COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES
PUBLIÉS,
CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L'ACADÉMIE
En date du 43 Juillet 4835,
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
es Q a
TOME SOIXANTE-QUATRIÈME.
JANVIER — JUIN 1867.
1897.
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SEANCES DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES,
SUCCESSEUR DE MALLET-BACHELIER,
Quai des Augustins, 55
1867
ÉTAT DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
AU 1°* JANVIER 1867.
SCIENCES MATHÉMATIQUES.
SECTION Fe, — Géométrie.
Messieurs :
LAMÉ (Gabriel) (0. 4).
CHASLes (Michel) (c. #).
BERTRAND (Joseph-Louis-François) zg.
HERMITE (Charles) #%.
SERRET (Joseph-Alfred) x.
BONNET (Pierre-Ossian) 3.
Section IE, — Mécanique.
Le Baron Dupin (Charles)(G. c. 4).
PONCGELET (Jean-Victor) (G.0.4#).
PIOBERT (Guillaume) (G. o. %).
Morin (Arthur-Jules) (c. %).
ComBEs (Charles-Pierre-Mathieu) (c. 3%).
FOUCAULT (Jean-Bernard-Léon) (0. #).
M à
SECTION EEE. — Astronomie.
MATHIEU (Claude-Louis) (c.#).
LIOUVILLE (Joseph) (0. 4%).
LAUGIER (Paul-Auguste-Ernest) (0. 4).
LE VERRIER (Urbain-Jean-Joseph) (G. o. 3%).
Fave (Hervé-Auguste-Étienne-Albans) (0. %).
DELAUNAY (Charles-Eugène ) 44.
Secrion IV. — Géographie et Naviyation.
DE Tessan (Louis-Urbain Dorrer) (C. x).
Le Contre-Amiral Paris (François-Edmond) (c. #).
JURIEN DE LA GRAVIÈRE (Jean-Pierre-Edmond) (6. 0. 3%).
Dupuy DE LOME (Stanislas-Charles-Henri-Laurent) (G. 0. $).
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ÉTAT DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
Section V. — Physique générale.
Messieurs :
BECQUEREL (Antoine-César) (C.#).
PouILLET (Claude-Servais-Mathias ) (0. 3%).
BABINET (Jacques) #.
DUHAMEL (Jean-Marie-Constant ) (0. 34).
FIZEAU (Armand-Hippolyte-Louis ) #.
BECQUEREL (Alexandre-Edmond) 4%.
SCIENCES PHYSIQUES.
SEcrion VE. — Chimie.
CHEVREUL (Michel-Eugène) (G. 0.%).
Dumas (Jean-Baptiste) (G. c.%).
PELOUZE (Théophile-Jules) (c. 4).
REGNAULT (Henri-Victor) (c. %).
BALARD (Antoine-Jérôme) (C. 3%).
FREMY (Edmond) (0. 3%).
SEcTION VIE — Minéralogie.
DELAFOSSE (Gabriel) (0. &).
Le Vicomte D'ArCHIAG (Étienne-Jules-Adolphe DESMIER DE SAINT-
SIMON) 44.
SAINTE-CLAIRE DEVILLE (Charles-Joseph) (o. z).
DAUBRÉE (Gabriel-Auguste) (0. $).
SAINTE-CLAIRE DEVILLE (Étienne-Henri) (0. %).
PASTEUR (Louis) (0. $).
SECTION VIEIL. — Botanique.
BRONGNIART (Adolphe-Théodore) (c. 3).
TULASNE (Louis-René) #x,
Gay (Claude) 3.
DUCHARTRE (Pierre-Étienne-Simon) #.
NaUDIN (Charles-Victor) g.
TRÉCUL (Auguste-Adolphe-Lucien).
ÉTAT DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 7
Secrion IX. — Économie rurale.
Messieurs :
BOUSSINGAULT (Jean-Baptiste-Joseph-Dieudonné) (c. #).
PAYEN (Anselme) (c. $).
Raver (Pierre-François-Olive) (G. 0. #.
DECAISNE (Joseph) (0. 3%).
PELGOT (Eugène-Melchior) (0. %).
Le Baron THENARD ( Arnould-Paul-Edmond ) %.
Secrion X. — Anatomie et Zoologie.
EDWARDS (Henri-Milne) (c. #).
CosTE (Jean-Jacques-Marie-Cyprien-Victor) #.
DE QUATREFAGES DE BRÉAU (Jean-Louis-Armand) (0. #).
LONGET (François-Achille) (c. #).
BLANCHARD (Charles-Émile) g.
ROBIN (Charles-Philippe) 3%.
SEcrion XI. — Médecine et Chirurgie.
SERRES {Étienne-Renaud-Augustin) (c. 3%).
ANDRAL (Gabriel) (c. %). A
VELPEAU (Alfred-Armand-Louis-Marie) (c. #).
BERNARD (Claude) (0. x).
CLOQUET (Jules-Germain) (c.%#).
JOBERT DE LAMBALLE (Antoine-Joseph) (C. 3%).
SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
ÉLIE DE BEAUMONT ( Jean-Baptiste-Armand-Louis-Léonce) ( 6.0.3),
pour les Sciences Mathématiques.
FLOURENS (Marie-Jean-Pierre) (G. 0. 3%), pour les Sciences Physiques.
ÉTAT DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
ACADÉMICIENS LIBRES.
Messieurs :
Le Baron SÉGUIER (Armand-Pierre) (0. %),
CIVIALE (Jean) {0.%),
Bossy (Antoine-Alexandre-Brutus) (0. %).
DELESSERT (François-Marie) (0. z).
BIENAYMÉ (Irénée-Jules) (0. 3%).
Le Maréchal VAILLANT (Jean-Baptiste-Philibert) (G.C. 3%).
De VERNEUIL (Philippe-Édouard POULLETIER) %%
Passy (Antoine-François) (c. 3%).
Le Comte JAUBERT ( Hippolyte-François) (0. x).
ROULIN (François-Désiré) z
ASSOCIÉS ÉTRANGERS.
FaraDAY (Michel) (c. #), à Londres.
BREWSTER (Sir David) (o. &), à Édimbourg, Écosse.
HERSCHEL (Sir John William), à Londres.
OWEN (Richard) (0.%), à Londres.
EHRENBERG, à Berlin.
Le Baron DE L1EBIG (Justus) (0. 3%), à Munich.
WOHLER (Frédéric) (o. #), à Gôttingue.
DE LA RIVE (Auguste) &, à Genève.
CORRESPONDANTS,
Nora. Le règlement du 6 juin 1808 donne à chaque Section le nombre de Correspondants suivant.
SCIENCES MATHÉMATIQUES.
SEcriox Ke. — Géométrie (6).
LE BESGUE %&, à Bordeaux, Gironde.
TCHÉBYCHEF, à Saint-Pétersbou g.
KUMMER, à Berlin. i
NEUMANN, à Kænigsberg.
SYLVESTER, à Woolwich.
Er a a ee r E EE
ÉTAT DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 9
Secriox IE. — Mécanique (6).
Messieurs :
© BURDIN (o. #), à Clermont-Ferrand, Puy-de-Dôme.
SEGUIN ainé (Marc) %, à Montbard, Côte-d'Or.
MOSELEY, à Londres.
FAIRBAIRN (William) %, à Maichéstis
CLAUSIUS (Julius-Emmanuel-Rudolf), à Zurich.
ARENE e E RUE OT > RE TE, LE Te MOTS NO RSR A T a à
SEcrion IME. — Astronomie (16).
VALz %, à Marseille, Bouches-du-Rhône.
AIRY (Biddell)#%, à Greenwich.
HANSEN, à Gotha.
SANTINI, à Padoue.
ARGELANDER, à Bonn, Prusse Rhénane.
HIND, à Londres.
PETERS, à Altona.
ADAMS (J.-C.), à Cambridge, Angleterre.
Le Père SECCar, à Rome.
CAYLEY, à Londres.
Mac-LEAR, au Cap de Bonne-Espérance.
STRUVE (Otto Wilhelm), à Pulkowa.
PLANTAMOUR (Émile), à Genève.
RARE ER RE RS D AT NS ME DA A MU dE il qe er
Secriox IV. — Géographie et Navigation (8).
Le Prince Anatole DE DÉMIDOFF, à Saint-Pétersbourg.
D'ABBADIE (Antoine-Thomson) #, à Urrugne, près Saint-Jean-de-Luz,
Basses-Pyrénées, et à Paris, rue du Bac, n° 104.
L’Amiral DE WRANGELL, à Saint-Pétersbourg.
GiveY (0. %), au Goulet, près Gaillon, Eure, et à Paris, rue de
Beaune, n° r2.
L’ Amiral LÜTKE, à Saint-Pétersbourg.
BACHE (Darras), à Washington.
DE TCHIHATCHEF (C. %), à Saint-Pétersbourg.
RicHaRps (le Capitaine), à Londres.
C. R., 1867, 17 Semestre. (T. LXIV, N° 4.)
ÉTAT DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
Secrion V. — Physique générale (9).
Messieurs :
HANSTEEN, à Christiania.
FORBES (James-David), à Édimbourg.
WHEATSTONE #, à Londres.
PLATEAU, à Gand.
MATTEUCCI, à Pise.
MAGNUS, à Berlin.
WEBER (Wilhelm), à Gôttingue.
HAUT RES PERS MOERX N, PONTE CSS DENT OU OURS ES DEN", ARR QUE A
SCIENCES PHYSIQUES.
SEcriox VI. — Chimie (9).
BÉRARD (O. %), à Montpellier, Hérault.
GRAHAM, à Londres. i
BUNSEN (0. 4), à Heidelberg.
MALAGUTI (0. &), à Rennes, Ille-et-Vilaine.
HOFMANN, à Londres.
SCHOENBEIN , à Bâle.
FAVRE %, à Marseille.
MARIGNAC (Galissard de), à Genève.
FRANKLAND, à Londres. mol ;
Secriox VIT. — Minéralogie (8).
ROSE (Gustave), à Berlin. |
D'Omarius D’HALLOY, à Halloy, près de Ciney, Belgique.
MURCHISON (Sir Roderick Impey) %, à Londres. |
FOURNET %, à Lyon, Rhône.
HAIDINGER, à Vienne.
SEDGWICK, à Cambridge, Angleterre.
LYELL, à Londres.
DAMOUR (0. %), à Villemoisson, Seine-et-Oise, et à Paris, rue de la
Ferme-des-Mathurins, n° 10.
ÉTAT DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES. 11
SECTION VIII. — Botanique (10).
Messieurs :
DE MarTius, à Munich.
Monar (Hugo), à Tübingue.
LESTIBOUDOIS (Gaspard - Thémistocle) %, à Lille, Word, et à Paris,
rue de la Victoire, n° 92.
CANDOLLE (Alphonse DE) #, à Genève.
SCHIMPER %, à Strasbourg, Bas-Rhin.
THURET, à Antibes, Var.
LECOQ &, à E RRR Ferrand, Puy-de-Dôme.
BRAUN (Alexandre), à Berlin.
HOFMEISTER, à Heidelberg.
HOOKER, à Kew, près Londres.
Secriox IX. — Économie rurale (10).
GIRARDIN (0.%), à Lille, Nord.
KUHLMANN (0.%), à Lille, Nord.
PIERRE (Isidore) %, à Caen, Calvados.
CHEVANDIER (0. 3%), à Cirey, Meurthe.
REISET (Jules) %, à Écorchebœuf, dure et à Paris, rue
de la Ville-l'Évêque, n° 39.
MARTINS %, à Montpellier, Hérault.
DE VIBRAYE, à Cheverny, Loir-et-Cher.
DE VERGNETTE-LAMOTTE, à Beaune, Côte-d'Or.
Marès (Henri), à Montpellier, place Castries.
SECTION X. — Anatomie et Zoologie (10).
Quoy (c.%), à Brest, Finistère.
AGASSIZ (O. š), à Cambridge, États-Unis.
EUDES-DESLONGCHAMPS #%, à Caen, Calvados.
POUCHET #%, à Rouen, Seine-Inférieure.
DE BAER, à Saint-Pétersbourg.
Carus, à Dresde.
PURKINJE, à Breslau, Prusse.
GERVAIS (Paul) %, à Montpellier, Hérault,
VAN BENEDEN, à Louvain.
12 ÉTAT DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
Secrion XI. — Médecine et Chirurgie (8).
Messieurs :
PANIZZA, à Pavie.
SÉDILLOT (C. % ), à Strasbourg, He eN
Guyon (c.%), à Alger.
DE VircHOW (Rodolphe), à Berlin.
Bouisson %, à Montpellier.
EHRMANN (0. 3%), à Strasbourg.
LAWRENCE, à Londres.
GinrrAC (Élie) %, à Bordeaux.
Commission pour administrer les propriétés et fonds particuliers
de l’Académie.
CHASLES.
DECAISNE.
Et les Membres composant le Bureau.
Conservateur des Collections de l’Académie des Sciences.
BECQUEREL.
Changements survenus dans le cours de l’année 1866.
` (Voir à la page 15 de ce volume.)
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 7 JANVIER 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
RENOUVELLEMENT ANNUEL DU BUREAU ET DE LA
COMMISSION ADMINISTRATIVE.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d’un Vice-
Président qui, cette année, doit être pris dans les Sections de Sciences
mathématiques.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 5o :
M. Deraunay obtient... . .. 27 suffrages.
M; Bumi iii io 15 »
M. Don. . . . À 4 »
MM. Cnascss, s os.
DE Tessas, chacun. . . . .. I »
M. Dezauxay, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé
Vice-Président pour l’année 1867.
L'Académie procède ensuite, par la voie du scrutin, à la nomination de
deux Membres appelés à faire partie de la Commission centrale admi-
nistrative.
Sur 47 votants :
M. Cuasues obtient.. . . . . . = suffrages.
D ne n’: »
MM. Cuastes et Decaisne, ayant réuni la majorité absolue des pap,
sont déclarés élus.
(14)
Conformément au Règlement, le Président sortant de fonctions doit,
avant de quitter le Bureau, faire connaître à l’Académie l’état où se trouve
l'impression des Recueils qu’elle publie et les changements arrivés parmi
les Membres et les Correspondants de l’Académie dans le cours de l’année.
M. Laver donne à cet égard les renseignements suivants :
État de l'impression des Recueils de l’Académie au 1° janvier 1867.
Volumes publiés.
« Mémoires de l’ Académie. — Le tome XXXV a été mis en distribution
en juillet 1866.
» Ce volume est affecté aux Recherches de M. Becquerel.
» Mémoires des Savants étrangers. — Le tome XIX a été mis en distribu-
tion en février 1866. Il contient le travail de M. Bazin sur la propagation
des ondes.
» Comptes rendus de l’Académie. — Les tomes LX et LXI (1% et 2° se-
mestre 1865) ont été mis en distribution avec leur Table,
Volumes en cours de publication.
» Mémoires de l’Académie. — Le tome XXIX, qui est affecté au travail de
M. Delaunay, a cent sept feuilles tirées.
» Il reste en copie environ neuf feuilles qui complètent le volume et qui
seront tirées à la fin de ce mois.
» Le tome XXXVI, qui contient le Mémoire de M. Chevreul sur les affi-
nités capillaires, a quatre feuilles tirées.
» Mémoires des Savants élrangers. — Le tome XVIII a seize feuilles tirées
pour le Mémoire de M. Doyère, douze pour le Mémoire de M. Phillips, onze
pour le Mémoire de M. Hesse, quatorze pour le Mémoire de M. Rolland,
quatre feuilles un quart pour le Mémoire de M. Delesse, quatre pour le
Mémoire de M. Rouché, deux feuilles un quart pour le Mémoire de
MM. Tresca et Laboulaye, deux et demie pour celui de M. Des Cloizeaux.
» Pour ce dernier Mémoire, l'imprimerie a reçu en bons à tirer les
quinze feuilles suivantes.
» Comptes rendus de l’Académie. — Le tome LXII (1
semestre 1866)
paraîtra prochainement avec sa Table. ;
(15)
» Les numéros ont paru, chaque semaine, avec leur exactitude hahi-
tuelle.
Changements arrivés parmi les Membres depuis le 1°’ janvier 1866.
; Membre décédé. |
» Section de Botanique : M. MoxraGne, le 5 janvier 1866.
Membres élus.
» Section d’Anatomie et Zoologie : M. Cu. Roms, élu le 15 janvier 1866,
en remplacement de feu M. VALENCIENNES. |
» Section de Botanique : M. Trécuz, élu le 26 mars 1866, en remplace-
ment de feu M. Monraene.
» Section de Géographie et Navigation : M. Dupuy ne Lome, élu le 30 avril
1866, par suite du décret du 3 janvier 1866 qui porte de trois à six le
nombre des Membres de cette Section.
Membres à élire.
» Section de Géographie et Navigation : Par suite du décret du 3 janvier
1866, qui porte de trois à six le nombre des Membres de cette Section,
deux places sont actuellement vacantes.
Changements arrivés parmi les Correspondants depuis
le 1™ janvier 1866.
Correspondants décédés.
» Section de Géométrie : M. Remans, à Gôttingne, le 20 juillet 1866.
» Section de Mécanique : M. Bersano, à Saint-Benoît-du-Sault (Indre),
le. ... 1866. ii
» Section de Physique générale : M. Derezexe, à Lille, le 20 août 1866;
M, Marian, à Modène, le 9 juin 1866.
» Section d’ Anatomie et Zoologie : M. Norpmanx, à Helsingfors, le... mai
1866
Correspondants élus.
» Section de Géométrie : M, Riemanns, à Gôttingue, le 19 mars 1866.
(16)
» Section de Géographieet Navigation : M. le Capitaine Ricmarps, à Lon-
dres, le 3 décembre 1866.
» Section de Chimie : M. Mariexac, à Genève, le 28 mai 1866; M. Frank-
LAND, à Londres, le 2 juillet 1866.
» Section de Botanique : M. Hooker (J. D.), à Kew, le 18 juin 1866.
» Section d’Économie rurale : M. Marès (H.), à Montpellier, le 9 avril
1866. |
» Section d’ Anatomie et Zoologie : M. Van Benepex, à Louvain, le 25 juin
1866
Correspondants à remplacer.
» Section de Géométrie : M. Ræmaxx, à Gottingue, décédé le 20 juillet
1866
» Section de Mécanique : M. Berxarb, à Saint-Benoïît-du-Sault (Indre),
décédé le.... 1866. |
» Section d’ Astronomie : M. Encke, à Berlin, décédé le... septembre 1865;
M. l'Amiral Suyru, à Londres, décédé le... septembre 1865; M. Perr, à
Toulouse, décédé le 27 novembre 1865.
» Section de Physique générale : M. Derezense, à Lille, décédé le 20 août
1866; M. Marranini, à Genève, décédé le 9 Juin 1866.
» Section d’Économie rurale : M. Linney, à Londres, décédé le 1% no-
vembre 1865. = e
» Section d’'Anatomie et Zoologie : M. Normany, à Helsingfors , décédé
le... mai 1866. » :
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE,
MÉTÉOROLOGIE. — Extrait d’un Mémoire sur les températures de lair et les
quantités d’eau tombées hors du bois et sous bois ; par MM. Becquerez et
Epm. Becouerez.
, š ’ \ 4 .
« Nous avons l'honneur de presenter à l’Académie, mon fils Edmond et
moi, la suite de nos observations, dans cinq stations de l'arrondissement
(47)
de Montargis ( Loiret), sur la température de lair et la quantité d’eau tom-
bée sous bois et hors du bois. Ces observations ont été faites de l'automne
1865 à lété 1866, et comprennent une année entière, Nous nous bornons
à donner-un extrait du Mémoire dans lequel elles sont exposées. Voici les
conséquences auxquelles elles conduisent :
Nom Température moyenne Température moyenne
des annuelle annuelle
localités. sous bois. hors du bois.
Châtillon-sur-Loing, dans
un jardin entouré de
o o
murs de ville élevés... 11,63 11,47
La Salvionnière,,..,,,., 10,76 } Moyenne r1°,00 10,75 } Moyenne 119,07
La Jacqueminière.. ..... 10,62 | 10,99
DelGharmai s iii... » 1150
Montargis... te » 11,57
Température moyenne Température moyenne
d Localités. de lété de Pété Différence.
sous bois. hors du bois, -
: o S
Châtillon-sur-Loing...,.,..,.,.. 18,22 18,76 — 0,54
La Salvionnière......,.... rs. 10,00 17,84 — 1,07
La Jacqueminière. ...:,...,,... 16,64 18,76 — 2,12
Température moyenne Température moyenne
Localités. e l’hiver de l'hiver Différence.
sous bois. hors du bois,
- o o
; Châtillon-sur-Loing. ones es 4,54 4, 15 0, 39
La Salvionnière........,..,...., 3,98 3,61 0,37
La Jacqueminière., ,.,,,..,..... 3,74 3,68 0,06
» Ces résultats conduisent aux conséquences suivantes :
» 1° La température moyenne annuelle de l'air sous bois età 100 mètres
environ du bois sont à peu près les mêmes. ;
» 2° En été, les températures moyennes de l'air hors du bois sont supé-
rieures à celles sous bois; en hiver c'est Pinverse, |
» 3° La différence entre la température moyenne annuelle de l'air à plu-
sieurs kilomètres du bois et celle sous bois s'élève à + degré à peu près.
» Le premier résultat était prévu; en effet, l’un de nous a déjà démon-
tré que le tronc, les branches et les feuilles d'un arbre s’échauffent sous le
rayonnement solaire et se refroidissent par le rayonnement nocturne, comme
tous les corps, suivant leurs pouvoirs absorbant, émissif, rayonnant et con-
ducteur; que la moyenne des températures annuelles des arbres est la
C. R, 1867, 19° Semestre, (T, LXIV, No 4.) :
(18)
même que celle des températures de l'air, seulement l'équilibre de deu
rature est plus lent à s'établir dans les premiers que dans le:setond: Les
maxima de température ont lieu dans l'air vers 3 heures du soir, en été, et
dans les arbres entre ro et 11 heures du soir, suivant leur grosseur. Dans
les branches elle a lieu plus tôt; dans les feuilles, presque immédiatement:
» En hiver, les rapports entre les heures des maxima sont les: mèmes.
De grandes variations de courte durée dans Pair peuvent ne pas être sen-
sibles dans l'arbre, si son diamètre est suffisamment gros.
» Tl résulte de cet état de choses que la température moyenne annuelle
de lair sous bois et celle en dehors doivent être sensiblement les mêmes,
comme les observations recueillies le démontrent, puisque les différences
de température, tantôt en plus, tantôt en moins, dans l'arbre et dans l'air,
tendent sans cesse à s’annuler. Les températures moyennes de l'air sous bois,
en hiver, étant un peu plus élevées que celles hors du bois, ce fait s'accorde
avec un autre que l’un de nous a observé et qui est relatif à la résistance
qu'opposent les arbres à se mettre en équilibre de température avec lair
ambiant, quand il est au-dessous de zéro; cette résistance provient sans
doute de la chaleur transmise à l'arbre par la séve ascendante, dont le
mouvement continue en hiver, quoiqu'il soit très-lent.
» Les températures moyennes de l'air, en été, étant plus élevées d’en-
viron 1°,2, hors du bois que celles sous bois, et les effets étant inverses en
hiver, il en résulte que le climat sous bois est un peu moins extrême que
celui en dehors; il a Par conséquent le caractère des climats marins, sous
le rapport seulement de la température. Les deux flores doivent donc pré-
senter quelques différences : nous citerons à l'appui de cette conséquence
un exemple qui est assez remarquable : M. Vilmorin, dans sa terre des
Barres, à 15 à 20 kilomètres de nos observatoires, a cultivé le genêt à fleurs
blanches (Genista alba), originaire de Portugal; cet arbuste a résisté aux
hivers sous bois, tandis qu'il a gelé dans les jardins contigus.
Quantités d'eau tombées dans les cinq observatoires, de l'automne 1865 à l'été 1866.
La Salvionnière (lieu boisé). ..,.,,,. ire 752,38
La Jacqueminière (lieu éd EE PU 741,74
Le Charme (lieu boisé)... Rest) ORRE tn 6;
Châtillon-sur-Loing PR bei) + 512,38
Montargis (non boisé), 6 +... 594,19
Montargis (le lieu où est l'udomètre est à 2 kilome-
tres de la forêt, qui est au delà de la ville par
rapport aux vents d'ouest)
ne RU Es modos
(19)
» La comparaison des quantités d’ean tombées dans les cinq mêmes
localités pendant les douze mois précités conduit aux conséquences sui-
vantes :
» 1° Il est tombé plus d’eau, en moyenne, dans les udomètres hors du
bois que sous bois dans le rapport de 1 : 0,6; les 0,4 d’eau ont été retenus
par les feuilles et sont tombés lentement sur le sol, Cetie quantité varie .
suivant l’âge du bois et le nombre de réserves.
» 2° En ne considérant que les quantités d’eau tombées hors du bois,
on voit que ces quantités sont plus grandes près des bois que loin des
bois, dans le rapport de 730 à 585. Ce sont là des données à prendre en
considération dans l’examen des questions relatives à l'influence du déboi-
sement sur les climats; questions complexes, car cette influence dépend
non-seulement de Ja situation des bois, selon qu'ils servent d’abris contre
les vents chauds ou les vents froids, mais encore de la nature du sol et de
ses propriétés physiques. »
CHIMIE. — Note sur le bore graphitoïde: par MM. F. Wôncer
et H. Sunre-CLaire Devise.
« Dans notre Mémoire sur le bore, nous avons décrit sous ce nom une
variété de ce corps qui est cristallisée en lames hexagonales d’une couleur de
cuivre påle. Nous l’obtinmes quelquefois dans la préparation du bore trans-
parent, mais toujours en trop petite quantité pour pouvoir le soumettre à
une étude exacte. Depuis, nous avons trouvé que ce corps n’est nullement du
bore pur, mais une combinaison définie de bore et d'aluminium.
» Elle se produit surtout lorsque, dans la préparation du bore cristallisé
par l'acide borique, où du bore amorphe avec l’aluminium, on n'emploie
pas une chaleur trop forte ou trop prolongée. En dissolvant l'aluminium
dans l'acide chlorhydrique étendu, elle reste mélée avec les cristaux de bore
dont on la sépare assez facilement par lévigation. Elle se forme aussi en te-
nant de l'aluminium fondu dans la vapeur de chlorure de bore.
» Ce borure d'aluminium est cristallisé en lames hexagonales trés-minces,
d’une couleur de cuivre pâle et d’un éclat parfaitement métallique. D'après
les observations de M. Miller, de Cambridge, sa forme a Ppartient au système
monoclinique. Les lames, même les plus minces, sont opaques. En le chauf-
fant jusqu’au rouge, il ne brûle pas, mais il bleuit comme de lacier. Chauffé
dans le chlore, il brüle avec un grand éclat en formant du chlorure d’alu-
minium et du chlorure de bore. Il est soluble, quoique très-lentement, dans
S;
( 20 )
l’acide chlorhydrique chaud et concentré, et dans une dissolution chaude
d’hydrate de soude, en dégageant de l'hydrogène. Mais dans l'acide nitrique
très-concentré il se dissout facilement.
» En précipitant cette dissolution par le carbonate d’ammoniaque, il ne
se sépare pas de l’alumine pure, mais un borate d'alumine basique. Dans
l'analyse on a chassé l’acide borique de ce précipité, en le traitant par l’a-
cide fluorique, puis par l'acide sulfurique. Dans deux analyses, nous avons
trouvé dans ce borure d'aluminium 54,02 et 54,91 pour roo d’alumi-
nium, correspondant assez bien à 1 équivalent d'aluminium combiné avec
2 équivalents de bore, dans le rapport de 27,4 à 22.
Trouvé.
F | Calculé.
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ANATOMIE COMPARÉE. — Mémoire sur les dispositions anatomiques des lym-
phatiques des Torpilles, comparées à celle qu’ils présentent chez les autres
Plagiosiomes ; par M. Cu. Rom. (Extrait par l’auteur.)
« Bien que la distribution des lymphatiques chez les Poissons soit d’une
grande simplicité, comparativement à ce qu'elle est chez les autres Verté-
brés, elle laisse cependant à élucider plusieurs points importants (1). Elle
a été étudiée par plusieurs anatomistes éminents, mais le peu de netteté
de leurs descriptions dans les ouvrages dogmatiques d'anatomie compara-
tive montre que plus d’une des questions qui s'y rapportent manque de
solution.
» Les organes pourvus de iymphatiques, chez ces animaux, sont : 1° le
tube digestif depuis la fin de l’œsophage jusqu’au cloaque; 2° le pancréas et
son conduit; mais la rate en est dépourvue; 3°
vésicule du fiel et le canal cholédoque; 4°
et le cloaque, mais l
les conduits hépatiques, la
les oviductes, les canaux déférents
ovaire et le testicule en manquent; 5° le péritoine qui
(1) « Dans la classe des Poissons,
le système lymphatique n’est encore que très-imparfaite-
ment connu. » (
M. Evwarps, Leçons sur La Physiolog
et des animaux; Pari in- ivi i
A af uæ; Paris, 1859, in-8, t, IV, P. 471.) M. Edwards divise les lymphatiques en
protonds ou viscéraux et en superficiels. Les vaisseaux qu’il décrit parmi ces derniers avec
Monr r ’ ; i i j
o et d’autres Steurs sont les réseaux veineux cutanes et leurs sinus collecteurs médian,
latéraux et sous-perltoncaux,
ie et l'anatomie comparée de l’homme
(21)
passe au devant du rein en est pourvu, et ils cessent sur les côtés externes
de cet organe, mais la substance propre de celui-ci en est réellement dé-
pourvue; 6° le cœur, la portion intrapéricardique de l'artère branchiale, le
péricarde possèdent des lymphatiques qui viennent se joindre à ceux de la
fin de l’œsophage, par des troncs qui se trouvent à la face interne du con-
duit péricardo-péritonéal. La surface des sinus veineux sus-hépatiques,
celle de la veine cave et de ses dilatations et sinus, celle des branches de la
veine porte et des artères correspondantes en sont pourvues également.
» Les lymphatiques des différentes régions du corps énumérées plus
haut viennent, chez les Torpilles, se Jeter, par un ou plusieurs orifices,
dans deux réservoirs prismatiques triangulaires à face interne lisse et
d’aspect séreux, à cavité souvent traversée par de minces faisceaux fibreux.
Ces réservoirs s’abouchent dans la dilatation que les veines caves pré-
sentent chez tous les Plagiostomes, avant leur arrivée dans les sinus de
Monro.
» Le point précis de cet abouchement ne peut être fixé d’une maniére
absolue, car il varie un peu, non-seulement suivant les espèces, mais aussi
suivant les individus. Chez les Torpilles et les Acanthias, c’est dans le tiers
postérieur de la dilatation veineuse qu’a lieu l’abouchement des réservoirs
lymphatiques par un ou deux orifices, dont l’antérieur est presque toujours
plus petit que l’autre, Il n’y a pas de valvule à ces orifices ni au-dessus,
mais ils sont ovales, allongés, plus étroits en avant qu'en arrière, et coûpés
obliquement dans l'épaisseur de la paroi veineuse, comme celui de l’uretère
dans la muqueuse vésicale. Il en résulte que la partie postérieure de lori-
fice représente une sorte de repli à bord mince, concave, transparent, qui,
sous l'influence de la pression du sang venant distendre la veine cave,
s'applique contre la paroi opposée et empêche le reflux dans les réservoirs
lymphatiques.
» Sur les espèces de Plagiostomes dont les renflements des deux veines
caves communiquent ensemble par des orifices nombreux de la cloison
commune qui les sépare (Toryilles, Squatina, Galeus), c’est au bord infé-
rieur de la cloison commune perforée qu'a lieu cet abouchement des
réservoirs lymphatiques.
» Chez les Torpilles de dimensions ordinaires, les orifices ont de 1 à 3 mil-
limètres de large.
» Les réseaux d'origine des lymphatiques des Plagiostomes sont immé-
diatement appliqués contre les capillaires sanguins. Si l’on se représente
la coupe d’un capillaire, le lymphatique d’origine forme toujours sur les
(22)
côtés de ce vaisseau sanguin un canal qui embrasse la moitié, les deux tiers
et quelquefois les trois quarts de la circonférence du conduit. Le lympha-
tique représente un canal qui n’a de paroi propre que d’un côté; dans le
reste de son étendue, il est limité par le capillaire sanguin; ou du moins,
pour être plus exact, la tunique propre du lymphatique adhère intime-
ment en ce point avec la tunique externe du capillaire sanguin, sur une
partie de la circonférence de celui-ci, sans cesser d’être continue avec la
portion opposée. Les vaisseaux lymphatiques sont donc appliqués sur les
côtés des conduits capillaires. Mais on observe aussi cette disposition sur les
vaisseaux volumineux, surtout artériels.
» Sur les Poissons, les Batraciens, et même les Reptiles, cette disposition se
retrouve jusque autour de l'aorte. Chez eux, les] ymphatiques sont appliqués
contre les vaisseaux artériels qu’ils embrassent à moitié ou aux trois quarts
et parfois entièrement, Les capillaires proprement dits, et même des arté-
rioles qui se détachent des conduits sanguins principaux, traversent trans-
versalement ces lymphatiques et sont ainsi tout à fait plongés dans la lymphe,
sur une courte partie de leur trajet, et même parfois une branche de ce
lymphatique les accompagne. Cette disposition mérite d’être notée, parce
qu’on retrouve quelque chose d’analogue autour des capillaires de l'encé-
phale et de la moelle épinière des Mammifères (1).
» De cet ensemble de faits il semble résulter que les ]ymphatiques ont
principalement Pour usage de se remplir de l'excès de-ce qui, du plasma
sanguin, arrive dans les capillaires et en sort à chaque systole des ventricules,
En effet, on sait que la quantité de lymphe qui s'écoule est bien plus grande
lorsqu'il y a un afflux sanguin considérable dans l'organe que lorsque celui-
ci est à l’état de repos.
» De plus, j'ai constaté sur les Raies vivantes, dans le laboratoire de
M. Coste, à Concarneau, que les gros vaisseaux lymphatiques contiennent
quelques gouttes seulement de lymphe, lorsqu'on les ouvre plusieurs minutes
aprés leur sortie de l’eau, Ce fait coïncide avec la pâleur de l'intestin et
l’état de vacuité relative de ses vaisseaux, Cette lymphe est plus abondante
lorsque l'animal est ouvert immédiatement au sortir de l’eau, et lorsque en
meme temps son intestin renferme encore des aliments en voie de digestion ;
alors aussi les vaisseaux sanguins contiennent plus de sang.
à Ilya lieu de croire que dans certaines conditions de la vie de ces
Poissons, séjournant à une grande profondeur, ces larges conduits sont
(1) Foyez Cu, Romx,
Journal de la Physiologie ; Paris, 1859, p. 537 et 719.
(23)
pleins ou à peu près, alors que surviennent certaines modifications de la
circulation de l’ordre de celles que je viens de signaler.
» Dans la cavité du lymphatique, entre la face interne concave de sa paroi
libre et la face externe convexe du capillaire contre lequel l’autre portion
de sa paroi est appliquée, on peut, à l’aide du microscope, constater les
phénomènes suivants. Sur l'animal vivant on voit circuler une lymphe
hyaline tenant en suspension des leucocytes. Leur mouvement est oscilla-
loire, mais avec progression lente, dans un sens qui est l’opposé de celui
que suit le sang dans l’artériole contigué. Les leucocytes du sang sont
entrainés par les hématies, mais plus lentement que ces dernières, et on les
voit par moments arrêtés contre la face interne et concave du capillaire,
séparés de la lymphe par la paroi de celui-ci. Les leucocytes de la lymphe
sont les seuls éléments qu’on aperçoive dans ce liquide, et on n’y rencontre
pas de globules rouges. Ces leucocytes sont (dans le mésentère des Lézards
qui ont été le sujet de mes observations) plus petits du tiers environ que
ceux qui sont dans le sang ; ils flottent pour la plupart dans le liquide, et
quelques-uns seul tsontappliqués contre la face interne du lymphatique.
Ils sont aussi un peu moins grenus que ceux du sang. Leur contour est plus
foncé, comme celui des leucocytes qui deviennent plus petits qu'ils n'étaient
quand on les porte d’un liquide dans un autre plus dense,
» Personne n'ignore, du reste, que E.-H. Weber a depuis longtemps con-
statė sur le mésentère des Grenouilles vivantes la présence des lymphatiques
autour des vaisseaux sanguins capillaires. I] a vu, sous le microscope, le cou-
rant sanguin rapide entouré de toutes parts du courant de dix à vingt fois
plus lent de la lymphe, courants séparés l’un de l’autre par la tunique arté-
rielle de manière qu’il n’y a pas mélange des globules de la lymphe et de
ceux du sang.
» Le temps et l'espace me manquant pour exposer les recherches histo-
riques que j'ai faites sur ce sujet, elles trouveront leur place dans le qua-
trième volume du Journal d’ Anatomie et de Physiologie, où ce travail sera
publié en entier.
» En résumé, des nombreuses observations et des expériences que j'ai
faites il résulte donc que les vaisseaux cutanés et sous-cutanés décrits par
Monro, Hewson, etc., comme des lymphatiques, sont des veines, les unes à
l’état de veines proprement dites, les autres à l’état de sinus veineux. En
dehors de ces veines, il est impossible d'injecter, à l’aide du mercure ou
autrement, quelque vaisseau que ce soit. La division des lymphatiques des
Poissons en superficiels et en profonds ou viscéraux, encore adoptée par quel-
(24 )
ques auteurs modernes, doit, par conséquent, être abandonnée, le press
de ces ordres de vaisseaux n’existant pas dans cette classe de Vertébrés. »
HYGIÈNE PUBLIQUE. — Les préservatifs véritables contre le choléra-morbus ;
par M. Carus.
« La réapparition du choléra-morbus en 1866 et l'alarme où il avait jeté
l'Europe a donné lieu à diverses discussions consignées aux Comptes rendus.
» Comme Correspondant de l’Académie, je crois de mon devoir de faire
connaître quelques tentatives faites dans le royaume de Saxe, pour mettre
à l'abri de cette épidémie une maison de correction qui y était particu-
lièrement exposée. La ville de Zwickau compte 22 432 habitants; dans le
voisinage immédiat de la maison de correction, 250 personnes furent
atteintes du choléra, et ı 19 succombérent, depuis le mois de juillet jus-
qu'au mois de novembre (1).
» Dans la maison de correction mentionnée, leg 1286 détenus se compo-
saient, presque pour la moitié, d'ivrognes et de vagabonds, plus disposés à
étre attaqués par l'épidémie que le reste de la population. Des cas de ma-
ladie et de mort du choléra ont même été signalés dans les familles de
plusieurs employés de la maison : néanmoins, des 1286 prisonniers il n'y
en a pas un seul qui en soit mort ou tombé malade. :
» Il me parait donc que le résultat des ordonnances prophylactiques
dont on s’est servi ici, contre le choléra, mérite à un haut degré même
l’attention des pays étrangers. M. Günther, médecin départemental de
Zwickau, a publié un ouvrage trés-intéressant sur le choléra en Saxe (2)
accompagné de tables tres-complètes. On trouve en outre un Rapport
précis sur l'épidémie de l’année 1866 dans un supplément du Journal
politique de Leipzig (3), dont je citerai ici quelques points.
» J'y trouve d’abord,
eu recours, à Zwickau,
mandés si souvent par
7
avec une véritable satisfaction, qu’on n’a jamais
à aucun des soi-disant médicaments secrets, recom-
le charlatanisme, mais que tout ce qui a dû arrêter
(1) A Zwickau et dans ses environs immédiats, il
1866, plus de 500 cas de mort du choléra-morbus.
(2) D! Ru». GüNTHER, Die indische Cholera in Sachsen, auf grund amtlicher Mitthei-
lungen und eigener Wahrnehmun ).
Sen, avec un Atlas; Leipzig, 1866
(3) Wissenschaftliche Beilage der Leipziger Zeitung, n° 100, zum 16 Decbr. 1866,
S. 423, Der Schutz vor der Cholera.
y eut en tout, dans cette épidémie de
(25)
le progrès de la maladie épidémique et en préserver les détenus ne peut
être attribué qu’aux mesures hygiéniques et diététiques suivantes :
» 1° Désinfection complète et journalière de tous les lieux d’aisances ;
enlèvement immédiat des excréments, ceux-ci ayant été préalablement
couverts de cendres de charbon de terre bien criblées, désinfectés avec
du sulfate de fer, du chlore, de l’acide sulfurique ou de l’acide pyroligneux
aussi bien que le linge sali.par les excréments.
» 2° Régime convenable donné aux prisonniers,
» 3° Attention continue pour que les détenus soient vêtus, logés et
couchés de manière à n'être point exposés aux refroidissements.
» 4° Surveillance de l’état sanitaire des détenus, et des autres mala-
dies auxquelles ils pourraient être sujets, |
» 5° Influence morale sur les détenus, pour éviter des craintes précoces
et inutiles. s |
» Le succès obtenu par une combinaison de toutes les mesures que nous
venons de mentionner, dâns des circonstances si peu favorables, sur plus
de 1200 hommes entassés dans les bâtiments qui les contiennent et envi-
ronnés d’une épidémie furieuse, doit bien mériter, ce me semble, une
sérieuse attention.
» Qu'on suive cet exemple : on ne doit pas manquer d'obtenir les mêmes
effets, »
`
« M. Domas rappelle à l’Académie, après la lecture de la Note de
M. Carus, que les mesures recommandées par le savant allemand sont moins
nouvelles qu'il ne pense, et sont précisément les mêmes qui ont été prati-
quées à Paris en 1865 et 1866, ou font partie de leur ensemble raisonné.
» En sa qualité de Président du Conseil municipal, d'accord avec l’Assis-
tance publique et la Préfecture de police, M. Dumas a demandé à l'Admi-
nistration, dès lapparition du choléra en 1865, d'agir comme si la maladie
était contagieuse et d'employer en conséquence, de la manière la plus large
et la plus persévérante, tous les moyens de désinfection connus, locaux ou
généraux, ce qui a été exécuté.
» Les prescriptions observées en 1865 ont été réunies dans un Rapport
fait au Comité d'hygiène des hôpitaux, et publiées sous forme d'instruction
à loccasion de l'épidémie de 1866 dans les Recueils administratifs du
Ministère de l'Intérieur et du Ministère de l’Instruction publique, pour
servir de guide aux directeurs des établissements hospitaliers et scolaires.
» Il est toujours difficile d’établir une relation certaine, entre les faits
C. R., 1867, 1er Semestre. (T. LXIV, No 1.)
(26) |
d’innocuité observés et les précautions auxquelles on en attribue le mérite.
A cetégard, une grande circonspection est nécessaire; mais ce que personne
ne conteste, c'est que les précautions hygiéniques ne peuvent pas pass
et qu’elles ont pour résultat de raffermir le moral des personnes exposées
au danger. < P
» Il est donc permis de signaler, avec le Comité d'hygiène, geuz faits 1
gulièrement constatés en 1865 : 1° qu'aucun décès cholérique ne a mani-
festé parmi les femmes employées au blanchissage du linge des hôpitaux de
Paris, lequel était désinfecté immédiatement au sortir de la salle, en cas de
provenance cholérique; 2° qu’un seul employé de l'Administration des
pompes funèbres, qui compte près de 1100 personnes dans son service, à
été frappé par l'épidémie, cette administration ayant soigneusement observé
d’ailleurs toutes les prescriptions hygiéniques qui lui avaient été imposées.
» L’Administration de la ville de Paris considère donc comme un fait
acquis, jusqu’à plus ample informé,-la nécessité de mettre en usage, en Cas
d’épidémie cholérique, les prescriptions de l'instruction formulée par le Co-
mité d'hygiène. C’est ce qui résulte, notamment, de Ja discussion qui s'est
ouverte devant le Conseil municipal, à l’occasion du vote récent du budget
de la ville de Paris. Le Conseil a no
n-seulement approuvé les dépenses
extraordinaires,
occasionnées par lesmesures de désinfection et de salubrité
prises d'urgence à l’occasion du choléra de 1866, mais encore recommandé
à l Administration d’en renouveler l’
nécessaire, chacun de ses Membre
tout dans Paris elles avaient produi
tion. »
emploi toutes les fois qu’elle le jugerait
S ayant constaté par lui-même que par-
t le meilleur effet moral sur la popula-
emment en Allemagne, con-
publiées en 1856.
avoir pas d'action délétére sur
l’état frais: mais sous l’influence de l'air, de
ouver une altération
[Académie des Sciences, 1839 (2)].
qui la rendra toxique.
(r) Comptes rendus
t. YUE p. 380.
(2) Ibid., p. {oo et or.
des séances de ! Académie des Sciences, séance du 18 de mars 1830,
(27)
» B. — En 1856, M. Thiersch publia une série d'expériences qui dé-
montrent que des déjections cholériques fraiches n’ont aucune action sur
des souris, mais elles deviennent délétères après quelques jours d'exposition
à l'air.
» C. — La conséquence de ces expériences n’a-t-elle pas été en Alle-
magne la désinfection des matières excrémentitielles des cholériques ?
» M. Chevreul rappellera enfin que depuis longtemps il distingue des
manières d'agir très-diverses parmi les corps qui enlèvent à des matières
d’origine diverse des activités quelconques sur l’économie organique.
» 1° Deux volumes de gaz sulfhydrique et un volume de gaz sulfureux
humides donnent de l’eau et du soufre. En d’autres termes, deux corps
odorants et délétères se réduisent en deux corps inodores non délétères.
» 2° Volumes égaux de gaz chlorhydrique et de gaz ammoniac don-
nent un composé dont l'acidité et l’alcalinité sont neutralisées sans que les
gaz soient altérés.
» 3° Dans la réaction de trois volumes de chlore sur huit volumes de
gaz ammoniac, deux volumes du second sont détruits et six sont simple-
ment neutralisés.
» 4° Il y a des corps qui semblent neutraliser des émanations désagréables
de matières organiques, et qui, dans la réalité, agissent tout autrement. Par
exemple, M. Chevreul a constaté que l'acide phénique, conservé avec des
effluves odorantes de matière organique en décomposition, ne les a ni dé-
truites, ni neutralisées ; mais, en formant avec la matière organique un com-
posé qui ne produisait plus d’effluves odorantes, cet acide a mis un terme
à leur altération putride.
» On voit, d’après ces faits, l’action diverse des corps appelés désinfec-
tants en général, sans prendre en considération leurs actions spéciales, et
dés lors la différence qu’on pourra observer quelque jour dans l'emploi
qu'on en fera sans égard à ces actions spéciales. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. Le Généraz Monix présente, au nom de M. Graeff, ingénieur en chef
des Ponts et Chaussées du département de la Loire, une Notice sur le réser-
voir du Furens, près Saint-Etienne, et s'exprime en ces termes :
« Depuis la présentation, faite le 23 avril 1866, par M. Graeff, d’un .
A
Å-
( 28 )
Mémoire sur la théorie du mouvement des eaux dans les réservoirs à ali-
mentation variable, un des réservoirs indiqués comme application de cette
théorie a été entièrement achevé et mis en service : c’est celui du Furens.
» La ville de Saint-Étienne, qui avait fait établir antérieurement une ri-
gole souterraine pour capter, aux sources du Furens, les eaux nécessaires
à son alimentation, a, de plus, concouru pour une somme de 1 million à la
dépense de construction du réservoir exécuté par les ingénieurs de l’État,
dont la part contributive s’est élevée à 570000 francs.
» En échange de ce concours, la ville a acquis le droit de se servir de ce
réservoir pour emmagasiner les eaux surabondantes du Furens, pendant les
saisons de printemps et d'automne, afin de les utiliser pour ses services
municipaux et pour régulariser, lors des sécheresses d’été et d'hiver, la
marche des usines, au nombre de soixante-huit, établies sur ce cours d’eau.
» L'ancien lit du Furens, dans une partie où il présente un vaste bassin,
a été fermé en aval par un barrage de 50 mètres de hauteur, dont le profil
a été déterminé conformément au type d’'égale résistance. Ce barrage, entiè-
rement en maçonnerie ordinaire, sans assises régulières, à l'exception de
celle du couronnement, qui est en pierre de taille, est fondé sur le roc et
y est encastré par sa base et par ses côtés.
» Commencé en 1862 et terminé en 1866, il a été inauguré officielle-
ment le 28 octobre de cette année ; mais déjà il avait été rempli au prin-
temps et avait servi pendant l’été à alimenter les services de la ville et les
usines de la vallée.
» Le débit des plus grandes crues du Furens, observées depuis dix ans
par les soins de M. Graeff, ne dépasse pas 15 mètres cubes en une seconde ;
mais le 10 juillet 1849, une trombe ayant éclaté dans la partie supérieure de
la vallée, qui n’a pas moins de 2500 hectares de superficie, il en est résulté
une inondation qui a envahi la ville de Saint-Étienne. Cette affluence anor-
male s’est élevée au volume énorme de 131 mètres cubes en une seconde,
et les observations antérieures avaient montré que l'invasion de la ville
par les eaux ne commence que quand le débit du Furens atteint 93 mè-
tres Sages en une seconde, ce qui est d’ailleurs fort rare.
» L'observation de la marċhe des volumes débités dans ces conditions
conduisait à cette conséquence, que le réservoir, outre les eaux des crues
extraordinaires, fournissant 93 mètres cubes en une seconde, devait être
capable de recevoir au moins 200000 mètres cubes, Il a été proportionné
pour en emmagasiner 400 000, ou le double de l’excédant produit par la
trombe phénoménale de 1849.
( 29 )
» Par suite de l’organisation donnée au service de l'immense réservoir
ainsi créé, il est devenu facile de recevoir et de tenir en réserve deux fois
par an, au printemps et à l'automne, 1200000 mètres cubes d’eau, ou en-
semble 2 {00000 mètres cubes, que l’on peut répartir graduellement entre
les services municipaux et les usines. Les premiers ne peuvent, en aucun
Cas,en employer plus de 600 000 mètres cubes, etil reste ainsi 1 800000 mé-
tres cubes à répartir entre soixante-huit usines existant sur le cours d’eau.
» Ces détails suffisent pour faire apprécier toute l'importance de sem-
blables travaux qui transforment des cours d’eau torrentiels, causes inces-
santes de dévastation et de désastres, en réservoirs aussi utiles à l'hygiène
publique qu’à l’industrie. |
» Il n’est pas sans doute inutile d'ajouter, pour l'édification d'autres ad-
ministrations municipales, que des travaux d’une si grande utilité publique,
aux points de vue que nous venons de signaler, peuvent être en même
temps rémunérateurs sous le rapport financier.
» L'administration de la ville de Saint-Étienne n’a pas craint de s’en-
gager dans une dépense de 4 millions, tant pour sa Part contributive
dans la construction du barrage et du réservoir que pour la captation des
sources et la conduite des eaux, Elle à acquis avec ces sources les forêts
qui les renferment et qui sont estimées 500000 francs. Sa dépense nette
s'élève donc à 3500000 francs.
» Les concessions d’eau déjà faites produisent 100000 francs par an, et
l’on estime que les 58000 hectolitres par jour qu’elle peut ainsi répartir ne
lui rapporteront Pas moins de 160000 francs, c’est-à-dire environ 5 pour 100
du capital employé, sans tenir Compte de la plus-value des usines qui lui
appartiennent, À
» Si le soin d’apprécier au point de vue scientifique et à celui de l’art
les travaux des ‘habiles ingénieurs qui érigent de semblables monuments
(Le Mémoire de M. Graeff est renvoyé à la Commission du prix Dalmont.)
(30)
HYDRAULIQUE. — Descriplion d'un moyen d’épargner l’eau dans les écluses
de navigation à sas accolés d’un nombre quelconque, et particulièrement dans
les écluses doubles ou à deux sas accolés ; par M. A. pe Caseny.
(Renvoi à la Commission précédemment désignée pour les communications
semblables du mème auteur.)
« L'avantage du système que j’ai eu l'honneur de présenter à l’Acadé-
mie, pour épargner l’eau dans les écluses de navigation existantes, COn-
siste principalement en ce qu’il coûtera beaucoup moins cher que d'au-
tres moyens proposés par divers auteurs ou par moi-même,
» Ce système parait, d’ailleurs, offrir l’avantage de ne pas occasionner
une dépense proportionnelle au nombre de sas accolés, `
» S'il suffit que chaque sas se vide ou se remplisse en un même temps
donné, la vitesse de l'écoulement dans un sens ou dans l’autre sera la même
pour chaque sas, quel que soit le nombre de ceux qui seront accolés, et
par conséquent quelle que soit la chute totale de leur ensemble. Il en ré-
sulte que la moyenne des hauteurs dues aux vitesses d'écoulement sera
d'autant moindre, par rapport à la chute totale, que cette dernière sera
plus grande. Il est vrai que la longueur du tuyau de conduite sera aug-
mentée, vil ya un plus grand nombre de sas accolés ; mais il résultera
du principe précédent une diminution dans la somme d’une partie des
pertes de force vive; il y a donc lieu d'espérer qu'en définitive on pourra;
dans certaines limites, diminuer le diamètre de ce tuyau de conduite. On
n'aura d’ailleurs qu’une seule tête de machine pour tous les sas accolés. |
ne Je ne puis qu'indiquer le principe précédent sur l'emploi de la force
vive, sans entrer dans les détails sur le degré d'influence exercée par les
dispositions et les longueurs des diverses surfaces frottantes, etc. '
» Je suppose d’abord qu'il ne s’agit que de deux sas accolés. On peut y
appliquer lappareil tel qu'il a été essayé pour une écluse simple. Le réser-
voir, destiné à mettre l'appareil en communication avec le bief supérieur,
sork disposé en amont du sas le plus élevé et latéralement, comme pour une
écluse simple, ainsi que je l’ai indiqué dans ma Note du 1 7 septembre 1 866.
Ge reservoncel la tête de l'appareil seront disposés comme si le sas le plus
élevé avait toute la hauteur de la chute totale des deux sas. La disposition
générals peus, à la rigueur, ne différer en principe qu’en ce que l’autre
extrémité du tuyau de conduite devra se bifurquer, de manière qu’elle
(31 )
puisse être mise alternativement en communication avec chacun des deux
sas, l’autre sas en étant isolé par un mode de fermeture convenable.
» Il est facile de voir, au moyen de cette disposition générale, qu’on
peut vider le sas supérieur en relevant une partie de l’eau au bief d’amont,
et remplir le sas inférieur en tirant une partie de l’eau du bief d'aval: Dans
l’une et l’autre opération, la chute motrice sera bien plus grande que pour
une écluse simple, à cause de l'augmentation de hauteur de chute prove-
nant de l’un ou l’autre sas; de sorte que la fraction de l’éclusée relevée au
bief d'amont, et la fraction de l’éclusée tirée du bief d’aval, seront l’une et
l’autre bien plus grandes que pour une écluse simple.
» Il est à remarquer, d’ailleurs, que, pour une écluse simple, le système
ne peut marcher utilement que pendant une fraction de la durée totale de
chaque opération de remplissage ou de vidange ; parce qu’à partir de
l’époque où la différence des niveaux qui se rapprochent est diminuée au
delà de certaines limites dans l’un et l’autre cas, l'avantage de l'emploi de
l'appareil serait plus que compensé par la perte de temps. Or, pour les écluses
à deux sas accolés, l'appareil peut marcher utilement, pour le cas précité,
jusqu’à la fin de chaque opération pour chaque sas, parce qu’à la fin de
chaque opération il restera encore une chute motrice exprimée par toute
la hauteur de l’autre sas; de sorte qu'il n’est pas même nécessaire d’ache-
ver la vidange ou le remplissage par les moyens ordinaires.
» C'est surtout pour le cas où un bateau monte en trouvant les deux sas
vides, qu’il est utile d’épargner l’eau; il est déjà facile de voir, au moyen
de ce qui précède et des expériences en grand, faites sur une écluse simple,
qu'une écluse à deux sas accolés ne dépensera pas plus d’eau qu’une écluse
simple du système en usage, et qu’elle en dépensera même probablement
beaucoup moins.
» Quant au remplissage du sas supérieur, si l’on commence avec l'ap-
pareil, on sera obligé de s'arrêter plus tôt que pour une écluse simple,
parce qu’il faudra que l’eau du bief d’aval commence par monter à nne
hauteur égale à celle du sas inférieur. J'ai donc cherché à tirer du sas infé-
rieur, supposé plein, une partie de lean qui doit remplir le sas supérieur.
». Un tuyau de conduite beaucoup moins long que le premier peut
mettre en communication le sas inférieur avec un réservoir intermédiaire,
disposé près de la tête de la machine, On conçoit que, si l’eau du bief supé-
rieur, en entrant dans le sas le plus élevé, a engendré de la force vive dans
le plus long tuyau de conduite, et si l’on interrompt la communication
entre ce tuyau et l’eau du bief supérieur pour l'établir entre ce même tuyau
(32)
et ce réservoir intermédiaire, l’eau qui entrera dans le système, en vertu
de la vitesse acquise dans ce grand tuyau de conduite, viendra du sas le
moins élevé au lieu de venir du bief inférieur, et sera par conséquent puisée
à une hauteur moindre.
» L'application de cette disposition secondaire, surtout aux écluses à
plus de deux sas accolés, devra étre étudiée par l'expérience. Mais on
conçoit, d’après ce qui vient d’être dit, que l'appareil pourrait à la rigueur
marcher à peu près comme s'il n’y avait qu’un seul sas ayant toute la
hauteur de la chute, c’est-à-dire, que si les sas sont, nombreux, presque
toute leau du plus élevé sera relevée au bief supérieur, Presque toute
l’eau du sas le plus inférieur sera puisée au bief d’aval. Les sas les plus
élevés ne tireront pas d’eau du bief d'aval ; les sas les moins élevés ne
reléveront pas d’eau au bief d'amont. Ce n’est guère que pour les écluses
à deux sas qu'il n’en sera pas ainsi, Sauf l'emploi de moyens plus délicats
que je me réserve d'indiquer ultérieurement. |
» Il y a une remarque essentielle à faire pour les sas accolés assez nom-
breux. Si, pour les écluses à deux sas, les deux tubes verticaux de la téte
de l'appareil peuvent être mobiles en entier, comme pour une écluse
simple, il ne peut pas évidemment en être ainsi pour les chutes dépas-
sant certaines limites,
» Dans ce dernier cas, ces tubes verticaux ne peuvent être mobiles, à
l'exception d’une vanne cylindrique on soupape de Cornwall, disposée à
l'extrémité inférieure de chacun d'eux. Il sera même indispensable, pour
des chutes assez grandes, de Supprimer la partie de ces tuyaux supérieure
à ces vannes ou soupapes. Mais alors on bouchera le sommet de la petite
partie fixe restante, et par conséquent on prendra certaines précautions
dans la manœuvre, pour qu’il n’y ait pas de coups de bélier; car on n’aura
plus, comme pour les écluses simples et les écluses doubles, cet avantage
que les sections transversales ne puissent jamais être bouchées.
» C'est donc principalement pour les écluses simples et les écluses dou-
bles que le principe apparaît plus spécialement dans toute sa simplicité.
Pour ces deux genres d’écluses, on peut appliquer de diverses manières les
principes des grandes oscillations de nappes liquides, exposés dans ma Note
du 17 septembre 1866.
» Ainsi, on pourra achever Je rem
: Fe
d'une grande oscillation de haut e
tion, entre la tête de la machine e
plissage du sas le plus élevé, au moyen
n bas dans le réservoir de communica-
t le bief supérieur. Quand on videra le
(35 )
sas inférieur, on profitera de la baisse du niveau dans ce réservoir par suite
de cette grande oscillation.
» On pourra ensuite, en faisant gonfler l’eau, comme je l'ai expliqué,
dans la rigole de décharge alternativement transformée en bassin d'épargne,
au moyen d’une sorte de grand clapet inférieur plutôt qu'au moyen d’une
porte de flot, jeter par une grande oscillation une masse d’eau considérable
qu’on fera rentrer en partie, quand ce sas se remplira, par une autre grande
oscillation. »
L'Académie reçoit un Mémoire de M. Cernori, qui lui est transmis par
M. Beulé. Ce Mémoire, imprimé en italien, a pour litre : « Des pressions
exercées sur quatre appuis d’un plan horizontal, par un corps placé sur ce
plan d'une manière quelconque ». ;
(Commissaires : MM. Pouillet, Duhamel, Delaunay.)
CORRESPONDANCE.
M. 1e PréspEsTt pE La Socéré pes Amis pes SCIENCES NATURELLES DE
Rovex propose à l’Académie de faire avec elle l'échange de ses publi-
cations.
(Renvoi à la Commission administrative.)
M. 1e Cnancerer pe La Lécarion pes Pays-Bas transmet à l’Académie
un exemplaire de deux nouvelles feuilles de la Carte géologique des
Pays-Bas. 7
M. 1/ExsPecreur GÉNÉRAL De LA Navieation adresse à l'Académie les états
des crues et diminutions de la Seine, observées chaque jour au pont de la
Tournelle et au pont Royal, à Paris, pendant l’année 1866.
Les plus hautes eaux ont été observées le 29 septembre, au pont de la
Tournelle, à 5%,20, et au pont Royal, à 6%,20 ; les plus basses, au pont de
la Tournelle, le 8 janvier, à o",30, et au pont Royal, le 1° janvier,
à 0,20.
La moyenne a été de 1",288 au pont de la Tournelle, et de 2",15r au
pont Royal.
C. R., 1867, 1°" Semestre, (T. LXIV, N° 4.) 5
( 54)
M. L. Revsavo prie l’Académie de vouloir bien le comprendre parmi les
Candidats pour l’une des places vacantes dans la Section de Géographie et
Navigation. ,
PHYSIQUE DU GLOBE. — Lettre sur le tremblement de terre d’ Alger, adressée par
M. Cocnard à M. Wolf, et communiquée par M. Le Verrier.
« Nous avons eu hier, 2 janvier 1867, plusieurs secousses de tremble-
ment de terre à Alger. De 4 heures du matin à 10° 30" du matin, elles ont
été sensibles, trois fois selon les uns, cinq fois selon les autres. La secousse
qui a eu lieu à 7" 13" du matin fut très-forte et dura de douze à quinze
secondes. ;
» L’arsenal d'artillerie d'Alger, où je fais mon service, possède un appa-
` .
reil destiné à enregistrer les tremblements de terre : c'est un pendule co=
ro nique dont la lentille est
0° une forte sphère de mé-
\330°30" tal ; la suspension se fait
X% par une pointe d'acier
ü ya reposant dans un godet
d'acier; la sphère est
traversée par un trou, où
se meut librement un
crayon dont la tête est
rendue pesante. De cette
manière, le crayon ap-
\ puie toujours sur une
feuille de papier orien-
tée, placée au-dessous de
lui.
ç 1180° l » Je vous envoie ci-
; jointe la reproduction en
vraie grandeur de la figure tracée par le crayon, à la secousse de 7" 13";
la longueur du pendule est de 1150 millimètres. Les autres figures, aux
autres secousses, ne furent que de simples boucles. »
ZAF
70°
(35)
CHIMIE ORGANIQUE. — Nouvelle méthode pour la synthèse de l'acide oxalique
et des acides homologues. Note de M. Berruecor, présentée par M. Balard.
« 1. Entre l’acétylène, C'H?, et l’acide oxalique, C'H20#, toute la dif-
férence des formules consiste dans 8 équivalents d'oxygène. J'ai réussi à
opérer la combinaison directe de cet oxygène avec l’acétylène libre
CH? + O° = C' H2O’.
» La synthèse de l’acide oxalique peut ainsi être effectuée par l'addition
successive des trois éléments qui le constituent : ;
carbone + hydrogène = acétylène,
acétylène + oxygène = acide oxalique.
» Il suffit de faire agir sur l’acétylène gazeux une solution aqueuse de
permanganate de potasse pur, à la température ordinaire. On ajoute la
solution peu à peu, en agitant continuellement et tant que la liqueur se
décolore. Arrivé près du terme, on filtre pour séparer le bioxyde de man-
ganèse. Le liquide renferme alors une grande quantité d’acide oxalique, uni
à la potasse, et facile à caractériser et à isoler par les procédés ordinaires.
» En mème temps prennent naissance de l'acide formique et de l'acide
carbonique, lesquels peuvent être envisagés comme produits par la trans-
formation d’une partie de l’acide oxalique à l’état naissant :
C'H*O' = C?0* + CHO,
» Ainsi 1 volume d’acétylène fixe directement, et par simple addition,
8 équivalents, c’est-à-dire 2 volumes d'oxygène, en engendrant l'acide
oxalique. C’est une nouvelle manifestation du caractère incomplet du car-
bure, caractère en vertu duquel il se combine, comme je lai démontré,
avec 1 et 2 volumes d'hydrogène ou d’hydracide. Le volume de l'oxygène
et le volume maximum de l'hydrogène qui peuvent être fixés sur l’acé-
tylène sont précisément égaux. C’est en outre, si je ne me trompe, -le
premier exemple d’un carbure susceptible de s'unir directement et sans
élimination d’élément avec l'oxygène, pour former un acide.
» 2. Il m'a paru intéressant de comparer sous ce rapport l’acétylène
avec l’éthylène, lequel peut être obtenu par l'union de l'hydrogène avec ce
méme acétylène, à volumes égaux. L'oxydation de l'éthylène par le per-
(36)
manganate de potasse n’est guère moins facile que celle de l'acétylène,
quoique un peu plus lente. Non-seulement elle donne naissance aux acides
formique et carbonique, comme M. Truchot l’a découvert, mais elle déve-
loppe, et en proportion plus considérable, de l’acide oxalique.
» L’acide oxalique se produit ici en vertu d’une élimination d'hydrogène,
avec fixation d'oxygène :
C'H’ + O!° = C'H205 + H20?,
c'est-à-dire que l'hydrogène fixé sur l’acétylène pour former l'éthylène est
éliminé, le produit d’oxydation finale étant le même avec les deux carbures.
» 3. Les réactions que je signale en ce moment ne s’appliquent pas
seulement à l’acétylène et à l’éthylène, mais à une multitude d’autres car-
bures. `
» L’allylène, par exemple, C'H*, homologue de l’acétylène, jouit éga-
lement de la propriété de donner naissance à un acide correspondant,
l’acide malonique, par simple fixation d'oxygène, sous l'influence du per-
manganate de potasse et à froid :
CH +0*=C'H'0!.
» Cette même fixation d'oxygène engendre en même temps de l’acide
acétique et de l'acide carbonique, c’est-à-dire les produits du dédoublement
de l'acide malonique : i
C'H’ O! = CH’ O* + C20:.
Toutefois ces formations opérées avec l’allylène sont moins nettes que
celle de l'acide oxalique avec l’acétylène, la plus grande partie de l’allylène
éprouvant une attaque plus profonde, laquelle donne naissance, d’une part,
à l’acide oxalique, homologue inférieur de l'acide malonique, et, d'autre
part, à l'acide formique, homologue inférieur de l'acide acétique.
» 4. Le propylène, C‘H°, fournit les mêmes produits que l’allylène,
c’est-à-dire l'acide malonique, beaucoup plus abondant avec le propylène
qu'avec l’allylène,
C°H° + O! = CHO! + HU,
et qui représente la réaction normale; il se forme en outre de l'acide oxa-
lique, de l’acide acétique, de l’acide formi
engendrés par des réactions secondaires.
» Voici comment on peut isoler les acides oxali
parés soit avec l’allylène, soit avec le propylène :
que et de l'acide carbonique,
que et malonique, pré-
(37)
» Après avoir fait réagir le permanganate sur le carbure, on filtre et
on obtient un liquide incolore; on y verse une solution d’acétate de chaux
(exempte de sulfate et de chlorure), ce qui précipite l'acide carbonique et
l'acide oxalique sous forme de sels calcaires, dont les acides peuvent être
régénérés par les moyens connus; l'acide malonique reste dans la liqueur.
On ajoute alors à celle-ci une trace d'acide acétique, puis de l’acétate de
plomb, ce qui précipite le malonate de plomb (retenant une certaine quan-
tité de chaux). On décompose ce dernier par l'hydrogène sulfuré, on éva-
pore à sec au bain-marie, on reprend par l’éther et on obtient l'acide ma-
lonique cristallisé, J'ai vérifié ses principaux caractères.
» Je n'insiste pas sur les acides acétique et formique, déjà signalés par
M. Truchot.
» 9. Dans les réactions que je viens d'exposer, le fait auquel j’attache le
plus d'importance, c’est la formation des acides bibasiques, correspondants
aux carbures primitifs. Non-seulement elle constitue une synthèse directe
desdits acides, mais elle me paraît fournir l'explication de la production
simultanée des deux séries d’acides C?*H?*04 et C?*H?*-2 0, observée dans
tant d'oxydations. Soit, par exemple, l’allylène. Ce carbure fournit, d’une
part, les acides volatils de la première série : acétique, Cf H* O+, et formique,
C’H°0"; et, d’autre part, les acides fixes de la deuxième série : malouique,
C'H'O®, et oxalique, C*H?0°. Or, parmi ces acides, un seul est engendré
par une réaction normale, c’est l'acide malonique
CH". + 0° = C'H'O’; .
mais les autres en dérivent régulièrement. En effet, le dédoublement de cet
acide naissant explique la formation de l’acide acétique
C’ H'O! = C' H'O + 00,
et l'on comprend pourquoi le premier acide gras qui se produit ici appar-
tient à une série inférieure à celle du carbure qui l’engendre.
» L’oxydation régulière de l'acide acétique naissant (1) explique d’ail-
leurs la formation de l'acide oxalique
C'H'O* + O° = C'H?05 + H°0.
» Enfin le dédoublément de l'acide oxalique explique la production de
l’acide formique
C*'H°0* = C’H°0!: + CO.
(1) L’acide acétique, une fois produit, résiste au permanganate.
( 38 )
» On aperçoit ici clairement l'enchainement méthodique de toutes ces
formations. Celle du premier acide à 8 équivalents d'oxygène est le nœud
du problème.
» 6. Citons encore quelques faits. L’amylène, C'°H!°, étant oxydé par
le permanganate, fournit, indépendamment des acides volatils, la suite des
acides fixes, à partir de l’acide oxalique. On élimine ce dernier par l’acétate
de chaux, comme il a été dit, et on précipite les autres sous forme de sels
plombiques. J'ai constaté leur existence; mais je wai pas opéré sur une
quantité de matière suffisante pour caractériser chacun d’eux. Il est pro-
bable que le mélange est formé par les acides pyrotartrique, C'°H*0°,
produit normal; succinique, C*HSO®, et malonique, C°H'O, produits `
dérivés, suivant la chaîne de réactions signalée plus haut.
» T. Le styrolène, C'°H°, oxydé par le permanganate de potasse, engendre
l'acide benzoïque et l'acide carbonique
C'SHS + O" = CH6O! + C0! + HO.
C'est la réaction même en vertu de laquelle l’éthylène engendre l'acide
formique. Mais je n'ai pas réussi jusqu'ici à obtenir par cette voie l'acide
phtalique, C'*H° O°, correspondant à l'acide oxalique.
» 8. L'essence de térébenthine est également oxydée à froid par le per-
manganate; mais la réaction est plus complexe. A côté d’un acide rési-
neux, soluble dans l’eau froide et mieux encore dans l’eau chaude, préci-
_Pitable par l’acétate de plomb, etc., il prend naissance un corps neutre
volatil, dont l'odeur se confond, pour ainsi dire, avec celle du camphre. J'y
reviendrai.
» Indépendamment de leur intérét théorique, ces faits montrent quel
parti on doit attendre de l'emploi du permanganate de potasse en Chimie
organique, précieux réactif avec lequel M. Péan de Saint-Gilles, il y a
quelques années, et M. Truchot, tout récemment, ont exécuté de si inté-
ressantes réactions. » |
. OPTIQUE. — Théorème sur la relation de position des vibrations (suivant
Fresnel) incidente, réfléchie et réfractée dans les milieux isotropes ;
par M. F.-P. Le Roux.
FER l4 . ` , Eh x $
« Si l'on peut espérer arriver à une théorie mécanique complėte des phé-
nomènes de la transmission du mouvement lumineux d’un milieu dans un
à |
autre, c est sans doute en cherchant à multiplier les conséquences géomé-
(:39 )
triques des relations que l'expérience nous fait connaître entre les diverses
circonstances de ces phénomènes. C’est à ce point de vue qu’on trouvera
peut-être quelque intérêt à la proposition qui fait l’objet de cette Note.
» Parmi les lois expérimentales qui paraissent le plus solidement éta-
blies, est celle de la rotation des plans de polarisation dans la réflexion et
la réfraction par des milieux isotropes, laquelle s'exprime par la formule
bien connue
tanga tan
ppap 2 = = tanga",
a, æ et g” étant les azimuts de polarisation ja rayons incident, réfléchi et
réfracté.
» Quand Mac-Cullagh eut découvert que les transversales des trois rayons,
c'est-à-dire les perpendiculaires à ces rayons menées dans les plans de pola-
risation, étaient parallèles à un même plan, qui est le plan de polarisation
du rayon réfracté, la simplicité de cette relation attira vivement l'attention.
Dans ces dernières années, M. Cornu en a déduit un théorème fort élégant.
» Mais les préoccupations de Mac-Cullagh, contraires à la théorie de
Fresnel, lui firent négliger de tirer de son théorème toutes les conséquences
qu il pouvait avoir dans le sens des idées du physicien français. Cependant
les vibrations, suivant Fresnel, étant liées aux transversales de Mac-Cnilagh
par la relation simple de berpécdicolétité, il y avait lieu d'espérer une re-
lation de position simple entre ces vibrations. C’est ce qui arrive : si l’on
considère les ondes qui se croisent en un même point de la surface de sépa-
ration des deux milieux, les vibrations incidente et réfléchie sont (en direction)
les projections de la vibration réfractée sur les ondes incidente et réfléchie.
» En effet, la vibration de Fresnel étant perpendiculaire au plan de pola-
risation est perpendiculaire à la transversale de Mac-Cullagh, et comme,
d'après le géomètre anglais, le plan de polarisation du rayon réfracté con-
tient les trois transversales, il s’ensuit que la vibration réfractée est perpen-
diculaire aux transversales des rayons incident et réfléchi. Cela posé,
prenons par exemple la vibration réfléchie : elle est perpendiculaire à la
transversale du rayon réfléchi, et le plan de ces deux droites n’est autre
chose que l'onde réfléchie; la vibration réfractée est oblique à ce plan,
mais elle est perpendiculaire à l’une de ces deux droites qui passent par son
pied dans ce plan, à la transversale du rayon réfléchi; elle se projette donc
sur ce plan suivant la seconde, qui est la vibration réfléchie.
» En répétant un raisonnement identique à celui qui précède, on verrait
( 4o )
de même que la projection de la vibration réfractée sur l’onde incidente se
fait suivant la vibration incidente.
» On peut déduire de cette proposition une construction plane fort
simple des angles que font les vibrations avec la normale au plan d’inci-
dence, ou, ce qui est la même chose, des azimuts des plans de polarisation.
Cette construction permet d’embrasser presque d’un seul coup d'œil la dis-
cussion des lois de Brewster. »
PHYSIQUE. — Note sur un électrophore multiplicateur à décharges continues;
par M. H. pe Parvirxe,
« Pai l'honneur de soumettre à l’Académie une nouvelle disposition de
générateur électrique que je fais réaliser en ce moment, mais pour laquelle
je demande dès aujourd’hui la permission de prendre date.
» Dans les appareils déjà décrits, dans la machine de M. Holtz, dans
l’électrophore de M. Piche, le disque induit se charge de quantités égales
d'électricité en temps égaux, et, les décharges étant continues, la tension |
reste la même après chaque tour de manivelle.
» Lorsque l'inducteur ne polarise qu’imparfaitement l'électricité ou
lorsque l’état hygrométrique de l'air hâte la déperdition, la machine, après
un certain temps, ne peut plus fonctionner, ou , dans tous les cas, la tension
sur les collecteurs va sans cesse en décroissant, si l’on ne prend la précau-
- tion de charger de nouveau l’inducteur.
» Je me suis proposé de construire un électrophore pourvu de pro-
priétés inverses, c’est-à-dire fonctionnant même avec des substances peu
isolantes et dans lequel Ja tension, loin de diminuer, irait en augmentant
proportionnellement aux tours de roue effectués. A chaque révolution du
disque, la machine multiplie sa charge primitive, et la tension n’a plus
d’autre limite que celle qui résulte des déperditions des différents organes,
qui diffusent l'électricité dans l'air humide à peu près suivant la loi de Cou-
lomb.
» Voici le dispositif auquel J'ai recours :
» Un disque de matière
peu conductrice tourne ajusté sur un arbre
isolant devant deux demi
-plateaux complétement distincts et séparés, lais-
? .
sant passer entre eux l’axe de rotation. En avant du disque sont disposés
des collecteurs a peigne, se terminant par des boules destinées à recueillir
les électricités de nom contraire,
» Les plateaux en substance isolante et partiellement recouverts par des
(41)
lames conductrices servent d'éléments inducteurs, comme le plateau fixe de
M. Holtz ou les secteurs de M. Piche. Chacun d’eux porte à son centre de
figure, et perpendiculairemeut à leur plan, un manche métallique terminé”
par un peigne. À une trés-petite distance de ces peignes, et calé sur le même
axe de rotation prolongé, tourne un second disque semblable au premier,
devant deux nouveaux plateaux également distincts et séparés. Enfin les
collecteurs à boules sont respectivement mis en relation par un fil métallique
avec ces deux derniers plateaux.
» Il sufñt d'imprimer un mouvement de rotation rapide à l’arbre d’une
machine ainsi disposée, pour qu'un jet continu et puissant d'électricité
éclate continuellement entre les pôles des collecteurs.
» On peut électriser une première fois l’un des inducteurs, Cependant,
conformément à la théorie de Faraday, les deux inducteurs finissent par
s’électriser directement par l'intermédiaire du milieu ambiant. Le disque
mobile prend par influence les électricités contraires et les collecteurs se
chargent. , | ee
» Si l'on représente par a la charge primitive, communiquée à chacun des
inducteurs, celle du disque induit sera, pour chaque électricité, ma. Telle
est la charge maximum des générateurs déjà décrits. Mais ici, la dériva-
` Me : i nr nc
tion 7 Prise sur chacun des collecteurs ira charger d’électricité convenable
chacun des inducteurs auxiliaires du second disque. Celui-ci multipliera
l'effet produit, et la charge sur les premiers inducteurs deviendra, après
3 ; m'a /
une nouvelle révolution, a +7 et; sur le disque correspondant,
m’ a g
m |a + — |. ;
TAF i i s
» La tension s’accroitra ainsi à la fois aux deux extrėmités de la machine
suivant une progression géométrique dont chaque terme sera de la forme
" m?(”—!) m?(-1)
a” q"
ma pour le disque et ma pour les inducteurs auxiliaires.
» On voit que, dans ces conditions, les inducteurs polariseraient-ils mal
l'électricité, les disques multiplicateurs seraient-ils construits en substance
peu isolante, la machine ne s'en chargerait pas moins, et fonctionnerait tou-
_ jours d’autant mieux qu’elle serait depuis plus longtemps en marche. Les
expériences que nous avons faites à l’aide d’un premier modéle très-impar-
fait confirment ce résultat.
» C’est tout le contraire qui arrive dans les générateurs de M. Holtz et de
M. Piche, et par conséquent dans l'appareil semblable de M. Bertsch.
C. R., 1867, 1er Semestre, (T. LXIV, N° 4.) | 6
(42)
» À propos de ces deux dernières machines, M. Bertsch, répondant à
nos observations, a cru pouvoir différencier l'une de l’autre en considérant
la sienne comme un véritable électrophore et en reléguant la seconde parmi
les machines à frottement disposées de façon à recueillir les deux électri-
cités. Le papier, selon l’auteur, ne polariserait pas l'électricité et ne saurait
être employé pour faire un électrophore.
» Sur ce point, tous les physiciens savent le contraire. Le papier séché
polarise même mieux l'électricité que le verre. Quant au premier point, il
suffit de remarquer, pour renverser l'argumentation de l’auteur, que, dans
toute machine à frottement disposée pour manifester à la fois les deux élec-
tricités, le corps frotté et le corps frottant, parfaitement isolés, sont reliés
chacun à un collecteur spécial. Or, comme le dit notre Noté, le secteur
que M. Bertsch veut assimiler à un frotteur communique avec le sol et n’est
en relation avec aucun des deux collecteurs. D'ailleurs, la machine fonc-
tionne encore lorsque l’inducteur est placé à 1 centimètre du disque.
» Mes conclusions restent dont tout entières. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Modifications de l'appareil analytique pour le dosage
de l'azote, dans les matières organiques commerciales, comme les engrais, elc.;
par M. Cu. Mine. (Extrait.)
« Ayant eu récemment à faire l'analyse de fumiers et d'engrais formés de
matières très-diverses non broyées, j'ai dů me préoccuper, pour le dosage
de l’azote de ces substances, de trouver un appareil qui me permit d’obtenir
des résultats incontestables, sur 25 à 30 grammes au moins de chacun de
ces produits. Après un certain nombre de tâtonneménts infrnctueux, je me
suis arrêté à l'emploi de cornues de terre, analogues à celles avec lesquelles
on obtient l’oxygène par le peroxyde de manganèse, à la chaleur rouge
sombre. Je les remplis de potasse caustique, au milieu des fragments de
laquelle j'introduis la matière à analyser, en boulettes, et imbibée d’une
forte solution de soude c
tasse sur la matière organique. Comme on le voit, l’appareil ainsi monté
celui que l’on emploie dans les cours de chimie
pour les préparations classiques de l'oxygène, de l’ammoniaque, etc. Sa
marche, en cette occasion, est trés-régulière et à l'abri des accidents qui
(4)
font si souvent interrompre les dosages d'azote dans les tubes de verre. On
peut y élever la température jusqu’au rouge cerise naissant, sans crainte de
voir la cornue se fendre par l’action de la potasse, et être certain, dés lors,
que la matière organique est parfaitement détruite. On ne doit avoir aucune
appréhension sur la destruction des composés azotés, avant l’action que
peut y exercer la potasse pour les convertir en ammoniaque ; car des expé-
riences directes sur des matières spéciales, comme l’albumine, la caséine,
la gélatine, etc., mont donné en azote exactement (et plutôt en plus qu’en
moins) les nombres indiqués dans les auteurs. Voici les résultats obtenus :
| Suivant Thenard... 15,5
Albumine, blanc d'œuf coagulé. . 16,20 d’azote | Suivant M. Wurtz.. 15,8
» sérum humain, ..,...,.. 16,05 > Suivant M. Dumas. 15,82
» sérum de mouton..... o O 2 TS » » 15,90
Caséine du lait de vache... ,....... 15,85 » » » 15,76
» » de chèvre. ...,....! 15,82 » _» 15,78
Corne du sabot de cheval. .,,.... 19503 -» Suivant M. Fremy. 16,80
Cheveux ordinaires. ..,..6........ 18,08 » Suivant Mudler.... 17,93
Crins de chevaux. ...,..... pere: 10,07: 3 » » »
(Chacune de ces déterminations a été obtenue sür 10 grammes aü moins
de matières pures, c’est-à-dire en dehors des produits commerciaux.)
» Le dosage de l'azote a été obtenu par le procédé de MM. Will et War-
rentrapp, c'est-à-dire en précipitant le sel ammoniacal par le bichlorure de
platine, et calcinant afin d’obtenir un poids de platine, sur lequel on a cal-
culé le chiffre d'azote. Le procédé de M. Peligot, c’est-à-dire l'emploi
d’une liqueur titrée, në peut pas être adopté ici, car généralement l'acide
où se recueille l’ammoniaque est coloré par des produits empyreumati-
ques, qui ne permettent pas de saisir l'instant de la saturation de l'acide :
aussi faut-il évaporer toujours, au bain-marie, le sel ammoniacal, puis re-
prendre par l’eau filtrée et bien laver pour obtenir un sel incolore, que l’on
précipite ensuite par le chlorure de platine, etc. Je me permettrai, en
finissant cette Note, de faire remarquer qu'avec les modifications que
j'indique pour l’appareil du dosage de l’azote dans les produits commer-
ciaux, comme les engrais, etc., c’est-à-dire en facilitant l'analyse sur 50 à
30 grammes au moins de matière, bien des chiffres admis comme teneur
en azote doivent être corrigés pour certains produits de l’industrie, »
6..
(44)
PHYSIQUE DU GLOBE, — Sur la constitution et le mouvement des glaciers.
Note de M. Cu. Grap, présentée par M. Ch. Sainte-Claire Deville.
« Ce qui frappe quand on remonte un glacier depuis son pied terminal
jusqu’à son origine dans les hautes régions, ce sont les variations qui appa-
raissent successivement dans la constitution de sa surface. Une glace plus
ou moins compacte et semblable à la glace d’eau se présente d’abord; puis
viennent des couches d’une substance grenue, le névé, suivies elles-mêmes
de grandes masses de neige. Malgré ces différences, il n’y a pas dans le
glacier des régions où le névé ou la neige se rencontrent exclusivement; la
glace existe sans interruption sur toute son étendue, même lorsqu'elle dis-
parait sous les dépôts supérieurs. La neige occupe surtout les cirques des
hautes régions, mais ne persiste pas longtemps à l’état où elle est tombée;
elle fond et disparaît sous les influences atmosphériques pendant la saison
des pluies et des chaleurs : il n’y a point de neige éternelle. Le névé con-
stitue sous la neige de puissants amas qui descendent à la surface du gla-
cier à une limite variable selon les localités, avec une séparation complète
et discordante entre ces amas et la glace glaciaire. Cette glace enfin, quand
le névé a disparu par la fonte et l’évaporation, se présente en une masse
continue plus ou moins compacte; elle est perméable, formée de grains ou
de cristaux serrés les uns contre les autres, adhérents, mais indépendants
les uns des autres, séparés par des joints ou des fissures capillaires suivant
lesquels les morceaux de glace se décomposent quand ils sont exposés au
soleil. Opaque tout d’abord, sillonnée de fissures innombrables et criblée
de bulles d'air, la glace glaciaire devient péu à peu homogène et limpide,
les cristaux isolés s’accroissent depuis la grosseur d’un petit grain jusqu’à
celle d'une noix commune, la masse entière présente tous les intermédiaires
possibles entre le névé et la glace d’ean. Dans ses récentes expériences
faites avec la lumière polarisée sur les glaciers du Faulhorn et du Grindel-
wald, M. Bertin (Comptes rendus, t. LXHI, p. 346) trouva que les cristaux
de glace présentent dans les hautes régions une orientation à peine sen-
sible, mais qui devient de plus en plus distincte à mesure que le glacier se
développe. Ces observations se bornent aux seuls glaciers du Grindelwald;
je compte les reprendre l'été prochain sur une plus grande échelle; mais
on peut admettre dès à présent que les glaciers se transforment en tendant
sans cesse vers un état limite où toutes les molécules constituantes sont
orientées verticalement comme dans la glace d’eau.
(45)
» Comment s'opère cette transformation? L'eau provenant de la fonte
des neiges à la surface pénètre dans la masse pour l’imbiber et Ja changer
en névé. Le névé fond lui-même et bien souvent disparaît complétement
sen été. L'eau produite par l’ablation s’introduit dans les joints des cristaux
et tend à les remplir; mais elle y circule lentement et n’atteint les parties
inférieures qu'après un long trajet, pendant lequel elle est suffisamment
refroidie pour se congeler; car la température du glacier descend sensi-
blement au-dessous de zéro. Comme la structure de la glace n’est pas
uniforme dans une même section, l'absorption de l’eau n’est pas régulière,
la congélation ne s’opère pas partout avec la même force et dans le même
temps. L'eau se congéle par juxtaposition à la surface des cristaux déjà
existants, sans former des cristaux nouveaux ; elle ne détruit pas les joints,
elle dilate les parties les plus imbibées et détermine dans la masse du gla-
cier une tension variable produisant des crevasses quand la pente du sol
est forte, de simples ruptures lorsqu’elle est faible. L’accroissement des
cristaux est continu, d'autant plus considérable que les fissures du gla-
cier tiennent en suspension une quantité d’eau plus abondante. Semblable
à une immense éponge, le glacier absorbe l’eau iournie par l’ablation, sans
jamais s'égoutter complétement, L'ablation elle-même augmente et diminue
avec la température; elle est plus faible la nuit que le jour, et, en hiver,
elle s'arrête presque tout à fait. Agassiz a reconnu ces faits par infiltration
dans la glace de liquides colorés. Ses expériences ont été continuées par
M. Dollfus-Ausset et ses amis, lors des congrès glaciaires du Pavillon de
l’Aar (1). Mes propres observations, faites sur les glaciers du Monte Rosa,
les confirment en tous points. |
» Tandis que les cristaux de la glace se développent, la formation et le _
déplacement des crevasses indiquent que le glacier se meut : des mesures
très-nombreuses ont déterminé la nature et l'étendue de ce mouvement. Il
est continu, mais inégal; il s’accroit ou se ralentit en raison de la déclivité
du terrain, toujours en proportion de la hauteur des tranches observées.
Toutes les parties d’un glacier ne se meuvent pas avec une égale vitesse. La
vitesse s'accroît du fond vers la surface, où le lieu des points du mouvement
maximum correspond à la ligne de plus grande pente, qui est aussi celle de
la plus grande épaisseur, déviant à droite, à gauche du milieu apparent de
(1) Dorzrus-Ausser, Matériaux pour servir à l'étude des glaciers, t. V, VE, VII et VIIL;
Paris, 1866.
(46)
la vallée, mais toujours du côté convexe, Ce mouvement subit, en outre, des
oscillations régulières dépendantes des variations atmosphériques, selon
l'heure du jour, selon la saison, selon l’année. Il est beaucoup plus rapide
en été qu'en hiver, et sa plus grande vitesse correspond au temps où l’abla-
tion est la plus forte.
» Le développement des cristaux de la glace glaciaire et le mouvement
du glacier augmentent ou diminuent simultanément avec l’ablation : il ya
donc entre ces deux faits une relation intime; mieux, mouvement et dé-
velcppement sont un fait unique, le mouvement ne pouvant être que la
conséquence du développement. La cause du mouvement, c’est l'infiltration
de l’eau produite par l’ablation dans les fissures capillaires, sa congélation
à la surface des cristaux de la glace glaciaire qu'elle fait grandir et s’orienter
comme les cristaux de la glace d’eau. La dilatation de l’eau par la congéla-
tion détermine un mouvement d'expansion qui se propage à travers toute
la masse du glacier, dans la direction de la moindre résistance, d’amont en
aval suivant la pente, de bas en haut dans la direction verticale. La pres-
sion contribue aussi au mouvement du glacier, mais dans une bien moindre
proportion. Son influence se manifeste surtout par le remaniement des gla-
ciers au pied des cascades, où la masse entière se brise sous l'effet d’une
forte tension. Un illustre physicien, M. Tyndall, à la suite de ses expériences
sur la plasticité de la glace, a attribué le mouvement des glaciers uni-
quement à la pression des masses de neige accumulées dans le bassin et
comprimant les parties inférieures. La théorie de l'équivalent mécanique
de la chaleur permet de fixer la part de la pression dans le mouvement im-
primé au glacier; mais cette influence ne saurait étre dominante, puisque le
simple contact suffit pour souder deux blocs de glace. De plus, la vitesse
s'accroît en raison inverse de la pression, car elle atteint son maximum en
été, alors que l’ablation augmente, que la pression diminue avec la fonte
des neiges tombées pendant l'hiver, Le mouvement maximum de l’été dé-
passe même d’une manière trés-considérable, dans certains glaciers, la
vitesse moyenne de l’année.
» En résumé, l’eau est l'élément générateur des glaciers. Produite par la
fonte et l’ablation, cette eau développe, durant son passage à travers les fis-
sures, les cristaux du glacier, et fait avancer là masse entière par suite du
mouvement de dilatation qu’elle détcrmine en se congelant et en donnant
aux cristaux de la glace glaciaire une constitution et une disposition sem-
blables à la constitution et à la disposition des cristaux de la glace d’eau.
En d’autres termes, les éléments constituants du glacier se développent par
La
(47)
juxtaposition, la masse même du glacier s’accroit par intussusception, et
c'est ce développement ou cette croissance qui provoque le mouvement, »
PHYSIOLOGIE. — Expérience relative aux générations spontanées des animal-
cules infusoires. Note de M. Ar. Donxé, présentée par M. Robin.
« Je prends des œufs de poule, je pratique une petite ouverture à leur
sommet, je perce le jaune à l’aide d’nn stylet préalablement rougi au feu et
je laisse écouler un tiers environ de la matière intérieure; je remplis le vide
avec de l’eau distillée bouillante, je ferme l'ouverture hermétiquement avec
de la cire ramollie qui se fond au contact de l'œuf chaud et adhère exacte-
ment autour du trou. J’abandonne ces œufs à la température de mon cabi-
net, variant de 17 à 24 degrés.
» Cinq jours après, j'enlève le bouchon de cire et j’examine la matière
de l'œuf au microscope; elle fourmille de Vibrions d’une grande agilité.
» Je ne crois pas pouvoir mieux répondre aux objections de M. Pasteur,
D'où proviendraient en effet les germes de ces Vibrions? On ne peut raison-
nablement admettre qu’ils préexistent dans la matière de l’œuf; J'ai démon-
tré qu’il ne s’en développe jamais dans les œufs abandonnés à leur décom-
position naturelle. On ne dira pas non plus, je pense, qu’ils sont contenus
dans l’eau distillée. »
PALÉONTOLOGIE, — Découverte d'instruments en silex dans le dépôt à Elephas
meridionalis de Saint-Prest, aux environs de Chartres. Note de M. l'Abbé
Bourerois, présentée par M. d’Archiac. `
« M. J. Desnoyers a publié, le 8 juin 1863 (1), un Mémoire ayant pour
but de prouver qu’il existe à la surface des ossements du célèbre gise-
ment de Saint-Prest des incisions produites par la main de l’homme.
» Sir Charles Lyell, après un examen sérieux et impartial de la question,
nosa pas formuler une opinion, demandant, pour se prononcer, des preuves
d'un ordre plus élevé, savoir : la présence d’ustensiles en pierre (2). Ces
témoignages que réclame l'illustre géologue, je crois les avoir tronvés.
» Je n'ai pas rencontré, il est vrai, la forme classique de Saint-Acheul et
d’Abbeville; mais j'ai pu recueillir, à tous les niveaux, les types les plus
(1) Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences, 1863,
(2) Ancienneté de l'homme (Appendice).
(48)
communs, tels que têtes de lance ou de flèche, NY ed grattoirs, mar-
teaux, etc. L'un de ces instruments paraît avoir subi l’action du feu.
» Les silex taillés des sables et graviers de Saint-Prest sont trés-grossiers
et présentent la ressemblance la plus frappante avec ceux que j'ai signalés
dans le diluvium de Vendôme (1). À
» Je réserve mon jugement sur l’âge du dépôt, placé par les uns dans le
tertiaire supérieur et par les autres dans le quaternaire inférieur, et je
me borne à citer la faune, telle qu’elle m’a été obligeamment communiquée
par M. Lartet : |
» Elephas meridionalis; Rhinoceros etruscus (d’après Falconer); Hippopota-
mus major (?); Equus Arnensis (le même que dans le val d'Arno); Cervus Car-
nuiorum, Laugel (Élan d'espèce peut-être différente de PÉlan actuel); deux
autres espèces indéterminées de Cervus; Bos (espèce à formes élancées );
Trogontherium Cuvieri (c’est le Conodontes Boisvilleti de M. Laugel. L’iden-
tité est prouvée par la comparaison avec d’autres pièces trouvées dans le
forest-bed du Norfolk. »
M. »’Ancnrac, à l'examen duquel avait été soumise la Note de M. de Rou-
ville mentionnée au Compte rendu du 31 décembre 1866, sur le système
d'argiles rouges des environs de Bize et de Saint
-Chinian, fait connaître à
l’Académie le contenu de cette Note, en donnant lecture des passages sui-
vants :
« J'ai hâte de rendre hommage aux conclusions de la dernière Note de
M. Leymerie relative au systeme rutilant des environs de Bize et de Saint-
Chinian, dont il avait bien voulu faire précéder pour moi la communica-
tion de l'envoi des nouvelles observations de M. Magnan.
» Le double caractère de l'horizon en
aujourd’hui, presque exceptioñnel dans |
senter encore aucune faune caractéristi
précisément dans le département de l’Hér
tellement trompeuses, qu'il faut, pour e
des dérangements d’une extrême com
question, d’être, au moins jusqu’à
a sérié des terrains et de ne pré-
que; la circonstance, qu’il offre,
ault, des relations stratigraphiques
n rectifier les apparences, invoquer
plication, m'ont fait heurter contre
(1) Bulletin de la Société archéologique du Vendômois, juillet 1865.
. ( 49°)
» Le champ trop circonscrit de mes recherches m’a fait dupe d’une illu-
sion stratigraphique ; en effet, depuis la limite ouest de l'Hérault jusqu’à
Cessenon et Causses, à 15 kilomètres environ de Saint-Chinian, le nummuli-
tique supporte les couches rouges, et, après sa disparition, ces dernières, à
leur tour, se trouvent en contact immédiat avec les lignites de la Caunette,
qu'un plongement uniforme vers le sud semble établir en relation nor-
male de recouvrement par les premières.
» Ce contact, mieux interprété, laissera subsister la série de ces divers
groupes telle que M. Motheron l’a publiée et fait connaître.
» Le grand développement du système rutilant dans cette région tend,
conformément aux idées de M. Leymerie, à assurer sa complète indépen-
dance à l'égard du terrain nummulitique.
» Mon savant collègue sera satisfait d'apprendre que le même système
se retrouve sur une longueur de 20 kilomètres, depuis Vindémian jusqu’à
Grabels, près Montpellier, mais cette fois en discordance parfaite, je veux
dire en plongement inverse, avec la formation lacustre tertiaire. Une faille
bien accusée, continuation de celle que M. Magnan a constatée, règne sur
toute cette longueur, et se traduit, particulièrement à Grabels, par -un phé-
nomène hydrologique commun à ce genre de dislocation, l'existence d’une
source qui alimente le village.
» De nombreux points du département, où je crois pouvoir retrouver ce
même système, ne serviront qu’à corroborer les conclusions de M. Leymerie
touchant son autonomie et son importance. »
La séance est levée à 4 heures un quart. BG.
| Mo. Bot. Garden,
C. R., 1867, 197 Semestre. (T. LXIV, N° 4.) 7
(50)
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 7 janvier 1867, les ouvrages
dont les titres suivent :
Organisation des carrières scientifiques; par M. E. Fremy, Membre de
l’Institut. Paris, 1866; br. in-4°.
Le climat et la végétation des iles Borromées, sur le lac Majeur, comparés au
climat et à la végétation des environs de Bayonne et de Saint-Jean-de-Luz:
par M. Ch. MarriNs. Montpellier, 1866; br. in-8°.
Nouvelles remarques sur les Poissons fluviatiles de l Algérie ; par M. Paul
GERVAIS. Paris, 1866 ; br. in-4°. (Extrait des Comptes rendus des séances de
l’Académie des Sciences.) i
L’ Année scientifique et industrielle; par M. L. FIGUIER, 11° année, 1866.
Paris, 1867; 1 vol. in-12. (Présenté par M. Fremy.)
Les Merveilles de la Science; par M. L. FIGUIER. 8° série. Paris, 1866.
Le paratonnerre. Br. grand in-8°.
De l'emploi du silicate de potasse pour la confection des appui eils inamovi-
bles ; par M. A. ESPAGNE. Paris et Montpellier, 1867; br. in-8°. (Présenté
par M. Velpeau.)
Essai de géométrie polyédrique. Théorie des cristalloïdes élémentaires; par
M. le comte Léop. Huco. Paris, 1867; br. in-8°, avec planches. (Présenté
par M. Delaunay.)
Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen. 1'e année, 1865. Rouen,
1866 ; 1 vol. in-8°. fnsbuwsO Joi oM
L'ovariotomie peut-elle étre faite à Piètavec des chances favorables de succès ?
par M. le D' Péan. Paris, 1867; br. in-8e, (Présenté par M. Ch. Robin.)
Compte rendu des expériences de l'inoculation de la peste aux bétes à cornes,
faites d'après la disposition du Comité institué par S. M. l'Empereur. Saint-
Pétersbourg, 1866; in-8°,
Annales Musei Botanici Lugduno-
cicules 6 à 10. Amsterdam, 1866 ;
Commissio
Batavi; par M. Guil. Miquez. T. IL, fas-
5 br. in-f°, avec planches,
ie Commission géologique du Portugal : Mollusques fossiles,
(51)
Gastéropodes des dépôts tertiaires du Portugal; par M. PEREIRA Da COSTA,
avec la version française par M. DALHUNTY. 1“ cahier, pages 1 à 116, avec
15 planches. Lisbonne, 1866; in-4°. (Présenté par M. de Verneuil.)
Sulls....;: Sur la Lophoura Edwardbsii ; observations zoologiques et anato-
miques; par M. E. CORNALIA. Sans lieu ni date; br. in-8°.
Sopra. .... Sur un nouvel appareil pour déterminer les points de fusion ;
par M. P. ScIvoLETTO. Naples, 1866; br. in-8°.
Verhandlungen. . ... Mémoires de la Société des Naturalistes de Bâle,
4° partie, 3° livr. Bâle, 1866; in-8° avec planches.
Grundzüge. . ... Principes pour l ‘analyse du mouvement moléculaire; par
M. M. STRANSKY. Brünn, 1867; br. in-8°.
ain co $ nb eynpigat ADD zt
ki yat
SN
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 14 JANVIER 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL,
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE. — Sur le verre; par M. J. Prrouze (x).
« Le verre dont il est question dans la premiére partie de cette Note
est formé de silice, de soude et de chaux; mais, comme on l’obtient dans
des creusets en argile, il contient un peu d’alumine et d'oxyde de fer. Cette
dernière base provient aussi du sable, du calcaire et du fondant (carbonate
ou sulfate de soude). Enfin, on y rencontre encore et toujours, comme je
Pai dit ailleurs, une petite quantité de sulfate de soude.
» La soude qui sert de fondant au sable et à la chaux est fournie tantôt
par le carbonate, tantôt par le sulfate de soude. Dans le premier cas, la
Composition est ordinairement la suivante :
Sable: blane. is Darius 7 290
Carbonate dé soude; 1 2. 100
Carbonate de chaux 15.577" 77 0 5o
Re non. à «à 77 04
ie RE RM Or LU S 19,91
ie RAA TANT NT Re 7,41
(1) L'Académie a décidé que ce Mémoire, quoique dépassant les limites réglementaires,
serait reproduit en entier au Compte rendu.
C. R., 1867, 1°" Semestre, (T. LXIV, No 2.) 8
“:
( 54 )
» Dans le second cas, la composition est faite avec :
Sable blanc, ....
SEE PÉeve ver de 270
. Sulfate de soude ...... ES BASÉE: : :. . L0O
Carbonate de chaux, ......,.... “ris 100
Charbon de bols, o... an. se. 6 à 8
ce qui fournit un verre formé de :
PS issus: sisi sx 1808
SOURCE, ee: Se hotte to, s- 11,99
Chit: oos. Se re aA 15,16
» Ces deux verres sont ceux qu’on fabrique dans les glaceries de Saint-
Gobain.
» Il était intéressant, aussi bien sous le rapport industriel qu’au point
de vue théorique, de rechercher combien on pourrait introduire de sable
dans ce verre, e
» Les qualités extraordinairement réfractaires des creusets, et Ja tempé-
rature excessivement élevée des fours mis à ma disposition, me permet-
taient de tenter ces expériences, dont le résultat, quel qu’il fût, devait être
intéressant.
» Je n'entrerai pas ici dans les détails des essais que j'ai tentés; je me
bornerai à dire que j'ai pu élever successivement la proportion de sable
jusqu'à 400 parties, au lieu de 270 et 200.
» Le verre fait avec 400 parties de sable
, 100 de carbonate de soude et
5o de carbonate de chaux est formé de :
SR ra a S 02,24
DUO it. TI EE Er de 12,01
Chaos, LPP RUE SEE rite Pi 5,75
100 ,00
4
» Celui qui a été fabriqué avec 400 de sable,
100 de sulfate de soude et
100 de carbonate de chaux est formé de :
O a . rak oa + 80,07
a 8,73
ne TU re sere : PTÿ20
100,00
» Si, au lieu de 400,
100 de sulfate de soude
la composition suivante :
on emploie seulement 350 parties de sable pour
et 100 de carbonate de chaux, le verre ‘présente
Silice F, f, i, aR A Ras Re ses... ‘77,80
Soudé tas p, poSI PER 00 5 1 9,70
Chaux fils; ag. HN TUE, fi +: 12,50
100,00
» On a fait une glace de 12 mètres de superficie et de 11 à 12 milli-
mètres d'épaisseur, dans les conditions du travail journalier d’un four à
gaz, avec la composition suivante, qui est la même que la précédente :
Sable de Chamery....,......... ss aG Dow
Sulfate de soude... sl oe
Carbonate de chaux, ........,
ATEN. ..., . ec, 2: I
Re SAR o
ns e E N oi E s ea 6,5
» Ce mélange a été introduit dans un pot bien placé dans le four. La
première fonte a duré environ une heure et demie de plus que dans les
pots voisins; à la fin de la deuxième fonte, le retard était à peu près d’une
heure. Il n’a pas été fait de troisième enfournement. Au moment de la cou-
lée, le verre n’était pas fin et contenait beaucoup de pierres de sable. Le pot
a été laissé dans le four et a supporté la chaleur du travail suivant. Au
moment du troisième enfournement des autres creusets, le verre était fin
et le pot a reçu un peu de composition,
» Ce verre a fait la premiére glace; il était notablement plus dur que
celui des pots voisins, bien transparent, mais renfermant quelques pierres
de sable. Le pot a été remis au four, puis jeté après la coulée. Le verre
adhérent aux parois était, après le refroidissement, entièrement laiteux; un
morceau trouvé sur le chariot à rouleau était légèrement opalin. La glace
faite avec ce verre a été retirée de la carcaise au bout de quatre jours. Le
recuit s’est opéré dans les mêmes conditions que celui des autres glaces.
» Les parties reposant sur les points les plus chauffés de la carcaise
avaient subi un commencement de dévitrification annoncé par une teinte
opaline; les autres avaient conservé leur transparence.
» Un morceau de cette glace porté à la température à laquelle le verre
commence à se ramollir se dévitrifie rapidement et d’une manière complete,
» Quant au verre au carbonate dans la composition duquel on avait
introduit 400 parties de sable, il avait été recuit dans une arche, à une
température un peu plus élevée que celle de la carcaise, et on l'avait
trouvé entièrement opaque et dévitrifié; il ressemblait à du biscuit de por-
( 56 )
celaine. J'ai constaté qu’il ne contenait plus que 3 à 4 millièmes de sulfate
de soude, au lieu de 2 pour 100 que renferme, en général, le verre de com-
position ordinaire. On devait s'attendre à ce résultat.
» M. Baille a bien voulu, à ma prière, examiner sous le rapport de la
réfraction, le verre dans la composition duquel entrent 350 parties de silice
pure. Ce verre est très-beau, quoique possédant une légère opalescence. Il
donne un spectre très-net et les raies sont bien visibles; mais, à défaut du
soleil, on n’a pu déterminer que les indices de réfraction de trois raies :
l’une rouge, fournie par une étincelle électrique traversant un tube d’hy-
drogène et coincidant presque avec la raie C de Frauenhofer; la seconde
jaune, donnée par la flamme de l'alcool salé et correspondant à la raie D;
la troisième verte, fournie par l'étincelle électrique à travers le tube d’hy-
drogène et coïncidant avec F. M. Baille a obtenu ainsi les nombres sui-
vants :
Raie rouge... .....--1.01000 Indice moyen........... 1,520571
Raie jaune. ............ 1,517543 Coefficient de dispersion... 0,00166
Rud vakle? 3,5. ti: 1,523599
» Ce verre est donc un crown d’un faible pouvoir réfringent, et par suite
tres-convenable pour les lentilles de microscope.
» Le verre ordinaire de Saint-Gobain donne les nombres :
Raie rouge. ........... 1,524815 Indice moyen........... 1,530588
Raie jaune... .......... 1,527430 Coefficient de dispersion... 0,00169
Raie verte... .......,... 1,533746
» Les deux verres ont donc à peu près la même dispersion; mais le verre
chargé de silice est moins réfringent que le crown ordinaire de Saint-
Gobain.
» Les expériences sur le recuit du verre très-siliceux ont été faites un
grand nombre de fois, et toujours on a obtenu des matières remarquables
par la facilité avec laquelle elles se dévitrifient, d’où résulte pour le fabri-
cant l'impossibilité d'augmenter la proportion de sable consacrée par une
longue expérience dans la composition du verre à base de soude ou de
chaux. S'il la dépassait, ne fût-ce que de quelques centièmes seulement, il
courrait le risque de voir son verre devenir galeux ou tout au moins opalin
pendant le travail qu’il lui fait subir.
» Si au contraire il mettait moins de sable dans sa composition, il obtien-
drait, comme on le sait, un verre ayant moins de tendance à se dévitrifier,
et plus fusible, moins dur et plus altérable.
(57)
» Il y a une double conséquence à tirer de ces observations, c'est que
d'une part les verriers ont depuis longtemps fixé avec une grande habileté
les proportions de sable donnant les meilleurs verres, et que de l’autre
les matières vitrifiables perdent d'autant plus facilement leur transpa-
rence qu'elles sont plus chargées de silice.
Verre à base d'alumine.
» On rencontre l’alumine dans tous les verres, parce que dans toutes
les fabriques on se sert exclusivement de creusets d'argile, qui sont atta-
qués par les compositions.
» Les verres communs contiennent en général plus d'alumine que les
verres blancs. M. Berthier en a trouvé 10,5 pour 100 dans le verre de
Saint-Étienne, et M. Dumas jusqu’à 14 pour 100 dans un autre verre du
commerce.
» On attribue généralement à l’alumine la propriété qu’aurait le verre à
bouteilles de se dévitrifier plus facilement que le verre d’une composition
plus simple, tel que les verres à glace et à vitre. Mais outre qu’il n’est pas
démontré que ce défaut existe à un plus haut degré dans le verre à bou-
teilles, on va voir que l'expérience directe semble plutôt conduire à une con-
clusion contraire et confirmer l'assertion que j'ai émise, que les phéno-
mènes de dévitrification sont surtout dus, toutes choses égales d’ailleurs, à
de fortes proportions de silice.
» J'ai fabriqué un verre d'alumine de la composition la plus simple pos-
sible en fondant un mélange de cette base et de silice, au moyen du carbo-
nate de soude.
» J'ai opéré sur 250 parties de sable, 100 de carbonate de soude et 25 d’a-
lumine pure et sèche. Mais il a été impossible d'obtenir un affinage complet,
même après avoir maintenu le creuset pendant cent vingt heures dans un
four à gaz qu’on a porté à la plus haute température.
» Le verre alumineux est blanc, bien transparent et d’une densité de
2,380; il est donc beaucoup plus léger que le verre à glace. Sa composition
est la suivante :
SINCE. :. 1; ds dei Ver Loi 4 ess 5. 75,00
Sud. 1 Kede a res o 17,40
ARIE S. 200004. SR STOGI 1468
108,00
» J'ai fait d’un autre côté des verres d’un travail plus facile en ajoutant
(58)
du carbonate de chaux à des mélanges de sable, de carbonate de soude et
d'alumine.
» À la composition suivante :
Sable, ..,
ee SEE D: Er À 250
Carbonate de soude, ...,..... SARA 100
Carbonate de chaux............ FRERE eE 50
J'ai ajouté successivement :
1° Alumine pure et sèche. ......... 30 parties.
b » » INe Sre à 4o
3° » » ES 5o »
4° » » E ENS 6o »
5o » » ETF TT 80 »
6° » » “sr gö 3
J » » E is sd 100 >»
» Le n° 1 a été laissé au four vingt-quatre heures; ila donné un verre
d’une fusion facile, mais d’un affinage assez lent, ce qui tient sans doute à
ce que, même à une température élevée, il reste beaucoup plus pâteux que
le verre non alumineux.
» J'espérais que l’alumine se comporterait comme l’oxyde de chrome
avec lequel elle est isomorphe, et qu'elle se séparerait de la masse vitreuse
sous forme de cristaux. Il n’en a pas été ainsi. Le verre est resté homogène
et transparent.
» On a exposé des fragments de ce verre à une température suffisante
pour les ramollir, de manière à les mettre dans les meilleures conditions de
dévitrification. Au bout de quarante-huit heures seulement, on a remarqué
des indices certains de dévitrification, mais la masse intérieure restait claire.
» Les n% 2 et 3 se sont comportés à la fonte et au recuit comme le n° 1:
» Le n° 4 est un peu plus pâteux et un peu plus facile à dévitrifier.
» Le n° 5 ne se distingne plus du verre non alumineux : il semble se
dévitrifier moins facilement que le n° 4. Après deux cent quarante heures
d'exposition dans une arche chauffée jusqu’à le ramollir, le n° 5 était en-
core loin d'être dévitrifié, tandis que le verre à glace l'était depuis long-
temps et complétement.
» Le n° 6 contient des traces d'alumine non fondue, et on peut le con-
sidérer comme le plus alumineux que l’
on puisse obtenir avec les matières
premières et dans les conditions
que j'ai indiquées.
> 2 d . ` + a ne .
» D'après ces faits, et contrairement à l'opinion généralement admise,
? . Ss
lalumine ne semble pas provoquer la dévitrification, et, dans tous les cas, il
(59)
est certain que le verre à base de soude ou de chaux, contenant u
portion d'alumine, est beaucoup plus difficile à dévitrifier que le verre à glace.
» Des fragments de ce dernier verre (au sulfate ou au carbonate) ont
toujours été chauffés comparativement dans des arches à côté des échan-
tillons des silicates alumineux dont il vient d’être question.
» Le verre alumineux contenant de la chaux est très-sensiblement plus
coloré que celui qui n’en renferme pas. Cela tient à ce que le verre calcaire
attaque plus profondément la matière des creusets que le verre alcalino-
alumineux. On devait s'attendre à ce résultat, puisque l'addition d’une
certaine quantité de chaux permet de faire entrer dans le
portion beaucoup plus forte d’alumine.
» M. Baille a encore examiné les verres alumineux cités dans cette Note
sous les n% 2, 3, 4 et 5; malheureusement les échantillons que je lui avais
remis, ceux mêmes qui avaient été exposés longtemps au rouge sombre
dans le but de constater leur faculté de dévitrification, étaient chargés de
bulles et de stries. | 2 |
» En attendant des verres alumineux plus-beaux, M. Baille a déterminé
avec le plus de soin possible les indices de réfraction des trois couleurs
prises aux environs des raies du spectre C, Det F, et obtenu les nombres
suivants :
ne forte pro-
verre une pro-
N° ». No 3. N° 4. N° 5,
Le DES 1,5120 1,9143 1,5153
» jaune, ,. 6. a 1,5137 1,5159 1,5167
s o e EEST 1,5411 1,5224 1,5232
Indice moyen........ 1,5172 1,95174 1,5192 1 ,5200
Coefficient de dispersion. 0,00185 o 00177 0,00154 0,00153
Lumière rouge ss.
» Ces verres sont des crowns de faible pouvoir réfringent. Les deux pre-
miers, ainsi que les deux derniers, sont presque identiques.
» Un fait curieux semble résulter de ces observatio
que les proportions d’alumine contenues dans le verre
de réfraction augmente également, et la dispersion diminue. Pour le cris-
tal, au contraire, les pouvoirs réfringents et dispersifs augmentent en même |
temps, et avec la quantité de plomb qu'il contient. Toutefois ce fait ne peut
pas être considéré comme démontré par ces seules expériences, car lim-
pureté des verres étudiés ne permettait de faire aucune mesure rigoureuse.
ns: c'est qu’à mesure
augmentent, l'indice
Verre magnésien. 7
‘» La magnésie forme avec la silice et la soude un verr
e blanc qui res-
semble au verre ordinaire. i ) S991 690 9
( 60 )
» On a obtenu un produit d’une belle fabrication en fondant ensemble :
Sable. UE A 9 CO MER AU AE aao .... . ESA. 250 parties. a
Carbonate de soude .......... aan aa O +
Magnésie A e e re t lene 5o »
qui correspond à la composition suivante :
MT Te sets dvise Nu sers tousse Dig
gotai ELC a DAR BAEN N LIT
Magnésio Sik aT. HR OETE ILES AE TO 0
100,0
» Ce verre a une densité de 2,47. Il est un peu moins fusible que le
verre à glace et plus pâteux. Il se dévitrifie avec une grande facilité.
» On a préparé un autre verre avec le mélange suivant :
Sable. osoosu ene tetruka dso Tea o DIU
Carbonate de soude..,.............. ss
Carbonate de chaux..:,..:.,:.:..::.. 60 »
Majon oair akasa dede Oeil à sv] 100 9$
qui donne un verre formé de
SOS ons se 6 Pa 00 se core Aers ture. : 60,7
SOUMET, s e o tes ee Ride les core de TOUS
Cü e iiid e e rikked errori m3
Magnésie.. Hu ., N Fret ceros er 8,0
100,0
» Le creuset contenant ce verre a été retiré pendant le tise-froid, c'est-
à-dire alors que le four est relativement froid, et on a obtenu une masse
vitreuse recouverte d’une couche de cristaux très-nets. ;
» Le recuit a rapidement donné à ce verre laspect de la porcelaine
dégourdie.
» Il faut, pour obtenir un verre entièrement transparent, le couler en
plein affinage, quand il est bien fluide, et le recuire à une température
aussi basse que possible.
» Sa densité à + 15 degrés est 2,54.
» Il résulte de ce qui précède que les verres magnésiens sont d'une dé-
vitrifaction extrêmement facile, et que les calcaires
gnésiens doivent être
autant que possible écartés de la composition des verres dont le travail né-
cessite des recuits plus ou moins fréquents,
( 6r )
» Les diverses expériences que j'ai sommairement décrites confirment,
en les multipliant, les faits depuis longtemps connus et montrent que la
silice s’unit en proportions excessivement variées avec les bases, et qu’on
peut faire entrer dans un verre les oxydes les plus divers sans qu’il
cesse d’être homogène après son refroidissement. 11 en résulte que les for-
mules que quelques chimistes ont cru pouvoir donner à certains verres du
commerce sont sans aucune valeur, et bien plutôt mnémoniques que réel-
ment scientifiques.
» Je ferai remarquer, d’ailleurs, que l'équivalent du silicium, dont on
s'est servi jusqu'en 1845 pour calculer les formules des silicates, avait été
mal déterminé, et qu’il serait, en conséquence, nécessaire de les soumettre
à une nouvelle révision.
» La manière la plus rationnelle d'expliquer l’innombrable variété des
verres dont il s’agit consiste à admettre qu’ils résultent d’un simple mélange
de combinaisons définies. |
» Il n'y a là rien qui soit contraire aux lois des proportions chimiques,
et les exemples de l’ordre de ceux que je viens de citer ne sont pas rares.
L'oxyde d’antimoine peut être fondu en toutes proportions avec l'acide
antimonique et même avec le sulfure d’antimoine, le protoxyde de fer avec
le sesquioxyde, le protoxyde de cuivre avec le bioxyde, les sulfates neu-
tres avec les bisulfates alcalins, etc.
» Berthollet, dans sa discussion si mémorable avec Proust, admettait
qu'entre le maximum et le minimum d’oxydation ou de sulfuration d’un
métal, il pouvait y avoir un nombre infini de degrés.
» Proust, an contraire, s’appliqua à démontrer que ces idées étaient
inexactes, et que les métaux ne forment, avec le soufre ou l'oxygène, qu'un
très-petit nombre de combinaisons à proportions invariables; que, par
exemple, tous les degrés intermédiaires que l’on avait cru obtenir entre un
protoxyde MO et un bioxyde MO? ne sont que des mélanges de ces deux
combinaisons.
» Par application aux idées si nettes de Proust, dont les progrès de la
Chimie n’ont fait que confirmer l'exactitude, les verres seraient formés,
ainsi que je l'ai dit, par le mélange d’un petit nombre de silicates à pro-
portions aussi fixes et aussi simples que celles des sulfures, des oxydes,
des chlorures, des sulfates, etc. Il n’y aurait entre eux aucune différence, si-
non que les silicates dont se composent les verres sont moins connus et
plus difficiles à préparer que les composés auxquels on vient de les com-
parer.
C. R., 1867, 1°" Semestre. (T. LXIV, N° 2.) 9
( 62°)
Sur quelques phénomènes de coloration du verre.
.» Le verre fait dans un creuset de platine avec du carbonate de soude
pur, du sable blanc de Fontainebleau lavé à l'acide chlorhydrique, et du
marbre blanc, présente une teinte verdâtre excessivement faible, mais tou-
jours sensible sous une épaisseur de quelques centimètres.
» J'ignore si cette teinte lui est naturelle, ou s’il la doit à des traces im-
pondérables mais certaines d'oxyde de fer, qu’il contient encore.
» Ce verre exposé au soleil pendant plusieurs mois d'été n’a subi aucun
changement apparent.
» Le verre fabriqué industriellement dans des creusets d'argile avec des
matières de premier choix, du sulfate de soude pur, ou du carbonate de
soude à 85 degrés, présente soit une nuance d’un vert jaunàtre, soit une
teinte vert d’edu légère, qu’il doit à de l’oxyde de fer dont il est impossible
d'éviter la présence. Le verre à vitre, plus ferrugineux que le verre à glace,
a une teinte beaucoup plus verte ; il est d’autant moins coloré qu'il contient
moins de fer et se rapproche davantage du verre à glace.
» Tous ces verres exposés au soleil se colorent en jaune plus ou moins
intense et d’une nuance toujours plus prononcée que ne l'était la teinte
verdâtre du même verre avant son insolation.
» Il suffit d’une insolation de quelques heures, quand le soleil est très-
ardent, pour que le phénomène dont j'ai parlé se manifeste, et en quelques
semaines les morceaux de verre les plus épais se colorent en jaune dans
toute leur masse.
». La tranche de certains carreaux de verre
épaisseur de quelques centimètres, semble,
presque aussi jaune qu’un morceau d
subi l’action de la lumière deviennent j
toujours, c’est que leur ép
général 1 4 millimètre.
» Les verres à vitre dont la teinte
tion de fer subissent à la lumière s
verte persiste, quoique modifiée, mé
au soleil. La qualité des y
à vitre, examinée sous une
lorsqu’ils ont subi l’insolation,
e soufre, Toutes les vitres: qui ont
aunes, et si on ne s’en aperçoit pas
aisseur est très-petite, puisqu'elle n'excède pas en
trés-foncée annonce une forte propor-
olaire une altération, mais la couleur
me après plusieurs années d'exposition
erres à vitre s'est beaucoup améliorée depuis le
i e et principalement depuis quelques années, et
l'on peut affirmer sans crainte d'erreur que tous ceux fabriqués aujour-
d'hui, au moins en France, deviennent jaunes à la lumière solaire directe.
(63 )
» J'ajoute que je ne crois pas qu’il existe, dans le commerce, une seule
espèce de verre qui ne change de nuance au soleil.
» Le verre à vitre dit verre double (qui est deux fois plus épais) se
colore d’une maniere plus apparente; posé sur une feuille de papier ou sur
un tissu blanc, on lui reconnaît distinctement une teinte jaune.
» Quand on expose à la chaleur du rouge sombre les verres qui ont
Jauni, ils se décolorent ou, pour parler plus exactement, ils reprennent la
légère nuance verdâtre qu’ils avaient avant l’insolation.
» Une seconde exposition à la lumière produit une seconde coloration
semblable à la première, et une chaleur rouge la fait encore disparaitre. Ces
phénomènes se reproduisent indéfiniment.
» Le verre conserve sa transparence et ne donne lieu à aucune strie ni
à aucune formation de bulle.
» Une chaleur de 300 à 350 degrés, insuffisante pour recuire le verre,
car les larmes bataviques lui résistent, n’est pas assez élevée pour ramener
à sa couleur primitive le verre jauni au soleil. ES
» A la lumière diffuse, dans un appartement, le verre ne semble pas jau-
nir, ou, s'il secolore, ce n’est qu'après de longues‘années. Je possède depuis
quinze à vingt ans des échantillons de verre dont la nuance n’a pas sensi-
blement varié.
» La possibilité de reproduire successivement et sans limites ces singu-
liers phénomènes de coloration et de décoloration du verre constitue assu-
rément un des points les plus curieux et les plus intéressants de son histoire,
» Avant d'essayer l'interprétation de ces faits, je crois utile de rappeler :
» 1° Que le verre pur, c’est-à-dire exempt de sulfate alcalin ét d'oxyde
de fer, ne se colore pas au soleil ; ae
» 2° Qu’à poids égal de métal le sesquioxyde de fer colore moins le vérre
que le protoxyde, et que la coloration jaune qui se manifeste dans le verre
est infiniment plus intense que celle qui pourrait être produite par le fer
contenu dans le même verre, en le supposant tout entier peroxyde ;
» 3° Qu'il suffit d’une trace, pour ainsi dire impondérable, de sulfure
pour colorer le verre en jaune. HO CO TE
» Cela dit, j’aborde l'explication.
» Il y a dans le verre qui jaunit au soleil du protoxyde de fer et du sul-
fate de soude. La lumière provoque entre ces matières une réaction d’où
résulte du peroxyde de fer et du sulfure de sodium. La chaleur opère une
réaction inverse et reproduit du sulfate de soude et du protox yde de fer;
de là le retour du verre à sa couleur primitive.
9.
1
( 64.)
» L'analyse vient à l'appui de cette théorie en démontrant dans le verre
jauni au soleil la présence d’une proportion infiniment faible, mais pour-
tant très-sensible, d’un sulfure, tandis que les réactifs n’en signalent pas la
moindre trace dans les mêmes verres avant leur insolation.
» Dans un Mémoire précédent, j'ai montré que les métalloïdes, le char-
bon, le silicium, le bore, le phosphore et l'hydrogène lui-même colorent le
verre en Jaune, en réduisant à l’état de sulfure le sulfate alcalin qu'il contient
toujours, et dès lors on s’est expliqué pourquoi ces mêmes corps désoxy-
dants sont sans action sur le verre pur, c’est-à-dire exempt de fer et surtout
de sulfate.
» On peut se demander la raison pour laquelle les verres colorés par
la réduction du sulfate ou par l'introduction directe d’un sulfure dans
leur masse résistent à une chaleur égale ou supérieure à celle qui provoque
la décoloration du verre devenu jaune au soleil,
» Voici la réponse :
» Dans le verre jauni à une haute température par la réduction des sul-
fates, le fer se trouve à l’état de protoxyde qui ne peut réagir en aucune
façon sur les sulfures : c’est pour cela que le verre reste coloré.
» Dans le verre jauni au soleil, le fer est peroxydé et propre, par consé-
quent, à changer le sulfure en sulfate, lorsqu'on expose ce verre à l’action
de la chaleur, :
» Faraday a signalé, en 1824, une autre coloration du verre non moins
curieuse que celle dont il vient d’être question. Ses observations sur ce sujet
ont été consignées dans le tome XXV des Annales de Chimie et de Physique.
Je les reproduis textuellement : « Certains carreaux de vitres employés en
» Angleterre acquièrent par degrés, comme tout le monde le sait, une teinte
? Pourpre qui, à la longue, devient très-intense, Ce changement est lent,
mais pas assez pour qu'on ne le remarque pas au bout de deux ou trois
ans. La plupart des vitres qui furent placées,
les maisons de Bridge-Street, Black-Friars,
x >=
x
=x
5
D
re
|
"œ
@
5
x
5
"r
©
amene
D
n
©
5
cr
&
©
e couleur; l’une d’elles
les deux autres étaient pourpres,
t faible, que l’on n'apercevait cette nuance que
» sur la tranche.
» On brisa chacune de ces vitres en deux parties; trois de ces six frag-
(65)
» ments, enveloppés dans du papier, restèrent déposés dans un lieu obscur :
» les trois autres furent exposés à l'air et au soleil. L'expérience commença
» en janvier 1822; on n’examina les verres que dans le mois de septembre
» suivant.
» Les fragments garantis de l’action du soleil n'avaient éprouvé aucun
» changement. Les couleurs des autres, au contraire, s'étaient beaucoup
» foncées, et à un tel degré qu’on aurait pu difficilement admettre, si les dé-
»- tails de l’expérience n'avaient pas été connus, que ces verres étaient de
» la même nature que ceux que l’on avait laissés dans l'obscurité, Ainsi, il
» parait que les rayons du soleil exercent une action chimique, même
» sur un composé aussi compacte et aussi permanent que le verre. »
» La coloration signalée par Faraday n’est pas inconnue des verriers
français; elle s'applique à des verres qui contiennent à la fois de l’oxyde de
fer et de l’oxyde de manganèse. Quand une composition fournit un verre
d’une nuance trop foncée pour ètre accepté par le commerce, on y ajoute
du savon des verriers, c'est-à-dire du bioxyde de manganèse, en quantité
calculée de telle manière que tout le fer passe au maximum, et tout le man-
ganèse au minimum d’oxydation ; on blanchit ainsi le verre, parce que le
protoxyde de manganèse ne le colore pas, et que le peroxyde de fer le colore
beaucoup moins que le protoxyde.
» Je possède quelques échantillons de verre devenus violets au soleil ;
tous présentent la propriété de se décolorer par l’action de la chaleur. Une
température de 350 degrés ne suffit pas; il faut celle que l’on emploie pour
le recuit du verre en général, et qui est voisine du rouge sombre.
» Le verre décoloré par la chaleur reprend au soleil la teinte améthyste
qu'il y avait acquise une première fois, la perd de nouveau quand on le
chauffe, sans que ces curieux phénomènes cessent de pouvoir être repro-
duits.
» La coloration semble être due à ce que le peroxyde de fer cède une
partie de son oxygène au protoxyde de manganèse, qui deviendrait MnO?
ou Mn°O*, conformément à l’une des équations suivantes :
Fe*0° + MnO = 2(FeO) + Mn O°,
ou bien
Fe*O* + 2(MnO) = 2(FeO) + Mn? O’.
» Le recuit du verre, c’est-à-dire l’action d’une température du rouge
sombre, produirait une réaction inverse qui expliquerait la décoloration.
(66)
On aurait
2(FeO) + Mn? O? = Fe? O° + 2 (Mn O).
» Cependant cette théorie, toute simple qu’elle soit, laisse sans explication
le fait suivant :
» Le verre au manganèse, qui devient violet à la lumière directe du soleil
et qui se décolore par le recuit, puisé dans un creuset avec la canne du
verrier, présente une couleur améthyste, si on le trempe en le refroidissant
subitement, ou, ce qui revient à peu près au même, si on ne le recuit pas.
» Existerait-il, entre le terme de la fusion du verre et celui de son recuit,
une température intermédiaire qui produirait sur le verre le même effet que
la lumière solaire ?
» Quoi qu’il en soit, il est certain que le verre au manganèse qui a subi
la trempe présente une coloration rose comme celui qui a été exposé à l'in-
solation. »
PHYSIQUE. — Sur la dissociation; par M. H. Saivre-Crame Devise,
« J'ai eu l'honneur de soumettre à l’Académie, depuis dix ans, une
série de travaux sur la décomposition des corps par la chaleur. J'ai montré,
par un trés-grand nombre d'expériences variées de toute manière, que
pour un grand nombre de corps cette décomposition est un phénomène
continu, décomposition partielle à une température donnée, et succes-
sive quand on fait croître la température. Une publication récente (1) me
force à revenir sur ce sujet et à envisager la question sous un point de vue
RE LE nu DD D Li Si oriona SU démos ih
(1) M. W. Schræder van der Kolke a publié dans les Archives Néerlandaises (E: I, Har-
lem, 1866), une critique très-développée d’une série de travaux que j'ai imprimés sous
forme abrégée dans les Lecons de la Société Chimique (Paris, Hachette, 1866). Les Archives
S e sans en indiquer toujours l’origine,
jetant u doute sur le résultat de mes expériences sans les avoir répétées, conclut à la con-
damnation absolue de mes travaux.
Il faudrait un Mémoire é ; iti i
i n rue étendu Pour répondre à ces critiques, car elles se produisent et se
reproduisent à chaque ligne, Je veux cependant étre court,
qu mais en dire assez pour faire
comprendre que je n’en accepte aucune.
(67)
particulier que j'ai dù laisser de côté pour m'appuyer uniquement sur
l'expérience et n’en tirer que les conséquences légitimes.
» La température maxima de la flamme de l'oxygène et de l'hydrogène
a été déterminée par des expériences dont l'interprétation ne peut intro-
duire que de légères iucertitudes ; et nous avons prouvé, M. Debray et moi,
qu'elle ne pouvait excéder beaucoup 2500 degrés (1) et différait considé-
rablement de 6800 degrés que lui assignent les calculs fondés sur Ja chaleur
de combinaison des deux gaz.
» J'ai démontré en oûtre que la flamme du chalumeau à gaz chlore-
hydrogène ne pouvait atteindre une température bien supérieure à 1400 de-
grés, température de beaucoup inférieure à 3518 degrés (2) qu’on peut
calculer avec la chaleur de combinaison de ces deux gaz déterminée
par MM. Favre et Silbermann. .
» De la comparaison des températures calculées avec les températures
observées, j'ai conclu que l’acte de la combinaison est un véritable chan-
gement d'état accompagné d’un dégagement de chaleur latente; en d’autres
termes, que le mélange d'oxygène et d'hydrogène diffère de l'ean qui
se produit à 2500 degrés par une certaine quantité de chaleur égale seule-
ment à 2193 calories. Une partie de la chaleur de combinaison devient
sensible au moment de la combinaison des deux gaz et détermine la tem-
pérature de la flamme dans les circonstances sous l'influence desquelles
nous avons opéré, M. Debray et moi. Tout ce raisonnement est nécessaire
du moment qu'on admet (3) que la température de la flamme peut être
inférieure à la température calculée de la combinaison.
» On remarquera que dans tout ceci Ja température initiale des gaz et
leur pression sont supposées invariables avant la combinaison, condition
rigoureuse, si l’on ne veut outre-passer l'expérience. Qu’arriverait-il si ces
conditions changeaient? Nul ne le peut dire. L'expérience seule peut ré-
pondre à cette question. Je prouverai d’abord que tous les calculs connus
ne nous apprennent rien à cet égard.
PER pentes Dé Dé La
(1) M. Edm. Becquerel a trouvé 2100 degrés pour cette température.
(2) Je dois dire que, tout en acceptant ces chiffres, M. Schræœder van der Kolke insinue
que mes déterminations ne sont pas tout à fait inattaquables, en faisant des critiques que je
n'oserais adresser à un savant même beaucoup plus jeune que moi. Tl suppose, par exemple,
que dans mes calculs j'ai pu négliger certaines corrections que tout le monde connaît, et
même, en certain lieu (p. 427), l'effet de certain phénomène que j'ai moi-méme découvert.
(3) Comme le fait M. Schrœder van der Kolke (p. 428).
( 68 )
» Supposons que la chaleur spécifique des gaz est invariable avec la tem-
pérature, ce que tout le monde admet aujourd’hui; appelons K la chaleur
de combinaison de l’unité de poids d’un mélange de deux gaz, c la chaleur
j K
spécifique de la matière combinée. On en conclut une température T = —
(les gaz étant pris à zéro et sous la pression de 760 millimètres), laquelle
est, dans certains cas, deux ou trois fois plus élevée que la température
observée. i
» Supposons maintenant que nous fassions varier la température initiale 4
des deux gaz qui vont se combiner; appelons C leur chaleur spécifique
moyenne (pour l'hydrogène et l’oxygène C est égal à la chaleur spécifique
de l'hydrogène plus 8 fois la chaleur spécifique de l'oxygène, le tout divisé
par 9), € étant toujours la chaleur spécifique du composé.
» On combine ces deux gaz après les avoir chauffés séparément à ż degrés.
La quantité de chaleur produite par la combinaison est égale à la chaleur K
dégagée par les gaz pris à zéro, plus tont ce que les gaz apportent de cha-
leur, ce qui est égal à C£, moins ce que la combinaison en absorbe, ce qui
est égal à c£. On a ainsi, pour la chaleur de combinaison K,,
K=K+(C—c)£.
» Peut-on tirer de là une certaine température T, de combinaison en
divisant, comme nous l'avons fait plus haut, par la chaleur spécifique c, ce
qui donnerait, en ajoutant la température initiale £,
Ci
K c
L==+ s t +t?
Evidemment non. D'abord il faudrait prouver que la température de com-
binaison est fonction de la température initiale, ce qui n’est pas évident à
priori. On pourrait même concevoir qu'il en fùt tout autrement pour un
phénomène où le dégagement de chaleur latente est démontré par l'expé-
rience. Par exemple, la température de l’ébullition de l’eau est indépen-
dante de la température initiale de l’eau elle-même,
$ ; K
» De plus, cette formule est fondée sur la supposition d’après laquelle FL
températnre de combinaison calculée pour {= o,
; : serait un nombre concor-
dant avec l'expérience,
ce qui est inexact.
» Enfin je ferai remarquer qne toutes ces form
râture de combinaison im
ne subissent aucune déco
ules relatives à une tempé-
pliquent qu'entre les limites zéro et T,, les corps
ý j 3 L ;
Mposilion partielle, ce qui est contraire à l'expé-
( 69 )
rience. Quand on veut les faire servir comme argument contre la possibilité
d’une décomposition partielle, on fait une pétition de principe, car, en
supposant que c, la chaleur spécifique du composé, est constante entre zéro
et T,, on admet, sans s'en apercevoir, qu’à la température T, la masse entière
se ccmpose de matière combinée.
» On ne peut donc faire aucune hypothèse raisonnable sur ces tempé-
ratures ; il faut s’en tenir à l’expérience et, quand elle ne dit rien, s'abstenir
prudemment.
» Toutes ces réflexions s'appliquent également à une température de
décomposition totale. Cette température existe : on la connaît pour un cer-
tain nombre de corps dont je parlerai plus tard ; mais rien ne permet de la
calculer ou de la pressentir (1) en dehors de l’observation. |
» Voyons maintenant ce que nous apprend l'expérience. Parmi les nom-
breux phénomènes de dissociation connus, je vais choisir lun des plus
ao ec
(1) M. Schrœæder van der Kolke établit par des formules connues et absolument sem-
blables aux miennes la température de combinaison du chlore et de l'hydrogène. Seulement
il fait intervenir la considération des températures initiales des gaz employés; puis, adop-
tant les principes de calcul qui mont permis de déterminer la masse dissociée, et en y faisant
entrer les températures initiales, il arrive à la formule
(z —1)7:704
PER
dans laquelle 4 — 36,5 K; 7s 704 = 36,5C et 0,944 = 36,5 (C — c). x est la fraction
de la masse qui entre en combinaison (1— x est ce que j'appelle la masse dissociée), t la
température initiale du mélange gazeux chlore-hydrogène, 4 la chaleur de combinaison des
deux gaz; + désigne, pour M, Schræder van der Kolke, une température inconnue et mal
définie de décomposition de l’acide chlorhydrique. Partant ge cette formule, l’auteur (p. 425)
ajoute : :
es
« Pour£—*, on a x — o, aucune combinaison ne se fait. Quand z= 1, cela signifie
que la masse entière se combine : on a alors
(= — t) 7,704 = k + 0,944r;
d’où l’on déduit
k +o,944t
6,760
formule qui est identique à celle trouvée plus haut pour la température calculée T. Par
conséquent, aussitôt que T —+, et à fortiori quand T +, toute la masse se combine en
une fois, »
T—=É+
Comment, à l'inspection de ces formules, M. Schrœder van der Kolke n'a-t-il pas vu que
cette conclusion implique l'égalité de la température de combustion calculée et de la tempé-
C. R. , 1867, 127 Semestre. (T. LXIV , N° 2.) 10
(70)
saillants et qui se prête le mieux à tous les calculs, parce qu'il commenté
et finit à des températures très-accessibles à nos moyens d'investigation et
de mesure. C’est la dissociation du bromhydrate d’amylène, découverte par
M. Wurtz (voyez Comptes rendus, t. LX, p. 728). Le bromhydrate d’amy-
lène C'°H'°,BrH représente 4 volumes, comme le chlorhydrate corres:
pondant. Sa densité de vapeur reste constante depuis son point d’'ébullition
jusqu’à 153 degrés. Mais à partir de ce point il se dissocie, c'est-à-dire que
sa décomposition devient partielle à une température donnée, et successive
quand la température s'accroît progressivement (1).
——
. ` »
rature observée, et qu'ainsi il n'obtient pour conclusion que sa propre hypothèse, et qu'enfin,
il faut le dire, il fait un cercle vicieux?
En effet, quand on calcule la température T de combinaison du chlore et de l’hydrogène
K ; Font ni
par la formule T = —, K étant la chaleur de combinaison et c la chaleur spécifique de
C
l'acide chlorhydrique, on cbtient 3518 degrés, ce qui indique qwentre o et 3518 degrés la
chaleur spécifique de la masse gazeuse qui se combine est supposée constante et égale à la
chaleur spécifique de l’acide chlorhydrique. On suppose, en d’autres termes, qu’à 3518 de-
grés la masse est composée uniquement d'acide chlorhydrique, et par conséquent que
« toute la masse se combine en une fois. » C'est donc ici la conclusion qui est confondue
avec l'hypothèse.
(1) Voici une note de M. Schræder van der Kolke que je transcris :
« Je m'en tiens ici rigoureusement à la définition de M. Deville, Mais le terme de disso-
ciation est loin d’avoir la même signification chez tous les auteurs, bien qu'il se rapporte
toujours à la théorie de M. Deville. C’est ainsi qu'on lit dans les Mondes (31 mai 1866,
p- 197), dans une communication de M. Secchi : « La masse du Soleil doit consister, non-
» seulement en matière à l’état de gaz, mais même à un état que les chimistes appellent dis-
». sociation, c'est-à-dire à l’état où les corps sont sous leur forme élémentaire et simple,
» mais où ils ne se combinent pas, parce qu'ils en sont empéchés par leur température
» élevée, »
» Dans la même livraison (p.212), M. Deville, en rapportant quelques expériences de
dissociation, s’exprime ainsi : « Que tous ces corps sont soumis à la loi de décomposition
» successive Où dissociation. » Cette expression n’est également pas identique à la définition
primitive d’une décomposition partielle.
» En général, la rigueur mathématique fait souvent défaut à cette théorie, ce qui explique
le vague de la terminologie, »
Le premier alinéa de cette note prouve que l’
et lrès-ingénieuses publications de M. Faye sur la
fait allusion et qui sont très-orthodoxes au poin
Le second alinéa prouve que l
auteur ne se souvient pas des très-savantés
constituiion du Soleil, auxquelles le P. Secchi
t de vue de la dissociation. :
auteur n’a pas vu comment la décomposition petit être
(71)
» Soient D la densité de vapeur du bromhydrate d’amylène, entre 113
et 153 degrés; d la moyenne entre la densité de l'acide bromhydrique
et celle de l’amylène ; A les densités régulièrement décroissantes du
bromhydrate d'amylène depuis 153 jusqu'à 360 degrés, telles qu’elles
ont été déterminées par M. Wurtz; on a ponr q la masse gazeuse dissociée
dans ces mélanges divers
22 DA HOUSSE C'E - 6,23 = 4
bte RER — 2,61
Q étant la tension de dissociation des gaz, On a pour sa valeur (1), comme
ici D = 24,
q
a d 2q
rip ere
d D
On obtient ainsi les nombres suivants pour les tensions maximum Q de
dissociation du bromhydrate d'amylène aux tempéralures £ :
i A q Q t A q Q |
185,5 9,12 0,04 sg: : 236,5 3,83 0,537 Hra
193,2 4,84 0,180 100 305,3 3,19 0,781 467
199,5 4,66 0,218 231 314,0 2,98 v,858 479
+ 205,2 4,39 0,322 298 360,0 2,62 1,000 760
215,0 4,12 0,425 350
» On a ici l’exemple d’un corps pour lequel on peut obtenir la tension
maximum de dissociation correspondant à chaque température et la tem-
pérature de décomposition totale, |
n
successive quand on fait croître la température, en même temps que partielle pour une tem-
pérature fixe.
Le troisième alinéa est tellement absolu, qu'un auteur à jamais préservé de l'erreur devrait
seul s'exprimer en termes si dédaigneux.
(1) Dans mes Leçons sur la dissociation (p- 291) j'ai omis de diviser les poids (0,44 et 0,56)
par les densités D de l’eau et d du mélange d'hydrogène et d'oxygène. M. Schrœder van
der Kolkerelève ce /apsus, et il a raison. Mais je l'avais déjà corrigé dans mes cours publics
depuis longtemps.
IO.
(72)
» Voyons maintenant ce qui arrive dans le cas de la combinaison de
l'oxygène avec l'hydrogène, la température de leur flamme étant 2500°=T.
» La formule générale pour obtenir la proportion de la matière com-
binée x est (voir mes Leçons, p. 291), pour un composé binaire,
ac! + bc" , i
ex + + Gx)]T=ka,
c étant la chaleur spécifique de la combinaison, c’ la chaleur spécifique de
l'élément dont l'équivalent est a, c” la chaleur spécifique de l'autre élé-
ment dont l'équivalent est b, T la température de la flamme et K la cha-
leur de combinaison. On obtient pour la vapeur d’eau x = 0,44 et pour la
masse dissociée (1 — x) = 0,56. La tension de la vapeur d’eau dans la
flamme sera
0,44.
* „622 4
60 S = 2 X 0,4 ; -£ mm
P° 0,4% 0,56 Me rss 20e
se 3 (2 X 0,0693 + 1,1057)
et la tension de dissociation sera 500 millimètres.
» En augmentant la température initiale des gaz, on augmentera la
tension de dissociation, et, par suite, la température dans la flamme ; car
la température de décomposition totale ne nous est pas donnée par la tem:
pérature de la flamme. En effet, de 3833 calories qui doivent être dépensées,
quelle que soit la température, pour que 1 gramme du mélange gazeux soit
transformé en eau, 1680 seulement ont été employées en chaleur sensible
pour porter de o à 2500 degrés les gaz de la flamme. Il en reste 2153 qui
. . ` 7 ~ re
maintiennent à l'état de corps simples une quantité égale à sai = 0,56,
correspondant à une tension de 500 millimètres. Pour que cette tension de-
y Le ia à , Cr à
Met 760 millimètres ou que la décomposition soit complète, il faudra
ever encore la température de la flamme à un
voisin d és, àen į i
de Es 2500 degrés: à en Juger par ce qui se passe pour le bromhydrate
e, mal ári TET
B H Aa ais que l'expérience seule peut indiquer exactement. Il en se-
Ve: aa de l’eau à 100 degrés contenue dans une ampoule pleine
rıserait dans un espace limité et i 4 )
E a pace lünité et imperméable à la chaleur. Quelque
se A e pace ne se remplirait jamais de vapeur d'eau à la
e illime 4
kaa 790 millimètres, l’eau devant elle-même fournir à sa vapeur la
aleur latente dont elle a besoin pour exister
» I ; i
2 flamme du chalumeau à gaz tonn
point inconnu, peut-être
ants est donc comparable à la
( 73:)
vapeur de bromhydrate d’amylène qui serait chauffée jusqu’à 330 degrés
environ. |
» Aussi ai-je eu raison de dire que « la température fixe de combinai-
» son de l'hydrogène et de l'oxygène est, à la pression de oo millimètres
» (je corrige ici des chiffres erronés), de 2500 degrés, de même que le point
» fixe de condensation ou point de rosée de la vapeur d’eau est de 88°,7 à
» la même pression de 5oo millimètres, (Voir mes Leçons, p. 292.) » J'aurais
pu ajouter : « De même que la tension maximum de dissociation du brom-
» hydrate d’amylène est de 500 millimètres à la température de 330 degrés
» environ dans sa propre vapeur. »
» Quand on opère sur des composés qui se séparent en éléments dont le
volume est plus grand que le volume de la combinaison, on peut, avec les
densités de la vapeur dissociée à des températures régulièrement croissantes,
calculer la tension de dissociation maximum pour chacune de ces tempéra-
tures. C’est la méthode que j'applique au bromhydrate d’amylène et qu'il
faudrait utiliser afin d'obtenir ces tensions maximum pour l’eau, l'acide
carbonique, etc., à des températures excédant 1000 ou 1200 degrés. J'es-
père que les appareils que nous employons, M. Troost et moi, pour déter-
miner les densités de vapeur à haute température nous permettront d'y
arriver. Mais il faudrait que les résultats en fussent plus précis que ceux
qu'il est raisonnablement permis d’en attendre aujourd’hui. On pourrait
également, en étudiant par nos procédés entre o et 1500 degrés la dilatation
des gaz dont les éléments sont gazeux et contractés par la combinaison,
comme l'acide carbonique, déduire de l'expérience la tension de disso-
ciation à une température donnée. Déjà nous avons cru remarquer que
l'acide carbonique accusait toujours un point fixe d’ébullition du zinc plus
élevé qne l’hydrogène employé comme matière thermométrique. Mais je
ue puis développer ici ces considérations, qui trouveront leur place dans
un travail que M. Troost et moi nous publierons bientôt sur le coefficient
de dilatation de l'ammoniaque.
» On pourrait admettre, il est vrai, qu'une combinaison totale s’ef-
fectue à 2500 degrés, et que le refroidissement ne commence qu'à partir
du moment où elle est effectuée. J'ai déjà démontré l'inanité de cette
conclusion tirée d’un calcul quelconque basé sur l'hypothèse de l'invaria-
bilité de la chaleur spécifique dans les gaz. On observera, en outre, que,
si dans cette hypothèse on calcule ce que devrait devenir la chaleur spéci-
fique de la vapeur d’eau de 100 à 2500 degrés pour que la combinaison
totale füt possible à cette dernière température, on verrait qu’elle devrait
CARE .
prendre une valeur telle, qu'entre ses limites sa valeur moyenne devien-
drait 1,4 au lieu de 0,475. De plus, on doit, pour tenir compte des valeurs
connues, ne faire commencer ces variations que bien au-dessus de 100 de-
grés; et alors, en supposant la chaleur spécifique régulierement croissante
avec la température, on trouverait pour les hautes températures un nombre
si grand, qu'on devrait l'expliquer par un changement d'état, ce qui est
conforme à tout ce que j'ai écrit sur ce sujet.
» Il faut donc avoir recours à l'expérience pour savoir si la combinaison
et par conséquent la décomposition sont des phénomènes instantanés ou
successifs, en d’autres termes, s’il n’y a pas ou s’il y a dissociation, c'est-à-
dire combinaison et décomposition partielles. Pour prouver que la seconde
hypothèse se réalise, il faut démontrer que l’eau peut se réduire -en ses
éléments au-dessous de 2500 degrés.
» Il suffirait, pour établir le fait de la dissociation, de la simple expérience
de Grove : elle est, en effet, le point de départ de mes travaux, et elle est si
concluante, que j'aurais pu wen contenter. Mais j'ai multiplié à tel point
les expériences de dissociation, que le doute ne peut plus exister pour per-
sonne. La démonstration donnée pour l’eau, l'acide carbonique, l’oxyde de
carbone et bien d’autres gaz a été complétée par l'étude des vapeurs
d'iodure de mercure, de perchlorure de phosphore. Enfin on trouve dans
les expériences sur les densités de vapeur faites par M. Cahours et par
M: Wuürtz des preuves irrécusables de dissociation ou décomposition par-
tielle à une température donnée et successive à des températures croissantes.
» Dans une prochaine séance je continuerai l'étude de ce sujet. »
PHYSIQUE. — Sur l'adhérence des gaz à la surface des corps solides;
par M. Marreuca. (Extrait d'une Lettre adressée à M. Chevreul.)
« En lisant dans un des Comptes rendus derniers de l’Académie la com-
munication, faite par M. Pasteur, des belles expériences de M. Gernez sur
le dégagement des gaz de leurs solutions sursaturées, et en réfléchissant
à la question que vous’ avez faite sur l'existence d’une couche d’air adhé-
rente à la surface des corps solides, je me suis rappelé quelques expériences
que j'ai publiées il y a déjà lon : ;
à gtemps, et qui É re à
cette question. PS, et qui me semblent répond
» Les physiciens connaissent l’
mode de formation des polarités s
servi comme électrodes dans lea
expérience par laquelle j'ai démontré le
econdaires sur des lames de platine qui ont
u pure. Il suffit de prendre deux flacons
(75)
ou tubes pleins d’eau distillée, dans chacun desquels on fait entrer une lame
de platine bien nettoyée et chauffée d’avance, de manière à rendre les deux
lames parfaitement homogènes. Si l’on introduit un peu de gaz hydrogène
dans un des tubes et un peu d'oxygène dans l’autre, on a, en fermant le cir-
cuit entre les deux lames de platine, un courant électrique dirigé, dans le
liquide, de l'hydrogène à l'oxygène; ce courant dure tant qu’il y a des gaz
libres, et ces gaz disparaissent en produisant de l’eau. C’est cette expérience
que j'ai publiée pour la première fois en 1838, et qui a donné lieu à la pile
à gaz de M. Grove. Or, lorsqu'un courant électrique décompose l’eau,
un des électrodes se couvre d'oxygène et l’autre d'hydrogène; ces deux
gaz restent adhérents aux électrodes, et, quand on les plonge dans l’eau,
on a un courant secondaire comme dans l'expérience décrite.
» J'ai prouvé dans cette occasion, et j’ai revu depuis, que des lames de
platine, d’or, d'argent, des morceaux de verre, de porcelaine, qu’on laisse
quelque temps plongés dans le gaz hydrogène, retiennent, après qu’on les
a retirés, des couches adhérentes de ce gaz : il en est de même lorsqu'on
emploie une atmosphère de gaz oxygène. En effet, si l’on plonge dans du gaz
oxygène des corps qui ont été dans l'hydrogène, et dans l'hydrogène les
mêmes corps qui ont été dans l'oxygène, on verra bientôt les volumes
gazeux se contracter, ce qui n’arriverait plus si ces corps avaient été chauffés
avant de passer d’un gaz dans l’autre. C’est bien là la preuve, je crois, de
l'existence de la couche gazeuse adhérente au corps solide. »
GÉOLOGIE, — Considérations générales sur les roches éruptives de l Asie Mineure;
par M. P. pe Tcamarcaer.
« J'ai l'honneur de présenter à l’Académie un exemplaire du premier
volume de ma Géologie de l'Asie Mineure, accompagné de deux cartes
dont l’une est géologique : je demande la permission de signaler quelques-
uns des principaux résultats des études qu’il renferme, en me bornant
exclusivement aux roches éruptives, auxquelles Ja plus grande partie de ce
volume est consacrée.
> I. Ainsi que le fait voir un coup d'œil jeté sur ma carte géologique,
les roches éruptives occupent en Asie Mineure une place tellement consi-
dérable, qu'il n’est pas d’autre pays peut-être qui présente une semblable
Proportion entre ces roches et les dépôts sédimentaires. Parmi elles, ce sont
les trachytes, les dolérites et les porphyres pyroxéniques qui jouent le rôle
dominant; la deuxième place (sous le rapport de l’extension) appartient
(76)
aux syénites et aux granites; pnis viennent les serpentines, et enfin les dio-
rites. Quant aux basaltes et aux eurites, ils ne jouent qu’un rôle compara-
tivement subordonné, et par conséquent ne sauraient trouver place dans
les limites restreintes imposées à cette communication. |
» IL, En classant avec Gustave Rose, notre célèbre confrère de Berlin, les
trachytes et les dolérites dans un senl grand groupe, et en subdivisant ce
dernier selon les particularités minéralogiques qui caractérisent les roches,
nous trouvons que les trachytes de l'Asie Mineure, tout en reproduisant les
différents types (excepté les leucitophyres ou trachytes à leucite) constatés
jusqu’à présent sur les divers points du globe où ces roches ont été étudiées,
se rattachent particulierement au type trachytique de l'Etna, de Strombali,
des Champs Phlégréens, de lArarat et du Caucase.
» Bien que disséminés sur toute la surface de l'Asie Mineure, les tra-
chytes y présentent une agglomération particulière dans la partie ouest
de la péninsule, dont le littoral occidental est chamarré d’éruptions
trachytiques plus ou moins considérables. Celles-ci se prolongeant sous la
mer, reparaissent dans l'archipel grec sous forme d’ilots trachyÿtiques, parmi
lesquels l'ile de Santorin, si remarquable par les phénomènes dont elle est
encore le théâtre, semble rattacher l’époque de l’ancienne activité des tra-
chytes de la côte de l'Asie Mineure à une période de nouvelle résur-
rection.
» La distribution topographique des trachytes de l'Asie Mineure offre
encore cela de remarquable, qu’ils sont fréquemment associés à des lacs
salés. Or, quand on considère que ce sont précisément les groupes trachy-
tiques les plus éloignés du littoral qui se trouvent associés à des lacs de
cette hatare; destinés pour ainsi dire à y remplacer l’eau de la mer, il est
D E E RR FES
mènes volcaniques, théorie déj: RE S a + pme g P
, Jà ancienne mais qui, après avoir été raJeunié
en 1823 par Gay-Lussac, vient d’é A igne
; être développée eur
par M. Fouqué; ppée avec une nouvelle vigt
» D'ailleurs, il est assez remarquable que parmi les nombreuses sources
RS 5e ces trachytes sont le siége, il en est beaucoup qui sont plus
le littoral occidental de Ja i a o E gs herens so
laissent échapper d'in ras e, où les Hisüres des roches trachytiques
de sel, et ayant une tempé is see fs 7 üne eau complétement SA
perature qui doit dépasser roo degrés, puisque
(77)
j'ai vu éclater trois de mes thermomètres que j'y avais successivement
plongés. |
» Sous le rapport de leur âge, les trachytes de l'Asie Mineure appar-
tiennent à des époques très-différentes, et la durée de leur action a dù être
fort considérable, car elle se manifeste depuis le terrain crétacé. inclu-
sivement jusqu’au terrain tertiaire supérieur, et peut-être même jusqu’au
terrain quaternaire.
» III. Les dolérites proprement dites ont, à l'instar des trachytes, tra-
versé la longue époque comprise entre le terrain crétacé et le terrain ter-
tiaire supérieur, mais sans que cependant il y ait des preuves positives de
leur, action sur ce dernier.
» Ce sont sans doute les dolérites qui, de concert avec les trachytes et les
basaltes, ont effectué la rupture du Bosphore; mais il est probable que cette
catastrophe n’a pas été opérée d’un seul coup, car plusieurs considérations
sont de nature à faire admettre que l’action des roches éruptives sy est
prolongée, avec des phases alternatives de repos et d'activité, depuis
l'époque du terrain tertiaire inférieur jusqu’à celle du supérieur.
» Enfin, dans les régions sud-ouest de l'Asie Mineure, les dolérites se
trouvent quelquefois associées à une roche dont la composition minéra-
logique s'éloigne assez notablement de celle des roches connues, ce qui
m'a déterminé à la désigner par un nom particulier emprunté à la ville de
Mugla ou Mougla autour de laquelle elle forme des masses considérables;
je me suis permis, en conséquence, de la proposer à l’étude des minéralo-
gistes sous le nom de muglalite. Cependant, comme des observations ulté-
rieures sont indispensables avant que cette roche ait droit de prendre
place dans la nomenclature géologique, je ne lai point marquée sur ma
carte par une teinte spéciale, mais je me suis contenté de la comprendre
dans celle affectée à la dolérite, avec laquelle elle a beaucoup de ressem-
blance, En effet, les éléments essentiels de ce que j'ai provisoirement qua-
lifié de muglalite étant : l’amphibole, la silice, l’alumine, l’oxyde de fer
et le carbonate de chaux, mais à l’exclusion de la magnésie et de la potasse,
cette roche ne diflérerait de la dolérite normale qu'en ce que dans cette
dernière l’amphibole est remplacée par le pyroxène, et que la magnésie et
la potasse s'y rencontrent en plus ou moins grande quantité, deux sub-
stances qui ne font presque jamais défaut aux roches amphiboliques pro-
prement dites, telles que l’amphibolite, le diorite, etc.
» IV. Les porphyres pyroxéniques sont particulierement groupés dans les
C. R. 1867, 1° Semestre, (T, LXIV, N° 2.) rE
( 78 )
régions littorales de la partie orientale de l'Asie Mineure, où ils se trouvent
souvent intimement liés avec les syénites et les granites, et paraissent (de
concert avec ces deux dernières roches) avoir soulevé et bouleversé le
terrain tertiaire inférieur.
» V. Les trachytes, les dolérites, les porphyres pyroxéniques, les ba-
saltes et les eurites ont surgi tantôt à l’état pâteux ou même solide, tantôt
à l'état plus ou moins fluide. C’est dans les conditions d’une roche pà-
teuse que paraît être sortie la majeure partie des masses trachytiques et
doléritiques qui constituent les deux montagnes éruptives les plus considé-
rables de l'Asie Mineure, toutes deux dépassant de plus de 5oo mètres la
hauteur de l’Etna, et terminées par de vastes cratères : le mont Argée et le
mont Bingueul. Par contre, un degré plus on moins prononcé de fluidité,
accompagné de plusieurs phénomènes qui rappellent parfaitement nos
volcans brülants actuels, caractérise un grand nombre de roches éruptives
de ce pays. Ainsi de véritables coulées, souvent avec d'énormes amon-
cellements de scories et de cendres volcaniques, ont été fournies par les
trachytes, par les eurites et par les basaltes. Š
, = r à Š P . LA
» Il pest pas sans intérèt de faire observer que parmi les localités que
caractérisent les éruptions à l’état plus ou moins fluide, rappelant à s'y mé-
prendre nos laves modernes, un grand nombre se trouvent groupées dans
les régions voisines du littoral occidental de la péninsule, c’est-à-dire préci-
sément dans celles qui sont les plus voisines de l'archipel grec, le siége des
mémorables éruptions de l’île de Santorin. E
» VI. En Asie Mineure, la distinction entre la syénite et le granite est
plutòt minéralogique que géologique, car les deux roches passent fréquem-
ment l’une à l’autre. La syénite parait y étre plus répandue que le granite;
en tous cas, sur plusieurs points de cette contrée, les deux roches se pré-
sentent comme plus récentes que le terrain tertiaire inférieur.
a VIL qe sous le rapport de leur développement, les roches ser-
AASR ire Sea rang subordonné parmi les autres dre
» même à cet égard et indépendamment du rôle
important qu'elles y ont joué comme agent de soulèvement et de boule-
versement, rivaliser avec les trachytes et les dolérites : c’est ce qui à lieu en
se re pi considère les énormes masses shpeitinediesl pour ainsi
ms Bac soit par leur association intime avec les dépôts sédimen-
RUE acés et éocenes) dont il est souvent impossible de les distin-
AES leurs affleurements nombreux mais peu perceptibles, qui en
a présence à des profondeurs plus considérables.
(79)
» La nature éruptive des serpentines se traduit souvent, non-seulement
par leur action sur les dépôts avec lesquels elles se trouvent en contact,
mais encore par l’aspect extérieur de la roche, la manière dont elle est dis-
posée et les manifestations ignées auxquelles elle sert de siége aujourd’hui.
» Comme dans quelques pays de l’Europe, notamment en Italie, les ser-
pentines de l’ Asie Mineure se trouvent en relation avec de nombreux gites
métallifères, tantôt disséminés dans les roches mêmes, tantôt situés à leur
proximité. 3
» VHI. Les diorites, qui ne constituent que des phénomènes locaux et
relativement peu fréquents, y présentent, dans leur composition minéralo-
gique, un certain degré d’uniformité, étant le plus souvent réduits à leurs
éléments normaux et essentiels, sans offrir les nombreux minéraux acces-
soires qui caractérisent cette roche sur plusieurs points de l'Europe.
» Souvent intimément liés soit avec le basalte, soit avec le porphyre
pyroxénique, ou bien affectant de passer à la diabase, les diorites de l'Asie
Mineure paraissent se rapporter fréquemment à l’époque tertiaire et même
figurer quelquefois au nombre des manifestations éruptives les plus récentes
de ces contrées, c’est-à-dire postérieures aux éruptions trachytiques, dolé-
ritiques et basaltiques. En un mot, ces diorites se rapportent à des épo-
ques très-diverses; toutefois, le plus souvent, ils semblent s'être manifestés
à la fin du terrain tertiaire: ils offriraient donc sous le rapport de leur
âge une certaine analogie avec les diorites des Pyrénées occidentales,
dont l’éruption coïncide avec le soulèvement des Alpes orientales, soulève-
ment qui marque la fin de l’époque tertiaire et sépare cette dernière de
l'époque quaternaire. |
» IX. Au nombre des manifestations les plus récentes des agents pluto-
niques en Asie Mineure, doivent figurer : la dislocation des tufs volca-
niques, le redressement de masses trachytiques postérieurement à leur
épanchement, et enfin le soulèvement de plusieurs points de la côte sep-
lentrionale de la Thrace et de la péninsule Anatolique.
» En effet, les tufs volcaniques de l’Asie Mineure, qui, par leur extension
et leur puissance, dépassent de beaucoup tout ce que nous offrent sous ce
rapport les contrées volcaniques de l’Europe, sans en excepter l'Italie, se
rattachent évidemment à une époque géologique fort peu reculée, ainsi que
l'indiquent, entre autres, les diatomacées lacustres qu’ils renferment et dont
lä grande majorité appartiennent aux espèces vivantes; or, malgré leur
age comparativement récent, ces dépôts offrent fréquemment, dans la dis-
TO
( 80)
position de leurs couches, les plus nombreux et les plus remarquables
exemples de redressement et de plissement.
» D'un autre côté, si les conditions stratigraphiques des tufs volcaniques
de l'Asie Mineure sont de nature à indiquer un phénomène récent, c’est-
à-dire se rapportant à la fin du terrain tertiaire supérieur et peut-être
_méme au commencement de l’époque quaternaire, des conclusions sem-
blables doivent être suggérées par la manière dont s'y présentent aujour-
d'hui plusieurs éruptions trachytiques; ainsi, des soulèvements postérieurs
à leur épanchement peuvent seuls rendre compte de la position anormale
de certaines masses trachytiques des environs de Smyrne, masses d’autant
plus récentes qu'elles reposent sur des dépôts lacustres renfermant des
Helix et des Unio; il en est de même destrainées et des coulées trachytiques
de la plaine de Soulou-Ova, qui n’ont pu guère se déposer sur les plans
inclinés qu’elles occupent, aujourd’hui.
» Enfin l’âge très-récent des soulèvements qu'ont éprouvés certaines par-
ties des côtes septentrionales de la Thrace et de l’ Asie Mineure est attesté
par la présence, à des niveaux aujourd’hui complétement inaccessibles à
la mer Noire, de coquilles appartenant à des espèces qui y vivent encore:
» Tels sont les faits les plus saillants qui se rapportent aux roches érup-
tives de l'Asie Mineure; sans doute ils perdent beaucoup de leur intérêt et
de leur portée en se trouvant détachés de l’ensemble du tableau géologique
de cette vaste contrée; c’est une lacune que l’Académie me permettra peut-
être de combler, le jour où j'aurai l'honneur de lui présenter le complément
de cet ouvrage. »
: RAPPORTS.
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Jnstruction sur les paratonnerres des magasins
à poudre, '
(Commissaires : MM. Becquerel, Babinet, Duha
l, Fi . Becquerel
Regnault, mel, Fizeau, Edm. Becqueret,
le Maréchal Vaillant, Pouillet rapporteur.) :
a M. Pover, rapporteur de la Comm
d'instruction sur les
poudre, afin de répon
ission, donne lecture du projet
paratonnerrės destinés à protéger les magasins à
dre à la demande de M. le Ministre de la Guerre.”
L Académie a approuvé ce projet
E que dans le prochain numéro Ee
nécessaire pour graver Ja planche qui l’
dont la publication ne pourra $è
Comptes rendus, à cause du temps
accompagne.
(81)
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. G. Perry adresse un Mémoire « sur les systèmes coniques triplement
isothermes ».
(Commissaires : MM. Lamé, Fizeau.)
M. A. pe Cauewy adresse une Note « sur un point essentiel de la théorie
des ondes ».
(Renvoi à la Commission précédemment nommée pour les communi-
~ cations du même auteur.)
M. Arniçorri adresse une Note ayant pour titré: « L’équation x"+7"=—2"
ne peut admettre de solutions en nombres entiers si l’exposant m est supé-
rieur à 2 ». |
(Commissaires : MM. Bertrand, Hermite.)
M. E. Sommer adresse une Note relative à un « nouveau procédé pour
prévenir les accidents produits par le feu grisou ».
(Commissaires : MM. Pouillet, Combes, Séguier.)
M. Orueuer adresse une Note intitulée : « Influence du fluide élec-
trique sur les phénomènes aqueux de l'atmosphère ».
(Commissaires : MM. Becquerel, Pouillet.)
M. Bzoxpior adresse un Mémoire « sur la constatation médico-légale
des taches de sang par la formation des cristaux d’hémine ».
(Renvoi à la Section de Chimie, à laquelle sont priés de s’adjoindre
MM. CI. Bernard et Robin.)
M. Aiii et M. Damere adressent des ouvrages imprimés pour Fr.
ils sollicitent le ; jugement de l’Académie.
On fera savoir aux auteurs que ces ouvrages, par cela même qu'ils ont
reçu la publicité de l'impression, ne peuvent devenir l’objet de Rapports.
(82)
CORRESPONDANCE.
M. LE DIRECTEUR GÉNÉRAL DES DOUANES ET DES CONTRIBUTIONS INDIRECTES
adresse à l'Académie un exemplaire du Tableau général du commerce de
la France avec ses colonies et avec les puissances étrangères, pendant
l’année 1865.
M. LE SECRÉTAIRE PERPÉTUEL signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, une brochure ayant pour titre : « Éloge de M. F. Petit,
par M. Gatien-Arnoult. »
HISTOIRE DE L'ARITHMÉTIQUE. — « M. Cuaszes fait hommage à l’Acadé-
mie, de la part de M. le Prince Boncompagni, d’un Traité d'Arithmétique
arabe : la traduction de cet ouvrage, faite par le savant géomètre et orien-
taliste M. Woepcke, vient d’être éditée par M. Boncompagni, qui y a joint
une Notice de M. Aristide Marre sur plusieurs autres traités ou opuscules
d’Astronomie qui se trouvent dans le manuscrit arabe.
» Le Traité d’Arithmétique est intitulé : Introduction au calcul Gobri et
Hawäï. L'auteur annonce qu'il suivra les méthodes les plus faciles, (la mé-
thode) Gobäri, et (la méthode) Hawdi. Voici à ce sujet une Note de
M. Woepcke : « Gobar » — pulvis; « hawá » = aer : je crois que l'expres-
» sion « calcul Hawái », que je rencontre ici pour la première fois, ne
» désigne pas autre chose que ce qu’on appelle en français calcul de téle. »
| > CR ARE est dans le système décimal, avec neuf chiffres et
en ee o aa
» On sait que M. de Humboldt FNE . PE FaN TE A s ;
de chiffres en usage chez les diffère : ASD puise : Des sie
” ice SC ents peuples, et de l'origine de la valeur de
MS S chiffres indiens (1),a fait connaît re, d’après un texte grec du moine
iale (Cod. lg. Pi) Len a APE de notre Bibliothèque impé-
r. Cette méthode se pratiquait avec
om,
——
(1) Uber die bei verschiedenen Vœlkern ublichen
Journal de Crelle, t. IV, année 1829.)
dans les Nouvelles Annales de Mathéma
+
Systeme von Zahlzeichen.... (Voir
e savant Ouvrage a été traduit par M. Woepcke,
tiques, t. X, année 1851.
L
"
(85 )
veuf chiffres, surmontés de points ou de petits zéros qui servaient à indi-
quer l’ordre des unités décuples que ces chiffres représentaient.
» Les érudits, ainsi que les géomètres, accueilleront avec intérêt ce
nouveau travail de M. Woepcke, et apprécieront le nouveau service que
M. le Prince Boncompagni a voulu rendre aux sciences en le mettant au
jour : car la connaissance des ouvrages arabes laisse beaucoup à désirer. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur un mode de dosage du cuivre par le cyanure de
potassium. Note de M. pe LaroLLxe, présentée par M. Pelouze.
« Chargé par M. le Directeur général des lignes télégraphiques de tra-
vaux de préparation d'arbres résineux, suivant le procédé conservateur de
M. Boucherie, j'ai été conduit à étudier le mode de répartition du cuivre
dans les tissus du bois pénétré. J'avais besoin pour ces recherches d’une
méthode très-délicate de dosage de ce métal, puisqu'il s'agissait d'en éva-
luer à un dix-milligramme près de nombreuses et très-petites quantités.
» On conçoit que j'aie dù écarter les méthodes par pesées, et préférer
celle de M. Pelouze qui est fondée sur l’emploi du sulfure de sodium en
liqueur titrée; mais j'ai rencontré dans son usage une certaine difficulté,
venant de l’altération que ma solution de sulfure a subie dans les circon-
stances où j'ai dù l’employer. Elle brunissait très-facilement, et comme le
procédé consiste à déterminer le point où l’ammoriure de cuivre est déco-
loré, on conçoit que la coloration du réactif masquait le moment précis
où son action achevait de l’accomplir.
