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Full text of "Mmoires de la Socit gologique de France"

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WHITNEY LIBRARY, 


HARVARD UNIVERSITY. 


THE GIFT OF 


JD ANSE RIMENEENS 


Sturgis Hooper Professor 


IN THE 


MUSEUM 0F COMPARATIVE ZOÜLOGY 
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MÉMOIRES 


SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE 


DE FRANCE. 


Ge trouve à Londres, 


Cuez BOSSANGE, BARTHÉS er LOWELL, LiralRes , 


14, GREAT MARLBOROUGH STREET. 


PARIS. — IMPRIMERIE DE BOURGOGNE ET MARTINET, 
Imprimeurs de la Société géologique de France, 
RUE JACOB, 50. 


MÉMOIRES 


DE LA 


SOCIETE GÉOLOGIQUE 


DE FRANCE. 


DEUXIÈME SÉRIE. 


07. Lama OR e frarte. 


PARIS, 


P. BERTRAND, ÉDITEUR, LIBRAIRE, 
RUE SAINT-ANDRÉ-DES-ARCS 


NT 


1846. 


overthement 


La Société déclare qu'elle laisse aux Auteurs la responsabilité des faits et des 
opinions contenus dans leurs Mémoires. 


ÉTUDES 


SUR 


LA FORMATION CRÉTACÉE 
DES VERSANTS SUD-OUEST, NORD ET NORD-OUANT DU PLATEAU CENTRAL DE LA FRANCE, 


PAR M. LE VICOMTE D’'ARCHIAC. 


Deuxième partie. 


( Présentées à la Société géologique le 13 janvier 1845.) 


INTRODUCTION. 


Dans la première partie de ces Études (1), nous nous sommes attaché à dé- 
crire les couches de la formation crétacée qui, s'appuyant sur le versant S.-0. 
du plateau central, s'étendent du S.-E. au N.-0., des environs de Cahors 
aux îles d'Aix et d'Oléron; dans la seconde, que nous présentons ici, 
nous exposerons de même la disposition et les caractères des couches 

_crayeuses qui leur correspondent au N. et au N.-0. du même plateau , depuis les 
environs de Cosne et de Sancerre, sur les bords dela Loire , jusqu’à l'embouchure 
de la Seine. Ces dernières s'étendent ainsi à travers les départements de la 
Nièvre , du Cher, de Loir-et-Cher, de l'Indre, d’Indre-et-Loire, de la Vienne, des 
Deux-Sèvres , de Maine-et-Loire, de la Sarthe, de l'Orne, de l'Eure , du Calva- 
dos et de la Seine-Inférieure. Ce mémoire est le résultat d'observations faites 
dans cette zone pendant les étés de 1840 à 1844, et continuées au N.-E à travers 
les départements de l'Yonne, de l’Aube et de la Haute-Marne. 

Le système de couches que nous nous proposons de décrire comprend tout 
ce qui, dans l’espace que nous venons d'indiquer, est représenté par une 
teinte verte sur la belle carte géologique du royaume, due aux savantes re- 


(4} La publication de cette première partie avait étécommencée dans les Annales des sciences géolo- 
giques, t. II, p. 121 (1843); mais ce recueil ayant cessé de paraître, l'impression du mémoire a été 
continuée par l’auteur. 


SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. IL Mém. n. 1. l 


2 ÉTUDES (N. 4, p. 2) 
cherches de MM. Dufrénoy et Elie de Beaumont, c’est-à-dire les dépôts qui se 
sont formés entre la fin de la période oolitique et la craie blanche propre- 
ment dite. 

Considérés d’une manière générale, les affleurements extrêmes de ces couches 
forment deux côtés d’un triangle dont les sommets des angles sont Bouy au N.-E. 
de Cosne (Nièvre), Cherves à l'O. de Mirebeau (Vienne), et Dives, sur la côte du 
Calvados (PL. I, fig. 1) (1). L'un de ces côtés, dirigé E.-N.-E., O.-S.-0. de Bouy 
à Cherves, a environ 67 lieues; l’autre, quoiqu’un peu sinueux, dirigé S.-N. de 
Cherves à Dives, en a 73. 

Si l’on n'avait égard qu'au nombre des publications qui ont eu pour objet plus 
ou moins immédiat la zone qui va nous occuper, on pourrait croire que notre tra- 
vail n’a rien de bien nouveau à faire conpaître, En effet, indépendamment de la 
carte géologique de France, qui nous a servi de base , et sur laquelle les limites 
des divisions qu'on y a admises ont été tracées avec une grande précision , nous 
trouvons d’abord des indications fort exactes de M. Alex. Brongniart (2), puis un 
Mémoire pour servir à la statistique du département du Cher, par M. Fabre (3), et un 
mémoire plus récent de M. Raulin sur le Sancerrois (4); sur le département de 
l'Indre, quelques détails dans la Topographie médicale de Châtillon, par M. le docteur 
Guérin (5); sur celui des Deux-Sèvres, la Description géologique de ce département 
par M. Cacarié (6); sur celui d’Indre-et-Loire, le mémoire de M. Dujardin, publié 
par la Société (7), et les Études statistiques et scientifiques de M. de Croy (8) ; sur le 
département de Maine-et-Loire, quelques observations insérées dans la première 
partie de la Statistique de M. Desvaux (9), dans celle de M. de Beauregard (10), et 
dans un mémoire de M. Wolski (11); sur le département de l'Orne, les Etudes 


(1) La limite du bassin, que nous avons indiquée par une ligne ponctuée, comprend en général les 
lambeaux crétacés les plus éloignés ; elle s’étend par conséquent souvent au-delà des limites actuelles 
des affleurements. Quant aux sinuosités , sans doute très nombreuses , de cel ancien rivage, il serait 
fort difficile de les retrouver aujourd’hui, et elles ne peuvent être qu’imparfaitement appréciées 
par les contours que les affleurements présentent encore à la surface du pays. 

(2) Description géologique des environs de Paris, p. 14h. (Édition de 1835.) 

(3) Bourges, 1838. 

(4) Bulletin de la Société géologique, 2e série, t. IE, p. 84; 184. 

(5) Topographie médicale de Châtillon-sur-Indre. 

(6) Société de statistique du département des Deux-Sèvres, L° livraison ; 1812-1843. 

(7) Sur les couches du sol en Touraine. Mémoires de la Société géologique, 1" série, t. II, p. 211; 
1836. 

(8) Études statistiques , historiques et scientifiques sur le département d'Indre - et- Loire. 
Tours, 1838. 

(9) Angers, 1834. 

(10) Angers, 1842. Article de M. Lechâtellier, p. 474. 

(11) Mémoire sur le gisement du bassin anthraxifère dans le département de Maine-et-Lotre. 
Angers, 1844. 


(N:4, p-5.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 3 
géologiques de M. Blavier (1); sur celui du Calvados, la Topographie géognostique 
de M. de Caumont (2, et les mémoires de MM. de Labèche (3) et Castel (4) ; 
sur ceux de l'Eure et de la Seine-Inférieure, une notice géologique (5) et une 
description géologique par M. A. Passy (6). 

Outre ces publications propres à certains départements, la Société géologique 
elle-même, lors de ses réunions extraordinaires tenues en 1837 à Alençon (7), 
en 1841 à Angers (8) et en 1842 à Poitiers (9), a consigné dans ses procès-ver- 
bauxun assez grand nombre d'observations. MM. Bertrand Geslin (10)etRivière(11) 
ont fait connaître des couches crétacées situées plus à FO. M. Alc. d'Orbigny a 
donné quelques détails sur les environs de Laferté-Bernard, de Saumur et de 
Thouars(12). M. Lesueur, dans ses vues et coupes si pittoresques et si exactes des 
environs du Havre (15), ne laisse plus rien à désirer sur cette localité intéres- 
sante, dont M. Pratt a donné une coupe, prolongée jusqu'au cap d’Antifer (14). 
Enfin M. Lyell. en décrivant les escarpements qui bordent la Seine entre 
les Andelys et Elbeuf, a émis quelques hypothèses sur la formation de cette 
vallée (15). 

Les forages de puitsartésiens, sur plusieurs points de cette zone, nous ont aussi 
beaucoup éclairé sur le prolongement souterrain des couches dont nous ne con- 
naissions que les affleurements à la surface du sol. Les publications dont ils 
ont été l’objet, et en particulier celles de M. Mulot, nousont offert des ressources 
utiles pour les considérations théoriques qui terminent notre travail. Mais c’est 
surtout à l'extrême obligeance de M. Degousée, qui a bien voulu mettre à notre 
disposition le magnifique recueil des sondages qu'il a exécutés, que nous sommes 
redevable d'une foule d'indications précieuses pour la science et pour ses appli- 
cations à la recherche des eaux souterraines. Nous avons profité avec empresse- 


(1) Alençon, 1842. 

(2) Caen, 1828. 

(3) Transact. geol. Soc. of London, t. I (2° série), p. 73. 

(4) Notice sur le canton de Livarot. Mémoires de la Société linnéenne de Normandie, t. VI 
p. 290; 1838. 

(5) Notice géologique sur Le département de l'Eure. Evreux, 1832. 

(6) Description géologique du département de la Seine-Inférieure. Rouen, 1832. 

(7) Bulletin de la Société géologique, 1°° série, t. VIII, p. 323 ; 1837. 

(8) Zd., t XII, p. 425 ; 1811. 

(9) Zd. ,t. XIV, p. 629 ; 1843. 

(10) Nofice géologique sur l'ile de Noirmoutier. Mémoires de la Société géologique, t. I, 
p. 317. 

(11) Terrains crétacés de la Vendée et de la Bretagne. Annales des sciences géologiques, t. I. 
p. 617. 

(12) Bulletin de la Societé géologique, 1°° série, t. XIIL, p. 356 ; 1842. 

(143) Paris, 1843. 

(14) Proceed. of the geol. Soc. of London, vol. IL, p. 546. 

(45) 10° Xeport of the British Association. …. London, 1841, p. 110. 


, 


4 ÉTUDES (1, p. 4) 
ment de la permission qu'il nous a donnée de publier les résultats qu'il a obtenus, 
et qui ajouteront à notre travail une précision et un intérêt dont le mérite doit 
être reporté à cet habile ingénieur. 

Indépendamment des ouvrages déjà anciens dans lesquels on trouve signalés 
ou décrits quelques fossiles de ces dépôts, tels que ceux de Guettard, 
de Lamarck et de M. Defrance , plusieurs paléontologistes s’en sont occupés plus 
récemment. Ainsi M. H. Michelin a décrit et figuré un certain nombre de poly- 
piers dont plusieurs, à la vérité, quoique provenant originairement de la 
craie, sont trouvés aujourd'hui dans des dépôts plus récents (1). M. Agassiz a 
indiqué dans son catalogue des échinodermes (2) et dans ses Monographies plu- 
sieurs espèces de cette classe provenant aussi de ces assises crayeuses (3) ; M. Du- 
jardin a publié, dans le mémoire déjà mentionné, la description des coquilles les 
plus fréquentes aux environs de Tours. Maïs ces documents zoologiques doivent 
être regardés comme bien incomplets, comparés à l'abondance et à la variété 
des corps organisés que la Paléontologie française (4) vient nous y révéler : aussi 
ce grand travail, destiné sans doute à devenir l’un des plus beaux monuments 
élevés à la géologie de notre pays, ne nous laisse-t-il rien à faire relativement 
aux coquilles fossiles des dépôts dont nous allons parler. 

Si maintenant nous comparons entre eux tous ces matériaux déjà publiés, nous 
reconnaîtrons bientôt que non seulementils ne s'accordent presque jamais , mais 
encore qu'ils se contredisent souvent et à l'insu de leurs auteurs. Ce résultat tient, 
non pas tant à ce que les observations prises isolément sont inexactes qu’à ce 
que, faute d’avoir suivi attentivement les couches sur une assez grande étendue, 
on s’est efforcé d’élablir des distinctions ou des rapprochements qui en réalité ne 
sont pas fondés. 

Plusieurs difficultés ont contribué à cette confusion. La première vient de 
l'extrême irrégularité des bords de cette partie du bassin dans lequel les dépôts 
se sont successivement accumulés. Leurs affleurements forment des sinuosités 
infinies , sans direction fixe, tandis que dans le S.-0. de Cahors, à l'ile d'Aix 
aussi bien que dans l'E. de Cosne à Vouziers et au-delà, il suffit presque toujours 
de marcher dans une direction donnée, pour se trouver sur l’affleurement de 
teile ou telle couche. Aussi, à l'O du bassin, les coupes perpendiculaires à la di- 
rection générale sont-elles rarement comparables , même à de petites distances ; 
dans le S.-0..et dans l'E. , au contraire, elles le sont presque toujours. 

Une autre difficulté, non moins réelle, provient de ce que nulle part peut-être 
la formation n’a été soumise à un phénomène de dénudation plus général, plus 
énergique et plus irrégulier à la fois dans ses effets. Ce phénomène, par suite de 


(1) Iconographie zoophytologique, ete., p. 119 et 195 ; 1840-A6. 

(2) Catalogus systematicus, etc. 1840. 

(3) Monographies d'Echinodermes, 1838-1842. 

(a) Paléontologie française par M. Alcide d’Orbigny , terrains crétacés ; 1840-46. 


(N- 1,P.5) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 5 
l'inclinaison très faible des couches et de la plus grande surface qu’elles occu- 
paient, s’est particulièrement exercé sur les étages supérieurs. Ainsi, aux pre- 
mières irrégularités résultant des contours découpés du bassin, sont venues se 
joindre celles qu'ont produites des dénudations, partielles sur certains points, 
plus ou moins complètes sur d’autres, de telle sorte que les affleurements natu- 
rels n'existent plus, et qu’on ne trouve que ceux qui ont été façonnés par ce grand 
cataclysme: 

Un troisième obstacle à la facile intelligence des rapports des couches pro- 
vient de ce qu'immédiatement après cette dénudation, le tout a été recouvert par 
des dépôts tertiaires formés en grande partie des éléments insolubles ou non 
désagrégeables des assises enlevées, tels que les silex, les sables et les argiles. 
Ensuite vinrent les marnes et les calcaires lacustres, puis, dans quelques dépres- 
sions de ces derniers, s’accumulèrent les faluns coquilliers marins. Plus récem- 
ment encore, le creusement des vallées qui sillonnent le pays est venu apporter 
de nouveaux changements dans son relief, déjà si modifié par les dislocations 
qui , comme nous le verrons, avaient, à diverses époques, dérangé les assises 
secondaires. 

Enfin, une dernière circonstance, qui explique jusqu'à un certain point le 
manque de concordance entre les observations faites jusqu’à présent, c'est le peu 
de persistance des étages le mieux caractérisés, lorsqu'on vient à les suivre sur 
un certain espace. Ils se succèdent, en effet, de telle sorte que dans la zone 
brisée que nous décrivons, et qui se développe sur une longueur totale de 
140 lieues, il n’y a pas un point de cette même zone où la série des couches 
soit complète et dont l'examen puisse, par conséquent, nous servir de lype ou 
d'objet de comparaison. C’est, comme on le voit déjà , une disposition bien diffé- 
rente de celle que l’on observe au N-0. dans le Kent, le Sussex et le Hampshire, 
à l'E. dans la Bourgogne et la Champagne et au S. dans le Périgord, l’Angoumois 
et la Saintonge , disposition à laquelle beaucoup d’autres différences viennent se 
rattacher. 

On concevra, d'après ce qui précède, pourquoi la véritable théorie de ces as- 
sises crétacées de l'O. a pu être souvent méconnue, et comment on a pu prendre 
pour des passages latéraux des superpositions réelles ou réciproquement, ou 
mêrne placer dessus ce qui était dessous, et vice versd. 

Nous croyons devoir nous écarter ici de la méthode la plus naturelle 
de décrire les terrains, parce qu'elle pourrait, dans cette circonstance, man- 
quer de précision et de clarté, et qu'elle nous obligerait d’ailleurs à beaucoup 
de répétitions dans les noms de lieu. La marche que nous suivrons, si elle n’est 
pas purement géologique, sera du moins en rapport avec la configuration actuelle 
du sol : elle sera géographique et hydrographique à la fois. Nous décrirons toutes 


les couches crétacées en nous dirigeant d’abord de l'E. à l'O., puis du S. 
au N. 


6 ÉTUDES CN: 4, pe 6.) 

Notre travail se divisera en quatre chapitres, de la manière suivante : le pre- 
mier chapitre comprendra l'étude des couches crétacées du département de la 
Nièvre et le résumé de leurs caractères généraux dans leurs prolongements au 
N.-E. , à travers les départements de l'Yonne, de l’Aube et de la Haute-Marne, 
puis une coupe de Sancerre à Vierzon, et l'examen des vallées du Cher, de 
l'Indre, de la Creuse, de la Vienne, de la Dive, du Thoué et du Layon, c'est-à- 
dire les assises qui, s'appuyant directement au pied du versant N. du plateau cen- 
tral, forment par leur ensemble un vaste plan faiblement incliné vers la Loire. 
Le second renfermera l'examen de la vallée de la Loire et des couches qui, se re- 
levant au N. sur la rive droite du fleuve, jusqu'à l’axe anticlinal du Mellerault, 
offrent dans cet espace une double pente, l’une au S. et l'autre au S.-E. Nous étu- 
dierons particulièrement la vallée du Loir, puis nous tracerons deux séries de 
coupes à peu près S.-N., l’une occidentale, passant par le Mans et Alençon, 
l'autre orientale, par Saint-Calais, Laferté-Bernard, Nogent-le-Rotrou , Bellesme 
et Mortagne. Le troisième chapitre traitera du plan Nord qui , partant du Mellerault, 
s’abaisse vers la Manche et la Seine. Tous ces détails ayant été suffisamment dé- 
veloppés, nous les grouperons pour présenter alors dans un résumé plus métho- 
dique l’ensemble des résultats auxquels nous aurons été amené. Cette espèce de 
synthèse, par laquelle commencera le quatrième chapitre , sera suivie de la com- 
paraison des diverses parties du bassin crayeux qui se prolonge en Belgique, 
dans les provinces Rhénanes et en Angleterre, puis de considérations théoriques 
sur les circonstances physiques qui ont dù accompagner et suivre la formation de 
ces couches. Pour ne point rompre l’enchaînement des faits relatifs à ce bassin, 
nous donnerops à part, dans un appendice, la comparaison des couches du N.-0. 
avec celles du S.-0., quelques détails sur les dépôts contemporains de la 
Vendée, et diverses observations locales qui se rapportent à la première partie 
de ces Etudes (1). 

Quant aux corps organisés fossiles, nous eussions pu augmenter la liste de 
ceux que nous avons recueillis, en y ajoutant les espèces citées par les auteurs, et 
en particulier celles qu'a si bien décrites M. Alc. d'Orbigny dans sa Paléontologie 
française ; mais, craignant de placer dans un des étages que nous avons établis 
des fossiles qui auraient été trouvés plus haut ou plus bas dans la série, quoique 
dans la même localité, nous avons préféré nos listes, bien qu'incomplètes, à 
des indications qui pourraient ne pas s’accorder avec nos subdivisions. Nous 
pensons d’ailleurs qu'elles seront suffisantes pour guider les géologues, qui 
dans la pratique n’ont besoin que de connaître les espèces caractérisant le mieux 
chaque niveau par leur prédominance et leur constance. 


(1) Quoique ce mémoire soit particulièrement consacré à la formation crétacée de cette partie de 
la France, quelques erreurs qui nous paraissent avoir été commises sur l’âge de certaines couches, 
nous ont engagé à comprendre dans nos descriptions les dépôts oolitiques et tertiaires, lorsque nous 
les avons trouvés en contact avec ceux del: période crayeuse, 


C4, p. 7.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 7 

Les coupes jointes à ce mémoire achèveront, nous l’espérons du moins, d'é- 
claircir les questions que les descriptions seules auraient pu laisser incertaines. 
Excepté celles qui représentent des détails de carrières ou de très petites étendues, 
elles ont été établies d’après la carte de Cassini, soit le plus ordinairement à la 
même échelle, soit à des échelles qui en sont des multiples ou des parties aliquotes. 
La coupe de Chatellerault à Honfleur est la seule qui soit rapportée au niveau de 
la mer, et dont l'échelle des hauteurs soit proportionnelle. Pour les autres, 
nous nous sommes attaché à exprimer le relief autant que le permettait l’é- 
chelle des longueurs. Toutes les cotes d'altitude sont extraites des tableaux 
publiés par M. Puissant dans le deuxième volume de la Description géométrique de 
la France. 

La formation crétacée de l'Europe occidentale nous paraît pouvoir se diviser 
aujourd'hui en quatre groupes, plus ou moins distincts suivant les lieux où on 
les observe, et dont un ou même plusieurs peuvent manquer sur certains points. 
Ce sont les groupes de la craie blanche , de la craie tufau , du grès vert et le groupe 
néocomien. Dans la zone qui fait l’objet de ce mémoire, le second et le troisième de 
ces groupes sont subdivisés chacun en trois étages, comme l'indique le tableau 
ci-après. Le premier n’y offre que sa partie inférieure, et le quatrième des calcaires 
jaunes. 


1% Groupe, de la craie blanche. 3° Etage. Craie de Blois, de Chaumont et de Vendôme. 


1 . .. Craie jaune de Touraine-(tufau de la Touraine). 
2° Gr., dela craie tufau (1). 42 . . . Craie micacée avec ousanssilex (tufau de l’Anjou). 
3 . . . Psammites, glaise et marnes à Ostracées. 


4 . . . Calcaires et macigno à Trigonies, sable et grès ferrugineux. 
: . . . Craie glauconieuse, psammites, argiles sableuses, sabl 
3° Gr., du grès vert. 2 UE SE »P » àrB » Sables et 
grès. 
3 . . . Sables verts et argiles vertes. 
L° Gr.,néocomien. . . . . . . Calcaires jaunes. 


Les divisions que nous avons adoptées dans le second et le troisième groupe de 
l'O. ont pour base des superpositions toujours précises , des caractères minéralo- 
giques généralement constants, et la prédominance de telle ou telle espèce fossile 
à des niveaux déterminés. Ces trois conditions ont dû se trouver réunies à la fois 


(1) Nous avons continué à nous servir du nom de craie tufau, depuis longtemps consacré dans 
la science, pour désigner un des groupes de la formation dans lequel cette roche domine ; mais nous 
avons dû nous abstenir de l’employer dans la description des étages, parce que ce mot n’a pas a 
même acception dans l’Anjou et dans la Touraine. Dans l’Anjou, on nomme éwfau la pierre qui est 
connue etexploitée dans la Touraine sous le nom de pierre de Bouré dans la vallée du Cher, et de bille 
dans celle de l’Indre. C’est celle que M. Dujardin avait appelée craie micacée, expression que nous 
avons adoptée dans le même sens. Le fufau de la Touraine est la craie jaunâtre des bords de la Loire 
aux environs de Tours. Nous la désignons sous le nom de craie jaune de Touraine. Elle n’a pas de 
nom particulier dans l’Anjou, où elle est à peine représentée par quelques lambeaux. 


8 ÉTUDES UN. 1,p.8.) 
sur un certain nombre de points assez éloignés les uns des autres pour nous faire 


admettre ces divisions (1). 

Nous terminerons cette introduction par quelques mots sur les caractères phy- 
siques de la zone que nous décrivons. Dans le département du Cher, une 
petite chaîne de collines, dirigée S.-0.N.-E., de la forêt de Haute-Brune à ia Motte 
d'Humbligny à l'O. de Sancerre , atteint de 311 à 433 mètres d'altitude, et se 
prolonge vers Auxerre par les départements de la Nièvre et de l'Yonne, après 


(1) Relativement aux principes qui nous ont guidé jusqu'ici dans la manière de tracer les sous 
divisions d’une formation , nous ajouterons que personne plus que nous n’est porté à reconnaître 
les secours immenses que la paléontologie a rendus et rendra sans doute encore à l'étude des terrains 
de sédiment; mais nous ne pourrions adopter une classification uniquement basée sur ce caractère, 
car nous avons souvent reconnu que dans une formation on pouvait confondre, et que l’on avait en effet 
confondu, des systèmes de couches très distincts minéralogiquement et stratigraphiquement, par cela 
seul qu’on y avait trouvé quelques espèces communes, et que dans d’autres cas on avait séparé par 
la raison contraire des systèmes qui ne devaient pas l'être. Ces erreurs proviennent évidemment de ce 
qu’au lieu de faire précéder l'étude des fossiles d’un examen attentif des superpositions sur un grand 
nombre de points, ce qui est la base fondamentale de toute vraie géologie, on se contente d’un 
aperçu superficiel des couches dans lesquelles on distribue ensuite les fossiles d’une manière absolue 
ou plus ou moins arbitraire. 

Sans doute, nous nous sommes souvent appuyé nous-même sur les caractères zoologiques pour éta- 
blir certaines subdivisions, mais c’est qu’alors ces caractères étaient d’accord avec tous les autres et 
venaient confirmer la justesse de ces mêmes coupes; mais dès qu’il n’y a plus d'accord entre les fos- 
siles, la stratification générale et les caractères pétrographiques, nous cherchons s’il n’a pas existé 
quelquescirconstances physiques locales qui aient occasionné ces différences, sans avoir recours pour 
cela à ces extinctions et à ces renouvellements complets et fréquents de l'organisme dont on fait 
quelquefois abus pour expliquer des résultats encore mal appréciés. C’est d’ailleurs à l’examen de 
ces causes locales extérieures que la fin de notre mémoire est particulièrement consacrée. 

Dans l’ensemble d’une formation, suivant le sens que l’on donne généralement à ce mot, ily a 
certainement un plus ou moins grand nombre d’espèces qui passent d'un étage dans un autre, et 
souvent même sont communes à plusieurs. Lorsque dans le même groupe on trouve un changement 
brusque dans l'organisme de deux étages qui se succèdent immédiatement, il est probable que ce 
changement n’est que local, et qu’en suivantpas à pas ces étages sur une centaine de lieues et souvent 
beaucoup moins, on acquerra la certitude ou du passage des espèces de l’un dans l’autre, ou bien 
qu'un système de couches est venu s’intercaler entre les deux étages qu’on avait d’abord crus dé- 
posés l’un sur l’autre sans interruption. Or, c’est ce que nous appelons la génération successive des 
divers systèmes de couches qui composent une formation, qu’il faut absolument déterminer par lob- 
servation scrupuleuse des superpositions, aidée des caractères minéralogiques, et que l'examen com- 
paratif des fossiles ne peut remplacer. Cet examen peut sans doute conduire à quelques généralités 
intéressantes, mais il ne donnera jamais cette précision à laquelle on doit tendre de plus en plus 
pour faire passer la science dans le domaine de l’application. Aussi, malgré sa marche rapide , nous 
devons encore proclamer aujourd’hui la vérité de ce que disait il y a plus de vingt-cinq ans M. Alex. 
Brongniart, + qu’on ne peut caractériser ni la craie ni aucune de ses subdivisions par un caractère 
» unique, tiré soit de sa nature minéralogique , soit de sa structureen grand, soit même des corps 
» organisés qu'elle renferme, mais qu’il faut toujours avoir recours à un ensemble de caractères. » 

Docteur 


(NX: 1, p.9.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 9 
avoir été interrompue par la vallée de la Loire. Vers l’O., les plateaux, presque 
toujours recouverts par des dépôts tertiaires , ne s'élèvent pas à plus de 100 mè- 
tres au-dessus du niveau de cette rivière. Ce n'est que sur les bords de la 
Vienne, et aux environs de Châtellerault, de Mirebeau et de Loudun, que des 
collines crayeuses donnent au pays un aspect assez particulier, par leur teinte 
bianchâtre et leurs pentes rapides. Leur altitude ne dépasse pas d’ailleurs 160 mè- 
tres. Les plateaux situés au N. de la Loire n'atteignent pas une plus grande élé- 
vation. Les sables ferrugineux qui occupent la partie orientale du département de 
la Sarthe couverte de landes et de sapins, se prolongent dans le département de 
l'Orne, où ils atteignent à peine 200 mètres. La formation crélacée s'élève à 
311 mètres au bord de la forêt de Saint-Evroult, puis elle s’abaisse au N. jusqu'au 
niveau de la Manche. 

L'hydrographie de cette partie de la France est aussi peu compliquée que son 
orographie, sur laquelle nous reviendrons d’ailleurs avec plus de détails. Ainsi, au 
S. de la Loire, tous les cours d’eau qui sillonnent la formation crétacée courent du 
S.-E. au N.-0. pour se jeter dans cette rivière. Les plus considérables descendent 
du massif primitif central; quelques uns sortent des assises du lias ou des cou- 
ches argileuses de l'étage de Kimmeridge; mais beaucoup de petites rivières 
ou de ruisseaux ont leurs sources dans les dépôts tertiaires, tandis qu'il n'y en a 
comparativement qu'un assez petit nombre qui s’échappent des couches crétacées. 

Au N. de la Loire, la direction des principales rivières qui s'y réunissent, de- 
puis la ligne de partage S.-E. N.-0., de Saint-Puits (Yonne) à Champ-Haut (Orne), 
est N.-E. S.-0., et ces rivières sortent pour la plupart, ainsi que leurs affiuents, 
des couches tertiaires du grand plateau de la Beauce, du pays charirain et du 
Perche. Au N. de cette ligne de partage, tous les cours d'eau se rendent à la 
Seine ou se jettent directement dans la mer. 

La plupart des vallées qu’arrosent ces cours d'eau, surtout celies qui sont ou- 
vertes dans les assises calcaires, ont des pentes très abruptes; quelquefois même 
leurs parois sont verticales, et elles témoignent assez qu'elles n’ont pas eu 
pour origine de simples phénomènes d’érosion (1). Quant à l'inclinaison générale 
des couches crétacées sur ces trois versants, elle n'est point nécessairement en 


(1) Dans l'étude des déchirements du sol, et particulièrement des failles, depuis Werner jusque dans 
les ouvrages les plus récents, on n’a guère considéré le phénomène que comme se produisant suivant 
des lignes droites, rarement suivant des lignes brisées, jamais, à ce qu’il nous semble, suivant des 
courbes ondulées. La théorie suppose que la force appliquée est toujours la même, due à la même 
cause, agissant de la même manière, et produisant des effets comparables, parce que son action s'exerce 
sur des masses qu’on suppose homogènes dans leur composition , dures et tenaces au même degré, 
partout d’une même épaisseur, et présentant par conséquent aussi des résistances égales partout. Nous 
pensons que cette manière abstraite d’étudier les failles ne répond qu’à une partie du problème très 
complexe des fractures et qu’elle ne doit pas exclure l'examen des brisures du sol, qui, moins régu- 
lières ne peuvent que difficilement être soumises aux lois de la mécanique. Ces dernières, ont été peu 


SOC, GÉOL. — 2° SÉRIE. T. IL Mém. n°1, 2 


10 ÉTUDES CN: 4, p.10.) 

rapport avec l’hydrographie du pays, mais au contraire avec la disposition des 
bords et du fond de l’ancien bassin , relativement à son centre, disposition com- 
binée avec les accidents du sol sous-marin pendant et après la période crayeuse. 


CHAPITRE PREMIER. 


8 I. Partie nord du département de la Nievre. 


En suivant la rive droite de la Loire d'Orléans jusqu’à Gien, on marche con- 
stamment sur le calcaire lacustre supérieur, recouvert d'un dépôt de transport 
caillouteux plus ou moins épais. Derrière le château de Gien , la craie blanche com- 
mence à se montrer etse prolonge ensuite au S.-E. pour former les escarpements 
qui bordent la route de Briare. A la sortie du faubourg, la roche, exploitée dans 
plusieurs carrières, offre souvent une réunion de zones ou de bandes très déliées, 
filiformes, brunes ou grisâtres, sinueuses et parallèles entre elles. Les silex 
et les fossiles y sont très rares; nous n'y avons trouvé que des traces de Fecten, 
d’Inoceramus, et les Terebratula semiglobosa , Sow., subundata, id., et carnea , id. 

Au four à chaux, on remarque des puits naturels fermés par le bas et remplis 
par le dépôt de transport caillouteux du plateau. Dans d’autres carrières, plusieurs 
de ces cavités, larges de 8 à 9 mètres, descendent au-dessous du niveau de la 
route. Comme elles sont quelquefois très rapprochées les unes des autres, et 
qu’elles ne sont en réalité que des sillons plus ou moins profonds coupés trans- 
versalement par l’escarpement lui-même , la craie paraît être divisée en tranches 
verticales que séparent les couches irrégulières de cailloux. Cette disposition, que 
nous aurons souvent occasion de signaler, nous servira pour établir l'antériorité de 


étudiées, parce qu’elles se présentent plus rarement dans les travaux de mineset qu’elles appartiennent en 
général à une époque peu ancienne. L'observation attentive des vallées ouvertes dans des couches compa- 
rativement récentes et sub-horizontales, ou qui n’ont pas éprouvé de dérangements généraux très sensi- 
bles, fera voir que bien souvent le cours sinueux des rivières esten rapport avec des fractures également 
courbes ou composées de lignes brisées. ; 

« Soit donc, dit M. de la Bèche (Æecherches sur lapartiethéorique de la géologie, traduites par M. 4. 
» de Collegno, p. 133), que les vallées soient dues à l’action longtemps continuée des eaux courantes, ou 
» au creusement produit par des masses d’eau douées d’une grande rapidité, nous devons toujours nous 
» attendre à trouver et nous trouvons en effet une coïncidence frappante entre les lignes de failles et 
» les directions des vallées. » Les déchirements du sol peuvent avoir été occasionnés dans certains cas 
par des tensions ou par des pressions latérales, et non toujours nécessairement par des effets de bas 
en haut. La cause des déchirements et des plissements de l'écorce terrestre n’est peut-être pas non 
plus unique, ni aussi simple qu’on le suppose généralement. 


CMPpA1) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 11 
la formation des vallées actuelles au phénomène cataclystique qui a déposé les 
cailloux et les graviers. 

Ce dépôt paraît résulter de la destruction de poudingues siliceux tertiaires 
semblables à ceux de la vallée du Loing. On y observe souvent des blocs vo- 
lumineux, intacts au milieu de la masse meuble, composée de fragments plus ou 
moins roulés, mélangés de gravier plus fin, de sable et d'un peu d'argile 
ferrugineuse. Au-delà de Colombier, le dépôt occupe toute la hauteur de l’es- 
carpement, et ce n’est que près de Briare que la craie blanche reparaît avec les 
mêmes caractères que précédemment, pour cesser de se montrer au-delà. 

La disposition du sol permettrait difficilement d'observer le contact de la 
craie blanche avec les couches sous-jacentes , contact qui se trouve sans doute 
avant d'atteindre Bonny, car ce bourg est bâti sur le groupe de la craie tufau. La 
nouvelle route a été tracée en partie jusqu’à Neuvy dans des calcaires marneux, 
blanc-grisâtre, caractérisés par l'Ammonites Mantelli, V Inoceramus Lamarküi, etc. 
À un kilomètre de ce dernier village, la carrière qui borde la route est ouverte 
dans la craie tufau , que l’on voit sur une hauteur de 18 à 20 mètres. Les bancs, 
épais de 0,70, sont séparés par des lits de marne d'une teinte un peu plus grise 
et de 0,20 d'épaisseur. Les bancs calcaires sont grossièrement divisés par des 
fissures verticales, et présentent l'aspect d’une rangée de pierres de taille placées 
à côté les unes des autres et laissant entre elles des vides irréguliers. On y trouve 
assez fréquemment l’Ammonites Mantelli, Sow. , le Nautilus elegans, id. ou AN. 
Deslongchampsianus, d’Orb., la Lima operi, Sow. , le Mytilus Ligeriensis , d’Orb., 
des Exogyres , etc. 

Entre le hameau de Les Plus et Les Brocs, la tranchée de la nouvelle route qui 
suit la rivière a mis à découvert une disposition des strates inférieurs à la craie, 
fort intéressante par les contournements qu'ils affectent depuis la jonction de 
l’ancienneroute (pl. I, fig. 2). La craie tufau forme d'abord un bombement très pro- 
noncé qui laisse affleurer au-dessous d’elle une couche arquée de marnes sableuses 
gris-verdâtre. Celle-ci ne tarde pas à disparaître par suite du plongement au S 
de la craie tufau, qui constitue an escarpement dont les couches se relèvent 
bientôt et laissent sortir successivement, au-dessus du niveau de la route, la même 

marne sableuse gris-verdâtre, puis des sables argileux verts peu épais, et un 
grand développement de sables jaunes ou rouges veinés, interrompus çà et là 
par les coupures qui atteignent le dépôt de transport des pentes supérieures 
de la colline. En approchant des Brocs, des argiles sableuses panachées de 
jaune et de rose, de 3 à 4 mètres d'épaisseur, se montrent sous les sables fer- 
rugineux. Au-delà, jusqu’à Myennes, les coteaux sont constamment recouverts 
d’une épaisse végétation , due sans doute à la présence des argiles et des sables 
qui les constituent. 

Cette coupe, d'environ 2 kilomètres , et qui nous révèle des accidents que l’on 
n'aurait point soupçonnés sans le déplacement de la route, nous aide à préciser 


12 ÉTUDES (N.1, p.12.) 
la position des argiles exploitées autour de Myennes, lesquelles correspondent 
aux couches analogues placées plus à l'E. entre la craie tufau et les sables ferru- 
sineux. Ces argiles s’observent particulièrement près de la tuilerie au S. du vil- 
lage et en remontant vers les bois. Elles sont gris-noirâtre ou bleuâtre, plus ou 
moins foncées et d’une épaisseur variable. Lorsqu’elles sont très développées, 
elles constituent des renflements sur les pentes de la colline qui longe la vallée 
jusqu'à Cosne. Quelques traces de lignite ou de bois charbonné s'y montrent 
çà et là, mais les coquilles paraissent y manquer complétement. 

En montant au S. de Cosne, on atteint des calcaires lacustres blancs, marneux, 
friables, qui reposent sur les couches précédentes, et qui sont recouverts par un 
dépôt de transport assez épais et ressemblant, quoique composé d'éléments plus 
volumineux, à celui que l’on observe entre Montargis et Briare. Ce sont des silex 
gris-blanchâtre , rarement jaunâtres , enveloppés dans un sable mélangé d'argile 
et d'oxide de fer hydraté. I y a de plus une certaine quantité de petits cailloux 
de quartz et de silex noirs beaucoup plus arrondis que les précédents. 

Ce dépôt de transport se prolonge jusqu'à la descente de Maltaverne , où l’on 
voit affleurer des argiles sableuses , grises el jaunes , et des sables ferrugineux. 
Quelques fragments de calcaire jaune, terreux, avec oolites ferrugineuses, trouvés 
vers le fond du vallon, nous font penser que le calcaire néocomien n'est qu'àune 
faible profondeur, et que la superposition des formations crétacée et oolitique a 
lieu sur ce point même En remontant de l'autre côté du village, on se trouve en 
effet sur les marnes et les calcaires marneux gris, blanchâtres ou noirâtres de 
l'étage de Kimmeridge, qui se continue jusqu'à Pouilly, caractérisé par l’Exogyra 
virqula , l'Isocardia excentrica , Voltz., et la Pholadomya concentrica , Roem. 

Pour chercher dans d’autres directions un contact plus précis des deux for- 
mations secondaires dont nous venons de parler, nous nous sommes dirigé 
au S.-E. de Cosne vers Donzy. A la hauteur du Gué Botron, on remarque, à 
gauche de la route, deux mamelons formés de calcaire blanc-jaunâtre, à cassure 
subcompacte, quelquefois un peu celluleux et à structure fragmentaire, ren- 
fermant des Térébratules peu déterminables, des moules de Panopæa neoco- 
miensis, d'Orb. (Pholadomya, id. Leym.) et de petites Vénus (Y. Roissy 
d'Orb.?). Au-delà du pont, ces calcaires sont recouverts de sable ferrugineux un 
peu argileux, avec des silex et des fragments de calcaire à demi roulés à la 
partie supérieure. Il serait difficile de regarder ces sables ferrugineux comme 
un lambeau du grès vert, et Le lout appartient sans doute au terrain de transport 
diluvien. 

Plus loin , à la descente du chemin , avant les Lopières, on voit sortir, de des- 
sous le calcaire blanc-jaunâtre précédent, un second calcaire néocomien avec les 
caractères qui lui sont propres dans toute cette partie du bassin crétacé. C’est un 
calcaire jaune, terreux, un peu argileux, tendre, celluleux, rempli d'oolites 
ferrugineuses et avec Panopæa neocomiensis, d'Orb., Lithodomus Archiaci, id. 


ON, pe 15.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 13 
(Modiola, id. Leym..).Vers le fond du vallon, se montrent les calcaires compactes, 
blanchâtres ou grisâtres, sans fossiles, qui surmontent ordinairement les couches à 
Exogyra virqula. Peu après, ces dernières, caractérisées comme au N. de Pouilly, 
constituent le sol jusqu’à Pougny, et probablement les environs de la commune 
de Saint-Père. Ainsi l'inclinaison générale des couches secondaires est au N.-O. et 
régulière sur ce point par rapport à l'ensemble du bassin, tandis qu'il ne paraît 
pas en être de même, comme nous le verrons, à la hauteur de Sancerre. Au-delà de 
Pougny, des calcaires gris oolitiques, en plaquettes, avec de nombreuses Térébra- 
tules (T.inconstans, Sow., subovoides de Munst., subovalis, Roem.,etc.), forment les 
pentes de deux petites vallées que traverse la route. Ils paraissent appartenir 
au coral rag, que nous retrouverons sur la rive gauche de la Loire. En s’appro- 
chant de Donzy, de nombreuses carrières sont ouvertes dans des calcaires blancs, 
tendres, avec quelques Térébratules, et inférieurs aux précédents. 

À VE. du bourg, sur le chemin d’Entrains, ces mêmes calcaires sont 
recouverts par un sable argileux rouge, avec des fragments anguleux de la roche 
sous-jacente, et de l’époque diluvienne. À Couloutre, on trouve un calcaire blan- 
châtre, dur, bréchoïde, fragile, constituant la pente inférieure de la colline au- 
delà du Nohain. De ce point à Entrains, on marche sur des calcaires schistoi- 
des, grisâtres, durs, qui, d'après leur position et les fossiles assez rares que l’on y 
rencontre, semblent appartenir au groupe moyen de la formation oolitique. 

D'Entrains à Bouy (pl. L, fig. 3), on monte constamment en traversant de nou- 
veau toute la série oolitique précédente jusqu'aux calcaires marneux, gris, com- 
pactes, qui recouvrent les couches à Exogyra virgula, Gervillia aviculoides, 
et Zsocardia striuta. A l'entrée du village, il semble d'abord que le mamelon soit 
uniquement formé de sables ferrugineux, enveloppant des grès rouges et lie de vin 
qui reposeraient sans intermédiaire sur les couches oolitiques; mais en prenant 
la route de Saint-Amand, on voit, le long des dernières maisons, les fossés creusés 
dans un calcaire jaune, ferrugineux, peu épais, identique avec celui de la descente 
des Lopières, renfermant de même beaucoup de Panopæa neocomiensis, etreposant 
sur les calcaires de l'étage de Kimmeridge, dont les diverses assises se succèdent 
au N.-0. vers Dampierre, comme au S. E. vers Entrains. Onest donc conduit à pen- 
ser que le calcaire néocomien existe aussi sur ce dernier versant du monticule , 
où , se trouvant très réduit, il est accidentellement masqué par des éboulements 
de sable et par la végétation très active des jardins et des vergers. Le petit plateau 
de Bouy, dont l'altitude est de 355",43, est sans doute le point le plus élevé qu'at- 
teignent les dépôts néocomiens dans toute la zone orientale du bassin. 

Après le pont de Dampierre, la tranchée de la route et une carrière qui lui est 
contiguë, montrent (pl. F, fig. 3), de la manière la plus directe et la plus précise, 
la superposition des calcaires néocomiens, ou de notre quatrième groupe, aux 
marnes et aux calcaires en bancs minces, alternants , très réguliers , qui partout 
surmontent les couches à Exogyra virgula. Les calcaires crétacés, ferrugineux, 


14 ÉTUDES (CN. 14, p.14.) 


brunâtres, marneux, sans solidité , et dont l'épaisseur est de 5 à 6 mètres, ren- 
ferment les fossiles suivants : 


Astræa pentagonalis, de Munst. ? Cardium peregrinosum, id. 
——— indét., de la section des Sidérastrées de Trigonia ornata, id. 

M. de Blainville. Pecten striato-costatus , Gold. 
Spatangus retusus , Lam. (Toxaster complana-  —-— indét. 

tus, Ag.) Ostrea, an Exogyra? 

Nucleolites Olfersii, Ag. Terebratula biplicata, Lam., var. acuta. 
Discoidea macropyga, Ag _———— nov. sp. Voisine, mais distincte, des 
Serpula filiformis, Fit. T. rigida et hemispherica, Sow. 
Ponopæa neocomiensis , d'Orb.? = Natica prælonga, Desh. 
Venus Dupiniana, d'Orb. ? Nautilus, indét. 
—— Roissyt, id. Coprolite ? 


Cardium imbricatarium, id. 


Ces calcaires sont surmontés de marnes sableuses, grises , rouges et jaunes, 
puis de sables jaunes avec plaquettes, et de grès ferrugineux qui constituent le 
plateau que l’on parcourt jusqu'à la descente de Saint-Amand , où reparaissent vers 
le bas les marnes grises, jaunes et lie de vin, voisines des calcaires qui forment 
probablement le fond de la vallée. En sortant du bourg par la route de Cosne, 
on trouve, à la tuilerie, des sables glauconieux, et pius loin, des sables ferrugineux 
semblables aux précédents. Çà et là des buttes considérables ou haldes, formées 
par des amas de scories ou de laitiers, indiquent l'existence, à une époque déjà an- 
cienne, de forges nombreuses et très importantes. 

A la hauteur de Saint-Vrain, la craie tufau, quoique peu épaisse, se montre vers 
le sommet des coteaux. et en descendant près de Bourdoiseau , elle recouvre les 
marnes grises, argileuses et sableuses sans fossiles qui se développent vers l'O. et 
qui sont exploitées sur la droite du chemin, à 3 kilomètres de Myennes, comme 
autour de ce village. 

Ainsi Ja formation crétacée, dans cette partie N. du département de la Nièvre, 
se compose 4e haut en bas, 1° de la craie micacée glauconieuse et marneuse , ou 
partie inférieure de la craie tufau, caractérisée par l’Ammonites Mantelli et le Nau- 
tilus elegans ; 2 d’argiles bleuâtres et sableuses (argiles de Myennes), et de sables 
argileux, glauconieux, reposant sur une couche épaisse de sables ferrugineux : ces 
assises argileuses et sableuses représentent le groupe du grès vert ou troisième 
groupe; 3° de sables argileux panachés de rose, de rouge et de jaune, de calcaires 
blanc-jaunâtre (Gui Botron), et de calcaires ferrugineux, tendres, caverneux, avec 
fossiles (Bouy, Dampierre), qui appartiennent au groupe néocomien.Ces derniers re- 
posent constamment sur les calcaires marneux sans fossiles qui, constituant la 
partie supérieure de la formation oolitique, recouvrent les couches de l'étage de 
Kimmeridge, si bien caractérisées par l'Exogyra virgula (1). 


(4) Nous essaierons de justifier ces rapprochements en jetantici un coup d'œil rapide sur les ca- 


CN 4, p.45.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 15 


S IL. Sancerrors. 


En face de Cosne, sur la rive gauche de la Loire, on exploite des calcaires la- 
custres dont la surface très inégale présente des anfractuosités souvent remplies 
par un sable plus ou moins argileux, affectant une sorte de stratification on- 
dulée, et que recouvre le diluvium. Ces calcaires , dont l'épaisseur est assez con- 
sidérable, ressemblent beaucoup à ceux des environs de Nemours et de Chäteau- 
Landon. 

Ils se distinguent de ceux qui viennent d'être indiqués sur la rive droite, par 
leurs caractères pétrographiques comme par le niveau plus bas qu'ils occupent. 
Une Lymnée, qui paraît être la L. cornea, y est très abondante par place. Ces 


ractères et le développement de ces mêmes groupes au N.-E., à travers les départements del’ Yonne, 
de l’Aube et dela Haute-Marne. Nouspossédons déjà des descriptions très exactes de ces divers points : 
ainsi pour le département de l'Yonne, MM. Picard (a), Lajoye (), Arrault (c), d’Archiac (d), et 
Le Touzé de Longuemar (e), ont publié plusieurs mémoires sur ce sujet; pour celui de l'Aube, 
MM. Leymerie (f), Michelin (g), Cottet (2), de Sénarmont (?) et Clément Mullet (7), ont presque 
épuisé le champ des observations qu’on pouvait y faire; et pour le département de la Haute-Marne, 
les publications de MM. Royer (Æ), Thirria (2), Lejeune (7) et Cornuel (7), laissent bien peu à dé- 
sirer : aussi ne nous reste-t-il pour ainsi dire qu’à coordonner à notre point de vue tous ces élé- 
ments acquis à la science, en nous dirigeant vers Saint-Dizier, par Auxerre, Bar-sur-Seine, Ven- 
dœuvre et Vassy. 

Si de Bonny, village situé sur le bord de la Loire à la limite des départements du Loiret, de la 
Nièvre et de l'Yonne, et où nous avons constaté la présence de la craie tufau, on marche au N.-E., onu 
voit la craie se continuer jusqu’à Lavau, et ainsi que les marnes sous-jacentes , recouvrir les collines 
de sables ferrugineux qui s'étendent jusqu’à Saint-Fargeau. Le forage du puits artésien en{repris dans 


(a) Note sur les couches crétacées des environs de Pourrain. Bull. de la Soc. géol., t. IX, p. 168, 1838. 

(2) Note sur les environs d'Auxerre, ibid., t. X, p. 21, 1838; ibid, t. XI, p. 21, 1839. 

(c) Notice sur la formation d'argile supérieure aux sables ferrugineux, ibid., t. X, p. 315, 1839. 

(d) Mém. sur le groupe moyen de la formation crétacée. Mém de la Soc. géol., t. III, p. 287, 310, 1839. 

(e) Études géol. du terrain de la rive gauche de l'Yonne, 1 vol. avec Atlas. Auxerre, 1843. — Nofice sur l’es- 
pace compris entre l Yonne et l'Armance. Annuaire du dép. de l'Yonne, 1844. — Bull. de la Soc. géol., 2° série, 
t. Il, p. 345, 1845. 

(f) Mém. de la Soc. d’agricult. de l'Aube, p. 137, 1831, avec M. Clément. — Mém. sur le terrain crétacé du 
dép. de | Aube. Comptes-rendus de l’Acad. des sciences, t. VIL, p. 700, 1838. — Mém. de la Soc. géol., £. IV, 
p. 291, 1841; ibid., t. V, p. 4, 1842. — Notice géolog. sur le canton de Soulaïne, 1839. — Carte géologique du 
département de l'Aube, 1845. 

(g) Note sur une argile dépendante du Gault observée au Gaty. Mém. de la Soc. géol., t. IT, p. 97, 1838. 

(h) Notice sur la craie et les grès du dép. de l’ Aube. Mém. de la Soc. d’agr. , sc., etc., de ce dép., p. 94, 1835. 

(:) Observations sur le terrain crélacé du dép. de l'Aube. Ann. des Mines, 3° série, t_ XV, p. 463, 1839. 

(j) Rapport géol. entre les terrains des environs de Boulogne et ceux du dép. de l'Aube. Mém. de la Soc. d’agr., 
se, et arts de ce dép., 1840. 

(&) Notice sur le grès vert et le lerr. néocomien de la Champagne. Bull. de la Soc. géol., t. IX, p. 428, 1838. 

(!) Notice sur le minerai de fer du terr. néocomien. An. des Mines, 3° série, t. XV, p. 11, 1839. 

(m) Bull. de la Soc. géol., t. X, p. 311, 1839. 

(n) Mém. sur les terrains de l'arrond. de Vassy. Mém. de la Soc. géol., t. IV, p. 243, 1841. — Bull. de la 
Soc. géof., t. XI, p. 101, 1840, ibid., t. I, 2° série, 1844, et Mém. de la Soc. géol., 2° série, t. I , 1846. 


16 ÉTUDES (AN: 1, p. 16. 


couches se prolongent le long du canal et sont surmontées par un dépôt de trans- 
port peu différent de celui de la rive droite, mais dont les éléments sont plus vo- 
lumineux. Au pont de Beaufroid, on trouve vers le bas du coteau un poudingue 
à nodules siliceux, qui a la plus grande analogie avec celui des bords du Loing. 


cette commune par M. Degousée pour M. le marquis de Boisgelin, a donné la coupe suivante à 
partir de l’orifice du trou situé à 21 mètres au-dessus du fond de la vallée : 


1, Craiehavecisilexea re Ce CR NN 507 00 
Dh CENTS COMMECIS à © 6 0 © 0 0 0 4 © 0 o 1982 
3. Marne argileuse jaune. : 5 0 41 ,05 
HPArpilesiblenestayectcallous PRE C7 
DAGrès et sables TOUSES, ELLULIDEUX O7 00 
6Aretles bleues tetisable CE 1/00 
7NSablenvertiettalsle ER PR NN TC OP US 
8. Argiles compactes, grises, sableuses. . . LMP EN TS EL O) LCUIT 
9. Argile compacte et sable alternant; pyrites et bois das. SH TR) 
10. Marnes calcaires , blanches et rouges, sableuses et sables jaunâtres. 6 .21 

O0 M208222 


L'eau ne s’est élevée qu’à 22°, 66 en contre-bas du sol. 

M. Degousée croyait avoir traversé le lias et atteint les marnes irisées; mais nous pensons qu'il a 
été trompé par Je caractère des roches, et que les n°’ 1 et 2, formant une épaisseur de 60,85, appar- 
tiennent au groupe de la craie tufau. Les n°‘ 3 à 9 comprendraient les diverses assises du grès vert 
sur une hauteur de 136,16; et enfin les marnes sableuses panachées n° 40 seraient celles qui recou- 
vrent ordinairement les calcaires néocomiens, lesquels n’auraient pas été atteints. Cette coupe fait voir 
que les deuxième et troisième groupes ont acquis une épaisseur de plus du double et des caractères 
assez variés dans l’espace de six lieues et demie qui sépare Saint-Fargeau de la rive gauche de la 
Loire, où nous les avons observés précédemment. 

En s’avançant au N.-E., les sables et grès ferrugineux s’épaississent de plus en plus. Ils sont re- 
couverts par des marnes grises et par la craie marneuse, exploitée sur les plateaux pour l’amende- 
ment des terres. À la descente vers Toucy, les sables ferrugineux se voient sur une hauteur de 
80 à 90 mètres, et, vers le bas, affleurent des grès testacés et des lits minces de minerais de fer 
rouges, schistoïdes. Si l’on prend le chemin d’Aïllant, on retrouve ces mêmes grès en plaques tes- 
tacées noirâtres ; au-dessus, viennent les sables jaunes ferrugineux, des marnes argileuses gris-bleuä- 
tre, des marnes glauconieuses, puis la craie marneuse sur le plateau. A l'E. , les assises se voient 
dans le même ordre. 

Cette succession est mise encore bien à découvert à 2 kilomètres de Toucy, sur la gauche de 
la route d'Auxerre. Plus loin, la colline de Pourrain offre une composition assez variée. Les sables 
ferrugineux, avec grès en plaquettes, sont surmontés par des sables gris, blancs et jaunes, et ceux-ci 
par des sables et des grès jaunes , bruns ou rouge vif. A l'O. de la colline et paraissant s’élever sous 
le village au même niveau , se montrent des marnes noires ou gris foncé peu épaisses, des marnes 
grises, et enfin la craie tufau avec Ammonites Mantelli. Ce n’est point ici le lieu de parler du gise- 
ment de l’ocre; mais nous dirons que ce qui a élé écrit à ce sujet et les coupes qu’on en a données 
nous ont paru peu en rapport avec ce que nous avons observé nous-même et avec les renseignements 
que nous tenons des ouvriers le plus anciennement employés à ces exploitations. 

En descendant vers Auxerre, on trouve successivement, au-dessous des sables ferrugineux : 1° des 


CN. 1, p.17.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 17 
Il constitue des masses isolées, enveloppées dans un conglomérat incohérent de 
même nature, et qui paraissent avoir roulé du sommet de la colline à une époque 


ancienne. 
En continuant à s’avancer au S., on voit les poudingues recouvrir le talus des 


sables argileux panachés, semblables à ceux que nous avons vus dans le département de la Nièvre 
recouvrant les calcaires néocomiens; 2° une assise qui ne s’y était pas montrée et qui paraît s'être 
développée sur la limite du département entre Saint-Amand et Saint-Sauveur : cette assise, que 
MM. Cornuel et Leymerie ont désignée sous le nom d’argile ostréenne et de lumachelles, se com- 
pose, d’après M. de Longuemar, de plusieurs couches distinctes , dans la zone néocomienne qui, 
plus à l’E., s'étend de la vallée du Loing aux environs d'Auxerre ; 3° des calcaires néocomiens, et 
enfin les couches ovlitiques supérieures, un peu avant d’aiteindre la porte de la ville. 

La coupe de la colline de Saint-Georges, située au N.-O. d'Auxerre , résumera très bien la com- 
position du groupe inférieur de la formation crétacée et pourra servir de terme de comparaison pour 
Ja suite. Elle présente à partir du niveau de l'Yonne : 

1° Calcaire marneux compacte, bréchoïde, renfermant çà et là quelques veines formées par l’agglo- 
mération de petites Exogyres. Ces calcaires, qui semblent appartenir au Portland stone , sont, plus 
haut, recouverts jusqu’à la grande route par un dépôt de transport diluvien très puissant ; 

2° Calcaires néocomiens marneux, gris jaunâtre , durs, enveloppés et surmontés par une glaise de 
même couleur, avec Spatanqus retusus, Exogyra harpa, etc. ; 

3° Argile ostréenne et lumachelles très développées. Ces dernières sont exploitées sur plusieurs points 
du mamelon qui s’étend de la route de Toucy à celle de Joigny. Les Zxogyra harpa et subplicata 
et l’Osérea Leymerti s’y voient particulièrement ; 

L° Argiles sableuses, panachées, peu épaisses, sous la butte du moulin; 

5° Sable ferrugineux, avec lits minces de minerai de fer, en plaques ou en rognons (butte du 
moulin). 

Entre l'Yonne et l’Armancon, M. de Longuemar a fait voir que le groupe du grès vert, composé 
jusqu’à présent d’une masse puissante de sable ferrugineux que recouvrent des marnes bleues et des 
marnes glauconieuses, offrait de bas en haut des marnes argileusesavec £xoyyra sinuata, des sables plus 
ou moins ferrugineux, avec des lits d'argile et de grès ferrugineux, des märnes sableuses avec de 
nombreux fossiles, puis des marnes argileuses bleues sans fossiles que surmonte enfin la craie à 
Ammonites. Cet ensemble de couches recouvre les trois assises déjà signalées dans le groupe inférieur. 

Sur la rive droite del’Armançon, les assises désignées par M. Leymerie sous le nom d'argile téquline 
et de grès vert, représentent encorele troisième groupe bien caractérisé, et les trois assises du groupe 
inférieur s’observent également dans les coupes d’Ervy à Marolles, de Lignières à Bois-Gérard, etc. Mais 
entre les calcaires néocomiens proprement dits et les couches supérieures de la formation oolitique, 
M. Leymnerie indique, encore plus au nord du département de l’Aube, un petit dépôt de marne et de 
sable blanc peu régulier, mais assez fréquent pour être attribué à des circonstances différentes de celles 
qui ont présidé à la formation des calcaires coquiiliers. Des bancs sans doute parallèles à ces sables, 
mais de natures assez diverses, paraissent exister dans le département de l'Yonne, et d’autres sables 
et grès ferrugineux, accompagnés de fer géodique, leur correspondent dans celui de la Haute-Marne. 

La colline d’Ervy est composée de bas en haut de sables ferrugineux reposant sur les argiles sa- 
bleuses bigarrées, puis de glaises grises, de grès gris argileux peu solides avec fossiles, ou de sables 
argileux, verdâtres, plus ou moins foncés, alternant jusqu'au sommet. Quant à la position relative 
des grès et sables verts, et des argiles, nous dirons avec M. Leymerie que ces roches s’enchevêtrent 
les unes dans les autres lorsqu'on les suit sur une certaine étendue, et qu’elles ne peuvent être 
regardées comme constituant des assises géologiquement distinctes ; on remarquera seulement que 


SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE, T. II, Mém. n° 1. 3 


18 ÉTUDES (N:1,p- 18) 
coteaux. [ls sont toujours plus cu moins incohérents, à très gros nodules de silex 
oris blanchâtre, non roulés, et ils ne renferment point de fossiles. Si, d’une part, 
nous sommes porté à regarder ces poudingues comme parallèles à ceux que nous 
retrouverons si fréquemment à l'0., et que recouvrele calcaire lacustre supérieur , 


dans cette partie du bassin, l'argile domine sur les sables. D’Ervy à Chaource, les couches se 
relèvent légèrement, et en descendant à ce village, en trouve des sables blancs et jaunes assez épais, 
puis au-dessous, des argiles sableuses panachées qui annoncent le voisinage de l’argile ostréenne. Celle- 
ci se montre en effet accompagnée de lumachelles dans toute la hauteur de la colline située à l'E. de 
Chaource. À Lantage, on aperçoit les calcaires néocomiens vers la pente inférieure des coteaux, puis 
au-dessus , l’argile ostréenne, les lumachelles, les argiles sableuses bigarrées, et les sables ferru- 
gineux du troisième groupe. 

À partir de la rive droite de la Seine, l’étage de l’argile ostréenne avec lumachelles tend à perdre 
de son importance après avoir eu son plus grand développement entre Auxerre et Chaource. Ainsi, en 
montant à Magnan, on passe presque de suite des calcaires marneux et compactes du Portland stone 
aux sables ferrugineux du plateau et aux argiles sableuses panachées. De ce point élevé, on peut se 
rendre compte facilement de la disposition générale des étages crétacés dans cette partie du départe- 
ment de l’Aube, et de leur influence sur la végétation et la culture. On se trouve, en effet, placé sur 
le bord oriental d’une bande dirigée N.-N.-E., S.-S.-0., couverte de bois et de prairies hautes, dont 
la végétation est très riche. Le soi en est ordinairement humide , argileux et sablonneux : c’est la zone 
occupée par le groupe néocomien et par celui du grès vert. A l’O., l'horizon est borné par la zone 
craveuse blanche et peu couverte, et à l’E. par la zone sèche et aride des calcaires oolitiques supé- 
rieurs. 

En descendant à Thieffrain, la route coupe successivement les argiles sableuses panachées, les luma- 
chelles, les argiles ostréennes avec veinules de sanguine , et le calcaire néocomien qui se montre par- 
tout dans les carrières sur les pentes inférieures des collines. Au N. du village, on retrouve la même 
série de couches, et de plus, un lit mince de minerai de fer exploïté et placé entre les marnes sableuses, 
bigarrées, et les sables ferrugineux. Enfin, en prolongeant la coupe au N. de Vendœuvre, on reconnaît, 
vers le bas des coteaux, le calcaire de Portland semblable à celui d'Auxerre, sortant de dessous les 
calcaires néocomiens, surmontés à leur tour, comme précédemment, d’argiles, de marnes sableuses et 
de sables ferrugineux avec minerai de fer. Au N.-0., entre Vendœuvre et Piney, se développent les 
assises argileuses et sableuses du grès vert, avec les nombreux fossiles qui ont fait assigner à cet en— 
semble le niveau du gaulf d'Angleterre. 

De Vendœuvre à Amance, on trouve encore successivement les sables ferrugineux qui forment un 
plateau couvert de bois, les argiles sableuses panachées, les argiles ostréennes et le calcaire néoco- 
mien, très riche en corps organisés, et entourant le village d’Amance. Les lumachelles tendent à dis- 
paraître, mais les argiles ostréennes et les sables argileux panachés continuent vers le N. A ces 
derniers succèdent les sables ferrugineux et les argiles bleues du troisième groupe, coupées par la 
route à la descente de Dienville. 

En passant du département de l'Aube dans celui de la Haute-Marne, nous voyons reparaître, entre 
Juzanvigny et Epothémont, les argiles bleues précédentes sortant de dessous la craie , puis les sables 
et grès ferrugineux, auxquels succèdent, en descendant à Vassy, les argiles sableuses panachées , 
les argiles ostréennes et le calcaire néocomien. M. Cornuel a subdivisé ici les trois étages du qua- 
trième groupe en plusieurs petites assises qui n’ont point d'importance générale. C’est ainsi que les 
grès piquetés à la base des argiles bigarrées, la marne jaune qui recouvre le calcaire néocomien, et 
les marnes bleues placées dessous, ne sont que des accidents de localité. Il n’en est pas de même des 
minerais de fer situés au-dessus des argiles sableuses panachées, et que nous avons pu suivre , malgré 


(NEA p.49.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 19 
de l’autre, leur ressemblance avec les poudingues de Nemours et l’analogie des 
calcaires lacustres précédents avec ceux de Château-Landon pourraient faire 
penser qu'il existe en cet endroit un lambeau des étages antérieurs si développés 
sur les bords du Loing. 
leur faible épaisseur, depuis le département de la Nièvre jusqu’au-delà de Saint-Dizier. Cet étage 
des marnes sableuses panachées, avec minerai de fer, et reposant sur les grès et sables piquetés, 
se voit bien encore autour de Bailly-aux-Forges, où il recouvre les argiles ostréennes, et où il est sur- 
monté à son tour par des argiles et des sables du grès vert (argiles à Plicatules de M. Cornuel). 

M. Thirria, dans son excellente Notice sur les gîtes de minerai de fer du terrain néocomien de la 
Haute-Marne, et M. Cornuel dans son Mémoire sur l’arrondissement de Vassy, ont décrit, entre le 
calcaire néocomien et des calcaires vacuolaires compactes qui forment les pentes inférieures de la 
vallée de la Blaise au-dessus de Vassy, des amas dé sable blanc, de sable et de grès ferrugineux avec 
minerai de fer géodique exploité, lesquels semblent correspondre , comme nous l’avons indiqué , aux 
sables inférieurs de quelques points du département de l'Aube. D’après M. Thirria, on en retrouverait 
également l’analogue dans la Franche-Comté et dans le Jura des environs de Neuchâtel. 

Les couches placées sous ces sables, et désignées par M. Gornuel par les noms d’oo/ife vacuolaire, 
de calcaire verdâtre et de calcaire tacheté, ont leur représentant dans le département de l'Aube et 
même dans celui de l'Yonne, quoique moins développé, et avec des caractères un peu différents. 
Elles reposent sur des calcaires de l’étage de Portland, ou appartenant à la formation jurassique supé- 
rieure. Leur puissance paraît atteindre 20 mètres dans le département de la Haute-Marne. MM. Cor- 
nuel, Royer et Leymerie les regardent comme faisant partie de la formation oolitique, tandis que 
MM. Thirria et Lejeune les placent à la base de la formation crétacée. Nous avons examiné le pays 
trop rapidement pour nous prononcer à cet égard; mais peut-être quelques considérations plus géné- 
rales nous permettront-elles de leur assigner plus tard une place qui concilierait ces deux opinions. 

Au N de Vassy, avant le village d’Attancourt, plusieurs carrières sont ouvertes dans le calcaire 
néocomien, et au-dessous se trouvent des marnes sableuses, gris bleuâtre, remplies d'£xogyra 
sinuata, Var. falciformis et aquilina (a). 

Toutes les couches plongeant au N., il en résulte que, sur la rive gauche de la Marne, les collines de 
Valcour et de Moëlains ne sont plus formées que par des argiles et des sables du grès vert. Les plisse- 
ments si bien indiqués par M. Cornuel, et dont on voit les traces danse litet sur les berges de la rivière, 
ont sans doute contribué à faciliter le ravinement de la vallée et à mettre en regard la falaise des 
Côtes-Noires avec les couches du groupe inférieur qui sur la rive droite se relèvent vers le N.-E. 

Autour de Bettancourt et sur la route d’Ancerville, on trouve la même succession de couches 
qu'aux environs de Vassy, depuis les argiles sableuses panachées, les argiles ostréennes et les calcaires 
néocomiens, jusqu'aux sables qui séparent ceux-ci des calcaires verdâtres et de l’oolite vacuolaire. Nos 
propres observations ne s'étendant pas tout-à-fait jusqu’à la limite N. du quatrième groupe, nous 
terminerons ici l’examen rapide que nous avons cru devoir en donner dans cette note. 

M. Royer ( Bull. de la Soc., t. IX, p. 431 ) remarque que le groupe du grès vert présente une 
constance remarquable de caractères et de puissance dans une grande partie des départements 
de la Meuse, de la Haute-Marne et de l'Aube; mais nous avons vu qu’à travers ceux de 


(a) Malgré la distinction établie par M. Leymerie, dans son intéressante Notice sur les Exogyres, entre les Ex. 
sinuata et subsinuata, nous pensons qu’elles ne sont que des variétés en rapport avec les circonstances dans les- 
quelles elles ont successivement vécu. Ces variétés peuvent par conséquent servir également bien à caractéri- 
ser les couches qui les renferment. Nous ferons remarquer plus loin que les variétés de l'E. columba se trouvent 
dans des circonstances tout-à-fait analogues. Cette manière de voir pourra d’ailleurs faciliter , ainsi que nous le 
dirons plus tard, la coordination générale des couches crétacées inférieures, sans séparer pour cela du 3° groupe 
les argiles à Plicatules, comme on a voulu le faire en donnant, suivant nous, trop d'importance aux fossiles. 


20 ÉTUDES CN. , pe 20. 

Avant d'arriver au pontdela Mivoye,un calcairemarneux, blanc-grisâtre, friable F 
avec points verts et paillettes de mica, vient affleurer sur la droite du chemin. Il 
ne tarde pas à se relever, et en face du pont il offre déjà une épaisseur consi- 
dérable. Nous y avons trouvé les fossiles suivants : 


Syphonia pyriformis, Gold. (Jerea, id. Mich.).  Amwmomites falcatus, Sow. 


Spatanqus cortestudinarium, Lam. Var. Oblon- ———— Mantelli, id. 
ga, Gold. (Micraster, id., Ag. ). ———— jid., var. navicularis. 
———— suborbicularis, Defr. (Holaster, id., ———— jid., var. depressa. 
Ag. ). ———— jid., var. éumida, ornée de côtes 
———— NO. Sp. étroites, serrées et saiïllantes. 
Trigonia spinosa, Park. ———— varians, id. 
Inoceramus mytiloides, Mant. ———— id. var. fumida. 
———— Cuvieri, Alex. Brong. ———— peramplus , id. 
Pecten quinquecostatus, Lam. =——=— 0), So 
—-—- cretosus, Alex. Brong. Noutilus Deslongchampsianus, d’Orb. (moule). 


Lima semisulcata , Desh. 


Ce petit nombre d’espèces suffit pour déterminer le niveau de cette assise, qui 
représente ici la partie moyenne du groupe de la craie tufau, que nous avons 
décrite sur la rive droite, de Bonny à La Celle, et que nous désignerons à 
l'avenir sousle nom de craie micacée ou de deuxième étage. Elle continue à se relever 
au S., et, avant d'arriver à Saint-Satur, on voitle grès vert sortir dedessous la craie. 
Les belles sources de Fontenay et quelques autres aux environs paraissent 
sourdre des argiles qui dépendent de ce dernier groupe. 

Si de Saint-Satur on monte à Sancerre par l’ancienne route de Saint-Thiébaut , 
appelée chemin de la Montagne Jaune , on obtient, depuis le canal jusqu à la ville, 
une coupe E.-0. qui présente le détail suivant, sur une hauteur de 132 mètres 
(pl. IL, fig. 2). 


1° Galcaire marneux, blanchâtre ou grisâtre, compacte, assez dur, bréchoïde, avec 
des fossiles peu déterminables. Ces couches, qui appartiennent au groupe supérieur 
de la formation oolitique, sont vers le bas recouvertes par l’alluvion moderne. . . 12",00 


FORMATION 
OOLITIQUE 
DR 


l'Yonne et de la Nièvre, l'élément argileux y diminue de plus en plus, ainsi que les sables 
verts, tandis que les sables ferrugineux continuent et se développent, particulièrement de Pour- 
rain à Saint-Fargeau et au-delà. Le calcaire néocomien est d’une persistance remarquable , et 
nous J’avons suivi depuis les environs de Saint-Dizier jusque sur la rive gauche de la Loire, 
tandis que toutes les autres subdivisions de ce quatrième groupe, ainsi que les couches immé- 
diatement sous-jacentes, jusqu’à l'étage de Kimmeridge, disparaissent successivement en s’a- 
vançant du N.-E. au S.-0. L'examen de la distribution des fossiles dans cette même zone conduit 
encore à des résultats semblables; car beaucoup d’entre eux se montrent, puis cessent en même 
temps que les couches qu’ils caractérisent et au dépôt desquelles très peu ont survécu. 


(N°4, p. 24.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 21 
certaine quantité de sable quarzeux, des grains verts et de petites oolites ferru- 
gineuses, souvent réunies par du calcaire spathique disséminé dans la masse. La 
surface extérieure de la roche prend un aspect scoriacé. On y trouve les fossiles 


2° Calcaire jaune-brun , tendre, très argileux , à cassure terreuse , renfermant une 
suivants : 
Berenicea ou Diastopora. Nucula impressa, Sow. ? 
Spatangus retusus, Lam. (Toæaster complanatus,  Trigonia ornata , d'Orb.? 
Ag.). ——-— longa , junior ? Ag. 
———— id., var. éumida. Gervillia. 
2 Mucleolites Olfersii, Ag. Pinna. 
= Discoidea macropyga, id. Lithodomus amygdaloides, d’Orb. 
8 Serpula filiformis, Fit. Lima elegans, Duj.? 
£ \ Panopæa neocomiensis. d’Orb. Pecten striato-costatus , Gold. 
ë ——-— recta, id. (affinis). Exogyra harpa, id. 
©) Corbula carinata, id.? —-—— sinuala, Sow. var. Couloni. 
Corbis cordiformis, id. Spondylus. 
Astarte. Terebratula suborbicularis , d’Arch. 
Venus vendoperana , id. (Lucina , id., Leym.). Natica lævigata, d'Orb. 
—-— Roissyi, id. (Lucina, id. Leym.). Nerinea (voisine, mais distincte, des N. Matro- 
—-— Robinaldinæ, id.? nensis et Dupinianus , d'Orb.) 
Cardiwm subhillanum, Leym. ? Cerithium Phillipsii, Leym. ? 
Cardila neocomiensis, d'Orb. Rostellaria Robinaldina , d’Orb. ? 


A la partie supérieure, un banc particulier de ce calcaire semble être caractérisé 
\ par une petite espèce de Nérinée GUNVIES CURE S A DONdAN EPP EE EEE 82,00 
ASADICROIS-NCHUATEC NE A ME ENNEMI TR AE . 12 ,00 
A Glaises bleuâtres, semblables à celles de Myennes et notées pour ï Ailerie 
à la descente du chemin de Menétreol, où se montre aussi le calcaire jaune néo- 
comien. Ces glaises retiennent probablement les eaux de l’étang du château. . . . 6 ,00 
osiMarnes erises alauGoneuSses CC TE EST CC | 1900 
| ° Calcaire blanc-grisâtre, à cassure terreuse, un peu fissile, friable re les 


GROUPE 


DE LA CRAIE TUFAU. DU GRÈS VERT, 


doigts, renfermant une certaine quantité d’argile , de sable quarzeux , de grains 

verts et des paillettes de mica blanc. Cette assise de la craie micacée corres- 

pond à celle du pont de la Mivoye et renferme les mêmes fossiles. . . . . . . . 28 ,00 
7° Poudingue siliceux, incohérent, composé de silex blanc grisâtre , souvent très 

volumineux et enveloppés dans une marne blanchâtre argileuse et sableuse. Vers 

le haut, il constitue une roche solide, très dure, semblable à celle du pont de Beau- 

frodéretisunaquelenhiviiieles assis MERE EN EN EE OU . 18 ,00 


GROUPE 


TERRAIN 
MERTIAIRI. 


La colline de Sancerre diffère essentiellement de celles qui l'entourent au N., 
au S. et à l’O., et qui sont disposées sur deux rangs en amphithéâtre. Sa forme 
est celle d’un cône assez régulier, isolé de toutes parts, exceptéaus., où 1l se rat- 
tache à la première rangée de collines par une langue de terre fort étroite; sur 
le reste de son pourtour, une vallée circulaire sépare sa base de celle de la rangée 
‘inférieure (pl. Il, fig. 1 et 2). 

Aucune source ne se montre vers le haut , et les puits de la ville, dont la pro- 
fondeur varie selon le plus ou le moins d’élévation de leur orifice, atteignent tous 


22 ÉTUDES (N-4, p.221) 
la même nappe d'eau placée à la base du poudingue tertiaire. Le plus profond, 
appelé le puits de Saint-Jean , et situé près de l’église, à peu de distance du som- 
met de la colline, a 30 mètres, et le moins profond, qui se trouve au S. près de la 
porte Evier, n’en a que 4. C'est à peu de distance de ce dernier point que le pou- 
dingue recouvre l’isthme de calcaire oolitique qui joint la colline au plateau du S. 
Ainsi la couche d'argile qui retient les eaux pluviales filtrant à travers le pou- 
dingue doit être, vers le milieu, presque horizontale, et relevée sur ses bords en 
forme de coupe, disposition remarquable que nous avons déjà signalée ailleurs 
dans le N. et dans le S.-0. de la France (1). 

La première rangée de collines dont nous venons de parler est composée de 
calcaires de la formation oolitique , et présentant de bas en haut les trois assises 
suivantes : 

1° Calcaire blanc, tendre, tachantles doigts et renfermant des oolitesirrégulières 
et d’inégale grosseur. Sa stratification est peu distincte, et sa puissance est de 15 à 
18 mètres. Cette assise, par ses caractères pétrographiques comme par ses fossiles, 
nous paraît représenter les calcaires de Saint-Mihiel (Meuse). Nous y avons trouvé 
les corps organisés suivants: Méandrine, Astrée, Sarcinule, Echinus, Cidarites cre- 
nularis Gold.? Diceras arietina Lam., Pinnigena… Bronn. (Leth. géog., pl. XVII, 
fig. 11), Trigonia costata Sow., T. id. var. elongatissima, Cardium, Modiola 
pectinata Sow , moule de bivalvevoisin de la Corbula depressa Phil., Ostrea pulhgera 
Gold., T'erebratula subovalis Roem. , T. globata Sow., T. subovoides de Munst., T. 
inconstans Sow. Deux autres espèces non déterminées, Nerinæa, Natica Michelin: 
d'Arch., Trochus. 

Ces calcaires sont exploités au N. de la ville, à la montée de la Querelle , sur le 
chemin de Sainte-Gemme ; à l’O., à la carrière du Fond Blanc, vaste excavation qui 
se prolonge sous la colline par des galeries étendues; puis au S., à droite de la 
route de Bourges. Sur ces trois points, ce sont les mêmes bancs que l’on exploite. 
Ïls conservent exactement les mêmes caractères et se trouvent aussi au même ni- 
veau. Ils constituent en outre le fond des petites vallées qui séparent les collines, 
sur les pentes desquelles ils s'élèvent jusqu’à la hauteur d'environ 40 mètres. 

Cette assise et la suivante forment l’isthme étroit qui au $. unit la montagne 
de Sancerre au plateau méridional. En descendant un sentier très rapide qui, 
après la dernière maison du faubourg, rejoint directement la grande montée de 
Fontenay, on suit le lit très encaissé d’un petit ravin creusé par les eaux torren- 
tielles, etoù l’on reconnaît que les calcaires oolitiques se prolongent sous le pou- 

(4) Lorsque d’un point élevé on observe une suite de plateaux séparés par des vallées , et dont la 
composition paraît être identique à cause de la correspondance des couches principales, si l’un de ces 
plateaux est occupé par une ville, un village, ou seulement recouvert d’une végétation forestière assez 
riche, tandis que les autres sont dépourvus d'habitations ou de bois, on peut en conclure à prioré qu'il 
existe dans le premier, à une faible profondeur au-dessous de la surface du sol, une couche aquifère 


qui manque dans les autres. Si au lieu de plateaux on avait sous les veux des mamelons isolés, 
coniques, ou diversiformes , la même remarque leur serait applicable. 


(N-1, p.25) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 23 
dingue tertiaire qui finit à quelques mètres de la maison que nous venons de 
citer. Il en résulte que toute la colline de Sancerre n'appartient pas à la formation 
crétacée et au poudingue tertiaire, comme pourrait le faire croire la coupe de 
son versant oriental, donnée ci-dessus et pl. IF, fig. 2 , mais que les couches ooli- 
tiques s'avancent sur son côté méridional pour y former une sorte de promontoire 
contre lequel les divers étages crétacés ont dû venir s’appuyer. Le poudingue ter- 
tiaire, en recouvrant le tout, a masqué le contact des deux formations. La fig. 1, 
pl. Il, représente la disposition relative des divers systèmes de couches telle que 
nous la comprenons. 

2 Sur le calcaire à Dicérates, vient un autre calcaire blanc, fissile, friable, 
quelquefois pisolitique (montée de la Querelle), gris où jaunâtre, et dans lequel 
dominent surtout les Nérinées, encore pourvues de leur test, tandis qu’au-dessus 
ou au-dessous, ces coquilles, plus rares, sont presque toujours à l'état de moule. 
L’épaisseur de cette assise est d'environ 8 mètres. Les fossiles les plus répandus 
sont : une Astrée, la Verinea fasciata Voltz, et deux autres espèces, dont une se 
trouve dans l’assise précédente , une Modiole et une Pinnigène. 

3° Calcaire compacte, gris-blanc, oolitique, se délitant en plaquettes et consti- 
tuant la partie supérieure de la première rangée de collines. Facilement brisés par 
la culture de la vigne, les fragments de ce calcaire sont accumulés en tas, allongés 
en forme de digues qui signalent de loin sa présence au sommet ou vers les pentes 
supérieures des plateaux. Les fossiles y sont moins répandus que dans les assises 
précédentes, et il paraît être bien caractérisé par les Verinea suprajurensis Thurm. 
et NV. Gosæ id. 

Ces divers calcaires oolitiques représentent l'étage du coral rag. Ils sont sur- 
montés et dominés à une lieue de la ville par une seconde rangée de collines, éle- 
vées d'environ 55 à 60 mètres au-dessus des précédentes, et composées de marnes 
et de calcaires où abonde l’Exogyra virqula Gold. Dans la partie supérieure de 
leur pente, on trouve particulièrement la T'erebratula biplicata Sow. , var. depressa, 
la Pholadomya acuticosta Sow., l Amphidesma decurtatum Phil. , et la Cucullæa texta 
Roem.; tandis que vers la base ce sont : la Terebratula biplicata type, la Serpula con- 
forms Gold. , l'Amphidesma recurvum Phil. ? la Modiola plicata Sow. , la Thracia 
suprajurensis Desh. et une Ammonite très caractéristique de cet étage dans tout le 
Berry, où elle atteint une très grande dimension. Cette dernièrerappelle 4. colu- 
bratus Schlot. Ziet., quoique ses tours soient plus embrassants. Les calcaires sont 
marneux, gris ou jaunâtres, en lits minces, subordonnés aux marnes argileuses, 
grises, blanches , bleuâtres ou jaunes. La réunion de ces couches constitue l'étage 
des argiles de Kimmeridge. 

Sur le chemin de Sainte-Gemme, après la montée de la Querelle, et en redes- 
cendant le premier vallon, on trouve le calcaire en plaquettes avec Nerinæa Gosæ, 
formant une petite colline arquée dirigée N.-E. S.-0. Après un second vallon, une 
autre colline, parallèle à la précédente, est formée par lesargiles, les lumachelles 


24 : ÉTUDES (N. 1, p.24.) 
et les calcaires marneux de l'étage de Kimmeridge, renfermant la Pholadomya 
concentrica Roem. Gold. ? la Tellina ampliata Phil. , une F’enus,? une Corbis? une 
Nucula, VIsocardia excentrica Voltz, une autre espèce indéterminée et l'Exogyra 
virgula Gold. En redescendant vers le ruisseau, le calcaire en plaquettes se montre 
de nouveau. Ainsi, depuis le pied de la colline de Sancerre, il y aurait un pendage 
général, correspondant au versant N. du soulèvement signalé plus à l'O. par M. Rau- 
Jin; on voiten outre que les calcaires blancs du coral rag, les calcaires en plaquettes 
et l'étage de Kimmeridge, forment au N.-0. trois petites collines arquées et paral- 
lèles, dont la concavité est tournée vers la ville, etenfin un autre petit renflement 
s'observe encore entre la montée de la Querelle et la base même de Sancerre. 

La formation crétacée ne nous présente donc sous cette ville qu’un point com- 
plétement isolé au N., au S. et à l'O., des gradins de la formation oolitique qui 
le dominent de beaucoup dans les directions del’O. et du S.-0.; et si l'on compare 
la composition des deux rives opposées de la Loire, on sera conduit à admettre 
que le fleuve coule en cet endroit sur l'emplacement d’une faille dirigée dans le 
sens même de son cours. 

Si, en partant de Sancerre, on quitte la route de Bourges pour prendre celle 
d’Henrichemont, on marche sur les diverses couches oolitiques supérieures. Vers 
le haut de la côte, après la croix de Bellechasse, on remarque, au-dessus des lu- 
machelles à Exogyra virqula, des calcaires marneux, compactes, semblables à ceux 
du département de la Nièvre, et après la croix de Morlaix, ces derniers sont 1m- 
médiatement recouverts par des sables ferrugineux, avec des grès en lits minces 
subordonnés. Ces bancs arénacés sont, sur cette partie élevée de la chaîne de col- 
lines du Sancerrois, les seuls représentants de la formation crétacée ; il n’y a plus 
de traces des calcaires néocomiens, et la route, suivant les ondulations du sol, 
coupe alternativement les couches de l’étage de Kimmeridge et ces sables ferrugi- 
neux, jusqu'au-delà de la-Sauldre. Plus loin, en montant dans les bois, on voit se 
succéder, au-dessus des sables précédents, des argiles grises, des grès et des sables 
rouges, des marnes argileuses, puis des sables et des grès glauconieux. 

Jusqu'à La Chapelotte, et même jusqu'aux Chartiers , le sol est recouvert par 
un puissant dépôt de silex non roulés, empâtés dans des argiles sableuses de di- 
verses couleurs , et qui s'étend ensuite sur tout le pays jusqu'à Menetou. Dans le 
vallon des Chartiers et autour d’'Henrichemont, on exploite à une faible profondeur 
une craie marneuse friable. avec Exogyra columba, et employée pour amender la 
terre. En s’approchant du château de Menetou , les sables verts et ferrugineux sor- 
tent de dessous la craie, et recouvrent les calcaires marneux compactes, supérieurs 
aux couches à Exogyra virqula. Ces dernières se montrent dans toute la vallée au 
S. du village, et les Ilumachelles très développées y sont exploitées comme moel- 
lons. L’Ammonite que nous avons déjà citée comme caractéristique de cet étage 
y atteint jusqu'à 0*,60 de diamètre. Plus au S., les calcaires oolitiques de la plaine 
de Bourges succèdent à l'étage de Kimmeridge. 


{N.1, p. 25.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 25 


Si nous étudions actuellement les couches crétacées du versant. de cette petite 
chaîne, depuis les Aix d’Angillon jusqu'à la Motte d'Humbligny, nous trouverons 
d’abord, entre les Aix et Sainceauxet au-dessusdu calcaire dur,compacte, jaunâtre, 
qui constitue le groupe oolitique moyen de la plaine de Bourges, un calcaire blanc 
qui paraît correspondre aux assises à Nérinées et à Dicérates des environs de San- 
cerre. À 1 kilomètre au N:E. de Sainceaux, en quittant la route pour monter aux 
moulins d'Humbligny, on marche sur un système puissant de marnes argileuses, 
grises, alternant avec des calcaires marneux, gris ou blanchâtres, plus ou moins 
épais , et caractérisés par l’Exogyra virgula. 

Cet étage supérieur de la formation oolitique, depuis le fond du vallon d’An- 
drivaux jusquà l’affleurement des sables de la formation crétacée qu'on atteint en 
montant directement à Champarlant, n'a pas moins de 70 mètres d'épaisseur. On 
trouve successivement au-dessus : 


4° Grès grossier, très ferrugineux , brun-jaunâtre ; 

2° Argiles sableuses, blanchâtres, jaunâtres, grises ou rouges, exploitées à la tuilerie de Champarlant; 

3° Marnes argileuses grises, un peu sableuses et mélangées de points verts ( Niveau des argiles de 
Myennes); 

L° Calcaire blanc, grisâtre ou jaunâtre, à cassure terreuse, tendre, un peu marneux, renfermant du 
sable quarzeux très fin, des grains verts et du mica blanc. Cette roche, parfaitement semblable à la 
craie grise, micacée, de Sancerre et du pont de la Mivoye, renferme aussi les mêmes fossiles, tels 
que Corbis cordiformis d'Orb. ; Trigonia spinosa Park.; Pecten quinquecostutus Sow. ; Am- 
monites Mantelli Sow. ; A. varians id. ; Nautilus Deslonchampsianus d'Orb. , etc.; 

5° Grès gris ou psammite nuancé de jaunâtre, peu dur , léger , à cassure mate, droite ou anguleuse, 
à grain fin et très uniforme. Cette roche est composée de sable quarzeux très fin, de mica argentin, 
de grains jaunâtres, et est mouchetée cà et là d’une substance verte d’un aspect chloriteux; le tout 
cimenté par une petite quantité de matière argileuse ou silicate d’alumine et de fer ; 

60 Craie grise, tendre, très marneuse, avec Huîtres, polypiers, etc. , et surmontée d’un dépôt tertiaire 
peu épais formant la butte dite la Mofée, point culminant de cette partie du Berry et qui at- 
teint 433 mètres d’altitude. 


Ainsi les couches de la craie micacée , semblables à celles de Sancerre , se trou- 
vent ici portées à 200 mètres au-dessus du niveau où nous les avons trouvées sur 
les bords de la Loire, à une distance d'à peine trois lieues et demie. Il est facile de 
reconnaître sur ce point l'existence d'un soulèvement bien caractérisé, et dirigé à 
peu près S.-0. N.-E. comme la chaîne de collines dont la Motte d'Humbligny forme 
l'extrémité orientale. Cette disposition , qui nous frappa lorsque nous visitâmes ce 
pays en 1840, a été récemment décrite par M. Raulin : aussi nous bornerons- 
nous à ajouter que les couches crétacées s’abaissent comme la chaîne en passant 
par les communes de Morogues , de la Quenouille, de Menetou et de Saint-Pallais 
dans la direction des forêts d’Allogny et de Haute-Brune. Au signal de Puy-Ber- 
teau, près de Vierzon, leur altitude est à peine de 160 mètres. Cette petite chaîne 
de collines forme la ligne de partage des eaux qui se rendent au N. dans la 
Sauldre , et au S. directement dans le Cher. Les sources de ces divers cours d’eau 


SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. II. Mém. n°1. n 


26 ÉTUDES EN. 1, p. 26.) 
s'échappent des marnes argileuses grises qui recouvrent les sables ferrugineux 
crétacés, ou de la partie supérieure de l'étage de Kimmeridge. 


$ III. Vallée du Cher. 


L'abaissement à l'O. des couches secondaires dans la direction de Vierzon n'est 
pas moins remarquable que leur brusque relèvement entre Sancerre et Humbli- 
gny. Le groupe oolitique supérieur diminue sensiblement en s’approchant du 
Cher, et disparaît bientôt sous une nappe de dépôts tertiaires et plus récents. 
Autour de Méhun, les calcaires lacustres sont bien caractérisés; à l'O. du 
village, ils forment un plateau peu élevé qui suit les bords du Cher. Le fond des 
dépressions que traverse la route jusqu’au pont de Barengeon paraît être occupé 
par des glaises gris-bleuâtre, appartenant au grès vert (pl. I, fig. 4). Quelques 
blocs de poudingue siliceux, isolés çà et là, rappellent ceux des bords de la Loire. 

Après avoir passé la rivière de Barengeon, on trouve des marnes fissiles, friables, 
grisâtres, avec des rognons endurcis. Les talus de la route, nouvellement recou- 
pés, mettent à découvert une masse de sable argileux, gris-verdâtre, enveloppée 
d'un dépôt puissant de sable argileux rouge avec des silex souvent très volumi- 
neux. En redescendant à la Francroisière, les mêmes sables argileux, verts, se 
montrent de nouveau, représentant sans doute la partie inférieure de la craie mi- 
cacée. Un peu avant ce hameau, sur la gauche de la route, le sol est couvert de 
blocs de grès calcarifères, jaunâtres , très durs, provenant du grès vert des envi- 
rons ou peut-être d’une modification locale du second groupe. Nous ne les avons 
point d’ailleurs trouvés bien en place. Ils sont utilisés pour l'entretien du che- 
min, et nous y avons reconnu les fossiles suivants : 


Orbitolites. Pecten multicostatus, Gold. 
——— membranaceus ou lLaminosus, Nils. 


Exogyra columba, Gold., var. nunor. 
Gryphæa vesiculosa, Sow. 
Terebratula. 


Nucleolites columbaria, Lam. 
Ponopæa striata, d'Orb. 
Trigonia spinosa, Sow., var. Fit. 
Lima semisulcata, Desh. 

Pecten quinquecostatus. SoW. Serpula. 


De ce point jusqu’à Vierzon , la route paraît être constamment tracée sur la 
partie inferieure de la craie micacée. Cette dernière, sableuse, tendre, gris- 
verdâtre , est mise bien à découvert dans une carrière située en face de la forge 
à l'entrée du faubourg. La tranchée du chemin de fer qui débouche à quelques 
centaines de mètres plusloin, pour remonter sur le coteau, en passantau N. de la 
ville , offre une coupe analogue et des roches semblables. 

La ville basse est bâtie sur le sable argileux vert, et tout le haut de la colline 
est formé de craie micacée, très marneuse, enveloppant des rognons siliceux blan- 
châtres qui se fondent dans la masse. Vers sa base, cette roche est toujours plus 
argileuse. Les puits du faubourg d'Orléans la traversent pour atteindre la nappe 


(N- 1, p- 27.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 27 
d'eau que retiennent les glaises grises, exploitées ici pour la fabrication des bri- 
ques, des tuiles et de la poterie grossière, comme nous l'avons vu près 
de Myennes. Ces glaises sont séparées de la craie marneuse par un banc de 
sable jaune panaché de rouge, qui vient affleurer vers le milieu du coteau à l'O. du 
faubourg (pl. Il, fig. 4). 

La coupe de la vallée du Cher, en partant de Vierzon et suivant la route de Chä- 
teauroux, présente la succession de couches indiquée pl. IF, fig. 4. Le petit pla- 
teau situé au S. de la ville est formé de sable vert enveloppant des grès quarzeux 
gris-verdâtre, très durs et lustrés. Ceux-ci renferment des grains d'un vert 
jaunâtre, à cassure terreuse. On y trouve encore d’autres grès également très 
durs, gris-blanc et à grain fin. Sous ces grès, que l’on emploie pour ferrer les 
chemins, vient une couche de glaise qui retient les eaux. Plus loin, en descendant 
du lieu dit les Pierres sèches, on observe la série suivante de haut en bas : 


4° Dépôt de transport. (Au-dessus des premières maisons). . . . . . . . . . . 200 
2° Grès gris-verdâtre , schistoïde, affleurant sur la droite de la route . . . . . . . 2,00 
DOMÉTAUCAOTAISEN MR de Eur ces 4 ee 0: 00 


L° Grès quarzeux, De tondane ou rate très dur, à cassure anguleuse , fissuré dans 
divers sens. Stratification peu distincte. Ces grès sont exploités dans la première carrière à 
SAUNA ON CENT RPM ENNEMI LE Et malice le ES 00 
5° Lit de glaise gris-jaunâtre © ARTS 
6° Bancs assez réguliers, mais d’ ane épaisseur, der grès gris, veiné ou piqueté He fre 
ou de rose, et souvent séparés les uns des autres par une argile sableuse grise Ou jaune. 
Ces grès quarzeux, à grain fin et uniforme, sont peu durs. Ils renferment des grains assez 
abondants de feldspath blanc plus ou moins aliéré, des grains vert foncé et des paillettes de 
mica blanc. On les voit exploités au-dessous des précédents, et ils atteignent le pied du 
talus au niveau de la manufacture de poterie. 7, 00 
En montant de l’autre côté dela vallée de Saint-Hilaire, on retrouve d’abord 
les mêmes couches, c’est-à-dire les grès piquetés à la base, puis les grès durs 
gris-verdâtre vers le haut. À 2 kilomètres environ, des fouilles ont mis à dé- 
couvert une argile sèche, grisâtre, remplie d'empreintes de Plicatules ( P. pecti- 
noides Sow.?), de Lima, de Spondylus lineatus Gold. ? et d’une petite huître fré- 
quente dans le grès vert de la Touraine. Cette couche d'argile paraît être inférieure 
aux grès piquetés. Plus loin, avant Massay, le sommet des collines qui bordent la 
droite de la route est couvert de masses assez considérables de grès gris-verdâtre 
où blancs, tandis qu'à gauche, au lieu dit l'Étang, on exploite pour une tuilerie 
des argiles très sableuses , blanches, panachées de jaune et de rouge, alternant 
avec des sables blancs et passant vers le bas à un sable jaunâtre. Celui-ci renferme 
des grès peu épais, souvent en plaquettes et très chargés d’oxide de fer hydraté. 
La ressemblance de ces argiles sableuses, panachées, avec celles d'uneépoque très 
récente que l'on exploite sur divers points à la surface du sol, comme près de Chà- 
teau-Renaud, nous aurait suggéré des doutes sur leur âge , sans leur liaison 


28 ÉTUDES CN. 1, p.28.) 
avec les sables et grès ferrugineux sous-jacents, et sans leur analogie avec celles 
que nous avons signalées à la tuilerie de Champarlant, près d'Humbligny, où elles 
occupent la même position. 

Il estpeu probable que ces argiles sableuses panachées et ces sables et grès ferru- 
gineux puissent représenter une partie du groupe inférieur de la formation. Leur 
aspect rappelle, à la vérité, celui des argiles sableuses panachées que nous avons 
signalées dans la Bourgogne et la Champagne, et qui existent aussi dans le pays 
de Bray; mais l'absence complète de calcaire et de fossiles sur le point qui nous 
occupe, de même qu'au S.-0. de Sancerre, ne nous permet pas quant à présent 
de séparer ces couches du groupe du grès vert. 

Avant de monter à Massay, une excavation pratiquée à gauche de la route 
montre, sous les sables et grès ferrugineux précédents, des calcaires marneux et 
des marnes blanches un peu schistoïdes qui appartiennent à la formation ooli- 
tique. Celies-ci se relèvent rapidement pour former la colline sur laquelle le 
village est bâti. En sortant de Massay, on trouve encore une butte recouverte 
d'argile rouge; mais au-delà, les calcaires oolitiques se montrent seuls au sommet 
des collines comme au fond des vallées. Ce sont des calcaires marneux, blancs, 
tachant fortement les doigts, très fragiles, pisolitiques et alternant avec des 
marnes blanches ou grisâtres plus ou moins argileuses. Les fossiles, peu nombreux, 
sont les T'ellina incerta Thurm., Pinna cuneata Phil. et lanceolata Sow. ?, des moules 
de Cardium et de coquilles turbinées. Ces couches nous paraissent appartenir 
plutôt au coral-rag des environs de Sancerre et de Sainceaux qu'à l’oolite moyenne 
de la plaine de Bourges, ce qui serait justifié par la réapparition de l'étage de 
Kimmeridge au N.-0. de Buzançois. 

Nous reprendrons actuellement l'examen de la vallée du Cher en la descendant 
jusqu’à sa jonction avec celle de la Loire. Du ruisseau de Croulas à Vierzon (pl. E, 
fig. 4), les couches crétacées inclinent à l'O. et se recouvrent dans celte direction ; 
mais au-delà, jusque près de Châtres, on trouve presque constamment les sables 
verts plus ou moins remaniés à la partie supérieure. La craie tufau et les marnes 
sableuses sous-jacentes s’éloignent versle N. A un kilomètre de Châtres, les collines 
qui bordent la route sont surmontées de craie glauconieuse semblable à celle de 
Vierzon et reposant sur des sables gris, verts, jaunes, plus ou moins argileux, avec 
quelques grès subordonnés.Cette roche est plutôt l'analogue du psammite d'Hum- 
bligny que de la craie micacée des bords du Cher inférieur, de l'Indre et de la 
Loire. À Menetou, elle se montre également, se prolongeant ensuite derrière Lan- 
gon, pour disparaître au-delà sousle poudingue tertiaire de Villefranche.Celui-ci est 
composé de silex très volumineux, blanchâtres ou gris-jaunâtre, empâtés dans une 
argile sableuse grise ou blanche.Ce poudingueincohérent fait suite à ceux que,depuis 
Sancerre, on a vus accompagner constamment la zone crélacée sans passer sur la 
zone oolitique. Entre Vierzon et Romorantin, on trouve presque toujours le 
groupe du grès vert à l’état sableux ou plus ou moins argileux, enveloppant quel- 


CN. 4, p- 29.4 SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 29 
ques grès subordonnés, et surmonté de marnes et de calcaires lacustres qui occu- 
pent Les plateaux très peu élevés de cette partie des bords du Cher etde la Sauldre. 
Entre Romorantin et la Selle, et de ce bourg à Saint-Aignan, la route est aussi 
tracée sur des sables ferrugineux qui paraissent avoir été remaniés en partie. 
Quelques lambeaux de calcaire lacustre s'observent encore çà et là. 

Saint-Aignan est adossé à une colline qui borde la rive gauche du Cher, et qui 
vers le bas est composée de calcaire blanc, marnenx, très tendre, avec de nom- 
breux silex gris-brun ou noirâtres, en rognons disséminés dans la masse. A une 
certaine hauteur, les silex diminuent , puis disparaissent. Ces couches crayeuses 
s'élèvent à environ 30 mètres au-dessus du Cher. Sur ce point comme sur beau- 
coup d’autres, elles ont été prises pour de la craie blanche par M. Dujardin ; 
mais nous ne pensons pas qu'il existe dansle département de Loir-et-Cher, non plus 
que dans celui d’Indre-et-Loire , de véritables dépôts appartenant à cet étage de 
la formation (1). 

En remontant vers la Gastine , on voit des silex nombreux et alignés: les uns, 
gris-blanchâtre, sont plus généralement vers le haut; les autres, noirs et exploités 
pour pierre à fusil, se trouvent au-dessous. C'est à cette assise qu'appartiennent 
les silex exploités sur les communes de Meusne, de Lie et de Cuffy, et taillés pour 
pierre à fusil. Cette industrie, qui remonte à plusieurs siècles, avait pris une 
extension très considérable que l'invention des capsules a presque détruite depuis 
quelques années. Cette masse de calcaire blanc, imparfaitement stratifiée, occupe 
ici la place de la craie micacée , et elle est surmontée d'un ensemble de couches 
déjà très considérable, mais dont le développement successif se montrera plus 
clairement lorsque nous décrirons la vallée de l'Indre entre Buzançois et Chà- 
tillon. 

Si l’on monte au S. de Saint-Aignan, on observe une masse de 18 à 20 mètres 
d'épaisseur, sans stratification distincte, composée d'un calcaire sableux, mi- 
cacé, blanchâtre, jaune, gris ou verdâtre, friable, fendillé dans tous les sens, et 
renfermant des veinules ou de petits nids irréguliers de sable ou d'argile. Les fos- 
siles et les silex paraissent y être très rares. Les puits naturels, remplis de terre 
jaune et du même terrain de transport qui recouvre les plateaux, y sont au con- 
iraire assez communs dans la partie qui avoisine la surface. Dans un che- 
min parallèle à la route de Châtillon et qui redescend au N., on trouve, 
sous une roche semblable à la précédente et remplie de petits nodules endurcis 
de la même substance, une craie jaunâtre, plus solide, et dans laquelle des habita- 
tions ont été creusées. Plus bas, vers le ruisseau, paraît le calcaire blanc à silex qui 
forme la base des collines, et enfin, au-delà de ce même ruisseau, les escarpe- 
ments font voir, au-dessus de ces couches à silex, un calcaire marneux, très lendre, 


(1) Le même observateur paraît avoir pris aussi pour de la craie blanche, siliceuse, des dépôts 
siliceux laeustres parfaitement caractérisés dans ce dernier département. 


30 ÉTUDES (N. 4. p.50.) 
blanc, sans stratification distincte, et surmonté d’une assise de 20 à 25 mètres de 
calcaire jaunâtre , friable, rempli de nodules endurcis, digitiformes ou ramifés, 
mais sans silex ni fossiles, et qui correspond exactement à celle qui forme en face 
la partie haute de la ville. C'est à cet ensemble de couches recouvrant la craie 
micacée que nous donnons le nom de craie jaune de Touraine, expression syno- 
nyme de celle de craie tufau dans le même pays. Ces couches, qui constituent le 
premier étage de notre second groupe, se prolongent au S. dans la vallée du 
Modon jusque vers Lucay, d’après M. Dujardin, et nous les suivrons bientôt au 
N. dans toutes leurs modifications sur les bords de la Loire. 

En face de Saint-Aïgnan règne une suite de coteaux peu élevés. La craie micacée 
est exploitée à 10 mètres environ au-dessus du fond de la vallée; puis elle est 
recouverte par la craie jaune friable. Au-delà de Thézée , les carrières de craie 
micacée se trouvent au niveau même de la route, et au-dessus se montre un cal- 
cairesableux gris avec des points verts,de petites Exogyresetdenombreux polypiers, 
qui forme la base du premier étage. Sur les territoires de Bouré et de Montrichard, 
beaucoup de carrières sont ouvertes dans la craie micacée, et des galeries éten- 
dues y ont été pratiquées. La pierre est d’un blanc un peu grisâtre, à grain fin et 
parfaitement égal dans toute la masse. Elle se taille très facilement en paralléli- 
pipèdes, connus dans le pays sous le nom de pierres de Bouré, et qui s'exportent au 
loin par bateaux sur les deux rives de la Loire. L’uniformité des caractères de 
cette roche, essentiellement composée de calcaire mélangé d’un peu d'argile, de 
sable quarzeux très fin, de grains verts et de mica blanc, jointe à la constance 
de son niveau, malgré les variations de puissance du second étage, en fait un 
horizon précieux pour la géologie de cette partie de la France; on peut même dire 
que ses caractères pétrographiques sont tels, lorsqu'on les examine avec une cer- 
taine attention, qu'ils suffiraient à eux seuls pour déterminer avec certitude la 
position relative de la couche où on les a constatés. 

Entre Montrichard et Chissay, cet étage s’abaisse vers l'O. , puis disparaît, et la 
base de la colline est formée par un calcaire jaunâtre, avec points verts et ciment 
spathique, assez solide et en bancs puissants plongeant faiblement au N. Les 
moules et les empreintes de Trigonia scabra y sont très répandus , ainsi que l'£xo- 
gyra turonensis nob., caractéristique de la craie jaune. Ces couches, d’une teinte 
gris-verdâtre, forment ensuite derrière Chenonceaux, Civray, la Croix de Bléré 
et au-delà, des escarpements de 30 à 35 mètres de hauteur. On y trouve parti- 
culièrement lArca ligeriensis d'Orb., l'Exogyra columba, la Trigonia scabra, 
la Serpula filosa Du;., des polypiers et surtout des spongiaires. La stratification en 
grand est assez prononcée. La roche prend souvent une structure noduleuse ou 
tuberculeuse, et les silex sont Llanchâtres. Des habitations y sont creusées 
comme partout où cet étage offre une certaine solidité. 

Sur la rive droite du Cher, depuis la hauteur de Saint-Aignan jusque près de 
Montrichard, on peut remarquer que les collines sont moins élevées et leurs 


(N: 4, p. 51.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 31 
pentes moins abruptes que sur la rive gauche; mais à l'O., au contraire, les 
couches semblent se correspondre des deux côtés de la rivière, et cette concor- 
dance , sauf quelques accidents, continue très loin dans cette direction. 

M. Dujardin cite des ossements de Mosasaurus trouvés dans les carrières de 
Chemillé et près de Bléré. Entre ce bourg et Véretz, une dislocation paraît avoir re- 
levé une craie à silex semblable à celle de Saint-Aïgnan, tandis qu'à Saint- 
Avertin, la craie jaune constitue une masse assez considérable dans laquelle des 
carrières ont été exploitées de temps immémorial. C'est de ces mêmes carrières 
que paraît provenir une pierre, nommée pierre d'écorcheveau, qu'on retrouve dans 
les anciens édifices de Tours, et que nous avons particulièrement remarquée 
dans le parapet des quais de la rive droite de la Loire. Elle est caractérisée par 
une très grande quantité de moules de coquilles bivalves, voisines des Cyprines 
ou des Vénus, et de T'rigomia scabra. 


8 IV. Vallée de l'Indre. 


Le plateau qui vient se terminer à Buzançois, sur la rive droite de l'Indre, est 
composé de calcaires rapportés au groupe moyen de la formation oolitique. Ils 
sont blanchâtres, marneux, sans solidité, passent quelquefois au compacte, 
mais plus ordinairement se désagrègent en petits fragments. Nous sommes conduit 
à penser, bien que nous n ayons pas pu l'observer directement, que la rivière 
coule ici dans une fracture par suite de laquelle la rive gauche aurait été abaissée, 
et que le grès vert doit exister très près du faubourg; car, à une distance de 
2 kilomètres au plus, à la seconde montée sur la route de Châtillon (pl. I, 
fig. 5), les fossés sont creusés dans la craie micacée , blanc-grisâtre, tendre , ta- 
chante, caractérisée comme partout par l'abondance de l’Inoceramus mytiloides. 

Cette couche n’a que quelques mètres d'épaisseur et ne tarde pas à être recou- 
verte par un calcaire lacustre, blane, celluleux, avec Paludines et Lymnées. Un amas 
de fer oxydé, argileux, rouge , ou plutôt d'argile rouge, lui est subordonné et est 
coupé obliquement par la route (pl. Il, fig. 3 et5). En redescendant le mame- 
lon , on trouve des marnes verdâtres et quelques bancs de calcaire lacustre tendre 
et très marneux. Enfin la craie grise, micacée et glauconieuse, qui supporte le 
tout, reparaît avant de passer le ruisseau d’Enard. 

Le grès vert se montre au-delà de ce ruisseau. Il est composé de sable verdâtre, 
argileux et sans doute peu épais; car, après la métairie de Boulaye, les talus de la 
route sontcoupés dans un calcaire marneux et dans des marnes grisâtres où abonde 
l'Exogyra virqula avec l'Ostrea palmetta, V Isocardia excentrica,  Amphidesma decur- 
tatum et des moules de coquilles turbinées. Ces couches sont une réapparition de 
l'étage de Kimmeridge , que nous avions perdu de vue depuis la partie orientale 
du département du Cher, puisque autour de Massay le grès vert reposait sur des 
calcaires blancs rapportés au coral-rag. Ces bancs ne tardent pas à être 


32 ÉTUDES (N. 1, p. 52) 
masqués par des sables ferrugineux à gros grains, renfermant des grès très 
durs , et auxquels succède bientôt, vers le haut de la montée , un calcaire mar- 
neux, blanc, jaunâtre, peu solide, se délitant en petits fragments, et où se trou- 
vent la Pholadomya decorata ainsi que les Lutraria Jurassi? et Alduini Gold. Ce 
calcaire, qui correspondrait peut-être à celui de la route de Massay à Vatan, 
nous a paru être inférieur aux couches à Eæogyra virgula, et nous avons indiqué 
dans la coupe pl. IF, fig. 5, la manière dont nous avons compris la position relative 
de ces couches oolitiques entre elles et avec celles de la formation crétacée qui 
les recouvre. 

Les grès quarzeux employés sur les routes autour de Buzancçois sont sem- 
blables à ceux que nous venons de signaler près de la maison Boulay. Ils sont 
exploités à Saint-Gemme , au S. de la ville. Ils sont blancs, roses, jaunâtres ou 
grisâtres , très durs, à grains plus ou moins fins , quelquefois assez gros, et en- 
tourés par place d’un enduit calcédonieux formant alors le ciment du grès. 

En s’avançant vers la maison Brisepaille, le grès vert est toujours rudimen- 
taire et à l’état de sable argileux ; puis, contre cette maison même. ilest de nouveau 
masqué par la craie micacée. L’Inoceramus mytiloides, le Pecten quinquecostatus 
et d’autres fossiles peu reconnaissables sont fréquents dans ce dernier étage , dont 
l'épaisseur augmente assez pour qu'il ne soit plus interrompu par les dépressions 
du sol jusqu’à Clion etau-delà. Après ce village, la colline qui borde la gauche dela 
route offre encore à sa base la craie micacée précédente , puis au-dessus vient un 
calcaire blanc, peu dur, avec des points vertset des taches de même couleur.[l est en 
partie spathique, à cassure inégale , se délite en rognons irréguliers recouverts 
d’un enduit verdâtre, ou bien constitue des bancs mal suivis et fendillés.Les fossiles 
les plus nombreux qu’on y trouve sontde petits polypiers ; Serpula filosa Duj., Tri- 
gonia scabra Lam., Area ligeriensis an Matheroniana d'Orb.? Mya plicata Sow., Pho- 
ladomya, Venus ou Cyprine, Cardium Moutonianum d'Orb., Fenus plana Sow., 
Myoconcha cretacea d'Orb., etc. Ces couches, dont l'épaisseur est de 10 mètres, 
forment la base du premier étage ou celui de la craie jaune de Touraine; ici , et 
comme nous aurons occasion de l’observer aussi sur d’autres points, elles parti- 
cipent encore des caractères de la craie micacée sous-jacente, et peut-être eussions- 
nous pensé à les y réunir sans la liaison plus intime que nous avons cru leur trou- 
ver avec les couches qui les recouvrent. 

Ces dernières, dans la localité que nous décrivons, prennent un aspect assez 
particulier. Ce sont des calcaires en général subcristallins, poreux, plus ou moins 
durs par place, gris et à grain fin vers le bas, blancs et à grain plus gros vers le 
milieu , puis passant vers le haut à un calcaire celluleux plus complétement spa- 
thique et d'une teinte légèrement rose ; enfin la partie tout-à-fait supérieure, très 
dure, présente de nombreuses tubulures, et sa surface a été fortement usée 
ou corrodée. Ces diverses couches, de 8 à 9 mètres d'épaisseur totale, et exploitées 
sur tout le pourtour de la colline où elles fournissent de très belles pierres d’'ap- 


(N. 4, D. 55.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 33 
pareil connues sous le nom de pierres de Clion, sont exclusivement for- 
mées de très petits fragments de coquilles, d’annélides et de polypiers, enveloppés 
et agglutinés par une infiltration très abondante de calcaire spathique. Dans les 
endroits où le suc calcaire a été plus rare, on a une roche peu solide, jaunâtre, 
dont tous les éléments d’origine organique sont parfaitement distincts, et qui est 
alors identique à celle que nous trouverons si développée dans la vallée de la 
Loire. Enfin un dépôt de transport, composé de silex à demi roulés, entourés 
d'une terre rougeâtre, brune ou grise , recouvre ce plateau calcaire. Ainsi, depuis 
Buzançois jusqu’à ces carrières de la Chaise (pl. IL, fig. 5), nous avons vu naître 
pour ainsi dire successivement , et d’une manière plus régulière que dans la vallée 
du Cher, le grès vert, la craie micacée et la craie jaune. 

Toutes les couches que nous venons d'indiquer plongent au N.-0. jusqu'au 
premier vallon quis’ouvresur la route, et au-delà duquel les bancs supérieurs ces- 
sent de se montrer. Les calcaires glauconieux ou jaunâtres avec Trigonia scabra 
continuent seuls vers le bas. et près de la métairie de Beauvais on les trouve 
surmontés de bancs très variés et très différents des précédents. Ce sont des 
calcaires tantôt subcompactes , blanc-jaunâtre , tantôt terreux et renfermant des 
plaques de silex gris-jaunâtre ou blanchâtre se fondant dans la masse. Plus haut 
sont des bancs de roches composées en grande partie de silice gélatineuse et d’un 
peu d'argile. Elles sont grises, blanches ou vertes, compactes, à cassure angu- 
leuse, et renferment la T'erebratula pisum Sow.Ces bancs, très irréguliers , offrent 
en outre de grandes cavités souvent remplies de sable verdâtre, et des puits na- 
turels qui, traversant toute l’assise, sont comblés par le terrain de transport 
du plateau. Nous aurons d'ailleurs occasion de revenir sur ces deux modes de 
remplissage , qui appartiennent à des époques différentes. Après la métairie , la 
partie inférieure seule de cette coupe subsiste encore, et la craie micacée, recou- 
verte par les calcaires schisteux ou tuberculeux avec Trigonia scabra, constituent 
la base de la colline de Châtillon. | 

À un kilomètre à l'O. de Toizelay, la route traverse un petit plateau sur la 
pente S.-E. duquel se trouve une couche de silex jaspoïde, dont l'épaisseur 
est de 5 à 6 mètres. Sa stratification est reconnaissable quoique la roche soit 
extrêmement fendillée. Les interstices sont remplis de terre argileuse brune ou 
jaune. La masse siliceuse est d’un jaune plus ou moins clair ou gris-verdâtre ; 
nous n'y avons point trouvé de fossiles, et elle paraît avoir été exploitée depuis 
longtemps pour l'entretien des routes. Sur le versant N.-0. de ce plateau , on 
remarque, à peu près au même niveau, un dépôt composé de rognons siliceux 
fondus dans une roche argilo-siliceuse, tendre, friable, jaune , blanche ou 
verte, dont la stralification est assez distincte. Les silex rameux ou digitiformes, 
dont la structure indique qu'ils doivent leur origine à des spongiaires et à d’au- 
tres fossiles marins, y sont assez répandus. 

En remontant après le ruisseau, on atteint une roche tantôt dure, compacte 

SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T.IL Mém. n° 1. “ 


34 ÉTUDES CN: 1, p- 54.) 
et d’un blanc tirant sur le vert, tantôt friable, tachante et d'un blanc pur, pé- 
nétrée de silex jaspoide. Sa structure est fragmentaire, et elle renferme des em- 
preintes de Pecten, de polypiers, etc. En comparant ces divers dépôts siliceux, 
nous sommes porté à regarder le dernier dont nous venons de parler commeune 
simple modification de la roche siliceuse compacte de la ferme de Beauvais, 
quoiqu'il ne paraisse pas renfermer de silice à l’état gélatineux. Sa destruction 
partielle aura fourni les matériaux du conglomérat avec spongiaires que nous 
avons signalé reposant sur la craie de l’autre côté du vallon, et ce conglomérat 
serait alors le représentant du poudingue siliceux et marneux que nous verrons 
recouvrir si constamment la craie jaune de Touraine. Enfin la masse de silex 
jaspoïde du versant S.-E. de ce même mamelon serait encore une modification 
de la roche de Beauvais , dépendante de la craie jaune. 

De Fleray à Verneuil et au-delà , le poudingue tertiaire plus ou moins déve- 
loppé constitue les plateaux. Il est ordinairement surmonté par un véritable dépôt 
de transport diluvien composé de sable siliceux plus ou moins grossier , d'une 
grande quantité de cailloux roulés de quarz hyalin blanc, jaunâtre ou brunûtre, 
et de quelques fragments et fossiles de la craie. Cette dernière roche se montre 
vers le fond des vallées, et souvent la terre végétale offre cette teinte gris-blan- 
châtre ou cendrée et cette légèreté particulière qui annoncent toujours que le 
sous-sol est formé par la craie micacée. 

La colline sur laquelle est bâtie la maison des hôpitaux , à la hauteur de Saint- 
Jean, présente des excavalions pratiquées dans les couches moyennes de la Chaise. 
Au-dessus se montrent, quoique peu développées, celles qui correspondent aussi 
à la pierre de Clion. Avant d'arriver à Loches, le petit plateau qui porte les mai- 
sons de Mauvière, de Vautrompeau , etc., est encore formé par les parties 
moyenne et inférieure de la craie jaune, et des habitations nombreuses y ont 
été excavées. La craie micacée est exploitée à la base même du coteau, par des ga- 
leries assez étendues. La colline abrupte que couronne l’ancien château de Loches 
avec ses dépendances appartient aux mêmes assises de la craie de Touraine, ca- 
ractérisées par une multitude de corps spongiformes rameux. 

Les carrières situées sur la rive droite de l'Indre, au N. de Beaulieu, sont 
encore à la base des coteaux, et fournissent la craie micacée la mieux caractérisée. 
Elle est tendre, d'un blanc grisâtre, et son grain très fin est parfaitement uniforme. 
Au-dessus vient un calcaire sableux, friable, quelquefois tuberculeux comme à 
Clion , et renfermant une prodigieuse quantité d'Exogyra turonensis, de Serpula 
filosa, des moules de J’enus plana Sow., et les tubercules spongiformes , rameux 
ou étalés propres à ce niveau (1). La partie supérieure des assises de Clion 


(4) Il nous a été impossible de trouver dans ces nombreux tubercules autre chose que la matière 


même de la roche agglomérée, sans aucune trace de tissu spongieux distinct , soit à la surface, soit 
à l’intérieur. 


CN: 4, p.55.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 35 
manque sur ces coteaux, d'ailleurs très peu élevés, et dans lesquels une multitude 
de caves, de celliers et quelques habitations ont été creusés. 

Les maisons du faubourg de Loches, que longe la route de Tours, sont con- 
struites sur ces couches à rognons spongiformes, ou bien y ont été taillées. A la 
base du coteau,et ordinairement un peu au-dessus du niveau de la route, se trouve 
le banc de craie micacée connu des ouvriers sous le nom de bille. C’est celui qui, 
dans toute la Touraine, et bien au-delà, fournit les pierresde taille, en forme de pa- 
rallélipipède à base carrée, appelées billes dans la vallée de l'Indre. Ce banc re- 
présente exactement celui qui, dans la vallée du Cher, fournit la pierre de Bouré. 
Son épaisseur varie ici de 1*,50 à 2 mètres. Plus haut, les couches supérieures de 
Clion sont peu développées et assez mal caractérisées; quelquefois elles sont sub- 
schistoïdes ou en plaquettes, ou bien arénacées et friables. Elles s’abaissent après 
les dernières maisons du faubourg , pour former au-delà le sol et les côtés de la 
route. Plus loin, elles sont recouvertes par un terrain de iransport sableux ren- 
fermant, avec beaucoup de fragments calcaires, des cailloux roulés de quarz blanc. 

La craie jaune se montre encore sur les pentes de la vallée de l'Indroye à Ge- 
nillé, Montrésor, Aubigny, Ecueillé, Orbigny et Nouans. D'après M. Dujardin, 
elle existerait aussi entre Loches et Ligueil, et remonterait même au S. jusqu'à 
Azay-le-Féron, Martizay et Ponay, ce qui nous paraît d’ailleurs peu probable. 

A la hauteur de Chambourg, les dépôts siliceux tertiaires constituent le sol, 
ainsi que de ce point jusqu'à Cormery , où les deux côtés de la vallée sont formés 
par un calcaire lacustre blanc, renfermant une grande quantité de silice en ro- 
gnons ou disséminée dans la masse. De Cormery à Montbazon , les plateaux qui 
bordent l'Indre sont recouverts par la meulière, et sur les pentes affleure partout 
le calcaire lacustre blanc, souvent pulvérulent, à structure grumeleuse , et tou- 
jours plus ou moins rempli de silice. 

Le puits artésien entrepris dans la commune d'Esvres, chez M. Ansant, et 
dont l’orifice est à 18 mètres au-dessus du niveau de l'Indre, a donné la coupe 
suivante : 


A°NGravier superficiels M: 2... . - RS De de 2 tree 3,66 
2° Calcaïre lacustre, marnes et silex d’eau douce alternant vingt-cinq fois. . . . . . . 52, 34 
3° Sables et grès verts alternant ensemble (nappe d’eau jaillissante à 70°). . . . . 65, 33 
L° Craie marneuse, grise, bleuâtre ou blanchâtre, bancs calcaires avec silex. . . . . 50, 33 
5° Argiles vertes, argiles sableuses, grès et sable vert. . . . . . . . . . . . . . . .. 20, 00 

Total. . . . 191,66 


On n’a point obtenu d’eau jaillissante à cette profondeur, sans doute parce qu'on 
n'a pas atteint la nappe d’eau inférieure. 

Ce forage, s’il n’y a pas eu d'erreurs dans le journal de l'ingénieur qui dirigeait 
les travaux, nous présenterait une anomalie frappante, et la seule de ce genre que 
nous aient révélée les nombreux sondages dont nous avons comparé les coupes 
avec les résultats donnés par les observations géologiques directes. Le numéro 2 


36 ÉTUDES CN 1, p.56.) 


annonce d'abord pour les dépôts lacustres une épaisseur beaucoup plus considé- 
rable qu’on ne l’aurait soupçonné ; ensuite le numéro 3, à la place de la craie 
jaune, glauconieuse à la vérité sur quelques points et parfois sableuse, nous 
indiquerait une épaisseur de 65",33 de sable et de grès verts alternants. Les 
puméros 4 et 5 sont au contraire bien caractérisés et précisément dans la position 
où l'on devait s'attendre à les rencontrer. D’après cette coupe, la craie jaune, 
si puissante el si constante partout aux environs, manquerait en cet endroit, le 
poudingue tertiaire qui la sépare toujours du calcaire lacustre manquerait aussi, 
et les sables et grès verts, constammentinférieurs au numéro 5, se trouveraient au 
contraire au-dessus de la craie micacée ou du numéro 4. Si l’on pouvait regarder 
le numéro 3 comme un dépôt tertiaire représentant le poudingue, il faudrait 
encore supposer l'absence totale de la craie jaune sur ce point ; or il nous semble 
plus probable que quelque erreur s’est glissée dans la notation des couches 


traversées. 
$ V. Vallée de la Vienne. 


N'ayant point suivi la Vienne, ni ses affluents, la Creuse, la Manse et la 
Vende , aussi exactement que les rivières précédentes, nous signalerons 
dans ces diverses vallées les points que nous avons particulièrement étudiés, en 
allant du S.-E. au N.-0., d’abord sur la rive droite de la Vienne, puis sur sa rive 
gauche. 

Au S. de Châtellerault, la formation crétacée , dont nous indiquerons tout-à- 
l'heure les limites dans cette direction, est représentée par des sables ferrugineux, 
quelques grès avec Exogyra seconda var. minor (E. columba minima), et par des 
glaises. Sous le pont de la ville, des calcaires marneux, compactes , blanc-grisâtre 
et en lits minces, dépendent de la formation oolitique. A quelques centaines de 
mètres pu bas, on les voit recouverts par un grès très ferrugineux, schistoïde, 
de 4 à 5 mètres d'épaisseur, surmonté bientôt à son tour par des marnes argi-. 
leuses à points verts (pl. ILE, fig. 5). Dans le percement d’un puits, au S.-E. de la 
ville, on a atteint des sables glauconieux et ferrugineux avec Exogyra columba, re- 
couverts presque immédiatement par la craie micacée. Cette dernière constitue 
dans cette direction de nombreuses collines où les fossiles sont rares, excepté 
l’Inoceramus mytiloides. 

Le forage du puits artésien entrepris à | Châtellerault par M. Done a tra- 
versé : 


4° Terrain superficiel et sables argileux crétacés. . . . . . . . . . . . . . . . Doc 1m,33 
2° Calcaires compactes ou lithographiques, en bancs séparés par des lits minces d'argile. 255, 00 
Totale NN ET 020283 


Sur toute cette épaisseur de calcaires, les caractères de la roche ont présenté 
peu de variation , et l’entreprise est restée sans succès. 


(NA, p.57.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 37 


De Châtellerault aux Ormes, la route est bordée à droite par la craie micacée, 
formant à elle seule une rangée de collines dont le relief au-dessus de la vallée 
est nettement accusé (1). Le sol de celle-ci est mis à découvert au Port-la-Pile , 
dans les berges de la Creuse, où sortent, de dessous la craie micacée, des argiles 
marneuses ou gris-bleuâtre, avec grains verts, et remplies d'Exogyra columba et 
d'Ostrea biauriculata. Ces argiles, de 5 à 6 mètres d'épaisseur, renferment aussi 
des espèces de sepéaria très déprimés, ou lits interrompus de marnes endurcies ; 
peut-être ces argiles sont-elles le prolongement de celles que nous avons vues 
affleurer dans la Vienne, près de Châtellerault, bien que dans la coupe 
(pl. IF, fig. 5) nous les en ayons distinguées en plaçant les premières dans le 
groupe du grès vert. La réunion de l'Exogyra columba et de l’Ostrea biauriculata 
constitue dans la Touraine, l’Anjou et une partie du Maine, un des horizons 
géologiques les plus constants, placé entre la craïe micacée et le grès vert propre- 
ment dit. Ce banc, remarquable par son étendue, ne se montre pas sur les bords 
mêmes du bassin, mais à une distance qui varie de #4 à 5 lieues en dedans de 
son ancien rivage. 

Sur la rive droite de la Creuse, la craie micacée forme de nombreuses onde 
lations. En remontant le cours de cette rivière , on la retrouve encore assez loin, 
et le grès vert qui sort de dessous, aux environs de Saint-Pierre-de-Tournon et 
de la Roche-Pozay, atteint à peine une altitude de 90 mètres. 

À Ferrière-l'Arcon, un puits artésien exécuté chez M. Arnault à traversé les 
assises suivantes sans donner d’eau jaillissante à la surface. 


de Teen MGM 8 LV RENE ÉPAIOE TE IE TENTE A TETE 2 DeRE REINE E EUR 9,33 
2° Craie micacée { 2° groupe ). . . . . . .. DE NA Nc Et fe MO or à 67, 00 
3° Sables verts, sables argileux , argiles noires et grises ( 3° groupe). . . . . . . . . 66, 00 
h° Assise supérieure:de la formation oolitique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9, 33 


Avant de descendre à Sainte-Maure, la craie micacée acquiert une épaisseur 
de 55 à 60 mètres. Dans les carrières ouvertes des deux côtés de la route, au S. de 
la ville, on peut reconnaître ses caractères si constants, quoique la pierre y 
soit plus marneuse et moins solide que le banc inférieur qui fournit la bille sur 


d’autres points ; il n’y pas non pie de silex. Les fossiles suivants y sont assez 
répandus. 


Polypothecia dichotoma, Benn. Pholadomya Esmarkiü, Nils. ? 
Micraster (espèce nouvelle, nommée À tort Holas- ————— Archiaciana, d'Orb. 
ter intermedius dans la 1"° partie de ——— Marrotiana, id. 


ces Études et trouvée à Gourdon). Arcopagia numismalis, id. 


(4) La coupe pl. II, fig. 5, faite en suivant la grande route, ne passe point par ces collines. 


38 ÉTUDES (N. 4, p. 58.) 


Analina royana, id. Arca ligeriensis, d'Orb, 

Lucina globiformis, Leym. —— nova Sp. 

Venus plana, Sow. Exogyra haliotoidea, Gold. 

Cytherea uniformis, Dui. Phasianella supracretacea, d’Orb. 
Cyprina ligeriensis, d’'Orb. Ammoniles varians , SOw. 
Cardiimialtenn ane 0 peramplus, id. 
MoCONCR AIN LACET RER rhotomagensis, Al. Brong. 


Trigonia scabra, Lam. 


La vallée de la Manse à Sainte-Maure est ouverte précisément à la jonction 
de la craie micacée et de la craie jaune ; car après avoir passé la rivière, toutes les 
maisons du faubourg qui bordent la grande route à l'O. sont adossées à des es- 
carpements qui appartiennent au premier étage du groupe (pl. HE, fig. 5). 
Dans le vallon au-dessous de Gaillard, on voit la partie inférieure avec Tri- 
gonia scabra, Exogyra turonensis, Cardium , Cyprina, Arca ligeriensis, etc., et 
plus haut, en montant le chemin de Bossé, se trouvent les nodules spongiformes, 
et même de véritables polypiers, dans une craie jaunâtre, friable, analogue à celle 
de Loches, de Saint-Aiïgnan, etc. 

Au N. de la ville, on retrouve des bancs semblables à la pierre de Clion Ils sont 
exploités en grand, et transportés à Tours et aux environs sous le nom de prerre 
de Sainte-Maure (1). Son grain est plus ou moins fin, également serré ; sa teinte 
est le blanc, le gris ou le jaunâtre. Elle est composée de parties spathiques et 
de parties Lerreuses en proportions à peu près égales. Dans certains bancs, la roche 
est identique à la pierre de Clion, c'est-à-dire uniquement composée de petits 
polypiers et de fragments de coquilles agglutinés par un ciment spathique. Dans 
le vallon qui descend de Sainte-Catherine-de-Fierbois, et que coupe la route 
de Tours , les couches sont bien à découvert, et présentent plusieurs variétés de 
pierres très distinctes, telles entre autres que la variété à grains verts, celle à 
fragments de polypiers et de coquilles, etc. On y remarque de plus un délit obli- 
que à la stratification qui est très prononcé. Au-delà de ce point, les poudingues 
et les calcaires lacustres tertiaires recouvrent constamment la formation crétacée 
jusqu’à la vallée de la Loire. 

La coupe de Poitiers à Chinon (pl. IL, fig. 6) offre quelque intérêt par la réap- 
parition, à plusieurs reprises, de la formation oolitique au milieu des bandes cré- 
tacées. La ville de Poitiers est, comme on sait, bâtie sur un promontoire bordé 


(1) La pierre de Sainte-Maure est généralement employée dans les constructions qui exigent 
beaucoup de solidité et de durée. Elle est sous ce rapport préférée à la &è/le ou à la pierre de 
Bouré, quoique moins facile à tailler, et donnant pour la sculpture des arêtes moins vives et 
moins délicates. Sa teinte aussi n’a pas l’uniformité si remarquable de celle de la pierre de Bouré; 
mais on peut dire que c’est aux qualités de cette dernière que les villes et les plus petits villages de 
la Touraine et d’une partie de l’Anjou doivent leurs maisons si propres et si saines à la fois. La pré- 
sence de ce banc réellement précieux n’a pas eu une influence moins favorable pour la construction 
des églises romanes et ogivales du xI° au xwI° siècle, dont ces provinces sont couvertes. 


CN:4, p. 59.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 39 
par des escarpements abruptes et de profondes crevasses, où coulent le Clain 
au S., à l'E. et au N., puis la rivière de Boivre à l'O. La composition de ces escar- 
pements est assez uniforme: à la montée de Cueillau, par exemple, on voit de 
bas en haut les calcaires du groupe inférieur de la formation oolitique, gris-jau- 
nâtre ou brunâtres, durs, subcompactes, caverneux, divisés en bancs épais etnom- 
breux. Les fossiles y sont très rares. On y remarque des silex gris-noirâtre, quel- 
quefois jaspoïdes, plus ou moins gros, irréguliers, disposés en lits ou en cordons 
inégaux , discontinus, espacés de 1! à 2 ou 3 mètres. À la sortie du faubourg, 
en continuant à s’avancer vers la croix que forment les routes de Mirebeau et de 
Partenay, on voit succéder à ces couches , dont la puissance est d'environ 80 mè- 
tres, un calcaire blanchâtre, marneux , en rognons ou en plaquettes, recouvert par 
un calcaire blanc, crayeux, exploité à l’angle même de la route de Mirebeau. Il 
renferme des moules et des empreintes d’Ammonites annulatus Rein. ou biplex 
Sow. assez grands, et de plusieurs autres espèces, puis de Trigonia cla- 
vellata Sow., de Pecten vagans ou fibrosus id., d’une seconde espèce plus 
grande , etc. 

En descendant à Migné, les assises de Poitiers sortent de dessous les précé- 
dentes. Ce sont des calcaires compactes, gris-jaunâtre, très durs et très caver- 
neux. À la sortie du village, se montrent au-dessus, comme auparavant, un 
calcaire marneux, blanc, tendre,avec quelques silex, des traces d’Æmmonites et de 
Cardium, puis le calcaire blanc crayeux du plateau, qui passe plus loin à un 
calcaire en plaquettes très minces, pour reprendre ensuite ses caractères ordi- 
naires jusqu’à Mavaux et au-delà. Ainsi, contrairement à l'opinion émise à la 
réunion extraordinaire de la Société géologique , à Poitiers (1), le groupe moyen 
de la formation oolitique commencerait à la sortie du faubourg, comme nous l'a- 
vons indiqué (pl. IT, fig. 6), et non pas seulement à la descente de Migné. 

Au N. de Mavaux, et à 200 mètres à droite de la route, on remarque un très beau 
dolmen au pied d’un petit tertre boisé, composé de grès peu durs, à gros grains, 
lustrés et ferrugineux. Ces grès forment des rognons aplatis de plusieurs mètres 
de long , ou des bancs discontinus de 0,50 à 0,60 d'épaisseur , s’enchevêtrant les 
uns dans les autres. Ils sont entourés d’un peu de sable ferrugineux, et reposent 
sur les marnes et les calcaires marneux blancs de la plaine : ces derniers sont 
toujours caractérisés par les mêmes fossiles. L’épaisseur de ce dépôt arénacé ne 
dépasse pas 4 à 5 mètres. L'absence de corps organisés ne nous permet pas d’être 
bien fixé sur son âge; mais nous sommes porté à le regarder plutôt commetertiaire 
que comme appartenant à une époque plus ancienne, telle que celle du grès vert. 

Les calcaires blancs oolitiques continuent jusqu’à environ 400 mètres de Va - 
rennes, où des carrières y sont encore ouvertes. À 200 mètres du premier mur du 
village, la route traverse un sol humide, et dans des trous pratiqués pour déra- 


(1) Bull. de la Soc. Géol. de France, t. XIV, p. 643. 


40 ÉTUDES (N.4, p. 40.) 
ciner les arbres, nous avons reconnu des sables glauco-ferrugineux en place et 
des plaquettes de grès calcarifère avec points verts et remplis de coquilles brisées. 
Un peu plus loin, le mamelon que traverse la route est aussi formé par un grès 
calcarifère avec points verts, peu dur, en plaquettes irrégulières renfermant 
beaucoup de Cériopores, d’Annélides, de petites Huîtres et de débris d’autres 
coquilles. 

Cette roche se prolonge jusqu’au pied de la colline qu’occupe la ville de Mire- 
beau , et qui est presque entièrement composée de craie micacée. Vers le bas, la 
pierre est tendre et remplie d’Inoceramus mytiloides ; vers le haut elle est plus so- 
lide, et des habitations y ont été creusées à l’E., le long du mur d'enceinte. A 
la partie supérieure, et surtout près des moulins qui sont à l'E. de la ville, on 
exploite, pour l'entretien des routes, des lits minces subordonnés, pénétrés de 
silice, et la roche passe insensiblement à une sorte de jaspe impur, jaune , ou bien 
à un grès compacte, grisâtre, nuancé de brun-jaunâtre , avec points verts et mica. 
La cassure en est droite, sèche et esquilleuse. Ces roches sont en grande partie 
composées de silice gélatineuse à l’état d'hydrate, et ne renferment que des traces 
de chaux(1). Nous sommes disposé à rapprocher ces accidents de ceux du même 
genre que nous avons signalés dans la vallée de l'Indre, et il se pourrait alors que 
quelques unes des couches du sommet de la colline appartinssent aussi à la base 
de la craie jaune. 

La craie micacée, comme on en peut juger de ce point, où son altitude est de 
153",56 et sa puissance de près de 80 mètres , forme plusieurs chaînes de collines, 
dont les pentes assez rapides produisent un relief bien prononcé au-dessus des 
plaines oolitiques environnantes, recouvertes au fond des vallées par une faible 
épaisseur de grès vert. Ces collines, qui se distinguent aussi de loin par leur 
teinte gris-blanchâtre , se dirigent du N. au S., entre les vallées de la Creuse et 
de la Vienne. Une autre chaîne, partant des environs de Rilly (Indre-et-Loire), 
se dirige également au S., en longeant la rive gauche de la Vienne jusqu'à 
Thuré (Vienne). Elle remonte ensuite au N.-0., pour redescendre au S. par 
Mirebeau, et se prolonger au S.-0., vers la limite du département des Deux- 
Sèvres. ; 

Au N. de Mirebeau, la craie micacée forme encore deux collines allongées, 
parallèles à la précédente ; et vers le bas de la seconde, se montrent successive- 
ment des marnes sableuses, à points verts, puis des sables verts , et à la hauteur 
de Chouppes, des grès calcarifères, glauconieux et en plaquettes, semblables à 


(1) L'analyse d’une de ces roches a donné : 


Silice soluble dans la potasse caustique. . . . . . 0,793 
Résidu insoluble. . . . . . . . . . . . . 0,135 
Perte par calcination . . DO No 


CMP REM:) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 41 


ceux du pied S. de la colline de Mirebeau. La coupe du coteau de Dandésigny 
montre, de bas en haut : 


4° Marnes sableuses plus ou moins argileuses avec points verts, grises, vertes ou 


blanches, et remplies d'Exogyra mirabellensis, Nob. . . . . . . .. een. 1520700 
2° Grès calcarifère, glauconieux , en plaquettes, et lits de sable Hiendoe, glauco- 

nieux. Mêmes Exogyres, des CGériopores, etc. . . . . . . . . . . . So er rer 10, 00 
S2MSaDIeATTIEUX ME AUCON EUX SN NN PMR MEN NE EN ET LE 4, 50 


D'après M. Briotey (1), le grès vert est formé , à Saint-Jean de Sauve, de quarz 
hyalin gris etde points verts ; à Dissais, situé plus à l’E., sa texture est grossière ; il 
est sans fossiles et repose sur les calcaires oolitiques compactes de la rive droite du 
Clain. À Vandœuvre, les grès ferrugineux avec Exogyra columba recouvrent aussi 
les calcaires oolitiques moyens ; au-dessus viennent des calcaires blancs, très 
friables , à grains verts, puis des gres lustrés à cassure conchoïde. A peu de dis- 
tance, on exploite la craie micacée dans «les galeries très étendues, et l’Ammonites 
peramplus Sow. y est signalée. La limite S. du grès vert, dans cette partie du 
département de la Vienne, passe par Varennes, Marigny, Dissais, Prinçay, Ligny 
et la Roche-Pozay. 

Au pied N. du coteau de Dandésigny, les calcaires blancs, compactes, oolitiques, 
sortent de dessous le grès vert pour constituer toute la plaine qu'occupe le bois 
de Guesne, où ils sont seulement recouverts par un sable superficiel peu épais. [ls 
continuent jusqu'au-delà d’Angliers; mais avant de passer le ruisseau, ils dis- 
paraissent sous les couches de la formation crétacée que coupe la route au-delà 
du pont. Ces dernières, semblables à celles de Dandésigny, sont bientôt sur- 
montées par la craie micacée, qui se prolonge sans interrupliion jusqu à 
Loudun. 

La ville est bâtie sur cet étage, moins élevé qu'à Mirebeau, puisqu'il n'atteint 
que 125°,65 au pied de la tour, mais sa puissance y est presque aussi considérable ; 
car non seulement la plaine environnante, bien plus basse que ce point, est occupée 
par la craie micacée, mais encore les vallées assez profondes qui y sont creusées, 
telles que celles de Niré Le Dolent , au N.-0., n’atteignent pas le niveau du grès 
vert. Ce dernier village est dominé au N.-E.par une colline boisée, et en montant 
la grande rue, on remarque, près d'un cabaret, au-dessus de la craie micacée, 
un rudiment très bien caractérisé de craie jaune, friable , remplie de polypiers ; 
plus haut viennent des sables glauconieux tertiaires, une masse puissante de 
sable blanc et jaune, puis des meulières siliceuses qui couronnent le sommet du 
monticule. 

A 1 kilomètre de Loudun , sur la route de Chinon , on trouve encore des traces 
de craie jaune, dans laquelle une excavation a été pratiquée, et en descendant à la 


(1) Bull. de la Soc. géol. de France, t. XIV, p. 635. 
Soc. GÉOL. — 2° Série, T. IL Mém. n. 1. 6 


42 ÉTUDES (N. 4, p. 42 
Chabotrie on marche sur la craie micacée, qui non seulement ne laisse pas voir 
le grès vert dans le vallon, mais est encore immédiatement remplacée au-delà du 
ruisseau par des marnes grises oolitiques plongeant au N.-E. Cette petite vallée 
est donc le résultat d’une fracture qui a mis en contact el au même niveau la 
craie micacée et les couches oolitiques (pl. IE, fig. 6). Ces marnes calcaires, blanc 
grisätre, alternent vers le haut avec des bancs de calcaire marneux de 
même teinte, puis blanchâtres, qui deviennent plus épais et plus rapprochés à la 
partie supérieure de l'escarpement. Ces derniers passent bientôt au véritable 
calcaire blanc oolitique que nous avons suivi depuis les environs de Poitiers, et 
qui estici caractérisé par les mêmes fossiles. Les marnes paraissentaussi représen- 
ter, sur une épaisseur de 6 mètres, celles que nous avons signalées dans la même 
position à la sortie de Migné et au-dessus de Cueillau. La plupart des fossiles 
suivants, que nous y avons trouvés, ont leurs analogues dans l’'Oxford clay du N. 
de la France. 


Scyphia claviformis, Gold. Ammoniles canaliculatus, de Munst., Ziet. 
——-— indét. ——-—-— annulaltus anguinus, Schlot. 
Pentacrinites cingulatus, de Munst., Gold. ——-—-— annularis, Rein., Ziet. 

Rhodocrinites echinatus, Schlot. ——-—-— Loscombi, Sow.? 

Terebratula obtusa, Sow.. ——-—-— "00. sp. (ressemblant à l’A. varicosus, 
————-— codrctala, id. SOW. ). L 

Cardium minutum, d’Arch.? ——-—— nov. sp. (très déprimée, voisine de l'A. 
Belemnites hastatus, de Blain. bicarinatus, Ziet., var. minor.). . 
————— id.,var. === nov. sp. 


Les calcaires blancs oolitiques se continuent ensuite sans interruption par le 
moulin du Grand Poncay jusqu'à la hauteur de Beuxes, où ils sont masqués par 
un sable verdâtre probablement de l'époque alluviale. Ils reparaissent peu après, 
pour être de nouveau recouverts, avant le tournant de la route, par des glaises sa- 
bleuses grises ou verdâtres, passant à une marne sableuse et glauconieuse avec 
Exogyra flabellata, E. mirabellensis et E. columba. À partir de la Maison-Blanche , 

a craie micacée forme une suite de collines qui se rattachent à celles des bords 
de la Vienne, dirigées du S.-E au N.-0., depuis les hauteurs de Rilly jusqu’au- 
delà de Saumur. La rangée de collines qui longe immédiatement la rive gauche 
montre, au-dessus de la craie micacée, exploitée autour de Champigny-sur-Veude, 
une certaine épaisseur de craie jaune , puis des sables tertiaires surmontés par la 
meulière lacustre. 

La colline de Chinon (pl. IT, fig. 6) présente la coupe suivante , en allant de 
haut en bas : 


1° Sable tertiaire glauco-ferrugineux renfermant quelques grès subordonnés. . . . . . 3®50 
2 Craie jaune , sableuse, friable, endurcie par place et constituant alors des bancs distincts, 
peu épais, jaune-brun, à cassure cristalline, ou bien des rognons tuberculeux ou suborbi- 
culaires et déprimés en forme de pains. Ces rognons, exposés à l'air dans les parties désa- 


GX 4, p. 45.) SUR LA FORMATION CRÉTAUÉE. 43 

grégées, prennent un aspect spongiforme et scoriacé. Comme la pierre de Sainte-Maure, | 

qu’elle représente ici, la roche, mise bien à découvert dans les fossés à l'E. du château, est 

composée de débris de coquilles, de polypiers, de sable et de grains de quarz de diverses 

grosseurs reliés par un ciment de calcaire spathique plus ou moins abondant, et quelques 

lits assez durs et chargés de points verts alternent avec les bancs jaunâtres et friables. Ces 

derniers sont très altérés suivant un faux délit qu’explique leur composition arénacée , et ils 

offrent des sillons plus ou moins profonds et plus ou moins obliques à la stratification 

normale , toujours indiquée d’ailleurs par quelques bancs plus réguliers. . . . . . 14,00 
3° En descendant par la route de Tours qui passe au N. derrière le château, on trouve, sous 

les couches précédentes, des calcaires plus marneux, blanc-jaunâtre, remplis’ de corps spon- 

giformes ou même de spongiaires semblables à ceux de Loches, de Saint-Aignan, de Sainte- 

MauretetcmmdontonatitemeEnci lennivEaUu Er ON EME NS 00 
4° Marne blanche friable . . . . c 2 ,00 
5° Calcaire blanc, friable, rempli de ete Pare one id E. tante etc. ce banc 

est le premier que l’on apercoit au-dessus des maisons, sur le côté méridional de la colline, 

lorsqu'on monte directement de la place au château Se Die: Me le 1 2 OÙ 
6° Calcaire glauconieux, sableux, endurci en forme de rognons es nombreux, avec 

Exogyra turonensis, Cériopores, Cellépores, etc. . . ouaou st NO UT 
1° Calcaire blanc-grisâtre, sableux, friable, avec quelques paillettes de mica et (& grains 

verts ; la roche forme une masse irrégulièrement fendillée. ( Zxogyra turonensis, Nucleo- 

léescolumbanampolypierstamenx etc) RO 0 550 


.. Ces dernières couches forment une sorte dé passage à la craie micacée qui con- 
stitue la base de la colline, On peut voir la contre-partie de cette coupe en suivant 
une rue qui débouche à l'entrée de la ville au même point que la route précé- 
‘dente, et qui se dirige au N.-0. pour atteindre le sommet de la colline, prolon- 
gement de celle du château. Le calcaire jaune friable , ou pilé marin, à de 15 à 
16 mètres d'épaisseur, et vers le haut du coteau , il est recouvert seulement d’un 
peu de sable tertiaire glauconieux avec quelques grès subordonnés et des blocs 
de meulière isolés à la surface du sol. 

A l'O. de la ville, le long de la rivière, on voit, à partir du niveau du quai jus- 
qu'à une hauteur de 6 à 7 mètres, la craie micacée en bancs épais, quelquefois 
fendillée et affectant même un faux délit. Elle est exploitée derrière les maisons 
qui bordent le quai. Les fossiles y sont rares (Jnoceramus mytiloides, quelques 
empreintes de Trigonies, Lima Hoperi, etc.). Toute la partie moyenne et supé- 
rieure des escarpements rocheux, dans lesquels de nombreuses habitations ont 


été creusées, est formée par la craie jaune, avec quelques silex se fondant dans 
la pâte. 


$ VI. Vallées de la Dive, du Thouet et du Layon. 


La craie micacée que nous avons étudiée autour de Loudun se prolonge au 
N.-0. jusque sur les bords de la Dive, où les couches inférieures de Ja formation 
recouvrent les calcaires oolitiques. On en trouve également sur les collines de 


44 ÉTUDES (N1,p. 4) 
Tourtenay , et d'Antoigné à Saint-Jouin-des-Marnes. Suivant M. Cacarié (1) il y 
a des sables du grès vert qui, quoique peu épais, s'étendent jusqu'aux environs 
d'Oiron. À l'O. du Thouet, les calcaires oolitiques décrivent plusieurs sinuosités 
autour des villages de Vaudenlay, de Mesmé, etc., bâtis sur la craie micacée. 
Celle-ci cache les couches marneuses ou glauconieuses à ostracées ( Ostrea 
biauriculata, Exogyra columba, E. flabellata ), qui paraissent occuper le fond de 
ces petites vallées , tandis que les coflines comme celles de Montreuil , de Puy- 
Notre-Dame et les coteaux des Moulins de Fierbois et de Beauregard à l'O. appar- 
tiennent à la formation oolitique. Les couches citées par M. Alcide d'Or- 
bigny (2) à Launay et à Mayé, entre Thouars et Tourtenay, représenteraient le 
niveau des ostracées et reposeraient sur les bancs oolitiques. Non loin de là, se 
trouve la craie micacée qui les recouvre. 

Au S. de Doué, les strates oolitiques disparaissent aussi sous la formation cré- 
tacée, et au N. sous les faluns tertiaires ou grison. Ces calcaires sont assez impor- 
tants par la fabrication de chaux hydraulique à laquelle ils donnent lieu. La pre- 
mière carrière du côté de Doué est celle de la Croix Mordette. On y voit une suc- 
cession de calcaires marneux, grisâtres, en lits de 0",25 d'épaisseur, séparés par 
une marne friable de la même couleur. Les parties les plus régulières et les 
plus continues servent comme pierres d'appareil, et les fragments sont employés 
à la confection de la chaux hydraulique. Ces couches semblent passer sans in- 
termédiaire sous le grison de Doué ! p£. IE, fig. 7), pour reparaître à un kilomètre 
au N.-E. de la ville sur Ja route de Saumur. On y trouve particulièrement une 
Amimonite voisine de l'A. Strangwaysü, Sow. Ziet. et de l’A. Radians Rein. , . 
puis la Pholadomya Murchisoni, Sow. Une des carrières de M. Olliviers montre de 


haut en bas : 


4° Fragments enveloppés dans une terre jaune. . . 0" ,50 
2° Calcaire en plaques discontinues enveloppées d’une marne jaunâtre . . . . . . . 4 ,50 
3° Calcaire marneux, jaunâtre et gris au centre, en lits minces séparés par quelques veines 

2 ,00 


de marne friable. 

Autour du four à chaux, les bancs sont plus réguliers vers le haut, leur teinte 
est plus généralement grisâtre, et ils alternent quatre ou cinq fois avec des lits de 
marne de la même épaisseur (0,25). À quelques centaines de mètres au S., l’en- 
trée d’une petite carrière montre à partir de la terre végétale et d'un dépôt de 
transport composé de silex et de calcaires oolitiques : 


1° Calcaire fragmentaire ou en rognons avec un lit de Zerebratula bullata, à la partie in- 


férieurers a 0 MNT SONNERIE CE 48000 
Lits alternants de calcaire marneux jaunâtre de 0",25 d'épaisseur et de marnes jaunes. . 1 ,50 


(1) Descrip. géol. du départ. des Deux-Sèvres, p. 53. 
(2) Bull. de la Soc. géol., t. XII, p. 351. 


(N:1, p.85.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 45 


3o Calcaire marneux jaune et marnes subschistoïdes . . . . . . . . nAE20 
L° Bancs calcaires mieux suivis que les précédents et exploités pour pierres nel 200 


En redescendant vers Mesmé, le prolongement de ces couches renferme une 
grande quantité de Terebratula senticosa. Les fossiles suivants , que nous avons 
recueillis sur les divers points de ce plateau, font voir que les roches qui le com- 
posent appartiennent au groupe inférieur de la formation oolitique et non à la 
partie supérieure du lias, comme le pense M. Le Chätelier (1). 


