrlolle. 
Les  glandes  sont  placées  sur  deux  rangs  et  ordinairement  doubles. 


Plan.  XIII.  Fig.  3.  PrAIe  allongée. 


Fig.  4-   Glandes  grossies  de  la  Frêle  allongée. 


Equiseliint  Bogoleitse.   Prêle  de  Bogota. 

Ecjuiseliau  caulibiis  cœspilosis  ,  siinplicibiis  ,  ti'ansi'ersim  imdu- 
latis  ,  glahvis  monoslachyis ,  caginis  Iaxis  <juadridentatis ,  dentibus 
acuminato-suhulatis ,   apice  sphacelatis. 

Sj'n.   Equiseliini   Bogofense.  Wildenow. 

Efjiiiselum  Bogotense.  Runth  in  Humb.  et  Bonpl.  Nova  gênera 
et  Spec  j  P.  I.  p.  42. 

Ses  racines  sont  rameuses  et  rampantes  ;  elles  produisent  plu- 
sieurs tiges  simples  réunies  en  gazon  ,  droites  quadrangulaires  ,  gla- 
bres, ondulées  transversalement,  terminées  par  un  seul  épi ,  longues 
de  quatre  à  huit  pouces  ,  les  enirenœuds  ont  six  à  neuf  ligues, 
les  gaînes  sont  cannelées,  lâches  à  leur  sommet,  à  quatre  dents 
subulées ,  membraneuses,  diaphanes  ,  droites  et  un  peu  sphacélées  , 
les  épis  sont  obiongs  ,  cylindriques  et  longs  d'un  demi-pouce. 

Cette  espèce  qui  croit  le  long  des  chemins,  à  la  Nouvelle  Grenade, 
proche  de  Santa-Fé  de  Bogota,  et  proche  d'Alto  del  Roble,  dans  des 
bois  de  ch^ne,  paroit  fort  distincte  de  toutes  les  autres  par  ses  tiges 
quadrangulaires  et  ondulées  transversalement.  Humboldl  qui  l'a 
cueillie  ,  la  considère  comme  voisine  de  la  Prêle  multiforme  variée, 
mais  les  deux  caractères  que  j'ai  indiqués  l'en  séparent  suffisam- 
ment :  c-lle  lui  ressemble  du  reste  un  peu  par  le  port. 

Je  n'ai  pas  pu  jusqu'à  présent  me  la  procurer  ,  elle  ne  se  trouve 
encore  que  dans  l'herbier  du  célèbre  Botaniste  qui  la  trouvée  ;  je 
neconnoi  s  point  ses  glandes. 


MONOGRAPHIE    DES    PRELES.  585 

Equisetiim  scirpoides.  Prêle  sétacée. 

Equisetum  ccudibus  numerosis ,  gîabris ,  attenuatis ,  suhlorluosis , 
iuh  lente  muricatis,  sulcatis  strils  sex  ;  ramis  nonnullis  irregulariter 
disposifi's  ;  vaginis fiiscis  tridentatis  interdum  quadridentatis  ;  spicis 
terminalibus  ,   brevissimis  ,  nigricanlibiis. 

Syn.  Equisetum  scirpoides.  Wildenow. 

Equisetum  caulibus  simplicibus,  selaceis  ;  cagijiis  triseiis;  capitula 
hrevissimo,  nigricante.  Mich.  Amer.  281.  V.  2.  Purshs.  FI.  Bor. 
Amer.  2.  p.  652. 

Excl.  Syn.  Equisetum  reptans.  Svvarlz.  in  lilt.  ? 

Ses  tiges  sont  nombreuses  ,  grêles  ,  très-amincies ,  douces  au 
toucher  et  fortement  chagrinées  à  la  loupe  ,  elles  s'élèvent  à  peine 
de  cinq  à  six  pouces  ,  en  donnant  naissance  à  quelques  rameaux 
irrégulièrement  disposés  ,  et  quelquefois  terminés  comme  la  tige  par 
de  petits  épis  noirâtres.  Sa  couleur  est  d'un  vert  plus  ou  moins  foncé  , 
selon  l'époque  où  elle  a  été  cueillie.  Ce  qu'elle  présente  de  très- 
remarquable  ,  c'est  le  nombre  des  dents  de  ses  gaines  qui  n'est  que 
la  moitié  de  celui  des  stries.  Elle  a  six  ou  huit  sillons  et  trois  ou 
quatre  dents ,  ordinairement  trois.  Dans  toutes  les  autres  Prêles  le 
nombre  des  dents  est  toujours  égal  à  celui  des  stries  ;  ici  il  est  sous- 
double  ;  on  voit  assez  bien  la  réunion  des  deux  stries  qui  forment 
une   seule  dent. 

La  Prêle  télacée  diffère  de  toutes  les  autres  par  son  port  qui 
ressemble  à  celui  d'un  Scirpe  ,  et  par  les  trois  dénis  de  ses 
gaines.  Elle  a  éié  cueillie  par  Michaux  dans  les  forêts  du  Ca- 
nada ,  et  elle  a  encore  été  décrite  par  Purshs.  dans  sa  Flor.  Am.  2. 
p.  652.  J'en  ai  sous  les  yeux  deux  échanlilloiis  ,  l'un  de  Michaux 
qui  m'a  été  communiqué  par  M.  Des  Fontaines  ,  et  l'autre  de 
l'herbier  Lambert  que  j'ai  reçu  de  M.  De  Candijlle  Ils  se  rap- 
porlcnt  évidemment  à  la  même  plante. 

J'en  exclus,  j usqu'à présent,  rjE^MMC/w/n  repians  de  Swarlz  qui 
Mém.  de  la  Suc.  de  Phys.  et  d'H.  nat.  T.  1.",  a.'  Pari,  i  3 


586  MONOGRAPHIE    DES   PRELES, 

a  été  trouvé  en  Suède  ,  parce  que  la  même  plante  n'habite  guèrcs 
les  deux  Contiuens.  Cet  Equisetiun  reptans  est  peut-être  VEqui- 
sefiim  arvcnse  que  j'ai  souvent  trouvé  sous  la  forme  d'une  petite 
Prêle  rampante  avec  des  rameaux  trigones,  mais  dépourvus  d'épi. 

La  Prèle  sétacée  a  deux  rangs  de  glandes  comme  la  Prêle  niuK 
tiforme  et  la  Prêle  d'hiver. 

Flanc.  XI.  Fig.  3.  Prêle  sétacée. 

Fig.  4-  Glandes  grossies  de  la  Prêle  sétacée. 


Equiselujn  reptans.   Prêle  rampante. 

Equiseluin  multicaule  ;  caulibus  procianhentihus ,  fîlifonnibus 
nudis,  scahris,  ietragonis;  vaginaruin  dentibus  setaceis ,  nigris.  Des- 
crips.  ex  Walh. 

Equisetuni   replans.  Swartz  in  litfer. 

Equisetum  reptans.  Walhenberg.  Roth.  Germ.  5.  6.  Ehrh.  Beilr. 
3.  p.  jj. 

Cette  espèce  est,  dit  Walhenberg ,  la  plus  petite  de  tout  le  genre. 
Ses  racines  qui  s'étendent  beaucoup  sur  la  terre  et  sous  la  terre  émet- 
tent des  tiges  qui  se  ramifient  plusieurs  fois.  Elles  sont  fort  minces, 
rudes  au  loucher,  à  quatre  sillons  et  à  quatre  angles.  Les  gaines 
sont  noires  ,  les  dents  sétacées  et  persistantes.  L'épi  est  sessile , 
presque  enfermé  dans  sa  gaîne  ,  de  moitié  plus  épais  que  la  tige  qui 
le  porte  ,  et  remarquable  par  ses  écailles  qui  sont  noires. 

Cette  plante  a  ,  dit-on  ,  été  trouvée  dans  le  Groenland,  et  dans  les 
forêts  subalpines  de  la  Prusse  et  de  la  Suède.  Walhenberg  dit 
qu'on  la  rencontre  fréquemment  dans  le  Norlland  et  quelquefois  dans 
les  Alpes  de  la  Botnie.  Il  ajoute  que  ses  liges  filiformes  et  un  peu 
clandestines  empêchent  de  la  distinguer. 

Wildenow  l'a  confondue  avec  la  Prêle  sétacée  de  Michaux,  dont 
elle  diffère  cependant  par  ses  tiges  quadrangulaires  et  ses  gaînes  à 
quatre  dents.  D'ailleurs  elle   n'a    encore  été  reconnue  qu'en  Eu- 


MONOGRAPHIE    DES    PRELES.  SSy 

Pope ,  tandis  que  celle  de  Michaux  habite  l'Amérique  septentrionale. 
Du  reste,  je  n'ai  pas  pu,  jusqu'à  présent,  me  la  procurer.  Elle  se  trouve 
dans  l'herbier  de  M.  B.Delessert,  comme  une  nouvelle  espèce  en- 
voyée par  Swariz  et  cueillie  dans  la  Laponie. 

,  Equisetum  débile.  Prèle  penchée. 
E(juisetuni  caulibus  teretibus  ,  erecthisculis  ,  14- i5  striatis , 
lœvihus ;  ramis  inordinatis  ,  6-7  striatis  teniiibiis  ;  vaginis  den- 
tCbus  14- 1 5  nigricantibus  ,  apice  diaphanis,  longe  aristatis  ;  spicis 
terminalibus  ,  ellipsoideis ,  inira  ultimam  imaginant  sessilibus  ;  peltis 
seplem  scriatis,  verticillatis ,  circiler  5  - 'j  in  unoguoque  ve?Hicillo. 
Descript.  ex  Candoll.   inédit. 

Syn.  Equisetum  débile.  Roxb.'  inédit,  ex  Ind.  orient. 

Cette  plante ,  dont  je  n'ai  sous  les  yeux  qu'une  partie  de  ra- 
meau,  se  rapproche  un  peu  de  notre  Prêle  multiforme  rameuse, 
mais  elle  en  diffère  par  le  nombre  plus  considérable  de  ses  stries 
et  de  ses  dents,  et  comme  elle  a  été  cueillie  dans  les  Indes 
orientales,  il  est  assez  probable  qu'elle  constitue  une  espèce  dis- 
tincte :  M.  De  CandoUe  dit  qu'elle  a  le  port  de  la  Prèle  limoneuse  , 
mais  elle  ne  lui  ressemble  point  dans  les  caractères  généraux  de 
son  organisation. 

Ses  glandes  sont  sur  deux  rangs  comme  celles  de  la  Prèle  mul- 
tiforme ,  mais  ces  rangs  sont  souvent  doublés  ,  disposition  qui  est 
commune  aux  Prêles  étrangères  et  qui  se  retrouve  en  particulier 
dans  la  Prêle  blanchâtre  des  Canaries, 


Equisetum  pralense.  Prèle  des  prés. 

Syn.  Equisetum  caulibus  simplicibus,  ramosis,  scaberrimis  ;  ra- 
mis tetragonis;  spica  terminait.  Wildenow,  Spec.  plant.  Rolh,  Germ 
3.  6.  Ehrh.  Beitr.   3.  p.   77. 


588  MONOGRAFHIE    DES    PR-Êliié^. 

Ses  tiges  sont  simples ,  rameuses  et  très-rudes  au  toucher  ;  les  ra- 
meaux ,  au  nombre  de  seize  h  chaque  verlicille  ,  sont  tétragones , 
très-ouverts  et  stériles ,  leurs  gaînes  sont  terminées  par  quatre  dents 
aiguës. 

Cette  espèce  a  été  trouvée  par  Ehrhart ,  dans  les  prés  de  l'Alle- 
magne ;  jusqu'à  présent  je  ne  connois  rien  qui  lui  ressemble.  La 
principale  singularité  qu'elle  présente,  ce  sont  des  tiges  à  seize  ra- 
meaux ,  qui  par  conséquent  ont  au  moins  seize  stries  ,  tandis  que 
les  rameaux  eux-mêmes  n'en  ont  que  quatre.  Or  ,  dans  les  Prêles 
dépourvues  de  hampe ,  les  stries  des  tiges  et  des  rameaux  ne  m'ont 
jamais  présenté  une  différence  aussi  considérable  ;  elle  appartien- 
droit  à  la  Prêle  des  champs,  si  ses  tiges  ne  portoient  pas  des  épis, 
et  à  la  Prêle  des  marais ,  si  elles  étoient  moins  rudes ,  et  que  ses 
verlicilles  ne  donnassent  pas  naissance  à  seize  rameaux. 

Je  crois  avoir  vu  ,  il  y  a  quelques  années  ,  celte  Prêle  des  prés, 
et  avoir  reconnu  qu'elle  ressembloit  beaucoup  à  la  Prèle  des  marais, 
je  ne  l'ai  plus  retrouvée  dès-lors.  J'invite  les  Botanistes  à  l'examiner 
de  nouveau. 


Equisetum  procerum.  Prêle  élevée. 

Eqitisetum  caulibus  simplicïter  raniosis  ,  glabris  ,  strialis  ,  apice 
spiciferis  ;  rarnùs  vclonùs  ,  Jiejougonis  ;  vaginarum  dentibus  aris- 
tatis ,  sphacelatis  ,  apice  suhdiaphanis. 

Syn.  Equisetum  procerum  ,   Poil.  Plant.  Véron. 
Equisetum.  procerum,  Dict.  La  M. 

Cette  espèce  a  été  trouvée  dans  le  territoire  de  Vérone  par 
Pollini.  Je  n'y  sais  voir  aucune  différence  avec  la  Prêle  des  marais  , 
mais  je  l'indique  pour  qu'on  l'examine  avec  soin  et  qu'on  observe  ses 
glandes. 


MONOGRAPHIE    DES    PRELES.  SB^ 

EqiUseium  T^erotiense.  Prêle  de  Vérone. 

Equisetiirn  caiilibiis  siniplicibus,  ramosis,  gîàbris  ;  ramis  hexa- 
gonis,  apice  spicifèris;  dentibus  vaginarum  acutis,  sphacelatis,  apice 
diaphanis. 

Syn.  Equisetum  T^eronense.  PoUini  ,  Plant.  Veron.  Spreng. 
Pug.   2.  p.  94. 

Equisetum  V^eronense.  Dict.  La  M. 

Cette  plante  a  aussi  été  trouvée  dans  le  territoire  de  Vérone 
Elle  ne  diffère  de  la  précédente  que  parce  que  ses  rameaux  portent 
des  épis.  C'est  probablement  la  variété  polyslachion  de  la  Prèle 
des  marais.  Je  la  recommande  également  à  l'attention  des  Bota- 
nistes pour  qu'ils  vérifient  ma  conjecture ,  et  qu'ils  observent  , 
s'ils  le  peuvept ,  la  disposition  des  glandes  de  celte  espèce  encore 
douteuse. 

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Sgo  MONOGRAPHIE    DES   PRELES. 


NOTE. 


Q. 


'l'oiQUE  je  n'aie  poiut  vu  les  racines  de  ces  dernières  Prèles  ,  non  plus 
c[ue  pelles  de  la  plupart  des  espèces  étrangères  à  l'Europe  ,  je  ne  doute 
point  qu'elles  ne  soient  semblables  à  celles  que  j'ai  décrites,  c'est-à-dire  , 
qu  elles  ne  se  composent  d'articulations  prolongées  indéfiniment ,  et  qui 
émettent  de  vraies  racines  ramifiées  et  sans  anneau.  Je  viens  dernière- 
ment encore  de  vérifier  ce  que  j'ai  dit  dans  mon  discours  préliminaire  , 
sur  le  développement  indéfini  de  ces  tiges  souterraines.  J'en  ai  trouvé  qui 
se  prolongeoient  jusqu'à  douze  ou  quinze  pieds  ,  et  qui  étoient  entièrement 
semblables  aux  tiges  aériennes  pour  l'organisation  générale  :  elles  n'en  dif- 
féroient  que  par  la  plus  grande  consistance  ,  l'absence  des  rameaux  ,  et  sans 
doute  aussi  des  glandes  :  on  voit  attachées  çà  et  là,  à  leurs  divers  nœuds,  ces 
tuberosités  dont  j'ai  déjà  parlé,  et  qui  appartiennent  à  un  grand  nombre  de 
Prèles.  Les  vraies  racines  sortent  aussi  de  ces  nœuds,  elles  sont  ramifiées ,  con- 
tinues, sans  anneau  ,  et  se  prolongent  quelquefois  de  plusieurs  pieds.  Malgré 
mes  efforts  ,  je  n'ai  poiiit  trouvé  l'extrémité  de  ces  tiges  souterraines  ,  d'où 
partoient  sans  fin  de  nouvelles  branches  formant  un  angle  aigu  du  côté  du 
sol ,  en  même  temps  qu'elles  paroissoient  se  détruire  à  de  plus  grands  enfon- 
cemens.  La  Prêle  est  donc  une  plante  dont  jusqu'à  présent  la  durée  doit  être 
considérée  comme  indéfinie,  et  qui,  du  moins  à  ma  connoissance,  ne  fournit 
plus  de  nouveaux  individus,  quoique  ses  graines  soient  susceptibles  de  dévelop- 
pement. Ces  nouvelles  remarques  m'ont  été  fournies  par  la  Prèle  des  champs , 


' 


MONOGRAPHIE  DES  PRELES.  0Q\ 

et  par  les  Prêles  multiformes  variée  et  rameuse ,  et  elles  doivent  s'appliquer 
à    toutes  le  Prèles  d'Europe. 

Je  ne  doute  pas  qu'on  ne  reucoutre  facilement  dans  les  terrains  liouillers 
des  empreintes  de  ces  tiges  souterraines. 


M.dePh.H.  nar.t}'  p  y  I.p.392. 


PL.I 


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V. 


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VI. 


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Equisetum      Arvense. 


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UL.ie  PL-  H.naf  2  *  p  T  I  p    392 


PL  II 


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'O. 

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Eq.    Fli/viatile. 


^mià?s 


MdePL-  B:.3iat.2*p.T.I.p.392 


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Eq    SYLVATrcUM. 


lePIi.Er.iiaf.S'p.T  I  p.392. 


"^ 


PI  IV 


MAiM 


II 


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Eq    UlIBROSUM. 


31  aePlL.H.iLat.  2*p.Y.  1.  p    7,99. 


Plv 


Eq.  Palustre. 


]Vr.  iePh.H.naf .  2r  p.  T.  I.  p.  3  9  2. 


PJ. 


3 


Eq     Ramosissimum. 


]Vt.  dePL.H.iiat.S^p.  Y.  I.  p.3  92. 


PI  \u 


Eq     GIGAMTEUH. 


LlePt.E^af  .2'p.Y.  I.p.352. 


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VI. 


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IV. 


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Eq.  Limosum 


V 


lI.dePt.H  nat  2«p.  V  I  p  392. 


PI  1/ 


IV.  V 


Eq.  HYEMALE. 


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V 


1 1  V, 


t  .;',J 


Eq   Burchelui 


Eq    Timorianum 


3I.dePK.H  iiat.2^;p  T.I.p.392 


IV' 


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EQ  Stipulaceum. 


Eq-    Setaceum 


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EQ    Gampanuiatum 


Eq  Variegatum 


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Eq    Elomcatum. 


EQ.      INGMSIUM. 


Mie  PiLÏÏ.nat.  2"  p .  T.I.p.3  5>2. 


Pi  MA 


EO      ThiniATlLK 


-> 


MEMOIRE 

Sur  ïajamille  des  Ternstrœmiacées  et  en  parti- 
culier sur  le  genre  Saurauja. 

Par  M.  le  Prof.  DE  CANDOLLE. 
{Présenté  à  la  Société  d»  Physique  et  d'Histoire  Naturelle    en  Janvier  i8ao.) 


il  ORONHA  paroît  avoir  le  premier  de  tous  les  natura- 
listes observé  les  caractères  de  quelques  arbres  et  ar- 
bustes de  rUe  de  Java,  remarquables  par  leur  corolle 
raonopétale  portant  un  grand  nombre  d'étamines  et  par 
leur  ovaire  libre  à  5  loges  et  à  5  styles.  Il  en  découvrit 
deux  espèces  dont  les  dessins  sont  consei'vés  dans  la  Bi- 
bliothèque de  Mr.  de  Jussieu,  et  reconnoissant  quils  for- 
moient  un  genre  nom  eau,  il  leur  donna ,  mais  sans  le 
publier  le  nom  de  Scapha  soit  pour  faire  allusion  à 
leurs  fleurs  en  forme  d'auge,  soit  peut-être  parce  que 
la  légèreté  de  leur  bois  les  rend  propres  à  faire  des 
bateaux. 

Commerson  et  Lahaie  en  visitant  l'île  de  Java  y  ont 
cueilli  quelques  espèces  du  même  genre  qui  se  trouvent 
sans  nom  dans  leurs  herbiers.  Mr.  Lechenault  a  recueilli 
dans  la  même  île  trois  espèces  de  ce  genre ,  et  reconnois- 
sant qu'il  n'étoit  point  encore  décrit,  il  lui  donna  le 
Mém.  de  la  Soc.  de  Phys.  et  d'H.  nat.  T.  1.'%  2."  Part.        j  4 


OQ-i  SUR   LA    FAMILLE   DES    TERNSTR(EMIACÉES. 

nom  de  Van-alphimia  en  l'honneur  d'un  Hollandois  qui 
avoit  favorisé  ses  travaux  dans  Itle  de  Java.  Le  travail  de 
Mr.  Lechenault  envoyé  à  Mr.  de  Jussieu  resta  inédit 
conune  celui   de  Noronha. 

MM.  Sessé  et  Moçino  dans  leur  grande  expédition 
au  Mexique  découvrirent  deux  arbres  dont  ils  firent 
faire  les  dessins  et  qu'ils  se  proposoient  de  publier  comme 
formant  un  genre  nouveau.  Mr.  Moçino  et  moi  dans 
la  revuc;  que  nous  avons  faite  ensemble  de  ses  manus- 
crits pendant  son  séjour  à  Montpellier  avions  l'inten- 
tion de  lui  donner  le  nom  mythologique  de  Leucothea 
en  faisant  allusion  à  la  blancheur    de  ses  fleurs. 

Ce  travail  n'ayant  pas  été  publié  non  plus  que  les 
précédens,  Mr.  Wildenow  a  été  le  premier  qui  a  fait 
connoître  au  public  les  caractères  du  genre  qui  nous 
occupe  ;  il  en  a  reçu  une  espèce  des  environs  de  Ca- 
raque  oii  elle  avoit  été  cueillie  par  Mr.  Bredemeyer  et  il 
il  donné  à  ce  genre  le  nom  de  Saurauja  en  l'honneur  du 
Comte  de  Saurau  amateur  de  la  Botanique.  Ce  nom  de 
Saurauja  ayant  été  le  premier  publié  doit  faire  aban- 
donner tous  les  autres  et  être  admis  dorénavant  pour 
désigner  le  genre  dont  je  donnerai  ci-après  la  description. 
Ce  genre  dont  on  ne  connoît  jusqu'à  présent  qu'une  seule 
espèce  décrite ,  va  être  portée  jusqu'à  douze  par  la  réu- 
nion des  divers  documens  que  j'ai  pu  me  procurer  jus- 
qu'à présent. 

Ayant  été  ainsi  appelé  par  ce  concours  de  matériaux 
nouveaux  à  m'occuper  de  ce  genre  peu  connu ,  cet  exa- 
men m'a  conduit  à  m'occuper  aussi  de   la   place  qu'il 


SUR  LA  FAMILLE  DES  TEKNSTRŒMIACÉES.     5^5 

doit  occuper  dans  l'ordre  naturel,  et  comme  la  famille 
des  Ternstrœmiacées  à  laquelle  je  pense  qu'on  doit  le 
réunir  ou  du  moins  le  joindre  jusqu'à  nouvel  examen ^ 
est  encore  peu  connue,  j'ai  cru  qu'il  pourroit  n'être  pas 
inutile  de  présenter  ici  l'histoire  succincte  de  cette  fa- 
mille :  on  y  apercevra  encore  plusieurs  lacunes,  je  le 
sais ,  mais  peut-être  cependant  ce  premier  travail  pour- 
ra-t-il  contribuer  à  faire  éclaircir  les  points  douteux  qui 
restent  encore  dans  l'histoire  de  ces  plantes  toutes  exo- 
tiques ;  la  plupart  sont  assez  incomplètement  décrites 
pour  qu'il  vaille  la  peine  d'ajouter  quelques  détails  à  leurs 
descriptions,  et  d'ailleurs  aux  vingt-et-une  espèces  connues 
aujourd'hui  dans  cette  famille ,  je  me  trouve  pouvoir  en 
ajouter  dix-sept  entièrement  inédites;  c'est  ce  qui,  mal- 
gré l'imperfection  des  documens  que  je  puis  présenter  , 
m'a  engagé  à  en  donner  ici  une  monographie  abrégée. 
Les  Ternstrœmiacées  sont  au  nombre  des  familles 
dont  toutes  les  espèces  sont  confinées  dans  les  régions 
équatoriales  et  distribuées  soit  dans  l'Asie ,  soit  surtout 
dans  l'Amérique  (i);  cette  circonstance  a  fait  qu'elles 
ont  long-temps  échappé  aux  recherches  des  natura- 
listes et  qu'elles  sont  encore  trop  rai'es  dans  les  collec- 
tions pour  avoir  été  bien  étudiées  ;  la  première  espèce 
qui  s'est  présentée  à  l'examen  des  Botanistes  est  un  ar- 
buste du  Royaume  de  la  Nouvelle-Grenade  que  Mutis 
envoya  à  Lnnié  et  que  son  fils  fit  connoitre  en  1781  dans 


(1)  Sur  les  3g  espèces  connues  aujourd'hui  on  en  compte  25  dans  les  parties 
chaudes  des  deux  Amériques,  et  i4  dans  les  parues  méridionales  et  orientales 
de  l'Asie. 


3g6  SUR    LA    FAMILLE    DES    TERNSTKCEMIACÉES. 

le  supplément  sous  le  nom  de  Ternstrœmia  meridio' 
nalis  du  nom  d'un  naturaliste  Suédois  nommé  ïernstrœm 
qui  avoit  voyagé  en  Chine  et  qui  étoit  mort  en  i745-  Ce 
genre  Ternstrœmia  s'est  trouvé  dans  la  suite  accru  non- 
seulement  de  quelques  espèces  découvertes  dan.s  le  Pérou 
par  Ruiz  et  Pavon  ,  mais  encore  des  espèces  qui  com- 
posoient  le  genre  Taonabo  d'Aublet;  celui-ci  avoit  été 
considéré  comme  distinct  par  son  auteur,  mais  après  im 
examen  plus  attentif  il  n'a  pas  paru  différer  du  genre 
de  Linné.  Mr.  de  Jussieu  avoit  placé  les  genres  Terns- 
trœmia et  Tonabea  (cétoit  ainsi  qu'il  nommoit  le  Tao- 
nabo )  à  la  suite  de  la  famille  des  orangers  et  sans  pa- 
roître  avoir  donné  une  attention  particulière  à  leur 
étude. 

Dès-lors  Mr.  Swartz  fit  connoître  son  genre  Eroteum 
dont  il  changea  lui-même  ensuite  le  nom  en  Freziera 
afin  d'éviter  la  trop  grande  ressemblance  d'Eroteum 
avec  Erodium  ;  ce  genre  Freziera  avoit  évidemment  de 
grands  rapports  avec  le  Ternstrœmia  et  commença  à 
faire  pressentir  l'existence  d'un  grouppe  particulier.  Mr. 
Mirbel ,  appelé  à  s'occuper  de  divers  genres  auparavant 
confondus  avec  les  orangers ,  reconnut  en  effet  le  grouppe 
formé  par  le  Ternstrœmia  et  le  Freziera  et  le  décrivit 
en  i8i3  sous  le  nom  de  famille  des  Ternstrœmiées. 
Quelques  années  plus  tard ,  Mr.  Brown  prouva  que  le 
genre  Eurya  découvert  par  Thunberg  au  Japon  appar- 
tenoit  au  même  grouppe. 

Mes  recherches  quant  aux  genres  qui  composent  cette 
famille  me  conduisent  à  penser,  i.°  que  le  genre  Cleyera 


SUR   LA    FAAÏILLE   DES    TERNSTRŒMIACÉES,  Sgy 

établi  par  Thunberg  et  depuis  lors  l'éiini  par  les  au- 
teurs avec  le  ïernstrœmia  mérite  d'être  conservé  comme 
genre  distinct  appartenant  à  la  même  famille ,  2.°  que 
le  genre  Lettsomia  de  la  flore  du  Pérou  rentre  probable- 
ment aussi  dans  le  même  grouppe ,  3.°  que  le  genre 
publié  par  VVilldenow  sous  le  nom  de  Saurauja  est 
très-voisin  des  Ternstrœmiacées  et  doit  dans  l'état  ac- 
tuel de  la  science  être  réuni  à  cette  famille  en  y  consti- 
tuant une  section  très-prononcée,  4-°  enfin  que  le  genre 
Palava  de  la  flore  du  Pérou,  très-différent  du  Palava  de 
Cavanilles  et  dont  par  ce  motif  j'ai  changé  le  nom  en  celui 
d'Apatelia,  est  très-voisin  du  Saurauja  et  ne  peut  pas 
en  être  écarté   dans  l'ordre  naturel. 

Mes  observations  sur  les  rapports  et  les  différences  de 
ces  genres  entr'eux  m'ont  conduit  à  les  groupper  en 
trois  tribus  proïioncées,  savoir  : 

i."  Les  Ternstrœmiées  ,  qui  se  réduisent  au  seul 
genre  Ternstrœmia ,  se  distinguent  à  leur  calice  muni 
extérieurement  de  deux  bractéoles ,  leur  corolle  mono- 
pétale dont  les  lobes  sont  opposés  aux  pétales,  leurs 
anthères  adnées  aux  filamens,  leur  style  et  leur  stigmate 
simple. 

2."  Les  Frezierées  où  je  réunis  les  genres  Cleyera,  Fre- 
ziera,  Eurya  et  Lettsomia  ont  pour  caractères  :  un  calice 
muni  de  deux  bractéoles  à  sa  base;  cinq  pétales  dis- 
tincts :  des  anthères  adnées  :  un  style  simple  :  3  à  5 
stigmates  distincts. 

3."  Les  Sauraujées  qui  se  forment  des  genres  Sau- 
rauja  et   Apatelia   noiit   point  de  bractéoles  à    la  basp 


SgS  SUR    liA  FAMILLE    DES    TERNSTRŒMIACÉES. 

da  calice;  leur  corolle  est  moiiopétale  ;  leurs  anthères 
oscillantes  et  leurs  styles  au  nombre  de  3  à  5;  peut-être 
cette  dernière  tribu  mérite -t- elle  de  former  une  famille 
distincte ,  mais  comme  la  structure  interne  de  la  graine 
des  deux  derniers  grouppes  est  inconnue,  j'ai  préféré 
les  laisser  réunir  dans  une  même  famille  plutôt  que  de 
les  séparer   trop  légèrement. 

Avant  d'entrer  dans  les  détails  descriptifs  qui  cons- 
tatent ces  diverses  assertions ,  je  commencerai  par  ex- 
poser les  caractères  généraux  de  la  famille  des  Terns- 
trœmiacées,  j'indiquerai  ses  rapports  avec  les  diverses 
familles  dont  il  est  possible  de  la  rapprocher  ,  et  je 
terminerai  par  l'exposé  méthodique  des  genres  et  espèces 
de  la  famille. 

Les  Ternstrœmiacées  sont  toutes  des  arbustes  ou  des 
arbres  de  moyenne  grandeur  ;  leur  écorce  est  ridée  dans 
les  vieux  troncs  ;  leur  bois  paroît  dans  la  plupart  peu 
compact  ;  leurs  branches  sont  alternes  ainsi  que  les 
feuilles  :  celles-ci  paroissent  persistantes  dans  le  plus 
grand  nombre  ,  toujours  dépourvues  de  stipules';,  portées 
sur  de  courts  pétioles,  à  nervures  pennées;  mais  les  ner- 
vures latérales  sont  quelquefois  à  peine  sensibles;  leur 
forme  est  ovale  lancéolée  ou  oblongue  ;  elles  sont  en- 
tières ou  légèrement  dentées  sur  leur  bord,  le  plus  sou- 
vent de  consistance  coriace.  Les  pédicelles  portent  une 
seule  fleur  dans  les  Ternstrœmiées  et  les  Frezierées  ; 
ils  se  ramifient  et  en  portent  plusieurs  dans  les  Saurau- 
jées,  ils  sont  solitaires  ou  naissent  deux  ou  trois  en- 
semble le  plus  souvent  de  l'aisselle,   quelquefois  le  long 


SUR  LA  FAMILLE  DES  TERNSTR(EMrACÉES.     899 

des  rameaux  hors  des  aisselles ,  mais  je  n'en  ai  jamais 
vu  de  terminaux  dans  aucune  espèce  quoique  Linné  fils 
donne  ce  caractère  à  son  Ternstrœmia  meridionalis  qui 
par  ce  motif  et  quelques  autres  que  j'indiquerai  ci-après 
est  une  espèce  encore  indécise. 

Les  pédicelles  de  ces  plantes  sont  souvent  munis  à 
leur  base  d'une  petite  écaille  et  on  observe  de  plus  dans 
quelques  espèces  deux  petites  bractéoles  opposées  si- 
tuées au  sommet  du  pédicelle  ou  à  la  base  du  calice  ; 
quelques  auteurs  les  ont  décrit  comme  parties  du  ca- 
lice ,  mais  il  me  paroît  plus  exact  de  les  considérer 
con;me  des  bractéoles  vu  quelles  manquent  dans  plu- 
sieurs genres  évidemment  très-voisins  de  ceux  qui  en 
sont  munis  et  que  d'ailleurs  dans  ceux  mêmes  qui  les 
portent  elles  paroissent  tout-à-fait  en  dehors  de  la  sy- 
métrie florale.  La  longueur  des  pédicelles  et  surtout  de 
ceux  qui  ne  portent  qu'une  fleur  paroît  assez  constante 
dans  les  individus  d'une  même  espèce  et  paroît  propre 
à  donner  d'assez  bons  caractères  spécifiques. 

La  fleur  des  Ternstrœmiacées  est  composée  première- 
ment d'un  calice  persistant  muni  à  sa  base  dans  les 
Ternstroemiées  et  les  Freziérées  de  deux  bractéoles  plus 
petites  que  les  sépales,  mais  qui  d'ailleurs  leur  res- 
semblent beaucoup;  les  sépales  sont  au  nombre  de  5, 
concaves,  inégaux,  coriaces,  obtus,  embriqués  les  uns 
sur  les  autres  en  estivation  quinconciale.  La  corolle  se 
compose  d'autant  de  pétales  qu'il  y  a  de  sépales  au  ca- 
lice ;  ces  pétales  sont  attachés  à  un  disque  hypogyne  et 
ne  paroissent  nullement  adhérer  au  calice  :  ii»  sont  tantôt 


4oO  SUR    LA    FAMILLE    DES   TERNStRŒMIACEES. 

complètement  libres  comme  dans  les  Freziérées ,  tantôt 
légèrement  soudés  par  leurs  bkses  de  manière  à  former 
ce  qu'on  appelle  une  corolle  monopétale  comme  dans 
les  Ternstrœmiées  et  les  Sauraujées  ;  cette  corroUe  a 
tantôt  le  tube  très-court  et  est  ainsi  en  forme  de  roue, 
c'est  ce  qu'on  voit  dans  les  ïernstrœmia  et  les  Apatelia; 
ailleurs  ces  pétales  sont  soudés  environ  jusqu'à  la  moitié 
de  leur  longueur  comme  dans  les  Saurauja ,  et  enfin 
les  auteurs  de  la  flore  du  Pérou  mentionnent  une  espèce 
de  Ternstrœmia  qu'ils  appellent  quinquedentata  et  où 
les  pétales  sont  soudés  jusques  près  du  sommet;  cette 
diversité  dans  la  soudure  des  pétales  n'est  point  un  mo- 
tif pour  séparer  les  plantes  dont  je  viens  de  parler;  ces 
phénomènes  se  présentent  dans  presque  toutes  les  fa- 
milles de  plantes  caliciflores  et  notamment  dans  les  Eri- 
cinées  et  les  Fraugulacées  qui  ont  quelques  rapports 
avec  celle  qui  nous  occupe  ;  ils  sont  plus  rares  il  est  vrai 
dans  les  plantes  à  pétales  hypogynes ,  mais  cependant 
les  pétales  des  Aurantiacées ,  des  Méliacées  et  des  Mal- 
vacées  présentent  bien  quelquefois  une  véritable  sou- 
dure à  leurs  bases. 

Les  pétales  des  Ternstrœmiacées  parôissent  offrir  une 
autre  diversité  plus  digne  d'attention;  ces  pétales  sont 
d'après  Mr.  Mirbel  opposés  aux  sépales  et  j'ai  en  effet  vé- 
rifié ce  caractère  dans  le  genre  Ternstrœmia  ,  mais  je 
n'ai  point  trouvé  la  même  disposition  dans  les  autres 
genres  :  les  pétales  du  Gleyera,  de  lEurya,  du  Freziéra  et 
de  l'Apatelia  m'ont  paru  décidément  alternes  avec  les 
sépales  et   tous  les  auteurs   qui  les  ont  ou  décrits  ou  fi- 


SUR  liA  PAMILt-E    DES  TERNSTRfEMrACÉES.  4oi 

gurés  les  représentent  de  même  comme  alternes  avec  les 
pièces  du  calice.  11  importe  que  ceux  qui  auront  occa- 
sion de  voir  ces  différens  genres  vivans  constatent  bien 
cette  différence  remarquable,-  en  attendant  cette  confir- 
mation je  n'ai  pas  cru  devoir  séparer,  autrement  que 
comme  tribus,  les  genres  à  pétales  alternes  de  celui  qui 
a  les  pétales  opposés  avec  lequel  ils  ont  d'ailleurs  des 
rapports  évidens  de  structure;  une  semblable  différence 
se  retrouve  dans  les  genres  divers  de  la  famille  des  Fran- 
gulacées,  et  cet  exemple,  quoique  je  sente  bien  les  objec- 
tions dont  il  est  susceptible,  pourra  peut-être  me  servir 
d'excuse. 

Les  étamines  des  Ternstrœmiacées  sont  attachées 
comme  les  pétales  au  disque  hypogyne  ;  elles  sont  tantôt 
entièrement  libres,  tantôt  un  peu  soudées  par  leur  base 
avec  les  pétales;  ce  qui,  selon  la  règle  commune,  a  surtout 
lieu  dans  les  genres  où  les  pétales  sont  déjà  soudés  en- 
tr'eux.  Ces  étamines  sont  en  nombre  multiple  des  pétales  , 
trois,  quatre  ou  cinq,  situées  devant  chacun  d'eux;  leurs 
filets  sont  droits,  courts,  à  peu  près  en  forme  d'alêne  à 
leur  sommet;  un  peu  planes  à  leur  base  ;  les  anthères  sont 
droites,  à  deux  loges,  adnées  aux  filamens  dans  les  Terns- 
trœmiées  et  les  Fréziérées  ,  adhérentes  au  sommet  du 
filet  par  le  milieu  seulement  de  leur  face  dorsale  dans  les 
Sauraujées. 

L'ovaire  est  toujours  libre ,  de  forme  arrondie  ou  ovale, 

divisé  à  l'intérieur  en  un  nombre  de  loges  qui  varie  de 

devix  à  cinq;  les  styles  sont  en  nombre  égal  à  celui   des 

loges  de  l'ovaire  ,  tantôt    complètement   libres   entr'eux 

Mém.  de  la  Soc.  de  Phys.  et  d'H.  nat.  T.  I.",  2.'  Pari.        1  5 


4o2  SUR    LA  FAMILLE    BES    TERNSTRŒMIACÉES. 

comme  dans  les  Sauraujées;  tantôt  plus  ou  moins  soudés, 
de  manière  à  former  ce  qu'on  appelle  un  style  symple, 
tex-miné  par  des  stygmates  plus  ou  moins  profondément 
divisés,  comme  dans  les  Fréziérées;  ou  enfin  réunis  en- 
tièrement, de  manière  à  n'offrir  qu'un  style  et  qu'un  stig- 
mate apparent,  comme  dans  les  Ternstrœmiées.  Cette 
diversité  se  remarque  dans  un  trop  grand  nombre  de  fa- 
milles pour  qu  il  vaille  la  peine  de  citer  ici  des  exemples 
pi'opres  à  prouver  qu'on  ne  pourroit  pas  sur  ce  seul 
caractère  séparer  ces  tribus  en  familles  distinctes.  Le 
fruit  est  ce  qu'on  appelle  un  fruit  simple  divisé  en 
loges,  c'est-à-dire  que  les  carpelles  ou  élémens  primitifs 
de  ce  fruit  sont  intimement  soudés  :  dans  sa  jeunesse  on 
voit  souvent  encore  les  traces  des  lignes  de  soudure  et 
c'est  ce  qui  a  fait  croire  à  Aublet  que  ses  Ternstrœmia 
avoient  un  fruit  capsulaire;  ce  fruit  est  le  plus  souvent 
charnu  et  indéhiscent  ;  dans  quelques  genres  cependant 
on  le  trouve  capsulaire  et  déhiscent.  L exemple  dun 
grand  nombre  de  familles  prouve  que  cette  différence  qui 
influe  beaucoup  sur  la  végétation,  l'histoire  et  l'usage  des 
plantes,  n'est  pas  en  général  liée  avec  des  différences  es- 
sentielles d'anatomie,  et  peut  se  retrouver  dans  des  sys- 
tèmes très-voisins  d'organisation. 