» Sans essayer de surmonter cette difficulté, j'ai cherché un autre moyen
et j'ai été amené, par les considérations que je vais indiquer rapidement, à
me servir d’une autre liqueur titrée, qui est complétement exempte de l'in-
convénient que je viens de signaler. :
=» Lorsqu'on verse dans une solution d’un sel de cuivre une solution de
Cyanure de potassium, il se forme un précipité qui se redissout dans un
excès de cyanure alcalin. Il est clair que, dans cette opération, il existe deux
points où le cyanure employé est en proportion constante avec le cuivre
précipité et redissous. Ma premiére pensée avait été de me servir dans ce
sens du cyanure de potassium, comme de liqueur titrée ; mais, si le point où
le précipité est dissous est assez facile à saisir, il n’en est pas de même de la
fin de sa formation, surtout quand il est abondant On ne peut pas, dès
lors, compter sur le contròle de l'opération par elle-mème, et il m’a semblé
nécessaire de la modifier pour obtenir un résultat plus précis; or, si sur le
| (84)
cyanure de cuivre, en suspension dans le cyanure alcalin, on verse de l'am-
moniaque au lieu de cyanure, le précipité est redissous comme précédem-
ment et la liqueur prend une couleur bleue plus ou moins intense; tandis
que, si le précipité a été préalablement redissous par une quantité suffisante
de cyanure alcalin, l’addition d’ammoniaque ne colore en aucune façon la
solution de cyanure de cuivre.
» Il résulte de cette expérience que le cyanure de potassium paralyse
l’action colorante de l’ammoniaque, de sorte que, si on la répète en sens
contraire, c’est-à-dire en commençant par l’ammoniaque, la solution cu-
prique énergiquement colorée en bleu doit être complétement décolorée
par le cyanure de potassium; c’est en effet ce qui a lieu, et le résultat est si
net, qu’à la fin de l'opération une goutte d’une dissolution trés-étendue de
cyanure fait passer le liquide essayé d’une coloration encore sensible à une
décoloration complète. °
» Une solution de cyanure blanc de potassium peut donc être employée
comme liqueur titrée, pour doser très-exactement le cuivre en décolorant
son ammoniure. ;
» En résumé, le procédé que je propose consiste à remplacer simplement
dans certains cas, par le cyanure de potassium, le sulfure de sodium dont
se sert M. Pelouze. Il n’est qu’une modification de l'excellente méthode de
cet éminent chimiste. »
CHIMIE SATENE — Sur un anhydride mixte silico-acétique. Note de
MM. C. Frene et A, Lapexsure, présentée par M. Balard.
« Depuis la découverte faite par Gerhardt des anhydrides des acides
monobasiques et des anhydrides mixtes correspondant à deux acides mo-
a on na pas encore obtenu anhydride mixte correspondant à
a acides polybasiques; nous voulons parler d’anhydrides ultimes ne ree
e mant plus d'hydrogène basique, et non pas des corps qu’on a appelés
avec raison premier, deuxième, etc., anhydrides, parce qu'ils dérivent des
acides hydratés polybasiques par élimination pe
satin ii: Fa fait en 1864, MM. Kämmerer et Carius (1) ont bien
| avoir obtenu des anhydrides mixtes de l’acide sulfurique et des
acides acétique et benzoï
be que et d’autres corps ana is ils n’ont pas
isolé ces corps eux-même p logues. Mais il p
S, et ils décrivent seulement les dérivés fort intéres-
amine
PR
(1) Annalen der Chemie und Pharmacie, t, CXXXI p. 153
? 7 ý
(85 )
sants qu’ils ont obtenus en traitant par l’eau le produit de la réaction du
chlorure d’acétyle et du chlorure de benzoïle sur le sulfate d'argent. D'après
la nature des acides qui résultent de ce traitement, il semblerait que les
anhydrides préparés par MM. Kämmerer et Carius se comportent comme les
anhydrides mixtes d’un acide sulfoconjugué et des acides acétique ou ben-
zoïque, plutôt que comme les anhydrides mixtes proprement dits de l'acide
sulfurique et des acides acétique ou benzoïque.
» Parmi les composés qui se rapprochent de ceux dont nous venons de
parler, on connaît encore l’acide acétopyrophosphoreux que M. Menschut-
kine (1) a préparé en faisant réagir le chlorure d’acétyle sur l’acide phos-
phoreux, et en décomposant par l’eau le produit de la réaction. Ici encore
l’'anhydride lui-même n’est pas connu.
» Nous avons réussi à obtenir et à isoler un véritable anhydride mixte
silico-acétique. Ce corps s'obtient d’une manière très-facile en faisant
réagir le chlorure de silicium sur l’acide acétique ou sur l’anhydride
acétique.
» La réaction est exprimée, dans l’un ou l’autre cas, par l’une des deux
équations suivantes :
Sici + 4C°H*O? = Si O' (CH? O} + 4HC1 (2),
et
SiCl + 2 ae lo = Si (O.C? H’ O)‘ + 4C° H’ OQI.
CH’O
» Dans le premier cas, le chlore du chlorure de silicium se dégage à l'état
d'acide chlorhydrique; dans le second, à l’état de chlorure d’acétyle. Nous
avons constaté la formation de ce dernier composé.
» La meilleure manière de préparer le nouvel anhydride mixte consiste
à employer un mélange d'acide acétique monohydraté et d’anhydride acé-
tique; on y ajoute un peu moins de la quantité correspondante de chlo-
rure de silicium, et l’on chauffe le tout dans un ballon surmonté d’un ap-
pareil destiné à faire retomber les vapeurs dans le ballon. On fait bouillir
aussi longtemps qu’il se dégage de l’acide chlorhydrique. Quand le déga-
gement s’est arrété, on laisse refroidir, et l’on obtient par le refroidisse- .
ment, quelquefois immédiatement, quelquefois après un certain temps,
une belle cristallisation d'anhydride mixte. On décante l'excès d’anhydride
(1) Bulletin de la Société Chimique [2° série}, t. H, p. 122 et 241 (1864).
(2) H=1, 0—16, C—12, Si—a8, Cl=35.5.
C. R., 1867, 1°T Semestre. (T, LXIV, N° 2.) a
( 86 )
acétique et de chlorure d’acétyle, et on lave à plusieurs reprises avec de
Péther desséché à l'aide du sodium. Il suffit ensuite de faire passer un
courant d’air sec sur le produit pour l'obtenir pur.
» Ainsi préparé, l’anhydride silico-acétique se présente en cristaux eten
masses cristallines d'un beau blanc. C'est le premier composé organique
cristallisé du silicium. Il n’a pas encore été possible d’en déterminer la
forme; cependant quelques cristaux ont montré un prisme quadrangulaire
surmonté d’un octaèdre aigu placé sur les angles du prisme, et pouvant
appartenir au type quadratique. Ils sont extrémement avides d’eau, et lors-
qu’on laisse tomber une goutte de ce liquide sur une petite quantité d’anhy-
dride, on entend un bruit pareil à celui d’un fer rouge plongé dans l’eau.
Il se sépare de la silice gélatineuse, en même temps qu'il se forme de l'acide
acétique.
» Le corps cristallisé ne peut pas être distillé sous la pression ordinaire;
vers 160 ou 170 degrés, il se décompose en laissant de la silice boursouflée
et en donnant de l'acide acétique anhydre. Mais en réduisant la pression
jusqu’à 5 ou 6 millimètres de mercure, on peut facilement le faire passer
à la distillation sans décomposition. On l'obtient ainsi en belles masses
blanches cristallines, qui fondent vers 1 ro degrés. Dans la distillation nous
avons observé que le thermomètre est resté stationnaire pendant presque
tout le temps à 148 degrés.
Le produit distillé, comme celui qui avait été simplement lavé avec
ARE À ni. er à I analyse, pour le silicium, le carbone et l'hydrogène,
qui s'accordent avec la formule
SiO' (CH'O Yi:
» On voit que cet anhydride mixte correspond exactement à l'éther sili-
cique d’ i x
ei ne piaeas et y il peut être considéré comme s’en dérivant par la
ution de O à H? dans chacun des quatre groupes éthyle de
SiO* (CR.
» Dans un précédent travail, fait en commun avec M. Crafts (1), lun ge
ui itre un dérivé éthvyli de: c'est la
silico-acétine éthylique ylique de notre anhydi ide; c
SiO* (CH) (CHO),
obtenue en 'é Deoir.
chauffant l'éther silicique avec de l'acide acétique anhydre.
ee |
1) À imi
(1) Annales de Chimie et de Physique [4° série], t. IX, p. 5 (1866)
, , , 5
(87 )
» L'anhydride silico-acétique est décomposé par l'alcool avec formation
d’acétate d’éthyle. Il reste de la silice gélatineuse. Avec l’éther il se dis-
sout simplement et cristallise par refroidissement. Nous n’avons pas encore
pu constater de réaction aux températures déjà assez élevées auxquelles
nous avons opéré. Avec l’ammoniaque sèche, il donne de l’acétamide et
de la silice hydratée.
» En employant, pour la préparation de l’anhydride, de l'acide acétique
non entièrement privé d’eau, nous avons obtenu une masse gélatineuse
renfermant peut-être des anhydrides mixtes correspondant aux acides po-
lysiliciques. Nous nous occupons d'étudier ces produits, et nous nous pro-
posons de préparer d’autres anhydrides mixtes des acides polybasiques. »
MINÉRALOGIE. — Sur la présence du diamant dans les sables métallifères
de Freemantle (Australie ouest); par M. Prison.
« A l’époque de l'Exposition universelle de Londres, en 1862, on m'avait
chargé de faire l'analyse d’un assez grand nombre de minerais métalliques
provenant de l’Australie, et qui formaient une des sections les plus inté-
ressantes de cette exposition. Il y avait, parmi les échantillons qu'on m'a
envoyés, deux bouteilles remplies de sable métallifère de Freemantle, prin-
cipalement composé d’isérine, et dont j'ai pu extraire à l'analyse 10 à 18
pour 100 d'acide titanique, 5 à 8 pour 100 de silice, et 81 de protoxyde et
de peroxyde de fer contenant un peu de zircone et de manganèse. Le mine-
rai, traité par voie sèche, rendait environ 59 pour 100 d’excellent fer.
» Dernièrement, j'ai soumis ce sable à l'examen microscopique. A l'œil
nu, il paraît d’un noir métallique très-brillant, parsemé de nombreuses
pointes blanches. Au microscope, avec un faible grossissement, il présente
un aspect très-attrayant. On y reconnaît très-facilement la présence de six
espèces de minéraux bien distincts, que je présente ici selon leurs quan-
tités respectives, en commençant par celles qui prédominent.
» 1° Isérine (oxyde de fer titanifère) en grains cristallins, plus ou moins
octaédriques, noirs, d’un brillant métallique et de différentes grosseurs.
» 2° Silicate de zircone en cristaux blancs et opaques; ce sont des prismes
carrés, très-nets, terminés par une quadrature et assez semblables sous le
rapport du volume. Les arêtes des angles ont été peu usées.
» 3° Quartz hyalin et quartz laiteux en grains irréguliers, faciles à re-
Connaître par leur aspect vitreux et leur cassure. Les grains en sont quel-
quefois aussi gros que ceux de l’isérine.
(88)
» 4° Des petits cristaux de topaze roses, jaunes et blanes, fort brillants.
» 5° Des fragments cristallins d’apatite; ils sont d’une couleur verte el
presque complétement transparents. D’après la forme des fragments, ils
sont évidemment de l’apatite et non pas de la fluorine; d’ailleurs, ils n'ont
pas l'éclat de l'émeraude ni la teinte pâle du béryl. ; iA
» 6° Quelques rares diamanis qui sont faciles à reconnaitre par leur
forme cristalline. Les uns montrent des cristaux presque ronds, à cent qua-
rante-quatre faces et plus; au microscope, ces faces paraissent noires par
réflexion et transparentes par transmission. Ils se distinguent aisément des
grains blans de topaze, en premier lieu par leur cristallisation, leurs formes
rondes, à multiplicité de faces, ensuite parce qu'ils paraissent moins bril-
lants que les topazes. J’ai estimé la quantité de diamants dans ce sable à en-
viron x sur 1500. Les cristaux en sont complétement isolés, très-nels et
très-petits.
» J'ai soumis aussi à l'examen microscopique un échantillon du sable
volcanique de l'ile Bourbon. Il se compose essentiellement de basalte gris-
noir, contenant des fragments d'oxyde magnétique disséminés dans $
masse. Il est mêlé avec un assez grand nombre de grains de topaze jaune,
plus ou moins roulés et très-brillants. »
| es
A 5 heures, l’Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures et demie. E.
©
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 21 JANVIER 1867
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ANATOMIE GÉNÉRALE. — Note accompagnant la présentation d'un volume
intitulé : Leçons sur les humeurs normales et morbides du corps de
l’homme ; par M. Cu. Roen.
« L'ouvrage dont j'ai l'honneur de faire hommage à l’Académie est une
partie de l’ensemble des travaux sur l’ Anatomie générale dont j'ai depuis
longtemps commencé la publication et dont, en 1850, j'ai tracé le plan
dans mes Tableaux d Anatomie.
» Cet onvrage fait suite au Traité de Chimie anatomique ou Traité des
Principes immédiats que Verdeil et moi avons publié en 1853. Logiquement,
ce volume aurait dû être précédé d’un Traité des éléments anatomiques et
devrait être suivi de l’Étude des tissus ou Histologie; mais ces deux subdivi-
sions de l’ Anatomie générale étant celles qui ont le plus attiré l'attention
des savants et été l’objet du plus grand nombre de publications, j'ai cru
devoir faire paraître d’abord ce Traité des humeurs pour revenir bientôt à
l'examen des éléments anatomiques et à l’histologie.
> L'étude de ces parties, dont les secondes sont composées par l'asso-
ciation des premières, m’a occupé presque exclusivement depuis 1853. C’est
C. R., 1867, 1°r Semestre. (T. LXIV, N° g.) 13
LR F | 4 g p -
a 4 Le, PET O
Sr.
résbtsr ai e-*
(90 ) a
oai , r ion €
l’évolution de chacune d'elles, quand ciy vep: ogc ions qui se rap-
m’a empêché de hâter ces publications. Toutes les zegi q e
; divers sujets sont, en effet, susceptibles de solutions rée e
PO its i à subordonner l'imagination à
ment scientifiques, lorsqu'on sait s’astreindre à su _ fe
l'observation et l’examen du dérangement des parties à la connaissance
e ent normal. h
né rdc maintenant à l’Académie la nsion de lui signaler
rapidement les questions de cet ordre que j'ai traitées dans le livre que Jal
l'honneur de lui présenter.
» Les parties MERE liquides du corps sont, Sonme les solides, de ;
deux ordres bien distincts anatomiquement et physiologiquement, A SI
l’on veut, au point de vue de leur constitution et de enra pros ps
unes appartiennent au groupe des constituants, les autres à celui des pr
duits. Les constituants liquides ne sont qu’au nombre de deux, le sang €
la lymphe. Le nombre des produits liquides est bien plus considérable E
celui des produits solides; les constituants solides sont, au contraire, ptu
nombreux que les produits correspondants.
» Nous retrouvons donc dans ce livré la séparation des humeurs en
deux grandes divisions, celle des constituants et celle des produits, separ
ration analogueʻà la division que la science établit en étudiant Jes éléments
anatomiques et les tissus. Seulement, ici, cette séparation est infiniment plus
tranchée, malgré que, dans les plasmas, l’état d'organisation reste des plus :
rudimentaires; car, tandis que les éléments anatomiques, et par suite les :
tissus, appartenant au groupe des produits, présentent nettement l'état d De
ganisation, nous n’apercevons cet état que dans le plasma des humeur
constituantes. Les produits liquides, au contraire, ne le possèdent pas; ils
différent par suite plus du sang et de la lymphe, au point de vue de leur
constitution et de leurs propriétés, que les produits solides (épithéliums,
ivoire, etc.) ne s’écartent sous ces divers rapports des constituants qu! leur
correspondent.
» Les produits liquides, à leur tour, se subdivisent en sécrétions y a
excrétions qu'il importe de ne pas confondre anatomiquement et phy siolo
giquement. À ces deux groupes de produits, il faut en ajouter, comme con
plément, un troisième qui, sous le nom de produits médiats, comprend aa
matières formées d’un mélange intime de résidus provenant de divers®
[d fa + b r ; 4 2 4 A u”
sécrétions modifiées par leur action réciproque sur les aliments et deme
rant associés aux restes alimentaires.
(91) |
» Cette division entre les humeurs constituanteset les produits, tant sécrétés,
excrélés, que médiats, est des plus naturelles. Elle est fondée, non-seulement
sur des différences physiques et chimiques, de composition immédiate et
d'arrangement moléculaire, mais encore sur des dissemblances relatives à
leur origine et au rôle qu’elles remplissent en vertu de leurs propriétés
spécifiques. )
» Les premières de ces humeurs, en effet, n’entrent ni ne sortent nor-
malement de l’économie : elles s’y forment et y remplissent leur rôle sans
sortir du cercle qu’elles parcourent et, fait important, sans se détruire; pas
plus que ne se détruisent en agissant les éléments anatomiques solides du
groupe des constituants. Dans les produits liquides quels qu’ils soient, nous
ne retrouvons rien d’analogue.
» Nous voyons les sécrétions se subdiviser en deux groupes, selon que
restant immobiles, comme les sérosités, elles jouent un rôle purement phy-
sique, ou qu’à la manière des plus nombreuses, les sécrétions proprement
dites, elles ne remplissent leur rôle qu’en se détruisant, au moins partielle-
ment; car la disparition de quelques-uns de leurs principes essentiels, ou
certains changements moléculaires survenant dans ces derniers, comme
conséquence de leur action, représentent précisément la condition essen-
tielle de l’accomplissement de ce rôle.
» Enfin les excrétions et les produits médiats une fois formés ne jouent un
rôle que par le fait même de leur expulsion intégrale, sans se modifier ni
modifier quelque partie que ce soit de l’économie, comme le font, au
contraire, lés sécrétions.
» L'étude de l’origine et du rôle spécial de chaque groupe et de chaque
espèce des fluides sont des sujets particulièrement développés dans le cours
de ces Leçons. C’est leur connaissance qui a permis de constater avec pré-
cision que les plasmas du sanget de la lymphe seuls sont doués du mouve-
ment de rénovation moléculaire continu qui caractérise la nutrition,
Comme seuls aussi ils offrent l’état moléculaire caractéristique de l’état d’or-
#anisation, bien qu’au degré le plus rudimentaire seulement.
» Quant aux autres fluides, ils ne jouissent que de propriétés physiques
et de propriétés chimiques en rapport avec leur composition immédiate,
et par suite bien différentes dans les sécrétions de ce qu’elles sont dans les
excrétions; de Jà des différences plus grandes encore dans le rôle parti-
culier que remplit chaque espèce lors de leur concours à l’accomplissement
de telle ou telle fonction. Or, pendant leur séjour dans l’économie, nul de
ces fluides ne présente trace de ce mouvement régulier de composition et de
: : EL
( 92 )
décomposition inċessantes, si remarquablement caractérisé dans les plasmas
sanguin et lymphatique.
» Les humeurs constituantes, les sécrétions et les excrétions différent les unes
des autres, au point de vue de leur origine, de leur mode de formation,
autant que sous le rapport de leurs propriétés générales et de leur compo-
sition immédiate. Les humeurs constituantes, comme le sang, la lymphe et
le chyle, empruntent tout formés leurs matériaux constitutifs aux milieux
«dans lesquels ils sont plongés; ces derniers sont représentés soit par le
milieu ambiant dans lequel l'animal respire et puise ses aliments, soit par
les éléments anatomiques des tissus entre lesquels rampent les capillaires.
Les parois des conduits contenants et vecteurs ne jouent, dans cette forma-
tion, qu’un rôle purement physique d’endosmo-exosmose, pour donner
entrée et sortie aux principes immédiats constitutifs de ces liquides.
» Les humeurs sécrétées, ou sécrétions, dans ce qu’elles ont de caractéris-
tique, viennent des parois mêmes qui les contiennent avant qu'elles soient
excrétées. Car, dans leur production, il y a : 1° formation de leurs principes
essentiels par les parois des tubes du tissu qui les fournit, de sorte qu'on né
trouve ces principes ni dans le sang artériel, ni dans le sang veineux; mais
dans la sécrétion seule, ainsi que dans les éléments du tissu dont les actes
désassimilateurs amènent la formation de ces composants; 2° il y a, en
outre, emprunt au sang, par exosmose dial
de principes préexistants dans celui-ci.
» Quant aux liquides excrétés, tout dans leur formation se borne à un
. dans le sang, par exosmose dialytique, de principes formés ailleurs
pest a Ar eee
s o pa part à sa constitution avant d’arri-
Rien donc n'est i 5 eisa pd
5 plus inexact que de dire que le sang est une sécreho!
interne, Car sa composition immédiate n’a acun r
vasculaires, et celles-
ytique, d’une certaine quantité
apport avec celle des parois
nai ci ne prennent aucune part à sa formation, ne fa
se nt ement aucun des principes qui le constituent. Ces derniers
sus ou nibns ARES l'épaisseur des éléments anatomiques des tis-
de m na mais toujours hors des parois du conte-
qui lie le sang à ces milie ae le de parues fournies par celles-ci. Ce fait,
des actes qui se passent et “une part, et de l'autre aux agents immédiats
transmission pathogénique sie si ” capital aux points de vue de la
aux éléments anatomi Stat des milieux au sang et de l’état du sang
atomiques, Il ne contredit pas moins les hypothèses qui ont
( 93)
fait considérer le sang, soit comme étant un tissu, soit comme représentant
un organe.
» Quant aux sécrétions, au contraire, leur composition immédiate est liée
à celle des parois qui les fournissent, parce que leurs principes caractéris-
tiques sont des produits de la désassimilation, relativement excessive, des
éléments anatomiques de celles-ci même. C’est par désassimilation de ce
qui est hors de la paroi des vaisseaux que se forme une partie des principes
immédiats constitutifs du sang, ce qui lie ce fluide aux tissus plus qu'à ses
parois, et ce. sont ces principes mêmes qui, avec d’autres venus du dehors,
composent les excrétions urinaires et sudorales; celles-ci n’ont donc en fait
de liaison directe qu’avec le sang et non avec les parois des tubes, qui les
empruntent à ce dernier pour les éliminer aussitôt.
» Ainsi la fluidité seule rapproche le sang des autres humeurs, sa com-
position et sa rénovation moléculaire le liant plus encore aux tissus qu'aux
sécrétions et même qu'aux excrétions. Rien de plus important pour l'étude
de la pathogénie que la connaissance exacte de cette liaison du sang aux
tissus et aux milieux ambiants; rien de plus important également que la
connaissance de cette liaison des sécrétions aux parois sécrétantes permet-
tant une action de l'économie sur les milieux et sur les substances qui leur
sont empruntées, tellés que les aliments. Rien de plus saisissant encore que
cette relation originelle directe des excrétions avec le sang seulement, et
non avec les parois excrétrices; relation venant ici comme complément de
la liaison de ce dernier avec les milieux ambiants. |
» De là cette facile transmission au sang des altérations de ces milieux et
de celles du sang aux tissns, ainsi qu’aux liquides excrétés. Quant aux sé-
crétions proprement dites, l’individualité qui leur est donnée, par le fait de
la formation de leurs principes caractéristiques dans le tissu même qui
les verse, les rend plus indépendantes de ces lésions générales, et fait qu’on
les trouve moins modifiées durant les maladies que les liquides précé-
ents.
» Car, en effet, ou le sang est altéré à ce point que la nutrition cesse, et
alors la sécrétion cesse également; ou bien l’altération est telle, que la nu-
trition ne cesse pas, et dès lors la désassimilation restant la même à peu de
chose près, l'humeur produite conserve ses caractères, ses relations molé-
culaires, avec la paroi formatrice restée sans changements.
» L'étude des parties liquides et solides de l’économie doit nécessaire-
ment être étendue de l’état normal jusqu’à l’état morbide; car cette exten-
( 94 )
sion, amenant une comparaison de l’un à l’autre de ces états, constitue un
complément, une contre-épreuve scientifique indispensable et -des plus
utiles, en nous montrant les mêmes parties sous un nouveau jour, celui de
la diminution, de l'excès ou de l’aberration de tel ou tel de leurs attributs.
Cette extension est surtout nécéssaire lorsqu'il s’agit de corps, de disposi-
tions et d’actes en voie incessante de modifications, et variant sous de si
faibles influences, qu’on ne peut bien juger de leur état normal, ou moyen,
que par la connaissance des extrêmes touchant à leur origine et à leur fin.
» L'anatomie pathologique devient ainsi un des modes de l'anatomie
comparative, celui dans lequel on compare une des parties du corps; non
plus avec son analogue d'une autre espèce animale, mais avec elle-même
dans des conditions nouvelles, anormales ou accidentelles. Les dissem-
blances alors observées exigent, pour être saisies et bien appréciées, la com-
paraison de ces parties, tant solides que liquides, avec elles-mêmes, dans
des conditions normales, bien que différentes, dites conditions d'âge ou
d'évolution. Dans ces conditions-là comme dans les circonstances acciden-
telles ou anormales, l'élément anatomique, le fluide, etc., ne se retrouvent
jamais absolument semblables à ce qu’ils ont été; car, en voie de réno
vation moléculaire continue, ils changent incessamment un peu, soit de
forme, soit de volume, soit dans leur structure, soit dans leur composition
immédiate. » A
ASTRONOMIE. — Sur les étoiles filantes du 13 novembre et du 10 aoûl; |
| par M. Le Verrier. p
« Dans le n° 2 des Monthly Notices que je viens de recevoir, sir John
Herschel termine ainsi une Note concernant le phénomène de novembre :
« Comment cette conclusion d’un mouvement rétrograde des météorites
» autour du Soleil est-elle compatible avec la vérité de l'hypothèse de la
» nébuleuse? Nous le laissons à expliquer aux défenseurs de cette hyp”
» thèse. »
` Le mes. que j'ai déposé lundi dernier sur le bureau de l'Académie
z #8 2 : a pu ema donné leċture dans cette séance, se trouve être une
“POSE 4 la question posée par sir Herschel: Par ce motif j'entrerai au-
Jjourd’hui dans quelques détails. |
» M. Newton, de New-Haven,
Li. . ux
PR artant de la considération des fl
d'étoiles filantes observés depuis l’a P
n 902, et dont les chroniqueurs nous
( 95.)
ont gardé le souvenir, a fixé à 33 À ans la durée d’une période du phénomène
de novembre. On est fondé, d’un autre côté, à croire que le milieu d’une des
périodes serait tombé en l'année 1866,75. On peut ainsi trouver le milieu
de toutes les périodes. En retranchant, par exemple, la durée de 52 périodes,
équivalant à 1729 années, on trouve que le milieu d’une d'elles aurait eu
lieu en l’année 137,75 de notre ère.
» La discontinuité du phénomène montre qu’il n’est pas du à la présence
d’un anneau d’astéroïdes que la Terre rencontrerait, mais bien à l’existence
d’un essaim de corpuscules se mouvant dans des orbites très-voisines les
unes des autres, et qui, à notre époque, viennent couper l'écliptique vers
le 13 novembre. La longitude du point d’intersection, de ce nœud de l'or-
bite de l’essaim, s'obtient en calculant aux époques des apparitions la
longitude de la Terre; on trouve pour cette longitude, comptée de l’équi-
noxe, 51° 18 — 1,711 (1850 — T), T étant le millésime de l’année. En 137,
par exemple, on conclut ainsi 2° 27' pour la longitude équinoxiale du nœud.
» Ce mouvement de 1’,711 par année est considérable. La rétrogradation
du point équinoxial sur l'écliptique n'y est que pour 0,837; d'où il faut
conclure que le nœud de l’orbite des astéroïdes a un mouvement Propre et
direct annuel de 0,874. Il serait produit par l'action de la Terre, ce qui
n’a rien d'impossible; on sait, en effet, que les astéroïides de novembre
divergent en venant d’un point de la constellation du Lion, situé par
142 degrés de longitude et 8° 30’ de latitude : le mouvement dans leur
orbite étant rétrograde, le déplacement du nœud dù à l’action de la Terre
doit être direct.
» Nous avons dit que le phénomène ne peut être produit que par un
essaim de corps, essaim d’une longueur assez notable. Nous ajoutons que
cet essaim doit être considéré comme venu après coup dans la partie du
ciel qu’il parcourt de nos jours.
» Tous les corps bien posés de notre système planétaire tournent au-
tour du Soleil d'occident en orient; ils tournent sur eux-mêmes, et leurs
satellites tournent autour d'eux dans le même sens. Comment un corps
appartenant au même ordre de formation aurait-il pu marcher en sens
inverse de tout le reste, surtout quand il n'a qu'une masse si faible? Nous
connaissons, il est vrai, des comètes rétrogrades et dont la masse est fort
peu de chose; mais nous savons qu'elles viennent de points excessivement
éloignés dans l’espace et que, soit qu’on les considère comme appartenant
au système solaire ou bien aux systèmes sidéraux, on trouve des raisons
suffisantes pour expliquer leur mouvement rétrograde, raisons qui laissent
( 9 )
toujours intacte cette conclusion, qu’elles ne sont venues qu'après coup
visiter les parties inférieures de notre système planétaire.
» L’essaim que nous considérons pourrait n'être pas de la même date
que notre système et être pourtant fort ancien. Il y a lieu de supposer qu'il
est beaucoup plus nouveau.
» Aux diverses époques des apparitions constatées, la Terre n'était pas
rigoureusement à la même distance du Soleil. Le rayon de l'orbite terrestre
éprouve des variations, notamment en raison de l’action de la Lune et du
mouvement progressif du périhélie de la Terre. Il en résulte que l'essaim
est fort large. Et comme ses particules sont indépendantes les unes des
autres, iln’est pas douteux que leurs diverses vitesses tendent à les répandre
peu à peu le long de l'anneau dont elles n’occupent encore qu'un nombre
très-limité de degrés. Pour peu donc que le phénomène fût ancien, cosmi-
quement parlant, l’essaim se serait complétement répandu en un anneau
continu, et s’il n’en est pas ainsi, il faut que le travail de sa dislocation
n'ait commencé qu'il y a peu de siècles. Ajoutons que s’il y avait eu déjà
un nombre immense d'apparitions, la Terre, qui à chacune d’elles expulse
une partie de la matière du corps de l’essaim, n'aurait laissé rien de régulier
à notre époque.
» Par tous ces motifs, nous croyons que l’essaim des astéroides nous
est venu des profondeurs de l’espace, et que, dans l'intervalle de chacunt
des périodes, il retourne vers les planètes supérieures. Un corps venant de
loin, animé d’une grande vitesse, au moment où il atteignait la minime
distance de la Terre au Soleil, n’a pas pu être fixé par la faible action des
planètes inférieures dans une orbite d’une ou deux années. Le calcul en
es 33 ans près de la Terre n’est pas compléte-
ment troublé dans l’ensemble de son orbite, sans quoi on ne le reverrait
pas à des intervalles réguliers, rE
a pou us, l'essaim circule dans une orbite de 33% g
st égale au rayon 0,989 de l'orbite de la Terre
au mom iti lé
ent des apparitions, nous trouvons pour premiers éléments de
l'orbite :
Durée de la révolution. ... .… RU nu: garas 25
Demie ae P 7 340 17
Ere L . o $ 4 354
Distance périhélie .….............. deb
Distance aphélie... ler 1d 89! 34
n an - ! d
FEFE Y b.. IO 3 2
(97)
» La considération des vitesses absolues de la Terre et de l’essaim, au :
moment de leur rencontre, le 13 novembre, conduit d’ailleurs à la con-
naissance de l’inclinaison de l'orbite, savoir, 14° 41’. Nous avons déjà
obtenu le nœud. Il ne reste plus d’indéterminé que le périhélie, qui doit
être tres-voisin du nœud.
» L'essaim, nouveau dans le système, n’a pu être introduit et jeté dans
son orbite actuelle que par une cause perturbatrice énergique, ainsi que
cela a eu lieu pour les comètes périodiques, et comme nous l'avons vu
notamment pour la comète de 1770. D'un autre côté, les comètes ainsi
troublées jusqu'au point d'acquérir une petite distance périhélie, retour-
nent nécessairement jusqu'à l’astre dont elles ont subi l’action ; ainsi la
comète de 1770 est retournée. jusqu'à Jupiter. Sous tous ces rapports, on
ne peut qu'être frappé de cette circonstance, que l’essaim de novembre s’é-
tend jusqu’à l'orbite d'Uranus et fort peu au delà; d'autant plus que ces
orbites se coupent, à fort peu près, en un point situé après le passage de
l’essaim à son aphélie et au-dessus du plan de l'écliptique..
» Nous sommes donc engagés à rechercher si Uranus et l’essaim ont pu
se trouver simultanément en ce point, c’est-à-dire dans le voisinage du
nœud de l'orbite. Or, sans entrer dans le détail de cette recherche, nous
dirons que rien de pareil n’a pu avoir lieu plus tôt qu’en l’année 126;
mais quau commencement de cette année, l’essaim a pu s'approcher
d'Uranus : c'est ce que nous allons démontrer. (Nous omettons cette
partie de l'exposé et nous nous bornons à dire que l’essaim se serait jeté
sur Uranus même, en adoptant l'exactitude des données précédentes déduites
des observations, changeant le nœud en lan 126 de 1° 48’ seulement, et
plaçant le périhélie à 4 degrés du nœud descendant en novembre.)
» Nous n'avons d’arbitraires dans cette conclusion que moins de 2 de-
grés sur le nœnd et 4 degrés sur le périhélie; ces incertitudes sont dans
les limites que comportent les observations. Nous sommes donc seulement
autorisé par là à conclure qu’en l'an 126 l’essaim est passé dans le voisi-
nage. d'Uranus. Il nous reste à examiner si, en supposant qu'il se trouvât
à cette époque en une agglomération plus compacte, l'action d'Uranus a
été capable de le jeter dans l'orbite elliptique qu’il a conservée, de même
que Jupiter nous avait donné la comète de 1770.
» Sans entrer dans le détail de cet examen, nous résumerons les consé-
quences auxquelles il conduit.
» Tous les phénomènes observés peuvent être expliqués par la présence
d’un essaim globulaire jeté par Uranus en l’année 126 de notre ère dans
C. R., 1867, 1°" Semestre, (T. LXIV, N° 3.) 14
(98)
l'orbite que les observations assignent à l’essaim auquel sont dus de nos
jours les astéroïdes de novembre.
» L'essaim pouvait avoir, avant les grandes perturbations, un diamètre
notable, égal par exemple au tiers du diamètre d'Uranus, plus ou moins.
Malgré la faiblesse de l'attraction exercée par l'ensemble de la masse sur
chacun des corpuscules, cet ensemble affectait une forme sphérique, ainsi
qwon le voit pour les comètes qui ne passent pas dans le voisinage immé-
diat de quelque grand corps.
» Il pouvait décrire, autour du Soleil, une hyperbole, une parabole ou
même une ellipse.
» Le sens du mouvement, avant les grandes perturbations, pouvant être
direct dans une parabole, ou dans une ellipse fort étendue, il n’y a rien
qui oblige à supposer que l'essaim n’appartint pas primitivement au sys-
tème solaire.
» L'action d'Uranus aura changé inégalement les vitesses absolues des
corpuscules; et cette action surpassant l'attraction résultant de leur masse
totale, l’essaim se sera désagrégé en s'étendant sur la périphérie de l’ellipse.
Dans un cas que nous avons examiné, le passage principal pres de la Terre
durerait aujourd’hui pendant un an et demi environ ; ce qui suffirait pour
expliquer la répartition de la masse sur un arc de l’ellipse, lors même
qu’on ne tiendrait pas compte des perturbations ultérieures dues à l’action
de la Terre.
» Du moment que la distribution de la matière le long de l’ellipse a com-
mencé, on devrait s'étonner qu'elle n’embrassät qu'un si petit arc, si le
phénomène n’était pas tout nouveau. Mais cet arc ira en s’accroissant et
l'anneau finira par se fermer. |
» Le phénomène apparaitra dans la suite des temps un plus grand nombre
d'années consécutives, mais en s’affaiblissant en intensité. Cette diminution
de l'éclat proviendra non-seulement de la répartition de l’ensemble des cor-
puscules sur un plus grand arc, mais en outre de ce qu’à chaque appa-
rition la Terre en déviera un très-grand nombre en dehors de leur orbite.
» On peut se demander si un changement dans la distance périhélie pe
pourrait pas faire disparaître tout à fait le phénomène. Mais cela ne semble
pab, à cause de l'étendue actuelle de l’essaim. En admettant même qu'il
Mere ` pr de nouveau Uranus, cette planète n’agira que sur une
partie de la matière, et ne déviera pas de nouve Jupiter
a pu le faire, en 1770, pour la toksi de Lexel. nt 2 aa
» Les étoiles périodiques du 10 août, dues à un anneau complet, puisque
le phénomène revient chaque année, reçoivent une explication pareille.
( 99 )
Seulement, le phénomène est plus ancien : l'anneau a eu le temps de se
fermer. Nous ne pouvons, relativement à cet anneau, nous livrer à aucune
étude du même genre que pour celui de novembre, la continuité annuelle
du phénomène ne nous permettant pas d’en établir la période avec assez
de certitude.
» La destruction progressive des masses cosmiques d’astéroïdes, par l'ac-
tion de la Terre qui les disperse peu à peu dans l’espace, donne, avec d’au-
tres phénomènes du même genre, naissance aux étoiles sporadiques qui
sillonnent sans cesse le ciel. »
HISTOIRE NATURELLE. — Durée de l'incubation des œufs de Roussette;
par M. Cosre. |
« L'Académie sait déjà, par les communications de plusieurs natura-
listes, que j'ai organisé à Concarneau, avec le concours de M. Gerbe et du
maître pilote Guillou, un observatoire du monde de la mer qui est, sans
contredit, l’une des innovations les plus intéressantes de notre temps.
» Là, dans un réservoir de 1500 mètres de superficie, de 3 mètres de
profondeur, divisé en six compartiments, creusé dans un rocher de granit,
défendu par d’épaisses murailles contre la violence des flots, nous avons
réussi, au moyen de vannes grillées qu’on ouvre et qu'on ferme à volonté,
à si bien imiter les conditions du large, le flux et le reflux, que les phéno-
mènes organiques les plus cachés jusqu'alors dans les profondeurs de
l'Océan s’y accomplissent sous l'œil de l'observateur. Non-seulement la
plupart des espèces y vivent à l’état de familière domesticité, montrant
toutes les particularités de leurs mœurs, mais elles s’y reproduisent, et
offrent à l’embryogénie un nouveau champ d'exploration. En voici, après
tant d’autres exemples, encore une autre preuve :
« Nous avons mis, au commencement d’avril 1866, n'écrit le maître
» pilote Guillou, un couple de petites Roussettes (Squalus catulus, Linn.)
» dans l’un des compartiments du vivier. La femelle a pondu dix-huit œufs
» dans le courant du mois. Ces œufs sont éclos dès les premiers jours de
» décembre. L'incubation dure donc environ neuf mois. Les jeunes sont
» bien vivants. »
» Ainsi, un phénomène qui ne dure pas moins de neuf mois, et un phé-
nomène des plus délicats, puisqu'il s’agit de la formation d’un organisme
supérieur, peut s'accomplir dans ces conditions artificielles avec autant de
régularité que s’il se passait dans les grands fonds où cette espèce a cou-
à.
( 100 )
tume de pondre. C’est là, à mon avis, l’une des preuves les plus décisives
de la perfection du vaste appareil hydraulique dans lequel nous expéri-
mentons. Grâce à la perfection de cet appareil, on étudiera désormais le
développement des espèces maritimes, jour par jour et heure par heure,
comme on étudie celui du poulet dans l’œuf.
» À l’une des extrémités du vivier s’élève un vaste bâtiment dont le rez-
de-chaussée est garni de nombreux aquariums pour l'isolement des sujets
qu’on veut observer de plus près, et dont le premier étage a été converti
en salles de dissections et d'observations microscopiques.
» Six naturalistes français ou étrangers sont venus cet été s'installer dans
ce laboratoire, et s’y sont livrés en toute liberté aux recherches qu’il leur
a plu d'entreprendre. Joffre la mème hospitalité à tous ceux qui sont dis-
posés à en profiter. C’est de ce laboratoire que sont sortis tous les principes
qui servirent de base à la réglementation des pêches maritimes, et toutes les
méthodes dont l'application constitue à juste titre l’agriculture de la mer. »
CHIMIE MINÉRALE. — Note sur un alliage de cuivre, d'argent et d'or, fabriqué
par les anciens peuples de l’ Amérique du Sud; par M. A. Damour.
« M. Henry Berthoud a bien voulu mettre à ma disposition, pour en
faire l'analyse, un échantillon d’alliage métallique fabriqué par les anciens
peuples de l'Amérique méridionale. Cet alliage est composé de cuivre,
d'argent et d’or. L’échantillon qui fait l’objet de cet examen est façonné
en forme de plat de mince épaisseur, et orné de diverses figures en relief,
obtenues par le martelage au repoussé. Ainsi travaillé, il se brise aisément
sous une légère flexion; il est recouvert en certains endroits d’une croûte
d'oxydule et de carbonate de cuivre. Dans les parties fraichement déca-
pées, sa couleur est le rouge pâle, approchant de celle du cuivre. Sa den-
sité est exprimée par le nombre 10,41. Son point de fusion est voisin de
celui de l'or. Exposé à la flamme du chalumeau, sur le charbon, il fond
et, par le refroidissement, se recouvre d’une croûte grise. Fondu avec le
borax, sur une petite coupelle, il colore le flux en vert bleuâtre et se con-
vertit en un globule rouge; ce globule métallique résiste à Ja pression du
pilon d’agate, mais il s’aplatit sous le choc du marteau. Fondu avec le sel
de phosphore, l’alliage colore le flux en vert bleuâtre foncé, et si l’on pro-
longe l’état de fusion, il se résout en un globule blanc-jaunâtre et mal-
léable. l
» L’acide nitrique l'attaque aisément, même à froid, en dissolvant le
cuivre et l'argent; l’or reste à l’état spongieux en conservant la forme
( 107 )
de l’échantillon soumis à l'épreuve. L'analyse m'a donné les résultats
suivants :
dr: ENCRES Los à». « 0,3549
a E a ve a aen 0,1194
Cue ee e rs p 0,5235
0,9978
» Méthode d'analyse. — L’alliage étant traité par l'acide nitrique, l'ar-
gent et le cuivre se sont dissous; l’or est resté sous forme spongieuse; on
l’a fondu et pesé.
» L'argent a été précipité par quelques gouttes d’acide chlorhydrique
et dosé à l’état de chlorure.
» On a ensuite précipité le cuivre à l’état d’oxyde noir, par une disso-
lution chaude de potasse. L’oxyde lavé à l’eau bouillante a été séché et traité
au rouge sombre par un courant d'hydrogène pour réduire et doser le
cuivre à l’état métallique (méthode de MM. Millon et Commaille, Comptes
rendus, t. LVII, p. 145). |
= » On ne connaît jusqu’à présent aucun composé naturel qui présente
ces trois métaux alliés en pareilles proportions. L’or et l'argent se montrent
fréquemment, dans le règne minéral, unis en proportions trés-diverses,
comme l'ont fait voir de nombreuses analyses, et notamment celles de
M. Boussingault; mais on n’a pas trouvé de minerais d’or renfermant plus
de 4 à 5 millièmes pour 100 de cuivre. On peut donc considérer comme à
peu près certain que les 52 pour 100 de cuivre que l’analyse constate dans
l'alliage ci-dessus mentionné ont été ajoutés au minerai argentifère par le
fabricant indien, soit pour donner au métal précieux plus de rigidité, soit
Pour en augmenter le volume.
» L’échantillon d'archéologie américaine dont il vient d’être question fai-
Sait partie de la collection de M. Jomard, récemment acquise par M. H. Ber-
thoud; il a été recueilli parmi des ruines, sur le territoire de Medellin,
près le fleuve Magdalena (Nouvelle-Grenade). Sa fabrication remonte à
une époque qu’on ne saurait guère préciser, mais que l’on doit considérer
comme antérieure à celle de la conquête de Amérique. »
M. Vas Benepe fait hommage à l’Académie des « Recherches sur la
faune du littoral de la Belgique » qu’il vient de publier.
M. Le Secrérame perpéroeL fait part à l'Académie de la perte doulou-
reuse qu’elle vient de faire dans la personne de M. Eudes-Deslongchamps,
l'un de ses Correspondants pour la Section d’Anatomie et de Zoologie, dé-
cédé à Caen le 18 janvier 1867.
( 102 )
RAPPORTS.
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Instruction sur les paratonnerres des magasins à
poudre. [Rapport lu dans la séance du 14 janvier et approuvé par
l’Académie (1).]
(Commissaires : MM. Becquerel, Babinet, Duhamel, Fizeau, Edm. Becquerel,
Regnault, le Maréchal Vaillant, Pouillet rapporteur.)
« M. le Maréchal Ministre de la Guerre, par une Lettre du 27 octobre
1866, a demandé à l’Académie de lui adresser le plus promptement pos-
sible une Instruction pour l'établissement des paratonnerres sur les magasins
à poudre, craignant, avec une juste sollicitude, que dans leur état présent
quelques-uns de ces magasins ne soient pas aussi complétement garantis
qu'ils devraient l’être.
» La Commission des paratonnerres, composée de MM. Becquerel,
Babinet, Duhamel, Fizeau, Edm. Becquerel, Regnault, le Maréchal Vail-
lant, Pouillet rapporteur, s’empresse de présenter à l’approbation de
l’Académie l’Instruction suivante.
» Pour la préparer, la Commission a pu consulter de très-nombreux do-
cuments qui lui avaient été confiés par le Ministère de la Guerre, et parti-
culiérement les pièces imprimées dont nous rappelons ici les titres, parce
qu'elles composent en quelque sorte l'historique des paratonnerres destinés
à protéger les magasins à poudre :
» 1° Rapport fait à l'Académie des Sciences, 24 avril 1784. — Commis-
sion : Franklin, Leroy, Coulomb, de Laplace, abbé Rochon.
» 2° Rapport fait à l’Institut, 6 nivôse an VIII (27 décembre 1799). —
Commission : de Laplace, Coulomb et Leroy rapporteur.
3 3° Instruction sur les paratonnerres des magasins à poudre, par le Co-
mité des fortifications, 25 août 1807. — Le général, président, Andréossy ;
le lieutenant-colonel du génie, secrétaire, Alex. Allent; le premier inspec-
teur général du génie, Marescot.
» 4° Rapport fait à l’Institut, 2 novembre 1807. — Commission : de
Laplace, Rochon, Charles, Montgolfier et Gay-Lussac rapporteur.
(1) Voir le Compte rendu du 14 janvier 1867, p. 80.
( 103 )
» 5° Instruction sur les paratonnerres, adoptée par l’Académie des
Sciences, 23 juin 1823. — Commission : Poisson, Lefèvre-Gineau, Girard,
Dulong, Fresnel et Gay-Lussac rapporteur.
» La Commission a pu consulter aussi des documents recueillis tout ré-
cemment par l’un de ses Membres, M. le Maréchal Vaillant, et qui se rap-
portent surtout aux magasins à poudre pour lesquels la nappe souterraine
ne se trouve pas immédiatement dans le voisinage.
§ I. — Propositions générales.
» 1. Les nuages orageux qui portent la foudre ne sont autre chose que
des nuages ordinaires chargés d’une grande.quantité d'électricité.
» L'éclair qui sillonne le ciel est une immense étincelle électrique dont
les deux points de départ sont sur deux nuages éloignés et chargés d’électri-
cités contraires.
» Le tonnerre est le bruit de l’étincelle.
» La foudre est l’étincelle elle-même; c’est la recomposition des électri-
cités contraires.
» Quand l’un des points de départ de l'éclair est à la surface du sol, on
dit que le tonnerre tombe, ou plutôt que la foudre tombe, et que les objets
terrestres sont foudroyés. Alors tous les points du sillon de l’éclair sont
encore la recomposition ou la neutralisation des deux électricités con-
traires, dont l’une est fournie par le nuage, et l’autre par la terre elle-
même.
» Comment la terre, qui est en général à létat naturel et sans électricité
apparente, se trouve-t-elle ainsi chargée d'électricité et d’une électricité
contraire à celle du nuage au moment même où elle est foudroyée?
» Telle est la première question que nous avons à examiner.
» 2. Avant que la foudre éclate, le nuage orageux qui la porte, bien qu’il
soit à plusieurs kilomètres de hauteur, agit par influence pour repousser
au loin l'électricité de même nom et pour attirer l'électricité de nom con-
traire. Cette influence tend à s'exercer sur tous les corps; mais elle n’est
réellement efficace que sur les bons conducteurs; tels sont, à des degrés
différents, les métaux, l’eau, le sol très-humide, les corps vivants, les végé-
taux, etc.
» Le même conducteur éprouve de la part du nuage des effets très-dif-
férents, suivant sa forme et ses dimensions, et surtout suivant sa parfaite
Où imparfaite communication avec le sol.
( 104)
» Un arbre, par exemple, quand il se trouve dans une terre médiocre-
ment humide, ne reçoit qu'une très-faible influence, parce que l'électricité
de même nom ne peut pas être repoussée au loin dans cette terre, qui
n'est qu’un très-mauvais conducteur pour les grandes charges électriques.
» Si cet arbre, au contraire, se trouve dans une terre très-humide et
d’une vaste étendue, il sera fortement influencé, parce que l'électricité de
même nom peut s'étendre au loin dans ce bon conducteur. Enfin il sera
influencé autant qu’il peut l'être, si ce bon conducteur, vers ses limites, est
lui-même en bonne communication avec d’autres nappes d’eau indéfinies.
» Quand il s’agit de l'électricité de nos machines, la surface de la terre
telle qu’elle se présente est ce qu’on appelle le sol, ou le réservoir commun.
On peut l'appeler ainsi, puisque sa conductibilité est suffisante pour dis-
perser ou neutraliser toutes ces petites charges électriques.
» Quand il s’agit de la foudre, la terre végétale, dans son état habituel,
n'est plus ce que l’on peut appeler le réservoir commun; elle devient rela-
tivement un mauvais conducteur, ainsi que les formations géologiques de
diverses natures sur lesquelles elle repose. Il faut arriver à la première
nappe aquifere, c'est-à-dire à la nappe des puits qui ne tarissent jamais
(nous lappellerons ici la nappe souterraine), pour trouver une couche
dont la conductibilité soit suffisante. Celle-ci, à raison de son étendue et
de ses ramifications multipliées, ne peut pas être isolée des cours d’eau voi-
sins, et avec eux, avec les fleuves et les rivières, avec la mer elle-même,
elle constitue ce qu'on doit appeler le réservoir commun des nuages fou-
droyants, et par conséquent le réservoir commun des paratonnerres.
» En effet, pendant que le nuage orageux exerce partout au-dessous de
lui son influence attractive sur le fluide de nom contraire et répulsive sur
le fluide de même nom, c’est surtout la nappe souterraine qui reçoit cette
influence avec une incomparable efficacité. Alors toute sa surface supé-
rieure se charge d'électricité contraire que le nuage y accumule par son
attraction, tandis que l'électricité de même nom est repoussée et dispersée
au loin dans le réservoir commun. Aussi, quand la foudre éclate, les deux
points de départ de l'éclair sont, l'un sur le nuage, et l’autre sur la nappe
souterraine, qui est en quelque sorte le deuxième nuage nécessaire à
l'explosion de la foudre.
» C’est ainsi que le globe de la terre, sans cesser d’être à l’état naturel
dans son ensemble, se trouve éventuellement électrisé sur quelques points
par la présence des nuages orageux.
» Les édifices, les arbres, les corps vivants, frappés par la foudre, ne
( 105 ) |
doivent être considérés que comme des intermédiaires qui se trouvent sur
son chemin et qu’elle frappe en passant.
» Toutefois, il ne faudrait pas en conclure que ces intermédiaires sont
essentiellement passifs, et qu'ils ne contribuent jamais à modifier ou même
à déterminer la direction du coup de foudre. Il est certain au contraire
qu'ils exercent à cet égard une action d’antant plus grande qu'ils ont une
étendue plus considérable et une conductibilité meilleure. Par exemple,
quand un vaisseau est foudroyé au milieu de la mer, il est tres-probable
que la foudre n’a pas pris le chemin qui aurait été géométriquement le
plus court pour arriver à l'eau qu’elle cherche et où elle doit être neutra-
lisée par le fluide contraire, mais qu’elle à choisi le chemin qui était élec-
triquement le plus court, à raison des décompositions par influence que le
nuage avait préalablement produites sur les mâts, les agrès et autres corps
conducteurs du bâtiment, plus ou moins haut placés et plus ou moins con-
ducteurs.
» Ce phénomène est analogue à celui que nous offre l’étincelle tirée à
grande distance des conducteurs d’une puissante machine électrique : elle
peut être détournée de son chemin le plus direct par la présence d'un ou
plusieurs conducteurs isolés que l’on dispose près de son trajet; elle vient
frapper le même but, mais elle y arrive par une voie électriquement plus
courte, bien qu’elle soit plus longue en apparence. |
» Ces conducteurs isolés changent ici la direction de l’étincelle; les in-
termédiaires dont nous parlions tout à l'heure changent la direction de
l'éclair. |
» Nous nous bornons au simple énoncé de ce principe fondamental que
nous ne pouvons pas développer ici; il contient l'explication de tous les
mouvements, quelquefois si bizarres, des coups de foudre et de tous les
effets destructeurs qu'ils produisent; on ne peut jamais s’en rendre compte
Sans en avoir bien reconnu les deux points de départ, et entre ces deux
points la série des intermédiaires qui ont été frappés par le sillon de l'éclair,
tantôt simple, tantôt multiple.
» 3. Un paratonnerre est un bon conducteur, non interrompu, dont
l'extrémité inférieure communique largement avec la nappe souterraine,
tandis que son extrémité supérieure s'élève assez haut pour dominer l'édi-
fice qu'il s'agit de protéger.
» Une décharge de nos batteries électriques peut fondre plusieurs mètres
de longueur d’un fil de fer un peu fin.
CHR 1867, 1°r Semestre. (T. LXIV, N° 5.) 15
( 106 )
» Une explosion de la foudre peut fondre ou volatiliser plus d’une
centaine de mètres de longueur des fils de sonnettes ou des fils de mar-
teaux des horloges publiques. En 1827, sur le paquebot le New-York,
une chaine d’arpenteur de 4o mètres de longueur, faite avec du fil de fer
de 6 millimètres de diamètre, servant de conducteur au paratonnerre du
båtiment, a été fondue par un coup de foudre et dispersée en fragments
incandescents.
» Il n’y a pas d'exemple que la foudre ait pu seulement échauffer et por-
ter au rouge sombre une barre de fer carrée de quelques mètres de lon-
gueur et de 15 millimètres de côté, ou de 225 millimetres carrés de section.
» C'est donc du fer carré de 15 millimètres de côté que l’on adopte pour
composer le conducteur des paratonnerres.
» On n’est aucunement obligé d’aller chercher la nappe souterraine dans
la verticale ou près de la verticale de l'édifice que l’on veut protéger. Un
paratonnerre n’est pas moins efficace quand son conducteur est sur une
grande partie de sa longueur en lignes courbes, horizontales ou inclinées.
La condition essentielle, mais absolument essentielle, est qu’il arrive à la
nappe souterraine, et qu'il communique largement avec elle, dùt-il aller la
chercher à plusieurs kilomètres de distance.
» 4, Supposons un paratonnerre établi dans ces conditions et examinons,
d’une manière générale, les phénomènes qui vont se produire pendant les
orages.
» L'électricité développée par influence dans la nappe souterraine, au
lieu de s’y accumuler, comme nous venons de le dire (2), trouve le pied
du conducteur qui est une issue où elle se précipite; car, dans l’intérieur
mème d’une barre métallique pleine et solide, quelque longue qu’elle
puisse être, le fluide électrique se répand et se propage avec une vitesse
comparable à la vitesse de la lumière. C’est ainsi que le fluide attiré par le
nuage dans la nappe souterraine vient subitement s’accumuler vers le som-
met du paratonnerre.
» Là se produisent des phénomènes curieux dont il faut donner une idée.
» Si le paratonnerre se termine par une pointe fine et très-aiguë d’or ou
de platine, le fluide attiré par le nuage exerce contre l'air, qui est mauvais
conducteur, une pression assez grande pour s’échapper en produisant une
aigrette lumineuse visible dans les ténèbres. Les rayons divergents de cette
aigrette diminuent d'éclat à mesure qu’ils s'éloignent de la pointe; ils sont
rarement visibles sur une longueur de 15 ou 20 centimètres. L'air en est
vivement électrisé, et l’on ne peut guère douter que ces molécules d’air
( 107 )
chargées du fluide de la pointe, c’est-à-dire du fluide attiré, ne soient en-
suite transportées jusqu'au nuage lui-même, si l’air est calme, pour neu-
traliser une portion plus ou moins sensible du fluide dont il est chargé.
» Cette neutralisation est ce que l’on appelle l’action préventive du
paratonnerre.
» En même temps que la pointe aiguë donne naissance à l’aigrette, le flux
d'électricité qui passe acquiert souvent une telle intensité, que la pointe
s’échauffe jusqu’à la fusion ; dans ce cas l’or, et le platine lui-même, quoique
beaucoup moins fusible, tombent en gouttes volumineuses le long du
cuivre ou du fer qui les porte.
» Lorsqu'un paratonnerre a ainsi perdu sa pointe aiguë et que son som-
met n’est plus qu’un large bouton de fusion d’or ou de platine, on doit se
demander s’il est ou s’il n’est pas hors de service. `
» À cette question nous répondons : non, le paratonnerre n’est pas hors
de service, pourvu qu'il continue d’ailleurs à remplir les deux conditions
essentielles, savoir :
» 1° Que le conducteur soit sans lacunes;
» 2° Que par son extrémité inférieure il communique largement avec
la nappe souterraine.
» Seulement, en perdant sa pointe, le paratonnerre a perdu quelque chose
de son action préventive. L’aigrette ne pourrait se reproduire que sous l'in-
fluence d’une attraction beaucoup plus forte, et la fusion, qui dépendait
surtout de la finesse et de l’acuité de la pointe, ne pourrait se renouveler
que très-difficilement en laissant d’ailleurs les choses à peu près dans le
même état. L'air n’est donc plus électrisé par l’aigrette sous forme lumi-
neuse, cette part de l’action préventive a disparu; l’autre part, celle qui
peut dépendre de l'air électrisé par son contact avec toutes les portions
supérieures de la tige, est probablement beaucoup plus petite.
» Au reste, s'il est vrai que le vent emporte bien loin du nuage l'air élec-
trisé par laigrette aussi bien que l'air électrisé par la tige, l’action préven-
tive est si souvent réduite à rien, qu'il n’y a pas lieu de la regretter
beaucoup,
» La conclusion est donc qu’en perdant sa pointe aiguë un paratonnerre
ne perd en réalité qu’un très-faible avantage.
» C’est par ces motifs que la Commission de 1855 a été conduite à con-
seiller de terminer le haut du paratonnerre par un cylindre de cuivre rouge
de 2 centimètres de diamètre sur 20 à 25 centimètres de longueur totale,
Iisi
( 108 )
dont le sommet est aminci pour former un cône de 3 ou 4 centimètres de
hauteur {Comptes rendus de l Académie des Sciences, t. XL, p 522}: |
» Ce cylindre de cuivre rouge est ajusté à vis sur l'extrémité de la tige
de fer du paratonnerre et brasé avec elle pour en faire le prolongement.
» En prenant maintenant pour exemple le paratonnerre dont le sommet
est terminé par le cône de cuivre rouge, et en laissant de côté l’action pré-
ventive, nous allons poursuivre l'examen des phénomènes qui se produisent
pendant les orages. HFE
» Le cône de cuivre pourra donner encore quelquefois le spectacle des
aigrettes, mais bien moins souvent que les pointes aiguës d’or ou de platine;
même dans ce cas, il résiste à la fusion à raison de sa forme et surtout à
raison de sa grande conductibilité tant électrique que calorifique.
» Si la foudre vient à éclater, c'est par le cône de cuivre qu’elle pénètre
dans la tige et le conducteur, et c’est par la tige et le conducteur qu’elle
va se neutraliser dans la nappe souterraine.
» Les deux points de départ de l'éclair sont l’un sur le nuage, l’autre au
sommet du paratonnerre; il n’y a du reste aucune apparence lumineuse
ou éléctrique, dans tout le surplus du circuit. Le courant produit par la
foudre passe dans toute l'étendue du conducteur, comme le courant produit
par une batterie électrique ou voltaïique passe dans un fil de fer d’un dia-
mètre suffisant.
» C'est un coup de foudre ordinaire, seulement il est sans dommage pour
le paratonnerre et pour l'édifice qu’il protége; il ressemble ainsi aux coups
de foudre innombrables qui pendant les orages s'éteignent au milieu de
l'atmosphère. |
§ H. — Construction des paratonnerres.
(Voir la Légende pour les figures.)
» 5. Tige. — La tige de fer du paratonnerre est prolongée en haut, comme
nous venons de le dire, par un cylindre de cuivre rouge terminé en cône,
fig. 1; à ce point de jonction, elle a été arrondie et réduite à 2 centimètres de
diamètre; plus bas elle reste carrée et va en augmentant d'épaisseur régu-
lièrement, jusqu’au point d'insertion du conducteur, où elle doit avoir 4 ou
5 centimètres de côté. Sa hauteur totale, entre le sommet du cône de cuivre
et ce dernier point, peut varier de 3 à 5 mètres, suivant les circonstances.
Il y a presque toujours plus d'avantages à augmenter le nombre des tiges,
en les maintenant entre ces limites, et en les reliant entre elles par un con-
ducteur commun pour les rendre solidaires, qu’à en réduire le nombre en
leur donnant des hauteurs de 7 ou 8 mètres.
( 109 )
» Toute la longueur de la tige qui est au-dessous du conducteur, ou au-
dessous du plus bas des conducteurs, si elle en porte plusieurs, ne compte
plus comme paratonnerre; on peut en varier à volonté la forme, et choisir
celle qui convient le mieux pour la fixer très-solidement sur ses appuis.
» 6. Conducteurs. — Le conducteur est adapté à la tige par une très-bonne
soudure à l’étain, d’après la disposition indiquée par la fig. 2; cette pre-
mière partie du conducteur aura 2 centimètres de côté, et sa partie arrondie,
dressée et étamée d'avance, qui traverse la tige de parten part, aura 15 milli-
mètres de diamètre; ainsi les deux surfaces du fer, métalliquement unies
par la soudure, auront près de 20 centimètres carrés. |
» Toutes les longueurs suivantes du conducteur, excepté celles qui com-
muniquent à la nappe d’eau, seront réduites à 15 millimètres de côté; elles
seront réunies entre elles par des soudures à l’étain, d’après la disposition
indiquée dans les fig. 3 et 4, la longueur du joint étant de 15 centimètres.
» Les courbures toujours arrondies qu’il faudra donner au conducteur,
soit pour descendre au sol, soit pour s'étendre sur le sol jusqu’à la verticale
de la nappe d’eau, suffiront au jeu des dilatations.
» Comme il importe que ces soudures ne soient pas fatiguées par des
flexions ou par des tractions obliques, on aura soin d'établir dans leur voi-
sinage des supports de fer à fourchettes qui permettent le glissement longi-
tudinal en empêchant tout ballottement latéral. Ces supports ne doivent pas
ètre des isoloirs électriques.
» 7. Communication avec la nappe d’eau. — La nappe souterraine est,
comme nous l'avons dit, celle des puits du voisinage qui ne tarissent jamais
et qui conservent au moins 5o centimètres de hauteur d’eau dans les sai-
sons les plus défavorables.
» Le puits du paratonnerre sera construit comme un puits ordinaire; il
doit être restreint à ce service spécial et ne recevoir aucune eau de fosse
ou d’égout.
» Si les circonstances l’exigeaient, le puits ordinaire pourrait être rem-
placé par un forage de 20 à 25 centimètres de diamètre, tubé avec soin
Contre les éboulements.
» La portion du conducteur qui descend dans le puits sera faite avec du
fer de 2 centimètres de côté; son extrémité inférieure portera quatre racines
d'environ 6o centimètres de longueur, comme l'indique la fig. 6 qui repré-
sente seulement deux de ces racines; les deux autres sont pareilles et sou-
dées sur les deux autres faces du conducteur descendant; un épais nœud
( 110 )
de soudure enveloppe tout cet ajustement. Ces racines pourraient être
remplacées par une hélice de cinq ou six tours formée en contournant en
tire-bouchon l'extrémité inférieure du conducteur lui-même.
» La partie supérieure du conducteur vertical sera soutenue à l'entrée du
puits, soit par une cheville assez forte posée sur deux barres parallèles, soit
par d’autres moyens analogues, fig. 5; on donnera à ces supports une
hauteur telle, que les racines et, au besoin, le nœud de soudure plongent
dans l’eau; mais il importe que ce poids considérable ne porte pas sur les
vases du fond du puits où s’enfonceraient les racines.
» On se ménagera les moyens de constater aisément la profondeur de
l’eau du puits dans les diverses saisons de l’année, même quand on con-
naîtrait le mouvement de ces variations de niveau dans les puits voisins.
» Enfin, de loin en loin il sera nécessaire de reconnaitre l’état du fer im-
mergé, car il y a certaines eaux qui pourraient peut-être le corroder trop
profondément dans une période de quatre ou cinq années. 11 faudra donc
défaire la dernière des soudures qui se trouve hors du puits et avoir pré-
paré les moyens mécaniques convenables pour enlever le conducteur et
amener au jour son extrémité inférieure.
… = § III. — Dispositions spéciales.
(Voir la Légende pour les figures.)
» 8. Les paratonnerres ne seront pas établis sur l'édifice même du magasin
à poudre, mais en dehors du chemin de ronde et de son mur de clôture.
» Chaque magasin de grandes dimensions (27",89 sur 20 mètres; hauteur
11 mètres) sera entouré de trois paratonnerres : deux pres des extrémités
de la grande face du mur de clôture qui est le plus exposée aux orages, et le
troisième vers le milieu de la face opposée. Ces paratonnerres, dont la tige
aura seulement 5 mètres de hauteur, seront élevés sur des supports de
15 mètres, le long desquels le conducteur descendra jusqu’au sol.
» Un circuit, que nous appellerons circuit de ceinture, parce qu’il suivra,
à une petite profondeur au-dessous du sol, l'extérieur du mur de chemin de
ronde, viendra passer au pied des trois supports et se souder à chacun des
conducteurs qui descendent des tiges. Ainsi, les trois paratonnerres sont
rendus solidaires, et il suffira de partir du point le plus favorable du circuit
de ceinture pour aller chercher la nappe souterraine.
» Cette disposition a surtout deux avantages :
2 Premièrement, elle reporte au dehors tous les travaux de premier éta-
blissement, d'entretien ou de réparations que pourraient exiger les para-
( 115 )
tonnerres, éloignant ainsi du toit et des murs du magasin l’opération de
soudures que nous jugeons nécessaire. |
» Secondement, le circuit de ceinture est un supplément de garantie con-
sidérable contre les explosions de la foudre qui pourraient accidentellement
se produire dans certaines circonstances, par exemple après les grandes
pluies, quand la terre végétale est tellement trempée, qu’elle devient en
quelque sorte et pour quelques instants la première nappe aquifère.
» Pour les magasins de moyenne dimension, on pourra se borner à deux
tiges et deux supports; pour les petits magasins, à une tige et un support;
mais, dans tous les cas, on établira le circuit de ceinture.
» S'il arrive qu’un magasin à poudre soit dominé, à petite distance, par
des cimes de rochers ou par des édifices, nous n’admettons pas qu'il puisse
être considéré comme étant, par ces seules circonstances, garanti contre les
atteintes de la foudre; nous admettons, au contraire, qu’il n’y est pas moins
exposé et qu’il doit être protégé comme sil n'avait autour de lui rien qui
le dominât. En effet, les cimes de ces rochers ou les sommets de ces édifices
pourraient bien, en général, recevoir le premier choc de la foudre; mais,
comme il est certain que le coup ne s'arrête pas là et qu’il se prolonge
jusqu’à la nappe souterraine, on ne peut pas affirmer que dans ce long trajet
il ne prendra pas le magasin à poudre comme l’un des intermédiaires qu'il
doit frapper.
» Le magasin à poudre placé dans les circonstances dont il s’agit ne sera
donc protégé tout à la fois contre ce choc secondaire et contre le choc
direct que s’il est armé de ses tiges, de ses conducteurs, de son circuit de
ceinture et de sa communication avec la nappe souterraine.
» Il nous reste maintenant à entrer dans quelques détails sur les construc-
tions qui sont la conséquence de ce système. :
» 9. Supports des tiges. — Les supports n’ayant à remplir aucune condition
électrique, on peut, à volonté, les construire avec de la pierre, des briques,
du bois, du fer, de la fonte, etc.; ils seront toujours très-bons s'ils ont
15 mètres de hauteur, s’ils sont assez solides pour résister à tous les vents,
enfin si la tige peut se fixer à leur sommet d’une manière invariable. On
atteindrait le but, par exemple, avec trois longues pièces de bois, assem-
blées en pyramide triangulaire dont elles formeraient les arêtes, ou avec
des cornières de fer ou de fonte.
» 10. Circuit de ceinture. — Le circuit de ceinture est composé de trois par-
ties dont l’une est à peu près en ligne droite, puisqu'elle va d’une extrémité
à l’autre d'une des grandes faces du mur d'enceinte; les deux autres sont à
( 112)
peu près égales entre elles, et composent ensemble les trois autres côtés du
rectangle. Ces trois parties sont en même temps réunies entre elles et réunies
aux conducteurs descendants, d’après la disposition indiquée fig. 7; les sou-
dures courantes sont faites d’après les fig. 3 et 4; c’est le joint de deux por-
tions du conducteur ordinaire.
» Pour protéger le circuit de ceinture, on peut employer diverses méthodes.
On peut adopter l’auget où se trouve maintenant logée la partie rampante
du conducteur qui descend du faîte; seulement on le creuserait moins pro-
fond, de telle sorte que le conducteur lui-même se trouvät très-peu an-
dessous du sol; il n’est pas nécessaire de remplir langet avec de la braise
de boulanger, ni de le remplir de terre ou de sable; il n’est pas nécessaire
non plus de le couvrir, excepté dans les points où il se trouve sur un pas-
sage. Il n’y a pas d'inconvénient à ce que l’auget puisse accidentellement
se remplir d'eau.
» Au lieu de l’auget, on pourrait employer un simple caniveau de fonte,
dont les bords seraient à fleur du sol. Dans ce cas, vers les coins du mur
d'enceinte, les portions droites devraient se raccorder par un coude arrondi.
Le caniveau devrait pareillement être couvert assez solidement ou avec du
bois ou avec de la pierre, dans les points où il se trouve sur un passage;
partout ailleurs il se présenterait à peu près comme une rigole d’arrosement.
» 11. Communication avec la nappe d’eau. — Si la nappe souterraine est à
petite distance, on rentre dans le cas ordinaire dont il a été parlé (7). Aprés
avoir choisi sur le circuit de ceinture le point de départ le plus favorable
pour arriver au puits, on y placera un caniveau en forme de T, se raccor-
dant à droite et à gauche avec le caniveau de ceinture; on courbera en
équerre le bout du conducteur d'embranchement, puis, par une soudure
ordinaire, on le réunira au conducteur de ceinture; il ne restera plus qu'à
continuer l’embranchement et son caniveau jusqu’à la branche verticale
qui descend dans le puits.
» Si la nappe souterraine ne se trouve qu’à une grande distance ; s’il faut,
pour y arriver, parcourir sur la pente des collines plusieurs centaines de
mètres ou même plusieurs kilometres, la théorie ne change rien à ses déduc-
tions, elle répond toujours : 1] faut que le conducteur descende jusqu’à la
nappe souterraine et qu'il y pénètre; il est impossible qu’il reste en chemin. -
s On comprend que la pratique puisse s'effrayer un peu d’une telle obli-
gation.
» Cep : : a , i
pendant le problème a tant d'importance, que l’on ne doit pas le
(310)
regarder comme insoluble avant d’avoir scruté la nature des difficultés qu'il
présente.
» Matériellement, le trajet du conducteur n’exige qu’une augmentation
de dépense pour être prolongé par l’une ou l’autre des méthodes que nous
venons d'indiquer, ou par d’autres analogues. À la vérité, plus la distance
augmente, plus il y a de chances de rencontrer des terrains difficiles à fran-
chir, des rochers, des éboulis, etc.; en un mot, des obstacles sérieux pour-
raient s’opposer à la continuation du conducteur à fleur de terre. En pareil
cas il y aurait de l'avantage à changer de méthode, et à substituer le sys-
tème aérien au système à fleur de terre; il suffirait pour cela d'introduire
quelques changements dans la disposition ordinaire des fils télégraphiques.
» 1° On prendrait les fils les plus forts, ceux de 6 à 7 millimètres de
diamètre, le joint de deux fils qui se suivent serait la soudure à manchon
qui est adoptée ; seulement il faudrait que Îles fils fussent étamés d'avance,
et que le manchon eùt 15 ou 20 centimètres de longueur.
» 2° Il faudrait employer six fils afin d’avoir une section suffisante, Ils
ne seraient ni cordés, ni mêlés, mais séparés les uns des autres.
» 3° Au lieu d’être isolés sur leurs perches ou poteaux comme ils doivent
l'être pour le télégraphe, ils y seraient au contraire supportés par des cro-
chets de fer ou des poulies de fonte, dont les dispositions seraient variées
suivant que le fil se prolonge en ligne droite ou en ligne brisée.
» 4° Enfin, la jonction du système des fils avec le système des conducteurs
à fleur de terre se ferait d’après les dispositions indiquées dans les
fg. 8, 9 et 10.
» En combinant ces deux systèmes suivant les circonstances et les acci-
dents du terrain, on parviendra sans doute à surmonter tous les obstacles
matériels.
» Cependant le problème n’est pas résolu complétement. Il reste une dif-
ficulté d’une autre nature. A quoi serviraient ces conducteurs s'ils deve-
naient le jouet des passants ou l’objet de la convoitise des malfaiteurs de
loute sorte, qui pourraient à chaque instant les dégrader ou les détruire?
» Tout le monde comprend que s’il est nécessaire d’établir des prier A
nerres sur les magasins à poudre pour prévenir de grands désastres, il n est
pas moins nécessaire qu’ils soient respectés dans toute l'étendue de leur
parcours ; ajoutons enfin qu’il y a lieu d’espérer que les conducteurs des
paratonnerres m'inspireraient pas moins de respect que les fils des télé-
graphes. »
C. R., 1867, 1°t Semestre. (T, LXIV, N° 3.) 16
( 114)
LÉGENDE,
Fic, 1 (grandeur naturelle).
Coupe verticale du cylindre de cuivre rouge, indiquant en haut la forme du cône et en bas
l’ajustement avec la tige du paratonnerre; ces deux portions sont séparées par une brisure
qui complète la longueur totale de 20 à 25 centimètres que doit avoir le cylindre de cuivre
rouge. |
Fic, 2 (demi-grandeur).
Coupe verticale de l’ajustemeut du premier conducteur ayec la tige. Le trou percé dans la
tige doit être étamé, ainsi que l’écrou et la portion arrondie du conducteur. Quand la sou-
dure est faite, on y ajoute pour la compléter :
En a, un anneau de soudure tout autour du joint;
En à, un nœud de soudure qui enveloppe l’écrou et le bout du conducteur.
Fic. 3 (demi-grandeur).
Ajustement ordinaire de deux portions successives du même conducteur.
Les deux faces qui doivent être en contact sont étamées préalablement ; quand elles ont
été réunies par les boulons et soudées, on garnit les bouts des conducteurs, les extrémités
des boulons et les faces latérales.
Fic. 4 (demi-grandeur).
Coupe de l'assemblage des conducteurs.
cet c’, bourrelets latéraux de la soudure.
Fic, 5 (quart-grandeur).
Suspension du conducteur à l’entrée du puits,
a et a’, deux équerres qui sont boulonnées sur les conducteurs, sans y étre soudées.
b et b', coupes de deux barres parallèles soutenues à louverture du puits; elles sout
munies chacune de deux chevilles fixes ou arrêts entre lesquels viennent se poser les équerres.
Fic. 6 (quart-grandeur).
Communication avec la nappe d’eau.
abc et a'b'c', deux des quatre racines qui sont boulonnées et soudées vers la partie infé-
rieure du conducteur; leur longueur totale est de o à 5o centimètres.
Les deux autres racines sont pareilles, seulement elles sont ajustées quelques centimètres
plus haut ou plus bas sur les deux autres faces du conducteur.
L'ensemble de ces joints est ensuite noyé dans un nœud de soudure.
Fıc. 7 (quart-grandeur).
Jonction du circuit de ceinture avec le conducteur qui descend de la tige.
ab, conducteur descendant.
cdr et c'd'r', deux portions voisines du conducteur de ceinture; elles sont repliées en
( 115 )
équerre et viennent Symétriquement se boulonner et se souder sur les deux faces opposées
du conducteur.
Fic. 8 (demi-grandeur).
Fil étamé et replié avant d’étre mis dans les tubes z et #’; l'extrémité c doit se trouver
alors à 2 centimètres environ au-dessous de l’ouverture du tube.
Fre. Q et 10 (quart-grandeur).
Plan et élévation d’un ajustement propre à réunir le conducteur à fleur de terre avec le
conducteur aérien.
Il faut donner 2 centimètres de côté à cette dernière portion du conducteur à fleur de
terre.
ab en est la terminaison.
cdf et cd'd' f’ sont deux pièces pareilles en fer, de 2 centimètres de côté; elles ont été tra-
vaillées à la forge de manière à présenter en d et d’un œil de 35 millimètres de diamètre,
destiné à recevoir, pour y être soudé au cuivre, l'extrémité inférieure des tubes de fer ż
et t’, représentés en élévation dans la fig. 10.
Ces tubes z et z” ont été fermés davance par un bouchon de fer k et k', de 2 centimètres
d'épaisseur; il est bon de les aplatir un peu vers le haut, c’est-à-dire d’en rendre louverture
un peu elliptique.
Leur diamètre intérieur est d'environ 30 millimètres, et leur hauteur de 18 à 20 centi-
mètres.
Ils sont destinés à recevoir chacun trois des six fils qui composent le système aérien : il
est donc bon d’en étamer avec soin toute la surface intérieure.
Il faut aussi étamer les surfaces de fer qui doivent être en contact avec le conducteur ab
et les faces correspondantes de celui-ci. ;
Ces opérations faites, les deux pièces dont il s’agit sont mises en place, boulonnées et
soudées avec le conducteur. ;
Il restè à placer les fils dans les tubes : on commence par en étamer les extrémités sur
une longueur de 46 à 5o centimètres; ensuite on les replie sur eux-mêmes, fig. 8, et, après
en avoir disposé trois dans chaque tube, on y verse de la soudure jusqu’à le remplir; il
faut, de plus, arrondir le sommet pour que l’eau n’y séjourne pas.
C’est ainsi que les six fils deviennent la continuation immédiate et métallique du conduc-
teur à fleur de terre.
Pour les protéger à leur point de départ et à leur point d’arrivée, on aura établi soli-
dement, dans le sol, une espèce de chèvre s'élevant de 4 ou 5 mètres, dont les deux mon-
tants # et o” s'écarteront en bas de 60 à 80 centimètres, et en haut de 30 à 40 centimètres.
Une barre de fer zz', fixée sur les montants, vient passer en même temps sur les bords
des cercles 4 et d', sur le conducteur ab et sur les pièces f et f’ qui lui sont unies, afin
d'empêcher que la traction des fils n’y produise quelque dérangement.,
Par cette méthode, les fils partent du sol pour s'élever à peu près verticalement jusqu’à
la hauteur nécessaire; là ils trouvent contre les montants de la chèvre les crochets de fer ou
les poulies de fonte qui doivent les soutenir et les diriger vers les poteaux suivants : ceux-ci
16...
( 116)
ne sont alors que de simples -poteaux télégraphiques où les supports isolants sont remplacés
par des supports de métal.
Au point d'arrivée se retrouve l'appareil du point de départ.
Si les circonstances l'exigent, on pourra aisément, à ces points extrêmes, garantir les fils
par des planches ou par des feuilles de tôle fixées contre les montants v et o’ de la chèvre,
« On sait qu'aucune peinture ne compromet les fonctions électriques d’un
paratonnerre; ainsi on peut appliquer sur la tige et sur le conducteur
les peintures ou les enduits les plus propres à les conserver, en exceptant
toutefois la portion immergée du conducteur, qui doit rester en communi-
cation immédiate avec l’eau du puits. »
Après la lecture de ce Rapport, faite par M. Pouillet dans la séance du
14 janvier, le projet a été l’objet d’une discussion à laquelle ont pris part
MM. Morin, Becquerel, et Piobert, qui ont présenté les observations sui-
vantes :
« M. ce Généraz Moris fait remarquer que le circuit des conducteurs
apparents ou à peine couverts dans un auget à fleur du sol et placé à l'ex-
térieur du mur d’enceinte du magasin à poudre, se trouvera exposé à la
malveillance. Il pourrait être facilement interrompu, malgré la surveillance
peu rigoureuse des factionnaires, ce qui rendrait l'emploi des PAPA
très-dangereux.
» Quant à la prolongation du conducteur unique jusqu'aux nappes
d’eau souterraines à niveau constant, elle est évidemment utile. Mais, à
moins que ces conducteurs ne soient renfermés dans l'enceinte des fortifi-
cations, il serait également imprudent de les laisser apparents, soit à la sur-
face du sol, soit par suspension aérienne, comme les fils télégraphiques.
» M. Morin fait d’ailleurs remarquer que la plupart des grandes places
de guerre de la Flandre, de l'Alsace, sont situées soit sur des cours d’eau,
soit dans des plaines où les nappes souterraines constantes se rencontrent
à des profondeurs modérées, à proximité des magasins à poudre, ce qui
permet de renfermer les conducteurs dans l'intérieur -de l’enceinte ou dans
des augets très-peu profonds, faciles à visiter.
» 1 ajoute que, dans le service de l'artillerie, cette visite des conducteurs
des magasins à poudre se fait régulièrement au moins une fois tous les ans,
que les procès-verbaux qui la constatent sont remis aux inspecteurs géné-
: (119:)
raux et joints à leur travail, ce qui doit atténuer les craintes qu'a inspirées
à la Commission l’usage de couvrir les augets pour empêcher les conduc-
teurs d’être apparents.
» M. Morin fait remarquer en outre que si l'instruction réclamée par le
Ministre de la Guerre, à la demande du Comité de l'artillerie, peut, comme
il n’y a pas de doute, être d’une grande utilité à ce service, il ne serait pas
moins important qu'elle fût transmise aux autres départements ministériels,
et en particulier à ceux de l'Intérieur et de la Maison de l'Empereur; car
il est malheureusement notoire que les paratonnerres établis sur les édifiges
civils et leurs conducteurs ne sont jamais visités, ce qui les rend bien plus
dangereux qu'utiles. »
« M. Becouerez a émis, dans le sein de la Commission, une opinion
semblable à celle de M. le Général Morin, à l'égard des conducteurs aériens
destinés à aller chercher la nappe d’eau à plusieurs kilomètres de distance
des magasins à poudre, si l’on n'exerce pas une surveillance aussi active
que celle qui a lieu sur les chemins de fer pour la conservation des fils
télégraphiques. Il l'a abandonnée lorsqu'on lui a fait observer que la
Commission devait indiquer ce qu'il y avait de mieux à faire, sauf à l'au-
torité compétente à décider si la mesure proposée était possible ou non.
» M. Becquerel a ajouté que lorsqu'on se serait assuré par un sondage
préalable, exécuté dans l'enceinte du magasin à poudre, que la nappe d’eau
existait même à une grande profondeur, on pouvait y faire arriver le con-
ducteur avec ses branches multiples, ou se borner à le placer dans la
couche de terre supérieure toujours humide, si son existence avait été
également bien constatée. »
« M. Progerr ne pense pas qu'un document aussi important qu'une
Instruction sur l'établissement des paratonnerres des magasins à poudre,
demandée par un Ministre, puisse être adoptée, séance tenante, par l'Aca-
démie. Tout en approuvant la partie théorique du Rapport, il croit que
l'exécution de certaines dispositions recommandées par la Commission
n'atteindra pas complétement le but qu’elle s’est proposé et présentera de
graves inconvénients dans la pratique; ainsi la construction des conduc-
teurs, surtout ceux de ceinture, en dehors de l'enceinte des magasins, à
Une très-petite distance au-dessous du sol, ne présenterait aucune sécurité
dans les magasins à poudre isolés, c’est-à-dire situés en dehors des arsenaux
ou des établissements fermés et bien surveillés. »
( 118) °
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. ze MINISTRE DE L’InsrRuCTION PUBLIQUE transmet à l’Académie deux
Mémoires de M. Trémaux concernant la Mécanique céleste.
(Renvoi à la Section de Mécanique.)
e ? , . , .
ASTRONOMIE, — Sur l'accélération séculaire du mouvement de la Lune.
Mémoire de M. V. Puiseux, présenté par M. Delaunay. (Extrait par
l'auteur.)
(Commissaires : MM. Liouville, Delaunay, Serret.)
« On sait que la diminution de l’excentricité de l'orbite de la Terre a
pour conséquence nécessaire l'accélération du mouvement de la Lune :
d’un autre côté, plusieurs éclipses observées dans l'antiquité indiquent aussi
que le mouvement de notre satellite s'accélère; mais elles paraissent don-
ner, pour le coefficient de cette accélération, une valeur à peu près double
de celle qui résulterait de la seule variation de l’excentricité de L’orbite ter-
restre. En supposant ce désaccord bien établi, il est naturel de l'attribuer
à quelque influence dont on n’aurait pas tenu compte jusqu’à présent : c’est
ainsi que l'attraction exercée sur la Lune, par le bourrelet liquide que les
marées soulèvent à la surface des océans, a été signalée comme pouvant à
la longue ralentir le mouvement de cet astre, en même temps que l’action
réciproque de la Lune sur ce bourrelet pourrait altérer la constance du jour
sidéral.
» Toutefois, avant d'introduire dans la théorie de la Lune un effet de ce
genre dont le calcul rigoureux parait bien difficile, il m’a semblé qu’il con-
venaitde ne négliger aucun terme sensible, parmi ceux que fournit la théo-
rie ordinaire, dans laquelle on n’a pas égard au changement de forme de la
partie liquide de la Terre. En examinant la question à ce point de vue, je
me suis demandé s’il était bien démontré que le déplacement du plan de
l'orbite terrestre n’eût aucune influence sur l'accélération du mouvement
de la Lune.
» Laplace, Poisson, Plana ont admis tous trois que la longitude de la
Lune ne contenait aucun terme séculaire sensible qui dépendit de l’incli-
naison de l'écliptique sur un plan fixe. Mais comme les illustres auteurs ne
sont arrivés à ce résultat qu’en se contentant d’une approximation limitée
( 119)
relativement à l’inclinaison ọ de l'orbite lunaire, aux excentricités e et e' des
. . a .
orbites de la Lune et du Soleil, et au rapport — de leurs demi-grands axes,
j'ai cru devoir examiner si la même conclusion subsiste, lorsqu'on tient
compte de puissances plus élevées de ces petites quantités.
» La solution de cette question est le but du présent Mémoire. Dans la
premiere partie, la seule que je présente aujourd’hui à l’Académie, je
réduis la fonction perturbatrice à sa partie constante et aux termes dont les
arguments sont multiples de la différence des longitudes des nœuds du
Soleil et de la Lune (1). C’est, en effet, de cette partie principalement qu’on
pouvait s'attendre à voir naître, dans la longitude de notre satellite, un terme
dépendant de l’inclinaison +’ du plan de l'écliptique sur sa position initiale
et proportionnel au cube du temps. La fonction perturbatrice étant ainsi
réduite, les équations du mouvement de la Lune s’intégrent sans qu’on ait
besoin de recourir à des approximations successives relativement à la force
perturbatrice, et je montre que, si cette intégration amenait dans la longi-
tude de la Lune le terme séculaire dont il vient d’être question, le coefficient
de ce terme serait au moins du huitième degré relativement aux petites
quantités 9, e, e’, =: De là on peut conclure que le terme dont il s’agit,
s'il n’est pas rigoureusement nul, est au moins absolument négligeable.
» Toutefois ce calcul ne résout pas entièrement la question. Fl faut en-
core, et ce sera l’objet d’une seconde partie de ce Mémoire, déterminer les
termes du même genre qui sont dus aux parties de la fonction perturbatrice
que j'ai d’abord négligées. Il est vrai que ces termes sont, relativement à la
force perturbatrice, d’un ordre plus élevé que ceux que j’ai considérés dans
la première partie; mais ils sont d’un degré moindre en 9, e, €, V3:
comme d’ailleurs ils sont fort nombreux et que je n’en ai pas terminé le
calcul, je ne puis dire encore si leur ensemble affecte d’une manière sen-
sible la longitude de la Lune aux époques anciennes. Toutefois, quand bien
même il faudrait conclure définitivement que ces termes sont négligeables,
la recherche à laquelle je me suis livré ne me paraïtrait pas entièrement
(1) J'emprunte, comme on voit, à M. Delaunay, l’idée qui sert de base à sa théorie de la
Lune. Seulement, dans la partie de ses recherches qu’il a publiée, le savant astronome, fai-
Sant abstraction des changements qu’éprouvent les éléments du Soleil, suppose provisoire-
ment l’écliptique fixe : il ajourne donc le calcul qui m'occupe ici, des effets dus au déplace-
ment de ce plan,
( 120 )
inutile. Car, ainsi que je le disais plus haut, avant de faire intervenir dans
la théorie de la Lune des influences nouvelles, il importe d’avoir étudié
complétement les causes bien connues qui troublent le mouvement de cet
astre. »
M. Ossrax Bosser est prié de s’adjoindre à la Commission désignée dans
la séance précédente pour examiner un Mémoire de M. G. Perry sur les
systèmes coniques triplement isothermes.
CORRESPONDANCE.
M. Le SecréraIRE PERPÉTUEL signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, un ouvrage de M. Marmy ayant pour titre : « Études
sur la régénération des os par la conservation du périoste:».
L'ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE adresse ses remerciments à l’Aca-
démie pour l’envoi de ses Comptes rendus, et signale quelques lacunes dans
les numéros qui lui sont parvenus.
(Renvoi à la Commission administrative.)
L’ACADÉMIE IMPÉRIALE DE Merz adresse un exemplaire de ses Mémoires
pour 1865-1866.
M. ze MINISTRE DE L'AGRICULTURE, DU COMMERCE ET DES TRAVAUX PUBLICS
adresse à l’Académie une nouvelle Lettre, pour la prier de vouloir bien lui
faire connaitre son jugement sur un Mémoire de M. Gaillard concernant
un nouveau mode de préparation d’allumettes phosphoriques.
Le Mémoire a été examiné par la Commission des Arts insalubres, dont
la décision sera transmise à M. le Ministre.
M. Gouizox, en adressant à l’Académie un numéro du Moniteur de la
Teinture, dont il a pris la direction, sollicite l’envoi des Comptes rendus en
échange de cette publication.
M. Dausrée présente, au nom de M. de Dechen, ancien directeur général
des mines de Prusse, la Carte géologique d'ensemble de la Prusse rhénane
( 121)
et de la Westphalie occidentale, que ce savant vient de publier, et s'ex-
prime en ces termes :
« L'Académie connait la belle carte de cette contrée dont M. de Dechen
est l'auteur, et qui a paru en trente-quatre feuilles pendant ces dix der-
niéres années. Elle a été exécutée sur la carte topographique de la Prusse,
qui est à l'échelle de 55455; comme notre carte du Dépôt de la Guerre.
» Tout en se consacrant avec dévouement aux hautes fonctions qu'il a
occupées pendant longtemps à la tête du corps des ingénieurs des mines de
Prusse, et en rendant à l’industrie minérale des services qui sont bien con-
nus, M. de Dechen a trouvé le temps d'exécuter ce grand travail, qui n'a
pas exigé moins de vingt-cinq années d’une activité soutenue, tant par ses
observations personnelles qu’en invitant à y concourir un certain nombre
d'ingénieurs dont il s'empresse de signaler les noms.
» Cette carte, dont les feuilles réunies occupent environ > mètres de
bauteur sur 3 mètres de large, ne peut être facilement examinée dans son
ensemble. Un tableau d'assemblage était donc très-utile. C’est cette carte,
réduite à l'échelle de, que M. de Dechen vient de publier pour com-
pléter et résumer son travail, en l’accompagnant d’une Notice explicative.
» On trouvera dans cette Notice les principales observations générales
auxquelles a donné lieu l'étude approfondie et exacte d’un pays aussi varié
dans sa constitution, et aussi digne d'intérêt pour le géologue que les con-
trées rhénanes.
» Par l'examen de cette Notice; et mieux encore par celui des nombreuses
feuilles de la carte à grande échelle dont on est redevable à M. de Dechen,
l’Académie appréciera le service important que ce savant a rendu à la
géologie par la publication de cette œuvre considérable. »
PHYSIQUE. — Sur les relations qui existent entre la composition, la densité et le
Pouvoir réfringent des solutions salines. Mémoire de M. Fouqué , présenté
par M. Le Verrier. (Extrait par l’auteur.)
à Le travail dont je donne ci-après un résumé succinct a été effectué
à l'Observatoire impérial de Paris, à l’aide d'instruments appartenant au
Cabinet de cet établissement, dont le Dirécteur avait bien voulu m’'accorder
l'entrée.
». Ce travail a eu pour objet : 1° de rechercher si la loi de Biot et Arago,
Pour les mélanges gazeux, était également applicable aux solutions salines;
GR. 1867, 167 Semestre. (T, LXIV, N° 3.) 57
( 122 )
2° d'étudier la variation de l'indice de réfraction et celle du pouvoir réfrin-
gent avec la température.
» Ces recherches ont exigé les opérations suivantes : 1° titrage des solu-
tions; 2° détermination de leurs densités; 3° mesure de leurs indices de
réfraction.
» Les sels employés, au nombre de quarante-trois, ont été purifiés par
les procédés habituels de la Chimie, et fondus ou simplement desséchés à
100 degrés avant leur pesée, suivant leur degré d’altérabilité par la chaleur.
» Les densités des solutions ont été prises par la méthode du flacon,
en opérant à des températures comprises entre zéro et 100 degrés, dans un
vase de forme analogue à celui qui sert pour déterminer le point 100 des
thermomètres: La détermination des densités a été effectuée deux fois sur
chaque solution à six mois d'intervalle environ. La mesure des indices de
réfraction a été opérée en recevant un faisceau de rayons parallèles sur un
prisme renfermant le liquide à étudier, et en déterminant dans chaque cas
la double déviation minima. Les prismes employés étaient formés au moyen
de flacons percés latéralement d’ouvertures sur lesquelles des glaces planes
étaient hermétiquement appliquées.
» Deux séries d'expériences ont été faites ainsi, l’une à la température
ordinaire, ayant principalement pour but l'étude de l'application de la loi
de Biot et Arago aux dissolutions; la seconde à des températures crois-
santes de 10 à 95 degrés, et ayant pour objet la détermination des varia-
tions de l'indice et du pouvoir réfringent avec la température.
» Dans la première de ces deux séries d'expériences, la nécessité d’opé-
rer à des températures très-peu variables m’a engagé à m'installer dans
une cave de l'Observatoire où les variations diurnes de la température
étaient très-faibles, et à éviter autant que possible toutes les autres causes
ordinaires d’échauffement. C’est pourquoi j’ai pris comme source princi-
pale de lumière, dans la détermination des indices , la lumière d’un tube
de Geissler rempli d'hydrogène, et je me suis éclairé, pour effectuer les lec-
tures du thermomètre et du cercle gradué, de tubes semblables fournissant
une vive lumière et une très-faible chaleur.
» Dans les expériences de la seconde série, le prisme contenant les
solutions était placé au centre d'une étuve fermée latéralement par des
glaces à faces parallèles et offrant une double paroi, dans l'intervalle de la-
quelle circulait de la vapeur d’eau, d'alcool ou d’éther, ou encore des va-
peurs provenant du mélange de ces liquides en diverses proportions. Les
liquides condensés revenaient dans la chaudière de manière à former une
(12 )
circulation continue de liquide et de vapeur, et fournissaient par suite une
température constante.
» Cent vingt-trois solutions de différents sels dans l’eau, et, en outre,
quelques liquides simples, comme l'eau, l'alcool, l’éther, la benzine, le
Tableau I.
TITRE COEFFICIENT TITRE COEFFICIENT
ge sea = moyen de variation de Pindice 3 Te sol moyen de variation de l'indice
dans 1 d’eau. pour la raie d. dans 1 d’eau. pour la raie d.
Chlorure de sodium. Azotate de soude.
0,0051 | De 9°,6 à 94°,0 = 0,00016 0,0101 De g°,0 à 93°,8 — 0,00017
0,1050 De 109,0 à 930,2 = 0,00017 0,0361 De 50,6 à 91°,0 = 0,00017
0,3400 De 109,0 à 939,0 = 0,00019 0,1910 De g°,0 à 930,6 = 0,00021
Chlorure de potassium. Iodure de potassium.
0,0077 De 80,7 à 930,2 = 0,00016 0,0072 De 80,0 à 939,8 = 0,00015
0,0759 De 90,6 à 939,0 = 0,00016 0,0412 De 40,0 à 929,7 = 0,00016
0,2460 De 50,0 à 94°,0 = 0,00017 0,2310 De 9°,0 à 93°,2 = 0,0001
Carbonate de soude. Azotate de chaux.
0,0074 De 6°,8 à 94°,6 = 0,00016 0,009 De 109,0 à 94°,0 = 0,00016
0,0367 De 4°,0 à 959,0 = 0,00016 0,019 De 49,2 à 94°,6 = 0,00017
0,1150 De 130,6 à 95°,0 = 0,00018 0,091 De 10°,0 à 94°,6 = 0,00022
Sulfate de cuivre. Chlorure de zinc.
0,0155 De 69,8 à 9509,0 — 0,00016 0,039 De 139,6 à:96°,2 = 0,00021
0,0387 De 70,2 à 94°,6 = 0,00017 0,206 De 120,2 à 960,6 = 0,00027
0,1922 De 7°,0 à 950,3 = 0,00019 0,3235 De 130,8 à 97°,0 = 0,00032
COEFFICIENT COEFFICIENT COEFFICIENT
moyen de variation de l'indice moyen de variation de l'indice moyen de variation de l'indice
. pour la raie d. pour la raie d. pour la raie d.
Alcool, Benzine. Sulfure de carbone.
De 130,2 à 75° = 0,00043 De 9°,8 à 76° — 0,00061 De 60,5 à 330,5 — 0,00078
sulfure de carbone, ont été étudiés de la sorte. Les résultats numériques
obtenus conduisent aux conclusions suivantes :
» 1° L'indice de réfraction des liquides varie considérablement avec la
température, Dans l'intervalle de 10 à 95 degrés, la variation de l'indice
pour les solutions salines atteint toujours le chiffre des centièmes.
17..
( 124 )
» 2° La variation de l'indice est d'autant plus grande que la liquenr est
plus concentrée.
» Ces deux conséquences sont mises en évidence par les exemples con-
tenus dans le tableau I, que j'extrais du tableau général de mes obser-
vations.
» 3° Le pouvoir réfringent des solutions salines diminue quand la tempé-
rature s'élève. Cette diminution est d'environ 0,001 pour toutes les solu-
tions que j'ai étudiées, dans l'intervalle de 10 à 95 degrés. Le coefficient
moyen qui représente cette variation du pouvoir réfringent diminue le
plus souvent quand le degré de concentration d’une solution augmente;
quelquefois il reste stationnaire; d’autres fois, au contraire, il augmente
aussi, mais, dans tous les cas, il varie beaucoup moins que l'indice avec le
degré de concentration de la liqueur. |
» Ces résultats sont mis en évidence par le tableau II.
Tableau II.
COEFFICIENT TITRE COEFFICIENT
ité
ge "2. sen moyen de variation du pouvoir réfringent ya _—— moyen de variation du pouvoir réfringent
dans 1 d’eau. pour la raie d. dans 1 d’eau. pour la raie d
Chlorure de sodium. Chromate neutre de potasse.
0,0051 De 9°,6 à 94°,0 = 0,00013 0,0097 De 9°,4 à 95°,0 = 0,00011
0,105 De 10°,0 à 93°,2 = 0,00009 0,0335 De 60,4 à 94°,0 = 0,00011
0,340 De 10°,0 à 93°,0 = 0,00008 0,2057 De 130,5 à 949,2 = 0,00011
Iodure de potassium, Chlorure de baryum.
0,0072 De 80,0 à 930,8 = 0 ,00010 0,0095 De 9°,4 à 959,6 — 0,00011
0,412 De 4°,0 à 92,7 = 0,00010 0,0461 De 50,4 à 95°,0 = 0,00011
0,231 De 9°,0 à 930,2 = 0,00007 0,1859 De 9°,6 à g4°,5 = 0,00011
Chlorure de zinc. Azotate de potasse.
0,039 De 139,6 à 960,2 = 0,00012 0,0063 De 9,0 à 949,0 = 0,00011
0,206 De 120,2 à 960,6 = 0,00010 0,0462 De 4°,8 à 94°,2 = 0,00013
0,323 De 13°,8 à 97°,0 = 0,00007 0,2033 De 150,6 à 95°,8 = 0,00014
Chlorure de lithium. Bichromate de potasse,
0,082 De 130,4 à 96,0 = 0,00011 0,0059 De 9°,0 à 93°,2 = 0,00010
0,384 De 159,0 à 96°,6 = 0,00006 0,0373 De 60,8 à 920,5 = 0,00011
0,0892 De 169,8 à g5°,4 = 0,00012
o i H i i p La S . 2
» 4° La dispersion diminue quand la température s'élève ; la différence
( 135)
entre les indices des raies et x et b du spectre de l'hydrogène diminue d’en-
viron 0,0003 entre les limites de 10 à 95 degrés pour l’eau et les solu-
tions aqueuses.
» 5° A une même température, le pouvoir réfringent des solutions d’un
même sel est d'autant moindre que ces solutions sont plus concentrées.
Pour chaque sel dissous, le maximum du pouvoir réfringent est égal à celui
de l’eau distillée, qui est 0,7812 à la température de 4 degrés. Des solu-
tions également concentrées de différents sels sont loin d’avoir le même
pouvoir réfringent. Ainsi, par exemple, une solution de chlorure de cal-
cium, dont le titre est égal à 0,326, possède encore un pouvoir réfringent
supérieur à celui d’une solution d’azotate de chaux dix-sept fois moins
concentrée. Il existe cependant une exception singulière à cette règle : les
solutions de chlorure de lithium ont un pouvoir réfringent supérieur à
celui de l’eau distillée, et d'autant plus grand qu’elles sont plus concentrées.
Ces solutions sont encore remarquables par leur coefficient de dilatation
moindre que celui de l’eau distillée, qui change très-peu pour des variations
considérables dans le titre des liqueurs.
» La loi de Biot et Arago, appliquée aux solutions salines, n’est pas
rigoureusement exacte; cependant elle s'applique assez bien à la plupart
des solutions et fournit pour chaque sel un nombre caractéristique repré-
sentant son pouvoir réfringent. Sur cent vingt-trois solutions étudiées
par moi, il n’y en a que seize pour lesquelles l'erreur observée dépasse la
limite probable d'erreur, et encore, sur ces seize solutions, il y en a quatorze
pour lesquelles cette limite n’est dépassée que d’une petite quantité. Pour
deux solutions de chlorure de zinc seulement, l'écart entre les résultats
calculés et les résultats observés se trouve trop fort pour qu'on puisse l’attri-
buer à des erreurs accidentelles. L’affinité considérable du chlorure de zinc
pour l’eau et la formation de différents hydrates dans la dissolution explique
suffisamment cette anomalie apparente. Parmi les sels dont j'ai étudié les
solutions, deux seulement, le chlorure de lithium et le carbonate de
lithine, ont un pouvoir réfringent déduit de leurs solutions supérieur au
Pouvoir réfringent de l’eau distillée.
» Comme exemple de l'application de la loi de Biot et Arago, je donne
dans le tableau 1I les nombres fournis par les observations faites sur sept
Solutions différentes de chlorure de sodium, en regardant le titre comme
tterminé à 0,001 près, et le pouvoir réfringent de la dissolution à 0,0002
près.
( 126 )
Tableau III.
POUVOIR
LIMITE
TITRE. réfringent TEMPÉRAT. ringent ra vds
de la dissolution. calculé pour le sel,
o
0,340 0,7570 10 0,6874 __ 0,0008 — 0,0006
0,209 0,7643 10 0,6897 0,0014 + 0,0015
0,105 0,7717 10 0,690 0,0028 + 0,0018
0,047 0,7765 9,8 0,691 0,005 + 0,003
0,020 0,7793 10,2 0,701 0,013 + 0,013
0,010 0,7805 10 0,72 0,03 + 0,03
0,005 0,7806 9,6 0,72 0,06 + 0,03
(1) L'erreur observée est déterminée en admettant pour le pouvoir réfringent du sel le nombre 0,6882.
* $ ;
PHYSIQUE, — Sur la trempe de quelques borates. Note de M. F.-P.Le Roux,
présentée par M. Pelouze.
« A l’occasion d’un travail d'optique que j espère pouvoir dans quelques
mois soumettre au jugement de l’Académie, j’ai été amené à me poser le
problème suivant : Étant donné un verre quelconque, supposé un peu
dur, en trouver un autre fondant à une température beaucoup plus basse
et présentant sensiblement la même dilatation que le premier. Ce pro-
blème, je suis arrivé à le résoudre, et j'espère qu’il aura d’intéressantes ap-
plications : il me parait possible, par exemple, d’arriver à construire des
objectifs de microscopes où le crown et le flint seraient directement adhé-
rents, etc. ; dans le travail que je prépare, j’en décrirai une toute différente.
» Mon étude a surtout porté sur les borates, dont jai préparé un grand
nombre, et dont j'ai fait des mélanges; ce sont eux qui ont donné lieu aux
observations dont il s’agit. |
» Le premier fait est relatif à un borate de magnésie. Un équivalent de
magnésie calcinée et un équivalent d’acide borique fondent à une très-
forte chaleur blanche et donnent un liquide très-fluide; ce liquide, versé
sur une plaque de fonte, fournit un verre très-légèrement verdâtre, d’une
grande légèreté et remarquable par sa solidité. Indépendamment des essais
que j'avais spécialement en vue, je me proposai d’étudier les qualités op-
tiques de ce verre, et, dans ce but, j'essayai d'en mouler des prismes dans
des feuilles de platine; je fus alors fort étonné de trouver dans mes moules
(127)
une masse complétement opaque, à cassure cristalline, rayonnée, d'un
aspect intermédiaire entre la porcelaine et le marbre blanc. Je répétai plu-
sieurs fois l'expérience avec des matières neuves, j'essayai de laisser
refroidir ce verre dans le creuset, sans le couler, et le résultat fut toujours
le même. ;
» Il est bien évident que, dansle cas de ce borate de magnésie, la trempe
est la condition sine quå non de la transparence et de létat amorphe; il est
certainement loin d’être prouvé que, sous ces deux états, la constitution
chimique du corps en question soit la même, je suis cependant porté à le
croire; à mon avis, les phénomènes sont du même ordre què ceux que pré-
sente la congélation de l’eau, suivant que celle-ci est refroidie lentement et
en grande masse, ou qu'on la projette en nappe mince sur une surface
amenée à une très-basse température. :
» L'action de la trempe me paraît être de continuer l’état isotrope qui
caractérise la fusion; un corps ainsi refroidi se trouve être dans un état
que l’on pourrait, je crois, bien caractériser par un mot nouveau : c'est
une parafusion.
» Quoi qu’il en soit, on peut conclure de l'observation que je viens de
rapporter, que la magnésie offre dans ses borates la propension à la dévi-
trification, que M. Pelouze vient de signaler dans les silicates triples qu’elle
forme avec la soude et la chaux.
» Dans d’autres corps, les effets de la trempe ou du recuit peuvent se
traduire par des changements de coloration qui me semblent également
être indépendants de toute modification chimique. Certains composés de
borate d’étain, et surtout les borates d’oxydule de cuivre, en offrent des
exemples remarquables. Je ne parlerai ici que de ces derniers.
» En fondant rapidement ensemble 3 équivalents d’acide borique et
1 équivalent d’oxydule de cuivre, et coulant la masse liquide sur une
plaque de fonte, on obtient une sorte de verre dont l'intérieur est rouge
orangé, et dont la surface est recouverte d'une pellicule d’une couleur
foncée qu’on ne peut guère déterminer; dans les premiers temps, j'attri-
buais cette coloration à une oxydation superficielle, mais mon attention
fut bientôt attirée par cette circonstance que la partie en contact avec le
métal au moment de la coulée présentait cette modification de couleur sur
une épaisseur de t millimètre environ; il n'y avait pas là à penser à une
oxydation.
» Le biborate d’oxydule de cuivre présente des effets analogues, mais
les changements dans la coloration sont différents ; les parties dont le re-
( 128 )
froidissement a été le plus rapide sont d’un jaune citron; celles dont il a
été le plus lent, d'un rouge orangé.
» Dans les mélanges que l’on peut faire de ces borates avec ceux de
plomb, d’antimoine, de zinc, etc., les effets de la trempe sont encore plus
saillants. |
» J'avais formé, entre autres, un mélange de parties égales de triborate
d’oxydule de cuivre, de biborate d’antimoine, de borate neutre de plomb.
Ce mélange, coulé sur une plaque de fonte, donne un verre d’un aspect
noir, transparent seulement sous une très-faible épaisseur, et offrant alors
l'apparence d’un verre très-fortement enfumé. Mais si l’on chauffe ce verre
Jusque vers la température de son ramollissement, et qu’on le laisse refroidir
assez lentement, toute la masse devient d’un beau rouge d’ocre. On pro-
duit très-facilement ce changement de coloration en chauffant un morceau
de ce verre dans la flamme d’une bougie.
» J'ai observé un grand nombre d’autres faits du même genre; quel-
quefois le changement de couleur se fait spontanément, en dehors de .
l’action de la lumière, comme dans certains mélanges contenant du borate
d'étain, qui passent du blanc laiteux au noir au bout de quelques mois.
» En résumé, je crois que dans tous ces cas, comme dans celui du verre
au manganèse qui est cité à la fin du Mémoire de M. Pelouze, la trempe a
une action spéciale, indépendante de toute modification chimique ; le mé-
canisme de ces changements nous est, il est vrai, inconnu, et tout ce que
nous pouvons conclure, c'est que la couleur des corps est intimement
liée à leur constitution moléculaire, plutôt peut-être qu’à leur nature
chimique. »
PALÉONTOLOGIE. — Sur:un maxillaire inférieur de Rhinocéros (Acerothe-
rium) de l'éocène supérieur du Tarn. Note de M. Tuomas , présentée
par M. d’Archiac.
« On place généralement dans la période miocène la première appari-
tion du genre Rhinôcéros (1). C’est d’une espèce de ce genre (type Acero-
(1) Je dois dire cependant que M. Raulin cite le Rhinoceros minutus, Cuv., dans l’éo-
cene superieur, conjointement avec les Anthracotherium magnum'et minimum, les Lophio-
don et les Palæotherium (Recueil des actes de l’Académie de Bordeaux, 1856 et 1853).
Cette opinion n’a pas été adoptée par M. Noulet, qui rapporte au miocène le gisement à
Rhinoceros minutus et à Anthracotherium des environs de Moissac, dont parle M. Raulin.
(Nouzer, Mémoires de l'Académie des Sciences de Toulouse, 1861.)
( 129 )
therium) de l'ère palæothérienne que je crois devoir entretenir l'Aca-
démie.
» Ayant été prévenu que les crues du Tarn de la fin du mois de septem-
bre avaient mis à nu, sur la berge gauche de cette rivière, à 400 mètres en
aval de l’écluse de Montans, près Gaillac, et à 1,50 au-dessus des plus
basses eaux, c’est-à-dire à 106 mètres d’altitude, une dent d'animal fossile,
je me hâtai d'aller sur les lieux afin d'examiner la nature du fossile et la
couche qui le renfermait.
» Cette couche m’a fourni la mâchoire inférieure d’un Rhinocéros à in-
cisives persistantes. J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l’Académie
ce maxillaire, auquel il ne manque, pour être complet, que la portion supé-
rieure condylienne et coronoïdienne, les trois premières molaires du côté
droit, la grande incisive du côté gauche, et les deux petites incisives inter-
médiaires internes. Les alvéoles des dents qui manquent sont remplies par
un-poudingue de même nature que la roche encaissante. La disparition de
toute trace de suture à la symphyse, le nombre complet des molaires et
l'usure des dents dénotent l’état adulte de l’animal.
» La Note descriptive que j'ai rédigée à ce sujet étant trop étendue pour
trouver place ici, je me bornerai à en extraire les faits suivants qui m'ont
paru les plus importants :
Longueur du maxillaire (de l'extrémité antérieure de la symphyse à la
portion la plus reculée du bord postérieur)... .. E dee ce PE
Largeur de l’extrémité antérieure du maxillaire, en dehors de la base
des grandes incisives. ........... HERO PORDI en Sore a 9307
Distance des deux angles postérieurs en dehors....:...... +... =, 3: à 0", 52
Hauteur de la branche montante dont la partie supérieure manque... 0,16
Du bord antérieur de la première molaire au bord postérieur de la
o aR a E MT NN A E A Po P E A ARR re
» La série dentaire est constituée, de chaque côté, comme il suit :
» Une petite incisive intermédiaire interne? Elle manque sur la pièce.
» Une grande incisive cylindro-conique, longue de 0®,06 (cassée près de
la pointe), large de 0",025 à la base, séparée de la première molaire par
une barre de 0,075.
» Sept molaires : la première, présentant des caractères particuliers qui
en font une fausse molaire, pourvue de deux arêtes vives, l’une anté-
rieure, l’autre postérieure, de deux faces peu convexes, et d’une pointe
mousse, sans trace d'usure, qui reste à 0",01 au-dessous du niveau des
C.R., 1867, 1°r Semestre. (T. LXIV , N° 5.) 18
( 130 )
autres molaires. La deuxième molaire a la forme d’un prisme triangulaire,
dont l’arête antérieure semble terminer en avant la série des molaires.
» . Chacune des autres dents est formée de deux lobes demi-cylindriques,
obliques, présentant les caractères du genre.
» La pièce dont je parle, devant prendre place dans les collections du
Muséum, confiées à M. d’Archiac, ne tardera pas à être l’objet d’une dé-
termination spécifique précise. .
» Une seconde et une troisième prémolaires supérieures gauches d’Ace-
rotherium, trouvées isolément dans le même gisement à des époques anté-
rieures, me paraissent devoir être rapportées à la même espèce, sinon au
même individu. Leur forme est quadrangulaire; un bourrelet sinueux en-
toure leur base, à l'exception de la face externe; il est très-saillant dans la
seconde, et presque effacé, par usure, dans la troisième. Leur colline pos-
térieure est simple, sans colline supplémentaire, et leur surface triturante,
malgré l’usure avancée, ne présente point de fossettes entourées d’émail.
» Il me reste à dire quelques mots de la nature et de l’âge du terrain qui
renfermait ces fossiles.
ji Le maxillaire inférieur était engagé, partie dans un grès calcarifère,
grisatre, à grain fin, très-dur; partie dans un poudingue peu consistant,
formé de cailloux roulés de petite ou moyenne dimension, la plupart de
quartz blanc ou noir, empâtés dans un grès calcarifère moins fin que le
précédent. pe à
» Ce poudingue, dont j'ai précisé la position ci-dessus, a fourni, outre
les deux molaires précédentes, d’autres fossiles dont il sera bientôt ques-
tion. Il ne forme qu’une lentille de 3 mètres d'épaisseur maximum et d’une
longueur peu considérable, intercalée entre le grès fin, très-dur, et des sa-
bles gris à mica noir. On retrouve des poudingues semblables à des niveaux
trés-différents dans les sables et les grès marneux qui, avec les marnes,
constituent la molasse d’eau douce des environs de Gaillac.
» Cette molasse, très-pauvre en débris de vertébrés, a une puissance qui,
sur plusieurs points, n’est pas moindre de 180 à 210 mètres.
» Je n’aborderai pas en ce moment la question de savoir si toute l'épais-"
seur de ces couches, d’un aspect très-uniforme et d’une extension consi-
dérable, doit être rapportée ou non, en totalité, à l’éocène supérieur. Il
me suffit, quant à présent, de prouver que la couche à Acerotherium du
Tarn fait bien partie de cet étage. Ce fait me parait depuis longtemps établi
par les recherches et les écrits de M. Noulet et de M. Raulin. Les fossiles
suivants, trouvés à diverses époques dans la même couche que notre 4ce-
(£31?)
rotherium, et à une distance horizontale dé moins de 50 mètres, concour-
ront à le démontrer. M. d’Archiac ayant bien voulu vérifier ou rectifier
mes déterminations, je puis citer en toute confiance :
» Un maxillaire inférieur de Paloplotherium minus, Owen;
» Des dents d’une ou de plusieurs espèces de Lophiodon ;
» Une molaire inférieure de Paloplotherium annectens, Owen, trouvée
dans une carrière de grès située à 5 kilomètres au nord de ce gisement, et à
un niveau supérieur de 60 mètres, c’est-à-dire à 167 mètres d’altitude.
» Ainsi, à moins d'admettre que les Paloplotherium minus et annectens,
et les Lophiodon, ont prolongé leur existence jusque durant la période mio-
céné, faits que je crois inadmissibles dans l’état actuel de la science, on
doit reconnaitre que la couche à 4cerotherium, de Montans, appartient bien
à l'éocène supérieur.
» Si J'ajoute que ces couches de molasse se continuent manifestement par
leurs caractères pétrologiques et stratigraphiques avec celles du bassin de
l’Agout, spécialement de Briatexte et de Vielmur, où M. Noulet a signalé
le Lophiodon Lautricense, le Palæotherium magnum, les Paloplotherium minus
et annectens, je crois qu’il ne restera plus de doutes à cette égard.
» Cette continuité est mise en évidence par une coupe métrique, annexée
à ma Note, coupe dirigée à travers la vallée du Tarn et le vallon du Dadou,
affluent de l’Agout, sur une longueur de 25 kilomètres, depuis Jean-Vert,
près Gaillac, jusqu’à Briatexte. De ce dernier point, il est encore facile de
suivre ces couches jusque dans la vallée de l'Agout, où M. Noulet a retrouvé
la faune du gypse parisien. + té
» De l’ensemble de ces faits, il me paraît résulter que des Rhinocéros
(du type Acerotherium) ont vécu, en France, durant les derniers temps de la
période éocène, conjointement avec des Paloplotherium, des: Palæotherium
et des Lophiodon, et qu’il faut rapporter à l’éocène supérieur, et non à
époque miocène, comme on le fait généralement, la première apparition
de ce genre à la surface du globe. »
MÉDECINE. — Sur quelques effets produits par l’emploi thérapeutique du curare
chez l’homme. Note de MM. A. Vors et H. Lrovvizce, présentée par
M. Robin.
« Dans un travail intitulé : Études sur le curare, et soumis actuelle-
ment au jugement de l’Académie, nous avons déjà signalé que parmi les
“Mportants phénomènes produits par l’emploi thérapeutique du curare
18.
( 132 )
chez l’homme, on notait, entre autres, à certaines doses, une action remar-
quable sur différents organes de la vue et l'apparition d'effets hrpnatiques.
Depuis nous avons pu compléter et mieux analyser ces phénomenes.
» Les doses de curare qui ont produit ces effets, avec plus Qu: moine as
rapidité et plus ou moins d'intensité, ont varié de 5 centigrarames à
135 milligrammes. Elles ont été administrées, après avoir été filtrées, en
injections sous-cutanées, faites au membre supérieur (1). La rapidité de
l’apparition des phénomènes et leur intensité ont naturellement été liées à la
force de la dose. On peut ainsi établir deux catégories, la première CAE
térisée par l’état brouillé de la vue, la sensation de pesanteur des paupières
supérieures et leur semi-occlusion, le sentiment de resserrement frontal, la
seconde caractérisée par la diplopie, la dilatation des pupilles, puis un senti-
ment de lourdeur de la téte, une tendance au sommeil et de l ’assoupissement
(effets hypnotiques).
» L'une est en rapport avec des doses de 5 à 9 centigrammes. L'autre,
tout en renfermant les premiers phénomènes, mais plus prononcés et plus
rapidement observés, est liée à des doses de 10 à 135 milligrammes. ( Cette
dernière dose a, dans ce cas, été notre maximum.) : :
» Première catégorie. — C’est, en effet, par un état brouillé de la vue et
une légère pesanteur des paupières supérieures, que l'apparition des phé-
nomènes de ce genre est annoncée :
la o° minute avec.......:..... 7 centigrammes-
Environ vers < la 20°. » Dirr auk annO »
kir E a »
Le malade ne distingue plus nettement les objets; il lit plus difficilement :
on le voit passer la main sur ses yeux, comme pour chasser un nuage; il se
plaint de pesanteur des paupières supérieures, que l’on constate, en effet,
abaissées de façon à rétrécir l’ouverture palpébrale, et à donner à la physio-
nomie une expression toute spéciale. Sans se plaindre de mal de tête réel,
il accuse une sensation très-nette de resserrement qu'il appelle frontal, et
qu'il place au niveau de la racine du nez, entre les deux arcades sourci-
lières. |
(1) Ce curare, nouvellement en notre possession, provient d’un achat fait dans le Para,
par le D' Sylva da Castro. Il était renfermé dans un petit pot de terre. Ses propriétés physi-
ques extérieures sont identiques avec nos autres variétés. Il répand une forte odeur, déjà
signalée, en le triturant. Je tue un lapin du poids de 2 kilogrammes à la dose de 4 milli-
grammes injectée sous la peau.
( 283 )
» Ces symptômes existent le plus souvent réunis, mais ils peuvent quel-
quefois aussi se montrer séparément. Ils ont une marche progressive,
ascendante, pendant trente minutes environ, puis, progressivement aussi,
descendante, de façon à durer en tout une heure et demie. Ils s'éteignent
ainsi et ne laissent aucune trace appréciable après eux.
» Deuxième catégorie. — Mais si l’on arrive aux doses de 10 centi-
grammes et plus, ces symptômes s'accusent plus vite, sont plus intenses et
ont une durée plus longue.
» Ainsi on les voit se produire, le plus souvent, environ au bout de :
16 minutes avec des doses de....... 10 centigrammes.
12 à 13 minutes avec des doses de... 11 et 12 centigrammes.
Leur marche est également progressive. Toutefois, leur durée est de plu-
sieurs heures, quelquefois même d'une demi-journée. Ils ne laissent
aussi aucune trace après eux. Mais, de plus, c’est avec ces doses que l'on
obtient d’autres symptômes qui frappent bien davantage l'observateur; ce
sont : la diplopie, la dilatation des pupilles et les effets hypnotiques. L'état
brouillé de la vue est en effet bientôt compliqué de la sensation qu’accuse
le malade de voir les objets doubles, de près et de loin, à la condition de se
servir de ses deux yeux. L'image supplémentaire est vue, par rapport à la
vraie, dans des positions variées : tantôt sur le même plan horizontal,
tantôt au-dessus ou au-dessous. L'expérience avec des verres colorés indique
qu’il y a strabisme. Les deux images sont aperçues à des distances plus ou
moins grandes l’une de l’autre, suivant l'éloignement de l’objet.
» La position de l’image supplémentaire n'est jamais absolument iden-
tique : le malade la voit même, en quelques instants, varier soit à gauche,
soit à droite, soit en bas, soit en haut. Cette image ne vacille pas. Le ma-
lade la reconnait et la décrit le plus souvent très-bien, même sans l’aide
d’un verre coloré. Ii est cependant arrivé que voulant saisir un objet, il
mettait la main à côté, sur l’image supplémentaire. Parfois, au lieu de deux
images, le malade dit en voir trois, quatre et même davantage, mais celles-
ci sont alors troubles et apparaissent un peu pêle-mêle. Ce phénomène,
toujours accompagné d’une sorte de brouillard, empêche absolument, lors-
qu'il est très-intense, le malade de lire. Il a duré au plus deux heures. Sa
marche a été également progressive, avec un maximum, el n’a laissé aucun
trouble après lui. Pendant ce temps on notait le plus souvent une dilata-
tion des pupilles, qui conservaient leur contractilité. Elles augmentaient
de 1 à 2 millimètres.
(154 )
» Dans la même période, la tendance au sommeil s’accusait sur la phy-
sionomie, d’abord par l’exagération de la lourdeur des paupières supé-
rieures, d'où leur demi-occlusion, et cette apparence qu'offrait le malade
d’une personne luttant contre le sommeil. Celui-ci arrivait quelquefois,
mais non dans tous les cas. Le malade le plus réfractaire nous a cependant
dit (dose de 125 milligrammes) que s’il se laissait aller, il s'endormirait vo-
lontiers. Cette dernière manifestation symptomatique nous avait déjà frap-
pés chez l’homme, comme nous l'avons indiqué dans notre premier travail,
et depuis nous en avons trouvé une nouvelle confirmation dans une
récente expérience physiologique :
« Un lapin soumis à une influence curarique nous présenta, au milieu
des autres phénomènes si connus, une sorte de somnolence, avec occlu-
sion des paupières : en tout, l'apparence endormie la mieux caractérisée,
état qui disparaissait au moindre bruit, puis se manifestait de nouveau. »
» Nous souvenant de ce que nous avions observé si nettement chez
l’homme, nous pümes alors rapporter à sa véritable cause, nous le croyons
du moins, un phénomène que nous avions noté très-souvent dans nos
expériences préparatoires sur les animaux, mais sans y attacher d’impor-
tance. Dans ce cas, la clinique avait donc ainsi fourni l'interprétation réelle
d’un fait de physiologie qui pour nous, jusqu’à présent, passait inaperçu.
» Terminonsen disant que, quelque intenses qu’aient été (jusque du moins
à la dose de 135 milligrammes de notre nouveau curare) les remarquables
symptômes que nous venons de décrire, aucun n’a persislé au delà des limites
indiquées, aucun ne s'est depuis manifesté spontanément. L'influence était, ici
encore, comme pour d’autres effets curariques, absolument passagère.
'» Il est essentiel de noter aussi que l'intelligence a toujours été à tous
moments parfaitement conservée, et que nous pouvions puiser ainsi les ren-
seignements les plus précis. L'ophthalmoscope n’a fait constater quoi que
ce soit d’anormal au fond de l’œil. »
x
x
ZOOLOGIE. — Sur les Helminthes de l'homme et des animaux domestiques
en Islande. Note de M. H. Krasse, présentée par M. Ém. Blanchard.
« Il existe depuis longtemps en Islande une maladie endémique fort
grave, qui attaque ordinairement le foie, où elle détermine des tumeurs
souvent tres-volumineuses, et envahit aussi,
d’autres organes.
du pays;
quoique moins fréquemment,
à ? Là EE . r 4
nes. Cette maladie n’a pas échappé à Pattention des médecins
mais, Jusque dans ces derniers temps, ils en ont connu très-
(65 )
imparfaitement la nature, ét l’ont prise pour une hépatite chronique, affec-
tion qui ne se montre du reste que rarement dans les climats froids.
» Pendant un séjour en Islande en 1847-1848, M. Schleisner con-
stata que ce n’était pas une maladie particulière au foie, et démontra en
même temps qu’elle était produite par des hydatides, que M. Eschricht
reconnut plus tard être des Échinocoques. A cette époque, les recherches
de MM. von Siebold, Küchenmeister et Leuckart ayant jeté un grand jour
sur les rapports des Vers vésiculaires avec les Ténias, la fréquence des Échi-
nocoques en Islande fixa à un haut degré l'attention de cesillustres savants,
et, comme j'avais eu la bonne fortune d'assister aux travaux antérieurs de
M. Eschricht, cette question éveilla également tout mon intérêt, C'était
chez les Carnivores domestiques qu’il fallait chercher les Ténias correspon-
dants, et, afin de bien connaître les Vers que logent ces animaux, de même
que pour établir une base qui püt servir de comparaison pour des
recherches en Islande, pendant plusieurs années, j'ai fait à l'École vétéri-
naire de Copenhague une étude spéciale des Helminthes dont il s’agit.
» En examinant 500 Chiens de Copenhague et des environs, j'ai trouvé
dans leur intestin le Tænia marginata chez 14 pour 100; le Tænia cœnu-
rus, 1 ; le Tænia serrata, 0,2 ; le Tænia Echinococcus, 0,4; le Tænia cucume-
rina, 48; le Bothriocephalus sp., 0,2; l Ascaris marginata, 24; le Dochmius
trigonocephalus, 2.
» Les caractères distinctifs des trois premieres espèces établis par
MM. Küchenmeister et Leuckart, ont été contestés par d’autres helmin-
thologistes distingués; mais, en examinant ces Ténias avec soin, comme l’a
fait M. Baillet à Toulouse, sans savoir d'avance d’où ces Vers tiraient leur
origine, je me suis assuré de leurs différences. En France, M. Baillet a le
plus souvent rencontré chez les Chiens, le T. serrata, fréquemment aussi le
T. marginata, mais il n'a jamais trouvé le T. cœnurus chez des animaux
qui n'avaient pas servi à des expériences. En Danemark, le T. serrata ne se
trouve que rarement, ce qui s'explique par le fait qu'on y élève peu de
Lapins. Du reste, pour les Vers observés le plus ordinairement, jai pu con-
stater l'influence exercée par l’âge et la taille des Chiens, par le lieu qu’ils
habitent, et leur état de santé. Ainsi, la fréquence du Tænia marginata
augmente considérablement avec l'âge, et à un plus haut degré encore
avec la taille des Chiens; il est plus commun dans les Chiens des faubourgs
que chez ceux de Copenhague, et on le rencontre moins souvent dans les
Chiens malades que dans ceux qui sont sains; faits qui s'expliquent par
la manière dont ces Carnivores contractent le T. marginata.
`
( 136 }
» La fréquence des T. marginata, cœnurus et Echinococcus en Islande tient
surtout au grand nombre de Moutons que possèdent les habitants, et dont
les Vers vésiculaires sont la cause du développement de ces Ténias dans les
Chiens. Le T. Canis lagopodis est une espèce fort remarquable; outre le
Chien, elle se trouve chez le Chat et l’Isatis; mentionnée par Abildgaard,
elle n'avait pas été décrite jusqu’aujourd'hui. Ce Ver a la tête inerme, et
n’est pas muni d’orifices génitaux au bord des articles, ce qui, joint à une
conformation particulière des organes internes, le rapproche des T. angus-
tata, litterata (espèce encore incomplétement connue) et du Mesocestoides
ambiguus de M. Vaillant. Quant aux Bothriocéphales, ceux que j'ai rencon-
trés dans les Chiens islandais différaient non-seulement des B. latus et cor-
datus, mais variaient aussi tellement entre eux, que ce n’est qu'avec quelque
doute que j'ose les rattacher à la même espèce. Quelques-uns de ces Vers
qui, bien qu'ayant acquis des dimensions assez considérables, étaient com-
plétement dépourvus d'organes génitaux, présentaient un mode de dévelop-
pement des articles inconnu chez les Ténias, mais, du reste, déjà indiqué
pour quelques espèces de Bothriocéphales, par Eschricht et von Siebold.
Je veux parler de l'augmentation du nombre des articles par voie de divi-
sion secondaire transversale des articles déjà formés, division qui peut
même se répéter. Quelque chose d’analogue se rencontre aussi chez diffé-
rentes espèces de Bothriocéphales habitant l'intestin des Phoques, comme
j'ai eu l’occasion de le vérifier au musée de l'Université, où j'en ai examiné
un grand nombre qui, pour la plupart, ont été recueillis au Groënland.
Parmi ceux-ci se trouvait le B. cordatus, le Cestoïde le plus commun des
Chiens groënlandais, mais qui habite aussi, outre l’homme, le Phoca bar-
bata et le Trichechus Rosmarus. Ce n’est cependant pas chez ce Bothriocé-
phale qu’on rencontre le phénomène en question, mais chez les espèces
que j'ai appelées B. variabilis (du Phoca cristata et barbata) et B. fasciatus
(du Phoca hispida).
» -Ce qui frappe surtout, c’est que, tandis que le T. cucumerina est fort
commun chez les Chiens en Islande, je n’y ai pas rencontré une seule fois
le T. elliptica chez les Chats, fait qui rend probable la diversité de ces deux
espèces.
» Il est incontestable que les Échinocoques, en Islande, sont la cause
d'une des maladies les plus dangereuses pour l’homme qui existent dans
ce pays. Cependant la fréquence en a été un peu exagérée. L'opinion de
M. Schleisner, que le septième des habitants en serait attaqué, n’est fondée
en partie que sur une simple appréciation. D’après les observations recueil-
è
(aR
lies pendant six ans par M. Finsen, médecin au nord de l'Islande, il faut
supposer que le nombre des personnes affectées d’ Échinocoques à un assez
haut degré ma que la maladie puisse être reconnue, se trouve compris
entre - et + de la population, nombre qui est déjà très-élevé.
De Ds. ce sont toujours les Échinocoques, et non pas d’autres Vers
vésiculaires, qui affectent les Islandais. Quant au Cysticercus tenuicollis,
nommé par Eschricht avec quelque réserve, le cas sur lequel il a fixé Vat-
tention repose sans doute sur une erreur; il wy a aucun fait qui puisse
rendre probable l'apparition de ce Ver dans l’homme en Islande.
> D'après M. Leuckart, les Échinocoques de l’homme et des animaux
dihias appartiendraient à une seule espèce, et les recherches que j'ai
pu faire en Islande tendent à confirmer son assertion. C'était à l’aide de
l'expérience que, d'accord avec M. Leuckart, il fallait chercher à vérifier
cette opinion, et parmi six expériences que j'ai en partie entreprises en
commun avec M. Finsen, il y en a deux qui la rendent au moins probable,
et une troisième qui ne peut laisser aucun doute, car elle a eu exactement
le même résultat qu'une expérience semblable, faite la même année à Berlin
par M. Naunyn. Nous avons ainsi tous deux obtenu la transformation des
Échinocoques provenant de l’homme en Tænia Echinococcus dans le Chien.
En Islande, ce petit Ténia se trouve chez les Chiens avec une fréquence
extraordinaire, et le gros et le petit bétail loge en grand nombre les Vers
vésiculaires, qui fournissent à ces animaux leurs Ténias cystiques, savoir :
l’Echinococcus, le Cysticercus tenuicollis et le Cœnurus cerebralis. En faisant
la comparaison des 100 Chiens islandais que j’ai examinés, avec 317 Chiens
danois qui, de même que les premiers, étaient âgés de plus d’un an, 5 ai
trouvé :
Dans les Chiens islandais. Dans les Chiens danois.
Le T. marginata... Chez 75 pour 100 Chez 20 pour 100
» Cœnurus.... >< a »
» Echinococcus. s o CE A ro
» Le nombre des Chiens islandais est très-élevé, et certainement trop con-
sidérable, bieñ que ces animaux soient indispensables aux habitants, sur-
tout pour rallier les Moutons. D’après les informations que j'ai prises sur
ce sujet, il y a tout lieu de croire qu'on peut l’évaluer en moyenne à 1 pour
3-5 habitants, tandis qu’en France, où ils sont soumis à une taxe, il est
de 1 pour 22, et dans la Grande-Bretagne, où la taxe des chiens est plus
élevée, de 1 pour 5o habitants.
C. R., 1867, 197 Semestre. (T. LXIV, N° 5.) 19
(138)
» La proportion du bétail en Islande est également tres-considérable,
puisque, sur 100 habitants, on comptait :
Moutons. Bêtes à cornes. Cochons. Total.
En Islande (1861).............. ke 488 36 o 524
Dans le royaume de Danemark (1861). 109 70 19 198
En Prusse (1858)............ Ke 87 31 15 133
» Les Ruminants fournissent continuellement aux Chiens des 7°. Echi-
nococcus dont les œufs sont l’origine du développement des hydatides à
Échinocoques tant de l’homme que du bétail, et le contact fréquent des
habitants avec les Chiens, dans des habitations humides et malpropres, doit
à un haut degré en favoriser la propagation.
» C’est par conséquent en diminuant autant que possible le nombre des
Chiens, et en les empêchant de manger les Vers vésiculaires dn bétail, qu'on
parviendrait à combattre le développement des hydatides chez l'homme,
de même que du tournis chez les Moutons.
» Dans le Rapport que j'adressai au Ministère dans l'automne de 1863,
j'avais proposé : 1° que le droit d’avoir des chiens en Islande fût réglé, afin
que le nombre de ces animaux y fût réduit au strict nécessaire; 2° qu’on
fit distribuer aux Islandais un petit écrit destiné à les éclairer sur le rôle
joué par les Chiens dans la maladie des hydatides de l’homme et le tournis
des Moutons, et à leur indiquer les précautions à prendre pour combattre
le développement desdites maladies. Ces propositions ont été adoptées par
le Ministère. Un Traité populaire que j'ai écrit sur ce sujet a été traduit en
islandais et répandu dans tout le pays, et, quant au premier point, les au-
torités de l'Islande se sont prononcées en faveur de l'établissement d’une
taxe des Chiens. »
+
M. Denies adresse un « Essai de démonstration de la proposition de
Géométrie connue sous le nom de. postulatum »,
A 4 heures et demie, l’Académie se forme en comité secret:
La séance est levée à 4 heures trois quarts. C.
( 139: )-
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.,
L'Académie a reçu, dans la séance du r4 janvier 1867, les ouvrages
dont les titres suivent :
Direction générale des Douanes et des Contributions indirectes. Tableau géné-
ral du commerce de la France avec ses colonies et les puissances étrangères
pendant- l’année 1865. Paris, Imprimerie impériale, octobre 1866;
1 vol. in-4°.
Asie Mineure. Description physique de cette contrée; par M. P. DE TCHIHAT-
CHEF. 4° partie : Géologie I. Paris, 1867; 1 vol. grand in-8° avec carte.
Carte géologique de l Asie Mineure; par M. P. DE TCHIHATCHEF.
Carte de l’ Asie Mineure contenant les itinéraires de M. P. DE TCHIHATCHEF.
2 cartes coloriées. (Présentés par M. d’Archiac.)
Éloge de M. Frédéric Petit; par M. GATIEN-ARNOULT. Toulouse, sans
date; br. in-8°. (Extrait des Mémoires de l’Académie impériale des Sciences
de Toulouse.)
La lettre électrique. Nouveau service télégraphique; par M. E. ARNOUX.
Paris, 1867; br. in-8°. 2 exemplaires.
Traité de médecine légale et de jurisprudence de la médecine; par M. A.
DAMBRE, t. IHI. Bruxelles, 1867; br. in-8°.
Observations médicales d’un officier de santé; simple Note sur un nouveau
traitement du choléra; par M. N. CoizLor. Besançon, 1866; br. in-8°. (Ren-
voi à la Commission du legs Bréant.) |
Recherches chimiques sur la végétation : fonctions des feuilles (quatrième
= Mémoire); par M. CoRENWINDER. Lille, 1867; br. in-8°.
Introduction au calcul Gobäri et Hawâi, Traité d’Arithmétique, traduit de
l'arabe par M. F. WOEPCKE, et précédé d'une Notice de M. Aristide Marre
sur un manuscrit possédé par M. Chasles. Rome, 1866; in-4°. ( Présenté
par M. Chasles. )
Der... La chute des météores du 9 juin 1866, observée au village de Knya-
hinya (deuxième relation); par M. W. R. VON HAIDINGER. Vienne, 1866 ;
br. in-8° avec planches.
L'Académie a reçu, dans la séance du ar janvier 1867, les ouvrages
dont les titres suivent :
Description des machines et procédés pour lesquels des Brevets d'invention
( 140 )
ont été pris sous le régime de la loi du 5 juillet 1844. T. LV, publié par les
ordres de M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux
publics. Paris, Imprimerie impériale, 1866; 1 vol. in-4°.
Leçons sur les humeurs normales el morbides du corps de l'homme; par
M. Ch. Roms, Membre de l’Institut. Paris, 1867; in-8°.
Recherches sur la faune littorale de Belgique : Polypes; par M. P.-J. VAN
BENEDEN, Correspondant de l'Institut. Bruxelles, 1866; 1 vol. in-4° avec
planches
Paléontologie française ou Description des Animaux invertébrés fossiles de la
France, terrain jurassique. 10° livraison : Zoophytes; par MM. DE FROMENTEL
et FERRY. Paris, 1867; in-8°. (Présenté par M. d’Archiac.)
Traité d’ Astronomie appliquée à la géographie et à la navigation, suivi de
la Géodésie pratique; par M. Emm. Liais. Paris, 1807; grand in-8° avec
figures. (Présenté par M. de Tessan.) ;
Recherches astronomiques et paléontologiques pour servir à l'histoire des
Oiseaux fossiles de la France; par M. Alph. MILNE EDWARDS. 1°° et 2° livrai-
sons. Paris, 1867; in-4° avec planches. (Présenté par M. d’Archiac.)
Rapport sur l’érysipèle épidémique, lu à l'Académie impériale de Méde-
cine le 20 novembre 1866, par M. le Baron LaRRey. Paris, 1866; br. in-8°.
(Présenté par M. J. Cloquet.) |
_ Les petites chroniques de la Science ; par M.S. Henry BERTHOUD. 6° année.
Paris, 1867; in-12. (Présenté par M. Blanchard.)
Ophites des Pyrénées; par M . A.-F. NOGUÈS. Lyon, 1865; in-8°. (Présenté
par M. d’Archiac.) : |
Annuaire du Cosmos, o° année. Paris, 1867; in-12. (Présenté par
M. Faye.) |
Etudes sur la régénéralion des os par le périoste; par M. J. MARMY.
Paris, 1866; in-4° avec figures. |
Observations météorologiques faites à Nijné-Taguilsk (monts Ourals, gou-
vernement de Perm), année 1865. Paris, 1866; in-8°.
Recherche du pouvoir conducteur du mercure pour la chaleur; par M. E.
GRIPON. Lille, sans date; br. in-8°, 7> si i
Recherches helminthologiques en Danemark et en Islande ; par M. H. KRABBE.
Paris, Londres, Copenhague, 1866; in-8° avec planches, cartonné. (Pré-
senté par M. Blanchard.) . |
Hestiæ planetæ minoris XLVI elementa nova ex observationibus sex op-
positionum annorum 1857-1864. Gracovie, 1865; in-4°.
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INSTRUCTION SUR LES PARATONNERRES DES MAGASINS A POUDRE
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Comptes rendus des Séances de l'Academie des Sciences, Tome LXIV — | Séance dwu Janvier 1867 /
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 28 JANVIER 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Note accompagnant la présentation du second volume
de la « Théorie du mouvement de la Lune »; par M. Deravsay.
« Jai l'honneur de présenter à l’Académie le tome XXIX de ses Mé-
moires, formant le deuxième volume de ma Théorie du mouvement de la
Lune. l
» Avec ce volume se trouve complétement achevée la publication du
grand travail que j'ai entrepris il y a vingt ans. Je m'étais proposé de déter-
miner, sous forme analytique, toutes les inégalités du mouvement de la
Lune autour de la Terre, jusqu'aux quantités du septième ordre inclusive-
ment, en regardant ces deux corps comme de simples points matériels, et
tenant compte uniquement de l’action perturbatrice du Soleil, dont le
mouvement apparent autour de la Terre était supposé se faire suivant les
lois du mouvement elliptique. Après avoir terminé les immenses calculs que
Cela nécessitait, etavoir réduit en nombres les diverses parties obtenues dans
les coefficients des inégalités des trois coordonnées de la Lune, j'ai reconnu
qu'il fallait encore pousser l’approximation plus loin pour certaines inéga-
lités de la longitude de cet astre, et j'ai dû me livrer à des recherches sup-
C. R., 1867, 1°! Semestre, (T, LXIV, N° 4.) 20
rh IDA
(142)
plémentaires destinées à déterminer les coefficients de ces inégalités spå
ciales jusqu'aux quantités du huitième et même du neuvième ordre. C’est
la solution de la question principale rappelée ci-dessus, avec les recherches
supplémentaires que je viens d'indiquer, qui forme la matière des deux
volumes dont le premier a paru en décembre 1860, et dont je présente
aujourd’hui le second à l’Académie.
» Ce second volume est presque uniquement composé de férmuiés, dont
quelques-unes ont un développemént considérable. On y trouve à peine
quelques pages de texte. Cela tient à la simplicité et à la régularité de la
méthode suivie dans la recherche des inégalités de la Lune. La fonction
perturbatrice, dont le développement est donné au Chapitre IH du premier
volume, est comme une source d’où découlent toutes les inégalités des
coordonnées de la Lune. Au lieu de chercher, comme on l’a toujours fait
avant moi, à déterminer ces inégalités en bloc, en calculant par la méthode
des approximations successives les effets résultant de la totalité de cette
fonction perturbatrice, je fractionne le travail en prenant la fonction pertur-
batrice portion par portion. Je puise successivement, dans cette source
d’inégalités, les diverses parties dont elle se compose, et je détermine, pour
chacune de ces parties, la totalité des effets sensibles qu’elle peut produire
dans les coordonnées de la Lune. Les opérations que j'ai ainsi à effectuer
les unes après les autres, et dont le nombre s'élève à plus de cinq cents, se
font toutes exactement de la même manière. Cette méthode, une fois bien
comprise, s'applique d’un bout à l’autre sans difficulté, et sans qu’il soit
nécessaire de donner des explications nouvelles à mesure que les diverses
parties du travail se développent,
» La premiére condition que doit remplir l’exposé d'un travail de ce
genre pour mériter la confiance des savants, c’est de ne rien laisser dans
l'ombre, de mettre au contraire tout en grande lumière, afin que chacun
puisse vérifier telle partie du travail qu'il juge convenable de soumettre
à un examen spécial, et s'assurer ainsi du soin que l’auteur a mis à exé-
cuter ce travail dans son ensemble. J'ai cherché à disposer les divers
résultats auxquels je suis parvenu, de manière à remplir cette condition
aussi bien que possible, Cela a nécessairement amené une grande compli-
cation typographique; mais je n’ai pas été arrêté par cette complication,
grace à la libéralité de l'Académie, libéralité dont je ne saurais trop la
remercier.
» La matière contenue dans les deux volumes dont je viens d’achever
la publication forme un ensemble complet, bien qu’elle ne constitue pas
( 143)
la totalité de la théorie du mouvement de la Lune. Les autres questions
dont la solution fait également partie de cette théorie, sont accessoires rela-
tivement à la question principale, objet de ces denx volumes; elles se dis-
tinguent de cette question principale, tant par la difficulté beaucoup moindre
qu’elles présentent, que par la petitesse des inégalités qu’elles fournissent.
Je pourrais m'en tenir là, et laisser à d'autres le soin de sonmettre à un
nouvel éxamen ces questions accessoires qui ont déjà été traitées par divers
savants. Je me propose toutefois de publier dans un troisième volume la
solution de ces diverses questions acèessoires. dont quelques-unes ont déjà
été de ma part l’objet de recherches approfondies, telles que l'équation
séculaire de la Lune, et les inégalités à longues périodes dues à l’action
perturbatrice de Vénus. On trouvera dans ce troisième volume le calcul
complet de l'influence que les inégalités du mouvement apparent du Soleil
peuvent avoir sur le mouvement de.la Lune; la détermination des diverses
inégalités de la Lune dues à l’action des planètes; la recherche des effets
dus à la figure de la Terre et à celle de la Lune, ainsi qu’au phénomène
des marées, etc.
» Sous le rapport de l'exécution, ce denxième volume ne le cède en rien
au premier. Il fait le plus grand honneur à l'Imprimerie de M. Gauthier-
Villars. Grâce à l’habile direction de M. Bailleul, ces deux volumes consti-
tuent une œuvre typographique vraiment remarquable. »
HYGIÈNE PUBLIQUE. — Des appareils à employer pour le contrôle du service
de la ventilation dans les hôpitaux; par M. 1e Généraz Monin.
« J'ai fait connaître dans le tome V des Annales du Conservatojre la
disposition de l’anémomètre à compteur électrique que M. Hardy a con-
struit, sur ma demande, pour le service de la ventilation des amphi-
théâtres du Conservatoire, et qui y fonctionne avec succès depuis plus de
deux ans. Je ne reviendrai pas sur la disposition de cet appareil, dont l’idée
Première a été empruntée par moi à M. le Baron de Derschau, habile ingé-
nieur russe. j
» Pendant tout le semestre de l'hiver 1865-66, au Conservatoire des
Arts et Métiers, il n’a éprouvé d’autres dérangements que des interruptions
accidentelles du courant, au nombre de huit ou dix, toujours faciles à faire
disparaître. Quant à l’anémomètre lui-même, il n’a pas été nettoyé, et les
uiles de graissage des pivots n'ont pas été renouvelées une seule fois
20..
( 144 )
depuis le 4 novembre jusqu’au 23 avril, jour de la cessation des cours.
La pile, du système de M. Marié-Davy, n’a pas exigé une seule fois le renon-
vellement du sulfate de mercure.
» Ces résultats, qui, depuis deux ans, se reproduisent avec la même régu-
larité, montrent que cet appareil constitue un moyen de contrôle efficace,
commode et peu sujet à dérangement, d’un service de ventilation.
» Il permet, à l’aide d’un calcul fort simple et même sans aucun calcul,
à un chef d'établissement, de reconnaître si le renouvellement de lair a eu,
pendant le jour et pendant la nuit, où pendant telle fraction du jour qu'il
le désire, la régularité et l’activité convenables, en se bornant à lire sur les
cadrans d’un compteur les nombres des divisions parcourues par les aiguilles
à des intervalles de temps donnés et ordinairement égaux.
» Application faite à l'hôpital de Lariboisière. — Pour reconnaitre l'utilité
dont pourraient être, pour le service des hôpitaux, l'usage des appareils de
ce genre, j'ai proposé à M. le Directeur de l’Assistance publique, qui l'a
accepté avec empressement, d’en installer un successivement dans deux des
pavillons de l’hôpital de Lariboisière, dont l’un était ventilé par aspiration
et l’autre par insufflation.
» Je ne ferai pas connaître en détail ici les résultats des observations :
je les publierai dans l’un des prochains numéros des Ænnales du Conser-
valoire.
» J'en résumerai seulement les principales conséquences, en rappelant
d’abord que le volume d’air à évacuer normalement par heure et par lit
est fixé par les marchés passés avec les constructeurs des appareils à
6o mètres cubes par heure et par lit, ou, pour les 102 lits de chacun des
pavillons, à 6120 mètres cubes par heure, ce qui, d’après la tare de l'in-
strument et la surface des sections où il a été placé, correspondait :
Dans le pavillon ventilé par aspiration, à..... 134077 tours en 12 heures.
`
» par insufflation, à.... 273000 »
5 . .
» Pour s'assurer si, pendant les douze heures de jour et les douze heures
de nuit, la ventilation avait eu l’activité prescrite, on avait observé chaque
soir à 7 heures et chaque matin à 7 heures, pendant les mois de juillet, de
à
septembre, d'octobre et de novembre, les nombre de tours faits par les
ailettes dans cet intervalle de temps.
» Les tableaux qui contiennent les résultats de ces observations con-
duisent aux conséquences suivantes :
» Ventilation de jour du pavillon n° 1. Aspiration. — En examinant les
( 145)
volumes d’air évacués par heure et par lit pendant le jour, on y reconnait
de très-grandes irrégularités et la moyenne générale de ces volumes ne
s'élève qu'à 40%°,10 par heure et par lit. -
» Mais il convient de rappeler que, pendant la saison d'été, les marchés
passés avec l'entrepreneur du service de chauffage et de ventilation ne lui
imposaient la condition d'activer l'évacuation de l'air vicié que pendant la
puit,
» Le jour, on comptait sur l’aération naturelle produite par l'ouverture
des fenêtres, et par la chaleur que pouvaient encore conserver les appareils
et la cheminée chauffés pendant la nuit. Or l'ouverture des fenêtres ne peut
être convenable pendant toutes les journées d'été, et malgré la facilité
d'accès et-de sortie qu’elle offre à lair, elle n’en assure pas, autant qu'on le
croit généralement, le renouvellement uniforme, surtout lorsque, dans une
grande salle, il n’y a qu’un petit nombre de ces baies ouvertes.
» Nécessité d’un chauffage modéré des récipients d'appel pendant les journées
d'été. — On voit donc que, malgré le surcroît d’activité que l'ouverture
des portes et des fenêtres, permise à certains jours de l'été, imprime, comme
on le sait, à l'évacuation par aspiration, elle ne suffit pas à elle seule, quand
la température extérieure est élevée, pour assurer l'extraction du volume
d'air normal de 6o mètres cubes par heure et par lit, et qu'il serait néces-
saire d’y joindre l’action d’un chauffage modéré de la cheminée générale
d'appel.
» Des expériences antérieures ont d’ailleurs montré que, même en cette
saison, il est facile, par un moyen de ce genre, d'obtenir une évacuation
d'air vicié très-supérieure à celle que prescrivent les marchés.
» Ventilation de nuit du pavillon n° 1. Aspiration.— Les résultats relatifs à
la ventilation de nuit dans le même pavillon, quoique indiquant un certain
degré d’irrégularité dans le service, sont plus favorables que ceux qui se
rapportent aux journées. Mais outre l’action du chauffage, il y a une cause
directe et facile à reconnaitre de cette supériorité, c’est l’action auxiliaire
de la ventilation naturelle, considérablement accrue par l’abaissement,
pendant la nuit, de la température dont la valeur moyenne minimum, pour
le mois de juillet, a été de 13°, 7.
» Il en est résulté qu'avec l’aide d’un chauffage, sans doute très-modéré,
le volume d’air moyen évacué par heure et par lit s'est élevé pendant les
nuits de ce mois à bimc,57, ce qui s'éloigne cependant un peu du chiffre
normal exigé de 60™°,00.
» Ce dernier volume a d’ailleurs été atteint et dépassé huit fois pendant
( 146)
le mois. Les observations du compteur ont, en effet, donné les nombres
suivants :
Tours des ailettes
en 12 heures. Correspondant à
8 jaillet...:,.;:, 134 400 60, 14 par heure et par lit.
Dirt huis .. 136500 61,06 »
7 a an 140680 63,63 »
RAS ass aoi 136608 61,06 »
D RANCE RE A 138700 61,10 es”
D hp rss ie IN 64,48 »
C7 SE PARA 4. 53438100 63,72 »
a Mi. E 143100 63,81 »
Moyenne... 139716 62,50
» Puisque dans ces huit nuits d’un mois d’été très-chaud, et particulière-
ment pendant les cinq nuits consécutives des 8, O4 10, 1f et 12,:-0n à
obtenu et dépassé le résultat prescrit par les marchés, il n’y a évidemment
aucune difficulté pour l'obtenir en tout temps, et l’on ne doit attribuer l’in-
suffisance de la ventilation pendant les autres nuits, qu'au défaut d’acti-
vité du chauffage et à l'absence de moyens commodes de contrôle.
» Il convient d’ailleurs de remarquer qu’en moyenne la ventilation de
nuit a été plus régulière que celle du jour. En effet, les volumes d’air éva-
cués par heure et par lit ont été seulement :
2 fois inférieurs à 45 mètres cubes.
10 fois inférieurs à 5o »
» Ils ont été :
19 fois supérieurs à 5o mètres cubes.
8 fois supérieurs à 60 »
» La moyenne générale ayant été de 51,7.
» Il est assez probable que l'établissement de l'anémomètre à compteur
a rendu le chauffeur un peu plus attentif qu’il ne l’eût été sans cela, et que
le résultat assez favorable obtenu peut être attribué à la présence de cet
appareil.
» Conséquence relative à la facilité de la surveillance du service de la venti-
lation. — En résumé, l’on voit que, dans ce pavillon, lorsque le nombre de
tours de l’anémomèétre en douze heures dé nuit ou de jour, indiqué par le
compteur, dans le cabinet du Directeur, s’élèvera à 134 000 ou dépassera
ce chiffre, la ventilation atteindra en moyenne ‘ou dépassera 60 mètres
cubes par heure et par lit. Toutes les fois, au contraire, que le nombre
(147)
de tours sera au-dessous de ce chiffre, le Directeur sera en droit d’en faire
reproche au chauffeur, et, selon le degré et la fréquence des écarts, devrait
. être autorisé à lui infliger une amende,
» Mais on reconnaît en même temps que dans les jours de grandes cha-
leurs, il serait nécessaire de donner à l'appel plus d'activité à l’aide d’un
chauffage des appareils de circulation d’eau.
» Observations faites au pavillon n° 4, ventilé par insufflation. — Des.obser-
vations analogues aux précédentes ont été exécutées dans la cheminée
d'évacuation du pavillon n° 4, ventilé par insufflation, pendant les mois de
septembre, d'octobre et de novembre. |
» Ces expériences ont été faites pendant quarante-cinq jours répartis
entre les mois de la manière suivante :
» En septembre, dix-sept jours; en octobre, treize ; en novembre, quinze.
» L'instrument a toujours très-bien fonctionné, mais il est arrivé à plu-
sieurs reprises que, soit par négligence, soit par malveillance d'ouvriers
employés à des travaux dans les bâtiments, les fils conducteurs ont été
coupés. C'est ce qui explique les interruptions des observations.
» Conséquences des observations faites de jour et de nuit au pavillon n° 4,
ventilé par insufflation. — En réunissant les valeurs moyennes des volumes
d'air évacués le jour et la nuit, ainsi que les températures moyennes maxi-
mum et minimum correspondantes, on peut résumer ainsi qu'il suit les
résultats obtenus.
JOUR. NUIT.
NOMBRE
; © G L O MŘŘŘŮ——
1865. L
TEMPÉRATURE POLUNS D'AIR TEMPÉRATURE a aS
MOIS. JOURS évacué tati évacué
i imu
è d'observations| "2*mum par heure ms par heure
moyenne. et par lit. moyenne. et par lit
si 0 me o a me
Septembre, ... 17 p 27,10 12,49 46,83
Octobre. ..... 12 20,10 41,06 6,10 48, 30
Novembre, ..…. 16 12,20 49,26 12,53 47,04
» Les résultats relatifs au mois de septembre, pendant lequel les tempé-
ratures extérieures ont été moyennement, au maximum, le jour, de 29°,42,
etau minimum, la nuit, de 12°,45, c’est-à-dire à très peu près les mêmes
( 148 )
que pendant le mois de juillet, où elles avaient été npotivement de mb:
et de 13°,07, montrent avec évidence que, dans la saison ou Ja weinpéei
ture extérieure est élevée, l'évacuation de l'air vicié par la cheminée géné-
rale est beaucoup moins bien assurée par le système exclusif de linsuffla-
tion que par celui de l'aspiration, même lorsque, dans ce dernier, le chauf-
fage est complétement interrompu pendant le jour.
» En effet, tandis que dans le pavillon n° 1, ventilé par appel, on a
constaté, avec un chauffage insuffisant de nuit et nul pendant le jour, une
évacuation moyenne par heure et par lit, pendant le jour, de 4o®°, so et
pendant la nuit de 51™°,77, on n’a obtenu dans le pavillon n° 4, ventilé par
insufflation, en maintenant les appareils mécaniques à leur activité normale,
pendant le jour que 27™°,10, et pendant la nuit que 46,83.
» Il convient de rappeler que, par l'aspiration, l’on eût évidemment pu,
en conservant au chauffage qui détermine l’appel l’activité voulue, déter-
miner régulièrement une évacuation de 60 mètres cubes par heure et par
lit, de jour comme de nuit, puisque pendant le mois-de juillet, par une
température extérieure maximum de 32 degrés et avec un chauffage très-
modéré, on l’a obtenue le 14 juillet, et qu’on s’en est approché beaucoup
plusieurs autres fois; tandis qu’à l'inverse, dans lé système de l’insufflation,
quoique la machine marche de jour comme de nuit à peu près à sa vitesse
normale de 80 à 85 tours par minute, l’évacuation reste tellement dépen-
dante de l'aspiration naturelle, qu’elle diminue dans une proportion consi-
dérable, quand la température extérieure s’élève.
» Cette influence prépondérante de la température extérieure sur l’éva-
cuation de l'air vicié, dans les pavillons ventilés par insufflation , est d’ail-
leurs manifestée d’une manière au moins aussi tranchée par les résultats
observés au pavillon n° 4. En comparant, pour le mois de septembre, ceux
de jour et ceux de nuit, on voit, en effet, qu’en admettant que la machine
marche à la mème vitesse la nuit que le jour, la ventilation de nuit a été
de 46%°,83 par lit et par heure, tandis que celle de jour ne s’est élevée
qu'à 27%, 10.
. » Une différence analogue a été observée en octobre, mais elle a été
moins tranchée, parce que les températures de jour et de nuit se sont moins
écartées l’une de l’autre, et que l’on a, dans ce mois, commencé à chauffer
un peu les salles.
» En novembre, oële chauffage est devenu régulier, les volumes d’air
évacués de jour et de nuit ont été à peu près les mêmes, et se sont rap-
prochés un peu plus, pendant le jour, de la valeur prescrite de 60 mètres
( 149)
cubes par lit et par heure, qui a même été atteinte et dépassée à certains
Jours. | ;
» Ces résultats d'observations prolongées, fournis par des instruments
qui fonctionnent automatiquement, confirment complétement ceux que j'ai
signalés dans mes Études sur la ventilation (1), et par lesquels j'ai montré que,
l'été, la ventilation de jour dans les pavillons où elle est opérée par insuf-
flation était réduite à 30 mètres cubes environ, quand la température exté-
rieure n'était encore que de 15 à 16 degrés.
» L'ensemble des résultats relatifs aux observations de nuit montre que,
même à ces moments où l'abaissement de la température donne à l’aspira-
tion naturelle une plus grande activité, le volume d’air vicié évacué des pavil-
lons ventilés par insufflation n'atteint pas une moyenne de 60 mètres cubes
par heure et par lit, et reste très-notablement au-dessous de ce chiffre.
» L'infection des salles pendant la nuit, si catégoriquement signalée par
les sœurs et par les malades, prouve, comme je l'ai déjà montré, que le
volume de 60 mètres cubes par lit et par heure doit être, surtout pour la
nuit, regardé comme un minimum au-dessous duquel la ventilation ne doit
pas descendre.
» Observation relative à l'ouverture des fenêtres. — 11 convient de faire
remarquer que, pendant la saison des chaleurs, il est d’usage pour tous les
pavillons d'ouvrir dans la journée une grande partie des fenêtres du côté
qui ne reçoit pas l’action du soleil, et que les observations sur le pavillon
n°4, ventilé par insufflation, ont eu lieu pendant le mois de septembre 1865,
époque à laquelle le développement de l'épidémie cholérique avait engagé
les médecins à prescrire l'ouverture à peu près permanente des fenêtres.
» Mais on sait, par les expériences de plusienrs observateurs, que cette
ouverture active, accroît et régularise l'évacuation de lair vicié dans les
pavillons ventilés par appel, tandis qu’à l'inverse, elle la trouble complé-
tement et parfois détermine des rentrées d’air d’un étage à l'autre, dans les
pavillons ventilés par insufflation.
» Cette différence capitale peut bien expliquer en partie l'infériorité de
l'évacuation de l'air vicié observée dans le pavillon n° 4, ventilé par insuf-
flation, mais elle n’en constitue pas moins une infériorité grave de ce système,
mae ARN N
à (1) Tome Ier, p. 387, expériences de MM. Leblanc et Ser; p. 420, expérience faite le
1 août.
C. R, 1867, 1er Semestre. (T. LXIV, N°:4.) 21
( 150 )
parce que le renouvellement de lair dans le voisinage de tous les lits ne
s'y trouve plus assuré quand les fenêtres sont ouvertes.
» Des observations recueillies par M. l'Ingénieur de l'Assistance publique,
en même temps que celles que l’on a rapportées plus haut, et à l’aide du
double compteur électrique de l’anémomètre, paraissent avoir, il est vrai,
montré qu'il ne s'est pas produit dans la cheminée d'évacuation du pa-
villon n° 4, ventilé par insufflation, des rentrées générales d’air extérieur
pouvant pénétrer dans les salles; mais cela ne prouve point qu’il ne se soit
pas établi d’une salle à une autre des communications et des retours d’air
vicié analogues à ceux qui ont été si catégoriquement constatés par
MM. E. Trélat et Peligot (1).
» Moyen à employer pour régulariser l'évacuation de l'air vicié dans les
pavillons ventilés par insufflation. — En 1860 (Rapport sur le chauffage et la
ventilation du Palais de Justice, p- 80), et depuis, j'ai appelé l'attention de
l'administration de l’Assistance publique sur l'utilité d’une installation de
ce genre, trés-facile à réaliser dans un hôpital, où il y a, d’une manière
permanente, des chaudières à vapeur en activité, et je ne saurais douter que
la constatation régulière et continue, faite avec le concours de son ingé-
nieur, de l’infériorité et de l'insuffisance si facile à faire cesser à peu de
frais de la ventilation des pavillons n° 2, 4 et 6, ne la détermine à y intro-
duire cette amélioration indispensable.
» Conclusions. — En résumé, l’on voit, par les résultats que l’on vient
de discuter et par ceux qui sont obtenns depuis plus de deux ans au Con-
servatoire des Arts et Métiers avec les mêmes instruments, que les anémo-
mètres totalisateurs à compteur électrique sont d’un service régulier, facile,
sûr et peu dispendieux, qu’ils exigent fort peu de surveillance et de soins,
et qu'ils peuvent, par une simple lecture faite régulièrement le matin et le
soir, à des intervalles de temps égaux, fournir au directeur d’un hôpital le
moyen de constater, sans se déplacer, si le service de la ventilation ya
été régulièrement fait de jour comme de nuit.
» Ils peuvent mettre en évidence, comme on vient de le voir, l'influence
prépondérante des saisons et de la température extérieure sur l’évacuation
de l'air vicié, et la nécessité de donner à l'appel des cheminées l'énergie
convenable.
» Sous ces rapports comme sous celui des études suivies qu'ils permet-
Te E tes
(1) Études sur la ventilation, t, I®, p. 396 et suiv.
(CT
tent de faire sur l'influence hygiénique d’une ventilation active, je les
crois susceptibles de rendre de bons services.
» Mais les résultats mêmes qu’ils ont fournis sur les deux systèmes de
ventilation employés à l'hôpital Lariboisiére montrant que le service de
ces appareils, faute de moyens de contrôle analogues à celui que nous avons
employé, laisse encore beaucoup à désirer sous le rapport de l'efficacité et
de la régularité, et le but que l'administration de l’Assistance publique
s'était proposé, d'assurer régulièrement à chaque lit un renouvellement
d'air de 6o mètres cubes par heure, n’étant pas constamment atteint, il est
à désirer qu’on laisse à cette administration le temps d'introduire les amé-
liorations reconnues nécessaires avant de-se prononcer sur les effets qu'une
ventilation aussi active peut avoir sur le rétablissement des malades. »
ASTRONOMIE. — {Vouvelle comète découverte à Marseille.
Note de M. Le Verrier.
«M. Stephan m’annonce qu’on vient de découvrir une nouvelle comète
dans notre succursale de Longchamp, à Marseille.
» Dans la nuit du mardi 22 janvier, une nébuleuse non cataloguée fut si-
gualée : le ciel se couvrit aussitôt après, et resta dans cet état jusqu'au 24,
où, durant une éclaircie, on retrouva la nébulosité assez loin de sa pre-
mière position.
» Le 25, enfin, une observation régulière a été faite par M. Stephan.
Elle a donné :
Temps moyen de Marseille, janvier 25............. 8.55"
Ascension droe À de le Wk.. ....,.., 100,1... RE ER A O
Distance polaire ®..... TE ts cs poe o 74° 26"
Mouvements horaires, ........... db — + 56,173 OL —— 1,29
» L'étoile de comparaison (8,8) est indiquée dans le Catalogue de Bonn :
Zone + 15 degrés, o"2®, par 2350465,7 et + 15°29/,3.
« La comète, dit M. Stephan, est assez brillante, d’une apparence géné-
rale ronde, avec un noyau très-marqué. Elle m'a paru toutefois plus con-
densée d’un côté, de manière à laisser soupçonner une queue en éven-
tail. Bien que l'état du ciel ait été très-différent pendant les diverses
observations, J'ai une tendance à croire que l'éclat de la comète aug,
» Mente: »
~
Ÿ
AE
(#6. )
» Autre observation du 27. L'étoile de comparaison est 5099 Lal.
Bélier (8°) :
Janvier 27. Temps moyen.,....... où 2980 D
Ascension droite.......... ah 37 56°,74
Distance polaire. ..... id LE 700 Bacs O6
» L'état du ciel na pas permis d'observer la comète à Paris. Ainsi se
trouve justifié de plus en plus le parti pris par Observatoire impérial de
Paris de placer dans le Midi ses instruments de recherches. »
GÉOGRAPHIE. — Note accompagnant la présentation d'une carte intitulée :
« Ethiopie, carte n° 3. Simen et Zimbila »; par M. Anr. D’ABBADIE.
« L'intérêt de cette carte se concentre dans le Simen, massif trappique
entremélé de vastes précipices et montrant des colonnes de basalte en
plusieurs points de sa base. Le faite de ce massif est le mont Ras Dajan qui a
une altitude de 4620 mètres, inférieure de 200 mètres à notre mont Blanc.
Ce point est le plus élevé qu'aucun voyageur européen ait encore atteint
en Afrique. Vu sa basse latitude (13°14'), la neige y séjourne rarement au
delà de deux ou trois jours, et les rochers du sommet en étaient entièrement
dépourvus quand je les ai visités le 15 mai 1848. Les pentes de ce massif
sont si abruptes, que près Durge, sur la route des caravanes, on s'élève de
500 mètres sur une distance de 3 kilomètres seulement, Près de là, sur les
pentes du Buahit, plusieurs de mes compagnons de route ont péri de froid
le 3 octobre 1844, tandis qu'au gué du Takkaze, à 55 kilomètres de là, et
par une altitude de 936 mètres, la température était si élevée, qu’un thermo-
metre posé sur le sol n’accusait pas moins de 70 degrés.
» Cette carte est la huitième que j'ai publiée sur l’'Éthiopie. Deux autres
cartes et une feuille d'assemblage compléteront l’ensemble des huit cents
positions que J'ai déterminées tant par la géodésie expéditive que par des
détails de route et des croquis recueillis sur place.
» Je compte publier ensuite une carte générale de l'Éthiopie, où je ratta-
cherai à ma série de positions les travaux des autres explorateurs européens
et où je tirerai partides voyageurs indigènes, tout en publiant textuellement
les nombreux renseignements qu’ils m'ont fournis sur des contrées voisines
restées Jusqu'ici inconnues à nos géographes. »
$ 7
‘ MT. Le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL donne lecture d’une Lettre par laquelle
M. Is. Pierre fait savoir à l'Académie que M. Eudes-Deslongchamps a laissé,
(153)
en mourant, des travaux de paléontologie qu'il a exprimé le regret de ne
pouvoir terminer, et dont son fils se propose de doter la science.
RAPPORTS.
PHYSIQUE. — Rapport sur un Mémoire de M. F. Le Roux intitulé:
« Recher ches sur les courants thermo-électriques ».
(Commissaires : MM. Pouillet, Babinet, Edm. Becquerel rapporteur.)
« Dans la séance du 20 août dernier, M. Le Roux a soumis à l’examen de
l’Académie un Mémoire ayant pour titre : « Recherches sur les courants
» thermo-électriques ».
L'auteur s'est proposé, d’une part, d'étudier l'influence de diverses
conditions relatives à l’état physique des métaux sur le développement des
courants thermo-électriques ; d'autre part, de chercher à remonter aux lois
de la formation de ces courants par des mesures précises des effets calori-
fiques développés, soit au point de jonction des conducteurs hétérogènes,
soit dans la masse des conducteurs homogènes, quand les diverses parties
de ceux-ci sont maintenues à des températures inégales.
On sait que, peu de temps après la découverte des courants thermo-
électriques par Seebeck, M. Becquerel montra que l’on pouvait obtenir
des courants thermo-électriques dans un circuit composé d’un seul métal,
et que, par exemple, dans un fil de platine, un nœud, une boucle ou
quelque autre déformation amenant un changement de diamètre suffisait,
suivant les points où l'élévation de température se faisait, pour donner lieu
à un courant électrique. Il observa aussi que le contact de deux portions
d’un même métal dans un état suffisamment inégal de température donnait
lieu à un développement d'électricité. Ces effets ont été expliqués diverse-
ment par les physiciens qui se sont occupés depuis du même sujet, et
quelques-uns ont pensé qu’il fallait attribuer ce développement d’électri-
cité à une différence permanente dans l'état moléculaire des conducteurs.
» M. Le Roux a examiné ces diverses opinions, a varié d’une manière in-
génieuse les expériences et généralisé les résultats, et est arrivé à conclure
que, dans toutes les expériences de ce genre, la condition fondamentale est
bien le contact de deux parties d’un même métal présentant des différences
de température.