Cidarites ? (nov. sp.) Terebratula bullata, Sow. 
Pholadomya Murchisoni, Sow. — ———-— id., variété elongata. 
Unio abductus, Phil. —-—-— biplicata, SoOw. 

—-— liasinus, Schubl., Ziet., non SoW. ___  _—-—-— ornithocephala, id. 
Amphidesma recurvum, Phil. ——— obovata, id. 

Perna aviculoides, Gervillia id., Sow., Ziet. —_—-— jintermedia ? Ziet. 

Cucullæa Munsteri, Ziet. —-—— vulgaris, Schlot. in Pusch (1). 


—— — — espèce voisine de la C.longirostris,Roem. Cérrus carinatus, Sow., an. depressus, Phil. 
Lucina, voisine de la L. substriata, Roem., var. Trochus où Pleurotomaria. 


renflée. ———— Nautilus obesus, Sow. 
Cardium. : Belemnites Blainvillei Voltz (B. acutus de Blain- 
Ostrea sandalina ? Gold. ville, canaliculatus, Schlot.). 
Arca (indét.). Ammonites Strangwaysii, Sow., an radians. Rein... 
Terebratula senticosa, de Buch. in Leth. geog. de Bronn., pl. XX , fig. 5. 


(1) Cette coquille ne diffère en effet des variétés arrondies du Muschelkalk que par son crochet moins saillant 
et son deltidium moins élevé. 


La ville de Doué est bâtie sur le falun tertiaire faiblement agglutiné et don- 
nant une pierre sableuse, friable, connue sous le nom de grison. Elle est composée 
de débris de coquilles, de polypiers et de grains de sable plus ou moins gros. Son 
épaisseur sur quelques points dépasse 15 mêtres. À Ja base, est une couche de 
glaise qui retient les eaux des puits de Doué , de Soulangé, de La Chapelle et de 
Douces. Une partie des habitations de ces communes sont creusées dans la pierre 
dont la stratification présente souvent des délits obliques dans divers sens. Nous 
avons admis dans la coupe (pl. IT, fig. 7) que le falun reposait à la fois sur 
les calcaires oolitiques et sur le grès vert; mais à cet égard nous n’avons aucune 
certitude, et il serait possible que les glaises aquifères appartinssent partout au 
grès vert. 

MM. Le Châtelier et Cacarié ont fait remarquer avec raison que, dans la partie 
N.-E. du département des Deux-Sèvres et dans celle du département de Maine- 
et-Loire qui nous occupe, les couches aolitiques avaient été fortement dénudées 


(1) Statistique du département de Maine-et-Loire, p. 172. M. Wolski paraît aussi partager cette 
opinion (a). D’après M. Fourier, ces calcaires hydrauliques renferment : carbonate de chaux 84, ar- 
gile 16; et les deux établissements de Doué et de Brossay fourniraient annuellement 400,000 hect. 
de chaux hydraulique employée dans les départements voisins. 


(a) Mémoire sur le gisement du bassin anthrazifère de Maine-el-Loire , p. 20. 


46 ÉTUDES CN, p. 46.) 
avant les dépôts crétacés, lesquels s'étaient ensuite formés dans les dépressions 
produites par ce phénomène. M. Wolski mentionne les couches crayeuses des 
environs de Martigné-Briant, recouvrant sans intermédiaire les schistes méta- 
morphiques désagrégés, puis au S. et au N., les couches anthraxifères qui au- 
raient été atteintes dans des puits à une profondeur de 9 mètres seulement. 
Entre Saint-Georges-Châtelaison et Méa, un lambeau crétacé recouvre également 
le bord S. du bassin anthraxifère. 

Au N.-0. de Doué, la craie micacée succède au terrain ancien près de Saint- 
Aubin-des-Alleudes, et repose sur les couches à ostracées qui s'étendent sous les 
communes de Noyant, d'Ambillon, de la Grézille, etc. Ces dernières sont peu 
solides, d’un blanc gris, très marneuses et mélangées de grains verts. Elles cons- 
tituent par place un calcaire glauconieux et sableux assez dur, mais à structure 
très irrégulière, noduleuse ou bréchoïde. Le grès vert proprement dit est rare- 
ment à nu et paraît être peu développé. Cest un grès jaunâtre , mêlé de points 
verts,assez dur et renfermant quelques Exogyra columba var. minor. Au-dessus de 
la couche à ostracées, lorsque la craie micacée vient à manquer , on trouve, sur 
le territoire de ces diverses communes , des faluns au milieu desquels l’Ostrea 
biauriculata et les Exogyres de la craie sont recouvertes de polypiers et d’annélides 
tertiaires. La butte de Louresse n’en présente point ; elle est formée des couches 
à ostracées et de marnes au sommet. À Fosse et à Asnières, on exploite les grès 
grossiers de cet étage. Dans les collines situées plus à l'E. la craie micacée recouvre 
de nouveau ces mêmes couches, et elle occupe une partie des plateaux entre Doué et 
Saumur. Ainsi, près de Cizay,elle surmonte le banc avec Ostrea biauriculata et Exo- 
gyra columba , et au village même on voit affleurer les sables verts. Nous avons 
trouvé les fossiles suivants dans les grès calcarifères et les calcaires glauconieux 
et sableux que caractérisent particulièrement les ostracées. 


Arcopagia numismalis, d’Orb. Exogyra flabellata. Gold. 

Cyprina intermedia, id. ———— columba, id. 

Cardium productum, Murch. Terebratula depressa, Sow. 

Arca tailburgensis, d'Orb. (Cucullæa , id., Nob.). ————-— Menar di, Lam. 

—— fibrosa , Sow. ————— biplicala, var. minor, Sow. 
Trigonia sinuata, Park. (T. affinis, Sow.). Strombus inornatus, d'Orb. 

Ostrea biauriculata, Lam. Nautilus Fleuriausianus, id. 


Ici se terminent les détails que nous nous proposions de donner, dans ce pre- 
mier chapitre, sur les couches crétacées du versant N. du plateau central ; versant 
d’ailleurs très peu incliné, car sa pente générale au S. dans le département 
d’Indre-et-Loire , à partir des affleurements du grès vert, ne serait que de 
45 mètres, suivant M. Dujardin , soit en prenant le niveau des cours d’eau, soit 
en prenant celui des plateaux. 


CN. 1, p.47.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 47 


CHAPITRE II. 


$ I. Vallée de la Loire. 


L'examen de la vallée de la Loire, en suivant, de l'E. à l'O., le cours même de 
la rivière, non seulement complétera l’étude du versant dont nous venons de nous 
occuper, mais encore en sera pour ainsi dire le résumé, puisqu’en marchant dans 
cetie direction , on coupe toutes les couches presque perpendiculairement à leur 
inclinaison naturelle. Jusqu'à présent, en descendant les vallées dirigées en 
général S.-E. N.-0., depuis les premiers affleurements de la formation, 
nous avons suivi le développement et le recouvrement des couches de bas 
en haut, ou des plus anciennes aux plus récentes ; mais les vallées qui nous 
restent à étudier étant dirigées de l'E.-N.-E. à l'O.-S.-0. ou du N.-E. au S.-0., 
inversement au plongement des couches, nous décrirons les vallées de la Loire et 
du Loir en commençant à l'E. ou par les strates les plus récents. C'est cette dis- 
position qui nous a engagé à traiter de la vallée de la Loire plutôt dans ce cha- 
pitre que dans le précédent, auquel elle se rattachait par d’autres considérations. 

À la sortie de Blois et en longeant, au S.-0., la tranchée du chemin de fer, 
on trouve la partie moyenne et supérieure du coteau formée d’argile sableuse, 
panachée, de sable argileux, ferrugineux, brun ou jaune, et de poudingues avec de 
gros silex enveloppés dans une marne argileuse grise ou verte. La stratification 
de ces divers dépôts est très irrégulière, ondulée et contournée, disposition qui 
paraît résulter des inégalités de la surface de la craie sous-jacente. Ces roches 
ont d’ailleurs les caractères variés qu'on observe dans d’autres parties dé la 
Touraine : seulement , on ne voit pas ici, au contact des deux terrains, la couche 
de sable vert si constante sur d’autres points. 

La craie qui vient dessous est d’un blanc gris, à cassure mate et terreuse, 
pénétrée d’une grande quantité de silice, soit sous forme de silex gris, smalloïdes, 
en rognons et ressemblant à certains quarz résinites d'origine lacustre, soit se 
fondant dans la pâte calcaire. Ces silex constituent près du tiers de la masse, 
dont la structure est bréchoïde et fendillée. Il y a par place des lits très minces 
de marne argileuse parfaitement horizontaux ou bien ondulés et infléchis, sur- 
tout près du talus. 

Ces couches se prolongent par le hameau de la Vicomté jusqu’à la Guillar- 
dière. Entre ces deux localités, les silex de la craie deviennent gris-brun et se 
rapprochent des silex cornés, ou bien gris-blanchâtre et légèrement teintés de 
vert, ou encore d’un jaune plus ou moins vif au centre , jaspoïdes, parfaitement 
compactes , homogènes, et à cassure largement conchoïde. La craie qui les 
enveloppe, plus ou moins endurcie et pénétrée de silice, passe aussi au com- 
pacte. Elle est surmontée, comme précédemment, par les poudingues incohérents, 


48 ÉTUDES (N- 1, p.48.) 
les sables argileux gris à gros grains de quarz et les argiles sableuses qui cessent 
avec les escarpements à environ 1 kilomètre de Chouzy. 

Les coteaux boisés de la rive gauche du fleuve sont composés de même. A 
Chaumont, on trouve une craie tendre ou plus ou moins endurcie et d’un gris 
blanc, renfermant quelquefois plus de la moitié de sa masse de silex gris, bruns, 
blanchâtres ou teintés de vert. Comme aux environs de Blois, beaucoup de 
ces rognons offrent dans leur cassure de petites bandes ou lames siliceuses 
brunes, de 3 à 4 millimètres d'épaisseur, droites et se coupant sous divers 
angles. Elles sont régulièrement ponctuées des deux côtés, et paraissent dues à 
des polypiers du genre Guettardia, Mich. Dans d’autres , on trouve, vers le mi- 
lieu , des parties siliceuses qui se distinguent très bien de la pâte compacte du 
silex enveloppant. Leur texture est grenue, leur teinte toujours rose, et la cas- 
sure transverse permet d'y reconnaître l’organisation de spongiaires du genre 
Syphonia. Sous le château et dans l’escarpement qui borde la rivière au-delà 
du village, la masse crayeuse n’a pas moins de 30 mètres d'épaisseur, et elle est 
extrêmement fendillée dans tous les sens. 

Quoique nous distinguions, avec MM. Dufrénoy et Élie de Beaumont , cette 
première assise crayeuse des bords de la Loire, de la craie blanche proprement 
dite, nous la réunissons cependant au premier groupe, dont elle forme ainsi la 
partie inférieure, ses divers caractères nécessitant sa séparation de la craie jaune 
de Touraine. La superposition de ces deux étages se trouve vers la limite des dé- 
partements de Loir-et-Cher et d’Indre-et Loire , un peu au-dessous de Mosne et 
de Cangey, et suivant une ligne dirigée à peu près N.-0. S.-E. Plus à l'O., la 
craie jaune se montre seule pour former les collines de Chargé à Amboise. 

Le faubourg d'Amboise, qui remonte au E.-E. le long du château, offre un 
escarpement à pic où sont creusées de nombreuses habitations. Il est composé de 
calcaires mal stratifiés, jaunâtres, friables, avec des parties endurcies, noduleuses 
ou tuberculeuses. Plusieurs de ces tubercules paraissent dus à des spongiaires. 
Les silex sont blonds ou gris ; les fossiles rares ou difficilement reconnaissables. 
La puissance de ces calcaires est de 23 à 25 mètres. Plus haut, en prenant un 
chemin qui tourne à gauche, et aboutit à l’une des grilles du château , on re- 
marque des silex bruns, gris jaunâtre, blanchâtres, jaspoïdes se fondant dans la 
masse. Les rognons sont souvent ramifiés ou digités et tres volumineux. A ceux- 
ci, succèdent des plaques de 0",10 à 0",15 d'épaisseur, qui se montrent à divers 
niveaux et se fondent dans la masse comme les rognons. Dans les endroits où Ja 
silice n’était pas assez abondante , elle a seulement donné lieu à des rognons ou à 
des plaques de grès calcarifères. Les petits polypiers, les Echinides et l’Exogyra 
turonensis se montrent aussi dans les couches supérieures avec l’Exogyra columba et 
la Trigonia scabra, à peu près au niveau de la terrasse du château. Au-dessus, vient 
encore un calcaire jaune, friable, sans silex, entièrement composé de débris de 
Cériopores, de Cellépores , d’Eschares, de Serpula filosa, de Vénus ou Cythérées, 


, 


(N- 1, p. 49. SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 49 
de Trigonia scabra et d'Exogyra turonensis, faiblement agglutinés par un ciment 
spathique. 

Le plateau est recouvert par une sorte de terre grise, assez profonde, 
qui a servi à élever le tumulusappelé la Motte. En s'avançant versl'E., on trouve au- 
dessous un dépôt blanchâtre dépendant du poudingue tertiaire. Celui-ci devient 
rouge ou jaune , et renferme des fragments de craie, de spongiaires et de silex. 
Sur quelques points, on observe, entre la terre végétale et ce dépôt, une glaise 
grise ou brune avec des silex noirs, blancs ou jaunes, parfaitement arrondis. Ce 
petit lit, de 2 à 3 décimètres seulement d'épaisseur, et bien distinct du poudingue 
sous-jacent, est sans doute le résultat d’un phénomène postérieur très différent. 
En général , ces plateaux des bords de la Loire présentent souvent deux sortes de 
cailloux, les uns peu roulés, dont les arêtes simplement émoussées prouvent qu'ils 
résultent de la désagrégation sur place des poudingues ; les autres, tout-à-fait 
arrondis , ont été amenés de loin et mêlés aux précédents lors du dernier cata- 
clysme. 

Au bord du plateau, à la Maloigné, le long de la route de Montrichard , le 
poudingue silicéo-marneux atteint une épaisseur de 20 à 22 mètres, et des caves y 
sont creusées comme dans la craie. Il recouvre celle-ci, qui est jaune, friable et 
renferme des Exogyra columba ; à la jonction, se trouvent quelques lits de sable 
jaunâtre ou glauconieux et des veinules de glaise brune ou verte. 

Sur un coteau peu élevé, situé de l’autre côté du ruisseau, au lieu dit la Blan- 
dellerie, on atteint une craie blanc-grisâtre, avec quelques silex ; plus à l'O. en 
descendant la rue de Bléré, on voit, à partir du poudingue incohérent, une craie 
blanc-grisâtre, micacée, avec silex noirs très nombreux, et dans laquelle des 
caves et des habitations ont été creusées. Vers le bas de la rue, dans une des 
dernières excavations, on reconnaît la craie micacée, d’un gris légèrement 
teinté de vert, sans silex, qui sort de dessous la précédente pour continuer proba- 
blement jusqu'au niveau de la Loire. 

Si l’on compare ces deux collines opposées, séparées par la petite rivière de 
lAmasse , l’une à l'E. surmontée par le château , l’autre à l'O. et en partie re- 
couverte de maisons et de jardins, on les trouvera très différentes dans leur com- 
position. La colline du château est formée par la craie jaune, celle de l'O. par 
une craie blanchâtre, avec silex noirs et reposant sur des bancs identiques avec la 
craie micacée. Il est donc probable que la rivière de l'Amasse coule ici dans une 
fracture qui, sur sa rive gauche, aura relevé l’étage de la craie micacée. La grande 
dénudation qui a si profondément raviné le sol crayeux aura entraîné la craie 
jaune, plus élevée alors sur ce point, et qui par cela seul présentait aux courants 
un obstacle plus prononcé. 

Cette opinion se trouve confirmée en suivant à l'O. le pied de la colline le long 
de la Loire. On trouve en effet, à une demi-lieue de la ville, une carrière ouverte 
dans une craie blanche sans silex, et dont l'épaisseur est d'environ 15 mètres. 

SOG. GÉOL. — 9° SÉRIE. T. II. Mém, n. 1. 7 


50 ÉTUDES CN: 1, p- 50.) 
Plus bas, la même roche renferme des silex gris sur une hauteur de 5à 6 mètres ; 
puis , au niveau de la route, sont des lits nombreux de silex noirs en rognons. Ces 
assises, qui sont certainement les mêmes que celles de la colline occidentale 
d’'Amboise, s’abaissent ensuite vers l’O., et à une distance d'environ 900 mètres 
on arrive aux immenses carrières de Lussault, ouvertes entièrement dans la craie 
jaune. On peut donc admettre que le soulèvement s’est fait sentir dans toute 
l'étendue occupée par la craie micacée avec ou sans silex ; qu'il a eu pour ré- 
sultat de l'élever presque à la hauteur de [a craie jaune du chäteau d’Amboise, 
et que les phénomènes aqueux, qui, plus tard , ont sillonné les plateaux, ont 
nivelé cette surface en enlevant la craie jaune dans l'intervalle. 

Le front des carrières de Lussault, ouvertes sur le bord de la route et faisant 
face à la rivière, n’a pas moins de 550 à 600 mètres de longueur. Les bancs in- 
férieurs, élevés de 10 à 12 mètres au-dessus de la Loire, sont des calcaires jau- 
nâtres, sableux, remplis de tubercules ramifiés, spongiformes, semblables à 
ceux de Loches, de Chinon, d'Amboise, etc. Au-dessus, vient une série de cal- 
caires jaunes ou gris-verdâtres, sableux , glauconieux, durs, solides avec de 
petits polypiers, Exogyra columba, etc. Leur épaisseur totale est de 16 à 18 mètres, 
et la stratification en est extrêmement régulière. Vers le ciel de la carrière, se 
montre un second banc de spongiaires parallèle au premier, et aussi continu. 
Près de l'extrémité occidentale de cette grande falaise arüficielle, etdans un en- 
droit où l'exploitation a été poussée plus bas, nous avons pu reconnaître, sous le 
banc inférieur de spongiaires, un calcaire gris-blanc, glauconieux, micacé, sans 
silex, qui représente la partie supérieure dela colline occidentale d'Amboïise, et qui 
confirme, avec l’inclinaison à l'O., l'existence de la faille que nous avons signalée. 

La craie jaune continue à former lé coteau à gauche de la route; et à l'entrée 
de Montlouis , la craie grise micacée avec points verts et silex noirs, en cordons 
très réguliers, se relève au pied de l’escarpement. Les collines s’éloignent ensuite 
au S., et leur composition, comme nous le verrons bientôt, nous montrera con- 
stamment la craie jaune sur leurs pentes les plus basses ; car la craie micacée 
et ses variétés avec silex noirs ne s’observent plus au-dessous que vers la limite 
occidentale du département. 

Si nous revenons maintenant jeter un coup d'œil sur la rive droite de la Loire 
en face d'Amboise, les deux pentes de la vallée de la Ramberge autour de Pocé 
et de Saint-Ouen nous montreront exclusivement la craie de Touraine surmontée 
des poudingues incohérents:; mais au hameau de l’Érable , situé sur le plateau , 
le sol est formé par la craie de Blois, qui a été traversée dans le creusement d’un 
puits au fond duquel on à atteint la craie jaune. Cette craie, d’un gris blanc, avec 
silex gris, ramifiés, trèsnombreux, se retrouve également vers le fond de la vallée 
près du pont de la Lardrerie ou de Bel-Air. De là jusqu’à Autrèche, le poudingue 
recouvre les pentes, et la craie n’affleure plus. 

En descendant, vers Tours, la rive droite de la Loire, on suit, par les villages 


CN. 4, p. 51) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 51 
de Nazelles, Noizay et Vouvray , des escarpements de la craie jaune caractérisés 
comme ci-dessus. Les coteaux de Rochecorbon , de Saint-Georges, de Marmou- 
tiers et de Sainte-Radegonde en sont également formés. La roche est friable ou 
endurcie par place, et renferme de gros rognons aplatis de silex brun-jaune. 
. Les fossiles y sont assez nombreux, particulièrement sous l’ancienne tour du 
couvent. Ce sont : le Spondylus truncatus, la Terebratula alata, YExogyra columba , 
la Trigonia scabra, la Cucullæa ligeriensis, la Panopæa plicata , une Ammoniies, etc. 
Entre Sainte-Radegonde et Marmoutiers, la puissance du premier étage est de 
24 à 25 mètres: sa structure est peu régulière, et de grandes fissures donnent à 
la masse un aspect fragmentaire ; au-dessus, règne le poudingue tertiaire argilo- 
siliceux, avec des marnes blanches et grises. 

La grande tranchée en face du pont de Tours ayant été recoupée à sa base en 
1843 et 1844, pour établir un rang de maisons de chaque côté de la route, nous 
avons pu reconnaître facilement la composition de cette colline, dans toute sa 
hauteur et telle que la représente la fig. 7, pl. IL. Au bas de la rampe, contre 
la barrière, est une craie jaune, tendre, avec des veines irrégulières ou des nids 
de sable vert, quelquefois de glaise ou d'argile plastique, et des rognons endurcis 
de calcaire entourés d’un enduit mince de sable vert. Parmi les amas de sable 
glauconieux ainsi enveloppés dans la craie, on en remarque dans lesquels un 
sable d’une teinte verte plus foncée forme des taches rondes ou allongées. Il y a 
aussi dans ce sable des fentes remplies par une sorte de. brèche argilo-calcaire. 
Enfin des veinules de sable, ondulées, plus ou moins obliques, semblent rattacher 
ces amas à la petite couche glauconieuse toujours placée entre la craie etle pou- 
dingue tertiaire. Nous avons particulièrement observé ces détails à droite de la 
route; mais à gauche et en face on voit, sur le premier banc, une craie jaune 
friable , à stratification irrégulière, souvent noduleuse et grise vers le haut. L’é- 
paisseur totale de ces deux bancs varie de 8 à 9 mètres. Le second est celui dans 
lequel abondent particulièrement les fossiles tels que le Spondylus truncatus, 
la Terebratula alata , V Arca ligeriensis, des Saleniaet une multitude de petits po- 
lypiers branchus ou à réseau. Une craie grisâtre, micacée, rappelant les caractères 
de la pierre de Bouré, recouvre le banc précédent. Sa surface, très irrégulière 
et présentant de nombreuses cavités, est exactement marquée par un filet de 
sable vert qui en suit tous les contours. 

Ces couches crayeuses sont surmontées d’une marne grise ou blanche, très 
argileuse , empâtant une énorme quantité de silex gris , tuberculeux, rameux et 
diversiformes. À ce premier dépôt tertiaire de 1 mètre à 1,50 d’épaisseur, suc- 
cèdent des marnes lacustres très siliceuses, blanchâtres, qui passent plus haut 
à des marnes jaunes, sableuses, friables, sans stratification prononcée, et que 
recouvrent des calcaires siliceux blancs et de véritables meulières, le tout sur 
une épaisseur d'environ 20 mètres. 

À peu de distance de la barrière d'Angers , on voit encore, dans des escarpe- 


52 ÉTUDES (. , p. 32.) 
ments mis à découvert depuis peu, la position relative de la craie et da dépôt de 
cailloux. La craie constitue de grandes masses peu régulières, blanches, et d’une 
dureté très inégale. Les fentes sont souvent remplies d'argile verte ou de sable, 
et les fossiles sont très nombreux. Encontinuant à s'avancer vers Saint-Cyr, la for- 
mation crétacée, qui, entre Saint-Georges et Rochecorbon, atteignait 50 à 55 mè- 
tres d'épaisseur au-dessus de la rivière et n’était recouverte que par le dépôt de 
cailloux , ne tarde pas à disparaître, et les coteaux sont entièrement formés par 
les dépôts d'eau douce. Ainsi, dans cet espace de moins d’une lieue,on reconnaît: 
1° que les sédiments tertiaires ont commencé par une coucbe de sable vert dont 
l'épaisseur varie de 1 à3 mètres, et qui s’est modelée sur les accidents nombreux 
de la surface crayeuse ; 2° qu’ensuite se sont déposés les cailloux provenant de la 
destruction de la craie, sur des points peu éloignés, el empâtés dans une glaise 
un peu marneuse, grise ou blanche, résidu des calcaires marneux dissous ; 
3° enfin que des dépôts de marnes , de calcaires et de silex d’eau douce se sont 
formés dans une dépression du sol qui, à l'O. de Saint-Cyr, avait au moins 50 à 
55 mètres de profondeur , tandis qu’elle ne s’étendait pas jusqu’au plateau 
crayeux de Rochecorbon, élevé de la même quantité au-dessus du niveau actuel 
de la Loire. 

Le forage des puits artésiens de Tours et des environs nous permet de suivre 
au-dessous de cette ville les caractères et la disposition des couches de la for- 
mation crétacée. Nous prendrons comme exemple le puits de M. Champoiseau, 
dans la ville même , et celui de M. le comte de Richemont, à Cangé, village situé 
à une lieue au S.; tous deux ont été exécutés par M. Mulot, et paraissent avoir 
donné des résultats satisfaisants. Le premier a été poussé jusqu’à 212 mètres au- 
dessous du sol, et a traversé : 1°, 1{ mètres de déblais et d'alluvions modernes ; 
2, 14 mètres de craie jaune avec silex, et de craies diverses; 3°, 47 mètres de 
craie bleue ; #, 19 mètres de marnes dures, blanchâtres ou brunes ; 5°, 4 mètres 
de marnes vertes coquillières ; 6°, 102 mètres comprenant 41 alternances de sable 
micacé, de sable vert, de grès verts et d’argiles sableuses brunes, jaunes ou vertes; 
7° enfin, 15 mètres de marnes dures, blanches et grises. — Le puits de Cangé, 
foré au pied du coteau , a été poussé jusqu'à 178 mètres et a traversé : 1°, 5",50 
de dépôts modernes et de cailloux roulés; 2, 4 mètres de craie sableuse ; 
3°, 3 mètres de craie blanche; 4°, 14 mètres de craie grise à silex ; 5°, 26 mètres 
de craie blanche à silex; 6°, 7",80 de craie grise; 7°, 115 mètres comprenant 
30 alternances de craie verte, de sable, de grès en plaquettes, de marnes ver- 
dâtres et d'argile sableuse brune ou verte; 8, des marnes blanches et grises très 
argileuses. 

En comparant ces deux forages entre eux et avec ce que nous connaissons à la 
surface du sol, nous voyons qu’au-dessous des dépôts modernes, le puits de Tours 
a traversé 14 mètres appartenant à l'étage de la craie jaune, 47 à la craie mica- 
cée, qui est bleuâtre lorsqu'on l'extrait et qu’elle est humide, 19 mètres de marnes 


SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 53 
dures et 4 de marnes coquillières qui appartiennent au 3° étage du second groupe, 
et représentent les bancs à ostracées ainsi que Îles diverses roches qui les accom- 
pagnent. Les 102 mètres qui viennent ensuite dépendent du groupe du grès 
vert, dans lequel nous n'avons point établi de subdivision au S. de la Loire, 
et les 15 mètres de marnes grises et blanches rencontrées au-dessous nous parais- 
sent appartenir à la formation oolitique. Le puits de Cangé est descendu jusqu’à 
ces mêmes marnes, auxquelles il s’est arrêté, et n’a pas eu de craie jaune à tra- 
verser, excepté les n° 2 et 3, qui en sont probablement la partie inférieure, parce 
qu’elle se relève un peu en cet endroit ; les n° 4, 5 et 6 appartiennent à la 
craie micacée, et Les 115 mètres restant comprennent les couches à ostracées et 
toute la série des alternances du grès vert (1). 

En reprenant l'examen des assises crayeuses sur la rive gauche du Cher au S. 
de Tours, nous rappellerons d'abord que,de Montbazon à la descente deGrammont, 
on marche constamment sur le calcaire lacustre recouvert d’un dépôt de trans- 
port mal caractérisé, sableux, grisâtre ou jaunâtre. Dans la tranchée de la nou- 
velle rampe de Grammont, on observe, sous ce même calcaire, des marnes blan- 
ches, grises ou vertes, empâtant des silex de la craie. Leur épaisseur est d'environ 
5 mètres, puis viennent, au-dessous, un banc de craie avec silex et une craie jaune, 
tendre, remplie de fossiles, particulièrement des genres Spondyle et Peigne, asso- 
ciés à de nombreux polypiers. Cette assisese continue à l'E. le long du chemin 
de Saint-Avertin, où elle forme, sur une hauteur de 9 à 10 mètres, la partie 
inférieure de l’escarpement. Si l’on compare maintenant cette coupe à celle de la 
tranchée de Tours, située précisément ea face sur la rive droite de la Loire, on 

“remarquera la correspondance exacte des couches des deux côtés de la vallée, 


telle qu’elle est indiquée pl. HE, fig. 5. 
Les coteaux qui longent à l'O. la rive gauche du Cher, séparé seulement de la 


(N°1, p. 55.) 


(1) Nous avons choisi comme exemples les deux forages précédents, parce qu’ils étaient les plus pro- 
fonds et nous permettaient par conséquent les déductions les plus complètes ; mais pour mieux faire 
connaître les variations que présentent les principaux étages, même à de très petites distances, nous 
réunirons ici les coupes obtenues dans les autres sondages, exécutés soit dans la ville même, soit 
aux environs. Pour les uns nous donnerons tous les détails indiqués dans le recueil de M. Degousée, 
pour les autres un simple résumé disposé suivant les divisions que nous avons établies. 


I. FORAGE DE LA PLACE SAINT-GRATIEN , À TOURS. 


4. Remblais et cailloux roulés de la vallée. 107,37 
— Plage dela loire Om RC 
Aer ÉTAGE. rai 5 ï 5 
Crto aune de 2. Craie semblable à celle CES CENTS « à à SMOME À OC 3 ,25 
‘Touraine, SMarnelcalcairepjaunatre CC 4 ,00 
EE L. Craie compacte, dure, avec débris de coquilles. . . . . 4 ,40 
e . . . 
2° GROUPE. 2° àr 5. Grand banc de craie avec rognons de silex, mica, quelques po- 
Craie tufau PADÈGE, à : 1 à 
76.80 > craenuciees, lypiers. Partie supérieure jaunâtre, pyrites dans la partie 
? DES moyenne, craie blanchâtre vers le bas. . . . . . . . 66 ,95 
5e ÉTAGE. 6. Craie à grains verts avec débris de coquilles, Exogyres, Hui- 
Bancs à ostra- 
cées, 4m,20. (HES TLC CE A M CO Ar Te L ,20 


54 


ÉTUDES 


CN. 1, p. 54.) 


Loire par des prairies basses et souvent inondées dans les grandes crues, montrent 
à Pont-Cher la craie jaune, qui descend jusqu’à leur pied. Au-delà du village, elle 
ne tarde pas à être recouverte, comme précédemment, par le poudingue incohérent, 
puis par des marnes et des calcaires lacustres qui occupent ensuite toute la hau- 
teur de la colline. Sous le château des Touches, la craie jaune reparaît et constitue, 
à partir de ce point jusqu'au-delà de Villandry, la partie moyenne et inférieure 
des talus. C’est toujours un calcaire blanc-jaunâtre, friable, avec parties endurcies, 
cristallines , grises ou jaunes, rempli de polypiers , d'Exogyra columba, de Trigo- 


3° GROUPE. 
Grès vert, 40,20. 


2° GROUPE. 
Craie tufau, 
80,28. 


4er ETAGE. 
Craie june, 
3m,50 


2e ÉTAGE. 
Craie micacée, 
74,25. 


5e ETAGE. 


\ Bancs à ostra- 


cées, 22,75. 


lu 
| 


g NO pa 


li. 
5. 


LORS MES 0 600 © © 6 © 0 6 © © © 
. Marne argileuse. . . . A ES ec 
. Grès calcaire ‘a nappe ascendante), 

. Sable siliceux. Can CMS 

. Grès calcaire. 

. Sable vert. . : 

b Étbo à 5 © 6 & 6 » © 

. Sable argileux compacte. . , 

. Grès calcaire à grains verts. 

. Sable argileux micacé. RE 

. Marnes grises avec polypiers. . . . : . . 


. Sable grossier. . 


. Grès calcaire siliceux. à 
Sable calcaire mêlé de grains ses et de sr de quarz 2 
. Grès calcaire très dur. 


. Sable vert. 

. Marnes ae. avec débris Fe nues. 

- Ces NE à © à à 0 0» o oc 

. Marne lee . 


Grès calcaire coquillier. . 


. Sable argileux micacé. : 
. Marne coquillière et gros sable. . 


Grès calcaire à grains verts. 


2° Nappe ascendante. 


. Argile noirâtre mêlée de grains de quarz et de coquilles. 
S'ÉRSS SOUS GPA To ES DE 
. Sable vert. . 


3e Nappe ascendante et jaillissante. 


. Grès vert très dur. . . . 


Total. . 


II. FORAGE DE LA TOUR CHARLEMAGNE. 


. Remblais et alluvions de la Loire. 


. Tufau semblable à celui des bords de la Loire. 


. Craie marneuse blanche et bleue, avec silex en rognons ou en 


plaques , et plaquettes de calcaire marneux compacte. 
Craie marneuse grise. + + + . .. + + + 


Marne verte sableuse, coquillière . . «+ « + + - 


:93 
,6 
,65 
66 
,29 
92 
:99 
,10 
,76 
Ab) 
,29 
28 
97 
,08 
,22 
10 
,89 
,66 
,66 
:33 
90 
.66 
70 


DNS ORBRSOOSWONSS0W%oe eee 


7 ,50 
3 ,99 
4 ,60 


62 ,28 
14 ,97 


2 ,73 


CN. 4, p. 55.) 


SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 


55 


ma scabra, d’Ammonites rhotomagensis, et ressemblant souvent à la pierre de 
Sainte-Maure, de Chinon , d’Amboise, etc. 
Dans les caves-gouttières de Savonnière, remarquables par les stalactites qui 

s’y forment journellement , la couche la plus basse, de même que tout le long du 


parc, est une craie blanc-jaunûtre, 


tendre , assez homogène, sans fossiles, de 2 


mètres d'épaisseur, et dans laquelle ont été creusées de temps immémorial de 


GMCTÉSAVER TER Ne AN ME TN UC EN 0 
7. Argile verte COMpacte.. .. … TE nt 
8. Sable et grès vert alternant (eau een dante) 
OVATBILE VOTE... CCE OUeC Re 
10. Sable vert aquifère et He vert GHLERTAN ER D 
HR SADIe are le EE ce ele LL. 
3 GROUPE. 19, ÉNEUNES ces o1rat toto SOON 

Grès vert, 69,75. 13. Sable gris. . . . D AGE CNE RE 
14. Sable gris et plaqueltes Le ÉD Loue FPS Er 
HS MORSICAICAILE A TC NC D ce. 
16. Sable gris mêlé de plaquettes, . . . SE < 
17. Sables verts, grès verts et argiles alternant (eux jaillissante 

| dans les sables). 
Total. 


III. FORAGE DU FAUBOURG LARICHE. 


Remblais, alluvions et cailloux roulés (l’étiage à 5m). . , . 


4. 
2. Marnecalcaire blanche,et bancs caleaires de différentes épaisseurs. 
Silex disséminés, ou réunis par lits . . . . : 
FE nes 3. Marnes bleues avec rognons de silex. LE 8 
9° GROUPE, £8m,49 L. Marnes et bancs calcaires. Lits de silex en rognons. . . 
90,55. Es 5, Marnes avec silex en rognons et pyrites. 
pare 0 a 4 6. Trois petits bancs de grès verts avec coquilles et deux couches 
\ cées. | JONMANeSMENES NE NC TN ne 
7. Argile compacte verte. . . + . . e 
8. Grès verts assez tendres et alternant avec: “des Ge et des 
sables-verts (eau jaillissante).. + + 2 + 
DPALSIleIbIeUC He OMS EAST Ie EE UT SR CAN 
3° GROUPE, 30,20. 10. Grès vertdur. . . . FANS Loire E 
Sables verts et plaqueties de grès verts de jailissante). . 


Pc) 
EE EE 
© D 


GT SÉVOE LE SU a eue ee ele à 
Sable vert d’où s'élève la le source outre ne 


OLA ee LE 


IV. FORAGE DE LA CASERNE DE CAVALERIE, 


Remblais’et alluvions de laLoirest 1 . + . + . + . . 
[ex diverses de craie avec silex alternant onze fois, et formant 


EE CEE Fe MONET OC 
Craie marneuse à grains verts (bancs des ostracées, 3° étage). . 


23 alternances d’argiles sableuses vertes, de sable vert et de grès 


2° GROUPE, 75m,33. 


3° GROUPE , 467,27, 
VON RS SE Me se leo: = de 
TUE one 
1"° nappe ascendante à 83",16 ; 2° nappe ascendante et jaillissante 
à 108,85 ; 3° nappe jaillissante à 128 mètres. 


0 
l 
8 
tn 
2 
4 
L 
£ 
3 
0 
3 


33 


,18 
»74 
,92 
98 
00 
:82 
398 
,11 
89 
,89 
DU 


>00 


161,66 


s°,74 


17 
11 
38 
20 


67 
,26 
97 
,29 


,06 
,00 


6”,82 


66 
8 


46 


,62 
,61 


01 


128°,32 


56 


2 GROUPE, 8/1m:0/4. 


3° GROUPE, 047,18. | 


3° GROUPE , 91,m07. 


2° GROUPE, 8/Ims99e 


8° GROUPE, {HAm,70. 


2° GROUPE , 88,11. 


3° GROUPE, 72,06. 


ÉTUDES (N-1, p. 56.) 

nombreux souterrains. Ceux-ci paraissent s'étendre sous tout ce côté de la 
colline, mais la plupart d’entre eux ont été bouchés ou interceptés par des ébou- 
lements. Dans quelques parties des anciennes carrières de Savonnière où se 
forment les stalactites , des effondrements de ce genre ont produit de véritables 
cavernes qui permettent de reconnaître, au-dessus de la couche exploitée, une 
craie glauconieuse, tendre, avec de très grandes Trigonies, puis une craie jaunâtre, 
avec Peignes, Inocérames et Térébratules, et enfin, formant la voûte de l’excava- 
tion, la couche à Spondylus truncatus et S. Duplicatus, Pecten quinquecostatus, Lima 
Dujardini, Ammonites polyopsis, etc., fossiles que nous avons signalés toujours au 


V. FORAGE DE LA CASERNE D'INFANTERIE. 


Remblais et alluvions de la Loire. . . . . . 8°,77 
Craie jaune (1 étage) ae 19 ,9/% 
Craie micacée (2° étage ). . . . . . 2 68 ,95 
Marnes argileuses vertes, niveau des nues (3° Gen) Die 2 ,65 
Alternances degrès et de sables verts, d’argiles noires ou verdûtres; 
DONNE os © 600 8 à ln © à 6 Do 9 0 54 .18 
Total. . 117509 
VI. FORAGE DE L’ABATTOIR. 
Remblais et alluvions.. + . . 117,66 
Craie micacée purement calcaire vers le ani, oi à marneuse , et 
2° GROUPE , 101»,99. gris-bleuâtre ou verdâtre ; silex et fossiles Mere (2° étage). 99 ,66 
Craie glauconieuse et fossiles, banc des ostracées (3° étage). 4 ,67 
Argiles, sables et grès verts; eau jaillissante, . . . . 91 ,67 
Totale 11/1606 
VII. FORAGE LE LA BRASSERIE, CHEZ M. TESSIER. 
Alluvions. . . . LE ANS Le 6 ,66 
{craie marneuse et marnes Aer mitacses| EÉEB) à 0 82 ,00 
Glauconie crayeuse. Niveau des ostracées (3° étage). UE 2 ,33 
Argiles, grès et sables. ( Eau jaillissante à trois en le plus 
Das à 429m)22 dis lo es ce re MOT CR OC 0 US TE 70 
Total 135°,69 
VIII. 2° FORAGE DE LA BRASSERIE. 
Coupe semblable à la précédente jusqu’à 431m,33 ; cinq nappes 
jaillissantes ont été rencontrées, la dernière à 130 mètres. 
IX. FORAGE DU PRIEURÉ DE SAINT-ÉLOI. 
Remblais et cailloux roulés. . . . . . . - 72,69 
Craie micacée (2° étage) et peut-être quelques bancs de craie aus 84 ,22 
ne des ostracées (3° étage). ARE 2 MONS 5 3 ,89 
Argiles, sables et grès verts rene RE Et co Vo © 72 .06 
OA 7 1672,80 


Plusieurs nappes jaillissantes ont été rencontrées de 100 à 115 
mètres. Le forage a été suspendu par suite d’accident. 


* CN-4, p.87.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉEÉ. 57 
même niveau à la descente de Grammont et dans la tranchée de Tours. On voit 
d'ailleurs cette couche affleurer à l'entrée d’une carrière située à 400 ou 500 mè- 
tres plus loin, sous les murs du parc de Villandry. Nous donnons ici la liste des 


X. FORAGE DE SAINT-PIERRE DES CORPS, PRÈS TOURS. 


Par M. Mulot , pour M. le comte de Richemont. 


Terre végétale et gravier. . . . RME EN | 42,22 

Craie sableuse avec nodules calcaires Πee LAS DANSE + L ,88 

Craie blanche avec coquilles et grès calcarifère. . . . . . . 3 ,90 

rs Craie grise micacée. . . . RE ee dre etant et O0 

9° GROUPE, / © | Craie blanchâtre micacée avec die ire Co: Mise di 26)OT 
507,38. ! Craie grise avec traces delignite. . . . De NME 7 ,80 
3e ÉTAGE. 5m,19. Craie verte et grès vert alternant (banc des RU) sr Le 3 ,49 

Argile micacée, verte, sableuse, et grès vert, . . . . . . . . 0 ,93 

Sable et grès vert alternant. . Sr in. SA re VAE 6 ,90 

AGE TCISADIENS CPP 3 ,90 

Grestetisablevertsr tell Net ne 22 44 

x : Pelé DEUNEDRIEA EN RE CRU CC D UN 14 ,30 
PS ODREASIETE Galcaire siliceux, sable vert, grès et argile . . . . . . . . 8 ,77 
SADIESIE SE CSAUET ER EE Ce es Le 6 ,17 

Grès calcaire (eau jaillissante). . . . . . 1 ,30 


Télé & à Loc à SES 
XI. FORAGE DE LA VILLE AUX DAMES, 
A huit kilomètres à l'E. de Tours, chez M. Lecompte. 


Alluvions et cailloux roulés.. . . . . . NRtes Le 52,50 
Craie grise, marneuse, avec calcaire compacte ci silex € en Hire à 25 .68 
me Craiehlanchatre avec silex PT EN D D 16-21 
e ÉTAGE. ; R ; 
2. GROUPE 512,02. es blanchatte sans silex RPC TE M - Ue 3 ,90 
59m 97. | Craie avec plaquettes calcaires. . . . . . . . . . . . 5 ,20 
3e ÉTAGE. 4m,93. Couches à ostracées. . . « . + . 4 ,95 
3° GROUPE, 10" ,26. Sable et grès vert (cinq nappes Dante la icones 67» 16). 10 ,26 
HOtA M ET 6679 
. XII. FORAGE DE SAINT-CYR PRÈS TOURS, CHEZ M. BRETONNEAU. 
Terres rapportées et alluvions. . . + . «+ . + + + + . : 92,74 
SA QE DEEE PE CAG EUN ONCE MOMENENONONCNNONNC NO CINCNCNC 8 ,45 
* GR rer 
gum A3. 4 Étiage de la Loire à 18°,19. 
PRETAGE ETES CTAICNICAC Ce EU et Mie. el. 0-0 -0075008 
3° GROUPE , 99° ,96. Argile, sable et grès vert alternant. . . . . . . . . . . à 56 


Fotal cr d2r (S 
2 nappes ascendantes et 3 jaillissantes, dont la dernière à 
115,79, ont été rencontrées; travaux suspendus. 


XIIL. FORAGE DE ROCHECOTTE (COMMUNE DE SAINT-PATRICE) CHEZ M*° LA DUCHESSE DE DINO. 


2° GROUPE, Î a Ener ICT ATEMIEAL Ce eines ele et nc ie cles te 060,00 
76,38. 3e grace.  Argile vert foncé, micacée, coquillière et sableuse. . . . . . . 16 ,55 
3° GROUPE, 52°,67. Sables, grès verts et argiles vertes sableuses alternant. . . . . 52 ,67 


Ho 120 06 
Nappes jaillissantes. 
On voit, en résumé, que les forages exécutés dans la vallée de la Loire, aux environs de Tours, 6u 
SOG. GÉOL. — 2° SÉRIE. T.II. Mém. n° 1. 8 


58 ÉTUDES CN: 4, p- 58.) 
principaux fossiles que nous avons recueillis dans la couche à Spondyles, tant au 
N. qu'au S. de Tours. 


Syphonia, plusieurs espèces ; Lunulites cretacea, Defr. (ce n’est point une Lunu- 
Tragos ; lite, mais un spongiaire). 
Coscinopora infundibuliformis, Gold. Nucleolites depressus, Gold. (Catopygus, id., Ag.) 
Millepora, plusieurs espèces ; Salenta geometrica , Ag. 
Ceriopora milleporacea, Gold. ——-— nov. Sp. 
———— pustulosa, id. Cidarites vesiculosus , Gold. 
———-— (nov. sp.), ———— (indét.). 
Retepora ; Pyrina ovulum, Ag. 
Cellepora echinata, Gold. Asterias (osselets détachés }); 
———— (nov. sp.). Apiocrinites ellipticus, Mill. 
Discopora, plusieurs espèces ; Serpula filosa, Duj. 
Heteropora mirabilis, Nob. Panopæa plicata, d'Orb. 
Eschara, plusieurs espèces; Psammobia circinalis, Duj., an Arcopagia ra- 
Flustra, plusieurs espèces ; diata, d’Orb.? 
Defrancia complanata, Roem. (an Tubulipora Corbis rotundata, d’Orb. 
Brongniarti, Mich ?) ; Mytilus solutus, Duij. 


dans la ville même, confirment pleinement la succession et les caractères des principales assises que 
nous avons établies. La craie jaune qui forme les coteaux devait être traversée sur une très faible 
partie de sa base seulement, et souvent même manquer tout-à-fait , se trouvant supérieure à l’orifice 
des puits. 

Quant aux résultats économiques, on peut remarquer qu’ils ont été obtenus à des profondeurs très 
différentes, depuis 60 mètres environ dans le puits de la Ville-aux-Dames, jusqu’à 212 mètres dans celui 
de Cangé, et dans des couches placées à des niveaux très distincts, quoique toujours compris dans 
l'épaisseur du troisième groupe. Le nombre des nappes d’eau jaillissante ou seulement ascendante est 
très variable à de fort petites distances ; ce qui résulte des nombreuses alternances de roches qu’on 
observe dans la composition du groupe, et des variations que ces alternances subissent dans des 
espaces très restreints. Les forages entrepris dans de pareilles conditions sont donc soumis à beaucoup 
d’éventualités locales, qui , loin d’affaiblir les chances générales de succès, les rendent au contraire 
plus probables en les multipliant. 

M. Dujardin ( Ann. de chimie et de physique, t. LVI, p. 215,1835 ) avait remarqué que l’eau 
des fontaines des environs de Tours, qui ont toutes leurs sources dans la craie ou dans les calcaires 
lacustres, ne donne, dans la pellicule qui se forme par l’évaporation, que des cristaux rhomboédriques 
de carbonate de chaux; celle des puits ordinaires, qui contient du nitrate de potasse , du carbonate de 
chaux, etc., doune des cristaux rhomboédriques de carbonate de chaux et des cristaux de 
sulfate de chaux. Les eaux de la Loire ne présentent jamais de pellicules pulvérulentes à la surface 
du liquide qui s’évapore ; enfin celles des puits artésiens offrent seules le carbonate de chaux cris- 
tailisé en prismes comme l’aragonite; circonstance que M. Dujardin attribuait aux traces de carbonate 
de strontiane qu’il avait constatées dans ces eaux. Mais on sait aujourd’hui que cette forme de la 
chaux carbonatée est tout-à-fait indépendante de la présence du carbonate de strontiane, puisque 
des cristaux soit naturels soit artificiels n’en contiennent pas un atome, tandis qu’elle paraît due 
à des circonstances de température plus élevée. Ce fait s’accorderait encore avec l'observation de 
M. Dujardin, puisque les eaux des puits artésiens ont une température supérieure à celle de la 
Loire, des puits ordinaires et des sources des environs de Tours. M. Viollet a fait voir en outre 
( séance de l’Académie des Sciences, 15 juin 1840 ) que les perturbations dans la quantité et dans 
les caractères des eaux artésiennes de Tours étaient indépendantes de l’état et du niveau des rivières 
environnantes, ce qui résultait sans doute du grand éloignement des sources d’alimentation. 


CN.4, p. 39.) SUR LA FORMATION ERÉTACÉE. 59 


Trigonia spinosa, Sow. (an tenuistriata, Duj.}) ————— plicatilis, id. 

== RS DER ee alata, Lam. 

Arca Mailleana, d'Orb. ————— vespertilio Broc. (var. de la précédente, 
Lima semisulcata. Desh. et une troisième variété ). 

—-— Dujardini, id. ————— albensis, Leym. 

Spondylus truncatus, id. ————— ovoides, SOW. 

———-— duplicatus, Gold. Acteonella crassa, d'Orb. (Volvaria, id. Duj.). 
Pleurotomaria perspectiva, Sow. 


———-— (nov. sp.). 
Pecten quinquecostatus, Sow. Trochus ornatus, Dui. 
Ostrea vesicularis, Al. Brong. Ammonites polyopsis, Duj. 


———— Requienianus , d'Orb. 
———— rhotomagensis , AL Brong. 
——-—-— (indét.). 


Exogyraauricularis (G. id. AI. Brong.) 
———— columba, Gold. 

———— lturonensis, Nob. 

Terebratula octoplicata, Sow. 


Enfin, d’après M.Dujardin, des débris de crustacés seraientencore très nombreux 
aux environs de Ballan, des Touches , de Savonnière, ainsi qu’à Rochecorbon. 

Avant de nous éloigner de cette partie de la vallée de la Loire, nous dirons 
quelques mots de celle de la Brenne, petite rivière qui se jette dans la Loire 
au dessous de Vouvray, après s'être réunie à la Cisse. Jusqu'à Villedômer, on 
voit les couches de la craie de Touraine déjà signalées dans la vallée de la Rem- 
berge. A la maison de l'Arche, hameau que traverse la route, de Tours à Château- 
Regnault (1), on trouve vers le bas un calcaire sableux, glauconieux, avec de nom- 
breux Cériopores, et au-dessus, le calcaire jaune arénacé, avec le banc des fossiles 
de Tours ( Vénus ou Cyprines : Trigonia scabra, Arca Mailleana ou ligeriensis, 
Exogyra turonensis, de petites Huitres, etc.). Cette roche est massive, son 
épaisseur est de 11 à 12 mètres, et elle renferme des veinules et des nids de sable 
vert. Ces couches se voient encore au S., dans le vallon de La Noue. 

Si, quittantla grande route,on suit lechemin de Villedômer, on trouve la partie 
inférieure du premier étage exploitée et donnant une sorte de grès calcarifère gris, 
très sableux, avec points vertset paillettes de mica, annonçant ici le voisinage de 
la craie micacée , comme au bas du château de Chinon. La dureté de la roche est 
très inégale , et on y rencontre, de même que partout à ce niveau , beaucoup 
d'Exogyra turonensis et la Pholadomya Marrotiana , d’Orb. Plus loin, au-dessus du 
calcaire indiqué précédemment, se montrent le sable vert micacé, qui forme la 
base du dépôt de silex, et des marnes lacustres tertiaires, très développées sur 
le côté droit de cette petite vallée. Parmi les fossiles qui caractérisent ici les couches 
moyennes de la craie jaune, noussignalerons particulièrement l'Exogyra columba, 
qui acquiert des dimensions tout-à-fait exceptionnelles. Des amas de sable glau- 
conieux et argileux, semblables à ceux de la tranchée de Tours, sont assez 
fréquents et résultent de filtrations des premiers sédiments tertiaires dans les 
fentes et les cavités de la roche crayeuse sur laquelle ceux-ci se déposaient. Des 
rognons endurcis de même teinte y sont aussi très abondants. 


(1) Ce hameau porte aussi dans le pays le nom des Vallées. 


60 ÉTUDES (N.4, p. 60) 

Avant de descendre à Villedômer, le chemin coupe les dépôts de marnes et de 
silex tertiaires qui ont été traversés dans le puits de la marnière située au- 
dessus du village et en face du château. Les couches atteintes au fond de ce puits 
sont celles que nous venons de signaler à la base du coteau de la maison de l'Arche. 
On y trouve les mêmes fossiles et l4mmonites W'oolgari ou peut-être une variété de 
V4. rhotomagensis. La colline à laquelle est adossé le village même, et qui se pro- 
longe jusqu’à la descente de la route au hameau des Roches, est composée de craie 
jaune. La craie sableuse exploitée pour l'amendement des terres sur les territoires 
de Nouzilly et de Monnoye, par des puits de 40 à 60 mètres de profondeur, corres- 
pond encore à celle de la maison del’Archeet repose sur la craie micacée propre- 
ment dite. 

Les environs de Chäteau-Regnault sont particulièrement occupés par des pou- 
dingues, des marnes sableuses, des sables ferrugineux, des cailloux roulés de 
diverses sortes, des glaises, des meulières et des grès lustrés dont la position re- 
lative n’est pas toujours facile à saisir. On peut étudier ces dépôts, d’abord dans un 
grand ravin à gauche de la route de Tours, avant d'entrer dans le faubourg; puis 
à l'E. sur le chemin d’Autrèche et dans le vallon de Jaunay ; au N. sur les côtés 
de la route de Vendôme, sur le chemin de Neuville et autour de ce village. Partout 
ils recouvrent et masquent les affleurements de la craie. A VE. de Neuville, cepen- 
dant, cette dernière est exploitée dans une carrière assez profonde. Vers la partie 
inférieure, la roche employée comme pierre d'appareil est jaunâtre, dure et à 
cassure conchoïde. Plus à l'O., près du village du Sentier, on extrait un cal- 
caire arénacé, grisâtre, micacé, avec points verts, semblable à celui du hameau 
de Arche. Il paraît y occuper le même niveau, et il renferme, outre les petites 
Huîtres , de nombreuses pattes de crustacés identiques avec celles que nous avons 
signalées aux environs de Gourdon { Lot). Ces dernières se trouvent encore dans 
une roche minéralogiquement semblable à celle-ci, et que nous regardons comme 
du même âge. Les bancs exploités à Saint-Marc-la-Pile, sur la rive droite de la 
Loire, paraissent aussi correspondre à la partie inférieure de la craie de Touraine, 
tandis que ceux de Saint-Paterne annonceraient un affleurement de la craie mi- 
cacée. 

Le second étage que nous avons vu former la base des collines qui longent la 
Vienne aux environs de Chinon, et qui se prolonge à l'E. par l'Ile-Bouchard jus- 
qu’au midi de Sainte-Maure, où nous l'avons décrit, se relève en s'avançant à l'O. 
et cesse bientôt d’être recouvert par la craie jaune (4). On le suit constamment dans 
les coteaux de Candes, de Montsoreau , de Parnay, de Dampierre et de Saumur. 
Les Inoceramus, le Pleurotomaria perspectiva , \ Ammonites peramplus, V4. Mantelh, 
la Trigonia scabra, la Cyprina ligeriensis, ete., s'y montrent çà et là. La roche est 


(1) I resterait à déterminer les limites de cette dernière, n'ayant point examiné la partie supé- 
rieure des collines entre Candes et Parnay. 


CRM PIp 61) © SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 6 
toujours tendre, micacée, d’un gris plus ou moins verdâtre. Son grain est fin, 
uniforme, etsa structure souvent massive. Avant le village de Candes, la pierre 
est un peu plus blanche, plus sèche , moins sableuse, et se fendille comme la craie 
du Nord. Les carrières de Montsoreau et celles de Saint-Cyr-en-Bourg fournissent 
les pierres Les plus estimées. 

Entre Dampierre et l'extrémité du faubourg de Saumur, on voit paraître sous 
la craie micacée les couches à ostracées. Derrière l'auberge de Gondouin, la su- 
perposition des deux étages est mise bien à découvert, et l’inclinaison des couches 
au 5. yest parfaitement indiquée ainsi que dans une petite carrière située à côté. 
La coupe de l'escarpement donne du haut en bas : 


4° Craie micacée ( Ammonites peramplus, Cyprina ligeriensis ). Des habitations v sont 
CHOUSCCS NCA NDARUENSUDÉELCURE PM NET UEUNEMEANE EN AE EU 3500 
2° Sable glauconieux, argilo-calcaire, passant à une marne sableuse, grise plus ou moins foncée, 
avec Ostrea biauriculata, Exogyra flabellata, E. columba, Strombus inornatus , Téré- 


AIS CE NN Ce = RE NU U 
3 Lit de sable Ærogyra columba, variété minima . . . . . . . . . . . . 0,50 
HNCTÉSAVER ATOUT ENREN NT 3 ,00 


5° Grès vert en rognons endurcis, jusqu’au niveau de la route. 


Le relèvement indiqué pl. IE, fig. 8, continue jusque sous le château. La coupe 
du grand escarpement qui se voit sur le bord de la Loire, près de l’hospice de la 
Providence , n’est que la continuation de celle-ci. Elle a été signalée lors de la 
réunion de la Société géologique en 1841 (1); mais il ne paraît pas que ce relè- 
vement, ni les accidents plus remarquables encore qui se trouvent entre ce point 
et Saint-Maur-sur-Loire , aient attiré l'attention des personnes quis’ y trouvaient. 

Cette disposition particulière des couches crétacées explique, en outre , de 
la manière la plus simple, les résultats peu satisfaisants du forage artésien en- 
trepris sur la place Saint-Pierre, et poussé jusqu’à 130 mètres. L'eau de la plus 
profonde des trois nappes que l'on a atteintes ne s’est élevée qu'à 6”,60 au-des- 
sus de l’étiage de la Loire, ou à 5 mètres au-dessous du pavé, et ne s’y est point 
maintenue ; ce qui tient sans doute à l'imparfaite conductibilité des strates inter- 
rompus par la faille. On avait traversé 12" , 40 de remblais et de sable d’alluvion, 
41 mètres de craie micacée et marneuse appartenant au 2° étage , puis 42 mètres 
de sable vert, de grès vert, de grès coquilliers, d’argiles marneuses vertes ou 
bleuâtres, alternant, et qui comprennent, outre le groupe du grès vert, les 
couches à ostracées. Au-dessous de quelques bancs dépendant encore du grès 
vert,on a fait pénétrer la sonde jusqu'à 24 mètres dans des marnes très crayeuses, 
où l'on s’est arrêté sans obtenir d’eau jaillissante, comme on aurait pu le prévoir, 
si les personnes consultées par M. Degousée s'étaient rendu compte de la 
position des couches (2). 


(1) Bull. de la Soc. géol. de France, t. XIX, p. 482. 
[2] Ces détails, donnés dansle Bull, de La Soc. géol., t XII, p. 463, diffèrent un peu de ceux rap- 


62 ÉTUDES CN. 1, p.62.) 

En comparant ce forage à la coupe du grand escarpement du quai, il semble 
naturelde chercher pourquoi les premières couches du grès vert qui, au bas de cette 
coupe, se montrent à 5 ou6 mètres au-dessus de la rivière, n’ont été atteintes dans 
le forage qu'après avoir traversé 41 mètres de craie micacée : or, cette circon- 
stance provient de ce qu'indépendamment du pendage des couches au S., elles 
paraissent arquées, de manière à incliner aussi très sensiblement à l'O., comme 
nous le ferons voir tout-à-l'heure. Les différences que présente ce sondage com- 
paré avec ceux de Tours portent particulièrement sur la diminution du grès vert, 
qui, de 102 et 115 mètres d'épaisseur, se trouve réduit ici à 42 mètres ; car 
les 24 mètres de marnes crayeuses traversées au fond du puits appartiennent à 
la formation oolitique, counme à Tours et à Cangé. 

Les fossiles que nous avons trouvés dans le banc des ostracées, derrière l’au- 
berge de Gondouin et dans les premiers lits du grès vert de cette localité, ainsi 
qu'au pied du grand escarpement du quai, sont : 


Spatangus acutus, Desh. Terebratula, biplicata, Sow. 
Arcopagia numismalis, d'Orb. ——-——— depressa , id. 
Cardium hillanum, Sow. ___ _  ——-——— lala, id. (var. passant à la T. depressa). 
Mytilus ligeriensis, d’Orb. ——-— —— lentoidea, Leym. 
Exogyra recurvata, Sow. (E. columba, var. mi- Strombus inornatus, d'Orb. 

nima, Gold.). Ammonites Mantelli, Sow. 
———— columba, var. Minor, ————— figurée dans la Paléontologie française, 
———— id., type. pl. 108, f. 1, 2, sous le nom d’A. Woolgari, Mant. 
——— — flabellata, Gold. et à laquelle nous conservons celui de Cenoma- 
Ostrea biauriculata, Lam, nensis, qu’elle porte dans la collection du Mans. 


En montant sur le plateau de Champigny-le-Sec à l'E. dela ville, on atteint des 
sables jaunes tertiaires avec des grès quarzeux, subordonnés, qui recouvrent les 
calcaires lacustres siliceux , soit compactes, soit celluleux et meuliériformes. Le 
sol est formé par un terrain de transport composé de fragments de roches arénacées 
ferrugineuses. En redescendant par la route de Loudun, on marche constamment 
sur les sables tertiaires , qui s’abaissent beaucoup plus ici que de l’autre côté, et 
dont une exploitation se voit à mi-côle au-dessous des moulins, et à un niveau 
qui correspondrait à la partie moyenne de l’escarpement crayeux du N. (pl. II. 
fig. 8). Ce relèvement serait ainsi postérieur au dépôt tertiaire et daterait de l’é- 
poque de la formation de la vallée. L’inclinaison au S., fort exagérée dans la coupe, 
paraît être d'environ 4°, et la Loire coule en cet endroit dans une ancienne fracture. 

Si de Saumur on continue à s'avancer vers l’O., on voit la craie micacée s’a- 
baisser aussi dans cette direction ; l’abaissement est bien marqué par les ouver- 


portés par M. Lechâtelier (Sfafist. du départ. de Maine-et Loire , p. 187), et nous les avons pré- 
férés comme nous paraissant plus précis. Le registre de M. Degousée indique 136 mètres de pro- 
fondeur, dont tufau ou craie micacée, 66,66; grès vert, A5 mètres; l’eau s'est arrêtée à 1°,50 en 
contre-bas du sol de la place, qui serait à 14°,50 au-dessus de l’étiage. 


(N. 4, p. 65.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 63 
tures des carrières, toutes pratiquées dans le même banc qui représente ici la bille 
de Loches et la pierrede Bouré des bords du Cher. A Saint-Hilaire, elles sont à près de 
20 mètres au-dessus du chemin qui suit la rivière, elles s’abaissent successive- 
ment à Chenehutte, Treve, Cuneault, et finissent à Gennes par se trouver au ni- 
veau même du chemin. Vers Bessé, un peu avantLe Thoureil, on voit affleurer sur 
le bord de l’eau de nouvelles couches qui, se relevant insensiblement, forment la 
berge de la Loire jusqu’à Saint-Maur. Ce sont des calcaires jaunes, en masses 
bréchoïdes ou en bancs épais. La roche est dure, et renferme de nombreux ro- 
gnons de silex ramifiés et disposés en lits assez rapprochés. Ces silex sont gris ou 
bruns et semblables à ceux de la craie blanche. Ces couches, d'après tous leurs 
caractères, assez voisins de ceux que nous avons signalés dans les escarpements de 
Poitiers, et d’après quelques fossiles qu'on y trouve, appartiennent probablement 
au groupe inférieur de la formation oolitique. 

Au four à chaux de Saint-Maur, la coupe de la carrière et celle de l’escarpement 
naturel qui borde la rivière montrent la série suivante de haut en bas. 


4° Sables et grès ferrugineux tertiaires RC ICONS SE . 16,00 
2° Lit de marnes blanchâtres avec points verts (Spafangus acutus, Desh. S. truncatus , 
Gold. S. voisin, mais distinct des S. prunella et bufo, Lam. Arbacia (nov. sp.), Mytilus 
ligeriensis, d’Orb.? Ostrea biauriculata, Lam. Exogyra columba, Gold. Æ!. flabellata, 
id. T'erebratula biplicata, Sow. T. depresr NAT AGCUIG Ad PIN 502) NT 00 


3° Sable vert sans fossiles. : 8 ,00 
L° Poudingue à noyaux de quarz et DU très Rore 4 ,00 
5° Poudingue et marne blanche, sableuse, micacée, empâtant de ser Ie dr. ; 

brisés, mais non roulés, - h ,00 
6° Calcaire j jaune, dur, avec silex et Anramerent à la Cnnen He OA UT ee 00 


Les trois premières assises se voient particulièrement en montant la colline 
par le chemin qui tourne derrière le château. ; 

Il y aurait ainsi dans cet espace de 3 kilomètres qui sépare Gennes de Bessé 
un des accidents les plus remarquables que puisse offrir la formation crétacée 
de ce pays, et dont nous regrettons seulement que le temps ne nous ait pas per- 
mis de faire une étude plus complète. La craie, qui à Saumur atteignait 50 mètres 
au-dessus de la rivière, disparaît tout-à-fait à l'O., et elle est remplacée par des 
couches oolitiques qui s'élèvent de 8 à 10 mètres au-dessus du même niveau. 
Celles-ci supportent le groupe du grès vert, réduit à une épaisseur de 15 à 16 
mètres, puis les bancs à ostracées, et enfin les couches tertiaires qui couronnent 
des collines à peu près de même hauteur depuis Saumur. On doit donc supposer 
qu'une faille très considérable a relevé les couches oolitiques et crétacées à l'O. 
de Bessé, avant le dépôt du terrain tertiaire.Le sondage du puits de Beaufort ayant 
rencontré le calcaire oolitique à une très faible profondeur, peut faire penser aussi 
que la fracture était dirigée N.-N.-E. S.-S.-0., et qu'elle aura été coupée presque 


64 ÉTUDES CN. 1, p. 64) : 
à angle droit, lors du creusement de la vallée de la Loire, peut-être par une 
seconde fracture (1). 

La disposition de la craie micacée, depuis Saint-Hilaire, serait favorable à 
cette hypothèse, puisque cet étage serait plus bas du côté vers lequel la faille 
doit incliner; mais nous n'avons pas encore la certitude que le pendage des 
couches oolitiques soit conforme à cette supposition. Quoi qu'il en soit, il faut 
aussi admettre que la craie micacée qui a dù surmonter les bancs à ostracées 
a été enlevée avant Le dépôt des sables et grès tertiaires, comme nous l'avons sup- 
posé pour la craie jaune à l'O. d’Amboise. 

Cette coupe de la colline de Saint-Maur démontre en outre de combien 
la formation crétacée s’est amincie en se relevant graduellement depuis Tours. 
Le groupe du grès vert, entre autres, qui, dans les puits forés de Tours et de Cangé, 
atteignait d’abord une épaisseur de 102et 1 15 mètres, et qui descendait à 192 mètres 
environ au-dessous de l’étiage de la Loire (2), dans le puits de Saumur n'avait plus 
qu'une puissance de 42 mètres et une profondeur de 100 mètres au-dessous du 
même point, et enfin à Saint-Maur, où sa couche la plus basse est à 10 mètres 
au-dessus du fleuve, il est réduit à une épaisseur de 16 mètres. Ces dernières 
considérations prouvent un relèvement beaucoup plus rapide entre Saumur et 
Saint-Maur qu'entre Tours et Saumur ; car il serait de 110 mètres dans le pre- 
mier cas sur une distance de 5 lieues, et seulement de 92 dans le second sur la 
distance de 15 lieues et demie qui sépare Tours de Saumur. En outre, il faut tenir 
compte de la pente de la rivière, dont nous avons pris sur ces divers points 
le niveau le plus bas pour terme de comparaison. Cette pente peut être estimée 
à 10 ou [1 mètres entre Tours et Saint-Maur, quantité qui doit être ajoutée au 
chiffre du relèvement à l'O. On aurait donc une probabilité de plus pour admettre 
l'existence de la faille dont nous avons parlé, et il semble même que cette proba- 


(4) FORAGE DE BEAUFORT. - 
AWRemblaisideiterrevépétale ONE RE RC RER 6,566 
DRMAUNES IL ETÉEUSES EE 5 ,00 
GDS UE 5 Mo OMS St GE © là à 00 5 6 © € k ,00 
HMAMÉITENSChISLEUSCIMICACE CE NE TE 415 ,00 
5. Sable quarzeux, argile brune, silex et argile, . . . . . . = . . 6 ,65 
6. Calcaire siliceux, argiles schisteuses, Bélemnites et Ammonites au-dessous. 74 ,84 
7. 1GalCaire-MarDre ES CE 2 ,00 
8HOCHISTESIMICACÉS TE HOUALZ ET 2717 

141 ,32 
Eau ascendante à 27,95 en contre-bas du sol de la place. F 


(2) Nous devons dire que ces chiffres manquent d’une précision rigoureuse, parce que nous ne con- 
naissons pas exactement la hauteur de l’orifice de tous les puits, par rapport à l’étiage de la Loire, 
qui nous sert de point de comparaison, et que ce point lui-même n’est pas bien déterminé, étant à 
Tours coté tantôt à 50 tantôt à 53 mètres d’altitude. Quoi qu’il en soit, la limite extrême de l’erreur ne 
doit pas dépasser 4 mètres, ce qui a peu d'importance dans des considérations de ce genre. 


(N- 4, p. 6. SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 65 
bilité doive se changer en certitude , si l’on remarque que de Saint-Hilaire, et 
même de Saumur à Gennes, les couches crayeuses plongent en sens inverse de leur 
relèvement naturel dans cette direction (1), et qu’à l'O. de Gennes, les calcaires 
lacustres cessent de recouvrir les grès. 

Sur la rive droite de la Loire, la craie micacée se voit dans les collines qui lon- 
gent la route de Saumur à Longué, et peut-être y existerait-il aussi quelques lan- 
beaux de craie jaune. Les sables d’alluvion s'étendent jusqu'à Cuon , où la craie 
affleure au milieu du village. Elle forme ensuite plusieurs monticules que traverse 
la route jusqu’à la descente de Beaugé, entièrement coupée dans le terrain ter- 
tiaire. Des grès sont subordonnés aux sables jaunes et gris et recouverts d'un dépôt 
de transport diluvien composé de fragments calcaires enveloppés dans du sable. 
De Beaugé à Clefs, sur la route de La Flèche, on ne voit également qu'une masse 
de sable tertiaire jaune, gris ou verdàtre, occupant tout le plateau et surmontée 
d'un calcaire lacustre siliceux peu épais. 


° $ II. Vallée du Loir. 


En descendant cette vallée comme nous l'avons fait pour les précédentes, nous 
trouvons les escarpements qui la bordent au N. de Châteaudun, et sous la ville 
même, montrant l'étage de la craie jaune parfaitement développé et sa stratifica- 
tion bien caractérisée. Les silex bruns y sont très nombreux, très gros, et la teinte 
jaune de ia roche est constante dans tous les bancs. Les fossiles, généralement 
brisés, sont les mêmes que ceux des bords de la Loire. 

Si l’on suit la rue de la Foulerie jusqu'au moulin de Laboissière et au-delà, la 
puissance de cet étage et ses caractères rappellent parfaitement les coteaux 
pittoresques de Sainte-Radegonde, de Rochecorbon et de Vouvray, et la res- 
semblance est rendue plus frappante encore par les caves et les nombreuses ha- 
bitations qu’on y à aussi pratiquées à diverses hauteurs. Dans une de ces caves 
située près du moulin, et dont la profondeur est d'environ 50 mètres, le pla- 
fond naturel est formé par un banc dont la surface inférieure , parfaitement 
dressée , plonge sensiblement à l'E. sous le plateau. Cette circonstance confir- 
merait l’origine que nous attribuons à ces affleurements de craie jaune, que nous 
regardons comme résultant d’une fracture et d’un relèvement de l'E. à l'O. sur ce 
côté de la rivière, laquelle coulerait ainsi dans une vallée de déchirement. 

Ces couches sont recouvertes par un dépôt puissant de poudingue incohérent, 
formé aux dépens d’une assise de craie différente de celle-ci et sans doute plus 
récente. Les silex de ce conglomérat se distinguent de ceux de la craie sous- 


(1) La faille de Saint-Maur avait fait croire à M. Desvaux(Sfafistique de Maine-et-Loire, 1°° partie) 
que la craie micacée passait sous le calcaire oolitique : aussi remarque-t-il que dans le forage de 
Saumur on a traversé tout le tufau (craie micacée) sans avoir d’abord percé le calcaire zoonique 
dur ( calcaire oolitique } qu’il suppose supérieur à la craie et manquer sur ce point, 


SOC. GÉOL, — 2° SÉRIE. T. II Mém. n° 1, 9 


66 ÉTUDES CR: 1, p. 66.) 

jacente par leurs formes et leur teinte, qui les feraient rapporter à la craie de Blois 
et de la partie supérieure des escarpements de Vendôme. La pâte marneuse qui 
les entoure est aussi d’un blanc grisâtre , semblable à la teinte de ce troisième 
étage du groupe de la craie blanche. La fracture de la vallée du Loir serait ainsi 
postérieure au dépôt du poudingue tertiaire et du calcaire lacustre des environs. 

Nous signalerons de plus dans les roches de cette localité un caractère assez 
singulier que nous n'avions pas encore observé ailleurs, peut-être parce qu'étant 
moins prononcé qu'ici, il ne nous aura point frappé. Dans la partie de l’escarpe- 
ment mise depuis peu à découvert par un éboulement qui a eu lieu au bout de la 
rue de la Foulerie, avant la barrière, de même que dans les rochers qui for- 
ment des saillies au-dessus des caves ou celliers dépendant du moulin de La- 
boissière, on remarque des tubulures nombreuses, de 4 à 5 centimètres de dia- 
mètre et de 0,30 à On,60 et plus de longueur, droites, verticales, quelquefois 
obliques, mais très rarement horizontales. Ces trous sont entourés de deux ou 
plusieurs zones concentriques et subconoïdes. Leur coupe transverse rappelle 
grossièrement celle d’un moule de Cône gigantesque, dont la columelle aurait 
été creuse, et la coupe oblique celle d’un Nautile; mais en réalité il n’y a jamais 
eu ni spire ni columelle : ce sont des cylindres irréguliers ou plutôt des cônes 
très allongés, s’émboîtant les uns dans les autres. 

Les corps qui résultent de cette disposition, et que nous nommons provisoire- 
ment Amphorites castellodunensis, se détachent facilement de la roche environ- 
nante, mais toujours brisés. Leur forme est généralement conoïde, cylindroïde 
ou ellipsoïdale et à contours largement arrondis, ressemblant à certaines am- 
phores romaines. Leur diamètre est de 20 à 30 centimètres , et leur longueur de 
60 à 70. La matière qui les compose est la même que celle de la roche environ- 
nante, qui a évidemment servi à leur moulage. Ces corps très nombreux, sou- 
vent déformés par leur compression mutuelle, semblent quelquefois se prolon- 
ser en s’évasant vers la partie que nous appellerons supérieure, et y former des 
expansions tuberculeuses arrondies, comme dans certains spongiaires, et qui sont 
aussi perforées par un trou communiquant avec le canal central. Nous n'avons 
d’ailleurs aperçu aucune trace d'organisation à la surface des Amphorites ni des 
parties qui s’en détachent sous le marteau, et que l’on peut comparer aux fragments 
d’une poterie grossière très épaisse. La roche qui les constitue, comme celle qui 
les entoure, est un calcaire jaunâtre, terreux, rempli de fragments de coquilles et 
de polypiers. On y trouve même des silex semblables à ceux de la masse envi- 
ronnante. Si ces corps doivent leur origine à quelque être organisé, dépourvu de 
test calcaire, car on n'aperçoit pas de vide entre les diverses parties envelop- 
pantes, ce ne pourrait être qu'à des animaux voisins des Holothuries ou des 
Actinies coriaces ; encore le moulage de pareils animaux, par les sédiments qui 
se déposaient alentour, serait-il assez difficile à concevoir, à moins qu'on ne leur 
supposät des téguments cornés d’une eertaine persislance. 


(N-1. p.67.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 67 

Au S. de Châteaudun, les collines qui entourent le bourg de Cloye sont encore 
formées par les mêmes couches. Celles-ci, masquées ensuite par des dépôts 
plus récents, reparaissent au pied des coteaux de Fretteval pour se continuer le 
long de la rivière, jusqu’à Saint-Ouen. Les plateaux à l'O., et particulièrement 
celui contre lequel ce dernier village est adossé, sont recouverts de poudingues 
et de calcaires lacustres. Ceux-ci forment une colline basse qui limite au N. et 
au N.-0. la vallée de Vendôme; dont le fond est occupé par un dépôt diluvien 
de cailloux à moitié roulés, alternant avec des veines irrégulières de sable ferru- 
gineux plus où moins mélangé d'argile limoneuse brune. 

La base des collines de la rive gauche du Loir, au-dessus de Vendôme, est aussi 
formée par la craie jaune. Entre la maison Laborde et la ferme de Chappe, le 
pied de l’escarpement qui borde le chemin montre ia craie blanc-jaunâtre, 
iendre, avec T'erebratula octophcata, Pecten quinquecostatus, de nombreux polypiers, 
des fragments d'Astéries, des baguettes de Cidarites, etc., semblables à ceux de 
Tours. En se rapprochant de la haute Chappe, la craie se trouve accidentellement 
remplacée par un calcaire lacustre blanc, marneux, celluleux, peu dur, formant 
un coteau ur peu moins élevé; et à environ 250 mètres plus loin , on atteint, 
contre les premières maisons du faubourg, un escarpement de 18 à 20 mètres de 
hauteur entièrement coupé dans la craie jaune qu'on exploite, et dans laquelle des 
caves sont creusées. Les divers bancs offrent des différences semblables à celles 
qu'on observe dans les carrières de Lussault. Ils s’abaissent en s’avançant dans 
_ le faubourg; et sous le château, où ils ne se montrent plus, on trouve une craie 
d’un blanc gris, avec dessilex noirs ou gris très nombreux, affectant une disposition 
horizontale en grand. La roche est massive, friable, homogène, peu tachante, et 
les fossiles y sont rares. Cette assise, de 20 à 25 mètres d'épaisseur, nors paraît 
représenter la craie de Blois et de Chaumont. 

En continuant à suivre la rivière, on remarque à la sortie de la ville, sur le 
bord de l’eau, une pierre grise avec points verts, exploitée à diverses reprises, et 
qui au premier abord ressemble à la craie micacée; mais son grain beaucoup 
plus gros et la présence d'une grande quantité de petites Exogyres (E. turonensis) 
prouvent qu elle appartient à la variété glauconieuse de la craie de Touraine. 

La disposition que présente ainsi la craie à l'E. de Vendôme nous paraît encore 
être le résultat d’une dislocation qui a relevé et amené au jour des têtes de cou- 
ches qui, dans leur position normale, devaient se trouver à une certaine profon- 
deur au-dessous de leur affleurement actuel. 

Le faubourg de Vendôme qui longe à l'O. la rive gauche du Loir, au pied 
de la longue falaise que couronne le château, est adossé à un escarpement de 
craie. À l'extrémité de ce faubourg, sur la route de Montoire , la craie de Tou- 
raine est d’un gris blanchâtre, avec quelques points verts, et ressemble à la craie 
micacée , sauf sa texture plus grossière. Elle s'élève d'environ 8 mètres au-dessus 
de la rivière, et est recouverte par la craie à silex. On y trouve les fossiles sui- 


68 ÉTUDES CN. 1, p.68.) 
vants : Tragos pisiformis Gold. ; Serpula filosa Duj.; Cidarites variolaris AI. Brong.; 
C. vesiculosus Gold. ; Fistulana, Terebratula octoplicata Sow.; T. Gibbsiana Sow. ? 
T. alata Lam.; Exogyra auricularis Al. Brong.; pattes de Crabes semblables à 
celles du Sentier et des bords de la Loire ; une petite espèce de Spondyle et un 
grand nombre de polypiers. Au-delà de ce point, les collines s’abaissent et s'é- 
loignent de la route en passant derrière Villaria. 

À Varennes, la même craie, avec des fossiles aussi abondants, est recouverte par 
un puissant dépôt de silex empâtés dans une marne grisâtre ou verdâtre, et en 
tout semblable à celui que nous avons signalé près de Villefranche, sur la route 
de Romorantin à Selles. Au Gué-Berger, la route coupe, à partir du pied de la 
colline, un calcaire blanc, marneux, grumeleuxet d’origine lacustre, de 7 à 8 mètres 
d'épaisseur, puis au-dessus , des calcaires marneux, rouge-brique plus où moins 
foncé, d’un aspect cuit ou fortement chauffé, panachés de blanc et de jaune, 
avec des veinules lie de vin ou gris-verdâtre. Cette roche singulière enveloppe des 
fragments calcaires, anguleux, de diverses teintes, quelquefois des oolites, et pré- 
sente des cavités tapissées de cristaux de chaux carbonatée. Son épaisseur est de5 
mètres à 5 mètres 50, et elle semble se relever de manière à venir s'appuyer 
contre une masse subverticale de 2 mètres, qui traverse la route un peu 
obliquement. Cette masse est formée de craie sableuse grisâtre, glauconieuse, en- 
durcicpar place et remplie de T'erebratula octoplicataet T. alata et de petits polypiers. 
£lle se désagrège ou se divise en rognons diversiformes, ets’élève ainsi comme une 
sorte de dyke recouvert bientôt par le poudingue siliceux ordinaire. En continuant 
àamonter, on trouve une grande quantité de spongiaires et d’autres polypiers libres 
ou entourés de terre rouge.Ces fossiles proviennent d’une autre assise de craie que 
les silex du poudingue et sont probablement dus à un phénomène plus récent. 
Les silex, en effet, semblent résulter de la destruction de la craie de Blois, et 
les polypiers, au contraire, de la destruction de la craie jaune placée dessous, et 
qui n’a pu être ravinée qu'après. Le dyke crayeux dont nous venons de parler 
n'est autre chose qu’un témoin occasionné par une dénudation semblable, et dont 
nous présenterons tout-à-l’heure des exemples plus précis et plus faciles à saisir. 

Sur le plateau, les poudingues deviennent de plus en plus épais et constituent 
des bancs solides, comme ceux du ravin qui borde le chemin du Moulin-Blanc ou 
de la Fontaine, et où des bancs très durs alternent avec des bancs incohérents. 
Les champs environnants sont parsemés de gros blocs, enveloppés çà et là dans 
une argile grise et jaunâtre. 

En descendant vers Saint-Rime , village situé au fond d'un vallon à gauche de 
la route, on ne tarde pas à voir sortir de dessous cette assise tertiaire Ja craie de 
Touraine et peut_être quelques bancs de la craie micacée, constituant les escar- 
pements contre lesquels sont adossées les maisons. A la descente de la grande 
route, une carrière est ouverte vers le haut de la colline, dans un calcaire blanc, 
cristallin, un peu celluleux, à cassure sèche, raboteuse et légèrement conchoïde. 


ON: 1, p. 69.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 69 
C'est une modification remarquable des bancs supérieurs de la craie jaune ou du 
premier étage, et qui se continue sur une parte des coteaux de la rive gauche 
du Loir jusqu'au château de Lavardin , où elle est très recherchée pour les con- 
structions. 

Au-dessous, la craie avec Spatangus cortestudinarium var. lata Gold. (non Lam. ), 
une autre variété voisine du $S. gibbus Gold. et de nombreux polypiers, se 
montre par masses isolées, subverticales, comme si elles avaient été redres- 
sées puis séparées les unes des autres par un remplissage de poudingue incohé- 
rent (pl. 1, fig. 5). La superposition de la craie de Touraine à la craie micacée 
se voit en outre dans cette coupe d'une manière très nette. La craie micacée 
forme le bas de la rampe, et elle est, comme partout, caractérisée par son grain 
uniforme et très fin, sa teinte gris-blanc ou légèrement bleuâtre, les paillettes 
de mica blanc, les grains verts et les silex gris-blanc. Le vallon de Saint-Rime 
et cette coupe sont les premiers points où le deuxième étage vient affleurer sous 
le premier, pour continuer à se relever de plus en plus au S.-0. En général, 
on voit que les silex gris, blancs ou noirs, plus ou moins volumineux et en ro- 
gnons, caractérisent assez bien la partie moyenne et supérieure du deuxième 
étage ou de la craie micacée, tandis que les silex jaunâtres, brunâtres, souvent 
en plaques ou en gros nodules déprimés, appartiennent surtout au premier ou à la 
craie de Touraine. 

Le village des Roches est appuyé contre un escarpement vertical de 50 à 55 mètres, 
qui borde la rive droite du Loir. La base de l’escarpement, jusqu’à la hauteur de 
10 à 12 mètres, est de craie micacée avec silex gris en rognons ; au-dessus, vient 
la craie jaune peu développée, et qui ne s’en distingue que par sa texture plus 
grossière et ses silex brunâtres, en plaques et peu nombreux. Le tiers ou le quart 
de la hauteur de l’escarpement, suivant les points, est formé par le dépôt inco- 
hérent de silex, de sable ferrugineux et argileux ou glauconieux et de grès 
remplissant des cavités de la craie qui ont jusqu’à 15 et 18 metres de profon- 
deur sur 5 ou 6 de largeur. On distingue très bien le fond de la plupart de ces 
cavités, el aucune ne paraît descendre plus basque le pied de l’escarpement. C'est,en 
plus grand, le phénomène que nousavons signalé en commençant près de la ville de 
Gien, sur le bord de la Loire, puis au Gué-Berger, à la descente de la route en face. 
et sur beaucoup d’autres points. Il nous paraît évident, et la rampe de la route 
au Gué-Berger le démontre complétement, que ces cavités ne sont point des 
trous cylindroïdes irréguliers ou en cônes renversés, mais bien des sillons diri- 
gés en général des plateaux, perpendiculairement à l’axe des vallées , et coupés 
ensuite transversalement par les escarpements qui bordent ces dernières. Quel- 
quefois la direction des sillons semble être plus ou moins oblique à celle de la 
vallée principale, comme à la descente de Saint-Rime et au Gué-Berger ; mais en 
les suivant sur une certaine étendue, on reconnaît bientôt que cette apparence 
résulte seulement des sinuosités accidentelles de la vallée. 


70 ÉTUDES (N. 1 ,p. 70.) 

Le château de Montoire est bâti sur la craie jaune , et la base du monticule qu'il 
couronne est de craie micacée. Une excavation pratiquée à quelques pas dans la 
partie supérieure de cet étage, à gauche de la route de Château-Regnault, nous a 
présenté deux espèces nouvelles de Térébratules, l'une lisse, l’autre très finement 
striée qui rappelle les Terebratula rigida, Sow., T. pectiniformis, Fauj. et T. san- 
tonensis Nob., mais qui s’en distingue très nettement. 

Le fond dela vallée, entre Montoire et Troo, est occupé par un dépôt diluvien 
puissant, semblable à ceux de Vendôme au N -E. et de La Flèche au S.-0. La 
craie micacée paraît former presque toute la hauteur de l’escarpement sur lequel 
est bâti le village de Troo. Elle est très tendre à la partie supérieure, friable, glau- 
conieuse, et renferme de petits polypiers et les Térébratules striées que nous ve- 
nons de signaler; la craie jaune est très réduite en cet endroit, si même elle y 
existe. Le dépôt tertiaire, assez épais, est composé de sable glauconieux et ferru- 
gineux avec silex , et constitue tout le plateau qui sépare le Loir de la Braye. 

Quoique la Braye et l’Anille soient deux petites rivières qui se jettent dans le 
Loir, nous remettons à parler de leur vallée lorsque nous décrirons la coupe 
de Saint-Calais à Mortagne , et nous continuerons, à partir des environs de Chà- 
teau-du-Loir, l'examen de la vallée qui nous occupe. 

Excepté dans le vallon de la Membrotte, où la craie jaune vient affleurer, la 
route de Tours à Château-du-Loir parcourt un plateau formé constamment de 
marnes lacustres et de calcaires siliceux ou de meulières. La craie de Touraine 
reparaît à la descente de Dissay, et constitue les collines de la rive gauche comme 
celles de la rive droite jusqu'à Château-du-Loir. Le plateau que l'on traverse en 
allant de cette ville à Vouvray, village situé à l’E., présente sur ses pentes supé- 
rieures une terre jaune de 4 mètres d'épaisseur, recouvrant un dépôt de sable rou- 
geâtre bariolé, qui passe vers le bas à une marne jaune et rouge de 5 à6 mètres de 
hauteur. Celle-ci repose sur le poudingue, qui occupe cependant aussi la partie 

culminante du plateau, parce que les dépôts précédents lui ont été seule- 
ment adossés sur les pentes. Le poudingue est exploité près de la ferme de 
Boutelau, où il forme des blocs volumineux disséminés dans une argile sableuse 
grise. Les silex gris, jaunes ou rouges, reliés par un ciment siliceux, sont très 
roulés, et leur grosseur varie depuis le volume du poing jusqu'à celui d’une 
noisette. En descendant à Vouvray, on trouve un sable bigarré, plus ou moins 
argileux, avec des graviers disséminés , un sable rouge assez marneux et le pou- 
dingue incohérent, séparé de la craie par un lit de sable glauconieux d’épaisseur 
variable. Comme partout, le plan de jonction des deux terrains est extrêmement 
irrégulier , et prouve qu'une dénudation considérable de la craie a précédé les 
premiers sédiments tertiaires. Au-dessous du sable, viennent les assises suivantes : 


4° Craie glauconieuse avec Exogyra columba, E. turonensis, Trigonia scabra , Cucullées, poly- 
piers, etc., et semblable au banc à Zxogyra columba de Villedômer. 


(NA, p.71.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 4 71 


2° Craie jaunâtre avec lits minces, espacés de 0,25 à 1 mètre, formés de petits polypiers et de 
valves séparées d’Exogyra turonensis. L’épaisseur de ces deux assises est d'environ 11 mètres. 

3° Craie grise , friable, sableuse, micacée, remplie d’une prodigieuse quantité de nodules tubercu- 
leux , digités ou palmés de la même substance que la roche. Celle-ci est plus ou moins endurcie 
par une infiltration siliceuse, comme sous le château d’Amboise et dans les carrières de Lussault. 
Les fossiles y sont rares, et il paraît en être de même dans toutes les couches où il y a beaucoup 
de ces tubercules. 

h° Roche semblable dans laquelle la silice tend à prédominer vers le bas. Les rognons deviennent des 
silex gris, blanchâtres, impurs, remplaçant les tubercules précédents et se fondant également 
dans la masse. L’ ÉpANSCUE de ces deux assises à rognons endurcis ou siliceux et de 22 à 25 mètres. 
La seconde se voit jusqu’au niveau de l’église de Vouvray. 

5° En suivant à l'O. la route de Courtamont, les silex prennent une teinte grise plus prononcée ; la 
roche reste la même ou devient plus dure par place. Elle est massive, et son épaisseur est de près 
de 30 mètres. Elle est remplie de demi-silex ou de silex imparfaits se fondant avec la roche sans 
limites précises. Le même système de couches se prolonge dans les collines de Gaulard jusqu’à 
Château-du-Loir. Les serpules, les polypiers, la Pinna Renauxiana, d'Orb., s’y montrent 
cà et là. 


Dans la coupe précédente, les caractères des deux premiers étages du groupe 
de la craie tufau tendent à s’effacer vers leur jonction; mais nous sommes con- 
duit par diverses analogies à placer les assises 1, 2 et 3, dans la craie jaune et à 
reporter les assises 4 et 5 à l'étage de la craie micacée. 

A la sortie de la ville par la route du Lude, on trouve d’abord le conglomérat 
ou poudingue très épais, et à deux kilomètres plus loin, des plaques tubercu- 
leuses et des rognons irréguliers de grès silicéo-calcaires, très durs, gris- 
jaunes, avec beaucoup depetites Exogyres, et entourés d'une terre argilo-sableuse, 
rmicacée, brun-jaunâtre. Les plaques et les nodules sont brisés, mais non rou- 
lés, et il serait possible que le tout appartint au dépôt caillouteux, incohérent, 
plus ou moins sableux ou argileux, qui occupe les plateaux environnants. 

A deux kilomètres de Vaas, on remarque, à droite de la route, des collines 
basses composées de craie jaunâtre ou blanchäâtre, très friable , avec silex gris. 
Au bas de la côte de Morié, on exploite une craie d’un blanc gris , avec quelques 
silex gris, appartenant à la craie micacée qui vient affleurer sous la craie jaune. 
Cette dernière s’amincit d’ailleurs beaucoup, à mesure qu'on s'avance vers l'O. 
Les collines boisées qui bornent l'horizon au N. de Vaas font encore probable- 
ment partie de cet étage. 

Après avoir passé la rivière, si l’on prend le chemin de la Chapelle, on trouve 
les couches suivantes en montant la colline près de la ferme de la Titonnière : 
1° Calcaire sableux, friable, gris-jaune, avec points verts, Zxogyra recurvata, Terebratula Menardii, 

Nerita, etc. 
2° Marnes glauconieuses. 
3° Marnes blanchâtres remplies d’Exogyra columba et d'Ostrea biouriculata. 
4° Lits de rognons glauconieux, endurcis et marnes glauconieuses avec /noceramus Cripsii, Gold. 


5° Marnes blanches. 
6° Sable rouge et cailloux roulés. 


72 ÉTUDES Ÿ (N. 1. p.72.) 

Les couches 1 et 2 appartiennent au grès vert; 3 et 4 au troisième étage du 
second groupe, et le n° 5 représente la craie micacée ; la craie jaune manque sur 
ce point comme sur presque tout le reste de Ja rive gauche du Loir à l'O: 
Le plateau qui s'abaisse ensuite vers la vallée de la Fare est recouvert d’un 
terrain de transport composé de sable rouge, de gravier plus ou moins fin et de 
silex roulés. En descendant vers le pont, près du moulin de la Roche, on voit 
dans la nouvelle tranchée du chemin, sous le dépôt précédent, le poudingue si- 
liceux avec de la terre jaune, et une couche de sable glauconieux au contact de 
la craie micacée, laquelle renferme des silex gris, ramifiés, un peu au-dessus du 
niveau de la rivière. 

Si l’on remonte ensuite vers Croy, on trouve à mi-côte de nombreux blocs de 
grès quarzeux, très gros. Ils sont parfaitement homogènes, gris, lustrés , et pa- 
raissent être en place, ou descendus très peu au-dessous de leur gisement, car 
plus haut et sur le plateau, il n'y en a plus de traces. Ces grès appartiennent à 
l'étage du poudingue, et à peu de distance on les voit en effet passer à de véri- 
tables conglomérats par la présence de cailloux au milieu de la pâte du grès; ils 
forment aussi par place des bancs régulièrement stratifiés. Ces bancs, avec les 
graviers et les sables ferrugineux sans doute diluviens qui les surmontent, recou- 
vrent les collines environnantes sur une grande épaisseur, et masquent par- 
tout les couches secondaires. La craie micacée paraît être exploitée sur le ter- 
ritoire de Broc. De La Chapelle au Lude, sur la rive droite du Loir, on voit tou- 
jours le même poudingue incohérent extrêmement développé, les mêmes couches 
sableuses, blanches, jaunâtres, avec silex de la craie, puis des sables glauco-ferru- 
gineux bien stratifiés et sans fossiles appartenant au grès vert 

Au N. de La Flèche, en montant le coteau de Saint-Germain, on trouve, à 5 ou 
6 mètres au-dessus du niveau de la vallée, le banc d’Exogyra columba et d'Ostrea 
biauriculuta , composé de calcaire sableux gris-jaune et friable ; au-dessus sont des 
sables et des grès ferrugineux calcarifères , renfermant des veines minces d'argile 
schisteuse, puis des nodules et des veinules d'argile non effervescente d’un blanc 
pur. Dans la partie du dépôt arénacé où les lignes de fausse stratification sont 
obliques, les petits bancs de grès qui alternent avec le sable sont également obli- 
ques (pl. IE, fig. 10). Ces plaques de grès avec Exogyres sont à grain très fin, 
vers le centre , et passent au compacte; elles sont zonées de gris et de vert par 
le plus ou moins d’abondance du silicate de fer. En continuant à monter, on voit 
des marnes blanches glauconieuses, avec des rognons endurcis qui passent plus 
haut à des silex gris ; puis la marne devient blanc-jaunâtre, plus sableuse , avec 
quelques Exogyra columba. 

Cette dernière couche est en partie recouverte par une masse considérable 
de sable glauconieux micacé de 6 mètres d'épaisseur, dans laquelle on trouve 
disséminés des fragments anguleux de craie, des rognons endurcis de la même 
roche , des silex blanchâtres qui en proviennent également, et quelques Exogyra 


(N. 1, p.75.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 73 


columba, Huîtres et autres coquilles brisées ; sur le plateau, ce sable devient 
tout-à-fait rouge. À l'Armuisière, la craie micacée, avec rognons de silex blan- 
châtres et Exogyra columba reparaît sous cette même masse après s'être prolongée 
à mi-côte depuis Saint-Germain. Plus bas, se montrent des sables glauconieux 
avec Exogyra columba, des veines minces d'argile, des veinules d'argile d’un 
blanc pur, comme dans la carrière de Saint-Germain, aux couches de laquelle 
celles-ci correspondent exactement; puis de petits bancs de grès qui alternent 
avec des sables glauconieux, le tout reposant aussi sur le banc inférieur à Æ£xo- 
gyra columba et Ostrea biauriculata. Cette dernière coquille ne paraît pas se trouver 
dans le banc supérieur. 

A l'E. du vieux château, les sables glauconieux sont très développés, les vei- 
nules d'argile blanche très régulières, et le sable est zoné de brun et de vert. À la 
partie inférieure, les grès sont d'un gris vert, micacés, à grain fin et uniforme, 
tendres et à cassure terreuse. Ils sont composés de sable quarzeux très fin, de mica 
blanc et de grains verts cimentés par un peu d'argile, et ils constituent un psam- 
mite assez semblable à certaines variétés du müllstone grit. Nous n’y avons trouvé 
que des traces imparfaites et très rares de coquilles et des végétaux charbonnés. 
Dans la cassure , ils offrent souvent des zones rouges , sinueuses et ondulées. 

La rampe de l’ancienne route à Clermont montre aussi très bien, au- 
dessus, des sables glauconieux, la craie avec Exogyra columba, Ostrea coni- 
rosimis Gold., Pecten tumidus Duj. (1), P. multicostatus Gold., Lima, Arca 
fibrosa Sow., Cyprina intermedia, d'Orb., Ammonites Mantelli Sow. var., etc. 
Le banc des fossiles repose immédiatement sur le sable vert. qui paraît s'élever 
plus haut que dans la coupe précédente, et nous n’avons pas trouvé à sabase le 
banc des ostracées , probablement masqué par des éboulements. La craie semble 
avoir au contraire une moindre épaisseur en cet endroit ; peut-être se trouve-t-elle 
en partie cachéesur les pentes dela colline par le dépôt de transport qui en occupe 
le sommet. Dansda tranchée de la nouvelle route, on reconnaît encore que la craie, 
réduite à une épaisseur de 6 à 7 mètres, a été profondément ravinée avant le dépôt 
argileux rouge; ce dernier renferme beaucoup de silex brisés, gris, tuberculeux, 
ramifiés, provenant évidemment de la destruction sur place de la craie sous-jacente. 
. On peut résumer de la manière suivante la composition des collines au N. de 
La Flèche. ë 


4. Sable très ferrugineux, rouge, avec gravier et glaise. . . . .  /A”,00 

2, Sables glauco-ferrugineux avec silex et fragments de craie. 6 ,00 

s 3. Craie sableuse, avec rognons endurcis. Me le CAPE IEEE 0 0 
NEA ! L. Craie semblable à la précédente, avec rognons siliceux blanchâtres. 

2° GROUPE. fossiles nombreux, particulièrement l'EÉxogyra columba . 6 ,00 
5. Sable gris -verdâtre, rubané et grès micacé ou psammite ver- 

5e ÉTAGE. | dâtre, avec veinules d’argile schisteuse et d’argile blanche. . . 6 ,50 

6. Lit d'argile grise, feuilletée. . . . . . . . . . . . . 0.60 

{ 7. Banc d'Exogyra columba et d'Ostrea biauriculata.. . . . 1,00 


(1) Nous employons à regret cette dénomination donnée par M. Dujardin , parce que bien avant 
SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. IL Mém. n. 1. 0 


74 ÉTUDES CN. 4, p.74). 


3° GROUPE. Grès vert. . . 8. Sables et grès ferrugineux et glauconieux formant la base de la 
colline. 


La craie jaune de Touraine n’est done plus représentée ici que par ses couches 
avec Exogyra columba, qui se confondent avec la craie micacée, très réduite elle- 
même, et à peine reconnaissable. En suivant la route de Sablé au N.-0. ou 
bien les collines qui longent celle de Durtal à l’O., nous retrouverons bientôt de 
nouvelles preuves de la superposition des couches que nous venons d'in- 
diquer. 

Au S. de La Flèche, à la descente de la route de Beaugé, des sables et des 
glaises grises, qui formaient le sol depuis Clefs, paraissent se lier à des sables très 
ferrugineux. Cesglaises et ces sables sans fossiles sont identiques avecles couches 
que nous avons vues recouvrir la craie au S.-E. de Château-Regnault, sur le che- 
min d’Autrèche. L'absence, sur ce point, du banc à ostracées serait un motif de 
plus pour les regarder comme tertiaires, ce qui n'empêcherait pas les sables 
ferrugineux des environs d’appartenir réellement au grès vert. Les uns et les 
autres sont d’ailleurs parfaitement distincts du diluvium qui occupe le fond de 
la vallée, où il est exploité pour l'entretien des chemins, et où il forme quelque- 
fois des bombements assez prononcés, comme à un kilomètre sur la route de Sablé, 
(pEIE, fig. 9). Il est composé en cet endroit de sable ferrugineux, rougeâtre, enve- 
loppant une grande quantité de cailloux roulés de silex de diverses couleurs, avec 
des lits subordonnés de sable pur. 

Après le village de Vernon , on voit se relever sur les côtés de la route, d'abord 
les sables du grès vert, puis le banc d'Ostrea biauriculata, et d'Exogyra columba, de 
2 mètres d'épaisseur, auquel succède le sable gris-verdâtre, avec de petits bancs de 
grès, comme dans le coteau de Saint-Germain. Le plateau est recouvert par un dépôt 
de cailloux roulés. A la descente de Cromer (pl. IL, fig.9), les mêmes couchesse repré- 
sentent. Au-delà du village, le banc d’ostracées se voit encore, mais plus loin ; 
les sables sous-jacents, ou du troisième groupe, constituent seuls la base du grand 
plateau que parcourt la route jusqu'à la tuilerie du Point-du-Jour. On exploite, 
pour alimenter cette fabrique, des glaises grises et jaunâtres sans fossiles, qui 
sortent de dessous les sables précédents , et qui reposent sur des calcaires 
marneux et argileux ou marnes sableuses grises, appartenant au groupe moyen 
de la formation oolitique. A une profondeur d'environ 1@ mètres , des calcaires 
gris - bleuâtre de la même formation ont été atteints. Cette assise oolitique nous 
a présenté les fossiles suivants : Pecten demissus Phil. , une Térébratule qui paraît 
être une petite variété de la T. concinna , Sow. T. obtusa , id. T. impressa Bronn., 
un Turbo et le Dysaster analis Ag. 

La colline allongée de l'E. à l'O., qui sépare la route qu'on vient de suivre de 
celle de Durtal, appartient encore à la formation erétacée, et montre sur sa pente 


lui, MM. Hartmann et Zieten l'avaient consacrée à une espèce du lias (Petrif. du Wurt., pl. 52, 
POE | 


(NA p.73.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 75 
méridionale, derrière le village de Marigné, la série suivante de couches en 
allant de haut en bas. 


4° Dilavium composé de cailloux roulés de calcaire provenant de la formation oolitique, 
de sable, de grès dur et lustré à gros grains, de rognons de grès vert, léger, poreux 
ét»blanchatre NA JET RQ: - 57,00 
2° Calcaire gris, blanc ou jaune, scoriacé, passant à un nec LE oierd E nice Co- 
lumbaet plus ou moins endurci par place. Nous y avons aussi trouvé une petite 77r1- 


CONTRE AS CNED AR ER RE. Le 0. 0 , + 0,50 
3° Sable vert et ferrugineux, plus ou moins argileux. . . . 9 ed et lot à If ON 
L° Grès lustré gris avec points verts, zoné de gris foncé, très ae et en al LENS TNO NEO 
5° Marne schisteuse et sableuse, jaune ou grise, avec des lits subordonnés de grès glau - 

CORTEX SN NE OR MORT A RUES RS OT ET dis ange 118300 
GCASADIENANTER PR NEA US UE PEN RE CE . :, … . … . à,,00 
els CHIS ENS ESPN CE RE TE NET OMS. . . |. : ., 2 ,00 
SASADIEIAUTES ML 1. Fos RATE. è É RE 0 104600 
9° Argile schisteuse passant accidentellement à un note PTE DIS eue = te. «OU 
10° Sable à gros grains avec fragments d’ostracées très atténués. . . . . . . . . 4 ,0Ù 
11° Banc d’Osfrea biauriculata et d'Exogyra columba . . . . - 1 ,50 
12° Calcaire marneux jaunâtre, puis dur, bréchoïde avec les mêmes ostracées et re 

(abellaia" PRE JA LEPCES A Re ME AE 27 O0 


13° Sable gris, glauconieux jusqu’au niveau de la vallée. vs le fond de cette dernière se 
trouvent probablement les glaises que nous venons de signaler à la tuilerie du Point-du- 
Jour , recouvrant les calcaires oolitiques. Ce sable se voit sur une hauteur de. . . 6 ,00 


En comparant cette coupe à celle des collines de Saint-Germain et de Clermont, 
situées à 6 et 7 kilomètres à l’'E., on voit : 1° que la craie micacée et même la craie 
jaune ne sont plusreprésentées ici que par un lit de 0",50 d'épaisseur (n°2); 2° que 
l'étage inférieur du groupe dela craie tufau, comprenant les couches 3 à 12, est 
infiniment plus développé et plus varié non seulement que dans les coteaux au 
N. de La Flèche, mais encore que sur aucun autre point que nous ayons observé; 
3° que le grès vert proprement dit, étant au contraire ici à très peu près au 
même niveau que précédemment, nous dérobe encore toute sa partie moyenne et 
inférieure, sans doute peu épaisse, puisque les calcaires oolitiques viennen 
affleurer avant d'arriver à Durtal. 

Les couches à ostracées se retrouvent également bien caractérisées au S., entre 
la vallée du Loir et celle de la Loire, aux environs de Pellouailles , de Chéviré, de 
Corzé, de Mazé, etc. 

Nous avons dit précédemment qu'au lieu de suivre les vallées dela Sarthe, de 
l’Huisne, etc., il nous paraissait préférable, à partir de la vallée du Loir, d'étudier 

le grand versant qui s'étend au N. jusqu’à la ligne de partage du Mellerault, en 
suivant deux séries de coupes qui se réuniraient à Mortagne, l’une, occidentale , 
passant par le Mans et Alencon , l’autre, orientale, remontant de Saint- Calais à 
Bellesme ; c’est aussi la marche que nous allons suivre en commençant par l’exa- 
men de la première. 


76 ÉTUDES CN. 4, p.76) 
S III. Coupe occidentale. 


Le promontoire dont la ville du Mans occupe l'extrémité S.-O. (pl. IE, fig. 4), 
resserré entre les vallées de l’Huisne et dela Sarthe, est recouvert par un dépôt 
de transport assez épais, sableux et avec nodules de quarz. Au N.-E. de la ville, 
on trouve au-dessous une marne crayeuse, blanche, micacée, friable, employée 
pour marner lesterres, et renfermant des polypiers, des osselets d’Astéries, des ba- 
guettes de Cidarites vesiculosus, de petites Huîtres , le Pecten quinquecostatus , des 
fragments de Nautile, mais point de silex. Cette couche, qui paraît représenter ici 
la craie micacée, dont nous avons suivi les traces jusqu'autour de La Flèche, 
renferme cependant quelques fossiles plus particuliers à la craie jaune. 

Plus bas , on voit un lit de glaise formant probablement le niveau d’eau qui ali- 
mente les puits d’une partie de la ville; puis viennent ensuite, un banc de sable 
glauconieux tantôt friable, tantôt agglutiné et passant à un grès peu épais, un 
banc de sable ferrugineux, et en descendant au S., le banc des ostracées. La car- 
rière ouverte sur le bord de la route au-dessus d'Ivré paraît en être le prolonge- 
ment, etcelle du Luart,au sommet occidental de la colline, présente du hauten bas: 


4° Sable ferLHCINEUX. M : du Re 0,50 
2° Grès argileux, calcarifère, micacé, avec points verts et grains de quarz, gris-jaune, 

peu dur, avec Wytilus ligeriensis, Lima, Pecten tumidus, etc: . . 0 ,50 
3° Banc semblable au ne avec Ostrea biauriculata,  — Ænrhes £. Re 

bellata, etc. . . PARLES 4 ,00 


h° Grès To calcaire gris, a une espèce de colis À avec de Fais rs et 


renfermant des Peignes , des Limes , etc. 0 ,50 
5° Sable verdâtre coquillier. F 2800 
6IGrès argileux;ftendre, micacé LP EN 0 ,50 
T° Sable et grès argileux, verdâtre . . . . ” Ce be dci D k ,00 
8° Grès plus ferrugineux, en rognons aplatis, Shor does) dans un sable deb même nature. 2 ,00 


Toutes ces couches sont d’une dureté très variable ; elles sont plus ou moins gri- 
ses, ferrugineuses ou verdâtres, mais en général très micacées, mélangées de points 
verts et de grains de quarz. Au-dessus des bancs à ostracées, on trouve souvent des 
rognons gris , roses , blancs ou jaunes, formés d’un grès argileux, tendre et léger. 
Jusqu'à présent nous avons regardé les bancs à Exogyra columba et flabellata et à 
Ostrea biauriculata comme la limite inférieure du groupe de la craie tufau ; mais 
dans la coupe précédente, il nous paraît difficile d’en séparer les assises 4 à 8, qui 
sy lient d'une manière intime, et nous sommes porté à abaisser ici la limite du 
second groupe jusqu'à la jonction des sables ferrugineux exploités au-dessous, 
dans la même colline, et qui sont associés aux couches à Trigonies. Les assises 2, 
3 et4 de la carrière du Luart nous ont offert les fossiles suivants : 


Tragos. Echinoneus ( Carathomus, Gehrdensis, Ræm.?). 
Ceriopora. Pholadomya ligeriensis, d'Orb. 


CN. 1, p.77.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 77 


Cardium Guerangeri, d'Orb. Ostrea carinata, Lam. 

Cyprina ligeriensis, id. : ——— biauriculata, id. 

Mytilus ligeriensis , id. Terebratula nov. sp. du groupe des Alatæ. 

Pecten tumidus , Duj. ————— Menardi, Lam. 

—— — laminosus, Mant.  ——— biplicata, var. Sow. 

——— (indét.). | ————— depressa, Sow. an triangularis Nils.? 
Lima, nov. sp. Pterodonta inflata, d'Orb. 

Exogyra flabellata, Gold. Globiconcha rotundata , id. 


———— columba, id. 


L'ensemble de ces fossiles nous représente ainsi les caractères généraux de 
l'organisme des couches correspondantes aux environs de La Flèche, de Saint- 
Maur-sur-Loire, de Doué, etc. 

Sous l'assise n° 8 de la coupe précédente, une sablière est ouverte dans le 
groupe du grès vert. À la partie supérieure, est une couche de sable de 2 mètres 
d'épaisseur, dont le délit, d’abord oblique, redevient horizontal après s'être suc- 
cessivement relevé comme l'indique la fig. 8, pl. IT. Des rognons de grès très 
durs et ferrugineux sont enveloppés dans les bancs de sable inférieurs. Cette 
assise sableuse, d'environ 10 mètres, paraît reposer sur une espèce de poudin- 
gue à très petits noyaux de quarz cimentés par de l’hydrate de fer et un peu de 
marne, et qui est rempli de T'rigomia sulcataria. Cette même couche a été exploitée 
aussi sous une carrière située plus à l'O. du côté de Sainte-Croix, et où l'on extrait 
actuellement (1840) un grès gris, glauconieux , calcarifère, semblable à celui de 
la première carrière d'Ivré, quoiqu’à un niveau plus bas. 

La carrière de Saint-Blaise, sur la commune de Sainte-Croix, offre la dispo- 
sition indiquée pl. IE, fig. 9. Les fossiles sont très nombreux dans le banc in- 
férieur, mais presque toujours à l’état de moules ou d'empreintes. Cest le niveau 
des Trigonies et des nombreux fossiles que l’on trouve avec leur test bien con- 
servé, quoiqu’à l’état spathique, dans les carrières de la butte, sur le versant méri- 
dional de la colline, le long et au-dessus de la route de Paris. La roche sur ce der- 
nier point est un grès grossier, jaunâtre, micacé, calcarifère avec grains de quarz 
et grains verts, puis une grande quantité de débris de coquilles et de polypiers fai- 
blement agrégés par un ciment argileux. L'aspect particulier de cette roche, qui 
peut être regardée comme.un macigno , et les fossiles surtout du genre Trigome 
qu'on y trouve à profusion, la rendent très facile à reconnaître à la première vue. 
Dans ces bancs, l’'Exogyra columba se montre encore , mais ses dimensions sont 
moindres que dans les couches à ostracées. La variété minor de la Gryphæa secunda 
Lam. , et que nous regardons comme une variété minima de l'Exogyra columba, 
est au contraire très répandue dans les sables ferrugineux de cette localité et des 
environs. 

Nous signalerons les espèces suivantes dans les couches à Trigonies. 


Anthophyllum patellatum, Mich. AStrea agaricites, id. (Il nous paraît peu probable 
=== paleriforme, id. que cette Astrée soit la même que celle qu’a figurée 
=—-——-— sulcatum, id. M. Goldfuss.) 


78 


Chætites ramulosus, Mich. 
Pelagia Eudesii, id. 
Ceriopora gracilis, Gold. 
————- verlicillata, id. 
————- truncatæ, Mich. 
Pustulopora gracilis, Mich. (non Ceriopora, id., 
Gold.). 
Eschara dichotoma , Gold. 
Lymnorea sphærica, Mich. 
Nullipora lycoperdioides, id. 
Fragment de crinoïde. 
Nucleolites lacunosus, Gold. 
Arcopagia numismalis, d’Orb. 
Cyprina ligeriensis, id. 
———-- 0blonga, id. 
Corbis rotundata , id. 
Cardium. 
Pectunculus subconcentricus, Lam. 
Trigonia sulcataria, id, 
—_——— dedalæa, Sow. 
———- — crenulata, Lam. 
———-— spinosa, SOW. 
———-— sinuosa, Park. 


ÉTUDES 


(N. 4, p. 78.) 


Avicula anomala, Sow. in Fit. 

Pecten serratus, Nils. 

——— Nilsoni, Gold. (orbicularis, Nils.). 
——— quinquecos(atus, SOW. 
_(inder.). 

Lima texta, Gold., var. 

——- udspera, Mant. 

= —-"undala, Desh. (apud Leym.). 
Exogyra columba, Gold. 

—-—-— id. var., Minor et minima. 
auricularis, Al. Brong. 

Ostrea lateralis, Nils. 

——— carinata, Lam. 

——— (indét.). 

Anomia. 

Terebratula Menardii, Lam. 
————-— lentoidea, Leym. (an T. plebeia, His.)? 
—_———— prælonga , Sow. in Fit. 
Rotella Archiaciana, d’Orb. 

Turbo Goupilianus, id. 

Strombus inornatus , id. 

Ammonites rhotomagensis, Al. Brong. 
————— cenomanensis (Musée du Mans). 
Dents de Lamna. 


= pennata, Sow. 


Sous: ces couches, vient une assise puissante de grès et de sable ferru- 
oineux à gros grains, laquelle forme la base du promontoire qui porte la ville, 
et qui peut être observée, particulièrement dans une carrière ouverte à droite 
de la route avant d’entrer dans le faubourg. 

Si, du Mans, on prolonge la coupe versl’E. jusqu’à Montfort (pl. UL. fig. 1), on 
voit les sables ferrugineux entre la ville et Connéré , puis , dans les monticules 
qui bordent la route, les bancs représentant le niveau des Drigonies de Sainte- 
Croix. De Connéré à la Chapelle-Saint-Remy et autour de ce village, des car- 
rières y sont ouvertes ; mais les Trigonies paraissent manquer, tandis que l’Exogyra 
columba var.minima Y est très répandue, surtout danslesexcavationsfaites devant 
le château. Les collines qu'on traverse ensuite en se dirigeant vers Montfort appar- 
tiennent à cet étage. Elles en présentent les diverses couches suivant leur élé- 
vation, et celle du bourg, étant la plus haute, est aussila plus complète. 

A l'O. du Mans, les sables et grès ferrugineux sont encore plus développés, 
quoique nous n'ayons pas aperçu les bancs coquilliers vers Le haut. Du faubourg à 
Saint-Aubin, l’assise inférieure des sables et des grès précédentsdevientargileuse et 
bariolée de rouge lie de vin. Les grès ferrugineux sont exploités à la partie supé- 
rieure , et le sommet de la colline qui domine le village est formé par des grès 
quarzeux tertiaires qui semblent être superposés immédiatementaux grès secon- 
daires. Ces grès, de l'étage supérieur des environs de Paris, sont gris-blanc , très 
durs, et constituent un banc de 1,50 d'épaisseur assez régulièrement stratifié 
mais fendillé. Ce banc est subordonné à une masse de sable blanc, plus ou moins 


(N. 4, p. 19.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 79 
souillé d'oxyde de fer, etest exploité sur plusieurs points au N.-0. de Saint-Aubin. 
Nous n’y avons trouvé aucune trace de coquille, mais les empreintes de feuilles 
dicotylédonées y sont assez communes. 

En descendant vers Saint-Saturnin, toutes les buttes sont formées de sable et 
de grès ferrugineux ( roussart des ouvriers). Les grès sont composés de grains 
de quarz, blanc laiteux ou hyalins, plus ou moins gros, colorés à la surface et 
faiblement agglutinés par de l'hydrate de peroxyde de fer. Ils sont disséminés 
dans les sables comme à l’entrée de Sainte-Croix. Nous y avons observé des 
fragments d’ossements qui paraissent être assez fréquents dans cet étage supé- 
rieur du grès vert, d’après les nombreux échantillons que nous avons vus dans 
le musée de la ville, et qui ont fait donner à ces grès le nom de grès zootiques. I 
en est de même de Saint-Aubin à Milesse ; mais un niveau d'eau qu'on aperçoit 
vers le pied des collines annonce la présence des glaises grises, un peu glauco- 
nieuses , placées sous les sables précédents. Ces dernières , exploitées pour la 
fabrique de carreaux qui est au N.-0. de Saint-Aubin, et les glaises sableuses 
panachées de jauneet de rouge lie de vin que l’on voit souvent au-dessus, ont 
une certaine analogie avec celles du département du Cher. 

Dans la tranchée de la nouvelle route de Lavardin, à moitié chemin de ce village 
à Saint-Aubin, on trouve des sables argileux, glauconieux el ferrugineux, avec des 
plaquettes de grès ferrugineux, puis au-dessous, des glaises grises et jaunes quel- 
quefois feuilletées , reposant sur un calcaire marneux et sableux, jaunâtre, en ro- 
gnons très durs et très tenaces versie centre, et appartenant au groupe moyen de la 
formation oolitique ( p!. I, fig. 1). A partir de ce point et en se dirigeant vers 
l'O., ces calcaires se voient constamment vers le fond des vallées. Ils sont 
exploités à la ferme de Lantonnière sur la commune de Dégré, et servent à l’em- 
pierrement des chemins. On ne les voit que sur une épaisseur de 3 à 4 mètres. 
Les espèces fossiles que nous y avons recueillies sont les suivantes : 


Modiola cuneata, Sow. 

Venus tenuis, Kock. 

Pecten demissus, Phil. 

——— fibrosus, SOw. 

Ostrea duriuscula, Phil. (O0. menoïides de Munst., 


Berenicea diluviana, Lamour. 

Cidarites subangularis, Gold. 

Spatangus analis. id. (Dysaster, id. Ag.). 
Serpula tetragona, Sow. 

———- Conformis, Gold. 

Lutraria jurassi, id. Gold.). 

———— Alduini, id. Gryphæa (nov. sp.) 

Unio abductus, Phil. Terebratula coarctata, Sow. 

Tsocardia excentrica, VNoltz.  ———— socialis, Phil. 
Sanguinolaria undulata , Sow. = — emarginata, SOW. 

Moule voisin de la Mya rugosa, Roem. ————-— (deux espèces indéterminées). 
Trigonia costata, SOW., var. elongalissima: Melania striata, Sow. 


—-—-— cuspidata, id. Pleurotomaria ou Trochus. 
Pholadomya carinata, Gold. Ammonites macrocephalus, Schlot: (aff. A. Herveys, 
——-—-—— (indét.). Sow ?). 


Lima duplicata, Sow. 
—-— semicircularis, Gold. 
Avicula inæquivalvis, Sow. 


——-—-— fonticola, de Buch. 
——-—-— decipiens, SOW. 


510 ÉTUDES (N. 1, p. 80). 

Avant de continuer vers le N. l'examen de cette coupe occidentale, nous don- 
nerons quelques détails sur le sondage exécuté au Mans de 1831 à 1834, et dans 
lequel on a traversé les couches suivantes (l’orifice du trou était à 18 mètres au- 
dessus du niveau de la Sarthe): 


Remblais ete ÉTÉ ER 22,66 
Sable slauconieux et argile sableuse ER CE OT OC 5 ,59 
Argile et fer hydroxydé géodique. . . . . . . 

Sable, grès vert et argile panachée. 

Argile grise micacée. . . . PAR MO UE Elo oc 
Sable, argile coquillière et bleus grès Le. 

Sable quarzeux gris. . 

Argile sableuse bleuâtre. . 

Sable gris. . 

Sable quarzeux gris. ; 

Argile bleue, sable vert et grès vert tan, 

Argile bleue compacte. 


= 


OO © OO D À À FE NO © KO © = EE NI Où = © © 
Co … 
© 


Argile/sableusetbleuñtre LS ON ,66 
Sable vert. . . . ET ce CO . OR o ,20 
Argile sableuse etatre RE à he ME ,50 


Grès vert, argile noire et verte Atte 

Argile sableuse verte. . 

Arpgile noire compacte. 

Argile bleue et sable vert . 

Grès vert, argile bleue et calcaire slieere alternant : © 
Alternances,de sables verts, de grès verts, dlargiles tantôt serre a, tantôt sa- 
bleuses, et de calcaires siliceux semblables en général aux assises précédentes ; l’argile 
tend à prédominer, et devient très compacte dans les 50 à 60 derniers mètres. . . . 415 ,11 


D UDOlaE. 0 0 2 206700 


(Eau ascendante à 11 mètres en contre-bas du sol. ) 


M. Degousée rapporte cette longue série d’alternances argileuses et arénacées 
à la formation crétacée inférieure, et il est probable qu'il en est ainsi,malgré tout 
ce que ce développement exceptionnel peut avoir d’extraordinaire, comparé aux 
affleurements connus des deux étages inférieurs. En ajoutant encore 20 mètres 
pour l'épaisseur des calcaires et sables à Trigonies, le groupe entier, en supposant 
que le forage ait atteint sa base, n'aurait pas moins de 226 mètres d'épaisseur to- 
tale, et cela à quelques lieues seulement de l’ancien rivage crétacé, tandis qu'il 
en à à peine 115 au-dessous de la vallée de la Loire, éloignée de 15 lieues de ce 
même rivage au S. | < 

On pourrait s'étonner peut-être qu’un forageexécuté à tar ie telle épais- 
seur de couches argileuses et sableuses, comparables à celles de la vallée de la 
Loire, où la plupart des puits ont réussi, n’ait point amené d'eau jaillissante; mais 
la cause de ce résultat négatif doit être attribuée, suivant nous , au peu d'étendue 


CN: 1, p: 81.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 81 
du bassin, comparée à sa profondeur. Ce n'est en réalité qu’une poche ou un vase 
profond rempli par une succession de couches courtes, plus ou moins horizontales 
etcontiguës chacune, ou au moinsle plus grand nombre, aux parois du vase. Or, ces 
couches ne se relevant pas assez haut le long de ces mêmes parois, ou ne les attei- 
gnant pas du tout, il en résulte que les nappes d’eau qu’elles peuvent contenir 
ne sont pas soumises à une pression hydrostatique suffisante pour remonter à la 
surface, comme dans un bassin ordinaire, où les couches continues s’emboîtent 
les unes dans les autres, et sont d'autant plus relevées sur leurs bords qu’elles sont 
plus anciennes. 

La route du Mans à Alençon (pl. IE, fig. 10) traverse, à la sortie du faubourg, 
une butte de sable ferrugineux à gros grains de quartz, recouverte par le diluvium, 
et peut-être par quelques grès tertiaires semblables à ceux de Saint-Aubin, et 
dont on voit des blocs dans les chemins qui se dirigent vers la rivière. En re- 
descendant le tertre, on trouve un dépôt de marne et de calcaire lacustre dont 
l'épaisseur paraît être assez considérable, et qui s’est formé dans une dépression 
des sables ou des grès. Ce dépôt, sans doute postérieur aux grès tertiaires des 
environs, serait de l’âge du calcaire lacustre supérieur. ILest exploité sur plusieurs 
points et s’étend à peu près l’espace de 2 kilomètres; nous n’y avons pointtrouvéde 
fossiles, mais il est probable qu'il se rattache à celui dont nous avons observé des 
fragments plus à l'O. dans la direction de Saint-Aubin, et dans lesquels nous avons 
reconnu une Lymnée voisine de la L. longiscata, des Planorbes et des Paludines. 

Un peu avant de passer le ruisseau , la route traverse un autre monticule 
composé de craie micacée avec Exogyra columba. Cette couche est peu épaisse, 
et paraît reposer directement sur le sable ferrugineux qui forme au-delà toute la 
montée et le plateau de Maule, et où se trouvent quelques grès friables subor- 
donnés , des glaises ferrugineuses un peu feuilletées, et des rognons de fer hy- 
droxydé. Le contact de la craie micacée et des sables ferrugineux, sans l’intermé- 
diaire des couches à ostracées et des bancs à Trigonies si développés, une lieue 
et demie au S., serait, si nous ne nous sommes point trompé, unfait assez remar- 
quable en ce qu'il prouverait l'existence d’un hiatus résultant d’un changement 
considérable dans le régime des eaux de cette période. 

Les sables ferrugineux se prolongent ensuite sous la Bazoge et jusqu'à la des- 
cente de la Vequerie, où l’on voit sortir de dessous, des glaises grises, bleuâtres 
ou jaunes sans fossiles, exploitées pour les tuileries et les briqueteries des envi- 
rons. Ces glaises impures, plus ou moins sableuses et de 7 à 8 mètres d'épaisseur, 
reposent, dans le vallon de Saint-Jean-d’Assé, sur des calcaires noduleux et mar- 
neux, gris-jaune, entourés de marne jaune, terreuse ou grisâtre, et dans lesquels 
plusieurs carrières sont ouvertes en descendant vers Saint-Marceau. On trouve 
dans ces couches , analogues à celles de Lantonnière , la Serpula tetragona, la Tri- 
goma costata Var. elongatissima, le Pecten fibrosus, des Ammonites, des Téré- 
bratules, des Polypiers, etc. 


SOC. GÉOL. — 9° SÉRIE. T. II. Mém, n. 4. 11 


82 ÉTUDES (N:4, p. 82.) 

Ainsi, au N. et à l’O. du Mans, comme à l'O. de La Flèche, les sables et les grès 
ferrugineux reposent sur des glaises sableuses, grises , jaunes ou bleuâtres sans 
fossiles qui constituent la base de la formation crétacée, et qui recouvrent à leur 
tour des calcaires marneux et sableux, gris ou jaunes , appartenant au groupe 
moyen de la formation oolitique. 

Les sables ferrugineux cessent de se montrer au N. de Saint-Marceau , et le 
groupe du grès vert, le seul qui subsiste de toute la formation , n’est plus repré- 
senté lui-même que par des lambeaux isolés et peu épais de sables argileux 
ou d'argiles vertes, épars, soit à la surface des couches oolitiques, comme au vil- 
Jage du Buisson sur le bord de la forêt de Perseigne, à Cuissey, au N.-0. d'Alençon, 
soit même sur le terrain de transition, comme sur l’ancienne route d'Alençon à 
Argentan, etc. 

D’Alençon à Mortagne, des sables ferrugineux , dont l’âge nous paraît dou- 
teux, recouvrent le plateau entre Lanchal et le Guet, les calcaires oolitiques consti- 
tuant toujours le sol fondamental jusqu’au Ménil. Les sables verts commencent 
après ce village. Ils se prolongent sous la forêt de Bourse, puis occupent 
la surface du plateau de Bois-Soyer jusqu’à la descente de la Barre un peu 
avant Mesle , où les bancs oolitiques occupent le fond de la vallée et unepartie des 
pentes. De ce point à Boëce et jusqu’au hameau des Mares , les sables verts et les 
argiles forment la partie supérieure des collines, l’oolite Les talus inférieurs 
et le fond des vallées. La rampe de la route, depuis Launai jusqu'à Galions, est 
entièrement coupée dans les couches oolitiques , qui constituent aussi seules le 
plateau jusqu’à Mortagne. 

Ainsi, jusqu’à Saint-Jean-d’Assé, toute la ceinture occidentale du bassin ne nous 
avait offert, à la jonction des formations oolitique et crétacée, que des sables 
ferrugineux reposant sur des argiles sableuses, grises, jaunes ou quelquefois ba- 
riolées de rouge et sans fossiles; mais depuis les environs d'Alençon, commen- 
cent des dépôts d’un autre caractère, et peut-être un peu plus anciens : ce sont des 
glaises et des sables verts, plus où moins foncés, qui recouvrent les groupes ooli- 
tiques, et dont l’âge nous sera révélé par l'examen de la coupe suivante. 


$ IV. Coupe orientale de Saint-Calais à Mortagne. 


A un kilomètre à l'E. de Bessé , village situé dans la vallée de la Braye, à deux 
lieues et demie au S. de Saint-Calais, on exploite la craie micacée dans un vallon 
qui se prolonge au-dessus de la Godelinière. La craie se montre sur une hauteur 
de 12 à 15 mètres. Elle est d’un gris blanc, tendre, tachante, bréchoïde, sans 
stratification bien distincte, et remplie d’Inoceramus mytiloides et de silex gris - 
blanc. La craie jaune manque tout-à-fait, ainsi que la partie supérieure de la 
craie micacée avec ses Trigonies, ses Polypiers et ses petites Térébratules striées , 
si abondantes à Troo et à Montoire; on ne trouve plus que les parties moyenne 


(Ne, p.85.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 83 
et inférieure, caractérisées comme partout par l’Znoceramus mytiloides. Les silex 
sont aussi moins nombreux que vers le haut de l’étage dans la vallée du Loir. 

En descendant le vallon, on atteint le grès vert près de la maison Laubras. 
C'est un grès grossier, jaunâtre, calcarifère, avec points verts, en rognons dis- 
séminés dans un sable de même nature, avec Huîtres, Exogyres, Trigonies , etc. 
Le contact immédiat des deux groupes peut se voir contre le jardin de la pre- 
mière maison, que l'on trouve sur la droite en descendant, et à la naissance 
d’un fossé de clôture ouvert à 20 mètres à l'E. de cette maison. 

En suivant plus bas le chemin de Bessé jusqu'à la rivière, on longe des escarpe- 
ments de 12 à 15 mètres de hauteur. C'est toujours un grès calcarifère jaunâtre, 
plus ou moins dur, en rognons, avec empreintes de Cyprine, de Trigonia sinuata, 
de Pecten quinquecostatus, d’Exogyra columba minor, d’Ammonites cenomanensis, etc. 
Ainsi, dans cette coupe non plus que dans toutes les vallées en remontant l’A- 
nille et la Braye, on n'aperçoit point encore de traces de l'étage inférieur du 
second groupe. Ce n’est que plus à l'O. que nous avons vu les dépôts de cet ancien 
rivage bien caractérisés par l’association de lOstrea biauriculata aux Exogyra 
columba et flabellata. 

Le poudingue incohérent marno-siliceux est toujours très épais sur ces collines 
et sur leurs pentes. En descendant à Saint-Gervais , les sables ferrugineux sor- 
tent de dessous ce poudingue. De l’autre côté de la rivière , derrière les maisons, 
sur le chemin de Marolles, les sables et grès ferrugineux forment des lits minces 
alternant; au-dessus, viennent les grès calcarifères en rognons dans un sable 
glauco ferrugineux de même nature, puis un banc de grès calearifère gris, dur, 
compacte, avec points verts et Trigonia sinuata, des Peignes , des Limes, des 
Cyprines semblables aux espèces du Mans, un Myoconcha , le Strombus inorna- 
tus, etc. Dans le chemin même, on voit ces bancs du grès vert surmontés immé- 
diatement par la craie marneuse et glauconieuse qui forme le reste de la colline. 

De ce point jusqu’à Saint-Calais, le grès vert borde constamment la route. La 
partie moyenne des collines est formée par la craie micacée, le sommet par le 
poudingue tertiaire. A l'E. et à l'O. de Saint-Calais (pl. I, fig. 6), les pentes 
inférieures sont aussi de sable et de grès ferrugineux, recouverts de craie mar- 
neuse, micacée, glauconieuse, sans silex, puis de craie avec silex blancs, panachés 
de gris et de noir, semblables à ceux de la craie de Blois. Au-dessus, viennent 
successivement un premier banc de silex avec argile sableuse rouge, une couche 
d'argile impure, brun-rouge panachée de vert, et une seconde couche de silex 
et d'argile sableuse rouge, avec des fragments de grès vert. Au sommet de la 
colline , sur l’ancienne route de Montdoubleau, on remarque, sur le dépôt précé- 
dent , une couche de cailloux roulés et arrondis tout-à-fait distincts des autres, 
dont les angles sont toujours à arêtes vives. 

Entre Saint-Calais et Montdoubleau, la craie micacée se montre presque partout 
à mi-côte, et au-dessus, reposent l'argile brune panachée de vert, des silex et des 


84 ÉTUDES CN:4, p.83.) 
argiles rouges. Le grès vert affleure sur les pentes inférieures de la vallée de la 
Braye. Aux environs de Sergé, on a exploité anciennement des grès bruns presque 
noirs, à gros grains, très ferrugineux, exportés assez loin pour les constructions, 
pour la confection de bornes et celle des pavés. Ces grès, semblables à ceux de 
la base de la colline du Mans, ont été particulièrement employés dans la con- 
struction de l’ancien château de Montdoubleau, dont la tour penchée repose 
sur les silex, puis sur la craie micacée 

De Vendôme à Savigny, la craie est recouverte par un puissant dépôt de cail- 
loux semblable à celui que nous avons signalé sur les plateaux environnants. 
En descendant vers Savigny, la craie repose sur une masse puissante de sable brun- 
vert avec des grès subordonnés, et après le village, on retrouve une craie avec 
silex, analogue à celle de Vendôme , et qui surmonte sans doute la craie micacée 
plus à l'O. De ce point à Saint-Calais, la craie est partout masquée par le dépôt de 
cailloux et de sable argileux et ferrugineux. Ainsi la craie jaune de Touraine, qui 
se continue au N. jusqu'au-delà de Châtéaudun avec une grande épaisseur , ne se 
serait point étendue jusqu'à la vallée de la Braye, au moins dans cette direction, 
tandis que nous verrons la craie micacée se prolonger encore en nous avançant 
vers le nord. 

A la sortie de Saint-Calaïs par la route de Vibraye, on trouve ( pl. IF, fig. 6) 
des sables ferrugineux, puis glauconieux, enveloppant de gros rognons de grès , 
au centre desquels se trouve souvent l’Æmmonites cenomanensis. Plus haut, vient un 
grès jaune ou rose, Calcarifère, d'une structure bréchoïdeet irrégulière, recouvert à 
stratification discontinue par une couche de craie micacée, friable, avec points 
verts et qui passe à une craie marneuse avec quelques silex gris. Le tout 
est surmonté de dépôts de silex avec glaise et sable rougeâtre. Les grès calcarifères 
jaunes avec points verts renferment de petits polypiers, des baguettes d'échinides, 
des Limes, des Peignes, les Trigonia sinuata, sulcataria et spinosa, les Ostrea semi- 
plana, Sow., et hippopodium , Nils. , l'Exogyra columba minor et minima, etc. , 
fossiles qui, joints aux autres caractères de ces bancs, établissent d’une manière 
certaine leur parallélisme avec les couches à Trigonies du Mans. 

Plus loin, en montant la nouvelle rampe de la route de Berfay, les grès glauco- 
ferrugineux se montrent au pied de la colline, recouverts par une couche 
mince de craie glauconieuse à laquelle succède un énorme développement de 
silex, d'abord enveloppés dans un sable jaune-brun, ce qui a toujours lieu près 
des affleurements de sables ferrugineux, puis dans des marnes sableuses, blan- 
ches ou jaunes ( pl. LT, fig. 5 et 6 ); enfin, vers Le haut des talus, sont des glaises 
panachées avec de grandes masses de silex molaire ou des grès poudingiformes, 
siliceux, quelquefois lustrés et à gros grains. Ces glaises forment un niveau d’eau 
sur le plateau, où l'on trouve aussi beaucoup de fragments un peu roulés de 
calcaire lacustre blanc. 

Sous le plateau de la Rousselière, on exploite, par des puits de 27 à 28 mètres de 


CN:1, p.85.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 85 
profondeur , le banc de craie marneuse avec Térébratules et Inocérames qui re- 
pose sur les sables ferrugineux , et dont l'épaisseur est de 5 mètres au plus. Ces 
puits traversent ainsi, sur une hauteur de 25 mètres, les dépôts tertiaires dont 
nous venons de parler. Avant d'arriver à Vibraye, la route coupe un petit ma- 
melon formé de poudingue incohérent et de sable ferrugineux enveloppant des 
silex; puis en remontant, on voit les silex disséminés dans la marne sableuse. 
Celle-ci passe à un poudingue assez solide par place, et dont les nodules parais- 
sent avoir été roulés. 

Vibraye est bâtie sur les sables ferrugineux, qui, au N., sont aussi recouverts 
par les silex, mais moins développés qu'au S. Ces derniers diminuent même de 
manière à manquer tout-à-fait à 2 kilomètres de la ville. A la Charbonnière, 
ferme que l’on rencontre avant Lamenay, on trouve encore, souslaterre végétale, 
une petite couche de craie glauconieuse, puis on descend sur des grès ferru- 
gineux calcarifères et blanchâtres , et enfin sur les sables eux-mêmes qui portent 
les maisons de Lamenay. 

À la sortie du village, au N., commence à se montrer (pl. IT, fig. 2 et5) un 
ensemble de couches parfaitement distinctes des précédentes. C'est d’abord une 
argile sableuse, vert foncé, avec une grande quantité d'Exogyra columba mi- 
nima, puis, au niveau de la route, quelqnes lits minces, peu solides et sub- 
schistoïdes de grès calcarifères glauconieux. Au-delà du ruisseau , on trouve un 
sable très chargé de points verts avec Pecten asper et Spondyle, puis un grès mi- 
cacé, gris-vert ou blanchâtre, glauconieux, tantôt dur, bréchoïde, sec, à cassure 
anguleuse, tantôt argileux, tendre, à cassure terreuse et renfermant les fossiles 
suivants : Cardium Hillanum , Sow., souvent très déformé; Cardium, deux espèces 
nouvelles; Arca carinata, Sow.; Pecten asper, Lam.; P. quinquecostatus , Sow.: 
P. (espèce lisse avec des stries circulaires), Spondylus , Trigonia dedalæw , Sow.; 
Gryphœa vesiculosa, Sow.; Exogyra haliotoidea , Gold.; Ammonites , voisine de cer- 
taines variétés de l’4. Mantelli, Sow. 

En continuant à s'avancer vers les Maisons-Rouges, les côtés de la route mon- 
trent, sur une épaisseur de 16 à 18 mètres, des marnes sableuses gris-cendré avec 
points verts et mica et renfermant des lits minces, subordonnés, très réguliers, de 
grès gris,secs, assez durs, plus ou moins rapprochés les uns des autres et quelquefois 
prenant la forme de rognons très aplatis. Ces couches se prolongent au N. avec 
les mêmes caractères jusqu’à environ 50 ou 60 mètres seulement des carrières 
de Cherré (pl. I, fig. 2 et 5). ouvertes dans les calcaires oolitiques, contre lesquels 
elles viennent buter ou se terminer en biseau. 

Telles sont les couches les plus inférieures de la formation crétacée dans cette 
partie du bassin, et qui se séparent nettement par leurs caractères mméralogiques, 
par quelques uns de leurs fossiles et par la discontinuité de leur stratification 
des grès ferrugineux qui les recouvrent.Cette séparation tranchée du premier étage 
du groupe des grès verts d’avec lesecond, séparation que nous verrons d’ailleurs se 


86 ÉTUDES (N-1, p. 86.) 
maintenir constamment jusqu'à Mortagne, est un des faits les plus importants 
sur lesquels nous nous appuierons pour établir la théorie de la formation de ces 
dépôts. 

Les carrières de Cherré montrent à la partie supérieure un calcaire marneux, 
grisâtre, subcompacte, de 1 mètre d'épaisseur et très recherché pour la fabrica- 
tion de la chaux. Au-dessous, est un lit de glaise, puis vient le banc exploité, dont 
l'épaisseur est aussi de 1 mètre. C’est un calcaire gris, marneux, empâtant de 
petites oolites brunes ou jaunes, et une grande quantité de moules et d’em- 
preintes de petites coquilles assez semblables à l’Astarte minima , Phil. (1). 

La Ferté-Bernard paraît être bâtie sur le prolongement des bancs oolitiques de 
Cherré. À environ 500 mètres de la ville, sur la route de Nogent-le-Rotrou, on voit 
successivement , à la seconde montée (pl. UE, fig. 3), une marne gris cendré avec 
grains de quarz, puis un sable ferrugineux, des marnes rouges et panachées, 
enfin une terre jaunâtre enveloppant des fragments de silex, et dont l'épaisseur 


(1) Coupe d’un forage exécuté au Luart, chez M. le marquis de Luart, à trois lieues au S. de 
La Ferté-Bernard , entre Vibraye et Connéré. 


1. Terre végétale et sable tourbeux. . . . . . . . . . 5,00 

2. Sable jaune coquillier avec rognons de calcaire coquillier . . 4 ,66 

8. Sable argileux avec pyrites et marnes alternant. . , . . . 17 ,00 

3° GROUPE, 42,44. 4. Sable argileux jaune et rognons ferrugineux. . . . . . . 4 ,50 
5. Marnes sableuses avec plaquettes. … à à à … à. . … …. LL 9 

6SArpilesésableuses Et IMATNES CE RE T2 0D 

7-ASaDlequarzeux CEE RE TE 

8. Calcaire coquillier et marnes alternant . . . . . . . A2 

9. Sable quarzeux avec pyrites et rognons de calcaire coquillier 5 ,84 

TOC ERCOQUIILIEE NE NE 10 ,20 

11. Sable argileux avec rognons de calcaire coquillier 1 ,80 

12 PATSIIESMOILAÎTES 0 ,95 

F UT TRES A5 Marne eriselet blanche ER IS 
Pr LS 1CNATBIIENOITAITE CC 1 ,15 
15-NCalcaireigris=blanc. NC ICE CE 1 .85 

16S.Areile 1Sableuse. EN OR CENTS OR ANR TERRES 6 ,40 

17 Marne niSeleLDIANn CREER RC 3 ,70 

18. Marne sableuse , calcaire coquillier et sable . . . . . . . 42 ,90. 

Total. . . . . . 103,00 


(Point d’eau jaillissante. ) 


M. Degousée regarde toute cette coupe comme faisant partie de la formation crétacée: mais bien 
que nous n’ayons point été sur les lieux , nous pensons que le troisième groupe, qui forme dans cette 
zone occidentale la base de la formation, s’arrête au n° 7; tout le reste appartiendrait, suivant nous, 
à la formation oolitique. Les couches 2 à 7 s'accordent très bien en effet avec ce que nous avons vu à 
la partie inférieure du troisième groupe au N. et au N.-O. du Mans, et elles confirmeraient en même 
temps la supposition que le forage de cette ville s'était trouvé dans des conditions tout-à-fait excep- 
tionnelles et locales. Les couches 8 à 18 comprendraient les assises oolitiques supérieures de Cherré, 
et descendraient probablement jusqu’à celles de Lantonnière et de Saint-Jean-d’Assé, ou peut-être 
plus bas encore. Enfin ce que nous connaissons de ces étages oolitiques dans le pays environnant 
rendrait compte du peu de succès des recherches d’eau jaillissante. 


(N.1, D. 87.) SUR LA FORMATION CRÉTACEE. 87 
est.de 4.à 5mètres. En descendant, on retrouve les marnes grises, sableuses, avec 
les mêmes caractères qu’au S. de Cherré. IL est probable que les sables ferrugineux 
et les marnes rouges ou panachées, malgré leur superposition immédiate aux 
marnes grises à points verts, sont de l'époque tertiaire; cependant nous 
n’émettons celte opinion qu'avec doute, puisque ce pourrait être aussi bien un 
lambeau du premier étage. Au-delà, se succèdent des couches glauconieuses et 
argileuses semblables à celles de Lamenay à Cherré, et constituant les divers 
mouvements du sol jusqu'à quelques centaines de mètres avant d'atteindre la côte 
de Queux. 

Cette colline, comme l'indique la coupe, fig. 3, pl. IE, est entièrement formée 
par l'étage des sables ferrugineux qui recouvre le précédent, et qui n’a pas moins 
de 80 à 85 mètres d'épaisseur. A diverses hauteurs , on yÿ trouve subordonnés, 
en lits plus ou moins minces ou en rognons, des grès calcarifères, jaunes, en- 
durcis, et de petits nodules spongiformes de marne blanche ou grise. Vers Ia 
base, en remarque beaucoup d’'Exogyra columba minima changées en orbiculessili- 
ceux. Des zones brunes plus ou moins foncées se voient aussi à divers niveaux dans 
la masse de sable. Les bancs de calcaire sableux renferment une très grande 
quantité de moules et d'empreintes de T'rigonia sulcataria, crenulata et spinosa, 
de Cyprines, etc. Ces traces de corps organisés se voient surtout dans le banc 
supérieur, dont l'épaisseur est de 3 mètres, et qui correspond à celui de Saint- 
Calais et des environs du Mans. 

Le sol du plateau est formé par un dépôt assez épais de silex brisés, empâtés 
dans une glaise rouge, et qui se prolonge jusqu’à la descente vers Nogent-le-Rotrou. 
Le sous-sol continue à être composé de sables ferrugineux que l’on trouve en- 
core bien développés vers le bas de cette descente, à droite dela route, avant les 
premières maisons du faubourg. Sur le versant oriental de cette même colline, 
une craie dure, sèche, blanc-gris ou jaune, semble lui être adossée. Dans le 
coteau opposé, la craie est tendre, grise ou blanche , marneuse , avec des silex 
noirs ou gris, et recouverte par des calcaires siliceux lacustres très développés. 
Il en est de même de la colline qui porte le château, et dont la base crayeuse 
ressemble à la craie à silex de Blois et de Vendôme. Ainsi sur ce point, comme à 
Savigny, il n'y aurait aucun intermédiaire entre cette craie et les sables ferru- 
gineux, et le groupe de la craie tufau tout entier, tel que nous l'avons limité et 
caraciérisé, manquerait complétement. 

Au-delà de l'Huisne, sur la route de Bellesme, la craie ne tarde pas à être rem- 
placée à la surface du sol par le groupe du grès vert, dont les étages inférieurs, 
glauconieux, argileux et arénacés, sont particulièrement développés à la 
grande côte de Saint-Aubin(1). Le faubourg de Bellesme est sur des cal- 


(4) M. Alc. d’Orbigny (Bull. de la Soc. géol., t. XII, p. 356 ) a signalé entre Saint-Côme et 
La Ferté-Bernard la craie micacée avec Ammonites rhofomagensis , recouvrant les sables ferrugi- 
neux, mais cet étage remonte-t-il réellement aussi loin vers le nord? 


38 ÉTUDES (N.1, p. 88.) 


caires oolitiques dont on voit la coupe suivante dans la carrière située à l'entrée 
de la ville. 


4° Marnes grises avec de petites Huîtres et quelques bancs oolitiques subordonnés. . . 45,50 
2° Calcaire gris. . . . FE RAP CPU Le NS RSR 0 ,30 
3° Calcaire marneux avec ètre res PL tes. NRA MALE. SRE 4 ,50 
L° Calcaire jaunâtre subcompacte . . . TPS à CPR 0 IE 0 ,30 
5° Calcaire marneux gris avec de petites Huîtres, | Mytilus Hit Di et divers moules 

d’autres fossiles. . . . . PR NRC FLE 1,00 


6° Bancs exploités et bien stratifiés de calcaire Ve un peu jaunâtre, En lement ooli- 
tique , et dont les oolites, creuses ou remplies de calcaire blanc pulvérulent, sont de 
grosseur très variable et reliées par un ciment spathique. 


La ville est bâtie sur un lambeau de l'étage moyen du grès vert, que l’on suit 
jusqu'au bas de la descente de la route de Mortagne, où se montrent les calcaires 
jaunes oolitiques avec Diceras moritantensis nov. sp. (pl. IL, fig. 4 et 5), A l'entrée 
de la forêt, ces calcaires sont recouverts par un sable vert un peu argileux, rudiment 
de l’étage inférieur que nous verrons mieux caractérisé vers le N., et auquel suc- 
cèdent des argiles grises à points verts, et des lits minces subordonnés de grès 
grisâtres. Au-dessus, viennent les sables ferrugineux qui occupent toute la forêt, 
et qui sont surmontés d’un dépôt de transport composé de sable argileux rouge 
ou jaune, avec de nombreux fragments de silex et de calcaire. 

En descendant de la forêt, on retrouve les couches argilo-sableuses grises avec 
points verts, et des grès subordonnés quiseprolongent jusque versle Pin.Cevillage 
est bâti sur un grès marneux, jaunâtre, tacheté de gris verdâtre, blanchâtre, endurci 
par place, et prenant alors une teinte gris-bleu. La roche est micacée , à cassure 
terreuse , à grain très fin, généralement bréchoïde, fort légère, el sans stra- 
tification distincte. A la partie supérieure, règnent un ou deux cordons de silex 
bruns ou gris, se fondant avec la roche, aui en cet endroit est un peu celluleuse et 
paraît renfermer des traces d'empreintes végétales. Cette espece de psammite, qui 
se voit à droite en descendant contre les premières maisons du village, est ex- 
ploité, en outre, au niveau de la rivière, le long d’un chemin qui s’écarte à 
gauche de la route. Les fossiles y sont rares et peu déterminables. 

La continuation de la coupe vers Mortagne fait voir que ces couches, dont l’épais- 
seur est de 12 à 15 mètres, ne sont réellement qu'une modification de la partie 
moyenne de cet étage du grès vert. A fa hauteur de la Briqueterie, la partie 
inférieure est exploitée par des puits pour l'amendement des terres; c’est un cal- 
caire sableux, marneux, blanc-grisâtre, micacé, friable, à points verts, avec Jnoce- 
ramus, T'rigonia crenulata, Pecten quinquecostatus, Lima Hoperi Sow., et Hamites ar - 
matus Sow. Les caractères minéralogiques de cette roche, si l’on n'avait pas des 
superpositions aussi précises que celles que nous avons indiquées, la feraient cer- 
tainement placer dans le groupe de la craie tufau. Les psammites jaunes du Pin 
sont traversés pour l’atteindre, et on les voit affleurer vers Saint-Denis dans les 


CN: 1: p. 89.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 89 


fossés qui bordent la route. Au-delà du pont, le calcaire glauconieux et sableux 
inférieur se montre un instant pour être bientôt recouvert par les psammites 
ou grès marneux, micacés, jaunes, très développés sur ce point. Des puits ouverts 
dans les champs de distance en distance, pour l'extraction de la craie marneuse et 
glauconieuse, permettent de la suivre constamment, quoique masquée à la sur- 
face par les roches silicéo-alamineuses, qui s’'amincissent à mesure qu’on s’avance 
vers le pied de la colline de Mortagne, où l’on n’en voit plus de traces. 

Les couches inférieures seules s’y montrent et se relèvent un peu en appro- 
chant des calcaires oolitiques, sur lesquels elles reposent, à 300 mètres environ 
des premières maisons du faubourg. Ces calcaires tendres, glauconieux et sableux, 
forment encore un mamelon allongé qui borde la route à l'O., et l’on peut en voir 
une coupe naturelle dans le vallon des Loges; ils se continuent à l'E. de la 
ville en tournant autour de la butte des Capucins, pour se terminer avant le 
chemin qui descend à Loisé. La butte des Capucins est une masse de sable fer- 
rugineux de 20 à 25 mètres d'épaisseur, située à l'E. de la ville, et qui repose 
sur les calcaires glauconieux, représentant ainsi un lambeau des sables de la forêt 
de Bellesme. Ces sables sont jaunes ou blancs, avec des plaques de grès ferrugi- 
neux ; ils renferment des veines et des zones horizontales plus ou moins brunes 
ou d’un jaune vif, et sont recouverts par un dépôt de transport de 5 mètres d’é- 
paisseur, avec des silex brisés non roulés. Ainsi les sables verts, et les glaises 
inférieures , puis le calcaire marneux blanc à points verts, se sont déposés contre 
une falaise oolitique au S. et au S.-E. de Mortagne, et les sables jaunes , blancs et 
ferrugineux qui ont recouvert le calcaire au S.-E., se présentent aujourd'hui 
comme une dune isolée, par suite sans doute d'une dénudation plus générale et 
d'autant plus facile que ces sables étaient plus meubles. Les principaux fossiles 
des calcaires glauconieux, gris-blanc, tendres et exploités pour le marnage aux 
environs de la ville, sont les suivants : 


Chenendopora , plusieurs espèces. ———— (indét., peut-être T, Archiaci, d'Orb.). 


Spatangus truncatus , Gold. (Holaster, id., Ag.) Pecten quinquecostatus , Sow., très grand. 

— =——— acutus, Desh. (Micraster, id., Ag.) Lima Hoperi, Sow. 

Panopæa mandibula, d'Orb. Inoceramus. 

Corbis cordiformis , d’Orb. Spondylus. 

Cyprina cordiformis, id, Diceras Lonsdalii, Sow. in Fit. 

Cardium hillanum, Sow. Trochus ou Pleurotomaria. 

Trigonia crenulata, Lam. Ammonites Mantelli, Sow., plusieurs variétés. 
———— spinosa, SOW. Nautilus Dionisius, Les. 