-  Les  graines  sont  attachées  à  l'angle  interne  de  chaque 
loge,  et  au  moins  au  nombre  de  deux  dans  chacune 
d'elles  ;  elles  sont  ovales ,  un  peu  anguleuses ,  ou  légère- 
ment arquées  ;  elles  n  ont  encore  été  observées  que  dans 
le  genre  Ternstrœmia.  M/  Mirbel  a  vu  le  premier,  et 
j'ai  vérifié,  que  ces  graines  renferment  un  albumen  charnu 


SUR  liA   FAMILLE   DES   TERNSTRCEMIACÉES.  4o3 

mais  peu  considérable;  leur  embryon  est  grêle,  cylin- 
drique, arqué  ou  replié  sur  lui-même;  leur  radicule  est 
longue,  dirigée  vers  le  hyle;  leurs  cotylédons  sont  oblongs 
et  la  plumule  n'est  pas  visible  dans  la  graine  mûre.  La 
germination  daucune  espèce  de  cette  famille  n'a  encore 
été  observée  et  les  caractères  de  la  graine  n'ont  encore, 
comme  je  le  disois  tout-à-l'heure ,  été  étudiés  que  dai^ 
les  Ternstrœmia  ;  or ,  comme  ce  genre  diffère  des  autres 
par  la  position  des  pétales,  il  importe  de  vérifier  si  les 
graines  tendroient  par  leur  structure  à  infirmer  ou  à  con- 
firmer les  rapprochemens  établis  ici. 

Si  d'après  les  caractères  que  nous  venons  de  tracer  et  en 
nous  aidant  de  ce  que  le  port  des  plantes  peut  suggérer, 
nous  tentons  de  déterminer  la  place  que  les  Ternstrœmiar 
cées  doivent  occuper  dans  l'ordre  naturel,  nous  trouve- 
rons encore  bien  des  difficultés  pour  résoudre  cette  ques- 
tion; M."  Mirbel,  en  établissant  cette  famille,  la  place 
auprès  des  Théacées  qui  sont  les  mêmes  que  mes  Camel- 
liées  (i);  M.""  de  Jussieu  qui  la  mentionne  dans  son  mé- 
moire sur  les  Aurantiacées  (Mém.  mus.  vol.  II,  p.  443), 
propose  de  la  placer  auprès  des  Ebénacées,  des  Olacinées 
et  des  Ardisiacées.  La  question  est  douteuse,  même  dans 
l'ordre  artificiel  sous  lequel  on  a  coutume  de  distribuer  les 
familles  naturelles  des  dycotylédones;  en  effet,  une  partie 
des   Ternstrœmiacées  a  la   corolle  monopétale  et  Vautre 


(i)  J'ai  indiqué  l'existence  de  celte  famille  en  Février  i8i3  dans  la  première 
édiiion  de  la  Théorie  éiémeniaire  ;  M.  Mirbel  l'a  publié  de  son  côlé  au  mois 
de  Décembre  de  la  uiéme  aouec. 


4o4  SUR    LA    FAMILLE    DES    TERNSTRfflMTACEES. 

polypétale,  de  sorte  qu'il  y  a  autant  de  raison  pour  les 
mettre  au  rang  des  CoroUiflores  qu'à  celui  des  Thalami- 
flores  :  elles  ont  même  des  rapports  si  prononcés  avec  quel- 
ques Calyciflores,  telles  que  les  Syntiplocées,  qu'elles  sem- 
blent destinées  à  réunir  toutes  les  objections  qu'il  est  pos- 
sible de  faire  contre  l'ordre  actuel  des  familles.  Si  je  croyois 
cet  ordre  fondé  sur  des  caractères  vraiment  naturels,  je 
mettrois  un  grand  prix  à  discuter  la  place  réelle  que  les 
Ternstrœmiacées  doivent  y  occuper,  mais  je  suis  au  con- 
traire plus  convaincu  tous  les  jours  :  i.°  que  toute  série 
purement  linéaire  est  contraire  à  l'ordre  naturel;  2.°  que 
les  classes  des  Dicotylédones  sont  encore  artificielles.  Je 
pourrai  donc  me  contenter  de  faire  remarquer  les  rapports 
et  les  différences  des  Ternstrœmiacées  avec  les  divers 
grouppes  qu'il  est  possible  de  comparer  avec  elles. 

Les  Ternstrœmiacées  ont  de  la  ressemblance  dans  le 
port ,  et  dans  plusieurs  caractères  avec  les  Camelliées ,  mais 
ne  peuvent  cependant  être  réunies  avec  elles;  la  tribu  des 
Tei'nstrœmiées  offre  une  graine  d'une  structure  interne 
entièrement  différente,  et  quoique  celle  des  deux  autres 
sections  soit  mal  connue,  on  peut  déjà  affirmer  à  leur 
grandeur  et  à  leur  forme  extéiùeure  qu'elle  diffère  tout-à- 
fait  de  celles  des  Camelliées.  Celles-ci  ont  d'ailleurs  une 
capsule  à  trois  valves  assez  différente  du  fruit  des  diverses 
tribus  de  Ternstrœmiacées,  et  chacune  de  celles-ci,  prise 
séparément,  offre  quelques  caractères  spéciaux  de  diffé- 
rence. 

Le  port  des  Ternstrœmiacées  est  encore  plus  voisin  des 
Ebénacées   que   des  Camelliées,    mais    des  argumens  de 


SUR    Jjk    FAMILLE    DES    TKRNSTRCïMrACKES.  Wl) 

même  genre  tenclent  à  les  en  séparer;  la  graine  quoique 
mal  connue  dans  notre  famille  est  évidemment  très-dijîé- 
rente  de  celle  des  Ebénaçées. 

Enfin  si  l'on  lie  consurtoit  que  le  port,  on  nhésiteroit 
pas  , à,  placer  les  Ternstrœmiacées  près  des  Symplocées, 
mais  celles-ci  ont  l'ovaire  adhérent  au  calice,  la  corolle 
décidément  périgyne,  une  drupe  à  quatre  loges,  des 
graines  pendantes  et  un  embryon  droit  dans  un  albumen 
cartilagineux. 

Dans  l'état  actuel  de  la  science,  ces  trois  familles  ne 
peuvent  se  trouver  à  côté  les  unes  des  autres,  et  par 
conséquent  les  Ternstrœmiacées  seront  nécessairement 
éloignées  de  quelques-unes  de  leurs  analogues  ;  dans  ce 
doute,  je  les  ai  placées  à  la  suite  des  Gordoniées  et  des 
Camelliacées ,  non  loin  des  Aurantiacées  ;  mais  sans 
attacher  à  cette  place  une  importance  décidée.  Je  ter- 
minerai ce  mémoire  par  l'exposé  méthodique  des  genres 
et  des  espèces  de  cette  famille. 


TERNSTROEMIACEAE. 

Ternstrœmleœ   Mirh.   Bull,    philom   i8i3,  p.  58 1.  Juss.   Meut. 
Mus.  2,  p.  443. 

Fr.  Cal.  sepala  5j  concava,  inœqualia  ,  coriacea  ,  imbricala , 
oLtusa,  persislentia ,  extùs  sœpè  bracleolis  duabus  oppositis  ca- 
lyce  minoribus  stipata.  Petala  tôt  quot  sepala,  disco  hypogyno  in- 
serta  ,  nunc  oranino  libéra,  nunc  basi  plus  rainusve  in  coroUam  ga- 
mopetalam  coalita.  Stamina  plurima,  peîalorum  numéro  tripla  qua- 


4o6  SUR    LA    FAMILLE    BES   TERNSTRffliVÏIACÉES. 

drupla  quinave  ,  receptaculo  inserla,  imis  petalis  prœserlim  coalitis 
adnata;  filamenta  subulala  ,  brevia  ;  antherae  ereclœ  biloculares. 
Ovarium  liberum ,  ovatum.  Styli  2-5,  nunc  omnino  liberi  nunc  ad 
médium  usque  coalili,  uunc  rarius  ad  apicem  conflali.  Fruclus  ovato 
gloljosus,  intusin  lot  loculos  radiatim  divisus  quot  sunt  styli,  nunc 
sicco-baccatus  indehisccns,  niinc  capsularis  dehiscens.  Semina  in 
quoque  loculo  plurima,  angulo  interne  ad  placentam  centralem 
adfixa  ,  nunc  arcuata,  nunc  ovata  aiit  angulala  ,  in  Freziereis  et  Sau- 
raujeis  non  salis  nota ,  in  Ternstrœmieis  donata  albumine  carnoso 
parco ,  erabryone  tereli  axiii  arcualo  replicalove ,  cotyledonibus 
oblongis,  plumulà  inccnspicuà,  radiculà  longâ  hylo  adversâ. 

P^cg-  Arbores  Frutlcesve  élégantes,  cortice  rugoso,  ligno  molli 
albo,  ramis  terelibus.  Fclia  alterna  exstipulala  petiolata  penni- 
nervia  coriacea  ovala  lanceolatave,  intégra  aut  serrata,  nunc  glabra, 
nunc  villosa  aut  toraentosa.  Peduncub  axillares  aut  latérales  (nun- 
quam  terminales),  uni  aut  mult.flori,  basi  saspius  squamâ  instructi. 
l'Iores  albi  aut  ocbroleuci. 

Hist.  E  speciebus  buic  ordini  nunc  relalis  Linnseus  novil  i , 
Willdenowius  9,  Persoonius    i5.    Nunc   Sg   species  notas  sunt. 

Distr.  Geogr.  Ex  iis  aS  habitant  in  Araericœ  ufriusque  partibas 
calidioribus ,  nempè  in  insulis  Caribœis,  Mexico,  Guianà  et  Peruviâ, 
14  in  Asiâ  calidiore  et  orientali,  nempè  in  ludiâ,  Japoniâ,  Napauliâ. 

Ohs.  Ordo  non  salis  notus  prœserlim  qnoad  seminum  slructuram 
inlernam  et  affinilates  cum  aliis  ordinibus  ,  accedit  ex  habilu  iiiter 
Thalamifloras  ad  CamtlKeas,  inler  Calycifloras  ad  Symploceas,  inter 
Corollifloras  ad  Ebenaceas  et  Myrsineas ,  âb  omnibus  differl  slruclurà 
seminis  externà  et  sine  dubio  interna. 


I 


SUR    LA    FAMILLE   DES  TEaNSTRfflMlACEES.  ioj 

CONSPECTUS  GENERUM. 

Tribus  prima.   Ternstroemie^. 

■Calyx  basi  bihracleolatits .  Slyliis    i .  Siigma    siwplex.    Petala 
inter  se  coalita  ,  sepalis  opposite^,  ^ntherœ  aclnatœ. 

1.  T£R^fSTRŒMIA.  Petala  inter  se  basi  coalita.  Antherae  glabrae. 
Bacca  bilocularis. 

Tribus  secunda.  FrezierevE. 

Calix  basi  blbracteolatus.  Stylus  i.  Sligmala  5-5.  Pelala  dlstincla 
sepalis  alterna,  ^ntherœ  adnalœ, 

2.  Cleyera.  Petala  inter  se  libéra.   Aniherse  retrorsum  hispidae. 
Stilus  filiformis.   Sligraata  2-3.   Bacca  2-5- locularis.  ^  ,  ^ 

3.  Freziera.  Petala  inter  se  libéra.  Antherœ  glabrae  basi  subcor-i 
datée.  Stylus  apice  3-5-fidus.  Bacca  5-5-  locularis..      '[  , 

4-  EURYA.  Petala  inter  se   libéra.    Antherae  glabrae  tetragonae. 
Stylus  apice  3-5- fidus.  Capsula  5-5 -locularis. 

5.  Lettsomia.  Petala   inferne    equilantia  ,  interiora  angustiora. 
Filamenta  incurva.  Stigmata  3-5.  Bacca  3-5- locularis  (car.  fl.  Per.) 

Tribus  fertia.   SauraujEjE. 

Slfli  3-5.   Calix  basi  ebracteolatiis.  Petala  inter  se  coalita,  sepalis 
alterna,  ylntherœ  incutnbenles. 

6.  SauraUJA.    Petala  inter  se    ad    médium   coalita.    Styli    5-5. 
Capsula  3-5-  locularis. 

7.  Apatelia.  Petala  sublibera  aut  vix  subcoalila.  Slyli  5.  Cap- 
sula 5 -locularis. 


4o8  SUR    LA    FAMILLE    DES    TERNSTRŒEMIACÉES. 

Tribus  prima.  Ternstrœmie^.  Mirb.  bull.  pliilom  j8i3, 

pag.  38 1. 

Car.  Calyx  basi  bibracteolatus.  Petala  basi  iuter  se  coalila  ,  se- 
palis  opposita.  Antberas  atlnalœ.  Slylus  unicus.   Sligma  simplex. 

Ohs.  Ad  banc  Iribu  solam  pertinent  caractères  sperraici  supernè 

indicati. 

I.   TERNSTRŒMIA. 

.  '     '  '\"-  ■  >''i    . . 
Ternslrœmia  LiN.f.  sitpl.   Sg.  Schreb.  gen.  n.  8']2. — Taonabo 

yJuBL.  Guimi.   i.  p.  569. —  Ternslrœmia  et  Tonahea.Juss.gen. 

p.  26a  et265.  '-^'  Ternstrœmia  et  Dupinia.  Neck.  elem.  n.  io42 

et  1008.  —  Amphania  Banks,  iiiecl. 

Car.  Calvx  5  rarius'6-sepalusi  exlùs  basi  bibracteatus  ,  persis- 
tons. Pelala  5-6  plus  minus  inter  se  coalita ,  sepalis  opposita.  Stam. 
plurimœ  corollae  inserta,  duplici  série  disposita,  Ëlamentis  brevibus, 
anliieris  ereçtisbblongis  glabris.  Slylus  i.  Sligma  capitatum  ,  Bacca 
subexsucca,  calyce  slipata,  subspbœrica ,  a-locularis,  loculis  5-/^^ 
spermls.  Semina  angulo  interno  adiixa,  testa  fragili  donata.  Al- 
bumen parcum  carnosum.  Embryo  teres  arcuato-replicatus,  radi- 
cule longA  ,  cotyledonibus  parvis,  plumulâ  inconspicuâ. 

P'eg.  Arbores  Araericanœ.  Folia  ovata  aut  oblonga  aut  obovata, 
coriacea  ,  intégra  aut  dentata  ,  breviter  peliolata.  Pedicelli  uniflori , 
basi  scpiaramulà  instructif  apice  sub  calyce  bibracteolali.  Flores 
albi  aut  subocbroleuci. 

Obs.  In  hoc  senere  lanlum  inter  omnes  ad  ordinem  relates  ca- 
ractercs  sperniici  rite  cognili  suât ,  undè  forsan  a  cœleris  olim 
segregandum  erit. 

I.  Ternstrœmia  brevipes. 

T.  foliis  inlegerrimis  obovatis  subemarginalis  ,  pedicellis  axilla- 
ribus  flore  vix  longioribus. 


SXTR  LA  rAMU-r-E    DES  TERNSTRŒMïAcÉES.  409 

T.  meridionalis.  Miilis  in  Lin.  f.  supl.  264? 

Ifab.  Iq  America  calidiore  ,  verosirnililer  (  si  synonj'mon  Mu^ 
tisli  liùc  rite  relaliim  )  in  regno  Novas-Granadse  (  Mut.  )  ad  raoutem 
Qnindiii  (  BonpI.  )  5.  (v.  V.   C.  in  hort.  Malmaison). 

Folia  5  poil,  longi ,  2  fpre  lala  ,  oblusissima  aut  cmarginaa. 
Pedicelli  5-4  lin  longi  subinflexo-cernui.  Bracteolœ  2  gabrae  co- 
riacpœ.   CoroUa  albiila  5-fida  ,  lobis  in  specimine   vivo  subaculis. 

In  flore  a  cl  Mulisio  ipso  date  ef  mecum  ab  amie.  Bonpiand 
conimunicato  cornllœ  lobi  sunt  obtusi  ferè  rotundali  nec  aculius- 
culi  ,   an  duœ  forsan  adbuc    bic  confusae  species  ? 

2.  TdrnoTRŒMIA  peduficularis^ 

T.  foliis  inlc^gerrimis  ovato-obloiigis^  oblusis  ,  pedicellislatera- 
libus  flore  Iriplo  longioribus. 

T.   meridionalis.  Sivartz.  ohs.   hot^  20'j  ? 

Hab.  In  insulis  Caribceis  et  (si  synonymon  Swarlzii  rilè  relatum) 
sppciatim  in  Jamaica,  Nevis  et  Domlnica.(S\Y.)  6.  (v.  s.  sp.  ) 

Media  inler  T.  brevipedeni  et  T.  linealara.  Eami  tereles.  Folia 
fere  laevia  ,  obovalo-oblonga^  basi  attenuala,  inpellolumbrevissimum 
angustata  ,  4  poil,  longa  ,  pollict-m  lala,  obtusa,  subtus  subrufescen- 
tia.  Pedicelli  latérales  aut  suprà  extrave  axillares  ,  compressi, 
pollicem  et  ullra  longi  ,  apice  subinflexi ,  foliis  fere  longiludine 
œquales.  Bracteolae  2  deciduse,  oblongœ  ,  aculœ.  Sepala  5  coriacsa 
subrotunda  ,  niargine  juniora  glanduloso-subserrulata.  Flores  T. 
Levipedis  sed  lobi  obtusîores. 

[    5.  Ternstrœmia   lïiieata.  Tab.  i. 

T.  foliis  integcrrimis  oblongis  subacutis  ,  pedicellis  lateralibus 
«ernuis  flore  \\\  lonsioribiis. 

T  meridionalis.   Moc.   et  Sessé fl.  mex.  ined.  ic.   et  descr. 

Hab.  In  Mexico  ad  clivum  vulgo  det  Toto  in  ilintre  Sancluatii 
Ghalmensis  5  fl.  maio. 

Arbor  4  orgyalis.  Rami  scabri.corticerugoso  rimoso.  Folia  brevis 

Mem.  de  la  Soc.  dePhys.  et  d'il.  nat.  T.  1.'',  2 .'  Pari,        1 G 


4lO  SUR   LA    FAMILLE    DES   TERNSTRŒMIACÉES. 

sime  petiolata ,  basi  altenuata.  Pediculli  exlrà  axillares ,  fuscescentes , 
cernui.  Bractgolasnullœ  aut  deciduae.  Calyx  sepalis  ovalo-orbiculalis 
demum  retlexls.  Corolla  subglobosa  albida  cura  lineà  nibrâ  transver- 
sal! in  niedio  loboruoi  piclâ.  Bacca  uvata.  Semina  rubra  (  fl.  Mex.  ). 
4.  Ternstrœmia  elliptica. 

T.  foliis  infegerrimis  elUpticis  acutls  ,  pedicellls  lateralihus  pe- 
tiolo  duplo  longioribus. 

T.  elliptica  Siv.prod.   81.  Vahl  symb.  3.  p.  61.  ^ 

Amphania  inlpgrifolia  Soland.  mss,  ex  Fors. 

Hah.  lu  insulis  Caribaeis  nempe  in  Si.  Vincenlio  (^Forsflh) , 
Montserrat  et  Guadalupa  (Sw.  ).  3-  (^-  *•  *P-  ®'"^  f'-)- 

Rarai  tereles.  Folia  marginibus  in  sicco  revolutis  ,  breviter  petio- 
lata ,  utrinque  acuta,  3  poil,  longa  ,  sesqui-pollicem  lata.  Speci- 
lufn  raeum  provenit  ex  ipso  Forsy^hio  a  i;[uo  cl.  Valilius  suum 
habuit. 

4.  Ternstrœmia  punctala. 

T.  foliis  integris  oblongis  subenlarginatis  margine  punctato-den- 
llculatis,  pediculis  axillaribus  peliolo  multo  longioribus. 

Taonabo  punctata.  Auhl.  Guian.  i.  p.  bji.  t.  228.* 

T.   punclata.  Sw.  prod.  81.  Mirh  bull.  phil.  i8i5.  p   582. 

Hah.  In  Guianœ  sylvis  supra  montem  Serpentis  dictum  (Aubl.  ) 
5.   fl.  aug. 

6.  Ternstrœmia  dentala. 

T.  foliis  dentato- serratis  ovali- oblongis  acuminalis  ,  pediculis 
axillaribus  lateralibusque  petiolo  paulo  longioribu.s. 

Taonabo  deniata.  Auhl.  Guian.  1.  p.  56y.  /.  227.  * 

T.  dentala.  Siv.  prvd.  81. 

Hah.  la  Guianae  sylvis  supra  monlem  Serpentis  dictum.  (  Aubl.) 
5.  (v.  s.  sp.  ). 

Species  sub  hoc  nominc  a  cl.  Mirbelio  (  bull.  phil.  18 1 3,  p.  582) 
descripta  milii  ignota  ,  sed  a  uoslrà  diversa  videtur ,  nam  in  nosirâ 


SUR    LA    FAMILLE   1)ES    TERNSTR(ŒMIACÉeS.  4  II 

bracleœ  arlsunt  2  distinct»  et  in  Mirbi^lianâ  nullas  ;  in  nosirâ  co- 
rollae  lobi  sunl  vix  patentes  ,  in  Mirbeliana  palentissimi  ;  in  nostra 
aniheras  omnino  glabrje  et  in  Mirbeliana  apice  barbatœ  :  in  nostrâ 
Stylus  siniplex  ,  in  Mirbeliana  triûdus  ;  nostra  a  Falri.sio  in  Cuiana 
lecla  optimè  ironi  Aubletianœ  respondet,  nisi  in  eo  quod  folia  sint 
paulo  latiora  et  minus  acuininata. 

7.  Ternstrœmia  salicifolia. 

T.  foliis  serrulalis  oblongis  acuminatis  subaveniis,  pedicellis 
2-3  asillaribus  peliolo  ferè  brevioribus. 

T.' f1<^ntala.   Spreng !  in  herb.  BaJb. 

Hab.  In  sylvis  Guadalupœ.   Bertero  6.   (v.  s.  sp.  ). 

Barni  teretes,  apice  jiiniores  pube  adpressâ  subpubenfeSjarlulll  gla- 
tri  rufi.  Folia  eodeniniodo  juniora  sublus  Mibpubc  ntia  ,  adulta  gla- 
berrima  ,  breviter  peliolata  ,  oblonga  ,  ulrinque  arutninala  ,  serrala  , 
niargitie  ad  basin  subrevoluto  ,  4  poil,  longa  ,  poUicem  lata  ,  venis 
parvis  non  prominulis.  Pi-dicelli  2-5  ex  axillis  orti  ,  1-2  lin.  longi , 
glabri  aut  in  apice  ramorum  subpubentes.  Bracteolœ  2  ciliolata^. 
Calycis  sepala  oblusa,  juniora  sallem  ciliala. 

8.  Ternstrœmia  lenosa. 

T.  foliis  serrulaiis  oblongis  venosis ,  pedicellis  aggregalis  axilla- 
ribus  peliolo  ferè   brevioribus. 

T.  venosa  Spi-eng.  neu   eiitd.    i.p.  162. 

Hab.  In  Brasilia  (Ottd  ex  Spr.  ).  5. 

Bracfeolae  2  ciliala?  ad  basini  calycis.  Corolla  flavida  ,  5partita. 
Folia  suprà  obscure,  sublùs  flavido-virentia  ,  venis  subtus  promi- 
nulis. 

9.  Ternstrœmia  ?  quin(jueparlita. 

T.  foliis  obsolète  serrulali.s    obovatis  ,    corrolfis  cpiinquepartiti», 
T.   fjtiinquepartita  Riiis  et  Pau.  syst.  Jl.  perih'.  p.  180 
Hab.   Il)   Aiidinm  sybalicis  et  frigidis  versus   Pillao   vicum   (  R. 
et  P.  )  3.  fl.  a  maio  ad  septcuib. 


4l2  SUR    LA    FAMILLE   DES   TERKSTROîMrAeÉKS. 

Frulex  biogyalis  frondosissimus.  Bracteolae  cilialœ.  Stamina  in  5 
phalanges  disposila  (R.  et  P.  ).  Snecies  forsaa  a  génère  excludeaJa? 

lo.  Ternstrœmia  ?  glohiflora. 

T.  foliis  integerrimis  oblongis,  coroliis  globosis  quinquedenlatis. 
Ternslraîmia  gldbiflona.  Ruiz  et  Pav.  syst.Jl.  p.   i8o. 

Hub.  In  Andium  sjivalicis  frigidis  versus  Piilao  vicum  (  R.  et  P.  ) 
2.  fl.  fi  niaio  arl  aug. 

frulex  4'ulnaris  raraosissrmus;  bracteolae  non  cilialae.  slainina 
in  5  phalanges   disposila  (R.  etP.). 

Tribus  secunda.  Freziere^. 

Car.  Calyx  basi  bibracteolalus.  Pelala  inter  se  libéra  sepalis  al- 
terna; aniher£e  adnatse  .Siylus  i.  Sligmata  3-5  disliucta.  —  Semiua 
non  salis  nota. 

II.   CLEYERA. 

Cleyera   Thvnb.    Jap.  p.    12.  -  Hoseria  scop. -Ternstra&miae 
sp.  THUNB.  act.  soc.  Lin. 

■Car.  Calyx  5-sepalus  ,  persistens  ,  exlus  basi  tibracteolaius. 
Pelala  5  basi  libéra  nec  coalila,  sepalis  alterna. Slaraina  pliirima,  imi« 
pelalis  adhaerenlia  ,  filamentis  tenuibus  ,  aniheris  erectis  laleralitcr 
retrorsum  hirtis.  Gvariuni  i  globosum.  Stylus  filiformis.  Stigmata 
2-3.  Bacca  exsuoca  ,  calyce  stipata ,  subsphœrica  ,  2-3-locularis  , 
Joculis  3-4-spermis.  Symino — 

f^eg.  Arbores  Asiaticœ,habitu  Ternstrœmias  simu1antes,sed  petalis 
liberis  cum  sepalis  allcrnantibus  anîherisque  hirtis,  salis  distinctap. 

I.  CleyêRA  Japonica. 

C.   Foliis   obioiigo-larK.eolatis  avenlis   apice  serrulatis. 

Mokokf  vel  Mukokf.  Kœnipf.   amaeii.  5.p.8']5.*  et  p.  'j'jl^.iç. 

Cleyera  japonica   Thunb.Jl.  Jap.  p.  a.:il^.  *  et  p.  12.  * 


STTR  LA    FAMILLE   DES    TEHNSTRŒMIACEES.  4l  5 

Ternstrœmia  japonica.    Thunb.  act.  Liiu  soc.  2.  p.  535.   willd. 

f<p.    2.   p.     I  1 29. 

Hab.  In  Japoniâ  propè  Nagasaki  (Th.)  3-  H-  jal.-aul.  (  v.  s. 
sp.  sine  fl.  ), 

Speciinen  parvum  liabui  al)  amie.  Delessert  qui  ipse  ,  ut  vidclur., 
olim  sub  hoc  nomine  a  Thunbergio  habuit;  opiimè  congruit  cum 
icône  Kœmpferiana  et  a  sequenli  specie  differl  folils  anguslloribus 
aveniis  ,  sed  difFert  a  descriplione  Thunbergiana  in  eo  quod  folia 
sint  eliam  apice  intégra  :  -an  polius.ideo.ad  sequeiitls  var.  primam 
•rendum  ? 

2.  Cleyera  Ochnacea. 

C  Foliis  ovaU  -oblongis  utrinque  aculis  supernè  venosis  inlegrts. 

=ti.    Kœnrpferiana. 

^embokv  Seu  Ruugamhokf  vulgo  Sakaki  Kœmpf.  amcen.  777, 
Banks    ic.  Tcoempf.  t.   33. 

/3.    TVaïlichiana. 

Hab.  a.  in  Japon ia  (Kœmpf.)  ,  /3.  in  NapauHa  (^TT^all.^  3 
(  V.  s,  sp.  var.   |8.  à  cl.   WaHich  comm.  ). 

T^ar.  a.  est,  tesle  Kœmferio ,  arbor  medrocris  idolls  sacra,  Myrii 
Boraani  foliis  et  (loribus  ,  exlremitate  surcolorum  tenui  et  reduncA  , 
Laccis  piperis  magnitudine  stylo  cttspidatis,  seinind>us  in  carne  pul- 
■posâ  et  austera  6-7  aut  plurimis  saporis  subamari. 

f^ar.  |8  ,  quam  cl.  WaUich  mecuna  amicissimè  cirra  pluribus 
■aliis  Napaulensibus  rarissimis  plantis  coromunicavit  et  quam  ipse 
cuni  du-bio  ad  Sakaki  retullt  ,  opiimè  e\  sicco  congruit  cum  iconc 
Kœmpferiana  nisi  ex  stylo  in  icône  (forsan  picloris  incuriâ)  sim- 
phci  et  in  nosfrà  apice  3-  3-iîdo.  Rami  Cercles  glabri  ut  tota  planta, 
^olia  juniora  ad  apicemramulorum  convoluta  et  acumen  ferè  ut  ia 
Fico  aut  Masnohâ  acuminatum  subincurvum  constituenlia  ;  adulta 
breviter  peliolata  ,  elHpiica  ,  utrin(jue  attenuala ,  3  poil,  lonf^a, 
pjoUicem  Jata  ,  peninervia  ,  venis  laleralibns  supernè  pro- 
roinulis.  Pedicelli  ex  axillis  foliorum  ramuii  infcrionim  sœpe  jam 
•deciduorum  orfi,  3-5   aggregali,    iuflexi  aut  subcernui ,    i-flori, 


4l4  SUR  LA   FAMILLE    DES    TERNSTRiSMIACEES. 

6-8  lin.  longi.  Bracleolse  2  sub  calyce  ovali-ol>long£e  catlucîs- 
siîiue.  Calycis  sepala  5  ovalia  oblusa  margine  membranacea.  Pe- 
fala  5  patenlia  ovali-obloiiga  oblusa  calyce  duplo  longiora.  Stamia* 
ad  cujusque  pelali  basiin  5  -  6  ,  brevia  ;  aniherae  ereclœ  ad  quod- 
que  lalus  pilis  rigidis  relrorsis  siogulari  modo  hirtis.  Ovariura  sub- 
gtobnsum.  Stylus  1  filiformis  ,  apice  in  sligmata  2-5  fissus.  Fructus 
juilij  isnolus. 


o*- 


III.  FREZIEBA. 

Eroipum  Soland.  niss.  Sw.  prod.  85.  Schreb.  gen.    n.    ly^y.- 
Freziera.  Siv.fl.  ind.  occ.   a.  p.  971.   PViLD.   sp.  2.  p.   1179- 
HuMB.  et  BoNFL.  pi.   eejiiiiu  i.  p.   22. 

Car.  Calyx  5-sepaIus  ,  persisleiis  ,  exlùs  ba.ii  bibracteolalus. 
Pefala  5  dislincla  basi  laliora.  Siam.  20-3o  dislo  bypogyno  inserta 
aut  rarius  imls  petalis  adboerentia  ,  Ciansenlis  subulalis  ,  aniheris 
ere;;tis  subcordaiis.  Ovarium  subroluiidum.  Stylus  brevissimus,  3-5- 
fidus.  Bacca  essucca  ,  slylo  acuminala  ,  3  -  5  -  lucularis  ,  calyce 
bracteolisque  slipala.  Srmina  plurima  angulo  loculorum  centrali< 
ad  receptaculum   angulalum  adfixa. 

/  eo'.  Arboivs  Americanœ,  excelsse,  Lauri  babitu.  Folia  peliolala». 
coriacea,  supernè  glabra  ,  sublus  sîrpius  toraentosa  aul  serioea  ,  in- 
terduiii  piibescenlia  demum  glabra  ,  penninervia  ,  intégra  aut  ser- 
rata  ,  juniora  involutiva.  Pedicelli  axillares  ,  solilarii  aut  geniini 
terni  plurimive  ,  brèves,  uniflori ,  basi  squammulà  instructi  ^  apice 
sub  calyce  bracteolas  2  opposilas  gerentes. 

Obs.  Nomen  quod  prima  vice  Solander  et  ipse  Swarlzius  huic 
giMi<-ri  imposuerimt ,  Swarlzius  deinde  in  Frezieram  mutavit  ob- 
nimiam  Erotei  et  Erodii  coasonantiam. 

I .  Freziera  ihœoldes. 

F.   foliis  ovalo- lancpolatis  serrulalo- denlalis  ulrinque   glabriSj 
pedicellis  solilariis  unifloris^. 


SUR    LA    FAMILLE    DES   TERNSTnŒEMI ACCES.  4l5 

Eroleum  thœoides.  Sw!  prod.  85. 

Fr.   lliœoides.  Sw.  fl.  ind.  occ.   2.  p.  972.  * 

Hab.  in  "raonlibus  excelsis  Jamaicœ  auslralis  in  monte  Catlia- 
rinae  parsecias  S.''  Andreae  ('S'w.  )3  C''-  s.  sp.  ). 

3.   Freziera  undulala. 

F.  foliis  elliplico-lanceolalis  acuminatis  serratis  utrinque  glabrisj 
floribus  axillaribus  confertis. 

Eroteuna  undulafum.  Sw  !  prod.  85.  T^ahl !  symh.  1.  p.  61. 

Fr.   undulala.  Sw.  fl.  ind.  occ.  2.  p.  974-*   ff^dld.  sp.    2.  p. 

1179- 

Hab.  In  sylvis  montium  summorum  insularnm  Sti.  Cbrislo- 
■phori  (Mass.),  Moniserrali  in  sulphuris  monte  (Ryan),  Guada- 
lupae  (Ponlbieu)',  S.''  Vincenlii  (Anders.  )  3  (^-  *■  *P0 

Folia  novella  et  Kamuli  teneri  paululum  pubescunt. 

3.  Freziera  nervosa. 

F.  foliis  lanceolalis  denlatis  supernè  glabris  sublus  pubescenllbus, 

pedicellis  plurimis  fasciculatis. 

F.  nervosa.  Humb.  et  Bonpl.  pi.   equin.   i.  p.   3i.  /.  9.* 

Hab.    in  Americae  auslralis  provinciâ  Paslo  locis  frigidis  (Humb. 

€l  Bonpl.  )  3. 

4.  Freziera  sericea. 

F.  foliis  elliplico-lanceolalis  acuminatis  serruialis  subtus  argen- 
leis  ,  floribus  2-3   axillaribus   sessilibus.  ^ 

F.  sericea.  Humb.  et  Bonpl.  pi.  equin.  i.  p.  2g.  /.  8.* 
Hab.  frequenlissima    in    provinciœ    Paslo   frigidis   inler    urbem 
Qnilo  et  Popayan  (  H.  et  B.  )  3- 

5.  Freziera  clirysophylla. 

F.  foliis  lanceolalo-oblongis  acuminatis  snptrnè  glabris  sublus 
tomenlo  sericeo  aureo  rillosissimis ,  pedivielhs  axdlaribus  paucis 
brevibus. 

F.  chrysophjlla.  Humb.  et  Bonpl.   pi.  equin.  i.  p.  27.  /.  7.  '^ 


4l6         SUR   LA.   FAMILLE   DES   TERNSTRŒMIACEES. 

Hab.  In  frigidis  Andibus Peruviœ  juxla  urbem  Pogayan  (H.  ef 
B.)  5  (  V.  s.  sp.  ). 

6.  Freziera  canescens-. 

F.  foliis  elliplico-oblongis  serrulatis  sublus  tomeutosis  incanifr, 
pcdicellis    1-2  axilfaribus. 

F.  canescens.  Hiiinb.  el  Bonpï.  pi.  eqiiin.  i.  p.  aS.  t.  6.  * 

Hab.  In  Péruvien  andibus  inter  Quito  et  Ybarra  (H.  et  B.)  5î 

y.  Freziera  reliciila/a. 

F.  foliis  ovalo-lanceolalis  serratis  subtus  tomentosisj  pedunculis 
3-5  axillaribus  fasriculalis. 

F.  reiiculala.  Hiiml .  et  Bonpl !  pi.  eguin    \.p.  23.  /.  5.* 

Hab.  In  Peruviœ  Andibus  propè  urbem  Almaguer  (H,  et  B.  ) 
5   (v.  s.  s^-l 

W.   EURYA. 

Eurya.  Thvnb.  ft.  Jap.p.  ïi.  nov.  gen.  67.  ScHREff.  gen.n.  820. 
Juss.  gen.  /^^2.  Lam.  m.  t.   40 !• 

Car.  Calj'x  5-sepalîis  extùs  basl  bibracleolàtus ,  sepalîs  ovalis- 
concavis,  bracleolis  calyce  triplo  brevioribus.  Pelala  5"  libéra  suB- 
rotundo-ovata  concava.  Slan»;  i5  ,  filamenlis  brevissimis  ,  an- 
iheris  erectis  lelragonis  longitudine  ferè  corolJae.  Ovarium  i.  stylus- 
subulatus.  Sligmala  3- S?  reflexa.  Capsula  globosa  ,  stylo  persis- 
lente  apiculala ,  S^  5-?  -locttlaris  ,  S- 5 -  valris,  iocuUs  3  - 4 -sperniis. 
Semina  triqueira 

T^eg.  Frutices  Asialici.  Foiia  alterna,  brevissimè  petiolata  ,  ob- 
longa  aut  ov^la  ,  serrata  ,  smipervirenlia  ,  peiHiinervia.  Pedicelli 
j  -  3  ad  axillas  foJioruna  j    brevlssimi ,    i-flori.   Flores  parvi ,   albL 

Obs.  Fruclus  capsularis  dicilur  a  Thunbergio,  baccaJus  a  Kœmp- 
ferio.  Genu.s  valdè  afilne  Frezierse  sed  antheris  tctragouis  nec  basi 
cordalis  dktiuclum. 


SUR    LA    FAMILLE    DES   TERNSTR(EM1Ac£e8.  AlJ 

1.  EoRYA  Japonica. 

E.  ramulis  eliam  junioribus  glabris,  foliis  ovalo-oblongis,  flo- 
ribus   nxillaribus. 

Fisnkaki.  Kœmpf.  amœn.   5.  p.   778. 

E.  Japonica.    Thunb  !  Jap.  p.    19t.  /.  aS.  * 

Hall.  In  Japoniâ  ,  vulgaris  in  montibus  circa  Nagasaki.  (Th.)^- 
11.  sept.  -  oclob.   (  V.  s.  sp.  ). 

Frulex  ex  omni  parle  glaber  ,  ramis  Iaxis  ereclo-incurvis.  Folia 
frequenlia,  ovato-oblonga  ,  vix  peliolata  ,  regulariler  serrala ,  ser- 
raluris  subcallosis  ,  non  maie  Pbyllireae  lalifoliœ  folia  rcferenlia. 
Pedicelli  axiilares  gemlni    brèves  tenues   i  -  flori.  Alabaslra  parva. 

Ex  Kœmprerio  duae  sunl  Fisakaki  species  :  una  flosculis  rubcn- 
llbus  ,  altéra  floribus  albis  ;  iilraque  babct  baccara  succosam  Ju- 
niperinœ  similem  et  colilnr  eleganfiœ  causa  in  Japoniaj  borlis  ur- 
banis.  An  verè  rarlem  ac  Eurya  ?  an  duœ  species  hic  confusœ  ? 

2.  EuRYA  mulùflora. 

E.  ramulis  pilosiusculis ,  foliis  elliptico-oblongis  ,  floribus  secus 
ramos  sœpius  infra  folia  fascicnlalis. 

Hah.  In  Napaulia  TVaïïlcli.  5.   (v.  s.  sp.  ). 

Frulex  raniosissimus  ,  ramis  tprelibu.s  altcrnis  ,  cortice  fusco  gla- 
bro  ,  ramulis  tenellis  apice  pilosiusculis  piibpsceniibtisve.  Folia  al- 
terna, elliplico- oblonga  ,  serraluris  minimis  aculis  denliculala  j  2 
po'il.  longa  ,  scmi  poil.  laJa  ,  glabra  ,  sublus  paliidiora  ,  in  sicco 
suoflavescenlia.  Pedicelli  brevi,*simi ,  2-5  fasciruiali  ,  infra  folia 
secus  raraos  ad  folinrum  ■velerum  axillas  rascenJes,  i  -  fiori  ,  piu- 
rimi  secus  ramos.  UracteoUe  2  ovaio-subro'unda;  glabra?  ad  basin 
calycis.  Sepala  5  cnmformia  Sfd  paulo  majora.  Peiaia  5  ovalia 
obiusa  calyce  duplo  longiora.  Filamenta  10- 1 5  tenuia.  Aniherae 
teiragonae.  Fruclus  videtur  bacca  exsucca  ,  visgrani  piperis  dj- 
midiam  magniludinem  a?cjuans. 

Mém.  de  la  Soc.  de  Phys.  et  et  II.  nat.  T  1.",  2  '  Pari,        ]  7 


4]  8  SUR   LA.   FAMILLE    DES    TERNSTRflïitflAciES. 