+
(154)
» Il a cherché ensuite à montrer que, dans les phénomènes thermo-
électriques observés dans les circuits homogènes interviennent, comme
cause secondaire des compressions et des extensions qui se produisent
nécessairement lorsqu'on amène au contact deux masses métalliques de
températures différentes. Parmi les expériences inslituées par l’auteur dans
cet ordre d'idées, nous citerons comme particulièrement intéressante celle
qui montre que lorsqu'une matière homogène est partagée en deux masses
réunies, sans aucune solution de continuité, par une partie excessivement
courte et d’une trés-petite section, on obtient des effets thermo-électriques
très-sensibles en chauffant seulement l’une de ces masses.
» L'auteur a observé ensuite les effets thermo-électriques produits eutre
deux parties d’un mème conducteur soumises à une extension ou à une
compression inégale, effets qui ont déjà été observés par M. Babinet et
par M. W. Thomson. Au moyen d’une disposition nouvelle de l’expé-
rience, il a étudié le phénomène pour un plus grand nombre de métaux ;
pour tous ceux qu’il a examinés, il a trouvé que deux fils de même nature,
dont l’un était temporairement tendu et l’autre à l’état naturel, se consti-
tuaient dans des états électriques différents lorsqu'on élevait la température
de leur point de jonction ; le sens de cet effet est d’ailleurs variable avec la
nature des métaux. ;
» Avant d'indiquer comment M. Le Roux a étudié le cas le plus complexe
de la production des courants thermo-électriques dans des circuits hété-
rogenes, nous allons rappeler ea quelques mots quels sont les principaux
phénomènes qui se rattachent à ce sujet :
» 1° Lorsqu'on est loin de tous les points de jonction, le passage d’un
courant électrique dans chaque conducteur homogène donne lieu à une
élévation de température qui est soumise à des lois régulières parfaitement
déterminées : (la quantité de chaleur produite est proportionnelle à la résis-
tance à la conductibilité de ce conducteur et en raison directe du carré de
la quantité d’électricité qui passe pendant un temps donné).
» 2° Peltier a reconnu qu'aux points de jonction des différents con-
ducteurs, suivant la direction du courant électrique, il se manifeste une
élévation de température plus où moins grande que dans le reste du circuit
ou même un abaissement de température.
» 3° Lorsqu'un conducteur métallique homogène a ses deux extrémités
à des températures différentes, et par conséquent que sa température est
graduellement croissante dans un certain sens, M. W. Thomson a annoncé
(355 )
que, suivant le sens du passage du courant électrique, l'élévation de
température dans les différentes sections est différente.
» M. Le Roux, au lieu de s’en tenir, comme on l’avait fait jusqu'ici, aux
changements de température, a évalué en calories les effets qui se mani-
festent aux points de jonction de deux conducteurs hétérogènes dont il a
varié la nature. A cet effet, il a formé des couples avec le cuivre rouge
associé à un grand nombre de métaux, et il a placé chacun des deux points
de jonction de ces divers couples Fr des calorimètres appropriés. à ces
expériences, de manière à évaluer en calories les divers effets produits par
l'électricité.
» En ce qui concerne ces effets découverts comme nous l'avons dit
par Peltier, et dont votre Rapporteur a montré, il y a plusieurs années, la
liaison avec le sens du courant thermo- éleciniqe qui prend naïssance quand
on fait subir aux surfaces de jonction les mêmes changements de tempéra-
ture que le passage du courant peut faire naître, M. Le Roux a prouvé, par
les expériences dont il vient d’être question, qu'ils sont proportionnels à
l'intensité du courant électrique qui les détermine.
» D'après une proposition générale que l’auteur déduit de l’ensemble de
toutes les observations sur le développement de la chaleur par le passage
des courants électriques, ces quantités de chaleur servent de mesure aux
forces électromotrices existant aux points de jonction des conducteurs hété-
rogènes ; il peut ainsi comparer ces forces électromotrices à celle d’un cou-
ple hydro-électrique à sulfate de cuivre.
M. Le Roux a cherché ensuite si ces effets calorifiques dont les jonc-
tions des conducteurs hétérogènes sont le siége ne seraient pas fonction de la
température du milieu où ils sont plongés. Malgré les difficultés inhérentes
à de semblables déterminations, il a réussi, au moyen d’un appareil spécial,
à comparer les effets calorifiques qui se produisent aux températures de
25 degrés et de 100 degrés lorsqu'un courant électrique circule entre le
cuivre rouge et l’alliage de bismuth et d’antimoine dont votre Rapporteur
a fait connaître les propriétés thermo-électriques si prononcées. Ses expé-
riences, très-concordantes, montrent que les quantités de chaleur dégagées
à ces deux températures sont entre elles sensiblement comme 24,
C'est là un résultat nouveau et qui est important pour la théorie des
Courants thermo-électriques.
» Il restait à étudier les phénomènes qui ont lieu à distance des jonctions
dans les conducteurs homogènes affectés par nne distribution inégale de la
température, Par une nouvelle disposition d'appareil, M. Le Roux a vérifié
( 158 )
» Une intégration faite sur les cosinus d’angles variables permettrait de
trouver la moyenne d’insolation, soit depuis midi jusqu’au coucher pour la
demi-journée, soit pour toute la durée de l'arc diurne ou journée, soit pour
une différence entre deux heures quelconques.
» Or, ces angles variables sont complémentaires de ceux formés par
chaque verticale avec le cercle d’insolation. De tout le pourtour d’un paral-
lèle de latitude, on n’a donc qu’à abaisser des perpendiculaires sur ce
cercle d’insolation, et chercher leur moyenne pendant le laps de temps
désiré; cette moyenne est égale à la distance au cercle d’insolation du centre
de gravité de la partie d'arc du parallèle de latitude parcourue pendant le-
dit laps de temps; partie d’arc égale elle-même à arc d’équateur, ou inter-
valle de temps, multiplié par le cosinus de la latitude.
» D'autre part, chaque parallèle, étant perpendiculaire à l’axe de la
Terre, l’est aussi sur le colure des solstices; toutes les perpendiculaires se
projettent donc en grandeur égale sur le plan du colure, et mesurent les
distances au cercle d’insolation de chaque point du diamètre de chaque
parallèle de latitude.
» En représentant par / la latitude d’un parallèle, par © = 23° 28
l'obliquité de l'écliptique, on aura les équations
. X= acos(l— v),
J = (1 — a) cos(l — o) tango + sin(l — w),
qui donnent les coordonnées x et y de la courbe
représentées en grandeur par l’abscisse x. i
» & représente un coefficient variable, spécial à la situation du centre de
gravité de l’arc diurne du parallèle sur la flèche de son segment.
» En posant
des moyennes diurnes
sinĝ = tango tang’,
le calcul intégral donne facilement
a +800
| go +6 2.
a
» En construisant les quatre courbes, en dessus et au-dessous dé la ligne
des abscisses, pour + 9 qui correspond à +l, on trouve que « oscille
entre 0,5 et 0,64, dernière valeur qui n’est atteinte qu'à l'é
équateur.
» En éliminant Z entre les équations de l’insolation, on obtient
+ a EU R — 22 —
I
(159 )
qui donne une ellipse variable suivant les valeurs de x. En construisant les
deux ellipses pour g = 0,5 et x = 0,64, on a les limites entre lesquelles
oscille la courbe réelle d’insolation, depuis l = (90° — w) jusqu’à l = 90°.
» À partir de l= (90° — w) l’ellipse à constante variable ne peut plus
représenter le phénomène ; et depuis cette valeur jusqu’à l = 90°, la formule
x = sin l sin
exprime la puissance d’insolation diurne.
» On voit qu'à partir de l= (90° — w) les moyennes diurnes croissent
jusqu’au pôle où l’insolation méridienne dure toute la journée, pendant vingt-
quatre heures.
» On n’a qu’à écrire
sino = x = a COS(l — w),
pour déterminer la latitude Z où la puissance d’insolation est la même qu'au
pôle. On trouve ainsi qu’au solstice d'été, le Soleil verse la même chaleur
au pôle nord que vers le 59° degré de latitude nord, et vers le 25° degré de
latitude sud.
» Il est bien évident que la température par 25 degrés sud est plus élevée
en ce moment-là qu’au pôle, parce qu’il y avait au premier lieu un emma-
gasinement de calorique pour suffire aux pertes du rayonnement; mais en
effet le Soleil au 22 juin donne au pôle autant de calorique qu'aux envi-
rons de 25 degrés sud.
» Je m'abstiens de toute réflexion sur les ellipses variables dans d’étroites
limites, sur leurs diamètres conjugués, sur leurs axes, sur leurs construc-
tions graphiques, etc., non moins que sur le cas un peu plus complexe où
il s'agit de déterminer la quantité de chaleur reçue entre deux heures
quelconques.
» I. Pour une longitude héliocentrique quelconque L, le problème
semble de prime abord démesuréinent compliqué. Il se ramène au précédent
Par un simple changement d’angle.
» Un examen attentif et très-simple de la figure montre qu’en posant
sino, = sino sin L, on n’a qu’à substituer w, à w dans les équations spé-
ciales au solstice d'été, pour déterminer toutes les lois du phénomène de
linsolation. Cette équation prouve de plus que w, n’est autre que la décli-
naison du Soleil, ce qu'un examen attentif de la figure permet de voir direc-
tement.
22..
( 160 )
» Donc : 1° x = sin/sinw, donne la valeur de l’insolation diurne totale
depuis l= (90° — w,) jusqu’à l = go degrés.
» 2° £ = 4COS({ — w,) donne la valeur de l’insolation diurne totale jus-
qu'à l= (90° — w), œ étant déterminé par les formules
sin ĝ = tango, tang/,
et Rss hi représentant, en temps, la durée du jour au parallèle considéré,
I
à l’époque considérée; cette époque étant déterminée par la valeur de a
ou déclinaison du Soleil, ou directement au moyen de la longitude hélio-
centrique L.
» Voici quelques chiffres, éloquents par eux-mêmes et sans commen-
taires, qui désignent les latitudes nord et sud où les quantités de chaleur
dues à l’iusolation sont identiques à la quantité de chaleur que le Soleil
verse au pôle nord.
Nord. Sud.
l = 59° = 25° L — 90°, vers le 22 juin, solstice d’été.
1 = 66° Les 33 L — 60° ou 120°, vers le 22 mai et 22 juillet.
[= 72° l= 44° L = 45° ou 135°, vers le 7 mai et 7 août.
= 78° 097 L — 30° ou 150°, vers le 22 avril et 22 août.
» Enfin, pour L = o, vers le 22 mars et le 22 septembre, aux équinoxes,
le pôle se tient constamment à la circonférence d’insolation, et ne reçoit
aucune chaleur, tandis que l'équateur recoit le maximum.
» Ce dernier cas peut se traiter facilement à part. Alors œ, = 0, 0 = 0
2 i i R?
et æ = 0,64 ou —. L’ellipse alors devient alors y? + 7 x — Da fornule
2 + . r ` :
x = - cosl donne l’insolation diurne moyenne à la latitude l; la chaleur
Lis
2 į F
totale perçue par la Terre équivaut à (2) = 0,44 de la chaleur qui serait
perçue par le cercle d’insolation dépourvu de son avant sphérique.
» Comme dernière réflexion, je fais observer que si la sphère pouvait
s'incliner de w = 90°, la formule x = sin / donnerait la loi d’insolation; et
la chaleur totale perçue par la sphère serait alors 0,64. Cela peut donner
lieu à d’intéressantes expériences, qui seraient faciles à instituer dans un
cabinet de physique.
» Je renvoie tous les développements à un Mémoire étendu sur les lignes
‘
( 161 )
isothermes, sur les méridiens magnétiques qui en sont la conséquence, et
sur diverses autres faces du sujet.
» L'emploi du cercle d’insolation pourrait être extrêmement utile et
commode pour faciliter la démonstration des phénomènes présentés par
le mouvement des corps célestes. »
M. Kauwrmanx lit un Mémoire relatif à « l'emploi de l'air comme moyen
obstétrical auxiliaire ».
D’après l’auteur, la raréfaction de l'air dans la cavité utérine, à la suite
des contractions ou du retrait de l'organe, peut devenir une des causes des
douleurs et de la résistance considérable qu’on éprouve dans certains
accouchements. A cette cause peuvent être attribuées des infirmités consé-
cutives, ou même une terminaison funeste et rapide. L'auteur conclut en
proposant l’insufflation de l'air dans le fond de l'utérus.
(Commissaires : MM. Velpeau, Coste, Cloquet, Longet.)
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
OPTIQUE. — Sur l'emploi de la diffraction pour déterminer la direction des
vibrations dans la lumière polarisée ; par M. Pu. Guserr.
(Commissaires : MM, Pouillet, Fizeau.)
« En lisant la Note de M. Mascart, insérée au Compte rendu du 10 dé-
cemhpe 1866, j'ai pensé qu'il y aurait quelque intérêt à faire connaître les
considérations que je lui avais moi-même soumises, sur le sujet traité dans
cette Note, pendant le mois de juillet précédent.
» Le problème de la diffraction par un anneau circulaire a été traité de-
puis longtemps, mais en négligeant de petites quantités, qui deviennent sen-
sibles à une distance angulaire un peu forte du rayon central; en condui-
sant le calcul autrement, j'arrive à une formule d’où l’on déduit quelques
conclusions applicables au problème dont il s’agit.
» Soient A un point lumineux, M le lieu où l’on observe, D le point où la
droite AM perce l’onde sphérique du rayon a émanant du point A. Soit sur
cette onde sphérique un rectangle GHIK compris entre deux méridiens DGK,
DHI passant par l’axe AM et faisant entre eux un petit angle p, et deux
( 162)
parallèles GĦ, KI. Concevons théoriquement que toute l’onde sphérique
soit remplacée par un écran qui la supprime, sauf dans l’étendue du rec-
tangle GHIK où elle reste active. Appelons À la longueur d’ondulation,
a + b la distance AM, do l'élément infiniment petit de l'onde en un point
P du rectangle, w sa distance PM au point d'observation, 6 langle du
rayon AP avec l'axe AM. L’amplitude de la vibration que l’élément do
envoie au point M est proportionnelle à dw, en raison inverse de la dis-
tance a au centre d'ébranlement et de la distance u au point d'arrivée;
d z j Fer SES TRS T
elle est donc =, en négligeant d’abord l’affaiblissement dû à l'obliquité de
au
la direction PM sur l'élément dw. Le retard de cette vibration, par rapport à
un rayon direct AM, est w — b, sa phase est donc = (u — b); on aura
donc, en posant
de 2r dw . 3x
Az 2,—cos—(u—b), B— sin (u —b),
pour l'intensité I de la lumière diffractée en M
I = A? + B?,
Or, si l'on intègre d’abord sur un même parallele où u est constant, on a
X do = adé.pasiné = pa singde.
Mais le triangle APM donne
u’ = (a +b? +a — 2a(a+b)cosé, udu=a (a + b) sing dé;
d'où
et en appelant w, et u, les valeurs de u qui répondent à GH et à IK, il
viendra
di p Tao, 2n E u au, i on
A= | cos — (u — b) du, B= | sin — (u — b) du,
Ba X? ÉTÉ Lai
| (atbp Sın 3 (X2 — 4),
et si l’on admet que les distances z, et u, différent d’un nombre impair À
de demi-longueurs d’onde,
12 p’
I= i
(:163, 4
» Voici maintenant les considérations qui donnent quelque intérêt à ce
calcul :
» 1° Cette formule indique que l'intensité de la lumière diffractée que
le point M reçoit d'une ouverture GHIK, définie ci-dessus, ne dépend pas
de l'angle GAM ou de l'éloignement plus ou moins grand de cette ouver-
ture par rapport au sommet D de l’angle des deux méridiens : elle serait
A > r , 4 ’ ` kr r ‘
donc la même que si, u, étant égal à b, u, — u, à le rectangle se rédui-
sait à un triangle ayant son sommet en D, sur le rayon direct AM, ce qui
est manifestement contraire à l’expérience. D'un autre côté, comme dans le
calcul de l'intensité nous n'avons nullement supposé que langle de dif-
fraction GMD fût très-petit, et que nous n’y avons rien négligé, si ce n’est
l'affaiblissement qu’éprouvent les vibrations envoyées par un élément do
de surface d'onde dans les différentes directions, à mesure que ces direc-
tions s’écartent de la normale à l'élément, il est clair que cette seule cause
produit le désaccord, et que, pour rétablir l'exactitude, il faudrait intro-
duire sous le signe g; le coefficient d'obliquité f qui mesure cette dégradation.
Ainsi, dans le cas actuel, le décroissement d’intensité qui se produit à me-
sure que l'ouverture s'éloigne de la direction AM n’est dù en rien à l'inter-
férence, mais est produit uniquement par l'influence du facteur f, ce qui met
la réalité de ce dernier en évidence.
» De plus, si l’on admet que l'ouverture soit assez petite pour que la
valeur de f ne s’écarte pas sensiblement d’une certaine valeur moyenne,
l'expression de l'intensité devient
I = ER penan baies
(a+ b)
et peut-être pourrait-on déduire de là, par des mesures d'intensité, la valeur
du coefficient f en fonction de l’obliquité. |
» 2° La seconde remarque a plus d'importance : la dégradation des
ondes dérivées, dans une direction oblique à la surface de l'élément vibrant,
étant mise hors de doute par le rôle qu’elle joue ici dans la diffraction, si
l’on en recherche l’origine, on voit de suite qu’une partie de la vibration
au point P est perdue en composante longitudinale suivant la direction
oblique PM, composante qui, d’après les idées admises, est sans effet
Optique dans cette direction, tandis que la composante normale à cette
direction PM transmet seule en M un mouvement lumineux. Mais on voit
aussi que la valeur relative de ces deux composantes sera très-différente, et
S
&( 164)
par snite l'intensité de la lumière diffractée en M, d’après la direction de
la vibration à la surface de l’onde; que la composante longitudinale sera
sensiblement nulle si la vibration s’effectue suivant la direction du parallèle,
et alors l'intensité en M devra être la plus grande possible; que la compo-
sante transversale aura, au contraire, la plus petite valeur, si la vibration
se fait suivant un méridien, et l'intensité en M sera réduite au minimum.
D'où il suit enfin qu’en employant une lumière incidente polarisée, et en
poursuivant l'étude de la lumière diffractée au point M, pour un écart
angulaire GAM de louverture aussi grand que possible, on devrait obser-
ver, toutes choses égales d’ailleurs, une variation sensible dans l'intensité
pour les deux positions extrêmes du plan de polarisation de la lumière
incidente, et la simple observation de ces deux positions suffirait pour
décider, sans aucune mesure, si le plan est ou non normal à la vibration.
» Ne connaissant pas les travaux de MM. Stokes, Holzmann et Eisenlohr,
j'avais communiqué, dès le 12 juillet dernier, ce projet d'expérience à
M. Mascart, qui, en voulant bien m'indiquer les essais de ces savants, ne re-
gardait pas l expérience comme réalisable à l'aide de la diffraction ordinaire;
c'est là sans doute ce qui l’a déterminé à appliquer le principe de la compa-
raison des intensités à la lumière polarisée et diffractée par un réseau. J'avoue
cependant qu’il mest difficile d’admettre cette opinion, du moins pour le
cas que j'ai traité : car, en supposant qu’un observateur se place aussi
rigoureusement que possible dans les conditions que nous avons admises
théoriquement, comme l’amoindrissement de l'intensité en M est dû ici uni-
quement à l'influence du coefficient d’obliquité, et que celle-ci est liée d’une
manière si évidente et si intime à la direction de la vibration sur la surface
de l'onde, il paraît à peu près impossible que pour un écart angulaire GAM
convenablement choisi, l'observateur exercé n'aperçoive pas nettement une
différence dans l'intensité de la lumière diffractée, pour deux positions rec-
tangulaires du plan de polarisation. On échapperait ainsi aux difficultés
particulières que l'emploi des réseaux introduit dans ces expériences, sur-
tout lorsque l’on suit la méthode de M. Stokes. |
» Je ferai remarquer, en terminant, qu'en décomposant la vibration
comme je l'ai dit plus haut, et en regardant un rayon naturel comme équi-
valent à un rayon polarisé dont le plan de polarisation est doué d’une rota-
tion uniforme, on trouve pour l'expression théorique du coefficient d’obli-
quité
He
( 165 +
E étant la fonction elliptique complète de deuxième espèce, 6 l’inclinaison
du rayon diffracté sur le plan de l’élément vibrant. Mais il faut ajouter, et
cette réserve doit s'étendre à tout ce qui précède, que les considérations
élémentaires dont nous avons fait usage sont peut-être insuffisantes, et
qu’en essayant de pénétrer dans ces questions à l’aide d’une analyse plus
profonde, on voit surgir des perturbations et des difficultés toutes nou-
velles. En particulier, il paraît impossible de ne pas tenir compte de l'in-
fluence des vibrations longitudinales, comme l’a bien établi M. Eisenlobr.
» Louvain, le 22 janvier 1867. »
GÉOLOGIE. — Recherches sur le dépôt littoral de la France; par M. Deresse.
| (Renvoi à la Section de Minéralogie.)
« Des études sur le dépôt littoral de nos côtes m'ont occupé dans ces
dernières années, et je demande à l’Académie la permission de lui en com-
muniquer les principaux résultats. Une nombreuse collection de ce dépôt
devait d’abord être réunie; c’est ce qui a été fait, soit dans des excursions
spéciales, soit avec le concours de différentes personnes, notamment d'in-
génieurs hydrographes et d’ingénieurs des Ponts et Chaussées chargés du
service des ports. Pour déterminer la composition minéralogique du dépôt
littoral, je lai soumis à des lévigations et à des essais chimiques. J'ai sur-
tout opéré des triages sur une quantité déterminée de matiere, pesant en
suite séparément chacun des minéraux ou des roches qu’elle renfermait.
Ce procédé est bien préférable à l'analyse chimique élémentaire, car il
donne la nature ainsi que la proportion des divers minéraux; il permet,
du reste, de faire une analyse quantitative avec une exactitude qui est bien
suffisante pour les recherches de ce genre.
» Si l’on considère, en premier lieu, les dunes des côtes de France, elles
sont presque toujours essentiellement formées de quartz hyalin. Comme ce
minéral est relativement léger et en grains assez réguliers, il se prête mieux
que tout autre à un transport par le vent. Cependant les divers minéraux
d’une plage se retrouvent aussi dans les dunes qui l’'avoisinent. On y ren-
contre, par exemple, de la lydienne dans les Landes, de la glauconie dans
le Pas-de-Calais et dans la mer du Nord. Le mica, le feldspath, le grenat
s'y observent également. Le carbonate de chaux sécrété par les mollusques
Concourt encore à la formation des dunes ; il n’y en a presque pas dans les
C. R, 1867, 1er Semestre, (T, LXIV, N° 4.) 23
ne | 7 166 )
dunes des Landes et de la Hollande; mais celles de la Bretagne en con-
tiennent assez pour être exploitées comme amendement calcaire.
» La proportion de carbonate de chaux des dunes varie, du reste, avec
celle du sable qui forme la plage; de plus, elle est généralement moindre
que celle du dépôt de marée basse. |
» Le plus souvent, les dunes sont essentiellement composées de sable
quartzeux; toutefois, elles contiennent également les divers minéraux de la
plage et particulièrement le carbonate de chaux sécrété par les mollusques.
» La rareté ou l’absence complète de l'argile mérite d’être signalée ; elle
se conçoit d’ailleurs très-bien, puisque l'argile, restant humide, doit visi-
blement tendre à empêcher le déplacement du sable et par suite la pro-
duction des dunes.
» Considérons maintenant le dépôt littoral des côtes de France. Il pré-
sente une composition minéralogique assez variée au niveau de la marée
haute, parce qu’il renferme les débris provenant des falaises voisines. Mais,
au niveau de la marée basse, il est beaucoup plus uniforme; dans l'Océan,
il reste même constant sur une grande étendue. Alors, quelles que soient les
roches qui concourent à sa formation, la mer ne tarde pas à les détruire,
en sorte que l’on y retrouve surtout les minéraux qui résistent bien à son
action à cause de leur dureté ou de leur inaltérabilité, De tous les minéraux
du dépôt littoral de marée basse, le plus important est de beaucoup le quartz
hyalin. FI y est répandu à profusion, et souvent même il le constitue presque
entièrement, Ce résultat s'explique par sa dureté et par son abondance
dans les roches.
» Le silex est très-fréquent sur nos côtes crayeuses, et il se présente en
galets qui redescendent jusqu’au niveau inférieur de la marée basse, dans
les endroits où la mer est fortement agitée. Il s'observe surtout en esquilles
et en fragments anguleux dans le dépôt littoral; mais quand le grain de ce
dernier devient fin, la proportion du quartz l'emporte sur celle du silex,
même sur les côtes crayeuses, car le silex est plus fragile et moins dur que
le quartz, contre lequel il est sans cesse frotté, en sorte que son usure est
nécessairement plus rapide; aussi, voit-on le quartz augmenter au détriment
du silex, et d'autant plus que les sédiments sont plus fins.
» Les feldspaths ne se montrent en quantité notable dans le dépôt littoral
qu'au voisinage des côtes granitiques, comme la Bretagne, -les Maures, les
Pyrénées orientales, ou bien prés des côtes porphyriques comme l'Esterel.
Leurs formes sont ordinairement plus ou moins anguleuses, moins cepen-
dant que celles du quartz hyalin qui leur est associé et qui provient de la
( 167 )æ a
destruction des mêmes roches. L’orthose est de beaucoup le feldspath qui
résiste le mieux; cependant il se détruit rapidement, car il est sans cesse
subdivisé par suite de ses clivages, et il se kaolinise avec unë grande facilité
lorsqu'il est agité dans l’eau de mer. L’anorthose ne s'observe guère que
dans les grains ou fragments de roches qui en contiennent.
» Un sable feldspathique borde généralement les côtes granitiques. Dans
la Méditerranée, on le trouve dans les golfes de Jouan, de Napoule, de
Fréjus, le long des montagnes des Maures et à l’ouest du golfe du Lyon
dans les Pyrénées orientales. Dans l'Océan, il entoure en grande partie la
Bretagne et le Cotentin. Ce sable constitue un arkose qui n’est pas encore
agrégé et qui se forme à l’époque actuelle.
.. » Les argiles s’observent dans le dépôt littoral au fond des golfes et des
anses retirées, mais elles sont surtout entrainées à l’état de limon, et elles
vont se déposer dans les eaux calmes des mers profondes. D'un autre côté,
_ lorsque des couches d'argile ou de schiste affleurent sur un rivage, comme
à Honfleur, la proportion d'argile contenue dans le dépôt littoral peut
devenir très-grande. |
» Malgré leur faible dureté, les micas résistent bien à l’action destructive
de la mer, parce qu’ils se décomposent difficilement, et que leurs paillettes
se maintiennent longtemps en suspension, en sorte qu'elles sont soustraites
au frottement contre des minéraux plus durs. Ils se rencontrent surtout
dans le voisinage de nos côtes granitiques.
» De la glauconie, du grenat, du péridot, divers silicates et un peu de
fer oxydulé se montrent encore dans le dépôt littoral.
» Quant au carbonate de chaux, il est en proportion très-variable, et il
peut provenir soit de roches calcaires, soit surtout de tests de mollusques.
Dans la Méditerranée, il est très-ahondant sur les côtes calcaires apparte-
nant aux terrains crétacés, tertiaires et jurassiques, comme celle de Nice
ou de Marseille; ses grains sont toujours bien arrondis. Dans l'Océan, le
calcaire n’entre ordinairement que pour une proportion assez minime dans
le dépôt littoral ; car le balancement des marées le dissout et luse rapide-
ment, en sorte qu’il ne tarde pas à disparaitre, lors même qu'il est pierreux
et Compacte.
» C’est ce qui s’observe entre le Havre et Dunkerque, ou bien au pied des
falaises des Basses - Pyrénées. Il peut même arriver que le dépôt littoral,
formé sur un rivage de craie ou de calcaire friable, ne contienne pas trace
de débris calcaires.
» Sur les côtes de France baignées par l'Océan, le carbonate de chaux
23
ai:
du dépôt littoral provient presque entièrement des tests sécrétés par les mol-
lusques de l’époque actuelle. Il est en fragments anguleux ou faiblement
arrondis, et il résiste beaucoup mieux à [a destruction que les calcaires les
plus compactes. Aussi voyons-nous une côte dépourvue de calcaire, comme
celle de la Bretagne, présenter cependant un dépôt littoral très - riche
en carbonate de chaux qui est exclusivement fourni par des débris de
coquilles.
» Le dépôt littoral de l'Océan, pris au niveau de la marée basse, offre
des caractères minéralogiques qui sont remarquablement constants. Lors-
qu'on dose, par exemple, son carbonate de chaux, on est surpris des
faibles variations qu'il présente. Mais, dans la Méditerranée, le dépôt lit-
toral est beaucoup plus variable ; les marées n’en opérant pas le mélange
sur une grande échelle , on comprend qu'il soit essentiellement formé aux
dépens des roches qui constituent le rivage voisin. La carte géologique de
la France, dressée par MM. Dufrénoy et Élie de Beaumont, permet, du
reste, de prévoir la composition minéralogique du dépôt littoral; et j ajou-
terai que les recherches auxquelles je me suis livré viennent en confirmer
la parfaite exactitude.
» Si l'on s'éloigne du rivage, la profondeur de leau augmente, et en
mème temps le dépôt marin change de propriétés physiques et chimiques.
Ainsi, le grain de ce dépôt diminue, et en même temps la proportion de
carbonate de chaux augmente. La différence est déjà marquée lorsqu'on
compare le dépôt de marée haute avec celni de marée basse; elle devient
manifeste lorsqu'on compare ces dépôts avec ceux qui sont retirés du fond
de la mer au moyen de la sonde. Dans la Méditerranée, j'ai constaté cepen-
dant que, sur une côte calcaire, le carbonate de chaux va quelquefois en
diminuant avec la profondeur, au moins dans certaines limites; mais cette
exception tient alors à la nature de la côte qui fournit elle-même du car-
bonate de chaux. On peut donc regarder comme une loi générale que,
dans les dépôts marins pris sur un même rivage, le carbonate de chaux
tend à augmenter avec la profondeur. Ce résultat s'explique d’ailleurs très-
bien, le carbonate de chaux étant essentiellement fourni par les mollus-
ques qui peuplent la mer.
« Toutefois, la composition minéralogique de la côte exerce aussi une
influence sur les dépôts marins; dans la Méditerranée, par exemple, j'ai
reconnu que la vase prise dans le fond du golfe de Fos est beaucoup moins
riche en carbonate de chaux que celle qui se trouve à la même profondeur
dans le golfe contigu de Marseille, Cette différence me parait devoir être
i +
( 169 ) m
attribuée à ce que le golfe de Marseille est découpé dans une côte essentiel-
lement calcaire.
» L'ensemble de ces recherches montre que le dépôt littoral présente
des caractères variables avec les bassins hydrographiques auxquels il ap-
partient et avec les côtes émergées et submergées sur lesquelles il se forme;
mais, dans l'Océan, il reste constant sur de vastes étendues.
M. Ém. Marrs adresse la seconde partie d’un Mémoire intitulé : « Nou-
velles explications sur les causes distinctes de l’attraction universelle et de la
gravitation »,.
(Renvoi à la Section de Physique.)
CORRESPONDANCE.
M. Le SECRÉTAIRE DE L’Ensrrrurion ROYALE DE LA GRANDE-BRETAGNE prie
l’Académie de vouloir bien adresser à cette Société les volumes des
« Mémoires de l’Académie » publiés depuis les trois dernières années, ainsi
qu'elle lavait fait avant cette époque.
(Renvoi à la Commission administrative.)
M. ze Présent pe L'Acapémie mpéRar pe Merz sollicite pour cette
Société l’envoi des publications de l’Académie des Sciences, en échange
de ses « Mémoires » annuels. |
Cette Lettre, transmise par M. Chasles au nom de M. Poncelet qui n’a pu
assister à la séance, sera renvoyée à la Commission administrative.
\
M. 1e Secréraine perpéruez présente à l’Académie, de la part de
M. Gerbe, la deuxième édition de l’ Ornithologie européenne de feu le
D" Degland.
« Cet ouvrage entièrement refondu, à la collaboration duquel M. Gerbe
a pris une très-grande part, renferme de nombreuses et intéressantes obser-
vations critiques sur les familles, les genres, les espèces, basées sur des
considérations de mœurs, de nidification, etc. »
(17)
M. LE SECRÉTAIRE PERPÉTUEL signale en outre, parmi les pièces imprimées
de la Correspondance, les trois premiers volumes d'une série de Traités
que M. Belanger se propose de publier, sur la Mécanique étudiée au point
de vue de l’art de l'ingénieur.
M. Ém. BLancuann, en présentant à l’Académie un Mémoire de
M. A. Brandt, imprimé (en allemand) dans le « Bulletin de l'Académie
des Sciences de Saint-Pétersbourg », Mémoire relatif à l'étude du cœur des
Animaux articulés et des Mollusques, fait remarquer que l’auteur a eu
particulièrement en vue, dans ce travail, de démontrer que les mouvements
du cœur (systole et diastole) chez les Insectes et chez certains Mollusques
(Unio, Anodonte) ne sont déterminés en aucune façon par les muscles
extrinsèques. Les pulsations du cœur continuent pendant quelque temps à
se manifester, avec la même intensité, lorsque l'organe a été entièrement
isolé. »
GÉOMÉTRIE. — Délermination géométrique, pour un point de la surface des
ondes, de la normale, des centres de courbure principaux et des directions
des lignes de courbure; par M. Maxvneim. (Extrait d’une Lettre adressée
à M. O. Bonnet.)
Horse O est le centre d'un ellipsoide, M un point de cette surface,
MN la normale en ce point. Je prends pour plan de la figure le plan des
droites OM, MN. Dans ce plan j'élève en O la perpendiculaire OM, à OM,
et Je porte sur cette perpendiculaire un segment OM, égal à OM. Lorsque
le a. M parcourt l’ellipsoïde donné, le point M, décrit la surface des
ondes.
» Le premier problème que je vais résoudre est le suivant :
» Connaissunt la normale MN à l’ellipsoide, construire la normale M,N, à la
surface des ondes.
kl Pour cela, je suppose que M, sortant du plan normal OMN, décrive sur
l’ellipsoïde une courbe (M), et je considère le déplacement de l’angle con-
stant OMM,. Le sommet M de cet angle se meut sur (M), le côté MO passe
par le point fixe O, et le plan OMM, contient à chaque instant la normale
à l’ellipsoide en M. L'angle OMM, est donc une figure mobile de forme
invariable dont le déplacement est bien défini. Quel est le foyer F du plan
(1798)
de cette figure? Le foyer d'un plan mobile est, comme vous le savez, le point
de ce plan par lequel passent les plans normaux aux trajectoires de tous les
points du plan mobile. Par suite, toute droite d’un plan mobile engendre une
surface dont la normale, contenue dans le plan, passe par le foyer de ce plan.
Si la droite entraînée engendre une surface développable, la normale, con-
tenue dans le plan mobile, est menée du point où cette droite touche l'arête
de rebroussement de la développable.
» De ces propriétés du foyer il résulte que dans le déplacement de
l'angle OMM,, F est au point de rencontre de MN, normale à (M), et de
la perpendiculaire OM, à la génératrice OM de la surface conique décrite
par les droites telles que OM.
» J'abaisse sur MM, la perpendiculaire FP; le pied P de cette perpendi-
culaire est le point où le plan mobile est normal à la surface gauche décrite
par MM,. Considérons maintenant l’angle OM, M; cet angle constant se
déplace pendant que M parcourt (M). Le foyer F, du plan OM, M est au
point de rencontre de la droite OM perpendiculaire à OM, et de PF.
» La droite qui joint le point F,, ainsi construit, au point M,, est nor-
male à la trajectoire (M,) de ce point. Mais la position de F, est indépendante
de la direction suivie par M; par suite, F,M, est normale à toutes les tra-
Jectoires que M, peut décrire, c’est-à-dire à la surface des ondes.
» Dans le triangle MM, F,, les droites M, O et FP sont deux hauteurs;
la droite MF est donc la troisième hauteur, et par suite M,F, est perpendi-
culaire à MF. Nous voyons donc qu’au point M, de la surface des ondes, la
normale est menée dans le plan OMN normal à l’ellipsoide, perpendiculai-
rement à la normale MN à cette surface. Ceci est un résultat bien connu.
» Voici maintenant quelques définitions :
» J'appelle, avec Bour, plan central le plan tangent à une surface gauche
au point central d’une génératrice (on sait que ce plan est perpendiculaire
au plan tangent à l'infini); et avec M. Chasles, d’après Monge, caractéris-
tique d’un plan mobile la droite suivant laquelle ce plan touche son
enveloppe. ;
» Faisant usage de ces expressions, j énonce ainsi deux propriétés utiles :
» Lorsqu'un plan mobile passe successivement par les différentes génératrices
d’une surface réglée, sa caractéristique, à un instant quelconque, passe par le
point où il touche cette surface.
» Si des droites et des plans liés d’une manière invariable se déplacent simul-
tanément, les plans centraux aux surfaces engendrées par les droites ainsi que
(172)
les plans normaux aux plans mobiles suivant leurs caractéristiques sont, à un
instant quelconque, parallèles à une méme droite.
» J’aborde maintenant la solution de ce deuxième problème :
» Étant connue la tangente en M à (M), trouver la tangente en M,
à (M,).
» Pendant le déplacement de M, les droites OM, OM, engendrent des
surfaces coniques. La trace du plan tangent à la surface engendrée par OM,,
sur le plan tangent en M, à la surface des ondes, est la tangente cherchée.
Le problème est donc ramené à la recherche de ce plan tangent, ou, ce
qui revient au même, à la recherche du plan normal mené par OM, à la
surface conique engendrée par cette droite.
» La figure MOM,, de forme invariable, se déplace pendant que M par-
court (M). Pour un déplacement infiniment petit de M, quelle est la
caractéristique du plan de cette figure? Cette droite passe évidemment
par O qui est fixe. Le plan MOM, contenant toujours une normale à l’ellip-
soïde, sa caractéristique passe aussi au point C, où il touche la surface
formée par les normales à l’ellipsoïde qui sont issues des points de (M).
La caractéristique cherchée est donc OC.
» Les plans centraux aux surfaces engendrées par OM et OM,, qui ne
sont autres ici que les plans normaux à ces surfaces, et le plan normal
à MOM, suivant OC, sont parallèles à une même droite. D’après cela, si
l’on mène par OM le plan normal à la surface engendrée par cette droite,
qu’on en prenne la trace sur le plan normal à MOM, mené par OC, le
plan passant par cette trace et par OM, sera le plan normal cherché.
Connaissant ce plan normal, on a facilement la tangente à (M,), comme je
Pai déjà dit. Cette construction du plan normal à la surface engendrée
par OM, peut être déduite de considérations directes; j'ai préféré, pour
y arriver, me servir de propriétés générales du déplacement, parce que
celles-ci vont m'être utiles pour résoudre ce troisième problème :
» Déterminer sur M, N, les centres de courbure principaux de la surface
des ondes et en M, Les directions des lignes de courbure.
» Considérons la surface formée par les normales à la surface des ondes
qui sont issues des points de (M). Je dis qu’on connaît les plans tangents à
celte surface en trois points de Ja génératrice M, N;; On a évidemment le
plan tangent en M,; le plan de la figure est tangent au point où la carac-
téristique OC rencontre M,N,, d’après une propriété précédemment
(173)
énoncée; enfin, on a le plan tangent au point à linfini sur M, N,, parce
qu’on peut facilement déterminer, comme vous allez le voir, le plan cen-
tral qui lui est perpendiculaire. Considérons, en effet, l'angle droit formé
par MN et M,N, : on connaît la caractéristique OC du plan de ces deux
droites, on a le plan central à la surface engendrée par MN, on peut donc,
d’après ce que nous savons, construire le plan central à la surface engendrée
par M,N,. Nous avons donc les plans tangents en trois points de M, N,
à la surface engendrée par cette droite lorsque M, parcourt (M,), et, par
suite, le plan tangent en un point quelconque de M, N,.
Pour un autre déplacement de M, on aura une nouvelle surface engen-
drée par M, N, pour laquelle on connaîtra les plans tangents aux différents
points de M, N,.
» Ces deux surfaces lieux. de normales se touchent, d’après un théo-
rème de Sturm, aux centres de courbure principaux de la surface des ondes,
et les plans res communs à ces deux surfaces sont les plans des sections
principales.
» Un plan quelconque mené par M, N, touche chacune de ces ice
en un point; lorsque ce plan tourne autour de M, N,, il donne lieu à deux
séries de points de contact formant deux divisions homographiques :
» Les points doubles de ces deux divisions sont les centres de courbure princi-
paux cherchés. |
» Les plans tangents communs en ces points sont les plans des sections
principales en M, à la surface des ondes :
© » Les traces de ces plans sur le plan tangent en M, donnent donc les direc-
tions des lignes de courbure.
» La solution du deuxième problème permet de déterminer la tangente
en M, à (M,), et par la solution du troisième problème vous venez de voir
qu’on peut facilement construire le plan central à la surface formée par les
normales à la surface des ondes qui s'appuient sur (M,). On sait que la
trace de ce plan central sur le plan tangent en M, à la surface des ondes
est la direction conjuguée de M,. On a donc pour un déplacement quel-
conque de M, non-seulement la direction suivie par M,, mais aussi la
direction conjuguée de celle-ci. On n pau déduire de là la direction des lignes
de es en M,.
» Les solutions que je viens de donner me paraissent bien propres à
montrer l'avantage qu’on pourra retirer d'une étude détaillée du déplace-
ment dans l’espace d’une figure de forme invariable. Elles ne perdent rien
de leur sp lorsqu'on passe au cas plus général où le point M par-
C. R., 1867, 19° Semestre. (T. LXIV, N° 4.) 24
(174)
court une surface quelconque, O étant arbitraire et les triangles OMM, res-
tant semblables à un triangle donné. On trouve alors que la normale en M,
coupe la normale MN sur la circonférence circonscrite au triangle MOM,.
» J'appelle, en terminant, votre attention sur la forme que j'ai donnée,
quelques lignes plus haut, au théorème, bien connu, de Sturm sur les
normales infiniment voisines d’une surface. Remarquez, d'ailleurs, l'usage
constant que je fais des surfaces lieux de normales; leurs propriétés me
paraissent devoir être fécondes en résultats intéressants. Celle-ci, par
exemple : Le plan tangent à une surface lieu de normales en un point de la courbe
directrice est normal à cette surface au centre de courbure de la section qu’il dé-
termine dans la surface directrice, employée dans la question précédente pour
le cas où la trajectoire du point M est normale au plan de la figure, con-
duit à ce résultat : Les sections, que déterminent dans l’ellipsoide et dans la
surface des ondes les plans menés respectivement par les normales MN, M, N,
perpendiculairement au plan de ces deux droites, ont leurs centres de courbure
en ligne droite avec le point O. »
ALGÈBRE. — Sur un théorème de M. Hermite, relatif à la transformation des
équations. Note de M. En. Comsescure, présentée par M. Hermite.
g
» Dans le § V de son travail sur l'équation du cinquième degré ( Comptes
rendus, t. LXI), M, Hermite a établi, entre autres résultats remarquables,
-un théorème important relatif à la substitution de Tschirnaüs, un peu mo-
difiée, et que je me propose ici de généraliser en suivant la même-marche.
» Soient
HAE, do,
(1) PER E 0
Ía (Titi, O,
(n — 1) équations algébriques, homogènes et de degrés quelconques, entre
les rapports des n variables Ciy Layeees Lr Si l'on désigne par D” le déter-
minant obtenu en supprimant les dérivées relatives à x; dans
An
dx,’ dx, ? de,
Gru df
(a) dx,” ds: tre, j
(175)
on aura, en vertu des (n — 1) équations de l’homogénéité, savoir :
df, df,
Xi TE +de Hess = Mm fi = 0,
dfa = dh dfi
(b) A g E e P PA H.+ Lag = Mafa 0;
sesti seastecsacod‘l dl CCR CRC a E E a CUE SE EE S EE SE E E ,
Af A dfa
Xi FPE TP SEE TEE EE = Mina fn—1 = 0,
légalité de rapports
(2) Di) as D() A te D“) EPA I (x MS is)
n S CR, ar Tr OU En)
où ¿ désigne une indéterminée tout à fait quelconque, et ọ, © deux co-
variants des formes (1), tels que l soit du même degré en Xy, Loz- Vn
qué les autres rapports (2). En vertu de (b), ces équations (2) forment un
système équivalent à (1), et si entre ces équations (2) ou entre (1) et
; D(i)
Ti
En Aa
t ©
on élimine æ,,%:,..., Lm ON aura une équation finale en £,
où y est le nombre de solutions communes à (1) et dans laquelle les fonc-
tions entières et rationnelles 1,,1,,..., 1, des coefficients des formes (1) seront des
invariants relatifs à l’ensemble de ces mémes formes. |
» En effet, si l’on effectue dans les formes (1) la substitution linéaire
= Ra ER dise Poe inea
(S | La = Mii Gr + Ua, En hot Aann
$ . . 3
+... does es env rene t .
Ln = An, A + Aasia Foant Wi aSa
au déterminant A, qui transforme ces formes dans F, (E, Es.. S Enh-
F,_,(E,,Ë,...,Ë,), eten même temps ọ, © en ®, ©' : en désignant par DË»),
DÉ)..., les déterminants déduits de (a) en écrivant dans ce tableau
dF; dF; df, df; ;
dE A lieu de D T ia respectivement, pour i= 1; 2... (n=1),
il est facile de reconnaître que l’on a pour des fonctions quelconques,
24».
(176)
transformées par (3),
| dA
pë» cs pe D» + PA DE» sa F Den,
Zi, 1 n, 1
dA dà d'A (as)
fa) — (x) miaa j
p = 7 D Den Dee,
OF NC où MT BE IN EU D De Se + © N E MNA RAAN ts D E A a S a ae E a 9
dA dA
Ba EE para. A pes pe.
x Fa F das n des 3
d’où résulte
(4) ia DË) + aia eo p Oi, n DEH = AD),
Maintenant si, par les transformées F,, F,,..., ®, ©', on écrit le groupe
homologue à (2), savoir :
WO RO pe a
E poene S
par une transformation visible des premiers rapports, on aura, en ayant
égard à (4) et (3),
ADC:) 1 d
Te re
Enfin comme, d’après la propriété caractéristique des covariants, on a
8 A étant des nombres entiers, on obtiendra facilement le groupe équiva-
lent à (2'), savoir :
D) D(«:) $ Dln) At p
D N ES
où k= g — h—ı. Ces équations, comparées à (2), montrent que l’élimina-
tion de &,, &,,...,£, entre (2°) donnerait pour résultante l'équation (3), où
nn. É ; us : Fe
l’on écrirait a au lieu de ż. De là résulte, comme il fallait l'établir, que les
coefficients de cette équation (3) sont des invariants pour le système des
formes (1), ce qui est la généralisation que j'avais en vue du théorème de
M. Hermite.
» J’ajouterai quelques remarques. Lorsque I est nul, l'équation (3) a une
racine infinie. Mais Pour £ infini, on doit avoir, d’après (2), D= = o. Or
cette dernière équation est précisément la condition pour que les équa-
tions (1) aient une solution commune double. Ceci résulte d’une extension
d’un théorème de M. Serret que j'ai donnée dans les Comptes rendus de 1866.
| ( 177)
L'invariant I joue donc à l'égard du système (1) le même rôle que le discri-
minant pour une forme unique, et, à part d’autres moyens plus expéditifs
pour le calcul des invariants, on pourrait l'obtenir en éliminant x,,x,,..,x,
entre. (1). et. D = 0. : |
» Si l’on prend
P—=UPitiaPo+... + bo,
ti, t,... étant des indéterminées, et p,, &,,..., Q; des covariants du même
degré que g en £, &:,..., Ln, l'équation (3) sera évidemment homogène par
rapport à l’ensemble des indéterminées ż, t,, 4,,..., tj. L'invariant L sera
donc une fonction homogène, du degré p, des indéterminées #,, £,..., Éj, et
les coefficients des termes dissemblables de cette fonction homogène seront
des invariants des formes proposées. Je ne m'occupe pas, en ce moment,
de ce qui concerne leur degré.
» ọ ayant la forme qu’on vient d'indiquer, on pourra trouver le rapport
Th . .
i de deux quelconques des inconnues, ou une puissance quelconque de ce
rapport, par des différentiations relatives à £,, £,,..., tj, une fois résolue
par rapport à £ l'équation (3), que l’on peut considérer comme la résol-
vante du système (1). Si l’on suppose © = 1, comme dans la transformation
de M. Hermite, il résulte d’un thérorème de Jacobi que 1, — 0, ® étant
supposé d’un degré assez faible.
» Tout ce qui précède est subordonné à l'existence de covariants tels
"W er r Di) Ee r
que Si c'est précisément le degré de —. Il est facile de présenter des
; Ti
exemples de formes simultanées admettant de pareils covariants. Mais une
recherche plus approfondie sur ce point est nécessaire, et je ne m'y suis
Pas encore livré. Je ferai remarquer seulement que les covariants 9,, 9:,.….,0
pouvant contenir à volonté les coefficients d’un, de deux, de trois,... des
formes données, il en résulte une très-grande latitude pour la recherche de
ces fonctions généralement. Je me borne ici à ces simples remarques. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Sur une encre à mater et à écrire sur verre.
Note de M. Resscer, présentée par M. Peligot.
« J’ai introduit, il y a quelques années, dans les cristalleries, l'usage de
la gravure fluorhydrique : il est rendu facile par l'emploi d’une réserve rési-
neuse, déposée mécaniquement au moyen du décalquage de son impres-
Sion sur papier.
( 178 )
» Ce procédé, exploité dès 1855 par trois maisons importantes de
France (les deux cristalleries de Baccarat et de Saint-Louis, la Société
Maréchal et Cie, de Metz), a permis à la gravure décorative du verre et du
cristal de satisfaire , avec l’économie réclamée pour les objets usuels, la
tendance générale qui veut de l’art partout, et répudie les œuvres de mau-
vais goût. |
» Dans l’origine, le besoin de nouveauté fit que, par opposition à la gra-
vure à la molette, qui donne toujours du mat en premier lieu et ne pro-
cure le brillant que sur une première gravure mate, on rechercha surtout
les effets de la gravure brillante qui s'obtient en attaquant l’objet avec un
acide fluorhydrique étendu de beaucoup d’eau. On fit alors des genres
dans lesquels le dessin, gravé en brillant, occupait moins de surface que le
fond, et l'on trouva intérêt à mater ce fond en relief, soit à la roue, soit au
sable. En plaçant le sable sur une surface frottante plane, la gravure qui est
en contre-bas ne la touche pas et reste brillante.
» Dans ces derniers temps, pour varier les genres et présenter du neuf
au public, on s’est mis à faire l'inverse et à former des dessins avec le mat
et non avec le brillant, On conçoit que, les saillies de la surface devenant
ainsi trop rares, on ne pouvait facilement dépolir la plaque, et que celle-ci,
entre deux motifs, tombait dans les fonds et les rayait. On eut donc intérêt
à obtenir de la gravure à l'acide qui donnût le mat, et l’on revint à ce que
l’on avait négligé d’abord.
- » En effet, c'est en mat que l’on a commencé à faire de la gravure fluor-
hydrique; on prenait l'acide gazeux, et l’on conçoit que les mêmes réserves
qui servent dans les bains trouvent à fortiori leur emploi dans les vapeurs
qui les fatiguent moins. Plus tard, on sut faire de la gravure mate au trempé
avec le fluorhydrate d’ammoniaque, et Berzélius indique ce sel comme le
meilleur agent de gravure. Je mwai pu trouver le nom de l'inventeur de ce
moyen; peut-être est-ce Boettger qui, paraît-il, gravait le verre à Francfort,
en 1845, avec un sel inoffensif dont on n’a pas dit le nom.
» En 1858, je fis breveter l’emploi des fluorhydrates alcalins, mélangés à
des acides, avec lesquels j'obtins également de très-belles gravures mates.
. Ce qui me donnait les meilleurs résultats, c'était l'emploi du fluorhydrate
ammonique. 7
» En 1864, MM. Tessié du-Motay et Maréchal composèrent des bains
formés avec des fluorhydrates de fluorures à base de potassium et de so-
dium dont ils obtinrent des effets équivalents, et leurs formules de bains
( 179 )
sont employées dans les deux cristalleries précitées, avec mes réserves
imprimées.
» Toutefois, MM. Tessié du Motay et Maréchal fils ont proposé pour
les causes qui produisent la gravure mate une explication toute diffé-
rente de celle à laquelle j'avais été conduit. Ils ont attribué à l'acide étranger
ajouté à leurs bains la propriété de former une combinaison : un copule,
ont-ils dit, qui jouit de la propriété de donner le mat. Et ce mat se produi-
rait seulement, suivant eux, par l’insolubilité des fluorures de calcium et de
plomb dans des bains riches en sels avides d’eau.
» Pour moi, j'attribue à ces sels un tout autre rôle. Ils servent à déposer
à la surface du verre, où l'acide fluorhydrique se transforme en acide
hydrofluosilicique et en fluosilicates, un fluosilicate alcalin peu soluble,
qui s'attache solidement au verre sous la forme de petits cristaux grenus.
Ceux-ci font l’office d'une réserve en pointillé; ils créent des inégalités
nombreuses à sa surface, et produisent ainsi l'effet du sable et de l’émeri.
Aussi n’y a-t-il jamais de mat quand la poe cristalline n’est pas adhé-
rente. L’acide et les sels ajoutés ne servent qu’à rendre le dépôt cristallin
et adhérent; lorsque ce dépôt adhérent n’est pas cristallin, ou bien affecte
la forme dè cristaux trop petits, il ny a pas de mat, parce que, dans le
premier cas, la gravure est arrétée dès son début par une réserve continue;
dans le second cas, le mat est trop faible et sans chatoiêment.
» Avec le fluorhydrate d’ammoniaque qui donne déjà le mat sans l'inter-
vention d'aucun acide étranger ni d'aucun autre sel, et avec lequel on
obtient des mats de la grosseur qu'on veut, on peut voir à la loupe et même
à l'œil nu DE cristaux du fluosilicate ammonique qui forment cette
réserve,
» En me PR dans des conditions de concentration particulières, j'ai
réussi à en composer une encre presque inodore avec laquelle on écrit
couramment en mat avec toutes les plumes. Je crois cette encre à graver
appelée à rendre des services dans les laboratoires, par exemple pour les
suscriptions des tubes et des flacons.
» Mais je pense qu’elle pourrait surtout recevoir une utile et désirable
application pour le poinçonnage des aréomètres en verre du commerce. La
signature du vérificateur sur ces instruments apporterait dans les transac-
tions commerciales qui exigent leur intervention la même sécurité qui existe
Pour les poids et mesures métriques, et qu’on réclame depuis si longtemps,
notamment pour les alcoomètres et les pèse-sirops. »
( 180 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les composés bromés et chlorés du cétène et sur
leurs dérivés. Note de M. J.-J. Cuyoeuws, présentée par M. Balard.
`
« Dans le but de contribuer à la connaissance des termes les plus
élevés des hydrocarbures de la série homologue 6” H”, j'ai fait quelques
expériences dont le point de départ a été le cétène G° H°, préparé par la
méthode de MM. Dumas et Peligot, en distillant l'alcool cétylique (éthal)
avec de l’anhydride phosphorique.
» Le cétène s'unit très-facilement au brome, et la réaction s'effectue
avec beaucoup d'énergie. La meilleure manière de préparer la combinaison
qui en résulte est de mettre du cétène et de l'eau dans un flacon et d'y
laisser tomber le brome goutte à goutte, en agitant sans cesse le flacon.
» Le bromure de cétène €t H°° Br? est un liquide jaunâtre, plus pesant
que l’eau et qui ne peut être distillé sans décomposition, ni dans l'air ni
dans le vide. Si on le traite par une solution alcoolique de potasse, il se
décompose et l’on obtient du bromure de potassium et du cétène mono-
bromé €!:H* Br, qui est un liquide coloré en jaune et d’une densité
moindre que celle de l’eau. Sa composition a été déterminée par un dosage
de brome qui a donné 23,45 pour 100 de brome. La formule G*° H°'Br
en exige 23,10 pour 100. |
» Le cétène se combine aussi directement avec le chlore, mais il est dif-
ficile d'obtenir des combinaisons pures et bien déterminées. En dirigeant
un courant de chlore à travers du cétène, qui nage sur l’eau, on obtient
finalement un corps demi-liquide, plus lourd que l’eau et contenant
51,15 pour 100 de chlore. Cela fait plus de 6 et moins de 7 atomes de
chlore pour ı molécule de cétène. Je wai pas poussé plus loin les re-
cherches sur les chlorures, mais j'ai étudié les produits qui se forment par
la destruction des bromures. |
» Si l’on distille le cétène monobromé, soit avec l’éthylate de sodium,
soit avec de la chaux hydratée, on obtient un nouvel hydrocarbure et en
même temps de l'alcool ou de l’eau. Mais le corps ainsi obtenu contient
encore de petites quantités de brome, et pour le purifier il faut le distiller
avec du sodium. |
» Ce nouvel hydrocarbure, que j'ai nommé cétylène, a pour composition
G&* H”, ce que prouve l'analyse, qui a donné :
Expérience. Théorie.
hs nc. : * D0,30 86,49
Es ss -: 10,0 t3
100, 13 100,00
( a)
» Le cétylène, qui forme le terme le plus élevé jusqu'ici connu de la
série homologue de l’acétylène, ‘est un liquide incolore, huileux, moins
dense que l’eau, et qui peut être distillé sans décomposition; son point
d'ébullition est situé entre 280-285 degrés. Refroidi par un mélange d'acide
carbonique solide et d’éther, il se solidifie, mais redevient liquide à une
température de — 25 degrés. Il se dissout facilement dans l’alcool et dans
l’éther. |
» Si l’on ajoute à 1 molécule de cétylène 2 atomes de brome, les
deux corps se combinent directement et forment un liquide jaune, plus
Jourd que l’eau et très-facilement attaqué par une solution alcoolique de
potasse. Si on mêle les deux liquides et qu’on les laisse ensuite quelque
temps à la température ordinaire, il se dépose sur les parois du vase des
cristaux de bromure de potassium. En chauffant la solution alcoolique, la
réaction est plus énergique, et l'on peut ensuite séparer un liquide bromé,
mais qui est toujours noir ou fortement coloré par du charbon qui s’est
séparé. Quand on cherche à en éliminer le brome, on obtient un hydro-
carbure incolore, dont la plus grande partie bout à 275 degrés, et que
l'analyse a prouvé être du cétène. Ainsi, une partie du cétylène se décom-
pose plus complétement en cédant de l'hydrogène au reste, pour rétablir Je
cétène, au Jieu de former, comme je l’espérais, un composé nouveau `
€" H”, contenant 2 atomes d'hydrogène de moins et appartenant à la
série homologue de l'essence de térébenthine.
» J'ai encore fait quelques expériences pour voir si l’on peut former un
glycol contenant le cétène comme radical. En chauffant à 100 degrés, dans
un tube fermé, une dissolution éthérée de bromure de cétène avec de
l’oxalate d'argent, on obtient de l'acide oxalique et du cétylène. La réac-
tion s’est donc accomplie de la manière indiquée par l’équation suivante :
GC! H Br? + C? Ag? O* = 2 Ag Br + €? H? © + G! H”.
» Quand on chauffe le bromure de cétène avec l’acétate d’argent et de
l'acide acétique cristallisable à une température de 130-140 degrés, il
reste, après qu’on a séparé le bromure d’argent et l'acide acétique libre,
une masse demi-liquide qu’on ne peut distiller, et qui probablement con-
tient l’acétate du glycol cherché. Chauffée avec de la potasse solide, elle
dégage de l'hydrogène, et si l’on dissout ensuite la potasse dans de l’eau et
qu’on la traite par de acide sulfurique, on sent l'odeur des acides inférieurs
de la série des acides gras.
C. R., 1867, 1°f Semestre. (T. LXIV , N° 4.) 25
( 182 )
» J'ai aussi essayé de traiter la masse contenant l’acétate supposé, avec
une solution alcoolique de potasse, mais je n’ai obtenu par ce procédé que
des produits impurs et plus ou moins décomposés. Ces recherches ont été
faites au laboratoire de M. Wurtz. » ng |
CHIMIE ORGANIQUE. — Dérivés de la rosaniline ; par M. Huso Scurr.
« Dans une Note précédente (Comptes rendus, t. LXI, p. 45), nous avons
décrit quelques produits de l’action des aldéhydes œnanthique et ben-
zoïque sur la rosaniline, savoir : ;
N° a GQ? H:6
ser | — à CHUN° + 3 C'H” O — 3H°0.
Rosaniline triϾnanthique.
| CGV H!’
N'/C'H° } = CYH” N! + CH'O — H°0.
H
Rosaniline benzylénique.
» Les aldéhydes de la série des acides gras forment également des com-
posés analogues à la rosaniline benzylénique, mais par l’action directe de
ces aldéhydes on ne parvient pas à obtenir ces dérivés à l’état de pureté, et
ce n’est que dans ce dernier temps que nous avons trouvé la méthode pour
les préparer, Le point de départ est le sulfite de rosaniline, sel cristallisé
qu’on obtient directement avec l’hydrate de la base, et qui possède toutes
les propriétés physiques et chimiques des autres sels de rosaniline.
» Ce sulfite se dissout facilement dans l'acide sulfureux aqueux et la sò-
lution jaune renferme le sel, en partie sous forme de sel de leucaniline, en
partie sous forme de polysulfite de rosaniline incolore et incristallisable. Le
sulfite de rosaniline ne se combine pas directement avec les aldéhydes et
diffère en cela des sulfites d’aniline, de toluidine, etc. Mais si l’on agite une
solution sulfureuse diluée, soit de sulfite, soit de tout autre sel de rosaniline,
avec quelquesgonttes d’un aldéhyde, alors il se dégage de l’acide sulfureux,
la solution se colore d’abord en rouge, puis en violet, et peu à peu il se
forme un précipité constitué de petites écailles cristallines d’un violet cui-
vré. Les aldéhydes agissent aussi sur les solutions aqueuses non sulfureuses
des sels de rosaniline, mais, abstraction faite de la solubilité faible de beau-
coup de ces sels dans l’eau pure, la circonstance que les aldéhydes peuvent
( 183 )
agir sur la rosaniline à l’état naissant parait être d’une certaine importance,
pour la promptitude avec laquelle la réaction se fait dans la solution sul-
fureuse.
» Si l’on traite les solutions sulfureuses diluées de l’acétate ou du chlor-
hydrate de rosaniline à plusieurs reprises avec de petites quantités d’aldé-
hyde benzoïque, œnanthique ou valérique, en ayant soin que le sel de
rosaniline reste toujours en léger excès, on obtient les acétates ou les chlor-
hydrates de nouvelles bases, qui montrent avec la rosaniline le rapport
exprimé dans les formules :
2016 20 FJ16 20 F116
cure G°H G*H | CH
N3 N? } GH’ N°! C'H': N° GHY
H. |
Ei H H
— Á A MŘŘŘ—
Rosaniline. Rosaniline benzoïque. Rosaniline œnanthique. Rosaniline valériqne.
» Ces sels ne renferment qu’un seul équivalent d'acide; quant aux sels à
3 équivalents d’acide, ils n’ont pu être obtenus. En général, les dérivés aldé-
hydiques ont des propriétés basiques beaucoup moins fortes que la base
qui forme le point de départ. Le composé œnanthique forme un arséniate
de couleur cuivrée
E” B” N°, ASHO”
et un chloroplatinate jaune
nqz GH" N°, H'Pu CI.
» L'équivalent d'hydrogène typique qui existe encore dans ces bases peut
être remplacé par l'éthyle, soit à 100 degrés, par l’action de l'iodure d’éthyle
sur la solution alcoolique, soit à la température ordinaire, en faisant agir
sur cette solution par petites portions l’iode et le phosphore, c’est-à-dire
l'iodure d’éthyle à l’état naissant. Ce dernier procédé est aussi trés-efficace
pour la préparation des substitutions éthylées de la rosaniline. Les solutions
alcooliques des sels de rosaniline œnanthique éthylée sont de couleur bleu-
violâtre. Les sels de toutes ces bases sont insolubles dans l’éther, dans l’eau
et dans les acides dilués, mais ils se dissolvent aisément dans l'alcool, en
donnant une solution violet-bleuâtre.
» Le composé triœnanthique décrit dans notre premier Mémoire peut
étre considéré comme la réunion dè 2 molécules du composé monoœænan-
thique, au moyen d’un troisième résidu d’œnanthol, selon la formule
GXH!’ Q20 He GrH!’ :
2 N° 4 GH! + C'H” 0O =H 0 + N° en. CH! N3.
H €" H't!
j
( 184 )
» On conçoit bien que 2 molécules d’une base complexe, telle que la ro-
saniline œnanthique, ne puissent être que faiblement retenues par les affini-
tés faibles du résidu de l’œnanthol, et de là aussi la facilité avec laquelle la
rosaniline triœnanthique se décompose déjà à une température peu élevée.
Le composé monoœænanthique supporte 100 degrés sans se décomposer ;
mais, en présence d’un excès d’œnanthol, il est détruit déjà à 5o degrés, et
fournit les produits cités dans notre Mémoire antérieur.
» La constitution de la rosaniline triœnanthique devait suggérer l’idée de
réunir 2 molécules du composé monoœnanthique au moyen du résidu
d’un aldéhyde différent, mais les expériences faites avec les aldéhydes ben-
zoïque et valérique n’ont pas, jusqu’à présent, fourni le résultat indiqué par
la théorie.
» Les couleurs bleues et violettes qu’on a produites, par l’action des bro-
mures de térébène et d’éthylène sur la rosaniline, ont probablement une
constitution analogue à celle des composés décrits dans cette Note, etil yaura
sans doute isomérie entre les produits de substitution obtenus par le bro-
mure d’éthylène d’une part et par l’aldéhyde acétique d’autre part, de même
que cela a lieu pour les substitutions de l’aniline et de la toluidine, généra-
teurs de la rosaniline. »
GÉOLOGIE. — Etudes sur la composition chimique des gaz émis par le volcan de
Santorin, du 8 mars au 26 mai 1866. Mémoire de M. Fougué, présenté
par M. Ch. Sainte-Claire Deville (1). |
« L'éruption de Santorin, que la bienveillance de l’Académie m’a per-
misl’observer et d'étudier dans le courant de l'année dernière, a surtout
été remarquable par l'abondance et la nature des gaz qui y ont accompa-
gné la sortie des laves. L'isolement du centre éruptif au milieu de la mer
empêchant la pénétration facile de l'air au sein du volcan, il en est résulté
que les gaz combustibles, qui d'ordinaire sont brûlés et détruits par l’oxy-
gene mélangé avec eux à une haute température, se sont rencontrés là sans
altération notable, et leur combustion n’a pu s'effectuer d’une façon com-
plète qu’au moment de leur arrivée au contact de l’air dans des points for-
tement chauffés. De là ces jets de flammes qui, pendant plus de deux
mois, n'ont pas cessé de briller à la surface des monticules de nouvelle
, y feii a T , . . r gt ta r 1
(1) L'Académie a décidé que ce Mémoire, quoique dépassant les limites réglementaires,
serait reproduit en entier au Compte rendu.
( 185 )
formation ; de là ces dégagements de gaz, bouillonnant au travers des flots
de la mer et s’allumant au contact des blocs de lave incandescents. Jamais,
dans aucune éruption, une semblable abondance de gaz combustibles
n'avait été signalée et, jusqu’à présent, à part les lueurs bleuätres prove-
nant de la combustion du soufre ou de l'hydrogène sulfuré, aucune flamme
véritable n'avait été démontrée comme se produisant réellement au sein
d’un cratère volcanique en pleine activité. Deux savants géologues,
M. Pilla, puis M. Abich, et plus tard un physicien distingué, dont la science
déplore la perte récente, M. Verdet, avaient, il est vrai, aperçu la nuit des
flammes au sommet du Vésuve, mais pour convaincre tout le monde de la
réalité du fait, il fallait pouvoir recueillir les gaz combustibles et en don-
ner l'analyse exacte. Les circonstances exceptionnelles dans lesquelles s’est
produite l’éruption de Santorin m'ont permis de réaliser ces expériences.
En effet, en certains points autour des nouvelles bouches éruptives, là où
les gaz arrivaient souvent au contact de l'air en sortant des. profondeurs
du sol, la température s'est trouvée assez basse pour que leur combustion
n'ait pas lieu, et, par suite, j'ai pu les y obtenir inaltérés.
» La plupart de ces gaz ont été recueillis à la surface de l’eau, soit autour
des iles nouvellement formées, soit au fond des crevasses, dont l’ancien
sol de Néa-Kamméni s’est trouvé creusé dans l'intervalle compris entre les
deux centres d'action principaux, Georges et Aphroessa ; quelques-uns, ce-
pendant, proviennent de dégagements s’opérant à lair libre sur les flancs
du cône de George ou dans les points voisins de l’ancien sol de Néa-Kam-
méni, et sont toujours mélangés d’une proportion considérable d’air intro-
duit accidentellement.
» Ces gaz ont été recueillis, les uns dans le courant du mois de mars
dernier, pendant que les flammes se montraient avec une grande abon-
dance dans tout le champ de l’éruption, les autres deux mois plus tard,
alors qu’elles avaient à peu près complétement disparu.
‘» Le tableau ci-joint contient l’ensemble des résultats fournis par leur
analyse.
( 186 )
Gaz recueillis à la surface de l’eau, le 17 mars 1866
N°9 N.3: ° 4.
Dans la fissure Dans la fissure Dans la fissure Dans le canal
de Pancien sol moyenne de l’ancien {la plus septentrionale compri
de Néa-Kamméni, {sol de Néa-Kamméni, e l’ancie 1 tre Aphroes
située le plus au sud, entre e Néa-Kamméni, jet la pointe sud-ouest
entre George et Aphroessa, entre de paiese
George et Aphroessa, à la surface George et Aphroessa, | à la e d’une
à la surface d’une x à la surface d’une eau r res. laiteuse
eau très-sulfurée eau très-sulfurée, eau très-sulfurée, | par la décomposition
possédant possédant possédant e l'acide
une température une température pe température sulfhydrique.
de 73 degrés. de 75 degrés. e 78 degrés. bars aA
Acide sulfhydrique. ...... traces traces traces traces
ee re Le Miro 37,04 37,24 ,42 35,60
Vro 27,10 28,12 29,43 30,09
Se ess d'yarogène. 0,43 0,47 0,86 0,81
Oxtaes... ara 0,41 0,51 0,32 1,46
LPS PP ete se 35,02 33,66 32,97 32,04
100,00 100,00 100,00 100,00
Gaz recueillis à la surface de la mer.
NS N° Se NT-
13 mars 1866, Le 10 m Le 13 mars 1866,
près du rivage septentrional | aux “armes a ia Réka près du rivage
‘Aphroessa ; endue uu peu dires Kam
eau rendue laiteuse e r la décomposition le petit port Saint-Nikolas;
ar la décomposition de l'acide sulfhydrique ; de-l rn furée ;
de l’acide sulfhydrique; température très-variäble, températ
température très-variabl a Le 66 degrés à 1 grés,
égale à 60 degrés r à la s ce si N. B. Ce PE gazeux
à la surface de la mais ne np aeei ayait lieu déjà
et p a ava guère 20 FA 20 degrés à une SELS ayant le commencem
e petite profondeur, de quelques décimètres, de l’éruption men
Acide D M traces traces 90
Acide c ique.
PR arbonique......... 0,07 1,49 78,44
ydrogène . T 1762 0,00 0,00
Protoearbure dvdidésdéi 0,71 0,42 0,64
s PEER CT 21,56 18,45 #97
AB Es An co 76,04 70,64 17,59
100,00 100,00 100,00
Gaz recueillis.
o
ss...
sn vs
t.r...»
de Néa
eau très-sulfurée ;
mméni ;
température = 69°.
à jis s su
inte
Le 1866;
r a pag occid a de Geor rge,
es SPAR ror nonpa
Es ; traces 1,64
TRT 50,41 17,28
16,12
2,95 l 0,49
. 0,20 14,12
sr er est 30,32 66,47
100,00
{ e protocarbure ma Da
L
} domine de beauc paa <
t: mélange des deux g À qui
ontient que des traces d'hydr.
( 187)
Gaz recueillis à la surface de l’eau.
N° 10, No. N°.49, N° 43.
4 mai, Le % mai, Flaque d'eau Même
au fond d’une fissure | au fond d’une fissure reste du canal flaque d'eau
de Néa-Kamméni de entre Aphroessa qu’
(probablement celle Néa-Kamméni et Néa-Kamméni; numéro précédent ;
où avait été recueilli (peut-être eau sulfureuse ; mêmes caractères
z n°3); la moyenne); température de l’eau.
eau sulfureuse ; eau sulfureuse ; d'environ 50 degrés. Gaz recueilli
température —65°. température = 56°. |Gaz recueilli le 4 mai. ai.
Acide sulfhydrique. ...... traces traces traces traces
Acide carbonique A 90,78 95,37 66e 84,85
Oxygène.,..... PT 0,88 0,49 2,01 2,31
MAD ane eee Me es res 8,34 4,14 11,29 12,84
100 ,00 100,00 100,00 100,00
Gaz recueillis le 12 mai, au pied du cône de George, sur la base du cône Néa-Kamméni,
N° 14. ,
Petite famerolle s Petite famerolle sulfureuse
entourée de cristaux de soufre octaédrique, |entourée d'un dépôt de soufre en partie fondu,
au niveau de ses orifices; {= 87°. en partie cristallisé; £ —122°
lfnranca
Acide sulfhydrique (1). ... 0,42 0,90
Acide carbonique......... 5,88 12,24
UxYpÈN6. 5... eee 18,99 16,41
Kiti ana Ge A 747! 70,45
100 ,00 100,00
(1) Dans les gaz n° 9, n° 14 et n° 15, l'acide sulfhydrique ayant été dosé sur place, sa détermination ne présente pas le
même degré d'exactitude que celle des autres éléments qui l'accompagnent.
» Il n'y a que des traces douteuses d'hydrogène ou de carbures d'hydro-
gène dans ces cinq derniers gaz.
» Les gaz n° 9, n° 14, n° 15 étaient accompagnés, au moment de leur
émission, d’une proportion considérable de vapeur d’eau. Cette eau con-
densée était toujours très-fortement acide, précipitait abondamment en
blanc par le nitrate d'argent après addition d’acide nitrique, et plus fai-
blement par le chlorure de baryum, Avant l'addition d’acide nitrique, elle
uoircissait le papier imbibé d’acétate de plomb. |
» 4 centimètres cubes de l’eau condensée dans le lieu de sortie du gaz
n? 9 contenaient, après oxydation par l'acide nitrique :
Acide- chlorhydrique...... 9 milligrammes.
Acide sulfurique......... 2 »
» 4 centimètres cubes de l’eau condensée dans le lieu d'émission du gaz
n° 14 contenaient, après oxydation par l’acide nitrique :
Acide chlorhydrique...... 3 milligrammes.
Acide sulfurique....,.... I »
(188)
» Conclusions :
» 1° Les résultats inscrits ci-dessus montrent nettement le rôle impor-
tant qu'a joué l'hydrogène dans l’éruption de Santorin, puisque, dans les
mélanges gazeux qui proviennent des points les plus voisins des centres de
léruption, ce gaz entre dans la proportion d'environ 30 pour 100.
» 2° Un autre fait, que ces nombres mettent également en évidence, est
le rapport remarquable qui existe dans ces émanations entre l'hydrogène
et le protocarbure d'hydrogène simultanément dégagés. Il y a un an envi-
ron, l'étude des gaz exhalés dans les évents secondaires du Vésuve et de
l'Etna m'avait déjà conduit à penser que l'hydrogène appartenait à un
degré d'activité volcanique plus élevé que celui dans lequel dominent les
gaz carburés. Cette relation entre les proportions relatives des deux gaz,
dont le savant M. Chevreul a donné l'explication rationnelle, est tellement
évidente dans les mélanges gazeux recueillis à Santorin, qu’on peut aujour-
d'hui la regarder comme un fait général incontestable. En effet, dans les
parties centrales de l’éruption, au fond des fissures comprises entre les deux
foyers principaux, la proportion d'hydrogène s’est élevée, le 17 mars, jus-
qu à 29,43 pour 100. Plus près de l’un des foyers (Aphroessa) et sur la même
ligne, nous trouvons à la même date un gaz qui en contient 30,09. Ensuite,
quand on s’écarte de la fissure principale de l'éruption, on voit la proportion
d'hydrogène diminuer de plus en plus à mesure que l’on s'éloigne, en même
temps que les proportions relatives du protocarbure d'hydrogène et de
l'acide carbonique vont en augmentant. Nous voyons même l'hydrogène
manquer complétement dans le gaz recueilli aux environs de Réka et dans
le petit port de Palæa-Kamméni, tandis que le protocarbure d'hydrogène
et surtout l'acide carbonique s'y observent encore en quantité notable.
» Enfin, en un même point, tandis que l’éruption semble s’affaiblir avec
le temps, nous constatons des changements du même ordre dans la nature
des gaz exhalés.
» Le 17 mars 1866, dans la fissure la plus septentrionale de Néa-Kam-
méni, l’eau est à 78 degrés, le gaz dégagé contient 29,43 d'hydrogène et
0,85 de protocarbure.
» Le 25 mars, dans le même point, la température de l’eau n’est plus que
de 69 degrés et le gaz dégagé contient 16,12 d'hydrogène et 2,95 de proto-
carbure.
» Le 4 mai, dans une fissure que je crois être la même que la précédente,
mais modifiée par les mouvements du sol, la température est de 65 degrés;
le gaz dégagé ne contient plus de gaz combustibles, mais une proportion
bien plus forte d’acide carbonique.
( 189 )
» Les observations faites sur les gaz dégagés au fond des fissures de Néa-
Kamméni, dans la partie centrale de l’éruption, ont d'autant plus de valeur
que ces gaz étaient exhalés au travers d’une masse d'eau peu considérable,
n'ayant qu'une communication indirecte avec la mer; par conséquent, la
composition des gaz et leur température ne pouvaient éprouver que de faibles
modifications par leur passage au travers de l’eau qu’ils avaient à traverser.
» 3° Malgré l’imperfection du procédé de dosage de l'acide sulfhydrique,
les analyses n° 9, n° 14 et n° 15 montrent encore que la proportion de ce
gaz diminue quand la température s’abaisse.
» 4° Bien que les émanations sulfhydriques et sulfureuses aient été d’une
très-grande abondance pendant tout le cours de l’éruption, cependant on
voit encore, d’après les résultats cités plus haut, que l'acide chlorhydrique
a toujours été prédominant par rapport aux acides du soufre.
» Depuis l’époque de mon départ de Santorin, l'éruption a continué et
dure encore aujourd’hui. D’après les lettres que j'ai reçues régulièrement
des Pères Lazaristes, qui ont un établissement d'éducation dans l'ile,
elle paraît, à plusieurs reprises, avoir présenté des recrude® cences mar-
quées qui, certainement, auront été accompagnées de variation‘scorrespon-
dantes dans la nature des gaz exhalés ; malheureusement, je ne crois pas
que la récolte des éléments volatils émanés des lieux de l’éruption ait été
opérée par aucun observateur depuis plusieurs mois.
=<
)
Après cette communication- M. Cu. Saire-CLaie Device fait remar-
quer combien les belles études de chimie géologique dont il vient de
rendre compte viennent à l'appui de cette pensée, déjà exprimée ailleurs,
que « les volcans sont des appareils de combustion, de vastes cheminées
» d'appel, où l’introduction de lair atmosphérique opère cette transfor-
» mation sous l'influence d’une température élevée. »
M. Ch. Sainte-Claire Deville annonce ensuite que M. le Ministre de
l'Instruction publique vient d'accorder à M. Fouqué les moyens de retourner
à Santorin, où l'intensité des forces éruptives n’a pas cessé de croître jusqu’à
ce moment.
PHYSIQUE DU GLORE. — Sur les phénomènes observés le 29 juin 1866, et sur les
variations subites survenues dans le régime de divers cours d’eau de l'Italie
méridionale. Note de M. A. Mauerr, présentée par M. Ch. Sainte-Claire
Deville.
« Depuis le mois de mai 1866, les eaux commencérent à diminuer dans
C. R., 1867, 1°" Semestre. (T, LXIV, N° 4.) 26
( 190 )
la province de Naples et dans les provinces limitrophes. Cette diminu-
tion, qui se fit sentir sur une très-vaste étendue, continua jusqu’en Juin.
» Ce fait n'avait alors rien d’extraordinaire, puisqu'il se reproduit à pa-
reille époque, au commencement de la saison chaude, et qu’il ne peut être
attribué qu'à des causes météorologiques. Mais le 29 juin, dans l'après-
midi, on observa que les eaux de puits ordinaires, de sources et de ri-
vieres se troublèrent presque instantanément dans tout le pays, et recom-
mencérent à diminuer d’une manière vraiment surprenante.
» L'eau bien connue à Naples sous le nom d’eau du Càrmignano, qui
s'écoule à ciel ouvert par un canal de 20 kilomètres de long, de Maddaloni
à Licignano, d’où, par voie d’aqueduc, elle arrive à Naples pour servir aux
besoins des habitants, se troubla comme les autres.
» Le même phénomène se reproduisit exactement en même temps sur
les eaux qui s’écoulent par le canal appelé Lagno di Mofito, alimenté par
des sources constantes d'eaux douces et sulfureuses qui s’échappent des
fissures du calcaire crétacé, au pied des Apennins, près de Cancello, d’où,
après leur avoir fait traverser le territoire d’Acerra, il les conduit à la mer,
près de Patria,
» Mais ce qui causa le plus de surprise, ce fut de voir les poissons d’es-
pèces différentes qui vivent dans ces cours d’eau se débattre, à demi morts,
à la surface de l’eau, où les habitants rivera ins, occupés alors aux travaux
agricoles, en prirent à la main des quanti >, odigieuses.
» Le lendemain, 3o juin, les eaux reò, , ,nrent limpides, mais elles se
trouvaient réduites d’un bon cinquième de leur volume de la veille.
» Le 29 juin, dans toute la région de 110 kilomètres carrés qui, du
pied des montagnes apennines, s'étend jusqu'aux plages napolitaines,
et comprend les vastes plaines d’Acerra, de Candelaro, de la Bolla, de
Ponticelli, etc., où l’on a creusé pour les besoins de l'irrigation une
si grande quantité de puits ordinaires, l’eau de source qui alimente tous
ces puits au fond desquels ou la rencontre à des profondeurs variables,
mais toujours légères , se troubla également et les puits se desséchèrent.
Mais l’impérieux besoin d’eau qui se fit sentir ensuite pour l'irrigation de
toute cette contrée cultivée obligea les propriétaires à faire approfondir
leurs puits. L'eau fut retrouvée; mais, à partir de ce moment, ces puits ne
donnérent guère que la moitié environ de leur volume primitif.
» Plus tard, dans la contrée du Sannio, sur le haut plateau, d'environ
96 kilomètres carrés, entouré par les hautes montagnes apennines, d’abon-
dantes sources jaillissent du sol en une foule de points. Elles forment la
(191)
rivière Faenza, dont une partie des eaux, dérivée par les canaux de Car-
mignano et Carolina, sert à l'alimentation de la ville de Naples et aux em-
bellissements du site royal de Caserte.
» Il existe également sur ce territoire quantité de puits ordinaires ali-
mentés par des eaux de sources. Eh bien! le 29 juin, toutes ces eaux, comme
celles dont il a déjà été question plus haut, se troublèrent et furent instan-
tanément réduites aux deux tiers environ de leur volume primitif; ce fait a
été vérifié par M. Cangiano, ingénieur en chef des eaux de la ville et
province de Naples, et observé par tous les gardiens des eaux que la mu-
nicipalité de Naples maintient constamment à son service aux sources et
le long des canaux dont il est question.
» Le même phénomène se produisit sur les eaux de la vallée du Sarno,
et, par-dessus tout, à Cava. Il en fut de même des eaux des provinces de
Benevento, d’Avellino et de Salerno.
» La ville de Sorrento est restée complétement privée d’eau potable, bien
qu’elle possède onze grands réservoirs construits au temps de Jules César,
lesquels peuvent figurer parmi les plus remarquables monuments de ce
genre que l'antiquité nous ait laissés. Ces piscines reçoivent, par un aque-
duc, l’eau belle et limpide qui, du pied des collines de macigno voisines,
y est conduite pour l’usage de la population.
» Toutes les eaux dont il a été question ci-dessus proviennent de ter-
rains perméables de diverses natures, stratifiés , situés entre des couches
imperméables à l’eau, entre lesquelles elles s’écoulent sous une pression hy-
drostatique à peu près constante.
» Pour compléter notre série d'observations, j je dois ajouter que deux des
nombreux puits artésiens que j'ai construits dans la vallée du Sebeto se sont
ensablés à la même époque, ont presque entièrement cessé de couler, et que
leur dégorgement a été ensuite des plus difficiles et des plus pénibles. L’un
d'eux, celui du moulin de la Lamia, qui appartient au comte Achille Rossi,
et donne, au-dessus de la roue du moulin, plus de 2000 litres d’eau par
minute, a vomi pendant plusieurs jours plus de 200 mètres cubes de ma-
tières légères, provenant de la nappe souterraine, ponces, lapilli et sables
trachytiques, pour ne prendre un régime constant et régulier qu'à partir
du 10 août, bien que l’on n’ait cessé de travailler à son nettoyage ou désen-
sablement depuis le 30 juin. L'autre, creusé, comme le premier, dans la
vallée du Sebeto , entre la colline de Poggio-Reale et le Vésuve , au centre
d’une propriété appartenant au chevalier Cangiano, s’est trouvé, à la même
époque, à peu près dans les mêmes conditions d’ensablement. On n’en a
26..
(192)
extrait, avec ce qu’il a rejeté naturellement au-dessus du sol, qu’une dizaine
de mètres cubes de sables trachytiques plus lourds que ceux du sondage de
la Lamia, et, comme ces derniers, provenant de la nappe d’eau qui alimente
le puits; aussi son dégorgement s'est-il effectué plus rapidement, et, le
16 juillet, avait-il repris son régime habituel.
» Le premier de ces sondages a donné l’eau à 31 mètres de profondeur,
et le second à 47. Ces deux exemples sont fort remarquables en ce qu'ils
sont la preuve que ces perturbations, qui ont troublé les eaux superfi-
cielles, ne se sont pas seulement fait sentir dans les couches aquiféres supé-
rieures, mais bien aussi à de plus grandes profondeurs.
» Quant à la cause qui a produit ces phénomènes extraordinaires atten-
tivement observés par M. Cangiano et par moi, nous pensons qu’elle ne
peut être attribuée qu'à quelque grande perturbation souterraine, et qu'un
tremblement de terre, bien que très-peu ou point du tout apparent à la
surface du sol, a pu seul, sur une aussi vaste étendue , troubler instantané-
ment les eaux de toute la contrée. Ces mouvements du sol ont pu affecter
quelques-unes des grandes fissures qui divergent du cône de Vésuve, et
produire ces dégagements d’acide carbonique, qui ont asphyxié les poissons
des divers cours d’eau, le 29 juin. »
ANATOMIE COMPARÉE. — Sur la structure du cœur des Poissons du genre Gade.
Note de M. Jourpaix, présentée par M. Milne Edwards.
« En 1858, un professeur de Vienne, M. Hyrtl, publia un Mémoire inté-
ressant sur l'absence de vaisseaux sanguins dans le cœur de certains Ver-
tébrés. Il annonça que le cœur des Batraciens est complétement privé de
vaisseaux, particularité jusqu'alors ignorée et dont, pour le dire en passant,
nous avons pu constater la réalité chez les Batraciens de notre pays. Le
bulbe aortique seul possède des rameaux vasculaires très-grêles, compa-
rables aux vasa vasorum, dont M. Hyrtl indiqua l’origine, le trajet et la
terminaison, avec cette exactitude rigoureuse qui caractérise cet anato-
miste, passé maître dans l’art des injections.
» Le cœur des Poissons osseux offre un état intermédiaire entre le cœur
sans vaisseaux des Batraciens et le cœur vasculaire des Mammifères et des
Oiseaux, c’est-à-dire qu’une moitié seulement de l'épaisseur de la paroi
ventriculaire, la couche externe, reçoit des rameaux du système artériel,
et que l’autre moitié en est totalement dépourvue. On pourrait donc qua-
lifier le cœur des Poissons osseux de cœur semi-vasculaire. L’organe central
(193)
de la circulation se montre constitué sur ce plan dans les Poissons de nos
côtes : les injections fines les plus pénétrantes n'intéressent jamais que la
couche externe du ventricule, dont la structure compacte se rapproche de
celle que nous sommes habitués à rencontrer dans le cœur des Mammifères
et des Oiseaux. La couche interne dans laquelle, nous le répétons, le plus
minutieux examen ne peut faire découvrir la moindre trace de vascularité,
présente au contraire une texture molle et spongieuse, et se détache faci-
lement de la couche externe à tissu dense, particularité relevée par Cuvier,
Dœllinger et Rathke, qui n’en avaient point compris la signification.
» Les Gades nous ont offert une exception que le mode de circulation
des Poissons rend digne de remarque. Comme le cœur des Batraciens, celui
des Gades est dépourvu de l'élément vasculaire. Les injections fines, pous-
sées par les artères, de manière à revenir par les veines, ne pénètrent
jamais dans les parois du ventricule, ni dans celles de l'oreillette. Le bulbe
aortique seul possède des ramuscules très-grêles, ne dépassant jamais la
scissure qui sépare cette dernière chambre cardiaque de celle qui la pré-
cède. Les artérioles sont fournies par l’artère hyoïdienne, dépendance des
deux premières épibranchiales; les veinules débouchent dans les veines
hyoïdiennes, tribulaires à leur tour du sinus veineux commun. À cette
absence de vaisseaux correspond une structure particulière des parois ven-
triculaires, très-analogue à celle qu'on observe chez les Batraciens. Les
fibres musculaires, au lieu de constituer par leur opposition un tissu dense
et compacte, forment des faisceaux et des trabécules, qui vont se divisant et
s'enchevêtrant, de façon à donner naissance à une masse aréolaire et spon-
gieuse. C’est dans les méats irréguliers et les espaces lacuneux ainsi pro-
duits, tapissés par un épithélium très-mince, que se répand le sang vei-
neux au moment de la diastole ventriculaire. A cet instant, le fluide sanguin
imbibe les parois du ventricule comme une éponge, et en est exprimé par
le mouvement de systole qui succède.
» Le cœur des Gades, comme celui des Poissons osseux en général,
étant un cœur veineux, et d’un autre côté le ventricule et l'oreillette se
montrant dépourvus de vaisseaux à sang rouge, il s'ensuit nécessairement
que le sang noir seul sert à la nutrition de la fibre musculaire et entretient
la contractilité de cette dernière. C'est par le conflit répété du sang noir et
de la fibre musculaire, que se produit le double mouvement d’assimilation
et de décomposition qui constitue la nutrition. Nous sommes convaincu
que le sang veineux qui sort du cœur donnerait à l’analyse une proportion
d'acide carbonique un peu plus forte que celui qui entre dans l'oreillette,
( 194 )
puisque le sang lancé dans l'artère branchiale doit contenir en plus l'acide
formé par les muscles de l'oreillette et du ventricule par le fait de leur
contraction. »
PHYSIOLOGIE. — Mémoire sur la régénération du cristallin; par M. Mruor.
(Extrait présenté par M. Robin.)
« M. Milliot communique à l’Académie le résumé d’un travail relatif à
l'importante question de la régénération du cristallin enlevé de sa cavité,
alors qu’il est à l'état normal. Il poursuit cette question dans le labora-
toire de M. Ch. Robin depuis deux ans, ainsi qu’à l'École vétérinaire
d’Alfort, où il a trouvé le concours bienveillant de M. Raynal. Il y a
fait de nombreuses expériences sur des Béliers, des Chiens, des Chats, des
Lapins, des Cochons d’Inde, des Rats, des Grenouilles, etc.
» Le procédé opératoire, généralement suivi jusqu'ici par M. Milliot, a été
la kératotomie. Il chloroformisait les animaux, faisait, à l’aide du couteau
de Beer, un lambeau soit supérieur, soit inférieur, soit externe. Il incisait,
avec l'aiguille à cataracte, la capsule antérieure du cristallin, soit trans-
versalement ou crucialement ; enfin, il faisait sortir ce dernier en. pressant
légèrement sur le globe oculaire au moyen de la curette de Daviel, appli-
quée sur la partie de la sclérotique opposée au point de la cornée qui avait.
été incisé. R
» Apres l'opération, afin de tenir les lèvres de la plaie cornéenne le plus
longtemps possible affrontées, M. Milliot réunissait les paupières par une
ou deux sutures qui tombaient ordinairement entre le troisième et le cin-
quième jour. Elles tombaient plus tôt, si le résultat de l'opération était mau-
vais, et la suppuration de l’œil se déclarait.
» M. Milliot a poursuivi la régénération du cristallin par d’autres procédés
encore, et entre autres celui que M. de Graeffe vient de mettre en pratique
récemment.
» Afin de garantir les yeux opérés de certains animaux, il a tâché de
les recouvrir à l’aide de leurs propres oreilles, qu’il fixait au moyen de su-
tures au-dessous de l’orbite. |
» De toutes les expériences de M. Milliot, il résulte :
» 1° Le fait incontestable de la régénération du cristallin, dont les tubes
suivent dans leur réapparition les phases qu'ils offrent pendant leur géné-
ration et leur évolution embryonnaires.
» 2° Cette régénération n’a lieu que dans la cavité de la cristalloïde ou
( 195 )
capsule du cristallin; elle a lieu d'autant plus vite qu'on laisse davantage
contre la face interne de celle-ci des couches corticales du cristallin, sur-
tout dans sa partie équatoriale, pendant l'opération de l'extraction; elle
a lieu d'autant plus difficilement que l'animal est plus âgé, et que les
lésions de la capsule ont été plus étendues.
» L'inflammation de l'iris et du corps ciliaire, loin de nuire à la repro-
duction du cristallin, la favorise au contraire; mais l’inflammation générale
de l'œil (panophthalmie) empèche la régénération.
» 3° Celle-ci est sous la dépendance de la capsule antérieure, et surtout
de sa partie équatoriale. La capsule postérieure ne prend point part à la
régénération; il faut exempter cependant sa partie tout à fait périphé-
rique.
» 4° La régénération a lieu non-seulement lorsqu'on laisse pendant
l'extraction du cristallin normal une couche notable de sa substance corti-
cale, mais encore lorsque le cristallin est extrait en totalité. Si la quantité
des couches restées n’est pas grande, ou bien si la cavité cristalloïdienne
ne se referme pas vite, les tubes cristalliniens qui étaient restés sont résorbés
par l'humeur aqueuse. Dans la cavité refermée, les tubes disparaissent par
désagrégation.
» 5° La régénération commence en général à partir de la fin de la
deuxième semaine après l'opération, et n'est complète qu'entre le cin-
quième et le douzième mois, et même plus, lorsque les animaux sont âgés.
La régénération du cristallin est par conséquent surtout une question de
temps.
» 6° Les cristallins régénérés obtenus par M. Milliot n'ont jamais atteint
le volume qu'avait l'organe normal qu'ils remplaçaient. Ils ont atteint et
un peu dépassé la moitié du volume du cristallin normal; cela est dù, selon
lui, en grande partie au procédé opératoire qu'il a employé jusqu’iciet dans
lequel il s’inquiétait peu de la manière dont il incisait la capsule antérieure.
Lorsque, après avoir fait le lambeau par le procédé ordinaire, on incise la
capsule antérieure, soit longitudinalement, soit en croix, on ne forme pas
des fentes assez grandes pour que le cristallin puisse sortir. Cet organe
agrandit ces fentes lui-même, pour ainsi dire, par suite de la pression qu’on
exerce sur le globe oculaire pour le faire sortir; cet agrandissement a lieu
aux dépens de la capsule postérieure, qui peut, en conséquence, et selon les
Cas, ou être fendillée sur sa partie équatoriale, ou bien être fendue en to-
talité. Dans ce dernier cas, l'humeur vitrée, pressée par les muscles du
globe, perpendiculairement à son axe, tend à faire hernie vers la cornée
( 196 )
par la partie centrale des déchirures des capsules. De là ces régénérations
incomplètes dites bourrelets ou anneaux cristalliniens (Kristalhwulst de
W. Sœmmering) et observées non-seulement chez les animaux, mais
aussi quelquefois chez l’homme après l'extraction de la cataracte; de là
aussi ces décollements de la rétine, son ratatinement, l'absorption de l’hu-
meur vitrée et la formation de ces cordons, espèces de chalazes, qu'on
trouve lors de l’examen des yeux de quelques-unes des personnes qui ont
subi l'opération de la cataracte par extraction, cordons qui vont de la
papille du nerf optique à la capsule postérieure.
» 7° Après l'extraction totale ou partielle du cristallin normal chez les
animaux, on constate dans la cavité cristallinienne : ou bien un cristallin
régénéré, et alors on retrouve au microscope tous les éléments anatomi-
ques de cet organe; ou bien, ce qui arrive beaucoup plus souvent, une
matière amorphe et hyaline, contenant un petit nombre de noyaux analo-
gues à ceux des cellules dites de l'humeur de Morgagni; ou bien enfin du
tissu lamineux avec des noyaux embryoplastiques, coexistant avec un
épanchement dans la cavité de la capsule cristallinienne de l'humeur vitrée
ou de la lymphe plastique, après l’inflammation de liris.
» 8° L’incision de la capsule antérieure, semi-lunaire ou de toute autre
forme, donnant un lambeau correspondant à celui de la cornée, a des con-
séquences capitales, non-seulement sous le rapport de la régénération du
cristallin, mais encore sous celui de la marche des phénomènes consécu-
tifs à l'opération de l'extraction du cristallin, tant chez les animaux que
chez l'homme.
» Q° Quant aux cristallins humains cataractés, M. Milliot pense que,
sauf chez les jeunes sujets, dont il n’a pas encore pu examiner les yeux,
leur régénération n’a généralement pas lieu. Cela est dù, selon lui, d’une
part, à l'âge des malades atteints de cataracte; d'autre part, et ici il par-
tage l'opinion du D" Marowski, émise dans le sein de la Société médicale
de Kiew, aux modifications qu’apporte cette affection aux propriétés en-
dosmo-exosmotiques des capsules, et par là à la nutrition du cristallin. H
conserve cependant quelques doutes à ce sujet; ainsi, il suppose que, dans
les cas où l’opération de la cataracte lenticulaire, suivie de succès, a permis
aux malades d'abandonner au bout de quelque temps l'usage habituel des
lunettes, ce résultat favorable est dû à la régénération, au moins partielle,
du cristallin. Ç
» 10° M. Milliot a fait des recherches bibliographiques étendues, grâce
à l'obligeance de M. Sichel père, dans la riche bibliothèque ophthalmolo-
(197)
gique duquel il a pu compulser des ouvrages qu'il n’a trouvés que la. Tl
résulte de ces recherches que la régénération du cristallin a été admise par
tous les auteurs qui s'en sont occupés d’une manière sérieuse et spéciale.
Tels sont MM. Cocteau et Leroy (d’Étiolles), qui ont communiqué leur tra-
vail à l'Académie de Médecine en 1825; puis Backhausen, Lœwenhardt et
Davidson en 1827; Day en 1828; Mayer et Midlemore en 1852; et en der-
nier lieu Textor et Valentin en 1842. Tous ces auteurs, sauf Backhausen,
ont admis la régénération du cristallin, et surtout Valentin, le seul qui ait
examiné au microscope des cristallins régénérés. Quant à Bachkausen, qui
n’a poussé ses expériences que jusqu’au vingt-cinquième jour, son opinion
contraire à la régénération ne peut avoir de valeur scientifique.
» 11° Pour arriver à des résultats encore plus satisfaisants que ceux
qu’il a obtenus jusqu'ici, M. Milliot poursuit ses expériences ŝur des ani-
maux, en prenant la précaution d’inciser la capsule antérieure de manière
à former un lambeau facilitant la sortie du cristallin. 1] poursuit en même
temps la solution de la question de la régénération du cristallin. chez
l'homme après l'extraction de la cataracte : il compte publier in extenso
son travail dans le Journal de l’ Anatomie et de la Physiologie. »
MM. Lerecuer et Sréneux adressent une Note relative à la nature du
poison contenu dans les Champignons vénéneux. Les conclusions de cette
Note sont les suivantes : :
1° L'action du poison principal des Champignons du genre Agaric (sec- |
tion des Amanites) est narcotique et non pas stupéfiante (comme celle de
l’acétate de plomb ou du curare).
2 Beaucoup d’autres espèces ne sont que des poisons âcres, sans au-
cune action sur le système nerveux. |
3 Il est impossible de distinguer une espèce vénéneuse quelconque à
la forme, à la grosseur, à la couleur de ses sporules ou de son tissu cel-
lulaire.
M. Peyrani adresse de Ferrare une Note indiquant les conclusions de
quelques expériences faites par lui, sur le rôle de la bile pendant la diges-
tion; ce liquide lui a paru jouer le rôle principal dans la dissolution des
Corps gras. *
M. Beavrus soumet au jugement de l'Académie un Mémoire « sur les
C. R., 1867, 1°" Semestre. (T. LXIV, N° 4.) 27
( 198)
fonctions présumées des nerfs ganglionnaires en général et du grand sym-
pathique en particulier ». Dans l'opinion de l’auteur, ces nerfs puiseraient
leur force dans le sang artériel, et certains organes, tels que la rate, le
foie, les capsules surrénales, le corps thyroïde, le thymus chez le fœtus,
seraient des organes appropriés à cet effet.
M. Jve adresse à l’Académie deux Notes tendant à établir que, dans
les recherches publiées récemment par M. Pelouze sur le verre, il eùt été
plus intéressant, tant au point de vue industriel qu’au point de vue scienti-
fique, d’établir l'effet d’une diminution dans la proportion de silice, que
celui d’une augmentation de l’élément acide. |
M. Aprarôvsky adresse une Note relative à l'ovariotomie.
A 4 heures trois quarts, l’Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures un quart. G.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE,
5 r . 5 z ;
L'Académie a reçu, dans la séance du 28 janvier 1867, les ouvrages dont
les titres suivent : ;
Mémoires de l’Académie des Sciences de l'Institut impérial de France.
T. XXIX : Théorie du mouvement de la Lune; par M. DELAUNAY. (T. IL.)
Paris, 1867; in-/4°.
Recherches sur les surfaces réglées tétraédrales symétriques; par M. J. DE LA
GOURNERIE, avec des Notes par M. A. CAYLey. Paris, 1867; in-6°. (Pré-
senté par M. Chasles.) |
Ornithologie européenne, ou Catalogue descriptif, analytique et raisonné des
oiseaux observés en Europe; par MM. C.-D. DEGLAND et Z. GERBE, 2° édition.
Paris, 1867; 2 vol. in-8°. (Présenté par M. Coste.) ;
T raité expérimental et chimique de la régénération des os et de la production
artificielle du tissu osseux; par M. L. OLLIER. T. I* : Partie expérimentale ;
( 199 )
t. IL : Partie clinique. Paris, 1867; 2 vol. in-8° avec planches et figures.
(Présenté par M. Velpeau.)
Traité de Cinématique; par M. J.-B. BELANGER. Paris, 1864; in-8° avec
planches.
Traité de la dynamique d’un point matériel; par M. J.-B. BELANGER.
Paris, 1864; in-8° avec planches. |
Traité de la dynamique des systèmes matériels; par M. J.-B. BELANGER.
Paris, 1866 ; in-8° avec planches.
Les engrais perdus dans les campagnes; par M. N. DELAGARDE, 2° édition.
Poitiers, 1866; in-12.
Du moyen naturel de mettre fin, pour l'avenir, aux retours périodiques
d’une triste et redoutable calamité; par M. FRÉMAUX. Saint-Cloud, 1867;
br. in-8°
Catalogue des végétaux et graines disponibles et mis en vente au Jardin d'Ac-
climatation, au Hamma (près d'Alger), pendant l'automne 1866 et le prin-
temps 1867; supplément au Catalogue n° 23. Alger, 1866; br. in-8°,
Mémoires de l’Académie impériale de Metz. XLVII?” année, 1865-1866;
2° série, XIV" année : Lettres, Sciences, Arts el Agriculture. Metz, 1866; in-8°.
La neige et les petits oiseaux : appel aux cultivateurs; par M. V. CHATEL.
Caen, sans date; 4 pages in-8°.
Mémoires et débats sur les grands principes des Sciences physiques; par
M. Émile Marin (de Vervins). Paris, 1867; in-8°.
Mémoire sur la science et l’art de la navigation aérienne; par M. J.-B.
Bayonne, 1867; in-12.
Archives néerlandaises des Sciences exactes et naturelles, rédigées par M. E-H.
VON BAUMHAUER. 3° et 4° livraisons. La Haye, 1866; 2 br. in-8°.
Nuove... Nouvelles modifications apportées aux conducteurs mobiles, avec les
instructions nécessaires pour en faire usage; par M. L. PALMIERI. Naples,
1866 ; in-4°.
Dell autoplastica... Mémoire sur l’autoplastique ; par M. L. PORTA.
Milan, 1866; in-4°.
Intorno... Des effets du pus et de la sanie gangréneuse sur le sang circulant
dans les vaisseaux ; par M. A. TIGRI. Florence, sans date; br. in-8°.
Mittheilungen... Recherches physiologiques sur le cœur des Insectes et des
Mollusques; par M. Alexandre BRanDT. (Extrait du Bulletin de l’ Académie
( 200 )
impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg.) Br. in-8°. (Présenté par M. Blan-
chard.) ;
. Geologische... Carte géologique d'ensemble de la Prusse rhénane et de la
Wesiphalie occidentale; par M. DE DECHEN, avec Notice in-8°. (Présenté par
M. Daubrée.)
System... Système de perspective technique de la peinture; par M. F. TILS-
CHER. Prague, 1867, 2 vol. in-8°, avec atlas in-fol. obl.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 4 FÉVRIER 1867.
PRÉ E DE M. CHEVREUL,
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ASTRONOMIE. — Sur la loi de la rotation superficielle du Soleil;
par M. Faye (1).
« Depuis deux ans, j'ai présenté à l’Académie une série d’études sur les
taches du Soleil (2). Ma première pensée avait été de rechercher la loi suivant
laquelle s'effectue le singulier mouvement de rotation de la photosphére,
mais je me suis aperçu, chemin faisant, que les taches présentaient dans
leurs mouvements des inégalités soit apparentes, soit réelles, qu'il m'a
fallu d'abord déterminer. Maintenant que ces problèmes sont résolus, je
reviens au but premier et je vais y appliquer l'ensemble des observations de
M. Carrington où j'ai puisé jusqu'ici. Le travail actuel comprend la réduc-
tion de toutes les observations actuellement utilisables, de 1854 à 1861, Ja
détermination définitive de la parallaxe, le tableau des mouvements pério-
diques des taches en latitude, et enfin la recherche de la loi de la rotation.
(1) L'Académie a décidé que ce Mémoire, quoique dépassant les limites réglementaires,
serait reproduit en entier au Compte rendu.
(2). Comptes rendus, t. LX, p. 89'et 138; t. LXI, p. 1082; t. LXII, p. 1 15, 276, 361,
708 ; t. LXII, p. 193.
C. R., 1867, 197 Semestre. (T. LXIV, N° 8.)
28
X s£ ee
A 5 G a F ETE ;
p STE, # 2o’ A
RP AL - # E ii
F E Sua a a
( 202 }
» Il faut dire tout d’abord que ces mots : ensemble des observations, s'ap-
pliquent presque exclusivement aux taches qui ont exécuté sous nos yeux:
une ou plusieurs rotations complètes; les autres, observées pendant quel-
ques jours à une seule apparition, ont été rejetées, sauf dans les régions
où l’on est forcé, faute de mieux, de les employer. Mais il y a une telle dif-
férence de précision entre ces deux genres de taches, que les secondes,
malgré leur nombre, n’eussent presque rien ajouté à la valeur des résultats.
Quand il s’agit en effet de déterminer la vitesse diurne de la rotation au
moyen de larc décrit par une tache dans un temps donné, la précision est
en raison directe de cette durée. Pour les taches que j'ai choisies, l'inter-
valle de temps est de vingt-sept jours au minimum ; il comprend même parfois
trois, quatre, etc., rotations complètes, tandis qu'il ne va guère en moyenne
qu’à quatre ou cinq jours, pour celles que j'ai négligées. Le rapport des poids
étant celui des carrés de ces intervalles, une observation qui comprendune
rotation au moins vaut, toutes choses égales d’ailleurs, trente séries incom-
plètes. A ce compte, l’ensemble des séries que j'ai réunies dans ce travail
représenterait plus de 4000 séries simples relatives à une seule appari-
tion : on voit donc que les 280 taches omises ajouteraient bien peu de chose
à ce poids. Il existe d’ailleurs une autre raison péremptoire : de telles obser-
vations ne donnent pas en réalité le mouvement propre, mais une fonction
du mouvement propre combiné avec la parallaxe inconnue: c'est sous cette
forme qu’on trouvera les résultats de quelques séries simples que je n'ai
pu me dispenser de calculer.
» La belle découverte de M. Carrington consiste en ce que la vitesse an-
gulaire de rotation des taches dépend de la latitude, et varie assez conti-
nûment avec cette même latitude pour qu'il y ait lieu de représenter la
première par une fonction continue de la seconde. M. Carrington a essayé
successivement, mais en vain, des expressions paraboliques, puis des for-
mules trigonométriques les plus simples, telles que sinà, sin? à; il a été forcé
d'y renoncer et de recourir à la forme singulière
3 ; s i
- a — bsin#(}— 1 degré),
qui, évidemment, ne satisfait pas à la loi de continuité. Depuis M. Carring-
ton, M. Peters (de Clinton) a adapté à ses propres observations la formule
a + bcos) = a + b — 2 bsin? =),
dont le signe ne change pas avec celui de }, mais qu’il faut arrêter brus-
( 203 )
quement à = À = 45 degrés, c’est-à-dire aux pôles. M. Spærer a employé
de mème la forme
a sin À + b cos],
laquelle pèche également par défaut de continuité, et ne peut représenter
la marche du phénomène sur les deux hémisphères à la fois.
» J'ai moi-même donné à ce sujet un aperçu il y a deux ans, à une
époque où J'étais loin de me douter du degré de complication de cette
recherche (1); décidé, plus tard, à me débarrasser de toute idée préconçue,
j'adoptai provisoirement une formule très-simple, mais également discon-
tinue, qui suffisait à mes recherches pour des taches un peu éloignées de l'é-
quateur. Aujourd’hui que je puis mettre sous les yeux de l’Académie le
tableau des observations corrigées de toutes les inégalités que j'ai reconnues,
depuis — 45 degrés jusqu’à + 36 degrés, et s'étendant à une vaste zone de
81 degrés d'amplitude, c'est-à-dire aux deux tiers de la surface entière du
Soleil, je crois le moment venu de chercher la véritable expression mathé-
matique de la rotation de la photosphére.
» Pour réussir dans une telle recherche, il y a deux conditions de succès :
la première, que la loi soit en réalité extrêmement simple, comme l’est,
par exemple, la loi de la variation de la pesanteur sur un globe tournant,
et non pas complexe comme la loi des mouvements d’une atmosphère sur
un corps mi-parti solide et liquide, chauffé par une source extérieure; la
deuxième, que les observations aient une précision suffisante. Cette seconde
condition est parfaitement remplie à cause du soin que j'ai eu de n’employer
que des taches à rotation complète. 35 taches distinctes, réparties à peu
prés uniformément en latitude, ayant exécuté 58 rotations complètes,
observées un grand nombre de fois à chaque apparition, corrigées de
toutes les inégalités périodiques dont j'ai reconnu l'existence, me pa-
raissent offrir les garanties requises de précision. C’est le résultat final de
sept années d'observations continues du Soleil dues à l’un des plus habiles
observateurs de notre époque. Un grand fait, qui résulte clairement de mes
études, c’est que les inégalités de ces mouvements sont, ou régulières et
parfaitement périodiques, ou accidentelles et alors momentanées; ce qui
peut rester encore de leur effet dans les résultats isolés doit donc dispa-
raître en très-grande partie de l’ensemble par voie de compensation, ou
se trouver considérablement atténué par les grands diviseurs qui m'ont
Re PES SN RE 2
(1) Sur la constitution physique du Soleil, Comptes rendus, t. LX, p. 138 et suiv.
28.,
( 204)
donné les mouvements diurnes. Quant à la premiere condition, je crois
également qu'elle est remplie, et que la loi cherchée est essentiellement
simple. C’est, du reste, la seule supposition que j'aie faite dans ce tra-
vail, où je me suis attaché à ne tenir compte que des faits et des obser-
vations.
» Voici le tableau des vitesses angulaires déduites des observations de
M. Carrington. Elles sont estimées par rapport à un méridien mobile tour-
nant en 25,38. La lettre m désigne ces vitesses, p est la constante de Ja
parallaxe de profondeur, À désigne la latitude, et dm la petite correction
qu'il faut ajouter à chaque valeur observée de m pour obtenir sa véritable
valeur. (Poir le tableau à la page 205.)
» Afin d'utiliser les données relatives aux latitudes comprises entre 30
et 45 degrés, il nous faut absolument commencer par la parallaxe. D'abord
la parallaxe ne varie pas avec la latitude, comme je l'avais cru d’après
un nombre insuffisant de déterminations, Les voici groupées de maniere
à faire ressortir ce résultat :
DE ZÉRO A 16 DEGRÉS. DE 20 A 30 DEGRÉS.
Hémisphère Hémisphère Hémisphère Hémisphère
boréal. aus boréal. austral.
o o 9 o
0,45 0,41 0,62 0,25
0,27 0,40 0,30 0,37
0,39 0,31 0,44 SE
©;33 0,31 0,20 0,51
0,40 0,25 0,32 0,00
0,10 0,60 0,93 0,83
0; 47 » 0, 36 »
0,65 » ' 0,19 »
» » 0,55 »
La moyenne de zéro à 16 degrés est 0°, 388, et de 20 à 30 degrés de 0°,398.
Nous adopterons 0°, 4 pour réduire les mouvements propres exprimés en
fonction de cette constante, dont la valeur sera à peine modifiée par le
calcul définitif (1).
A
(1) La correction correspondante est applicable à toutes les taches dont le noyau est
visible, mais non aux taches sans noyau ou à celles dont le noyau est caché. En donnant le
dessin de chaque tache pour chaque jour d'observation, M. Carrington m'a permis de tenir
compte de cette distinction importante. Cet immense travail de dessin ne sera jamais repris;
les astronomes en seront dispensés par l'application de la photographie qui est déjà jour-
nellement employée pour ce genre d'observation à l'Observatoire de Kew, en Angleterre.
DATE.
NOS DES TACHES.
ROTATIONS
COMPRISES .
LATITUDE.
25-31 (1"° tache
880-903
Pa
53-
224 (17°
224 (2° he
139-144
139 (2° tache)
290
mi 6 CS ee ei le (D bete les 9 let mt 19 et DD 19 Q9 = me
>
E h |
~ m bd OS J DD = e mé
ETIE
t+tttttttttt+t++++4+4+
MOUVEMENT
PARALLAXE. MOUVEMENT EN LATITUDE ET OBSERVATIONS.
DIURNE.
o 0
+ 313 0,45 + 0,002 dm
+ 4,8 0,27
+ 3,6 i= +89, cos 20,68 (4 — 6), période de 131 jours (1).
+ 6,2 0,39 — 0,033 dm Oscillation sense s ps latitude.
== 3,7 non Aétorininde: Si très-marquée. Longue période.
+ 2,4 0,33 + 0,030 dm é par la 2 O appariti on nent
+ 3,1 0,10 — 0,158 dm Oscillation à longue période.
— 4, 0,40 + 0,010 dm
— 13 0,65 — 0,011 di
— 5,2 0,47 + 0,023 dm no à cp Ra
— 19,2 0,62 + 0,023 dm rallax ée.
— 10,5 0,30 — 0,0 ae en pen
nB 6 0,44 + 0,045 dm rands changements de figure.
— 16,8 0,20 0,040 dm
— 16,1 non déterminée. Observations insuffisantes, rides leur nombre.
— 10,8 0,32 — 0,021 dm
21,1 0,33 + 0,041 dm 707 n'est pas identique avec cette t
— 19,8 0,36 — 0,034 dm Oscillation insensible. a seule MA enr pour 551.
— 27, 0,19 + 0,061 dm Tache énorme à figure v
— 94,0: 0,59 servations insu be, pere pour 453.
m= — 47,2 + 22/,74P Cette tache, d’abord unique, s'est divisée en deux pendant le
m —=— 58',6 + 24,24 cours des observations.
+ 5,5 0,41 + 0,036 dm
+ 7,9 0,40 + 0,045 dm
+ 4,3 0,31 + 0,04 59 n’est qu'un point; p est conclu de 57.
— 1,9 0,31
0,9 0,395 2) = — 110,68 — 19,12 POEN période 156,5.
— 3,6 0,6 0,118 dm à = — 169,05 — 10,45 cos 20,25 (1 — 349 ); Éd de 160 jours.
— 8,4 non dites pr ue Observations SR ie) ettr op peu nombreuse
16,2 0,29 0,
19,8 0,37.—+ 0; o3% pri Deux observat. rejetées par suite d'une méprise sur le noyau obs.
25,7 0,70 à = — 250,68 — 19,93 cos 30,18 (£ — 305,2); période 113 jours.
26,8 0,51 — 0,033 dm
— 30,5 0,00 + 0,046 dm | à= — 270,64 — 19,86 cos4°,1 {1 — 26); période de 88 jours.
— 38,2 indéterminée.
— 34, GA A 25 dm | ì = — 300,69 — 10,37 cos 49,36 (t — 46,3); période de 821,6.
m= — 55,9 + 2
m =— 93, 3 + 7 9P Moyenne de deux taches voisines assez discordantes.
(1) Tache observée par le P. Secchi (voir Comptes rendus, t. LXHI, p. 1027).
( goc )
( 206 )
Voici la formation des valeurs normales de m :
i LATIT. POE amer, AR
A: SE m ATIT. | moyenne | mM MOYEN. à m * | moyenne | 72 MOYEN.
observée moyenne. + parall. observée. moyenne. + parall.
o ! o 0 ! r
— 1,6 | + 5,5 1,6 1,6 + 5,5 +21,3 —16,8
+ 5,2 | +3,3 E —21 —16,2
+ 6,1 + 4,8} 5,97 6,0 + 5,2 +21,9 —16,1: ° o Z
68 lis j ne 0,8 22,15 | 23,92 16,80
+ 8,0 | + 3,6 —22,5 —19,8
+ 8,1 + 6,2 +23,2 —921,1
8,70 | 8,76 | + 3,98
+ 8,8 | + 3,7 | LS o 9 05,7 | >235,7
+9,2 | + 2,4 —25,8 —26,8 FE |
oi EEE Ga l 25,98 . 26,18 24,90
+11,1 + 3,1 +26,2 —27,3
+11,4 | — 4,7 } 12,26 | 11,34 | + 0,08 —27,6 —30,5
—11,0 — 1,5 —29,9 —38,2 5 a
io te ds Dern sahi 29,92 | 29,79 31,82
+14,1 — 4,3 | —30, —34,6
+40 | — 5,2 $ 15,03 | 15,14 | — 4,37 || +33,4" | —35,2
a | 8,6) Hair | 48,0 À 36,57 | 36,85] —44,5*
+18,7 —13,2 —36,2* — 49,3
+19,2 | —10,5 | —4h,62*| —77,8 | 6 obs. | 45,0* | —77,8*
ic TE 19,92 | 19,67 —10,18
+20,2 | — De
nombres à astériques ne sont pas employés dans le calcul des éléments, mais seulement comme
Phys
Le choix des formules simples que nous avons à
essayer est beaucoup
plus limité qu'on ne le croirait à première vue, à cause des deux conditions
suivantes : 1° la variation totale de m, suivant la latitude, doit s’accomplir
dans l’espace d’un quadrant (1); 2° les observations exigent que m aille tou-
jours croissant de zéro à 45 degrés; tout au plus pourrait-il atteindre un
maximum à cette latitude-là. Il n’y a donc à choisir qu'entre cos 2} et cos4À,
c’est-à-dire entre sin?) et sin?2). Les équations de condition auront, dans
le premier cas, la forme m = a — bsin?}, et, dans le second, a — b sin? 2),
a et b étant des inconnues à déterminer au moyen des neuf valeurs normales
de m correspondant à autant de valeurs de à. On obtient ainsi, sans em-
ployer la méthode des moindres carrés : è
m = 6’, 54 — 157,3 sin°À.
= 7,49 — 50,3903).
Pour la forme sin?1.......
Pour la forme sin?2}......
(1) Cos À si satisferait presque aussi bien que cos 2ì aux observations, parce que la
marche de sin? — = } est à peu près proportionnelle à celle de sin?) dans les 30 premiers de-
grés, se trouve ous par cette condition.
(207)
» En comparant ces deux solutions aux valeurs normales de m, aux-
quelles je joins, à titre de renseignements, les valeurs moins sûres que nous
avons trouvées pour 35 et 45 degrés de latitude, on trouve les résultats
suivants :
sin? }. sin’ 2 À.
2 $ M HIS 1
2 m observé. m calculé, Calc. — Obs. m calculé. Calc. — Obs.
1,60 + 5,5 -+ 6,42 + 0,9? + 7,33 + 1,83
6,00 + 5,2 + 4,83 — 0,37 + 5,32 + 0,12
8,76 +; 3,98 + 2,89 — 1,09 : +294 — 1,04
11,34 + 0,08 + 0,46 + 0,38 + 0,03 — 0,05
15,14 — 4,37 — 4,19 + 0,18 — 5,27 — 0,90
19,67 —10,18 — 11,28 — 1,10 — 12,68 — 2,50
22,22 —16,80 — 16,15 + 0,68 —17,30 — 0,50
26,18 — 24,90 — 24,07 + 0,83 — 23,98 + 0,92
29,75 — 31,82 — 32,18 — 0,36 —27,79 + 2,04
34,85 —44,50* —44,83 — 0,33* — 36,66 + 7,84*
45,00 —177,80* —72,12 + 5,68* —42,71 +35,09*
Le choix ne me parait pas douteux : les erreurs de la deuxième hypo-
thèse suivent une marche trop régulière pour qu’on puisse l’admettre,
même en ne tenant nul compte du fort écart qu’elle présente vers 45 de-
grés. Le tracé de la courbe des observations rend ce désaccord encore plus
sensible, en montrant que le point d'inflexion exigé par la seconde formule
à 22 + degrés mexiste pas, et ne peut se trouver que beaucoup au delà. Il
saute aux yeux d’ailleurs que cette courbe ne marche pas vers un maximum
à 45 degrés. La première formule, au contraire, satisfait aux observations
dans la limite des erreurs admissibles, et ses écarts alternativement positifs
et négatifs ne suivent aucune loi; elle satisfait de même aux deux valeurs
extrêmes de m qui n’ont pas été employées dans le calcul, en sorte qu’elle
embrasse une étendue considérable de + 36 degrés à — 45 degrés (1). Je
crois pouvoir conclure de là que le mouvement angulaire de rotation dé-
AFARA A Rs en
(1) Une seule observation due à un très-habile observateur du Soleil, M. Peters, de Naples,
en 1846, et faite par la latitude exceptionnelle de 51 degrés, n’est pas représentée par cette
théorie et serait plus favorable à la seconde hypothèse. L'erreur irait, en effet, vers 51 de- .
grés, à 25 minutes en arc de grand cercle. Mais la tache n’a été observée que deux fois, près
des bords, à une distance où l'erreur de l'observation a une influence plus que double à cause
du raccourci de la projection. Dans de telles conditions, il n’est pas permis de compter sur le
mouvement propre conclu, et je conçois que M, Carrington se soit borné à la citer sans en
tenir compte autrement, Les observations de M. Carrington lui-méme nous offrent de nom-
( 208 )
croît de parallele en parallele, proportionnellement au carré du sinus de la
latitude; que cette loi n’est pas purement empirique comme celles qu'on a
essayées jusqu'ici, mais qu’elle est l'expression d’un grand fait naturel et
qu'elle répond à une condition physique particulière à la constitution du
Soleil. Par une rencontre purement fortuite, j'avais entrevu cette loi dès le
début; mais je vois aujourd’hui qu’il était impossible de l’établir, à l'exclu-
sion de tout autre, avant d’avoir purgé les observations des inégalités systé-
matiques dont les mouvements des taches sont affectés.
» J'offre ici le tableau des valeurs de la formule pour les divers degrés
de latitude et les durées correspondantes de la rotation solaire. En dési-
gnant par M le mouvement diurne sur un parallèle quelconque, on a
m= 6,54 — 157,3sin,, M=851,06+m, T— 222.
Vitesses angulaires et durées de la rotation.
LATITUDE ii M T LATITUDE m M T
vraie. vraie.
e ls ul Bio | ii 24 048 | 83,58 | 25,975
1 + 6,49 85,55 25,188 25 — 21,55 829,51 26,040
2 + 6,35 857,41 25,193 26 — 23,68 827,38 26,107
3 + 6,11 857,17 25,200 27 — 925,88 825,18 26,176
4 + 5,77 856,83 25,210 28 — 28,13 822,93 16,248
5 + 5,34 856,40 25,222 29 — 30,43 820 ,63 26,322
6 + 4,82 | 855,88 | 25,238 30 3,50 | 818,27 26,398
7 + 4,20 | 855,26 | 25,256 31 — 35,19 | 815,87 26,475
8 + 3,40 | 854,55 | 25,275 32 — 3,63 |: 813,43 26,555
9 + 2,69 853,75 25,300 33 — ġo, 810,95 26,636
10 + 1,80 852,86 25,327 34 — 42,64 808,42 26,719
11 + 0,81 851,87 25,356 35 — 45,21 805,85 26,804
12 — 0,26 850,80 25,388 36 — 47,80 803,26 26,891
13 — 1,4 849,64 25,423 37 — 50,42 800,64 26,979
14 — 2,67 | 848,39 | 25,460 58 — 53,07 | 797,99 | 26,068
15 — 4,00 547,06 25,500 39 — 55,95 799,31 27 199
16 Le 5,41 845,65 | 25,543 ho — 58,45 392,61 27,252
17 — 6,90 844,16 25,588 hı — 61,16 789,90 27,346
18 8,48 842,58 25,636 42 — 63,88 187,18 27,440
19 — 10,13 | 840,93 | 25,686 43 — 66,62 | 784,44 27 336
20 — 11,86 839,20 25,739 44 — 69,57 781,69 27,633
21 — 13,66 837,40 25,794 45 — 72,11 778,95 27,730
22 — 15,53 835,53 25,852 6 — 74,84 776,22 27,827
23 — 17,48 833,58 25,913
Leeri aa
breux exemples d'erreurs encore plus fortes en pareil cas. Je rejette indistinctement toutes
ces observations, ou je ne les présente qu’à titre de renseignements vagues, tout en me propo-
sant d’y revenir pour l'étude de certains détails,
( 209)
» Il est aisé d’en déduire les erreurs dm des déterminations isolées du
premier tableau à l’aide desquelles nous avons formé les équations nor-
males, et par suite de corriger les parallaxes obtenues. Nous aurons ainsi :
rennes cs m obs. | m calce. dm P ph ne m obs. | m calc. dm p
o ! , , ’ ,
+ 5,23 | + 3,3 | + 5,22 | + 1,9 0,45 — 1,6 + 5,5 | + 6,41 | +0,9 | o,44
+ 6,14 | +48 | +4,74 | — 0,1 0,27 — 6,64 | + 7,4 | + 4,43 | — 3,1 0,26
+ 8,05 | + 3,6 | + 3,45 | — 0,1 » —10,67 | + 4,3 | + 1,14 | — 3,2 0,16
+ 8,15 | + 6,2 | + 3,37 | — 2,8 | 0,48 —11,57.| — 1,5 | + 0,20 | + 1,7 0,31
+ 8,86 | + 3,7 | + 2,77 | — 0,6 » —11,77 | — 0,9 | — 0,01 | + 0,9 | 0,35
+ 9,26 | + 2,4 | + 2,46 | +o 0,33 —16,16 | — 3,6 | — 5,65 | — 2f1 0,85
+1117 | + 3,1 | + 0,63 | — 2,5 0,50 90,15 | — 8,4:| —12,13 | — 3,7 | indét.
+1,47 | — 4,7 | + 0,31 | + 5,0 | 0,45 21,95 | —16,2 | —15,43 | + 0,8 | 0,16
+14,90 | — 4,3 | — 2,94 | + 1,4 | 0,63 —92,66 | —19,8 | —16,82 | + 3,0 | 0,2
15,00 | — 5,2 | — 4,00 | + 1,2 0,/9 —25,89 | —25,7 | —23,44 | + 2,3 | 0,70
418,83 | —13,2 | — 9,87 | + 3,1 0,61 —25,99 | —26,8 | —23,70 | + 3,1 0,41
19,39 | —10,5 | —10,80 | — 0,3 | 0,30 —27,80 | —30,5 | —27,68 | + 2,8 | 0,13
+20,35 | — 8,6 | —12,49 | — 3,9 | 0,27 —30,13 | —38,2 | —33,10 | + 5,1 »
21,45 | —16,8 | —14,50 | + 2,3 | 0,29 —30,93 | —34,2 | —35,02 | — 0,8 | 0,7
22,05 | .—16,1 15,63.| + 0,5 » —36,49 | —47,3 | —/49,08
22,26 | —10,8 | —16,04 | — 5,2 | 0,42 —45,0 | —77,8 | —72,1!
+23, —21,1 18,20 | + 2,9 0,49
26,39 | —19,8 | —24,54 | — 4,7 0,92
26,39 | —27,3 | —24,54 | + 2,8 | 0,36
+30,1 —024,0:| —33,25 | — 9,3 | 0,24
+33,66 | —38,r | —41,78
+34,37 | —48,9 | —45,69
» L'examen des erreurs montre que la rotation s'effectue exactement de
la même manière dans les deux hémisphères. La moyenne des erreurs sur
l'hémisphère boréal est — 0’,34; elle est de + 0,45 sur l'hémisphère aus-
tral, mais on voit aisément que ces faibles excès en sens contraire tiennent
uniquement à deux mauvaises séries d'observations faitespar + 30 degrés
et — 30 degrés de latitude. En excluant ces observations, on ferait dispa-
raître cette petite différence entre les deux hémispheres. C’est là un point
important, attendu que M. Carrington avait cru voir une différence appré-
ciable entre les régions boréales et australes.
» Quant à la parallaxe, la moyenne pour l'hémisphère boréal est 0°,415;
pour l'hémisphère austral, 0°,398, et la moyenne générale des vingt-neuf dé-
terminations est 0°,41. Pour en déduire la profondeur des taches ou l'épais-
seur de la photosphère, il en faut retrancher 0°, 1 1, qui représentent ici l'effet
de l'erreur commise d'ordinaire sur le demi-diamètre du Soleil dans les
C. R., 1867, 1°" Semestre, (T. LXIV, N° 8.) 29
( 210 }
observations méridiennes (1). Vu à la distance d’un rayon solaire, le rayon
LL
8,86 _
= & = 0 ,529. La profondeur des
= 0,7 du rayon de la Terre.
de la Terre sous-tendrait un angle de
0,30
0,529
» Il me reste à dire quelques mots de l'inégalité en latitude. Je n’ai noté
qe deux cas où l’oscillation en latitude paraissait insensible, tandis que
j'ai pu la déterminer complétement pour six taches à longue durée. Voici
un tableau de leurs périodes :
taches est donc
Latitude. Période.
8° 131 jours.
12 156.5
16 160
26 113
28 ‘88
31 82.6
» Ne semble-t-il pas que la période de l’oscillation en latitude atteigne un
maximum vers 14 ou 15 degrés, c’est-à-dire dans la région où les taches à
longue durée apparaissent le plus fréquemment. Ce phénomène de la varia-
tion périodique des taches en latitude suit fidèlement la loi des oscillations
pendulaires et doit conduire, malgré la difficulté qu’on éprouve à s’en
rendre compte, à d’intéressantes conséquences sur la nature physique du
Soleil. Jai peu de chose à changer à ce qui a été dit dans mes Notes anté-
rieures sur l’oscillation correspondante en longitude. Si on représente la
latitude par :
À = const. + « cosy (t — 6),
le mouvement diurne sera, en degrés,
5 i te EM Y in
m = const. — ~g «Sin 2À sin 1 cosy(t — 0),
(1) Il faut rappeler ici la réfraction solaire, qui s'ajoute à l’effet de la profondeur. La
formule complète de l'inégalité dans le sens du rayon vecteur p est ( sa )tangp,
p étant la profondeur des taches, R” le demi-diamètre angulaire du Soleil, 8 la constante de
la réfraction solaire; le nombre o°,4 1 représente la valeur du coefficient complet, o°, 11 celle
dR”
de Ei Quant à ß, il est insensible pour nos mesures, car dans les taches sans noyau et
par conséquent sans parallaxe, je n’ai pas trouvé de traces de cette réfraction, et le P. Secchi
n'en a pas trouvé non plus dans les mouvements du centre de l’orifice extérieur de la pé-
5 , * 1! r n `
nombre, centre qu’on peut considérer comme placé à la surface même de la photosphère.
(ARE)
et la longitude vraie
157,3 aœsin2} sin 1°
60” siny
£ = const. + m(t — 8) — -siny (t — 6).
Les deux dernières formules supposent que la tache n’a pas d’autre mou-
vement propre que son oscillation pendulaire en latitude, et qu’elle suit en
longitude le mouvement du parallèle sur lequel elle se trouve. En réalité,
il y a lieu de croire que les taches peuvent avoir aussi à certains moments
des inégalités propres en longitude; mais celles-là, dont je nai pu moc-
cuper, doivent être certainement de courte durée et assez peu régulières.
Elles semblent se produire surtout au moment où une tache se subdivise
en plusieurs noyaux, et disparaissent quand ceux-ci se sont entièrement
séparés.
» En résumé, on peut énoncer ainsi les résultats que nous venons de
contrôler par l’ensemble des observations anglaises :
» 1° Le ralentissement de la rotation de la photosphère, d'un parallèle
à l’autre, est proportionnel au carré du sinus de la latitude.
» 2° La constante de la parallaxe de profondeur applicable aux observa-
tions des taches est de o°,41; la profondeur des taches est elle-même de
0°, 30 ou de 0,57 du rayon de la Terre. Elle est constante dans toute l’éten-
due observée comprise entre + 30 degrés et — 30 degrés de latitude.
» 3° Les taches exécutent des oscillations pendulaires en latitude; la
période de ces oscillations varie avec la latitude et paraît atteindre un
maximum de 150 à 160 jours vers le 14° degré. À 15 degrés de là, elle se
réduit de près de moitié. Ç
» 4° Les taches onten longitude un mouvement d’oscillation correspon-
dante de même période, et la combinaison géométrique de ces mouvements
s'opère comme si la tache décrivait dans le sens de la rotation une ellipse
autour de sa position moyenne (1), ellipse dont le grand axe est dirigé d’un
pôle à l’autre.
» Ce mode singulier de rotation me paraît être en liaison directe avec la
constitution interne du Soleil. Je me suis interdit dans cette Note toute
considération hypothétique, pour me borner à la simple exposition des
faits ; il me suffira de rappeler que cette liaison a été déjà indiquée dans mes
précédentes communications. »
(1) Position rapportée à un méridien tournant avec le mouvement moyen de la tache
elle-même.
. 29.
CARE)
PHYSIQUE. — Psychromètre électrique et ses applications ; par M. BecouereL.
(Extrait.)
« Le thermomètre électrique permet d'observer les températures avec
une trés-grande exactitude dans tous les cas où la lecture du thermomètre
ordinaire n’est pas possible : 1° lorsqu'il s’agit, par exemple, d'étudier la
température des parties intérieures des corps organisés; 2° celles des
couches supérieures de la terre et de lair à diverses hauteurs au-dessus
du sol, etc.
» Cet instrument fonctionne sans interruption, au Jardin des Plantes,
depuis 1865. Les résultats obtenus ont fait le sujet de plusieurs Mémoires
que j'ai eu honneur de communiquer à l’Académie, et qui sont imprimés
dans le Recueil de ses Mémoires.
» J'ai été conduit ainsi à appliquer le principe du thermomètre élec-
trique à l'hygromètre, et surtout au psychromètre, quand il s’agit de trouver
la force élastique de la vapeur d’eau mélée à Vair dans un lieu où l’obser-
vateur ne peut relever lui-même les températures.
» L'hygromètre à condensation, dont le principe est dù à Leroy de
Montpellier, a été perfectionné, comme on le sait, par M. Regnault, qui en
a fait un instrument de précision. Son usage repose sur la détermination
du point de rosée, c’est-à-dire du dépôt de la rosée sur une surface d’ar-
gent poli, refroidie ainsi que l'air ambiant au degré où la tension de cette
vapeur est à son maximum. Le rapport de la force élastique maximum de
la vapeur d’eau à la température de l'air refroidi, à celle qui est relative à
la force élastique maximum de la vapeur à la température de lair non
refroidi, donne avec une grande exactitude le degré d'humidité de Pair.
» On a substitué les deux soudures du thermomètre électrique aux deux
thermomètres de l’hygromètre, afin d’avoir directement la température du
vase d'argent sur la surface duquel s’opére le point de rosée; mais cette
substitution, ne dispensant pas de l'observation du point de rosée, ne rem-
plit pas le but que je me suis proposé; il n’en est plus de même en appli-
quant ce changement au psychromètre, que l’on transforme ainsi en
psychromètre électrique.
» M. Regnault, qui a fait, comme on le sait, une étude approfondie des
différentes méthodes hygrométriques, a montré que le psychromètre dont
le principe est dû à M. Gay-Lussac pouvait donner le degré hygrométrique
de lair, pourvu que la vitesse du vent ne dépassât pas 5 à 6 mètres par
(: 236: )
seconde. Les recherches de notre confrère à cet égard wont servi de guide
dans mes observations.
» Le psychromètre se compose de deux thermomètres dont le réservoir
de l’un est sec et l'autre tenu toujours humide; la température de ce der-
nier baisse jusqu’à ce qu’elle devienne stationnaire. On relève alors les deux
températures, puis la pression atmosphérique; avec ces trois données et
la formule d'August modifiée par M. Regnault, on détermine la force élas-
tique de la vapeur. |
» Cet appareil, bien qu’il soit sujet à des causes d'erreur, est celui dont
l'observation est la plus facile en météorologie. On substitue, comme il
suit, aux thermomètres les deux soudures d’un circuit composé d'un fil de
fer et d’un fil de cuivre d’un diamètre dépendant de la longueur qu'on
veut donner; plus elle est grande, plus le diamètre est fort : dans ce circuit
se trouve un galvanomètre à fil court destiné à reconnaître quand la tem-
pérature est la même aux deux soudures. L'une des soudures est placée dans
un milieu dont on abaisse la température jusqu'à ce que laiguille soit
revenue à zéro : dans ce cas, la température est exactement la même aux
deux soudures; l'effet est indépendant du magnétisme de l'aiguille; il suffit
que le zéro ne change pas dans le cours de l'observation; l’autre soudure
est placée dans le lieu dont on veut trouver la force élastique de la vapeur.
Cette dernière soudure est pourvue d’un appareil pour la tenir à volonté
sèche ou humide : sèche quand il faut avoir la température de l'air, humide
pour observer celle où l'évaporation cesse d’avoir lieu.
» Avant d'observer, il faut régler la marche de l'instrument sur celle du
psychromètre ordinaire, ce qui exige des essais préalables. Les deux fils de
métal, qui sont plus ou moins longs suivant les distances où l’on veut opérer,
sont enroulés l’un sur l’autre à leurs extrémités, sur une longueur de 2 cen-
timètres au plus, puis soudés et étamés à leur surface ainsi que les deux
fils, jusqu’à une distance de 6 centimètres environ de leurs points de jonc-
tion; le reste de ces fils est recouvert de gutta-percha. Toute la partie
étamée doit être soumise au refroidissement, comme on en fait sentir la
nécessité dans le Mémoire. Si l’on se bornait à refroidir la soudure seu-
lement, l'instrument marquerait quelquefois une température un peu plus
élevée que celle du thermomètre mouillé du psychromètre. Rien n’est plus
facile ensuite que d’observer avec cet instrument, dont les déterminations
sont exactement les mêmes que celles du psychromètre. Au surplus, on
les observe toujours simultanément dans les lieux accessibles, afin de con-
trôler les résultats. Quand il s’agit d'observer au haut d’un arbre, on hisse
( 214)
: à l’aide d’un mât et d’une poulie la soudure libre avec ses accessoires,
jusqu’au point où elle doit être placée, ou bien on la fixe à bras d'homme
à une branche. Quand il s’agit d'observer dans l'air, à une certaine hau-
teur au-dessus du sol, le mât est indispensable. |
» Plusieurs séries d'observations ont été faites dans le mois d’août de
l’année dernière et à la fin de janvier de celle-ci, à des températures bien
différentes; je rapporterai seulement les résultats obtenus presque simulta-
nément dans un rayon de 15 mètres, en août 1866, en opérant : 1° à 3 mètres
au-dessus du sol; 2° à quelques centimètres au-dessus de plantes potagères
en pleine végétation ; 3° à quelques centimètres au-dessus d’une rivière;
4° à la surface supérieure d’un tilleul de 6 mètres de hauteur, la tempéra-
ture de l'air étant de 18 degrés et la pression atmosphérique de 755 milli-
metres.
. Tension Degré
Stations. de la vapeur. d'humidité.
À 3 mètres au-dessus du sol....... 11,60 74,6
Au-dessus des plantes potagères. . . . 11,60 74,6
Au-dessus d’un tilleul........ Li 11,76 74,80
Au-dessus d’une rivière......... : 11,68 75,5
» L'accord presque parfait qui règne entre ces résultats prouve que les
vapeurs, à mesure qu'elles se dégageaient des végétaux, se mélaient à l'air
ambiant, en vertu de leur force élastique, de manière à produire un état
hygrométrique moyen qui était le même aux quatre stations dont les con-
ditions n'étaient pas semblables. |
» Je me borne à faire connaître à l’Académie le psychromètre électrique
et quelques-uns des résultats obtenus, afin de montrer les avantages que
l'on peut en retirer pour la climatologie. Je compte m'en servir pour étu-
dier le degré d'humidité de lair à diverses hauteurs au-dessus du sol, prés
et loin des bois et des cours d’eau, afin de voir jusqu’à quelle distance a
lieu cet état de chose. » | |
MÉMOIRES LUS.
ZOOTECHNIE. — Sur la production des œufs; par M. Gaxor.
(Commissaires : MM. Milne Edwards, Coste, Passy.)
« Dans une Note présentée à l'Académie des Sciences et insérée aux
Comptes rendus (1866, t. LXIII, p. 1431), M. Commaille a communiqué les
(arde)
résultats d’une expérience qui avait eu pour objet de déterminer : 1° la va-
leur comparée de la poule et de la cane comme pondeuses; 2° la valeur
comparée de l'œuf de la poule et de l'œuf de la cane comme aliments.
» Cette expérience faite sur trois animaux seulement de chaque espèce,
observés pendant les dix-huit premiers mois de leur existence, est néan-
moins donnée comme portant avec elle des conclusions définitives. Fort
nettement exprimées, ces conclusions établissent que la poule est très-infé-
rieure à la cane sous le rapport de la fécondité, et que l’œuf de cette
dernière, comparé chimiquement à l'œuf de la poule, lui est manifeste-
ment supérieur sous le rapport des propriétés alimentaires.
» C’est contre ces propositions, formulées d’une manière absolue, que
je viens m'inscrire en faux. Si je ne n'abuse, elles sont précisément le contre-
pied de ce que je crois être la vérité.
» M. Commaille a fidèlement rapporté les résultats de l’expérience qu'il
a faite. Loin de moi la pensée d'en suspecter l'exactitude; mais une expé-—
rience si complétement isolée et si courte ne saurait prendre un caractère
général, ni détruire les faits les mieux établis.
» Les animaux choisis par M. Commaille ou ceux que le hasard lui a mis
sous la main n'étaient point comparables. C’est par ce côté que les résul-
tats de l'expérience se trouvent viciés, ou arrivent à des conclusions oppo-
sées à celles de la grande pratique.
» Toutes choses égales d’ailleurs, il y a dans Fespèce galline des races
très-fécondes et de très-médiocres pondeuses; il y a aussi des races plus
aptes à l’engraissement qu’à la ponte. Dans ce fait, il faut voir l’heureuse
influence de l'éducateur sur les animaux qu'il cultive. Il les répartit en
groupes divers et donne à chacun, suivant ses besoins ou les circonstances
économiques, une direction particulière, des aptitudes spéciales. En l'es-
pèce, il a su faire, à son plus grand profit, ou des producteurs de viande
grasse, ou des pondeuses d’une grande fécondité. C’est ce qu’on a appelé la
spécialisation. |
» Il y a donc, parmi les poules, des familles particulièrement vouées à
la production active des œufs, et au-dessous de ces familles, qui sont comme
le type du genre, la poule commune, pauvre productrice lorsqu'elle est
négligée ou mal nourrie, mais dont une bonne hygiène et une culture atten-
tive élèvent successivement la fécondité jusqu’à son maximum de dévelop-
pement. I] y a aussi les mauvaises pondeuses, dont la population va tou-
jours en diminuant dans nos basses-cours.
» Ilen est de même parmi les canes. Il y a quelques races bonnes pon-
(H6)
deuses, mais peu connues ou peu répandues, et le grand nombre, la mul-
titude dans cette espèce, dont la ponte annuelle n'atteint pas toujours et ne
dépasse jamais une cinquantaine d'œufs.
. y M. Commaille a très-certainement mis en présence des poules à fé-
condité peu développée et des canes à fécondité très-active on très-
étendue.
» Dans ces conditions il a obtenu des canes, observées jusqu'à l'âge de
dix-huit mois environ, 205 œufs par tête, et de chaque poule, pendant le
même laps de temps, seulement 85 œufs.
» Le tableau comparatif des pontes ajoute encore à ce résultat, tout favo-
rable à la femelle du canard. Tl établit que les canes ont produit, pendant
l'automne qui a suivi leur naissance, 75 œufs chacune, tandis que les
poules n’en ont pas donné un seul pendant cette saison.
» Ce trait de précocité des unes, opposé à la fécondité tardive et restreinte
des autres, témoigne en faveur de cette assertion que les canes appartenaient
à une race très-féconde et les poules à une famille arritrée ; car la poule de
race féconde se distingue aussi par sa précocité. Lorsqu'elle est née de
bonne heure, en janvier ou février, comine c'était ici le cas, elle donne ses
premiers œufs à l'automne suivant, sans que toutefois sa fécondité s'élève
généralement aussi haut que celle des trois canes observées par M. Com-
maille. Mais, à partir de l’année suivante, l’activité des organes producteurs
de l'œuf est grande, beaucoup plus grande que celle qui a pu être mesurée
chez les canes, et cette activité s’étend aux trois et quatre années qui suivent,
pour s'arrêter assez brusquement. :
» Je ne suis pas aussi bien renseigné quant à la durée de la fécondité
de la cane. Sous ce rapport encore, l'expérience de M. Commaille laisse à
désirer. Il eût été fort essentiel de poursuivre cette expérience pendant
quatre ou cinq ans. Selon moi, elle est à recommencer; mais alors on devra
mettre en présence des canes pondeuses actives et des poules appartenant
à une race recommandable pour sa fécondité.
» Ce sujet prend beaucoup d'importance, à raison du développement
de plus en plus considérable de la production des œufs en France.
» En 1815, nous exportions 100915 kilogrammes d'œufs. En 1862, les
états de la douane accusent 14 090 700 kilogrammes; en 1864, le chiffre
s'élève à 22 380 000 kilogrammes, et en 1865 il dépasse 30 120 000 kilo-
grammes, donnant en argent plus de 37 650 000 francs. Nos importations
ne diminuent pas cette somme de plus de -. Je ne rappelle ces chiffres
; 10°
que pour établir l'importance actuelle du sujet.
(217)
» En présence de tels résultats, qui placent la production des œufs à un
rang que je voudrais bien voir prendre à nombre d’autres produits agri-
coles, on peut se demander où est la source d’un excédant aussi considé-
rable de la production sur la consommation intérieure. Faut-il la chercher
dans un accroissement de la population des basses-cours, ou dans la fécon-
dité plus active de la pondeuse? Selon toute apparence, elle vient des deux
côtés à la fois, mais plus encore, très-probablement, de la fécondité accrue
que de l'augmentation du nombre des poules, et surtout du meilleur amé-
nagement du poulailler, où lon ne garde plus la pondeuse stérilisée par
l’âge. Je spécifie de la sorte, parce que la pondeuse active et précoce de nos
fermes, ce n’est pas la cane, mais la femelle du coq, et, entre toutes, notre
petite poule commune, qui est bien la poule aux œufs d’or.
» J'ai cherché à réhabiliter celle-ci dans un petit livre écrit en 1863 sous
le titre : Poules et œufs, dont j'ai l'honneur de faire un trop tardif hommage
à l’Académie, et dans lequel la question de fécondité a été examinée ab ovo,
dans son origine et dans ses principaux développements.
» Il serait intéressant de propager les races de ‘eanes les plus fécondes,
mais elles ne seront jamais qu’un appoint à l'immense production des œufs
qu’on obtient de la poule dans nos basses-cours.
» Un mot à présent sur la seconde partie de l'expérience de M. Com-
maille.
» C’est dans l'analyse chimique comparée qu’il a cherché les raisons de .
supériorité de l'œuf de cane sur l'autre. La matière grasse est plus abon-
dante dans l'œuf de cane : une fois sèche, elle a l'odeur agréable du canard
rôti; celle de l’œuf de poule n’a qu’une faible odeur fade.
» Ce mode d'appréciation ne me parait pas à l'abri de toute controverse.
Sous le rapport nutritif, je suis tout disposé à accorder à l'œuf de cane la
même valeur qu’à l'œuf de poule. A poids égal, je ne vois pas pourquoi il
n’y aurait pas équivalence entre les deux. Mais il n’en est plus ainsi quant
à la saveur et à l'odeur de l'aliment. Il est de notoriété que, pour tous les
usages culinaires, l'œuf de poule est le plus estimé. Le seul avantage que
présente celui de la cane est à l’adresse du pâtissier qui, lui trouvant un
jaune plus coloré, plus rouge que jaune, le préfère pour le mêler à la pâte,
à laquelle il donne ce ton plusaccentué que recherche volontiers le con-
sommateur dans la brioche et ses analogues. Je ne veux pas déprécier l'œuf
de cane, mais je ne crains pas d’être contredit en attribuant à l’autre un
goût plus délicat, à raison peut-être de la proportion moindre des matières
auxquelles il doit sa coloration propre.
C. R. 1867, 17 Semestre. (T, LXIV, N° 5.) 30
( 218 )
» Ce n’est pas, au surplus, à l’état sec que l'on consomme la matière
grasse des œufs. Or, cela même est favorable à l'emploi de ceux que pond
la cane. En effet, on aimerait peu, sans aucun doute, à retrouver partout et
toujours, dans les diverses préparations alimentaires dans lesquelles entre
l'œuf, cette « odeur agréable de canard rôti » que fait ressortir l'examen
chimique.
» M’appuyant sur l'expérience universelle, j'arrive donc à des conclu-
sions diamétralement opposées à celles qu'a posées M. Commaille à la suite
d'une expérience faite sur six animaux seulement, et pendant un laps de
temps trop court, eu égard à la durée ordinaire de la fécondité active che
deux pondeuses émérites de nos basses-cours,
» Le sujet soulève d’autres questions; je les ai laissées à l'écart; je me
suis exclusivement attaché à celles qu'avait abordées M. Commaille. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
GÉOMÉTRIE. — Sur une espèce particulière de surfaces et de courbes algébriques,
et sur des propriétés générales des courbes du quatrième ordre. Mémoire de
M. E. pe Hunyapy, présenté par M. Chasles. (Extrait par l’auteur.)
(Commissaires : MM. Chasles, Serret, O. Bonnet. )
« Les surfaces du second ordre contiennent généralement une infinité
de droites, pendant que celles du troisième ordre n’en contiennent qu'un
nombre limité. Le nombre de ces droites est, en général, d’après les sa-
vantes découvertes de MM. Cayley, Salmon et Steiner, égal à vingt-sept. Les
surfaces de l’ordre supérieur ne contiennent pas nécessairement des droites;
pourtant il serait possible qu’elles en continssent dans certains cas.
» Les recherches suivantes sont destinées à traiter des surfaces du
nième (2 +i)n
2
ordre, qui contiennent les arêtes d’un (n +1 )èdre compléte-
ment inscrit à la surface du z”: ordre.
» 1. En posant
= x + biy + czt d,,
( 219)
l'équation la plus générale des surfaces mentionnées a la forme suivante :
(a) “HU + eo,
Uli u 2 Uni
dans laquelle les quantités & signifient des constantes, et les équations
(2) HR, LL an
* Uni. — O
sont celles des faces du (7 + 1)èdre.
»
»
»
»
»
»
» Les
T E ` :
> A 2 sommets du (n + 1)èdre sont des points doubles de
-la surface (1), ce que l’on peut facilement démontrer.
» De ces surfaces, on peut énoncer les théorèmes suivants :
« I. On peut indiquer, pour chaque surface du 7°" ordre de l'espèce
dont il s’agit, n+ 1 surfaces du (n — 1)°”"° ordre qui ont un contact
: n(n—i i E 3
simple avec elle selon i arêtes du (n + 1)èdre; ces arêtes forment
encore celles d’un zèdre complet. Les surfaces du (n — 1)*" ordre,
(n — 1) (rn — 2)
2
arêtes
prises deux à deux, ont un contact simple selon
du (n + 1)èdre et se rencontrent suivant une courbe plane du
(n — 1)?” ordre. Les plans dans lesquels sont situées ces courbes sont
les quatrièmes harmoniques aux deux faces du (n + 1)edre et au plan”
tangent touchant la surface selon l'arête qui est formée par les
mêmes faces. Chaque couple de surfaces du (n — 1)" ordre a aussi
(n — 1) mete FE points communs. »
« H. H existe ER w surfaces du (n — 2)°" ordre, pour une surface
2
du n°" ordre (de lespèce dont il s’agit), qui ont un contact simple
Cire A —2) arêtes du (n + 1)edre,
avec la surface du n?” ordre selon
qui sont situées dans tous les plans du (2 + r)èdre, excepté deux
plans tout à fait fixés. Chacune des surfaces du (n — 2)?” ordre ren-
contre encore la surface du n°" ordre suivant une courbe plane
du (n — 2)°" ordre. La courbe plane est précisément la même, suivant
laquelle le plan tangent, qui touche la surface suivant l’arête formée
par les deux plans déjà nommés, coupe la surface du n°" ordre.
`
n s` .
Les jiz ii surfaces du (n — 2)°" ordre se combinent deux à deux
30..
( 220 )
à n(n+i)(rt+n—2)
couples, qui s’arrangent en deux groupes, dont le
(n+ 1)n(n — 1) (r — 2)
8
w
=
premier contient couples de surfaces, dont chaque
ee et
» couple a un contact simple selon arêtes du (n + 1)èdre,
x
(n +i)r(r— 1)
2
pendant que le second contient les autres couples, dont
w
=
chaque couple a un contact simple suivant arêtes du
aeai
2
x
(n + r)èdre. »
» 2. Les surfaces de l'espèce en question ne sont pas les plus gé-
nérales du x". ordre, parce que leur équation, au lieu de dépendre
Ta a a,
2:3
stantes; et en coupant la surface par un plan quelconque, la courbe d'in-
tersection ne sera pas toujours la plus générale du n”? ordre, parce que
n(n +3)
——
— 1 constantes, dépend seulement de 4n + 3 con-
l'équation de cette courbe, au lieu de dépendre de constantes,
dépend seulement de 37 + 2 constantes. Le premier nombre est en géné-
ral plus grand que le second, excepté les cas où 7<4. Il en résulte qu il
faut bien distinguer les cas où n > 4, qui sont ceux où les courbes d'in-
tersection sont des courbes particulières, des cas où #7 <4, qui sont ceux
où la courbe d’intersection est de la plus grande généralité.
>» On démontre précisément de la même manière les théorèmes sui-
vants pour des courbes dont l’ordre n > 4 et dont lé équation dépend de
3n + 2 constantes. On peut donner à leur équation la forme
A
(3) o p Ee +n
u, PRET LT
où les x sont des constantes et
Ui = ax + biy + c;z
« II. Chaque courbe algébrique d’un ordre n supérieur au quatrième et
de l'espèce en question a un systéme de groupes de courbes tangentes qui
>=
rer 1)
» ont un Contact simple avec la courbe du n°" ordre en points.
» Les points de contact de cheque courbe tangente sont ia sommets
» d'un ngone compiétement inscrit à la courbe du n?” ordre. Ces courbes
» tangentes se PANGEN $ a 1 en groupes, et leurs n + 1 ngones Cor-
respondants s’arrangent à un (n + 1)gone, complétement inscrit à la
x
(agi. )
» courbe du n°" ordre. Les courbes tangentes appartenant au même
» groupe se touchent deux à deux en
(n — 1) (n — 2) points, et elles se ren-
2
» contrent en n — 1 points, qui sont situés dansla même droite, Les 718
2
(n= 1)
. > n
» droites correspondantes aux couples de chaque groupe sont les
2
» quatrièmes harmoniques aux deux côtés du (7 + 1)gone et à la tangente
» à la courbe dans le point d’intersection des deux côtés indiqués. » »
» 3. Dans le cas où 7 = 4, la courbe représentée par l'équation
x œ Q a Le à
(4) E
1
Ua Us U; U;
est la plus générale de cet ordre, et on obtient ces théorèmes remarquables :
« IV. Chaque courbe du quatrième ordre a un système de groupes de
» courbes tangentes du troisième ordre qui ont un contact simple en six
» points avec la courbe du quatrième ordre. Les six points de contact de
» chaque courbe tangente sont les sommets d'un quadrilatère complétement
.» inscrit à la courbe du quatrième ordre. Les courbes tangentes se rangent
» cinq à cinq en un groupe, et leurs quadrilatères correspondants forment
» un pentagone qui est complétement inscrit à la courbe du quatrième
» ordre. Les courbes tangentes du troisième ordre, appartenant au même
» groupe, ont deux à deux un contact simple en trois points qui sont situés
» dans une même droite. On obtient de cette manière dix droites corres-
» pondant aux dix couples de courbes tangentes du troisième ordre d’un
» groupe, qui sont les quatrièmes harmoniques aux deux côtés du penta-
gone et à la tangente de la courbe menée au point d’intersection des deux
côtés indiqués (*). »
» Lesdites courbes tangentes du troisième ordre ne doivent pas être
confondues avec une autre classe de courbes tangentes du même ordre, qui
ont aussi un contact simple en six points avec la courbe du quatrième
ordre, dont les six points de contact sont situés dans une section conique.
?
On parvient à ces courbes tangentes par la considération que l'équation la
x
SSE E EE ER tin S an een
(*) Le cas que chaque courbe du quatrième ordre a des courbes tangentes du troisième
ordre qui ont un contact simple en six points avec la courbe du quatrième ordre, dont les
six points de contact ne sont pas situés sur une même section conique, a déjà été mentionné
par le savant géomètre M. Hesse dans son célèbre Mémoire « Ueber die Doppeltangenten an
Curven vierter Oordnung » (Crelle Journal, t. XLIX, p. 292, § 6). -
( 22%)
plus générale d’une courbe du quatrième ordre peut toujours acquérir la
forme suivante :
(5) Ps + QUE 7,95
en désignant par Q, la forme générale cubique ternaire, par 4, la forme
générale quadratique ternaire, et par À une constante arbitraire.
» Il résulte de l’équation précédente, d’après un principe très-général dû
à M. Chasles (*), que la courbe du quatrième ordre présentée par cette
équation a un contact simple avec la courbe
(6) peN
en tous les points dans lesquels se rencontrent les deux courbes suivantes :
(7) Ps—=0, þh =o.
=x xz ÿ x
mooy
z
« V, Il existe pour chaque courbe du quatrième ordre un système de
groupes de sections coniques qui ont un contact simple avec la courbe
du quatrième ordre en trois points et qui la rencontrent encore en deux.
points. Chaque groupe compte dix sections coniques, et les dix triangles.
de chaque groupe, formé par les trois points de contact de chaque conique
avec la courbe du quatrième ordre, forment un pentagone complétement
inscrità la courbe du quatrième ordre. Les deux points dans lesquels une
telle conique rencontre la courbe du quatrième ordre coincident avec
ceux dans lesquels la tangente menée à la courbe dans ce sommet du
pentagone, qui est libre des côtés du triangle de contact appartenant à
la section conique dont il s’agit, coupe la courbe du quatrième ordre.
Entre les quarante-cinq couples possibles des dix sections coniques, il
existe trente couples, qui ont un contact simple en un point entre elles. »
EMBRYOGÉNIE., — Note sur la loi du développement sexuel des Insectes;
par M. H. Laxpois. (Extrait.)
(Commissaires : MM. Milne Edwards, Coste, E. Blanchard.)
« On pense généralement, d’après les observaiions de MM. Dzierzon et
von Siebold, que les Abeilles ouvrières naissent des œufs fécondés par la
TR En Re Dee Ar re us Az
(*) Journal de M. Liouville, t. II, P+ 299, « Théorèmes sur les contacts des lignes et
des surfaces courbes ».
(: 229 )
reine qui les pond, à l’aide du sperme de son receptaculum seminis, tandis
que les Abeilles mâles sortent des œufs non fécondés. M. de Siebold avan-
çait, en particulier, que l'existence démontrée de spermatozoïdes dans les
œufs des cellules des Abeilles ouvrières et leur non-existence dans les œufs
des cellules des Abeilles mâles, prouvent assez que chez les Abeilles la for-
mation des sexes dépend de la fécondation. Mais les œufs desquels naissent
les Abeilles ouvrières sont pondus, comme on le sait, dans des cellules
autres que celles d’où sortent les Abeilles måles ; en outre, la gelée qui sert
de nourriture aux petites Abeilles n’est pas la même pour les unes et les
autres. Ainsi se présentait naturellement la question de savoir s’il ne serait
pas possible de faire naître des Abeilles mâles, d'œufs que la reine aurait
pondus dans des cellules destinées à des ouvrières, en transférant ces œufs
dans des cellules faites pour les Abeilles mâles, et en prenant soin que les
ouvrières adultes ne donnassent aux embryons éclos que de la nourriture
dont se nourrissent les Abeilles mâles. D'autre part, ne pourrait-on pas, par
une translation pareille, parvenir à faire produire des ouvrières à des œufs
d’Abeilles mâles ? |
» J'ai fait cette expérience à différentes fois; d'abord, il est vrai, sans
succès, parce que les Abeilles se hâtaient de détruire mon œuvre de trans-
lation; enfin je réussis à les tromper, non pas une seule fois, mais à
plusieurs reprises, Je ferai observer qu'on ne réussit pas à transférer les
œufs si on les met d’un rayon ovifère dans un rayon ne contenant point
d'œufs. Les œufs étant extrêmement tendres, on doit avoir soin de ne point
les toucher en les transférant. Pour y parvenir, j'incisais un peu le fond de
la cellule autour de chaque œuf, au moyen d’un petit couteau pointu; en-
levant ensuite le petit morceau de cire avec l’œuf qu’il portait, je le trans-
férais dans une autre cellule.
» Je fus surpris de voir naitre des Abeilles ouvrières, d'œufs d’Abeilles
mâles, et vice versé. Il ne pouvait y avoir d'erreur dans cette expérience,
car je faisais mes observations tous les jours à plusieurs fois; d’ailleurs, les
Abeilles étant écloses, on voyait encore la coque de l’œuf placée sur le petit
morceau de cire qui avait servi à le transporter. Donc, d’après ces expé-
riences, ce n’est pas à la fécondation des œufs, ou au défaut de féconda-
tion, qu'on peut attribuer la production des Abeilles ouvrières ou des
Abeilles mâles, c’est de la nourriture que dépend le caractère sexuel des
Abeilles. »
L'auteur entre ensuite dans des détails, accompagnés de quelques
( 224 )
observations, sur l’histologie et la morphologie des organes de la géné-
ration dans les divers ordres des Insectes.
M. V. Pourer adresse la troisième partie d’un Mémoireintitulé « Recher-
ches expérimentales et cliniques sur la cause prochaine de lépilepsie »,
dont les deux premières parties ont dû être soumises à l'examen de la
Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.
(Renvoi à la même Commission.)
M. C. Cawrowi, de Turin, annonce l’envoi d’un Mémoire destiné au con-
cours pour le prix relatif aux progrès de l’agriculture en France (prix
Morogues).
(Renvoi à la future Commission.)
CORRESPONDANCE.
M. LE SECRÉTAIRE DE LA SOCIÉTÉ DES AMIS DES SCIENCES NATURELLES DE
Roven écrit de nouveau pour prier l’Académie de vouloir bien comprendre
cette Société parmi celles avec lesquelles elle fait l'échange de ses publi-
cations.
(Renvoi à la Commission administrative.)
GÉOMÉTRIE ANALYTIQUE. — « M. Cnasres fait hommage à l’Académie,
de la part de M. Polpicelli, d’un ouvrage, écrit en italien, qui contient des
recherches relatives aux coniques homofocales : on y remarque les propo-
sitions suivantes :
» Dans une série de coniques homofocales à centre, le lieu des points de con
tact des tangentes parallèles à une méme droite est une hyperbole équilatère; et
les points de contact des tangentes perpendiculaires aux premières sont sur la
même hyperbole.
» Quand des angles circonscrits aux coniques ont leurs côtés parallèles à
deux droites données, leurs sommets sont sur une hyperbole équilatère; et les
points de contact des tangentes parallèles à la bissectrice de l'angle des deux
droites sont sur la méme hyperbole.
p à î +
» Si l’on mène aux coniques des tangentes parallèles, sous des directions dif-
RNA E le 0 S,
(2a)
férentes, les foyers des hyperboles équilatères lieux des points de contact sont sur
une lemniscate.
» Les sommets des mémes hyperboles sont aussi sur une lemniscate.
» Le lieu des sommets d’une série d’hyperboles équilatères concentriques, qui
passent par un même point, est une lemniscate ; et le lieu des sommets des mémes
hyperboles est aussi une lemniscate.
» Pour ces deux propositions, le savant géomètre de Rome s'est rencon-
tré avec notre confrère M. Serret; elles se trouvent dans le beau Mémoire
intitulé : Propriétés géométriques relatives aux fonctions elliptiques. M. Serret
a remarqué en outre que la lemniscate lieu des foyers coupe les hyperboles
orthogonalement. (Voir Journal de Mathématiques, t. VITI, p. 499.)
» Le lieu des sommets d’une série d’ellipses concentriques et semblables entre
elles, qui passent par un point fixe, est l’ensemble de deux courbes, lieux des
pieds des perpendiculaires abaissées du centre commun sur les tangentes de deux :
ellipses de la série, dont l’une a pour demi-grand axe la distance du centre au
point fixe, et l’autre a pour demi-petit axe la même distance.
» Le lieu des foyers des mémes ellipses est la courbe lieu des pieds des perpen-
diculaires abaissées du centre commun sur les tangentes d’une ellipse semblable et
semblablement placée par rapport à l'ellipse de la série qui a pour demi-petit axe
la distance du centre au point fixe.
» Ces deux propositions s'appliquent à un système d’hyperboles dans
lesquelles l’angle des asymptotes est le même, et sont démontrées aussi pour
ce cas par M. Volpicelli. |
» Ce Mémoire contient plusieurs planches et trente et une figures, d'assez
grandes dimensions, qui facilitent l'intelligence des nombreuses proposi-
tions. »
M. Dausrée présente un volume anglais de M. Phipson, intitulé :
Meteors, aerolithes and falling stars, et s'exprime en ces termes :
« L'ouvrage de M. Phipson donne les notions fondamentales relatives
aux bolides, aux météorites et aux étoiles filantes. Son but a été, comme
l’auteur le dit lui-même dans sa préface, de présenter, sous une forme
Compréhensible pour tous, un ensemble de faits qui sont entrés définiti-
vement dans le domaine de la science positive. A côté de ces faits certains,
il a cru aussi devoir exposer, relativement à l’origine de ces phénomènes si
remarquables, certaines idées, bien qu’elles ne soient que conjecturales. »
C. R., 1867, 1°? Semestre. (T. LXIV, N° 8.) i
({226:)
CHIMIE. — Procédé de préparation de l'oxygène. Note de M. A. Marrer,
présentée par M. Dumas.
« Ce procédé repose sur la propriété qu’a le protochlorure de cuivre
Cu*CI d'absorber l'oxygène de l'air et de se transformer en un oxychlorure
Cu CI, CuO susceptible, lorsqu'il est chauffé vers 400 degrés, de restituer cet
oxygène en repassant à l’état de protochlorure, et ainsi de suite.
» Ce procédé permet d’obtenir de l’oxygène très-suffisamment pur,
presque sans dépense de matière première, car les pertes par manipulation
sont évitées dans les appareils destinés à réaliser en grand cette fabrication;
dans la disposition industrielle, en effet, la matière renfermée dans des cor-
nues horizontales animées d’un mouvement de rotation ne sort jamais de
ces vases, la distillation et la révivification se font dans le même récipient.
» On ajoute à la matière cuivreuse une substance inerte, telle que du
sable ou du kaolin, pour l'empêcher d'éprouver la fusion ignée. La rotation
des cornues a pour but d’égaliser la température et de mélanger la matière,
tant pour la distillation que pour la révivification par un courant d'air.
La température nécessaire est relativement faible : elle ne dépasse pas celle
de la décomposition du chlorate de potasse, car, en petit, on peut opérer
dans du verre. ;
» La révivification est rapide, si la matière est un peu humectée et le cou-
rant d'air convenable. Trois ou quatre heures suffisent, avec la rotation
des cornues, qui permet le contact incessant de l'air et de la matière.
» La perte, ai-je dit, est à peu près nulle; en effet, en petit, dans une
série de douze opérations faites successivement sur la même matière,
qu'on sortait à chaque fois de la cornue pour la révivifier au dehors,
100 grammes n'ont subi qu’une perte totale de 9 grammes pour une pro-
duction totale de 361,760, ce qui donne une perte de 1 kilogramme pour
4 metres cubes, c’est-à-dire à 17,20 le kilogramme, une dépense de 0!",50
par mètre cube; mais en opérant comme je Pai dit, c'est-à-dire en ne
sortant jamais la matière des cornues, la perte est à peu près nulle; 1 kilo-
gramme de matière rend d’ailleurs 28 à 30 litres de gaz.
» Un avantage sérieux de ce mode de préparation consiste dans la fa-
cilité de passer de la production de l’oxygène à celle du chlore, avec le
mème appareil et la même matière, en ajoutant à celle-ci, après la révivifi-
cation par lair, de l'acide chlorhydrique qui la transformera en bichlorure
CuCl. En grand, on emploierait l'acide gazeux tel qu'il sort des fours à
soude, pour éviter l’eau de l'acide du commerce.
TS N PT US UNE SE de 6 los
(227)
» La préparation du chlore bar la décomposition du bichlorure de cuivre
avait été déjà indiquée par M. Laurens, professeur à Rouen ; mais des diffi-
cultés de manipulation et d'appareils avaient empéché la réalisation indus-
trielle de son procédé. »
PHYSIOLOGIE. — Note sur les dangers que présente le protoxyde d'azote,
employé comme anesthésique; par M. L. Hermans. (Extrait d'une Lettre
adressée à M. Chevreul.)
« Berlin, le 24 janvier 1867.
» Dans l’un des derniers numéros des Compiles rendus de l’année 1866
(t. XLIII, p. 1135), j'ai lu l'extrait d'une discussion sur les effets du prot-
oxyde d’azote comme moyen anesthésique.
» .… En 1863, j'ai entrepris une série de recherches sur les effets phy-
siologiques du protoxyde d’azote (Archives de MM. Reichert et du Bois-
Reymond, 1864). Dans ces expériences, j'ai trouvé que ce gaz ne peut rem-
placer en aucune maniere l'oxygène atmosphérique, ni pour l’homme,
ni pour les animaux. Ce dernier résultat a déjà été obtenu par M. Humphry
Davy lui-même : cet observateur n’a pas aperçu le premier, parce qu'il n’a
presque jamais respiré le gaz pur, mais toujours un mélange contenant de
l'air (il respirait le gaz recueilli dans des vessies de soie, qui permettaient la
diffusion). Ainsi s’explique la grande différence entre les effets observés sur
l’homme et sur les animaux par Davy, car les animaux furent introduits
dans le gaz placé sur l’eau : ils respiraient donc le gaz pur et mouraient
avec des symptômes de dyspnée et d’asphyxie. J'ai respiré moi-même deux
fois le gaz pur, en présence de plusieurs physiologistes que vous trouverez
nommés dans mon Mémoire; les deux fois, j'ai subi une asphyxie com-
plète. L'effet produit n’est cependant pas désagréable, parce que l’enivre-
ment produit en même temps par le gaz ne permet pas de sentir la dyspnée,
qui est cependant parfaitement réelle. Get état d’asphyxie, où la face est
pâle, les lèvres bleuûtres, diffère beaucoup de celui qu'offre une personne
respirant un mélange du même gaz avec l'oxygène, dans le rapport de
4 à 1, par exemple; l’expérimentateur est alors aussitôt enivré, quoique
moins que l’autre, mais la face reste rouge, etc.