Au N.-E. de la ville, sur la route de Paris, les couches oolitiques offrent la sé- 
rie suivante de haut en bas. 


1° Calcaire blanc compacte, irrégulièrement fissile et en plaquettes. . . . . . . 3,00 
26 GES Che eee CNE OR RER TE 0 ,25 
SA CAT HR PIE EI CD MAG TES MAS do ce 1e -- + atante 2 ,00 


Soc GÉOL. — 2° SÉRIE. T. II. Mém. n. 1. 12 


90 ÉTUDES (N- 1, p. 90.) 
L° Glaise grisâtre. . . DEN PR PR LEE RENTE TR OMR DE le 4 ,00 
5° Calcaire blanc ao. se ME NE END ÉLE 1e "OCDE 4 ,00 
6° Glaise grisâtre. ,10 
7° Calcaire blanc. 
8° Sable jaune. : 
9° Calcaire compacte gris- Hate. 
10° Grès calcarifère jaune-brun. 

41° Calcaire compacte, oolitique, blanc- be 

12° Calcaire à oolite cannabine. è 

43° Calcaire avec Diceras moritantensis , et autres PT à l état ce PTS : 

14° Calcaire blanc-jaunâtre , avec oolites milliaires, cannabines, pisaires, avellanaires et 

moules de coquilles. "He A ER AMENER ENNEMI RE 6 ,00 


© NON © À © © © 
en 
= 


Ici se termine la partie de la coupe donnée par la tranchéedela route; le restejus- 
qu'au fond de la vallée, sur une hauteur de 20 à 22 mètres, se voiten remontant par 
un chemin un peu plus au N.Ce sont des calcaires oolitiques marneux, blanchâtres, 
peu solides, avec des oolites irrégulières et de toutes les grosseurs. Ces oolites 
sont formées de calcaire compacte jaunâtre, et montrent quelquefois des zones 
concentriques; elles se détachent tres facilement de la pâte enveloppante qui 
renferme aussi beaucoup de moules de fossiles semblables à ceux de la couche 
n° 14, dont ces banes ne sont que la continuation vers le bas. Ainsi ces calcaires 
et les oolites qu’ils renferment diffèrent essentiellement de ceux de Bellesme. 

Nous y avons trouvé les fossiles suivants: Pholadomya ovalis, Sow. Lucina 
Élsgaudiæ Thurm. (L. substriata Roem.), Corbis, Vénus ou Cyprine, Cardium ? 
Cardium nov. sp., ayant quelques rapports avec le C. pesbovis Nob., Diceras 
moritaniensis Nob. Modiola inclusa Phil. ? Terebratula obtusa Sow. Natica adducta 
Phil., Turritella muricata Sow. 

Les désignations minéralogiques de craie marneuse, de craie tufau et de craie 
olauconieuse, employées par M. Blavier (1) pour les couches crétacées que nous 
venons de décrire aux environs de Mortagne et de Bellesme, nous font craindre 
que ce géologue ne se soit peut-être pas bien rendu compte de la position 
de ces couches dans l’ensemble de la formation, et qu'il ne les ait confondues 
avec Les roches du véritable groupe de la craie tufau , dont elles sont si éloignées 
géologiquement ; nous regrettons aussi de n'avoir pu reconnaître sous ces assises 
crétacées des représentants réels de l'étage de Kimmeridge. 

Au-delà de Mortagne, le groupe du grès vert, réduit aux couches sableuses et 
argileuses vertes, et à quelques calcaires glauconieux ou grès subordonnés qui en 
constituent les étages inférieurs, forme une bande étroite ou des lambeaux isolés 
reposant sur l'Oxford clay d'après M. Blavier et dirigés du S. E. au N.-0., de 
Moutiers-au-Perche, par Longny et Moulins-la-Marche jusqu'à Montabart, 
sur la limite du département du Calvados. Ce groupe atteint presque ainsi 


(4) Loc. cit. 


GX, p.91.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 91 
le point le plus élevé de cette partie de l'axe du Mellerault, dont l'altitude à 
Champhaut est de 321 metres. À partir du bord méridional de la forêt de 
Saint-Evroult, où M. Boblaye l’a signalé à une altitude de 311 mètres, le grès vert 
s’abaisse vers la mer. 

Mais à 9 lieues au N.-0. de Montabart, on trouve, exactement.sur le prolon- 
gement de cette ligne, un petit lambeau crétacé, perdu pour ainsi dire au milieu 
des schistes et des quarzites de transition, à une hauteur au moins égale, si ce 
n’est même plus considérable, qu'au bord de la forêt de Saint-Evroult, puisque 
la butte de grès du Mont-Pinçon, contre laquelle il est adossé, atteint 363 mètres 
d'altitude (1). M. de Caumont (2), convaincu de l'importance géologique de ce 
point, y fit faire en 1825 et les années suivantes des fouilles qui lui permirent 


de reconnaître que ce lambeau du Plessis Grimoult était ainsi composé de haut 
en bas: 


AR GTAISC ID CITE RE A NUE Se A NA USE Dieu AR le un L®,60 
2° Calcaire jaunâtre, avec quelques fossiles. . . . . . . . h 0 Rd een ANT RES 1, 00 
aCalcaire blancitaché derjaune, avec fossiles MERE M NON 0, 20 
L° Calcaire dur, avec points verts abondants et quelques fossiles. . . . . . . . . . . . 0, 30 
5° Marnes sableuses gris-bleu, reposant probablement sur le terrain de transition. 


Les fossiles cités dans ces divers bancs à partir du n° 2 sont des dents de 
squales, des fragments de crustacés brachyures, l’Exogyra columba minima à 
l’état siliceux, ainsi que plusieurs espèces de Trigonies , le Pecten quinquecostatus 
et un grand nombre de coquilles à l’état de moule ou d'empreinte qui n’ont pas 
été déterminées, entre autres des fragments de deux espèces d’Ammonites. 

Ce dépôt de 600 à 700 mètres au plus de longueur sur une largeur de 300 
à 400 mètres et une épaisseur d'environ 7 mètres, repose, d'après M. de Caumont, 
sur les grès à l'extrémité de la bruyère du Plessis, et sur les schistes dans le vallon 
voisin situé sur la commune de Campandré. Par ses caractères comme par la 
position qu'il occupe, ce lambeau nous semble un témoin isolé de l’ancien pro- 
lonsement de la bande de Nonant à Montabart, et appartenant aux étages infé- 
rieurs du grès vert. 


Dans la direction de l’Aigle et de cette ville à Glos-Laferrière (3), Montreuil - 


(1) Quoique nous connussions l'existence et la place de ce lambeau, sa position, si remar- 
quable par rapport à l’axe du Mellerault, nous avait complétement échappé, et c’est à la sagacité, si 
ingénieuse et si profonde à la fois, de M. Elie de Beaumont, que nous devons cette indication précieuse 
-qui nous a mis aussi sur la voie de quelques considérations théoriques dont nous parlerons plus loin. 

(2) Zssai sur la topographie géognostique du Calvados, p. 275. 

(3) Un forage entrepris par M. Flachat à Glos-Laferrière a été poussé jusqu’à 121,49. D’après 
les détails donnés des 44 couches traversées, il semblerait que cet ingénieur les rapporte à la for- 
mation crétacée. Cette commune se trouve cependant située sur un plateau de calcaire lacustre et 
de poudingue ; et quoique le terrain tertiaire doive y être très puissant, la légende, jointe à la coupe, 


99 ÉTUDES (N: 1, p. 92.) 
Largillé et au-delà, la formation crétacée est recouverte d’un épais manteau de 
dépôt tertiaire sableux, marneux, caillouteux ou argileux qui sur certains points 
atteint une épaisseur de 40 mètres. 

Le versant N. de la vallée de la Loire est limité, comme nous l'avons dit, par l'axe 
même du Mellerault; nous passerons actuellement sur le plan situé au N. de cet 
axe pour étudier les couches qui, s'étendant de là jusqu’à la mer et vers la Seine, 
sont coupées par les vallées de la Charentonne, de la Rille, de la Touques et de 
la Dive. Cette partie de notre travail sera beaucoup moins étendue que les pré- 
cédentes , d’abord parce que la surface qu’elle comprend est moindre, et ensuite 
parce que les assises crétacées ont des caractères plus uniformes, et qu'elles ont 
été décrites avec assez d’exactitude pour que souvent nous n’ayons plus qu'à les 
caractériser d'une manière générale. 


CHAPITRE III. 


Versant nord de l’axe du Mellerault. 


Si de Nonant on se dirige vers Gacé on marche, en arrivant près de ce dernier 
bourg, sur des sables ferrugineux renfermant des couches subordonnées de grès 
brun, avec beaucoup de coquilles brisées, et dont les mieux conservées paraissent 
se rapporter à une Avicule voisine de l4. Bramburiensis Phill.; puis viennent des 
grès tendres, extrêmement chargés d'oxyde de fer, et plus haut, des rognons po- 
lymorphes, spongiformes, en couches subordonnées, et enfin un lit d'argile gris- 
bleuâtre. La position et les caractères de ces couches arénacées ferrugineuses au S. 
de Gacé font d'abord naître quelques doutes sur leur âge véritable ; mais l'examen 
des collines situées au N.-0. du bourg permet de préciser leur niveau géologique 
de la manière la plus exacte. 

En sortant de Gacé par la route de Bernay, on trouve la coupe suivante de bas 
en haut à partir du four à chaux : 


4° Calcaire marneux blanc-jaunâtre, hrèchoïde, plus ou moins compacte ou oolitique, avec 
Pholadomya carinata Gold. P. nov. sp.; Terebratula perovalis , Sow. T.bucculenta 
Sow.? Pecten vagans Gold. Bronn (non Sow.); Lutraria, Galerites depressus, Lam. 10,00 


n’en fait aucune mention. L’altitude de ce plateau est probablement de 410 à 150 mètres. Il ya 
donc pour nous une grande incertitude sur les assises supérieures de cette coupe. Mais quoi qu'il en 
soit, le second groupe paraît descendre au-delà de 91,68. Quant au troisième, il se trouverait très 
réduit, car il est douteux que le calcaire marneux gris, et les marnes qui règnent de 109 à 121,49 
dépendent du grès vert; elles sembleraient plutôt appartenir à la formation oolitique, ce qui expli- 


querait le peu de succès du forage et s’accorderait avec la proximité où ce point se trouve 
de l’axe du Mellerault. 


(K: 1, p. 95) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 93 
2° Sable très argileux, vert-noirâtre, sans fossiles, reposant immédiatement sur le calcaire 

oolitique, et formant le ciel de la carrière. ÉARAMES de L ,00 
30 Alternances de sable vert et de grès gris ou jaunâtre en lits MIDCe SR RENE NE | : 6 ,00 
L° Grès calcarifère glauconieux, friable ou endurci par place, Vaufilus Dionisius, 

Les. ( elegantoides d’Orb. ). GENE PORTE 5 ,00 
5° Calcaire sableux, glauconieux , avec des rognons Fe He ne Hernies) RES 6 ,00 
6° Sable glauconieux , calcarifère , faiblement agrégé par place. Fossiles nombreux. 7 ,00 
1° Sable calcarifère, glauconieux, grisâtre, endurci, et donnant lieu à de petits rognons 

irréguliers et contigus. Fossiles nombreux. . BONNE DEN REC EDEN SERRE RE 3 ,00 
8° Sable rouge et silex recouvrant le plateau. RS MM ui À L®,00 


La même superposition directe du grès vert au calcaire oolitique se voit encore 
dans la carrière de la Fangée, à une demi-lieue sur le prolongement S.-E. du 


même coteau. 


Nous avons recueilli les fossiles suivants dans les assises 4, 5, 6 et7, qui sont 
intimement liées et passent les unes aux autres. 


Tragos. 

Cellepora. 

Eschara. 

Flustra. 

Ceriopora mamillosa , Roem. 

Lunulites cretacea, Defr. (Spongiaire). 

Spatangus acutus, Desh. (Micraster, id., Ag. ). 

————— id. var., (runcala. 

bufo, Al. Brong. (Micraster, id., Ag.). 

——-—-— truncatus, Gold. (Holaster, id., Ag.). 

—_——— nodulosus, Gold. var. minor. ( Holas- 

ler , id. Ag.). 

Nucleolites carinatus, Gold. 
Lam. ; Catopygus, id., Ag.). 

Galerites subuculus, Lin. (@: rotularis, Lam.; 
Discoidea , Lesk.). 

Cidarites variolaris, Al. Brong. (Tetragramma, id. , 
Ag.) 

Echinus radiatus Gold. (Arbacia, id. Ag.) 

Serpula gordialis, Gold. 

Cyprina cordiformis, d’Orb. 

———— intermedia, id. ? 

———— rostrata, Sow, in Fit. 

———— 0blonga d'Orb. ?- 

——-—— (indét.). 

Isocardia (indét.). 

Corbis cordiformis, d’Orb. 

Trigonia crenulata, Lam. 


(N. columbaria, 


——— asper, 


Arca ligeriensis, d'Orb. 

Mytilus ou Lithodomus (nov. sp.) ? 

Avicula, voisine de l’À. anomala, Sow. in Fit. 

Inoceramus striatus, Sow. 

———-—— (indét.). 

Lima Dujardini, Desh. 

—— Hoperi, Sow. 

—— subovalis, Sow. in Fit. 

—— (indét.). 

Pecten æquicostatus, Lam. (var. intermédiaire 
entre les P. quinquecustatus , Sow. et {u-- 
midus, Duj. 

Sow. 

Spondylus fimbriatus, Gold. 

striatus, Al. Brong. 

Exogyra decussata ? Gold. 

———— gaceensis, Nob. 

Ostrea carinata , Lam. 

Terebratula biplicata, Sow. 

———-—— id. var. ia Fit. 

— Gibbsiana, id. 

———-—— plicatilis, id. 

———-—— prelonga, id. in Fit. 

(nov. sp.). 

Ammonites furcatus, id. an varians, SOW.? 

Turrilites tuberculatus, id. 

Nautilus Dionisius, Les. 

Crustacés voisins du genre Corystus: 


Si de Gacé on prend la route de Vimoutiers, on retrouve les mêmes sables et 
grès ferrugineux qu'au S. du bourg, et à un kilomètre environ, onles voit recouverts 
par un petit lambeau de calcaire oolitique.En montant ensuite le chemin de Grand- 
Val, à gauche de la route, on trouvesuccessivement les grès ferrugineux avec Jlama- 


94 ÉTUDES CN. 4 p.98.) 
chelle, jusqu’au quart de la hauteur, puis les calcaires marneux oolitiques du four 
à chaux de Gacé ayant à peu près la même épaisseur (14 à 15 mètres). Les Pholado- 
myes y sont assez rares, à la vérité, mais tous les autres caractères de la roche sont 
identiques. Ces assises sont recouvertes de sables argileux vert foncé, auxquels 
succèdent toutes les assises de grès glauconieux calcarifères, de sables, etc., que 
nous venons de décrire à la sortie de Gacé sur la route de Bernay. Cette coupe 
complète, que l’on peut vérifier encore dans d’autres chemins, dirigés comme celui- 
ci à l'O. de la route, établit d’une manière incontestable la position des grès fer- 
rugineux, qu'au premier abord on aurait pu confondre avec ceux de la formation 
crétacée qui viennent finir au pied S. de l'axe anticlinal du Mellerault. Ces gres 
nous paraissent occuper le niveau du calcareous grit, et les calcaires oolitiques 
qui les recouvrent celui du coral rag. Les uns et les autres s’abaissent au N. ; car 
à la côte du Mesnil-Gatel, ce sont les sables et les argiles vertes qui forment le 
pied de la rampe; au-dessus, vient un grand développement des couches calca- 
réo-sableuses et glauconieuses de Gacé, surmontées de roches jaunâtres, glauco- 
nieuses et de sables ferrugineux peu épais, appartenant probablement à la base 
du grand dépôt de silex et d'argile sableuse rouge qui recouvre tout le plateau 
que parcourt la route. 

Les étages moyen et inférieur du grès vert pris ensemble n’ont pas moins de 
70 mètres d'épaisseur dans cette colline. C’est la plus grande que nous leur con- 
naissions et qu'ils atteignent probablement; car au S., dans les diverses coupes 
que nous en avons données, cette épaisseur ne dépassait pas 18 à 20 mètres. A la 
descente vers Vimoutiers, la rampe de la route présente d’abord, au-dessous du 
dépôt de silex et d’argile rouge sableuse, la contre-partie de celle du Mesnil-Gatel, 
c’est-à-dire toutes les couches calcaréo-sableuses etglauconieuses, mais déjà moins 
épaisses, puis les sables et les argiles vertes du troisième étage, les calcaires ooli- 
tiques à Pholadomyes, et enfin les grès ferrugineux, parfaitement caractérisés et 
exploités au bas de la côte, derrière les premières maisons du bourg. 

Dans le département du Calvados, M. de Caumont a depuis longtemps reconnu 
l'impossibilité d'établir des divisions tranchées parmi les couches crayeuses, et 
de distinguer ce qu'il appelle la craie supérieure de la craie marneuse, et celle- 
ci de la craie chloritée (1). C’est, en effet, un des caractères les plus frappants 
de ce plan Nord, que la continuité et l’uniformité des sédiments crétacés 
depuis le deuxième étage du grès vert jusqu'à la craie blanche, lorsqu'on le com- 
pare aux variations si nombreuses que vient de nous présenter le plan Sud. 

D'après M. Castel (2), le grès vert du canton de Livarot se compose de sable 
fin variant du vert au blanc et renfermant une masse calcaréo-sableuse dont la 
base, qui constitue notre troisième étage du grès vert, est composée d'argile plus 


(1) Topographie géognostique du Calvados, p. 99. 
(2) Mém,. de la Soc. Lin. de Normandie ,t. VI, p. 290. 


CN: 1, p. 95.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 95 
ou moins sableuse, chloriteuse et vert-bleuâtre. Ces assises très puissantes repo- 
sent sur les couches de la formation oolitique, et sont recouvertes par une craie 
clauconieuse et marneuse avec silex occupant le sommet des collines du pays 
d'Auge. 

A l'O. de Lisieux, le nouveau chemin de Manerbe montre vers le bas des cal- 
caires très durs , compactes, gris-jaunâtre, d’un aspect magnésien, et plus haut, 
des calcaires jaunes, fragmentaires, surmontés par les argiles sableuses vertes de 
la base du grès vert. Un dépôt sablonneux jaune masque d’ailleurs presque 
toujours la succession des couches dans cette tranchée très oblique. 

En suivant la route de Pont-l'Évêque, on trouve dans un chemin qui monte à 
droite et avant le village d'Oulbine-le- Vicomte, l'étage moyen du grès vert bien 
caractérisé. Il forme une masse de calcaire sableux et glauconieux de 14 à 
15 mètres d'épaisseur. On n’y voit plus, comme aux environs de Gacé. des al- 
ternances de marnes sableuses et de lits de grès en rognons; ici toute la masse est 
continue , agrégée quoique peu dure, et solidifiée par une grande quantité de silex 
gris en rognons, souvent réunis et formant des cordons plus ou moins considé- 
rables. Ces silex se fondent dans la masse calcaire sableuse. Les fossiles ne sont 
pas rares, mais en mauvais état et très empâtés dans la roche. Au-delà, la route 
continue à être tracée sur les glaises sableuses vertes de l'étage inférieur. 

À une demi-lieue de Pont-l'Évêque, affleurent d’autres glaises tenaces , gri- 
sâtres, très différentes des précédentes et remplies d’'Ostrea palmetta, de Térébra- 
tules, de Gryphœa gigantea (Ostrea eduliformis Schlot., non Lam.), de Bélemnites, 
de Serpula conformis, Gold., etc. Ces glaises, qui paraissent appartenir à l'argile 
d'Oxford , s'élèvent beaucoup plus, au S. de la ville sur la route de Caen. Elles 
semblent avoir été confondues quelquefois, soit avec les argiles d'Honfleur , 
soit avec le troisième étage du grès vert. Ce dernier se voit dans la même coupe, 
mais au-dessus d’un calcaire qui représenterait le coral rag. Des calcaires sableux 
et glauconieux, recouverts de silex et d'argile rouge, occupent les hauteurs de 
Reux. L'absence de bonne coupe dans ce pays très couvert rend souvent la super- 
position douteuse , et l’on conçoit que M. de Caumont ait pu hésiter quelquefois 
à se prononcer sur la position réelle de certaines assises. 

La craie chloritée, qui serait le prolongement de notre second étage des environs 
de Mortagne, de Gacé et de Vimoutiers, se voit particulièrement, dit M. de Cau- 
mont, aux environs de Dozulé, de Clermont, de Quevrus, du Mont-Pincon, ete. Les 
marnes Crayeuses qui représenteraient la craie micacée se trouvent plus à l'E., 
et le sable vert foncé, qu’il nomme banc de terre verte, et qui constitue notre troi- 
sième étage , existe, sur une épaisseur presque constante de 12 à 14 mètres, à Ca- 
napeville, Authieux, Saint-Julien-le-Faucon , puis au-dessus de l'argile d'Hon- 
fleur et des sables de Glos, le long des rives dela Touques et de la Calonne, et dans 
presque toutes les vallées des arrondissements de Lisieux et de Pont -l’Évêque. 
La formation crétacée s'arrête à la rive droite de la Dive, abstraction faite du lam- 


96 ÉTUDES CN: 4, p.96.) 
beau tout-à-fait isolé du Plessis, situé à 11 lieues à l'O. Sur cette limite occiden- 
tale, l'épaisseur totale de la formation ne dépasse pas 30 à 35 mètres. M. de Cau- 
mont pense que , sur Les points du département où elle est la plus grande, elle 
atteint à peine 100 mètres. 

Dans la falaise d'Hennequeville, le même géologue signale 33 mètres de craie 
glauconieuse, avec silex gris et Alcyons, appartenant au grès vert, et reposant sur 
13 mètres de terre verte ou troisième étage du groupe; au-dessous, vient l'argile 
d'Honfleur. Dans la colline de Glos, l’étage inférieur du grès vert a la même 
épaisseur. Dans celle de Saint-Julien-sur-Calonne, près de Pont-l'Evêque, le grès 
glauconieux calcarifère, de 20 mètres de puissance, recouvre 12 à 14 mètres d’ar- 
gile sableuse vert foncé , et dans la falaise d'Honfleur on voit également la craie 
glauconieuse et sableuse reposer sur les glaises vertes et sableuses inférieures, 
(pl, fig. 5). 

Dans le département de l'Eure, nous avons déjà dit que des dépôts tertiaires 
recouvraient tout le pays entre l’Aïgle et Montreuil-Largillé. De ce bourg à 
Broglie , le sol est aussi recouvert par le dépôt de silex surmonté d'une couche 
puissante d’alluvion ancienne. Au-dessous, on exploite par des puits de 10 à 
15 mètres de profondeur une craie marneuse avec quelques points verts, de nom- 
breux Inoceramus mytiloides et quelques Térébratules plissées. Si l’on remarque 
que, dans cette partie, toute la formation incline au N.-E. vers la vallée de la Seine, 
qu'il y a des différences notables dans les caractères des couches comparées à 
celles que nous venons d'indiquer à l’O., et qu'enfin l’Inoceramus mytiloides, 
propre à la base du deuxième groupe , est ici très répandu, on sera porté à 
admettre que cette craie des environs de Broglie, de Montreuil, et que nous 
retrouvons encore à la descente de Bernay, est supérieure aux assises calcaréo- 
arénacées et glauconieuses que nous avons rapportées au grès vert dans les 
départements de l'Orne et du Calvados. 

La craie forme les pentes inférieures de la vallée de la Charentonne, autour de 
Bernay. Entre Menneval et Canfleur, des coupes faites le long de la route, l'ont 
mise parfaitement à découvert. Ses caractères sont encore les mêmes. Le dépôt 
de silex est extrêmement épais sur ces collines. Il a rempli et nivelé Les profondes 
anfractuosités de la surface de la craie, dont le ravinement est ici très remar- 
quable. Sur ces divers points, la roche présente une grande analogie avec la craie 
micacée de Touraine, dont elle nous paraît être le représentant. Elle est aussi 
caractérisée par l’Inoceramus mytiloides si fréquent dans cet étage, de Buzançois 
à Châtillon, puis à Mirebeau et Loudun, comme dans la craie marneuse du 
Nord au cap Blanc-Nez, et sur les côtes opposées du Kent et du Sussex. Cepen- 
dant les Céphalopodes, qui accompagnent souvent cette coquille dans ces diverses 
localités , nous ont paru manquer dans cette partie de la vallée de la Rille ; peut- 
être forment-ils, comme à Rouen, un lit particulier qui se trouverait plus bas 
que le fond de la vallée à Serquigny. 


(N-1, p.97.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 97 

Jusqu’à Brionne, la craie conserve des caractères peu différents de ceux que 
nous venons de signaler. Quelquefois elle est plus sableuse et avec des points 
verts, comme à la Rivière-Thibouville, où M. A. Passy lui a donné le nom de 
craie glauconieuse (1). Autour de Brionne, on remarque surtout l'épaisseur con- 
sidérable des dépôts de silex, de sable rougeâtre ou d'argile sableuse blanchâtre 
qui la recouvrent. À Pont-Authou , un affleurement de grès vert paraît être le 
résultat d’une dislocation. D’après M Passy, d’autres affleurements anormaux se 
montreraient encore sur divers points de cette vallée. L'inclinaison générale que 
nous avons mentionnée vers le N.-E. semblerait d’ailleurs coïncider avec un 
relèvement au N.-0., car les couches du grès vert ont été atteintes, au-dessous des 
dépôts modernes, dans le puits foré à Pont-Audemer. À 35 mètres, on arencontré 
les marnes glauconieuses ou vertes de la base du grès vert, et au-delà, jusqu’à 
66 mètres environ. on a traversé des argiles bleues très compactes avec pyrites , 
et des veines de sable. 

Les distinctions faites par M. Passy, dans la note précitée, de craie blanche 
supérieure, de craie dure à concrétions , de craie blanche compacte, de craie 
marneuse, de craie glauconieuse, de glauconie sableuse et de marnes glauconieuses, 
ne nous semblent pas toutes établies sur des superpositions réelles. Quelques unes 
de ces roches nous paraissent être des passages latéraux sans importance géolo- 
gique; les autres, quoique superposées, ne sont queles parties liées d’un même tout, 
dans lequel les modifications du dépôt ont été graduelles depuisle bas jusqu’en haut. 
Cette opinion a d’ailleurs été émise par M. Passy lui-même, sur les assises cor- 
respondantes du département de la Seine-Inférieure. Quoi qu’il en soit, l'inclinai- 
son au N.-E. fait qu'entre la vallée de la Rille et celle de la Seine, des couches très 
puissantes se sont superposées aux précédentes. La série de ces couches mises à 
découvert dans la grande côte à l'O. d’Elbeuf, et que parcourt la route de Bourg- 
Theroulde, nous paraît avoir été avec raison rapportée au groupe de la craie 
blanche. On y observe de haut en bas, sur une hauteur d'environ 80 mètres: 


4° Craie blanche, tendre, avec silex noirs. Cette assise se trouve ensuite masquée , dans la coupe 
de la route, par une masse d’alluvion ancienne assez considérable , recouvrant un dépôt de 
silex de 6 mètres d'épaisseur. Ces silex sont enveloppés dans une terre argileuse rougeâtre. — La 
même craie reparaît au-dessous. 

20 Craie endurcie avec silex gris-brun. La roche est caverneuse , sa cassure est compacte et es- 
quilleuse à la fois. 

3° Craie blanche avec lits de silex gris. 

4° Craie blanche avec lits de silex noirs et gris de 0,25 d'épaisseur, et espacés de 1", à 17,50 dans 
les carrières à ciel ouvert et dans les galeries situées au-dessus du four à chaux. Les silex, plus ou 
moins noirs au centre, sont enveloppés d’une zone grise d’épaisseur variable. 

5° Craie blanche endurcie, dans la carrière même du four à chaux; silex gris-blanc et blanchâtres, 
zonés et caverneux. Ils forment souvent de gros rognons aplatis de 0,40 à 0,60 de côté. La 
structure de la roche est bréchoïde. 


(1) Notice géologique sur le département de l'Eure, p. 29. 
SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. II. Mém. n°1. 18 


98 ÉTUDES (N. 1. p.98.) 


6° Craie blanche endurcie passant au compacte, avec silex gris. 
1° Craie blanche tendre, avec silex noirs en rognons. 
8° Craie endurcie caverneuse, avec silex noirs très nombreux en rognons alignés. 


Les maisons masquent en cet endroit les couches inférieures, mais on peut les 
observer dans une grande carrière ouverte au bout du faubourg, sur la route de 
Rouen. Vers le haut d’un escarpement vertical, qui a près de 25 mètres, se 
montre un banc de craie dure et caverneuse , prolongement de l’assise n° 8 de la 
coupe précédente; tout le reste, jusqu'au pied de l’escarpement qui se trouve 
presqu'au niveau de la rivière, est formé par une craie marneuse , un peu grise, 
quelquefois endurcie et renfermant des silex noirs. Cette craie paraît correspondre 
à la partie supérieure de celle des bords de la Rille. Ce serait alors une portion 
de la craie micacée, et le groupe de la craie blanche commencerait avec les bancs 
durs et caverneux. Toute la partie supérieure des collines qui longent ici la Seine 
pourrait donc représenter l'étage de la craiede Blois et de Vendôme, tandis qu'en 
marchant à l’E., vers Louviers, ou en remontant dans les couches, nous trouvons 
la véritable craie blanche dans les escarpements qui entourent cette dernière 
ville. À un kilomètre au N. , sur la route d'Elbeuf, des carrières y sont ouvertes. 
Les silex noirs s'y montrent en cordons souvent assez rapprochés , et la roche est 
bien caractérisée par la présence des Ananchites ovata et striata, des Gale- 
rites vulgaris et subrotunda , du Spatangus punctatus , du Spondylus spinosus ; de la 
Terebratula carnea , et de Spongiaires que nous n’avons point trouvés dans les 
couches d'Elbeuf, probablement plus basses dans la série. 

Les données fournies par les puits artésiens confirment l'inclinaison supposée 
des couches au N.-E. et à l'E. sur cette rive gauche de la Seine; en effet, nous avons 
vu à Honfleur les argiles vertes du 3° étage ou de la base du grès vert s'élever de 
quelques mètres au-dessus de la mer. Dans le puits de Pont-Audemer, elles 
sont à 25 mètres environ au-dessous du même niveau; dans ceux d'Elbeuf qui 
ont réussi, et dont la profondeur varie de 149 à 155 mètres, suivant sans 
doute le niveau de l’orifice, elles s’abaissent à environ 100 mètres au-dessous de 
leur affleurement sur la côte. Pour atteindre ces argiles sableuses vertes, que 
l’on peut appeler la couche aquifère par excellence, on a traversé 25 mètres de 
craie avec silex noirs ; 49",30de craie grise ou micacée représentant le groupe 
de la craie tufau; 37",45 de craie verte ou chloritée, appartenant au grès vert, et 
l’on a pénétré jusqu’à 14 mètres dans les argiles sableuses vertes , dont la partie 
supérieure renfermait beaucoup de pyrites et de coquilles brisées. 

Dans le puits de Saint-André, situé à quatorze lieues au S. des précédents , et 
dont M. Walferdin a donné la coupe (1), on a traversé 13",52 de dépôts tertiai- 
res ; 122",46 de craie blanche ; 29",24 de craie marneuse; 13”,64 de glauconie ; 
84",36 de sables verts, et l'on s’est arrêté à 263%,22 sans les avoir traversés entiè- 


(1) Bull. de la Sor. géol, t. IX, p. 255. 


CN: 4, p. 99.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 99 
rement et sans avoir chtenu d’eau jaillissante. Il est donc assez probable, comme 
le fait observer M. Walferdin , que la nappe cherchée était à une faible profon- 
deur au-dessous du point où l'on était arrivé. Cependant nous ferons remar- 
quer que le plateau de Saint-André, étant à 143 mètres d'altitude, on n'est 
ainsi descendu qu'à 120 mètres au-dessous du niveau de la mer, c’est-à-dire à 
peine à 20 mètres plus bas qu'à Elbeuf, et bien que le grès vert soit ici beaucoup 
plus épais, on voit que si la pente à l'E. est régulière , la couche aquifère d'Elbeuf 
doit être encore à une certaine profondeur. D’un autre côté, le développement du 
grès vert pouvait faire espérer de l’eau jaillissante avant d'atteindre la grande 
nappe aquifère de la base du groupe, dont l’inclinaison est d’ailleurs plus faible 
dans cette direction que de Pont-Audemer à Elbeuf. 

Le plan Nord qui descend de la ligne de partage du Mellerault se termine à la 
rive gauche de la Seine; mais nous croyons devoir indiquer encore rapidement, 
pour compléter notre sujet, quelques uns des résultats principaux qu'offre - 
l'examen de la rive droite relativement aux diverses assises dont nous venons de 
parler. 

Si de Pont-de-l'Arche on descend la Seine jusqu’au Havre, et qu’on suive la côte 
jusqu'au cap d’Antifer et au-delà , on remarquera d’abord que, jusqu'à Rouen, 
on ne voit que des falaises continues de craie à silex sans divisions réelles possi- 
bles; puis qu'à partir des argiles bleues qui affleurent au pied de la colline 
au faubourg de Saint-Paul, et qui sont les couches les plus basses qui se mon- 
trent sur cette rive de la Seine, on trouve, d’après M. Passy (1), sur une hauteur 
de 145 mètres, (0 mètres de marne glauconieuse ; 15 de craie dure ; 20 de craie 
glauconieuse à silex ; 0",03 lit de Scaphites, Turrilites, etc.; 5 mètres de craie 
marneuse; 25 de craie sans silex ; 60 de craie blanche, et enfin 10 mètres de dépôt 
superficiel. À Duclair, à quatre lieues et demie au-dessous de Rouen , l’escarpe- 
ment étant entièrement formé par la craie blanche, M. Passy en conclut avec 
raison que toute la formation a dû être soulevée dans les collines de Rouen, et 
les sondages, comme nous le verrons, conduisent au même résultat. De plus, la 
craie blanche atteint 143 mètres d'altitude à la montagne Sainte-Catherine, 
tandis qu'à Duclair elle est seulement à 66,27; ainsi, les couches se relèvent de 
Pont-de-l'Arche à Rouen, et s’abaissent de Rouen à Duclair. 

En continuant à descendre la Seine, les couches se relèvent de nouveau et 
d'une manière beaucoup plus prononcée, puisqu'au cap la Hève, au N.-0. du 
Havre , l'étage de Kimmeridge s'élève de 15 mètres au-dessus de la mer. Il est 
recouvert par des sables micacés, fins, roux, blancs ou ferrugineux, d'environ 
8 mètres d'épaisseur et renfermant des rognons subcylindriques formés de sable 
grossier et de fer oolitique, agglutinés par un ciment argilo-ferrugineux bru- 
- nâtre. On y trouve accidentellement des débris de crustacés macroures (Astacus?). 


(2) Description géol. du département de la Seine-Inférieure. 


100 ÉTUDES CN. 4, pe 100.) 
D'après les observations faites par M. Lesueur en 1845, dans un endroit de la 
falaise situé au-dessous des signaux, et qu’un éboulement récent avait mis bien 
à découvert, observations que ce savant nous a communiquées avec son obli- 
geance ordinaire, on trouve sur l’assise précédente : 1° un lit de grès ferrugi- 
neux en plaquettes, puis des marnes sableuses, vert foncé, noirâtres, efflores- 
centes, de 4 mètres d'épaisseur , renfermant des coquilles bivalves indétermi- 
nables; 2° un banc de rognons ferrugineux de 0",15 ; 3° un lit de sable fin de 0",65; 
4° un sable grossier ferrugineux , avec grains de quarz agglutinés par place, et 
passant vers le bas à un poudingue également ferrugineux qui forme un banc con- 
tinu. Cette assise arénacée, de 2,50 à 3 mètres d'épaisseur, contient des rognons 
recouverts d’une croûte formée par les éléments mêmes du sable et du gravier 
environnant, mais qui, à l'intérieur, sont composés d’une substance argileuse 
gris-noirâtre, compacte, très dure, mêlée de sable, de grains verts et d’une cer- 
taine quantité de fer hydraté. Ces rognons, qui font quelquefois effervescence 
avec les acides, ont la plus grande analogie avec ceux que l'on trouve si ré- 
pandus dans le grès vert des Ardennes et de la Champagne. Ils offrent de même 
une grande quantité de moules et d'empreintes de coquilles parmi lesquels nous 
avons cru reconnaître, d’après les dessins de M. Lesueur et les échantillons qu'il a 
bien voulu mettre à notre disposition, un Nautile voisin des N. Bouchardianus et 
pseudo-elegans, d'Orb., l'Ammonites Milletianus, id.? Üne Turritelle distinete quoi- 
que voisine de la 7”. Rauliniana, id. ; une grande Arche, les Trigomia Fittoni, Desh.: 
Pachymya gigas, Sow.? Exogyra sinuata, \d., une autre petite espèce d'Exogyre et 
probablement l'Ostrea lateralis, Nils., Modiola hineata, Sow. in Fit.? Thetis ou Car- 
drum, ete. Malgré les doutes qui nous restent sur la détermination de la plupart 
de ces coquilles, nous serions disposé à y reconnaître plutôt lescaractères du gault 
que ceux du lower green sand, à l'exception de l'Exogyra sinuata, qui paraît y être 
d’ailleurs fort rare et très roulée. Ces diverses couches, depuis le n° 1 jusqu'aux 
marnes sableuses, vert-noirâtre, efflorescentes, qui les recouvrent, puis les 
marnes grises, les marnes glauconieuses avec fossiles calcédonieux , et enfin le 
banc de sable vert qui est au-dessus, appartiendraient au 3° groupe. Les sables 
micacés fins, roux, blancs ou ferrugineux qui sont dessous et reposent sur l'étage 
de Kimmeridge, seraient un rudiment du lower green sand ou du 4° groupe ; mais 
rien ne nous autorise encore à y voir un représentant du groupe wealdien. 

Les assises argileuses et sableuses, vert-noirâtre, efflorescentes, dont nous 
venons de parler, et placées au-dessus des sables à rognons coquilliers, cor- 
respondraient aux argiles de Saint-Paul et à l'étage inférieur du Calvados. Tout 
le reste de la falaise est une alternance de craies plus ou moins sableuses , plus 
ou moins glauconieuses, avec des lits de silex en rognons, et parfaitement 
liées entre elles. La ressemblance de ces couches avec celles de Gacé à Vimou- 
tiers nous porterait à les regarder comme appartenant presque entièrement 
au groupe du grès vert; mais, d’après ce que nous avons vu lorsque l'élément 


CN: 4, pe 101.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 101 
calcaire tend à y prédominer, sa séparation d'avec le groupe précédent ou de la 
craie tufau devient tout-à-fait arbitraire. 

Dans les falaises au-delà des phares, il y a un nouvel abaissement de tout le 
système, et les couches de Kimmeridge passent au-dessous du niveau de la mer. 
Les sables ferrugineux sont alors beaucoup plus développés, et le reste de la coupe 
concorde sensiblement avec la précédente. En continuant à s’avancer vers le cap 
d’Antifer, le plongement au N. continue; des sables micacés et ferrugineux sem- 
blent représenter encore le groupe inférieur sur une hauteur de 10 à 12 mètres, 
puis viennent des sables vert foncé de 14 à 15 mètres, appartenant à la base du 
3° groupe, et au-dessus, des craies glauconieuses qui en font également partie, 
mais qui passent à la craie tufau ou craie marneuse, et enfin à la craie blanche, 
laquelle compose seule les falaises situées plus au N. 

L'examen des sondages, dans cette partie occidentale du bassin crayeux, va nous 
faire connaître la marche des couches au-dessous du sol aussi bien qu'’au-dessous 
du niveau de la mer. Le puits de la rue Martainville , à Rouen , poussé à 67,3, 
a traversé, après {9 mètres de terrain moderne, 39 mètres de glauconie sableuse, 
de sable vert et de marnes bleues avec coquilles et fer sulfuré appartenant au 
troisième groupe, puis on a atteint des calcaires marneux de l'étage de Kimme- 
ridge. Ces mêmes calcaires, d’après M. Passy, auraient été rencontrés à une pro- 
fondeur de 12 à 14 mètres seulement dans le puits de la Monnaie, ce qui lui fait 
penser qu'il existe sous la ville de Rouen un soulèvement en miniature compa- 
rable à celui du pays de Bray. 

Dans le faubourg de Saint-Sever, sur la rive gauche de la Seine, on a obtenu 
une eau jaillissante à 59%,25 de profondeur. Trois autres puits forés à une petite 
distance du précédent , et poussés à 66 mètres plus bas, n’ont donné aucun 
résultat; un quatrième descendu à 53 mètres près de la côte de Deville, dans 
des argiles noires avec fer sulfuré, n’a point donné non plus de résultat, tandis 
qu'un puits ordinaire de 30 mètres de profondeur fournit une eau très abon- 
dante. Ainsi, dit M. Dubuc, à qui nous empruntons ces détails (f), dans un 
espace d'un kilomètre carré, dont la surface est horizontale et dont il sup- 
pose, à tort suivant nous, que les couches sous-jacentes le sont également , on a 
obtenu une fois une eau jaillissante à 59°,25, trois fois les résultats ont été nuls 
non seulement à cette profondeur, mais encore à 66 mètres plus bas, et enfin une 
eau de source très abondante a été rencontrée une fois à 30 mètres (2). M. Gi- 
rardin à fait connaître qu'en 1836, les eaux du premier puits avaient sensible- 
ment diminué, et bien que les détails qu’il donne sur les couches traversées 
soient peu propres à leur classement géologique, il n’en résulte pas moins que 
les nappes aquifères sont plus basses sur la rive gauche que sur la rive droite, que 
l'extrême irrégularité du régime des eaux s'accorde avec l'hypothèse d’une dis- 


(1) Notice historique sur quatre puits artésiens ; Précis an. des trav. de l’acad. royaledeRouen,1836. 
(2) Premier mém. sur les puits artésiens , bid., 1838, p. 93. 


102 | ÉTUDES (N.1, p.102.) 
location que nous avons déjà admise d’après l'examen de cette même rive droite, 
et que, suivant toute probabilité, la Seine coule dans une fracture par suite de 
laquelle les assises ont été relevées de ce côté. 

L'inclinaison des couches au N.-0. vers Duclair, et leur relèvement au-delà 
dans la même direction, permettait de prévoir qu'un forage entrepris au Havre 
n'avait aucune chance de succès, une fois la sonde engagée dans le terrain secon- 
daire. Sur ce point, l’inclinaison étant à l'E. et au S.-E., c’est-à-dire vers 
l'intérieur du continent, on a dù traverser sans résultat les dépôts modernes 
jusqu’à 18 mètres ; le groupe du grès vert et peut être quelques faibles rudiments 
du 4° groupe jusqu'à 51".35; des calcaires marneux de l'étage de Kimme- 
ridge jusqu’à 76°,66 et des calcaires oolitiques jusqu'à 208 mètres. Cette incli- 
naison résulte encore évidemment de la comparaison avec la falaise de la Hève, 
du puits de Meulers ou de Saint-Nicolas d'Aliermont au S. de Dieppe, dont 
l’orifice est à 50 mètres au-dessus de la mer. Les couches crétacées se composent, 
d’après la coupe donnée par M. Passy (1), de 110 mètres de craie blanche, mar- 
neuse et glauconieuse; de 60 mètres de marnes bleues avec fossiles irisés et 
représentant le troisième groupe, et de 40 mètres de grès calcarifères compactes, 
probablement du groupe inférieur, qui descend ainsi à 210 mètres au-dessous 
du sol ou à 160 mètres au-dessous du niveau de la mer, et par conséquent à 
175 mètres plus bas que sur la côte au cap la Hève. Le reste du puits jusqu’à 
333 mètres étant percé dans les bancs à Exogyra virgula, on voit que ceux-ci 
s’abaissent à 283 mètres au-dessous de Ja mer ou à 298 mètres plus bas que leur 
affleurement le plus élevé sur la côte. 

Nous pensons que sur ce dernier point, comme à Rouen, dans le puits de 
Meulers et dans le pays de Bray, les marnes bleues et les sables verts argileux 
placés sous la glauconie sableuse représentent notre étage inférieur du grès vert 
des départements de l'Orne et du Calvados, et qu’ils sont probablement parallèles 
à l'étage du gault, d'où il résulterait que le premier et le second étage de notre 
grès vert de l'O. représenteraient seulement le grès vert supérieur (upper green 
sand ), si développé dans le Dorsetshire et le Wiltshire, aux dépens du lower green 
sand et du gault. Quant à ce qui vient immédiatement au-dessous, c’est-à-dire les sa- 
bles ferrugineuxet les grès du Havre et du pays de Bray, on peut les regarder comme 
appartenant au lower green sand du Kent, du Sussex et du Hampshire, que nous 
plaçons dans notre quatrième groupe del'E. ougroupe néocomien. Enfin les argiles 
bigarrées, les argiles à creusets et les grès calcaires coquilliers aussi du pays de 
Bray peuvent représenter le groupe wealdien. 

Quelques personnes, trop préoccupées peut-être du parallélisme de détail et de 
l'importance exclusive des corps organisés, ont cru retrouver l'étage du gault d’An- 


(1) Loc. cit., pl. IX, fig. 1. Les chiffres donnés dans le cours de l'ouvrage ne s'accordent pas 
exactement avec ceux de cette planche que nous avons préférés. 


CN. 4, p. 105.) SUR LA FORMATION CRETACÉE. 103 


oleterre partout où en France on en a rencontré les principaux fossiles ; et de ce 
que dans l'O. jusqu’à la rive gauche de la Seine, on ne voit ni les argiles du gault 
nises fossiles, tandis que certaines espèces du groupe de ia craie tufau se mon- 
trent dans la plupart des étages sous-jacents, on en a conclu, d’une manière en 
apparence assez spécieuse, que ce que nous appelons le groupe du grès vert n'y 
existait pas, et que tous les étages que nous venons de décrire comme tels appar- 
tenaient à celui de la craie tufau. Mais nous pensons queles détails dans lesquels 
nous sommes entré, et la comparaison que nous ferons plus loin des diverses par- 
ties du bassin crétacé du N. de la France, suffiront pour démontrer le peu de 
fondement de ces conclusions. Le groupe de la craie tufau , tel que nous l’avons 
limité à lO., est, dans le bassin de la Loire, plus développé qu'en aucun 
point du N. et de l'E. de la France, puisqu'il atteint jusqu'à 150 mètres d’é- 
paisseur. Ses caractères stratigraphiques et minéralogiques, comme la plupart de 
ses fossiles, le séparent nettement au S. de l’axe du Mellerault du groupe du grès 
vert qui est dessous, tandis qu'au N. de cet axe, toute la partie moyenne et supé- 
rieure de ce même grès vert, que nous sommes porté à mettre en parallèle avec le 
grès vert supérieur du S. de l'Angleterre, passe par des nuances insensibles au 
groupe de la craie tufau. 


CHAPITRE IV. 
8 I“. Résumé des trois chapitres précédents. 


Pour grouper actuellement d’une manière plus méthodique les observations 
que nous venons de faire depuis le département de la Nièvre jusqu'à lembou- 
chure de la Seine, nous rappellerons d’abord que dans la série de couches cré- 
tacées dont nous nous sommes occupé, nous avons établi huit étages distincts et 
répartis dans quatre groupes. 

Le premier, ou groupe néocomien , et le quatrième, ou celui de la craie blan- 
che, n’occupent qu’une très faible étendue de la surface que nous avons étudiée ; 
le second et le troisième, ou ceux de la craie tufau et du grès vert, subdivisés 
chacun en trois étages, y sont au contraire bien développés, et ce sont les seuls 
dont nous parlerons dans ce résumé. Nous commencerons par le plus ancien, 
celui du grès vert. 

Groupe du grès vert. 


Sur tout le versant qui est au midi de la Loire, le peu de constance dans les 
caractères, [a position relative et la puissance des sables verts ou ferrugineux, des 
grès et desargiles qui composent cegroupe, ne nous a point permis d'y distinguer 
les trois étages quenous avons établis pour le versant N.-0. Nous rappellerons donc 


104 ÉTUDES UN: 1, p. 104.) 
brièvement que vers l'E., sur les bords de la Loire, ce groupe est formé, à partir 
des calcaires jaunes néocomiens , de sables ferrugineux, puis gris-verdâtre , sur- 
montés de glaises bleuâtres plus ou moins foncées et dont l'épaisseur totale varie 
de 15 à 25 mètres. En se dirigeant au S.-0., on trouve, à la Motte d'Humbligny, 
au-dessus de l'étage de Kimmeridge et à un niveau dont l’anomalie résulte d’un 
soulèvement bien caractérisé, des grès grossiers, très ferrugineux, brun-jaune et 
des argiles sableuses, blanches, jaunes, grises ou rouges, puis des marnes grises 
et des sables glauconieux qui s’abaissent bientôt vers l'O. Sur les bords du Cher, 
des grès gris ou jaunes se développent dans ce groupe, et la coupe de Massay à 
Vierzon nous a montré, depuisles calcaires oolitiques de la plaine de Vatan jusqu’à 
la marne glauconieuse de la rive droite du Cher, une succession régulière de 
sable et de grès ferrugineux, d'argiles sableuses panachées, de glaises grises avec 
Plicatules, de grès feldspathiques, jaunâtres, piquetés, de grès gris divers et de 
sable vert, avec quelques lits minces d'argile subordonnés , atteignant ensem- 
ble une épaisseur de 35 à 40 mètres. 

En descendant la vallée du Cher, tout ce système argilo-sableux s’abaisse de 
plus en plus, pour disparaître à peu près à la hauteur de Selles, sous des assises 
plus récentes. Dans la vallée de l'Indre, nous l'avons vu, entre Buzançois et Clion, 
représenté par des grès ferrugineux et des sables argileux, verdâtres , d’une très 
faible épaisseur qui n’affleurent sous la craie micacée que dans un petit nombre 
de localités où ils recouvrent les couches oolitiques supérieures. Les plateaux dé- 
coupés qui séparent la vallée de l'Indre de celle de la Creuse, offrent aussi çà et là 
des sables quarzeux à gros grains avec Exogyres. Dans la vallée de la Vienne à Chà- 
tellerault, des grès très ferrugineux, schistoïdes, de 4 à 5 mètres de puissance, sur- 
montés de marnes argileuses à points verts, reposent sur les calcaires oolitiques ; 
et, au S. de la ville, le troisième groupe est encore représenté par des glaises , 
des sables et des grès ferrugineux ou verdàtres, avec Exogyra columba minima. 

Les roches arénacées de ce groupe se continuent dans le département de la 
Vienne, par la Roche-Pozay, Princay, Dissais, Vandœuvre, Varennes, et longent 
ensuite au S.-0. le pied des collines de craie micacée, pour atteindre le départe- 
ment des Deux-Sèvres. Elles se montrent également au N. de Mirebeau , à Saint- 
Jean-de-Sauve et Dandésigny, se prolongent, vers Richelieu, dans la vallée de la 
Veude, et reviennent à l'O. passer sous les collines de Loudun, pour reparaître, 
toujours sur une faible épaisseur, dans la vallée de la Dive, autour de Saint- 
Jouin-des-Marnes, d'Oiron, etc. Ces roches sont des grès veris ou ferrugineux , 
plus ou moins grossiers, des sables verdâtres, des grès calcarifères, glauconieux 
et coquilliers, des glaises vertes ou gris-bleu. Aux environs de Doué, sur les bords 
du Thouet et du Layon, les affleurements des dépôts qui appartiennent à ce groupe 
- sont encore moins nombreux, et ne présentent, sous les couches à ostracées, que 
des grès peu épais et quelques bancs de sables ferrugineux et glauconieux avec 
des glaises à la base. Dans cette partie du département de Maine-et-Loire, les 


2: 


ait 


(NA, p: 105.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 105 
couches crétacées reposent quelquefois sur les strates inclinés du terrain de 
transition, mais plus ordinairement sur le groupe inférieur de la formation ooli- 
tique ; dans celui de la Vienne, elles recouvrent le groupe moyen de la même 
formation ; dans ceux de l'Indre et du Cher, presque constamment le groupe 
supérieur. 

Toutes ces couches plongent très faiblement au N. et au N.-E. sous la vallée de 
la Loire. Les puits artésiens forés à Tours et aux environs, puis à Saumur et à 
Beaufort, nous ont permis d'apprécier avec un certain degré de précision la pro- 
portion de cet abaissement , la puissance des diverses assises , laquelle est beau- 
coup plus considérable au N. que sur les bords S. du bassin , et enfin leur amin- 
cissement et leur relèvement vers l'O. Ainsi le groupe du grès vert, qui, dans les 
puits forés de Tours et de Cangé, atteint une épaisseur de 102 à 115 mètres, et 
descend à environ 192 mètres au-dessous de l’étiage de la Loire, dans celui de Sau- 
mur, n'a plus qu'une puissance de 42 mètres et une profondeur de 100 mètres 
au-dessous du même point, et enfin à Saint-Maur-sur-Loire , où la couche la plus 
basse est à 10 mètres au-dessus du fleuve, son épaisseur est réduite à 15 ou 
16 mètres. 

Pour cette partie de la vallée de la Loire , nous avons particulièrement insisté 
sur l'utilité pratique résultant de la comparaison de l'allure des couches à la 
surface du sol, avec celle de leur prolongement souterrain, car nous avons trouvé 
une relation exacte entre les données géologiques et les résultats positifs ou néga- 
tifs des sondages artésiens. C'est ainsi que les puits forés à Tours et aux envi- 
rons devaient réussir, puisque les couches traversées étaient dans des conditions 
normales, tandis que ceux de Saumur et de Beaufort, placés au contraire sur le 
bord de deux failles presque perpendiculaires l’une à l'autre , n'avaient que peu 
de chances de succès. 

À partir de la vallée de la Loire et en remontant vers le N , les subdivisions que 
nous avons établies dans le grès vert deviennent de plus en plus précises. Les 
sables et les grès verts ou ferrugineux occupent le fond de la vallée du Loir, de- 
puis Vaas jusqu'à Durtal. Au pied des collines de La Flèche, nous les avons 
vus recouverts par les bancs à ostracées, comme au S. près des Ormes, sur les 
bords de la Creuse, puis aux environs de Doué , de Saint-Maur-sur-Loire, de Sau- 
mur, etc. Sur la route de La Flèche à Sablé, ils sont séparés du calcaire ooli- 
tique moyen, par des glaises grises quelquefois sableuses, que nous avons hé- 
sité longtemps à séparer de la couche oolitique; mais la continuité parfaite de 
ces glaises avec les assises crétacées, la permanence de leurs caractères et 
l'absence de fossiles nous les fait regarder comme représentant le deuxième étage 
du groupe qui nous occupe. 

Vers la partiecentrale etorientale du département de la Sarthe, l'étage supérieur 
du grès vertse montre avec les caractères les plus prononcés. Les collines du Mans, 
celles des environs de Saint-Calais, la montagne de Queux, entre La Ferté-Bernard 

SOG. GÉOL. — ‘SÉRIE. T. IL. Mém. n° 1. 14 


106 ÉTUDES COIN) 
et Nogent-le-Rotrou, en sont les types les plus complets. Composé vers le haut de 
calcaire sableux ou de macigno coquillier que caractérise particulièrement le genre 
Trigonie, ses parties moyenne et inférieure sont formées de sables et de grès très 
ferrugineux, à grains plus ou moins gros, et dans lesquels abondent sur certains 
points de petites Exogyres. Ces sables, qui occupent une partie considérable du dé- 
partement de la Sarthe, sont, au N. et au N.-0. du Mans, séparés des couches 
oolitiques moyennes par des argiles grises,sableuses, glauconieuses ou panachées, 
rapportées au deuxième étage du grès vert comme au N.-O. de La Flèche. 

Celui-ci sort de dessous les sables et grès ferrugineux, au N. du village de La- 
menay, entre Vibraye et La Ferté-Bernard; il s’en distingue au premier abord par 
ses caractères pétrographiques bien tranchés et par sa stratification discontinue. Il 
se compose d'argile sableuse verte, de marnes gris cendré, glauconieuses et de 
psammites gris plus ou moins durs, en lits minces, nombreux et subordonnés 
aux marnes. Îl acquiert une épaisseur de 20 à 25 mètres avant de venir s'appuyer 
en biseau contre les calcaires oolitiques supérieurs de Cherré. De La Ferté- 
Bernard à la côte de Queux, on observe la contre-partie de cette coupe, de même 
que vers la base des collines, en se dirigeant vers Bellesme. De cette dernière 
ville à Mortagne. on voit se développer, un peu avant le village du Pin, entre les 
sables ferrugineax qui forment le plateau de la forêt de Bellesme et les glaises 
sableuses vertes du troisième étage qui reposent sur les calcaires oolitiques, des 
psammites micacés, jaunâtres, non effervescents, très fins, très légers ; puis, au- 
dessous , une craie glauconieuse, micacée, remplie de fossiles, et dont l'épaisseur 
augmente en s'approchant de Mortagne. Ce second étage du groupe est surmonté, 
au S.-E. de la ville, par un dernier lambeau de sables ferrugineux sans fossiles , 
témoin isolé de l’ancienne extension du premier étage. Plus à l'O., dans la direc- 
tion d'Alençon et autour de cette ville, nous ne trouvons plus que des plaques ou 
lambeaux peu épais , de glaise sableuse verte , de sable vert, et quelquefois de 
marnes glauconieuses recouvrant çà et [à, tantôt les groupes supérieur, moyen ou 
inférieur de la formation oolitique, tantôt même le terrain de transition. 

Au N. de Mortagne , le groupe tout entier, réduit aux quelques couches que 
nous venons de signaler, forme une bande étroite, quelquefois interrompue, diri- 
gée comme l’axe du Mellerault, qu’elle accompagne. Elle s'élève à l'altitude de 
311 mètres au bord méridional de la forêt de St-Evroult, point culminant de la 
formation crélacée dans l'O. de la France (1) et d’où les couches s’abaissent ensuite 
régulièrement vers les côtes de la Manche. 

C’est de ce point élevé que feu notre savant confrère M. Boblaye (2), embrassant 
par la pensée toutes les couches secondaires comprises entre la Manche et la vallée 
de la Loire, et comparant leurs principales altitudes, en avait conclu l'existence 


(1) Il serait possible que le lambeau du Plessis-Grimoult, dont nous avons parlé, fût un peu plus 
élevé; mais nous ne connaissons que la hauteur des quarzites sur la pente desquels il est adossé. 
(2) Bull. de la soc. géol., t. VIT, p. 352. 


CHU) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 107 
d’un ploiement ou° d'un axe anticlisal dont la véritable direction nous paraît être 
0. 31° N. à E. 31°S., faisant ainsi avecle méridien de Paris un angle à l'O. de 
59°. La coupe S.-N. (pl. IT, fig. 5) qui se développe sur une longueur de 82 
lieues de Châtellerault à Honfleur , croise cet axe sous un angle de 54°. Elle est 
particulièrement destinée à compléter l’idée de M. Boblaye, et à faire ressortir le 
caractère le plus remarquable du relief de cette partie de la France. Nous y voyons 
qu'à Châtellerault, le grès vert au contact des couches oolitiques est à environ 
82 mètres au-dessus de la mer. A partir de Draché, les cotes deviennent proba- 
blement négatives, et à Tours nous savons que le contact des deux formations 
est à très peu près à 141 mètres au-dessous de la mer. Les cotes redeviennent 
positives un peu avant la parallèle de Château-Regnauld. Les sables ferrugineux 
affleurent dans la vallée du Loir , dans celles de la Braye et de l’Anille. Le second 
étage atteint 135”,7{ aux Maisons-Rouges entre Lamenay et La Ferté-Bernard, 
puis 213",79 à Bellesme, et enfin 311 mètres au-dessus d'Echauffour. À partir de 
ce point, l’abaissement au N. est très régulier, et le contact des glaises vertes de la 
base du groupe, soit avec les argiles de Kimmeridge, suivant la plupart des géo- 
logues, soit avec quelques couches arénacées du groupe inférieur ou du lower green 
sand selon d’autres, a lieu près de Honfleur à quelques mètres seulement au- 
dessous du niveau moyen de la Manche : ainsi la plus grande différence entre les 
altitudes que présente dans cette coupe la base du grès vert est de 441 mètres, 
en estimant à 1 { mètres l'épaisseur du groupe au bord de la forêt de Saint-Evroult 
et à 141 mètres au-dessous de la mer le contact des deux formations à Tours. 

Malgré l'intérêt de ce genre de recherches, le fait le plus digne de remarque 
que nous offre l'axe du Mellerault n’est pas encore son relief; et ce qui le rend 
bien plus important pour nous, c’est qu’il forme un axe géologique, des deux 
côtés duquel la plupart des couches crétacées présentent des différences très pro- 
noncées. Ainsi nous avons déjà vu que le calcaire néocomien ou groupe inférieur de 
la formation se termine autour de Sancerre, précisement à l'extrémité de son pro- 
longement S.-E., et que, dans le groupe du grès vert, les sables ferrugineux, si dé- 
veloppés dans le Maine et une partie du Perche, viennent finir à Mortagne au pied 
S. de ce même axe anticlinal. Nous reconnaîtrons bientôt avec quelle constance 
singulière l'influence de cet axe s’est manifestée , non seulement pendant toute la 
période crayeuse, mais encore jusque vers le milieu de la période tertiaire. 

En descendant au N. du Mellerault, les sables et les argiles vertes de la base 
du groupe continuent à recouvrir les couches oolitiques supérieures, se pro- 
longeant, avec une épaisseur assez constante de 13 à 14 mètres, sur les pentes ou 
au pied des coteaux qui bordent la Dive et la Touques jusqu'aux falaises d'Henne- 
queville et de Honfleur. Les calcaires sableux et glauconieux du second étage ac- 
quièrept un développement très considérable entre Gacé et Vimoutiers, où ils 
n'ont pas moins de 60 mètres de puissance. À partir de la rive droite de la Dive, ils 
se continuent dans tous les plateaux des arrondissements de Lisieux et de Pont- 


108 ÉTUDES (N. 4, p. 108.) 
l’'Evêque, pour venir comme l'étage précédent, se terminer dans les escarpements de 
la côte. L'absence des sables ferrugineux sur ce versant et celle du banc à ostracées 
au-dessus rendent ici la limite entre le grès vert et le groupe de la craie tufau 
tout-à-fait arbitraire. C'est, comme nous l’avons déjà fait remarquer, un des ea- 
ractères les plus frappants des assises de ce plan N., que leur continuité et leur 
liaison depuis le deuxième étage du grès vert jusqu'à la craie blanche, lorsqu'on 
vient à les comparer aux variations nombreuses que présentent celles du plan S. 

L'inclinaison des couches du grès vert au N.-E. et à l'E. est beaucoup plus 
rapide qu’au N , et le détail des couches traversées dans les puits forés à Pont- 
Audemer, à Elbeuf et à St-André nous a permis d'apprécier cette inclinaison 
ainsi que l'augmentation de l'épaisseur du groupe. 

Nous avons poursuivi notre examen sur la rive droite de la Seine, de Pont-de- 
l'Arche au Havre et jusqu’au cap d'Antifer; et en combinant les données obtenues 
par l'observation directe avec celles que les sondages artésiens nous ont fournies, 
nous sommes arrivé à des résultats semblables à ceux que l'étude de la vallée 
de la Loire nous avait offerts. Ainsi nous avons démontré qu'une dislocation 
très prononcée, ayant relevé les couches crétacées des collines de Rouen, avait 
fait affleurer les argiles du grès vert au pied de ces mêmes collines et occasionné 
sans doute les anomalies observées dans les forages du faubourg de Saint-Sever. De 
ce point à Duclair, les couches inclinent à l'O. pour se relever ensuite jusqu'au 
cap de la Hève et s'infléchir de nouveau vers le N.-E. Ces flexions des couches 
secondaires, car on peut constater également celles de l'étage de Kimmeridge 
dans le même espace, nous ont expliqué le non-succès des sondages du Havre, 
d’Ivetot, etc., puisque l’inclinaison générale est à l'E. et au N.-E,, c’est-à-dire vers 
l'intérieur du continent. Cette conclusion est en outre parfaitement d'accord avec 
les détails connus sur le puits de Meulers, dans lequel les couches crétacées in- 
férieures descendent à 160 mètres au-dessous de la mer ou à 175 mètres plus bas 
que sur la côte au N. du Havre. 

Enfin nous avons dit en terminant qu’à partir de la rive droite de la Seine, les 
marnes bleues et les sables verts argileux, placés sous la glauconie sableuse, 
représentaient notre troisième étage ou partie inférieure du grès vert dans les 
départements de l’Orne et du Calvados ; que les sables ferrugineux et les grès qui 
viennent au-dessous, dans le pays de Bray et au cap la Hève, appartenaient au 
lower green sand du Kent, du Sussex et du Hampshire ; et en dernier lieu, que les 
argiles bigarrées, les argiles à fougères et à creusets du pays de Bray, et les cou- 
ches arénacées qui leur succèdent jusqu'aux bancs à Exogyra virgula , pouvaient 
être les équivalents d’une partie du groupe wealdien. 


CN: 4, pe 109.) SUR LA FORMATION CRÉTAUÉE. 109 
Groupe de la craie tufau. 


Nous avons divisé ce second groupe, comme le précédent, en trois étages qui sont, 
de bas en haut : 1° mnarnes blanches ou grises et glauconieuses avec ostracées , grès 
grossiers et psammates ; 2 craie micacée ; 3° craie jaune de Touraine. 

En suivant les modifications et le développement de ces sous-divisions, d'abord 
de l'E. à l’O., puis du S. au N., nous avons vu sur les bords de la Loire, à la hauteur 
de Bonny, de Neuvy et de Sancerre, le second groupe composé de calcaires blanc- 
grisâtre, micacés , avec points verts, et renfermant les fossiles qui caractérisent 
la craie marneuse ou glauconieuse à l'E. dans les départements de l'Yonne et de 
l'Aube, et au N. à Rouen, à Wissant, etc. Nous avons retrouvé ces mêmes caractères 
zoologiques dans les buttes soulevées d'Humbligny à Ménétou, mais au-delà ils 
cessent d’avoir cette précision remarquable. Ces espèces, au lieu de se présen- 
ter réunies et abondantes à un niveau déterminé, deviennent alors plus ou moins 
rares. Elles sont disséminées dans une énorme épaisseur de couches et associées 
à une organisation tout-à-fait étrangère à celle des dépôts contemporains de 
VE. et du N. de la France. 

Autour de Vierzon , on voit, au-dessus des sables verts et des marnes grises, des 
calcaires marneux, sableux, micacés, à points verts, avec silex gris, se fondant 
dans la pâte et qui appartiennent au second étage, celui de la craie micacée. A l'O., 
sur les bords du Cher, cette même craie se montre à la base des collines et ren- 
ferme des silex noirs ou gris. Autour de Saint-Aignan, elle est déjàrecouverte par une 
grande épaisseur de craie jaune, tantôt sableuse et friable, tantôt glauconieuse, 
subcristalline ou blanchâtre , et qui, malgré les variations de ses caractères miné- 
ralogiques, est cependant toujours distincte des couches qui la recouvrent comme 
de celles qui la supportent. À Bouré et à Montrichard, la craie micacée la mieux 
caractérisée est exploitée vers le pied des collines, puis elle est surmontée à peu 
de distance par la craie de Touraine, qui, à quelques exceptions près, que nous 
avons signalées , forme tous les escarpements jusqu’à la vallée de la Loire. 

La vallée de l'Indre, de Buzançois à Châtillon et Loches, nous a présenté d’une 
manière plus claire le développement successif de la craie micacée reposant sur 
le grès vert et au-dessus les diverses variétés de la craie jaune de Touraine. 
Nous n’y avons point encore trouvé cependant l'étage inférieur du groupe, qui 
n’est caractérisé par ses fossiles que plus à l’O., entre la vallée de l'Indre et celle 
de la Creuse. La superposition de la craie micacée à ce troisième étage se fait sur 
une pente si faible, et l'épaisseur de ce dernier est encore si peu considérable, que 
leur séparation sur les plateaux ou dans les vallées ne peut être que très difficile- 
ment tracée. Nous pensons cependant que les couches marneuses ou argileuses 
dans lesquelles on trouve l'Exogyra columba appartiennent à cet étage inférieur 
que l’on voit bien caractérisé au Port-la-Pile sur les bords de la Creuse, et où 
abondent l’Exogyra columba et l'Ostrea biauriculata. 


110 ÉTUDES (N. 1, p. MO.) 

Dans cette partie du département de la Vienne et dans celles des départements 
d'Indre-et-Loire et de Maine-et-Loire qui y sont contiguës , le troisième étage, 
composé de marnes sableuses et glauconieuses, de grès grossiers calcarifères à 
grains verts, se reconnaît toujours à la présence de l'Ostrea biauriculata, des Exo- 
gyra columba et flabellata, du Mytilus ligeriensis, de la Terebratula depressa , du 
Strombus inornatus et de nombreux Echinides. L’étage moyen ou craie micacée 
forme des chaînes de collines dont le relief est nettement tranché au-dessus des 
plaines environnantes , soit des deux côtés des vallées de la Vienne et de la 
Creuse, soit plus à l'O., dans les petits chaînons qui, se dirigeant par Mirebeau 
ou par Loudun, suivent la rive gauche de la Vienne jusqu’à sa jonction avec la 
Loire. Les environs de Chinon offrent la superposition la plus précise du troi- 
sième étage au deuxième , ou de la craie jaune de Touraine à la craie micacée. Il 
en est encore de même autour de Sainte-Maure. Des moules d’Ammonites peramplus, 
de Cyprina ligeriensis, de Cardium alternatum , d'Arca higeriensis, s’observent par- 
ticulièrement dans la craie micacée , dont nous avons signalé les dislocations sur 
divers points. Toutes ces couches plongent généralement au N. et au N.-E. 

La vallée de la Loire, depuis Mosne et Cangey à l'E. d'Amboise, jusqu'aux 
environs de Candes, c’est-à-dire dans tout son trajet à travers le département 
d'Indre-et-Loire, sur une longueur de 24 à 95 lieues , est presque entièrement 
ouverte dans la craie jaune de Touraine. A l'E., celle-ci est recouverte par la 
craie à silex de Chaumont et de Blois, et nous avons montré qu'à l'O. et au 
S. elle reposait sur la craie micacée. Nous avons particulièrement insisté sur les 
caractères bien prononcés de cet étage, qui n’a pas moins de 50 mètres d'épais- 
seur dans les escarpements abruptes et si pittoresques des environs d'Amboise, 
dans les immenses carrières de Lussault, dans les coteaux si variés et si heu- 
reusement accidentés de Vouvray, de Rochecorbon etde Sainte-Radegonde. Partout 
on y voit creusés de nombreuses galeries, des caves, des celliers, des habitations 
à plusieurs étages, et entourées de jardins en terrasses suspendus gracieusement 
au-dessus du fleuve, qui roule ainsi ses eaux comme entre deux guirlandes de 
feuillage, de fleurs et de riants cottages. | 

La comparaison des deux rives à la hauteur de Tours nous a permis d'y appré- 
cier la correspondance exacte des couches, par opposition aux fractures que nous 
avons signalées à l'E. et l'O. de ce point. Parmi lesnombreux fossiles que renferment 
ces assises, nous avons indiqué beaucoup de polypiers, dont plusieurs ont leur 
analogue dans des étages plus récents, puis le Cidarites vesiculosus, l'Apiocrinites 
ellipticus , la Serpula filosa , la Trigonia scabra, la Lima Dujardini , les Spondylus 
truncatus et duplicatus, les Terebratula alata et albensis et l'Ammonites polyopsis. 
L'absence de Nautiles dans cet étage et dans celui de la craie micacée de ce pays 
est une circonstance digne de remarque. Une petite Exogyre, que nous avons 
nommée E. turonensis, est très caractéristique de la craie jaune au N.et au S. de la 
Loire. L'Exogyra columba y est également assez répandue. Cette dernière coquille 


(Ne 4, p. 414.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 111 
constituant d’abord une variété très petite, abondaït, comme on l'a vu, dans les 
grès verts ou ferrugineux, puis, acquérant un certain développement dans les 
couches à Trigonies qui les recouvrent, on pouvait croire que les couches à os- 
tracées placées encore plus haut, à la base du second groupe , nous en présen- 
taient les dernières générations et le dernier accroissement ; mais il n’en est pas 
ainsi : après avoir été très rare dans la craie micacée, nous voyons cette espèce 
reparaître vers la partie médio-inférieure de la craie jaune, où elle atteint, surtout 
aux environs de Villedômer, des dimensions encore plus considérables que dans les 
couches antérieures. La présence de cette coquille, et en grande quantité, à plu- 
sieurs niveaux très distincts, pouvait êtreune cause d'erreur utile à signaler. 

La pente générale au N. et au N.-E. de toutes les assises crétacées situées au S. 
de la Loire et linclinaison à l'E et au S.-E. de leurs prolongements dans les pla- 
teaux situés au N. de la même rivière, c’est-à-dire inverse de la direction des 
cours d'eau de ce dernier versant, nous ont fait décrire, comme très dignes d’at- 
tention , les escarpements de craie jaune identique avec celle de la Touraine, qui 
se voient autour de Châteaudun, à 16 ou 17 lieues au N. du point le plus oriental, 
où ces mêmes couches sortent au jour sur les bords de la Loire. Nous avons pensé 
que cette disposition, qui se prolonge d’ailleurs jusqu'au-dessous de Vendôme, 
était Le résultat d’une fracture par suite de laquelle ces couches auraient été ame- 
nées au jour, et dans laquelle coule actuellement le Loir entre ces deux villes. 
Nous sommes aussi entré dans quelques détails sur des moules cylindroïdes ou 
conoïdes trouvés en grand quantité dans les couches de Châteaudun, etauxquels 
nous avons provisoirement donné le nom d'Amphorites, à cause de leurs dimen- 
sions et de leur forme. 

En descendant la vallée que parcourt le Loir, on la trouve presque constam- 
ment bordée par diverses modifications de la craie de Touraine, beaucoup plus 
sableuse vers sa base et passant à la craie micacée vers le pied des collines. Ces 
deux étages s'amincissent sensiblement à mesure qu’on s'avance vers l'O., où 
bientôt le grès vert forme le fond de la vallée. Les environs de La Flèche sont re- 
marquables par le développement et les caractères particuliers de l’étage infé- 
rieur. À sa base est le banc à ostracées , puis au-dessus, viennent des glaises , des 
sables et des psammites gris-verdâtre que recouvrent le deuxième et le troisième 
étage, réduits tous deux à quelques mètres d’épaisseur et presque confondus. On 
peut voir dans ces mêmes collines, à une distance seulement de 8 mètres l’un au- 
dessus de l’autre, les deux bancs d’Exogyra columba qui, dans la vallée de la Loire, 
sont séparés par un ensemble de couches dont l’épaisseur est d'environ 100 mè- 
tres. Ici, comme partout ailleurs, l'Ostrea biauriculuta et l'Exogyra flabellata sem- 
blent appartenir exclusivement au banc inférieur. 

Au-delà de la ligne de partage des eaux du Loir et de la Sarthe, dans le dépar- 
tement de ce nom, la craie de Touraine a disparu , la craie micacée présente çà 
et là quelques lambeaux, l'étage inférieur est encore bien caractérisé dans la 


112 ÉTUDES CN. 1, p. M2.) 
colline du Mans , mais nous n’en avons plus trouvé de traces au N. vers Alençon 
ni sur la rive droite de la Sarthe. Les coupes des environs de Saint-Calais, de La- 
Ferté-Bernard, etc., nous ont montré la craie micacée reposant sans intermédiaire 
sur les grès ferrugineux ou sur les calcaires sableux qui en dépendent. Des trois 
étages que nous avions établis dans ce deuxième groupe, il ne reste donc que 
la craie micacée, marneuse et glauconieuse, qui se trouve encore avec une certaine 
épaisseur sur quelques points isolés du département de la Sarthe et qui cesse dans 
celui de l'Orne, où le groupe du grès vert atteint seul l'axe du Mellerault. 

Nous avons déjà dit que, sur le versant N. de cet axe, la séparation du 
deuxième et du troisième groupe était très difficile à fixer lorsqu'on plaçait dans 
le grès vert, comme la coupe au S. de l’axe nous y obligeait, des couches qui 
sur ce même côté S. sont recouvertes par tout l'étage des sables et grès ferrugineux; 
tandis qu’au N., où ces sables et les couches à ostracées manquent, elles sont im- 
médiatement surmontées par cette craie sableuse, glauconieuse, micacée, puis 
marneuse, qui sy lie d’une manière intime. Les fossiles de cette dernière sont 
d’ailleurs peu caractérisés dans les vallées de la Rille et de la Charentonne, où 
l’Inoceramus mytiloides supplée seul aux Ammonites, aux Turrilites, aux Sca- 
phites, etc., propres à ce niveau sur tant d’autres points. En s’avançant au N. vers 
les bords de la Seine, la liaison et le passage de cette craie glauconieuse et mi- 
cacée, à la craie blanche, se remarquent également; et sans le petit lit de Sca- 
phites, de Turrilites, d’'Ammonites, etc., de la montagne Sainte-Catherine, peut-être 
n'eût-on pas songé à établir ces distinctions. Cette difficulté à préciser les limites 
de ces modifications de la craie se reproduit partout dans les escarpements qui 
bordent la Seine jusqu'à son embouchure, et dans les falaises qui remontent au 
N. du Havre. 

Les considérations théoriques par lesquelles nous terminerons ce mémoire 
ont pour but d'expliquer les différences que nous offrent les couches crétacées 
des deux versants de l'axe du Mellerault, de même que celles qui résulteront de 
la comparaison que nous allons faire des assises que nous venons d'étudier, avec 
celles qui leur correspondent à l'E. et au N. du même bassin, puis dans la Belgi- 
que et de l’autre côté de la Manche. 


SIL. Comparaison des diverses parties du bassin crétacé du N. de la France et des pays voisins. 


Dans cette comparaison des rivages opposés du grand golfe qui s’ouvrait au N.-0. 
par un large canal s'étendant de Dives à Tournay , nous nous occuperons peu des 
étages ou des subdivisions de chaque groupe; car si dans la moitié occidentale 
que nous venons d'étudier, déjà plusieurs de ces étages, bien caractérisés sur 
certains points, se sontamoindris, puis ont disparu tout-à-fait sur d'autres, à plus 
forte raison, en nous éloignant davantage. ne devons-nous pas nous attendre à les 
retrouver ni plus constants ni plus distincts. Nous considérerons donc particuliè- 


CN: 1, p.145.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 113 


rement les groupes qui, par cela même qu'ils représentent une plus longue pé- 
riode , ont dû être marqués par des phénomènes plus généraux, dont les effets 
se sont propagés plus loin. 

Le groupe néocomien ou groupe inférieur de la formation constitue, comme 
nous l’avons vu, depuis le parallèle de Bar-le-Duc jusque autour de Sancerre, 
une zone étroite, continue, dirigée du N.-E. au S-0., et qui marque le rivage 
S.-E, du golfe crétacé sur une longueur d’environ 52 lieues (pl. L, fig. 1). AuN., 
au S. et à l'O. du bassin, on ne voit aucune trace de ce groupe. Ce n’est qu’au-delà 
du détroit, dans le Surrey, le Kent et l’île de Wight, que MM. R. A. C. Aus- 
ten (1) et Murchison (2) d'abord, ensuite MM Fitton (3), Ibbestson et Forbes (4) 
et Simms (5) ont signalé récemment, dans les deux premières assises du grès vert 
inférieur (lower green sand), un certain nombre d'espèces fossiles qui caractérisent 
le groupe néocomien de l'E. Il est résulté de ces recherches et de celles de M. AI- 
cide d'Orbigny que la plus grande partie du grès vert inférieur du S. de l’Angle- 
terre, ou au moins ses deux assises inférieures (A et B de la dernière notice de 
M Fitton, Proceed., vol. IV, p. 409) doivent être regardées comme appartenant au 
quatrième groupe ou groupe inférieur de la formation (6). Ce dernier se trouve 
alors caractérisé par un grand développement d'ostracées, comme le troisième 
par celui des céphalopodes. 

Mais entre les représentants de la faune néocomienne en Angleterre et les cou- 
ches les plus récentes de la formation oolitique , nous trouvons , au-delà du dé- 
troit et dans le N. de l'Ecosse, un grand ensemble de dépôts fluviatiles, lacustres 
ou torrenliels, qui n’ont d’analogues bien reconnus en decà sur le continent que 
quelques traces indiquées dans le Bas-Boulonnais sur le prolongement de la val- 
lée de Weald, dans le pays de Bray et plus particulièrement dans le Hanovre. 


Nous dirons tout-à-l'heure quels pourraient être les dépôts synchroniques marins 
du rivage oriental. 


(1) Proceed. of the Geol. Soc. of London, vol. IV, p. 167 et 196 — 1843. 

(2) Zbid., p. 174. 

(3) Zbid., p. 206, 1843, et p. 396, 184h. Bull. de la Soc. géol. de France, 2° sér., 1. I, p. 438, 
1844. 

(4) Zbid., p. 407, et Report of the 1h* meet. Brit. Assoc., p. 45, at York 184h, London, 1845. 

: (5) Proceed. of the Geol. Soc. of London, vol. IV, p. 406. 

(6) La présence constante à un certain niveau de l'£xogyra sinuata. Sow., invoquée contre cette 
assimilation, est précisément ce qui la confirmerait, si comme nous le pensons, cette coquille, dont la 
variété type marquerait Ja limite supérieure du groupe néocomien , n’est qu’une modification et le 
dernier développement des variétés subsinuata, dorsata, etc. Leym. (Coulont auct.), propres aux cal- 
caires et aux marnes sous-jacentes. En ne/‘considérant qu’une province , cette limite pourra paraître 
mal placée et arbitraire; mais il n’en sera pas de même lorsqu'on embrassera un horizon plus étendu. 
Nous n’avons point d’ailleurs à nous occuper ici du parallélisme de détail que l’on a voulu établir entre 
les argiles 4 Plicatules de la Champagne et de la Bourgogne avec les argiles d’Apt ; c’est un sujet 
que nous traiterons ailleurs. 

SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. II. Mém. n. 1. 15 


114 ÉTUDES CN: 1, p.114) 

Le parallélisme du grès vert de l'E. de la France avec le troisième groupe d’An- 
gleterre, comprenant le grès vert supérieur, le gault, et peut-être la première 
assise du grès vert inférieur, a été suffisamment établi; mais toute analogie 
cesse dès que l’on passe au N. de la ligne de partage dirigée N.-0. S.-E., ou plus 
exactement O. 34° N. à E. 34° $., de la pointe orientale du Bas-Boulonnais au 
Catelet, et qui remonte ensuite au N.-E., vers Bavay, en séparant l'Escaut de la 
Sambre (pl. F, fig. 1 (1) ). D'un côté de cette ligne, les eaux coulent vers la mer du 
Nord par la Lys et l’Escaut; de l’autre, elles se rendent directement dans la Man- 
che ou se dirigent vers la Seine. Ainsi, en Belgique et jusque sur les bords du 
Rhin , rien ne représente géologiquement ni stratigraphiquement le troisième 
groupe, assertion que nous nous sommes attaché à démontrer dans un mémoire 
précédent (2), et que les considérations suivantes nous paraissent justifier 
encore. 

En nous reportant au S., nous remarquerons uneseconde ligne de partage pres- 
que parallèle à la première et qui s'étend depuis le Mellerault (Orne), ou mieux 
depuis le village de Champhaut, jusqu’à celui de Saint-Puits, sur la limite des dé- 
partements de l'Yonne et de la Nièvre (pl. I, fig. 1). Cette ligne n’est que le prolon- 
gement de l'axe anticlinal du Mellerault, dont nous avons encore indiqué des traces 
au N.-0., entre Harcourt et Aulnay (Calvados). Au S., au S.-0. et à l'O. de cetaxe, 
nous trouvons, à la vérité, l'équivalent du troisième groupe que nous n'avons pas 
reconnu dans la Belgique ni aux environs d’Aix-la-Uhapelle ; mais en comparant 
les assises qui le composent aux couches contemporaines de l'E. en France, et du 
N.-0. en Angleterre, des différences essentielles vont à l'instant nous frapper. 
Ces différences au S.-E., ou vers l'extrémité de la ligne de partage, ne sont point 
brusques ni tranchées , comme si un isthme eût séparé en cet endroit les deux 
parties du bassin ; elles sont au contraire graduelles de l'E. à l'O., comme on pour- 
rait l’attendre de l'existence d’un détroit ou d’une communication d'une certaine 
largeur : aussi ces différences ne sont-elles complètes que lorsqu'on vient à com- 
parer les rivages opposés du Perche, du Maine et de l'Anjou à ceux des Ar- 
dennes, de la Champagne et de la Bourgogne. 

Ainsi, à l'O., dominent des calcaires sableux, des macigno, des sables et des grès 
ferrugineux. Les argiles sont sableuses, grises ou bleuâtres, mais peu dévelop- 
pées. Plus bas, sont des calcaires glauconieux, sableux , blanchîtres , et quelques 
psammites ; les sables verts proprement dits n’ont qu’une très faible épaisseur. 


(1) Gette ligne de l’Artois est, en outre, bien caractérisée par des accidents particuliers signalés 
depuis longtemps par Monnet, mais dont M. Élie de Beaumont a récemment fait sentir toute l’impor- 
tance (Zzxplic. de la carte géolog.| de France, t. I, p. 715). Ce sont des affleurements de roches 
sédimentaires anciennes, au fond de plusieurs petites vallées , sur le revers N. de l’axe, et qui sont 
alignés entre le point où ces couches disparaissent au S. d’Etræung (Nord) et celui où elles se 
montrent, aux environs d'Hardinghen, dans le Bas-Boulonnais. 

(2) Mém. de la Soc. géol. de France, 4"° série , t. III , p. 273 et 280 ; — 1839. 


CN-1, p.145) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 115 
À VE. du bassin, au contraire, et à partir de l'Yonne, les argiles foncées, les sa- 
bles et les grès verts constituent presque à eux seuls tout le groupe. A l'O., les co- 
quilles de céphalopodes sont peu nombreuses en espèces, et les individus sont com- 
parativement rares, tandis que certaines variétés d'Exogyres et les Trigonies y 
abondent. Remarquons encore que quelques espèces remontent dans le groupe 
suivant, ce qui a engagé M. Alcide d’Orbigny à réunir nos deux groupes en un seul, 
réunion à laquelle s’opposent tous les caractères stratigraphiques et minéralo- 
giques. Sur l’ancien rivage oriental, comme en Angleterre, les céphalopodes pren- 
nent un grand accroissement pendant cette période, et nous les trouvons accumulés 
avec profusion dans les couches argilo-sableuses de la Bourgogne, de la Cham- 
pagne et des Ardennes , comme dans celles du Kent, du Sussex, du Hampshire, 
d'une partie du Wiltshire et plus au N. dans le Cambridgeshire, etc. 

Si nous n’avons pas adopté tout-à-fait le classement proposé par M. Alcide d'Or- 
bigny pour les couches de l'O., parce que, comme nous l'avons démontré, il y avait 
continuité entreles couches du grès vert de l'E. et celles du S. et de l'O. du bassin, 
recouvertes sur tous ces points par le deuxième groupe, nous partageons complé- 
tement son opinion sur les différences remarquables que présente l'organisme de 
ces deux rivages opposés, de même que sur l’analogie entre les fossiles de la 
partie occidentale de notre bassin et ceux de la zone crayeuse du S.-0. qui a fait 
l'objet de la première partie de ces Études (1). M. d’Orbigny avait d’ailleurs très 
bien senti la nécessité d'admettre une séparation entre ce qu'il a appelé, à l’époque 
de la craie tufau, le bassin de la Seine et le bassin de la Loire; et, sous ce rapport, 
on peut reconnaître que nous sommes arrivés tous deux à des résultats identiques 
par des voies très différentes (2). 

Quant à l'épaisseur totale du groupe, nous la trouvons la plus grande dans le 
département de l'Aube, où M. Leymerie lui assigne 150 mètres (8). Elle diminue 
ensuite dans les départements de la Haute-Marne, de la Meuse, des Ardennes, 
de l'Aisne et du Nord ; elle diminue également à travers les départements de 
l'Yonne, de la Nièvre, du Cher et de l’Indre, pour s’accroître de nouveau sous 


(1) Nous avons déjà fait voir qu’il était possible d'établir une relation assez exacte entre les assises 
du grès vert de l'O. du bassin en France et celles de la partie occidentale de son prolongement en 
Angleterre. En effet, le lower green sand, ou groupe inférieur, à l’état rudimentaire dans le Wiltshire, 
manque dans le Dorsetshire et le Devonshire. Le gault, dans le premier de ces comtés, est déjà carac- 
térisé par plusieurs espèces étrangères aux couches parallèles du Kent, du Sussex et du Hampshire, et 
plus à l'O., il manque tout-à-fait. Enfin le wpper green sand, peu développé dans les comtés du S.-E., 
prend au contraire une épaisseur et des caractères particuliers dans le S. du Wiltshire, puis, dans le 
Dorsetshire et le Devonshire, il paraît représenter seul le 3° groupe. Des fossiles, jusque là propres à 
ces divers étages à l’E., s’y trouvent alors réunis dans les mêmes couches. 

(2) Bull. de la Suc. géol.,t. XIII, p. 360,—1849; et t. XIV, p. 481, —1845. 

(3) Le niveau de l’Exogyra sinuata se trouvant à la base du grès vert tel que ce groupe avait été 
limité d’abord , la différence de l’épaisseur sera sans importance en comprenant ce niveau dans le 
groupe inférieur. 


116 ÉTUDES CN: 1, pe 416.) 
celui d’Indre-et-Loire, où les puits forés nous ont fait connaître une épaisseur de 
115 mètres. Dans le département de la Sarthe, abstraction faite des résultats 
donnés par le sondage du Mans, le troisième groupe atteint, particulièrement 
entre Nogent-le-Rotrou et La Ferté-Bernard, une épaisseur presque comparable 
à celle qu’on observe sur le rivage opposé de la Champagne. 

Si nous prolongeons au N.-0. la ligne de partage des eaux de l’Artois et celle du 
Mellerault, nous trouverons que la première, en s’infléchissant à l'O., suit l'axe de 
la vallée de Weald, dont la continuation sépare le bassin tertiaire de Londres de 
celui du Hampshire ; son passage à travers le détroit est marqué par un relève- 
ment très sensible du fond de la mer. La sonde la plus faible de tout l'axe du ca- 
nal se trouve précisément entre l'embouchure de la Liane et la pointe de Denge- 
Ness, où elle n’est que de 2 mètres (pl. I, fig. 1). Au S.-0., la profondeur augmente 
assez vite ; au N.-0., elle ne dépasse pas 3 mètres sur une longueur de 14 kilo- 
mètres qui correspond à l’ouverture de la vallée du Bas-Boulonnais ; au-delà, les 
sondes augmentent pour ne plus se relever. 

La seconde ligne coïncide à peu près avec le rivage crétacé le plus nl 
du Devonshire, dont on trouve des traces au N. de Newton Bushel. Au S.-E., 
nous apercevons une coïncidence plus remarquable encore, car la zone du 
groupe inférieur ou néocomien est sensiblement comprise entre les extrémités 
un peu infléchies au S.-0. de ces deux mêmes lignes prolongées, comme en An- 
gleterre le lower green sand et les couches wealdiennes placées dessous sont 
compris entre leurs prolongements directs au N.-0. Cependant on peut voir 
qu'ils n’occupent pas en réalité toute cette largeur, ne dépassant pas au S. une 
ligne tirée de l’île de Purbeck à l'embouchure de la Seine et parallèle à l'axe du 
Mellerault. 

Une autre disposition non moins digne d'attention , lorsqu'on suit le dévelop- 
pement des deux groupes inférieurs du S.-E. au N.-0., ou des collines de la Cham- 
pagne et de la Bourgogne à celles des comtés du S.-E. de l'Angleterre, c'est que ces 
deux groupes, très puissants aux extrémités opposées de ce golfe, sont réduits e 
à peine reconnaissables vers son milieu , là précisément où l'on aurait dù s’atten- 
dre à les trouver le plus épais. Le lower green sand ou groupe néocomien , qui 
atteint plus de 200 mètres d'épaisseur dans les falaises d’Atherfield et en a encore 
près de 120 dans celles du Kent, est réduit à 15 mètres au cap de la Hève, où le 
gault et le grès vert supérieur sont aussi à peine représentés, malgré leur grand 
développement au S.-E comme au N.-0. du bassin. On est ainsi conduit à pen- 
ser qu’il existait à l’endroit du détroit actuel un bombement sous-marin presque 
perpendiculaire aux axes précédents (pl. I, fig. 1). Ce bombement, en se prolon- 
geant au N.-E. dans la mer du Nord jusqu'à une certaine distance, a permis la 
continuation de dépôts semblables sur toute la côte orientale d'Angleterre jusque 
dans le Yorkshire , et leur relation avec ceux qui se formaient dans le Hanovre, 
tandis qu'il empêchait l’envahissement par les eaux, des Flandres, de la Belgique 


CN. 4, pe MT.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 117 
et des provinces Rhénanes, sans doute alors émergées comme pendant la période 
oolitique. 

La ligne de la Manche est encore aujourd’hui marquée par une série de sondes 
qui se relèvent dans sa direction depuis les rochers du Calvados, à peu près à l’em- 
bouchure de la Seule, jusqu'à l'endroit où elle coupe le prolongement de la ligne 
de l’Artois, sur le banc de Colbart, point qui, comme on vient de le voir, est le moins 
profond de tout l’axe du canal. De chaque côté de cette ligne, les sondes s’abaissent 
pour se relever ensuite en s’approchant des côtes. Ainsi ces points de moindre pro- 
fondeur représenteraient l’ancienne banquette sous-marine, dont l'existence doit 
remonter au-delà de la formation wealdienne, puisque sur les côtes de Normandie 
manquent le Portland stone , les couches de Purbeck, d'Hastings et le Weald clay. 

En poursuivant notre comparaison pour le groupe de la craie tufau, nous 
voyons celui-ci se diviser à l'O. en trois étages, distincts par leurs caractères 
pétrographiques, stratigraphiques et par la prédominance constante de certaines 
espèces à des niveaux déterminés. A l’E., nous ne trouvons rien de semblable; on 
n'aperçoit aucune trace du premier ni du troisième étage ; le second seul y est 
représenté par des calcaires blanc-grisâtre , plus ou moins marneux , avec points 
ver{s , silex gris se fondant dans la pâte, ou bien encore par quelques grès psam- 
mites à grain tres fin, qui ne s’y montrent pas d’ailleurs exclusivement. Cet en- 
semble de couches réunies sous le nom de craie tufau est caractérisé par les mêmes 
fossiles que la craie glauconieuse de Rouen, qu’il représente, que la craiemarneuse 
de Wissant, que le chalk marl enfin, qui lui correspond dans les comtés du $. et 
du S.-E. de l'Angleterre. Cette craie marneuse et souvent un peu glauconieuse à 
été confondue à tort par quelques géologues français avec le grès vert supérieur 
(upper green sand, fire stone du Surrey) placé dessous de l’autre côté du détroit , et 
qui manque au S.-E. sur le continent, de la même manière que nous venons de 
voir deux de nos étages du deuxième groupe de l'O. manquer à l'E, 

Les fossiles dont nous venons de parler sont particulièrement les Ammonites 
Mantelli, varians , rhotomagensis et falcatus, les Turrilites costatus et tuberculatus, 
le Scaphites œqualis, le Hamites attenuatus, le Nautilus elegans et V'Inoceramus 
mytiloides, qui, à l'exception de cette dernière coquille , deviennent d'autant plus 
rares qu'on s’avance davantage vers l'O. où d’autres corps organisés caractérisent 
les couches du même âge. On doit remarquer encore que c’est entre Sancerre et 
Vierzon, c'est-à-dire quelques lieues plus à l'O. que les dernières traces du 
groupe néocomien , que cessent les caractères zoologiques les plus tranchés de 
Ja craie tufau de l'E. et du N. (1). 

(1) La rareté comparative des Ammonites dans le bassin occidental se lie à une circonstance parti- 
culière qui n’a pas encore été remarquée: c’est la taille énorme que les individus y ont atteinte. 
Ainsi, nous avons vu dans la magnifique collection de M. Alc. d’Orbigny des individus de l'A. /ewe- 
siensis, provenant de la partie supérieure de la craie micacée de Touraine, qui avaient plus de 


1 mètre de diamètre; un autre deV’A. peramplus était également colossal ; l’'Ammonite à laquelle 
nous avons conservé provisoirement le nom de cenomanensis est toujours aussi très grande. 


118 ÉTUDES (N. 4, p. 418.) 


. Dans un mémoire déjà indiqué , nous avons rapporté à ce second groupe les 
couches crayeuses et sableuses de la Belgique et des provinces Rhénanes, qui 
sont inférieures à la craie blanche. Le rivage méridional du bassin dans lequel 
elles se sont déposées est bien marqué par la présence du poudingue appelé 
tourtia qui constitue un banc de 0,50 à 5 mètres d'épaisseur, d’une constance 
remarquable et reposant sur les terrains anciens dans les départements du Pas- 
de-Calais , du Nord et dans la partie de la Belgique qui y est contiguë. Ce pou- 
dingue s'appuie sur le versant N. de la ligne de partage de l’Artois , et les travaux 
de recherches ou d’exploitation de houille le traversent constamment. Nous don- 
nons ci-dessous le détail des principaux sondages exécutés depuis peu dans ces 
deux départements, et qui indiquent d'une manière précise la position de ce 
poudingue relativement au terrain ancien sous-jacent et relativement aux marnes 
crayeuses (dièves) du second groupe qui le recouvrent (1). Le pondingue ne 


(4) M. Léveillé, dans une note géologique sur les frontières de France et de Belgique | Mém. de la 
Soc. géol., t. II, p. 29-1835), a donné plusieurs coupes naturelles de ces couches, depuis Tournay 
jusqu'aux environsde Bavay, et on y voit le poudingue reposer tantôt sur le terrain houiller, tantôt sur 
le calcaire carbonifère , tantôt sur les grès rouges placés dessous. Il est constamment recouvert par 
des marnes (dièves). M. Poirier de Saint-Brice (Ann. des mines, 1*° série, t. XIII, 1826) le con- 
state également. Les détails suivants des sondages sont disposés de manière à faire connaître les cou- 
ches traversées en allant du N.-E. au S.-O., perpendiculairement à la direction de la ligne de l’Artois; 
ainsi le plus éloigné de cette ligne est le forage de Thivencelles près Condé, sur la frontière même; il 
a donné: 

A5NSableitentiaire ET CE CR IC CE OC 0e 
2, Craie blanche et craie marneuse bleuâtre avec silex à 69 mètres. 87 ,67 


942% 05 3. Craie marneuse à points verts, calcaire gris et jaune avec silex, 
Ma LA marnes grises, jaunes, bleues, vertes, etc. (dièves). . . 4126 ,00 
L. Marnes glauconieuses et glauconiesableuse.. . . . . . . L ,88 
5. Roches argileuses et arénacées. . . . . . . . . . . 2h ,0 


HAE 5 © oo à à 27 

Dans la note jointe à cette coupe, M. Degousée fait remarquer le grand développement du grès vert; 
mais nous pensons que ces couches appartiennent toutes (du n° 3 au n° 5 ) au second groupe, et que 
le éourtia n’a point été atteint. Ce forage a traversé la dépression crayeuse que l’on sait exister entre 
Calonne et Montignies-sur-Roc, et où les sédiments crétacés ont une épaisseur locale qu’on ne retrouxe 
plus dans les autres directions. Ainsi la coupe de la fosse Saint-Louis à Anzin, à trois lieues au S.-O., 
ne montre qu’une épaisseur d'environ 70 mètres de dépôts tertiaires et crétacés au-dessus du éourtia 
que recouvre la diève (Bull, de la Soc. géol., t. NII, p. 171-1837). Pour les autres sondages du 
département du Nord, nous suivrons une direction du S.-E. au N.-O, parallèle à celle de la ligne 
de l’Artois. 


FORAGE D’ABESCON (canton de Bouchain), pour la compagnie CARETTE et MINGUET. 


GlauconieNsableuse ete) EP CE 17,88 
CRC IDE CS, & 5 4 à 5 > OMS. co ue (1) putl 
Craie MarDEUSC ASIE NE NC LE O0 
DIèves. 1 ane MERE ie IN LE NS SE 50 
Poudineuel((tourtia) AN REC NON OR 5 ,16 
SCDISTESICLIPTCS ROUTIERS ER 0 0/1 


Total 0-57 


152m,54. 


RSS E 


(Rore Hergé) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 119 
dépasse pas non plus la ligne de partage de la Sambre et de l'Escaut, à l'E. de 
laquelle le grès vert commence à se montrer dans la forêt de Mormale pour con- 


tinuer ensuite vers les Ardennes. 
La limite occidentale du tourtia paraît coïncider avec la vallée de la Lys ou 


FORAGE D’ÉMERCHICOURT (canton de Bouchain), pour la même compagnie. 


AANGTAUCONICALERLIAINE me sde belle Le Me cle ch le de 67,88 
D, GACINETONS d1 0 MOUV SO M NE TA 
122",03. ] 3, Dièves. . . . th 
4. Poudingue Connie CES de OA Nr TUE se HAN L ,85 
DACaÏCAITeiMAEDEE en M AE A MEN AN eue Mie eo re 5 ,79 


Lots Mr Me pas 70 


FORAGE D’AUBERCHICOURT (canton de Douay), pour la même compagnie. 


AERSADICNORTIAIEE SN NS Se ie Lee Menite. et een Melle te 67,00 
2. Craies roc she : ÿ NS 01:09 
126,66. À? 3. Dièves (marnes sralaees ee Mere É anse), 1 1627:00 
4. Poudingue (tourtia) et marne glauconieuse. . . . . . . 8 ,33 
5. Argiles schisteuses et grès anciens. . . . . . . . . . 73 ,84 
To 10206750 

FORAGE rE VRED (canton de Marchiennes), pour M. LAURENT. 
Sables ePAargileSAICRUIainess de pet en cs + ete Je lee 109002 
Craie blanche avec ou sans silex. . . . . . . . . . . . 63 ,87 
111,17. {Dièves. . . . De eme = 410 00 
Poudingue et ere dercoren re PERS 4 ,50: 

Schistes et argiles schisteuses, lits minces ee phtanite et 
CONMURERS  » ot ole et loto a NO EME 
TOR MED OMISGEIGS 

FORAGE DE MARCHIENNES, pour M. BERNARD. 

Sable bleuâtre, sable vert argileux , argile grise compacte (tertiaire).  25%,66. 
GTAIEHDIANCHE SANS Tex D UP Not 66 
103,00 Craie marneuseavecousanssilex. = CN M 00 160,17 
MR IDÉES RE dt ute ou domtlleueol Ga sut 2 7 cOfeDA 
Poudingue (tourtia). . . Lace 0 ,66 
Argiles schisteuses et grès Helen, Re een ei eue of 00,00 
Fou 2.0. 166%:66 

FORAGE DE FLINES (canton de Marchiennes), pour le méme. 

Sables verts et jaunes, sables verts argileux, sable noir et argile 
Sableusel (Terra NIET Uaire) 3 10 
Graie blanche/avec silex noÏES. ap 0 den. U:78 
190,17. Craie marneuse à silex. . . . ns) de ee +. 16 ,66 
Marnes argileuses grises, RAS verdâtres, brunâtres Here. + 57 ,73 
Poudingue (tourtia). te ee de d-nle tou + ON 4 ,00 
GAICAITC ANCIEN ee Me Eee M + Ru 2 ,45 


TO GG 


120 ÉTUDES (N.4, pe 420 

mieux avec la ligne de partage des eaux qui s’y rendent et de celles qui se 
jettent dans l’Yser. Le forage exécuté à Bailleul ne semble pas l'avoir atteint comme 
aux environs de Lille, etil aurait pénétré seulement dans des argiles et des sables 


FORAGE DE L’ESPLANADE, A LILLE. 


SaplesteLhareilesitentiAires SN NE NT 000 
[ Craie blanche avec silex à la base, . . . . . . . . . . . 32 .50 
Nappe d’eau à 48",30. 
68,55. Craie marneuse grise avec plaques de calcaires marneux compac- 


tesfet silexivers lethaut PP NE 0271020 
Marnes argileuses grises avec points verts. . . . . . . . 41 ,20 
Poudingue (tOurtia): :. NP OOMENENNENERE ER 0 ,65 
Calcaire carbonifère plus ou moins cohérent. . . . . . . . 36 ,05 


HOAE, 6 0 0 co 0 JE 


FORAGE DE L'HÔPITAL MILITAIRE , A LILLE. 


Même coupe que le précédent. . . . 120*,00 
Le poudingue (tourtia) a été rencontré à 69m 75, ia | non Tan 
jaillissante à 107,00. 


FORAGE DE L'HÔPITAL GÉNÉRAL A LILLE. 


Même coupe. D NE CRE 180%:60 

Le poudingue (tourtia) a été Finn à 89m, 00. 

M. Bailly a constaté que les variations observées dans la quantité d’eau fournie par ces puits étaient 
en rapport avec les marées. ( Comptes-rendus de l Académie des Sciences, t. XIV, p. 310—1842.) 


FORAGE DE BAILLEUL (arrondissement d’Hazebrouck), exécuté par MM. FLACHAT. 


Ge forage poussé à 108°,33, après avoir traversé des argiles blanches, jaunes, grises et quelques 
lits de sables et de coquilles, a été abandonné dans des sables verts ; nous u’avons pu rien conclure à à 
cause du manque de précision dans la légende. 

Les détails donnés par M. Turbert (Ann. des mines, L° série, vol. III, p. 73 ) sur la traversée des 
morts terrains dans le N. de la France , confirment pleinement les résultats que nous avons donnés 
pour le département du Nord. 

Dans celui du Pas-de-Calais, nous avons déjà rappelé les sondages exécutés à Tilloy et à 
Monchy-le-Preux au S.-E. d'Arras, où le poudingue (tourtia) a été rencontré à 147, 180 et 200 mètres 
au-dessous de la surface du sol, et reposant sur une couche de terre noire pyriteuse, qui résulte de la 
décomposition des schistes anciens sous-jacents; mais c’est à tort que, dans notre précédent mémoire 
( Loc. cit., p. 281), nous avions regardé cette couche comme un rudiment du grès vert qui n’existe 
pas sur tout ce versant. Ce que l’on a traversé appartient à diverses variétés de craie. 


FORAGE DE BEAURAINS (canton d'Arras), pour la société départementale. 


Craie à silex, craie marneuse grise, bleue, etc. . . . . . . 442,66 
Craie glauconieuse 204 + 5 505 4 SC OO NON 35 

4151m,32 
ë DIèVES + REA TE SIERRA EURE RER MEN RARE NR 7 ,00 
Poudingue (tourtia) AOC RE ED 53 


Psammites anciens 05700: 2 000 1 2 EDR 8 ,66 
Total. . + . . 4159%,98 : 


(N.4, p.421.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 121 


qui peuvent encore appartenir aux dièves. Quant au grès vert, on doit penser 
qu'après avoir longé au S. l'axe de l’Artois jusqu'à Fruges , il tourne vers le N. 
et s'abaisse dans cette direction , ainsi que le prouve la coupe du puits foré à : 


FORAGE pe MERCATEL (à 2 kilomètres au S. du précédent), pour la même société. 


Terre végétale et argile jaune sableuse. . . . . . . . . . 6,00 

Craie blanche avec silex NOÏTS 31,30 

_ 135,33. Craie marneuse grise avec silex cornés. . . . . . . . + . 8 ,00 
Craie marneuse grise avec pyrites et plaquettes de calcaires mar= 

NeEUXIAUES ee Ne Cr Re ee 00-00 


(Le lourtia est sans doute non dans cette troisième assise.) 
Couches non déterminées, mais probablement du terrain ancien. 45 ,00 


HOta  C  RL 56208 


FORAGE DE DINVILLE (situé à peu de distance à l'O. du précédent), pour la même société. 


Le poudingue (tourtia) a été rencontré à 131,33 de profondeur, et repo- 
sant sur le grès rouge ancien comme le précédent. 


FURAGE DE GOUY (à l'O. du précédent), pour la compagnie de BOUQUEMAISON. 


! Calcaire marneux bleuâtre, verdâtre, grisâtre, blanchâtre, plus ou 
41,65 \ MOINS COMPACT 00192200 


Grès verts, marnes argileuses grises, grès vert et argile sableuse . L ,99 
NPOUdINeUCr (OUR) RS CE L ,00 
SCRISTESRELET TES NN EN D AE Ne Ne ele ele 00 209 
Psammitessbleuaires te me CC CO 10,02 


DAS 0 © 0 01 AE 


Ce dernier forage est situé sur la ligne de partage des eaux de l’Artois et à 18 lieues de Chercq près 
Tournay, où le tourtia existe aussi à la surface des calcaires carbonifères. La ligne qui joint ces deux 
points est presque perpendiculaire à l’axe de l’Artois; et comme nous avons constaté d’un autre côté la 
présence du même poudingue de Saint-Waast près Bavay jusqu'aux environs de Bailleul, suivant une 
ligne de 24 lieues de long et parallèle à l’axe , il s’ensuit que cette couche, dont l'épaisseur moyenne 
n’atteint pas.3 mètres, se prolonge avec des caractères identiques sur unesurface d’au moins 432 lieues 
carrées. On conçoit que les irrégularités du sol ancien sur lequel elle repose l’a fait atteindre à des pro- 
fondeurs assez différentes, lesquelles dépendent également de l'altitude de l’orifice des puits. II serait 
donc facile, en combinant celle-ci avec les profondeurs , de déterminer les ondulations du plan sou- 
terrain formé par le poudingue. 

Les puits artésiens, si nombreux dans le canton de Lillers ( Pas-de-Calais), et dont le plus ancien 
paraît remonter à l’année 1196 , sans que le volume de ses eaux ait varié depuis, n’atteignent proba- 
blement pas le poudingue (tourtia) et s'arrêtent dans les argiles sableuses des dièves. 

- Enfin deux forages ont été exécutés pour la même compagnie dans le département de la Somme, au 
S. des précédents et très près de la ligne de partage. L'un, à Hem, a traversé la formation crétacée sur 
90,66 d'épaisseur, au-dessous de 20 mètres formés par le dépôt argilo- -caillouteux des plateaux. 
Ges 90”,66 étaient des alternances de marne et de calcaire, et vers le fond, on a rencontré une marne 
argileuse gris-blanchâtre. 

Le second forage exécuté à Lucheux a été poussé jusqu’à 172",17, dont 147°,64 dans les couches 
marneuses précédentes, au-dessous desquelles on aurait trouvé un calcaire oolitique gris-jaunâtre de 
9°,66, un conglomérat à ciment argilo-calcaire assimilé au tourtia, 2°,82, et un second calcaire ooli- 


SOC, GÉOL. — 2° SÉRIE T. IL Mém. n. À. 16 


122 ÉTUDES CN: 4, pe 122.) 
Calais. Ce sondage, exécuté par M. Mulot, était arrivé, le 2 septembre 1844, à la 
profondeur de 320°,20, et avait traversé (Rapp. de M. Legros Devot, Calais, 1845) : 


4° Terrain superficiel, remblais, cailloux roulés et sables coquilliers modernes. . . .  23",83 
2° 17 alternances de sables verts ou gris avec pyrites, d’argiles sableuses vertes ou brunes, 
d’argiles compactes avec pyrites el d’un lit de cailloux, le tout représentant le plastic 


da da EN AE RO OR 
3° Craie blanche friable et craie à silex.. . . JP OISE 0 
h° 16 alternances de craie grise, de craie al 4e craie ne Fe craie RL Ceuses 
souvent avec pyrites. . . SO TO Or OL ae. L de Dette) fl 
5° Craie siliceuse très dure à grains verts. . . . . . . 0 ,90 
6° Argile brune misacée. SPA | Ne Me AR : 1 ,50 
19-14; "avec pyrites, Lo DER RS TR UE OR CE 3 ,65 
8 Zd. avec sable, grains verts et pyrites. il GES 
9° Zd. avec gros grains de quartz et pyrites. 12710 
AG Grès ta (graimsiverts MTS AUS NET NI NP NC 5 
TOTAT RTC 2020 


Point d’eau jaillissante. 


Nous ferons remarquer que les grès verts, durs, succèdent ici aux argiles à 
grains verts et pyrites, exactement comme nous les avons indiqués au-dessous de 
la falaise de Saint-Pot (Mém. de la Soc. géol., t. IT, pag. 264). 

La limite N. du tourtia est moins bien connue au-delà d’une ligne tirée de 
Frameries et Wasmes près Mons, vers Courtray; car dans cette partie, les couches 
plongent fortement au N., et c'est de ce côté que le bassin, circonscrit comme il 
vient d’être indiqué, communiquait avec la haute mer. C'est aussi dans cette 
espèce de quadrilatère que s’est développée, au commencement de la période de la 
craie tufau, cette faune remarquable que nous avons signalée récemment (Bull. 
de la Soc. géol., 1. HT, séance du 2 mars 1846), et qui était venue peupler une sur- 
face où aucun sédiment ne s'était déposé depuis l’époque carbonifère. 

La puissance totale des trois étages de l'O. correspond à celle des diverses assises 
de la craie tufau de l'E. et du N.; elle la dépasse même sur plusieurs points, par- 
ticulièrement dans la région qu'occupe aujourd'hui la vallée de la Loire. Mais 
au N., dans les départements de la Sarthe et de l'Orne, le groupe de la craie tufau 
est très réduit, et finit par manquer tout-à-fait; circonstance en rapport avec le 


tique de 42",75. M. du Souich (Æssai sur les recherches de houille dans le N. de la France, p. 32, 
1839) paraîtrait porté à regarder ces dernières assises comme appartenant au groupe inférieur ou 
néocomien. Cette assertion, qui ne repose que sur des données minéralogiques peu certaines, et qui 
est contraire à l’allure souterraine connue des groupes inférieures de la formation, ne ferait que confirmer 
d’ailleurs ce que nous avons dit, que le groupe du grès vert est limité nettement au N.-E. par la ligne 
de partage de l’Artois. Quant aux calcaires atteints sur cette ligne même, il faudrait des détails 
vlus nombreux et plus précis pour prononcer s'ils sont néocomiens, wealdiens, ou même de l'étage 
de Portland. 


C1, p.125) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 123 
relief que nous supposons au sol à cette époque; à partir de l’axe du Mellerault , et 
qu'indique la coupe fig. 5, pl. HI. 

Quant à la largeur de la zone formée à l'E. par le second et le troisième groupe 
réunis, elle est beaucoup moindre qu’à l'O. Dans les départements de l'E, cette 
largeur ne dépasse pas 5 à 6 lieues, tandis que dans ceux de l'O. elle est de plus de 
12 lieues.et enatteint même au S. de 15à 18 : différences qui résultent de la plus 
grande inclinaison de ces couches à l'E. et au N. qu'à l'O. et au S. Les premières, 
eneffet, ont dû se déposer sur les pentes assez inclinées de la Côte-d'Or, dontle 
soulèvement n’a point influencé les couches oolitiques de l'O., et de plus, elles ont 
été soulevées elles-mêmes plus tard, au lieu que les secondes, ou celles de l'O., sont 
restées dans leur position originaire. 

Nous avons séparé de notre second groupe la craie de Blois et de Chaumont- 
sur-Loire, quise prolonge au N. pour former la partie moyenne et supérieure des 
escarpements de Vendôme, et nous l’avons réunie au premier groupe, dont elle 
constitue ainsi la base ou l'étage inférieur, la craie blanche occupant l'étage 
moyen et la craie de Maëstrichtle supérieur. Mais nous devons dire que l'absence 
de bonnes coupes ne nous a pas encore permis de préciser la relation exacte de 
la craie de Blois et de Vendôme avec la craie blanche, et 1l serait peut-être plus 
rationnel de la laisser encore daasle second groupe, sil'on considère, non seule- 
ment sa position au-delà de l’axe du Mellerault, mais encore ses fossiles et ses 
caractères minéralogiques. Les Bélemnites entre autres, si répandues dans la craie 
blanche et jusqu'aux dernières couches de Ciply et de Maëstricht, n’ont encore 
présenté qu'un seul échantillon au-delà de la ligne du Mellerault, coïncidence 
singulière avec l'absence ou l'extrême rareté des Nautiles dans le second groupe 
de l'O. 

Pour la craie blanche, nous adoptons complétement l'opinion de MM. Dufrénoy 
et Élie de Beaumont , et nous ne l’avons vue dépasser un peu l'axe du Mellerault 
qu'à la hauteur de Gien et de Briare ; car à Bonny elle n’existe déjà plus, de même 
que sur la rive gauche de la Loire. La craie blanche s'étend au N., jusqu'à 
Maëstricht, où elle estreconverte par l'étage supérieur, età l’O., dans toutela partie 
orientale de l'Angleterre. Son épaisseur est beaucoup moindre au N. de l'axe de 
l’Artois, le long de l’ancien rivage du second groupe, qu'au S., où elle atteint son 
maximum au-dessous de la vallée de la Seine. L’étage supérieur de Belgique se 
trouve relégué pour ainsi dire au N. de la ligne de partage de l’Artois, et même de 
l'ancien rivage du deuxième groupe. Si quelques traces existent au S., c'est vers 
le milieu du bassin qu’occupe la craie blanche qu'il faut les chercher, et où elles 
nous présentent des caractères si différents de ceux des couches du N. qu'on a 
pu hésiter longtemps à les regarder comme contemporaines. 

Nous avons déjà fait pressentir que ces limites des anciens bassins crétacés ne 
cessèrent point avec les dépôts de cette formation. En effet, le terrain tertiaire 
inférieur du N. de la France , dont les groupes s’échelonnent du N. au S. suivant 


124 | ‘ ÉTUDES OT (N-4, p.124.) 
leur ancienneté relative, vient s'appuyer au pied du versant N. de l’axe du Melle- 
rault, qu'il ne dépasse pas. La ligne de partage des eaux de l’Artois et de la Flan- | 
dre sépare de mème.le bassin tertiaire dela Belgique de celui de la Seine, comme 
on a vu le prolongement de l'axe de la vallée de Weald séparer le bassin de Lon- 
dres de celui du Hampshire. | 

Ainsi la glauconie inférieure , qui repose au N. sur la craie de Ciply et de 
Maëstricht ou sur des terrains plus anciens, est la seule couche qui se montre iden- 
tique des deux côtés de l’axe de l’Artois. L'étage des lignites n’est que rudimentaire 
au N., si même il y existe. Les groupes si distincts et si nettement tranchés des 
sables inférieurs et du calcaire grossier s'arrêtent à la chaîne de collines qui s'é- 
tend de Noyon à Villequier-au-Mont (Aisne). Plus au N., les caractères de ces deux 
groupes se confondent ; les calcaires et les sables, de même quelles fossiles, ne pré- 
sentent plus dans leur distribution cette précision si remarquable au S., et les di- 
visions établies dans la Belgique ne leur correspondent que très imparfaitement. 
Le groupe des sables moyens, bien défini au S. jusqu'à ces mêmes collines d'Ugny- 
le-Gay, au N., depuis Cassel jusqu'au-delà de Tongres, en diffère sensiblement 
sous le rapport des fossiles comme sous celui des roches. Enfin lés analogies 
sont encore plus incertaines pour toutes les couches postérieures (1). 

Quoique l’ouverture du canal de la Manche soit probablement très récente, 
comme nous l’avons dit ailleurs (2) , le relèvement des couches de chaque côté 
du détroit vers les côtes actuelles nous fait croire qu'à partir de l'époque des 
lignites, car ces premiers sédiments sont identiques depuis la Champagne 
jusque dans le Berkshire, il existait aussi pendant la période tertiaire, comme 
pendant la formation des deux groupes crétacés inférieurs , un bombement sous- 
marin dirigé N.-E., S.-0., qui donna lieu aux différences que nous présentent les 
couches tertiaires de l’Angleterre avec celles du N. de la France d’une part, et 
avec celles de la Belgique de l’autre. Ce bombement était parallèle au rivage 
S.-E. du golfe crétacé, et par conséquent au soulèvement de la Côte--d'Or; 
mais on doit penser qu'il s’étendait peu au N. de Calais, puisque des dépôts ana- 
logues au London clay s’observent dans la province d'Anvers. Quoique le relief 
actuel du sol des Flandres et l'hydrographie du pays ne nous fournissent point dé 
données satisfaisantes à cet égard , la nature des couches nous fait regarder comme 
très probable que la séparation des bassins de Londres et de Bruxelles avait lieu 
suivant une ligne faiblement sinueuse, prenant à environ une lieue et demie au S. 
de Calais, et se dirigeant vers Malines, en passant un peu au N. de Gand. A l'E. de 
Malines, suivant une observation fort judicieuse que nous a communiquée M. d'O- 
malius d'Halloy, elle paraîtrait encore être indiquée par le thalweg de la vallée de 
Demer, des deux côtés duquel l'aspect du pays est très différent , et se trouve 


(4) Voyez Bull. de la Soc. géol , t. X, p. 193—195 et 200—1839. 
(2) Zbid., p. 221. 


(NA, p. 125.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 125 
sans doute en relation avec la nature du sol sous-jacent (1). Si l’on cherche au 
S.-0. quelques caractères orographiques en rapport avec cette dernière direction, 
on les trouvera fortement indiqués encore par la grande fosse centrale de la 
Manche, si bien déterminée sur la carte hydrographique dressée par M. Le Saul- 
nier de Vaubello, et que nous avons reproduite dans notre Esquisse (pl. I, f. 1). 

Pendant l’époque tertiaire, non plus que pendant la période crayeuse, ces di- 
verses parties du grand bassin n'étaient pas toutes complétement isolées les unes 
des autres , et ces lignes de partage, sans être tout-à-fait émergées, pouvaient se 
trouver cependant sous une si faible profondeur d’eau , que les animaux qui vi- 
vaientet les sédiments qui se déposaient fussent, de part et d'autre de ces digues 
ou banquettes sous-marines, dans des conditions physiques assez variées pour 
nous expliquer les différences que présentent aujourd'hui les fossiles et les 
roches du même âge. 

Lorsque le terrain tertiaire moyen commença à se déposer, la nue du Melle- 
rault, cessant de manifester son influence, permit aux poudingues , aux sables et 
aux grès marins supérieurs, ainsi qu'aux marnes et aux calcaires lacustres qui leur 
ont succédé, de s'étendre librement depuis le N. de la France jusqu'au pied du 
plateau central, et des plaines de la Champagne jusqu'aux terrains anciens de la 
Bretagne. Mais il semble qu’ensuite cette même ligne ait reconquis une partie de 
son influence: car les observations récentes de M. Lyell, d'accord avec l'opinion 
émise antérieurement par M. Desnoyers, tendent à établir le parallélisme du crag 
d'Angleterre et de Belgique avec les sables de la Sologne, les faluns coquilliers du 
Blaisois , de la Touraine, de Anjou et de la Bretagne. Or, les différences si tran- 
chées que l’on observe entre les fossiles du crag et ceux des faluns, différences qui 
nous avaient porté nous-même à les regarder comme appartenant à des époques 
distinctes , se coordonnent encore à la ligne du Mellerault, dont le prolongement 
atteint la côte un peu au N. de Barneville (Manche), et se trouve indiqué par une 
ligne de partage qui s'étend de Saint-Patrice-le-Clay à Saint-Pierre-des-Moitiers. 

On peut reconnaître, en effet, que la direction des quarzites dans ce dernier es- 
pace a été influencéepar ce ploiement. La crête rocheuse de Lithaire , les massifs 
de grès de Doville , de Besneville , etc., que nous avons étudiés avec M. de Ver- 


(1) Le rapprochement des argiles de Boom avec le banc coquillier du Limbourg ne nous a jamais 
paru fondé. Non seulement il: n’est appuyé sur aucune superposition précise , mais les caractères 
minéralogiques et zoologiques s’y opposent également. Quant aux espèces fossiles communes que les 
beaux travaux de M. Nyst ont fait connaître dans ces deux dépôts, elles établiraient seulement entre 
eux un rapport semblable à celui qui existe entre les fossiles du calcaire grossier, et ceux des 
sables moyens ou de Bagshot, que les couches de Kleyn-Spauwen, de Tongres, elc., nous paraissent 
représenter, De cette manière, le parallélisme établi depuis longtemps entre le calcaire grossier et le 
système bruxellien , avec les argiles de Boom identiques au London clay de l’autre côté du détroit, 
subsisterait toujours, et la cause des différences qui les distinguent devra être attribuée à des circon-- 
stances physiques qui restent encore à étudier. 


126 ÉTUDES (N.1,p. 1%) 
neuil , sont plutôt alignés sur le prolongement de l'axe du Mellerault que sui- 
vant la direction normale du système silurien dont ils forment la base. 

Les coquilles trouvées dans le Cotentin et si parfaitement identiques avec celles 
du crag rouge du Suffolk, se rencontrent précisément daus des couches adossées 
au pied N.-E. de cette ancienne barrière. Elles ont pu être ainsi en relation di- 
recte avec la mer du crag, et être séparées au contraire de celle des faluns, qui ne 
dépassait pas non plus le prolongement S.-E. de cette ligne. Ces coquilles du crag 
du Cotentin se trouvent, en outre, placées au-delà du bombement que nous avons 
supposé exister pendant la période tertiaire à la place du canal de la Manche, et 
en deçà duquel, en France comme en Belgique, il n’y a point de trace du crag ni 
d’autres dépôts de cet âge. Le crag d'Anvers est aussi placé au N. de la ligne 
que nous avons indiquée comme séparant le London clay du système bruxellien, et 
il représente aujourd’hui , de ce côté du canal, le dépôt contemporain du crag du 
Suffolk, comme les argiles de Rupelmonde ou de Boom représentent le London clay 
du même comté et celui de l’Essex. Ainsi, au N. de Calais et de Douvres, l'axe actuel 
du détroit ne coïnciderait pas comme au S. avec l’ancienne séparation des bassins. 

D'après ce qui précède, on peut donc voir que nous sommes arrivé à recon- 
naître une certaine corrélation entre les caractères orographiques et hydrogra- 
phiques du sol actuel, et les différences organiques et inorganiques des dépôts qui 
se sont succédé, depuis la fin de la période oolitique jusqu’à l'époque des grès de 
Fontainebleau et même au-delà. Cette coordination à deux lignes parallèles, ou 
dont les directions ne diffèrent que de 3°, et à une troisième ligne presque per- 
pendiculaire aux deux autres, de la plupart des changements qui se sont produits 
dans ce grand bassin , ne peut être le résultat du hasard ou de causes fortuites 
qui n'influent jamais avec cette permanence ni avec cette espèce de symétrie : 
aussi ces lignes doivent-elles traduire encore pour nous l’orographie du sol immergé 
pendant ce laps de temps. Mais ce qui n’est pas moins digne de remarque, c’est que 
cette disposition du sol sous-marin n'ait pas été plus influencée elle-même dans ses 
effets immédiats par les grands bouleversements que nous savons être survenus 
pendant cette longue période dans une partie peu éloignée de l'Europe occidentale, 
dont ils ontsi puissamment modifié le relief. Ces bouleversements ont sans doute 
occasionné des changements généraux dans les sédiments et les êtres organisés 
des formations et de quelques uns des principaux groupes; mais les modifications 
locales des étages sont restées subordonnées aux lignes que nous avons indiquées. 


$ II. Considérations théoriques. 


Jusqu'à présent nous n’avons eu qu’à constater, puis à grouper des faits ; il nous 
reste actuellement à chercher la raison de ces faits. Nous ne nous dissimulons 
pas les difficultés de cette recherche : aussi n’est-ce qu'avec une extrême réserve 
que nous nous hasardons à présenter les hypothèses que leur examen nous a 
suggérées. 


(NA, p.127.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 197 
Après le soulèvement de la Côte-d'Or, le bassin dans lequel les couches créta- 
cées devaient se déposer était circonscrit à l’E. par une ligne de côtes un peu si- 
nueuse, dirigée, comme le soulèvement N.-E. S.-0., depuis les environs de Vassy 
jusqu'à l'E. de Poitiers (pl. I, fig. 1). Longeant ensuite au N. la crête de l’Ar- 
gonne et celle de Poix, la ligne prenait une direction N.-0. jusqu'aux environs de 
Bavay , formait plus haut un golfe étroit, au fond duquel se trouve aujourd'hui 
la ville de Mons, puis revenait à l'O. en passant à la hauteur de Tournay, pour 
remonter enfin au N.-E. vers Aix-la-Chapelle et au-delà, suivant la direction des 
terrains anciens. Nous avons vu dans ce qui précède les limites S. et O. de ce bas- 
sin, dont les contours étaient à peine esquissés et dont les formes n’ont achevé de 
se modeler que plus tard à l’époque du grès vert. Dans le Wiltshire, lOxfordshire 
et le Cambridgeshire, le rivage de ce dernier groupe était aussi dirigé parallè- 
lement à celui de la Bourgogne et de la Champagne. 

Nous pensons qu'après la grande dénudation qui paraît avoir immédiate- 
ment suivi le soulèvement de la Côte-d'Or, et sans doute celui d’une portion 
considérable de l’Europe occidentale dont les sédiments oolitiques ont été 
amenés au-dessus des eaux, il se sera produit un affaissement perpendiculaire 
à la direction du soulèvement, et qui aura donné lieu à une large vallée émergée 
au S.-E. Au N.-0., une dépression plus profonde, mais point assez cependant 
pour recevoir directement les eaux salées, commença à se remplir de sédiments 
argileux et arénacés d’origine lacustre ou torrentielle. Dans ces eaux douces ou 
saumâtres, s’accumulaient avec les débris de Cypris, de Cyclades, de Paludines et 
d'Unio , annonçant des eaux douces, les nombreux ossements d'Emys, de Trionyx, 
de Crocodiles , de Plesiosaurus, de Phytosaurus, de Mégalosaurus d’Hyléosaurus et 
d’Zguanodon, qui indiquent le voisinage des terres, comme la présence de quelques 
coquilles marines prouve le peu d’élévation de ces dépôts au-dessus du niveau de 
la mer. Pendant cette première époque, les trois quarts du bassin compris entre 
les deux lignes dont nous avons parlé étaient aussi émergés, puisque les dépôts 
fluviatiles ou d’eau saumâtre s’étendaient de Hythe à Tisbury et Purbeck. De Hythe, 
le rivage lacustre se dirigeait vers le Bas-Boulonnais, et de Purbeck vers l’'embou- 
chure actuelle de la Seine, se prolongeant ensuite de part et d’autre vers le centre 
du golfe, de manière à comprendre la surface qu'occupe le pays de Bray, et peut- 
être plus loin encore. Par la substitution pour ainsi dire immédiate des eaux sau- 
mâtres du lac wealdien (1) à la mer jurassique, on comprend pourquoi les êtres 
organisés, et surtout les poissons qui vivaient dans ce lac, présentent une certaine 
analogie avec ceux de la formation qui venait de finir, tandis qu'ailleurs, l’hiatus or- 
ganique est plus tranché, parce que la succession des couches n’a pas été immédiate. 


(1) On conçoit que de petits accidents, comme le dirt bed, sont des faits locaux sans aucune 
importance , relativement au phénomène, général de l’abaissement , et qu’il a pu rester çà et là, sur 
les bords du lac, des points momentanément émergés où la végétation se sera développée, pour être 
ensevelis peu après sous les eaux comme tout le reste. 


128 ÉTUDES CN: 4, p. 128.) 

Si l'on admet maintenant que le fond du lac wealdien s’abaissait lentement 
pendant qu'il continuait à se remplir , et que cet abaissement s'étendait à toute 
la grande dépression S.-E. N.-0. dont nous avons parlé, la surface du lac 
a pu être envahie par les eaux de la mer au N.-0., pendant que les premiers 
dépôts néocomiens se formaient au S.-E. Par suite de ces changements, les espèces 
marines de cette période se sont emparées du nouveau domaine qui leur était 
ouvert, et ainsi s'explique la présence de ces mêmes animaux au-dessus des der- 
nières couches wealdiennes ou dans les deux premières assises du lower green sand 
du Kent, du Surrey et de l’île de Wight. 

Nous avons supposé, pour plus de simplicité, un abaissement graduel très 
lent et uniforme du N.-0. au S.-E; mais il a pu arriver aussi que lorsque le 
dernier étage du groupe wealdien (Weald cluy)se déposait, déjà quelques points 
du rivage oriental étaient submergés, et que, dans ces eaux peu profondes, se pré- 
cipitaient ces calcaires dont les caractères zoologiques sont peu précis, et que 
nous avons vus, dans les départements de la Haute-Marne, de l'Aube et de l'Yonne, 
interposés souvent entre les derniers sédiments oolitiques bien caractérisés et 
les couches crétacées inférieures proprement dites. L’abaissement général conti- 
nuant, la mer néocomienne envahit tout-à-fait le lac wealdien, et vint alors 
battre les côtes du Hampshire, du Sussex , du Surrey et du Kent au N.-0., comme 
celles de la Champagne et de la Bourgogne au S.-E. 

À mesure que l'abaissement continuait et s’étendait à d’autres parties du bas- 
sin, les eaux devenaient plus profondes, les conditions d'existence changeaïent , 
et à l'organisme du lower green sand, d'une part, et du calcaire et des marnes 
néocomiennes de l’autre, caractérisé par un grand développement d'ostracés, 
succédèrent peu à peu , avec les nouveaux sédiments arénacés-argileux , ces nom- 
breuses générations de céphalopodes à coquilles cloisonnées, qui avaient dès lors 
tout l'espace et toute la profondeur d’eau nécessaire pour se multiplier. Leurs 
débris marquent en effet, aux extrémités opposées du bassin, de même que sur 
une partie de son rivage N.-E., le milieu, et sur quelques points la fin de la pé- 
riode du grès vert. 

Mais dès le commencement de cette période, il se produisit un ploiement O., 
31° N., E. 31° S., correspondant à peu près à l’ancien rivage S.-0. de la dé- 
pression wealdienne et néocomienne, et il y eut alors, au S. et à l'O. de ce ploie- 
ment, un bassin triangulaire qui ne se trouvait en relation avec le golfe central 
que par un détroit situé entre Sancerre et Vierzon. Pendant que les céphalopodes 
qui pouvaient communiquer librement avec la haute mer accumulaient leurs dé- 
pouilles sur les plages argileuses de l'E., les sables ferrugineux et les calcaires 
à Trigonies se déposaient à l'O. dans des circonstances physiques tout-à-fait dif- 
férentes , puisqu’au N., l'axe de soulèvement interrompait la communication di- 
recte avec la haute mer. La profondeur des eaux y était moindre, et la nature 
du fond et des sédiments, de même que l'exposition, différait également de ce 


EN. 4, p. 129.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 129 
qui avait lieu à l'E. La prédominance , à cette époque, des argiles sur tel ou tel 
point du bassin , paraît coïncider aussi avec la présence du lias ou des étages ar- 
gileux de la formation oolitique, sur son pourtour ou non loin de la côte. Ainsi, 
à l'O., où ces assises argileuses jurassiques sont représentées par des calcaires sou- 
vent sableux, les sédiments crétacés sont particulièrement arénacés et calcarifères. 

Le soulèvement dont nous venons de parler ayant eu lieu pendant que se dé- 
posait la craie glauconieuse, inférieure aux sables du Perche, explique l'identité 
des premières assises du grès vert des deux côtés de l'axe du Mellerault, 
ainsi que la continuité de sa formation au N. de ce même axe, tandis qu’au S., 
il se produisit, à partir de cette époque, des couches toutes différentes (1). Au- 


cun dépôt correspondant ne se formait encore en Belgique, le sol étant émergé 
au N.-E. de la ligne de l'Artois. 


Bientôt après, un abaissement plus prononcé met fin à la période du grès 
vert; la Belgique et tout le pays au N.-E., jusqu'au-delà du Rhin, sont en- 
vahis par les eaux, et alors commence la formation du second groupe, dont les 
caractères dans le Kent, le Sussex, le Hampshire et le Wiltshire sont parfaite- 
ment comparables à ceux de la partie du continent qui s'étend depuis les côtes 
actuelles de la Normandie, de la Picardie, de l’Artois et de la Flandre, jusqu'aux 
anciens rivages des Ardennes, de la Champagne et de la Bourgogne. Mais au N. 
de l’axe de l’Artois, dans la Belgique et les provinces rhénanes , ces caractères 


(4) Si l'on remarque la position singulière du lambeau crétacé du Plessis-Grimoult (Calvados ), 
on sera naturel'ement conduit à penser que ce soulèvement a agi non seulement sur les couches se- 
condaires, mais encore qu'il s’est propagé à travers les roches de transition qu’ilarencontrées sur son 
prolongement N.-0O., lequel croise en cet endroit la direction des roches siluriennes sous un angle 
de 16°. Il aura compliqué ainsi Ja relation déjà si embrouillée des terrains anciens du Calvados et du 
Cotentin. Il est probable que plusieurs des anomalies que nous avons remarquées , M. de Verneuil et 
nous, dans l'étude de ces terrains anciens de l’O., étude qui sera l'objet d’une publication prochaine, 
viendront se rattacher à la formation de ce même axe dirigé O. 31° N. à E. 31°S. 

La direction de ce soulèvement diffère donc de 8 à 9° de celle du système du Thuringerwald (O. 40e. 
N., E. 40° S.), que M. Élie de Beaumont place entre le trias et la formation oolitique. Mais nous 
croyons en outre que, même avant l’époque du trias, il y avait déjà, suivant cetteligne du Mellerault, 
un bombement dont les effets se sont manifestés pendant toute la période secondaire, puisqu’au N., 
dans le Calvados et le Cotentin, ilexiste des couches de grès bigarré de red marl, et peut-être de 
calcaire magnésien, puis des calcaires inférieurs au lias (a), et le lias lui-même, dont, à l'exception de 
quelques traces de ce dernier étage, on ne retrouve les équivalents au S. que bien au-delà de la 
Loire. Si, de plus, on compare attentivement les groupes inférieur, moyen et supérieur de la formation 
oolitique des deux côtés de ce bombement, les différences qu'ils présenteront ne seront ni moins 
tranchées ni moins étendues que celles de la formation crétacée. On voit en résumé que cet axe du 
Mellerault, dont le relief est à peine sensible, et où l’on n’observe aucune dislocation de couches, 
offre cependant, sur ses deux versants, des différences bien plus prononcées que les versants opposés 
de véritables chaînes de montagnes, telles que les Vosges et les Pyrénées. 


(a) On peut remarquer que ces calcaires et toutes les couches rapportées au trias se trouvent aussi en dehors 
de l’axe de la Manche, tel que nous l’avons supposé exister lors des premiers groupes crétacés. 


SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE.  T. IL. Mém. n. 1. 17 


130 ÉTUDES CN. 1, p.130.) 
sont différents, comme on a vu qu'ils l’étaient au S. età l'O. de l'axe du Melle- 
rault, dans le Perche, le Maine, l’Anjou et la Touraine; et ce n’est encore qu'à 
l'extrémité S.-E. de cette dernière ligne, vers le détroit dont nous avons parlé, 
là où les eaux communiquaient directement avec la partie centrale du bassin, 
que nous trouvons les mêmes sédiments et les mêmes fossiles (1). 

La continuation et la répétition de phénomènes du même ordre, jusqu’à la 
fin de la période crayeuse, nous semblent pouvoir expliquer, d’une part les pas- 
sages insensibles que l’on observe dans les couches du centre du bassin comme 
au N. de l'axe du Mellerault, depuis le commencement de la craie micacée glau- 
conieuse, ou même avant, jusqu'aux derniers dépôts crétacés , et de l’autre, les 
différences frappantes qu’on remarque au-delà des deux lignes de partage que 
nous avons mentionnées. 

Après l'époque de la craie blanche, une nouvelle modification du sol sous- 
marin à produit encore un changement assez prononcé au N. de la ligne de 
l'Artois et à la suite duquel se sont formés les dépôts circonscrits de Ciply, de 
Folx-les-Caves, de Maëstricht , etc, qui, s'ils ont quelques représentants au S., en 
sont cependant assez distincts pour que leur parallélisme ait longtemps paru dou- 
teux. Le lambeau crétacé du Cotentin, placé un peu en avant de l'axe du Melle- 
rault, doit d’après ses fossiles dater d’une époque postérieure au soulèvement 
de cet axe. Malgré le peu de profondeur de ce petit bassin isolé, si parfaite- 
ment décrit par M. J. Desnoyers il y a plus de vingt ans (2), on y trouve, avec un 
grand nombre d'espèces particulières qu’explique sa position même, la plupart 
de celles qui caractérisent le premier et le second groupe, tels que nous les avons 
hmités. 

La fin de la période crayeuse a été signalée par le soulèvement de la chaine 
des Pyrénées et d’une partie de celle des Apennins. Des brisures ont dù se mani- 
fester dans des directions parallèles à ces chaînes , et M. Élie de Beaumont cite la 
dénudation du pays de Bray comme ayant eu lieu sur des protubérances produites 
à cette époque. Quant à la relation générale de nos deux lignes de partage , leur 
direction serait comprise entre celle du système du Thuringerwald , 0.40° N., E. 
40° S. et celle du système des Pyrénées , E. 18° S., O. 18° N. (3). 


(4) Nous supposons qu’en général le remplissage des bassins a été proportionnellement plus rapide 
que l’abaissement du fond, sans quoi les dernières couches , en recouvrant les plus anciennes, les 
auraient dépassées, ce qui n’a pas eu lieu. On pourrait encore induire de ce fait l'extrême lenteur 
de l’abaissement, si l’on admettait qu’il a été seulement continu; mais il est probable qu'il y aura 
eu à certaines époques des mouvements plus rapides, indiqués par les changements brusques que nous 
observons dans la nature des dépôts et dans les corps organisés qn'’ils renferment. 

(2) Mém. de la Soc. d'hist. nat. de Paris, t. II, p. 176 ; 1895. 

(3) On doit remarquer que cette direction est dominante dans la plupart des accidents orogra- 
phiques, hydrographiques et géologiques de toute la moitié occidentale de la France. Ainsi la Garonne 
coule dans ce sens depuis Toulouse jusqu’à l'embouchure de la Gironde ; la bande crayeuse du S. -O. 


{Ne 4, p. 151.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 131 


Si maintenant nous jetons un coup d’œil sur la profondeur probable du bassin 
dans lequel se sont successivement déposées les couches crétacées, nous y trou- 
verons peut-être de nouvelles preuves à l'appui de l'hypothèse des oscillations 
successives et inégales du fond de ce bassin. En faisant abstraction des parties 
évidemment soulevées, telles que l’axe du Mellerault, celui du Sancerrois et les 
accidents partiels que nous avons signalés, on reconnaît que, sur l’ancien rivage 
N.-E. du golfe, depuis les environs de Rumigny jusqu’à ceux de Clermont-en-Ar- 
gone, les couches du deuxième ou du troisième groupe atteignent 235, 296, 300 
et même 342 mèlres d'altitude d’après M. Buvignier (1). Dans le département de 
l'Aube, M. Leymerie donne à la craie blanche une cote de 295 mètres (2). Les 
altitudes normales diminuent un peu dans le département de l'Yonne, car il ne 
nous paraît pas certain que la crête dirigée S.-0., N.-E. d’Alligny (Nièvre) à Saint- 


se prolonge de même de Cahors à l’île d’Aix, de telle sorte que le rivage des dépôts tertiaires infé- 
rieurs lui est aussi parallèle. La Charente coule dans ce sens d'Angoulême à son embouchure , et la 
ligne de partage de ses eaux d’avec les affluents de la Dordogne à l'E. , se trouve dans la direction du 
système de la Côte-d'Or, et sur le prolongement exact du rivage oriental du bassin crétacé du N. La 
ligne de partage granitique que suit la Sèvre nantaise au S. de la Loire, comme la vallée de l’Oust 
au N., semble être le résultat d’une fracture dirigée dans le même sens et recoupée elle-même plus 
tard par la vallée de la Loire. La Vienne, depuis l’Ile-Bouchard, se trouve sur le prolongement du 
coude que forme la Loire entre Candes et Saint-Mathurin, et il ne serait pas impossible que cette 
ouverture du sol ne coïncidât avec une fracture dans la même direction, et dont le relèvement de 
Saumur serait encore un des résultats. De Cosne à Orléans, la même rivière se dirige aussi à l'O. 
30° N., et de cette dernière ville à Candes, elle prend une direction presque à angle droit et parallèle à 
la Côte-d'Or. 

Les roches ignées du département de Maine-et-Loire, comme le terrain anthraxifère et la zone 
des roches plus anciennes auxquelles elles sont intimement liées, sont alignées O. 30° N. à E. 30°S. 
Les terrains anciens des départements de l'Orne et de la Mayenne présentent un grand nombre d’ac- 
cidents dans cette direction, tels que l’axe porphyritique des Couévrons. L’axe véritable de la vallée 
de la Seine en remontant l'Yonne et l’Armencon jusqu'à Sombernon, est encore très sensiblement 
parallèle à nos deux lignes, de même que les petites vallées de la Canche, de l’Authie, de la Somme 
inférieure , de la Bresle, de la Béthune et du Terrein. 

Quant à la direction de la Côte-d'Or et du rivage S.-E. du bassin, nous la retrouvons dans la 
direction de la vallée de l'Oise, depuis Guise jusqu’à sa jonction avec la Seine, et au N. dans les 
vallées de la Sambre et de la Meuse, qui semblent en être le prolongement, et aussi dans la ligne de 
partage de l’Escaut et de la Sambre, entre Saint-Quentin et Bavay. Plus à l'O., la ligne de la Manche 
et le rivage N.-O. du bassin en Angleterre sont encore parallèles à la Côte-d'Or et au rivage S.-E. 

Ces mouvements du sol, qui ne seront bien appréciés, suivant nous, que lorsqu'on se servira des 
méthodes géodésiques pour constater les divers niveaux que présente un système de couches étudié 
sur une vaste étendue, à peu près comme l’a fait M. Bravais pour les terrasses du littoral de la Nor- 
vége, sont de la nature de ceux qui ont produit les déformations du globe, dont M. Rozet s’est 
occupé récemment. Ce géologue nous paraît avoir fort bien démontré que ces bombements ne devaient 
pas être confondus avec les chaînes de montagnes. (Mém. de la Soc. géol. de France, 2° série, 
t. Ier, 1844). 

(1) Bull. dela Soc. géol., 2° série, t. 1°", p. 399. 

(2) Mém. de la Soc. géol., t. IV, p. 305. 


132 ÉTUDES CN. 4, p. 152.) 
Puits et au-delà (Yonne), ne soit pas le résultat d’un soulèvement, quoique beau- 
coup moins prononcé que celui du Sancerrois, les grès ferrugineux s’élevant à 
355 mètres au village de Bouy. Dans le département du Cher, sur les plateaux qui 
bordent la rivière autour de Vierzon , l’altitude de la craie tufau ne dépasse pas 
170 mètres, et celle des grès et sables verts est encore moindre dans le département 
de l'Indre. A Saint-Picerre-de-Tournon, sur la limite de celui de la Vienne, les 
affleurements du grès vert ne sont qu'à 90 mètres. Plus à l’'O., autour de Mirebeau 
et de Loudun , ils sont encore plus bas, et la coupe fig. 5, pl. IF, nous montre à 
Tours ces couches descendant bien au-dessous du niveau de la mer. La courbe que 
nous avons tracée, depuis cette vallée jusqu'à la Manche, fait voir que, sans le relève- 
ment du Mellerault, les couches du deuxième et du troisième groupe n’atteindraient 
nulle part une altitude de 200 mètres dans cette partie occidentale du bassin. 
Si nous suivons ces mêmes couches sous la vallée de la Seine, depuis Troyes 
jusqu’au Havre, nous verrons qu'elles décrivent une courbe assez prononcée 
dont le point le plus bas que nous connaissions est au-dessous de Paris même, 
c’est-à-dire vers le milieu de l’ancien golfe que nous avons supposé exister au 
commencement de la période crétacée. A Troyes, la craie descend jusqu’à 57 mè- 
tres au-dessous du sol, dont l'altitude est de 110 mètres ; des marnes foncées du 
troisième groupe ont été traversées au-delà, sur une épaisseur de 78 mètres ou 
jusqu'à 25 mètres au-dessous du niveau de la mer. Dans le puits de Grenelle, 
poussé à 548 mètres, la craie et ses diverses variétés, appartenant au premier et 
au deuxième groupe, a été traversée sur une épaisseur de 475 mètres; les 
73 mètres restantsont des argiles sableuses et des sables verts du troisième groupe, 
qui descendent ainsi à 509 mètres au-dessous de la mer. L’épaisseur traversée de 
ce dernier groupe étant à peu près la même dans les deux forages, on voit qu'il 
y a 464 mètres de différence entre le niveau des mêmes couches sur ces deux 
points, distants de 39 lieues. Après ce inaximum d’abaissement, les couches se re- 
lèvent à l'O. d’une manière continue, sauf quelques accidents particuliers, et les 
détails que nous ont fournis les forages de Saint-André , d'Elbeuf, de Rouen, de 
Saint-Sever, de Pont Audemer, du Havre, d'Yvetot, de Dieppe et l’ancien puits 
de Meulers, nous ont permis d'apprécier, indépendamment des affleurements 
naturels des couches , la marche souterraine des dépôts dans cette direction. 
Nous avons déjà donné dans un mémoire précédent quelques cotes de hauteur 
pour le troisième groupe dans la Flandre, la Picardie et l’Artois : ainsi nous avons 
vu qu'à Rumigny (Ardennes) le grès vert atteignait 257 mètres d'altitude, s’abais- 
sait ensuite au N.-0. à 220 et 200 mètres, puis à 140 mètres à Marbais et Sasse- 
gnies (Nord) pour disparaître peu après sous la grande masse de craie. Tous les 
travaux des mines exécutés au N.-0. dela forêt de Mormal nous font penser que 
la limite du grès vert, au lieu de se prolonger dans cette direction, redescend au 
S. le long de la ligne de partage des eaux de l'Escaut et de la Sambre, pour 
suivre plus loin la pente S.-0. de l’axe de l’Artois, remonter un peu au N. en 


(N 4, pe 153.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 133 
s’'approchant du Bas-Boulonnais , el venir affleurer dans la falaise de Wissant 
à 10 ou 12 mètres au-dessus du niveau de la mer. Ainsi la coupe de Rumigny à 
Wissant, quoique plus sinueuse , nous présente pour le grès vert une disposition 
en bassin semblable à celle de Troyes au Havre. 

Il résulte de toutes ces données que si les couches dont nous avons indiqué 
les plus grandes altitudes n'avaient éprouvé aucun dérangement depuis leur 
formation , les sables verts et les argiles d’où nous arrivent les eaux du puits de 
Grenelle se seraient déposés sous une nappe d'eau d'au moins 869 mètres 
d'épaisseur , et la craie seule, ou mieux le second et le premier groupe, sous 
une nappe de 731 mètres. Une pareille cavité dans un bassin aussi resserré, loin 
de toutes les grandes chaînes , et dont les couches immédiatement sous-jacentes 
n'offrent sans doute pas de dislocations considérables, doit nous faire penser que 
ces groupes ont été relevés en masse avec toute cette partie du continent à l'E., au 
N. et au N.-0. du bassin , tandis qu'au S. et à l'O., ils ont pu rester à très peu 
près dans leur position première. S'il en avait été autrement, non seulement le 
grès vert, mais encore une grande partie de la craie tufau et de la craie blanche, 
auraient recouvert une portion considérable des terrains anciens de la Bretagne , 
de la Vendée, et se seraient étendus jusqu'aux pentes granitiques du centre de la 
France. Ce relèvement n’a pas été de moins de 120 à 130 mètres, comme on peut 
en juger en ramenant les couches les plus élevées de l'E. et du N.-E. au niveau 
de celles de l'O., que nous pouvons croire encore dans leur position première. 

Ce soulèvement paraît avoir eu lieu, du moins en partie, à la fin de la période 
crayeuse , circonstance qui concourrait avec le peu de profondeur des eaux dans 
ces mêmes directions, au commencement de la période tertiaire ou à l’époque des 
lignites. Cette hypothèse n’exclut point celle que nous avons déjà émise ail 
leurs (1), que des soulèvements subséquents ont porté les dépôts tertiaires 
anciens (sables inférieurs, calcaire grossier, sables moyens et calcaire la- 
custre moyen), au-dessus de leur premier niveau, sans quoi un plan horizontal 
passant par leurs points les plus élevés , tels que la montagne de Reims et la fo- 
rêt de Villers-Cotterets, viendrait toucher les couches oolitiques au S. et à l'O. de : 
la Loire, tandis que nous avons vu ces dépôts tertiaires s'arrêter sur le versant 
N. de l'axe du Melleraut (2). 


(1) Bull. de la Soc. géol., t. X, p. 170-1899. 

(2) Quelques personnes qui révoquent encore en doute ou qui n’adoptent qu'avec une extrême : 
réserve les oscillations du sol, trouveront certainement que nous avons abusé de ce moyen pour 
expliquer beaucoup de circonstances dont les causes sont encore mal connues. En effet, la mobilité 
des eaux est au premier abord plus facile à comprendre, et leur élévation ou leur abaissement répugne 
moins à l'esprit que les oscillations du sol sur lequel nous marchons et qui paraît si stable; mais outre 
que cette dernière hypothèse s’accorde avec l’origine généralement admise de notre planète, et avec 
un certain nombre de faits observés directement de nos jours , on doit remarquer que le plus petit 
changement de niveau de la mer signalé sur un point quelconque entraîne un changement général 


134 ÉTUDES CN 4, p. 154.) 

L'un des soulèvements généraux qui ont le plus modifié le relief sous-marin du 
bassin tertiaire, est celui du système de la Corse et de la Sardaigne, placé par 
M. Élie de Beaumont entre les derniers dépôts du calcaire lacustre moyen et les 
premiers sédiments marins des grès supérieurs ou de Fontainebleau. En effet, 
jusqu'à ce moment l’axe du Mellerault et son prolongement au S.-E. avaient tou- 
jours marqué la limite S. des couches tertiaires; mais à partir de celte nouvelle 
invasion de la mer, l'influence de cet axe cesse tout-à-fait, ainsi que nous l'avons 
dit, et les eaux de cette mer, de même que celles des lacs qui lui ont succédé, sans 
doute par suite d’un nouveau soulèvement du sol, purent s'étendre sans inter- 
ruption depuis la Champagne et la Picardie jusque contre les terrains anciens de 
l'O. et du centre de la France (1). 