3.  EoRYA  ac.uminala. 

E.  Ramulis  \  illosis  ,  foliis  elliplico-oblongis  acumlnalis  ,  floribus 
asJllaribus  paucis. 

Hab.  In  Napaulià.    IVallich  3  '  (  "^^  ■*•  ^P-  ) 

Priori  valdè  affinis  et  forsan  ab  eâ  non  salis  dislincta.  Specimina 
djfferunl  tanlum  ramulis  per  lolam  longitudineni  nec  apice  lantura 
villosis  ,  foliis  niagis  objongis  et  acuminalis  ,  pedicellis  paulo  longio- 
ribus ,  solilariisj  gemiuis,  rarius  ternis,  ad  axiUas  ortis. 

V.    LETTSOjNIIA. 
LuUsoniia  Ruq  el  Pav.  srsf./I.per  i5^.  prodr.  p.    77.  t    t^ 

Car.  Calyx  5-sepalus,  basi  bibracleolatus.  Pelala  infernè  equi- 
tantia.interiora  angusiiora.  Stam.,  plurima  Glamenlis  incurvis.  Slylus 
I  brevissimus.  Stigmata  3-5.  Bacca  5- 5-locularis.  Seraina  uume- 
losa  ,  trigona.  Placenlœ  angulis  dissepimenlorum  adnatae(R.  et  P.). 

F.eg.  Frutices  Peruvianœ  triorgyales  non  salis  noLse.  Genus  ideo 
recognoscendum. 

1.  Lettsomia  tomentosa, 

L.  foliis  lanceolalis  integerrirais  subtus  tomenloso-sericeis  ,  baccis 
5-loculainbus. 

L.   \omen\o?'?k  Ruiz  el  Pav    syst.   i34. 

Hah.  lu  Peruviœ  nemoribiis  copLosè  inter  Cbincbao  vicura  et  Pati 
pfedium,  5-  ^-  ^"d-   sep'emb, 

2.  Lettsomia  lanata. 

L.  foliis  lanceolatis  obsolète  serrulatîs  lanalis  ,  baccis  trilocu- 
laribus. 

L.  lauala  Ruis  et  Pav.  syst.   i55. 

Hah.  In  Peruvias  nemoribus  versus  Pati  prœdiura  et  Chinchao 
,el  Pillao  vicos.  (  R.  et  P.  )  3,  fl.  aug.  septemb. 


SUR  LA    FAMILLE    DBS    TEUNSTROÏMIACÉES.  4lQ 

Tribus  lertia-     Saurauje.ï. 

Car.  Calyx  exius  ebracteolalus.  Pelala  sepalis  alterna  bas!  pliis^ 
minus  inter  se  in  corollam  i  -peîalam  coalita.  Slamina  imœ  corollœ' 
adliœrenlia.  Anllieraj  clor?o  inserlœ  incumbenlcs  nec  adnatie.  Slylii 
5-  5  ab  ovarii  apice  distincti.  -  Semina  non  satis  nota. 

VI.   SAURAUJA.- 

Saurauja.  TVillt).  nov.  act.  soc.  nat.  ciir.  herol  3.  f.  4o6.  t.  4- 
Leucoihea  yZ.  mex.  i«eJ.  -  Scapha  Noronha  meJ.- Vanalphi- 
mia  Lechen  z>ie(^.  -  Sauramia  juss.  mem.  mus.  5.  p.  245. 

Car.  Calyx  5-sepaIus  ,  persislens  ,  basi  ebractealus',  sppalis 
obovatls  orbiculalisve  ,  interioribus  margine  snbmembranaceis. 
Petala  toro  inserla  ,  basi  in  corollam  monopetalara  coalita  ,  lubo 
brevi,  limbo  5-iobo,  lobis  obovatis  obcordalisve.  Stam  plurima  tubo 
corollas  adnata  et  inler  se  basi  filamenforum  subcoalita.  Anlher.-e 
*rectœ.  Ovarium  globosura.  Slyli  5  filiformes  in  stigmata  simplicia 
desinenles.  Capsula  globosa  ,  calyce  cincta  ,  stylis  coronala,  5-lo- 
cularis,5-valvis.  Semina  plurima,  angulo  loculamenlorura  inlerno  ad- 
£\a 

f^eg.  Arbores  frulicesve,  aliaî  Americanae ,  aliœ  Asiaticse ,  ligno 
molli  donatae.  Rami  lereles  ,  juniores  (ut  pedunculi  pelioli  et  folio- 
rum  nervi  medii  )  plus  minusve  pilis  strigoso  -  membranaceis  fer- 
rugineis  obsili.  Folia  alterna,  exstipulata,  peliolata  ,  ovalia  ,  acu- 
minata ,  serrala  ,  penninervia  ,  supernè  glabra,  aut  juniora  pilos 
eparsos  gerenlia  ,  sublus  glabra  aut  velutina  nervo  medio  sempcr 
substrigoso.  Pedunculi  axitlares  aut  latérales,  siniplicos  aut  ramosi, 
uni  aut  mulliHori.   Flores  albi. 

Ohs.  Genus  speciosum  ab  omnibus  aliis  Ternsiroemiaceis  stylis' 
plurimis  facile  dislinctum  ,  cum  Apalelià  solà  confer«u(!um  sed  di— 


4-20  SUR   LA   FAMILLE    DES    TERNSTRŒMIACÉES. 

versïlm  ob  corollam  vere  monopetalara  nec  petalis  imà  taulum  basi 

coalitis  conslanlem. 

r,  Saurauja  excelsa. 

S.  foliis  oblongo-obovatis  acutlusculis  integerrimis  suprà  sca- 
bridis  sublus  ad  venas  piloso-hirtis  ,  peduiiculis  fusco-villosis  loiigis 
apice  tricliolonio -paniculali:?. 

S.  excelsa.   TVilld.   act.-nov.    nal.    ciir.  5.  p.  ^06.  t.  /^.* 

Hah.  lu  sylvis  e\celsis  inoniaais  inter  rupes  secus  rivulos  in  pro- 
vincià  Caracasanâ  (Bredeineyer  ex  Willd.  )  3-  fl'-aprili- 

2.  Saurauja  vHIosq.  Tab.  II. 

S.  foliis  ellipticis  utrinque  acuminalis  a  medio  ad  apicem  hinc 
inde   serralis  ,     subli^s  ramuiis    pedunculisque  viliosis. 

Leucolhea  villosa.  Moc.  et  Sessé.  Jl.   mex  ined.  ic, 

Hab.  In  Mexico.  3- 

Ratni  adulll  glabri  fusco-virides  ,  jiiniores  villosi.  Folia  ovalia  , 
ulrinque  acuminala  ,  petiolala  ,  sublus  villosa.  Pedunculi  axillares^ 
villosi ,  erecii  ,  apice  paniculato  -  corymbosi  ,  peliolo  longiores  , 
folio  breviores.  Bracteœ  lineares  ,  aculœ.  Calycis  sepala  ovalia, 
subobtusa,  villosa.  Corolla  alba  ,  5-fula,  patens  j  lobis  ovalibus. 
Slamina  multiserialla ,  coroUœ  longitudine. 

3.  Saurauja  seirata.  Tab.  III. 

S.  foliis  elliplicis  basi  allenualis  aculis  serratis  glabris  ,  ramU 
peliolis  pedunculisque  tomento  ferrugineo  velutials, 

Leucoltiea  serrata  Moç.  et  Sesse'  /l.  mex.  ined.  ic. 

Hah.  In  Mexico.  3- 

Riiini  aduUi  glabri  fusco  rubentes  ,  juniores  tomento  brevi  fer- 
rugineo velutini.  Folia  elliplica ,  fere  obovata ,  basi  atteouate  , 
apice  acula  ,  irregulariter  grosseque  serrata  ,  glabra.  Petioll  abbre- 
viali,  tomeiitoso-l'crruginei.  Pedunculi  eodeai  tomento  velutini,  axil- 
lares  ,  srecti ,  folio  breviores,  paniculati.  Bracteœ  lineares.  Flores 
albi.  CoroUœ  lobi  ovalo-rolundi  oblusi. 


SUR  LA  FAMILLE    DES  TEUNSTRdïSUACÉES.  421 

4.  SauraujA    Napaulensis. 

5.  foliis  oblongis  ulrinque  acuminatis  serraîis  supernè  glabris 
subtus  in  nervis  ramulisque  slrigoso-pilosis,  pedunculis  racemosis 
petiolo  multo  longioribus. 

Hab.  In  Napaulià  TJ^allich.  3-  (  "v.  s.  sp.  ) 

Rami  teretes  fusci ,  adulti  glabri ,  juniores  pilis  strigoso-palea- 
ceis  ferrugineis  conferlis  scabri.  Folia  ad  apicem  ramularum  ap- 
proximata  ,  alterna  ,  breviter  petiolala  ,  oblonga  ,  ulrinque  alle- 
nuala  ,  regulariter  serrata  ,  4"5  poil,  longa,  poUicera  lala  ,  penni- 
uervia ,  nervis  subtus  regulariter  prominulis ,  supernè  glaberrima, 
subtus  juniora  lomenlo  brevi  velulina  ,  adulta  subglabrata  ,  pe- 
tiolo nervisque  strigoso-pilosis.  Pedunculi  asillares  ,  erecli ,  sub- 
villosi  5  poUices  longi  ,  racemosi  ,  7-8-llori,  pedicellis  i-floris 
ebracteatis  6-8  lin.  longis.  Sepala  orbiculata  fera  glabra  persis- 
tentia.  Flos  ignolus.  Fruclus  junior  globosus  stylis  5  brevibus  co- 
ronatus. 

5.    Saurauja  lanceolala.  Tab.  IV. 

S.  foliis  oblongo-Ianceolatis   acuminatis  minutissimè  serrulalis , 
adullis  glabris  ,  junioribus  squamulas  rufas  in  nervis  gerenlibus  , 
pedunculis  axillaribus  petiolo  subœqualibus  apice  umbellatis. 
Vanalphimia  lanceolata.  Lech  !  mss.  ni.  643. 
,j3.  glabrata. 

Hab.  in  Java  ubi   dicitur  Popko.   Lechenault.  3-  (  v.   s.  sp.  iu 
h.  Mus.  Par.  ) 

Species  nimis  affinis  ApateKœ  lanceolatœ  sed  monopetala. 
Arbor.  Rami  teretes  ,  juniores  pilis  squuniosis  aculis  adpressis 
ruGs  demum  deciduls  obsiti.  Folia  oblonga  ,  acuminata  ,  palmam 
et  ampliùs  longa  ,  peuniuervia  ,  margine  serraturis  minimis  acutis 
8parsis  subserrala  ,  petiolo  senii  polbuem  longo  nervisque  iniprimis 
junioribus  pilos  squanimosos  gerenlibus  ,  cœterum  glabra.  Pe- 
dunculi axillares  ,  petiolo  paulo  breviores ,  pilis  squammosis  rufis 
obsiti,  apice  umbellatira  ramosi ,    pediceUis   3-5  pedunculp  ferè 


422  SUR  LA  FAMILLE    DES    TEHNSTRCEMIACEES. 

loiigiorlbns  i-floris  ebraclealis.  Flores  parvi  nempè  4- Silin.  dia- 
naetro.  Calyx  sepalis  5  ovalibus  ,  a  esterioribus  acutis,  interioribua 
obtusis  coloratis.  Corolla  5-parlita  ,  lobis  oblongis  obtusis.  Stamina 
20-25  coroUœ  tubo  inserla.  Anlberae  ferè  sessiles.  Ovarium  ova- 
tum.  Styli  5  erecli.  Capsula  (  ex  Lech.  )  ovalo-globosa,  5-sulcata, 
5-locularis  j  5-valvis.  Semiiia  in  quoque  loculo  plurima  ,  minuta, 
orbiculata. 

6.  Saurauja  nudi/lora.  Tab.  V. 

S.  foliis  obovalis  subaculis  subserralis  ,  adlillis  utrinque  glabris'i 
pedunculis  laleralibus  i-floris  solilariis. 

Hah.  In  Javc^.  La  Haye.  3-  (v.  s.  sp.  in  herb.  Deless, ) 
Rami  teretes  cinerui  ,  adiilti  glabri  ,  juniores  pilis  squamraosis 
riifis  raris  brevibus  laliusculis  hine  indè  ul  pelioli  pedunculi  et  nervi 
niedii  paginac  folioriim  inferioris  obsili.  Foiia  sparsa  ,  ovalia  aut 
obovala  ,  subaciUa ,  serraluris  niiiiimis  prœserliui  ad  apicem  ins- 
tructa  ,  basi  secus  petiolum  non  attenuata  ,  juniora  subvelulina  , 
adulta  glabra  ,  5-8  poil,  longa  ,  5  poil,  lata  ,  penninervia  ,  supernè 
obscure,  infernè  rufo  viridia.  Pedunculi  latérales  et  axillares,  sim- 
plices,  i-flori ,  bracteolis  destiluti,  vix  poliicem  longi.  Galyx  glaber 
sepalis  oblusissiniis.  Corolla  5-£lda,  lobis  obtusissimis ,  7-8  lin. 
diam. 

7.  SaurAUJA  hracteolata.. 

S.  foliis  ovalibus  ulrinque  attenualis  subserratis  glabrls  ,  pedun- 
culis laleralibus  simplicibus  ramosisve  bracteolas  miuimas  sparsas- 
gerenlibus. 

Hah.  In  Java.  Gommersoir.  3  (v.  s.  sp,  in  herb.  Juss.  ) 
Priori  valdè  affinis ,  sed  ex  speciminibus  ,  equidem  paucissimis  ,- 
inihi  obviis  di£ferre  videtur  :  i.°  foliis  longioribus  apice  et  praeser- 
tim  basi  magis  acuminatis  ;  2.°  pedunculis  longioribus  ,  nunc  fas- 
ciculatis  ,.  nunc  subramosis  ,  bracteolas  sparsas  ovatâs  minimas 
hinc  indè  gerentibus. 


SUR    LA    FAMILLE    DES    TERNSTROTMIAflÉES.  423 

8.  Saurauja  hracteosa.  Tab.  VI.  A. 

S.  foliis  ovalibus  basi  cordalis  acurainatls  subserralis  ,  petîunculis 
axillaribus  Iricliolomis  ,  bracleis  oblongis    pedicelli  longtludine. 

/3.   Pwiclala  Tab.  Vï.  B. 

Hah.   la  Java.   La  Haye  5"  (  *'•  ^-  ^P-  '"  berb.  Deless  ) 

Arbor.  Ramilereles,  adulli  glabri  cinerei ,  juniores  pili»  squam- 
mosis  rufescenlibus  obsili.  Folia  allcrna  ,  exslipulala,  patentia  ,  pe- 
tiolala  ,  ovaba  j  basi  j^aululum  cordata  ,  superiora  exaclè  ovalia  , 
acuminala  ,  serraturis  exserlis  minimis  dislanlibus  inslrucla  ,  su- 
pernè  glaberrima  ,  subtus  rufa  ,  nervis  nervuiisque  lenuissimè  pilo- 
siuscuHs  ,  inler  nervulos  tomenio  tenuissimo  adpresso  rufo  ferè 
pulveraceo  velulina,  penninervia  ,  nervis  laleralibus  opposilis  al- 
lernisve  ,  5-4  poil,  longa  ,  sesquipollicem  duosve  pollices  lata.  Pe- 
dunculi  ex  axillis  supremis  orti,  erecti ,  folii  circitpr  longiludine  , 
tridiotomi ,  sirigoso  pilosi ,  pedicello  medio  nudo  brevi  i  -  floro  , 
laleralibus  trifidis  aut  Iricholomis  ,  ex  axillâ  bracteœ  oblongae  acu- 
tœ  foliaceœ  slrigoso-pilosas  ortis  et  vix  eam  superanlibus.  Calyx 
5-sepalus  ,  persistons  ,  sepalis  ovalis  subrotundisve  oblusis  dorso  ia 
parte  aëri  exposilâ  pills  l'errûgineis  birsulis  ,  cœterum  glabris  ,  in- 
terioribus  margine  submembcanaceis.  Corolla  subcampanulata , 
lubo  lalo  brevi ,  lobis  5  ultra  médium  divlsis  obcordalis  nenipè 
apice  obtuse  emarginalis.  Slam.  plurima  corollà  breviora  ,  lubo  in- 
Ovariufli  globosum.   Slyli  5  filiformes. 

Var.  li.  (Tab.  VI.  fig.  B.)  liic  indicata  est  ex  unico  folio  cum 
variatalis  a.  specimiiiibus  commixlo  et  àd  speciem  nondura  cogni- 
X&m  forsan  referendo  :  Hoc  folium  8  poil,  longum  et  3  poil,  lalum, 
€t  ideo  cœteris  majus  prrecipuè  differt  in  eo  quod  serralurae  sint  lon- 
giores  ,   et  pagina  supcrior  piios  sparsos  undique  gerat  : 

9.  Saurauja  tris //la.  Tab.  VII. 

S.  foliis  ellipiicis  utriuque  acutiusculis  tenuis.simè  scrrali.s  £,lybris, 
petiolis  pediculisfjue  strigoso- squamulosis  ,  pedicellis  axillaribus 
iasciculalls  simplicibus  triûdisve. 


424  SUR    I.A    FAMILLE    DES    TERKSTRCSMIACÉëS. 

Uah.  In  Moliiccis,  (  herb.  Lambert.)  3-  (  ^-  «•  T-  ^ 
Tiami  aciulti  glabri ,  juniores  ul  et  petioli  et  pedunculi  squam- 
mullsrainissimisadpressis  sparsis  ruCsstrigosis  asperali.Folia  allernaj 
pxslipulata  ,  ppliolo  i-i  |  poli,  longo  inslrucla  ,  cllipllca  ulrinque 
subacnminala  ,  tenuissimè  serrata  ,  ppnninervia  ,  glabra  ,  8-10 
poil,  longa  ,  5-4  lala.  redicnli  ex  axillls  fasclculali  ,  alii  simplices, 
alii  trifidi  ramosive ,  gracillimi  ,  pétiole  sœpivis  breviores.  Brac- 
leolœ  minimœ,  yix  uUae.  Flores  parvi.  Sepala  5  ovall-oblcnga ,  ob- 
lusa  ,  glabre.  Ovarium  ovatum.  Slyli  5  filiformes  simplices. 
Cœlera  igiiota. 

10.   Saurauja  gigantea. 

S.  foliis  ovaiibus  basi  cordatls  acuminalis  serralis  sublus  velutino- 
rufls  ,  pedunculis  axilluribus  Irichotorais  folio  dimidio  brevioribus 
subcbractealls, 

Scaplia  giganJea.  Noronha  ic.  ined.  in  hibl.  Jiiss. 

Hah.  In  Java  ubi  Kileho  niundin  dicilur  (  Nor.)  3- 

Frutex.  Bami  leretes  ,  juniores  ferruginei.  Folia  alterna  ,  supcrnè 
glabra  ,  atroviridia  ,  sublus  et  in  peliolo  pilis  ferrugineis  omnino 
cooperla  ,  patula  ,  ovala,  basi  cordata  ,  acuminata  ,  serrata  ,  penni- 
nervia  ,  petiolo  5  lin.  longo.  Pedunculi  axillares  ,  foliis  dimidio 
breviores  ,  apice  ramosi  subcorymbosi ,  y-S-flori.  Calyx-  5-sepalus. 
Corolla  alba  ,  5-parllla,  lobis  apice  emarginalis  basi  angusialis. 
Stamina  flava  ,  corollà  breviora.  Ovarium  globosum.  Styli  4.  (Nor.) 

21.  Saurauja  creniilata. 

S.  foliis  obovalls  basi  cuneatis  apice  subacutis  crenulato-serratis , 
pedunculis  unifloris  in  ramis  veteribus  aggregatis. 

Van-alpliimia  djinote.  Lech  !  niss.  n.  679. 

Hab.  In  Java  ubi  verosimiliter  Djinote  dicilur,  Lechenauh  3- 
(  V.   s.  sp.   in.    beel.  Mus.  Par.) 

Arbor.  Eami  leretes  ,  Sfepè  iistulosi  ,  juniores  pilis  minimis  rufîs 
fquamrauloso-tomenlosi.  Folia  obovala  ,  basi  cuneala  ,   apice  sub- 


SUR  LA  FAMILLE  DES  TERNSTRŒMIACÉES.      425 

bacuta,  penninervia  ,  aduUa  glabra  ,  juniora  ohlonga  sublus  in 
nervis  et  peliolo  rufo-velulioa  ,  margine  crenis  latis  obtulis  sub 
dentata  et  ex  sinubus  serraturas  minimas  obtusas  tuberculiformes 
agfntibus,  peliolo  8-9-liii.  longo.  Pedunculi  è  ramis  veteribus  orli , 
G-7  aggregati,  basi  ferè  nudi ,  pollicem  et  ultra  longi,  tenues,  i- 
flori,  simplices,  squammulis  rufis  minimis  obsiti ,  bracteolas  paucas 
minimas  gerentes.  Flores  ampli.  Calyx  5-sepalus,  glaber ,  lobis 
rotundatis  obtusissimis.  Corolla  calyce  duplo  longior,  5-fida  ,  lobis 
Lifîdis,  lobulis    obtusis. 

12.  Saurauja  ?  cauliflora. 

S.  foliis  oblongis  acuminatis  arist'ato  -  serratis  supernè  glabris 
subtus  villosis  ferrugineis  ,  pedicellis  i -floris  in  trunco  adgregalis. 
Scapha  cauliflora.  Noronha  ic.  et  descr.  inecl.  in  hihl.  Jitss. 
Hab.  In  Java  ad  ripas  fluvii  Sudani  propè  Boghor.  (  Nor.  )  ^. 
Arbuscula  12-pedalis.  Radiées  aquarum  alvo  lavalœ  ,  long  as , 
întorlae  ,  nigricantes  Truncus  vix  femoris  crassilie  ,  corlice  obscure 
rubro  ,  ramis  expansis  forluosis  ,  ligno  subrubro  molli  nilido  ,  me- 
dullà  succosà  albà.  Ramuli  superiores  anguioii,  hispidi,  verrucosi, 
flavescentes,  è  viridi  et  fusco  mixti.  Folia  alterna ,  breviler  petiolata  , 
rigida ,  patala  ,  oblunga,  utrinque  acuminala,  serrata,  7  poil,  longa, 
5  lata,  supernè  glabra  ,  obscure  viridia,  subtus  pennatim  nr  rvosa  as- 
pera  colore  subrubro  squalido  polluta,  sapore  astringente  douata. 
Flores  ex  ipso  trunco  orti,  8-io  fasciculali ,  pedicellis  capillaribus  i- 
floris  suffulti ,  fibrillis  subulatis  iuvolucriformibus  intermixti.  Calyx 
5-sepalus  ,  rigidus  ,  concavus  ,  oblusus  ,  persistens.  Corolla  monope- 
taia  ,  5- partila ,  albissima  ,  lobis  obovalis  basi  angustatis  .-quce 
bilidis  sc'U  emarginalis.-  Stam.  circiter  20,  lulea  ,  aequalia  ,  imœ  co- 
rolbe  inserta  ,  aniheris  bifidis  auralis  supernè  corniciilalis  ,  polline 
albo.  Ovarium  liberum  et  globosum  ex  icône,  calyci  aclualum  et  tur- 
binatum  ex  descriptione.  Styli  3-4  aibi  filiformes.  Fiuclus  avellanœ 
nucis  magnltudine  ,  subrolundus  ,  baccalus  .  noili.*.  ,  stylis  siipe- 
ralus  ,  puipuro-roseus  ,  5-4- !o(ulijri.<- ,  (oiin-«i'a  rer  r:  il  dorialus. 
Mém.  de  la  Soc.  de  Phys.  et  d'H.  nul.  T.  1.",  2.'  Pi,i  i.        1 8 


426  SUR    LA    FAMILLE    DES    TERNSTROTMIACÉES. 

Semina  plurima ,  heraisphœrica  ,  flava  ,  Sinapeos  magniludine  , 
axi  accumbenlia  ,  muco  viscoso  iniraersa.  Fruclus  a  Javanis  edulis 
acidukis  fatuus  similis  fructui  Lycopersicorum  ;  Javani  dicunt  fru'" 
licem  Kolcho  ,  Malaici  Lelcndèran  (  Nor.  Mss.)  Frustulum  flore 
deslilutam  a  Comraersonio  in  Java  lectum  huic  speciei  verosimiliter 
pertinens  vidi  in  herb.  Jussiceano  ;  liuic  sunt  foliorum  serraturae 
aristata;  ;  pagina  superior  atrovirens  ,  inferior  pilis  ferrugineis  sub- 
sericeis  adpressis  veslila.  Ramuli  iisdi'm  pilis  obsiti.  Habitus  alia- 
ruin  Sauraujarum.  Haec  species  videlur  constitaere  genus  pro- 
prium  fructu  baccato  distinctum  ,  sed  nolui  ex  planlâ  niihi  ignolâ 
genus  novum  condere. 

VII.  APATELIA. 

Patava  Rviz  et  Pav.  fl.  per.  prod.  p.  88.  t.  11.  syst.  p.  180.  non 
Caj^.-  Palavia  Potr.  siipl.  4-  P-   261. 

Car.  Calyx  5-sepalus,  sepalis  obovatis  concavis  persistentibus , 
•3  interioribus  angusiioribns.  Petala  5  obovala  aut  obcordata  ,  imà 
basi  inter  se  coalita.  Stamina  plurima  unguibus  petalorum  inserta  , 
in  quinque  phalanges  ideô  disposita.  Anlherœ  oblongœ  ,  basi  bi- 
fidaî  ,  apice  biperforalœ  ,  dorso  medio  apici  fdamenti  insertae. 
Ovarium  liberum^  ovalum.  Styli  5  filiformes.  Stigmata  subcapilata. 
Capsula  ovata  ,  obtuse  pentagona  ,  stylis  coronata  ,  5-locularis, 
5  -  valvis  ,  angulis  -dehiscens.  Semina  plurima  ,  telragona  , 
Iruncata. 

Vesr.  Frutices  2-5-orgyaIes.  Rami  juniores  ,  pedunculi  ,  petioli , 
follorumque  paginœ  inferioris  nervi  plus  minus  ve  pilis  slrigoso- 
membranaceis  ferrugineis  obsili.  Folia  alterna  ,  exslipulala  ,  pelio- 
lata  ,  ovalia  ,  acuminata  ,  serrata  ,  penninervia  ,  supernè  pilis 
raris  sparsis  ,  subtùs  nervis  elevatis  slrigiferis,  parenchimate  nunc  , 
velutino  nnncglabro.  Pedunculi  axillares,  solitarii,  peliololongiores, 
apice  racemura  simplicem  aul  subramosura  gerentes.  Braeleolœ  2-5 
sub  calvce.  CorollEe  albœ  cum  staminibus  deciduœ. 


SUR    LA    FAMILLE    DES    TERNSTROIMIACÉES.  427 

Obs.  Nomen  Palavœ  jam  a  Cavanillesio  anieà  generi  Malvaceo  a 

botanicis  servato  datum  mutandurn  erat;  huic  nosrro  generi  imposai 

nomen  ,    olim   Miuervse  Venerique    sacrum ,  significans  fallax  et 

alludens  ad  dubiam  corollœ  indolem. 

I.  Apatelta  lanceolala. 

A  folils  ovali-lanceolalis    ulrinque   acuminalis    serralis  ,    sublus 
ferrugineis  ,  ramis  petiolis  pedunculisque  sirigoso  -  pilosissimis. 
Palava  lanreoJala  Buiz et  Pav..  syst.  veg.Jl.per.   i8i. 
/3.   Peduncularis  ,    Tab.  VIII. 

Hah.  In  Peruviœ  nemoribus  circa  Cucbero  Chincao  et  Iscu- 
lumam.  3- f  •  sUp-oct.  (  v.  s.  ep.  in  hprb.  Deless.) 

Frulex  3-orgyalis,  Kami  juniores  [ledunculi  petioli  undique  pilis 
strigosis  rufo-ferriigineis  longis  subadpressis  cooperli.  Folia  ovali- 
oblonga  ferè  lanceolala,  utrinque  attenuata,  serraluris  parvis  crebris 
instructa  ,  supernè  airo-viridia  ,  pilis  raris  praesertim  in  nervis  do- 
nata,  subtus  ferruginea  pilis  confertissimis  in  nervis  strigosis  super 
parenchyma  velulinis ,  petiolis  pollicem  longis,  limbo  8-gpoli. 
longo,  5-4  lato  ,  nervis  pennalis ,  supernè  medio  et  lateralibus  pers- 
picuis  ,  subtus  medio  et  lateralibus  elevalis  ,  tertiariis  rcticulatlm 
disposilis.  Pedunculi  axillares  petioio  triplô  longiores,  apliylli.  viiio- 
sissimi.  Bacemus  pedunculo  dimidiô  brevior  ,  conffi'lissimus,  snb- 
ramosus  ,  mulliflorus.  Flores  subsessiles.  Calyx  persistens  ,  5-se- 
paius ,  sepalis  obovatis  coiicaviusculis  oblusis  extus  iu  parle  aëri  ex- 
posità  sirigoso  -  pilosis  ,  caeterum  glabris.  Petala  5  recfpla<  ulo  m- 
serta  ,  inler  se  vix  ac  nevix  subcnalita  ,  rotatim  di>iposita  ,  ovala  , 
calyce  paulo  breviora  ,  basi  intus  subpilosiuscnla.  Slamina  plurima 
cum  ])elalis  subadnala  ,  in  quinque  phalanges  dis|)osila.  Fila- 
meiila  subulala  imà  basi  subvillosa  ,  pelalis  [laiilo  brt-xiora.  An- 
iherae  oblonyae  ,  dorso  adfixœ.  Ovanum  globosiim  ,  glabrum  ,  ii- 
berum.  Slyli  5  filiformes  apice  subcapilali.  Fruclus  mihi  igno- 
tus. 


428  SUR   LA    FAMILLE    DES    TERNSTRŒMIACÉES. 

Var.  i3 ,  a  priore  differt  ramis  petiolis  pedunculisque  multo  mi- 
nus pilosis  ;  foliis  minoribus  angustioribus  basi  secus  peliolum  non 
productis  sed  obtuse  aut  rolundè  basi  terminalis  ,  subtus  magis  to- 
menlosis  ,  pedunculis  petiolo  quadruple  longioribus ,  gracilioribus  ; 
racemo  minus  conferlo  ,  pedunculi  terliam  lougitudinis  parlem  vix 
aequante,  pedicellis  perspicuis  nec  subnuUis,  pelalis  calyce  paulolon- 
gioribus. 

3.  Apatelia  glabrata. 

A.  foliis  oblongis  acutis  serrulatis  uîrinque  subglabris  ,  ramis 
peliolis  pedunctdisque  slrigis  minimis  subpilosis. 

PalaVa  glabrala.  Riiis  et  Pœ>.  syst.  veg.  fl.  per.  i8i. 
Hab.    In    Munnœ    ruiicatlonibus     Carpales    vernaculè    diclis. 
(R.  et  P.)  fl.   aug.-sept,   (  v.   s.    sp.    iu   herb'   Deless.) 

Fructex  biorgyalis.  B.ami  tenues  ,  adulti  glabri ,  juniores  pilis 
paleaceis  ferrugineis  adpressis  minimis  rariusculis  dislinclis  obsiti. 
Pedunculi  petioli  nervique  foliorum  subtus  pilis  iisdem  bine  indè 
onusti.  Folia  oblonga  ,  2-3  poil,  ionga  ,  vix  pollicem  lala  ,  acuta  .- 
serrulata  ,  supernè  pilis  raris  hinc  indè  conspersa  ,  subtus  nervi» 
exceplis  glabra.  Pedunculus  peliolo  vix  longior ,  apice  subirifidus, 
multiflorus.  Flores  laxi  par»i ,  brevissimè  pedicellati  ,  mihi  non 
satis  noti. 

5.  Apatelia  hiserrata. 

A  Foliis  obovatis  oblongis  biserralis ,  racemls  brachiatis ,  pedi- 
eulis  trifloris. 

Palava  biserrata.  Ruis  et  Pm>.  syst.  88 1. 

Hab.  In  Peruviœ  nemoribus  circa  Munna  et  Chincao.  (R.  et  P.)  3. 

Frutex  biorgyalis  hirsutus. 


SUR   LA    FAMILLE    DES    TKBNSTIllEMrACEF.S.  4zq 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


I.  TernsTr^mia  LINeAta.  Un  rameau  de  grandeur  nalurelle.  - 
a.  la  fleur  doat  on  a  ôté  la  corolle. -i.  la  corolle  close.  -  c.  la 
corolle  fendue  en  long  et  élalée  pour  montrer  les  élammes  et  la 
raie  transver.sale  des  lobes,  d.  le  fruit  avec  le  calice  qui^  persiste. - 
e.  le  môme  coupé  en  travers  pour  montrer  les  deux  loges. -^  et 
g.  la  graine  entière.  -  fi  ,  la  même  coupée  en  travers,  i  -  1  em- 
bryon isolé. -^.  la  graine  coupée  en  long. -Celte  figure  est  copiée 
de  celles  de  la  Flore  inédile  du   Mexique. 

II.  Saurauja  villosa.  Un  rameau  de  grandeur  naiurelle.  -  o. 
la  fleur  dont  on  a  ôlé  la  corolle.  -  è.  la  corolle  fendue  en  long  et 
élalée.  c.  l'ovaire  après  la  floraison  avec  le  calice. -c^.  le  fruit  coupe 
en  travers. -e.  une  graine.  -  Cette  lî;rure  est  copiée  de  la  Flore  mé- 


6 


dite  du  Mexique. 

III.  Saurauja  serrata.  Rameau  de  grandeur  naturelle.  Figure 
copiée  de  la  Flore  du  Mexique. 

IV.  Saurauja  lanceolata.  Rameau  de  grandeur  naturelle. - 
a.  le  calice  vu  en  dehors,  -b.  un  des  poils  du  calice  vu  à  la  loupe. - 
c.  la  corolle  vue  par-dessous,  d.  la  même  vue  en  -  dessus.  -  e.  un 
des  lobes  détachés  et  portant  les  étamines -^i  une  élamine.-^.  le 
calice  et  le  pistil  -  h.  le  fruit  coupé  en  travers.  -  i.  une  graine  vue  a 
une  forte  loupe.  -  Figure  faile  d'après  un  rameau  desséché. 

V.  Saurauja  nudiPlora.  Un  rameau  de  grandeur  naturelle. - 
a.  la  fleur  dont  on  a  enlevé  la  corolle.  Figure  faite  d'après  un  rameau 
desséché. 

VI.  SaurAuJa  BRACTEOSA.  a.  Un  rameau  de  grandeur  nalu- 
turelle  de  la  var.  «.  -  a.  le  calice  vu  en  dehors. -è  la  corolle  vue  en 


43o  SUR    LA    FAMILLE   DES    TERNSTRfflMIACÉES, 

dehors  -  c.  la  même  vue  en  dedans.  -B.  une  feuille  de  la  var.  B.  - 
Figure  d'après   le  sec. 

VII.  Saurauja  tristyla.  Hameau  de  grandeur  naturelle. - 
a.  la  (leur  Jonl  la  corolle  éloit  tombée.-  h,  le  pistil.  -  Figure  d'après 
le  sec. 

VIII.  Apatelia  lAnceolata  var.  jS.  pedimculatis.  Rameau  de 
grandeur  naturelle.  -  a.  le  i  alice  et  le  pistil.  -  h.  le  fruit  coupé 
en  travers. -c.  une  graine  de  grandeur  naturelle.  -  £?.  U  même 
grossie. 


M.aeTi..H:.iiat.2^p.Y.I.p.l31. 


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M.  de  PR.H:.ii.at.2.^p.Y.  I.  p.43L 


SAjrjUFJA  iHÛfi-^^ 


M.dePli.H.jia.f.2^p.Y.  I  p.43i 


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SA  zrjiA  TTJA    JerrtttaJ. 


SAZTRAJJJJ.     éofWf-o^t^^ . 


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M.leît.F.iiaf  .Sfp.T.  I.p.431 


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J!4  viu.  rjj.    /hif/it/onL.  ^ . 


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ItiePJi.H.nat.Sfp.Y.  I.p.  431 


S^TJjELlZrXâ.   Sr€U>à.a{Hi/? 


M.de  Pk.H.uat.^^p.V.  I.]p.4i3l 


TIL 


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WP 


3f  de  PL.  Huai.  ^.- p  Y.  I.  p.43i 


■:riïî»-atrri> 


RAPPORT 

Sur  les  plantes  rares  ou  nouçelles  qui  ont  Jleuri 
dans  le  Jardin  de  Botanique  de  Genève  pen- 
dant les  années  i8ig,   1820  et  1821. 

Par  Mr.  De  Candolle  ,  Prof.  d'Histoire  naturelle  et  Directeur  du  Jardin. 
{^Lu  à  la  Société  de  Phys.  el  d'Hist.  naturelle ,  le  ^  Mai  1822.  ) 


Vjtenève  s'étant  enrichi  depuis  quelques  années  de  deux 
établissemens  émineinment  utiles  à  i  Histoire  naturelle  ,  le 
Jardin  de  Botanique  et  le  Musée  Académique,  et  1  Obser- 
vatoire qui  existoit  auparavant  ayant  reçu  de  nouveaux 
développemens  ,  la  Société  de  Physique  et  d'Histoire  natu- 
relle a  cru  devoir  inviter  les  Directeurs  de  ces  établisse- 
mens à  consigner  chaque  année  dans  les  volumes  de  ses 
mémoires  les  faits  ou  les  objets  nouveaux  ou  peu  connus 
qui  auroient  été  observés  dans  ces  institutions.  Elle  a 
espéré  que  ces  notices  donneroient  l'occasion  de  faire  con- 
noître  graduellement  certains  faits  qui  considérés  isolé- 
ment n'auroient  pas  été  peut-être  assez  importans  pour 
mériter  un  mémoire  spécial ,  mais  dont  la  réunion  con- 
tribue cependant   à  compléter   la   connoissance   des   pro- 

Mém.  de  la  S'jc.  de  P/ijs.  et  d'H.  mit.  T.  1.",  2/  Tari.  1 9 


452      SUR  LES  PLANTES  RARFS  OU  NOUVELLES 

duits  OU  dps  phénomènes  naturels.  C'est  pour  me  conformer . 
à  ce  désir  delà  Société  que  je  vais  exposer  ici  quelques-unes 
des  observations   que   j  ai  eu    occasion    de    taire  sur   les 
plantes  rares  ou  nouvelles  du  Jardin. 

Le  Jardin  de  Botanique  de  Genève  a  été  commencé  à 
la  fin  de  1817  ;  l'année  1818  a  été  consacrée  à  y  bâtir  une 
orangerie  et  des  serres  ,  et  quoique  dès-lors  il  y  eut  déjà 
quelques  plantes  de  pleine  terre  ;  ce  n'est  que  dans  Tannée 
1819  quon  a  pu  commencer  à  y  étudier  les  végétaux  avec 
quelque  suite  ;  on  conçoit  facilement  que  les  premiers 
soins  du  Directeur  ont  dû  avoir  pour  oljjet  bien  plus  la 
fondation  et  l'organisation  générale  de  rétablissement  que 
iétude  spéciale  des  plantes  rares  qui  pouvoient  s  y  trouver, 
et  cette  circonstance  engageia,  sans  doute,  les  lecteurs  de 
ces  notices  à  les  considérer  avec  indulgence. 

Les  plantes  qui  fleurissent  dans  le  Jardin  de  Genève 
sont  la  plupart  dessinées  par  les  artistes  et  les  amateurs 
de  la  ville  sur  un  format  et  un  plan  convenu,  la  réunion 
de  ces  dessins ,  dont  le  plus  grand  nombre  est  dû  aux 
Dames  ,  forme  une  collection  publique  de  laquelle  nous 
chercherons  un  jour  à  extraire  pour  les  publier,  les  dessins 
qui  représentent  des  espèces  ou  nouvelles  ou  non  encore 
figurées  dans  les  livres  de  Botanique.  Cette  circonstance 
nous  engage  à  donner  ici,  non  la  description  complète  des 
plantes  que  nous  indiquons ,  mais  ceux  des  traita  prin- 
cipaux de  leur  organisation  qui  peuvent  servir  à  les  faire 
distinguer  et  classer. 


DU    JARDIN    DE    BOTANIQUE.  455 

1 .  CLEMALIS  parvijîora. 
Clématite    à  petites  fleurs. 

C  peilunculis     i  -Jlnri.s  ,     sepalis    e/lipiicis    apice    subdilalatis  , 
Joliis  pi/naliin  sectis  ,  petiolis    cirrhijbrniibus  ,    segmrntis  pe- 
tioliilatis  b  -  partitif  ir/legri^ve ,    lobis  outilis  mucronulatis  in- 
tfgris  3. 