» Dans ces derniers temps, les chirurgiens, non contents des anesthé-
siques ordinaires, ont encore eu recours à ces inhalations. A ce sujet, mes
expériences me conduisent à formuler les conclusions suivantes : respiré
pur, le protoxyde d’azote est dangereux, car on obtient, outre l’enivrement,
3i..
(228)
une asphyxie, qui peut tuer la personne; administré à l’état de mélange
avec l'oxygène, seul procédé qui, à mon avis, ne serait pas un crime de la
part de l'opérateur, il constitue un trés-faible anesthésique dont on re-
viendra bientôt. |
» J'ai déjà eu l’occasion, en Allemagne, de faire connaitre cette opinion
aux chirurgiens qui ne lisent pas les journaux scientifiques. Maintenant,
comme on recommande le même procédé en France, je vous prie de vouloir
bien attirer aussi l'attention des médecins français sur les dangers que pré-
sente ce gaz, lorsqu'il est respiré sans oxygène, afin qu'il ne produise pas
les désastres qui se sont déjà produits en Allemagne. » :
CHIMIE. — Observations relatives à une communication récente de M. Pelouze
sur de verre; par M. Bontemps.
« M. Pelouze m'ayant fait l'honneur de me donner communication
d'un Mémoire sur le verre qu’il a lu dans la séance du 14 janvier dernier,
je prends la liberté d'adresser à l’Académie quelques observations que
dans ma longue expérience j'ai pu faire sur le même sujet.
» Les conclusions de la première partie du Mémoire de M. Pelouze sont
que les phénomènes de la dévitrification sont surtout dus, toutes choses
égales d’ailleurs, à de fortes proportions de silice. nn
» Les expériences de M. Pelouze démontrent en effet qu'en augmentant
la proportion de silice, il a rendu le verre d'une dévitrification plus facile ;
et toutefois, je ne crois pas que la silice en soit la principale cause. >»
» Les phénomènes de la dévitrification sont bien connus du fabricant
de verre à vitre, et surtout du fabricant de bouteilles, car c’est là un des
écueils de leur fabrication : le verre à vitre ou à bouteille qui a été fondu
pendant douze où quinze heures, plus où moins, est ensuite travaillé pen-
dant sept, huit ou dix heures à une température inférieure à celle de la
fonte, et décroissante du commencement à la fin du travail, et il n’est pas
rare que vers la fin, quelquefois même vers le milieu du travail, le verre
devienne galeux, ce qui indique un commencement de dévitrification; or,
quel est le remède qu’emploie le fabricant? Il ne diminue pas, dans lacom-,
position suivante, la proportion de silice, mais il diminue la quantité de
chaux ou de carbonate de chaux.
i ; : NT
- que bien peu de verriers me contrediront quand je dirai que
c est la chaux qui j Švitri i
ee : cst le plus puissant agent de dévitrification.
“O> Ss expenences que cite M. Pelouze, le verre est devenu plus
CT ie do Rae dr | iaeia
( 229 )
facilement dévitrifiable par l'augmentation de la dose de silice, mais la
composition à laquelle M. Pelouze a ajouté de la silice contenait une forte
proportion de chaux; à égalité de proportion de chaux, le verre le plus
chargé de silice est le plus facilement dévitrifiable, mais le principe de
cette dévitrification réside dans la chaux, et je suis convaincu que, si
M. Pelouze s'était servi d’une composition au carbonate de soude, conte-
nant une faible dose de chaux, où mieux encore n’en contenant pas du
tout, et qu'il eût augmenté successivement la proportion de silice, il aurait
eu un verre de plus en plus rebelle à la fusion, contenant de plus en plus
des nœuds de sable, mais il n’aurait pas obtenu un verre opalisant par le
refroidissement. Augmentez l'intensité du feu, et vous pourrez obtenir un
verre transparent, ne devenant pas opaque par le refroidissement, avec une
quantité de silice plus grande encore que celle indiquée par M. Pelouze, si
vous n'avez pas ajouté une base calcaire; M. Gaudin n’a-til pas fait des
lentilles de microscope, en fondant du quartz au chalumeau d'hydrogène?
» Dans la deuxième partie de son Mémoire, M. Pelouze dit : « Les verres
» à vitre et à glace se colorent en jaune plus ou moins intense par l'action
» des rayons solaires. Ce changement ne se produit pas dans le verre pur,
» mais seulement dans ceux du commerce, qui renferment toujours du
» sulfate de soude et un peu d'oxyde de fer; l’action de la lumière fait
» passer le protoxyde de fer à l'état de peroxyde, et le sulfate de sonde
passe à" l’état de sulfure, et c'est de là que vient la coloration jaune. »
» Les verres du commerce et même la glace contiennent, il est vrai, un
peu d'oxyde de fer, et aussi, d’après les récentes recherches de M. Pelouze,
du sulfate de soude; mais ils contiennent aussi presque toujours de l’oxyde
de manganèse ; et la coloration de ces verres en jaune ne pourrait-elle pas
être attribuée à cet oxyde de manganèse? A l'appui de cette supposition, je
vais citer ce qui m'est arrivé : lorsque Augustin Fresnel préluda, par de
premiers appareils pour feux de ports, à ces phares puissants qui resplen-
dissent sur nos côtes et que le navigateur rencontre aujourd'hui sur tous
les points du globe, il me demanda de lui fabriquer pour ses lentilles à
échelons un verre plus blanc que celui des vitres ordinaires; j’employai
=x
une composition analogue à celle des glaces, savoir : 100 de sable blanc,
4o de carbonate de soude, 25 de carbonate de chaux (craie de Meudon),
et je ne manquai pas d’y ajouter une petite dose de manganèse (environ
2 millièmes). Le verre parut satisfaisant; mais bientôt Fresnel me
signala un fait qui se produisait dans les verres que je lui avais fournis :
les prismes exposés dans les appareils prenaient une teinte jaune, et pour
( 230 })
me prouver que Cétait sous l'influence de la lumière, Fresnel brisa un
prisme en deux, enferma l’un des fragments et exposa l’autre aux rayons
du soleil; il m'envoya au bout de peu de temps, par M. Tabouret, con-
ducteur des Ponts et Chaussées, qui doit se rappeler le fait, les deux frag-
ments dont l’un n'avait pas changé de couleur, avait conservé sa teinte
légèrement verdâtre, et dont l’autre était déjà d’une nuance jaune assez in-
tense. Fresnel me faisait remarquer qu’il ne pourrait pas employer du verre
fabriqué dans ces conditions. Il n'y avait alors que peu d'années que J'étais
verrier, mais J'avais eu déjà occasion de remarquer certaines variations de
couleurs auxquelles, sous l'influence d’un changement de température,
était sujet le cristal dans lequel on avait ajouté de l’oxyde de manganèse.
Je fis donc du verre composé avec les mêmes proportions de sable, de car-
bonate de soude et de carbonate de chaux, en supprimant seulement
l’oxyde de manganèse; j'en envoyai quelques prismes à Fresnel, qui, après
les avoir fait tailler et polir, les soumit à l'épreuve de l'insolation pendant
le même temps que précédemment, et me dit que ce verre n’avait pas subi
la moindre altération et le satisfaisait complétement. J'ai depuis toujours
évité de mettre de l'oxyde de manganèse, dans la composition destinée à
faire du verre pour des phares et du crown pour loptique. Je devais donc
conclure que la coloration en jaune provenait du manganèse.
» À cette observation, je vais en ajouter une autre qui s'applique à la
citation que fait M. Pelouze d'expériences analogues faites par Faraday sur
des verres contenant du manganèse, et que l'insolation colorait en violet.
Ce fait semblerait contredire celui de la coloration en jaune par le man-
gauèse, que j'avais observé dans les verres fabriqués pour Fresnel, mais j'ai
tout lieu de croire que les verres que Faraday avait soumis à ses expé-
riences étaient ou du cristal, c’est-à-dire un silicate de potasse et de plomb,
ou, sinon du cristal, un verre ayant la potasse pour fondant; car tous les
verres blancs que j'ai vus devenir violets par l'insolation étaient à base de
potasse, tandis que les verres devenant jaunes étaient à base de soude.
» Il existe d'anciennes glaces, et surtout d'anciennes vitres, qui ont une
légère nuance violette; ces vitres sont d'ancien verre de Bohême, non pas
qu’elles viennent de ce Pays, mais on appelait, il y a un demi-siècle, verre
de Bohème, un verre de vitre fabriqué en Alsace et en Lorraine, plus blanc
et plus épais que le verre à vitre ordinaire, et dans la composition duquel
entrait du salin provenant des cendres de bois, et par conséquent de la
potasse.
\ , r . . r .
» En soumettant à l’Académie ces observations sur un Mémoire dont
he je ie LR dE als RE a EE ESS,
( 56)
Péminent auteur m’honore de sa bienveillance, j'ai principalement pour
but d’appeler mes confrères en verrerie à faire connaître aussi les faits
qu'ils auront pu observer, et dont M. Pelouze ne pourra manquer de faire
jaillir de nouvelles lumières, dans l'intérêt de la science et de la pratique
du verrier. »
PHYSIOLOGIE. — Sur le corpuscule vibrant de la pébrine, considéré comme
organisme producteur d'alcool ; par M. A. Bécname.
« Dans une Note insérée au Compte rendu du 27 août 1866, j'ai consi-
déré le corpuscule vibrant de la maladie actuelle des vers à soie comme un
ferment. Les corpuscules retirés, comme je l'ai dit, de deux chrysalides,
avaient été introduits dans une solution créosotée de sucre de canne. Le
mélange était devenu peu à peu franchement acide et le sucre commençait
à être interverti. L'expérience avait été commencée le 12 août. J'ai laissé la
réaction se continuer. Le 25 janvier dernier, la liqueur a été filtrée et plus
complétement étudiée. :
» La déviation initiale de la solution sucrée était de 14°,567 et celle-ci
contenait 10 pour 100 de sucre de canne. La déviation actuelle du plan
de polarisation était de 2°,45, et la solution ne contenait plus que 0%,95
de sucre dans 10 centimètres cubes. Ce sucre était en grande partie inter-
verti. La longueur du tube était de 20 centimètres dans les deux détermi-
nations. Une certaine quantité de sucre avait donc été consommée.
» La liqueur filtrée a été distillée au bain de chlorure de calcium, comme
dans mes précédentes études. Le produit de la distillation est acide. Il a été
sursaturé par le carbonate de soude et rectifié; le liquide recueilli, addi-
tionné d’une grande quantité de carbonate de potasse sec, laisse apparaitre
une couche d’un liquide volatil à odeur alcoolique qui, largement en-
flammé, brûlait comme l'alcool ordinaire. Il y en avait bien 1 décigramme.
» Le résidu de la rectification a été décomposé par l’acide phosphorique
et distillé. Le liquide recueilli est acide. Dosé acidimétriquement, il conte-
nait o% or d'acide exprimé en acide acétique. Le sel de cet acide, chauffé
avec de l'acide arsénieux, dégagea l’odeur du cacodyle.
» Le résidu sucré de la première distillation, évaporé dans le vide, a été
trouvé acide, Il a été épuisé par l’éther, qui a dissous l’acide et l’a aban-
donné par évaporation. Était-ce de l'acide lactique? Il y en avait trop peu
pour en déterminer la nature.
» Ainsi, le corpuscule vibrant a consommé du sucre, l’a interverti, et la
( 232 )
perte du sucre est exprimée par trois produits : alcool, l'acide acétique ou
un de ses homologues voisins, et un acide non volatil.
» Apres celte action, qui a duré près de six mois, il n’y avait dans la
liqueur ancun autre organisme que les corpuscules vibrants; ceux-ci
étaient encore oscillants, parfaitement reconnaissables, mais devenus plus
pâles, comme il arrive à la levüre de bière qui s’épuise. »
MÉTÉOROLOGIE. — Sur une pluie d'étoiles filantes observée à Cuba, dans la nuit.
du 12 novembre 1833. Lettre à M. le Secrétaire perpétuel, par M. Ramon
DE LA SAGRA. g
« Comme simple renseignement historique, destiné à compléter la chro-
nologie du phénomène des étoiles filantes, surtout sous le ciel des tropiques
où les observations ont été assez rares, j'ai l'honneur de vous transmettre la
nouvelle d’un fait de ce genre arrivé à l’île de Cuba, la nuit du 12 novem-
bre 1835, depuis minuit jusqu’au commencement de la journée suivante.
Le nombre extrêmement considérable des étoiles filantes observées à Santo-
Espiritu, ville de l'intérieur de l’île, lui a fait donner le nom de pluie et
même d'averse (aguacero) d'étoiles, et c’est sous cette dénomination que le
phénomène m'a été désigné par les habitants, lors de mon dernier voyage
en 1852-60. »
MM. Covivier-Gravier et Cuaperas-CouLvier-Gravier adressent un
Tableau numérique représentant quelques résultats importants, déduits :
d'une période de vingt années d'observations (1846-1 867).
+ « Ces résultats, disent les auteurs, portent princi palement sur la position de
la résultante ou direction moyenne des diverses grandeurs d'étoiles filantes,
ainsi que sur le déplacement exprimé en degrés de cette résultante, par ordre
de grandeur et suivant les différentes époques de l’année. Nous nous réser-
vons d’en faire connaître à l’Académie les applications et les déductions
dans une communication ultérieure. »
M. F. Verser adresse un Mémoire ayant pour titre « Action et réaction :
nouvelle théorie des forces électriques ».
À 4 heures et demie, l’Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures. | E
eee
:
ï
;
( 233)
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE,
L'Académie a reçu, dans la séance du 4 février 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Sur quelques fluosels de l’antimoine et de l'arsenic ; par M. C. MARIGNAC.
Br. in-8°, sans lieu ni date.
Etude médico-légale et clinique sur l'empoisonnement; par MM. Ambr. Tar-
DIEU et Z. ROUSSIN. Paris, 1867; in-8° avec planches et figures. (Présenté
par M. Dumas.)
Le Mois scientifique; par M. L. GIRAUD. 1'*année, juillet à décembre 1866.
t. 1°. Paris, sans date; in-12. (Présenté par M. Daubrée.)
Conversion des mesures, monnaies et poids de tous les pays étrangers en me-
sures, monnaies et poids de la France; par M. A. PEIGNÉ. Paris, 1867; in-12.
Recherches sur l'absorption des médicaments, faites sur l’homme sain; par
M. DEMARQUAY. Paris, 1867; br. in-8°. (Présenté par M. Cloquet. )
Essai sur l’hydrologie du bassin de VI; par M. Charles Gran. Mul-
house, 1867; br. in-8°. {Présenté par M. Becquerel.)
Aperçu historique sur les embouchures du Rhône : Travaux anciens et mo-
dernes, fosses mariennes, canal du Bas-Rhône; par M. Ernest DESJARDINS.
Paris, 1866; in-4° avec planches. (Présenté par M. Dumas.)
Rapport sur l'assainissement industriel et municipal en France; par M. Ch.
DE FREYCINET. Paris, 1866; 1 vol. in-8°.
Rapport sur l'assainissement industriel et municipal dans la Belgique et la
Prusse rhénane ; par M. Ch. DE FREYCINET. Paris, 1865; 1 vol. in-8°,
-Rapport sur l'assainissement des fabriques ou des procédés d'industries insa-
lubres en Angleterre; par M. Ch. DE FREYCINET. Paris, 1864; in-8°. (Ces
trois derniers ouvrages, présentés par M. le Général Morin, sont renvoyés
au concours des Arts insalubres 1867.)
Poules et œufs ; par M. Eug. GAYOT. Paris, sans date; in-12.
Actes de l’Académie impériale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bor-
deaux, 3° série, 28° année, 2° trimestre. Paris, 1866; in-8°.
Éloge historique de J.-A. Chaptal, prononcé à la séance de rentrée des Fa-
cultés et de l'Ecole supérieure de Pharmacie, le 15 novembre 1866; par M. A.
BÉCHAMP. Paris et Montpellier, 1866; in-8°.
Du cancer de la colonne vertébrale et de ses rapports avec la paraplégie dou-
loureuse; par M. Léon TRIPIER. Paris, 1867; in-8° avec figures.
C. R., 1867, 1°" Semestre. (T. LXIV , N° B.) 32
(234)
Bulletin de la Société impériale des Naturalistes de Moscou, publié sous la
direction du D" RENARD. 1865, n° 4; 1866, n° 1 ; 2 vol in-8° avec planches.
Moscou, 1865-1866; 2 vol. in-8°.
Meteors... Météores, aérolithes et étoiles filantes; par M. T. L. PHIPSON.
Londres, 1867; in-12 relié, avec figures. (Présenté par M. Daubrée.)
Ricerche... Recherches analytiques relatives au lieu géométrique tant des
points de tangence entre un et deux systèmes de parallèles, avec une série de co-
niques homofocales, que des points d’intersection des langentes parallèles d’un
syslème avec celles d'un autre; par M. le prof. VOLPICELLI. Rome, 1866;
in-4°. (Présenté par M. Chasles. )
Specimina zoologica mosambicana ; cura J. Josephi Bianconi, fasciculus 17.
Bononiæ, MDCCCLXII.
Saggio... Essai de Météorologie appliquée à la Botanique et à l'Agriculture;
par M. le prof. CaNTONI. Milan, 1866; in-8°.
Appendice... Supplément à la brochure sur le nouveau remède contre le
choléra-morbus ; par M. F. MERLETTA. Catane, 1866; in-12.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES REÇUES PAR L’ACADÉMIE PENDANT
LE MOIS DE JANVIER 1867.
Annales de Chimie et de Physique; par MM. CHEVREUL, DUMAS, PELOUZE,
BOUSSINGAULT, REGNAULT; avec la collaboration de M. WurTz; mois
de décembre 1866 et de janvier 1867; in-8°.
Annales de l’ Agriculture française; n° 24, 1866; in-8°.
Annales de la Société d'Hydrologie médicale de Paris; comptes rendus des
séances; t. XIII, 3° livraison; 1866; in-8°,
Annales du Génie civil; janvier 1867; in-8°.
Bibliothèque universelle et Revue suisse. Genève, n° 108, 1866; in-8°.
Bulletin de l’Académie impériale de Médecine ; 31 décembre 1866 et
15 janvier 1867; in-8°. |
Bulletin de l’ Académie royale de Médecine de Belgique; n° 10, 1866; in-8°.
Bulletin de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de
Belgique; n° 12, 1866; in-8°.
Bulletin de la Société d Anthropologie de Paris ; juin et juillet 1866 ; in-8°.
Bulletin de la Société d Encouragement pour l’industrie nationale; no-
vembre 1866; in-4°.
(: 2045;:)
Bulletin de la Société de Géographie; décembre 1866; in-8°.
Bulletin de la Société française de Photographie; décembre 1866 ; in-8°.
Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse; novembre et décembre
1866 ; in-8°.
Bulletin général de Thérapeutique; 30 décembre 1866 et 15 janvier 1867;
in-0°.
Bulletin hebdomadaire du Journal de l’ Agriculture; n°% 1 à 4, 1867; in-8°.
Catalogue des Brevets d’invention; n° 10, 1867; in-8°.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences;
1% semestre 1867, n” 1 à 4; in-4°.
Cosmos; t. V, n® 1 à 4, janvier 1867; in-8°.
Gazette des Hôpitaux ; n” 1 à 11, 1867; in-4°.
Gazelle médicale de Paris; n°% 1 à 4, 1867; in-4°.
Journal d’ Agriculture pratique; n°% 1 à 4, 1867; in-8°.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; janvier
1867; in-8°.
Journal de l Agriculture; n°% 12 et 13, 1866; in-8°.
Journal de la Société impériale et centrale d’ Horticulture ; décembre 1866;
in-8°.
Journal de Mathématiques pures et appliquées; août 1866; in-4°.
Journal de Médecine vétérinaire militaire; décembre 1866; in- 8°.
Journal de Pharmacie et de Chimie; janvier 1867; in-8°.
Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; décembre 1866 et
janvier 1867; in-8°.
Journal des fabricants de sucre; n° 38 à 41, 1867; in-f°.
Journal of the Franklin Institute ; n° 479, 480, 491, 492. Philadelphie,
1866 ; in-8°.
Kaiserliche... Académie impériale des Sciences de Vienne; n° 1°", 1867 ;
1 feuille d'impression in-8°.
L’ Abeille médicale; n° 1 à 3, 1867; in-4°.
L’ Art dentaire; décembre 1866; in-8°.
L'Art médical ; janvier 1867; in-8°. -
La Science pittoresque; 2° année, n° 1 à 4, 1867; in-4°.
La Science pour tous; t. XII, n° 5 à 8, 1867; in-4°.
Le Moniteur de la Photographie; n° 20 et 21, 1866; in-4°.
Les Mondes, t. XIIL, livr. 1 à 4, 1867; in-8°.
Matériaux pour l'histoire positive et philosophique de l'homme; par G. DE
MORTILLET ; novembre et décembre 1866; in-8°.
( 236 )
Monatsbericht... Compte rendu mensuel des séances de l’Académie royale
es Sciences de Prusse. Berlin, septembre et octobre 1866; in-8°.
Monthly... Notices mensuelles de la Société royale d’ Astronomie de Londres;
14 décembre 1866; in-8°.
Montpellier médical... Journal mensuel de Médecine; t. XVII, n° 1%,
1867; in-8°,
Nouvelles Annales de Mathématiques ; janvier 1867; in-8°.
Presse scientifique des Deux Mondes; t. 1%, n 1 à 4, 1867; in-8°.
Répertoire de Pharmacie; décembre 1866; in-8°.
Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale ; n% 1 et 2, 1867 ; im-&°.
Revue des Eaux et Foréts; n° 1%, 1867; in-8°,
Revue maritime et coloniale; t. XIX, janvier 1867 ; in-8°,
Société d Encouragement, Résumé des procès-verbaux, séances du 26 dé-
cembre 1866 et du 9 janvier 1867; in-8°.
The Scientific Review; t. Il, n° 10, 1867; in-4°.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 44 FÉVRIER 1867.
PRE E DE M. CHEVREUL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PHYSIQUE. — Sur le coefficient de dilatation et la densité de vapeur de l’acide
hypoazotique ; par MM. H. Sainre-CLame Devise et L. Troosr.
« Quelques travaux publiés récemment sur les densités de vapeur
nous font craindre que les notions générales de physique relatives à la
compressibilité et à la dilatabilité des gaz, lesquelles aujourd'hui font loi
dans la science, ne soient encore méconnues. En effet, d’après les expé-
riences de M. Regnault, les lois de Gay-Lussac sur les volumes des gaz ne
deviennent exactes que si on les considère à une température telle, qu'on
puisse admettre pour le coefficient de leur dilatation une valeur commune
0,00367, et qu’on puisse leur appliquer la loi de Mariotte. On dit alors que
ces gaz sont des gaz parfaits.
» Quant aux vapeurs, les mêmes considérations leur sont applicables.
Les déterminations faites par M. Cahours sur l'acide acétique et celles que
nous avons publiées nous-mêmes sur le soufre en sont une preuve admise
aujourd’hui sans contestation.
» L’acide hypoazotique présente à l’état de vapeur une constitution que
l’on a toujours considérée comme parfaitement normale, pourvu qu'on
prenne sa densité à une température suffisamment élevée au-dessus de son
C. R., 1867, 1°" Semestre, (T, LXIV, N° 6.)
-
( 238 )
point d’ébullition. Mais cette densité, telle qu'elle est, ne convient pas
aussi bien aux spéculations atomistiques; car, si l’on veut doubler la for-
mule AzO", il faut doubler aussi l'équivalent en volume de l'acide hypo-
azotique, ce qui devient fort embarrassant. Car c'est un fait à ajouter en-
core à ceux que nous avons déjà accumulés et qui forment un faisceau serré
contre lequel les conclusions trop absolues des théoriciens ont bien de la
peine à se maintenir.
» Pour que Az? O? corresponde à 4 volumes, il faudrait que l'acide hypo-
azotique Az O* représentât 2 volumes seulement au lieu de 4 admis jusqu'ici
d’après des densités de vapeur prises à 4o degrés environ au-dessus de son
point d’ébullition. Afin d'arriver au résultat désiré, MM. L. Playfair et
J.-A. Wanklyn (Proceedings of the Royal Society of Edinburgh, t. IV,
p- 395) ont déterminé les densités de l'acide hypoazotique à des tempéra-
tures variables et inférieures à son point d’ébullition, en diffusant sa
vapeur dans des quantités variées et connues d’un gaz inerte, l'azote, Ils
ont en cela pris le contre-pied de la régle ordinaire, qui consiste à cher-
cher une température plus ou moins élevée où la densité, ramenée à zéro
par le calcul, devient indépendante de la température, où, par conséquent,
le coefficient de dilatation de la matière devient constant. En dehors de ces
circonstances, toutes les fois que l’on introduit dans le calcul de la den-
sité de vapeur le coefficient de dilatation 0,00367, on admet implicitement
que ce coefficient est invariable et possède réellement cette valeur, ce qui
est précisément la chose à démontrer.
» Nous nous sommes donc proposé de déterminer le coefficient de dilata-
tion de l’acide hypoazotique de manière à ne laisser aucun doute sur cette
question.
=» Un ballon de 800 à goo centimètres cubes, pesé avec les précautions
ordinaires, a été rempli de la vapeur d’acide hypoazotique (1) provenant
(1) Préparé par la méthode de M. Peligot, au moyen de l'oxygène et du bioxyde d’azote
rigoureusement secs, cet acide se solidifiait vers — 10 degrés, au moment de sa formation, en
cristaux incolores. Ceux-ci, une fois fondus, restent liquides à — 21°,3 à cause du phéno-
mène de la surfusion très-manifeste dans cette matière. À — 10 degrés l’acide hypoazotique
est incolore. Sa vapeur est à peine jaune. La teinte rouge du liquide et de sa vapeur aug-
moia à mesure que la matière se réchauffe; à 22 degrés la couleur rutilante du gaz est ca-
een is iost ie monde a pu observer ces phénomènes. Nous dirons en outre que plus
la température s CYO, plus la couleur de l'acide hypoazotique devient intense, malgré la
raréfaction progressive de la matière, A: 183 degrés,
n une épaisseur de 2 centimètres ne se
laissait plus traverser par la lumière, et le g
az était plus noir que rouge.
EE a on cac di dé a ti pe EX dé EE
EEE UP EE En NU.
“
. ( 239 )
d’une quantité considérable de cette matière que nous y avions préalable-
ment condensée à l’état liquide. Le ballon était placé dans un bain d’eau
dont la température était de très-peu supérieure au point de l’ébullition de
l'acide, Quand, la température ne variant- pas, tout dégagement gazeux
avait cessé, on fermait avec un chalumeau le ballon dont le col avait été
étiré en pointe très-fine, et on le portait sur la balance. Tout liquide avait,
à cette température, disparu dans l’intérieur du ballon. L’excès de poids de
celui-ci (équilibré avec un ballon de même volume extérieur) sur le poids
de l'air sec dont il était d’abord rempli, la température du bain d’eau et la
pression barométrique étaient déterminés avec la plus grande précision.
» Le bain d’eau était ensuite chauffé par une flamme de gaz à une tem-
pérature de 5 ou 10 degrés plus élevée que dans la première expérience. On
y plongeait le ballon (sa pointe étant fermée) pendant une demi-heure en-
viron; alors la température du bain, maintenue invariable, s'étant évidem-
ment communiquée à la vapeur, on détachait avec soin et sans en perdre
une petite portion du tube très-fin qui termine le ballon. Lorsque le gaz
avait cessé de se dégager par l'extrémité ouverte, un trait de chalumeau la
fermait de nouveau et en un instant. Une nouvelle pesée, de nouvelles
déterminations barométrique et thermométrique étaient faites à ce moment.
» On recommencçait ainsi jusqu’à ce qu’on eùt atteint la température de
100 degrés. On remplaçait alors le bain d’eau par un bain d'huile, et on
continuait ainsi les expériences en prenant les précautions que nous venons
d'indiquer.
» Le ballon dont nous nous sommes servis avait une capacité de
846,8 = V. Nous représentons par P le poids de la vapeur qu'il contient
à la température variable t; nous appelons 4 le coefficient de dilatation
du verre, B le coefficient de dilatation de l'acide hypoazotique entre
Vi + åt)
P
deux valeurs de £ consécutives. représente le volume occupé par
1 gramme de vapeur à + £ degrés. Le baromètre a oscillé entre 747 et
764 millimètres pendant nos expériences, dont le tableau suivant donne
le résumé :
DI:
( 240)
t D (*) P Eren 100 ĝ OBSERVATIONS.
P
o
26, 7 2,65 2 „604 320,36 0.888 (*) D est la densité calculée
, : Rene :
35,4 2,53 2,419 345,12 1,008 dans l'hypothèse où l’acide hy
poazotique étant un gaz parfait,
39,8 2,46 2,358 360,42
ru
49,6 2,27 2,108 403,33 > B = a = 0,00367,
60,2 2,08 ! n Es z ï 137 et la loi de Mariotte est exacte.
70,0 1,92 i; 05, 16
Bo,6: |. 1.80. 1,530 l 556:37, +.
0,781
90,0 1,72 1,426 597,22 0,531.
100, 1 1,68 1,354 629,23
Sape 1,65 1,20! 660,29 4
: 0,422
121,9 1,62 1,240 688,7 0,378
. ?
135,0 1,00 1,180 723,97 0,36
184,0 | 1,58 | 1,118. | 964,40 SR
183,2 1,57 1,037 824,77
» En étudiant ce tableau, on constate tout de suite un phénomène très-
curieux, c'est un maximum de la valeur de B correspondant à la tempéra-
ture de 4o degrés. C’est, nous le croyons, la première fois qu’on observe
un phénomène de ce genre : nous ne l'aurions pas aperçu, si nous nous
étions bornés, comme on le fait ordinairement, à mentionner uniquement
les variations de la densité de vapeur D avec la température. On pourra
peut-être le rencontrer dans d’autres corps, si on se donne la peine de cal-
culer les volumes occupés par 1 gramme de la vapeur à des températures
variables, et par suite les coefficients de dilatation entre ces températures.
On y arrive facilement au moyen d'une formule trés-simple, exprimée en
fonction des densités de vapeur D.
» Soient D ces densités calculées pour les températures variables £,
g le coefficient de dilatation de l’air : on a pour le volume v occupé par
1 gramme de matière
1 + at
En appelant Av la différence des valeurs de v entre deux valeurs correspon-
dantes de D et de #, et At la différence des deux températures, le coeffi-
cient de dilatation sera entre les limites
Av
(241)
» En second lieu, ce tableau montre que l'acide hypoazotique possède,
aux environs de 135 degrés, le coefficient de dilatation 0,00567 des gaz
parfaits, et à partir de ce moment sa densité de vapeur ne varie plus sensi-
blement dans un intervalle de 47 degrés. Cependant il faut dire que de pa-
reilles déterminations manquent d’un précieux contrôle. On ne peut véri-
fier si la vapeur hyponitrique ne contient plus d'air, en d’autres termes,
si celui-ci a été complétement chassé après l'évaporation du liquide intro-
duit dans le ballon. En effet, on ne peut après l’expérience ouvrir celui-ci
sur le mercure qui est attaqué par l’acide hypoazotique avec dégagement de
gaz. Si l’on a laissé de l'air, la densité de vapeur et le coefficient de dilata-
| tion peuvent devenir en apparence un peu plus faibles que la densité théo-
| rique et le coefficient normal 0,00367. Ces différences de densités très-
| faibles et très-faiblement croissantes avec la température, à partir de
É 135 degrés, nous prouvent que dans notre expérience lair avait été chassé
à peu près complétement.
» Le tableau ci-dessous contient le résultat de deux premières séries
d'expériences semblables à celles que nous venons de décrire, mais dont les
résultats sont peut-être moins exacts. Dans ces tableaux on calcule les den-
sités D comme si la loi de Mariotte et la loi de Gay-Lussac s’appliquaient à
la vapeur d’acide hyponitrique.
| I. >H
: T RRE E e OBSERVATIONS.
| > D -d D ;
| LORS AC RES ARE.
| : : (*) Dans Vexpérience I la vapeur
: atd 2,80 27,6 2370 ; | RE
35 66 34.6 6 contenait plus d'air que dans l’expé-
e 2 4 tas rience II : peut-ètre mème l'acide était-il
49,7 2,34 5,1 2,40 légèrement humide. C’est un premier
68 ,8 1,99 55,0 2,20 essai, le moins satisfaisant à coup sûr.
84,4 1,83 66,0 2,03
100,0 1,71 774 1,85
121,8 1,64
l 151,8(*) 1,50
» Densité théorique correspondant à 4 vol. = AzO'r, 589.
» Il résulte de tout ceci que le coefficient de dilatation de l'acide hy-
Poazotique ne devient constant sensiblement qu'à partir de 100 degrés, et
(242)
alors la densité de vapeur varie seulement dans un intervalle de 83 degrés,
de 1,68 à 1,57, différence égale à 0,11 et négligeable en tenant compte
des causes d'erreurs qui accompagnent les déterminations de ce genre. Au
contraire, entre 26°,7 et 100 degrés, c’est-à-dire dans un intervalle de
75 degrés seulement, cette densité varie de 2,65 à 1,68, c’est-à-dire
d’une unité environ, différence 9 fois plus grande que 0,11 et qui ne permet
aucune conclusion relative à la constitution de la vapeur de l’acide hypo-
azotique.
» En effet, pour toutes les vapeurs condensables au-dessus de zéro,
ce que l’on appelle la densité de vapeur est une fiction mathématique à
laquelle il est impossible de donner un sens physique. Son interprétation
n'est possible qu'autant que la vapeur prise à un certain point suffisamment
supérieur au point d’ébullition obéit à la loi de Mariotte, et possède le
coefficient constant o, 00367 de dilatation des gaz parfaits. Alors la densité
ramenée à zéro et 760 millimètres est exactement celle qu’aurait la vapeur
à ces points fixes, si elle perdait la propriété de se condenser,
» La densité de vapeur de l'acide hypoazotique est donc uniquement et
nécessairement égale à 1,589, représentant 4 volumes pour l'équivalent
AzO"*. Si l'on veut, comme le désire M. R. Müller (Annalen der Chemie und
Pharmacie, t. CXXIII, p. 1), doubler sa formule en l’écrivant Az’ Of ou
Az° 0", il faut nécessairement lui attribuer 8 volumes de vapeur, ce qui
augmentera la nombreuse catégorie des substances auxquelles il faut assi-
gner désormais 8 volumes.
» M. Wurtz admet, il est vrai (Chimie moderne, p. 156), que l'acide hy-
poazotique AzO* représentant 2 volumes se dissocie, c’est-à-dire se décom-
pose partiellement (sans doute en bioxyde d’azote et oxygène: M. Wurtz
ne le dit pas, mais c’est nécessaire), au moment où sa densité correspond
à 4 volumes. Il faudrait pour cela que l'acide hypoazotique eût une exis-
tence bien éphémère; car déjà, à une température de — 11 degrés où ilest
solide, sa vapeur n’'atteindrait pas encore, d’après nos calculs, fondés sur
les observations de MM. Playfair et Wanklyn, la densité 3,179 qui-lui se-
rait nécessaire pour n'être pas dissociée. Ainsi l’un des plus stables des com-
posés oxygénés de l'azote commencerait à se décomposer à une tempéra-
ture bien inférieure à zéro. : ; a
» Cette hypothèse est tout à fait inadmissible; car si on fait arriver dans
une ampoule entourée de coton cardé deux courants gazeux, l’un d'oxy-
gène et l’autre de bioxyde d’azote, dans les proportions nécessaires pour
faire de l’acide hypoazotique, la température s'élève à 98°,5, et à cette tem-
EE EAEAN TELA ETET R Se dd dv ner
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3
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3
3
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=- L
pérature l'acide hypoazotique représente 4 volumes et a pour densité 1,68,
voisin de 1,59 qu'exige la théorie.
» Nous ferons remarquer, en outre, que MM. L. Playfair et Wanklyn, par
des déterminations faites à des températures inférieures au point d’ébullition,
montrent que les densités de l'acide acétique et de l'acide hypoazotique
peuvent être doublées ; mais qui peut assurer qu'en descendant encore à des
températures plus basses et en diminuant indéfiniment la pression, on ’ob-
tiendrait pas une augmentation indéfinie de la densité de vapeur? Pourquoi
n’adopterait-on pas des condensations et, par suite, des formules triples,
quadruples de celles qu'on admet aujourd’hui? Pour démontrer lhypo-
thèse de MM. Playfair et Wanklyn, il faut prouver qu'il existe réellement
une limite inférieure à cet accroissement, ce que n’ont pas fait les auteurs
et ce qui est nécessaire pour que leur raisonnement soit inattaquable à ce
point de vue particulier. D'ailleurs, admettons-le pour un instant, il faudra
revenir nécessairement à l’ancienne condensation du soufre en + de volume,
et par suite tripler l’équivalent actuel du soufre, ce qui serait täita à la
raison, sinon à ce système d’ né Ed que nous combattons.
» La conséquence de tout ceci, c’est qu il faut nécessairement conserver
à l'acide hypoazotique l'équivalent en volumes qu’on lui assigne jusqu'ici :
AzO! = 4 vol. Si on veut doubler cette formule en écrivant Az? O0", il faut se
résigner à lui faire représenter 8 volumes et admettre cette condensation
des éléments, qu’un certain nombre de chimistes veulent exclure de la
science. »
CHIMIE. — Sur les états isomériques de l'acide silicique et sur la
polyatomicité des acides; par M. E. Fremy. (Première communication.)
« Les phénomènes relatifs à la polyatomicité constituent aujourd’hui une
des branches principales de notre science; ils intéressent au même degré
les substances minérales et les corps organiques et se rattachent à l’étude
importante de l’isomérie.
» En présence d’une Chimie qui se qualifie de moderne, comme M. Che-
vreul l’a si bien dit, et qui fait jouer un rôle capital aux corps polyatomiques,
J'ai pensé qu'il serait permis à un partisan dévoué de la Chimie de Lavoisier
de rappeler que ses premières études sur la polyatomicité datent de 1837:
Berzélius et M. Dumas, rendant compte, à cette époque, de mes recherches
sur les modifications que la chaleur fait éprouver aux acides tartrique et
Paratartrique, voulurent bien dire que j'avais introduit dans ja Chimie
(244)
organique les idées nouvelles que M. Graham avait développées dans son
beau Mémoire sur l’acide phosphorique.
» Avant le travail du célèbre chimiste anglais, on trouvait du reste le
principe de la polyatomicité dans la théorie de Gay-Lussac sur les ferrocya-
nures et les ferricyanures qui contiennent le même radical sous deux états
différents de condensation et d’atomicité. |
» Depuis 1837, les phénomènes relatifs à la polyatomicité des acides
m'ont constamment occupé, et j'ai consigné les résultats de mes recherches
dans mes Mémoires sur les acides métalliques, sur les hydrates, sur les
matières gélatineuses des végétaux, etc.
» Je me suis appliqué surtout à étudier les causes qui font varier l’affnité
des acides pour les bases et à démontrer que les états isomériques d'un
même acide sont dus à des condensations différentes de sa molécule. C'est
ainsi que j'ai représenté les deux acides stanniques par les formules
SnO?, Sn‘O’°. J'ai admis également que les matières gélatineuses des vé-
gétaux peuvent être considérées comme dérivant toutes de la molécule
CS HO"; c’est ce qu'indiquent les formules suivantes :
Acide métapectique. . ....... ANo TEUA. ve CHE OP
Acide parapectique............. RÉ A Eee à (C*H° 0°}
Acide pectique......... Eden ea hide ss +: (CHEO }
4 Pechino: ceo 6e E ne E E O I a
» J'ai reconnu d’une manière générale que les agents chimiques ont le
pouvoir de faire passer une molécule d'acide par plusieurs états isoméri-
ques en développant sa capacité de combinaison et en simplifiant, par con-
séquent, son équivalent.
» J'avais souvent essayé d'appliquer ces idées sur l’isomérie à l'acide si-
licique, qui se présente, comme on le sait, sous des états allotropiques
différents, et qui dans la nature se combine aux bases dans des proportions -
si variées.
» Mais jusqu'à présent la préparation des silicates purs et cristallisés
m'avait présenté de telles difficultés, que j'avais dù abandonner mon travail.
» En le reprenant dans ces derniers temps, j'ai été assez heureux pour
découvrir un fait qui me paraît capital dans l'histoire de l'acide silicique et
qui est venu simplifier mes études. J’ai reconnu, en effet, que les deux prin-
cipaux états isomériques de l'acide silicique n’ont pas le méme équivalent, et qu'en
s'unissant aux bases ils forment deux séries salines qui diffèrent entre elles par
leurs propriétés.
( 245 )
» L’acide silicique offre donc un nouvel exemple de ces condensations
de molécules qui semblent être la cause des phénomènes d’isomérie.
» Lorsqu'on examine au point de vue chimique les nombreux états
allotropiques de l'acide silicique, on en trouve deux qui différent entre eux
par des caractères d’une grande netteté. Le premier est celui que les miné-
ralogistes désignent sous le nom de quartz, qui est insoluble dans les disso-
lutions alcalines étendues et dont la densité est de 2,6; le second, que l'on
obtient en décomposant par l’eau le fluorure de silicium et en calcinant
l'hydrate; il se dissout dans les liqueurs alcalines; sa densité n'est que
de 2,2.
» Ces différences sont connues de tous les chimistes. On se rappelle, en
effet, les belles expériences de notre savant confrère M. Ch. Sainte-Claire
Deville, publiées en 1855, et qui prouvent que dans le quartz comme dans
le soufre une constitution physique particulière entraine des propriétés chi-
miques différentes : c’est ainsi que le quartz d’une densité de 2,6, qui passe à
l’état vitreux par la chaleur en revenant à la densité 2,2, peut se dissoudre
dans les liqueurs alcalines. On sait aussi que H. Rose, dans un travail impor-
tant, a démontré que les deux variétés de silice qui sont représentées par
des densités différentes possèdent des affinités chimiques spéciales.
» En m’appuyant sur les faits que je viens de rappeler, J'ai voulu recher-
cher si l’isomérie des deux acides siliciques n'entrainerait pas aussi des
différences dans leur équivalent. :
» Il est résulté de mes observations que ces différences existent et
qu’elles sont de telle nature, qu'il est indispensable de donner aux deux
acides siliciques des dénominations spéciales ; laissant le nom d'acide sili-
cique au quartz, j'ai donné celui d'acide métasilicique au corps qui est pro-
duit par le fluorure de silicium.
» L’acide métasilicique forme, avec les bases alcalines, des sels qu’il est
impossible de confondre avec ceux qui sont produits par le quartz. Les
métasilicates alcalins sont solubles dans l’eau, gommeux et incristallisables ;
pour les obtenir à l’état solide, il faut les précipiter par l'alcool; l'eau joue,
dans la molécule de certains métasilicates, un rôle constitutif remarquable
que j'avais déjà constaté dans les métastannates alcalins : par l’action d’une
température rouge, l’eau, en se dégageant, détermine en partie la séparation
de l'acide et de la base.
» Le principal caractère chimique des métasilicates est le suivant : lors-
qu'on traite un métasilicate alcalin par un acide, on en retire un hydrate
C. R., 1867, 197 Semestre. (T. LXIV , N° 6.)
(246)
qui se décompose au rouge en donnant un acide anhydre, qui présente '
la même composition que le quartz, mais qui conserve sa solubilité dans
les dissolutions alcalines étendues, même après une calcination prolongée
pendant longtemps.
» L’acide métasilicique est triatomique; son hydrate est représenté par la
formule (SiO*)*, 3HO; en présence des bases, il perd successivement ces
trois molécules d’eau qui sont remplacées par des quantités équivalentes
de base, de manière à former les séries suivantes :
(SiO*)*, MO, 2H0,
(SiO‘}, 2MO, HO,
(SiO*}, 3MO.
» L’acide silicique diffère de l’acide métasilicique par ses propriétés, par
son équivalent et par la nature de ses sels.
» Je représente l'équivalent de l'acide hydraté par la formule SiO’.
» Cet acide est triatomique comme l'acide métasilicique ; il forme avec
les bases les séries suivantes : |
: SiO?, MO, 2H0,
Si0*, 2MO, HO,
SiO®, 3MO.
» Ces trois séries se combinent entre elles pour former des sels intermé-
diaires.
» Les métasilicates et les silicates alcalins dont je viens de donner la
composition générale contiennent en outre de j’eau de cristallisation, mais
qui ne Joue pas le ròle de base dans la molécule saline. à
» Les silicates alcalins et principalement les silicates de soude diffèrent
des métasilicates par leur tendance à la cristallisation. Soumis à l’action de
la chaleur, ils ne perdent jamais leur solubilité dans l’eau comme les
métasilicates,
» Traités par les acides, ils produisent un hydrate que lon pourrait
confondre d’abord avec l’hydrate d'acide métasilicique; mais, lorsqu'on le
chauffe au rouge, il donne l'acide silicique anhydre insoluble dans les
liqueurs alcalines qui dissolvent immédiatement l’acide métasilicique an-
hydre.
» Ainsi les silicates qui dérivent du quartz conservent un caractère gé-
nérique que l’on retrouve dans l'acide qui provient de leur décomposition;
il en est de même pour les métasilicates : c’est là, je crois, le fait le plus
saillant de ce travail, |
(247)
» L'acide silicique hydraté se combine aux acides et forme des composés
beaucoup plus stables que ceux qui sont produits dans les mêmes circon-
stances par l'acide métasilicique.
» J'ai obtenu les silicates alcalins en calcinant le quartz avec un excès
d’alcali, ou en soumettant les métasilicates à l'influence d’un excès de base.
» Le silicate alcalin qui cristallise avec le plus de facilité a pour formule
(SiO?)’, 3NaO, 27 HO; il a déjà été décrit par mon ami M. Fritzsche. Si
l’on néglige l’eau contenue dans ce sel, on peut le considérer comme un
pyroxène de soude. M. Des Cloizeaux, qui a bien voulu, à ma prière, sou—
mettre ce sel à de savantes déterminations cristallographiques que je repro-
duirai dans mon Mémoire, trouve aux cristaux produits par ce silicate une
certaine analogie avec ceux de la rhodonite (Si0*}?, 5MnO.
» En soumettant ce sel à l’action de l’eau, je lai obtenu d’abord à dif-
férents états d'hydratation, et j’ai pu le dédoubler ensuite en silicates de
soude qui rentrent dans la première et la seconde série. J'ai formé un sel qui
serait le péridot de la soude s’il n’était pas hydraté, et qui a pour formule
SiO?, 3NaO + Aq; je prépare ce composé en calcinant pendant longtemps
le quartz avec un excès de soude et en faisant cristalliser le sel dans une
liqueur très-alcaline : ce sel est déliquescent; il se décompose immédiate-
ment par l’eau en produisant de la soude qui devient libre, et des silicates
appartenant aux séries précédentes, dans lesquelles la base alcaline est
remplacée par une quantité équivalente d’eau.
» Tel est le résumé de mes nouvelles expériences sur les silicates : on
voit qu’elles ont principalement pour but de démontrer que les états allo-
tropiques de Placide silicique entrainent un changement dans sa capacité
de combinaison, et par conséquent dans sa molécule chimique.
» Je réserve pour une seconde communication les considérations géné-
rales qui se rapportent à l’isomérie des acides; cependant je ne veux pas
terminer ce travail sans rendre hommage à une théorie que j'ai entendu
émettre souvent par notre illustre confrère M, Chevreul.
» Il s'agissait d'expliquer les modifications que la chaleur fait éprouver
à certains acides hydratés, tels que les acides phosphorique, tartrique et
Paratartrique.
» En voyant ces acides, une fois déshydratés, ne revenir qu'avec une
extrême lenteur à leur premier état, lorsqu'on les faisait dissoudre dans
l'eau, M. Chevreul a toujours pensé que la chaleur n'avait pas produit
simplement une déshydratation, et qu’elle avait probablement modifié iso-
mériquement la molécule de l'acide anhydre. +
l-
( 248 )
» Les expériences que je viens.de décrire sur les états isomériques de
l'acide silicique me paraissent confirmer entièrement l'opinion de M. Che-
vreul; en effet, lorsqu'on voit l’atomicité d’un acide anhydre comme l'acide
silicique se modifier par la seule action de la chaleur, n'est-il pas naturel
d'admettre avec M. Chevreul que, lorsqu'un hydrate d'acide éprouve par
la calcination une transformation isomérique, ce changement est dû aussi à .
une modification allotropique de l’acide anhydre? Le dégagement d’eau ne
serait alors qu’un phénomène secondaire et consécutif.
» Le fait si remarquable observé par notre savant confrère M. Edm. Bec-
querel, relativement à deux chaux qui sont différentes lorsqu'elles pro-
viennent soit du spath d'Islande, soit de l’arragonite, démontre également
toute l'influence des causes physiques sur le phénomène de l’isomérie.
» Dans ma seconde communication, je discuterai toutes ces questions,
qui intéressent à un si haut degré la théorie chimique. »
ASTRONOMIE. — Orbite des astéroides de novembre. Note de M. Le VERRIER.
« M. Oppolzer, de Vienne, a publié, dans le n° 1624 des Astronomische
Nachrichten, une étude de la première comète de 1866, découverte à Mar-
seille par M. Tempel. Dès le mois de janvier 1866, M. Oppolzer avait
reconnu qu'on ne pouvait pas satisfaire aux observations de la comète au
moyen d’une orbite parabolique. En discutant l’ensemble des observations
faites depuis le 21 décembre 1865 jusqu’au 9 février 1866, l’astronome de
Vienne établit l'orbite elliptique qui satisfait le mieux à l’ensemble des
données.
» Dans le n° 1626 de son journal, M. Peters rapproche l'orbite ainsi
trouvée de celle que nous avons donnée pour les astéroides de novembre,
dans la séance de l’Académie, le 21 janvier dernier. On trouve ainsi :
Astéroides Première comète
de novembre. de 1866.
Durée de la révolution .............. CS 25 de 18
Pomiag rapa te ie ro Sn Fe 10, 32
Sa a a .. A 0,904 0,905
Distance périhélie. .......... Ei i 0,989 0,977
Inclinaison de l'orbite. ...,....... ins HA te +046
Longitude du nœud descendant. . ..... 51 18 51 26
Sens du mouvement. ..... e RE rétrograde, rétrograde.
» La concordance de ces éléments oblige à considérer la première
( 249 )
comète de 1866 comme faisant partie de l’essaim des astéroïdes de no-
vembre. L’inclinaison 14° 41° trouvée pour l'orbite des astéroïdes était
basée sur ce fait, que le point radiant de ces météores était y du Lion. Les
observations de novembre 1866, résumées par A. Herschel, ont donné un
point plus élevé et dont la latitude est de 10° 27. En partant de cette nou-
velle donnée, on trouve 18°3 pour l’inclinaison de l'orbite des astéroïdes.
» La première comète de 1866 n'avait point de queue. Elle offrait l'appa-
rence d’une nébulosité, de forme un peu irrégulière peut-être ; toutefois,
en raison de la grandeur de la distance périhélie, on n’en peut tirer aucune
conclusion relative à l'identité ou à la différence de la matière des comètes
avec cet essaim.
» M. le Professeur d'Arrest écrivait en janvier 1866 : « La comète ayant
une courte révolution est remarquable par son mouvement rétrograde.
Étant encore visible à une très-grande distance de la Terre, il y a lieu de
supposer qu’elle ne se trouve pas depuis longtemps dans cette orbite. »
» Il est fort important d'avoir dans l’essaim des astéroïdes un point
qu’on puisse désormais observer avec précision; cela permettra de com -
prendre ces questions dans une théorie plus précise. Dans l’espérance qu'on
pourrait découvrir un ou plusieurs de ces points remarquables de l'essaim,
j'avais fait construire une carte propre aux explorations. Le fait que nous
venons d'examiner encouragera les recherches.
» Sir John Herschel, qui s’est, avec son fils A. Herschel, fort occupé des
étoiles filantes, donne son assentiment complet à la théorie de l'essaim de
novembre. »
x
=
ÿ
x
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches synthétiques sur les éthers; par
MM. E. Frawkranp et B.-F. Durpa. (Deuxième partie.)
« Action du sodium et de l’iodure d’isopropyle sur l'éther acétique. — Dans
une communication antérieure (1) nous avons décrit l’action consécutive
du sodium et des iodures de méthyle et d’éthyle sur l'éther acétique, action
qui donne naissance à l’éther éthacétique, identique avec l’éther butyrique,
et à l’éther diéthacétique, isomérique avec l'éther caproïque. Nous avons
étendu ces recherches à l’iodure d’isopropyle. Les dérivés sodés de l'éther
acétique, préparés selon le procédé indiqué dans notre précédente commu-
nication, ont été mis en digestion au bain-marie pendant vingt-quatre heures
avec un excès d’iodure d’isopropyle. On a ensuite ajouté de l'eau acidulée
(1) Comptes rendus, t. LX, p. 853.
(| 2986)
d'acide sulfurique et l’on a distillé le tout. Un liquide doué d’une odeur
agréable a passé avec de l’eau. On l'a séparé, séché sur du chlorure de
calcium et distillé. Les deux principaux produits étaient un liquide bouil-
lant vers 1 35degrés et un second liquide bouillant vers 200 degrés. Ce der-
nier a donné avec l’eau de baryte la réaction caractéristique d’un éther
carbokétonique, tandis que le premier possédait à un haut degré Podeur :
particulière de l'éther valérique.
» Isopropacétone-carbonate d'éthyle. — Le liquide bouillant à 200 degrés
a donné à l'analyse des résultats s’accordant avec la formule C°’H'°0*. |
» Ce produit de la réaction du sodium et de l'iodure d’isopropyle sur
l’éther acétique est homologue avec le méthacétone-carbonate d’éthyle et
l’éthacétone-carbonate d’éthyle, obtenus dans les réactions correspondantes
avec les iodures d’éthyle et de méthyle. On peut s'en convaincre par la
comparaison des formules suivantes :
COMe : CO : COMe
CMeH CEtH ‘ CBPrH (1).
COEto COEto COEto
Méthacétone- Éthacétone- Isopropacétone-
carbonate d’éthyle. carbonate d’éthyle. carbonate d’éthyle.
» L'isopropacétone-carbonate d’éthyle résulte de l’action de liodure
d’isopropyle sur le sodacétone-carbonate d’éthyle selon l’équation suivante :
COMe COMe
| CNaH + BPri = { CBPrH + Nal.
COEto SEE COEto
ST GS d'i le.
Sodacétone- PE à E Isopropacétone-
carbonate d’éthyle. carbonate d’éthyle.
» L'isopropacétone-carbonate d'éthyle est un liquide incolore, un peu
oléagineux. Son odeur rappelle celle de la paille humide. Il est insoluble
dans l’eau, soluble en toutes proportions dans l'alcool et dans l’éther. Sa
densité à zéro est de 0,98046. Il bout à 201 degrés. Sa densité de vapeur
a été tronvée de 5,92 (théorie 5,94). Soumis à l'ébullition avec l’eau de
baryte, il donne du carbonate de baryte et un nouveau terme de la série
des acétones, l'isopropacétone. Les formules suivantes indiquent la consti-
(1) PPr = CMeH; Eto — éthoxyle —C:H°0; Mo = méthoxyle CH'O;
Ho — hydroxyle — HO.
Catt )
tution de ce corps et ses relations avec l’acétone :
CH? | C EPrH?
| COMe | COMe
— w r
Acétone. Isopropacétone.
» Il prend naissance en vertu de la réaction suivante :
COMe Roei
r
C£PrH + BaHo? = COBao + EtHo + f
COEt RER COM
sé Hydrate Carbonate Alcool. m
partiami barytique. barytique. Isopropas
cétone.
carbonate
d’éthyle.
» L'isopropacétone est un liquide transparent incolore, très-mobile,
doué d’une odeur de camphre très-intense et d’une saveur brülante. Il est
très-peu soluble dans l’eau. Sa densité est de 0,81892 à zéro. Il bout à
114 degrés. Sa densité de vapeur est de 3,48 (théorie 3,455). Il est inca-
pable de réduire une solution bouillante de nitrate d'argent. Il forme une
magnifique combinaison cristalline avec le bisulfite de soude, et est isomé-
rique avec le méthylvaléral qui bout à 120 degrés, et avec l'éthylbutyral
qui bout à 128 degrés.
» Acide isopropacétique. — La portion du produit éthéré qui a été décrite
. plus haut comme bouillant à environ 135 degrés a pour formule C'H'*O?
qui, jointe aux réactions, prouve que ce corps est de l’éther isopropacé-
tique, c’est-à-dire de l’éther acétique dans lequel un atome d'hydrogène
non éthvliaue a été remplacé par de Pisopro le GBErH
pie piace par ne 1 0P EE tood
» Cet éther prend naissance en vertu de la réaction suivante :
CNaH° CBEPrH?
+ Pri = ; + Nal
COBO: se- CO Eto
s Iodure n
Ether d'isopropyle. Isopropacétate
sodacétique. d’éthyle.
» L'éther isopropacétique est un liquide oléagineux, incolore, presque
insoluble dans l’eau, et qu’il est presque impossible de distinguer par son
odeur de son isomère l’éther valérique (propacétique) ; sa densité est de
0,8882 à zéro et de 0,87166 à 18 degrés; il bout de 154 à 135 degrés; sa
densité de vapeur a été trouvée de 4,64 (théorie 4,49). Lorsqu'on le traite
E DF]
par une solution alcoolique de potasse, l'éther isopropacétique donne de
l'isopropacétate de potasse, d’où lon peut retirer facilement l'acide iso-
propacétique. Par son odeur, cet acide ne peut pas être distingué de l'acide
valérique préparé à l’aide de l'alcool amylique. Sa densité est de 0,95357
à zéro; il bout à 175 degrés; sa densité de vapeur est de 3,743 (théorie
3,52); son sel d'argent cristallise en paillettes légères.
» On connaît maintenant deux acides possédant la composition et le
poids atomique de l'acide valérique, savoir : l'acide valérique (propacé-
tique) obtenu par l'oxydation de l'alcool amylique, et l'acide isopropacé-
tique qui vient d’être décrit. À ces acides on peut en ajouter un troisième
que nous avons étudié, et qui dérive de l'acide acétique par la substitution
de trois groupes méthyliques à trois atomes d'hydrogène. La constitution
de ces acides est représentée par les formules suivantes :
Acide valérique CPrH? _ {C(CEtH*)H*
| DSE ou =. pam
. : ; CBPrH° C(CMe? H)H?
A iA z r 3 E
cide isopropacétique on pie
à ; à Me?
Acide triméthacétique. Léo Li
» Ce groupe de corps isomériques serait complété par un autre acide
qui n’a pas encore été obtenu. Il résulterait de la substitution d’un groupe
méthylique et d’un groupe éthylique à 2 atomes d'hydrogène dans le radical
3
acétique . Cet acide, qu’on pourrait nommer éthométhacétique, aurait
CH
CO
{CEtMeH
la formule .
|COHo
» L'inspection des formules précédentes fait voir que les acides valé-
rique et isopropacétique sont tous deux des acides normaux, c'est-à-dire
qu’ils renferment 2 atomes d'hydrogène méthylique non remplacé. L’acide
éthométhacétique qui manque serait un acide secondaire, car il renferme-
rait un seul atome d'hydrogène méthylique non remplacé. Quant à l'acide
triméthacétique, c’est un acide tertiaire ne renfermant point d'hydrogène
méthylique.
"a Cette circonstance remarquable, que les acides valérique et isopropa-
cétique sont des acides normaux, permet de prévoir une grande analogie
entre eux, et cette prévision a été complétement réalisée par une compa-
(25%)
raison rigoureuse de leurs propriétés. Par Podeur, la saveur, l'aspect géné-
ral, on ne saurait les distinguer, et l’on remarque, d’un autre côté, une
identité complète entre leurs densités à l’état liquide, leurs points d’ébulli-
tion, entre les densités et les points d’ébullition de leurs éthers, entre l'as-
pect et la solubilité de leurs sels.
» Si ces acides avaient été examinés il y a quelques années, aucun Chi-
miste n’eût hésité à proclamer leur identité; mais nos connaissances actuelles
sur la constitution des composés du charbon rendent cette opinion insou-
tenable. Néanmoins, nous eussions hésité à fonder l'évidence de leur di-
versité sur une base purement théorique, et nous avons eu la satisfaction de
découvrir un caractère physique qui les sépare nettement. Cette différence
réside dans leur action:sur la lumière polarisée.
» Tandis que l’acide synthétique est inactif, l'acide préparé à l’aide de
l’alcoul amylique dévie énergiquement le plan de polarisation vers la
droite. La même différence s'étend à leurs éthers respectifs. Dans son
Mémoire sur les radicaux organiques (1), M. Wurtz admet que l'acide
valérique est inactif, tandis que nous trouvons que cet acide possède un
pouvoir dextrogyre assez énergique. Notre échantillon a été préparé avec
un échantillon d’alcool amylique lévogyre. Or M. Pasteur (2) a montré que
l'alcool amylique du commerce est un mélange de deux corps qu'il a réussi
à séparer. L'un d'eux est inactif; l’autre fait éprouver au plan de polari-
sation une déviation de 20 degrés vers la gauche, pour une épaisseur de
5o centimètres. Il est très-probable que l'alcool actif donne l'acide actif, et
l'alcool inactif l’acide inactif. S'il en est ainsi, l'inactivité de l’échantillon
examiné par M. Wurtz s’expliquerait naturellement en admettant qu’il a
été préparé avec un échantillon de l'alcool amylique contenant la variété
inactive, Nous nous occupons actuellement d’élucider cette question, nous
proposant particulièrement de rechercher si l'alcool amylique inactif ren-
ferme de lisopropyle et possède par conséquent la formule de constitution
| CBPrH,
CH?Ho
ie a e: RRQ
(1) Annales de Chimie et de Physique, 3 série, t. XLIV, p. 275-
(2) Comptes rendus, t. XLI, p. 2906.
2k
C.R., 1867, 1°T Semestre. (T. LXIX, Ne 6.) 39
( 254)
ÉCONOMIE RURALE. — Sur la floraison et la fructification de la vigne;
par MM. H. Marès et J. PLANCHON.
« Dans ce résumé succinct de nos recherches, sur un sujet en apparence
épuisé, nous nous bornerons à mettre en lumière quelques faits saillants,
en apt à dessein sur les points d'importance secondaire.
» La structure générale des fleurs de la vigne cultivée est très-connue :
ces à cinq denticules; corolle à cinq pétales, dont les bords se touchent
et restent adhérents par leur sommet, de maniere à former un capuchon que
soulèvent le plus souvent les étamines; cinq étamines opposées aux pétales,
à filets subulés plus longs que la corolle; cinq glandes hypogynes, necta-
riferes ; ovaire à deux ou trois loges, se prolongeant en un style court que
terminent deux ou trois lobules stigmatiques peu marqués.
» Une singulière déviation de cette structure normale a été signalée par
l’un de nous chez diverses variétés de vignes du Midi, notamment chez les
Terrets. Ce sont les ceps ou les grappes de fleurs appelées dans l'idiome
languedocien avalidouires, d’un vieux mot avali, qui implique l'idée de
disparaître, de s’effacer sans laisser de traces, Les ceps entiers affectés de
celte dégénérescence restent, en effet, absolument infertiles, à moins d'in-
tervention, accidentelle ou artificielle, d’un pollen pris sur d’autres grappes
et capable de féconder les ovaires de leurs fleurs. Ces fleurs se reconnaissent
à première vue aux caractères suivants : leur corolle, assez longtemps per-
sistante, s'ouvre et s'étale en roue à cinq rayons, au lieu d’être en capuchon
et de tomber tout d’une pièce; ses pétales sont plus verdâtres, plus épais
qu’à l’état normal. Les étamines, à filets relativement assez courts, offrent
de grosses anthères, dont les deux loges épaisses, turgides, à fentes de
déhiscence bien dessinées, ne s'ouvrent pas néanmoins ou ne s'ouvrent que
d'une manière imparfaite, ne renfermant d’ailleurs qu’un pollen à grains
flasques et ridés. C’est dire que ces étamines sont stériles. L’ovaire et le
stigmate sont au contraire bien conformés et susceptibles d'imprégnation.
» Un autre type de fleurs anormales est celui des ceps dits coulards : le
mot dit assez qu'il s’agit de grappes sujettes à la coulure, ne nouant que des
grains clair-semés. Cette stérilité relative ne tient pas néanmoins à des causes
extérieures, à des circonstances climatériques défavorables, bien que ces
circonstances puissent l’aggraver. Elle dérive de la structure même des
fleurs coulardes. Celles-ci tiennent, à certains égards, le milieu entre les
fleurs avalidouïres et les fleurs normales. Elles offrent souvent un, deux,
( 245)
trois pétales libres, à côté de quatre, trois ou deux autres cohérents par
leur sommet en un capuchon incomplet. L’estivation de ces pétales est légè-
rement imbriquée. Bien souvent, les cinq pétales restent plus ou moins unis;
mais leurs sommets élargis, un peu ondulés et bordés d’un léger liséré rouge,
laissent entre eux une ouverture qui permet de voir le stigmate. Des éta-
mines d’une même fleur, les unes sont à filets grèles et à anthères déhis-
centes (celles-là sont plus ou moins fertiles); les autres, à filets plus courts,
à anthères imparfaitement déhiscentes (celles-là sont naturellement stériles).
Quant au pistil, il est régulièrement constitué. Aussi le pollen des quelques
anthères fertiles ou bien le pollen d’autres fleurs voisines fait-il développer
quelques ovaires en fruits. La fécondation artificielle, au moyen du pollen
d’autres fleurs de vigne, augmente de beaucoup la proportion de ces grains
fertiles chez les coulards.
» On rencontre une troisième déviation du type normal dans les fleurs.
Il s’agit, cette fois, de fleurs doubles, par transformation des étamines ordi-
naires en étamines plus ou moins pétaloïdes, des cinq glandes nectariferes en
cinq staminodes libres ou soudés en tube, enfin de l'ovaire en un moignon
de petites feuilles imparfaites, formant bourgeon au centre de la fleur, et
dont chacune, représentant une feuille carpellaire, avec ou sans rudiments
d’ovule, peut être ovulifére sur ses bords ou sur sa face interne, stigma-
tique et pollinifère à la fois, sur une étendue variable de son sommet. Cette
curieuse monstruosité, dont l’un de nous va publier des détails dans les
Annales des Sciences naturelles, offre au point de vue botanique un intérêt
particulier : elle rappelle en effet l'état normal du genre Leea, de même que
le type anormal avalidouire rappelle les fleurs normales des Cissus.
» Cela dit sur l’organisation régulière ou monstrueuse des fleurs de
vigne, il sera facile de faire comprendre les principaux faits physiologiques
de notre sujet.
» Les fleurs de la vigne cultivée semblent être toutes hermaphrodites.
Peut-être même le sont-elles dans la presque totalité, bien qu’un très-
grand nombre de fleurs d'une grappe tombent habituellement sans nouer
et surtout sans mürir de fruits. L’avortement habituel d’une large propor-
tion des grains, l’incomplet développement de beaucoup d’autres tiennent
moins, sans doute, à l'état des organes de fécondation qu’à la prépondé-
rance que prennent de bonne heure les grains placés à l'extrémité même
de chaque branche du thyrse, appelé vulgairemant grappe. Ces grains sem-
blent affamer leurs voisins et en provoquer plus ou moins vite l'atrophie.
» Il est des cas néanmoins où, chez des fleurs en apparence bien confor-
o 35..
( 256)
mées, les anthères, plus blanches que d'ordinaire, se sont montrées à nous
vides de pollen. Ces fleurs, devenues femelles par imperfection des éta-
mines, accompagnent parfois des fleurs ordinaires, c’est-à-dire hermaphro-
dites. Il ÿ a donc là polygamie, avec excès de pistils, ou, si l’on veut, imper-
fection des étamines chez quelques fleurs.
» D'autres fois, un très-grand nombre d’ovaires nouent et passent à fruit,
mais en donnant des grains très-petits et dépourvus de pepins. Ce sont des
raisins dits millerands (probablement de mille grana). Une fécondation im-
parfaite n’a développé que le péricarpe, laissant les ovules à l'état rudimen-
taire. Nous reviendrons ailleurs sur les caractères de ce développement
imparfait des fruits. |
» C’est ici le lieu de signaler quelques particularités remarquables de la
floraison des Lambrusques ou vignes sauvages, qui viennent en si grande
abondance dans les taillis ou les fourrés de nos départements méridionaux.
Au premier coup d'œil, il est facile de voir que les fleurs de ces Lambrusques
diffèrent passablement de celles des vignes cultivées. Leurs étamines ont
des filets plus longs et plus grêles, leur style est au contraire beaucoup
plus court, on pourrait dire presque nul. Elles sont d’ailleurs plus odo-
rantes, les glandes nectarifères s’y montrant relativement plus développées.
Quant aux fruits, ils sont bien plus petits, à pepins moins nombreux et
relativement plus gros que chez les variétés ordinaires de la culture.
» Malgré les centaines de grappes fleuries dont se couvrent les sarments
grimpants des Lambrusques, des pieds entiers restent absolument inféconds,
nous voulons dire sans fruits. Et pourtant, leurs fleurs semblent être régu-
lièrement conformées. Les vieux exemplaires sont les seuls qui portent
fruit. La stérilité des pieds jeunes tiendrait-elle à la trop grande luxuriance
des organes végétatifs, dans la période de la première vigueur? Ce qui
semblerait le prouver, c’est que les Lambrusques cultivées deviennent
habituellement infécondes, et que la taille, qui donne de la vigueur à leurs
jets, les empèche de nouer fruit.
» Nous nous réservons d’examiner de plus près cette question des Lam-
brusques, tant au point de vue de la physiologie que dans les rapports de
ce type supposé sauvage avec les variétés des vignes cultivées.
» Etudions maintenant le mode de fécondation de la vigne.
» On soupçonne depuis longtemps que l'imprégnation se fait sous le ca-
puchon même de la corolle calyptriforme. Les apparences lindiquaient ;
nos observations le mettent hors de doute. C’est ainsi du moins que le fait se
passe ordinairement. Le matin surtout, au moment où les premiers rayons
(257)
du soleil de mai ou de juin frappent les boutons prêts à s'ouvrir, on voit,
en quelques instants, des corolles se fendre en cinq lignes par le bas, se dé-
tacher du calice, se soulever sous l'effort des étamines, dont les filets inflé-
chis se redressent rapidement, tomber enfin tout d’une pièce, laissant à nu
les étamines qui s'écartent en divergeant et s'incurvant en arrière, tandis
que le pistil apparaît avec son stigmate déjà saupoudré de pollen. L'examen
microscopique montre que ce pollen agit très-vite sur le stigmate de sa
propre fleur, en produisant en quelques heures des tubes fécondateurs.
Une autre preuve que la fécondation se fait sous le capuchon de la corolle,
c’est que chez tels ou tels pieds, sur des grappes par ticulières, le capuchon
de la corolle, au lieu de tomber, reste hermétiquement appliqué sur le
sommet de l'ovaire et s’y dessèche même en servant de coiffe permanente
au jeune grain déjà noué et grossi.
> Cette fécondation directe d’un pistil par le pollen de sa propre fleur
est donc habituelle chez la vigne. Ce n’est pas néanmoins la seule possible,
et la preuve qu’il en est d’autres, c’est l'existence évidente de croisements
entre variétés de vignes, et les résultats qu'on en a depuis longtemps
obtenus.
» L'un des exemples les plus remarquables de ces croisements, surtout
au point de vue de l'effet produit, se trouve assurément dans les hybrides
obtenus par M. Bouschet-Bernard père, et par M. Henri Bouschet, entre
divers cépages méridionaux (aramon, grenache, etc.), à suc incolore, et le
raisin dit teinturier, dont le suc est coloré. En laissant à part les idées, à
notre avis inexactes, de M. H. Bouschet sur l'influence du pollen du tein-
turier comme modificateur direct de l'ovaire des variétés qu'il féconde (1),
nous admettons comme indubitable la nature mixte, hybride du petit
Bouschet ou aramon teinturier, de l'alicant Bouschet et même d’hybrides
quarterons, tous à suc coloré, entre le petit Bouschet et d’autres cépages à
sue incolore. Or, l'imprégnation s’est faite là, par un procédé simple et
presque naïf : le rapprochement des grappes fleuries des deux types, par
entrelacement et contact. Cette dernière condition n'est pas même indis-
pensable. Il suffit que la distance des grappes à féconder l’une par l’autre
soit peu étendue : le semis des grains rapprochés a donné des produits
mixtes, portant la trace évidente des traits des parents.
(1) Jusqu'à présent, malgré de nombreuses expériences poursuivies depuis deux ans,
nous n'avons pu obtenir aucun exemple des faits de coloration de raisins ou de leur jus,
par fécondation, tels que les a mentionnés M. H. Bouschet ( Comptes rendus de l’ Académie
des Sciences, t. LX, *p. 229, 30 janvier 1865), et on n’a pu nous en présenter aucun.
(: 258: )
» Quel est, dans ce procédé et généralement dans la nature, l'agent de
transport du pollen d’une fleur à l’autre? Est-ce le vent? Est-ce le frot-
tement mutuel des fleurs en contact? Est-ce l'intervention des insectes? Un
peu tout cela peut-être, suivant le cas ou suivant l’occasion. Que le vent
transporte des poussières polliniques mélangées, cela est incontestable pour
qui a vu les grappes fleuries de vignes, leur abondance, leur pollen pulvé-
rulent et léger. Que le frottement agisse, cela est probable pour des ceps qui,
comme ceux des vignes méridionales, entrelacent si faiblement leurs ra-
meaux et leurs thyrses florifères. Enfin, que les insectes interviennent, il est
permis de le soupçonner, du moins pour les lépidoptéres nocturnes (noc-
tuelles, pyrales, etc.); dans le jour, au contraire, nous n'avons vu sur les
fleurs de vigne, au moins d’une manière habituelle, qu’une espèce de Dasytes
(coléoptère) et une larve ou nymphe de Locusta, sans parler des chenilles
de pyrale et surtout de cochilis, qui hantent les grappes beaucoup plus
en ennemis qu'en auxiliaires, et qui détruisent bien plus qu’elles ne fé-
condent.
» En résumé, l’imprégnation des fleurs de la vigne se fait habituellement
sous le capuchon de la corolle; chaque fleur se féconde alors elle-même.
Un pollen étranger peut néanmoins, par des voies diverses, atteindre le
stigmate de fleurs, soit vierges (fleurs d’avalidouires, coulards), soit déjà cou-
vertes de pollen. La stérilité de certaines fleurs s’explique par l'imperfection
des étamines (avalidouires, coulards); celle de la Lambrusque jeune ou
taillée a probablement pour cause une trop grande vigueur de végétation,
une dérivation de séve, des fleurs vers les feuilles ; celle des fleurs doubles
tient à la transformation des étamines et des pistils en organes pétaloïdes
ou foliacés.
» Ajoutons que les dégénérescences florales désignées sous le nom d’ava-
lidouires, de coulards et de fleurs doubles apparaissent parfois brusquement,
chez des vignes qui n’en avaient pas offert de traces; qu'elles se produisent
surtout dans des sols mouilleux, où séjournent des eaux pluviales de l'hiver
et du printemps; qu’elles affectent des ceps entiers; qu’elles persistent d'ha-
bitude chez le cep une fois saisi, et même qu'elles se propagent par la
marcotte et la bouture (1); que la greffe seule peut guérir le mal, quand on
recule devant le remède radical de l’arrachage; enfin que certaines variétés
sont plus sujettes que d’autres à cette altération organique, le terret noir
(1) On peut expliquer ainsi comment certaines vignes, d’abord fertiles, deviennent parfois
presque entièrement stériles.
(259 )
étant, par exemple, le plus enclin à devenir avalidouire ou coulard , et
la clairette blanche nous ayant seule, jusqu’à présent, offert des fleurs
doubles. »
M. DucuarTre présente, au nom de M: Ch. Martins, Correspondant de
l’Académie, un exemplaire d’un travail récent de ce botaniste, intitulé : Mé-
moire sur les racines aérifères ou vessies nalatoires du genre Jussiæa, suivi d’une
Note sur la synonymie et la distribution géographique du Jussiæa repens L,
« Les plantes aquatiques dont il est question dans ce Mémoire offrent cette
particularité remarquable que, certaines de leurs racines, soit flottantes, soit
implantées dans la vase, restant grèles ou gagnant à peine en épaisseur, d’au-
tres prennent, sous l'influence de l’eau, une forme et une manière d’être en-
tièrement différentes : en effet, celles-ci deviennent épaisses, cylindriques ou
coniques, et, pour cela, elles développent leur tissu cellulaire cortical en une
masse spongieuse et pleine d’air; en même temps elles restent assez courtes,
simples, et elles se dirigent de bas en haut; elles passent ainsi à l’état de
corps blanchâtres ou rosés, mous et légers, qui soutientient dans l’eau les
portions immergées de la tige, et qui remplissent de cette maniere la fonc-
tion de vessies natatoires. L'étude anatomique de ces organes singuliers y
a fait reconnaitre la même structure que dans les racines normales, à cela
près que leur épiderme s’est détruit et que leur tissu cellulaire est devenu
lacuneux en s’hypertrophiant. Quatorze analyses de lair contenu dans ce
tissu lacuneux, exécutées par M. Moitessier, ont appris que ce gaz est formé,
en moyenne, de 87 d'azote pour 13 d'oxygène sur 100, et que cette com-
position est indépendante de celle de lair dissous dans l’eau ambiante. La
Note qui suit le Mémoire sur ces racines a pour résultat de faire rentrer
douze synonymes dans le seul Jussiæa repens L., plante très-largement
répandue à la surface du globe et fort variable, en raison de la grande
diversité des conditions dans lesquelles elle végete. »
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Com-
mission qui sera chargée de proposer une question pour le concours du
grand prix des Sciences mathématiques, à décerner en 1868.
MM. Chasles, Liouville, Bertrand, Serret, Bonnet réunissent la majorité
des suffrages.
( 260 ) i
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d’une Com-
mission qui devra proposer une question pour le concours du prix
Bordin, (Sciences physiques), à décerner en 1869.
MM. Milne Edwards, Brongniart, Decaisne, de Quatrefages, Blanchard
réunissent la majorité des suffrages.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
PHYSIQUE. — Nouvelles remarques, concernant la priorité de l'invention de
l'électrophore à rotation continue; par M. A. Pine | Extrait (1)]:
(Commissaires précédemment nommés : MM. Becquerel, Fizeau,
| _ Edm. Becquerel.)
« Pau, le 24 janvier 1867.
» Le 7 décembre 1866, j'ai eu honneur d’adresser une Lettre à l’Aca-
démie pour réclamer la priorité de l'invention d’un électrophore à rota-
tion, sur l’électrophore de M. Bertsch.
» Aujourd’hui, je connais l'électrophore de M. Bertsch par une longue
description qui en a été publiée à la fin du mois de décembre 1866.
» Ce générateur électrique ne diffère du mien que par une construction
plus parfaite, et par la substitution du caoutchouc. durci, corps isolant, au
papier enduit de nombreuses couches de gomme laque, corps non moins
isolant. C’est là un simple changement de matière : aussi je viens contester,
_mon le mérite de M. Bertsch, qui peut ne pas avoir connu mon électro-
phore, mais sa priorité, puisque ma publication est bien antérieure à la
sienne (21 janvier 1866).
» Sans doute, la construction de mon électrophore était grossière; habi-
tant une ville sans ressources pour la construction d'appareils scienti-
fiques, il m'avait fallu le faire avec ce que j'avais sous la main, et, tel qu'il
a été publié, il avait plus l'air d’un jouet scientifique que d'un appareil
sérieux. Cependant il donnait déjà des étincelles de 5 centimètres; depuis,
j'ai réalisé une machine mieux construite, et aujourd’hui j'obtiens, avec
des disques de 22 centimètres seulement, de grandes quantités d'électricité;
des tubes de Geissler fonctionnent encore douze heures après que la ma-
chine a été chargée.
e er anim enten
(1) Voir Comptes rendus, t. LXIII, p. 771, 881 et 910.
( 261 )
Mais si mon premier appareil était grossièrement fait, la théorie que
j en donnais était sérieuse, et cette théorie est si exactement celle de la ma-
chine de M. Bertsch, qu’en remplaçant les mots : « caoutchouc durci » a
ceux de « papier enduit de gomme laque, » la description quej ai lue s’ap-
plique parfaitement à mon Ters
» M. Bertsch a prétendu, dans sa Lettre à l’Académie, que mon géné-
rateur électrique était une machine à frottement dans le genre de celle de
Nairne : c'est là une erreur. Sans doute, il y avait d'abord frottement appa-
rent; mais ce frottement, je l’ai supprimé, et il n’entre pour rien dans la
production du phénomène. En effet, 1° si le secteur de papier enduit de
gomme laque n'est pas brossé et préalablement électrisé, on à beau le faire
frotter sur le disque, on n'obtient pas d’étincelles; 2° si l’on maintient le
secteur frotté et électrisé à quelques millimètres du disque tournant, il n’y
a pas de frottement, et cependant les étincelles partent entre-les deux pôles;
3° les secteurs électrisés ne communiquent pas avec les conducteurs de la
machine.
» Ainsi la machine de M. Bertsch est fondée exactement sur le même
principe que la mienne, et n'en diffère que par une meilleure construc-
tion. »
M. Acrécerer adresse une « Note sur la Théorie de la Lune ».
(Commissaires : MM. Mathieu, Laugier, Delaunay.)
M. Savary adresse un Mémoire ayant pour objet la détermination de
l’effet utile de la roue électro-magnétique et les machines magnéto-élec-
triques.
(Renvoi à la Commission nommée pour les communications
semblables du même auteur.)
M. P. Verru adresse une Note relative au mouvement du pendule.
(Renvoi à la Section de Mécanique.)
M. Corexwinper adresse un travail ayant pour titre : « Recherches chi-
miques sur la Betterave; influence des matières salines (cinquième Mé-
moire) ».
(Renvoi à la Section d'Économie rurale.)
C. R. 1867, 197 Semestre, (T, LXIV, N° 6.) ere 36
( 262 )
M. B. Vicror adresse un Mémoire intitulé : « Des cosmétiques dange-
reux et de leur substitution par des produits à base de glycérine pure ».
(Renvoi à la Section de Chimie.)
M. Derexpa adresse de Santorin deux Lettres successives. La première,
contenant des détails sur l’état actuel des phénomènes volcaniques, sera
renvoyée à la Commission nommée pour toutes les questions concernant
l'éruption de Santorin. La seconde, relative au monument antique décou-
vert sous les dépôts ponceux de l’île de Therasia, sera, conformément au
désir exprimé par l’auteur, adressée à l’Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres.
L'Académie recoit, en outre, diverses communications relatives au cho-
léra, et dont les auteurs sont MM. Guglielmi, Genty et Szentivane. Ces com-
munications sont renvoyées à la Commission du legs Bréant.
CORRESPONDANCE.
M. ze SEcRÉTAIRE PERPÉTUEL signale parmi les pièces imprimées de la Cor-
respondance :
1° Un volume de M. Raptarchos, imprimé en grec moderne, à Constan-
tinople , et ayant pour titre : « le Ciel »;
2° « L'Annuaire scientifique (aiie année, 1867) » , par M. Dehérain.
M. Cnasies, en présentant à l’Académie, de la part de M. Zeuthen
(de Copenhague), un ouvrage primitivement écrit en danois, et traduit en
français sous le titre de : Nouvelle méthode pour déterminer les caractéris-
tiques des systèmes de coniques, s'exprime comme il suit : |
« Le principe de la méthode est bien simple. Dans chaque système de
coniques, il se trouve deux sortes de coniques exceptionnelles, ou quasi-
coniques, qui sont l’ensemble de deux droites, ou l’ensemble de deux points.
Ces dernières sont nommées coniques infiniment aplaties. Le nombre des co-
niques exceptionnelles de chaque sorte a été déterminé par M. Chasles (1);
il s'exprime par une fonction linéaire des deux caractéristiques du système.
De là résulte réciproquement une expression très-simple des deux caracté-
ristiques en fonction des deux nombres de coniques exceptionnelles. De
sorte que quand ces nombres sont connus, les caractéristiques s'en Con-
PA RRS
(1) Comptes rendus des Séanc=* e l’ Académie des Sciences, t. LVII, p. 1173; année 1864.
( 263 A-
cluent immédiatement. M. Cremona avait déjà fait usage, à un certain
point, de cette considération, dans deux questions de contact Cr)
» Mais la détermination des deux nombres de coniques exceptionnelles
n’est pas facile en général, parce que ces quasi-coniques ont un caractère
de multiplicité, c’est-à-dire qu'une quasi-conique effective peut compter
pour plusieurs dans le nombre théorique exprimé en fonction des deux ca-
ractéristiques. Si les quasi-coniques effectives se peuvent apercevoir assez
aisément dans beaucoup de questions, il n’en est pas de même de leur ordre
de multiplicité, dont la détermination peut présenter de grandes difficultés.
» Les nombreuses questions traitées par M. Zeuthen se rapportent à la
théorie des contacts multiples et d’ordre supérieur des coniques d’un sys-
tème défini par deux caractéristiques, avec une ou plusieurs courbes
d'ordre quelconque. Dans ces recherches, parfois très-épineuses, M. Zeu-
then a surmonté les difficultés dont nous venons de parler avec autant de
rigueur que de talent et de sûreté de jugement. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — « M. Le Ven appelle l'attention de l'Aca-
démie sur les annonces du temps, entreprises dans le département de la
Meuse par M. À. Poincaré, ingénieur du service hydraulique.
» L'Observatoire impérial de Paris transmet chaque jour à MM. les in-
génieurs de Bar-le-Duc, par voie télégraphique et par la poste, les docu-
ments généraux qui, Joints aux observations locales, permettent d’établir
le service de la vallée de la Meuse. Le Bulletin publié par M. Poincaré ren-
ferme deux parties distinctes : la situation générale en ce qui intéresse le
département, et la probabilité pour le lendemain.
» L'importance et l'utilité de ces annonces sont appréciées par les popu-
lations; chaque jour, l'administration départementale reçoit des demandes
tendant à augmenter le nombre des points où les annonces sont affichées.
Le Conseil général de la Meuse accorde au service météorologique une
subvention considérable. » EE
GÉOLOGIE ET GÉODÉSIE. — Sur la carte géologique et sur les volcans du Chili.
Lettre de M. Pissis à M. Élie de Beaumont.
« Santiago, 8 décembre 1866.
» Je profite de l'obligeance d’un compatriote qui retourne en France
(1: Ibid., t LIX, p: 776.
36.:
~
( 264 )
(M. Lapersonne) pour vous faire parvenir quelques feuilles de la Carte
géologique du Chili, pour lesquelles je réclame toute votre indulgence. Ce
n’est encore qu'une ébauche à laquelle il manque la partie la plus impor-
tante, le relief du sol, sans lequel on ne peut guère juger des rapports stra-
tigraphiques des terrains; mais j'ai pensé que dans cet état elles pourraient
vous présenter quelque intérêt, et j espère pouyoir vous envoyer plus tard
le travail complet. J'ai tracé sur ces feuilles le cercle primitif Chili-Groën-
land, ainsi que deux parallèles passant l’un par le Cerro de Bandurias,
centre des mines de Chanarcillo, l’autre par le Cerro de Lomas-Bayas, centre
d’une autre région argentifère, et je me permettrai d'appeler votre attention
sur le rapport remarquable qui existe entre ces parallèles et la position des
principales mines, ainsi que celle des -masses trachytiques auxquelles les
minerais argentifères semblent devoir leur origine.
» N'ayant pu voyager l'été dernier à cause de la guerre, j'ai employé le
“hui à revoir tous les calculs de nos opérations géodésiques, et, après avoir
fait les dernières corrections, j'ai calculé la longueur de l'arc de méridien
compris entre les deux stations extrêmes; les résultats de ce travail sont
exposés dans une petite Note qui vous parviendra avec les feuilles de la
Carte du Chili, et si vous pensez qu’elle puisse avoir quelque intérêt pong
l’Académie, je vous prierais de vouloir bien la lui présenter.
» J'ai terminé également les analyses des émanations du volcan d’Antuca:
les corps qu'elles contiennent sont à très-peu près les mêmes que ceux
observés à l'Etna et au Vésuve. Le seul point remarquable est la faible quan-
tité des composés sulfureux, comparée à celle de l’acide chlorhydrique.
J'ai trouvé aussi quelques traces de brome, mais aucun indice d’iode. La
situation de ce Yolcan à plus de 150 kilomètres de la mer ne permet guère
d'attribuer à l'intervention de celle-ci la présence du chlore. Quant au
soufre, son absence, tant dans le nouveau cratère que dans les fumerolles
beaucoup plus anciennes qui existent sur d’autres parties du cône, est
d'autant plus remarquable que le volcan de Chillan, situé seulement à
quelques lieues plus au nord, en produit beaucoup.
J'ai le projet, si les circonstances politiques me le permettent, de par-
courir cet été les provinces de Valdivia et de Chiloë, afin de compléter mes
recherches sur la géologie du Chili; j'espère ainsi pouvoir vous envoyer
quelques détails sur ces régions encore peu connues. »
Après avoir donné lecture de la Lettre de M. Pissis, M. ELE pe BEAUMONT
ajoute les remarques suivantes :
( 265 )
« Les quatre feuilles de la Carte géologique du Chili que M. Pissis m’a
chargé de présenter à l’Académie embrassent presque toute l'étendue de ce
pays. Elles sont dressées et gravées à une échelle d'environ 55555, c’est-à-
dire peu différente de celle de la Carte géologique générale de la France.
Cette échelle est suffisante pour représenter les traits généraux de toutes les
masses minérales de quelque importance. On peut voir sur la Carte de
M. Pissis que ces masses présentent au Chili une disposition générale
assez simple, dont un des caractères les plus faciles à saisir consiste dans
la tendance marquée de beaucoup d’entre elles à s'allonger et à s'aligner,
comme le remarque l’auteur, parallèlement au grand cercle primitif
Chili-Groënland du réseau pentagonal.
» Je ne dois pas omettre de faire remarquer que M. Pissis a eu le double
mérite de lever lui-même la Carte géographique du pays et d’y tracer les
contours des masses minérales, ce qui donne une garantie de plus de l'ac-
cord parfait du figuré géologique et du figuré topographique.
» La Carte géographique sur laquelle M: Pissis a tracé les contours géo-
logiques est sans doute une réduction de la grande Carte topographique
du Chili, qui a pour base la triangulation dont M. Pissis s'est occupé depuis
dix-sept ans. Plusieurs feuilles de cette Carte topographique sont, je crois,
déjà à la gravure, et jai lieu d'espérer que l’auteur les mettra sous les yeux
de l’Académie au fur et à mesure de leur terminaison. Quant à sa triangu-
lation, dont il annonce aussi la publication, M. Pissis en aextrait la Note
suivante, dont la parfaite lucidité me dispense de tout commentaire. »
GÉODÉSIE. — Mesure de la méridienne du Chili; par M. Pissis.
« Les arcs de méridien mesurés jusqu’à ce jour se rapportent presque
tous à l'hémisphère nord; on ne connaît dans l’autre hémisphère que les
mesures exécutées près du cap de Bonne-Espérance par La Caille et Maclear.
J'ai donc pensé qu’il pourrait être utile d'employer les données qui ont
servi pour la carte du Chili au calcul d'une nouvelle méridienne.
» Les opérations géodésiques du Chili, commencées en 1849, embrassent .
aujourd’hui un espace de 10 degrés en latitude (1); la triangulation s'ap-
puie sur cinq bases. L’étalon qui a servi pour ces mesures est un mètre divisé
par Gambey; il a été comparé à un autre mètre de Secretan en faisant
(1) Les détails de ces opérations seront publiés prochainement dans la Géographie du
Chili.
( 266 )
coïincider l’une des divisions extrêmes et observant la différence des deux
autres divisions avec un fort microscope. Cette différence, qui n’atteint pas
+ de millimètre, donne tout lieu de croire qu’il présente toute l'exactitude
désirable. Les angles formés par les signanx ont été observés avec de petits
instruments universels, l’un de Thomas Jones, l’autre de Pistos et Martins.
Ces mêmes instruments ont également servi pour les observations astrono-
miques, ainsi que des cercles à réflexion prismatique de Pistos et Martins.
Les latitudes ont été obtenues, soit par des culminations d'étoiles observées
des deux côtés du zénith, soit par des hauteurs circumméridiennes, et les
observations relatives aux points de premier ordre ont été faites en assez
grand nombre pour que l'erreur probable du résultat final ne dépassåt pas
une seconde; de telle sorte que les erreurs plus considérables qui peuvent
affecter ces résultats ne peuvent provenir que de la déviation du pendule,
déviation que l’on a cherché à éliminer autant que possible en choisissant
pour stations les sommets de montagnes isolées,
» Les données qui ont servi pour calculer la ongea de l’arc de méridien”
sont les latitudes des sommets de premier re qui s’en écartent le moins;
elles ont été toutes calculées à moins de - de seconde en partant de la
latitude du signal de Cabeza-de-Vaca dans la province d’Atacama et avec
les résultats de Bessel, Are en adoptant la valeur 6377398 metres
pour le grand axe et ~p pour l’aplatissement. Pour obtenir la longueur
des arcs compris entre chaque station on a calculé d’abord les rayons
de courbure de degré en degré pour tout l’espace compris entre
27°37 37,1 et 37°42'12",4 qui sont les latitudes des deux points extrêmes
de l’arc. Les valeurs de ces rayons combinées avec les différences aes lati-
tudes géodésiques ont donné les résultats suivants :
Longueur
d
. Latitudes es arcs Latitudes
Signaux. calculées, compris, observées.
Cabeza-de-Vaca............ 27.37 3701 5 5i 27. 37.37, I
La Serena (been. < 0400 à er 29.54.12,6
RE Ces Ve 33.26.39,0 ra oag 33.26.28,7
Chillan (clocher). . .... ir E E Er 36.36.35,3
Cerro de Cochenta.......... 37.42.12,4 Fans 37.41.52,8
La longueur totale de l'arc compris entre le Cerro de Cabeza-de-Vaca
et le Cerro de Cochenta est donc 1 117 234",6
Les longueurs moyennes des degrés calculées à l’aide de ces résul-
tats et des latitudes observées sont les suivantes: +œ
me que 2 he D Jet ON TA à né dd dé OS A aa ee Sid
eds nt fit a des ris
Cas
110906 entre 27.37.371 et 20. 54. 12,6
110902 entre 29.54.12,6 -et 33,:26.28,7
110853 entre 33.26.28,7 et. 36.36.35,3
111370 entre 36.36.35,3 et 37.41.52,8
» Les deux dernières valeurs présentent une différence de 517 metres.
C’est aussi entre ces deux stations que les latitudes calculées s’écartent le
plus des latitudes, observées; ce qui semble indiquer comme cause de cet
écart de fortes déviations du pendule.
» En calculant la longueur moyenne du degré pour toute l'étendue de
larc mesuré, on trouve 110936 mètres. On peut la considérer, sans erreur
sensible, comme celle du degré qui correspond au milieu de l'arc, c'est-
à-dire à 32°3g' 45”. La longueur de ce même degré, calculée dans
l'hypothèse d’un sphéroïde régulier et d’un aplatissement de ypy, serait
‘110877 mètres : elle diffère seulement de 59 mètres de la précédente, qui
se rapproche aussi beaucoup de 110964 mètres trouvée par Maclear par
la mesure exécutée près du cap de Bonne-Espérance.
» Santiago, 30 novembre 1866. »
ASTRONOMIE. — Détermination nouvelle des éléments elliptiques de l'orbite
de la planète Sylvia. Lettre de M. A. pe Gasparis.
« Naples, 27 janviér 1867.
» Je vous communique les éléments elliptiques de l'orbite de la planète
Sylvia, calculés par d’autres formules que celles de ma communication
précédente.
» Les positions employées ont été les suivantes :
Temps moyen Longitude Latitud
Greenwich. . Sylvia. ylvia.
Mai 1866. 16,384560 245. 252,0 + 3.44. 3,4
20 , 332 893 244.20.16,0 #4" 3.395.380
23,360 197 243.46.59,9 + 3 28.50,4
et J'ai obtenu :
Époque : Mai 1866. 16,38456, temps moyen Greenwich.
M — 281.50. kz
ariga aeng se | Équinoxe moyen :
N — o | janvier 1866, 0.0.
= :10.69..0
loga = 0,547 518,
loge = 9,166382. »
( 268 )
GÉOMÉTRIE, — Construction géométrique, pour un point de la surface des ondes,
des centres de courbure principaux et des directions des lignes de courbure ;
par M. Maxwarim. (Extrait d’une Lettre adressée à M. O. Bonnet.)
Mitia Les propriétés relatives au déplacement infiniment petit d’une
figure de forme invariable dont j'ai fait usage dans ma dernière Lettre (1)
sont connues ou presque évidentes. Aujourd’hui, j’emploierai un théorème
dont j'ai simplement donné l'énoncé dans une communication faite à la
Société Philomathique (14 juillet 1866) (2).
» Voici ce théorème : Lorsqu'un corps solide n’est assujetti qu'à quaire con-
ditions, ses points se déplacent sur des surfaces; à un instant quelconque, les nor-
males à toutes ces surfaces s'appuient sur deux droites.
» Il en résulte que la connaissance des normales à quatre des surfaces
engendrées entraîne celle des normales à toutes les surfaces décrites
simultanément. ; -
» Il suffit, en effet, quatre des normales étant connues, de chercher les
deux droites (D), (A) qui les rencontrent, puis, de construire la droite
issue d’un point quelconque I et s'appuyant sur (D) et (A), pour avoir la
normale à la surface décrite par ce point I.
» Lorsque, .parmi les conditions du déplacement du corps solide, on
a une ligne qui doit passer par un point fixe O, les droites (D) et (A) sont,
l’une dans le plan normal en O à la ligne donnée, et l’autre issue du
point O. |
» -Reprenons maintenant la surface des ondes et son ellipsoïde généra-
teur. J'appelle toujours O le centre commun de ces surfaces, MN la normale
en un point M de l’ellipsoide. Dans le plan OMN, élevons en O une per-
pendiculaire à OM et portons sur cette droite un segment OM, égal à OM;
le point M, appartient à la surface des ondes, et la normale M,N, en M, à
cette surface est la perpendiculaire abaissée sur MN. ;
» Appelons I le point de rencontre de MN et de M,N,, « et B les centres
de courbure principaux de l’ellipsoïde situés sur MN, x,, B, les centres de
courbure principaux de la surface des ondes situés sur M, N,.
» L'angle MIM, est une figure de forme invariable dont le déplacement
est assujetti à quatre conditions. Les côtés doivent être, en effet, tangents
aea e n S E Re
(1) Voir Comptes rendus des Séances de l’Académie des Sciences, t. LXIV, p. 170.
(2) Voir Journal de Mathématiques de M. Liouville, t. XI (2° série), p. 278.
( 269)
en &, Ê, «,, Ê, aux nappes des surfaces des centres de courbure de l’ellip-
soïde et de la surface des ondes, ce qui donne bien quatre conditions.
» De plus, remarquons que, pendant le déplacement de l'angle MIM,,
la droite OT inclinée à 45 degrés sur MN passe toujours par le point fixe O.
» Appliquons le théorème précédent. Les droites (D) et (A) s'appuient
sur les normales en g et B à la surface des centres de courbure de l’ellip-
soide, normales que je désignerai par (x) et (B); l’une (D) doit passer par.
le point O, et l’autre (A) doit être dans le plan normal en O à OI. Les
droites (D) et (A) sont donc faciles à construire : (D) est la ligne menée du
point O et qui rencontre (x) et (£); (A) est la droite qui joint les points où
(x) et (E) percent le plan mené en O perpendiculairement à OI.
» (D) et (A) étant connues, on obtiendra x, et B, en cherchant les pieds
des perpendiculaires à M, N, qui rencontrent ces deux droites. Ces perpen-
diculaires et M, N, déterminent deux plans, dont les traces sur le plan tan-
gent en M, à la surface des ondes sont les tangentes aux lignes de courbure.
» Il résulte de ce qui précède une liaison très-remarquable entre les
normales (x), (B), (xı), (B,); voici comment on peut l’exprimer :
» Les normales (x), (B), (x1), (Bi), aux surfaces des centres de courbure de
l’ellipsoide et de la surface des ondes s'appuient sur une droite passant par le
centre O; leurs traces, sur le plan mené en O perpendiculairement à la droite OI
qui aboutit au point de rencontre I des normales correspondantes MN, M,N,,
appartiennent à une même droite. |
» Quant au point I, il décrit une surface dont la normale s'obtient en
cherchant la droite issue de ce point et qui rencontre (D) et (A). »
ALGÈBRE. — Mémoire sur la résolution algébrique des équations ;
par M. C. Jorpax.
« Dans un Mémoire adressé à l’Académie en 1865, j'ai donné une suite
de propositions, en partie nouvelles, en partie renouvelées de Galois, sur
la théorie générale des équations algébriques. Aujourd’hui j'ai l'honneur de
demander à l’Académie sa bienveillante attention pour une application im-
portante des mêmes principes.
» Je viens en effet de résoudre dans toute leur généralité les problèmes
suivants :
» Déterminer, pour chaque degré donné, les divers types généraux d'é-
quations irréductibles et résolubles par radicaux; les distribuer en genres,
C. R., 1867, 17 Semestre. (T. LXIV, N° G:) 37
( 270 )
classes, etc.; construire les groupes de substitutions qui les caractérisent
respectivement; trouver le nombre des substitutions de ces groupes.
» Galois, qui le premier a abordé ces problèmes, les a résolus dans le
cas très-simple où le degré donné M est un nombre premier; il a démontré
qu’il n'existe, dans ce cas, qu’un seul type d'équations résolubles par radi-
caux. ll a annoncé qu'il en est de même pour les degrés composés; mais
_cette assertion, fondée sur une induction hâtive, est inexacte. Ma méthode
montre, au contraire, qu'en choisissant convenablement le degré de l’équa-
tion on peut multiplier à volonté le nombre de ces types.
» La considération des racines imaginaires des congruences irréductibles
s'introduit d'elle-même dans mon analyse, qui m'aurait certainement pas
abouti si j'avais hésité à l’adopter. Je serais heureux d’avoir contribué par
cet exemple à montrer la puissance de ce nouvel instrument d'analyse, que
d’éminents géomètres paraissent regarder encore avec une certaine défiance.
L
» Définitions. — Un groupe de substitutions sera dit résoluble s’il carac-
térise une équation résoluble par radicaux.
» Un groupe de substitutions entre M lettres 4, 4,, 4,,..., ay_, est dit
transitif, si ses substitutions permettent d’amener une lettre quelconque a, à
la place d’une lettre donnée a (Cauchy).
» Soient À, B, C,... des substitutions quelconques; la haben B—' ÀR
est dite la transformée de A par B. Si B-'AB— A, les substitutions A et B sont
dites échangeables. Si B~ AB — AC, A et B seront dits échangeables à C près.
Si B transforme les unes dans les autres les substitutions d’un groupe G,
B et G seront dits permutables l’un à l’autre.
Théorèmes fondamentaux. — 1° Pour qu'un groupe caractérise une `
équation irréductible, il faut et il suffit qu'il soit transitif,
» 2° Pour qu'un groupe H soit résoluble, il est nécessaire et suffisant
qu’on puisse former une suite de groupes F, G,..., H, se terminant à H, et
telle : 1° que chaque groupe de la suite contienne toutes les substitutions
du précédent; 2° que ses substitutions soient échangeables entre elles, aux
substitutions près du précédent (celles du premier groupe F étant échan-
geables entre elles); 3° qu’il soit permutable à toutes les substitutions H.
» Ce critérium, différent de celui de Galois, se prête beaucoup mieux que
ce dernier à l'application. La marche qu’il suggère naturellement, et que
j'ai suivie pour résoudre le problème général de construire les groupes ré-
(375 )
solubles, consiste à déterminer progressivement les groupes partiels F, G,....
En opérant ainsi, à chaque groupe partiel nouveau que l’on détermine, le
champ des recherches se circonscrit davantage, les substitutions de H devant
être cherchées parmi celles-là seulement qui sont permutables à chacun des
groupes partiels déjà déterminés.
» Les groupes résolubles que l’on peut ainsi former se partagent en deux
catégories : 1° ceux qui ne sont contenus dans aucun groupe résoluble .
plus général : à chacun d’eux répond un type général d'équations résolubles
par radicaux; 2° ceux qui sont contenus dans les précédents : les équations
correspondantes ne sont que des cas particuliers des types précédents.
» Le problème à résoudre peut donc s’énoncer ainsi :
» Construire parmi les groupes de substitutions entre M lettres tous ceux qui
sont transitifs, résolubles et généraux.
Hi
» Parmi les groupes cherchés, il peut en exister dans lesquels les lettres
puissent étre groupées en systèmes, contenant chacun le même nombre de
lettres, et tels, que toute substitution du groupe remplace les lettres d’un
même système par des lettres appartenant à un même système. J'appelle
groupes primitifs ceux dans lesquels on ne peut imaginer aucun groupement
de lettres en systèmes présentant la propriété ci-dessus, et je démontre ce
premier théorème, déjà énoncé par Galois :
» Dans tout groupe résoluble et primitif, le nombre des lettres est une puis-
sance d'un nombre premier. |
» Cela posé, les groupes transitifs, résolubles et généraux entre M lettres
s'obtiennent par la construction suivante : |
» Décomposons M, de toutes les manières possibles, en un produit de fac-
teurs qui soient tous des puissances de nombres premiers. (Ces facteurs
peuvent être égaux ou non, et l’on considérera comme différentes deux
décompositions qui offrent les mêmes facteurs, mais dans un ordre diffé-
rent.) Soit, par exemple, M = p” p" p une de ces décompositions. Dési-
gnons les M lettres du groupe par le symbole général az, xxr; X, x’, X” étant
des indices indépendants, variables l'un de o à p”— 1, l'autre de o à
p"— 1, le troisième de o à p’”—1. Groupons les lettres en systèmes et
hypersystèmes, en réunissant dans un même système les lettres dans les-
quelles x et x’ ont chacun les mêmes valeurs, et dans un même hypersys-
tème toutes celles dans lesquelles x a la même valeur.
37..
(272)
Soient maintenant :
>» T” un groupe de substitutions résoluble, général et primitif entre
5 pr lettres aos o; 2'3
» T” un groupe de substitutions résoluble, général et primitif entre les
p'" lettres, dos x, o; A’ un groupe dont les substitutions laissent immobiles
toutes les lettres, sauf celles des p'” systèmes pour lesquels x = o; per-
mutent entre eux tout d’une pièce ces derniers systèmes en remplaçant les
unes par les autres les lettres pour lesquelles x” à la même valeur; enfin
font subir respectivement les mêmes déplacements que les substitutions de
T” aux lettres ao, », 0;
» T un groupe de substitutions résoluble, général et primitif entre les
pr lettres &,, 5,93 À un groupe dont les substitutions déplacent tout d’une
pièce les hypersystèmes (en remplaçant les unes par les autres les lettres
pour lesquelles z’ et n” ont les mêmes valeurs) et font d’ailleurs subir res-
pectivement les mêmes déplacements que celles de T aux lettres az, o, o
» Les groupes A, A’, T”, combinés entre eux, forment un groupe réso-
luble qui contiendra AA?" A’?"”" substitutions, en désignant respective-
ment par A, À’, A” les nombres de substitutions de T, T”, T”.
» Si l’on adopte successivement diverses décompositions du nombre M
en facteurs, et si pour chacune de ces décompositions on varie autant qu'on
- le pourra la forme des groupes I”, I", T, on obtiendra une suite de
groupes, parmi lesquels se trouveront tous les groupes transitifs, résolubles
et généraux cherchés.
Réciproquement, si l’on a soin d’exclure celles des décompositions
de M dans lesquelles deux facteurs successifs seraient simultanément égaux
à 2 (décompositions qui ne fournissent aucun groupe général), tous les
groupes fournis par la construction ci-dessus seront essentiellement géné-
raux et distincts les uns des autres; et l’on pourra les distribuer en genres
suivant la décomposition à laquelle ils correspondent,
» La question se trouve ainsi réduite à la détermination des groupes F,
I“, T”, autrement dit au problème suivant :
Construire les groupes résolubles, généraux et primitifs entre p” lettres,
p étant un nombre premier, »
( 273 )
ASTRONOMIE. — Sur la non-existence, sous le ciel du Mexique, de la grande
pluie d’étoiles filantes de novembre 1866, et du relour périodique du mois
d'août. Lettre écrite de Mexico par M. A. Poëy à M. Élie de Beaumont.
« Le cycle de la révolution de novembre ayant été calculé par MM. Olbers
et Herrick, de 33 à 34 ans, et par M. Newton de 33,25 années, ce dernier
savant avait appelé récemment l’attention des astronomes sur la possibilité,
appuyée de fondements sérieux, de l'apparition de 1865 à 1866 d'une nou-
velle pluie prodigieuse d'étoiles filantes, dans la matinée du 13 ou du
14 novembre, sur une grande étendue de la terre, semblable à celle de 1779
et de 1833, et probablement la dernière de ce siècle.
» Très-récemment, dans une conférence faite à l’Institut royal de Londres,
le 25 mai de cette année, M. Alexandre Herschel, étant revenu sur cette
question, faisait un appel aux observateurs, pour surveiller scrupuleuse-
ment le ciel, chaque matin, de 1 heure à 2 heures, quelques jours avant
et après la date indiquée. :
» Quant à la chute extraordinaire que l’on espérait voir l'année passée,
elle a complétement manqué, et quant à celle de cette année, elle n’a pas
non plus été visible en aucun point de l'empire du Mexique.
» On écrit de la Nouvelle-Orléans, aux États-Unis, à la date du 14 no-
vembre, qu'il y avait trois jours que les trois quarts de la population pas-
saient leurs nuits à la belle étoile, dans l'attente de cette pluie prodigieuse.
Le maire de la ville avait même prescrit qu’au moment où le phénomène
se produirait, toutes les cloches des églises devaient sonner vingt-cinq coups
et les gardes de nuit mettre sur pied tous les habitants. Malgré les bonnes
dispositions de la municipalité, on désespérait de pouvoir jouir de ce spec-
tacle grandiose, car depuis la veille il pleuvait à verse, et l'atmosphère était
complètement couverte. Cependant on avait déjà observé, dans les nuits
du 11 et du 12, plusieurs étoiles filantes, et notamment un météore qui fut
visible pendant dix minutes.
» M. Haidinger, qui s’est occupé de la persistance plus ou moins longue
des trainées lumineuses des étoiles filantes et des météores ignés, signala
depuis 1664 quarante-six exemples d’une durée très-prolongée. En 1856,
M. Schmidt a observé à Laibach (Carniole) une persistance de trente mi-
nules,
» Je ne crois pas que le phénomène ait été observé à l'Observatoire de
la Havane, car l’aide qui m'y remplace actuellement se serait empressé de
m'en faire part. Dans aucune des correspondances des journaux d'Amérique,
: ( 274 )
je n'y ai pu trouver non plus une mention de cette plnie d'étoiles filantes.,
» Ayant à cœur d'observer le phénomène dans tout son développement,
sous une latitude et à une altitude (2280 mètres) aussi importantes que
celles de Mexico, je n'étais associé M. Ignacio Cornejo, directeur de l’obser-
vatoire de l'École des Mines, ainsi que mon aide, M. Lauro Arrizcorretal,
qui se sont chargés, le premier, d'observer l'hémisphère austral, et le
second de nous signaler les étoiles filantes qui pourraient nous échapper,
tandis que je portais mon attention vers l'hémisphère boréal, théâtre de
mes premières recherches, étant à même ainsi de relier les observations de
Mexico avec celles déjà obtenues à la Havane.
» Voici maintenant le résultat des observations qui ont été faites à l'ob-
servatoire de Santa-Clara, de la Commission scientifique française, qui se
trouve sous ma direction :
Nuit du 13 au 14.
Hémisphère nord. - Hémisphère sud. Total horaire.
De rah à vb, : 7 étoiles De 12 à 1}.... 11 étoiles 18 étoiles.
De LT EC LEP G Dé lin hab lire 28 »
Toi o o 29 5 Totali © ee" 46 »
Total des deux heures : 46 étoiles filantes.
Nuit du 14 au 15.
Héinisphère nord. - Hémisphère sud. Total horaire.
De st s 13 étoiles DE... 1j étoiles 30 étoiles.
De 25 à 3h... Wo » De a... 10 o 30!
Total, ,;,. 29 » oies. At. à 56 .»
Total des deux heures : 56 étoiles filantes.
» On voit, d’après ces deux jours d'observations : 1° que le nombre
d’étoiles filantes n’a fait que dépasser la moyenne de celles des nuits ordi-
naires, ne s'étant élevé qu’à 30 météores, dans toute l'étendue du ciel et
dans une seule heure, de 1 heure à 2 heures, dans la nuit du 14 au 15;
. 2° que le nombre total des étoiles filantes observées dans la nuit du 14 au 15
a été de 10 météores plus considérable que celui de la nuit du 13 au 14;
3° que le maximum du nombre horaire des météores a eu lieu de 1 heure
à 2 heures; 4° qu'après 2 heures de la premiere nuit, et après 3 heures de
la seconde nuit, les étoiles filantes ont considérablement diminué, de même
qu'elles ont été très-rares la deuxième nuit, de minuit à 1 heure; 5° qu'il
n'y a pas eu de météores remarquables, sous aucun rapport, et très-peu de
ceux de première grandeur; mais que la plus grande partie, comme l'avait
(275)
observé Olmsted dans le retour de novembre, laissait des trainées lumi-
neuses et presque toujours bleuâtres; 6° qu'enfin toutes ces étoiles filantes
divergeaient ou émergeaient d’un centre commun situé dans la constella-
tion du Lion, conformément à ce qui a toujours été observé depuis que
M. Olmsted l’indiqua le premier.
» Dans une dernière Note que j'ai eu l'honneur d'adresser à l'Aca-
démie (1), j'énonçais que dès 1849 j'avais déjà reconnu que les retours pé-
riodiques des étoiles filantes des mois d'août et de novembre n'avaient
point lieu sous la latitude de la Havane non plus que dans l'hémisphère
austral, comme à Rio-Janeiro, au Chili, à la Plata et dans le golfe du
Mexique, en Amérique ; ainsi qu'à Melbourne en Australie : faits que j'ai
de nouveau confirmés à la Havane en 1862 et 1863.
» Il paraîtrait aussi que ces deux périodes ne s’observent point sur
toute l'étendue de l'empire du Mexique. J'apporte une certaine restriction
dans cette assertion, parce que nous étant réunis, M. Cornejo et moi, dans
la nuit du retour périodique, du 10 au 11 août, le ciel, malheureusement,
est resté complétement couvert d’une couche compacte de pallo-cirrus
jusqu’au lendemain dans la soirée. Cependant, la nuit suivante, du 11 au 12,
le ciel se trouvant totalement découvert, j'ai demeuré en observation
pendant deux heures, de 11 heures à 1 heure du matin, sans avoir pu
observer une seule étoile filante dans:toute la région de l'hémisphère boréal.
» Voici encore un autre fait cité par M. Duflot de Mofras, dans son ex-
ploration de la mer de Cortès, dans le golfe de Californie; ce savant s’ex-
prime ainsi : « Nous trouvant sur la côte pendant l'hiver, nous espérions
» voir la pluie d’étoiles filantes que l’on observe annuellement sur diffé-
» rents points de la côte orientale de l'Amérique, dans la nuit du 12 au
=» 13 novembre. Nous avons examiné scrupuleusement l'état du ciel du
» 8 au 20, sans avoir pu observer d'autre phénomène que celui qui s’offre
» toutes les nuits dans ces climats, c’est-à-dire que de tous les points du
» firmament, surtout de la constellation du Lion, on voyait apparaître des
» météores se dirigeant la plupart du temps dans une direction contraire
au mouvement de translation de la terre; ces météores avaient une
» vitesse apparente parfois de 10 à t2 lieues par seconde. »
» J'avais encore cité dans ma dernière Note l'opinion de M. Fitch, qui
affirme qu’au retour périodique du 15 novembre 1838, il n'avait pu
compter, dans le golfe du Mexique, qu'un très-petit nombre d'étoiles
=x
a a aa a er tre
(1) Séance du 30 octobre 1865.
(276)
filantes, ne dépassant pas la moyenne ordinaire sous cette latitude, tandis
que dans le nord des États-Unis, les météores étaient excessivement abon-
dants.
» Maintenant voici un fait contradictoire que M. Herschel a rapporté
dans sa conférence : « M. Greg nous apprend que, comme M. Baxendell,
» de la Société Royale, il a vu sur la côte ouest du Mexique le nombre des
» méléores visibles à la fois souvent égal au nombre apparent des étoiles
» fixes du firmament. »
» Je demande à l’Académie la permission de corriger une erreur impor-
tante qui s’est glissée dans ma Note sur le climat de Mexico, insérée dans
le Compie rendu de la séance du 20 août dernier. L’avant-dernier para-
graphe, qui a été coupé, doit être rétabli ainsi qu’il suit: « La pression
» maximum que j'ai obtenue depuis le 1° avril s’est élevée à 591"%,0, le
» 24 avril de 9° 30% à 9 45", durant l'heure tropique de la marée maxi-
» mum du matin. La pression minimum a été de 582"®,9, le 9 mai, à
» 5 heures, pendant l'heure tropique de la marée minimum de l'après-
» midi; différence, 9 millimètres. Ces observations n’ont pas encore été
» réduites à zéro. La température était dans la marée maximum de
» 16 degrés à 16°,2, et dans la marée minimum de 24 degrés. ».
ÉLECTRICITÉ. — Sur la décharge de la batterie et sur l influence de la confiqu-
ration des conducteurs. (Suite.) Note de M. C.-M. Guizemn , présentée
par M. Foucault.
« Dans une Note présentée à l’Académie le 14 mai 1866, j'ai démontré
qu'en augmentant la surface des conducteurs, la section restant con-
stante, on facilite, dans des proportions considérables, le passage du cou-
rant de la batterie.
» La propagation du courant d’une très-petite durée ne représentant
que l’état variable, l'induction que le conducteur exerce sur lui-même est
très-énergique, à cause de la très-grande rapidité des variations d'intensité,
et l'effet de l'augmentation de la surface est dû à l'éloignement des parties
réagissantes.
» Il résulte de ces faits d'expérience que des courants parallèles génent
mutuellement leur propagation quand ils vont dans le même sens.
» De même, l'expérience fait voir que des courants parallèles facilitent
mutuellement leur propagation quand ils vont en sens contraire.
» Il suffit de disposer parallèlement trois fils métalliques, séparés les
( 277 )
uns des autres par une distance de 20 à 25 centimètres. Les deux conduc-
teurs extrêmes contiennent deux fils de fer de -4 de millimètre de diamètre
et de 10 centimètres de longueur, qui, par leur échauffement, indiquent
l'intensité du courant instantané. Ces deux conducteurs sont mis en com-
munication avec l’armature intérieure d’une batterie, chargée d'électricité
positive; le courant qui les traverse revient, par le conducteur du mi-
lieu, à armature extérieure, chargée négativement; en sorte que, dans
ce dernier, la direction du courant est de sens contraire à celle des deux
autres.
» A l'instant où passe le courant de la batterie, on voit les deux fils
de de millimètre de diamètre, que j’appellerai fils d'essai, rougir et
fondre du côté du conducteur qui est le plus voisin de celui qui va à Par-
mature extérieure, tandis que le fil d’essai de l’autre conducteur rougit sans
entrer en fusion. Cette expérience établit nettement que deux courants
d’une très-courte durée, qui se propagent parallèlement en sens contraire,
facilitent mutuellement leur propagation.
» On comprend, après cela, que la configuration qu'on donne à un
conducteur facilite ou retarde le passage du courant instantané, suivant
que, dans les parties voisines et réagissant mutuellement par induction, le
courant marche en sens contraire ou dans le même sens.
» Deux fils de cuivre de 1 millimètre de diamètre, de 5 mètres de lon-
gueur, couverts d’une couche de gutta-percha de 1 millimètre d'épaisseur,
sont disposés, l’un sous la forme d’un grand cercle, l’autre sous la forme
d'une hélice dont on fait varier le diamètre. Le courant de la batterie tra-
verse simultanément les deux conducteurs, en se bifurquant dans chacun
d'eux. Deux fils d'essai de même longueur montrent, par leur échauffe-
ment, quel est celui des deux conducteurs qui offre le passage le plus
facile au courant de la batterie. Le fil qui a la forme d'un cercle reste
invariable et sert de comparaison pour l’autre fil de configuration variable.
» Si donc on fait une hélice de 6 à 10 centimètres de diamètre avec ce
dernier, on observe que le courant de la batterie éprouve beaucoup plus
de difficulté à la traverser que le fil circulaire ; le fil d’essai correspondant
s’échauffe, mais reste intact, tandis que celui du fil circulaire est projeté
en globules incandescents.
» Quand on diminue le diamètre de l'hélice, en augmentant la longueur
de son axe, la résistance qu’elle oppose au passage du courant diminue peu
à peu, jusqu’à ce qu’on arrive à une forme qui offre la même résistance au
C. R., 1867, 1°" Semestre. (T. LXIV, N° 6.)
( 278 )
courant instantané que le fil circulaire; alors les deux fils d'essai s'é-
chauffent et fondent également. Si l’on diminue suffisamment le diamètre
de l’hélice, la résistance qu’elle offre au courant de la batterie est moindre
que celle du fil circulaire; le fil d’essai qui lui correspond fond et brüle,
l’autre s’échauffe sans entrer en fusion.
» Lorsque l’hélice a 2 centimètres de diamètre et 20 de long, elle résiste
un peu plus que le fil circulaire; mais si on l’allonge jusqu'à 4o centi-
mètres, sa résistance devient plus faible et laisse plus facilement passer le
courant. Il est clair qu'il existe une résistance minimum, pour un certain
pas de l'hélice suffisamment grand, et qu’à partir de ce point la résistance
s'accroît, à mesure qu’on allonge l’hélice, pour devenir égale à celle du fil
circulaire qui sert à établir les comparaisons.
» Quand on donne au fil la forme sinueuse, on diminue sa résistance au
passage du courant instantané. Enfin, si, après avoir étendu en ligne droite
l’une des moitiés du fil, on ramène l’autre parallèlement à une petite dis-
tance de la première, le passage du courant de la batterie devient plus
facile.
» Tous ces effets s'expliquent aisément, si l’on considère la direction
relative des courants de l’hélice. Dans les points des conducteurs situés sur
une même génératrice, les courants vont dans le même sens; ils vont en
sens contraire si l’on compare deux parties des conducteurs situés aux deux
extrémités d’un même diamètre. Il y a donc à la fois des actions inductrices
qui retardent, d’autres qui accélérent la propagation du courant instantané.
La somme des premières l'emporte lorsque l’hélice a un grand diamètre;
c'est le contraire lorsque le diamètre de l’hélice est suffisamment petit.
Pour le fil sinueux, les courants marchent en sens contraire dans les parties
les plus voisines ; aussi cette disposition accélère le passage du courant:
Enfin, dans le cas où les deux moitiés du fil marchent parallèlement et en
sens contraire, l'effet est encore plus évident.
» Le courant de la bouteille de Leyde ne dévie le galvanomètre qu'au-
tant qu'on le fait passer à travers un Corps assez mauvais conducteur ; mais
alors, ses variations étant moins rapides, les effets d’induction sont moins
intenses et difficiles à constater. Les procédés que je viens de décrire
donnent le moyen de démontrer, sur des fils d’une petite longueur, des
effets d’'induction énergiques, à cause de la très-grande rapidité des variations
du courant de la batterie. L'état permanent ne se produit pas d’une ma-
nière sensible ; l’état variable existe seul, et l’on voit prédominer les effets
d’induction qui sont concomitants de l’état variable.
( 279 )
» Quand il s’agit du courant voltaïque, c’est au contraire l'état perma-
nent qui tend à prédominer. On peut cependant déterminer expérimenta-
lement les variations qui suivent la fermeture et la rupture du circuit,
pourvu qu’on prenne des fils rectilignes d’une longueur suffisante, tels que
des fils télégraphiques, ou bien encore des fils moins longs enroulés en
bobine.
» J'ai eu recours à cette disposition, qui donne des effets d’induction
très-intenses, pour voir si les propositions énoncées se vérifient dans le cas
de la propagation du courant de la pile. J'ai pris une bobine à deux fils
enroulés ensemble sur un tube de carton, construite par M. Ruhmkorff
pour la démonstration des phénomènes élémentaires de l'induction. Dans
un premier essai, les deux fils ont été réunis de manière que les courants
marchaient dans le même sens; puis, dans un second essai, on a fait la dis-
position inverse.
» Le courant d’un élément Bunsen, de grandes dimensions, rendu inter-
mittent par l'interrupteur à mercure de M. Foucault, a donné à la boussole
des tangentes 10 degrés de déviation dans le premier cas, et 14 degrés dans
le eas où les courants marchaient en sens contraire dans les deux fils.
» Ainsi, pour une même rapidité dans les interruptions, la bobine
est traversée par une plus grande quantité d'électricité, dans l'unité de
temps, lorsque, dans les deux fils, le courant marche en sens contraire
que dans la disposition inverse. C’est la vérification, pour le cas de la pro-
pagation du courant voltaique, des principes énoncés relativement au cou-
rant de la bouteille de Leyde. » |
OPTIQUE. — Sur une méthode à employer pour le choix des lunettes. Note de
M. Cocos, présentée par M. Babinet. (Extrait.)
« Aucune méthode précise n’a encore été indiquée pour déterminer,
d'une manière certaine, les numéros des verres convenant à tel degré de
myopie ou de presbytie; les opticiens en sont encore réduits à des tàton-—
nements vagues. Ces tâtonnements ne donnent que des résultats approxi-
matifs ayant souvent pour conséquence l'emploi de lunettes d’un numéro
trop fort ou trop faible, et amenant parfois des accidents graves et des
maladies qui peuvent conduire à la cécité.
» Frappé de ces inconvénients, je me suis préoccupé depuis longtemps
de trouver un moyen pratique de déterminer avec exactitude le foyer de
la lentille qu'il convient d'employer; je suis arrivé à établir une méthode,
90.:
( 280 )
dont l'expérience aussi bien que le raisonnement me paraissent démontrer
l'exactitude. |
» Au moyen d’un instrument très-simple et d’un usage commode, que
j'appelle indicateur de la vue, je détermine d'une manière certaine la force
visuelle ou la distance de vision. |
» Cet instrument est ainsi disposé : sur une plaque percée d’une ouver-
ture qui permet aux rayons visuels de la traverser, se trouve fixé un ruban
divisé; une seconde plaque, sur laquelle sont gravés des caractères d'im-
primerie d'environ 1 millimètre, est placée en face de la première, de ma-
nière à glisser sur le ruban. Pour mesurer la distance de vision, il suffit
de tenir près de l’œil l’ouverture de la plaque, et de regarder à quelles dis-
tances minimum et maximum on peut voir nettement les caractères gravés
sur la seconde plaque. Les divisions inscrites sur le ruban indiqueront les
distances maximum et minimum qu'il s’agit de connaitre; la moyenne sera
la distance de vision distincte, c’est-à-dire celle à laquelle il sera possible
de lire ou travailler un certain temps sans fatigue, car il restera assez de
force en réserve pour pouvoir approcher ou éloigner l'objet ou le livre,
selon leurs dimensions ou l'intensité de la lumière.
» En se servant de l'indicateur de la vue, on reconnaît, ce qui du reste
est conforme à l'expérience, que pour une vue normale dans toute sa force
visuelle, la distance minimum varie de ro à 15 centimètres, et la distance
maximum de 5o à 55 centimètres. On remarque aussi que, plus on avance
en âge, plus le point minimum s'éloigne; lorsqu'il aura atteint 35 centi-
mètres, la vue sera devenue presbyte.
» Dans le cas de myopie, au contraire, les distances minimum et maxi-
mum sont plus rapprochées, ce qui explique la facilité qu'ont les myopes
de distinguer de près les plus petits détails et la difficulté qu'ils éprouvent
à voir les objets éloignés.
» La distance de vision étant déterminée, le degré de myopie sera le
foyer ou le numéro du verre devant ramener la vue au foyer normal. Ce
numéro est indiqué au moyen d’une table, calculée pour les distances de
š Eoi d sa
5 à 30 centimètres par la formule f = — dans laquelle f est l'inconnue,
le numéro à trouver; d est la distance de vision de la vue myopé;
p = 10 pouces, distance de vision de la vue normale.
» Ainsi, supposons une myopie dont la distance de vision minimum est
9 centimètres et la distance maximum 19 centimètres : la vision distincte
sera à 14 centimètres ou 5 + pouces. Le foyer de la lentille, indiqué par la
( 281)
table pour ramener la vue à un foyer normal, sera 9 pouces. La myopie
sera donc au neuvième degré.
» Pour une vue presbyte un peu avancée, les caractères moyens ne
peuvent plus être distingués, et a fortiori les petits; il en résulte qu'aucune
formule ne peut être employée pour calculer le numéro des verres propres
à ramener la vue presbyte à un foyer normal.
» Pour y suppléer, j'ai réuni sur une même feuille une série de carac-
tères de différentes dimensions, au moyen desquels on peut déterminer le
degré d’affaiblissement de la vue et, par suite, le foyer des verres qu'il con-
vient d'employer. »
MÉCANIQUE MOLÉCULAIRE. — Sur la tension des lames liquides; par M. VANDER
Mexssruceur. (Extrait par l’auteur.)
« Gand, le 7 janvier 1867.
» L'objet du travail ci-joint est de démontrer, par l'expérience, qu'une
lame liquide est de tout point comparable à nne membrane tendue. Voici
lun des effets les plus frappants de la tension superficielle des liquides : on
noue les deux extrémités d’un fin fil de soie, de sorte qu'il forme un contour
fermé, et on le mouille de liquide glycérique; on réalise alors, dans un con-
tour plan en fil de fer, une lame liquide horizontale, et l'on y dépose avec
précaution le fil mouillé, qui flottera sans offrir une figure régulière; si l'on
brise ensuite la portion laminaire comprise à l'intérieur du contour flexible,
celui-ci affecte subitement la forme d’une circonférence parfaite.
» Dans la première partie de la Notice, je donne les conditions d'équi-
libre d’un fil flexible, inextensible, sans poids et uniquement sollicité, à son
contour extérieur, par la tension d’une lame quelconque, plane ou courbe.
Dans la seconde partie, je décris une expérience très-simple, qui permet de
trouver aisément la valeur et la tension d’une lame de liquide glycérique. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Note sur la teneur en fer el sur l'analyse des minerais
houillers du centre de la France; par M. Cu. Mène.
« Pai l'honneur d'adresser à l’Académie le résumé d’un travail relatif à
l'analyse des minerais de fer houillers, afin de fixer la métallurgie sur la
valeur de ces produits. Je n’entrerai ici dans aucunes considérations autres
que celles de l’analyse des échantillons, afin de démontrer plus nettement
le parti avantageux que l’on peut-tirer de ces minerais. Je ne prétends pas
( 282 )
dire que ces produits soient assez abondants pour former la base de lali-
mentation des forges; mais comme on les trouve assez souvent et en quan-
tités ‘assez notables, et qu'on ne les utilise que très-rarément, jé ferai ob-
server qu’on pourrait les mêler aux autres minerais dans les lits de fusion,
pour gagner une teneur en fer plus riche que celle des minerais calcaires,
auxquels on doit les associer avec des minerais siliceux. J'appelle l’attention
surtout des métallurgistes sur le grillage de ces minerais, pour y faire passer
le protoxyde de fer en peroxyde, et éviter par cela la combinaison du prot-
oxyde avec la silice, c’est-à-dire la formation d’un composé tres-fusible et
nécessairement peu réductible en fer. Les échantillons dont je donne ici
l'analyse ont été recueillis en grande partie par moi-même, dans les divers
bassins houillers du centre de la France, ou mont été remis par les ingé-
nieurs attachés à leurs exploitations; par conséquent leur authenticité se
trouve garantie. Dans le plus grand nombre de cas, mon analyse a porté
sur des moyennes de minerais, afin d'obtenir des données industrielles.
» J'ai réuni mes résultats dans le tableau n° I, afin qu’on puisse plus faci-
lement établir des comparaisons entre les minerais de provenances diverses.
Tableau n° T,
: ALU- PY- | DEN- |FER
PROYENANCES,. Co? | Fe I b Fe?0? s
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| ld eE 0,265|0,4 90/0,103| » |o,030|0,017l0,010|0,005|3,0585132,8
[o e 0,282|0,430|0,135|0,093|0,010|0,025|0,010]9,035| °» |3,1802135,0
5 PERS S A 0,2800, 428 0,1250 ,083|0,005|0,035ļ0,012 0,010|0,012|3,1750|33,3
P it 0 ,285/0,430|0,130|0,087| » |0,038l0,015 0,010/0,005|3,1910/33,5
A'CHAROHS, 2500 0,2 »115/0,07710,005|0,040|0,005|0,017|0,008 3,2082|34,0
RS de ie 0,315/0,4%0l0,160|0,085 0,012 0|0,010|0,005f0,003 [3,2753 34,3
D A E à 0,290|/0,420|0,135|0,090| » |o,025l0,010l0,020 0,0 ,1508|32,8
g a Rann rasini r E ESN 0,265/0,408|0,166|0, 110|) » ,040{0,008|0,003| » |3,0056131,8
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( 283 )
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Tableau n° I (suite).
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$ | Roche-Thiollière........ 0,265 0,380 0,177 0,113 0,009 0,028 0.00510,01210,0111|2 9850 2
À | Saint-Chamond........ 0,282 0, 25l0 a 08a10,010!0,030 0,008 0,014 y | 85
£ Combérigol : o. 26610.37 “iao aiba PET er 3 ln dant
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3 Tartaras (Rhône}).......[0,260|0,355 à 0,135 0,015/0,030/0,012/0,005|0 003|2,7553
à Ternay (Rhône). . [0,220 0,325 0,202|0,180 0,050 0,005 0,0 ,008 2, 5953
E : Ao 238 0,350 0,205 0,170 0,012 0 no 0,01 0,010 2, 015
cn Villars... 0,27 3850,155|0,092| ” 3 0, re 0,0 10/0,020 [2,818
Saint-Jean-Bonnefond. . 0,26 0,410 0,142 0,09 0,005/0,035/0,015/0,010 0,025 3,2571
Saint-Symphorien-en-Lay.|0,275 o,ģ400|0,145 0,0g0|0»010 0,040[0,020/0,005/0,015/3,1005
Amions. esse see 06 ce 0343 0,39010,221|0,13 4 ,038|0,005|0,010|0 6312,7513
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Grande-Combe. . ... 0,272/0,408l0,150[0,101| ~ |0,040/0,010 0,0050,01413,2652
Compagnie d’Alais 0,28110, 35 0,12 ,088| ”. |0,0 510,01010 ,00 ,01 3,1913 3:
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Bességes ( Terrenoire). .. |0, 265|0,428|0,150|0, 101| ” |0,035|0,006|0,010 00513, 1895
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» Le tableau n° II donne quelques analyses, faites sur ces minerais grillés
à la flamme des gaz des hauts fourneaux; en employant à cet effet la chaleur
( 284 )
perdue après le chauffage des appareils à gaz (soufflerie), comme je l'ai re-
commandé dans quelques usines où j'ai fait appliquer ce moyen.
Tableau n° II.
PROVENANCE. PERTE. Fe 0° Ca O sitio, | ALUMINE, | 705 PS
pour 100.
DR CHROME D, re rA 0,015 0,700 0,020 0,160 0,105 49,0
(RSS ET te 0,030 0,699 0,038 0,145 0,088 48,8
ee rite ait 0,054 0,580 0,040 0,166 0,150 46,2
Perses serre series ee 0,066 0,690 0,012 0,129 0,100 48,5
ROVOUR e nn teuues «| 0,010 0,660 0,050 0,179 0,105 42,6
M e Paie ur 0,027 0,600 0,030 0,188 0,155 42,0
US a M ES Es 0,050 0,700 0,050 0,150 0,050 49,0
Le Manto se Hire 0,067 0,589 0,068 0,172 0,104 42,0
Re Or out Us 0,060 0,670 0,082 0,146 0,096 45,7
Barónillère a RL Lu de 0,085 0,600 0,080 0,140 0,099 42,0
Morehège sit res aa a 0,085 0,635 0,025 0,155 0,101 44,5
Férrengiré ts en us 0,020 0,680 0,035 0,185 0,180 47,5
nt ee SU ane N 0,055 0,580 0,040 0,165 0,150 46,2
AG Tu Me esse res 0,060 0,695 0,016 0,130 0,101 45,5
» Comme il est facile de le voir par ces résultats, tout le protoxyde de fer
du minerai a passé par le grillage à l’état de protoxyde, et dès lors se trouve
facilement réductible avant sa combinaison avec la silice; de plus la teneur
en fer a monté de 35 à 45 et 49 pour 100 par l'élimination de l'acide car-
bonique, etc. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques nouveaux dérivés du valérylène.
Note de M. Resour, présentée par M. Balard.
« Pai montré, dans de précédentes communications, que le valérylène
donne, avec le brome, un bibromure et un tétrabromure, et, avec l'acide
bromhydrique, un mono et un dibromhydrate, Par la manière dont il se
comporte vis-à-vis du brome et de l’acide bromhydrique, le valérylène
semble donc devoir fournir deux séries de combinaisons : l’une, composée
de corps incomplets, capables de fixer encore H? ou Br?, ou HBr, ou leurs
équivalents, dans laquelle, en un mot, il ne fonctionne que comme radical
diatomique; l’autre, composée de corps saturés, et dans laquelle if fonc-
tionne comme radical tétratomique. C’est en effet ce qui a lieu, et la pré-
sente Note n'a pour objet que d'apporter une vérification à des idées déjà
émises, en augmentant la liste des combinaisons valéryléniques appartenant
à l’une et à l’autre de ces deux séries. Le tableau suivant comprend tous les
( 285 ) |
dérivés du valérylène actuellement connus, tant ceux qui ont été précé-
demment décrits que ceux qui font le sujet de cette communication :
SÉRIE DIATOMIQUE (1). SÉRIE TÉTRATOMIQUE (1).
*Dibromure....... c'n) "g ; *Tétrabromure ..... E cn) are
*Monobromhydrate. & Hej 4 * Dibromobromhydrate . c'n Ri
Monochlorhydrate. ele *Dibromhydrate . ..... cm,
Monoiodhydrate . . cuti Dichlorhydrate . ..... cnt) ci |
Monoacétate. .... cn’! on Diacétate...... sedet cns) EETA
Monohyärate. +>- -e*m ho 2 el a © (HOÿe
» Chlorhydrates de valérylène. — Le valérylène ne paraît se combiner que
très-lentement à froid avec l'acide chlorhydrique fumant; mais lunion
s'effectue aisément en vases clos à la température de 100 degrés : on voit
l’hydrocarbure se colorer peu à peu en brun violacé, dont la teinte va se
fonçant de plus en plus. Au bout de huit heures de chauffe on ouvre le
ballon, on sépare la couche supérieure très-colorée, on lave à l’eau alca-
lisée et, après avoir séché, on distille. Par des distillations fractionnées
convenablement conduites on retire trois produits : 1° di valérylène non
altéré; 2° un liquide bouillant vers 100 degrés : c'est le monohydrate;
2° un liquide bouillant à 150-152 degrés, et qui constitue le dichlorhy-
drate. Enfin une petite portion du valérylène s'est modifiée moléculaire-
ment sous l'influence de l'acide, et s’est transformée en une modification
polymérique.
» Le monochlorhydrate de valéry lène est un liquide mobile insoluble dans
l’eau, plus léger qu'elle, d'une odeur qui rappelle celle du chlorure d'amyle,
mais plus forte et plus désagréable. Il bont vers 100 degrés, 10 degrés plus
haut que le chlorhydrate d’amylène, différence qui est précisément celle
des points d’ébullition du valérylène et de l’amylène. Son analyse a fourni
: pa: Cl
des résultats concordants avec ceux qu’exige la formule G’ H: H
T E E E E - …
(1) Les corps marqués d'un astérisque ont été précédemment décrits.
C. R., 1867, 1°f Semestre. (T. LXIV, N° 6.) 39
( 286 )
» Le dichlorhydrate bout à 150-152 degrés. C’est un liquide plus lourd
que l’eau, dans laquelle il est insoluble. Il retient toujours de petites quan-
tités de monochlorhydrate, dont il ma été impossible de le débarrasser
à | H?
complétement. Sa composition est exprimée par la formule €*H° cle’
» Bromhydrates. — Ils ont déjà été décrits, Le premier bout vers 115 de-
grés, le dibromhydrate vers 180 degrés, en émettant quelques fumées
bromhydriques.
» lodhydrates.— L'acide iodhydrique fumant s'unit directement, par l'agi-
tation, au valérylène, en donnant deux iodhydrates. Je n’ai isolé à l’état de
pureté que le monoiodhydrate, liquide mobile, plus lourd que l’eau, inso-
luble, et bouillant à 140-142 degrés, c’est-à-dire 10 à 12 degrés plus haut que
l'indhydrate d'amylène. Sa composition est représentée par la formule
G’ H? a
I
» Acélates de valérylène. — Le dibromhydrate de valérylène a été traité
à 100 degrés pendant huit heures en vases clos par l’acétate d'argent délayé
dans l’éther, suivant la méthode de M. Wurtz. Les liqueurs éthérées, séparées
du bromure d’argent et du léger excès d’acétate d'argent, ont fourni, apres
avoir chassé l’éther : 1° un mélange d’acide acétique et de monoacétate de
valérylène passant en grande partie de 120 à 145 degrés; 2° un diacétate
passant vers 200 à 210 degrés. La réaction qui donne lieu au diacétate est
représentée par l'équation
exil 2 (cHO:, Ag) = 2BrAg + cr | E
Br SR ER E (cH 0°}
Re TP ar Acétate d'argent, Tasses MF 2 68
Dibromhydrate. Diacétate.
Quant à celle d’où résultent l'acide acétique et le monoacétate, elle con-
siste dans un dédoublement du diacétate
Hi. de À c’H 0°
TET eme aa Eo
: Diacétate. z ; Monoacétate. i Acide acétique.
» Monoacétate. — Le mélange d'acide acétique et de monoacétate est
lavé avec une solution de carbonate de soude jusqu’à sursaturation de
l'acide libre. Le liquide insoluble résultant, lavé à l'eau, séché et distillé,
se résout en grande partie en monoacétate. C’est un liquide mobile, plus
léger que l’eau, insoluble, d’une odeur agréable d’essence de poires, mais
plus pénétrante. Il bout vers 135 degrés. Traité par la potasse solide pul-
( 287 )
vérisée, d’après la méthode générale indiquée par M. Wurtz, il fournit un
liquide d’odeur aromatique, insoluble, plus léger que leau, et qui bout
vers 115-120 degrés. C’est l’hydrate de valérylène, correspondant à lhy-
drate d’amylène. Le sodium l'attaque avec dégagement d'hydrogène et
donne un dérivé sodé qui est solide et que l’eau décompose en régénérant
le pseudo-alcool.
H?
(C*H*O?)
un liquide un peu épais, insoluble dans l’eau, bouillant vers 205 degrés.
La potasse le saponifie en fournissant de l’acétate de potasse et probable-
ment du dihydrate de valérylène. Le manque de matière m'a empêché
d'étudier suffisamment cette réaction, sur laquelle je reviendrai sous peu,
ainsi que sur le monohydrate de valérylene.
» Le valérylène donne donc une double série de combinaisons tout à fait
analogues à celles que M. Wurtz a décrites pour le diallyle. Seulement,
pour moi comme pour M. Wurtz, le diallyle ne paraît pas être l'homologue
supérieur du valérylène; le diallyle bout, en effet, 15 à 18 degrés trop bas,
et, quoique les différences entre les points d’ébullition des combinaisons
correspondantes du valérylène et du diallyle soient plus grandes que celle
qu’on observe entre ceux des deux hydrogènes carbonés, elles sont encore
pourtant au-dessous de celles qu’on devrait obtenir si c'étaient deux corps
véritablement homologues. » |
» Le diacétate valérylénique a pour composition €* H° , C'est
ÉCONOMIE RURALE. — Recherches sur la densité des vins du départe-
ment de l'Hérault, à propos de la question du pesage des vins. Note
de MM. C. Sanrriwmne et A. Puso, présentée par M. Balard.
(Extrait. )
« Le pesage des vins tend à se substituer dans les contrées viticoles du
Midi au mesurage de ce liquide. L'un de nous, dans un Rapport présenté
à la Société d'Agriculture de l'Hérault, au nom d’une Commission spéciale
(17 mars 1862), a déjà fait ressortir les inconvénients nombreux du mesu-
rage et les avantages incontestables de la vente au poids. Cependant, en pré-
sence des objections qui sont faites encore au sujet de l'assimilation du litre
au kilogramme de vin dans la pratique agricole, il devenait nécessaire de mon- |
trer, par la détermination de nombreuses densités des vins, que l'erreur à
laquelle on s’expose dans la vente au poids est insignifiante, eu égard aux
erreurs considérables qui sont inévitables dans le mesurage.
30..
( 288 )
» Dans ce but, nous nous sommes livrés à des expériences sur la densité
des vins de l'Hérault, qui sont consignées dans les tableaux que nous avons
l'honneur d'adresser à l’Académie, et qui seront discutées dans un traväil
actuellement sous presse.
» Il ressort de ces tableaux que la densité des vins de coupage est sensi-
blement 0,999, l’eau pesant 1000. Quant aux vins rouges de plaine ou de
coteau, le poids des 1000 litres oscille entre 999 et 994 kilogrammes.
» Les vins blancs secs sont généralement plus légers : ils pèsent 0,994 pour
le plus faible que nous ayons rencontré. Un vin paillet rentre dans la caté-
gorie des vins rouges. Les vinaigres pèsent plus que l’eau.
» Les vins doux, qui comprennent les vins muscats et les vins de liqueur,
ont tous un poids spécifique notablement supérieur à celui de l’eau. En
effet, tandis que la quantité d’alcool qu'ils contiennent tend à abaisser leur
poids, ils renferment assez de sucre pour peser jusqu’à 1“!,089 (muscat de
Lunel) les 1000 litres. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Analyse de divers ossements des terrains quaternaires des
environs de Toui, par rapport à l'ancienneté de l’homme; par M. Husson.
« L'étude de la question de l’homme fossile dans les environs de Toul,
envisagée au seul point de vue de l’archéologie comparée, ne laisse aucun
doute sur la grande analogie, l'identité même qui existe entre un certain
nombre de nos objets primitifs et beaucoup de ceux dits antérieurs au dilu-
vium alpin; mais une étude approfondie de notre sol démontre, de la ma-
nière la plus évidente, que les nôtres ne peuvent remonter si haut. C'est ce
que j'ai essayé de prouver dans mes Notes précédentes. Depuis lors, pour
ne négliger aucun des moyens d’arriver à la vérité, je songeai à une analyse
chimique dont je chargeai mon fils, pharmacien élève de dernière année à
l'École impériale du service de santé militaire, Elle a eu lieu à l’École de
pharmacie de Strasbourg, et en voici le résumé :
Ne Les produits ont été obtenus ou dosés, savoir : l’osséine, à laide
de l’acide chlorhydrique étendu (procédé de M. Fremy); l'acide carbo-
uique, par la méthode de Frésenius; et les phosphates, à l’état tribasique,
une analyse approximative paraissant suffisante. Pour l'intelligence du
tableau récapitulatif qui suit et des conséquences à en tirer, voici, en quatre
groupes, la nature, le lieu de gisement et les principaux caractères phy-
siques des ossements dont il s’agit.
+
3
t
f
:
i
:
.
f
( 289 )
Diluvium alpin (vallée de l’Ingressin).
» Les trois échantillons essayés sont : une défense et une molaire de
l'Elephas primigenius et un os long de l’ Equus priscus (?). Blancs, à texture
crayeuse, ils happent à la langue. 1 et 5 se pulvérisent avec la plus grande
facilité, et l’action de l'acide est complète au bout de quelques heures; elle
exige, au contraire, trois jours pour le n° 2. Le temps d'immersion néces-
saire pour les objets des autres catégories a varié entre quelques heures et
deux jours, à l'exception des n° 8 et 13 qui sont restés quatre et huit jours.
Diluvium post-alpin (cavernes à ossements).
» Le n° 4 (tibia de Rhinocéros) et le n° 5 (mächoire d’Ours) provien-
nent de la limonite noire manganésique (le bioxyde y entre pour environ
5 pour 100, d’après le procédé de MM. Frésenius et Will). Noirâtres à l'ex-
térieur et blancs, mais piquetés de noir à l’intérieur, ils happent à la langue
et se pulvérisent entre les doigts. N° 6, os indéterminé du trou aux Rhino-
céros, non moins blanc et crayeux que les ossements du diluvium alpin.
N° 7 et 8, vertèbre d'Ours et dent de Rhinocéros, trouvées dans le dépôt
meuble du couloir de l'Hyène, mais appartenant à l'argile jaune diluvienne
post-alpine dont se composait primitivement cette galerie, et qui a été er-
suite transformée. Quelques autres ossements d'Ours, provenant d’autres
points de la même argile en place, ont aussi été analysés et ont formé comme
une moyenne entre les n° 5 et 7.
Dépôts subséquents au diluvium post-alpin.
» Trous de Sainte-Reine. — N° 9, vertèbre d’Ours, jaunâtre, assez con-
sistante, en contact avec la stalagmite d’une proéminence de la fontaine.
N° 10, os fendu en long, noirâtre au pourtour, généralement blanc à Piu-
térieur, trouvé à peu près à la surface de la couche où gisait le n° 4, et,
pour ainsi dire, côte à côte avec ce tibia de Rhinocéros. N° 11, os fendu
en long, sonore, déjà un peu blanchi par places (couloir de l’ Hyène).
N° 12 et 10 (même lieu). Os travaillé (?) et os fendu en long, sonore,
d'apparence cornée, à teinte encore peu altérée , difficile à pulvériser et se
divisant en petits éclats.
Trou des Celtes.
» Les trois n° 14, 15 et 16 sont : un canon de Bœuf, un tibia et un
crâne humains.
» Les seize échantillons ont été envisagés sous le double point de vue
( 290 )
organique et minéral; mais il serait inutile de reproduire, sous ce dernier
rapport, les seize analyses ; quelques exemples suffiront.
1 3 5 T 13 14
DÉFENSE OS LONG OURS. OURS. OS FENDU CANON
H de de Limonite Limonite le plus de
a) mran | Tn | ne | etiiansns: |: our
Ouini ia AL 2 0,00 0,00 "B 5,00 35,00 6,58
Phosphate de chaux......... non dosé 56,45 64,27 66,28 52,30 71,84
Carbonate ncssa 6,18 + 36,12 13,89 25,12 9,00 15,04
Sulfate de chaux et silice... 5,28 7,41
Bioxyde de manganèse. ..... 0,98
Oxyde de fer et silice. ,..... 19,04 3,60 6,52
» Quant à la matière organique, voici toutes les quantités obtenues :
TABLEAU COMPARATIF de tous ces os avec ceux des étres vivants, au point de vue de l’osséine.
Classement d'après la quantité restante, sans tenir compte de la différence proportionnelle
Li les os analysés présentaient entre eux à l’état récent.
ot ls Os fendu en long... ... 35,00 | Humérus de Bœuf......| 37,60
4 = Os travaillé (P}.,.....:. 16,00
à 2 w ” yene. fi 11 Os fendu en Tong. Se 12,78
— 0
$ B , Sauts... se 10 LL FR 9,60
g Fontaine. 9 Vertèbre d'Ours. ....... 12,00 | Chien et Lion (moyenne)| 34,00
F | Trou = Temporal humain. ..... 14,00 | Temporal d’adulte....… 6,50
di Cie | 15 Tibia humain. ........, 777 | Tibia d'adulte......... 9:99
1 Canon de Bœuf......... 6,55 | Humérus de Bœuf. ....| 37,60
{8 Dent de Rhinocéros. .... 11,90 | Rhinocéros de Java. ..| 36,30
| 7 Vertèbre d'Ours. ....... 5,00 | Chien et Lion (moyenne)| 34,00
6 Os indéterminé...,.,... 3,90 +
Diluvium postalpin. Débris d’Ours de divers
points de la limonite ;
| 9 bis, jaun seb LE -=| 2,50 | Chien et Lion (moyenne)| 34,00
5 Màchoire d'Ours E 6
4 Tibia de Rhinocéros. traces | Rhinocéros de Java. . 36,70
E a Os long del’ Eques priscus| 0,00 | Fémur de Cheval. ..... 29 ;00
| Molaire de l'Elephas pri-
Diluvium alpin....., 9 TA E 0,00 | Éléphant des Indes... | 33,20
| Dirne ds V iphar. pri-
1 PMripénius.; oy Sana 0,00
» Cette analyse, sans avoir la valeur que lui aurait donnée une main
plus autorisée, ne manque pas d'une certaine précision, comme l'indique
TS UT OT D PT TN NT TT IT E E E EE N E E A E S E
aan nb hr pet a a a a a
Re aai Ahia, apii O e a EE =
( 291 )
sa concordance avec les résultats obtenus par les autres moyens d’investi-
gation décrits dans mes Notes précédentes, et elle conduit à des considé-
rations trés-intéressantes dont voici les principales.
» A. Les ossements de notre diluvium alpin, même les plus gros débris
de Mammoôuth, ont tout à fait perdu leur matière organique : au contraire,
ceux de nos grottes à ossements, comme de simples petites côtes, des os
spongieux, en renferment encore. Donc les deux couches n'appartiennent
ni à la méme cause, ni à la même date, et ma classification, à ce sujet, trouve
un argument de plus en plus en sa faveur.
» B. La nature des os et celle du milieu dans lequel ils se trouvent exer-
cent une très-grande influence sur la plus ou moins prompte disparition de
la matière organique qu’ils contiennent. Ainsi : 1° Ja dent n° 8 en a donné
11 pour 100, et la vertèbre n° 7 seulement 5 pour 1003 2° les os propre-
ment dits, appartenant au diluvium post-alpin de la boue de nos cavernes,
ont fourni depuis des traces jusqu’à 5 pour 100 d'osséine. Sans doute, cette
différence tient aussi à la haute antiquité de bien des ossements que le di-
luvium post-alpin a trouvés ou entraînés dans les grottes; mais cette consi-
dération ne suffit pas pour expliquer le fait suivant : généralement, dans la
limonite noire et humide, la décomposition des os se rapproche de celle
des n°% 4 et 5, et sur les points argileux favorables à la conservation, elle
est comme aux n° 5 bis, 6 et 7; 3° los crayeux n° 6, qu’on aurait pu
croire, à simple vue, dépourvu de matière organique, a fourni néanmoins
3,90 pour 100 d’osséine, etc. En sorte que l'opinion formulée à ce sujet par
‘illustre chimiste aujourd’hui Président de l'Académie des Sciences (Compte
rendu de la séance du 28 octobre 1366) a trouvé sa complète application à
Toul.
» C. Non-seulement mes assertions antérieures sur l’origine humaine,
dans les environs de Toul, se trouvent confirmées: maisil est possible main-
tenant de lui assigner une époque dans les événements géologiques un peu
Importants qui se sont produits dans la localité. En effet, 1° dans les points
des trous de Sainte-Reine les plus favorables à la conservation de l’osséine,
c est-à-dire Jà où sa décomposition s’est faite le plus lentement, les os pro-
pement dits, ou abstraction faite de le dent n° 8, n'en conservent plus, au
Maximum, que 5 Pour 100, tandis que dans le trou des Celtes, où s’opérent
de nombreuses infiltrations, le minimum de la matière organique des osse-
ments humains est encore d’à peu près 8 pour 100. Donc ceux-ci sont de
P postérieure, 2° Si d’autre part on se rappelle que dans le couloir de
Hyène, à côté des ossements diluviens de ce carnassier et de l’Ours, on re-
( 292 )
marque des os fendus en long dont l’osséine descend jusqu'à 13et r2 pour 100,
n'est-on pas fondé à croire, et déjà ma Note du 19 novembre dernier le fai-
sait pressentir, que la venue de Phomme dans notre pays s’est effectuée
entre le diluvium post-alpin et l'accident qui a transformé le couloir de
l’ Hyène en un véritable terrain meuble, de nature à donner lieu à de si graves
méprises ?
» D. De plus, l'Ours, quelle qu’en soit l'espèce, a vécu dans la vallée de
la Moselle après le diluvium post-alpin et en même temps que nos premiers
pères.
» E. Mais le fait capital de cette analyse ramenée au point de départ de
la question, c’est la preuve nouvelle qu’elle apporte en faveur de la haute
antiquité de l’homme fossile du trou des Celtes, et de sa non-existence à
l’époque du diluvium alpin. »
M. Ferrcr adresse, de Pise, la description d'une expérience qui a pour
but de rendre visible, pour les démonstrations de cours, la courbe offerte
par une corde vibrante. L'expérience , consiste à éclairer la corde au
moyen d’un faisceau de rayons solaires, réfléchis par un héliostat, et à
placer sur le trajet de ce faisceau, un peu avant la corde, nn disque opaque
présentant quatre diamètres transparents à angle droit, et tournant autour
d'un axe perpendiculaire à son plan avec une vitesse de quelques tours
par seconde. De l'autre côté de la corde est une lentille à court foyer, qui
donne une image amplifiée sur un écran blanc, placé à 2 ou 3 mètres de
distance.
M. Joux adresse une Lettre concernant la fabrication du verre et le
phénomène de la trempe.
A 5 heures, l’Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures et demie. EDB
T i
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SEANCE DU LUNDI 18 FÉVRIER 1867.
à PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL,
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Couses, en présentant à l’Académie un ouvrage qu'il vient de publier
sur les principes de la théorie mécanique de la chaleur, s'exprime comme
il suit :
Jus RS a 5 ; ý > z i
« Jai l'honneur de faire hoimmage à l Académie d’un volume intitulé :
Exposé des principes de la théorie mécanique de la chaleur et de ses applications
principales. Il est formé de la réunion des articles que J'ai commencé à pu-
blier en 1863 dans le Bulletin de la Société d’ Encouragement, et que j'ai revus
avec soin.
Mon but a été, ainsi que je le dis dans l'avertissement placé en
tete du livr
R avre, de contribuer pour ma part à répandre la connaissance exacte
de principes qui, abstraction faite de toute conception théorique de la
constitution intime des corps et de la nature des mouvements moléculaires
AU sont la cause de la chaleur, reposent aujourd'hui sur des expériences
Certaines, sont assez nombreux et assez bien liés pour être réunis en un
“ps de doctrine et ne doivent plus être ignorés des personnes qui, par
Sout ou par profession, s'occupent de Mécanique, même au simple point
de vue de la pratique. »
C. Kij 1867, 1er Semestre. iT. LXIV, No 7.) 4o
( 294 )
CHIMIE MINÉRALE, — De la constitution des composés chlorés et oxyqénés du
niobium et du tantale; par MM. H. Sare-CLrame Devizse et L. Troosr.
« L'Académie n’a pas oublié les beaux travaux que M. de Marignac a
publiés tout récemment sur les composés flnorés du niobium et du tantale,
H. Rose, à qui l’on doit la découverte de l'acide niobique, avait été, sans
doute, trompé par la présence, dans les divers minerais du niobium, de
quantités variables d'acide tantalique, et il avait conclu à l'existence de
deux acides que M. de Marignac a réduits à un seul, en changeant sa for-
mule, l'acide Nb? Oè.
» Par suite, les deux chlorures de niobium de H. Rose sont devenus, lun
le chlorure Nb?CF, et l’autre un oxychlorure Nb? O? CI’. Ces deux composés
sont tous les deux volatils, et il nous a été possible d’en prendre les den-
sités de vapeur, qui concordent parfaitement avec les idées développées par
M. de Marignac (voir Comptes rendus, t. LX, p. 1221). Il était utile ce-
pendant de démontrer par voie synthétique la présence de l'oxygène dans
l’oxychlorure de niobium. C’est ce que nous avons fait au moyen de l'ex-
périence suivante.
» De l'acide niobique jeté dans une nacelle de platine a été placé dans
un tube de verre entouré de clinquant et traversé par un courant d'acide
carbonique sec. Du chlorure de niobium Nb?C} fusible à 194 degrés et
bouillant à 240 degrés a été volatilisé un grand nombre de fois en passant
sur l'acide niobique chauffé au rouge. Celui-ci a presque entièrement dis-
paru et a transformé le chlorure fusible Nb?CI* en une matière blanche,
soyeuse, non fusible, et volatile à 400 degrés environ, présentant enfin les
caractères distinctifs de l’oxychiorure de niobium avec tant de netteté, que
toute confusion était impossible. La transformation a eu lieu en vertu de la
réaction suivante :
2 Nb? Oë + 3Nb°CE = 5Nb? 0? CI?
» La même expérience a été tentée en substituant l'acide tantalique
à l'acide niobique, et le chlorure de tantale Ta?Cl* au chlorure de nio-
bium Nb? CF. La nacelle d’acide tantalique a subi une légère diminution
de poids. Mais le chlorure de tantale a conservé toutes ses propriétés, sauf
cepeñdant qu'il contenait un peu de chlorure de niobium provenant peut-
A , . . . r T r m + +
être de l'acide niobique renfermé comme impureté dans acide tantalique .
employé. Le produit volatil distillé sept fois en passant sur cet acide tanta-
( 295 )
lique avait la composition suivante:
Observé. Calculé.
Tanlo ist 50,9 PE +2 417720,01
Chlohessisse eve 49,1 CE a re 49,38
4 100,0 (1) 100 ,00
» L'acide tantalique provenant de cette analyse jaunissait légèrement à
une température élevée, ce qui décèle la présence d’une petite quantité
d'acide niobique (d’après M. Delafontaine). Cette expérience négative ex-
plique pourquoi l’on n’a pu encore obtenir l’oxychlorure de tantale corres-
pondant à l’oxychlorure de niobium et sert de confirmation éclatante à la
théorie de M. de Marignac sur la constitution des composés de ces deux
éléments.
» Le chlorure de tantale lui-mème a été pour nous le sujet d’une étude
attentive.
» M. Delafontaine, le savant professeur de Genève, à qui M. de Marignac
avait confié un peu d'acide tantalique pur, a bien voulu traiter, en outre,
dans le laboratoire de l'École Normale, les échantillons d’acide tantalique
impur sur lesquels nous avions opéré jusqu'ici, et du chlorure de tantale
dont nous avions déjà pris la densité de vapeur (voyez Comptes rendus,
t LVI, p. 894). Il a mis à profit l'excellente méthode de M. de Marignac
pour séparer à l’état d’oxyfluoniobate de potasse soluble l'acide niobique
_ qui souillait nos échantillons d’acide tantalique, et il a fini par nous mettre
en possession d'échantillons irréprochables, sur lesquels nous avons opéré
avec sa collaboration pour faire les recherches qui vont être décrites, et
dont, nous l'espérons, il voudra bien prendre sa part.
» Le chlorure de tantale obtenu avec cet acide tantalique est un solide
cristallisable, fusible à 251°,3, bouillant à 241°,6 sous la pression de
753 millimètres. Il est jaune pâle, s’altère rapidement à l'air en produisant
ides fumées à peine visibles d'acide chlorhydrique pur et se recouvrant
d'acide tantalique. Son analyse a donné les résultats suivants :
Observé. Calculé.
Nantais. iii 3551329 ji JD DEEE 5o,62
DORE als dia 48,75 OL R 49,38
100,00 (2) 100 , 00
ee ŘĖ mimi éme eee en pre a PE ee ARS er
(1) Excès, 0,66 pour 100.
(2) Excès, 0,97 pour 100.
ho..
| ( 296 )
» C'est l'échantillon qui nous a servi à déterminer la densité de vapeur
du chlorure de tantale et qne nous sommes autorisés à considérer comme
contenant de l'acide tantalique provenant d’une altération qu'il est impos-
sible d'éviter dans le maniement d’une substance si avide d’eau.
» Sa densité de vapeur a été prise dans la vapeur de mercure à 360 de-
grés; elle nous a donné les résultats suivants :
Baromètre.. ..... ET dat Nr NU Le 762
Température du baromètre et de la balance... ..., 229,8
Excis Ae Pdi nn). branle 2057m6r
RUE d PONO. a ARS LAS ER 341“
AI reste a T die VU E E 30.0
Densité observée. ..,,.,...... Me x GORE 12,8
Densité calculée (Ta? — 182)...... Geo FPE 12,9
» En tenant compte du résidu d’acide tantalique laissé au fond du bal-
lon, cette densité confirme d’une manière complète la formule Ta?Cl5 ad-
mise par M. de Marignac et l'équivalent 182 qu'il a déterminé par ses
analyses.
» Une autre expérience a été faite à 440 degrés dans la vapeur de sonfre.
La quantité de matière introduite dans le ballon était insuffisante, et le ré-
sidu d'acide tantalique a exercé sur le résultat une influence en rapport
avec l'augmentation de la température, Elle a donné le nombre 13,0 qui
prouve seulement que cette densité de vapeur ne diminue pas avec la tem-
pérature et que, par conséquent, le chlorure de tantale en vapeur se dilate
de 0,90367 de son volume à zéro pour chaque degré thermométrique.
Baromèke ue ns D ORS
Température du baromètre et de la balance. .... 330 8
Exces de poids". a n 1535msr
Volume- du ballon... : "Reese 384°°
Air restec et re D 30°
» Si on traite par la potasse liquide la matière restée dans le ballon, pour
essayer de séparer le chlorure de tantale de l'acide tantalique qui le souille,
on n'obtient jamais la solution complète du chlorure de tantale dans Fal-
cali. Cette circonstance nous a privés d’une vérification fort précieuse que
nous avons appliquée déjà à la détermination de la densité de vapeur des
chlorures de niobium entièrement solubles dans la potasse diluée et ainsi
séparables de l'acide niobique anhydre restant comme impureté dans le
fond du ballon.
» La densité de l’acide tantalique obtenu par la décomposition de ce
\
:
í
4
|
( 297 )
chlorure de tantale par l’eau ammoniacale, et calciné au rouge sombre, est
de 7,35.
` » Nous avons opéré sur 1#°,083 provenant de l'analyse citée plus baut.
» Tous ces résultats sont donc absolument confirmatifs des belles re-
cherches de M. de Marignac sur les matières rares et difficiles à traiter.
Nous sommes très-heureux de rendre ce témoignage à notre savant ami. »
MÉMOIRES LUS.
ANATOMIE VÉGÉTALE. — Sur l'histologie des Dilléniacces; par M. H. Barton.
(Extrait. ) :
« Les Dilléniacées n'ont guère été étudiées d’une manière spéciale au
point de vue de l’organisation de leurs tiges. M. Crüger est le seul anato-
miste qni ait observé d’une façon particulière la structure des tiges du Dolio-
carpus Rolandri dans son travail inséré dans le Botanische Zeitung de 1850
(t. IV, p. 166). Mais comme il s'agit surtout, dans ce travail, d’une Liane
qui participe aux anomalies ordinaires qu’on observe dans la plupart des
plantes grimpantes, quant à la multiplication et à la disposition des faisceaux
fibro-vasculaires, on ne peut tirer de ce seul fait des conclusions générales
pour les Dilléniacées non sarmenteuses. C'est principalement de ces der-
nières que nous nous occuperons ici, et le résultat le plus remarquable de
nos recherches sera, comme on va le voir, de démontrer qu’il y a une
grande analogie de structure entre les Dilléniacées et les Magnoliacées; on
pourrait, jusqu’à un certain point, s’y attendre, en voyant les grandes afli-
nités organographiques que présente avec les Magnoliacées et les Illiciées
la tribu des Dilléniées proprement dites.
» Les Dilléniacées sont toutes des plantes riches en faisceaux de raphides.
Dans les Candollea et les Hibbertia cultivés, on en trouve abondamment
dans les cellules corticales, dans la moelle, dans le parenchyme des feuilles.
Dans la moelle du Dillenia speciosa, on trouve des cellules qui contiennent
d'énormes paquets de ces aignilles cristallines. Toutes les autres cellules,
et souvent les fibres ligneuses, sont, à certaines époques, gorgées de grains
de fécule qui, ici comme dans les Candollea, Hibbertia, et dans tant d’au-
To végétaux ligneux, se forment et se résorbent pour servir à la nutrition;
c est là un fait trop général et trop anciennement connu pour que nous
lous y arrétions. Dans toutes les espèces australiennes que nous avons
( 298 )
examinées, les grains de fécule sont irrégulièrement arrondis et très-inégaux
entre enx. Dans la plupart des Wormia, la moelle se raréfie à @n certain
âge et forme des cloisons à peu près parallèles entre elles, ou laisse un vide
central à contours irréguliers. La moelle s’aplatit considérablement, mais
ne fait pas défaut, dans les espèces à cladodes analogues à ceux des Xylo-
phylla, notamment dans celles du Pachynema; les faisceaux fibro-vasculaires
s’y trouvent naturellement disposés sur deux plans à peu près paralleles, et
se dirigent obliquement vers les coussinets, de maniere à simuler les ner-
vures latérales d’une feuille.
» Le point le plus remarquable de cette structure, c’est la fréquence,
dans le bois des Dilléniacées, des fibres à ponctuations aréolées, avec tous
les degrés possibles, suivant l’âge et les espèces, dans le développement des
aréoles qui entourent les ponctuations. Ces aréoles n'apparaissent jamais
qu’à un certain âge. Ainsi, dans un jeune rameau de Dillenia speciosa, on
n’aperçoit que des fibres de bois ordinaires. Elles sont accompagnées, dans
chaque faisceau, de vaisseaux de tonte espèce, notamment de vaisseaux
cylindriques à paroi très-mince, soutenue à de longs intervalles par des
anneaux parallèles assez épais, et de trachées vraies ou fausses dans les-
quelles on voit fréquemment le fil spiral devenir simple sur une étendue
variable, tandis qu’il y est formé le plus ordinairement par deux cordons
parallèles et distincts. A cette époque, le parenchyme cortical est très-riche
en cellules tubuleuses de la couche herbacée, pleines de grains énormes de
chlorophylle, et les fibres libériennes apparaissent très-finement ponctuées.
Le suber est formé d’un tissu cellulaire fin et très-serré; Pépiderme est
chargé de poils simples, renflés et comme géniculés à leur base. Sur une
branche nettement ligneuse et de la grosseur du doigt, toutes les ponctua-
tions des cellules et des fibres ont pris un tout autre caractère. Les cellules
des rayons médullaires, pleines de fécule à l’intérieur, communiquent lar-
gement entre elles par des canaux cylindriques taillés comme à lemporte-
pièce dans leur paroi fort épaissie. Sur la paroi des fibres ligneuses, ces
canaux ont la forme d’un tronc de cône à petite base extérieure. Deux de
ces troncs de cône, situés exactement à la même hauteur et appartenant à
deux fibres voisines, se touchent par cette petite base, et c’est au point de
réunion, au niveau du rétrécissement porté par cette sorte de sablier, que se
trouve la cavité lenticulaire, facile à apercevoir lorsqu'elle est coupée longi-
tudinalement. Lorsqu'on regarde au contraire la cavité lenticulaire de face,
elle apparaît, comme dans les Conifères, sous forme d’une tache très-
sombre, circulaire ou ellipsoïde, et elle estentourée de son aréole concen-
( 299 )
trique, due à la présence du canal en tronc de cône qui aboutit à la perfo-
ration. Dans les Candollea, les Hibbertia, on observe la même disposition
générale des pores; mais l’aréole est plus ou moins prononcée, suivant les
espèces, de façon qu’on trouve tous les intermédiaires entre des pores ordi-
naires, sans aréoles, et des pores largement aréolés. Il en est de même dans
les Curatella, les Schumacheria, et, chose assez importante, dans les Acti-
nidia dont les affinités avec les Dilléniacées ne sont pas acceptées par tous
les botanistes; les pores sont notamment trés-manifestement aréolés dans
PA. callosa. Le plus souvent, les pores sont disposés dans une fibre sur
deux rangées verticales opposées. Lorsque les ponctuations et les aréoles
sont parfaitement circulaires, on peut exactement superposer celles d’une
rangée à celles de la rangée qui est en face, et n’apercevoir qu'une seule
série de ponctuations. Mais quand les ouvertures et les aréoles qui les en-
tourent sont ellipsoïdes, comme il arrive fréquemment dans le Dillenia et le
Candollea cuneiformis, les tâches noirâtres et allongées que forment les
troncs d’une rangée peuvent être obliques dans un autre sens que celui des
taches de la rangée opposée. Vues alors par transparence l'une sous l’autre,
les deux taches forment une petite croix de Saint-André, à quaire branches
à peu près égales et très-régulièrement disposées.