Nous avons souvent fait remarquer, dans la partie descriptive de notre travail, 
que l’on avait aussi rapporté à cette époque l’action d’un phénomène qui a laissé 
dans l'O. des traces de son passage bien autrement évidentes que dans les autres 
directions : nous voulons parler de ces dénudations de la craie qui ont abandonné 
derrière elles, comme des témoins irrécusables de leur puissance et de leur éner- 
gie, ces sillons plus ou moins larges et profonds qui ont découpéla surfacecrayeuse, 


correspondant dans toutes les mers du globe, et il est difficile de croire que des perturbations aussi 
faibles que celles dont nous avons étudié les résultats s’étendissent à toute la terre. Nous avons 
même des preuves du contraire dans le peu de persistance des étages et des groupes , tandis que les 
oscillations locales, sans rien changer à l’ordre général de la nature, rendent parfaitement compte 
de ces mêmes résultats. 

(4) Nous avons donné dans le cours de ce mémoire les détails de 59 forages, èt si nous y ajoutons 
21 autres puits artésiens dont nous connaissons également les coupes, nous aurons un total de 80 
sondages exécutés à travers la formation crétacée, depuis Châtellerault jusqu’à la frontière de Belgique 
d’une part, et depuis Troyes et Vassy jusqu’au Mans de l’autre. Sur ce nombre, 2 seulement ont 
offert des résultats que l’étude de la surface du sol ne nous avait pas laissé soupconner : ce sont 
ceux du Mans et d’Esvres, et 78 sont venus confirmer nos observations et les conclusions que nous 
en avons déduites. 

La disposition des lignes de partage du Mellerault, de l’Artois et de la Sambre; celle des lignes 
du pays de Bray, et l’axe de la Manche, puis la marche souterraine des couches crétacées que nous 
avons fait connaître dans la vallée de la Loire, dans celle de la Seine et sur la frontière du Nord, de 
même que la coupe N.-S. de la partie occidentale du bassin , et les dérangements partiels des assises 
devront toujours être pris en considération lorsqu'on entreprendra des sondages artésiens. Sous 
les lignes de partage , il peut y avoir discontinuité des couches , et celles-ci fussent-elles même con- 
tinues, leur position seule suffirait pour rendre les chances plus que douteuses. On a vu, en outre, 
quelle était l'influence des dislocations locales, et l’on ne peut mettre trop de soins à constater leur 
nou-existence aux environs du point où l’on veut forer un puits. 

Le principe que M. l’abbé Paramelle a déduit de sa seule pratique dans la recherche des sources, 
savoir : que Les cours d’eau souterrains suivent La même Loi que ceux qui circulent à la surface du 
sol (Huot, Notice sur la théorie de l'abbé Paramelle, p. 4) n’est que la conséquence immédiate de 
la loi plus générale que nous nous sommes aussi attaché à démontrer. Gette concordance des résultats 
obtenus par des modes d'observations si différents nous semble devoir leur donner beaucoup de poids 
dans la recherche des eaux jaillissantes ou seulement ascendantes. 


CN. 4, pe 155) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 135 
et ces amas de silex, le plus ordinairement brisés, mais non roulés, empâtés 
dans des argiles sableuses, grises , blanches ou rougeâtres, et qui nous représen- 
tent les éléments insolubles de la masse de craie dont ils faisaient autrefois par - 
tie intégrante. 

Pour avoir une idée approximative de l'immense volume de calcaire ainsi 
emporté, on peut évaluer au tiers la proportion de ces éléments insolubles dans 
la masse crayeuse, et c'est à peu près la moyenne de ce que nous avons souvent 
observé, puissupposer que la dénudation s’est exercée, dans la zone que nous avons 
décrite. sur une surface de craie représentée par un carré de 50 lieues de côté, et 
attribuer enfin une épaisseur moyenne de 10 mètres au dépôt de silex, de sable 
et d'argile, recouvrant aujourd’hui les plateaux du même pays ( cette épaisseur 
atteint de 30 à 40 mètres dans le département de l'Eure), et l’on trouvera que la 
masse de craie dissoute et entraînée par ce phénomène s'élevait à 800 milliards 
de mètres cubes représentés aujourd’hui par 400 milliards de mètres cubes de 
silex, de sable et d'argile (1). 

On a vu qu’ensuite une invasion des eaux de la mer, due sans doute à une dé- 
pression du sol, limitée de nouveau par la ligne du Mellerault, avait laissé çà et là 
des dépôts coquilliers et des sables à l'O. decette même ligne. Mais cette révolu- 
tion n’est point encore la dernière qui ait affecté Les couches crétacées ou tertiaires 
de l'O.; car la formation des vallées, dont un grand nombre sont dues originaire- 
ment à desfractures et à des failles , puis les soulèvements partiels, et d’autres ac- 
eidents qu’une étude plus détaillée fera sans doute connaître, enfin le grand phé- 
nomène diluvien qui sur tant de points est venu remanier d'anciens débris, pour 
les mêler avec ceux qu’il arrachait lui-même au sol, ont imprimé à la surface du 
pays les formes et les caractères qu’elle nous présente aujourd’hui. 

Tous ces faits semblent donc prouver avec évidence, que la partie de la France 


(4) M. Damour, minéralogiste très distingué, connu surtout par la précision et la délicatesse de ses ana- 
lyses chimiques, a bien voulu, à notre demande, rechercher quelle serait la quantité d'acide nécessaire 
pour dissoudre une pareïlle masse de calcaire, et il est arrivé à ce résultat, que 1 mèire cube de craie 
pure exigerait pour se dissoudre 4#,229 centim. cubes d'acide hydrochlorique liquide à 1,19 de 
densité. Cet acide, affaibli par une quantité d’eau égale à 50 fois son volume, conserverait encore une 
action décomposante sensible sur la craie. Ainsi, pour dissoudre le parallélipipède dont nous venons 
de .parler, il aurait fallu plus de quatre fois son volume d’acide hydrochlorique, en supposant que 
cet acide ait été le dissolvant. 

D'un autre.côté l’état des silex et de leur gangue, la masse énorme qu'ils constituent , et sa dispo- 
sition même , ainsi que celle des sillons que l’on observe si fréquemment, ne nous permettent 
pas de penser que ces accumulations soient seulement le résultat d’une action mécanique, quelque 
énergique qu'on la suppose. La force même et la rapidité qu’il faudrait attribuer dans ce cas à 
l'agent de dénudation ne pourraient se concilier avec les arêtes presque toujours vives des silex. Dans 
ce dépôt, l’état roulé des silex est exceptionnel; il indique les parties où il y a eu transport des maté- 
riaux, et sans doute aussi la direction principale des courants. Il ne faut point confondre d’ailleurs 
avec ces silex, ceux du véritable dépôt de transport diluvien qu’on retrouve non seulement vers le fond 
des vallées, mais encore sur les plateaux de la Touraine, du Maine, du Perche, etc. 


136 ÉTUDES (N1, p. 456) 
dont nous nous sommes occupé dans ce Mémoire, sans présenter de ces immenses 
rides ou chaînes de montagnes qui attirent le regard et frappent l'imagination, 
n'en a pas moins été soumise à des mouvements fréquents dont nous pouvons re- 
trouver les traces et les effets dans l'hydrographie superficielle et souterraine, 
et dans l'orographie du sol , aussi bien que dans les caractères stratigraphiques, 
pétrographiques et zoologiques des formations sédimentaires. Nous voyons enfin 
que, si l'étude de la direction et de la composition des grandes chaînes qui sillon- 
nent la surface du globe a conduit M. Élie de Beaumont à la connaissance des 
phénomènes généraux qui les ont produites, l'examen comparatif et détaillé des 
petits accidents du sol pourra peut-être nous expliquer les anomalies appa- 
rentes que l’on rencontre à chaque pas dans le domaine de la géologie des- 
criptive. 


APPENDICE. 
$ I. Parallèle des zones crétacées du Sud-Ouest et du Nord-Ouest. 


Dans une note placée à la fin de la première partie de ces Études, nous indi- 
quions déjà quelques rapprochements entre les couches crayeuses des deux 
versants S.-0. et N.-0. du plateau central ; nous compléterons aujourd’hui ces 
indications en comparant les divers étages de bas en haut, de la manière suivante. 

4° Il ne paraît pas y avoir, ni d'un côté ni de l’autre, de dépôts représentant le 
quatrième groupe de la formation ou groupe néocomien , et à plus forte raison le 
groupe wealdien. 

2° Le quatrième étage du S.-0., comprenant des argiles, des sables verts, 
ferrugineux , des grès el des calcaires à Ichthyosarcolites (troisième niveau des 
rudistes), correspondrait au troisième groupe du N.-0., c’est-à-dire au groupe 
du grès vert. Quoique les fossiles communs ne soient pas très nombreux, on 
peut citer l'Exogyra columba minima, non moins abondante au N. qu'au S., la 
Trigonia sinuosa, et quelques autres espèces. Des fragments d’Ichthyosarcolites 
ont été signalés à Saumur et à Tourtenay par M. AL. d'Orbigny (1) et à La Bastie 
près de Loudun par M. de la Tourrette (2). Enfin de part et d'autre, les couches 
reposent sur la formation oolitique et sont surmontées par les bancs à ostracées. 

3° Le troisième étage du S.-0., composé de calcaires marneux gris et jaunâtres 
et de calcaires blancs (deuxième niveau des rudistes), correspond à l'étage infé- 
rieur du second groupe du N.-0. Ce rapprochement repose principalement sur la 
présence au N. comme au S. d’un banc continu placé à la base de chaque étage 
et composé presque exclusivement d'Ostrea biauriculata, d’'Exogyra columba et 


(4) Bull. de la Soc. géol., 1. XIIX, p. 360. 
(2) Zbid., 2° sér., t, II, p. 53. 184h. 


(NRA) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 137 
flabellata. Le Cardium productum , V' Arca tailburgensis , sont communes aux deux 
pays. Ce parallélisme serait en outre confirmé par la découverte de l’'Hippurites 
cornupastoris, si caractéristique des calcaires blancs du S.-0., dans les collines de 
Saint-Germain et de Sainte-Cérotte (Sarthe) (1), et dans des couches supérieures 
à celles des ostracées voisines de la craie micacée. 

4° Le second étage du S.-0., composé de craie marneufe, de craie tufau grise, 
glauconieuse et micacée, est celui dont les caractères minéralogiques et les fossi- 
les ont le plus d’analogie avec la craie micacée du N.-0., et même avec le groupe 
de la craie tufau dans l'E. et le N. de la France. Cette analogie est si remarquable, 
qu’elle avait depuis longtemps frappé M. Al. Brongniart, bien que ce savant n'ait 
examiné le pays que très rapidement. 

5° Enfin le quatrième étage du S.-0., composé des calcaires jaunes supérieurs 
(premier niveau de rudistes) correspondrait à la craie jaune de Touraine au lieu 
d'être parallèle à la craie blanche, comme nous l’avions d’abord pensé. Les roches 
ont, minéralogiquement, beaucoup d’analogie, comme dans l'étage précédent. Les 
polypiers, les radiaires et les coquilles bivalves ont un certain nombre d’espèces 
communes. Mais nous ne trouvons au N. aucune trace de ce grand développe- 
ment de rudistes qui caractérise le premier étage du S., quoique M. Dujardin ait 
signalé un fragment de Sphérulites aux environs de Tours, ni cette prodigieuse 
accumulation d'Huîtres (Ostrea vesicularis, var. a.) que l'on suit depuis l’'embou- 
chure de la Gironde jusqu'au centre du département de la Dordogne. D'un autre 
côté. ce parallélisme se trouve appuyé par la découverte que nous avons faite 
récemment, de l’ÆAmmonites lewesiensis au milieu du banc de Spérulites, dans les 
falaises de Saint-Georges-de-Didône (Char.-Infér.). Cette espèce paraît être la 
dernière du genre qui ait vécu au S.-0. comme au N.-O. 

Ainsi, dans ces deux parties de la France, la formation crétacée ne serait repré- 
sentée que par les deux groupes du milieu, le deuxième et le troisième, puisque le 
groupe néocomien ou inférieur manque sur l'un et l’autre versant, et que le groupe 
supérieur, qui n'existe pointauS., ne présente au N. que la craie de Blois, de Chau- 
mont et de Vendôme, que nous ne plaçons même qu'avec doute à la base du pre- 
mier groupe. Nos conclusions se trouvent donc parfaitement d'accord avec celles 
de MM. Dufrénoy et Élie de Beaumont, qui, dans la carte géologique de France, 
n'admettent point de craie blanche dans la zone du S.-0. ni dans celle du N.-0. 


S AL. Observations sur quelques points de la partie occidentale du département de la Vendée. 


Nous avons peu de chose à ajouter à ce que MM. Bertrand Geslin et Rivière 


ont écrit sur les couches crétacées de la Vendée et de l’île de Noirmoutier, et ce 
que nous en dirons, d’après nos propres observations, a seulement pour but 


(1) Bull. de la Soc. géol. , t. XIII, p. 360. 
SOC. GÉOL. -— 2° SÉRIE. T. II. Mém. n°1. 18 


138 ÉTUDES CN: 1, p.458.) 
de lier les détails de la zone S.-0. à ceux de la zone N.-0. et de laisser le moins 
de lacune possible dans notre travail ; nous y joindrons d’ailleurs quelques con- 
sidérations sur les dépôts tertiaires qui les recouvrent. 

En sortant de la ville de Noirmoutier par son extrémité S. et longeant la côte 
basse des salines de Ribandon, on voit Le sol constamment formé de sable moderne 
jusqu'au Sablau et au corps-de-garde de ce nom. Ce n’est que vers le fort Saint- 
Pierre que des roches plus anciennes se montrent dans les escarpements. Ce sont 
des grès quarzeux et des poudingues siliceux avec empreintes végétales, reposant 
sur des sables ferrugineux. Les grès très durs, à gros grains de quarz hyalin, 
passent à un poudingue également siliceux et à petits noyaux de quarz, de 
schiste, de phyllades, etc. Leur épaisseur, qui sur ce point est de 7 à 8 mètres au 
plus, paraît plus considérable qu’elle ne l’est réellement à cause des nombreux 
blocs éboulés qui couvrent la côte. Ces grès supportent le fort Saint-Pierre, et ont 
une grande analogie avec ceux de la forèt de Tilgate ( Sussex), et les sables qui 
sont dessous ressemblent à ceux de la côte d'Hastings. 

Le petit promontoire qui s’avance sous le bois de la Chaise est aussi formé 
par ces mêmes grès éboulés. Ils affectent une disposition un peu schisteuse en 
grand. Les bancs sont mal suivis, et on y remarque une tendance au délit oblique. 
Ea continuant à suivre la plage, on voit sous le corps-de-garde du Tambourin 
les grès blancs et le poudingue à petits éléments reposer sur les sables ferrugi- 
neux. Au corps-de-sarde de la Lande ou du Cobe. la falaise montre les sables fer- 
rugineux, avec grains de quarz plus ou moins gros, sur une hauteur de 10 mètres. 
Les lignes de stratification oblique y sont fréquentes , et vers le haut , se voient 
quelques gros rognons aplatis de grès ferrugineux. Ces sables, dans lesquels nous 
n'avons trouvé que de rares échantillons d'Exogyra columba minima à l'état sili- 
ceux etroulés, sont également recouverts par les poudingues et les grès blancs 
avec empreintes végétales charbonnées, et peut-être des traces de coquilles 
bivalves, mais tout-à-fait indéterminables. 

L'ilot du Cobe est formé de grès et de poudingue identiques avec les précédents, 
quoiqu'à un niveau plus bas, et leur disposition, comme leur isolement de la 
côte, ainsi que l’a dit M. Bertrand Geslin, semble due à l'enlèvement par les vagues 
d’une partie des sables ferrugineux sous-jacents. 

On remarque sous les blocs de grès de la côte, et ordinairement entre eux et le 
sable ferrugineux , des cailloux roulés assez volumineux, qu'au premier abord 
on pourrait regarder comme d’une époque réellement intermédiaire; mais il est 
facile de s'assurer qu'ils ont été déposés sur le sable ferrugineux dénudé, avant 
que les blocs de grès aient glissé d'en haut pour occuper la place où on les voit 
actuellement. Dans les endroits où les grès n’ont pas été dérangés , ils recouvrent 
immédiatement le sable ferrugineux, et il n'y a point de galets à la jonction. 

Les bois de la Chaise et de la Lande qui couronnent ces falaises et qui s’éten- 
dent à une demi-lieue au S.-0. dans l’intérieur de l’île, formant un arc dont la 


(NA, D. 159.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 139 
corde est représentée par la côte, offrent çà et là des monticules de grès sem- 
blables à ceux dont nous venons de parler. Quoique vus dans leur ensemble. 
ces bancs arénacés plongent au S-0. sous les dépôts modernes: on remar- 
que cependant des inclinaisons de 8 à 10 degrés, tantôt au N.-O., tantôt au S.-E. 
ou dans d’autres directions. Ces plongements variés, autant que nous avons pu 
en juger par le peu d'étendue sur laquelle on les observe , ne nous ont point 
paru résulter seulement d'un faux délit, mais pouvoir être attribués, au contraire, 
à des dislocations locales. M. Bertrand Geslin a signalé à l'O. de l'île, près de la 
pointe de Luzeronde, un petit lambeau de sable ferrugineux et bleu-verdâtre 
reposant sur le micaschiste avec une forte inclinaison au S. C’est sans doute, 
comme 1l le dit lui-même, un prolongement de ceux de l'E. 

L'analogie de ces derniers avec les sables que nous trouverons sur le continent 
autour de Challans nous paraît suffisamment démontrée, et les uns et les autres 
appartiennent suivant toute probabilité au groupe du grès vert; mais leur rela- 
tion avec les grès et poudingues quarzeux qui les surmontent ne nous semble 
Pas aussi positive ; car dans tout l'O. de la France, de Saint-Jean-de-Luz jus- 
qu'à Calais , nous ne connaissons point de roches semblables dans la formation 
crétacée. Nous pensons que les Nummulites trouvées par M. Bertrand Geslin dans 
les falaises de l'E., et qu'il a eu la bonté de nous faire voir dans sa belle collec- 
tion, ne provenaient pas des sables ferrugineux , mais avaient été rejetées sur la 
côte par les vagues. Nous en avons, en effet, trouvé de semblables dans les couches 
tertiaires de Machecoul. 

Les dunes de sable qui forment un rempart élevé et continu sur la côte occi- 
dentale de l'ile, les vases et les dépôts récents argilo-sableux des marais salants 
qui occupent presque à eux seuls la totalité de sa surface , reposent sur des cou- 
ches tertiaires que l'on voit affleurer à la basse mer le long des côtes à l'E. et à 
l'O. M. Bertrand Geslin les a seulement indiquées sur ce dernier côté, de la pointe 
de Luzeronde jusqu'au-delà de Barbatre. Elles sont exploitées lors des basses ma- 
rées , à la Guérinière et au moulin de laLoire, et nous nous sommes assuré qu’elles 
existaient également à l'E., au Rocher en face de la Maison-Rouge, où l’on en 
extrait pour les constructions ainsi que sur d’autres points. 

Ces calcaires tertiaires, schistoïides en grand , sableux, d’un blanc jaunâtre ou 
grisâtre , ont fourni tous les matériaux employés pour la digue qui borde la côte 
orientale, et qui empéche la mer d’envahir les parties basses du sol cultivé et les 
salines. Ils ont servi et servent encore de pierres de construction pour les maisons 
de Barbatre, de la Guérinière, de la Rétrogé, etc. Partout, ils sont utilisés pour 
les murs de clôture en pierres sèches , et souvent sous forme de dalles de 5 à 6 
centimètres d'épaisseur sur 2 mètres de haut et 1 mètre de large, placées debout 
à côté les unes des autres comme une palissade. 

Ces couches se relèvent de 4 à 5 mètres environ, à l’'E., autour de l'île de 
Bouin, qui tient au continent , et dont elles forment le sous-sol. Au S. et au 


140 ÉTUDES CN: 4, p. 440.) 


N.-E. du village de ce nom, on exploite un calcaire d'un aspect très particulier. 
Îl'est gris de lin ou blanc-grisâtre , à grain très fin, cristallin lorsqu'on l’examine 
à la loupe, poreux, peu dur, friable même par place , assez pesant, rude et âpre 
au toucher. Les grains de sable ou de quarz hyalin y sont plus ou moins abon- 
dants. Ces caractères nous avaient fait d’abord regarder la roche comme très ma- 
gnésienne ; mais l'analyse qui en a été faite au laboratoire de l’École des mines, 
par les soins de M. Dufrénoy, a montré qu'elle se composait de carbonate de 
chaux 0,777, carbonate de magnésie 0,020, sable et oxide de fer 0,203. 

Les bancs ne se suivent pas régulièrement : quelquefois la roche devient mas- 
sive. d’autres fois un peu schistoïide, comme à Noirmoutier. On les voit sur une 
épaisseur de 8 à 4 mètres ; ils sont à très peu près de niveau avec les salines 
environnantes, et par conséquent de quelques mètres seulement au-dessus de 
la mer. Ils sont caractérisés, comme à l’île de Noirmoutier, par une espèce de 
petite Scutelle (Scutella incisa Defr., Echinarachinus , id. Ag.)? qui y est très répan- 
due , et par un Échinocyame très voisin de l'E. pyriformis, Ag. Ainsi ces couches, 
qui plongent sous la mer à l'O. de Noirmoutier, passent sous l’île, reparaissent 
à l'E. au même niveau, et constituent le fond du détroit qui la sépare du continent, 
pour venir former encore , en se relevant un peu, le sol de l’île de Bouin. Nous 
ne doutons pas que, se prolongeant ensuite à l’E., elles ne se rattachent aux dépôts 
tertiaires des environs de Machecoul , dont nous allons parler. 

À un kilomètre au N. de ce bourg, en venant par la route deNantes, on descend 
dans une vallée large et très peu profonde, dirigée, comme les schistes cristallins 
qui la bordent , de l'O.-N.-0. à l'E.-S.-E., et traversée obliquement par une série 
de monticules dirigés N.-E. S.-0. Ces monticules sont formés d’une roche peu 
solide, grisâtre, composée principalement de sable ou de grains de quarz plus 
ou moins gros, de fragments de coquilles très atténués, de petits polypiers, 
de coquilles foraminées et de calcaires concrétionnés, le tout faiblement agglutiné 
par un ciment calcaire peu abondant. La roche, souvent friable, se réduit en 
sable , et l’on y trouve alors de petits cailloux de quarz hyalin, de quarz laiteux, 
de phyllades ou de talcschiste, puis de calcaire crayeux, mais beaucoup plus 
rares. 

Cette pierre ne forme pas de bancs suivis, mais une masse un peu schistoïde, et 
dans les anciennes carrières, elle montre des séries de plans obliques à la strati- 
fication , comme dans le grison de Doué, avec laquelle elle a d’ailleurs la plus 
grande ressemblance. Nous avons reconnu parmi les coquilles déterminables de 
ces couches une Huître plissée très voisine de l'O. flabellula , et une autre iden- 
tique avec une très petite espèce non décrite des faluns de la Touraine ; puis une 
Modiole ou Mytilus, un Peigne assez grand , qui paraît être le 2. benedictus des 
faluns ; un autre plus petit, très voisin aussi d’une coquille des faluns; des 
moules de Cardium , de Vénéricarde ; des Nummulites rares et roulées ressem- 
blant à la N. lœvigata; un Cassidulus ; la Scutelle de Noirmoutier et de Bouin, 


CN: 4 pe 44) SUR LA FORMATION CRÉTACEÉE. 141 
enfin, une grande quantité de UE foraminées , et en particulier des mil- 
Honre 

Lorsque la roche est pénétrée d'un ciment spathique abondant, elle devient 
assez solide, et la grande quantité de Milliolites qu’elle renferme lui donne beau- 
coup d’analogie avec certains bancs du calcaire grossier. Cette variété nous a paru 
occuper un niveau inférieur à la précédente. Nous ignorons si elle repose sans 
autre intermédiaire sur le micaschiste ; mais les roches cristallines venant af- 
fleurer à la sortie de Machecoul, sur la route de Challans , l’épaisseur des 
couches tertiaires est sans doute très peu considérable. Cette bande, que nous 
avons suivie depuis l'O: de Noirmoutier, et qui paraît se prolonger à l'E. jusque sur 
les bords du lac de Grandlieu , était bornée au N. et au S. par des rivages de 
micaschistes. Ceux-ci faisaient à l'O. une pointe qui se continuait jusque près de 
Beauvoir, et au S. de ce village, se trouvait une seconde dépression réunie à la 
précédente vers la côte actuelle, et qui remontait au S.-E. vers Sallairtaine et 
Challans , où existent des dépôts du même âge que ceux de Machecoul. 

Le village de Sallairtaine est bâti sur un monticule de calcaire sableux à grains 
de quarz plus ou moins gros, friable, ou faiblement agrégé par un ciment spathique. 
Vers la partie inférieure, la roche est plus dure et offre des empreintes voisines 
de la Corbis lamellosa, d’un Mytilus très abondant, le même qu'à Machecoul, 
de Lucine, de Vénus, puis des traces de Cidarites , et une grande quantité de 
Milliolites. La roche est d’un blanc grisâtre ou jaunâtre; les bancs sont peu 
distincts, et la stratification est presque massive. On trouve par place de petits 
cailloux de quarz blanc et même de micaschiste. 

De nombreuses exploitations sont ouvertes dans ces couches autour du village. 
La hauteur du monticule qu’elles constituent est d'environ 15 mètres au-dessus 
du fond de la vallée, et elles reposent sur des glaises grises, bleuâtres, qui affleu- 
rent le long du chemin qui joint la grande route, comme dans les prairies à l'E. et 
à l'O. Les calcaires de Sallairtaine se montrent encore autour des métairies de 
. Grouas et de Fay-Villate. Près de cette dernière , on les voit bien en place dans un 
fossé qui borde la métairie à l'O.; ; mais à 200 mètres du fossé, dans un champ con- 
tigu à l'habitation, on exploite, à un niveau-un peu plus élevé, un calcaire dur, 
compacte ou subcristallin , jaunâtre, mal stratifié, se divisanten rognons irrégu- 
liers,.glauconieux, à cassure esquilleuse, ou bien formés en partie de chaux car- 
bonatée fibreuse et rayonnée. Ces calcaires, rapportés à la formation crétacée par 
M. Rivière, ne nous ont point présenté de fossiles, non plus que leurs analogues 
aux environs. On doit supposer qu'ils forment une butte contre laquelle les cou- 
ches tertiaires sont venues s’adosser. 

En sortant de Challans par là route des Sables , on retrouve dans les fossés . 
la partie supérieure des couches de Sallairtaine, et, plus loin, elle est sur- 
montée par un poudingue formé de gros cailloux de quarz blanc, reliés par 
une pâte de calcaire jaune assez dure. C’est probablement une modification lo-- 


142 ÉTUDES CN. 1, p. 442.) 
cale du calcaire précédent qui forme le sous-sol environnant, car on peut l’obser- 
ver encore avant d'atteindre Grand-Voye. Au-dessus, est un diluvium sableux 
avec galets de quarz. Quoique plus à l'O., en sortant de Challans, nous n’ayons 
pas retrouvé sur la route du Perier ces dépôts tertiaires, on peut admettre que les 
calcaires de Sallairtaine s’allongent du N.-0. au S.-E., et qu'ils sont compris dans 
une dépression occupée par les sables ferrugineux, dépression très étroite , puis- 
que les micaschistes viennent affleurer sur les bords de la route après le Grand- 
Ponthabert. IL est probable aussi que les glaises bleues des environs de Sallair- 
taine marquent la séparation des couches secondaires et tertiaires. Bien que nous 
ne les ayons pas retrouvées sur la route de Beauvoir , elles recouvrent au N. de 
Challans les sables ferrugineux, à la descente de la route de Nantes. 

Aux schistes cristallins succèdent, sur ce dernier point , des sables jaunes fer- 
rugineux , des grès en plaques également ferrugineux, et un grand nombre de tu- 
bercules ramifiés ou digitiformes, légers, poreux, probablement dus à des spon- 
giaires , puis les glaises grises déjà signalées. Challans paraît être bâti sur ces 
couches, que l'on voit affleurer dans diverses directions. Ainsi au S., au-delà du 
dépôt tertiaire que nous avons indiqué sur la route des Sables, se montrent à la 
côte de Grand-Voye les sables ferrugineux précédents, surmontés aussi d'une 
petite couche meuble jaunâtre, avec des spongiaires roulés. Il en est de même 
plus loin jusqu'à la descente du Guéroux vers Ligneron. Les spongiaires accu- 
mulés au-dessus des sables paraissent avoir été roulés et séparés de leur gangue 
première. A l'O. de Chalians sur la route de Beauvoir, on trouve les sables fer- 
rugineux recouverts encore par les rognons spongiformes. L'épaisseur de ces 
couches est d’ailleurs très faible, et on a vu que les micaschisies reparaïssent 
après le Grand-Ponthabert. 

Au-delà , tout le sol est recouvert par un dépôt de transport caillouteux et sa- 
bleux, blanchâtre ou jaunâtre. La plupart des cailloux sont de quarz, quelques 
uns de roches amphiboliques, d’autres, plus rares, d'une sorte de calcaire 
crayeux. Près de Saint-Gervais, à la hauteur de l'avenue de la Bonnetière, on voit 
dans les fossés de la route un calcaire jaunâtre à points verts, assez dur , sableux, 
suberistallin, souvent en rognons, et qui paraît appartenir à la formation créta- 
cée. Les traces de fossiles que nous y avons observées étaient tout-à-fait indé- 
terminables , et sans doute ces calcaires sont les mêmes que ceux de Fay-Villate, 
que ceux qu’on emploie à Challans , au four à chaux de la route du Périer, etc. 

Le pays, presque sans reliefet très couvert, est, comme l’a remarqué M. Rivière, 
on ne peut plus défavorable à la détermination exacte de ces couches. En outre, 
les exploitations sont momentanées, toujours peu étendues, et faites tantôt sur 
un point, tantôt sur l'autre. Le peu d'épaisseur des strates et la rareté des fos- 
siles ne nous permettent pas de conclure rien de plus précis que ce qu'a dit le 
géologue que nous venons de citer, et qui a d'ailleurs étendu ses observations 
sur beaucoup de localités que nous n'avons point visitées. Nous ferons remar- 


CN. 4, D. 5) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 143 
quer cependant que, dans le bassin de Machecoul , nous n'avons point trouvé, 
sous les couches tertiaires, les calcaires jaunes ni les sables ferrugineux des 
environs de Challans ; que ces sables ferrugineux offrent une certaine analogie 
avec ceux de l’île de Noirmoutier, où on ne trouve pas les calcaires jaunes ni les 
couches à spongiaires, tandis que sur le continent il n’y a point de trace des 
grès quarzeux blancs lustrés du bois de la Chaise. 

Outre que nous pensons avec M. Rivière qu'il n'ÿ a pas dans la Vendée de 
dépôt représentant la craie blanche, nous croyons encore qu'il n’y a point 
d'équivalent du groupe de la craie tufau, pas plus que du groupe inférieur 
ou néocomien. Ainsi la formation crétacée, que nous avons vue dans les zones 
S.-0. et N.-0., réduite au second et au troisième groupe, tres développés et 
très variés à la vérité, ne nous présente plus sur celte côte occidentale, située 
entre ces deux zones, que des lambeaux très minces et à peine assez caractérisés 
pour être rapportés au grès vert. On peut donc penser que la partie des dépar- 
tements de la Vendée et de la Loire-Inférieure où se trouvent ces dépôts crétacés 
était émergée pendant touile temps que se sont déposés au N. le premier et le 
deuxième groupe, ainsi que pendant le quatrième. Ce ne fut que lors de la 
période tertiaire, et même peut-être assez tard, que quelques dépressions, en 
forme de golfes et d’anses étroites, se trouvèrent de nouveau sous les eaux, 
et que se déposèrent en même temps les couches de Noirmoutier, de Bouin, de 
Machecoul, de Sallairtaine et de Challans. Plusieurs géologues ne paraissent 
pas douter qu’elles n’appartiennent à l’époque tertiaire inférieure; mais nous 
mavons pas encore à cetégard de motifs assez précis pour nous prononcer. 


$ Er. Notes relatives à la première partie. 


Nous réunissons ici quelques détails que nous avions omis dans la première 
partie de ces Études, et que de nouvelles observations dans le département de la: 
Gharente-Inférieure nous ont permis de compléter. 

Dans le canton de Coze, les villages de Grezac et de Semussac sont, comme 
nous l'avons dit, bâtis sur le deuxième étage (1}, dont les parties moyenne et in- 
férieure y présentent leurs caractères habituels. À une demi-lieue de Saint- 
Georges-de-Didône commencent les couches supérieures , avec silex blanchâtres 
ou grisâtres se fondant dans la masse, puis des calcaires marneux sans strati- 
fication distincte, se délitant en petits fragments et renfermant des Térébratules 
lisses, des Pleurotomaires et la Modiola Dufrenoyi. Ces couches se continuent 
jusqu'à Saint-Georges, où la côte est formée par des dunes. Un peu au-delà, près 
du hameau bâti sur la côte même, un petit promontoire dans lequel des anses 
nombreuses sont entaillées et qui sépare la baie de Saint-Georges de celle de 


(1) Etudes sur la formation crétacée , ete., 1"* partie, page 34. 


144 ÉTUDES . (N. 1, p. 444.) 
Royan, est bordé de falaises où les couches du premier étage sont bien caracté- 
risées. Les fossiles y sont nombreux, et on y trouve comme à Royan deux bancs 
d’Huîtres distinets. La Modiola Dufrenoyi, la Cucullæa tumida, s’y rencontrent çà 
et là; le Clypeaster Leskii y est très commun , et nous y avons recueilli, pour la 
première fois dans cet étage, l’Æmmonites lewesiensis Mant. 

Dans la partie orientale de l’anse où l’on construit en ce moment un petit 
port, les couches moyennes ont pris plus d’homogénéité et de solidité. Les bancs 
sont plus réguliers et ont été exploités dans la falaise même pour pierres d'ap- 
pareil. Au-delà, et sur tout le pourtour du promontoire qui borde à l'E. la baie 
de Royan, cet étage n’est pas moins développé. Constamment battues par les vagues 
que poussent les vents d’O., les falaises sont profondément entaillées et décou- 
pées, de manière à présenter dans toute cette partie une disposition ruiniforme 
très remarquable, sur une hauteur de 14 à 15 mètres. La stratification est toujours 
fort réguliere en grand, et les caractères particuliers de chaque banc sont d’une 
constance parfaite. 

Les couches crayeuses sont ici surmontées par un dépôt de sable ferrugineux 
avec cailloux roulés de silex et de roches arénacées. On ÿ observe également des 
grès durs, siliceux, grisâtres, en rognons très aplatis, dont le gisement paraît 
être à la base de cette couche de sable, et qui appartiendraient à l'époque ter- 
taire. 

Au N.-0. de Royan, les nombreuses découpures de la côte mettent partout à 
découvert les assises de l'étage supérieur (1). Dans la plupart des petites carrières 
où elles sont exploitées comme moellons, la pierre tend à prendre ce caractère de 
dureté , de cristallinéité, et la structure bréchoïde ou caverneuse que nous avons 
signalés dans les couches correspondantes de Montendre et de Montlieu. La stra- 
üfication n’y est pas moins régulière qu’à l'E. de la baie; mais les coupes natu- 
relles perpendiculaires à la direction sont trop peu étendues pour bien apprécier 
l'inclinaison générale au S.-0., laquelle serait d’ailleurs très faible. Peut-être en 
existe-t-il une non moins faible à l'O , et qui serait plus appréciable à cause de 
l'étendue de la ligne de côte sur laquelle on pourrait la constater. 

Les roches de Ja grande côte jusqu'à Saint-Pallais montrent de nombreux 
puits naturels, résultant de l’action désagrégeante des vagues comme toutes les 
anfractuosités de ces falaises. On trouve , vers le fond, du sable et des cailloux 
très arrondis qui ont sans doute contribué au creusement de ces cavités par le 
mouvement giratoire que les vagues leur impriment. Rien ne donne lieu de 
penser que ces puits aient été ouverts par la base, et encore moins qu'ils aient 
servi de passage à des matières rejetées de l’intérieur. 

Au lieu dit les Perrières, à 400 mètres à l’O.,de la maison appelée le Bureau,sur 
la commune de Saint-Pallais, la côte présente, au-dessus des couches de la craie 


(1) Voyez, pour plus de détails, Mém. de La Soc. géol., t. II,:p. 165 ; — 1837. 


CN-4, pe 145.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. nn 
jaune,.un dépôt tertiaire que M. Alc. d'Orbigny a signalé le premier à la Société 
géologique en 1843 (1), et dont nous avons donné une esquisse pl. IE, fig. 11. Ce 
dépôt, de 300 à 325 mètres de longueur, est surmonté d’une masse puissante 
de sable meuble formant des dunes. La coupe de la falaise présente de haut en 
bas (2): | | 

1° Sable moderne, recouvert d'une épaisse végétation de pins et de chênes verts. 
Dans la falaise même, son épaisseur n’est que de 10 mètres, mais à une petite 
distance en arrière elle devient beaucoup plus considérable , et cette dune forme 
un tertre boisé qui se distingue de fort loin. Vers le bas, on y trouve des frag- 
ments nombreux et un peu roulés de calcaire siliceux brunâtre ou rougeätre, très 
dur et celluleux. Ce sont sans doute des débris d'une ancienne formation lacustre 
assez étendue et qui se rattachait à des couches de même nature dont on relrouve 
des fragments aux environs de Saint-Georges et sur divers points des communes 
de Vaux et de Saint-Palais-sur-Mer. 

2° Dans la partie gauche ou occidentale de la coupe, et sous le lit de cailloux, 
vient une alternance de marnes sableuses, grises, blanchâtres ou tout-à-fait 
blanches , disposées par bandes et remplies d’Huîtres , de Peignes et d’autres co- 
quilles brisées indéterminables, puis d'échinides, etc. Ces marnes, dont l'épais- 
seur est de 3m,50 à 4 mètres, paraissent avoir subi quelques dislocations ou de 
simples affaissements par suite de l’action des vagues, et, au premier aspect, leur 
relation avec les couches sous-jacentes ne paraît pas très nette ; mais on ne tarde 
pas à reconnaître que ces dernières s'amincissent brusquement à l'E. et s’abais- 
sent à l'O., d’où il est résulté une dépression remplie d'abord en partie par un 
banc de sable ferrugineux, puis comblée à la fin par ces mêmes marnes. 

3° Sable ferrugineux brunâtre, de 0,50 à 0,60 d'épaisseur à l'E. et augmentant 
à l'O. où il atteint 3 mètres; point de fossiles. 

4 Grès grossier calcarifère, gris-jaunâtre, à grains de quarz plus ou moins 
gros et ressemblant à la glauconie grossière du N. &e la France, sauf l'absence 
des grains verts. Il passe à un calcaire sableux, friable, blanc-jaunâtre, formé 
presque exclusivement de débris de coquilles, d'échinides et de milliolites. 
Cette roche arénacée, la plus importante de ce lambeau tertiaire, renferme 
les mêmes Peignes que les marnes sableuses précédentes et sa plus grande 
épaisseur est d'environ 6 mètres. Sa structure générale tend à devenir schisteuse,. 
mais ordinairement c’est par suite d’un faux délit très prononcé, oblique à la stra- 
tification et affectant souvent des inclinaisons très variées, comme l'indique le 
dessin. Ces grès calcarifères s’amincissent à l'O. et inclinent de ce côté comme la 


(1) Bull. de la Soc. géol. de France ,t. XIV, p. 487. 

(2) Ces détails paraîtront peu d’accord avec ceux qu'a donnés M. Alc. d’Orbigny, mais cette 
différence provient des éboulements survenus entre sa visite et la nôtre, et qui ont changé 
l'aspect de la falaise. 


SOC GÉOL. — 2° SÉRIE T. II. Mém. n. 1. 19 


146 ETUDES (N. 4. p- 146.) 
craie sous-jacente. [ls y sont remplacés en partie par les sables ferrugineux plus 
épais et les marnes sableuses qui s'élèvent presqu’à la même hauteur. 

La coupe que présente cette falaise étant parallèle à la direction de l’affleure- 
ment, il estdifficile de dire s’il y a discordance entre les couches précédentes, que 
nous regardons comme tertiaires, et le banc de craie immédiatement sous-jacent ; 
mais en réalité cela semble peu probable. La séparation des deux terrains est 
parfaitement nette, le contact est immédiat , les roches comme les fossiles sont 
très distincts. On remarque seulement quelques cailloux et des grains de quarz 
dans la partie la plus élevée de l’assise crayeuse, sans doute encore peu solide lors 
du dépôt des premiers sédiments tertiaires, et à la jonction , un lit de quelques 
centimètres d'épaisseur d’une marne jaune ou blanc-jaunâtre, très fine, douce et 
onctueuse au toucher, et ressemblant à une argile smectique. Dans l'étendue de 
cette coupe, l’abaissement à l'O. des couches tertiaires et crétacées est de 2”,50. 

Quant à la discordance qu'offrent entre eux les grès calcarifères grossiers , Le 
sable ferrugineux et les marnes sableuses, nous n'y voyons que le résultat d'un 
phénomène local et contemporain, soit que les éléments de la roche friable aré- 
nacée se soient seulement accumulés sur un point particulier du rivage tertiaire, 
dont nous ne voyons qu'un lambeau qui se prolonge sans doute sous Les dunes et 
au-delà, soit qu'une cause particulière ait fait changer la direction d'un cou- 
rant, ou bien encore ait déplacé et enlevé une partie du dépôt meuble déjà 
formé. 

M. Alc. d'Orbigny a rapporté le lambeau qui nous occupe à l'étage tertiaire le 
plus inférieur du S.-0., et la présence d’un Spatangue confondu avec le S. orna- 
tus semblait confirmer cette idée ; mais nous ferons remarquer que ce fossile, 
qui n'est pas l’espèce de Biaritz , a été signalé par M. Desmoulins dans le cal- 
caire grossier de Bordeaux, ainsi que deux autres échinides, que nous avons 
trouvés dans ce lambeau {Scutella et Cassidulus). Les Huîtres, les Peignes et Îles 
Milliolites nous paraissent aussi appartenir à ce niveau des terrains tertiaires du 
S.-0. Les couches que nous venons de décrire représenteraient ainsi, sur la 
rive droite de la Gironde , celles que M. Dufrénoy a signalées sur la rive gauche 
dans le Médoc, entre Pauillac et Lesparre. Les assises de Biaritz, près de 
Bayonne, quoique reposant aussi sur la craie, sont probablement plus anciennes 
et peut-être parallèles aux sables inférieurs du N. de la France, comme nous 
avons essayé de le démontrer ailleurs (1). 

Au N.de Royan, sur laroute de Saujon , les couches du deuxième étage, ou de 
la craie tufau, forment la première montée au moulin de Belmont , au lieu dit la 
Petite Grange. Si l'on remarque maintenant, combien à Meschers, à Saint-Georges 
et ici, le premier étage succède brusquement au deuxième, et acquiert de suite 
une puissance telle, quoique à un niveau plus bas, qu'on croirait ses couches 


{1} Bull. de la Soc. géol. de France, t XIV, p. 4187-91. 1843. 


CN: 4, pe 447.) SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 147 
inférieures à la craie tufau , laquelle se prolonge jusqu'à 500 ou 600 mètres 
de la côte, on sera porté à penser qu'entre Talmont et la pointe d’Arvert, une 
dépression , ou peut-être un ravinement local, à fait que la craie jaune s’est dé- 
posée dans une cavité assez profonde de la craie tufau, cavité que ses couches 
sont loin d’avoir remplie, puisqu'elles sont dominées à une très pelite distance 
par cette même craie tufau. Il y aurait ainsi une sorte de discordance dans cette 
partie du bassin, où d’ailleurs nous n'avons pas encore pu observer la superposi- 
tion des deux étages aussi directement que dans les départements de la Charente 
et de la Dordogne. 

De Belmont à Saujon, le deuxième étage présente ses caractères ordinaires. Les 
moulins situés au S. de ce dernier bourg sont sur les couches inférieures en 
dalles, comme à Cognac, etc., et dans les carrières qui bordent la route elles 
plongent sensiblement au S. Le troisième étage se montre sans doute près de là, 
sur le bord de la rivière. Jusqu'à Coze et plus loin, on marche toujours sur 
le second étage. 

Dans la coupe de Saint-Hilaire à Sculac, pl. XI, fig. 4 de la première partiede 
ces Études, nous ferons remarquer qu'entre Thains et Saintes, les calcaires à 
Ichthyosarcolites occupent une surface beaucoup plus grande que nous ne l'a- 
vons indiqué, tandis que ceux du deuxième ou de la craie tufau en présentent 
une beaucoup plus restreinte. De Thaiïns à Rétaux, il y a peut-être quelques alter- 
nances des deuxième et troisième étages, mais le second ne s’y montre certaine- 
ment pas. Avant Rétaux, on trouve des grès tertiaires, peu épais, gris, à grain fin, 
extrêmement durs, employés pour la route. Le village est bâti sur des calcaires 
blancs, caverneux , concrétionnés, avec Ichthyosarcolites, qui se prolongent à 
4 ou 500 mètres au N., où paraît exister le banc à Ostrea biauriculata et Exogyra 
columba. Les calcaires du troisième étage viennent ensuite, et ils sont bientôt 
recouverts de sables ferrugineux enveloppant des grès, qui sont la continuation 
des précédents. 

Sans préjuger en rien la relation que des recherches ultérieures pourront faire 
connaître entre ces sables et ces grès, et ceux des environs de Saint-Georges et de 
Royan, avec le lambeau de Saint-Palais, il devient évident que des dépôts ter- 
tiaires ont recouvert çà et là, quoique sur une faible épaisseur, la partie. “0. du 
département de la Charente-Inférieure. 

Ce n’est qu'au second village au N. de Rétaux, que les couches inférieures de 
la craie tufau commencent à occuper le sol; puis ce second étage se développe 
de plus en plus vers la butte des moulins, à un kilomètre au S. de Saintes. 
Au N. de la ville, sur le chemin qui de la nouvelle église de Saint-Vivien tourne 
dans les champs pour joindre la route de Saint-Porchaire, on remarque un long 
escarpement de calcaire , probablement fait de main d'homme , et qui se prolonge 
vers le N. jusque près de la rivière en suivant le mur d’une maison de campagne. 
Cette espèce de muraille, entièrement formée des couches moyennes de la craie 


148 ÉTUDES SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. CN: 4, pe 148.) 
tufau , renferme des fossiles très nombreux, et plonge sensiblement à VE. ou à 
VE -N.-E., comme les couches de Bussac, de l’autre côté de la rivière. Cette dis- 
position confirme ainsi celle que nous avons indiquée pl. XIT, fig. 8, de la pre- 
mièré partie. 

Des carrières en galeries sont creusées à la base de l’escarpement, et il est pro- 
bable que la grande excavation , d’une forme assez régulière , qui suit cet escar- 
pement, résulte de l'extraction des matériaux employés pour les anciennes 
constructions de la ville. D’autres carrières et des galeries se voient encore au 
midi de Saintes, au-dessous de Saint-Eutrope et sur divers points aux envi- 
PONS 0) 

Enfin, d’après les fossiles que M. Moreau, bibliothécaire de la ville de Saintes, 
a bien voulu nous montrer dans son intéressante collection, il paraît certain que 
les calcaires blancs n’affleurent point à la Charloterie entre Saintes. et Brune- 
teau, comme nous l'avons indiqué page 37, et pl. XI, fig. 4. j 


(4) Voyez, pour plus de détails, Mém. de la Soc. géol., t. II, p. 161, 162, — 1837. 


ERRATA. 
Page 45, ligne 8, au lieu de Cidarites? lisez Discoidea depressa Ag. 

— 63, — 18, — Arbacia nov. sp., lisez Echinopsis elegans id. 

— 14, — 37, —  Dysaster analis, lisez Dysaster ellipticus id. 

— 719, — 30, — id. id. 

— 93, — 29, supprimez N. columbaria Lam. 

— 121, — 32, d’après des observations très précises faites sur les lieux, et que M. du Souich a bien 
voulu nous communiquer, les puits artésiens de Lillers et des environs de Bethuna 
s'arrêtent à la partie supérieure de la craie. — Le même ingénieur nous a également 


fait connaître que les calcaires atteints dans le forage de Lucheux n'’appartenaient 
point au groupe néocomien, mais à la formation oolitique. 


FT. 


SUR LA VRAIE POSITION GÉOLOGIQUE 


DU 


TERRAIN DU MACIGNO, 
EN ITALIE ET DANS LE MIDI DE L'EUROPE, 


PAR L. PILLA. 


Parmi les terrains qui sont le plus répandus en Italie, le macigno tient une 
place remarquable. Une grande partie des reliefs de la Toscane et de la Ligurie 
est composée de ce terrain, qui s'étend aussi, d'un côté, dans les Alpes mari- 
times et dans celles de la Lombardie ; de l'autre, dans le royaume de Naples et 
jusqu'en Sicile. Si on sort de l'Italie, on le rencontre , avec les mêmes caractères , 
dans les Pyrénées, sur le revers septentrional des Alpes, en Grèce, en Turquie, 
et, en général, dans toute la partie méridionale de l'Europe. Il semble marquer la 
ligne principale de division entre la zone géologique du nord et celle du midi de 
l'Europe : ligne qui, sous le rapport du terrain dont nous parlons, ne parait pas 
dépasser à l’ouest la Provence et le comté de Nice, à l’est les monts Car- 
pathes. Au commencement de ce siècle, et pendant le règne des théories wer- 
nériennes, on avait des idées fausses sur l’âge de ce terrain, que l’on considé- 
rait généralement comme appartenant à la formation de la grauwacke (1); mais 
on ne tarda pas à voir qu'il occupe en Italie une place entre le terrain jurassique 
et les terrains tertiaires; et dès lors on vit la nécessité de le faire remonter dans 
la série géologique jusqu'à l’âge de la craie. Cette idée a été de plus en plus con- 
firmée, et à présent elle est partagée par l’universalité des geologues; seule- 
ment on s’est très peu appliqué à fixer avec précision l'étage que le macigno occupe 
dans le terrain crétacé. Mais une étude particulière de ce dépôt, un examen plus 
approfondi de ses relations géologiques, des fossiles qui le caractérisent, et de 
plusieurs accidents qui l’accompagnent , m'ont fait douter de la position qu'on 
lui assigne généralement , je dirai même m'ont donné la conviction que ce Ler- 
rain est tout-à-fait distinct et indépendant de la craie. C'est l'exposition et l’ana- 
lyse des faits qui m'ont amené à cette conclusion qui formeront l’objet de ce 


(1) Brocchi, Conchiologia fossile subapemnina. 
SOC. GÉOL, — 2° SÉBIE IL Mém. 0. 2. 


150 POSITION GÉOLOGIQUE (NA2p25) 
mémoire. Je le diviserai en trois parties : 1° Caractères et division du terrain cré- 
tacé en Italie; 2° Comparaison du terrain crétacé d'Italie avec celui de France 
et d'Angleterre; %° Indépendance du macigno, et sa position géologique. 


4° Caractères et division du terrain crétacé en Italie. 


On s'accorde généralement à diviser le terrain crétacé en Italie en deux étages, 
le supérieur et l'inférieur. Le premier est composé du macigno; le second, d'un 
calcaire que j'appellerai lmppuritique, parce qu’il est caractérisé principalement 
par les rudistes. 

Le terrain du macigno est si connu , que je ne m’arrêterai pas à décrire ses 
caractères ; je rappellerai seulement qu'il est composé de deux sortes de roches, 
d’an calcaire marneux, alternant avec des schistes, et connu en Toscane sous le 
nom d’alberese et du macigno proprement dit. La position géologique relative de 
ces deux roches n’est pas toujours constante, M. Pareto assure que dans la [ngurie 
l'alberese est toujours superposé au macigno; il m'a semblé voir la mème 
chose en Toscane; mais il y a des localités où les deux roches alternent et se 
mêlent ensemble. Les fossiles qui caractérisent plus généralement le macigno, 
sont les fucoides , dont les Fucoides intricatus , F. furcatus , F. Targiom, sont les 
espèces les plus abondantes. Quant aux débris d'animaux, ils sont d'une extrême 
rareté ; on y a trouvé des nummulites , à Mosciano , près de Florence; et je les ai 
rencontrées aussi à Alberona, dans la Pouille. Je dois faire mention d’un autre fos- 
sile, très important, trouvé par le célèbre Micheli dans la pietra forte de Florence 
(pl. IV, £. 6) ; c'est un fragment d’une coquille cloisonnée, qui, par le contour 
de la spire, semble appartenir à un Hamites, ou peut-être à un Ancycloceras ; ce 
précieux fossile était conservé dans la collection de Targioni, à Florence, .où il 
avait été observé par Brocchi (1), par Nesti et par Savi : ce dernier en prit aussi 
un moule en plâtre, qu'on voit à présent dans le Muséum de l'université de Pise. 
Il est vraiment fâcheux que l'exemplaire dont je parle se soit perdu dans les 
changements qu'a subis la collection de Targioni. Au congrès de Milan, mes 
amis, MM. Pentland et Pareto, m'ont assuré avoir trouvé deux ammonites, l’une 
dans la pietra forte, avec laquelle est pavée la ville de Florence; l’autre, dans le 
macigno des environs de Gênes : on doit tenir compte de ces découvertes à cause 
de la rareté des débris d'animaux dans le terrain qui nous occupe. On trouve 
aussi dans le macigno des dépôts charbonneux; tels sont les stipites de Pupi- 
ghio, dans le Pistojais, de la vallée du Jaro, dans la Lunigiana , etc. 

Maintenant je dirai quelques mots de l'étendue de ce terrain, en Italie. Dans 
la carte de Sicile, par M. Hoffmann, il est représenté par le grès apennin à 
fucoïdes , par les conglomérats subordonnés à celui-ci, et par les argiles schis- 


(1) Conch. foss. subapen., tom. I, pag. 17. 


(N. 2, p. 5.) DU TERRAIN DU MACIGNO. 151 
teuses. Dans le pays de Naples, en-deçà du Phare, le terrain du macigno est 
très rare; je l'ai observé seulement dans les montagnes de Bovino , dans la Capi- 
lanate , avec des fucoides tout-à-fait semblables à ceux du macigno toscan. Je ne 
pourrais pas indiquer les lieux des États du Pape où ce terrain se trouve, à l’ex- 
ception de l'Apennin de Bologne , où il se continue avec celui de Florence. Le 
macigno de la Toscane , du Modenais et de la Ligurie est si classique , que je me 
contente seulement de le nommer ici. Il se trouve aussi, et très distinct au pied 
des Alpes de Lombardie, spécialement dans les environs de Gavirate, où il a été 
examiné par la section de géologie du congrès de Milan. Cette localité est. très 
remarquable, non seulement par le grand nombre de fucoïdes tout-à-fait sem- 
blables à ceux du macigno de Florence qu'elle contient, mais aussi par d’autres 
espèces qui attendent d’être déterminées par quelque habile géologue. 

Le terrain crétacé inférieur ou hippuritique est beaucoup plus compliqué en 
Italie, et il a encore besoin d’être bien éclairci : ce qui est d’une grande nécessité 
parce que de cette détermination précise dépend la connaissance de la vraie po- 
sition géologique du macigno , qui joue un rôle si important dans les grands re- 
liefs de l'Europe méridionale. Le terrain hippuritique peut être divisé en deux 
groupes principaux , c est-à-dire le calcaire nummulitique et le calcaire néocomien, 
le premier supérieur, le second inférieur : ces calcaires, quoiqu'ils se lient et 
passent insensiblement de l’un à l’autre, ne se laissent pas moins distinguer par 
de bons- caractères dans toute la péninsule. Examinons les localités principales 
de celle-ci où les deux groupes se font reconnaître. 

Hoffmann et Gemmellaro citent en Sicile un calcaire blanc, souvent celluleux, 
et des marnes blanches qui renferment des rognons et des lits de silex, de jaspes 
et d'agates , et contiennent des nummulites , hippurites , ostrea vesicularis , terebra- 
tules, spatanques, et aussi quelques fragments d'ammomites. Cette formation 
s'étend avec interruption depuis le mont Érici, près Trapani, jusqu'au cap Pas- 
sero. Le même calcaire crétacé, et avec les mêmes nummulites et hippurites , pa- 
raît dans quelques localités du royaume de Naples : on le trouve à l'extrémité orien- 
tale du Gargano dans les Pouilles, au mont Majella dans les Abruzzes, etc. Ce ter- 
rain manque entièrement en Toscane , et il faut remonter jusqu'à la naissance de 
PApennin pour le rencontrer : il a été observé par MM. Pareto et Sismonda dans 
le comté de Nice, où il se lie avec la même roche, si répandue dans les basses et 
bautes Alpes. On peut être sûr de son existence dans les Alpes vénitiennes, parce 
que M. Pasini cite des nummulites dans la scaglia de Tenez et des montagnes au 
midi de Bellune. 

Le calcaire dont nous parlons a été souvent confondu avec le macigno à cause 
des nummulites qui sont communes à l’un et à l’autre terrain, quoique dans le 
premier ces fossiles soient très abondants , et dans le second très rares. Nous 
aurons occasion de revenir sur cette circonstance. 

Le terrain néocomien se laisse voir avec tous ses caractères bien marqués dans 


152 POSITION GÉOLOGIQUE (22, p. 4.) 
le royaume de Naples et de Sicile. Dans les Abruzzes, il s'élève en grandes mon- 
tagnes qui forment le relief principal de l’Apennin de ces provinces. Mes amis 
M. Pareto et Loquand, ayant examiné une collection de roches et de fossiles que 
j'ai rapportée de ce pays, ont cru y voir tout-à-fait les roches et les fossiles néo- 
comiens de la Provence, dont ils ont une parfaite connaissance. Le calcaire est 
blanchâtre ou grisâtre, à cassure écailleuse , et quelquefois avec lit de silex: 
dans plusieurs endroits il passe à une vraie dolomite. Les fossiles que j'ai re- 
cueillis dans ce terrain, sont : 

Hippurites et Spærulites. Espèces nombreuses, mais très peu déterminables 
à cause de leur empâtement daris la roche. 

Chama ammonia ; Montecasino, Gargano. 

Terebratula pisiformis ; Majella. 

Pleurotomaria neocomiensis, d'Orb.; monts de Venafro en terre de Labour. 

—-———-— jaultina , Gargano. 

Phasianella neocomiensis; d’Orb.; monte de Vitulano en terre de Labour, où cette 
espèce forme une lumachella. 

Acteon marginata, d'Orb.; Montecasino. 

Autres espèces d’Acteon indéterminées. 

A cteonelle ; Matese , Majella. 

Nerinea rhenhauriana , d'Orb.; Montecasino. 

——— Requieniana, d'Orb.; idem. 

——— lobata, d'Orb.; idem. 

——— subæqualis, d'Orb.; Gargano. 

Autres espèces de Vérinées indéterminées. 

La liste de ces fossiles fait voir une grande ressemblance avec ceux qui se 
trouvent dans le terrain néocomien supérieur de la Provence , qu'on trouve figurés 
dans la Paléontologre française de M. d'Orbigny, et qui accompagnent la première 
zone des rudistes de cet auteur. 

Le calcaire néocomien de Naples forme presque toutes les hautes montagnes 
des Abruzzes et de la terre de Labour. Le monte Corno, le F’elino, la Maella , le 
Matese, les Mainardi, qui figurent parmi les sommités les plus élevées de l’'Apen- 
nin continental, en sont presque entièrement composés. Je rapporte aussi à ce 
terrain le calcaire des Madonies et des montagnes qui s'élèvent dans Les environs 
de Palerme. 

Le même calcaire doit continuer dans les États de l'Église. Les montagnes de la 
Sabine, qui sont une continuation de celles de l’Abruzze et de la terre de Labour, 
ont tout-à-fait la même physionomie. 

De même que le calcaire nummulitique, le calcaire néocomien manque entière- 
ment en Toscane, parce que, comme je l'ai dit, ces deux roches sont presque tou- 
jours liées ensemble. Le terrain néocomien reparaît ainsi que le calcaire nummu- 
litique dans le comté de Nice et dans les Alpes maritimes, où 1l a été reconnu par 


(NP2/p45°) DU TERRAIN DU MACIGNO. 153 
M. Pareto (4) et M. Sismonda (2); là aussi il se prolonge avec le terrain 
néocomien de Provence. Dans les Alpes de Lombardie , peut-être est-il repré- 
senté par les roches inférieures au poudingue à hippurites et actéonelles du Si- 
rone (3). Je crois enfin qu'il doit être très développé dans les Alpes vénitiennes, 
en jugeant par quelques fossiles qui sont figurés dans la Zoologe fossile de 
M. Catullo. 

Je dois ici mentionner l'opinion toute récente émise par M. Fitton sur le terrain 
néocomien. Ce géologue distingué incline à le rapprocher du lower green sand 
d'Angleterre, en s’appuyant sur l'identité des fossiles qu'on a trouvés dans l’un 
et dans l’autre terrain, et aussi sur la superposition observée par lui dans Pile de 
Wight et sur la côte de Kent{h). Les raisons avancées à ce propos par M. Fitton 
me semblent très justes, et peut-être que son opinion sera partagée par tous les 
géologues. Je la cite aussi, parce qu’elle nous aidera beaucoup à éclaircir le terrain 
crétacé de Italie. 

Nous avons indiqué le terrain du macigno comme supérieur au calcaire num- 
mulitico-hippuritique. Mais il est nécessaire de fixer ce point-là avant de passer 
aux autres parties de ce Mémoire. A-t-on observé directement dans quelque en- 
droit d'Italie cette superposition? En vérité je n'ai pas eu occasion de la voir, ni 
dans le royaume de Naples (5), ni en Toscane; et cela est bien naturel, parce que, 
dans le premier de ces pays, le macigno est très rare pendant que le calcaire 
nummulitico-hippuritique est très abondant; en Toscane.au contraire , Le macigno 
est assez étendu, et l’autre terrain manque tout-à-fait : ainsi il est difficile, sinon 
impossible, de voir dans ces régions le contact immédiat des deux terrains. Mais 
il semble que ce contact existe dans l’Apennin de la Ligurie occidentale, où les 
deux roches sont très développées. En effet, M. Pareto nous apprend que près 
d’Alassio et d'Albenga on voit une large zone de macigno superposée d’un côté au 
calcaire à Nummulites, et de l’autre au calcaire jurassique (6). Le même géologue 
a observé que, près de Mortola, il y a des couches calcaires avec grandes Num- 
mulites qui supportent des couches épaisses de macigno, qui, à leur tour, sont 
couronnées par le calcaire à fucoïdes (7). Il semble que la même superposition a 
été observée par M. Sismonda, près du lac de Lauzanier, dans les Alpes du Pié- 


(1) Ati del .congrosso di Lucca. 

(2) Osservationi geologiche sulle Alpi maritime e sugli appennini hurr. 

(3) Collegno, Mémoire sur les terrains stratifiés des Alpes lombardes (Bull. de La soc. géol. de 
France, t. 1°, 2° sér.). Villa, Sulla costituzione geologica della Brianza. 

(4) Bull. de la soc. géol., t. 17, 2: série. 

(5) Peut-être qu’on peut la voir dans les montagnes d’Alberona, en Capitanate, où, à ce que je 
me rappelle, il y a un contact du macigno avec de la craie à silex ; mais lorsque je visitais ces mon. 
tagnes , je n’avais pas présente la question que je viens d’examiner. 

(6) Aféi del longresso di Jovino, p. 109. 

(7) Atti del congrosso di Lucca, p. 241. 


SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE, T. II. Mém. n° 2. 20 


151 POSITION GÉOLOGIQUE (N.2, p. 6.) 
mont (1), et par M. Studer dans les Alpes suisses (2). A cela on doit ajouter que le 
macigno se montre en ltalie tout-à-fait indépendant du calcaire nummulitico- 
hippuritique. Je ne connais aucune localité où on ait observé un passage de l'un 
à l’autre terrain. Le macigno se trouve quelquefois superposé au terrain jurassi- 
que (Toscane), d’autres fois au calcaire nummulitique (Ligurie), mais toujours 
avec une ligne de séparation distincte, ce qui est le caractère principal de l'indé- 
pendance d’une formation. Nous aurons occasion de reprendre ce sujet dans le 
cours de ce Mémoire. 


2° Comparaison du terrain crétacé d'Italie avec celui de France et d'Angleterre. 


Après avoir fait connaître les formes du terrain crétacé en Italie , et ses diffé- 
rences , comparons-le à celui de la France et de l’Angleterre ; ce qui, en défini- 
tive, nous amènera à une comparaison entre la zone crétacée du midi et celle du 
nord de l'Europe. 

Tous les géologues s'accordent à diviser le terrain crétacé septentrional en 
deux étages: le supérieur, composé principalement de la craie blanche; l'inférieur, 
subdivisé, 1° en grès vert supérieur , 2° en gault, 3° en grès vert inférieur. Voyons 
si ces divisions sont reconnaissables en Italie, et quelle place y occupe le ma- 
CIgno. 

Quelques géologues considèrent le macigno et Le calcaire nummulitique comme 
des formations parallèles ou contemporaines ; et comme nous verrons cette der- 

nière formation être rapportée généralement au grès vert supérieur, ils placent 
aussi le macigno dans le même étage. Il yen a d’autres qui, s'approchant plus de la 
vérité, regardent le macigno comme supérieur au calcaire nummulitique, et ainsi 
ils Le font appartenir à la craie comme supérieure. Or, si nous prenons pour horizon 
géologique la craie blanche, on trouve que le macigno, selon la première opinion, 
est inférieur à cette roche, et selon l’autre, il lui est au moins parallèle. Cependant, 
je pense que ces deux manières de considérer le macigno ne sont pas justes, et 
que la vraie position géologique de ce dépôt n’a pas été bien fixée. Des motifs de 
quelque poids me font croire plutôt que le macigno est un terrain supérieur à la 
craie blanche , et par conséquent qu'il doit en être distingué. Tels sont les faits 
sur lesquels je m'appuie. 

1° Lorsque Lyell a voulu démontrer la réunion de la craie du nord avec celle du 
sud de l'Europe, il a choisi quelques endroits de la France méridionale et des Pyré- 
nées où on voit cette connexion. Ainsi, à Tercis, près de Dax, les roches crélacées 
conservent les formes de la craie blanche, et M. Grateloup y a trouvé l’Ananchites 
ovata et d’autres fossiles de la craie du nord mélés avec des hippurites. Lorsqu'on 
arrive à Bayonne et dans les Pyrénées, la formation erétacée , tout en présentant 


(1) Mém. sui terr. stratificati dell Alpi. 
(2) Mém. de la suc. géol. de France, t. HI, p. 384. 


(N:2, p. 7.) DU TERRAIN DU MACIGNO. 159 
quelques uns des mêmes accidents minéralogiques, subit peu à peu des change- 
ments, et se remplit de nummulites. Ici, je fais observer que les nummulites de 
Peyrehorade, figurées par Lyell, sont tout-à-fait semblables à celles que j'ai trou- 
vées dans une craie blanche du Gargano avec des hippurites ; et elles sont très 
différentes des nummulites du macigno. Or, si la craie blanche septentrionale se 
lie avec le calcaire nummulitique du midi, on conclut naturellement que le ma- 
cigno, que nous avons vu superposé au calcaire nummulitico-hippuritique avec 
une ligne tranchée de séparation, est supérieur aussi à la craie blanche et in- 
dépendant d'elle. 

2° La craie tufau de Maëstricht, qui a été longuement controversée, et qu'à 
présent tous les géologues considèrent comme appartenant à la craie blanche, 
renferme parmi les fossiles de cet élage aussi quelques hippurites. En Italie, 
comme nous le verrons plus loin, les rudistes ne se trouvent jamais dans le ma- 
cigno , mais toujours au-dessous de cette formation : d'où il suit que le maci- 
gno est toujours plus récent que la craie blanche. 

3° Parmi les fossiles qui accompagnent souvent en Italie le calcaire nummu- 
litico-hippuritique , il y a les Actéonelles, et surtout l’4. gigantea : ces fossiles, 
qui manquent tout-à-fait dans le macigno, sont placés par M. d'Orbigny dans la 
craie chloritée. Et comme le macigno est constamment supérieur aux roches qui 
contiennent les hippurites et les actéonelles, on déduit qu'il est postérieur à la 
- craie chloritée. Il pourrait être parallèle à la craie blanche ; mais par les motifs 
que nous avons produits,et par la différence complète de ses caractères minéra- 
logiques et paléontologiques de ceux de la craie blanche, on doit le considérer 
comme distinct de celle-ci. 

l&° Dans le travail que M. Leymerie a présenté à l’Académie des sciences de 
Paris sur le terrain à nummulites des Corbières et de la montagne Noire, ce 
géologue distingue le terrain crétacé à nummulites du terrain crétacé à rudistes, 
le premier supérieur, le second inférieur. Dans quelques localités, comme dans 
les Corbières , le terrain à nummulites renferme un mélange de fossiles appar- 
tenant à la craie et au calcaire grossier de Paris , ce qui a donné lieu à des contro- 
verses parmi les géologues et les paléontologues. M. Leymerie, qui par de justes 
raisons le considère comme crétacé, l'a nommé épicrétacé, à cause de sa position 
par rapport au calcaire à rudistes. Néanmoins il affirme que, dans les points où 
les deux systèmes se trouvent en contact, on voit dans les couches de l’un et de l'autre 
non seulement une concordance parfaite , mais aussi une ressemblance minéralogique 
très remarquable, et une espèce de liaison vers la surface du contact ; et il ajoute que, 
quoique les nummulites et les rudistes ne se mêlent pas ensemble dans les 
mêmes couches , dans quelques localités ce mélange a été observé par MM. Du- 
frénoy et Vene au côntact des deux formations (1). Tous ces faits s'accordent à 


(4) Comptes-rendus de l’Académie des sciences, 12 août 1844. 


156 POSITION GÉOLOGIQUE (N.2, p.8.) 
merveille avec ce que j'ai observé dans le calcaire crétacé napolitain , à l'excep- 
tion du mélange des fossiles tertiaires et crétacés dont parle M. Leymerie (1). On 
ne peut certainement pas croire que le terrain nummulitique dont parle ce géo- 
logue distingué soit le macigno ; c’est évidemment le calcaire nummulitique lié 
au terrain à rudistes dont il forme la partie supérieure. El comme nous avons vu 
que le macigno est supérieur au calcaire nummulitique épicrétacé dans la Ligurie, 
il s'ensuit que le premier est postérieur au second , et pour cela il ne fait pas 
partie du terrain de la craie. Comme preuve plus convaincante nous citons le fait 
suivant, observé par M. Sismonda près du lac de Lauzanier, dont nons avons déjà 
eu occasion de parler. Entre le calcaire à fucoïdes de cette localité, et le cal- 
caire supérieur ou terrain anthraciteux, il y a des couches de calcaire gris riches 
en zoophytes, qui passent à d’autres couches de calcaire arénacé contenant des 
espèces des genres Cerithium , Ampullaria, Citherea, Cassis, etc. M. Sismonda 
considère ces couches comme appartenant au terrain nummulitique, et il indique 
leur identité avec celles qui renferment les mêmes fossiles aux Diablerets et à la 
roche des Fiz, en Suisse (2). On voit sans difficulté que tous ces dépôts sont ana- 
logues à celui des Corbières par le mélange de fossiles crétacés et tertiaires. Donc, 
si dans le lac de Lauzanier on voit directement la superposition du calcaire à 
fucoïdes à un calcaire nummulitique épicrétacé, on a une démonstration complète 
de la proposition que nous venons d'avancer. 

Ayant ainsi fixé la position du macigno, j'incline à croire que le calcaire 
nummulitico-hippuritique d'Italie est le représentant de toute la craie du 
N-0. de l'Europe, et qu'on peut y distinguer l'étage de la craie blanche et 
celui du grès vert. Il ne sera pas hors de propos de faire particulièrement cet 
examen. 

Les parties supérieures et plus récentes du calcaire nummulitique italien se 
présentent en quelques endroits avec tous les caractères minéralogiques de la 
craie blanche, et, comme celle-ci, contiennent des lits et des rognons de silex. C’est 
avec cet aspect que se présentent le calcaire méridional de la Sicile, dont nous 
avons parlé, celui de l'extrémité orientale du mont Gargano, dans la Pouille, le 
calcaire de Penna a pié di monte, dans la Majella, et celui de Montursi, près de 
Romagnano dans le Vicentin. A ces caractères, il faut ajouter la présence de quel- 
ques fossiles propres de la craie blanche, comme l'Ostrea vesicularis, trouvée en 
Sicile et dans la Majella; la Podopsis truncata, le Spatangus cor anguinum, V'Anan- 
chites ovata, que M. Catullo cite dans le Biancone des Sept-Communes. M. Sismonda 
nous à fait connaître un autre exemple bien caractérisé de craie supérieure dans 
le pas de Brauss dans les Alpes maritimes, où il a trouvé des couches avec silex 


(1) J’ai pourtant le doute que ce mélange puisse exister dans le mont Gargano, surtout dans les 
tofares de Saint-Léonard , où dans un calcaire crayeux grossier j'ai trouvé, avec des fossiles ter- 
tiaires , en grand nombre aussi, quelques diceras. 

(2) Mem. sui terreni stratificati delle Alpi. 


(N-2, p. 9) DU TERRAIN DU MACIGNO. 157 
remplis de fragments de Belemnites mucronatus et de Catillus Cuvieri (1); et, ce qui 
est plus important, il a observé ces couches superposées au calcaire nummuliti- 
que, dont peut-être elles sont une continuation sans interruption, ainsi qu'on le 
voit dans les autres localités d'Italie que nous avons citées. En résumé, l'étage de 
la craie blanche est très rare en Italie; on peut seulement le reconnaître dans les 
parties supérieures et plus récentes du calcaire nummulitico-hippuritique. 

Maintenant voyons si les trois étages du grès vert sont reconnaissables dans le 
calcaire dont nous parlons. 

Quelques parties de ce terrain présentent les caractères minéralogiques de la 
glauconie, c’est-à-dire qu'elles contiennent des grains verts qui caractérisent 
cette roche. M. Pareto l'a observée dans le comté de Nice (2), M. Sismonda dans 
le pas de Brauss (3), M. Pasini dans les Sept- Communes (4). La glauconie du pas 
de Brauss étant placée au-dessus du calcaire à Belemnites mucronatus et catilles 
indique par cela seul son identité avec le grès vert supérieur; mais M. Sis- 
monda nous assure aussi qu'elle fait partie d’un calcaire nummulitique qu’on 
rapporte généralement à cet étage. Les fossiles que M. Pareto trouva dans la 
glauconie de Nice appartiennent généralement au grès vert supérieur: ce sont 
des Turritelles, quelques Ammonites et un grand nombre de Nummulites. Quant 
au Vicentin, nous savons qu'il y a une abondance de Nummulites crétacées. M. Pa- 
sini les a indiquées dans la Scaglia de Tenez et dans les montagnes du midi de 
Belluno. D’un autre côté, M. d'Orbigny a trouvé parmi Les fossiles du Vicentin re- 
cueillis par M. Lucas l'Æippurites gigantea, caractéristique de sa troisième zone des 
rudistes, qu'il place dans la craie chloritée ; il voudrait aussi rapporter à cette zone 
tous les rudistes de l'Italie , ce qui peut être révoqué en doute, comme nous le 
verrons par la suite. On conclut de ces faits que, dans le pays des Sept-Communes, 
il y à certainement l’étage du grès vert supérieur. Si nous ajoutons à ces observa 
tions celles que nous ont fait connaître les géologues de Provence, c’est-à-dire 
que dans ce pays le grès vert supérieur est caractérisé par un nombre immense 
de Nummulites et d'Hippurites, nous pouvons tirer cette conséquence, d’un grand 
poids dans la géologie italienne : que le calcaire nummulitique inférieur au ma- 
cigno est parallèle en grande partie au grès vert supérieur; je dis-en grande par- 
tie, parce que dans quelque localité il pourra se lier à la craie blanche de la 
même manière que le calcaire nummulitique des Corbières prend le caratère épi- 
crétacé. 

Le gault, qui forme un étage bien distinct dans le terrain crétacé septentrional. 
n’est peut-être pas marqué par de bons caractères dans l’Apennin, ni dans les 
Alpes. 


(1) Osservazioni geologiche sulle Alpi maritime e ingli Apennuni Liquri. 
(2) Ati del congresso di Jovino , p. 109. 

(3) Mém. cité. 

(4) Annali delle scienze del Regno Lombardo veneto, anno 1832. 


158 | POSITION GÉOLOGIQUE CN. 2, p: 10.) 

Si on vérifie l'opinion de M. Fition, que le grès vert inférieur soit représenté 
dans le midi de l’Europe par le terrain néocomien, cet étage crétacé ne manque 
pas en Italie, ayant vu qu'il forme dans le royaume de Naples les plus hauts re- 
liefs de l’Apennin; il se trouve aussi, d’après les observations de MM. Pareto et 
Sismonda, dans les Alpes maritimes, au-dessous du calcaire nummulitique, et il 
se lie avec le calcaire néocomien de Provence (1). M. Catullo l’a reconnu de même 
dans le calcaire hippuritique des Alpes vénitiennes (2). 

Il y a quelques localités d'Italie où les assises crétacées que nous venons d’exa- 
miner présentent des accidents de contact qui méritent d’être connus. Dans le 
Napolitain; la craie blanche (si elle y existe), le calcaire nummulitique et le cal- 
caire néocomien passent insensiblement l'un à l’autre; on voit ce passage évidem- 
ment dans le mont Gargano, où l'extrémité orientale est composée d’un calcaire 
blanc, terreux, avec de nombreux lits de silex, qui a tous Les caractères de la craie 
blanche (Rodi); on passe ensuite peu à peu à un calcaire blanchâtre plus com- 
pacte, quelquefois celluleux, avec Rudistes et Nummulites (Matinata, Ischitella); 
à mesure qu'on s'avance vers l'extrémité occidentale, la roche devient compacte, 
grisätre; les Rudistes et les Nummulites disparaissent , et, à leur place, se font 
voir quelques Verinea et la Chama ammonia, fossiles caractéristiques du terrain 
néocomien. Il paraît que le même passage est Le trait dominant de tout le terrain 
crétacé de l'Italie, excepté le macigno. 

On doit aussi considérer comme très important le terrain crétacé du pas de 
Brauss dans les Alpes maritimes, parce qu'il présente avec des caractères bien 
marqués l'étage de la craie blanche, de la glauconie supérieure ou du calcaire 
nummulitique, et du terrain néocomien; il semble que là aussi les trois dépôts 
passent par gradation l’un à l’autre. On désirerait seulement connaître quelle 
position y occupe le calcaire à Catilles et Belemnites mucronatus, par rapport au 
macigno de la Ligurie; je crois, par tout ce qu'on vient de lire, qu'il doit être in- 
férieur à ce calcaire. 

On éprouve une plus grande difficulté à demèêler le terrain crétacé de la Brianza 
en Lombardie, malgré les descriptions détaillées que nous en ont données MM. de 
Collegno, Balsamo, Curdoni, de Filippi, Irotti et les frères Villa. Peut-être y a-t-1l 
là une association de différents étages appartenant au macigno et au terrain cré- 
tacé. Dans un autre travail, j'ai essayé d'y distinguer : 1° le macigno; 2° la craie 
à Catilles; 3° les poudingues à Hippurites Actéonelles et Nummulites, équivalents 
du grès vert supérieur ; 4° des couches néocomiennes. Il faut attendre que les 
savants géologues lombards précisent d'une manière ou d’une autre ces dis- 
tinclions. 

Le terrain crétacé des Alpes vénitiennes paraît aussi renfermer les différents 
étages de la craie blanche septentrionale , car on y a distingué la craie blanche, la 

(4) Sismonda, Mém. cité. 

(2) Lettera al signor Villa. 


(N- 2, pe 4) DU TERRAIN DU MACIGNO. 159 
glauconie, avec Le calcaire nummulitique et le calcaire néocomien. Du reste, nous 
espérons avoir des renseignements plus précis sur ces divisions par les géologues 
éclairés du pays. 

Les Nummulites et les Rudistes ayant une grande importance dans le terrain 
crétacé d'Italie, il importe de faire quelques observations à leur égard. 

On peut distinguer dans notre pays trois gisements de Nummulites : 1° les Num- 
mulites tertiaires du Vicentin, si toutefois elles continuent à rester à la place 
qu’elles ont occupée jusqu'ici ; 2° les Nummulites du macigno; 8° et celles du ter- 
rain hippuritique. On peut objecter, à priori, que leurs espèces doivent être dif- 
férentes dans ces trois gisements; mais il est désirable que, dans l'intérêt de la 
science, quelque habile paléontologue prenne la tâche de les classer, afin qu'elles 
puissent servir de jalons pour la distinction des dépôts qui les renferment (1). 

Quant aux Rudistes, M. d'Orbigny a fait connaître dans un travail remarquable 
les différentes zones qu'elles forment dans le terrain crétacé, et leurs gisements 
relatifs (2). Il affirme aussi qu'en Italie se trouve seulement sa troisième zone de 
ces fossiles, qu'il place dans la craie chloritée. Cette opinion est appuyée en par- 
tie sur un autre fait, c'est-à-dire qu’en ltalie les Rudistes sont presque toujours 
associées aux ÆActéonelles, et surtout à l'A. gigantea, espèce qui, selon le même 
savant paléontologue, accompagne sa troisième zone des Rudistes. Mais, d'un autre : 
côté, 1l ne faut pas croire que les autres zones manquent dans ce pays. Après tout 
ce que nous avons dit, on ne peut pas douter que le terrain néocomien ne soit très . 
développé dans le royaume de Naples, et j'y ai trouvé un grand nombre de Ru- 
distes, avec la Chama ammonia, et plusieurs Vérinées néocomiennes. Je ne pour-- 
rais pas indiquer ces espèces de Rudistes, d'autant moins qu'elles se trouvent 
empâtées dans la roche; mais leur gisement me fait supposer qu'elles doivent 
appartenir à la première zone de ces fossiles. Du reste, M. d'Orbigny aurait rendu 
son travail plus utile, s’il avait tàché de nous faire connaître les relations des 
Rudistes avec les Nummulites, parce que ces deux genres de fossiles jouent le 
plus grand rôle dans le terrain crétacé méditerranéen. 

En résumé, les faits que nous avons rapportés tendent à établir : 

1° Que la craie septentrionale se lie avec Le calcaire nummulitico-hippuritique 
du midi de l'Europe, mais jamais avec le macigno , qui est supérieur à ce calcaire; 

2° Que le calcaire nummulitico-hippuritique de l'Italie représente tout le cal- 
caire crétacé septentrional, et particulièrement le grès supérieur et inférieur, et 
seulement dans quelques localités la craie blanche. . 


(1) Ce travail nous est promis par M. Leymerie, qui, en l’exécutant , rendra sans doute un grand 
service à la géologie du midi de l’Europe. à 
(2) Considérations sur les Rudistes (Bull. de La soc. géol., t. XIII). 


160 POSITION GÉOLOGIQUE (N.2, p. 12.) 
3° Indépendance du terrain de Macigno. 


Si l’on admet que le calcaire nummulitico-hippuritique méditerranéen soit le 
représentant de toute la craie du N. de l’Europe , et que le macigno soit super- 
posé à ce calcaire, on doit admettre aussi que <e terrain forme un dépôt spécial 
tout-à-fait distinct du terrain crétacé. Cette distinction est basée sur tous les ca- 
ractères qui peuvent établir l'indépendance d’un terrain, sur les caractères miné- 
ralogiques, sur la superposition et sur les fossiles, comme nous allons le faire 
remarquer tout-à-l'heure. 

Le macigno de la Toscane et de la Ligurie, qui est le plus classique, n a aucune 
analogie minéralogique avec la craie du N.-0. de l'Europe. Les roches qui le com- 
posent ont des caractères tout particuliers. A cette différence on doit ajouter un 
autre accident très remarquable: c’est que le silex, qui pourrait être une substance 
presque inséparable de la craie inférieure septentrionale, manque entièrement dans 
le macignoitalien ; et, quoique cet accident puisse être considéré en général comme 
d’une faible valeur, il est d’un grand poids dans ce cas spécial. On n’y a pas trouvé 
non plus de ces grains verts qu'on rencontre fréquemment dans les grès crétacés 
du Nord, d'où ils tirent leur nom. 

Quant à la superposition, nous avons vu premièrement que le macigno doit être 
considéré comme supérieur à la craie blanche. En second lieu, nous avons fait 
observer que les différents étages du calcaire nummulitico-hippuritique, qui sont 
parallèles aux étages de la craie septentrionale, se lient insensiblement entre eux, 
ce qui prouve qu'ils furent déposés dans la même mer et avec les mêmes acci- 
dents; tandis que le macigno est toujours séparé de ces dépôts par une ligne bien 
marquée et par des circonstances topographiques diverses ; il ne se confond ja- 
Inais avec eux, ce qui prouve quil a été déposé dans une mer différente et dans 
des circonstances diverses. Enfin, si un des principaux caractères de l’indépen- 
dance d'une formation est sa superposition à des roches d’âges variés, cela se 
vérifie dans le macigno plus que dans aucun autre terrain, parce qu'on le voit 
superposé tantôt au calcaire nummulitico-hippuritique (Ligurie), tantôtau calcaire 
jurassique (Toscane), tantôt enfin à des roches cristallines (île d'Elbe). Et c’est une 
chose vraiment remarquable qu'en Toscane , où ce terrain est très développé, il 
ne se trouve jamais associé au calcaire nummulitico-hippuritique, tant il est indé- 
pendant de celui-ci. 

En dernier lieu viennent les fossiles pour confirmer la distinction établie. On 
n'a jamais trouvé, ni dans le macigno de Toscane, ni dans d’autres endroits, que 
je sache, aucun fossile appartenant au terrain crétacé du N.-0. de l'Europe. C’est 
une chose bien connue que les principaux débris organiques qui caractérisent ce 
terrain sont les Fucoïdes. Or ceux-ci manquent tout-à-fait dans le terrain crétacé 
septentrional, et, ce qui mérite d’être remarqué, ils manquent aussi dans le cal- 


(N-2, p.13.) DU TERRAIN DU MACIGNO. : 161 
caire nummulitico-hippuritique méridional. Les Rudistes, au contraire, qui sont 
très abondants dans ce dernier dépôt, peuvent être considérés comme entière- 
ment étrangers au premier, n’y ayant jamais été trouvés jusqu'ici. On doit en dire 
autant des Actéonelles qui accompagnent habituellement les Rudistes. M. d'Or- 
bigny a fait voir que cette dernière famille (en y comprenant les Cranies) occupe 
tous les étages du terrain crétacé de l’Europe. Si donc elle n’a aucune espèce qui la 
représente dans le macigno, il faut en conclure que ce dépôt n'appartient pas à 
l'âge crétacé. Peut-être pourrait-on citer les Nummulites qui sont communes au 
macigno et au calcaire qui lui est inférieur, et les Ammonites qu’on a retirées du 
macigno de Toscane et de la Ligurie; mais, sans tenir compte de l’extrême rareté 
de ces fossiles dans le macigno , peut-on affirmer que leurs espèces sont les mêmes 
. que celles qu'on rencontre dans le calcaire nummulitique? C’est ce que personne 
ne peut faire encore (1). 

On peut donc conclure : 

j° Que le macigno a des caractères minéralogiques différents de ceux de la 
craie; 

2 Qu'il est superposé au calcaire nummulitico-hippuritique dont la PER 
supérieure se lie à la craie blanche du N. de l'Europe ; 

3 Qu'il ne renferme aucun fossile de la craie septentrionale, mais qu'il contient 
des Fucoïdes qui manquent dans celle-ci aussi bien que dans le calcaire nummu- 
litico-hippuritique méridional. 

Tous les faits dont je viens de faire l'exposition me semblent prouver jusqu’à 
l'évidence que le terrain du macigno est tout-à-fait indépendant du terrain crétacé, 
et quil en peut être séparé par des caractères d’une plus grande valeur que ceux 
qui ont servi pour déterminer la distinction du terrain carbonifère du dévonien, 
et celui-ci du silurien. On doit le considérer comme le dernier dépôt secondaire, 
tenant sa place entre la craie et les terrains tertiaires. Pendant la période dans 
laquelle il s'est déposé il était arrivé un changement dans la nature des sédiments 
par rapport à ceux de la période antérieure (crétacée) ; les uns avaient été entière- 
ment calcaires, les autres en grande partie arénacés. Pendant la période du maci- 
gno la famille des Rudistes avait cessé de peupler les mers du midi de l'Europe, 
et, avec elles, étaient disparues aussi les Nérinées et presque la totalité des Actéo- 
nelles : seulement, quelques rares espèces de Nummulites et d'Ammonites avaient 
prolongé leur existence languissante pour s'éteindre à la fin de ces dépôts. Ces 
considérations m'autorisent donc à distinguer le macigno comme un terrain d'un 
âge particulier, et à lui assigner un nom spécial à cause du grand rôle qu'il joue 


(1) Les Nummulites du calcaire crétacé d'Italie sont ordinairement d’une grande taille, et elles 
ressemblent aux Nummulites de Peyrchorade , dans les Pyrénées, qu’on voit figurer dans les Élé- 
ments de géologie, par Lyell (Groupe crétacé). Les espèces que j'ai trouvées dans le Gargano , et 
celles que M. Pareto cite dans le calcaire de Mortola , dans la Ligurie, sont de cette sorte. Au con- 
traire , les Nummulites qu’on a trouvées jusqu'ici dans le macigno sont beaucoup plus petites. 


SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE, T. II. Mém. n. 2. 21 


162 POSITION GÉOLOGIQUE DU TERRAIN DU MACIGNO. -2,p.44) 
dans les sédiments de l'Europe méridionale; je propose de le nommer terrain hé- 
trurien, par le motif qu’il a été reconnu la première fois d'une manière classique 
dans le sol de Toscane. 

Je terminerai ces observations sur le macigno et sur le terrain crétacé 
d'Italie, en mettant en regard dans un tableau leurs divisions et celles de la 


craie septentrionale, et en représentant dans une figure leur position relative 
(pl. IV, fig. 6). 


ZONE SEPTENTRIONALE. ZONE MÉRIDIONALE. 
TERRAIN HÉTRURIEN. . . . . . . . MANQUE EC NEC É Joe 
| Macigno. 

Supérieur. . | Craie blanche . : . . . . . .| Peu distincte. Calcaire à ostrea vesi- 
cularis , catilles , belemnites mucro- 
natus , etc. 

TERRAIN CRÉTACÉ. . 
Grès vert supérieur. . . . . . Glauconie, et calcaire nummulitique. 

Inférieur: 1.) SGaul Le UE Manque, ou il est peu distinct. | 

| Grès vert inférieur. . . . . . Terrain néocomien. 


PET: 


NOUVELLES OBSERVATIONS 


SUR 


LE TERRAIN HÉTRURIEN. 


PAR L. PILLA. 


Dans le Mémoire précédent j'ai tâché de faire connaître la vraie posilion géo- 
logique du macigno , terrain qui occupe une place remarquable parmi les dépôts 
secondaires de l'Europe méridionale. Une étude spéciale et approfondie des 
caractères minéralogiques , de la superposition et des débris organiques de ce 
terrain, m'a amené à le regarder comme un système particulier, indépendant de 
la craie , à laquelle il est supérieur ; il m’a paru pour cela convenable de lui don- 
ner un nom particulier, et j'ai proposé celui de terrain hétrurien. M. Élie de Beau- 
mont, en appréciant les faits sur lesquels s’étayait mon opinion , me fit l'honneur 
de m'écrire qu'il regardait mon terrain hétrurien comme un système parallèle 
de ces terrains nummulitiques des Pyrénées et des Alpes, qui ont été dans ces 
derniers temps l’objet de grandes controverses parmi les géologues , dont quel- 
ques uns, et notamment M. Élie de Beaumont lui-même, les rapportent à la partie 
supérieure du terrain crétacé, et d’autres à la portion inférieure des terrains ter- 
tiaires. Cette manière de voir d’un géologue aussi éclairé était pour moi très satis- 
faisante , parce qu'elle tendait à rajeunir l'âge du macigno, ce qui s’accordait 
bien avec mes idées. MM. Dufrénoy et Leymerie, qui, avec leurs recherches, 
ont jeté une si vive lumière sur les terrains nummulitiques des Pyrénées, ont 
considéré de même la formation du macigno comme liée aux terrains de Biaritz 
et des Corbières. Tout en m’accordant sous ce rapport avec les géologues distin- 
gués que je viens de nommer, je m'écartais seulement un peu de leur opinion en 
regardant le macigno italien comme la partie inférieure de ces terrains, qui ont en 
même temps des caractères crétacés et tertiaires. Cependant, pour donner à mon 
opinion toute l'autorité des faits, il était nécessaire de trouver un endroit où le 
terrain nummulitique que l’on vient de signaler se trouvât en contact avec un dépôt 
de macigno bien caractérisé, et d'observer leurs relations. Cet avantage s’est pré- 
senté à moi d'une manière inattendue dans une excursion que je viens de faire dans 
l’Apennin qui sépare la Toscane de la Romagne ; et, pour comble de bonheur, 
j'ai trouvé le terrain nummulitique non seulement en contact avec le macigno, 

SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. II. Mém. n° à. 


164 NOUVELLES OBSERVATIONS RANSH PES) 
mais aussi avec le terrain tertiaire qu’on nomme communément en Italie moyen 
ou miocène. 

Comme les observations que je vais rapporter peuvent éclaircir complétement 
les doutes sur l’âge des terrains nummulitiques contestés de l'Europe méridio- 
nale, et comme elles peuvent aussi changer une opinion aujourd'hui presque 
généralement reçue en géologie, je demande la permission d'exposer les faits 
que j'ai observés dans l’ordre où ils se sont présentés. 

Lorsqu'on va de Florence à Arezzo, le chemin traverse une partie basse de 
l’Apennin, qui est composée de macigno bien caractérisé. Seulement, dans la 
belle vallée de Figline et Montevarchi, qui forme le val d’Arno supérieur, il y a 
le célèbre dépôt de sables ossifères, qui remplit un grand bassin de macigno. Je 
ne m'arrêterai pas à décrire ce dépôt, qui est si bien connu: il me suffit de dire 
en passant que je le regarde comme appartenant positivement à la partie supé- 
rieure du terrain subapennin. |: 

En allant d’Arezzo à Borgo S. Sepolcro, on passe de la vallée de l’Arno à celle 
du Tibre. Les montagnes qui séparent ces deux vallées, et sur lesquelles est 
tracée la grande route qui conduit dans la Romagne, sont entièrement composées 
de macigno. La vallée de Borgo S. Sepolcro est environnée de montagnes qui ont 
partout les formes caractéristiques du macigno; elles sont un prolongement des 
reliefs qui bordent la vallée pittoresque et sauvage du Casentino. Lorsque de Borgo 
S. Sepolcro on va à la Pieve S. Stefano , en remontant la vallée du Tibre près de 
sa source , on voit près de ce pays un massif allongé d'ophiolite, qui traverse le 
calcaire du macigno dans la direction N. 60° E. Le calcaire est bien caractérisé 
par ses fucoïdes habituels, et par les impressions nommées communément méan- 
drines. J'ai eu occasion d’y trouver aussi quelques petites articulations de cri- 
noïdes, et c’est la première fois qu'on a. rencontré de ces fossiles dans le maci- 
gno toscan. Les couches calcaires sont entièrement brisées et redressées contre le 
massif d’ophiolite, ce qui démontre évidemment que cette roche a été soulevée 
après le dépôt du calcaire du macigno ; mais en même temps on observe d'autres 
faits , qui semblent modifier la conséquence qu’on vient d’énoncer : car si, d'un 
côté, il y a des calcaires qui empâtent des fragments d'ophiolite, de l'autre, on 
voit des couches d’une espèce de grès ophiolitique alternant avec les marnes et le 
calcaire du macigno, comme le montre la fig. 1, pl. IV. Ces relations sont entiè- 
rement nouvelles pour l'Italie, car, d'après tout ce qui nous était connu jusqu à 
présent, on avait conclu que l'apparition de toutes les ophiolites de notre pénin- 
sule était d’un âge postérieur à celui du macigno ; mais les circonstances que je 
viens de faire connaître annoncent de deux choses l’une : ou que les ophiolites de 
Pieve S. Siefano étaient déjà formées avant le dépôt du macigno, et quelles 
furent ensuite soulevées à l’état solide après la formation de ce terrain , ou bien 
qu'il y a eu dans ce pays deux périodes d’éruptions ophiolitiques , l'une anté- 
rieure, l’autre postérieure au macigno. Peut-être plusieurs massifs ophiolitiques 


(AD D SUR LE TERRAIN HÉTRURIEN. 165 
de la Toscane et de la Ligurie se trouvent-ils dans le même cas que celui de la 
Pieve S. Stefano. On doit aussi remarquer que les ophiolites de la vallée du Tibre 
près de Borgo S. Sepolcro et la Pieve S. Stefano marquent en Toscane la limite la 
plus orientale des roches de cette nature. 

De Borgo S. Sepolero, en suivant la route de Romagne le long de la vallée du 
Tibre, on arrive à un endroit où un torrent nommé l’Æggia aboutit au Tibre, à la 
distance de presque 6 milles de Citta di Castello ( voyez la petite carte, pl. IV, 
fig. 2). Si on remonte ce torrent depuis sa jonction et que l’on continue jusqu’à la 
vallée de Borgo S. Sepolcro, en passant par Trevina, Paterno, Monte S. Maria, 
Monterchi et Villa, on traversera des montagnes qui offrent des accidents très 
importants par rapport au terrain hétrurien. Afin de rendre plus intelligibles les 
faits que je vais exposer, j'ai représenté dans une coupe la série des roches qu’on 
observe dans les montagnes que je viens de citer et leur gisement relatif (voyez. 
pl. IV, fig. 3). 

Les premières montagnes qu'on rencontre à la droite du torrent Aggia, près 
de sa jonction, sont composées d’un conglomérat qui est lui-même formé en grande 
partie de cailloux de différentes dimensions d'une molasse compacte, que plus 
tard nous aurons occasion de voir en place.Sur quelques points, du côté de la ferme 
de Cerreto, par exemple, ce conglomérat présente des traces de stratification avec: 
une direction N. 40° E. et une inclinaison de presque 20° au S..E. (a). 

Au-dessous du conglomérat on voit succéder des couches d’une molasse très 
friable, ou plutôt des sables agglomérés qui dans quelques endroits renferment : 
de gros fragments de lignite xyloïde (b). Après les conches de sables vien- 
nent des couches d’une marne bleuâtre qui, lorsqu'elle est exposée à l’air, se dé- 
lite facilement, et donne à la surface du sol une physionomie presque subapen- 
nine (c, €, c). Parmi ces couches marneuses on trouve intercalés des lits d’un 
lignite schisteux qui, lorsqu'il a été exposé à l’action de l'atmosphère, prend un 
aspect tourbeux ; mais il n’est pas rare d'y voir de petites couches de charbon 
compacte, noir, qui s’approche beaucoup de la houille de Monte Bamboli dans la 
maremme toscane (d, d). On voit ces couches tantôt à la surface des collines 
marneuses en décomposition, tantôt dans le fond des ravins ; leur épaisseur varie 
d'un demi-mètre à un mètre et demi. En général, elles sont peu inclinées, et leur 
inclinaison semble coïncider avec celle du conglomérat. Dans une couche marneuse 
qui formait le mur d’un bare de lignite j'ai trouvé beaucoup d'empreintes végé- 
tales se rapportant en grande partie à des plantes dicotylédones, telles que des 
feuilles de chêne , de hêtre , de saule, etc.; ces débris étaient mêlés avec d’au- 
tres de plantes palustres, et peut-être aussi avec de grands fucoïdes. La présence 
de ces corps suffisait pour indiquer que le dépôt qui les renfermait appartenait au 
terrain tertiaire miocène, auquel on doit aussi rapporter le conglomérat que nous 
avons décrit et qui en forme la partie supérieure. 

Sous le terrain marneux à lignites on voit succéder un terrain de nature un peu 


166 NOUVELLES OBSERVATIONS (N.5, p. 4.) 


différente; mais, à leur jonction, les couches de l’un se lient si intimement avec 
celles de l’autre, qu'il est impossible d'y observer aucune ligne de séparation. 
Qu'on imagine la marne devenir plus compacte, que parmi ses couches d’autres, 
d'une molasse solide, commencent à s’intercaler, et qu’enfin les couches de lignite 
manquent entièrement, on aura une idée complète de la nouvelle formation à la- 
quelle on passe insensiblement (e, f, e, f). Cependant ce que je viens de dire ne 
se rapporte qu'aux parties rapprochées des deux formations; mais si on s’avance 
du côté des parties plus anciennes de la formation inférieure, on observe de proche 
en proche des différences très remarquables. Il est nécessaire de suivre ces dif- 
férences de la formation qui nous occupe, depuis son contact avec les couches 
marneuses à lignites jusqu’à celles qui en sont les plus éloignées. 

Les premières couches de molasse et de marne compactes qui succèdent au- 
dessous aux marnes miocènes sont généralement minces et peu iaclinées. Dans 
quelques endroits, la molasse présente de petits nids et des veinules d’un char- 
bon noir qui ressemble beaucoup à celui que l’on trouve, quoique rarement, 
dans le vrai macigno de l’Apennin de Toscane {Pupiglio, Vernia, Lentula, etc.) ; 
ce charbon diffère de celui des marnes miocènes par sa nature aussi bien que par 
sa forme ; il a les caractères de la stipite, et il ne se trouve jamais en couches comme 
le lignite du terrain marneux, mais seulement en noyaux. À mesure que l'obser- 
vateur s'éloigne des limites de la formation marneuse, il voit les couches de mo- 
lasse qui succèdent s’épaissir, et la roche devenir plus compacte; on arrive ainsi 
à certains points où elle prend tout-à-fait l'apparence du macigno. Néanmoins 
l'alternance des couches marneuses grisâtres, l'absence du calcaire caractéristi- 
que du macigno (alberèse), et surtout le manque de Fucoïdes propres à cette roche, 
empêchent encore le géologue de confondre ce terrain avec le vrai macigno. Mais, 
en poursuivant les observations dans les montagnes environnantes, on arrive à 
voir des accidents qui jettent beaucoup d'incertitude dans l’esprit de l'observateur. 
Dans le ravin de Boteto, près de la ferme de Cerreto, on trouve dans la formation 
qui nous occupe des couches de calcaire pétri de petites Nummulites qui ont la 
forme et la grandeur de lentilles. En voyant cette roche dans un terrain qui déjà 

commençait à m'embarrasser, je me demandai : Ces Nummulites sont-elles les équi- 
valents des mêmes fossiles que l’on trouve dans le macigno de Mosciano, près de Flo- 
rence, ou bien de celles que l'on rencontre dans le calcaire contesté de Gassino en Piémont, 
de Comabbio en Lombardie, de Val Ronca dans le V'icentin, etc.? Pour résoudre cette 
question, il fallait continuer les recherches vers les points où cette formation 
douteuse s’approchait du macigno de Borgo S. Sepolcro. Ainsi, en gravissant les 
montagnes qui s'élèvent au-dessus du pays de Trevina, on remarque des accidents 
qui feraient rapprocher cette formation plutôt du macigno que d’un terrain ter- 
tiaire. En effet, aux couches de molasse solide et de marnes, on voit succéder des 
couches d’un calcaire marneux alternant avec d’autres composées de marnes fria- 
bles. La stratification du terrain se montre tout-à-fait redressée; elle suit une 


(N.5, p. 5) SUR LE TERRAIN HÉTRURIEN. 167 
direction N. 45° O. avec une constance qu'on observe seulement dans les terrains 
secondaires. Le sol s'élève en montagnes d’une considérable hauteur. En considé- 
rant les caractères minéralogiques des roches dont nous parlons, la forme, le 
relèvement, la direction constante de leurs couches, enfin le facies général des 
montagnes qu'elles forment, on serait absolument entraîné à les rapporter à la 
formation du macigno. Dans cette incertitude, je m’adressai au pays de Trevina. 
Quelle surprise ne dus-je pas éprouver en voyant des couches nombreuses 
et bien suivies de silex noirâtre subordonnées à la formation que je venais 
de parcourir? Alors il me semblait sortir de tout embarras : ce terrain ne pou- 
vait être certainement tertiaire , et je le rapportai décidément au macigno. En 
descendant du pays de Trevina du côté de la Chapelle, je rencontrai une autre : 
fois les couches de silex noirâtre qui étaient superposées les unes aux autres en 
si grand nombre qu'elles produisaient une sous-formation subordonnée à la 
grande formation calcaréo-marneuse dont elles suivaient la ligne générale de : 
stratification. La figure 4, planche IV, représente ces relations curieuses. 
Je pensais que les observations qui me restaient à faire achèveraient de me con- 
vaincre que je me trouvais dans un terrain de macigno ou dans quelque modifica- 
tion de celui-ci (1). Mais il en arriva tout autrement. Le calcaire, qui, dans les 
environs de Trevina, m'avait présenté tous les caractères de l’alberèse, commença : 
insensiblement à offrir des variations dans sa texture et dans sa forme. Je le vis 
se changer en un banc d’une grande épaisseur, qui formait la partie supérieure de 
la montagne et qui suivait la direction générale de la stratification N. 45° O. Ce : 
calcaire commença d’abord à se présenter composé de grandes plaques de forme 
lenticulaire et d’un demi-pied de diamètre : elles étaient agglutinées ensemble et 
disposées en plan parallèle. Cette structure, qu’on n’observe jamais dans le cal- 
caire du macigno, suffit pour appeler mon attention. Les plaques étaient compo- 
sées d’un calcaire gris sublamelleux et très solide. En suivant le prolongement du 
banc je voyais la roche se transformer graduellement en un calcaire nummuli- 
tique tout-à-fait semblable à celui du ravin de Roteto, que j'ai fait connaître précé- 
demment. Enfin, la roche, perdant peu à peu sa structure lenticulaire, se changeait 
en un calcaire grossier à surface tuberculeuse et caverneuse, ayant entièrement 
l'aspect d'un calcaire tertiaire. Pour comble de surprise, je vis ce calcaire se 
remplir de Zoophytes de formes tertiaires, avec lesquels on remarquait des frag- 
ments de Pecten, qui étaient aussi, à n’en pas douter, des espèces tertiaires. Alors 
je me trouvais dans un embarras précisément inverse du précédent; je passai, 
dans l’intervalle de quelques heures et en suivant un même banc calcaire, d’une 


(1) Je dis ainsi, parce que dans le vrai macigno on ne trouve presque jamais de silex stratifié, 
comme je l'ai fait remarquer dans mon Mémoire sur ce terrain. Cette circonstance m’indiquait une 
exception à la règle générale que j'avais établie , exception d'autant plus remarquable, queles couches 
de silex de Trevina ressemblent tout-à-fait à celles qu’on trouve dans les vrais terrains crétacés de 
l'Italie. 


168 NOUVELLES OBSERVATIONS (N:5,p. 6.) 
conviction à une autre. Les faits que j'avais précédemment observés m'avaient 
convaincu que le terrain de Trevina appartenait au macigno; les autres qui sui- 
virent m'engageaient à le rapprocher des terrains tertiaires. Il me restait seule- 
ment à savoir si le banc calcaire que j’examinais, se trouvant à la surface de la 
montagne, pouvait appartenir à quelque formation superposée au terrain du ma- 
cigno et indépendante de celui-ci. Mais, en descendant les flancs de la montagne, 
j'observai d’autres bancs calcaires tout-à-fait de la même nature, alternant avec les 
couches calcaréo-marneuses que j'avais rapportées au macigno (voyez la figure 5, 
pl. IV); j'observai ensuite en plusieurs autres endroits, et surtout au Monte S. Ma- 
ria, des bancs de la même nature évidemment subordonnés à la grande formation 
calcaréo-marneuse. On ne pouvait donc plus douter que les bancs de calcaires 
nummulitiques avec fossiles tertiaires ne fissent partie de ce terrain, qui, d’après 
ce que j'ai dit plus haut, m'avait présenté tous les caractères du macigno. 

Qu'était-ce donc que ce terrain énigmatique qui, d’un côté, présentait les roches, 
la stratification et toutes les formes caractéristiques du macigno, et, de l’autre, of- 
frait des couches d'aspect tertiaire, en même temps qu'il se liait avec le terrain 
miocène? Pour arriver à cette connaissance qui piquait vivement ma curiosité, il 
ne restait d'autre moyen que de suivre ce terrain jusqu'à sa liaison avec le ma- 
cigno bien caractérisé de la vallée de Borgo S. Sepolcro. Pour cela, il fallait tra- 
verser les montagnes qui, depuis le torrent de l’Aggia, se prolongent jusqu’à la 
vallée sus-mentionnée. Je fis cette excursion en passant par Trevina, Monte 
S. Maria, Monterchi et Villa (voyez la carte et la coupe n° 3, pl. IV). 

Les observations que j'eus occasion de faire en parcourant les montagnes indi- 
quées peuvent être présentées de la manière suivante : 

1° Le calcaire nummulitique dont j'ai parlé ne se trouve que dans les parties 
de la formation arénacéo-marneuse qui s’approchent de la formation miocène à 
lignites. 

> Les couches de la formation arénacéo-marneuse, en s’éloignant de la forma- 
tion miocène, passent d'une manière tout-à-fait insensible à la formation du macigno 
de la vallée de Borgo S. Sepolcro. Il est impossible de tracer aucune ligne de sé- 
paration entre ces deux séries de couches, qui forment un tout continu. 

En effet, lorsqu'on traverse les montagnes que je viens de nommer, et selon 
la direction indiquée, on laisse les dernières couches de calcaire nummulitique 
près du pays de Monte S. Maria, où elles sont subordonnées au terrain arénacéo- 
marneux. Puis on descend et on remonte des montagnes composées de couches 
de macigno, de marnes et de calcaire marneux entièrement semblables à celles 
qui renferment les couches nummulitiques. Elles sont brisées, relevées, et elles 
suivent toujours la direction N. 45° O. On arrive ainsi à Monterchi, puis au ha- 
meau de Villa, où l’on rejoint le chemin d’Arezzo à Borgo S. Sepolcro, qui, 
d'après ce que j'ai dit précédemment, est tracé sur des montagnes de vrai macigno 
à Fucoides. 


(N- 3: p.7.) SUR LE TERRAIN HÉTRURIEN. 169 

Comme il est très important de fixer ce point, que la formation arénacéo-mar- 
neuse avec couches nummulitiques renferme des roches qui ont tous les carac- 
tères minéralogiques du macigno , il ne sera pas sans intérêt d'ajouter que, dans 
plusieurs endroits, le grès de cette formation est taillé et travaillé pour les mêmes 
usages que le macigno le plus parfait de Fiesole, près de Florence, auquel il 
ressemble tellement qu'il est impossible de pouvoir le distinguer de celui-ci. 
Ainsi, dans le pays de Fratta dans la vallée du Tibre, à une petite distance du 
confluent du torrent Agoia, on a jeté sur l'Assina un très beau pont, dont 
les matériaux sont formés d’un macigno du terrain arénacéo-marneux, qui 
par sa couleur gris-bleuâtre, par l'homogénéité et la finesse de son grain, et 
par la manière avec laquelle il se prête aux travaux qui demandent le plus de 
précision , fait croire qu'il a été retiré de Fiesole. Les macignos qui sont em- 
ployés dans les bâtiments de Fratta ne diffèrent en aucune manière de ceux 
dont on fait usage dans la ville de Borgo S. Sepolcro. Cependant les uns pro- 
viennent des montagnes arénacéo-marneuses à couches nummulitiques ter- 
tiaires , les autres des montagnes de la même nature appartenant au macigno à 
Fucoïdes. 

Si je me suis arrêté un peu longuement sur l'exposition des faits qui précè- 
dent, c'est parce qu'ils m'ont paru d'une importance digne d'attirer l'attention 
des géologues. 

Si je ne me trompe, les circonstances géologiques que l'on observe dans les 
montagnes qui bordent la vallée supérieure du Tibre éclaircissent complétement 
la grande question des terrains nummulitiques douteux de l'Europe méridionale. 
Les géologues qui ont étudié Les dépôts de Biaritz et des Corbières dans les Pyré- 
nées, de Lauzanier dans les Alpes maritimes, de Gassino en Piémont, de Co- 
mabbio en Lombardie, de Ronca dans le Vicentin , peuvent déjà entrevoir toute 
l’analogie , je dirai même l'identité absolue qu'il y a entre ces terrains et celui 
que je viens de faire connaître. Il importe donc de discuter un peu la valeur des 
faits qui ont été observés dans ces différents endroits , en prenant pour point de 
départ le terrain nummulitique de la vallée du Tibre. 

Lorsque l’on considère tous les traits qui caractérisent le terrain arénacéo- 
marneux à couches nummulitiques de la vallée précédente , on peut y envisager 
les trois circonstances suivantes : 

1° Sa liaison à la partie supérieure avec le terrain miocène ; 

2° Les couches plus récentes, qui renferment les calcaires nummulitiques avec 
traces de fossiles tertiaires ; 

3° Les couches plus anciennes, qui se soudent insensiblement avec celles du 
macigno , caractérisées par les Fucoïdes propres à cette roche. 

À ces caractères, il faut ajouter que les roches num. 2 ressemblent par 
leur nature minéralogique à celles du macigno; que leur stratification est iden- 
tique avec celle qu'on observe dans cette dernière formation ; enfin qu'elles ren- 

SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. IL Mém. n° 3. 22 


170 NOUVELLES OBSERVATIONS (NSP 
ferment des couches de silex de la même forme que ceux que l'on trouve dans 
les terrains secondaires les plus récents. 

Cependant il serait possible que quelque géologue, partisan exclusif des carac- 
tères paléontologiques , s'appuyant exclusivement sur la nature des fossiles ter- 
tiaires contenus dans les roches calcaires nummulitiques , et sur l'absence de 
fossiles plus anciens dans les couches de notre terrain, se crüt autorisé à rap- 
porter ces couches aux terrains tertiaires, et particulièrement au terrain éocène. 
J'ai la plus grande confiance sur la valeur des caractères organiques en géologie ; 
mais on ne peut pas la pousser si loin que la considération de quelques fossiles 
puisse l’emporter sur l’ensemble de tous les autres caractères, tels que la com- 
position du terrain, la stratification, la forme, le passage, etc. Et même, sans sor- 
tir du domaine des caractères paléontologiques, on peut répondre que les cou- 
ches qui renferment les calcaires nummulitiques se nuancent graduellement avec 
celles qui renferment les Fucoïdes intricatus , Targioni , les Méandrines et les En- 
crines caractéristiques du macigno; de manière qu'il est absolument impossible 
de savoir où se terminent les premières couches et où commencent les autres. 

En définitif, ce terrain ne peut pas être considéré comme tertiaire, parce qu'il 
se joint avec le macigno à Fucoïdes ; il ne peut être non plus regardé comme le 
macigno , parce qu'il renferme des fossiles tertiaires, et qu’il se lie avec le terrain 
miocène. En conséquence , on a une démonstration complète qu'il est intermé- 
diaire entre ces deux séries de terrains. C’est en cela que je fais consister toute 
l'importance de mon observation. Le fait est incontestable. J'ai mis le soin le 
plus minutieux à le constater. 

Cela posé, on se demande naturellement à laquelle des deux séries, tertiaire 
ou du macigno , il faut lier ce terrain. La réponse à cette demande n’est pas diffi- 
cile. En effet, lorsque l’on considère : 

1° Que les roches dont il est composé s'identifient par leur nature minéralo- 
gique avec celle du macigno ; 

2 Que la forme de ses couches et la constance de leur direction rappellent 
tout-à-fait les couches du macigno prochain ; 

3° Que les lits nombreux de silex, qu’on y trouve subordonnés , indiquent des 
formes plutôt secondaires que tertiaires ; 

4 Enfin, que la liaison entre ce terrain et le macigno est plus inüme et plus 
nuancée qu'entre lui et le terrain miocène ; 

On doit, en bonne logique, conclure que tous ces caractères doivent prévaloir 
sur les espèces fossiles tertiaires que l’on trouve dans les calcaires nummuli- 
tiques. En conséquence , je crois très naturel de joindre ce terrain au macigno, 
et d'en former un étage particulier, qui constitue la partie supérieure de ce 
dernier. Jusqu'ici cet étage avait été reconnu d’une manière générale, mais on 
n'avait pas bien fixé sa place précise dans la série des terrains. De là les discus- 
sions continuelles sur les terrains nummulitiques avec fossiles récents, que 


(N:5, p:9.) SUR LE TERRAIN HÉTRURIEN. 171 
quelques géologues considéraient comme tertiaires et d’autres comme crétacés. 
Ils n'appartiennent exclusivement ni aux uns ni aux autres, mais à tous les deux 
ensemble , ou, pour parler plus exactement , ils constituent un étage particulier 
immédiatement supérieur au macigno. 

J'ai déjà fait connaître l’indépendance du macigno de la craie à laquelle il avait 
été jusqu'ici réuni. J'ai aussi insisté sur la nécessité de désigner ce terrain avec 
un nom particulier, et j'ai proposé celui de terrain hétrurien. Dans mes premières 
recherches, je croyais que ce terrain formait une série unique. Les recherches nou- 
velles auxquelles je viens me livrer m'ont donné pour résultat qu'il est divisible 
en deux étages bien caractérisés, dont un inférieur, qui est constitué par le maci- 
gno avec ses Fucoïdes ; l’autre supérieur, auquel se rapportent tous les terrains 
nummulitiques du midi de l’Europe, qui présentent un mélange de caractères 
tertiaires et secondaires (1). 

Dans la localité que je viens de faire connaître, les deux étages se trouvent 
réunis ensemble; de là l'avantage de voir leurs relations. Mais, dans le plus 
grand nombre de cas, on trouve ou l'étage inférieur ou le supérieur isolément ; 
dans cette dernière circonstance, comme il arrive très souvent que l'étage supé- 
rieur se lie avec les terrains tertiaires, it s'ensuit qu'on le confond avec ces 
terrains. 

Une des localités les plus intéressantes que je connaisse où le terrain hétru- 
rien supérieur se montre très développé, et où il est séparé de l'étage infé- 
rieur, C'est la province de l’Abruzze ultra-première dans la province de Naples. 
Dans un autre mémoire, j'ai eu occasion de mentionner la difficulté que j'avais 
éprouvée pour classer ce terrain lorsque je l’examinai (2). Il forme des monta- 
gnes très élévées qui s'appuient au Gran Sasso d'Italie, et qui par leur hauteur 
rivalisent avec cette montagne, la plus élevée de l'Italie continentale. Le Pizzo di 
Sivo, qui en est une des plus hautes sommités, atteint 8,000 pieds. Dans l’en- 
droit dont je parle, ce terrain est composé de couches alternantes de macigno 
et de marne solide, qui sont superposées au calcaire néocomien du Gran Sasso. 
Je ne pouvais pas le rapporter au macigno, parce qu'il manquait complétement 


(1) M. Leymerie a donné aux couches qui correspondent à cet étage le nom de terrain épicré- 
tacé. D’après les faits que je viens d'établir , il semble que ce nom ne soit plus convenable, 4° parce 
que les couches auxquelles M. Leymerie borne son nom font partie d’un terrain plus étendu : 
2° parce que son terrain épicrétacé n’est pas directement superposé à la craie, mais là où les séries 
sont complètes il y a le macigno interposé ; 3° parce que le nom d’épécrétacé a la même signification 
que celui de supracrétacé, avec lequel plusieurs géologues, M. de Labèche entre autres, qualifient le 
terrain tertiaire en général ; et comme dans le cas qui nous occupe il est essentiel d’éloigner toute 
réminiscence tertiaire, pour ne pas mettre de confusion dans les idées, il vaut mieux choisir un 
nom qui ne tienne à aucune fausse relation. D'ailleurs, le nom d’hétrurien réunit à l'avantage d’une 
signification indifférente celui d’une euphonie plus conforme aux principes de la nomenclature géo- 
logique actuelle. 

(2) Saggio comparativo de’ terreni che compongono il suolo d'Italia, $ UX, c. 


172 NOUVELLES OBSERVATIONS (N.5, p. 10.) 


de Fucoïdes, ni au terrain tertiaire moyen, parce que la forme de ses montagnes 
presque alpines empêchait de le rapporter à une époque aussi récente. Cepen- 
dant , comme il se trouvait lié avec un terrain miocène à lignites , je jugeai plus 
à propos de le réunir à ce dernier. Mais à présent que je me rappelle sa compo- 
sition, sa forme, son gisement tout-à-fait semblable à ce qu'on observe dans le 
terrain arénacéo - marneux de la vallée supérieure du Tibre, je n'hésite pas à le 
rapporter au terrain hétrurien supérieur. J’indique aussi cette localité comme 
très intéressante, parce qu'elle fait voir une transition bien évidente du terrain 
subapennin au terrain tertiaire miocène, et de celui-ci au terrain hétrurien 
supérieur. 

D'après tout ce qui précède, on voit que la question sur l’âge géologique des 
terrains nummulitiques des Pyrénées et des Alpes vient d'être complétement 
éclairée. Les terrains de Biaritz, des Corbières, de Gassino, de Comabbio, du 
Vicentin , sont les étages supérieurs du terrain hétrurien. Ces gisements ont pré- 
senté des caractères en partie tertiaires, en partie crétacés. Les premiers ont été 
considérés d’une plus grande valeur , parce que dans les localités qu'on vient de 
citer manquent les relations avec le terrain inférieur ou avec le macigno, rela- 
tions qu'on voit très bien dans la vallée supérieure du Tibre. De là il est résulté 
que leur âge , immédiatement antérieur aux terrains tertaires, est resté masqué ; 
de là toutes les controverses auxquelles ces circonstances ont donné lieu. Mais 
les faits exposés dans ce Mémoire mettent en plein jour la question en montrant 
que les terrains dont on parle ne sont pas vraiment tertiaires , mais qu'ils doivent 
être rapportés au terrain hétrurien supérieur. 

Quant au terrain nummulitique du Vicentin en particulier, j'avais aussi pen- 
ché jusqu'ici à le considérer comme appartenant au terrain tertiaire inférieur, en 
me fondant avec la plupart des géologues sur la prédominance qu'on y observe de 
coquilles fossiles tertiaires (1). Mais maintenant je commence à accorder un plus 
grand poids aux autres caractères organiques qui semblert exclure l’idée d'un 
âge tertiaire. On sait très bien qu'avec les espèces de coquilles tertiaires on en à 
trouvé dans le Vicentin quelques unes qui sont rapportées généralement à la craie, 
telles que la Gryphœa columba. Mais, sans tenir compte de cette espèce isolée, si on 
prend en considération les autres fossiles qui se rencontrent dans le même terrain, 
c'est-à-dire les poissons et les plantes du mont Bolca, on trouve que leurs carac- 
tères n’annoncent pas une période tertiaire. M. Agassiz d'une part, et M. Gæp- 
pert de l’autre, se sont accordés d’une manière remarquable en cela, que l’un a 
placé les poissons fossiles du Bolca et l’autre les plantes de la même localité dans 
une. division spéciale intermédiaire entre la craie et les terrains tertiaires (2). Il 


(1) Saggio cit., S INT, d. 
(2) Agassiz, Tableau général des poissons fossiles rangés par terrains ; Goeppert, £xposé som- 
maire du nombre des espèces de plantes fossiles (Comptes-rendus de l’Acad. des scienc. de Paris, 
t. XX, n° 12). 


5, p. {1 SUR LE TERRAIN HÉTRURIEN. . 173 


paraît donc que les naturalistes que je viens de nommer ont admis tacilement, 
chacun de son côté, un terrain spécial dans la constitution physique du mont 
Bolca, et qui n’était ni tertiaire ni crétacé. Mes observations viennent confirmer 
d'une manière aussi précise que remarquable cette vue des deux grands natura- 
listes cités, en montrant par une autre voie que celte espèce d’incompatibihité à l'é- 
gard des idées communément recues de nos jours esl réelle. La faune et la floré spé- 

ciale qui caractérisent le mont Bolca sont propres au terrain hétrurien supérieur. 

Cet accord de la géologie et de la paléontologie hétruriennes, et l’arrivée par trois 
voies différentes à une même conséquence, sont la’ plus grande preuve que l’on 
puisse avoir de la vérité d'un fait dans notre science. 

C’est une chose bien connue que, lorsque M. Brongniart fit connaître les fossiles 
tertiaires de la montagne des Diablerets, les géologues hésitèrent à considérer 
comme tertiaire ce dépôt, et depuis on a continué à le maintenir dans la craie, 
malgré les espèces décidément tertiaires qu’on y trouve, c'est-à-dire qu'un certain 
nombre d'espèces récentes dans le terrain hétrurien supérieur ne doit être jugé 
un caractère et une plus grande valeur que les accidents géologiques et strati- 
graphiques, surtout si à ces accidents se joint la présence de quelques espèces 
douteuses et abondantes, comme, dans notre question, les Nummulites et d’autres 
espèces positivement crétacées, comme la Gryphœæa columba “ Vicentin, le Pla- 
grostoma spinosa de Biaritz, etc. (1). 

Nous avons vu que le terrain hétrurien supérieur selieen Italie, d'une part avee 
le terrain hétrurien inférieur, de l’autre avec le terrain tertiaire miocène, quoique 
plus intimement avec le premier qu'avec le second. Quels sont donc les caractères 
qui peuvent le faire distinguer de l’un et de l’autre? L'examen de cette question 
exige quelque détail. 

Le terrain hétrurien supérieur ordinairement ne diffère pas beaucoup de l'in- 


(4) Je viens de recevoir la deuxième édition de l’Aperçu de la structure géologique des Alpes. 
par M. Studer. Dans la série des terrains crétacés alpins, ce géologue distingué indique au-dessus 
du calcaire néocomien et du gaulé : 1° le calcaire de Sewen; 2° le calcaire à nummulites; 3° le 
flysch ou macigno alpin. fl assure que dans l’étage du calcaire de Sewen on a trouvé l’Ananchites 
ovata , si commune dans la craie blanche. Si donc le macigno alpin est supérieur an calcaire de 
Sewen, on a aussi dans les Alpes une preuve décisive que le terrain hétrurien est supérieur à la 
craie blanche, ce qui confirme l'indépendance du premier du terrain crétacé. Il reste maintenant 
à définir dans les Alpes les deux étages du terrain hétrurien. M. Studer place le calcaire à nummu- 
Lites des Diablerets, avec Cérithes, Ampullaires et autres fossiles tertiaires, au-dessous du macigno, 
avec Fucoides intricatus, æqualis, Targioni. La même place relative est assignée par M. Sismonda 
au calcaire nummulitique de Lauzanier, qui est tout-à-fait identique avec celui des Diablerets. Cepen- 
dant mes observations, consignées dans ce mémoire, me portent à placer le calcaire nummulitique 
avec fossiles tertiaires dans la partie supérieure du macigno , et à en former le terrain Aéfrurien su- 
périeur. Je désire que mes respectables amis, que je viens de nommer, éclaircissent cette impor- 
tante question , pour décider positivement si les calcaires nummulitiques, avec fossiles tertiaires , 
sont placés inférieurement ou supérieurement au vrai macigno. 


174 NOUVELLES OBSERVATIONS (N.5, p. 12.) 
férieur, quant à sa composition minéralogique. J'ai dit dans quel embarras m’a- 
aient placé les roches de la vallée supérieure du Tibre, qui ressemblent entière- 
ment à celles du macigno. Cependant il y a toujours quelques nuances qu'il est 
impossible d’exprimer, mais qui ne se laissent pas moins saisir par un œil exercé ; 
cette nuance tient surtout au degré de solidité du macigno, qui est généralement 
moindre dans celui du terrain hétrurien supérieur; on la reconnaît aussi dans la 
qualité du calcaire, qui, dans le terrain hétrurien inférieur, a ce caractère particu- 
lier qui lui a fait donner le nom d’alberèse. Mais ces différences ne sont recon- 
naissables que dans les limites de certaines régions Dans des localités éloignées, 
elles ne présentent plus aucun caractère auquel on puisse se fier. On en doit dire 
autant des accidents stratigraphiques qui, généralement, se confondent avec ceux 
du terrain hétrurien inférieur; mais il est toujours vrai que la stratification du 
terrain hétrurien supérieur, par son allure, par son redressement et par sa con- 
stante direction, a une empreinte plutôt secondaire que tertiaire. C’est pour cela 
que le terrain de cette nature des Abruzzes a été pendant un certain temps 
confondu avec le quadersandstein, que celui des Corbières a été aussi considéré 
comme alpin ou jurassique (1). 

Mais les caractères principaux à l’aide desquels on peut distinguer le terrain 
hétrurien inférieur du supérieur sont les débris organiques. Les fossiles qui ca- 
ractérisent le macigno sont les Fucoïdes, surtout les F. Targioni, F. intricatus, qui 
manquent tout-à-fait dans le terrain hétrurien supérieur, lorsqu'il est séparé du 
terrain inférieur, comme dans les Abruzzes. Je dis ceci, parce que cette différence 
est peu appréciable lorsque les deux terrains sont en contact, comme dans la vailée 
supérieure du Tibre; on peut la reconnaître dans les parties extrêmes et opposées 
des deux étages; mais, dans les points où ils sont en connexion, la présence ou 
l'absence des Fucoïdes du macigno ne suffit pas pour distinguer les deux terrains. 
Quoi qu'il en soit, ces fossiles sont les plus constants et les plus caractéristiques 
du terrain hétrurien inférieur. 

Les fossiles qui caractérisent le mieux et le plus généralement le terrain hétru- 
rien supérieur sont les Nummulites mélées avec quelques espèces de coquilles tertiaires. 
Il est vrai que dans le macigno on trouve rarement des Nummulites, mais elles 
ne sont jamais accompagnées de coquilles tertiaires. Cette différence est jusqu'à 
ce moment essentielle pour distinguer les couches nummulitiques qui se rappor- 
tent au macigno de celles qui appartiennent au terrain hétrurien supérieur. Mal- 
heureusement les Nummulites sont Les espèces fossiles qui ont été le plus négligées 
par les paléontologues; la détermination de leurs espèces offre un champ tout-à- 
fait nouveau, et de cette détermination dépend la connaissance précise des terrains 
secondaires plus récents du midi de l’Europe. IL est possible que les espèces de 
Nummulites du terrain hétrurien inférieur diffèrent de celles du supérieur. En 


(4) Bull. de la soc. géol. de France, t. II, 2° sér., p. 45. 


(N- 5, p. 45.) SUR LE TERRAIN HÉTRURIEN. 175 
attendant que ce point de la science soit éclairci, nous pouvons établir en principe 
que les Vummulites mélées avec quelques fossiles tertiaires, et combinées avec des acci- 
dents géologiques et stratigraphiques secondaires, sont les caractères lesplus généraux 
et les plus distinctifs du terrain hétrurien supérieur. On ne prétend pas dire que 
la présence des Nummulites soit une condition indispensable pour la détermina- 
tion du terrain hétrurien supérieur, parce qu'elles peuvent manquer, et, en effet, 
elles manquent dans les Abruzzes: alors on peut reconnaître ce terrain par ses 
caractères minéralogiques, par sa liaison avec le terrain miocène ou avec le ma- 
cigno, etc. Mais, en général, les Nummulites, accompagnées des circonstances 
énoncées, sont le meilleur moyen d’épreuve pour reconnaître le terrain hétrurien 
supérieur. Dans quelques localités on peut retrouver en association avec les Num- 
mulites d’autres espèces organiques particulières ; de ce nombre seraient les cé- 
lèbres poissons fossiles du Bolca et les empreintes des végétaux qui les accom- 
pagnent. Ces restes organiques , quoique appartenant au terrain hétrurien supé- 
rieur, ne doivent pas être considérés comme caractéristiques , parce qu'ils sont 
limités seulement à des régions particulières. 

Voyons maintenant les traits caractéristiques du terrain tertiaire moyen, et qui 
le distinguent du terrain hétrurien supérieur. Cette distinction est nécessaire 
pour ce que nous allons dire tout-à-l'heure. Ces caractères peuvent se réduire aux 
trois suivants : 

1° Les couches qui prédominent en Italie dans les terrains miocènes sont des 
marnes compactes d'une couleur grisâtre et stratifiées. Lorsque ces roches se dé- 
litent à l'air, elles donnent au terrain une physionomie presque subapennine. 
Avec les marnes il y a souvent des poudingues ou gompholites d'une nature va- 
riable selon les localités. En Toscane, par exemple, ces gompholites sont ophio- 
litiques; en Calabre, elles sont granitiques, etc. Il ÿ à enfin des couches d’un 
calcaire compacte argileux, avec coquilles ou empreintes de végétaux; mais ces 
couches sont plus rares, etelles doivent être considérées comme accidentelles par 
rapport aux autres qu on vient de nommer. 

2° Le terrain miocène renferme presque toujours des couches de lignite schis- 
teux intercalées dans les marnes. Le nombre, l'épaisseur et la nature de ces cou- 
ches varient selon les localités. C'est dans ce terrain qu’on trouve en Italie les 
principaux dépôts de combustibles fossiles qui sont exploités ou qui peuvent l'être. 
Par rapport à la qualité de ces combustibies, on doit remarquer que généralement 
ils ont tous les caractères des lignites. Mais quelquefois, par des circonstances 
particulières, ils ont pu être transformés en vraie houille collante, semblable à 
celle que l’on trouve dans les terrains houillers : telle est la houille de Monte 
Bamboli en Toscane, dont on a tant parlé en Italie dans ces dernières années. 
Comme le sol de la Maremme toscane a été travaillé à des époques récentes 
par de puissantes actions plutoniques, dont on voit les restes dans les fameux 
lagon du Volterran, il est facile de concevoir que ces actions ont dù contribuer 


176 NOUVELLES OBSERVATIONS (N:5, p.14.) 
à changer en houille les amas végétaux ensevelis dans le terrain miocène (1). 

3 Les fossiles plus généraux qui caractérisent le terrain miocène sont les em- 
preintes de végétaux. Le plus grand nombre sont des feuilles de plantes dicotylé- 
dones, comme de chênes, hêtres, saules, etc. (2); avec ces empreintes on en trouve 
d’autres plus rares, mais non moins caractéristiques, de palmiers qui se rappor- 
tent au genre Flabellaria ; il n’est pas rare de voir ces débris de plantes terrestres 
mélés avec des Fucoïdes et avec d’autres plantes marines. Les empreintes végé- 
tales sont aussi accompagnées par des fossiles animaux, surtout par des coquilles 
d'eau douce et marines, et par des débris de mammifères. 

Lorsque l'on Compare ces caractères avec ceux du terrain hétrurien supérieur, 
il est très facile de voir leurs différences. Cependant, comme ces deux terrains sont 
quelquefois intimement liés ensemble, il arrive ordinairement qu’on les confond ; 
et, en effet, ils ont été jusqu'ici méconnus en Italie. Cette confusion, outre qu'elle 
n'est pas exacte dans la science, peut être aussi la source de méprises très pré- 
judiciables à l’industrie. La raison en est facile : lorsqu'on va à la recherche des 
couches de charbon renfermées dans le terrain miocène, on peut pousser le son- 
dage jusqu’à ce qu’on soit dans les vraies couches de ce terrain ; maïs si on passe 
au terrain hétrurien supérieur, on doit s'arrêter, parce qu'il n’y a plus d'espoir 
de trouver du charbon, et toute recherche faite dans une telle vue serait tout-à- 
fait inutile. 

Les distinctions que l'on vient de faire donnent lieu à une autre question. Si 
le terrain hétrurien supérieur n’est pas le terrain tertiaire éocène, comme on a 
pensé mal à propos jusqu'ici, et s’il se lie en Italie avec le terrain nommé com- 
munément {erhiaire moyen ou miocène, dans quelle série faut-il envisager le terrain 
tertiaire inférieur ou éocène? 

La réponse à cette demande est un peu embarrassante. En me bornant toujours 
au sol de l'Italie, je trouve que dans celui-ci on ne peut distinguer que deux sé- 
ries générales de terrains tertiaires: un supérieur, connu généralement sous le 
nom de terrain subapennin, l’autre inférieur, nommé moyen ou miocène. Je ne con- 


(1) Une analyse de la houille de Monte Bamboli, faite par MM. Piria et Matteucci, a donné les 
produits suivants : 


Charbons rl Ce CORNE SE PTE 70,11 
Hydrogène: fil 22, NS SLR RE 5,95 
AZOLONS LR ANA CUSTOM MOULE MIN TS RENE 2,68 
Oxygène, EE SN OEM ONE ERA MR ONE AR RE 11,44 
BYETÉSR AMEN LE CETTE ARRET NERO ER PP ROUE A5 
Soufre non à l’état de pyrite. 0. 2,3h 
Matières terreuses. . . . s RÉMENNE 5,71 


( Miscellanæ di chimica, fisica e storia naturale, ann. 1, n° 4 et 2.) 


(2) Peut-être que parmi ces végétaux on peut distinguer aussi le phyllites cinnamomeïifolia, si 
commun dans les terrains miocènes de la Provence. 


CN-5,p. 15.) SUR LE TERRAIN HÉTRURIEN 177 
nais dans ce moment aucun terrain de notre pays auquel puisse s'appliquer la 
distinction de tertiaire inférieur ou éocène. Il est vrai que presque tous les géologues 
ont rapporté à ce terrain celui du Vicentin; mais M. Élie de Beaumont s'est juste- 
ment et depuis longtemps opposé à cette détermination, en montrant que j’en- 
semble de ces caractères géologiques devait le faire appartenir au terrain crétacé. 
Les observations qui sont consignées dans ce Mémoire viennent justifier pleine- 
ment cette manière de voir du célèbre géologue, si ce n’est qu'il faut la modifier 
un peu en rapportant le terrain en question à l'étage supérieur du nouveau sys- 
tème auquel j'ai donné le nom d’hétrurien. I semble donc qu'en Italie il n’y a pas 
un terrain tertiaire éocène, et, à ce que je puis juger, il n’y en aura pas non plus 
dans toute la zone méridionale de l'Europe à laquelle mes recherches peuvent 
s'étendre. Peut-être aussi que, lorsqu'on fera une comparaison plus exacte entre 
les terrains tertiaires. du N. de l'Europe et ceux du midi, on aura occasion d'é- 
tendre aux premiers les conclusions qui se rapportent aux seconds. Il ny 
aura probablement que deux grandes séries générales de terrains tertiaires, l’une 
supérieure marine, l’autre inférieure mixte, c’est-à-dire marine et d'eau douce. 
Plusieurs géologues, parmi lesquels se trouve M. Boué, ont soutenu la même 
opinion. Mais je dois borner ici ces considérations, que je soumets avec réserve 
et en passant, au jugement des grands géologues du N. de l'Europe. 

Si les faits que je viens d'exposer dans ce Mémoire ont le bonheur d'être véri- 
fiés par d’autres observateurs , il en résultera non seulement qu'il faut distinguer 
un nouveau terrain intermédiaire entre la craie et les terrains tertiaires, mais 
aussi qu'il est nécessaire de modifier une idée presque généralement reçue en 
géologie. La conséquence dernière à laquelle je fais allusion est si naturelle, 
qu'elle peut être déjà prévue sans que je m'arrête à l'indiquer. Le plus grand 
nombre des géologues sont d'opinion qu'entre la craie et les terrains tertiaires il 
ÿ à une grande interruption, un hiatus très frappant, qui sépare les dernières 
couches secondaires des plus anciennes tertiaires. Cet hiatus est aussi considéré 
comme le plus tranché et le plus général qu'on observe dans la série des terrains 
stratifiés. Néanmoins on a parlé de temps en temps de quelques exceptions à cette 
loi généralement reçue ; on a assuré que dans quelques endroits on voyaitune liai- 
son intime entre les couches crétacéeset les couches tertiaires Ces assertionsn'ont 
jamais été appréciées ; au contraire, en s’attachant à démontrer leur insuffisance, 
plusieurs géologues ont cru y voir une nouvelle confirmation de la règle établie. 
Cependant l'opinion qui tendait à modifier cette règle devait s'appuyer sur quel- 
ques faits, ou du moins sur quelques apparences observées ; il importe aussi de 
remarquer que le plus grand nombre de faits qu'on citait en faveur de cette opi- 
nion étaient pris dans le midi de l'Europe, c'est-à-dire dans les Pyrénées, dans 
les Alpes et dans l’Apennin. Les géologues du nord de l'Europe, qui, depuis le 
commencement de ce siècle, ont exercé une influence marquée sur la science, 
ont pensé devoir généraliser le fait de la séparation de la craie des terrains ter- 

SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. IL Mém. n°3: 23 


178 NOUVELLES OBSER VATIONS PEN) 

tiaires, parce que c'est ainsi qu'on observe à Paris, à Londres, etc. Mais il est 
très possible que ce qu’on croyait un phénomène général soit un accident relatif 
seulement à certaines régions. Il semble que la grande interruption dont on parle 
n'ait pas toujours été vérifiée dans les régions méridionales de l'Europe. Il est 
inutile de rappeler ici les grandes questions sur les dépôts de Gosau, du Kres- 
semberg, de Biaritz, de Gap, du midi de la Sicile, etc. , questions qui se lient 
intimement à celle des terrains nummulitiques des Alpes et des Pyrénées. IL me 
suffit de remarquer que les paléontologues les plus attachés à leurs principes 
commencent déjà un peu à céder, en déclarant que, parmi les fossiles tertiaires 
que renferment les calcaires nummulitiques du midi de l’Europe, on trouve 
quelques espèces décidément crétacées (1). On doit être bien content de cet aveu 
de leur part, puisqu'il annonce déjà une concession aux principes établis par eux- 
mêmes. Qu'on ajoute à cette circonstance d’un mélange de fossiles tertiaires et 
crétacés tout le poids des caractères géologiques ou de superposition , et il ne 
sera pas difficile de voir de quel côté va pencher la balance dans la question qui 
nous occupe. Ce que je puis affirmer avec la plus grande certitude, c’est que dans la 
localité que j'ai tout récemment examinée,il ne m'a pas été possible de voir une ligne 
distincte de séparation entre les couches qui renferment les calcaires à Nummulites 
et à fossiles tertiaires, etcelles qui contiennent les Fucoides intricatus, Targioni, etc., 
si ce n’est que les unes forment la partie supérieure, et les secondes l’inférieure 
d'un grand système de couches continues. Ce fait, et les autres du même genre 
qui étaient déjà connus, semblent établir que parmi les terrains secondaires et 
tertiaires il n'y a pas toujours cette grande interruption sur laquelle on a tant 
insisté jusqu'à nos jours ; en jugeant aussi à priori, cette interruption générale 
serait une vraie anomalie dans la structure physique du globe , parce que partout 
où on voit des hiatus dans la série des terrains stratifiés, ils sont bornés seule- 
ment à certaines portions de la surface terrestre; il n'y en a aucun qui soit 
général, du moins dans toute la surface de l'Europe, si ce n’est celui qu'on pré- 
tend exister entre la craie et les terrains tertiaires. Mais, après tout ce qu'on 
vient de dire, on peut se douter, je dirai même on peut se persuader que la grande 
ligne de séparation dont nous parlons est bornée seulement au nord de l'Europe. 
Elle peut être considérée comme tout-à-fait accidentelle à cette partie de notre 
continent ; elle a pu être produite ou par la suppression du dépôt hétrurien entre 
la formation de la craie et celle des terrains tertiaires, ou bien parce que ce dépôt 
s’y montre avorté. Il est possible que dans ce dernier cas se trouve le terrain paso- 
litique des environs de Paris , que M. Élie de Beaumont se refuse à admettre parmi 
les terrains tertiaires, maloré la présence des fossiles appartenant à ces terrains ; 
peut-être doit-il être considéré comme équivalent du terrain hétrurien supérieur, 
avec celte circonstance qu'il est peu développé. Ainsi, nous sommes autorisé à 


(4) Bull. de la Soc. géol., 2° série, t. 1, DAS 


CN: 5. p.17.) SUR LE TERRAIN HÉTRURIEN. 179 
croire qu'entre les terrains tertiaires et secondaires il arrive la même chose 
qu'entre ceux-ci et les primaires, c'est-à-dire que dans les limites supérieures 
des uns et des autres il y a des lignes de démarcation ; mais celles-ci sont placées 
à des niveaux variables selon les localités différentes, ou bien elles manquent 
tout-à-fait. Ainsi , pour ce qui regarde les terrains primaires , on observe dans le 
nord de l'Angleterre une discordance entre les roches dévoniennes et les silu- 
riennes : cette interruption paraît dans le sud du même pays entre les dépôts 
“houillers et les couches du nouveau grès rouge ; au contraire, en Thuringe et en 
Russie , il y a une succession régulière de couches depuis celles dévoniennes jus-- 
qu'à celles du grès rouge. De même, par rapport aux terrains secondaires, on re- 
marque à Paris et à Londres une grande ligne de démarcation entre la craie et le 
terrain tertiaire éocène. À Biaritz et dans la partie occidentale des Pyrénées, on 
voit cette séparation entre les couches nummulitiques avec fossiles tertiaires et 
. Les couches éocènes, de manière qu'il y a une plus grande discordance entre ces 
deux séries qu'entre les premières et les couches crétacées (1). Dans la vallée 
supérieure du Tibre on voit un système continu de couches depuis le macigno jus- 
qu’au terrain miocène. Si pour démêler ces différences on a recours exclusivement 
aux fossiles, il est facile de montrer qu'ils ne peuvent nous apporter de secours que 
jusqu’à un certain point, puisqu'ils ne suffisent même pas à déterminer avec exac- 
titude la discordance entre la craie et les terrains tertiaires qu'on croit la plus frap- 
pante. Il faut donc examiner avec critique ces variations dans les séries des ter- 
rains , en s’aidant des caractères de gisement aussi bien que de ceux des fossiles. 

Pour conclure, et malgré tout ce qu’on a affirmé récemment de contraire, nous 
demeurons convaincu que dans les dépôts successifs des terrains stratifiés il n’est 
jamais arrivé une grande et générale interruption dans toute la surface de la 
terre qui ait suspendu partout l'ordre de choses précédent pour donner lieu, 
après un grand laps de temps, à un autre ordre de choses différent. Il y a eu seu- 
lement des interruptions partielles, variables et bornées à certaines étendues du 
sol où les actions qui ont produit ces changements se sont propagées. Cette con- 
clusion est confirmée chaque jour par l'expérience On peut dire même que sous 
ce rapport la pratique se trouve en parfait accord avec la théorie. En effet, Le cé- 
lèbre auteur des Recherches sur les soulèvements des montagnes a démontré depuis 
longtemps que les lignes de démarcation et de discordance qu'on observe dans les 
séries des terrains sont les conséquences naturelles des mouvements du sol qui 
ont été produits par les ridements successifs de [a surface terrestre, mouvements 
qui ont interrompu la formation des couches précédentes, en même temps qu'ils 
ont privé de vie les organismes qui préexistaient ; en sorte que ces deux ordres de 
phénomènes ont subi un grand changement lors de leur retour en action. Or, tous 
les faits nous démontrent que les fractures du sol qui ont donné naissance aux 


(4) Bull. de la Soc. géol., 2° série, t. II, p. 271. 


150 , NOUVELLES OBSERVATIONS GET, 
rides montueuses ont été bornées dans certaines limites de la surface terrestre ; 
en conséquence, les effets qu’elles ont produits sur la formation successive des cou- 
ches ont dû s'étendre aussi à une portion circonscrite du sol où le mouvement a 
fait ressentir son action. Ainsi il a dü arriver que, pendant qu'une révolution de 
cette nature changeait l’état des choses dans une certaine étendue de la surface ter- 
restre, dans une autre portion, où le mouvement ne s’étendit pas, les choses con- 
tinuèrent à se succéder dans la même forme que précédemment ou avec quelques 
faibles variations. Tout donc nous conduit à penser que dans l'édifice du globe il n’y 
a aucune ligne générale de démarcation; au contraire, l'observation nous démontre 
que les discontinuités des couches terrestres sont placées à des niveaux variables par 
l'effet des époques différentes dans lesquelles arrivèrent les convulsions du sol et 
par l'étendue circonserite de leurs actions. En conséquence, le grand hiatus qu'on 
prétend exister entre les terrains secondaires et tertiaires ne peut pas se soutenir 
en théorie; il n’est non plus confirmé par l'observation ; il doit rentrer dans le 
cas de toutes les autres interruptions qu’on observe dans la structure de l'écorce 
terrestre. 

Je ne peux pas achever ce Mémoire sans rendre justice aux savants géologues 
qui, avec leurs observations, ont préparé les matériaux pour la distinction du ter- 
rain hétrurien. Je dois nommer en première ligne MM. Élie de Beaumont et Dufré- 
noy. On sait que le premier à toujours protesté contre toute opinion qui tendait à 
assimiler aux terrains tertiaires les gisements nummulitiques de Biaritz, des Cor- 
bières, des Diablerets, du Kressemberg, du Vicentin, etc. (1). [la donné une preuve 
de sa sagacité ordinaire en apercevant une différence dans des terrains que tous 
les caractères principaux paraissaient qualifier comme tertiaires. M. Dufrénoy 
a contribué beaucoup à appuyer la même opinion, en faisant ressortir les caractères 
secondaires des terrains nummulitiques des Pyrénées, malgré la présence d'un 
grand nombre de fossiles tertiaires (2). Son exemple a été suivi avec beaucoup de 
succès par M. Leymerie, qui a continué à illustrer les mêmes terrains, en rappe- 
lant l'attention des géologues sur leurs caractères, qui indiquent un âge plus an- 
cien que tertiaire (3). Nous avons déjà vu que MM. Agassiz et Goeppert sont par- 
venus par leurs travaux à placer la faune et la flore du Vicentin dans une série in - 
termédiaire entre la craie etles terrains tertiaires. Ces idées ne sont pas restées sans 
faveur en Italie. MM. de Collegno et Sismonda ont insisté beaucoup pour faire rap- 
porter aux terrains crétacés les roches nummulitiques de Gassino, de Comabbio, 
du Vicentin, qui ont été considérées généralement comme tertiaires. C’est une chose 
bien remarquable que la dispute qui s’est élevée dans ces derniers temps parmi les 


(1) Voyez sa note dans le Précis élémentaire de géologie, par M. d'Omalius d’Halloy, art, Zerrain 
tritonien. 

(2) Mémoire sur les caractères particuliers que présente Le terrain de craie dans le sud de la 
France, $ 13, 26, 27. 

(3) Bull. de la Soc. géol., 2° série, t. IT, p. 11. 


(N:5, p. 19) _ SUR LE TERRAIN HÉTRURIEN. 181 
séologues pour la classification des terrains ci-nommés; ceux qui tiennent: aux 
anciennes idées sont restés fermes dans le champ de la discussion, pour ne pas dé- 
roger aux principes qu'on croit bien établis dans la science. Mais la géologie n’est 
pas stationnaire; parmi les sciences naturelles, c’est celle qui fait le plus de pro- 
grès, et elle en a bien le droit, parce qu'elle est la plus jeune de toutes. Dans cette 
importante discussion, je dois avouer que je penchais pour l'opinion générale, qui 
rapportait aux terrains tertiaires les roches nummulitiques des Pyrénées et des 
Alpes. Lorsque je m'occupai de la détermination de l’âge du macigno, et que je fis 
ressortir son indépendance du terrain crétacé, j'envisageai la question seulement 
par rapport à ce terrain; je ne songeai pas à y lier aussi les séries nummulitiques 
dont l’âge donnait lieu à tant de controverses. Aïnsi ce ne fut pas sans quelque 
surprise que je vis émettre par M. Élie de Beaumont l'opinion que mon terrain hé- 
trurien pouvait être un système parallèle des terrains nummulitiques en question. 
Je trouvais bien quelque analogie entre les deux séries, mais je ne pouvais pas 
me décider à voir entre elles une parfaite analogie. L’excursion que je viens de 
faire dans la vallée du Tibre m'a fourni l’heureuse occasion d'éclairer tous ces 
doutes en me montrant d’une manière incontestable que les terrains nummuliti- 
ques de l’Apennin, avec apparences tertiaires, forment un étage supérieur du 
terrain hétrurien. Ainsi ce terrain a reçu une sanction nouvelle, et, je crois, bien 
solide. Je ne croyais pas le confirmer par cette voie inattendue. 

Les notices que j'ai fournies jusqu'ici sur le terrain hétrurien et sur ses divi- 
sions suffisent pour donner une idée générale de ses caractères et de la place 
qu'il doit occuper dans la série des terrains stratifiés. Mais il est nécessaire de 
donner de plus amples développements sur le même sujet, ce que je me propose 
de faire après avoir recueilli un: plus grand nombre de faits par rapport à. 
ce terrain. 


CONCLUSIONS. 


Les matières qui font le sujet de ce Mémoire peuvent être résumées de la 
manière suivante : 

1° La distinction du terrain héfrurien, ou de l'indépendance du macigno en 
Italie, a donné l’occasion d’y rattacher les terrains nummulitiques des Pyrénées 
et des Alpes qui présentent les caractères crétacés et tertiaires. 

2° Cette opinion a été confirmée, d’une manière aussi précise qu'évidente, 
dans les montagnes de la vallée supérieure du Tibre. 

3° On observe dans ces montagnes de haut en bas: 1° un conglomérat; 2° une 
formation miocène à lignites ; 3° une formation arénacéo-marneuse , avec couches 
nummulitiques, qui renferment des fossiles tertiaires ; 4° le macigno à Fucoïdes. 

4° Le conglomérat tient au terrain miocène. Celui-ci, distingué par les cou- 
ches de lignite et par ses fossiles végétaux, passe inférieurement au terrain aré- 
nacéo-marneux. 


132 NOUVELLES OBSERVATIONS (Sn 

5° Le terrain arénacéo-marneux renferme les couches nummulitiques , avec 
fossiles tertiaires, près de son contact avec le terrain miocène; mais en s’éloi- 
onant de celui-ci, il offre tout-à-fait la composition minéralogique du macigno 
aussi bien qu'une stratification analogue à celle de ce terrain; il renferme des 
couches nombreuses et suivies de silex ; enfin, il se nuance insensiblement avec 
le macigno caractérisé par ses Fucoïdes. 

6° Le terrain arénacéo-marneux se lie, d’un côté, avec le terrain miocène, 
de l’autre avec le macigno; mais par ses caractères il se montre lié plus intime- 
ment avec ce dernier qu'avec l’autre. 

7° Le terrain susdit forme la partie supérieure du macigno. Comme on a dis- 
tingué ce dernier terrain de la craie à laquelle il est supérieur , et comme on lui 
a donné le nom spécial de terrain hétrurien , il faut diviser celui-ci en deux étages, 
l'un inférieur , l'autre supérieur. Ainsi considéré, le terrain hétrurien est un vé- 
ritable intermédiaire entre la craie et les terrains tertiaires. 

8° Les deux étages du terrain hétrurien peuvent exister indépendants l’un de 
l'autre ou bien être réunis ensemble : ce dernier cas est plus rare. Lorsque l'étage 
supérieur est séparé de l'inférieur , il se trouve ordinairement lié au terrain 
miocène : pour cela, il a été confondu en Italie avec ce dernier. 

9° Les terrains nummulitiques, jusqu'ici si vivement contestés, de Biaritz, de 
la montagne Noire dans les Pyrénées , de Lauzanier dans les Alpes , de Gassino , 
de Comabbia, du Vicentin dans Fltalie supérieure, doivent être rapportés au 
terrain hétrurien supérieur. 