J'ignore  la  patrie  de  cette  Clématite;  elle  m'a  été  envoyée 
par  MM.  Bauman  ,  sous  le  nom  de  CL  crispa  ,  mais  elle 
en  diffère  beaucoup,  tlie  se  rapproche  de  cette  espèce  et 
appartient  comme  elle  à  la  section  des  Viticelles ,  parce 
que  ses  carpelles  sont  glabres  et  non  terminés  en  queue 
barbue  ;  mais  d'ailleurs  elle  a  tout  le  port  de  la  section 
des  Flammules;  ses  fleurs  sont  blanches,  assez  semblables 
à  celles  de  la  C.  flaininula ,  mais  solitaires,  un  peu  plus 
petiles  et  comme  disposées  en  cloche  à  leur  base.  Les  éta- 
mines  au  nombre  denviron  vingt-quatre  sont  de  moitié 
plus  courtes  que  les  sépales.  Les  ovaires  sont  au  nombre 
de  huit.  Cette  espèce  forme  un  buisson  plus  petit  que  la 
C.  Jlammula  ;  elle  fleurit  du  mois  de  Juin  au  mois  d  Août. 
Elle  se  cultive  en   pleine  terre. 

2.  AQLILEGIA  atropurpurea  (Willd.) 

Ancolie   pourpre -foncé. 

Nous  avons  reçu  de  M.  Fischer  ,  Directeur  du  Jardin 
de  (jorenki,  la  graine  d'une  variété  de  cette  plani-e  qui 
tend  à  prouver  que  ï^ .  Dahuncu  de  Patrin  que  j'avois 
conservé  dans  le  Sysleina  (i.  p.  338.)  comme  espèce  dis- 


■i54  SUR.    LES    PLANTES    RAUES    OU    NOUVELLES 

tinte  ,  n'est  qu'une  variété  de  \  A.  alropurpurea  ;  il  faudra 
donc  modifier  les  caractères  classiques  de  cette  plante 
comme  suit  : 

A.  Atrofurpurea  (  Willd.  en.  S']'].  )  ca/caribus  redis 
linibo  œquallbus  ,  ntylis  staininibiisqite  trcpala  siibœ- 
quanlibus  nul  exseitis ,  s  palis  longitudi/ie ptLalorum  V . 
in  Sibiria  et  Oaliuna. 

et.  15REVISTYLA  (Willd.  l.  c.  DG.  syst.  i.  p.  338,  )  ulyUs 
stamina  non  superanlibiis.    (  v.  s.  ) 

li.  Dahurica  (  Patr.  Deless.  ic.  sel.  i.  t.  49  )  slylis  longé 
exsertis  ,  foliis  glab/is.    (  v.  s.  ) 

y.  FiscHERiANA  ,  stj/is  longè  exsertis  ,  foliis  subtus 
villosis.- ^.  alropurpurea  J'^isc/t.  (v.  v.) 

3.  PASSIFLORA  Ugularis  (Juss,) 

Passiflore    ligulée. 

Cette  plante  qui  a  été  décrite  par  M.  de  Jussieu  (ann. 
mus.  6.  t.  4o)'  d'après  un  échantillon  desséché  n'avoit 
point  encore  été  introduite  dans  les  jardins  d Europe: nous 
en  avons  reçu  la  graine  de  M.  Antoine  Courant,  qui  établi 
à  Ténériffe,  ne  néglige  aucune  occasion  de  nous  enrichir 
de  tout  ce  que  les  îies  Canaries  présentent  de  précieux. 
Cette  espèce  nest  pas  originaire  de  ces  îles,  mais  du  Pérou 
et  sa  graine  provient  du  Jardin  botanique  de  Ténériffe. 
Elle  n a  point  encore  fleuri  dans  nos  serres,  mais  la  forme 
de  sa  tige  et  de  ses  feuilles  ne  laisse  guères  de  doute 
sur  le  nom  que  nous  lui  avons  assigné  :  elle  grimpe 
comme  la  plupart  de  Passiflores  ,  mais  sa  tige  se  dégarnit 


DU    JARDIN    DE    BOTANIQUE.  435 

beaucoup  de  feuilles  par  le  bas,  ce  qui  nuit  à  l'élégance 
de  son  port.  Le  genre  des  Passiflores  ,  même  dégagé  , 
comme  l'a  tait  M.  de  Jussieu,  des  Tacsonia  et  des  Muru- 
cuia ,  présente  encore  cent  onze  espèces  ;  j'ai  tenté  d'ap- 
porter quelque  précision  dans  leur  étude  en  les  divisant  en 
sept   sections  ,    corrme  suit  : 

Sect.  1.  Aslrophea.  Point  de  vrilles;  point  d'involucre; 
calice  à  dix  lobes  ;  tige  en  arbre. 

Sect.  II.  Polyanthea.  Pédoncules  multiflores  ,  tantôt 
au  nombre  de  deux  avec  une  vrille  intermédiaire  ,  tantôt 
rameux ,  le  lobe  du  milieu  étant  prolongé  en  vrille  ;  in- 
volucre  nul  ou  très-petit  ;  calice  à  dix  lobes. 

Sect.  m.  Tetrapathea.  Calice  à  quatre  lobes  ;  quatre 
étamines  ;  involucre  nul  ou  très-petit  ;  pédoncules  rameux 
à  trois  fleurs  ;  vrilles  simples  naissant  dans  les  aisselles 
doili  il  ne  sort  point  de  pedicelles.  Cette  section  ne  ren- 
ferme qu'une  espèce  inédite ,  originaire  de  la  Nouvelle- 
Zélande  et  que  j'ai  vue  dans  Iherbier  de  Sir  Joseph  Banks, 
le  P.  telrandra. 

Sect.  IV.  Cieca  (Med.  malv.  97.)  cal.  à  cinq  lobes; 
involucre  nul  ou  très-petit;  pédoncules  uniflores  et  vrilles 
simples  sortant  le  plus  souvent  des  mêmes  aisselles. 

Sect.  V.  Decaloba ,  cal.  à  dix  lobes  ;  involucre  nul  ou 
très-petit;  pédoncules  uniflores  et  vrilles  simples  sortant 
des  mêmes  aisselles. 

Sect.  VI.  Granadïlla  ,  involucre  composé  de  trois  fo- 
lioles assez  grandes ,  entières  ou  dentées  mais  non  déchi- 
quetées; cal.  à  dix  lobes  ;  pédoncules  uniflores  et  grappes 
simples  sortant  des  mêmes  aisselles.  -  C'est  ici  que  se  rap- 
porte le  P.  liguLaris. 


«i5f)  SirR    LES    PLANTES    KARES    OU    NOUVELLES 

SecL  VU.  Dysosmia.  Involucre  composé  de  trois  fo- 
lioles découpées  profondément  en  lobes  capillaires  ter- 
minés par  une  tête  glanduleuse  ;  calice  à  dix  lobes  ;  pe- 
dicelles  solitaires  et  vrilles  simples  ;  fruit  presque  capsu- 
laire.  Cette  section  composée  de  plantes  herbacées  et  non 
ligneuses  doit  probablement  former  une  genre  distinct. 
tille  comprend  les  P.  hibiacifolia  Lam  ,  fœtida  Cav.  et 
cUiata  Ait.  Nous  avons  cultivé  les  deux  premières  qui 
soat certainement  distinctes:  on  les  reconnoît  facilement 
à  ce  que  la  tige  et  les  pétioles  de  la  P.  hibiscijotia  sont 
garnis  d'un  duvet  court,  mol  et  serré,  tandis  que  dans  la 
P^ fœtida  ces  mêmes  organes  sont  hérissés  de  longs  poiis 
étalés. 

4.  CERASTIUM    Biebersteinii. 

Ceraiste    de  Bieberstein. 

C.'  caitîibus  repentibus  diffuf^is  foliiaque  oblongo  lancealalis  to- 
mentoso-lanatis ,  peduncnlis  erectis  dichotomis  ,  sepali.i  oblongis 
iomentonis  ,  capsula  ovaiu  subcylindricâ   calyce  lungioi'e.    y . 

C.  repens.  Bieb.  Jl.  iaur.  1.  p,  36o.  supl.  020 ,  non  Lin, 

On  sait  que  l'espèce  de  Ceraiste  désignée  par  Linné  sous 
le  nom  de  C.  lomentosuin  a  déjà  présenté  plusieurs  sujets 
d'incertitude  :  Linné  dit  formellement  quelle  a  les  cap- 
sules globuleuses  et  cite  un  synonyme  de  Sauvages  qui  ne 
paroît  pas  lui  appartenir  ;  il  rapporte  à  son  espèce  deux 
phrases  du  Pinax  de  Bauhin  qui  appartiennent  peut-être 
a  deux  plantes;  l'une  qui  seroit  la  var.  /3.  de  Linné,  mais 
qui  est  de  beoucoup  la  plus  commune,  est  une  petite  e.s- 


DU    JARDIN    DE    BOTANIQXriî.  437 

pèce  qui  est  connue  des  jardiniers  Français  sous  le  nom 
dî  Oreille  de  souris  et  à  laquelle  les  auteurs  modernes  ont 
conservé  le  nom  de  C.  tonienlosum ;  Lamarck  la  bien 
décrite  sous  ce  nom  et  remarque  avec  raison  qu'elle  n'a 
point  les  capsules  globuleuses  mais  oblongues  ;  c'est  celle- 
ci  que  M.  Tenore  a  désignée  dans  son  prodrome  de  la 
Flore  Napolitaine,  sous  le  nom  de  C.  Coluinnce  ,  en  faisant 
allusion  à  ce  que  Columna  la  le  premier  décrite  et  figurée 
sous  le  nom  de  Ocynioides  lyc/initis  replante  radice  dans 
son  Phytobasanos,  édition  de  1744  i  P-  118.  t.  21.  Elle 
est  originaire  du  royaume  de  Naples  et  peut-être  de  celui 
de  Grenade. 

L'autre  plante  qui  ressemble  à  celle-là  et  qui  fait  le 
sujet  de  cet  article  est  peut-être  la  var.  «  de  Linné  ,  mais 
c'est  ce  qu'on  peut  seulement  présumer  daprès  l'épithète 
de  Major  qui  se  trouve  pour  vmique  différence  entre  les 
deux  variétés.  Elle  a  été  trouvée  dans  les  lieux  pierreux  des 
montagnes  de  Crimée,  par  MM.  Maschall  de  Bieberstein 
et  Steven;  ce  dernier  m'en  a  envoyé  des  graines  ;  le  pre- 
mier la  désignée  dans  sa  flore  sous  le  nom  de  C.  repens , 
mais  il  observe  dans  le  supplément  qu'elle  paroît  assez 
différente  du  C.  repens  pour  pouvoir  constituer  une  es- 
pèce :  il  me  paroît  ,  en  effet,  évident  qu'elle  se  rapproche 
davantage  du  C.  tonienlosum,  et  je  lui  ai  donné  'c  nom 
de  C.  Biebersteinli  en  l'honneur  du  naturaliste  qui  la 
découverte. 

Elle  végète  bien  en  pleine  terre,  et  placée  à  côté  du  C  to- 
nientosum,  elle  en  diffère  dès  la  première  vue  p.ir  sa  su- 
perficie beaucoup  moins  blanche,  par  ses  feuilles  deux  ou 


458  sua    LES    PLANTES    RARES    OU    NOUVELLES 

trois  fois  plus  targes,  plutôt  oblongues  que  linéaires  et 
par  sa  fleur  et  son  fruit  deux  fois  plus  grands.  Semée 
au  printemps  de  1820,  elle  a  fleuri  au  mois  de  Mai  1821, 
Sa  tige  est  rampante  à  sa  base ,  puis  ascendante  ,  cylin- 
drique ,  couverte  ainsi  que  les  feuilles  d'un  duvet  laineux 
et  blanchâtre;  les  rameaux  sont  surtout  bien  moins  blancs 
que  dans  le  C.  cotonneux  ;  ils  sont  longs  d'un  pied  , 
presque  nus  dans  la  partie  fleurie.  Les  feuilles  sont  ob- 
longues-lancéolées ,  planes,  longues  d'un  pouce  et  demi  , 
l.irge  de  trois  à  quatre  lignes  ;  celles  qui  approchent  des 
fleurs  sont  très-courtes,  en  forme  de  bractées  scarieuses 
sur  les  bords  ;  les  pédoncules  forment  un  corymbe  dicho- 
tome  ;  les  fleurs  sont  blanches  ;  le  calice  est  cotonneux  , 
scarieux  sur  les  bords  des  sépales  ,  long  de  quatre  lignes. 
Les  pétales  sont  deux  fois  plus  longs  ,  rétrécis  en  coin  à 
leur  base,  échancrés  à  leur  sommet  par  un  sinus  aigu  en 
deux  lobes  obtus.  Les  étamines  sont  plus  courtes  que  le 
calice ,  munies  d'anthères  jaunes  ;  l'ovaire  est  arrondi  , 
chargé  de  cinq  styles  ;  il  se  change  en  une  capsule  cylin- 
drique deux  fois  presque  plus  longue  que  le  calice  ,  s'ou- 
vrant  par  dix  dents  droites  ;  les  graines  sont  rousses  un 
peu  chagrinées. 

5  LAVATERA  subovnUi. 
Lavatère    à  feuilles  ovées. 

L.  caule  xiiffrulicoso  ,  foliis  subtomentosis  ouatis  d<'ntatis  sub- 
trilobis  ,  lobo  medio  productiore ,  pedicellis  i  -  2  axdlaribus 
peiioli  longiludine  ,   calycis  interioris  lobis  accuminatis.  3- 


DU   JARDIN   DE   BOTANIQUE.  45() 

Cette  espèce  paroît  être  indigène  des  environs  de  Mo- 
gador,  autant  que  je  puis  le  juger,  d'après  un  échan- 
tillon que  je  trouve  parmi  ceux  ramassés  par  Broussonet 
et  qui  diffère  peu  de  la  plante  que  nous  avons  eue  vi- 
vante ;  ceile-ci  nous  est  arrivée  sous  un  taux  nom,  inêice 
avec  d'autres  graines.  Kile  est  petite,  diffuse,  raîneuse, 
un  peu  grisâtre,  ses  fleurs  sont  d'un  violet  très -pâle, 
de  grandeur  médiocre.  Le  genre  des  Lavatères  ,  réduit 
ainsi  que  je  l'ai  indiqué  dans  la  Flore  Française  par  i'ex- 
clasion  des  Stegia  ,  présente  encore  trois  grouppes  très- 
prononcés,  dont  deux  avoient  déjà  été  aperçus  par  Me- 
dikus,  qui  en  avoit  tait  des  genres  ;  je  les  considère  comme 
de  simples  sections  et  les  caractérise  comme  suit  : 

Sect.  1.  Olbia.  (  Med.  malv.  40  réceptacle  du  fruit 
conique  central  et  saillant.  —  L.  phœnicea ,  olbia  j  nii- 
cans  ,   ihuringiaca  ,  etc. 

Sect.  II.  AxoLOPHA,  réceptacle  tronqué  au  sommet  et 
poussant  latéralement  des  crêtes  verticales  et  membra- 
neuses, qui  séparent  les  carpelles  les  uns  des  autres.  —  L, 
maritirnu  ,    triloba  ,  subovala. 

Sect.  111.  Anthema  (Med.  malv.  p.  4^)  réceptacle  petit, 
creusé  de  ponctuations  peu  mar  piées,  ni  saillant,  ni  chargé 
de  crêtes,  —  1j.  arbona  ,  />.  crttica  ,  etc.  C'est  à  la  se- 
conde de  ces  .«sections  qu'appartient  la  nouvelle  espèce 
que  nous  avons  cultivée  au  jardin  et  qui  y  a  été  observée 
par  M.  Choisy.  —La  La^aleia [jseudo-olbia  Dest".  appar- 
tient au  genre  Stegia. 


Me'm.  de  la  Soc.  de  Pîiyi.  et  ctH.  nat.  T.  I.",  a.*  Part.         20 


44o  SUR   LES    PLANTES    RARES    OU   NOUVELLES 

6.  PERIPTERA  punicea. 

Periptère  Pourpre. 

P.  foUis  inferioribus  cordalis  subquinquelobo-hastatin  ,  supe- 
rioribus  Jiastatis ,  petalis  erectis  spathulatis  apice  subdentalis' 
calyce  duplo  longioribus. 

Cette  jolie  espèce  de  Malvacée  est  originaire  de  la  Nou- 
velle-Espagne :  elle  se  trouve  figurée  dans  les  planches 
inédites  de  la  Flore  du  Mexique,  sous  le  nom  de  Sida  Mal" 
vaviscus,  qui  exprime  le  rapport  de  sa  fleur  avec  le  genre 
Malvaviscus  :  dès-lors  M.  Sims  l'a  publié  dans  le  ma- 
gasin Botanique ,  planche  i644»  sous  le  nom  de  Sida  pe- 
riptera ,  et  ensuite  M.  Lagasca  sous  celui  à'Anoda  pu- 
nicea (nov.  gen.  et  sp.  21.)  Elle  s'approche  en  effet  par 
la  structure  de  son  fruit  du  genre  Anoda  plus  que  du  genre 
Sida ,  mais  elle  diffère  de  l'un  et  de  l'autre  par  la  structure 
de  sa  fleur  cylindracée  et  au  même  titre  à  peu  près  que 
le  Malvaviscus  diffère  de  l'Hibiscus  et  du  Pavonia  ,  et 
doit  sous  ce  rapport  être  considérée  comme  un  genre  par- 
ticulier. Cette  plante  nous  a  été  communiquée  par  M.  John 
Walker,  dans  le  jardin  duquel  M.  Sims  l'avoit  dé;à  dé- 
crite.—  Le  genre  Anoda  se  distingue  en  deux  séries,  savoir 
les  espèces  dont  les  carpelles,  toujours  disposés  en  verti- 
cilles,  se  prolongent  en  pointes  épineuses ,  et  celles  dont 
le  fruit  n'a  pas  de  pointes  et  dont  les  carpelles  sont  sou- 
vent irrégulièrement  distribués  ;  à  la  première  série  ap- 
partiennent les  Anoda  haslata  ,  tnloba  et  Ddltniana. 


DU  JARDIN  DE   BOTANIQUE.  44 1 

I!  faut  ranger  dans  la  seconde  :  i°  \A.  parviflora  de 
Cavanilles  ;  2.°  \A.  acerifolla  4ui  est  le  Sida  acerlfoUa 
Zucc.  obs.  n.  80  ,  auquel  il  faut  peut-être  rapporter  la 
planche  i54i  du  Bot.  mag.  qui  porte  le  nom  de  Sida  has- 
tata,  quoique  distincte  du  S.  hastala  de  Caragne.  cette 
plante  est  originaire  du  Mexique  et  sa  figure  fait  'partie 
des  planches  inédites  de  la  Flore  mexicaine .  .sous  le  nom 
de  Sida  cjuinqueluba. 

7-  GERANIUM    Flassovianum. 
Géranium   de  Vlassov. 

G.  caule  tereli  ,  foliis  5-  lohh  ,  lobis  ovali-acuminatis  inciso-den- 
talis ,  slipulis  cujusquefolii  in  unicam  apice  bifidam  cormatis . 
petalis  oboi'atis  integris.   y. 

La  plante,  que  je  de'signe  ici,  est  provenue  de  graines  en- 
voyées des  jardins  d  Allemagne  sous  ce  nom,  que  je  con- 
serve dans  l'idée  qu'elle  a  peut-être  été  décrite  dans  quel- 
quojvrage  à  moi  inconnu  :   ce  nom  qui  fait  allusion   à 
celui  de  Vlassov,   botaniste   Russe,  paroît  indiquer  que 
l'espèce  est  originaire  de  l'empire  Russe.  Cette  espèce  ap- 
partient à  la  série  des   Géraniums  vivaces  à  pédoncules 
biflores  et  a  des  rapports  avec  les  G.  angulatum,  nodosum 
et  striatiini  ;  il  a  comme  eux  les  pétales  d'un   blanc  un 
peu  rosé,  relevé  de  veines  violettes  ou  purpurines,  mais 
il  di[Fere  de  l'un  et  de  l'autre  par  ses  p-^ales  entiers  et  non 
échancrés  et  par  ses  stipules,  qui  naissant  de  chaque  côté 
de  la  base  de  la  feuille ,  sont  chacune  soudées  avec  la  sti- 
pule voisine  qui  appartient  à  la  feuille  opposée  ,  de  ma- 


44?  SUR    LES   PLAKTES   RARES   OIT   NOUA  BLLES 

nière  qu'entre  chaque  paire  de  feuilles  il  semble  n'y  avoir 
quune  seule  stipule  bifiJe  :  cette  conformatioa  rappelle 
ce  qui  se  passe  dans  certains  Astragales,  tels  que  \jJ. 
uniJuUus  où  les  deux  stipules  se  soudent  en  une  seule 
opposée  à  la  feuille.  Ce  caractère  des  stipules  soudées  se 
retrouve  dans  une  autre  espèce  de  Géranium ,  très-voi- 
sine du  Flassovianuni  et  qui  a  été  récemment  décrite  par 
M.  Sweet,  sous  le  nom  de  G.  ^p"'ailichianum.(Gec.t.2o.) 
Cette  plante  est  très-voisine  de  notre  G.  F'iassovianurn, 
mais  elle  a  la  tige  un  peu  anguleuse  et  non  exactement 
cylindrique ,  la  plante  entière  est  beaucoup  plus  velue , 
presque  soyeuse ,  ses  pétales  sont  échancrés  ,  beaucoup 
plus  grands  ,  de  couleur  purpurine  et  non  veinés  ;  enfin  , 
ses  stigmates  sont  beaucoup  plus  longs  que  dans  notre 
plante.  —  Le  G.  Vlassovianum  vit  en  pleine  terre  ;  il  a 
fleuri  la  seconde  année  de  sa  vie  au  mois  de  J  uin  ;  il  a 
quelquefois  par  accident  les  pédoncules  uniflores. 

GERANIUM   longipes. 
Géranium  à  long  pédoncule. 

G.  cnulp  tereiierrctn  plabrd,foUis  palmato-subpeUatis  5-'J-lobi.f, 
lohis  obfongis  grosse  dentalis  incisis ,  pedunculis  è  ramnrnm 
du-  t)i,>rnia  longis.simis  ,  petalis  integris  ,  statninum  filamentis 
suhulati.s  gtabris.    "jf . 

La  patrie  de  ce  Géranium  m'est  inconnue  :  je  l'ai  obtenu 
de  graines  provenant  de  divers  jardins  sous  di>  ers  noms , 


DU   JARDIN    DE    BOTANIQUE.  443 

Li  plupart   appartenant  à   d'autres  espèces  ,  quelquefois 
sous  celui  de  Ger.  Londini ,  que  je  n'ai  pas  conservé ,  vu 
que  le  sens  m'en  est  incoiuiu  ;  c'est  une  belle  espèce  ,  qui 
a  du  rapport  avec  le  Ger.pratense]  sa  tige  s  élève  droite  à 
peu  près  à  deux  pieds  de  hauteur  ,  ses  stipules  sont  dis- 
tinctes ,  lancéolées,   linéaires;  ses  pétioles  sont  longs  et 
cependant  beaucoup  dépassés  pa_'  les  pédoncules,  qui  at- 
teignent jusques  à  six  et  huit  pouces    de  longueur.    Le 
limbe  des  feuilles  est  en  cœur  arrondi ,   mais  les  lobes  en 
sont  si  rapprochés  qu'il  semble  pelté;  les   nervures  sont 
saillantes  en-dessus  des  feuilles  ;  celles-ci  sont  un  peu  pu- 
bescentes  sur  leurs  deux  faces.  Les  pédoncules  portent  4 
bractées ,   deux  à  l'origine  des  pédicelles  et  deux  qui  pa- 
roissent  plus  particulièrement  appartenir  au  pédicelle ,  qui 
se  développe  le  dernier.   Les  pédicelles   ont  environ   un 
pouce  de  longueur  et  sont  fléchis   au  sommet  avant    la 
fleuraison,  de  manière  que  le  bouton  est  pendant  ;   les  sé- 
pales sont  à  trois  ou  cinq  nervures,  et  terminés  par  une 
pointe  longue  et  molle,   les  pétales  sont  obovés  ,   obtus  , 
plus  longs  que  le  calice,  d'un  violet  lilas  avec  cinq  veines 
pi  'S  foiîfées  à  la  base;  les  stigmates  sont  rougeâfres  ré- 
fléchis.—  Jai  toujours  vu  dans  celte  espèce  les  pétales  de 
la  même  couleur;  j'ai  au  contraire  une  variété  du  G.  pra- 
tense,  dans  laquelle  les  deux  pétales  supérieurs  sont  Irès- 
souvent  blancs,  les  trois  intérieurs  restant  bleus  comme  à 
l'ordinaire  :  on   retrouve  ici  môme   dans  les  Geraniées  à 
jflears  régulières  cette  tendance  à  la  disparité  des  pétilles 
si  remarquable  dans  plusieurs  Péiargoniums, 


4^ 


4'l4  SUR   LES   PLANTES   RARES   OU    NOUVELLES 

9.  PELARGONIUM  nobile, 
Pélargonium    noble. 

P.  suhglabrum  glaucescens ,  fuliis  cordatis  h-loho-palmatljicîis  ,• 
lohis  aculis  versus  apicem  dentatis  ,  p-dunculis  'b-'k-  fioris  , 
tubo  nectarifero  calyce  duplo   longiore  ,  pelalis  calyce  tripla 

■    ferè  longioribus  '^. 

Cette  plante  est  cultivée  depuis  quelques  années  dans 
les  jardins  et  nous  a  été  communiquée  sous  le  nom, 
que  nous  lui  conservons,  par  M.  Wallner,  qui  a  d'ailleurs 
enrichi  le  Jardin  de  plusieurs  espèces  très-précieuses.  Celle- 
ci  ressemble  beaucoup  par  son  feuillage,  son  port  et  la 
structure  de  ses  fleurs  au  P.  grandijlorum  ,  mais  elle  a 
les  fleurs  roses  ;  ses  deux  pétales  supérieurs  sont ,  comme 
dans  le  P.  grandifolium^  marqués  de  raies  purpurines  ra- 
meuses. Son  tube  nectarifère  est  proportionnellement  plus 
court,  c'est-à-dire,  deux  fois  et  non  quatre  fois  plus  long 
que  le  calice.  Elle  est  probablement  hybride  du  P.  à  grandes 
fleurs  et  de  quelqu'espèces  à  fleurs  purpurines. 

10.  PELARGONIUM   JatrophœfoUum . 
Pélargonium  à  feuilles  de  Jatropha. 

P.  foliis  palmalipartilis  viscosis  glabris  ,  lohis  lanceolato- 
linearibus  pinnatifidis  ,  lobulis  dentatis  distantibus  acumi- 
natis  ,  umbellis  4-  Jloris,  tubo-  nectarijero  brevissimo ,  petalis 
superioribus  obtusis.  3- 

Je  n'avois  fait  qu'indiquer  cette  espèce  dans  le  catalogue 


DU    JARDIN    DE    BOTANIQUE.  445 

du  Jardin  de  Montpellier,  publié  en  i8i3  ;  dès-lors  elle  s'est 
multipliée  avec  facilité  et  paroît  une  des  espèces  les  plus 
robustes  ;  elle  appartient  au  groupe   des   Pelargoniums  à 
sept  étamines ,  à  pétales  inégaux  et  à  feuilles   découpées 
au-delà  du  milieu,  e est-à-dire,  aux  Raduloe.  Elle  a  beau- 
coup de  rapports  d'un  côté  avec  le  P.  denticulatum  ,   de 
l'autre  avec  la  variété  pinnatifide  du   Pel.  quercifollum. 
Elle  diffère  du  premier  parce  que  les  lobes  de  ses  feuilles 
sont  constamment  plus  larges  et  que  les  pétales  supérieurs 
sont  entiers  et  non  échancrés.  Elle  se  distingue  du  second, 
représenté  à  la  planche  i5  de  la  géraniologie  de  L'héritier , 
parce  que  les  feuilles  sont  palmatifides  et  non  pinnatifides. 
Les  fleurs  ressemblent  beaucoup  aux  deux  espèces  citées  ; 
ces  différences  sont  légères  ;  mais  je  ne  les  ai  point  vues 
s'altérer  depuis  dix  ans,  que  je  cultive  cette  plante,  et  l'on 
sait  que  dans  ce  genre  des  Pelargoniums  où  se  forment 
tant  d'hybrides  dans  les  jardins  ,  on  est  obligé  de  noter 
des  différences   qu'on  pourroit  négliger  dans  la  plupart 
des  autres. 

II.  DODONAEA    dioica   (Roxb.) 

DoDONÉE   dioïque. 

D.  foliis  ahovato-ohlongis  basi  cuneatis  apice  acufis  non  vîscosïs^ 
ramis  janioribus  compressis  ,  adultls  teretiusculin  ,  Jloribus 
dioicis  racemosis.  3- 

Les  Dodonées  forment  un  genre  tellement  naturel  qu'on 
le  distingue  sans  la  moindre  difficulté  de  tous  les  autres 
groupes  avec   lesquels   on  peut  le  comparer.  Après  avoir 


446  SVR   LES   PLANTES   RAHES    OU   NOUVELLES 

placé  ce  genre  à  la  suite  des  Térébinthacées ,  M.  de  Jussieu 
a  été  conduit  à  le  rapprocher  des  Sapindacées,  et  en  effet, 
le  genre  Amirola  semble  constater  la  vérité  de  ce  rappro- 
chement. Je  fais  des  Dodonées  une  tribu  de  la  famille  des 
Sapindacées;  elle  se  caractérise  par  ses  fleurs  dépourvues 
de  pétales,  par  ses  fruits  à  deux  ou  trois  ailes  membra- 
neuses ,  par  son  embryon  roulé  ou  en  un  seul  ou  en  plu- 
sieurs tours  spiraux,  par  ses  cotylédons  linéaires  alongtset 
par  ses  feuilles  simples.  Cette  tribu  comprend  les  genres 
Amirola  de  Persoou  ,  Dodonaea  de  Linné  et  Alectryon 
de  Gœriner. 

Les  espèces  qui  composent  le  genre  Dodonaea  ont  été 
généralement  mal  décrites  et  confondues  les  unes  avec  les 
autres  :  dernièrement  M.  Meyer  dans  sa  Flore  d'Essequebo 
a  cherché  à  prouver  combien  on  avoit  confondu  dobjets 
sous  le  nom  de  £).  viscosa  :  celui-ci,  qui  est  le  plus  commun 
dans  les  jardins,  doit  rester  borné  à  l'arbuste,  figuré  par 
Plumier  (éd.  Burm.  t.  247.  f  2.  )  et  Sloane  (hist.  2.  t.  162. 
t.  3.)  elle  croît  dans  les  parties  chaudes  de  l'Amérique  et 
j'ai  un  échantillon  recueilli  au  royaume  d  Ovvare  en  Afrique, 
par  M.  de  lieauvois  ;  qui  ne  me  paroît  point  différer 
de  l'espèce  Américaine. 

Il  n'y  a  guères  eu  plus  d'exactitude  dans  la  limitation  du 
D.  angaatifolia,  et  l'on  trouve  actuellement  sous  ce  nom 
dans  les  ouvrages  de  botanique  plusieurs  espèces  qui  me 
paroissent  très-distinctes  et  que  j'ose  d'autant  mieux  dis- 
tinguer qu'elles  sont  de  pays  différens  et  que  j'en  ai  des 
écbantillons,  qui  proviennent  des  auteurs  mêmes ,  qui  les 
ont  décrites  j  ces  espèces  sont  : 


DU    JARDIN    DE   BOTANIQUE.  •i4'7 

ï.*  Le  D.  angustifolia  de  Swartz  (obs.  i5o.)  qui  croît 
à  la  Jamaïque ,  et  que  pour  cette  raison  je  désigne  sous 
le  nom  de  Jamaicensis  ;  c'est  celui  qui  a  été  figuré  par 
P.  Browne  (  Jam.  t.  18.  f.  1.)  et  très-  probablement  par 
Cavanilles  (ic.  t.  327.) 

2."  Le  D.  angustifolia  de  Roxburgh  (cat.  cale.  p.  28.) 
qui  croît  k  Ceylan  et  à  Timor;  c'est  celui  que  Kurmann 
ie  père  a  figuré  dans  sa  Flore  de  Ceylan,  planch.  28,  et 
que  son  fils  a  désigné  dans  la  Flore  des  Indes,  sous  le  nom 
de  Pùtlea  viscosa  ;  pour  rappeler  le  nom  de  l'auteur,  qui 
en  a  donné  la  première  description,  que  je  désigne  sous 
Tépilhète  de  D.   Burmanniana, 

3."  Le  D.  angustifolia ,  figuré  par  Lamarck  dans  ses 
illustrations  ,  planch.  3o4-  i.  2.  est  une  espèce  originaire 
de  l'iie  de  Bourbon ,  très-remarquable  par  ses  feuilles  li- 
néaires et  obtuses  et  par  ses  fruits  de  moitié  plus  petits 
que  cedx  des  espèces  précédentes  :  je  le  nomme  par  ce 
motif  D.  microcarpa. 

4."  Le  D.  anguMifolia  désigné  par  Lamarck  dans  le 
Dictionnaire,  est  un  arbuste  qui  a  été  cultivé  jadis  dans 
le  jardin  de  Paris,  sous  le  nom  de  Bois  de  reinette  et  qui 
est  remarquable  par  ses  feuilles  linéaires  acuminées  aux 
deux  extrémités  et  qui  lorsqu'on  les  frotte  exhalent  une 
odeur  de  Pomme  de  reinette  ;  je  n'en  connois  point  les 
fruits,  et  d'après  sa  ressemblance  avec  un  échtUitillon  eu 
feuilles  de  la  Nouvelle-Hollande  je  la  soupçonne  originaire 
de  ce  pays.  Je  la  désigne  sous  le  nom  de  D.  salicifoUa. 

5."  11  paroîtroit  que  le  £).  angustifolia  de  Linné  fils 
seroit  originaire   du  Cap  de  Bonne -Espérance  ,  et  que 

Mém.  de  la  Soc.  de  Phys,  p!  d'il.  nat.  T.  1.",  3.'  Part.  2  1 


448     SUR  LES  PLANTES  RARES  OU  NOUVELLES 

par  conséquent  il  pourroit  bien  différer  de  tous  les  pré- 
cédens  :  mais  il  n'est  désigné  que  par  une  phrase,  qui 
convient  à  toutes  les  espèces  et  je  n'ai  pu  me  procurer  la 
plante, 

6.°  Enfin,  on  a  cultivé  dans  les  jardins  sous  le  même 
nom  de  D.angustifolia  et  sous  celui  de  D.  angusiissima, 
que  je  conserve  pour  éviter  toute  confusion,  un  arbuste 
remarquable  par  ses  feuilles  longues,  étroites  ,  linéaires, 
entières  et  marquées  de  petits  points  blanchâtres ,  qu'on 
prend  d'abord  pour  des  écailles ,  mais  qui  paroissent  en- 
suite n'être  que  des  taches.  Je  ne  connois  pas  son  fruit , 
la  feuille  ne  peut  se  confondre  ni  avec  le  D.  jUiformïs  de 
Link,  à  cause  de  sa  longueur  ,  ni  avec  le  D.  elœagnoides 
de  Kudolphi  à  cause  de  sa  forme. 

Les  Dodonaea  de  la  Nouvelle-Hollande  sont,  sans  nommer 
le  D.  salicifolia,  que  j'ai  mentionné  plus  haut  avec  doute, 
les  Z>.  asplenifolia  et  cuneata  de  Rudge  ,  très-remar- 
quables par  la  forme  de  leurs  feuilles ,  et  le  D.  triqiietra, 
qu'on  distingue  à  ses  rameaux  triangulaires  et  à  ses  fleurs 
dioïques. 

C'est  de  cette  dernière  espèce  que  se  rapproche  l'arbuste 
que  j'ai  sous  les  yeux  et  qui  fait  le  sujet  principal  de  cet 
article  ;  il  m'avoit  été  envoyé  sous  le  nom  de  H.  helero- 
phylla  ,  nom  peu  exact  et  que  je  n'ai  trouvé  dans  aucun 
livre  :  mais  j'avois  reçu  de  mon  honorable  ami  M.  Lambert 
des  échantillons  desséchés  du  D.  dioica  de  lloxburgh  (cat. 
cale.  p.  28)  qui  sont  identiques  avec  la  plante  vivante  et 
je  lui  ai  conservé  ce  nom  ,  qui  lui  convient  très-bien,  et 
qui  est  publié  depuis  18 14-  H  seroit  possible  que  dès-lors 


nu   JARDIN    DE    BOTANIQUE.  4i() 

cet  arbuste  eut  été  désigné  par  M.  Link  (enum.  h.  berol. 
I.  1821.  p.  38i)  sous  le  nom  de  D.  obtongifolla ,  mais 
quelques-uns  de^  caractères  désignés  ne  conviennent  à 
ma  plante  que  d'une  mîin  ère  imparfaite  ;  il  est  possible 
que  la  planche  5o  du  quatrième  volume  de  l'herbier  d'Am- 
boine  représente  1  individu  femelle  de  notre  espèce,  ou  du 
D.  tiiqaetra,  mais  je  nen  puis  juger  exactement  ne  con- 
noissant  que  l'individu  màle  du  Z>.  dioica,  MM.  Pvoxburgh 
et  Link  ne  paroissent  connoître  non  plus  que  le  màle  de 
cette  espèce. 

Notre  arbuste  a  fleuri  dans  la  serre  au  mois  d'Octobre 
1819  ,  il  s'éleva  droit  à  deux  ou  trois  pieds  de  hauteur  , 
et  ne  présenta  en  aucune  de  ses  parties  la  viscosité  si  fré- 
quente dans  ce  genre  :  ses  rameaux  sont  glabres ,  pour- 
prés ou  violets,  comprimés  et  presqu'à  deux  angles  sail- 
îans  dans  leur  jeunesse  ,  à  peu  près  cylindriques  dans  l'état 
adulte  ,  ses  feuilles  naissent  des  angles  saillans  ,  elles  sont 
alternes,  portées  sur  de  courts  pétioles,  oblongues  ou  obovées, 
réti'écies  en  coin  alongé  à  leur  base,  acuminées  à  leur  som- 
met, d'une  consistance  un  peu  plus  molle  que  celle  des  autres 
espèces,  parfaitement  glalîres,  lisses  et  d'un  verd  pâle  et 
livide  en-dessous  avec  les  nervures  rougeâtres.  Les  pé- 
doncules naissent  des  aisselles  supérieures  et  portent  des 
grappes  rameuses  de  sept  h  huit  fleurs ,  qui  se  disposent 
en  panicule  interrompue;  les  pédicelles  nont  point  de 
bractées  et  à  la  place  de  ces  organes  se  trouve  un  petit 
tubercule.  Chacun  d'eux  est  filiforme,  long  de  quatre  à 
cinq  lignes  et  articulé  un  peu  au-dessus  de  la  base  ,  le 
calice  est  à  quatre  lobes  profonds,  obtus,  très-petits,  étalés 


45o     SUR  LES  FLAKTBS  RARES  OU  NOUVELLES 

et  même  réfléchis  à  la  fin  de  la  fleuraison.  Les  huit  éta- 
minesont  les  filets  très-courts;  les  anthères  alongées ,  tè- 
tragones,  droites  et  jaunâtres  dans  leur  jeunesse,  rou- 
geâtres  et  tordues  dai^s  un  âge  avancé,  à  peu  près  comme 
dans  le  Chironia;  à  la  place  du  pistil  ou  ne  trouve  qu'un 
tubercule  pâle  et  obtus. 

12.  NEMOPANTHES   Canadensi». 
Nemopanthe    de   Canada. 

L'arbuste  que  je  désigne  ici  est  celui  que  Michaux  a 
décrit  sous  celui  d'Jlex  Canadensis  (  fi.  bor.  am.  s. 
p.  229.  t.  9.  )  et  qui  a  été  admis  sous  ce  nom  dans  la 
plupart  des  ouvrages  subséquens  ;  il  a  fleuri  dans  loran- 
gerie  du  Jardin  au  mois  d  Avril  1819.  L'examen  de  sa 
fructification  me  convainquit  qu'il  ne  pouvoit  être  rangé 
parmi  les  Houx,  et  j'en  fis  faire  le  dessin  sous  le  nom  de 
Nutlallia^  en  le  dédiant  ainsi  à  M.  Nuttall,  auteur  d'un 
excellent  ouvrage  sur  les  plantes  de  l'Amérique  septen- 
trionale ;  je  l'indiquai  sous  ce  nom ,  dans  le  rapport 
imprimé  en  1821.  Cependant  à  peu  près  à  la  même 
époque  (Août  1819)  M.  Rafinesque  observant  cet  ar- 
buste en  Amérique ,  le  désigna  aussi  comme  genre  dis- 
tinct sous  le  nom  de  Nemopanthes  ;  dès -lors  le  nom 
de  Nuttallia,  ayant  été  employé  par  M.  Sprengel  pour 
désigner  un  genre  nouveau  de  légumineuses  ,  j'ai  cru 
que  pour  éviter  toute  confusion  il  convenoit  d'adopter  le 
nom  générique  de  M.  Uafinesque.  Quant  au  nom  d'espèce. 


DU    JARDIK    DE    BOTANIQUE.  45l 

j'ai  dù  conserver  celui  de  Michaux  qui  ne  présente  aucun 
motif  de  cassation  et  qui  a  l'avantage  de  rappeler  le  nom 
primitif. 