» Dans les jeunes rameaux de quelques Candollea, les fibres hibériennes
sont relativement très-grosses, très-écartées, mais peu nombreuses. Dans
quelques Hibbertia, notamment dans l'A. perfoliata, c'est un autre élément
de l'écorce, le tissu cellulaire, qui prend un grand développement. Mais
celte sorte d’hypertrophie n’a lieu que sur deux côtés du rameau, qui de-
vient de la sorte aplati et pourvu de deux angles saillants; le bois ne par-
ticipe pas à cette déformation, qui n’a rien de commun avec ce qui se pro-
duit dans les cladodes dont nous avons parlé plus haut.
» Les feuilles ont en général un parenchyme hétéromorphe ; les cellules
situées sous l’épiderme supérieur sont bacillaires et assez égales entre elles ;
elles deviennent irrégulières sous l’épiderme inférieur; celui-ci est formé
de cellules à contours irréguliers, et porte des stomates qui, dans les Dil-
lenia, Candollea, etc., sont elliptiques. Nous avons dit que le parenchyme
contient souvent des faisceaux de raphides; ces faisceaux saillants sur les
limbes desséchés donnent aux feuilles de la plupart des Dilléniacées la pro-
priété de devenir rugueuses au toucher. Aussi servent-elles à polir dans
quelques pays de l Amérique tropicale. Cette propriété est due à Paccumu-
lation dans les feuilles d’un très-grand nombre de concrétions de forme par-
ticulière et de nature siliceuse; aucun acide ne les attaque, sauf l’acide
( 300 )
fluorhydrique. Étudions-les dans la feuille du Curatella americana, qui est
rugueuse sur les deux faces. A la face supérieure, cette rugosité dépend uni-
quement de-la saillie que forment ces nombreuses concrétions siliceuses,
situées sous le feuillet épidermique; elles sont globuleuses, inégales entre
elles et finement mamelonnées. On peut les assimiler aux cystolithes des
Urticées et de certaines Euphorbiacées; et il est probable qu'elles sont
moins proéminentes sur les feuilles fraiches. Les inégalités de la face infé-
rieure sont dues à plusieurs causes. Premièrement, les nervures saillantes
y forment un réseau très-riche et la rendent comme gaufrée. En second
lieu, ces nervures portent à leur surface deux espèces de productions proé-
minentes : des poils étoilés et des concrétions analogues à celles de la face
supérieure, mais plus petites et plus nettement mamelonnées. Les poils sont
formés de rayons non éloisonnés, assez aigus et mous. À leur base seu-
lement ils présentent parfois une certaine rigidité. Les concrétions sont très-
dures dans toute leur étendue; mais assez souvent leurs lobes, plus aigus
et plus saillants que de coutume, sont moins roides et plus transparents; et
il en résulte qu’on trouve des espèces d’intermédiaires entre les poils étoilés
de la surface et le dépôt pierreux de l’épiderme inférieur... »
IÉMOIRES PRÉSENTES.
M. L. Lanpawr penu un Mémoire sur la docs nes sexes de
r espèce humaine.
(Commissaires : MM. Coste, Longet.)
M. Josenr adresse de Marseille une nouvelle Note sur le choléra de
1865, avec prière de joindre cette Note à la brochure qu'il a précédemment
adressée pour le concours du legs Bréant,
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
CORRESPONDANCE.
M. Ev. Dusois prie l'Académie de vouloir bien le considérer comme
i ` ` ’ .
candidat à Pune des places de Correspondant pour la Section d’Astro-
( 3or )
nomie qui sont actuellement vacantes, et joint à cette demande un résumé
succinct de ses travaux.
(Renvoi à la Section d’Astronomie.)
M. Le Ministre pe La Guerre, en accusant réception des exemplaires
qui lui ont été adressés de « l'Instruction sur les paratonnerres des maga-
sins à poudre », prie M. le Président de transmettre ses remerciments à
l’Académie, et plus particulièrement à ceux des Membres qui se sont occupés
de cet important travail,
M. LE CHEF pu BUREAU DE LA RECHERCHE GÉOLOGIQUE DE LA Sukor adresse,
avec les livraisons 19 à 21 de la Carte géologique de la Suède, un « Aperçu
de l'extension de l'argile glaciale dans la partie méridionale de la Suède »,
et un « Coup d'œil général des sections diverses de la Carte géologique de
la Suède ».
ASTRONOMIE. — Sur ia périodicité probable de la comète signalée par l'Obser-
. vatoire de Marseille, le 22 janvier 1867: par M. Surousezr (1).
« Cazoulès, le 17 février 1867.
» Je n'ai pu, à cause d'un temps peu favorable, observer au delà de huit
fois la comète qui a été signalée par l'Observatoire de Marseille. Malheu-
reusement, je n'ai eu à ma disposition aucun instrument de mesure; mais,
grâce à une bonne lunette, j'ai pu rapporter assez exactement, sur une
carte céleste, les positions observées. J'ai calculé, dans les limites que
comportaient mes observations, et d’après la méthode de Cauchy, les élé-
ments de cette comète. Il résulte de mes calculs, qui ne sont nécessaire- .
ment qu'approchés, que la comète est périodique. J'obtiens en effet, pour
ses éléments, des nombres qui sont à peu près analogues à ceux qui figurent
sous le n° 87 dans l’Astronomie de M. Arago. La comète actuelle serait
donc celle qui fut découverte par Messier en avril 1771.
» J'aurai bientôt l'honneur de transmettre à l’Académie, avec le détail
complet de mes observations, les calculs qui m'amenent à la conclusion
ci-dessus indiquée. »
(1) Voir Comptes rendus, séance du 28 janvier, p. 151.
ds
C. R., 1869, LT Semestre. (T. LXIV N? 7.)
.
( 302 )
CHIMIE. — Sur quelques propriétés du chlorure de soufre. Note de
M. Cuevrier, présentée par M. Pasteur.
« J'ai indiqué dans une Note précédente (1) l'action du phosphore et
de l’arsenic sur le chlorure de soufre. Je viens aujourd'hui présenter à
l’Académie le résultat de més recherches relatives à l’action de lanti-
moine, du chlore, du brome et de l’iode sur ce composé.
» Action de l'antimoine. — L'expérience se fait comme pour le phos-
phore et l’arsenic, et en prenant les mêmes précautions.
» Dans un grand ballon, on introduit 3 équivalents de chlorure de
soufre, que l’on chauffe jusqu’à l’ébullition, puis on y ajoute, par petites
portions et très-lentement, 1 équivalent d’antimoine finement pulvérisé.
A chaque addition, il se produit une vive réaction, que l’on modére en
agitant le ballon. On abandonne ensuite le tout au refroidissement, et
le liquide se prend bientôt en une masse solide, qui est un mélange de
soufre et de protochlorure d’antimoine. Le soufre, comme dans le cas de
l'arsenic, cristallise des deux manières, et donne des aiguilles prismatiques
opaques et des octaëdres brillants.
» Je me suis assuré que ces octaèdres se forment seulement à la fin, en
prenant, dans une opération spéciale, un petit excès de chlorure de soufre,
et inclinant légèrement le ballon lorsque presque toute la masse a été soli-
difiée. Le liquide restant s’est écoulé, abandonnant des cristaux exclusive-
ment prismatiques, et a laissé déposer à côté d’eux des octaèdres volumi-
neux, parmi lesquels il n’y avait plus que quelques prismes. Dans tous les
cas, la quantité de soufre prismatique est beaucoup plus considérable que
celle de soufre octaédrique.
» Soumis à la distillation, le contenu du ballon a laissé passer le chlorure
d'antimoine, qui s’est déposé dans le col de la cornue et dans le récipient
en beaux cristaux blancs très-brillants. Tout le soufre du chlorure s’est
retrouvé au fond de la cornue. Cette réaction se formule donc comme pour
l’arsenic .
Sb +3 SCl = SbCl + 25,
et établit un nouveau lien entre ces denx corps, qui présentent déjà des
analogies si frappantes.
» Le chlorure antimonieux se dissout très-bien dans le soufre en fusion;
nn AA ENAA aa
(1) Compte rendu du 10 décembre 1866, t. LXII, p- 1003.
( 303 )
il est également tres-soluble, surtout à chaud, dans le chlorure de soufre.
» fi se dépose, dans ce cas, par refroidissement de la liqueur, en cris-
taux octaédriques brillants et volumineux.
» Action du chlore, du brome et de l’iode. — Vai ensuite étudié l’action
du chlore, du brome et de l’iode sur le chlorure de soufre. Ce liquide, con-
sidéré sous la formule S CI, représente un composé de’ soufre non saturé
jouant le rôle d’un corps monoatomique. Dès lors, il doit pouvoir se com-
biner aux éléments monoatomiques Cl, Br, I.
» Pour ce qui concerne le chlore, on sait que l’existence du bichlorure
de soufre est au moins fort douteuse.
» J'ai essayé, à l'exemple de M. Carius (1), de déterminer la composition
du chlorure de soufre saturé de chlore à diverses températures, et faisant
bouillir les liquides ainsi obtenus sous basse pression par la méthode de
M. Körner (2). Je nai pas réussi à obtenir de point d’ébullition réellement
fixe,
» Comme le chlore, l’iode et le brome se dissolvent aussi très-facilement
dans le chlorure de soufre; mais les composés qui se forment sont détruits
trop facilement pour qu’on puisse observer un point d’ébullition constant.
Ce qu'il y a de certain, c’est que le chlorure de soufre saturé de chlore, de
brome ou d'iode, entre en ébullition à une température d’abord inférieure
à 136 degrés; mais il l’atteint bientôt.
_» Ces résultats ajoutent une valeur nouvelle aux idées émises par M. Ca-
mr) sur le chlorure de soufre, idées que l’on peut, je crois, compléter
ainsi :
» Le chlorure de soufre ne serait pas un composé non saturé formant
une molécule incomplète, et la formule SCl ne représenterait que la moitié
de la molécule. Ce corps doit plutôt être envisagé comme un composé ana-
logue au chlorosulfure de phosphore de Sérullas. C’est le chlorure d’un
radical analogue au thionyle SO, dans lequel l'oxygène a été remplacé par
du soufre, Il vaudrait donc mieux le représenter par la formule $S CF ou
BCBS, et le considérer comme un chlorosulfure de soufre. Dans ce cas, la
molécule S$ SCE est complète. Les deux radicaux diatomiques du soufre se
Salurent en partie et forment un groupe dont la capacité de saturation est
—
A a E is se
z Annales de Chimie et de Physique, t. LVII, 3° série.
x Annales de Chimie et de Physique, juin 1866.
) Annales de Chimie et de Physique, t. LIV, 1958.
( 304 )
égale à 2. La molécule complète de chlorure de soufre se représentera donc
par SSCP.
» Le chlorure de thionyle, qui appartient au même groupe, se représen-
tera de la même manière par SO CF.
» Je me permettrai une remarque, en terminant cette Note. Le chlorure
de soufre bout à 136 degrés (pression 758 millimètres), et non à 138 ou
139 degrés, comme l'indiquent les Traités de Chimie. » |
HYDROLOGIE. — Carte hydrologique du département de la Seine..
Note de M. Deresse, présentée par M. Dumas.
« La carte hydrologique du département de la Seine a été exécutée
d’après les ordres du Préfet, M. le baron Haussmann.
» Elle fait connaitre les nappes superficielles et les nappes souterraines,
ainsi que les terrains qui les supportent.
» L'étude des nappes souterraines présente de grandes difficultés et exige
un ensemble de recherches géologiques, combinées avec des mesures pré-
cises du niveau de l’eau dans les puits. On a commencé par niveler un
- grand nombre de ces puits, de manière à former un réseau dont les mailles
fussent suffisamment rapprochées. Ensuite, on a déterminé le niveau de
l'eau dans chacun d'eux, vers l’époque de l’étiage. L'opération avait lieu
simplement au moyen d’un cordeau divisé, qu’on laissait tomber du point
nivelé précédemment sur leur margelle. Les cotes de l’eau étaient d’ailleurs
relevées simultanément, et avec toute la promptitude possible, dans les
nappes souterraines et aussi dans les nappes superficielles. On avait alors
des points de la surface supérieure des diverses nappes dont les cotes
étaient rapportées à un même plan de comparaison, celui du niveau moyen
de la mer. Maintenant, comme le sous-sol des environs de Paris est complé-
tement connu par la carte géologique cotée que j'ai eu l'honneur de pré-
senter à l’Académie (1), on pouvait savoir quel était le terrain dans lequel
les nappes d'eau souterraines venaient affleurer. Par leurs différences de
niveau, on parvenait même à séparer ces nappes entre elles.
» Celles qui communiquent immédiatement avec les cours d’eau ont été
nommées nappes d'infiltration. Elles participent à toutes leurs variations.
Eiles occupent les terrains perméables qui les bordent, et particulièrement
saeni.
(1) Comptes rendus de 1866, deuxième semestre.
( 305)
les dépôts de transport qui forment leur lit. Le long de la Seine et de la
Marne, elles ont une grande importance.
» Les autres nappes souterraines prennent naissance sur les couches
imperméables, dont elles suivent plus ou moins les ondulations. La carte
représente seulement celles qui se trouvent à un niveau supérieur aux
nappes d'infiltration. Citons, parmi les nappes souterraines les plus impor-
tantes des environs de Paris, celles qui sont supportées par l'argile à meu-
lières de Beauce, par les marnes vertes et par l'argile plastique.
» Connaissant une nappe souterraine par un grand nombre de points, il
était possible de la représenter par des courbes horizontales. C’est ce qui
a été fait pour les principales nappes souterraines, et la carte montre avec
netteté leurs limites, ainsi que la forme de leur surface supérieure.
» Chacune d'elles est figurée par des teintes et par un système de courbes
horizontales équidistantes.
» Si l'on considère une nappe d'infiltration comme celle de la Seine, on
voit que ses courbes horizontales sont des lignes ondulées à peu près paral-
lèles. Elles sont disposées symétriquement sur chaque rive, et elles vont se
raccorder avec la nappe superficielle du fleuve; elles se coupent d’ailleurs
deux à deux, sous des angles très-aigus qui s’emboîtent les uns dans les
autres et qui ont leur sommet vers l’amont. La nappe d'infiltration de la
Seine se tient à un niveau qui est supérieur à celui du fleuve, et qui s'élève
même à mesure qu’on s'éloigne de ses bords. Elle est donc alimentée par
les eaux provenant des collines entre lesquelles coule la Seine, dans laquelle
elle se déverse, et qui joue à son égard le rôle d’un canal de desséchement.
» Ilya des nappes d'infiltration dans les îles de la Seine ou de la Marne.
Leurs courbes horizontales sont concentriques et à peu près parallèles aux
contours de ces îles. Elles forment une surface qui s'élève légèrement vers
la partie centrale et qui s'incline au contraire vers les bords.
» Les nappes souterraines supportées par l’argile de Beauce et par les
marnes vertes se trouvent généralement beaucoup au-dessus des nappes
d'infiltration , en sorte qu’il est assez facile de déterminer leurs limites,
Mais il n’en est pas de même pour les nappes de l'argile plastique, car
elles coupent habituellement les nappes d'infiltration sous un petit angle;
en sorte que la ligne d’intersection de ces surfaces ne peut plus être tracée
. Que d’une manière approximative.
» Les nappes d'infiltration occupent de beaucoup la plus grande surface ;
elles s'étendent dans les vallées de la Seine et de la Marne, et, de plus, elles
( 306 )
remontent, jusqu’à une grande distance, sur le flanc des coteaux per-
méables. Les puits sont surtout alimentés par ces nappes.
» Les nappes de l'argile plastique sont atteintes dans les puits ordinaires
au sud de Paris, jusque vers Arcueil et dans le val Meudon, au nord-ouest
de Paris, à Auteuil, dans le bois de Boulogne et autour du mont Valérien.
» La nappe des marnes vertes est celle qu’on trouve généralement sur
le haut des collines et des plateaux des environs de Paris. Elle donne nais-
sance à un grand nombre de sources, notamment à celles de Rungis et
des Prés-Saint-Gervais. La carte montre bien que presque toutes les eaux
tombant sur le plateau de Villejuif s'écoulent souterrainement vers Rungis,
où elles sont amenées par une pente rapide; elles y forment des sources
puissantes qui ont été recueillies dès l'époque romaine pour les besoins de
la ville de Paris, dans laquelle elles sont amenées par l’aqueduc d’Arcueil.
» La nappe de l'argile à meulières occupe seulement la partie la plus
élevée des plateaux de Meudon et de Saint-Cloud, sur lesquels elle donne
naissance à quelques mares.
» La carte hydrologique représente spécialement les premières nappes
souterraines qu’on rencontre en pénétrant dans le sol, c’est-à-dire celles qui
alimentent les puits ordinaires; toutefois les puits forés vont atteindre les
nappes d’eau qui coulent à un niveau inférieur et qui sont ascendantes ou
même jaillissantes. Une légende placée à côté de chaque puits foré indique,
dans ce cas, la hauteur à laquelle l’eau s'élève, et en outre le terrain dans
lequel le sondage s’est arrêté.
» Les eaux provenant des différentes nappes ont été essayées avec l'hy-
drotimètre, qui donne la proportion de savon qu’elles détruisent, c'est-à-
dire leur dureté. Le nombre de degrés obtenu est inscrit sur la carte, à l’en-
droit même où l’eau a été puisée.
» En résumé, la carte hydrologique du département de la Seine est exé-
cutée d’après un système nouveau. Elle fait connaître le mode d’écou-
lement des nappes d'eau superficielles ou souterraines, et leurs relations
mutuelles. Elle donne la position et la forme des nappes souterraines; par
suite, elle permet de prévoir la profondeur à laquelle on peut les atteindre.
De plus elle indique la dureté des eaux. Enfin elle permet de saisir facile-
ment les rapports qui existent entre la constitution géologique du sol et
les nappes superficielles ou souterraines. »
( 507 )
PALÉONTOLOGIE. — Sur les fossiles découverts dans la Grotte des Fées,
près d’ Aix-les-Bains; par M. Despine.
« Aix-les-Bains (Savoie), 14 février 1867.
_« Je demande à l’Académie la permission de lui signaler l’existence d’une
caverne à ossements, située sur le territoire de la commune de Brison-Saint-
Innocent, près d’Aix-les-Bains.
» Cette caverne est connue dans le pays sous le nom de Grotte des Fées.
Elle est située à 4oo mètres environ au-dessus du lac du Bourget, dans la
montagne de calcaire néocomien qui domine à l’est la baie de Grésine, dont
j'ai déjà fait connaître, en septembre 1858, la station d'habitations la-
custres.
» La direction de la Grotte des Fées est du nord-ouest au sud-est. Le
plancher, d’abord horizontal, ne tarde pas à s'incliner dans la même direc-
lion. Elle est étroite à l’entrée, puis s'élargit sur six points où elle forme
autant de renflements ou chambres, dont la première et la sixième sont les
plus spacieuses.
» J'ai trouvé la longueur totale de la caverne, de 31 mètres. C’est au
fond de cette galerie souterraine et dans le couloir étroit qui précède la
dernière chambre que j'ai commencé à faire exécuter, fin décembre 1866,
les premières fouilles. Celles-ci, pratiquées à 1,50 de profondeur, ont
amené presque immédiatement la découverte de plusieurs ossements qui
mont paru appartenir à des Carnivores de petite et de moyenne taille, que
je wai pu encore déterminer exactement. Une vertèbre cependant m'a
rappelé par la forme de ses apophyses celles du Felis spelæa.
» Dans la couche diluvienne profonde, à base argileuse rougeûtre con-
tenant des cailloux roulés siliceux, ont été retrouvés les plus gros osse-
ments. Dans la couche superficielle au contraire, composée d’un sédiment
jaunâtre et de détritus de la roche calcaire, on ne rencontre que de petits
os, très-friables, dont quelques-uns appartiennent à des squelettes d'Oi-
seaux.
» Quoiqu’on m'ait découvert jusqu'ici aucun fragment de squelette
humain, nous avons des raisons pour penser que cette grotte a été habitée
par l'homme, à une époque reculée, car j'ai recueilli à l'entrée, enfouis à
la profondeur de 1 mètre, plusieurs fragments de tuiles romaines, sem-
blables à celles que je possède provenant des thermes d’Aix, construits
dans les premiers siècles de notre ère. Aucune autre habitation n'ayant
( 308 )
pu exister dans un lieu aussi abrupt, on est porté à penser que ces tuiles
ont pu servir comme d’'avant-toit protégeant l'entrée de la grotte, laquelle
est placée au-dessus d’un affreux précipice.
» D'autre part, les os qu’elle renferme ne sont pas brisés à la manière de
ceux qu'on trouve enfouis dans les cavernes des populations troglodytes,
comme celles de la brèche osseuse de la caverne des Eyzies (Dordogne) et
autres. Aucun de ces os n’a été fendu pour en avoir la moelle. Mais ce
qui donne un intérêt particulier à ces fouilles, c’est : 1° qu’il ne paraît
pas y avoir eu de remaniement du sol et que la couche boueuse ou léhm
du dépôt ossifère présente une épaisseur de plusieurs mètres, promettant
conséquemment de plus amples découvertes; 2° qu’à côté de débris de
poteries rouges à pâte fine, on y trouve de grossières poteries noirâtres et à
peine cuites, rappelant celles qu'on a trouvées dans les habitations lacustres
ou palaphytes de la baie de Grésine; 3° qu’on y trouve des ornements de
bronze de l'époque gallo-romaine; 4° que des grottes analogues ont été ré-
cemment fouillées dans la montagne des Salèves, parmi les produits des-
quelles j'ai pu constater, dans le musée de l'Académie de Genève, des
flèches en silex et des ossements de Renne; 5° qu'enfin les grottes de la
vallée d’Aix ont dû être remplies par ces courants qui, descendant du
nord, ont poli les roches voisines et y ont marqué les stries que l’on observe
descendant du nord-est vers le sud-ouest, et qui sont si caractérisées le long
du sentier ardu qu’on est obligé de gravir pour arriver à la Grotte des Fées.
» Mon intention est de continuer ces fouilles, dans l'intérêt de la science.
Je m'estimerai heureux si elles font connaître des gisements paléontologi-
ques capables d’intéresser l’Académie et si elles amènent à découvrir quel-
ques-unes des conditions d'existence des populations primitives de la Savoie,
objet de mes constantes recherches. »
Après cette communication, M. Cnevreur ajoute :
« L'analyse que Je fis, en 1823, je crois, pour M. Buckland, de deux
échantillons du sol de la caverne de Kuyloch (1), où l’on trouve un grand
nombre d’ossements fossiles qui ont appartenu à des Carnassiers et à des
Herbivores, me fait penser qu'il serait intéressant d'examiner le sol de
cavernes analogues à celle dont je me rappelle le nom, pour savoir s'il.
existerait au-dessous des ossements un sol analogue à celui de Kuyloch,
(1) Cette analyse est imprimée dans les Mémoires du Muséum, t. XII, p. 62; 1825.
`
(309 )
qui a présenté des résultats de quelque intérêt relativement à sa composi-
tion chimique, envisagée principalement dans les rapports de la matière
organique avec le sol. Outre une grande quantité de phosphate de chaux
mélé de phosphate ammoniaco-magnésien et de phosphate de fer que ce
sol renfermait, il y avait des acides gras, une matière grasse neutre, des
matières azotées et colorantes à l’état d’une laque à base d’alumine et de
fer, et du sulfate ammoniaco de potasse. Ce sol était remarquable encore au
point de vue de l'étude de l'influence qu’il aurait en agriculture comme
engrais et amendement. »
A 4 heures, l’Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 4 heures un quart. C.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE,
L'Académie a reçu, dans la séance du 11 février 1867, les ouvrages
dont les titres suivent :
Mémoire sur les racines aérifères ou vessies natatoires des espèces aquatiques
du genre Jussiæa, suivi d’une Note sur la synonymie et la distribution géo-
graphique du Jussiæa repens de Linné; par M. Charles MarTins. Mont-
pellier, 1866; in-4°.
Les progrès des sciences en 1866. Annuaire scientifique publié par M. P.-P.
DEBÉRAIN. 6° année, 1867. Paris, 1867; in-r2.
Causeries scientifiques; par M. H. DE PARVILLE. 6° année, 1866. Paris, 1867;
in-12, (Présenté par M. Fremy.)
_ De la perceptivilé normale et surtout anormale de l'œil pour les couleurs,
et spécialement de l'achromatopsie ou cécité des couleurs; par M. E. GOUBERT.
Paris, 1867; in-8°, (Présenté par M. Chevreul.)
Annales de la Sociié Académique de Nantes et du département de la Loire-
Inférieure, T. XXXVII, 1866, 1° semestre. Nantes, 1866; in-8°.
Thèses présentées à la Faculté des Sciences de Poitiers. Première Thèse : Re-
cherches expérimentales sur la locomotion des poissons. Deuxième These : Essai
CR, 1867, 1°" Semestre. (T. LXIV, N° 7.) 4 42
(310 )
sur la méthode naturelle et sur la classification, par séries parallèles, des séries
monocotylédonées et des dicotylédlonées monopétales; par M. Ed. GOURIET.
Niort, 1866; in-4°. (Renvoi à la Commission du prix de Physiologie expé-
rimentale, 1867 )
Origine de l'espèce humaine dans les environs de Toul et figurines des temps
primitifs; par M. Husson. Toul, 1866; br. in-8°.
Les Merveilles de la Science; par M. Louis FIGUIER, 9°. série. Paris, 1867;
in-4°.
Nouvelle méthode pour déterminer les caractéristiques des systèmes de coni-
ques; par M. H.-G. ZEUTHEN (de Hd re Paris,. 1867; in-8°. (Pré-
senté par M. Chasles.)
Résumé des observations météorologiques faites à Nantes pendant l'année 1 866;
par M. F. HUETTE. Nantes, 1867; 6 pages in-4°.
To sympam... L'Univers ou les Merveilles du ciel étoilé; par M. Jean-M.
RAPTARCHOS (en grec moderne). Constantinople, 1866; 1 vol. grand in-8°
avec figures.
The... Corrélation des forces physiques; par M. W.-R. GROVE. 5° édition,
suivie d’un Discours sur la continuité fait par l’auteur en qualité de Président
de l'Association Britannique tenue à Nottingham en 1866. Londres, 1866;
1 vol. in-8° relié.
Il ferro... L'emploi du fer çontre le choléra : observations cliniques, effets
analogues, thérapie anticholérique et méthode pratique; par MM. les D" A.
SANTIROCCO et P. ProriLo. Naples, 1866; in-8°, (Renvoi à la Commission
du legs Bréant.)
Intorno... Sur le trajet et l'origine probable des étoiles météoriques. Lettres
de M. G.-V. SCHIAPARELLI au P. Secchi. Rome, 1866; in-4°.
Zur... Sur l'histoire naturelle de la levüre ; par V.-H. HOFFMANN. Sans
lieu ni date; br. in-8. (Extrait des Botanische Untersuchungen publiés par
M. V.-H. Late )
L'Académie a reçu, dans la séance du 18 février 1807, les ouvrages dont
les titres suivent :
Le Jardin fruitier du Muséum ; par M. Decaisne, Membre de l’Institut.
87° livraison. Paris, 1866; in-4° avec planches.
Exposé des principes de la théorie mécanique de la chaleur et de ses applica-
calions principales; par M. Ch. Comes, Membre de l'Institut. Paris, 1867;
1 vol. grand in-8°.
(Er)
Bulletin de Statistique municipale, publié par les ordres de M. le Baron
HAUSSMANN, Sénateur, Préfet de la Seine; mois de septembre et octobre 1866.
Paris, 1866; 2 br. in—4°.
Théorie générale du mouvement relatif des axes de figure et de rotation ini-
tiale des projectiles de l'artillerie et de la dérivation dans l'air; par M. MARTIN
DE BRETTES. Paris, 18679; 1 vol. in-8° avec atlas. (Présenté par M. Le
Verrier. )
Notice sur M. le professeur Hollard; par M. Paul Gervas. Paris, sans
date ; opuscule in-8°.
De la cure de lait; par M. le D" Philippe KARELL. Paris, 1866; in-8°.
(Extrait des Archives générales de Médecine. Présenté par M. J. Cloquet.)
Physiologie des mouvements; par M. le D" Ducnenne (de Boulogne).
2°, 3° et 4° parties. Paris, 1867; 1 vol. in-8° avec figures. (Renvoi au con-
cours relatif aux applications de l'électricité à la thérapeutique.)
Quatrième Mémoire sur les eaux de Marseille; par M. Victor CASSAIGNES.
Paris, 1867; br. in-8°.
Recherches anatomiques et paléontologiques pour servir à l'histoire des oiseaux
fossiles de la France: par M. Alphonse MILNE EDWARDS. 3° livraison.
Paris, 1867; in-4° avec planches. (Présenté par M. H. Milne Edwards.)
Note sur l'Elaphurus Davidianus, espèce nouvelle de la famille des Cerfs;
par M. Alphonse Miixe Epwarps. Sans lieu ni date; br. in-4° avec
planches. (Présenté par M. H. Milne Edwards.)
Séance publique annuelle de la Société impérirle et centrale d ‘Agriculture de
France, tenue le 16 décembre 1866. Paris, 1867; in-8°.
Essai sur les institutions scientifiques de la Grande-Bretagne et de l'Irlande ;
par M. Ed. Maiciy. VI. Bruxelles, 1867; in-12.
Occlusion congénitale de la vulve; par M. Monnier. Sans lieu ni date;
r. in-8°.
Sulla... Sur la connaissance des matières premières du commerce et de l'in-
dustrie; par M. G. ARNAUDON. Turin, 1864; in-12.
Exposizione…. Exposition universelle de Londres de 1851-1852. Relation
sur les produits chimiques et les matières colorantes ; par M. G. ARNAUDON.
Turin, 1852; in-8°.
Societa... Société polytechnique italienne pour l'encouragement des arts el
de l'industrie. omité de Turin. Section de l'industrie chimique et agricole;
a M. ARNAUDON. Turin, 1863; in-12. (Ces trois derniers ouvrages sont
presentés par M. Chevreul.)
Sopra. Sur {a latitude de Modène; par M. le prof. Jos. BIANCHI. Appen-
(:3Fa :)
dice à un précédent Mémoire. Sans lieu ni date; in-4°. (Présenté par M. Le
Verrier.)
Proceedings... Comptes rendus des travaux de la Société Royale d’ Edim-
bourg, session 1865-1866; décembre 1865 à avril 1866. Édimbourg, sans
date; in-8°.
Transactions... Transactions de la Société Royale d’ Edimbourg, t. XXIV,
2° partie, session 1865-1866. Edimbourg, sans date; in-4° avec planches.
Transactions... Transactions et procès-verbaux de la Société Royale de Vic-
toria, t. VIE, janvier 1865 à juin 1866. Melbourne, 1866; in-8° relié.
An elementary... Traité élémentaire sur le quartz et l'opale, y compris leurs
variélés, avec une indication des principales localités étrangères et britanniques
dans lesquelles on les trouve; par M. G.-W. TRaiLz. Édimbourg, 1867; in-8°
relié. (2 exemplaires.)
Sveriges... Recherches sur la géologie de la Suède, publiées aux frais du
gouvernement; par M. A. ERDMANN, livraisons 19, 20, 21. Stockholm, 1866;
3 numéros in-8° avec un atlas de 5 cartes.
Archiv... Archives d'anatomie microscopique, publiées par M. Max.
SCHULTZE. Livraisons 1 à 4. 3 br. in-8° avec planches.
Carte géologique et volcans du Chili; par M. Pissis. 5 feuilles.
Carte hydrologique du département de la Seine, publiée par les ordres de
M. le Baron HAUSSMANN, et exécutée, sous la direction de M. l'Ingénieur en
chef des Ponts et Chaussés, par M. Denesse. 1 feuille collée sur toile et
montée. (Présenté par M. Dumas.)
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
E e Ve O
nié 2 à
SÉANCE DU LUNDI 25 FÉVRIER 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
t
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Ducnarrre, en faisant hommage à l’Académie de la seconde et der-
nière partie de ses Eléments de Botanique, s’exprime de la manière sui-
vante :
_ © J'ai l'honneur d'offrir à l’Académie la fin des Éléments de Botanique
dont je lui avais présenté la première partie au mois de mai dernier. Je
me suis efforcé, dans cet ouvrage, de résumer l’état actuel de la science
et, pour employer une expression commode; fort usitée en Allemagne, sa
littérature, sans dépasser ni les limites ni la portée d’un livre élémentaire;
toutefois l'étude des végétaux, pour être tant soit peu complète, doit être
faite à des points de vue tellement divers que, voulant en exposer les élé-
ments, j'ai été amené à écrire un volume de plus de 1000 pages. Il était
assez difficile de déterminer le niveau scientifique auquel devait être main-
tenu un travail qui semblait ne pouvoir être sans inconvénient ni trop
superficiel ni trop approfondi; j'ai cru devoir prendre comme mesuré à cet
égar d le programme de la licence ès sciences naturelles : toutefois, afin de
justifier le titre d'Éléments, je me suis attaché à rendre mes exposés aussi
simples, aussi clairs que cela m'était possible, et à procéder rigoureuse-
ment du connu à l’inconnu, en n’employant jamais une expression tech-
C. R, 1867, 1°f Semestre. (T. LXIV, N° 8.)
(314)
nique sans qu’elle eût été préalablement définie ou expliquée. De nom-
breuses figures, dessinées d’après nature par M. A Riocreux, avec le talent
et l’exactitude que tous les botanistes apprécient en lui, facilitent l'intelli-
gence des détails au sujet desquels une description laisserait toujours ou
des lacunes ou du doute. L'ouvrage est divisé en trois parties inégales d’é-
tendue : la première, consacrée à l'examen de l’organisation et de la vie
des plantes, ne comprend pas moins de 760 pages; la seconde présente, en
246 pages, l'exposé des classifications et l’histoire des familles, parmi les-
quelles j’ai étudié avec assez de développement celles des Cryptogames, afin
de résumer les nombreux et importants travaux qui, dans ces dernières
années, ont considérablement avancé nos connaissances sur la structure et
la reproduction de ces végétaux inférieurs; la troisième partie, réduite à
24 pages, expose les notions fondamentales sur la Géographie botanique
ou sur la distribution des végétaux à la surface de la terre. Le volume se
termine par quatre tables dont deux, ne comprenant pas moins de 48 pages
à deux colonnes, permettent de trouver, à toutes les pages, les noms de
plantes ou groupes de plantes et les mots techniques dont-il -y est fait
usage. »
PHYSIQUE. — Sur la propriété que possède l'iodure d'argent de se contracter par
la chaleur et de se dilater par le froid; par M. H. Fwxav.
« En poursuivant les recherches dont j'ai plusieurs fois entretenu
l’Académie, concernant les dilatations que les divers corps solides éprou-
vent par l’effet de la chaleur, j'ai été conduit à soumettre à l'observation
et à comparer entre eux plusieurs composés appartenant au groupe bien
connu des chlorures, bromures et iodures métalliques, dont les propriétés
physiques et chimiques présentent, comme on le sait, de si grandes ana-
logies. Il était à présumer que les phénomènes de dilatation étudiés sur ces
divers corps se montreraient avec certains caractères communs propres
à manifester de nouvelles analogies, et peut-être à jeter quelque lumière sur
les lois et la théorie de cet ordre de phénomènes,
» Ces prévisions se sont réalisées d’une manière remarquable pour la plu-
part des substances appartenant au groupe en question. Ce sont notam-
ment les chlorures de potassium, de sodium, d’ammonium et d’argent, les
bromures de potassium et d'argent; enfin les iodures de potassium, de
mercure, de plomb et de cadmium : tous ces corps offrent ce caractère
commun, d’éprouver un accroissement de volume considérable par la cha-
( 315 )
leur, accroissement qui est même supérieur à celui des métaux les plus di-
latables, comme le zinc et le plomb, et qui s'éloigne peu de celui de l'acide
‘arsénieux (Comptes rendus, t. LXII). On trouvera plus loin les coefficients
de dilatation de plusieurs de ces substances.
» Cependant, à la suite de tous ces corps, si remarquables par leur
grande dilatabilité, est venue s'offrir une substance que sa composition et
ses principaux caractères avaient toujours fait ranger dans le groupe pré-
cédent, et qui s'en sépare, au contraire, de la manière la plus tranchée sous
le rapport de la dilatabilité; c’est l’iodure d’argent, substance bien connue
par le rôle important qu’elle a joué dans l'invention de la photographie,
et qui, sur 100 parties, renferme 54,02 d'iode et 45,98 d'argent. i
» Non-seulement l'iodure d'argent ne possède pas la grande dilatabilité
de ses congénères, mais encore il présente avec eux, sous ce rapport, un
contraste aussi complet qu'inattendu. Il paraît résulter, en effet, de la ma-
nière la plus certaine, des épreuves variées auxquelles ce corps a été sou-
mis, que liodure d'argent possède la propriété de se contracter ou de
diminuer de volume lorsque la température s'élève, et de se dilater, au
contraire, ou d'augmenter de volume, lorsque la température s'abaisse; le
phénomène restant toujours parfaitement régulier et continu entre les li-
mites de température de — 10 et + 70 degrés. Il convient de faire remar-
quer que l’iodure d’argent n’est fusible qu’à une température élevée (vers
400 degrés), en sorte que les effets en question ne peuvent être attribués
aux irrégularités qui pourraient se produire dans le voisinage de la tempé-
rature correspondant au changement d’état de la substance. Les effets sont
d’ailleurs bien constants et exactement inverses l’un de l’autre pendant
l'échauffement et pendant le refroidissement.
» La dilatation de l'iodure d’argent doit donc être exprimée par un
coefficient négatif, au moins pour tout l'intervalle de température compris
entre — 10 et + 70 degrés. De plus, à mesure que la température s'élève entre
ces limites, la valeur numérique du coefficient augmente notablement, en
sorte que la contraction s'accroît de plus en plus.
» Les observations ont été faites par la méthode et avec l'instrument
dont j'ai déjà entretenu l'Académie avec des détails suffisants (Comptes
rendus, t. LXII). Je n'aurai donc ici qu’à rapporter les résultats principaux
des expériences qui ont permis de constater l'existence du phénomène dont
il s’agit. ; |
: Les premières observations ont été faites avec de l’iodure d’argent
Préalablement fondu. On sait que ce composé s'obtient facilement dans un
43.
( 316 )
grand état de pureté, en versant une dissolution d’iodure de potassium
dans une dissolution d'azotate d'argent ; il se précipite alors sous la forme
d’une poudre insoluble d’un jaune clair, noircissant lentement à la lumière.
Pour obtenir la substance fondue, il suffit, après avoir lavé et séché Piodure
précipité, de le chauffer graduellement dans un creuset de porcelaine
vernie, où il se colore de plus en plus en rouge brun, et fond ee oh 5
400 degrés en un liquide brun foncé, doué d’une grande mobilité. La me
tière en fusion peut être coulée dans de petits moules en porcelaine
chauffés à lavance, dans lesquels elle se prend en une masse compacte,
très-dense, souvent fendillée, La structure en est cristalline à grains inssla
dureté peu considérable, la consistance analogue à celle du chlorure d ar-
gent, mais plus ferme. En se refroidissant, la matière a repris un tointe
jaune semblable à celle de la cire et tournant parfois au verdâtre omi
l’orangé. Elle est presque inaltérable à la lumière. Un fragment réduit ap
poudre donne une couleur jaune clair très-pure. La masse peut être aisé-
ment taillée dans des sens divers, et les surfaces taillées sont susceptibles
de prendre un très-beau poli, dont l'éclat le cède à peine à celui du dia-
mant. La densité de liodure d'argent fondu est 5,687 à zéro, d'après
M. H. Sainte-Claire Deville. ;
» L'iodure d'argent existe tout formé dans la nature. Reconnu d’abord
par Vauquelin parmi des minéraux du Mexique, il a été trouvé depuis dans
diverses localités, notamment à Chañarcillo (Chili), par M.:Domeyko. Une
analyse faite par M. Damour, sur un échantillon de cette dernière localité,
a donné 54,03 d'iode et 45,72 d'argent. > :
» La forme cristalline de cette espèce minérale, considérée d’abord
comme cubique, puis comme rhombique, a été définitivement reconnue par
M. Des Cloizeaux en 1854, comme appartenant à un prisme hexagonal ré-
gulier, doué d'un clivage très-net suivant la base et terminé par une py-
ramide à six faces. La densité a été trouvée par M. Damour d’abord de
5,707, puis récemment, sur des échantillons très-purs, de 5,677 à 14 de-
grés.
» On sait que M. H. Sainte-Claire Deville est parvenu, dans ces derniers
temps, à produire de beaux cristaux artificiels de cette substancé, en plon-
geant une lame d'argent dans une dissolution hydriodique d’iodure de ce
métal. Ces cristaux sont très-brillants, transparents et d’une teinte jaune
de soufre påle. Dès lors, l'étude de la substance, sous forme cristallisée, a
pu être poussée plus loin qu’avec les cristaux naturels toujours très-petits
et d’une grande rareté.
( 37 )
» La composition et la forme cristalline de ces cristaux artificiels sont
identiques à celles des cristaux naturels, la densité presque la même : elle
est de 5,669 à 14 degrés (M. Damour). Les propriétés optiques étudiées
par M. Des Cloizeaux sont bien celles qui appartiennent à un cristal doué
` d’un seul axe optique et à double réfraction positive très-peu différente
pour les deux rayons ; avec le microscope polarisant on observe, en effet,
dans la direction de l’axe, la croix noire caractéristique et des anneaux tres-
larges. L'indice de réfraction du rayon ordinaire a été trouvé par cet habile
observateur de 2,23 pour le jaune, l'indice extraordinaire est un peu plus
grand, mais très-peu différent. Ce nombre s'accorde bien avec l'indice
moyen de Fiodure amorphe que j'avais, d'après l'angle de polarisation,
trouvé sensiblement égal à 2,246 (Comptes rendus, 1861, t LIL, pi 273).
M. H. Sainte-Claire Deville avait obtenu par sa méthode plusieurs cristaux
remarquables par leur volume; un d’entre eux, du poids d'environ
3 grammes et déposé par lui à l'École des Mines, wa été confié par notre
savant confrère avec l'agrément des savants professeurs et directeur de
l'École. C’est grâce à cette extrême obligeance qu'il m'a été possible d'ana-
lyser avec quelques détails et de suivre dans diverses directions du prisme
hexagonal élémentaire les changements de longueur propres aux diverses
dimensions du cristal.
» Je vais d’abord rapporter les résultats obtenus en observant des lingots
d'iodure d'argent fondu, recuits à 100 degrés, après la solidification,
pendant quatre heures : et afin de donner une idée précise de la marche des
expériences et des calculs, je présenterai en détail les données numériques
d’une observation complète.
» Un petit lingot d'environ 20 grammes a été taillé de manière à former
sn cylindre terminé par deux surfaces planes polies et parallèles entre elles;
l'épaisseur était e = 130,685 ; il a été posé sur le trépied en platine de
l'appareil et recouvert du plan de verre supérieur portant les points fixes
de repère. Un système de franges ou d’anneaux très-brillants a apparu à sa
surface, lorsqu'on l’a éclairée avec la lumière jaune. La distance du plan de
vorre à la surface de l’iodure était e = 0"",02. Dans cet état, le trépied a
été porté au centre de l'appareil, la lampe éclairante convenablement pla-
ss et les deux étuves concentriques fermées. On voyait alors dans la pre-
mière lunette de l'instrument, et à travers les deux glaces des étuves, la sur-
face de l'iodure couverte de franges et les points de repère se projetant sur
elles. Après plusieurs heures, l'équilibre de température étant bien établi,
on à observé dans la deuxième lunette les deux thermomètres intérieurs; la
( 318)
température a été trouvée £ = 15°,506 ; ensuite on a relevé par la première
lunette la position de dix points de repère, en estimant les dixiémes de
frange comptés à partir de l'anneau noir voisin extérieur ou le plus éloigné
du centre des anneaux. Alors on a allumé les lampes destinées à chauffer
l'appareil et, en regardant par la première lunette, on a vu les franges se
mouvoir en se rapprochant du centre des anneaux, c’est-à-dire par un
mouvement centripète (le sens de ce mouvement indique une substance se
dilatant moins que le platine, le nombre des franges déplacées doit alors,
dans les calculs, être pris avec le signe —). On a noté successivement chaque
frange passant par un même point de repère, et le nombre des franges dé-
placées s’est trouvé presque exactement de 21, lorsqu’ou a atteint la tem-
pérature maximum supérieure que les lampes pouvaient donner; le mou-
vement des franges étant sensiblement nul, on a laissé pendant plusieurs
heures l'équilibre de température s'établir d’une manière complète. On a
fait alors la seconde partie de l'observation, c’est-à-dire qu’on a relevé la
position des dix points de repère, mais cette fois à partir de l'anneau voisin
intérieur ou le plus rapproché du centre; enfin la température a été trou-
vée t'= 59°,71. La moyenne des dix fractions de frange résultant des
excursions maxima et minima apparentes des dix points de repère a donné
0,94.
» On a donc en réalité pour le nombre de franges déplacées } = — 20',94.
La différence des températures qui a produit cet effet est 2’ — t = 44°, 204.
tt
Le degré moyen
ou 0 = 37°,6r.
2 ,
» Pour ce degré moyen, le coefficient de dilatation des vis du trépied de
platine est (Comptes rendus, t. LXII)
æ, = + 0,00000882 .06
La longueur d'onde de la lumière jaune du sodium étant d’ailleurs
À = o™, 0005888, on tire de ces éléments numériques la valeur de la dila-
tation linéaire de la substance pour 1 degré situé au point 0 = 37°,61 de
l'échelle centigrade au moyen de la formule
| Pa
T +al(e+e)(# 2)
Lg =
e(t'—t)
Les calculs étant effectués, le coefficient de dilatation de l’iodure d’argent
qui résulte de l'observation précédente est
= — 0,00000135.7
( 319 ) |
» Cinq observations semblables à celle que je viens de rapporter ont été
faites avec des changements de température et des degrés moyens différents.
En voici le résultat :
t'—1 8 &
15,782 23 40 —0,00000111.7
27 ,387 20,20 — 0 ,00000122.2
26,818 29 , 48 — 0,000001 18.1
3 44,204 37,61 — 0,00000135.7
16,817 51,30 —0,00000157.8
» Les quatre observations suivantes ont été faites avec le même lingot
taillé dans une direction rectangulaire avec la précédente : elles montrent `
que le phénomène de la contraction ne doit pas être attribué à une orienta-
tion générale de particules cristallines, qui ne se contracteraient que dans
certaines directions :
trie 8 &
16,537 15,68 — 0,00000109.5
22,337 18,63 — 0,00000009 1
43,780 29,39 — 0,000001 26.2.
36,298 42,09 — 0,00000144.4
» Enfin deux dernières observations ont porté sur un autre lingot plus
petit :
> t'—t 0 x
17,205 24,43 — 0,00000122.5
24,964 45,51 — 0,00000134.1
» Ces onze déterminations donnent constamment un coefficient négatif et
font voir en outre que la contraction est sensiblement plus forte à mesure
que l’on considère des température plus élevées.
» On les a réduites, comme cela a été fait pour les substances précédem-
ment étudiées, au degré moyen 9 = 40 degrés, lequel représente à peu près
la température moyenne des observations et le point où l'exactitude doit
ir été CHE. Pc Ta r ya
avoir été la plus grande. La variation du coefficient zg St calculée en divi-
$ DEF a ’ - . LA Le
ant la différence des coefficients par la différence des degrés moyens cor-
res . È M i
pondants ; sa leur est assez incertaine, puisque les erreurs d’observa-
Va i > bd . r . r . `
oA ont une influence considérable sur les différences qui servent à la
Calculer,
» 4 4 : si è
En resume, ces mesures conduisent à la valeur suivante pour le coeffi-
( 320 ) i
cient négatif de dilatation linéaire de l'iodure d’argent fondu pour 1 degré :
D fo = — 0,00000139 . ca =— 1.4
» La valeur de cette contraction, qui est environ de ysy pour 100 de-
grés, correspond à peu près à $ de la dilatation du platine : c’est donc une
quantité qui m’a paru pouvoir être mise en évidence par le moyen bien
connu du comparateur à levier. Et en effet un lingot cylindrique d’iodure
d'argent de 23 millimètres de longueur, étant préalablement échauffé vers
5o degrés, et placé de suite dans un comparateur très-sensible, a manifesté
par le refroidissement un accroissement de longueur évident; tandis que
` refroidi d’abord dans un mélange refrigérant vers — 10 degrés, puis placé
froid dans le comparateur, il s’est réchauffé peu à peu jusqu’à la tempéra-
ture ambiante, en faisant marcher l'aiguille de l'instrument d'une petite
quantité dans la direction opposée à la précédente : il y avait donc une di-
minution de longueur dans la substance pendant l’échauffement (1).
» On n’a pas cru inutile de rechercher en outre si cette étrange propriété
n’existerait peut-être que d’une manière passagère dans l’iodure nouvelle-
ment fondu. Pour cela, un lingot observé d’abord le 19 janvier, puis sou-
mis ensuite à de nombreuses alternatives d’échauffement et de refroidisse-
ment pendant quinze jours, a été repris le 21 février, recuit une seconde
fois à 100 degrés pendant plusieurs heures, puis placé de nouveau sur le
(1) Si le phénomène observé s'étend en suivant la méme loi de variation au-dessus et au-
dessous des limites de température entre lesquelles il a été constaté, il en résulte des consé-
quences intéressantes que je ne puis développer ici; je ferai remarquer cependant que dans
cette hypothèse, l’iodure d’argent paraît devoir présenter vers 60 degrés au-dessous de zéro
un maximum de volume, c’est-à-dire un minimum de densité. J'ajouterai que le phénomène
de contraction par la chaleur, que j'avais présumé devoir exister à de basses températures
dans l’émeraude, le protoxyde de cuivre et le diamant, paraîtra désormais moins paradoxal.
On a cité, à cette occasion, plusieurs faits qui ne me semblent pas devoir être rapportés à
cet ordre de phénomènes : d’abord la contraction des cylindres d’argile dans le pyromètre
de Wedgwood; c’est un simple phénomène de retrait permanent par dessiccation où par
fusion incomplète des éléments de l'argile à de hautes températures, mais en réalité l'argile
se dilate par la chaleur comme les autres corps. En second lieu, le bismuth présente bien
une contraction au moment de la fusion, mais c’est un phénomène dépendant du changement
d’état, et en réalité le bismuth possède un coefficient de dilatation positif et bien supérieur
à celui du platine. Enfin le caoutchouc montre bien des phénomènes fort curieux de chaleur
et de froid, lorsque son élasticité de forme est mise en jeu, mais il possède en réalité une
dilatation positive très-considérable et supérieure même à celle de l’acide arsénieux et du sel
gemme, c’est-à-dire plus grande que celle de tous les métaux,
( 321 )
trépied. Or, il se contractait encore, comme dans la première observation,
et précisément de la même quantité pour une même élévation de tempé-
rature.
» J'ai maintenant à rendre compte des observations relatives à l’iodure
d'argent cristallisé. Les expériences ont été faites avec le cristal artificiel si
remarquable dont j'ai parlé plus haut, et qui avait été obtenu par M. H.
Sainte-Claire Deville.
» En présence des résultats observés sur l’iodure fondu, formé manifeste-
ment d’une agglomération de particules cristallines orientées dans toutes les
directions, on comprend tout l'intérêt que présentait l’examen de cristaux
isolés de la même substance. Appartenant en effet au système hexagonal,
c'est-à-dire à un système doué d’un axe principal de symétrie, ces cristaux
devaient présenter deux dilatations principales différentes, l’une suivant
laxe de symétrie, l’autre suivant les directions normales à cet axe; et l’on
pouvait penser que la dilatation moyenne, celle qui s’observe suivant l’angle
de 54°44 avec l’axe, devait être peu différente de celle de la même sub-
stance fondue, ou tout au moins présenter un phénomène du même ordre.
Voici les résultats des observations :
» 1° Suivant la direction de l’axe du cristal, direction bien déterminée
par la normale au plan de clivage très-apparent dans cette substance, on
observe une contraction par la chaleur ou une dilatation négative très-con-
sidérable, et un accroissement très-marqué du phénomène avec l'élévation
de la température, Huit observations complètes faites avec une épaisseur
du cristal de 6%®,609 fournissent les deux constantes suivantes :
Première direction (suivant l'axe).
9 A
Ep = fo = — 0,00000396.6 dent 4.27
» 2° Normalement à l'axe du cristal; cette direction n’a pu être obtenue
avec la même exactitude que la précédente; des mesures prises au gonio-
mètre ont montré que la première était exacte à 3 minutes près, tandis que
la seconde différait de 37 minutes de la véritable normale. Cependant le cal-
cul à fait voir que cette différence n’exerçait sur la valeur du coefficient
cherché qu'une influence inférieure aux erreurs d'observation.
» Dans cette direction, on a reconnu l'existence d’une dilatation positive,
très-faible il est vrai, mais bien certaine. Neuf observations un peu moins
Concordantes que les précédentes, par suite d’imperfections dans la partie
du cristal observé, conduisent aux valeurs suivantes :
C. R., 1867, 12° Semestre, (T. LXIV, N° 8.) | 44
( 322)
Deuxième direction (normalement à laxe).
nd ER Gun = + 1.38
dy 9 = + 0500000064 .7 = HT:
De ces valeurs des deux dilatations principales, on conclut pour la dilata-
4 DE a 2 20g! -+a
tion linéaire moyenne du cristal g” = R
el 8 T 503
a4 o = —0;00000089.1 LE = — 0.90
On a cherché enfin à contrôler ce résultat par des mesures prises suivant
une direction très-voisine de celle de 54°44 avec l'axe. Le cristal, par sa
forme et par certaines imperfections singulières de sa structure, a contribué
à rendre ces déterminations peu certaines; mais ce qu’on a pu observer de
concluant s’accorde bien avec la dilatation moyenne déduite des deux dila-
tations principales directement déterminées. Toutes les valeurs ont encore
été trouvées négatives et fournissent la valeur approchée
Gg= jo = — 0300000098
La propriété de se contracter par l'élévation de température, déjà reconnue
dans l’iodure d’argent fondu, se manifeste donc aussi avec évidence dans
l’iodure cristallisé, et l’on voit de plus que le signe de la variation du coeffi-
cient est le même dans l’une et l’autre circonstance. Les valeurs numériques
de la contraction sont, il est vrai, assez différentes, mais les observations
relatives à l’iodure cristallisé n’ayant pu être faites que sur un seul cristal
dont la forme se prêtait difficilement aux expériences, et dont certains acci-
dents de structure peuvent avoir exercé quelque influence sur les détermi-
nations, je ne crois pas que l’on puisse regarder encore comme bien sùre la
différence qui s’est manifestée suivant l’état de la substance. De nouvelles
observations sur d’autres cristaux pourront seules décider la question.
» Mais cette réserve étant faite, je crois pouvoir présenter l’ensemble de
ces observations, comme démontrant avec une pleine évidence la nouvelle
propriété de l’iodure d'argent que j'ai cherché à établir.
» Je donnerai, en terminant, les coefficients de dilatation de plusieurs
chlorures, bromures et iodures dont il a été question dans ce travail. Ces
valeurs sont rapportées au degré moyen 9 = 4o.
( 3258)
» Chlorure de potassium (cubique) :
a = + 0,00003802.6 -i + b,15
» Sel gemme (cubique) :
x = + 0,00004039 .0 z =+ 4.49
» Sel ammoniac (cubique) : |
æ = +0,00006254.6 Sz = + 29.75
» Chlorure d'argent (cubique) :
x = +0,00003293 .8 -E 12.23
» Bromure de potassium (cubique) :
æ = + 0,0000/4200 .7 z5 =+ 9.78
» Bromure d'argent (cubique) :
g = +0,00003468 .7 c =+ 3.83
» Iodure de potassium (cubique) :
a = +0,00004265 .5 Z =+ 16.76.
» Iodure de mercure fondu (carré).
» Todure de plomb fondu (hexagonal).
» Iodure de cadmium fondu (hexagonal).
_ » Les expériences relatives à ces trois derniers iodures ne sont pas termi-
nées : on a pu s'assurer seulement que leurs coefficients sont positifs, très-
grands, et compris entre celui du chlorure d'argent et celui du sel gemme. »
CHIMIE. — Sur les propriétés de l’iodure d'argent; par M. H. Sarte- CLAIRE
DeviLLE.
« Pendant que mon savant confrère M. Fizeau exécutait le beau travail
dont il vient de faire la lecture, il voulait bien m'en communiquer les résul-
tats les plus importants et, je dois dire, les plus inattendus.
> Ayant eu souvent l’occasion d'étudier les propriétés des iodures métal-
liques et en particulier de l’iodure d'argent, je me trouvais bien préparé
Honor des indications précieuses que me fournissait si amicalement
. Fizeau.
h4..
( 324 )
» Je demande à l’Académie la permission de rappeler à ce propos quel-
ques faits que j'ai déjà publiés dans les Comptes rendus, et d’en exposer
quelques autres qui sont nouveaux et qui se rattachent à l’histoire désormais
si intéressante de l’iodure d'argent.
» L’acide iodhydrique, surtout lorsqu'il est concentré et légèrement
chauffé, attaque l'argent et le dissout en dégageant de l'hydrogène avec
une telle énergie, que souvent le liquide est entraîné au dehors du vase où
l’on fait l'expérience. Il se produit d’abord de l’iodhydrate d’iodure d’ar-
gent (IH, TAg) cristallisable. C’est en mettant la dissolution de ce sel acide
au contact de l'argent en feuilles, ou au contact de Pair qui oxyde peu à peu
l'acide iodhydrique, qu’on obtient, avec une facilité merveilleuse, les beaux
échantillons d’iodure d'argent que j'ai eu la bonne fortune de procurer à
M. Fizeau. -
» Si on verse de l'acide iodhydrique concentré sur du chlorure d'argent
sec, celui-ci s’échauffe comme de la chaux qu'on éteint. Il se dégage de
l'acide chlorhydrique, et Piodure d'argent ainsi produit peut être dissous
dans un excès d'acide iodhydrique et servir à la préparation de liodure
d'argent cristallisé. acide iodhydrique décompose aussi le bromure d’ar-
gent, et l'acide bromhydrique forme du bromure lorsqu'on le met en con-
tact avec le chlorure d’argent.
» Ces propriétés singulières ne sont pas les seules à noter. Lorsque l’on
met de l’iodure d’argent fondu en présence d’un globule de mercure et
d’un liquide conducteur comme l'acide chlorhydrique ou l’iodure de po-
tassium, le globule de mercure se transforme peu à peu en amalgame, qu’on
peut évaporer et qui laisse un résidu considérable d'argent.
» Par contre, si on introduit une dissolution d’iodure de mercure dans
l’iodure de potassium avec des lames d'argent dans un tube fermé à la lampe
qu'on chauffe chaque jour à 100 degrés, en le laissant refroidir ensuite, on
obtient peu à peu une abondante cristallisation d’iodure d'argent hexa-
goal, puis de l'amalgame d'argent sous les formes régulières qu’on lui con-
nait, et enfin des globules de mercure argentifére. Je ne sais pas si, en con-
tinuant cette opération, commencée il y a près d’un an, pendant plusieurs
années, on obtiendrait une précipitation complète du mercure (1).
(1) Ce résultat appartient à un travail que nous avons commencé depuis trois ans, M. De-
bray et moi. Chaque jour, nos tubes, en très-grand nombre, contenant des mélanges variés de
toute manière, sont soumis à l’action de l’eau bouillante da
nous donnent de très-beaux produits cristallisés et de nombreux minéraux artificiels dont
( 385 }
» Si on chauffe dans un petit ballon de l’iodure de mercure parfaitement
pur, que, sans le décomposer, on le mette en vapeur, et qu’on y plonge une
lame d'argent, celle-ci, dès qu’elle a atteint la température de la vapeur,
disparaît avec une grande rapidité, développe manifestement de la chaleur
et se transforme en iodure d'argent, pendant qu’on recueille du mercure
condensé sur les parties froides de l'appareil.
» Tous ces phénomènes sont en contradiction, au moins apparente, avec
les idées que l’on se forme habituellement de ce qu’on appelle les affinités
de l'argent, du mercure, de l’iode et de l'acide iodhydrique. Ils servent à
donner encore plus de rekief au fait important découvert par M. Fizeau.
» Ces anomalies se continuent encore dans les propriétés physiques de
l'iodure d'argent. En effet, jai pris avec tout le soin possible les densités
à zéro de l'iodure d'argent précipité et amorphe, de l’iodure fondu et de
l'iodure cristallisé, et je trouve des nombres absolument différents de ceux
que les travaux de mon frère sur les densités d'un grand nombre de
matières fondues et cristallisées devaient faire pressentir naturellement.
L'iodure précipité a pour densité 5,807, l’iodure fondu 5,687.
» Deux échantillons d’iodure cristallisé, l’un dont les cristaux, petits et
indistincts, me laissent quelque doute sur son véritable état physique,
l’autre trés-beau, mais dont je ne possède que de petites quantités, m'ont
donné à zéro, le premier 5,544 et l’autre 5,470 (1). J’adopterai de préfé-
rence le chiffre de M. Damour, dont l'habileté proverbiale me met à l'abri de
toute critique. L'iodure sur lequel il a opéré possède une densité 5,665.
» L'iodure amorphe est donc ainsi plus dense que l’iodure fondu et
celui-ci plus dense que l’iodure cristallisé.
» Si on calcule par la formule
a + b) dd’
D re Rs
la densité moyenne des éléments (l'inverse du volume atomique), on trouve,
en remplaçant a et $ par les équivalents de l'iode et de l'argent, d et d’ par
les densités de ces deux corps : D — 6,527. Les contractions
Ci =
B a aa
no EN i Hi Bok à ‘mi
us ferons bientôt la description dans un Mémoire que nous soumettrons à l’Académie. Je
profite de cette occasion
(1)
atteig
pour prendre date en notre nom commun.
Le volume de ce dernier n’était que de 0,917. La correction due à lair déplacé
nait déjà le second chiffre décimal.
(326)
qu’on obtient en remplaçant successivement À par les densités de l’iodure
d'argent amorphe, fondu et cristallisé, prennent ici des valeurs négatives.
Pour l'iodure amorphe........ C——0,124
Pour l'iodure fondu........... C——o,145
Pour l’iodure cristallisé........ C—— 0,148
» Maintenant je désire faire voir comment ces observations trouvent
dans les déterminations de M. Fizeau une explication toute simple et leur
servent de confirmation éclatante.
» Je suppose que je prenne deux prismes de même hauteur, à base rec-
tangle, les surfaces de ces deux bases étant entre elles comme 127 pour
Piode et 108 pour l'argent, ou comme les équivalents des deux corps simples
et que je les place dans un vase de même forme et dénué de chaleur spéci-
fique. Si on détermine la combinaison sur un point, et que le phénomène
se propage dans toute la masse, la température s’élèvera de zéro, qui est la
température initiale, jusqu’à £ degré. L'expérience m’apprend que dans un
très-grand nombre de cas le volume du composé, pris à la température #
que développe la combinaison, est très-peu différent de la somme des vo-
lumes des composants (1). Si Piodure d’argent se comportait à la manière
ordinaire, en se refroidissant de ż degrés à zéro, son volume diminuerait; il
s’enfoncerait dans cette lingotière, où je le suppose enfermé et revenu à
zéro. Sa densité A, plus grande alors que D, nous donnerait la mesure de
sa contraction de £ degrés à zéro (2). Mais il n’en est pas ainsi : la densité
observée A est plus petite que D la densité moyenne des éléments, de sorte
que, pour passer de £ degrés à zéro, l’iodure formé va se dilater, sortir de
la lingotière et peut-être la briser en se refroïdissant, C’est là un phénomène
qui est la conséquence nécessaire des observations faites par M. Fizeau
pendant la fusion et la coulée de ses échantillons.
» Ce phénomène d’une contraction négative dans l'iodure d'argent
devient aussi une conséquence nécessaire du coefficient de dilatation négatif
découvert par M. Fizeau. »
(1) Dans ce cas, la température + peut se calculer par la formule
D — A
$ 2
à étant le coefficient de dilatation entre zéro et une température suffisamment rapprochée
et.
(2) Comme vient de le faire voir M. Fizeau, le chlorure d'argent se dilate par la chaleur,
Fr
: : D
et aussi la contraction du chlorure d’argent 1 — + — 0,270 est positive.
aas ECTS de le Ve
( 527 )
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Note sur un thermomètre électrique enregistreur;
par M. Le GÉNÉRAL Mona.
« L'appareil que j’ai l'honneur de présenter à l’Académie a pour but de
fournir à un observateur une indication permanente des variations de la
température d’un lieu déterminé, ou de l’atmosphère, à des intervalles de
temps équidistants et aussi rapprochés les uns des autres qu’on peut le dési-
rer, de quinze en quinze minutes par exemple.
» Il se compose d’un thermomètre électro-magnétique, analogue à celui
de notre savant confrère, M. Becquerel, qui en a fait un si heureux usage.
Celui-ci est formé de 30 tiges de maillechort et de fer, rangées parallélement
les unes aux autres et séparément dans des rainures pratiquées à la surface
d'un cylindre en bois de o™,045 de diamètre.
» Les extrémités de ces tiges dépassent de 0",022 celles du noyau en
bois, et sont soudées à l’étain, les unes aux autres, par leurs extrémités
‘alternatives.
» Ces tiges forment ainsi 15 éléments de pile, et leur nombre dépend de
l'intensité que l’on se propose de donner au courant électrique qui s'établit
dans l'instrument, lorsque ses deux extrémités sont à des températures dif-
férentes.
» Ce courant circule à travers les deux bobines d’un multiplicateur ordi-
naire, au centre duquel se trouve une aiguille aimantée, librement suspen-
due à un fil du cocon de soie.
» En donnant à l’ensemble de l'instrument une position convenable, cette
aiguille peut être d’abord amenée à se trouver dans le plan du méridien ma-
gnétique, ce qui l’établit dans sa position moyenne ou initiale.
» Son arbre, prolongé en dessous, porte une autre aiguille indicatrice,
en cuivre, équilibrée, et qui est destinée à fournir la trace des déviations
de la première,
à À cet effet, sous la seconde aiguille et horizontalement, se trouve un
disque annulaire de 0”, 20 de diamètre, qui porte une feuille de papier et
est monté sur un arbre vertical doué d’un mouvement régulier de rota-
tion, qui lui est communiqué par un moteur chronométrique à pendule
compensateur et à cadran indicateur des heures. Mais, outre ce mouvement
de rotation, le disque et la feuille de papier qu'il porte reçoivent périodi-
Alement, de quinze en quinze minutes, un mouvement d’ascension et un
Mouvement de descente verticaux, dont le premier leur est communiqué
( 328 )
par l'échappement d’une came qui rend libre un contre-poids, et dont le
second relève ensuite ce contre-poids. Ces deux mouvements sont détermi-
nés par le ressort d’un barillet spécial.
» Il résulte de cette disposition que, toutes les quinze minutes, la feuille
de papier se soulève, se rapproche de l'aiguille indicatrice, rencontre une
pointe que celle-ci porte en dessous et pousse de bas en haut cette aiguille,
qu'arrête, dans ce mouvement, un arc de cercle fixe disposé au-dessus.
» La pointe perce alors le papier et y laisse la trace de l’inclinaison de
la position de l'aiguille aimantée, à cet instant; puis le disque, en redescen-
dant, dégage la pointe et rend aux aiguilles, un moment arrêtées, la liberté
de leurs oscillations.
» On obtient donc ainsi, de quinze en quinze minutes, sur la feuille de
papier, une indication de la déviation de l’aiguille aimantée, et la suite des
points ainsi marqués fournit une courbe qui fait connaître la marche rela-
tive des températures des deux extrémités du thermomètre électrique.
» Si l'on a fait préalablement marquer sur le papier la position con-
stante des aiguilles, lorsque le courant électrique n’était pas établi, la courbe
obtenue alors a été un cercle qui donne le zéro de déviations de l'aiguille
ou des différences de température des extrémités. Lorsque l’une de ces
extrémités est maintenue à une température constante, celle de la glace fon-
dante, par exemple, la déviation de l'aiguille indique la température du
milieu dans lequel l’autre est plongée.
» Sans entrer dans plus de détails sur la construction de cet appareil,
nous ferons remarquer que la grande sensibilité et la mobilité de l'aiguille
ne permettent d'obtenir des indications continues qu’à la condition qu'il
sera placé dans un lieu à l'abri des trépidations.
» Il est même, à cet effet, indispensable, dans tous les cas, que l’instru-
ment soit renfermé dans une double cage où les courants d'air n’aient pas
d'accès.
» Quand ces conditions sont satisfaites et que les températures des deux
extrémités varient par degrés réguliers, la courbe formée par les piqüres
de l'aiguille indicatrice présente une assez grande continuité; mais lorsque,
par la nature des observations à faire, l’une des deux extrémités du ther-
momètre ou toutes les deux sont nécessairement exposées à l'air libre ou
dans des courants d’air dont la température, incessamment variable par
l'effet des ondulations, détermine dans les déviations de l'aiguille des oscil-
lations à peu près continuelles, la courbe en porte les indications et pré-
sente des sinuosités brusques.
( 329 )
» En rétablissant par un tracé la continuité de la marche de ces indica-
tions, on n’en peut pas moins déduire la loi générale de la ‘variation des
températures.
» Tare de l'instrument. — Pour déterminer la relation qui s'établit dans
chaque cas entre les déviations angulaires de l'aiguille aimantée et les dif-
férences de -température des extrémités du thermomètre, il faut faire des
observations préalables qui constituent la tare de l'instrument,
» A cet effet, après plusieurs essais peu favorables faits à l'air libre et
dans un courant d’air chaud, nous avons opéré de la manière suivante :
Les deux extrémités du thermomètre ont été introduites dans deux vases
en zinc, dont lun était rempli d’eau maintenue à la température de
la glace fondante, et dont l’autre recevait de l’eau chaude, dont on déter-
minait la température initiale et successivement décroissante. Pour éviter
les effets de l’immersion directe du faisceau de fils métalliques dans l’eau,
qui aurait réduit l'intensité du courant électrique à celle d'un seul élément,
ôn faisait pénétrer les deux extrémités du thermomètre dans une sorte de
tuyau intérieur, clos du côté de la paroi. L'entrée de ce tuyau était calfeu-
trée avec du coton pour éviter la communication avec l'air extérieur, tandis
que l’intérieur du tuyau, ainsi que l'extrémité du thermomètre, prenait
promptement la température de l’eau du vase correspondant. Des thermo-
mètres placés dans l’intérieur des deux tuyaux et comparés à d’autres
plongés dans l’eau servaient d’ailleurs à constater les températures réelles
des extrémités du thermomètre.
» Le mouvement de l'aiguille aimantée étant angulaire, il convenait d’en
mesurer l'amplitude par la longueur des arcs décrits par la pointe indica-
trice. C’est ce qu’il était facile de faire, au moyen d’un gabarit circulaire ser-
vant à tracer les arcs correspondants à chaque point, à l’aide de leur rayon
Connu et de la circonférence sur laquelle leur centre devait toujours se
trouver.
t
» Sensibilité de l'instrument. — Le but que je me proposais d'atteindre
à l'aide de cet instrument était simplement, à l’origine, de constater à
chaque instant du jour et de la nuit, dans une cheminée de ventilation,
l'excès de la température intérieure sur la température extérieure, excès
qui, comme on le sait, doit être constant pour que le mouvement de l'air
le soit aussi.
2 On comprend de suite qwun pareil instrument, placé dans le cabinet
d'un directeur d'hôpital, pourrait lui permettre, à la simple inspection des
C. R., 1867, 1er Semestre, (T. LXIV, N° 8.) 45
( 330 )
courbes, de reconnaître si, à toute heure, le service de la ventilation
marche régulièrement; mais je crois que l’anémomètre totalisateur, dont
j'ai entretenu déjà l’Académie, suffit pour cet objet, et qu’il est d’un usagé
plus commode, quoiqu'il exige l'emploi d’une pile.
» L’excès de température devant peu s'éloigner de 20 à 25 degrés, par
exemple, dans la plupart des cas, et une très-grande précision n'étant pas
nécessaire dans son évaluation, j'ai été conduit à restreindre beaucoup la
sensibilité de l'aiguille; aussi, dans les expériences de tare qui ont été faites
en vue du résultat cherché, les déviations ou les arcs décrits par la pointe
indicatrice n’ont pas habituellement excédé o™,4 à o™,§ pour chaque
degré de différence de température entre les extrémités du thermomètre
électrique.
» Mais il est évident qu’en employant des aiguilles plus sensibles et de
plus grandes dimensions ou en multipliant les éléments, on pourra aug-
menter dans une proportion considérable la sensibilité de l'instrument.
» J'en ai dit assez, sans doute, pour bien faire comprendre le jeu et la
disposition du thermomètre électrique enregistreur que je présente à l'Aca-
démie, et je serais heureux qu'entre les mains de physiciens habiles il püt
devenir un instrument utile au progrès des sciences, et en particulier à la
météorologie,
» En terminant cette Note, je dois déclarer que j'ai emprunté l’idée d’ob-
tenir une trace des déviations de l'aiguille aimantée de M. David Napier,
habile ingénieur anglais, qui a présenté en 1851 à l'Exposition universelle
de Londres une boussole destinée à enregistrer, par un moyen semblable,
les circonstances de la marche d’un navire, et dont un modele avait été
acheté par mes soins pour les collections du Conservatoire, où elle existe
depuis cette époque.
» La construction de l'appareil qui est mis sous les yeux de l’Académie
est l’œuvre de M. Hardy, dont les physiciens connaissent l'habileté. »
PHYSIQUE. — Sur les changements de température produits par le mélange
des liquides de nature différente ; par MM. Bussy et Buicxer. (Deuxième
Mémoire.)
« Dans nos précédentes recherches, nous avons montré que le mélange
des liquides qui se dissolvent est toujours accompagné d’un changement
de température, Comme ce changement coïncide en général avec une varia-
tion de volume, on est naturellement disposé à établir entre les deux phé-
G-a )
nomènes une relation de cause à effet, c’est-à-dire à attribuer les variations
de température à la contraction ou à la dilatation qu'éprouvent les corps
pendant leur mélange.
» Sans méconpaitre l'influence que le rapprochement ou l’écartement
des molécules doit avoir nécessairement sur les phénomènes thermiques en
général, il est facile de constater cependant qué, dans beaucoup de cas, ils
sont insuffisants à les expliquer. Quelquefois même les changements de
volume et les changements de température se manifestent dans des sens
différents. C’est ainsi que, dans le mélange de l’eau avec l’acide cyanhy-
drique et dans plusieurs autres que nous avons signalés, on observe en
même temps une contraction de volume considérable et un très-grand
abaissement de température. /
» Comme la condensation des éléments ne peut par elle-même produire
qu'une élévation de température, nous avons admis qu'il y avait simulta-
nément une absorption de chaleur due à la diffusion des deux liquides lun
dans l’autre.
» L'expression de diffusion dont nous nous sommes servis n’est pas
nouvelle dans la science : elle y existe déjà dans le sens général que nous `
lui avons donné. Nous avons rappelé dans notre précédent Mémoire que,
dès 1851, M. Person ( Annales de Chimie et de Physique, 3° série, t. XXXIII,
P. 453) avait observé que le froid produit quand on dissout un sel n’est
pas dû au simple passage de l’état solide à l’état liquide, mais qu’une autre
partie, quelquefois plus considérable que la première, est employée à sub-
diviser les molécules du sel et à les étendre dans une plus grande quantité
d MA; M. Person admettait ainsi, pour les sels, une chaleur latente de dif-
fusion ou de dissolution.
» En 1860, M. Favre (Comptes rendus de l Académie des Sciences, t. L,
P- r150, et t. LI, p. 316), dans une série de recherches sur laffinité chi-
mque, qui lui ont mérité a cette époque les encouragements de l’Académie
dont il est aujourd’hui Correspondant, a cherché à étudier, au moyen d'un
appareil calorimétrique qui lui est propre, les phénomènes calorifiques
produits par la réaction de l’eau et de l'alcool sur diverses substances. Celles
qui font l’objet de ces études sont : la glycérine, les carbonates de potasse
et de soude, les azotates de potasse, de soude, d’ammoniaque, de baryte,
de Slrontiane; différents chlorures, bromures, iodures; les acétates de
potasse et de soude.
E a de ce travail qui se rapporte le plus spécialement à
nos recherches est celle-ci : « Deux ordres d’action semblent se
( 332.)
» produire simultanément et marcher de front: une action d'attraction
» réciproque des molécules hétérogènes qui sont mises en contact, et qui
» est accompagnée d'un dégagement de chaleur, et une action de diffusion
» qui produit un abaissement de température. Le nombre fourni par l'ex-
» périence est positif ou négatif, suivant que la première ou la seconde de
» ces actions prédomine. Ainsi, lorsqu'on emploie l'alcool comme dissol-
» vant, c’est le phénomène de diffusion qui semble l'emporter presque
» toujours. »
» À peu près à la même époque (Comptes rendus, t. L, p. 534 et 584),
notre confrère M. Henri Sainte-Claire Deville, auquel la science doit de si
ingénieuses recherches sur la dissociation des composés chimiques, a essayé,
au cours de ses expériences, et en se basant exclusivement sur des consi-
dérations empruntées à la théorie mécanique de la chaleur, de déterminer
la quantité de chaleur produite dans les combinaisons chimiques. Il admet
que, lorsque deux liquides, l'acide sulfurique et l'eau par exemple,
donnent lieu, par leur mélange, à une élévation de température, il suffit,
pour calculer la chaleur dégagée, de connaître la contraction qu'éprouve
le volume des deux liquides et le coefficient de dilatation de leur mélange.
Mais lorsqu'on effectue le calcul indiqué par la théorie, on observe, ainsi
que le fait remarquer M. Henri Deville, un écart considérable entre le
résultat calculé et celui que donne l'expérience. Cette différence, ou, plus
exactement, ce déficit accusé par l'expérience, est attribué, par M. Henri
Deville, à une perte de force vive. « De même, dit-il, que dans les ma-
» chines il y a des pertes de force vive, de même dans les combinaisons
» chimiques il y a des pertes de force vive ou de température qu'on peut
» calculer avec la règle que j'ai donnée ci-dessus. C’est de la chaleur
» perdue ou plutôt rendue latente en vertu de causes tout à fait incon-
» nues, Ainsi, la dissolution est une cause de froid, non-seulement lors-
» qu’elle s'effectue entre un liquide et un solide qui se liquéfie, mais
» encore entre deux liquides qui se dissolvent, ou même, comme la
» démontré M. Person, entre une dissolution déjà faite et l’eau dont on
» l'étend. »
» Dans un travail plus récent, et postérieurement à notre précédent
Mémoire, M. Favre a publié (Comptes rendus, t. LIX, p. 783) le résultat
d'expériences ayant pour objet l’action de l’eau et de l'alcool sur les alcools
méthylique, amy lique, caprylique, le glycol et la glrcérine, expériences des-
quelles il résulte que, dans ces divers mélanges, il y a pour les uns pro-
( 333 )
duction de froid, pour les autres production de chaleur, suivant que l'effet
dû à la diffusion ou à l’affinité est prédominant.
» Les travaux que nous venons de rappeler tendent donc, comme on le
voit, à prouver que dans la combinaison des corps, il y a non-seulement
production de chaleur due à l’affinité, mais aussi des pertes qui sont attri-
buées à la dissémination des molécules, à leur diffusion.
» Nos expériences apportent un nouvel appui à cette manière d’inter-
préter les faits; mais ce qu’elles nous paraissent offrir de particulier, c’est
qu’elles donnent une démonstration directe et précise d'une absorption de
chaleur qui ne peut être rapportée à aucune des causes jusqu'ici étudiées.
Elles montrent deux ordres d’action dans le même mélange, et per-
mettent, dans certains cas, de faire prédominer l’un des deux effets sur
l’autre, de manière à mettre en évidence à volonté soit la chaleur, soit le
froid produit. Ainsi, par le mélange de l’alcool et du chloroforme en pro-
portions variées, nous avons montré qu’on peut obtenir tantôt un abaisse-
ment, tantôt une élévation de température, soit même successivement les
deux effets opposés.
» De plus, nos expériences étant faites sur des liquides exempts de tout
corps en dissolution, sur des liquides n'ayant les uns pour les autres que
de faibles affinités, les effets dus à la diffusion y sont moins influencés par
les causes perturbatrices qui pourraient résulter, soit des changements
d'état, soit de la formation de composés à proportions définies. Elles auto-
risent ainsi à penser que le fait seul de la dissolution d’un liquide dans un
autre, et indépendamment de tonte autre circonstance, est de nature à pro-
duire du froid, comme en donnerait l’expansion d’un gaz qui se dilate en
produisant un travail mécanique.
» Toutefois, pour que l'abaissement de température observé jusqu'ici
dans tous les mélanges dont il a été question puisse être légitimement
altribué à une cause spéciale, il était nécessaire de démontrer que cet abais-
sement n’est pas dû simplement à de la chaleur qui aurait été dissimulée
Ou rendue latente par une augmentation de capacité calorifique survenue
pendant la dissolution. Il est évident, en effet, que si, lorsqu'on mêle deux
liquides, la capacité calorifique du mélange devient plus grande que la
Fe moyenne des corps mélangés, il doit y avoir, par ce seul fait,
abaissement de température. Et si l'augmentation de capacité est suffisante
o : ; isé à faire i
p ur rendre raison du froid observé, on n’est plus autorisé à faire inter-
venir une autre cause. |
( 354)
Pour résoudre cette question, il était nécessaire de connaître encore
deux éléments du problème, savoir : 1° les capacités calorifiques des mé-
langes, comparées à celles de leurs éléments; 2° les quantités de chaleur
absorbées ou dégagées par chaque mélange. Ce sont précisément ces deux
questions que nous traitons dans le présent Mémoire.
» Les capacités que nous avons constatées par l'expérience ont été trou-
vées toutes, à l'exception d’une seule, supérieures à la capacité moyenne
des éléments; mais, dans aucun cas, cette augmentation de capacité n'a pu
suffire pour représenter toute la chaleur absorbée au moment du mélange.
Nous pensons avoir apporté une assez grande précision dans nos expé-
riences pour ne laisser aucune incertitude sur l'exactitude de cette con-
clusion,
$ I. — DÉTERMINATION DES CHALEURS SPÉCIFIQUES DE DIFFÉRENTS MÉLANGES LIQUIDES,
COMPARÉES A CELLES DE LEURS ÉLÉMENTS.
> La mesure des chaleurs spécifiques a été obtenue par deux méthodes :
la méthode des mélanges et la méthode du refroidissement. Nous avons été guidés
dans la préférence à donner à l’une ou à l’autre de ces deux méthodes par
la nature et la quantité des liquides dont nous pouvions disposer.
» Voici le tableau des résultats obtenus pour la température de 18°, 5o :
Capacité
Nature Capacité Capacité expérimentale,
des liquides. calorifique. théorique la capacité moyenne
moyenne. étant 100.
OS ET N 1,0000 » »
Essence de ee eesin OUT » +
AWO . 84,54 ess. set: : 030700 » »
Éther . éosiesss . (0) ,5334 » »
Sulfure à ptei: PURES 0,2381 » »
Chloroforme o sssi ig kiise 0,2250 » »
Mercure, cicis inako sexes 0: 0006 ». »
Acide erun N E A o,5881 » »
46,00 alcool........ us à
0: N 09047 re rss
46,00 alcool.:...... id i
59,9 Rs 1. Lure de 0,5540 101 84
76,00 sulfure de carbone..... }
T ;
46,00 alcool...... Eyi esise \ SE 0,3666 106,46
39 500 EUR. ers dress | 6 6
57,00 sulfure de Ao a \ 0,3073 0,3543 t0407
(335)
Capacité
Nature Capacité Capacité expérimentale,
des liquides. calorifique. théorique le capacité moyenne
nne. $
119,5 sulfure de carbone. ....
119,5 chloroforme.......... se 0;ja315 97,88
loroforme ......... : : |
H9,° a near 0,3610 0,3278 110,12
99,79 éther.............:
47,8 chloroforme ....... Ne.
EO GO MCO EI... : a 29AA 9,296! 106,98
119,5 chloroforme..........
LA E ob. PSM 22000 0,3642 £
27,00 acide cyanhydrique ....
BIOO ess Hits.» 264 0,8317 0,7940. 104,74
» L'examen du tableau qui précède donne lieu à quelques remarques
essentielles : |
» 1° En ce qui concerne la chaleur spécifique des liquides purs, les
nombres obtenus par la méthode du refroidissement, telle que nous l'avons
pratiquée, sont en accord avec ceux que M. Regnault a déduits de la mé-
thode des mélanges pour les mêmes liquides et pour la même tempéra-
ture. Cet accord est une garantie d’exactitude pour les nombres nouveaux
qui ne peuvent être contrôlés par d’anciennes déterminations.
» 2° L’acide cyanhydrique anhydre, dont l'équivalent est très-faible,
HCy = 27, a une capacité calorifique supérieure à celle du sulfure de car-
bone, du chloroforme, de l’éther et même de l'alcool. A la température de
180,50, cette capacité représente les trois cinquièmes environ de celle qui
appartient à l’eau.
» 3° En ce qui concerne la chaleur spécifique des mélanges, on voit que
les nombres fournis par l'expérience sont pour tous les cas, un seul excepté,
Supérieurs à ceux qui représentent la capacité théorique moyenne. Mais,
Par une singulière opposition avec ce qu’on aurait pu prévoir, les liquides
por lesquels l'augmentation de capacité est la plus considérable sont
Précisément ceux qui ont dégagé beaucoup de chaleur au moment de leur
mélange, savoir l’eau et l'alcool, l’éther et le chloroforme, tandis que le seul
mélange qui présente une diminution de capacité calorifique, le chloroforme
et le sulfure) de carbone, est un de ceux qui produisent le plus de froid au
Moment de leur formation.
”
( 330 )
$ II. — ÉVALUATION EN CALORIES DE LA CHALEUR ABSORBÉE OU DÉGAGÉE PAR LES DIVERS
LIQUIDES AU MOMENT DE LEUR MÉLANGE.
» L'appareil dont nous nous sommes servis consiste en un système de
deux tubes en verre, ayant chacun 80 centimètres cubes de capacité environ,
et communiquant par leur partie inférieure à l’aide d’un tube d’un petit
diamètre. On introduit d’abord une petite quantité de mercure qui prend
son niveau dans le tube fin, puis-on verse l’un des liquides dans la branche
de droite, et l’autre dans la branche de gauche. Les deux liquides sont pris
dans les proportions qui conviennent aux précédents mélanges; mais les
quantités absolues sont calculées de manière que le volume total des deux
liquides n'excède pas 80 centimètres cubes. Le petit appareil étant ainsi
préparé et bouché à ses deux ouvertures, on l'introduit verticalement dans
un calorimètre en laiton, muni d’une enveloppe extérieure avec manchon
d'air. On verse de l’eau dans le calorimètre jusqu’à ce que le système des
deux vases communiquants en soit complétement entouré. Un agitateur per-
met d'en mêler parfaitement les couches, et un MEORE en donne à
tout instant la température avec l'exactitude de t; de. degré. Les choses
étant en cet état, et l'appareil étant fermé de toute part, dès que l'équilibre
de température s’est partout établi, on débouche les ouvertures et on adapte
à l'une d'elles un tube de verre communiquant avec une poire en caout-
chouc. En pressant doucement avec la main, on refoule la colonne mercu-
rielle, et le liquide contenu dans la première branche passe graduellement
dans la seconde, où il se mèle à l’autre liquide. On bouche l'ouverture de
cette seconde branche. Le changement de température qui se produit par
le fait du mélange est immédiatement accusé par la marche du thermomètre.
Si l’on enlève le bouchon, la différence des pressions détermine un mou-
vement en sens inverse du premier, et l’on peut ainsi, en faisant marcher
les deux liquides alternativement dans un sens et dans l’autre, effectuer leur
mélange d’une manière exacte au milieu même du calorimètre, sans avoir
beaucoup à redouter l'influence exercée par Vair de la boule.
» Lorsque le thermomètre a accusé son maximum d'effet, on note la
température ĝ qui lui correspond et on peut, à l'aide de la formule connue,
calculer le nombre de calories dégagées ou absorbées pendant le mélange :
des deux liquides.
» Les expériences faites à l’aide de l'appareil et du mode opératoire que
nous venons de décrire sont susceptibles d’une certaine précision, à en
( 337 )
juger par la concordance des résultats qu’elles ont fournis sur les mêmes
liquides expérimentés dans des conditions différentes. La différence £ — 9
ou 0 — t étant toujours très-faible, l'influence de l’air extérieur se fait à
peine sentir pendant la durée très-courte de chaque expérience. Nous avons
eu soin, d’ailleurs, dans chacune de nos opérations, d'apprécier cette in-
fluence par la méthode ordinaire, et d’en tenir un compte exact dans le
calcul des résultats obtenus.
» Voici ces résultats rapportés à 100 grammes de chaque mélange.
I. — Calories absorbées.
62,30 sulfure de carbone................ ) L
3770 alcool. aTr Here E e \ é
9000 chHormitine: si Mn Er | + es
50,00 sulfure de carbone ...... rés er j 179
So ait: 0 NET RE ss... |
3 8
50,00 acide cyanhydrique.. ..,..:...... f 8940
50,64 sulfure de carbone ....... ART }
: : : 161,8
Soi M éthèr. ES a ah Hire
45532. aeol sea E touts E ‘| 8
54,68 éther.…....., SE CERTE Le
‘04 alcool... RC ER E, ÈS
01,20 6RIOpOIOrTmE aori diss or à Là dés sua à s A.
I. — Calories dégagées.
46,00 alcool ..... ER re ns l 8 3 65
é,o0:ean;. ue AE I CRU S j +3
66,66 chloroforme. .. iF TFA a 00: 12 4
ATE TOPET E E NÉS E o T,
VOS MO sue: cnrs Sens |
i 53
60,66 chloroforme. ............. a eu aa \ “T
C. R., 1867, ver Semestre, (T. LXIV, N° 8.) 46
(338 )
TaëLeau représentant les changements de température, de volume, de capacité calorifique,
et le nombre de calories absorbées ou dégagées dans le mélange des liquides de nature
différente.
CAPACITÉ | EFFET
VOLUME
j si capacrré | NOMBRE | CALORIES que devrait
ABAISSE- | mélange, fournie 2 e E geat
ià CAPACITÉ RE calories | pondantes | Chaque ment
ÉLA k MENTS absorbées à mélange de
MELANGES volume ft i tement
R DUNE OTING Fe ou l'accroisse-| pour capacité
i Se moyenne. Pent dégagées ment rendre |exprimé en
température a p en de compte des| centièmes
représenté ience y: 7 š d
00 totalité. | capacité. | calories e
. absorbées. | l'effet total
5 gr t:
0,0 au EEEE A o
50,00 Acidecyanhydrique. 1 | ol EE EE POAT E a ii
37,70 CO0F. retour I
62,30 Sulfure de carbone. 2 | — 5,90 | 101,70 | 0,3666 | 0,3903 |—231,20| 13,98 0,7584 | 6,04
50,00 Chloroforme ...... I
50,00 Sulfure de carbone. 3% | — 5,10 | 100,65 | 0,2315 | 0,2266 |—141,29|— 2,50 | 0,5085 |—1,77
45,35 Alcoolis ik 1 dE
5:08 De 1. 12 | — 3,60 | ‘99,09 | 6,5540 | 0,562 |—184,04| 3,67 | 1306521} 1:99
39,3 LT M RE Net 2 I
60,64 Sulfure de carbone ni — 3,60 | 100,29 | 0,3543 | 0,3673 |—161,80| 4,68 | 0,8037 2,88
91,22 Chloroforme....... 4
8,78 Alcool ï } — 2,40 | 100,04 |:0,2561 | 0,2740: |— 71,62 4,29 | 0,5545 599
60,66 Chloroforme....... Ej
39,34 Alcool 15) Sie 99,67 | 0,3642 | 0,3890 |+177,53 id T 5
54,00 RI T 6
46,00 Alcool è |+ 8,30 96,43 | 0,8063 | 0,9047 |+803,65 n n" sé
33,33: Biber. se a 1È
66,67 Chloroforme...... HR i +14,40 98,70 |.0,3278 | 0,560 |+629,74 p: 4 E
» Les recherches dont nous venons d'exposer
résumer de la manière suivante :
les résultats peuvent se
» Sur neuf mélanges liquides que nous avons examinés, six ont donné
lieu à un abaissement de température, trois à une production de chaleur.
Ces trois derniers, contrairement à ce qu’on aurait pu supposer à priori,
offrent une augmentation de capacité, augmentation plus considérable
même que dans les six mélanges qui donnent du froid.
» Cette augmentation de capacité se place ici en opposition avec la cause
qui a dù produire l'élévation de température observée pendant le mélange;
mais il faut ajouter que ces trois mélanges présentent en même temps une
contraction de volume notable dont l'influence est en sens contraire de
l'augmentation de capacité.
( 339 )
» Sur les six mélanges qui ont donné du froid, cinq ont présenté une
augmentation de capacité; mais pour aucun d’eux cet accroissement n’est
suffisant pour rendre raison de toute la chaleur perdue : il ne rend compte
au maximum, c’est-à-dire dans le cas le plus favorable, que de 6 pour 100
au plus de la perte de chaleur.
» Parmi ces cinq derniers mélanges, trois ont présenté une légère aug-
mentation de volume qui pourrait être invoquée à l’appui de la chaleur qui a
disparu; mais il en est deux, les mélanges d'alcool et d’éther, d’acide cyan-
hydrique et d’eau, qui présentent une contraction notable, particulièrement
le dernier, et pour lesquels il est tout à fait impossible de rendre raison de
la chaleur qui a disparu. Ainsi, 5o grammes d’eau mélangés à 5o grammes
d'acide cyanhydrique produisent l'absorption d’une quantité de chaleur
qui serait suffisante pour élever de zéro à 100 degrés 88",9408 d’eau, C'est-
à-dire près d’un dixième du poids du mélange. L'augmentation de capacité
ne rend compte que des 4 centièmes de cette chaleur absorbée. Et ce qui
doit paraître plus extraordinaire encore, c’est que cet abaissement de tem-
pérature coïncide avec une diminution énorme de volume (6 pour 100),
qui, dans les idées recues, doit donner lieu à un dégagement de chaleur
considérable. Il reste donc établi par ces deux exemples qu'indépendam-
ment de la perte de chaleur qui peut avoir lieu par les changements de
volumes, qu'indépendamment de celle qui peut résulter de l'ensemble des
causes, encore inconnues, qui produisent les changements de capacités, il
existe une cause en dehors des précédentes qui produit par elle-même une
absorption de chaleur, absorption qui peut être quelquefois égale ou même
supérieure à la chaleur dégagée par la combinaison de ces liquides. » |
GÉOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Expériences sur les décompositions chimiques Ţ
provoquées par les actions mécaniques dans divers minéraux tels que le
feldspath; par M. Davsrée.
« A mesure que l’on approfondit davantage ce qui se passe dans l'écorce
du globe, on voit s'agrandir ce cercle de décompositions et de recomposi-
tions successives qui forment en quelque sorte l’activité et comme la vie de
la matière inorganique. Les composés en apparence les plus fixes subissent
cette loi comme les autres, et il est intéressant de connaître les divers pro-
cédés qui déterminent ces transformations.
» Pour ne parler que de l’une des phases de ce double phénomène, on
à reconnu que diverses substances subissent, en présence de certaines
46..
(340)
actions mécaniques, telles que le frottement et la trituration, une décom-
position lente et graduelle. Cette donnée repose sur des observations dont
on est redevable à Vauquelin , à M. Chevreul, à M. Becquerel, ainsi qu’à
M. Pelouze. J'ai constaté moi-même, il y a quelques années, que, dans
leur trituration sous l’eau, les roches feldspathiques ne produisent pas
seulement des galets, du sable et du limon; mais que cette division méca-
nique est accompagnée d’une décomposition chimique qui se décèle par la
présence d'une certaine quantité d’alcali dans le liquide où s'opère le mou-
vement (1).
» C’est l'examen de ce fait que j'ai cru devoir reprendre d’une manière
plus circonstanciée que je n’avais pu d’abord le faire.
» M. Rolland, directeur général des Tabacs, a bien voulu m’autoriser à
m'installer pour cela dans les ateliers de la Manufacture des Tabacs. J'y ai
trouvé d’ailleurs le plus obligeant accueil de la part de M. Schlæsing,
ingénieur en chef, directeur de l’École d'application des Manufactures
impériales, qui a bien voulu m'aider à examiner sur place les différents
produits obtenus.
» Comme dans mes expériences antérieures, j'ai fait frotter sur elle-même
la substance minérale en la plaçant avec de l’eau dans un vase cylindrique
doué d’un mouvement de rotation, à peu près dans les mêmes conditions
de vitesse qu’offrent les eaux courantes, c’est-à-dire d'environ 2550 mètres
à l'heure. Le poids de l’eau représentait une à deux fois celui de la matière
solide,
» Les résultats variant suivant la nature du vase et suivant la nature des
liquides au sein desquels s’opère la trituration, j'ai dû soumettre la même
substance à divers essais, successivement dans des cylindres en grès et en
fer, et en présence, soit de l’eau pure, soit de l’eau tenant en dissolution
quelques-uns des agents chimiques le plus universellement répandus dans
la nature. C'est ainsi que j'ai employé tour à tour, à titre de dissol-
vant, l’eau distillée et l’eau chargée d’acide carbonique, de sel marin, de
chaux, etc. |
» Le feldspath orthose, sur lequel ont porté les principaux essais, appar-
tenait à une variété des environs de Limoges qui sert, dans nos fabriques de
iat
(1) Recherches expérimentales sur le striage des roches, sur la formation des galets, du
sable et du limon, et sur la décomposition chimique produite par les agents mécaniques (en
extrait dans les Comptes rendus des séances de l Académie des Sciences, t. XLIV, p. 997; €t
Annales des Mines, 5° série, t. XII, 1857).
(341)
porcelaine, à la production de l’émail : il ne présentait aucun indice d’al-
tération.
» J'ai d’ailleurs reconnu par une expérience préalable que la couverte
des vases en grès ne fournit pas d’alcali à l’eau qui la baigne, puisque du
silex, après un parcours de rotation de 189 kilomètres dans ces cylindres,
n'avait pas rendu l’eau sensiblement alcaline.
» Passons maintenant brièvement en revue les résultats obtenus :
» Feldspath et eau pure. — Le feldspath en fragments, soumis à une
longue trituration en présence de l’eau distillée, et dans des cylindres en
grès, subit une décomposition notable, qui est accusée par la présence dans
l’eau de silicate de potasse qui la rend alcaline.
» Quand on opère dans un cylindre en fer, l’action est en apparence
plus compliquée. L'eau devient alcaline, comme dans le premier cas, ce
qu'il est facile de reconnaitre avec le papier rouge de tournesol, mais elle
ne renferme plus de silice. Cette différence tient à l'intervention de la ma-
tière métallique du vase dans la réaction. Le fer trés-divisé que produit le
frottement des fragments pierreux contre ses parois s’oxyde pendant l'ex-
périence, et l’oxyde de fer formé s'empare de la silice du silicate alcalin
à mesure que ce dernier se sépare du feldspath. Il ne reste dans l’eau que
de la potasse libre.
» Je me suis assuré directement de cette action décomposante de l’hy-
drate d'oxyde de fer pur sur une dissolution de silicate de soude. La totalité
de la silice est promptement soustraite à la liqueur par le composé ferru-
gineux.
» Trois kilogrammes de feldspath, après un mouvement prolongé pendant
cent quatre-vingt-douze heures, dans un cylindre en fer, et correspondant
à un parcours de 46o kilomètres, ont formé pendant ce temps une quantité
de limon du poids de 2kil,720. Les cinq litres d’eau dans lesquels s’était
opérée la trituration ne renfermaient pas alors moins de 125,60 de potasse,
Soit par litre, 28°, 52 de cet alcali.
.» On aura une idée de la force alcaline de ce liquide par ce fait, qu'une
eau renfermant par litre 2 grammes de potasse ou de soude donne déjà un
lessivage assez satisfaisant, sans aucun danger de détériorer le linge. Qui
pourrait dire s’il n’y a pas là le point de départ d’une application indus-
trielle?
š La quantité de potasse qui entre en dissolution est en rapport avec la
quantité de poussière feldspathique que produit le frottement. Elle ne
`
orm * ` site . iog c
eque les 3 à 5 millièmes du limon, c’est-à-dire seulement 2 à 3
`
( 342) |
pour 100 de la quantité totale de potasse renfermée dans «cette poussière.
> Il suffit d’un mouvement de quelques heures, même dans des condi-
tions de faible vitesse, pour que l’eau dans laquelle frottent les fragments
de feldspath acquière déjà une réaction très-sensiblement alcaline,
» On admet en général que dans la décomposition des silicates qui ren-
ferment de l’alumine avec des bases à 1 équivalent d'oxygène, ces dernières
seules sont éliminées et que l’alumine se concentre en totalité dans le
résidu. Il importe de remarquer que dans les expériences dont je rends
compte, la liqueur surnageante renferme toujours, outre la silice et la po-
tasse, une certaine quantité d’alumine qui a suivi l’alcali.
» À part ces trois substances, le liquide surnageant donne aussi des réac-
tions qui caractérisent des traces de sulfates et de chlorures. La présence
de ces sels s'explique par leur interposition fréquente dans les roches feld-
spathiques; mais une telle origine ne saurait être admise pour la potasse,
l’alumine et la silice.
» En effet, et ceci est digne de remarque, si l’on triture le feldspath à
sec, on le réduit en poudre impalpable; mais cette poussière sèche ne
communique à l’eau, même après un contact prolongé, qu’une réaction à
peine alcaline. Il n’en serait pas de même si le feldspath renfermait de la
potasse interposée ou s’il avait subi une décomposition antérieure à l'ex-
périence.
> Ce dernier résultat montre également que la trituration seule ne suffit
pas à effectuer la décomposition du feldspath, et que l’eau elle-même,
agissant ultérieurement sur la poussière feldspathique, ne produit pas non
plus d'effet chimique bien sensible. Pour que la décomposition se produise,
il faut que la division mécanique et l’action dissolvante de l’eau s’exercent
simultanément, de telle sorte que la force de l’affinité capillaire intervienne
selon les idées et les expressions consacrées par M. Chevreul.
» Feldspath et eau salée. — Comme la trituration des roches s'opère
non-seulement sur les continents, mais aussi dans la mer, il importait de
savoir comment le feldspath se comporte en se broyant au milieu de leau
salée. Seulement, au lieu de prendre l’eau de mer, dont la composition est
complexe, j'ai employé tout d’abord une solution bien définie, qui ren-
fermait 3 pour 100 de chlorure de sodium.
» Toutes les conditions de l’expérience étant les mêmes que précédem-
ment, on n’a pu obtenir, aussi bien dans un vase en fer que dans un vase
en grès, qu’une réaction alcaline très-faible et incomparabiement moindre
que celle qui se manifeste dans l’eau distillée. La présence du chlorure de
OT Rens ne E VE ES CT ON EE CEAN OS et PE NS PT ln I OU ete M D
( 345 )
sodium arrête la décomposition. La nature du dissolvant exerce donc ici
une influence inattendue sur le résultat final.
» Ilreste à savoir si les sels de magnésie qui abondent dans l’eau de mer,
et si l’eau de la mer elle-même, exerceront sur le feldspath une action po-
sitive ou négative, et, dans le premier cas, à faire la part des divers prin-
cipes de l’eau de mer dans la décomposition du feldspath. C'est ce qui fait
l'objet d'expériences en cours d'exécution.
» Feldspath et eau chargée d’acide carbonique. — L'influence du dissol-
vant dans le phénomène qui nous occupe est encore évidente, quand au sel
marin on substitue l'acide carbonique, qui est considéré comme un des
agents naturels les plus énergiques de la décomposition des silicates.
» Deux kilogrammes de cailloux bien arrondis, mis dans 3 litres d’eau
saturée d’acide carbonique, ont été soumis à la rotation pendant dix jours
dans un vase de grès. L’acide carbonique a été renouvelé une fois pendant
l'expérience. Le chemin parcouru étant de 142 kilomètres, on a obtenu
48 grammes de limon , plus 0,270 de potasse libre, et 08,750 de silice.
» La présence de l'acide carbonique dans un vase de nature inatta-
quable par ce réactif a donc pour effet d’aider puissamment à la décom-
position du feldspath. |
» Dans un vase en fer, les choses se passent tout autrement. Le métal
très-divisé, enlevé par le frottement aux parois du cylindre, est d’abord
attaqué avec une grande énergie. Il se produit du carbonate de protoxyde
de fer que l’on trouve dissous dans l’eau, en même temps que l’on constate
un dégagement d'hydrogène dù à la décomposition de l’eau sous la double
influence du métal et de l'acide carbonique. Le gaz atteint même une ten-
sion supérieure à celle de l'atmosphère, de telle sorte qu'il produit un
sifflement au moment où l’on ouvre le vase. Quant au feldspath, il est
également attaqué, mais moins que dans l’eau pure (1); en sorte que l'eau
chargée d'acide carbonique devient beaucoup moins sensiblement alcaline
que l'eau distillée. F1 semblerait qu'ici le carbonate de protoxyde de fer
dissous agisse dans le même sens que le sel marin, pour mettre obstacle à
la décomposition du feldspath.
_ Feldspath et eau de chaux. — La chaux, intervenant dans les mêmes
circonstances que le sel marin et l'acide carbonique, tend à faire sortir
Palcali du feldspath.
a pol rois,
i $ ) Pn effet, dans ces conditions on n’a trouvé dans le liquide que le dixième environ de
quantité de potasse obtenue avec l’eau pure. !
(344)
» Feldspath étonné et eau pure. — L'état de la substance soumise à l'essai
influe beaucoup sur les phénomènes dont il s’agit.
» Ainsi le felspath, préalablement étonné par une calcination au biais
et ja ee friable, fournit une eau très-fortement alcaline, en même
temps qu'une proportion de limon bien plus abondante que dans les pre-
mières expériences.
> Obsidienne et amphigène dans l’eau pure. — L obsidienne, qui repré-
sente la matière feldspathique à l’état vitreux, ne donne lieu, dans les
mêmes circonstances, qu’à une décpmposiian beaucoup moins prononcée
que le feldspath naturel; l’eau n’acquiert qu’une réaction à peine alcaline:
» Enfin, en opérant sur la roche d’amphigène de la Somma (leucito-
phyre) grossièrement concassée, la liqueur, après quarante-deux heures et
une usure considérable, n’a donné que des traces insignifiantes d’alcali.
Ce fait est d'autant plus remarquable que l’amphigène l'emporte sur le
feldspath par sa teneur en alcali et par sa nature plus basique.
» Détermination du coefficient d'usure des matériaux soumis au Sol
— J'ai profité de ces nouvelles expériences pour revenir incidemment sur -
un point que j'ai déjà traité antérieurement, et qui n’est pas sans valeur
pour apprécier la formation des galets dans la nature. Il s’agit de la déter-
mination du degré d'usure des matériaux soumis à la trituration, rapporté
au kilomètre parcouru.
» En évaluant ce degré d’usure par la quantité de limon produite, j'ai
trouvé les coefficients suivants :
Feldspath en fragments anguleux.......... 0,003
Feldspath en fragments arrondis. ......... 0,002
Obadienpe ioe ES RS 0,003
Serpentine....... + Sunset 0.008
Siler de IA Ce... a Tee 0,0002.
» L'usure du silex a donc été dix fois moins rapide que celle du feld-
paka en fragments arrondis.
» Ressemblance du limon feldspathique obtenu avec certaines roches répulées
argileuses, telles que les argilolitheset les phyllades. — Le limon obtenu comme
on vient de le voir est d’une telle ténuité, qu'il rend le liquide opalin et ne
s'en sépare pas, même après un repos de plusieurs jours. 11 rend la filtra-
tion excessivement lente et traverse les filtres. A l’état mouillé, il jouit
d’une certaine plasticité et ressemble à de l’argile à pâte courte; mais une
fois desséché, il s’en distingue en ce qu’il devient pulvérulent. L'examen
chimique prouve que ce limon est à peu près anhydre, qu’il résiste à l’ac-
( 345 )
tion des acides ét des alcalis, et qu’il est resté fusible : ce n’est donc qu'une
boue feldspathique.
» On trouve dans les terrains stratifiés, à divers étages et dans beaucoup
de contrées, des substances désignées sous le nom d’argiles fusibies, d'argilo-
lithes, qui présentent de grandes ressemblances avec ce limon feldspathique;
ilen est de même des phyllades ou schistes argileux qui renferment souvent
6 à 7 pour too de potasse.
» Unepartie des éléments constituants de ces roches paraît donc provenir,
non de la décomposition, mais de la simple trituration de roches feldspa-
thiques ou silicatées.
» Observation générale. — On savait, par les recherches de Berthier et de
Forchhammer sur les kaolins, et surtout par les belles études d'Ebelmen,que
les minéraux silicatés qui renferment de la potasse, comme le feldspath,
abandonnent une partie de leur alcali à l’état soluble, lorsqu'ils se décom-
posent spontanément sur place.
» Les faits qui précèdent montrent que derrière le fait en apparence si
simple de la division mécanique des roches par le frottement et la tritura-
tion, se cache une action chimique lente et graduelle, assez énergique
pour décomposer ùn des minéraux les plus stables que nous connaissions.
On se trouve ainsi en présence d’une nouvelle cause d'élimination de la po-
tasse, qui est tenue comme en réserve dans divers silicates, et du passage
continuel de cet alcali à l’état de dissolution dans les eaux qui se meuvent à
la surface des continents. Des frottements s’opèrent en effet de toutes parts,
notamment dans le lit des-torrents et des fleuves, où les galets roulent sans
cesse les uns sur les autres, ainsi que sous la pression des nappes mobiles
d'eau solidifiée par la congélation, qui constituent les glaciers. »
ASTRONOMIE. — Sur la disparition récente d ‘un cratère lunaire, et sur le spectre
de la lumière de quelques étoiles; par le P. Seccnr.
« Rome, 14 février 1867.
» Les journaux se sont beaucoup occupés de la disparition du cratère
lunaire Linné, disparition signalée par M. Schmidt. J'ai profité, pour l’étu-
dier, des deux dernières soirées qui ont été assez belles, et voici les résul-
tats que j'ai obtenus.
» Le soir du 10, entre o et 10 heures, le cratère entrait dans la lumière
du Soleil, et on voyait près du cercle limite un petit point proéminent avec
C. R., 1867, 19r Semestre, (T, LXIV, N° 8.) 47
( 346)
une petite ombre, et autour de ce point une couronne irrégulièrement
circulaire, très-aplatie. La faiblesse de la lumière et la proximité de la
Lune à l'horizon ne permirent pas de prolonger les observations.
» Le rr au soir, Linné était déjà assez avancé dans la lumière, et à
7 heures on voyait nettement un très-petit cratère, environné d’une éclatante
auréole blanche, qui brillait franchement sur le fond sombre du Mare sere-
nitalis. La grandeur de l’orifice du cratère était de 4 de seconde au plus,
et l’auréole était un peu plus large que Sulpicius Gallus. J'insiste sur cette
comparaison, car elle fait voir que MM. Mædler et Beer, dont j’employais
la belle carte, n'auraient jamais figuré un cratère aussi grand et aussi bien
fait que celui qu’ils assignent à Linné, pour une tache blanche comme celle
qui existe à présent; en effet, Sulpicius Gallus est actuellement beaucoup
plus grand que le petit cratère qui forme le centre de la tache. Ce der-
nier est méme encore plus petit que ces autres cratères qu’on indique
seulement par des lettres, sans leur donner de nom, et qui sont répandus
à grandes distances dans le Mare serenitatis.
» On ne peut donc douter qu'il y ait eu un changement, et il paraît pro-
bable qu’une éruption a rempli l’ancien cratère, d’une matière assez
blanche pour paraître beaucoup plus claire que le fond de la mer qui Pen-
vironne.
» Je viens d'examiner l'étoile variable de la baleine Mira o, qui est main-
tenant de cinquième ou quatrième grandeur. Son spectre est de l’ordre de
æ Hercule et montre des cannelures cylindriques parfaitement bien tran-
chées, avec les mêmes raies noires à la place même de étoile type. Mais
au fur et à mesure que l'étoile gagne en éclat, les raies noires du jaune et
les premieres du vert paraissent diminuer de netteté et devenir moins
noires. Ce fait est tres-intéressant : il indiquerait ici une source de varia-
bilité différente de celle d’Algol. Le type, sans changer absolument, pour-
rait bien recevoir des modifications dans différentes raies; et en effet, les
lignes qui deviennent claires dans o Baleine sont précisément celles qui
sont très-faibles et variables dans g Orion.
» À propos de cette étoile, j'ai remarqué que Ja raie D a une largeur
bien plus considérable que celle du sodium lui-même. Elle est sans doute
agrandie par absorption de la vapeur d’eau, comme il arrive pour le
groupe qui environne Ja raie D, dans le spectre solaire, lorsque le Soleil
est près de l'horizon. |
» Je viens d'achever, à peu près complétement, la détermination des
spectres des étoiles principales : j'en ai examiné plus de cinq cents, et le
Ed e grea NOTE er
LEP ET EP
( 347 )
spectre a été caractérisé pour plus de quatre cents. Le résultat de cette
revue est la confirmation de ce que je disais, dans ma dernière communi-
cation, sur les spectres des étoiles, c’est-à-dire que la moitié des étoiles se
rapporte au type de æ Lyrè, et l’autre moitié au type solaire à raies fines.
Un petit nombre appartient au type de x Hercule, et celles-ci sont toutes
fortement colorées en rouge. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Extrait d'un Mémoire sur les intensités magnétiques
de quarante-deux points du globe, observées pendant la campagne des corveites
l'Astrolabe et la Zélée; par M. Coupvenr pes Bors.
(Renvoi à la Section de Géographie et Navigation.)
« Ces observations ont été faites avec un appareil de Gambey, muni de
trois barreaux n% 1, 2, 3 "i
» Les oscillations de ces barreaux à suspension de soie étaient comptées
à l’aide d’un compteur, et leurs amplitudes étaient mesurées au moyen d'un
arc divisé. |
» Les corrections d'amplitude ont été évitées en ne se servant que des
oscillations correspondantes à moins de 20 degrés d'amplitude.
>» Ces observations ont été faites en quarante-deux stations différentes,
ou en quarante-huit si l’on tient compte des observations particulières sur
les montagnes de Ténériffe, sur le mont Tarn (Port-Famine), sur le mont
Manga-Reva (iles Gambier), et sur le mont Wellington (Hobart-Town). .
» L'expédition étant rentrée à Toulon le 17 novembre 1840, la vérifica-
tion des barreaux aimantés qui avaient servi aux observations n’a été faite
que le r1 février 1842. che
» Cette vérification a eu lieu à l'Observatoire de Paris : en voici le ré-
sultat, Sachant que la force magnétique d’un barreau est en raison inverse
du carré de la durée d’une oscillation, on trouve que le barreau n° 2 n’a-
vatt conservé que 0,732 de son magnétisme, perdant ainsi un peu plus du
quart de sa force. Le barreau n° 3 était réduit à 0,785 ; il avait perdu un
peu moins du quart de son magnétisme.
» Quant au n° 1, On ne l’a pas examiné au retour, le considérant comme
hors de service.
» Ces grandes déperditions de magnétisme dans les barreaux eussent
47.
( 348 )
rendu inutiles ces observations qui nous avaient donné tant de peine, si
l'emploi de plusieurs barreaux ne nous avait fait trouver le moyen de cor-
riger en grande partie les erreurs qui en proviennent.
» Ainsi, en comparant la marche des barreaux n° 2 et 3, on voit qu'à
Paris le n° 2 était un peu plus faible que le n° 3, puis qu’au Port-Famine le
n° 2 était plus fort que le n° 3; qu'ils étaient égaux à Tacalhuano et aux
iles Gambier, qu’à Nouka-Hiva le n° 2 était plus faible que le n° 5, puis
plus fort à Matavai, etc.
» En sorte que les lignes par lesquelles on peut représenter les variations
de ces deux barreaux doivent s’entrecouper six fois, entre les observations
faites à Paris, au départ et au retour de l'expédition.
» Alors on supposera qu’en passant d’une station à la suivante, les deux
barreaux n'ont rien perdu, s'ils oscillent dans des temps dont les carrés
soient proportionnels d’une station à l’autre, et que dans le cas contraire
un seul des barreaux se soit affaibli et devra être corrigé en le compa-
rant à l’autre qui est censé n’avoir pas varié, et ainsi de suite de proche en
proche, jusqu’à la dernière station, avec cette condition que les barreaux
arrivent à l'état où on les a retrouvés au retour de l’expédition.
» Les résultats ainsi calculés de proche en proche jusqu’à Saint-Denis
(ile Bourbon) donnent pour cette dernière station, avec les barreaux 2et 3,
des coefficients de correction de 0,8511 et 0,881: qui différent peu des
coefficients 0,8556 et 0,8861, nécessaires pour Paris, tout en étant un peu
plus faibles que ces derniers, ce qui semblerait indiquer que ces barreaux
auraient acquis un peu de magnétisme en revenant de Saint-Denis à Paris,
ou plutôt qu'ils en auraient moins perdu que notre hypothèse ne le sup-
pose, ou enfin que ces barreaux ne perdaient pas toujours du magnétisme
en passant d’une station à l’autre, mais en gagnaient quelquefois.
» Pour vérifier ce fait et obtenir, s’il se peut, une approximation encore
plus grande, nous avons fait la comparaison des trois barreaux 1, 2, 3, et
nous sommes arrivés, pour faire concorder les observations de Paris à l'ar-
rivée et au départ, à une simple correction proportionnelle de 6 millièmes
sur chaque station.
» En définitive, le tableau ci-joint représente les intensités magnétiques
absolues des lieux d'observation, corrigées comme il est dit précédemment,
en intercalant pour les stations où de pareilles combinaisons n’ont pu être
faites.
me bat Le ds … - ln à aaa
th né
PAPER ORNE OC A RON RER REERT +
d
l
A
349 )
Intensités magnétiques absolues, celle de Paris étant 1.
INTENSITÉ MAGNÉTIQUE ABSOLUE
INCLINAISON | mun ŘŘŮŮĖ
STATIONS- LATITUDE. | LONGITUDE.
magnétique. par par
les barreaux | les barreaux | MOYENNE.
2, 8. 2, 3.
gx ' EM
DRE te. ads ec ed 48.50 N 0. 0 67.18 N 1,000 1,000 1,000
ie Moose 43.07 3:39 B 62.42 0,933 0,943 0,938
Sisa ER) SEW 28.28 18.38 0 80:18 0,941 0,943 0,942
Port- e F une. 63.38S1% a. a 58.30 S 1,093 1,099 1,096
Le - > janvier 1838... las 63.32 45.33 63: 12 +, 470 1,186 1,180
Mo, Hiorrier 1098... ..... 62.20 hr. o 62. 2 iĝi 1,142* 1,137
Tac BOIA EESE I ve 36.42 15133 42.53 0,860 0,875 0,867
Île Juan-Fernandez........, 33.92 Si.2 LIRE 0,881 0,931 0,906?
Manga-Revarte Lux. i 23. 8 137.21 38.59 0,849 0,863 0,856
aie em LL ON TE 8.54 142.927 18.39 0,738 0,747 0,742
nacar aree aaner 17:29 151.49 ` 30.26 0,804 0,816 0,810
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Wavao. 2... Mid. 18.40 176.28 3a. € 0,873 0,902 0,888
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Umata EEE ES SÉRIE 13.18 142.20 13.33 0,725 0,735 0,730
MAOO RRE MASSE AS 5.52 122.43 2.46 0,771 0,779 0,779
Ternate... A IREEN TE S 0.53 124.59 11.51 Sj «03770 0,789 0,782
nur CSP NE à 3.42 S| 125.49 20.49 0,845 0,847 0,846
nas LÉ RUE IS PATTES PUS 4.30 127.35 22.43 0,827 0,830 0,829
Baie Rafles, ........ sssiqeas 11.14 130.11 35.15 0,922 0,919 0,920
MER Maton LA. Re. 5.45 131.45 29,74 0,826 0,824 0,825
Baie Triton E HR NAS ME 3.47 131.43 21.35 0,812 o,814 0,813
MOT si E serie 0 3.24 128.19 20.26 0,809 0,812 0,811
PR lil Ur... 5.08 117. 6 23-27 0,833 0,829 0,831
Pointe Sélatän. SPTE MP 4. 9 112.12 21.25 0,817 0,812 0,815
D ne 6. 7 |. 104.32 26.38 0,828 0,821 0,825
Singapore ISN 101.37 12.29 0,772 0,764 0,768
x 6. 2 118.45 1.49 0,746 0,736 0,741
6.53 119.49 1.20N| 0,755 0,744 0,720
JS: Siar hrr 20.35 S| 0,815 0,803 0,809
6.59 108. 9 36.27 0,872 0,857 0,865
5.54 103.27 24.45 0,818 0,805 0,812
42.54 145. 5 70.49 1,294 1,269 1,281
66.29 138.20 85.20 1,578 1,600 1,589
50.32 163.54 73:14 1,282 1,296 1,289
45.49 168.29 69.50 1,306 1,313 1,309
43.51 170.39 66.59 1,277 1,278 1,278
35.16 171.90 59.38 1,174 1,169 EI
9-47 140.45 31.53 0,929 0,918 0,924
10. 8 121. 9 33.19 0,938 0,933 0,935
20.52 53.10 54.37 0,850 0,841 0,846
( 350 )
» La combinaison des trois barreaux donne, de Paris jusqu’à Banda, des
intensités magnétiques plus fortes que ne les donne la combinaison des deux
barreaux; ensuite les différences d’intensité sont tantôt dans un sens et
tantôt dans l’autre. En éliminant l'observation de Juan-Fernandez qui
nous parut douteuse, la somme des différences est 0,444 pour quarante et
une stations, où un peu moins que o,orr pour chaque station, terme
moyen. L'erreur est donc d'environ un centième de l'intensité de Paris. »
THERMODYNAMIQUE. — Application de la théorie mécanique de la chaleur
à l'étude de la transmission du son; par M. Aru. Dupré. |
(Commissaires précédemment nommés : MM. Regnault, Morin, Combes.)
« La transmission du son dans l'air est accompagnée de compressions
et de raréfactions successives, qui suffisent pour montrer que son étude se
rattache à la théorie mécanique de la chaleur. Je vais considérer ici le
cas où la transmission s'effectue dans un tuyau horizontal plein d'air, de
1 mètre carré de section, me réservant de traiter par la même méthode le
cas de la transmission dans un milieu quelconque circonscrit de la même
manière ou non, quand la publication des expériences de M. Regnault
me permettra de faire en même temps les vérifications numériques utiles.
» En un point A d’une onde où la vitesse de propagation est V, celle des
molécules gazeuses v, la pression p atmosphères et la température 9, faisons
une section verticale; à une distance dx en A’, faisons une seconde section
dans laquelle v, p, 4 présenteront des accroissements positifs ou négatifs
dv, dp, d9, et soit dt le temps nécessaire pour que la propagation, qui se
fait de A vers A’, ait rendu propres à la section A’ les quantités applicables
d’abord à la section A. On aura évidemment
(1) dx = V dt.
Pendant le temps dt, l'accroissement du volume dx de la tranche est dødt,
et cela suffit pour que les formules connues donnent la variation de tempé-
rature | |
T
range M as
k est le rapport de la capacité à pression constante à la capacité à volume
constant; & est le coefficient de dilatation.
» D'ailleurs, pendant ce temps, la masse de la tranche ne change pas:
cette circonstance s'exprime en égalant les produits des pressions par les
( 357 )
volumes et par les inverses des binômes de dilatation; ce qui donne, après
réductions ,
dp dx À a dx dO
(3) 5 pipa. + dv di.
» Enfin, toujours pendant le même temps, la perte de demi-force vive
éprouvée par la tranche est égale au travail obtenu en multipliant la diffé-
rence de pression Pdp ou 10333 dp par le chemin parcouru vdt, en pré-
sence duquel disparait l'accroissement dødt de dx. On a donc encore la
relation
3 pe dx dv
Pod dt = ICE
» En combinant les équations qui précèdent, on en tire sans peine plu-
sieurs formules utiles, faisant connaître trois des quantités p, 0,0, V, en
fonction de la quatrième. La formule connue
(5) v= y ETE = 332,4 Vi Fab
en fait partie; mais 1 + «0 et V sont légèrement variables d’un bout à l'autre
d'üne onde, de sorte que son sens n’est pas tout à fait celui qu’on y attache.
Si, en un point particulier, à une extrémité de l’onde par exemple, 8, désigne
la valeur que prend 9, on a
(6) Vo = 332,4 V1 + a,
et le sens de la formule ordinaire se trouve précisé. Si on désigne par pos
Vo les valeurs particulières que prennent p et y au même point, on trouve
encore les équations
(7) V Vue
p Po
kad
1
(8) FL (2)
Ve Po
Fa font voir comment les variations de la vitesse de propagation dépendent
e la vitesse des molécules ou de la pression. La seconde donne souvent
assez d'approximation, lorsqu'on la remplace par
(9) dur RA ant « À
à À A4 D
On: : dis rat
PSE de suite les conséquences qui résultent des variations de V, pour
a hd . = > $ .
au 'minution d'intensité du son à mesure que la distance augmente, et
sst pour le défaut de symétrie des ondes.
( 352 )
» La température et la pression en chaque point sont liées par l'équation
Pa kA,
(r0) P= (5);
la vitesse des molécules et la pression par la relation
p wro A TA
II — z= | I+ ,
) Po ( 2V, )
Pour presque tous les calculs d'approximation, il est mieux d'employer des
formules contenant les différences `
(2) An A E ci EEN Aar D
Po 1 +a, V,
V diffère peu de V,; nous arrivons donc, en dernier lieu, à la loi suivante :
» Le rapport de la variation de vitesse des molécules à la vitesse de pro-
pagation est proportionnel à l'excès de pression; il est égal au quotient
qu'on obtient en divisant cet excès par le produit de la pression et du
nombre 1,41.
» Les diverses formules donnent plusieurs autres lois simples, qui seront
énumérées dans un travail plus complet. »
HYDRODYNAMIQUE. — Sur la théorie des roues hydrauliques. Théorie de la
turbine; par M. pe Pampour. (Suite.)
t
(Commissaires précédemment nommés : MM. Poncelet, Morin, Combes,
Delaunay.)
« Dans une communication précédente (séance du 20 août 1866), nous
avons donné la formule des effets de la turbine, d’après le volume d'eau
qu'elle dépense par seconde pendant son mouvement. Mais cette dépense
est le plus souvent inconnue. Il faut donc avoir le moyen de la déterminer
à priori.
» On sait que la vitesse de l’eau, qui passe du réservoir dans la turbine,
résulte de la hauteur de chute effective de l’eau dans le réservoir et de la
force centrifuge de la roue, et que cette vitesse est représentée, d’une
manière sommaire, par la formule | |
(L) U'=agH + 0 02, qu: pp E {ir y),
26 2g
Dans cette expression, U est la vitesse de l’eau à la sortie du réservoir,
H la hauteur de chute effective, P le poids d’eau dépensé par seconde,
v la vitesse de la turbine à sa circonférence extérieure; et o” sa vitesse à la
(353)
circonférence intérieure. On sait d’ailleurs qu’on a
» Cette équation suffirait pour exprimer les conditions du mouvement,
si le mouvement de l’eau dans le réservoir n’éprouvait aucune entrave. Mais
cette eau est, au contraire, forcée de suivre la courbure des cloisons ou
directrices fixées sur le fond du réservoir. Il en résulte donc une force
centrifuge dont nous devons tenir compte.
» Considérons un conduit formé par deux cloisons circulaires consécu-
tives : l’une présentant sa concavité au passage de l’eau et recevant l'effort
de la force centrifuge, l’autre marquant seulement l'épaisseur de la lame
d'eau contenue entre les deux directrices. Appelons r, le rayon de la pre-
mière, qui sera le rayon de courbure extérieur du conduit, et r, la distance
moyenne de la seconde directrice au même centre, qui sera le rayon de
courbure intérieur. Appelons en même temps U, la vitesse de l’eau le long
du conduit.
» On sait que la quantité de travail développée par cette force centri-
fuge, en une seconde, a pour expression
P: i r, wig H U?
BE =A i
Ce travail est détruit par la fixité du réservoir; mais il en résulte une perte
de force vive qu'il faut calculer. En observant que les vitesses de l’eau dans
Pe , » À p .
l'intérieur et en dehors du réservoir sont en raison inverse de l'aire des
passages parcourus, exprimant par O, l'aire contractée des conduits du ré-
servoir, O étant celle de lorifice de sortie et U la vitesse correspondante,
on a
U, = Su.
Si l'on substitue cette valeur dans jrs de la force centrifuge et
qu'on l’introduise négativement dans l’équation (L), on obtient
0 ee re
PU? = ag HP + P(s° PRE EE ++ Un,
Par conséquent, en résolvant cette équation par rapport à à U, faisant atten-
tion que le volume d’eau étant représenté par P, on a
P, = OU,
et négligeant les autres circonstances du mouvement comme secondaires
C. R., 1867, 1°" Semestre. (T. LXIV , N° 8.)
(354)
Turbines.. — Calcul de la dépense d'eau.
Nos DÉPENSE D'EAU Nos DÉPENSE D'EAU
es [PATES vrresse | VITESSE | mmm des FPAUTEUR vrresse | VITESSE | — nm
de e
expé- v d'après —.— expé- p p" d’après | d'après
ES A pa k expé- || riences. se là | Fees
calcul. be: calcul. | rience.
m kilog kilog kilog kilog
koci „552 | 7,163 | 5,172 | 656 | 651 Report 121574 122932
2 | 3,547 | 6,755 | 4,878 | 646 | 65 m m m
3 ,560 7 4,655 640 651 4T 3,272 Me 2,730 | 1218 | 1999
4 ,580 ds 4,533 | 638 | 651 48 | 3,400 | 3,830 | 2,766 | 1546 | 1599
5 | 3,580 | 5,969 | 4,310 | 632 | 651 49 | 3,405 | 3,422 | 2,471 | 1516 | 1599
6 ,265 ,730 | 4,138 | 626 | 651 5 E
T ,555 | 5,502 | 3,973 | 620 | 639 26154 |27729
8 ,265 ,503 | 3,829 617 639
9 ,580 ,044 | 3,642 | 614 | 639
10 ,585 | 4,736 | 3,420 | Goo | 638 || IV. 50 3,020 |10,347 „471 | 2368 | 2178
11 ,621 | / "367 3,154 | 605 | 63 51 | 3,045 [10,247 | 7,399 | 2362 | 2197
12 ,621 | 4,069 | 2,938 | Gor | 638 52 | 3,080 |10,097 | 7,292 | 2355 | 2148
13 ,650 | 3,731 | 2,694 | 598 | 638 53 | 3,120 | 9,451 | 6,825 | 2297 | 2125
14 ,680 | 3,407 | 2,461 | 596 | 638 54 | 3,170 | 8,903 | 6,495 | 2263 | 2115
15 ,703 | 3,084 | 2,227 | 594 | 651 55 | 3,190 | 8,665 | 6,257 | 2236 | 2115
16 ,725 | 2,796 | 2,010 | 593 | 651 56 | 3,203 | 8,23 ,948 | 2200 | 2070
17 ,730 | 2,671 | 1,928 | 592 | 651 57 | 3,24 1,959 | 5,747 | 2183 | 2050
18 750 | 2,259 | 1,55 589 | 651 58..:| 3,255 | 7,46 ,388 | 2143 | 2030
59 | 3,270 | 6,964 ,029 | 2106 | 2030
11066 |11617 60 | 3,305 | 6,725 | 4,856 | 2095 030
61 | 3,310 | 6,675 | 4,820 | 2088 | 2030
a RL 6,268 | 4,526 | 2062 196
II. 19 | 5,224 61 | 5,388 | 1090 | 120 6 1335 | 5,770 | 4,167 | 2082 | !
20 3,199 + 4,957 ss: + 1137 64 | 3,306 ,034 | 3,63 1977 1923
21 | 3,208 | 6,466 | 4,669 | 1047 | 1152 65 | 3,286 | 4,825 | 3,484 | 1915 1923
22. if: 310} Gira8| 7,428 | 1033 | ur 66 | 3,321 | 4,377 | 3,161 | 1942 | 1925
T 88 1,253 | 102 1120
24 3,177 ot 4,023 oat 1120 36624 |34799
25 |:5,;200 ,173 | 3,736 | 998 | 1084 ;
26 | 3,190 | 4,895 | 3,535 | 989 | 1063
97 | 3,207 | 4,497 | 3,251 | 976 | 1063 || V- 67 | 3,610 | 9,948 | 7,184 | 2449 2274
28 | 3,207 | 4,079 | 2,945 | 968 | 1063 68 ,650 | 9,650 | 6,968 | 2428 178
29 3.33 3701 2,672 959 1055 69 ,260 9,093 6,539 2353 22/42
30 | 3,225 ,482 À 2,514 | 955 | 1055 70 ,475 | 8,655 | 6,250 | 2298 | 2179
31 | 3,265 | 3,233 | 2,335 | 955 | 1016 71 ,300 7,959 5,747 | 2196 56
32 | 3,305 | 2,935 | 2,119 | 954 | 1016 72 ,250 | 7,163 | 5,172 | 2117 sit
33 | 3,295 | 2,736 1,976 | 950 | 1021 73 ,230 | 6,665 | 4,813 | 2073 | 2033
74 5358 | 6,178 | 4,461 | 2067 | 2022
14975 |16294 5 5343 | 5,720 | 4,131 | 2031 1996
76 ,393 | 5,372 | 3,879 | 2020 | 1949
71 ,398 | 4,915 | 3,549 | 1993 | 1949
I. 34 | 3,164 | 9,899 | 7,148 | 1880 | 1968
35 3,164 | 9,153 E? 609 1820 1868 a402 sioh
e sao F6 | 646 | 18da |- 1803 Hem
1 0
38 3 110 ee 5e : i pe VI.78 | 3,290 | 9,013 | 6,509 sr 2640
39 | 3,070 | 7,262 | 5,244 | 1665 | 1848 79 | 3,070 | 8,655 | 6,250 | 2545 | 2640
40 3,070 6,864 4,957 1638 1743 80 3) o 8,41 6,078 543 2555
41 | 3,095 | 6,268 | 4,526 | 1602 | 1716 81 3,180 | 7,685 | 5,549 2470 | 2555
42 | 3085 | 5,705 | 41185 | 1566 | 1659 82 | 3,310 | 6,864 | 4,057 | 2426 | 2555
43 | 3,085 | 5,173 | 3,736 | 1542 | 1649 83 | 3,475 | 6,576 | 4,749 | 2446 2640
: ne 4775 3,448 | 1522 | 1633 84 | 3,390 | 6,118 | 4,418 | 2383 2598
1085 | 4,377 | 3,161 | 1503 | 15 FEFE
46 3,380 | 4,507 | 3,254 | 1570 1728 17188 LE
A reporter..,.....|21574 |22932 SOMME DES roraux PARTIELS. .|130032|131635
( 355.)
ou pouvant être comprises dans le coefficient de contraction, on en
conclut
O V2gH +p — o”
P, = —
(M) VET: api Zr?
0° t
_» Ona donc ainsi, pour déterminer le volume d’eaù dépensé, une for-
mule d’un emploi très-facile. Il suffit, en effet, de mesurer sur le tracé les
deux rayons de courbure r, et r, et de calculer l'aire des conduits du ré-
servoir, ce qui se fera en mesurant l’un de ces conduits, en tenant compte
de l'épaisseur des cloisons, et multipliant le résultat ainsi obtenu par le
nombre des conduits.
» Afin qu’on puisse examiner les résultats de cette formule, nous avons
calculé la dépense d’eau de la turbine de Mülbach, soumise à l'expérience
par M. le général Morin, et nous avons adopté, pour les aires contractées;
les coefficients de contraction indiqués par le savant auteur des expé-
riences, savoir : pour l’intérieur du réservoir 0,60, et pour la sortie du
réservoir, selon la levée de la vanne et dans l'ordre successif des séries, les
coefficients 0,90, 0,87, 0,83, 0,80, o, 80, oO, Jo (Morin, Leçons de Mé-
canique, 2° partie, p. 457-460).
» Les dimensions et données de la turbine de Mülbach sont les sui-
vantes : rayon extérieur du réservoir o™,66; largeur des tasseaux dans le
sens du rayon o",08; rayon intérieur des tasseaux 0", 567; nombre des
directrices 24; distance des orifices des conduits à leur extrémité exté-.
rieure 0%, 172; moindre distance entre deux directrices consécutives 0", 065;
inclinaison des conduits sur la circonférence extérieure 34° 30' ; épaisseur
présumée des cloisons 0,02; aires contractées des orifices de sortie du ré-
servoir dans les six séries d'expériences et dans leur ordre naturel 0®1,07200,
o™, 11839, 0%, 18825, 0%1,241092, 0®9,24192, 0%, 28577. Pour obtenir
les rayons de courbure, on a fait le tracé des directrices d’après le dessin
de la turbine de Fraissans, de la même époque et du même constructeur,
dessin donné par M. Morin dans le compte rendu de ses expériences. Ce
tracé consiste à mener autant de rayons qu’il y a de directrices, puis à
établir le lieu des centres de courbure sur une circonférence décrite aux
deux tiers du rayon intérieur des tasseaux, et à prendre le centre de cour-
bure sur le troisième rayon à partir du rayon de la directrice considérée.
On en conclut
n =0,30, r,—0",2465, O, = 01, 55260.
48..
( 356 )
On peut prendre le centre sur le quatrième rayon, au lieu du troisième;
mais, pour l'objet qui nous occupe, cette disposition ne produit que des
différences insignifiantes sur les nombres obtenus.
» Lés résultats du calcul sont réunis dans le tableau ci-joint, avec les
dépenses d’eau données par l'expérience. On verra que le total des chiffres
du calcul ne diffère de celui des expériences que de 1,20 pour 100 en
moins, »
M. J. Kuperka adresse de Linz une « Notice sur les conditions de
l’'achromatisme ».
(Commissaires : MM. Pouillet, Babinet, Fizeau.)
M. pe RériKurr soumet au jugement de l’Académie une Note « sur les
réfractions atmosphériques ».
(Commissaires : MM. Pouillet, Regnault, Laugier, Fizeau.)
M. Berrscn adresse une Lettre relative aux réclamations dont son
« Électrophore continu » a été récemment l’objet.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée, Commission qui se
compose de MM. Becquerel, Pouillet, Fizeau, Edm. Becquerel.)
M. E. Jacquemn adresse de New-York une Note, accompagnée de dessins,
sur un système d’aérostats dirigeables.
(Renvoi à la Commission nommée pour les questions relatives aux
aérostats.)
M. Brccaur adresse une Note ayant pour titre : « De l'emploi des aspi-
rateurs dans la paracentèse ».
(Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie.)
Sont également renvoyées à la Section de Médecine et de Chirurgie :
1° Une observation de M. Fano, sur la production d’une bourse mu-
queuse sous-cutanée accidentelle à la partie antérieure et supérieure du
bras droit, un peu au-dessus de l'insertion humérale du deltoïde.
2° Une Note de M. Desmartis, « à propos de la syphilis des animaux ».
3° Une Note de M. Pons, ayant pour titre : « De la rage, de sa nature et
de son traitement ».
Re | - 2 - UN
(357)
CORRESPONDANCE.
.
M. Le BIBLIOTHÉCAIRE DE L’ ACADEMIE DE Mépecine adresse à l’Académie le
tome XXVII (2° partie) des Mémoires de cette Société.
M. TremezAy écrit à l'Académie pour la prier de vouloir bien se souvenir
qu’il a déjà sollicité l'honneur d’être considéré comme candidat à l’une des
places vacantes dans la Section de Géographie et Navigation.
(Renvoi à la Section.)
M. Emm. Lars fait savoir à l’Académie que, sur le point de partir au
Brésil pour un voyage de quelques mois, il se mettra à sa disposition pour
les recherches qu’elle désirerait faire effectuer à Rio-de-Janeiro.
Cette Lettre sera communiquée à la Section d’Astronomie, et à la Section
de Géographie et Navigation.
OPTIQUE. — Sur la théorie de la dispersion de la lumière. Mémoire de
M. Rexar», présenté par M. Lamé. (Extrait par l’auteur.)
« Le phénomène de la dispersion de la lumière dépend, comme on sait,
de l'inégalité des indices de réfraction des rayons de différentes couleurs,
et par suite d'une inégalité dans la vitesse de propagation de ces rayons
dans un même milieu transparent; car, z étant l’indice de réfraction de
l'un de ces rayons, wọ sa vitesse dans le vide, ù sa vitesse dans le milieu
considéré, on a n = =, Or, d’après l'expérience, wọ a une valeur constante
Pour tous les rayons lumineux. Donc il faut que w varie d’un rayon à un
autre dans les corps transparents.
» Cauchy attribuait cette variation, et par conséquent la dispersion, aux
termes négligés dans les équations différentielles du mouvement des molé-
cules éthérées soumises à leurs actions mutuelles, et particulièrement aux
termes du quatrième ordre. Mais, comme l’observe judicieusement M. Briot,
l'hy pothèse de Cauchy paraît présenter une difficulté insurmontable; car,
5i ces termes du quatrième ordre avaient, dans le milieu éthéré qui pénètre
se corps transparent isotrope, une importance capable de produire l’inéga-
lité de vitesse observée, ces mêmes termes auraient une influence pareille
( 358:)
dans l’éther libre. Or, le phénomène de la dispersion n'existe pas dans le
vide.
» En conséquence, M. Briot cherche l'explication du phénomène dans
l'influence des molécules pondérables. Cette influence peut se manifester
de deux manières, soit directement par l’action qu’elles exercent sur l’éther
en vibration, soit indirectement par les inégalités périodiques qu’elles pro-
duisent dans la distribution de l’éther avant la vibration.. Après avoir sou-
mis sans succès la première de ces hypothèses au calcul, il s’est adressé à la
seconde, et il est arrivé à son but par une analyse savante, mais un peu
longue.
» À ce travail remarquable, M. de Colnet d'Huart, professeur à l’Athénée
de Luxembourg, fait une objection qui ne parait pas sans fondement.
M. Briot suppose, dans ses calculs du moins, que les molécules pondérables
restent immobiles pendant que l’éther vibre. Or, c’est là une hypothèse
contraire à l’expérience; car, si les vibrations lumineuses sont assez intenses
pour produire des combinaisons chimiques, elles ne peuvent être sans
action pour déplacer les molécules. Partant, le savant physicien cherche
une autre explication. Il croit la trouver dans le mouvement rotatoire qui
accompagne toujours les vibrations transversales. Pour lui, le mouvement
vibratoire de l’éther, arrivant à la surface d’un corps transparent ou dia-
thermane, se transmet à travers ce corps, non par l'intermédiaire des mo-
lécules du fluide éthéré interposé dans le corps, mais par les vibrations des-
molécules mêmes du corps.
» À cette théorie, on peut faire la même objection que celle qui est
adressée par M. Briot à la théorie de Cauchy. Si la rotation des molécules
dans un milieu isotrope pondérable produit le phénomene de la dispersion,
pourquoi ne le produit-elle pas dans l’éther libre? J'ai cru pouvoir éviter
toutes ces difficultés en attribuant, comme M. Briot en a eu l’idée d’abord,
le phénomène de la dispersion à l’action directe des molécules pondérables
sur celles de l’éther en vibration, mais en ne supposant pas comme lui ces.
molécules pondérables tout à fait immobiles. J’admets que, lors du passage
de la lumière dans les corps transparents ou de la chaleur dans les corps
diathermanes, la communication du mouvement est, non pas compléte-
ment nulle, mais peu sensible, et que, les déplacements une fois effectués,
le corps reste dans un état d'équilibre pendant toute la durée du mouve-
ment de l’éther. En partant de cette idée, et faisant usage des équations
différentielles des mouvements infiniment petits de deux systèmes homo-
gènes de molécules qui se pénètrent mutuellement, telles que Cauchy les a
( 359 )
établies, j'arrive simplement à l'explication du phénomène de la dispersion.
J'espère méme arriver, par la même voie, à l'explication de plusieurs autres
phénomènes de chaleur, de lumiere et d'électricité. »
CHIMIE. — Sur quelques combinaisons du silicium et sur les analogies de cet
élément avec le carbone. Note de MM. C. Frixnez et A. Lavnensuro,
présentée par M. Balard.
« Dans une série de Mémoires dont les deux premiers ont été publiés en
commun: avec M. Buff, M. Wœæhler a fait connaître plusieurs composés
nouveaux du silicium, remarquables par leurs propriétés et formant une
classe à part parmi les combinaisons de cet élément (1). Ces corps prennent
naissance dans diverses circonstances, dont l’une des plus intéressantes est
l'action de l'acide chlorhydrique gazeux sur le silicium cristallisé, à une
température inférieure au rouge sombre. Le produit obtenu dans cette réac-
tion est un liquide très-volatil, dont la vapeur brüle à l'air au contact d’un
corps en ignition, et qui est décomposé par l’eau, avec formation d’une
matière blanche, assez différente d'aspect de la silice et renfermant moins
d'oxygène qu’elle.
» M. Wæhler lui a attribué la formule SC + 2HCl (Si = 21) ou
SI Cl°H" (Si = 14), tout en faisant observer que le corps anal ysé n’était pro-
bablement pas tout à fait pur, mais encore mélangé d’une certaine proportion
de chlorure de silicium, corps qui se forme toujours en même temps que le
chlorure inflammable. Cette incertitude existait non-seulement pour le com-
posé précédent, mais encore pour tous les corps qui s’y rattachent, et l'il-
lustre chimiste de Gœttingen, en terminant son Mémoire, faisait appel aux
expérimentateurs ayant plus de loisir, pour résoudre la question intéres-
sante de leur constitution. |
» Frappés à la fois par les propriétés de ces corps et par le poids atomi-
que considérable qu’on était obligé de leur attribuer, nous nous sommes
proposé de les étudier, en commençant par le chlorure inflammable, dont
la volatilité semblait exclure une complication moléculaire aussi grande.
» D'après son mode de formation, nous avons pensé qu'il pourrait être
un dérivé du chlorure de silicium, formé par substitution d’un atome d’hy-
drogène à un atome de chlore. Il nous avait semblé aussi que, si ce chlorure
Rare ET PAR S 2787 DE UN
(1) Annalen der Chemie und Pharmacie, t. CII, p. 318; t. CIV, p. 94; t. CVII, p. 112;
t CXXVII, p. 257.
( 360 )
était trop difficile à isoler du chlorure de silicium, il serait peut-être pos-
sible de le transformer en un dérivé éthéré et de séparer ensuite, par distilla-
tion fractionnée, cet éther, dont la constitution pourrait suffire pour déter-
miner celle du chlorure.
» Chlorure. — Ces prévisions se sont réalisées, et au delà, car nous avons
réussi, après avoir préparé une quantité assez considérable de chlorure brut,
à isoler le chlorure inflammable lui-même à l’état de pureté. Nous y sommes
parvenus par une série de distillations fractionnées réitérées, qui ont abaissé
le point d’ébullition jusqu’à 34 degrés au lieu de 42, température qui avait
été indiquée par MM. Wæhler et Buff. Le produit ainsi purifié, et recueilli
entre 34 degrés et 37°,5, présente toutes les propriétés si bien décrites par
ces savants. La vapeur, mélangée avec l'air, détone au contact d’un objet
en ignition et donne une fumée blanche de silice. L'eau le décompose in-
stantanément en fournissant un produit blanc, qui lui-même se détruit
lentement au contact de l’eau avec dégagement d'hydrogène et production
de silice. |
» L'analyse nous a donné, pour le chlore et pour le silicium, des nom-
bres s’accordant avec la formule Si CH (1). Cette formule est confirmée
par la densité de la vapeur, que nous avons trouvée égale à 4,64. La théorie
exige 4,69. |
» Le chlore réagit, à la température ordinaire, sur le chlorure inflam-
mable et le transforme en chlorure de silicium. Nous avons constaté aussi
qu’inversement l’hydrogène réagit au rouge sur le chlorure de silicium et
donne un petite quantité du chlorure inflammable.
» Le brome n’agit pas sur ce dernier à la température ordinaire ; mais le
mélange se décolore lorsqu'on le chauffe en vase clos à 100 degrés; il se
forme sans doute un bromochlorure de silicium SiCl Br.
» Composé éthéré. — En faisant réagir le chlorure SiCF H sur l'alcool ab-
solu, purifié encore par une digestion prolongée, à 100 degrés en vase clos,
avec du silicate d’éthyle, et par une distillation, nous avons vu se produire
les phénomènes que l’on remarque dans la préparation des éthers siliciques.
On a versé lentement, à l’aide d’un entonnoir à robinet, l'alcool absolu
dans le chlorure; il s’est dégagé beaucoup d’acide chlorhydrique. À la dis-
tillation, on n’a recueilli, avant 140 degrés, qu’une petite quantité d’alcool
employée en excès. A partir de cette température, on a fractionné les pro-
duits, le chlorure qui avait été employé n'étant pas exempt de chlorure de
né
( 36r )
silicium. Au-dessus de 170 degrés, il n’est resté dans le matras qu'une por-
tion insignifiante du produit. Après quatre ou cinq fractionnements métho-
diques, on a isolé un liquide bouillant entre 134 et 137 degrés et un autre
bouillant à 165 degrés. Ce dernier était du silicate d’éthyle; l’autre était
l'éther cherché. Il a donné à l'analyse, pour le silicium, le carbone et l’hy-
| (SE) | Os
CIS
» Ce corps est au chlorure inflammable ce que le silicate d’éthyle est au
chlorure de silicium.
» C’est un liquide limpide d’une odeur agréable, rappelant celle de l'é-
ther silicique, insoluble dans Peau, mais décomposable à la longue par l'hu-
midité. Il ne diffère de l’éther silicique que par la plus grande inflammabilité
de sa vapeur et par sa propriété de dégager dé l'hydrogène lorsqu'on le mé-
lange avec une solution alcoolique d'ammoniaque.
drogène, des nombres répondant à la formule Si Cê H'°O? ou
» Il donne lieu en outre à une réaction curieuse. Lorsqu'on y jette un
fragment de sodium, on voit d’abord se produire un léger dégagement
gazeux, dů probablement à l’action du sodium sur la petite quantité d’al-
cool que la décomposition de l’éther par l'humidité a pu mettre en liberté.
Quand cette première action a cessé, si l’on chauffe doucement, on voit
commencer le dégagement régulier d’un gaz qui n’est autre chose que l’hy-
drogène silicé,
» Hydrogène silicé. — En perdant les premières portions du gaz, on obtient
l'hydrogène silicé à l’état de pureté, ce qui n’avait encore pu se faire avec
les anciens procédés de préparation, qui le fournissent toujours mélangé
d'hydrogène. Nous l'avons analysé en mesurant dans une cloche, sur le
mercure, quelques centimètres cubes du gaz, et en faisant passer ensuite
dans la cloche une petite quantité d’une solution de potasse. On voit aus-
sitôt un dégagement d'hydrogène se produire; au bout d’un certain temps,
le volume gazeux est devenu égal au quadruple du volume primitif, et il
ne reste plns dans l'éprouvette qu’un gaz brülant avec une flamme pâle.
» La potasse, en oxydant le silicium et en lui abandonnant O? pour for-
mer Si O?, laisse dégager 4H = 4 volumes. Pour que les 2 volumes du gaz
employé augmentent jusqu’à 8 volumes, il faut que ces 2 volumes aient
renfermé 4 volumes d'hydrogène. Il résulte de là que l'hydrogène silicé a
Pour formule Si H* — 2 volumes. Si sa formule était Si H?, le volume gazeux
aurait då tripler seulement.
» En même temps que l'hydrogène silicé, il se forme du silicate d’éthyle;
est même le seul produit que nous ayons pu trouver dans le tube, après
C. R., 1867, 17 Semestre, (T, LXIV, N° 8.) 49
c
( 362)
la réaction, Le sodium reste blanc et métallique, quoique recouvert parfois
par places d’un léger dépôt noir.
» La réaction paraît donc pouvoir s'exprimer, sans que nous sachions
d’ailleurs encore comment l'expliquer, par l'équation
4 Ši H (C? H* 0) = SiH‘ + 3$i(C’H°O}.
» L’hydrogène silicé que nous avons obtenu n’est pas spontanément
inflammable à l'air, du moins à la température et sous la pression auxquelles
nous avons opéré. Toutefois, le gaz recueilli dans une éprouvette dans laquelle
restait une colonne de mercure assez élevée pour diminuer sensiblement la
pression, s’est allumé au contact d’une bulle d’air, et a donné un dépôt de
silicium amorphe brun, mélangé de silice. L'hydrogène silicé paraît se
comporter en cela à la façon de l'hydrogène phosphoré. C’est ce qui expli-
querait pourquoi l’hydrogène silicé est tantôt spontanément inflammable,
tantôt ne l’est pas, et même pourquoi le gaz impur et mélangé d'hydrogène
parait être plus inflammable que le gaz pur.
» Lorsqu'on approche des bulles de gaz qui se dégagent à la surface du
mercure une lame de couteau chauffée, le mélange d'air et d'hydrogène
silicé détone vivement et donne un dépôt de silice mélangé de silicium.
» Corps oxygéné. — Il nous reste à parler d’un dernier corps, c'est celui
qui se produit par l’action du chlorure Si CF H sur l’eau à zéro. Nous en
avons préparé une certaine quantité avec du chlorure pur, et, d’après nos
analyses et d'après deux de celles faites par M. Wœæhler, nous pensons que
la composition de ce corps peut être exprimée par la formule Si? H? 0°.
En admettant cette formule, la production du corps en question est facile
à comprendre; de même que SiC décompose l’eau en échangeant AC]
contre O°, Si CF H échangerait CI? contre 20 pour produire le composé
ih HO ò.
À SiHO
» Conclusions. — M. Wæhler a déjà émis l’idée que la série de corps qu'il
a fait connaître peut être considérée comme constituée à la manière des
corps organiques, le silicium y jouant le rôle du carbone. Ce point de vue
est mis en évidence de la manière la plus claire, il nons semble, par les ré-
sultats de ce travail. Les formules auxquelles nous sommes arrivés nous
conduisent naturellement à rapprocher : le chlorure SiC} H du chloro-
forme GCI’ H; l’éther Si H(C?H°O} de l’éther formique tribasique de
MM. Williamson et Kay CH (C? H* 0)’; l'hydrogène silicé Si H* de l’hydrure
ne.
d’un cor
(363)
de méthyle CH*; le corps Si? H? O? de l’anhydride formique C? H? O°, si ce
corps existait.
» Ces comparaisons peuvent même fournir une nomenclature commode
pour toute la série des corps en question. Il suffirait de faire précéder le nom
de leur analogue dans la série du carbone du mot silici. On aurait ainsi le
silicichloroforme, l'éther siliciformiquetribasique, l'anhy dride siliciformique, etc.
La nomenclature pourrait s'étendre facilement, des corps appartenant au
groupe méthylique du silicium, si l’on peut s'exprimer ainsi, aux groupes
plus élevés, dont il est permis peut-être, maintenant, de prévoir l’existence.
» Quoi qu'il en soit, ces faits font ressortir une fois de plus l’analogie
frappante qui existe entre le silicium et le carbone, et fournissent de nou-
velles preuves en faveur de la tétratomicité du silicium. »
CHIMIE. — Sur un dérivé bromé de l'acide phosphoreux. Note de
M. O. Onnixame, présentée par M. Balard.
« L’acide phosphoreux contenant 3 atomes d'hydrogène, dont 2 seu-
lement ont été jusqu’à ce jour remplacés par des radicaux métalliques,
M. Lieben propose de lui donner la formule ppe ' Q?. M. Raillon, il est
vrai, a réussi à substituer aux 3 atomes d'hydrogène 3 atomes d’éthyle,
mais on peut supposer que le corps qu'il a ainsi obtenu possède la for-
P(C’H;)0
muie (CH) lor. Pour éclaircir cette question, je me suis proposé d’es-
MAYET, par les méthodes généralement employées en chimie organique, si
l'atome d'hydrogène dont le ròle est incertain n’était pas remplaçable par
un corps électro-nésatif tel que le chlore, le brome ou l’iode. ;
» J'ai fait réagir, dans des tubes scellés à la lampe et chauffés au bain-
marie, 2 molécules de brome sur r molécule d’acide phosphoreux. Ces
tubes, ouverts au bout de dix minutes, étaient déjà soumis à une forte pres-
50n et ont donné lieu,à un dégagemeut considérable d'acide bromhy-
drique. Je les ai refermés et plongés de nouveau dans le bain. Répétant
Tu , ` š ; ý
ette opération de quart d'heure en quart d'heure, jusqu’à ce que la pres-
sio $ 1 ` = r 4 - . . .
on eùt disparu, Jai: constaté, à mesure qu’elle diminuait, la formation
ap PS nouveau, cristallisant en aiguilles. Ge corps est trés-déliquescent,
est ins à -
St insoluble dans l’éther; j'ai lieu de-croire que c'est l'acide phospho-
reux monobromé.
i 9 , . à “k .
Une réaction analogue se produit quand on fait passer un courant de
49..
(364 )
chlore sec dans de l'acide phosphoreux, chauffé au bain-marie. J’ ai observé
dans ce cas un dégagemeut d’acide chlorhydrique, comme dans le premier
j'avais observéun dégagement d'acide bromhydrique. On pourrait supposer
que ces acides proviennent d’une réaction exprimée par la formule
r
4 (ip
Il n’en est rien, et en voici la preuve. S'il s'était produit du chlorure de
phosphore par l’action du chlore sur l'acide phosphoreux, il aurait dis-
tillé avec l’acide chlorhydrique; et comme j'ai recueilli dans l’eau les pro-
duits de la distillation, le chlorure de phosphore, réagissant sur ce liquide,
aurait régénéré de l'acide phosphoreux qui, sous l'influence du chlore en
excès, se serait transformé lui-même en acide phosphorique facile à recon-
naître. Or, dans mon expérience, je n'en ai trouvé aucune trace.
- » J'ai fait en outre l'analyse : les résultats qu’elle ma donnés se rappro-
chent de ceux qu'indique la théorie. Je mose cependant affirmer d’une
façon absolue que le corps nouveau soit l'acide phosphoreux monobromé,
et je me propose d'étudier les sels qu’il peut former, afin d’en déterminer
plus promptement la nature.
» J'ai déjà entrevu qu'il se dédouble, sous l'influence de l'eau, par
l’ébullition, en un nouvel acide gélatineux, qui ne possède ni les propriétés
de l’acide phosphorique, ni celles de l'acide phosphoreux.
» Mon intention est, en outre, d'étendre mes études sur les substitutions
de l’hydrogène par les corps électro-négatifs, aux autres acides du phos-
phore, et particulièrement à l'acide hypophosphoreux. »
o+) r Y PRE Ui ' o) + PCF + 3HQ.
ÉLECTRICITÉ. — Sur le couple à gaz de M. Grove. Note de M. J M. GAUGAN,
présentée par M. Foucault.
« Tous les physiciens connaissent le couple à gaz de M. Grove et la
théorie qu’il en a donnée. Cette théorie est généralement admise aujour-
d'hui, et probablement il y a peu de personnes qui se souviennent encore
des objections qui lui ont été opposées dans le temps par divers savants, es
notamment par M. Schœnbein. J'ai été conduit par d’autres études à
revenir sur ce sujet, et, bien que je ne connusse pas d’avance le travail de
M. Schœnbein, je suis arrivé presque aux mêmes conclusions que lui.
» Je me suis servi d'une méthode d'investigation toute différente de celles
qui ont été employées jusqu’à présent : je n’ai opéré que sur un seul couple
( 365 )
à la fois, et, au lieu de mesurer l'intensité du courant mis en circulation,
j'ai mesuré directement, par la méthode de l'opposition, la force électro-
motrice développée; de cette manière, j'ai pu apprécier numériquement
l'influence des modifications que j'ai successivement introduites dans la
disposition du couple.
» M. Grove suppose qu’il est indispensable que chacune des électrodes en
platine de son couple à gaz soit simultanément en contact avec l’un'des gaz
et avec le liquide placé au-dessous. Pour reconnaître s’il en est réellement
ainsi, j'ai fait les déterminations qui suivent. J'ai mesuré d’abord la force
électromotrice d’un couple dans lequel chacun des fils de platine touchait à
la fois le liquide et l’un des gaz, comme l'indique M. Grove ; puis j'ai abaissé
les fils de platine de manière à les immerger complétement et à supprimer
tout contact du métal avec les gaz, et j'ai de nouveau mesuré la force électro-
motrice : elle a été exactement la même dans les deux cas. Il résulte de
cette observation que l’action du platine ne s'exerce que sur les gaz déjà
dissous, et que les cloches à gaz ne doivent être considérées que comme
des réservoirs destinés à maintenir à l’état de saturation les solutions
qu’elles recouvrent.
» Je crois pouvoir expliquer d’ailleurs comment M. Grove est arrivé à
un résultat tout opposé. Dans le mode d'observation que j'ai adopté, le
couple sur lequel j’opère n’est mis en activité que pendant une fraction de
seconde : dans un temps aussi court, les solutions gazeuses qui baignent
les fils de platine ne peuvent pas se modifier sensiblement. Il n'en est
plus ainsi quand on laisse circuler le courant pendant des jours entiers,
comme l’a fait M. Grove. Alors, les couches liquides qui enveloppent les fils
de platine se trouvent incessanment dépouillées du gaz qu’elles contien-
nent, et doivent en emprunter de nouvelles quantités aux réservoirs placés
au-dessus; dès lors, les gaz qui se dissolvent exclusivement à la surface
supérieure du liquide doivent arriver d'autant plus aisément aux fils de
platine, que ceux-ci sont plus près de la surface.
» La force électromotrice du couple à gaz varie singulièrement avec
tat des fils de platine dont on se sert. Conformément à une observation
ancienne de M. Matteucci, on exalte l’action des fils de platine en les faisant
chauffer dans la flamme d'une lampe à alcool, quelques instants avant de
les employer comme électrodes. Dans les conditions les plus favorables, la
Pé
force électromotrice du couple à gaz construit avec des fils de platine non
platinés ne dépasse guère 155. Je prends pour unité la force électro-
( 366)
. Bi IER Cu , ` . p] r .
motrice du couple ————;, c’est-à-dire celle d’un couple thermo-électrique
O7 100
bismuth et cuivre, dont les deux soudures sont maintenues l’une à zéro,
l’autre à 100 degrés. Comme je l'ai fait remarquer il y a longtemps, la force
Bi — Cu
D varie d’un élément à un autre, même
électromotrice du couple
lorsqu'on emploie des métaux purs, et par conséquent les nombres que je
citerai ne sont pas comparables avec ceux que M. J. Regnauld a obtenus,
en se servant d’une batterie thermo-électrique autre que la mienne.
» J'ai constaté que l’on ne modifie aucunement la force électromotrice
du couple à gaz lorsqu'on remplace la cloche à oxygène par une cloche
remplie d'acide carbonique, ou bien par une cloche qui ne contient que de
l’eau privée de gaz. J'ai constaté également que le couple formé par las-
sociation d’un fil de platine plongé dans une dissolution d'oxygène et d’un
fil de platine immergé dans de l’eau dépourvue de gaz ne développe aucun
courant. M. Schœnbein avait observé ces derniers faits dès l’année 1843,
et il en a conclu que, dans le couple à gaz de M. Grove, l'oxygène ne sert
qu'à dépolariser le fil positif, J’adopte complétement cette interprétation,
et je crois que le rôle de l'oxygène, dans la pile à gaz, est celui du sulfate
de cuivre dans la pile de Daniell.
r . . Zn Es Cu
» La force électromotrice d
trop Se, FA couple de Daniell eau acidulée — sulfate de Cu
A
eau acidulée
lorsque les deux couples sont pris à l’état de repos; mais si on les met en
activité, en réunissant les pôles de chacun d’eux au moyen d'un con-
ducteur de très-faible résistance, on trouve, au bout de quelques minutes,
que la force électromotrice du couple de Volta tombe au-dessous de 70,
tandis que le couple de Daniell conserve à peu près sa force électromoirice
initiale. Ces faits sont, je crois, interprétés par tout le monde de la même
manière : la somme algébrique des forces électromotrices mises en jeu est
à peu près la même au début, dans le couple de Volta et dans le couple de
Daniell; mais, sous l'influence du courant, la polarisation du cuivre déve-
loppe dans le couple de Volta une force négative considérable, qui diminue
la somme algébrique des forces du couple, tandis que, dans le couple de
Daniell, le sulfate de cuivre s’oppose à cette polarisation : de même, dans
le couple de Grove, l’oxygène sert uniquement à dépolariser le fil positif.
» Il faut remarquer, toutefois, que l'action de l'oxygène dans le couple
à gaz est loin d’être aussi efficace que celle du sulfate de cuivre dans le
est représentée par 193, celle du couple de Volta par 178;
(367)
couple de Daniell. Lorsqu'on met en activité un couple à gaz de Grove, en
réunissant ses deux pôles au moyen d’un fil de cuivre gros et court,
la force électromotrice s'abaisse très-rapidement, même quand le couple
est disposé de la manière que M. Grove a indiquée. J'ai trouvé, dans une
expérience, que cette force tombait en quelques minutes de 152 à 30. Pour
constater ce fait, il est nécessaire de mesurer la force électromotrice du
couple qui a été mis en activité au moment même où l’on supprime la com-
munication établie entre ses pôles au moyen du fil court. Quelques instants
de repos suffisent pour rendre au couple épuisé toute son énergie.
» J'ai cherché dans quelle proportion chacune des électrodes contribuait
à l'affaiblissement que le couple subit, dans les conditions que je viens d’in-
diquer. J'ai trouvé que la force électromotrice mise en jeu par le fil im-
mergé dans l'hydrogène s’abaissait de 26 seulement, et que la force anta-
goniste développée par le fil plongé dans l'oxygène était égale à 96.
» En résumé, il me paraît établi que la force électromotrice mise en
Jeu dans le couple de M. Grove provient exclusivement, ou presque exclu-
sivement, de l’affinité qui s'exerce entre l’oxygène de l’eau et l'hydrogène
condensé par le platine, »
ÉLECTRICITÉ. — xpériences d’induction. Note de M. L. Danu,
présentée par M. Foucault.
« I. Je remplace les armatures mobiles de l’électro-aimant de Faraday
par deux plaques épaisses de fer doux, verticales, assez hautes pour que
leurs extrémités, qui se trouvent sur un même plan horizontal, dépassent
un peu les deux bobines. Sur ces deux plaques, convenablement espacées,
j'en place une troisième, de même épaisseur que les deux premières, et fixée
à l'extrémité d’une barre de fer de 1 mètre de longueur. Je fais passer dans
l'électro-aimant ainsi disposé le courant d’une pile de quatre éléments de
Bunsen. Dans le circuit est intercalé un fil de platine; j'en règle la longueur
de telle sorte qu'il arrive au rouge sombre. Malgré cette résistance, le contact
est fortement attiré. Si l’on arrache le contact, en exerçant à l'extrémité du
levier qui le porte un effort suffisant, le fil de platine passe au rouge blanc.
Il n’est pas douteux qu'en employant un plus grand nombre d’éléments et
un levier plus long, on ne parvienne à fondre le fil de platine.
» Si l’on rapproche brusquement le contact des pôles de l’électro-aimant,
le fil de platine devient complétement sombre.
( 368 )
» Ces expériences peuvent être faites au moyen d’un électro-aimant or-
dinaire, pourvu qu'il n'offre pas une trop grande résistance, ;
» II. Je remplace l'électro-aimant de Faraday par une bobine, et j'in-
troduis dans cette bobine un cylindre de fer, ou un faisceau cylindrique de
fils de fer, que j'enlève ensuite rapidement. Le fil de platine, qui s'était
d’abord refroidi pendant le mouvement descendant, s’échauffe pendant le
mouvement ascendant, et rougit fortement.
» Un voltamètre intercalé dans le circuit, à la place du fil de platine,
accuse un dégagement de gaz moins abondant quand l'aimantation du
cylindre de fer se produit, plus abondant quand elle cesse.
» L'explication de ces phénomènes est. très-simple : au moment où se
produit l’aimantation, un courant d’induction se développe dans le courant
excitateur de l’électro-aimant, et il est inverse; quand l’aimantation cesse,
un autre courant d’induction, mais direct, parcourt le même courant exci-
tateur qui, dans les deux cas, est toujours fermé.
» Le but que je me propose, en publiant cette Note, est d'ajouter une
expérience simple, facile à reproduire, aux, nombreuses expériences par
lesquelles on établit que tout travail dépense de la chaleur, et qu'inversement
tout travail peut se convertir en chaleur.
» Pour enlever le contact de l'électro-aimant ou le cylindre de fer de la
bobine, il me faut vaincre la résistance qui s'oppose à leur mouvement; je
dépense alors un certain travail : le fil de:platine, en rougissant plus forte-
ment, accuse une production de chaleur dans tout le circuit interpolaire.
Cette expérience rappelle celle de M. Foucault (expérience: d’un disque ou
cylindre de cuivre tournant entre les pôles d'un électro-aimant en activité).
Si, au contraire, j'introduis le cylindre dans la bobine, si jé rapproche des
armatures de l’électro-aimant le contact de fer doux, le courant produit un
travail extérieur : le fil conjonctif des re sé aA À [te
ETS
CHIMIE. — De l’action du chlorure de aie sur les mélaux, el sur leurs
sulfures ; par M. E. Bauorimonr.
« Lorsque, au mois de décembre 1866, M. Chevrier publia dans les
Comptes rendus plusieurs réactions NOR offertes par le chlorure de
soufre, j'entreprenais moi-même quelques recherches du mème genre : je
les communiquai à la Société de Pharmacie de Paris dans sa séance du
6 février dernier. Une nouvelle publication faite il y a huit Jours, par
( 369 )
M. Chevrier, me décide à adresser à l’Académie les résultats que j'avais
précédemment obtenus, en déclarant qu'il n’y a ici aucune réclamation de
ma part, mais seulement l'effet d’une concordance dans nos travaux.
» Voici les faits soumis à la Société de Pharmacie :
» L’antimoine métallique en poudre réagit énergiquement sur le chlorure
de soufre S? Cl; la réaction se développe d’elle-même, et, lorsque l’on opère
sur 1 équivalent de métal pour 3 équivalents de l’autre corps, il ne se pro-
duit que du chlorure d’antimoine et du soufre, comme M. Chevrier la
reconnu de son côté : |
Sb + 3(S? C1) = SbCl? + 65.
Mais l'énergie d’action du chlorure de soufre est si grande, qu’elle s'exerce
également sur le sulfure d’antimoine SbS?. Celui-ci, réduit en poudre et
mis en contact avec SCI, est fortement attaqué par ce dernier; il y a ébulli-
tion, et le chlorure d’antimoine formé passe de lui-même à la distillation.
Le résidu est uniquement composé de soufre :
SbS* + 3(S?CI1) = SbCF + 95.
». L'orpiment ou sulfure jaune d’arsenic est encore plus vivement attaqué
que le précédent : il y a liquéfaction complète des produits, par l'élévation
de température résultant de la réaction. On a de même
As S? + 3 (V01) — AsCI + 95.
» L'étain, chauffé très-légèrement avec S° CI, produit, comme l’antimoine,
une forte élévation de température : il se dégage du bichlorure d’étain
anhydre et il reste du soufre.
> L'or mussif ou bisulfure d’étain ne présente qu’une réaction peu éner-
Sique au contact de S? CI, encore faut-il que la chaleur lui vienne en aide.
3 L’aluminium en feuilles introduit dans le chlorure de soufre en déter-
mine violemment la décomposition, sous l'influence d'une faible chaleur; il
en résulte un liquide d’un rouge brunâtre, qui distille spontanément et qui
'mprégne de sa couleur des cristaux qui se forment en même temps que lui,
eristaux qui, plus tard, deviennent blancs. Il paraît se produire ici une
Combinaison entre S2C] et le chlorure d’alumininm, combinaison que je me
Propose d'étudier bientôt.
ny Le mercure est attaqué à chaud par le chlorure de soufre, mais la réac-
npn est peu énergique; elle donne lieu à du soufre et à du calomel ou à du
sublimé Corrosif, selon les proportions du métal.
C. R., 1867, 1er Semestre. (T. LXIV, N° 8.) 50
=
( 370 ))
» Le sulfure de mercure se comporte comme ce dernier, seulement l'ac-
tion est beaucoup moins accentuée.