10° Le terrain hétrurien supérieur est caractérisé surtout par ses Fucoïdes et 
par des Nummulites. 

11° Leterrain hétrurien supérieur est principalement caractérisé par les Nummu- 
lites mêlées avec quelques espèces de coquilles tertiaires, et par sa position supé- 
rieurement au macigno, inférieurement aux terrains tertiaires plus anciens. A l’aide 
de ces caractères , il est facile de distinguer les deux étages du terrain hétrurien. 

12° Le terrain miocène se distingue facilement de l'hétrurien supérieur par sa 
composition minéralogique, et surtout par les couches de lignites qu'il renferme, 
et par les empreintes de végétaux dicotylédons et de palmiers mêlées à des plantes 
et à des animaux marins. 

13° Lorsque le terrain miocène se trouve lié au terrain hétrurien supérieur, 
il est nécessaire de ne le pas confondre avec celui-ci; cette méprise peut occa- 
sionner des conséquences industrielles fâcheuses sous le rapport de l'exploitation 
du charbon : cette substance se trouve dans la première formation, et manque 
tout-àa-fait dans la seconde. 

14° En Italie, et peut-être dans tout le midi de l'Europe, il n'y a que deux 
terrains tertiaires, l’un supérieur ou subapennin , l’autre inférieur ou miocène : il 
n’y à pas dans cette région un vrai terrain éocène. Ce qu’on a pris pour ce terrain 
dans le Vicentin appartient au terrain hétrurien supérieur. 


CN: 5, p.21.) SUR LE TERRAIN HÉTRURIEN. 183 
15° Le grand hiatus qu'on croit exister entre les terrains secondaires et les 
tertiaires n’est pas constant ni général ; il s’observe dans le nord de l'Europe, où 
probablement il a été produit par l'absence ou par l’avortement du terrain hétru- 
rien. Mais dans le midi , l'intervalle entre la craie et les terrains tertiaires a été 
en plusieurs endroits rempli par le terrain hétrurieu. Ainsi, ce terrain établit 
une vraie liaison entre les terrains tertiaires et les secondaires, liaison semblable 
à celle qu'il y a entre ces derniers et les terrains primaires. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE IV. 


FIG. 4. Coupe indiquant les rapports qui existent entre les Ophiolites et le Macigno, près de l’é- 
glise (Pieve) S. Stephano. 
a) Ophiolite et Granitone. 
b) Calcaire et Macigno (alberèse ). 
c) Alberèse avec fragments ophiolitiques. 
d) Sable ophiolitique alternant avec l’alberèse. 
e) Marne du Macigno. 


FIG. 2. Carte géologique de la vallée supérieure du Tibre. 


Fic. 3. Coupe géologique des montagnes comprises entre Monterchi et la vallée du Tibre. 
a) Conglomérat composé en grande partie de cailloux roulés du Macigno e. 
b) Molasse très friable, ou Sable peu cohérent. ‘ 
c) Marne cendrée durcissant à l’air. 
d) Lignite schisteux. 


FIG. 4. Coupe de la colline de Trevira. 
a) Calcaire marneux passant au calcaire nummulitique avec fossiles tertiaires. 
b) Calcaire marneux.en partie semblable à l’alberèse. 
c) Strate de silex brun subordonné au calcaire marneux. 


FIG. 5. Coupe du petit mont au levant de Trevina. 
a) Calcaire nummulitique avec fossiles tertiaires. 
b) Calcaire marneux jaunâtre, semblable à certains alberèses marneux. 
c) Marne durcissant à l’air, semblable en tout aux marnes du Macigno. 
Positions relatives théoriques du terrain hétrurien et du terrain crétacé en Italie. 


FIG. 6. Positions relatives théoriques du terrain hétrurien et du terrain crétacé en Italie. 
a) Alberèse. 
b) Macigno. 
c) Craie supérieure (Craie blanche). 
d) Glauconie et calcaire nummulitique (Grès vert supérieur ). 
e) Calcaire néocomien (Grès vert inférieur ). 


FIG. 7. Polythalame trouvé par Targioni dans la Petra forte de Florence, réduite à 4/2 de la 
grandeur naturelle. 


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SUR LA GÉOLOGIE 


DES 


ENVIRONS DE BAYONNE, 
PAR M. SAMUEL PEACE PRATTI. 


(Extrait des Proceedings of the geological Society of London, vol. IV, p. 157, no 94; — 1845.) 


Après avoir rappelé les descriptions géologiques qui ont été données des envi- 
rons de Bayonne par MM. Dufrénoy, le vicomte d’Archiac et M. de Collegno, 


l'auteur présente le résultat de ses propres observations sur cette localité 
en 1842. 


Situé à la jonction de l’Adour et de la Nive, et à environ 6 kilomètres 1/2 de 
la côte, Bayonne est presque entouré de collines basses, formées de cailloux et 
de gravier. Celles qui sont au nord de l’Adour paraissent être le prolongement 
des bancs de poudingue et de gravier qui forment une arête qui s'étend de 
Tarbes à Pau, à peu près dans la direction E.-0. Les graviers et les alluvions du 
S. ont des caractères minéralogiques différents, et forment une couche mince 
qui recouvre des bancs de sable, d'argile et de calcaire impur, qui s'élèvent 
au S.-0. vers la côte. Le calcaire sableux, composé presque entièrement de 
Lenticulites complanatus et de Nummulites biaritzana (N. elegans? ), avec quel- 
ques fragments de coquilles et surtout de peignes, forme, sur une faible éten- 
due , la rive droite de la Nive, en se relevant sous un angle de 20 à 30°. Cette 
berge est recouverte de sables et de marnes diversement colorées, ressemblant 
au plastic clay. Le banc de graviers est d’une épaisseur très variable, sans silex, 
et particulièrement composé des masses de grès arrondies et irrégulières, res- 
semblant beaucoup au grès de Bagshote; dans cette direction le pays à été vio- 
lemment disloqué. 

À 6 kilomètres 1/2 environ au S.-0. de Bayonne est le village de Biaritz. 
près duquel on voit une coupe très nette de la côte. Les couches de sable et 
d'argile s’amincissent beaucoup avant d'atteindre les falaises qui s'élèvent de 
dessous les dunes, à 2 kilomètres 1/2 environ au N.-E. du village, et où leur 
hauteur varie de 6 à 24 mètres. Dans une petite anse connue sous le nom de 

SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. II. Mém. n° 3 bis. 24 


186 SUR LA GÉOLOGIE (N. 5 bis, p.2) 
Chambre d'Amour, les couches , mises bien à découvert. sont composées 
de calcaires argiléo-sableux , dont l'épaisseur varie de quelques centimètres jus- 
qu'à un mètre de puissance, et dont les divers bancs contiennent tous des fossiles 
en plus ou moins grand nombre. Plusieurs failles se voient entre le premier 
affleurement des couches et le village, et leur effet a été de ramener à diverses 
reprises les couches supérieures au niveau de la plage. Les débris organiques 
varient beaucoup dans les bancs successifs; toutefois les Lenticulites et les Num- 
mulites y sont dominantes et caractérisent l’ensemble. Les coraux y sont nom- 
breux, mais les coquilles s’y trouvent plus rarement. C’est dans les couches 
dérangées de Biaritz qu'on a trouvé les nombreuses espèces d'Échinodermes. 

Parmi les fossiles de la Chambre d'Amour, on trouve , outre les foraminifères 
et Les coraux que l’on vient de mentionner, les coquilles suivantes : Pholadomya 
margaritacea , Venus transversa, Pinna margaritacea, Spondylus radula, Gryphœa 
vesicularis ? Pecten arcuatus , P. tripartitus , Solen strigulatus , Teredo articulata , 
Turritella carinifera, Pyrula nexilis, Triton apenninum, Ditrupa subulata, et quel- 
ques Serpules. 

Après ces couches bouleversées, on trouve des assises calcaires plus ou moins 
argileuses ou arénacées, alternant avec des argiles ou des marnes bleues. Elles 
s'élèvent régulièrement sous un angle de 60 ou 70°, et se continuent l’espace de 
près de 2 kilomètres, en formant un escarpement de 36 mètres d'élévation. La 
couche la plus superficielle est principalement composée de Nummulites et de 
Lenticulites ; les bancs arénacés renferment des coraux nombreux et bien conser- 
vés , dont les espèces n’ont pas encore été bien déterminées, quoique M. d'Ar- 
chiac (1) les rapporte à des formes crétacées. Dans les couches inférieures, les 
formes tertiaires les mieux caractérisées sont mêlées avec des espèces regardées 
jusqu'ici comme crétacées, tels sont : Serpula ampullacea et S. rotula. Parmi les 
Mollusques, on trouve : Spondylus rarispina , Ostrea spathulata, Dentalium grande , 
Turritella cannifera, Scalaria semi-costata, S. acuta, Cerithium turritellatum et C. 
cinctum , avec des espèces indéterminées de plusieurs genres. 

Les falaises cessent l'espace de 400 mètres, par suite d'une faille; puis les 
couches s'élèvent, sous un angle assez faible, dans la même direction. Mais leurs 
caractères minéralogiques sont différents , en ce qu’elles consistent en un cal- 
caire marneux peu coloré, abondant en fossiles très distincts de ceux des cou- 
ches précédentes, à l'exception des polypiers. L'injection de roches ignées a 
changé par place ce calcaire en marbre dur , cristallin, ou en dolomie. C’est dans 
cette partie de la série que l’on trouve la Terebratula bisinuatu et striatula. Une 
autre faille abaisse ces couches au-dessous du rivage, et, à une distance de quel- 
ques centaines de mètres, on voit leur succéder une série de couches crétacées 


. 


(4) Voyez l'opinion émise depuis par M. d’Archiac (Bull. de La Soc. géol., t. XIV, p. 488: — 
1843), et le Mémoire suivant. (Note du traducteur.) 


CN. 5 bis, p. 5.) DES ENVIRONS DE BAYONNE. 187 
ressemblant à la craie marneuse (chalk marl), et dont la direction et l'inclinaison 
sont difficiles à déterminer à cause des bouleversements qu'elles ont subis; tou- 
tefois elles paraissent être les mêmes que celles des couches précédentes. Les 
falaises formées par les couches crayeuses s'élèvent à la hauteur de 15 à 45 mè- 
tres. On y trouve trois ou quatre espèces de Nautiles ou d’Ammonites, quelques 
bivalves, surtout l’Inoceramus Cuvieri; mais il n’y a aucun fossile qui soit com- 
mun aux bancs qui sont séparés par la dernière faille dont il vient d'être 
question. 

Les couches qui recouvrent ces strates incontestablement crétacés ont été 
rapportées, par les géologues français que cite M. Pratt, à la partie supérieure de 
la même formation, à cause de la superposition de leur direction et leurs fossiles, 
qu'ils considèrent comme identiques avec ceux de la craie. Mais une étude plus 
détaillée de ces derniers fait voir que ceux qui peuvent être identifiés avec des 
espèces connues ont particulièrement des formes tertiaires , tandis que ceux qui 
semblent être crétacés appartiennent à des genres et à des espèces dont les ca- 
ractères sont variables et peu précis. Les Échinodermes déterminés par M. Gra- 
teloup ne s'accordent pas avec cette conclusion, si l’on en excepte un seul, qui 
est une espèce tertiaire. Le changement dans le caractère minéralogique de la 
roche rend bien compte de celui des espèces, depuis la première jusqu’à la der- 
nière couche. Certaines espèces sont communes à toutes les couches qui pré- 
cèdent la seconde faille ; toute la série est probablement recouverte par le Plastic 
clay, dont elle se rapproche par ses caractères minéralogiques. A Dax et à Razan, 
M. Pratt a vu des dépôts analogues dans la même position. 

En résumé, l’auteur conclut que les caractères de ces dépôts sont tertiaires, 
et qu'ils doivent probablement être regardés comme plus anciens dans la série 
qu'aucun des dépôts éocènes jusqu’à présent décrits , à l'exception des couches 
des Diablerets et de quelques autres localités qui s’y rattachent par leurs carac- 
tères paléontologiques. La série de Biaritz à été probablement élevée à une 
époque postérieure au soulèvement de la craie, et les causes perturbatrices ont 
agi en même temps sur les couches crayeuses. 


his tab CUUOL À 


IV. 


DESCRIPTION 


DES 


FOSSILES RECUEILLIS PAR M. THORENT, 
DANS LES COUCHES À NUMMULINES DES ENVIRONS DE BAYONAE , 


PAR M. LE VICOMTE D'ARCHIAC. 


INTRODUCTION. 


M. Thorent a publié, dans le volume précédent des Mémoires de la Société, un 
travail fort intéressant sur la constitution géologique des environs de Bayonne, et en 
particulier sur les couches à Nummulines de la côte de Biaritz (1). IL eût été sans 
doute à désirer que notre Confrère eût pu compléter lui-même son Mémoire par la 
description des nombreux fossiles qu'il avait recueillis, car personne n’était plus 
capable de nous les faire connaître ; mais ses fonctions le retenant loin de Paris 
et des moyens de comparaison toujours nécessaires en pareil cas, il voulut bien 
nous confier l'exécution de cette partie essentielle de ses recherches en mettant 
à notre disposition tous les matériaux qu'il avait rassemblés. Nous nous sommes 
efforcé de justifier ce témoignage de confiance, tout en laissant à M. Thorent le 
mérite d’avoir découvert des choses pleines d’intérêt pour la science, et.ne nous 
réservant que la responsabilité des déterminations et des descriptions , ainsi que 
les erreurs qui ont pu se glisser dans notre travail , et qu’il aurait probablement 
évitées. 

Les résultats auxquels un examen consciencieux des: faits a conduit M. Thorent 
nous semblent trop précis pour pouvoir être révoqués en doute , lors même que 
la comparaison des fossiles ne les confirmerait pas entièrement ; mais ici, comme 
dans la plupart des cas, les observations géologiques sont d'accord avec les dé- 
ductions tirées de l'étude des débris organiques. Nous avons reconnu parmi ces 
derniers , en y comprenant ceux de la même localité et provenant également des 
couches à Nummulines, que M. Alcide d'Orbigny a eu l’obligeance de nous com- 
muniquer, 106 espèces réparties dans 56 genres , depuis la classe des polypiers 


(1) Mémoire sur la constitution géologique des environs de Bayonne (Mém, de la soc. géol., 
2° série, t. I, p. 181; 1846). 
SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. II. Mém. n° 4. 


190 DESCRIPTION DES FOSSILES EN. 4, p. 2.) 
jusqu'à celle des crustacés. Sur ce nombre, 17 espèces n’ont pu être qu'imparfaite- 
ment déterminées à cause du mauvais état des échantillons ; cependant nous avons 
pu nous assurer que plusieurs d’entre elles n'avaient pas encore été décrites : 
aussi les avons-nous comprises dans le chiffre 57 , qui représente le nombre total 
des espèces nouvelles ou non figurées. 

Dans cette faune de l'époque nummulitique aux environs de Bayonne , et plus 
particulièrement des côtes de Biaritz, dominent surtout les polypiers dont nous 
signalons 24 espèces , puis les foraminifères du genre Nummuline. Les radiaires 
échinodermes y sont représentés par 15 espèces ; les annélides, par 7 espèces de 
de Serpules ; les conchifères monomyaires et dimyaires, par 32 espèces ; tandis 
que les crinoïdes et les mollusques univalves y sont en petit nombre et plus ou 
moins rares. 

Si l’on compare ces résultats à ceux obtenus par l'examen de la faune des dé- 
pôts antérieurs, contemporains ou plus récents, on voit d'abord que des 38 espèces 
déjà connues, 2 appartenant au genre Ostrea ne peuvent être distinguées , du 
moins quant à présent, des O. lateralis Nils. et vesicularis Lam. , de la craie; l’une 
d'elles , l'O. lateralis, est également citée par M. Leymerie dans les couches à 
Nummulines du département de l'Aude (1) ; ensuite 7 espèces se trouvent à la 
fois dans les roches de Biaritz et dans celles des Corbières ou de la montagne 
Noire. Ainsi, sur le nombre 180 qui représente la totalité des espèces déterminées 
par M. Leymerie pour le département de l'Aude, et recueillies à l'O. par M. Tho- 
rent dans les couches présumées du même âge, il n'y aurait qu'environ = des 
espèces communes à ces deux régions nummulitiques situées sous le même méri- 
dien , aux deux extrémités du versant N. de la chaîne des Pyrénées. 

Cette grande différence dans les espèces de ces deux faunes contemporaines, et 
si rapprochées dans l’espace, se maintient encore si l'on vient à considérer le déve- 
loppement des genres et même des classes. Ainsi les polypiers, les Nummulines 
et les radiaires sont infiniment plus nombreux et plus variés à l'O. qu'à l'E. 
Parmi les bivalves, les Lucines, les conchacées, sont, au contraire , plus abon- 
dantes à VE. qu'à l’O.; et les mollusques univalves , entre autres les Natices , les 
Turritelles , les Cérites , les Fuseaux, les Volutes et les Tarières , tendent aussi 
à y reprendre sur les bivalves la prédominance qu'ils affectent dans la plupart 
des dépôts postérieurs à la craie, tandis qu’à l'O. nous ne les avons trouvés qu'en 
petit nombre. 

Treize espèces de Biaritz se représentent dans les couches à Nummulines, soit 


(1) Mém. de la Soc. géol., 2 série, 1. 1; 1846. — Nous ne pensons pas que l’on puisse regarder 
la présence de ces deux coquilles dans les couches à Nummulines comme une preuve incontestable de 
la liaison de ces couches avec la formation crétacée qui est dessous, car, outre que les trois échantil- 
lons que nous avons vus peuvent y avoir été amenés par des causes accidentelles , il n’est pas certain 
qu'un plus grand nombre d'individus ne les fasse reconnaître plus tard comme réellement distincts 
des coquilles de la craie. 


(N.4,,p: 5.) DES ENVIRONS DE BAYONNE. 191 
de la Crimée, soit des Alpes orientales et occidentales, et parmi elles nous en 
avons trouvé 7 dans le système nummulitique des Hautes et des Basses - Alpes, 
c’est-à-dire autant que dans les Corbières ; mais si l’on remarque que ce nombre 
se rapporte à des espèces très répandues en même temps sur le versant occidental 
des Alpes et au N.-0. des Pyrénées, et qu'il résulte seulement d’une course rapide 
que nous avons faite dans la Provence et le Dauphiné , tandis que M. Leymerie a 
étudié avec détail le département de l’Aude , on pourra presque dire que le sys- 
tème nummulitique présente plus de rapports zoologiques entre les environs de 
Bayonne et le versant occidental des Alpes, qu'aux deux extrémités du même ver- 
sant des Pyrénées. 

Dans notre liste, 17 espèces sont communes au terrain tertiaire inférieur du: 
N. de la France et de l'Angleterre, où elles appartiennent, soit au calcaire gros- 
sier , soit aux sables inférieurs ou au plastic clay. Ces espèces sont en outre peu 
caractéristiques de ces groupes du Nord ; tandis que dans les 18 que cite M. Ley- 
merie, comme se trouvant à la fois dans le système nummulitique des Corbières et 
les dépôts tertiaires du Nord, nous y remarquons précisément les coquilles qui 
caractérisent le mieux ces derniers, et surtout le groupe des sables inférieurs. 

Nous avons retrouvé 3 espèces de Biaritz dans les faluns de l’Anjou, qui appar- 
tiennent à l'époque tertiaire moyenne, et 4 qui ont leurs analogues dans les dépôts 
des environs d’Osnabruck et de Dusseldorff. 

Enfin, sur 96 espèces déterminées provenant des environs de Bayonne, 66 appar- 
tiennent exclusivement au système nummulitique, 2 paraissent se retrouver dans 
la craie, et 28, ou un peu plus du tiers, ont des représentants dans les divers 
dépôts tertiaires inférieurs ou moyens de l’Europe occidentale. 

Quant à ces nombres considérés en eux-mêmes, on comprend qu'ils n’ont qu'une 
valeur purement relative ; ils ne peuvent être, en effet, comme toutes les consi- 
dérations de ce genre, que l'expression de nos connaissances actuelles. très incom- - 
plètes encore, et dont les découvertes de chaque jour doivent modifier les conclu- 
sions que nous en avons déduites. 

Nous n'avons, en effet, tenu compte ici que des fossiles que nous avons pu: 
examiner nous-mêmes; mais en prenant en considération les espèces citées par 
M. Pratt dans sa Note sur les envirans de Bayonne (Proceed. geol. Soc. of London, 
vol. IV, p. 157; — 1843, et dont la traduction a été insérée dans le présent 
volume, page 185), nous trouvons un total de 108 espèces déterminées , parmi 
lesquelles une troisième espèce , le Pecten arcuatus Sow., est crétacé ; 10 appar- 
tiennent au terrain tertiaire inférieur, ce sont: Pinna margaritacea Lam., Spon- 
dylus radula id., S. rarispina Desh., Solen strigillatus Lam., Pyrula nexihs id., 
Ostrea spathulata id. , Scalaria semicostata Sow., S. acuta id., Cerithium turritel- 
latum Lam., C. cinctum id.; et 2 à des terrains plus récents, Triton apenninum 
et Ditrupa subulata Berk.; ce qui porte à 40 le nombre des espèces tertiaires qui 


4 


se retrouvent dans les couches de Biaritz, et la proportion devient + au lieu 


11 


192 DESCRIPTION DES FOSSILES CN. 4, p. 4) 


de /-. On peut remarquer, en outre, qu'aucune de ces 12 espèces n'étant citée 
jusqu’à présent dans le département de l’Aude, la différence que nous avons 
déjà signalée entre la faune nummulitique, aux deux extrémités des Pyrénées, 
se trouve être encore plus prononcée que nous ne l’avions indiquée. 


DESCRIPTION ET TABLEAU DES ESPÈCES. 


POLYPIERS. 


TURBINOLIA CALCAR, Nov. sp., pl. V, fig. 1, a, 2, 3. 


Polypier conique, déprimé latéralement, recourbé à la base , qui se termine en une pointe aiguë. 
Surface extérieure striée, présentant 12 côtes longitudinales principales, également espacées, et 
entre lesquelles il y en a 3 autres, dont celle du milieu est la plus prononcée. Cette dernière quel- 
quefois reste seule, celles des côtés devenant plus ou moins obsolètes ou même tout-à-fait nulles. 
Des granulations irrégulières, peu apparentes, s’observent en outre sur tout le polypier. Courbe exté- 
rieure ou convexe, tranchante et garnie du sommet à la base d’une crête saillante, profondément den- 
telée, et à dentelures inégales. Courbe intérieure ou concave opposée , arrondie, sans trace d’expan- 
sion accessoire. Étoile supérieure elliptique , infundibuliforme, peu profonde , composée de lamelles 
dont les faces sont minces et sans granulations. — Hauteur, 18 millim.; grand diamètre de l'étoile, 12 ; 
petit diamètre, 7. 

Nous distinguerons, outre le type de l’espèce que nous venons de décrire, les deux variétés sui- 
vantes : 

Var. à, fig. 2. Les 12 côtes principales ne se distinguent plus des 42 stries intermédiaires, et on 
en compte alors 24 égales et plus ou moins prononcées. Les granulations sont plus distinctes, et 
vers le haut, elles tendent à s’aligner pour former des séries longitudinales. La crête est peu sail- 
lante, et le polypier est moins comprimé latéralement que dans le type de l’espèce (Collect. de M.‘AI. 
d'Orbigny). 

Var. b, fig. 3. Plus grande , plus allongée et moins recourbée que les précédentes; elle est aussi 
plus comprimée latéralement. Crête comparativement peu développée. 

Le caractère particulier de cette espèce, tranchante et garnie d’une expansion dentelée sur sa cour- 
bure convexe, simple et arrondie, au contraire, du côté opposé, suffit pour la séparer de toutes 
les autres, dont les ornements extérieurs sont disposés symétriquement des deux côtés de l'axe, que 
le cône soit droit ou qu’il soit recourbé. Cette espèce pourrait rentrer dans le genre Flabellum, si ce 
genre lui-même était établi sur des caractères constants, ce qui ne nous paraît pas encore démontré. 
— Port des Basques. 


2. TURBINOLIA DUFRENOYI. Nov. sp., pl. V, fig. 4, @, 5. 


Polypier conique, très comprimé, rétréci brusquement à la base et mucroné. Côtés tranchants, 
munis d’expansions denticulées , inégales , peu régulières , auxquelles aboutissent des stries d’accrois- 
sement transverses , inégales et flexueuses , formant quelquefois des espèces de bourrelets peu pro- 
noncés. Des stries divergeant de la base, peu profondes et assez nombreuses, couvrent en outre toute 
la surface du polypier. Étoile terminale elliptique, rétrécie ou anguleuse à ses extrémités, composée 


UN. 4, p. 5.) DES ENVIRONS DE BAYONNE. 193 
de lames rayonnantes inégales, assez épaisses, et à surface lisse. — Hauteur, 25 millim.; grand 
diamètre de l'étoile, 15 ; petit diamètre, 40. 

Var. a, fig. 5 ; polypier arqué dans le sens de son plus grand diamètre, moins large que le pré- 
cédent, mais n’en différaut pas sensiblement quant aux autres caractères. 

La 7. Dufrenoyi se distingue du F/abellum appendiculatum , Michelin, pl. 9, fig. 12 , par l’ab- 
sence de côtes longitudinales très prononcées sur chaque face; elle se distingue également du 
F. cuneatum , id., tb. fig. 13, par sa forme brusquement rétrécie à la base, par ses stries trans- 
verses, ondulées, se changeant quelquefois en plis irréguliers, et par ses bords tranchants et den- 
telés. Enfin , le #. costafum Bell., Mich., pl. 61, fig. 10, qui provient des couches nummulitiques 
des environs de Nice, et qui se rapproche davantage de notre espèce que les précédentes, offre des 
plis rayonnants, noduleux, réguliers, saillants, dont on n’apercçoit aucune trace dans les individus 


de Biaritz. — Port des Basques. Cette espèce à été trouvée aussi par M. Bertrand Geslin à Salsco, 
dans le Vicentin. 


3. TURBINOLIA DENTALINA. Nov. sp., pl. V, fig. 6, a. 


Polypier conique, très allongé, droit ou légèrement arqué, déprimé à sa partie supérieure , 
arrondi et presque cylindrique à la base . couvert de stries d’accroissement transverses et arquées , 
qui, vers le haut, aboutissent à une crête dentelée, irrégulière, plus ou moins saillante, bordant 
les côtés amincis et tranchants. Des stries longitudinales , inégales, partant de la base, et se prolon- 
geant jusqu’au sommet, en s’élevant, augmentent en nombre par insertion et non par bifurcation. 
Étoile terminale, elliptique, rétrécie ou très anguleuse à ses extrémités; surfaces des lamelles lisses. 
— Hauteur, 18 millim.; grand diamètre de l'étoile, 9 ; petit diamètre, 5. 

Cette espèce varie beaucoup de formes, étant quelquefois droite, d’autres fois plus ou moins 
arquée dans le sens de son grand diamètre. Elle s’élargit aussi, plus ou moins rapidement, à partir 
de la base, et la compression est toujours dans le même rapport, c’est-à-dire d'autant plus pronon- 
cée que le polypier est plus élargi. Les accidents qui couvrent ia surface de la 7°. dentalina sont 
semblables à ceux de la 7. Dufrenoyi , et peut-être des intermédiaires qui nous manquent encore 


permettront-ils de réunir plus tard ces deux espèces en une seule. — Biaritz (Collection de M. Alc. 
d'Orbigny). 


4. CARYOPHYLELIA GENICULATA. Nov. sp., pl. V, fig. 7, a. 


Polypier adhérent, en cône allongé, irrégulier, géniculé , et offrant des renflements et des rétré- 
cissements plus ou moins prononcés, quelquefois annulaires à la base. Surface rugueuse, finement 
striée dans toute sa hauteur. Coupe transverse elliptique ou suborbiculaire, présentant des lamelles 
rayonnantes, serrées, épaisses, inégales, simples ou anastomosées et peu régulières, el à surfaces 
latérales unies. Étoile terminale inconnue. 

Ce polypier diffère de la Turbinolia Gravesi Mich., pl. 43, fig. 7, fréquente dans la glauconie 
grossière , et que nous avions signalée d’abord comme une variété de la 7. elliptica ( Descrip. géol. 
du département de.l' Aisne, p. 131), par l'absence de granulations sur les faces latérales des lamelles, 
par l’épaisseur de ces lamelles, et par la forme un peu plus géniculée et cylindroïde de sa base. Un 
caractère commun à ces deux polypiers, et qui pourra peut-être contribuer à les rapprocher plus 
tard , c’est que les côtes longitudinales, quoique plus prononcées dans celui de Biaritz, offrent aussi, 
de quatre en quatre, des côtes plus saillantes que les trois intermédiaires. En outre, tous nos échantil- 
lons de la glauconie grossière, qui ont jusqu’à 36 millim. de long, étaient adhérents par la base à 


toutes les époques de leur vie, circonstance en rapport avec l’irrégularité de leur forme, — Port des 
Basques. 


SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. II. Mém. n° 4. 25 


19% DESCRIPTION DES FOSSILES HG) 


1. OGULINA. 


Nous rapportons à ce genre un fragment de polypier branchu, dichotome un peu déprimé , à sur- 
face lisse, présentant des étoiles porifères à chaque flexion de la tige, mais qui n’était pas assez bien 


conservé pour être figuré. 

2. Un second fragment dont la tige est très mince, ronde, lisse, couverte d'étoiles nombreuses 
portées sur une saillie assez prononcée et d’un aspect noduleux, pourrait constituer une espèce dis- 
tincte de la précédente. — Toutes deux ont été recueillies au moulin de Sopite, au-delà du rocher 
du Goulet. 

1. MADREPORA. 


Espèce nouvelle très petite, dont les étoiles sont assez rapprochées et entourées d’un rebord élevé. 


1. ORBITOLITES SUBMEDIA. Nov. sp., pl. VI, fig. 6, a. 


Polypier lenticulaire, très déprimé, mamelonné au milieu , formé de lames superposées et couvert 
de granulations fines, peu régulières donnant à sa surface un aspect chagriné. 

Ce petit polypier, qui, comme son nom l'indique, ressemble beaucoup à l'O. media de la craie 
jaune supérieure du Périgord, de l’Angoumois et de la Saintonge (Voyez Mémoire de la Soc. géol., 
t. IL, p. 178; et Études sur La form. crétacée, {°° partie, p. 21), est cependant plus mince, et sa 
surface ne présente point les stries flexueuses , irrégulières, bifurquées et rayonnantes de l’espèce de 
la craie. L'état toujours spathique du test ne nous a point permis d’apercevoir la disposition des pores 
à l’intérieur ; c’est probablement la Discholites représentée par Fortis (Mém. pour servir à l'Hist. 
nat.,t. IE, pl 2, fig. J, K). Nous avons aussi trouvé ce polypier très abondant avec la VNummulina 
biaritzana dans les couches nummulitiques inférieures des environs d’Annot (Basses-Alpes). 


2. ORBITOLITES. 


Nous rapportons encore à ce genre des corps très déprimés , arrondis, flexueux , lenticulaires, re- 
levés ou ondulés sur les bords, et dont le diamètre atteint quelquefois jusqu’à 45 millim., mais dans la 
coupe desquels la spathification a fait disparaître toute trace d'organisation. Sur quelques uns on re- 
marque des stries concentriques obsolètes. La surface de plusieurs de ces corps est aussi couverte 
de fines granulations, comme dans l’espèce précédente, dont celle-ci n’est peut-être d’ailleurs qu’une 
modification ; dans d’autres, la surface est entièrement lisse. L’épaisseur ne dépasse pas ! millim. 1/2. 


— Port des Basques. 


1. CERIOPORA SUBLÆVIGATA. Nov. sp., pl. V, fig. 8, a. 


Polypier branchu , à rameaux flexueux, dichotomes, arrondis, composés de cellules allongées, dis- 
posées irrégulièrement autour d’un axe et s’ouvrant au dehors par de très petits pores enfoncés , sim- 
ples, à peine visibles à l’œil nu. 

Ce polypier est caractérisé par l’extrême petitesse de ses pores , qui rend sa surface presque lisse. — 
Rocher du Goulet. : 


1. PUSTULOPORA MAMILLATA. Nov. sp., pl. V, fig. 9, a, b. 


Polypier rameux , déprimé ou sub-cylindrique, composé d’une double rangée de loges rayonnantes 
s'appuyant contre une cloison médiane commune (fig. 9, a). Loges s’ouvrant à l'extérieur par un 
trou rond, saillant, placé au sommet d’un tubercule arrondi et mamelonné. Quelquefois ces trous sont 
géminés sur le même tubercule ; ces derniers sont irrégulièrement épars à la surface du polypier , 
dont le test offre une structure spongieuse et celluleuse très prononcée. 


/ 


CRM DES ENVIRONS DE BAYONNE. 195 


Cette espèce se rapproche du Cellepora ornata Mich., pl. 45, fig. 4, du terrain tertiaire du Pié- 
mont; mais l'absence très probable d’opercule ne nous a point permis de la ranger parmi les Cellé- 
pores. La structure spongieuse et aréolaire de la masse du polypier le distingue en outre très bien du 
C. ornata, qui ne présente dans les intervalles des tubercules que des sillons avec des séries régu- 
lières de petits pores. La figure 9 4 est un grossissement triple de la tranche, et la figure 9 & un 
grossissement sextuple de la surface du polypier. — Rocher du Goulet. 


2. PUuSTULOPORA LABATI. Nov. sp., pl. V, fig. 10, a. 


Polypier rameux , couché, composé de cellules irrégulièrement disposées à l’intérieur et se prolon- 
geant au dehors par des tubercules allongés, subcylindriques, serrés les uns contre les autres, disposés 
sans ordre, arrondis et percés au sommet. Les tubercules de la partie inférieure des rameaux sont 
beaucoup moins saillants que ceux de la face supérieure. 

Cette espèce diffère du 2. echinata Roem. (pl 5, fig. 23 mala) Mich., pl. 53, fig. 5, qui est de 
la formation crétacée, en ce que ses tubercules sont plus nombreux, plus serrés et plus arrondis au 
sommet. Le polypier est aussi plus aggloméré et non dichotome , comme le P. echinata. — Rocher du 
Goulet. 

4, IDMONÆA PETRI, Nov. sp., pl. V, fig.- 11, a. 


Polypier rameux, distique, comprimé, garni, sur l’une de ses faces, de pores réunis en faisceaux 
par trois ou par quatre, et constituant des saillies flabelliformes étagées les unes au-dessus des autres. 
Ces saillies forment deux rangées verticales, mais ne se correspondent ni n’alternent régulière- 
ment. Des stries extérieures longitudinales, très fines, correspondent aux cloisons qui séparent les 
cellules et les pores. : 

Cette espèce diffère de l’Z. aculeata Mich., pl. 52, f. 10, et qui provient du grès vert du Mans, par 
ses faisceaux de pores beaucoup moins allongés et par ses pores moins nombreux. Elle diffère aussi 
de VZ. disticha, id., ib., f. 18 (Ceriopora, id., Gold., pl. 9, f. 15), en ce que ses faisceaux de pores 
n’alternent pas régulièrement et ne forment point les je symétriques qui caractérisent le polypier 
de la craie. — Rocher du Goulet. 


1. ESCHARA SUBPYRIFORMIS , Nov. sp., pl. V, fig. 21, a. 


Polypier encroûtant , simple, composé de cellules sub-polygonales, arrondies, non toujours égales, 
semblables ni régulières, fermées à moitié et s’ouvrant au dehors par un trou semi-elliptique. Les in-- 
tervalles des cellules , épais et relevés, circonscrivent, comme un rebord, la partie déprimée de la 
cloison supérieure des cellules. 

Ce qui distingue particulièrement cette espèce des £. pyriformis, Gold. Dr 8,f. 10, séigmato- 
phora, id., ib., £ 11, et dichotoma, id. , ib., f. 15, dont la forme des éeliales el des pores se rap- 
proche de ce que l’on observe dans le Æ. subpyriformis, c’est que, dans ce dernier, les cellules ne sont 
point toutes égales , régulières ni disposées symétriquement en quinconces. Les cellules sont souvent 
déformées , fort petites et triangulaires ; d’autres sont plus arrondies, et ce caractère ôte à la surface 
la régularité du réseau ‘qu’offrent les espèces que nous venons de citer. — Rocher du Goulet. 


2. ESCHARA LABIATA, Nov. sp., pl. V, fig. 12, a. 


Polypier encroûtant , étendu , présentant à sa surface des pores ronds, espacés, en quinconces, 
bordés sur les côtés et munis d’un bourrelet ou d’une sorte d’ampoule ; au-dessus, un bourrelet 
moins prononcé relève le bord inférieur en forme de lèvre. Ces pores et les ampoules qui les accom- 
pagnent ne sont pas toujours simples, mais assez souvent géminés, et, dans ce cas, DE toujours 
inégaux. Les sillons qui séparent les séries de pores sont profonds, mais peu réguliers, à cause de la 
présence de quelques tubercules disséminés entre les porcs. 


196 DESCRIPTION DES FOSSILES (N: 4, p. 8.) 


Cette espèce rappelle un peu l’Z. arachnoïdes , Gold., pl 8, fig. 14; maiselle en diffère essentiel- 
lement par le bourrelet qui accompagne chaque pore, ce qui fait ressembler ceux-ci à certaines fleurs 
de la famille des Personnées. En outre , dans l’ÆZ. arachnoïdes , les pores sont placés sur le sommet 
d’une espèce de colline ou crête anguleuse. — Rocher du Goulet. 


3. ESCHARA CHARTACEA, Nov. sp., pl. V, fig. 13, a, b. 


Polypier foliacé, étendu, composé de deux lames minces appliquées l’une contre l’autre. Cellules à 
la face interne, en hexagones très allungés, s'ouvrant à l'extérieur par un pore en forme de point enfoncé 
et allongé. Quelquefois les pores sont disposés suivant des lignes et en quinconces ; chaque série est alors 
séparée de celles qui l’avoisinent par une strie , mais le plus ordinairement les pores sont disséminés 
avec peu de régularité, quoique assez rapprochés. — Rocher du Goulet , et chemin de Villefranque. 


h. ESCHARA , Nov. sp. 


Cette espèce, quoique nouvelle, n’a pas été figurée, à cause du mauvais état de conservation de 
l'échantillon. 
1. RETEPORA FENESTRATA, Gold., pl. 30, fig. 9. 


Ce polypier, cité dans les faluns tertiaires de Cléon ( Loire-Inférieure }, et que nous avons aussi 
trouvé. dans ceux de La Grézille (Maine-et-Loire), paraît être identique avec les échantillons que 
M. Thorent a recueillis au rocher (u Goulet et au moulin Sopite. 


1. LUNULITES URCEOLATA, Lam. 


Les caractères de cette espèce, commune dans le calcaire grossier des environs de Paris, et sou- 
vent figurée par divers auteurs, n’ont encore été bien rendus que dans le Petrefacta germaniæ de 
M. Goldfuss, pl. 12, fig. 7. 


2. LUNULITES GLANDULOSA, Nov. sp., pl. V, fig. 14, a, b. 


Polypier élevé, en forme de dôme à base circulaire ou elliptique, composé de rangées de cellules 
égales, saillantes, glanduleuses et divergentes. Ces rangées sont d’égale largeur dans toute leur 
étendue, mais de longueur différente. Les plus grandes partent directement du sommet et aboutissent à 
la base ; les autres, de plus en plus courtes à mesure qu’elles prennent naissance plus loin du sommet 
pour finir aussi au pourtour inférieur, déterminent, par leur réunion aux précédentes sous des angles 
aigus, plusieurs séries de chevrons latéraux. Les cellules ovoïdes etsaillantes s'ouvrent au dehors par 
un pore médian de forme allongée et dans le même sens que la cellule (fig. 14 0). — Hauteur, 8 mil- 
limètres 1/2; diamètre de la base, 12. 

Cette espèce, par la disposition et la forme de ses cellules, toutes égales, symétriquement alignées 
dans chaque rangée ou série, et parla réunion oblique d’une partie de ces dernières à l’autre , se dis- 
tüingue facilement de ses congénères. Parmi celles-ci, en effet, les unes, telles que les Z. radiata 
Lam. , urceolata id., perforata de Munst. Gold., punctatus Leym., et même celles de la craie supé- 
rieure de Maestricht et de Ciply, ont les rangées de cellules et les cellules elles-mêmes mégales, rayon- 
nantes et augmentant en largeur du sommet à la circonférence de la base ; les autres, comme les Z. 
androsacea Michellotti, èntermedia id., umbellata Defr., la grande espèce inédite des faluns de la 
Touraine et de l’Anjou, celle du crag d'Anvers, bien distincte de la Z. rhomboïdalis de Munst., 
Gold.. enfin cette dernière elle-même, malgré son irrégularité apparente et que nous avons trouvée 
dans les faluns de Saucats, ont leurs cellules semblables sur toute la surface du polypier, mais dis- 
posées en séries courbes qui, en se croisant, produisent un quinconce régulier curviligne, de telle 
sorte que la surface du polypier s'accroît non seulement par l’addition de nouvelles cellules , les unes 


(N:4, p. 9.) DES ENVIRONS DE BAYONNE. 197 


à côté des autres, mais encore par l'insertion de nouvelles rangées à mesure que l’écartement des 
anciennes s’augmente par le fait seul de leur allongement. Or, dans la Z. glandulosa, toutes les cel- 
lules sont égales et toutes les rangées qu’elles forment sont droites , ce qui ne s’observe à la fois dans 
aucune des espèces des deux groupes que nous venons de caractériser. 

La L. denticulata Conrad, du terrain tertiaire de Williamsburg (Virginie) (Quart. journ. geol. 
Soc. Lond., vol. I, p. 502), paraît être une espèce quinconciale. Les Z. distans et contiqua Lonsd., 
ib., p. 533, de Wilmington, sont des espèces rayonnantes, non quinconciales, et dont les séries de 
cellules se multiplient par insertion. Ces Lunulites n’ont été décrites et figurées que d’après des contre- 
empreintes. — Rocher du Goulet. 


3. LUNULITES (indéterminée). 


Une troisième espèce, qui se rapproche de la Z. urceolata, quoique plus grande et plus conique, a 
été aussi recueillie au rocher du Goulet; mais la surface des échantillons était trop fruste pour per- 
mettre leur détermination avec quelque exactitude. 


4. GUETTARDIA THIOLATI, Nov. sp., pl. V, fig. 45, a, et pl. VIII, fig. 5, 6, 7. 


Polypier, composé de 4 à 7 branches ou ailes planes, disposées en croix ou en étoile, et formées 
chacune de deux lames calcaires rapprochées, laissant seulement entre elles un sillon profond qui se 
prolonge au dedans sur une partie de la hauteur. Ces lames, pourvues sur chaque face de cellules 
porifères, sont arrondies aux extrémités des branches, qui convergent obliquement en dessous vers 
une base commune centrale , après avoir formé un coude arrondi, puis une courbe concave. Les cel- 
lules font à la surface extérieure des saillies ovoïdes, déprimées, contiguës, percées à une de leurs 
extrémités et au-delà d’une sorte d’étranglement, par un trou rond, fort petit, à bord tranchant. Les 
cellules ne paraissent pas d’ailleurs affecter une disposition symétrique régulière, et se rapprochent 
assez de celles des Cellépores. 

M. Michelin, qui a établi le genre Gwettardia, a représenté, dans son Zconographie z0ophytholo- 
gique, pl. 30, fig. 6, un échantillon de Gueftardia provenant aussi de Biaritz, et qui est certainement 
identique avec l’un de ceux que nous décrivons ; mais il l’a rapporté au G. stellata de la formation 
crétacée , sans doute parce quel’échantillon qu'il avait sous les yeux ne présentait pas la forme ni les 
caractères des cellules et des pores qui nous ont obligé de l’en séparer. C’est par une erreur semblable 
que le G. stellata a été cité à Biaritz par M. Deshayes (Zu/. de la Soc. géol., 2° série, t. I, séance 
du 17 juin 1844, et Quart. rev. geol. Soc. Lond., 1. I, p. 113), et par M. Thorent, anfe, p. 183. 
La fig. 15, pl. V, représente l'échantillon de la collection de M. Thorent; les fig. 5, 6, 7 de la 
pl. VIII ont été faites d’après une très belle variété à sept branches, dont nous devons la connaissance 
à notre excellent dessinateur M. Thiolat. Nous n'avons aucun doute que ce dernier échantillon ne 
provienne également des couches à Nummulines de Biaritz. — Rocher du Goulet. 


1. ANTIPATHES ? 
Fragment trop incomplet pour être déterminé. 

1. GORGONIA? 
Fragment incomplet et indéterminable. 


FORAMINIFÈRES. 


Les débris d'animaux appartenant à cette classe sont extrêmement nombreux et variés dans les cou- 
ches des environs de Bayonne, et même partout à la base du grand système dont elles font partie et que 
caractérise particulièrement le genre Nummulina ; mais ces corps organisés d’une détermination si dif- 


198 DESCRIPTION DES FOSSILES (N- 4, p. 10.) 


ficile n’ont encore été l’objet que de travaux particuliers assez incomplets et dans lesquels règne une 
confusion que nous nous garderons bien d'augmenter en essayant de décrire toutes les espèces de Num- 
mulines, d’Assilines, de Calcarines, d’Operculinés, etc., que l’on rencontre dans les dépôts dont 
nous nous occupons. Nous nous bornerons donc à signaler les formes principales qu’elles affectent et 
ce qui a pu déjà être fait à leur égard. > 


1. NUMMULINA MILLECAPUT, Boubée, Bull. de la Soc. géol., 1. IL, p. 445. — 1832. 


Nous rapportons avec doute à cette espèce une assez grande Nummuline dont l’état de spathifica- 
üon permettrail difficilement d’apercevoir la disposition des loges, et qui , à l’extérieur, ne présente 
point les stries dont parle M. Boubée. Dans le voisinage de celle-ci viennent se placer les N. distans 
Desh., et polygyratus id., recueillies par M. de Verneuil, dans les calcaires à Nummulines de la 
Crimée qui reposent sur la craie. 

Le peu de données que nous possédons sur l’organisation des animaux qui ont formé ces corps ne 
permet pas de bien préciser sur quels caractères on doit établir réellement les différences spécifiques. 
Le plus ou le moins d’écartement des. tours de spire, le plus ou le moins grand nombre de cloisons 
dans un tour à diamètre égal sont-ils des caractères spécifiques certains, et à quelle limite absolue 
ou relative ces caractères peuvent-ils s'étendre ? c’est ce qu’il ne paraît pas possible de détermi- 
ner encore , et peut-être pourrions-nous regarder les trois espèces précédentes comme de simples 
variétés d’un même type. 

M. Pusch (Polens pal., pl. 12, f. 16 a, b, ) a représenté des échantillons de Nummulines de Kos- 
cielisko et de Zakophane, et il les confond sous le nom de AN. lœvigata Lam. D’après des échan- 
tillons rapportés de ces mêmes localités par M. Murchison, et que M. de Verneuil nous a communi- 
qués, nous avons pu reconnaître, d’une part, l’exactitude des dessins de M. Pusch, et, de l’autre, 
une double confusion dans sa détermination. La première consiste en ce qu'aucune des Nummulines 
figurées n'appartient à la N. Zœvigata, et que l’échantillon représenté dans la figure 16 à appartient 
à une quatrième grande espèce, distincte destrois dont nous avons parlé ci-dessus, par l’écartement de 
ses cloisons; la seconde erreur consiste à avoir pris aussi pour la AN. /œvigata une autre espèce, 
fig. 16 &, qui, suivant toute probabilité, est la N. rotularius Desh. (Mém. de la Soc. géol., t. III, 
pl. 6, fig. 10, 11 mala), de Simphéropole en Crimée, où elle est associée avec les AV. distans et 
polygyratus. Enfin, si nous comparons cette N. rotularius avec celle des Corbières que M. Leymerie 
vient de décrire sous le nom de N. globulus (Mém. de la Soc. géol., 2° sér., t. I”, pl. 13, fig. 14), 
il nous paraît bien difficile de ne pas les regarder comme identiques , quoique déjà décrites sous trois 
noms différents , suivant le pays où elles ont été trouvées. | 

La N. millecaput a été recueillie par M. Thorent, dans le chemin de Villefranque et au rocher du 
Goulet. Elle est très commune, comme on sait, aux environs de Saint-Sever et sur d’autres points des 
Pyrénées occidentales. 


2. NUMMULINA BIARITZANA, Nob., Mém. de la Soc. géol., t. IX, p. 191. — 1837. 


Celte espèce est une des plus répandues dans les falaises de Biaritz ; nous l’avons également trouvée 
au pied du Marboré, où elle n’est pas moins abondante, et nous l’avons signalée, d’après une collection 
de M. Vène, dans les roches probablement du même âge du département de l'Aude (Bull. de la Soc. 
géol., & XIV, p. 489) ; enfin nous avons reconnu qu’elle était répandue avec une extrême profusion 
dans les couches inférieures du grand système nummulitique des Alpes de la Provence et du 
Dauphiné. L'espèce décrite récemment par M. Leymerie (Wém. de la Soc. géol., t. I, 2° sér., p. 358) 
sous le nom de V. afacicus, et figurée pl. 13, f. 13, ne nous paraît pas différer dela N. braritzana, 
que ce géologue ne cite point dans les Corbières, quoique nous ayons la presque certitude qu’elle y 
existe, d’après les collections que nous avons vues. 


CN. 4, p- 11.) DES ENVIRONS DE BAYONNE. 199 


3. NUMMULINA ELEGANS, Sow., pl. 538, fig. 2. 


Le seul individu de cette espèce que nous avons vu est parfaitement identique avec ceux des sables 
inférieurs du Soissonnais. — Port des Basques. 


Lk. NUMMULINA LÆVIGATA, Lam. 


Cette espèce, du calcaire grossier inférieur, ne nous a offert qu'un petit nombre d'individus 
provenant de la même localité. 


5. NUMMULINA CRASSA , Boubée, Bull. de nouv. gisements de France , 47° livr. — 1831. 


6. NUMMULINA. 


Une espèce que l’on pourrait appeler, à cause de sa forme, NV. infermedia, étant plus déprimée 
que la N. lævigata et moins que la NV. elegans, est très abondante dans les rochers de la Chambre 
d'Amour et autour de Bayonne. Les individus jeunes diffèrent de la N. planulata Lam. , en ce qu'ils 
ne sont pas lisses ni mamelonnés au centre, et la forme générale plane ne rappelle point celle de deux 
cônes surbaissés, opposés base à base. Cependant un certain nombre d'individus plus renflés pourrait 
faire soupçonner la présence de cette dernière espèce dans les falaises de la Chambre d'Amour comme 
près de Bayonne. 

7. NUMMULINA VARIOLARIA (Lenticulites 24. Larn.). 


Une petite espèce assez fréquente au rocher du Goulet et au moulin Sopite ne nous paraît pas 
différer de celle qui caractérise les sables moyens du bassin de Paris. 


8. NUMMULINA PLANOSPIRA, Boubée (Bull. de nouveaux gisements de France, 4° livr.). 
9. NUMMULINA PAPYRACEA ? Boubée (Pull. de la Soc. géol., t. II, p. 445. — 1832). 


Une dernière espèce, dans laquelle on n’apercoit aucune trace de cloisons, et qui par cette raison 
pourrait n'être qu’une Orbitolite papyracée extrêmement mince, lisse d’un côté et très finement 
granuleuse de l’autre, et à bords tranchants, nous semble, sauf ses dimensions beaucoup plus 
petites, se rapporter à une variété de celle que M. Boubée a décrite sous le nom de N. papyraceo. 
Ge corps paraît être la Discholites représentée par Fortis, loc. cit., pl. 2, fig. E, F, G. 


4. OPERCULINA AMMONEA Leym. (Mém. de la Soc. géol., 2° sér., t. I, pl. 43, fig. 11). - 


Quoique la coquille de Biaritz soit constamment plus petite que celle qu’a figurée M. Leymerie, 
et que les cloisons soient un peu moins nombreuses, nous croyons devoir la regarder comme appar- 
tenant à la même espèce, distincte d’ailleurs de l'O. complanata (Lenticulites, id. Defr. de Bast.) 
des faluns tertiaires de Bordeaux, laquelle nous paraît être identique avec la Spérolina Planciana, 
Bonelli, des couches correspondantes de Superga. L'Operculine, que nous avons trouvée si répandue 
dans les Hautes et les Basses-Alpes associée à la Nummulina biaritzana, est également distincte de 
l'espèce des Corbières et des environs de Bayonne, comme de la N. discorbifornus (Pusch, pl. 12, 
fig. 18). 

CALCARINA? STELLATA, Nov. sp., pl. VIE, fig. 4, a. 


Coquille déprimée, sub-lenticulaire, à bords minces et tranchants. Surfaces rugueuses ou très 


finement chagrinées, et présentant cinq ou six rayons arrondis, peu élevés, se prolongeant un peu 


au-delà du disque, qui est mamelonné au centre. 
Ce corps, que nous plaçons avec doute dans ce genre, parce que nous n’avons pu constater l’exis- 


200 DESCRIPTION DES FOSSILES (N.4, p. 12.) 


tence des loges intérieures, ressemble à celui que Faujas a figuré pl. 34, fig. 7 ( Aist. de la 
montagne de Saint-Pierre), et qui représente une variété de la C. calcitrapoides ( Siderolites, id. 
Lam.). Les Discholites à ravons du Vicentin, représentées par Fortis, loc. cit., pl. 2, fig. S, T, U, 
Y, X, semblent appartenir aussi à cette espèce. — Rocher du Goulet. 


RADIAIRES. 
CRINOIDES. 


A. PENTACRINITES DIDACTYLUS, d'Orb. M. S., Nov. sp., pl. V, fig. 16, «, 17, a, 18. 


Tête inconnue. Tige pentagonale, irrégulière, très variable, comprimée, lisse, garnie de quatre 
arêtes saillantes, crénelées, bordées sur chaque grande face du pentagone par deux sillons longitudi- 
naux. L’arête qui correspond au cinquième angle est arrondie et très obtuse. Articulations nom- 
breuses, d’égale hauteur, formant des polygones irréguliers, à angles alternativement obtus et aigus. 
Faces glénoïdales, portant sur les côtés les surfaces d'attache de deux bras axillaires. Étoile irrégulière, 
composée de cinq branches inégales comme les angles auxquels elles correspondent , concaves et lisses 
au milieu, striées finement sur leur pourtour, et séparées les unes des autres par un sillon peu 
profond. 

Fig. 17, a. Tige pentagone, moins comprimée et moins irrégulière que la précédente. Un seul 
angle saillant, les quatre autres obtus et arrondis. Articulations portant, vers le milieu de la hauteur, 
une rangée de granulations irrégulières, diversiformes. On remarque un point enfoncé sur le milieu 
des faces de la tige, à la jonction de deux articulations successives. Faces glénoïdales assez régulières, 
présentant les tubercules d'attache de deux bras axillaires. Étoiles à branches concaves, striées à leur 
pourtour, et séparées par cinq sillons ravonnant du centre. La face glénoïdale inférieure est un peu 
différente de la face supérieure. 

Fig. 18. Tige presque elliptique par l'arrondissement des angles. Cinq rangées verticales de points 
enfoncés marquent seules le milieu des faces du pentagone. Les articulations sont d’ailleurs égales 
et sans granulations. 

Outre ces trois variétés de tige, il en existe encore plusieurs autres que nous avons observées dans 
la collection de M. Al. d’Orbigny, à qui nous devons également la communication de ceux-ci. — 
Côte de Biaritz. 

2. PENTACRINITES... PI. V, fig. 49, a, 6. 


Nous avons fait figurer cette articulation, qui appartient sans doute à une espèce distincte de la 
précédente. Elle est fort petite; ses faces latérales sont égales, concaves, et présentent vers le milieu 
de la hauteur une dépression elliptique transverse, avec une barre dans le sens de son grand axe, qui 
semble indiquer la surface d'insertion des bras. L'étoile régulière a ses angles arrondis; les branches 
sont lisses et étroites au mifieu, et les stries peu nombreuses séparent des plis assez gros, inégaux et 
irréguliers. 

La forme du pentagone et les détails des faces glénoïdales rapprochent cette espèce d’une Penta- 
crine trouvée par M. Gastaldi dans les couches tertiaires de la colline de Superga, près Turin. 
— Biaritz. 

1. BOURGUETICRINUS THORENTI. Nov. sp., pl. V, fig. 20, a, B. 


Tête claviforme , allongée, composée à la base d’une seule pièce arrondie sur laquelle s’articulent 
cinq pièces basales, longues, étroites, et surmontées de cinq pièces supérieures courtes, portant en 
dessus un nombre égal d’attaches brachiales que séparent cinq tubercules plus ou moins pointus. Les 
surfaces d'attache sont munies de deux impressions. Cavité centrale ne paraissant être qu’un élargis- 
sement du canal médian. 

Nous ne connaissons que deux individus de ce petit crinoïde : l’un, recueilli par M. Thorent au ro- 


CRC) DES ENVIRONS DE BAYONNE. 201 


cher du Goulet, est plus grand et plus élargi au sommet; ses attaches brachiales sont larges, et les tu- 
bercules intermédiaires petits ; l’autre, de la collection de M. AL. d’Orbigny , est d’une taille moindre; 
il est plus étroit , les attaches brachiales sont moins larges et les tubercules intermédiaires plus élevés 
et plus pointus. C’est sur ce dernier seul que nous avons pu reconnaître les pièces du test, dont les 
cinq basales, si nous ne nous sommes pas trompé, seraient très longues et distingueraient bien le 
B. Thorenti des autres espèces de ce genre établi par M. d’Orbigny. 


ÉCHINODERMES. 
4. MICRASTER PULVINATUS. Nov. sp., pl. VI, fig. 4, a, 4. 


Corps cordiforme , un peu déprimé en dessus et en avant, faiblement relevé et caréné en arrière, 
à bords arrondis et renflés, et convexe en dessous. Sommet subcentral, d’où rayonnent quatre am- 
bulacres droits, égaux , peu profonds, et formés de deux rangées de pores géminés, réunis par un 
sillon. Quatre pores oculaires sur une plaque impaire située à l’extrémité supérieure de chaque ambu- 
lacre. Aires ambulacraires linéaires, aires inter-ambulacraires larges. Sillon dorsal moins profond que 
les ambulacres à la partie supérieure , mais plus prononcé en s’approchant du bord, et se continuant 
au-delà jusqu’à la bouche. Celle-ci est transverse, semi-lunaire et placée vers le quart antérieur de la 
base. Anus supra-marginal, grand, et ovalaire. Les aires inter-ambulacraires, sensiblement renflées, 
sont couvertes de tubercules d’inégale grosseur et irrégulièrement disséminés. Les plus gros sont ma- 
melonnés, perforés au sommet (fig. 1,5 , et entourés à la base d’une dépression circulaire; d’autres, 
simplement arrondis, sont épars entre les précédents, et la partie de la surface qui les sépare est 
très finement rugueuse et chagrinée. Au-delà des ambulacres et sur les côtés, tous les tubercules 
sont égaux, très petits, serrés, et ils redeviennent plus gros en passant sur la face inférieure. Dia- 
mètre antéro-postérieur, 69 mill.; diamètre transverse, 67 ; hauteur, 32. - 

Nous n’avons pas pu reconnaître dans le sillon dorsal les lignes simples de pores que l’on observe 
dans plusieurs Micraster voisins de celui-ci; peut-être la spathification du test les aura-t-elle fait dis- 
paraître. 

Le M. pulvinatus se rapproche au premier abord du M. arenatus Ag. (Eug. Sismonda, MWém. 
de l'Acad. de Turin, 2° série, t. VI, pl. 1. fig. 2. — 1844), échinide de la craie d’Angleterre et 
des environs de Nice, mais il en diffère par sa forme plus allongée, par ses ambulacres postérieurs 
droits et égaux aux ambulacres antérieurs. L’ambulacre impair, s’il existe, serait simple, et non 
double , comme dans le Ÿ. arenatus. L'espèce de Biaritz ne se distingue pas moins bien du #. Zatus 
Ag. figuré par M. E. Sismonda (#bid., fig. 13). Le Spatangus punctatus Grateloup, pl. 1, fig. 11, est 
trop incomplétement décrit et figuré pour que nous en indiquions les différences. Quant au Spatangus 
brissoides ou Brissoides crassum Leske, pl. 15, fig. c, la figure est également trop mauvaise pour 
en discuter les caractères. Enfin le M. pulvinatus diffère du Spatangus Desmaresti de Munst. Gold., 
pl. 47, fig. 4, par ses ambulacres droits, non pétaloïdes , et par sa forme plus régulièrement dé- 
primée. Les gros tubercules n’affectent point non plus la disposition en chapelet qu’on remarque sur 
le dessin du Pefrefacta Germaniæ. — Rocher du Goulet. 


2. MICRASTER SUBACUTUS. Nov. sp., pl. VII, Bg. 15, a. 


Corps pyriforme , allongé , arrondi en avant , en dessus, sur les côtés et en dessous, mais prolongé 
en arrière et vers la base en un rostre acuminé. Sommet organique placé vers le tiers antérieur, et 
d’où rayonnent quatre ambulacres courts, étroits, enfoncés. Ambulacre impair peu profond. Bouche 
probablement très rapprochée du bord; anus vers le haut du plan postérieur oblique qui joint la 
pointe de la carène au rostre inférieur. — Diamètre antéro-postérieur, 25 millim.; petit diamètre, 18; 
plus grande hauteur vers le tiers postérieur , 15. 

M. Agassiz (Catal. ectyp., etc., p. 2) cite à Biaritz le WMicraster acutus , qu’il regarde comme sy- 


SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. IL  Mém. n° 4. : 26 


202 DESCRIPTION DES FOSSILES 277 0) 
nonyme du Spatangus acutus Des Moul.; mais comme ce dernier n’est autre que le S. acutus Desh. 
( Cog. caract. des terrains, pl. 11, fig. 5, 6), il s’ensuivrait que ce fossile, si fréquent dans la craie 
inférieure de l’O. de la France, se trouverait aussi dans les couches à Nummulines des environs de 
Bayonne. Mais M. Agassiz a reconnu lui-même que le Micraster de Biaritz était parfaitement distinct 
de celui de la craie, et c’est ce qui nous a engagé à le faire figurer, malgré le mauvais état des échan- 
tillons. On peut voir, en effet, que cette espèce diffère du M. acutus, par sa taille plus petite des trois 
quarts, par sa forme plus allongée, un peu cylindrique , par la position du sommet organique très 
en avant, par la petitesse des ambulacres, etc. Le Spatangus pyriformis Grat., pl. 11, fig. 16, ne 
nous paraît pas susceptible de détermination. — Chemin de Villefranque. 


1. SPATANGUS ORNATUS Defr. ef auctorum (pro parte). 


Parmi les nombreux échantillons que nous avons examinés provenant des falaises de Biaritz , nous 
n'avons pu distinguer que cette espèce telle à peu près qu’elle est représentée par M. Goldfuss, 
pl. 47, fig. 2, a, b, c, car il manque à ces dessins plusieurs détails importants; mais nous 
n'avons point trouvé le Spatangus Ho/ffmannt Gold., pl. 47, fig. 3, qui y est également signalé 
par MM. Grateloup et Des Moulins, ainsi que dans le mémoire de M. Thorent, anfé, p. 182. M. Agassiz 
(Catal. ectyp., etc., p. 2) avait d’abord séparé le S. ornatus de Biaritz en lui donnant le nom de u- 
berculatus, de celui du calcaire grossier de Bordeaux, auquel il réservait le premier nom; mais, 
depuis, ce savant a reconnu que l’espèce de Biaritz était bien le S. ornatus. M. Ch. Des Moulins, qui 
n'avait pas admis non plus cette distinction, soupçonne que les individus figurés par MM. Alex. Bron- 
gniart ( Géol. des env. de Paris, pl. 5 , fig. 6) et Goldfuss, et qui manquent de cette impression dor- 
sale qui limite si nettement la région des ambulacres et les tubercules du disque supérieur, pourraient 
constituer une espèce différente; et ce qui tend à prouver qu’il y a quelque confusion à cet égard, 
c’est la variété des gisements où l’on voit citer le S. ornafus, depuis le grès vert de Lyme-Regis dans 
le Dorsetshire, jusqu'aux faluns tertiaires moyens de Saint-Juvat, près de Dinan. L'espèce de cette 
dernière localité que nous avons sous les yeux, est, en effet, on ne peut plus différente du véritable 
S. ornatus. 

C’est par erreur que le S. suborbicularis a été mentionné dans ces couches par M. Thorent, anfe , 


p. 182. 
1. SCHIZASTER VERTICALIS Ag. (S. cultratus id. Catal. ectyp., etc., p. 3), pl. VI, fig. 2, 0, 6. 


Corps très élevé, anguleux en arrière , arrondi et formant un quart de cercle en avant. Côtés ar- 
rondis. Base convexe et dont le plan forme un angle droit avec le côté postérieur. Sommet organique 
enfoncé , très petit, sub-médian antérieur, moins élevé que l'extrémité postéro-dorsale , et laissant à 
peine distinguer quatre pores génitaux très rapprochés. Cinq ambulacres inégaux, rayonnants, étroits, 
profonds , réunis et fermés au sommet, ouverts à la partie inférieure et se continuant jusqu’à la bouche 
par une gouttière élargie superficielle en dessus, plus profonde en dessous. Ambulacre impair plus 
large que les autres, garni vers le haut de deux séries de doubles pores : ces derniers très rapprochés, 
le pore interne de chaque paire étant plus petit que l’autre ; on compte neuf couples de pores à chaque 
série ou branche de l’ambulacre. Ambulacres antérieurs coupés abruptement et anguleux au fond. 
Les deux séries doubles de pores placées sur les parois presque verticales et s'étendant jusque vers la 
moitié du disque supérieur. Les pores sont allongés, mais non réunis par un sillon, On compte seize à 
dix-sept couples dans chaque rangée. Ambulacres postérieurs de moitié plus courts que les précé- 
dents, moins profonds, plus ouverts à leur extrémité et formés de deux rangées de doubles pores , 
chacune de douze couples. Aires ambulacraires fort étroites ; aires inter-ambulacraires convexes, gib- 
beuses et renflées vers le sommet. Bouche semi-lunaire , placée à demi-distance du milieu de la base 
au bord et où aboutissent les cinq gouttières prolongement des ambulacres. Anus situé à la partie pos- 
téro-supérieure de la carène, et d’où part un plan légèrement concave qui descend perpendiculaire- 


CN. 4, p.15.) DES ENVIRONS DE BAYONNE. 203 


ment sur celui de la base. La surface du test est couverte de tubercules très petits, inégaux, irrégu- 
lièrement disséminés. Ils sont moins nombreux et plus gros vers le pourtour inférieur des côtés. — 
Hauteur au-dessus de l’anus, à l'angle postéro-dorsal, 15 millim.; diamètre antéro-postérieur , 15 : 
diamètre transverse, 16. 

Cette espèce, à laquelle, d’après l’opinion de M. Agassiz lui-même, nous réunissons son S. cul- 
tratus, se trouve sur la limite des genres Wicraster et Schizaster. Elle diffère du Spatangus ou Mi- 
craster bufo Alex. Brong. par sa forme encore plus élevée et par la proéminence anale supérieure, plus 
saillante et plus étroite. La surface supérieure, au lieu d’être tronquée obliquement d’arrière en avant, 
est au contraire arrondie et renflée. Les ambulacres sont plus profonds, plus étroits et à bords angu- 
leux. Les cinq gouttières qui se réunissent à la bouche n’existent pas non plus dans le NZ. bufo. Ces 
caractères éloignent encore plus le $. verticalis du M. prunella Ag. (Spat. id. Lam.), bien plus el- 
liptique et à contours plus arrondis que le A bufo, et d’autres espèces voisines, telles que le AZ. mr- 
nima Ag. — Biaritz. : 


2. SCHIZASTER (indét.) an Spatangus acuminatus Gold , pl. 49, fig. 2? 


Nous rapportons avec doute à cette espèce des échinides dont le test n’était pas assez bien conservé 
pour être figuré. M. Des Moulins (Zabl. synop., p. 237) cite le S. acuminatus dans le terrain tertiaire 
du département de la Gironde, mais avec doute à ce qu’il semble, ainsi qu’à Blaye, Cassel et Dus- 
seldorff. Cet échinide est tout-à-fait distinct du Schizaster eurynotus que M. Agassiz (Catal. ectyp., 
p. 2) indique à Biaritz et que M. E. Sismonda a figuré et décrit (Wém. de l’Acad. roy. de Turin, 
2° série, t. VI, pl. 2, fig. 2, — 1844) comme provenant de la craie supérieure du comté de Nice. 
M. Grateloup cite avec doute le S. acuminatus dans les roches crayeuses de Tercis et de Rivière, près 
de Dax. Il est probable, d’un autre côté, qu’en indiquant à Biaritz le S. /acunosus Gold. (S. ambu- 
lacrum Desh., crassissimus de Blainv., Defr., Des Moul., Schizaster lacunosus Ag.), on l’aura con- 
fondu aussi avec l’espèce dont nous parlons. 


1. PYGORHYNCHUS SOPITIANUS , Nov. sp., pl. VE, fig. 5, a. 


Corps conoïde en dessus, à contour sub-elliptique, déprimé en avant, arrondi et élargi en arrière, 
largenent excavé en dessous. Sommet sub-central. Cinq ambulacres subpétaloïdes, ouverts à la partie 
inférieure, et formés de deux rangées de pores géminés , réunis obliquement par une strie. Deux 
sillons obsolètes paraissent se prolonger de l’extrémité inférieure des ambulacres vers la bouche. 
Aires ambulacraires , saillantes au-dessus des aires inter-ambulacraires. Bouche probablement sub- 
centrale et placée verticalement sous le sommet. Anus situé au-dessus du bord, qui est assez largement 
échancré. Surface du test couverte de très petits tubercules égaux et partout également espacés. — 
Hauteur, 34 millim. ; diamètre antéro-postérieur, 67 ; diamètre transverse à l’endroit du sommet, 59. 

Cette espèce ressemble beaucoup à la Nucleolites scutella Gold., pl. 43, fig. 14; Des Moul., cd. 
(Pygorhynchus, id., Ag.; Cassidulus, id., Lam.; C’. veronensis, Defr.), dont nous l’avions regardée 
d’abord comme une simple variété ; mais elle en diffère réellement par ses dimensions plus grandes , 
par sa forme plus élevée et plus convïde, par ses ambulacres , qui s’approchent moins des bords, et 
parce que ces derniers sont moins arrondis. — Moulin de Sopite. 


1. ECHINOLAMPAS ELLIPSOIDALIS, Nov. sp., pl. VI, fig. 3, a, 6. 


Corps sub-ellipsoïidal très allongé, un peu élargi vers le tiers postérieur, et rétréci au-delà vers l’anus. 
La courbure supérieure du test s’abaisse doucement en arrière, tandis qu’en avant elle rentre brus- 
quement en dessous , de manière à faire surplomber ce côté par rapport au plan de la base, qui est 
concave vers le centre. Côtés arrondis. Sommet organique placé vers le tiers antérieur, et présentant 
quatre pores génitaux. Cinq ambulacres ravonnants, sub-pétaloïdes, étroits, allongés, inégaux, 


204 DESCRIPTION DES FOSSILES CNAIPNES 


fermés au sommet, ouverts inférieurement. Chaque ambulacre formé de deux rangées doubles de 
pores réunis deux à deux par une strie transverse. Ambulacre impair, se terminant à la moitié de la 
distance du sommet au plan de la base. Ambulacres supérieurs formés de deux rangées inégales de 
doubles pores, la rangée supérieure étant d’un tiers plus courte que l’autre. Ambulacres postérieurs 
plus longs que les antérieurs, et formés aussi de deux rangées inégales, la rangée intérieure ou dorsale 
étant d’un quart plus courte que l’extérieure. Bouche enfoncée, elliptique, transverse, centrale par 
rapport au grand axe, mais seulement subcentrale relativement au plan de la base qui est reporté 
d'avant en arrière, Anus grand, ovale, transverse, placé dans le bord inférieur. Surface du test cou- 
verte de petits tubercules égaux, également espacés, et nettement circonscrits par une dépression cir- 
culaire. — Diamètre antéro-postérieur, 59 millim.; diamètre transverse au-dessous du sommet, 
38; en arrière du sommet, 41. Hauteur au sommet, 33: en arrière du sommet, 34. 

Le Galerites ovum, Grat., pl. 2, fig. 5 (Zchinolampas, id. Des Moul.) se rapproche assez de cette 
espèce; mais, autant qu’on peut en juger par la description et par la figure que donne M. Grateloup 
d’un moule crayeux des environs de Dax, cet échinide serait atténué postérieurement, à l'inverse 
du nôtre, qui est élargi. Les autres caractères sont d’ailleurs trop peu précis pour faire une compa- 
raison plus détaillée. Nous avons trouvé, dans le calcaire grossier du Cotentin, un moule qui paraît 
appartenir à notre Échinolampas. MM. Agassiz et Desor avaient d’abord pensé que cet échinide pou- 
vait être rapporté à l’Z, polita (Clypeaster, id. Lam.) ; mais un examen ultérieur les a engagés à le 
regarder avec nous comme une espèce distincte. — Moulin de Sopite et chemin de Villefranque. 


2. ECHINOLAMPAS ELLIPTICUS ? Ag. 


Clypeaster ellipticus de Munst. Gold., pl. 42, fig. 8; èd. polita, Lam.; Æchinolampas, id. Des Moul. 
Nous rapportons avec doute à cette espèce un échinide déformé, roulé, dont la bouche et l'anus 
nous sont inconnus. Sa forme générale paraît l’éloigner du C/ypeaster oviformis, Lam., qui est 
rétréci en arrière, quoique la figure donnée par M. Grateloup (pl. 1, fig. 10) d’un échinide trouvé 
à la fois dans les couches tertiaires et crétacées des environs de Dax, et qu’il rapporte au C. oviformuis, 
soit beaucoup plus arrondi que dans le dessin de Klein (pl. 10, fig. A). Ces deux échinides pro- 
viennent d’ailleurs de couches tertiaires, et celui de Biaritz se rapporte probablement à l'un ou à 
l’autre. Sans sa grande élévation, il aurait aussi beaucoup de rapport avec le C. affinis, Gold., 
pl. 42, fig. 6 (Æchinolampas, id. Ag. Prod.; Des Moul., Zabl. syn.). 


3. ECHINOLAMPAS SUBSIMILIS, Nov. sp., pl. VI, fig. 4, a, b. 


Corps pentagone, arrondi, sub-hémisphérique en dessus, concave en dessous, élargi un peu avant 
le tiers postérieur, et rétréci ensuite vers l’anus. Sommet sub-central etrapproché du bord antérieur. 
Cinq ambulacres inégaux, superficiels, sub-pétaliformes, allongés, fermés au sommet et ouverts infé- 
rieurement, composés de deux rangées doubles de pores réunis obliquement par une strie. Ambu- 
lacre impair, formé de deux rangées égales se prolongeant jusqu’à la moitié de la distance du sommet 
au plan de la base. Ambulacres antérieurs faiblement arqués , composés de deux rangées inégales de 
doubles pores, la rangée supérieure plus courte que l’inférieure, qui se prolonge jusqu'aux deux 
tiers de la distance du sommet à la base. Ambulacres postérieurs plus grands que les précédents, et 
dont la rangée de pores internes est plus courte que l’autre. Bouche elliptique, enfoncée, subcen- 
trale , placée exactement sous le sommet. Anus marginal, grand , ovalaire et transverse. Surface du 
test couverte de tubercules très petits, égaux et également espacés en dessus, plus gros et plus écartés 
dans le voisinage de la bouche. — Diamètre antéro-postérieur, 44 millim.; diamètre transverse à 
l'endroit du sommet, 37; hauteur en arrière du sommet, 23. : 

Cette espèce diffère de l’Æ. simulis, Ag., que nous avons souvent rencontré dans la glauconie 
grossière du bassin de Paris, par ses ambulacres impairs plus larges, et surtout parce qu’elle est plus 


UN. 4, p. 47.) DES EN YIRONS DE BAYONNE. 205 


élevée et plus arrondie. Si l’Échinolampe décrit et figuré sous ce nom par M. Eug. Sismonda ( Wém. 
de l'Acad. de Turin, 2° sér., t. IV, pl. 2, fig. 5-7) est exactement représenté, les caractères de 
ses ambulacres en feraient une espèce distincte de l’Z. similis; car on ne voit que 15 pores 
géminés sur chaque branche de l’ambulacre , tandis qu’il y en a de 28 à 30 sur ceux de Grignon, 
dont les ambulacres restent ouverts à l'extrémité inférieure, étroits et légèrement arqués, au lieu 
d’être fermés et pétaloïdes, comme dans la figure donnée par M. Sismonda. Ainsi, l'Échinolampe 
de la colline tertiaire de Turin serait distinct à la fois de celui de Grignon et de celui de Biaritz, malgré 
la ressemblance générale de leurs formes. — Biaritz. 


1. SCUTELLA SUBTETRAGONA, Grateloup. 


Mém. de géo-zoologie sur les oursins fossiles ; Actes de la Soc. linn. de Bordeaux, t. VII. 
Juillet 18:8; Ag., Mon. d'Echin., 2 livr., pl. 29, fig. 7 (fig. copiée). 


1. COELOPLEURUS EQUIS, Ag. 


Echinus equis, Val., Enc. mét., pl. 140, fig. 7, 8 ; id. Desm., Cidaris coronalis, KI, pl. 4, 
fig. D, E; Lesk., pl. 8, fig. A, B. — Biaritz (d’après M. Agassiz ). 


2. COELOPLEURUS AGASSIZH, Nov. sp., pl. VIII, fig. 2, a, 6, c, d. 


Corps sub-hémisphérique un peu déprimé en dessous et à contour subpentagonal. Sommet central 
d’où rayonnent cinq ambulacres étroits se continuant jusqu’à la bouche. Dans la moitié supérieure des 
ambulacres, les branches sont droites et les pores géminés; mais à partir de l'endroit où commencent 
les tubercules ambulacraires, les pores deviennent plus petits, s’infléchissent autour de la base des tu- 
bercules, et dans chaque paire se placent obliquement, ou même l’un au-dessus de l’autre, pour 
gagner la bouche. La partie supérieure des aires ambulacraires, lisse à l’œil nu, présente à la loupe 
quelques granulations ou des lignes aplaties, courtes, peu régulières. Vers le milieu de la hauteur, 
naissent deux rangées de tubercules mamelonnés, entourés à la base d’un bourrelet aplati. Chaque 
rangée se compose de sept tubercules dont les plus gros se trouvent au pourtour du disque là où le 
test se recourbe en dessous. 

Aires inter-ambulacraires, divisées en trois parties par deux crêtes filiformes minces, droites, den- 
telées, qui descendent du sommet à la bouche. Dans la partie du milieu, dont la largeur est double de 
celle des côtés, on remarque, le long des crêtes, cinq ou six petites attaches ressemblant à des nœuds de 
cordon, et par lesquelles passe alternativement de l’une à l’autre, comme dans des œillets, une strie 
en forme de lacet bordé, traçant ainsi des zigzags réguliers sur les aires inter-ambulacraires médians. 
Les deux parties latérales, d’égale largeur, ont vers le haut quelques granulations aplaties, et les an- 
gles du lacet simples, au nombre de trois ou quatre seulement, sont opposés à ceux de la partie mé- 
diane, et marqués par deux ou trois granulations aplaties. Les tubercules inter-ambulacraires médians, 
plus petits que ceux des ambulacres, commencent aussi plus bas et au pourtour du disque où finit 
le lacet ; ils sont disposés sur deux rangées de quatre chacune. On n’observe qu’une rangée de trois 
tubercules, plus petits encore que les précédents, sur les parties latérales de l’aire inter-ambulacraire. 
Ouverture inférieure grande, obscurément décagonale. — Hauteur, 6 millim.; grand diamètre, 11. 

Cet échinide très remarquable, que nous avions trouvé lorsque nous visitâmes les côtes de Biaritz , 
a été indiqué à tort, dans notre premier Mémoire sur la formation crétacée ( Mém. de la Soc. géol., 
t. IL, p. 179), sous le nom de Cidarites saxatilis, Mant. (pl: 17, fig. 1). M. Dufrénoy l’a égale- 
ment recueilli dans les couches à Nummulines des environs de Bayonne. 


206 DESCRIPTION DES FOSSILES (N:4, p.48.) 


BAGUETTES DE CIDARIS, pl. VIT, fig. 16, 17, 18. 


Nous avons distingué, dans la collection de M. Thorent, trois baguettes d'échinodermes très dif- 
férentes, et qui paraissent avoir appartenu au groupe des Cidaris. L'une, fig. 16, a quelque analogie 
avec celle qu'a représentée M. Eug. Sismonda, pl. 3, fig. 6 (Mém. de l'Acad. de Turin, 2° sér., t. IV), 
et qui provient des collines tertiaires moyennes des environs de Turin. Mais nous sommes loin de 
penser que ni l’une ni l’autre puisse être rapprochée du C. nobilis, Gold., qui appartient à la for- 
mation oolitique. , 

La seconde, fig. 17, est aussi voisine de la baguette figurée par le même auteur, #bid., fig. 8; 
mais la nôtre est moins grosse, et les rangées de tubercules, moins serrées, ne permettent pas d’établir 
d'identité entre celle de Biaritz et celle de la colline de Superga. | 

Enfin, la troisième, fig. 18, quoique ayant quelque rapport avec les piquants du €. Blumenbachii, 
en est cependant trop distincte pour qu’à l'exemple de M. Eug. Sismonda nous puissions confondre 
des fossiles d’âges aussi différents. Elle s’en rapprocherait cependant davantage que la baguette, repré- 
sentée pl. 3, fig. 41, qui provient du terrain tertiaire supérieur de l’Astésan , et que M. Eug. Sis- 
monda n'hésite pas à regarder comme identique avec l’espèce jurassique. 


ANNÉLIDES. 


4. SERPULA SPIRULÆA, Lam. 


Gold., pl. 714, fig. 8; Spirulæa nummularia, Bronn, Let. geog., pl. 26, fig. 16; Serpulites 
nummularius, Schlot. Pétref. , I, p. 97; Rotularia cristata, Defr. ; Vermicularia nummularia de 
Munst. C’est sans doute cette espèce que M. Pratt, loc. cit., désigne.sous le nom de S. rotula, de 
nous ne savons quel auteur. 

Cette espèce est très répandue dans le système nummulitique des Alpes orientales , dans le Véro- 
nais, et nous l’avons trouvée également commune dans les couches correspondantes de Rouaine 
(Basses-Alpes). Elle était depuis longtemps connue à Biaritz, et l’on peut la regarder comme un des 
fossiles les plus caractéristiques de ce grand horizon géologique. 


2. SERPULA CORRUGATA , Gold., pl. 714, fig. 42. Var. nob., pl. VI, fig. 5. 


Quoique nous rapportions à l’espèce décrite par M. Goldfuss la Serpule recueillie au rocher du 
Goulet, nous avons cru devoir figurer cette dernière à titre de variété. Sa taille est plus grande que 
celle des couches tertiaires d'Osnabruck ; elle s’enroule plus régulièrement dans le même plan, et une 
expansion latérale augmente son adhérence au corps sous-jacent. On n’y remarque d’ailleurs aucune 
autre trace de carène ni de sillon , etles plis, froncés et ondulés, sont généralement très serrés. 
C'est probablement cette espèce que M. Pratt, loc. cit., a prise pour la S. ampullacea Sow. 


3. SERPULA DILATATA. Nov. sp., pl. VIL, fig. 3, a, L. 


Corps vermiforme, tubuleux , arrondi , épais, rugueux, couvert dans le jeune âge de rides trans- 
verses, irrégulières, serrées, coupées par quatre ou cinq sillons longitudinaux peu prononcés 
(fig. A). Quelques tubercules épineux peu élevés sont placés de distance en distance sur la ligne 
médiane supérieure opposée au plan d’adhérence. Ouverture ronde. En vieillissant, le diamètre in- 
térieur du cube n’augmente pas sensiblement, mais les rides extérieures s’épaississent, et dans la 
dernière époque de la vie, les sillons longitudinaux deviennent plus prononcés. Ils bordent alors trois 
crêtes saillantes , dilatées, plissées , flexueuses , dont celle du haut ou du milieu est la plus élevée , et 
a son bord supérieur profondément découpé et dentelé. Dans cette dernière modification du tube, les 


(N-4,pe19.) DES ENVIRONS DE BAYONNE. 207 
rugosités transverses ont disparu ; il n’y a plus que des stries d’accroissement assez faibles, et la sur- 
face du test paraît lisse, L'ouverture est ronde et du même diamètre que dans le jeune âge, mais 
son bord épaissi est accompagné de trois crêtes qui s’abaissent en s’approchant de l’ouverture. 

Le nombre et le développement des crêtes longitudinales paraît varier suivant la position et la 
forme du corps auquel le tube adhère. Nous avions d’abord confondu cette espèce avec la S. angu- 
lata, Gold., qui se trouve aussi dans les mêmes couches ; mais elle en diffère essentiellement par ses 
modifications successives , puisque dans le jeune âge elle se rapproche de la S. corrugata , tandis que 
les crêtes qu’elle porte , étant adulte, sembleraient en faire une espèce distincte si l’on rencontrait 
des fragments séparés des deux âges, ce qui est d’ailleurs assez fréquent. — Rocher du Goulet. 


L. SERPULA NUDA. Nov. sp., pl. VIT, fig. 6. 


Corps cylindrique , lisse, mince, presque droit et dichotome. 

Nous avons éprouvé quelque incertitude sur la nature de ce corps, qui semble lié à un autre d’une 
forme plus serpuloïde , et avec lequel il paraît avoir une origine commune, bien que dans l’échan- 
tillon que nous avons sous les yeux ils soient séparés par un corps étranger auquel ils adhèrent de 
chaque côté. À la partie supérieure, le tube flexueux adhère directement au tube cylindrique, mais 
leur cavité intérieure ne communique pas, comme cela a probablement lieu pour les branches dicho- 


tomes. — Rocher du Goulet. 


5, SERPULA CORONA. Nov. sp., pl. VII, fig. 7. 


Tube simple, cylindrique, droit, muni de distance en distance de cercles lamelleux , évasés en 
forme de collerettes. Surface lisse dans les intervalles. — Rocher du Goulet. 


6. SERPULA ERUCA. Nov. sp., pL VII, fig. 8, a. 


Corps vermiforme , très petit, cylindrique , couvert dans toute son étendue de rides transverses, 
granuleuses, égales, équidistantes , et qui, vers l'ouverture, sont interrompues et remplacées par 
des granulations irrégulières. Ouverture ronde, simple. 

Cette espèce, l’une des plus petites du genre, est peu flexueuse et ressemble à certaines che- 
nilles, d’où le nom que nous lui avons donné. — Rocher du Goulet. 


7. SERPULA ANGULATA de Munst., Gold., pl. 74, fig. 5. 


Un individu assez bien caractérisé de cette espèce se trouve adhérent à la mème Huître que la pré--- 
cédente. La S. angulata est signalée dans les couches tertiaires d'Osnabruck. 


CONCHIFÈRES. 


A. SEPTARIA TARBELLIANA. Nov. sp., pl. VIIT, fig. 11. ( 7eredo Leym.) 


M. Leymerie (Mém. de la Soc. géol., 2° sér., t. II, p. 359) a décrit sous le nom de Zeredo 
Tournali plusieurs corps vermiformes assez différents. Celui qui est représenté pl. 14, fig. 2, pa- 
raît être identique avec un fragment plus grand, plus complet et trouvé sous le phare de Biaritz, et 
que nous croyons appartenir plutôt au genre Cloisonnaire qu’au genre Taret, n’ayant point à 
discuter ici la valeur ni les rapports de ces genres. Les deux tubes, séparés par une cloison papyracée, 
parfaitement continue dans toute sa longueur , sont réunis dans un premier cylindre enveloppé lui- 
même dans un second qui lui est contigu , et sans laisser aucun intervalle entre eux. Cette disposi- 
tion de deux tubes parallèles, qui est un caractère des Septaria, genre d’ailleurs peu connu encore, 
semble indiquer dans les siphons de l’animal une modification qui le distinguerait suffisamment de 


208 DESCRIPTION DES FOSSILES CN: #4, p. 20.) 


celui des Tarets. M. Sowerby a représenté, pl. 102, fig. 7, du Min. conc., un corps assez sem- 
blable à celui dont nous parlons, et qu’il rapporte à son 7. antenautæ. I] dit à ce sujet, p. 234, 
que ce fragment montre la cloison ou la place des deux valves spathulées à l'ouverture du tube, 
explication qui ne peut nullement s’appliquer à l'échantillon de Biaritz. 


4. TEREDO TOURNALI, Leym., pl. 44, fig. 3, 4. —Biaritz. — Les Corbières. 


2. TEREDO, indét. 


Corps flexueux, semblables à ceux que l’on trouve à la base de la glauconie inférieure du nord de 
la France et dans la colline de Turin (V. Burtin, Orycht. des env. de Bruxelles, pl. 27, fig. B). 
Ils sont généralement connus dans les collections sous le nom de 7°: navals, mais rien ne prouve 
encore leur identité avec l’espèce vivante de nos côtes. M. Pratt, loc. cit., paraît avoir confondu ces 
corps avec le Zeredo articulata Sow., que, nous ne savons pourquoi, M. Morris, dans son Cata- 
logue des fossiles d'Angleterre, confond avec la Serpula amphibæna Gold. — Phare au Vieux-Port. 


1. PHOLADOMYA PUSCHII, Gold., pl. 158, fig. 3. 


Cette espèce, trouvée dans les falaises du phare, diffère à la fois de la P. margaritacea, Sow., 
pl. 297, et de celle que M. Melleville a décrite et figurée sous le même nom | A». des se. géol., t. I, 
pl. 1, fig. 1, 2) ; elle est, au contraire, identique avec une coquille que nous avons recueillie dans les 
rochers de Bognor (Sussex). La P. Æonincki, Nyst. (pl. ï, fig. 9), est une quatrième espèce égale- 
ment propre au terrain tertiaire inférieur. La fréquence de cette coquille à Biaritz nous fait penser 
que c’est elle que M. Pratt a prise pour la véritable P. margaritacea. La P. Puschii appartient aux 
dépôts tertiaires de la Westphalie. 


2. PHOLADOMYA, indét. 


M. Alcide d’Orbigny nous a communiqué une espèce beaucoup plus grande que la précédente, 
et surtout beaucoup plus oblique et plus mytiloïde, mais que son état de conservation ne nous a pas 
permis de figurer ni de décrire. 


4. CRASSATELLA RHOMBOIDEA, Nov. sp., pl. VIX, fig. 9, a. 


Moule rhomboïdal , très inéquilatéral, transverse, à angles un peu arrondis, légèrement renflé 
vers le tiers supérieur, marqué de deux impressions musculaires très prononcées, l’antérieure se trou- 
vant placée perpendiculairement sous le crochet. La coquille, à en juger d’après le moule , était cou- 
verte de stries d’accroissement nombreuses assez régulières. Bord intérieur des valves finement crénelé. 

La forme de cette coquille la distingue nettement des autres espèces du genre auquel nous la rap - 
portons. — Bjiaritz (Collection de M. Al. d'Orbigny ). 


4. VENUS TRANSVERSA SoW., pl. 422, fig. 1. 


Rochers de la Chambre d'Amour. — London clay de Barton. 


2. CYTHEREA INCRASSATA, Lam., var. Sow., pl. 155, fig. 2. 


La coquille de Biaritz, d’ailleurs à l’état de moule , est beaucoup plus voisine de celle du Zondon 
clay que de celle des sables supérieurs du bassin de Paris. 


3. CYTHEREA VERNEUILI, Nov. sp., pl. VII, fig. 10, a. 


Coquille transverse , trigone, à angles arrondis. Crochets presque contigus, inclinés en avant, 
pointus au sommet. Bord supérieur arrondi en arrière ; bord antérieur tronqué vers le haut et ar- 


(N°4, p-21:) DES ENVIRONS DE BAYONNE. 209 


rondi en bas ; bord inférieur arqué. La surface des valves est couverte de stries concentriques, fines, 
très régulières et très serrées. Lunule ovale, allongée. Corcelet étroit, allongé. — Hauteur, 30 millim. ; 
largeur, 37; épaisseur, 20. 

Cette coquille, que nous ne plaçcons qu’avec doute parmi les Cythérées, n’en connaissant pas la 
charnière, nous a paru assez bien caractérisée cependant pour la distinguer de celles qui l’avoi- 
sinent le plus. Ainsi, elle diffère de la €. nitidula Lam. , et de ses variétés, par sa forme plus trigone, 
son côté antérieur plus tronqué et la régularité de ses stries. Elle est moins elliptique que les C. ery- 
cinoïdes Lam. , et suberycinoïdes Desh. Les mêmes caractères l’éloignent de la Venus vetula Bast., ou 
mieux d’une coquille de la colline de Superga qu’on nous paraît avoir rapprochée à tort de celle des 
faluns de Bordeaux. Enfin, elle ne peut être confondue avec la C. éncrassata Lam., à cause de la 


régularité de ses stries , de sa forme moins deltoïde et de son bord supérieur , moins arqué et moin 
renflé. — Rochers de la Chambre d'Amour. 


1. CARDIUM ORBIGNYANUM. Nov. sp., pl. VIX, fig., 13, a, 6. 


Moule sub-rhomboïdal, renflé, arrondi en avant, tronqué en arrière. Crocbets proéminents, très re- 
courbés, pointus, presque contigus. Bord cardinal peu arqué, faisant avec le bord antérieur un an- 
gle moindre qu’un droit , et avec le bord postérieur un angle obtus. Bord antérieur se réunissant au 
bord inférieur par une courbe circulaire régulière. Ce dernier forme, au contraire, un angle très pro- 
noncé avec le bord postérieur droit. A partir de cet angle, une espèce de carène arrondie remonte 
jusqu'aux crochets, de telle sorte que la partie postérieure de la coquille est tronquée brusquement ; 
tandis que toute la partie médiare et antérieure du disque est très régulièrement bombée. Impression 
musculaire antérieure large et très prononcée ; impression palléale étroite et remontée; impression 
musculaire postérieure peu apparente. Bord intérieur des valves finement dentelé. — Hauteur, 
39 millim.; largeur, 37 ; épaisseur, 29. 

Gette espèce, dont nous ne connaissons que le moule, se distingue nettement des Cardium tertiaires 
et en particulier du €. semistriatum Desh., par sa forme plus oblique, par ses crochets plus saillants, 
et Surtout par sa troncature postérieure beaucoup plus marquée, de même que l'angle inféro- posté- 
rieur. Elle se rapprocherait davantage de certains Cardium secondaires, tels que les C. Aillanum Sow., 
et Cofaldinum d’Orb., de la formation crétacée, le C. éruncatum Sow., de la formation oolitique, etc., 
mais il suffit de comparer ces derniers avec le €. Orbignyanum pour reconnaître de suite combien ils 
en différent. 


1. CHAMA SUBCALCARATA. Nov. sp., pl. VIL, fig. 11. 


Le mauvais état de l'individu que nous avons fait figurer et dontnousne connaissons encore que la valve 
supérieure, ne nous permet pas de donner une description complète de cette coquille ; mais ce fragment 
suffit cependant pour faire voir en quoi cette Chame, diffère de ses congénères, et par conséquent pour 
justifier sa distinction comme espèce. Les épines minces, étroites et dont plusieurs atteignent 4 centim. 
de longueur, l’éloignent d’abord des autres espèces fossiles, à l’exception de la C. calcarata Lam. : 
mais elle se distingue de cette dernière parce qu’au lieu de piliers lisses, réguliers , alternativement 
gros et petits qui soutiennent les lames papyracées , spinifères, concentriques, dentelées, régulière- 
ment espacées, du crochet jnsqu’au bord inférieur , la C. subcalcarata est couverte de stries fines, 
écailleuses , rayonnantes , interrompues seulement par des lamelles papyracées irrégulières, discon- 
tinues et disposées sans ordre. En outre, les épines naissent indifféremment au-dessus, au-dessous ou 
dansles intervalles des lamelles avec lesquelles ellesn'ont aucune connexion, tandis que dans la C. calca- 
rata, elles ne sont qu'une extension des lamelles mêmes sur lesquelles elles sont implantées. — 
Phare de Biaritz. 


2. CHAMA (indét.), pl. VIT, fig. 12. 


La différence des deux valves dans ce genre nous empêche d'affirmer que celle que nous figurons 
SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. IL Mém. n° 4. 7 


(2 


7 


210 DESCRIPTION DES FOSSILES (N: 4, p.22.) 


ici n’est pas la valve inférieure de la précédente. Cependant son peu de profondeur, indépendamment 
de ses autres caractères, pourrait s'opposer à ce rapprochement. Elle s’en distingue, en effet, par 
l'absence complète de toute trace d’épine, par la présence, au contraire, de lamelles concentriques 
nombreuses, courtes et serrées en arrière, plus espacées en avant, grandes et très relevées vers les 
bords inférieur et antérieur. Entre les lamelles, on remarque des stries perpendiculaires assez régu- 


lières et ressemblant un peu à celles de la valve précédente. — Phare de Biaritz. 


4. PINNA TRANSVERSA. Nov. sp., pl. VIIT, fig. 1 ( réduite de 1/4). 


Coquille transverse, courte, très inéquilatérale, en forme de triangle rectangle à angles très ar- 
rondis, très renflée vers le milieu et excavée du côté opposé au ligament. Crochets courts, renflés, 
arrondis, obtus, et formant le sommet de l’angle droit. (Dans le dessin cet angle n’est pas assez ouvert.) 
Le côté du ligament est le plus court, et le côté opposé aux crochets, légèrement arqué et bâillant, 
représente l’hypoténuse du triangle. Le côté antérieur concaye offre dans le voisinage des crochets 
l'indication d’un bâillement peu considérable pour Le passage du byssus. Dans cette partie, le test fibreux 
est fort épais, quoique très près du sommet, où il l’est ordinairement le moins. La surface de la co- 
quille est couverte de stries d’accroissement irrégulières, fines, nombreuses et serrées. Le test fibreux, 
de quatre millimètres d'épaisseur vers la base, s’amincit en approchant des crochets, où il en reste à 
peine des traces. — Hauteur , 149 centim.; largeur , 23; épaisseur, 9 4/2. 

Cette espèce, remarquable par sa forme, est l’une des plus grandes connues à l’état fossile. L’a- 
mincissement du test fibreux, à mesure que l’on se rapproche de la base vers les crochets, s’explique 
par la disposition du test nacré interne dont l'épaisseur croissait en sens inverse de celle du test fibreux. 
La manière exacte dont ce dernier est appliqué sur le moule pierreux autour du sommet et les em- 
preintes de stries qu’il y a laissées, montrent en outre que la disparition du test nacré est antérieure au 
remplissage ou au moins à la consolidation de la matière sédimentaire qui a servi au moulage. — Le 
seul individu jusquà présent connu de cette coquille a été trouvé au-delà du rocher du Goulet. 


1. PECTEN TRIPARTITUS Desh., pl. 42, fig. 14, 15, 16. 


Le P. tripartitus du calcaire grossier des environs de Paris n’est pas rare dans les couches à Num- 
mulines, au-dessous du phare de Biaritz et au-delà du rocher du Goulet. Nous l'avons aussi trouvé 
fréquemment dans les faluvs tertiaires d’Ambillon près de Doué (Maine-et-Loire), où il est un peu 
plus petit; nous l’avons également rencontré dans les couches nummulitiques inférieures des envi- 
rons d’Annot (Basses-Alpes). Enfin, parmi les échantillons de calcaire à Nummulines rapportés de 
Crimée par M. de Verneuil, nous y avons reconnu un individu de cette espèce de la grandeur de 
ceux d’Ambillon. 


2. PECTEN BIARITZENSIS. Nov. sp., pl. VII, fig. 9, a, à. 


Coquille allongée, équilatérale, probablement équivalve, arrondie en voûte au milieu. Crochets 
assez grands et pointus. Arêtes cardinales concaves , formant un angle au sommet de 72°. Bords laté- 
raux et inférieurs circulaires. Valve couverte de 21 côtes rayonnantes, arrondies, et séparées 
par des intervalles ou sillons de même largeur et de même forme. Chaque côte est divisée par deux 
stries longitudinales latérales peu prononcées. Des stries transverses, concentriques, un peu lamel- 
leuses, très fines, très régulières, équidistantes , détérminent à leur passage sur les côtes trois petites 
écailles arrondies qui correspondent aux divisions faites par les stries longitudinales. Dans les sillons 
qui séparent les côtes, les stries transverses sont à peine indiquées , mais on y distingue à la loupe 
un second système de stries longitudinales, quelquefois fasciculées , extrêmement délicates, courtes 
et très serrées (fig. 9 b). Oreillettes grandes, sub-égales, un peu obliques sur la valve gauche (la seule 
que nous connaissions), ornées de 6 à 8 côtes écailleuses. L'oreillette antérieure , plus grande que Ja 


UN: 4, p.25.) DES ENVIRONS DE BAYONNE. 211 


postérieure, offre à sa base un sinus arrondi assez prononcé. — Hauteur, 26 millim.; largeur, 22; 
profondeur de la valve, 5. 

L'espèce qui se rapproche le plus du P. biaritzensis est le P. triangularis, Gold., pl 95, 
fig. 2. Cependant le nôtre s’en distingue par son crochet plus allongé, par l’angle cardinal ou du 
sommet plus aigu, et parce que les sillons qui séparent les côtes, au lieu de présenter au fond 
une strie longitudinale, écailleuse, comme celles des côtes adjacentes, sont au contraire plats ou lé- 
gèrement concayes, et ornés de stries obliques très fines et très serrées. Il suffit de comparer le gros- 
sissement donné par M. Goldfuss avec celui que nous avons fait faire, pour être frappé de la différence 
de ces deux coquilles. — Phare de Biaritz, et au-delà du rocher du Goulet. 


3. PECTEN THORENTI. Nov. sp., pl. VIII, fig. 8, a, 6. 


Coquille rétrécie vers le sommet, suborbiculaire dans sa partie moyenne et inférieure. Valve 
droite (la seule que nous connaissions) , très déprimée , équilatérale, couverte de 22 ou 23 côtes 
ravonnantes , égales , arrondies , séparées par des intervalles ou des sillons également peu pro- 
fonds, et dans lesquels on observe trois ou quatre stries longitudinales plus ou moins prononcées. 
Quelques stries fines , obsolètes, se voient aussi sur les côtes ; mais, vers le bord postérieur, chacune 
de ces dernières est divisée par deux stries en trois parties inégales, dont celle du milieu est la plus 
large, et alors il n’y en a plus au fond du sillon intermédiaire. Toute la surface de la coquille est 
ornée en outre de stries transverses, fines , également espacées et lamelleuses, qui , en passant sur les 
côtés et les stries longitudinales, y déterminent des écailles arrondies ou des espèces de festons très 
réguliers. (Fig. 9, 8.) Oreillettes assez grandes, sub-égales, un peu renversées en dehors, ornées de cinq 
plis très écailleux , surtout celui qui forme le bord supérieur. Une échancrure profonde à la base de 
l'oreillette antérieure. Bord des valves dentelé. Charnière inconnue. Angle des arêtes cardinales 
de 80°. — Hauteur, 40 millim. ; largeur, 40; profondeur de la valve , 5. 

Gette espèce, quoique distincte des précédentes, appartient encore à ce groupe de Pecten plus 
ou moins orbiculaires, assez déprimés, équivalves, équilatéraux, ou sub-équilatéraux , à oreillettes 
sub-égales, dont les valves sont ornées de 18 à 25 et même 30 côtes rayonnantes, égales, séparées 
par des sillons plus ou moins profonds, et divisées par des stries longitudinales que traversent des 
stries concentriques régulières, fines, égales, lamelleuses, déterminant à leur passage sur les côtes 
et les autres stries des écailles ou des festons arrondis très élégants. 

Les écailles du P. Thorenti ressemblent beaucoup à celles du ?. biaritzensis, quoique les deux 
coquilles soient très différentes. — Phare de Biaritz et au-delà du rocher du Goulet. 


h. PECTEN BOIssy1. Nob. Mém. de la Soc. géol., t. AK, pl. 13, fig. 15, a, b, c, etfig. 16. — 1837. 


Nous doutons que la coquille du grès vert de Milber Down, en Devonshire, cilée sous ce nom 
avec les Orbitolites conica et plana, par M. de La Bèche (Xep. on the geol. of Cornw., etc., 1839), 
et par M. Morris, dans son catalogue des fossiles d'Angleterre, soit identique avec celle de Biaritz. 


5. PEGTEN SUBDISCORS. Nov. sp., pl VIIE, fig. 40 , a. 


Coquille sub-deltoïde, déprimée , arrondie à la base, équilatérale, et probablement équivalve, or- 
née de 9 côtes rayonnantes, inégales, arrondies et lisses. Oreillettes sub-égales , avec deux ou trois 
plis vers le haut. Bord dentelé à l’intérieur , où des sillons larges et assez profonds correspondent aux 
côtes de la surface extérieure. Angle des arêtes cardinales de 82°. — Haufeur, 14 millim. ; largeur, 15 : 
profondeur de la valve, 5. 

Nous avons fait figurer cette valve incomplète parce qu’elle a des caractères assez précis pour la 
distinguer de ses congénères, et en particulier du P. discors | Ostrea, id., Broc., pl. 14, fig. 13), 
qui s’en rapproche par sa forme comme par sa taiile, mais qui en diffère par la minceur de son test, 


D DESCRIPTION DES FOSSILES CN. 4, p- 24) 


par la forme de ses oreillettes, par ses côtes aplaties, au nombre de 12, et striées dans leur lon- 
gueur comme les sillons qui les séparent. Le P. subdiscors se distingue aussi par sa forme du ?P. de- 
cemplicatus de Munst. Gold., pl. 97, fig. 5. — Biaritz ( Collection de M. Al. d'Orbigny). 


1. PLICATULA KONINCKII. Nov. sp., pl. IX, fig. 5, a. 


Coquille sub-circulaire, très déprimée, à surfaces ondulées ou flexueuses. Valve supérieure couverte 
de plis étroits, rayonnants, inégaux, presque lisses vers les crochets, mais surmontés, à mesure qu'ils 
s’en éloignent, d’écailles et d’épines inégales , d'autant plus serrées et saillantes qu'ils s’approchent 
davantage des bords. Les sillons qui les séparent montrent des stries d’accroissement peu régu- 
lières, courtes, serrées, très fines et très nombreuses. Valve inférieure ornée de plis écailleux 
semblables à ceux de l’autre valve. Charnière inconnue. — Hauteur, 56 millim. ; largeur, 52; épais- 
seur, 16. 

Si par les ornements de sa surface la P. Xoninchi rappelle un peu la 2. placunea Lam. elle 
s’en distingue par ses autres caractères. L'absence de trace d’oreillettes dans le seul individu que nous 
conpaissions , lequel est d’ailleurs incomplet, et le peu d'épaisseur de la coquille nous l'ont fait placer 
provisoirement parmi les Plicatules; mais en remarquant que nous n'avons pu apercevoir la 
charnière, peut-être lui trouvera-t-on une certaine ressemblance avec l'Hinnites Brussoni de 
M. Marcel de Serres ((réog. des ter. tert., pl. 5, fig. 1-2), dont les ornements de la surface sontmoins - 
nombreux et moins serrés — Moulin de Sopite , au-delà du rocher du Goulet. 


1. SPONDYLUS NYSTIIL. Nov. sp., pl. IX, fig. 3 a, 4. 

Coquille très inéquivalve, irrégulièrement ovalaire. Valve inférieure très profonde, fortement 
géniculée. Surface d’adhérence aplatie . grande , allongée, s'étendant du crochet jusqu’au- 
delà de la moitié du disque et limitée à son pourtour par des lamelles courtes et serrées. Des stries 
longitudinales, nombreuses, inégalement espacées, croisées par des stries d’accroissement fines, assez 
rapprochées , qui se relèvent çà et là en formant des lames écailleuses courtes, occupent le reste 
de la surface jusqu’au bord. Entre les stries longitudinales, s'élèvent quelques tubercules épineux 
irrégulièrement disséminés. Valve supérieure presque plane ou légèrement infléchie, couverte de 
plis fins, étroits, serrés, égaux, écailleux vers les bords. — Hauteur, 42 millim. ; largeur, 28 ; 
épaisseur, 23. 

Nous avons fait représenter (fig. 4) un individu provenant des faluns de la Touraine, et qui nous a 
paru ne différer de celui de Biaritz que par sa surface d’adhérence beaucoup moins étendue , carac- 
tère d’ailleurs peu important. Nous ne connaissons que la valve inférieure de ce dernier, dont nous 
donnons un dessin pour indiquer les caractères de la. charnière et du talon qui manquent dans le 


Spondyle du port des Basques. 


2. SPONDYLUS DETRITUS. Nov. sp., pl. IX, fig. 2 a. 


Malgré l’état fort incomplet de cette coquille, nous avons dû la faire figurer pour démontrer le peu 
de fondement des analogies que l’on avait cru trouver entre certaines coquilles des couches à Num- 
mulines de Biaritz et des espèces de la formation crétacée. Le fragment que nous avons sous les yeux 
montre qu’il appartient à une coquille équivalve, sub-équilatérale, symétrique ct régulière. Les deux 
valves portent des côtes longitudinales, rayonnantes, inégales, arrondies, avec quelques rares tuber- 
cules sur l’une d’elles. Ces caractères suffisent pour distinguer ce Spondyle du S. spinosus (Plagios- 
toma id., Sow.) de la craie blanche, cité à tort à Biaritz ( Bull. de la Soc. géol., 9° sér., t. I‘; 
Quait. Rev. geol. Soc. Lond., t. Ir, p. 113, et dans le mémoire précédent de M. Thorent). Cette 
espèce est plus grande, plus large, moins renflée , et a les côtes rayonnantes, égales, régulières, sépa- 
rées par des sillons très profonds. -— Au pied du phare de Biaritz. (Collection de M. Al. d'Orbr- 


ny. ) 


(AN: 4, p. 23.) DES ENVIRONS DE BAYONNE. 213 


3. SPONDYLUS DUBIUS. PI. IX, fig. 4, à. 


Nous ne connaissons que le moule de cette espèce; et bien que dans ce genre, moins encore que 
dans tout autre, le moule ne puisse traduire les caractères de la coquille, celui-ci suffira cependant 
pour faire voir qu’il ne peut provenir du S-. spinosus, coquille déprimée, symétrique, équilatérale, 
régulièrement semi-circulaire en arrière, ayant tout-à-fait l’aspect d’une Lime ou même d’un 
Peigne ; tandis que le moule dont nous parlons aurait une certaine ressemblance avec le S. gædro- 
pus Lin.: c’est au moins l’espèce dont il paraît se rapprocher le plus. Serait-ce cette espèce et la pré- 
cédente que M. Pratt, loc. cit., aurait rapportées aux S. radula Lam., et rarispina Desh. ? — Au pied 
du phare de Biaritz. (Collection de M. AI. d'Orbigny.) 


4. OSTREA FLABELLULA Lam., Desh., pl. 63, fig. 5, 6, 7. 
Port des Basques. — Terrain tertiaire inférieur (calcaire grossier, sables inférieurs, London clay). 
2. OSTREA LATERALIS Nils., pl. 7, fig. 7-10. 


Le fragment recueilli au rocher du Goulet ne nous paraît pas différer de la coquille si fréquente sur 
certains points dans la craie inférieure. M. Leymerie (Mém. de la Soc. géol., 2° sér., t. I, p. 367, 
pl. 15, fig. 7) décrit et figure aussi cette espèce comme se trouvant dans le système nummulitique du 
département de l'Aude. 


3. OSTREA YESICULARIS Lam. , Al. Brong., pl. IL, fig. 5. 


Nous rapportons également à cette espèce de la craie blanche un individu assez complet, recueilli 
à la Chambre d'Amour. D’après le catalogue de M. Thorent , d’autres auraient été trouvés au-delà du 
rocher du Goulet. Un second individu que nous avons sous les yeux, et qui provient de la même loca- 
lité que le premier, est plus grand, et la surface d’adhérence du crochet étant fort petite, contrairement 
à ce qui a lieu d'ordinaire dans cette espèce, il en résulte une coquille tout-à-fait gryphoïde, et, au 
premier abord , assez différente de la précédente. Cependant nous croyons ne devoir la regarder que 
comme le résultat d’une circonstance particulière. 

Si, par la comparaison de beaucoup d'échantillons, ces deux coquilles, l’une que nous rapportons à 
l'O. lateralis et l’autre à l'O. vesicularis, sont trouvées distinctes des espèces de la craie, elles ne le 
sont pas moins des espèces tertiaires jusqu’à présent connues. 


h. OSTREA (indét. ). 

Espèce qui a quelque analogie avec l'O. palliata Gold., pl. 77, fig. 4, mais qui en diffère par 
ses plis moins nombreux et plus irréguliers. Sa forme générale et ses contours sont plus ondulés et 
flexueux. Un seul échantillon un peu détérioré a.été trouvé au rocher du Goulet. M. Bertrand Geslin 
Va recueilli à Lonigo, dans le Vicentin. 


5. OSTREA LATISSIMA Desh.. pl. 52, 53, fig. 4, 0. gigantea Sow., pl. 64. 


Nous avons signalé, lors de notre premier travail (Wém. de la Soc. géol., t. IE, p. 18h), l'existence 
dans la falaise de Biaritz d’une espèce d’Huître colossale dont nous n'avions vu que des fragments 
tout-à-fait indéterminables, mais remarquables par l'épaisseur du test, qui atteignait jusqu’à 4 cen- 
timètres. Il est probable qu'ils appartiennent à l'O. latissima, que M. Thorent nous cite comme se 
trouvant, en effet, sous le phare et dans le chemin de Villefranque, et dont il a vu aussi un échantillon 
provenant du Vicentin. Cette espèce appartient, comme on sait, au terrain tertiaire inférieur du nord 
de la France, de la Belgique et de l’Angleterre. MM. de Verneuil eu Dubois en ont trouvé, dans les 
calcaires à Nummulines de la Crimée, une variété fort épaisse, à valve très gibbeuse et convexe, qui 
serait peut-être celle de Biaritz; enfin M. Leymerie la signale également dans les roches nummuli- 
tiques des Corbières. 


214 DESCRIPTION DES FOSSILES (CN: 4, p. 26.) 


1. GRYPHÆA (indét.). 


M. Thorent nous indique encore, sur le chemin de Villefranque, une grande Gryphée qui aurait jus 
qu’à 25 cent. de diamètre. Un seul individu à l’état de moule a été rencontré en cet endroit, et un 


autre à Tercis (Landes) , mais sans indication de terrain. 
v 


1. VULSELLA FALCATA DE MUNST. Gold., pl. 107, fig. 40, a, 6. Var. nob., pl. VIII, fig. 2, 3, a, 4, a. 


Cette espèce paraît être très variable dans sa forme. Lorsque l’on compare un certain nombre 
d'individus, on trouve des passages insensibles depuis la forme symétrique, équilatérale et transverse 
(fig. 2), jusqu’à des coquilles allongées, mytiloïdes, à crochets terminaux (fig. 4) ou sub-terminaux 
(fig. 3). Nous croyons devoir rapporter, quant à présent, toutes ces formes à celle de M. de Munster, 
figurée et décrite par M. Goldfuss. Cette dernière, très fréquente elle-même à Biaritz, peut être prise 
comme un intermédiaire entre les extrêmes que nous avons fait figurer. — Au-delà du rocher du 
Goulet. — Elle est aussi signalée au Cressemberg, dans la Bavière orientale, dans des couches proba- 
blement du même âge. 

La Vulselle de la craie de Saintes (Char.-Infér.), que nous avions regardée comme une autre va - 
riété de celle-ci (Wém. de la Soc. géol., t. IT, p. 188), paraît appartenir à une espèce distincte. 


1. TEREBRATULA TENUISTRIATA Leym., pl. 45, fig. 11, a, b, c. Var., pl. VII, f. 44, a, 6. 


M. Leymerie (Wém. de la Soc. géol., 2e série, t. I, p. 362) pense que sa 7°. temustriata offre des 
passages à la coquille qu’il a fait représenter (même planche, fig. 12), et à laquelle il conserve avec 
doute le nom de 7”. Defrancii. L’échantillon que nous avons fait figurer est précisément une de 
ces formes intermédiaires dont parle M. Leymerie, et qui, en confirmant le rapport qu'il a fort bien 
indiqué, prouve que la 7. substriata (fig. 11), la T°. Defrancii (fig. 12) et l'individu que nous avons 
fait dessiner ne sont que des modifications d’une même espèce, très distincte d’ailleurs de la 7. Defran- 
cit Al. Brong., pl. 3, f. 3, comme nous allons le faire voir. 

En effet, sa taille est toujours moindre de moitié, sa forme générale est plus elliptique , les arêtes 

cardinales sont arquées, et non pas droites, comme dans le 7”. Defrancii ; le front, au lieu d’être droit, 
décrit une courbe bien arrondie avec les arêtes latérales, et il ne se relève pas vers la valve ventrale, 
de sorte que, vu de profil, il reste exactement dans le plan de jonction des valves. Le bourrelet ventral 
ne présente non plus aucune trace de dépression médiane. Le crochet de la valve dorsale est moins 
recourbé, et il est tronqué obliquement d’arrière en avant. Lesstries dans les deux espèces se bifur- 
quent , à la vérité, très près des crochets; mais la bifurcation n’a pas lieu de la même manière. Dans 
la 7°. Defrancii, toutes les stries sont égales et très fines autour des crochets ; dans celle de Biaritz, 
les stries qui parviennent jusqu’à la pointe sont beaucoup plus grosses en cet endroit, et à mesure 
qu’on s’en éloigne, il y a insertion de stries plus fines , qui grossissent à leur tour , de telle sorte 
que vers le bord elles sont toutes égales. La 7. tenuistriata diffère aussi par d’autres caractères 
mportants de la 7°. sfriatula, Mant., Sow., pl. 536, fig. 4, dont elle rappelle seulement la forme et 
les dimensions. Est-ce notre coquille que M. Pratt, loc. cit., et Quart. Journ., t. 1%, p. 113, nota, 
aurait prise pour la Z. sfriatula, et qu'il cite avec le 7. bisinuata, non loin des Ophites de la côte? 
C’est ce qu’il nous est impossible de préciser. Cette espèce a été citée à tort comme étant la 7. caput 
serpentis, antè, p. 184. — Au-delà du rocher du Goulet et chemin de Villefranque. 


2. TEREBRATULA ÆQUILATERALIS. Nov. sp., pl. IX, f. 7, a. 


Nous avons fait représenter cette valve dorsale peu complète, d’une grande espèce, qui nous a 
paru distincte de toutes celles que nous connaissons. A en juger par les stries d'accroissement les plus 
rapprochées da bord, sa forme devait être celle d’un triangle équilatéral. Le crochet recourbé, 
grand , assez pointu , est percé à l'extrémité d’un trou rond. Les arêtes cardinales , formant deux des 


(N: 4, p.27.) DES ENVIRONS DE BAYONNE. 215 
côtés du triangle par la suppression complète des arêtes latérales, se joignent directement au front, qui 
occupe à lui seul le troisième. La surface de la coquille, régulièrement bombée du crochet jusqu’au 
front, est unie, lisse, ou marquée seulement de stries peu régulières et peu prononcées. — Au-delà 


du rocher du Goulet. 
1. ORBICULA TARBELLIANA. PI. IX, fig. 6. 


Coquille elliptique, un peu tronquée en avant. Valve inférieure mince, papyracée ; valve supé- 
rieure plus petite, trochoïde , déprimée. Sommet sub-terminal , peu élevé, pointu et recourbé. Stries 
d’accroissement inégales, ondulées et rugueuses sous le sommet. — Hauteur, 15 millim. ; lar- 
geur, 13 ; épaisseur, A. 

Cette espèce, qui ressemble à l’O. /amellosa, Brod. (Non. id. nob., Mém. de la Soc. géol., 
t. LE, pl 41, fig. 7), est plus allongée et plus déprimée. L’adhérence et la minceur de la valve in- 
férieure ne nous ont pas permis de déterminer la forme, la place et les dimensions de son ouver- 
ture. — Port des Basques. 

MOLLUSQUES. 


DENTALIUM GRANDE ? Desh. Mon. du genre Dentale. 


M. Pratt cite cette espèce à Biaritz, et il serait possible, en effet, que les échantillons roulés de la 
collection de M. Thorent lui appartinssent ; cependant nous leur trouvons plus de ressemblance 
avec la variété du 2. elephantinum Lin. , signalée par M. Deshayes, et découverte par M. Boué dans 
le terrain tertiaire de Vienne. 


4. NATICA. 
Moule indéterminable. — Port des Basques. 


4. TORNATELLA ALLIGATA Desh.? pl. 23, fig. 3, 4. 


Nous conservons quelques doutes sur l'identité de la coquille des environs de Paris avec celie 
qui a été recueillie à la Chambre d'Amour, et dont la base de l’ouverture et le bord droit ont été 
brisés; mais nous n’hésitons point à rapprocher cette dernière de celle que nous avons trouvée 
près de La Mure (Basses-Alpes), dans les marnes sableuses placées entre les couches inférieures à 
Nummulines et les grès puissants qui surmontent tout le système. 


4. TURRITELLA CARINIFERA Desh. , pl. 36, fig. 4, 2. 


Rochers de la Chambre d'Amour. — Calcaire grossier du bassin de Paris. 


2. TURRITELLA IMBRICATARIA Lam., Desh., pl. 38, fig. 4, 2. 


Les échantillons recueillis au port des Basques sont trop incomplets pour décider s'ils appar- 
tiennent aux variétés du calcaire grossier des environs de Paris ou à celles des sables inférieurs. 


1. CERITHIUM SUBLAMELLOSUM. Nov. sp., pL IX, fig. 8, a. 


Coquille turriculée, pointue au sommet. Tours croissant lentement, régulièrement convexes, 
séparés par une suture profonde canaliculée. Tours ornés de trois rangées égales de granulations 
équidistantes ; sur le dernier tour on en observe sept, dont trois intermédiaires plus petites que les 
quatre autres. Alignées dans le sens de la hauteur des tours, les granulations déterminent par leur 
réunion des plis transverses granuleux. Sur la base, quatre plis lamelleux concentriques entourent 
le bord gauche. Un bourrelet traversé par les stries granuleuses et les lamelles de la base se trouve 


sur le dernier tour placé du côté opposé à l’ouverture. Bouche incomplète. Bord droit et canal 


216 DESCRIPTION DES FOSSILES (N: 4, p.28.) 
inconnu. Bord gauche se réunissant au bord droit, en formant un angle saillant sur l’avant-dernier 
tour, avec une petite gouttière à l’intérieur, concave ensuite et-revêtu d’une callosité épaisse , réflé- 
chie sur la base, et qui remonte vers le canal, avec l’origine duquel elle paraît se confondre. 

Quoique nous ne connaissions de cette coquille qu’un échantillon peu complet, nous avons dû la 
décrire et la figurer pour faire voir en quoi elle diffère du C. /amellosum Lam., auquel on pourrait 
être tenté de la réunir. Les arêtes du cône spiral sont droites, et l’accroissement des tours est gra- 
duel et régulier ; dans le C. lamellosum , ces arêtes sont convexes , l’accroissement des tours est peu 
régulier, et ceux-ci sont plus convexes. Des plis transverses, élevés, arqués, irréguliers, sont 
traversés par cinq ou six stries longitudinales, inégales, qui déterminent à leur passage des dente- 
lures plus ou moins prononcées. Dans le C. /amellosum, au lieu de plis, ce sont trois rangées de 
granulations régulières et égales. Lors même que de meilleurs échantillons que le nôtre montre- 
raient entre ces rangées une strie intermédiaire, cette ornementation différerait toujours, par sa 
régularité, de celle du C. lamellosum , ainsi que de celle du €. plicatum Lam., qui porte toujours 
quatre rangées de granulations , dont les plis de la base sont granuleux , qui n’a point le bord gauche 
revêtu d’une callosité épaisse et réfléchie , et qui manque du bourrelet qui, sur le dernier tour, est 
opposé à l’ouverture. — Port des Basques. 


2. CERITHIUM BACCATUM Al. Brong., pl. 3, fig. 22? 


Le mauvais état de l’échantillon rend ce rapprochement très douteux, et cette coquille est aussi 


voisine du C. semicoronatum Desh., pl. 50, fig. 1, 2, 3. — Port des Basques. — Vicentin? Calcaire 
grossier de Paris ? 


1. Fusus. 


Moule voisin du F. unicarinatus Desh., pl. 72, fig. 11, 12, et du F. serratus id:, pl. 73, fig. 42, 
13. — Rochers de la Chambre d'Amour. 


1. TRITON BIGINCTUM Desh., pl. 80, fig. 33, 34, 35. 


Biaritz. — Calcaire grossier du bassin de Paris. 
4. Conus. 
Moule très incomplet, dont la spire ne dépasse pas le dernier tour. — Chambre d'Amour. 


4. BELOPTERA BELEMNITOIDEA de Blainv., Malac, supp., pl. 11, fig. 8. 


Biaritz (Collection de M. Alc. d'Orbigny). — Galcaire grossier de Paris. 


CRUSTACÉS. 


1. CANCER PUNCTULATUS Desm., pl. 7, fig. 3, 4. 


Au-delà du rocher du Goulet, chemin de Villefranque. — Est aussi cité par Desmarest, aux 
environs de Dax, dans le Véronais, le Vicentin , etc. 


2. CANCER. 


Quoique plusieurs carapaces présentent tous les caractères indiqués par Desmarest pour le Cancer 
punctulatus , d’autres à surface lisse offrent , dans la forme et les détails de la queue et des parties 


LN. 4, p. 29.) DES ENVIRONS DE BAYONNE. 947 


adjacentes plus de rapports avec le C. quadrilobatus du même auteur, pl. 8, fig. 1-2, qui est 
aussi signalé aux environs de Dax. — Des individus plus complets pourront seuls décider à cet égard. 


3. CANCER? 


Enfin, nous signalerons comme provenant d’un crustacé distinct des précédents, un fragment de 
pince qui a dû appartenir à une très grande espèce, à en juger par ses dimensions, et surtout par 
l'épaisseur extraordinaire de son test. 


OBSER VATION. 


Ce Mémoire ayant été présenté à la Société géologique dans la séance du 4 mai 1846, l'impression 
du texte et les dessins des planches commencés immédiatement étaient presque terminés, lorsque parut, 
dans les premiers jours de juillet, la 22° livraison de l’/conographie zouphytologique de M. H. Michelin. 
Dans cette livraison se trouve figurée pl. 63, fig. 2, sous le nom de #/abellum pyrenaicum, notre 
Turbinolia calcar. Le Flabellum vaginale , ibid., fig. 3, est une variété de notre Turbinolia den- 
talina. La Lunulites Vandenheckei , de la même planche, paraît être celle que le mauvais état des 
échantillons ne nous a pas permis de déterminer. L'Orbitolites Pratti, ibid., fig. 14,i serait notre 
Orbitolites submedia. L'Oculina incerta, ibid., fig. 11, est celle dont les caractères incomplets ne 
nous ont permis que d'indiquer le genre. Enfin le Diastopora Thorenti, ibid. , fig. 15, ne serait autre 
que notre Pustulopora Labati. 

Lors de notre communication et pendant l'impression du Mémoire, nous ignorions complètement 
que M. Michelin s'occupât, de son côté, des fossiles de Biaritz; mais comme il n’en était pas de 


même de lui à notre égard, nous regrettons qu’il ait pu donner lieu à des doubles emplois, toujours 
fâcheux, par la confusion qu’ils jettent dans la science. 


ERRATUM 
RELATIF À LA DEUXIÈME PARTIE DES ÉTUDES SUR LA FORMATION CRÉTACÉE. 


Page 113, ligne 16, au lieu de M. Fitton, lisez MM. Ibbetson et Forbes. 


SOC. GÉOL. 2° SÉRIE. T. II. Mém. n° 4. 28 


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TABLE 
DES MÉMOIRES CONTENUS DANS LA PREMIÈRE PARTIE DE CE VOLUME. 


Études sur la formation crétacée des versants Sud-Ouest, Nord et Nord-Ouest du plateau 
central de la France, par M. le vicomte D’ARCHIAC (deuxième partie). . . . . Page 
IT. Sur la vraie position géologique du terrain du Macigno, en Italie et dans le midi de la 


1 


PEN, jnr Le JMHENS UE 6 certe Miotolonoroio cd CT RP DR OlO ENS Gene e 
IIT. Nouvelles observations sur le terrain hétrurien, par L. PILLA. . . . . . . . . . . .. 
III bis. Sur la géologie des environs de Bayonne, par M. SAMUEL PEACE PRATT. . . . . .. 
IV. Description des fossiles recueillis par M. Thorent dans les couches à Nummulines des en- 


virons de Bayonne , par M. le vicomte D'ARCHIAG. . . . . . . . . . . . . . . . .. 


FIN DE LA TABLE DE LA PREMIÈRE PARTIE. 


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MÉMOIRES 


SOCIÉTÉ SAociour 


DE FRANCE. 


Ge trouve a Londres, 


Cuez BOSSANGE, BARTHES er LOWELL, LiBRAIRES . 


14, GREAT MARLBOROUGH STREET. 


PARIS. — IMPRIMERIE DE L. MARTINET, 
Imprimeur de la Société géologique de France, 
RUE JACOB, 50. 


MEMOIRES 


DE LA 


SOCIÈTE GEOLOGIQUE 


DE FRANCE. 


DEUXIÈME SÉRIE. 


ONE WEMALECINE, — Dhuzime parte. 


PARIS, 
PB. BERTRAND, ÉDITEUR, LIBRAIRE, 
RUE SAINT-ANDRÉ-DES-ARCS, 69. 


1847. 


La Société déclare qu'elle laisse aux Auteurs la responsabilité des faits et des 
opinions contenus dans leurs Mémoires. 


V. 


MÉMOIRE 


SUR LA 


CONSTITUTION GÉOLOGIQUE DU SANCERROIS 


{Partie septentrionale du département du Cher} , 


PAR V® RAULIN. 
Lu à la Société gévlogique le 48 novembre 1844 (1). 


Introduction. 


Entre la plaine de la Sologne au N. et à l'O. , celle du Berry au S., et la vallée 
de la Loire à l'E, il y a une petite région montueuse, qui fait partie de l’ancien 
Berry, et qu’on peut désigner sous le nom de Sancerrois, d’après celui de la ville 
principale, Sancerre , qui se trouve près de la limite orientale de cette région sur 
une haute colline dont le pied est baigné par la Loire. 

Située entre la grande route de Moulins à l'E. et celle de Limoges à l’O., cette 
région n’est traversée que par la route peu fréquentée de Gien à Bourges ; aussi 
est-elle restée jusqu'à présent à peu près inconnue aux géologues. En effet, on 
ne peut guère tenir compte de la description confuse donnée par M. Fabre, en 
1338, dans sa Description physique du Cher. La manière même dont le Sancer- 
rois est colorié sur la carte géologique de la France, fait assez voir que les 


(4) Lors de la lecture de ce travail, dont une analyse se trouve dans le Bull. de la Soc. géol., 
2° série, t. IV, pag. 84, M. d’Archiac, qui connaissait le Sancerrois, nous fit quelques observations 
qui augmentèrent le désir que nous avions déjà de revoir le pays avant l’impression de ce mémoire. 
Quelques mois après , le Muséum d'histoire naturelle nous ayant confié l'exploration de l’île de Crète, 
nous ne pûmes réaliser notre désir en 1845. La publication de notre travail subit alors un ajournement 
forcé pendant lequel M. d’Archiac donna un aperçu du Sancerrois dans la seconde partie de ses Études 
sur la formafion crétacée, qu'il présenta à la Société géologique , le 13 janvier 1845 et qui parut en 
septembre 1846 dans les Mém. de la Soc. géol., 2° série , tom. IX, 4*° partie. C’est dans les premiers 
jours d’octobre 1846 que nous avons pu retourner à Sancerre, où nous avons découvert seulement 
alors une faille soupçonnée par M. d’Archiac, mais qui nous avait échappé lors de notre second voyage 
en 4844. Pour conserver à notre travail sa véritable date, nous aurons soin de distinguer par des 
guillemets les additions postérieures à la lecture faite devant la Société. 


SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. IL Mém. n°5. 29 


220 CONSTITUTION GÉOLOGIQUE (Rp) 
auteurs de celle-ci, occupés de l’étude des grandes régions montagneuses de la 
France , n’ont pas eu à leur disposition le temps nécessaire pour visiter cette 
petite contrée en détail. L’attention des géologues, cependant, aurait dù être 
éveillée par cette circonstance que l'étage supérieur du terrain jurassique, qui 
atteint à peine 250 mètres d'altitude à Pouilly-sur-Loire, et 150 mètres à Vatan, 
sur les deux routes citées ci-dessus, est représenté sur la carte géologique de 
la France comme atteignant l'altitude de 432 mètres à Humbligny, vers le tiers 
oriental de la longueur du Sancerrois. 

Revenant de Néris en septembre 1843, nous passâmes par Sancerre, afin de 
traverser la Sologne, que nous ne connaïssions pas. En sortant de cette ville vers 
le N.-0. , et en suivant la route d’Aubigny, nous fûmes très étonné de rencontrer 
l'étage supérieur du terrain jurassique à une hauteur inusitée et sur un point où 
la carte géologique de la France indique les couches moyennes du terrain crétacé 
et le terrain tertiaire moyen. Nous entrevîmes de suite qu'il y avait là quelque 
chose d’extraordinaire qui méritait d'être examiné. C’est le résultat des études 
que nous avons faites dans le mois d'août 1844, que nous venons soumettre au 
jugement des géologues. 

Nous allons successivement examiner l’orographie du Sancerrois et les diffé- 
rents terrains qui le constituent ; nous arriverons ensuite à la disposition de ceux- 
ci, puis nous terminerons par quelques considérations générales. 


$ L Orographie, 


Le Sancerroïis est une surface bombée, ayant la forme d’un triangle à côtés 
convexes , dont les angles, assez fortement arrondis, sont placés dans le voisinage 
des villes de Sancerre, de Gien et de Vierzon. Sa longueur , de Vierzon à la Loire, 
est de 65 kil. , et la plus grande largeur, de Sancerre à Argent, est de 50 kil. Le 
Sancerrois présente donc la forme d'une grande pyramide triangulaire extrême- 
ment surbaissée, dont les deux plus grandes faces regardent le N.-0. et le S., et 
dont la plus petite fait face au N.-E. Celle qui regarde le N.-0. possède une pente 
très douce, tandis que les deux autres ont des pentes plus rapides. Aussi, de la 
Sologne, s’aperçoit-on peu de l'élévation du Sancerrois , tandis que de la vallée 
de la Loire et de la plaine du Berry on le voit constituer une chaîne assez élevée, 
qui paraît déjà de Nérondes à 35 kil. au S.-E. Les pentes moyennes sont très 
faibles ; celle du revers N.-0., mesurée entre la Motte d'Humbligny et Aubigny, 
n’est que de 0° 31’ ou 1/111. Les pentes moyennes des revers N.-E. et S., prises 
entre la colline de Morogues et les Aix-d’Angillon, sont plus rapides ; elles attei- 
gnent 4° 47 ou 1/26. La partie culminante du Sancerrois est la colline, dite la 
Motte d'Humbligny , et un petit plateau boisé, situé au N.-0. de celle-ci, qui 
tous deux atteignent l'altitude de 434 mètres. Ces deux points sont situés vers le 
tiers oriental de la plus grande longueur de la région et assez près de son bord 
méridional. 


(N.5, p 5.) DU SANCERROIS. Mc 

Le Sancerrois est donc unesorte d’île montueuse qui s'élève à plus de 200 mètres 
au-dessus\des plaines environnantes. En effet , la Beauce et la Sologne, au N. et 
au N.-0., atteignent des altitudes d'environ 160 mètres, qui se réduisent à 
120 mètres à l'O. vers Romorantin ; le Berry au S. est en moyenne à 200 mètres. 
La grande vallée de la Loire à l'E. atteint de 135 à 155 mètres; elle sépare le 
Sancerrois de la Puisaye , qui possède des altitudes de 200 mètres le long de la 
Loire, mais qui se relève à l'E. et va atteindre 355 mètres à Bouy, à 20 kil. à l'E. 
de ce fleuve. | 

Le Sancerrois est le paysle plus élevé qui se rencontre dans toute cette moitié 
occidentale de la France qui comprendles trois grandes régions naturelles connues 
sous les noms de bassin de Paris, de presqu'île de Bretagne et de bassin de Bor- 
deaux; moitié de notre territoire qui se trouve limitée d’un côté vers l'O. par la 
Manche et l'Océan atlantique, et de l’autre côté vers l'E. par l’Ardenne, les 
Vosges, le Plateau de Langres, le Plateau central et la chaîne des Pyrénées. 

Le Sancerrois est séparé en trois parties par deux vallées transversales qui 
le traversent de part en part et qui courent du S.-E. au N -O. à peu près, suivant 
le sens de la plus grande pente de sa surface; ce sont les vallées de la Grande- 
Sauldre à l'E. et de la Petite-Sauldre à l'O. Contrairement à ce qui a lieu dans les 
pays de plaines horizontales, les profondeurs de ces vallées , qui atteignent 140 et 
170 mètres à leur naissance, près du bord méridional du Sancerrois, se réduisent 
à 15 à 20 mètres à leur sortie sur le bord N.-0., à Clémont et à Souesmes ; ce qui 
tient à ce que l’inclinaison de la surface de la région est plus rapide que celledes 
thalweg de ces vallées. Plusieurs autres vallées plus petites sillonnent parallè- 
lement aux deux premièresle revers N.-0., mais sans atteindrel’arête culminante ; 
les principales sont celles de la Notre-Heure, de l'Oizonette, de la Nerre et de la 
Rère, qui toutes, à l'exception de la première , débouchent dans celles de la 
Grande et de la Petite-Sauldre. Ces deux dernières , peu après leur sortie de la 
région, se réunissent elles-mêmes en une seule, qui va aboutir à la vallée du Cher, 
au dessous de Romorantin. Le revers méridional du Sancerrois présente les vallées 
du Barangeon , du Moulon , du Colin et quelques vallons qui débouchent en grande 
partie dans celle de l’Yèvre , laquelle se réunit elle-même à la vallée du Cher, 
devant Vierzon. Le revers N.-E. ne présente que de petits vallons qui aboutissent 
tous directement à la grande vallée de la Loire. 

L’arète culminante du Sancerrois qui sépare le revers méridional du revers 
N.-0. forme, comme on voit, la ligne de partage des eaux qui s’écoulent, d'une 
part, au N. par la Grande-Sauldre, et d'autre part, au S., par l'Yèvre; il n'y a 
d'exception que dans la partie occidentale peu élevée, où le bassin de l’Yèvre 
s’avance par la plaine de Barangeon bien au N. du prolongement en ligne droite 
de larète. L’arète qui sépare les versants N.-0. et N.-E. sert aussi de point de 


départ aux eaux qui se rendent dans la Loire à l'E. et dans la Grande-Sauldre 
à l'O. 


222 CONSTITUTION GÉOLOGIQUE CN. 5, p. 4.) 

La planche X, qui représente exactement le relief du Sancerrois, est une 
réduction à 1/300,000 dela carte de France du Dépôt de la guerre : nous la devons 
au directeur-général, M. le général Pelet, toujours empressé de contribuer à 
l'avancement des connaissances relatives au sol de la France. Nous l'avons coloriée 
d’après les excursions que nous avons faites dans le pays; pour les parties que 
nous n'avons pas visitées, nous avons reproduit la carte géologique de la France. 
La planche XI présente une coupe longitudinale du Sancerrois, fig. 6, et trois 
coupes transversales , fig. 2, 3 et . Les coupes 1 et 5 présentent les pays peu 
élevés qui sont aux deux extrémités E. et O. du Sancerrois. 


S IT. Description des terrains. 


Le Sancerrois est une portion de la ceinture crétacée du bassin de Paris. Il 
présente comme terrain dominant le greensand et la craie inférieure; par dessous 
ressortent le calcaire néocomien et les étages jurassiques supérieur et moyen; au- 
dessus se trouvent la craie moyenne et des dépôts tertiaires qui sont assimilés 
généralement aux sables et grès de Fontainebleau et aux calcaires de la Beauce. 
Enfin cette région est bordée à l'E, au N. et à l'O. par les argiles quartzifères de 
la Sologne, qui correspondent aux faluns de la Touraine. 

Notre intention n'est pas de donner une description détaillée de ces différents 
terrains; c'est un travail qui aurait demandé un temps beaucoup plus considé- 
rable que celui que nous pouvions consacrer à l’étude du Sancerrois; d’ailleurs 
ce travail sera fait en grande partie par la personne chargée de la carte géologique 
du département du Cher (1). Notre but est surtout l'examen de la disposition 
générale des couches qui constituent le sol; aussi nous bornerons-nous à passer 
sommairement en revue les divers terrains, en allant des inférieurs aux supérieurs. 

À. Ltage jurassique moyen. Le coral-rag quise montre sur près de 100 mètres 
d'épaisseur à Sancerre , ressemble beaucoup à celui de la Lorraine et de la Bour- 
gogne ; 11 commence par des alternances de calcaires pisolithiques , blanchâtres, 
jaunâtres, ou grisâtres, à nodules de la grosseur d’une noisette; on les exploite 
sur la route de Bourges , à quatre kilomètres au S.-0. de Sancerre. Les principaux 
fossiles sont l'Ostrea gregarea, des Pinnigènes, des Bucardes, de grandes As- 
trées, etc. Au-dessus, dans la colline même de Sancerre, viennent des calcaires 
blanchâtres, peu durs, avec moules de Dicérates de petite dimension. Enfin il y a 
des calcaires compactes blanchâtres , en bancs peu épais, dont quelques uns 
sont onduleux , cariés , jaunâtres. Cette partie, qui paraît représenter les calcaires 
à Astartes del'E. de la France, forme la plaine que traverse la route de Bourges à 
La Charité ; elle se montre aussi sur la route de Bourges à Saint-Amand-Montrond. 
C’est probablement son prolongement qui donne les calcaires compactes litho- 


(1) On peut déjà voir des descriptions détaillées d’une partie de ces terrains dans le mémoire 
précité de M. d’Archiac, pag. 15 à 28. 


(N: 5, p. 5.) DU SANCERROIS. 293 
graphiques exploités a Châteauroux et dans lesquels on trouve des empreintes de 
végétaux , notamment des Cycadées. 

La surface des calcaires de cet étage présente souvent des grèves calcaires non 
roulées , formées presque sur place par l’action destructive de l'atmosphère. Sur 
beaucoup de points cependant Le sol est formé par des terres argileuses d’un rouge 
brunâtre qui donnent de bonnes terres à froment. 

B. Étage jurassique supérieur. Cet étage, qui a de 90 à 100 mètres d'épaisseur, 
possède une composition argileuse fort analogue à celle qu'il a dans le pays de 
Bray et en Lorraine, et différente de celle qu'ilaen Bourgogne, où il est plus cal- 
caire. Il commence par des marnes jaunâtres et des argiles bleues avec Exogyra 
virgula et Ex. bruntrutana; au-dessus viennent des alternances de marnes et de 
calcaires marneux blanchâtres, sans fossiles, puis des argiles gris-bleuâtre avec 
Ex. virqula, quelquefois de couleur rose , en quantité énorme ; plus haut se trou- 
vent des argiles et des calcaires argileux gris ou gris-jaunâtre avec Ex. virgula, 
qui en font des lumachellessusceptibles de prendre un assez beau poli; il ya aussi 
des Ammonites Lallierianus d'Orb., et des T'rigoma clavellata. Enfin il y a des cal- 
caires compactes , assez épais, blancs, quelquefois d’un jaune brunâtre, qui alter- 
nent soit avec des lumachelles à Ex. virgula , soit avec des lits de marnes blan- 
châtres. La coupe la plus belle et la plus complète que nous ayons vue est celle 
que présente la tranchée de la route de Bourges à Sancerre , au vallon qui des- 
cend à Veaugues. On peut encore bien étudier cet étage en montant des Aix- 
d'Angiilon à Parassy. Les routes de Moulins et de Limoges en montrent bien 
aussi la composition à Pouilly-sur-Loire et à Vatan. 

Les coteaux argileux formés par cet étage sont sur beaucoup de points occupés 
par des vignes. 

C. Calcaire néocomien. Ce terrain , qu’on n’a pas encore cité à l’O. de la Puisaye, 
dans le département de l'Yonne, a été découvert par nous sur la rive gauche de 
la Loire, mais dans les environs de Sancerre seulement; son épaisseur paraît 
n'être que de quelques mètres dans les quatre points où nous l'avons observé , les 
seuls aussi où nous ayons vu le contact des terrains jurassique et crétacé. Ces 
quatre points sont : la colline de Sancerre , à son pied oriental, dans un chemin 
creux qui descend à la Loire , et à son pied méridional , sur la route de la Charité ; 
ensuile la route de Sancerre à Aubigny, au. dessus de Bué et enfin le village de 
Subligny, au N.-0. de Sancerre. Partout ce terrain est formé par un calcaire argilo- 
arénifère jaune, le plus souvent à texture lâche, avec petits grains de fer hydroxydé 
oolithique; plus rarement le calcaire est sub-lamellaire. Il repose immédiatement 
sur Les calcaires compactes de l’étage jurassique supérieur, dont il empâte quel- 
quefois des fragments et des fossiles ; celui-ci est irrégulièrement endurci et coloré 
en jaune près de la ligne de contact. À Sancerre il y a au-dessus du calcaire 
jaune néocomien une couched’argile noirâtre de quelques mètres d'épaisseur. Les 
fossiles du calcaire néocomien sont assez abondants; nous en avons recueilli 


224 CONSTITUTION GÉOLOGIQUE (N.5, p.6.) 
trente-cinq espèces, parmi lesquelles nous avons pu reconnaître les trente sui- 
vantes (1) : 


* Berenicea ou Diastopora. *Trigonia longa junior, Agass.? 
Discoidea macropyga , Agass. Modiola Archiaci, Leym. 
Nucleolites Olfersii, Agass. * Lithodomrus amygdaloïides , d’Orb. 
———-—-— lacunosus, Agass. Perna Mulleti, Desh. 
Toxaster complanatus. Agass. (Spat. retusus Lima comata, Desh.? 
Lamk. ) *— — elegans, Duj.? 
Holaster l’Hardyi Dub. Pecten (Janira) neocomiensis, d’Orb. 
Pholadomia (Panopæa) neocomensis, Leym. Ostrea Leymerit, Desh. 
* Panopæu recta, d'Orb. Exogyra conica, Sow. 
* Corbula carinata, d'Orb. ? ——— — subsinuata dorsata, Leym. (Couloni). 
* Corbis cordiformis , d'Orb. ———— subplicata, Roem. 
Eucina (Venus) Vendoperana , Leym. ———— plicala, Goldf. 
#—_— — ( Venus) Roissyi, Leym. #———— harpa, Goldf. 
Astarte Beaumontii, Leym.? Terebratula biplicata acuta , de Buch. 
—— — disparilis, d’Orb. — ———-— suborbicularis, d’Arch. 
Venus Brongniarlina, Leym.? Ampullaria (Natica ) lævigata, Desh. 
#*____— Robinaldina, d’Orb.? Scalaria canaliculata, d'Orb. 
Cardium subhillanum , Leym. Nerinea Carteroni, d’Orb.? 
———— Cottaldinum , d’Orb.? * Cerithium Phillipsii, Leym.? 
* Cardita neocomiensis, d'Orb. * Rostellaria Robinaldina , d’Orb.? 
Cucullea Gabrielis, Leym.? Serpula Richardi, Leym.? 
* Nucula impressa, Sow.? —-—— gordialis, Schloth. 
Trigonia harpa (carinata) , Desh. _——— filiformis, Firt. 
& _____— ornata, d'Orb.? —-—-— heliciformis, Goldf. 


Les cinq espèces indéterminables sont des Astarte, Gervillie? Pinne, Spon- 
dyle, et une patte de Crustacé macroure. 

D. Greensand. Cet étage, dont l'épaisseur moyenne dépasse 50 mètres à Assigny 
et à la Motte d'Humbligny , présente le même faciès que dans la Puisaye , qui se 
trouve sur le prolongement du Sancerrois au N.-E., et dans le pays de Bray. 
Il commence par des sables argilo-ferrugineux, jaune-rougeâtre, qui renferment, 
dans les environs de Sancerre, des rognons de fer hydroxydé arénifère et des 
couches minces et discontinues de grès ferrugineux brun-rougeûtre, souvent à 
gros grains de quartz blanc. Quelquefois , comme autour de Subligny, les sables 
eux-mêmes sont grossiers et renferment de gros grains de quartz blanc. A la 
Motte d'Humbligny, indépendamment des grès, il y a quelques couches d'argile 
arénifère violette. En montant de Sens-Beaujeu à La Chapelotte, il y a des argiles 
grises. Dans la plaine au S.-E. d’Allogny, les sables argilo-ferrugineux jaunes ont 
10 à 15 mètres d'épaisseur, et renferment de nombreux rognons et nodules de 
fer hydroxydé compacte, jaune-brunâtre, qui ont été exploités autrefois, ainsi que 
l’attestent les nombreuses fosses qui sont à la surface du sol et le grand dépôt 


(t) Nous ajoutons à cette liste en les faisant précéder d’une astérisque (*) 15 espèces différentes 
trouvées par M. d’Archiac et dont l'indication se trouve dans son mémoire, pag. 21. 


(N.5,p.7.) DU SANCERROIS. 295 
de scories ou ferrier, qui se trouve au bas d’Allogny, près du ruisseau. Dans cette 
localité, les grès ferrugineux ne sont pas très fréquents, non plus que sur les 
plateaux qui entourent Ménetou-Salon. C'est sans doute dans ces sables que se 
trouvent les minerais exploités à Saint-Pallais et à Boucard , près d’Yvoy-le-Pré, 
pour le haut-fourneau de la Verrerie sur cette dernière commune ; on les emploie 
mélangés avec les minerais tertiaires du Berry. Cette partie inférieure du green- 
sand nous paraît correspondre aux sables qui forment la partie supérieure du 
terrain néocomien dans le département de l'Aube. 

Au-dessus , dans les environs de Sancerre , il y a des sables jaune-rougeûtre, 
à grains fins, qui renferment à Boucard , près de Sens-Beaujeu , quelques cou- 
ches d’argile arénifère gris-rougeätre, qui occasionnent des sources et qui sont 
exploitées pour une tuilerie; au-dessus , il y a des sables jaune-verdâtre assez 
épais. Entre Ménetou-Salon et Henrichemont, et dans la grande plaine du Baran- 
geon , les sables sont blanchâtres ; quelquefois, cependant, ils sont rougeâtres 
ou bien un peu argileux, d'un rouge violacé, comme dans la grande sablière, située 
au S.-E. d'Henrichemont, où on les exploite sur plus de 8 mètres d'épaisseur. A 
2 kil. au S.-E. de Neuvy, il y a une tuilerie que nous n’avons pas visitée, mais qui 
annonce nécessairement des couches argileuses intercalées. Au N. de Vierzon, et 
près du Barangeon, sur la route de Bourges, les sables sont argileux, un peu 
grossiers et d'un gris verdâtre ou brunâtre avec Exogyra conica. Sur le bord de 
l'Arnon , au S.-O. de Vierzon, il y a des carrières de 10 mètres de profondeur, 
montrant supérieurement des sables micacés rougeâtres, à points noirs, avec 
quelques empreintes de coquilles bivalves indéterminables ; au-dessous il y a un 
banc de LA mètres d'épaisseur, d’un grès jaunâtre, micacé, poreux, tendre , à 
petits grains noirs, se taillant facilement et employé comme pierre de taille dans 
les constructions de Vierzon. Des carrières semblables existent encore à la Forge, 
à 3 kil. à l'E. de Vierzon. 

La partie tout-à-fait supérieure présente dans la vallée de la Grande-Sauldre, 
entre Vailly et Jards, et dans la vallée de la Notre-Heure, au-dessus de Pierrefitte- 
ès-Bois, des sables jaunes avec bancs de 1 à 2 mètres d'épaisseur, d'un grès 
ferrugineux souvent schistoïde, brun-rougeâtre , tendre, employé à bâtir. 

Les points où nous avons pu le mieux étudier le greensand, sont la montée de 
la route entre Sens-Beaujeu et La Chapelotte, et Le flanc oriental de la Motte 
d'Humblieny. 

Cet étage est occupé par des cultures dans les points où il y a mélange des 
sables et des argiles ; mais le plus souvent on trouve , soit les argiles qui don- 
nent des prairies et des pâturages humides, soit les sables qui forment de grandes 
landes sèches ou brandes, couvertes de bruyères (Erica cinerea, E. vulgaris) 
d’ajoncs (Ulex nanus) et de fougères (Pteris aquilina). Il y à aussi des bois qui 
renferment des châtaigniers. 

E. Craie. Le Sancerrois présente seulement les parties inférieure et moyenne, 


226 CONSTITUTION GÉOLOGIQUE CN. 5, p. 8. 
la craie supérieure, analogue à celle de Meudon, paraissant manquer com- 
plétement. 

Craie inférieure. Elle commence par une argile arénifère chloritée, d’un vert plus 
ou moins noirâtre , ayant 5 à 6 mètres d'épaisseur à Assigny, Thou, la Motte 
d'Humbligny, etc. Au-dessus vient une marne grisâtre, épaisse de 12 mètres à 
la Motte, qui occasionne des sources et qui est exploitée pour l'amendement des 
terres à Assigny, à la Motte , à La Chapelle-d’Angillon, etc. ; quelquefois, comme 
à Sancerre, ces marnes sont remplacées par des argiles grises. Enfin, vient 
une craie arénifère légèrement grisâtre ou jaunâtre, assez souvent endurcie, 
renfermant de nombreux fossiles à Assigny et à la Motte, où elle est exploitée 
pour bâtir. Au N. de Saint-Satur il y a une ancienne carrière où on voit sur 
7 mètres d'épaisseur une craie très arénifère, verdâtre , légèrement chloritée. 
A Vierzon, on aperçoit seulement une craie arénifère verdâtre, avec quelques 
empreintes de coquilles bivalves. 

C'est à la Motte d'Humbligny surtout qu'on peut recueillir les fossiles de cet 
étage; nous en avons trouvé 26 espèces, parmi lesquelles nous avons reconnu 
les suivantes : 


Micraster Michelini , Agass.? Exogyra conica, Sow. 

Trigonia spinosa , Park. Terebratula pectita, Sow. 

Arca Mailleana, d'Orb.? Dentalium decussatum , Sow. 
Inoceramus latus, Mant. (in Sow). Ammonites varians , SoW. 
= striatus, Mant. (in d’'Orb. ). ——-——— catillus , Sow.? 

Pecten orbicularis , Sow. ——-—-— Mantelli, Sow. 