Le  genre  Nemopanthes  appartient  à  la  famille  des 
Frangulacées  (Rhamni  Juss.)  et  se  place  entre  les  genres 
llcx  et  Evonymus  ;  il  a  presque  le  fruit  du  premier  et  la 
fleur  du  second;  il  difïere  de  l'un  et  de  l'autre  :  i."  par 
ses  fleurs  le  plus  souvent  dioïques  ou  polygames  par  avor- 
tement;  2.°  par  l'extrême  brièveté  de  son  calice,  qu'on  pour- 
roit  dire  presque  nul,  î'i  moins  que  comme  M.  Rafinesque 
ne  donne  ,  à  ce  que  j'appelle  corolle ,  le  nom  de  calice  et 
alors  on  diroit  que  la  corolle  manque;  il  se  distingue  en 
particulier  de  \ llex  par  ses  pétales  distincts  et  non  soudés 
en  corolle  monopétale  et  tend  à  confirmer  l'opinion  que 
ce  caractère  n'est  pas  suffisant  pour  distinguer  les  ordres 
des  plantes  calyciflores  ;  il  ne  peut  se  confondre  avec 
\ Evonymus  y  à  cause  de  son  fruit,  qui  au  lieu  d'être  cap- 
sulaire  et  indéhiscent  est  charnu  et  déhiscent.  Michaux  et 
Rafinesque  disent  que  ce  fruit  est  à  quatre  loges  et  à 
quatre  graines;  l'individu  que  nous  cultivons  est  à  trois 
loges  et  à  trois  ovules.  11  résulte  de  ces  observations  que  le 
caractère  générique  peut  être  exprimé  comme  suit  : 

Nemopanthes.  Flores  abortu  dioïci polygainive.  Caljx 
niininius  vix  conspicuus.  P étala  5  dislincta  ohlongo- 
linearia  decidua.  Stam.  5  pelalis  alterna.  Ovarium  he- 
misphœricum  ,  succo  viscose  obductum  ;  stylus  o.  Stlg- 
mata  3-4  sessilia  ,  in  masculis  vix  manifesta.  J3acca 
subglobosa  'îi-^-locularis  'h-l^-spernia,. 

N.  Canadensis.-//ex  Canadensis.  Michx  Jl.  2.  p.  299. 


45a  SUR    LBS    PLANTES    RAIÎKS    OU    NOUVELLES 

A  49.  Poir.suppl.  3.  p,  ^^-Ait.  heiv.  éd.  2.  v.  1.  p.  279. 
Fursh.Jl.  hor.am.  1.  p.  118-  Nemopanthes  fasclcularis. 
Raj.']ourn.  phys.  Août  181 9.  p.  ^'o.-Nultallia  Canadensis 
D.   C.  rapp.jard.  Gcn.  1821.  p.  44. 

Cet  arbuste  croît  dans  les  montagnes  du  Canada  près 
du  lac  Champlain  et  jusques  en  Caroline;  il  vit  en  pleine 
terre  dans  le  Jardin  de  Genève  ;  il  s'élève  à  la  hauteur  de 
trois  pieds  environ  :  ses  rameaux  sont  grisâtres ,  cylindri- 
ques, divergens,  un  peu  tortueux  ;  les  bourgeons  sont 
tbrmés  d  écailles  foliacées  ,  brunes  et  caduques  ;  chacun 
d'eux  donne  naissance  à  4-6  feuilles  et  à  autant  de  pédi- 
ceîles  ;  les  feuilles  sont  caduques  ,  glabres  ,  pétiolées  , 
ovale-oblongues ,  acuminées  aux  deux  extrémités  ,  lon- 
gues d'un  pouce;  les  pédicelles  sont  nus,  filiformes,  plus 
courts  que  les  feuilles  et  ne  portent  qu'une  seule  fleur 
petite ,  d'un  jaune  pâle  et  verdâtre.  Son  fruit  n'a  pas 
encore  mûri  chez,  nous. 

i3.  SEMPERVIVUM  cœspilcsum.  (G.  Sm.) 
Joubarbe  gazonnante. 

iS.  herbaceiim  ,  foîiis  radicalibiis  conferlis  ,  caulinis  sparsis  , 
omnibus  oblongo-linearibus  rigide  ciliatis  utrinque  lineis 
Juscis  macuîatis  ,  Jloribus  corymboso  paniculatis. 

S.  cœpisiosum.    CJir.  Smii/i.  herb.  et  mss,  i8i6-  Bucli.  jl,  can. 

S.   cilialum.  Sinis.  bot.  mag.   t.  1978.  op<.  7wn  JJ'^illd. 

S.   Simsii    S^veel  h.  suburb   lond.  p.   200. 

Hab.  In  summis  rupibus  insulte  magnse  Canaiix;  Clir.  Smiih,  y. 


DU   JAllDIN    DE    BOTANIQUE.  453 

Cette  jolie  espèce  de  Joubarbe  a  été  découverte  sur  les 
rochers  de  la  Grande  Canarie ,  en  1 8 1 5  ,  par  mon  ami 
M.  Christian  Smith ,  le  même  qui  a  depuis  si  malheureu- 
sement terminé  sa  carrière  dans  1  expédition  du  C-ongo. 
Elle  a  été  très-bien  décrite  et  figurée  par  M.  Sims  ,  en 
l8i8  ,  mais  oubliant  quil  existoit  déjà  une  espèce  de 
SempervU'um  ,  décrite  par  Willdenow ,  sous  le  nom  de 
ciliatum  et  n'étant  frappé  que  de  la  convenance  de  ce  nom, 
ij  l'a  imposé  à  sa  plante;  les  lois  de  la  nomenclature  ayant 
obligé  à  supprimer  ce  nom,  M.  Sweet  a  proposé  de  donner 
à  cette  espèce  1«  nom  de  S.  Simsii  ;  mais  l'un  et  l'autre 
de  ces  botanistes  avoit  ignoré,  sans  doute,  que  M.  Ghr. 
Smith  avoit  donné  à  sa  plante  le  nom  de  S.  cœspltosum  , 
qui  a  été  adopté  par  son  ami  et  son  compagnon  de  voyage, 
M.  L.  de  Buch,  dans  la  liste  des  plantes  des  Canaries  qu'il 
a  publiée  d'après  Chr.  Smith  (in-4-''.  Berlin  1819).  Ce 
nomme  paroit  mériter  d'être  conservé,  puisqu'il  est  celui 
donné  par  le  botaniste  auquel  nous  devons  la  connois- 
sance  de  cette  plante. 

Le  but  pour  lequel  je  l'insère  dans  cette  notice  n'est 
pas  de  relever  cette  légère  incorrection  de  nomencla- 
ture, mais  de  consigner  ici  un  fait  remarquable  de  phy- 
sique végétale ,  quoiqu'il  ait  déjà  été  indiqué  dans  les 
annales  de  Physique  et  de  Chimie.  La  plante  dont 
il  est  question  a  été  cueillie  par  M.  Smith,  dans  l'été  de 
i8i5  ,  aux  Canaries  :  il  m'en  a  donné  un  échantillon  des- 
séché au  mois  de  Février  1816  ;  je  l'ai  dès-lors  gardée 
un  an  dans  mon  herbier;  au  bout  de  ces  dix-huit  mois 
de  dessication ,  je  m'aperçus  qu'elle  avoit  encore  l'appa- 


454  SUR    LES    PLANTES    RARES    OU    NOUVELLES 

rence  d'avoir  conservé  quelque  reste  de  vitalité  ;  le  Jardin 
n'étant  pas  alors  établi ,  je  la  confiai  à  M.  Dufour  ,  pépi- 
niériste habile  de  cette  ville,  qui  la  soigna  dans  sa  serre  ; 
elle  y  reprit  vie,  et  c'est  de  ce  pied,  conservé  dix- huit 
mois  en  herbier,  que  proviennent  ceux  que  nous  possédons 
aujourd'hui  dans  le  Jardin  Botanique  et  qui  fleurissent 
toutes  les  années  au  printemps,  Ce  fait  m'a  paru  digne 
d'être  conservé  comme  un  exemple  extraordinaire  de  la 
lenteur  avec  laquelle  la  vie  s'éteint  dans  certaines  plantes 
grasses. 

STACH\S  tenuifolia.   (Fiscli.) 
Epiaire  à  feuilles  menues. 

iS.  verticillis  bifloris  ,  calycibus  pungentibus  glabris  ,  coroUce 
pubescentis  labio  superiore  hifido  ,  inferiore  ferè  ^i-fido  ,  Joliis 
imjimis  pinnatifidis  ,  summh  Unearibus  inlegris.    y. 

Cette  espèce  indigène  de  l'empire  Russe  est  indiquée 
sous  ce  nom  par  M.  Fisclier,  dans  le  catalogue  du  Jardin  de 
Gorenki,  et  les  graines  nous  en  ont  été  communiquées  par 
ce  savant  ;  elle  est  très-distincte  de  toutes  ses  congénères  ; 
la  plante  entière  est  glabre,  haute  d  un  pied,  droite,  grêle 
et  rameuse  dès  sa  base;  la  tige  est  tétragone,  un  peu  pur- 
purine ;  les  feuilles  sont  disposées  par  paires  écartées  , 
étalées,  étroites ,  les  inférieures  et  celles  des  branches  sté- 
riles pinnali  partîtes  à  lobes  inégaux  ,  distans  ,  linéaijes , 
pointus;  les  supérieures  et  celles  des  rameaux  fleuris  sont 
linéaires,  entières  ou  dentelées;  les  florales  plus  courtes 
que  les  fleurs  ;  celles-ci  sont  solitaires  aux  aisselles   des 


DU    JARDIN    DE   BOTANIQUE.  455 

feuilles  florales  ,  par  conséquent  opposées  ,  portées  sur 
un  pédicelle  nu ,  long  d'une  ligne  ;  le  calice  est  tubuleux, 
à  dix  nervures ,  à  cinq  lobes  presqu'égaux  ,  un  peu  épi- 
neux. La  corolle  a  son  tube  blanc,  cylindrique,  plus  long 
que  le  calice ,  son  limbe  d'un  pourpre  pâle ,  mélangé  de 
blanc  et  de  pourpre  foncé;  la  lèvre  supérieure  est  dressée, 
oblongue ,  divisée  au  sommet  en  deux  lobes  obtus ,  séparés 
par  un  sinus  aigu,  l'inférieure  est  plus  grande,  horizon- 
tale ,  à  trois  lobes ,  les  deux  latéraux  obtus  déjetés ,  celui 
du  milieu  étalé,  bilobé.  Les  quatre  étamines  sont  pres- 
qu'égales  ,  le  style  est  terminé  par  deux  stigmates  courts 
et  très-aigus.  _ 

i5.   STACHYS  prostratra.   (Lag.) 

Epiaire   couchée. 

5.  verticillis  sex-Jloris  ,  calycibus  pungentibus  subuillosis ,  eo- 
rollce  villosœ  lablo  superiore  intégra,  inferiore  'h-lobo  ,  foliis 
apice  dentatls  ,  inferioribus  cunealo  -  lanceolatis  ,  superio- 
ribus  sublinearibus  ,  caulibus  ramosissimis  prostralris.    y . 

Cette  plante  est  pro venue  de  graines  envoyées  sous  le 
nom  que  j'ai  conservé  ,  par  M.  Lagasca  ,  directeur  du 
Jardin  de  Botanique  de  Madrid.  Elle  vit  en  pleine  terre 
et  paroît  robuste.  Elle  a  presque  le  port  de  la  Stachys  side- 
riiis,  mais  s'en  distingue  dès  le  premier  coup-d'œil  par 
ses  fleurs  purpurines  ;  elle  ressemble  d'ailleurs  à  quatre 
espèces  du  même  genre  avec  lesquelles  il  convient  de  la 
comparer. 

I  °  Elle  â  des  rapports  intimes  avec  la  Stachys  arenaria 

32 


456     SUR  LES  PLANTES  RARES  OU  NOUVELLES 

de  Desfontaines  ,  mais  elle  en  diffère  par  s;i  tige  plus 
couchée,  moins  velue,  ses  feuilles  moins  rélrécies  à  la 
base  et  la  lèvre  supérieure  de  la  corolle  entière  et  non 
bifide.  Au  reste,  la  St.  arenarla  de  Desfontaines  ne  doit 
point  être  confondue  avec  l'espèce  figiu-ée  sous  ce  uum. 
dans  le  Bot.  Mag.  t.  igSg.  Celle-ci  devra  conserver  le 
nom  de  Skichys  diffusa ^  qui  lui  est  donné  dans  Iç  catal. 
hort.  Regio  Madrit. 

2."  Notre  espèce  a  aussi  des  rapports  avec  la  .S7.  pur- 
purea  de  Poiret  (suppl.  5.  p.  277.)  mais  elle  en  dilfère  parce 
qu'elle  est  beaucoup  plus  glabre ,  que  ses  feuilles  florales 
sont  ovées,  lancéolées,  acumiuées  et  non  oblongues,  que 
le  tube  de  la  corolle  est  plus  court  et  la  lèvre  supérieure 
entière.  La  St.  purpurea  de  Poiret  diffère  au  reste  totale- 
ment de  la  67,  purpurea  de  Tenore,  laquelle  est  la  Siachys 
arvensis  var.  purpurea  Poir.  dict.  7.  p.  SyS. 

3.°  L'Epiaire  couchée  paroît  différer  de  la  Siachys  scor- 
difolia,  de  Wiildenow  (enum.  616)  ,  que  par  une  erreur 
d'impression  Poiret  a  désignée  sous  le  nom  de  Slav/ijs  cor- 
difoLia  (suppl.  5.  p.  227.  Notre  espèce  n'a  pas  les  feuilles 
entièrement  glabres  :  son  calice  est  à  peine  strié  ;  le  tube 
de  la  corolle  dépasse  bien  un  peu  le  calice  mais  n'est  pas 
deux  fois  plus  long  ;  enfin  ,  la  lèvre  supérieure  de  la  co- 
rolle est  entière. 

4,"  Si  on  compare  notre  Epiaire  avec  la  Siachys  scor- 
dioides  de  Poiret  (dict.  5.  p.  SyS)  qui  paroît  différente  de 
la  Si.  scordifolia  Willd.  tUe  s'en  distingue  encore  par  sa 
tige  herbacée  et  non  demi-ligneuse ,  par  ses  fleurs  pur- 
purines et  non  jaunâtres  ,  et  par  l'intégrité  de  sa  lèvre 
supérieure. 


DU   JARDIN   DE    BOTANIQUE. 

16  STACHYS  spectabilis.  (Choisy.) 
EPIAIRE  remarquable. 

S.  Ferticillis  mult'Jloris  distantibus ,  calycibus  b-fidis  corollâ 
dimidio  brevioribus ,  foliis  sublus  inconii  aculis  senatis,  in- 
ferioribus  petiolatis  cordalin,  superioribus  subsessilibus  ouato- 
lanceolatis  ,  caule  villof,isi,imo  If. 

Cette  belle  espèce  d'Epiaire  est  provenue  de  graines,  qui 
nous  avoient  été  envoyées  par  M.  Fischer,  Directeur  du 
Jardin  de  Gorenki .  sous  le  nom  de  Stachys  Germanicœ 
affinis.  Elle  vil  en  pleine  terre,  et  a  fleuri  la  seconde 
année  de  sou  existence  au  mois  de  juin.  Elle  a  été,  en  mon 
absence,  observée  et  décrite  par  M.  Choisy.  Sa  tige  est 
droite,  rameuse,  quadrangulaire,  hérissée  de  poils  longs, 
blancs  ,  mois  et  laineux;  ses  feuilles  sont  vertes  en  dessus, 
blanchâtres  en  dessous  ,  un  peu  plus  longues  que  les  entre- 
nœuds. Les  fleurs  forment  des  verticilles  serrés,  le  long  de 
la  tige  principale  et  des  rameaux,  latéraux;  on  en  compte 
quinze  à  vingt  à  chaque  verticille;  leur  calice  est  en  cloche 
alongée,  rougeàtre,  un  peu  laineux,  à  cinq  lobes  égaux, 
aigus.  La  corolle  est  d'un  rose  pourpre;  son  tube  est  de  la 
longueur  du  calice;  les  lèvres  grandes,  la  supérieure  en- 
tière, obtuse,  droite,  velue  en  dessus;  l'inférieure  pen- 
dante à  trois  lobes  arrondies,  dont  celui  du  milieu  dépasse 
beaucoup  les  autres.  Les  étamines  dépassent  un  peu  le 
tiibe  de  la  corolle,  et  les  deux  latérales  se  déjettent  de  côté 
après  la  fleuraison.  Les  lobes  de  l'ovaire  sont  glabres,  et  le 
style  prend  naissance  entre  les  deux  supérieurs;  le  stig- 
mate est  à  deux  lobes  aigus. 


458  SUR   LES   PLANTES   RARES   OU    NOUVELLES 

Cette  espèce  ressemble  à  la  Stachys  jélpina  et  à  la  Sta- 
cJiys  palustris  par  sa  fleur,  à  la  Slachys  Qernianica  par 
son  port. 

17,  MEIVTHA  Manda.  (WaU.) 
Menthe  agréable. 

M.  Spicis  oblongo-cylindraceis ,  fol.is  petiolatis  ouato-rhom- 
beis  grosse  dei^latis  subtus  glabris  punctatis  ,  supernè  pube- 
rulis  & 

Cette  espèce  est  originaire  du  Napaul;  j'en  ai  reçu  les 
graines  sans  nom,  de  IM.  Wallich,  au  mois  de  septembre 
1820;  les  ayant  semées  immédiatement  dans  la  serre,  j'eus 
au  mois  de  novembre  suivant  une  plante  que  je  décrivis 
alors  sous  le  nom  de  Mentha  micrantha ,  nom  sous  le- 
quel je  l'ai  indiquée  dans  le  Rapport  du  Jardin  de  1821, 
pag.  44;  niais  j'ai  reçu  dès-lors  des  échantillons  desséchés 
de  cette  plante  de  M.  Wallich,  sous  le  nom  de  Mentha 
hlanda ,  nom  que  j'adopte  ici ,  soit  pour  rendre  hommage 
au  naturaliste  de  qui  je  tiens  la  plante,  soit  parce  qu'il  est 
probable  qu'il  l'a  décrite  lui-même  sous  ce  nom  à  Cal- 
cutta. Quant  à  l'état  actuel  de  nos  connaissances  en  Eu- 
rope, elle  forme  une  espace  élégante  et  bien  caractérisée, 
surtout  par  l  extrême  petitesse  de  ses  fleurs. 

Sa  tige  est  droite,  tétragone,  à  peine  pubescente,  haute 
d'un  à  deux  pieds,  et  divisée  en  rameaux  grêles  et  oppo- 
sés. Ses  feuilles  sont  étalées,  munies  d'un  pétiole  qui  a  plus 
d'un  pouce  de  longueur,  ovales  presju'en  rhombe,  rétré- 
cies  et  entières  à  leur  baie,  dentées  daus  l'autre  moitié,  gar- 


DU    JARDIN   DE   BOTANIQUE.  469 

nies  en  dessus  de  très-petits  poils,  ponctuées  en  dessous 
d'une  manière    très-prononcée ,  agréablement    odorantes 
lorsqu'on  les  froisse.  Les  grappes  de  fleurs   sont  droites  > 
cylindriques,  longues  d'un  pouce,  composées    de  feuilles 
florales  sétacées ,  à  peine  visibles,  de  l'aisselle  desquelles 
naissent  des  faisceaux  d'environ  cinq  fleurs,  entremêlées 
elles-mêmes  de  très-petites  bractéoles  ;  les  fleurs  sont  blan- 
ches ,  très-petites  ;  le  calice  est   vert,  un  peu  pubescent ,  à 
tube  court,  à  cinq  lobes  égaux,  droits  et  pointus.  La  co- 
rolle dépasse  à  peine  le   calice  ;  elle  n'a  qu'une  ligne  de 
longueur;  sa  surface  extérieure  est  pubescente;  le  tube  se 
resserre  au-dessus  de  l'ovaire,  et  se  divise  en  quatre  lobes 
ou  deux  lèvres  peu  distinctes,  la  supérieure  entière,  courte, 
en  forme  de  voûte,  l'inférieure  à  trois  lobes,  très-obtus; 
deux  étamines  sont  attachées  sous  la   lèvre  supérieure  et 
munies  d'anthères  rouges,  fertiles ,  réniformes;  deux  autres 
sous  la  lèvre  inférieure  plus  courtes,  à  anthères  quelque- 
fois jaunâtres  et  avortées.  L'ovaire  est  à  quatre  lobes  gla- 
bres et  arrondis ,  le  style  simple  et  blanc ,  terminé  par  deux 
stigmates  aigus,  qui  ne  dépassent  pas  la  corolle.  La  plante 
est  morte  après  la  fleuraison. 

18.  VERONICA  carnea, 
Véronique  couleur  de  chair. 

J^  Florihus  racemoxo-spicatis  foliis  npposi/is  lanceolalis  aciitls 
ceaualiler  serratis  basi  brei>è  cunealis  cauleque  erecto  pubes- 
cenlibus,  bracteis   linearibus  pedicelli  tong.tudine  y. 

J'ignore  la  patrie  de  cette  plante  j  elle  m'est  arrivée  dans 


46o     SUR  LES  PLANTES  RARES  OU  NOUVELLES 

les  graines  de  plusieurs  Jardins  sous  des  noms  divers  et 
erronés ,  et  quelqu'immense  que  soit  le  nombre  des  véro- 
niques décrites ,  je  ne  sais  la  rapporter  exactement  à  au- 
cune d'elles;  elle  a  des  rapports  marqués  avec  les  V.  ar- 
guta  et  média,  et  pourroit  bien  être,  ou  une  variété,  ou 
une  hybride  de  l'une  ou  de  l'autre. 

Sa  tige  est  droite,  cylindrique,  pubescente,  haute  de 
deux  à  trois  pieds.  Ses  feuilles  sont  toutes  opposées,  ex- 
cepté celles  du  haut  qui  sont  alternes,  lancéolées,  aiguës, 
brièvement  rétrécies  en  coin  à  la  base,  entières  dans  la 
partie  en  coin,  bordées  dans  le  reste  de  dentelures  eu 
scie,  égales  entre  elles,  au  nombre  d'environ  vingt-cinq  de 
chaque  côté,  pubesceutes  sur  les  deux  faces,  dressées  ou 
étalées,  non  réfléchies,  longues  de  deux  pouces,  larges  de 
cinq  lignes.  Les  grappes  terminent  la  tige  et  les  rameaux; 
elles  sont  droites,  multiflores;  celle  qui  termine  la  tige  est 
la  plus  longue.  Les  bractées  sont  linéaires,  pubesceutes, 
longues  de  deux  à  trois  lignes,  c'est-à-dire  de  la  longueur 
du  pédicelle.  Les  fleurs  sont  élégantes,  d'un  rose  paie,  ou 
couleur  de  chair.  Le  cahce  est  glabre,  à  quatre  lobes 
oblongs-linéaires ,  écartés,  aigus,  dont  les  deux  inférieurs 
sont  un  peu  plus  longs.  La  corolle  a  le  tube  court ,  la  gorge 
barbue  en  dedans,  le  limbe  à  cinq  lobes  étalés,  ovales  ob- 
tus, un  peu  inégaux,  les  deux  étamiues  ont  les  filets  roses, 
les  anthères  pourpres,  le  pollen  jaune;  dans  une  fleur,  j'ai 
trouvé  trois  étamines  dont  une  plus  courte.  Lbvaire  est 
ové;  le  style  fihforme,  pourpré,  deux  fois  plus  long  que  le 
calice,  à  stigmate  simple.  La  capsule  ovée,  échancrée, 
glabre,  à  deux  loges  polyspermes  un  peu  renflées. 


DU    JARDIN    DE    BOTANIQUE.  46l 

19.  RICINUS  lœvis. 
RicLN  lisse. 

R.  foUis  pellatis  serratls ,  îobis  oblongis  serratia  ,  cauîe  pruinoso, 
stigmatibus  3  bifidis,  capsulis  inermibus  Icepibus, 

Cette  espèce  de  ricin  m'a  été  envoyée  sous  le  nom  de  Ri- 
cinusinermis.  Elle  ressemble  beaucoup  à  celle  que  Jacqum 
a  décrite  et  figurée  sous  ce  nom  à  la  planche  igS.  de  ses 
Icônes  rariores ,  et  mériteroit  lepithète  diinermis  à  tout 
aussi  juste  titre;  mais  elle  en  diffère  par  plusieurs  carac- 
tères tranchés,  i ."  ses  capsules  sont  un  peu  plus  petites,  à  su- 
tures peu  saillantes,  parfaitement  lisses  sur  la  surface.  2.°  Ses 
stigmates  sont  plus  grêles  et  plus  dressés.  3.°  Ses  grappes 
sont  dégarnies  par  le  bas,  et  beaucoup  plus  longues;  elles 
atteignent  jusques  à  deux  et  trois  pieds  de  longueur,  tan- 
dis que  celles  du  R.  inerme  ne  passent  guère  un  pied. 
4.°  Plusieurs  de  ses  rameaux  sont  aplatis  au-dessous  de 
la  première  feuille;  la  partie  aplatie  est  bordée  de  deux 
nervures  saillantes,  qui  descendent  des  aisselles  delà  feuille; 
le  R.  inerme  a  au  contraire  les  rameaux  presque  cylindri- 
ques et  les  capsules  ont  les  sutures  très-saillantes,  et  le 
reste  de  la  surface  ridé  en  travers.  Le  R.  lisse  supporte 
la  pleine  terre;  il  commence  à  fleurir  à  la  fin  d'août,  et  sa 
fleuraison  continue  jusqu'aux  premières  gelées.  Sa  patrie 
ne  m'est  pas  coimue. 


462     SUn  LES  PLANTES  RARES  OU  NOUVELLES 

S.O.  IRIS  spathulata.  (Sweet.) 

Iris  en  spathule. 

/.  scapo  tereti  subtrifloro  foliis  linearibus  longiore,  spathis  ven- 
iricosis  ,  ovariis  hexagonis  ,  petalis  apice  obtuse  emarginatis  , 
majoribus  imberbibus  subspaihulatis  ,  stigmatibus  bijidis  acutis. 

I.  spuriu.   Curt.   bot.  jnag.  t.  58. 

ï.  spuria  jB  minor.   Ait.  Kew.  éd.  2,.  v.   \.  p.  116.  Rœm.  etSchult. 

syst.   1.  p,  468. 
I.  spaihulaïa.  Sweet.  hort.  suburb.  Lond,  p.  12.   n.  26. 

Cette  plante  a  été  long-temps  confondue  avec  \lris 
spuria  et  peut-être  y  a-t-il  encore  sous  ce  nom  d'autres 
espèces  confondues  :  celle  qui  nous  occupe  ici  s'en  rap- 
proche en  effet  aussi  bien  que  des  Iris  stenogma ,  ochro- 
leuca,  Guldenstaddi  et  halophila ,  parce  qu'elle  a  comme 
elles  les  pétales  extérieurs  imberbes,  et  les  ovaires  à  six  an- 
gles ou  côtes  saillantes  ;  mais  elle  en  diffère  parce  que  ses 
pétales  sont  tous  obtusément  échancrés  au  sommet  ;  les  ex- 
térieurs  sont  étalés ,  rétrécis  en    une  espèce  d'onglet  et 
évasés  au  point  oii  les  stigmates  se  terminent  en  un  limbe 
ovale.  La  partie,  qui  joue  le  rôle  d'onglet,  est  blanchâtre 
avec  des  veines  purpurines  et  une  bande    jaunâtre ,   le 
limbe  est  bleu  à  peine  veiné  ;  les  pétales  intérieurs  sont 
dressés  ,  oblongs  ,   d'un  violet  pourpre  semblable  à  celui 
des  stigmates.  Ceux-ci  naissent  d'un  style  court  ;  ils  sont 
«talés  sur  les  pétales  externes ,  redressés  à  leur  sommet 
où  ils  sont  comme  fendus  en  deux  lobes  aigus  ;  à  l'extré- 
mité de  la  partie  étalée  et  à  la  surface  inférieure  se  trouve 


SUR    LES    PLANTES    RARES    OU    NOUA  ELLES  465 

la  duplicature  glanduleuse  et  transversale  qu'on  doit  con- 
sidérer comme  le  véritable  stigmate  ;  dans  cette  espèce , 
cette  dupiicature  se  prolonge  en  deux  pointes  ou  cornes 
assez  remarquables  :  au  reste  ,  je  dirai  ici  en  passant  que 
cette  duplicature  présente  par  sa  forme  et  sa  position  des 
caractères  qui  méritent  dèlre  observés  dans  les  espèces 
d'Iris;  la  noire  a  le  pollen  d  un  jauije  orangé,  la  plante  n'a 
guères  qu'un  pied  à  un  pied  et  demi  de  hauteur  5  elle  est 
bien  figurée  dans  la  planche  citée  du  Magasin  botanique  ; 
c'est  par  cette  figure  que  nous  avons  reconnu  son  nom 
dans  le  catalogue  de  M.  Sweet ,  ouvrage  singulièrement 
commode  pour  les  directeurs  de  Jardins  botaniques,  et  oîi 
l'on  trouve  plus  d'instruction  que  la  forme  ne  semble 
l'indiquer  ;  cette  espèce  n'étant  encore  désignée  que  par 
son  nom,  nous  avons  cru  devoir  appeler  sur  elle  l'atten- 
tion des  botanistes  :  sa  patrie  m'est  inconnue. 


M^m.  de  la  Soc.  de  Phys.  el  (TH.  nnt.  T.  I.'',  3.'  Pâri.  aj 


RAPPORT 

Sur  les  minéraux  rares  ou  offrant  des  cristalli- 
sations nouvelles  ,  observés  dans  la  collection 
du  Musée  académique  de   Genève. 

Par  F.  SORET. 

{Lu  à  la  Société  de  Phys.  et  cCHist.  Naturelle  ,   le  2  Mal  182s.)  (1). 


V/uoiQUE  l'établissement  du  Musée  Académique  de 
Genève  date  d'une  époque  très -récente  (2)  ,  il  mérite 
déjà  l'attention  des  naturalistes  par  les  remarquables 
progrès  qu'il  a  faits.  Nous  devons  ce  rapide  accroissement 
au  z.èie  toujours  renaissant  de  nos  compatriotes  pour  tout 
ce  qui  intéresse  ie  bien  public  ,  et  il  nous  est  flatteur 
d'ajouter  que  les  étrangers  même  y  ont  beaucoup  con- 
tribué. La  collection  minéralogique,  qui  est  la  moins  com- 
plète de  toutes,  peut  servir  de  preuve  à  notre  assertion; 
il  n'est  aucun  des  objets  quelle   renferme   qui   n'ait  été 

(1)  La  jilupart  de  ces  noies  avoient  clé  déjà  lues  dans  d'autres  séances; 
on  les  a  présentées  de  nouveau  dans  leur  ensemble  ,  pour  se  conformer  au 
règlement. 

(■>.)  Fondé  en  1 8 1 8  ,  la  salle  de  Minéralogie  n'a  été  construite  qu'à  la  fin 
de  1819. 


466  SUR    LES    MINÉRAUX    RARES 

donné  au  Musée  ,  et  déjà  plusieurs  d'entr'eux  méritent 
d'être  connus  .  soit  en  raison  de  leur  beauté ,  soit  à  cause 
des  faits  nouveaux  quils  présentent.  INous  croyons  ne 
pouvoir  mieux  témoigner  notre  reconnoissance  aux  bien- 
faiteurs de  notre  établissement ,  qu'en  publiant  une  no- 
tice sur  toutes  les  variétés  qui  ne  sont  point  encore  dé- 
crites. Une  place  est  réservée  à  cet  effet  dans  le  recueil 
des  mémoires  de  la  Société  de  Physique  et  d Histoire  Na- 
turelle ,  et  les  Administrateurs  s'engagent  à  y  consigner 
les  observations  qu'ils  jugeront  propres  à  enrichir  le  do- 
maine de  la  science. 

Nous  ne  suivrons  aucun  ordre  de  classification  pour 
les  matières  qui  seront  traitées  ;  la  nature  même  de  ce 
rapport  ne  le  permettroit  pas.  De  même,  nous  nous  conten- 
terons de  ne  décrire  aujourd  hui  qu'une  foible  partie  des 
cristallisations  nouvelles  qui  se  trouvent  dans  la  collec- 
tion ;  les  autres  n'ayant  pas  encore  fait  le  sujet  de  mé- 
moires lus  à  la  Société  de  Physique. 

I. 

TOPASE. 

(^  Silice  fiuatée  aluniineuse.  Haûy.) 

Toutes  les  collections  renferment  un  nombre  plus  ou 
moins  considérable  de  cristaux  non  décrits  de  cette  subs- 
tance. Les  variétés  qui  proviennent  de  Saxe  et  de  Sibérie 
se  font  surtout  remarquer  par  la  grande  quantité  de  leurs 
modifications  nouvelles.  Nous    en  avons  déterminé  plus 


ou  OFFRANT  DES  CRISTALLISATIONS  NOUVELLES.     467 

de  cinquante  ,  dont  nous  devons  surtout  la  connoissance 
à  MM.  Laine  et  J urine  (i)  ;  elles  seront  pour  nous  1  objet 
d'un  travail  particulier.  Aujourd'hui  nous  extrairons  de 
ce  travail  la  description  des  principales  variétés  qui  se 
trouvent  dans  la  collection  du  Musée.  Parmi  ces  dernières 
nous  n'avons  observé  aucune  face  nouvelle ,  si  ce  n'est 
une  ou  deux  si  petites ,  qu'il  nous  a  été  impossible  d'en 
prendre  exactement  la  mesure. 

Cette  circonstance  nous  rend  les  maîtres  d'épargner 
au  lecteur  une  inutile  complication  de  signes.  En  con- 
séquence ,  nous  donnerons  seulement  les  lettres  pro- 
pres à  la  désignation  de  chaque  face.  On  retrouvera 
sans  peine  les  lois  de  décroissement ,  soit  dans  le  tableau 
comparatif  du  célèbre  Haiiy  ,  soit  dans  un  mémoire  sur 
la  Pycnite,  du  même  auteur  (2). 

Nous  laissons  pour  le  moment  de  côté  la  question  de 
savoir  si  peut-être  il  n'y  auroit  pas  quelqu avantage  à 
préférer  l'ancienne  forme  primitive  donnée  par  M.  Haiiy, 
à  celle  qu'il  adopte  aujourd'hui;  et  nous  avertissons  que 
dans  le  cours  de  cet  article ,  on  a  conservé  les  si2;nes  et 
les  lettres  propres  à  \ octaèdre  rectangulaire  (5).  Toutes 

(i)  Ma  colleclion  particulière  tn  renferme  en  outre  une  vingtaine. 

(2)  Journal  des  Mines  ,    n."  i33. 

(3)  Long-temps  après  la  confection  de  ces  notes  ,  j'ai  vu  dans  le  traité 
de  Cristallographie  de  Haiiy  un  passage  qui  indique  la  convenance  de 
prendre  pour  forme  primitive  ,  dans  le  cas  actuel,  un  prisme  droit  rliom- 
boidal  ;  j'abonde  pour  ma  part  daas  ce  sens  ;  mais  la  planche  de  ce  mé- 
moi  e  étant  gravée  ,  je  me  suis  vu  dans  la  nécessité  de  conserver  les  lettres 
relaiives  à  l'octaèdre  ,  les  substitutions  de  signes  que  le  lecteur  dtvra  faire 


468  SUR   LES   MINÉRAUX   RARES 

les  fois  qu'une  figure  du  grand  Traité  sera  citée  ,  on  aura 
soin  d'y  faire  les  changemens  de  lettres  qui  sont  annoncés 
dans  le  tableau  comparatif  et  que  nous    répéterons   en 
note,  pour  éviter  toute  espèce  de  confusion  (i). 
Cristallisations  de  la  Topase. 

1.  Topase  Epoinlée  ,  t.  l.  o.  z. 

Voyez  planche  XLIV^,  fig.  37  du  Traité  ,  plus  la  face 
z  qui  tronque  le  sommet. 

^  (2)  Cristal  isolé  de  Saxe.  Donné  par  M,'^  Hor.  Boissier, 
ancien  Kecteur. 

2.  Topase  Decemoctonale  P.  t.  l.  s.  o.  fig.  i. 
Prisme  à  huit  faces.  Pyramide  à  dix  faces.  Cristal  isolé. 
^.  De  Saxe.  Donné   par  M."  H.  Boissier. 

La  même  variété  se  trouve  au  Brésil. 

3.  Topase  Nono-octonale.  P.  M.  z.  o.  t.  L  fig.  2. 
Variété  de  couleur  blanche ,   sur  druse.  Prisme  à  huit 

faces;  neuf  au  sommet. 

^.  I.  Sibérie.  Donnée  par  M*".  Fréd.  Soret. 

4.  Topase   Quatuordéciin-octonale.  P.  c.  r.  0.  s.  t.  l. 
Prisme  à  huit  pans;  quatorze  faces  au  sommet,  /n'otfre 

qu'un  simple  filet.  Cristal  isolé. 

j5  De  Saxe.  Donateur,  M.""  H.  Boissier. 

5.  Topase  Nono-déciniale.  t.  L  o.  P.  p.  s.  c.  fig.  3. 

de  nouveou  ii'oi.rpiu  aucune    diifirulté,    surlout    lorsqu'on    aura   sous  les 
yeux  la  s<'eon(le  édition  du  grand  liai  té  de  minéralogie. 

(i)  Les  chaugemeus  qu'il  faut  faire  aux  anciennes  figures  sont  : 
M  pour  /-.     z  pour  P. 
t  pOiir  M.      P  pour  n, 
(2)  Ces  cliiffres  Indiquent  les  numéros  du  grand  registre  et  de  l'éclian- 
lillou. 


ou  OFFRANT  DES  CRISTALLISATIONS  NOUVELLES.    46g 

Dix  faces  au  prisme  ;  neuf  à  la  pyramide. 

J'appelle  p  la  face  à  laquelle  M."  Haiiy  a  donné  le  signe 
r  dans  son  mémoire  sur  la  Pycnite  (  Journ.  des  mines , 
n."  i33.)  Ce  changement  est  fondé  sur  ce  que  cette  der- 
nière lettre  est  employée  dans  le  tableau  comparatif  pour 
désigner  une  autre  face.  (Voy.  P.  IL  fig.  28.)  La  face  z 
n'est  qu'un  simple  filet. 

La  forma  de  cette  Topase  est  intéressante  en  ce  qu'elle 
présente  une  face  p  qui  n'avoit  point  encore,  à  ce  que  je 
crois  ,  été  observée  sur  la  Topase  proprement  dite ,  mais 
seulement  sur  la  variété  à  laquelle  on  donnoit  le  nom  de 
Pycnite;  variété  réunie  à  l'espèce  qui  nous  occupe,  par 
M.^  Hauy. 

^.  2.  De  Sibérie.   Sur  la  même  druse  que  le  n.°    3. 

6.  Topase  Septenideclin-octonale  P.  t.  l.  o.  x.  z.  s.  c. 
Voyez  la  fig.  42  du  Traité,  plus  la  face  c.  Dix-sept  faces 
au  sommet  ;  huit  au  prisme. 

If.  De  Saxe ,  donnée  par  M.'^  Hor.  Boissier. 

7.  Topase  Qaindecim-duodécLmale.  P.  ô.  L  u.  z.  x.  s.  0. 
Voyez  la  fig.  4--  du  Traité  de  minéralogie  ,  plus  les 
faces  u  qu'il  faut  ajouter  au  prisme.  Douze  faces  au  prisme  ; 
quinze  à  la  pyramide. 

^.  De  Saxe.  Donnée  par  M."^  H.  Boissier. 

8.  Topase  Nonodecirn- octonale.  P.  M.  t.  l.  z.  o.  s.  L\  c. 
Dix-neuf  faces  au  sommet;   huit  au  prisme.  (Fig.  4) 

^.  3.  De  Sibérie.  Sur  la  même  druse  que  la  troisième 
variété. 

Cette  druse  présente  encore  une  cristallisation  nou- 
velle ^.  4-  fort  bien  caractérisée.  C'est  la  variété  distique 


470  SUR  LES  MINÉRAUX  RARES 

modifiée  par  une  facette  non  décrite  encore,  qui  remplace 
<?,  et  qui  forme  sur  la  face  adjacente  P  un  angle  fort  obtus. 
La  position  du  cristal  sur  la  druse,  s'oppose  à  toute  me- 
sure d  angles  par  le  gouyomètre  ,  et  par  conséquent  rend 
imp  ssible  la  détermination  complète  de  cette  variété. 

9.  Topase  Sept  rndecini-duodéciniale  P.  s.  o.  x.  z.  c.  t. 
l.  II. 

IS.  f^.  De  Schneckenstein  ;  sur  druse.  Bel  échantillon 
donné  par  M."^  le  Syndic  Michéli.  (Voyez  fig.  5.)  Prisme 
à  douze  pans,    sommet  ayant  dix-sept  faces. 

La  même  druse  présente  quelques  autres  cristaux  de 
variétés  déjà  connues. 

Observations  générales. 