» En présence du chlorure de soufre bouillant, le fer réduit par l'hy-
drogène se transforme lentement en sesquichlorure. Le zinc offre, dans les
mêmes circonstances, une réaction peu prononcée. Enfin, le chlorure de
soufre n’agit ni sur le magnésium, ni sur le sodium métalliques : on pent
faire bouillir ce liquide sur ces deux métaux sans qu’il résulte un effet
sensible, et le sodium en sort inaltéré, même après vingt-quatre heures de
contact.
» En résumé :
« Les métaux sont attaqués d’autant plus facilement par le chlorure de
» soufre que leurs chlorures sont plus volatils. Il en est de même des sul-
» fures métalliques correspondants. Dans cette réaction, le soufre se dépose
» des deux parts. Quant aux métaux à chlorures fixes, ils ne sont pas sen-
» siblement atteints par le chlorure de soufre, ce qui est remarquable, sur-
» tout pour le sodium. » ;
M. ne Joxguières sollicite l'autorisation de retirer un Mémoire ayant pour
titre : « Essai.d’une théorie générale des séries de courbes, etc. », Mémoire
adressé par lui en deux parties, en juillet et août 1866.
M. de Jonquières est autorisé à faire prendre une copie de ce Mémoire,
dont l'original doit rester au Secrétariat.
M. Prérerre, en réponse à la communication récente de M. Hermann,
sur les dangers que présenterait le protoxyde d’azote employé comme anes-
thésique, prie les Membres de la Commission nommée pour l'examen de
cette question de lui faire l'honneur d’assister à ses expériences.
La Lettre de M. Préterre sera transmise à la Commission.
A 4 heures trois quarts, l’Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures un quart. ` E. D.S
(371 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE,
L'Académie a reçu, dans la séance du 25 février 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Éléments de Botanique; par M. P. DUCHARTRE, Membre de l’Institut.
2° partie. Paris, 1867; in-8° avec figures.
Paléontologie française, ou Description des animaux invertébrés fossiles de la
France. Terrain crélacé. 22° livraison, t: VII. Paris, sans date; in-8° avec
planches. (Présenté par M. d’Archiac.)
Le choléra d’après les neuf épidémies qui ont régné à Alger depuis 1835 jus-
qu'en 1865; par MM. A. VINCENT et V. COLLARDOT. Paris, 1867; in-8°.
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
Recherches expérimentales et thérapeutiques sur la carie dentaire ; par M. E.
MaGiTOT. Paris, 1866; in-8°. (Présenté par M. Ch. Robin. Renvoyé au
concours de Médecine et Chirurgie 1 867.) ;
Recherches sur la scille maritime et le nom hiéroglyphique des médecins de
l'ile de Cos; par M. le chevalier DE PARAVEY. Roanne, sans date; 2 pages
in-8°, i
Mémoires de l’Académie impériale de, Médecine, t, XXVII, 2° partie.
Paris, 1866; in-4°. :
Cause universelle du mouvement et de l'état de la matière ; par M. P. TRÉ-
MAUX. Châlon-sur-Saône, sans date; br..in:8°. ad
Bulletin de la Société impériale des Naturalistes de Moscou, publié sous la
direction du D° Renan’ T: XXXVIII, année 1865, n° 2. Moscou, 1865;
in-8° avec 6 planches.
Bulletin de l’Académie royale de Médecine de Belgique, année 1866,
2° série, t. IX, n° rr. Bruxelles, 1866; in-8°.
The antidotal... Traitement antidotal du choléra épidémique, avec instruc-
tions générales et particulières pour prévenir cette maladie; par M. J. PARKIN,
3° édition. Londres, 1866; r vol. in-8° relié.
(372)
Riposta documentata... Réponse avec preuves à l'appui du professeur F. ZAN-
TEDESCHI à l’article du P. Secchi d'octobre 1866 sur les présages des météores
et des bourrasques, avec documents historiques. Padoue, 1866; br. in-8°.
Della riduzione... La réduction non sanglante des hernies: inguino-crurales
étranglées; par M. J.-B. BORELLI. 2° édition. Turin, 1866; in-8°. (Présenté
par M. Velpeau.)
Monografia... Monographie des éléphants fossiles de Sicile; par MM. F.
Anca, Baron DE MANGALAVITE et G.-G. GEMMELLARO. Palerme, 1867;
in-4° avec planches. 7
"lt à à
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 4 MARS 1867.
PRE E DE M. CHEVREUL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. ze Présipenr annonce à l’Académie que le tome LXII de ses Comptes
rendus est en distribution au Secrétariat.
ASTRONOMIE, — Sur une inégalité non périodique en longitude, particulière à la
première tache de chaque groupe solaire; par M. Faye.
« Dans la séance du 4 février dernier j'ai présenté à l'Académie mes ré-
sultats définitifs sur la parallaxe de profondeur des taches, les inégalités
périodiques de leurs mouvements en longitude et en latitude, et la loi de
la rotation superficielle du Soleil. Ce travail est basé sur l’ensemble des
taches de longue durée observées par M. Carrington de 1854 à 1861. J'avais
dù exclure les taches qui n’ont été observées que pendant une demi-rotation,
afin d'éliminer autant que possible l'effet de certaines inégalités non pério-
diques dont il était facile de constater l'existence, mais dont je n’avais pas
réussi à me faire une idée nette.
a L'inégalité en question comprend et résume tous ces accidents que
J'avais laissés inexpliqués : elle complète, je crois, la théorie des taches et
fait disparaître les exceptions qui auraient pu être opposées à la théorie des
taches persistantes, Son existence avait déjà été reconnue et signalée par
C. R., 1867, 1°? Semestre. (T. LXIV, N° 9.) 5
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( 374 )
M. Carrington ; elle consistait, d’après lui, en une sorte de tendance à diver-
ger dont les taches d’un même groupe seraient animées vers l’époque de la
naissance du groupe. M. Carrington rattachait cette tendance à un mouve-
ment gyratoire dans des cercles toujours croissants, analogue à celui des
cyclones de notre atmosphère, idée qui lui était évidemment suggérée par
l'hypothèse de sir John Herschel que M. Kirchhoff devait reproduire quel-
ques années plus tard. Elle semblait confirmée d’ailleurs par le mouvement
gyratoire que d’habiles observateurs anglais avaient reconnu dans la confi-
guration de certaines taches isolées. Quelle que soit l’idée que nous nous
fassions aujourd'hui de cette inégalité, il y a là une découverte dont l'ini-
tiative revient à l'habile et savant fondateur de l'Observatoire de Redhill.
» Mais l'explication que M. Carrington s'était donnée de ce phénomène
très-fréquent devait le conduire à une manière inexacte de le soumettre au
calcul. Un groupe de taches étant, aux yeux de M. Carrington, le produit
d’un cyclone solaire, ses mouvements devaient être rapportés à son centre
et non aux extrémités; c’est pourquoi M. Carrington s’est cru obligé de
prendre la moyenne des coordonnées extrêmes, soit en longitude, soit en
latitude, pensant éliminer ainsi les mouvements relatifs des points extrêmes
et obtenir celui du centre de gyration, dès lors comparable aux mouve-
ments des taches isolées.
= » Si M. Carrington avait eu moins de confiance dans la théorie des cy-
clones terrestres transportée par analogie sur le Soleil (*), il aurait pu s’aper-
cevoir aisément, par l'examen des nombres inscrits dans son grand tableau
du mouvement diurne des taches, que les centres de ces prétendus cyclones
lui avaient donné tous, sans exception, des résultats erronés, ou, plus
exactement, qu’ils s’écartaient tous dans le même sens des mouvements les
mieux constatés par les taches à très-longue durée. C’est là ce qui a masqué
pour lui la véritable loi de la rotation du Soleil, et la méprise suggérée par
une fausse hypothèse eût eu des conséquences encore plus graves si
le savant astronome n’eût rejeté instinctivement une partie dé ces résultats
anormaux dans les colonnes des nombres auxquels il a affecté les plus
petits poids.
» On trouvera dans les Comptes rendus déjà cités de la séance du 4 fé-
vrier dernier la table des mouvements normaux des taches pour chaque
degré de latitude, de zéro à 45 degrés, table sensiblement indépendante des
(*) Ou plutôt si M. Carrington n’avait été forcé d'abandonner, momentanément je l'es-
père, les études astronomiques où il s’est acquis une si légitime réputation.
( 375 )
anomalies que je signale. C’est à cette table que j'ai comparé les mouve-
ments de la première et de la dernière tache de chaque groupe. Pour cela
chaque groupe a été étudié sur les dessins afin de bien reconnaître les points
auxquels s'appliquent les coordonnées mesurées. Celles-ci ont été corrigées
de la parallaxe de profondeur toutes les fois que la tache a paru avec un
noyau. Le mouvement de chaque tache prise à part a été calculé et comparé
au mouvement normal inscrit au tableau et déduit par conséquent de la loi
m = 6,54 — 157,3 sin°.
» Avant d'exposer les résultats de ce travail, disons quelques mots de la
formation des groupes. Ils se produisent de deux manières, soit par voie de
segmentation dans une tache à noyau préexistante, soit par l’apparition
simultanée de deux ou trois petits points disposés à peu près sur un paral-
lle. Dans le second cas, qui est le plus fréquent, ces points primitifs se
multiplient en gardant leur disposition plus ou moins linéaire ; ou bien ils
se développent rapidement en donnant naissance à de grandes taches sus-
ceptibles de se segmenter elles-mêmes.
» Lesgroupes ainsi produits envahissent parfois d'énormes étendues ; leur
complication est telle alors que l'observateur ne sait plus à quel point il faut
s'attacher de préférence. La photographie seule nous permettra de tirer
parti de ces cas exceptionnels, qui nous offriront sans doute des faits de
détail du plus haut intérêt pour l'étude de ces phénomènes. En même
temps que les taches ou les points se multiplient, le groupe s'étend en lon-
gitude, puis les taches disparaissent les unes après les autres. Quelquefois
pourtant les deux taches principales subsistent, plus souvent une des deux,
eton peut les observer pendant plusieurs rotations consécutives. La for-
mation de ces groupes, la multiplication des taches, est évidemment en re-
lation directe avec la rotation. Les phénomènes de configuration ont été
étudiés en détail par M. Schwabe, de Dessau, et M. Peters, de Clinton.
» Voici maintenant ce que j'ai trouvé pour leurs mouvements.
» 1° Une tache isolée a toujours un mouvement normal représenté par
la formule
(1) m = 6,54 — 157,3 sin°à.
Si elle vient à se segmenter, la tache nouvelle qui se forme se porte en
avant, c'est-à-dire à droite de la première, et sa longitude satisfait dans les
Premiers temps à la formule approchée
(2) m = 1° + 6,54 — 157',3sin°à, p
I..
( 376 ) |
tandis que la tache originaire reste en arrière et conserve son mouvement
normal.
» 2° Ilen est encore de même lorsqu'un groupe débute par deux ou
trois petits points. Le premier est encore animé d'un rapide mouvement en
avant représenté par la formule (2), tandis que le dernier se règle sur la
formule (1) de la rotation normale. Faute d’observations, les taches inter-
médiaires n’ont pas encore été étudiées
» 3° Cet énorme excès de mouvement en avant qui anime constamment
la première tache d’un groupe quelconque, quelle que soit la latitude,
dure plus où moins longtemps, mais finit toujours par diminuer peu à
peu et par disparaître; il ne subsiste plus à la rotation suivante; il dure
moins longtemps dans une tache qui se segmente que dans un groupe
qui apparaît tout formé (par de petits points).
» 4° Il n'y a jamais de gyration; les groupes n’en présentent aucune
trace , mais seulement de petits mouvements en latitude de l’ordre de ceux
qui affectent ordinairement les taches isolées. Les variations en latitude
s'effectuent tantôt dans le même sens, pour les deux composantes extrêmes
du groupe, tantôt dans des sens opposés, mais elles ne continuent pas indé-
finiment; car lorsqu'un groupe reparaît après une ou deux rotations, il
conserve toujours à peu de chose près son orientation primitive.
» 5° On peut distinguer les groupes physiques des groupes purement
optiques (taches voisines sans connexion d’origine) par cette règle générale
que les groupes sont toujours peu inclinés sur la direction des pa-
rallèles. Une différence de 6 degrés entre deux taches voisines, ces deux
taches eussent-elles la même longitude, suffit d'ordinaire pour indiquer
qu’il n’existe aucun lien entre elles. C’est aussi une limite que l'amplitude
de l’oscillation périodique en latitude des taches isolées n’atteint jamais (du
moins je n'en ai pas encore trouvé de plus de 4 ou 5 degrés).
» Voici maintenant le tableau des résultats numériques. Il comprend les
observations des années 1854 à 1859. Il me reste environ 120 groupes
à étudier pour compléter ce travail; mais je me suis assuré, par le calcul de
tous les groupes employés par M. Carrington dans cette seconde série et
par l’examen des dessins, que les résultats actuels ne seront pas essen-
tiellement modifiés.
( 377
)
ae oino MOUVEMENT VARIATION
des des daa l CS, OBSERVATIONS.
groupes. | taches. ment normal. |à l'équateur.
0 !
99 1 — 7,4 + 90,0 o
2 — 6,2 + 1,8 |Diminue
95 ( 1 + 6,8 + 57,4 Diminue | Ces deux taches reviennent à la rotation suivante, n° 31.
eos + 9,2 o
97 { I -17,2 + 44,5 Augmente Beiles taches régulières; la première mest pas identique
os + 16,4 + 4,6 [Augmente nr
44 Et + 11,4 +113,5 0 Deux amas de petits points.
eaa + 19,1 — 18,3 |Augmente| Pas de parallaxe.
ga | :! — 8,5 + 37,8 o Le mouvement de la première tache tend à se régulariser
es — 7,5 — 0,8 [Augmente je en
93 F3 + 8,1 + 80,2 Diminue | Deux amas de petites taches.
l 2 a #3 8,9 —— 14,0 Augmente Changements rapides.
97 { S + 60,8 0 Très-petites taches très-compliquées.
SE + 3,6 — 0,9 |[Incertaine mouv. de la première tend à se régulariser rapidem.
99 À I + 3,0 Hs 02,7 Augmente Série linéaire de petites taches. pe
l 2 +- 4,7 — 2 o La précédente fait un noyau, puis le perd.
7: À I Skan -106,9 |Augmente| Ces taches acquièrent des noyaux quelque temps.
a + 10,5 — 25,3 iminue i
FOA si 1 =. 14,5 + 68,7 |[Augmente| La première disparaît avant la deuxième.
te Rioagog fur 218 o
CES ER + 32,5 + 24,4 | Diminue | Simples points, peu de durée.
(a + 32,0 + 2,0 |Augmente
134 { i = akO 111,5 Augmente Simples points qui s'élargissent et prennent un noyau.
Fa — 24,5 — 49,7: [Augmente
135 I + 31,2 + 58,5 Diminue | L' jette du deuxième mouvement provient d'une pre-
2 + 31,2 SE 23, i: A tenente mière obs. douteuse et de la segmentation de la tache.
1499: :À — 31,3 + 71,9 [Augmente
l a tu 36,5 + 1,3 o
137 | À +. 3,8 + 29,2 [Augmente :
2 aai o + 4,5 |Incertai
T E : 1 512459 + 68,5 |Incertaine| Points multipliés en série curviligne.
Tera — 24,3: — 45,5: |Incertaine
142 { l H 29,8 -+ 65,7 Augmente La première est tantôt un point, tantôt une tache.
(e-a — 309 " ” Point observé une seule fois.
but ! 27,0 + 51,0 Diminue | Belles taches; la deuxième se segmente dans le cours des
Re B 7 — La observations.
(1) ? ,
146 { l won 21,5 sja 63,2 La deuxième disparaît rapidement; ia première reste et
rs sa “36 Dis revient aux deux rotations suivantes en 157 et 161.
(D | l ATARI + 58,8 [Augmente
| 2 au 26,8 738 Augmente Le n° 2 s’est dissous, puis semble s'être reformé toat à
3 sue 29,3 T 12,8: Augmen coup 1 ou 2 degrés en arrière.
150 ea — 23,2 + 34,3 |Augmente| Simples points le premier jour; ces taches se développent
E — 23,3 — 0,1 [Augmente ji
ie ) La première tache parait avoi dé
paru complétement, et le troisième eur on 10 E peagi Ape tes ? se dénoncer en E
(2) La í omp.:
jième a don gt À = mr ge ce groupe ont rep aru, | après üne rotation complèt e, avec le m ourement normal. La
M euxième SE aon tandis Det re a” troisième est resté sensiblement AUE Oeer talons ne pee pu lor fosqu'a
se du changement de
( 378 )
MOUVEMENT | VARIATION
NUMÉRO | NUMÉRO PAEA doit
des des ver «| moins mouy distance LA eee
groupes. | taches. ment ae ste à l'équateur.
0 t
165 Í I + 3,2 + 89,8 | Diminue | Groupe de boiata compliqué; marche régulière sauf un
saut brusque
+ 2,8 + 0,5 [Augmente
174 + 19,7 + 83,5 | Diminue | Reparaissent toutes deux en 184 avec le mouy. normal.
LS + 20,8 — 2,1 [Augmente] La deuxième n'est qu'un poi
(176) 1 + 29,4 + 20,9 |Augmente mer Pre r A ne en avant de la première
2 + 28,4 + 13,1 o
183 ("1 + 23,7 +104,3 Diminue | Deux points d'abord, puis de grosses taches.
oa + 26,6 o Augmente
192 ( I — 19,2 + 70,5 Diminue | Même histoire que pour le groupe précédent.
(29 — 19,7 — 2 o a première disparait la première
178 | 1 20,2 +129,6 Incertaine| Exemple de trois taches divergentes.
2 — 20,0 — 4,8 |Augmen
ii. + + 22.8 + 63,6 | Diminue | Reparaît en 189.
RS + 24,8 — 6,0 |Augment ;
182 | I 17,0 + 26,3 o p he q i les yeux de l'obsery
2 — 17,5 + 2,2 | Diminue
203 { pa. — 1729 +133,5 | Diminue | La deuxi tun point double; de là incert. de pointé.
tes — 18,3 — 23,9: | Augmente
on Lu + 33,5 + 65,8 | Diminue e lirin comme 182; la prem. a fini par prendre le mouv,
tos + 34,2 — 0,5 [Augmente
296 Fone — 19,2 + 54,4 o Groupe linéaire de points disposés sur un parallèle.
l = 19,9 Re 8,0
231 r — 20,9 + 32,9 |Augmente| La deuxième tache a un noyau, mais non la première.
DE — 23,5 — 6, iminue
236 sis + 36,0 + 78,6 |Augmente| Simples points observés deux fois seulement.
SE + 37,5 — 66,8; o
944 pra — 19,4 + 84,8 |Augmente| La Pr mms em os après la première, est en tête
j l 2 — 22,4 1 o é n énorme g
TE — 31,8 + 71,8 | Diminue | Points qui se subdivisent has multiplient; la première
l 2 — 34,5 pes Augmente disparait avant la deux
ur T — 18,4 + 44,1 Augmente] La deuxième est formée de points difficiles à observer.
ee. 18,2 — 1,7 mente
+ di yo — 19,6 + 25,1 | Diminue | Tache qui se segmente.
l 3 — 19,1 au 4,0 (6)
257 | l m 2 i + 92,3 ~ į Simples points.
a — 23,4 — 53,5: [Augmente
260 I — 18,6 + 75,6 iminue | Sans noyaux.
à — 21;1 — 3,1 |Augmen
dr — 19,2 + 58,1 | Diminue | Simples points qui òt de grandes taches
êtes — 20,7 — 8,1 [Augmente
262 { 1 15,9 + 40,1 Diminue | Deux observations seulement.
t 2 + 10,4 — 10,4 Diminue | Simples points
JE : y n a première se divise; doutes sur la marche.
br + 28,1 + 4,8 o La deuxième, belle tache qui finit par un point-
967 I — 19,8 + 40,9 | Diminue | La deuxième est mal définie par quelques points dessinés
2 " j E mais non observés.
accident.
SU 0 mm
(1) La deuxième fait suite à la tache primitive avant sa segmentation : le mouvement de celle-ci n’a pas été altéré par cet
( 579)
k dés MOUVEMENT | VARIATION
NUMÉRO | NU observé e la
des des LATITUDES | ins mouve- |: distance go nl: Dh) à
groupes. | taches. ment normal. |à l'équateur,
o ,
I — 12,4 a 48,8 Diminue | Simples points d'abord; à la fin la première devient une
268 ie belle tache
2 — 11,0 + 4,6 | Diminue
i me 2 2 5 + 6 Dimi i 4 ii 4 + hit À h ; 1: re-
972 ? 77 mière disparaît la première. :
2 M2; 1 — 1,0 [Augmente
I — 15,9 + 98:71 Augmente| Énorme groupe qui a commencé par quelques points.
, Fa g
275 2 — 12,7 — 0,7 | Diminue
3 — 14,9 — 2,1 Augmente
Foi + 1,37 + 80,3 Diminue | La deuxième tache a plusieurs noyaux; le mouv. diurne
278 y ma été dét iné que p 1 jour d'intervalle.
tro + 12,9 — 23,8: | Diminue
ie” 213.0 +- 19,5 Diminue | Fig. de la première régulière. Un arc de pénombre réunit
264 ? 7 les deux taches. `
Fe — 24,9 Fog
I + 18,5 + 51,5 Diminue | La première est régulière et disparaît la première; la
285 Se deuxième change de figure.
2 + 20,7 — E Diminue
287 | A i P S E lois te Mouvements ordinaires bien dessinés, mais les points sont
trop multipliés.
289 ( J 10,3 + 53,2 o Le mouvement de la premiare, ne tarde pas à se régulari-
| à — 97,1 + 6,1 o ser; elle disparaît la première.
290 FER — 44,9 + 33,9 o Tache allongée qui se segmente. Le mouv. de la deuxième
| à 44 3 est par 1 jour d'intervalle ; par 3 jours on trouve — 25',2.
»9 nn ne né
a) Era + 4,1 Diminue Tache rt ne un étrangère ag groupe à cause de
a latitude. La deuxième, première du groupe, est une
293 2 = 2044 + 66,8. |Augmente très-grande tache; la deuxième s'écarte mi de léquat.
3 10,1 — 6,0: [Augmente
"IN FUMER RATER Frest esini .-....... | La dist. en latit. est 6 degrés; groupe purement optique.
997 I a Dp + 55,7 Augmente
2 — 10,8 — 2,5 [Augmente
306 1 aan 16,8 =r- 18,8 Aug te gra une ligne de points, puis de petites taches mal
ormees.
z 17:7 + 3,7 ugm
309 I — 33,3 + 27,6: | Diminue | Observat. incomplètes; la première-disparait la première.
2 — 35,5 dE Dimin
355a I 1559 + 46,8 Diminue | Très-belles taches unies par la même pénombre.
4 = 10,9 — 12,1 | Diminu
355% ) 1 — 13,6 + 44,7 Augmente! Points d'abord, puis taches à grande pénombre.,
2 “12,2 + 2,1 iminue ,
366 ER. E + 80,0 o Ce groupe se compose d'abord d'une tache énorme à plu-
l 2 PR sieurs noyaux.
== 1930 + 2,3 | Diminue
407 | 1 tayn (+ 3,4) iminue | Deux belles taches anciennement séparées.
2 E, a AE + 6,6 Le mouvement de la première s'est déjà régularisé.
419 1 + 19,8 + 135 5 On voit la première finir par prendre tout à fait le mouve-
2 8 ment normal.
+ 15,7 — 1,8 [Augmente
413 I + 8,0 + 55,3 |[Augmente| C'est une belle tache qui se divise en un groupe de petites
2 taches régulières et de points.
+ ITS: — 0,7 [Augmente
(1) La première du o
groupe n° 293 est revenuo en 304 et une troisième fois en 316. Dans la première rotation, l'effet du
mouvement en avant de 293 se fait sentir, mais il disparaît entièrement dans la suivante.
» Ne pouvant encore déterminer Ja loi suivant laquelle l'excès de vitesse
Propre à la première de chaque groupe varie avec le temps, je me suis
( 380)
déterminé à prendre la moyenne de séries assez nombreuses pour éliminer
en partie les circonstances particulières. On arrive ainsi à ce résultat re-
marquable, que si le premier terme de la formule (2) doit être complété
par un facteur dépendant du temps, il parait être tout à fait indépendant
de la latitude.
Latitude moyenne. Excès moyen. Nombre des groupes (*).
o d
LR a E TRUE 6,2 + 63,7 9
De oea 20...... 16,9. + 61,3 25
De 20° 2 207... 23,8 + 65,5 18
De aora 20... 32,8 + 61,8 7
» Ces nombres changeront nécessairement un peu par l'addition de
nouveaux éléments, mais il paraît bien, je le répète, qu’ils ne sont pas en
relation directe avec la latitude.
» Nous pouvons maintenant nous rendre compte de quelques difficultés
que laissaient subsister nos premiers travaux. 1l est clair, en effet, que
les taches animées du mouvement anormal qui porte temporairement en
avant les premières de chaque groupe ne paraîtront pas présenter le phéno-
mène de la parallaxe si on vient à calculer leurs positions à l’aide du
mouvement normal : pour mettre en évidence la correction due à la profon-
deur des taches, il faudrait évidemment connaître l’expression complète de
l'excès temporaire de vitesse dont elles sont animées. Les dernières taches
de chaque groupe suivant au contraire le mouvement normal, la recherche
de la parallaxe pour ces taches-là pourra toujours s'effectuer, puisque le
mouvement normal est complétement défini pour toutes les latitudes.
» De même, il est facile maintenant de se rendre compte de l'écart
notable qu’une observation très-curieuse obtenue par M. Peters (de Clinton),
par 50 degrés de latitude, présente avec la formule (1). Cette tache avait un
noyau et une forme assez régulière; inais elle était suivie à quelque dis-
tance, d’abord par une petite tache, puis par un groupe de trois petites
taches; son mouvement devait donc répondre à la formule (2).
» Quant aux excès du mouvement en longitude des secondes taches de
chaque groupe sur le mouvement normal, le tableau prouve que ces excès
sont généralement très-petits. Ils ont été déduits de l’ensemble des obser-
(*) Il est essentiel de noter que la distance mutuelle des taches en longitude est, €n
moyenne, de 4 à 5 degrés à l’origine, et que les observations de chaque groupe ne com-
mencent pas toujours à l'apparition même de ce groupe, mais souvent à une époque déjà
avancée de son développement, C’est ce qui ôte beaucoup d'importance à l'accord un peu
fortuit des nombres de ce tableau.
( 381 )
vations (tandis que l'excès de la première tache a été déduit des deux
premiers jours seulement) et ne présentent guère de discordances très-
notables que dans le cas où, cette seconde tache n'ayant été observée qu'à
deux jours consécutifs, il a fallu conclure le mouvement diurne de l'inter-
valle d’un jour seulement. Il est vrai que le signe — prédomine et que la
moyenne générale, en excluant les nombres douteux, est de — 2,1 (par
72 groupes), mais cela n’indique pas un petit mouvement en arrière de la
deuxième tache, encore moins une correction à apporter à la formule (1),
car il suffirait d’augmenter un peu la parallaxe pour faire disparaître ce
léger excès négatif. TÌ serait bien possible que la parallaxe obtenue dût être
un peu augmentée, car c'est surtout sur cet élément que le phénomène
actuel a dû influer dans les calculs relatifs à la formule (1).
» Quant aux mouvements en latitude, ils ne semblent d’abord présenter
aucune loi; mais, en attendant que des déterminations plus nombreuses
permettent quelques recherches à cet égard, il est bien frappant de voir
deux taches voisines animées simultanément tantôt de mouvements opposés
en latitude, tantôt, dans des groupes voisins, de mouvements inégaux, mais
dirigés dans le même sens. Il ne faut pas oublier d’ailleurs que ces mouve-
ments-là sont essentiellement oscillatoires et limités à une amplitude de
quelques degrés.
» Quelle pent être la cause de ce singulier phénomène, en vertu duquel
une tache semble procéder par voie de segmentation, comme les êtres ani-
més d'ordre inférieur qui se multiplient en se divisant? Pourquoi la partie
antérieure est-elle projetée ainsi en avant, dans le sens même de la rotation,
avec l'énorme vitesse angulaire de 1 degré par jour quelle que soit la lati-
tude, c'est-à-dire avec la vitesse linéaire de 117 lieues à 58 lieues par
heure, suivant la latitude (117cosÀ)? Pourquoi cette impulsion décroit-elle
de jour en Jour et finit-elle par disparaitre pour laisser la tache prendre le
mouvement normal qui convient à sa latitude? Pourquoi la tache originaire
ou la dernière du groupe garde-t-elle la vitesse normale? Je ne vois pas
que nos nuages ou nos ouragans nous donnent ce spectacle.
» Dans l’ordre d’idées hypothétiques où je suis placé, on est conduit à
chercher si ces phénomènes ne se rattacheraient pas aux mouvements de
rotation des couches successivement placées au-dessous de la photosphèere.
Si la rotation de celle-ci est retardée par l’ascension continuelle des cou-
rants venus de l’intérieur, il faut qu'il y ait quelque part plus bas une cou-
che dont la rotation sera accélérée par rapport à celle de la masse entière
C. R., 1867, 1°? Semestre, (T. LXIV, N° 9.) 52
( 382)
du Soleil. Dès lors, si les courants se forment dans la première couche
sous-jacente, ces taches correspondantes suivront la marche générale de la
photosphère, c’est-à-dire la formule (1); mais si le mouvement ascendant
du courant générateur se propage verticalement au-dessous, comme par
voie d'aspiration, jusque dans cette couche encore plus profonde dont la
rotation doit être accélérée, alors les matières ascendantes provenant de
cette couche-là ne tarderont pas à se séparer des premières en vertu de
leur excédant de vitesse, et marcheront en avant. Si plus tard l’origine de
ce second courant se relève peu à peu et revient se fixer dans la premiére
couche , celle que nous avons considérée d'abord, la tache reprendra peu
à peu le mouvement normal de celle-ci.
» Quoi qu'il en soit de ce premier aperçu, nécessairement bien vague, les
faits que j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie ont un carac-
tère incontestable de généralité; ils complètent l’ensemble de la théorie
nullement hypothétique du mouvement des taches, c’est-à-dire de la rota-
tion si singulière du Soleil. J'espère terminer ce dernier travail lorsque
je serai de retour de la mission officielle qui va me retenir plusieurs mois
en province. »
PHYSIQUE TERRESTRE. — Mémoire sur la distribution de la chaleur et
ses variations dans le terrain parisien, au Jardin des Plantes; par
M. Becouerez. (Extrait.)
« On est convenu de prendre pour point de départ de l'accroissement
de température au-dessous du sol la couche invariable, celle dont la tem-
pérature est la même que la moyenne du lieu et qui n'éprouve aucune
variation dans le cours de l’année. Cette couche, qui est d’autant plus pro-
fonde que l’on s'éloigne davantage de l'équateur, se trouve, sous nos lati-
tudes moyennes, à environ 24 mètres au-dessous du sol.
» Entre le sol et la couche invariable, la température participe de moins
en moins, en s'approchant de celle-ci, de la température de l'air; elle
éprouve, en outre, des anomalies dues à des causes locales nombreuses
qu'il importe à la physique terrestre de connaître.
» On a étudié jusqu'ici cette température avec des thermomètres à tiges
plus ou moins longues, dont les indications exigent des corrections diffi-
ciles, attendu que la température n’est pas la même dans toute la longueur
des tiges.
» M. Arago a admis que la température des caves de l'Observatoire;
( 383)
situées à 28 mètres au-dessous du sol, et qui est de 11°,70, n’ayant éprouvé
aucun changement depuis trois quarts de siècle, représentait celle de la
couche invariable; tel a été son point de départ dans les déterminations de
température qu'il a faites dans les puits forés de Saint-Ouen, de Grenelle et
autres des environs de Paris.
» Le thermomètre électrique permet d’étudier avec précision la distri-
bution de la chaleur au-dessous du sol, les anomalies qu’elle éprouve et la
possibilité de reconnaître avec exactitude la position de la couche inva-
riable, si elle n’est pas masquée elle-même par des effets calorifiques résul-
tant de causes locales et qui ne peuvent être aperçus qu’à l’aide d'instru-
ments très-sensibles et très-exacts.
» Un puits foré a été creusé à cet effet au Jardin des Plantes il y a quatre
ans, dans lequel on a descendu un câble thermométrique composé lui-
même de plusieurs autres, et renfermé dans un mât de bois évidé à l’inté-
rieur et goudronné. Les câbles partiels ont permis d'observer sans inter-
ruption la température des différentes couches de terre de 5 mètres en
5 mètres , depuis le sol jusqu’à 36 mètres au-dessous. Le puits a été rempli
en partie de béton pour éviter le contact du mât et par suite du câble avec
les eaux provenant des infiltrations. La température est donnée avec exac-
titude et ne peut être en erreur que de -4 de degré au maximum.
» Dans ce Mémoire, dont je me borne à présenter un extrait à l'Acadé-
mie, se trouvent neuf tableaux qui contiennent : les trois premiers, les
moyennes mensuelles des observations faites dans les neuf stations, en y
Comprenant celles recueillies à 1,33 au-dessous du sol pendant les an-
nées 1864, 1865 et 1866; les autres tableaux donnent les moyennes des
saisons, leurs variations et les différences entre les maxima et les mi-
nima.
» On trouvera ci-après les tableaux des moyennes annuelles et celui des
Moyennes des saisons et de leurs variations.
» Les moyennes des observations qui se trouvent dans le tableau I mon-
trent que la température moyenne de l'air à 1,33 au-dessus du sol, au
nord, déduite des maxima et minima diurnes, est un peu plus forte que celle
41 mètre au-dessous du sol : cela tient sans doute à ce que le mode de cal-
culer ja température donne toujours une valeur un peu plus élevée que
celle qui est obtenue par lés autres méthodes.
» À partir de 6 mètres, il y a une augmentation de température d'environ
1 degré, qui reste la même jusqu’à la station de 16 mètres; à 21 mètres, il
y à une augmentation de o°,3, puis elle continue, quoique très-faiblement,
ba...
( 384 )
jusqu’à 36 mètres. De là on peut conclure que, depuis 6 mètres et proba-
blement au-dessus, la température va en augmentant jusqu’à 56 mètres, où
elle est de 12°,42, donnant ainsi une différence de 1°,78 avec la température
à 1 mètre.
Tableau I.
AT AU-DESSOUS DU SOL.
DU SOL.
a , aaa
ANNÉE. Aim,
au nord,
déduite A im, | À omi À 11m, | À 16m, | A Um LA 26m. | À 31m. | A 362.
des FUT
e
des minima:
o o o 0 o 0 0 o 0
1864 10,03 10,47 | 12,00 | 12,13 | 12,03 | 12,09 | 12,30 | 12,33 | 12,45
1865 11,41 10,52 11,34 11,92 11,65 12,01 12,32 12,28 | 12,4%
1866 10,83 10,93 | 11,78 | 11,62 | 11,62 | 11,90 | 12,36 | 12,30 | 12,40
Moyennes :
générales..| 10,76 10,64 | 11,76 | 11,76 | 11,78 | 12,05 | 12,27 | 12,30 | 12,42
SR D. ni ŘŮŘŮ—— o
ntre
NATURE Tma shpir; la marn Argile sableuse
rapportée et tassée, couverte| verte ddie t à Pargile
siS de à la surface du sol chloritée |79 care. popsa E La
a d’une végétation herbacée. et le cal- eras
caire dur
» Des températures moyennes on a passé aux variations qu’elles éprou-
vent dans le cours de l’année, et, par suite, suivant les saisons. Le tableau
contient tous les éléments qui sont nécessaires pour discuter cette question.
Parmi les huit stations espacées de 5 mètres en 5 mètres, il y en a trois,
celles de 21,de 31 et de 36 mètres, dont les températures n’éprouvent pas
de variations dans le cours de l’année; elles se comportent donc, sous ce
rapport, comme la couche invariable. Où doit-on placer cette dernière? On
est assez porté à admettre qu’elle est à 21 mètres , profondeur qui s'ap-
proche le plus de celle qui est adoptée assez a Ces stations se
trouvent, la première dans le calcaire, et les deux autres dans une argile
sableuse.
» Quant aux autres stations, situées à ı mètre, 6 mètres et 26 mètres, les
Fa sainte. sont soumises aux variations suivantes :
» 1° À 1 mètre au-dessous du sol, la température moyenne va en aug-
mentant de l'hiver à lété comme dani lair; la différence entre le maxi-
mum et le minimum est de 6°,92, tandis qu’elle est de 18°,17 dans l'air.
(385 )
Tableau II.
PROFONDEUR. SAISONS. 1864. 1865. 1866. MOYENNES.
o o o o
a iiin T 6,84 6,27 8,16 7:07 minimum
: 3 Printemps......... 8,19 7,58 8,29 8,0
1 mêtre. . ... B 3 e
FEE T 14,20 14,58 13,88 14,22 maximum
AUTOMNE. Less... 12,64 13,65 13,34 13,2
MOYENNES 10,47 10,52 10,92 10,64
ME A rue 12,64 12,02 12,2% 12,20 maximum
i Printemps cia 11,21 10 12,0 11,25
6 mètres. ..... P , 44 1 d R,
LPS os a 11,11 11,01 11,22 minimum
AUDMNE 1,5: 12,62 12,34 12,46 12,27
MOYENNES ES 12,00 11,50 11,94 11,76
a a ins 12,30 12,82 11,66 11,93 maximum
f, Printemps... 12,06 11,30 11,45 11,60 minimum
r1 métres,.... F.
DEPIS A re Í 12,08 11,43 11,68 11,95
Automne... <t: 12,04 11,58 Li 11,78
Monet E | :..;: 12,12 11,93 11,63 11,76
Pc dac ess 11,96 11,67 11,42 11,68 minimum
: 5 Gj
Daa . | Printemps tes sa 12,00 11,67 11,59 11,74
Eio. rikaa HART 12,33 11,70 11,77 11,92 maximum
: Antonne ..:,.. 12,02 11,60 H7 11,79
OVANA e a 12,08 11,66 11,63 11,78
LEA. a eA ROSE 12,07 11,96 12,19 12,00 minimum
36 mètres. .… Printemps......... F3,27 12,26 12,24 12,20
RG...) side 12,50 12,60 12555 12,53. maximum
AGUOMI. -s 4... 12,34 12,05 19,97 12,20
ii. té Vel 12,20 12,22 12,91 12,27
» 2° À G mètres, les variations suivent une marche inverse, le maximum
ayant lieu en hiver; la différence est d'environ 1 degré.
HAT! mètres, la variation,'qui n'est que de 0°,3, indique encore que
le maximum est en hiver, et le minimum entre le printemps et l'été.
. » 4° À 16 mètres, la marche de la température est comme dans l'air ;
l'amplitude de la variation est de 0°,25.
» 5° Enfin à 26 mètres, la marche est encore la même : la variation est
de o°,53.
a 9 \ ` r $ à ` s
» Or, de 31 à 36 mètres, la température croissant de o°,r2,et à chacune
( 386 )
de ces stations ayant été constante pendant les années 1864, 1865 et 1866,
on croit pouvoir en conclure que l'accroissement de température est de
1 degré par 41 mètres au lieu de 1 degré par 30 mètres, comme on l'admet
en moyenne. Si l'on commence à supputer l'accroissement à partir de
21 mètres, où se trouve la première couche à température constante, on
trouve encore 1 degré par 41 mètres.
» Nous ferons observer que, depuis 6 mètres jusqu’à 11 mètres, les tem-
. pératures ne varient pas comme dans l'air; les maxima et les minima sont
en sens inverse; tandis qu’à 16 et à 26 mètres, elles suivent les mêmes pé-
riodes que dans l’air.
» On fera remarquer que cet état de choses a eu lien pendant trois an-
nées consécutives : il prouve que dans certaines localités, au-dessous du
sol, des couches sont en relation avec l'air, dont elles partagent les vicissi-
tudes, quoique à un degré beaucoup moindre. Cette relation dépend des
infiltrations d'eaux pluviales, soumises à une marche régulière, lesquelles
apportent une perturbation dans la distribution de la chaleur.
» Pour vérifier cette conjecture, j'ai prié M. Delesse, qui vient de publier
uue excellente carte hydrologique du département de la Seine, de vouloir
bien me donner son opinion à cet égard. Voici la note qu’il m’a remise et
que je joins ici, afin de montrer que mes observations de température sont
d'accord avec le régime des eaux infiltrées dans le bassin parisien :
« Les eaux météoriques qui tombent sur le sol pénètrent à l’intérieur de
la terre, dans laquelle elles s’infiltrent en obéissant à l’action de la pe-
» santeur; elles s'accumulent sur les couches imperméables, où elles for-
» ment des nappes d’eau souterraines. Pour le puits foré du Jardin des
» Plantes, la carte hydrologique montré qu’à la profondeur de 16 mètres,
» on pénètre déjà dans la nappe d’eau souterraine qui alimente les puits
» ordinaires au Jardin des Plantes. Cette nappe s'écoule sans cesse vers la
» Seine et reçoit directement les eaux atmosphériques, en sorte qu’elle
» doit participer à leurs variations de température.
» A la profondeur de 26 mètres, on atteint une deuxième nappe souter-
» raine qui prend naissance sur l’argile plastique. C’est une nappe puis-
» sante, parce qu’elle repose sur des couches plét timper méables.
» Elle est alimentée par les eaux atmosphériques; elle l’est aussi par les
» eaux coulant à la surface du sol, dans les endroits où affleure l'argile
plastique; elle l’est principalement par les eaux de la Bièvre, qui s'infil-
» trent dans le bassin d’Arcueil. Elle s'écoule d’ailleurs rapidement, parce
>
>
( 387 )
» que les couches de l'argile plastique s’inclinent fortement vers le nord et
» parce qu'elle coule à travers des sables facilement perméables. On con-
» çoit donc que sous le Jardin des Plantes les variations de température
» puissent atteindre 0°,53, bien qu’elle soit à la profondeur de. 26 mètres
» au-dessous du sol.
» Les nappes souterraines qui sont alimentées directement par des eaux
» venues de la surface doivent nécessairement reproduire, en les atténuant,
» les variations de température de ces dernières. Ces variations seront
» d'autant plus sensibles que les nappes d’eau se trouvent à une moindre
» profondeur et que leur écoulement sera plus facile et plus rapide.
» Il fallait du reste un appareil aussi précis que celui qui a été installé
» au Jardin des Plantes pour qu'il fût possible d'apprécier les faibles va-
riations de température représentant l'influence des saisons à l’intérieur
» de laterre. »
» Je ne prétends nullement appliquer à d’autres localités les faits que je
viens d'exposer, ni les généraliser. On sait du reste que la température au-
dessous du sol est modifiée plus ou moins par d’autres causes, telles que la
nature des terrains, leur épaisseur, la proximité de roches ignées, etc., etc.
» Le travail dont je viens de présenter un précis à l’Académie prouve
qu'avec le thermomètre électrique on peut étudier les anomalies qu’éprouve
la distribution de la chaleur dans les couches terrestres, anomalies qui inté-
ressent la géologie, la physique du globe et les phénomènes de culture : la
géologie, en ce qu'elles indiquent les formations qui sont en rapport avec
Pair, par l'intermédiaire probablement des infiltrations d’eau pluviale, qui
sont une cause incessante de réactions chimiques sur les roches; la phy-
sique terrestre et les phénomènes de culture, en faisant connaître les per-
turbations qui en résultent dans la distribution de la chaleur terrestre
soumise à une loi mathématique. »
=
CHIMIE ORGANIQUE, — Transformation des monamines aromatiques en acides
plus riches en carbone. Note de M. A.-W. Hormanx.
« Dans une Note précédente présentée à l’Académie au commencement
de l’année dernière, j'ai décrit la formation de la méthényldiphényldiamine
(substance que j'avais obtenue il y a quelque temps en traitant l’aniline
Par le chloroforme) au moyen d’un nouveau procédé, savoir : l'action du
savat de phosphore sur un mélange de phénylformamide et d’ani-
ine.
( 388 )
» La poursuite de ces expériences a exigé la préparation de plus grandes
quantités de phénylformamide, et plus tard aussi de la tolÿlformamide,
J'ai pareillement obtenu ces substances à plusieurs reprises en faisant agir
les monamines en question sur l'éther formique; mais, en dernier lieu,
en raison de la difficulté qu’on éprouve encore à se procurer de l'acide
formique en assez grande quantité, j'en suis revenu à l’ancienne méthode,
savoir : la distillation de la monamine oxalique. J'ai constaté, en effet,
qu'il n’y a pas de difficulté à se procurer les composés formiques, pourvu
qu’on se place dans les conditions nécessaires à leur production.
» Suivant Gerhardt, le produit principal de la distillation de l’oxalate
secondaire d’aniline est la diphényloxamide, tandis que la phénylformamide
‘n'apparait que comme produit accessoire. En effet, 1 molécule d'acide
oxalique et 2 molécules d’aniline donnent à la distillation presque exclu-
sivement de la diphényloxamide, 2 molécules d’eau se séparant de l’oxalate
secondaire formé en premier lieu.
» Mais rien n’est plus facile que d’exploiter cette réaction pour la for-
mation de la phénylformamide. Si l’on fait réagir 1 molécule d’acide oxa-
lique sur 2 molécules d’aniline (ou même 3 molécules d’acide oxalique sur
2 molécules d’aniline), en chauffant rapidement, il se forme principale-
ment de la phénylformamide, l’oxalate formé d’abord perdant 1 molécule
d’eau et ı molécule d’acide carbonique.
co} cH: CHO
r TO PO E a o 00?
H
» Le produit de la distillation est un liquide à odeur particulière qui
se prend en masse par l'addition de la soude concentrée. Il parait se for-
mer ainsi une combinaison de la phénylformamide avec l'alcali qui se
dépose en cristaux. Le liquide distillé, renfermant toujours une certaine `
quantité d'aniline, est parfaitement propre à la production de la méthényl-
diphényldiamine que j'ai décrite précédemment. On n’a qu’à le traiter par
le trichlorure de phosphore pour obtenir le composé méthénylique en assez
grande quantité. ;
» Mais l’action de la chaleur sur l’oxalate anilique donne naissance à
toute une série d’autres réactions, lesquelles, quoique d’une importance
secondaire, ne s'étendent pas moins sur une notable quantité de matiere.
En premier lieu, on observe qu'il se dégage, pendant la distillation, de
l'acide carbonique. Ce dernier provient de deux réactions secondaires :
( 589 )
l’une, la destruction de la phénylformamide déjà formée,
ment à la décomposition an
acide carbonique,
qui, conformé-
alogue de la formamide, se scinde en aniline et
CHO EP
E CH N= H H + CO;
H | H
l’autre, la transformation de la diphényloxamide, qui,
qué il y a quel
bonique,
comme je l’ai indi-
que temps, se décompose en diphénylcarbamide et oxyde car-
(C202)" (C o)"
(C'H)? $ N? — (C° Hë)?! N? + CO.
H? H°
» Le produit brut de la distillation d’
oxalique et de 1 molécule d’aniline ren
drique, dont la formation se comprend
de la distillation avec de l
Yapeur d’eau une substa
benzonitrile, et qui ne
reconnait sans difficu
un mélange de 1 molécule d’acide
ferme en outre de l'acide cyanhy-
facilement. En chauffant le produit
acide chlorhydrique concentré, il passe avec la
nce huileuse à odeur aromatique rappelant celle du
tarde pas à montrer des tendances cristallines. On
lté que l’on a affaire à un mélange, Soumise à une ébul-
lition prolongée avec de la soude, cette huile se dissout en partie, en déga-
zeant de l’ammoniaque. Une autre quantité surnage à la surface, et, par le
‘froidissement, au bout de quelque temps, se prend en masse, Cette solidi-
cation S’accomplit instantanément en traitant la couche huileuse par l’acide
hlorhydrique concentré. Ajoute-t-on au liquide chlorhydrique renfermant
8 cristaux quelques gouttes d’acide nitrique concentré, le mélange, légère-
ent chauffé, prend aussitôt une couleur bleu foncé. Cette propriété carac-
rise la diphény lamine, avec laquelle le com posé cristallin concorde d’ailleurs
tinement sous tous les autres rapports. La diphénylamine, on ne peut en
lier, se forme comme produit complémentaire de l’acide cyanhydrique
ns la réaction de l’aniline sur la phénylformamide. 1 molécule de phényl-
mamide et r molécule d’aniline renferment , en effet, les éléments
1 molécule de diphénylamine, de 1 molécule d’acide cyanhydrique et
1 molécule d’eau.
CHO C! Hë C: a
C'H! N+ H }N= C'H! N -+ CHN + RO.
Il ne reste qu’
à rendre compte du corps liquide formé à côté de la
C. R, 1867,
1°? Semestre, (T. LXIV, N° 9.) D
( 390 )
diphénylamine, lequel avait disparu en dégageant de l’ammoniaque lors
du traitement du mélange par la soude. Si l’odeur du liquide et sa manière
d’être sous l'influence de la soude avaient déjà fait pressentir le benzoni-
trile, on ne pouvait plus douter de la formation de ce corps lorsque, par
Vaddition d'acide chlorhydrique à la solution sodique, il se précipita une
notable quantité d'acide benzoïque parfaitement pur, dont la composition
fut constatée par l'analyse du sel d'argent.
» La formation du benzonitrile s'explique sans difficulté. Il doit encore
sa naissance à une transformation secondaire de la phénylformamide dont
la molécule se scinde en eau et benzonitrile :
CHO
C'H? ŸN = C'H°N + H°0.
H
» Le benzonitrile ne se produit qu’en partie pendant la distillation du
mélange d’aniline et d’acide oxalique; la majeure partie se forme évidem-
ment en traitant le produit brut de la distillation par l'acide chlor-
hydrique.
» La transformation de l’aniline en acide benzoïque, substance plus
riche en carbone, offre quelque intérêt, parce que le développement de
l’industrie des couleurs au goudron met à notre disposition les monamines
aromatiques en abondance et aux prix les plus bas. La nouvelle réaction
était évidemment destinée à fournir maints acides connus avec plus de faci-
lité que par les procédés actuels, et même à engendrer des combinaisons
restées jusqu'ici inconnues. l
» J'ai d’abord confirmé la généralité de la réaction par le traitement
analogue de la toluidine. Les phénomènes que l’on observe dans la distil-
lation de 1 molécule de toluidine avec 1 molécule d'acide oxalique sont
tout à fait semblables à ceux qui se présentent dans la réaction correspon-
dante de l’aniline. Il eùt été inutile d'examiner encore une fois toutes les
phases de ce procédé compliqué. Le produit brut de la réaction, renfermant
de grandes quantités de tolylformamide, fut donc de suite distillé avec de
l'acide chlorhydrique. La substance huileuse entraînée par les vapeurs
d’eau étant traitée par la soude dégage de l’'ammoniaque en abondance.
Le liquide sodique, séparé par la filtration d’un résidu insoluble et soumis
à l’action de l'acide chlorhydrique, a fourni un acide cristallin que la com-
bustion et l’analyse du sel d'argent ont identifié à l'acide tolylique.
» Il s'était donc formé d’abord de la to/ylformamide qui, changée à son
( 391 )
tour en tolonitrile, avait en dernier lieu donné naissance à l'acide tolylique :
(œ 0?) GP CHO
P [0° + H [N= Cm N + HO + CO’,
H H
CHO
CH” }N = C'H°N + R?O,
H
CH'N + 2H°0 = CHO? + HN.
» L'expérience acquise dans les séries phénylique et tolylique a été
confirmée, comme on pouvait s’y attendre, dans la série de la naphtaline.
» L'examen des composés naphtaliques dans la direction indiquée pré-
sentait un intérêt tout particulier, l'exploitation de la nouvelle réaction fai-
sant entrevoir la formation de toute une série de combinaisons dont l’exis-
tence était depuis longtemps pressentie par la théorie, mais dont la pro-
duction, malgré des tentatives réitérées, n'avait pu être réalisée.
» La naphtaline, ce produit général de l’action de la chaleur sur les
corps organiques, n’a jamais été observée dans une réaction simple. Il
était très-probable qu’on rencontrerait un jour la naphtaline dans la scis-
sion d’un acide lié à ce corps par des liens semblables à ceux qui existent
entre l'acide benzoïque et la benzine.
» Cet acide, dont la composition s'exprime par la formule
| C'*H°0?,
devait, en effet, s’obtenir en soumettant à l’action de l’acide oxalique la
honamine de la naphtaline, savoir la naphtylamine.
. » L'expérience n’a pas manqué de réaliser cette prévision de la théorie.
Le nouvel acide est un corps magnifiquement cristallisé, dont les propriétés
& les métamorphoses seront de ma part l’objet d’une communication
Péciale. »
M. LE Secréraire PERPÉTUEL annonce à l’Académie la perte douloureuse
? `
q'elle vient de faire dans la personne de M. Valz, Correspondant de la
Section d’Astronomie, décédé à Nimes à la fin du mois de février dernier.
( 392 )
MÉMOIRES LUS.
PHYSIQUE. — Sur la vitesse de propagation d'un ébranlement communiqué à
une masse gazeuse, renfermée dans un tuyau cylindrique; par M. F.-P.
Le Roux. (Extrait par l’auteur.)
(Commissaires : MM. Regnault, Babinet, Morin, Edm. Becquerel.)
« Le Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Aca-
démie renferme la description et les résultats d'expériences faites en 1862
et 1863, sur lesquelles j'ai fait une communication le 27 octobre 1862, et
dont plusieurs Membres de l’Académie ont bien voulu être témoins.
» Je me suis proposé de résoudre expérimentalement la question sui-
vante : mesurer directement, par des moyens purement mécaniques, sur
une base relativement très-courte, la vitesse de propagation d’un ébranle-
ment solitaire, communiqué à une masse gazeuse de température parfaite-
ment déterminée, contenue dans un tuyau cylindrique.
» J'ai commencé par réaliser un nouveau chronoscope, fondé sur la loi
de la chute des graves, permettant de mesurer de courts intervalles de
temps avec une grande précision, et qui est toujours prêt à fonctionner
identiquement de la même manière, sans avoir besoin de préparations par-
ticulieres, avantage dont ne peuvent jouir les chronoscopes à mouvement
d’horlogerie. Comme moyen de pointage, j’emploie l’étincelle d’induction
en utilisant son action spéciale sur une surface d’argent légèrement iodurée;
je ne m'arréterai pas sur ce fait qui a déjà été l’objet de ma part d’une com-
munication à l’Académie (1).
» Le tuyau où devait se propager l’ébranlement avait un diamètre de
7 centimètres et une longueur de 72 mètres; il était replié en deux, dans
une baignoire de 36 mètres de long, de manière à pouvoir être entouré en-
tiérement d’eau ou de glace fondante. ;
» Les deux extrémités de ce tuyau étaient fermées par des membranes
de caoutchouc vulcanisé, très-minces et très-fortement tendues. Un mar-
teau de bois, mů par des ressorts, venait frapper l’une de ces membranes
d’un coup unique, et communiquait ainsi à lair contenu dans le tuyau un
ébranlement qui venait, au bout de + de seconde environ, mettre en mou-
vement la seconde membrane. Devant chacune de celles-ci était disposé
(1) Comptes rendus, t. LV, p. 239; décembre 1862..
( 393 )
une sorte de petit pendule, traversé par le courant inducteur d’une bobine
de Ruhmkorff; le mouvement de la membrane dérangeant le pendule in-
terrompait le courant inducteur et déterminait l'explosion de l’étincelle
d'induction dont la trace était recueillie par la règle du chronoscope en
mouvement. Ainsi se trouvaient enregistrées l’origine et la fin de la propa-
gation de l’ébranlement.
» Cette disposition est très-simple en principe : dans la pratique, elle
a demandé un assez grand nombre de précautions délicates, dont la descrip-
tion ne saurait trouver place ici.
» Pour dessécher l’air contenu dans le tube, on lui donnait un mouve-
ment circulatoire au moyen d’une pompe spéciale, de façon à le faire
passer plusieurs fois sur des substances destinées à le priver d'humidité et
d'acide carbonique. Comme agent accessoire de dessiccation, en même temps
que pour apprécier la tension de la faible quantité de vapeur d’eau qui
pouvait subsister dans cet air, j'employais l’abaissement de la température ;
à cet effet, je faisais traverser au gaz un tube de verre mince plongé dans
un mélange réfrigérant dont un thermomètre donnait la température.
» La mesure du chemin parcouru rectilignement a été faite avec des
soins particuliers, au moyen de règles en fer de 2 mètres, comparées aux
étalons officiels. L'erreur relative est inférieure à ToT
» Quant à la partie coudée, j'ai évalué directement la longueur recti-
ligne qui lui était équivalente; je l’ai déduite de la comparaison des lon-
gueurs de deux tuyaux d'orgue, l’un droit, l’autre comprenant le coude
lui-même qui avait servi dans mes expériences, ces deux tuyaux étant
amenés à rendre exactement le même son fondamental.
» De la moyenne de plusieurs séries, faites à la température de la glace
fondante, et comprenant 77 déterminations, je conclus pour la vitesse de
propagation d'un ébranlement, dans les conditions indiquées, le nombre
330",66 Par seconde, J'estime l’approximation à yyy-
» Dans l'introduction de mon Mémoire, je discute les expériences faites
antérieurement sur la propagation du son dans l'atmosphère, je les ramène
a zero au moyen du coefficient de dilatation des gaz donné par M. Re-
nault; je fais en même temps la correction probable, dans chaque cas, pour
le degré hygrométrique de l'air. Sur les huit nombres qui représentent les
résultats de ces diverses déterminations, cinq sont compris entre 332 et
332,44. D'un autre côté, le nombre trouvé en 1822 par Arago et le Bu-
reau des Longitudes (330,64) se trouve coïncider presque exactement
: ( 394 )
avec celui que j'ai évalué. Le nombre de l’astronome anglais Goldingham
(331,1) se rapproche beaucoup du nombre d’Arago.
» Les expériences faites en plein air, sur une base de plusieurs kilo-
mètres, ne peuvent évidemment inspirer qu’une confiance très-limitée, à
cause de l'incertitude considérable qui doit régner sur la véritable valeur
de la température de l'air sur le trajet de l’ébranlement sonore. L'erreur
est d'autant plus à craindre de ce côté que ces expériences ont été généra-
lement faites la nuit; or, les travaux des physiciens modernes, tels que
MM. Babinet, Becquerel, Martins, etc., ont mis en évidence l'existence
d'un maximum de température pendant la nuit, qui aurait lieu à une hau-
teur plus ou moins grande. En Angleterre, les ascensions aérostatiques
opérées pendant la nuit par M. Glaisher ont montré que souvent la tempé-
rature continuait à croître jusqu’à des hauteurs considérables. L'influence
de cette cause d’erreur serait de donner des vitesses trop grandes; or, c'est
précisément le plus petit des nombres trouvés pour la propagation à l'air
libre qui se rapproche le plus de celui que j'ai trouvé pour la propagation
cylindrique.
» Il est donc probable que les deux vitesses de propagation, sphérique
et cylindrique, sont bien égales; mais pour arriver à résoudre définitive-
ment cette question, il faudrait pouvoir opérer dans l'atmosphère sur une
faible base, 100 mètres par exemple, de manière à pouvoir étudier com-
plétement la distribution de la température dans cet espace. Ma méthode
expérimentale est éminemment propre à une telle étude; j'avais même dis-
posé des appareils dans ce but, mais le calme parfait de l'atmosphère qui
est nécessaire à leur fonctionnement paraît difficile à rencontrer dans nos
climats.
» En résumé, j'ai fait l'application d’une méthode nouvelle d’expéri-
mentation qui permet de déterminer la vitesse de propagation d’un ébran-
lement dans une colonne de gaz dont la masse n’est pas assez considérable
pour qu’on ne puisse l’avoir pur, et dans des conditions qui permettent de
la porter à telle température qu’on pourrait désirer. Des considérations de
dépense et de place m'ont forcé à restreindre mes expériences à celles qui
ont été faites sur lair à zéro.
» Dans le Mémoire, j’examine incidemment un certain nombre de ques-
tions relatives à la production de l’étincelle d’induction, à la propagation
des ébranlements dans les canaux courbes, à une nouvelle forme à donne”
à mon chronoscope, etc. »
( 395 )
M. E. Parau demande l’ouverture d’un pli cacheté déposé par lui le
11 février dernier. Ce pli, ouvert en séance par M. le Secrétaire perpétuel,
contient une Note relative à la cause de la chaleur et de la lumière des
astres. :
M. Patau lit ensuite une Note ayant pour titre : « Sur les causes qui font
du soleil et des étoiles des sources perpétuelles de chaleur et de lumière, et
sur la cause du mouvement de rotation des planètes sur elles-mêmes ».
(Renvoi à la Section d’Astronomie.)
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. Croquer présente à l’Académie une Note manuscrite de M. Marti-
nenq, Note qui contient quelques développements sur les idées émises par
l'auteur dans quatre brochures sur le choléra, qu’il a successivement adres-
sécs à l’Académie.
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
M. Douame, obligé de s’absenter prochainement, demande à être rem-
placé dans la Commission chargée de l’examen d’un Mémoire de M. Cornu
«sur une théorie nouvelle de la réflexion cristalline d’après les idées de
Fresnel ».
M: Bertrand est désigné pour faire partie de cette Commission, à la piace
de M. Duhamel.
CORRESPONDANCE.
M. ce Minisrre DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE transmet à l’Académie une
Lettre adressée de Tarragone par M. Pedro Pujol au sujet de plusieurs dé-
Couvertes que l’auteur croit avoir faites en Algèbre, et dont l’une est rela-
tive au binôme e Newton.
Cette Lettre sera renvoyée à la Section de Géométrie.
( 396 )
ASTRONOMIE. — Sur les taches solaires. Note de M. G. Rircumorr (1),
présentée par M. H. Sainte-Claire Deville (2).
« Dans une communication insérée au Compte rendu de la séance du
10 décembre dernier, M. Faye a développé les raisons qui paraissent rendre
inadmissible l'hypothèse sur la nature et l'origine des taches solaires que
j'ai proposée. Je vais essayer, dans les lignes suivantes, de discuter et d’ap-
précier à mon tour la valeur de ces raisons.
» Une partie des critiques que M. Faye adresse à l'hypothèse en question
semble reposer sur un malentendu de sa part, malentendu dont je ne mex-
plique pas bien l’origine, ne trouvant rien qui l’autorise dans le Mémoire
que j'ai publié. En effet, dans ce Mémoire, je m’exprime, au sujet de cette
hypothèse, de la façon suivante (3): « Il doit se produire dans l’atmosphère
» du Soleil des phénomènes analogues à ceux que nous observons dans la
» nôtre; il doit y arriver, comme sur la Terre, des abaissements de tempé-
» rature donnant lieu à la formation de nuages. » Cette phrase, prise même
isolément, ne peut laisser aucun doute; le mot y se rapporte à l'atmosphère
du Soleil, et ce qui suit confirme cette interprétation. M. Faye semble ap-
pliquer le mot y à la surface du corps solaire ou photosphère, nom par lequel
je désigne la région solaire dont dépend principalement la lumière émise
par cet astre. Voici, en tout cas, comment M. Faye expose mon hypothèse
avant de la combattre : « Supposez ‘qu’une région circonscrite du vaste
océan liquide de la photosphère vienne à se refroidir : les vapeurs métal-
» liques répandues dans l’atmosphère vont se condenser et formeront au-
» dessus de cette place un nuage plus ou moins lumineux par lui-même,
» mais à coup sûr opaque et obscur relativement à la photosphère. Ce
» nuage à son tour, en formant écran pour les couches supérieures, y dé-
terminera une nouvelle condensation de vapeurs, un second nuage plus
élevé et superposé au premier. Là où le rayon visuel traverse la double
rpm RTE
x
=
zx
(1) L'Académie a décidé que cette communication, quoique dépassant les limites régle-
mentaires, serait reproduite en entier au Compte rendu.
(2) En présentant cette Note, M. H. Sainte-Claire Deville fait savoir à l’Académie qu’elle
lui était parvenue antérieurement à la séance précédente : le manque de temps l'avait empê-
ché de la présenter avant la fin de cette séance.
(3) Annales de Chimie et de Physique, 3° série, t. LXVIII, p. 5. L'original allemand est
ainsi conçu : « In der Atmosphäre der Sonne müssen ähnliche Vorgänge als in der unsrigen
statt finden; lokale Temperatur erniedrigungen müssen dort, wie hier, die Veranlassung ZU"
Bildung von Wolken geben. »
( 397)
» couche, on voit le fond noir de la tache ainsi produite; là où il traverse
» le premier seulement, qui peut et doit même déborder l’autre, on a la
» pénombre. »
» Par suite du malentendu que je viens de signaler, et que je dois con-
sidérer comme la base du raisonnement de M. Faye, l’ hypothèse s’y trouve
si complétement défigurée, qu’elle devient insoutenable et même absurde.
En effet, si l’abaissement de température d’une partie de la photosphère
est la cause de la formation du premier nuage, quel sens cela a-t-il de vou-
loir expliquer la formatien du deuxième nuage, du nuage plus élevé, en
disant que le premier nuage agit en formant écran pour les couches supé-
rieures de l'atmosphère?
» Je wai nullement parlé d’un refroidissement local de la photosphère ou
du noyau solaire (expression dont j'ai fait usage dans mon Mémoire); suivant
l'exposé de mon hypothèse, le premier nuage se forme par un refroidisse-
ment local de l'atmosphère solaire, sans que la région sous-jacente de la
photosphère subisse de refroidissement. Le nuage ainsi formé constitue,
par rapport aux couches supérieures de l’atmosphère, un écran qui s'op-
pose au rayonnement de la région correspondante de la photosphère : il en
résulte la formation d'un second nuage.
» Ce n’est pas, en réalité, à mon hypothèse que s'appliquent quelques-
unes des objections soulevées par M. Faye, mais bien uniquement à la mo-
dification qu’il a lui-même fait subir à mes idées. Partant du mouvement
propre des taches solaires, il s'exprime ainsi : « Sans doute, on peut ima-
giner à la rigueur qu'un nuage terrestre arrive peu à pen, sans se dis-
» soudre, du pôle à l'équateur, pourvu que les vents qui le poussent le
» maintiennent à une certaine hauteur, parce que le froid extérieur le suit
» partout. Mais faudra-t-il admettre que partout où un nuage solaire se
» transporte, le refroidissement partiel et circonscrit de la surface solide
» ou liquide de la photosphère voyage avec lui et le maintient pendant
» deux, trois, quatre et même six mois?.... Si nous en étions encore à
» penser que le Soleil est d'une autre essence que la Terre, ou que sa ma-
» tière n’est pas régie par les mêmes forces physiques, il n’y aurait là au-
» cune impossibilité; mais j'oserai demander à M. Kirchhoff lui-même s’il
»” nous est aujourd’hui permis d'accepter une hypothèse qui conduit des la
première épreuve à de telles conséquences. » .
» M. Faye trouvera, je l'espère, une réponse satisfaisante à la demande
qu'il m'adresse dans la preuve que je viens de donner que ce n’est pas mon
hypothèse qui conduit à de telles conséquences.
CR. 1867, 17 Semestre. (T. LXIV, N° 9.) 54
x
( 398 )
» Le même malentendu conduit M. Faye à poser cette question : « Pour-
» quoi personne n’a vu sur la photosphère ces plages refroidies au-dessus
» desquelles les nuages viennent se condenser, bien que leur refroidisse-
» ment dût être accompagné d’une diminution d'éclat; » et cette autre
question : « Comment il se fait que les deux nuages dont la superposition
» est nécessaire pour former une tache viennent souvent à se fendre simul-
» tanément dans toute leur largeur, de manière à laisser voir la surface
» incandescente de la photosphère par ces deux étroites fissures superpo-
» sées, quel que soit le changement respectif de place de l'observateur et
» de l’objet. » L'explication de ce fait, d’après ma manière de voir, est
facile : vient-il à se former une fente dans le nuage inférieur, les rayons de
la photosphère pénètrent à travers elle jusqu’au nuage supérieur; leur cha-
leur provoque la dissolution de ce nuage sur une bande plus large qui, de
la Terre, doit apparaître en avant de la fente, pourvu que la différence de
hauteur des deux nuages ne soit pas trop considérable.
» M. Faye repousse ensuite l'existence dans l'atmosphère solaire de cou-
rants horizontaux qui, dans mon hypothèse, doivent expliquer les différents
mouvements des taches. Il dit à ce sujet : « Ne faut-il pas pour les produire
» qu'il y ait, en vertu d’une cause quelconque, appel d’une partie de la
» masse atmosphérique soit vers les pôles, soit vers l'équateur, ce qui
» nous donne sur la Terre le spectacle des vents alizés? Est-il possible de
» concevoir des vents horizontaux à direction permanente par rapport aux
» parallèles de la sphère tournante sans une telle condition? »
» Je crois avoir indiqué dans mon Mémoire une cause possible de sem-
blables courants. Je dis en effet : « M. Secchi a conclu de ses observations
» que les régions polaires du Soleil possèdent une température plus basse
que la zone équatoriale. Si cela est, à la surface du noyau solaire il doit y
avoir dans l’atmosphère des courants allant des pôles à l'équateur, re-
broussant chemin en ce point, et retournant vers les pôles; l'atmosphère
solaire doit être animée d’un mouvement analogue à celui que les tem-
pératures élevées des régions tropicales communiquent à la nôtre. »
» Après les paroles rapportées plus haut, M. Faye continue : « Mais
alors ces nuages devront marcher constamment, soit vers les pôles, soit
vers l'équateur. Or, j'ai démontré... que de pareils mouvements n'exis-
tent pas sur le Soleil : il n’y a, pour les taches, que de très-légères oscil-
lations périodiques de part et d’autre d’un parallèle déterminé. Si la
mécanique solaire suit d’autres lois que la nôtre, cette difficulté tombe
w
w
=
s
x
=
x
Z%
z
x
x
( 399 )
» d'elle-même; mais personne aujourd’hui n’est disposé à invoquer un
» pareil argument. »
» La difficulté signalée ici ne me semble pas aussi grande qu’elle le pa-
rait à M. Faye. Dans mon’ Mémoire, j'ai établi comme vraisemblable, en
me fondant sur d’autres motifs, que des nuages d’une densité et d’une di-
mension suffisantes pour apparaître comme des taches aux yeux de l’ob-
servateur placé sur la Terre, ne se forment dans l’atmosphère solaire que là
où le courant polaire et le courant équatorial se touchent et se confondent.
Si l'on fait cette hypothèse, il devient parfaitement compréhensible que ces
nuages ne continuent pas à être poussés soit vers les pôles, soit vers l’équa-
teur.
» De toutes les critiques que M. Faye adresse, dans sa communication,
à mon hypothèse, pour prouver qu’elle est sans valeur, il n’y en a qu’une
seule qui me paraisse demander une considération sérieuse : c’est la ques-
tion de savoir pourquoi les nuages qui, avant ou après une éclipse, nous
apparaissent sous forme de taches sur le disque solaire, ne se voient pas
dans la couronne pendant l'éclipse. Je me suis expliqué ce fait en supposant
que la hauteur des nuages qui nous apparaissent sous forme de taches est
trop faible pour que ces nuages soient visibles dans la couronne.
» Tout en croyant avoir réfuté l'argumentation que M. Faye, dans sa
Communication du 10 décembre, a publiée comme renversant l’hypothèse
que les taches de Soleil sont des nuages, je suis pourtant bien éloigné de
croire que j'aie démontré la vérité de cette hypothèse. Je ne suis pas même
personnellement convaincu que cette hypothèse renferme, elle seule, la
vérité; je ne l'ai développée, dans mon Mémoire, que pour montrer que le
Phénomène des taches peut s’expliquer, dans une certaine limite, sans recou-
rir à la supposition d’un noyau solaire obscur et froid qui avait été adoptée
par les astronomes, bien qu’elle soit en contradiction avec les connais-
Sances physiques les plus positives. Cette supposition, paraît-il, est aban-
onnée ; une autre s'élève à sa place, que le physicien est obligé de déclarer
aussi décidément impossible que la première. C’est cette nouvelle supposi-
tion sur laquelle M. Faye s'appuie lorsqu'il dit : « Mais, quand on l’admet
» (cette couche de nébulosité incandescente qui, dans mon hypothèse,
Peut également très-bien constituer la photosphère), plus n’est besoin de
nuages pour expliquer les taches, c’est-à-dire de simples éclaircies locales
» dans la nébulosité resplendissante et continue qui forme la photo-
sphère. Alors disparaissent toutes les difficultés qu’accumule indéfini-
ment l'hypothèse des nuages; en suivant notre idée, féconde parce
»
=
=
w
=
( 400 )
» qu’elle est juste, on se sent dans le vrai, sur le chemin des décou-
» vertes...»
» M. Faye se figure le noyau qui est entouré par la photosphère aussi
chaud, plus chaud même que la photosphère, mais obscur. Pour lui ce
noyau est gazeux ; eu égard au faible pouvoir émissif des gaz, M. Faye re-
garde ces deux propriétés comme compatibles dans le noyau gazeux du
Soleil. En réalité, elles sont incompatibles, quel que soit l'état d’agrégation
du Soleil. De la relation existant entre le pouvoir émissif et le pouvoir absor-
bant des corps, il résulte d’une façon absolument certaine que, alors qu’en
réalité la lumière émise par le noyau solaire est invisible pour notre œil, ce
- noyau, quelle que soit d’ailleurs sa nature, est parfaitement transparent, de
manière que nous apercevrions, par une ouverture située sur la moitié de la
photosphere tournée de notre côté, au travers de la masse du noyau so-
laire, la face interne de l’autre moitié de la photosphère, et que nous per-
cevrions la même sensation lumineuse que s’il n’y avait pas d'ouverture.
» Quelle que soit la constitution du Soleil, les taches ne peuvent s’expli-
quer que par un abaissement local de température, approchant ou dépassant
la limite de l’incandescence. Mon hypothèse cherche la cause de ce notable
abaissement de température dans le rayonnement de nuages vers l’espace
planétaire, de nuages produits par condensation et isolés de la photosphère.
Je suis tout prêt à admettre qu’on puisse, en invoquant d’autres causes de
refroidissement, se faire une idée des taches qui rende mieux que mon
hypothèse un compte exact des phénomènes offerts par ces dernières; mais
abandonner cette hypothèse, pour en admettre une qui expliquerait les
taches sans faire intervenir des abaissements locaux de température, ce se-
rait, pour me servir des expressions de M. Faye un peu modifiées, admettre
que les lois naturelles sont, dans le Soleil, autres que sur la Terre. »
ASTRONOMIE. — Remarques sur la Lettre de M. Kirchhoff et sur
l'hypothèse des nuages solaires ; par M. Faye.
« Voici l’origine de ce débat. M. le D" Spæœrer, dont j'ai signalé moi-
même à l’Académie, il y a deux ans, les intéressants travaux sur les taches
du Soleil, a critiqué dans le journal astronomique de M. Peters mes re-
cherches sur la parallaxe des taches. Sa critique était évidemment sug-
gérée par cette circonstance que mes résultats contredisaient l'hypothèse de
M. Kirchhoff, adoptée par M. Spœærer. J'ai donc été conduit à discuter cette
doctrine dans la réponse que j'ai faite à M. Spærer le 10 et le 17 décembre
( 401.)
dernier. C’est pour répondre à ces articles que M. Kirchhoff prend à son
tour la parole. Le célèbre physicien rétablit d’abord un point que j'avais
mal interprété dans ses idées ; il donne quelques explications sur des points
controversés, et finit en déclarant que ma propre hypothèse est incompatible
avec la relation qui existe entre le pouvoir émissif et le pouvoir absorbant
des corps. Je me félicite de l'intervention personnelle de M. Kirchhoff,
parce que sa lettre m'explique enfin une chose dont j'ai toujours été pro-
fondément étonné, à savoir la persistance avec laquelle un homme d'un
mérite aussi élevé soutient une hypothèse si peu compatible avec les faits
les mieux connus.
» Je commence par reconnaître que je me suis trompé sur une circon-
stance de l'hypothèse : j'ai cru un moment que M. Kirchhoff attribuait la
formation de ses nuages à un refroidissement local de la photosphère, tandis
qu'il l'explique par un refroidissement local de l'atmosphère. Je ne mex-
plique moi-même cette inadvertance que par l'impossibilité où J'ai été de
comprendre comment la rencontre de courants analogues à ceux de notre
atmosphère pourrait non-seulement engendrer un moment, mais maintenir
un nuage tout près de la surface incandescente du Soleil, dans une position
mathématiquement déterminée, calculable plusieurs mois à l'avance (1). :
J'aurais pourtant dù me le rappeler, car c’est précisément là l’idée qui guide
depuis longtemps M. Spœrer dans sa recherche des vents alizés sur le
Soleil, où il croit trouver, grâce aux mouvements de ses nuages, la zone
des vents d’est, celle des vents d'ouest, et la zone intermédiaire des vents à
direction indifférente ou alternante.
» Il faut, en effet, distinguer deux choses dans l’ hypothèse de M. Kirch-
hoff : l'idée des nuages, et celle des vents alizés, due à une différence con-
stante de température entre les régions polaires et les régions équatoriales.
La première, l’idée des nuages, appartient en propre à M. Kirchhoff ;
la deuxième appartient à Sir John Herschel; seulement, notre illustre
Associé n’a pas pensé un seul instant que le conflit des deux courants polaire
et équatorial dût produire des nuages et par suite les taches, mais bien des
cyclones ou des tourbillons atmosphériques capables de pénétrer jusque
Li DR
(1) Il résulte de mes recherches que si une tache a été observée assez longtemps pour
mettre en évidence son mouvement oscillatoire en latitude, on peut, à l’aide de mes for-
mules, calculer à l'avance la position exacte qu’elle devra occuper un mois, deux mois,
trois mois plus tard, en un mot, jusqu’à la fin de son apparition.
(402)
dans la photosphère pour y pratiquer mécaniquement des éclaircies (1).
C'était un premier essai de rattacher à la rotation même du Soleil la forma-
tion dés taches et leur singulière distribution en latitude. Je crois avoir rendu
pleine justice à cette remarquable conception dans mon premier Mémoire
sur la constitution physique du Soleil (2); en même temps je repoussais
cette analogie beaucoup trop intime avec les phénomènes terrestres, et je
crois que mes travaux ultérieurs en ont montré clairement l'impossibilité,
» Quant aux nuages de M. Kirchhoff, qu'ils soient produits ou non à
la rencontre des deux courants, c’est une simple question de fait et de per-
spective. Les taches sont-elles en creux ou en saillie? Je ne voudrais laisser
croire à personne que les astronomes soient restés indécis sur ce point
depuis deux siècles et demi qu'ils observent les taches avec des instru-
ments de plus en plus puissants. À mesure qu’une tache, paraissant à peu
près circulaire au centre du disque solaire, arrive près du bord, par suite de
la rotation, elle se rétrécit dans un sens et prend une forme elliptique; en
même temps son fond noir se rapproche progressivement du bord de la
pénombre situé du côté du centre. Il arrive un moment où il le touche, alors
le talus disparaît de ce côté. A partir de cet instant, le fond de la tache est
de plus en plus masqué par le bord de la pénombre qui se projette sur lui;
le fond noir disparaît enfin tout entier, et la tache réduite à une simple
pénombre ovale excessivement étroite, puis à une ligne à peine visible, dis-
parait à son tour à quelques secondes du bord extrême du Soleil par l'effet
des petites aspérités dont presque toutes les taches sont entourées. Voilà les
faits dont les astronomes sont journellement témoins; ils se répètent inva-
riablement en tout ou en partie pour toutes les taches. La Lettre précédente
ne doit pas donner à penser que les faits dont il s’agit soient moins CONNUS,
moins positivement admis en Allemagne qu’en Angleterre, en France ou en
Italie, Voici comment s'exprimait récemment à ce sujet M. Schwabe, de
Dessau, qui observe chaque jour le Soleil depuis trente ans, et à qui la
science doit la mémorable découverte de la périodicité décennale des taches
du Soleil : « Par leur manière de se présenter à l'entrée et à la sortie du
» disque solaire, on peut se convaincre clairement que le noyau des taches
» est enfoncé plus ou moins profondément au-dessous de la surface de la
» photosphére. » ( Astr. Nachr., n° 1521, lettre du 6 mars 1865.) M. Kirch-
hoff, qui forme les taches de deux nuages placés l’un au-dessus de l’autre,
RS SP a La Ve geo a
(1) Results of astronomical observations at the Cape of Good Hope, p. 434.
(2) Comptes rendus, t. LX, 1865, p. 94 et 95.
( 403 )
l'un grand, l’autre petit, afin de représenter le noyau et la pénombre, a cru
satisfaire aux conditions de perspective que nous venons de rappeler en
plaçant le plus grand nuage au-dessus du plus petit, bien que la disposition
inverse fût plus naturelle (1). Mais cet artifice, que nous allons apprécier tout
à l'heure sous un autre point de vue, ne réussit pas au delà du moment où
le noyau de la tache paraît en contact avec le bord de la pénombre; un peu
plus loin, c’est-à-dire plus près du bord, le noyau commencerait à sortir
de la pénombre du côté du centre; plus près encore, il s'en dégagerait en-
core plus, et on verrait, ce que les observateurs n’ont jamais vu : le noyau
hors de la pénombre. |
» Il y a plus, l'artifice qui consiste à faire le nuage adventif beaucoup
plus large que le nuage primitif et principal, afin de représenter tant bien
que mal la pénombre et ses variations d’aspect, se trouve en contradic-
tion formelle avec cet autre dont M. Kirchhoff fait usage en méme temps,
comme on vient de le voir dans sa Lettre, pour rendre compte des filets
lumineux qui traversent souvent de part en part le noyau même des taches.
Le savant auteur pense que le nuage inférieur venant à se fendre dans toute
sa largeur, les rayons de la photosphère sous-jacente passent par cette
étroite fissure et vont dissiper le nuage supérieur sur une bande parallèle
et plus large, en sorte que l'œil de l'observateur pénètre par ces deux fentes
jusqu’à la photosphère. Soit, mais alors les rayons émis par la photosphère
à côté du nuage inférieur devront aller dissiper à fortiori, dans le nuage
supérieur, tout ce qui déborde le premier écran, et faire ainsi disparaître
cette pénombre dont on est tout d’abord frappé quand on voit pour la pre-
mière fois, avec une lunette, une tache sur le Soleil.
} Je n’irai pas plus loin, ilen serait de même de tout le reste. Je ne con-
nais pas un senl fait qui ne soit en contradiction avec cette hypothèse. Par
cela même c’est un devoir pour moi d'examiner avec attention le motif qui
à pu décider un savant aussi éminent à la mettre en avant et à la soutenir,
» Mais auparavant, qu’il me permette de dire que la première condition
Pour qu'une hypothèse ait quelque valeur, et puisse nous mettre sur la
a aaa
kd
(1) Si, au lieu de la figure des taches, on considère leurs mouvements, il n’est pas du tout
Ps ES placer les taches à un étage ou À un autre, car le calcul de ços mouvements
i Drm de rayon de la sphère idéale sur nee on suppose placé le noyau ou
BRR ; ou, si l'on veut, du rayon du Soleil augmenté ou diminué de la hauteur ou
a e de l’objet observé. De là la parallaxe des taches : le calcul indique qu’elles
us de la photosphère.
( 404 )
voie des découvertes, comme j'avais l’honneur de le dire à l’Académie
dans une des phrases que M. Kirchhoff a bien voulu rappeler, c’est de
respecter au moins les faits les plus élémentaires.
» L'objection que M. Kirchhoff fait à mon hypothèse sur les taches
va nous aider à comprendre sa pensée. Le savant physicien déclare que si
le noyau des taches représente pour nous la masse interne du Soleil, par
cela seul que cette masse n’envoie pas de lumière à notre œil, elle doit être
parfaitement transparente ; des lors nous apercevrions par cette ouverture
Ja face interne de la moitié opposée de la photosphère, et notre œil éprou-
verait la même sensation lumineuse que s’il n’y avait pas d'ouverture.
» Cette objection qui ne touche en rien, du reste, à la solution que j'ai
proposée pour le grand problème de la formation et l’entretien de la pho-
tosphère, et qui ne porte que sur un détail particulier à la nature des taches,
cette objection, dis-je, m’a déjà été faite il y a deux ans, précisément dans
les mêmes termes, par les savants anglais (1), et j'ai déjà tâché d’y répondre
dans les Comptes rendus, séance du 6 août 1866. Quoi qu'il en soit,
M. Kirchhoff déclare qu’il est impossible d'expliquer les taches par de
simples éclaircies dans les nuages lumineux de la photosphère sans se
heurter au principe absolu en vertu duquel, pour tout état d’agrégation de
la matière, le pouvoir de transmission de la lumière est rigoureusement
complémentaire du pouvoir d'émission. Dès lors il n°y aurait qu’une seule
voie ouverte devant nous, ce serait d'admettre que les taches sont dues à
- un refroidissement local; si on rejette les nuages, il faut alors que le re-
froidissement descende plus bas, éteigne la photosphère elle-même et la
rende à la fois opaque et obscure. |
» Pourtant cette idée si simple d’éclaircies pratiquées çà et là dans une
mince couche de nuages lumineux me semble bien être l'image exacte de
ce que nous voyons. C’est bien là ce qui existe, non pas localement, mais
sur la surface entiére du Soleil. Cette surface se compose partoul, en effet,
de très-petits amas plus ou moins réguliers de matière incandescente sépa-
Sa di TT Re
(1) « Mais si la masse gazeuse interne n’est pas lumineuse à cause de l'absence de matière
condensée, ne doit-elle pas pour la même raison être transparente? Et si elle est transparente,
la région opposée de la photosphère ne sera-t-elle pas visible à travers cette masse avec un
éclat à peu près aussi grand que la face qui est tournée vers nous? » (Herbert Spencer, dans
le Reader du 25 février 1865.) De son côté, le savant éditeur de cette Revue avait parfaite-
ment formulé la même objection en rendant compte de mon Mémoire sur la constitution
physique du Soleil.
( 405 )
- rés par des intervalles obscurs, et, à en juger par le mode habituel d’appa-
rition des taches, ce serait par l’exagération d’un de ces petits intervalles,
nommés pores avant l’examen plus attentif qui en a été fait de nos jours,
qu'une tache proprement dite se formerait. C’est aussi par l’effet inverse
que les taches disparaissent d'ordinaire : on dirait qu’elles se réduisent peu
à peu à l’état de simples pores. Pour moi, j'avais pensé que ces amas de
matière lumineuse et ces petits intervalles obscurs qui les séparent et s’agran-
dissent parfois tenaient à la même cause ; que les vapeurs dissociées qui vien-
nent de l’intérieur en courants verticaux, pour se condenser à la surface en
nuages lumineux, pouvaient bien être hors de proportion ou mélangées
de matériaux non susceptibles de produire le phénomène chimique qui
me semble être le fond de l’incandescence superficielle; qu’il suffisait
même que ces derniers éléments vinssent localement en plus grande abon-
dance ‘pour refouler les nuages lumineux et former, non plus des pores,
mais des taches. Mais ce ne sont pas mes idées dont il s’agit; il nous
faut suivre celles de M. Kirchhoff. Eh bien! proclamer d’une manière
absolue, comme le fait l'illustre physicien, que, quelle que soit la constitu-
tion du Soleil, les taches ne peuvent s'expliquer que par un abaisseméent
local de témpérature approchant ou dépassant la limite de l’incandescence,
et ce sous l'influence d’une cause extérieure, c’est à mon avis faire encore
trop bon marché des faits. Les taches nous offrent à chaque instant la
preuve matérielle que la disparition de la matière lumineuse n’est pas due
à un refroidissement local, mais à l'absence momentanée de matière douée
d'un grand pouvoir émissif, car des filets extrêmement ténus de matière
lumineuse y voyagent en tous sens, passent ou séjournent au-dessus du
noyau sans s’affaiblir et sans s'éteindre. Loin de s'éteindre au cœur même
de ce prétendu refroidissement local, ces sortes de ponts lumineux y brillent
souvent d’un éclat supérieur à celui de la photosphère. Je dirais même, si
Je ne craignais de faire intervenir dans ce débat des appréciations d’une déli-
Catesse extrême, quand je ne veux invoquer que les faits les plus vulgaires
et les plus simples, je dirais que dans le cas où ces arches lumineuses lan-
cées au beau milieu des taches viennent à se dissiper (au lieu de s’y établir
et de s'agrandir de plus en plus comme cela arrive si souvent), ce n’est pas
à la manière d’un corps que le froid éteint, mais à la façon d’un corps que
la chaléur dissipe en le vaporisant. J'ai l'honneur de mettre sous les yeux
de l’Académie quelques photographies solaires obtenues à l'Observatoire de
Key, dont je comptais me servir dans cette séance même pour expliquer
certains détails relatifs à une inégalité des taches en longitude; le phéno-
C. R., 1867, 17 Semestre, (T, LXIV, N° 9.)
(406)
mène que j oppose à M. Kirchhoff est si commun (1) qu’il m’a suffi de re-
courir à la petite collection que je dois à l'extrême obligeance de M. de
la Rive pour y trouver aussitôt la preuve de fait dont j'ai besoin.
» On conçoit actuellement le motif de l'hypothèse des nuages. M. Kirch-
hoff a pensé que l'hypothèse de cavités où manquerait simplement la ma-
tière lumineuse était insoutenable , qu’il fallait absolument avoir recours à
une cause toute locale de refroidissement , sous peine de se heurter à une
loi physique absolue.
» Ici, je me hâte de le reconnaître, nous sommes sur le terrain vraiment
scientifique où nous avait placés déjà l’objection des savants anglais; mais
J'oserai dire que M. Kirchhoff me paraît raisonner d’une manière beau-
coup trop absolue. D'abord les cavités des taches ne sont point une hypo-
thèse, mais un fait : il n’y a rien à changer là. D'autre part on ne peut, à
mon avis, comme les savants anglais de l'Observatoire de Kew le proposent,
modifier l'hypothèse herschelienne de manière à l’accommoder à une ex-
tinction locale, en faisant pénétrer jusque dans la photosphère, sous forme
de cyclone ou de tourbillon, lair relativement froid des couches supé-
rieures de l’atmosphère, car cette hypothèse n’est compatible ni avec le
mouvement des taches en latitude et en longitude, ni avec le phénomène
cité plus haut. Devant cette sorte d’impossibilité que nous rencontrons
partout quand nous voulons nous plier aux vues de M. Kirchhoff, il faut
bien se demander, puisque enfin les taches existent, si le principe de phy-
sique qu’on m'oppose est ici entièrement applicable (2), ou plutôt s’il ne
(1) Je veux parler ici de parties lumineuses, encore plus brillantes que la photosphère,
qui viennent s'établir à l’intérieur des taches. La structure spéciale de ces parties et celle de
la pénombre si bien étudiée dans ces derniers temps, en Angleterre et en Italie, n’indiquent
nullement l'existence d’un centre d'extinction, mais une action particulière, s’exerçant mé-
caniquement sur les parcelles lumineuses pour les séparer, les étirer en quelque sorte et les
orienter par rapport à un centre intérieur. Enfin les facules qui entourent presque toutes les
taches montrent assez qu'il ne s’agit pas là d’une extinction locale.
(2) Comme dans le cas des corps phosphorescents, pour lesquels le pouvoir émissif ne me
semble pas lié au pouvoir de transmission,
Il ne faut pas croire non plus que les taches soient obscures; elles ne paraissent l'être
que par un effet de contraste avec l’éclat bien plus vif de la photosphère. D’après une esti-
mation de Herschel I, la lumière émise par le noyau d’une tache serait 0,03, en prenant
celle de la photosphère pour unité. Celle-ci étant cent cinquante fois plus vive que la lumière
de Drummond, d’après MM. Fizeau et Foucault, il en résulte que l’éclat réel du noyau d’une
tache solaire serait quatre ou ciuq fois plus intense que l’incandescence produite sur la
chaux par le chalumeau à gaz oxy-hydrogène,
(407)
faudrait pas tenir compte de quelque circonstance ignorée qui en modifie-
rait l'application, soit dans la masse centrale du Soleil lui-même, soit dans
Ja distribution des températures au sein de couches dont la matière. passe
et repasse sans cesse de l’état de dissociation plus ou moins complète à l’état
de combinaison chimique. Je ne vois pas ici, comme M. Kirchhoff, d’impos-
sibilité ou de contradiction, mais un simple problème qui se formulerait
ainsi : en admettant que les taches soient de simples éclaircies (ce sont, à
coup sûr, des cavités) dans les nuages lumineux qui constituent la photo-
sphère, expliquer comment il se fait qu’on n’aperçoive pas par ces cavités,
à travers le corps entier du Soleil (150 000 lieues d'épaisseur), la face in-
terne diamétralement opposée de la photosphère avec tout son éclat. En
attendant qu’on trouve à ce problème une solution meilleure que la
mienne, je continuerai à appliquer le calcul aux mouvements des taches,
sans regretter que mon hypothèse m’ait persuadé que ces mouvements,
soumis en réalité à des lois si simples, sont placés sous la dépendance de
la masse même du Soleil, et non sous celle d’une mince atmosphère
extérieure.
» En rappelant, dès le début de ces remarques, la cause de cette discus-
sion, j'avais l'intention de revenir à M. Spoœærer. On voit, par ce qui précède,
l'origine des objections que ce savant a dirigées contre mes travaux sur la
Parallaxe des taches. J'avais réduit le problème en formules, et j'avais ap-
pliqué ces formules à de magnifiques séries d'observations anglaises. La
résolution numérique des équations de condition devait me donner la dis-
lance de chaque tache à la surface du Soleil, avec le signe + si le fond de la
tache se trouvait au-dessous, avec le signe — si elle se trouvait au-dessus.
Le calcul, en donnant +, donnait tort à l'hypothèse des nuages : de là la
controverse ; de là aussi le soupçon énoncé par M. Spærer que les observa-
tions dont je m'étais servi pourraient bien être entachées d’une erreur con-
Sante. On peut juger maintenant et l'hypothèse des nuages et le débat
primitif dans lequel M. Kirchhoff est venu porter le poids de son autorité
Personnelle en opérant une savante diversion. »
TOPOGRAPHIE, — Note sur une propriété de l'équation différentielle des lignes
de plus grande pente ; par M. Brerox (ne Camp).
à « Lorsqu'on se propose de déterminer sur une surface donnée les lignes
€ faîte et de thalweg, la difficulté est d’assigner les caractères géométriques
Par lesquels ces lignes se distinguent des lignes de plus grande pente ordi-
5
( 408 )
naires, J'ai été assez heureux pour y parvenir, dans quelques cas, par descon-
sidérations géométriques (*). Je demande aujourd’huila permission d’appeler
l'attention sur une propriété de l’équation différentielle des lignes de plus
grande pente, qui semble promettre beaucoup plus.
» Soit F (x, y, z) = 0 l'équation d’une surface rapportée à trois axes rec-
tangulaires ox, 0y, oz, ce dernier étant supposé vertical. Si l’on forme
l'équation
et que l’on en élimine z au moyen de la proposée, l'équation ainsi obtenue
e dy
(er, 2) = O,
est l'équation différentielle de la projection des lignes de plus grande pente
de la surface sur le plan xoy.
» Oril arrive, et c’est là le fait, assurément très-remarquable, qui forme
l'objet de la présente Note, que les intégrales de cette équation qui ré-
pondent aux lignes de faite et de thalweg de la surface proposée s’obtien-
nent sans que l’on ait besoin de connaître l'intégrale générale; et toutefois
elles en sont des cas particuliers. Voici quelques exemples qui éclairciront
ma pensée.
» I. Soit, en premier lieu,
m2 2
F(x,y z) = ++
2
pe — L = Q.
La surface que cette équation représente est un ellipsoïde à trois axes iné-
gaux. On sait à priori que les sections principales contenues dans les plans
yOz, zox sont des lignes de faite au-dessus du plan xoy et des lignes de
thalweg au-dessous de ce même plan. Or, ici on a (dans ce qui va suivre
nb: dy d
J ecrirai y’, y” pour F 75
IKEJ J) = bay’ — ad y =o.
On satisfait à cette équation : 1° en faisant y = 0, car il en résulte y’ = 0,
quelque valeur que l'on attribue à x; 2° en divisant les deux termes par y’
et faisant ensuite x =o, car il en résulte J'=®, et ces deux termes
(*) Comptes rendus, t. LIII, p. 808 et suiv.
( 409 )
s'anéantissent en même temps. Nous retrouvons ainsi les deux sections
principales contenues dans les plans oz, zox.
» II. Supposons, en second lieu, que l’on ait
este
—1=0,
équation qui représente une surface cylindrique. On trouve, sans dif-
ficulté,
HART (a? + by) (my — nx? — (b? my' — an) — 0.
En différentiant cette dernière équation, il vient celle-ci :
[y (my—næ}— m(b’my'— aè n)}b? y” + (a° +b”) my" —n)(my-nx) =0,
qui est du second ordre. En posant my’ — n = o, on anéantit le terme in-
dépendant de y”; et comme, par cette même condition, on a y” = o, le
terme en y” se réduit pareillement à zéro. Cette dernière équation se trouve
donc satisfaite.
» En même temps, notre équation du premier ordre devient
(œ m? + br?) (my — nx} — (a? — b?} mnr? = o.
Il est facile de s'assurer qu’elle répond à deux génératrices de la surface
qui coupent à angle droit les sections horizontales, et dont l’une est une
ligne de faite et l’autre une ligne de thalweg.
» II. Pour avoir un exemple un peu plus général, considérons une sur-
face conique ayant son sommet à l’origine des coordonnées. On a, dans
ce cas,
F(x,7,2)= 9 (Z)—i=e,
en désignant par ọ une fonction quelconque. On trouve, en mettant & au
lieu de z pour abréger l'écriture,
S(x, y; y')= y'[p (8) — ap (x)}= p (x) =0;
en différentiant cette équation, on obtient celle-ci :
J [g (2) — ap (a)]— = (1 + ar") (y — ajg” (a) — 0,
à laquelle on satisfait en posant y’ — « = 0, d’où y= cx, c étant une
constante à déterminer, et y=
( 410 )
» Pour avoir la valeur de c, il faut faire y'= c, a = c dans l'équation
du premier ordre, d’où résulte celle-ci :
cg je) = (tHe
Les génératrices de la surface qui répondent aux racines de cette équation
coupent à angle droit les sections horizontales et sont de véritables lignes
de faîte et de thalweg.
» IV. Prenons pour dernier exemple la surface qui a pour équation
F(x, y, 2) = (x — Rcosë} + (y — Rsinë&}? — r? = 0,
& étant une fonction quelconque de z. Cette surface est engendrée par une
circonférence de cercle horizontale, de rayon r, dont le centre est à la dis-
tance R, supposée constante, de l’axe oz. Le lieu de ce centre dépend de la
nature de la fonction & ; c’est une hélice quand & est proportionnel à z. En
laissant cette fonction complétement indéterminée, elle disparait par Péli-
mination, et on a pour l'équation des lignes de plus grande pente
J (X, Y, J’) = (X +7 +r R?) (1 +7”) — 4P (x+ yy) =o.
Or, la différentielle de x? + y? + r? — R?étant 2 (x + yy’), on satisfera à
cette équation en posant
x? + ET — R? A r
équation d’une circonférence de cercle qui répond à de véritables lignes de
faite et de thalweg, comme je l’ai fait remarquer dans une communication
déjà citée, pour le cas où le lieu du centre de la circonférence génératrice
est une hélice. »
PHYSIQUE, — Sur les changements de température produits dans le mélange
des liquides; par M. Berraxcor. Lettre à M. Bussy.
« Je vous demande la permission de profiter des nouvelles et très-impor-
tantes expériences que vous venez de publier avec M. Buignet, pour y cher-
cher une vérification d’une formule que j'ai donnée dans mon Mémoire
sur la chaleur dégagée dans les réactions chimiques (1). Cette formule, qui per-
met de comparer les quantités de chaleur dégagées par les réactions à
diverses températures, est la suivante :
Q=Q,+U— V,
(1) Annales de Chimie, 4° série, t. VE, p. 304.
( 4i )
» Q; représente la quantité de chaleur dégagée par un système de co rps
réagissant à la température T;
» Q, la quantité analogue, etc., correspondante à la température #;
» U, la quantité de chaleur nécessaire pour porter de £ à T les cor ps pri-
mitifs envisagés séparément ;
» V,la quantité de chaleur dégagée par les produits de la réaction, 1 orsque
la température s’abaisse de T à £.
» Soit un système de deux liquides, tels que ceux que vous avez e xpéri-
mentés ; dans ce cas,
U=(mc+mc,)(T—t), V=(m+m,)C(T —t),
m, m, représentant les poids des corps réagissant, c, c, leurs cha leurs spé-
cifiques moyennes durant l'intervalle (T — £), et C la chaleur spécifique
; ; er noo +
moyenne du mélange, après la réaction, dans le même intervalle ee.
1
est la quantité que vous appelez capacité théorique moyenne )-
» Ceci posé, soitun mélange de deux liquides qui dégage de la chaleur :
la formule indique que la quantité totale de chaleur dégagée s'accroît, dimi-
nue ou demeure constante, quand la température initiale du mélange de-
vient plus élevée, suivant que l’on a
> tri me + Mme >
mc + m,c, =(m+m,)C, c’est-à-dire ————=c.
z MAME <
» Soit, au contraire, un mélange qui absorbe de la chaleur : la quantité
totale de chaleur absorbée prendra une valeur absolue plus grande, con-
stante, ou plus petite, par l'effet d’une température initiale plus élevée,
selon que l’on aura
& x Tr me + Mic: <
me + mic, a (m + m,)C, c'est-à-dire E A =C.
» Ces conséquences peuvent être comparées avec quelques-unes de vos
expériences. Ainsi, un mélange d’acide cyanhydrique et d’eau, à poids
égaux, étant opéré à 14 degrés, a éprouvé un abaissement de tempéra-
ture de — 9°,75. Que doit-il arriver à une température initiale plus basse,
4 Zero par exemple? Vous avez trouvé
C=o,832 et "= 0,794 (1).
; (1) Ces chiffres répondent à des valeurs moyennes relatives à 18°,5, lesquelles peuvent
etre admises comme indiquant le sens du phénomène pour les températures voisines.
( 412)
» Donc la quantité de chaleur absorbée doit diminuer, si l’on opère le
mélange à une température initiale moins élevée. En effet, l abaissement de
température du mélange, à partir de zéro, a été seulement de —6°,4. De
même pour le mélange de sulfure de carbone et d'alcool, à volumes égaux :
opéré à 21°,9, il s’abaisse de — 5°,6, et, à zéro, il s'abaisse seulement
de — 3°,0. Or
C = 0,390, et Te = 0,367.
» Il est probable que les chaleurs spécifiques de ces mélanges, de même
que celles des liquides simples, varient rapidement avec la température. Si
me + mic,
leur différence avec le produit conserve le même signe pendant un
m+ m,
certain intervalle de température, ce qui est vraisemblable, on arrive à cette
conclusion que les abaissements de température, éprouvés par un mélange
de sulfure de carbone et d’alcool, doivent devenir nuls, un peu au-dessous de
zéro, puis se changer ensuite en une élévation de température. Cette inver-
sion du phénomène doit même exister, dans la plupart des cas où l’abaisse-
ment de température éprouvé par un mélange coïncide avec un accroisse-
ment notable dans la chaleur spécifique. Il y aurait donc, pour le mélange
des deux liquides dont il s’agit, deux températures correspondantes à un
dégagement nul de chaleur : l’une répond à cet état particulier que je viens
de signaler, et produirait seulement une variation dans la chaleur spéci-
fique. L'autre température est celle à laquelle le mélange est complétement
dissocié : elle exige en général que les liquides prennent l’état gazeux,
et elle doit être précédée par une variation continue de la différence entre
les chaleurs spécifiques du mélange et la moyenne de celles de ses com-
posants. On doit probablement observer aussi un changement dans la cha-
leur de vaporisation normale du liquide qui se sépare le premier du mé-
lange, en prenant l’état gazeux. La somme de ces effets, convenablement
calculée (1), représente la chaleur dégagée ou absorbée au moment du
SEA T me + mic
(1) Q= (m + m) f (c- mime) dt; T étant une température supérieure à
et
« !
celle à laquelle les deux liquides sont réduits entièrement en vapeur, et telle que les vapeurs
coexistent, à la façon des gaz mélangés, sans exercer d'action réciproque sensible ; C, €, ĉi
étant des fonctions continues de la température convenablement définies. Elles répondent
ani chaleurs spécifiques élémentaires, pour létat liquide et pour létat gazeux ; mais, pendant
l'intervalle dans leqnel les corps passent de l’un de ces états à l’autre, le sens de ces fonc-
tions est plus complexe, car elles embrassent alors les chaleurs de vaporisation.
(45)
mélange des deux liquides. Mais ce sont là des questions qu’il serait peu
convenable pour moi d'aborder ici plus longuement, en présence des beaux
résultats auxquels vous êtes déjà parvenu. »
« À l’occasion de cette communication, M. Bussy dit à l’Académie que,
dans le dernier numéro des Comptes rendus, qui contient le résumé du tra-
vail qu'il a présenté en son nom et en celui de M. Buignet, se trouve un
tableau, p. 338; dont les trois dernières colonnes n'étaient pas destinées
à l'impression. Ces colonnes, qui renferment des déductions théoriques
distinctes des données expérimentales, doivent être distraites du Mémoire,
ainsi que les conséquences qui s'y rapportent, jusqu’à ce que les auteurs
aient terminé les expériences qu'ils continuent sur ce sujet. »
CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur quelques conditions générales qui président aux
réactions chimiques; par M. Berragcor.
« Je crois que l’on peut formuler ce principe général : que toute réaction
chimique, capable de donner lieu à un dégagement notable de chaleur, se
produit nécessairement et d'une manière directe, toutes les fois qu’elle sa-
tisfait aux conditions suivantes, dont la première seule est fondamentale :
» 1° La réaction est comprise dans la catégorie de celles qui atteignent
leurs limites dans un temps très-court, à partir de leur commencement
» 2° La réaction est comprise dans la classe de celles qui commencent
d'elles-mêmes, à la température initiale des expériences. — Les réactions
exclues par cette condition s’opèrent conformément au principe, dès
qu’elles sont amenées à se produire, sous l'influence d’une élévation de
température, ou autrement.
» 3° Enfin, les corps primitifs et les corps résultants appartiennent aux
mêmes types, c’est-à-dire aux mêmes fonctions chimiques. — J'introduis
cette condition pour simplifier la prévision des phénomènes; mais elle ne
me parait pas indispensable.
» Ce principe embrasse toutes les réactions rapides qui se produisent
d'elles-mêmes entre les gaz et la plupart des réactions opérées par voie
humide, telles que les doubles décompositions salines, les déplacements
réciproques des métaux par les métaux, des acides par les acides, des bases
par les bases, etc. (1). Il domine les lois de Berthollet; car il conduit aux
(1) Il y à lieu à une discussion spéciale pour le cas où un corps se sépare sous forme
gazeuse, et pour des cas particuliers de liquéfaction et de diffusion. Mais cette discussion,
tr su or de Lei
ya longue pour figurer ici, confirme en général et précise le principe.
C.R., 1867, 17 Semestre, (T. LXIV , N° 9.) 56
(414)
mêmes prévisions, dans les cas où ces lois se vérifient, et il prévoit les cas
où elles sont en défaut, tels que le déplacement de l’iode, corps fixe, par le
chlore, corps gazeux, ou bien encore la dissolution par les acides forts des
sels insolubles formés par les acides faibles, etc.
» Les exemples numériques abondent trop pour en citer aucun ici. Ce-
pendant il m’a semblé intéressant d’appliquer à la vérification du principe
quelques résultats curieux et en apparence anormaux, observés par
M. Deville. Soit la décomposition du chlorure d’argent par l’acide iodhy-
drique : pour calculer la chaleur dégagée dans la réaction, on peut rai-
sonner de la manière suivante. On forme l’iodure d’argent et l'acide chlor-
hydrique en suivant deux routes différentes :
- Première route. Deuxième route.
ASer Apka r dégage. 18600 | Ag— Cl = AgCl... dégage. 34800
H + CI = HCI (dissous) ...... 40200 H + I = HI (dissous)..... 15000
58800 49800
è | AgCI+ HI AgI + HCI..... Z
» Donc il y a un dégagement de gooo calories : le calcul aurait permis
d'annoncer à priori la réaction. ;
» Elle aurait lieu également avec l'hydracide gazeux, circonstance dans
laquelle le calcul indique 1 1000 calories dégagées.
» La réaction de l'acide iodhydrique sur le bromure d'argent répond,
avec le gaz, à 5900 calories; en présence de l’eau, à 6400. Elle pouvait donc
être prévue. Enfin la réaction de l'acide bromhydrique sur le chlorure d'ar-
gent répond, avec le gaz, à 5000 calories; avec l'acide dissous, à 2600.
» On voit, par ces calculs, que la décomposition du chlorure d'argent
par l'acide iodhydrique est aussi normale et facile à prévoir que celle de
l’iodure d'argent par le chlore.
» Les mêmes calculs montrent que le chlorure de potassium doit être
décomposé par l’acide iodhydrique ; ce que j'ai vérifié, en évaporant le mé-
lange des solutions des deux corps (1) : un léger excès d’acide iodhydrique
suffit pour déplacer complétement l'acide chlorhydriqne. Les chlorures de
sodium, de baryum, etc., sont également décomposés par le même acide. »
sas RE
(1) Au contraire, HCI précipite KCI dans une solution concentrée de KI. Mais ce renver-
me di phénomène répond à un dégagement de chaleur, dù à la séparation du sel cris-
tallisé : il est donc conforme au principe. g
e (4:55)
CHIMIE APPLIQUÉE. — Sur le verre. Note de M. L. Cremanpor, présentée
par M. Pelouze.
« À propos du récent travail de M. Pelouze sur les verres, M. Bontemps
a adressé à l’Académie quelques remarques desquelles il résulterait que ce
ne serait pas à la silice que serait dù le phénomène de la dévitrification,
mais à la chaux.
» Je demande la permission, comme ancien verrier, de venir apporter
mon tribut d'expérience dans la question intéressante dont il s’agit, et de
soumettre à l'appréciation de l’Académie un fait qui me prouve que, dans
certaines circonstances, la dévitrification peut être due seulement à un
exces de silice.
» En effet, en cherchant, pour les besoins de l'optique, à fabriquer un
crown-glass très-simple de composition et probablement très-dispersif, je
fis un verre exclusivement composé de silice et de soude SANS CHAUX, avec
très-grand excès de silice, dont je mai plus sous la main les dosages. La
masse ayant été soumise pendant un très-long temps à une très-haute tem-
pérature, la fusion se produisit d'une manière complète. Alors, à la plus
haute température, je retirai un morceau de verre transparent, inaltérable,
que j'ai conservé après plus de dix ans de fabrication; mais la masse de
verre laissée dans le creuset, par le refroidissement lent, se dévitrifia d’une
manière complète, et j’eus une matière opaque, blanche, ressemblant au
feldspath, Cette matière, abandonnée à l'air, absorba l'humidité, se détruisit
comme un sel de soude ordinaire, carbonate, sulfate, phosphate, tandis
que, je le répète, le même verre, refroidi brusquement, est resté intact.
» On conclura certainement de cette expérience qu'un verre, même ne
contenant pas de chaux, peut se dévitrifier; que, dans le cas actuel, c’est le
trop grand excès de silice qui a amené la dévitrification. Vous avez donc,
suivant moi, rendu un véritable service en cherchant à détruire dans l’es-
prit des verriers cette opinion préconçue, qu'un verre sera d’autant plus
solide qu'il contiendra plus de silice. Ten tire de plus cette conséquence, que
pour former un verre il faut nécessairement ou un silicate double alcalin
terreux (le verre), ou un silicate double alcalin métallique (le cristal ).
» J'ajouterai encore que, pour moi, un verre est d'autant plus solide,
d'autant plus inaltérable à l'air, aux agents atmosphériques, etc., qu'il est
plus complexe, c’est-à-dire qu’il contient un plus grand nombre de bases
différentes dans sa composition. |
56..
(PR) ə
» Enfin, et pour en revenir à l’opinion de M. Bontemps, si un verre est
trop calcaire, sa dévitrification peut être due à un excès de chaux, mais
elle peut tout aussi bien être due à un excès de silice, à un excès d’alcali,
même à un excès de plomb, à toute substance, en un mot, introduite
jusqu’à refus dans sa composition. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Faits relatifs aux matières colorantes dérivées de la
houille. Note de MM. De Lamr, Cu. Giaro et CHAPoTEAUT, présentée
par M. Pelouze. ;
« Dans une précédente Note nous avons décrit sommairement deux bases
nouvelles : la première, dérivée de 3 atomes d’aniline soudés ensemble avec
élimination de 6 équivalents d'hydrogène; la seconde, dérivée de la même
maniere de la toluidine. Nous avons désigné la première sous le nom de
violaniline, la seconde sous celui de chrysotoluidine.
» Lorsque l’aniline qu'on emploie pour la préparation de la violaniline
n'est pas absolument pure et tout à fait privée de toluidine, le produit de la
réaction ne contient pas seulement de la violaniline. La triamine triphény-
lique est alors accompagnée d’une trés-faible quantité de rosaniline, et en
outre, en plus forte proportion que cette dernière, d’une autre substance
également basique, dont les sels possèdent des propriétés tinctoriales
remarquables.
» Cette nouvelle substance et ses sels se différencient nettement par l'en-
semble de leurs propriétés chimiques et physiques, tant de la violaniline
que de la rosaniline,
» Nous avons réussi à isoler et à purifier cetle matière colorante, pour
laquelle nous proposons le nom de mauvaniline. Cette dénomination rap-
pelle à la fois le mode de dérivation de la substance et la couleur qu’elle
communique aux tissus. ;
» L'analyse de la mauvaniline, contrôlée par celle de ses sels, donne pour
sa composition centésimale les nombres suivants :
A A ETEN D . 76,9 77,0 770
MR nu. 6,2 6,4 6,1
uen à UC PRET 14,0 14,20 14,1
Oxygène... ent: Pr e.
Ces nombres diffèrent fort peu des nombres calculés :
Carbone... ..
E N A saei o3
Hydrogène, . ..,,.. e E er 78° 08. ʻ
ote
Ru a de RS der cou 14,22
Oxygène.. a r onn. k
(417)
Ils correspondent à la formule brute
C: H" Az, HO,
qu'on peut écrire : arte |
2
C'?H',H}Az°,H0,
c“ H4,H
Cette notation n'a rien d’arbitraire, ainsi que le prouvent les faits qui
suivent : i
» 1° La mauvaniline prend naissance lorsqu'on traite par un agent oxy-
dant convenable un mélange d’aniline et de toluidine, dans lequel l’aniline
domine : avec de l’aniline pure, ou bien de la toluidine pure, on n'obtient
pas de mauvaniline.
» 2° La formation de la mauvaniline est toujours accompagnée de pro-
duction d’eau.
» 3° La mauvaniline contient 3 atomes d'hydrogène, remplaçables par
du méthyle, de l’éthyle, du phényle ou du toluyle.
» 4 Soumise à la distillation sèche’, elle se décompose : on retronve,
dans les produits de sa destruction, à la fois les monamines primaires et
secondaires des radicaux phénylique et toluylique.
» La mauvaniline dérive donc de 2 molécules d’aniline et de 1 de tolui-
dine, soudées ensemble, en perdant 6 atomes d'hydrogène sous l'influence
d’un agent oxydant ; équation qui exprime sa formation est la suivante :
2C" H Az + C'*H° Az — 6H =C" H" Az? ~
. » On voit l'analogie frappante qui existe entre la constitution de la
rosaniline et celle de la mauvaniline.
» La violaniline, la mauvaniline, la rosaniline, la chrysotoluidine for-
ment les quatre premiers termes consécutifs d’une progression arithmé-
tque dont la raison est C2H°.
» A cette série viendront très-probablement s'ajouter, dans un avenir
prochain, un grand nombre d’autres termes, appartenant à la classe des
iriamines, qui seront composés avec les monamines primaires aromatiques
Comme la violaniline et la rosaniline le sont avec l’aniline et la toluidine.
» Tl résulte de ce qui précède que la mauvaniline doit être un produit
normal de la réaction des agents oxydants sur l’aniline du commerce, de
même que la violaniline et la chrysotoluidine. Nous avons, en effet, constaté
à Présence de la mauvaniline dans les résidus de la préparation industrielle
( 418 )
des sels de rosaniline : nous pensons même que souvent la teinte très-viola-
cée que présentent certains rouges d’aniline du commerce est due à une
quantité plus ou moins grande de cette nouvelle triamine, tandis que, dans
d’autres cas, la teinte plus ou moins jaune des sels de rosaniline commer-
ciaux dépend d’une certaine quantité de chrysotoluidine qu’ils renferment.
C’est ce que permettent d'expliquer les procédés de fabrication en usage
dans certaines usines, et les propriétés de la mauvaniline et de la chryso-
toluidine.
» La mauvaniline est une base cristallisée; ses cristaux, d’un brun clair,
se foncent par l’action de la chaleur. Maintenus, même pendant plusieurs
heures, dans une étuve, entre 120 et 130 degrés, ils retiennent t équivalent
d’eau, qu'ils ne perdent qu’en se décomposant sous l’action d’une tempéra-
ture plus élevée. La mauvaniline est soluble dans l’éther, la benzine, l'al-
cool. Elle est insoluble dans l’eau froide, très-peu soluble dans l'eau bouil-
_ Jante. Elle se dissout dans les acides et forme avec eux des sels. Ces sels
cristallisent, particulièrement l’acétate et le chlorhydrate. Ils présentent un
reflet vert bronze, analogue à celui des sels de rosaniline. Ils sont un peu
solnbles dans l’eau froide, assez solubles dans l’eau bouillante, dans l’eau
fortement acide. Leur pouvoir tinctorial est comparable à celui des sels de
rosaniline et communiquent à la soie et à la laine une très-belle couleur
mauve.
» La mauvaniline triphénylique s'obtient en faisant réagir l’aniline sur
la mauvaniline :
CHAZ + 3C'2H'Az = CHH" Az" 3 AzH°;
c’est une base cristallisée d’un blanc jaunâtre. Elle est soluble dans l’éther,
dans l'alcool, insoluble dans l’eau. Ses sels ont toutes les propriétés d'une
magnifique matière colorante bleue.
» La mauvaniline triéthylique s'obtient, comme la rosaniline éthylée, par
le procédé donné par M. Hofmann. Elle est blanche et cristallisée. Elle se
dissout dans l’éther, l'alcool; ses sels se dissolvent dans l’eau, et teignent
la laine et la soie en beau violet bleu.
» Dans le cours de notre travail, nous avons, ce qui nous eût été impos-
sible sans les recherches antérieures de M. A.-W. Hofmann sur la Rosaniline
préparé et isolé les substances suivantes :
Violaniline. Mauvaniline. Chrysotoluidine.
C°H', H C°H:, H C“H',H)
C2H', H } A%. c? W; H } Az. CHA: H } Az’.
C°H:, H C“HS, H |) CH, H |
Violaniline Mauvaniline Chrysotoluidine
triméthylée. triméthylée. triméthylée.
C2 H‘, C? H? C2EH!, C? HB? | CH, CH?
CR, CH } Az". C'H C'HE; AZ. C'“H°, C'H° A75
C2 FF; C? H? C H5, E? H? | (O H°, C? H?
. Violaniline Mauvaniline Chrysotoluidine
triéthylée. triéthylée. triéthylée.
CUES C: H? C'2 p, Cí H? C! H5, C: Hè
CH, C'H')Ar, C'’H', C‘H° } Az. CH, C‘H: } Az:.
C2H4 Cí H° C“ H‘, C'Hè C“ H’, C' B°
Violaniline Mauvaniline Chrysotoluidine
triphénylée. triphénylée. triphénylée.
CYH‘, C2 Hè : C°H!, c2 pè cH c2 Hê
Ce Ht GHH: YAZ. C?H’, C2H5} A7. C“H’, CH } Az?
CeH:, C2 Hè C'H:, Ce Hè c“ pe, Ce H’
Violaniline Mauvaniline Chrysotoluidine
tritoluyiée. tritoluylée. tritoluylée.
ia i 0 Ci‘ H’ c” H, c" H’ (O H’, (HS H’
CoR CUH’ | Az. CPH‘, C“H: } Az. C“HS, CH} Az’.
OH C“H’ CH, CH? CH, C':H!
( 419 )
» Les limites de cette Note ne nous permettant pas d’entrer dans de plus
amples détails sur ces diverses substances, nous nous bornerons à cet
exposé sommaire. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les polymères du valérylène. Note de
M. E. Resor, présentée par M. Balard.
_ « L’acide sulfurique concentré agit énergiquement sur le valérylene,
lorsqu'on l’agite avec lui. L'échauffement est tel, qu'il ne faut ajouter
l'hydrocarbure que peu à peu, et refroidir chaque fois avant d'ajouter une
nouvelle portion, Les toutes premières semblent se dissoudre; mais il se
( 420 )
sépare bientôt une couche huileuse, qui surnage et qui est colorée en rouge
violacé très-foncé. L’acide est coloré aussi, mais un peu moins fortement.
On ajoute de l’eau, on agite, et on lave la couche supérieure décantée avec
une solution de potasse ou de carbonate de potasse. La couleur disparait
presque entiérement et il reste une huile assez épaisse colorée en jaune.
L’acide sulfurique étendu séparé de cette huile ne fournit qu’une quantité
insignifiante d'un sel de: baryte très-hygroscopique lorsqu'on l’évapore
après l'avoir saturé par du carbonate de baryte. ; $
_» L'huile jaune soumise à un système convenable de distillations frac-
tionnées fournit :
» 1° Un liquide très-mobile, plus léger que l’eau, bouillant à 175 ou
177 degrés, d’une odeur forte et suave, rappelant à la fois celle de l’essence
de menthe et celle de l'essence de térébenthine. Ce liquide, qui est inso-
luble dans l’eau, donne à l’analyse des résultats qui concordent exactement
avec la formule 2 C°H, H*0. C’est donc un hydrate de divalérylène, tout à
fait comparable à l’hydrate de diamylène, et qui est probablement Péther
du monohydrate de valérylène ou pseudalcool valérylénique, dont j'ai si-
gnalé l'existence dans une récente communication.
_» 2° Un liquide qui passe à la distillation de 265 à 275 degrés, oléagi-
neux, jaunâtre, insoluble dans l’eau, d’une densité de o, 862 à la tempéra-
ture 15 degrés. Son odeur est celle de l'essence de térébenthine, avec la-
quelle il est isomérique, comme le valérylène lui-même dont il possède
d’ailleurs exactement la composition centésimale. Quoique sa densité de
vapeur n'ait pas été déterminée, il n’est pas douteux, vu son point d’ébul-
lition, que c’est le trivalérylène (CH) = GH”. Le triamylène (G°H"°)°
bout à 247 degrés. | R Fe
» Ce n’est point là le seul polymère qui se produise par l’action de l'acide
sulfurique sur le valérylène. Si l’on continue à distiller le liquide qui n’a
point passé avant 275 à 280 degrés, le point d’ébullition monte constamment
en même temps qu’il passe un liquide de consistance de plus en plus oléagi-
neuse. En arrétant la distillation à 350 degrés, il reste dans le vase distilla-
toire un résidu assez abondant, qui, par le refroidissement, se prend en une
masse semi-transparente d’un jaune brunâtre presque solide, et qui n’est
qu'un mélange de valérylènes plus condensés.
» L’acide sulfurique étendu du tiers de son volume d’eau agit comme
l'acide sulfurique concentré, quoique d'une manière moins énergique ;
bien qu’elle le soit encore assez pour qu’il soit bon de n’ajouter le valéry-
lene que peu à peu et de refroidir de temps en temps. Avec de l'acide sul-
( 421 )
furique plus étendu (de la moitié de son poids d’eau ou à peu près de son
volume), échauffement n’a lieu qu’au bout d’un certain temps et d’une agi-
tation fréquemment répétée ; aussi peut-on opérer sur toute la masse du valé-
rylène à la fois, en refroidissant un peu le vase dès qu'il devient trop chaud.
Dans ce cas, l'hydrogène carboné se colore beaucoup moins que dans le
second et à fortiori que dans le premier. A mesure que l'acide employé est
plus étendu, on remarque que le produit de la réaction est plus riche en
éther 2C°H°, HO et en trivaléryléne (G*H° }, et moins riche en polymères
plus condensés. D'ailleurs, dans aucun cas, quel que fût le titre de l’acide
sulfurique, il ne s’est formé ni hydrate de valérylène ni divalérylène.
» Le chlorure de zinc chauffé à 160-180 degrés avec le valérylène le
modifie moléculairement en donnant les mêmes polymères que l'acide
sulfurique.
» Ainsi, avec le valérylène et l'acide sulfurique, point d’acide valéry-
lénosulfurique analogue à l'acide acétylénosulfurique obtenu par M. Ber-
thelot; point d’hydrate de valérylène correspondant à l'alcool acétylique de
ce chimiste. Il nese forme qu’un hydrate de divalérylène et des polymères
de l’hydrocarbure générateur, à partir du corps très-condensé (C°H*)°. »
PHYSIOLOGIE. — De l’action du sulfate de quinine sur le système nerveux ;
par M. A. Eurexeurc.
« Des expériences faites sur des grenouilles, pour étudier les effets phy-
siologiques du sulfate de quinine, mont fourni les résultats suivants :
» 1. Le sulfate de quinine, appliqué au moyen de l'injection hypoder-
mique (de 3 à 12 centigrammes) produit, après une à cinq minutes, une
lésion forte de la respiration et des mouvements du cœur.
» 2. La respiration devient irrégulière, faible; les mouvements des
flancs s'arrêtent d’abord, puis ceux de la région jugulaire et nasale. L'arrêt
absolu des mouvements respiratoires s'opère, avec les grandes doses au bout
de dix à quinze, avec les petites au bout de quinze à soixante-dix minutes.
Aussi, avec les premières, la fréquence des mouvements respiratoires tombe
Continüment et d’une manière très-rapide, tandis qu'avec les petites doses
cette diminution de fréquence est irrégulière et souvent interrompue par
une augmentation passagère.
» 3. Les dérangements de l’action du cœur se manifestent surtout dans
un décroissement de force et de fréquence des contradictions cardiaques,
C. R., 1867, 127 Semestre, (T. LXIV, N° 9.) 57
( 422)
décroissement lent, mais continu, et ne dépendant nullement des troubles de
la respiration ; les pulsations du cœur cessent même beaucoup plus tard que
les mouvements respiratoires, quelquefois au bout de quatre à cinq heures.
» 4. L'effet observé sur le cœur n’est pas non plus le résultat d’une in-
fluence exercée sur les nerfs vagues et sur la moelle allongée; il se produit
encore, les nerfs vagues étant auparavant coupés; il résulte plutôt de
l’action du poison sur la substance musculaire du cœur et sur les ganglions
excitomoteurs situés dans le cœur même.
» 5. Le cœur arraché et plongé dans une solution (1 à 6) de sulfate de
quinine neutre perd bien vide son incitabilité, mais pourtant plus tard qu’un
muscle volontaire traité de même.
» 6. Les pulsations des cœurs lymphatiques (postérieurs) sont retardées
et suspendues par l'effet du poison; l’arrêt absolu de ces organes devance
encore, dans la plupart des cas, la cessation des mouvements respiratoires.
» 7. Quelques minutes après l'empoisonnement, simultanément avec la
faiblesse respiratoire, on observe dans les animaux un manque absolu de.
réaction pour les irritations externes. La plus forte irritation chimique ou
mécanique de la peau ne donne plus lieu à aucun mouvement, excepté
dans la cornée qui conserve, un peu plus que tout le reste, son irritabilité.
» 8. Cette perte générale d'irritabilité ne résulte ni d’une lésion dans les
terminaisons périphériques des nerfs sensibles, ni d’une lésion dans leurs
fibres conductrices, ce qui se prouve facilement au moyen d’empoison-
nements unilatéraux exclusifs; elle dépend d’un trouble de fonction dans
les appareils intermédiaires Spinaux auxquels on doit attribuer les mouve-
ments réfléchis. Le trouble de fonction se manifeste déjà à un moment où le
passage centripète jusqu’au cerveau est encore libre et où peuvent surgir
encore des mouvements spontanés. Donc, le sulfate de quinine agit d'abord
sur les foyers centraux des mouvements réfléchis dans la moelle, et ensuite sur
les foyers cérébraux de la sensibilité et de la motilité volontaire.
» 9. L'action réfléchie est suspendue de la même manière, qu’elle soit
en état de santé ou de maladie, si l’on a pratiqué d’abord l'injection d’une
petite quantité de nitrate de strychnine (of",001). La strychnine et la quinine
sont des antagonistes à l ‘égard de leur action réciproque sur les mouvements
réfléchis.
» 10. Le sulfate de quinine n'agit pas sur la contractilité musculaire, ni
sur l'irritabilité des nerfs moteurs, ni de
intramusculaires.
muscle volontaire,
leurs extrémités périphériques
Appliqué directement sur la section transversale d’un
il détermine des contradictions, il prive très-rapidement
( 433 )
dď'irritabilité le muscle plongé dans ladite solution, il magit pas sur la sec-
tion transversale d’un nerf moteur. »
ZOOTECHNIE. — Sur le mode de production de certaines races d'animaux
domestiques. Note de M. C. Daresre, présentée par M. Blanchard.
« Pétude des anomalies graves de l’organisation animale a fait, depuis
deux siècles, le sujet de très-nombreuses études, et les travaux des deux
Geoffroy Saint-Hilaire sur la détermination et la classification de leurs
types constituent l’un des monuments scientifiques de notre siècle et de
notre pays. Mais on a beaucoup trop négligé l’étude des anomalies légeres.
Et cependant cette étude a elle-même une très-grande importance, parce
que, ces anomalies légères étant compatibles avec la vie et avec la repro-
duction, ont pu souvent devenir le point de départ de races nouvelles. La
question de l’origine des races, encore si obscure et si controversée, s’éclai-
rera certainement d’une vive lumière quand on y introduira de nouvelles
données, résultant d’une observation attentive de ces anomalies.
» Deux faits que j'ai récemment observés me prouvent qu’il peut naitre,
dans les races domestiques, des animaux présentant certaines anomalies par
rapport au type de leur race, et qui reproduisent très-exactement les carac-
tères apatomiques d’une autre race.
» Ainsi j'ai constaté que deux poulets, morts avant l'éclosion et appar-
tenant à la race galline des fermes des environs de Lille, présentaient le
caractère de la race des poules polonaises, que l’on appelle impropre-
ment poules de Padoue. Les hémisphères cérébraux faisaient hernie entre
les os frontaux et étaient logés dans une coque membraneuse, formée par
la fontanelle non encore ossifiée. Or, cette particularité anatomique est
devenue héréditaire dans la race des poules polonaises et constitue même
aujourd’hui son principal caractère; seulement il arrive qu’un certain temps
après la naissance, la membrane qui revêt la hernie cérébrale s’ossifie et
lui forme une coque résistante. Or il me paraît impossible d'expliquer par
l’atavisme cette production d’une hernie cérébrale. Les poules polonaises
n'ontétéintroduites en France que depuis le siècle dernier, et elles n'existent
Pas encore, à ma connaissance, aux environs de Lille. D'ailleurs M. Lamy,
qui m'avait remis ces œufs, m'a assuré qu'il n'avait jamais eu dans sa basse-
cour de poules polonaises,
» L'autre fait est relatif à un veau que je dois à l'obligeance de M. Lesage,
Vétérinaire à la Bassée, La tête de ce veau présente, en effet, un ensemble
57.
à ( 424 )
de dispositions ostéologiques qui caractérisaient une race bovine qui a
existé dans l Amérique du Sud, où MM. Lacordaire et Darwin ont eu occa-
sion de l'étudier il y a une trentaine d'années, et qui paraît avoir complé-
tement disparu. Les animaux de cette race, désignée par les Espagnols sous
le nom de nåta ou nidta, avaient une tête courte et rappelant, à certains
égards, la tête du dogue. Les mâchoires étaient trés-inégales, la mâchoire
inférieure débordant en avant la mâchoire supérieure. De plus, les os du
nez présentaient des connexions insolites. Il résultait de l’extrême brié-
veté des os du nez que ceux-ci ne s'articulaient ni avec les os maxillaires,
ni avec les intermaxillaires, et que les os lacrymaux, séparant compléte-
ment les os nasaux des maxillaires, venaient faire partie des contours osseux
de l'orifice antérieur des fosses nasales, réalisant ainsi une disposition ana-
tomique qui n’existe, d’une manière normale, dans les caractères d'aucune
espèce animale actuellement vivante. J’ai retrouvé tous ces faits dans la
tête du veau qui m’a été remis par M. Lesage. Or, il est bien évident que
toute explication d’un pareil fait par l’atavisme doit être éliminée, car il
n'a jamais existé en Europe de race bovine présentant de semblables carac-
tères,
» Cet animal était, de plus, remarquable par la brièveté de ses membres,
brièveté qui portait surtout sur l’avant-bras et la jambe. Et cependant ces
deux segments des membres présentaient, à d’autres égards, un dévelop-
pement considérable. Le raccourcissement des os était ici compensé par
leur élargissement, et les jambes présentaient chacune un péroné complé-
tement développé, tandis que, chez les bœufs et la plupart des ruminants,
cet os ne forme que de simples épiphyses. |
» Je me propose de décrire en détail tous ces faits dans un Mémoire.
Pour le moment, je me borne à signaler cette curieuse apparition, au sein
de races toutes différentes, d'animaux présentant fort exactement les ca-
ractères des poules polonaises et ceux des bœufs nidta. Je veux seulement
montrer comment cette étude peut s'étendre plus loin, et fournir quelques
données sur l’origine de plusieurs races d'animaux domestiques.
» Il existe en effet, parmi les animaux domestiques, plusieurs races dont
la tête rappelle plus ou moins exactement celle des bœufs nidta, Telles sont
les chèvres de la haute Égypte, dont je regrette de n'avoir pu étudier la
tête osseuse, mais qui présentent très-souvent, sinon toujours, le double
caractere de l'inégalité des mâchoires et de la brièveté excessive des os du
nez. Telles sont encore les diverses races de dogues, parmi lesquelles la rac?
des carlins, à peu près éteinte en France, mais qui est encore, à ce qu il
(425)
paraît, fréquente en Angleterre, était fort remarquable par l’inégalité des
mâchoires. M. Darwin, qui a observé les bœufs niâta en Amérique, a été
trés-frappé de la ressemblance de leur tête avec celle du dogue, dans
laquelle d’ailleurs les anomalies ostéologiques sont beaucoup moins pro-
noncées, puisque les os ne se sont modifiés que dans leurs formes et leurs
proportions, et non dans leurs connexions. Il est donc permis de croire, en
l'absence de tout autre document, que ces races canines ou caprines résul-
tent d'anomalies, produites brusquement dans une autre race, et rendues
héréditaires par la sélection.
» La brièveté des membres, également observée dans le veau mons-
trueux, est un caractère de certaines races domestiques. Il n’existe point,
il est vrai, de semblables races dans l'espèce bovine, mais il en existe chez
les chiens ; il en est même qui remontent à une très-haute antiquité, puis-
que le basset est figuré sur les monuments de l'Égypte. Il en existe éga-
lement chez les chèvres, où certaines variétés sont caractérisées par l'ex-
trême brièveté de leurs membres. Il est permis de croire que toutes ces
races d'animaux bassets proviennent d'anomalies héréditaires et fixées par
la sélection artificielle, quand on pense que cette origine est incontestable
pour la race de l’ancon ou mouton-loutre, créée, à la fin du siècle dernier,
dans l'Amérique du Nord. Il existe d’ailleurs des exemples sporadiques, si
l’on peut parler ainsi, de l'apparition de semblables animaux dans nos races
ovines d'Europe.
» Ces faits, d’ailleurs, ne sont pas les seuls.
» Toutes les personnes qui s'occupent de zootechnie connaissent la belle
race des moutons de Mauchamp, créée, il y a quelques années, par
M. Graux. Or, on voit quelquefois, dans les troupeaux de race mérine,
naître des agneaux dont la laine possède tous les caractères de la laine
Soyeuse des moutons de Mauchamp.
» Il existe en Angleterre plusieurs races bovines sans cornes. Le voya-
geur espagnol Azara a signalé la formation d’une semblable race en Amé-
rique, à la fin du siècle dernier, à la suite de l'apparition d’un taureau
šans cornes au milieu du bétail cornu de cette contrée.
» L’Asie orientale possède une race de poules dite de soie, parce qu'elles
conservent toute la vie le duvet du jeune âge. On a vu en France ce carac-
tere se manifester sur des poules provenant de la race cochinchinoise.
» Ily a là évidemment un ensemble de faits qui montrent que certaines
races domestiques (je dis certaines et non toutes) doivent leur origine à
es anomalies apparues subitement dans une race et fixées par la sélection
( 426)
artificielle. Si l’on étudiait avec soin toutes les anomalies légéres de l'or-
ganisation, on arriverait certainement à multiplier ces faits et à retrouver
plus ou moins complétement les origines, souvent fort anciennes, d’un
certain nombre de races.
» Une conséquence toute naturelle, mais fort curieuse assurément, de
ces faits, c'est qu’une race pourrait avoir deux ou plusieurs origines , ou
que, pour parler plus exactement peut-être, deux ou plusieurs races, carac-
térisées par les mêmes modifications organiques, auraient pu naître en des
points différents de l’espace et de la durée.
» Ces considérations sont-elles applicables aux espèces, qui ne sont peut-
être, comme beaucoup de naturalistes le pensent aujourd'hui, que des
races naturelles? Nous ne pouvons aujourd’hui que poser la question. »
BOTANIQUE. — Recherches sur quelques points de l'anatomie du genre Fistulina.
Note de M. J. ne Sevwes, présentée par M. Duchartre.
« On sait que les espèces de Champignons supérieurs, chez lesquels on
a pu signaler plusieurs formes de corps reproducteurs, sont encore peu
nombreuses. J'ai signalé, il y a trois ans, chez la Fistulina buglossoïdes Bull.,
de petits corps sporiformes analogues à ceux auxquels M. Tulasne a attri-
bué, chez beaucoup d’espèces fongiques, le rôle de productions gongylaires
et le nom de conidies. De nouvelles études sur ce sujet m'ont mis à même
de faire plusieurs observations, que je demande à l’Académie la permission
de lui soumettre.
» Le parenchyme d’une Fistuline est formé de cellules allongées, de ca-
libre différent et d'autant plus grand que l’on examine une partie plus inté-
rieure. Ce tissu est parcouru par des cellules très-longues, généralement
plus étroites, remplies d’un liquide rouge non granuleux, devenant solide
et cassant par la dessiccation. Les cloisons transversales sont tellement espa-
cées qu'on pourrait prendre ces cellules pour de véritables vaisseaux. J'ai
tout lieu de penser que c’est le même système d'organes auquel on a donné
le nom de vaisseaux laticifères chez les Agarics à lait. Je les appellerai sim-
plement réservoirs à suc propre; je les ai observés chez beaucoup d’Agarics
non laiteux et chez une Clavaire ( Clavaria aurantia Pers.). Chez la F istuline,
les cellules qui les forment ne naissent pas de toute pièce dans les espaces
intercellulaires. On voit apparaître, sur une cellule ordinaire du parenchyme
ou à son extrémité, un cul-de-sac rempli d’une substance granuleuse
jaune, plus abondante que celle qui se trouve aussi dans la cellule mère;
( 427)
cette substance paraît se condenser en un liquide ronge qui occupe le fond
de la cellule en cul-de-sac. Celle-ci s'allonge, et il se forme bientôt une
cloison transversale près du point où elle est née de la cellule mère; cette
cloison interrompt naturellement toute communication directe avec cette
dernière; il est même probable que plus tard il y a solution de continuité
entre ces deux cellules, car lorsqu'on examine les réservoirs à suc propre
arrivés à leur complet développément, on ne peut plus les retrouver en rela-
tion directe avec les cellules ordinaires du parenchyme. Près de la surface
supérieure du chapeau de la Fistuline, ces réservoirs quelquefois ramifiés
prennent une direction tortueuse et spiralée, que n’ont pas les cellules du
tissu environnant; ils sont très-nombreux en ce point, et, sur le Champignon
sec, ils donnent à cette portion sous-épidermique du parenchyme l'aspect
d’une ligne noire.
» Au-dessous de cette ligne se trouve une zone de 1 ou 2 millimètres
d'épaisseur; à un faible grossissement, les portions de cette zone que l’on
examine paraissent finement mouchetées de taches d’une teinte plus foncée
que le reste du tissu. Ces taches correspondent aux foyers de développe-
ment des corpuscules arrondis, ovales, quelquefois baculoïdes, que j'ai
déjà décrits et que je n'avais étudiés qu'arrivés peut-être accidentellement,
ou par la vieillesse du Champignon, à la surface du chapeau. La zone que
j'ai indiquée comme étant leur centre de formation se prolonge dans le
pédicule, mais on n’en trouve pas dans la partie médiane du parenchyme
et encore moins au voisinage de la surface inférieure qui porte les tubes
hyménophores ni entre ces tubes.
» Toutes les Fistulines que j'ai étudiées jusqu’à ce jour mont présenté
cette curieuse disposition, qu'elles fussent venues dans les Cévennes, dans
les environs de Paris, ou même dans l'Himalaya, ainsi que j'ai pu le
constater sur un échantillon de cette provenance qui se trouve au Mu-
séum, dans l’herbier Montagne. Ces conidies, bien loin d’arriver de l’ex-
térieur, comme si elles étaient le produit d’une production parasitique
étrangère, ne se montrent à la surface extérieure du Champignon qu'après
destruction des couches cellulaires les plus extérieures; leur dissémination
ne peut ainsi s’opérer, comme pour les spores des truffes, qu’au moment
de la putréfaction du Champignon. :
» Les cellules qui portent ces conidies ou ces corps sporiformes sont
ämincies, plus transparentes que les autres ; mais il est facile de constater
qu'elles sont issues du parenchyme même. Tantôt elles sont longues et
Portent une grappe de ces petits corps, tantôt on les voit se détacher d’une
( 428 )
cellule du parenchyme sous forme d’un pédicule ne portant qu’un seul de
ces petits corps et d’une longueur qui ne dépasse pas celle du plus grand
axe de ces derniers.
» Le chlorure de zinc iodé ne donne la réaction caractéristique de la
cellulose ni avec les cellules du parenchyme, ni avec les spores, ni avec
les conidies ou pseudospores dont je viens de parler. Ce réactif brunit les
réservoirs à suc propre, rougit ou jaunit des cellules du parenchyme, sui-
vant qu'elles contiennent plus ou moins de suc plasmatique. Les cellules
conidiophores dont M. de Bary dit avoir reconnu la finesse lorsqu'on les
met en contact avec de l'alcool, et que, par cette raison, il suppose ne pas
naître directement du parenchyme, jaunissent sous l'influence du chlorure
de zinc iodé et ont une teinte très-pâle qui les distingue de la plupart des
cellules environnantes; mais elles se comportent en cela exactement de la
mème manière que beaucoup d’autres cellules du même Champignon, soit
de cellules sous-hyméniales, soit de cellules à gros calibre qui ont, comme
ces dernières, épuisé tous les sucs qu’elles contenaient au profit de forma-
tions nouvelles.
» Chacune des observations que je viens de citer contredit les assertions -
que M. de Bary m'avait opposées (Handbuch der physiologischen Botanik,
t. IL, 1866, p. 193), et j'ai le regret de me trouver ainsi en désac-
cord avec ce savant mycologue; mes observations, souvent renouvelées et
variées, ne peuvent laisser aucun doute dans mon esprit.
» Il me reste encore à signaler dans l'organisation des Fistulines un fait
qui, si je ne me trompe, n’a pas encore été indiqué, et dont l'étude pourra
certainement se généraliser aux Polypores et à d’autres Champignons.
» On avait observé depuis longtemps (Geoffroy, 1711; Turpin, Vitta-
dini, 1831; Tulasne) que les Truffes présentent des veines dont la teinte
blanche est due à la présence de Fair dans le tissu qui les compose. Leur
disposition, au premier abord confuse, a cependant assez de régularité pour
qu’on puisse les suivre, soit à partir d’un point central ( foveola) d’où elles
rayonnent vers la périphérie, soit en séries à partir de la superficie de la
Truffe où elles s'ouvrent, Ces veines, d’après M. Tulasne, ne sont pas circon-
scrites par une double membrane, comme l'avait supposé Vittadini; elles
ne sont cependant pas accidentelles, mais elles sont limitées par des cel-
lules allongées de la pulpe fructifère, et dans les jeunes Tuber on peut
constater que ces cellules sont disposées les unes près des autres, en rang
pressé comme des paraphyses, dans une direction perpendiculaire à celle
du canal qu'elles tapissent.
i ( 429 )
» Le Fistulina buglossoïdes Bull. présente des lignes blanches qui tra-
versent son tissu dans une direction déterminée; or ces lignes ou veines
étroites n’ont aussi cette teinte qu’à cause de air qui s’y trouve intercalé
entre les cellules. Il n’y a pas de canal formé d'avance et limité par une
membrane propre; lair se faufile, qu'on me permette cette expression,
entre les cellules, en suivant toujours une direction déterminée de la base
du pédicule à la périphérie du Champignon. Il arrive ainsi jusqu’à l’exté-
rieur, d’une part à travers les houppes pileuses parsemées sur la surface
non fructifiante, d'autre part en traversant la longueur des tubes hÿméno-
phores. La présence de l’air paraît liée, sinon à la formation, du moins à la
maturation des spores et des conidies ou pseudospores que j'ai signalées.
Peut-être est-ce pour cette cause que les Truffes qui fructifient à l'abri de
l'atmosphère sont si abondamment pourvues de ces conduits aériens. Mais
il serait imprudent de formuler, avant des études plus nombreuses et plus
étendues, une loi générale à cet égard. Dans tous les cas, il est intéressant
de retrouver, chez des végétaux inférieurs privés de vaisseaux, une circu-
lation lacunaire aérienne qui rappelle la circulation lacunaire du liquide
sanguin chez un grand nombre d'animaux inférieurs, privés ou partielle-
ment pourvus de vaisseaux circulatoires. »
GÉOLOGIE. — Sur la prétendue contemporanéité des sables ossifères de l'Or-
léanais et des faluns de Touraine. Note de M. L. BourGroïs, présentée
par M. d’Archiac.
« La contemporanéité des sables fluviatiles de l’Orléanais et des faluns
de la Touraine fut affirmée pour la première fois, en 1829, par M. J.
Desnoyers, dans les Annales des Sciences naturelles. L'opinion ent
géologue, basée sur l’étude comparative des mammifères, parut fort natu-
relle et fut adoptée.
- » Si l'hypothèse d’un grand affluent, traversant les plaines de la Beauce
et amenant à la mer falunienne les débris des animaux qui vivaient sur le
continent voisin, est conforme à la vérité, les mollusques fluviatiles et ter-
restres, associés aux mêmes espèces de vertébrés, dans l’un et l’autre dépôt,
doivent être spécifiquement identiques, surtout au point de contact. Mais
il en est tout autrement.
Le Des terrassements entrepris pour la construction d’une nouvelle gare,
à Suèvres, entre Mer et Blois, m'ont permis de recueillir, au milieu des
C. R., 1867, 17 Semestre. (T. LXIV, N° 9.)
(450)
vertébrés ordinaires qui caractérisent les graviers de l’Orléanais, des co-
quilles accusant une période plus ancienne que celle des faluns, savoir :
» Helix (espèce voisine mais distincte de IH. Turonensis; Planorbis de-
clivis, Braun ; Planorbis semicostata, Sandberger; Planorbis solidus, Thomæ;
Planorbis lævis, Klein ; Neritina marmorea, Braun; Ancylus (n. sp.); Limnæa
pachygaster, Thomæ; Limnæa (nouvelle espèce voisine de la Limnæa Lau-
rillardiana, de Sansan); Bithynia helicella, Braun ; Melanopsis (espèce voisine
du M. callosa; Melania (intermédiaire entre les M. Escheri et Aquitanica).
» Ces espèces, que j'ai soumises à l'examen de notre savant conchyliolo-
its M. Deshayes, sont étrangères à la faune des faluns, à l exception de
la Limnæa pachygaster. Toutes celles qui sont déterminées avec certitude
appartiennent à l’assise supérieure des calcaires de la Beauce, et se retrou-
vent en Allemagne dans une position géologique semblable.
» En présence de ce fait, n'est-il pas logique d’affirmer que les vertébrés
fluviatiles et terrestres des faluns, complétement identiques à ceux des sa-
bles de l’Orléanais, sont en général de même date, et qu'ils n’existent dans
le dépôt marin qu'en vertu d’un remaniement. C’est par cette même cause
très-probablement qu'il faut expliquer l'exception signalée pour la Limnæa
pachygaster. .
» Je ne possédais que cette preuve palégntologique de la non-contem-
poranéité des deux dépôts, lorsqu'il m’a été donné récemment de les ob-
server en superposition nettement tranchée, au bourg de Thenay (Loir-et-
Cher), à l'entrée du chemin vicinal qui conduit à Choussy. On y voit de
haut en bas :
» 1° Falun blanc e de sable et de coquilles brisées Ara dé-
nudée):57..5n03 jigs noT 07,50
» 2° Sable et grosses boule Din ho Fr crétacée; blocs
roulés de calcaire lacustre et de grès falunien (x) gerr par la Pholas
dimidiata et le Lithodomus Lyellianus . . . . a
» 3° Sable généralement rouge, présentant di ie minces et et irréguliers
de marne argileuse verdâtre, avec de nombreux ossements à la base. 2,50
4° Calcaire de la Beauce à l’état compacte.
» L’assise n° 2 est bien celle que l’on rencontre presque partout à la partie
inférieure des faluns, dans les environs de Pont-Levoy, et qui repose ordi-
nairement sur le calcaire lacustre. Les ossements, quand elle en renferme,
(1) Ces fragments de grès empâtant des coquilles faluniennes, et roulés par la mer des
faluns, ne supposent-ils pas des oscillations lentes du sol?
( 431)
sont associés à des coquilles marines souvent encroñtées par des bryo-
zoaires, toujours très-roulés et tellement dispersés, qu'il est rare de ren-
contrer l’une près de l’autre deux pièces ayant appartenu au même indi-
vidu.
» L'assise n° 3 présente réunis tous les caractères des sables de l’Orléa-
nais. C’est la même coloration, la même composition minéralogique, la
même disposition stratigraphique. Les débris de Mastodonte, de Dinothe-
rium, de Rhinocéros, d’ Amphicyon, etc., sont généralement bien conservés,
et souvent on rencontre, dans un espace très-circonscrit, les ossements d’un
même animal. On ne peut y découvrir la moindre trace de corps marins,
et le calcaire sous-jacent n’est point perforé par les coquilles lithophages.
» La mer des faluns a donc envahi, dans le département de Loir-et-Cher,
sur la rive gauche de la Loire, les graviers ossifères de l’Orléanais et les a
remaniés jusqu’au fond, excepté dans quelques localités où une superposi-
tion s’est produite et se retrouve encore.
» Une date plus ancienne, assignée aux sables de l’Orléanais, explique
naturellement comment ils renferment certaines espèces des calcaires de la
Beauce et de l’ Auvergne. »
« M. n»’Ancurac fait remarquer, après cette communication, qu'il est d’au-
tant plus disposé à adopter les conclusions de M. Bourgeois, qu'il a lui-
même admis depuis longtemps cette relation des faluns et des sables de
l'Orléanais, exprimée dans un tableau publié récemment (voyez Géologie et
Paléontologie, p. 639). »
M. Bouvr adresse de Saint-Maurice (Rhône) une Note sur la période
glaciaire.
M. Perser prie l’Académie de vouloir bien l’autoriser à retirer : 1° deux
plis cachetés déposés par lui le 27 juin 1836; 2° une caisse contenant un
bandage franc-comtois, adressée le 20 août 1840 pour le concours des prix
Montyon.
C'est à tort que M. Pernet désigne sous le nom de paquets cachetés les
deux Notes qu’il réclame. En les déposant au Secrétariat, le 27 juin 1836,
il les a annoncées comme pièces de concours pour le prix dit des Arts insa-
lubres et contenant la description de deux procédés relatifs, l’un à la cla-
rification du sucre, l’autre à l'emploi du vert-de-gris en peinture : c’est ce
qui résulte d’une note écrite le jour même sur le registre d’entrée, par le
58..
\
( 432 )
chef dn Secrétariat, M. Cardot. Ces deux pièces sont de plus mentionnées
dans le Rapport sur le Concours (séance publique du lundi 21 aoùt 1837,
Comptes rendus, t V, p. 216). Quant à la pièce adressée en 1840, l’auteur
lui-même reconnait qu’elle était destinée à un Concours; il n’y a donc lieu
ni dans ce cas ni dans l’autre à accorder à M. Pernet ce qu’il demande.
La séance est levée à 5 heures un quart. C.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE,
L'Académie a reçu, dans la séance du 4 mars 1867, les ouvrages dont
les titres suivent : : i
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’ Académie des Sciences,
t. LXII, janvier à juin 1866. Paris, 1866; in-4° cartonné.
Des lois mathématiques concernant les étoiles filantes; par M. Ad. QUE-
TELET. Bruxelles, sans date; br. in-8°.
De l'influence des climats sur l’homme et des agents physiques sur le moral;
par M. P. Foissac. Paris, 1867; 2 vol. in-8°. (Présenté par M. J. Cloquet.
Renvoi au concours de Médecine et de Chirurgie. )
L' épidémie cholérique de 1866 et l'intervention du gouvernement; par
M. L. DuranT. Anvers, 1866; in-8°.
Forum Voconii devant le Congrès scientifique de France; par M. D. Rossi.
Toulon, 1866; br. in-8°,
Du mode opératoire qui convient le mieux aux cataractes capsulaires centrales
et capsulo-lenticulaires centrales, et incidemment de l'extraction de la cataracte
lenticulaire simple avec sa capsule; par M. le D" SIcHEL. (Présenté par
M. J. Cloquet.) i
Nouveau recueil de pierres sigillaires d’oculistes romains pour la plupart
inédits; par M. J. SIGHEL. Paris, 1866; br. in-8°. (Présenté par M. J. Clo-
quet.)
Recherches sur la prothèse des membres ; par M. le Comte DE BEAUFORT.
Paris, 1867; in-8° avec figures. (Présenté par M. J. Cloquet.)
A force... Une force comme celle du magnétisme considérée comme une
( 433 )
mesure à laquelle doivent satisfaire le mouvement planétaire, la structure de la
terre, l’action volcanique, les courants océaniens, etc.; sans nom d'auteur.
Cincinnati, 1867 ; br. in-8° (2 exemplaires).
Hydatid... Tumeurs hydatides du foie, leurs dangers, leurs diagnoses et
leurs traitements; par M. Ch. MURCHISON, professeur de médecine pratique
à l'hôpital de Middlesex. Édimbourg, 1865; br. in-8°.
On the... Sur l’anatomie pathologique de la peste bovine sévissant aujour-
d'hui dans la Grande-Bretagne, considérée par rapport à l'identité supposée de
celte affection avec la fièvre entérique; par M. Ch. MuRCHISON. Sans lieu ni
date; br. in-8°.
On a peculiar... Sur une maladie particulière du crâne, de l'os hyoide et
du péroné; par M. Ch. MURCHISON. Sans lieu ni date; br. in-4° avec
planches.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES REÇUES PAR L’ACADÉMIE PENDANT
LE MOIS DE FÉVRIER 1867. =
Annales de Chimie et de Physique; par MM. CHEVREUL, DUMAS, PELOUZE,
BOUSSINGAULT, REGNAULT; avec la collaboration de M. WURTZ; mois
de février 1867; in-8°.
Annales de l’ Agriculture française; n° 1, 2 et 3, 1867; in-8°.
Annales de la Propagation de la foi; janvier 1867; in-12.
Annales de la Société d Hydrologie médicale de Paris; comptes rendus des
séances; 4° et 5° livraisons; 1867; in-8°.
Annales médico-psychologiques; janvier 1867; in-8°.
Annuaire philosophique; février 1867; in-8°.
Bibliothèque universelle et Revue suisse. Genève, n° 109, 1867; in-8°.
Bulletin de l’ Académie impériale de Médecine; 31 janvier et 15 février
1867; in-8°,
Bulletin de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de
Belgique; n° 1°, 1867; in-8°. | |
Bulletin de la Société académique d’ Agriculture, Belles-Lettres, Sciences et
Arts de Poitiers jn% 109 à 111 1866; in-8°.
Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'industrie nationale; dé-
cembre 1866; in-4°.
Bulletin de la Société de Géographie; janvier 1867; in-8°.
( 454 )
Bulletin de la Société française de FAP janvier et février 1867;
in-8°,
Bulletin de lu Société Géologique de France; t. XXIV, feuilles 1 à 8, 1867;
in-8°,
Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse ; janvier 1867; in-8°.
Bulletin général de Thérapeutique; 30 janvier et 15 février 1867; in-8.
Bulletin hebdomadaire du Journal de CA griculture; n°5 à 8, 1867; m-8°.
Bulletin des séances de la Société i impériale et centrale d eliak de F ance;
novembre 1866; in-8°.
Bulletin des travaux de la Société impériale de Médecine de Marseille;
janvier 1867; in-8°.
Bullettino meteorologico dell Osservatorio del Collegio romano ; n° 12, 1866,
et n° 17; 1867; in-4°.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de Liderin des Sciences;
r™ semestre 1867, n” 5 à 8; in-4°.
Cosmos; livraisons 4 à 8, 1867; in-8°.
Gazette des Hôpitaux; n°®% 12 à 23, 1867; in-4°.
Gazette médicale de Paris; n% 5 à 8, 1867; in-4°.
Il Nuovo Cimento. .. Journal de Physique, de Chimie et d’ Histoire naturelle;
janvier 1867. Turin et Pise; in-8°.
Journal de l Agriculture; n°5 14 et 15, 1867; in-8°.
Journal d’ Agricuiture pratique; n°% 5 à 8, 1867; in-8°.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; février
1867; in-8°.
Journal de l'éclairage au gaz; n® 21 et 22, 1867 ; in-f°.
Journal des Connaissances médicales ei pharmaceutiques; n° 3 à 5, 1867;
in-8°.
Journal des fabricants de sucre; n™ 42 à 45, 1867; in-f°,
Kaiserliche... Académie impériale des Sciences de Vienne; n° 2 et 5, 1867;
1 feuille d'impression in-8°,
L’ Abeille médicale; n° 5 à 7, 1867; in-4°.
La Guida del popolo ; février 1867; in-8°.
L'Art dentaire; janvier 1867; in-8°.
L'Art médical ; février 1867; in-8°.
La Science pittoresque; n™ 5 à 8, 1867; in-4°.
La Science pour tous; n°5 9, tiet 12, 1867; in-/4°.
Le Gaz; n° 12, 1866; in-4°.
Le Moniteur de la Biao gik n 22 et 23, 1867; in-4°.
NOM SN RENE EIRE CR ON ee re
te bot de, DÉS SES En |
ME TS RE TPE PEU SNS D SSSR CR CE PE QT ES
( 455 )
Leopoldina... Organe officiel de l'Académie des Curieux de la Nature,
publié par son Président le D" C.-Gust. Carus; n% 12 à 15, 1867; in-4°.
Les Mondes..…, n° 5 à 8, 1867; in-8°.
Magasin pittoresque; janvier 1867; in-4°.
Monthly... Notices mensuelles de la Sociétéroyale d’ Astronomie de Londres;
n° 3, janvier 1867; in-8°.
Montpellier médical... Journal mensuel de Médecine; t. XVIII, n° 2,
1867; in-8°.
Nouvelles Annales de one février 1867; in- _
Presse scientifique des Deux Mondes; n° 5 à 8, 1867; in-8
Pharmaceutical Journal and Transactions; t. VIII, n° 7 et . 1867; in-8°.
Répertoire de Pharmacie ; janvier 1867; in-8°.
Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale ; n° 3 et 4, 1867 ; in-8°.
Revue des Eaux et Foréts; n° 2, 1867; in-8°.
Revue maritime et coloniale; février 1867 ; in-8°.
Revue de Sériciculture comparée ; n°° 8 et 9, 1866; in-8°.
Ruche scientifique, n° 1%, 1°° année, 1867; in- 6.
Società reale di Napoli. Rendiconto dell’ Accademia delle Scienze fisiche e
matematiche; Naples, décembre 1866 et janvier 1867; in-4°.
The Scientific Review; n° 11, 1867; in-4°.
ERRATUM.
(Séance du 25 février 1867.)
Page 326, ligne 10, au lieu de les surfaces de ces deux bases étant entre elles comme, etc.,
lisez les poids de ces deux prismes étant entre eux comme, etc.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 44 MARS 1867.
PRÉSIDENCE DE M. LAUGIER.
PRIX DÉCERNÉS.
SCIENCES MATHÉMATIQUES.
ne ne
GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES,
A DÉCERNER EN 1866.
QUESTION PROPOSÉE EN 1864 pour 4866 ET REMISE À 1869.
(Commissaires : MM. Liouville, Mathieu, Laugier, Faye,
Delaunay rapporteur.)
? pi i : J $ i
L Académie avait mis au Concours la question suivante :
« Chercher si l ‘équation séculaire de la Lune, due à la variation de l'excen-
» tricité de l'orbite de la Terre, telle qu’elle est fournie par les plus récentes dé-
» terminations théoriques, peut se concilier avec les anciennes observations
» d'éclipses mentionnées par l’histoire. »
Aucune
le prix.
I
tio
plece n'étant parvenue au Secrétariat, il n’y a pas lieu de décerner
Commission est d’avis de remettre au Concours la question de l’équa-
n séculaire de la Lune, en en modifiant l'énoncé.
C. R., 1867, ver Semestre. (T. LXIV, N° 40.) 59
r s
Æ g ps
SENT à br sE, P PIERA REAN
AE H
A F a Fa
( 438 )
Il semble résulter des recherches théoriques les plus récentes sur cette
question que la cause à laquelle Laplace a attribué l'accélération séculaire
du moyen mouvement de la Lune ne peut pas rendre compte de la totalité
de cette accélération séculaire. S'il en était réellement ainsi, il faudrait rat-
tacher à quelque cause nouvelle la partie du phénomène qui resterait inex-
pliquée. Mais avant d'introduire un élément nouveau dans la question,
il est indispensable de s'assurer si la cause anciennement connue est réelle-
ment insuffisante pour expliquer complétement le phénomène dont il s’agit.
Il faut donc, d’une part, mettre toute la précision possible dans le calcul
théorique de l'effet dù à la cause connue; et, d’une autre part, chercher à
tirer des anciennes observations d'éclipses tout ce qu'elles peuvent donner
pour la fixation de la valeur numérique de l'accélération séculaire, réelle ou
apparente, du moyen mouvement de la Lune. Désirant appeler spécialement
l'attention des savants sur ce second point, la Commission propose à P Aca-
démie l’énoncé suivant pour la question mise au Concours :
« Discuter complétement les anciennes observations d’éclipses qui nous ont été
» transinises par l’histoire, en vue d’en déduire la valeur de l'accélération sécu-
_» laire du moyen mouvement de la Lune, sans se préoccuper d’aucune valeur
» théorique de cette accélération séculaire ; montrer clairement à quelles con-
» séquences ces éclipses peuvent conduire relativement à l'accélération dont il
» s’agit, soit en lui assignant forcément une valeur précise, soit au contraire en
» la laissant indéterminée entre certaines limites. v
I?’ Académie adopte la proposition de la Commission.
PRIX D’ASTRONOMIE,
FONDATION LALANDE.
(Commissaires : MM. Mathieu, Laugier, Liouville, Faye,
Delaunay rapporteur.)
Rapport sur le Concours de l’année 1866.
L'Académie des Sciences a toujours porté un grand intérêt aux opéra-
tions ayant pour but la détermination de la figure de'la Terre. Au nombre
des anciennes opérations de ce genre, devenues célébres dans l'histoire des
sciences, se trouve la mesure d’un arc de méridien effectuée au Cap de
ten Si dt" tiré ru 1 als ice Me Eds
( 439 )
Bonne-Espérance par un des plus illustrés Membres de l’Académie, l'abbé
de La Caille.
On sait que cet astronome éminent, dont l’ardeur et le dévouement pour
la science ne sauraient être surpassés, après avoir employé dix années à
observer les étoiles, à Paris, pour en faire un catalogue aussi-exact que
possible, s’est transporté au Cap de Bonne-Espérance, afin de compléter son
travail par l’observation des étoiles du ciel austral. Il se proposait en même
temps d'y faire des observations ayant pour but de déterminer : 1° la pa-
rallaxe de la Lune; 2° les parallaxes de Mars et de Vénus aux époques où
ces planètes se trouvent à leurs moindres distances de la Terre; 3° enfin la
position géographique exacte de la pointe sud de l'Afrique.
Arrivé au Cap en avril 1751, La Caille se mit immédiatement à l'œuvre, .
et termina en août 1722 toute la série des observations qu’il s'était proposé
de faire. Mais il ne pouvait pas quitter le Cap à cette époque de l’année; il
lui fallait attendre cinq ou six mois le-temps du retour des vaisseaux en
Europe. Pour ne pas rester oisif, il entreprit la mesure d’un arc de méri-
dien. Il avait remarqué qu’à une quinzaine de lieues au nord de la ville du
Cap, il y avait deux montagnes tellement situées, que leur distance pouvait
servir de côté commun à deux grands triangles, dont l'un, au sud, abouti-
rait à son observatoire (situé dans la ville même), et l'autre, au nord,
sétendrait jusqu’à environ vingt lieues de ce côté commun. A l’aide de ces
deux triangles,-il pouvait donc obtenir la longueur d’un are de méridien de
plus d’un degré. |
Malgré des difficultés de tout genre, dans un pays presque inhabité et
couvert d'épaisses broussailles, il parvint, grâce à l’obligeance de ses hôtes,
à mener celte opération à bonne fin. Dans le courant des mois de septembre
et octobre 1752, il mesura une base de 6467 toises qu'il rattacha au côté
Commun des deux triangles principaux par deux triangles secondaires, et
fit au sommet de ces divers triangles toutes les mesures d'angles, ainsi que
les observations astronomiques nécessaires. Il trouva ainsi la longueur d’un
arc de méridien de 1°13/17” d'amplitude, et en conclut une longueur de
57037 toises pour l'arc d’un degré correspondant à 33°18’ de latitude
australe, « Ce degré, dit La Caille, est plus grand que je ne attendais de
» le trouver par comparaison aux mesures faites en France : ce qui sem-
» blerait favoriser l'hypothèse de l’aplatissement irrégulier de la Terre. »
Dans ces derniers temps, l’astronome royal du Cap de Bonne-Espérance,
M Mac Lear, l’un des Correspondants de cette Académie, a entrepris de
vérifier larc de méridien de La Caille, afin de voir à quoi pouvait être
M
( 44o )
attribuée l’anomalie que présente la longueur du degré obtenue à cette
latitude par l’astronome français. Étant parvenu à retrouver exactement les
deux points extrêmes de la triangulation de La Caille, M. Mac Lear a fait
un grand nombre d'observations astronomiques très-précises en chacun de
ces deux points, avec le fameux secteur de Bradley, qui lui avait été envoyé
de Greenwich spécialement pour cet objet. Il en a déduit amplitude cé-
leste de l'arc qu'il se proposait de vérifier. Le résultat auquel il est parvenu
ainsi ne differe que d’une petite fraction de seconde de l’amplitude trouvée
par La Caille. M. Mac Lear dit à cette occasion : « Quoique ce travail de
» vérification ne nous donne aucun éclaircissement sur l’anomalie de l'arc
» de La Caille, il contribue à soutenir la réputation de cet astronome jus-
» tement renommé, qui, avec les moyens dont il disposait et à l'époque à
» laquelle il a opéré, a pu arriver, en observant 16 étoiles, à un résultat
» presque identique avec celui qui vient d’être déduit de 1133 observations
» faites sur 4o étoiles avec un instrument puissant et célèbre. »
Il ne restait plus dès lors qu’à déterminer de nouveau la longueur de
l'arc de La Caille par des mesures géodésiques précises. C’est ce que
M. Mac Lear a fait en donnant une grande extension à ce travail, c’est-à-dire
en mesurant un arc de méridien d’environ 4 + degrés. Son but était de se
mettre ainsi à l'abri de l'influence des attractions locales, pour faire dispa-
raître toute espèce de doute sur la vraie courbure de cette partie de lhé-
misphère sud de la Terre. Il a reconnu en effet, par les résultats de cette
grande opération, que c’est aux attractions locales qu’on doit attribuer, au
moins en grande partie, l’anomalie présentée par la mesure de La Caille.
Par suite de la disposition du terrain, le nouvel arc mesuré a dù être pris
un peu à côté du méridien contenant l'arc de La Caille. M. Mac Lear a choisi
pour cela le méridien même du grand instrument des passages de l’Obser-
vatoire royal du Cap, situé à environ 3 + miles à l’est du méridien de l'Ob-
servatoire de La Caille. L’arc de 4 + degrés mesuré sur ce méridien s'étend
au sud jusqu’à l'extrémité du continent africain.
Toutes les opérations dont nous venons de rendre un compte succinct
ont été exécutées dans les années 1838 à 1848. Mais ce n'est que cette
année qu'elles ont pu être appréciées par le monde savant. Les détails en
ont été publiés récemment par ordre de l’Amirauté anglaise, et par les soins
de M. Airy; ils forment la matière de deux volumes grand in-4°, qui ont
paru en avril 1866, et qui ont pour titre : V; erification and extension of La
Caille’s arc of meridian at the Cape of Good Hope. |
(44)
Ce travail, par son importance et par le soin extrème avec lequel toutes
les parties en ont été exécutées, a fixé spécialement l'attention de la Com-
mission; elle propose en conséquence à l'Académie de décerner à son au-
teur, M. Mac Lear, le prix d’Astronomie de la fondation Lalande.
L'Académie adopte la proposition de la Commission.
.
PRIX EXTRAORDINAIRE DE SIX MILLE FRANCS
SUR L'APPLICATION BE LA VAPEUR A LA MARINE MILITAIRE,
A DÉCERNER EN 1866.
QUESTION PROPOSÉE POUR 1857, REMISE A 1839, rpRorocÉée a 1862, puis a 1864,
REMISE DE NOUVEAU A 4866 ET RENVOYÉE À 1868.
[ Voir aux Prix proposés, p. 532.]
(Commissaires : MM. Charles Dupin, Morin, Combes, Jurien de la Gravière,
Pâris rapporteur.) :
Rapport sur le Concours de l’année 1866.
La Commission nommée par l’Académie pour le prix d'application de
la vapeur à la marine militaire n’a eu à examiner qu’un seul Mémoire, pré-
senté par M. Sebillot, ingénieur civil.
Ce long Mémoire commence par rappeler les essais tentés depuis long-
temps pour employer l’eau distillée dans les chaudières marines au moyen
des. condenseurs tubulaires, afin d'augmenter la pression de régime. Il
mentionne la prompte corrosion des tôles de chaudières, diminuée par une
addition d’eau de mer à la condensation, par le fait seul que les graisses
constamment amenées des cylindres ont pu être expulsées par les ex-
tractions.
Le condenseur de M. Sebillot diffère de ceux en usage en ce qu'il em-
ploie des tubes rivés à des plaques opposées et entrant les uns dans les
autres. Cette disposition entraine naturellement à une longueur de tubes
double pour la même surface réfrigérante, et les tubes restent trop voisins
Pour pouvoir être nettoyés comme ceux libres dans leurs garnitures qu'on
emploie généralement, Il n'y aurait donc aucun avantage dans l'adoption
du condenseur de M. Sebillot.
L'auteur insiste beaucoup sur les avantages d'augmenter la pression de
la Vapeur en s'élevant jusqu’à 5 àtmosphères, comme on l’a déjà fait; mais
( 442)
la pratique a presque toujours ramené à des pressions moindres. Il adopte
de nombreuses petites chaudières cylindriques, comme celles usitées sur
nos canonnières, et il veut augmenter la détente dans les cylindres qu'il
porte au nombre de trois sur le même arbre, comme on l'a déjà fait de
diverses manières, avec plus ou moins d'avantages.
En résumé, et sans entrer dans les détails, le Mémoire de M. Sebillot ne
présente pas d'idées nouvelles et d’une applicatiop utile à la navigation, et,
quoiqu'il renferme des observations intéressantes, votre Commission est
d'avis qu’il n’y a pas lieu de lui accorder, en tont ni en partie, le prix relatif
aux perfectionnements de la marine à vapeur militaire.
PRIX DE MÉCANIQUE,
FONDÉ PAR M. DE MONTYON.
(Commissaires : MM. Combes, Morin, Piobert, Séguier,
| Delaunay rapporteur.)
Rapport sur le Concours de l’année 1866.
M. Tresca a exécuté dans ces dernières années une série d’expériences
nombreuses et variées, pour étudier ce qu'il appelle à juste titre l’écoule-
ment des corps solides sous de fortes pressions. Les résultats très-intéressants
auxquels il est parvenu tendent à jeter un grand jour sur la manière dont
se produit l'écoulement des liquides. L'Académie a déja donné sa haute
approbation au travail de M. Tresca, en ordonnant l'insertion de son Mé-
moire dans le Recueil des Savants étrangers. Nous ne croyons pas nécessaire
de reproduire ici les détails donnés dans le Rapport qui a motivé cette dé-
cision de l’Académie, et qui est imprimé dans le Compte rendu de la séance
du 12 juin 1865.