——— asper, Lamk. Nautilus Sowerbyanus , d'Orb.? 
——— (Janira) quinquecostatus , Sow. ———— Deslongchampianus, d’Orb. 


Craie moyenne. Elle se montre principalement dans la vallée delaGrande-Sauldre, 
au-dessus et au-dessous de Vailly ; elle y forme des côteaux crayeux blancs, 
ce qui est rare dans le Sancerrois. La partie inférieure exploitée pour marner, 
entre Villegenon et Dampierre , est marneuse blanchâtre, quelquefois verdûtre, 
avec empreintes de coquilles bivalves. À Sancerre, à Assigny et à Jards , elle est 
blanchâtre et renferme des lits de rognons de silex noir. Celle qu’on emploie pour 
marner dans les environs d’Aubigny, et qui vient de Concressault et de Blancafort, 
est blanche et contient des Spongiaires, des Térébratules plissées et des écailles 
de Poissons. Dans la vallée de la Loire , autour de Chatillon, elle est blanchître, 
‘tendre, et généralement sans silex; quelquefois, cependant, il y a des silex 
blonds et des nodules de fer hydroxydé, provenant de la décomposition des 
pyrites. d 

La craie se voit assez difficilement dans le Sancerrois en général ; presque 
partout elle est masquée par les éboulements des silex des terrains tertiaires ; 
aussi la végétation de sa surface est-elle assez semblable à celle de ces derniers 
terrains. 


(N.5, p. 9.) DU SANCERROIS. 227 

F. Sables tertiaires à silex. Cet étage , qui a en moyenne 30 mètres d'épaisseur, 
recouvre presque entièrement le Sancerroïs ; il est formé de sables fins, légère- 
ment argileux, jaunes, quelquefois assez purs, blanc-jaunâtre, comme à La 
Chapelotte ; quelquefois aussi ils sont tout-à-fait blancs, comme au N.-0. d’Au- 
bigny. Partout il y a de nombreux silex blends ou grisâtres, rarement roulés, à 
écorce blanchätre assez épaisse ; le plus souvent ils sont brisés, mais quelquefois 
ils sont entiers et atteignent plus d'un quart de mètre cube. Quelquefois, comme 
à Sury-ès-Bois, les silex sont noirs; d’autres fois, comme entre Sens-Beaujeu et 
La Chapelotte, ils sont opaques terreux, blancs ou grisâtres , et on les prendrait 
pour de la craie. Autour de Sancerre, les sables donnent par leur consolidation 
une brèche siliceuse jaunâtre très dure, employée autrefois à faire des meules. 
A Allogny, et dans la forêt de Vierzon, il y en a de gros blocs; il en est de 
même à Méry-ès-Bois, suivant M. Fabre. Au confluent du Barangeon et de l'Yèvre, 
il y a des brèches rougeâtres à silex jaunes opaques, et des roches argilo-siliceuses 
et ferrugineuses, bigarrées de rouge et de blanc. Quelquefois, comme au N.-0. 
d'Aubigny, les sables blancs renferment des grès exploités , très compactes, jas- 
poides, grisâtres ou jaunâtres, à gros grains de quartz. 

« Indépendamment de la grande nappe de sables à silex, qui recouvre la craie 
sur tout le flanc N.-0. du Sancerrois, il y a au pied S.-E. de cette région, dans la 
plaine du Berry, quelques lambeaux de ce terrain qui forment plusieurs mame- 
lons isolés. Ceux que nous avons visités sont les deux collines situées à l'E. et au 
N.-0. de Gron, sur la route de Bourges à La Charité; les sables y sont argileux, 
jaunes , veinés de gris, et renferment de nombreux silex, exploités pour la 
route, et des brèches siliceuses ; ils reposent sur les couches inférieures de 
l'étage jurassique supérieur, qui forment la base de ces collines. A l'E. et au N. 
de Brécy, sur les routes qui vont de ce village à La Charité et aux Aïx-d’Angillon, 
il y a deux tertres tertiaires moins élevés ; les sables jaunes, avec nombreux silex 
exploités pour les routes , y reposent directement sur l'étage jurassique moyen. » 

Quant à l'âge des sables à silex, on est généralement disposé à les considérer 
comme le représentant des sables et grès de Fontainebleau. 

Le sol formé par ces sables est en général sec. Les parties élevées sont couvertes 
de forêts ; les parties basses, situées au-delà d’une ligne allant de La Chapelle-d’An- 
gillon à Châtillon-sur-Loire , commencent, pour les habitants, les plaines de la 
Sologne, quoiqu'il y ait véritablement d'assez grandes différences ; ainsi le sol est 
sableux, sec, et les châtaigniers sont abondants. La culture du froment est 
remplacée par celle du seigle et du sarrazin ; une grande partie du pays est occu- 
pée par des landes avec bruyères (Erica cinerea, E. vulgaris , E. tetralix) ajoncs 
(Ulex nanus) et fougères (Pteris aquilina) ; dans quelques endroits il y a des genêts 
(Spartium scoparium) et des plantations de pins (Pinus maritima). 

G. Calcaires d’eau douce. Ces calcaires ne se rattachent pas d’une manière 
continue -à ceux des environs d'Orléans, dont ils semblent cependant être des 

SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. IL Mém. n° 5. 30 


298 CONSTITUTION GÉOLOGIQUE €N: 5, pe 10.) 
dépendances. Ils forment trois bassins isolés ; deux petits sont situés sur le bord 
oriental du Sancerrois, à Châtillon-sur-Loire et vis-à-vis de Cosne; le troisième 
s'étend autour de Mehun, où il est traversé par l'Yèvre. 

Le bassin de Châtillon-sur-Loire, dont les dépôts ont près de cette ville une 
épaisseur visible d'environ 30 mètres, s’étend sur la rive gauche de la Loire, de 
Saint-Firmin à Beaulieu, sur une longueur de 10 kil. à peu près. Il est formé par 
des calcaires tantôt compactes, légèrement brunâtres avec quelques Lymnées , et 
tantôt cellulaires, tendres, pisolithiques blanchâtres ou jaunâtres ; tous deux sont 
employés dans les constructions. L’extrémité N. du bassin est traversée par la 
Loire, et forme sur la rive droite un petit lambeau au S.-E. de Briare; il y a de 
nombreuses carrières de 5 à 6 mètres de profondeur, d’où l’on extrait de belles 
pierres de taille jaunâtres. Vers l'E. les calcaires traversent aussi la Loire et la 
bordent sur une longueur de 8 kil. entre Ousson et Neuvy; ils sont jaunâtres et 
renferment des Lymnées et des Planorbes. À Thou ce sont des calcaires concré- 
tionnés ; à Lavau, à 13 kil. à l'E. de Bonny, il n'y a plus que des marnes blan- 
ches et vertes , exploitées pour l'amendement des terres. 

Le petit bassin de Cosne, dont les dépôts paraissent sur 20 mètres d'épaisseur, 
s'étend sur la rive gauche de la Loire, entre Boulleret et Bannay, sur 6 kil. de 
longueur. Il présente près de Boulleret des calcaires compactes jaunâtres, à tubu- 
lures, quelquefois concrétionnés, bréchoïdes. Au N. de Bannay, sur les bords du 
canal, les calcaires sont bien développés; il y a de grandes carrières de 6 à 
8 mètres de profondeur dans lesquelles on exploite des bancs de Om 3 à 2m de 
calcaire compacte blanchâtre , renfermant des moules de Lymnées. 

Le bassin de Mehun-sur-Yèvre paraît s'étendre fort loin au S. de l'Yèvre. Sur 
la rive droite, c’est un dépôt principalement calcaire, qui paraît avoir plus de 
15 mètres d'épaisseur, et qui est exploité autour de Mehun, et notamment à 2 kil. 
au N.-0., où il y a de grandes carrières de 4 à 5 mètres de profondeur. Les cal- 
caires sont compactes blanchâtres avec des cavités souvent remplies de calcaire 
spathique. A la partie supérieure, sur plusieurs points, et se liant aux calcaires, 
il y a de véritables meulières cellulaires, bleuâtres ou brunâtres qui forment 
quelquefois des blocs considérables à la surface du sol. A Chardonnelle, vis-à-vis 
de Mehun. sur la rive gauche de l'Yèvre, les calcaires et les meulières sont roses 
par places, et renferment de petits rognons de silex résinite d’un rose vif, ainsi 
que la variété rose de Magnésite désignée sous le nom de Quincyte. 

Des trois bassins, deux, ceux de Châtillon-sur-Loire et de Cosne, reposent sur 
les sables à silex, qui offrent alors quelquefois des poudingues à ciment calcaire, 
comme à l'E. de Bonny. Le troisième, celui de Mehun, repose à la fois sur l’étage 
jurassique supérieur et sur le greensand , sans l'intermédiaire de la craie et des 
sables à silex. 

Enfin, entre Bourges et Mehun, au Bois-Gerisse, près de Bouy, l'étage juras- 
sique présente une grande poche, remplie d’une argile jaune ferrugineuse, conte- 


CN. 5, p. 11.) DU SANCERROIS. 299 


nant quelques rognons de silex blond non roulés et de nombreux nodules et 
grains de fer hydroxydé, que l'on exploite dans des fosses à ciel ouvert de 
7 mètres de profondeur. Les anciennes fosses se remplissent d'eau assez promp- 
tement, et on y lave le minerai. 

H. Argiles quartzifères de la Sologne et du Gâtinais. Ce dépôt, qui paraît atteindre 
au plus 20 à 25 mètres d'épaisseur, forme une grande nappe qui entoure le 
massif du Sancerrois à l’E., au N. et à l'O., en reposant indistinctement sur les 
calcaires d’eau douce et sur les sables à silex. Comme on peut le voir dans les 
nombreuses tranchées du chemin de fer d'Orléans à Vierzon, il est composé par 
des argiles arénifères gris-jaunâtre , contenant une très grande quantité de 
grains de quartz d’un blanc laiteux, en général de la grosseur d’un grain de chè- 
nevis; ces grains forment assez souvent presque à eux seuls la masse du terrain. 
À la partie inférieure, ces argiles sont généralement verdâtres et renferment une 
moins grande quantité de grains de quartz ; aussi, elles retiennent les eaux, et 
sur quelques points , comme à la Ferté-Saint-Aubin, les emploie-t-on pour faire 
des tuiles et des briques. Dans quelques endroits les grains de quartz deviennent 
de véritables cailloux roulés qui acquièrent la grosseur d’une noix, et qui sont 
d’un banc laiteux ou quelquefois roses. Ces argiles sont le plus souvent massives; 
près de la Motte-Beuvron, cependant, elles sont stratifiées! jaune-rougeâtre. 
Près de la surface du sol, elles présentent souvent cette dernière couleur, ou bien 
elles sont brunâtres. Entre Salbris et Vierzon, ces argiles contiennent des silex 
blonds non roulés à la surface, mais il est assez probable qu'ils proviennent d'un 
remaniement postérieur , car on ne les trouve plus dans des coupes fraîches de 
quelques mètres de profondeur seulement. Sur la rive droite de la Grande- 
Sauldre à Clémont, au N.-0. d'Aubigny, on voit ces argiles reposer immédia- 
tement, et sans la moindre liaison, sur les sables jaunes à silex; elles y sont 
grisâtres, à grains et à cailloux de quartz, et renferment à la base, par suite d’un 
léger endurcissement, des grès argileux stratifiés, à gros grains et à petits grains; 
à la partie supérieure le dépôt est meuble comme partout ailleurs. En montant 
de Cerdon pour aller à Sully, les petites tranchées de la route montrent bien les 
argiles verdâtres inférieures, et pardessus les argiles jaunâtres et rougeâtres, à 
grains de quartz très nombreux ; près de la surface du sol, il y a une grande 
quantité de cailloux de quartz de la grosseur d’une noix. 

À partir de Châtillon-sur-Loire, où elles sont jaune-rougeâtre, au moins près 
de la surface , les argiles qui nous occupent remontent sur la rive gauche de la 
Loire en formant une série de lambeaux qui couronnent les bas plateaux qui bor- 
dent cette rivière, jusqu’à Bannay, à 8 kilomètres au N. de Sancerre ; au N.-E. de 
Boulleret, notamment , ces argiles sont fort épaisses et bien caractérisées ; leur 
couleur est le jaune-rougeitre. 

Quant à l’âge des argiles quartzifères de la Sologne, leur nature minéralogique 
semblable et la présence, dans leur prolongement, à Chevilly, Avaray, ete., 


230 CONSTITUTION GÉOLOGIQUE CN 5, p. 12.) 
de mammifères identiques à ceux des faluns marins de la Touraine, a engagé 
depuis longtemps déjà MM. Desnoyers et Dujardin à considérer ces deux dépôts 
comme contemporains, opinion que nous regardons comme très vraisemblable. 

Le sol formé par ce dépôt est argileux , trèshumide; les sources sont très abon- 
dantes dans toutes les dépressions, où elles donnent naissance à de nombreux 
ruisseaux ainsi qu'à des étangs. Les landes à bruyères sont moins fréquentes que 
sur les sables à silex; elles sont remplacées par des pâturages humides. Des 
geuêts (Spartium scoparium) se montrent sur plusieurs points. Il n’y a plus de 
châtaigniers, mais les pins viennent encore bien. Quant aux céréales, elles sont les 
mêmes que dans les parties basses du Sancerrois. 


$ III. Disposition des terrains. 


Ainsi qu'on pouvait déjà le pressentir d’après l'examen de l'orographie, les 
différentes couches qui composent le Sancerrois y éprouvent un relèvement assez 
considérable , semi-elliptique, dont la ligne anticlinale, ou suivant laquelle se 
fait la flexion des courbes, court de l'E. 26° N., à l'O. 26°S. de Sancerre vers 
Barmont, près de Mehun-sur-Yèvre. Le point central, celui où le terrain le 
plus inférieur atteint la plus grande altitude , est situé à 2 kilomètres au S.-0 de 
Sancerre:, sur la route de cette ville à Bourges. 

« Ce relèvement du côté de l'E. est terminé par une faille dirigée dans sa partie 
moyenne du N. au S., de telle sorte que les couches situées entre elles et la Loire 
participent peu au relèvement du Sancerrois et sont dans une position voisine de 
celles qu'elles auraient si celui-ci n'existait pas. 

» Avant d'examiner la disposition de chacun des terrains en particulier, nous 
allons exposer, en allant du N. au S$., les faits qui nous ont amené à reconnaître 
l'existence de cette faille. 

» Faille de Sancerre. En allant de Boulleret à Savigny, la route passe sur un pla- 
teau assez uni qui s'élève doucement vers l'O. Pendant 2 kilomètres on traverse 
les argiles sableuses à grains de quartz de la Sologne , puis on arrive sur les sables 
jaunes à silex, qu’on quitte dans un petit bois, et sans aucun accident de Lerrain, 
pour tomber brusquement sur les sables jaunes ferrugineux de la partie mférieure 
du greensand ; ceux-ci un peu plusloin reposenteux-mêmes sur les calcaires com- 
pactes de l’étage jurassique supérieur qui supportent Savigny. ( Nous observâmes 
ce fait en août 1844, mais il n’attira pas alors notre attention. ) 

» En suivant le coteau qui va de Bannay à Sainte-Gemme et qui borde la vallée 
au N., on voit, aux dernières maisons un peu isolées de Bannay, le calcaire d'eau 
douce recouvert par les argiles jaunes quartzifères de la Sologne. En avançant 
vers l'O., les sables jaunes à silex constituent le coteau qui s'élève graduellement 
et va former le petit tertre qui porte les moulins à vent situés au-dessus du 
hameau de Fontaine-Audon, à l'E. de Sainte-Gemme. Au moulin à eau de Deza, 


! (N:5,p.15.) DU SANCERROIS. 231 
le troisième au-dessus de Bannay, la vallée et la prairie s’élargissent beaucoup, et 
à Fontaine-Audon , à moitié de la hauteur du coteau, il y a des sources qui annon- 
cent les couches inférieures à la craie, car immédiatement au-dessus on trouve 
deux grandes marnières, de 7 à 8 mètres de profondeur chacune, et situées l’une 
au-dessus de l’autre; on y tire une craie tendre, un peu remuée , blanchâtre, 
avec des parties colorées en jaune par des infiltrations, et quelques silex blonds. 
Au-dessus et formant le plateau des moulins à vent, on trouve les sables jaunes à 
silex en partie roulés et à nombreux blocs de brèches et poudingues; ils recouvrent 
en éboulis toutes les pentes du coteau jusqu’au fond de la vallée. En allant sur le 
plateau jusqu’au-delà des moulins, le sol est jonché de silex; mais tout d’un coup 
il se fait un changement ; la terre devient plus argileuse, d'un jaune moins rou- 
geâtre, et au lieu de silex, elle ne renferme plus que des fragments non roulés de 
calcaire compacte blanchâtre mêlés à quelques débris de lumachelle à Exogyra 
virgula ; en descendant dans les champs, on voit quelques petits affleurements de 
marnes grisàtres qui renferment le même fossile. Une ligne de démarcation aussi 
tranchée existe en ligne droite sur toute la pente du coteau jusqu'à une petite 
maison située au bord de la prairie, près du moulin à eau de Ville, le cinquième 
au-dessus de Bannay, vis-à-vis de la vallée qui descend de Sury-en- Vaux; elle est 
marquée sur une grande partie de sa longueur par un petit ravin couvert de brous- 
sailles et d'arbres fruitiers. Les calcaires compactes de l'étage jurassique supé- 
rieur étant là en couches sensiblement horizontales et à un niveau supérieur à 
celui des marnières de craie, au-dessus de Fontaine-Audon, il y a impossibilité 
absolue de douter de l'existence de la faille sur ce point. 

» En cherchant le prolongement de cette faille vers Sancerre , nous avons fait 
les observations suivantes : Du moulin de Ville, la vallée de Sury-en-Vaux 
remonte au S. pendant près d’un kilomètre; le flanc occidental, à pente très rapide 
et le fond de la vallée au moulin Allix , sont formés par des calcaires compactes, 
alternant avec quelques lumachelles blanchâtres, en couches horizontales; ils 
appartiennent à l'étage jurassique supérieur et supportent le moulin à vent des 
Mussières : le flanc oriental aussi élevé, mais moins rapide, ne présente que les 
sables jaunes à silex et à nombreux blocs de brèches et de poudingues de grandes 
dimensions; ces sables descendent jusque sur lescalcaires compactes et empêchent 
de voir la craie, qui affleure sans doute dans la moitié inférieure du coteau. Al O., 
ce coteau est séparé de celui qui va à Verdigny par un petit vallon au-dessous du 
hameau des Plaissis ; 1à encore on passe subitement des terres remplies de silex à 
celles qui ne renferment plus que des fragments des calcaires compactes. Ceux- 
ci sur le plateau, à l'O. des dernières maisons, sont recouverts par des argiles 
violettes, avec rognons ferrugineux, à la partie inférieure, et grises à la partie 
supérieure ; ces argiles dépendent des parties inférieures du terrain crétacé, et 
de nombreuses fosses d’où l’on en a extrait autrefois existent dans le hameau. En 
allant vers le S -E., les champs ne renferment guère que des fragments calcaires ; 


232 CONSTITUTION GÉOLOGIQUE + (N.5, p. 14.) 
mais en approchant du point coté 258 mètres , on arrive vite sur les sables jaunes 
à silex sur lesquels se trouve une mare. 

» De là à la vallée de Saint-Satur, au S., on traverse successivement deux vallons 
et deux coteaux. En descendant dans le premier vallon, qui est occupé par une 
prairie, on reste sur les sables à silex, mais en remontant, les champs ne pré- 
sentent guère que des calcaires compactes et des lumachelles jusque non loin du 
bois, où reparaissent les sables jaunes avec très nombreux silex. Dans le deuxième 
vallon on se trouve sur le coral-rag, dont la surface est occupée par les grèves 
calcaires non roulées, formées sur place ; on les voit sans aucun mélange de silex, 
même à la surface du sol , à la réunion des chemins de Sainte-Gemme et de Sury- 
en-Vaux à Sancerre ; mais à quelques mètres à l'E, on ne trouve plus au même 
niveau que les sables à silex dans le fossé du bois qui couvre la colline de sable 
jaune, avec blocs énormes de brèches siliceuses, qui s'avance vis-à-vis de San- 
cerre , au-dessus de Fontenay. 

» En montant de Fontenay à l'auberge isolée qui est à la sortie et au bas de 
Sancerre à l'O. on suit un sentier bordé d'un ravin qui laisse voir le coral-rag 
à 10 mètres au-dessus des maisons; celui-ci commence par des calcaires pisoli- 
thiques jaunâtres, puis viennent des calcaires compacto-crayeux avec Dicérates et 
enfin des calcaires compactes. Bien avant d'arriver à l'auberge, le tout est recou- 
vert par les éboulements des sables à silex qui enveloppent en grande partie la 
colline de Sancerre et celle qui vient immédiatement après au S. Les deux cols 
qui séparent ces deux collines du plateau qui est à l'O., sont entièrement formés 
par le coral-rag, ainsi que celui-ci; au second col surtout les fossés du chemin 
de Vinon montrent bien les calcairesblancs, en partie pisolithiques, qui, très près 
de là, à l'E., sont remplacés au même niveau par les sables à silex. 

» En allant au hameau de Bannon on passe sur les grèves blanches du coral- 
rag , presque toujours dans le fond du vallon ; on laisse à l'E. les deux dernières 
collines couvertes d’éboulements des sables à silex, qui masquent la craie et sans 
doute le greensand qu'on y aperçoit sur le revers oriental. En approchant de 
Bannon , le chemin monte sur la pente de la dernière colline, mais en restant 
toujours sur le coral-rag qui doitsupporter ce hameau. Quoique peu élevé, Vinon 
est sur la partie supérieure du coral-rag; mais après avoir traversé la vallée de la 
Vaumoise, on trouve, en allant à Gardefort , les alternances de marnes jaunâtres 
et de calcaires compactes avec Exogyra bruntrutana de la partie inférieure de 
l'étage jurassique supérieur. Ces couches sont là à une hauteur normale, et il est 
assez probable que la faille ne se poursuit pas plus loin vers le S. 

» On peut voir par tous ces détails que nous avons reconnu et suivi cette faille 
sur une longueur de 16 kilomètres, depuis la route qui va de Boulleret à Savigny, 
jusqu'à la vallée de la Vaumoise; mais elle doit se prolonger encore au N. sur au 
moins 3 à 4 kilomètres , probablement jusqu’à la vallée de la Loire, près de Léré. 
La partie moyenne entre les moulins à l'E. de Sainte-Gemme et la première colline 


(N: 5, p.15.) DU SANCERROIS. 233 
au S. de Sancerre court en ligne droite du N. au S., sur une longueur de plus de 
8 kilomètres. L’extrémité septentrionale paraît s'infléchir d'environ 7 à 8 degrés 
vers l’E.; l’extrémité méridionale paraît s'infléchir aussi vers VE. d’une quantité 
à peu près semblable. 

» Cette faille affecte tous Les terrains qui entrent dans la composition du San- 
cerrois, y compris les sables à silex. Au pied occidental de la colline de San- 
cerre, elle coupe la ligne anticlinale du Sancerrois, en mettant ainsi brusquement 
fin au relèvement qui forme cette contrée. Au point de rencontre elle produit un 
abaissement de 180 mètres, c’est-à-dire de toute l'épaisseur de l'étage jurassique 
supérieur et du terrain crétacé, la partie inférieure des sables à silex venant, dans 
la colline même de Sancerre, se juxtaposer à la partie supérieure du coral-rag. Un 
horizon géologique bien facile à reconnaître donne un second moyen de véri- 
fication : nous voulons parler du calcaire néocomien en couches horizontales, 
qui atteint 365 mètres à l'O. de la faille, au-dessus de Bué, tandis qu'à l'E. il n’est 
qu'a 185 mètres au pied de la colline de Sancerre, à 5 kilomètres 1/2 de dis- 
tance seulement du point précédent. Aux moulins de Sainte-Gemme, l’abaissement 
n'est plus que d'environ 120 mètres, la partie supérieure des sables à silex venant 
se rencontrer avec la partie supérieure de l'étage jurassique supérieur. 

» Cette faille est la plus considérable qui soit connue jusqu’à présent dans le 
bassin de Paris. Jusqu'à sa découverte on ne connaissait que celles indiquées par 
M. Cornuel dans la Haute-Marne (1). Ces dernières, suivant ce géologue, ne 
produisent guère que des différences de niveau de 50 mètres dans les couches 
jurassiques supérieures et néocomiennes qui en sont seules affectées. » 

A. Étage jurassique moyen. Le coral-rag qui le représente forme la plaine du 
Berry, de Bourges à la Charité, au S. du Sancerrois : il y atteint des altitudes 
de 200 mètres à l'E. et de 150 mètres à l'O., par suite d'une légère inclinaison de 
la plaine vers l'O. Dans le Sancerrois , il paraît sur la route de Bourges à Sancerre, 
sur une longueur de 11 kilomètres à partir de cette dernière ville; la largeur 
moyenne de la bande est de 4 kilomètres. A l'O. et le long de la faille cependant 
il est à découvert sur une largeur de 11 kilomètres en raison de l'obliquité de 
celle-ci par rapport à ligne anticlinale. Il ne se montre pas à l'E. de la faille. La 
ligne anticlinale court, comme nous l'avons déjà dit, de l'E. 26° N., à l'O. 26S.; 
elle va en s'abaissant légèrement dans cette dernière direction, car atteignant 
282 mètres d'altitude à 2 kilomètres au S.-0. de Sancerre, elle ne s’élève plus 
qu’à 260 mètres à 9 kilomètres de ce point, au N.-0. de Veaugues sur la route de 
Bourges. De la ligne anticlinale , le coral-rag s’abaisse au S.-S.-E. par une pente 
de 1° 29 ou 1/39, car il n’atteint plus que 175 mètres à un peu plus de 4 kilomè- 
tres de distance en face de Vinon, sur la rive droite de la Vaumoise. Vers le N.- 
N.-0. l’inclinaison est plus faible, car ce terrain atteint encore 200 mètres au bas 
de Sainte-Gemme. 


(1) Mém. de la Soc. géol., 1" série, t. IV, p. 271 et suivantes. 


234 CONSTITUTION GÉOLOGIQUE CN: 5, p. 16) 

B. Étage jurassique supérieur. Au S. du Sancerrois il forme une partie de la 
plaine du Berry, de Mehun-sur-Yèvre au Colin et d'Étréchy à l'embouchure de 
la Vaumoise, dans la Loire ; il constitue en outre deux monticules isolés au S. de 
ce dernier village. Dans le Sancerrois, il remonte assez haut dans les vallées du 

.Moulon et du Colin ,au S. de la ligne anticlinale; il constitue ensuite un plateau à 
l'E. de la Motte d'Humbligny. De là il se bifurque et forme une bande au S. de 
l'axe du coral-rag et une au N., plus étendue; cette dernière pousse une rami- 
fication dans la vallée de la Grande-Sauldre jusque près de Notre-Dame-du-Noyer, 
et se continue ensuite au N. plus loin que le coral-rag, jusque près de Savigny. 
Ce terrain reparaît encore dans le vailon , au N. de ce dernier village , ainsi qu'à 
Subligny. À l'E. de la faille , l’étage jurassique supérieur vient au jour dans la 
vallée de la Loire, à Saint-Satur, au pied de la colline de Sancerre ; de ce point 
il se poursuit jusqu à la Vaumoise , où il se rattache à celui de la plaine du Berry. 
Dans cette plaine, l'étage jurassique supérieur, sensiblement horizontal du N. au 
S., présente cependant une légère pente vers1'0.; car tandis qu'il atteint 250 mè- 
tres à Pouilly, sur la rive droite de la Loire, il ne s'élève qu'à 150 mètres au S.-0. 
de Vierzon, sur la route de Vatan. En entrant dans le Sancerrois , il s'élève vers 
le N. 26° O. par une pente semblable à celle de l’étage jurassique moyen, et il va 
atteindre 369 mètres d'altitude à 3 kilomètres à l'O. de Sancerre. De la ligne an- 
ticlinale il s’abaisse, toujours dans la même direction, par une pente moins rapide 
de 0° 58” ou 1/60 seulement; car dans la vallée de la Grande-Sauldre il disparaît 
près de Notre-Dame-du-Noyer, à l'altitude de 215 mètres. La ligne anticlinale, 
qui court de l'E. 26° N. à l'O. 26°S., s'abaisse légèrement dans cette dernière 
direction ; à Menetou-Salon elle n’atteint que 260 mètres, ce qui, d’après la dis- 
tance, donne une pente de 0° 15’ ou 1/232. Dans le vallon de Savigny, l'étage 
jurassique supérieur n'atteint guère que 295 mètres ; il s'élève à 230 mètres dans 
celui de la Salereine, à Subligny. A l'E de la faille il està 240 mètres au S.-0. 
de Thauvenay et il va se perdre sous les alluvions de la Loire , au bas de Saint- 
Satur à l'altitude de 155 mètres. 

C. Calcaire néocomien. I ne présente rien de remarquable à cause de son peu 
d'étendue, si ce n’est qu'au-dessus de Bué, à l'O. de Sancerre, il se trouve à l'al- 
titude de 365 mètres, la plus élevée de toutes celles qu'il aiteint dans le bassin 
de Paris(1). À Sublieny, il s'élève à 235 mètres ; au pied oriental de la colline 
de Sancerre , à l'E. de la faille, on l'observe à 185 mètres seulement. | 

Greensand et craie. Is forment ensemble la crête et le versant N.-0 du Sancer- 
rois ; ils ne se retrouvent pas sur le versant S., sans doute par suite des dénuda- 
üops diluviennes. La:crête et les lambeaux qui sont au-devant atteignent 150 mè- 
tres à Vierzon, 270 mètres à Allogny, 300 mètres à Menetou-Salon, 310 mètres 


(4) M. d’Archiac, dans son mémoire, pag. 13, dit que le point le plus élevé est à Bouy, à l'E. de 
la Loire; mais le calcaire néocomien y atteint seulement 355 mètres. 


CN: 5, p. 17.) DU SANCERROIS. | 235 
à Morogues, 410 mètres à la Motte-d'Humbligny, 370 mètres à Ménetou-Ratel, 
350 mètres à Assigny et 270 mètres au N. de Savigny. À l'E. de la faille ils for- 
ment une série de collines qui va en s’élevant graduellement du N. au S. ; dans 
la dernière, au S. de Sancerre, ils atteignent 320 mètres. 

D. Greensand. N forme une bande continue de Vierzon jusque vis-à-vis et au-delà 
de Sancerre; cette bande est traversée par les vallées du Cher et de l’Yèvre à Vier- 
zon. Elle s’élargit beaucoup pour former la grande plaine qui renferme le Baran- 
geon , le Croulas et leurs affluents ; un second élargissement constitue la plaine qui 
s'étend de Morogues à La Chapelle-d'Angillon et où naît la Petite-Sauldre. Un 
troisième est occupé par la partie supérieure de la large vallée de la Grande- 
Sauldre jusqu'au-dessous de Vailly, et celle de la Salereiïne son affluent principal. 
Au N. le greensand descend dans le vallon de Sautrange, etil reparaît dans la 
parue supérieure de la vallée de la Notre-Heure, autour de Pierrefitte-ès-Bois. Il 
existe enfin, comme il est dit plus haut à l'E. de la faille, dans les collines qui 
bordent la Loire à l'E. de Sancerre. Il disparaît sous la craie, à 180 mètres d’al- 
titude dans le vallon de Sautrange, à 200 mètres dans la vallée de la Notre- 
Heure, à 192 mètres dans la vallée de la Grande-Sauldre et dans celle de la 
Petite-Sauldre. La pente de sa surface supérieure , mesurée à la hauteur de la 
Motte d’'Humbligny, est de 0° 34! ou 1/102. 

E. Craie. La craie inférieure forme, de Vierzon au N. de Sancerre, une bande 
étroite entre le greensand et les sables à silex , laquelle, à quelque distance de la 
crête , admet la craie moyenne dans sa composition : cette dernière assise descend 
dans la vallée de la Petite-Sauldre jusqu’à Ennordre , et dans celle de la Grande- 
Sauldre jusque près d'Argent. Elle forme le fond de presque toutes les vallées 
à l'E. de cette dernière jusqu’à leur débouché dans celle de la Loire, ainsi que 
les parties supérieures des vallées de l’Oizonette et de la Nerre, entre les deux 
Sauldres. La craie inférieure entre en outre dans la composition des col- 
lines avancées d’Allogny, de Morogues, de la Motte d'Humbligny et de Ménetou- 
Ratel, ainsi que dans celle des collines situées à l'E. de la faille, et dont l’une porte 
Sancerre. La craie moyenne disparait sous les sables à silex, à 170 mètres dans 
les vallées de la Grande-Sauldre et de 1 Oizonette, à 195 mètres dans celle de la 
Nerre, et à 170 mètres dans celle de la Petite-Sauldre. Par suite de l'augmentation 
d'épaisseur qu'éprouve la craie à mesure qu’on s'éloigne de la crête du Sancer- 
rois, qui n’est sans doute pas très éloignée de l'ancienne limite de la mer où 
s'est déposée la craie, la pente de sa surface supérieure est moins rapide que 
celle de la surface supérieure du greensand; elle est la même que celle de la sur- 
face du Sancerrois, car la craie n’est recouverte que d'une couche de sables à 
silex, d’une épaisseur assez uniforme. A l’E., et le long de la faille, la craie va 
également en s’abaissant du S. au N.; elle atteint 320 mètres dans les collines 
au S. de Sancerre et 150 mètres seulement à Léré, ce qui donne une pente de 
0° 32: ou 1/106. 

Soc. G£OL. 2° SÉRIE. T. IL Mém. n° 5. 31 


236 CONSTITUTION GÉOLOGIQUE CN. 5, p. 18.) 

F. Sables à silex. Comme la craie, ils forment la crête, et le versant N.-0. du 
Sancerrois, et ne se retrouvent pas sur le versant S. ; cependant ils forment 
dans Ja plaine du Berry, autour de Brécy et de Gron, quatre tertres qui sont 
autant de témoins constatant la grande extension de ces couches vers le S., au 
moment de leur dépôt et avant l'élévation et la dénudation du pays. Sur la crête 
du Sancerrois et sur les collines qui sont en avant de celle-ci ils s'élèvent à 
467 mètres à Vierzon, à 281 mètres à Méry-ès-Bois, à 292 mètres à Allogny , à 
320 mètres à Menetou-Salon, à 354 mètres à Morogues et à 134 mètres à la Motte 
d'Humbligny et sur le plateau au N.-0. De ce point, la crête tournant au N., 
ils vont en s’abaissant, et n’atteignent plus que 380 mètres à Ménetou-Ratel , 
362 mètres à Assigny et 283 mètres à Savigny. Ils couronnent les collines crayeuses 
qui bordent la faille à l'E. , et vont en s’abaissant du S. au N., car ils atteignent 
390 mètres sur la deuxième colline au S. de Sancerre , et à Léré ils s'élèvent à 
peine à 180 mètres. Les sables à silex disparaissent sous les argiles quartzifères 
de la Sologne à 140 mètres environ, au N. de Vierzon, à 125 mètres dans la vallée 
de laRère ,au-dessous de Nançay, à 132 mètres dans celle de la Petite-Sauldre, 
près de Souesmes , à 135 mètres dans celle de la Grande-Sauldre, au-dessous de 
Clémont et à 140 mètres dans le vallon de la Tielle , au N. de Coullons. Enfin, 
les flancs des vallons qui débouchent dans la Loire au N.-E , les montrent au- 
dessous des argiles de la Sologne à des altitudes moyennes de 160 à 170 mètres. 
La pente moyenne de leur surface supérieure est la même que celle de la craie 
et que celle du Sancerrois , dont ils constituent la surface du sol; elle est donc 
de 0° 31' ou 1/111. Sur les collines à l'E. de la faille, leur inclinaison est aussi 
la même que celle de la craie sous-jacente. 

G. Calcaires d’eau douce. Ms n’offrent rien d’intéressant dans leur disposition, 
parce qu'ils ne forment que de petits bassins isolés situés au pourtour du San- 
cerrois; celui de Châtillon sur-Loire atteint 222 mètres à 4 kil. au N.-E. de 
Bonny, sur la rive droite de la Loire , tandis qu'en allant vers l'O., il ne s'élève 
plus guère qu'a 170 mètres à Châtillon sur la rive gauche de la Loire. Le bassin 
de Cosne atteint 180 mètres à Bannay. Celui de Mehun atteint seulement 
140 mètres au N. d’Allouis , sur la rive droite de l'Yèvre ; mais en allant au S., 
il s'élève davantage. Enfin, le dépôt de minerai de fer du Bois-Gerisse, entre 
Mehun et Bourges, est à 155 mètres d'altitude. 

H. 4rgiles quartzifères de la Sologne. Elles n’entrent pas dans la composition du 
Sancerrois, mais elles l'entourent à l’E., au N. et à l'O., en formant à son pied 
une vaste plaine unie vers le N. et l'O. Elles atteignent 140 mètres environ au 
N. de Vierzon , 163 mètres au S. de Souesmes et à Sainte Montaine, 180 mètres 
au N.-0. d'Argent, et au N. d’Autry; à Châtillon-sur-Loire , à l'extrémité de la So- 
logne, elles sont à 187 mètres. De ce point jusqu’à Bannay, au-delà de Cosne, ce 
terrain forme une série de lambeaux constituant une bande de 2 kil. de largeur 
moyenne , qui atteint successivement 194 mètres au N.-0. de Beaulieu , 201 mètres 


(N. 5, p. 19.) DU SANCERROIS. 237 
à l'E. de Sury et 203 mètres à Boulleret. Le dernier lambeau , enfin, n’est qu'à 
181 mètres à Bannay. 


$ IV. Considérations générales. 


On voit, par les descriptions que nous venons de donner, que la portion de 
la ceinture crétacée du bassin de Paris, qui forme le Sancerrois, a éprouvé un 
relèvement assez considérable ; aussi est-ce dans cette région que les terrains 
crétacés et tertiaires du bassin de Paris tout entier atteignent leurs plus grandes 
altitudes. C'est encore là que les étages jurassiques moyen et supérieur s'élèvent 
le plus dans toute la partie du bassin de Paris , située à l'O. de la Loire et de la 
Seine. Le coral-rag y est à une hauteur de plus de 150 mètres au-dessus du 
niveau qu'il devrait avoir sur ce point d’après la pente régulière des couches, 
depuis la partie médiane de la plaine du Berry jusqu'au centre du bassin de 
Paris. 

«Si, malgré la faible inclinaison des couches et Le peu d’élévation des collines, 
qui ne permet guère de bien saisir l’ensemble du pays, on cherche l'analogie 
que peut avoir le relèvement du Sancerrois avec les soulèvements jurassiques 
du Porrentruy, on reconnaît de suite qu'il se rapporte aux soulèvements du 
troisième ordre, si on a égard seulement à la structure, telle qu'elle est exposée 
par M. Thurmann ; car, si on voulait s'en tenir à la lettre, ce ne serait qu'un 
soulèvement du premier ordre , qui n’a point fait affleurer de groupe inférieur au 
corallien. En effet, si de l’axe du coral-rag on va vers le N.-0., on rencontre, 
comme on peut le voir, pl. XI, fig. 2, ia succession de créfs et de combes qui 
caractérise le troisième ordre de soulèvements ; le premier crét extérieur est 
formé par les sables à silex et la craie, la première combe par le greensand, le 
deuxième créf intérieur par l'étage jurassique supérieur, et la deuxième combe 
centrale par la surface de l'étage jurassique moyen. Mais le Sancerrois ne pré- 
sente qu'un côté du soulèvement, car au S. on ne trouve que des lambeaux 
de l'étage jurassique supérieur pour former le deuxième crét intérieur ; quant au 
premier crét extérieur, il manque totalement (1). » 

Les relèvements du Sancerrois et du Pays de Bray présentent tous deux 
cette particularité d’avoir un de leurs flancs à pente plus rapide, celui du S.-E. 
pour le Sancerrois, et celui du N-E. pour le Pays de Bray, de telle sorte que 
dans les deux, la pente la plus douce est du côté du centre du bassin tertiaire de 
Paris, sur les bords duquel sont situés ces deux relèvements du sol. 


(1) Le pays de Bray présente un relèvement sur la même échelle à peu près que celui du Sancerrois, 
mais d’une longueur double, car il n’est pas arrêté vers son milieu par une faille ; les inclinaisons des 
couches sont tres faibles et les collines encore moins élevées que dans le Sancerrois; cependant, en 
raison de sa régularité, on peut en saisir la structure lorsqu’on est sur l’un des bords ou mieux au 
centre. Le soulèvement n’y est que de deuxième ordre; les créts sont formés par des argiles sableuses 
à silex et la craie; les combes par le greensand, et la voäte centrale par l’étage jurassique supérieur. 


238 CONSTITUTION GÉOLOGIQUE (N. 5, p.20.) 


Le relèvement du Sancerrois a lieu suivant une ligne courant de l'E, 26° N. 
à l'O. 26° S. ; il est interrompu à son centre par une faille, dirigée du N. auS., 
qui produit une différence de niveau de 180 mètres, et qui laisse les couches 
situées à l'E. à peu près dans leur position normale. 

Nous pouvons remarquer en passant que le relèvement du Sancerrois est à 
peu près parallèle à la limite septentrionale du Plateau central, de Sancoins 
(Cher) à l’Tle-Jourdain (Vienne), ainsi qu’à la direction moyenne de la Loire , de 
Blois, et même d'Orléans, jusqu'au confluent de la Vienne. La partie de la 
Loire comprise entre Angers et Nantes a également une direction à peu près 
semblable , mais un peu plus rapprochée de la ligne E. O. Enfin , le relèvement 
du Sancerrois a une direction qui s’écarte seulement de 40° vers le N. de celle 
de la chaîne principale des Alpes, qui court de l'E. 16° N. à l'O. 16° S. 

Le relèvement du Sancerrois a affecté les terrains jurassique et crétacé , ainsi 
que les sables à silex, dont la position géologique n’est pas encore assignée d'une 
manière rigoureuse, quoique l'on soit assez généralement disposé à les consi- 
dérer comme l'équivalent des sables et grès de Fontainebleau. Il n’a pas affecté 
les argiles quartzifères de la Sologne , que l’on regarde, à juste raison , comme 
un prolongement lacustre des faluns marins de la Touraine, et qui entourent le 
Sancerrois sur plus des trois cinquièmes de son pourtour. On ne peut donc douter 
que lerelèvement du Sancerrois ne se soit fait entre les dépôtsde ces deux terrains. 
Quant à la faille, il est probable qu'elle s’est produite simultanément, quoique 
ayant une direction presque perpendiculaire. 

Quant à savoir si le relèvement a affectéles calcaires d’eau douce, nous n’avons 
rien vu, et nous sommes même porté à douter que le Sancerrois présente des faits 
pour résoudre cette question. Cependant, comme, d’une part, ces calcaires 
d'eau douce se lient aux sables à silex et à leurs brèches , et que, d’autre part, ils 
se séparent nettement des argiles quartzifères de la Sologne, qui reposent indis- 
tinctement sur eux et sur les sables à silex, nous sommes disposé à admettre que 
les calcaires d’eau douce appartiennent à la même période géologique que les 
sables à silex, et que les argiles de la Sologne sont tout-à-fait indépendantes de 
ces deux dépôts L’élévation du Sancerrois alors se serait produite avant le dépôt 
des argiles de la Sologne et après celui des calcaires d’eau douce. 

Nous pourrions appuyer notre opinion sur celle de M. Dufrénoy, qui, sur la 
carte géologique de la France, a considéré comme appartenant à une période géo- 
logique différente de celle du terrain d’eau douce ordinaire de la Limagne, des 
argiles grises-jaunâtres à grains et à cailloux de quartz blane, en tout semblables à 
celles de la Sologne, qui couronnent, entre Vichy et Gannat, les plateaux formés 
par les argiles et les marnes de la Limagne (1). 


(1) M. Dufrénoy rapporte à la vérité ces argiles à grains de quartz au terrain pliocène, mais elles 
s’en séparent trêsnettement par leurs caractères minéralogiques. Les terrains pliocènes de l'Auvergne, 


(N.5, p. 4.) DU SANCERROIS. 239 
Le relèvement du Sancerrois vient donc s'ajouter dans le bassin de Paris à ceux 
du Pays de Bray et du Bas-Boulonnais , les seuls connus jusqu'à présent ; mais 
il en diffère essentiellement, et par sa direction, qui est presque perpendiculaire, 
et par son âge, car il a affecté presque tous les dépôts tertiaires du bassin de 
Paris, tandis qu’on admet que les deux autres sont antérieurs à tous les terrains 
tertiaires, même au terrain éocène. 

Si la place que nousassignons au relèvement du Sancerrois, dans la série des 
terrains, paraît suffisamment bien établie, nous ferons remarquer qu'il coïncide 
avec la ligne de démarcation la plus tranchée qui existe dans les terrains ter- 
tiaires du bassin de Paris, celle reconnue depuis longtemps déjà par MM. Des- 
noyers et C‘ Prévost, entre les derniers dépôts d’eau douce du bassin de Paris et 
les faluns marins de la Loire, démarcation corroborée et admise un peu plus 
tard par MM. Deshayes et Lyell, d'après l'examen des fossiles. Il conviendrait 
donc de restreindre les terrains miocènes au seul dépôt des faluns , comme l'ont 
toujours fait les deux savants que nous venons de citer , et d’en détacher les sables 
et grès de Fontainebleau et les calcaires de la Beauce, qui y ont été réunis par 
MM. Dufrénoy et de Beaumont, sauf à créer pour eux une division particulière 
dans les terrains tertiaires ,si, comme nous sommes également porté à l’admettre, 
il est bien reconnu qu'ils se séparent nettement du calcaire grossier et du gypse 
qui, pour tous les géologues, constituent le véritable terrain éocène. 

Le bassin de Paris, lors du dépôt des sables et grès de Fontainebleau et des 
calcaires d’eau douce de la Beauce, avait une forme rectangulaire, allongée de 
Soissons à Poitiers ; au S.-E. par Bourges et Moulins, s’y rattachait le bassin de 
la Limagne. Ses communications extérieures se faisaient d’une part probablement 
avec la mer du Nord, lors du dépôt des sables et grès de Fontainebleau ; et d’autre 
part, avec le bassin de la Gironde, par la plaine jurassique qui sépare le Plateau 
central de la Vendée. Lors du dépôt des faluns, la distribution des eaux était 
toute différente ; un golfe marin peu large, mais assez long, séparait la Vendée 
de la Bretagne, et s’étendait jusqu’à Blois, en recouvrant ainsi l'emplacement 
occupé aujourd’hui par la vallée de la Loire et ses alentours ; à l'extrémité orien- 
tale , il ÿ avait la grande nappe d’eau douce de la Sologne qui, au N., s’étendait 
jusque près d'Étampes , et qui, au S., venait baigner le pied du Sancerrois ; la 
Limagne possédait aussi un lac à cette époque: 

Entre le dépôt des calcaires d’eau douce de la Beauce, et celui des argiles de 
la Sologne, il s’est donc produit un changement important dans le bassin de 
Paris, puisque indépendamment de l'élévation du Sancerrois, il y a eu, d’une 
part, élévation et mise à sec de toute la partie N.-E. du bassin de Paris ; et, 
d'autre part, abaissement de la partie S.-0. , suivie d’une irruption :de l'Océan 


à Perrier, à Boulade et à Ménat, sont toujours en grande partie formés aux dépens des roches trachy- 
tiques, tandis que les argiles à grains de quartz de Vichy n’offrent pas la moindre trace de ces roches, 
non plus que les argiles quartzifères de la Sologne et du Gâtinais. 


240 CONSTITUTION GÉOLOGIQUE DU SANCERROIS. (N. 5, p.22.) 
atlantique, qui vint pénétrer au cœur du bassin de Paris, pour la première fois 
depuis le dépôt de l'étage jurassique inférieur. 

Si nous jetons nos regards hors du bassin de Paris, nous trouvons qu'il existe 
dans les bassins tertiaires de la Gironde et du Rhône, d’après les auteurs qui 
ont écrit sur les terrains qui les composent, une ligne de démarcation bien tran- 
chée aussi, d’une part, entre les calcaires d’eau douce de l'Agenais et du Gers, 
et les faluns de Bordeaux; et, d'autre part, entre les calcaires d’eau douce de 
l'Hérault et des environs d’Aix en Provence, et les mollasses du Midi. Les calcaires 
d’eau douce, dans le bassin du Rhône surtout, sont souvent en couches contour- 
nées et inclinées au-dessous des mollasses dont les couches sont horizontales sur 
les mêmes points. On trouve donc, dans toute l'étendue de la France, des traces 
d'une révolution dont le trait le plus saillant, reconnu jusqu'à présent, est le 
relèvement du Sancerrois. 

Nous terminerons ce mémoire par une dernière remarque. M. Élie de Beau- 
mont a fait observer ( Manuel géologique de De La Bèche, p. 646) que la série 
des soulèvements des chaînes de montagnes affecte à diverses reprises des direc- 
uons à peu près semblables. M. Le Blanc, plus tard, a fait voir (Bull. de la Soc. 
géolog. de France, t. XIE, p. 140) que dans presque tous les cas les soulèvements 
se succèdent en affectant des directions plus ou moins perpendiculaires entre 
elles. En passant en revue la série des treize soulèvements reconnus par M. de 
Beaumont, on aperçoit une exception remarquable , qui consiste en ce qu'iln'y a 
qu'une différence de 26° entre la direction du soulèvement de la Corse (N.), qui 
a mis fin au terrain éocène du bassin de Paris, et celle du soulèvement des Alpes . 
occidentales (N. 26° E.}, qui a terminé la période des faluns pour commencer la 
période pliocène. Si, malgré son peu d’étendue, on considérait le relèvement du 
Sancerrois (E. 26° N.) comme un nouveau soulèvement intermédiaire, l’ano- 
malie que nous venons de signaler disparaîtrait en partie, car le soulèvement de 
la Corse diffère de celui du Sancerrois de 64°, et celui-ci diffère du soulèvement 
des Alpes occidentales de 38. Ces angles, quoique assez éloignés de l'angle 
droit, sont cependant encore aussi grands que ceux qui existent entre plusieurs 
des soulèvements reconnus par M. de Beaumont, par exemple, entre ceux du 
Hundsruck (E. 25° N.) et des Ballons (E. 15° S.), ou bien entre ceux du Mont-Viso 
(S. 23° E.) et des Pyrénées (E. 18°S.). 


VI. 


RECHERCHES 


SUR 


L’'AGE DE LA FORMATION D'EAU DOUCE 


DE LA PARTIE ORIENTALE 


DU BASSIN DE LA GIRONDE, 


PAR M. JOSEPH DELBOS. 


INTRODUCTION. 


De toutes les formations qui composent le bassin tertiaire du S.-0. de la France, 
la formation d’eau douce inférieure est celle dont l’âge a toujours été le plus 
controversé. La divergence des opinions à cet égard ne peut être rapportée qu’à 
l'extrême difficulté que présente l'étude de ces terrains, difficulté dont M. Du- 
frénoy a rendu compte mieux que personne dans son beau Mémoire sur les ter- 
rains tertiaires du midi de la France (1). 

Nous avons cru utile d'entreprendre de nouvelles recherches sur cette question 
si souvent débattue , et c'est le résultat de ces recherches que nous avons l’hon- 
neur de soumettre à la Société géologique de France. 

La partie orientale du bassin de la Gironde est la seule où se montrent claire- 
ment les relations des diverses couches du terrain tertiaire inférieur, et c’est dans 
ce pays, jusqu'ici inconnu sous le rapport géologique , que nous trouverons les 
notions nécessaires pour établir d’une manière définitive la succession réelle des 
couches qui représentent, dans le midi de la France, l'étage inférieur des terrains 
tertiaires. 

Nos résultats différant , sous quelques rapports , de ceux auxquels sont arri- 
vés quelques uns des géologues qui nous ont précédé, nous croyons devoir jeter 
un coup d'œil préalable sur les divisions que ces géologues ont établies dans nos 
terrains, et sur l’ordre de superposition qu’ils ont admis entre les différentes 
assises dont ils sont formés. 


(1) Mémoire pour servir à une description géologique de la France, t. XII, p. 45. 
Soc. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. IL Mém, n. 6. 


249 FORMATION D'EAU DOUCE (N. 6, p. 2.) 


M. Al. Brongniart a le premier assimilé le calcaire marin de Bordeaux au cal- 
caire grossier de Paris. Il a rapporté les terrains d’eau douce de l’Agénais à une 
formation supérieure à ce même calcaire (4). Cette détermination a servi de point 
de départ à la plupart des descriptions qui ont été publiées depuis. 

M. Boué regardait, en 1824 , les terrains du bassin de la Gironde comme pou- 
vant être divisés en quatre assises ainsi disposées en allant de bas en haut : Mol- 
lasse , calcaire grossier, calcaire d’eau douce, grand dépôt marneux et arénacé. 
« Le calcaire d’eau douce, disait-il, ne paraît recouvrir nulle part le calcaire 
» grossier ; il repose constamment sur la mollasse.....; mais les apparences géo- 
» logiques et la distribution particulière du calcaire grossier ne laissent pas 
» de doute que le calcaire d’eau douce ne soit postérieur au calcaire gros- 
» sier (2). » 

En 1826 , M. Billaudel n'admettait que trois étages : argile plastique, mollasse 
avec lignites , calcaire grossier (3). 

Dans un autre Mémoire publié en 1898, M. Billaudel classait les terrains du 
département de la Gironde de la manière suivante : 1° Craie , 2° mollasse alter- 
nant avec l'argile plastique , 3° calcaire grossier, 4° calcaire d'eau douce séparé 
du calcaire grossier par un second dépôt de grès et d'argile (4). 

M. Jouannet disposa quelque temps après les terrains du département de la 
Gironde dans l’ordre suivant : Craie, argile plastique, calcaire grossier inférieur, 
sables tritoniens (sable des Landes ), terrains paléothériens, mollasse, calcaire 
grossier supérieur, terrains Jacustres (5). 

M. Ch. Des Moulins établit le premier la séparation du calcaire de Blaye et de 
celui de Bourg (6). M. Deshayes regardait déjà le premier comme analogue au 
calcaire grossier de Paris (7). 

Enfin M. Dufrénoy publia ses belles recherches sur les terrains tertiaires du 
midi de la France (8). Le premier il leur appliqua la division en trois étages, et 
rangea dans le second toutes les mollasses et les formations d’eau douce. Dès lors 
le bassin du S.-0. fut connu ; les grandes divisions étaient établies, et il ne restait 
plus qu’à les compléter par les observations de détail. 

M. Drouot (9) cependant s’écarta de cette classification , et, faisant abstraction 
de tous les caractères paléontologiques , il rangea dans l’assise inférieure, 1° les 
mollasses, et 2° le calcaire d’eau douce , dont nous nous occuperons particulière- 


(1) Description géol. des envir. de Paris , édit. 1822, p. 180 et 299. 

(2) Annales des sc. nat.,t, IV, p. 125 et 142. 

(3) Actes de la société linnéenne de Bordeaux, t. 1°", p. 99 (1826). 

(4) Recueil de l’Académie des sciences de Bordeaux , 1828. 

(5) Actes de lu société linnéenne de Bordeaux , t. IV, 1830. 

(6) Bulletin de La société géologique de France, t. IL, p. 441 (1832). 

(7) Recherches sur la distribution des coquilles fossiles des terrains tertiaires (1830). 
(8) Mémoires pour servir à une description géologique de la France, t. III (1856). 
(9) Actes de l'Académie de Bordeaux , 1"° année , p. 650 (1839). 


(N- 6, p- 5.) DU BASSIN DE LA GIRONDE. 243 
ment dans ce travail. Au-dessus, il plaçait : le calcaire grossier, un second terrain 
d’eau douce (calcaire d’eau douce inférieur de M. de Collegno), la mollasse coquil- 
lière de: M. Dufrénoy, et enfin un dernier calcaire d'eau douce (marnes d’eau 
douce supérieures de M. de Collegno). Nous verrons dans le cours de ce Mémoire 
tout l'intérêt que mérite le travail de M. Drouot. 

La division des terrains publiée par M. Grateloup dans les actes de l'Académie 
de Bordeaux différa encore plus de celle de M. Dufrénoy. Il rangea les terrains 
dans l’ordre suivant : Craie , argile plastique , calcaire grossier, terrain paléothé- 
rien, calcaire tertiaire moyen (faluns, eic.}, terrain lacustre supérieur, dilu- 
vium, grande alluvion marine (sable des Landes). 

Enfin parut le beau travail de M. de Collegno (1). Ce savant géologue, adoptant 
les grandes divisions de M. Dufrénoy, y apporta plusieurs changements de détail, 
qu'il publia en 1843. Voici comment il classa les terrains du département de la 
Gironde : 


Calcaire de Blaye. 
Étage tertiaire inférieur ou éocène. . { Calcaire de Bourg. 
( Mollasse du Fronsadais. 
t Calcaires et argiles d’eau douce. 
Calcaire à grandes huîtres; faluns. 
| Marnes d’eau douce supérieures. 


Sables des Landes. 


_ Étage tertiaire moyen ou miocène. 


Étage tertiaire supérieur ou pliocène. Sables et argiles ferrugineuses de l’entre-deux 


mers, 


Nous lui devons la délimitation précise des calcaires de Blaye et de Bourg. Il 
reconnut qu'on pouvait les caractériser, l’un par la présence des Orbitolites, 
l’autre par la présence des Osselets d’Astéries. I mit hors de doute l’âge de la 
mollasse du Fronsadais en démontrant qu’elle devait être rapportée à la période 
éocène, etc., etc. 

- Nous avons adopté les divisions de ce savant, et nous désignerons le calcaire 
de Blaye sous le nom de Calcaire à Orbitolites, et celui de Bourg sous le nom de 
Calcaire à Astéries. 


(4) £ssai d'une classification des terrains tertiaires du département de la Gironde (1843). 


SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. II. Mém. n°6. 32 


244 FORMATION D'EAU DOUCE (NARAREt) 


PREMIÈRE PARTIE. 


Nous diviserons en quatre assises , en allant de bas en haut, les terrains infé- 
rieurs du bassin de la Gironde, non compris le calcaire à Orbitolites. 


D ER { 1° Mollasse éocène ou du Fronsadais, comprenant les grès de Bergerac. 
ANON CEaU COUCE. À 9e Calcaire d’eau douce et Meulières. Gypse. 
3° Dépôt d'Ostrea longirostris. 


Formation marine. . . { HR te 
L° Calcaire à Asféries. 


Considérées dans leur ensemble, les couches de la formation d’eau douce 
plongent de l’est à l’ouest. Elles augmentent de puissance à mesure qu'elles se 
rapprochent de leur limite orientale , jusqu’à ce qu’elles rencontrent la craie sur 
laquelle elles viennent butter et mourir. 

Le calcaire à Astéries, au contraire, diminue d’épaisseur en allant de l'ouest à 
l'est. Il ne recouvre bientôt plus que le sommet des coteaux , et finit même par 
disparaître complétement, bien avant la jonction superficielle des terrains d’eau 
douce avec la craie. 


MOLLASSE ÉOCÈNE OU DU FRONSADAIS. 
Caractères généraux de cette formation. 


La mollasse comprend des argiles et des grès ordinairement sableux, qui 
acquièrent sur certains points une très grande puissance. 

1° L’Argile est ordinairement sableuse, quelquefois assez pure. Elle contient 
presque toujours du carbonate de chaux, et passe même, sur certains points, à 
l’état d’une marne très argileuse. Le quartz y est disséminé le plus souvent en 
grains très fins ; cependant , vers la limite orientale, ces grains deviennent assez 
gros pour être visibles à l'œil nu. Elle est en général fortement colorée par du fer, 
et quelquefois par une matière bitumineuse, qui lui communique une teinte noire 
plus ou moins foncée (Saint-Vincent , Villefranche) (1). Le mica y est peu abon- 
dant et en parcelles très atténuées. 

L'argile est ordinairement d’un gris bleuâtre ou jaunâtre ; dans certaines loca- 
lités, elle est panachée de blanc, de rouge, de violet , de jaune foncé , etc. (Ber- 
serac, Lanquais , etc.) 

On n'a trouvé jusqu'à présent dans l'argile que quelques rares débris de mam- 
mifères terrestres et de reptiles. 

Dans quelques localités, la mollasse argileuse contient tellement de calcaire, 
qu’elle passe à l’état d’une marne verdâtre friable. On trouve fréquemment dans 


(4) Pour les localités citées, voyez la carte de Cassini. 


N- 6, p: 5.) DU BASSIN DE LA GIRONDE. 245 
cette marne des boules de calcaire globaire qui ont jusqu’à 6 ou 8 centimètres de 
diamètre. Ces boules sont formées de longues aiguilles de carbonate de chaux 
divergeant autour d’un centre commun. Le noyau central, formé par la marne 
verte elle-même, semble avoir subi un retrait , car il est divisé par des fentes 
assez larges , tapissées de très petits cristaux de chaux carbonatée. Ces sphéroïdes 
sont quelquefois réunis plusieurs ensemble (Saint-Christophe, Lespinassat , 
Saint-Michel-de-Montaigne). : 

L’argile renferme parfois des lits peu suivis et peu épais de calcaire d’eau 
douce. 

2° La Mollasse sableuse, beaucoup plus développée que la mollasse argileuse, 
est composée de grains arrondis de quartz et de feldspath, dont le volume aug- 
mente à mesure qu'on s'avance vers les limites de la formation. Elle contient 
toujours du calcaire , et souvent elle est très micacée. 

Quelquefois la mollasse sableuse s’agrége de manière à se transformer en un 
grès plus ou moins solide. Ce grès est alors disséminé dans le sable en rognons 
arrondis, de forme irrégulière (Fronsac, Saillans , etc.). Get accident est très 
caractéristique de la mollasse du Fronsadais. Quelquefois , mais rarement, ces 
rognons se divisent en couches concentriques ( La Carbonille). 

Nous avons analysé quelques uns de ces rognons, et nous leur avons 
toujours trouvé sensiblement la même composition qu’au sable qui les enve- 
loppe. Nous ne serions pas éloignés d’y voir un fait de plus à l'appui des obser- 
vations que M. Virlet d'Aoust a publiées dans son intéressant Mémoire sur les 
dérangements moléculaires éprouvés par les roches postérieurement à leur 
dépôt (1). 

Vers les limites des terrains tertiaires, le fer hydroxydé devient assez abondant 
dans la mollasse sableuse pour y constituer un minerai très riche, exploité sur 
une grande étendue dans le Périgord. Il forme alors des rognons irréguliers , géo- 
diques, dont l’intérieur présente quelquefois des mamelons de quartz stalactique. 
Il se montre plus rarement en grains pisolithiques et en plaquettes. Ne serait-ce 
pas encore le résultat de l’agrégation des molécules ferrugineuses disséminées 
primitivement dans le sable? 

Lorsque les sables de la mollasse viennent à être pénétrés par un ciment cal- 
caire ou siliceux, il en résulte des grès extrêmement durs , employés pour le 
pavage , ordinairement blancs , colorés quelquefois en gris ou en brun (Creisse, 
Peyrebrune, etc.). [ls sont minéralogiquement en tout semblables aux grès 
de Fontainebleau, dont ils ne diffèrent que par leur grain peut-être un peu 
plus gros. 

Si ces sables ont été en même temps pénétrés par du fer, ils constituent des 
masses colorées en rouge plus ou moins foncé (forêt de Lanquais). 


(1) Bull. de la Soc. géol. de France, 2: série, t. IT, p. 198. 


246 FORMATION D'EAU DOUCE (N:6, p.6.) 
La mollasse sableuse renferme quelquefois de petits lits de calcaire d’eau douce, 
mais ces lits y sont encore plus rares que dans l'argile. 
Nous ne connaissons dans la mollasse sableuse d’autres débris organiques que 
les rares empreintes végétales des grès de Bergerac et les troncs d’arbres silicifiés 
de Minzac. 


Descriptions géognostiques. 


C'est à Cubzac que la mollasse se montre pour la première fois bien caracté- 
risée , lorsqu'on remonte le cours de la Dordogne en partant de Bourg. 

En 1840 , les travaux exécutés pour les terrassements du pont suspendu de 
Cubzac ont mis à découvert, du côté de Saint-Vincent (rive gauche), une argile 
feuilletée, non effervescente , colorée en noir très intense par une forte propor- 
tion de bitume. Elle formait le fond des excavations pratiquées pour l'extraction 
des matériaux nécessaires aux remblais, et s’y montrait sur une épaisseur de 17,50 
à 2», Elle n’était recouverte que par les alluvions modernes de la Dordogne ; mais 
sa stratification distincte, sa ressemblance avec certaines couches que nous trou- 
verons ailleurs , l'identité de son niveau avec celui des argiles de la rive opposée, 
ne laissent aucun doute sur son âge. 

À Cubzac, au-dessous du château des Quatre-Fils d’Aymon {Les Tours, de 
Cassini), on exploite une argile d’un gris verdâtre, assez fine, contenant beau- 
coup de carbonate de chaux. Eile se montre sur une épaisseur de 3", mais on ne 
peut reconnaître ses limites inférieures. Elle est recouverte d’assises puissantes 
de calcaire marin, et malgré la parfaite horizontalité des couches, le plan de 
contact plonge sensiblement vers le N.-0., ainsi que l’a remarqué M. de 
Colleono. 

Le village de Cubzac est séparé de Saint-André par une dépression que traverse 
la grande route de Paris. Vers le fond de cette dépression , à peu près à moitié 
distance de Cubzac à Saint-André, sur la gauche de la route, on exploite un sable 
assez fin, à stratification distincte, qui rattache la mollasse de Cubzac à celle des 
environs de Saint-André. 

La colline de Montalon , située au N.-0. de Saint-André, est formée à sa partie 
inférieure d’une mollasse sableuse, bleuâtre, un peu argileuse, passant vers le 
haut à un sable jaunâtre. 

La mollasse sableuse de Montalon forme cette petite lande, au milieu de laquelle 
passe la grande route de Paris, au N. de Saint-André-de-Cubzac. Le sable y est 
coloré en jaune rougeâtre par du fer hydroxydé, et ce caractère, joint à l'aspect 
physique du pays, a fail rapporter cette nappe arénacée à la formation du sable 
des Landes. Mais 1l nous paraît plus rationnel de ne la considérer que comme le 
prolongement de la mollasse sableuse de Montalon. En tout cas, elle se montre 
ici à un niveau bien inférieur à celui du calcaire à Astéries, qui paraît, à une 
petite distance, sur les hauteurs d'Aubié et d’Espessas. 


(X. 6, p. 7) DU BASSIN DE LA GIRONDE. 247 
Entre ce dernier village et celui de Sallignac, près du ruisseau qui coule au 
fond de la vallée, la carrière de la Carbonille offre un des exemples les mieux 
caractérisés que nous connaissions de la superposition du calcaire à Astéries à la 
mollasse. Celle-ci s'y montre à l'état d’un sable fin , argileux, de couleur rousse, 
dans lequel se trouvent disséminés ane énorme quantité de rognons à couches 
concentriques, dont nous n'avons retrouvé les analogues dans aucune autre loca- 
lité. La substance de ces rognons est compacte, alumineuse, d’un jaune verdâtre 
clair. Le ciment calcaire, qui entre pour plus de la moitié dans sa composition, 
lui communique quelquefois un aspect un peu cristallin sur les fractures (1). 

Le fond de la vallée qui sépare Espessas de Sallignac est occupé par la mollasse 
sableuse qui va passer sous le calcaire à Astéries des hauteurs de Sallignac, 
Mouillac , etc., pour reparaître avec un grand développement dans la vallée 
de l'Isle. 

M. de Collegno (2) ayant suivi la mollasse depuis Saint-André-de-Cubzac 
jusqu’à Libourne, nous croyons n’avoir rien à ajouter aux descriptions données 
par ce géologue, et nous reprenons l'étude de la mollasse à Fronsac. 

À partir de Saint-André-de-Cubzac , la mollasse se développe de plus en plus 
à mesure qu’on remonte la vallée de la Dordogne. Près de Libourne, elle forme à 
elle seule le tertre de Fronsac, où elle acquiert une épaisseur de plus de 100. 

4° Le pied du tertre se compose d’une mollasse sableuse, grisâtre , très friable 
micacée, avec quelques grains verts de fer silicaté. Elle contient quelques nodules 
fondus dans la masse d’un sable très fin, un peu argileux; mais l’alumine est 
fort peu répandue dans cette assise (V. pl. XIL fig. 12). 

2° Argile exploitée sur le flanc S.-0.-du tertre; sableuse , verdâtre, maculée 
de fauve. Epaisseur, 5 ou 6. 

3° Au milieu de cette argile, on remarque un banc de calcaire marneux, com- 
pacte , un peu rougeûtre, avec quelques fissures sinueuses. Epaisseur, 0°,50. 

k° Mollasse sableuse, formant le reste du coteau , très micacée, avec quelques 
grains verts. Ce sable s’agglutine quelquefois et forme un grès grossier, assez 
dur, à cassure grenue, brillante sous certains aspects, souvent divisé en strates 
peu épaisses. 

C'est dans cette assise que sont disséminés les rognons concrétionnés dont nous 
avons déjà parlé, et qui ne sont que la mollasse sableuse elle-même fortement 
agrégée. Ces rognons sont fréquemment accolés les uns aux autres, de manière 
à présenter l'aspect de boulets ramés, de grappes de raisins, etc. Leur grosseur 
varie depuis À centimètre jusqu'à à décimètres de diamètre, et même plus. 


(4) Toutes les observations qui précèdent ont été faites avec M. de Collegno. Elles prouvent, 
avec la dernière évidence , les relations qu’il a le premier fait connaître. 

Nous croyons devoir reconnaître ici la dette que nous avons contractée envers ce savant pour les 
conseils bienveillants dont il a bien voulu toujours nous honorer. 

(2) Mémoire cité, p. 31. 


248 FORMATION D'EAU DOUCE (N.6, p. 8.) 


5° Dans les jardins de l’ancien château situé sur le sommet du tertre, à quelques 
décimètres au-dessous de la terre végétale, on trouve une argile bleuâtre, beau- 
coup plus fine que la première. Cette argile forme la couche la plus élevée du 
tertre de Fronsac ; mais, sur la hauteur de la Laque, elle est recouverte, suivant 
M. de Collegno , par le calcaire à Astéries. 

Le tertre de Canon, qui s'élève sur la droite du chemin de Fronsac à Saint- 
Michel, vis-a-vis le hameau de La Clée, est composé de mollasse jusqu'aux trois 
quarts de sa hauteur, mais elle est presque partout cachée par la culture. A 80 en- 
viron au-dessus du niveau de la Dordogne, un escarpement permet de voir une 
mollasse compacte, pesante, grise, à grains fins, fragmentaire. Elle est recou- 
verte immédiatement par le calcaire à Astéries , qui paraît s'être déposé dans les 
dépressions et les cavités de la mollasse , car il se montre quelquefois accolé à 
elle dans le sens de la largeur. 

Le chemin qui conduit de Saint-Michel à Saint-Aignan monte rapidement à la 
sortie du premier village. Il est pratiqué entre deux escarpements de mollasse 
sableuse , gris-bleuâtre , de 6 à 8» de hauteur. (Fig. 1.) 

De Saint-Michel à Saint-Aignan , et de ce village à Saillans , la route suit la 
crête des coteaux, et on ne marche plus que sur le calcaire à Astéries. Mais dans 
la commune de Saillans, au-dessous de ce calcaire, on trouve, au lieu dit 
de Montaigu , la mollasse mise à nu sur une grande hauteur. Nos observations 
nous ont fait reconnaître l’exactitude de la coupe donnée par M. Jouannet (1) : 

1° Au-dessous du calcaire marin, on trouve une mollasse solide, très calca- 
rifere, d'un gris jaunâtre ou bleuâtre. Elle devient de plus en plus dure à mesure 
qu'on se rapproche de la couche suivante. 

2° Sable avec rognons concrétionnés analogues à ceux de Fronsac. 

3° Mollasse solide, fragmentaire, assez semblable à celle du tertre de Canon. 

h° Enfin , à la base de l’escarpement, M. Jouannet cite des alternances de marne 
sableuse , d'argile figuline , de sable. A l'époque où nous visitämes Saillans, cette 
assise était cachée par la terre végétale. M. Billaudel a trouvé dans cette couche 
inférieure une mâchoire de Paléothérium. (V. l’appendice, coupe n° 1.) 

Entre Saillans et Savignac, près de Saint-Crit, on exploite les argiles de la 
mollasse dans une carrière à ciel ouvert, à 20" environ au-dessus du niveau de 
l'Isle. Cette carrière présente la coupe suivante : 

1° Argile très pure, très fine, verdâtre, marbrée de fauve, non effer- 
vescente. à". 

2 Cette argile se charge vers le haut de calcaire, tout en conservant la 
finesse de sa pâte. Eile présente les mêmes couleurs , mais de teintes beaucoup 
plus claires. 1". 

3° Elle passe à une mollasse sableuse, un peu argileuse, assez dure, très 


(1) Mémoire cité (Mollasses du Fronsadais ). 


(N. 6, p.9)) DU BASSIN DE LA GIRONDE. 249 
calcarifère , offrant les mêmes couleurs que la couche précédente. Elle forme la 
couche la plus élevée de la carrière. 

La mollasse continue à se montrer au fond de toutes les dépressions du terrain, 
entre Saillans et Savignac. La descente de la route vers la vallée de la Saye 1ra- 
verse la mollasse sableuse sur une épaisseur de plus de 20%. 

Dans la commune de Bonzac, on peut voir presque à chaque pas, sur le sommet 
des coteaux, des affleurements de la mollasse argileuse. 

C'est dans cette commune que se trouve le coteau de la Grave, si bien décrit 
par M. Dufrénoy. Nous nous bornerons à rappeler la succession de couches obser- 
vée par cet illustre géologue (1) : 

1° Depuis Le niveau de l'Isle jusqu'aux deux tiers du coteau, mollasse sableuse, 
assez solide. 

2% Au milieu de cette assise, à 45% au-dessus de la rivière, on observe une 
argile grise, bitumineuse , dans laquelle on a trouvé les débris de Paléothérium, 
Gavials , Trionyx , décrits par Cuvier. 

3 Grès argileux, calcarifère , micacé, blanc-jaunâtre, à peu près semblable 
à la couche supérieure de la carrière de Saint-Crit. 20. 

h° Mollasse dure , blanchâtre , à grain très fin , très calcarifère , surtout vers 
le haut, et passant à la couche suivante. 

5° Marne d'eau douce. 

De Bonzac à Saint-Martin-de-Laye, le niveau de la mollasse s’abaisse peu à peu, 
et entre ce dernier village et Guître , elle se mêle à de puissants dépôts caillou - 
teux , qui, suivant M. Dufrénoy, appartiennent à la même formation. Nous croyons 
cependant qu'une partie au moins de ces graviers peut être rattachée à l’action 
diluvienne. 

La mollasse ne se termine pas à Guître ; M. Dufrénoyÿ l’a retrouvée au N. de 
celte ville, à Montguyon, à Montlieu, à Chepniers , etc., où elle forme encore des 
amas puissants , et où elle vient recouvrir la craie. 

Le chemin de Libourne à Saint-Emilion (chemin de l'Epinette) est tracé sur 
les amas du diluvium caïllouteux, qui a recouvert tout le fond de la vallée de 
l'Isle. Près de Saint-Emilion, ce chemin suit une pente de quelques degrés, et 
on ne tarde pas à rencontrer le calcaire marin. 

Si l’on quitte Saint-Emilion en se dirigeant vers le nord , le chemin descend 
insensiblement jusqu’au bas de la butte sur laquelle est situé le moulin de Cadet 
(près de la Peleyre de Cassini), à un kilomètre environ de Saint-Emilion. La 
mollasse s’y montre au-dessous du calcaire à Astéries. Elle est ordinairement 
d'un gris jaunâtre, compacte, à grains fins , dure, cassante , fragmentaire. Dans 
certains endroits elle affecte la forme fibreuse ou xyloïde. C’est une tendance à la 
structure radiée des boules dont nous avons déjà fait mention. 


(1) Mém. pour servir à une desc. géol. de la France, t. HI, p. 77. 


250 FORMATION D'EAU DOUCE (N.6, p. 10.) 

Au-delà de la butte de Cadet, et jusqu’au ruisseau de la Barbanne , la mollasse 
est cachée par les dépôts caillouteux et d’alluvion. 

La montée de la route de Saint-Emilion vers Saint-Christophe laisse voir 
une marne verte, dans laquelle se trouvent disséminées de nombreuses boules 
de calcaire globaire, que nous retrouverons bien mieux caractérisées à Lespi- 
nassal. 

À partir de Saint-Christophe, le sommet des coteaux n'offre plus que le calcaire 
marin jusqu'à la descente vers la Baucamerie. A peu près à la hauteur de ce ha- 
meau, le tracé de la nouvelle route a mis à nu, au-dessous d’un calcaire d’eau 
douce, une mollasse sableuse d’un gris jaunätre ou bleuâtre. Elle contient de 
nombreux nodules marneux , jaunes , dont la cassure présente des feuillets con- 
tournés autour d’un noyau central souvent formé d'une marne très blanche (1). 
Cette mollasse forme le fond du vallon , et elle s’y montre de tous côtés sur une 
épaisseur de plus de 15m. 

Si l'on monte de là vers le moulin de Beney, on rencontre au-dessus de la 
mollasse le calcaire marin qui occupe tout le sommet du coteau jusqu’au revers 
qui regarde Sainte-Colombe. L’extrémité S.-0. de ce coteau est composée de mol- 
lasse sableuse , grisâtre, avec rognons analogues à ceux du tertre de Fronsac, 
quoique un peu moins durs. 

Dans le village même de Sainte-Colombe , sur les bords du chemin de Man- 
gaud , on retrouve cette même mollasse , mais en cet endroit elle renferme des 
amas d’un calcaire marneux, très blanc, très friable , tachant , extrêmement lé- 
ser, qui se montre souvent associé aux sables de la mollasse dans cette partie du 
bassin du S.-0. de la France. 

Les sables de la mollasse forment le tertre de Saint-Magne , mais ils sont cachés 
presque sur tous ses revers par la terre végétale. 

Le tertre d'Orable , qui domine Castillon au N.-E., est en grande partie com- 
posé de mollasse, mais la partie inférieure en est-cachée par les cultures et les 
terres éboulées. Le chemin de Belvez traverse ce tertre à peu près à égale distance 
des moulins d'Orable et de ceux du Liau. Aux deux tiers de la montée, on 
trouve : 

1° Une argile très sableuse, d’un gris jaunâtre uniforme, 4”. 

20 Aroile marneuse blanchâtre , peu solide, 3%. 

3 Sable fin grisâtre , 5". 

Lk° Calcaire d’eau douce, etc. (V. l’appendice, coupe n° 2.) 

Le chemin d'Orable à Belvez offre sur plusieurs points des affleurements de 
mollasse sableuse. En approchant de Belvez , le calcaire marin remplace la mol- 
lasse sur les bords de la route, et c’est ce calcaire qui forme toute la crête du co- 
teau sur lequel sont placés les villages de Belvez et de Tourtirac. A la Gasparde 
(commune de Tourtirac), il repose sur les sables gris de la mollasse. 


(1) Ges nodules rappellent parfaitement les chailles du Jura. 


« 


CN. 6, pe 11.) DU BASSIN DE LA GIRONDE. 251 

Belvez est séparé de Gardegan par une vallée au fond de laquelle coule le ruis- 

seau de l’Anguilie. L'église de Gardegan est bâtie sur un coteau dont le sommet 
est formé de calcaire à Astéries. 

Lorsque de Gardegan on se dirige vers l’ouest, on descend le revers du coteau, 
et au-dessous des formations supérieures on trouve une argile très sableuse, jau- 
nâtre, d'une faible épaisseur, reposant sur des sables gris, assez fins, qui for- 
ment le fond de la vallée et qui reparaissent jusqu’à la moitié de la hauteur de 
Pitray (entre Gardegan et la Millerie de Cassini). Ces sables sont recouverts ici 
par le calcaire marin. (Fig. 9.) 

Le chemin de Gardegan au village des Salles , après avoir traversé le ruisseau 
de Piqueroque, passe près du château de Mondespit (1). Les hauteurs qui domi- 
nent ce château vers le N. sont composées de mollasse sableuse et couronnées de 
calcaire à Astéries. 

La route de Mondespit aux Salles laisse voir près de ce village de nombreux 
affleurements de cette mollasse. Elle reparaît de l’autre côté de la vallée , près 
du château de Belecier, puis sur les coteaux situés sur la rive opposée du ruisseau 
de Gueyraude, à la Plante. Nous l’avons suivie jusqu'à Minzac , mais entre ce vil- 
lage et celui des Salles le niveau des coteaux s’abaisse, de manière que le cal- 
caire marin n'y paraît plus, excepté peut-être en lambeaux isolés, sur les points 
les plus élevés. | 

Aux environs de Minzac, la mollasse sableuse couvre toute la surface du pays, 
et n’est recouverte par aucune autre couche : aussi communique-t-elle toute son 
aridité au sol, qui ne nourrit plus que des bruyères, et dont la végétation pré- 
sente {out l'aspect de celle des Landes. (Fig. 13.) | 

Les champs qui entourent Minzac , l'intérieur du village même, sont couverts 
d'une immense quantité de troncs d'arbres dicotylédones silicifiés. Ils sont dissé- 
minés au-dessus de la mollasse , et on ne les trouve point en couches ; mais ils se 
présentent toujours à un niveau inférieur au diluvium , dans lequel ils ne se ren- 
contrent jamais. Nous croyons qu'ils représentent ici la végétation de l’époque des 
grès de Bergerac. 

Les couches de gravier que nous venons de désigner sous le nom de diluvium 
recouvrent les sommités des coteaux de Minzac, Gours, Puinormand, etc Si elles 
appartiennent à la mollasse , comme le pense M. Dufrénoy pour celles de Mont- 
guyon , Lagorce, etc. (2), l’âge des bois fossiles se trouvera fixé avec toute certi- 
tude. Cependant ces bois semblent se lier plus intimement à la mollasse sableuse, 
et les cailloux roulés dont nous venons de parler se trouvent à un niveau bien 
supérieur à celui du calcaire à Astéries de Villefranche. Nous ajouterons que ces 


(1) Ce château, situé au milieu d’une ligne tirée de Gardegan aux Salles, est indiqué sur la carte 
de Cassini, mais le nom a été oublié par le graveur. 
(2) Mém. géol., p. 73 et suiv. 
SOC. GÉOL. 2° SÉRIE. T. IL Mém. n° 6. 


[29] 
6 


252 FORMATION D'EAU DOUCE 2N.6, p.12.) 
bois se rencontrent plus bas que ce même calcaire , et que les champs où on les 
observe ne renferment point de cailloux roulés. 

La mollasse sableuse se prolonge au N.-0. de Minzac par les communes de Pui- 
normand , Saint-Sauveur, Saint-Mér (Saint-Médard de Guizières). À Apzac, elle 
est exploitée sur une épaisseur de plus de 30%, C’est elle qui forme les vastes 
landes de Coutras , des Pintures, où elle est recouverte en partie.par le diluvium. 
M. Dufrénoy l’a reconnue de l’autre côté de cette lande , à Lagorce , ete., et à un 
petit nombre de lieues de Coutras on peut constater sa superposition à la craie. 

Au S.-S.-E. de Minzac, on peut suivre la mollasse sableuse jusqu'à une petite 
distance de Villefranche-de-Lonchapt , où le calcaire marin commence à se mon- 
trer. Les ingénieurs chargés du tracé de la route de Villefranche à Montpont ont 
été obligés, pour adoucir la pente à la sortie de la première de ces villes, d’en- 
tamer le sol jusqu’à une profondeur d'environ 10*. Cette coupe nous donne l'idée 
ja plus neute possible des relations de la mollasse avec le calcaire marin : 

4° Le haut de la tranchée est formé par un calcaire grossier, sableux , tendre , 
jaunâtre , contenant une grande quantité de petits cailloux quarzeux, et quelques 
fossiles difficilement déterminables , mais qui ne peuvent se rapporter qu'au cal- 
caire à Astéries ; tel est le Turbo Parkinson. « 

2 Argile marneuse verdâtre , formant le passage du calcaire à l’assise suivante. 
Elle contient vers le haut des fossiles marins ( Serpules , etc.), et elle est même 
pénétrée de veinules perpendiculaires du calcaire supérieur. 

3° Argile grisâtre , très fine, très bien stratifiée , 2,50. 

l° Au milieu de cette argile, on remarque deux lits parfaitement horizontaux 
de Septaria aplatis en forme de galettes , d'une marne très blanche, et dont le 
centre est formé par une argile divisée dans son épaisseur par des fentes assez 
larges, comme si elle eùt éprouvé un retrait. Ces Septaria sont parfaitement cir- 
culaires ; ils ont de 1 à 2 décimètres de diamètre sur 2 à 3 centimètres d’épais- 
seur Ils sont toujours posés à plat, et forment deux couches de 0,2 à 0",3 d'épais- 
seur, qui séparent en trois lits d'épaisseur à peu près égale l'argile dans laquelle 
ils sont intercalés. 

5° Calcaire jaunâtre , tendre, sans galets quarzeux, très coquillier, contenant 
surtout une grande quantité de Cérithes, Miliohtes, Turbo Parkinsoni , etc. 

6° Argile très sableuse , feuilletée , colorée en un noir bleuâtre foncé par du 
bitume, comme celle de Saint-Vincent. (Fig. 12.) 

On nous a montré des pyrites qu'on nous a dit avoir été trouvées dans les 
argiles de Villefranche. Elles forment des nodules ovoïdes d’un centimètre environ 
de longueur. 

La route de Villefranche à Castillon descend d'abord le coteau rapide au som- 
met duquel se trouve la ville, et après avoir dépassé le niveau du calcaire marin , 
elle traverse la mollasse grise, sableuse , friable, des environs de Minzac. 

Sur la rive gauche de la Dordogne , la mollasse acquiert un développement en- 


(N- 6, p- 15.) DU BASSIN DE LA GIRONDE. 253 
core plus grand que sur la rive droite. Elle commence à se montrer, sur les bords 
de la rivière , au village de Moulon. Entre ce village et Branne, le sommet des 
coteaux présente des affleurements d'une mollasse sableuse, jaunâtre, alternant 
avec des lits de sable un peu argileux. Elle forme un escarpement de 2 mètres sur 
les bords de la grande route de Bordeaux, vis-à-vis sa jonction avec celle de 
Moulon. (Fig. 2.) 

La mollasse des environs de Branne supporte les vastes carrières de calcaire à 
Astéries de Grézillac. Elle se prolonge bien au-deïà vers l'ouest. 

A un demi-kilomètre environ à l'E. de Branne, la route de Cabara passe au 
pied d’un escarpement de mollasse de plus de 25 mètres de hauteur. On peut y 
voir une alternance de huit ou dix couches de sable gris et d’argile très sableuse 
jaunûtre. 

Un peu plus loin , vers l'E., la route passe entre deux buttes assez élevées. La 
butte de Charlemagne, située sur la gauche du chemin, présente à son sommet 
une mollasse sableuse, grise , à gros grains, très micacée, assez dure, qui se 
délite en strates minces et d'une épaisseur très uniforme. Elle renferme des amas 
de cette marne blanche et légère que nous avons déjà citée à Sainte-Colombe. 

La route de Branne au château de Blagnac , à sa montée, coupe les assises 
suivantes, à peu près au niveau du sommet du tertre de Charlemagne : 

1° Argile marneuse , blanche , lavée de jaune. 

2° Argile assez pure , très fine, d'un gris jaunâtre, effervescente. 

3° Argile sableuse offrant les mêmes teintes que la précédente, dont elle ne 
diffère que par son grain plus gros, et qu’en ce qu'elle forme avec J’eau une pâte 
moins tenace. 

k° Mollasse sableuse , grise, friable , micacée. 

5° Marne blanche, analogue à la première. 

6° Argile assez pure. 

7° Mollasse sableuse. 

8° Argile bleu-verdâtre et rougeâtre , non effervescente. 

9° Mollasse sableuse, très argileuse. 

Cette succession de couches argileuses et sableuses est la même que dans l’es- 
carpement de Branne. 

La colline sur laquelle s'élève le château de Blagnac est entièrement composée 
de mollasse. Mais, entre cette colline et Saint-Jean-de-Blagnac , la vallée de la 
Langrane interrompt la continuité des couches. Cependant, entre ce ruisseau et 
Saint-Jean , s’étend une plaine sablonneuse, formée sans doute par la mollasse, 
qui du reste se montre bien caractérisée sur les bords de la grande route, à 4 kilo- 
mètre de Saint-Jean-de-Blagnac. La mollasse grise. sableuse, y atteint plus de 
30 mètres d'épaisseur, et n’est recouverte que par le calcaire à Astéries. 

La route de Saint Jean-de-Blagnac à Castillon suit la crête des coteaux jusqu'à 
Sainte Florence , et on ne marche plus que sur le calcaire marin. Mais toutes les 


254 FORMATION D'EAU DOUCE (N.6, p- 44.) 
fois qu'elle descend dans des vallons assez profonds, on retrouve la mollasse. C'est 
ainsi qu'à Berdel on remarque des affleurements d'une argile jaunâtre très sa- 
bleuse. A la descente , vers le ruisseau de Gamage , on rencontre un sable très fin, 
verdâtre, maculé de fauve. (Fig. 2.) 

Entre Sainte-Florence et Pujol, la mollasse acquiert un développement énorme. 
Le coteau de Saint-Pey-de-Castets la montre sur une épaisseur de plus de 
100 mètres. Sa composition est assez uniforme; cependant on y remarque la 
disposition suivante en allant de bas en haut : 

1° Argile assez pure , blanchâtre , lavée de teintes jaunes et bleuûtres. 

20 Mollasse sableuse, grise , tendre, à gros grains. 

3° Vers le haut du coteau , quelques parties plus dures se montrent dans ce 
sable. Ces parties affectent la forme des concrétions de Fronsac, mais sans en 
acquérir jamais la dureté. 

h° Enfin les sables se mêlent de plus en plus de calcaire, et il y a passage aux 
formations d’eau douce. 

À Pujol , la mollasse forme le coteau sur lequel est bâtie l'église. Elle a plus de 
60 mètres de puissance. C’est un sable semblable à celui de Saint-Pey-de-Castets ; 
mais on y remarque des veines irrégulières de calcaire blanc, friable, comme 
celui de Sainte-Colombe, ainsi que des Chailles ou Sphérites semblables à celles 
de la Baucamerie. 

Le coteau de Sainte-Radegonde offre des couches analogues à celles de Pujol, 
visibles surtout dans le vallon qui sépare le tertre de Seret de celui de Mercadet. 
Des argiles affleurent à la montée de Fonbidart. Enfin le coteau qui sépare 
Juillac de Gensac est composé de mollasse sableuse surmontée d’une argile 
noirâtre. 

La mollasse sableuse forme tout le fond de la vallée dans laquelle coule la 
Durège. Sous la ville de Gensac , elle acquiert un développement énorme (plus 
de 100 mètres). On peut suivre cette mollasse sableuse, très peu argileuse , et 
d'une composition très uniforme , depuis le bord de la Dordogne , à Pessac , jus- 
qu'à Gensac, où elle n’est recouverte que par le calcaire d’eau douce. 

Nous avons vu la mollasse constituer la plus grande partie des coteaux de la 
rive droite du Léchou et de la Lidoire. Elle reparaît sur la rive gauche , à la base 
de toutes les éminences qui s'étendent de Castillon-sur-Dordogne à Sainte-Foy- 
la-Grande. Cependant elle n'y atteint jamais des niveaux aussi élevés que sur 
la rive gauche de la Dordogne. Elle s’abaisse peu à peu , à mesure que les for- 
mations d'eau douce supérieures prennent un plus grand développement. 

Entre Castillon-sur-Dordogne et La Mothe-Montravel , les coteaux qui bordent 
au N. la plaine du Carros sont formés de mollasse sableuse, avec quelques couches 
de mollasse argileuse , jusqu'aux trois quarts de leur hauteur. Vers l'E., cette 
mollasse forme presque toute la colline de Montravel. Elle y est sableuse , grise, 
assez dure par places. Elle se prolonge au N. de Montravel, au-dessous des for- 


CN: 6, p. 13.) DU BASSIN DE LA GIRONDE. 255 


mations supérieures , et elle se montre au fond de tous les vallons et de toutes les 
tranchées un peu profondes (1). j 

A Lespinassat (Lespinasse de Cassini), la mollasse paraît au-dessous du calcaire 
d’eau douce , sous forme d’une marne sableuse , verdâtre, renfermant une grande 
quantité de boules très nettes de calcaire globaire. Quelquefois le carbonate de 
chaux semble avoir cristallisé sur des surfaces planes , et présente alors la struc- 
ture bacillaire. Cette marne reparaît avec les mêmes caractères à Saint-Michel-de- 
Montaigne. 

Au N. de ce village, de l’autre côté de la Lidoire , la mollasse constitue la ma- 
jeure partie des coteaux. À Montpeyroux , elle n’est recouverte que par le calcaire 
marin. Elle se prolonge de là vers le N., où elle va rejoindre la mollasse de Vil- 
lefranche et de Minzac. 

Au N.-E. de Lespinassat, la mollasse forme la base du coteau de Saint-Vivien. 
On peut la voir surtout à la descente , vers le fond de la vallée qui sépare Saint- 
Vivien de Montazeau. Si du fond de cette vallée on se dirige vers le hameau des 
Marthes , on trouve la mollasse bien caractérisée sur tout le flanc du coteau. On 
peut y reconnaître la disposition suivante dans les couches en allant de bas en 
haut : 

1° Argile bleue. 

20 Marne jaunâtre avec boules de calcaire globaire analogue à celui de Lespi- 
nassal. 

3° Mollasse sableuse grise, devenant très calcarifère dans sa partie supérieure 
et établissant une sorte de passage au calcaire d’eau douce qui forme le haut de la 
montée. (Fig. 11 et 14.) 

A Velines , la mollasse argileuse forme constamment la base des coteaux. Elle 
devient sableuse vers le haut, et, comme à Montazeau , elle se charge de calcaire 
à mesure qu’on se rapproche des formations supérieures. 

Près de Sainte-Foy-la-Grande , la mollasse constitue les deux tiers du coteau 
de la Ferraille ( La Pissaudie de Cassini). Elle y atteint une puissance de plus 
de 50 mètres. C’est un sable grisâtre , avec quelques veines peu épaisses d’argile 
jaune très sableuse. (Coupe n° 5 de l’appendice.) 

Si l’on quitte Sainte-Foy par la grande route de La Réole , on marche d’abord 
sur les alluvions de la Dordogne. Mais, à une petite distance du lieu dit le Pont- 
de-la-Beauze , la mollasse forme un escarpement de plus de 30 mètres de hau- 
teur, au pied duquel coule la rivière. C'est un sable rarement argileux, assez 
nettement stratifié, de couleur grise , jaune ou verte. Une mollasse analooue pa- 
raît au-dessous du calcaire d’eau douce à Appèle et aux Lèves. C’est la même qui 
forme le coteau de Gensac, dont nous avons déjà donné la description. 


(1) M. A. Paquerée, de Castillon, a bien voulu nous guider aux environs de cette ville; nous lui 
devons des renseignements précieux, notamment sur le pays compris entre Castillon et Sainte-Fov- 
la-Grande, et les coupes fig. 8, 40, 11, 14, et n° 6 et 7 de l’appendice. 


256 FORMATION D'EAU DOUCE (CN. 6, p.16.) 

Entre Thoumeyragues et La Roquille , une vallée au fond de laquelle coule un 
petit ruisseau pénètre assez profondément pour mettre au jour la mollasse. Une 
argile jaunâtre, sableuse, y paraît surmontée par un sable gris, assez fin, sur 
une épaisseur de à à 4 mètres. Le tout est recouvert par les formations d’eau 
douce supérieures. 

La mollasse de Sainte-Foy se prolonge d’une manière continue jusqu’au-delà de 
Bergerac. Près de cette ville, les berges de la Dordogne sont formées sur une 
hauteur de 10 mètres, et même plus, par un sable gris, peu consistant, quel- 
quefois un peu marneux, nettement stratifié. Ce sable devient de plus en plus 
grossier à mesure qu'on avance vers l’'E., et à la hauteur de Bergerac il contient 
déjà de petits cailloux répandus principalement dans les bancs inférieurs. 

La mollasse de Bergerac a été suivie vers le N. par M. d'Archiac. Ce savant l’a 
reconnue dans presque tous les coteaux situés entre Bergerac et Mucidan. Elle y 
forme encore des assises de 60 à 80 mètres de puissance. Elle se mêle fréquem- 
ment de cailloux roulés. Vers sa partie inférieure , elle est argileuse et panachée 
de blanc. de jaune et de violet. Elle renferme des blocs de grès compacte plus ou 
moins dur. 

Sur la route de Bergerac à Campsegret, près du hameau de Ponbonne (1), 
M. d'Archiac a remarqué au-dessous de la mollasse grise sableuse des sables fer- 
rugineux et des grès reposant sur les glaises panachées. 

Sur les hauteurs de Creisse, à 7 kilomètres à l'E. de Bergerac, on exploite, 
pour le pavage, des grès durs et très solides, micacés, ordinairement blancs, 
quelquefois colorés en roux ou en brun. Ils paraissent disséminés en blocs dans 
la mollasse , dont ils ont été isolés le plus souvent par l’action des agents atmo- 
sphériques, ainsi que l’a déjà fait remarquer M. Dufrénoy. Cette opinion 
paraît confirmée par la coupe que M. d’Archiac à donnée des terrains tertiaires 
de Creisse : 

1° Glaises panachées , occupant la partie inférieure. 

2° Sable argileux, jaune , et sables ferrugineux dans lesquels sont disséminés 
des grès peu solides sur une hauteur de 7 à 8 mètres. 

3° Cailloux roulés. 

On trouve quelquefois dans les grès des environs de Creisse des empreintes 
de tiges végétales et de feuilles qui paraissent avoir beaucoup d’analogie avec 
celles du saule. M. Ch. Desmoulins en possède deux magnifiques échan- 
tillons. 

A l'E. de Creisse, la mollasse ne se trouve plus qu’en lambeaux isolés au-dessus 
de la craie de la rive droite de la Dordogne. Sur la rive opposée, au contraire, 
elle forme des couches assez épaisses. 

Si du port de Lanquais on s’avance vers le S., on marche pendant quelque 


(1) Études sur La forma“on crétacée, p. 13. 


(N: 6, p.17.) DU BASSIN DE LA GIRONDE. 257 
temps sur la craie jaune supérieure; mais près ae la Graule, au Trou-de-la-Terre, 
la mollasse se montre à un niveau inférieur à celui de la craie du sommet des co- 
teaux. L'escarpement offre la coupe suivante en allant de bas en haut, sur une 
hauteur d'environ 8 mètres. (Fig. 7.) | 

1° Sable argileux à gros grains, maculé de rouge, de violet, de jaune, de blanc, 
formant une pâte assez tenace avec l’eau. 

2° Sable gris, mêlé de petits cailloux roulés de quartz , passant vers le bas aux 
glaises précédentes (1). 

Aux environs du château de Lanquais, la mollasse à rempli les cavités de la 
craie du premier étage. Elle s'y montre quelquefois sous forme d’un sable fin, 
très blanc , ou d’une argile fine , douce au toucher, exploitée pour la fabrication 
des tuiles, aux Roques, etc. 

A une petite distance de Lanquais, à Combe-de-Bannes, la partie supérieure 
des coteaux est formée par des sables qui se chargent de fer à mesure qu'ils se 
rapprochent de la base de la formation, et qui finissent par donner un minerai 
extrêmement riche. 

Pour exploiter ce minerai, on est obligé de traverser toute l'épaisseur des sables 
supérieurs , qui atteignent quelquefois une puissance de 12 à 14 mètres, suivant 
le niveau du terrain. Le minerai s y présente sous forme de rognons géodiques 
ou d’ætites de grosseur très variable. 

A Monbron, au S. du village de Saint-Aiïgne, on trouve des glaises très sableuses. 
colorées souvent par du fer hydroxydé en rouge-grenat très foncé. 

Lorsque les sables de la mollasse viennent à être agglutinés par un ciment à la 
fois siliceux et ferrugineux, il en résulte des grès extrêmement durs , d’un rouge 
très foncé, qui paraissent être exactement parallèles à la formation des grès de 
Creisse. Ils se montrent , comme eux, en blocs irréguliers au-dessus de la mol- 
lasse. On peut surtout les étudier aisément dans la forêt de Lanquais, où ils cou- 
ronnent la petite éminence du Boisredon. ; 

Au Pech-Nadal, près de Lanquais , le fer a agglutiné des cailloux assez volumi- 
neux , et la roche a acquis une certaine ressemblance avec l’alios des Landes et 
de l’entre-deux-mers, du département de la Gironde (2). 

À une petite distance du Boisredon , le coteau des Pailloles (3) ( Pognoles de 
Cassini ) est recouvert à sa surface de débris de calcaire siliceux et de meuliéres. 
Un puits a é:é foré en cet endroit jusqu'à la profondeur de 10,65. Nous devons 


> 


(1) M. Ch. des Moulins nous a dirigé lui-même dans nos excursions aux environs de Lanquais. 
Nous devons remercier ici cet habile naturaliste de la noble générosité avec laquelle il a mis à notre 
disposition les précieux documents qu’il possède sur l’histoire géologique du bassin du S.-0. de la 
France. 

(2) Le premier est contemporain de la formation du sable des Landes. L’alios de l’entre-deux- 
mers est supérieure à tous les terrains du bassin de la Gironde. 

(3) Voyez Fig. 7. Nous devons encore cette coupe à M. des Moulins. 


258 FORMATION D'EAU DOUCE (N. 6, p: 18) 


à l'obligeance de M. Ch. Desmoulins la liste des couches traversées. En voici un 
extrait : 
1° Terre végétale. . . .:. RAC vs 140m:08 
2° Argile noirâtre , enveloppant de gros blécs de nièce art QE 
3° Argile brun-jaunâtre, avec pts petits de de meulières. 0 ,83 


L° Argile sableuse grise. . . Yu 1 
5° Cette argile devient de moins en moins entres en nel, et 
finit par acquérir une pureté parfaite . . . . . . “ose 


6° L’argile sableuse n° 3 reparaît, mais elle renferme une assez grande 
quantité de galets quartzeux de la craie. Des fragments de quartz nectique 
ont offert des empreintes d’une Térébratule voisine de la Terebratula pli- 
catilis, Sow., ou T.. es , Lamarck. Vers le bas, la couche se mêle 


d'ocre rouge. . . inseinée ce Fer le Al ET CR mi 286 
7° Argile sableuse , assez fine. . . . 1,22 
8° Argile gris-jaunâtre , très douce au re She D. çà et 

là. de rouge. <q lue strate ter de EEE RE EMeSS 


Cette coupe donne la plus juste idée possible de la constitution de la mollasse 
aux environs de Lanquais. Les glaises inférieures que l’on a commencé à attaquer 
indiquaient l'approche de la craie , jusqu’à laquelle on n'a point pénétré. 

Au S. dés Pailloles, dans le vallon du Tour, la mollasse sableuse grise, à gros 
grains , supporte le calcaire d'eau douce. De Lanquais à Beaumont, on trouve 
plusieurs fois les minerais de fer géodiques ou pisolitiques , ainsi que les grès 
ferrugineux. 

À Beaumont , la mollasse se montre au-dessous du calcaire d’eau douce. 
M. d'Archiac en donne la coupe suivante, prise à la montée de la nouvelle 
route (1) : 

1° Calcaire d’eau douce , 15, 

2 Sable ferrugineux et lit de glaise, 5. 

3° Argile sableuse violette, et alternances de sable blanc-jaunâtre, 8”. 

1° Fer hydroxydé argileux en plaques ou géodique et sable ferrugineux. 

La figure 6 représente la succession des couches que l’on peut observer 
en allant de Bannes à Cadouin, en passant par Molières , et en revenant de Ca- 
douin à Bannes par Saint-Avit-Senieur. Nous la devons à M. Ch. des Moulins, et 
nous donnons ici un extrait des détails que ce savant a bien voulu nous commu- 
niquer avec sa coupe. 

Si on se dirige de Bannes vers le N.-0., on ne marche que sur la craie jaune 
supérieure , au-dessous de laquelle apparaît, dans la vallée de la Couze, la craie 


(1) Études sur la formation crétacée, 1 partie, p. 9; 1843. 


N.6, p.19.) DU BASSIN DE LA GIRONDE. 259 
grise à rognons. À Bourniquel, on peut remarquer sur le sommet des coteaux 
quelques traces de terrain tertiaire. 

Sur le flanc de la vallée opposé à Bourniquel , on rencontre à mi-côte, et à un 
niveau inférieur à la craie de Bourniquel, un affleurement de calcaire d’eau 
douce (1), surmonté de couches panachées analogues à celles de la Graule. Le 

sommet du coteau est occupé par les sables et graviers ferrugineux mêlés d’une 
quantité considérable de grains détachés de minerai de fer pisolithique , et de 
gros blocs de fer hydroxydé , exploités. 

Les mêmes couches se retrouvent jusqu'à la descente vers Molières ; mais elles 
sont plusieurs fois interrompues par les accidents du terrain , comme le montre la 
figure. À la descente vers Molières , le calcaire d’eau douce est séparé de la craie 
par des glaises panachées et des graviers analogues à ceux qui recouvrent ce 
même calcaire. 

De Molières à Cadouin , on retrouve le calcaire d’eau douce et les couches 
meubles supérieures. Du côté de Molières , ce calcaire repose sur la craie; mais, 
sur le versant de Cadouin , il en est séparé par des sables jaunes exploités 
sur une épaisseur de 4 à 5 mètres. Ces sables passent vers le bas aux glaises 
panachées. 

La même succession de couches peut s’observer entre Cadouin et Saint- 
Avit-Sénieur ; mais les couches inférieures manquent en descendant vers ce 
village, et on voit les sables à minerais exploités reposer directement sur la 
craie. 


Résumé. 


La formation de la mollasse se compose donc d’alternances d’argile, de sable, 
et quelquefois de calcaire, paraissant présenter le plus généralement la disposi- 
lion suivante en allant de bas en haut : 

1° Argiles plus ou moins pures , glaises panachées, alternant souvent avec des 
lits peu épais de sables plus ou moins argileux, et dans lesquelles se trouvent 
quelquefois des lits minces et peu suivis de calcaire d'eau douce. 

2° Sables alternant quelquelois avec des veines d'argile très sableuse , et très 
rarement avec des lits de calcaire. Grès concrétionnés du Fronsadais. Grès de 
Bergerac. Grès ferrugineux de Lanquais. Minerais de fer du Périgord. 

3° Argiles peu épaisses, manquant souvent. 

Nous croyons nos descriptions suffisantes pour fixer la place que doivent occu- 
per les grès de Bergerac. M. Dufrénoy (2) a mis depuis longtemps hors de doute 
la contemporanéité de la mollasse et des grès de la Saintonge, et a rapporté à la 
même époque les grès de Bergerac. Ce savant a fait remarquer qu'ils se trouvaient 
disséminés en blocs souvent très volumineux au-dessus de la mollasse, dans la- 


(1) Les bancs de calcaire figurés dans cette coupe ne dépassent guère l'épaisseur de 1",50. 
(2) Mém. géol., p. 75. 
SOC. GÉOL. 2° SÉRIE. TII Mém. n° 6. 34 


260 FORMATION D'EAU DOUCE (CN. 6,p.2)) 
quelle ils devaient être primitivement intercalés , et dont ils ont été isolés par 
l’action destructive de l'atmosphère. Il est difficile de ne pas être frappé de la 
tendance que paraît avoir la mollasse sableuse à s’agglutiner en grès. Selon nous, 
les blocs de Bergerac correspondent aux concrétions sphéroïdales du Fronsadais. 
Leur composition chimique ne diffère qu’en-ce que les premiers contiennent plus 
de silice. 

L'âge des minerais de fer a été plus vivement controversé. Cependant nous 
croyons que les coupes que nous avons données le mettent hors de doute. Notre 
opinion est pleinement confirmée par l'étude des environs de Lanquais ; en effet, 
la surface des plateaux sur lesquels s'ouvrent les puits à mines est souvent cou- 
verte de blocs épars de meulières qui, ainsi que nous le verrons, paraissent 
être en place , et représentent la formation immédiatement supérieure à la mol- 
lasse. Du reste, nous ne sommes pas les seuls qui ayons rapporté les minerais à 
cette formation ; M. d'Archiac a été frappé de la place qu'ils occupent à Beaumont : 
«A en juger d'après ce que nous venons de voir dans la coupe de Beaumont, 
» dit1l, on serait porté à regarder la prodigieuse quantité de fer hydroxydé en 
» plaques ou en rognons souvent très volumineux, épars à la surface du sol, comme 
» provenant des couches tertiaires Les plus inférieures (1). » 

L'existence des grès ferrugineux de Lanquais vient prêter une nouvelle force à 
nos conclusions sur l’âge des grès de Bergerac et sur celui des minerais de fer, 
en liant entre eux ces deux accidents. En effet, ces grès ne diffèrent de ceux de 
Creisse que par la grande quantité de fer dont ils sont imprégnés , et ils se ratta- 
chent aux dépôts de fer hydroxydé par des dégradations insensibles ; on peut voir 
les grès solides rougès passer graduellement aux sables ferrugineux , et ceux-ci 
aux sables jaunes , et enfin aux sables blancs purs et incohérents. 

La mollasse éocène constitue une formation bien plus étendue qu'on ne l'avait 
cru jusqu'ici, puisqu'on supposait que ses limites orientales se trouvaient vers le 
méridien de Saint-Émilion. Nous avons fait voir que les mollasses qui recouvrent 
la craie de la lisière du bassin tertiaire du S.-0. se lient d'une manière continue à 
celles du Fronsadais ; mais elles ne se terminent pas brusquement sur le terrain 
secondaire : elles se prolongent sur tout le Périgord sous forme de minerais de 
fer et de grès solides qui se montrent encore sur les terrains jurassiques du dé- 
partement de la Corrèze. 

Nous avons toujours vu la mollasse former la partie inférieure des terrains ter- 
tiaires; nous l'avons vue reposer même sur la craie et en remplir les dépressions, 
ce qui prouve une dénudation antérieure à son dépôt. La formation de la mollasse 
n’est pourtant pas la plus ancienne de la période éocène. (V. 2° partie.) 

Ses limites supérieures sont clairement déterminées ; elle est recouverte tantôt 
par le calcaire d’eau douce , tantôt par le calcaire à Astéries. 


(1) Études géol., p. 10. 


CN. 6, p.21.) DU BASSIN DE LA GIRONDE. 961 
M. Boué est le premier qui ait considéré la mollasse comme inférieure au cal- 
caire grossier, dont il faisait l'analogue du calcaire grossier du bassin de Paris. 
On verra cependant que ce calcaire supérieur à la mollasse diffère beaucoup de 
celui qui lui est inférieur. (V. 2° partie.) 

Plus tard , M. Billaudel fit de la mollasse une formation intermédiaire à l’argile 
plastique et au calcaire grossier. On a vu que l’argile inférieure ne pouvait être 
séparée de la mollasse ; de plus, l’âge que nous assignons à cette formation rend 
impossible toute comparaison avec l'argile plastique. (V. 2° partie.) 

M. Jouannet reconnut le premier l'existence d’un calcaire inférieur et d’un 
autre supérieur à mollasse. Il les regardait tous deux comme identiques. Ces cal- 
caires constituent cependant deux étages bien distincts. 

M. Drouot considéra la mollasse comme inférieure à tous les terrains tertiaires. 
Cette opinion . vraie pour le pays qu'il a étudié, n’est plus applicable à la partie 
occidentale du bassin de la Gironde. 

Enfin M. de Collegno fit connaître sa véritable place en prouvant qu’elle était 
inférieure au calcaire à Astéries , et en la rangeant dans l’étage tertiaire inférieur. 
Plus récemment encore, M. de Boucheporn arrivait à des résultats analogues en 
partant de considérations plus générales : « Je suis disposé, disait-il, à considérer 
» Comme n’appartenant pas à celte époque (miocène), mais bien à celle du terrain 
tertiaire inférieur, une partie des terrains que l’on a nommés mollasses d’eau 
» douce... Dans le Midi, ces mollasses renferment presque partout du lignite 
» et du gypse; on y trouve des ossements de paléothériums, des restes de croco- 
» diles et de palmiers, comme dans le terrain inférieur de Paris (1). » 

Comme conclusions théoriques , nous pourrions avancer : 

49 Qu’à l’époque où se déposait la mollasse , la partie orientale du bassin de 
la Gironde était couverte par un grand lac dans lequel se déversaient plusieurs 
affluents considérables qui, dans leurs périodes de plus grande énergie, trans- 
portaient des sables et même des graviers. Ces affluents devaient prendre leur 
source dans les terrains granitiques, car on retrouve dans la mollasse tous les 
éléments de cette roche. 

2° Que lorsque la vitesse de ces affluents venait à diminuer au point de ne pou- 
voir plus transporter de sables, même assez fins , il ne se déposait plus que du 
limon plus ou moins pur (argiles). 

3° Que le lac devait déposer en même temps une certaine quantité de calcaire 
plus ou moins abondant, suivant les époques ou les localités. Lorsque, par quelque 
circonstance locale, la force de transport devenait nulle, il ne se formait plus 
que des dépôts, très limités il est vrai, de calcaire d’eau douce. 

h° Que, pendant un certain temps et dans certains lieux , des sources siliceuses 
et ferrugineuses pouvaient amener les éléments qui agglutinaient les sables et 
formaient les minerais. 


ÿ 
ÿ 


(1) Études sur l'histoire de la terre, ch. x, p. M. 


262 FORMATION D'EAU DOUCE (N.6, p- 22) 
5° Que sur les bords du lac vivaient des plantes et des mammifères dont les 
débris pouvaient y être transportés par les cours d’eau. 


CALCAIRE D'EAU DOUCE ET MEULIÈRES. 


Caractères généraux de cette formation. 


Cette formation, bien moins développée que la précédente, présente une com- 
position beaucoup plus uniforme; elle ne comprend que des calcaires et des 
meulières. 

1° Le calcaire est ordinairement blanc ou gris, le plus souvent dur et cassant. 
Il est quelquefois marneux, surtout vers ses limites occidentales. Mais, à mesure 
qu'on avance vers l'E., il se charge d'une grande quantité de silice qui parait 
avoir été chimiquement déposée avec lui, et qui lui communique une grande 
dureté. Sur la lisière du bassin , il prend même de petits cailloux quartzeux. Dans 
quelques localités, il passe à la mollasse, sur laquelle il repose. 

Sa dureté et sa texture varient beaucoup dans le sens vertical ; cependant sa 
plus grande compacité paraît être dans les couches moyennes. Les pariies assez 
dures et qui ne contiennent pas de silice sont criblées de vacuoles sinueuses , qui 
ont été quelquefois remplies par des infiltrations spathiques. Les fossiles y sont 
rares et inégalement répartis. 

De l'E. à l'O., il se développe de plus en plus à mesure qu’on se rapproche des 
limites du bassin. 

2° Les meulières se montrent dans les couches les plus dures du calcaire. Elles 
y sont intercalées en masses irrégulières, aplaties , sans paraître alterner avec 
lui. Elles semblent être rangées , au contraire, en une couche horizontale placée 
au milieu de la formation du calcaire. 

Quelquefois le quartz est disséminé en rognops irréguliers et peu-volumineux 
qui se fondent dans la masse du calcaire siliceux (Orable). 

Les meulières sont ordinairement blondes ; dans quelques localités, elles sont 
panachées de diverses couleurs (Orable , etc.). D'autres fois elles offrent de ma- 
gnifiques teintes jaunes , bleues , rouges , etc. (Sainte-Foy). 

Dans quelques localités, elles forment des couches assez compactes ; mais leur 
texture est ordinairement caverneuse , les cavités sont très irrégulières, fréquem- 
ment tapissées de quartz mamelonné ou botryoïde, ou bien remplies de filets sili- 
ceux semblables à ceux des meulières de Paris. On y trouve aussi du fer hydroxydé 
pulvérulent. Leur texture devient quelquelois cellulaire et même poreuse; elles 
rappellent alors grossièrement les silex nectiques de Saint-Ouen. 

Les meulières forment une couche d'une épaisseur peu constante et qui dé- 
passe bien rarement 2% à 2°,50. Elles commencent à se montrer vers le méri- 
dien de Castillon-sur-Dordogne. Dans le Périgord, elles paraissent avoir été 
presque partout isolées par la destruction du calcaire qui les enveloppait. 


(AC p225:) DU BASSIN DE LA GIRONDE. 263 
Les fossiles y sont extrêmement rares. On nous a fait voir à Sainte-Foy un 
échantillon de meulière contenant une grosse Paludine. Au-delà de Bergerac, les 
fragments épars à la surface du sol présentent, mais très rarement, des empreintes 
de Limnées et de Planorbes. 


Descriptions géognostiques, 


Le point le plus occidental où nous ayons vu le calcaire d’eau douce, en remon- 
tant la vallée de la Dordogne, est la Baucamerie (coupe n° 3 de l’appendice), sur 
la route de Saint-Christophe à Sainte-Colombe. Le tracé du chemin a mis à nu 
des affleurements de calcaire marin, au-dessous duquel paraît une couche de 
calcaire lacustre qui atteint à peine 4”,50 d'épaisseur. Ce calcaire est d’un gris 
assez foncé, dur, très compacte, cassant, répandant une odeur désagréable par 
le choc. Il contient une assez grande quantité de moules de Zimnea longiscata, de 
Planorbis rotundatus , et d'une grosse Paludine. 

Ce calcaire forme un lambeau isolé , ear il ne reparaît plus de l’autre côté de 
la vallée, sur le coteau de Beney. 

Au N. de Castillon, au sommet du tertre du Liau , on peut voir des affleure- 
ments de meulières , au-dessus desquelles on trouve un calcaire dur, blanc sale, 
à fissures nombreuses. 

_ Le tertre du Liau n’est séparé de celui d’Orable que par une légère dépression. 
Le chemin qui conduit de la grande route de Sainte-Foy aux moulins d'Orable 
traverse les couches suivantes : 

1° Le haut de l’escarpement est composé d’un calcaire compacte, blanc-grisâtre, 
en plaquettes. Épaisseur, À mètre. 

2° Meulières formant une couche assez suivie. Le plus souvent elles sont d’un 
blond ou d’un gris noirâtre uniforme, translucides , non caverneuses ; mais sur 
queques points elles sont jaspées de blanc, de jaune , de violet, etc. Leur épais- 
seur varie de G*,50 à 1",60. 

3° Calcaire d’eau douce criblé de fissures irrégulières, blanc sale, peu dur, 
grossièrement fragmentaire. 

L° Ce calcaire augmente progressivement de dureté à mesure qu'on descend. 
Les fissures disparaissent, et la couleur devient d’un gris plus foncé. Les parties 
les plus compactes présentent une cassure unie, conchoïdale, couverte souvent 
de dendrites noires. Elles sont susceptibles d’être polies, et peuvent même don- 
ner une assez bonne pierre lithographique. Epaisseur, 10 mètres (coupe n° 2 
de l'appendice). 

En suivant le chemin de Castillon à Belvez, on peut voir la superposition de 
ce calcaire dur et compacte à la mollasse. Le sommet du coteau n’est recouvert 
que par un dépôt de cailloux roulés. 

La formation d’eau douce supérieure ne paraît pas sur le coteau de Belvez, 


264 FORMATION D'EAU DOUCE GE, 
mais dans la commune de Gardegan elle se montre bien caractérisée. Nous avons 
déjà dit que le fond de la vallée était occupé par la mollasse. Plusieurs collines 
peu élevées laissent voir la superposition du calcaire d'eau douce avec meulières 
à cette formation. La coupe suivante indique la succession des couches qui for- 
ment le coteau opposé à celui de Pitray: 

1° Au-dessus de la mollasse , on trouve d’abord un calcaire d’eau douce com- 
pacte, assez dur, criblé de grosses vacuoles irrégulières. 

2° Lit peu suivi et peu épais de meulières brunâtres , compactes, fissiles. 

3° Calcaire lacustre blanchâtre, de dureté moyenne ( fig. 9 ). 

Toutes ces couches réunies forment une épaisseur de 7 à 8 mètres. Elles sont 
recouvertes par le calcaire à Astéries. Au-delà de Gardegan, le calcaire lacustre 
disparaît , et la formation d’eau douce n’est plus représentée que par la mollasse. 
Sur l’autre rive de la Lidoire, au contraire, le calcaire d’eau douce et les meu- 
lières se montrent presque partout. 

Tout le coteau sur lequel sont placés les villages de Bonnefare et de Saint-Michel- 
de-Montaigne est formé de mollasse à sa partie inférieure, tandis que le sommet 
est occupé par le deuxième étage de la formation lacustre. Ainsi , à Bonnefare, 
on voit une meulière cellulaire , poreuse même , dont quelques parties sont péné- 
trées d’ocre rouge. Aux Eymeris , une coupure verticale de 5 ou 6 mètres de hau- 
teur offre les couches suivantes de haut en bas : 

1° Meulières non caverneuses , formant une couche d’une épaisseur assez con- 
stante. Elles sont généralement grises et opaques , avec quelques parties trans- 
Jucides. 

2 Lit très mince de marne noirâtre. 

3° Calcaire d’eau douce gris-rougeâtre , dur, percé d'une infinité de petites 
fissures. 

A la Longaire, dans la commune de Saint-Michel-de-Montaigne , on trouve des 
meulières cellulaires, très légères, colorées souvent en rouge par du fer. À Pareau, 
au contraire, les meulières sont très blanches , lavées de teintes légères de bleu, 
de jaune, de rouge, d’une pâte très fine et très unie, avec grandes cavités assez 
éloignées les unes des autres, remplies de filets rugueux, entrecroisés, de quartz 
blanc opaque. 

Le calcaire à Astéries paraît à une petite distance de Saint-Michel ; le deuxième 
étage de la formation d’eau douce se prolonge peu au N. de ce village, et à 
Montpeyroux on n’en retrouve plus de traces. A l'E., au contraire, il acquiert 
une assez grande épaisseur. 

À Lespinassat, on est sur le calcaire d’eau douce. Ce calcaire est recouvert vers 
le S. par le calcaire marin, mais il reparaît un peu plus loin, au Touron. Si du 
Touron on monte vers le moulin de Nogaret, on retrouve le calcaire lacustre, 
mais ici il est recouvert par une marne grisâtre, épaisse de 3 ou 4 mètres, au- 
dessus de laquelle paraît le calcaire à Astéries. La même succession de couches se 


(N. 6, p- 25. DU BASSIN DE LA GIRONDE. 265 


voit à la descente vers Neyrac, et sur la colline qui sépare ce hameau de Fontri- 
gaud (fig. 8). 

Nous devons ces détails à M. Paquerée. N'ayant pas vu la coupe nous-même, 
nous ne pouvons dire si la marne supérieure appartient à la formation d’eau douce. 
Nous sommes disposé à croire plutôt qu'elle se rattache à la formation marine 
supérieure ; car au Platan , entre le calcaire lacustre et le calcaire à Astéries, on 
voit un dépôt de sable grisâtre , paraissant se rapprocher beaucoup par sa posi- 
tion de la marne du Touron et de Neyrac, mais qui contient ici des débris de 
coquilles marines. 

Au Denois et à Montcaret , le calcaire lacustre est recouvert par le calcaire à 
Astéries, et repose sur la mollasse éocène. 

Dans la commune de Saint-Vivien (fig. 11), le calcaire d’eau douce recouvre 
la mollasse à Renaudie et à Fenètres ; dans la première de ces localités, il est 
associé aux meulières ; il supporte le calcaire à Astéries, et la même dispo- 
sition se remarque à la descente de Saint-Vivien, vers l'E. À Montazeau, la 
mollasse passe dans sa partie supérieure au calcaire d'eau douce à meulières 
(fig. 44). 

Dans la commune de Velines , un passage analogue s'effectue entre la mollasse 
et la formation d'eau douce supérieure. Cette dernière formation se prolonge 
d’une manière continue jusqu'à Sainte-Foy-la-Grande, et sur plusieurs points elle 
est recouverte par des lambeaux de calcaire marin. 

Si nous revenons maintenant sur nos pas pour étudier la composition des co- 
teaux de la rive gauche de la Dordogne (1), nous ne commencerons à trouver le 
calcaire d’eau douce qu’à la hauteur de Saint-Pey-de-Castets. Nous avons déjà 
décrit la mollasse qui forme la majeure partie du coteau sur lequel est situé ce 
village ; vers le haut, la mollasse sableuse prend une teinte blanche et se mêle de 
calcaire, de sorte qu'il y a passage au calcaire d’eau douce supérieur. Ce calcaire 
est friable vers le bas , très blanc ; mais il augmente de solidité à mesure qu'on 
s'élève, et finit par se transformer en une roche siliceuse, extrêmement dure, 
d’un gris de fumée, et d’une texture un peu grumeleuse. Ce calcaire est recouvert 
par la formation marine supérieure (coupe n° 4 de l’appendice). 

Dans la vallée qui sépare le coteau de Seret de celui de Mercadet, à l'E. de 
Pujol, on peut voir la superposition du calcaire d’eau douce à la mollasse. 

Le coteau de Mercadet est formé vers sa partie supérieure d’un calcaire d’eau 
douce blanc-grisâtre , très dur, criblé de fissures. Vers le haut, ce calcaire se 
charge de silice , et sa dureté et sa compacité augmentent. Au sommet du coteau, 
il y a quelques blocs épars de meulière blonde , caverneuse. 

Un calcaire analogue recouvre les mollasses de Fonbidart. Il est d'un blanc gri-. 


(4) M. Drouot assure que le calcaire d’eau douce inférieur se trouve en lambeaux isolés aux 
environs de Branne; nous ne l’y avons point vu. 


266 FORMATION D'EAU DOUCE (N. 6, p.26.) 
sâtre, dur, d'une texture très homogène ; sa cassure est unie et conchoïdale. Il est 
recouvert à quelques pas plus haut par le calcaire marin. 

Le coteau allongé situé au N.-0. de Gensac est formé, comme nous l’avons vu, 
par la mollasse jusqu'aux deux tiers de sa hauteur ; au-dessus de cette molasse 
s'élève un escarpement vertical de 10 à 12 mètres de hauteur d'un calcaire d’eau 
douce, blanc, siliceux , dur et homogène, avec quelques fissures jaunâtres. Il 
renferme sur certains points des meulières dont les débris jonchent le sol. Elles 
sont ordinairement grises ou noirâtres, le plus souvent caverneuses (revers de 
Gensac), quelquefois compactes (revers de Juillac). 

Un calcaire d’eau douce absolument semblable, mais sans meulières , forme le 
plateau sur lequel est bâtie la ville de Gensac. Il y constitue des escarpements 
abruptes, de 8 ou 10 mètres de hauteur, au-dessus des pentes adoucies de la 
mollasse. 

Aux environs de Sainte-Foy-la-Grande, la formation d’eau douce supérieure 
constitue des couches épaisses au-dessus de la mollasse. Ainsi le coteau de 
la Ferraille (la Pissaudie de Cassini) offre à son sommet un escarpement de plus 
de 45 mètres d’un calcaire d’eau douce très blanc, assez dur vers le bas, et 
criblé alors de fissures, mais se chargeant de silice à mesure qu'on s'élève, de 
manière à former une roche d’une extrême compacité, presque aussi dure que 
du silex et à cassure très unie. Ce calcaire siliceux se brise suivant divers plans, 
comme s’il était composé de larges feuillets entrecroisés dans tous les sens. Sa 
texture est quelquefois grumeleuse (coupe n° 5 de l’appendice). 

Au milieu de ce calcaire siliceux se présente une couche souvent interrompue, 
et d’une épaisseur d'environ 50 à 60 centimètres de meulières blondes caverneuses. 

Nous avons dit que la mollasse se montrait dans la commune d'Appelle. Un peu 
avant d'arriver à ce village, on exploite à 200 ou 300 pas, sur la droite de la 
grande route, un calcaire blanc, lavé de jaune, dur, compacte, au-dessus duquel 
on voit paraître le calcaire marin. 

Les bords du chemin d'Appelle aux Lèves sont formés, près de ce premier 
village, par des escarpements d’un calcaire siliceux, dur, grumeleux. Cette couche 
continue à se montrer jusqu'à Toumeyragues, et, entre ce village et la Roquille, 
on trouve des bancs peu épais de meulières blondes ou grisâtres, translucides , 
très caverneuses , au-dessus du calcaire d’eau douce. A la Roquille, le calcaire 
siliceux se montre de tous côtés sur une épaisseur qui dépasse quelquefois 
8 mètres. 

A VE. de Sainte-Foy-la-Grande, la formation d’eau douce supérieure se re- 
trouve au sommet des coteaux d’une manière assez continue, mais le calcaire 
paraît avoir été enlevé dans beaucoup d'endroits , et il ne reste plus que des 
meulières. Il est aisé de voir que les limites septentrionales de cette formation se 
rapprochent de plus en plus de la Dordogne à mesure qu'on avance vers l'E. A 
Bergerac, on ne la retrouve plus que sur la rive gauche. 


(N.6,p.27) DU BASSIN DE LA GIRONDE. 267 

Aux environs de Lanquais, la formation d'eau douce supérieure se montre sur 

un grand nombre de points, et c'est là qu’on peut la voir se terminer bien avant 
la mollasse sur laquelle elle paraît reposer constamment. 

Dans cette partie du bassin tertiaire du S.-0. de la France , les meulières sont 
très souvent isolées à la surface du sol ou bien répandues dans des argiles bru- 
nâtres, qui appartiennent sans aucun doute à la période actuelle. On trouve avec 
elles des blocs nombreux d'un calcaire siliceux extrêmement dur. Ces roches 
paraissent avoir été dépouillées de la gangue qui les enveloppait par des agents 
qui pouvaient attaquer les parties les plus tendres, mais qui n’avaient aucune 
action sur des roches aussi solides que les meulières et le calcaire siliceux. Nous 
sorlirions de notre objet si nous voulions rechercher ici les causes qui ont pu dé- 
terminer cette séparation des meulières, recherches dont nous nous proposons, du 
reste, de faire le sujet d’un travail particulier. Nous nous bornerons à mentionner 
ici les caractères purement géognosliques qui distinguent la formation d'eau 
douce inférieure aux environs de Lanquais. 

Quelques unes des hauteurs qui entourent le château de Lanquais sont cou- 
vertes de blocs épars de meulières translucides, ordinairement blondes, et qui 
contiennent quelquefois des empreintes de limnées et de planorbes; ces blocs se 
voient principalement dans la forêt de Lanquais. Nous avons dit que le sol des 
Pailloles en contenait un grand nombre jusqu'à une profondeur de plus de 1",50. 
Nous retrouverons ce dépôt très bien caractérisé dans plusieurs localités. 

Tout le plateau sur lequel sont placés les villages de Faux et de Verdon est 
formé à sa partie supérieure de calcaire d’eau douce. Ce calcaire est peu consis- 
tant vers le bas ; il renferme de petits galets quartzeux au contact de la mollasse 
sur laquelle il repose. Vers Le haut, sa dureté augmente, il se charge de silice. 
ses fissures s’obstruent ; la roche devient extrêmement dure, souvent grumeleuse. 
quelquefois fragmentaire. Sur quelques points, elle contient des Limnea longiscata, 
de grosses paludines (Faux, Pailloles). Ce calcaire empâte souvent des rognons 
de meulières, comme à Sainte-Foy. Ces meulières prennent surtout un grand dé- 
veloppement à Faux et à Saint-Aubin de Lanquais (fig. 7). 

Dans le vallon du Tour, près de Faux, on peut observer le contact du calcaire 
lacustre et de la mollasse. Ce calcaire est blanc, tendre, sableux, sans fossiles ; 
il contient quelques petits galets arrondis de quartz hyalin. 

Le calcaire d’eau douce acquiert une assez grande épaisseur sur les pentes du 
vallon de Peyrou, à 3 kilomètres N.-0. de Beaumont. Le fond du vallon est occupé 
par la craie à sphérulites et à hippurites du premier étage de M. d’Archiac. Au- 
dessus de la craie s'élève un talus peu rapide qui semble indiquer une roche 
meuble, la mollasse probablement. Au sommet de ce talus s'élève brusquement 
un escarpement de calcaire d’eau douce de 3 ou 4 mètres de hauteur. Vers le bas, 
ce calcaire est extrêmement dur, gris de fumée, très siliceux; mais sa solidité 
diminue graduellement à mesure qu'on s'élève, et tont à fait au sommet du co- 

SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. II. Mém. n° G. 39 


268 FORMATION D'EAU DOUCE CN. 6, p. 28.) 
eau, il ne constitue plus qu'une roche très blanche, tendre, contenant dans 
certaines parties une très grande quantité de limnées. Les planorbes y sont 
rares, ainsi que la grosse paludine que nous avons citée à la Baucamerie et à 
Faux (coupe n° 8 de l’appendice ). 

La coupe figure 6 peut donner une idée de la place qu'occupent les blocs de 
meulières. Tout le plateau sablonneux situé à l'O. de Molières, par exemple, 
est couvert de blocs de meulières blondes ou rouges, translucides, parfois jas- 
poïdes. Elles ne se retrouvent plus qu'en petits fragments sur le sommet des 
coteaux qui séparent Molières de Cadouin. Elles occupent probablement tout le 
plateau ondulé et boisé, nommé Forêt-de-la-Bessède, compris entre Cadouin et 
Saint-Avit-Sénieur. 

Voilà maintenant quelques autres détails de localités dont nous sommes rede- 
vables à la complaisance avec laquelle M. Ch. Desmoulins a mis sa collection à 
notre disposition : 

À Issigeac, on trouve des calcaires blancs, avec Limnea longiscata, associés à 
des meulières grisâtres. Ce calcaire n'est point siliceux ; sa pâte est ordinairement 
assez fine, sans fissures, excepté peut-être dans les parties les moins dures; ces 
fissures sont quelquefois remplies de carbonate de chaux cristallisé. Les pla- 
norbes y sont rares. 

À Cuniac, le calcaire d'eau douce blance-grisâtre a. des Limnea longiscata. 
Les meulières sont très développées dans cet endroit, notamment au Rocal-de- 
Cuniac, où elles sont exploitées. 

Au lieu dit de Fonblancat (Fonbla de Cassini), au S. de Saint-Front, un ma- 
melon isolé de terrain tertiaire s'élève au-dessus de la craie. Ce mamelon est 
formé par un calcaire très blanc, à veines spathiques, compacte, siliceux, quel- 
quefois d'un gris enfumé. 

Nous ne pourrions mieux faire, pour donner une idée précise de la constitu- 
tion du deuxième étage des terrains d’eau douce inférieurs, que de rappeler la 
coupe qu'a donnée M. Dufrénoy du coteau de Beaumont : 

1° Marnes blanches, schisteuses, contenant quelques rognons de silex gris, 
formant l’assise inférieure. Épaisseur, 3 mètres. 

2° Calcaire terreux, à nodules marneux, traversé de filets spathiques, conte- 
nant des Limnées (seulement dans les parties calcaires). Vers le haut, cette 
couche présente des bandes assez régulières de silex noirs, séparés par des lits 
minces de marnes feuilletées à potamides. 40 mètres. 

3° Ce calcaire devient compacte, blanc, percé de petites fissures, traversé de 
filets spathiques. 

h° Calcaire siliceux, avec masses plus ou moins considérables de silex calcé- 
donieux disséminés souvent avec assez de régularité dans les couches. D'autres 
fois, ils forment des masses puissantes, caverneuses, mais non carices (1) 


(4) Mém. géol., t. XII, p. 54. 


(N.6, p. 29.) DU BASSIN DE LA GIRONDE. 269 

Toutes ces couches viennent buter successivement contre la craie, qui se montre 
souvent à un niveau supérieur, notamment à Saint-Avit-Sénieur. Elles reposent, 
comme nous l'avons vu, sur la mollasse. 

De tout ce que nous venons de voir aux environs de Lanquais, nous pouvons 
conclure que nous nous trouvons sur la limite septentrionale du calcaire d’eau 
douce, car il ne s’y montre qu'en lambeaux isolés supérieurs à la mollasse et 
remplissant les dépressions de la craie. Ces lambeaux se resserrent et se rap- 
prochent à mesure qu'on avance vers le sud; près de Sainte-Sabine, ils cachent 
complétement la craie ; au-delà, leur épaisseur augmente progressivement, et ils 
se continuent d’une manière suivie dans le département du Lot-et-Garonne, où 
ils forment des dépôts d’une grande puissance. 

Nous nous bornerons à rappeler que c’est dans ce calcaire d’eau douce que se 
trouvent les dépôts de gypse de Sainte-Sabine. Nous renverrons pour les détails 
à la description qu’en a donnée M. Dufrénoy (1). 


Résumé. 


La formation du calcaire d'eau douce constitue des amas assez suivis dans le 
pays que nous avons étudié, excepté sur ses extrêmes limites, où il ne se montre 
qu’en lambeaux isolés. Sur la rive droite de la Dordogne, sa plus grande épais- 
seur paraît être aux environs de Sainte-Foy, où sa puissance dépasse quelquefois 
20 mètres. Sur la rive gauche, il prend un bien plus grand développement, mais 
son épaisseur est très variable. C’est ainsi qu'à Peyrou il forme des bancs qui ne 
doivent pas dépasser 10 à 15 mètres d'épaisseur, tandis qu'à Beaumont il ac- 
quiert, d’après M. Dufrénoy, une puissance de plus de 70 mètres. Cela tient à la 
profondeur des dépressions dans lesquelles il se déposait; ainsi, la craie ayant 
été dénudée avant le dépôt des terrains tertiaires, la colline de Beaumont devait 
former uve falaise escarpée, au pied de laquelle venaient se déposer les couches 
de la formation lacustre. 

Son âge nous est indiqué par sa position constante sur la mollasse , à laquelle 
il passe même quelquefois. Il forme un dépôt bien distinct de celui de ces bancs 
limités intercalés dans les assises de la formation inférieure, ceux-ci étant tout 
à fait accidentels et le produit de circonstances locales. Nous avons vu le calcaire 
à astéries reposer fréquemment sur lui, et nous avons donné un grand nombre 
de coupes verticales à l'appui de nos descriptions. 

M. Boué a le premier entrevu l'âge véritable de la formation du calcaire d'eau 
douce inférieur : « Le calcaire d’eau douce, dit-il, ne paraît recouvrir nulle part 
le calcaire grossier : il repose constamment sur la mollasse (2). » Il le rapporte 
cependant à une époque postérieure à celle du calcaire grossier. 


(1) Mém. géol., t. III, p. 56. 
(2) Ann. se. nat., t. IV, p. 125. 


270 FORMATION D'EAU DOUCE (N-6, p. 50.) 

M. Dufrénoy (1) a regardé les meulières comme contemporaines de la forma- 
tion du calcaire d’eau douce. M. Drouot adopta la même opinion , et M. de Col- 
legno (2) fit remarquer qu'aux environs de Lanquais le calcaire lacustre et les 
meulières paraissaient se remplacer latéralement. Nous ne pensons pas qu'après 
les coupes que nous avons données on puisse encore révoquer en doute l’âge que 
nous assignons aux meulières. 

M. Drouot a fait connaître un fait important en signalant l'existence d’un cal- 
caire d’eau douce supérieur à la mollasse et inférieur au calcaire grossier. 

La plupart des autres géologues n’ayant pas étudié, comme M. Drouot, les 
localités où le calcaire marin et Le calcaire lacustre s'observent en même temps, 
ont cru devoir rapporter le second à la formation d’eau douce supérieure au 
calcaire grossier (marnes d'eau douce de Sainte-Croix-du-Mont). 

Les fossiles sont rares dans cette formation, du moins dans les localités que 
nous avons décrites, et une grande incertitude a régné jusqu’à ce jour sur leur 
dénomination spécifique. Nous sommes heureux de pouvoir citer ici le résultat 
des recherches auxquelles s’est livré M. Ch. Desmoulins sur ce sujet, recherches 
que ce naturaliste a bien voulu entreprendre dans le but de nous aider dans 
notre travail : les Planorbes et les Limnées ont été reconnus pour appartenir aux 
espèces suivantes : 

Limnea longiscata Brongn., non Lyell et Murchison (3). 

Planorbis rotundatus Brongn., Desh., Coq. foss. Paris, n° 2. 

Voici, en résumé, le tableau de tous les fossiles que nous connaissons dans le 
calcaire d’eau douce et dans les meulières. 


CALCAIRE D'EAU DOUCE. 


Lünnea longiscata, Brongn. .. .. Baucamerie, Peyrou, Issigeac, Monsac, Faux, Cuniac, Beau- 
mont. 
Planorbis rotundatus, Brongn. . . . Baucamerie, Peyrou, [ssigeac. 
IR T0 Nb 50 502006 Baucamerie , Peyrou , Faux. 
Potamides.. . . . ... . . . . . . . . Beaumont (d’après M. Dufrénoy). 
MEULIÈRES. 
Planorbis rotundatus, Brongn. . . . Lanquais. 
Limnea longiscala, Brongn . . . . . Lanquais, Sainte-Fov. 
POINTER EP Sainte RO 


M.Jouannet (4) a déjà remarqué que les Limnées des meulières diffèrent de 
ceux que l’on trouve dans les calcaires d’eau de Sainte-Croix-du-Mont, de Sau- 


(4) Mém. géol., 1. I, p. 55. 

(2) Mém. cité, p. 37. 

(3) Le Zimnea longiscata, Lyell et Murchison, non Brongn., est celui qui se trouve en Auvergne 
et dans le calcaire d’eau douce miocène de Saucats (Gironde). 

(4) Mém. cité. 


(N. 6, p: 5f.) DU BASSIN DE LA GIRONDE. 271 
cats, de Bazas. Il en a conclu que les meulières pouvaient être d’une autre date 
que les calcaires d’eau douce que nous venons de citer. 

Nous avons dit que des bancs peu épais de calcaire d’eau douce se trouvaient 
quelquefois intercalés dans la mollasse; cette circonstance lie entre eux Les deux 
étages de la formation lacustre inférieure. Il paraît en effet probable que le 
dépôt du calcaire a succédé, sans interruption brusque , à celui de la mollasse, 
car ces deux formations se lient intimement l’une à l’autre, et nous avons même 
constaté, dans quelques localités, un passage insensible entre elles. Le calcaire 
lacustre sera donc, pour nous, la dernière période du dépôt de la formation 
d’eau douce inférieure, période dans laquelle des dépôts de carbonate de chaux 
avaient succédé graduellement à ceux des sables et des argiles. 

Dans notre hypothèse du dépôt de la mollasse par les affluents, nous trouvons 
une explication de ce changement. Nous avons dit que le lac déposait du carbo- 
nate de chaux, plus ou moins abondamment, suivant les époques et suivant les 
lieux; si les cours d’eau qui charriaient les sables ont été comblés, ou bien si 
leurs sédiments ont été obligés de se distribuer dans d'autres endroits, par suite 
de l'élévation du fond, le calcaire, continuant à se déposer, aura formé des cou- 
ches au-dessus de la mollasse, couches dont la pureté augmente, en effet, à me- 
sure qu’on s'élève. Des sources chargées d'acide silicique pouvaient en même 
temps amener les éléments des calcaires siliceux et des meulières. 


DÉPOT D'OSTREA LONGIROSTRIS. 


Caractères généraux de cette formation: S 


Nous aurions pu joindre cette formation à celle du calcaire à astéries à laquelle 
elle est étroitement liée. Mais commeelle se présente avec des caractères distincts 
de ceux du calcaire grossier, et que l’âge que nous lui assignons est bien diffé- 
rent de celui qu'on lui a attribué jusqu'ici, nous avons cru devoir l’étudier 
séparément, afin de faire ressortir avec plus de clarté ses caractères paléontolo- 
giques et géognostiques. 

Ce dépôt ne se montre que sur des espaces fort limités; et il paraît former 
des lambeaux isolés. Son épaisseur ne dépasse pas 2 mètres. Il se compose d’une 
énorme quantité de très grosses huîtres séparées les unes des autres par un sable 
marneux, jaunâtre. Quelquefois ces huîtres sont agglutinées par un ciment marno- 
calcaire , sub-cristallin , assez dur. 

Les coquilles autres que les huîtres y sont fort rares. 


Descriptions géognostiques. 


Le gisement le plus-remarquable d’'Ostrea longirostris est celui du Tucau (1), 
commune de Saint-Aubin de Blagnac (canton de Branne). Le banc d'huiîtres y est 


(1) Coupe n° 9 de l’appendice. 


272 FORMATION D'EAU DOUCE. CN. 6, p. 52.) 
épais de 1*,50 environ, et 1l est immédiatement recouvert par le calcaire à 
astéries. Les huîtres y sont d’une admirable conservation ; presque toutes ont 
conservé leurs deux valves juxtaposées, souvent perforées par des coquilles 
lithodomes, dont on trouve encore le test dans les cavités où elles vivaient. On 
voit aussi des balanes d'une délicatesse de conservation parfaite encore adhérents 
à la face interne des valves. Quelques unes de ces huîtres acquièrent une très 
grande taille (60 centimètres de longueur). Elles sont extrêmement épaisses; et 
il y en a qui pèsent jusqu'à 10 kilogrammes. 

Vers le haut, les huîtres sont agglutinées par un ciment calcaire d’un gris 
verdâtre; 1l en résulte une roche assez dure. Elles reposent évidemment sur la 
mollasse, quoique la terre végétale empêche d'observer le contact des deux 
formations. 

Ces mêmes huîtres se retrouvent de l’autre côté du vallon, au S. du Tucau. 
Elles couvrent les champs aux environs du village de Saint-Aubin. 

Le second gisement d'huîtres est à Pressac, au N.-0. de Sainte-Colombe. Elles 
y sont désagrégées et elles couvrent les flancs du coteau. Cependant, dans 
quelques tranchées, on peut les voir en place; elles forment alors une couche 
qui s'appuie immédiatement sur les sables de la mollasse. Le sommet du coteau 
est occupé par le calcaire à astéries. 

À la Gasparde (commune de Tourtirac), au-dessus de la mollasse. on exploite 
un calcaire assez dur, très coquillier , dont la partie inférieure contientun grand 
nombre d'ostrea longirostris d’une assez grande taille. Cette carrière est très 
curieuse en ce qu'elle présente les huîtres associées à tous les fossiles caracté- 
ristiques du calcaire à astéries. 

À Gardegan, le sommet du coteau que nous avons déjà décrit, et qui 
s'élève à l'E. du château de Pitray, est jonché d’une prodigieuse quantité 
d'huîtres désagrégées. Au- dessous du calcaire à astéries, on peut voir, 
comme au Tucau , des affleurements d'une roche solide empâtant ces huîtres. 
Cette couche repose immédiatement sur le calcaire d’eau douce à meulières 
(fig. 9 ). 

C'est aux environs de Sainte-Foy que se trouvent les derniers gisements d’hui- 
tres que nous connaissions. Au sommet du tertre de la Ferraille (la Pissandie), 
au-dessus du calcaire d’eau douce siliceux, on voit une grande quantité d’ostrea 
longirostris désagrégées. Elles forment un banc solide au N.-0. de la Pissandie, 
sur les bords de la route de Sainte-Foy à Fougerolles. Ce banc consiste en un 
calcaire marneux très dur, verdâtre, avec petits cailloux de quartz. On y trouve 
aussi quelques coquilles marines (coupe n° 5 de l’appendice). 

Il paraît qu'un gisement semblable se trouve dans la commune des Lèves. 


(N. 6, p. 55.) DU BASSIN DE LA GIRONDE. 973 
Résumé. 


Le dépôt d’ostrea longirostris forme donc des amas très limités, qui paraissent 
s'être accumulés, l’un autour de Saint-Aubin, l'autre autour de la Gasparde, 
l'autre , enfin, autour de Sainte-Foy. 

Quant à l’âge de cette formation, nous pensons l'avoir mis hors de toute con- 
troverse par les coupes verticales que nous avons données. Ainsi, nous avons vu 
les huîtres reposer au Tucau et à la Gasparde sur la mollasse ; à Gardegan et à 
Sainte-Foy elles s'appuient sur le caleaire d’eau douce. Leurs limites inférieures 
sont donc nettement déterminées. Quant à leurs limites supérieures, partout 
nous les avons vues recouvertes par le calcaire à astéries, et à la Gasparde elles 
se trouvent même empâtées dans ce calcaire avec des Crassatella Tumida, asterias 
lœvis , etc. : 

L'âge que nous attribuons à ce dépôt diffère de celui que tous les géologues 
lui avaient assigné jusqu'à présent, excepté peut-être M. Drouot, qui fait remar- 
quer que la partie inférieure du calcaire grossier est occupée par des huitres. 
Mais comme ce naturaliste n'indique aucun nom spécifique, il nous est impos- 
sible de savoir s’il a voulu désigner les huîtres dont il est ici question. 

Une grande confusion a régné jusqu'ici dans la détermination de ces huîtres. 
Cela vient de ce qu’on les a souvent confondues avec celles de Sainte-Croix-du- 
Mont, qui appartiennent incontestablement à la mollasse coquillière, et dont 
elles diffèrent cependant beaucoup. On les a prises plus souvent encore pour les 
ostrea virginica de la mollasse coquillière et du falun. Elles leur ressemblent , il 
est vrai, par leur forme généralement allongée ; mais elles en diffèrent par leur 
grande épaisseur et par l'allongement extraordinaire de leur talon. 

Pour faire disparaître toutes ces incertitudes, nous nous sommes occupés, 
avec M. Ch. Desmoulins , à rechercher le vrai nom de ces huîtres , et nous nous 
sommes décidés pour le suivant. 


Ostrea longirostris, Lamarck, Deshayes, Cog. foss. Paris, t. I, p. 351, n° 19 (variété non décrite 
par Deshayes). 


Syn. : O. crassissima, Lamk. , Foss., n° 46? Ch. des Moulins in Dufrénoy, Mém. sur Lleserr. tert. 
du midi de la France, p. 19 


Si notre coquille s'était trouvée aux environs de Paris, M. Desmoulins pense 
que M. Deshayes en eût fait une variété E qui aurait répondu à l'O. crassissima 
de Lamarck, car la phrase caractéristique donnée par ce naturaliste lui convient 
parfaitement. 

Quant aux huîtres de Sainte-Croix du Mont, elles ont été depuis longtemps 
indiquées par M. Ch. Desmoulins sous le nom d’O. undata, Lam. , n° 55. 

Celles de nos faluns et de la mollasse coquillière du département du Gers ont 
été aussi désignées par lui sous le nom d’O. virginica. 


274 FORMATION D'EAU DOUCE (N.6, p.54) 
Voici donc la liste de tous les fossiles que nous connaissons dans la couche à 
Ostrea longirostris, quand elle n’est pas fondue avec le calcaire à astéries, 


Ostrea longirostris, var. e. . . . . . Tucau, Saint-Aubin, Pressac, la Gasparde, Gardegan , la Pis- 
saudie , les Lèves. 

Pholas, incl . . .. . . .. . ., . . Tucau (dans les huîtres). 

Bulanus ind RENE 0. - DUC 3 

AT RE Te ne 00 ei Dao ad Sainte-Foy (la Pissaudie). 


CALCAIRE A ASTÉRIES. 


Caractères généraux de cette formation. 


* Nous ne voulons point décrire cet étage partout où il se montre; nous nous 
bornerons à l’étudier dans ses relations avec les terrains d’eau douce inférieurs. 
Cependant, comme on n'a jamais étudié ses caractères au-delà de Saint-Émilion, 
nous décrirons en détail les localités où il paraît à l'E, de cette ville, en remon- 
tant le cours de la Dordogne. 

Au contraire de la formation d'eau douce, le calcaire à astéries diminue de 
puissance à mesure qu’on avance vers l'E. Près de Bordeaux , il forme des coteaux 
de plus de 100 mètres de hauteur ; à Sainte-Foy , il dépasse à peine 2 ou à mètres 
d'épaisseur , et ne tarde pas à disparaître. 

Sa texture est ordinairement grossière et peu serrée; il est le plus souvent 
tendre et terreux, assez rarement marneux. Mais, dans quelques localités , il 
forme des couches très dures, contenant ordinairement une grande quantité de 
coquilles , dont il ne reste plus que les moules et les empreintes. 

À mesure qu'on approche de ses limites , il devient sableux et se charge d'une 
grande quantité de petits cailloux de quartz répandus surtout dans la partie qui 
avoisine les formations d'eau douce sur lesquelles il repose. Ce caractère et la 
présence de quelques grains de fer silicaté l'ont fait confondre quelquefois avec la 
mollasse coquillière, mais il en diffère sous tous les rapports par sa position géo- 
logique et par ses caractères paléontologiques. 

Il alterne quelquefois avec des bancs limités d’argiles calcarifères plus ou moins 
fines (Villefranche , etc.). 


Descriptions géognostiques. 


À Cubzac, au-dessous du château des Quatre-Fils d'Aymon, on exploite un 
calcaire assez tendre, blanchâtre, qui ne contient que peu de coquilles. Mais on 
y trouve deux fossiles éminemment caractéristiques du calcaire à astéries : les 
osselets d'Asterias lœvis et la Fibularia ovata. | 

Au N.-0. de Saint-André de Cubzac, le tertre de Montalon, formé à sa base 
de mollasse sableuse, est couvert de blocs énormes d’un calcaire très dur, assez 
coquillier, et contenant surtout une grande quantité de polypiers branchus. Ce 


(HEC) DU BASSIN DE LA GIRONDE. 275 
calcaire correspond à celui que M. de Collegno (1) a reconnu sur les points les 
plus élevés des côteaux du Carbon-Blanc. 

De Saint-Antoine à Espessas , les bords du chemin offrent des escarpements 
de 2 ou 3 mètres de hauteur d’un calcaire jaunâtre, terreux, contenant une assez 
grande quantité de contre-empreintes de coquilles 

À peu de distance des moulins de la Grappe, une ancienne carrière est prali- 
quée dans un calcaire assez dur, extrêmement miliolitique. On peut suivre les 
affleurements de ce caleaire jusqu'à la carrière de la Carbonille, où il est fort 
dur, exploité à la poudre, et où il repose verticalement sur la mollasse avec un 
développement de 3 à 4 mètres. 

Le calcaire à astéries forme le sommet de tous les coteaux entre Saint-André 
de Cubzac et la vallée de l'Isle. 

Près de Libourne , il recouvre la mollasse au tertre de Canon. Il est formé par 
les assises suivantes (fig. 3). . 

1° Au-dessus de la mollasse, calcaire grossier, tendre , contenant beaucoup 
de miliolites. Vers le haut, il devient terreux et se divise alors en plaquettes. 

2° Calcaire devenant de plus en plus dur à mesure qu’on s’élève. On y remarque 
en même temps beaucoup de polypiers branchus. 