Nous  aurions  saisi  cette  occasion  de  parler  des  pro- 
priétés optiques  de  la  Topase ,  si  nous  n'en  avions  pas 
traité  fort  au  long  dans  un  autre  travail  (1).  Mais 
nous  consignerons  cependant  ici  quelques  faits  cu- 
rieux ,  relatifs  à  la  coloration  des  fausses  Topases  ; 
faits  qui  intéressent  la  théorie  de  la  couleur  propre  des 
corps ,  et  que  nous  croyons  peu  connus.  Voici  comment 
nous  avons  été  conduits  à  nous  en  occuper. 

Depuis  quelques  années  MM.  Dumas  et  Raisin  ont 
établi  à  Genève  une  fabrique  de  pierres  fausses  ,  et  sont 
parvenus  en  peu  de  temps  à  donner  à  leurs  produits  un 
degré  de  perfection  vraiment  remarquable.  Ces  Messieurs, 
dont  la  complaisance  égale  l'habileté  ,  ont  bien  voulu  me 

(1)  Observations  sur  les  rapports  de  la  cristallisatiou  et  de  la  douille 
réfracliou. 


ou  OFFRANT  DES  CniSTALLISATIONS  NOUVELLES.     47  1 

communiquer  plusieurs  détails  fort  curieux  sur  leur  fa- 
brication. Sans  entrer  ici  dans  un  développement  qui 
n'appartiendroit  plus  à  notre  sujet  ;  nous  nous  conten- 
terons de  faire  quelques  observations  sur  le  verre  qui  imite 
la  Topase. 

On  sait  généralement  que  la  pierre  du  Brésil  qui  porte 
ce  nom,  change  de  couleiir  et  passe  de  l'orange  au  rouge 
violet,  lorsqu'on  l'expose  à  l'action  d'une  chaleur  convena- 
blement graduée.  Dans  cet  état  le  minéral  prend  le 
nom  de  Topase  brûlée  ,  ou  même  on  le  décore  du  titre 
de  Rubis ,  quoique  cette  dernière  substance  soit  d  une 
toute  autre  nature  (i).  Un  phénomène  analogue  se  re- 
produit, mais  d'une  manière  beaucoup  plus  frappante,  dans 
les  verres  colorés,  MM.  Dumas  et  Raisin  font  toutes  leurs 
teintes  de  Topase  avec  un  verre  dont  la  couleur  naturelle 
est  un  jaune  clair,  semblable  à  celui  du  corindon  vulgai- 
rement appelé  Topase  Orientale.  Ce  verre  réduit  en  petits 
frasmens  et  soumis  à  l'action  du  feu  se  colore  successive- 
ment  en  jaune  foncé ,  en  orange  ^  etc. ,  puis  au  moment 
où  la  fusion  commence,  il  passe  au  rouge  violet. 

J'ai  répété  cette  expérience  avec  soin,  en  observant  la 
succession  des  teintes  produites,  et  je  me  suis  assuré  qu'elles 
descendoient  dans  l'ordre  des  anneaux  de  Newton  par  la 
série  suivante  -.jaune  clair,  jaune  orangé  ,  orange  ,  rouge 
orangé ,  rouge  violet. 

(i)  Si  i'ou  se  sert  des  caractères  tipés  Je  la  double  léfratlioa  ,  du  dl- 
cLroismo  et  de  la  décomposuiou  des  couleurs  par  le  prisme  de  cLaux  càr- 
bonalée  j  on  est  sûr  de  ue  pas  confondre  la  Topase  bidlte  avec  le  liub.s 
(Spiuelle)  dont  la  réfraction  est  simple. 

Mém.  de  ia  Soc.  de  Fhys.  et  d'il.  nat.  T.  {." ,  J.'  Pi.n.  a  t 


472  SUR   LES   MINÉRAUX    UAIIES 

MM.  Dumas  et  Raisin  ,  ont  fabriqué  un  autre  verre 
dont  la  couleur  propre  est  le  bleu  clair  (  bleu  de  ciel  blan- 
châtre ,  aiguë  marine  bleue  ).  Ce  verre ,  après  une  re- 
cuite, imite  très-bien  la  Topase  l'ousse  du  Brésil.  Voici 
comment  les  fragmens  que  j'ai  étudiés  se  comportent 
au  feu. 

Exposés  à  l'action  d'une  chaleur  graduellement  crois- 
sante, ces  fragmens  ont  passé  du  bleu  clair  au  vert  clair 
d'aiguë  marine ,  puis  au  ve/i  jaunâtre.  Après  les  avoir 
fait  parvenir  à  cette  dernière  teinte  ,  je  les  ai  laissé  re- 
iroidir,  et  la  couleur  bleue  a  reparu  par  une  succession 
de  nuances  inverse  de  la  première  (i).  Si  l'on  pousse  le 
ieu  jusqu'au  rouge  ,  on  obtient  après  le  vert  jaunâtre  un 
jaune  clair,  puis  enfin  le  jaune  orange  ;  ce  dernier  degré 
de  coloration  est  permanent  dans  le  verre  après  son  entier 
refroidissement 

On  voit  encore  dans  ce  cas  un  exemple  remarquable 
d'une  succession  de  couleurs  en  harmonie  avec  l'échelle 
de  Newton.  La  dilatation  fait  monter  les  teintes  dans 
l'ordre  des  anneaux  ;  la  condensation  ou  la  contraction 
des  molécules  par  le  refroidissement,  produit  l'effet  inverse. 
Il  est  probable  qu'une  autre  cause  agit  de  concert  avec 
la  chaleur  pour  faire  varier  la  couleur  du  verre ,  et  que 
c'est  à  un  changement  d'oxid^tion  dans  la  matière  colo- 
rante  qu'est  due  la   permanence   de  la  dernière   teinte. 

(i)  Mr.  Brewster  a  fait  de»  expériences  analogues  ,  sur  un  Rubis  qui  a 
passé  du  rouge  au  vert,  puis  du  vej-t  au  rouge,  suivant  <jue  les  degrés  de  tem- 
pérature varioient. 


ou  OFFRANT  DES  CRISTALLISATIONS  NOUVELLES.    473 

Ces  exemples  se  rattachent  aux  explications  que  M/  Biot 
a  données  sur  la  couleur  propre  des  corps  et  que  ce 
célèbre  physicien  a  consignées  dans  son  Traité  de  Phy- 
que  (i). 

n. 

Chaux  sulfatée  de  Bex, 

'  Il  est  probable  qu'en  examinant  avec  quelque  soin  les 
nombreux  et  beaux  échantillons  de  Chaux  sulfatée  qui 
proviennent  des  salines  de  Bex,  on  y  rencontrera  encore 
plusieurs  variétés  de  formes  non  décrites  :  Les  faces  que  nous 
avons  déjà  fait  connoître  peuvent  parleurs  seules  combinai- 
sons produire  une  infinité  de  modifications  nouvelles.  De- 
puis l'époque  où  mon  illustre  maître,  Louis  Jurine,  observa 
les  cristallisations  de  Bex  et  m'en  confia  la  détermination, 
jusqu'à-ce  jour,  j'ai  pu  m'assurer  de  la  vérité  de  cette 
.-issertion  ;  et  l'on  trouvera  dans  le  Musée  de  Lausanne , 
ainsi  que  plusieurs  collections  particulières  ,  de  nom- 
breuses richesses  inédites.  Quant  aux  faces  nouvelles , 
leur  nombre  «si  beaucoup  plus  limité  ;  je  dois  la  con- 
noissance  de  la  seule  que  j'aie  vue  depuis  long-temps,  aux 
précieuses  bontés  de  son  Altesse  Royale  le  Prince  de 
Danemarck,  qui  a  daigné  me  la  faire  remarquer,  enrichir 


(i)  Dans  le  Traité  sur  le  Chalumeau  que  vient  de  publier  le  rëlèbre 
chi'iDist«  Suédois  Berzelius  ;  on  voit  plusieurs  excniples  de  verres  métalli- 
ques dont  la  couleur  varie  suivant  leur  degré  de  température.  On  pourroit 
faire  à  ce  snjet  une  suite  de  recherches  fort  intéressantes  et  qui  probablement 
confirmeroient  les  phénomènes  déjà  connus.  J'ignore  si  l'on  a  fait  mention , 


474  SUR   LES    MINÉRAUX    RARES 

ma  collection  de  l'échantillon  sur  lequel  elle  se  trouve  , 
et  me  permettre  d'en  donner  la  description  (i). 

Nous  allons  maintenant  passer  en  revue  quelques  formes 
non  décrites  qui  se  trouvent  dans  la  collection  du  Musée 
de  Genève  et  nous  nous  dispenserons ,  de  même  que  pour 
la  Topase  ,  d'indiquer  les  signes  de  décroissement ,  et  de 
donner  le  tableau  des  incidences.  On  peut  retrouver  les 
uns  et  les  autres  dans  les  Annales  des  Mines,   1817. 

I.  Chaux  sulfatée  Septemdécimale  P.  h.  f.  n.  u.  l.  o. 
C'est-à-dire ,  ayant  dix  faces  en  prisme ,  et  sept  à  chaque 
sommet. 

C'est  la  variété  didécaèdre  plus  les  faces  n  au  sommet. 

^.  Cristal  isolé.  Donné  par  M.J  Fred.  Soret. 

3.  Chaux  sulfatée  AscendanLe  P.  q.  k.  i.  f.  h.  o.  l. 
Les  signes  qui  indiquent  les  lois  de  décroissement  des 
faces  secondaires  vont  en  progression  ascendante. 

C'est  la  variété  pentanome  dans  laquelle  u  manque  et 
/•  est  remplacé  par  q. 

^.  Cristal  isolé.  Echangé  avec  le  Musée  Cantonnai  de 
Lausanne. 

3.  Chaux  sulfatée  tétranome  P.  k.  i.  h.  f.  0.  L  n.  u. 
C'est-à-dire  ,  ayant  quatre  lois  de  décroissement  sur  la 
même  arête  c. 

^.  Sur  druse,  gros  cristal.  Donné  par  M.'  St.  Moricand. 


sous  le  rapport  qui  nous  occupe  ,  des  changemens  de  teintes  dans  la  couleur 
du  ciel,  au  lever  et  au  coucher  du  soleil.  J'ai  plus  d'une  fois  eu  l'occasion 
d'observer  que  ces  changemens  s'etTetituoient  en  suivant  l'ordre  des  anneaux. 
(1)  Voyez  Bibl.  Univ.  CfMux  sulfatée   ^pophane.  Oct.   182t. 


ou  OFFRANT  DES  CRISTALLISATIONS  NOUVELLES.     476 

Observations. 

Outre  les  cristallisations  que  nous  venons  de  décrire , 
le  Musée  possède  plusieurs  formes  déjà  connues  ,  telles 
que  la  Didécaèdre ,  Vequidisj ointe  ,  la  Sexdecimale ,  la 
Deoihexaèdre  ^  la  Trapezienne,  etc.,  parmi  les  cristaux 
qui  appartiennent  à  cette  dernière  variété ,  on  doit  signaler 
le  magnifique  échantillon  placé  dans  la  première  armoire, 
sous  le  N.°  ^.  Ce  cristal  unique  par  sa  grandeur  et  sa 
pureté,  provient  ainsi  que  les  premiers  des  salines  de  Bex, 
il  a  été  donné  par  M/  M.  A.  Pictet,  et  se  trouve  déjà  décrit 
dans  le  mémoire  sur  la  Chaux  sulfatée,  précédemment  cité 
(Ann.  des  mines  ,   1817.) 

Les  échantillons  de  cette  substance  qui  proviennent 
d'autres  localités  et  qui  sont  répandus  dans  les  diffé- 
rentes collections  sont  trop  petits  ou  pas  assez  dia- 
phanes pour  qu'il  soit  facile  de  s'assurer  par  une  ex- 
périence directe  de  leur  double  réfraction  ;  mais  un 
cristal  de  Bex,  de  moyenne  grosseur,  suffit  pour  constater 
le  phénomène  ;  lorsqu'on  regarde  une  fenêtre  au  travers 
d'une  des  grandes  faces  P  de  la  base  ,  et  d'une  face 
secondaire  qui  lui  soit  opposée  ,  telle  que/";  on  aperçoit 
que  les  barreaux  sont  très-distinctement  doublés.  Cette 
expérience  grossière  est  suffisante  pour  s'assurer  du  fait; 
on  conçoit  qu'elle  seroit  plus  satisfaisante  si  l'on  regardoit 
la  pointe  d'une  épingle  ou  la  flamme  d'une  bougie. 


476  SUR    LES   MINÉRAUX    RARES 

m. 

Chaux  fi-uatée  de  Salève. 

N.  J-.  Chaux  fluatée  Cubique.  Grande  druse,  donnée 
par  M,'  Selligue. 

M/  Gosse  ,  le  père  ,  dont  Genève  et  les  amis  de  la 
science  déplorent  la  perte  ;  possédoit  dans  sa  collection, 
un  échantillon  de  celte  substance,  mais  on  en  ignoroit  la 
localité  précise  ;  nous  en  devons  la  connoissance  aux  re- 
cherches de  M.""  Selligue.  Quelques  détails  sur  ce  nouveau 
gisement  ne  seront  peut-être  pas  déplacés  ici. 

Vers  la  partie  du  sommet  du  petit  Salève  qui  domine 
Etrembières,  M."^  Selligue  a  trouvé,  épars  ça  et  là  sur  le  sol, 
des  blocs  d'un  calcaire  grisâtre  analogue  à  celui  qui  cons- 
titue le  massif  de  la  montagne  ;  plusieurs  de  ces  blocs 
étoient  remplis  de  fissures  ou  de  cavités  irrégulières  en- 
tièrement tapissées  de  cristaux  jaunâtres,  faciles  à  con- 
fondre au  premier  coup-d'œil  avec  de  la  Chaux  carbo- 
natée ,  mais  dont  la  forme  cubique  déceloit  bien  vite  la 
nature. 

Les  variétés  de  formes  qu'offrent  ces  cristaux  sont  assez 
nombreuses,  mais  le  cube  domine;  les  autres  modifications 
sont  principalement  \a  primitive,  la  bordée,  la  irièpoiniée 
et  la  cubo-ociaèdre. 

Il  n'y  a  point  pénétration  de  la  Chaux  fluatée  dans  la 
gangue ,  les  cristaux  reposent  sur  une  croûte  de  même 
nature  qu'eux,  et  qui  adhère  fortement  au  calcaire. 

Lorsque  M."^  Selligue  me  fit  part  de  son  observation  , 


ou  OFFRANT  DES  CRISTALLISATIONS  NOUVELLES.    477 

je  lui  témoignai  le  désir  d''aller  avec  lui  au  Salève ,  pour 
chercher  à  trouver  la  Chaux  fluatée  en  place.  Notre  course 
ne  fut  pas  infructueuse  :  après  quelques  heures  de  re- 
cherches ,  je  trouvai  une  druse  à  la  surface  même  de  la 
dernière  couche  calcaire  de  la  montagne.  Les  cristaux 
étoient  petits  et  peu  nombreux ,  mais  ils  suffisoient  pour 
constater  le  gisement.  Ils  ne  paroissoient  pas  répandus 
dans  la  roche  par  filons,  mais  plutôt  par  amas. 

La  collection  du  Musée  ne  possède  aucune  cristallisa- 
tion non  décrite  de  cette  substance;  mais  parmi  les  échan" 
tillons  qui  figurent  dans  les  buffets  ,  il  en  est  un  que  nous 
devons    signaler   ici  ,    comme    unique   par  sa    beauté  : 
savoir,  le  N.  ^.  qui  a  été  donné  par  M."  H.  Boissier ,  au- 
quel le  Muse'e  doit  une  grande   partie  de  ses   richesses. 
C'est   un  cristal    parfaitement   bien  conservé  de   Chaux 
fluatée  rose  primitive  ;  il  a  plus  de  deux  pouces  de  dia- 
mètre, sa  teinte  est  intense  et  repartie  fort  également  sur 
toutes  les  faces;  il  repose  sur  un  petit  fragment  de  gangue; 
et  deux  ou  trois  autres  cristaux  de  la  même  substance,  re- 
marquables par  leur  grosseur,  adhérent  à  quelques-unes 
de  ses  faces.  Ce  précieux  morceau  vient  du  St.-Gothard. 
Nous  devons  encore  à  la  générosité  de  M."^  Seymour , 
de  Londres,  quelques  belles  druses  de  Chaux  fluatée  pro- 
venant du  Gumberland. 

IV. 

Cyaiophane. 
Les  cristallisations  connues  de  cette  substance  sont  fort 


478  SUR   LES    MINÉRAUX    RARES 

peu  nombreuses.  J'ai  eu  Toccasion  d'en  trouver  plusieurs 
nouvelles  dans  la  collection  de  M/  Jurine ,  ainsi  que  parmi 
mes  propres  échantillons  ,  et  j'en  ai  fait  le  sujet  d'un  mé- 
moire lu  en  18 19,  à  la  Société  des  Amateurs  des  sciences 
naturelles,  à  Genève.  Deux  ou  trois  de  ces  formes  se  re- 
trouvant au  Musée,  nous  transcrirons  ici  les  articles  qui 
les  concernent. 

1.  Cymophane  quadri-duodéc'unale  M.  T.  0.  i,  fig.  6. 
Prisme  à  quatre  pans  ;  sommet  à  six  faces.  Voyez  la  va- 
riété annulaire  du  traité ,  planche  4^ ,  f-  27  ,  dont  vous 
retrancherez  les  faces  s  au  prisme. 

If.  Du  Brésil.  Donné  par  M.""  Soret. 

2.  Cymophane  quadrioclonale  M.  T.  5.  i.  fig.  7. 
Quatre  faces  à   chaque   sommet ,  huit  pans    au  prisme. 
Voy.  la  figure  de  la   variété   annulaire  moins   les   faces 
o  au  sommet. 

I5.  Du  Pegu.  Donné  par  M.""  H.  Boissier. 

3.  Cymophane  perioctaèdre  V.  M.  T.  s. 

Variété  primitive,  fig.  sS  du  traité  P.  4-  ^  comprimée 
dans  le  sens  des  faces  M,  et  tronquée  sur  les  quatre  arêtes 
du  prisme  par  les  faces  s. 

{-.  Du  Brésil.  Donné  par  M.  F.  Soret. 

Cristaux   maclés. 

4.  Cymophane  annulaire  hémitrope  P.  M.  s.  t.  i.  fig.  8. 
C'est  une  hémitropie  fort  intéressante  de  la  variété  annu- 
laire. Les  cristaux  se  coupent  sous  l'angle  de  60"  (i).  li  en 

(i)  11  est  facile  de  dctermiuer  cet  angle  par  les  stries  naturelles  des 
faces  M  ,   ou  eu  mesurant  riucideuce  de  T  sur  T. 


ou  OFFRANT  DES  CRISTALLISATIONS  NOUVELLES.     479 

résulte  un   prisme  hexagone   comprimé   et  tronqué   sur 
toutes  les  arêtes  de  ses  bases  ;    mais  le  prisme  n'est  pas 
régulier,  on  y  observe  un  angle  rentrant  qui  peut  dispa- 
roître  lorsque  les  deux  cristaux  s<=>  pénétrent  davantage. 
Il  existe  une  autre  hémitropie  de  la  Cymophane ,  mais 
elle  est  rectangulaire;  j'en  dois  la  connoissance  à  M.'  Biot. 
Ce  savant  illustre  l'a  découverte  en  étudiant  la  lumière 
polarisée,  transmise  au  travers  d'un  cristal  taillé  paral- 
lèlement aux  faces  M.  On  voit   distinctement   dans  cet 
échantillon  des  modifications  de  teintes  qui  accusent  la  pré- 
sence d'un  cristal  entièrement  encaissé  dans  le  premier, 
et  le   croisant  à  angle  droit.    Cette  hémitropie  observée 
il  y  a  plus  de  deux  ans  par  M."^  Biot ,  prouve  d'une  ma- 
nière évidente,  que  l'étude  des  phénomènes  optiques  peut 
conduire  à  la  connoissance  de  certains  accidens  de  cris- 
tallisation ,  qu'il  nous  seroit   impossible  d'atteindre  au- 
trement. 

Le  cristal  décrit  dans   cet  article ,  et  la  variété  pérloc- 
taèdre,  ont  été  rapportés  du  Brésil  par  M."  David  Chauvet. 
Du  Brésil.  Donné  par  M."^  Charles  Chauvet. 


il 

S9* 


V. 

Stilbite,  Mésotïpe  et  laumonite  de  Cormayeur. 

N.  1^.  Slilbite  anainorphique  s.  s.  M.  T. 
Voyez  Traité  de  Minéralogie.  HaiJy ,  tom.  3  ,  fig.  1 79. 
Des   éboulemens    du    glacier   de    Miage.    Cristal  isolé. 
Donné  par  M.  Fred.  Soret. 

Mérn.  de  la  Hoc.  de  Phys,  et  d'H.  nat.  T.  1.",  a.' Part.  a5 


48o  SUR   LES   MINÉRAUX    RARES 

]V.  yI-  Stilbite  lamellaire  blanche  et  rose,  servant  de 
gangue  à  de  la  Mésotype  aciculaire. 

Même  localité.  Donnée  par  M/  Fred.  Soret. 

Observations  (i). 

Les  gisemens  de  la  Stilbite  ne  sont  pas  très-nombreux  : 
pendant  long-temps  on  a  cru  que  cette  substance  étoit, 
ainsi  que  la  Mésotype,  particulière  aux  formations  volca- 
niques; mais  plus  tard  on  s'est  assuré  du  contraire,  et  les 
variétés  qui  proviennent  du  Saint -Gothard  ,  du  Dau- 
phiné  ,  etc.  ,  etc.  prouvent  qu'on  la  rencontre  jusques 
dans  les  formations  les  plus  anciennes  de  notre  globe.  Les 
Alpes  en  offrent  un  nouvel  exemple.  M."  Marie  Des- 
cbamps  de  Servoz  vient  de  m'envoyer  deux  ou  trois 
échantillons  d'un  minéral ,  trouvé  cette  année  pour  la  pre- 
mière fois  dans  la  partie  supérieure  du  glacier  de  Miage. 
Cette  substance  n'est  autre  chose  que  de  la  Stilbite  la- 
mellaire et  cristallisée.  Un  des  morceaux  présente  la  variété 
dodécaèdre  avec  la  même  forme  arrondie.  Deux  autres 
morceaux ,  dont  l'un  est  cité  en  tête  de  cette  note ,  N.°  77 
offrent  des  cristaux  isolés  assez  remarquables  par  leur 
volume.  Ils  se  rapportent  à  la  variété  anamorphique  de 
M."^  Haiiy  et  ont  un  pouce  de  longueur  ;  je  crois  qu'il  est 
rare  d'en  trouver  d'aussi  volumineux  dans  des  roches 
d'ancienne  formation. 

Le  N.  H  est  cité  parce  que  la  Stilbite  est  accompagnée 

(1)  Extrait  d'une  note  lue  àla  Société  de  Physique,  le  20  Sept.  1821. 


ou  OFFRANT  DES  CRISTALLISATIONS  NOUVELLES.    4^1 

de  Mésotype  aciculaire  qui  tapisse  quelques  cavités.  Les 
fibres  divergentes  de  cette  substance  ont  un  éclat  vitreux , 
et  comme  j'en  possède  un  échantillon  régulièrement  cris- 
tallisé, sous  la  forme  épointée^  j'ai  pu  confirmer  par  son 
moyen  la  véritable  nature  de  ce  minéral.  On  sait  que  la 
Mésotype  est  fort  rare  hors  des  formations  trappéennes  et 
volcaniques  ;  on  la  cite  dans  la  Serpentine  du  Piémont,  et 
M."^  le  comte  de  Bournon  en  a  décrit  une  variété  qui  a 
l'Amphibole  pour  gangue.  Mais  je  crois  que  c'est  la  pre- 
mière fois  que  son  existence  dans  les  roches  primitives 
d'une  plus  ancienne  formation  est  constatée.  La  gangue 
de  mon  échantillon  est  un  Cyanite  avec  Quarz  hyalin 
cristallisé  et  Amiantoïde.  Je  dois  ajouter  que  mon  collègue 
et  collaborateur ,  M^  Stéphano  Moricand  ,  qui  m'auroit 
sûrement  aidé  dans  la  confection  de  ces  notes  sans  une 
absence  qu'il  a  faite  ;  possédoit  depuis  deux  ans  dans  sa 
collection  un  morceau  de  ce  minéral  ;  mais  c'étoit  le  seul 
que  les  guides  de  Ghamounix  eussent  apporté;  son  gise- 
ment étoit  douteux,  et  les  nouvelles  recherches  ont  servi 
à  dissiper  toute  incertitude. 

La  Stilbite  et  surtout  la  Mésotype  de  Miage  sont  en- 
«ore  très-rares  ;  elles  sont  remarquables  en  ce  quelles  ac- 
compagnent quelquefois  le  minéral  connu  depuis  peu  de 
temps  sous  le  nom  de  Laumonite  de  Cormayeur  :  cette  va- 
riété, ou  peut-être  cette  nouvelle  espèce,  mérite  je  crois  de 
fixer  l'attention  des  naturalistes. 

La  Laumonite  de  Cormayeur  a  toutes  les  propriétés 
principales  de  celle  d'Huelgoet ,  mais  elle  en  diffère  es- 
sentiellement par  la  forme,  telle  du  moins  que  la  donnée 


482  SUR   LES   MINÉRAUX    RARES 

M.''  Haiiy.  Ses  cristaux  sont  le  plus  souvent  des  prismes 
obliques  à  bases  rhombes  ,  d'autant  plus  incompatibles 
avec  l'octaèdre  rhomboidal  pour  forme  primitive  ,  qu  il 
ny  a  pas  d'accord  dans  l'incidence  de  quelques-unes  des 
faces  de  clivage.  D'un  autre  côté,  M/  le  Comte  de  Bournon  . 
ayant  comparé  la  forme  de  ces  cristaux  avec  celle  qu'il 
attribue  à  la  Laumonite  proprement  dite  ,  n'y  voit  pas 
de  différence  :  ce  rapprochement  est  digne  de  fixer  l'at- 
tention ,  puisqu'en  se  confirmant  il  nécessiteroit  un 
changement  dans  la  forme  primitive  la  plus  générale- 
ment adoptée.  IN 'ayant  pas  actuellement  à  ma  disposition 
des  cristaux  bien  prononcés  d'Iluelgoet ,  je  ne  puis  éta- 
blir aucune  comparaison  ,  et  je  renvoie  à  une  autre 
époque  l'aclièvement  de  ce  travail  ,  en  me  contentant 
d'exposer  rapidement  aujourdhui  mes  principales  ob- 
servations. 

Les  cristaux  se  clivent  avec  la  plus  grande  facilité , 
également  bien  sur  les  quatre  pans  du  prisme;  et  la  coupe 
transversale  de  ces  quatre  faces  de  clivage ,  m'a  paru  être 
un  carré  parfait.  Je  n'ai  point  pu  obtenir  de  clivage  sen- 
sible parallèlement  aux  bases  rhombes;  mais,  sur  quel- 
ques cristaux,  j'ai  obtenu  une  face  de  clivage  ,  inégale- 
ment inclinée  sur  les  pans  du  prisme,  et  qui  comparée 
par  la  mesure  directe  et  par  le  procédé  des  reflets  avec  un 
petit  prisme  primitif  de  Feldspath  m'a  paru  présenter 
des  incidences  identiques.  En  sorte,  qu'assimilant  les  pans 
du  prisme  de  la  Laumonite  de  Cormayeur  aux  faces  P 
et  M  du  Feldspath,  et  le  clivage  oblique  à  la  face  T,  j'en 
avois  conclu  l'identité  géométrique  des  substances.  Si  je 


ou  OFFRANT  DE«  CniSTALLISATIONS  NOUVELLES.     483 

ne  présente  pas  aujourdhui  cette  opinion  comme  positive, 
c'est  que  les  objections  et  les  remarques  judicieusesqua  bien 
voulu  me  fournir  M.  le  Comte  de  Bournon  ,  m'ont  donné 
quelque  méfiance  sur  mon  travail.  L'identité  d'incidences 
des  faces  de  la  base  sur  celles  du  prisme,  reconnue  par 
M."^  de  Bournon  ,  entre  la  substance  de  Cormayeur  et  la 
Laumonite  primitive  ;  jointe  à  la  facilité  qu'il  y  a  de  con- 
fondre avec  un  carré  parfait  une  section  transversale,  (qui 
daprès  ce  célèbre  minéralogiste  doit  être  un  rhombe  dont 
les  angles  diffèrent  très-peu  de  l'angle  droit,  me  déter- 
minent à  ne  donner  que  1  exposé  des  faits  sans  rien  con- 
clure. D'autres  cristallographes  seront  peut-êtz'e  plus  heu- 
reux que  moi  dans  leurs  observations  ;  il  seroit  surtout 
essentiel  davoir  un  plus  grand  nombre  de  formes  secon- 
daires ;  je  n'en  connois  encore  que  deux.  Une  analyse 
chimique  de  ce  minéral  seroit  essentielle  ;  car  ,  que  ce  soit 
une  nouvelle  espèce,  un  Feldspath,  ou  de  la  Laumonite, 
les  résultats  nen  seront  pas  moins  importans  pour  la 
science  (i).  Si  quelque  chimiste  vouloit  entreprendre  cette 
recherche ,  il  nous  seroit  facile  de  lui  procurer  des  débris 

(i)  Si  c'est  une  Laumonite  ,  elle  servira  à  décider  la  question  de  la  forme 
primitive  de  cette  substance  ;  si  c'est  un  Feldspath  ,  elle  présentera 
une  modification  secondaire  fort  remarquable  et  dont  la  symétrie  contras- 
tera avec  la  structure  de  la  molécule  ;  enfin ,  si  c'est  une  nouvelle  espèce  , 
l'intérêt  qu'elle  présentera  n'est  pas  équivoque  :  dans  cette  dernière  suppo- 
sition ,  oserai-je  indiquer  d'avance  le  nom  du  célèbre  Jurinc  pour  ce  mi- 
néral ?  Je  n'ai  pas  besoin  d'ajouter  que  les  savans  doivent  celte  marque  de 
leur  reconnoissance  à  un  homme  qui  a  rendu  tant  de  services  à  l'tlistoire 
Naturelle  et  à  ceux  qui  en  faicoiem  l'objet  de  leurs  éludes. 


4  84  SUR    LES   MINÉRAUX   RARES 

de  Laumonite  de  Gormayeur  en  quantité  suffisante  pour 
ses  opérations  (i). 

N.°  j-,.  Laumonite  de  Connayeur.  Donnée  par  M/  Pes- 
ehier,  pharmacien. 

VI. 

Tourmaline. 

N,  ^.  Tourmaline  noire,  cristallisée  en  prismes  très- 
courts  ,  sur  une  gangue  d'amphibole  vert  foncé.  Ile  d'Elbe. 
Donateur;  M."'  André  Melly. 

Cet  échantillon  présente  deux  cristallisations  nouvelles. 

I.  La  Tourmaline  Sisuni/aiVe     p^  (fiff- 9) 

C'est  la  variété  isogone  dans  laquelle  la  face  l  a  disparu 
au  prisme.  Le  sommet  supérieur  a  six  faces ,  l'inférieur 
trois ,  et  le  prisme  six  pans. 

«      20   2_ 

a.  La  Tourmaline  Duobisunitaire  „  „ 

s        /  r   o 

C'est  la  variété  isogone  de  M.""  Haiiy  ,  dans  laquelle  la 
faee  l  du  prisme  est  remplacée  par  /' ,  qui  paroît  ici  sous 
la  forme  d'un  filet  {^V oyez  traité ,  fig.  ii6.  )  où  cette  va- 
riété est  indiquée. 

Les  cristaux  que  nous  venons  de  décrire  sont  petits , 
d'un  noir  parfait  et  ont  la  plupart  de  leurs  faces  assez 
éclatantes;  celles  du  prisme  ne  sont  point  striées  et  il  est 

(i)  Si  l'identité  de  clivage  entre  la  Lauiuonile  de  Gormayeur  et  le  Feld- 
spath est  confirmée  et  si,  d'un  autre  côté,  l'analyse  nese  prête  pas  à  ce  rap- 
prochetoent,  le  minéral  qui  nous  occupe  présentera  un  nouveau  genre  d'in- 
térêt en  se  raltacliant  à  l'intéressante  question  des  Isomorphes. 


OtJ  OFFRANT  DES  CRISTiLLISATIONS  NOUVELLES.    485 

à  remarquer  que  dans  tous  les  morceaux  que  nous  avons 
vus,  les  cristaux  qui  sont  couchés  ou  implantés  sur  la 
gangue,  sans  affecter  de  direction  commune,  ont  tous  leurs 
sommets  inférieurs  ternes  et  comme  à  demi  décomposés, 
tandis  que  les  sommets  supérieurs  sont  très-brillans. 

H.  Tourmaline  rose  aciculaire  radiée,  de  l'île  d'Elbe.  Do- 
nateur, M"^  Moricand. 

|j.  Tourmaline  jaune  et  verte.  Idem.  Ile  d'Elbe. 
M.'-  André  Melly. 

H.  Idem;  ibid.M.'  Moricand.   ' 

1       2     2-0   _    O         k 

ff.  Tourmaline  rose  épointée       /    ^  p        l  ifiS-  '  °*  ) 

Sommet  inférieur.   Cristal  isolé. 

tI .  Tourmaline  épointée  verte ,  sommet  inférieur.  Ibid. 
m:  Melly. 

Ce  n'est  pas  sans  intention  que  ces  différentes  variétés 
de  Tourmaline  de  l'île  d'Elbe  sont  réunies  dans  un 
article  commun.  Il  est  difficile  sans  l'analyse  de  les  con- 
sidérer comme  des  variétés  distinctes.  Leurs  couleurs 
sont ,  il  est  vrai ,  fort  différentes  prises  dans  les  teintes 
extrêmes,  mais  on  trouve  sur  les  divers  échantillons  du 
Musée ,  ainsi  que  sur  d'autres  morceaux  dont  la  collec- 
tion de  M."  Sébastien  Jurine  et  la  mienne  ont  été  en- 
richies par  l'obligeance  de  M.'  Melly ,  on  y  trouve ,  dis- 
je  ,  toutes  les  nuances  intermédiaires  entre  une  couleur 
et  l'autre  ;  souvent  la  même  druse  présente  les  quatre  ou 
cinq  couleurs  principales  ;  d'autres  fois  on  voit  un  cristal 
ou  un  prisme  aciculaire  de  Tourmaline,  noir  à  sa  base» 
passer  en  allant  veis  l'autre  extrémité  au  vert  dEpidote,  au 


486  SUR   LES    MINÉRAUX   RARES 

blanc  jaunâtre  ,  au  jaune  serin  ,  au  rose  et  au  blanc. 
Lorsque  les  cristaux  verts  ou  roses  sont  terminés ,  ce 
qui  est  fort  rare,  ils  présentent  les  mêmes  modifications. 
En  un  mot,  il  seroit  plus  difficile  dans  cette  variété  de 
Tourmaline  que  dans  toute  autre,  de  faire  quelque  divi- 
sion fondée  uniquement  sur  la  couleur. 

Outre  ces  chan^emens  de  teintes  qui  se  succèdent  d'une 
extrémité  à  lauire  du  cristal  ,  et  qui  caractérisent  la 
Tourmaline  que  nous  décrivons;  on  voit  d autres  prismes 
où  les  couleurs  varient  du  centre  à  la  circonférence,  comme 
par  exemple,  le  rose  à  l extérieur  et  le  jaune  pur  au  centre, 
ce  cas  est  le  plus  rare,  il  est  analogue  à  celui  qu'on  observe 
dans  la  Tourmaline  des  Etats-Unis. 

La  gangue  est  un  granit  essentiellement  composé  de 
Feldspath  et  de  Quarz,  lun  et  lautre  cristallisés  ;  le  Mica 
blanc  y  est  aussi  cristallisé  et  flabelliforme.  On  remarque 
dans  les  cavités,  du  Feldspath  sous  deux  états  différens  , 
dai.s  l'un  il  ressemble  aux  cristaux  de  Feldspath  des  gra- 
nits ordinaires;  dans  l'autre,  il  est  tout-à-fait  analogue  à 
l'Adulaire.  Enfin ,  M.'  Moricand  possède  dans  sa  collec- 
tion une  druse  de  Tourmaline  verte  de  la  même  localité  , 
sur  laquelle  est  implanté  un  beau  cristal  de  Béril  primitif 
bleuâtre. 

Tous  ces  détails  prouvent  que  la  gangue  de  Tourma- 
line Ijnj^iide  de  Dolomieu  pouvait  bien  provenir  de  lîle 
d'Elbe,  comme  le  pensoit  ce  célèbre  géologue.  La  descnp- 
lion  de  son  échantillon  se  rapproche,  en  eiïet,  beaucoup 
de  celle  que  nous  avons  donnée.  (  Voyez  le  nouveau 
Diction.  d'Hist.  Naturelle ,  art.  Tourmaline  ,  tom.  54 , 
pag.  337.) 


ou  OFFRANT  DES  CRISTALLISATIONS  NOUVELLES.     487 

Parmi  les  variétés  de  couleurs  ,  les  seules  que  nous 
ayons  vues  cristallisées  sont  la  verte  couleur  d'Epidote , 
la  verte  terminée  par  un  sommet  blanchâtre ,  la  rose  et 
la  Jjlanche  ;  je  possède  le  seul  échantillon  terminé  de 
cette  dernière  variété  que  je  connoisse  ;  il  est  accompagné 
de  Tourmaline  verte  et  rosàtre.  Je  le  dois  ,  ainsi  que  plu- 
sieurs autres  substances  intéressantes  de  l'île  d'Elbe  ,  au  zèle 
éclairé  que  mon  ami  M/  Melly  a  mis  à  me  les  procurer. 

Presque  tous  ces  cristaux  se  présentent  sous  le  même 
aspect ,  c'est-à-dire  implantés  sur  la  gangue  ,  et  laissant 
à  découvert  le  sommet  inférieur  qui  consiste  en  une  seule 
face  plane  ;  en  sorte ,  qu  ils  ressemblent  à  des  cristaux  de 
Béril  qui  auroient  i>euf  faces  au  prisme  et  qui  seroient  for- 
tement striés  ;  cette  apparence  leur  a  fait  donner  par  les 
ouvriers  le  nom  à^Acqua  marina.  Le  cristal  isolé  que 
nous  possédons  au  Musée  présente  aussi  le  sommet  infé- 
rieur. Mais  on  ohiserve,  quoi([ue  beaucoup  plus  rarement, 
des  échantillons  sur  lesquels  lautre  sommet  est  visible  (i), 
ce  qui  permet  de  compléter  la  détermination  de  cette  nou- 
velle variété  de  forme.  C'est  un  prisme  à  neuf  pans  striés', 
terminé  par  une  seule  face  plane  au  sommet  inférieur, 
et  par  la  même  face  plus  ou  moins  développée  au  sommet 
supérieur  ,  avec  les  trois  faces  de  la  forme  primitive. 
Un  ne  connoit  encore  que  peu  de  formes  ,  dans  les- 
quelles l'un  des  sommets  soit  privé  des  faces  primitives. 
Nous  citerons  à  cette  occasion  le  magnifique  cristal  de 
Tourmaline  rose  de  Sibérie  ,  donné  par  M."    de  la  Marpe 

(1)  M.'  Jurine  en  possède  un  rose  et  j'en  al  un  vevt  dans  ma  collection. 
Mcm.  de  la  Soc.  dePhys.  et  d'H.  mit.  T,  1."',  3.*f  ari.         26 


488  SUR    LES   MINÉRAUX    RARES 

au  Musée  de  Lausanne,  qui  présente  la  troncature  ho- 
rizontale ,   propre  à  la  variété  que  nous  décrivons  ici. 

Ces  ditférentes  variétés  de  Tourmaline  sont  très-fra- 
giles, surtout  la  rose;  les  fractures  s'opèrent  principale- 
ment dans  le  sens  de  l'axe  et  perpendiculairement  à  cette 
direction.  On  explique  avec  facilité  la  première  de  ces  di- 
visions mécaniques,  en  l'attribuant  à  un  grouppement  de 
prismes,  réunis  pour  former  un  cristal  commun. 

Enfin,  le  minéral  que  nous  décrivons  est  encore  re- 
marquable par  ses  propriétés  optiques.  Deux  prismes  croisés 
entr'eux  laissent  passer  une  grande  partie  des  rayons 
lumineux  (i)  ;  de  plus  ,  ils  ne  sont  point  opaques  vus 
parallèlement  à  leur  axe  de  cristallisation  ou  de  double 
réfraction,  lors-même  qu'on  prend  des  prismes  qui  ont 
plus  d'un  demi-pouce  de  longueur. 

N.  fj.  Tourmaline  verte  emmiellée  isogone  ?  Sur  une 
gangue  de  Dolomie  :  vallée  de  Binden  ,  près  du  village 
de  Feld  ,  dans  le  Vallais.  Donnée  par  M."^  F.  Soret. 

C'est  dans  une  couche  de  Dolomie  superposée  à  celle 
qui  contient  l'Arsenic  sulfuré  que  j'ai  trouvé  cette  jolie 
variété  de  Tourmaline. 