La Commission, prenant en grande considération l’importance et Forigi-
nalité du travail dont il s’agit, décerne à M. Tresca le prix de Mécanique
de la fondation Montyon. En outre, elle propose à l'Académie de décider
que la valeur de ce prix sera portée à mille francs.
L'Académie adopte la proposition de la Commission.
(443)
PRIX DE STATISTIQUE,
FONDÉ PAR M. DE MONTYON.
(Commissaires : MM. Mathieu, Dupin, Boussingault, Passy,
Bienaymé rapporteur.)
Rapport sur le Concours de l’année 1866.
Les ouvrages présentés au Concours de Statistique fondé par M. de Mon-
tyon ont été plus nombreux depuis quelque temps; et presque tous, à des
titres divers, appellent l'attention et l'intérêt des savants. La Commission
chargée par l'Académie de décerner le prix de 1866 aurait été facilement
amenée à donner plusieurs prix, si elle les avait eus à sa disposition. Il est
toutefois un principe, puisé dans l'esprit même de la fondation, qui dirige
le choix principalement vers les résultats numériques dus aux recherches
propres des auteurs, et portant un caractère suffisant d'originalité purement
statistique. Ce principe a permis à la Commission de classer à des rangs
différents des ouvrages qui, considérés d’un autre point de vue, offriraient
des mérites équivalents peut-être, ou du moins conduiraient à un autre
classement. La plupart des pièces de cette année ont, en effet, été envoyées
à l’Académie par des membres du corps médical, de même que l’année der-
nière; et la Commission n'avait à s’enquérir que d’une manière très-secon-
daire de la valeur plus ou moins grande qu’elles peuvent posséder, eu égard
aux sciences médicales. Aussi convient-il de dire ici sur-le-champ que
toutes réserves sont faites, tant par rapport à l'importance du côté médical
dominant dans quelques-unes de ces pièces, que par rapport aux opinions
des auteurs. Ce que la Commission a examiné et jugé, c’est le travail sta-
tistique et les procédés employés pour en déduire les résultats signalés. La
séparation qu'il fallait ainsi faire a augmenté les difficultés inévitables dans
le jugement des concours. Néanmoins la Commission ne regrette pas les
peines qu’elle a dù prendre, car elle croit très-nécessaires les statistiques
médicales bien exécutées, et elle ne peut trop encourager les efforts tentés
dans cette direction pour substituer l'observation rigoureuse des faits à des
conjectures toujours contestables et contestées, quelle qu’en soit la justesse.
Ce sont effectivement de véritables efforts qu’il faut faire pour arriver à
une statistique sérieuse, La moindre collection de faits exacts ne saurait
se compléter sans y consacrer un temps considérable. Aussi est-ce là lex-
cuse qu’allègue l’auteur du Mémoire couronné par la Commission, et qui
( 444)
ne contient que les résultats de deux années. Ce Mémoire de M. le D! Bro-
chard est intitulé : De la Mortalité des nourrissons en France, spécialement dans
l'arrondissement de Nogent-le-Rotrou. Il ne s’agit pas des enfants trouvés ou
assistés placés en nourrice dans les campagnes : la dénomination de nour-
rissons désigne ici les enfants confiés à des nourrices par leurs parents,
mais avec l'intermédiaire des bureaux de nourrices de Paris. La mortalité
de ces enfants est très-élevée. Elle a de tout temps attiré la surveillance des
autorités locales, et l’ensemble des faits déplorables exposés par M. Bro-
chard n’était pas aussi caché qu’il paraît le croire. Le mérite de son Mé-
moire, qu'on ne peut malheureusement pas taxer d’exagération quand on
a eu l’occasion de s'occuper, même superficiellement, de la situation des
nourrices et des enfants qui sont entre leurs mains, le mérite de son Mé-
moire est d'avoir précisé l’étendue du mal, du moins pour l’arrondisse-
ment de Nogent-le-Rotrou. Il a relevé pour les deux années 1858 et 1859
le nombre des naissances dans les cinquante-quatre communes de cet
arrondissement ; le nombre des décès d'enfants au-dessous de deux ans,
en séparant avec soin les décès d’enfants nés dans la commune et ceux
des nourrissons étrangers; enfin il y a joint le nombre total des nourris-
sons amenés dans l'arrondissement pendant le même temps. Il ressort de
ses tableaux que la mortalité des enfants du pays a été de 22 sur 100,
tandis que celle des nourrissons s’est élevée à 35 sur roo. L'excès de ce
dernier rapport sur le premier paraîtra déjà bien considérable, surtout si
l’on réfléchit que la mortalité des nourrissons ne peut comprendre tous
les décès qui suivent presque immédiatement la naissance, et qui sont
très-nombreux. Mais ce n’est pas tout. M. Brochard a distingué les enfants
envoyés par ce qu’on appelle les petits bureaux de Paris, et ceux qui ont été
placés par le grand bureau, c’est-à-dire par une direction qui dépend de
l’ Administration de l'Assistance publique. Les décès des enfants des petits
bureaux mal surveillés ont atteint jusqu’à 42 sur 106, tandis que ceux du
grand bureau, qui a des inspecteurs dans les campagnes, n’ont pas dé-
passé 17 sur 100. lci la différence devient effrayante. L'auteur a rendu un
service réel en la signalant aux parents que leur position , leurs affaires ou
la santé de Ja mère obligent à mettre leurs enfants en nourrice.
Votre Commission se borne à ces extraits arides du Mémoire de M. Bro-
chard. La question qu'il a traitée est à la fois d’une importance très-grande
et d’une nature des plus émouvantes. Elle prétait à des développements
étendus et à exposé de considérations morales multipliées; mais ici il con-
venait d'établir simplement l’état précis des choses étudié par l’auteur, et
( 445)
c'est son Mémoire qu'il faut lire si l’on veut prendre une connaissance en-
tière des faits très-affligeants qu'il révèle. « Le cimetière de mon village est
» pavé de petits Parisiens, » disait un maire cité par M. Brochard. Cette
parole pourrait s'appliquer, il faut le dire, à bien des localités où l’allaite-
ment des enfants des villes est une sorte d'industrie. Mais il ne faudrait
pas croire qne ce soit là une industrie récente, un mal de là civilisation
moderne. L'auteur mentionne des ordonnances qui remontent jusqu'au
commencement du xin° siècle, et qui ne laissent aucun doute sur la néces-
sité où l’on s’est vu à différentes époques de réglementer ce qui était un
véritable métier. Tout fait présumer que le mal ne s’est pas aggravé; que la
mortalité des nourrissons a diminué comme a diminué celle des enfants
trouvés, qui sont ainsi devenus une charge notable dont autrefois les bud-
gets des départements avaient peu à se préoccuper, tant était rapide la
disparition dé ces petits êtres abandonnés. L'Académie n'ignore pas, d’ail-
leurs, que la question des bureaux de nourrices a beaucoup occupé lat-
tention publique depuis la publication du Mémoire de M. Brochard. De
sérieuses discussions ont eu lieu au sein de l’Académie de Médecine, et
notre savant confère, M. le Directeur de l’Assistance publique, les a éclai-
rées de l’expérience de son administration. L'année dernière enfin une
association protectrice de l'enfance s’est constituée, et il y a lieu d’espérer
avec quelque confiance que la civilisation moderne sera assez forte, assez
intelligente pour renfermer dans les limites les plus étroites la mortalité des
nourrissons. Mais pour quiconque a pu voir l’état déplorable dans lequel
Se trouvent une partie de ces enfants au moment de leur naissance, la
possibilité de soustraire cette partie à une mort prématurée paraîtra bien
faible,
Un travail trés-bien conçu, qui se rapporte à une classe de la société
beaucoup moins intéressante que ne l’est celle des enfants en nourrice, a
été envoyé à l’Académie par M. le D" Parchappe, Inspecteur général des
Prisons. Il consiste en deux Rapports au Ministre de l'Intérieur sur la mor-
talité et les maladies dans les maisons centrales de force et de correction
Pendant les vingt-cinq années de 1836 à 1860. C’est un travail administratif
Pour lequel l’auteur a dû s'appuyer sur plus d’un collaborateur. Mais ce
qui lui appartient en propre, c’est la classification des faits; et elle est bien
Supérieure à toutes celles qui ont paru antérieurement. Il n’est pas facile
d'obtenir de nombreux renseignements pour plusieurs années sous des
formes et avec des détails qui rendent les comparaisons certaines et les cal-
culs possibles. Les soixante-trois tableaux statistiques du second Mémoire de
C. R., 1867, 1°? Semestre, (T, LXIV, N° 40.) o
( 446 )
M. Parchappe permettent des rapprochements qui donnent des idées exactes
de la mortalité et de la proportion des maladies des différentes classes de
détenus. Ces tableaux prouvent que l’auteur avait compris nettement à
quelles conditions doivent satisfaire des recherches de ce genre. Il est
extrêmement regrettable que le décès récent de l’auteur soit venu à l'im-
proviste priver l’ Administration de son talent statistique et du zèle clair-
voyant dont on aperçoit les marques dans ses Rapports, trop courts-pour
les nombreux tableaux de faits qu’ils accompagnent. C’est un devoir pour
la Commission d'exprimer ici l'espoir que la voie si bien tracée par
M. Parchappe sera suivie par l'Administration des Prisons. Il est bon
d’ajouter que cette voie pourrait être adoptée par d’autres établissements
publics qui ne fournissent que des renseignements imparfaits. Le principal
résultat des recherches de l’auteur, c’est que la mortalité a été très-diffé-
rente dans les divers établissements dont il s'occupe. De 1841 à 1860, pen-
dant que la mortalité moyenne de tous les établissements des deux sexes
descendait de 7,93 sur 100 à 6,09, elle restait encore supérieure à 8 sur 100
dans la maison d’Eysses, à 11 sur 100 dans celle de Limoges parmi les
hommes; et, parmi les femmes, à 8 sur 100 dans la maison de Clairvaux,
et à 15 sur 100 dans la maison de Limoges, où les décès ont paru plutôt
s’accroitre que diminuer pendant les vingt-cinq années. Il y a là une indi-
cation qui a dů sans doute appeler une surveillance spéciale. Il est à remar-
quer toutefois que la mortalité n’a pas été plus grande dans les maisons de
détention situées au milieu des villes que dans celles qui se trouvent à la
campagne. On serait donc porté à présumer que si, dans la vie ordi-
paire, la mortalité est plus grande dans les villes que dans les campagnes,
ce fait pourrait dépendre, en certaine proportion, de l’état valétudinaire
d’une partie des individus que les populations rurales envoient achever
leur existence au milieu des populations urbaines. Les subdivisions d'âges,
de sexes, de conditions de santé à l’entrée dans les prisons, d’état de travail
ou d’inoccupation, etc., donnent lieu à un grand nombre de rapproche-
ments du plus grand intérêt par la précision que l’auteur a su imprimer à
ses recherches. La Commission a décerné une mention très-honorable aux
excellents tableaux statistiques de M. Parchappe.
L'ouvrage important de M. le D" Le Fort sur les Maternités dans les prin-
cipaux Etats de l’Europe ne pouvait pas offrir des développements statis-
tiques aussi étendus que les précédents. L'auteur a recueilli dans les
sources officielles de tous les pays de nombreux renseignements Sur les
résultats constatés par les médecins des maisons d'accouchement. Il en
( 447)
ressort que sur 888512 femmes accouchées dans ces établissements ,
30 594 sont mortes, tandis que sur 934 781 accouchements opérés en ville,
soit par les soins de médecins appartenant à un service d’assistance, soit
dans la clientèle civile, il n’y a eu que 4405 décès. Dans ce dernier cas,
c'est 1 décès sur 212 accouchements; dans le premier, c'est 1 décès
sur 29. Ces données authentiques n’ont pas besoin de commentaires, et
elles achèvent de mettre en lumière un danger que les épidémies si fré-
quentes dans les maisons d'accouchement avaient déjà signalé. Les rensei-
gnements multipliés que M. Le Fort fournit sur les Maternités à l'étranger
offrent un grand intérêt. Il en résulte que l'excès de la mortalité de ces
maisons d'assistance est commun à toute l’Europe. Il y a deux ans, notre
confrère, M. Husson , Directeur de l’Assistance publique, avait montré
qu'à Paris, en 1861, la mortalité des accouchées dans les hôpitaux s'était
élevée à 1 sur 10, tandis que hors des hôpitaux elle n'avait été que de
1 sur 172. On reconnaît que les faits paraissent un peu moins défavorables
à l'étranger; mais encore une fois, la différence entre les accouchements
dans les Maternités et à domicile est tout aussi considérable, sauf quelques
exceptions. Au point de vue statistique, la thèse de M. Le Fort contre la
constitution actuelle des secours aux accouchées paraît complétement dé-
cidée. Quant aux causes du danger, à la contagion de la fièvre puerpérale,
dont les épidémies sont redoutables même dans les accouchements à domi-
cile, la statistique ne pouvait offrir à l’auteur les mêmes ressources. C'est
à la science médicale qu’il appartient de prononcer sur la majeure partie
du travail de l’auteur. Votre Commission lui décerne une mention hono-
rable pour les renseignements qui se rapportent à la France, et qui seuls
pouvaient entrer en considération dans le Concours ouvert par M. de
Montyon.
Le secret du nom des concurrents n'est nullement nécessaire dans ce
Concours. Cependant il a été remis à la Commission un pli cacheté renfer-
mant le nom de l’auteur d’un Mémoire manuscrit sur les rapports propor-
tionnels entre la population rurale et le travail agricole dans le département de
Seine-et-Marne de 1806 à 1856. Le billet de l’auteur ne sera ouvert que s’il
en fait la demande. Son Mémoire a pour but d'établir que l'accroissement
de la population dans les communes rurales de ce département ne s’est
manifesté que sur les terres le moins peuplées en 1806, et qu'il y a eu dimi-
nution là où les terres nourrissaient déjà une population très-serréé.
Pour justifier cette assertion, l’auteur a distribué les 499 communes ru-
6o..
: ( 448 )
rales du département en sept classes, suivant l'étendue des cultures par
tête d’habitant. Il a trouvé ainsi de 1806 à 1856 :
Nombre Superficie Sur 100 habitants.
d par tête A ——
communes. en 1806. Augmentation. Diminution.
TS PSS EE ROSES de o à _abect » 4.5
Alkarteak HER de s à 3 0,5 »
LE PERTE 130 dé 2à 3 9,3 »
ANE dé 34 À 20,7 »
denis e 09 de 4 à 5 29,6 >
ORAN RES 24 de 5 à 6 31,8 »
RS PR rt de 6 à 14 37,6 v
Ensemble. .... 499 8,1
Ce tableau semble, au premier aperçu, démontrer la thèse du Mémoire;
mais avec un peu d'attention on s'aperçoit qu’elle n’est pas établie aussi
positivement que ces premiers résultats pourraient le faire croire. L'auteur,
qui parait avoir apporté beaucoup de soin à son travail, donne un second
classement très-différent de la population en 1806 et 1856. Il en résulte
qu’elle s’est accrue dans les arrondissements de
Coulommiers. . ..: 73 communes rurales, de 6 sur 100.
Fontainebleau... . 93 » de 25 »
Melun: 5: + 92 » “.--de: 10 »
Provins: ao 94 » de 17 »
2 . . r .
et qu'elle a diminué dans l'arrondissement de
Meaux..,.....,. 147] communes rürales, de 5 sur 100.
Ce sont donc les deux arrondissements de Fontainebleau et de Provins,
les moins rapprochés de Paris, qui ont éprouvé le plus fort accroissement
de population : ce qui est bien naturel, puisque le rayon d'approvision-
nement de la capitale s’est beaucoup étendu depuis cinquante ans précisé-
ment dans les directions du sud et de l’est, et qu'il y a eu grand avantage;
non pas à y serrer la population, mais à y défricher des terres que les an-
ciens procédés ne permettaient pas de cultiver, Les arrondissements de
Meaux et de Coulommiers, antiques fournisseurs de Paris, n’ont pu parti-
Ciper qu’en proportion moindre à cette nouvelle situation. Il y aurait en-
Core à indiquer à l’auteur une difficulté sérieuse qui diminue l'autorité
des recensements sur lesquels il se fonde. Personne n’ignore de quelles
inexactitudes sont susceptibles les recensements demandés à des fonction-
( 449 ) |
naires qui manquent de temps et parfois de capacité en ce genre. L'État ne
fait aucune dépense pour ces renseignements statistiques; de sorte que s'ils
suffisent pour la connaissance administrative de la situation du pays, ils
deviennent dangereux quand il s’agit de conclusions scientifiques. On pour-
rait ajouter que dans le département de Seine-et-Marne, les petites villes,
dont le Mémoire ne tient pas compte, possèdent une population rurale qui
a pu s'accroitre. Il a donc paru à la Commission que ce Mémoire, offrant
une idée juste peut-être, du moins ingénieuse, exigerait des recherches
nouvelles dans chaque localité, un travail direct et embrassant des données
plus variées et plus particulières. Mais en même temps la Commission a
senti qu'un statisticien, quel que fùt son zèle, pouvait ne pas être à même
de discuter une à une et sur place toutes les conditions de chacune des
nombreuses communes de Seine-et-Marne, et elle a jugé que le Mémoire
anonyme sur ce département méritait dans la forme actuelle une mention
honorable, parce qu’il ouvre la voie à des recherches ultérieures.
La Commission accorde enfin une mention honorable aux Tableaux sta-
tistiques relatifs à l Asile des aliénés d'Auxerre , qui forment une partie inté-
ressante d’un ouvrage de M. le D' Girard de Cailleux, intitulé : Études pra-
liques sur les maladies nerveuses et mentales , etc. M. Girard paraît avoir
apporté des soins consciencieux à la réunion de ses chiffres; mais il faisait
sans doute pour la première fois un travail statistique étendu. De plus, sa
préface déclare en quelque sorte qu’il n’a pas grande confiance dans la sta-
üstique, ni même dans les mathématiques. Si bien que peut-être n’a-t-il pas
donné aux études théoriques, indispensable préliminaire des études pra-
tiques, toute l'attention qu'exigent de bonnes recherches statistiques. Mais
sans s'arrêter aux défectuosités qui se rencontrent dans quelques procédés
de calculs, dans certaines comparaisons de nombres beaucoup trop petits
Pour servir de bases à des conclusions rigoureuses, ou dans des rapproche-
ments qui ne remplissent pas les conditions nécessaires, on peut recon-
naître que les matériaux rassemblés dans les Tableaux de M. Girard de
Cailleux contiennent de bons renseignements sur les individus admis à
l'Asile d'Auxerre pendant dix-sept années, de 1841 à 1857. Il s’est surtout
Préoccupé du côté purement médical de ses observations, et ce sera sans
doute à ce titre que les médecins ses confrères auront à recourir à son
ouvrage; Or, comme il a été dit, ce n’est pas sous celte face qu'il convenait
d envisager ici les ouvrages présentés à l’Académie.
En résumé, la Commission décerne :
1” Le prix de 1866 à M. le D' Brocuanp pour son Mémoire sur la Morta-
( 450 )
lité des nourrissons en France, el spécialement dans l'arrondissement de Nogent-
le-Rotrou (Eure-et-Loir). Brochure in-8°.
2° Une mention très-honorable à M. le D" ParcnaPpe pour ses Rapports
au Ministre de l'Intérieur sur les Maisons centrales de force et de correction,
de 1851 à 1860. 2 brochures in-4°.
30 Une mention honorable à M. le D" Le Forr pour la partie statistique
de son ouvrage sur les Maternilés et, les Institutions charitables d’accouche-
ment à domicile dans les principaux Etats de l'Europe. 1 vol. in-4°.
4° Une mention honorable à l’auteur d’un Mémoire sur les rapports entre
la population rurale et le travail agricole dans le département de Seine-et-
Marne, de 1806 à 1856. Manuscrit in-folio.
5o Enfin une mention honorable à M. le D' Girard DE CAILLEUX pour les
Documents statistiques sur l Asile des aliénés d'Auxerre contenus dans sa
brochure intitulée : Études pratiques sur les maladies nerveuses et menta les, etc.
1 vol. in-8°.
PRIX BORDIN.
(Commissaires : MM. Pouillet, Edm. Becquerel, Foucault, Regnault,
Fizeau rapporteur.)
Rapport sur le Concours de l’année 1866.
« Déterminer les indices de réfraction des verres qui sont aujourd’hui em-
» ployés à la construction des instruments d'optique et de photographie.
» Ces indices seront rapportés aux raies du spectre.
» Les matières seront désignées par les noms des fabriques ‘rançaises ou étran:
» gères d’où elles sortent.
» Les pesanteurs spécifiques et les températures seront déterminées avec grand
» SOIN, »
S'il était certain, d’après le texte même de la question proposée, que l’Aca-
démie avait surtout en vue de provoquer des déterminations précises, SUs-
ceptibles de contribuer au perfectionnement des instruments d'optique ei
de photographie, on ne devait guère douter, d’après le caractère habituel
de nos Concours, que certains dével ts plus spécialement relatifs aux
phénomènes physiques eux-mêmes ne fussent considérés commie un titre
de plus à votre approbation. Telle est la pensée qui parait avoir dirigé
l’auteur du Mémoire, avec supplément, inscrit sous le n° 1 avec la de-
( 451 )
vise : Deus nobis hæc otia fecit. C’est un travail considérable qui doit être le
fruit de longues et consciencieuses recherches, exécutées avec une habileté
et une persévérance très-dignes d'éloges.
Après un chapitre consacré aux préliminaires et à l'historique de la ques-
tion, l’auteur expose la méthode d'observation, et décrit avec tous les détails
nécessaires les instruments de mesure.
On sait que les indices de réfraction sont des constantes numériques
propres à chaque substance transparente, et dont les valeurs sont différentes
pour chacun des rayons simples, colorés ou invisibles qui composent la lu-
mière blanche; constantes qui représentent les rapports entre les sinus des
angles d'incidence et de réfraction, ainsi que les vitesses relativesde la lumière
pour le rayon incident et le rayon réfracté. On sait aussi que lon doit à
Newton une méthode élégante, propre à déterminer ces indices, méthode
qui est certainement l’une des plus précises que la science possède encore
aujourd’hui. L'auteur du Mémoire ne pouvait mieux faire que d'en adopter
le principe, qui est le suivant : au moyen d’un cercle divisé on observe
l'angle de déviation subi par un rayon lorsqu'il traverse un prisme de la
substance d’un angle connu et dans la position particulière où se produit le
minimum de déviation. De cette déviation minimum et de l’angle du prisme,
on conclut les deux angles d'incidence et de réfraction, dont les sinus
donnent immédiatement par leur rapport l'indice de réfraction cherché.
L'appareil principal destiné à mesurer les angles consistait en un gonio-
mètre construit spécialement pour ces recherches par MM. Brunner, et muni
de tous les perfectionnements que les progrès de la science ont indiqués pour
accroître la précision des mesures. L'instrument portait deux lunettes, dont
une servant de collimateur, et un cercle de 14 centimètres de diamètre, divisé
en sixièmes de degré, et donnant les dix secondes au moyen de deux verniers
diamétralement opposés. Soumises à des vérifications attentives, ces divisions
ont été trouvées d’une exactitude et d’une régularité presque absolues.
Cette description des appareils est suivie dans le Mémoire d’un examen
approfondi de la limite de précision des mesures et de l’évaluation numé-
rique des erreurs probables. Nous devons signaler ici un point qui a donné
lieu à quelques observations critiques de la part de vos Commissaires ; il
Sagit de l'influence que peut avoir sur les mesures effectuées la situation
donnée au prisme dans les expériences ; son arête verticale peut en effet être
centrée sur l'axe de rotation du gouiomètre, où ne pas l'être. L'auteur a
adopté la première disposition : plusieurs de vos Commissaires ont été d'avis
que la seconde eût été préférable; ajoutons toutefois que plusieurs vérifi-
( 452 )
cations faites par l’auteur montrent bien que l'exactitude des résultats n’a pas
dù être altérée par cette circonstance.
L'auteur arrive enfin à l’objet principal de son travail, c’est-à-dire à la
détermination des indices de réfraction pour les principales espèces de verres
aujourd'hui employés dans la fabrication-des instruments d'optique. Il s’est
d’abord procuré, puis a fait tailler en prismes d’un angle de 6o degrés environ,
des échantillons nombreux des diverses variétés de crown-glass et de flint-
glass provenant des principales fabriques de verres destinés aux instruments
d'optique, tant en France qu’à l'étranger. L'auteur a soumis ensuite chacun
de ces prismes en particulier à un système complet d'observations bien or-
données, comprenant d’abord la densité de la substance, eu second lieu la
mesure de l’angle du prisme, enfin la mesure de langle de déviation mi-
nimum pour tous les points principaux du spectre solaire, c’est-à-dire pour
les huit raies de Fraünhofer de A à H dans le spectre visible, et pour les sept
raies de M. Edm. Becquerel de I à O dans le spectre ultra-violet. Dans cette
dernière région et pour les rayons extrêmes tout à fait invisibles, un oculaire
particulier à vision latérale permettait de recevoir et d'observer les rayons
obscurs sur un écran blanc recouvert de sulfate de quinine, substance qui
d’après M. Stokes jouit de la propriété de rendre visibles par fluorescence
les rayons invisibles qui la frappent; cet artifice, déjà employé par M. Es-
selbach, a parfaitement réussi à l’auteur.
Toutes les mesures d'angles ont été prises en suivant une marche métho-
dique et uniforme qui devait en assurer la rigueur; le minimum était
observé par la méthode de la déviation doublée, en faisant six réitérations à
partir de divers points du cercle, et à chacune d'elles quatre répétitions
d'angles; puis on recommencçait en sens inverse. C'était la moyenne de toutes
ces mesures qui était prise pour la déviation cherchée. Enfin la température
du prisme pendant les observations était exactement déterminée au moyen
de deux thermomètres.
De nombreux tableaux numériques présentent avec beaucoup d’ordre les
observations complètes, les observations réduites ou les indices, enfin Îles
données numériques appelées rapports de dispersion qui permettent de pré-
voir avec facilité les propriétés des diverses combinaisons de verres, relati-
vement à l’achromatisme, soit pour les rayons colorés, soit pour les rayons
photographiques.
Le Mémoire se termine enfin par un dernier chapitre trés-intéressant et
assez développé pour être considéré comme un travail à part, concernant
l'influence de la température sur l'indice de réfraction. Un prisme était placé
(453 )
avec un thermomètre au centre d’une double étuve pouvant être chauffée
par de la vapeur d’eau, et les réfractions étaient étudiées d'abord à la tem-
pérature ambiante, puis à une température voisine de 100 degrés.
Ces expériences ont donné les résultats suivants : avec les corps tres-ré- `
fringents, comme les divers flint-glass, le diamant, la blende, la réfraction
varie en devenant plus grande par l'effet de la chaleur, tandis qu'avec des
corps moins réfringents, comme le verre ordinaire et les divers crown-plass,
la.variation devient nulle ou à peine sensible; enfin, avec certains corps, en
général d’un indice assez faible, comme le spath fluor, le sel gemme, l’alun,
la réfraction diminue d’une manière très-certaine par l'effet de la chaleur.
L'auteur présente ces observations comme une confirmation de plusieurs
résultats précédemment obtenus par l’un de vos Commissaires, en suivant
une autre méthode. I] existe en effet une concordance remarquable entre la
plupart des phénomènes observés dans l’une et l’autre circonstance. Mais
plusieurs faits nouveaux et intéressants appartiennent en propre à l’auteur,
et parmi eux on peut signaler comme le plus important la variation inégale
des indices des diverses couleurs, variation qui est d’une nature telle, que
pour tous les corps solides observés jusqu'ici, soit à variation positive, soit
à variation négative, la dispersion augmente toujours par l’élévation de la
température.
Quant aux vues théoriques qui accompagnent ces observations inté-
ressantes, elles n’ont pas paru à vos Commissaires reposer sur des faits assez
nombreux et assez précis pour permettre de les apprécier avec quelque cer-
litude,
Un second Mémoire, dans lequel le sujet proposé est encore traité d’une
manière remarquable, a été inscrit sous le n° 2; il porte la devise : Ce sont
les bons verres qui font les bonnes lunettes.
Ce Mémoire a été considéré par vos Commissaires comme une œuvre dis-
tiguée, bien ordonnée dans toutes ses parties, mais moins complète dans
son ensemble et moins approfondie que celle dont nous venons de vous en-
tretenir.
Dans les deux Mémoires la méthode d’observation est la méme, sauf en
quelques points de détail qui ont paru supérieurs dans le Mémoire n° 2.
Les échantillons de verres dont les indices ont été déterminés d’une ma-
nière très-complète, tant pour le spectre visible que pour le spectre ultra-
violet, présentent ici une série moins nombreuse et moins complète. Les
mesures des déviations ont été très-bien faites, et répondent d’une manière
satisfaisante au programme proposé; mais l'approximation ne parait pas
C. B., 1867, 1èr Semestre. (T. LXIV, N° 40.) 61
( 454 )
avoir été poussée aussi loin que dans l’autre Mémoire. Pour l'observation des
rayons ultra-violets, l'auteur a employé concurremment des lentilles en
quartz, substance plus transparente que le verre pour ces rayons, et de plus
un oculaire photographique dans lequel les raies elles-mêmes venaient
tracer leur image. Les mesures ont pu être ainsi effectuées jusqu'aux
raies P et Q, c’est-à-dire un peu plus loin que dans le travail précédent.
Enfin les densités des verres ainsi que les températures ont été déterminées
avec toute la précision désirable. Nous ne pourrions du reste, sans répéter
ce qui a été dit plus haut, entrer dans de plus longs détails sur cet excellent
t l t,en terminant, que les nombreux résultats
travail. Nous
numériques qu’il renferme paraissent mériter toute confiance, et qu'ils
pourront devenir fort utiles en les joignant aux résultats plus complets encore
du premier Mémoire.
En conséquence, votre Commission a décidé :
1° De décerner le prix Bordin pour 1866 à l’auteur du Mémoire n° 1.
2° D'accorder une mention trèés-honorable à l’auteur du Mémoire n° 2.
L'auteur du Mémoire n° 1 est M. Barre, d'Aix (Bouches-du-Rhône).
L'auteur du Mémoire n° 2 est M. E. Muscarr.
PRIX BORDIN.
QUESTION PROPOSÉE EN 4864 rour 1866.
(Commissaires : MM. Pouillet, Edmond Becquerel, Foucault, Regnault,
Fizeau rapporteur. )
Rapport sur le Concours de l’année 1866.
« Déterminer par de nouvelles expériences, et d'une manière trés-précise,
» les longueurs d’onde de quelques rayons de lumière simple bien définis. »
Un seul Mémoire, inscrit sous le n° r, a été envoyé au Concours avec
cette épigraphe : La simplicité des méthodes est une garantie de la précision des
mesures.
Ce travail important et plein d'intérêt a fixé de suite l’attention de vos
Commissaires, et leur a paru répondre d’une manière très-satisfaisante au
programme proposé par l’Académie; dans le but de justifier devant elle
cette appréciation favorable, nous allons présenter un exposé succinct de
l’état de la question et des progrès réalisés par l’auteur de ce Mémoire.
(455)
On sait que pour la lumière comme pour le son, la longueur d’onde est
une certaine longueur considérée dans le sens de la propagation, et corres-
pondant à deux points où les mouvements vibratoires sont semblables, la
demi-longueur d’onde correspondant à deux points où les mouvements
vibratoires sont opposés. Cette longueur est plus ou moins grande, suivant
la couleur de la lumière ou le degré de gravité des sons; mais elle est fixe
pour chaque variété de vibrations se propageant dans le même milieu, en
sorte qu’elle peut être employée à caractériser et à définir, soit un son en
particulier, soit un rayon de lumière d’une certaine couleur.
En ne considérant ici que la lumière, les physiciens s'accordent aujour-
d'hui à regarder les divers rayons élémentaires qui la composent comme
ne différant entre eux d’une manière essentielle que sous le rapport de la
longueur d’onde ; en sorte que cette longueur étant connue et mesurée avec
précision pour un rayon donné, toutes les propriétés physiques de ce rayon
sont, par là même, déterminées comparativement à celles d'un autre rayon
d’une longueur d’onde différente. On voit ainsi que la longueur d'onde est
un nombre constant et caractéristique de chaque variété de rayons lumi-
neux, soit que les rayons se rapportent à Pune des sept couleurs princi-
pales du spectre solaire, soit qu'ils appartiennent à ces parties extrêmes et
obscures du spectre, où l'œil ne peut les apercevoir qu'incomplétement,
et où leur présence se révèle surtout par des phénomènes particuliers d’ac-
tions chimiques, de phosphorescence, de fluorescence ou d'élévation de
température.
Cependant une difficulté considérable se présente dans la détermina-
tion précise de ces longueurs d’onde; leurs dimensions sont, en effet, si
petites, qu’elle dépassent à peine un demi-millième de millimètre pour les
ERGEN jaunes. Un peu plus grandes pour les rayons rouges et décroissant
d'une manière continue jusqu'aux rayons violets du spectre, ces longueurs
restent toujours d’une petitesse extrême.
Malgré cette circonstance défavorable, les physiciens ont trouvé dans
plusieurs phénomènes lumineux remarquables les moyens de fixer avec une
certaine précision les valeurs numériques des longueurs d'onde. Les an-
neaux des lames minces de Newton, les franges d’interférence d’ Yong,
celles des miroirs de Fresnel et plusieurs autres phénomènes analogues,
se fourni des déterminations assez exactes et concordantes; mais c'est prin-
Cipalement le phénomène des réseaux de Fraunhofer qui a donné lieu aux
Mesures les plus satisfaisantes, surtout parce qu’elles ont été rapportées à
des rayons bien définis par les lignes fines ou raies du spectre soiin
le
(456 )
Lorsqu'on regarde de loin une fente lumineuse avec une lunette au de-
vant de laquelle on a placé un réseau formé, soit de fils parallèles équi-
distants et trés-rapprochés, soit de traits d’une grande finesse régulièrement
gravés sur une glace, on observe une image blanche centrale comme si le
réseau n'existait pas, mais de plus, à droite et à gauche de cette image, on
aperçoit plusieurs spectres colorés dans lesquels on peut distinguer les
lignes fixes ordinaires, Si la lunette est montée sur un cercle divisé, on peut
mesurer les angles de déviation des principaux rayons, et, les mesures étant
supposées prises sur le premier spectre, on obtient immédiatement la lon-
gueur d'onde d’un rayon en multipliant, suivant la formule de M. Babinet,
le sinus de l’angle de déviation par la distance qui sépare les milieux de deux
traits contigus du réseau.
Bien que les déterminations effectuées par Fraunhofer au moyen de cette
méthode fussent considérées comme excellentes et certainement les meil-
leures que la science possédät jusqu'à ce jour, il était cependant désirable
qu'elles fussent vérifiées par de nouvelles observations très-précises, et
surtout qu'elles fussent étendues à un certain nombre de nouveaux rayons
visibles ou invisibles qui n’ont été découverts et étudiés que dans ces der-
niers temps. Telest, en effet, le but que s’est proposé l’auteur du Mémoire
n°1, en se livrant aux longues et consciencieuses recherches dont nous
allons rapporter les résultats les plus saillants.
On peut signaler d’abord dans les premiers chapitres la démonstration
d'une propriété remarquable des réseaux découverte par l’auteur. Voici en
quoi elle consiste : lorsqu'on observe par transmission à travers un réseau
de plus en plus incliné sur le rayon incident, et dans le plan de diffraction,
la déviation des specires diminue d’abord, puis reste un instant constante
pour augmenter ensuite. Il y a donc là un minimum de déviation tout à fait
analogue au minimum de déviation observé par Newton dans les spectres
réfractés par les prismes de verre. L'auteur ‘explique par des formules élé-
gantes toutes les circonstances du phénomène, et fait voir de plus que c'est
en observant ce minimum de déviation que les mesures deviennent les plus
simples et les plus rigoureuses.
Plusieurs chapitres du Mémoire sont consacrés à la description et à
l'étude des appareils d'observation. C'étaient principalementun goniomètre
construit avec une grande perfection par MM. Brunner, et des réseaux va-
riés au nombre de six, tracés sur verre au diamant par M. Nobert de
Barth.
} P . + A , S
Muni de ces moyens d'observation, et après s'être entouré de toutes le
(437)
précautions qui pouvaient assurer l'exactitude des résultats, l’auteur a
repris d'une manière complète la détermination des longueurs d'onde des
principaux rayons du spectre solaire, bien définis par les lignes fixes de
Fraunhofer.
On remarque ensuite des séries d'observations spéciales faites sur les
rayons particuliers émis par les flammes sous l'influence de corps divers
réduits en vapeur. On sait que MM. Kirchhoff et Bunsen ont montré que,
dans ces circonstances, il y a des rayons caractéristiques de certaines
substances, et que, sur ce principe, ils ont fondé une méthode d’une déli-
catesse extrême, propre à déceler la présence de divers corps simples ou
composés. Les propriétés de ces rayons doivent donc intéresser à la fois les
chimistes et les physiciens; et la détermination de leurs longueurs d'onde,
pour la plupart tout à fait inconnues, est certainement un résultat tres-im-
portant du nouveau travail. Les observations rapportées dans le Mémoire
comprennent les spectres de l'hydrogène, du lithium, du calcium, du stron-
tium, du magnésium, de l'argent, du zinc et du cadmium. Mais ce qui pré-
sente un intérêt au rhoins égal, et ce qui montre peut-être encore mieux
l'habileté de l’auteur, c’est d’avoir pu aborder avec succès la mesure des
longueurs d'onde des rayons ultra-violets, c'est-à-dire de ces radiations si
nombreuses et si variées douées de réfrangibilités plus grandes que le vio-
let, et qui s'étendent, dans certains cas, à une distance considérable au
delà du spectre visible.
La manière dont ces rayons sont distribués, ainsi que leurs propriétés
physiques si singulières, avaient été déjà signalées et étudiées principalement
par M. Edmond Becquerel. Mais leurs longueurs d'onde n'avaient pas en-
core été mesurées par la méthode si précise des réseaux. On possédait seu-
lement une première détermination obtenue par M. Esselbach, au moyen
d’une méthode différente, celle des spectres à bandes d’interférence.
Les difficultés que présentaient ces mesures délicates n’ont pu étre sur-
montées par l'auteur qu'au moyen de plusieurs artifices ingénieux décrits
dans le Mémoire, et que nous ne pouvons que mentionner ici. Il convient
cependant de citer comme essentiel un petit appareil désigné par l’auteur
sous le nom d’oculaire photographique. C'est une petite glace recouverte de
collodion sensibilisé, glace que l’on peut substituer à l’oculaire de la lu-
nette, en la plaçant derrière les fils du réticule; on peut, par ce moyen,
mesurer les déviations des rayons invisibles avec une exactitude peu infé-
rieure à celle qu’on obtient pour les rayons visibles.
L'auteur a effectué ces mesures sur les spectres ultra-vivlets de la lu-
( 458 )
mière solaire et de la lumière du cadmium. Ce dernier spectre est surtout
remarquable en raison de l’étendue extraordinaire occupée par les radia-
tions invisibles.
Les longueurs d'onde obtenues dans cette région vont en diminuant
d'une manière continue depuis o™, 0003067 (raie H) jusqu’à 0"",0002217
(rayons extrêmes). La valeur de ce décroissement a été comparée par l’au-
teur aux accroissements de réfraction des mêmes rayons lorsqu'ils tra-
versent un prisme de spath d'Islande; il ressort de cette comparaison que
pour ces rayons les plus réfrangibles une faible variation dans la longueur
d'onde correspond à un accroissement considérable de l'indice de réfrac-
tion. Ce résultat, appuyé de données numériques précises, ne peut manquer
de contribuer aux progrès de la théorie de la dispersion. On peut remar-
quer qu’il est bien d'accord avec la dispersion rapidement croissante du
rouge au violet dans les spectres réfractés, ainsi qu'avec les déterminations
antérieures relatives aux rayons calorifiques obscurs situés à l'extrémité
opposée du spectre, dans la région ultra-rouge. Là, en effet, les longueurs
d'onde varient très-rapidement pour des changemeñts relativement très-
faibles dans les indices.
L'auteur fait observer que les ondes les plus courtes, 0™ 00022, com-
parées aux ondes les plus longues des rayons visibles, 0"®,00076(raie A),
forment dans l’échelle des vibrations une étendue de près de deux octaves,
dont le rapport est 1 : 4; on peut ajouter que cette étendue dépasserait
trois octaves, dont le rapport est 1 : 8, si l’on considérait les ondes les plus
longues, 0"®,00190, des derniers rayons calorifiques obscurs qui ont pu
être observés. |
Enfin, dans une derniére partie, l’auteur expose les observations spé-
ciales qu'il a faites pour rapporter au mètre toutes les mesures données
dans le Mémoire. Il montre qu'il suffisait, pour atteindre ce but, de mesurer
directement en fractions de l'unité métrique une seule longueur d'onde,
celle de la raie D par exemple, celle de tous les autres rayons se trouvant
alors, d’après la méthode, elle-même exprimée en fractions de la même
unité.
Le résultat final obtenu par l’auteur est o™™ 0005888 pour la longueur
d'onde de la raie D rapportée au millimètre.
Ce nombre concorde exactement avec celui que les physiciens avaient
adopté d’après Fraunhofer, tout en souhaitant depuis longtemps qu’il pût
ètre soumis à un contrôle aussi direct et aussi rigoureux. On pourra
donc l’employer désormais avec une sécurité plus grande encore dans les
( 459 )
applications nombreuses auxquelles se prête si bien la lumière jaune du
sodium, particulièrement pour la mesure d’autres longueurs très-petites.
En résumé, le Mémoire n° 1 est certainement le travail le plus approfondi
et le plus satisfaisant qui ait été fait depuis Fraunhofer, relativement aux
longueurs d'onde des divers rayons qui composent la lumière. De l'avis de
tous vos Commissaires, ce travail révèle chez son auteur des connaissances
théoriques distinguées et une grande habileté expérimentale. On pouvait
souhaiter, sans doute, qu’il eût employé quelque antre méthode d'observa-
tion concurremment avec celle des réseaux. Cependant son Mémoire à fait
faire à la question des progrès si considérables, que votre Commission s’est
trouvée unanime pour lui décerner le prix.
L'auteur du Mémoire n° 1 est M. Mascarr, déjà nommé.
PRIX FONDÉ PAR M" La MarQuISE DE LAPLACE.
Une Ordonnance royale ayant autorisé l’Académie des Sciences à accepter .
la donation, qui lui été faite par Madame la Marquise de Laplace, d’une
rente pour la fondation à perpétuité d’un prix consistant dans la collection
complète des ouvrages de Laplace, prix qui devra être décerné chaque
année au premier élève sortant de l’École Polytechnique,
Le Président remet les cinq volumes de la Mécanique céleste, l'Exposition
du Système du Monde et le Traité des Probabilités à M. Lanerois ( François-
Marie-Nicolas), sorti le premier en 1866 de l’École Polytechnique et entré
à l'Ecole impériale des Mines.
PRIX TRÉMONT.
(Commissaires : MM. Dupin, Chevreul, Pouillet, Morin,
Combes rapporteur.)
Le prix institué par M. le Baron de Trémont, pour aider un savant sans
fortune dans les frais de travaux et d'expériences qui feront espérer une décou-
verte ou un perfectionnement très-utiles dans les sciences et dans les arts libéraux
industriels, a été décerné déjà trois fois par l’Académie. Il a été donné
d'abord à M. Ruhmkorff, pour son appareil d’induction qui reçoit chaque
Jour des applications nouvelles dans les recherches scientifiques et les
( 460 )
travaux de l’industrie, puis à M. Niepce de Saint-Victor pour les progres
considérables qu'il a fait faire à la photographie, et en dernier lieu
à M. Poitevin, pour ses procédés de gravure photographique, de transport
des images sur la pierre lithographique et ses épreuves dites au charbon.
Votre Commission vous propose de le décerner aujourd’hui à M. Gaunn,
et de lui en prolonger la jouissance pendant trois ans.
M. Gaudin a consacré sa vie à des expériences et à des études théoriques
qui se distinguent par un caractère prononcé d'originalité et dont plusieurs
ont abouti à des résultats importants. Il les a poursuivies avec une persévé-
rance rare et un désintéressement poussé jusqu'à l’abnégation, sans autre
encouragement que le suffrage de quelques Membres de cette Académie et
les facilités qu’ils ont pu lui procurer.
Personne wa mieux manié que lui les appareils propres à produire les
températures les plus élevées. Il y a trente ans qu’il parvint, à l’aide d’un
chalumeau en platine d’une construction nouvelle, et en employant les
gaz oxygène et hydrogène chauffés séparément par la chaleur du foyer lui-
„même, à fondre l'alun ammoniacal additionné de quelques millièmes de
chromate de potasse, et obtint ainsi des globules fondus ayant tous les
caractères et la composition du rubis oriental. Sur le Rapport d’une Com-
mission composée de MM. Berthier et Becquerel, l’Académie jugea la Note
présentée à ce sujet digne d’être insérée dans le Recueil des Savants
étrangers.
Vers la même époque, M. Gaudin montra que le quartz est susceptible
d’être fondu, filé et soufflé comme le verre. Il découvrit les propriétés par-
ticulières à l’alumine, dé cristalliser par solidification, et de donner par la
fusion une masse très-fluide, tandis que le quartz reste toujours visqueux.
Il porta aux plus hautes températures les corps les plus réfractaires, le pla-
tine, l’iridium, le tungstène, et découvrit des propriétés caractéristiques
de chacun d'eux, dont quelques-unes ont été utilisées depuis. Il aurait
été plus loin, sans doute, dans cette voie; mais l'instrument en platine
qu'il avait fait construire ne lui appartenait pas et lui fut retiré.
M. Gaudin a obtenu par la fusion des lentilles de quartz qui jouissent de
propriétés particulières et qui sont encore fréquemment employées.
Il a le premier adopté la formule de la silice, dérivée des densités des
vapeurs du chlorure et du fluorure de silicium et des chlorures d’étain et de
titane déterminées par M. Dumas, formule confirmée depuis et devenue
inattaquable après le beau travail de M. de Marignac sur les fluosilicates
et les fluostannates.
( 467 )
Sous le nom de Morphogénie moléculaire, M. Gaudin a donné une théorie
du groupement des atomes de laquelle il tire les relations existantes entre
les formes géométriques des corps cristallisés et leur composition en équi-
valents chimiques. On peut se demander si les concordances entre les faits
observés et les déductions de sa théorie suffisent pour établir la nécessité
de celle-ci et son introduction dans la science. Quoi qu'il en soit, les idées
nouvelles de M. Gaudin méritent de fixer l'attention des savants. Il les a
développées dans plusieurs Mémoires, avec le secours de planches magni-
fiques qu’il a composées et dessinées. Son plus vif désir serait que ce fruit
de son labeur et de ses longues méditations fùt soumis au jugement du
monde savant. Sans nous prononcer sur la valeur de ce grand travail,
nous n'hésitons pas à exprimer la conviction que sa publication ne serait
pas sans profit pour le progrès de la science.
Il faut, pour apprécier tout le mérite des œuvres de M. Gaudin, se
reporter au temps où il les a conçues et considérer la nécessité où il s’est
souvent trouvé d'interrompre, à défaut de moyens, après avoir épuisé ses
ressources personnelles, des expériences qui promettaient des résultats
importants et utiles. Ces expériences et ces théories certainement fort ingé-
nieuses ont été et sont encore l’objet unique de ses préoccupations. Il leur
a toujours sacrifié les intérêts de sa fortune. En accueillant notre proposi-
tion, l’Académie honorera un dévouement pur et désintéressé à la science,
qui aura attendu bien longtemps sa récompense, et sera l’exécutrice fidèle
des nobles intentions qui ont dicté le testament de M. le Baron de Trémont.
L'Académie adopte les propositions de la Commission.
C. R., 1867, 127 Semestre, (T. LXIV, N° 40.) 62
( 462)
PRIX DÉCERNÉS.
SCIENCES PHYSIQUES.
GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES.
QUESTION PROPOSÉE EN 1861 rour 1865, ET REMISE AU CONCOURS POUR 1866.
(Commissaires : MM. Coste, de Quatrefages, Robin,
CI. Bernard, Milne Edwards rapporteur.) :
« De la Ra des animaux hybrides par le moyen de la fécondation
» artificielle. »
L'Académie, n'ayant reçu aucun travail sur ce sujet, retire la question
qu’elle avait proposée pour le prix à décerner en 1866. ;
PRIX DE PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE,
FONDÉ PAR M. DE MONTYON.
(Commissaires : MM. Claude Bernard, Milne Edwards, Coste, Robin,
Longet rapporteur.)
Rapport sur le Concours de l’année 1866.
La Commission du prix de Physiologie expérimentale exprime tous ses
regrets devant l’Académie de s’être vue privée, cette fois, du concours éclairé
d’un de ses Membres, M. Cl. Bernard, qu'une trop longue maladie, heu-
reusement à son terme, tient éloigné de nos séances depuis plusieurs mois.
Votre Commission, Messieurs, est d'avis qu’il n’y a pas lieu à décerner
le prix annuel de Physiologie et vous propose d'accorder seulement DEUX
MENTIONS HONORABLES : l’une à M. Cou, professeur à l’École d’Alfort,
pour ses Expériences sur la chaleur animale; l'autre à M. PuILIPEAUX, aide
naturaliste au Muséum de Paris, pour ses Études expérimentales sur la greffe
( 463 )
animale et sur la régénération de la rate chez les Mammifères et des membres
chez les Salamandres aquatiques.
M. Cous. — Les expérimentateurs, qui ont abordé l'étude de la chaleur
animale à des points de vue divers, sont loin d’avoir épuisé cet intéressant
sujet. M. Colin, connu par d'importants travaux, surtout en Physiologie,
vient de remplir plusieurs lacunes des observations antérieures : après avoir
perfectionné les procédés d’expérimentation, il les a appliqués d’une
manière comparative à un grand nombre d'animaux dans des conditions
déterminées et a obtenu ainsi quelques résultats que votre Commission a
jugés dignes d'intérêt.
Pour arriver à constater les différences à la fois si légères et si nom-
breuses que la répartition de la température présente dans l’économie ani-
male, il a paru indispensable à cet expérimentateur de recourir à des moyens
plus parfaits que ceux dont on s’est servi depuis J. Hunter et John Davy.
C’est dans ce but qu’il a imaginé, pour porter le thermomètre au sein de
tous les organes sans en troubler les fonctions, un tube métallique fenêtré
à l’une de ses extrémités et dans lequel se meut un piston poussant la boule
de l'instrument au niveau de la fenêtre. Avec cet appareil fort simple, il a
pu aisément prendre la température de la trachée, des bronches, de la ves-
sie, de l'utérus, des diverses régions du thorax et de l'abdomen, celle des
oreillettes et des ventricules du cœur, de l'aorte, des veines caves supé-
rieure et inférieure. Lorsqu'il a voulu constater celle du tissu pulmonaire,
des masses musculaires contractées ou relâchés, du foie, de la rate, des
reins, enfin celle de l'estomac et de l'intestin aux différentes phases de la
digestion, il a fait usage d’un autre appareil conducteur muni d’une pointe
de trocart pour frayer les voies. Ainsi, il a évité les grandes incisions qui
exposent les viscères à la double influence réfrigérante de Pair et de Péva-
poration, puis ces nombreuses ligatures de vaisseaux qui, en gênant la cir-
culation, peuvent modifier si profondément le jeu des organes. Enfin, dans
loutes ses expériences, il a employé des thermomètres métastatiques, à
maxima, très-sensibles et construits ou vérifiés par M. Walferdin.
Grâce à cette méthode et à ces instruments, les observations sont deve-
nues précises et facilement comparables. Elles ont pu être faites sur la plu-
part des organes, notamment sur le cœur, presque sans que l'animal en eût
Conscience,
La température de chaque couche a été déterminée avec ses oscillations
les plus légères : dans un très-petit nombre de parties, elle a paru con-
62..
( 464 )
stante; dans la plupart, au contraire, particuliérement à la peau, aux
muscles, aux organes respiratoires et digestifs, elle s’est trouvée très-va-
riable. L'économie, prise en masse, s’est donc montrée comme un agrégat
de foyers produisant et dépensant inégalement le calorique que les cou-
rants sanguins sont inhabiles à répartir avec uniformité,
C'est surtout en ce qui concerne le sang, ce grand distributeur du
calorique animal, que M. Colin a multiplié ses observations. Il a reconnu
notamment qu'il n'existe pas, contrairement à l'opinion la plus générale,
de rapport constant entre la température du sang artériel et celle du sang
veineux : dans certaines parties, l’excès est au profit du sang artériel; dans
d’autres, il est à l'avantage du sang veineux; ici, les différences s'élèvent à
plusieurs degrés, et là elles ne dépassent point quelques dixièmes. Cela
dépend des zones que les vaisseaux parcourent et aussi de plusieurs causes
que l’auteur s’est appliqué à déterminer.
La variabilité des rapports de température entre les deux sangs, qu’on
savait déjà être très-grande aux surfaces et vers les extrémités, s'étend, mais
en s’affaiblissant, jusqu’au cœur lui-même. Dans cet organe, selon M. Colin,
l'excès de température n’appartient constamment à aucun des deux sangs,
ni au sang artériel, comme on le croyait autrefois, ni au sang veineux, ainsi
qu'il résulterait des expériences de Malgaigne et surtout de celles de notre
confrère M. Bernard. Sur 102 expériences comparatives, M. Colin a observé
51 fois l'excès dans le ventricule gauche, 3r fois dans le ventricule droit, et
21 fois l'équilibre parfait entre les deux. Mais ce n’était pas assez d'établir
le fait de ces variations, il importait d'en découvrir les causes. M. Colin
croit avoir reconnu que les variations observées ne sont point arbitraires
et accidentelles, qu’elles se lient'à des conditions physiologiques précises,
qu’en un mot elles sont soumises à des lois d’une grande simplicité. « Leurs
causes, dit-il, résident dans la température propre de chacun des trois
courants veineux qui alimentent les cavités droites du cœur, dans les 0s-
cillations de cette température, oscillations duesù l’état de la peau, de l'ap-
pareil digeslif et du système musculaire. »
Ainsi, chez le Bélier, couvert d’une épaisse toison, le sang des veines super-
ficielles à peine refroidi et le sang de la veine porte fortement échauffé sous
l'influence d’un travail digestif permanent, arrivent au ventricule droit avec
un degré de température le plus souvent supérieur à celui du sang des ca-
vités gauches, comme M. Bernard l’a constaté il y a une douzaine d'années.
Mais, chez les Solipèdes, il n’en est plus de même : comme cela résulte des
expériences de M. Colin, chez ces animaux qui ont le réseau vasculaire super-
( 465 )
ficiel plus refroidi, le sang des cavités droites est au contraire moins chaud
que le sang des cavités gauches ou ne le dépasse en température que très-
rarement. Enfin, chez le Chien aussi, où le revêtement cutané conserve
mal le calorique des veines extérieures, chez le Chien où l'étroit système
de la veine porte ne s’échauffe que par intervalles, le contenu du ventri-
cule droit ( sang veineux) offre ordinairement une infériorité de tempéra-
ture de 2, # ou -& de degré et ne dépasse que par exception la tempé-
rature du sang artériel dans le ventricule gauche.
D'autre part, il importe de noter avec l’auteur du Mémoire qu’à tout
instant l’état du systèmé musculaire peut venir modifier, intervertir même
les rapports de température entre les deux sangs dans le cœur. Le dégage-
ment de chaleur qui résulte de la contraction des muscles des membres et
du tronc (Becquerel et Breschet) propage ses effets jusqu'au cœur avec
une extrême rapidité.
Quelle que soit l'explication que l’on donne de la prééminence ther-
mique qui, au moins chez le Cheval, le Chien et probablement chez l'homme,
appartient ordinairement au sang artériel dans le cœur, cette prééminence
est un fait digne de fixer l'attention des physiologistes. Si l’on rejette,
comme le fait observer l’auteur de ces expériences, l'hypothèse d’un cer-
tain dégagement de chaleur dans le poumon lui-même, il devient difficile
de comprendre comment le sang qui vient de traverser un tissu moins
chaud que lui (car M. Colin assure avoir toujours trouvé au poumon,
même à sa base, une température inférieure à celle du sang qui y arrive),
il est difficile, disons-nous, de comprendre comment ce sang, qui perd aussi
du calorique par suite de son contact médiat avec l'air inspiré, et de l’éva-
poration de l’eau à la surface de la muqueuse pulmonaire, peut néanmoins
avoir, à sa sortie de l'appareil respiratoire, une température supérieure à
celle qu’il possédait en y entrant.
Quoi qu’il en soit de l'interprétation à donner à ces derniers faits, tou-
Jours est-il que plusieurs des résultats annoncés par M. Colin, et dont la
Commission a été témoin, lui ont paru mériter son approbation comme
propres à concilier certains faits expérimentaux en apparence contradic-
toires, En conséquence, la Commission a l'honneur de proposer à l’Acadé-
mie d'accorder à M. Colin une mention honorable.
M. Purcipraux. — La Commission a eu à examiner trois Notes pré-
sentées au Concours par M. Philipeaux.
I. Dans une de ces Notes, il a consigné les résultats de ses expériences sur
( 466)
la régénération de la rate. Il avait déjà communiqué, en 1861, à l’Académie
des Sciences, un travail dans lequel il annonçait que la rate, enlevée com-
plétement sur des Mammifères (Rats albinos), peut se régénérer; de telle
sorte qu’au bout de plusieurs mois on trouverait, chez les animaux ainsi
opérés, une nouvelle rate offrant la même situation et la même structure
que la rate extirpée, et ne différant de celle-ci que par une forme plus ra-
massée et par un volume un peu moindre. Ces résultats furent contestés par
un physiologiste italien, M. Peyrani (Comptes rendus de l’Académie des
Sciences, 25 novembre 1861). M. Philipeaux, ayant fait de nouvelles expé-
riences sur des Surmulots et des Lapins, reconnut que la régénération de la
rate n’a pas lieu, comme il l'avait cru d’abord, lorsque cet organe est com-
plétement extirpé; mais il constata qu’elle a lieu, au contraire, presque tou-
jours quand on laisse en place un segment de l'organe, quelque petit que
soit ce segment. |
Les pièces relatives à ces expériences ont été montrées à l'Académie, lors
de la publication de ce travail, et elles ont été mises de nouveau sous les
yeux de la Commission. Nous avons pu ainsi nous assurer que le segment
de rate, laissé en place au moment de l'opération, s’était considérablement
accru, et d'autant plus que l'examen en avait été fait à une époque plus
éloignée de ce moment; de plus, il avait conservé extérieurement et inté- :
rieurement l’aspect du tissu splénique normal. |
On pourrait se demander s’il s’agit, dans ces cas, d’une véritable régéné-
ration de la rate, ou bien si le segment non extirpé n’a pas tout simplement
subi un développement proportionnel au développement total de l'animal,
les expériences ayant été faites sur des animaux très-jeunes. Mais l’examen
des dimensions de la rate, au moment de l'opération et au moment de la
nécroscopie, comparées aux dimensions du corps de l’animal à ces mêmes
époques, semble donner une grande probabilité à l'interprétation adoptée
par M. Philipeaux. Toutefois cetté interprétation ne pourra être tenue pour
exacte que quand des mensurations et des pesées tout à fait précises du
corps de l'animal et du segment de la rate auront été prises aux deux épo-
ques que nous venons d'indiquer.
IT. M.: Philipeaux a fait connaître, dans une seconde Note, des expé-
riences démontrant que la rate extirpée sur de jeunes animaux peut 5 Y greffer,
continuer à y vivre et à s’y développer.
La rate, extirpée sur de jeunes Surmulots, a été remise immédiatement
dans la cavité abdominale après avoir été mesurée, et, au bout d’un temps
variable (quatre, cinq, dix et quinze mois), on la trouvait greffée sur un des
( 467 )
points des parois de cette cavité ou sur le péritoine viscéral; des communi-
cations vasculaires s'étaient établies entre la rate et les vaisseaux de la ré-
gion d'implantation ; l’organe s'était accru et offrait les caractères histo-
logiques de l’état normal.
C’est là un fait intéressant de greffe animale, et il est à regretter que l'in-
suffisance de nos connaissances sur les fonctions de la rate ait empêché de
constater si ces fonctions, ainsi que cela est d’ailleurs vraisemblable,
avaient reparu dans ces conditions. :
III. Enfin, dans un troisième travail qui a été inspiré par les résultats du
premier, M. Philipeaux a relaté des expériences démontrant que les membres
de la Salamandre aquatique (Triton cristatus) ne se régénèrent qu’à la condition
qu'on laisse au moins sur place la partie basilaire de ces membres. Il a voulu
voir si les membres antérieurs, qui se régénérent si constamment lorsqu'on
les enlève ainsi que le faisait Spallanzani, c’est-à-dire en les coupant soit
au milieu de l’humérus, soit dans l'articulation scapulo-humérale, se régé-
néreraient pareillement après qu'on aurait extirpé, non-seulement la partie
libre du membre, mais encore le scapulum. Or, dans ce dernier cas, la
plaie s’est cicatrisée, etil ne s’est pas fait le moindre travail de régénération.
Nous avons vu les animaux que M. Philipeaux avait déjà montrés à l Aca-
démie : les uns, il y a huit mois, ont eu un des membres antérieurs coupé
près de articulation scapulo-humérale; les autres ont subi, il y a douze
mois, une extirpation d’un membre antérieur et de l’omoplate correspon-
dante. Ils ont été tous nourris abondamment et de la même façon. Chez les
premiers, le membre antérieur est entièrement reproduit; il est seulement
encoreun peu moins développé que celui du côté opposé. Chez les seconds, `
il n'y a pas le moindre indice de régénération, et la durée du temps écoulé
depuis l'opération permet de croire que le membre ne se reproduira pas.
M. Philipeaux nous a fait voir, en outre, des Axolotls opérés depuis trois
mois; chez les uns l’ablation du membre a été pratiquée au niveau de la par-
tie la plus interne de l’humérus, il y a une régénération déjà très-avancée
de ce membre; chez les autres, l’omoplate a été enlevée en même temps que
le membre, et il n’y a pas eu de régénération.
Ce fait est nouveau dans l’histoire déjà si riche des régénérations chez les
ammaux vertébrés, et il devra être pris en sérieuse considération par les
Physiologistes qui essayeront de formuler unetthéorie générale de ces remar-
quables phénomènes. ;
Eu résumé, les résultats expérimentaux montrés à la Commission par
( 468 )
M. Philipeaux lui ont paru intéressants; aussi croit-ellé devoir vous pro-
poser d’accorder à M. Philipeaux une mention honorable.
M. Kwocu, de Saint-Pétersbourg, a adressé, pour le Concours du prix de
Physiologie expérimentale, un travail ayant pour titre : Nouvelles recherches
sur le Bothriocéphale large.
Ce travail renferme quelques recherches embryologiques qui viennent
compléter celles que cet anatomiste avait faites antérieurement, et que
l’Académie a déjà mentionnées en 1864. L'ouvrage dont il s’agit, aujour-
d’hui complet, a fixé l'attention de votre Commission et a paru digne d’une
citation très-honorable dans son Rapport.
Pareille citation est accordée à M. J. Caérox pour son Mémoire intitulé :
Recherches pour servir à l’histoire du système nerveux des Céphalopodes dibran-
chiaux.
PRIX DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE,
FONDÉ PAR M. DE MONTYON.
(Commissaires : MM. CI. Bernard, Serres, Velpeau, J. Cloquet, Coste,
Rayer, Milne Edwards, Longet, Ch. Robin rapporteur.)
Rapport sur le Concours de l’année 1866.
La Commission des prix de Médecine et de Chirurgie a l'honneur de
proposer à l’Académie de décerner, cette année, trois prix et trois mentions
- honorables aux auteurs dont les noms suivent : à M. le D" Béraup, un
prix de deux mille cinq cents francs; à M. Bexsamis Acer, un autre prix de
deux mille cinq cents francs; à M. Marey, un prix de la même valeur; à
MM. Lasonpe, Sappey, Hesri Liouvizze et Aueusre Voisix, des mentions
honorables, avec quinze cents francs pour chaque mention.
La Commission propose en outre d’accorder, à titre d’indemnité, des
sommes moindres aux auteurs de divers travaux estimables qui se trou-
veront cités dans ce Rapport à la suite de ceux qui sont l’objet de men-
tions honorables.
PRIX.
I. Parmi les divisions établies dans l'anatomie, il en est une qui étudie
les organes, non plus en prenant pour guide les analogies de leur constitu-
tion et de leurs usages, mais qui les décrit simultanément en quelque sorte,
( 469 )
tels qu'ils se trouvent dans chaque région du corps et par ordre de super-
position du dehors au dedans, quelle que soit leur diversité. Cette anatomie
est dite topographique, ou des régions ; elle est encore appelée médico-chirur-
gicale lorsqu'on l’envisage au point de vue de ses applications à l’art de
guérir. En effet, elle sert d’une manière directe au chirurgien dans la pra-
tique des opérations, qui ont toujours lieu dans une région donnée ; d’autre
part elle est utile au médecin parce qu’elle le conduit à présenter sous forme
synthétique les données relatives aux affections propres aux divers organes
de chaque région ; elle sert aussi puissamment à établir le diagnostic qui
doit être porté sur chaque maladie avant de songer à leur traitement.
Cette branche de l'anatomie descriptive a, depuis près d’un demi-siècle
surtout, attiré d’une manière particulière l'attention des chirurgiens et des
médecins. Mais en l’absence de l’examen direct des préparations, les livres
servent peu à l’étudier, si l'œil et l'esprit ne sont guidés par des figures
représentant exactement les organes dans leurs rapports naturels. Pourtant,
jusqu’à l’époque de la publication de l'ouvrage de M. Béraud, il n’a existé
aucun atlas complet représentant les organes réunis dans chacune des ré-
gions en lesquelles les anatomistes et les médecins divisent le corps de
l’homme.
Ainsi, en France, M. Velpeau en 1825, et feu Blandin, en 1826, avaient
publié chacun un Atlas d'anatomie des régions, mais ils n’avaient représenté
que les régions les plus importantes à connaître au point de vue des opé-
rations qui sont pratiquées sur elles en diverses circonstances.
Un chirurgien de la Marine française, M. Duval, a aussi publié un Atlas
d’ Anatomie chirurgicale, mais le mélange de l'anatomie normale à l’anato-
mie pathologique et à la médecine opératoire le rapproche des ouvrages
chirurgicaux sous plus d’un rapport. M. Legendre a publié aussi, dans ces
dernières années, un Atlas d’ Anatomie chirurgicale homalographique. Cet
ouvrage donne une série de coupes du corps ou de ses parties faites sur des
cadavres congelés, mais il ne représente pas l'anatomie topographique,
ainsi du reste que son titre l'indique.
En Allemagne, en Angleterre, quelques ouvrages d’ Anatomie topogra-
phique sont illustrés de planches, mais pour représenter un nombre
nel de régions, ou pour en intercaler des figures dans le texte, comme
l'ont fait en France M. Jarjavay et M. Richet. Mais il y avait loin de là,
ansi qu’on le voit, à l'exécution complète d’un atlas renfermant toutes
les régions du corps humain, représentées de grandeur naturelle ou à la
moitié de cette grandeur dans 110 planches gravées. Pour bien faire com-
C. R, 1867, 1er Semestre. (T. LXIV, N° 40.) i 63
(470 )
prendre les difficultés de cette entreprise, ainsi que l'étendue des efforts
que M. Béraun, aidé de.son frère, le D" Jules Béraud, a dù faire pour la
mener à bonne fin, nous prions l’Académie de vouloir bien nous suivre
dans la rapide analyse de cet ouvrage.
Ces anatomistes ont d’abord disséqué chaque région, en conservant
intacte sa configuration et ses limites, afin que les chirurgiens et les méde-
cins appelés à consulter ce livre pussent se reconnaitre immédiatement,
lls ont tâché aussi de conserver scrupuleusement les rapports des organes
contenus dans chaque région; ils en ont fait ensuite exécuter sous leurs
yeux les dessins par un artiste d’un grand mérite, M. Bion.
M. Béraud a dù ensuite donner les explications de ces planches et faire
ressortir les applications à la pathologie et à la médecine opératoire, des dis-
positions anatomiques décrites et figurées.
Les progrès réalisés au point de vue de l'exécution d’un ouvrage qui
jusqu’à présent manquait à l’art médical ne sont cependant pas, malgré leur
importance, ceux qui ont fixé plus particulièrement notre attention. Nous
avons dù prendre aussi en considération les données scientifiques nouvelles
qu'il renferme. Il est peu de régions qui n'aient offert à M. Béraud quelques
points encore obscurs d’anatomie à élucider. Mais par suite de la nature
même d’un livre de cette nature, les détails, trop techniques pour ce Rapport,
dans lesquels nous devrions entrer pour en faire saisir l'importance à l'Aca-
démie, nous obligent à énumérer seulement quelques-uns d’entre eux.
Nous signalerons particulièrement aux anatomistes la description des cel-
lules jugulaires de l’apophyse mastoïde, celle d’un filet nerveux partant du
ganglion ophthalmique pour se rendre à la glande lacrymale, et jusqu’à pré-
sent resté inconnu; celle des valvules du sac lacrymal et du canal nasal,
dont on doit la découverte à M. Béraud. Mentionnons encore, comme ren-
fermant de nombreux détails nouveaux, la description et les figures des
régions orbitaire, parotidienne, sterno-mastoïdienne et cardiaque, etc.
Sans entrer dans de plus longs détails sur les questions de cet ordre,
votre Commission se plait à déclarer que non-seulement la publication de
cet ouvrage comble une lacune dans la science, mais qu’il renferme un assez
grand nombre de faits nouveaux d’anatomie topographique pour mériter
l'approbation de l’Académie. Elle se plaît aussi à reconnaitre que les recher-
ches dont il s’agit pourront être utiles à la Médecine et à la Chirurgie sous
plus d’un rapport.
Il. M. Anger a fait à l'égard des changements causés par les fractures et
les luxations dans les rapports des organes de diverses régions, ce q'e
( 47" )
M. Béraud avait fait pour toutes les régions considérées à létat normal.
Aussi serons-nous bref dans l'exposé du contenu et du but de cet ouvrage,
et nous le serons d'autant plus qu’en cherchant à faire différemment, nous
ne pourrions que répéter ce que notre savant confrère, M. Velpeau, a exposé
d'une manière inimitable dans la remarquable introduction dont il a fait
précéder l’œuvre de son élève.
Le Traité iconographique des maladies chirurgicales de M. Anger est un
de ces rares ouvrages qu’on ne saurait trop encourager; ils exigent en effet
un si long travail et une telle dépense d’efforts, qu'il faut, pour les entre-
prendre, un véritable dévouement à la science. Si, comme dans le livre de
M. Anger, le texte est clair, précis, parfaitement au niveau de la science, le
dessin correct, les planches nombreuses et ingénieusement disposées, une
pareille publication est alors un vrai service rendu à l’art médical. On peut
dire que ce livre est la monographie la plus complète des fractures et des
luxations, même après l’ouvrage de M. Malgaigne. Il renferme sur un nom-
bre considérable de ces lésions la description et la représentation de faits
nouveaux et surtout n'ayant jamais été figurés. Aussi lavis unanime de la
Commission a-t-il été que l’Académie ne pourrait trouver de sujet chi-
rurgical plus digne de ses suffrages.
II. M. Marey a soumis à notre examen un travail intitulé : Nature de la
contraction dans les muscles de la vie animale, dont le résumé que nous allons
donner fera comprendre l'importance à l’Académie.
Jusqu'ici, on désignait sous le nom de contraction tous les mouvements
produits par un muscle, aussi bien la contraction soudaine provoquée par
une décharge électrique que les mouvements lents et gradués que la volonté
commande. Le même mot s'appliquait aussi à l'action de tout muscle :
ainsi l’on disait également la contraction du biceps et la contraction du cœur.
M. Marey, appliquant la méthode graphique à l'étude des différents actes
musculaires, a établi : 1° qu’il faut distinguer ici deux actes bien différents,
l'un qu'il appelle la secousse musculaire, et l’autre qui est la contraction pro-
prement dite; 2° que certains muscles, le cœur par exemple, ne peuvent
produire que des secousses, tandis que d’autres, comme les muscles volon-
taires, peuvent produire, selon les cas, la secousse ou la contraction.
4. L'auteur désigne sous le nom de secousse musculaire un raccourcisse-
ment brusque du muscle, suivi aussitôt d’un relâchement.
Le type de ce mouvement est celui que provoque une décharge électrique
ou bien l'excitation d’un nerf moteur. Le caractère de la secousse d’un
muscle vivant est d’être toujours identique à elle-même, d’avoir fatalement
(472)
toujours la même amplitude et la même durée. Mais la secousse peut varier
d’un muscle à un autre; elle diffère surtout si l’on compare les muscles vo-
lontaires dans les différentes espèces animales.
Ainsi, chez l'oiseau, la secousse est très-brève : elle ne dure guère que
trois centièmes de seconde. Elle n’est guère plus longue chez'le poisson.
Chez l’homme, la durée est de sept à huit centièmes de seconde. Elle dure
quatre à cinq fois plus chez les crustacés ; enfin, chez la tortue, la secousse,
relativement très-longue, dure plus d’une seconde.
B. Quant à la contraction musculaire, l’auteur démontre que cet acte, qui
a pour type les mouvements volontaires, est un phénomène complexe. Il
résulte de la fusion ou interférence d’une série de secousses très-fréquentes.
C’est ainsi qu’un son, engendré par des vibrations successives, fournit néan-
moins une sensation qui paraît continue. L'emploi des appareils enregis-
treurs permet d’analyser la contraction musculaire et d'assister à sa produc-
tion. Si l’on applique à un muscle volontaire des décharges électriques
égales, mais de fréquence croissante, on voit d'abord se produire dans le
muscle des secousses distinctes ; plus tard, chaque secousse n’a pas le temps
de s'effectuer avant que la suivante n’arrive, et alors l'interférence com-
mence. Chaque secousse s'ajoute partiellement à la précédente, et l'on n'a-
perçoit plus que son sommet. Ces sommets s’accusent eux-mêmes de moins
en moins et finissent par disparaître complétement; la contraction est éta-
blie. Si la fréquence des excitations électriques augmente encore, il en
résulte une augmentation de l'intensité de la contraction.
M. Marey démontre, par ses expériences, que cette interférence des se-
cousses existe dans toute espèce de contraction, non-seulement lorsqu'on
emploie l'électricité, mais aussi dans les contractions volontaires, dans celle
que provoque l’action de certains agents chimiques sur les nerfs moteurs,
dans celles du tétanos produit dans la strychnine, etc.
Puisque l’interférence des secousses continue la contraction, il s'ensuit que,
chez les divers animaux, il faudra, pour faire contracter les muscles, provo-
quer des secousses d’autant plus fréquentes que celles-ci sont plus brèves.
M. Marey a démontré, en effet, que, chez l'oiseau, il faut plus de soixante-
quinze décharges électriques par seconde pourproduire la contraction ; chez
l’homme, il n’en faut guère que vingt-cinq ou trente. Enfin, chez la tortue,
il suffit de quatre à cinq secousses par seconde pour obtenir la contraction.
Dans un but de recherches cliniques, Pauteur a imaginé un appareil qu'il
appelle pince myographique, qui peut s'appliquer à tout muscle superficiel et
transmet à un enregistreur tous les mouvements que le muscle produit. La
( 473 )
construction de cet instrument est basée sur ce principe, qu’un muscle qui
se raccourcit d’une certaine quantité et avec une certaine force se gonfle
avec la même force et d’une quantité proportionnelle. Or, quand le gonfle-
flement du muscle est sensible à travers la peau, il est très-facile de l'enre-
gistrer avec toutes ses nuances au moyen des appareils qui donnent les ca-
ractères du pouls, des battements du cœur et de la respiration. Il devient
donc possible de comparer la secousse musculaire dans différentes maladies
avec le même phonomène enregistré sur l’homme sain. Les différentes para-
lysies, suivant qu’elles sont de cause nerveuse ou musculaire, pourront four-
nir de nouveaux’ caractères diagnostiques au même titre que les effets de cer-
tains poisons que l’auteur a déjà étudiés.
Terminons en disant que des recherches de M. Marey il résulte encore
que la systole du cœur n’est point une contraction, mais une secousse aussi
longue à peu près que celle d’un muscle de tortue. La démonstration de ce
fait résulte des effets d’induction produits par un cœur sur une patte galva-
noscopique de grenouille.
Les expériences dont les résultats viennent d’être énoncés, expériences
aussi remarquables par leur nombre que par leur netteté, nous ont paru
avoir rendu un incontestable service à la science et devoir être utiles au
diagnostic de bien des affections et, par suite, à la pratique médicale.
Aussi votre ommission est-elle d’avis de décerner un prix à M. Marey.
MENTIONS HONORABLES.
IV. M. le D' Laborde a présenté au Concours un travail intitulé : Le
r} n LA
és chez le vieil-
ramollissèment et la congestion du cerveau, pri
lard (étude clinique et pathogénique), in-8° avec planches.
L'auteur de cet ouvrage, prenant à tâche d’élucider les points demeurés
Jusqu'ici les plus obscurs de l'affection cérébrale, dont il a abordé l’étude,
s'est proposé, dans ses recherches, le double but suivant :
1° Déterminer la nature du travail morbide qui amène le ramollissement
cérébral spontané chez le vieillard, et éclairer, par cette détermination, la pa-
thogénie de cette affection ;
2° Étudier les phénomènes symptomatiques qui se manifestent particu-
lièrement au début de la maladie; décrire et classer nosologiquement ces
Phénomènes, qui sont principalement d’ordre mental et qui avaient été jus-
qu'à présent négligés par les auteurs; montrer la valeur sémiologique et dia-
fnostique de ces phénomènes.
D’après ce plan d’études, l'ouvrage de M. Laborde se trouve divisé en
: | (474)
deux parties distinctes, quoique naturellement reliées entre elles et formant
un tout parfaitement coordonné.
Une première partie est consacrée à l'étude des altérations anatomiques et à
l'examen des conditions pathogéniques ; elle comprend une description ana-
lytique complète, à l’aide des procédés histologiques, des altérations anato-
miques locales impliquant les éléments propres de la substance nerveuse et
les organes vasculaires qui entrent dans sa texture.
Cette étude l’a conduit à démontrer par l'observation directe un fait nou-
veau d'anatomie pathologique, savoir : la simultanéité à peu près constante
d'une lésion de structure de la couche corticale des circonvolutions cérébrales et
d'une lésion de même nature des régions centrales (notamment les corps striés et
les couches optiques). |
M. Laborde n’a point négligé les déductions que ce fait entraîne dans le
triple domaine de l'anatomie normale, de la physiologie et de la sémio-
logie.
Dans cette première partie de son travail, l’auteur étudie enfin les modi-
fications imprimées par les progrès de l’âge à la texture normale de l’encé-
phale et, en particulier, à l’état des organes de la circulation cérébrale, qui est
telle qu’elle peut amener le ramollissement spontané. C’est en faisant une
étude complète, à l’état normal, des organes de la circulation capillaire de
l'encéphale aux divers âges et des modifications qu’ils subigent depuis la
`
première enfance jusqu’à l'extrême vieillesse, que M. Laborde est arrivé à une
donnée importante, dont les développements ne sauraient trouver place
ici, mais qui peut se résumer par cette proposition :
Le ramollissement cérébral spontané est constitué par un travail morbide com-
plexe ayant sa source (cause anatomique prochaine) dans une altération orga-
nique des vaisseaux capillaires, altération qui, à son tour, est sous la dépendance
immédiate des modifications séniles naturelles de nos tissus.
La deuxième partie du travail de M. Laborde comprend l'étude clinique
proprement dite ou des symptômes correspondant à ces lésions. Nous signa-
lerons particulièrement sa description des diverses formes symptomaliques de
la congestion primitive qui appartiennent au début du ramollissement. Elles
consistent principalement en des phénomènes de l'ordre mental, délires gé-
néralisés ou partiels, tels que : délire ambitieux; manie congestive, etc., ete.
Cette étude des altérations psychiques constitue une partie tout à fait per-
sonnelle et véritablement originale du travail de M. Laborde, et elle comble
une lacune de la pathologie cérébrale en ce qui concerne l'affection partt-
culière dont il s’agit.
VE
(475)
Pour compléter cette étude, l’auteur s’est attaché, en outre, à rechercher
et à analyser les modifications imprimées aux troubles intellectuels par les con-
ditions d'âge ; à montrer les rapports qui paraissent exister entre les phénomènes
symplomatiques et les lésions organiques, et à saisir les déductions physiolo-
giques qu’entrainent ces rapports, relativement surtout au siégé organique
des fonctions de la parole et de l'intelligence. Enfin, après avoir fait ressortir la
valeur sémiologique de ces phénomènes d’ordre mental de façon-à les faire
concourir à la précision du diagnostic, M. Laborde termine par les considé-
rations auxquelles mènent ses longues recherches relativement à la curabilité
et au traitement de la maladie. |
Un des résultats importants de cette dernière étude, c'est la démonstra-
tion, par un grand nombre de faits attentivement observés, de l'efficacité con-
stante des émissions sanguines locales modérées, au début de l'affection.
Les faits et les déductions qui viennent d’être rappelés suffisent pour
témoigner de tout l'intérêt que présente le travail de M. Laborde au point
de vue de l'anatomie pathologique et de la symptomatologie. Il a certaine-
ment aussi éclairé la route qui mène à la constatation exacte des phéno-
mênes morbides du cerveau et rendu ainsi service à la science et à l’art
médical.
La Commission propose donc d'accorder à M. le D" Lagorpe une mention
honorable.
V. M. Sappey à présenté à l’Académie un remarquable Mémoire ayant
Pour titre : Recherches sur la structure des parties fibreuses et fibrocartila-
gineuses. fs
Ces recherches ont pour objet la structure des organes appelés fibro-
cartilages articulaires, celle des ligaments, des tendons et des aponévroses.
M. Sappey, en passant en revue ces diverses parties, s’attache à déterminer
les éléments qui les composent , ainsi que l'arrangement et les proportions
de ceux-ci. Mais ses recherches ont plus spécialement pour but de faire
connaître la disposition qu'’affectent les vaisseaux et les perfs dans ces par-
ties, points importants de l’histoire de ces organes, dont l’un avait
été peu étudié, et dont l’autre présentait encore quelque obscurité.
À Fibrocartilages interarticulaires. — On sait que les organes ainsi nom-
més n’ont pas une composition anatomique ni une texture semblable à
celle des cartilages, ni des fibrocartilages véritables, tels que ceux de
l'oreille externe et de l’épiglotte, mais qu'ils offrent la constitution générale
du tissu fibreux proprement dit ; leur surface articulaire lisse ou de glisse-
( 476)
ment est seule recouverte d’une très-mince couche de substance cartilagi-
neuse avec sa substance fondamentale et des chondroplastes contenant une
ou plusieurs cellules. M. Sappey a constaté qu'ils renferment en outre des
artérioles, des veinules et des nerfs.
Les préparations que nous a montrées cet anatomiste attestent en effet
l'existence des vaisseaux et des nerfs dans leur épaisseur. Mais ces éléments
n’offrent pas la même disposition dans les organes qui, formés ainsi que
nous venons de le dire, sont appelés d’une part fibrocartilages interarticu-
laires, et, de l’autre, fibrocartilages périarticulaires.
Les premiers ne possèdent des vaisseaux et des nerfs que dans leur
partie périphérique. Ceux du genou l'emportent sur tous les autres par
la multiplicité des vaisseaux et des nerfs qu ‘ils reçoivent; les ramifications
vasculaires et nerveuses s'avancent jusqu’à leur partie moyenne, et même
un peu au delà, mais n'arrivent jamais jusqu’à leur bord tranchant. Les
artérioles et les veinules cheminent, en se divisant et se subdivisant, dans
les interstices des faisceaux de fibres qui forment le tissu; les unes et les
autres présentent de fréquentes anastomoses qui enlacent dans leurs mailles
tous les faisceaux fibreux. Dans la première partie de leur trajet, les deux
ordres de vaisseaux sont encore munis de leurs trois tuniques. Les divi-
sions capillaires forment avec les premières radicules des veines des anses
qui offrent dans leur ensemble les spastions les plus variées et les Ris
élégantes.
Dans les organes dits fibrocartilages ride Lier les vaisseaux sont
plus abondamment répandus que dans les précédents ; ils s'étendent à toute
leur épaisseur. Ces vaisseaux, qui pénètrent par leur face externe, se com-
portent du reste comme dans les parties dites fibrocartilages interarti-
culaires.
Les nerfs, dans ces deux ordres d'organes, suivent en général le trajet
des artérioles et des veinules. Souvent, cependant, ils s’en écartent et se
subdivisent sous des incidences diverses. Les préparations que M. Sappey *
mises sous nos yeux nous ont permis de constater qu'ils sont nombreux et
qu'ils s’anastomosent aussi très-fréquemment, Leur volume, dans quel-
ques points, surpasse celui des artérioles et des veinules. L'auteur n'en
décrit pas la terminaison proprement dite.
En etre sur ce premier point, les recherches de M. Sappey établis-
sent : 1° que les minces cloisons existant entre les faisceaux des parties
breua appelées à tort fibrocartilages sont pourvues de ramifications
nerveuses, ce qu'aucun observateur n’avait jusqu'ici démontré, et que Ces
(477)
ramifications s'unissent entre elles par de nombreuses anastomoses ; 2° que
des divisions artérielles et veineuses s’y rencontrent aussi en grand nombre.
2. Structure des ligaments. — M. Sappey a retrouvé dans les ligaments
tous les éléments qui contribuent à former les organes considérés comme
fibrocartilagineux ; mais ces éléments diffèrent par leur proportion et leur
mode d'arrangement. On sait qu’ils sont surtout constitués par des fais-
ceaux de fibres lamineuses. Dans les interstices sont des fibres élastiques
inégalement développées et qui présentent pour la plupart une configu-
ration fusiforme.
Les ligaments sont remarquables par la multiplicité des divisions vascu-
laires qui se ramifient dans leur épaisseur. Tous les auteurs avaient men-
tionné ces vaisseaux; mais aucun ne les avait poursuivis dans leur dis-
tribution et jusqu’à leurs mailles capillaires; aucun m'avait signalé leur
nombre si considérable. M. Sappey a fait remarquer qu’ils rampent d’abord
à la surface des liens articulaires, pénètrent ensuite dans les intervalles des
faisceaux fibreux en se divisant et s’anastomosant pour donner naissance à
des réseaux qui enlacent chacun de ces faisceaux. Dans les ligaments cap-
sulaires, ils cheminent d’aréole en aréole, constituent une foule de petites
mailles qui communiquent entre elles et arrivent jusqu’à la couche la plus
profonde, dans laquelle ils forment un plexus de capillaires un peu moins
riche que celui de la couche superficielle du derme .
Tous les ligaments reçoivent des nerfs dont nous avons pu suivre facile-
ment les divisions et subdivisions sur les préparations que nous à présen-
tées M. Sappey. Ces nerfs accompagnent généralement les artères et les
veines. Quelques divisions nerveuses, cependant, marchent isolément, sui-
“vies seulement par des ramifications vasculaires déliées qui s’anastomosent
à leur surface ou dans leur épaisseur, et qui représentent leurs capillaires
propres. Dans leur trajet, tous ces nerfs émettent une longue série de
branches, derameaux, de ramuscules par lesquels ils échangent de con-
tinuelles anastomoses, en sorte qu’au milieu du plexus sanguin, on observe
facilement des plexus nerveux dont les mailles s'entremélent. En résumé,
Si M. Sappey n’a pas découvert les vaisseaux des ligaments, il a mis en
lumière le grand nombre, le mode de distribution et l’importance de
ceux-ci, beaucoup plus complétement que ses prédécesseurs.
3. Structure des tendons. — La disposition des vaisseaux et des nerfs dans
les tendons est exactement la même que dans les ligaments; mais leur
nombre est moins considérable; ils sont aussi moins volumineux. Nous
avons vu, du reste, la distribution de ces ramifications vasculaires et ner-
C. R., 1867, 1°? Semestre, (T. LXIV, N° 40.) 4
(478 )
veuses sur les préparations de l’auteur aussi manifestement que celles des
ligaments et des fibrocartilages.
4. Structure des aponévroses. — Ces membranes fibreuses, considérées par
quelques auteurs comme peu vasculaires et dépourvues de ramifications
nerveuses, sont aussi riches en vaisseaux que les tendons, et sont parcou-
rues comme ceux-ci par des nerfs sur l'existence desquels les préparations
de M. Sappey ne laissent aucun doute. |
Les faits que nous venons de vous exposer montrent l'intérêt que pré-
sente le travail de M. Sappey, non-seulement au double point de vue de
l’anatomie et de la physiologie, mais encore sous le rapport des applica-
tions qu'on en peut faire à l'étude des lésions chirurgicales des tissus
fibreux et des opérations qui se pratiquent sur eux. Aussi votre Commis-
sion a l'honneur de vous proposer d'accorder à M, Sarpex une mention
honorable.
VI. MM. Auguste Voisin et Henri Liouville ont adressé, pour concou-
rir aux prix de la fondation Montyon, un ouvrage manuscrit considérable,
sous le titre d'Études sur le curare, et entièrement fondé sur des recherches
qui leur sont propres. A laide de nombreuses expériences sur les animaux
et d'observations recueillies sur des malades auxquels du curare avait été
administré pendant la durée d’affections nerveuses particulièrement, ces
auteurs ont constaté un certain nombre de faits assez importants pour qu'ils
aient fixé l'attention de votre Commission d’une manière spéciale. Les
effets déterminés par le curare sur les animaux les ont portés à croire que
son emploi chez l’homme serait utile dans un certain nombre d’affections
nerveuses. Cette pensée les a guidés dans leurs recherches, que nous deman-
dons à l’Académie la permission de lui résumer rapidement.
MM. A. Voisin et H. Liouville ont montré que, parmi les phénomènes
produits par l’emploi thérapeutique du curare à certaines doses chez
l’homme, on notait, entre autres, une action remarquable sur différents or-
ganes de la vue et l'apparition d'effets hypnotiques.
Les doses de curare qui ont produit ces effets, avec plus ou moins de ra-
pidité et plus ou moins d'intensité, ont varié de 5o à 135 milligrammes.
Elles ont été administrées (après avoir été filtrées) en injections sous-cuta-
nées, faites au membre supérieur. La rapidité de l'apparition des phéno-
mènes et leur intensité ont naturellement été liées à la force de la dose. On
peut sous ce rapport établir deux catégories dans les phénomènes ob-
servés.
(479)
La première comprend l’état brouillé de la vue, la sensation de pesanteur
des paupières supérieures et leur semi-occlusion, le sentiment de resserrement
frontal; ces phénomènes surviennent lorsque la dose administrée est de
5o à go milligrammes.
Dans la seconde catégorie se rangent la diplopie, la dilatation des pupilles,
puis un sentiment de lourdeur de la téte, une tendance au sommeil et de l'as-
soupissement. Les auteurs donnent le nom d'effets hypnotiques à ces derniers
phénomènes. Ils surviennent lorsque la dose administrée varie entre 100
et 135 milligrammes, dose qu’ils n’ont pas dépassée. Les phénomènes de la
première catégorie, mais plus prononcés et plus rapidement observés, pré-
cèdent alors l’apparition de ceux-ci.
Première catégorie. — C’est par un état brouillé de la vue et une légère
pesanteur des paupières supérieures que l'apparition des effets du curare
est annoncée. Ils sont obtenus :
la 40° minute avec ....... .. 7 centigrammes (1)
Environ vers 4 la 20° » M ue »
UE reai Dee Aa 9 »
Le malade ne distingue plus nettement les objets; il lit plus difficilement :
on le voit passer la main sur ses yeux, comme pour chasser un nuage; il se
plaint de pesanteur des paupières supérieures, que lon constate, en effet,
être abaissées de façon à rétrécir louverture palpébrale, et à donner à la
physionomie une expression toute spéciale. Sans se plaindre de mal de tête
réel, il accuse une sensation très-nette de resserrement qu'il appelle fron-
tal, et qu’il place au niveau de la racine du nez, entre les deux arcades sour-
cilières,
Ces symptômes coexistent le plus souvent, mais ils peuvent quelquefois
aussi se montrer séparément. Ils ont une marche progressive pendant trente
minutes environ; puis ils diminuent progressivement aussi, de façon à
durer en tout une heure et demie. Ils s'éteignent de la sorte graduellement
el ne laissent aucune trace appréciable après eux.
Deuxième catégorie. — Mais si l’on arrive aux doses de 10 ceritigrammes
et plus, ces symptômes s’accusent plus vite, sont plus intenses et ont une
durée plus longue.
Ainsi on les voit se produire, le plus souvent, au bout de :
16 minutes environ avec des doses de,:... 10 centigrammes,
12 à 13 minutes avec des doses de....... 11 et 12 centigrammes.
RE LÉ
(1) D'un curare dont 4 milligrammes tuent un lapin du poids de 2 kilogrammes.
64..
( 480 )
Leur marche est également progressive. Toutefois, leur durée s'étend de
plusieurs heures à une demi-journée. Mais eux aussi ne laissent aucune
trace après eux. C’est en s'élevant à ces doses que l’on obtient d’autres
symptômes qui frappent bien davantage l'observateur; ce sont : la diplopie,
la dilatation des pupilles et les effets hypnotiques. L'état brouillé de la vue est
en effet bientôt compliqué de la sensation qu’accuse le malade de voir les
objets doubles, de près et de loin, à la condition de se servir de ses deux
yeux. L'image supplémentaire est vue, par rapport à l’image vraie, dans des
positions variées : tantôt sur le même plan horizontal, tantôt au-dessus et
au-dessous. L'expérience avec des verres colorés indique qu'il y a strabisme.
Les deux images sont aperçues à des distances plus ou moins grandes l’une
de l’autre, suivant l'éloignement de l’objet.
La position de l’image supplémentaire n'est jamais absolument iden-
tique : le malade la voit même, en quelques instants, varier soit à gauche,
soit à droite, soit en bas, soit en haut. Cette image ne vacille pas. Le ma-
lade la reconnaît et la décrit le plus souvent très-bien, même sans l'aide
d’un verre coloré, Parfois, au lieu de deux images, le malade dit en voir
trois, quatre et même davantage; mais celles-ci sont alors troubles et ap-
paraissent un peu pêle-mêle. Lorsque ce phénomène (toujours accompagné
de la sensation d’une sorte de brouillard sur les yeux) est très-intense, il
empêche le malade de pouvoir lire. Il dure au plus deux heures. Sa marche
est également progressive, et il ne laisse aucun trouble après lui. Pendant
ce temps on note le plus souvent une dilatation des pupilles qui conservent
leur contractilité.
Dans la même période, la tendance au sommeil s’accuse sur la physiono-
mie, d’abord par l’exagération de la sensation de lourdeur des paupières
supérieures et par leur demi-occlusion, avec cette apparence qu'offre le ma-
lâde d’une personne luttant contre le sommeil, sommeil qui survient quel-
quefois, mais non dans tous les cas. :
Au milieu des autres phénomènes si connus produits par le curare,
MM. Voisin et Liouville avaient déjà noté l'apparition chez les animaux
d’une sorte de somnolence, avec occlusion des paupières, puis l'apparence
endormie la mieux caractérisée, état qui disparaissait au moindre bruit,
pour se manifester de nouveau. En comparant ces effets à ceux qu'ils avaient
observés si nettement chez l’homme, ils ont pu rapporter à sa véritable
cause, nous le croyons du moins, ce phénomène qu'ils avaient note
très-souvent dans leurs expériences préparatoires sur les animatX; sans
y attacher d'abord l'importance qu’il mérite.
(481)
Dans ce cas, l'observation des malades a ainsi fourni l'interprétation
réelle d’un fait de physiologie qui, jusqu’à présent, passait inaperçu.
Terminons en disant que quelque intenses qu'aient été (jusque du moins
à la dose de 135 milligrammes de curare) les remarquables symptômes que
nous venons de décrire, aucun n'a persisté au delà des limites indiquées, au-
cun ne s'est depuis manifesté spontanément sur les malades. L'influence est, ici
encore, comme pour d’autres effets curariques, absolument passagère.
Il est essentiel de noter encore que l'intelligence a toujours été parfaite-
ment conservée. L’ophthalmoscope n’a fait constater quoi que ce soit
d'anormal au fond de l’œil pendant la durée de ces phénomènes.
Quelque aride que doive paraître ce succinct résumé des résultats
obtenus par MM. Henri Liouville et Auguste Voisin, comme conséquences
de nombreuses expériences sur les animaux, et de plus nombreuses obser-
vations encore faites sur l’homme, l’Académie, nous l'espérons, en distin-
guera facilement l'importance. Ces investigateurs ont fait faire un pas ma-
nifeste à l’étude des propriétés du curare envisagé au point de vue de ses
effets sur l’homme, et, bien que venus après les Fontana, les CI. Ber-
nard, etc., ils ont dů sous ce rapport notablement étendre nos connaissances
touchant les applications de la physiologie à la thérapeutique.
Aussi votre Commission vous propose-t-elle d'accorder à MM. Auçusre
Voisix et Hevrr Liouviue une mention honorable.
CITATIONS HONORABLES.
VII. M. Dewanquay a envoyé, pour le Concours des prix de Médecine
et de Chirurgie, un ouvrage ayant pour titre : Essai de pneumatologie médi-
cale. Cet ouvrage considérable est riche en documentsutiles et en recherches
physiologiques, cliniques et thérapeutiques sur les gaz. L'auteur étudie,
d’une part, les maladies dans lesquelles joue un rôle le développement de
gaz soit dans lestissus, soit dans les cavités naturelles ; telles sont les pneu-
maloses et les emphysèmes. Dans une autre partie, dont le sujet diffère es-
sentiellement de celui qui est traité dans la précédente, M. Demarquay a
montré quelles sont les applications que Pon peut faire des gaz à la théra-
peutique
: Ce travail a fixé l'attention de la Commission et a paru digne d’une cita-
tion très-honorable dans le Rapport.
Pareille citation est accordée à M. le D" pe Lasorberre, chirurgien de
l'hôpital de Lisieux, pour un ingénieux instrument imaginé et décrit par lui
sous le nom de spéculum laryngien. Non-seulement cet instrument fort
( 482)
simple, et d’un emploi plus facile que ne le sont les laryngoscopes, permet
d'examiner directement l’arrière-gorge, l’épiglotte, les ligaments aryténo-
épiglottiques et les cordes vocales, mais encore il peut être utilisé dans
d’autres circonstances. Il résulte, en effet, des essais tentés par M. le
D" A. Voisin, que, sur les noyés, le spéculum laryngien de M. de Labor-
dette, introduit après le desserrement des dents à l’aide d’un levier, facilite
la distension de larrière-gorge, l’arrivée de Vair dans le larynx et enfin
l'introduction des sondes ou d’autres instruments chirurgicaux.
Une citation très-honorable dans le Rapport est également accordée aux
auteurs suivants :
A M. Boveuur, pour son ouvrage intitulé : Du diagnostic des maladies du
système nerveux par l'ophthalmoscope.
A M. Empis, pour son travail intitulé : De la granulie ou maladie granu-
leuse connue sous les noms de fièvre cérébrale, méningite granuleuse, phthisie
galopante, etc.
A M. Épovarn Fourné, pour son livre intitulé : Physiologie de la voix
et de la parole.
A M. Canes, pour son Mémoire sur le choléra et son traitement par la
médication arsenicale.
A M. le D" Jures Lemaire, pour son ouvrage intitulé : De l'acide phé-
nique, de son action sur les végétaux, les animaux, les ferments, les venins, les
virus, les miasmes, et de ses applications à l hygiène, aux sciences anatomiques
et à la thérapeutique. |
A M. le D" Gimserr, pour son Mémoire intitulé : De la structure et de la
texture des artères.
A M. le D" PozaizLon, pour son Etude de la structure des ganglions ner-
veux périphériques.
VIII. D’autres travaux intéressants à divers titres ont en assez grand
nombre encore été mis sous les yeux de votre Commission. Parmi eux;
elle peut signaler ceux de MM. Frreneerc (Traité clinique et historique des
maladies vénériennes dans les temps anciens et au moyen âge); Becquer (Sur la
pathogénie des reins flotiants); CrimoreL (De l'épreuve galvanique en biosco-
pie); Ranvier (Opuscules sur le développement des os et sur les altérations des
( 485 )
cartilages), etc., etc., etc... Mais quelques-uns de ces travaux n'ayant pas
expressément pour objet des découvertes et inventions propres à perfectionner la
Médecine et la Chirurgie, et les autres ne portant pas un cachet d'originalité
égal à celui des recherches que votre Commission a jugées dignes de récom-
penses, elle a eu le regret de ne pouvoir leur faire prendre part au Con-
cours pour les prix fondés par M. de Montyon.
PRIX DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE.
APPLICATIONS DE L'ÉLECTRICITÉ A LA THÉRAPEUTIQUE.
(Commissaires : MM. Serres, Velpeau, Rayer, J. Cloquet, Longet, Robin,
| Becquerel rapporteur.)
Rapport sur-le Concours de l’année 1866.
§ I. — Traitements électro-thérapeutiques jusqu'à la découverte de la pile.
Lorsqu'on découvre, dans la nature, un agent énergique, le médecin qui
cherche à apporter du soulagement aux maux de celui qui souffre essaye
son action sur les organes malades, dans l'espoir d'arriver à une guérison
vainement tentée par la science médicale. Les essais réussissent-ils, on réunit
les faits observés, on les coordonne, on en déduit des rapports ou des lois;
la science commence alors où finit l'empirisme. L'application de l'électricité
à la thérapeutique en est encore à sa première phase, bien qu’elle ait donné
déjà des résultats satisfaisants, daus certains cas; s’ils ne sont pas plus nom-
breux, cela tient sans doute aux effets très-complexes de ce mode de trai=
tement.
Les Grecs, plus de 600 ans avant l'ère chrétienne, connaissaient la pro-
priété que possède l’ambre ou succin, quand il est frotté, d'attirer les corps
légers qu’on lui présente ; avides du merveilleux, ils supposérent une âme à
cette substance, à laquelle ils attribuèrent des propriétés miraculeuses.
Du temps de Pline, l’ambre était déjà recherché pour ses propriétés mé-
dicinales; les femmes et les enfants, dans des cas spéciaux, portaient des
colliers de cette substance, usage qui est parvenu jusqu'à nous, mais qui est
aujourd’hui à peu près abandonné.
Appien rapporte que l’on se servait de la commotion de la torpille pour
la guérison de la goutte et de la paralysie, commotion qui n’est autre que
celle de la bouteille de Leyde.
Vossius ajoute que de son temps elle servait à la guérison des maux de
( 484 )
tête invétérés. Aujourd’hui on fait une application de l'électricité aux mêmes
maladies.
Il] parait, d’après Thomson, l'historien des animaux de l’Afrique occi-
dentale, que, depuis un temps immémorial, les populations nègres de
l Afrique centrale mettent à profit les propriétés électriques du silure pour
guérir les enfants malades; on place ces enfants dans un baquet rempli
d’eau avec ce poisson, qui leur lance de temps à autre des décharges :
l'électricité n’agit donc probablement qu’en excitant des mouvements dans
les muscles comme dans la gymnastique.
Il faut traverser bien des siècles, pour arriver à la découverte de la bou-
teille de Leyde, en 1746, époque où les applications de l'électricité à la
thérapeutique prirent de l'extension, tant on était persuadé alors que l'agent
électrique était analogue au principe de la vie.
Cette expérience remarquable produisit un tel effet sur ceux qui reçurent
les premiers la commotion, que Muschenbroeck écrivait à Réaumur qu'il
ne la répéterait pas quand on lui donnerait la France entière. L'impression
morale qu’il éprouva fut telle, qu’il en perdit la respiration, et que, deux
jours après, il était à peine revenu de l’émotion et du malaise qu'il avait
ressentis. Winkler assura aussi que la première décharge de la bouteille de
Leyde lui avait occasionné une crampe dans tout le corps, et que son sang
en avait été tellement agité, que, craignant une fièvre chaude, il avait eu
recours à des remèdes rafraïichissants. Les préjugés sur les dangers de l'ex-
périence de Leyde s’étant affaiblis, on s'occupa de son application médicale.
Nollet paraît être le premier qui ait appliqué l'agent électrique à la thé-
rapeutique ; il commenca par chercher les effets qu'il produisait sur les
liquides pendant une action prolongée; il observa qu’il accélérait leur éva-
poration et que celle-ci était d'autant plus forte que les vases qui les ren-
fermaient avaient une ouverture plus large.
Boze observa dans le même temps que l’eau électrisée sortait des tubes
capillaires en forme de rayons, au lieu d’en sortir goutte à goutte quand
elle ne l'était pas. z
Ces deux expériences, dont les effets dépendent de la répulsion excitée
entre les corps chargés de la même électricité, furent regardées comme ca-
prai par tous les physiciens qui s’occupaient alors de lapplication de
l'électricité à la médecine; mais ils n’en tirèrent aucun parti; ils avaient
SE E exemple, pouvoir en conclure que l'électricité accélérait la circu-
lation du sang; mais l'expérience ne tarda pas à démontrer le contraire.
( 485 )
Bertholon et Jalabert appliquèrent les décharges électriques, comme
Nollet, au traitement des paralysies.
On tua des animaux avec de fortes décharges pour connaître les désordres
qu’elles produisaient. Dans une grenouille dont on avait ouvert la poitrine,
les poumons se gonflèrent et furent expulsés du corps par l’action répulsive
de l'électricité; le cœur continua encore à battre pendant quelques mi-
nutes.
On fit passer dans une autre grenouille une forte décharge à travers la
tête et le corps; il y eut une espèce de distension de tous les membres ; une
heure après elle redevint en apparence ce qu’elle était avant. C’est là le pre-
mier exemple du tétanos produit par Pélectricité.
La théorie de Franklin parut; elle admettait qu’il existait dans tous les
corps une certaine quantité de fluide électrique ; si cette quantité était aug-
mentée, ces corps se trouvaient électrisés en plus; si elle était diminuée, ils
étaient électrisés en moins. Les physiciens et les médecins, égarés par cette
théorie, s'imaginérent que lorsque le corps de l’homme cessait d’être dans
son état normal, par un trouble quelconque dans les fonctions, il y avait
diminution de fluide électrique; dans ce cas, il fallait lui en redonner une
certaine dose. Cette théorie, qui est aujourd’hui abandonnée, est soutenue
cependant encore par quelques médecins. |
Pour appliquer l'électricité à l’art de guérir, on se servit alors de machines
assez puissantes pour fournir un courant continu d’étincelles plus ou moins
fortes, de bouteilles de Leyde de diverses grandeurs, d’un tabouret et d'ex-
citateurs de diverses formes, qu’on préconisa comme des moyens infaillibles
de guérison. Avec des bouteilles, on donna des commotions; avec des
exCilateurs, on tira des étincelles des diverses parties du corps du malade.
On administra encore l'électricité sous forme de bain, comme on le fait
encore aujourd’hui, On crut reconnaître que l'électricité était de quelque
utilité : 1° dans des contractions qui dépeudent de l'affection d’un nerf;
2° dans les entorses, dans les foulures, lorsque l’inflammatiou est passée;
3° dans les tumeurs indolentes; 4° dans quelques cas de paralysie. Mais il
faut le dire, des expériences physiologiques n’avaient pas précédé ces divers
modes de traitement. Faisons remarquer en passant que ces cas patholo-
giques sont précisément ceux dans lesquels on applique encore aujourd'hui
l'électricité.
L'électro-thérapie en était là, lorsque Volta fit son admirable découverte.
C. R., 1867, 1°? Semestre, (T. LXIV, N° 40.) 65
( 486 )
$ II. — Recherches électro-physiologiques et électro-thérapeutiques depuis la découverte
la pile.
Galvani ayant trouvé, en 1790, qu’en armant les muscles et les nerfs d’une
grenouille convenablement préparée avec deux métaux différents dont lun
seulement était oxydable, comme on l’a reconnu depuis, leur simple con-
tact suffisait pour produire des contractions; cette expérience fondamentale
fut le point de départ de la découverte de la pile.
Suivant Galvani, tous les animaux jouissent d’une électricité propre qui
est sécrétée dans le cerveau et qui réside dans les nerfs, lesquels la trans-
mettent à toutes les parties du corps. Les réservoirs communs sont les muscles,
dont chaque fibre doit être considérée comme ayant deux surfaces sur
chacune desquelles se trouve l’une des deux électricités ; il compara donc les
muscles à une petite bouteille de Leyde dont les nerfs sont les conducteurs.
Il croyait que le fluide électrique était attiré de l’intérieur des muscles dans
les nerfs et de ceux-ci sur la surface extérieure des muscles, d’où résultait
une décharge électrique à laquelle correspondait une contraction mus-
culaire. Je ne mentionne cette théorie que parce qu’elle servit de point
d'appui aux médecins qui s’occupérent de galvanisme à cette époque.
Quand elle parut, une lutte s'établit entre Galvani et Volta. Ce dernier
prouva que l'électricité produite au contact des deux métaux, c’est-à-dire
par l’oxydation du zinc, était la cause de la contraction. On crut un instant
Galvani vainqueur, quand il prouva, aidé de son neveu Aldini, que l'arc
métallique n’était pas nécessaire pour exciter les contractions, puisqu'on les
obtenait encore, dans une grenouille nouvellement préparée, en mettant
en contact les muscles cruraux avec les nerfs lombaires. Volta répondit que
ce fait n’était qu'une généralisation de son principe, d’après lequel tous les
corps suffisamment bons conducteurs se constituaient toujours, par leur
contact mutuel, dans deux états électriques contraires; mais Volta se trom-
pait, Galvani venait de découvrir, conjointement avec Aldini, le courant
propre de la grenouille, dont Nobili, Marianini, Matteucci et du Bois-Rey-
mond ont fait une étude approfondie; cette découverte est, sans aucun
doute, une des plus importantes qu’on ait faites en électro-physiologie, car
si l’on parvient un jour à découvrir l'intervention de l'électricité dans les
phénomènes de la vie, cette découverte aura été peut-être le point de
départ des recherches qui auront été faites dans cette direction.
La découverte de la pile émut l’École de Médecine de Paris, qui nomma
une Commission pour répéter toutes les expériences faites sur le galvanisme
depuis 1790.
( 487 )
Cette Commission constata que l'électricité de la pile pénètre l'organe
nerveux et les organes musculaires plus profondément que les machines
électriques ordinaires, et qu’elle provoque de vives contractions, des sen-
sations fortes de picotements et de brülures, dans les parties que leur état
maladif rend quelquefois insensibles aux étincelles et aux commotions or-
dinaires.
L'Institut national, ébranlé par le mouvement général qu'avaient pro-
voqué les effets du galvanisme, nomma en 1799 une Commission composée
de Coulomb, Sabattier, Pelletan, Charles, Fourcroy, Vauquelin, Guyton et
Hallé pour examiner et vérifier les phénomènes galvaniques. Cette Commis-
sion, composée des hommes les plus éminents de l’époque, établit une dis-
tinction entre le fluide électrique et le fluide galvanique; elle crut voir dans
l'organisation animale un principe dans lequel réside l’essence des rapports
mutuels du système nerveux et du système musculaire. L'arc animal peut
être formé avec des nerfs et des muscles contigus entre eux, comme lavait
découvert Galvani. Cet arc n’est point interrompu par la section d’un nerf
ou sa ligature, pourvu que les parties liées ou divisées restent contiguës entre
elles dans l’action musculaire. 11 n’en est pas ainsi pour l'animal vivant,
puisqu'il suffit de couper un nerf dans un animal ou de le serrer par une
ligature pour faire perdre la faculté de se mouvoir au muscle auquel il se
distribue. Elle reconnut que l'influence galvanique paraît s'exciter par
l'exercice et se réparer par le repos; voilà mentionné pour la première
fois le fait résultant de l’action produite sur un nerf par un courant continu.
La Commission recommande, et avec raison, pour l'exactitude des expé-
riences et leur appréciation, de s'assurer préalablement de l’état de santé de
l'animal, de la manière dont il a été conservé et entretenu jusqu'au mo-
ment de l'épreuve; les expérimentateurs n’ont pas toujours eu égard à cette
sage recommandation.
La Commission de l'Institut avait donc étudié l'emploi de l'électricité
Comme agent physiologique avec un esprit scientifique.
On ne peut se faire une idée de toutes les expériences qui furent faites à
celle époque, et qui ont conduit à des résultats que l’on oublie peut-être
bises is trop aujourd’hui. Nous en citerons deux seulement.
Wilson Philips ayant coupé les nerfs de la huitième paire d'un lapin,
trouva qu’en réunissant les deux extrémités par un fil métallique, et y faisant
Passer un courant, la digestion et la respiration, qui étaient alors très-diffi-
ciles, devenaient plus faciles aussitôt que l’on faisait fonctionner la pile.
Le D" André Ure expérimenta sur le corps d’un supplicié, immédiatement
( 488 )
après l'exécution, avec une pile composée d’un grand nombre d'éléments
et fortement chargée. Un des pôles ayant été mis en communication avec la
moelle épinière, l'autre avec le nerf sciatique, à l'instant même tous les
muscles du corps se contractèrent par des mouvements convulsifs. Ure par-
vint à imiter jusqu’à un certain point le jeu des poumons; en faisant passer
le courant de la moelle épinière au nerf ulnaire, à faire mouvoir les doigts
avec agilité; en faisant passer la décharge d’une oreille à une autre, et les
humectant d’eau salée, les muscles du visage éprouvèrent d’horribles con-
tractions, l’action des paupières fut très-marquée. C’est là le premier exemple
du mode d'’électrisation localisée employé aujourd’hui, mode qui a été for-
mulé en ces termes en 1834 (Annales de Chimie et de Physique, 2° série,
t. LXVI, p. 27) par M. Masson, disciple et ami de notre célèbre confrère
Savart : |
« La propriété du courant induit, de n’affecter que les points touchés,
permet de soumettre à son action une partie quelconque du corps. Ainsi, en
plaçant deux lames métalliques sur les extrémités d’un doigt, après les avoir
placées dans le courant, ce dernier ne traversera que le doigt. On sent déjà
toute l'importance de cette découverte pour ceux qui s’oceupent d'ap-
pliquer l'électricité à la médecine. »
Passons aux applications de l'électricité voltaique à la thérapeutique.
Pfaff l'appliqua à la paralysie du nerf optique, comme Magendie l’a fait
depuis avec quelque succès quand la paralysie est incomplète.
On l’employa avantageusement dans les paralysies des extrémités, dans la
faiblesse de la vue et dans la goutte sereine, dues uniquement à l'inexcita-
bilité du nerf optique; dans la surdité dépendante de l’affaiblissement
nerveux; dans l’enrouement et dans l’aphonie ; dans la paralysie du sphinc-
ter de lanus et dans celle de la vessie.
Beaucoup d’autres applications furent faites et montrent que les praticiens
actuels parcourent le même cercle que leurs devanciers; Ont-ils obtenu plus
ou moins de succès que ces derniers ? Les relevés statistiques manquent pour
répondre à cette question.
Le D" Fabre-Palaprat, plus tard, en faisant usage de courants voltaïques in-
terrompus à des intervalles plus ou moins rapprochés, obtint des effets
marqués dans les cas où il y a atonie ou affaiblissement dans le jeu des
organes, pourvu qu'il n’y ait pas de lésion ou d’inflammation, ainsi que
dans quelques cas d’engorgement lymphatique. a
Arrêtons-nous un instant avant d'exposer les résultats obtenus par d'é-
minents physiologistes, qui ont fourni les données à l'aide desquelles a
applique plus méthodiquement aujourd'hui que par le passé, Pélectricité à
( 489 )
la thérapeutique, pour rappeler des faits qu'il est nécessaire de prendre en
considération, quand on veut comparer les effets physiologiques produits
par l’action électrique à ceux résultant des actions mécaniques, physiques,
chimiques ou vitales.
Les animaux ont des parties excitables, des parties sensibles et des parties
privées de ces facultés; Haller, que l’on retrouve toujours sur sa route quand
il s’agit d'expériences physiologiques, dénudait les pais et y appliquait le
scalpel, les acides ou autres agents chimiques, afin de reconnaitre la pro-
priété spéciale de chacune d’elles. Il voyait alors les parties qui étaient agitées
et celles qui éprouvaient un sentiment de douleur. En irritant un verf ou
une de ses ramifications dans un muscle, il en résultait un mouvement
brusque et rapide; quand un nerf correspondant à un muscle était trop
fortement et trop longtemps irrité, il cessait de se contracter. Le nerf étant
coupé, si on l’irritait au-dessous de la section, l'animal n’éprouvait aucune
sensation; mais le muscle se contractait aussitôt. Si l'irritation était portée
au- aus: on avait un effet inverse. L’électricité pragait presque toujours
des effets semblables.
La ligature d’un nerf arrête l’action du courant comme celle des aatres
stimulants ; seulement elle doit être très-forte. Dans ce cas, en détachant la
ligature, on ne parvient plus à exciter la contraction en irritant le nerf au-
dessus de la ligature.
M. Matteucci a reconnu que les poisons n’agissaient pas tous de la même
manière, et que, lorsque l'animal est tué par des décharges électriques,
l'excitabilité du nerf par le courant est détruite. Cette observation doit être
prise en considération en ce qu’elle montre le danger d’exciter trop for-
tement les nerfs. |
Il y a vingt-cinq ans (en 1841), dans un Mémoire couronné par cette
Académie, notre confrère M. Longet a démontré expérimentalement linde-
pendance dé l'irritabilité musculaire et de L’excitabilité des nerfs moteurs. Ce
fait important a été confirmé depuis par notre confrère M. CI. Bernard, à
l’aide du curare ; il a en effet reconnu que les muscles peuvent rester con-
tractiles, alors que leurs nerfs moteurs ne sont plus excitables. Le courant
électrique paraît être le seul de tous les excitants essayés, appliqué aux
muscles, qui puisse amener leur contraction sans l'intervention des filets
nerveux. Ce fait est très-remarquable, en ce qu il semble établir une analogie
entre le mode d’action des courants électriques et celui des nerfs pour pes;
duire la contraction musculaire.
Ona vu précédemment qu’un nerf trop irrité perdait la faculté de faire
( 490 )
contracter le muscle correspondant et la recouvrait par le repos. Il en est
encore de même quand le courant qui provient d’un certain nombre de
couples a circulé pendant un certain temps, entre le muscle et le nerf; l’a-
nimal ne se contracte plus-en ouvrant ou en fermant le circuit; mais si l’on
change la direction du courant, les contractions se manifestent de nouveau.
En intervertissant un certain nombre de fois le sens du courant, on peut
annuler on rappeler à volonté l’excitabilité des muscles de la grenouille :
c’est en cela que consiste le phénomène des alternatives dites voltaiques;
mais si les organes d’une grenouille, traversés pendant un certain temps par
un courant d’une certaine intensité, perdent leur faculté contractile, ils
ont néanmoins le pouvoir de se contracter sous l'influence d’un courant
plus énergique.
Les muscles d’une grenouille, qui ont perdu leur faculté contractile par
le passage prolongé d’un courant, la recouvrent par le repos; il en est de
méme dans l'animal vivant; mais il faut avoir égard à la volonté de lani-
mal, qui peut influer sur les effets des courants jusqu’au point de les ba-
lancer presque entièrement, si les courants surtout n’ont pas une grande
intensité, et que l’animal ait une forte vitalité.
Marianini et d’autres physiciens ont observé que si le courant est dirigé
dans le nerf seul suivant la direction des ramifications nerveuses, c’est-à-
dire de la tête aux extrémités, il y a contraction en fermant le circuit, et
aucun effet en l’interrompant. Si le courant chemine en sens inverse, il n’y
a pas de contractions en fermant le circuit ; elles ne se manifestent qu'en
l’interrompant. Il y a absence de contraction, quand le nerf est affecté nor-
malement à sa longueur, comme M. Matteucci l’a démontré.
Marianini a trouvé, en outre, que le courant, suivant sa direction, pro-
duit soit des contractions, soit des effets qui affectent douloureusement la
grenouille, ainsi que d’autres animaux : quand le courant est direct, allant
de la tête aux extrémités, on a une forte contraction des membres posté-
rieurs, lors de la fermeture ; en ouvrant le circuit, la contraction est plus
faible, la colonne dorsale se replie, éprouve une forte secousse, et il arrive
quelquefois que l’animal crie. Avec le courant inverse des effets contraires
ont lieu.
Il paraîtrait donc que le nerf est organisé de manière à propager cer-
tains mouvements dans le sens des ramifications, mouvements qui ne sont
transmis que difficilement dans le sens opposé, et d'où résulte un sen-
timent de douleur.
Nobili est parvenu à donner le tétanos à une grenouille préparée, en
( 491 )
interrompant et rétablissant le circuit rapidement. Cet effet est dù proba-
blement au changement d’état du nerf qui passe promptement de l'état
naturel à un état forcé, et réciproquement. On se demande si le tétanos,
naturel chez l’homme et les animaux, ne proviendrait pas de modifications
semblables à la suite de vives douleurs, S'il en était ainsi, on pourrait le
faire cesser en s'appuyant sur ce fait observé par Nobili, que les grenouilles
ayant le tétanos persistent dans cet état sous l'influence d'un courant d’une
certaine intensité, et se détendent souvent complétement sous l’action d’un
courant dirigé en sens inverse. Des expériences tentées dans cette direction
ont déjà donné des résultats satisfaisants.
L'existence du courant propre des animaux, comme on l’a vu plus haut,
a été signalée et mise en évidence, pour la première fois, par Galvani; il
a été étudié successivement par Nobili, Matteucci et du Bois-Reymond;
chacun a sa part dans l'analyse de cette découverte importante, à l’aide de
laquelle on a prouvé que les nerfs et les muscles sont des électromoteurs,
c'est-à-dire qu’ils sont constitués de manière à donner des courants quand
ils forment des circuits fermés ; ces électromoteurs remplissent probable-
ment un rôle encore inconnu dans les phénomènes de la vie, autant que
leur organisation porte à croire.
Nobili a reconnu que la contraction produite au contact du muscle cru-
ral et du nerf lombaire était due à ua courant électrique, dont il a constaté
l'existence, courant allant des pattes à la tête; le nerf est donc négatif.
M. Matteucci a constaté ce fait avec la grenouille vivante; il a montré que
le courant propre de la grenouille ne s’affaiblit pas en le laissant cir-
culer dans la pile animale, dont on parlera ci-après, d’où il a conclu que
les extrémités de l’animal ne se polarisent pas d’une manière appréciable :
observation qui a son importance, car s’il en était autrement, on ne pour-
rat pas concevoir comment les muscles et les nerfs pussent intervenir
comme électromoteurs dans les phénomènes vitaux, si toutefois ils inter-
vennent, puisque la polarisation produirait un courant inverse qui affai-
blirait à chaque instant leur action.
M. Matteucci a trouvé ensuite que les muscles sont des électromoteurs,
puisqu'on obtient un courant en mettant en communication l'intérieur
d'une masse musculaire avec sa surface, lequel est dirigé de l’intérieur à la
surface. ;
Nobili a obtenu un courant plus fort en formant une pile à couronne
d ; i
€ tasses avec des couples composé chacun d’une cuisse et du nerf corres-
Pondant à P
nt,
( 492 )
M. Matteucci ayant placé le nerf d’une grenouille préparée à la manière
de Galvani, c’est-à-dire le nerf lombaire tenant encore à un lambeau du
muscle crural, sur le muscle d’une autre grenouille, il vit la première
s’agiter à l'instant où lon faisait contracter mécaniquement ce dernier
muscle; on pouvait inférer de là que la contraction du muscle produisait un
courant électrique réagissant sur la grenouille galvanocospique. M. du Bois-
Reymond, ayant étudié cet effet, ən a déduit les conséquences suivantes :
La section transversale d’un muscle est négative, et la section longitudi-
nale positive; les nerfs n’ayant pas de section transversale naturelle, il faut
les couper pour avoir un courant. Ces lois appartiennent aux éléments con-
stitutifs les plus déliés des muscles et des nerfs. Le pouvoir électromoteur
cesse après la mort, quand les muscles et les nerfs ont perdu la faculté d’être
irrités.
On trouve une soudaine et grande diminution dans le courant du muscle
à l'instant de la contraction, et dans le nerf, quand il transmet un mouve-
ment ou une sensation.
Il existe une différence entre le muscle et le nerf, sous le rapport élec-
trique : quand le nerf est traversé dans une portion de sa longueur par un
courant continu, suivant sa direction, il augmente ou diminue l'effet du
courant propre. Cet état ne peut avoir lieu dans le muscle.
Les nerfs du mouvement et du sentiment se comportent de même.
Les recherches de Jean Muller et de M. Longet sur l'emploi de l'élec:
tricité, pour distinguer les nerfs du mouvement des nerfs du sentiment;
doivent être mentionnées ici, en raison de leur importance en électro-
thérapie. M. Longet a fait aussi des recherches approfondies sur les nerfs
de sensibilité, qui ont un grand intérêt, et que nous recommandons à lat-
tention des physiologistes.
Nous ne devons pas non plus omettre de parler des expériences curieuses
de M. Helmholtz , relatives à la durée des phénomènes de la contraction
musculaire, de la transmission et de l'excitation nerveuse. Au moyen de
procédés et d'appareils ingénieux, il est parvenu à reconnaître que la vitesse
de propagation de l'excitation nerveuse dans le nerf sciatique est de
30 mètres par seconde environ. Le refroidissement du nerf diminue beau-
coup cette transmission.
$ HI. — Résultats obtenus par les divers concurrents.
Après avoir exposé les phénomènes électro-physiologiques produits avec
l'électricité voltaique et que l’on ne doit pas perdre-de vue dans les appli-
( 493 )
cations thérapeutiques, parlons des résultats obtenus dans ces applications
par les concurrents, MM. Duchenne (de Boulogne), Namias, Tripier, Pog-
gioli, Scoutetten, Ciniselli, Pitet ; nous y avons joint les résultats recueillis
par M. Remak, mort depuis quelque temps, afin de comparer ensemble
les résultats qu’ils ont obtenus; mais, pour le faire utilement, résumons
auparavant, en peu de mots, les faits constatés antérieurement, et dont
nous avons déjà parlé.
Il a été généralement reconnu par les médecins qui ont précédé ceux qui
s'occupent aujourd’hui d’électro-thérapie, que le traitement électrique avait
pour but de stimuler les organes qui ne fonctionnent qu'imparfaitement, et
dans lesquels la vie n’est pas éteinte, afin de les habituer peu à peu à fonc-
tionner normalement. Il parait résulter de leurs observations que l’emploi
médical de l'électricité est indiqué dans les trois cas suivants : 1° lorsqu'il
s'agit de rétablir la contractilité dans les muscles qui en sont privés, quand
la perte de la contractilité ne tient pas ou ne tient plus à des lésions encé-
phalo-rachidiennes; 2° quand il s’agit de rétablir la sensibilité générale,
ainsi que la sensibilité spéciale des organes des sens, ces sensibilités étant
abolies ou simplement diminuées ; 3° quand il est nécessaire de ramener à
‘état normal la contractilité et la sensibilité exagérées ou perverties, Les
médecins actuels ont-ils obtenu d’autres résultats avec les nouveaux appa-
reils ? C’est douteux.
M. Duchenne (de Boulogne) fait usage de la méthode d’électrisation lo: ?
calisée, indiquée par M. Masson, mais qu’il a perfectionnée, généralisée et
rendue pratique. Il opère comme il suit :
On:prend des électrodes sèches on humides, à l’aide desquelles on peut
à volonté concentrer l’action électrique sur la peau ou la faire traverser
cette dernière pour la limiter dans les organes situés au-dessous, soit dans
les nerfs, les muséles ou les os, et, lorsque l’épiderme a une grande épais-
seur, la décharge ne traverse pas le derme et produit des étincelles et une
crépitation particulière, sans donner lieu à aucun phénomène physiolo-
sique.
Si l'on met sur deux points de la peau l’un des rhéophores humide,
lautre sec, la partie où se trouve ce dernier éprouve une sensation super -
ficielle qui est cutanée. Dans ce cas, d’après M. Duchenne, la recomposition
des deux électricités s'effectue dans les parties de l’épiderme sec, après
toutefois avoir traversé le derme à l’aide du rhéophore humide.
En mouillant très-légérement la peau dans les points où l’épiderme a une
grande épaisseur, il se produit dans les régions où se trouvent les rhéo-
C. R., 1867, 1°" Semestre. (T. LXIV, N° 10.) 66
| ( 494 ) |
phores secs une sensation superficielle comparativement plus forte que la
précédente, sans étincelles ni crépitation.
Si la peau et les rhéophores sont très-humides, on n’observe non plus
ni étincelles, ni crépitation, ni sensations de brülure; mais il se manifeste
des phénomènes très-variables de contractilité ou de sensibilité, suivant
qu'on agit sur un muscle, sur un nerf ou sur une surface osseuse; il se
produit, dans ce dernier cas, une douleur vive ayant un caractère spécial :
aussi doit-on éviter de placer les rhéophores humides sur les surfaces
osseuses.
Il tire de là la conséquence que par les courants induits on arrête à
volonté la puissance électrique dans la peau; que sans incision ni piqûre
on peut la traverser et limiter l’action du courant dans les organes qu’elle
recouvre, c’est-à-dire dans les muscles, dans les nerfs et même dans les os.
M. Duchenne a appliqué son procédé en se servant successivement de
l’électricité des machines, de la bouteille de Leyde, de la pile voltaique et
des appareils d’induction comme convenant le mieux à l'électrisation mus-
culaire, cette dernière étant essentiellement médicale; c’est ainsi qu'il est
parvenu à faire contracter isolément chacun des muscles ou de leurs
faisceaux.
Voici maintenant les résultats qu’il a obtenus.
1° Il regarde comme complétement démontrée l'utilité du traitement
électrique appliqué à la paralysie consécutive, à la lésion traumatique des
nerfs et des paralysies atrophiques graisseuses de l’enfance. Il avance qu'au
début de ces maladies on peut reconnaître le degré de la lésion à l’aide de
la contractilité et de la sensibilité électrique des muscles paralysés.
2° L'électricité est également appliquée, mais avec moins de certitude, à
la paralysie dite spinale, aux paralysies rhumatismales, hystériques, essen-
tielles, qu’elles soient localisées ou plus ou moins généralisées ; mais comme
ces affections peuvent guérir spontanément ou disparaitre temporairement,
on ne saurait juger de la valeur réelle du traitement électrique.
3° Les névralgies, en général, guérissent par l'excitation électro-cutanée,
à l'exception des névralgies faciales.
4° Les douleurs musculaires rhumatoïdes guérissent rapidement par le
traitement électrique.
5° Les hyperesthésies cutanées ou musculaires, les anesthésies cutanées,
de cause hystérique ou saturnine, sont heureusement modifiées par Pexcita-
tion électro-cutanée.
(495)
6° Certaines névroses, entre autres l’angine de poitrine, guérissent par
lexcitation électro-cutanée.
7° Il a traité avec succés, suivant lui, les affections locales, comme la
paralysie de la septième, de la troisième et de la sixième paires; l’aphonie, la
surdité, la paralysie de la vessie, et quelques cas d’étranglement interne de
l'intestin.
8° L'application de l'électricité au traitement de la chorée, de la crampe
des écrivains, de la goutte, de l’amaurose, n’a produit que des résultats à
peu près négatifs.
M. Namias fait usage ordinairement d’une pile à couronne de tasses
formée de deux cents éléments, chargée avec de l’eau salée. La force de
cette pile diminuant rapidement, il la remplace par une autre et celle-ci par
une troisième, afin de donner le temps aux couples de se dépolariser : c’est
là l'enfance des piles. Il assure avoir reconnu que par leur emploi on évite
des effets calorifiques ou autres qui sont inévitables avec les piles à courants
constants aujourd’hui en usage. Voici les résultats qu’il a obtenus :
1° Les courants intermittents ne laissent aucune impression durable sur
les corps vivants. Des secousses modérées tiennent en exercice les nerfs et
les muscles et ne s'opposent pas à la réaction vitale. L’affluence sanguine et
le surcroit de nutrition suivent les secousses répétées.
2° Si les secousses sont excessivement fortes, mais non au point de tuer
les animaux, elles ne leur laissent aucune maladie.
3° Les courants continus trop prolongés produisent des maladies.
4° Il a reconnu l'influence de la direction sur les nerfs de l'homme, in-
fluence que l’on croyait nulle.
5° Il a déterminé les cas de paralysie où la guérison est complète et ceux
où il y a seulement de l'amélioration, avec des courants intermittents, qui
sont préférables aux autres ; il emploie des courants centrifuges dans les pa-
ralysies du mouvement, les- courants centripètes dans les paralysies des
sens.
6° Dans les névralgies ou les névroses, il n’y a pas de règle fixe; tantôt
il faut employer des courants intermittents, tantôt des courants continus
dans un sens on dans un autre.
7° Dans les affections du système vasculaire et lymphatique, les courants
continus sont nécessaires, à l'opposé des affections du système nerveux et
musculaire; qui réclament les courants intermittents.
8° Il a démontré, suivant lui, que lon devait considérer comme une
66..
( 496 )
erreur l'emploi de la contractilité électro-musculaire pour trouver le siége
et la nature des paralysies.
M. Poggioli a fait usage exclusivement de l'électricité statique dans le
traitement des maladies, comme on l’administrait avant la découverte de
la pile, en s'appuyant sur la théorie de Franklin. Il recommande surtout
l’eau électrisée en boisson et les bains électriques.
M. Tripier a présenté un Traité d ’électro-thérapie dans lequel il passe en
revue toutes les méthodes employées et les résultats obtenus, qu’il cherche
à expliquer au moyen de vues théoriques. Il considère comme originales :
1° Ses considérations sur l’action des courants d’induction suivant leur
direction et leur intensité.
2° L'emploi d’excitateurs de différents genres, notamment de charbon.
3 Les indications chirurgicales de la méthode galvano-caustique chi-
mique dont il a fait une application à divers cas pathologiques.
4° L’explication de l’anesthésie.
5° Les expériences sur les sensations gustatives provoquées par la galva-
nisation immédiate ou médiate de la langue.
6° La guérison d’un certain nombre de maladies.
7° Le traitement des hyperplasies conjonctives des organes contractiles,
notamment de l’utérus et de la prostate, etc.
M. Scoutetten a présenté au Concours un ouvrage ayant pour titre :
De l'électricité considérée comme cause principale de l'action des eaux mi-
nérales sur l'organisme, et dans lequel il traite à son point de vue : 1° des
actions électriques des eaux minérales à l’extérieur et à l’intérieur du corps
de l’homme, soit que l’on prenne ces eaux sous forme de bain ou de bois-
son; 2° de l'électricité du sang chez l’homme et les animaux vivants, et de
la réélectrisation des eaux minérales transportées.
Indépendamment de cet ouvrage, M. Scoutetten a présenté les Mémoires
spéciaux dans lesquels il a développé les diverses questions dont il a fait
un corps de doctrine.
M. Ciniselli a présenté un opuscule où se trouve exposé le résumé de ses
études sur la galvano-caustique chimique, méthode indiquée il y a trente
ans par l’un de vos Commissaires, et dont il a même fait une application
avec M. Breschet, à l'Hôtel-Dieu de Paris.
On distingue la galvano-caustique chimique de la galvano-caustique
thermique, en ce que celle-ci cautérise au moyen de la chaleur produite
dans un fil de métal parcouru par un courant électrique d’une certaine in-
tensité, tandis que l’autre opère la cautérisation à l’aide d’un acide ou d'un
( 497 )
alcali séparé d’une dissolution par l’action chimique du courant. Il emploie
à cet effet soit un circuit simple, soit un circuit dans lequel se trouve une
pile. Suivant la direction du courant, il porte sur la partie malade un caus-
tique acide ou alcalin à l'état naissant, et doué par conséquent d’une grande
énergie. M. Ciniselli énumère dans son opuscule les cas où il a obtenu des
guérisons en opérant sur des tumeurs de différents genres et dans divers
cas pathologiques. C’est à l’aide d’une méthode semblable que M. Nélaton
a enlevé des tumeurs naso-pharyngiennes.
On ne peut que féliciter M. Ciniselli de chercher à appliquer l'électro-
chimie à la thérapeutique; aussi votre Commission l’engage-t-elle à persé-
vérer dans cette voie.
M. le D" Pitet s’est attaché à établir un parallèle entre les effets physio-
logiques et pathologiques produits par les courants interrompus et les
courants continus, et à montrer la supériorité de l’action thérapeutique due
aux courants induits les plus faibles sur celle des courants induits les plus
énergiques. Il est arrivé en outre à cette conclusion, que le meilleur mode
d'application est celui des courants continus. Voici succinctement le résul-
tat de ses études :
Les courants induits et les courants continus produisent des effets essen-
tiellement différents : les premiers tendent à produire constamment un état
inverse de celui qui existe au moment de leur application, c'est-à-dire que
leur effet propre initial, étant constamment le même que l’état patholo-
gique qu’ils détruisent, il en résulte que leur effet thérapeutique est inverse
du premier.
Les courants continus, au contraire, produisent sur l'organe affecté le
même effet qu’ils provoquent à l’état physiologique, c’est-à-dire un relà-
chement, une dilatation, etc.
Suivant ses observations, les courants induits énergiques, appliqués à
l’état physiologique comme à l’état pathologique, fatiguent les sujets et
aggravent souvent l’état morbide; ils altèrent et détruisent l’irritabilité
sensitive et motrice, tandis que les courants continus, au contraire, sont
facilement tolérés par l’organisme; ils sont employés utilement sur les vais-
Seaux congestionnés; leur influence est telle, qu'elle doit être prise en
sérieuse considération en thérapeutique. M. Pitet rapporte un certain
nombre de faits qu’il considère comme démontrant les principes que nous
venons d'indiquer.
On ne peut qu’approuver l’auteur d'étudier successivement l’action phy-
siologique de l'électricité sur un organe à l’état normal et sur le même or-
( 498 )
gane à l’état morbide, C’est la route à suivre pour arriver à connaître l'ac-
tion thérapeutique réelle de l’électricité.
M. Remak a fait usage des piles à courant constant et des piles qui ne
jouissent pas de cette propriété. Voici les résultats de ses expériences :
1° Le courant continu à un degré supportable agit sur les organes cen-
traux et entretient, par mouvements réflexes, des contractions, même dans
des groupes de muscles antagonistes.
2° Les courants continus augmentent dans certaines limites l’excitabi-
lité du nerf au lieu de l’affaiblir, et cela dans les nerfs sensitifs et les nerfs
moteurs.
3° Il a opéré la résolution des contractures paralytiques au moyen dm
courant continu. Ce procédé est celui qui, dans des circonstances favo-
rables, guérit ces paralysies pour le traitement desquelles les courants
intermittents sont préjudiciables.
4° Il a guéri également des paralysies invétérées.
5° Il a opéré sur des malades affectés de contractures ou de douleurs
rhumatismales : ayant fait passer pendant environ cinq minutes un courant
de quinze à vingt éléments à sulfate de cuivre, à travers les muscles de
l’épaule, le malade leva son bras et le plaça sur sa tête.
6° Il a cherché ensuite, sans y parvenir, à reconnaitre si le courant
continu d’une certaine force n’était pas de,nature à produire quelque dés-
ordre dans l'organisme. L'emploi des courants interrompus ne lui a réussi
que dans quelques cas particuliers et qui ne sont pas même très-fréquents.
Si l’on compare ensemble les résultats que nous venons d'indiquer, on
voit que les médecins ne sont d'accord ni sur le mode de traitement, ni sur
les résultats obtenus. En effet, M. Duchenne emploie avec succès les cou-
rants intermittents dans la plupart des cas, traitement que rejette M. Remak
comme nuisible, pour donner la préférence aux courants continus. M. Na-
mias prétend démontrer que le diagnostic électrique de M. Duchenne pour
reconnaitre le siége des paralysies est faux. Ce dernier n’admet pas dans
l’homme les propriétés hy} thésiantes des courants continus. M. Remak,
et en partie M. Pitet, avance que les courants continus augmentent dans cer-
taines limites l’excitabilité du nerf au lieu de l’affaiblir; c’est cette propriété
qui l’a engagé à les employer dans le traitement des paralysies, de préférence
à l'induction. Nous ajouterons que M. Hiffelsheim a considéré le courant
intermittent comme un excitant et le courant continu comme calmant.
Nous ferons observer que l’action hyposthénisante des courants continus
parait être assez généralement reconnue, et que des physiologistes admet-
( 499 )
tent qu'avec des courants faibles, dirigés successivement en sens inverse, on
n’a qu’une très-faible action hyposthénisante, tandis que, lorsque les con-
rants sont très-intenses, cette action devient prédominante.
Ces divergences, et d’autres encore que nous pourrions citer, dans les
résultats obtenus et les opinions émises sur la valeur de tel ou tel procédé,
montrent l'impossibilité où l’on est de se prononcer encore sur les véri-
tables propriétes thérapeutiques de l'électricité, suivant que l’on emploie
les courants continus ou intermittents, surtout quand on n’a pas suivi les
traitements. :
De deux choses l’une : l'électricité agit efficacement, ou son action est
nulle. Dans la première supposition il faut en conclure que les médecins
n'ont pas opéré dans les mêmes conditions d’âge, de constitution, de force
vitale, de même degré de maladie et avec des appareils électriques ayant la
même intensité; car si tout eùt été semblable de chaque côté, il n’y a pas de
motifs pour qu'on m'ait pas obtenu les mêmes résultats. Dans la seconde
supposition, il faudrait admettre que la nature a tout fait. Nous sommes:
portés à croire toutefois que les traitements n’ont pas été appliqués dans les
mêmes conditions, car on ne saurait nier que l'électricité n’agisse efficace-
ment dans certaines paralysies et d’antres cas pathologiques; de nombreux
exemples déjà anciens sont là pour le prouver.
§ IV. — Observations et conclusions.
Nous demandons à l’Académie la permission de lui présenter quelques
observations qui ne seront pas sans utilité pour les applications théra-
peutiques.
Les courants continus et les courants interrompus ont chacun leur mode
d'action : les premiers, à l’aide d’électrodes mouillées, pénètrent sous la
peau, dans les organes, y produisent des effets physiques, chimiques, calo-
rifiques, et peut-être de transport ; effets dépendant de l'intensité du cou-
rant et du pouvoir conducteur des parties qu'ils traversent. Ces parties
sont : les muscles, les nerfs, leurs éléments organiques, les vaisseaux, tous
les tissus, etc., entre lesquels le courant se partage suivant la conductibi-
lité de ces parties, qui ne forment pas un tout homogène, comme un con-
ducteur métallique ; il y a des embranchements, des anastomoses, des con-
tacts plus ou moins immédiats, d’où résultent des résistances, de légers chocs
S changements de conducteurs, qui ne peuvent être que de légers fré-
Missements ; des actions spéciales sur les nerfs et sur les muscles, dont nous
avons déjà parlé; des effets de chaleur produits par les résistances au
( 500 )
passage; peut-être des effets chimiques aux changements de conducteur.
A-t-on analysé tous ces effets dans les recherches électro-physiologiques
sur les animaux, effets qui sont intéressants à connaitre? Les effets de cha-
leur peuvent être étudiés avec une grande précision à l’aide des aiguilles
thermo-électriques; on n’a pas non plus constaté d’effets chimiques ni d’ef-
fets de transport. Nesait-on pas, en outre, que les fils d'un métal mauvais
conducteur, tel que le platine, traversés par des courants intenses, se raccour-
cissent ? Qui peut dire que de semblables effets ne se manifestent pas dans
les filets nerveux, les filets musculaires, les vaisseaux capillaires, etc.? Tous
ces effets peuvent exercer une influence sur les fonctions organiques : ce.
sont là des recherches à faire. Il faut encore, à l’exemple de M. Namias
dans les exp physi sur les animaux, voir après leur
mort quels ont été les effets produits sur les organes, selon que l'on a em-
ployé des courants continus ou des courants intermittents d’une intensité
donnée, afin d’en faire une application à l'homme,
- Les courants intermittents, indépendamment des effets physiologiques
déjà mentionnés, produisent encore de la chaleur pendant les décharges
successives, comme on en a la preuve en déchargeant une bouteille de
Leyde au travers d’un fil fin de métal, et des effets de distension, comme
on le voit en faisant passer la décharge d’une bouteille de Leyde dans un
tube mince de verre, d’un petit diamètre, lequel vole en éclats; ce sont là
des questions à examiner, quand on désire traiter la question scientifique-
ment, tout en cherchant les effets thérapeutiques de l'électricité; on voit
par là combien est complexe l’action thérapeutique de l'électricité sur les
organes. |
Quand on parcourt les considérations générales qui précèdent les Mé-
moires et ouvrages présentés à la Commission, il est facile de se convaincre
que les expérimentateurs ne se font pas une juste idée du mode de dégage-
ment de l’électricité dans les appareils dont ils font usage. Ces appareils
comprennent les machines électriques ordinaires, les piles voltaiques à cou-
rant constant, les appareils électro-magnétiques et magnéto-électriques;
dont la forme et les dispositions sont très-variées.
On ne se rend pas bien compte non plus des effets résultant de l’électri-
cité dégagée dans les actions chimiques. L'électricité, quelle que soit la
source qui la dégage, est toujours de même nature; elle ne diffère d'une
source à l’autre que par la tension, la quantité et la durée de son passage:
Dans la pile, la tension de l'électricité est, en général, faible aux deux
pôles, mais elle produit des effets physiques énergiques, en raison de la
quantité d'électricité qui passe dans le circuit, quand on vient à le fermer.
poe
ontrn
t SE |
D'un autre côté, à l’instant où l’on ferme le circuit de la pile avec un fil
de métal, le courant électrique qui parcourt ce fil en produit un autre par
induction (extra-courant), cheminant en sens inverse : ce courant, dont la
durée est très-courte, et qui peut être considéré comme presque instan-
tané, tend à diminuer, à l'instant même seulement de la fermeture, l'in-
tensité du courant inducteur; en ouvrant le circuit, il se produit un autre
courant induit dirigé dans le sens du courant inducteur, lequel a le carac-
tère des décharges de la bouteille de Leyde.
Les courants induits produits par les courants voltaïques ou les aimants
dans des fils placés à distance différent entre eux en intensité selon la force
de la pile, celle des aimants et la longueur des fils. Ils ont un caractère
particulier, attendu que dans les décharges il y a deux courants instantanés
dirigés en sens inverse et agissant comme les courants alternatifs.
Les appareils électro-magnétiques ou magnéto-électriques ne peuvent
étre construits que dans le but. de faciliter les applications de l'électricité
par Courants intermittents; les effets qu’ils produisent ne diffèrent entre
eux que par l'intensité des décharges ; il est possible même d'obtenir de
semblables effets avec des bouteilles de Leyde qui se déchargeraient et se-
rechargeraient plus ou moins rapidement. Il n’y a donc d'effets spéciaux
relatifs à des appareils déterminés qu’en raison des circonstances de l'in-
tensité, de la durée et de la succession des décharges.
On ne se rend pas bien compte, en général, des effets physiologiques qui
peuvent être produits par l'électricité dégagée au contact des liquides dans
les corps organisés. Quand deux liquides différents, conducteurs de l'élec-
lricité, sont en contact, ils se constituent toujours dans deux états élec-
triques différents, soit qu'il y ait réaction chimique de l’un sur l’autre ou
ue simple mélange. Celui qui se comporte comme acide rend libre de lPélec-
tricité positive, et l'autre de l'électricité négative. Ces deux électricités restent
à l’état statique tant que les liquides ne forment pas un circuit fermé au
moyen d’un Corps conducteur solide, non perméable, à moins d’une dis-
Position spéciale. A l’état statique, la tension de l'électricité est si faible,
qu'il faut un appareil trés-sensible pour la mettre en évidence. Il y a en
rs recombinaison des deux électricités au fur et à mesure qu'elles
deviennent libres sur la surface même du contact, tant que dure l’action
chimique ou le mélange; on ne voit donc pas comment cette électricité
Pourrait exercer une action sur les organes intérieurs, surtout dans lad-
Ministration des eaux minérales. Si ces eaux sont alcalines, en réagissant
mr la sécrétion acide qui recouvre la peau, elles prennent l’électricité
; C. R., 1867, rer Semestre. (T. LXIV, N° 40.) 67
( 502 )
négative, et la sécrétion lélectricité positive; la recomposition des deux
électricités s'effectue sur la peau, et les organes intérieurs ne peuvent en
éprouver aucun effet.
Dans le second cas, quand le circuit est fermé au moyen d’un métal,
il se produit des effets électrochimiques, sans aucun doute; mais existe-t-il
dans les organes de l’homme et des animaux des conducteurs convenables
pour former des circuits fermés? Quelles sont les parties solides conduc-
trices et non perméables qui pourraient déterminer la circulation de l’élec-
tricité dégagée au contact des liquides pendant leur mélange, ou lorsqu'ils
réagissent chimiquement l'un sur l’autre? On n’en connaît pas; car il n’y
a que des tissus qui séparent les liquides, et par l'intermédiaire desquels
s'effectuent les réactions; privés de ces liquides, ils ne sont pas conducteurs.
I) ne suffit pas de baser une théorie physiologique sur un fait fondamen-
tal, il faut commencer par démontrer ce fait. Quant à présent, l'existence
de courants électriques dans les organes de l’homme vivant, courants dus
uniquement à la réaction des liquides, indépendamment de l'emploi de
conducteurs métalliques, n’est nullement prouvée.
En résumé, on voit que depuis les Grecs jusqu’à la découverte de la bou-
teille de Leyde, on a fait usage de la décharge de la torpille pour le trai-
tement de la paralysie et d’autres maladies, comme on le fait aujourd'hui
avec les appareils électriques.
Depuis cette découverte jusqu’à celles de Galvani et de Volta, on a fait
de nombreuses applications de l'électricité à la thérapeutique, mais sans
prendre pour guides des données électro-physiologiques : ce n’est réelle-
ment que depuis cette dernière époque que l’on s’est livré avec ardeur à
des expériences électro-physiologiques, dont les résultats ont commencé à
fournir des principes sûrs pour les applications.
Vinrent ensuite d’éminents physiologistes, qui découvrirent les pro-
priétés électriques et électro-physiologiques des muscles et des nerfs ; les
applications de l'électricité devinrent alors plus rationnelles et plus métho-
diques. :
La découverte de l'induction permit seulement de construire des appa-
reils qui facilitèrent singulièrement l’emploi des courants intermittents;
aussi l’électro-thérapie est-elle devenue usuelle en médecine.
Néanmoins, on n’est pas encore fixé sur le meilleur mode de traitement
à employer dans tel ou tel cas morbide, puisque l’un rejette comme nui-
sible ce que l’autre adopte comme le seul efficace. La Commission, qui n’a
pas suivi les traitements administrés, doit rester dans le doute à cet égard,
jusqu’à ce que la discordance ait disparu ; c’est pour ce motif qu’elle pro-
( 503 )
pose à l’Académie de remettre le prix à trois ans (1), dans l'espoir que d'ici
là de nouvelles expériences auront démontré la préférence que l’on doit
donner à tel ou tel traitement, avec la certitude d’obtenir des guérisons
complètes ou des améliorations sensibles, dans des cas pathologiques dé-
finis, et avec une intensité également définie de courants continus ou inter-
mittents ; c’est alors que l’électro-thérapie formera un corps de doctrine
scientifique, auquel l’Académie pourra donner sa haute approbation.
Il est d'autant plus important d'en agir ainsi, qu’à l’époque actuelle, où la
science médicale cherche, par l'introduction des sciences physico-chimiques,
à acquérir le degré de certitude qui les caractérise, on doit demander aux
médecins qui appliquent l'électricité à la thérapeutique d’entrer dans cette
voie, qui pourrait leur ouvrir un champ de découvertes importantes.
Néanmoins la Commission a pensé qu'il serait convenable d'accorder à
M. Namras une médaille de la valeur de quinze cents francs, pour les efforts
incessants qu’il a faits dans le but de répondre scientifiquement à la ques-
tion proposée par l’Académie, et pour les observations intéressantes qu'il a
déjà recueillies.
GRAND PRIX DE CHIRURGIE.
CONSERVATION DES MEMBRES PAR LA CONSERVATION DU PÉRIOSTE.
(Commissaires : MM. Cl. Bernard, Rayer, Longet, Serres, Ch. Robin,
Cloquet, Coste, Milne Edwards, Velpeau rapporteur.)
Rapport sur le Concours de l’année 1866.
« Des faits nombreux de physiologie ont prouvé que le périoste a la
faculté de produire los. Déjà même quelques faits remarquables de chi-
rurgie ont montré, sur l’homme, que des portions d’os très-étendues ont
pu être reproduites par le périoste conservé.
» Le moment semble donc veyu d'appeler l'attention des chirurgiens
» La . . s . .
ie une grande et nouvelle étude, qui intéresse à la fois la science et
» l'humanité. ;
»
, En conséquence, l’Académie met au Concours là question de la conser- -
” vation des membres par la conservation du périosle.
À Les concurrents né sauraient oublier qu'il s’agit d'un ouvrage pra-
j "ique, qu'il s’agit de l’homme, et que par conséquent on ne compte pas
? Pra sur leur respect pour l'humanité que sur leur intelligence.
sj L'Académie, voulant marquer par une distinction notable limpor-
(1) Voir aux Prix proposés, p. 538.
67..
( 504)
» tance qu'elle attache à la question proposée, a décidé que le prix serait
» de dix mille francs.
» Informé de cette décision, et appréciant tout ce que peut amener de
» bienfaits un si grand progrès de la chirurgie, L'EMPEREUR a fait immé-
» diatement écrire à l’Académie qu’il doublait le prix.
» Le prix sera donc de vingt mille francs. »
En présence d’une pareille récompense, d’une semblable perspective,
l’Assemblée devait s'attendre à de nombreux, à d'importants travaux! *
Il y a longtemps dejà, du reste, que cette question est agitée au sein
de l’Académie. De 1739 à 1745, Duhamel a publié sur elle les premiers
travaux que possède la science.
Fondé sur ce qui se passe dans les végétaux, il se livra à des recherches,
à des expériences sans nombre sur les animaux et sur l’homme, pour dé-
montrer que le périoste nourrit, engendre les os. L'ancienne Académie de
Chirurgie reprit la question où Duhamel l'avait laissée; alors on vit
Dethleft, Troja, Bordenave, etc., se mettre à l’œuvre et discuter la ques-
tion avec soin. Les chirurgiens du temps se divisèrent en deux camps : les
uns pour la négative, les autres pour l'affirmative.
L'expérience en était là, lorsque M. Flourens vint reprendre les re-
cherches de Duhamel par la base. Il y a une trentaine d’années, le célèbre
expérimentateur multiplia ses recherches de mille façons sur les animaux,
au point d’ébranler vigoureusement et de nouveau la chirurgie expéri-
mentale de son temps. C’est dans le but de faire ressortir la justesse de ses
aperçus que l’Académie a remis la question au Concours.
Aujourd'hui nous en sommes là, et ce sont les travaux qui s'y rap-
portent que l’Académie des Sciences est appelée à juger en ce moment.
Les ouvrages qu’elle a reçus sur ce sujet ont tous une certaine impor-
tance. Mais en cas pareil, il ne peut pas suffire d’invoquer quelques obser-
vations plus ou moins intéressantes.
Ainsi la Commission a été obligée de rejeter une Note sur la régénération
des os de la face par la membrane muqueuse périostique, que luia adressée
M. Desmeaux, de Puy-Lévèque, bien que cette observation soit digne de
considération, mais parce qu'elle rentre exclusivement dans la question
des nécroses.
Nous en dirons autant de M. Millo-Brulé et du Mémoire de M. Chrétien,
qu: ne se rapportent qu'à des faits antérieurs, qu’à des faits déjà signalés
par Vigaroux.
(1505 )
M. Mottet nous a adressé un Mémoire de 82 pages et une pièce anato-
mique qui n’est évidemment qu’un séquestre extrait d’un étui osseux
garni de son périoste.
Ces différents travaux, qui auraient eu de la valeur au commencement
du siècle actuel, restent en dehors de la question, et nous sommes obligés
de les mettre de côté pour nous arrêter à deux grands ouvrages, deux
œuvres de longue haleine remplies d'expériences, de faits de toute sorte
recueillis sur les animaux et sur l’homme, de faits physiologiques et de
faits pratiques; ces deux ouvrages sont sortis de la plume de deux hommes
remarquables. ; 3
L'un est dů à M. Séouror, placé aujourd’hui à la tête des chirurgiens
d'armée et de la Faculté de Médecine de Strasbourg ;
L'autre est de M. Oruer, chirurgien beaucoup plus jeune, mais d’un
grand mérite, actuellement à la tête du grand hôpital de Lyon.
Travaillant tous deux à élucider la question depuis une dizaine d’années
avec une ardeur sans pareille, ils ont multiplié les faits sans se ralentir.
Ces deux savants ont abordé franchement la question, mais en la pre-
nant à l'inverse l’un de l’autre.
M. Sédillot soutient, veut prouver que le périoste régénére les os, à l’aide
d'expériences qui vont de l’intérieur à l'extérieur, de ce qu’il appelle l'évi-
dement ;
L'autre soutient que le périoste reproduit les os de toutes pièces par
sa face interne.
Si nous n'avions écouté que l’un des deux auteurs, nous aurions dû
rejeter complétement tous les travaux de l’autre. Mais en y regardant avec
attention, il n’est point difficile de ramener leur divergence d'opinions à
un résultat commun.
Ainsi M. Sédillot creuse les os malades, les transforme en coque, jusqu’à
ce qu'il arrive à une couche saine, et prouve surabondamment dans son
Traité de l'évidement, que le reste de los, sain, animé par le périoste qui reste
au dehors, suffit pour rétablir un os nouveau, une couche de tissu osseux
“ant. C’est de la sorte qu'il est parvenu à rétablir, à régulariser une mé-
thode ancienne et qui permet de sauver les membres dans un grand nombre
de cas. 1] a ainsi creusé avec succès les condyles du tibia, du fémur, le
Calcanéum, etc.
M
A Ollier, dont les expériences ont été aussi nombreuses que variées,
Sest
attaché à prouver qu'en détachant le périoste d’un os sain, en le lais-
sa ; :
nt fixé aux ligaments et aux tendons, on pouvait extraire les os du
m $ dr or
embre avec chance de voir l’os se reconstituer. Il est parvenu à résé-
( 506 )
quer ainsi des articulations entières, à extraire l’humérus, par exemple, en
conservant le membre qui s’est reconstitué d’une manière à peu près com-
plète. Avant d’en venir la, M. Ollier avait vu sur les animaux les os du mé-
tatarse, du métacarpe, le radius, etc., se reproduire de toutes pièces après
le décollement du périoste. Bien plus, il a vu, et nous avons montré en son
nom ici, des lambeaux de périoste transportés dans des régions, dans l’aine,
la cuisse, y prendre vie et devenir le siége d’une sécrétion osseuse.
La chirurgie militaire de ces derniers temps lui a donné la preuve que
dans les blessures par armes de guerre, on obtient des résultats importants.
MM. Langenbeck, Esmarch, etc., ont eu de nombreuses occasions en
Prusse, comme on en avait eu dans les guerres du Sleswig, de confirmer la
justesse du principe émis par M. Ollier. Ils ont vu qu’à la place des ampu-
tations on pouvait sauver les membres par la résection sous-périostée. Il
n'est pas contestable non plus que pour la fabrique d’un nez nouveau,
que pour la fermeture de trous de la voûte palatine, on puisse aussi tirer
partie de la conservation du périoste.
M. Sédillot, qui s’est attaché à creuser les os de l’intérieur à l'extérieur,
est arrivé de son côté à de merveilleux résultats. S'il combat M. Ollier,
c'est dans la crainte d’une rivalité redoutable; mais il n’a pas vu qu’en de-
hors des points malades des os, M. Ollier conservait toute la gaine périostée
avec un soin extrême,
Il est d’ailleurs manifeste que la méthode de l’évidement des os con-
vient mieux que la méthode purement sous-périostée aux hommes adultes
ou avancés en âge, et qu’en somme les deux méthodes viennent au secours
l’une de l’autre au lieu de s'exclure. C’est ce qui a conduit votre Commis-
sion à vous proposer de partager le prix entre les deux auteurs d'une ma-
nière égale.
L'Académie adopte cette proposition.
PRIX DIT DES ARTS INSALUBRES,
FONDÉ PAR M. DE MONTYON.
(Commissaires : MM. Boussingault, Rayer, Payen, Chevreul, Dumas,
Combes rapporteur.)
Rapport sur le Concours de l’année 1866.
Parmi les pièces adressées pour concourir au prix de la fondation Mon-
$ éri r Fi
tyon pour l’assainissement des arts ou professions insalubres, la Commission
( 507)
a distingué une Lettre de M. Galibert qui a reçu, en 1865, de l’Académie
un encouragement de cing cents francs pour un appareil respiratoire, au
moyen duquel on peut pénétrer et séjourner pendant quinze minutes environ
dans un lieu rempli de gaz méphitiques. M. Galibert décrit les nouveaux
perfectionnements qu’il a apportés à cet appareil. Ils portent principalement
sur le réservoir d'air, qui était d’abord une peau de bouc préparée et qui est
maintenant formé d’une toile double rendue imperméable par l’interposition
de caoutchouc; la capacité du réservoir a été ainsi augmentée et sa forme a
été rendue plus commode, sans augmentation ou même avec diminution
de poids. C’est une amélioration réelle, Par les modifications avantageuses
apportées à sa conception premiére, par les expériences nombreuses qu'il a
faites, l’auteur est parvenu à répandre la connaissance et l'usage de son
appareil, dont l'utilité est aujourd’hui généralement appréciée.
La Commission a l'honneur de proposer à l’Académie d’accorder à
M. Gauserr une mention très-honorable avec un nouvel encouragement
de mille francs, comme récompense de son zèle et des perfectionnements
apportés depuis 1865 à son appareil.
Cette proposition est adoptée.
PRIX BRÉANT.
(Commissaires : MM. Serres, Andral, Velpeau, Jobert de Lamballe,
Cloquet, CI. Bernard, Ch. Robin rapporteur.)
Rapport sur le Concours de l’année 1866.
La Commission du prix Bréant vient vous présenter un Rapport sur les
travaux, concernant l'étude médicale du choléra, qui, chaque année, vous
sont adressés pour concourir au prix fondé par M. Bréant. Cette année,
Ron plus que les précédentes, la Commission ne peut vous proposer de
décerner le prix; mais elle a cru devoir signaler à votre attention et distin-
guer par une récompense, suivant l'intention du testateur, les travaux qui
lui paraissent avoir fait faire quelques progrès à nos connaissances, soit sur
la nature, soit sur les modes de transmission de cette maladie.
Cent dix travaux ont été soumis à notre examen. Beaucoup se composent
de vues hypothétiques longuement développées, sur les causes premières et
a nature intime de la maladie, sans que leurs auteurs se soient grande-
ment préoccupés de la nécessité d’une, connaissance approfordie de lor-
Sanisation humaine et des milieux dans lesquels nous vivons pour résoudre
( 508 )
ces questions. D'autres écrits à peu près aussi nombreux, basés sur des ob-
servations cliniques propres à leurs auteurs où rassemblées par eux, con-
cluent à l'existence de germes gazeux ou solides, chimiquement actifs ou
organisés; mais ici de simples présomptions ne sauraient suffire en dehors
de tout examen direct de germes qui n’ont jamais été vus et d'expériences
faites à leur aide.
Il est enfin des travaux qui se composent d'observations cliniques et
thérapeutiques laborieusement recueillies et discutées ; mais, quelque esti-
mables qu’ils soient, nous n’avons pu leur faire prendre part au Concours,
par la raison que les résultats auxquels ils ont conduit ne se distinguaient
pas essentiellement de ceux qui avaient été donnés par des écrits du même
genre dont les épidémies antérieures avaient fourni les matériaux. Sans
mentionner ici toutes les études sur le choléra, dignes d'intérêt, que nous
avons dů examiner, signalons cependant celles de MM. Nonat, Heullard-
Darcy, Bonnafont, Raimbert (de Châteaudun), Martinencq, etc., etc.
Notre attention a été plus particulièrement fixée par des recherches qui
tendent à répondre à une partie des questions posées l'an dernier par
M. Serres au nom de votre Commission, dans un remarquable Rapport sur
le prix Bréant. Ajoutons que, dans ce Rapport (Comptes rendus des séances,
t. LXII, p. 538), à l’occasion d’un travail de M. Thiersch sur les déjections
cholériques considérées au point de vue de leur influence sur la transmis-
sion du choléra, votre Commission a spécialement réservé, pour les exa- .
miner en 1866, les travaux dont la direction pouvait se rapprocher de
celle qu'a tracée M. Chevreul d’une maniere si lucide en 1839, dans un
Rapport célèbre lu dans cette enceinte. Notons qu’il est regrettable que
la méthode qui s'y trouve exposée n'ait pas été toujours prise en considé-
ration dans les travaux relatifs à cet ordre d’études; car ce Rapport traite
de la marche à suivre pour la recherche des matières actives sur l’économie
animale, qui peuvent se trouver dans les produits morbides, l'atmosphère el les
eaux, dans les cas d’épizootie, d’épidémie, de maladies contagieuses, ete.
Les auteurs dont nous devons vous proposer d’encourager les re-
cherches ont, par épreuve expérimentale, étudié l'influence des diverses
sortes de déjections et d’émanations cholériques sur l’homme et les ani-
maux. Laissant de côté les hypothèses, ils ont placé la question sur son
véritable terrain en venant en appeler à l’expérimentation. Ils ont pensé avec
raison que le meilleur moyen d'arriver à guérir les maladies était d'apprendre
à les bien connaitre; que, pour les bien étudier, il importait de chercher
à les communiquer de l’homme aux animaux, afin de déterminer exacte-
( 509 )
ment la nature des lésions correspondant aux symptômes qui caractérisent
chacune des phases du mal. La transmnissibilité du choléra étant un fait
acquis à la science, ils ont fait faire un pas de plus à cette question en dé-
montrant qu’un certain nombre de données concernant les agents de la
transmission du choléra et leur mode d’action sont devenues susceptibles
d’être soumises au contrôle de l'expérience en dehors de toute opinion
systématique. Quelques-uns d’entre eux ont en outre décrit avec soin,
comparativement à ce qu’ils ont observé sur l'homme, les lésions consta-
tées sur les animaux qu'ils avaient rendus malades. Dans le jugement
qu'elle a porté, votre Commission a dû naturellement prendre en grande
considération les recherches de cet ordre, qui constituent des preuves
importantes, lorsqu'il s’agit d'établir les analogies et les différences d’une
affection morbide étudiée sur des espèces animales différentes.
Bien qu'avant de porter un jugement sur ces recherches votre Commis-
sion ait comparé entré elles toutes celles du même genre qui ont été
tentées depuis Magendie (Leçons sur le choléra, 1836), elle a pensé qu’un
rapide énoncé suffirait pour vous faire comprendre la nature des questions
qu'ont cherché à résoudre les investigateurs dont elle vous proposera de
récompenser le zèle.
I. Le travail le plus complet de ceux qui, conçus dans l'esprit que nous
venons d'indiquer, ont été soumis à notre examen, est celui que MM. les
D" Legros et Goujon vous ont adressé. Il se compose de trois Mémoires
manuscrits intitulés :
1° Recherches expérimentales sur le choléra, faites au laboratoire d’histologie
de la Faculté de Médecine de Paris; :
2 Nouvelles expériences sur la transmission du choléra, faites dans le méme
laboratoire pendant l’épidémie de 1866;
LS Relation de l'épidémie de choléra qui a régné dans le département de la
Nièvre en 1866 (1)
C'est particulièrement à ces médecins que nous devons les expériences
les plus nombreuses et celles aussi qui ont été exécutées"sur les animaux
les plus voisins de l’homme qu’il nous soit possible de choisir. Leurs expé-
riences ont été faites par ingestion gastrique et injections soit dans les veines,
.
I 4 z : - + , r - tar FR P s
A | Ces Mémoires, envoyés manuscrits à l’Académie, ont été complétés ultérieurement
ar une AE EET i $
HAS analyse imprimée du premier d’entre eux, analyse extraite du Journal de l’ Ana-
1e et À K ğ y ,
de la P hysiologie de l'homme et des animaux, année 1866.
C. R., 1867, 127 Semestre. (T. LXIV, N° 40.) 68
( io )
soit dans la trachée, du liquide des déjections cholériques filtrées, du sérum
sanguin des cholériques et de l’eau obtenue par condensation de la vapeur
atmosphérique filtrée. Ils ont déterminé ainsi l'apparition d'accidents cho-
lériques chez les animaux. Leur exposé des conditions de la production de
ces phénomènes est accompagné d’une description comparative plus nette
qu’on ne l'avait faite soit des symptômes, soit des lésions observées dans
chaque appareil organique, avec ceux qu’ils ont constatés eux-mêmes sur
l’homme après tant d’autres observateurs. Guidés par la connaissance des
analyses des déjections cholériques faites avant eux, ils ont cherché à dé-
montrer que le choléra était dû à une altération moléculaire primitive des
principes albuminoïdes mêmes du sang, en conséquence de laquelle ces
principes acquièrent des propriétés analogues à celles de la diastase; que
ces principes ainsi altérés passent dans les diverses déjections, et que des
traces peuvent en être entrainées par la vapeur d’eau pulmonaire, etc.,
pendant l’évaporation de celles-ci; que ces substances sont susceptibles de
déterminer sur leurs analogues, dans un être sain, une altération semblable
à celle qu’elles présentent quand elles pénètrent dans l’économie.
A cet égard, bien qu’il y ait des différences quant à la rapidité avec
laquelle se transmettent les accidents sur les animaux affaiblis, comparati-
vement à ceux qui sont bien portants, il y en a de bien plus considérables
encore au point de vue de la quantité de substance qu'il est nécessaire d’em-
ployer pour rendre malades les animaux, comparativement à ce qui, du-
rant les épidémies, paraît suffisant pour déterminer l’apparition des sym-
ptômes cholériques chez les hommes. i
MM. Legros et Goujon ont exécuté, de plus, une autre série d’experiences
en se plaçant dans des conditions analogues à celles qu’ils avaient adoptées
d’abord, mais en se servant de solutions de diastase retirée de l'orge
germée au lieu de déjections cholériques filtrées, etc.; ils ont obtenu
alors, sur les chiens et les lapins, les mêmes effets qu'avec celles-ci.
Ils ont constaté que lorsqu’ils employaient divers produits morbides ou
des matières en voie d’altération cadavérique à la place des précédentes,
les symptômes et les lésions survenant n'étaient plus les mêmes que Ceux
que l’on observe quand on se sert soit de déjections cholériques , soit de
diastase.
II. Les lignes suivantes résument les recherches que M. Thiersch a
K: t 2 . j \ y A
dès l’année dernière soumises à l’examen de votre Commission.
Le procédé expérimental ayant pour but de provoquer les phénomenes
(iz)
cholériques chez des animaux a été institué par M. Thiersch de la manière
suivante :
Ila mélé à la nourriture d’un certain nombre de souris de petits mor-
ceaux de papier à filtre, d'un pouce carré, trempés dans le liquide intes-
tinal de cholériques, puis desséchés. Cette imbibition a été pratiquée sur
un liquide frais, puis sur du liquide rejeté depuis six jours, et conservé
à la température de 10 degrés; enfin sur un liquide plus ancien.
104 souris ont avalé ces fragments. Celles qui ont été soumises au traitement
des déjections fraîches n’ont offert aucun symptôme morbide. Ce qui est
caractéristique, c’est que, sur 34 qui ont avalé du papier trempé dans des
déjections anciennes de trois à neuf jours, 30 devinrent malades et 12 mou-
rurent. Les symptômes qu’elles présentèrent furent des selles aqueuses, la
disparition de l’odeur de l’urine, puis la suppression de celle-ci; enfin
quelques-unes offrirent, avant de succomber, une roideur tétanique. Il n’y
eut jamais de vomissements.
L'autopsie révéla la congestion des intestins, le dépouillement de leur
épithélium, la dégénérescence graisseuse des reins, et la vacuité de la vessie.
Les papiers imbibés de déjections plus anciennes ne produisirent aucun
effet.
M. Thiersch conclut de ces faits qu'il se développe dans les déjections
cholériques un principe fixe, et cela dans l'intervalle compris entre le troi-
sième et le neuvième jour après leur émission ; cet agent ou principe toxique,
dont il ne détermine pas la nature, introduit dans l’organisme des animaux
sur lesquels il a expérimenté, a produit un mal souvent mortel, et présen-
tant des lésions intestinales et rénales semblables à celles que l’on ren-
contre dans le choléra (1).