Ce même calcaire est exploité à fleur de terre sur la partie la plus élevée des 
coteaux, entre Saint-Aignan et Saillans. Mais ici il est beaucoup plus dur, sa 
pâte est serrée , grisâtre ; et il contient un grand nombre de fossiles. Il est séparé 
de la mollasse par un lit mince de petites huîtres (coupe n° 1 de l’appendice). 

À Saint-Émilion, le calcaire jaunâtre, tendre, sans fossiles, est exploité dans 
de vastes carrières. Mais dans les fossés de la ville on remarque un calcaire 
tendre , contenant une grande quantité de tiges de polypiers. 

Ce même calcaire: terreux , miliolitique, recouvre la mollasse au moulin du 
Cadet. 

Sur les hauteurs de Montagne-de-Saint-Georges on exploite un calcaire très 
dur, contenant beaucoup de polypiers branchus. 

À la Beaucamerie, immédiatement au-dessus du calcaire d’eau douce, on 
trouve un calcaire dur, miliolitique, à structure concrétionnée dans quelques 
parties. Ce même calcaire est exploité à Cantin,à une petite distance de la Bauca- 
merie. I contient là tous les fossiles caractéristiques du calcaire à astéries (coupe 
n° 3 de l’appendice). 

Au-dessus de la mollasse , près du moulin de Beney, on voit un calcaire tendre 
terreux , formé de tests brisés de coquilles. Ce calcaire forme tout le sommet du 
coteau. Ses débris jonchent les pentes de Mangaud , et au milieu des vignes nous 
avons recueilli un grand nombre de débris de carapaces de tortues, quelques 
polypiers (astrea) et une dent de carcharodon auriculatus. 


(1) Mémoire cité, page 47. 
SOC. GÉOL. — 2° SÉRI. T.II Mém. n° 6. 36 


276 FORMATION D'EAU DOUCE (CN. 6, p- 56.) 

Ce calcaire reparaît de l’autre côté du vallon de la Mouleyre , sur le coteau 
du Rey, où il est exploité dans les carrières de l’'Ardit. 

A la Gasparde , les carrières exploitées au-dessus de la mollasse présentent un 
calcaire dur, très coquillier, dans lequel nous avons signalé déja le mélange 
d'Ostrea longirostris. Les moules des coquilles sont souvent remplis de calcaire 
spathique. 

Le calcaire à astéries affleure près de Belvez. Au-dessous du château de Pitray 
il est dur, subcristallin. A l'E. de Pitray il recouvre les huîtres et paraît jusqu’à 
Gardegan , où il forme des escarpements de 5 ou 6 mètres de hauteur (fig. 9). 

Au N.-E. de Gardegan, sur l’autre rive du ruisseau de Piqueroque , le calcaire 
marin recouvre la mollasse sur les hauteurs de Mondespit, près du village des 
Salles. Au N. de ce village, il ne se montre plus qu’en lambeaux isolés au sommet 
des coteaux ; mais près de Villefranche il acquiert un assez grand développement. 
On peut le voir à°la sortie de ceite ville vers Minzac, formant des escarpements 
de 2 ou 3 mètres. Il affleure jusque dans les rues de Villefranche , où il sert de 
fondement aux maisons. Il contient beaucoup de petits galets quartzeux , de même 
que la couche supérieure de Îa tranchée qui s’observe sur la route de Monpont 
(fig. 13). 

Si l'on suit la route de Villefranche à Castillon , à 4 kilomètre environ de la 
première ville, on remarque sur la droite du chemin la carrière du Chaume, 
exploitée à ciel ouvert sur une profondeur de 4 ou 5 mètres. Le calcaire ne con- 
tient point ici de galets de quartz, mais il renferme beaucoup de coquilles. 

Nous venons d'étudier le calcaire à astéries sur la rive droite de la Dordogne 
jusqu'à la vallée de la Lidoire et du Léchou. À Grézillac, il est exploité dans de 
vastes carrières ; il est dur, très coquiilier, subcristallin, particulièrement remar- 
quable par la grande quantité de buccins qu'il contient dans quelques parties. Ce 
calcaire repose sur la mollasse dont nous avons décrit le prolongement à Moulon. 

De Moulon à Cabara (fig. 2), on ne marche que sur la mollasse; mais si 
de l'église de Cabara on se dirige vers le S. dans la direction de Saint-Aubin , on 
rencontre bientôt, avant d'arriver au Tucau, de nombreux affleurements de 
calcaire à astéries très dur, dans lequel est ouverte une ancienne carrière située 
au N.-0. du château de Roqueblanque. Si on se dirige de ce château vers le Tucau, 
on voit le calcaire diminuer de solidité à mesure qu'on descend. On peut le voir 
dans une coupe verticale de 4 mètres de hauteur, et sur une longueur de plus de 
100 mètres, reposer sur la couche d'Ostrea longrrostris. Ce calcaire est jaune, 
terreux, formé de débris de tests de coquilles. Nous y avons recueilli un moule de 
Crassatella tumida. 

AE. de Cabara le sol s'abaisse, et le calcaire marin ne reparaît plus qu'à 
Saint-Jean-de-Blagnac. Il y est exploité sur une hauteur de plus de 15 mètres, 
dans des carrières situées à l'E. de la grande route. Il repose sur la mollasse , et sa 
dureté diminue à mesure qu'il se rapproche de celte formation Le sommet de la 


CNA64 p.57) DU BASSIN DE LA GIRONDE. 977 
carrière est formé par un calcaire en plaquettes, gris, sub-cristallin, dur et 
sonore. 

A l'E. de cette carrière, etjusqu'à la descente vers Sainte-Florence, nous avons 
reconnu partout des affleurements decalcaire à astéries, au-dessous duquel paraît 
la mollasse toutes les fois que le terrain s’abaisse assez profondément pour la 
mettre au jour. 

Nous avons donné la coupe des terrains de Saint-Pey-de-Castets. Au-dessus du 
calcaire lacustre, on remarque de nombreux affleurements d’un calcaire marin 
jaune, terreux , dont l’épaisseur ne dépasse pas 2 ou 3 mètres ( coupe n° 4 
de l’appendice). 

Ce calcaire se retrouve sur le sommet de presque tous les coteaux, en passant 
par Pujol et Sainte-Radegonde. On le voit s'appuyer sur le calcaire d'eau douce, 
à la descente vers Gensac. 

À la Gommerie (route de Sainte-Radegonde à Gensac), il se présente un fait 
particulier. Sur les bords de la route, des escarpements de 1m,50 à 2 mètres de 
hauteur sont formés, à leur partie inférieure, par une couche de 1 mètre d’épais- 
seur à peu près, d'un calcaire marneux, tendre, dans lequel se trouve dissé- 
minée une quantité prodigieuse de moules de Pinna, parfaitement conservés, et 
d'une assez grande taille (10 à 15 centimètres de longueur). Ces moules ont tous 
leur plus grosse extrémité en haut, comme si les coquilles eussent été pétrifiées 
dans la vase même où elles vivaient. C’est à peu près le seul fossile qui se trouve 
dans cette couche. 

Au sommet du tertre qui sépare Juillac de Gensac, on voit un calcaire marin 
contenant une grande quantité de petits cailloux quartzeux sur certains points. 
Dans quelques endroits, ce calcaire ne contient plus de quartz, son grain devient 
uni, spathique, et il forme une excellente pierre de taille exploitée dans une 
carrière à ciel ouvert, à l'O. de Gensac. 

Au-delà de Gensac, le calcaire à astéries se prolonge vers Sainte-Foy en dimi- 
nuant graduellement d'épaisseur. 

Nous allons reprendre l’étude du calcaire marin sur la rive droite de la Dor- 
dogne en partant de la vallée de la Lidoire. 

À Montpeyroux, un calcaire marin mélangé de gravier siliceux recouvre la 
mollasse. Il contient particulièrement des débris de crustacés. 

Le plateau sur lequel sont situés les villages de Bonnefare et de Saint-Michel 
de Montaigne laisse voir des lambeaux de calcaire à astéries sur ses parties les 
plus hautes. La coupe figure 3 montre la superposition de ce calcaire aux for- 
mations d’eau douce inférieures. 

Un calcaire dur, jaune, à parties spathiques, est exploité à Boutit dans une 
carrière remarquable par la grande quantité de fossiles qu'on peut y recueillir. 

Au N.-0. de Boutit, à Lespinassat, le calcaire à astéries, avec Ampullaria 
maxima, etc., surmonte le calcaire d’eau douce. Ce même calcaire forme le som- 


278 FORMATION D'EAU DOUCE (N. 6, p.58.) 
met des coteaux de Bonneville, Saint-Vivien et Montazeau. Il y contient des restes 
de crustacés. ‘ 

La figure 8 montre la succession des couches que l'on peut observer en se 
dirigeant au S. de Lespinassat. Le calcaire à astéries couvre les hauteurs de 
Fontrigaud , de Montravel et du Denois. A Nogaret (commune de Montcaret), il 
est recouvert par un banc de petites huîtres surmontées par la couche à Pinna, 
que nous avons signalée à la Gommerie. 

Les couches d'argile ferrugineuse supérieures au calcaire grossier , ainsi que 
l'indique la coupe figure 8, appartiennent probablement à une autre époque que 
le calcaire à astéries. Peut-être représentent-elles ici l’étage tertiaire moyen. 

C’est dans la commune de Montcaret que l’on peut surtout constater la super- 
position du calcaire marin au calcaire d'eau douce à meulières. Ainsi, au-dessus 
du village de Montcaret (coupe n° 6 de l’appendice) le tracé d’une nouvelle route 
a mis à découvert ces deux assises. Le calcaire à astéries , fournissant de bonnes 
pierres à bâtir, a été exploité plus loin que le calcaire lacustre. La carrière 
présente donc l’aspect de deux marches d'escalier de 3 ou 4 mètres de hauteur 
chacune. Le calcaire marin y contient une grande quantité de fossiles. La même 
disposition se remarque au Platan sur une plus petite échelle. 

Le calcaire à astéries se retrouve près de Velines, et dans la commune de 
Ponchat. Près de Sainte-Foy, il constitue un mamelon au-dessus du plateau de 
calcaire d’eau douce qui forme le sommet du tertre de la Ferraille; nous avons 
vu que sa partie inférieure était occupée par le dépôt d'Ostrea longirostris. Ce 
calcaire épais de 2 ou 3 mètres au plus est mêlé d'une grande quantité de petits 
cailloux de quartz, et contient beaucoup de fragments indéterminables de 
coquilles. 

Sur l’autre rive de la Dordogne, le calcaire est assez développé. Dans la com- 
mune d'Appelle , au-dessus du calcaire d’eau douce on exploite un calcaire jau- 
nâtre, dur, contenant beaucoup de cailloux quartzeux, quelquefois réduits à 
l'état d'un sable assez fin. On y trouve beaucoup de polypiers ( Eschara?), des 
débris de coquilles et des osselets d'astéries. 

Ce même calcaire recouvre sur plusieurs points le calcaire d’eau douce dans la 
commune des Eèves. 

Le calcaire à astéries se prolonge peu au-delà de Sainte-Fey. Il vient mourir 
sur le calcaire d’eau douce, et à Bergerac on n’en retrouve plus aucune trace. 

Nous avons réuni dans un seul tableau les noms des principaux fossiles que 
nous avons trouvés dans les localités dont nous avons donné la description (4). 


(4) Nous ne citons que les localités où ces fossiles se trouvent avec quelque abondance. 


CN: 6, p- 39.) 


Asterias lævis, Gh. Desmoulins. . . . 


Scutella striatula, Marcel de Serres. 
Fibularia ovata, Agass.. . . . . . . 
Cassidulus Nummulinus , Ch. Desm. 
Echinolampas oviformis, Blainv., 


Var-C'AGD = DeSsme ee . 
SERA 
BAlAUS nd EEE re + 
Crassatella tumida, Lamk, . . ... 
Venus radiata, Brocc. . . . . . . 
Cardium. . ... tirer 


Cardita hippopæa, Bast.. . . . . .. 
Pectunculus Cor., Lk. . . . . .. …. 


Modiola lithophaga, Lk. . . . . .. 
Prnr ndeh Deer AMEL 2 
Bec inde than tac el : 


Ostrea longirostris, Desh. . .... 
Crania abnormis , Brong. . . . . .. 


Fissurella Clypeata, Grat. . . . .. 
Calyptræa depressa ? Lk. . . . . .. 
Bulla Truncatula ? Brug. . . . . . . 
Ampullaria maxima, Lk. . . . . .. 
Natica patula, Sow. ... ..... 
Trochus Benettiæ, Sow. ..... à 
Trochus crenularis ?. . . . ..... 
Turbo Parkinsoni, Bast. . . . . .. 


Phasianella Turbinoides , Lk. . . .. 
Cerithium lamellosum ? Brug. . .. 
Voluta Cythara? Lk. . . . . . . .. 
MOUOTEES NN PRINCE CIN: 


Cancer (tests, pinces, elc.). . . . . . 


DU BASSIN DE LA GIRONDE. 


RADIAIRES. 


279 


Gubzac, Espessas, Baucamerie, Rey, la Gasparde, Pitray, Ville- 
franche, Grézillac, Saint-Jean-de-Blagnac, Roqueblanque, 
Mercadet (Juillac), Saint-Michel de Montaigne, Boutit, Noga- 
ret, Montravel, Montcaret, Denois, Platan, Lèves, eic., etc. 


Villefranche. 

Gubzac , la Grappe, Saint-Émilion. 
Saint-Émilion. 

Belvez. 


ANNÉLIDES. 


Tucau , Rey, Villefranche. 


CONCHIFÈRES. 


Sainte-Foy. 
Tucau, la Gasparde. 


- Saïllans: 


Saillans, la Gasparde. 

Sainte-Foy. 

Canon, la Gasparde,Boutit, Montcaret. 
Boutit, Samnt-Vivien. 

La Gommerie, Nogaret. 


Tucau, la Gasparde, Pitray, Canon, Villefranche , etc, 


La Gasparde. 
Espessas. 


MOLLUSQUES. 


Grézillac. 
Saillans. 
Cadet. 


Espessas, Rey, Belvez, Villefranche, Tucau, Lespinassat, Boutit. 


Saillans. 
Saillans, Montcaret. 
Saillans , Boutit. 


Saillans, Pitray, Rey, la Gasparde, Beney, Gensac, Villefranche. 


Cantin , Montagne de Saint-Georges, 
Canon, Saillans. 
Saillans.- 
Saint-Jean de Blagnac, Montravel. 


FORAMINIFÈRES. 


Canon, Saillans, Grézillac, la Gasparde, etc,, elc. 


CRUSTACÉS. 


Villefranche, Boutit, Montazeau, Saint-Vivien, Montpeyroux. 


280 FORMATION D'EAU DOUCE (NL ES 


POISSONS (DENTS DE). 


HEMIPriS IS Sr R EP AE NN NN Montcaret. 
Carcharodon auriculatus ? Ag. . . . Castillon. 
Oxyrhina xiphodon ? Ag.. . . . . . Montcaret. 
Lamna crassidens ? Ag. . . . . . .. Monicaret. 
REPTILES. 
Tortues (débris de carapaces). . . . . Mangaud, Boutit, Mercadet. 
CÉTACÉS. 
Manatus Guettardi, Blainv. (côtes, 
VeRtéDLeSE) Re CE Boutit, Lespinassat, la Gasparde , Lèves, Gensac, etc. 
Résumé. 


D'après notre classification des terrains tertiaires inférieurs du bassin du S.-O. 
de la France, la place du calcaire à astéries nous paraît plus nettement marquée 
qu'elle ne l'avait été jusqu'ici. Nous l'avons vu recouvrir transgressivement la 
mollasse le calcaire d’eau douce, la couche à huîtres. Sa postériorité à la forma- 
tion d'eau douce inférieure nous paraît donc mise hors de controverse. 

M. Drouot est le seul qui, jusqu'à ce jour, ait reconnu que ce calcaire était 
postérieur à la formation du calcaire d’eau douce à meulières. 

Les limites occidentales du calcaire à astéries nous sembleraient assez bien 
représentées par une ligne partant de la Roque de Tau et passant par Ville- 
franche, c’est-à-dire suivant une direction approchant de O. 20° N. à E. 20°S.; 
mais, à partir de Villefranche, elle suivrait une direction O. 30° N. à E. 308, 
en allant passer par le Fleix. 

Si nous considérons l’ensemble du calcaire à astéries, nous verrons que sa 
dureté semble augmenter en général à mesure qu'on se rapproche des couches 
supérieures, qui sont formées par ce calcaire à polypiers branchus que M. de 
Collegno a observé au Carbon-Blanc, et que nous avons retrouvé dans plusieurs 
localités. 

Les fossiles les plus caractéristiques de cet étage sont: 


Asterias lævis. Pecten Billandelli. 

Seutella striatula. Cardium voisin de l’Aviculare. 
Cassidulus nummulinus. Crania abnormis. 

Fibularia ovata. Modiola lithophaga. 


Turbo Parkinsoni. | 


L’alternance des calcaires avec des couches argileuses semble indiquer que les 
causes sous l'influence desquelles se formait la mollasse n’avaient pas entière- 
ment cessé d'agir à l'époque où se déposait le calcaire à astéries ; l'abondance des 
cailloux quartzeux sur les limites de cette formation nous est expliquée par le 


CN. 6, p. 41.) DU BASSIN DE LA GIRONDE. e 281 
voisinage de la mollasse qui pouvait être remaniée par les eaux, et encore mieux 
par l'existence des cours d’eau qui pouvaient apporter dans la mer des débris 
de roches anciennes et dont les variations de vitesse pouvaient donner lieu à des 
alternances analogues à celles de Villefranche. 

Peut-être aussi les masses lenticulaires d’argile répandues à diverses hauteurs 
dans le calcaire à astéries ne sont-elles dues qu'à un remaniement de la mollasse 
par des courants qui pouvaient tenir des détritus en suspension et les déposer 
lorsque leur vitesse venait à se ralentir. 


DEUXIÈME PARTIE. 


4° Recherches sur la place que doit occuper la formation d’eau douce inférieure dans l’ensemble 
des terrains tertiaires inférieurs du bassin de la Gironde. 


Dans la première partie de notre mémoire nous avons prouvé que le calcaire 
à astéries est postérieur à une puissante formation d’eau douce représentée par 
des argiles, des sables, des calcaires et des meulières. 

Nous avons fait voir quelles sont les limites supérieures de cette formation 
d'eau douce. Il nous reste à rechercher quelles sont ses limites inférieures, à dé- 
cider, en un mot, si son dépôt a succédé immédiatement à la craie, ou bien s'il 
a été précédé par d’autres formations tertiaires plus anciennes. 

M. Jouannet est le premier qui ait fait connaître l'existence d’un calcaire marin 
supérieur et d'un autre inférieur à la mollasse ; mais il considérait ces deux cou- 
ches comme identiques, et les rapportaït au calcaire grossier de Paris. 

M. Ch. Desmoulins reconnut, en 1832, les différences qui distinguent le cal- 
caire de Blaye (calcaire à orbitolites) de celui de Laroque (calcaire à astéries). Il 
annonça « qu'il n’y avait jamais alternance entre ces deux couches, et qu’elles 
» étaient extrêmement différentes sous tous les rapports. Ces deux étages princi- 
» paux, disait-il, sont toujours parfaitement distincts entre eux, malgré les es- 
» pèces communes qu'ils renferment, et n’alternent jamais l’un avec l’autre. » 

Les conclusions auxquelles était arrivé cet habile observateur, par l'étude des 
fossiles seulement, furent entièrement adoptées par M. de Collegno. 

Il suffit de jeter un coup d’œil sur les listes de fossiles données par M. Ch Des- 
moulins, dans le mémoire de M. Dufrénoy, pour être frappé de la différence que 
présentent lesfossiles de Blaye et ceux du calcaire à astéries En effet, sur soixante- 
sept espèces classées provenant du calcaire de Bourg, trente-quatre se retrou- 
vent dans les faluns, et neuf seulement dans le calcaire à Orbitolites, tandis que 
le calcaire de Blaye ne présente qu'une seule espèce analogue à celles du falun. 

Il était important de s'assurer des rapports qui existent entre les formations 
supérieures au calcaire à Orbitolites de Blaye et celles dont nous nous semmes 


232 FORMATION D'EAU DOUCE N. 6, p. 42.) 
occupés dans la première partie de ce travail. Nous avons de nouveau parcouru 
le Blayais dans le but d'étudier ces formations, et voici les observations que nous 
y avons recueillies. 

La citadelle de Blaye repose sur une puissante formation de calcaire à Orbito- 
lites et à Échinides, dont M. Dufrénoy a donné une description trop exacte pour 
que nous ayons à y revenir. Au-dessus de ces couches, on trouve dans des car- 
rières, situées le long de la route de Mirambeau, un calcaire qui paraît leur être 
supérieur, et qui est caractérisé surtout par la présence d'un grand nombre d'E- 
chinolampas oviformis Blainv., qui paraissent être fort rares dans les couches de 
la citadelle. 

Au-dessus de cette assise tendre se trouve le calcaire dur, caverneux. très 
coquillier, de M. Dufrénoy. Il est recouvert, à une petite distance du village de 
Saint-Martin, par une argile sableuse, bleuâtre, assez fine, exploitée sur une 
hauteur de 1°,50 environ pour une tuilerie voisine. 

Si l’on continue à suivre le chemin, un peu avant d'arriver à la hauteur des 
coteaux de la Garde, et à un niveau supérieur à celui de l'argile précédente, on 
remarque des affleurements d’un calcaire d’eau douce dur, grumeleux, d’un gris 
assez foncé, sans coquilles, exploité pour la fabrication de la chaux hydraulique. 
C’est l’assise la plus élevée que coupe la grande route; mais la butte sur laquelle 
est placé le moulin de la Garde présente des couches plus modernes : c’est une 
mollasse sableuse, d'un gris foncé, très friable, qui ne contient point de fossiles 
dans sa partie inférieure, excepté peut-être des Miliolites mal conservées. Sur le 
sommet du coteau, cette même mollasse, à très gros grains, renferme une très 
grande quantité de nodules d'argile assez pure, verdâtre, et en même temps un 
grand nombre d’Anomies et d'Huîtres difficiles à déterminer. 

Sur la colline de la Garde-à -Roland, à un kilomètre environ de la Garde, cette 
mollasse à nodules argileux supporte une assise assez mince de marne verte con- 
tenant une grande quantité de petites Huîtres. M. Dufrénoy y a trouvé des ro- 
gnons de gypse et de strontiane sulfatée. 

Ainsi, à la Garde, la formation d'eau douce supporte une formalion marine 
dont l'épaisseur moyerne est de plus de 20 mètres (fig. 15). 

Sur la route de Blaye, à Saint-André-de-Cubzac, on peut constater, toutes les 
fois que les accidents de terrain le permettent, la superposition du calcaire d’eau 
douce au calcaire à Orbitolites. Près du hameau de Tousignan, M. de Collegno a 
trouvé dans le calcaire lacustre de gros limnées. 

Mais, si l’on suit le chemin qui monte directement de Tousignan au village de 
Cars, au-dessus de la formation d'eau douce, on peut remarquer un banc de 
grandes Huîtres (Ostrea longirostris) exactement semblables à celles de Saint- 
Aubin et des environs de Castillon. Ces Huîtres supportent ici une mollasse ana- 
logue à celle de la Garde, et qui forme tout le sommet du coteau de Cars. Cette 
mollasse affecte, vers le haut, la structure concrétionnée dans certaines parties, 


(N.6,p 45.) DU BASSIN DE LA GIRONDE. 283 
et nous n’y avons point trouvé de fossiles; cependant M. de Collegno y a remar- 
qué des restes de coquilles marines. 

Au-delà de Cars, en continuant à suivre la grande route, on voit le calcaire 
d’eau douce presque à chaque pas. Mais si l'on prend le chemin qui conduit à 
Berson, on suit une montée dans laquelle les couches inférieures sont cachées, 
et, près du village, à une hauteur à peu près correspondante à celle de l’église de 
Cars, on remarque, sur les bords de la route, des marnes verdâtres, épaisses de 
2 mètres environ, et qui paraissent analogues à celles de la butte de la Garde- 
à-Roland. Ces marnes renferment ici une énorme quantité de petites Huîtres très 
bien conservées, et des Polypiers nombreux, percés quelquefois par des modioles. 
et auxquels adhèrent encore des tubes de serpules. 

À Sainte-Luce, au S. de Blaye, le calcaire à Orbitolites est recouvert par un 
lit de marne, dans lequel M. Jouannet a trouvé des dents de Gavial, de Paléothé- 
rium , et des débris de carapace de Tortues. Le reste de la colline est composé 
d'un calcaire blanc, marneux, à tubulures sinueuses, sans fossiles. 

Au N.-E. de Sainte-Luce, M. de Collegno a trouvé des Limnées dans le eal- 
caire; mais ici, il est recouvert par les couches suivantes : 

1° Calcaire sableux, micacé, miliolitique. 

2° Argile bleuâtre, avec débris de tests de coquilles. 

8° Calcaire pétri d'Ostrea longirostris, miliolitique. 

Le calcaire d’eau douce se retrouve dans les communes de Montuzé, de Ville- 
neuve et de Grut. À Plassac, il est dur, violacé, et contient des Limnées et des 
Planorbes, que nous croyons pouvoir rapporter au Limnea longiscata, Brongn. et 
au Planorbis rotundatus, Brongn. 

Voici les conséquences que nous tirerons de ces faits : 

1° A Blaye, le calcaire à Orbitolites est recouvert par une argile marneuse qui 
renferme des débris de Paléothérium , etc. Elle représente donc ici la mollasse ; 
mais elle paraît former la limite extrême de cette formation, car elle ne se trouve 
plus, pour ainsi dire, qu’à l’état rudimentaire. Cette conjecture réunit quelques 
motifs de probabilité géologique, car la mollasse se trouve très développée à Peu- 
jard, à 20 kilomètres de Blaye environ. 

2° L'argile de Blaye supporte un calcaire d’eau douce contenant des Limnea 
longiscata et des Planorbis rotundatus. Si nous assimilons l'argile à la mollasse, 
nous pourrons à peu près préciser l’âge de ce calcaire ; mais la date de son dépôt 
est surtout nettement prouvée par la couche qui le recouvre. 

3° Au-dessus du calcaire lacustre, on trouve des bancs d’Huîtres en tout identi- 
ques avec celles du Castillonnais, et quiappartiennent à l'espèce Ostrea longirostris. 

L° Ces bancs d'Huîtres sont recouverts d’une sorte de mollasse contenant des 
Huïîtres et dés fossiles marins. Nous avons vu déjà que le calcaire à Astéries se 
chargeait, sur ses limites, d’une grande quantité de petits cailloux quartzeux 


Nous pourrions donc considérer les couches supérieures de la Garde, Cars, etc , 
SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. II. Mém. n° 6. 37 


284 FORMATION D'EAU DOUCE (N-6, p. 44.) 
comme représentant ce dépôt, dans lequel les cailloux siliceux auraient formé 
presqu’à eux seuls la masse de la roche. 

Ainsi, nous avons à Blaye absolument la même succession de couches que dans 
la partie orientale du bassin de la Gironde : mollasse, calcaire d’eau douce, dépôt 
d'Huîtres, calcaire à Astéries. Seulement, la formation lacustre inférieure repose 
sur le calcaire à Orbitolites. 

La mollasse de Blaye se prolonge, vers l'E., jusqu’à la vallée de l’Ille. Le pays 
compris entre Blaye et Guître n'a point été étudié. Cependant, à Peujard, 
un sondage artésien a traversé, sur une épaisseur de plus de 100 mètres, des 
sables et des argiles, que nous croyons pouvoir rapporter à la mollasse éocène. 

Les couches de Blaye plongent vers le S., et, d’après M. de Collegno, le cal- 
caire à Orbitolites se trouve au niveau de la rivière , à La Roque. A La Roque et 
au Pain-de-Sucre, la majeure partie des escarpements est composée de marnes 
argileuses bleuâtres, très bien stratifiées, au-dessus desquelles on exploite le cal- 
caire à Astéries. Ces marnes, alternant avec le calcaire marin, ne pourraient-elles 
pas représenter ici la mollasse? 

Le calcaire d’eau douce de Blaye paraît aller rejoindre celui du Castillonnais, 
car M. Dufrénoy a reconnu à Bonzac, au-dessus de la mollasse, des marnes d’eau 
douce et des débris de calcaire siliceux. | 

Quant aux couches que nous regardons comme représentant le calcaire à As- 
téries à Blaye, nous n’avons pu les suivre entre Plassac et La Roque. Cependant 
il est aisé de voir qu’elles augmentent d'épaisseur à mesure qu'elles se rappro- 
chent de ce dernier village, où elles se fondent peut-être avec le calcaire à Asté- 
ries exploité. 

Ainsi, si nous résumons nos observations , nous établirons la succession sui- 
vante de couches dans la partie du bassin de la Gironde dont nous venons de 
donner la description : 


CALCAIRE À ORBITOLITES. 


Mollasse. 


Terrain tertiaire inférieur. . . . . . Calcaire d’eau douce. 
Calcaire à astéries (voyez fig. 5). 


Nous aurons la liste complète des terrains tertiaires du bassin de la Gironde, 
si nous ajoutons les couches supérieures classées dans l’ordre que leur a assigné 
M. de Collegno. 


Calcaires et argiles d’eau douce. 


Terrain tertiaire moyen. . . . . . . Calcaire à Ostrea undata; faluns. 
Marnes d’eau douce. 
Sables des Landes. 
Terrain tertiaire inférieur. . . . . . Sables et argiles ferrugineux de l'Entre-deux- 


Mers. 


(N- 6, p. 45.) DU BASSIN DE LA GIRONDE. 285 


2° Comparaison des terrains tertiaires inférieurs du bassin de la Gironde avec ceux du bassin 
de Paris. 


Nous venons de rechercher l’ordre réel de superposition des couches inférieures 
du bassin de la Gironde. Nous allons tâcher maintenant de savoir quelle place 
elles occupent dans les terrains tertiaires en général, et pour cela nous les com- 
parerons aux couches du bassin de Paris. 

Nous sommes bien loin de penser qu’on puisse retrouver à Bordeaux toutes les 
couches qui forment le bassin de Paris. Les recherches des géologues modernes 
ont appris qu'une comparaison aussi rigoureuse était impossible entre les terrains 
tertiaires. Cependant le rapprochement en grand des formations du bassin de la 
Gironde avec celles de Paris va nous fournir des analogies dignes d’un intérêt 
tout particulier. 

En 1832, M. Deshayes annonça que le calcaire de Blaye, Pauillac, Saint-Es- 
tèphe, etc., était identique avec le calcaire grossier de Paris. M. Ch. Desmoulins 
confirma cette conclusion par ses recherches, et cita les fossiles suivants comme 
se trouvant dans les deux terrains : 


Clavagella coronata. Cardita avicularia, Lamck. 
Cerithium giganteum. Calyptræa trochiformis. 


Vulsella deperdita. Fibularia scutata, Ch. Desm. ( Echinocyamus 


Miliolites cor anguinum. Pileopsis cornu-copiæ. 
Terebellum convolutum. occitanus , Agass.). 


De pareilles citations semblent mettre hors de doute le parallélisme des deux 
dépôts. 

Au-dessus du calcaire à Astéries paraît la mollasse. Nous avons dit que cette 
formation contenait des ossements d’animaux appartenant à des genres dont les 
débris sont enfouis dans les gypses de Montmartre. 

Le calcaire d’eau douce renferme deux coquilles communes dans le calcaire 
siliceux de Saint-Ouen : Limnea longiscata , Planorbis rotundatus. 

C'est dans ce calcaire que se trouvent les gîtes de plâtre de Sainte-Sabine. 

Ainsi, la formation lacustre inférieure du bassin de la Gironde nous paraît 
représenter assez exactement la formation du gypse et du calcaire siliceux de 
Paris. Ce rapprochement est appuyé par les caractères zoologiques (Paleotherium, 
Limnea longiscata , Planorbis rotundatus), par les caractères minéralogiques (gypse, 
calcaire siliceux, meulières), et par les caractères géologiques (superposition im- 
médiate au calcaire grossier). 

Le calcaire à Astéries offre une analogie moins sensible avec les terrains pari- 
siens. Nous avons vu qu'il différait, sous beaucoup de rapports, du calcaire gros- 
sier proprement dit. Cependant MM. Dufrénoy et de Collegno le considèrent 
comme appartenant à la période éocène. Nous citerons, à l'appui de l'opinion de 


286 FORMATION D'EAU DOUCE CN:6, p. 46.) 
ces géologues, les fossiles suivants, qui ne se rencontrent jamais dans les faluns, 
et qui, au contraire, sont abondamment répandus dans le calcaire à Astéries et 
dans le calcaire grossier de Paris, ou dans celui de Blaye. 


Echinolampas ovalis. Corbis pectunculus._ 
Spalangus acuminalus. Lucina gigantea Desh. 
Crassatula tumida. Delphinula marginata. 
Tellina biangularis. Terebellum convolutum. 


Au point de vue géologique, le calcaire à Astéries nous paraît ne pouvoir être 
que difficilement séparé de l'étage tertiaire inférieur, malgré les nombreux fos- 
siles des faluns qu'il renferme. Du reste, cette question rentre plus particulière- 
ment dans le domaine de la paléontologie, et nous devons attendre que des 
recherches plus complètes nous aient fait connaître avec plus de précision les fos- 
siles de ce terrain pour nous prononcer d’une manière définitive sur son âge. Pour 
nous, nous conlinuerons, comme nos devanciers, à le considérer comme éocène. 

Dans l'extrait que nous avons publié de ce Mémoire dans le Bulletin de la Société 
géologique, nous annoncions que nous avions essayé d'établir quelques rapproche- 
ments entre le calcaire à Astéries et les marnes supérieures au gypse du bassin 
de Paris. En comparant les fossiles du calcaire de Bourg à ceux cités par M. Al. 
Brongniart dans l’ensemble des marnes supérieures aux couches gypseuses, nous 
étions parvenu à constater une certaine analogie qui se trouvait appuyée par l’âge 
que nous avions été conduit à attribuer aux mollasses et aux calcaires d’eau douce 
de la vallée de la Dordogne. M. Ch. Desmoulins avait bien voulu nous guider dans 
la rédaction du tableau suivant, que nous ne donnions, au reste, qu'avec toute 
la réserve que nous imposait la difficulté d'établir des identités entre des fossiles 
dont la détermination présente autant de chances d'erreur que ceux des marnes 
du bassin parisien et du Calcaire à Astéries : 


DANS LE BASSIN DE PARIS. DANS LE CALCAIRE A ASTÉRIES. 
MARNES D'EAU DOUCE JAUNES. | 


Cytheræa convexa Brongn. (Glauconomya con- | 
veæa Desh.). . . ... ......,.,...,.. | Bourg, dans une argile pyriteuse, Coll. des M. 
CEREMUMAIDUICL UM ERNEST La Roque. 


MARNES JAUNES SUPÉRIEURES AUX MARNES VERTES. 


Nalica patula Desh. . . . .. RC LS ANS: 
CenERTUMICNCLIUMe RER ERA EE Cambes. 
Cardium obliquum Lk. . . ....... .... | Cambes. 
Nucula margaritacea, . . . . . .. el É Cambes. 
MARNES À GRANDES HUÎTRES. 
Ostrea pseudochama , ) 
—. longirostris, IE longirostris Desh, (4). Tucau, Gardegan , Sainte-Foy, Blaye, etc. 


—  canalis, 


(1) La présence de l'O. longirostris ne peut passer pour une preuve décisive de l'identité du 


(N-6, p- 47.) DU BASSIN DE LA GIRONDE. 287 


MARNES À PETITES HUÎTRES. | 


Ostrea Cyathula Lamck. . . . . . .. PC ee Loupes. 
—  linguatula Lamck. . . . . . . . . . . . . | Floirac. 
Paltesde Crabe RER ER CC TR ou Villefranche , etc. 


Notre principal objet, en essayant d'établir ce rapprochement, était de mettre 
en évidence le mélange de fossiles éocènes et miocènes, qui, dans l’état de nos 
connaissances conchyliologiques sur le S.-0. de la France, paraît caractériser le 
calcaire à Astéries (1). Si des recherches ultérieures viennent nous démontrer 
que le calcaire à Astéries ne contient point de fossiles éocènes, l’analogie que 
nous avions cru pouvoir établir se trouvera pleinement confirmée. 

Josepx DELBOS. 


Bordeaux , le 22 décembre 1843. 


APPENDICE. 


COUPES (2) 


N° 4. COUPE DU COTEAU DE MONTAIGU, commune de Saillans ( Gironde 


de 
. 


Calcaire à astéries, à polypiers branchus, etc. 
Lit de petites huîtres. 

Sable un peu argileux. 

Mollasse sableuse, dure. 

Mollasse sableuse, avec rognons concrétionnés. 
Marnes, argiles, sables à ossements. 


[ES] 


S O1 à ot 


N° 2. COUPE DU TERTRE D'ORABLE, près de Castillon-sur-Dordogne ( Gironde) 


1. Diluvium. 
2. Calcaire d’eau douce en plaquettes. 
3. Meulières. 


calcaire à astéries avec les marnes à huîtres de Paris. En effet, l’huître de Bordeaux est considérée 
par M. Charles Desmoulins comme analogue à l'O. crassissima de Lamarck, et il suppose qu’elle 
n’est qu’une variété de l'O. longrrostris de M. Deshayes. Cependant M. Deshayes, qui a été à 
même d'étudier les types de Lamark, regarde l'O. crassissima comme une espèce différente de l'O. 
longirostris (voyez la nouvelle édition de Lamarck). 

* (4) Les géologues paraissent à peu près d'accord pour faire commencer dans le bassin de Paris 
l'étage tertiaire moyen aux marnes à huîtres, et pour faire finir l’étage inférieur à la partie supérieure 
des marnes d’eau douce. 

(2) Nous réunissons sous ce titre quelques unes des coupes qui présentent le plus complétement , 
ou avec le plus d’évidence , l’ordre de superposition des différentes assises des terrains tertiaires 
inférieurs du bassin de la Gironde. Elles ne sont qu’un résumé succinct d’une partie des descrip- 
tions données dans le cours de ce Mémoire. 


LD 


FORMATION D'EAU DOUCE 
Calcaire d’eau douce fragmentaire. 
Calcaire assez dur vers le bas. 
Calcaire gris, très dur et très compacte. : 


. Sable fin, grisâtre. 
. Argile marneuse, blanche. 
. Argile sableuse, jaunâtre. 


No 3. COUPE DE LA BAUCAMERIE (Gironde). 


Calcaire à astéries. 
Calcaire lacustre, gris, avec Limnea longiscata, etc. 
Mollasse sableuse, grise, avec nodules marneux. 


N° 4. COUPE DU COTEAU DE SAINT-PEY-DE-CASTETS (Gironde ). 


Calcaire à astéries. 

Calcaire d’eau douce passant vers le bas à la mollasse. 
Mollasse sableuse, à concrétions assez tendres. 
Mollasse sableuse, grise, à gros grains. 

Argile assez pure. 


(N. 6, p. 48.) 


N° 3. COUPE DU COTEAU DE LA FERRAILLE , près de Sainte-Foy-la-Grande (Dordogne). 


4. Calcaire marin, à cailloux siliceux. 


DS Or À O1 D 


UT RO 


Dépôt d'Ostrea longirostris. 


N° 6. COUPE AU-DESSUS DE MONTCARET (Dordogne). 


Argile ferrugineuse. 
Calcaire à astéries. 
Calcaire d'eau douce. 
Mollasse. 


N° 7. COUPE DE NOGARET, commune de Montcaret (Dordogne). 


Argile ferrugineuse. 

Calcaire marneux, à moules de Pinna. 
Banc de petites huîtres. 

Calcaire à astéries. 

Marne grise. 

Calcaire d’eau douce. 


N° 8. COUPE DU VALLON DE PEYROU, près de Beaumont ( Dordogne). 


Calcaire d’eau douce à fossiles, siliceux vers le bas. 
Mollasse présumée. 
Craie à Hippurites et à Sphérulites. 


. Calcaire d’eau douce très siliceux vers le haut, avec lit interrompu de meulières. 
. Mollasse sableuse, grise ou jaunâtre, avec veines d'argile sableuse. 


(CN. 6, p- 49.) DU BASSIN DE LA GIRONDE. 289 


N° 9. COUPE DU TUCAU, commune de Saint-Aubin (Gironde). 


. Calcaire à astéries. 

. Veine de marne jaunûâtre. 
. Banc d’Ostrea longirostris. 
. Mollasse. 


D = 


= O1 


NOTE. 


Depuis la rédaction de ce Mémoire, nous avons reçu de M. Ch. Desmoulins la communication 
suivante : 

« Le 13 janvier 1846, quelques travaux faits à l’est du château de Lanquais , dans la berge de la 
Pépinière, ont causé un éboulement de cette berge. Il a fallu nettoyer l’éboulement, faire une cou- 
pure nette, et creuser la place des fondations pour y établir un mur de soutènement. Cette tranchée 
m'a donné la coupe suivante : 


4. Décombres de la construction du château, et un peu de terre végétale, environ. . . . 2,00. 


2. Mollasse rouge, plus sableuse qu’argileuse, sans craie ni silex . . . . . . . . . . . . 1 ,00. 
3. Cordon horizontal de silex brisés, non roulés. . . . . . . . .. De < PU RL RE 0 ,18. 
4. Mollasse identique au n° 2, empâtant les silex du cordon, profondeur inconnue. . . . . 0 ,30. 


» La mollasse rouge (n°° 2 et 4), composée de sable quartzeux et d’argile en moindre quantité, 
est exactement semblable à celle qui se montre à découvert à 50 mètres au sud (à la mare aux Ca- 
nards) ; elle n’est mélangée d’aucune pierre, si ce n’est dans sa partie supérieure , de quelques frag- 
ments de décombres (craie) qui s’y trouvent accidentellement enfoncés. Cette mollasse se montre à 
découvert sur une hauteur verticale de 0,50, et elle est traversée, à 30 centimètres du fond de l’ex- 
cavation, par un cordon horizontal de silex de la craie de Maëstricht (1), non roulés, à cassures plus 
ou moins vives, presque contigus, qu’elle empâte de partout. Ce cordon a 18 centimètres à peu près 
d’épaisseur. J’y ai trouvé des fragments de mine de fer, et un rognon de grès ferrugineux rouge, 
semblable à celui du Boisredon. — J’offre ces échantillons à M. J. Delbos comme preuve qu'il a bien 
jugé la position dans la mollasse des mines de fer et grès ferrugineux. » 


(1) Ces silex, non décrits par M. d’Archiac, se présentent en blocs abondamment répandus au-dessus de la 
craie. Ils paraissent résulter de la destruction d’une couche de craie qui recouvrait primitivement les assises 
décrites par M. d’Archiac, même les plus supérieures. Ils renferment des Oursins assez nombreux (Echinolampas 
Faujasii, Spatangus Bucklandi), des Pholadomies, et quelques autres fossiles. — M. Ch. Desmoulins, qui a le 
premier observé ce dépôt, l’assimile à l'étage de la craie de Maëstricht. Ce rapprochement intéressant paraît 
parfaitement d’accord avec les données fournies par la géologie. 


VIT. 


RAPPORT 


SUR 


LES FOSSILES DU TOURTIA, 


Légués par M. LÉVEILLÉ à la SOGIÉTÉ GÉOLOGIQUE De FRANCE, 


PAR M. LE VICOMTE D’ARCHIAC. 


PRÉSENTÉ À LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE LE 2 Mars 1846 (1). 


INTRODUCTION. 


Le 18 mars 1839, la Société reçut le legs, que lui avait fait M. Charles Lé- 
veillé, d’une collection de fossiles, comprenant 840 échantillons qui provenaient 
de diverses parties de la France, et avaient été recueillis dans divers terrains (2). 
Plus tard, M. le marquis de Roys, chargé comme archiviste de l’arrangement 
des collections, fut frappé du caractère particulier et du bel état de conserva- 
tion de la plupart des espèces trouvées par M. Léveillé dans la couche crayeuse 
qui, sur les frontières de France et de Belgique, recouvre sans intermédiaire les 
systèmes carbonifère ou plus anciens, et qui est connuc des ouvriers mineurs 
sous le nom de fourtia: aussi crut-il devoir appeler l'attention de la Société sur cette 
partie de ses collections. À cet effet, il nous pria d'étudier cette série de corps or- 
ganisés, pour déterminer les espèces déjà connues et indiquer celles qui pouvaient 
être nouvelles dans la science. Cet examen est venu confirmer de tout point les prévi- 
sions de M. de Roys, en constatant que plus de la moitié des espèces était jusqu’à 
présent propre à celte couche crayeuse , et que ces espèces n'avaient encore été 
ni décrites ni figurées. Pour rendre un juste hommage à la mémoire de notre zélé 
confrère, le Conseil décida que la description de ces fossiles serait l’objet d’une 
publication particulière insérée dans les Mémoires, et il voulut bien nous con- 


(1) Bull., 2° sér., vol. III, p. 332. La liste des fossiles qui s’y trouve insérée fixe la date à laquelle 
leur nomination est rapportée. 
(2) Bull., 1" sér., vol. X, p. 148. 


SOC. GÉOL. 2°SÉRIE. T. II. Mém. n° 7. 38 


292 RAPPORT CN: 7, p.2.) 
fier l'exécution de ce travail. De notre côté, nous avons cru nous conformer à la 
pensée qui avait présidé à cette décision, en associant, autant que possible, au 
souvenir du donateur, les noms de la plupart des membres, soit vivants, soit 
décédés , qui ont contribué le plus à la fondation de la Société et à son déve- 
loppement. 

Le poudingue, appelé tourta (1), occupe, dans le Hainaut et une partie de la 
Flandre française, une surface souterraine représentée à peu près par le terri- 
toire des anciens Verviens. En 1839 (2), nous avions cherché à déterminer l’âge 
de cette couche de 2 ou 3 mètres au plus d'épaisseur moyenne, et cependant si 
remarquable par son étendue, ses caractères minéralogiques, sa position et 
par la faune qu’elle renferme ; mais c’est surtout dans un travail publié ré-. 
cemment (3) que nous nous sommes atlaché à préciser les limites géographiques 
probables du bassin dans lequel elle s’est déposée, et dont la disposition peut 
expliquer en quelque sorte ce que cette faune nous offre de particulier. Les 
anciens rivages de ce petit golfe, avons-nous dit, semblent avoir élé bornés au 
S. O. par la ligne actuelle de partage des eaux de l’Artois , au S. E. par celle 
de la Sambre et de l’Escaut , et au N. O. par celle des eaux de la Lys et de l'Yser ; 
au N., la limite est moins facile à tracer au-delà d’une ligne tirée de Mons à 

-Courtray. 

Il ne nous reste donc qu'à nous occuper des fossiles provenant de cette couche, 
et, pour rendre ce travail moins incomplet, nous y avons compris 24 espèces qui 
ne se trouvent point dans la collection de M. Léveillé, mais qui, provenant aussi du 
même dépôt, ont été offertes à la Société par M. H. Michelin, dans la séance du 
16 novembre 1840 ; enfin nous y avons joint la liste des polypiers que M. Mi- 
chelin possède dans sa collection et dont il a bien voulu donner les noms. 

Ainsi composée, notre liste (4) renferme 186 espèces, dont 176 sont détermi- 
nées ; 10 n’ont pu l'être à cause du mauvais état des échantillons. Des 176 espèces 
déterminées, 82 sont déjà connues et 94 sont nouvelles. Si l’on ajoute à ce der- 
nier chiffre 3 espèces comprises dans le précédent et décrites comme provenant 


(2) Nous avions d’abord proposé le nom de poudingue nervien pour désigner cette couche (Bull. , 
2° sér.,t. III, p. 332); mais c'était introduire un nouveau nom, sans nécessité, et nous ayons con- 
servé celui sous lequel elle est généralement connue dans le pays. Nous ferons seulement remarquer, 
d’après une observation que nous devons à M. du Souich, que le mot éourtia n’a pas une acception 
bien fixe pour les ouvriers, qui donnent ce nom à toutes les couches poudingiformes ou renfermant 
des nodules, qu’ils rencontrent dans leurs travaux, avant d'atteindre le terrain houiller, quel que soit 
d’ailleurs l’âge du dépôt. Quant à nous, nous le restreignons au poudingue calcaire plus ou moins fer- 


rugineux et glauconieux, placé entre les dièves et le terrain ancien, dans l’espace dont nous avons 
précédemment indiqué les limites. 


(2) Mémoires de la Soc. géol., 1° sér., t. III, p. 280. — 1839. 


(3) Études sur la formation crétacée, 2° partie. Mém. de la Soc. géol., 2° sér., t. II, p. 118. 
— 1846. 


(a) Voyez le Tableau général, après la description des espèces. 


(N.7, p.5.) SUR LES FOSSILES DU TOURTIA. 293 
du poudingue de Tournay , nous verrons que 97 espèces, ou plus de la moitié, 
sont exclusivement propres au tourtia. La répartition des 79 espèces déjà con- 
nues dans les quatre groupes de la formation crétacée , tels que nous les avons 
caractérisés , confirme ce que nous avons déduit de considérations géologiques 
toujours plus précises, savoir, l'absence du troisième groupe, et à plus forte raison 
du quatrième, au-delà de l’axe de l’Artois. Les fossiles du tourtia offrent en outre 
les caractères d’une faune locale qui se serait développée, après la période du 
grès vert et du gault, dans l’espace circonscrit que nous avons indiqué et à la 
surface duquel aucun dépôt ne s'était formé depuis la fin de l’époque car- 
bonifère. 

Ce qui frappe tout d'abord dans l'examen de cette faune, connue bien 
imparfaitement encore, puisque les éléments que nous possédons n'ont été 
recueillis que sur trois ou quatre points, c’est le prodigieux développement et 
la variété presque infinie du type des Térébratules. Nous en avons déterminé 
8 espèces. Sur ce nombre, 34 ou près des trois quarts sont nouvelles, et il y a 
en outre une vingtaine de variétés non moins distinctes. Ce genre comprend 
ainsi à lui seul près du quart de toutes les espèces que nous connaissons du 
tourtia; et lorsqu'on pense à la faible épaisseur de cette couche et à l'espace 
restreint dans lequel elle a été observée jusqu'à présent, on ne peut qu'être 
étonné qu'un seul type, après un laps de temps probablement assez court, 
vienne nous présenter, dans la combinaison de ses formes ou de,ses dimensions, 
une preuve tellement manifeste de l’admirable fécondité de la nature, qu'elle 
pourrait nous faire douter de la réalité de l'espèce considérée en elle-même. Si 
les découvertes ultérieures maintiennent cette proportion des Térébratules, le 
tourtia offrira sous ce rapport, et en tenant compte de toutes les circonstances 
accessoires, l'exemple le plus remarquable que l'étude des terrains de sédiment 
nous ait encore révélé. 

La réunion d’un aussi grand nombre d'espèces dans une même couche et l'état 
de conservation souvent parfait des individus nous ont paru une circonstance 
favorable pour en faire une étude particulière. Déjà M. le baron de Buch , à qui 
l'ordre des Brachiopodes doit d'être sorti de l'obscurité où les zoologistes 
l'avaient longtemps laissé relativement aux espèces fossiles, avait indiqué 
dans ses premiers mémoires toute la ressource que l’on pouvait tirer de la struc- 
ture du test des Térébratules pour leur distinction spécifique, et M. Deshayes, de 
son côté, nous l'avait également signalé. Plus tard, M. Carpenter (1), en s’occu- 
pant de la structure du test des coquilles en général, avait bien remarqué les 
ponctuations de certaines Térébratules ; mais la conséquence qu'il déduisit 
de la présence des perforations dans les espèces lisses et de leur absence dans 
les espèces plissées prouve seulement qu'il n’avait examiné qu'un petit nombre 


(1) ep. Brit. assoc. at York. 1844. London, 1845, p. 1. 


294 RAPPORT (QC 
de ces dernières. M. Glocker a donné depuis peu (1), dans ses observations 
sur une Térébratule du Jura de Moravie, des grossissements de la structure du 
test, qui permettent d'apprécier limportance de ce caractère. Mais ces tenta- 
tives partielles semblent être restées jusqu'à présent sans application suivie et 
méthodique (2). 

La conservation du test est quelquefois un obstacle à l'observation de sa 
structure, à moins qu'on ne vienne à le briser, et il en est de même de 
son altération plus ou moins complète. Dans quelques cas, les perforations sont 
remplies d’une matière étrangère et la forme en est oblitérée La présence de 
granulations en relief, sur chaque feuillet du test que l’on détache, est presque 
aussi fréquente, dans certaines Térébratules, que les perforations dans d’autres, 
quoique jusqu'à présent ces dernières seules aient été signalées. Il faut distin- 
guer, en outre, les ponctuations en relief de la surface extérieure et que j'appellerai 
arénacées. Celles-ci, tantôt sont en rapport avec les perforations ou les granula- 
tions de l'intérieur ou des feuillets sous-jacents, tantôt en sont parfaitement in- 
dépendantes. Ces divers accidents n’ont point d’ailleurs de relation , dans leur 
disposition ordinairement assez symétrique et régulière , avec les stries exté- 
rieures plus ou moins délicates dont certaines espèces sont ornées. Dans d’autres, 
à plis nombreux, et dans lesquelles les ponctuations manquent ou ne s’observent 
qu'à l’aide d'un grossissement très considérable, on remarque une structure 
fibro-capillaire qui n’a pas encore été signalée non plus. Tous les grossissements 
que nous donnons ont été faits avec la même lentille, de manière à pouvoir être 
facilement comparés. Nous ne regardons d’ailleurs cette partie de notre travail 
que comme un essai très incomplet et qui doit être continué et perfectionné pour 
conduire à quelques résultais précis ; on ne peut en déduire quant à présent, 
aucune généralité, et à plus forte raison une base de classification méthodique. 
Ce sont de simples matériaux qui pourront peut-être conduire à atteindre ce 
dernier but lorsqu'on en aura suffisamment augmenté le nombre. 

Ces espèces nouvelles de Térébratules et les variétés qui viennent se grouper 
autour d'elles ne sont point, pour la plupart, des modifications de formes déjà 
plus ou moins connues ailleurs ; elles nous offrent des caractères spéciaux qui 
semblent annoncer, aussi bien que leur variabilité même, des conditions exté- 


(4) Nov. acta Acad. Ces. Leop. cur. naturæ, vol. XXI, p. 493. — 1845. 

(2) Au moment de mettre ce Mémoire sous presse, nous trouvons dans le n° 8 du Quarterly journ. 
de la Soc. géol. de Londres (nov. 1846, p. 382), un article fort intéressant de M. J. Morris, sur la 
division du genre Térébratule; mais il nous est impossible d'admettre, quant à présent, malgré toute 
notre estime pour le savant naturaliste anglais, le principe fondamental de ses deux divisions : savoir, 
que certaines positions du trou relativement au bec, sa forme, son caractère et son rapport avec le 
deltidium accompagnent toujours la présence ou l'absence d'une structure ponctuée. Les exceptions 
à ce principe nous paraissent encore si nombreuses, qu’il peut être hasardé d’en vouloir faire la base 
d’une classification. 


(N:7,p. 5.) SUR LES FOSSILES DU TOURTIA. 295 
rieures toutes particulières aussi. Un coup d'œil jeté sur quelques-uns de ces 
groupes fera mieux ressortir notre pensée. 

Ainsi la T. nerviensis (pl. XVII), au type de laquelle se rattachent six variétés, 
n'a rien de réellement analogue dans la formation crétacée, et il faudrait remonter 
peut-être jusqu'aux premières couches oolitiques, pour trouver quelques formes 
qui F'avoisinent. Mais si, d’une part, les caractères du crochet, de louver- 
ture, de l’aréa et du deltidium rapprochent les sept formes que nous avons 
distinguées, de l’autre, les différences de ces formes elles-mêmes ne sont pas 
moins tranchées. La coquille, d'abord parfaitement elliptique (fig. 2), par l’élar- 
gissement successif de l'angle apicial, produit un rhombe (var. a, fig. 3), puis 
une ellipse transverse ( var. b, fig. A). L’allongement des arêtes cardinales et le 
bombement des valves donnent une coquille pyriforme à bords arrondis (var. €, 
fig. 5), tandis que leur extrème dépression en arrière fait disparaître toute trace 
de sinuosité sur le front et produit une coquille cunéiforme (var. e, fig. 7). Un 
plus grand allongement de ces arêtes cardinales rend l'angle apicial encore plus 
aigu, et l'on a la variété d (fig. 6). Enfin une sorte de dégénérescence de toutes 
les forces vitales de l'animal semble avoir amené la variété /f(fig. 8 ), dans la- 
quelle on reconnaît encore, malgré sa petitesse, les caractères essentiels de 
l'espèce. 

Si à la T. nerviensis on réunit les T. tornacensis, Viquesneli, Bouei, Roemeri 
et crassa (pl. X VIT), on aura six espèces et neuf variétés constituant un groupe de 
coquilles qui ont pour caractère commun un deltidium secteur toujours grand, 
un crochet large, proéminent, peu courbé et tronqué très obliquement par 
une ouverture grande et ronde. L’angle formé par le plan de la commissure des 
valves et celui qui passerait par la troncature du crochet ne varie qu'entre 25 
et 30°. 

Les T. nerviensis et Viquesneli ont le front simple et à peine ondulé dans les 
vieux individus, tandis que îes T°. tornacensis , crassa, Bouei, Roemeri, Boubei, 
Royst, rustica, revoluta et crassificata (pl. XIX) ont un double pli plus ou moins 
prononcé sur le front. Les T. capillata (pl. XX), arenosa , subarenosa (pl. XXI . 
gussignisensis et subconcava (pl. XIX ) ont leur surface striée ou très finement gra- 
nuleuse ; leurs forines sont arrondies et suborbiculaires ; le crochet est court; le 
deltidium presque nul et l'ouverture touche le crochet de la valve ventrale. 

En joignant aux six espèces dont la T. Verneuili est le type le plus pro- 
noncé (pl. XX), la T. arcuata, Roem. et une autre espèce inédite de la craie de 
Rouen, on obtient encoreun autre groupe naturel bien caractérisé par des plis plus 
ou moins nombreux, plus ou moins prononcés, très courts, froncés, squameux, 
arqués et divergents du centre des valves ou des crochets vers les bords, où ils se 
montrent plus constamment. Enfin d’autres espèces, telles que les T. Beaumonti, 
Dufrenoyi , Desnoyersi, Deshayesii et orthiformis, constituent jusqu’à présent des 
types isolés ou indépendants. 


296 RAPPORT (N: 7, p. 6.) 


Après les Térébratules, ce sont les Trochus , les Turbo et les Pleurotomaires 
qui nous offrent Les formes les plus nombreuses et les plus variées. Sur vingt-six 
espèces, trois seulement sont étrangères au tourtia et ont déjà été signalées ail- 
leurs. Ainsi les Térébratules , regardées ordinairement comme habitant les eaux 
profondes, et les trochoïdes , qui vivent au contraire non loin de la plage, se 
trouvent réunies à la fois, et sont aussi les coquilles les plus abondantes de la 
couche qui nous occupe, dont les caractères pétrographiques annoncent plutôt 
un dépôt littoral qu’un sédiment pélagique. 


DESCRIPTION DES ESPÈCES. 


RADIAIRES. 


ÉCHINODERMES. 
HOLASTER NODULOSUS, Ag., Catal. syst., p. 4. 
Spatanqus nodulosus, Gold., pl. 45, fig. 6 a, b, c, S. id. Des Moul., p. 256. 


L'échantillon recueilli à Tournay ne diffère de la figure donnée par M. Goldfuss que par sa di- 
mension un peu moindre. Il présente, comme ceux que nous avons trouvés dans le grès vert de 
Gacé (Orne), un caractère assez rare dans ce genre, et qui n’a pas encore été signalé par les auteurs 
qui se sont occupés de cette espèce : c’est que les tubercules principaux, au nombre de 16 à 20, ir- 
régulièrement épars à la partie supérieure du test, de même que ceux qui, réunis à la face inférieure, 
forment trois régions, dont une médiane et deux latérales, sont tous visiblement perforés au centre. 

Tournay, Gacé (Orne), grès vert; Essen, craie marneuse; Chut-Farm, Wiltshire, grès vert. Nous 


avons quelques doutes sur les localités du Reposoir, de Castellane et de Barrême, où M. Des Moulins 
cite encore cette espèce. 


CATOPYGUS COLUMBARIUS, Ag., m. s., pl. XIII, Üg. 3, à, 6, c. 
Nucleolites columbaria, Lam. et auctorum (non N. carinatus, Gold.). 


Corps oviforme, un peu déprimé, rétréci en avant, élargi en arrière, arrondi sur les côtés et 
atteignant sa plus grande élévation en arrière du sommet organique. Base convexe. Bords inférieurs 
arrondis. Sommet sub- central, occupé par une plaque ovalaire, madréporiforme ou spongieuse, et pré- 
sentant quatre pores génitaux. Cinq ambulacres sub-pétaloïdes, allongés, ouverts à leur extrémité infé- 
rieure et se continuant jusqu’à la bouche. Dans le plan supérieur, chaque ambulacre est composé de deux 
séries de pores distincts; l’une externe, dont les pores sont allongés obliquement; l’autre interne , 
dont les pores sont ronds; une dépression oblique à peine sensible les réunit par paires. Sur le pour- 
tour du test, les pores tendent à disparaître, mais se continuent cependant en ligne droite jusqu’à la 
base. Ils sont alors beaucoup plus petits, réunis très obliquement par paires, ou même placés l’un 
au-dessus de l’autre, jusque dans le voisinage de la bouche, où, s’écartant de nouveau, ilsse doublent et 
forment dix pétales anguleux accouplés deux à deux. Chaque pétale est composé de deux rangées de 
pores géminés, et il y en a quelques uns isolés à l’intérieur, vers la base des tubercules qui entourent 


CN: 7, p. 7.) SUR LES FOSSILES DU TOURTIA. 297 


la bouche (fig. 3, c). Celle-ci, placée diamétralement sous le sommet, est pentagone, allongée , 
entourée de cinq tubercules très finement granuleux, qui correspondent aux côtés du pentagone et 
séparent les ambulacres pétaloïdes géminés qui s’appuient sur leur base. Anus dans le plan postérieur, 
plus rapproché du bord postérieur que du sommet. Le test est couvert de granulations très fines, 
inégales , irrégulièrement disséminées et plus prononcées sur la base, où plusieurs d’entre elles sem- 
blent être perforées. — Hauteur en arrière du sommet, 2 millim. ; diamètre antéro-postérieur, 31 : 
diamètre transverse vers le tiers postérieur, 24, : 

Cette espèce, dont nous ne connaissons point de figure, diffère du C. carinatus , Ag. (Nucleolites 
id, Gold., pl. 43, fig. 11), avec lequel M. Des Moulins l’a confondu , par sa forme générale plus 
allongée , plus déprimée et par conséquent moins globuleuse. Le C. Zœvis(Nucleolites id. Defr.), de 
la craie du Cotentin, s’en distingue, à son tour, parce qu’il est rétréci en arrière, plus caréné, et 
que ses ambulacres sont plus étroits. Le Nucleolites pyriformis Gold. (pl. 47, fig. 7) est plus hémi- 
sphérique et sa base est légèrement concave. Le C. fenestratus, Ag., de la craie de Ciplv et du Coten- 
tin, est au contraire moins hémisphérique; le sommet organique est en même temps le point culmi- 
nant du test, qui est lui-même plus caréné et plus relevé en arrière. — Tournay. La confusion qui 
a été faite entre cette espèce et d’autres qui en sont plus ou moins voisines, nous empêche de pré- 
ciser son gisement ailleurs que dans les couches à Ichthyosarcolites de Fouras (Ghar.-Inf. ). Les 
espèces qui lui ressemblent le plus sont de la craie supérieure de Belgique, du Cotentin et de la craie 
glauconieuse de l'O. de la France. 


PYGURUS PULVINATUS, nov. sp., pl XIIT, fig. 5, a, à, c, d. 


Corps allongé, sub-pentagonal, déprimé en dessus, concave en dessous, tronqué carrément en 
avant, élargi vers la partie médio-postérieure, etse prolongeant ensuite en une espèce de rostre. Sommet 
sub-central, presque au niveau du point culminant. Quatre pores génitaux entourant un bouton cen- 
tral spongiforme. Cinq ambulacres sub-pétaloïdes, ouverts et se prolongeant jusqu’à la bouche, com- 
posés, dans la partie supérieure, de deux séries de pores égaux, parallèles et réunis par une strie. En 
s’abaissant vers le pourtour du test, les pores géminés se rapprochent de plus en plus, se placent obli- 
quement, l’un par rapport à l’autre dans chaque couple , puis après, l’un au-dessus de l’autre, de 
telle sorte que l’ambulacre n’est plus composé que de deux séries simples de pores. Autour de la 
bouche, on observe un nouveau doublement des pores, peu régulier et simulant une étoile imparfaite. 
(Ge caractère a été mal rendu dans la fig. 5, a). Bouche sub-centrale correspondant au sommet, en 
rhombe allongé, enfoncée, à bords arrondis, et très oblique par rapport à l’axe du test. Anus grand, 
ovalaire, placé dans le bord inférieur. Surface du test couverte de granulations fines, égales, entou- 
rées d’un cercle lisse , et dont les intervalles sont remplis par des rugosités beaucoup plus délicates. 
(Ce caractère est incomplétement exprimé dans la fig 5, d.) — Hauteur au sommet, 11 millim. : 
diamètre antéro-postérieur, 21 ; diamètre transverse en arrière du sommet, 16. 

Ce Pygurus se distingue des espèces jusqu’à présent connues , par la position très oblique de la 
bouche, caractère qui n’avait même pas encore été observé dans les échinides à ambulacres péta- 
loïdes, et qui pourrait peut-être servir à l'établissement d’un nouveau genre, s’il se reproduisait dans 
plusieurs espèces. — Tournay. 


PYRINA DES MOULINSII, nov. sp., pl. XII, fig. 4, a, b, c, d. 


Corps elliptique, régulier, symétrique , déprimé en dessus, régulièrement arrondi sur les côtés et 
concave en dessous. Sommet sub-central, un peu pius bas que le point culminant situé plus en arrière. 
Quatre pores génitaux entourant une plaque spongieuse madréporiforme. Cinq pores oculaires très 
distincts au sommet de chaque ambulacre. Cinq ambulacres droits, se continuant jusqu’à la bouche, 


298 RAPPORT Er. 0) 
et composés de deux séries linéaires de pores très rapprochés, réunis par une strie transverse. En 
passant en dessous, les pores géminés de chaque série deviennent de plus en plus obliques, et finissent 
par ne plus constituer que deux séries de pores simples, qui joignent ainsi le pourtour de la bouche. 
Celle-ci est grande, elliptique, allongée dans le sens du grand axe, quoique un peu oblique, et placée 
exactement au-dessous du sommet organique. Anus elliptique, au milieu du bord postérieur. Partie 
supérieure du test couverte de tubercules lisses, peu élevés, mais nettement circonscrits, égaux, dis- 
séminés sans ordre , et dont les intervalles sont remplis de granulations très fines , très serrées et très 
régulières. En dessous, et en se rapprochant de la bouche, les tubercules sont plus nombreux et leur 
grosseur est moins uniforme. -— Hauteur, 41 millim. 1/2; diamètre antéro-postérieur, 22 ; diamètre 
transverse, 16 1/2. 

La forme elliptique très régulière, allongée et déprimée de la P. Des Moulinsit la distingue très 
bien de toutes ses congénères. Le genre Pyrina, établi par M. Des Moulins, et circonscrit comme l’a 
fait M. Desor, nous paraît bien caractérisé et avoir pour type le /Vucleolites ovulum de Lamarck, 
diffèrent de l’espèce représentée sous ce nom par M. Goldfuss (pl. 43, fig. 2). Nous regrettons que 
M. Desor n’ait pas discuté les caractères de ces échinides en décrivant la P. ovulum, dont les dessins, 
pl. 5, fig. 35-37 (Monogr. d’Échinides, liv. 3°, p. 26), ressemblent parfaitement aux individus que 
nous avons trouvés dans la craie de Tours. Ainsi, d'une part, le savant collaborateur de M. Agassiz 
ne mentionne pas le Vucleolites ovulum de Lamarck, que nous regardons comme le type du genre, 
ni celui de M. Goldfuss, qui est une espèce distincte ; et de l’autre, M. Des Moulins laisse le premier 
avec les Nucleolites, en lui assignant (page 203) une bouche pentagonale avec cinq tubercules autour, 
lesquels n’existent ni dans l’espèce de Lamarck, ni dans celle de M. Goldfuss. — Tournay. 


GALERITES SUBSPHÆROIDALIS, nov. sp., pl XIIL, fig. 2, @, b, c. 


Corps presque sphéroïdal, obscurément pentagonal , très élevé en dessus, fort arrondi sur les côtés 
et convexe en dessous. Sommet central. (Le test, un peu altéré, n’a pas permis de décrire les détails 
organiques de cette partie). Cinq ambulacres droits, égaux, symétriques , également espacés , s’élar- 
gissant vers le milieu des côtés, et se rétrécissant ensuite jusqu’à la bouche, formés de deux séries de 
pores géminés, très rapprochés et peu apparents. Bouche centrale, ovalaire, un peu oblique par rap- 
port à l’axe antéro-postérieur. Anus ovalaire, placé à la naissance de la courbure du plan inférieur. 
Surface couverte de nombreux tubercules, lisses nettement circonscrits, plus ou moins détachés sur 
la base où ils sont plus rapprochés, souvent perforés et entourés de granulations très fines qui occu- 
pent tout l’espace qu’ils laissent entre eux. — Hauteur, 28 millim. ; diamètre antéro-postérieur, 30 ; 
diamètre transverse, 29. 

Cette espèce est caractérisée par sa forme générale. Elle est plus sphéroïdale que le G. subrotundus, 
Ag., Des. (pl. 2, fig. 11-14), moins renflée, par conséquent à sa partie supérieure, plus arrondie, 
au contraire, sur les côtés, et surtout à la base, qui est très convexe et se confond avec ces derniers. 
Eu outre, la fig. 44 montre que le pentagone est plus élargi en arrière qu’en avant (1), caractère que 
M. Desor regarde comme général dans les Galérites, tandis que c’est précisément l'inverse dans notre 
espèce. Le G. globulus, Des. (pl. 4, fig. 1-4), diffère du G. subsphæroidalis, en ce qu’il est beaucoup 
plus surbaissé, et que l’angle postérieur du pentagone est plus prononcé. Dans l'espèce qui avait servi 
de type au genre G/obator, aujourd’hui abandonné par son auteur, l’anus est placé beaucoup plus haut. 


— Tournay. — Les espèces qui avoisinent le plus la nôtre appartiennent à la craie blanche et à la 
craie {ufau. 


(1) Il est vrai que la figure 11, qui devrait reproduire ce caractère, ne l'indique nullement, et n’est pas 
même symétrique. 


(N. 7: p- 9.) SUR LES FOSSILES DU TOURTIA. 299 


SALENIA RUGOSA , nov. Sp., pl. XIII, fig. 6, a, b, c, d. 


Corps sphéroïde, déprimé, un peu plus élargi vers la partie supérieure qu’à la base. Appareil ovi- 
ductal central, composé de cinq plaques ovariales, de cinq plaques inter-ovariales et d’une plaque sur- 
anale. Toutes sont rugueuses ou chagrinées. Anus excentrique, rond , bordé par le relèvement des 
deux plaques ovariales antérieures et de la plaque sur-anale. Celle-ci, un peu plus petite que les pla- 
ques ovariales, présente à son pourtour quatre lobes arrondis et un trou au milieu. Plaques ovariales 
postérieures divisées en cinq lobes arrondis, dont un plus grand forme le bord. Plaques antérieures 
tronquées par l'anus, et toutes les cinq percées d’un trou assez grand qui correspond au lobe exté- 
rieur de chacune d’elles fig. 6, c). Plaques inter-ovariales beaucoup plus petites, triangulaires et à 
angles arrondis. 

Ambulacres un peu sinueux: Pores géminés très rapprochés, portés sur de petits tubercules obliques. 
Aires ambulacraires présentant deux rangées de granulations régulières, et entre elles, des granula- 
tions plus fines irrégulièrement disséminées. Aires inter-ambulacraires garnies de deux rangs de tuber- 
cules mamelonnés , dont deux ou trois plus gros vers la partie supérieure, et les autres diminuant de 
plus en plus jusqu’à la bouche. La base conique des tubercules est lisse, et la partie supérieure qui 
porte le mamelon est crénelée. Des granulations assez espacées entourent la base des tubercules, et 
d’autres plus fines occupent l’espace que les tubercules laissent entre eux. Ouverture buccale grande, 
circulaire, ou mieux décagonale. Les cinq côtés qui correspondent aux aires ambulacraires sont plus 
grands que les cinq autres, et à chaque angle, se trouve un pli relevé en forme d’oreillette. -— Hau- 
teur, 14 millim.; diamètre, 45. ï 

Cette espèce se distingue de ses congénères par la surface rugueuse et chagrinée de l'appareil ova- 
rial et par sa forme générale, élargie vers le haut, en forme de dôme. — Tournay. 


Copiopsis DOMA, Ag., pl. XIIF, fig. À, a, b, c, d, e. 


Echinus doma, Desm. Dict. des Sc. nat., t. 37, p. 101, id. de Blainv. ZoopA., p. 210, 
Man. d'actin., p. 229. 


Test régulier, pentagone, élevé en forme de dôme. Sommet central. Anus pentagone, à angles arron- 
dis, entouré de dix plaques peu apparentes, formant une étoile à dix pointes, dont cinq, aboutissant aux 
ambulacres, portent à leur extrémité un pore oculaire, et les cinq autres, ayant chacune un pore génital, 
correspondent au milieu des aires ambulacraires (fig. 1, c). L'une de ces dernières présente une surface 
madréporiforme. Ambulacres étroits, droits, s'étendant du sommet à la base, et s’élargissant un peu 
vers le milieu de la ‘hauteur, formés de deux séries linéaires de pores très rapprochés et non géminés 
au dehors. A l’intérieur du test (fig. 1, e), les deux rangées internes de l’ambulacre ont les pores 
plus grands et plus allongés transversalement. Vers la bouche, les ambulacres s’élargissent brusque- 
ment, les pores se dédoublent, une troisième rangée s’intercale entre les deux premières, et les am- 
bulacres se joignent presque, sur le pourtour de l'ouverture. Celle-ci est grande, pentagonale, et ses 
angles arrondis correspondent au milieu des aires inter-ambulacraires. 

La surface du test, vue en dessus, sans aucune trace de tubercules ni de granulations, est parfaite- 
ment uniforme et couverte de stries longitudinales très fines, très serrées, courtes, sinueuses, diver- 
sement recourbées et formant des dessins tantôt ressemblant à une étoffe de soie moirée ou vermiculée, 
tantôt à une peau de chagrin extrêmement délicate. Sur le pourtour inférieur du test, à partir de l’élar- 
gissement des ambulacres, des tubercules mamelonnés, à base étroite et lisse, disposés en deux séries 
longitudinales de sept chacune, occupent les aires ambulacraires élargies. Quatre séries inégales de 
tubercules semblables, et posées en chevrons la pointe en bas, occupent les aires inter-ambulacraires. 


SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. II. Mém. n° 7. 39 


300 RAPPORT (N: 7, p. 10.) 


Les deux grandes séries formées de sept à huit tubercules sont contiguës aux ambulacres, et deux 
plus petites, de trois ou quatre tuhercules seulement, sont comprises dans l’angle que forment les 
précédentes. L'ensemble de ces groupes de tubercules forme une étoile fort élégante autour de l’ori- 
fice buccal. — Hauteur, 22 millim. ; diamètre, 28. 

Ce bel Echinide, quoique déjà connu, n’avait pas encore été figuré ni suffisamment décrit. Il a 
servi à M. Agassiz de type pour l'établissement du genre Codiopsis, qui ne renferme jusqu’à présent 
que deux espèces, l’une dont le gisement n’est pas connu, et celle-ci, qui n’a encore été rencontrée 


que dans le poudingue de Tournay. M. Desor nous a signalé tout récemment le présence de cette 
espèce, ou d’une très voisine, dans le grès vert du Mans. 


STELLÉRIDES. 


PENTACRINITES. 


Une articulation de Pentacrine fruste, et dont les faces glénoïdales sont trop usées pour être bien 
déterminées, se rapproche du P. Buchii, Roem. (pl. VI, fig. 2), qui provient de la craie supérieure 
de Rugen, et de la craie inférieure du Hanovre. — Gussignies. 


ANNÉLIDES. 


SERPULA SULCATARIA, nov. Sp., pl. XIV, fig. 41, a 


Corps allongé, sub-cylindrique, recourbé et tordu à la partie inférieure, épaissi à l’ouverture , 
sillonné dans toute sa longueur par quatre sillons principaux, qui deviennent plus larges et plus 
profonds vers l’extrémité inférieure recourbée. La coupe transverse de cette dernière donnerait un 
polygone irrégulier à six pans. Surface lisse ou recouverte de stries d’accroissement fines , arquées 
dans l'intervalle des sillons, et dont la concavité est tournée vers l’ouverture. (Ces stries ont été omises 
par le dessinateur.) 

Cette Serpule se distingue surtout par ses rs qui remplacent les côtes longitudinales qu’on 


rencontre dans beaucoup d’espèces, dont la surface n’est pas entièrement unie et régulière. — 
Tournay. 


SERPULA (indét.). 


Une seconde espèce lisse, provenant de la même localité et ie la même couche, n’est pas assez 
bien conservée pour être décrite. 


CONCHIFÈRES DIMYAIRES. 


FISTULANA. 


Des perforations dues à des coquilles de ce genre, et remplies postérieurement, s'observent souvent 
à la surface du calcaire ancien, sur lequel repose le poudingue ; mais les échantillons de la collection 
de M. Léveillé, ne nous permettent pas de déterminer les caractères spécifiques des animaux qui 
les ont formées. 


PHOLADOMYA GIGAS, d'Orb., pl. 366. — PACHYMYA GIGAs, Sow., pl. 504-505. 


Nous avons quelques doutes sur l’identité de la coquille de Tournay avec celle figurée d’abord 
dans le Mineral conchology, et plus tard dans la Paléontologie française ; car dans celle du tourtia, 
le côté antérieur paraît être moins court, moins rétréci et plus arrondi; et les bords supérieur ei 
inférieur de la coquille sont parallèles. Le bombement qui, partant des crochets, se dirige en s’atté- 


(N- 7, p.41.) SUR LES FOSSILES DU TOURTIA. 301 


nuant vers l’angle inféro-postérieur , quoique fort élevé, est plus arrondi et ne forme pas de carène 
saillante, comme dans la Pholadomya ou Pachymya gigas. Le mauvais état du seul échantillon que 
nous avons sous les yeux ne permet pas d’ailleurs de rien préciser à cet égard. — La coquille 
d'Angleterre vient du grès vert de Lyme Regis; celle de France est signalée dans le grès ferrugineux 
du Mans (Sarthe), que nous regardons comme son équivalent , et dans les calcaires marneux de la 


Malle (Var). 


CRASSATELLA QUADRATA , nov. sp., pl. XIV, fig. 4, a. 


Coquille en forme de quadrilatère à angles arrondis , très inéquilatérale et assez épaisse. Sommets 
petits, sub-terminaux, recourbés et contigus. Un bombement prononcé, arrondi, partant des sommets, 
se dirige en s’aplatissant vers l’angle inféro-postérieur de chaque valve. Bord supérieur ou cardinal 
presque parallèle au bord inférieur. Surface de la coquille couverte de stries régulières, fines, 
serrées, concentriques et équidistantes, excepté sur le côté postérieur, entre le bombement et le bord 
supérieur, où elles sont lamelleuses et plus espacées, plusieurs des stries du milieu s’y réunissant en 
une seule. Lunule cordiforme, grande, assez enfoncée. Corselet lancéolé, peu profond. Bord inté- 
rieur des valves crénelé. — Hauteur 35 millim. ; longueur 40; épaisseur 28. 

La charnière des échantillons que nous avons pu examiner était trop mal conservée pour être 
décrite, quoique par son ensemble elle nous ait déterminé à placer cette coquille parmi les Crassa- 
telles. La C. quadrata ressemble à la C. Guerangeri d'Orb. (pl. 265, fig. 1-3) ; mais elle en diffère 
par sa forme générale moins allongée, par ses crochets moins saillants et plus terminaux, par son” 
côté antérieur , beaucoup plus court et plus étroit, tandis que le côté postérieur est plus élargi, ce 
qui est l'inverse dans la C. Guerangeri. Elle diffère également de la C. ligeriensis d’Orb. (ib., f. 3-5), 
par sa forme plus régulièrement carrée, ses crochets moins saillants, le parallélisme des bords 
supérieur et inférieur , et par l'absence d’un pli sur le côté anal. — Tournay. 


CRASSATELLA SUBGIBBOSULA, nov. sp., pl. XIV, fig. 2-3. 


Coquille transverse, sub-rhomboïdale, inéquilatérale, épaisse. Crochets enflés, proéminents, très 
recourbés , contigus , et d’où part une côte arrondie qui se dirige vers l’angle inféro-postérieur. Un 
pli partant du bord et se dirigeant vers le crochet divise en deux parties égales l’espace compris 
entre cette côte et le bord supérieur . Côté antérieur court, resserré, anguleux à sa jonction 
avec le bord supérieur, très arrondi, au contraire vers le bas, pour se confondre avec le bord 
inférieur. Celui-ci, droit et parallèle au bord cardinal, forme un angle très prononcé avec le 
bord postérieur qui remonte obliquement pour rejoindre le bord cardinal, avec lequel il forme un 
angle obtus. Surface de la coquille couverte de stries transverses, profondes, équidistantes , serrées, 
lamelleuses en arrière, surtout en passant sur la côte et le pli, de même qu’à leur jonction avec le 
bord du corselet. Lunule grande, profonde, cordiforme. Corselet également grand, profond et lancéolé. 
Charnière imparfaitement connue. Test fort épais. Bord intérieur des valves finement et profondément 
dentelé. — Hauteur 31 millim. ; longueur 41; épaisseur 27. 

Gette espèce, comme son nom l'indique, ressemble à la C. ghbosula Lam., Desh. (pl. 5, fig. 5-7), 
qui provient du calcaire grossier des environs de Paris; mais on peut l’en distinguer par ses crochets 
plus renflés et plus proéminents, par son côté postérieur moins élargi, par l'absence de lamelles sur 
la partie antérieure et médiane du test, par la présence , au contraire, de stries profondes sur cette 
même partie, enfin, par son test plus épais et par les crénelures du bord interne beaucoup plus 
prononcées et plus égales. Le moule, que nous avons fait représenter fig. 3, a aussi quelque analogie 
avec celui de la €. Marrotina d'Orb. (pl. 266, fig. 8-9), du premier étage crélacé du S -O.; mais 
ilen diffère par ses empreintes musculaires moins profondes ou moins fortes et par son côté antérieur 
moins élargi. 11 fait voir en outre que les crochets sont plus rapprochés et que la coquille était beau 


302 RAPPORT NAT, p-42) 
coupe moins profonde aux extrémités, ce qui rend le moule plus fusoïde que celui dela €. Marrotina. 
— Montignies-sur-Roc, Tournay. 


CRASSATELLA TRAPEZOIDALIS, A. Roem., pl. 9, fig. 22. 


M. À. Roemer paraît n'avoir connu de cette espèce qu’un individu jeune, d’ailleurs parfaitement 
identique à ceux du même âge, que l’on trouve à Tournay, où les individus à l’état adulte atteignent 
des dimensions de plus du double de celles de la coquille du pläner kalk de Strehlen. La C. protracta 
Reuss., (pl, 37, fig. 15), quoique assez voisine, a ses crochets beaucoup plus terminaux, ce qui rend 


la coquille encore plus transverse. 


CORBULA ELEGANS ? d'Orb., pl. 388, fig. 14-47 ; non id. Sow., pl. 572, fig. 1. 


Nous rapportons à la coquille décrite et figurée par M. Al. d’Orbigny, sous le nom de C. elegans, 
une valve qui paraît, en effet, s’en rapprocher beaucoup, mais l'échantillon n’est pas assez complet 
pour avoir toute certitude à cet égard. Nous ferons remarquer, en outre, que si l’on compare des 
individus recueillis dans le grès vert de Blackdown, et parfaitement semblables à celui donné dans 
le Mineral conchology, sous le nom de C. elegans, lequel provient aussi de cette localité; il ne pa- 
raîtra pas possible de regarder la coquille représentée par M. d’Orbigny, et trouvée dans le grès vert 
du département de l'Yonne, comme étant la même que celle des collines du Devonshire. Le savant 
auteur de la Paléontologie française cite aussi la C’. elegans dans l’île de Wight, mais sans indiquer 
l'étage ; et nous ne pensons pas qu'aucun géologue anglais l’v ait encore signalée. — Tournay. 
Seignelay (Yonne). 


ASTARTE CYPRINOIDES, nov. sp., pl. XIV, fig. 5, à, b. 


Coquille transverse , elliptique, très inéquilatérale et bombée. Crochets renflés , recourbés, 
contigus. Bord cardinal arqué. Bord postérieur se continuant avec le bord inférieur par une 
courbe très arrondie. Bord antérieur court et également arrondi. Surface extérieure des valves pré- 
sentant une courbure régulière assez prononcée, et marquée par des stries d’accroissement profondes, 
inégalement espacées. Entre ces stries, on en observe d’autres beaucoup plus fines, mais assez 
apparentes dans le voisinage du corselet. Charnière composée, sur la valve gauche, de deux dents, l’une 
triangulaire, placée sous le crochet, l’autre oblique, lamelleuse, s’écartant en arrière. Une fossette 
entre ces dents recevait la dent médiane de l’autre valve. Corselet probablement très étroit et linéaire, 
Lunule peu distincte du bord cardinal antérieur. Bord intérieur des valves simple. —Hauteur, 32 mil- 
lim.; largeur, 37; épaisseur, 26. 

La forme elliptique, la grande épaisseur proportionnelle de cette coquille , et sa taille toujours 
plus petite, la distinguent des A. Beaumonti et transversa Leym. (pl. 4, fig. 4; et pl. 5, fig. 5), 
avec lesquelles elle offre au premier abord quelque ressemblance. La coquille figurée par M. Sowerby 
( Transac., Soc. géol. de Londres, 2° série, tom. IV, pl. 41, fig. 2) sous le nom de Zucina glo- 
bosa, et qui est du grès vert supérieur d'Angleterre, semblerait devoir être rapportée à l'A. cypri- 
noides, qui diffère de la Venus vectensis Forbes ( Quart. journ. geol. Soc. London, vol. 1, pl. 2, 
fig. 4), par sa charnière et l'épaisseur de son test. — Tournay. 


ASTARTE KONINCKII , nov. sp. , pl. XIV, fig. 4, à, b. 


Coquille orbiculaire, sub-équilatérale. Crochets petits, recourbés, surface extérieure des valves 
très régulièrement bombée et présentant la forme d’une calotte sphérique, couverte de stries d’ac- 
croissement concentriques, nombreuses, inégales, et entre lesquelles on en observe qui sont plus 
délicates et plus régulières, surtout dans le voisinage du corselet et de la lunule. Cette dernière 
est étroite et profonde. Bord cardinal très arqué. Charnière composée sur la valve gauche d’une dent 


“ 


pe S-) SUR LES FOSSILES DU TOURTIA. 303 


cardinale placée sous le crochet, avec une fossette en arrière ; puis au-delà, se voit une dent divergente. 
Bord intérieur des valves simple. — La hauteur , égale à la largeur , est de A8 millim ; épaisseur 22. 

Cette belle espèce n’est pas moins distincte de sescongénères, par sa forme exactement circulaire, 
que par la courbure régulière de ses valves. Celle qui s’en rapproche le plus est l'A. sfriata Sow., 
(pl. 520, fig. 1), du grès vert de Blackdown, et qui, quoique plus petite, présente une lame cardi- 
nale beaucoup plus épaisse. Ses crochets sont aussi plus proéminents; la lunule plus allongée et 
plus profonde; enfin, d’après M. Sowerby, la surface est couverte de sillons arrondis très nombreux 
et réguliers, tandis que dans l'A. Æoninchti, les stries concentriques sont irrégulières et inégales. 
Le test de l'A. sériata paraît être aussi beaucoup plus épais que dans la nôtre. La Lucina lenticularis 
Gold. (pl. 146, fig. 16), d’Aix-la-Chapelle, figurée aussi par M. Reuss (pl. 33, fig. 20 ), et dont la 
charnière ne nous est connue que par le moule qu’a figuré M. Geinitz (pl. 2, fig. 5, Die versteinerun- 
gen, etc.) est une coquille plus plate que celle du tourtia, et dont les stries de la surfacesont très fines et 


très règulières. — Tournay. 
CYPRINA INCERTA, nov. sp., pl. XIV, fig. 6, a. 
Astarte, id., Bull, , 2° sér., t. III, p. 335, 1846. 


Goquille sub-triangulaire , arrondie, inéquilatérale, transverse, gibbeuse en arrière. Sommet dé- 
primé. Crochet très petit, recourbé, touchant le bord cardinal. Côté postérieur arqué , s’unissant 
par une courbe continue avec le bord supérieur. Côté antérieur plus court et plus étroit. Bord infé- 
rieur presque droit. Un bourrelet aplati, peu régulier, partant du crochet, se dirige en se courbart 
vers l’angle postérieur, et, avec la dépression du sommet , rend la coquille gibbeuse et irrégulière. 
Surface extérieure couverte de stries d’accroissement peu régulières, inégales, formant souvent des plis 
concentriques assez gros, séparés par des sillons plus ou moins profonds. Lame cardinale épaisse, 
large, arquée, munie sur la valve gauche d’une forte dent médiane sous le crochet, d’une fossette 
profonde en avant, puis d’une dent rudimentaire suivie d’une seconde fossette. Sous la lunule , en 
arrière de la dent cardinale, se trouve aussi une petite fossette, et à l'extrémité, une dent rudimentaire 
comprimée. Bord intérieur des valves simple. —Hauteur, 18 millim. ; largeur, 21 ; épaisseur, 16. 

Les caractères ambigus, quoique assez complets, de la charnière, voisine de celle de certaines 
Cyprines, nous ont fait hésiter sur le genre auquel cette coquille devait être rapportée. Elle a quel- 
que analogie avec l’Asfarte macrodonta, Sow. (Transac., 2° sér., t. IT, pl. 38, fig. 8); mais elle est 
beaucoup plus gibbeuse , les crochets sont moins saillants, et la dépression du sommet manque dans 
la coquille de Gosau , ainsi que plusieurs particularités de la charnière. L’A. macrodonta est, en 
outre, couverte de stries transverses régulières, équidistantes, ce qui n’a pas lieu dans la €. éncerta. 
— Par sa forme bizarre, cette coquille se rapprocherait encore de quelques unes de celles que l’on 
a d’abord décrites sous le nom d’Uno, et dont on a fait depuis le genre Cardinia où Pachyodon ; 
puis de la Cytherea lamellosa, Gold. (pl. 149, fig. 8), du lias du Wurtemberg; de l’Astarte inw- 
quilatera, Nyst. (pl. 6, fig. L4), du terrain tertiaire inférieur de Belgique, et enfin d’autres formes 
anomales. — Tournay. 


VENUS LABADYEI , nov. sp., pl. XIV, fig. 7, a. 


Goquille elliptique, transverse, inéquilatérale, bombée. Crochets petits, recourbés, contigus, sans 
saillie et se confondant avec le bord cardinal, qui est arqué. Bord postérieur un peu élargi. Bord 
inférieur régulièrement arqué. Bord antérieur court et un peu rétréci. Un angle saillant, courbé, 
partant des crochets, se dirige en s’atténuant vers l'angle inféro-postérieur. Surface des valves cou- 
verte de stries concentriques peu prononcées, inégales. Corselet allongé, lancéolé. Écusson lancéolé, 
aigu. Ligament enfoncé, mais bien visible. Lunule peu distincte. Charnière inconnue. — Hauteur, 
44 millim. ; longueur, 19; épaisseur, 10. 

Cette espèce diffère de la Venus recordeana , d'Orb. (pl. 382, fig. 1-2), par sa taille plus petite, 


304 RAPPORT (N.7,p. 14.) 


par son côté antérieur plus court et plus rétréci, par l'angle des sommets plus prononcé, par son 
côté postérieur plus élargi, enfin par sa forme générale plus bombée. Ge dernier caractère la distingue 
également de la Venus Dupiniana d’Orb. (pl. 383, fig. 1-4), qui est déprimée, et dont le côté antérieur 
est beaucoup plus large et plus avancé. Il en est de même de la W. Robinaldina d'Orb. (ib. fig. 9). 
La V. neocomiensis, id. (pl. 384, fig. 7-10), est beaucoup plus haute et plus arrondie à son pourtour, 
etla V. rhotomagensis, id. (pl: 385, fig. 1-5), a les crochets plus renflés et plus saillants. La V. fabacea, 
Roem. (pl. 9, fig. 13), est moins transverse et presque équilatérale; la V. submersa, Sow. (Tran- 
sac., 2° sér., t. IV, pl. 17, fig. 4) est moins elliptique et a ses crochets beaucoup plus proéminente. 
Les V. ovalis et juba (Min. conc., pl. 567) sont plus déprimées et n’ont pas de carène. La V. Orbi- 
gnyana, Forbes (Quart. journ., vol. I, p. 237, pl. 2, fig. 5), est moins transverse, plus arrondie et 
moins distinctement carénée. La V. analoga (Transac. geol. Soc. London. 2° sér., vol. VII, pl. 45, 
fig. 20, 1846) du même auteur, et qui provient des couches crétacées de Trinchinopoly, dans l’Inde, 
en est aussi très voisine. Enfin quelques petites variétés de la Cytherea nitidula, Lam. n’ont jamais 
la carène dorsale qui caractérise la V. Labadyei. — Tournay. 


CARDIUM HYPERICUM, nov. sp., pl. XIV, fig. 9, a, à. 


Coquille sub-circulaire, inéquilatérale, renflée. Crochets proéminents, pointus, recourbés. Côté 
postérieur plus grand que l’antérieur ; surface couverte de stries rayonnantes, très serrées, très fines, 
profondes , également espacées, traversées par des stries concentriques aussi fines que les précé- 
dentes, mais superficielles, marquées de trous enfoncés, allongés, égaux et formant des séries régu- 
lières à la fois concentriques et rayonnantes, (Le grossissement, fig. 9 D, laisse un peu à désirer, en 
ce que les bourrelets qui séparent les trous ont trop de relief.) — Hauteur, 44 millim. 4/2; lar- 
seur, 140 1/2; épaisseur, 10. 

L'état fruste du seul échantillon que nous connaissions ne nous permet pas de compléter la des- 
cription de cette espèce, qui diffère du €. subhaillanum, Leym. (pl. 7, fig. 2), par sa forme moins 
transverse et plus haute, caractère qui la distingue également du €. Æaulinianwm d'Orb. (pl. 242, 
fig. 7-11), avec lequel elle aurait plus d’analogie, sans les ornements du test. Au lieu de pointes dans 
les sillons qui séparent les petites côtes rayonnantes, le €. Lypericum offre de petits trous allongés, 
très régulièrement disposés dans les stries dont les intervalles ne forment point d’ailleurs de côtes 
proprement dites. Les mêmes caractères l’éloignent encore du €. cenomanense d’Orb., (pl. 249, 
fig. 9). — Tournay. 


CARDIUM MIGHELINI, nov. sp., pl. XIV. fig. 8, 6. 


Coquille sub-orbiculaire , sub-équilatérale , uniformément renflée. Crochets médiocres, arrondis, 
recourbés et contigus. Bord antérieur arrondi. Bord postérieur coupé un peu carrément à sa jonc- 
tion avec le bord cardinal. Valves presque hémisphériques, divisées en deux parties inégales ; l’une 
antérieure, occupant les deux tiers de la surface et couverte de stries rayonnantes extrêmement régu- 
lières, fines et d'autant plus serrées qu’elles s’avancent davantage vers le côté antérieur ; l’autre, 
occupant le tiers postérieur, est ornée de côtes rayonnantes très délicates, au nombre de 30 à 35, 
séparées par des stries profondes, dans lesquelles on observe des tubercules ou de fines granu- 
lations serrées, arrondies, s’élevant un peu au-dessus des côtes qui les bordent. Stries transverses, 
nulles ou obsolètes. Bord intérieur des valves crénelé en arrière. Les dentelures deviennent de plus 
en plus délicates en s’approchant du bord inférieur , et semblent disparaître vers le bord antérieur 
de la coquille. Charnière inconnue. — Hauteur,16 millim.; largeur, 15; épaisseur, 16. 

Par sa forme générale, le €. Michelini ressemble au C. Aypericum , maïs on voit de suite qu'il 
s’en éloigne par les ornements de sa surface, lesquels le distinguent également bien des €. peregri- 
nosum d'Orb. (pl. 239, fig. 1-3), subhillanum Leym. (pl. 7, fig. 2), et hillanum Sow. (pl. 14. fig. 1), 


(Ne 7, p.15.) SUR LES FOSSILES DU TOURTIA. 305 


car, dans ces trois espèces, où la surface des valves offre deux systèmes de stries, les unes sont rayon- 
nantes sur un tiers de la surface, et sans granulations dans les sillons qui les séparent, et les autres 
sont concentriques sur le reste de la coquille, tandis que, dans notre espèce, toutes sont rayonnantes, 
mais seulement beaucoup plus prononcées et plus larges sur le tiers postérieur. Non seulement les 
stries longitudinales et transverses distinguent les trois espèces précédentes du €. Michelini, mais on 
retrouve encore cette disposition dans le €. éruncatum Sow. (pl. 553, fig. 3, Phill., pl. 43, fig. 14), 
du lias et dans le C. semipunctatum de Munst., Gold. (pl. 443, fig. 44), du coral-rag du Wurtem- 
berg, tandis que, jusqu’à présent, le caractère distinctif de l’espèce de Tournay ne s’observe que 
dans les C. furgidum Sow., semigranulosum id. et semistriatum Desh. du terrain tertiaire 
inférieur. 


. CARDIUM PRODUCTUM, Sow. Zransac. geol. Soc. of London, 2° sér., t. IL, pl. 39, fig. 15. 


Nous rapportons avec doute à cette espèce une coquille de Tournay trop incomplète pour être 
rigoureusement déterminée. Elle paraît être d’ailleurs plus courte et plus globuleuse que celle de 
Gosau , et le système d’ornementation est aussi trop usé pour aider à préciser le rapprochement. 


Opis ANNONIENSIS, nov. Sp., pl. XIV, fig. 40, a. 


Coquille triangulaire, très étroite, tronquée en arrière et arrondie en avant. Crochets très grands, 
pointus, recourbés. Surface des valves divisée en trois plans ou régions distinctes ; la région antérieure 
porte une côte longitudinale , arrondie , et, en avant de celle-ci, une seconde côte aplatie beaucoup 
moins prononcée. La région du milieu est faiblement arquée ; enfin la région postérieure est coupée 
brusquement et fait, avec le plan du milieu, un angle de moins de 90°. Un sillon large, qui se pro- 
longe jusqu’à la pointe du crochet, partage cette troisième région en deux autres d’imégale largeur, 
l’une concaye, et l’autre convexe. Des plis transverses, nombreux, assez réguliers, et des bourrelets 
plus prononcés ‘occupent particulièrement la région moyenne de chaque valve, passent ensuite sur les 
régions postérieure et antérieure, où ils s’atténuent plus ou moins, et donnent à toute la surface de la 
coquille un aspect rugueux et assez irrégulier dans les vieux individus. — Hauteur, 40 millim. ; lar- 
geur, 22; épaisseur, 35. | 

Cette espèce diffère de l'O. elegans d’Orb. (pl. 25h, fig. 4-9), par son côté postérieur concave et 
très rentrant, et par les deux côtes longitudinales de la partie antérieure, caractères qui la distinguent 
également des O. sabaudiana et Coquandiana d’Orb. (pl. 257, fig. 4-6 et 7-9). — Tournay. 


ISOCARDIA-ORBIGNYANA , nov. Sp. pl. XV, fig. 4, a, 6. 


Coquille très renflée, gibbeuse, sub-quadrilatère , à angles arrondis et très inéquilatérale. Crochets 
larges, un peu déprimés, arrondis sur les côtés et contigus. Bord cardinal presque droit et parallèle 
au bord inférieur, qui est faiblement arqué. Côté postérieur dilaté à sa jonction avec le bord supérieur. 
Côté antérieur court. Surface des valves couverte dans toute leur étendue d’un grillage régulier ex- 
trêmement délicat, formé par le croisement des stries concentriques fines et régulières avec des 
stries rayonnantes également fines , régulières et équidistantes. Charnière inconnue. Hauteur 
29 millim. ; largeur , 33 ; épaisseur, 29. 

Cette espèce est remarquable par l’élégance de sa surface qui la distingue de toutes celles que nous 
connaissons à l’état fossile. Il ne serait pas impossible que la connaissance de la charnière ne la fît 
plus tard placer dans une autre coupe générique, telle que les Cyprines ou les Gythérées. 


306 ‘ RAPPORT CN: 7, p: 46.) 


ARCA INSCRIPTA, NOV. sp. 


Le mauvais état des échantillons que nous avons sous les yeux ne nous a point permis de les carac- 
tériser d’une manière suffisante ni d’en donner un dessin. Leurs grandes dimensions (86 millim. de 
large sur 4h de haut), la forme très déprimée des crochets sub-terminaux, tellement la coquille est 
transverse, les bords supérieur et inférieur parallèles, le bord antérieur arrondi et dépassant à peine 
le crochet, tandis que le côté postérieur se prolonge obliquement en arrière, suffisent pour faire re- 
garder cette espèce comme distincte des Arches décrites jusqu’à présent dans la formation crétacée. 
Elle a quelque rapport avec l’A. Galliennet d'Orb. (pl. 314), que nous signalons aussi dans le pou- 
dingue tourtia ; mais les crochets sont encore plus terminaux, et la coquille moins haute est aussi 
beaucoup plus allongée. L’épaisseur des deux espèces est d’ailleurs à peu près la même. — Tournay. 


PECTUNCGULUS SUBPULYINATUS , nov. Sp., pl. XV, fig. 2, a, b, c. 


Coquille sub-orbiculaire, un peu oblique et sub-globuleuse. Crochets arrondis, renflés, recourbés et 
touchant le bord cardinal. Côté postérieur faiblement dilaté. Côté antérieur rétréci. Surface des valves 
couverte d’un grand nombre de côtes rayonnantes, très aplaties, inégales, déterminées par des stries 
rayonnantes, fort délicates, que croisent des stries concentriques nombreuses avec un point enfoncé 
à l’endroit du croisement. Surface du ligament assez grande et occupée par huit ou neuf stries brisées 
où en chevron sous le crochet. Lame cardinale arquée comme le bord et portant au milieu six ou 
sept dents courtes, peu apparentes, et, sur les côtés, sept dents plus prononcées, claviformes, un peu 
réfléchies à la base. Bord intérieur régulièrement crénelé à son pourtour. — Hauteur, 33 millim. : 
largeur, 32; épaisseur, 23. 

Cette espèce, comme son nom l'indique, a, par sa forme, ses dimensions et les ornements de sa 
surface, les plus grands rapports avec le P. pulvinatus Lam. du terrain tertiaire inférieur. On peut 
l'en distinguer cependant par son crochet plus renflé, par son bord cardinal plus épais, par les dents 
de la charnière non divergentes au milieu, moins nombreuses et plus fortes vers les extrémités de la 
lame cardinale. A en juger d’après le seul échantillon que nous connaissions, elle est aussi plus oblique 
que les individus les moins réguliers de l'espèce tertiaire: enfin les stries rayonnantes et transverses 
de la surface sont plus prononcées. Le bombement des valves dans le voisinage des sommets , joint à 
l'élévation des crochets arrondis au-dessus du bord cardinal, distingue en outre notre Pétoncle de 
ceux qui ont été jusqu’à présent signalés dans la formation crétacée. — Tournay. 


MYTILUS CLATHRATUS, nov. sp., pl. XV, fig. 4, a, 6. 


Coquille oblongue, renflée. Sommets terminaux , contournés, d’où part une carène très pronon- 
cée qui se dirige en se courbant vers l’angle inféro-antérieur, et donne à la coquille un aspect bossu. 
Côté antérieur très renflé et formant près des crochets une espèce d’oreillette, puis concave au-delà 
jusqu’à sa jonction avec le bord inférieur. Côté postérieur convexe et régulièrement arqué des cro- 
chets au bord inférieur. Toute la surface de la coquille est couverte d’un grillage très régulier etserré, 
résultant du croisement de lames ou côtes étroites, minces et rayonnantes, par des stries d’accroïsse- 
ment, semblables, équidistantes et régulières. — Hauteur, 12 millim ; largeur, 6; épaisseur, 44. 

Cette petite coquille est bien caractérisée par le grillage saillant et régulier qui la couvre entière- 
ment, et qui est proportionnellement plus épais que dans aucune autre espèce de ce genre. Le M. pul- 
cherrimus Gold. (pl. 131, fig. 9) est le seul dont le grillage ait quelque analogie avec celui du Y. 
clathratus, dont la carène élevée , les crochets terminaux et très recourbés, peuvent aussi servir à 
le bien caractériser. — Tournay. 


NT, p.47.) SUR LES FOSSILES DU TOURTIA. 307 


MYTILUS TORNACENSIS, nov. sp. , pl. XV, fig. 3,0. 


Coquille cunéiforme, sub - triangulaire, lancéolée et très allongée dansle sens de la hauteur. Crochets 
terminaux, petits, recourbés, et d’où part une carène anguleuse, arquée , très prononcée, divisant 
la surface des valves en deux parties inégales et aboutissant à l’angle antéro-inférieur. Côté antérieur 
coupé obliquement, à partir de la carène, un peu convexe près des crochets et légèrement con- 
cave dans le reste de son étendue. Bord antérieur droit. Bord supérieur ou du ligament , faisant 
avec le précédent un angle de 37° et se réunissant vers le milieu de la hauteur avec le bord postérieur 
par une courbe arrondie. Bord inférieur très court. Le côté postérieur de la valve s’abzisse douce- 
ment vers le bord. Des stries d’accroissement grossières , très prononcées, couvrent la partie anté- 
rieure de la coquille et sont dentelées assez régulièrement par des stries verticales ; de l’autre côté de 
la carène, les stries d’accroissement deviennent obsolètes, et la surface est presque lisse en remontant 
vers les crochets. — Hauteur, 48 millim. ; largeur, 21; épaisseur, 22. 

Ce Myfilus présente un ensemble de caractères trop prononcés pour n’être pas facilement reconnu. 
Son bord antérieur droit, l’élévation et la courbure de sa carène , la coupure brusque du côté anté- 
rieur et la dilatation du côté opposé le distinguent bien des M. éridens et prælonqus, Sow. (Transac., 
2 sér. ,t. 1V, pl. 17, f. 14-15, et Hoffmann Nils, pl. 4, f. 4. —His., pl. 48, f. 12), qui sont les 
seuls avec lesquels on pourrait d’abord le confondre. La carène qui se recourbe en arrière du cro- 
chet, comme dans la Modiola elegans Sow. (pl. 9, f. 2), le distingue surtout du 4Z. affinis Sow, 
(pl. 532, f. 1), ainsi que des Mytilus edentulus et lanceolatus id. (pl. 439, f. 2-3). Le M. tornacensis 
est une des espèces qui montrent le mieux la nécessité de réunir les Modioles aux vrais Mytilus. — 
Tournay. 

LITHODOMUS PYRIFORMIS, nov. sp., pl XV, fig. 5, 0. 


Coquille ovalaire, allongée. Sommets sub-terminaux, arrondis, un peu déprimés et presque conti- 
gus. Bords antérieur et postérieur arqués, se réunissant au bord inférieur par une courbe arrondie. 
Valves assez régulièrement convexes, un peu renflées vers le bord postéro- supérieur, couvertes de 
stries d’accroissement fines, serrées , inégales et plus prononcées vers la base. Ligament se prolon- 
geant presque jusqu’à la moitié du bord postérieur. Hauteur , 10 millimètres ; largeur, 6 et demi ; 
épaisseur , 6. 

Cette petite espèce, trop engagée dans la roche pour en donner les caractères complets, nous a paru 
assez distincte cependant pour être décrite. Le Z. avellana d’Orb. (pl. 344, fig. 15-16), s’en rappro- 
cherait un peu, mais il est plus elliptique , et sa taille paraît être toujours plus grande. — Tournay. 


MYOCONCHA CRETACEA, d'Orb., pl. 335. 


Le mauvais état de l’échantillon ne nous permet qu’un rapprochement très douteux. 


INOCERAMUS MYTILOIDES, Mant., pl. 28, fig. 2. ?? 


Le seul échantillon que nous ayons vu, plus altéré encore que le précédent, rend aussi sa détermi- 
nation plus douteuse. 


LIMA PENNATA, nov. sp. , pl. XV, fig. 6, 4, 4. 


Coquille très inéquilatérale , sub-semicirculaire. Crochets petits, touchant le bord cardinal. Côtés 
antérieur et supérieur, formant entre eux un angle presque droit. Côtés inférieur et postérieur ar- 
rondis en demi-cercle. Côté antérieur très court, coupé brusquement jusqu’au bord. Surface de la 
coquille couverte de stries rayonnantes , fines, serrées, profondes, dentelées de distance en distance 
et très finement ponctuées. Les ponctuations se trouvent tantôt au fond des stries, accompagnant les 


SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. IL Mém. n°7. 40 


308 RAPPORTF (N:7, p. 18. 
dentelures , tantôt occupant seules des stries intermédiaires moins prononcées. Sur le côté postérieur, 
formant une oreillette, les stries plus profondes laissent entre elles de petites côtes étroites, assez 
élevées et écailleuses. — Hauteur, 26 millim. ; largeur, 19; épaisseur , 12. 

Cette espèce, qui appartient à la section des Plagiostomes, se distingue surtout par les ornements de 
sa surface qui rappellent assez une barbe de plume ; aussi l'avons nous fait représenter, malgré le mau- 
vais état du seul échantillon que nous avons sous les yeux. La Z. plana, Roem. (oolith., pl. 13, 
fig. 18, Reuss., pl. 38, fig. 20), est la seule dont les ornements aient quelques rapports avec ceux de 
la Z. pennata, mais il suffit de les comparer avec attention pour s'assurer qu’ils ne diffèrent pas 
moins que la forme générale elle même des deux coquilles. — Tournay. 


LIMA RECTANGULARIS , nOV. Sp., pl. XV, fig. 7, a. 


Coquille déprimée, très inéquilatérale, crochets petits, pointus et touchant le bord cardinal. 
Bords antérieur et postérieur formant entre eux un angle de 95°, dont les crochets occupent le som- 
met. Oreillettes presque égales ; l’antérieure se confondant presque avec le bord. Côté antérieur 
tronqué brusquement et un peu concave. Côté postér'eur légèrement dilaté, et le bord du même côté 
s’arrondissant pour se réunir au bord inférieur semi--elliptique. La surface des valves offre quelques 
stries d’accroissement peu prononcées et peu régulières, excepté en s’approchant des oreillettes où 
elles sont plus apparentes et traversées par quelques stries rayonnantes. Lame cardinale triangulaire, 
arquée avec une fossette triangulaire, large et profonde au milieu. — Hauteur, 42 millim ; lar- 
geur, 34 ; épaisseur 47. 

Les caractères de cette espèce n’ont rien de bien tranché au premier abord, et beaucoup de Limes 
lui ressemblent; cependant on peut reconnaître qu’elle diffère de la Z. Æoperi Sow. (Plagio- 
stoma, id., pl. 380), en ce que l’angle au sommet ne dépasse pas 95°, ce qui la rend moins semi-lu- 
naire. Elle est aussi plus bombée , et le bord inférieur moins arrondi rend la coquille plus longue 
transversalement. La figure donnée par M. Al. d’Orbigny (pl. 424, fig. 10-13) diffère d’ailleurs un 
peu de celles du Mineral conchology, étant moins arrondie et l'angle au sommet moins obtus. La 
L. rectangularis diffère, en outre, de la Z. punctata (Plagiostoma, id. Sow.) et dela Z. tenuistriata 
de Munst., Gold. (pl. 101, fig. 3), par l'absence destries rayonnantes croisillées ou ponctuées à la surface ; 
et si l’on pouvait aller chercher un objet de comparaison aussi éloigné dans le temps, nous dirions que 
l'espèce dont nous nous occupons ressemble à un individu jeune de la Z. gigantea Desh. du lias, plus 
qu’à toute autre, La ZL. Zœvissima Reuss (pl. 38, fig. 14) est trop imparfaitement représentée pour 
essayer d’en rapprocher la coquille du tourtia. — Tournay. 


LIMA RESECTA , nov. sp., pl. XV, fig 8. 


Coquille ovalaire ou sub-elliptique , sub-équilatérale, renflée au milieu, tronquée à sa partie supé- 
rieure, ornée de côtes et de sillons rayonnants d’égale largeur, très nombreux, réguliers, un peu plus 
rapprochés et plus fins sur le côté antérieur. Les bords antérieur, postérieur et inférieur forment, 
par leur réunion et leur continuité , les trois quarts d'une ellipse assez régulière. — Hauteur, 
h0 millim. ; largeur, 37 ; épaisseur 13. 

La partie de l’oreillette qui subsiste dans l’échantillon fort incomplet que nous décrivons et la 
courbe même de la coquille montrent que les oreillettes devaient être fort petites, courtes et coupées 
à la partie supérieure. La grande régularité des stries rayonnantes, des stries concentriques et du 
bord nous a déterminé à rapporter ce fragment plutôt au genre Lime qu’au genre Spondyle ; mais des 
échantillons plus complets permettront seuls de décider à cet égard. La forme de cette coquille et ses 
dimensions la rendent d’ailleurs facilement reconnaissable. — Tournay. 


CN: 7, p. 19.) SUR LES FOSSILES DU TOURTIA. 309 


LIMA SUBOVALIS, Sow. ZTransac. geol. Soc. of London, 2° sér., t. IV, pl. 17, fig. 21. 
Var. allongée. 


Nous regardons comme une variété de l’espèce figurée par M. de C. Sowerby, dans le Mémoire de 
M. Fitton, une coquille qui paraît être assez commune dans le tourtia et qui diffère seulement de la 
coquille de Blackdown par sa forme plus allongée, l'angle au sommet n’étant que de 67°, au lieu 
de 80. Les stries de la surface, d’après le dessin de M. Sowerby, sont tout à fait droites: dans la Lime 
de Tournay, elles sont légèrement ondulées vers le bord postérieur. — Tournay. — Nous avons 
aussi trouvé celte espèce dans le grès vert de Gacé (Orne). 


PECTEN PASSYI, nov. sp., pl. XV, fig. 9, &. 


(P. annoniensis, Bull., 2° sér., vol III, p. 355.) 


Coquille très allongée dans le sens de la hauteur, équivalve , sub-équilatérale, très déprimée. 
Oreillettes presque égales; l’antérieure, paraissant plus élargie que l’autre, est ornée de plis divergents 
du crochet et traversée par des stries verticales, écailleuses et ondulées à leur passage sur les plis. 
Angle au sommet de 83°. Crochets pointus. Bord inférieur semi-elliptique. Surface couverte de plis 
rayonnants, réguliers, droits, inégaux, plus larges vers le milieu que sur les côtés. Les sillons larges 
et peu profonds qui les séparent sont ornés de stries très délicates, très serrées , rayonnantes, droites 
ou légèrement ondulées sur la partie médiane de la coquille ; mais à mesure que l’on se rapproche 
des bords, elles deviennent de plus en plus obliques à la direction des sillons, se bifurquent et s’a- 
nastomosent quelquefois ; enfin, sur les bords mêmes, elles sont tout à fait transverses ou perpendicu- 
laires aux plis, et se prolongent encore sur les oreillettes jusqu’à une certaine distance de leur base. 
— Hauteur, 40 millim.; largeur, 34 ; épaisseur de la valve gauche (la seule que nous connais- 
sions ), 7. 

Gette espèce ressemble beaucoup au ?. acuminatus Geïn. (pl. 21, fig. 6), du moins par sa forme : 
mais ce dernier a les côtes plus épaisses, anguleuses , contiguës, moins nombreuses et ne laissant 
pas entre elles de sillons larges et plats, ornés de stries , comme celles que nous venons de dé- 
crire et que l’on observe dans les P. Galliennei d'Orb. (pl. 436, fig. 5-8, et Dutemplei, id. , 
pl. 433, fig 10-13). Celui-ci, dont le P. Passy se rapprocherait assez, s’en distingue cependant 
par ses côtes un peu flexueuses, écailleuses ou noduleuses, et surtout par les oreillettes qui man- 
quent de plis divergents du crochet. — Tournay. 


PECTEN ACUMINATUS, Gien. (Charakteristik der schichten, etc., pl. 21, fig. 6. Reuss, pl. 29, 
fig. 20, 21), pl. XVI, fig. 3, a, b. (P. Brongniarti, Bull., 2° sér , vol. III, p. 335.) 


Coquille très allongée dans le sens de la hauteur, probablement équivalve, sub-équilatérale, 
très déprimée. Oreillettes médiocres, presque égales ; l’antérieure de la valve droite échancrée à sa 
base, la postérieure présentant six ou sept plis divergents, traversés par des stries verticales écail- 
leuses. Le bord supérieur des oreillettes oblique à l’axe de la coquille. Angle au sommet de 75°. 
Bord antérieur court et concave. Bord postérieur presque double en longueur et à peine courbé. 
Bord inférieur semi-elliptique. Surface de la coquille ornée de 19 plis rayonnants, sub-égaux, 
presque droits, séparés par des sillons de même largeur. Deux ou trois plis linéaires s’observent, 
en outre, sur le bord postérieur. Ges plis et ces sillons sont traversés par des stries d’accrois- 
sement concentriques, ondulées, nombreuses, serrées et écailleuses. — Hauteur, 72 millim.; lar- 
geur, 56 ; épaisseur, 11. 

Le P. acuminatus diffère du P. Faujasit Defr. (Dict. des sc. nat., t. 38, p. 265 ; Faujas, Æst. 
de la mont. de S.-Pierre, pl. 4, fig. 5; Gold., pl. 93, fig. 7), par le nombre de ses côtes qui 


310 RAPPORT (N. 7, p: 20) 


est de 19 au lieu de 30, par ses côtes simples et non bisillonnées ou divisées en trois parties, 
enfin par la forme des oreillettes. 11 diffère également du P. Puzozii Math. (Catal. meth., etc. 
pl. 30, fig. 1, 2, 3), par le nombre des côtes qui est beaucoup moindre , et parce que celles-ci ne 
sont pas bisillonnées, puis par son côté antérieur plus court, et enfin par sa forme générale plus 
étroite et plus allongée. D’ailleurs, la forme et la dimension des oreillettes, ainsi que la direction 
du bord supérieur, ont les plus grands rapports. Si l’on compare notre dessin à la figure donnée 
par M. Geinitz, on concevra difficilement qu'ils puissent représenter la même espèce ; aussi 
avions-nous d’abord distingué la coquille du tourtia sous le nom de P. Brongniarti. Mais, dans la 
seconde partie de l'ouvrage de M. Reuss, qui parut à la fin de juillet 1846, nous trouvons fi- 
gurée, sous le nom de P. acuminatus Gein., une coquille trop semblable à la nôtre pour ne point la 
regarder comme identique. Ainsi, tout en adoptant le nom de l’un de ces auteurs, c’est à la fi- 
gure donnée par l’autre que nous rapportons le Pecten du tourtia. On remarquera cependant 
que les oreillettes de ce dernier ont des plis rayonnants qui manquent dansle premier. Le P. Es- 
paillaci d'Orb. (pl. 439, fig. 1-4) a la forme du P. acuminatus, mais les ornements des côtes et 
les côtes elles-mêmes sont très différents. — Tournay, Quadersandstein inférieur et calcaire à 
Hippurites de Bohême et de Silésie. 


PECTEN BRONGNIARTI , nOv. Sp., pl. XVI, fig. 4, a, b. 
(Pecten Puzozii, Math, var. nob. Bull., 2° sér., t. III, p. 335.) 


Malgré l’état incomplet du seul échantillon de cette espèce que nous ayons sous les yeux , ses 
caractères bien prononcés suffiront cependant pour la séparer de celles qui lui ressemblent le 
plus, telles que le P. Puzozii Math. ( P. Puzozianus d'Orb.), dont nous l’avions d’abord regardé 
comme une variété , etle P. Barbesillensis d'Orb. (pl. 437, fig. 5-8). Le P. Brongniarti diffère, 
en effet, de la coquille de Provence par des côtes rayonnantes en nombre déterminé (de 26 
à 30) qui s’élargissent sensiblement des crochets jusqu’au bord. Elles sont presque égales entre 
clles et séparées par des sillons de même largeur. A leur sommet, sont des écailles très redressées et 
droites vers le milieu de la coquille, mais qui, vers les côtés, s’allongent obliquement et ressemblent 
à de petits cordons posés de biais. Les sillons sont occupés par des stries rayonnantes, très fines, au 
nombre de cinq ou six et qui disparaissent en remontant vers les crochets. Des stries d’accroissement 
fines, nombreuses, très serrées et ondulées recouvrent toute Ja surface du test. La portion d’oreillette 
qui subsiste encore dans notre fragment ne s’accorde point non plus avec les caractères que M. Ma- 
théron assigne à cette partie dans le P: Puzozii. Cet auteur ne dit point d’ailleurs si les deux valves 
du P. Puzozii sont semblables ou différentes, ni si celle qu’il possède du tourtia est la même que 
celle qu'il a figurée. Quant au P. Barbesillensis, on y compte dix ou onze côtes dominantes très 
espacées et entre lesquelles il y en a deux ou trois moins fortes, égales, bien prononcées et également 
espacées. Ainsi la coquiile du tourtia est parfaitement distincte de ces deux espèces, comme de 
toutes celles que nous connaissons. — Tournay. 


PECTEN SUBDEPRESSUS , nov. sp., pl. XVI, fig. 4, à, b, 2, a. 


Coquille très déprimée, sub-orbiculaire, sub-équilatérale, sub-équivalve, ornée sur la valve droite 
de 19 côtes rayonnantes, égales, larges, élevées, divisées par une ou deux stries peu pronon- 
cées. Dessillons larges, égaux et profonds séparent ces côtes et présentent presque toujours vers le 
milieu une strie filiforme , continue dans toute leur étendue. Sur les côtés, cette strie devient plus 
prononcée, mais sans jamais atteindre la grosseur des côtes , quoique ces dernières diminuent dans 
cette partie du test. La surface de la valve est traversée, en outre, par un grand nombre de stries 
d’accroissement concentriques, très fines, très serrées, ondulées, lamelleuses et même rugueuses ou 
formant de petits bourrelets, surtout vers les bords. Bord antérieur légèrement concave. Bord 


CN: 7, p.24.) SUR LES FOSSILES DU TOURTIA. 311 


postérieur droit. Oreillettes commencant très bas. Angle des arêtes cardinales de 400c. Valve 
gauche (fig. 2, 2 a) présentant des côtes rayonnantes en même nombre que l’autre, maïs simples, 
étroites, relevées et tranchantes. Les sillons qui les séparent, profonds et beaucoup plus larges, n’ont 
aucune trace de strie médiane. Les stries d’accroissement , semblables à celles de la valve droite, 
forment des bourrelets et des plis ondulés vers les bords. — ( Crochets, oreïllettes et charnière in- 
connus } — Hauteur probable, 102 millim. ; largeur, 98 ; épaisseur, 18. 

Cette espèce, quoique incomplétement connue , offre cependant des caractères assez précis pour 
être décrite et figurée. Comme son nom l'indique, elle ressemble au ?. depressus de Munst., Gold. 
(pl. 92, fig. 4), mais elle s’en distingue par sa forme moins circulaire. Les côtés antérieur et postérieur 
très arrondis du P. depressus portent, en outre, neufou dix petites côtes différentes de celles du reste 
de la surface, qui sont triangulaires et se joignent au fond des sillons, lesquels sont aussi anguleux. 
Les stries d’accroissement ne semblent pas non plus produire de lamelles écailleuses à leur passage 
sur les côtes et encore moins de bourrelets. La valve gauche du P. subdepressus a quelque ressem- 
blance avec le P. æquivalvis Sow. de l’oolite inférieure. — Tournay. 


PECTEN SUBINTERSTRIATUS , nov. sp., pl. XV, fig. 10, «, b. 


Coquille ovalaire, très aplatie. Bord autérieur court. Bord supérieur plus long et droit. Oreillette 
postérieure droite, courte, striée perpendiculairement à son bord postérieur. Bord inférieur formant 
les trois quarts d’une ellipse assez régulière. Angle des arêtes cardinales droit. Surface couverte de 
côtes rayonnantes, filiformes, inégales, ondulées, croisées par des stries d’accroissement concentriques 
très fines, serrées et également espacées dans la région du sommet où elles produisent un grillage 
très régulier (fig. 10, b), inégales ensuite et plus ou moins espacées, vers le centre de la valve et 
jusqu'aux bords. A leur passage sur Les côtes divergentes, elles produisent de très petites écailles, 
courtes, surtout vers les bords antérieur et postérieur. Depuis le milieu de la valve jusqu'aux bords. 
on remarque, entre les côtes filiformes qui s’élargissent et s’écartent, des stries beaucoup plus déli- 
cates et plus serrées, courtes, très obliques et allant d’une côte à l’autre (fig. 10, a). Ces stries ten- 
dent à devenir transverses à mesure qu’elles se rapprochent des bords, et à la naissance des oreil- 
lettes, elles se trouvent perpendiculaires aux bords et aux côtes voisines. — Hauteur, 45 millim ; lar- 
geur, 33; épaisseur, 7. ; 

Cette espèce est très voisine du ?. énterstriatus Leym. (pl. 43, fig. 1) mais elle en diffère par 
l'angle apicial de 87 à 90°, au lieu de 73, par ses côtes divergentes, inégales, plus fines, plus flexueuses 
et beaucoup moins écailleuses. Peut-être des individus plus complets permettront-ils de la réunir 
plus tard au P. interstriatus, dont les deux valves ne sont probablement pas semblables. Celle que 
M. Leymerie a figurée et décrite étant la valve gauche, quoiqu'il ne le dise pas, il se pourrait que la 
nôtre, qui est une valve droite, en fût encore plus voisine que nous ne l’avons supposé. 


SPONDYLUS CAPILLATES , nv. sp., pl. XVII, fig. 4, 4. 


Coquille ovoïde , oblique , irrégulièrement gibbeuse. Crochet pen saillant, petit. Oreillettes égales, 
peu développées , limitées à la base par une strie flexueuse, contre laquelle s’arrêtent les ornements 
du test. Au-delà, leur surface est concave, lisse ou marquée de stries perpendiculaires obsolètes. Sur- 
face de la coquille couverte de côtes rayonnantes, filiformes ou capillaires, lisses, flexueuses, égales 
et séparées par des sillons égaux. Vers le sommet, on en distingue quelques unes un peu plus pro- 
noncées. Les petites s’insèrent entre les grandes, mais sans bifurcation. Vers le tiers supérieur, 
toutes sont égales et augmentent peu en largeur jusque vers les bords. Stries d’accroissement concen- 
triques, apparentes seulement sur le pourtour du test. La surface de la valve supérieure ou gauche (la 
seule que nous connaissions) est bosselée et inégale, ce qui rend les côtes ondulées. — Hauteur, 
46 millim. ; largeur, 40 ; épaisseur de la valve supérieure, 12. 


312 RAPPORT (N:7, p.22.) 


Gette espèce ressemble au S. Æoemeri Deh. in Leym. (pl. 6, fig. 8), qui est probablement aussi 
une valve supérieure, mais elle est plus régulièrement ovoïde, son crochet est plus petit et plus 
pointu, son côté antérieur est convexe au lieu d’être concave. Peut-être ces deux coquilles pourront- 
elles être réunies plus tard, lorsqu’on aura pu comparer un certain nombre d'individus complets avec 
les deux valves. — Tournay. 


SPONDYLUS OMALI, nov. sp., pl. XV, fig. 14, &, 6. 


Coquille sub-elliptique, oblique, très inéquilatérale. Crochets de la valve supérieure ou gauche petit, 
conique et touchant le bord cardinal. Oreillettes égales, presque lisses, présentant à leur base des stries 
courtes et perpendiculaires aux bords. Côté antérieur concave. Côté postérieur convexe et se liant au 
bord inférieur par une courbe elliptique continue qui remonte jusqu’au bord antérieur. Surface de la 
valve renflée près du sommet et couverte de côtes rayonnantes , nombreuses , égales, serrées , un peu 
flexueuses vers les bords et portant, sur la partie moyenne et inférieure, des épines couchées, peu 
saillantes et assez espacées. Talon très court, arqué. — Hauteur, 43 millim. ; largeur , 34. 

Le S. Omalii se distingue nettement, par sa forme et les ornements dont il est recouvert, des S. ca- 
pillatus et Roemert, et du $. asperulus de Munst. Gold. (pl. 106, fig. 9), qui provient du terrain ter- 
tiaire de la Bavière ; en effet, il est plus étroit, plus allongé , son crochet est moins renflé et ses côtes 
sont égales, ce qui ne s’observe point dans le S. asperulus. Le S. Hystrix Gold. (pl. 105, fig. 8), 
auquel M. Al. d’Orbigny a rapporté une coquille figurée pl. 454 de sa Paléontologie française , mais 
dont nous ne connaissons pas encore la description, paraît être un individu jeune, d’après M. d'Or- 
bigny , et à l’état adulte , il ressemblerait beaucoup au nôtre ; cependant l’absence de stries obliques : 
dans les sillons qui séparent les côtes, tandis que des stries transverses flexueuses extrêmement déli- 
cates et serrées s’y trouvent bien marquées, et l'égalité des côtes à tous les âges, nous font regarder, 
quant à présent, le S. Omalii comme bien distinct du S. Æystrix. — Tournay. 


OSTREA BRACTEOLA, nov. sp. , pl. XVI, fig. 7, a, b. 


Valve inférieure très petite, linguiforme ou hémicylindrique. Bords latéraux presque parallèles. 
Surface marquée de stries d’accroissement irrégulières peu prononcées. Talon du crochet presque 
aussi large que la coquille. Sa surface triangulaire, allongée, est nettement limitée sur les côtés et mu- 
nie d’une gouttière médiane profonde pour le ligament. Sur le côté antérieur du crochet, et contiguë 
au bord äu talon, se développe un appendice lamelleux en forme de bractée ou de spatule, renversé en 
dehors, se prolongeant en haut quelquefois beaucoup au-delà du crochet, et en bas le long du bord an- 
térieur jusque vers la base. Cet appendice se développe aussi parfois aux dépens du talon, qui se trouve 
alors rétréci et presque réduit à la gouttière du ligament. Cavité intérieure de la valve, se continuant 
sous la surface du ligament jusqu’à la pointe du crochet. Impression musculaire médiocre , placée 
vers le milieu de la hauteur et contre le bord. Valve supérieure rugueuse, bosselée, marquée de 
stries d’accroissement inégales. Hauteur, 7 millim. ; largeur, 2 1/4; épaisseur, 4 1/2. 

Cette espèce, probablement la plus petite du genre, est bien caractérisée par sa forme et par le sin- 
gulier appendice qu’elle porte. On retrouve à la vérité ce dernier dans les ©. ambiqua Desh., para- 
doxa Nyst et lateralis Nils. Mais ces coquilles n’ont aucun autre rapport avec celle que nous venons 
de décrire. — Gussignies. 


OSTREA VASCULUM, nov. sp., pl. XVI, fig. 5, a, 6. 


Valve inférieure élargie, cyatiforme, évasée, assez profonde, mince, à bords irréguliers et flexueux. 
Surface bosselée , marquée de stries d’accroissement inégales plus ou moins prononcées. Crochet très 
peu apparent. Surface du talon fort étroite. Fossette du ligament à peine marquée. Bords latéraux 


CN: 7, p. 25.) SUR LES FOSSILES DU TOURTIA. 313 


relevés en forme d’oreillette, finement crénelés. Impression musculaire peu apparente, Valve supé- 
rieure , sub-triangulaire , bosselée , marquée de stries fines peu régulières. Hauteur, 13 millim. : 
largeur, 14 ; épaisseur , 6. 

Cette espèce nous paraît bien distincte de toutes celles qui ont été décrites jusqu’à présent dans 
la formation crétacée. Gependant on doit lui reconnaître une certaine analogie avec l'O. profeus Reuss 
(pl. 27, fig. 12-18-20-24-27). Des échantillons plus nombreux que ceux que nous connaissons pourront 
seuls préciser les rapports des deux espèces. M. Clément Mullet a trouvé aussi cette Huître dans les 
marnes crayeuses placées au-dessus du Gault, dans le département de l’Aube. — Gussignies. 


EXOGYRA RECURVATA, Sow. (Chama, id.), pl. 26, fig. 2. 


Cette coquille, dont nous ne connaissons qu'un individu roulé, provenant du tourtia, paraît être 
la même que celle que nous avons souvent désignée, avec M. Goldfuss, sous le nom d’£xogyra columba 
var. minima, et qui est si commune dans le grès vert de l'O. de la France, où elle a été désignée 
sous le nom de Gryphœæa secunda var. minor Lam. Nous pensons que c’est à tort que M. Morris 
(Catal. of brit. foss., p. 109), l’a confondue avec l'Æxogyra conica (Cham, id. Sow., pl. 26 fig. 3), 
que nous avons toujours trouvée différente, et n’offrant aucun passage à l’Z, columba. L'état très 
roulé du seul échantillon que nous avons sous Les yeux ne peut faire regarder sa présence dans le 
poudingue de Tournay que comme un accident sans importance. 


EXOGYRA SINUATA (Gryphœa, id., Sow., pl 336). 


Nous avons trouvé, dans la collection de M. Léveillé, un individu extrêmement roulé et à peme 
reconnaissable de cette espèce. Les Ostracées vivant en famille et le plus ordinairement fixées, on peut 
penser que cet échantillon unique aura été arraché aux couches plus anciennes de l’O. , puis apporté 
et déposé par quelque courant lors de la formation du poudingue. C’est donc, comme la précédente, 
une coquille dont la présence ne peut rien faire préjuger sur l’âge de la couche où elle a été recueillie. 


— Tournay. 
BRACHIOPODES. 


TEREBRATULA NERVIENSIS, nov. Sp., pl XVII, fig. 2, a, 6, c, d, 3-40. 


Coquille elliptique , déprimée. Valves également profondes. ornées de stries d’accroissement con- 
centriques, inégales , assez espacées et plus prononcées vers les bords. Crochet de la valve dorsale 
épais, large, proéminent , presque droit, conique et tronqué obliquement par une ouverture grande 
et arrondie. Aréa se confondant avec les côtés du crochet. Deltidium sécant, grand, élevé, limité par 
deux bourrelets étroits qui le séparent de l’aréa. Son échanerure supérieure, concave, correspond au 
tiers inférieur de l’ouverture ; son bord inférieur, convexe , s'appuie directement sur le sommet de la 
valve ventrale. Sa surface présente des stries transverses, convexes, serrées et peu régulières. Angle 
apicial de 78°. Arêtes cardinales un peu concaves vers le milieu, et s’unissant aux arêles latérales, par 
une courbe elliptique qui se relève très légèrement vers le front où elle détermine deux faibles inflexions. 
Les bords de la coquille sont plus aigus près du front que vers le haut. Dans la région du crochet, 
la valve dorsale offre une sorte de carène médiane arrondie peu prononcée. La courbure générale est 
d’ailleurs parfaitement régulière de la pointe du crochet jusqu’au front. Valve ventrale elliptique. 
Crochet à peine visible, presque toujours caché sous la base du deltidium. Front marqué par deux 
faibles inflexions relevant la partie médiane sans cependant produire un bourrelet sensible. Cette 
valve atteint sa plus grande hauteur un peu avant le milieu et est ensuite déprimée jusqu’au front. 
— Hauteur, 48 millim., largeur, 38. La plus grande épaisseur qui se trouve un peu avant le milieu 
de la hauteur est de 21 millimètres. 


314 RAPPORT CN. 7, p. 24.) 


v 

Le Lest présente, dans sa structure, un pointillé très fin, très serré (fig. 2, d). Les points enfoncés, 
allongés en losange, sont égaux, également espacés, alignés, et forment des stries en quinconce, 
courtes, un peu flexueuses, souvent interrompues, brisées ou se bifurquant irrégulièrement. La 
distance entre deux lignes de points étant la même que celle qui sépare entre eux les points d’une 
série, il en résulte que sur toute la coquille, comme à l’intérieur, les points sont également espacés 
en tous sens, ce dont on s'assure en enlevant successivement les lames du test. Dans certaines 
altérations , où la surface de celui-ci devient spongieuse, ces ‘caractères disparaissent plus ou moins 
complétement; lorsqu’au contraire le test est parfaitement lisse et intact, ils sont masqués ou assez 
difficiles à reconnaître à la surface. 

Nous avons pris cette forme de coquille (fig. 2, a, b, c) pour le type de l'espèce, à cause de sa par- 
faite régularité, et parce qu’il est plus facile d’en faire dériver les autres variétés par les modifications 
de telle ou telle partie. La 7. ovalis Lam. ( Anim. sans vert. , & VI, p. 249) ne nous était connue 
que de nom, et nous ne savions pas qu'elle eût jamais été figurée nulle part, jusqu’à ce que parut, 
au moment où ce mémoire s’imprime, le numéro de novembre 1846, du Quarterly journal de La 
Société géologique de Londres. M. Morris, dans une note fort intéressante sur la classification des 
Térébratules , et dont nous avons déjà parlé, y donne (pag. 384 ) une figure de la 7. ovalis de La- 
marck, mais sans dire où il l’a prise, ni d’où provient la coquille elle-même. Cette figure a cer- 
tainement les plus grands rapports avec la 7! nerviensis, mais elle ne nous paraît point s’accorder 
tout à fait avec le texte d’ailleurs trop succinct de Lamarck. 

Var. a, fig. 3. L’angle apicial de 88° détermine l’élargissement de la coquille, qui devient alors 
sub-rhomboïdale, ou différant très peu d’un carré; les angles arrondis, formés par la rencontre des 
arêtes latérales et cardinales, n’ayant que 4° de plus que les angles opposés, formés l’un par le crochet 
et l’autre par le front. 

Nous avons représenté, fig. 9 et 10, l’intérieur des valves de cette variété, mais plus irrégulières 
que dans la coquille précédente. La valve dorsale montre, de chaque côté de la base du deltidium, 
deux saillies ou dents appuyées contre un rebord épais et sur lesquelles posait la valve ventrale. Les 
points d’appui sont indiqués sur cette dernière par deux dépressions du bord supérieur de chaque 
côté de l’appareil apophysaire. Celui-ci, qui donnait appui aux pièces supportant les bras ciliés, est 
composé, dans son prolongement, de deux lames papyracées obliques, irrégulièrement découpées 
sur les deux valves. Les impressions musculaires sont bien prononcées. 

Var. b, fig. 4. L’angle apicial de 103° donne lieu à une forme elliptique transverse, au lieu d’être 
dans le sens de la hauteur comme dans le type de l'espèce. 

La diminution de l’angle apicial conduit aux variétés suivantes : 

Var. e, fig. 5. Angle apicial de 81°. Cette ouverture des arêtes cardinales est un peu plus grande, 
à la vérité, que dans le type del’espèce, mais elle est accompagnée d’un rétrécissement très marqué 
de la partie supérieure de la coquille, résultant du prolongement des arêtes cardinales aux dépens des 
arêtes latérales. Celles-ci sont très courtes et se confondent avec le front. La forme générale n’est plus 
elliptique dans un sens ni dans l’autre , ni même rhomboïdale, elle est devenue sub-deltoïde. La co- 
quille est aussi plus renflée vers le front que vers les crochets, et sa plus grande épaisseur est plus 
rapprochée du premier que des seconds. 

Var. d, fig. 6. L’angle apicial est réduit à 68°, puis à 57°, pour constituer une coquille étroite à 
crochet très allongé et faiblement recourbé, ce qui n’a lieu dans aucune des variétés précédentes. On 
a alors la coquille figurée par M. A. Roemer (pl. 7, fig. 6), sous le now de 7°. Zongirostris Nils., 
espèce tout à fait distincte de celle qui nous occupe. Cette variété d diffère aussi de la 7°. longirostris 
sub-species #moravica Glocker (Nov. acta, etc., t. XXI, pl. 35, fig. 2), à laquelle elle ressemble au pre- 
mier abord, par son crochet tronqué en arrière et moins avancé, comme toutes les autres variétés , 
puis, par les côtés de l’aréa , qui sont concaves et carénés, au lieu d’être convexes et arrondis. Le 
front est tranchant et dans la coquille de Moravie il est arrondi; enfin cette dernière, dans son en- 


(N: 7, p. 25.) SUR LES FOSSILES DU TOURTIA. 315 


semble, est beaucoup plus renflée que celle du tourtia. La structure du test paraît être d’ailleurs 
assez semblable dans les deux espèces, d’après le grossissement que donne M. Glocker (fig. 8). Cette 
variété, qui se trouve dans le Æi/s conglomerat du Hanovre, est la plus irrégulière de toutes. La col- 
lection de M. Léveillé ne nous a offert que la variété d avec l’angle apicial de 68°. Celle qui a été figu- 
rée a été recueillie par nous à Montignies-sur-Roc avec la variété c. 

Les deux dernières variétés résultent d’autres modifications que celles qui coïncident avec les chan- 
gements de l’angle apicial et l’allongement des arêtes cardinales : ainsi la variété e, fig. 7, a, b, dont 
l'angle est de 78°, est rhomboïdale , et atteint sa plus grande épaisseur vers le tiers antérieur. Ses 
valves s’aplatissant graduellement vers les bords, ceux-ci deviennent minces et tranchants sur les 
trois quarts du pourtour de la coquille, qui de profil est tout à fait cunéiforme. Le front est parfaite- 
ment continu, sans trace de l’inflexion, toujours plus ou moins apparente dans les autres variétés. 
Malgré cela , la région antérieure ou des crochets n’en est pas moins restée identique à celle du type 
de l'espèce. 

Var. f, fig. 8 a: Angle apicial de 78°, comme dans la précédente. Le crochet tend à se modi- 
fier ; il est moins régulièrement conique, un peu renflé au sommet et sensiblement recourbé ; ce qui 
ne s’observe dans aucune des précédentes, où le crochet de la valve dorsale fait toujours un angle de 
45° à 200 en arrière, avec le plan, passant par la commissure des valves. Cette variété paraît rester 
aussi plus petite que les autres. 

Rangées dans l’ordre de leurs dimensions , les variétés de la 7. nerviensis, si caractéristiques du 
poudingue , se trouveraicnt disposées comme il suit : var. c, b, le type de l’espèce, var. €, d,eetf. 
— Tourpay, Montignies-sur-Roc et Gussignies (d’après un bel échantillon provenant de la collection 
de M. Graves). 


TEREBRATULA ROBERTONI, nov. sp., pl. XVIL, fig. 2,a,b,c, d. 


Coquille rhomboïdale allongée , à angles très arrondis. Valve dorsale deux fois aussi profonde que 
la valve ventrale. Toutes deux sont couvertes de stries d’accroissement , inégalement espacées et 
formant de distance en distance des bourrelets ou plis concentriques plus où moins prononcés. Cro- 
chet de la valve dorsale grand, large , saillant, assez recourbé et percé d’un trou rond dont le plan 
se confond avec celui de la commissure des valves, ou se trouve perpendiculaire à la partie recour- 
bée du crochet. Aréa peu distincte des côtés et traversée obliquement par les stries qui ne s'arrêtent 
qu’au bord du deltidium. Celui-ci est très large, peu élevé, arqué à la base et limité de chaque côté 
par une strie. Sa partie supérieure occupe environ le quart de l’ouverture. Angle apicial de 60°. 
Arêtes cardinales un peu concayes, se continuant en s’arrondissant avec les arêtes latérales de même 
longueur et de même courbure. Front arrondi, simple, à bord presque tranchant. La valve dorsale, 
très concave, forme une courbe très régulière et continue, du crochet jusqu’au front. Valve ventrale 
déprimée , rhomboïdale. Crochet à peine distinct. La plus grande épaisseur de la coquilie correspond 
au milieu de la hauteur. — Hauteur, 24 millim. ; largeur , 18; épaisseur, 12. — Les ponctuations 
que présente la structure du test (fig. 2 d) sont dispôsées en quinconces, de forme assez allongée , 
mais peu différentes de celles de la 7. nerviensis. 

Cette espèce diffère de la variété f de l’espèce précédente, par sa forme plus régulièrement 
rhomboïdale, par l’égale longueur des arêtes cardinales et latérales, par l’inégale profondeur des 
valves, par l’absence de sinuosité au front, et surtout par son crochet très renflé à l'extrémité , 
proéminent et recourbé à angle droit. Le deltidium élevé et à bords droits, dans la var. f, est 
au contraire large et à bords arqués dans la 7’ Robertoni. La T. rhomboidalis Nils. pl. 4, fig. 5 ; 
His., pl. 24, fig. 5), quoique très voisine, par sa forme, de celle que nous décrivons, s’en distingue 
en ce que c’est la valve ventrale qui est la plus profonde, et que la valve dorsale est presque plane. 
Son crochet est aussi plus pointu , l’angle apicial plus grand , le deltidium beaucoup plus étroit et la 
coquille plus large. La 7°! ovata Sow. (pl. 15, fig. 3) est plus arrondie , ses valves sont presque 


SOG. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. II. Mém. n° 7. 41 


316 n RAPPORT (CN-27.1p. 26.) 
également profondes, et son crochet est beau coup plus petit, moins saillant et moins recourbé. La 
1°! elongata Sow. est aussi plus elliptique que la nôtre , son crochet arrondi est peu proéminent , 
et l'ouverture , plus petite, touche presque le sommet de la valve ventrale. 

Tournay. — Nous l'avons trouvée en outre dans la petite conche de grès vert Supérieur, qui re- 
couvre le gault au-dessous de Saint-Pot, près Wissant (Pas-de-Calais ). 


TEREBRATULA VIQUESNELE, nOv. Sp., pl. XVII, fig. 1, a, 8, c, d. 


Coquille rhomboïdale , très déprimée, à bords tranchants, lisse ou présentant quelques stries ob- 
solètes d’accroissement. Valve dorsale plus profonde que la valve ventrale. Crochet très grand , co- 
pique, droit , renversé en dehors, faisant un angle de 20° avec le plan passant par la commissure des 
valves, et tronqué obliquement à son sommet par une ouverture ronde assez grande. Aréa distincte, 
séparée des côtés de la coquille par un angle prononcé. Deltidium large, nettement limité par deux 
stries droites, profondes, et entourant presque la moitié inférieure de l'ouverture. Bord cardinal 
très arqué. Angle apicial de 65°. Arêtes cardinales droites, se réunissant aux arêtes latérales par une 
courbe arrondie qui se continue jusqu’au front. Celui-ci est simple, arrondi, sans aucune trace d’in- 
flexion et à bord tranchant, comme le reste du pourtour de la coquille jusqu’à l’aréa. Valve ventrale 
très plate, ayant les arêtes cardinales plus courtes que les arêtes latérales. Crochet à peine visible. 
La plus grande épaisseur se trouvant très peu en arrière du sommet de la valve ventrale , donne à la 
coquille vue de profil la forme lancéolée aiguë qui la caractérise. Hauteur, 48 millim. ; largeur, 45; 
épaisseur, 7. — La structure du test présente (fig. 4 Z) des ponctuations oblongues fines , serrées 
et égales , disposées suivant des séries courbes qui se croisent en formant des quinconces. 

La T. Viquesneli semblerait être encore une de ces variétés extrêmes qui viennent se grouper 
autour dela 2. nerviensis, et à laquelle elle se rattacherait par la var. e. Cependant nous avons cru 
devoir l’en séparer, parce que son crochet est, toute proportion gardée , beaucoup plus large que 
dans les variétés de la 7”. nerviensis , où ses dimensions sont toujours comparables. Il est, en outre, 
renversé en arrière et la coquille est beaucoup plus déprimée. L’aréa nettement limitée et le profil droit, 
cunéiforme , de cette espèce sont des caractères faciles à saisir et qui ne se trouvent aussi prononcés 


dans aucune Térébratule lisse. — Tournay. 


TEREBRATULA TORNACENSIS, nov. sp., pl. XVIIT, fig. 3, a, à, ec, d, e, L, a, 5, a, b. 


Coquille renflée, en pentagone irrégulier, dont quatre côtés sont égaux, deux à deux, et le 
cinquième qui forme le front est le plus petit. Valves presque également profondes, couvertes de 
stries concentriques, fines, assez régulières. Crochet de la valve dorsale grand , arrondi sur les côtés, 
conique, peu recourbé et tronqué obliquement par une ouverture ronde. Aréa peu distincte des côtés. 
Deltidium grand, élevé, arqué à sa base et bordé par deux bourrelets étroits que limitent deux stries. 
Il occupe à son sommet le cinquième du pourtour de l’ouverture. Angle apicial de 70°. Arêtes 
cardinales grandes , presque droites et formant avec les arêtes latérales un angle arrondi, très pro- 
noncé. Arûêtes latérales plus courtes, très concaves et aboutissant aux angles du sinus. Deux faibles 
dépressions , qui disparaissent vers le Liers inférieur de la valve, se terminent à l'extrémité de ces 
mêmes angles. Valve ventrale sub-pentagonale. Crochet ne faisant aucune saillie sur le bord cardinal. 
Deux plis, qui naissent vers le tiers supérieur de la valve, se dirigent vers le front, où ils sont 
très relevés et correspondent aux dépressions de la valve dorsale, laissant entre eux un espace 
concave qui se termine au front. Deux dépressions larges et profondes séparent ces plis des angles 
latéraux. Le bourrelet ventral, composé de deux plis et de la dépression qui les sépare, ne 
semble être plus prononcé que le sinus dorsal que parce que ces deux plis sont très relevés et que 
les espaces qui les séparent des angles latéraux sont très concaves, car la concavité des deux valves 
est sensiblement la même dans cette partie de la coquille. — Hauteur, 34 millim. ; plus grande lar- 


/ 


(N:7, p.27.) SUR LES FOSSILES DU TOURTIA. 317 


geur vers le tiers postérieur, 31; plus grande épaisseur vers le milieu de la hauteur, 21. — Struc- 
ture du test présentant des ponctuations quelquefois disposées en quinconces (fig. 3, d), le plus ordi- 
nairement irrégulières, plus petites et plus espacées que celles des espèces précédentes. 

Cette espèce est assez irrégulière, et souvent, comme dans la fig. 3, e, qui représente un individu 
jeune, l’arête cardinale droite est plus longue que celle de gauche, tandis que c’est l'inverse dans la 
coquille fig. 3. Les plis du front sont inégaux aussi. Nous distinguons dans la 7’. tornacensis les deux 
variétés suivantes. 

Var. a, fig. 4, a. L’angle apicial plus ouvert est de 86°. Le crochet est moins large que dans le 
type de l'espèce. Arêles cardinales concaves et égales aux arêtes latérales, qui sont aussi con- 
caves. Angles latéraux plus relevés. Sillon dorsal très prononcé, avec un pli médian. Plis du 
bourrelet ventral de même plus relevés, et séparés par une gouttière plus profonde. Valve ventrale 
plus bombée que l’autre. Largeur de la coquille presque égale à la hauteur. 

Var. à, fig. 5, a, b. Coquille déprimée, à bords presque tranchants , et dont les angles latéraux, 
ceux du sinus, les plis du bourrelet et les dépressions qui les bordent sont beaucoup moins prononcés 
que dans les variétés précédentes, plus renflées ou moins régulières. On remarque à la surface , des 
stries rayonnantes, nombreuses, très fines, d’une teinte plus claire que le fond de la valve et dont le 
relief n’est sensible que vers les parties latérales. Ces stries obsolètes sur la var. type ne se montrent 
point sur la variété a. Les ponctuations du test (fig. 5, à) sont assez différentes de celles des autres 
variétés, et il est probable que lorsqu’on pourra comparer plusieurs échantillons complets, celle-ci 
devra constituer une espèce distincte. Nous l’avons trouvée à Montignies-sur-Roc. 

La coquille que nous regardons comme le type de l'espèce a été décrite et figurée par 
M. A. Roemer (pl. 7 fig. 15) sous le nom de 7°. subundata Phill. Mais nous ferons remarquer 
d’abord que la 7. subundata, signalée à la fois par M. Phillips dans la craie blanche du Yorkshire et 
dans l’argile de Speeton, est une espèce de M. Sowerby (Min. conc., pl. 15, fig. 7) ; ensuite, que la 
coquille figurée sous ce nom par M. Phillips ne ressemble point à celle du Mineral conchology, la- 
quelle provient de la craie blanche ou de la craie marneuse , et enfin que celle de M. Roemer, qui 
appartient au Æils conglomerat du Hanovre, est parfaitement distincte des deux précédentes, tandis 
qu’elle nous paraît être identique avec la nôtre. Ainsi trois espèces avaient été confondues sous le 
même nom. La var. à est la seule qui aurait une ressemblance éloignée avec la 7°. subundata Sow. 

La T. tornacensis diffère de certaines variétés élargies de la 7°. biplicata, par la forme et les di- 
mensions de son crochet, toujours plus droit et plus conique, ce qui donne au profil de la coquille 
un tout autre aspect ; par son deltidium plus élevé et plus large, par ses arêtes plus évidées ou con- 
caves et moins longues, relativement aux arêtes latérales. Aussi, dans ces variétés de la 7°. biplicata, 
la plus grande largeur est-elle vers la base et presque sur l’alignement du front. En général, dans 
les modifications de la 7°. biplicata, les angles latéraux tendent toujours à s’abaisser pour donner à 
_ la coquille une forme plus triangulaire; dans la 7° tornacensis , les mêmes angles tendent, au con- 
traire, à se relever et à s'élargir. La 7° se/la Sow. (pl. 437, fig. 1 ) se distingue de la nôtre à peu 
près sous les mêmes rapports. — Tournay, Montignies-sur-Roc. 


TEREBRATULA BOUEI, nov. sp., pl. X VIIL, fig. 7, a, 6, c, d. 