Les  cristaux  sont  fort  petits  ,  complètement  empâtés 
dans  la  gangue  et  terminés  par  des  sommets  à  trois 
faces.  Sans  leur  forme  prismatlcjne  et  leur  cristallisation, 
il  seroit  facile  de  les  confondre  avec  le  Zinc  sulfuré  la- 
mellaire jaune  qui  les  accompagne ,  et  qui  est  abondam- 
ment disséminé  sur  la  gangue  en  petites  couches  peu  dis- 

(t)  Ils  sont  semblables  en  cela  à  la  Tourmaline  rose  de  Sibérie  et  à 
la  verte  du  .St.   Goiliard. 


ou   OFFRANT   DES  CRISTALLISATIONS  NOUVELLES.      489 

tantes  les  unes  des  autres,  ce  qui  donne  aux  échantillons 
casses  en  travers  un  aspect  rubanné  fort  agréable  à  la  vue. 
^  Je  cite  cette  variété  (dont  quelques  cristaux  sont  tout- 
a-fait  transparens)  à  cause  de  sa  couleur  qui  varie  entre 
Je  jaune  d'or  le  plus  pur  et  le  vert  de  bouteille  analogue 
a  celui  de  la  Tourmaline  précédemment  décrite  ,  et  qui 
semble  par  \k  faire  un  passage  entre  les  Tourmalines 
brunes  et  vertes  du  St.-Gothard. 

N.  f|.  Tourmaline  blanc   verdatre  isogone  ?  Dans   une 
Dolomie  avec  Mica  ,  prise  à  lextrémilé   de  la  vallée  de 
Binden,  près  du  col  Formazza.  Donnée  par  M/  Fréd.  Soret. 
Cette  variété  dont  j'ai  trouvé  un  petit  nombre  d'échan- 
tillons au  milieu  des  débris  d'une  couche  de  Dolomie ,  se 
distingue  de  la  Tourmaline  verte  ordinaire  du  St.-Gothàrd, 
par  ses  prismes  à  neuf  pans  et  par  ses  sommets  qui  ne 
m'ont  jamais  offert  plus  de  trois  faces;  ce  n'est  donc  que 
par  analogie  que  je  rapproche  cette  forme   de   celle  qu'a 
présentée  la  Tourmaline  blanche  décrite  par  Dolomieu.  Elle 
en  diffère  par  la  transparence  ;   celle  que  nous  décrivons 
n'est  jamais  opaque  ;  ses   cristaux   entièrement  engagés 
dans  la  Dolomie  sont  ordinairement  fort  petits ,   les^pîus 
gros  n'atteignent  pas  le  volume  ordinaire  des  Tourmalines 
vertes  proprement  dites;  leur  couleur  varie  entre  le  blanc 
presque  pur  et  uu  vert  très-pâle  et  laiteux.  Ce  î^'est  pas 
la  seuie  fois  que  nous  aurons  à  remarquer  comb:en  toutes 
les  productions  minérales  de  la  vallée  de  Biaden  sont  sem- 
blables à  celles  qu'on  trouve  dans  le  St.-Gothard  même. 
Cette  première  localité  a  de  plus  l'avantage  de  présenter 


490  SUR   LES    MINÉRAUX   RARES 

au  minéralogiste  presque  toutes  les  substances  de  l'autre  , 
dans  un  espace  fort  limité  et  facile  à  parcourir. 

VII. 

Fer    Oligiste. 

N.  If.   Fer  oligiste  cristallisé,  de  Pormenaz.  M.'  Selligue. 

~.  Fer  oligiste ,   idem  ,  ibid.  31.'"  Eynard-Ghatelain. 

f|.  Jdem  j  avec  des  reflets  irisés ,  en  grands  cristaux, 
ibid.  MM.  Charlet  (i). 

j|.  Fer  oligiste  couvert  d'oxide  de  fer  ,  ibid ,  idem. 
M."  Eynard-Chatelain. 

Nous  citons  ces  différens  échantillons,  dont  deux  sont 
remarquables  par  leur  beauté  ,  afin  de  signaler  une  lo- 
calité qui  nest  pas  encore  généralement  connue,  et  d'oii 
proviennent  des  morceaux  dont  l'éclat  rivalise  avec  celui 
du  Fer  de  Framont  ou  du  Dauphiné. 

Le  N.  ^  présente  la  substance  telle  qu'elle  est  au  sortir 
du  filon ,  une  croûte  plus  ou  moins  épaisse  d'oxide  de  fer 
couvre  les  cristaux  et  les  ternit  complètement;  les  autres 
échantillons  ont  été  lavés  par  les  guides  qui  sont  parvenus 
à  les  dégager  tout  à  fait  de  leur  enveloppe  terreuse. 

Les  cristaux  sont  tantôt  très-petits  et  semblables  à  ceux 
de  Framont  ,  tantôt  grands  et  fort  comprimés  ;  ils  sont 
toujours  implantés  verticalement  sur  la  gangue.  Souvent 
de  petits  cristaux  brillans  de  Quarz.  hyalin  les  accom- 
pagnent. Leurs  formes  assez  difficiles  à  saisir,  paroissent 
se  rapprocher  des  variétés  Uniternaire  et  Equivalente  , 
f.'  i3o,  i33.du  Traité  de  Minéral.  Quelques-unes  présentent 

(1)  Chefs  de  l'excellent  Hôtel  de  l'Union  ,  à  Cliamounix. 


ou  OFFRANT  DES  CraSTALLTSATSONS  NOUVELLES,     égi 

de  nouvelles  faces  trop   petites  pour  être  mesurées   avec 
quelque  exactitude. 

VIII. 

PicTiTE.    (  Titane  Pictite.  ) 

yj.  Pictite  quadrioctonalet  quadriduodécimal,  (Jig. ii.) 
du  Talèfre ,  sur  druse.  Donné  par  M/  M.  A.  Pictet. 
(Voyez  Bibliolh.  Univers.  Février  1822.) 

-^.  Pictite  disjoint  {fig.  12)  de  la  vallée  de  Binden 
en  Vallais.  M.^  Fréd.  Soret. 

Voyez    le  journal  ci-dessus. 

Ces  deux  variétés  ayant  été  déjà  décrites  ailleurs,  nous 
ne  rappellerons  pas  les  motifs  qui  nous  ont  d  abord  déter- 
minés à  les  séparer  du  Titane  silicéo-calcaire ,  et  nous  ne 
donnerons  aucun  détail  sur  la  nature  de  leur  cristallisa- 
tion ;  mais  nous  saisirons  cette  occasion  pour  insister 
davantage  sur  les  caractères  différentiels  du  Pictite  et  du 
Sphène. 

Lorsque  j'insérai  mon  mémoire  dans  laBibl.  Universelle, 
j'ignorois  que  M."^  G.  Rose  eut  fait  un  travail  nouveau  sur 
le  Titane  siliceo-calcaire.  Ce  travail  pulîlié  à  Berlin ,  sous 
\e  ûtvt  as  Sphenis  atque  J'itanitœ  sisteniate  crlstallino  dis- 
sertatio ,  est  cité  dans  l'excellent  Traité  d'Oryctognosie , 
de  M."  Leonhard  ;  et  l'on  donne  dans  cet  ouvrage  les 
dimensions  de  la  forme  primitive  adoptée  par  M."^  Rose. 
Selon  lui,  c'est  un  prisme  oblique  rhomboidal  {_fig-  i4)  ' 
dans  lequel  l'incidence  de  P  sur  H  est  de  94°  54' ,  P  sur 
M  94°  38',  M  sur  M.  i33°  4';  et  le  rapport  des  demi- 
diagonales  de  la  section  transversale  à  la  hauteur  =  V 1 87  : 


-jgs  SUR    LES   MINERAUX    RARES 


V34  :  i;  OU  ff  :  p  :  h  =:Vi'] .  ïi.  :  V  17.2.  :  i  .  M/  le 
Comte  de  Bounion  a  fait  sur  la  même  substance  des  re- 
cherches importantes  qu'il  a  eu  la  bonté  de  me  commu- 
niquer ;  il  résulte  aussi  de  ses  observations  que  le  Titane 
siliceo-calcaire  a  pour  forme  primitive,  un  prisme  oblique 
rhomboïdal  du  même  genre  que  celui  adopté  par  M/  Rose, 
mais  dans  lequel  les  dimensions  se  trouvent  être  les  sui- 
vantes :  l'incidence  de  M  sur  M,  i55°  6',  de  M  sur  M'  44° 
55'  de  P  sur  H .  128°  62' .  Le  rapport  du  côté  B  de  la  base  à 
l'arête  H  =  i3  :  8. 

D'une  autre  part  nous  nous  sommes  assurés  que  le  Pic- 
tite  présente  une  forme  primitive  analogue  à  celles-ci; 
frappé  de  ces  rapports,  j'ai  cherché  à  rapprocher  de  nou- 
veau les  deux  espèces,  en  essayant  de  déduire  par  le  calcul 
l'une  des  formes  primitives  de  l'autre  ;  mais  nous  allons 
voir  par  l'exposé  rapide  de  ce  travail  que  le  rapprochement 
paroit  inadmissible.  : 

Dans  la  forme  primitive  de  M/  Rose,  l'incidence  de  la 
base  sur  l'arête  H  du  prisme  est  de  94°  38'.  Cet  angle  dans 
lePictiteest  de  98"  8';  je  l'ai  déduit  par  le  calcul  de  lii>- 
cidence  de  P  sur  M.  Admetfoas  pour  le  moment  que  ma 
face  M  soit  secondaire  ,  cherchons  à  la  déduire  du  prisme 
primitif  de  M."  Rose  ,  et  voyons  jusqu'à  quel  point  ces 
premières  données  peuvent  s'accorder. 

Dans  l'une  des  formes  ,  f .  i4  ,  la  base  est  inclinée  sur  les 
angles  obtus  du  prisme;  dans  lautre ,  f.  i5.  cest  le  con- 
traire. La  loi  de  décroissement  la  plus  simple  qu'on  puisse 
obtenir  pour  ramener  les  faces  M  du  Pictite  aux  faces  M 


ou  OFFRANT  DES  CRISTALLISATIONS  NOUVELLES.     4g5 

du  Sphène  est  ^G^  qui  donne  ii4°  i6'  et  65°  44' ^  ^^  ''^i-i 
de  ii5"  42' ,  et  64°  18'.  Pour  taire  disparoître  cette  diffé- 
rence de  plus  d'un  degré,  il  t'audroit  admettre  une  loi  telle 
que  ff  Gfl ,  ou  une  autre  plus  rapide  encore.  Celle  à  laquelle 
iious  nous  sommes  arrêtés,  sort  des  limites  qu exige  la 
simplicité  des  lois  de  la  cristallisation  ,  et  comme  elle 
est  loin  de  donner  un  rapprochement  satisfaisant  entre 
le  calcul  et  les  mesures,  c'est  déjà  une  raison  de  supposer 
que  les  pans  M  du  Pictite  ne  peuvent  pas  être  considérés 
comme  produits  par  un  décroissement  déduit  de  la  forme 
primitive  du  Sphène. 

Maintenant  nous  avons  vu  que  leur  incidence  sur  la 
base  est  de  94"  19'.  Il  ne  faut  pas  s'arrêter  au  rappro- 
chement singulier  de  cette  incidence  avec  celle  qui  lui  est 
correspondante  dans  le  Sphène,  et  qui  n'en  diffère  que  de  1 9'; 
il  faut  chercher  quelle  seroit  dans  le  Pictite  l'incidence  de 
P  sur  M  en  admettant  que  P  fit  sur  l'arête  H  l'angle  de  94" 
54",  au  lieu  de  celui  de  98"  8'  que  nous  avions  trouvé.  Dans 
cette  supposition  on  devroit  avoir  pour  l'incidence  de  P 
sur  M  du  Pictite  92"  36' ,  c'est-à-dire  ,  une  différence 
plus  fo/te  de  deux  degrés  de  la  valeur  que  nous  ont 
données  et  les  mesures  et  le  calcul. 

Rappelons  ici  que  nos  mesures  ont  été  prises  d'après 
celles  des  angles  plans  a  fig.  12  et  (2  fig.  11;  ainsi  que 
directement  par  le  plan  de  clivage  P,  et  quelles  ont 
donné  des  résultats  concordans. 

En  poussant  plus  loin  ce  rapprochement  on  voit  que 
l'angle  «  du  Pictite,  que  nous  avons  trouvé  d'environ  83", 
devi^pit  être  beaucoup  plus  rapproché  de  l'angle  droit,  ou 


4{j4  SUR   LES    AIINÉRALX.    «ARES 

que  les  faces  s  et  /,  devroient  être  produites  par  des  dé- 
croissemens  intermédiaires  tellement  compliqués,  qu'on 
ne  pourroit  pas  facilement  les  admettre. 

Quant  à  la  forme  primitive  du  Sphène  adoptée  par  M. 
le  comte  de  Bournon,  elle  présente  les  mêmes  difficultés 
de  rapprochement  avec  le  Pictite  que  la  précédente,  tandis 
qu'au  contraire  on  la  trouve  fort  analogue  à  celle  de  M. 
Rose.  La  base  est  inclinée  sur  les  arêtes  obtuses  H;  l'inci- 
dence des  faces  M  entr'elles  se  rapproche  beaucoup  dans 
l'un  et  dans  lautre  système;  et  si  l'inclinaison  de  la  base 
est  beaucoup  plus  forte  chezIVF.  de  Bournon,  je  retrouve 
dans  les  notes  que  ce  célèbre  minéralogiste  a  bien  voulu  me 
coxificr,  quon  peut  déduire  de  la  forme  primitive  un  autre 
noyau  dans  lequel  l'incidence  de  la  base  sur  larête  H  seroit  de 
q5°/^/,  ce  qui  se  rapprocheroit  tout-à-fait  du  système  suivi 
par  M.  Rose,  et  tendroit  davantage  à  prouver  que  la  modi- 
fication proposée  pour  le  Sphène,  par  ces  deux  savans,  est 
fondée  sur  de  solides  considérations,  et  doit  être  adoptée. 

Quelque  soit  donc  la  forme  primitive  qu'on  prenne  pour 
le  Titane  siiiceo-calcaire;  celle  de  M.  Haïiy  (i)  ,  celle  de  M. 
le  comte  de  Bournon,  ou  celle  de  M.  Rose,  on  voit  qu'elle 
diffère  toujours  assez,  de  celle  qui  caractérise  le  Pictite  pour 
qu'il  soit  convenable  de  maintenir  \  espèce  que  nous  avons 
proposée.  J'ai  lieu  de  regretter  que  la  planche  qui  accom^ 
pagne  ce  mémoire  fut  terminée  lorsque  itL  de  Bournon  me 
fit   l'honneur  de  m'adresser   de  nouveaux  détails    sur   le 


(t)  Dans  mon  mémoire  sur  le  Pirtite  (Ribliolh.  Univ'er.  Février  1822  ,) 
j'ai  déjà  cliercbé  à  montrer  la  diCeronce  de  formes  entre  It-  i'ictile  el  le  Ti- 
tane silLceo -calcaire  avec  la  forme  primitive  qua  douoée  M.'  Haûy. 


ou  OFFRANT  DES  CRISTALLISATIONS  NOUVELLES.       4^^ 

Sphène,  ainsi  que  les  figures  de  quelques-unes  des  nom- 
breuses formes  qu'il  a  déterminées  dans  cette  substance. 
J'ai  profité  des  places  vides  pour  insérer  après  coup  trois 
de  ces  figures;  elles  serviront  de  terme  de  comparaison 
entre  le  Titane  siliceo-calcaire  et  le  Piotite.  On  verra  du 
premier  coup-dœil  combien  l'aspect  des  formes  secon- 
daires est  différent,  quoique  le  système  de  cristallisation 
soit  analogue;  et  cette  comparaison  aura  de  plus  lutilité 
de  faciliter  l'étude  crislallographique  de  l'une  et  l'autre 
substance.  Les  descriptions  suivantes  et  la  détermination 
des  lois  sont  d'après  M.'  de  Bournon;  j'ai  seulement  pris 
la  liberté  de  les  représenter  avec  les  signes  de  décroisse- 
mens  adoptés  dans  le  cours  de  ce  mémoire  (i). 

Figure  1 5 ,  Titane  siliceo-calcaire ,    dont  le  signe  est  : 

PMÙÂ 

PM  3  * 

Incidence  de  !  sur  F  iSo";  de  i  sur  P  i38''i8'. 

Fig  i6,  même  variété  raccourcie;  cette  figure  donne  la 
clef  de  la  forme  qu'affecte  habituellement  la  variété  ma- 
clée,  diteschorl  en  gouttière  de  De  Saussure. 

Figure  1 7,  Titane  siliceo-calcaire. 

PM'G'ÙA 
PM   1    l  'i 

Incidence  de  ]_  sur  M,  112"  27'. 

(1)  Le  lecteur  sait  que  dans  la  méthode  de  W/  de  ISournon  ,  les 
faces  de  la  base  sont  désignées  par  T  et  celles  du  prisme  par  P  et  F'.  Pour 
faciliter  lexamen  comparatif  du  Sphène  et  du  Pictite ,  j'ai  rétabli  ces  lellies 
sur  un  sYslème  uniforme. 

jUéin.  de  lu  S-jc.  de  Phys.  et  d'JI.nat.  T.  I.",  3.'  Pari.  27 


496  SUR   LES    MINÉRAX^X    RAREi 

Ces  variétés  se  trouvent  dans  la  collecticn  du  Roi  de 
France.  M.  le  comte  de  Bournon  en  a  décrit  plus  de  5o; 
ce  précieux  travail  dont  je  ne  puis  donner  qu'un  bien 
foibie  aperçu,  n'a  point  encore  vu  le  jour;  espérons  que  les 
minéralogistes  en  jouiront  bientôt,  ainsi  que  des  nom- 
breuses richesses  inédites  qui  se  trouvent  encore  dans  le 
portefeuille  du  savant  directeur  de  cette  belle  collection. 

Je  rappelle  de  nouveau,  en  terminant  ces  notes,  que 
c'est  principalement  sur  les  cristaux  de  Binden  que  j'ai  pris 
mes  mesures  :  ceux  de  Taléfre,  plus  ou  moins  engagés 
dans  la  gangue,  n'auroient  pu  me  conduire  qu'à  des  ré- 
sultats beaucoup  plus  incertains   (i). 

IX. 

Feldspath  Apyrb. 

jj.  Feldspath  apyre  (Andalousite)  rose,  de  Tile  d'Elbe j 
W  André  Melly. 

H  Jclem,  couleur  vert  clair,  ibid.  M/  Melly. 

On  a  pu  voir  dans  le  cours  de  ces  notes  combien  l'île 
d'Elbe  est  riche  en  substances  nouvelles  et  intéressantes; 
les  échantillons  que  nous  venons  de  citer  en  sont  encore 
une  preuve.  Quoique  l'Andalousite  soit  maintenant  connue 
dans  plusieurs  gisemens,  celle  que  l'Administration  doit 
au  zèle  de  M."^  Melly,  l'un  de  ses  collaborateurs,  doit  être 
citée,  parce  qu'elle  se  prête  mieux  aux  observations  cristallo- 
graphiques  que  toute  autre.  La  plupart  des  minéralo- 
gistes penchent  à  croire  que  l'Andalousite   a  pour  forme 

(i)  Il  faut  encore  se  rappeler  que  l'on  vend  habituellement  à  CUamounix 
du  Sphène  pour  du  Pictite, 


ou  OFFRANT  DES  CRTSTALLÎSATTONS  NOUVELLES.     497 

primitive  un  prisme  droit  à  base  légèrement  rhumboïdale; 
ce  caractère,  joint  à  celui  de  sa  pesanteur  spécifique,  de 
sa  dureté  et  de  son  infusibilité,  suffiroit  amplement  pour 
justifier  rétablissement  d'une  espèce  proprement  dite;  si 
M/  Haiiy  n'avoit  pas  à  plusieurs  reprises  tait  naître  quel- 
ques doutes  sur  la  véritable  forme  de  celte  substance. 
Déjà,  dans  le  tableau  comparatif,  on  voit  que  le  clivage 
obtenu  parallèlement  aux  pans  des  prismes  semble  con- 
duire à  une  section  transversale  rectangulaire,  et  plus  tai-d 
dans  un  mémoire  sur  la  Macle,  le  même  auteur  nous  ap- 
prend qu  étant  parvenu  à  cliver  un  cristal  d  Andalousite 
parallèlement  à  la  base,  il  a  trouvé  celle-ci  inégalement 
inclinée  sur  les  pans  du  prisme,  de  manière  à  produire 
une  forme  primitive,  tout-à-fait  analogue  à  celle  du  Feld- 
spath, si  ce  n'est  même  identique. 

Le  Feldspath  Apyre  (i)  de  l'île  d'Elbe  se  présente  en  longs 
prismes  dont  la  section  paroît  être  tantôt  un  carré,  tan- 
tôt un  rhombe  d'environ  70°  et  i3o°.  Les  sommets  sont 
trop  informes  pour  quon  puisse  en  tirer  quelque  parti 
dans  la  détermination  de  la  structure;  mais  ces  cristaux  se 
clivent  presqu'également  bien  dans  le  sens  des  faces  du 
prisme,  et  parallèlement  à  la  base;  ensorte  qu'on  peut 
obtenir  avec  quelques  soins  un  prisme  de  clivage  qui ,  com- 
paré à  celui  du  Feldspath  ordinaire,  paroît  n'en  point 
différer,  comme  l'a  déjà  observé  M/  Haiiy  (2), 

(1)  Jameaonile  de  Mr.  Léman.    /4ndalousUe  de  la  plupart  des  autres  miné 
ralogistes. 

(a)  Je  dois  observer  que  j"ai  dans    ma  collection  de  petits  prismes  ver-" 


4(j8  SUR    LES    MfNÉRAUX    RARES 

Je  me  suis  aussi  assuré  par  des  mesures  directes  et 
par  la  comparaison  des  reflets;  que  l'incidence  pans  T,  sur 
les  faces  P  et  M  est  comme  dans  le  Feldspath  de  60",  et 
120°.  11  m'a  paru,  comme  à  M.  Haiiy,  que  ces  dernières 
faces  se  croisoient  à  angle  droit;  mais  je  nai  pas  pu  les 
mesurer  bien  exactement  à  cause  de  leur  peu  de  largeur. 
Au  reste,  la  substance  que  nous  décrivons,  a  une  grande 
analogie  avec  les  autres  variétés  de  Feldspath  apyre;  seu- 
lement ses  cristaux  ont  un  aspect  un  peu  moins  gras. 
La  cassure  dans  le  sens  des  faces  P  et  M,  est  laminaire;  pa^ 
rallèlement  à  la  face  T  elle  est  éclatante.  Lapes. «p.  prise 
avec  beaucoup  de  soin,  par  mon  collègue  et  ami, 
M.'  Dumas,  est  de  5,o8.  Enfin  sa  dureté  est  considé- 
rable. 

Les  prismes  paroissent  quelquefois  partir  d'un  centre 
commun,  et  s'écarter  en  rayonnant  dans  toutes  les  direc^ 
tions.  Ils  sont  complètement  empâtés  dans  la  gangue  qui 
est  un  Feldspath  laminaire  du  plus  beau  blanc.  Ce  Feld- 
spath est  encore  remarquable  par  son  éclat  nacré,  qui  le 
fait  dans  dans  quelques  parties  ressembler  à  de  1  Apophyl- 
lite;  d autres  fois,  il  est  d'une  teinte  bleuâtre,  et  ses 
lames  se  contournent  ;  il  ressemble  alors  à  de  cer- 
taines variétés  de  Baryte  ;  enfin  quelques  fragmens  ont 
l'aspect  du  Pétalite,  et  je  ne  serois  point  étonné  qu'on  trou- 


dàtres  à  base  oblique  qui  m'ont  été  vendus  comme  Corindon  du  Carnate  et 
qui  comparés  aux  prismes  du  Feldspath  apyre  que  j'ai  clivés  ,  ont  une 
grande  analogie  de  forme  avec  eux.  Ce  fait  pourroit  être  rapproché  de  l'ajir 
cieune  opinion  de  M.'  le  Comte  deBournon  sur  le  Spath  Adamantin. 


ou  OFFRANT  DES  CRISTALLISATIONS  NOU\  ELLES.     499 

vât  (lu  Lithion  dans  leur  analyse.  Nous  ajouterons  en- 
core que  ce  Feldspath  sert  de  gangue  à  des  prismes  can- 
nelés de  Tourmaline  ;  qu'il  se  clive  très-aisément  selon 
les  faces  de  la  forme  primitive,  et  qu'il  exhale  une  odeur 
fétide  lorsqu'on  le  brise. 

Une  analyse  bien  soignée  de  cette  variété  d'Andalou- 
site  seroit  à  désirer;  en  effet,  tous  les  caractères  physi- 
ques, sauf  celui  de  la  cristallisation,  semblent  la  séprera 
du  Feldspath;  et  l'Andalousite  joue,  par  rapport  à  cette 
dernière  espèce,  le  même  rôle  que  la  Rubellite  (i),  relati- 
vement à  la  Tourmaline  ordinaire.  A  cet  égard  on  sent 
que  son  examen  chimique  serviroit  à  jeter  quelque  jour 
sur  1  importante  question  des  /so/^iorpAes,  ou  sur  la  pos- 
sibilité de  voir  des  espèces  minérales  différentes,  affecter 
la  même  forme  non  limite. 


([)  On  sait  que  M.'  Berzelius  considère  la  Rubellite  comme  une  espèce 
tout-à-fait  dilTérente  de  la  Tourmaline  proprement  dite  ,  quoique  sa  form« 
soit  pi'écisémeut  la  même. 


M   de  Pli.  H  naf /i'  p'V .  I.p.   500. 


i  TLcn^éiMUiV'  Taxcd ,    fui/i^  iSoi,ejù  . 


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Fif.  17- 


NOTE 

Su7'  quelques  obseiyations  Astronomiques  faites 
en  1821  et  1822^!  t Observatoire  de  Genèçe. 

(  Lat.  46*>  13'  N.  ;  long.  iS."  a 4-'  àe  temps  à  l'Est  de  Paris.) 
Par  M.'  le  Prof.  Gautier, 


JLje  bâtiment  de  l'Observatoire  de  Genève  ayant  été  res- 
tauré en  1820,  ce  nest  que  peu  de  jours  avant  Téclipse  de 
soleil  du  7  Septembre  de  cette  année  qu'on  pût  y  ré- 
tablir les  instrumens.  L'observation  de  ce  l)eau  phéno- 
mène ,  dont  M.  le  Prof.  Pictet  à  consigné  les  détails  dans 
le  tom.  1 5  de  la  Bibliothèque  Universelle^  étoit  mie  heu- 
reuse époque  à  prendre  pour  date  d'une  nouvelle  ère  d'ac- 
tivité de  cet  établissement  public,  connu  précédemment 
par  les  travaux  du  savant  Astronome  Jacques  -  André 
MiiUet  et  récemment  confié  à  mes  soins. 

L'objet  de  la  présente  Note  n'étant  pas  de  faire  la  des- 
cription de  cet  observatoire,  je  ne  parlerai  que  de  ceux  des 
instrumens  qu'il  contient  qui  ont  servi  aux  observations 
que  je  rapporte  ici. 

La  lunette  méridienne,  faite  par  Sisson ,  est  de  cinq 
pieds  et  repose  sur  deux   piliers  de  roche   calcaire.    Elle 


50  2         NOTE  SUR  QUELQUES  OBSERV.  ASTRONOMIQUES. 

grossit  cinquante  fois  ,  est  munie  d'un  grand  niveau  à 
bulle  d'air ,  et  porte  à  son  foyer  un  réticule  ,  composé 
d'un  fil  iiorizontal  et  de  cinq  fils  d'araignée  verticaux.  Les 
distances  angulaires  respectives  de  ces  fils ,  depuis  le  pre- 
mier au  cinquième,  déduites  de  riig  passages  d'étoiles, 
réduits  à  l'équateur  et  évalués  en  temps  moyen,  sont  les 
suivantes  : 

27"%  35  27,705  37,589        27,9g; 

Ce  qui  donne  la   quantité   — — 77-7-  à  retrancher   de  la 

•*  I  cos-  decL- 

moyenne  de  chaque  passage  aux  cinq  fils,  pour  avoir  l'ins- 
tant moyen  de  l'observation. 

Une  mire  avoit  été  établie  précédemment ,  par  les  soins 
de  MM.  Pictet,  Delcros  et  de  moi,  sur  la  montagne  de 
Salève,  du  côté  du  midi,  à  une  distance  de  l'Observatoire, 
d'environ  5433  toises,  sur  la  direction  de  la  méridienne,  di- 
rection déterminée,  tant  par  des  passages  supérieurs  et  infé- 
.r'eurs  d'étoiles  circompolaires  opposées  ,  que  par  la  compa- 
l'aison  des  passages  du  soleil  avec  le  résultat  de  hauteurs  cor- 
respondantes et  absolues.  Mais,  quoique  les  piliers  de  la  lu- 
nette méridienne  fussent  restés  en  place,  il  convenoit  de  s'as- 
surer de  nouveau  de  l'exactitude  de  la  position  de  cette 
mire  ou  de  la  lunette  méridienne  dont  le  fil  central  la 
bissectoit. 

J  ai  employé  à  cet  effet  la  méthode  de  M.'  Delambre  , 
fondée  sur  la  combinaison  deux  à  deux  des  passages  voi- 
sins d'étoiles  hautes  et  basses ,  méthode  qui  est  regardée 
comme  îa  plus  exacte,  et  qui  vient  encore  d'être  exposée 


NOTE    SUR    QUELQUES    OBSERV.    ASTRONOMIQUES.      5o3 

et  recommandée  par  M.  F.  Baily  ,  dans  le  I."  volume  des 
Mémoires  de  la  Société  astronomique  de  Londres.  Les 
tableaux  ci-joints  présentent  le  résultat  des  observations 
que  j'ai  faites  dans  ce  but  jusqu'à  présent.  Les  déviations 
horizontales,  exprimées  dans  chaque  colonne  en  fractions 
de  seconde  de  temps  ,  sont  celles  qui  résultent  de  l'ob- 
servation des  passages  du  couple  d'étoiles  dont  les  noms 
se  trouvent  en  abrégé  en  tête  de  la  colonne.  J'ai  fait  usage, 
en  général ,  dans  le  calcul  de  ces  observations ,  des  ascen- 
sions droites  moyennes  du  dernier  catalogue  de  Piazzi  et  des 
Tables  particulières  d'aberration  et  de  nutation,  publiées  à 
Marseille,  en  1812,  par  M."^  le  Baron  de  Zach,  en  adoptant 
cependant  quelquefois  de  préférence  les  ascensions  droites 
déterminées  par  MM.  Pond  et  Bessel,  et  les  positions  ap- 
parentes pour  1821  ,  données  par  M."^  Schumacher  dans 
ses  A stronomische  Hïtlfstafeln  fur  1821 ,  mais  en  ayant 
soin  d'employer  des  élémens  du  même  auteur  pour  les 
deux  étoiles  de  chaque  couple. 


Mém.  de  la  Soc.  de  Phya.  et  d'H.  nat.  T.  I.",  2.*  Part,      28 


5o4        NOTE  SUR  QUELQUES  OBSERV.    ASTRONOMIQUES. 


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b»  O  O  »o  O 


I  I 


00000 


QO  ^5    C^  C«  w 
4^  M  M    O    ^ 


NOTE  SUR  QUELQUES  OESERV.  ASTRONOMIQUES. 


5o5 


1822. 

Fér. 10 

Cbèvre. 

0  Taur. 

?    iaur. 

^  Cocher 

■fGr.Cb.   e    Cenl. 

a  Cour.    Ânlares. 

Moyennes 

Rigel. 

8  Lièvr. 

a    Cul. 

>  Colora' 

<f  Gém.      Arctur. 

fi   Scorp. 

0  Uerc. 

de  chaq.  jour. 

0,19 

» 

» 

» 

» 

>) 

n 

0*,I9 

i5 

0,19 

0,81 

1,35 

» 

» 

n 

» 

» 

0,  78 

i5 

o,5S 

1> 

» 

» 

» 

» 

» 

» 

0,  58 

«7 

0,47 

0,9 

» 

1) 

n 

» 

» 

u 

0,69 

'9 

0,3 

0,73 

0,1 3 

o,63 

» 

» 
» 

» 

» 

0,45 

20 

0,5 

0,5 

0,1 5 

0,35 

» 

» 

M 

0,35 

24 

0,71 

0,84 

0,26 

o,58 

» 

n 

» 

» 

0,55 

2- 

0,26 

0,47 

0,59 

0,72 

» 

n 

» 

» 

0,46 

26 

» 

» 

» 

0,27 

» 

» 

» 

1) 

0,  27 

27 

—  0,07 

—  0,02 

1) 

0,0"? 

» 

» 

s 

» 

— 0,  o5 

Mars  I 

0,04 

0,53 

0,69 

o,56 

» 

» 

» 

» 

0,45       1 

3 

» 

» 

» 

0,2() 

» 

» 

» 

» 

0,  29       > 

4 

» 

» 

0,75 

» 

» 

» 

N 

» 

0,  73 

5 

0,45 

0,6 

0,45 

—  o,oG 

» 

» 

» 

» 

0,  3G 

13 

j'5 

» 

0,07 

0,08 

u 

» 

» 

» 
U 

» 

0,08       1 

OjCi 

» 

» 

1) 

» 

» 

» 

0,04 

31 

—0,09 

B 

» 

1) 

n 

n 

» 

» 

—0,09 

22 

—  0,16 

» 

» 

» 

» 

» 

» 

» 

-0,16 

24 

» 

U 

» 

» 

0,74 

» 

» 

" 

0,74 

Avr.  5o 

M 

» 

)) 

1 

» 

u 

0,35 

o,5i 

o,j^ 

0,46 

Moyenne  er 

1   1822 

Movpnne  ^f 

1821 

0  ,3oi 

ni'rîile 

o',33i 

Soi 

ty^'g-j^  (\e  <\fy.rè,  de  flévialion 

ont-nliile, 

5o6       NOTE    SUR   QUELQUES    OBSERV.    ASTRONOMIQUES. 

L'iaspection  de  ces  tableaux  ,  dont  on  n'a  éiiininé  au- 
cune observation  faite  des  couples  d'étoiles  qui  y  entrent, 
ni  d'autres  convenables  pour  cet  objet,   montre  par  les  pe- 
tites diiîérences  qui  existent  entre  les  déviations  conclues 
de  groupes  différens  observés  le  mênje  jour,  qu  on  ne  peut 
compter  qu'à  quelques  dixièmes  de  seconde  près  su'r  l'exac- 
-titudede  chaque  résultat  en  particulier.  Et  comment  s'en 
étonner,  quand  on   réfléchit  qu'outre  les  légères  incerti- 
tudes qui  existent  encore  sur  l'ascension  droite,  la  pré- 
cession ,  l'aberration  et  la  nutation  des   étoiles  fixes  ,  les 
petites  erreurs  de  l'observation  peuvent  être  accrues  par 
cette  méthode  et  en  produire  d'un  peu  plus  fortes   dans 
les  déviations  qu'on  en  conclut ,    lorsque    les  étoiles  ob- 
servées ne  passent  pas  au  méridien,  l'une  pues  du  Zénith, 
l'autre  près  de  l'horison  :  tandis  que  quand  elles  y  passent, 
leur  mouvement  étant  plus  lent  ,    donne  lieu  à  un  peu 
plus  dincertitude  dans  les  observations. 

Une  partie  des  écarts  d  un  jour  à  l'autre  peut  être  at- 
tribuée aussi  à  ce  que  la  mire  a  étant  pas  visible  de  nuit, 
ou  lorsque  la  montagne  est  couverte  de  nuages ,  je  n'ai 
pu  toujours  m'assurer  d'avance  que  la  limette  étoit  exac- 
tement réglée  sur  elle,  et  jai  vérifié  ensuite  quel  e  avoit 
en  etfet  quelquefois  subi  une  petite  déviatio').  Ceal  ce  qui 
avoit  lieu,  par  exemple,  lors  des  passages  du  1 1  Février  1821. 
Nous  nous  occupons,  M.'  Pictet  et  n)oi,  de  placer  sur  un 
point  plus  voisin,  situé  dans  la  plaine ,  une  mn-e  subsi- 
diaire qui  pourra  être  éclairée  lu  nuit.  Mais  comme  on 
peut  admettre  qne  les  déviations  de  la  lunette  méridienne 
ont  eu  lieu  indirféremment  de  i  un  et  de  laulre  coté  de  la 


NOTE    SUR    QUELQUES    OBSERV.     \STRONOMIQUES.      5o7 

mire  actuelle ,  j'ai  lieu  d'espérer  que  la  moyenne  des  ré- 
suitats  obtenus  ,  dont  à  peine  un  seul  sur  89  secarte 
d  une  seconde  ,  donne  assez  exactement  la  déviation  de 
cette  mire  elle-même.  Cette  déviation  est  donc  d'environ 
un  tiers  de  seconde  de  temps  ou  cinq  secondes  de  degré, 
du  côté  de  i'Orieat  ;  et  il  en  résulte  que  le  centre  de  la 
mire  doit  être  reculé  vers  lOxident  d'environ  y  pouces  5 
lignes,  sur  un  rayon  de  5435  toises,  à  moins  quon  ne 
prétère  tenir  compte  par  le  calcul  des  etïets  de  cette  pe- 
tite déviation  dans  les  déterminations  du  temps  absolu 
qui  requièrent  ce  degré  de  précision. 

La  pendule  dont  nous  nous  servons  principalement  est 
de  Shelton ,  munie  d  un  pendule  compensateur  à  grille 
et  réglée  sur  le  temps  moyen.  Sa  marche,  suivie  assidû- 
ment, surtout  à  l'aide  des  passages  du  soleil  à  la  lunette 
méridienne,  est  en  général  assez  régulière,  mais  présente, 
cependant ,  quelques  phases  qui  paroissent  être  périodi- 
ques et  dépendre  de  la  température.  C'est  ainsi  que,  sans 
que  la  vis  de  la  lentille  ait  été  touchée  depuis  le  mois  de 
Janvier  1821 ,  la  pendule  a  avancé, en  général,  de  demi  à 
deux  secondes  par  jour  pendant  les  saisons  froides,  et 
r«tardé  de  une  à  trois  secondes  pendant  les  chaudes , 
en  présentant  par  fois  quelques  irrégularités  dans  les  pas- 
sages de  1  un  des  états  à  l'autre  :  ces  passages  ne  s  opérant 
que  quelque  temps  après  les  changemens  de  température 
et  suivant  l'avancement  de  la  saison. 

Pour  donner  une  idée  plus  précise  de  la  marche  ordi- 
naire de  cette  pendule,  je  rapporterai  ici  le  résultat  des  pas- 
sages uu soleil  dans  le  mois  de  février  182:1,  remarquable 


3o8        NOTB  SUR  QUELQUES  OBSERV.  ASTRONOMIQUES. 

par  sa  douceur  et  sa  sérénité  ,  mais  où  la  pendule  n'a 
^uère  été  plus  régulière  que  de  coutume.  Les  observa- 
tions sont  calculées  d'après  la  Connoissance  des  temps , 
en  appliquant  aux  valeurs  du  temps  moyen  à  midi  vrai 
quelle  fournit ,  une  correction  égale  au  centième  de  la 
différence  en  24  heures ,  pour  les  réduire  au  méridien  de 
Genève. 


1822. 

Févr. 

A\ance  JiiuDe 
pendule. 

Févr. 

Avant  e  dlurue 
pendule. 

o',94       1 

I 

o\87 

17 

2 

3 

0,79 
0,83 

18 
19 

1,09 
0,82 

4 

1,02 

20 

0,  5i 

7 
8 

1,23 

0,57 

22 
23 

0,67 
0,68 

9 

1,28 

24 

0,  5o 

i3 

i,o5 

25 

1,09 

14 

0,94 

26 

0,  82 

i5 

0,78 

27 

0,99 

La  petite  secousse  de  tremblement  de  terre ,  qui  a  été 
ressentie  à  Genève,  le  19  de  ce  mois  à  9.  5.""  du  matin  , 
n'a  ,  comme  on  voit,  produit  aucun  dérangement  sen- 
sible dans  la  marche  de  la  pendule. 

J'ai  cherché,  toutes  les  fois  que  le  temps  me  l'a  permis, 
à  observer,  avtc  soin,  les  occultations  d'cloiles  qui  se  sont 
pré.centt'es,  ainsi  que  les  éclipses  de  Satellites  de  Jupiter, 
dont  l'ol  ser^ation  n'est  cependant  pas  susceptible  de  la 
mùne  exactitude.  La  lunette  achromatique  dont   je  me 


iJ 


NOTE  SUR  QUELQUES  OBSERV.  ASTRONOMIQUES.         50v 

suis  servi  est  de  Dollond  le  père  et  a  trois  pieds  et  demi 
de  distance  focale  et  trois  pouces  et  demi  d'ouverture.  L'oc- 
cultation du  I."  Mai  dernier  m'a  montré  qu'on  pou  voit 
observer  distinctemement  avec  elle,  au  coucher  du  soleil, 
l'immersion  d'une  étoile  de  quatrième  à  cinquième  gran- 
deur; et  les  diflférences  d'une  demi-minute  et  plus  entre 
mes  observations  de  quelques  éclipses  de  Satellites  de  Ju- 
piter et  celles  de  M.  Pictet ,  faites  avec  une  excellente 
lunette  de  Ramsden  de  trente  pouces  ,  prouvent  aussi  en 
faveur  de  la  force  de  la  mienn». 