Coquille déprimée , en pentagone régulier , dont quatre des côtés sont égaux , deux à deux, et le 
cinquième, qui est le plus petit, forme le front. Valves également profondes, couvertes de stries 
d’accroissement assez prononcées, mais peu nombreuses et fort espacées, excepté sur les bords, où 
l’on en compte six assez rapprochées, égales et régulières. Crochet grand, large, arrondi sur les côtés, 
à peine courbé et tronqué obliquement par une ouverture ronde Aréa séparée du dos par un pli 
arqué, très prononcé, partant de la base de l’ouverture. Deltidium très large et limité sur les côtés 
par un bourrelet étroit, courbe et bordé de deux stries. Angle apicial de 7h°. Arêtes cardinales con - 
vexes, formant un angle arrondi avec les arêtes latérales plus courtes, qui s’infléchissent un peu 


318 RAPPORT (N: 7, p.28.) 


avant d'atteindre les deux plis du front. Deux faibles ondulations des stries, partant du milieu de la 
valve, se prolongent jusqu'aux angles du front et indiquent la place du sinus. Front légèrement courbé. 
Valve ventrale régulièrement bombée. Saillie du crochet nulle. Deux plis arrondis naissent vers le 
milieu de la hauteur, se dirigent vers les angles du front. laissant entre eux une dépression peu sen- 
sible qui représente le bourrelet. De chaque côté, une autre dépression plus large sépare le bourrelet 
des angles latéraux. — Hauteur, 22 millim. ; la plus grande largeur en arrière du milieu, 29 ; la plus 
grande épaisseur vers le milieu de la hauteur, 12. — La structure du test (fig. 7, d) présentedes ponc- 
tuations allongées, disposées suivant des lignes droites quise joignent en formant des chevrons aigus, 
ou en quinconces très obliques, et beaucoup plus élégants et plus réguliers que dansles espèces pré- 
cédentes. 

La 7’. Bouci est très voisine de la var. déprimée (var. b) de la 7°! fornacensis, peut-être même 
pourra-t-elle être réunie à celle-ci, mais les formes intermédiaires nous manquent encore pour ce 
rapprochement. Quoi qu’il en soit, elle en diffère par son crochet plus large, de même que par son 
deltidium et par ses arêtes latérales convexes, au lieu d’être concaves, ce qui, avec leur plus grand 
allongement, les plis du bourrelet moins prononcés et les bords moins tranchants, donne à la coquille 
un aspect Lout différent. En outre, le crochet est un peu plus recourbé ; la plus grande épaisseur est 
vers le milieu des valves, au lieu de se trouver plus haut, et la plus grande largeur est en arrière du 
centre, au lieu d’être au milieu ; enfin la disposition des stries d’accroissement présente aussi quelques 


différences. — Tournay. 


TEREBRATULA ROEMERI , n0v. sp., pl. XVIII, fig. 6, a, 6, €, d. 


Goqaille épaisse, sub-trigone, en forme de pyramide tronquée au sommet et rétrécie à la base. 
Valves également profondes, ornées de stries d’accroissement peu régulières et assez nombreuses. 
Crochet de la valve dorsale grand et très arrondi latéralement, conique , droit ou à peiue recourbé, 
tronqué obliquement par une ouverture grande et circulaire. Aréa étroite et allongée. Deltidium 
large, bordé de chaque côté par une strie courbe et occupant à sa partie supérieure un cinquième du 
pourtour de l’ouverture. Angle apicial de 55°. Arêtes cardinales longues, formant un angle arrondi 
avec les arêtes latérales. Celles-ci sont courtes et lévèrement infléchies. Front concave, limité par 
deux angles prononcés. Deux flexions des stries d’accroissement marquent entre elles la place du 
sinus. Deux plis qui naissent vers le tiers postérieur de la valve ventrale se relèvent aux angles du 
front, laissent entre eux une dépression qui représente le bourrelet, et sont séparés des angles laté- 
raux par deux autres dépressions larges et peu profondes. Les bords de la coquille, épais, sont coupés 
presque droit (fig. 6, c). — Hauteur, 22 millim. ; plus grande largeur vers le tiers inférieur, 27; 
plus grande épaisseur un peu en arrière du centre, 13. — Le test (fig. 6, d) présente un système 
de granulations en relief très fines, très régulières et disposées en quinconce. 

Comme pour la 7. Bouei, on reconnaît qu’il y a grande affinité entre cette espèce et la 7°. orna- 
censis ; mais nous croyons devoir l’en distinguer au même titre. La 7. Æoemerti est, en effet, beau- 
coup plus épaisse et plus triangulaire que les diverses variétés de la 7. tornacensis que nous con- 
naissons ; le crochet est plus renflé à son extrémité; le deltidium plus large et moins élevé ; la plus 
grande épaisseur de la coquille, au lieu d’être vers le tiers antérieur, est au contraire à la hauteur 
du tiers postérieur, etilen est de même dela plus grande largeur. — Tournay. 


T£REBRATULA CRASSA, nov. sp., pl. X VIII, fig. 8, a, b, c, d, et 9. 


Coquille épaisse, sub-pentagonale, arrondie. Valves de profondeur très inégale, couvertes de stries 
d’accroissement assez nombreuses et plus prononcées vers les bords. Valve inférieure très bombée. 
Crochet arrondi , large , court et peu recourbé, tronqué obliquement par une ouverture grande et 
circulaire, Aréa étroite et concave. Deltidium très large, surbaissé en forme de croissant par l’obli- 


(N274 pr 29) SUR LES FOSSILES DU TOURTIA. 319 


quité et la courbure de ses côtés que limitent deux petits bourrelets ou côtes décurrentes. Angle 
apicial de 90°. Arêtes cardinales convexes, se réunissant aux arêtes latérales vers le milieu de la hau- 
teur et formant une courbe très arrondie. Arêtes latérales égales aux précédentes, mais fortement in- 
fléchies et concaves, puis se relevant pour former les deux plis très prononcés des angles du front. 
Ce dernier est convexe, fort élevé, et présente au milieu (fig. 8, c) un angle profond , aigu, corres- 
pondant à un bombement médian que limite de chaque côté une dépression large et peu profonde 
aboutissant aux angles latéraux. Valve ventrale déprimée, très élargie en avant et rétrécie en arrière. 
Deux plis arrondis, naissant vers le milieu du disque, divergent vers les angles postérieurs etse re- 
lèvent en laissant entre eux une dépression médiane qui se recourbe fortement vers la valve dorsale. 
De chaque côté, une autre dépression plus large s’étend jusqu'aux angles latéraux. À partir de ceux-ci, 
les bords de la coquille , par suite de la grande épaisseur du test, sont coupés presque droit ou fai- 
blement arqués. — Hauteur, 28 millim. ; plus grande largeur au milieu , 24 ; plus grande épaisseur 
également au milieu de la coquille, 19. — Le test (fig. 8, d ) présente des granulations en losange et 
en relief, disposées très régulièrement et dont les séries se croisent en quinconces comme dans la 
1. Roemert. 

Var. a, fig. 9. Coquille ovoïde, plus allongée que la précédente. Valve inférieure moins profonde. 
Plis du bourrelet et angles du sinus moins prononcés. Angle apicial seulement de 75°. Arêtes cardi- 
nales se confondant avec les arêtes latérales. 

La T’. crassa rappelle par sa forme générale plusieurs espèces connues , telles que les 7. semiglo- 
bosa, Sow., subundata, id. (pl. 15, fig. 7 et 9) de la craie; et les 7°. bullata , id. (pl. 435, fig. 4 ) : 
globata, id. ( pl. 436, fig. 1), et bicamiculata Schlot. de la formation oolitique ; mais l’aplatissement 
de la valve ventrale , la grandeur des angles du sinus, la plus grande largeur de la coquille qui se 
trouve au milieu de sa hauteur, la forme et les dimensions relatives du crochet, enfin l'épaisseur 
remarquable du test, sont des caractères qui distinguent très bien notre espèce de celles que nous 
venons de citer, ainsi que des diverses variétés de la 7. biplicata. La var. a diffère par les mêmes 
motifs de la 7! Bouer. 


TEREBRATULA CRASSIFICATA , nOv. Sp., pl. XIX, fig. 4, a, b, c. 


Coquille épaisse, allongée, sub-elliptique, rétrécie à son extrémité. Valves très inégales. Valve infé- 
rieure fortement recourbée. Crochet très large, proéminent, arrondi, renflé et tronqué presque à angle 
droit par une ouverture grande et circulaire. Aréa concave, assez nettement séparée du reste de la 
coquille. Deltidium large, peu élevé , arqué ou en croissant, bordé par deux bourrelets étroits , dé- 
currents, que limitent deux stries. Son sommet occupe à peu près un quart du périmètre de l’ouver- 
ture. Arêtes cardinales très convexes, se liant, d’une manière presque continue et sans former d’angle, 
avec les arêtes latérales, et rendant ainsi l'angle apicial difficilement appréciable. Arêtes latérales for- 
tewent sinueuses en arrière. Front étroit, se prolongeant en une languette très relevée sur la valve 
ventrale. Surface de la valve couverte de stries d’accroissement très serrées de distance en distance 
et formant par leur rapprochement des bourrelets aplatis, sinueux, plus ou moins prononcés. Valve 
ventrale déprimée, ovalaire, ornée de stries concentriques assez fortes. Vers le tiers postérieur , deux 
plis peu apparents se relèvent pour joindre les angles du front, laissant entre eux une faible dépres- 
sion. De chaque côté, deux autres dépressions plus larges remontent jusqu’à la jonction des arêtes 
latérales et cardinales. Sur les côtés de la coquille, les bords sont presque droits; vers le front , au 
contraire , la réunion des valves a lieu sous un angle un peu aigu. — Hauteur, 15 millim. ; plus 
grande largeur un peu en arrière du milieu, 11 ; plus grande épaisseur correspondant au milieu de 
la hauteur, 9. — Letest présente des ponctuations excessivement fines, à peine distinctes avec le gros- 
sissement employé pour les autres. Elles sont très peu profondes, disposées en quinconces arqués. 
Dans le voisinage de l’aréa, des deux côtés du crochet, on remarque quelques plis courts , obliques, 


320 RAPPORT (N: 7, p. 50.) 
très déliés, qui semblent annoncer le développement de ceux que nous verrons plus loin caractériser 
tout un groupe d’espèces. 

Le peu de largeur de cette Térébratule, la grandeur de son ouverture , l’épaisseur de son test et 
les dimensions extraordinaires de la valve dorsale , comparées à l’aplatissement et à la petitesse de la 
valve ventrale, sont des caractères qui la distinguent essentiellement des autres espèces, et leur cor- 
rélation ne permet pas non plus de la regarder comme une monstruosité de la 7. crassa var. a, par 
exemple, dont elle se rapprocherait plus encore que de toute autre. 


TEREBRATULA RUSTICA , nov. sp., pl XIX, fig. 2, a, 6, c. 


Coquille ovoïde , allongée, très irrégulière et bosselée. Valves également profondes, couvertes de 
stries d’accroissement inégales, ondulées, rugueuses ou lamelleuses vers les bords. Valve inférieure 
naviforme. Crochet large, arrondi, peu recourbé, tronqué obliquement par une ouverture grande et 
circulaire. Aréa peu distincte. Deltidium assez grand, limité par deux stries. Les arêtes cardinales, 
très convexes et longues, permettent difficilement d’apprécier l’angle apicial. Les arêtes laté- 
rales, très courtes, se confondent d’une part avec les arêtes cardinales, et de l’autre avec le front qu 
est arrondi et muni de deux flexions peu prononcées. Valve ventrale ovalaire, bombée. Crochet très 
petit. Deux plis rudimentaires correspondent aux flexions de l’autre valve et simulent le bourrelet 
qui n’est pas plus distinct que le sinus dorsal, Test mince. — Hauteur, 28 millim. ; plus grande lar- 
geur vers le tiers postérieur, 11; plus grande épaisseur 2b2d., 41. 

La forme générale de cette coquille a quelque analogie avec la 7. ARoemeri que nous avons décrite 
précédemment (pl. XVIII, fig. 6, a, b, c, d), mais la comparaison la plus superficielle ne permet 
cependant aucun rapprochement entre ces deux coquilles. L’extrême minceur du test de la 7! rusfica, 
l’irrégularité de sa surface bosselée, jointes à ses autres caractères , empêchent de la confondre avec 
la plupart des espèces connues. -- Gussignies. 


TEREBRATULA BOUBEI, nov. sp., pl. XIX., fig. 44, a, b, €, d. 
(T°. longiscata, Bull., 2° série, vol. III, p. 336.) 


Coquille ovale, allongée. Valves également profondes , couvertes de stries d’accroissement assez 
prononcées et formant des espèces de bourrelets de distance en distance. Crochet de la valve dorsale 
prolongé en avant, arrondi, un peu recourbé et tronqué obliquement par une ouverture circulaire. 
Aréa peu prononcée, limitée en dehors par deux plis obsolètes et arqués. Deltidium fortement courbé 
à sa base, bordé de chaque côté par une strie simple et concave, et occupant à son sommet la base 
de l'ouverture. Angle apicial de 63°. Arêtes cardinales longues , se réunissant , vers le milieu de la 
hauteur, aux arêtes latérales par une courbe très faible. Arêtes latérales un peu plus courtes, légère- 
ment infléchies et joignant les angles arrondis du front. Celui-ci, un peu entaillé au milieu, est tran- 
chant comme les bords latéraux. L’uniformité de la courbure de la valve ne laisse apercevoir aucune 
trace de sinus. Valve ventrale ovalaire. Crochet à peine visible. A partir du centre du disque, deux 
plis faibles, très arrondis, se dirigent vers les angles du front, laissant entre eux une dépression large 
et peu profonde, de même que de chaque côté, entre le front et les angles latéraux qui sont à peine 
sensibles. — Hauteur, 28 millim.; plus grande largeur vers le milieu , 19 ; plus grande épaisseur un 
peu plus en avant, 14. — La structure du test (fig. 11, d) présente des granulations en losange, 
allongées, et dont Les séries se croisent en quinconce à peu près comme dans la 7° Æoemeri. 

La 7! Bouber diffère de la 7° prœlonga Sow. (Transac., geol. Soc. Lond., 2° sér., t. IV, pl. 14, 
fig. 44) par son crochet beaucoup plus pointu, par son ouverture moins grande, par son deltidium 
plus élevé au contraire , par l'angle des côtés plus prononcé, et enfin par le front droit, tranchant et 
entaillé. Elle diffère également de certaines variétés de la 7° kastata Sow. par son crochet et son 
deltidium , le premier très recourbé et le second nul dans l’espèce carbonifère. Le front tranchant 
et entaillé la distingue très bien aussi de la 7. Zagenalis. Schlot. — Tournay. 


e 


(N. 7, p.51.) SUR LES FOSSILES DU TOURTIA. 321 


TEREBRATULA ROYSII, nov. sp., pl. XIX, fig. 4, a, b, c, d,et 5, a, 6. 


Coquille sub-rhomboïdale , déprimée , à bords flexueux et tranchants. Valves également concaves, 
lisses ou présentant quelques stries d’accroissement très délicates. Crochet de la valve dorsale petit, 
arrondi, peu saillant et à peine recourbé. Ouverture petite, ronde , presque dans le plan de la com- 
missure des valves. Aréa nulle. Deltidium assez large, mais fort bas et comprenant à sa partie supé- 
rieure un tiers du pourtour de l’ouverture. Angle apicial de 105°. Arêtes cardinales convexes, se 
réunissant aux arêtes latérales par un angle très arrondi. Arêtes latérales égales en longueur aux 
précédentes, convexes, infléchies en ärrière et se relevant vers le front pour former deux angles qui 
le limitent. Celui-ci est très étroit et infléchi au milieu. Sinus large , peu profond , avec un relève- 
ment médian à peine sensible qui se perd vers le tiers postérieur. Valve ventrale sub-clliptique, 
transverse. Crochet très petit. Bourrelet large, arrondi, peu saillant, prenant naissance vers le milieu 
du disque. — Hauteur, 21 millim.; plus grande largeur au milieu, 21 ; plus grande épaisseur vers le 
tiers antérieur, 40. — La structure du test, que nous n’avons pu observer qu’en un seul point à 
cause de son altération, est représentée fig. 4, d. Les ponctuations ne sont pas nettement limitées , et 
toute la surface est mollement ondulée. 

Var. a? fig. 5, a, b. Coquille sub-elliptique , assez bombée. Crochet petit et pointu. Front très 
étroit, muni de deux plis serrés, courts et comme pincés. La courbe régulièrement elliptique des 
côtés, dont les arêtes cardinales et latérales se confondent, la petitesse du crochet, l’étroitesse du 
front et son double pli, donnent à cette coquille un aspect assez différent de celui de la précédente. 
Les caractères du test (fig. 5, b), quoique moins dissemblables que ne l’indique la figure, semblent 
aussi s’en éloigner ; mais nous avons comparé un trop petit nombre d'individus pour faire deux 
espèces distinctes , qui, plus tard, pourront être établies avec des renseignements plus complets. 

La coquille type n’a qu’une ressemblance éloignée avec la 7° pectoralis Roem. (pl. 7, fig. 9). 
Alais si la différence des époques ne faisait pas craindre un rapprochement hasardé , nous dirions 
qu'elle offre une grande analogie avec la 7! Æaueri Klips. (pl. 16, fig. 2) des couches de Saint-Cassian. 
Ses bords tranchants et flexueux éloignent tout rapport avec la 7°. numismalis Lam. du lias supérieur, 
et les plis du sinus empêchent de la confondre avec les T. Zentoidea Leym. {pl. 15, fig. 10), subéri- 
lobata Desh. (ibid. fig. 7), et enfin avec les 7! Puschiana de Vern. (pl. 9, fig. 10) et nuda de 
Buch (pl. 3, fig. 10) du terrain de transition. La variété a ne rappelle aucune forme que nous con- 
naissions. 


TEREBRATULA VIRLETL, n0v. sp., pl. XIX , fig. 6, a, 4, c, d. 


Coquille elliptique, déprimée, à bords tranchants. Valves également profondes, marquées de stries 
d’accroissement nombreuses et peu régulières. Crochet de la valve dorsale petit, conique, pointu, peu 
recourbé et percé au sommet par une ouverture petite et arrondie, Aréa nulle. Deltidium large, peu 
élevé, arqué. Angle apicial presque droit. Arêtes cardinales se confondant avec les arêtes latérales 
par une courbe elliptique, continue jusqu’au front, qui se relève assez brusquement vers la valve 
ventrale. Sinus médian large , peu profond , et ne se prolongeant pas au-delà du milieu du disque. 
Bourrelet ventral assez relevé en arrière et limité de chaque côté par deux inflexions concaves de la 
valve. — Hauteur, 16 millim. ; plus grande largeur en arrière du milieu de la hauteur, 14; plus 
grande épaisseur en avant, 8. — La structure du test (fig. 6, d) est caractérisée par des ponctuations 
fines, allongées, disposées en quinconces. 

Cette espèce est plus déprimée et plus allongée que la précédente. Le crochet est plus conique et 
le deltidium plus élevé. Son crochet est beaucoup plus petit que dans la 7°. plebeïa Dalm., His., 
(pl. 24, fig. 4, T. minor Nils.), et sa forme est bien plus allongée que celle de la T. lentoidea 
Leym., avec laquelle elle a d’ailleurs une certaine ressemblance. 


322 RAPPORT (N. 7, p. 32.) 


TEREBRATULA REVOLUTA, nov. sp., pl. XIX , fig. 3, a, b, €, d. 


Coquille globuleuse. Valves presque également profondes et recourbées, lisses et présentant seule- 
ment vers les bords des stries d’accroissement très fines. Valve inférieure sub-hémisphérique. Crochet 
petit, déprimé, recourbé, percé d’une ouverture petite, perpendiculaire à la partie recourbée et tou— 
chant le sommet de l’autre valve. Aréa nulle. Deltidium rudimentaire. Bord cardinal largement ar- 
qué. Angle apicial de 1049. Arêtes cardinales courtes , se réunissant aux arêtes latérales par une 
courbe semi-circulaire. Ces dernières, après s'être fortement infléchies vers le dos, se reportent 
brusquement vers le front, qui est relevé, étroit et limité par deux angles ou plis très aigus. Ceux-ci 
correspondent à deux sillons peu profonds, qui remontent jusque près du milieu de la valve, laissant 
entre eux un pli arrondi qui représente le sinus. Valve ventrale bombée , transverse, sub-elliptique, 
avec deux plis en arrière aboutissant aux angles du front et bordant un sillon large qui correspond 
au pli médian de l’autre valve. Les côtés , très arrondis, donnent à la coquille une forme globuleuse 
et comme enroulée. — Hauteur, 15 millim.; plus grande largeur un peu en avant du milieu de la 
hauteur, 15 ; plus grande épaisseur vers le milieu, 12. — La structure du test (fig. 3, d) présente 
des ponctuations fines, serrées, disposées en lignes fasciculées, longitudinales, ou bien transverses, 
courtes et ondulées (le dessinateur a un peu exagéré leurs caractères). 

On pourrait, au premier abord, regarder cette espèce comme une variété très renflée de la 
T1. Roysii, dont elle présente , en effet , la forme générale lorsqu'on la regarde en dessus ; mais ne 
connaissant aucun chaïînon intermédiaire qui relie entre elles ces deux coquilles, dont l'aspect est si 
différent sous d’autres rapports, nous maintiendrons quant à présent leur distinction spécifique. La 
T. revoluta ressemble à la 7°. globata, Sow. de l’oolite inférieure, mais le crochet de cette dernière 
est renflé; les arêtes cardinales étant aussi plus grandes, la largeur atteint son maximum vers le tiers 
postérieur. Les contours des arêtes latérales sont , en outre, plus simples, et le front est beaucoup 
moins resserré. — Tournay. 


TEREBRATULA PARVA, nov. Sp. , pl. XIX , fig. 7,a,b,c. 


Coquille très petite, renflée, et formant , vue en dessus, un triangle curviligne. Valves profondes, 
couvertes de stries d’accroissement peu nombreuses , assez régulières et ondulées. Valve inférieure 
concave, munie d’un crochet très large, très recourbé, arrondi en arrière et tronqué perpendicu - 
lairement en avant par une ouverture circulaire grande, et touchant presque le crochet de l’autre valve. 
Aréa se confondant avec les bords. Deltidium court, angle apicial d'environ 60°. Arêtes cardinales 
grandes, très arquées, se réunissant par une courbe arrondie avec les arêtes latérales. Ces dernières 
sont courtes , flexueuses , et s’arrondissent près du front, qui se relève vers la valve ventrale, et est 
accompagné de deux plis inégaux limitant le sinus. Un troisième pli correspond à une dépression 
médiane du bourrelet. Valve ventrale elliptique , transverse, offrant en arrière quatre plis courts, 
arrondis , dont deux représentent le bourrelet et deux autres divergent vers les bords. Pourtour de 
la coquille un peu tranchant. Hauteur, 7 millim. 1/2; plus grande largeur, un peu enarrière du 
milieu, 6; plus grande épaisseur au milieu de la hauteur, 4. 

Nous avons dû rechercher avec soin si cette petite coquille n’était pas un individu jeune d’une 
des espèces que nous connaissons dans le tourtia ; mais il nous a été impossible de trouver aucune ana- 
logie, et nous avons dû la signaler comme distincte jusqu’à ce que des moyens de comparaison 
plus complets viennent confirmer ou infirmer notre détermination. Nous ferons remarquer seulement 
que les individus jeunes d’une Térébratule dont les plis doivent être très prononcés à l’état adulte, 
ne présentent presque jamais ces plis aussi fortement accusés que nous le voyons dans la 7. parua. 
— Tournay. 


(N:7, p. 55.) SUR LES FOSSILES DU TOURTIA. 323 


TEREBRATULA PARVULA, nOv. Sp., pl. XIX, fig. 8, a, b, c, d. 


Coquille très petite, allongée, elliptique , un peu bombée. Valves également profondes avec quel- 
ques stries d’accroissement plus prononcées vers les bords. Valve inférieure munie d’un crochet assez 
arge, arrondi, recourbé et tronqué en avant par une ouverture ronde. Aréa étroite, allongée, 
nettement séparée des bords. Deltidium large, élevé, supportant la base de l'ouverture. Angle apicial 
de 78. Arêtes cardinales convexes , formant avec les arêtes latérales une courbe elliptique infléchie 
sur les côtés du front. Celui-ci est étroit et présente trois flexions médianes limitées par deux petits 
plis convergeant vers le tiers postérieur du disque dorsal. Valve ventrale sub-circulaire et régulière - 
ment bombée. Crochet à peine visible. Bourrelet marqué par trois plis tout à fait postérieurs, dont 
un médian plus petit que les deux autres. Bords frontal et latéraux tranchants. Hauteur, 7 millim. ; 
plus grande largeur vers le milieu de la hauteur, 5 1/2 ; épaisseur, #bid., 3 1/2. 

Nous ferons pour cette Térébratule, encore plus petite que la précédente, dont elle est bien 
distincte, les mêmes réserves relativement à ce que des recherches ultérieures pourront faire con- 
naître. Par sa forme générale et ses dimensions la 7. parvula rappelle un peu la 7. /epida, Gold. 
d'Arch. et de Vern, (pl. 35, fig. 2), de l’Eifel. — Tournay. 


TEREBRATULA CAPILLATA , nov. Sp. , pl. XX , fig. 4, a, 6,c, d, e, 2, a, b, et 3, a, b. 


Coquille rhomboïdale, déprimée , à bords tranchants. Valves inégalement profondes, ornées dans 
toute leur étendue de plis rayonnants, filiformes ou capillaires, nombreux, serrés, inégaux et on- 
dulés , et de stries d’accroissement assez espacées , formant quelquefois des espèces de bourrelets 
concentriques qui interrompent les plis rayonnants et flexueux. Valve dorsale régulièrement concave. 
Crochet large , arrondi, très recourbé, tronqué perpendiculairement par une ouverture grande qui 
se trouve aussi dans le plan de la commissure des valves. Aréa concave , séparée des côtés par un 
angle prononcé où s'arrêtent les stries rayonnantes. Deltidium bas, assez étroit, limité par deux 
stries , et occupant à sa partie supérieure le quart du pourtour de l'ouverture. Angle apicial de 1 00°. 
Arêtes cardinales anguleuses, un peu concaves, formant avec les arêtes latérales un angle arrondi 
de 80°. Ces dernières sont grandes et arquées. Front étroit, avec une inflexion médiane très faible. 
Valve supérieure déprimée. Crochet très petit. Bord cardinal grand et arqué. Vers le front , une 
légère dépression correspond à la flexion de l’autre valve. — Hauteur, 36 millim. ; plus grande largeur 
au milieu de la hauteur, 35 ; plus grande épaisseur vers le tiers antérieur, 17. — La structure du test 
offre un système de lignes ponctuées (fig. 1, d) qui se croisent en formant des losanges très allongées, 
peu régulières, et les ponctuations sont disposées en quinconces serrés et rendus flexueux par le pas- 
sage des côtes capillaires de la surface (fig. 1, e). 

Var. a, b, fig. 2 a. Coquille ovalaire. Bords épais et assez arrondis. Valves renflées, quoique d’épais- 
seur inégale. Crochet proéminent, arrondi, recourbé. Front muni, sur la valve ventrale, de deux 
plis arrondis, peu prononcés, correspondant à deux inflexions des stries d’accroissement de la valve 
dorsale. Cette coquille diffère ainsi de la précédente sous beaucoup de rapports, mais l'identité par- 
faite des ornements de la surface, d’ailleurs très particuliers, ne nous a pas permis de l'en séparer. 

Var. 6, fig. 3, a, b. L’individu que nous avons fait représenter ici paraît être l’état jeune d’une 
seconde variété distincte par sa forme elliptique , déprimée, par l’abcence de flexion au front , et par 
divers autres caractères moins importants. 

La T. capillata , V'une des plus remarquables du tourtia, nous paraît trop différente de toutes 


celles qui ont été décrites jusqu’à présent pour qu’il soit nécessaire d’en faire ressortir les carac- 
tères essentiels. — Tournay. 


SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. II Mém. n° 7 42 


324 RAPPORT N.7, p-5#) 


TEREBRATULA ARENOSA, nov. sp., pl. XXI, fig. 4, a, 6, c, d, e, 2, a, et 3, a, b. 


Coquille globuleuse, sub-orbiculaire , d’ailleurs assez variable dans sa forme. Valves presque éga- 
lement profondes , présentant quelques stries d’accroissement qui forment des bourrelets ou des 
plis concentriques très prononcés, assez semblables à des marches d’escalier. Surface parsemée, en 
outre, de granulations ou de verrues inégales, très délicates, déprimées au sommet, et donnant 
aux parties bien conservées du test l’aspect d’une couche légère de sable fin (fig. 1, d). Valve in- 
férieure hémisphérique, régulière, munie d’un crochet peu saillant, arrondi, recourbé et tronqué 
perpendiculairement par une ouverture ronde, assez grande, touchant le crochet de la valve ventrale. 
Aréa très étroite et très surbaissée. Deltidium nul. Angle cardinal de 98: Arêtes cardinales convexes, 
très arrondies, se liant sans interruption aux arêtes latérales qui se rolongent de même jusqu’au 
front. Celui-ci est marqué par une ligne concave plus ou moins prononcée , quelquefois nulle. Valve 
ventrale orbiculaire, renflée, quoique moins profonde que l’autre. Un bombement à peine sensible, 
partant du milieu du disque, se dirige vers le front, et une dépression médiane lui correspond sur 
la valve dorsale. Ce caractère n’a d’ailleurs rien de constant. Dans les individus jeunes (fig. 2. a), 
les contours de la coquille sont beaucoup plus réguliers. — Hauteur, 22 millim. ; largeur maximum 
vers le milieu, 21; épaisseur 4d., vers le milieu de la hauteur,,16. — Le test offre dans sa struc- 
ture (fig. 1, e) des points enfoncés, allongés, assez espacés sur Île milieu de la coquille, mais plus 
serrés sur les côtés, irrégulièrement disséminés , sans affecter de disposition symétrique ou linéaire 
dans aucun sens. Les granulations qui couvrent la surface du test sont placées dans les intervalles de 
ces ponctuations, mais quelquefois ces dernières paraissent leur servir de base, comme le montre 
la fig. 4, e, où des lames de la surface du test ont été enlevées avec les granulations. 

Var. a, fig. 3, a, b. Coquille mince, moins renflée que la précédente, plus régulière, plus petite, à 
bords tranchants et couverte de granulations peu distinctes, ce qui, joint à certaines différences dans 
la structure du test, pourra sans doute contribuer à la faire considérer comme une espèce lorsqu'on 
aura pu en comparer plusieurs individus. 

Les granulations de la’ 7! arenosa la font reconnaître facilement des autres espèces, de formes 
plus ou moins voisines, telles que les 7”. semiglobosa Sow., sphæroidalis id., bullata et globata id. 
— Tournay, la variété est de Gussignies. 


TEREBRATULA SUBARENOSA , nOv. sp., pl XXI, fig. 4, a, b, 5, a, b. 


Coquille papyracée, ovoïde, arrondie, à bords tranchants. Valves inégalement profondes. Valve dor- 
sale munie d’un crochet droit, conique, tronqué obliquement en avant par l'ouverture. Aréa triangu- 
laire, concave, à bords anguleux. Deltidium inconnu (dans les valves détachées, les seules que nous con- 
naissions, le trou s’étend de la pointe du crochet au bord cardinal , sans doute par suite de Ja dispa- 
rition du deltidium). Angle apicial de 95°. Arêtes cardinales courtes, se prolongeant avec les arêtes 
latérales par une courbe circulaire qui se suit jusqu’au front. Ce dernier est à peine marqué par une 
légère inflexion vers la valve ventrale. Toute la surface de la valve est couverte de granulations mame- 
lonnées, en même nombre que les ponctuations enfoncées du test, et qui paraissent être tantôt en rela- 
tion avec ces dernières , tantôt indépendantes et disposées le plus ordinairement en séries obliques, 
courbes ou en quinconce (fig. 4, ,). Quelques stries rayonnantes obsolètes se remarquent le long des 
arêtes latérales. Valve ventrale déprimée. Crochet petit. Bord cardinal formé par une ligne brisée au 
sommet. Angles latéraux très prononcés, et le reste du pourtour formant les trois quarts d’un cercle. 
Dépression médiane en arrière très faible. Surface couverte seulement de stries d’accroissement con- 
centriques, peu prononcées, inégalement espacées. Point de granulations. Ponctuations eufoncées du 
test (fig. 5, 4), beaucoup plus fines et plus serrées que sur l’autre valve. — Hauteur, 9 millim. 1/2; 
maximum de la largeur vers le milieu de la hauteur, 9; maximum de l'épaisseur, #b., 4. 


CAES.) SUR LES FOSSILES DU TOURTIA. 325 


N'ayant jamais trouvé ensemble les deux valves de cette coquille, nous avons des doutes sur le rap- 
prochement que nous venons de faire de certaines valves dorsales avec d’autres valves ventrales, et les 
différences dans les ornements de la surface et dans la ponctuation de la structure du tesl pourraient 
confirmer notre incertitude ; mais, d’un autre côté, l'accord qu’on observe entre les diverses parties 
de ces valves et l'absence , parmi un grand nombre d’échantillons provenant du sable coquillier de 
Gussignies, d’autres valves dorsales et ventrales qui puissent compléter les nôtres en en faisant deux 
espèces, nous engagent à réunir celles-ci quant à présent. — Gussignies. 


TERCBRATULA SUBPECTORALIS, nov. Sp , pl. XIX, fig. 9, a, b,c. 


Coquille déprimée, lenticulaire, à bords tranchants et un peu flexueux. Valves également profondes, 
lisses ou ne présentant que quelques stries d’accroissement. Crochet de la valve dorsale très petit, 
arrondi, à peine recourbé, tronqué obliquement par une ouverture petite et circulaire. Aréa et del- 
tidium peu distincts. Angle apicial de 108°. Arêtes cardinales courtes et concaves, s’arrondissant en 
se joignant aux arêtes latérales. Celles-ci sont grandes, arquées, un peu flexueuses vers le front. Ce 
dernier est arrondi, relevé légèrement vers la valve ventrale et surmonté d’une dépression médiane à 
peine sensible. Valve ventrale renflée vers le sommet. Crochet très petit. Bord cardinal grand, large- 
ment arqué. On remarque deux faibles dépressions de chaque côté du bombement qui représente 
le bourrelet. — Hauteur, 16 millim. ; plus grande largeur vers le tiers antérieur , 16 ; plus grande 
épaisseur vers le milieu de la hauteur, 8. 

Cette espèce diffère de la 7°! pectoralis Roem. (pl. 7, fig. 19), par son crochet plus petit, son front 
plus étroit, ses bords plus tranchants, et par sa valve dorsale beaucoup moins profonde. Peut-être 
sera-t-il possible de réunir plus tard ces deux coquilles sous un même nom, mais un plus grand 
nombre de matériaux devra être comparé auparavant. Notre espèce n’est pas non plus sans une cer- 
taine analogie avec les 7°. subérilobata Desh. et lentoidea Leym. (pl. 15, fig. 7, 8, 9, 10); mais la pe- 
titesse de son crochet, indépendamment de ses autres caractères , suffira toujours pour la distinguer. 
Le dessinateur ayant fait le crochet trop haut et trop large dans les fig. 9, 9 a ,la coquille se trouve 
ressembler à la 7! Æoysii. — Tournay. 


TEREBRATULA GUSSIGNISENSIS , nov. sp. , pl. XIX, fig. 40, a, 6, c, d. 


Coquille semi-elliptique, très renflée vers les crochets. Bords simples et tranchants. Valves presque 
également profondes, unies et sans stries. Valve dorsale bombée. Crochet petit, arrondi, recourbé et 
tronqué au sommet par une ouverture oblique, circulaire et touchant le crochet de l’autre valve. 
Aréa très petite, surmontée de deux espèces de dents placées sur les côtés de l'ouverture. Deltidium 
nul. Angle apicial de 105°. Arêtes cardinales courtes, un peu concaves, s’unissant par une courbe 
très arrondie aux arêtes latérales qui se continuent ensuite jusqu’au front. Celui-ci est simple, sans 
aucune flexion, et forme avec les arêtes les trois quarts d’un cercle. Valve ventrale très renflée vers le 
sommet. Crochet déprimé. Bord cardinal très long et faiblement arqué. Point de trace de bourrelet, 
ni de sinus sur l’autre valve. — Hauteur, 13 millim.; plus grande largeur vers le tiers antérieur de 
la coquille, 13; plus grande épaisseur, #4., 9.—La structure du test (fig. 10, d) offre l’apparence d’une 
étoffe de laine grossière, percée de trous allongés en pointe vers le bas , inégaux et irrégulièrement 
disséminés. J 

Cette espèce est bien caractérisée par la régularité et la simplicité de sa forme , l'absence de toute 
strie à sa surface, la longueur de sa ligne cardinale, le renflement de la région des crochets, la struc- 
ture de son test, et par ses bords et son front continus, tranchants et sans aucune flexion. Ce dernier 
caractère assez rare se retrouve dans la 7. concava Lam. et dans la suivante. 


326 RAPPORT UN. 7, p.56. 


TEREBRATULA SUBCONCAVA, nov. sp., pl. XIX, fig. 42, a, 6, c, d. 


Coquille sub-hémisphérique. Valves très inégalement profondes, lisses ou présentant quelques 
stries d’accroissement, surtout vers les bords qui sont épais. Valve inférieure très convexe. Crochet 
peu élevé, fort arrondi en arrière, recourbé et coupé perpendiculairement par une ouverture ronde, 
assez grande, touchant le crochet de la valve ventrale, et placée exactement dans le plan de jonction 
des valves (ce caractère est mal rendu dans la fig. 12, b). Aréa triangulaire, basse, concave. Deltidium 
nul. Angle apicial de 106°. Arêtes cardinales très courtes, un peu concaves, formant, à la jonction des 
arêtes latérales, un angle arrondi très promoncé. Les arêtes latérales grandes , très courbées, se lient 
au front d’une manière continue. Celui-ci est droit, à peine marqué, sans pli ni sinus. Valve ventrale 
semi-circulaire. Ligne cardinalc presque droite et presque égale à la plus grande largeur de la co- 
quille. Crochet non apparent. Sommet très déprimé. Point de bourrelet en arrière, ni de sinus sur 
l’autre valve. — Hauteur, 10 millim.; plus grande largeur très près de la ligne cardinale , 10; plus 
grande épaisseur vers le milieu de la hauteur, 7.— Les caractères du test, peu distincts à l’intérieur , 
à cause de son état presque spathique, montrent à sa surface (fig. 12, d) des granulations allongées 
inégales, et par place, assez semblables à celles de la 7. arenosa. 

Cette espèce se distingue de la précédente par sa ligne cardinale , qui est, toute proportion gar- 
dée , plus grande et moins arquée, par son front plus étroit, droit et épaissi de même que les bords, 
au lieu d’être tranchant. Sa forme est ainsi beaucoup moins régulière. Le sommet de la valve ven- 
trale est déprimé, tandis qu’il est très renflé dans la 7°. qussignisensrs. Notre Térébratule, comme son 
nom l'indique, est fort voisine de la 7° concava Lam. (Magas pumilus Sow.) ; mais son crochet est 
droit, arrondi, l'ouverture grande et le deltidium triangulaire ; au lieu que dans la 7. concava, le cro- 
chet est très recourbé, très pointu, l'ouverture fort petite, et l’aréa est aussi très resserrée et concaye. 
En outre, la 7° concavaest plus allongée ; sa plus grande largeur se trouve tantôt en arrière, tantôt en 
avant , tan{ôt au milieu de la hauteur de la coquille dont le test est très mince, tandis que dans la 
nôtre il est fort épais. La structure elle-même du test paraît être aussi fort distincte de celle de la 7° 


concava. — Tournay. 


TEREBRATULA VERNEUILI, nov. sp., pl. XX, fig. 4, a, b, c, d,e. 


Coquille ovale allongée, déprimée. Bords presque tranchants. Valves inégalement profondes. Valve 
dorsale naviforme, munie d’un crochet large, très prolongé en avant, presque droit et tronqué obli- 
quement à son extrémité par une ouverture circulaire, petite. Aréa concave, nettement séparée des 
côtés par un angle prononcé. Deltidium triangulaire, droit, tronqué au sommet par la base de l’ou- 
verture et bordé de chaque côté par une côte élroite que limitent deux stries. Angle apicial de 70°. 
Arêtes cardinales convexes et formant avec les arêtes latérales une courbe continue , allongée, ellip- 
tique, qui se prolonge jusqu’au front. Celui-ci est étroit et marqué par une légère sinuosité. La 
surface de la valve est couverte de plis courts, squamiformes , divergents , plus courts sur les côtés, 
de plus en plus fins, serrés et granuleux vers les bords, et s'étendant enfin jusque sur le milieu de 
l’aréa (fig. 4, d). Des stries d’accroissement peu nombreuses se remarquent vers le bord postérieur. 
Valve ventrale elliptique. Crochet prolongé de manière que les arêtes cardinales sont presque paral- 
lèles à celles de l’autre valve. Une faible dépression en arrière indique la place du bourrelet. La sur- 
face est aussi couverte de petits plis serrés, courts, squameux et divergents qui semblent s’atté- 
nuer et disparaître vers le front à mesure que les stries d’accroissement deviennent plus prononcées. 
Hauteur, 10 millim.; largeur au milieu, 7; plus grande épaisseur vers le tiers antérieur, 4. — La 
structure du test offre une ponctuation très fine semblable sur les deux valves, et même visible sur le 
deltidium (fig. 4, e). 

Cette espèce, l’une des plus élégantes du genre, est bien caractérisée par sa forme générale, par 


CN. 7, p- 57.) SUR LES FOSSILES DU TOURTIA. 327 


son crochet, son aréa, son deltidium, et surtout par les ornements de sa surface qui nous serviront de 
caractère commun pour réunir en un petit groupe plusieurs espèces où ils sont toujours plus ou 
moins prononcés. — Tournay. 


TEREBRATULA MURCHISONI, nov. Sp., pl. XX, fig. 5, a, b, c, d et 6, a. 


Coquille ovale, allongée, déprimée, à bords tranchants. Valves presque également profondes. Valve 
inférieure uniformément convexe, munie d’un crochet grand, large, peu recourbé, tronqué par ue 
ouverture circulaire, très peu oblique. Aréa concarve, limitée en arrière par deux arêtes peu pronon- 
cées. Deltidium grand, élevé, séparé de l’aréa par deux crêtes linéaires décurrentes, peu sensibles 
et entourant le tiers inférieur de l'ouverture. Angle apicial de 64°. Arêtes latérales légèrement con- 
caves au milieu, puis se réunissant par une courbe continue, régulière ou elliptique avec les arêtes 
latérales. Celles-ci se prolongent de même en s’unissant avec le front sans produire aucune sinuosité. 
Front régulièrement arrondi. La surface du test est couverte de plis courts, nombreux, un peu 
écailleux, peu apparents, surtout vers le milieu du disque , et traversés par des stries d’accroisse- 
ment assez régulières. Valve supérieure elliptique, moins bombée que l’autre. Crochet petit. Bord 
cardinal un peu flexueux sur les côtés. Surface ornée comme l’autre valve. — Hauteur, 14 millim. ; 
plus grande largeur vers le milieu de la hauteur, 11 ; plus grande épaisseur vers le tiers antérieur, 6. 
— La structure du test présente des ponctuations très fines, très espacées et qui ne paraissent pas 
former de séries linéaires {Gg. 5, d). 

Var. a, fig. 6, a. Cette coquille diffère de la précédente en ce qu’elle est plus renflée, surtout vers 
le sommet des valves. Le crochet est plus recourbé , plus arrondi à la base ; l’aréa est à peine dis- 
tincte ; le deltidium plus étroit et l’ouverture presque perpendiculaire à la partie recourbée du 
crochet. Si nous avions pu réunir plusieurs individus du type de l'espèce et de sa variété, peut-être 
leur comparaison aurait-elle pu nous v faire reconnaître des caractères spécifiques différents. Quoi 
qu'il en soit , elles ont l’une et l’autre une certaine analogie avec la 7. Verneuili, dont elles pré- 
sentent le système d’ornementation, mais moins prononcé. — La coquille type est de Gussignies, la 
variété de Montignies-sur-Roc. 


TEREBRATULA KEYSERLINGI, nov. sp., pl. XX, fig. 7,0,6,c, d. 


Coquille ovoïde , à bords tranchants. Valves inégalement profondes. Valve dorsale munie d’un cro- 
chet très grand, arrondi sur les côtés, recourbé et tronqué presque perpendiculairement par une 
ouverture grande et circulaire. Aréa petite, concave et séparée des côtés par une arête peu sensible. 
Deltidium large à la base, triangulaire , rétréci au sommet, où il entoure un cinquième de l’ouverture. 
Il est limité latéralement par deux crêtes étroites, un peu arquées et bordées chacune de deux stries. 
Angle apicial de 60°. Arêtes cardinales convexes et s’unissant aux arêtes latérales par une courbe ellip- 
tique continue, qui se prolonge jusqu’au front. Celui-ci est presque droit et à peine anguleux à ses 
extrémités. La surface du test est couverte de très petits plis, peu élevés et ne s'étendant que d’une 
strie d’accroissement à l’autre. Ils sont plus prononcés vers les bords latéraux, et, autour de l’aréa, 
ils se changent en granulations allongées, formant quelquefois des zigzags. Valve ventrale moins pro- 
fonde que l’autre , elliptique, couverte de stries d’accroissement concentriques , et, sur les côtés, de 
plis obsolètes semblables à ceux de la valve dorsale. Le bourrelet est indiqué par un bombement très 
faible, qui, partant du milieu du disque, se termine au front. Les ponctuations du test sont ova- 
laires et plus serrées que ne le représente le dessin, fig. 7, d. — Hauteur, 38 millim. ; plus grande 
largeur vers le milieu de la hauteur, 14; plus grande épaisseur 28., 9. 

Gette espèce diffère des précédentes , auxquelles elle est alliée par les ornements de sa surface, par 
sa forme générale plus elliptique , plus bombée, et surtout par son crochet plus épais, plus arrondi 

- à la base et plus recourbé , par son deltidium plus élargi, par le plan de l’ouverture qui est presque 


323 RAPPORT CN: 7, p.58.) 
perpendiculairé à la partie recourbée du crochet, par ses arêtes cardinales très convexes , par sa 
taille qui paraît aussi toujours plus grande, enfin par l'indication d’un bourrelet qui ne se trouve 
point dans les deux autres. — Tournay. Nous devons à l’obligeance de M. Graves un très bel exem- 
plaire provenant de Gussignies. : 


TEREBRATULA TCHIHATCHEFFI, nov. sp. , pl. XX, fig. 8,4,0,c, d. 


Coquille en pentagone irrégulier et un peu bombée, valves également profondes. Valve dorsale 
munie d’un crochet assez large, court, recourbé, tronqué en avant par une ouverture médiocre. 
Aréa concave , séparée des bords par une arête tranchante, arquée, qui, partant de l’ouverture, 
joint l’extrémité des arêtes cardinales. Deltidium assez large, peu élevé, bordé de chaque côté par 
une côte étroite. Angle apicial de 100°. Arêtes cardinales courtes, presque droites, s’unissant par 
un angle arrondi avec les arêtes latérales. Celles-ci sont grandes, un peu arquées jusqu’au front qui 
est presque droit. Ce dernier, légèrement infléchi au milieu, est relevé à ses extrémités, où vien- 
nent aboutir deux dépressions rayonnantes obsolètes. Surface couverte de stries d’accroissement 
concentriques, surtout vers le bord postérieur , et de plis courts, très petits, placés sur les côtés 
du crochet, de l’aréa et des angles latéraux. Valve ventrale bombée vers le sommet. Crochet petit, 
mais distinct. Deux plis obsolètes naissent vers le milieu du disque, atteignent les angles du front et 
limitent, dans leur intervalle, une dépression à fond plat qui représente le bourrelet. Des stries 
concentriques se voient surtout en arrière, et quelques plis, semblables à ceux de l’autre valve, ornent 
le bord cardinal et les côtés. — Hauteur, 48 millim. ; plus grande largeur vers le milieu de la hau- 
teur, 16; plus grande épaisseur 40., 11. — La structure du test (fig. 8, d) présente des ponctua- 
tions très fines , très serrées et disposées en losanges ou en lignes courbes qui, se croisant sous un 
angle aigu, forment par leur ensemble un quinconce curviligne très régulier. 

Var. a, fig. 9, a, b, c. Cette coquille diffère de la précédente par sa forme ovalaire plus dé- 
primée, par son crochet plus pointu, plus droit et plus avancé. Son front est plus étroit, arrondi, 
infléchi, et correspond à une dépression de la valve dorsale en même temps qu’à un léger bombe- 
ment de la valve ventrale. Les ornements de la surface sont d’ailleurs les mêmes. 

La 1. Tchihatchejfi, quoique moins globuleuse, rappelle un peu la 7! arenosa , êt elle se distingue 
de la 7. Æeyserlingt par sa forme pentagonale, par son crochet plus court et‘moins arrondi, moins 
lrge, moins recourbé, el par d’autres caractères que la comparaison des figures suffit pour indiquer. 
Elle porte d’ailleurs , ainsi que sa variété, les plis squameux qui caractérisent ce groupe. — Tournay. 


TÉREBRATULA GRAVESI, nov. sp., pl. XX, fig. 10,a,6,c,d. 


Coquille sub-orbiculaire, mince, valves inégalement profondes. Valve dorsale concave, munie 
d’un crochet peu saillant, recourbé, arrondi , tronqué en avant par une ouverture circulaire qui se 
trouve dans le plan de la charnière. Aréa assez grande, concave, séparée des bords par une arête 
très prononcée, Dellidium grand , convexe , supportant la base de l’ouverture et limité par deux plis 
latéraux droits. Angle apicial d'environ 90°. Arêtes cardinales courtes, se réunissant par un angle 
arrondi aux arêtes latérales, qui forment avec le front une courbe circulaire continue. Le front , 
simple, tranchant comme les côtés, ne présente aucune trace de flexion. La surface de la valve est 
unie au milieu, mais sur les côtés et le long des arêtes cardinales on remarque de petits plis squa- 
meux qui se continuent sur une partie de l’aréa comme des granulations allongées. Valve ventrale 
circulaire , déprimée. Crochet assez prononcé. Partie médiane de la surface nue ou ne présentant 
que des stries d’accroissement fort délicates et quelques stries rayonnantes obsolètes. Côtés recou- 
verts de petits plis squameux, divergents, d'autant plus prononcés qu’ils sont plus rapprochés du 
bord. — Hauteur , 9 millim. ; plus grande largeur vers le milieu de la hauteur , 8 ; plus grande épais- 
seur, 20., h. 


CN. 7, D: 59.) SUR LES FOSSILES DU TOURTIA. 399 


Cette espèce que nous avions confondue au premier abord avec la Z. subarenosa, qui se trouve 
aussi à Gussignies et dans le même état, c’est-à-dire les deux valves toujours séparées, s’en distingue 
bien cependant par sa forme plus circulaire , par son crochet plus recourbé , par son aréa concave et 
oblique, par sa valve ventrale dont les ornements sont semblables à ceux de la valve dorsale, et par 
ses ornements mêmes qui la rattachent à la 7: Verneuili, tandis qu'il n’y en a pas de traces sur la 
T'. subarenosa. La structure du test, en outre fort élégante dans cette dernière, est très simple, au 
contraire, dans la 7! Gravesi, où l'on ne voit (fig. 12, d) que des puints enfoncés assez écartés et dis- 
posés sans régularité. — Gussignies. 


TEREBRATULA LEVEILLEI, nov. Sp., pl. XX, fig. 14, a, 6, c, d. 


Coquille ovoïde allongée , ou formant un heptagone irrégulier, à angles arrondis, rétrécie à ses ex- 
trémités, hombée, épaisse et à bords arrondis. Valves inégalement profondes, couvertes de stries d’ac- 
croissement délicates, régulières, inégalement espacées. Valve inférieure convexe, nayiculaire , munie 
dun crochet large, arrondi sur les côtés, prolongé en avant , recourbé et tronqué très obliquement 
par une ouverture circulaire petite. Aréa concave , à bords arqués et nettement séparés des côtés. Sa 
surface est treillissée par le croisement de stries perpendiculaires et transverses. Deltidium large à la 
base, surbaissé et rétréci au sommet, puis limité sur les côtés par deux bandelettes étroites. Angle 
apicial de 85°. Arêtes cardinales très convexes, grandes, et formant un angle obtus, émoussé vers le 
milieu de leur longueur. Arêtes latérales courtes, un peu concaves ou légèrement infléchies, pour 
joindre le front, qui est arrondi, étroit, et un peu relevé sur la valve ventrale. Sur les côtés du crochet 
et sur les arêtes qui bordent l’aréa, on remarque de petits plis sinueux, arqués, formant plus en arrière 
des zigzags obsolètes assez aigus. Valve ventrâle moins bombée que l’autre, offrant, vers le tiers pos - 
térieur, un bourrelet très arrondi qui occupe toute la largeur du front auquel il correspond. — Hau- 
teur, 16 millim. ; plus grande largeur vers le tiers postérieur, 12 ; plus grande épaisseur vers le mi- 
lieu de la hauteur, 10. — La structure du test (fig. 11, d) présente un système de ponctuations 
extrêmement fines, serrées, régulières, disposées en quinconces. 

Cette espèce est la dernière de celles qui se rattachent à la 7. Verneuili par les ornements de ja 
surface (1). Quoique la 7. Leveillei rappelle aussi cette Térébratule par sa forme ; elle en diffère 
essentiellement par son épaisseur, son contour heptagonal allongé, rétréci aux extrémités, son cro- 
chet arrondi , recourbé, son deltidium, son bourrelet et ses bords arrondis. La 7! Leverllei n'est 
pas sans analogie avec certaines variétés de la 7°! ornithocephala Sow. 


TEREBRATULA DESHAYESII, nov. Sp. , pl. XXI, fig. 6,a,b,c,d,e. 


Coquille très petite, ovalaire, déprimée, à bords tranchants. Valves presque également profondes. 
Valve dorsale, peu convexe, ayant un crochet droit, large, tronqué par une ouverture grande (im- 
parfaitement connue, ainsi que le deltidium). Aréa probablement triangulaire , droite et séparée des 
bords par deux arêtes tranchantes. Arêtes cardinales droites, se réunissant par une courbe elliptique 
et régulière aux arêtes latérales, qui se continuent, en formant avec le front un demi-cercle sans au- 
cune inflexion. Valve ventrale elliptique, déprimée. Crochet assez saillant, accompagné de deux oreil- 
lettes qui rendent le bord cardinal presque droit. Ces oreillettes et les parties voisines sont couvertes 
de très fines granulations. Quelques stries d’accroissement s’ohservent en outre de distance en dis- 
tance. Toute la surface du test est percée de petits trous allongés (fig. 6, e), beaucoup plus distincts 
que dans la plupart des espèces précédentes, assez espacés, formant des courbes qui se croisent en 
quinconces et rappelant l'aspect des feuilles de millepertuis. — Hauteur, 3 millim.; largeur, 2 1/2 : 
épaisseur , 1 1/2. 


(1) La T. arcuala, Roem. (pl. 6, fig.‘ 18), et une espece assez commune dans la craie de Rouen, appartiennent 
encore à ce groupe. 


330 RAPPORT (N.7, p.40.) 


Cette espèce est remarquable par son extrême petitesse et par les oreillettes de la valve ventrale. 
Ce dernier caractère s’observe aussi dansles 7. Faujasii, auriculata et ornata Roem. (pl. 6, fig. 8, 9 
et 10), et dans la 7. chrysalis Schlot., toutes aussi fort petites; mais qui portent des côtes rayon- 
nantes, granuleuses, simples ou dichotomes, tandisque la 7. Deshayesri en est complétement dépour- 
vue, — Gussignies. 


TEREBRATULA LATISSIMA ( 7° lata Sow. Min. conc., pl. 502, fig. 4). Var , pl. XXI, 
fig. 7, a, 8, a, et9, a. 


Cette coquille, l’une des plus caractéristiques du tourtia, diffère assez de celle qu'a décrite et figurée 
M. Sowerby. Sa taille est beaucoup plus grande ; sa forme générale plus deltoïde; son crochet plus 
proéminent , et l’angle apicial moins ouvert n’est que de 98° au lieu de 110. Le nombre des plis est 
d’ailleurs sensiblement le même dans les deux coquilles. La variété a est propre à la couche dont nous 
nous occupons ; le type de l’espèce se trouve dans le grès vert supérieur de Warminster où nous l’a- 
vons recueilli, puis dans le grès vert inférieur de l’île de Wight et de Parham. Structure du test 
fibro-capillaire, extrêmement délicate. — Tournay, Montignies-sur-Roc. 

Var. b, fig. 8, a. Coquille transverse , et qui a été figurée par M. Roemer (pl. 6, fig. 4), comme 
provenant du 77i/s conglomerat du Hanovre. Nous en avons rencontré une variété peu différente dans 
le grès vert des Ardennes. — Tournay. 

Var. c., fig. 9, a. Cette coquille difforme, plus petite que la var. a, n’a que 35 plis au lieu de 40. 
— Tournay. 


TEREBRATULA ROSTRATA , SOW., pl. 537, fig. 4, 2. Var., pl. XXI, fig. 10, a. 


Quoique la difformité d’une coquille soit le résultat de causes accidentelles, nous avons dû faire 
figurer celle-ci parce qu’elle s'éloigne à quelques égards du type de l'espèce , et qu’ensuite nous n’en 
connaissons pas encore dans le poudingue qui soit régulière et que l’on puisse identifier en toute cer- 
titude avec celle du Mineral conchology. Notre variété a les plis plus fins et plus nombreux que la 
T'. rostrata de la craie de Sussex ; le crochet est moins recourbé et les valves sont moins convexes. 


TEREBRATULA SCALDISENSIS, nov. sp., pl. XXI, fig. 41, a, 6, c, et pl. XX, fig. 9. 


Coquille transverse, renflée. Valves également profondes, ornées de 65 plis environ, rayonnant des 
crochets, égaux, réguliers, anguleux, traversés par des stries d’accroissement assez espaces et plus 
ou moins prononcées. Valve dorsale convexe, munie d’un crochet assez grand, large à la base, pointu 
et recourbé au sominet. Ouverture ovale, placée immédiatement dessous. Deltidium embrassant, trian- 
gulaire, assez grand, formant un rebord autour de l’ouverture et séparé de l’aréa par une strie pro- 
fonde. Aréa grande, coucave, bordée par deux arêtes arquées qui, partant du crochet, vont joindre 
les angles latéraux. Angle apicial de 404°. Arêtes cardinales droites ou légèrement infléchies. Angles 
latéraux arrondis. Arêtes latérales très courtes. Front large, convexe, relevé sur la valve ventrale. 
Sinus large très peu profond, comprenant 20 plis. Valve ventrale convexe. Crochet avancé. Bord car- 
dinal concave de chaque côté. Bourrelet large, déprimé ou arrondi, plus prononcé à l’intérieur où il 
est indiqué par deux côtes divergeant du crochet. — Hauteur , 21 millim.; largeur au milieu, 35; 
épaisseur, 24., 15. — Test lamelleux sans ponctuations apparentes, mais montrant des stries fibro- 
capillaires (pl. XXV, fig. 9) soyeuses, fasciculées ou ondoyantes comme dans la 7°. lafissima. 

Cette espèce semble au premier abord ne pas différer de plusieurs Térébratules déjà connues; mais 
on voit bientôt qu’elle se distingue de la T. gallina Al. Brong. (pl. 16, fig. 2), que nous trouvons aussi 
dans la même couche, par sa taille plus petite, par sa forme plus trigone, par son épaisseur moindre, 
et par ses valves par conséquent moins renflées, et, en outre, par ses plis plus fins et plus nombreux 


CN: 7, p. M.) SUR LES FOSSILES DU TOURTIA. 331 


(65 au lieu de 36 à 40). Ce dernier caractère, joint à sa forme générale et à sa taille, l’éloigne de la 

- T. latissima Sow., et de ses variétés, en‘y comprenant la 7’. conveza de C. Sow. (Transac. Geol. 
Soc. Lond., t, IV, pl. 4, fig. 12). Elle diffère également de la 7°. délatata (id., 1b., pl. 18, fig. 2), 
qui est beaucoup plus ailée et qui, malgré sa grande largeur, n’a que A8 plis. Enfin, les angles laté- 
raux sont moins dilatés que dans les diverses variétés de la 7! alata Lam. 


TEREBRATULA BEAU MONTI , nov. sp., pl. XXI, fig. 12, a, 6, c, d, 13, a, et 14. 


Coquille ovoïde. Valves également profondes, très renflées vers les crochets ét couvertes de plis 
rayonnants, élevés, presque égaux, quelquefois bifurqués , au nombre de 12 à 14, séparés par des 
sillons égaux et profonds, puis traversés par des stries d’accroissement nombreuses, serrées et ondu- 
lées. Valve dorsale convexe, munie d’un crochet proéminent, conique, pointu, peu recourbé et tron- 
qué au sommet presque horizontalement par une ouverture fort petite et ovalaire. Aréa triangulaire , 
élevée, concave, limitée de chaque côté par une arête étroite qui la sépare des bords. Deltidium grand, 
élevé, imarqué par deux stries latérales. Le test dont il est formé est ponctué comme le reste de la co- 
quille. Angle apicial de 74°. Arêtes cardinales un peu concaves , s’arrondissant à leur jonction avec 
les arêtes latérales, qui forment ensuite une courbe elliptique, continue et régulière avec le front, fai- 
blement infléchi dans quelques individus. Valve ventrale elliptique, très renflée à sa partie antérieure, 
puis s’abaissant par une courbe moins prononcée vers Le front. — Hauteur, 13 millim.; plus grande 
largeur au milieu de la hauteur, 10 1/2; plus grande épaisseur vers le tiers antérieur, 8 1/2. — Les 
caractères du test sont une ponctuation fine, serrée, un peu allongée, équidistante, diffuse , ou ne 
formant point de séries alignées et croisées (fig. 12, d,). 

Var. a, fig. 13, a. Coquille plus arrondie, plus petite; plis anguleux, tranchants, quelquefois bifur- 
qués vers le bord , et au nombre de 16 à 18. 

Var. b., fig. 14. Coquille également arrondie; plis simples, peu élevés, arrondis au nombre de 18. 

La 7. Beawmonti se distingue de ses congénères par le grand écartement de ses crochets. Par suite 
du renflement prononcé des valves dans la partie antérieure, le crochet dorsal se trouve rejeté fort en 
arrière. — Tournay. — Nous avons trouvé la variété b à Gussignies. 


TEREBRATULA CANALIGULATA. Roem. pl. 7, fig. 12 ? pl. XXI, fig. 15, a, 6, c, d,e. 


Nous avions d’abord rapporté sans hésitation à l’espèce décrite par M. Roemer, et qui vient du 
Hils congomerat du Hanovre, une valve ventrale de la collection de M. Léveillé et trouvée dans le 
sable de Gussignies avec plusieurs autres espèces; mais M. Graves ayant eu l’obligeance de nous 
donner un individu bien complet, provenant de cette même localité, et que nous avons fait figurer, 
il nous a été facile de reconnaître que les figures de l’ouvrage de M. Roemer, ou étaient inexactes 
{la figure a ne nous paraissant pas s’accorder avec la fig. c), ou représentaient une coquille diffé- 
rente de la nôtre. Ainsi, la fig. a& indique une ouverture ronde au sommet du deltidium, mais pla- 
cée fort au-dessous de la pointe du crochet; dans la Térébratule de Gussignies au contraire, dont 
l’aréa et le deltidium sont beaucoup plus élevés et plus étroits, l'ouverture était au sommet du cro- 
chet. La fig. c de M. Roemer ferait croire qu’elle s’y trouvait aussi placée, contrairement à la fig. a, 
qui nous paraît peu naturelle. Plusieurs échantillons comparés des deux localités pourront seules 
résoudre cette question. La fig. 15, d, montre très bien la lame médiane interne de la valve ventrale, 
les appendices ou supports latéraux et une sorte de cuilleron qui, s’engageant sous la base du delti- 
dium , fermait cette partie de l'ouverture. La structure du test (fig. 15, e) représente un réseau dont 
les mailles allongées sont peu serrées. 


SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. II. Mém. n° 7. . L3 


332 RAPPORT 5 (N.7,p.42) 


TEREBRATULA PAUCICOSTA. Roem., pl. 7, fig. 6, var. 


Nous rapportons à l'espèce décrite et figurée par M. Roemer, une coquille qui en diffère seulement 
par sa taille plus grande. Le crochet, l’aréa , le deltidium et l'ouverture, toutes proportions gardées, 
paraissent aussi plus grands, ce qui nous a fait regarder celle de Tournay comme pouvant constituer 
une variété. Le front semble y être aussi moins élevé que dans la coquille type, qui appartient au Æils 
conglomerat du Hanovre. 


TEREBRATULA DESNOYERSI, nov. sp., pl. XXII, fig. 2, a, b, c. 


Coquille transverse , elliptique , régulièrement bombée , à bords arrondis. Valves également pro- 
_fondes , couvertes de plis rayonnants, très fins, bifurqués près du sommet, très réguliers au-delà, 
et au némbre de 55 à 60. Valve dorsale munie d'un crochet petit, très pointu, à peine recourbé. Aréa 
concave, petit. Ouverture médiocre, allongée, touchant le sommet de l’autre valve. Deltidium entou- 
rant l’ouverture par une lame assez épaisse , repliée en dehors. Angle apicial de 920. Arêtes car- 
dinales courtes, concaves, s’arrondissant à la jonction des arêtes latérales qui forment avec le front une 
courbe elliptique parfaitement régulière et sans aucune inflexion. Valve ventrale elliptique. Crochet 
très petit. Surface régulièrement bombée en tous sens. — Hauteur, 10 milliw.; largeur un peu en 
arrière du milieu, 10; plus grande épaisseur, tb. 6. — Test lamelleux sans ponctuations. 

Gette espèce semble avoir de l’analogie avec la 7°. pisum, Sow. (pl. 536, fig. 6-7); mais elle s’en 
distingue par sa forme transverse, elliptique, très régulière; par la finesse, l’égalité et le grand nombre 
de ses plis bifurqués dès leur origine, tandis qu’ils sont simples dans la 7°. pisum ; enfin, par la forme 
de son crochet très pointu et ses arêtes cardinales concaves au lieu d’être convexes. Nous ajouterons 
que la 7°! pisum, telle qu’elle est décrite et figurée dans le Mineral conchology, est une coquille 
assez mal définie, et nous pensons que la figure donnée par M. Bronn (Lefh. geog., pl. 30, fig. 7) est 
beaucoup plus exacte; du moins représente t-elle fort bien les coquilles que nous connaissons de 
la craie. — Tournay. 


TEREBRATULA DUFRENOYI, nov. sp., pl. XXII, fig. 1, a, b, €, d. 


Coquille transverse, elliptique, déprimée, à bords tranchants. Valves également profondes, renflées 
vers les crochets, aplaties vers les bords, couvertes de 33 à 35 plis rayonnants, réguliers, égaux sur les 
côtés et en arrière, bifurqués à leur origine, séparés par des sillons profonds, égaux entre eux, et un 
peu moins larges que les plis. Valve dorsale convexe, pourvue d’un crochet petit, pointu , à peine 
recourbé. Aréa sub-concave. Ouverture en fer à cheval, reposant sur le crochet de l’autre valve, et 
entourée d’un deltidium relevé sur ses côtés en forme de capuchon souvent trilobé. Angle apicial 
d'environ 90°. Arêtes cardinales concaves, très courtes, se joignant aux extrémités du bord cardinal 
avec les arêtes latérales qui s’arrondissent ensuite régulièrement , ainsi que le front , de manière à 
former une ellipse complète (ce caractère est mal rendu dans la fig. 1). Front légèrement relevé vers 
la valve ventrale, et donnant lieu à une dépression correspondante sur l'autre valve. Valve ventrale 
elliptique, bombée vers le centre et surtout au crochet, qui est assez prononcé. —Hauteur, 12 millim.; 
plus grande largeur un peu en arrière du milieu de la hauteur, 13; plus grande épaisseur, vers le 
tiers antérieur, 6. — Test lamelleux. 

Cette coquille est remarquable par la bifurcation constante de ses plis et par son deltidium qui 
forme des expansions ailées autour de l'ouverture, laquelle se trouve ainsi placée comme au fond 
d’un entonnoir. — Gussignies. 


N.7, p.45.) SUR LES FOSSILES DU TOURTIA. 333 


TEREBRATULA NUCIFORMIS. Sow., pl. 502, fig. 3. 


Nous rapportons à cette espèce des Térébratules assez variables, mais dont les limites des modifi- 
cations paraissent être comprises entre la coquille figurée dans le Mineral conchology et celle que 
donne M. A. Roemer (pl. 7, fig. 5). Ges Térébratules, fréquentes dans le poudingue du Hainaut, ne le 
sont pas moins dans le grès vert de la Normandie, des Ardennes et de Sassegnies (Nord). En Angle- 
terre, elles se trouvent également dans les grès verts supérieur et inférieur. Lorsque la coquille s’é- 
largit, sans cependant devenir trop bombée, elle semble passer à la 7! plicatilis Sow. (pl. 118, fig. 2), 
que M. Morris, dans son catalogue des fossiles d'Angleterre (p. 135), réunit à la 7. octoplicata Sow. 
— Tournay, Montignies-sur-Roc, Gussignies. 


TEREBRATULA ORTHIFORMIS, nov. sp., pl. XXE, fig. 4, a, b,c, d,e. 


Goquille très déprimée, formant à peu près les trois-quarts d’un cercle. Bords tranchants. Valves 
fort inégales, couvertes de plis rayonnants, très faibles, inégaux, traversés vers le pourtour par des 
stries d’accroissement bien prononcées. Valve dorsale munie d’un crochet très court, droit, sans saillie. 
Aréa triangulaire , plane, reposant sur le bord cardinal presque droit. Ouverture et deltidium in- 
connus. Les arêtes de l’aréa sont en même temps les arêtes cardinales, qui forment un angle un peu 
obtus à la jonction du bord cardinal et des arêtes latérales. Celles-ci décrivent ensuite une courbe cir- 
culaire , régulière et continue avec le front où il ne paraît pas exister d’inflexion. Valve ventrale semi- 
circulaire, plate. Crochet très petit. La surface des deux valves, outre les plis obsolètes rayonnants , 
est couverte de granulations allongées, fines, serrées , égales , assez semblables à ce que l’on observe 
dans la 7. subarenosa, et entre lesquelles se voient les ponctuations du test (fig. A, e). — Hauteur, 
8 millim.; plus grande largeur versle tiers antérieur, 9 ; plus grande épaisseur sous le crochet de la 
valve ventrale, 3. 

Quoique l'échantillon que nous avons recueilli à Gussignies soit moins mauvais que celui de la 
collection de M. Léveillé, il est cependant encore très incomplet , puisque nous n’avons pu décrire 
l'ouverture ni le deltidium. Néanmoins cette espèce est assez caractérisée par sa forme , qui rappelle 
celle des Orthis, pour ne pouvoir être confondue avec aucune autre. Ce que nous avons pu observer 
des parties internes avoisinant la charnière ne permet pas d’ailleurs de la regarder comme un 
véritable Orthis. M. Davidson a décrit et figuré tout récemment dans le Zondon geological Jowr- 
nal une espèce de la craie blanche de Meudon et que nous avons trouvée à Ciply, assez voisine de 
celle-ci par sa forme générale , mais beaucoup plus petite, et portant des plis moins nombreux, plus 
prononcés el plus larges. | 


TEREBRATULA DUBIA, nov sp., pl. XXIL, fig. 3, a, 6, c, d. 


Coquille sub-deltoïde, déprimée, à bords tranchants. Valves également profondes, couvertes de plis 
rayonnants , étroits, bifurqués, au nombre de 20 à 24, traversés par des stries d’accroissement très 
fines , très serrées, ondultes et écailleuses au sommet des plis. Valve dorsale munie d’un crochet droit, 
pyramidal, pointu. Aréa triangulaire à pans obliques sur les côtés. Ouverture allongée, reposant sur 
le crochet de l’autre valve et bordée par un deltidium relevé qui forme deux expansions courtes et 
droites. Arêtes cardinales droites, grandes, formant un angle prononcé avec les arêtes latérales. Celles- 
ci sont convexes et se continuent jusqu’au front, qui est presque droit. Valve ventrale renflée vers le 
crochet assez saillant et s’aplatissant vers les bords. — Hauteur, 6 millim.; plus grande largeur vers 
le tiers postérieur, 6; plus grande épaisseur sous le crochet de la valve ventrale, 3. fl 

Quoique nous soyons assuré que cette Térébratule n’est pas un individu jeune de la 1 depressa, 
nous n'avons pas une égale certitude qu’elle ne puisse appartenir à quelque autre espèce voisine, 
aussi lui avons-nous donné l’épithète de dubia jusqu'à ce que la réunion d’éléments plus complets 
permette de décider. — Gussignies. 


RAPPORT (N.7, p.48.) 


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Eds 


MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 


ACMAÆA ? SUBCENTRALIS , nov. sp., pl. XXII, fig. 5, a, 6. 


Coquille en cône surbaissé , à base elliptique. Sommet subcentral, un peu incliné en avant et d’où 
rayonnent des côtes nombreuses, fines , inégales et un peu flexueuses. Test épais. — Grand diamètre 
de la base, 9 millim.; petit &d., 6; hauteur 5. - 

Cette espèce diffère de A. tenuicosta d'Orb. ( pl. 235, fig. 7-10, Patella, id., Mich., Mém. de la 
Soc. géol., t. LIT, pl. 12, fig. 2), par ses côtes beaucoup plus prononcées et par son sommet plus 
rapproché du centre. Ce n’est d’ailleurs qu'avec doute que nous placons cette coquille dans le genre 
Acmæa; ce pourrait être tout aussi bien une Patelle. En outre, quoique la position du sommet soit 
indiquée par la direction des stries, l’état des échantillons ne nous permet pas non plus d’affirmer 
qu’il n’ait pas été percé et que, par conséquent, notre coquille ne soit pas une Fissurelle ; sa détermi- 
nation générique reste donc très incertaine encore. — Tournay. 


DELPHINULA BONNARDI, nov. sp., pl. XXII, fig. 6, a, b, c, d. 


Coquille discoïde, plane en dessus et largement embiliquée en dessous, composée de 6 à 7 tours épais 
et arrondis. Le dernier est garni de trois bourrelets annulaires, très saillants, puis de deux rangées de 
tubercules pliciformes, l’une placée à la partie supérieure, l’autre à la base du tour. Des stries filiformes 
transverses et longitudinaies se croisent sur toute la surface et y forment un treillis élégant (fig. 6, d). 
Vers le milieu du tour, on remarque une ou deux séries de points écailleux, plus saillants à l’entrecroi- 
sement des stries. Près de l’ouverture, ils deviennent encore plus prononcés et déterminent cinq ou six 
séries transverses de petits tubercules réunis par des plis arqués, concaves, qui aboutissent aux ran- 
gées de grands tubercules supérieurs et inférieurs (fig. 6, c). Ouverture arrondie, sub-circulaire, Om- 
bilic large, laissant apercevoir tous les tours de spire. Ceux- ci portent trois rangs de tubercules, dont 
l’un est contigu au tour précédent et touche h suture, et les deux autres sont placés sur la con- 
vexité interne de chaque tour. Ces tubercules sont pointus, égaux, également espacés, et des stries fili- 
formes, longitudinales règnent à la surface des tours, à l’intérieur de l’ombilic comme à l'extérieur 
de la coquille. — Diamètre de la base, 18 millim.; hauteur du dernier tour, 7. 

Cette espèce fort élégante, et dont nous ne connaissons point la partie supérieure de la spire, dif- 
fère du D. Dupiniana d'Orb. (pl. 182, fig. 1), en ce qu’elle n’a que trois bourrelets sur le dernier 
tour au lieu de 7, et parce que ces bourrelets sont moins épais et plus arrondis. Les stries longitu- 
dinales (celles qui accompagnent les tours dans le sens de leur enroulement) sont plus délicates, fili- 
formes et égales aux stries transverses (celles qui sont perpendiculaires à la suture). Enfin, dans l’om- 
bilic, le 2. Dupiniana présente un canal décurrent, concave , accompagnant la suture, caractère qui 
manque dans le 2. Bonnardi, où l’on voit à la place trois rangs de tubercules. Ceux-ci auraient pu 
nous engager à placer cette coquille parmi les Solarium si les bourrelets annulaires et le péristome 
continu n’en faisaient un véritable Dauphinule. — Tournay. 


SOLARIUM THIRRIANUM , nov. Sp., pl. XXII, fig. 7, a, b, c. 


Coquille discoïde ou très surbaissée, composée de 4 ou 5 tours légèrement convexes, séparés par 
une suture profonde, canaliculée, et ornés, à leur partie supérieure, de plis allongés divergents. Ceux- 
ci sont très prononcés le long de la suture, s’atténuent, puis disparaissent vers le milieu des tours où 
ils sont arrêtés par une ou deux cordelettes longitudinales un peu flexueuses, et dont la plus pro- 
noncée borde le canal de la suture. Sur le dernier tour , trois stries séparent autant de cordelettes , 
dont la plus inférieure forme une carène assez saillante. Des stries transverses très fines, équidistantes, 
obliques, recouvrent en outre toute la surface de la spire en allant d’une suture à l’autre. La base de 


€N. 7, p. 43.) SUR LES FOSSILES DU TOURTIA. 339 
la coquille est convexe, tranchante à son bord supérieur et ornée de stries concentriques, croisées par 
des stries arquées et obliques se dirigeant vers un ombilic assez grand. Ouverture transverse, arrondie 
aux angles. — Hauteur, 5 millim.; diamètre de la base, 8 1/2. 

Cette espèce a quelque analogie avec le 7rochus bicarinatus Sow. (pl. 221, fig. 2), qui est un 
Pleurotomaire de la formation oolitique, ainsi qu’avec le Pleurotomariaornata(Trochus, id. , 1b., fig. 1), 
mais les ornements de sa surface sont un peu différents, et en outre, elle n’a amais eu d’échancrure 
au bord droit. D’un autre côté, le S. 7hirrianum ne présentant point de granulation au pourtour de 
l’ombilic qui est peu large, et son ouverture n'étant pas très bien conservée, il nous reste quelque in- 
certitude sur le genre auquel il doit être définitivement rapporté. — Tournay. 


TROCHUS CORDIERI, nov. sp., pl. XXII, fig. 8, a, b, c. 


Coquille régulièrement conique, pointue au sommet dont l’angle est de 52°, et composée de 7 à 8 
tours plats, contiguës ou à peine séparés par une suture simple, linéaire. Tours ornés de 6 ou 7 corde- 
lettes granuleuses ; celle du sommet qui borde la suture étant plus large et formant une sorte de cou- 
ronne par ses tubercules plus gros et plus espacés. L’angle du dernier tour aigu, séparant nettement 
le plan de la base qui est légèrement convexe et couverte de stries concentriques, très fines el très ser 
rées, croisées par des stries d’accroissement arquées et aussi délicates. Vers l’angle de la base du der- 
nier Lour, ces stries tendent à former des plis déliés, et à l’entrecroissement des stries concentriques , 
se voit souvent un petit tubercule. Ouverture quadrangulaire, un peu plus large que haute. Colu- 
melle probablement tronquéc. Ombilic nul? Le dernier tour forme les 2/5 de la hauteur totale. — 
Hauteur, 46 millim.; diamètre de la base, 13. 

Cette espèce ressemble au 7! granulatus Gein. (Pleurotomaria pl. 15, fig. 20); mais, outre que le 
dessin de M. Geinitz est trop incomplet pour bien juger de la coquille qu’il représente, la nôtre est cer- 
tainement un 7rochus et non un Pleurotomaire. Le T°. senilis Sow. (pl. 181, fig. 2), du crag, est moins 
élevé, l'angle au sommet est plus grand, la columelle est plus prolongée et saillante, et toutes les cor- 
delettes ne sont pas granuleuses. Le Pleurofomaria Beaumont, d'Arch. et de Vern. ( 7rans. géol. Soc. 
Lond., 1. VI, pl. 33, fig. 1), a aussi quelque ressemblance de forme avec le Zrochus que nous venons 
. de décrire. 


TROCHUS BUNELI, nov. sp., pl XXIL, fig. 9, &, à, €, d. 


Coquille conique , élevée. Sommet pointu dont l’angle est de 51°. Spire composée de 6 à 7 tours 
concaves, fortement relevés à la base en une sorte de crête auguleuse, décurrente le long de la su- 
ture et dentelée à la base du dernier tour (fig. 9, c). Sur la partie concave des tours, il ya 5 ou 6 
cordons granuleux, entre lesquels on remarque une strie filiforme extrêmement délicate et aussi gra- 
nuleuse (fig. 9, Z). Base de la coquille couverte de stries concentriques, nombreuses, très régulières, 
égales, séparées par des sillons égaux et profonds, et traversées obliquement par des stries d’accroisse- 
ment très serrées. Ouverture quadrangulaire aussi large que haute. Columelle prolongée , épaisse et 
tronquée à l'extrémité. — Hauteur, 14 nillim. ; largeur de la base, 11. 

Cette espèce-diffère du 7. Guerangeri d’Orb. (pl. 117 bis, fig. 4-5), par les deux systèmes de cor- 
delettes granuleuses qui ornent ses tours, par la plus grande concavité de ceux-ci et par sa base striée 
_concentriquement. Ces mêmes caractères, joints à l'élévation de la spire et surtout à la crête décur- 
rente dentelée de la base des tours, la distinguent des 7°. striafulus Desh. in Leym. (pl. 17, fig. 1), 
et elafus Desh. (Cog. des env. de Paris, pl. 29, fig. 5-8.) — Tournay. 


TROCHUS HuOTI, nov. sp., pl. XXII, fig. 10, «, 4. 


Coquille conique, très pointue au sommet. Spire:concave formée de 6 à 7 tours, aplatis vers le haut 
et le milieu, relevés et dilatés vers le bas contre la suture, où ils forment une large gouttière décur- 


336 RAPPORT CN. 7, p: 46.) 


rente. Surface ornée de filets granuleux au nombre de 15 ou 16 sur le dernier tour, et entre lesquels 
se trouvent une ou plusieurs stries traversées par des stries d’accroissement très fines et très serrées 
(fig. 10, 4). Angle du dernier tour très aigu, relevé et dentelé. Base légèrement convexe, couverte 
de stries concentriques, régulières, traversées par des stries d’accroissement qui déterminent un gril- 
lage très délicat. Ouverture fort oblique, ovalaire, déprimée, plus haute que large. Bord droit, faisant 
un angle très aigu avec le bord gauche, qui se confond à la base avec la columelle. — Hauteur, 22 
millim.; diamètre de la base, 23. 

Cette espèce diffère de la précédente par sa forme plus élargie à la base, plus pointue au sommet, 
par la concavité de sa spire, par ses tours plus surbaissés, ainsi que par son ouverture. Elle rappelle 
dans son ensemble le P/eurotomaria limbata Phil., var. d’Arch. et de Vern. (7ransac. géol. Soc. 
Lond., pl. 33, fig. 2), du système devonien. 


TROCHUS ROZETI, nov. sp., pl. XXII, fig. 41, ©, b. 


Coquille conique, mamelonnée au sommet, dont l’angle est de 55°. Spire un peu concave, composée 
de 8 tours, dont les trois premiers sont parfaitement lisses, brillants et un peu convexes, et les autres 
plats. La surface de ces derniers est ornée de cinq cordelettes, dont quatre formées par des granula- 
tions arrondies, margaritiformes, et la cinquième simple et lisse borde la suture à la base des tours. 
Suture non distincte des stries qui séparent les cordelettes. Angle du dernier tour aigu et tranchant. 
Base plane , lisse avec quelques stries concentriques, très fines vers le bord, et des stries d’accroisse- 
ment ondulées, tout à fait obsolètes et convergeant vers un ombilic peu profond. Ouverture sub-qua- 
drangulaire, très oblique, surbaissée. Columelle peu saillante ou nulle à la base du bord gauche. — 
Hauteur, 5 millim. 4/2 ; largeur de la base, 6. 

Gette espèce, que nous avions d’abord prise pour un individu jeune d’un autre 7rochus, est par - 
faitement caractérisée par son sommet mamelonné, ses premiers tours lisses et arrondis, les autres 
plats et ornés de quatre rangées de granulations régulières et d’une strie lisse qui accompagne la 
suture, enfin par sa base lisse et brillante comme le sommet. — Tournay. 


TROCHUS DUPERREYI, nov. Sp., pl. XXIIT, fig. 2, a, 6, c. 


Coquille conique, obtuse au sommet, dont l’angle est de 51°. Spire un peu convexe, composée de 

tours aplatis, ornés de cordelettes granuleuses au nombre de 7 sur les deux derniers. (La 
fig. 2, e, est un grossissement du 4° tour. ) Les granulations de la rangée supérieure qui borde la su- 
ture sont les plus grosses, celles qui viennent immédiatement dessous sont moindres, enfin celles des 
5 autres cordelettes ne constituent que des points allongés qui disparaissent en s’approchant de 
l’ouverture, où l’on ne voit plus que des stries simples, qui tendent elles-mêmes à s’effacer. Suture à 
peine distincte. Angle du dernier tour arrondi. Base convexe et couverte de stries concentriques 
nombreuses, fines, régulières , très serrées et traversées par des stries d’accroissement obliques. Ou- 
verture grande, quadrangulaire, arrondie, aussi haute que large. Bord gauche épais et se confondant 
avec la columelle, qui est arquée. Ombilic petit. — Hauteur, 14 millim. ; diamètre de la base, 
11/27 

Ce Trochus diffère du 7°. sarthinus d'Orb. ( pl. 117 bis, fig. 6-8), avec lequel il a d’ailleurs une 
ressemblance telle que nous avions d’abord cru devoir l’y réunir, par sa spire plus courte, par le der- 
nier tour et la bouche qui sont plus grands, toutes choses égales d’ailleurs. Ainsi dans le 7. Duper- 
reyi, le dernier tour, ou la hauteur de l’ouverture, forme la moitié de la hauteur totale de la co- 
quille, tandis que dans le 7. sarthinus il n’en forme que le tiers. Dans ce dernier , en outre, les 
côtés de la spire sont droits, la suture est bien marquée et les tours sont comme imbriqués ; dans 
la coquille de Tournay, au contraire, les côtés de la spire sont convexes et la suture linéaire, à peine 
visible, n’est accompagnée par aucune dépression des tours. Le 7° serobiculatus Reuss (pl. X, fig. 14) 


CN. 7, p.47.) SUR LES FOSSILES DU TOURTIA. 337 


est moins élevé que le nôtre ; il est plus arrondi à la base et n’a que quatre tours au lieu de sept. 
— Fournay. 


TROCHUS LEYMERIEI, nov. sp., pl XXIII, fig. 1, a, b. 


( Trochus solarioides. Bull., 2° série, vol. IIT, p. 337.) 


Coquille très surbaissée , composée de 4 ou 5 tours aplatis, ornés à la partie supérieure de plis 
dentiformes, égaux et réguliers. Le reste de la surface est couvert de stries longitudinales, très fines, 
assez nombreuses , croisées par des stries transverses et obliques. Vers leur base, les tours sont con- 
caves, et une cordelette saillante, sur laquelle les stries obliques forment des dentelures très fines, ac- 
compagne la suture , déterminant ainsi une sorte de canal décurrent le long de la spire. Dernier tour 
tranchant. Base convexe, couverte de stries concentriques nombreuses, fines , très serrées et très 
régulières, entourant un ombilic infundibuliforme assez grand. Ouverture quadrangulaire, aussi haute 
que large. — Hauteur, 8 millim. ; diamètre de la base, 11 1/2. 

Cette espèce a quelques rapports avec le So/arium dilatatum d’Orb. (pl. 178, fig. 7 -9, 7;ochus 
id. Desh. in Leym.) ; mais il suffit de rapprocher ces deux coquilles pour s'assurer de leurs diffé- 
rences. La nôtre d’ailleurs, quelle que soit la manière d’envisager le genre So/arium, ne peut en faire 
partie. 


LITTORINA ROISSYI, nov. sp., pl. XXIIT, fig. 3, a. 


Coquille turbinée. Spire élevée , très pointue au sommet, dont l’angle est de 67°, composée de 5 
tours fort convexes et arrondis. Suture profonde. Tours couverts de stries d’accroissement obliques . 
quelquefois épaisses et simulant des plis irréguliers , inégaux , plus prononcés vers le haut , et traver- 
sés par des stries longitudinales très fines et serrées, qui se continuent jusqu’au bas. Dernier tour un 
peu renflé. Sa hauteur égale à la moitié de la hauteur totale de la coquille. Ouverture oblique , ova- 
laire, incomplétement connue. —- Hauteur, 10 millim. ; largeur du dernier tour, 8. 

Nous rapportons avec doute cette petite espèce au genre Littorine , l’ouverture n'ayant pu être 
complétement dégagée de la roche dans l’un des individus de la collection de M. Léveillé, et l’autre 
étant un moule qui offre un bourrelet oblique assez prononcé, représentant un élargissement annu- 
laire du tour en arrière du péristome. La Z. Roissyi a la plus grande analogie avec le Zrb0 conicus 
Sow. (pl. 433, fig. 4, Zifforina id. Morris, Catal. brit. foss., p. 149), et il serait possible que 
des individus plus complets, en faisant connaître s’il existe un ombilic, autorisassent la réunion des 
deux coquilles. Dans la nôtre cependant , les tours sont moins convexes et l'ouverture est plus oblique, 
à en juger par les stries d’accroissement. Ces dernières sont aussi plus prononcées que dans le 7#rbo 
conicus du grès vert de l’île de Wight et des couches siliceuses de Blackdown. 


TURBO ANGELOTI, nov. Sp., pl. XXII, fig. 4, a,b,c. 


Coquille conoïde , composée d’un petit nombre de tours détachés et séparés par une suture pro- 
fonde canaliculée, Tours ornés de deux rangées de plis tuberculeux , l’une supérieure, plus petite et 
bordant la suture , l’autre, placée vers le tiers inférieur, accompagnant une carène très prononcée. 
Au-dessus de la carène , la surface est plane ou légèrement concaxe ; au-dessous, jusqu’à la suture, 
elle est convexe ( fig. A, c). La coquille est en outre couverte de filets granuleux, longitudinaux , 
très fins, au nombre de 12 à 15 qui, en passant sur les plis tuberculeux y forment des den- 
telures bien prononcées. Dernier tour grand, dilaté. Base convexe, très arrondie, couverte de 
stries concentriques fines, serrées, égales et granuleuses. Ouverture grande, ronde, à bords désunis, 
simples et tranchants. Columelle se confondant avec le bord gauche. Ombilic nul. La hauteur du 
dernier tour forme les 2/5 de la hauteur totale, qui est de 45 millim. ; largeur de la base, 11. 


338 RAPPORT (N: 7, p. 48.) 

Cette espèce ressemble assez au Turbo carinatus Sow. (pl. 240, fig. 3); mais sa spire est moins 
élevée et les deux rangs dé tubercules pliciformes qui le caractérisent si bien manquent dans la co- 
quille du grès vert d'Angleterre. L'ouverture et la base sont aussi plus arrondies ; la coquille est plus : 
petite et les filets granuleux de la base sont plus délicats et plus serrés. Notre Turbo diffère égale- 
ment du P/eurotomaria nodosa de Munst. ( Beitr, etc. der Schichten von St. Cassian, etc, 
pl. 12, fig. 14), avec lequel il offre au premier abord quelque ressemblance. — Tournay. 


TURBO DELAFOSSEI, nov. sp., pl. XXIV, fig. 5, a. 


Coquille conoïde , composée de 5 à 6 tours très convexes, portant vers leur milieu des tuber-- 
cules dentiformes, élevés, assez espacés, et qui déterminent une sorte de carène discontinue. Suture 
profonde. Des stries d’accroissement inégales, transverses, obliques, serrées, quelquefois rugueuse 
ou pliciformes se remarquent particulièrement sur le dernier tour. Quelques stries obsolètes longitu- 
dinales se voient aussi entre la rangée des tubercules et la suture. Dernier tour très arrondi. Base 
très convexe. Ombilic probablement petit. Ouverture grande, arrondie, mais imparfaitement connue. 
— Hauteur, 46 millim. ; diamètre de la base, 35. 

Le T. Delafossei diffère du T. Mailleanus d’Orb. (pl. 186, fig. 2-3), par sa spire plus élevée, 
sa forme générale plus conoïde , ses tours plus arrondis, ainsi que la base, et qui ne portent qu’un 
rang de tubereules égaux, tandis que le 7. Mailleanus en a deux ; les tubercules du rang supérieur 
étant très espacés, très grands et pointus ; ceux du rang inférieur plus nombreux , arrondis et moins 
saillants. Il se distingue aussi du T.acuminatus Desh. in Leym. (pl. 17, fig. 3), par ses tubercules 
plus prononcés sur tous les tours et placés au milieu , au lieu de se trouver vers la suture où ils pro- 
duisent une rampe plate. La forme de l’ouverture et la base de la coquille sont en outre très diffé- 
rentes. Notre Turbo ne peut, à d’autres égards, être confondu avec le Delphinula tricarinata Roem. 
(pl. 42, fig. 5), ni avec le Trochus tuberculatocinctus Gold. (pl. 182, fig. 12, a, b), dont la forme 
est plus raccourcie, et dont les tubercules sont réunis par un bourrelet continu au-dessous duquel 
se trouve une seconde carène simple. — Tournay. 


TURBO BOBLAYEI, nov. sp., pl. XXII, fig. 5, @, 6, c. 


Coquille conoïde , peu élevée, composée de tours très convexes. Ceux-ci sont ornés de cordelettes 
longitudinales , nombreuses , fines, serrées et granuleuses. Deux d’entre elles sont plus élevées que 
les autres , et leurs granulations plus grosses. La première , placée à la partie supérieure des tours, 
rend la suture plus profonde et canaliculée ; l’autre, posée vers le tiers de la surface , détermine une 
sorte de carène décurrente peu prononcée. Un pli arrondi réunit quelquefois les granulations des 
deux rangées, et la partie supérieure des tours comprise entre celles-ci forme une rampe plate. La 
base de la coquille, à partir de la carène , est tout à fait convexe, très arrondie, couverte aussi de 
cordelettes serrées, régulières et granuleuses, entre lesquelles on en observe quelques autres extrême- 
ment fines. Des stries d’accroissement très rapprochées donnent à toute la surface l’aspect d’un réseau 
fort délicat, mais peu régulier (fig. 5, c). Ouverture arrondie. Ombilic petit. — Hauteur, 15 mil- 
lnètres ; diamètre à la base, 13 1/2. 

Gette espèce diffère de la ZLittorina decussata Desh. in Leym. (pl. 47, fig. 6) par ses tours plus 
élevés, plus détachés, par sa suture plus profonde , et par les deux rangées de granulations plus 
grosses qui rendent la suture canaliculée et la surface des tours carrée. Ces derniers caractères la 
distinguent également du 7. Goupilianus d'Orb. (pl. 185, fig. 7-10), qui, comme la Zitforina de- 
russata, est aussi beaucoup plus petit. 


(N: 7, p. 49.) SUR LES FOSSILES DU TOURTIA. 339 


TurBO BoOISSyI, nov. sp., pl. XXII, fig. 6, a, b, c. 


Coquille conique, élevée, à sommet mucroné dont l’angle est d'environ 54°. Côtés légèrement 
convexes. Spire composée de 6 tours presque plats, séparés par une suture étroite, sub-canaliculée. 
Tours divisés en deux parties inégales par une carène qui, à partir du quatrième seulement, s'élève 
de la suture et occupe ensuite le tiersinférieur, puis la partie médiane du dernier tour. Le tiers supé- 
rieur de ces derniers tours, de même que la totalité des premiers, est orné de lignes granuleuses très 
délicates, en nombre variable. Celle qui borde la suture porte des tubercules plus prononcés. A partir 
de la carène, les tours sont plus convexes et la suture est de plus en plus profonde , à mesure qu’elle 
s’abaisse et que la carène est plus prononcée. Sur le dernier tour, celle-ci devient assez large et forme 
une gouttière très distincte. Des stries transverses , un peu obliques, fines et très serrées, coupent 
les lignes longitudinales sur toute la surface de la coquille et se continuent sur la base, qui est fort 
arrondie et couverte également de stries concentriques, uniformes, serrées et très régulières. Om- 
bilic probablement nul. Ouverture arrondie, incomplétement connue et formant à peu près les 2/5 
de la hauteur totale, qui est de 17 millim. ; diamètre de la base, 13. 

Le canal que l’on remarque à la base du dernier tour, par suite de l'élargissement de la carène, 
donne à cette espèce une fausse apparence de Pleurotomaire ; mais on reconnaît bientôt que les stries 
d’accroissement traversent cette gouttière sans aucune inflexion, et ne permettent pas d'admettre 
l'existence d’un sinus au bord droit. La forme générale trochoïde du Z'urbo Borssyi le distingue en- 
core très bien de ses congénères. — Tournay. 


TURBO GESLINI, nov. sp., pl. XXIIT, fig. 7, a, b. 


Coquille surbaissée, composée de 5 tours convexes , séparés par une suture canaliculée. Ces tours 
sont ornés de côtes étroites , transverses, élevées, un peu flexueuses, également espacées et créne- 
lées au passage de 5 ou 6 cordelettes, très finement granuleuses aussi. Ces dernières se trouvent 
croisées à leur tour par des stries d’accroissement obliques, fines et serrées (fig. 7 b). La base du 
dernier tour est nettement indiquée par une carène tranchante , au-dessus de laquelle s'arrêtent les 
côtes transverses rayonnantes ; tandis qu’au-dessous , la base de la coquille n'offre plus que des stries 
concentriques très serrées, croisées par des stries d’accroissement beaucoup plus délicates et plus 
rapprochées encore. Ouverture inconnue. 

La forme très déprimée de cette espèce , le système d’ornementation très élégant de ses tours , et 
la séparation si nette de la base du dernier tour d’avec celle de la coquille elie- même, suffisent, 
en l’absence des autres caractères , pour la distinguer des Turbo décrits jusqu’à présent. Par ses côtes 
rayonnantes et les filets longitudinaux, elle rappelle à la véritéle Zrochus Marcaisi d'Orb. (pl. 186 rs, 
fig. 19-20); mais elle s’en éloigne par tous sesautres caractères. Le 7: subinflatus Reuss (pl. 9, fig. 12), 
a sa spire plus élevée, son grillage a moins de relief, et Le plan de la base n’est pas non plus aussi 
distinctement séparé du dernier tour que dans le 7. Geslini. — Tournay. 


TURBO LEBLANCII, nov. sp., pl XXII, fig. 8,4, 0, c. 


Coquille conique, pointue au sommet , dont l’angle est d'environ 61°, et composée de 5 à 6 tours 
peu convexes. Ceux-ci sont ornés de deux rangées de tubercules ; l’une bordant la suture, qui est peu 
apparente et l’autre placée vers le tiers inférieur, de manière à présenter une double couronne décur- 
rente. Des filets ondulés assez nombreux, qui passent aussi sur les tubercules , occupent le reste de 
la surface et sont croisés, comme dans les espèces précédentes, par des stries d’accroissement obli- 
ques très serrées. Sur le dernier tour, on remarque quatre cordelettes granuleuses qui diminuent de 
grosseur de haut en bas. Ce dernier tour est très arrondi en dessous , et la base de la coquille est cou- 


SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. T. II. Mém. n° 7. Ll 


310 RAPPORT (CN: 7, p.30.) 
verte de stries concentriques obsolètes , croisées par des stries rayonnantes flexueuses qui, autour de 
l’ombilic, se réunissent pour former des plis inégaux, arrondis et peu saillants: Ombilic assez ouvert, 
infundibuliforme. Ouverture grande et ronde. Bord gauche se confondant avec la columelle. La hau- 
teur du dernier tour est égale aux 2/5 de la hauteur totale de la coquille, qui est de 41 millim. ; 
diamètre de la base, 8. 

La forme de cette espèce rappelle celle du 7. Astierianus d’Orb. (pl. 182, fig. 18-20) , mais les or- 
nements de sa surface l’en distinguent nettement , tandis que ces mêmes ornements ressemblent à 
ceux du 7. Guerangeri id., dont la forme n’a d’ailleurs aucune analogie avec celle du 7. Leblancii. 
Le 7’. arenosus Sow. (Trans. geol. Soc. Lond., t. IX, pl. 38, fig. 14), n’a pas de plis au bord de 
l’ombilic ; les stries de la base sont très profondes, et les cordelettes y sont aussi élevées que sur le 
reste de la coquille, qui est plus courte. Les tours sont plus convexes, la suture plus marquée, et 
l'on ne voit pas deux rangées de granulations dominantes. Le 7. moniliferus Sow. (pl. 395, fig. 1), 
vu en dessous, ressemble beaucoup à notre espèce, mais la forme générale de laspire et celle des tours 
sont très différentes. — Tournay. 


TurBO MULLETI , nov. sp., pl. XXIII, fig. 9, à, 6. 


Coquille conique, élevée, pointue au sommet dont l’angle est de 51°, et composée de 6 tours 
peu convexes, aplatis vers le haut, et arrondis à la partie inférieure contre la suture. Celle-ci est 
assez prononcée , sans être canaliculée. Les tours sont couverts de côtes étroites , transverses, égales, 
un peu arquées, nombreuses , également espacées , et traversées par des cordelettes longitudinales, 
au nombre de 7 ou 8. Ces dernières produisent des dentelures à leur passage sur les côtes, de manière 
à présenter un grillage élégant sur toute la surface. Les côtes transverses ne s'étendent pas sur la base 
du dernier tour, qui est concave, et où l’on ne voit que des stries granuleuses concentriques , tra- 
versées par les stries d’accroissement, rayonnantes et un peu ondulées. Ombilic nul. Ouverture 
grande et presque ronde. Golumelle peu prolongée et se confondant avec le bord inférieur. Bord 
droit muni d’un bourrelet très prononcé. Un second bourrelet se voit aussi sur le dernier tour du 
côté opposé à la bouche. — Hauteur, 13 millim.; diamètre de la base, 10. La hauteur du dernier 
tour est moindre que la moitié de la hauteur totale de la coquille. 

Les ornements de cette espèce ressemblent à ceux du 7’. Geslimi; peut-être même ces deux co- 
quilles pourront-elles être réunies lorsqu'on aura une série d'individus plus complète ; quant à pré- 
sent, elles diffèrent trop par leur forine générale pour ne pas les séparer. Le 7. Mulleti diffère aussi 
du Zrochus Marcaisi d'Orb. par de buns caractères , outre que sa bouche l’éloigne des 7rochus. — 
Tournay. 


TURBO PALUDINÆFORMIS, nov. sp., pl. XXII, fig. 10, à, 6. 


Coquille conoïde, mucronée au sommet, dont l’angle est de 59°, et composée de 5 tours un peu con- 
vexes, séparés par une suture simple assez profonde. Tours ornés de bandelettes serrées et finement 
granuleuses. Sur le dernier, les stries qui les séparent sont plus prononcées que sur les autres. Base 
arrondie, couverte de stries concentriques granuleuses. Ombilic nul. Bouche grande, imparfaitement 
connue. La columelle paraît se prolonger jusqu’à la base, où elle forme un angjle saillant. — Hau- 
teur, 11 millim. ; diamètre de la base, 10. Le dernier tour occupe un peu moins de la moitié de la 
hauteur totale. 

Cette petite espèce se distingue facilement des précédentes et de celles que nous connaissons, par 
la simplicité de ses tours et des ornements de sa surface. La fig. 10, à montre, sur une portion du 
test dont la couche supérieure a été enlevée, un petit trou placé à la base de chaque tubercule et 
toujours du même côté. — Tournay. 


(N. 7. p.51.) SUR LES FOSSILES DU TOURTIA. 341 


TURBO PINTEVILLEI, nOv. sp., pl. XXIII, fig. 11, a, 6, c. 


Coquille surbaissée, mucronée au sommet dont l’angle est de 85°, et composée de 4 tours cou- 
verts de stries longitudinales nombreuses, inégales et très fines. Suture simple, et peu profonde. Der- 
nier tour très grand, arrondi à sa partie inférieure. Base convexe, couverte de stries fines et concen- 
triques. Ombilic petit. Ouverture ovalaire, oblique. — Hauteur, 40 millimètres; diamètre de la 
base, 11. La hauteur du dernier tour forme plus de la moitié de la hauteur totale de la coquille. 

Cette espèce rappelle, par sa forme générale, la Rotella Archiaciana d’Orb., (pl. 178, fig. 4-6) ; 
mais elle n’en a point les caractères génériques. Elle est aussi moins globuleuse que le Turbo plica- 
tilis Desh. in Leym., (pl. 17, fig. 5). 


TurBo RAULINI, nov. sp. , pl. XXIIL, fig. 12 , a. 


Coquille conique, mucronée au sommet dont l’angle est d’environ 58°. Côtés un peu convexes. 
Spire composée de 5 tours presque plats, lisses dans toute leur hauteur. Suture simple, linéaire. 
Dernier tour arrondi à sa partie inférieure. Base convexe et lisse. Ouverture arrondie , incompléte- 
ment connue. Columelle prolongée , saillante, épaisse. Une callosité s’étend de l’angle supérieur de 
l’ouverture à la base (ce caractère n’est point rendu dans le dessin). Test fort épais. — Hauteur, 
11 millim.; diamètre de la base, 9. 

Cette espèce est remarquable par l'absence de stries ou de tout autre ornement sur la spire comme 
sur la base, caractère négatif assez rare dans le genre qui nous occupe. Le 7. Raulini se rap- 
proche beaucoup du 7°. obfusus Sow., (pl. 551, fig. 2), dont il a la forme arrondie et pupoïde, mais 
non les stries ; d’ailleurs le 7. obfusus est de la grande oolite d’Ancliff. Peut-être, lorsque l’ouverture 
en sera mieux connue, cette coquille devra-t-elle se rapprocher des 7rechus. — Tournay. 


TURBO WALFERDINI, nov. sp., pl. XXIV, fig. 6, a, b. 


Gette coquille, dont nous ne connaissons qu’une partie , est cependant assez bien caractérisée pour 
que nous ayons cru devoir la faire figurer. Sa surface presque lisse est marquée de stries flexueuses 
transverses , visibles seulement à la loupe, et qui, sur la base, qui est très convexe , convergent vers 
un ombilic recouvert d’une large callosité. Les tours peu nombreux et arrondis, sont séparés par 
une suture linéaire simple. La columelle arquée forme le bord gauche. L'ouverture était très arrondie, 
et les bords probablement désunis. Ce Turbo ressemble au 7. nudus de Munst. Gold., (pl. 193, 
fig. 5) du lias d’Amberg ; la spire de ce dernier est seulement un peu plus élevée et la bouche moins 
arrondie que dans l’espèce du tourtia. — Tournay. 


TURBO VoLcTzu, nov. sp., pl. XXV, fig. 6, a, 6. 


Coquille conique , élevée, pointue au sommet dont l’angle est de 40°, et composée de 6 tours un 
peu concaves à la partie supérieure, convexes à la base et séparés par une suture linéaire, peu appa- 
rente. Ces tours sont ornés de cordelettes longitudinales, granuleuses, d’inégale grosseur sur les trois 
derniers , presque égales et très serrées sur les premiers. Les plus grosses de ces cordelettes sont pla- 
cées sous la suture qu’elles accompagnent, et toutes sont croisées par des stries transverses , obli- 
ques, très fines et serrées. Base de la coquille arrondie, convexe , couverte de stries concentriques 
peu apparentes. Ombilic nul, Columelle un peu prolongée , tordue et légèrement arquée. Bouche 
ronde, petite, à bords désunis (dans la fig. 6, l'ouverture est trop carrée). — Hauteur, 19 millim, ; 
diamètre de la base, 11. Le dernier tour forme le tiers de la hauteur totale. 

Gette espèce diffère du 7: Boissy par sa forme plus pointue et plus élancée , et par les ornements 
de sa surface ; toutes les cordelettes étant granuleuses et très saillantes. La base est aussi moins ar- 


349 : RAPPORT (N. 7, p. 52.) 


rondie en dessous. Le Zrochus Cordieri est plus régulièrement conique, ses tours ne sont pas sub- 
imbriqués , et la base du dernier est anguleuse au lieu d’être arrondie, ce qui rend l’ouverture très 
différente. Ontrouve des individus dont le test s’est dédoublé, et leur surface, alors presque lisse, 
les ferait rapporter à une autre espèce , si l’on n’y faisait attention. — Tournay. 


PLEUROTOMARIA DUMONTI , nov. sp., pl. XXIV, fig. 3, a, b, c. 


Coquille en cône surbaissé, à sommet obtus, et composée de 6 Lours convexes à la partie supérieure, 
concaves à la base, et séparés par une suture linéaire à peine distincte. Surface couverte de stries 
longitudinales, nombreuses , rapprochées, inégales et granuleuses , surtout dans la moitié supérieure 
des tours. A partir de la suture, des stries d’accroissement, obliques d’avant en arrière, s'étendent 
jusqu’au tiers supérieur des tours, où se trouve la bandelette qui représente le sinus du bord droit, 
et dans laquelle les stries sont très fortement arquées d’arrière en avant. Au-delà, les stries d’accrois- 
sement, d’autant plus fines et plus serrées qu’elles s’approchent davantage de la suture, continuent 
à être dirigées d’arrière en avant. Bord du dernier tour très anguleux, un peu relevé. Les stries obli- 
ques , après avoir passé dessous, se dirigent en s’infléchissant vers l’ombilic. Base de la coquille très 
peu convexe, couverte de stries et de cordelettes concentriques, granuleuses , plus ou moins pro- 
noncées, serrées et inégales. Ombilic infundibuliforme , très évasé. Ouverture plus large que haute, 
anguleuse, subtriangulaire, échancrée vers le tiers supérieur du bord droit. La jonction de ce bord 
avec le bord inférieur se fait sous un angle aigu qui correspond au bord inférieur tranchant du der- 
nier tour. — Hauteur, 19 millim. ; diamètre de la base, 35. 

Cette belle espèce diffère du P. elegans d'Orb. (pl. 191, fig. 1) en ce qu’elle est plus surbaissée. 
Le bord du dernier tour est plus tranchant, la base moins convexe, l’ombilic beaucoup plus évasé et 
les ornements de la surface assez distincts. Le ?. Dumonti ne diffère pas moins du P. formosa, Lym. 
(pl. 16, fig. 12), espèce beaucoup plus déprimée et à bords plus tranchants. Il en est de même relativé- 
ment au ?. secans d’Arch., d'Orb. (pl. 200, fig. 2-4). Enfin, quant au P. Guerangeri d'Orb. (pl. 205, 
fig. 3-5 ), sa suture canaliculée, l’étroitesse de la bandelette du sinus, ainsi que le peu de largenr de 
l’ombilic et le peu d’élévation de la spire ; ne permettent pas d’en rapprocher notre Pleurotomaire. 
Le P. disticha Gold., (pl. 187, fig. 5, a, b, c), est un moule déformé qui paraît être très voisin du 
P. Dumonti, mais sur les rapports duquel il n’est cependant pas possible de prononcer encore. — 
Tournay. 


PLEUROTOMARIA TEXTA, Gold, pl. 187, fig. 7, a, b, c. pl. XXIV, fig. 4, a, b. 
P. Leveillei, nob., Bull., 2° sér., t. IT, p. 337. 


Coquille conoïde, peu élevée, arrondie au sommet. L’angle moyen des arêtes du cône curviligne 
est de 78°. Spire composée de 7 tours, divisés en deux parties par la bandelette du sinus. La partie 
supérieure , la plus étroite , est très convexe; la partie inférieure, plus haute, est presque plane. 
Suture étroite subcanaliculée. Bandelette du sinus linéaire, Toute la surface de la coquille est couverte 
de stries longitudinales , fines , serrées et inégales, croisées par des stries transverses , ffexueuses et 
qui, à leur passage sur les précédentes , produisent une petite granulation donnant à cette surface 
l’aspect d’une toile assez fine, mais dont le tissu serait peu serré. Une carène arrondie sépare le dernier 
tour de la base, qui est convexe et couverle, comme les tours , de stries concentriques très fines et de 
stries rayonnantes flexueuses. Ombilic assez grand et profond. Ouverture ovalaire et transverse. 
Bord gauche sinueux et renflé en dehors de manière à couvrir une partie de l’ombilic ; bord droit 
très arqué, muni vers le tiers supérieur d’un sinus profond et fort étroit. — Hauteur, 42 millim. ; 
diamètre de la base, 47. Le dernier tour forme les 2/5 de la hauteur totale. 

Cette espèce, que nous avions d’abord crue inédite, est l’une des plus remarquables de la collec- 
tion de M. Léveillé. Elle a conservé encore son test nacré au-dessous de la couche calcaire 


(N27, p. 33.) ” SUR LES FOSSILES DU TOURTIA. 343 


extérieure, et la perfection de son ouverture nous a engagé à la décrire et à la faire figurer de nouveau. 
- Elle diffère du 2. neocomrensis d'Orb. (pl. 188, fig. 8-12), dont elle se rapproche d’ailleurs plus que 
d’aucune autre, par son sommet arrondi et obtus, par la convexité très prononcée des côtés du cône, 
par ses tours moins convexes au contraire, sa suture moins profonde, son dernier tour plus déve- 
loppé, sa base plus large, l'ouverture plus haute, par la forme dilatée et renversée du bord columel - 
laire, enfin par son ombilic beaucoup moins large. Le P. royana d'Orb. (pl. 203, fig. 5-6) est plus 
déprimé que le P. fexta ; les tours sont moins détachés et moins anguleux à l’endroit de la ban- 
delette , la base est plus convexe, l’ombilic plus grand et l’ouverture moins dilatée ; enfin la bandelette 
du sinus partage la suture en deux parties égales, au lieu d’être placée vers le tiers supérieur. — 
Tournay. 


PLEUROTOMARIA NYSTII, nov. sp., pl. XXIV, fig. 2. a, b, c. 


Coquille en cône surbaissé et pointue au sommet. Arêtes convexes formant un angle curviligne 
d'environ 83°. Spire composée de 8 tours très plats, séparés par une suture linéaire à peine visible. 
Bandelette du sinus étroite et placée près de la suture , dont elle est séparée par 2 cordelettes gra- 
nuleuses. Au-dessous, 6 autres cordelettes également granuleuses, mais plus fines, occupent le reste 
de la surface, croisées par des stries transverses, flexueuses, très fines et très rapprochées. Sur les pre- 
miers fours, on n’observe qu’un réseau à mailles carrées sans granulations. Le dernier est anguleux à 
sa partie inférieure. La base de la coquille, couverte de stries concentriques, nombreuses et serrées, 
est convexe sur les bords, mais largement concave vers le centre où se trouve un ombilic profond et 
très évasé. Ouverture surbaissée , transverse, en forme. de rhombe aigu. Bord droit, muni d'une 
échancrure étroite un peu au-dessous de la suture. — Hauteur, 23 millim. ; diamètre de la base, 34. 

Cette espèce élégante est facile à distinguer du P. cassisiana d’Orb. ds 202, fig. 1-4), le seul 
avec lequel elle ait quelque analogie, par la convexité des arêtes du cône; par la concavité de sa base, 
la largeur de l’ombilic , la position de la bandelette du sinus et l'absence des séries. sde DIEU E 
placées dans le P. cussisiana, au-dessus de la suture. — Tournay. 


PLEUROTOMARIA SCARPACENSIS , nov. sp., pl. XXIV, fig. 4. 


Quoïque la coquille que nous désignons sous ce nom soit fort incomplète , elle présente des ca- 
ractères assez particuliers pour la faire distinguer de ses congénères. Elle est conoïde, élevée, composée 
de tours généralement plats, mais cependant un peu convexes, de la suture à la bandelette, et presque 
concaves de celle-ci à la base. Comme dans l’espèce précédente , la bandelétte est placée très près de 
la suture, et l’espace qui l’en sépare est occupé par des plis obliques , peu élevés, simples, inclinés 
d’avant en arrière. Les deux autres tiers des tours sont couverts de plis semblables , assez nombreux, 
inclinés d’arrière en avant. Le dernier tour paraît être fort anguleux à sa partie inférieure. La position 
de la bandelette, jointe aux plis simples, plats, non granuleux , placés au-dessus et au-dessous , em- 

-pêchent de confondre cette espèce avéc aucune de celles que nous connaissons jusqu’à présent dans 
la formation crétacée. — Tournay. 


AVELLANA PREVOSTI, nov. Sp., pl. XXV, fig. 1, 0, b. 
Avellana bidentata, nob., Bull., 2° série, t, II, p. 337. 


Coquille ovoïde. Spire très courte, très arrondie , à sommet mucroné, et composée de 4 tours, 
dont le dernier, très grand, forme les trois quarts de la hauteur totale. Les tours convexes, séparés par 
une strie à peine distincte, sont ornés de stries longitudinales très fines et très régulières, peu pro- 
fondes, traversées par des stries verticales courtes, non moins fines et régulières. Les bandelettes qui 
séparent les stries longitudinales sont lisses. Sur le dernier tour, les stries et les bandelettes sont plus 
larges et plus espacées. Ouverture allongée fort étroite. Bord droit, garni d’un bourrelet et se réunis- 


344 RAPPORT (N. 7, p. 34.) 


sant au bord gauche, près de la suture, sous un angle fort aigu. Bord gauche couvert, dans toute sa 
hauteur, par une callosité flexueuse, qui vers la base de l’ouverture recouvre la columelle. Celle-ci est 
arquée et se recourbe fortement pour joindre le bord droit en se réfléchissant un peu en dehors. Vers 
le milieu du bord gauche, se trouvent deux dents obliques, étroites, fort élevées, dont l’inférieure se 
recourbe pour joindre le bord columellaire. — Hauteur, 18 millim.; diamètre du dernier tour, 44. 

Cette espèce diffère de l'A. cassis., d'Orb. (pl. 169, fig. 10-13) par sa forme moins globuleuse , 
plus ovoïde et surtout par la présence des deux dents columellaires obliques, au lieu de trois. — 
Tournay. 


TURRITELLA NEPTUNI, de Munst., Gold., 96, fig. 15, a, 6. 
Turritella subvibrayeana, nob., Bull., 2° série, t. IIX, p. 337. 


Coquille fort allongée et subulée, composée de 19 à 20 tours aplatis, séparés par une suture simple, 
linéaire, à peine distincte. Tours ornés de stries longitudinales , capillaires , très nombreuses , très 
serrées, inégales et finement granuleuses. La base est également couverte de stries concentriques, 
fines et granuleuses. Une bandelette décurrente, le plus ordinairement obsolète, mais couverte de 
stries, comme le reste de la coquille, se trouve à la partie supérieure des tours accompagnant la suture. 
Ouverture assez grande, columelle arquée , se confondant avec le bord gauche. — Hauteur, 75 mil- 
lim.; diamètre de la base, 15.—Nous avons fait représenter, fig. 2, b, un fragment d’un individu plus 
grand et sur lequel la bandelette qui accompagne la suture est plus prononcée. 

Cette espèce, dont M. Goldfuss n’a pas fait connaître l’ouverture, ni le moule , et dont la forme est 
plus subulée qu’il ne l’indique, diffère de la 7. Vibrayeana, d'Orb., (pl. 151, fig. 10), par sesdimensions 
toujours plus grandes, par sa forme plus subulée, par ses stries granuleuses plus nombreuses (24 au 
lieu de 8 ou 10), par son ouverture moins haute, par sa base striée, tandis qu’elle est unie et lisse 
dans le 7! Vibrayeana.Peut-être la coquille représentée fig. 2, 4 et le moule 2, d, devront-ils constituer 
une variété lorsqu'on aura des échantillons plus complets. — Tournay. 


NERINEA ? DUBIA, nov. sp., pl. XXV, fig. 4. 


Nous avons fait figurer sous ce nom un fragment d’une coquille très allongée, dont la surface est 
plane et presque lisse. Les stries longitudinales, qu’on ne voit qu'avec la loupe, sont très délicates, 
ainsi que les stries transverses. Ces dernières, très flexueuses, nous permettent de juger de la forme 
du bord droit ; mais n’ayant pu reconnaître la trace du sinus, nous doutons que ce soit une véritable 
Nérinée. Les caractères de la columelle sont également peu précis. 


CERITHIUM BELGICUM, de Munst., Gold., 74, f. 5, pl. XX V, fig. 3. 
Nerinea Prevosti, nob., Bull., 2° série, t. IX, p. 337. 


Coquille turriculée, composée de 12 à 13 tours. Ceux-ci sont concaves au milieu et renflés à la 
partie supérieure, le long de la suture, où se trouvent des plis tuberculeux , arrondis, égaux, égale- 
ment espacés au nombre de 19. Sur la partie concave , il y a des stries longitudinales, équidistantes, 
capillaires, faiblement ondulées, et plus prononcées vers le milieu que vers le haut ou le bas des tours. 
Des stries d’accroissement transverses, inégales, peu régulières, flexueuses, partent du bourrelet dé- 
current qui borde la suture au-dessus des plis. La base de la coquille paraît être plus allongée que ne 
l'indique la figare donnée par M. Goldfuss. Ouverture et columelle inconnue. — Hauteur, 70 millim. ; 
diamètre de la base, 14. 

Cette espèce, dont la forme est très élégante, est trop distincte de celles qui ont été jusqu’à présent 
décrites dans la formation crétacée, pour faire ressortir davantage ses caractères. Nous regrettons seu- 
lement que le seul échantillon de la collection de M. Léveillé ne nous permette pas de les indiquer 


(N-7,p. 55) SUR LES FOSSILES DU TOURTIA. 345 


d’une manière plus complète, car le dessin de M. Goldfuss ne donne qu’une idée très imparfaite du 
facies de cette coquille et manque même des stries transverses et délicates qui la recouvrent presque 
entièrement. — Tournay. 


PYRULA SUBCARINATA, nov. sp., pl. XX V, fig. 7, a. 


Nous avons fait représenter un fragment de moule de coquille assez voisin de la P. carinafa. Roem. 
(pl. 44, f. 12), mais dont il diffère par le dernier tour plus arrondi, et sur lequel on ne voit que 
quatre côtes longitudinales peu prononcées. Les tours sont aussi plus détachés , plus élevés et la su- 
ture est plus profonde. Ces mêmes caractères distinguent encore notre espèce des P. depressa et 
Brightii, Sow. (Transac. geol. Soc. Lond., vol. IV, 2: série, pl. 18, f. 20 el 21). — Tournay. 


ROSTELLARIA ELONGATA, Roem., pl. II, fig. 5? Gein., pl. XVII, £. 72? Var., pl. XX V, fig. 5. 


Nous rapportons avec la plus grande incertitude un fragment de coquille turriculée , à enroule- 
ment très oblique, à l'espèce de M. Roemer, telle qu’elle est figurée par M. Geinitz ; notre coquille 
est couverte d’un grillage beaucoup plus marqué que dans celle de la craie de Silésie, et les tours pa- 
raissent plus allongés. — Tournay. 

M. Reuss en fait son Pleurotona Roemert (pl. 9, fig. 10), et la synonymie qu'il donne ne peut 
qu’augmenter nos doutes à l’égard du genre auquel ce fragment doit être rapporté. 


PTEROCERAS COLLEGNI, nov. sp., pl. XX V, fig. 8, a. 


Pteroceras doliolum, nob., Bull., 2° série, vol. IIE, p. 337. 


Coquille courte, pupoïde , composée de six tours, convexes, ornés à leur partie supérieure d’une 
rangée de tubercules arrondis peu élevés. Sur le dernier tour, on compte deux de ces rangées, et les 
tubercules inférieurs sont les moins saillants. La base de la coquille, convexe, paraît être lisse. La 
columelle se prolonge en un canal recourbé très étroit et probablement fort court. Le bord droit se 
dilate en une expansion aliforme sillonnée et dont les bords nous sont inconnus, de même que le 
reste de l’ouverture. 

Cette espèce, tout incomplète qu’elle est, nous a paru bien distincte de celles qui ont été décrites 
jusqu’à présent dans la formation crétacée. 


CORPS DE CLASSE INCERTAINE, pl XXV, f. 10, 0, 6. 


Nous avons fait représenter un corps sur l’origine duquel, après avoir consulté les zoologistes les 
plus compétents, il reste encore quelque incertitude. Ce corps est calcaire, très solide, épais, en forme 
de tronc de cône légèrement arqué, creux et à bords amincis vers la base. L'ouverture de ce dernier 
côté est très oblique à l’axe, celle du côté opposé laisse voir dans la coupe (f. 10, à) un évasement 
en sens inverse, et est comprimée en forme de trou de serrure ( fig. 10, «). On observe quel- 
ques plis allongés dans la gorge qui sépare les deux cavilés coniques opposées. La cavité intérieure 
n’est point d’ailleurs dans l’axe même du cône, mais reportée du côté de la courbure ou en dedans, 
de manière que la paroi externe ou de la plus grande courbure est beaucoup plus épaisse. La paroi 
interne de la cavité présente des espèces de stries ondulées ou canaux ramifés irréguliers. La sur- 
face extérieure, qui est lisse, ne semble au contraire présenter que les caractères d’un moulage de ce 
corps dans une cavité préexistante ; mais la coupe ne permet pas d'adopter cette opinion : elle montre 
que ce corps est composé d’une substance calcaire très compacte, blanche, éburnée, qui , vue à la 
loupe, présente des fibres longitudinales intimement soudées. 

M. de Quatrefages, qui a eu l'extrême obligeance d'examiner sous le microscope des lames très 


346 RAPPORT (N. 7, p- 56.) 


minces et polies,.n’a trouvé dans leur structure aucun caractère suffisant pour déterminer la 
classe à laquelle ce corps doit avoir appartenu, et la dissolution complète de la substance dans les 
acides, sans aucun résidu , lui a fait conclure qu'il était composé uniquement de carbonate de chaux. 
M. Valenciennes, à qui M. de Quatrefages a communiqué cet échantillon, pense que ce pourrait être 
la portion basilaire d’une dent de poisson, et ces deux savants , d'accord sur ce point, se fondent en 
partie sur la forme en trou de serrure que présente l’orifice étroit et allongé du sommet du cône, et 
dont ils ont pu juger, après avoir complétement dégagé l’intérieur, de la matière de la roche qui le 
remplissait. 

M. Léveillé, dans son Aperçu géologique, etc. (Mém. de la Soc. géol., 1° série, t. IL, p. 33), cite 
encore dans le tourtia les genres Nautile, Baculite, Turrilite; Vis, Dentale, Cranie et des crustacés 
que nous n'avons point trouvés dans sa collection , ni dans celle de M. Michelin , et qui n’ont pas dû 
figurer dans le tableau suivant. Le Belemnites bicanaliculatus (var. actinocamax), qui existait parmi 
les fossiles de Tournay, ne nous a point paru provenir de cette localité. 

Nous n'avons point compris non plus dans le tableau la Pholadomya Esmarkii (Cardita, id. Nils.), 
des Cucullées , et beaucoup d’autres fossiles de la couche glauconieuse de Cherk et des environs de 
Tournay, parce qu'il n’est pas certain pour nous que celle-ci soit du même âge que le poudingue. 
Peut-être appartiendrait-elle à l’époque des dieves et des marnes crayeuses de Bruvelle , d’Au- 
treppe, etc. C’est de cet étage que semble aussi provenir un fragment roulé d’Hippurite donné par 
M. Michelin et qui se trouve dans la collection de la Société. 


(N.7, p.57.) 


NoTA, 


SUR LES FOSSILES DU TOURTIA. 347 


TABLEAU DES FOSSILES DU TOURTIA. 


* Espèces dont M. Michelin a communiqué la liste, et qui ne se trouvent pas dans la collection de la Société. 


** Espèces données à la Société par M. Michelin. 
*** Espèces de notre collection qui n'existent pas dans celle de la Societé. 


GENRES. 


*TURBINOLIA. . 


ASTREA. . . . 


CERIOPORA. . « 
* 


# 


* PUSTULOPORA. 

CELLEPORA , . 
*XTHALAMOPORA. 
* CHÆTETES. . . 
* DISCOPORA . . 

FLUSTRA . . . 
* ALECTO. , « 
* SPONGIA. « » 


: VENTRICULITES 
* (Indét.). 
* (Indét.). 


HOLASTER. . 


CATOPYGUS . . 
PYGURTS.. . 
PYRINA. . . 
GALERITES. . 
DISCOIDEA. . 


. + + 


SALENIA, « + 
CODIOPsIs. . 


PENTACRINITES| . 


* SERPULA. ,. . 


# 


SOC. GÉOL. — 2° SÉRIE. 


PLANCHES ET FIGURES 


CLASSES, ORDRES ET ESPÈCES. PAGES, | 


DU RAPPORT. 


POLYPIERS. 


conulus, Mich., 4, fig. 12 (Caryophyllia , id., Phil. | 
Ool. 2, fig. 1). 

agaricites, Gold., 22, fig. 9, a, b, c. 

Delcrosiana, Mich., 6, fig. 2. 

reliculata, var., minor., Gold. , 38, fig. 10, 4, b, c. 

velamentosa, id., 23, fig. 4, a, b, c. 

cæspilosa, Roem., 5, fig. 28. 

labyrinthica, Mich., 52, fig. 11. 

mamillosa, Roem., 5, fig. 25. 

pustulosa, de Blainv. (Ceriopora, id., Gold. , 11, fig. 3). 

( Indét.). 

Siphonioides, Mich. , 53, fig. 9. 

lobatus , id., 51, fig. 16, a, b. 

reticulata, Roem. , 5, fig. 1. 

(Indét.). 

granulata, Miln. Ed. , Mich. ; 52, fig. 4, a, b. 

boletiformis , Mich. , 1, fig. 1 

peziza, Mich., 36, "fig. 5 (Manon, id. , Gold. , de 
Blain. , Bronn. ; ete). 

radialus ? Mant., 10-14. 


RADIAIRES, 
ÉCHINODERMES. 
nodulosus, Ag. (Spatangus, id., Gold., 45, fig. 6, He 
CBC) TR AL SAR col che er ess à 
columbarius , id. (Nucleolites columbaria, Lam.). .|XIIT, fig. 3, a, b,c. .| Ib. 
pulvinalus, nov. sp. . . . . . . . « + + + » + « + .|Ib., fig. 5, a. d,c, d.. 297 
Des Moulinsti, nov, Sp. . . . . . ... » + + + + “|Ib.; fig. L, a, b,c,d..| Ib. 
subsphæroïidalis, nov. sp. . . . . +» [b., fig. 2, a, b,c. . .| 298 
subuculus, Ag. (Galerites, id., Gold., 41, fig. 2, 
G. rotularis , Lam.). 
AUTOS, DOVASPA ee me ee ee ode ee eus (ALL fige pans 299 
doma, Ag. (Echinus , id. , Desm.). . . . . . . . . .[Ib.,fig. 1 a, b,c,d, Ib. 
STELLÉRIDES. 
s REA à: TPE SLA ; ; RATER QE RAP | 300 
ANNÉLIDES. 
cincta, Gold., 70, fig. 9. ; 
sulcalaria, NOV. SP... XIV, fig. 11, a 300 
(neo eco ado, door oo OR ON AE re Pre Te Ib. 


T, II. Mém. n° 7. 45 


348 


RAPPORT 


(N, 7, p. 58.) 


GENRES. 


POLLICIPES . , | 


FISTULANA. . 
XX PANOPÆA. . . 

PHOLADOMYA.. 
CCDYONSTA EIRE 


CRASSATELLA.. 


CORBULA. . . 


** CORBIS . . 


ASTARTE. 


CYPRINAN 
VENUS, . . . . 
CARDIUM . 


PECTUNCULUS. 
TRIGONIA. . 


MYTILUS 


LITHODOMUS. . 
** MYOCONCHA. . 
** [NOGERAMUS 2. 
** LIMA 


kX 


SMDECTEN: - 0 


PLANCHES ET FIGURES 


CLASSES, ORDRES ET ESPÈCES. 


DU RAPPORT, 
MOLLUSQUES. 
CIRRHIPÈDES. 
maximus , Sow., 606, fig. 3, 4,5, 6. I 
CONCHIFÈRES DIMYAIRES. 

(Indét.). . ne qu mr M tés A da tar pr A Cr rte 
nee ‘119, fig. 

gigas , d’Orb. , 366 ( 7 Hèo Soon BU SU] 600 5 CS © 


carinifera , id., 373, fig. 4, 9 (Lutraria, id., SOW., 
534, fig. 9). 
qQuadra{a",; NOV. Sp. MN ne 
subgibbosula, nov. 95000 Do 0 
trapezoidalis, Roem, 9, fig. 22. . 
elegans, d'Orb. , 388. fig. 14-17 (non, 
572 NÉ ST UL)NENSE MIE RE APE bises Les 
corrugula , Forbes (quart. journ., ‘vol, STE 257, 
Sphæra, id. Sow.933/; Pr Desh. in 
Leym. ; Corbis, id. , d'Orb. ; Cardium gallo-pro- 
vinciale, Math. ). 
cyprinoïdes , NOV. Sp. + . - . . . 
oblongata, Desh. , in UE 6, ñg. 15%; 1b;1c: 
Koninckii, nov. sp. 
incerla , NOV. Sp. « . . . . 
Labadyei , nov. sp. . . 
hypericum , nov. sp. 
Michelini , nov. sp. . . À 
productum, Sow ? (Transar. geo Soc., London 
vol. Il, pl. 39, fig. 15). 
annoniensis , nov. SD CRT 
Orbignyana , nov. sp. . . . . . .. 
Carteroni, d’Orb. , 309, fix. 458. 
Galliennei, id., 314. 
subdinnensis, id., ee fig. 9-12. 
inscripla, nov. sp. 


XIVARERL TALIENE 
ID MAG 9 EC 


AN PRICE PA LS EPRE COLE Ce 
id, ; SOW., 


XIV , fig. 5, a, d.. 
nn a, b. 


CC .... 


XIV, fig. 10. a. . ë 
PAUASE LT MENT AL LRU 


.... 


subpulvinatus , nov. sp. 114$ ; - k ; : à Û 5 XV., fig. 2,4, b, c. 
sulcataria, Lam. ? { Lyriodon sulcalum , Gold. 5 
137, fig. 7). 


CONCHIFÈRES MONOMYAIRES. 
CIGÉRTALUS; NOV.ESPp. LU XV, fig. 4, a, d 
imbricatus (Modiola, id. , Sow., 212, fig. 2 3). 
lincatus, d'Orb. (Modiola, id., SoW., Transac. geol. 

Soc., vol. [V, pl. 14, fig. 9, Mod. aspera, SOW., 

Min. conchol., d’après M. Forbes). 
LONNACENSIS', NOV. SPL M NN Ne 
pyriformis, nov. sp. 
cretacea , d'Orb. ? 335. . . 
mytiloides ?? Sow., 442. . « . . 
pennala , nov. sp. 
reclangularis , nov. sp. 
Reichenbachii, Gein., Charakteristik der schichten, 


XVsfig13,:@ + 
XV, fig. 5 


a EE 


le nelle tee le en le 
siens leles ages ae de 
Me sole © 1" 
D OM 0 CO MQUO 


ee 


8, fig. 4. 
resecla , nov. Sp. . Be car te Mean TS UNE XV, fig. 8. . 
subovalis , var. , Sow. (Transac. geo. ‘Soc., 2° sér., 

vol. IV, pl. 17, fig. DL )}ars NN ls ES A ee ee 
ROSSUYRROVIESD PRE NP RNREEEErE ro ci | RNATRES a. - 


acuminalus, Gein., FU Code Ni XVI, fig. 3 s 0: 


PAGES, 


302 


302 
303 
Ib. 
304 
Ib. 


305 
I6. 
16. 


306 
Ib. 


306 


307 
Ib. 
Ib. 
T6. 
I6. 
308 


308 
309 


16. 
Ib. 


(N.7, p. 59.) 


SUR LES FOSSILES DU TOURTIA. 


349 


: PLANCHES Er FIGURES 
GENRES. CLASSES, ORDRES ET ESPÈCES. PAGES. 
DU RAPPORT. | 
re + 
#Æ PECTEN. . . . Brongniarti. , NOV. Sp. . ds eus elec XV I fig. 1e dr Dre 310 
— cenomanensis, d'Orb. , 434, fig. 11-44 (P. squamu- 
latus, Duij., 16, fig, 42). 
— cretosus , Defr., Al. Brong. , Gold. , 94, fig. 2, a, b. 
(P. nitidus, Mant., Sow. ?). 
= quadricostatus, Sow., Gold., 92, fig. 7. 
— subdepressus , nov. Sp. . . . . . . . . . . . . . . XVI, fig. 1, a, b. . .| 310 
At subinterstrialus , NOV. Sp. . . . . . . . ee . .|XV, fig. 10, à, b. . 311 
SPONDYLUS . .| capillalus , nov. Sp.. . . . . . Rs Nc XVII, fig. 1, a. . 16. 
— duplicatus, Gold. , 105, fig. 6. 
— Omalis, nov. sp. =. ................|Nvû AA GS be 10319 
OSTREA . . . .| bracteola, nov. Sp. . - . . . . . . . . a OMOr c| DA le fig. 7,4 D. : 1b. 
— carinata, Lam., Al. Brong., ‘Gold., 74, fig. 6 6. 
Ré diluviana , Lam. , Gold., 75, fig. h: 
Fr vasculum ; noy. sp Re uene dette rico ditore XVI, fig. 5,a, b 312 
ExOGYrA. . .| haliotoideu, Gold., 88, fig. 1. 
6 recurvaia, Sow., 26, fig. 2 (E. chris Var. 
minima . Gold.) Go ce = D CE EME 2 no 913 
— sinuata ( Gryphæa, id., Sow., 336) Hors 16 poele por OR Ib. 
BRACHIOPODES. 
TEREBRATULA.| nerviensis, NOV. Sp. fype . . . . . « . . . . . . XVII, fig. 2. a, b, c, d.| 813 
— i VER Chsoloscio idiototosodoucac 1 ID. f213:9, 40: 914 
— id. NOR DNS RER ENS A ER ER is ee dicée 16. 
LS id. VER el obin Dino AMEN TR DEEE. Ib. 
— id. VAL de Us. A 5 Hi A (CE SPORE Ib. 
= id. NAT S Ca tete noel tee tele a . .|1b., fig. 7, a, b 915 
— id. NA: fo ner ah ANNE MO : SMDENDE SG: is. Ib. 
= RODETÉONANTOVE SD set Penn N te XVIIL, fig. 2, ab, c,d.| Ib. 
= MÉTRESNE ER OV ES DE ENCORE Ib. , fig. 1, a, b,c, d..| 316 
— lornacensis , NOV. Sp. . . . CAE : als ? fig. 3, a, b,c,d,e.| Ib. 
— id. VAR eee 0 EDP ie Te Ee HOME STE 317 
— id. Vars DAC NS MER RATE HSE NV; 0 CIMTED: 
— BOUT MO VAS DEN EAN Ib. fig. 7, a, b,c.d..| Ib. 
= IRON VASD EC ee . .|Ib., fig. 6, &, b, c. d..| 318 
— ETUSSU; NOV: Sp: - -c-eie eee 1b., fig. 8, a, b,c, d..| Ib. 
= id. VE pe dec dévoce ou oellbolfpeLlo dis ce 919 
= crassificata , NOV. Sp. . . . . cut I XEXG tie. 4 4, D, C1 Nb. 
= MÉLLOTE O\E O TON ONOMEN CI NE S Vor-JNet CPU CE: D 1b., fig. 2, a,b,c. . .| 320 
—= Boubei, nov. sp. . serre brio EC NE Ib. fig. 41, a. b, c, d.| Ib. 
= ROUSID, ADONE (SD eee Ce Re s cite ta {b., fig. 4. a, b, c. d.| 321 
= id. ? VÉRONPaoITI Do 00 sedolo Mot DETTE CA ULEOOMENCIO (LE 
85 = ir lela EnOV-ESD A cr CE Ce ce. :lbelfig: (6.10, 0.0; d.-|\ Ib. 
= REDOUTE NOV ESD EC cc RC 1b., fig. 3, a, b,c, d..| 322 
— biplicata, Sow., 90. 
ax DAROU ONE SDtens re ie al 20. UC XIX, fig. 7, a. b,c. .| 322 
= DUR BENOVE ESP ee eee cure esse: OT. Ib., fig. 8, a. b,c, d..| 393 
ne CAT AE UOV SD Eee To ie; (a, 0,c,d;e.\ Ib. 
a id. VARIE ETS needs tel eu ee che does Ib; a. Ib 
= id. Vera UE too > © RC NE Ib. fig. 3, a, b. Ib. 
— arenosa , NOV. Sp. . « - « » ee se it -le 2 hENL1et 1 Gb, cd, ,2.| 324 
= id. IDE 4 0 0 010 cv 60 2 . .|Ib fig. 9, a De Ib. 
= id. VARICES CSN SEE ET Ib 62%; 0, DC D; 
= SUQUTENOSTNOYASD cie ee cit |LD fie: Ui, G, 0,9, 4/0: |0ED: 
= subpectoralis, nov. sp. .. .... ME CRE - XIX, fig. 9. a, b.c. .| 325 
= gussignisensis, NOV. Sp. . « - . . . . . . : .|1b., fig. 10, a. b,c,d.| Ib. 
— SUDEOREDE A INOVAISD: eur, semer eu else ele UT à Ib. , fig. 12, a, b, c, d.| 326 
= elongala, Sow., 435, fig. 4, 2 
= VCROT UNS RO CL LE XX. fig. 4, a,b,c.d,e.| 326 
— UECRSONLE NON SD: + rene eee ce. cette tie Ib Na, 0,6, d..\ 327 


390 RAPPORT (N. 7, p. 60.) 


: : PLANCHES ET FIGURES 
GENRES. CLASSES, ORDRES ET ESPECES. PAGES, 
DU RAPPORT. 


TEREBRATULA. || Murchisont, var. "Ne UN, XXe NE 1827 

= Keyserlingi, nov. Sp. . . . . . . . . . . .. MD ee 7, DC dE L0: 
TCRIRAICRE I DOV-SD CN ENONCE Ib., fig. 8, a, b, c, d..| 328 
ee id. Var. le © eee Re der Re rene 1b., fig. 9, a, b,c. . .| Ib. 
— GRAVES MOV NSP 0e eee RCI CENT Ib., fig. 40, a, b,c,d.| Ib. 
— LevAIE NOV SD CRE PE CET IAE {b., fig. 41, a, b, c, d.| 329 
ne Deshayesti , nov. Sp. . . . . . . STONE LATE XXI, fig. 6,a,b,c,d,e.| Tb. 
— gallina, Alex. Brongn., 9, fig. 2. 
—: dimidiata , Sow., 277, fig. GE 
2 lalissima CT. lata , SOW.), Vars, 4 08, RAMEN Ne XXI, fig. 7, a. . . . .| 330 
LR id. VAT., b. te toreseed A MON A ID'AHBNS. IG ee | Ib. | 
a id. var, Caen Ce AR . -|Ib., fig. 9, a. Ib. 
2 rostralan SON Var el Cr Cl EE. Hbe MOT .| 16. 
en SCALAISENSIS ; NOV. Sp... NN, . .|Ib., fig. 14, a, 7 C2 q, 16. 
et XXV, ‘fig, 9 


triangularis, Nils. 4, fig. 10; His. 23, fig. 4 
depressa, Sow, 502, fig. 2 : 
Beaumonti, nov. sp. . . .. ..., ts... XXE, fig. 12, 4,0,c,d.| 331 


pe id. EAU O D dd n ot ao oobe 5 Lo ID PRES NO CEE Ib. 
KkX  — id. Val DS Etat aie oo Moose cre Ib. 
= DNS ROME) ZONES OS TEE 06 son CCE 560 332 
Alkxk canahieulaiar ad ee TC CT CCC XXI, fig.15,4,0,c,d.e.| 334 
De parvirostris, G. Sow. (Transact. geol. Soc., 2° sér., 
vol. IV, pl. 14, fig. 15, d’après M. Forbes, ce 
serait une variété de la T. sulcata, Park. Trans. 
geol. vol. V, p. 59). 
ke DESNOUERSEMOY SPECTRE ECC «XXII, fig. 2, a, b,c. .| 352 
nie Du en DO SD RE EC CIRE Ib... fig. 4, a, b,c, d. .| Ib. 
= NUCIIONMIS SOWEAROEM PENSE PRE EEE 339 
KkK ONCRAfOTNINIS ROSE ee CRE CE XXII, fig. 4,a,b,c,d,e.| Ib. 
== Mantelliana , Sow., 537, fig. 5. 
— Striatula , Sow., 536, fig. 3, 4, 5. 
— ŒUDIDE EN OVANSD EC Ce XXIL, fig, 3,a, b,c,d.| 533 
X#XTHECIDA.. . .| digitata, Sow,, gen. of Shells, n° 20, fig. 3 CE ë 
iuférieure). | 
GASTÉROPODES. 
ACMÆA. … . . || subcent(rAlis, NOV. Sp... NME NON KT UE. 5,14, D: Ro 


EMARGINULA. .| Guerangeri, “d'Orb., 234, be. 9-12. 
NaRIGA. . . .| crelacea, id. ? 175, fig. 7-10. 
NATICA. . . .| lyrata, SOW. (Transac. geol. Soc., 2° sér., vol. IL, 


: : pl. 38, fig. 11), non lhil. 
RE prælonga , Le ym., 16, fig. 8, var., minor. 
DELPHINULA. .| Bonnardi, nov. Sp. . . . . . NN. XXII, fig. 6, a,b,c;d.| 33 
SOLARIUM. . .| Thirrianum, nov. Sp. . .. Ib fig 7,4; 0;1c:.. | MED. 
Trocaus.. . .| albensis, d'Orb., 177, fig. 45. x 
Cordieri, NOV. Sp. . MN MN IXXIT, fig. 8, 4, 0, 335 
— Brineli no (Sp. teen este ee UM Ib., fig. 9, a, b, c, d. .| Ib. 
= HUOHNONASDE ter CR TE Ce Ib, fig. 10, a, b:. . .| 10. 
— ROZEE NON. Sp -TE Cire -e [b., fig. 14, a, bd. . .| 336 
— . | Duperreyi, nov. sp. . . . . +. bete NII e 200; ce Ee: 
— DEYMETIEN, NOV.Sp UN. [b., fig. 4, a, b. . . .| 337 
LITTORINA ER D1SSY TRIO SD PCR CC IRAN EO CET PAIN EE Ib. 
TURBO. + : | Angelo(?, nov. Sp. NN NOR A 1b., fig. 4,a,b,c. . .| 1b. 
= arenosus, Sow. (Transac. geol. Soc., 2° sér., - 
vol. LIL, pl. 38, fig. 44). 
— Boblayess nov ISpr rt tree cie CNE XXII, fig. 5,4, De 338 
= BOiSSY NOV SD CCE RE CCE Ib , fig. 6, a, b, c. 389 
= Delafossei, nov. sp. . . . . . . . . . . . . . : . . XXIV, fig. 5, a. . . .| 338 
= Geslini, nov. sp. . . . . . . ten RER XXII, fig. 7, a, b.. .| 339 | 


(A. 7, p. 61.) 


SUR LES FOSSILES DU TOURTIA. 


GENRES, 


PHASIANELLA. . 


AVELLANA. . . 


TURRITELLA. . 
NERINEA.. . . 


CERITHIUM. . 


Fusus?. .. 


PYRULA. … . . 
ROSTELLARIA.. 


PTEROCERAS. . 


AMMONITES . . 


CLASSES, ORDRES ET ESPÈCES. 


Leblancii, nov. sp 

Mulleti, nov. sp. 

paludinæformis, nov. 

Pintevillei, nov. sp. 

Raulini, nov. sp. . . . 

Walferdini, nov. sp. . 

Voltzii, nov. sp 

Dumonti, nov. sp. 

Nystii, nov. sp. . . 

perspecliva., d’Orb. (Cirrus, id., Sow., 196). 
Scarpasensis, nov. Sp - 

lexla, Gold 

gaultina , d’Orb., 187. fig. 3. 

neocomiensis , id. 2? 487, fig. 1, 

cassis, id. ? 169, fig. 10-13. 

Prevosti, nov. sp. . 

Neptuni, de ee Gold. 

dubia, nov. sp. . 

belgicum , de Munst , Gold. 

subspinosum , Desh: , in Leym., 47, fig. 12, ‘a, b.. 
(indét.). 

SUDGAEIRAIE  ENON-ASPs ee 2 nee ee seen. e 
Parkinsoni, Sow. 

elongata, Roem., Gein. ? . . . 
Collegni, nov, sp. 


CÉPHALOPODES. 


| varians, Sow. 77. 


Corps de classe incertaine, 


PLANCHES ET FIGURES 


DU RAPPORT. 


. [XXII fig. 8, a, b, c. 
NE AT HOONE 
fe 40;a0 


Ib., fig. 11, a, b, c. 
ME TEEN 


XXIV, fig. 6, a, b. . . 


XXV, fig. 6, a, b. 
XXIV, 2: 3, de dc. 


XXV, fig. 1, a,b. . . 
.|Ib., fig. 2, &, b, c, d 


Ib, fig. 8, a 


Ce -- -PXXV, fie 40,0, 


351 


PAGES. 


Ver 
Qt 

LIN A 
PT 


Fe 


LAON 


Tu 


demi 


TABLE 


DES MÉMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME. 


L Études sur la formation crétacée des versants Sud-Ouest, Nord et Nord-Ouest du plateau 


central de la France, par M. le vicomte D'ARCHIAC ( deuxième partie). . . . . Page 
IL. Sur la vraie position géologique du terrain du Macigno en Italie et dans le midi de la 
RHAGSS DEP LT o done ver 5 O0 QUE CO RIRE en OI PE 


III. Nouvelles observations sur le terrain hétrurien, par L. PILLA”. . . . . . . . . . . . . 
III bis. Sur la géologie des environs de Bayonne, par M. SAMUEL PEACE PRATT. . . . . . . 
IV. Description des fossiles recueillis par M. Thorent dans les couches à Nummulines des en- 
virons de Bayonne , par M. le vicomte D'ARCHIAC. . . . . . . . . . . . . . . . .. 

Y. Mémoire sur la constitution géologique du Sancerrois { partie septentrionale du dépar- 


tementiauiGhen) par M-AVICLOR RP ADEIN 220. 0 =. 0: à: ee . - . 
VI. Recherches sur l’âge de la formation d’eau douce de la partie orientale du bassin de la 
CirOn de PAM JOSCDR DREROS PA Le sets ste see e Ro 
VII. Rapport sur les fossiles du Tourtia, légués par M. LÉVEILLÉ à la Société géologique de 
Eranees PariM Ie VIEOMIelD ARGHEAG 20 5 0. à LOU LOU D 0. 


FIN DE LA TABLE. 


_ 


Mém. de la Soc.Gcol. de France ; ; Mem.N°1 PI.A 


ESQUISSE 
DES BASSINS SOUS-MARINS 
duN.de la france,dela Belgique et du SE. de 1 ‘Angleterre 


2° Série,T. IT, PL] 


T2 


orwich Fig. ? 
pendant Ja Formation des depots 


% L LA . « 
Cretaces et Teruaires 


S'RERDAI 


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S'Cril. la Grave. se 2 
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| Te Hu SyeR Nivcan de Usle Ruisseau Niveaude la Dordogne L'anyranehe Cme le Escouach R. 
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Yehel. la Luque: Libourne. a Gamerre : JEmilion Christophe. Beney: Rey LuCasparden Belvex: Bonncfare Boutit. Léspinassat: dWvren. Montacau 
Torre de Cmon . Tertre de Fronsue, Sarpe: Bacanierte. Mouleyre 3 | 
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Puis Lite ière Purssearu Miveau de lu Dordogne llidoireR: Rue Ruissean 


Kio.Æ_ Coupe de Secret ( @m: de SE Radegonde } 


à Censac ( Gironde) 5 Kilom. 


Jen. Mercadet. duillac. Cabarrey . Censac. 

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Fo, 1 Coupe de la Dordogne F0: 8=Coupe de Lespnassata 
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(Rapile du Pesvarrou) Lontx iœaud ( Dordogne ). 


a Faux Dordogne )- 


Nogarel. 


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Fig. 18 Conpe de Minzac à Villefranche { Dordoyne ). 


Vléranche 
de Longehapt . 


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pe Mogile cb Litsde Siptaria Wanchätres. 
LL Caloaire wqudlior à Crithes de 


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ge férnugineuve . EN: Caloaire a Asteries == Depot d'Ostrea Zongrostris . 


M95 = Coupe Mhéorique des Merrans Vertiares inférieurs. de Royan 
S d 


(Charente inf) à la Linde ( Dordogne Je (Dordogne) 


Royan Blaye" Bourg. 


SAndre . Tékcmans ge Foy. laits Bourniquel = Mofieres. Crdoumn - dAvt-Senreur. 
É 


Fig. 6 == Coupe de Bannes à Cadouin pæ Molicres , et de Cadoun à Bannes par S!Avit-Sénieur 
1 Meulières … 2 Sables gravters allinerais de fin 3 Sables colorés, Ærgiles brunes, Craviers el Classes Panachees, AClaives panachees , Craviens rouges , dables Jaunes el rouges. 


Che Bannes Ch deBannes . 


Castillon. Bergerac à 


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Niveau dela Dordogne or Couse PTE È LbélinyonRk: Cure te 
Me. 9=Coupe de Pitraw î Gardegan (Gironde). Fig 10 C oupe des Eymeris ,com£ Be. a1=Coupe du Coteau de S'Vvien Figa2 — Coupe du l'ertre de Fronsac | Gironde }. 


0. 


ŒRT dePitray ; 


Lérres cullinees. 


de Bonnefare (Dordogne }- ( Dordogne }. : E 


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; 9.9.0: ANNE. : k U 
Ch! de Fronsue . 
Cardegan 
les Eymeris. ; à yes pure. 
ee Rénaudie. Linetres. Mllasse subleuse à rognons de Grès 


concrelionnese 


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Iilasse subleuve .grisdtre d grains verts. 


Bo.14_ Coupe de SE Vivien a Montäzeau  ( Dordogne } Fig: 15 __ Coupe de la Citadelle de Blaye au moulin de la Garde à Roland { Gironde ). 


JVvren . 


Tirres eultuces 


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Mean de la Dordogne 


la Crde a Roland 


de Célestine. 


Îl 5 7 ” : : 2 
Montareart: anne verte. shasteuve avec huîtres ct roynons de Gypre et Cle. a Asterres . 


la Carde, 


7 7 = û anne, Agile. Subles Huitres ZInomies« 
les Marthes. S'Marlin . 


[ Ce. dé donve. 
=Wollasse . 


ee Wei douce. 


Citadelle de Blaye. ZZlZZ 2 Æ— — 


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Angie bleue © Z CL _ Z ES CC 


Dem umenuveos Clérirenglobaire 


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Cle. à Orbrtolites 


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Echelle de Cassini gas pour les Fig-2,2,8 4,5,67,838. 


LE ee conte = | 
jh Diluvium vz F°? Mamne bc E°2 d'Eau douce £°* Marine 
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> Kilomètres 


10 Atlomütrey. : D see, TERRAIN a \ACÉ 
TERRAIN TERTIAIRE INFERIEUR 2 Ë A ————_—. 
SE SE 2 CU DST L"Etaye de M d'Arehiae  (Calaires nan 2'Ætave de AL. d'Arehiae ( Gaue grise 
TER Clenre d'eau douce, Caleaire siceux | Meuliènes CET M PT Sables, Crès de Berger Caluire à Opbiolites + - >>> F5 - ë re sa EE ; on] 
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