Le  tableau  suivant  présente  le  résumé  des  observations 
de  ce  genre  que  nous  avons  faites  jusqu'à  présent  avec 
nos  lunettes  respectives.  Celles  de  M.'  Pictet  y  sont  dé- 
signées par  la  lettre  P;  et  le  grossissement  linéaire  pro- 
duit par  l'oculaire  dont  nous  nous  sommes  servis,  y  est 
en  général  indiqué ,  d'après  un  dynamètre  de  Ramsden, 
ainsi  que  l'instrument  employé ,  lorsqu'il  est  autre  que 
ceux  dont  je  viens  de  parler. 


5lO      NOTE    SUR    QUELQUES    OBSERV.    ASTRONOMIQUES. 

Eclipses  et  occultations  observées. 
1820. 


4   Sepienibre. 


id, 
10  Décembre. 

iSiii. 

18   Janvier. 
6  Février. 

12   Avril. 
6   Mai. 


10  Juillet. 
II. 

l8  Octobre. 


36  Novembre. 
3  Décembre. 

6. 

'  id. 
id. 


iSaz. 

50   Avril. 
1."  Mai. 


Immersion  du  a.*  Satellite  de  Jupiter  à  8'  46°  20' 
de  temps  moyen  à  Genève  ,  grossisseiiieut  67, 
observation  donieuse. 


Eclipse  de  soleil. 

Commencement    à 

Fin 

id 

Imm.  premier  Satellite 
id 

Emersion   1."   Satellite 


T.  M. 
l*"    k"  25'  P.   gr.   5o. 
3.55.10.  id. 

5.55.1a.  gr.  68. 
8.57.39.  p.  gr.  79. 
8 .  58 .  4o  gr.  1 56. 
6.^5.16.  id. 


id. 


5.a3.    9 

6.4o.2i,3. 
7.43.51,5. 

i5.   0.28. 
10.7.36. 


gr.      7a. 
td. 
id. 
id. 


Imm,    /    Poissons     . 

Emersion 

Imm.  p   Lion   .... 
Imm.  K  Gémeaux 
Em.    (  aperçue   un    peu 

lard  ) 10. 58. 30,7. 

Imm.    second   Satellite  .   14.17.59. 
Im.    T   Scorpion   .     ...      7.5i.    7,7. 

Emersion  ,    douteuse  .     g. 4. 34. 
Occultation  de  Mars 
Instant  de    la   disparition 

complète 20.    5.47.        gr.   ]36. 

Premier    instant      de    la 

réapparition 2l.26.l4,6.  P.  lun.   de 

10  pi.     gr.      53. 

jrf.  (observe' trop  tard.  )   ai. 26.  17.        gr.      7a. 

Ëm.    second    Satellite  .      7.54. 5o.  id. 


id.       

id 

Em.    premier    Satellite 
id 


7.55.  16.    P.  gr.     5o. 

lo.5i.i4.        gr.      7a. 

10.33.        P,  lun.  10  pi. 

gr.     67. 

8.io.5o.       gr.  i56. 

8.  II.  16.  P.  télescope 

Grég,"  gr.      80. 

8 .  59 .  68.  id. 

9.  j.a8.       gr.  i56. 


Imm.  troisième  Satellite. 

id.   à  environ   .... 

Em.    troisième     Satellite 

à  environ 11.    9-^8.  id. 

id.  11. 10. 41.  P.  télescope 

Immersion  de  l'une   des 

Pléiades 7.56.ao,3.        id. 


Imm.  d  Lion. 
1mm.   V  Lion 


i3. 15.53,7.    S""-     73. 
7.  ia.54,7.    gr.     ]36. 


NOTE  SUR  QUELQUES  OBSERV.  ASTRONOMIQUES.         5ll 

Je  terminerai  cette  Note  ,  dans  laquelle  l'espace  me 
manque  pour  entrer  dans  plus  de  développemens ,  en 
rapportant  quelques  observations  récentes  de  taches  du 
soleil.  On  sait  qu  il  règne  encore  de  l'incertitude  sur  la 
nature  de  ces  taches;  et  un  astronome  Italien ,  M.  Biaochi , 
a,  dernièrement  avancé  {Conesp.  Aslron.  t.  b  ,  p.  55o), 
d'après  ses  propres  observations,  qu  il  étoit  assez  vraisem- 
blable, qu'outre  le  mouvement  qui  leur  est  imprimé  par 
l'effet  de  la  rotation  du  soleil ,  elles  ont  un  mouvement 
propre ,  sensible  et  irrégulier.  Les  changemens  fréquens 
qu'elles  présentent  dans  leurs  apparences  ,  pourroient 
peut-être  expliquer  une  partie  de  ces  irrégularités  de  po- 
sition observées,  sans  quil  fut  nécessaire  de  leur  sup- 
poser aucun  mouvement  particulier  :  mais  ce  n'est  que 
par  un  grand  nombre  de  bonnes  observations  qu'on  peut 
espérer  de  décider  la  question.  Les  suivantes  ont  été  faites 
dans  le  mois  de  Mars  dernier,  par  M.'  ie  Prof.  Pictet,  avec 
sa  lunette  deRamsden.  montée  parallatiquement  et  munie 
d'un  excellent  micromètre  de  Tioughton  à  fils  d'araignée, 
dont  le  cadran  est  divisé  en  cent  parties,  équivalant  cha- 
cune à  un  arc  de  0,681  de  seconde.  Il  a  déterminé  jour 
par  jour  la  position  de  chaque  tache  sur  le  disque  ap- 
parent du  soleil ,  en  observant ,  trois  ou  quatre  lois  de 
suite ,  les  passages  consécutifs  de  la  tache  et  du  bord 
Oriental  ou  Occidental  du  soleil  au  fil  horaire  du  micro- 
mètre, et  en  comptant  chaque  fois  le  nombre  de  tours  et 
de  divisions  parcouru  par  1  aiguille  du  cadran  pour  rendre 
le  fil  de  déclinaison  mobile  tangent  au  bord  supérieur  du 
soleil ,  pendant  que  le  fil  fixe  coupoit  la  tache.  Je  rappor- 

Mém.  d»  la  Soc.  d«  Phyt.  tt  (fU.  nat.  T.  I.",  a.*  Pan.  39 


5i»         NOTE  SUR  QUELQUES  OBSRRV.  ASTRONOMIQUES. 

terai  dans  sa  totalité  la  première  observation  ,  afin  dft 
donner  la  mesure  de  l'accord  de  chaque  évaluation  et  me 
bornerai  pour  les  autres  à  la  moyenne  des  résultats  ob- 
tenus. Les  instans  des  passages  étant  déterminés  en  temps 
moyen ,  leurs  diiFérences  ,  telles  qu  elles  sont  rapportées 
dans  le  tableau  ci-dessous  ,  devi-aient  à  la  rigueur  être 
accrues  de  l'accélération  des  étoiles  pendant  ces  intervalles , 
pour  exprimer  les  différences  d'ascension  droite  corres- 
pondantes ,  en  temps  sidéral  :  mais  cette  accélération  est 
insensible  dans  des  intervalles  si  courts. 

Le  bord  du  soleil  comparé  aux  taches,  pour  déterminer 
leur  déclinaison ,  a  toujours  été  le  bord  inférieur  apparent 
dans  la  lunette  qui  renverse  ,  et  par  conséquent  le  bord 
supérieur  vrai.  Pour  les  ascensions  droites  ,  on  a  pris  en 
général  celui  des  bords  du  soleil,  occidental  ou  orientai, 
le  plus  voisin  de  la  tache. 


l8t2. 


PASSAGES 
au  fi[  huraire. 


Tache g''  aâ"  5j',  5 

Isol.  a    bord.      a5.  5i  ,  5 

MJiaclie   .... 
ars.    I    ,     du 
/sol.  a    b.   . 

jtache 3a.  3i  ,  5 

Isol.  a*  b.  . .      3a.  6o 


Différence 

cl'asc.  droite 

en  temps' 

^9" 


Différence  de  dkclin. 
tache  et  bord  sup.  soleil 

évaluée 


fin  lour^ 
du  cadran 


3o.    4,5/  ' 

i8,5 

f tache    35.  54      j     ,«  k 

Isola''  b.   ..     36.  13,  5j     ^^'^ 

Inst.  moyen  à  la  pend,  o''  ag"  53*,  5 
Avance  pendule. . .        i .  Sg  ,  5 


iDSt.moy.  eotemsmoy.  o  38"  1 3' 


i8*,6a 


7*,  4o 
7,55 

7,33 

7,3a 


Eu  degrés. 


8' 35",  9 
8.  30,  5 
8.11,66; 
8.  i8,46 


8'.  18",  63 


5p* 


NOTE  SUR  QUELQUES  OBSERV.  ASTRONOMIQUES. 

Observations  de  taches  du  soleil. 


5i5 


1822. 

Tfmps  MOÏEN 

DirFÉHENCE 

DiFF.  de  décl. 

des 

d'asc.   (tr^jÎLe 

tache  et  b'nd 

Mars. 

observations. 

en  leu)s. 

super,  soleil 

6 

1."  tache.       1 
a^.  bord  sol, 

■     oSP-^iS' 

18*62 

8'i8"63 

1 

id. 

id. 

3  3 . 1 9 .  46 

b6,  18 

8.44,57 

7 

id- 

23. 5i .56 

5o,  y.S 

.O.-iO,  61 

9 

I."  bord  sol. 
1."  laclie. 

.  30.5g.    1 

54,0 

13.36,83 

10 

id. 

33.58.3i 

39,  37 

.5.   7,83 

1 1 

id. 

a  t. 38.    4 

37.95 

'6.37,  25 

13 

id. 

33.25.  10 

37,8 

id.   9,49 

i5 

id. 

31 . Il . 30 

10,  83 

19.18,15     1 

10 

I."  bord  sol. 
a.''*  tache. 

33.45.   4 

63,  0 

i 
1 1 .  56,  64 

11 

id. 

2..35.15 

48,88 

15.27,17 

la 

id. 

33.3o.54 

35,1 

i5. 12,  8"* 

i6 

id. 

ai  .11 .37, 5 

34,  83 

16.42,8 

i5 

id. 

30.a3.57 

8,33 

19.46,37 

16 

id. 

30 . 4o .   6 

4,33 

ao.56,  17 

32 

3.'  tache, 
a.*  bord  sol. 

,  23.57.43 

20,  75 

7.17,76 

24 

id. 

0.31.33 

29^77 

7.51,49 

ich 

id. 

33.54. i3 

4o,  a3 

8.55,96 

35 

id. 

3o.    a. 35 

5o,  17 

9.51,48 

36 

id. 

ao. 17.5a 

63,38 

li .  31,0 

37 

id. 

19.a6.31 

75,37 

la. 58,75 

39 

1."  bord  sol. 
3.'  tache. 

4.68.54 

35,95 

1 5 . 1 6,  o4 
18.16,7 

3o 

id. 

31.38.54 

lo,  5 

Avitl  1. 

id. 

33. 55.41 

6,  0 

ao.44,  i6 

Les  taches  observées  étoient  de   forme  irrégulière  ,    an" 
guleuses  et  entourées  d'une  pénombre  grisâtre ,  elles  on  t  pré- 


5l4        NOTE  SUR  QUELQUES  OBSKRV.   ASTRONOMIQUES. 

sente  quelques  variations  dans  leur  apparence,  et  ont  été 
souvent  environnées  de  facules  vers  les  bords  du  disque 
du  soleil  et  d'un  grand  nombre  d'autres  petites  ta- 
ches vers  son  centre.  Le  diamètre  vertical  de  la  pre- 
mière, mesuré  au  micromètre  de  ïroughton  ,  étoit  de  20" 
le  10  Mars.  Celui  de  la  troisième  ,  composée  de  deux  ou 
trois  noyaux  conligus  et  situés  dans  une  même  pénombre, 
étoit  de  24",  I  le  28  Mars,  et  le  diamètre  vertical  de  la  pé- 
nombre elle-même  étoit  deiiviron  67  '  le  26. 

Les  passages  du  soleil  àla  lunefte  méridienne  m'ont  donné 
le    6  Mars  57',  29  de  temps  ,  pour  la  quantité  dont  la  pre- 
mière tache  passoit  après  le  centre  du  soleil 

8  i3.  ici. 

11  27,       pour  la  quantité  dont  elle  précédoit  ce 

même  centre. 

12  38.  id. 
i5              60,47.                  ici. 

26  io,o5.    dont    une    autre    tache   passoit    plus 

tard  que  le  centre 

27  1,12.  plus  tôt. 

9  Avril  40  9-  id. 
10             5o,ti.  ici. 

Je  dois  renvoyer  h  un  volume  suivant  de  ces  Mémoires 
le  calcul  de  nos  occultations  qui  exige  des  observations 
correspondantes. J'espère  pouvoir  y  en  joindre  d'autres;  et 
présenter  aussi  des  observations  faites  avec  un  cercle  ré- 
pétiteur astronomique,  dont  notre  Gouvernement  a  dé- 
crété l'acquisition  à  ses  frais  pour  l'Observatoire  et  que 
nous  ne  devons  pas  tarder  à  obtenir  de  M.'  Gambey ,  ar- 
tiste distingué  de  Paris. 

FIM    ©E   LA    SECONDE  PARTIE   DU    TOME  PREMIER. 


TABLE. 


A.  * 

Abbaye  du  !ac ,  ou  de  Laach.  Sa  desciiplion ,  i54. 

Amphaviia   Banks.  Voyez   TeinsUœuiia. 

Anémogiaphe  ,  109, 

Ant'momèlre,    io.'>. 

Animalcules  speimaliques  (Essai  sur  les),  180  —  207. —  du  Putois, 
du  Cheval,  196.  —  de  la  Souiis  blanthe,  du  Bélier ,  du  Bouc,  197.— 
du  Coq,  du  Canard,  198.  —  du  Moineau,  de  la  Vipère,  de  la  Gre- 
nouille, 199.  —  As  la  S  alamandre:  de  l'Escargot,  200.  —  de  la  Limace, 
des  Limées,  des  Poissons,  201.  — Ils  sont  insensibles  à  l'action  du  fluide 
galvanique ,  200. —  Ils  sont  tue's  par  le  fluide  électrique,  2o5,  —  Ta- 
bleau de  la   longueur  de  quelques  animalcules,   207.— 

Auoda.  Observations  sur  les  espèces  de  ce  genre,  4^0» 

Anthema.  Section  des  Lavatera  ,  'iSg. 

Apatelia.  Genre  de  piaules,  426. 

Aquilegia.  airopurpurea  ,   433. 

Arragonile  sa  forme  primitive  ,  48.  —  Détermination  des  axes  de  double 
réfraction,  4g.  —  Position  des  axe»  dans  un  cristal  composé,  49.  —  Ob- 
jection de  Mr.  Bi-ewsler  contre  la  loi  rae  primilive  donnée  par  Mr.  Haiiy, 
5o. —  Forme  primitive  de  celte  substance  selon  Mr.  le  Comte  de  Bour- 
non,  5i.  —  (Portion  des  axes  de  double  réfraction  el  de  la  ligne  moyenne 
dans  1'),  57. 

Aslrophi-a  section  des  Passiflora  ,   455. 

Axes  de  double  réfraction  etc.  (  Observations  sur  les  rapports  qui  existent 
entre  les),  55  —92.  — Leur  nombre,  3i  —  35.  —  Cristaux  à  un  axe 
56,  à  deux  axes  57.  —  Expression  de  celle  loi,  4'  —  ■42.  — Exceptions,  42. — 
Leur  nalure  3t.  —  Ifur  nombre  est  en  rapport  avec  la  ijalure  de  la 
forme  primitive  ,  3y.  —  A\e  de  double  léfraction  appelés  neutre  par 
Mém.  de  la  Hoc.  de  fliys.  el  d'Jti.  nat.  T.  1.",  a.*  JParl.        00 


5l6  TABLE. 

Mr.  Brewslei-,85. —  Axe  de  crislalisaliou ,  doit  être  distingué  de  ceux  de 
doul)le  léfrutlioii,  56. 
Axolojjha  secliuu  des  Lavatera,   429. 

B. 

Balance  sponlanée.  Sa  description  ,  101. —  Démonstration  dn  principe  sur 
le  |U^1   elle   est  fuiidée,    102. 

Baliiiue  tangent igriide.  Sa  description,  ()4 Sa  graduation,  g6.  —  Déiiioos- 

IralioM  du  principe  sur  lequel  elle  e^l  fuiidée,   j^g, 

Barile  sulfalée  (position  des  axes  de  double  léfraclioii  et  de  la  V'^te  mo- 
yenne dans  la),  57. —  Sa  forme  primitive,  56.  —  Détermination  de  la 
structure  optique,  56. 

Barite  sulfatée  Irapézienne  dans  les  mines  de  souffre  d'Arragona  en  Si- 
cile,  5i5. 

Baromètre  portatif.  Son  usage  pour  des  observations  successives,  i38. 

Basalte  dans  le  voisinage  du  Schiste,  162. 

Basalte.  prèsd'Andernach  i56,  près  de  Rome  167,  près  de  Bertlirich,  iSg. 

Berbéiidécs.   Leurs  affinités,  255. 

Béril  primitif  accompagnant  la  Tourmaline  verte  de  l'Ile  d'Elbe,  486. 

Brochet.  Oeil  du  Brochet,  5. 

c. 

Carpe  (Tache  blanche  de  la  ),  11,  nombre  et  position  de  ses  dents,  aS. 

Carrières  de  Laves  à  Auderuach  lîy  ,  leur  profondeur,  149. 

Cerastium  Biebersieiuii,  436. 

Charagnes  (  Mémoue  sur  les;,  168  —  i-g.  —  Histoire  des  recherches  faites 
antéiieureraenl  sur  leur  fructification  ,  i68.  —  Suite  d'observations  aux- 
quelles elles  ont  été  soumises  170. —  Histoire  de  la  fructification  du  genre 
et  description  des  organes  qui  l'opèrent,  172. —  Ressemblance  parfaite 
entre  la  Girogouiie  et  le  fruit  de  la  Charagne,  176.  —  Les  Charagnes  sont- 
elles  des  piaules  annuelles?  178. 

Chaux  aiihydro-sulfatée.  Sa  forme  primitive,  5p Détermination  des  axes 

de  double  réfaction,  59.  —  Différences  optiques  avec  la  chaux  sul- 
fatée, 60.  —  (Position  des  axes  de  double  réfraction  et  de  la  ligne  moyenne 
dans  la  ) ,  58. 


TABLE.  5 17 

Chanx  carbonali'e  (  Position  de  l'axe  de  double  réfi-aclion  dans  la  ) ,  56. 
Chaux  flualée  deSalève,  476. — Son  gissemenl ,  476  du  St.  Golhard  crlatal 

iemarqiidl)!e  par  son  volume,  4''7> 
Chaux  bulfalée  de  Bes,475.  —  Double  réfraclion,  475. —  Crislal  reraai- 

quuble  par  sou  volume,  'tjô  —  Cristallisations  nouvelles;  ascendante,  474. 

—  septenidtciniale ,  474.  —  tétranorae,  474.  —  (  Position  des  axes  de 
double  rtfraction  et  de  la  ligne  moyenne  dnus  la),  58.  —  Sa  forme  pri- 
mitive ,  65.  —  Doit  avoir  deux  axes  de  double  réfraction ,  64.  —  Leur  dé- 
termination ,  65. 

Chivesue.  Tache  blanche  de  la  Chevesne,  11.  —  Nombre  el  position  de  ses 
dents ,  23. 

Chute  des  feuilles.  (  Mémoire  sur  la),  120  —  i56.  Exposition  du  phéno- 
mène, 120.  — Exceptions  à  la  loi  de  la  chute  des  feuille*):  liO.  — Opi- 
nii»n3  des  physiologistes  sur  les  causes  de  celte  clinte,  120.  — Réfutation  de 
leurs  e"*plicatious,  121.  —  Examen  du   point  où  se  fait  la  rupture,  123. 

—  Comment  se  détermine  la  chute  des  feuilles,  125.  —Comment  se  dé- 
termine la  chute  des  feuilles  composées,  1 20. — Application  de  celte 
lh<Wie   aux  divers  phénomènes  que    présente   la  chute  des  feuilles,  12g. 

—  Résolution  d'une  objection  qu'on  peut  faire  à  cette  théorie,  j5o. — 
Pourquoi  l'étranglement  qui  se  trouve  à  la  base  du  pétiule  ne  se  trouve 
pas  dans  les  plantes  annuelles,  ni  dans  celles  qui  périssent  chaque  année 
jusqu'à  la  racine,  i5i.  —  Réflexions  snr  la  forme  des  feuilles,  sur  leur 
position,  sur  la  disparition  de  la  cicatrice,  sur  la  manière  dont  les  pédoncules 
tiennent  à  la  lige,  sur  les  diflérences  que  présentent  à  l'égard  de  la  chute 
des  feuilks,  les  plantes  ligneuses  et  herbacées,  qui  apparticnuent  à  la  même 
famille  sur  l'ut  lilé  de  cette  rupture;  simultanée  des  feuilles,  sur  l'absence 
du  phénomène  dans  les  Monocotyledons  arborescens  ,  i32  ^  i56. 

Cieca.  Section   des   Passillora ,  455. 

Clematis  parv-flora  ,  433. 

Cleyera.  Genre  de  plantes  ,  4i2. 

Contrée  Basaltique   des  départemens  de  Rhin.el  Moselle  et   de   la  Sarre, 

(  Mémoire  sur  la  ) ,  1 3^  —  167.  j.    ■ 

Cyinophane,    477.  —  Nouvelles  cristallisations  ,  annulaire /ie//2i7/-o/)e  ,  478. 

—  perioclaëdre,  iyB. —  quadriduodecimale ,  478.  —  quadrioctonale,  4^8. 

—  Hémitropie  rectangulaire  observée  par  Mr.  IJiot ,  479.  —  Sa  forme  pri- 
niilire,  58.  —  Position  de  ses  axes  de  double  réfaction  déterminée,  Sg. 


5l8    .  TABLE. 

Cyprins.  (Noie  sur  les  dents  et  la  mastication  des  poissons  appelés  ),  19 — si, 

—  Cyprinus  carpio.  Voy.    Carpe.  —  Cyprinus  teses.   Voy.  Clievusne. — 
Cypriniis  linca.^oy.  Tanche. —  Cyp.  crythrophtaimu.s.  Voy.B.oli.iiigle. 

—  Cyprinus  rulilus,  Voy.  Rosse. —  Cyprinus gobiu.  Voy. Goujon. 

D. 

Decaloba.  Seclion  des  Passiflora  ,  435. 

Décoinposilion  de  la  conteur  des  substances  doutes  de  la  double  léfraclion  au 
moyeu  de  la  chaux  carbonatée ,  82. —  pour  les  substances  à  un  a\e  de 
double  réfraction,  82.  —  pour  celles  à  deux  axes,  85.  —  Ses  rapport» 
avec  la  position  désaxes,  84  —  Dans  la  Topaze  rouge  du  Brésil,  85. 

Dents  des  cyprins,  jg  —  24.  Dents  phiuyngiennes  leur  posilion  ,  19.  — 
Denis  maxillaires,  20.  —  Chute  des  pli.iryngieiines  et  renouvelleÉiietil j 
21  — 22.  leur  usage,  23. —  Nombre  des  dents  dans  la  Carpe  et  la  Cho- 
Tcsne ,  23.  —  De  la  Tanche  ,  du  Rotangle  ,  de  !a  Rosse,  du  Goujon,   ai. 

Dodonca.  Observation  sur  ce  genre.  é'IS»' 

Dodonea  dioica,  445 — 449. 

Dupinia  Neck.  Voyez  Ternstrœraîa. 

Dychroïsme.  Ses  rapports  aveC  la  cristallisation  ,  yg.  -,-  Sa  définition,  79.  *— 
Il  n'a  pas  lieu  dans  les  formes  limites,  n^.  —  Ses  rapports  avec  les  axes  de 
double  réfraction,  80.  —  Appareil  pour  l'observer,  81.  Autt-urs  qui  ont 
parlé  de  ce  phénomène,  82.  —  Le  Dichroïsme  détermine  la  décomposition 
des  couleurs  par  le  prisme  de  chaux  carbonatée  ,  82. —  Vlinijna  et  VJa- 
xinia  du  phénomène;  85. — ne  peut  être  qu'un  caractère  miuéialogique  se- 
condaire. 

E. 

Emeraude.  (posilion  de  l'axe  de  double  réfraction  dans  V),  36. 

Equisetum  et  Equisetacese.  Voyez  Prêle. 

Eioteura  Sw.  Voyez  Freziera. 

Euclase.  (Posilion  des  axes  de  double  réfraction  et  de  la  ligne  moyenne 
dans  1'),  38. —  Sa  forme  primitive,  60.  —  Détermination  des  axes  de 
double  réfraction  ,  61.  —  L'Enclase  de  Sibérie  est  une  Ëuieraud«,  62. 

Eurya.  Genres  de  plantes,  4i6. 

F. 

Feldspath  apyre  (  Andalousite  ),  de  l'Ile  d'Elbe  rose  et  vert  clair,  p.  496.— 

Ses  caractères,  497  — *yo. 


TABLB,  5ig 

Fer  oligisle  de  Pormenaz  496. 
Formes ,  on   les  distingue  en   limites  et  non  limiffs ,    34.   ^   primitives, 

leur  classification  ,  39.  —  Manières  de  désiguei'  leuis  faces  ,  i^O, 
Fieziera  genre  de  plantes,  414. 
Fieziérées  (  Tribu  des),  397,  407,  4i5 

G. 

Ge'raniuin  longipes  (1)  442. 

Géranium  vlassovianum,  44'* 

Glandes  de  Cowper ,   181.   —  dans  le  Cochon  d'inde,   188. —du    Héri- 

son  jgo.  — du  Chat  ,  icji 
Goujon.   Nombre  et  position  de  ses  dents  ,  24« 
Granadilla.  Section  des  Fassiflora,  435. 

H. 

Hoseria  Scop.  Voyez  Cleyera, 

I. 

Idocrase  (  position  de  l'axe  de  double  réfraction  dans  1'  )  36. 

llex  canadensis.  Voyez  Nemupanihes, 

Instrumens  de  physique  et  de  météorologie.  (Mémoire  sur  différens).  gS— i  ijt 

Iiis  spathulala,  4G2. 

Jardin  botanique  de  Genève  (Plantes  rares  du),  432  —462, 

L. 

Laumonite  de  Cormayeur ,  48 « .  —  Son  clivage  comparé  à  celui  du  Feld« 
spath,   482. 

Lavatera.  Division  du  genre  eu  sections  ,  459. 

Lavatera  subovata ,  438. 

L.ell!:omia.  Genre  de  plantes,  4i8. 

Leucolhea  FI.  mex.  Voyez  Sauraujà. 

Ligne  moyenne  sa  position,  54. —  est  parallèle  à  l'axe  d'un  noyau  primi- 
tif ou  hypothétique,   ya.  —  Titbieau  de  subslances  où  celte  loi  est   ex- 

(i)  Depuis  l'impression  du  raéaioire  ici  relaté  ceue  espèce  a  été  désignée  par  M,  Link 
dans  l'Encora,  lioiL,  bérol,  toï.  2.  page  296,  sous  te  nom  de  G.  LoQde:>ii.  Elle  provient  aio&i 
çiue  la  suivante  de  graines  de  bjbérie  euTO^ées  par  M.  Fiscber. 


520  TAB|,E. 

poséd,  74.  —  Cela  a  également  lieu  dans  les  cristaux  à  un  axe  de  double 
ix'fraclioii ,  -jS.  —  Exemples  ,  76. 

Ligne  de  plus  grande  ou  moindre  vilesse.  Sa  position  est  en  rapport  avec  la 
nature  de  la  forme  primitive,  6j.  —  Développemens,   6d. 

Liqueur  spermatique  (  Historique  de  l'élude  microscopique  de  la  )  ,  i85. 

Loi  de  symétrie,  4".  —  Ses  i-apporls  avec  le  nombre  des  axes  de  double  ré- 
fraction, 4i.  —  De  la  position  symétrique  des  axes  de  doulde  rdfiaclion , 
45.  —  Son  application  ,  'j'j  — Du  nombre  des  axes  de  double  l'éfractiuD^ 
Sg.  —  Son  application,  77. 

Lote  (  Orgauisatioa  de  l'œil  de  la} ,  2. 

M. 

Mentha  Manda,  458. 

Mi'aotype  de  Coi  mayeur  dans  les  roches  primitives,  drg. 

Mica.  Position  des  a\es  de  double  rél'r.tction  et  dt  la  ligne  moyenne  dans  celui 
de  Sibérie,  87.  —  Sa  forme  primitive  paroîl  être  un  prisme  oblique  ,  89.  — 
La  variation  du  plan  des  nxes  paroit  dépendre  de  ce  qu'on  ob.^erve  des 
micas  d'espèces  dlfiférenles,  yo.  —  A  un  axe,  90.  —  Composition  variable 
de  cette  substance  ,  91.  — rhomboidal ,  Sa. —  Variation  du  nombre  des 
axes  de  double  réfraction,  02. — Explication  du  changement  de  jwsition 
du  plan  des  aies ,  53.  —  Sa  forme  primitive  ,  54- —  Variation  dans  la 
composition  du  mica  en  rapport  avec  ses  propriétés  optiques ,  55. 

Musée  Académique  (  Rapport  sur  les  minéraux  rares  ou  offrant  des  cristslli- 
saliou  nouvelles  du  )  465  —  499. 

N. 

Nemopanihes  canadcnsis,  45o. 

NymphéacéesJT-'amille  des),  209  —  244.  leurs  aiiinilés  naturelles,  209. 

O. 

Observations  aslroDoraiques(Nole  sur  quelques) ,  5oi  —  5i4.  Observatoire  de 
Genève,  sa  position  géographique,  5oi.  —  Observations  faites  à  la  lunette 
méridienne  de  l'Observa loire,5oi. — Déteriuination  de  la  déviation  de  la  ujire 
méridienne  do  l'Observatoire  ,  562  —  5o5.  Marche  de  la  pendule  de  l'ob- 
servatoire, 507  — 5o8.  Eclipses  et  occultations  observées,  5o(J  —  5io 
Ta«hes  du  soleil ,  5i.i  —  5i'5. 


TABLE.  521 

Olbia.  Section  dos  Lavalera  ,  459. 

(Eil  du  Tlion  ,1  —  18.  de  la  Lote  ,2.  —  du  Brochet ,  5. 

P. 

Palava  FI.  per.  Voyez  Apalelia. 

Passifloia.  Uivision  du  genre  en  sections,  435. 

Passiflora  ligularis  ,   454- 

Pi'largoniuiu  jalro|)liœfoliuni,  4i4. 

Pelurgoiiium  nobile,  444. 

Peridot  (  posilion  des  axes  de  double  réfraction  et  de  la  ligne  moyenne 
dans  le),  38.  —  Sa  forme  primiliFe,  5;  —  Dc'lerminallon  des  axes  de 
double  réfiaclion,  67.  —  Ses  rapports  optiques  avec  la  Slilbile  et  la  Cy- 
raophane ,  58. 

Periptera  punicea,4'to. 

Piclile  (  Titane  Piclite) ,  491.  —  Comparaison  de  ses  caractères  avec  ceux  du 
Sphêne,  491 — 495.  Ses  crislallisalious  ,  quadriuctoual  ^  quadriduodéci- 
mal  disjoint,  491' 

Poljanlhea.  Section  des  Passillora  ,  455. 

Prêles  (  Monographie  des  ) ,  329—  391.  Histoire  ge'n.'rale  et  physiologique 
du  genre,  329.  —  Caractère  naturel  des  Piêlcs,  569—  Tableau  sy uop- 

tique  et  analytique  des  espèces  ,   56o.  —  Description  des  espèces,  36i. 

Prêle  des  champs,  56i.  —  Prêle  fluvialile  ,  565.  —  Prêle  des  bois,  365.  — 
Prêles  des  ombrages,  566 Piêle  des  marais,  367  —  Prêle  raniifue,  369. 

—  Prêle  gigantesque,  570.  —  Prêle  des  Limon.'..  372.— Piêle  d'liy»cr.  574. 

—  Prêle  de  Burchell,  3^5 Prêle  de  Timor,  376  —  Prêle  stipulacée,  577. 

—  Prêle  de  Hongrie  ,  57S.  —  Prêle  miiltifonne  ,  379  —  Prêle  blan- 
châtre, 58j,  —  Prêle  alongëe,  58j Prêle  de  Bogota  ,   584.  _  Tiêle 

sélacée  ,  585.  —  Prêle  rampante  ,  386.  —  Piêle  penchée,  387.  —  Prêle  des 
prés,  578. — Prêle  élevée,  388.  — Piêle  de  Vérone,  589. — Note  sur  les 
Piêles,  392. 

Prostate.  Sa  description  générale,  jSi.  —  du  Lapin  ,  186. —du  Chat,  190. 
■—du  Chien,   192, 


Quartz  (  Position  de  l'axe  de  double  réfraction  dans  le  ),  56, 


032  TABLE. 

R. 

Réfi-aclion  simple.  Quels  sont  les  crislaux  qui  la  produisent ,  33i 
Ricinus  lœvis  ,  46 1. 

Rosse  ou  Vangeron.  Nombre  el  posilion  de  ses  dents,  24. 
Rolaugle  ou  Raufe.  Nombre  et  posiliou  de  ses  dents ,  a4. 

S. 

Sauraraia  Juss.  Voyez  Saurauja, 

Saurauja.  Genre  de  plantes,  SgS  —  4ig. 

Sauraujtîes  (Tribu  des  ),  097,  4o7,  iig. 

Scapa  Nor.  Voyez  Saurauja. 

Strapervivum  cœspitosum ,  452. 

Sève  d'Août  (  Mémoire  sur  la  )  et  sur  les  divers  modes  de  développement  des 
arbres ,  289  à  S08.  —  Opinions  des  naturalisles  sur  ce  sujet ,  289.  —  Vi'ge'- 
taux  dans  lesipiols  ce  phénomène  n'a  pas  lieu,  290. —  Classificalion  des 
végétaux  sous  ce  rapport  ,  29,5.  — Dislinclion  à  faire  entre  la  rupliire  du 
bourgeon  terminal  el  celle  de  la  ligne  florale,  5oo.  —  Circonslances  dans 
lesquelles  ce  phénomène  n'a  pus  lieu,  5o2.  —  Modificalions  que  lui  fait 
éprouver  raclioii  d'émonder  ,  5o5.  —  Conséquences  qu'on  peut  tirer  des 
conMdéralions  précédentes  sur  ta  nature  des  écailles  et  des  bourgeons,  5o5, 

—  Inilueuce  du  climat  sur  la  nature  de  la  sève  d'Août ,  5o6. 
Stacliys  lenuifolia ,  454. 

Slachys  prostrala  ,  455. 
Stachys  spectabilis,  i5j. 
Stilbile  de  Cormayeur,  4-79.  —  Son  gîssement  dans  des  roches  primitives,  48o. 

—  Ses   formes,  anamoipbique,   4^9.   —   lamellaire  ,    48o. 
Stroutiane  sulfatée  (  Mémoire  sur  plusieurs  Cryslallisations  nouvelles  de  ), 

809  —  327.  —  Ses  deux  axes  de  double  réfraction  ,  ^26.  —   DiSérence  du 
clivage  entre  les  variélés  comprimées  et  les  pnsmaliques  ,  026. 
Slronliaae  suUatée  d'Arau  ,  sexoîgésimale  ,  5-ià. 

—  de  Bex.  son  gissemenl,  32r.  — ses  formes  crislallinps  — 

bordée,  3 1 8.  —  dodécaèdre,  32 1  à  325.  duobisunitaire,  5i6:  — époiulée  , 
321  à  325.  —  entourée,  32 1  à  325.  —  equidisjolnte,  5i8;  —  hyperoxide , 
5 1 7.  —  lamiuo  bacillaire ,  J20.  —  octouniquaternaire ,  3  1 8.  —  progressive  , 
519.—  quatuordécimak-,  317;— sous  sextuple,  3 18;—  unibinaire,  3i6;— 
uniquultrnaire.  Si?;  —en  crislaux  bleu  de  ciel  à  sommets  blaucs,  ôig.  — 
accorupagaés  de  souLe  cryslallisé ,  âaa  ,  523. 


Slrontianc  sulfatée  de  Coiiilla  ,  mixii-unibiaalre  ,   324,   épointcc,  ?i\\. 
Slrontiaue  sulfatée  de  Sicile  ,  son  gisscmriu  ,  3i5  ,    ses  formes  cryslallraes  , 

irapézicnne  ,    3îi,   quatuor  sex  deeimnle  ,   5i2,  bis  unibinaire  ,    3i2, 

mixtibisunitaire  ,    3is,   équivalente,   3i3  ,    unibinaire,     3i3,    isamè- 

ride  ,    3i3  ,  disjointe,  3i3,  sexquadrivigésimale  ,  3t/\  ,    octoduo  vigési- 

male  ,   3i4,    prismatique,  3i4  ,  pcrihèxagonalc  ,    3i5. 
Tacbe   blauclie    de   l'œil   du  Brocbet  ,    la,    de   la  Carpe,    i  i  ,    du  Cbc- 

vesne  ,  1 1  ,  de  la  Fera  ,    1 1  ,  de  la  Perclic  ,    12  ,  du  Saumon ,    12  ,  de  la 

Tanche,    11  ,    du  Tbon  ,    10  ,    de  la  Truite  ,12. 
Tcrnstrœraia  ,  genre  de  plantes,   ses  espèces  ,  4o8  —  ii2. 
Terustrsemiacèes    (  Mémoire  sur  la  famille  des  )  ,   393  —  ^io.  Histoire   et  t' 

Géographie   5g3  —  ^dl-    Division  ,    Sg/.   Caractères  ,   3g8  —  /^oj.    Place  ^ 

qu'elle  occupe  dans  les  familles  naturelles,    ^oô  —  /{o5.  Ternslroemices. 

(  Tribu  des)   3c)y. 
Thon.   (Mémoire  sur  quelques  particidarités  de  l'œil  du),    i  —  18. 
Topase  ,  466 ,  ses  formes  crvstallines  ,  époiutée ,  468  ,  decemortonale  ,  468  , 

uonooctonale  ,   ^68  ,  quatuordecim  oclouale  ,  468  ,  nouodccimale ,  4*^8, 

scptemdecim  octouale  ,  469  ,     quindecim    duodécimale  ,    46g  j     nono- 

decim    octonale  ,   469  ,  septemdecim  duodécimale  ,    ^\-o. 
Topases  artificielles,    4/0  —  473. 
Tourmaline,   4^4  ,  ^°^  gissement ,   4^6  ,  ses  formes   crystallines   bisuni- 

taire  ,  4^4-  Duobisunitaire,  484-   Variétés,  rose  aciculaire  radiée,  4^5, 

jaune  et  verte  ,  485  ,    rose  épointéc  verte  ,  à  sommet  inférieur  ,    4^5  , 

verte  émiellée  isogone  ,  488,  blanc  verdàtre  isogone  ,    489- 
Veronica   carnea  ,  45g. 
Omission.  Réfracliou  (  Des  elTets  du  mouvement  d'un  plan  réfringent  sur 

la),  25  — 3a, 


TABLE  DES  MÉMOIRES 

CONTENUS 

DANS  LA  SECONDE  PARTIE  DU  I."  VOLUME. 


M^ 


Page 


Iémoire  sur  la  sève  d'août,  el  sur  les  divers  modes 
de  développement  des  arbres  ;  par  M.  le  Professeur 
Vaucher aSg 

Mémoire  sur  plusieurs  cristallisations  nouvelles  de  Slron- 

tiane  sulfatée;  par  ^MM.  Moricand  et   Soret.     .  509 

Monographie  des  Prèles  ;  histoire  générale  et  physiolo- 
gique du  genre;  par  M.  le  Professeur  Vauciier.      .  029 

Mémoire  sur  la  famille  des  Ternstrœmiacées ,  et  en  parti- 
culier sur  le  genre  Saurauja  ;  par  M.  le  Professeur 
De  Candolle ogS 

Rapport  sur  les  plantes  rares  ou  nouvelles  qui  ont  fleuri 
dans  le  jardin  de  Botanique  de  Genève  pendans  les 
années  1819,  1820  et  2821;  par  M.  le  Professeur 
De  Candolle /^5x 

Rapport  sur  les  minéraux  rares  ou  offrant,  des  cristalli- 
sations nouvelles,  observés  dans  la  collection  du  Musée 
Académique  de  Genève;  par  F.  SoRET 4^5 

Noie  sur  quelques  observations  astronomiques  faites  en 
1821  et  1822  à  l'observalions  de  Genève;  par  IM,  le 
Professeur    Gautier 5oi 

Table  des  matières  du  tome  I,  I."  et  2.''"  partie.      .     .     .  5i5 


V 


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