HI. M. A. Baudrimont, professeur à la Faculté des Sciences de Bordeaux,
en vous envoyant ses travaux qu'il destinait au concours Bréant, a pris en
considération cette clause du testament dans laquelle M. Bréant exprime le
“æu que les personnes qui auraient démontré dans l'air quelque élément
morbide à l’aide d'appareils, nouveaux ou non, puissent concourir au prix
qu'il a fondé. Il vous a présenté d’abord un travail qu'il a lu devant cette
Académie le 8 octobre 1855, et dans lequel il décrit un appareil destiné à
DT ae
a Car Tarerscn, Infections-Versuche an Thieren mit-dem Inhalte des Choleradarmes $
1656; in-8°, p. 1-118; et Sur les principes toxiques qui peuvent exister dans les
Jéctions cholériques (Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences ; Paris, 1866 ;
* 992).
t. LXIII, P: 99
68..
(57
la recherche des organismes et des autres corpuscules pouvant être présents
dans l'air atmosphérique. Il y a joint un Mémoire (1) contenant l'exposé
des résultats des analyses du sang et des déjections cholériques qu’il a prati-
quées à diverses reprises. Il les a fait suivre d'expériences chimiques dé-
montrant que ces liquides contiennent une substance albuminoïde qui jouit
des propriétés saccharifiantes et fermentescibles de la diastase, substance
provenant d’une modification chimique des principes coagulables du sang.
IV. Parmi les travaux adressés pour concourir au prix Bréant, nous
signalerons encore à l’Académie celui de M. le D" Jules Worms, intitulé :
De la propagation du choléra et des moyens de la restreindre (Paris, 1865,
in-8°). Bien que ne renfermant aucune recherche expérimentale, il donne
une analyse exacte et scientifiquement discutée des principales publica-
tions qui traitent des divers modes de transmission du choléra. Votre Com-
mission ne saurait toutefois admettre avec ce médecin que toutes les circon-
stances extérieures qu’il énumère semblent avoir sur le germe cholérique
une action analogue à celles qu’elles exercent sur tous les germes organisés
dont nous sommes entourés, et qui vivent, se développent ou périssent,
selon que le lieu où ils se déposent leur offre ou leur refuse les conditions
pécessaires à leur existence et à leur multiplication.
Mais elle reconnaît que M. J. Worms a eu le mérite de bien mettre en
rapport les mesures prophylactiques et thérapeutiques à prendre avec les
indications de la science concernant les agents de la propagation du cho-
léra. Il a particulièrement spécifié qu'il ne faut pas craindre de dire la
vérité sur la transmissibilité du choléra ; qu'il faut reconnaître que ce n’est
pas par le contact que la maladie est transmissible; qu’en aérant les ap-
partements et en prenant certaines autres précautions, on est presque sûr
de l’immunité; mais qu'il faut publier hautement que les déjections du
malade répandues au hasard peuvent devenir un moyen de transmission,
ainsi qu'avaient déjà cherché à le démontrer pour les diverses excrélions,
en 1849, M. le D" Pellarin, puis surtout M. Ch. Huette (Du développement .
et de la propagation du choléra, Archives générales de Médecine; Paris, 1855;
in-6°, G VI, p. 570).
M. J. Worms pense qu'il est impossible de fairé, dans l’action générale,
la part qui revient à chacun des éléments de la transmission; mais les faits
PT RUES TR AR
(1) A, Bauorimonr, Recherches expérimentales et observations sur le choléra épidémique ;
Paris, 1866; in-8°.
( 616}
qu'il a rassemblés et logiquement coordonnés semblent prouver que les
déjections et les objets souillés sont les agents les plus dangereux.
V. Nous devons enfin mentionner les intéressantes expériences de
M. Lindsay, qui paraissent démontrer la transmission du choléra par les
émanations provenant de vêtements portés par les cholériques ainsi que
de leurs déjections, lorsque ces émanations sont respirées par des animaux
soumis à certaines conditions d’affaiblissement général. Ila décrit avec soin
ces conditions, ainsi que les symptômes et les altérations observés sur les
chiens et les chats soumis à ses expériences (1).
En comparant les uns aux autres les résultats des observations et des
expériences nombreuses rapportées dans les travaux qu’elle a pris en consi-
dération, votre Commission a constaté que certains de ces résultats étaient
contradictoires. Dans l’impossibilité où elle se trouve de faire elle-même
les recherches nécessaires pour expliquer les oppositions qu’elle a remar-
quées, elle ne peut, jusqu’à plus ample informé du moins, reconnaître la
validité de plusieurs des faits avancés. Elle pense également que quelques-
uns des autres de ces résultats particuliers, avant d’être définitivement
admis dans la science, ont besoin d’être confirmés par de nouveaux essais
s'appuyant sur les règles formulées à cet égard dans le Rapport de M. Che-
vreul que nous avons cité plus haut; car des notions chimiques plus pré-
cises eussent certainement donné à ces résultats plus de valeur et conduit
les auteurs qui les ont obtenus plus près de la solution du problème qu'ils
s étaient posé,
Votre Commission eût désiré aussi voir les expérimentateurs se préoccu-
per davantage de l’étude des conditions organiques qui amènent tant de
différences entre l’homme et les animaux, quant aux diverses circonstances
qui déterminent l'apparition et la transmission du mal, sujet auquel
MM. Legros et Goujon ont cependant touché incidemment,
Mais votre Commission reconnait que plusieurs des auteurs que nous
TROS avons cités ont, à l'aide de matières de provenance cholérique, déter-
miné chez les animaux des symptômes et des lésions semblables à ceux que
l'on observe sur les hommes atteints de choléra; qu’ils en ont fait une
description Comparative exacte, et qu'à cet égard ils ont donné à leurs
recherches la direction la meilleure qu'il fùt possible de leur donner dans
l (1) L. Linpsay, médecin à l'hôpital des cholériques d'Édimbourg, Transmission du cho-
"TAUX animaux ( Guzette hebdomadaire de Médecine; Paris, 1854 ; in-4°, p. 939 et 1044).
(514)
l'état actuel de la médecine. Aussi elle a cru devoir encourager le zèle et
récompenser les efforts des expérimentateurs et des observateurs dont les
travaux lui semblent, à des titres divers, pouvoir être utilement consultés
à l’occasion de recherches scientifiques nouvelles ou de mesures prophy-
lactiques et thérapeutiques à prendre contre le choléra.
En conséquence, la Commission a l’honneur de proposer à l'Académie :
1° D’accorder à MM. Lecros et Gousox une récompense de deux mille
francs ;
2° D'accorder à M. C. Tawrsca une récompense de douze cents francs.
Enfin les recherches de MM. A. Baudrimont, Jules Worms et Lindsay
ont paru à votre Commission mériter :
1° Celles de M. A. Bauprimonr, une citation très-honorable dans le Rap-
port avec huit cents francs ;
2° Celles de M. Jores Worms, pareille citation avec huit cents francs;
3 Et celles de M. Eunpsay lui semblent également devoir être citées
honorablement dans ce Rapport.
PRIX CUVIER.
(Commissaires : MM. Milne Edwards, d’Archiac, Coste, Daubrée,
Émile Blanchard rapporteur.)
Rapport sur le Concours de l’année 1866.
La Commission conserve à celte récompense la haute valeur qui lui a été
.assignée dans les années précédentes. Attribué successivement aux travaux
de M. Agassiz, de M. Richard Owen, de Jean Müller, de Léon Dufour, de
M. Murchison, le prix Cuvier se trouve ainsi avoir une importance excep-
tionnelle. I] a été décerné en dernier lieu à un illustre géologue. Cette cir-
constance a déterminé la Commission à l’accorder cette fois à un zoolo-
giste dont les travaux ont contribué avec éclat aux progrès de la science.
La Commission donne le prix Cuvier à M. pe Barr pour l’ensemble de ses
recherches sur l'embryogénie et les autres parties de la Zoologie.
Nous n'avons pas à rappeler ici l’extrême intérêt des observations qui ont
valn à leur auteur une si haute considération parmi les naturalistes, et une
si grande renommée dans le monde savant. La célébrité de l'illustre pro-
fesseur de Saint-Pétersbourg n’a-t-elle pas été acquise par ces recherches si
( $15 )
nombreuses et si délicates sur le développement des animaux, qui déjà
marquent une époque des plus brillantes dans l’histoire des Sciences na-
turelles? En décernant le prix Cuvier à M. de Baer, n’éveille-t-on pas le
souvenir de ces études du professeur de Saint-Pétersbourg, déjà vieilles de
près de quarante années, qui, en révélant des différences essentielles dans la
formation embryonnaire des principaux types du Règne animal, apportèrent
d’une manière inattendue une éclatante confirmation des vues de notre
grand zoologiste, relativement aux formes typiques auxquelles se rattachent
tous les animaux ?
En décernant le prix Cuvier à M. de Baer, l’Académie rend un hommage
mérité au talent qui a produit un ensemble de travaux dont les résultats
ont été immenses pour le progrès de la Zoologie; travaux où l’on admire
les heureuses inspirations de l’auteur dans la poursuite de ses études,
comme la sûreté du jugement dans l'appréciation des faits observés.
PRIX BORDIN.
(Commissaires : MM. Brongniart, Decaisne, Duchartre, Tulasne,
Trécul rapporteur.)
Rapport sur le Concours de 1866.
? r . A . . .
L'Académie proposa en 1862 pour sujet du Concours la question sui-
vante : i
« Déterminer par des recherches anatomiques s'il existe dans la structure
» des tiges des végétaux des caractères propres aux grandes familles naturelles,
» et concordant ainsi avec ceux qui sont déduits des organes de la reproduc-
» lion. » i
Un seul Mémoire fut envoyé. La Commission n'ayant pas jugé à propos
de décerner le prix offert par l’Académie, la question fut remise au Con-
cours; et, pour faciliter l'accès des récompenses, il fut déclaré en même
nps que l’Académie admettrait à concourir tout travail consciencieux qui
aurait pour Objet spécial l'étude anatomique comparée d'un ou de plusieurs
e 3 TAS ei notamment l'examen des lianes et des tiges grimpantes ou vo-
sa udiées Comparalivement avec les autres sortes de tiges dans les mêmes
familles végétales,
Troi aao Fe
9 travaux furent déposés au Secrétariat de l’Institut en 1866.
( 516 )
Le Mémoire n° ı a pour épigraphe : Primum videre, iterum atque iterum
videre, hæc est scientia.
Le n° 2 porte la suscription que voici : Signa distinctionum interioris struc-
turæ modum exprimentia. Juss.
Le n° 3 porte la suivante : Les recherches de M. de Mirbel (au point de vue
des rapports de la structure des tiges avec la aae des familles natu-
relles) méritent d'étre reprises. Ad. Br.
Votie Commission pense que les concurrents n’ont pas atteint le but
même restreint qui fut proposé. Ils ont étendu leurs recherches sur un grand
nombre d’objets sans en élucider suffisamment aucun. En conséquence,
votre Commission juge qu’il n’y a pas lieu à décerner le prix, et propose de
retirer la question du Concours.
L'Académie adopte cette proposition.
PRIX JECKER.
(Commissaires : MM. Dumas, Pelouze, Regnault, Balard, Fremy,
Chevreul rapporteur.)
Rapport sur le Concours de l’année 1866.
La Section de Chimie décerne le prix Jecker, de l’année 1866, à
M. Canours pour ses derniers travaux;
1° Sur les composés de l’antimoine, de l’étain, etc., avec les carbures
d'hydrogène de la catégorie du méthyle, de lé éthyle, etc., composés ter-
naires qui se combinent à la manière d’un corps simple électropositif
avec l’oxygene, le soufre, etc. ;
2° Sur les densités des vapeurs de différents corps qui ne se com-
portent à la manière d’un gaz qu’à des températures éloignées de leur
point d’ébullition sous la pression normale de l'atmosphère;
Travaux recommandables par la précision et l'exactitude des expé-
riences.
PRIX BARBIER.
(Commissaires : MM. Velpeau, Rayer, Cloquet, Bernard,
Brongniart rappôrteur.)
Rapport sur le Concours de l’année 1866.
Parmi les travaux adressés à l’Académie pour concourir à ce prix, aucun
n'a paru à la Commission chargée de les apprécier assez com plet et assez
-
(517)
important pour mériter le prix; mais elle a distingué cependant deux Mé-
moires qui lui paraissent dignes de fixer son attention et d’être encouragés
par elle.
L'un, inscrit sous le n° 2, a pour objet l'extraction de l’opium du pavot
cultivé dans le nord de la France.
Déjà des essais nombreux ont été faits à ce sujet, et M. Aubergier, profes-
seur à la Faculté des Sciences de Clermont, a particulièrement montré qu'on
pouvait retirer de l’opium de très-bonne qualité des pavots cultivés en
France. Cependant, cette extraction ne s’est pas propagée, et une des causes
qui mettent obstacle à cette récolte consiste dans l’irrégularité de nos sai-
sons, les pluies venant souvent détruire, au moment où on pratique les
incisions sur la capsule des pavots, tout le produit de la récolte.
M. Lailler, pharmacien en chef de l'asile de Quatre-Mares (Seine-Infé-
rieure), a pensé qu'on pourrait éviter ce grave inconvénient en incisant les
capsules des pavots après leur arrachage et leur transport sous un hangar
ou dans tout autre lieu à labri de la pluie. C’est le résultat de ses expé-
riences qu'il a présenté à l’Académie.
Il a constaté que des pavots étant arrachés et plongés par leurs racines
dans des baquets pleins d’eau dans des lieux abrités, en pratiquant sur leurs
capsules des incisions suivant la méthode ordinaire, on pouvait obtenir, par
l'écoulement du suc laiteux, de l’opium non-seulement en quantité égale,
mais même un peu supérieure à celle qu’on recueille sur la plante enraci-
née, opium contenant au moins une proportion égale de morphine.
Ce résultat peut s'expliquer par l'expulsion plus complète du suc contenu
dans les vaisseaux par suite de la flétrissure même des plantes.
On pourrait croire d’abord que cet arrachage de la plante avant la matu-
rité complète des fruits devrait entraîner la perte de la récolte des graines
dont le produit est nécessaire pour couvrir les frais de cette culture, mais
M. Lailler s’est assuré que les graines finissaient de mürir sur la plante
arrachée et donnaient une quantité d'huile égale à celle qu’on aurait obte-
nue de la plante sur pied. Au point de vue de l’expérience scientifique, la
Question parait donc résolue ; mais, dans une application industrielle, il s'agit
de Savoir si les frais qu’entrainerait ce mode d'extraction serzient compen-
nog par la valeur des produits. M. Larter annonce qu’il va se livrer à des
expêriences plus étendues sur ce sujet intéressant pour l’agriculture et la
pharmacie, et la Commission propose d'encourager ses efforts en lui accor-
dant, sur les fonds du prix Barbier, une récompense de cing cents francs.
Sous le n° 4 se trouve inscrit un ouvrage intitulé : Essai sur la pharmacie
C. R., 1867, 1°r Semestre. (T. LXIV, N° 40.)
( 518)
et la matière médicale des Chinois, par M. Debeaux, pharmacien militaire
attaché à l'expédition de Chine.
M. Debeaux, profitant d’un séjour de deux années dans le nord de la
Chine et des circonstances qui lui ont permis d’examiner les produits em-
ployés par les Chinois, ajoutant à ses observations propres les indications
données par les missionnaires et les voyageurs qui ont parcouru la Chineet
qui ont étudié sa singulière civilisation, a cherché à nous faire connaitre :
1° la manière dont les Chinois préparent leurs médicaments; 2° l'en-
semble des substances minérales, végétales et animales qui entrent dans
leur pharmacopée.
Cette seconde partie offrirait un grand intérêt si les substances signalées
avec des propriétés plus ou moins problématiques avaient pu être soumises
à des expériences qui permissent d'apprécier leur efficacité, car à côté d'un
grand nombre de médicaments en usage en Europe et d’autres dont il serait
bien difficile d'admettre l’utilité et qui rappellent trop les drogues du moyen
âge, il y en a qui devraient être expérimentés et qui pourraient peut-être
ajouter quelque agent précieux à notre matière médicale.
M. Debeaux en signale à la fin de son travail quelques-uns qui pa-
raissent mériter de fixer l'attention des pharmaciens et des médecins et qui
pourraient être apportés en Europe et devenir l’objet d'essais intéressants.
On doit savoir gré à M. Desraux, botaniste instruit, des efforts qu'il à
faits pour utiliser son séjour dans ces régions lointaines, et la Commission à
été d’avis de lui accorder une récompense de cinq cents francs sur les fonds
du prix Barbier.
PRIX GODARD.
(Commissaires : MM. Rayer, Velpeau, Cloquet, Serres,
Civiale rapporteur.)
Rapport sur le Concours de l’année 1866.
Le prix Ernest Godard, destiné au meilleur travail relatif à la structure,
à la physiologie ou à la pathologie des organes génitaux, nous a paru de-
voir être accordé au Mémoire de MM. les D" Amé Marrin et Heseni LÉGER.
Ce très-recommandable travail est intitulé : Recherches sur l'anatomie €
la pathologie des appareils sécréteurs des organes génitaux externes chez la
emme.
Des recherches attentives ont démontré à ces anatomistes que les organes
sécréteurs des voies génitales externes chez la femme sont représentés uni-
quement (à l'exception toutefois de la glande vulvo-vaginale) par des
(519)
glandes en grappes sébacées et quelques glandes sudoripares qu’on ne
trouve qu’à la face externe ou cutanée des replis nommés grandes lèvres.
Ces glandes vont en augmentant de nombre et en diminuant de volume,
de la face externe de ces replis à la face interne de ceux qui recoivent le
nom de petites lèvres. Sur la limite ‘des petites lèvres elles cessent brusque-
ment , on n’en trouve pas de traces au vestibule. Ils ont constaté que les
follicules mucipares du vestibule, décrits par les auteurs, n'existent pas.
D'après leurs recherches, les glandes sébacées des petites lèvres n'arrivent
à leur développement complet qu’au moment de la puberté; après la mé-
nopause, elles s’atrophient, ainsi que celles de la face interne des grandes
lèvres. Pendant la grossesse elles acquièrent un volume plus considérable
qu'à toute autre époque de la vie. ;
La seconde partie de ce Mémoire est consacrée à la pathologie. Les au-
teurs y décrivent plus complétement qu’on ne l'avait fait jusqu'ici les
affections des diverses glandes dont ils ont donné la description anato-
mique exacte. Ils ont étudié particulièrement l'inflammation des cryptes
muqueux.
Les faits que nous venons de signaler à l’Académie ont paru assez im-
portants à votre Commission pour qu’elle vous propose d’accorder le prix
de mille francs à MM. Aimé Martin et Henri Léger.
Cette proposition est adoptée.
PRIX SAVIGNY,
FONDÉ PAR M”! LETELLIER.
(Commissaires : MM. de Quatrefages, Milne Edwards, Coste, Gay,
Émile Blanchard rapporteur.)
L'Académie décerne cette année, pour la première fois, le prix Savigny
fondé par M'e Letellier. D’après les instructions de la testatrice, ce prix est
destiné à récompenser les efforts de jeunes zoologistes voyageurs qui, ne
recevant pas de subvention du Gouvernement, s’occuperont plus spéciale-
ment des Animaux sans vertèbres de l'Égypte et de la Syrie.
La volonté d'encourager de jeunes naturalistes à entreprendre de nou-
velles études dans les contrées mêmes si heureusement explorées par lan-
“len Membre de l’Académie et de l’ Institut d Egypte qui a brillamment con-
tribué aux Progrès de nos connaissances sur les Animaux sans vertèbres,
est née d’une pensée pieuse. Elle nous rappelle d'une manière touchante
69..
( 520 )
les premiers succès de Savigny, mais elle semble obliger l’Académie à faire
ses choix dans des limites assez restreintes.
La Commission cependant n’a pas cette année à regretter de ne pouvoir
satisfaire entièrement au vœu exprimé dans le programme.
Le 30 novembre 1863, un jeune zoologiste, M. Léon Vaillant, annonçait
à l’Académie son intention d'entreprendre un voyage à la mer Rouge, dans
le but d'explorer cette région au point de vue de l’histoire naturelle. Le
prix Savigny n’était pas encore fondé; M. L. Vaillant partait avec la seule
ambition de faire une étude sérieuse de quelques-uns des Animaux les plus
remarquables de la mer Rouge. S'étant établi dans la baie de Suez pendant
les cinq premiers mois de l’année 1864, le naturaliste voyageur a mis à
profit ce séjour pour différentes recherches qui sont devenues le sujet de
plusieurs Mémoires.
Dans la baie de Suez abonde un Mollusque de ce genre Tridacne, dont les
vastes coquilles sont connues de tout le monde sous le nom de bénitiers.
Les Tridacnes étant étrangers à nos mers et, de tous les représentants de
la classe des Mollusques acéphales, ceux qui acquièrent les plus grandes
dimensions, méritaient d’être l'objet d’investigations anatomiques. Les belles
proportions des animaux pouvaient donner l'espérance de saisir aisément
quelques détails de structure encore inobservés chez les Acéphales; lim-
possibilité dans laquelle s'étaient trouvés la plupart des naturalistes de les
étudier dans des conditions favorables, donnait au moins l'assurance d'avoir
à noter des particularités caractéristiques du type. M. Léon Vaillant a fait
une anatomie du Tridacne allongé (Tridacna elongata), et dans ce travail
étendu on trouve un assez grand nombre d'observations intéressantes,
qui tendent à faire apprécier exactement les rapports naturels des Tridacnes
avec les autres types de la classe des Mollusques acéphales. Quelques ani-
maux du même groupe, remarquables à raison des conditions dans les-
quelles s'écoule leur existence, ont encore été le sujet des recherches de
l’auteur. Ce sont les Vulselles, qui ont la singulière habitude de se loger
dans des éponges. Leurs coquilles seules étaient connues. M. Vaillant s'étant
procuré les animaux vivants a étudié les traits les plus essentiels de leur
organisation, et a pu, de la sorte, déterminer leurs véritables affinités natu-
relles.
En explorant les mers où n’ont pas été effectuées de fréquentes
recherches au point de vue de l’histoire naturelle, le zoologiste rencontre
parfois des Animaux inférieurs qui fournissent exemple de phénomènes
importants à constater pour la physiologie générale. M. Vaillant semble
(pot )
avoir eu une bonne fortune de ce genre dans la rencontre d’une petite
Annélide. L'Académie n’a pas oublié la communication qui lui a été faite,
a commencement de l’année 1865, touchant cette Annélide qui. selon
l’auteur, se reproduiraitau moyen de bourgeons naissant tous d’une portion
renflée de la tête. Les bourgeons, au contraire de ce qui a été constaté ail-
leurs, ne rappellent point le type de l'adulte, ils ressemblent aux Annelés
inférieurs, les Némertes ou les Planaires. Ils auraient donc à subir des trans-
formations considérables avant de prendre les caractères des adultes;
mais l'observation étant incomplète, il est prudent de ne pas chercher
encore à en tirer de déductions : nous voulons la considérer, seulement,
comme une excellente indication pour des recherches ultérieures.
M. L. Vaillant, s'étant appliqué à recueillir les espèces de Mollusques
qui vivent dans la baie de Suez, en a dressé un catalogue, complétant en
certains points l’énumération donnée par Savigny dans la Description de
l'Egypte. Ce serait peu de chose que ce catalogue si l’auteur, en le rédi-
geant dans le but de déterminer rigoureusement les espèces propres à la
mer Rouge en vue d’une curieuse expérience qui se prépare, n’avait montré
un esprit clairvoyant. La mer Rouge a une faune extrêmement différente
de celle de la Méditerranée; le jour où la communication sera établie entre
les deux mers, les zoologistes auront peut-être à observer les migrations
de certaines espèces et à reconnaître si une espèce, passant d’une mer dans
l'autre, subit quelques modifications. On conçoit alors l'utilité de posséder
aujourd’hui les renseignements les plus exacts sur la faune de la mer Rouge
comparée à celle de la Méditerranée.
La Commission pense que ces travaux estimables, entrepris et exécutés
sans aucun secours étranger, méritent les encouragements de l’Académie.
En conséquence, elle accorde le prix Savigny à M. Léon Varrant pour son
voyage à la mer Rouge et ses recherches zoologiques poursuivies dans la
baie de Suez pendant l’année 1864.
PRIX DESMAZIÈRES.
(Commissaires : MM. Decaisne, Duchartre, Trécul, Tulasne,
Brongniart rapporteur.)
Rapport sur le Concours de l’année 1866.
G 1 + ’ LA . .
: prix que nous avons à décerner cette année pour la première fois a
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ondé par un savant dont toute la vie a été consacrée à la branche des
( 59% )
sciences à l'avancement de laquelle il a voulu encore concourir apres sa
mort.
M. Desmazières, pendant près de quarante ans, avait été un des explo-
rateurs les plus passionnés de la Botanique cryptogamique. Observateur
consciencieux, il avait fait connaître avec précision beaucoup d'espèces
propres à notre flore. Il avait en outre établi des relations étendues pour
réunir ces productions inférieures du règne végétal si longtemps négligées,
et dont l'étude, mieux appréciée, offre souvent des résultats d’un grand
intérêt général. Il en avait publié de nombreuses séries d'échantillons dé-
terminés avec soin et souvent accompagnés de notes dans lesquelles il
consignait ses observations personnelles, et il a laissé au Muséum d'Histoire
naturelle l’ensemble des collections qu’il avait ainsi réunies.
En récompensant et en encourageant par la fondation de ce prix les
travaux de toute nature relatifs à la Botanique cryptogamique, M. Desma-
zières a bien mérité de la science à laquelle il s'était consacré avec ardeur
pendant toute sa vie.
Deux ouvrages imprimés ont seuls été adressés cette année à l’Académie
pour concourir au prix Desmazieres.
L'un est un volume in-8 intitulé : Parerga lichenologica; Erganzungen
zum Systema Lichenum Germaniæ, von D" C.-W. Kærber; Breslau, 1865.
L'autre comprend trois Mémoires, imprimés dans le Bulletin de la Société
Botanique de France pour 1864 et 1865, sur les anthérozoïdes des Mousses,
des Characées, des Fougères, des Isoètes, des Hépatiques, des Sphaignes,
des Équisétacées et des Rhizocarpées, par M. Ernest Roze.
Le premier de ces ouvrages est, comme son titre l’indique, un complé-
ment de la Flore lichénologique de l'Allemagne, publiée en 1855 par
M. Kærber, et il serait difficile de l’apprécier séparément de celui-ci, que
sa date déjà trés-ancienne exclut du Concours. L'ouvrage qui nous est
soumis est l’œuvre d’un lichénologue dont les travaux sont fort estimés; il
renferme la description de plusieurs espèces nouvelles et même de quelques
genres que l’auteur a cru devoir établir dans cette famille, dont la classi-
fication offre tant de difficulté; mais il comprend surtout des discussions
critiques sur les caractères distinctifs et sur la synonymie d'espèces déjà
décrites et des renseignements sur les localités où elles ont été recueillies;
genre de travail qu'on ne pourrait bien apprécier qu’en ayant sous les
yeux les matériaux eux-mêmes qui lui ont servi de base.
Sans écarter d’une manière absolue ces ouvrages de botanique descrip-
tive, qui peuvent avoir une véritable valeur, la Commission a cru devoir
( 5a3 )
accorder plus d'importance à un travail portant sur une question physiolo-
gique d’un intérêt général pour la connaissance du mode de reproduction
des végétaux cryptogames.
En effet, la reproduction des plantes cryptogames, malgré les progrès
rapides que nos connaissances ont faits à son égard depuis une trentaine
d'années, laisse encore beaucoup de points à éclaircir, et, dans cette direc-
tion, chaque jour voit éclore des travaux nouveaux, qui, grâce au perfec-
tionnement des instruments d'optique et à l’étude persévérante de quelques
naturalistes, tendent à jeter un nouveau jour sur ces questions délicates.
L'Académie, en mettant au Concours, en 1847, l'étude des corps animés
de mouvement qui concourent à la reproduction des Cryptogames, avait
déterminé des travaux qui, à cette époque, ont jeté une lumière nouvelle
sur ce sujet; les recherches, en particulier, de M. Thuret sur les anthéro-
zoides ou animalcules spermatiques de diverses familles de Cryptogames,
ont beaucoup ajouté à nos connaissances sur ce sujet; la découverte de
cils vibratiles, cause du mouvement de ces petits corps, l'observation des
anthéridies et des anthérozoïdes chez les Équisétacées, étaient de grands
pas dus à cet habile observateur.
Depuis lors, des corps semblables à ceux déjà observés à cette époque
dans les Chara, les Mousses, les Hépatiques, les Fougères et les Équisétacées,
ont été découverts par d’autres observateurs dans les Marsiléacées, les Ly-
copodiacées et les Isoètes.
Toute cette série de familles désignée sous le nom de Cryptogames supé-
rieures ou acrogènes avait donc comme organes fécondateurs des cor-
Puscules constitués de la même manière, c'est-à-dire par un filament
Contourné en hélice, portant vers l’une de ses extrémités des cils plus
Où moins nombreux, qui par leur agitation déterminaient les mouvements
rapides du filament hélicoide.
Plusieurs observateurs avaient observé en outre, soit une vésicule, soit
des granules mélés de mucilage adhérant à ce filament; mais la plupart les
avaient considérés comme des débris de la cellule dans laquelle l’anthéro-
zoide avait pris naissance, |
Cependant M, Thuret, dans son Mémoire sur les anthéridies des Fougères
en 1849, avait déjà signalé cette vésicule hyaline contre laquelle était
appliquée la partie postérieure du filament spiral, et dans son Mémoire
Sénéral sur les anthérozoides, publié en 1851, il exprimait l'opinion que
cette vésicule était étrangère à la cellule mère de l'anthérozoïde; mais il
( 524)
supposait qu’elle provenait de la décomposition de l'extrémité postérieure
du filament spiral et ne paraissait pas lui accorder d'importance.
L'étude de cette partie vésiculaire de l’anthérozoïde a été, du reste, géné-
ralement négligée, et n’a fixé que très-légerement l'attention jusque dans
ces dernières années, les observateurs s'occupant spécialement du fil spiral
et de ses cils moteurs.
En 1864 seulement, M. Schacht, dans un Mémoire qui a de bien peu
précédé la mort de cet habile anatomiste, faisait connaître le résultat de
ses recherches et constatait la différence essentielle de nature de cette vési-
cule et de la cellule mère de l’anthérozoïde.
C'était à la même époque que M. Roze exposait aussi ses recherches sur
le même sujet, en ce qui concerne les Mousses et les Hépatiques. Il les
complétait en 1865 par des études très-variées sur les Fougères, les Préles,
les Characées, les Isoëtes et les Marsiléacées.
Les deux observateurs arrivent sur plusieurs points aux mêmes conclu-
sions; sur d’autres, leurs opinions sont notablement différentes.
Pour tous deux, l’anthérozoïde de ces végétaux comprend comme parties
essentielles, non-seulement un filament, souvent aplati, contourné en hélice,
et pourvu de cils plus ou moins nombreux, mais encore une masse de ma-
tière protoplasmique, souvent d'apparence vésiculaire, tantôt non limitée
par une membrane, tantôt limitée par une membrane de nature non cel-
lulosique, ce qui distingue cette vésicule de la membrane cellulosique de la
cellule mère de l’anthérozoïde.
Mais pour M. Schacht, cette partie est une extension du fil spiral lui-
même, qui n’en est qu’une portion plus épaissie, dans les Équisétacées et
les Fougères, et un prolongement dans d’autres cas.
Pour M. Roze, cette vésicule est bien distincte dans la plupart des cas du
filament spiral; elle est formée par la masse protoplasmique placée au
centre de la cellule mère, circonscrite quelquefois par une membrane de
même nature, et entourée par le filament hélicoïide qui s’est formé entre
cet utricule et la paroi de la cellule mère.
Cette vésicule, très-bien définie dans quelques familles, telles que les
Marsiléacées, les Isoëètes, les Fougères, les Prèles, assez nette encore dans
les Characées, les Hépatiques et les Sphagnum, disparaît dans les vraies
Mousses, pour ne montrer que la matière protoplasmique et les granules
qu’elle renferme. Cette vésicule, ou la masse protoplasmique qui la repré-
sente, renferme en effet des granules en nombre souvent à peu près défini,
( 526 )
d’une grande ténuité, qui, lorsque leurs dimensions ne sont pas trop petites,
peuvent être reconnus comme de nature amylacée.
Ces granules ont été aussi observés à la même époque dans quelques-
unes de ces plantes, par M. Schacht, qui n'avait pas cependant constaté la
généralité de leur existence.
Les recherches de M. Hanstein sur le Marsilea, publiées dans le courant
de la même année, viennent encore confirmer celles de M. Roze sur la
Pilulaire et sur la vésicule tres-distincte que présentent les anthérozoiïdes
de ces plantes. |
Toutes ces observations, d’une extrème délicatesse, peuvent surtout être
obtenues au moyen des nouvelles lentilles de microscope plongeant dans
l’eau qui recouvre l’objet, mode d'observation avec lequel on obtient plus
de netteté et de lumière dans les forts grossissements.
De l'existence constante, dans les anthérozoïdes de toutes les Crypto-
games supérieures, de ces granules amylacés, plongés dans un liquide vis-
queux analogue au protoplasma, formant une partie plus ou moins consi-
dérable et plus ou moins bien définie de ces petits corps, M. Roze arrive
à cette déduction, qui si elle ne peut être prouvée d’une manière positive a
du moins beaucoup de vraisemblance, que dans l’anthérozoïde ainsi con-
stitué, le fil hélicoïde et ses cils vibratiles ne sont que des organes de trans-
port, et que la partie réellement fécondante consiste dans la petite masse
protoplasmique et amylacée que ces organes moteurs amènent jusqu’à l'er-
gane femelle ou archégone de ces plantes.
A l'appui de cette idée ingénieuse, et qui nous paraît appartenir à M. Roze,
ce naturaliste apporte ce fait général que, dans toutes ces plantes, la fécon-
dation s'opère toujours par l'intermédiaire de l’eau, soit dans des plantes
'mmergées comme les Chara et les Algues; soit par le dépôt de la rosée sur
la surface des parties du petit végétal qui portent les anthéridies et les arché-
paty comme dans les Mousses et les Hépatiques, et sur les prothallium des
F °ugeres et des Mousses, où l’eau déposée en petite quantité à leur surface
détermine l'expulsion des anthérozoïdes des anthéridies. Il en résulte que
la présence d'organes moteurs faisant nager, pour ainsi dire, la matière fé-
condante, était indispensable à son transport, mais qu’on n’en pouvait pas
déduire comme conséquence, que ces organes moteurs fussent la partie
essentielle et fécondatrice.
Dans ces Cryptogames, les organes moteurs de l’anthérozoïde auraient
Pour but d’amener la matière fécondante au contact du fatur embryon,
Comme, dans les plantes phanérogames, le tube pollinique en s’allongeant à
C. R., 1867, 1°f Semestre. (T. LXIV, N° 40.) 7
( 526 )
travers les tissus du pistil a pour but de porter la matière fécondante jusqu’à
- la vésicule embryonnaire.
Cette conclusion est d'autant plus problable que les observations qu’on
a tentées bien des fois pour reconnaître le mode d’action des anthérozoïdes
sur les archégones ou organes femelles semblent venir l’appuyer.
En effet, on a cherché à voir l'introduction des anthérozoïdes dans le
canal de l’archégone et son contact avec le noyau embryonnaire, mais ce
n’est que dans des cas très-rares qu’on y est parvenu, et le fait a même sou-
vent paru douteux. Au contraire, tous les observateurs qui se sont appli-
qués à ces recherches délicates ont vu les anthérozoïdes arriver souvent
en grand nombre jusqu’à l’orifice de ce canal et s’y accumuler: en cessant
de se mouvoir. N'est-il pas probable que, dans ce cas, la matière qu'ils
ont apportée jusqu’à l'entrée béante de ce canal a pénétré dans, son inté-
rieur pour s'unir au noyau embryonnaire et le transformer en une cellule
embryonnaire douée d’une vitalité propre, comme dans les Fucacées si bien
observées par M. Thuret et dans les Vaucheria et d’autres Algues d'eau
douce dont M. Pringsheim a suivi toutes les phases de la fécondation?
Vos Commissaires auraient désiré pouvoir vérifier beaucoup des faits an-
noncés par M. Roze, mais la saison convenable pour l’étade de la plupart
de ces phénomènes n’est pas encore venue, et ils ont dù se borner à consta-
ter exactitude de quelques-unes des observations de ce jeune botaniste.
Cette constatation, jointe au souvenir d’autres faits que M. Roze leur avait
montrés précédemment, leur a donné confiance dans l’ensemble des obser-
vations signalées dans ses Mémoires.
La persévérance et le talent que M. Roze a mis à poursuivre, pendant
plusieurs années, des recherches si délicates, l'emploi qu’il a fait des moyens
les plus nouveaux et les plus parfaits d'observation, enfin les conséquences
très-intéressantes pour la théorie de la génération que ce savant a cru pot-
voir en déduire, même en ne les considérant que comme une hypothèse
vraisemblable, ont paru à votre Commission avoir fait faire un pas impor-
tant à nos connaissances sur la fécondation des Cryptogames et rendre ce
travail digne du prix Desmazières que la Commission lui a décerné.
PRIX THORE.
(Commissaires : MM. Milne Edwards, de Quatrefages, Coste, Robin,
Emile Blanchard rapporteur.)
Un habitant de Dax, M. Thore, a fondé un prix dans le but d'encourager
les recherches sur l'anatomie et les mœurs des Insectes, comme les études
( 527)
sur les plantes cryptogames cellulaires. Le prix a été annoncé comme devant
être décerné pour la première fois en 1866, à un travail relatif aux Insectes.
Porter l'attention des jeunes naturalistes sur des animaux qui offrent en
foule des sujets de recherches où bien des découvertes restent à faire, et sur
des animaux que l’on peut se procurer en abondance dans leurs diverses
conditions d'existence, est une idée heureuse qui contribuera sans doute
à amener la connaissance de faits nouveaux.
La Commission a pensé que le prix devant être donné pour la première
fois, on répondrait parfaitement aux intentions du testateur en l’accordant
à une remarquable étude dont la publication remonte à quelques années.
Après avoir passé en revue les travaux encore récents qui ont fourni les
résultats les plus notables touchant l’anatomie ou les mœurs dés Insectes,
la Commission a cru devoir s’arrêter au Mémoire et aux Nouvelles Observa-
tions sur l'hypermétamorphose et les mœurs des Méloïdes, dus à M. H. Fabre,
professeur au lycée d'Avignon.
Les recherches de M. Fabre, qui dès leur apparition excitèrent vivement
l'intérêt de tous les zoologistes, ont contribué dans une large mesure à
faire connaître chez certains Coléoptères des métamorphoses étranges dont
jusque-là aucun groupe de la classe des Insectes n’avait offert l'exemple.
Pendant longtemps on était demeuré dans une ignorance complète au
sujet des formes qu'’affectent dans leur premier âge les représentants de la
famille naturelle dont la Cantharide peut être considérée comme le type.
Il y a prés de quarante ans, de jeunes larves de Méloës avaient été obser-
vées sur le corps de certains Hyménoptères, en France par Léon Dufour,
en Angleterre par le célèbre entomologiste Kirby. Léon Dufour et Kirby
avaient cru découvrir une nouvelle forme d’Insectes parasites.
Quelque temps après, des entomologistes, cherchant à obtenir l'éclosion
des larves d'œufs pondus par des Méloës, reconnurent un premier fait im-
Portant, la vérité sur le prétendu parasite des Hyménoptères. Ils n’allèrent
pas au delà, toute tentative pour élever les jeunes larves étant restée in-
fructueuse, C’est seulement en 1845 que George Newport parvint à suivre
en partie les habitudes de ces Insectes, qui à peine nés s'attachent à des
a. ménoptères mellifères pour se faire transporter par ces mêmes Hyméno-
Pteres dans les cellules qu'ils approvisionnent pour leurs jeunes. Newport
vit les Principales transformations des Méloës; il ne réussit pas cepen-
dant à en voir la succession entière.
M. Fabre a été plus heureux avec les Méloës et surtout avec une espèce
d’un autre genre de la même famille, le genre Sitaris. L'habile observateur,
70...
( 5a8 )
ne se laissant rebuter par aucun obstacle, est parvenu à constater tous les
changements qui surviennent, non-seulement dans les formes de l'animal,
mais encore dans ses habitudes et dans son régime. Il a appris que la larve
du Méloë ou du Sitaris, pourvue de longues pattes et agile dans son pre-
mier âge, est alors un Insecte carnassier se nourrissant de l’œuf pondu par
l’'Hyménoptère qui l’a transporté dans son nid; que cette même larve,
devenue lourde et massive après un changement de peau, se nourrit alors
de la patée de miel et de pollen amassée par l'Hyménoptère. Ce n’est pas
là encore cependant le fait d'observation le plus considérable mis en lu-
mière par M. Fabre. Les larves de Méloës, de Sitaris, probablement celles
des autres représentants de la famille des Cantharidides, se transforment en
une sorte de chrysalide, pour reparaitre ensuite sous une forme de larve, à
laquelle succède le véritable état de nymphe.
» C’est la découverte d’une succession de métamorphoses dont on n'avait
encore aucun exemple. C’est une page importante ajoutée à l’histoire du
développement des êtres.
La Commission accorde le prix Thore à l’auteur des Recherches sur les
Méloïdes, à M. Fasre, tout en regrettant la modicité de la somme attachée
à cette récompense.
INSTITUT IMPÉRIAL DE FRANCE.
ACADÉMIE DES SCIENCES,
ANNÉE 1866.
Séance publique annuelle du Lundi 11 Mars 1867.
PRIX PROPOSÉS
Pour les années 1867, 1868, 1869 et 1873.
> SCIENCES MATHÉMATIQUES.
GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES,
A DÉCERNER EN 41867.
La question déjà proposée était la suivante :
« Perfectionner en quelque point important la partie de l'Analyse mathé-
» matique qui se rapporte à l ‘intégration des équations aux dérivées partielles
» du deuxième ordre. »
Le prix consistera en une médaille d’or de la valeur de trois mille francs.
Les Mémoires devront être déposés, francs de port, au Secrétariat de lIn-
Sütut, avant le 1° juin 1867, terme de rigueur.
Les noms des anteurs seront contenus dans des billets cachetés, qu’on
n'ouvri LL ;
' Puvrira que si la pièce est couronnée.
( 530 )
GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES,
A DÉCERNER EN 41867,
QUESTION PROPOSÉE POUR 1855, REMPLACÉE PAR UNE AUTRE POUR 1861, REMISE À 1863,
puis A 1665 ET ENFIN A 1867.
L'Académie avait proposé pour sujet du prix de Mathématiques et main-
tient au Concours pour 1867 la question suivante :
«a Trouver quel doit être l’état calorifique d’un corps solide homogène indéfini,
» pour qu'un système de lignes isothermes, à un instant donné, reste isotherme
» après un temps quelconque, de telle sorte que la température d'un point puisse
» s'exprimer en fonction du temps et de deux autres variables indépendantes. »
- Le prix consistera en une médaille d’or de la valeur de trois mille francs.
Les Mémoires nouveaux, ou les suppléments aux Mémoires déjà envoyés,
devront être déposés, francs de port, au Secrétariat de l'Institut, avant le
1 juin 1867, terme de rigueur.
Les noms des auteurs seront contenus dans des billets cachetés, qu'on
n'ouvrira que si la pièce est couronnée.
GRAND PRIX DE MATHEMATIQUES,
A DÉCERNER EN 1867,
QUESTION SUBSTITUÉE A CELLE DE LA THÉORIE DES MARÉES.
(Commissaires : MM. Chasles, Liouville, Pouillet, Bertrand rapporteur.)
La Commission chargée de proposer un sujet de prix pour remplacer la
question relative à la théorie des marées propose la question suivante pour
le grand prix de Mathématiques à décerner en 1867 : « Apporter un progrès
» notable dans la théorie des surfaces algébriques. »
Les Mémoires devront être envoyés au Secrétariat avant le 1°° juin 1867.
GRAND PRIX DES SCIENCES MATHÉMATIQUES,
A DÉCERNER EN 1369.
(Commissaires : MM. Chasles, Liouville, Bertrand, Ossian Bonnet,
Serret rapporteur.)
On ne connait que quatre intégrales des équations différentielles du
mouvement de trois ou d’un plus grand nombre de corps soumis à leurs
(3%)
attractions mutuelles; ces intégrales sont données immédiatement par le
principe des forces vives et par celui des aires.
Aucune autre intégrale n’a pu être obtenue jusqu'à présent, mais Jacobi
a introduit dans la science, il y a déjà plusieurs années, un théorème nou-
veau, d’après lequel le nombre des intégrations à exécuter peut être regardé
comme diminué d’une unité.
L'Académie juge qu’il y a lieu de faire un nouvel appel aux efforts des
géomètres et de provoquer, dans la même voie, des perfectionnements
auxquels l'astronomie peut avoir à emprunter d’utiles secours. En consé-
quence, elle propose comme sujet du grand prix des Sciences mathémati-
ques, à décerner en 1868, la question suivante :
« Perfectionner en quelque point essentiel la théorie du mouvement de trois
» corps qui s'attirent mutuellement , suivant la loi de la nature , soit en ajoutant
» quelque intégrale nouvelle à celles déjà connues, soit en réduisant d'une ma-
» nière quelconque les difficultés que présente la solution complète du problème. »
L'Académie, prenant en considération l’importance de la question, a dé-
cidé que le Concours serait, pour cette fois, prolongé d’une année. En
conséquence, les Mémoires devront être déposés au Secrétariat de l’Institut
avant le 1° juin 1869, et le prix sera décerné dans la séance publique de
la même année.
GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES,
A DÉCERNER EN 1869.
QUESTION PROPOSÉE EN 1864 pour 1866, REMISE AU CONCOURS, APRÈS MODIFICATION,
Pour 1869.
(Commissaires : MM. Liouville, Mathieu, Laugier, Faye,
Delaunay rapporteur.)
L'Académie propose pour 1869 la question suivante :
» Discuter complétement les anciennes observations d’éclipses qui nous ont été
transmises par l’histoire, en vue d’en déduire la valeur de l'accélération sécu-
laire du moyen mouvement de la Lune, sans se préoccuper d'aucune valeur
théorique de cette accélération séculaire; montrer clairement à quelles con-
séquences ces éclipses peuvent-conduire relativement à l'accélération dont il
” $ agit, soil.en lui assignant forcément une valeur précise, soit au contraire en
» la laissant indéterminée entre certaines limités. »
1
( 532)
Le prix consistera en une médaille d’or de la valeur de trois mille francs.
Les Mémoires devront être remis au Secrétariat de l'Institut avant le
1e" juin 1869. Ce terme est de rigueur.
Le nom de chaque auteur sera contenu dans un billet cacheté qui ne sera
ouvert que si Ja pièce est couronnée.
PRIX EXTRAORDINAIRE DE SIX MILLE FRANCS
SUR L'APPLICATION DE LA VAPEUR A LA MARINE MILITAIRE,
A DÉCERNER EN 41668.
QUESTION PROPOSÉE POUR 1857, REMISE À 1859, PROROGÉE a 1862, PUIS A 1864,
A 4866 rr ENFIN a 1868.
Ce prix n'ayant pas été décerné en 1866, le Concours a été prorogé jus-
qu’à l’année 1868.
Les Mémoires, plans et devis devront être adressés au Secrétariat de
l’Institut avant le 1° juin.
PRIX D’ASTRONOMIE,
FONDATION LALANDE,
A DÉCERNER EN 1867.
La médaille fondée par M. de Lalande, pour être accordée : annuellement à
la personne qui, en France ou ailleurs (les Membres de l'Institut exceptés }»
aura fait l'observation la plus intéressante, le Mémoire ou le travail le plus
utile au progrès de l’astronomie, sera décernée dans la prochaine séance
publique de 1867. |
Ce prix consistera en une médaille d’or de la valeur de cinq cent quarante-
deux francs.
Le terme de ce Concours est fixé au 1° juin de chaque année.
PRIX DE MÉCANIQUE,
FONDÉ PAR M. DE MONTYON,
A DÉCEBNER EN 4867.
. de Montyon a offert une rente sur l'État, pour la fondation d'un
prix eer en faveur de celui qui, au jugement de l’Académie des Sciences,
(533)
s’en sera rendu le plus digne en inventant ou en perfectionnant des instru-
ments utiles au progrès de l’agriculture, des arts mécaniques où des
sciences.
Le prix consistera en une médaille d’or de la valeur de quatre cent vingt-
sept francs.
Le terme du Concours est fixé au 1 juin de chaque année.
PRIX DE STATISTIQUE,
FONDÉ PAR M. DE MONTYON.
A DÉCERNER EN 1867.
Parmi les ouvrages qui auront pour objet une où plusieurs questions
relatives à la Statistique de la France, celui qui, au jugement de l’Académie,
contiendra les recherches les plus utiles sera couronné dans la prochaine
séance publique de 1867. On considère comme admis à ce Concours les
Mémoires envoyés en manuscrit, et ceux qui, ayant été imprimés et publiés,
arrivent à la connaissance de l’Académie; sont seuls exceptés les ouvrages
des Membres résidants.
Le prix consistera en une médaille d’or de la valeur de quatre cent cin-
Quante-trois francs.
Le terme du Concours est fixé au 1° juin de chaque année.
PRIX FONDÉ PAR M" La MARQUISE DE LAPLACE.
Une Ordonnance royale a autorisé l’Académie des Sciences à accepter la
donation, qui lui a été faite par Madame la Marquise de Laplace, d'une
rente pour la fondation à perpétuité d’un prix consistant dans la collection
Complète des Ouvrages de Laplace.
Ce prix sera décerné, chaque année, au premier élève sortant de l’École
Polytechnique.
C- Ri, 1867, 19° Semestre. (V. EXIV, N° 40.) Es
(554)
PRIX BORDIN.
QUESTION PROPOSÉE EN 1865 rour 1867.
(Commissaires : MM. Liouville, Chasles, Delaunay, Pouillet,
Bertrand rapporteur.)
Le prix Bordin sera décerné au savant qui aura exécuté ou proposé une
expérience décisive, permettant de trancher définitivement la question déjà
plusieurs fois étudiée de la « direction des vibrations de l’éther dans les rayons
» polarisés. »
Les Mémoires devront être envoyés au Secrétariat avant le r° juin 1867.
PRIX TRÉMONT,
A DÉCERNER EN 1869,
(Reproduction du Programme des années précédentes. )
Feu M. le Baron de Trémont, par son testament en date du 5 mai 1847;
a légué à l’Académie des Sciences une somme annuelle de onze cents francs
pour aider dans ses travaux tout savant, ingénieur, artiste ou mécanicien,
auquel une assistance sera nécessaire « pour atteindre un but utile et glo-
rieux pour la France. »
Un Décret en date du 8 septembre 1856 a autorisé l’Académie à accepter
cette fondation.
En conséquence, l’Académie annonce que, dans sa séance publique
: de 1869, elle accordera la somme provenant du legs Trémont, à titre d'en-
couragement, à tout «savant, ingénieur, artiste ou mécanicien» qui, $è
trouvant dans des conditions indiquées, aura présenté, dans le courant de
l’année, une découverte ou un perfectionnement paraissant répondre le
mieux aux intentions du fondateur.
PRIX DAMOISEAU,
A DÉCERNER EN 1869.
(Commissaires : MM. Laugier, Faye, Liouville, Delaunay,
Mathieu rapporteur.)
Un Décret impérial a autorisé l’Académie des Sciences à accepter la dona-
tion, qui lui a été faite par Madame la Baronne de Damoiseau, d’une somme
| (535)
de vingt mille francs, «dont le revenu est destiné à former le montant d’un
» prix annuel qui recevra la dénomination de prix Damoiseau. |
» Ce prix, quand l’Académie le jugera utile au progrès de la science,
» pourra être converti en prix triennal sur une question proposée. »
Conformément à ces dispositions, la Commission propose à l’Académie
de mettre au Concours pour l’année 1869 la question suivante :
» Revoir la théorie des satellites de Jupiter; discuter les observations et en dé-
» duire les constantes qu'elle renferme, et particulièrement celle qui fournit une
» détermination directe de la vitesse de la lumière ; enfin, construire des Tables
» particulières pour chaque satellite. »
Le Bureau des Longitudes a publié successivement des Tables des satel-
lites de Jupiter qui avaient été faites par deux de ses Membres, Delambre et
Damoiseau. Les Tables de Delambre allaient jusqu’en 1839; elles ont été
remplacées par celles de Damoiseau, qui ont paru en 1836 et qui s’arrètent
en 1830. ;
Les besoins de l'Astronomie et la publication des Éphémérides qui doi-
vent paraître plusieurs années d'avance exigent donc que l’on refasse ac-
tuellement de nouvelles Tables des satellites, qui devront commencer avant
1880 et s'étendre suffisamment pour satisfaire à toutes les exigences de la
science pendant un assez grand nombre d'années.
L'Académie adopte la proposition de la Commission.
Le prix consistera en une médaille d’or de la valeur de trois annuités ou
de deux mille trois cent dix francs.
Les ouvrages devront être parvenus, francs de port, au Secrétariat de
’ .
l'institut, avant le 1° avril 1869, terme de rigueur.
PRIX DU LEGS DALMONT.
Par son testament en date du 5 novembre 1863, feu M. Dalmont a mis
a la charge de ses légataires universels de payer, tous les trois ans, à l’ Aca-
démie des Sciences, une somme de trois mille francs, pour être remise à celui
de MM. les Ingénieurs des Ponts et Chaussées en activité de service qui lui
aura présenté, à son choix, le meilleur travail ressortissant à l’une des Sec-
tions de cette Académie.
71.
( 536)
Ce prix triennal de trois mille francs sera décerné pendant la période de
trente années, afin d’épuiser les trente mille francs légnés à l'Académie et
d’exciter MM. les Ingénieurs à suivre l'exemple de leurs savants devanciers,
Fresnel, Navier, Coriolis, Cauchy, de Prony et Girard, et comme eux ob-
tenir le fauteuil académique.
Un Décret impérial en date du 6 mai 1865 a autorisé l’Académie à accep-
ter ce legs.
En conséquence, l’Académie annonce qu’elle décernera pour la première
fois le prix fondé par feu M. Dalmont, dans sa séance publique de 1867.
(:537 )
PRIX PROPOSÉS.
Og
Ve
SCIENCES PHYSIQUES.
PRIX DE PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE,
FONDÉ PAR M. DE MONTYON.
Feu M. de Montyon ayant offert une somme à l’Académie des Sciences,
avec l'intention que le revenu en fût affecté à un prix de Physiologie expé-
rimentale à décerner chaque année, et le Gouvernement ayant autorisé cette
fondation par une Ordonnance en date du 22 juiliet 1818,
L'Académie annonce qu’elle adjugera une médaille d’or de la valeur de
sept cent soixante-quatre francs à l'ouvrage, imprimé ou manuscrit, qui lui
Paraïtra avoir le plus contribué aux progrès de la physiologie expérimentale.
+
Le prix sera décerné dans la prochaine séance publique.
Les ouvrages ou Mémoires présentés par les auteurs doivent être envoyés,
francs de port, au Secrétariat de l’Institut, avant le 1°* juin de chaque année
terme de rigueur.
PRIX DE MÉDECINE ET CHIRURGIE
ET
PRIX DIT DES ARTS INSALUBRES,
FONDÉ PAR M. DE MONTYON.
A DÉCERNER EN 1867.
Conformément au testament de feu M. Auget de Montyon, et aux Or-
de du 29 juillet 1821, du 2 juin 1825 et du 23 août 1820, il sera
ecerné un ou plusieurs prix aux auteurs des ouvrages ou des découvertes
(538)
qui seront jugées les plus utiles à l'art de guérir, et à ceux qùi auront trouvé
les moyens de rendre un art ou un métier moins insalubre.
L'Académie a jugé nécessaire de faire remarquer que les prix dont il
s’agit ont expressément pour objet des découvertes et inventions propres à
perfectionner la médecine ou la chirurgie, ou qui diminueraient les dan-
gers des diverses professions on arts mécaniques.
Les pièces admises au Concours n’auront droit au prix qu'autant qu'elles
contiendront une découverte parfaitement déterminée.
Si la pièce a été produite par l’auteur, il devra indiquer la partie de son
travail où cette découverte se trouve exprimée : dans tous les cas, la Com-
mission chargée de l'examen du Concours fera connaître que c’est à la dé-
couverte dont il s’agit que le prix est donné.
Les sommes qui seront mises à la disposition des auteurs des découvertes
ou des ouvrages couronnés ne peuvent être indiquées d'avance avec préci-
sion, parce que le nombre des prix n'est pas déterminé; mais la libéralité
du fondateur a donné à l'Académie les moyens d'élever ces prix à une valeur
considérable, en sorte que les auteurs soient dédommagés des expériences
ou recherches dispendieuses qu’ils auraient entreprises, et reçoivent des
récompenses proportionnées aux services qu'ils auraient rendus, soit en
prévenant ou diminuant beaucoup l’insalubrité de certaines professions,
soit en perfectionnant les sciences médicales. '
Conformément à l'ordonnance du 23 août, outre les prix annoncés Ci-
dessus, il sera aussi décerné des prix aux meilleurs résultats des recherches
entreprises sur les questions proposées par l Académie, conséquemment att
vues du fondateur.
Les ouvrages ou Mémoires présentés par les auteurs doivent être envoyés,
francs de port, au Secrétariat de l’Institut, avant le 1% juin de chaque année
terme de rigueur.
PRIX DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE POUR L'ANNÉE 1869.
(Voir aux Prix décernés, p. 503.)
L'Académie propose comme sujet d’un prix de Médecine et de Chirurgie
à décerner en 1869 la question suivante : De l'application de l'électricité à la
thérapeutique.
( 539 )
Les concurrents devront :
1° Indiquer les appareils électriques employés, décrire leur mode d’ap-
plication et leurs effets physiologiques;
2° Rassembler et discuter les faits publiés sur l'application de l'électricité
au traitement des maladies, et en particulier au traitement des affections
des systèmes nerveux, musculaire, vasculaire et lymphatique; vérifier et
compléter par de nouvelles études les résultats de ces observations, et
déterminer les cas dans lesquels il convient de recourir, soit à l’action des
courants intermittents, soit à l’action des courants continus.
Le prix sera de la somme de cinq mille francs.
Les ouvrages seront écrits en français et devront être parvenus au Secré-
tariat de l’Institut avant le 1° juin 1860.
PRIX CUVIER,
A DÉCERNER EN 4869.
La Commission des souscripteurs pour la statue de Georges Cuvier ayant
offert à l'Académie une somme résultant des fonds de la souscription restés
libres, avec l'intention que le produit en fût affecté à un prix qui porterait
le nom de Prix Cuvier, et qui serait décerné tous les trois ans à l'ouvrage le
plus remarquable, soit sur le règne animal, soit sur la géologie, et le Gou-
vernement ayant autorisé cette fondation par une Ordonnance en date du
9 août 1830,
L'Académie annonce qu’elle décernera, dans la séance publique de 1869,
un prix (sous le nom de Prix Cuvier) à l'ouvrage qui sera jugé le plus remar-
quable entre tous ceux qui auront paru depuis le 1° janvier 1866 jusqu'au
31 décembre 1868, soit sur le règne animal, soit sur la géologie.
Ce prix consistera en une médaille d’or de la valeur de quinze cents francs.
PRIX BORDIN,
A DÉCERNER EN 1867.
« Etudier la structure anatomique du pistil et du fruit dans ses principales
» modifications. »
L'organisation de la fleur est maintenant ramenée par tous les botanistes
à un type général, dans lequel on considère tous lès organes qui la con-
stituent comme dérivant de modifications diverses des feuilles.
( 540 )
Le pistil, placé au centre de la fleur, présente cependant quelquefois des
difficultés par une assimilation complète de ses diverses parties aux organes
appendiculaires ou foliacés. L’axe même de la fleur, prolongé et diverse-
ment modifié, parait dans certains cas entrer dans la constitution du pistil
et des placentas, et par suite dans celle du fruit qui en résulte.
On a cherché à résoudre cette question par l’étude des monstruosités et
de l’organogénie, mais il reste sur plusieurs points des doutes que l'examen
anatomique de ces organes, à diverses époques de leur développement,
pourrait probablement résoudre.
On demanderait aux concurrents d’étudier dans les principaux types
d'organisation du pistil (pistils simples, pistils composés offrant divers
modes de placentation, pistils libres et adhérents) la distribution des fais-
ceaux vasculaires qui se portent soit dans les placentas et les ovules, soit
dans les parois de l’ovaire ou dans le péricarpe, ainsi que dans la zone
externe des ovaires adhérents, et de déterminer l’origine de ces faisceaux
vasculaires et leurs diverses connexions...
Le prix consistera en une médaille d’or de la valeur de trois mille francs.
Les Mémoires (manuscrits) devront être déposés, francs de port, au Secré-
tariat de l’Institut, avant le 1° juin 1867, terme de rigueur.
Les noms des auteurs seront contenus dans des billets cachetés qui ne
seront ouverts que si la pièce est couronnée.
PRIX BORDIN,
A DÉCERNER EN 1869.
QUESTION SUBSTITUÉE A CELLE QUI AVAIT ÉTÉ PRÉCÉDEMMENT PROPOSÉE CONCERNANT
LA STRUCTURE DES TIGES DES VÉGÉTAUX.
(Commissaires : MM. Milne Edwards, Boussingault, Bernard, Decaisne,
Brongniart rapporteur.)
« Etudier le rôle des stomates dans les fonctions des feuilles. »
L’ Académie, en proposant cette question, désire que par des recherches
expérimentales et par des observations anatomiques sur les plantes soumises
aux expériences, les concurrents cherchent à déterminer le rôle que les
stomates jouent dans les phénomėnes de respiration diurne ou nocturne,
d’exhalation ou d'absorption aqueuse dont les feuilles sont le siége princi-
pal dans les plantes. :
( 541 )
Les Mémoires devront être adressés à l'Académie avant le 1° juin 1860.
Ils pourront être manuscrits ou imprimés, et devront porter le nom de leur
auteur, afin que les expériences puissent au besoin être répétées par lui sous
les yeux de la Commission.
PRIX BORDIN,
A DÉCERNER ,EN 14869.
(Commissaires : MM. Milne Edwards, Brongniart, Decaisne,
Blanchard, de Quatrefages rapporteur.)
Le prix sera décerné à la meilleure monographie d’un animal invertébré
marin,
En formulant son programme dans les termes qui précèdent, l’Académie
entend laisser aux concurrents le plus de latitude possible dans le choix du
sujet à traiter. Toutefois elle doit faire remarquer qu'au point où en est
aujourd’hui la science, l'étude de tous les Invertébrés marins est loin de
présenter le même intérêt. Parmi les groupes sur lesquels elle croit devoir
appeler plus particulièrement l'attention des naturalistes, on doit compter
entre autres les Acalèphes parmi les Rayonnés, les Crustacés inférieurs et
surtout les Lernées parmi les Articulés. |
Quelle que soit l'espèce sur laquelle s'arrêtera le choix des concurrents,
elle devra, autant que possible, être étudiée au point de vue anatomique,
histologique, physiologique et embryogénique.
Le prix consistera en une médaille d’or de la valeur de trois mille francs.
Les Mémoires (manuscrits) devront être déposés, francs de pori, au Secré-
tariat de l’Institut, avant le 1° juin 1869, terme de rigueur.
Les noms des auteurs seront contenus dans des billets cachetés qui ne
Seront ouverts que si la pièce est couronnée,
PRIX MOROGUES,
A DÉCERNER EN 1873.
(Reproduction du Programme des années précédentes. )
Se M. de Morogues a légué, par son testament en date du 25 oc-
e; re 1834, une somme de dix mille francs, placée en rentes sur l’État, pour
P .
ire l’objet d’un prix à décerner tous les cinq ans, alternativement : par
C. R., 1867, rer Semestre. (T. LXIV, N° 10.) i
(542)
l’Académie des Sciences Physiques et Mathématiques, à l'ouvrage qui aura
fait faire le plus grand progrès à l’agriculture en France, et par l'Académie
des Sciences Morales et Politiques, au meilleur ouvrage sur l'état du paupé-
risme en France et le moyen d'y remédier.
Une Ordonnance en date du 26 mars 1842 a autorisé l’Académie des
Sciences à accepter ce legs.
L'Académie annonce qu’elle décernera ce prix, en 1873, à l'ouvrage
remplissant les conditions prescrites par le donateur.
Les ouvrages, imprimés et écrits en français, devront être déposés, francs
de port, au Secrétariat de l'Institut, avant le 1% juin 1875, terme de rigueur.
PRIX BRÉANT,
A DÉCERNER EN 41867.
Par son testament en date du 28 août 1849, feu M. Bréant a légué à
l’Académie des Sciences une somme de cent mille francs pour la fondation
d’un prix à décerner « à celui qui aura trouvé le moyen de guérir du cho-
léra asiatique ou qui aura découvert les causes (1) de ce terrible fléau. »
Prévoyant que ce prix de cent mille francs ne sera pas décerné tout de
Be RO NET SRE
(1) T paraît convenable de reproduire ici les propres termes du fondateur : « Dans l'état
» actuel de la science, je pense qu’il y a encore beaucoup de choses à trouver dans la com-
» position de l’air et dans les fluides qu’il contient : en effet, rien n’a encore été découvert
au sujet de l’action qu’exercent sur l’économie animale les fluides électriques, magnétiques
ou autres; rien n’a été découvert également sur les animalcules qui sont répandus en
» nombre infini dans l'atmosphère, et qui sont peut-être la cause ou une des causes de cette
» cruelle maladie.
» Je mai pas connaissance d'appareils aptes, ainsi que cela a lieu pour les liquides, à
reconnaître l'existence dans l'air d’animalcules aussi petits que ceux que l’on aperçoit dans
l'eau en se servant des instruments microscopiques que la science met à la disposition de
» ceux qui se livrent à cette étude.
» Comme il est probable que le prix.de cent mille francs, institué, comme je lai expliqué
plus haut, ne sera pas décerné de suite, je veux, jusqu’à ce que ce prix soit gagné)
qe l'intérêt dudit capital soit donné par l’Institut à la personne qui aura fait avancer la
science sur la question du choléra ou de toute autre maladie épidémique, soit en donnant
» de meilleures analyses de l'air, en y démontrant un élément morbide, soit en trouvant "m
» procédé propre à connaître et à étudier les animalcules qui jusqu’à présent ont échappe
» à l’œil du savant, et qui pourraient bien être la cause ou une des causes de la maladie. ”
»
(543)
suite, le fondateur à voulu, jusqu’à ce que ce prix soit gagné, que l'intérêt
du capital fùt donné à la personne qui aura fait avancer la science sur la
question du choléra ou de toute autre maladie épidémiqne, ou enfin que
ce prix püt être gagné par celui qui indiquera le moyen de guérir radicale-
ment les dartres ou ce qui les occasionne. :
Les concurrents devront satisfaire aux conditions suivantes :
1° Pour remporter le prix de cent mille francs, il faudra :
« Trouver une medication qui quérisse le choléra asialique dans l’immense
» majorité des cas; »
Ou
« Indiquer d'une manière incontestable les causes du choléra asiatique, de
» façon qu'en amenant la suppression de ces causes on fasse cesser lépi-
» démie FX
Ou enfin
« Découvrir une prophylaxie certaine, et aussi évidente que l'est, par exemple,
» celle de la vaccine pour la variole. »
2° Pour obtenir le prix annuel, il faudra, par des procédés rigoureux,
avoir démontré dans l'atmosphère l'existence de matières pouvant jouer
un rôle dans la production ou Ja propagation des maladies épidémiques.
Dans le cas où les conditions précédentes n’auraient pas été remplies, le
prix annuel pourra, aux termes du testament, être accordé à celui qui
aura trouvé le moyen de guérir radicalement les dartres, ou qui aura éclairé
leur étiologie.
Les Mémoires, imprimés ou manuscrits, devront être parvenus, francs de
port, au Secrétariat de l’Institut avant le 1° juin 1867 : ce terme esl de
rigueur,
PRIX JECKER,
A DÉCERNER EN 14807.
è Par un testament, en date du 13 mars 185r, feu M. le D' Jecker a fait à
Académie un legs destiné à accélérer les progrès de la chimie organique.
En conséquence, l’Académie annonce qu’elle décernera, dans sa séance
Publique de 1867, un ou plusieurs prix aux travaux qu’elle jugera les -plus
propres à hâter le progrès de cette branche de chimie.
72..
( 544 )
PRIX BARBIER,
A DÉCERNER EN 41867.
Feu M. Barbier, ancien Chirurgien en chef de l'hôpital du Val-de-Gràce,
a légué à l’Académie des Sciences une rente de deux mille francs, destinée à
la fondation d’un prix annuel « pour celui qui fera une découverte pré-
cieuse dans les sciences chirurgicale, médicale, pharmaceutique, et dans
» la botanique ayant rapport à l’art de guérir. »
Les Mémoires devront être remis , francs de port, au Secrétariat de lIn-
stitut, avant 1* juin 1867 : ce terme est de rigueur.
PRIX GODARD,
A DÉCERNER EN 4867.
Par un testament, en date du 4 septembre 1862, feu M. le D" Godard a
légué à l’Académie des Sciences « le capital d’une rente de mille francs,
» trois pour cent, pour fonder un prix qui, chaque année, sera donné au
» meilleur Mémoire sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie des
» organes génito-urinaires. Aucun sujet de prix ne sera proposé.
» Dans le cas où une année le prix ne serait pas donné, il serait ajouté
» au prix de l’année suivante. »
En conséquence, l’Académie annonce que ce prix sera décerné, dans sa
séance publique de 1867, au travail qui remplira les conditions prescrites
par le donateur.
Les Mémoires devront être parvenus, francs de pori, au Secrétariat de
aii ai
PInstitut, avant le 1° juin 1867, terme de rigueur.
PRIX SAVIGNY,
FONDÉ PAR M"! LETELLIER,
A DÉCERNER EN 1867.
Un Décret impérial, en date du 20 avril 1864, a autorisé l’Académie des
Sciences à accepter la donation qui lui a été faite par M" Letellier, au nom
de Savigny, d’une somme de vingt mille francs pour la fondation d'un pris
en faveur des jeunes zoologistes voyageurs.
( 545 )
« Voulant, dit la testatrice, perpétuer, autant qu'il est en mon pouvoir
» de le faire, le souvenir d’un martyr de la science et de l'honneur, je
» lègue à l’Institut de France, Académie des Sciences, Section de Zoologie,
» vingt mille francs au nom de Marie-Jules-César Le Lorgne de Savigny,
» ancien Membre de l’Institut d'Égypte et de l’Institut de France, pour
» l'intérêt de cette somme de vingt mille francs ètre employé à aider les
» jeunes zoologistes voyageurs qui ne recevront pas de subvention du
» Gouvernement et qui s’occuperont plus spécialement des animaux sans
» vertèbres de l'Égypte et de la Syrie. »
PRIX DESMAZIÈRES,
A DÉCERNER EN 1867.
Par son testament olographe, en date du 14 avril 1855, M. Baptiste-
Henri-Joseph Desmazières, demeurant à Lambersart, près Lille, a légué
à l’Académie des Sciences un capital de trente-cinq mille francs, devant être
converti en rentes 3 pour 100, et à servir à fonder un prix annuel pour
être décerné « à l’auteur, français ou étranger, du meilleur ou du plus utile
écrit, publié dans le courant de l’année précédente, sur tout ou partie de la
Cryptogamie. »
Conformément aux stipulations ci-dessus, un prix de seize cents francs
sera décerné, dans la séance publique de l’année 1867, à l'ouvrage ou au
Mémoire jugé le meilleur parmi ceux publiés dans le courant de 1866 et
adressés à l’Académie avant le 1° juin 1867.
PRIX THORE,
A DÉCERNER EN 1867.
Par son testament olographe, en date du 3 juin 1863, M. François-Frah-
klin Thore, demeurant à Dax, a légué à l’Académie des Sciences une in-
scription de rente 3 pour 100 de deux cents francs, pour fonder un prix
annuel à décerner « à l’auteur du meilleur Mémoire sur les Cryptogames
cellulaires d'Europe (Algues fluviatiles ou marines, Mousses, Lichens ou
Champignons), ou sur les mœurs ou l'anatomie d’une espèce d’Insectes
? “
d'Europe. »
Ce prix, attribué alternativement aux travaux sur les Cryptogames cel-
-
ulaires d'Europe et aux recherches sur les mœurs ou l'anatomie d’un
( 546 )
Insecte, sera décerné, en 1867, au meilleur travail sur la Cryptogamie,
manuscrit ou imprimé, parmi ceux qui auront été adressés à l’Académie
avant le ı® juin 1867.
CONDITIONS COMMUNES A TOUS LES CONCOURS.
Les concurrents, pour tous les prix, sont prévenus que l’Académie ne
rendra aucun des ouvrages envoyés aux Concours; les auteurs auront la
liberté d’en faire prendre des copies au Secrétariat de l’Institut.
Par une mesure générale, l'Académie a décidé que dorénavant la clôture
des Concours pour les prix qu’elle propose serait fixée au premier juin de
chaque année. Cette mesure, qui ne doit pas avoir d’effet rétroactif, est
applicable seulement aux prix proposés pour la première fois, prorogés, ou
remis au Concours dans la séance actuelle qui correspond à l’année 1866.
LECTURE.
M. Derauxay lit une Notice intitulée : « La Lune, son importance en
Astronomie »
É. D. B. et C.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 48 MARS 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE,
M. Le PRÉSIDENT pE L’Ixsrrrur invite l’Académie des Sciences à dési-
gner un de ses Membres pour la représenter, comme lecteur, dans la
séance trimestrielle qui doit avoir lieu le mercredi 3 avril.
« M. H. Sanvre-Crame Device fait hommage à l’Académie d’un exem-
plaire des Leçons qu'il a professées à la Société Chimique le 22 février et le
8 mars 1867, et qui sont publiées dans la Revue des Cours scientifiques. Elles
ont pour titres : De l’affinité, et Des phénomènes mécaniques de la combi-
_ naison, »
CHIMIE. — Note sur une anthracite remarquable par sa dureté; par M. Dumas.
« M. le comte de Douhet, qui s'occupe avec intérêt et succès d’études
Scientifiques, ayant trouvé chez un marchand des nodules charbonneux
d'une dureté singulière, en a fait l’acquisition pour prévenir leur dispersion
et pour les livrer aux investigations scientifiques dont ils lui semblaient
dignes. ù
» Le marchand croit qu'ils viennent du Brésil; mais, en réalité, leur
Origine et leur gisement ne sont pas connus,
3 Ces nodules, presque tous formés de feuillets irréguliers et concen-
triques, sont assez durs pour supporter le travail de la meule et prendre le
C. R. , 1867, ver Semestre, (T. LXIV, N° 44.) 7
Corie & Ent Le gps
L hhli
( 548 )
poli; ils acquièrent ainsi un éclat remarquable. Les parties même les plus
minces paraissent opaques. La densité de la matière en fragments est de
1,66, ce qui la rapproche de l’anthracite.
» Cependant elle raye le verre et même des corps plus durs avec facilité.
» M. Friedel, qui a essayé un fragment de cette matière charbonneuse, y
avait trouvé 11 pour 100 de cendres, ce qui pouvait laisser quelques doutes
sur la cause de sa dureté et faire supposer que celle-ci était étrangère au
charbon.
» Pour lever ces doutes, j'ai choisi un fragment plus pur, et il a fourni
les résultats suivants : 3
» 0,200 de matière brute ont donné 0,008 de cendres.
» On’a pulvérisé avec soin le reste de cette matière, et on l’a soumis à
des lavages par décantation.
» 0,500 de matière obtenus par lavage ont donné 0,021 de cendres.
» Les cendres paraissent donc répandues uniformément dans le nodule,
et d’ailleurs, pressées et promenées sur une lame de verre, elles ne mor-
dent pas sur lui et ne l’usent pas.
» Ces cendres sont grises, non frittées et sans action sur le tournesol
rougi.
» La matière obtenue par les opérations de lavage et de décantation a été
analysée. :
» I. 1,000 n’ont donné aucune trace d'azote.
» II. 0,100 ont fourni 0,343 acide carbonique et 0,005 eau.
» II. 0,200 ont fourni 0,687 acide carbonique et 0,014 eau.
» Soit, en centiemes :
Carbone x f
Hlroine. x ; o La z 7
ii ; 577
» En mettant de côté les cendres, on arrive en définitive, pour la matiere
charbonneuse pure, aux nombres suivants :
Carbone: 555.510, ide 97 ,6
Hydrogène. . ..... ee 0,7
Oxygène... ,::... séparée 1,9
100,0
c'est-à-dire à la composition d'une anthracite. Dans l'ignorance où nous
sommes de l'origine de ce produit, il serait parfaitement inutile de faire à
son sujet de longues réflexions. Cependant, on ne peut s'empêcher de re-
marquer qu'il offre ce contraste singulier qu'avec l'apparence, l'opacité, Ja
( 549 )
densité et la composition de l’anthracite, il possède une dureté et prend un
poli qui fait involontairement penser au diamant en voie de formation.
=» L'objet de cette Note est Seulement d'appeler d’une manière plus
j Į P
spéciale, au moment où l'Exposition universelle réunit les productions de
tous les pays, l'attention des géologues sur les anthracites, qui renferment
y ,
peut-être quelquefois des nodules analogues; de faire connaitre, s’il se
peut, l’origine des nodules qui nous occupent, et de fournir, dans tous les
cas, un document utile à l’histoire des matières charbonneuses. »
?
ASTRONOMIE. — Sur les caractères généraux des phénomènes des étoiles filantes;
par M. Faye. (Deuxième article.)
« J'avais eu d’abord l'intention de consacrer ce second article à l’exa-
men des principaux flux d'étoiles filantes; mais la découverte inattendue
de deux comètes périodiques, intimement liées aux flux d’août et de novem-
bre, ayant donné à la question des étoiles filantes une face nouvelle, je me
bornerai à présenter le tableau des coordonnées des centres de radiation,
que je dois à l’obligeance de M. le D" Heis, et je passerai immédiatement à
la question théorique.
» On paraît croire généralement en France que tout l'intérêt des étoiles
filantes périodiques se concentre sur les apparitions du ro août et du
13 novembre. On va voir que le phénomène est bien plus vaste. Les coor-
données suivantes sont le résumé d’une série continue d’observations systé-
matiquement organisées par le D" Heis depuis vingt-six ans. Les lettres avec
indices ont simplement pour but d'appeler l'attention sur Les centres d’éma-
nation, qui semblent former des groupes plus ou moins naturels.
Hémisphère boréal, points de radiation des étoiles filantes.
Asc.
droite. Déclin. droite. Déclin.
A, 28 + 50° | A 50 + 49
1 n e ars |5 15 + 8o
N, 290 +8 | S; 101 +
[Asn 10 +8 MS 5. 16-31: | M sé m
Janyier...... 16-31 | K, té o l ñ 8 i
M, I C + | 3 aj
\ X n ta A a 1-15 € B san
hs I
Fevrier. ::; ;: 1-14 À M, 171 + 56 $ 185 + 22
N, Pôle nord.
( 55e )
Asc. Asc.
droite. Dèclin. droite. Déclin,
A, 10° + 54° An 44 +63
«200 + 5 > LB, Ses
Dm a 16-30 | N, 270 Lee Septembre. .. 16-30 / N, 65 + 84
(S 199 + 10 T; I HH
I N, 315 +79 (R 46 + 37
Š Sé 202. EAr or Ao
RE: ieni B, 325 RS Ra | Ni 105 + 88
da +27 Octobre..... 1°-15 | Ri::48: 484
| No 158 4-83 D 319 403
+ ` B, 333 + 42 P, 23 +40
JA o a 17-30 : Gi ie E A a
| W 292 +15 Octobre. :... 15-30 { Bo 334 + 54
| Nix. 20 +86 Ni 205 + 85
; i À, 1 +62 T, 46 +43
Jaillet: 25: ..;; 1-15 n +54 hs a
Da 262 +12 | D 279 +56
T a Novembre. ........ | AT +
Jet ;:.,.. 15-30 | B; 320 + 70 R; 55 +10
N, Pôle nord, As 15 +62
D Novembre... 19-30 N, bilmini
Boat o oaa | B; 297 + 68 Ao 24 + 54
N, 345 + 85 Décembre. ........ | N» 100 + 84
l'An 35 +67 M, 127 +52
AOÛT, ....:. 15-31 | ap . An 37 +59
| Nu 295 + 79 Décembre..., 18-30 | Na, 340 + 84
UT, 314 +15 K, 235 + 52
l As 35 +63
B, 293 +57
Septembre. .. 1°- 6 { Ns 130 + 84
T, 343 + ro
CR: 53 + 35
» Quant à l'hémisphère céleste austral, le D" Heis vient d'achever la dé-
termination de trente-neuf centres de radiation basés sur les observations
du D" Neumayer, directeur de l'Observatoire de Melbourne, en Australie.
Ce travail, où la périodicité des étoiles filantes se trouvera complétement
établie pour la partie sud du globe terrestre, va paraître dans les Annales
anglaises dudit Observatoire. Je suis heureux de pouvoir mettre une partie
de ces documents sous les yeux de l’Académie.
» Les astronomes s’accordaient généralement à regarder les étoiles
filantes comme appartenant à des anneaux continus où à des essaims de
matière cosmique circulant autour du Soleil dans des orbites fermées dont
l'ellipticité restait complétement inconnue. On trouvera dans les travaux
l ( 551)
de M. Newton (U. S.) expression la plus élevée de l’état de la science à ce
sujet, et même le germe, je crois, des idées si remarquables qui viennent
d'être émises ces jours-ci par M. Schiaparelli et M. Le Verrier.
» M. Schiaparelli, le premier, a conclu d’une discussion très-appro-
fondie de la variation du nombre horaire des étoiles filantes, que la vitesse
absolue de ces météores devait être la vitesse parabolique (1,414 à la dis-
tance 1). Cette vitesse étant admise, on pourrait aussitôt calculer l'orbite
parabolique des cinquante-six flux d'étoiles filantes dont je viens de donner
le tableau; M. Schiaparelli s’est attaché au flux du 11 août, et en a déter-
miné les éléments paraboliques tout comme s’il s'était agi d’une comète
venant des profondeurs de l’espace.
» Quelque temps après, M. Le Verrier, en se fondant sur le mouve-
ment rétrograde des étoiles de novembre, a conclu, comme M. Schiapa-
relli, qu’elles devaient être primitivement étrangères au système solaire.
Pour lui comme pour le précédent auteur, la cause de ces phénomènes de-
vait être cherchée dans quelque amas de matière cosmique introduit à la
manière des comètes dans la sphère d’action du Soleil, et fixé dans notre
système par l’action perturbatrice d’une planète accidentellement placée
sur sa route. M. Le Verrier attribue à cette dernière action la décomposi-
tion de Pamas en particules météoriques indépendantes. D’après cette ma-
nière de voir, la période des grandes apparitions de novembre s’identifie
avec la durée de la révolution de l'amas météorique lui-même. Avec cette
période et les éléments fournis par l'observation, le calcul de l'orbite des
météores de novembre devient possible tout comme dans le cas où on se
donne la vitesse absolue, et M. Le Verrier a effectivement déterminé ainsi
les éléments de cette orbite en lui assignant 33 ans de révolution.
” On voit que les deux savants astronomes sont parvenus, par des voies
différentes, à la même conclusion : pour eux les étoiles filantes proviennent
de la désagrégation de vastes amas de matière cosmique pénétrant dans
notre Système à la manière des comètes, et subissant ensuite une désagré-
gation totale sous l’action perturbatrice du Soleil on d’une grosse planète.
N a résulterait, d’après eux, la dispersion de ces matériaux le long de
l'orbite décrite par le centre de gravité primitif de l'amas, dispersion qui
finirait même avec le temps par constituer un véritable anneau. On voit
‘Mmédiatement ce qu'il y a d’hypothétique dans ces vues, si remarquables
d'ailleurs (1)
I a T ; r . . ` 4 à p ;
Sp Je wai nullement la prétention de faire dès aujourd’hui la part de chacun. On vou-
onc
ni 3 . e » . , . ` A
en m'excuser si j'ai commis quelque méprise à cet égard.
( 553 }
» Mais ce qui n’est pas hypothétique, ce qui nous a tous frappés d’éton-
nement, ce sont les deux découvertes faites coup sur coup par M. Schia-
parelli et M. Peters sur les deux orbites dont nous venons de parler. A
peine étaient-elles obtenues, qu’on y reconnut trait pour trait les orbites,
récemment calculées par M. Oppolzer, de la grande comète de 1862 et de
la première comète de 1866 (comète de Tempel). Quelle étonnante coinci-
dence! Rien jusque-là ne devait la faire pressentir, car les essaims cosmi-
ques admis par les deux savants auteurs que je viens de citer n’étaient nul-
lement dans leur pensée de véritables comètes; mais comme rien n’empé-
chait d'y mettre hypothétiquement une comète au milieu des matériaux
destinés à former plus tard les étoiles filantes, on se tira d'affaire avec cette
supposition. On admit donc que ces deux amas cosmiques contenaient
chacun une comète à leur entrée dans notre système, comètes qui auraient
échappé à la dissolution complète des amas primitifs, tout en continuant
à décrire la même orbite que les matériaux dispersés. Nous savons en effet
que les comètes présentent une tout autre résistance que ces essaims cosmi-
ques, témoin celle de 1843, qui a presque rasé la surface du Soleil sans
éprouver de catastrophe.
» J'avoue que je ne puis me rallier à cette hypothèse de nuages cosmi-
ques. Nous wen avons jamais aperçu. S'ils étaient aussi nombreux que
semble l'indiquer le tableau des flux distincts d'étoiles filantes que Je viens
de placer sous les yeux de l’Académie, nous aurions vu déjà quelque chose
de ces essaims, car tous n’ont pas dù rencontrer une grosse planète ; nous
les verrions s'allonger peu à peu le long de leur orbite à mesure qu'ils
s'approchent du Soleil, et s’effiler au périhélie en une longue portion an-
nulaire destinée à s’allonger encore plus avec le temps. Mais ce qui m'em-
barrasse tout à fait, c'est cette supposition un peu trop gratuite, ce me
semble, qui mêle une comète à chacun des deux essaims. Est-ce bien là
résoudre le problème posé par cette étonnante coincidence? N'est-ce pas
plutôt masquer la difficulté en nous laissant prendre pour un fait du hasard
ce qui pourrait bien être le fond même de la question ?
» Voyons donc, sans nous écarter trop de l’ordre d'idées où viennent de
nous placer ces singulières découvertes, s’il n’y aurait pas quelque phéno-
mène familier qui pùt nous mettre sur la voie. Cela vaudra mieux peut-être
que de recourir à la supposition de corps entierement inconnus jusqu'ici.
» Sous l'action du Soleil, les comètes émettent vers leur péribélie des
queues gigantesques aux dépens de leur propre substance; mais, aU
rebours des nuages cosmiques ci-dessus décrits qui s’étaleraient dans le
( 553 )
sens de leur orbite, les comètes envoient leurs prolongements ou leurs
appendices dans le sens du rayon vecteur, Ne nous laissons pas décou-
rager par cette différence, quelque considérable qu'elle soit, et continuons.
Les comètes, dis-je, semblent fuser dans le sens du rayon vecteur par deux
bouts opposés. L'émission principale est dirigée vers le Soleil, il est vrai,
mais elle rebrousse chemin en partie et va se méler à l’émission opposée.
Ces matériaux, qui occupent un espace considérable, font dans le ciel des
chemins si différents de celui du noyau, qu'on ne peut s'empêcher de con-
clure que leur vitesse finale doit différer sensiblement de la vitesse parabo-
lique propre à la comète. Évidemment une partie de ces effluves marche
avec une vitesse bien supérieure à celle de la parabole cométaire, et va se
perdre à tout jamais dans les profondeurs de l'espace, tandis qu’une autre
partie, suivant une marche différente, doit être animée finalement d’une
vitesse inférieure à celle du noyau , et rester par conséquent dans le sys-
tème solaire, Un point essentiel à noter ici, c’est que ces matières émises
par la comète conservent le plan où celle-ci se meut et le sens de son
Mouvement; voilà tout ce que nous savons sur leurs orbites elliptiques.
Ajoutons pourtant que leurs périhélies ne sauraient être situés beaucoup
au delà de celui de la comète, et que les matériaux qui les parcourent doi-
vent revenir tôt ou tard dans le rayon -circumsolaire où la comète généra-
trice a pénétré un instant.
» Cette matière ne pourrait, d’ailleurs, rejoindre la comète et reproduire
avec elle le Corps primitif; mais les parties les plus voisines sont libres
d'obéir à leurs faibles attractions et de constituer de petites agglomérations
séparées par de grands espaces. Un second point tout aussi essentiel à
noter, c'est que ces petits amas seront d’une extrême ténuité, d’une den-
sité beaucoup plus faible que la comète elle-même.
» Ce que je viens de dire compte pour toutes les comètes périodiques
ou non, pour peu qu’elles atteignent ou dépassent l'orbite de Mars. Chaque
comète laisse ainsi et à toujours, dans les régions voisines du Soleil, une
trace matérielle de son passage. Si cette trace devenait sensible pour nous,
elle nous permettrait de retrouver, non pas l'orbite de la comète, mais le
Plan dans lequel cette orbite était située et le sens de son mouvement. Elle
ri dirait aussi de quel côté était son périhélie. Quand la comète géné-
atrice esf périodique, à chaque révolution, à chaque retour près du So-
leil, elle vient renouveler par son émission nucléale cette trace persistante
et réparer les disséminations opérées par les perturbations planétaires.
» Voyons-nous ces traces? Non ; mais nous les avons vues naître et bril-
( 554)
ler, et nous savons que la matière ne se perd pas. Il faut donc qu'elle se
retrouve quelque part dans le plan parcouru une ou plusieurs fois: par la
comète génératrice. Qu’arrivera-t-il si la comète a passé près de l'orbite
terrestre ? Évidemment les effluves émises à cette époque repasseront aussi
près de cette orbite (avec une vitesse un peu moindre que celle de la co-
mète), et si la Terre se trouve au même instant dans cette région, il y aura
choc : choc bien innocent sans doute par des matériaux si légers; à peine
pourront-ils percer les premières couches de notre atmosphère. Mais comme
le mouvement ne se perd pas plus que la matière elle-même, la force vive
se transformera en chaleur; peut-être même la lumière jaillira-t-elle un
instant. Ce qui complète la ressemblance avec le phénomène des étoiles
filantes, c’est qu’à la même date de l’année ce sera toujours dans la méme
direction que ces chocs auront lieu. Et comme chaque comète laisse après
elle un essaim pareil de molécules abandonnées, le même phénomène se
reproduira d’un bout à l’autre de l’année partout où un plan cométaire
sera coupé par l’orbite terrestre. Ainsi, le tableau des centres de radiation
des étoiles filantes que jai placé en tête de cet article serait comme le reflet
du catalogue des comètes récentes.
» Je dis récentes, car à la longue les perturbations planétaires, d’autres
causes encore, telles que la répulsion produite par l’incandescence du So-
leil, modifieront progressivement les orbites et les écarteront de la région
où circule la Terre. Ainsi le phénomène s’épuiserait avec le temps; mais si
la comète est périodique, à chaque retour elle viendra réparer, par son
émission nucléale, les pertes que nous venons de signaler.
» Je me demandais tout à l'heure s’il était possible de voir ces divers an >
neaux cométaires comptant autant de plans distincts qu’il est passé ici-bas
de comètes depuis un certain laps de temps. S'ils doivent ètre visibles quel-
que part, ce sera sans doute vers le périhélie, car là leurs matériaux sont
moins disséminés qu'à l’aphélie, Là ils se projetteront pour nous; les uns
sur les autres, en une masse confuse de lumière très-faible dont la perspec-
tive, sur la voùte noire de la nuit, dépendra de la répartition de ces périhé-
lies autour du Soleil. Cette répartition est-elle uniforme, alors la masse
lumineuse paraîtra à peu près sphérique, avec un accroissement sensible
d'éclat vers le centre. S'il existe quelque cause d’accumulation des orbites
et des périhélies le long d’un certain plan, cette masse lumineuse à con-
tours indécis s'étalera le long de ce plan et prendra pour nous une forme
grossièrement lenticulaire. Une pareille cause existe pour le plan de l'éclip-
(585 :)
tique : c’est la présence des grosses planètes, dont l’action a transformé
tant de comètes paraboliques en comètes à courte période.
» Il existe une autre circonstance où les effluves cométaires peuvent de-
venir visibles : c’est l'obscurité d’une éclipse totale. Loin du Soleil, ces cou-
rants disparaïitront sans doute dans le ciel assombri, non pas noir, des
éclipses; mais tout près du Soleil, là où l’illumination des régions circum-
solaires est la plus intense, là où ces courants enchevêtrés se projettent en
grand nombre les uns sur les autres, ils devront apparaître en traits de
lumière capricieusement agencés. Tous ceux dont les plans ne s'écarteront
pas trop de notre œil traceront des rayons émanant du centre même du
disque solaire; les autres formeront des faisceaux de lignes diversement
orientées; quelques-uns sembleront tangents au contour du Soleil; d’autres
enfin, en s'entre-croisant plus loin, produiront là quelque tache lumineuse
plus ou moins compliquée.
» Enfin, si ces courants de matériaux cométaires étaient encore trop fai-
bles pour expliquer la brillante auréole des éclipses totales, on pourrait au
moins espérer d’en retrouver une trace dans leur effet sur les mouvements
des comètes elles-mêmes. Ils constituent en effet une sorte de milieu résis-
tant tel que les géomètres, Encke surtout, pouvaient le concevoir. Seule-
ment, ce milieu est en mouvement, et l’analyse relative à la résistance d’un
milieu immobile ne lui est pas entièrement applicable.
» Je ne sais si en groupant les conséquences d’un fait naturel très-vul-
gaire, tel que l'émission nucléale des comètes, j'aurai réussi à expliquer les
phénomènes des étoiles filantes, de la lumière zodiacale et de l’auréole des
éclipses totales de Soleil et du milieu résistant. S'il en était ainsi, la vitesse
des étoiles filantes ne serait pas parabolique; elle serait seulement bien
supérieure à la vitesse circulaire. De même, la période des maxima d’un
flux périodique ne donnerait pas le temps de la révolution des météores,
mais celui de la comète génératrice. L'hypothèse de nuages cosmiques se
transformant en essaims d’étoiles filantes sous l’action perturbatrice des
Planètes deviendrait inutile. Enfin, la coïncidence si frappante des orbites
calculées pour les flux d'août et de novembre, avec celles des comètes de
1862 et de 1866, proviendrait de cette circonstance importante à noter
que la vitesse des effluves cométaires, toujours inférieure à la vitesse para-
bolique, n’en diffère pourtant que d'une fraction de cette même vitesse qui
atteint son minimum non loin de l'orbite terrestre. En d’autres termes, ce
seraient les comètes que l’on aurait réellement calculées, en empruntant
C. R., 1867, 1er Semestre, (T. LXIV, N° 44.) 74
( 556 )
seulement aux courants météoriques les éléments qui déterminent le plan
de l'orbite : le peu de différence des vitesses à la distance 1 permettant de
prendre, sans trop d'erreur, le point de radiation du flux météorique pour
le point de radiation de la comète elle-même.
» Toutefois, il faudrait que le retour en 1862 de la grande comète qui
a engendré les Perséides eùt provoqué une recrudescence plus où moins
marquée du phénomène d’août, et que le retour de la comète de Tempel
vers la fin de 1865 eût déterminé pareillement la récente réapparition du
grand phénomène de novembre. L'examen minutieux des faits nous ap-
prendra si cette double condition est suffisamment remplie et si la petite
manifestation météorique de novembre 1865 qui a préludé au retour décisif
de 1866 peut se concilier avec ces idées.
» Quoi qu'il en soit, j’applaudis de grand cœur aux travaux de M. Schia-
parelli et de M. Le Verrier, et j’espère que cette discussion fera encore
mieux ressortir l'importance future des résultats que nous leur devons
déjà. »
M. Le Verre expose comme il suit les préparatifs qui avaient été faits
pour l'observation précise des circonstances astronomiques et physiques
de lPéclipse de Soleil du 6 mars.
« À Paris, l'état du ciel n’a permis de faire aucune observation sérieuse.
» Ce qui est plus à regretter, MM. Wolf et Stéphan, qui s'étaient rendus
à Eboli, au sud de Salerne, là où léclipse était annulaire, ont été réduits à
me télégraphier à midi : « Déception complète, pluie persistante. »
» À Marseille, le ciel a été beau, par un vent de mistral. Je me suis
chargé des observations astronomiques. M. Morren, doyen de la Faculté
des Sciences de Marseille, s’est, avec M. le professeur Lespès et avec
MM. Gras et Laurent, chargé de la partie des observations physiques.
» Les contacts ont été observés avec assez d’exactitude. Je rendrai
compte du résultat lorsque l’observation aura été calculée. Je mai point
aperçu le disque de la Lune sur le fond du ciel. Aucune distorsion des
cornes ne s'est manifestée. L'examen attentif de la partie obscure de la
périphérie, tout près du prolongement des cornes, wa laissé entrevoir
aucune protubérance lumineuse.
» M. Morren m’a remis la Note suivante:
« J'avais fait transporter à l'Observatoire un galvanomètre de Weber, el
» M. Lespès avait été chargé d'observer les variations de la déclinaison ma-
»
»
»
=x
=x
>
=
( 557 )
gnétique qui auraient pu se produire pendant l’éclipse. La lunette et sa
mire étant placées à une grande distance du galvanomètre, les moindres
varialions pouvaient être facilement accusées.
» Je m'étais chargé d'observer les raies spectrales que présenteraient,
pendant toute la durée de l’éclipse, les bords du Soleil. Pour cela, J'a-
vais préparé à l’avance deux spectromètres à vision directe : le premier,
composé de cinq prismes d’Amici, permettait d'embrasser à la fois une
grande partie du spectre solaire; le second, entièrement semblable à
celui que MM. Huggins et Miller ont employé à l’observation du spectre
des étoiles, était placé près de moi, et, dans le cas où j'aurais aperçu une
modification quelconque dans les raies, surtout dans la partie la moins
réfrangible et dans le voisinage de la raie D, il m'était facile en quelques
secondes d'appliquer ce second spectromètre, qui donne un spectre très-
étalé, où les moindres modifications et les variations les plus délicates
auraient été facilement saisies. C’est surtout la partie effilée du croissant
et des cornes qui devait être le plus étudiée, et, vers le milieu de l'éclipse,
la largeur du spectre devait, pour cette raison, se réduire à être presque
linéaire.
» À la Faculté des Sciences, MM. Gras et Laurent devaient observer la
boussole des intensités et le magnétomètre d’induction du D" Weber. De
plus, mon préparateur, M. Farnet, devait prendre vingt photographies
de l'éclipse, surtout dans le voisinage du milieu du phénomène. Il se
servait d’un objectif avec miroir réflecteur d’argent, disposé par Froment
pour l'observation attentive des taches du Soleil. Un chronomètre de
Winnerl, réglé la veille à l'Observatoire, servait à donner à ces obser-
vateurs, éloignés de nous, l’heure des différentes phases du phénomène,
» Les résultats de nos observations seront plus rapidement exprimés que
ne l’ont été les détails de nos préparatifs.
» Pour M. Lespès, c’est-à-dire pour les variations de la déclinaison,
rien de particulier ne s’est produit. Il en a été de même pour le reste du
magnétisme à la Faculté des Sciences.
» Les raies du spectre sont restées parfaitement identiques; la raie D et
se Voisines ont conservé l'extrême finesse et netteté que comportait
l'heure de la journée. Auprès de moi était le Recteur de Montpellier,
M. Donné, qui a constaté leur finesse constante, quel que fùt le peu
A largeur du spectre produit par l’extrémité la plus effilée des cornes.
J'avais d’ailleurs placé sur le grand miroir du télescope un diaphragme
* Ouverture centrale et circulaire d’un très-petit diamètre.
74:
(558)
» Les photographies, prises avec soin, ont parfaitement réussi. Je vous
les enverrai dès que les positifs des épreuves auront été exécutés. »
PHYSIOLOGIE. — De l'accroissement de la taille chez les Animaux à sang froid;
par M. Ém. BLANCHARD.
« Le Museum d'Histoire naturelle vient de s'enrichir d'un Crustacé gigan-
tesque, qui est probablement le plus grand Crabe actuellement connu.
Cette circonstance m'engage à présenter quelques remarques au sujet de
l'accroissement chez les animaux à sang froid.
» Les animaux à sang chaud, c’est-à-dire les Mammifères et les Oiseaux,
cessent de grandir dès qu’ils sont parvenus à l'état adulte. Les Insectes dont
la vie est très-courte sont dans le même cas. La plupart des animaux appar-
tenant aux autres groupes en différent sous ce rapport Les Reptiles, les
Poissons, les Crustacés, les Mollusques, devenus parfaitement adultes, con-
tinuent à grandir. Ils grandissent alors, à la vérité avec une extrême len-
teur, mais les individus placés dans de bonnes conditions, trouvant autour
d'eux une nourriture abondante, peuvent acquérir des proportions surpre-
nantes s'ils parviennent à un âge fort avancé. |
» On sait que des écrits d’une date ancienne citent des exemples de la
taille énorme atteinte par divers Poissons que nous nous sommes habitués
à ne voir jamais qu'avec des proportions médiocres. On a parlé de Brochets,
de Lotes, d'Esturgeons, etc., ayant des dimensions extraordinaires. En faisant
la part de l’exagération, comme il convient peut-être de le faire au sujet
de plusieurs assertions, ainsi que je l'ai exprimé dans mon ouvrage récent
sur les Poissons des eaux douces de la France, il demeure certain qu'au temps
où la pêche était peu active sur certaines rivières, on prenait parfois de
vieux Poissons remarquables par une taille fort supérieure à celle des indi-
vidus ordinaires. ?
» Parmi les Crustacés, nous avons plusieurs exemples d'un accroisse-
ment exceptionnel acquis par quelques individus.
» On trouve sur les côtes des États-Unis une espèce de Homard (Homa-
rus americanus) très-voisine de l'espèce de nos côtes. Depuis de longues -
nées, deux individus du Homard d’ Amérique sont exposés dans les galeries
du Museum, où ils attirent attention des visiteurs par leur dimension pro
digieuse. Pendant longtemps, trompés par la taille gigantesque de ces deux
individus, nous avons pu croire que le Homard d'Amérique avait d'ordi-
naire un volume bien plus considérable que notre Homard commun: 1l
( 559 )
n’en est rien. À une époque ancienne, les animaux des côtes des États-Unis
n'étaient guère pourchassés par les hommes. Quelques-uns pouvaient vieillir
et grossir presque indéfiniment. Aujourd'hui, dans les mêmes parages, les
Homards ne semblent pas dépasser la taille de leurs congénères d'Europe.
» Une belle Langouste, le Palinurus ornatus, habite les rivages de lile
Maurice et de l’ile de la Réunion. Naguëre on en a pêché de superbes indi-
vidus, comme on en voit aussi deux ou trois individus au Museum d'Histoire
naturelle. Nous recevons assez souvent des exemplaires de cette même Lan-
gouste; tous, aujourd'hui, sont relativement fort petits. Les habitants des
deux îles Mascareignes ne les laissent plus vieillir.
». Peut-être en sera-t-il de même pour le Crustacé que vient d'acquérir le
Museum. L’espècea été découverte au Japon sur la côte orientale de Nippon,
entre les 34° et 35° degrés de latitude nord, par le célèbre voyageur de
Siebold. Elle a été décrite en 1850 par de Haan (Fauna japonica, Crust.,
p. 100, tab. XXV), sous le nom de Macrocheira Kæmpferi. Ce Crabe appar-
tient à un type, celui des Inachus ou Araignées de mer, qui n’est représenté
d'ailleurs que par de fort petites espèces. Plusieurs exemplaires du grand
Crustacé du Japon ont été apportés en Europe, tous d’une taille fort con-
sidérable. Cependant, le plus grand de ces exemplaires, croyons-nous, avait
été conservé par M. de Siebold. C’est cet exemplaire qui vient d’être cédé
au Museum d'Histoire naturelle. Suivant toute apparence c’est un individu
fort âgé, de sorte qu'il est très-possible que maintenant nous ayons peu
l’occasion d’en voir d’une aussi belle dimension. Chacune des pattes anté-
rieures de ce Crabe mesure 1,20. Les deux pattes étant parfaitement éten-
dues, l'animal, dont le corps est fort gros, offre une envergure de plus de
2%, 60. Il a été affirmé qu’on en avait vu des individus mesurant 11 pieds
de l'extrémité d’une patte à l’extrémité de l’autre patte, mais aucun indi-
vidu de cette taille n’a été apporté en Europe.
» Le même phénomène d’accroissement excessif a été également observé
chez des Mollusques pêchés dans des localités inexplorées. Un des exemples
les plus remarquables nous a été fourni il y trois à quatre ans par M. Nord-
mann; l’ancien Correspondant de l’Académie. Ce zoologiste signalait dans un
Mémoire spécial l'existence de Moules comestibles ayant acquis des propor-
tions incroyables. Sans la’ comparaison attentive des caractères spécifiques,
et surtout sans la possession d'individus de tous les âges et de toutes les di-
mensions pris sur le même fond, on se serait imaginé avoir sous les yeux
des Moules d’une espèce particulière. Ces Moules avaient été recueillies sur
la côte de l'ile d’Edgecombe, près Sitcha (Amérique russe). Dans cette loca-
( 560 )
lité inexplorée, des Moules vieillissaient à l’abri des atteintes des hommes
et parvenaient à une dimension que l’on ne supposait pas appartenir jamais
à notre Moule comestible ( Mytilus edulis).
» Parmi les Mollusques, on pourrait citer encore un assez grand nombre
de faits du même genre. Il y a des Huitres de différentes espèces qui ont
présenté un accroissement exceptionnel. Elles avaient été prises toujours
aussi sur des rivages peu fréquentés.
» Nous n'avons pas d'idée précise sur la durée possible de la vie chez
les Poissons, les Crustacés, les Mollusques. Les moyens de la déterminer
nous manquent à peu près absolument. Nous avons tout lieu de croire ce-
pendant que l'existence de ces animaux peut se prolonger extrêmement. Ce
qui l'indique, c’est précisément leur faculté de croître toujours en vieillis-
sant, loin de manifester l’affaiblissement qui se produit toujours avec l’âge
chez les Mammifères et les Oiseaux.
» Parmi les fossiles de divers groupes du Règne animal, on a rencontré
des espèces plus ou moins voisines des espèces actuellement vivantes, ayant
une taille notablement supérieure à celle de ces dernières. Dans beaucoup
de cas, peut-être faudrait-il attribuer cette supériorité à la vieillesse extrême
à laquelle parvenaient certains animaux avant l'apparition de l’homme sur
la terre. »
ANALYSE. — Sur la transformation cubique d’une fonction elliptique;
par M. A. Cayzey.
« Soit U = (a, b, c, d, e) (x, 1) une fonction quartique quelconque
de x; I, J les deux invariants
(= ae — 4bd +30, J = ace + 2bcd — ad — bte — ery;
P— 227P ji $ ; A
et prenons Q= ——— pour linvariant absolu de U. Soient de même
| LE] Lx 3 J'5 i ;
-1 Pinvariant absolu de U’.
U' = (a', b', c', d', e) (x, 1)", et Q' =
En supposant que yU, yU’, soient les radicaux de deux fonctions ellip-
tiques liées par la transformation du troisième ordre , Ou cubique, on
peut se proposer la question : quelle est la relation‘entre les deux invariants
absolus Q, Q’? J'ai trouvé cette relation d'abord par des considérations géo-
métriques qui me furent suggérées par une lettre de M. Sylvester, puis je
lai déduite des formules pour la transformation cubique données par
M. Hermite (Crelle, t. LX, 1862, p. 304), et enfin, à l’aide d’une considé-
( 561 )
ration tirée de ces formules, j'ai réussi à l'obtenir au moyen des formules
des Fundamenta Nova. Je vais donner ici cette dernière investigation de la
relation dont il s’agit.
» En supposant que les fonctions U, U’ soient transformées linéairement
en (t — x?) (1 — #2), (1 — y?) (1 — X27?) respectivement, pour exprimer
la liaison entre les modules °, }?, au lieu de l'équation explicite entre
Vk, V} (Fundamenta Nova, p- 23), je me sers des formules p- 25, lesquelles,
en y écrivant
A B a-t- 2
== ,
20 + 1I
c'est-à-dire
240p + a+ — 2,
deviennent |
k? = — 6, PE = — aß’.
» Les transformations linéaires donnent sans peine
108X (X — 1}
G- ro8 42(42— 3}
(+ 14X + 1}?
Er
= Hide =
et il s’agit, entre ces équations, d'éliminer æ, 6, k, À de manière à obtenir
une équation entre Q, Q’,
» J'écris
1
z (2a +1) (2+2) (a — 1) 2 B+1)(B +2) (8 — 0)
a a e a aS ne FA
(+ hatı ? (B+4B+ 1)
» L'équation entre +, B donne
ss EREE ER 4 ER — 3(a + 1)
Poe py tas EN P= im ss
=~ 3(# + ýe +1)
e +46 +i = (2a +1) à
eton a de là :
Ta(a+i)
d'u $
Ê CETTE
puis, en faisant attention à l'identité
(22 + 1) (x + 2) (amt) +aga(a+i) =a(e +4a+i),
On obtient, entre g’ , P’, la relation très-simple & + 8 —1.
( 562 )
» L'expression de k? donne
ht aè (a +2)
?
2@ +1
PE ie,
2% +I
y SINO Re 6 2 2)
kt + 14k? +1 = EPEN a (a+ 2} + 14a (+2) Qa + 1)+ (2441)
a moe ha +1) (a+ 3at + 160 + 3% +1),
et l’on a de là
0 = 1082 (2a + 1) (æ + 2) (a + 1) (a +1)?
JE (2 + 4a +1} (as + Bai + 160 + 32 +1)
» Or,ona
: £ (2a +1) (a +2) (a — 1}
a (æ + 4a +1}
, (2e) (+2) (2— 1} — (+ 4a +1)’ sA a(a+i)
Sandd F? (a+ 4a + 1) mep hat ye
pao ae one ce nu fa+i) _ gl + 3a + 16 +3 +1)
(a t ha +1} (2+ ha +i’
a ! Frs 3
et de là, en formant l'expression de la fonction res y 1) , on la trouve
(rA
égale à la valeur qui vient d’être donnée pour Q en termes deæ;ona donc
_ — 64 (a! — 1}
Ae GEp
et de même
j e 20
AORTE
Avec la relation # + ff = 1, l'élimination de g', 8’ entre ces équations, ne
présente pas de difficulté. »
« Dans la Note de M. Cayley « sur les coniques déterminées par cing
conditions » (Comptes rendus, t. LXIII, 1866, p. 9-12), dans l'expressi0”
de (1, 1, 1, 1, 1,), p- 10, l’auteur a fait une erreur de calcul. Au lieu des
termes
3
lue nul. D}:
5 l 5 2
( 563 )
il faut lire
3 3
DENA p (+ 486). »
M. Le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL fait part à l'Académie de la perte doulou-
reuse qu elle vient de faire dans la personne de M. Givry, Correspondant
de la Section de Géographie et Navigation.
MÉMOIRES LUS.
M. J.-F. Artır lit un Mémoire ayant pour titre : « Examen des ac-
tions de la Lune et du Soleil sur les élévations de la mer que produisent les
marées, pour modifier la vitesse de la rotation de la Terre ».
(Renvoi à la Section d’Astronomie.)
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
GÉOGRAPHIE. — Détermination astronomique de la latitude de Saint-
Martin-du-Tertre. Note de M. Yvon ViLLarcrav, présentée par
M. Le Verrier (1).
(Renvoi à la Section de Géographie et Navigation.)
« Dans une précédente communication, nous avons en l'honneur de
présenter à l’Académie la partie de nos observations faites à Saint-Martin-
du-Tertre, qui se rapporte à la détermination de l’azimut du Panthéon :
nous n'avons pu y Joindre celle de la latitude, parce que nous n'avions pas
alors les déclinaisons des étoiles observées. Aujourd’hui, nous compléte-
rons l'exposé de nos déterminations astronomiques relatives à la géodésie
française, en présentant celle de la latitude de Saint-Martin-du-Tertre. La
mesure de la latitude d’une station isolée n’offre sans doute qu’un médiocre
intérêt; mais ici nous nous proposons de mettre en évidence les avantages
de la méthode dont nous avons fait à Lyon la première application : nous
Non d'ailleurs une nouvelle confirmation: du: fait signalé par
Pn e E :
(1) L'Académie a décidé que cette communication, quoique dépassant les limites régle-
Mentaires, serait reproduite en entier au Compte rendu.
C. R. , 1867, 1°f Semestre, (T. LXIV , N° 41.) 75
( 564 )
MM. Laugier et Mauvais, que la latitude de Paris adoptée par le Dépôt de
la Guerre, d’après les observations de MM. Arago et Mathieu, est trop forte
d'environ 2 secondes (1). :
» Exposons sommairement le nouveau mode suivi pour la détermination
de la latitude avec le cercle méridien n° II de Rigaud. Une précaution im-
portante consiste à tenir la cabane ouverte une heure et demie à deux
heures avant de commencer les observations. L'éclairage étant réglé, il faut
encore attendre environ une demi-heure pour que l’échauffement produit
par la lampe, sur les diverses parties de l'instrument, ne donne plus lieu
qu’à des déformations lentement progressives : pendant ce temps, on change
fréquemment la hauteur de la lunette. Les observations commencent, par
celles du nadir, que l’on pointe cinq à six fois, en faisant autant de lectures
des quatre microscopes du cercle. (L'usage d’un fil mobile dans le plan
du réticule serait ici sans utilité, car les erreurs des lectures du cercle sont
comparables à celles du pointé du fil direct sur son image réfléchie.) On
observe ensuite quinze à dix-huit étoiles, les unes au nord, les autres au sud
du zénith, dans une amplitude de + 30 à 35 degrés de distance zénithale.
Vers le milieu des observations, il est fait une détermination soignée de la
valeur des tours et parties des microscopes ; la série se termine par cinq à six
observations du nadir, et ne doit pas durer plus d’une heure et demie;
l'expérience ayant montré qu'au delà de cette durée on ne pourrait pas
compter sur une variation de la position du point nadiral proportionnelle
au temps : la diminution de hauteur de la flamme de la lampe et son chan-
gement d'éclat produisent, comme on le sait, des variations dans le lieu
apparent des traits du limbe, et s’opposeraient également à ce que la série
füt prolongée davantage.
» Après cette première série, on retourne l'instrument, en conservant Ja
Ris Cm
(1) Quant à la mesure exacte de la latitude de Paris, nous ne voyons pas qu’elle puisse
résulter des mesures faites aux cercles muraux de Gambey et de Fortin; car on trouve :
je ' n"
Par le cercle de Gambey.. 48.50.11,19 Laugier.
1856 à 1860,
» » 8.50. + imp.
48.50.11,71 Obs. imp 900 observations.
» de Fortin... 48.50.11,85 Mauvais.
Nos propres essais nous donnent la conviction que Pon n’obtiendra la vraié latitude ji
Paris qu’en s’installant successivement à quelque distance de la ville, dans deux OU Dé
localités où les constructions ét les arbres n’opposeront aucun obstacle à la libre circulation
de l'air, et rattachant, par des triangles, les positions des stations à l'Observatoire impérial.
( 565 )
même position du zéro du cercle par rapport à la lunette, ce qui est l’un
des points essentiels de la méthode (on ne doit pas oublier de remettre
l'éclairage en parfait état). Dans la nouvelle position de l'instrument, il est
fait une autre série d'observations conforme à la première, à cela près que
l'observateur se place, pour observer le nadir, dans une position opposée,
par rapport au pilier de l'instrument, à celle qu’il occupait lors de la pre-
mière série : c’est là un autre point essentiel.
» Considérons les observations faites dans l’une des deux positions de
l'instrument. En supposant le déplacement observé du point nadiral pro-
portionnel au temps, on comprend à la fois le mouvement réel du support
des microscopes et le déplacement des images des traits du limbe provenant
de la variation de l'éclairage. Une simple interpolation du nadir fournit ainsi
la distance zénithale de chaque étoile observée : à l’aide de la déclinaison
de l'étoile et de la réfraction, on a autant de valeurs de la latitude que
d'étoiles. Or, si les étoiles sont à peu près symétriquement distribuées de part
et d'autre du zénith, le résultat moyen se trouve affranchi de l'erreur con-
stante de pointé des images des étoiles, et de la flexion de l'axe optique de
la lunette; si d’ailleurs les précautions prises pour reporter le poids de
l'observateur sur le pourtour de la cabane ne suffisaient pas à prévenir
toute inflexion du pilier, l'effet du poids de l’observateur disparaîtrait encore
de la moyenne. Enfin les erreurs de division du limbe sur une étendue
quadruple de 6o à 70 degrés, eu égard au nombre de quinze à dix-huit
étoiles, disparaîtraient également de la moyenne en ce qui concerne les
étoiles.
» Il reste donc à éliminer l'erreur constante de pointé au nadir, s’il en
existe une, et celles des divisions correspondantes du limbe : or ce résultat
est atteint par la combinaison des moyennes obtenues dans les deux posi-
tions de l'instrument, lorsque l'observateur prend les deux positions sy mé-
triques correspondantes, et évite de déplacer le cercle par rapport à la
lunette,
» Quant aux étoiles observées hors du méridien, on applique à leurs
observations les corrections en usage.
» Nous avons supposé tout à l’heure les étoiles distribuées à peu près
Symétriquement par rapport au zénith ; nous corrigeons l’erreur de l’hypo-
thèse en déterminant la flexion au moyen des observations elles-mêmes :
nous avons aussi admis que les erreurs de division relatives aux étoiles dis:
Paraïssaient de la moyenne; or, nous réduisons l'erreur de cette autre hypo-
99.1
( 566 )
thèse, en appliquant aux lectures une correction fournie par une table d’une
exactitude déjà fort approchée.
» Avant de présenter nos observations, il nous reste à dire un mot de la
flexion de l’axe optique. Cette flexion dépend de deux causes dont les effets
suivent exactement la même loi de proportionnalité au sinus de la distance
zénithale , et dès lors se confondent : l’une produit l’inégal déplacement
du centre optique de l’objectif et du centre du diaphragme portant les
fils, l’autre détermine, dans le fil horizontal, une courbure dont la flèche
varie avec l’état hygrométrique de Pair, lorsque les fils sont ceux des cocons
d’araignée. On voit déjà que la flexion peut varier d’une série à l’autre. Il
est encore un autre effet qui se confond sensiblement avec les précédents;
nous voulons parler des anomalies des réfractions provenant de ce que les
indications du thermomètre et du baromètre seraient insuffisantes pour re-
présenter les réfractions vraies; leur variation dans une faible amplitude de
distance zénithale ne se distinguerait pas aisément d’une variation propor-
tionnelle an sinus de cette distance. Par ces motifs, on a déterminé pour
chaque série un coefficient spécial de la flexion, et l'erreur de cette déter-
mination est, comme on va le voir, tout à fait insignifiante, eu égard à la
faiblesse de son coefficient dans l’expression de la latitude moyenne résul-
tant de chaque série. |
» Pour donner une idée de la précision de chaque observation en par-
ticulier, nous présenterons ici les valeurs de la latitude de Saint-Martin que
fournissent les étoiles observées le 28 septembre 1866, cercle à l’ouest:
Gr Cygne e, a 49.6.30,0 16 Pégase e. e ouonei 49:6:30,0
SUNRNe.. aa 30,8 pCéphée. . 30,
67 « Cygne. ........ 29,6 23 Pégase Rs RE 30,1
aCEpiée 5.502 T 30,1 agr’ Pégase. ......... 299
7448B.A.C.Cygne.. 29,7 24 Céphée.., /.....: 299
2Pépase::. car His 30,5 23e Céphée....... 30,5
BCéphée ..... 30,0 25 Géphée......+s.e. 30,7
O Pega era ne 29,9 Blésard..,...:+.1.. 30,4
7545 B.A.C.Céphée. 29,8
» La moyenne de cette série est 49°6/ 30”, 13 + 0”,06 ; à l'erreur probable
de cette moyenne répond une erreur probable de + 0”,24 pour unè obser-
vation isolée. Par là, on peut apprécier la faible part des erreurs acciden-
telles dans les observations. Les autres séries jouissent à peu prés de la
meme précision.
» Le tableau suivant contient les résultats fournis par chacune des séries.
(567)
L, y désigne la latitude de la station astronomique et f le coefficient de la
flexion.
Calage au Résultat de
1866. Cercle. nadir. Valeurs de L,. l'élimination de L,. f L, Moyennes.
49° 6"
Septembre 26 E 16°," 28,30-+0,09/ 1,08 /=+1,40 +1,30 (28,51)(* )} n
O 17 R 30,03+0,10 1,97 =-—2,26 —1,15 29,91 (29,21)
28. O 17 30,16+0,06 1,36 ——0,65 —0,48 30,13
E 131.772: $ 1180,00 0,73 =—0,26 —0,36 29,18 29,66
TEE E E - 28,79+0,10 1,29 =+0,82 +0,64 28,85 ;
p o mS 30,72—0,07 1,09 ——0,55 —0,50 30,75 29,80
Octobre, 7 O 15 229. 5 29,96—+0,12 1,47 —+0,58 +6,40 30,01 } ssi
E 14 30,06+0,02 1,00 ——92,26 —92,26 30,01 \
OE 16 29,73<+0,12 1,84 ——2,02 —1,10 29,60
.55 1 , ? } , ?
pon” »36+0,10 1,50 =—0,14 —o0jo9 30,35 | 9:97
io O 9 229.5 30,29+0,04 0,795 —=+0,32 +0,43. 30,31
Moyenne..... 49° 6’ 29”,86
» Pour tenir compte des observations faites, cercle à l’ouest, les 26 sep-
tembre et 10 octobre, et qui ne participent pas à la moyenne précédente,
nous grouperons nos résultats comme il suit :
Calage au nadir : 229°5/. Calage au nadir : 220955”.
Cercle. Cercle.
1866. 0. E. 1866. 0. E.
LA
Septembre, 26 29,91 A v ”
28 30,13 29 , 18 Septembre 30 30,75 28,85
Octobre... 7 30,01 30,01 Octobre.. 8 » 29,60
10 30,31 » 9 30,35 »
Moyennes... 30,09 29,60 Moyennes... 90,05 10,23
» On en déduit les deux moyennes suivantes, d’où les erreurs systéma-
tiques sont éliminées :
Calage au nadir. Latitude. Poids.
229. 5 49.629,84 2,67
220.55 29,88 . 2,00
Moyenne générale.. . 49.6.29,86 4,67
» Ce résultat, auquel ont concouru dix séries sur onze,s’accorde exacte-
ment avec celui obtenu plus haut en omettant trois de ces séries.
» Nous estimons que l’on trouvera, dans l’accord de nos déterminations,
(*) L'éclairage étant devenu tout à fait insuffisant vers le milieu de cette série, il a fallu
remonter la mèche de la lampe ; ce qui a pu vicier sensiblement la moyenne de la série :
€n ayant égard à cette série, la moyenne générale serait réduite de 0”, 13.
( 568 )
une preuve suffisante des avantages de la méthode suivie. Cet accord a sans
doute été favorisé par les conditions très-favorables de notre installation,
sous le rapport du facile renouvellement de l’air ambiant.
» En ajoutant à la latitude de la station astronomique. . 49°6/29",86
la réduction à l’ancien clocher de Saint-Martin-du-Tertre . . + 4,03,
on a, pour la latitude astronomique de lastation géodésique. 49°6'33”, 80.
Or la latitude géodésique de cette station est. . . . . . . . 49°6’36",20;
l'excès de la latitude astronomique sur la latitude géodésique
estion: NS A Re ee SE a
quantité correspondante à — 71", 4.
» Si l’on néglige la différence des attractions locales entre Saint-Martin-
du-Tertre et Paris, on trouve, dans ce résultat, une confirmation de la né-
cessité de diminuer de 2 secondes environ la latitude de Paris qui a été
adoptée par le Dépôt de la Guerre. »
THÉORIE DES NOMBRES. — Extrait d'un Mémoire sur la théorie des résidus
biquadratiques ; par M. Eu. Marno.
(Commissaires : MM. Liouville, Hermite, Serret.)
« Je me propose d'indiquer les résultats auxquels je suis arrivé dans
mes recherches sur la théorie des résidus biquadratiques fondée par Gauss,
et à laquelle ce grand géomètre a consacré plusieurs années de sa vie; ces
résultats sont extraits d’un Mémoire que je pense présenter bientôt à
l'Académie. |
» Il n’y a lieu de considérer le caractère biquadratique des nombres que
par rapport aux nombres premiers de la forme p — 4n + 1, lesquels sont
décomposables en la somme de deux carrés a? + b?; et comme il faut que
les quantités æ et b soient entièrement déterminées, et quant à la grandeur
et quant au signe, on suppose & impair et congru à l'unité suivant le mo-
dule 4, b pair et congru suivant le module p au produit de a par la
: P—1 i >. i ;
phone de la racine primitive prise pour base.
r
» Pour déterminer le caractère biquadratique d’un nombre quel-
conque N, par rapport au nombre premier p, on peut suivre une méthode
analogue à celle qui permet de trouver son caractère quadratique. On dé-
compose encore le nombre donné en ses facteurs premiers, mais On DE
regarde plus comme premiers ceux de l’arithmétique ordinaire, Car les
nombres premiers 4n + 1 sont regardés comme décomposables en deux
( 569 )
nombres premiers complexes conjugués. Et alors il suffit de chercher le
caractère des différents facteurs du nombre N par rapport à a + bi. On
ramènera ces opérations à d’autres s’effectuant sur des nombres primaires,
eton leur appliquera le théorème fondamental ( Theoria residuorum biqua-
draticorum, $ 67), théorème tout à fait analogue à la loi de réciprocité de
la théorie des résidus quadratiques.
» Mais Gauss indique une autre méthode pour déterminer le caractère
biquadratique d’un nombre N par rapport à un nombre premier 4n + 1,
qui a l'avantage de n’exiger que la décomposition du module en deux
carrés a? + b?, et dans laquelle on n’a, par suite, à rechercher que les
facteurs premiers ordinaires du nombre N.
» Gauss a, en effet, reconnu par induction que le caractère biquadra-
tique d’un nombre premier +q, prenant le signe Æ suivant que
; : b e Le
q= 4n + 1, dépend uniquement de la valeur de z (mod. q). Ainsi soient
i F
deux nombres premiers p =a + b’, p =a? + b”, pour lesquels à
soient congrus suivant le module q; + q a le même caractère par rapport
à p et à p'. Mais il ne nous apprend rien sur le moyen de reconnaitre
b ; : ; i
quels sont ceux des rapports — qui sont relatifs aux familles A et C ou B
a
et D, et qui indiquent si + q est résidu biquadratique, simple résidu ou
non-résidu.
4
» Je suis parvenu à résoudre complétement cette question, de sorte
que, d’après mes recherches, étant donné un nombre premier +q, il est
trés-facile de partager les rapports s relatifs à tous les nombres premiers
4n+1 en les quatre classes, et ma méthode serait fort commode pour
dresser des tables des caractères biquadratiques des nombres premiers. De
plus, il résulte de cette méthode un moyen très-simple pour obtenir le
Caractère d’un nombre premier donné par rapport à un autre seulement.
» Disons d’abord comment on peut distinguer les classes relatives à
`
À et C et les deux classes réunies ensemble relatives à B et D. Posons
a = (mod, q); Si 1 + &? est un résidu quadratique de q, + q appartient
aux familles A et G; s'il est non-résidu, il appartient à B et D. Si 1 + &?
est un résidu, représentons-le par °; toutes les fois que 2(e? + e) est lui-
meme résidu quadratique, +q appartient à A; s’il est non-résidu, +
appartient à C. ;
( 570 )
» A cela il faut ajouter que, si b=0, +q appartient à A, et que si
a=0, il appartient à À ou à B, suivant que q = Sh + 1 où 8n +3. Mais
le point le plus difficile est de distinguer les deux classes correspondantes
à B età D; cette distinction, utile en elle-même, est indispensable pour
reconnaître si un nombre composé est résidu biquadratique; car on ob-
tient son caractère en faisant, suivant le module 4, la somme des carac-
tères o, 1, 2, 3 de ses facteurs.
» Pour arriver à faire cette distinction, il né séparer les deux cas de
q= ne et de g= 4n+ 3.
» Supposons d’abord q = 4n + 1. Désignons par g une racine primilive
du nombre q, et soit ọ un des deux nombres qui satisfont à la congruence
°= — 1 (mod. q); mais, comme ce nombre doit être complétement déter-
gi
miné, nous posons ọ = g T désignons aussi par les lettres x, ĝ, , 0 les
p :
classes du rapport +- nt À ;: ON à
es du rapport => pour lesquelles q appartient à A, B, C, D;
1— gt
1 + gr?
io 1— gen! À ET
Reg Sir Ve er
o= pra
iE
formules dans lesquelles on aura à donner à e les valeurs o, 1, 2,..., nl
» On peut vérifier ces formules au moyen des tableaux de la Hoœhere
Arithmetik de Gauss (p. 96-99).
» Prenons pour exemple q = 17; faisons g = K; et nos formules donnent
les résultats indiqués par ce tableau :
g apparnont 4 4, 4 G Do, 10,
zs à B, B = 2, 14, 8, 6,
» p Quint es id HA 7.
» à D, RES D er eT
Ce sont en effet les nombres reconnus par Gauss au moyen de l'in-
duction.
» Supposons, en second lieu, q = 4n + 3, et c’est alors du caractère
de — q qu'il s’agit. Les Ean. précédentes ne sont plus admissibles, car
ọ serait imaginaire; mais on peut former celles qui sont applicables à ce
cas par analogie et d’après une considération semblable à celle qui a été
employée par M. Serret (Comptes rendus, 17 janvier 1859).
» Posons i = ÿ— 5, et soit h = r + si une racine primitive de la con-
gruence
zt! = 1 (mod. q);
(571)
on changera le signe de s, s’il y a lieu, de manière que l’on ait
q +1
Ti.
Les valeurs de x, 8, y, d sont données par les formules
E hiet: Ve he+2
. I — Afe+s
Pen? Lau E TTL EE res re
,1— ht
ei p=
qui sont réelles, quoique compliquées de quantités imaginaires, et dans les-
i — 3
quelles il faudra faire e —o, 1, 2,...,7<.
» Ces formules sont toujours celles qu’il faut employer dans les considé-
rations théoriques; mais, pour le calcul numérique de ces quantités, on
posera
HE aie
27? —I
et on substituera, dans l'expression
t+m
| 1— mt
t = 0, puis £ = m, puis le résultat m, de la substitution, puis le résultat de
la derniére substitution, etc.; on obtiendra une série de nombres qui repré-
sentera les nombres x. Soit c un nombre quelconque non compris dans
cette série; la même expression servira à former, de la même maniere, une
série commençant par c, comme la première par zéro; on obtiendra de
même deux autres séries, et on distinguera facilement celle qui appartient
aux nombres f, y ou d dès que l’on aura calculé un seul des nombres ĝ.
» Comme nous avons obtenu la loi complète qui distingue les quatre
classes, de laquelle Gauss a dit : 4t lex hujus distributionis abstrusior videtur,
etiamsi quaedam generalia prompte animadvertantur, on en peut déduire
comme corollaires tous les théorèmes du § 28 de la Theoria residuorum
biquadraticorum. »
MÉTÉOROLOGIE. — Observations thermométriques faites à Versailles pendant
l’éclipse du 6 mars 1867; par M. Bérieny. (Extrait. )
(Commissaires précédemment nommés : MM. Babinet, Faye.)
“ Jai adressé précédemment à l’Académie des observations de tempéra-
ture, faites à Versailles pendant l’éclipse de Soleil du 15 mars 1858, et des-
C. R., 1867, 17 Semestre, (T. LXIV, N° 41.) 76
(572)
quelles il résulte que le ciel s’étant alors trouvé presque privé de nuages, la
température a été presque proportionnellement en diminuant depuis le
commencement jusqu’au milieu de cette éclipse, et qu'à partir de cette der-
nière phase elle a augmenté graduellement.
» Cette année, il ma paru curieux de rechercher les résultats que pro-
duirait l’éclipse du 6 de ce mois, le ciel étant couvert et le vent nord-est. À
cet effet, j'ai observé de 7 heures du matin à midi, de demi-heure en demi-
heure, deux thermomètres, l’un situé à ombre, l’autre exposé à la lumiere
du jour, et voici les nombres que j'ai constatés.
er THERMOMÈTRE THERMOMÈTRE
à l'ombre. à la lumière du jour.
7h du Matin. rs a 0 r1 =y 0,5
7308 da mou: s: oa 0 — 0,5 F e
gh du matn.. -aae eu — 0,1 + 0,2
8b3om du matin. .........:..... Commencement à 8b 23m, + 0,9 + 1,Â
PE PU PTE RER TH :079 +1,5
030% du matna + ril +0,5
10 damain o Milieu à gb AO cure + 0,9 PLS
10h30 du matin. ............... + 1,9 + 3,0
RTS ne + 47 + 4,8
11h 208 du inétln ss. a Fin nb is ui + 2,5 + 2,4
M. de ne + 2,9 + 4,0
» En examinant ce tableau, on voit que la température du thermomètre
à l’ombre a en général baissé de 7 à 8 heures du matin, qu'elle a augmenté
proportionnellement depuis le commencement jusqu’à la fin de l’éclipse, et
que notamment, à 9" 30%, c’est-à-dire dix minutes avant sa plus grande
phase, il y a eu un maximum de température. On remarque aussi que le
même phénomène s’est à peu près produit pour le thermomètre exposé à
la lumière du jour.
» Mais, si la marche de ce thermomètre n’a pas été aussi régulière que
celle de l’autre, il faut attribuer cette irrégularité à quelques rayons de
Soleil påle, qui sont parvenus de temps en temps à percer la couche de
nuages.
» Il semblerait donc résulter de ces observations un phénomène inversé;
soit qu’une éclipse de Soleil ait lieu par un ciel découvert, soit qu'elle arrive
par un temps couvert; en d’autres termes, pendant une éclipse de Soleil
par un ciel serein, la température baisserait, tandis qu’elle augmenterait par
un ciel chargé de nuages. »
(573)
L'auteur croit pouvoir expliquer ces résultats par des considérations
théoriques qu’il soumet au jugement de l’Académie.
TOPOGRAPHIE. — Photo-graphomètre de M. A. Chevallier. Note
de M. J. Dunosco, présentée par M. Fizeau.
(Commissaires : MM. Regnault, Fizeau. )
« Le mérite essentiel de cet appareil est d’être automatique ; une fois
dressé, cet appareil inscrit de lui-même, sur le plan, les divers points que
l'objectif embrasse sur le terrain. Il s’agit d'observer mécaniquement, et
dans un temps régulièrement compté, les différents points d’un panorama
et de les inscrire au même instant sur l'écran d’où on les relèvera ensuite
par les méthodes usuelles.
» L'objectif est en tout semblable à ceux dont sont munies les chambres
noires ordinaires; il est dressé verticalement sur un plateau circulaire
qu'un mouvement d’horlogerie anime d’un mouvement régulier dans le
plan horizontal.
» L'objectif ayant sa tête dirigée vers les points saillants de l'horizon,
les faisceaux lumineux qui l’ont traversé sont déviés de 90 degrés par un
prisme à réflexion totale, et les images viennent se former sur le plan hori-
zontal,
» Le plateau qui porte l'objectif reçoit un mouvement de rotation
comme il a été dit ci-dessus, et à l’aide d'an régulateur on peut communi-
quer à ce mouvement trois vitesses progressives, selon la nature du pano-
rama à lever. ;
» L'écran récepteur est naturellement ici une glace collodionnée; elle est
maintenue fixée dans l’intérieur du disque obturateur dans lequel elle est
rigoureusement centrée, de telle sorte qu’en ouvrant au jour le centre
de Pob urateur, la lumière fasse tache au centre même de la glace sensi-
bilisée.
34 L'appareil est muni, comme on le conçoit du reste, des accessoires in-
dispensables aux instruments destinés à un tel usage : niveau, lunette,
boussole, etc. s :
» Si, sans autre précaution, on opérait par un mouvement de rotation
continu, les images qui se modifient à chaque instant se superposeraient
€S unes aux auires, et, la surface sensible les gardant toutes, il y aurait
confusion complète.
76..
( 574)
» Il était donc nécessaire de recourir à un dispositif tout à fait spécial;
c’est ce qui caractérise l’œuvre de l'inventeur.
» La totalité de la surface sensible est recouverte par un écran opaque,
dans lequel est ménagée une fente très-étroite, dont la ligne médiane passe
par l’axe de rotation et se trouve dans le plan vertical passant par laxe
optique.
» Tl est entendu que l'écran est entrainé par le plateau dans le mouve-
ment de rotation. Cette disposition permet d'appliquer le mouvement con-
tinu, et, lorsque l'appareil a fait une révolution complète, la surface sen-
sible indique matériellement et exactement les angles que font entre eux
et le point de station tous les points de l’horizon qui se sont présentés suc-
cessivement dans le champ optique de l'instrument.
» L'appareil est donc un véritable graphomètre écrivant ou grapho-
mètre photographique, selon l'expression propre de l'auteur.
» Dans certains cas, où l’on désirerait ne relever que des points isolés
sur un plan, l'opération par voie continue absorbant un temps qui serait
relativement trop considérable, on a combiné un mode opératoire qui per-
met de ne fixer que les points voulus : c’est ce que l’auteur indique sous le
nom de méthode par secteur fixe.
» Une condition importante restait à remplir pour compléter les avan-
tages dont cet appareil est susceptible : il est intéressant de surveiller l'objet
visé, s'il doit passer par plusieurs phases de changements d’état; alors il
faut, pour les saisir et les inscrire sur l’écran, que l'objectif soit fixe et
écran mobile. : :
» Cette condition est également remplie par le graphomètre photogra-
phique. |
» L'appareil de M. Chevallier a déjà fait ses preuves, et les photogra-
phies que nous avons l'honneur de soumettre à l’Académie, représentant
le plan du château de Pierrefonds, exécuté sous la direction de M. Viollet-
le-Duc, en sont, nous l’espérons, une preuve suffisamment manifeste. »
HISTOIRE NATURELLE. — Études sur la maladie psorospermique des vers à
soie. De la maladie observée dans l'œuf et chez l'embryon. Note de
M. Barsani, présentée par M. Robin.
(Renvoi à la Commission des vers à soie.)
« Dans‘ un travail présenté à l’Académie le 27 août dernier, j'ai essayé
de montrer que l'opinion qui consiste à attribuer à la maladie actuelle des
vers à soie une origine parasitaire est la seule qui s'appuie sur des preuves
( 575 )
positives, et j'ai fait ressortir, en outre, l'analogie que présentent les cor-
puscules qui doivent être considérés comme la cause de la maladie avec
les organismes microscopiques connus depuis Jean Müller sous le nom
de psorospermies. À mesure que j'ai pénétré plus profondément dans l'étude
de ces singulières productions, j'ai pu me convaincre de plus en plus de
l'exactitude de cette manière de voir, et j'espère réussir à la faire partager à
l’Académie, si elle veut bien me permettre de lui communiquer les faits
nouveaux que j'ai recueillis sur cette importante question depuis le premier
travail que j'ai eu l'honneur de lui soumettre. |
» Ayant pensé que la voie la plus sûre pour arriver à une connaissance
précise de cette affection redoutable était de remonter à la source même
du mal, placée, comme chacun le sait, dans la graine, j'ai résolu de re-
prendre ab ovo l'étude de cette question et d'examiner comment le germe
s’infecte à son origine, puis de suivre pas à pas la marche et les progrès de
la maladie à travers toutes les périodes du développement de l'embryon
jusqu’à l'éclosion. En effet, chez les jeunes chenilles que l’on examine
au sortir de l’œuf, la plupart des organes internes sont déjà plus ou moins
envahis par la production parasitique, de sorte qu'il n’est pas possible de
reconnaitre la manière dont celle-ci s’est propagée dans leur intérieur, et
encore moins de décider si, suivant le mode usuel des autres affections du
même genre, elle a d’abord apparu dans une partie déterminée du corps
avant de s'étendre au reste de l'organisme. Pour pouvoir éclairer cette
question, il importe donc de remonter jusqu'aux premières époques de la
formation de la larve et d'observer d’une manière parallèle le moment où
chacun de ses organes apparaît, et celui où les parasites se montrent dans
son intérieur.
» C'est cette recherche que je me suis décidé à entreprendre, tant sur
des œufs dont l’évolution suivait son cours normal à la température ordi-
naire que sur d’autres œufs mis en incubation à des degrés de température
plus ou moins élevés. En exposant ici les résultats auxquels J'ai été conduit
dans ces observations, mon intention n’est pas de faire l’histoire embryo-
génique du Bombyx du mürier: c'est une tâche que je réserve pour une
autre occasion; je me contenterai de donner une description sommaire de
ceux des phénomènes de cette évolution qui peuvent nous éclairer sùr la
Propagation des corpuscules parasites dans l'organisme de l'embryon.
» On sait, depuis les beaux travaux de MM. Cornalia, Osimo, et de
Plusieurs autres observateurs, que les corpuscules peuvent se rencontrer
dès le moment de la ponte dans les œufs qui proviennent de papillons ma-
(576)
lades, et qu’ils transmettent le germe de la maladie aux vers qui éclosent
de ces œufs (1).
» Si l’on cherche à se rendre un compte plus exact du siége que ces
organismes occupent dans l’intérieur de l'œuf, on reconnaît qu’ils sont
logés dans les grandes cellules vitellines qui en composent exclusivement,
à cette époque, le contenu, et où ils sont mêlés aux globules graisseux abon-
dants qui donnent à ces cellules la coloration blanchâtre qu’elles présen-
tent à la lumière directe. La connaissance de ce siége domine, comme on
le verra, toute l’histoire de la propagation de la maladie dans l’intérieur
du ver, dont la vie est ainsi frappée à sa source.
» De même que chez tous les autres insectes, le premier rudiment du
nouvel être se forme dans l'épaisseur de la vésicule blastodermique qui se
produit à la surface du vitellus, et se compose primitivement d’une simple
lamelle celluleuse ayant l'aspect d’un ruban étroit présentant une expan-
sion bilobée ou en forme de cœur à l’une de ses extrémités. Cette lamelle,
qui est appliquée contre le vitellus, n’est autre chose que le rudiment de la
région ventrale du corps avec les parties latérales de la tête du ver futur.
» Franchissant une longue période du développement embryonnaire,
transportons-nous immédiatement à une époque assez reculée de l’évolu-
tion. L'embryon s'est divisé en segments successifs, et les trois principales
régions du corps se sont différenciées par les appendices qui les caractéri-
sent. La bouche avec l'intestin antérieur, l'anus avec l'intestin postérieur
sont bien reconnaissables; mais il n’existe encore aucun vestige de l'intes-
tin moyen ou le futur estomac, non plus que de la paroi postérieure du |
corps. Là où celle-ci se formera plus tard existe une large excavation en
forme de gouttière dans laquelle pénètre le vitellus. Mais peu à peu les
deux bords opposés de cette gouttière, s'avançant à la rencontre l'un de
l’autre, tendent à diminuer de plus en plus l’écartement qui les sépare,
puis viennent à se rencontrer et à se souder intimement sur la ligne médiane
de l'embryon. La gouttière primitive s’est donc convertie de la sorte en un
canal complet qui n’est autre chose que la cavité du corps, et le côté par
lequel elle s’est fermée est le dos du futur animal. Mais, par suite de la
he ee A SE
(1) Les auteurs cités plus haut ont même fondé, comme on sait, sur cette observation un
mode d'investigation destiné à déceler la qualité de la graine, suivant qu’elle renferme où
non les corpuscules caractéristiques. Mais cette méthode n’a pas donné tous les résultats que
l’on était en droit d’en attendre. J'indiquerai dans un autre travail quelles sont les causes
d'erreur qui l’ont fait presque généralement rejeter aujourd’hui comme infidèle.
(577)
formation de cette cloison postérieure, la portion de vitellus qui proémi-
nait dans l’excavation de l'embryon se trouve emprisonnée et séparée de
la masse principale restée en dehors. Une paroi cylindrique s'organise
autour du vitellus intérieur et l’isole des parois embryonnaires, puis ce
cylindre se met en rapport avec les autres portions du tube digestif et re-
présente ce que l’on a nommé le sac vitellin, destiné pour la majeure partie
à devenir l’estomac du ver parfait (1).
» Aussitôt après que se sont passés les phénomènes qui viennent d’être
décrits, survient un changement remarquable dans la situation de lem-
bryon, changement par suite duquel celui-ci, après avoir exécuté une demi-
révolution autour de son axe, vient se mettre en rapport par sa face ven-
trale avec le vitellus.
» À l’époque qui nous occupé, l'embryon est encore blanchâtre et d’une
assez grande transparence. Grâce à ces caractères physiques, il est facile
de s'assurer que jusque-là les corpuscules parasites n’ont pas encore en-
vahi sa trame, et qu’ils sont restés confinés dans leur siége primitif, c’est-à-
dire dans les cellules de la substance vitelline où ils se sont activement
multipliés. Mais par suite de l'introduction d’une certaine quantité de
cette substance dans sa cavité alimentaire, le principe morbide y a pénétré
en même temps que celui destiné à le nourrir. Aussi l'invasion parasitaire
ne tarde-t-elle pas à faire des progrès rapides dans toutes les parties de
l'organisme du ver en voie de développement.
» En effet, à mesure que les substances albuminoïdes et graisseuses du
vitellus sont absorbées par les parois de l'estomac, pour les besoins de
l'accroissement de l'embryon, les corpuscules devenus libres se trouvent
en contact immédiat avec la membrane épithéliale qui tapisse la face interne
de cet organe. Ce tissu délicat ne leur oppose qu’une faible barrière; elle
est bientôt franchie, et on les trouve par milliers dans l’intérieur de ses cel-
lules où ils se multiplient d’une manière prodigieuse. Les autres portions
du tube digestif et ses principales annexes glandulaires, les vaisseaux
malpighiens, sont envahies de proche en proche et remplies de corpus-
cules. Les autres appareils organiques, tels que les muscles, le système
nerveux, la tunique péritonéale des trachées, les organes sécréteurs de la
en ee à
(1) Ce Partage du vitellus en deux portions, l’une intra et l’autre extra-embryonnaire, est
Probablement une particularité qui n’appartient qu’au développement des Lépidoptères, car
elle n’a encore été signalée dans aucun des autres ordres d’insectes où le vitellus tout entier
Passe dans l'intérieur de lembryon.
( 578 )
soie (1) ne tardent pas à l'être consécutivement suivant leur plus ou moins
grande proximité du centre qui a servi de point de départ à l'invasion.
Chez de petites chenilles près d’éclore, j'ai même plusieurs fois observé
leur arrivée jusque dans l’intérieur des éléments de la glande sexuelle, où
se trouvait ainsi déposé dès l’œuf le germe destiné à porter l'infection chez
les individus de la génération suivante.
» En raison de leur grande puissance de reproduction, les corpuscules
renfermés dans le vitellus primitivement contenu dans l'intestin suffisent et
au delà pour porter le mal jusque dans les points les plus extrêmes de
l'embryon ; mais comme s’il n'était pas déjà assez de cette source d’infec-
tion, celui-ci introduit sans cesse dans son intérieur de nouvelles quantités
de parasites en absorbant le vitellus placé en dehors de lui. L’intestin s’en
trouve bientôt littéralement rempli ; aussi en rencontre-t-on toujours des
masses considérables mélées au méconium noirâtre qui compose les pre-
miers excréments que le ver rejette après avoir quitté l’œuf. Ces excré-
ments, répandus dans la litière et sur la feuille qui sert de nourriture aux
vers, sont mangés avec celle-ci et constituent la principale voie d'infection
pour les individus demeurés jusqu’alors à l’état sain.
» Relativement à l'influence de la chaleur sur la marche de l'affection
parasitique, elle est la même que celle qu’elle exerce sur le développement
du germe. Des œufs que j’ai fait éclore en quelques jours, dans les mois
de janvier et de février, en les exposant à une température de 25 à 30 degrés
centigrades, renfermaient tout autant et souvent même plus de corpuscules
que d’autres œufs pris dans la même graine et qui, soumis à une tempéra-
ture plus basse, n’éclosaient que beaucoup plus tardivement.
» Dans une prochaine communication j examinerai les caractères de la
maladie chez les jeunes vers récemment éclos. »
M. F. Acnan» adresse de Saint-Marcellin (Isère) un Mémoire relatif aux
principes qui doivent diriger les sériciculteurs. L'auteur exprime le vœu
- . . . . b; 4
que l’Académie veuille bien formuler une opinion sur les questions qu'il
SR
(1) J'engage les personnes qui contestent la nature parasitaire de la maladie que nous
étudions à examiner les corpuscules dans l’intérieur des cellules des vaisseaux producteurs
de la soie. Grâce à la transparence et à la grandeur de ces éléments, elles pourront aisément
les y observer à toutes les phases de leur développement et se convaincre ainsi de l'exacti-
tude de la description que j'ai donnée de leur mode de propagation dans ma Note du
27 août 1866, et plus complétement dans le Journal d’ Anatomie et de Physiologie de
M. Ch. Robin, 1866; t. III, p. 602.
( 579 )
soumet à son jugement, avant louverture de la campagne séricicole qui
commence au mois d'avril.
(Renvoi à la Commission de sériciculture.)
M. Cuevreuz, à propos de la communication qui précède, présente les
remarques suivantes :
« Il serait désirable que la Commission des vers à soie recueillit des
échantillons de soie écrue et filée d’une dizaine de grammes, dont l’origine
fût parfaitement authentique, afin de les soumettre à des essais comparatifs
de teinture.. Voici pourquoi :
» Des essais comparatifs faits il y a quelques mois pour constater la qua-
lité de la teinture d’étoffes de soie d’un prix élevé ont eu pour résultat d’éta-
blir une grande différence entre ces étoffes quant à la qualité de la teinture.
» Ces différences reconnues comme réelles, on en a attribué la cause à la
mauvaise qualité des soies venues du Japon.
» Sur ma proposition, on a promis de m'envoyer des échantillons d'ori-
gine authentique de ces soies et des soies d’une antre origine, pour savoir
si l'opinion alléguée est fondée. »
» N’yaurait-il pas utilité, dans cet état de choses, que la Commission des
vers à soie se procuràt des soies de diverses origines, et encore des soies de
vers dont la maladie eût été préalablement déterminée, afin de savoir s’il y
a vraiment une différence entre elles, quant à l’aptitude à se teindre?
» J'ai toujours eu pour principe, dans le jugement à porter sur une matière
Première, de soumettre celle-ci à toutes les épreuves auxquelles elle sera exposée
dans les divers usages qu'on en fera, »
M. Harox pe LA Govrnuière adresse un Mémoire ayant pour titre :
« Recherches sur les centres de gravité ». |
(Commissaires : MM. Chasles, Delaunay, Bonnet.)
M. L. Larroque adresse un Mémoire « sur la formation de transition
supérieure observée dans le désert d’Atacama et dans la région des Cor-
dilléres des Andes ».
(Renvoi à la Section de Minéralogie, à laquelle M. Élie de Beaumont
est prié de vouloir bien s’adjoindre.)
C. R., 1867, 1° Semestre. (T. LXIV, N° 44.) 1?
( 580 )
M. J.-M. Baraz adresse un Mémoire « sur le vol des araignées, les fils
de la Vierge, etc. ».
( Renvoi à la Section de Zoologie.)
M. Crémeux-Micuez adresse une nouvelle Lettre concernant le médica-
ment anticholérique de feu le D' Daniel.
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
CORRESPONDANCE.
M. Le Mistre we La Maison pe L'Empereur Er pes Beavx-ArTs annonce
qu’il a donné des instructions pour que la somme de dix mille francs, accordée
par S. M. l'Empereur pour porter à 20 000 francs le prix relatif à la conser-
vation des membres par la conservation du périoste, soit versée entre les mains
du chef du Secrétariat
M. ce Mimisree pe L’Ivsrrucrion pugue autorise l’Académie à préle-
ver, sur les reliquats des fonds Montyon, la somme nécessaire pour com-
pléter deux mentions honorables, accordées par la Commission du prix de
Physiologie expérimentale. |
M. LE Dinecreur DU DÉPARTEMENT HYDROGRAPHIQUE, AU MINISTÈRE DE LA
MARINE IMPÉRIALE DE Sair-Pérerspoure, adresse à l’Académie un ouvrage
en langue russe, ayant pour titre : « Recherches hydrographiques de la mer
Caspienne », et renfermant la partie astronomique de ces recherches.
M. le Colonel sie Henry James, au nom du Secrétaire d'État de la
Guerre d'Angleterre, adresse à l’Académie un volume anglais ayant pour
titre : « Comparaison des mesures de longueur d’Angleterre, de France
de Belgique, de Prusse, de l'Inde et de l'Australie » , par le capitaine
A.-R, Clarke.
M. LE SECRÉTAIRE PERPÉTUEL DE L’ACADÉMIE STANISLAS, A NANCY, adresse à
? Là . F i TRS 7 A
l'Académie le volume des « Mémoires » de cette Société, pour l'annee 1865.
M. Le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Une brochure ayant pour titre : « Documents sur les tremblements
de terre et les phénomènes volcaniques des îles Aleutiennes, de la péninsule
d’Aljaska et de la côte nord-ouest d'Amérique », par M. Al. Perrey-
(485)
2° La « Revue de Géologie », pour les années 1864 et 1865, par MM. De-
lesse et de Lapparent.
« M. Érw ve Braumowr fait hommage à l’Académie, de la part de
M. À. Sismonda, d’un ouvrage récemment publié par lui en italien sous
le titre de Nuovi Osservazioni geologiche sulle rocce antracitifere delle Alpi
(Nouvelles Observations géologiques sur les roches anthracifères des
Alpes).
» Dans ce nouveau travail, le savant professeur de Turin s’est particuliè-
rement proposé de faire connaitre les faits qu’il a observés dans les excur-
sions qu'il a faites, en Tarantaise et en Maurienne, dansle coursdes dernières
années, particulièrement vers la fin de l'été de 1865. Il ya joint deux coupes,
dont l’une représente la superposition des trois principaux groupes des roches
anthracifères entre Saint-Jean-de-Maurienne et Saint-Michel, et l’autre la
disposition correspondante, mais inverse, des mêmes couches dans la crête
que doit traverser le tunnel du chemin de fer commencé entre les Fourneaux,
près Modane, et Bardonnèche, et déjà creusé dans la moitié environ de sa
longueur. Les gisements nouveaux de fossiles que M. Sismonda a rencon-
trés, les observations fines et délicates qu’il a faites sur la stratification des
couches et sur leur état de métamorphisme plus ou moins avancé, ne l'ont
pas conduit à rien changer d’essentiel à sa manière, depuis longtemps con-
nue et exprimée dans sa Carte géologique du Piémont et de la Savoie (1),
de classer les terrains de ces contrées et d'interpréter les bouleversements
et les altérations dont ils portent l'empreinte. »
L'Académie reçoit des Lettres de remerciments de divers auteurs aux-
quels elle a décerné, dans sa séance publique du 11 de ce mois, des prix
ou des encouragements. Ce sont : MM. Tresca (prix de Mécanique, fon-
dation Montyon); BrocnarD (prix de Statistique, fondation Montyon );
Gavin (prix Trémont); Marey (l’un des prix de Médecine et de Chirurgie,
fondation Montyon); J. Lemaire (citation très-honorable dans le Rapport
relatif aux prix de Médecine et de Chirurgie, fondation Montyon); Sénior
(grand prix de Chirurgie); GaziBErT (mention très-honorable dans le Rap-
Port sur le concours relatif aux Arts insalubres); Bauprimonr et J. Worms
(1) L'Académie a reçu cette Carte dans sa séance du 12 mai 1862. (Voyez Comptes
rendus, t, LIV, p. 1034.)
77e
(909 )
(citations très-honorables dans le Rapport relatif au legs Bréant); LALER
(encouragement de cing cents francs sur les fonds du prix Barbier); Roze
(prix Desmazieres).
ALGÈBRE. — Sur les formes binaires du sixième degré. Note de MM. Czesson
et Gorpaw, présentée par M. Hermite.
« Soit
u= ai + 6bx5y +15cxy? + 2odx y? +15ex? y' + Gfxy" +87"
une forme binaire quelconque du sixième degré. Désignons par k le cova-
riant du quatrième ordre, que M. Cayley a déjà formé (Mem. upon Quanties)
2
jis I d'u d'u Í d'u d'u 3 d'u i
— 21600 | dzx' dy‘ * dædy dxdyt due met SEE,
= ax + Bay + 6yr’ y? + 4AdxY° + ey".
Alors on forme un covariant du second ordre en combinant u et k, savoir :
Door: dé dipl" Ed dk
E 864 Er dy‘ dædy dædy DE dx° dy? dx? dy? der
En partant de ce covariant, on obtient une série de covariants du second
degré par les formules
1 (g: d?l d'k d'l d?k ge
?
m= = | — —— — 2 = > + — —
SN de de cd bo de de
I p d? m d’k dm d? k dm
n=—|(— 5 1h a ;
24 \ da’ dy? dx dy dx dy dy? dæ
PR RU T EN a où dit OU QU a OT OU De a ON a S A aa CN NS S A a, D, e fe a E E rA ee
» Il est digne de remarque que le n°" covariant de cette série est une
fonction linéaire du (n — 2)°"e et du (n — 3)°".
» Nous prenons pour invariants fondamentaux les suivants, dont les
trois derniers sont différents de ceux qu'ont introduits MM. Cayley €t
Salmon :
A = ag — 6b + 1 5ce — 10d°,
B = ge — 4d + 37,
a B 7
Lu + È
yari E
( 583)
Il convient, de plus, d'introduire les combinaisons
E—2D— Ac Í AB + ÉRC, F=3AD — 2° ABC — À ve Te $p,
Au moyen des invariants A, B, C, D, le déterminant de la fonction
| = + um+un
s'exprime comme voici. Posons
d? d'y Aaa
TE y — ? ) |= AnH Amdan F2 À mm b H2 Amn uvt Anny;
dx’ dy? dx dy
alors on a
An = 2C + ŽAB, Aan = 4C? + 2$ ABC + db,
CS D, A = L,
À = BD + 5 Bag BMS ko fp 4AC.
L'invariant du degré impair 15 est
d'il. d?l d?l
dx dx dy dy?
1 d?m dm d'm
D | a ‘drdy dr°
d'n dn d'n
dx? dx dy dy?
Pour exprimer R? au moyen des invariants À, B, C, D, on a
Az A An
RS | Am Anm Am | = (Z BC- 9D) E (3 B+18AC) EF— 18CF°.
An Anm Apn
Les déterminants partiels du déterminant R? deviennent
By = (BD + 5 B? C) E + (B+12ABC+12C)F,
Și (48C — :D)E — ra AOF,
Ban = 3CE + BF,
Bd 3 BE + 6CF,
Bn
Byn
(Bc — žb) E — (B? +12AC)F,
2C (3 CE + BF).
ll
( 584)
Le discriminant de x est
LE do... 6 à. is a
» Nous nommons forme type l'expression de x par trois covariants du
second degré, définition applicable aux formes binaires d’un degré pair
quelconque > 4. Au lieu d'une équation «u = o du degré 27, on a alors
une équation du degré n et une relation du second degré qui existe entre
les trois covariants choisis et qui est remplie identiquement par leurs
expressions.
» La relation identique qui a lieu entre les covariants l m, nest
o = By l? + Bmm M? € Bon + 2 Byn MN + 2 Bu nl + 2 Bim Im
= E [ ($ BD + 58°C) + (48c — SD) m
+ 3Cn° + À B°mn + 12C? lm + (2BC — 3D) In|
+ F [ (B? + 12 ABC + 120?) P — 12ACm? i
+ Bn? + 12Cmn + 4 BClm — 2 (B? + 12BC) ln].
En même temps, on obtient pour R?4 l'expression suivante, dont les coef-
ficients sont d’une simplicité remarquable :
Puser |- 8C — Cm? + n? + (2D — 7EC) Pm
— 2B? lm? — a Bln? + Bm°n — 6Clmn
+ 3F [(B°+12AC) l? m — 4Cl?n — 4Clm° + mr? — 2B/mn|.
» Une autre forme type sera obtenue en introduisant, au lieu de /, m, M
les fonctions /, m et le covariant
o x ‘dl dm dm di
=y ne nt)
dx dy dæ dy
Alors la relation identique prend la forme simple
3? = — (Anm? — 24m lm+ Am),
pendant que l'expression de u en /, m, & est donnée par l'équation
D aRS [4E9 + B,,(2m° — 4Alm) + r|
+ 4S [(588,.+ B) E/ + (EB,, — FB) m |
+ $ Bun (Bul + Banm) (m — alma + 5)
— 3 Ban |2 ACP + (AB — 1C)Em — É Im + Am |:
( 585 )
» Ce résultat est d'importance dans le cas R= o, où les racines de
l'équation x = o forment un système en involution (Salmon). Alors la
formule ne contient que le carré de 9, et, en éliminant cette fonction,
on obtient B,# comme fonction cubique de Z et m seuls. Donc on à le
théorème :
» En supposant R = o, l'équation u = o sera réduite à une équation cubique
Pr +3Qr?+3Sr+T—o,
à l’aide de la substitution
si nous désignons par :,, z,, Z, les racines’ de cette équation, les facteurs quadra-
tiques de u seront
m-i, m— ni i—i.
~
D'ailleurs, comme on a pour z = Z;
asg — IV—(A, 7? jus 2 Ån Zi og Are):
on trouve, en joignant à cette équation l'équation m = z;/, les quantités
x°, £Y, V? proportionnelles à des quantités données, de manière qu’il n’y a
plus besoin de résoudre une équation quadratique.
» Aucune des formes types qu'on a données ci-dessus n’est possible
lorsque B,, et R s'évanouissent tous deux. Alors il faut distinguer les deux
cas suivants. On tire de l'équation B,, = o l’invariant D comme fonction
rationnelle de A, B, C; mais entre ces quantités pourront avoir lieu deux
relations différentes :
r es ; ; : :
» 1°? C? —— =o. Dans ce cas l'équation u a une racine triple ,
7
‘équation x = o contient la même racine deux fois, l= o et m = o une
fois. Réciproquement, lorsque u a un facteur linéaire triple, cette condition
Sera toujours remplie. :
PC AAC JA a + í Bs o(E = 0, P = 0) Alors
la fonction u est le produit d’une forme quelconque + du quatrième ordre,
el d'une des trois fonctions quadratiques dont les carrés sont des combi-
naisons de ? avec son Hessien. De plus, cette fonction quadratique n’est
Pas différente de l, donc ¿est facteur de u. Réciproquement, les conditions
“raie seront toujours remplies lorsque u se compose comme on vient de
e dire,
» Ces théorèmes n'auront d’exceptions que lorsque l et m ne dif-
( 586)
férent que par un facteur constant, ou lorsqu'une de ces fonctions s’éva-
nouit.
» Lorsqu'on a m =£.l, £ étant une quantité constante différente de
zéro, la fonction u sera réduite à la forme
punen 6 3 3 6
u=pæt+20q y reS
en introduisant comme variables les facteurs de / (la fonction l ne peut pas
être, dans ce cas, un carré parfait). Cette forme de u supposée, on a tou-
jours m = £. l. :
» Lorsqu'on a m = o, le covariant l s'évanouit aussi. Alors deux cas diffé-
rents pourront avoir lieu. Dans l'un de ces cas u sera de la forme x&° + 7°;
dans l’autre l'équation # = o aura une racine quadruple. Dans les deux cas
on a toujours l= o. |
» Lorsque enfin c’est déjà le covariant # qui s’évanouit identique-
ment, il faut aussi distinguer deux cas. Dans l’un de ces cas 4 est une
sixième puissance; dans l’autre la fonction u est le covariant du sixième
ordre d’une fonction biquadratique ọ, et dans les deux cas le covariant
r s'évanouit toujours. Dans le dernier cas, la résolution de l'équation u = 0
revient à l’équation cubique
az? — 3cz? + 3ez — g = 0.»
ALGÈBRE. — Mémoire sur la résolution algébrique des équations;
par M. Camie Jorpax (*).
Hi.
« Les groupes primitifs dont la détermination fait l’objet de ce nouveau
problème s’obtiennent comme il suit :
» Distinguons les p” lettres les unes des autres au moyen
indépendants x, y,..., convenablement choisis, et variant ch
à p — 1; désignons par la notation suivante
de n indices
acun de ©
ep (mi ya)
J (ar...)
la substitution qui remplace en général la lettre dont les indices sont 2, J”
(*) Voir le Compte rendu du 11 février 1867.
( 587)
par celle dont les indices sont ọ (æ, y,...), mod. p, Y(x, y,...), mod. p, ….
Chacun des groupes cherchés résultera de la combinaison des substitutions
de la forme
£ +a
rarr ù À
où x et Ê sont des entiers constants, avec un autre groupe partiel I, dont
toutes les substitutions ont la forme linéaire
X ax + by..
a, b,...,a', b',... étant des entiers dont le déterminant soit Zo, mod. p; il
contiendra évidemment p”B substitutions, B étant le nombre des substitu-
tions de I.
» Il s’agit maintenant de construire ces groupes partiels I, auxquels nous
donnerons le nom de groupes primaires.
» Pour cela, décomposons de toutes les manières possibles l’exposant z
en deux facteurs : soit n — Àn, une de ces décompositions; partageons les
indices en } systèmes x, L'ye., Xi À, _,..., Contenant chacun n, indices.
Formons : 1° d’une part, un groupe A dont les substitutions permutent les
Systèmes entre eux en remplaçant les uns par les autres les indices corres-
pondants, les déplacements d'ensemble des À systèmes formant d’ailleurs
Un groupe transitif, résoluble et général; 2° d'autre part, un groupe T dont
les substitutions laissent tous les indices invariäbles, sauf ceux du premier
système, qu'elles remplacent par des fonctions linéaires de ces mêmes in-
dices, et Par rapport auxquels elles forment un groupe résoluble primaire
e: simple (c’est-à-dire tel, que les z, indices qu’il contient ne puissent être
répartis en sous-systèmes tels que toutes les substitutions de F remplacent
les indices d’un même sous-système par des fonctions linéaires des indices
‘un même SOus-système ).
» Soient respectivement C et D les nombres de substitutions de T et de A :
le Sroupe qui résulte de la combinaison de ces deux-là, et qui contient
à PESR ; 1
Sa substitutions, sera Pun des groupes cherchés I; réciproquement, en
aisa
nt varier les facteurs } et n,, puis la forme des groupes A et T, on ob-
C. R., 1867, 17 Semestre. (T. LXIV, No 44.) 78
( 588)
tiendra une suite de groupes essentiellement généraux et distincis (*), qui
épuiseront la série des groupes I.
On pourra donc répartir les groupes I en classes, suivant la décompo-
sition du nombre n en deux facteurs à laquelle ils correspondent. Chacune
de ces classes pourra elle-même être subdivisée suivant la nature des
groupes A et T, à la détermination desquels tout se ramène.
» Mais si l’on sait déterminer d’une manière générale les groupes simples T,
le problème pourra être considéré comme résolu : car A est un groupe de
substitutions entre À choses résoluble, transitif et général. En cherchant à
le déterminer, on retombe donc sur le problème initial, mais avec une réduc-
tion très-considérable dans le nombre des lettres : on pourra ensuite faire
subir au problème un nouvel abaissement, et arriver ainsi très- rapidement
à la solution complète.
» Le problème se ramène donc au suivaut :
Déterminer tous les groupes primaires et simples les plus généraux entre
p™ lettres ( p étant premier).
IV..
» Sin, = 1, il wexiste qu’un seul groupe primaire simple et général, con-
tenant toutes les substitutions linéaires. =
» Si n,>1, il n’en est plus ainsi en général : posons dans ce cas
ni = YT Ti... T, Ti,- étant des nombres premiers égaux ou non qui di-
visent p”— 1, et dont l’ordre est indifférent; chacun des groupes simples
cherchés correspond à à une décomposition de cette espéce = et P se
construire comme nous allons l'indiquer.
» Soit d’abord n, = v, r°r%... se réduisant à l’unité. Désignons par !
une racine me d’une congruence irréductible de degré y, et posons
T+iy+...+i 'z=u, et en général x -+ i” y... + i0797" z = u, : OÙ
obtiendra les substitutions du groupe simple cherché en combinant en-
semble : 1° une substitution f, remplaçant x, 7,..:,2 par des fonctions
linéaires de ces indices telles, qu’elle remplace respectivement Uy., Ur:
par au,.…, OPU... a étant une racine primitive de la congruence
ie VE TUT
(*) Ceci souffre une exception : dans le cas particulier où p™ se réduit à 3 ou à 5, on doit
exclure dans la construction qui précède ceux des groupes A qui correspondent à une décom-
position de À en facteurs dont le dernier soit égal à 2 : car les groupes qu’ils servent à former
cesseraient dans ce cas d’être généraux.
(**) Dans le cas particulier où p — 3 on devra exclure, dans cette construction, comme
ne fournissant aucun groupe général, toutes les décompositions dans lesquelles » = 2:
( 589 )
aP”-'=1, mod. p; 2° une substitution M remplaçant en général u, par tipy,
Ces substitutions peuvent être représentées par la notation suivante :
Feist a u,.|, M = |u, lirai |
et le groupe formé par leur combinaison contient ( p” — 1)» substitutions.
» Soit en second lieu r°r*...>1. Prenons arbitrairement un système
de yr°r°… fonctions des indices x, y, qui soient distinctes, c’est-à-dire
ne soient liées entre elles par aucune relation linéaire : représentons-les
respectivement par
x x SES dm
A EEE ED SE Ne RE et
E, n... étant des indicateurs (*) en nombre c variables chacun de o
ànr—1; ë.. des indicateurs en nombre çc, variables chacun de o à
Tı — I, etc. Posons en général
ce À p'Y! (»—1)p" Sai:
lés nsee 8,1, = X; NIe pat Kk E La X; es Šape
i étant une racine d’une congruence irréductible de degré v.
» Cela posé, la détermination de chacun des groupes cherchés peut se
ramener, comme nous l’avons indiqué, à celle d’une suite de groupes par-
tiels successifs F, G, H,.... Le premier de ces groupes partiels, F, est formé
par les substitutions qui multiplient en général la fonction [E, 1,..., &,,...]
para? , a étant une fonction entière quelconque dei, variable d’une substi-
tution à l’autre. Le symbole général des substitutions de F sera donc le
suivant :
| res LP EEE) PTS RÉ aP [E, Ps.) FE à | °
» Les substitutions du groupe simple cherché devant être permutables
à F, et de plus remplacer toute fonction réelle des indices x, y,..., z par
une fonction également réelle, seront de la forme générale
SE Le al ne LE PRES
nd R b;
le signe de sommation >> s'étendant à tous les systèmes de valeurs /,m,..., L,,..,
p étant un entier constant, et les diverses quantités représentées par le sym-
Rte eue acte
(*) Nous emploierons ce terme au lieu de celui d’irdices, qui est déjà raid pour dési-
gner autre chose, et qui pourrait amener de la confusion.
78.
( 590 )
bole général aus étant des fonctions entières de i, dont les coeffi-
cients sont des entiers constants.
» Cette forme est déjà bien plus restreinte que la forme linéaire la plus
générale; cependant elle contient encore habituellement des substitutions
étrangères au groupe cherché.
» La détermination du second groupe partiel G va nous permettre de
serrer le problème de plus près. »
GÉOMÉTRIE ANALYTIQUE. — Des surfaces du second degré ayant une méme
intersection. Note de M. Aovsr, présentée par M. Le Verrier.
« I. De la puissance d’un point par rapport à une surface du second degré.
— 1. Si d'un point M, extérieur à une surface du second degré, on mène
une tangente MT à cette surface, le demi-diamètre conjugué OT de cette
tangente, et le demi-diamètre conjugué OA du plan de ces deux droites,
les extrémités de la ligne brisée, M, T, O, A, sont les sommets d’un tétraèdre;
j'appelle puissance du point extérieur M, par rapport à la surface, le volume
de ce tétraèdre. Si d’un point M, intérieur à une surface du second degré,
on mène une demi-corde MT, le demi-diamètre conjugué OB de cette
demi-corde et le demi-diamètre conjugué OA du plan de ces deux droites,
les extrémités B, T, O, A de cette ligne brisée sont les sommets d’un té-
traèdre; j'appelle puissance du point intérieur M par rapport à la surface
le volume de ce tétraedre.
» 2. La puissance d’un point extérieur M est constante quelle que soit
la direction de la tangente MT; la puissance d’un point intérieur M est
constante quelle que soit la direction de la demi-corde MT.
» 3. Le lieu des points dont les puissances par rapport à deux surfaces
du second degré, semblables et semblablement placées, sont entre elles
comme les aires de deux sections diamétrales parallèles de ces surfaces, est
le plan qui contient une des courbes d’intersection de ces deux surfaces.
» 4. Le lieu des points dont les puissances P et P’ par rapport à deux
surfaces du second degré quelconques, et situées d’une manière quelconque,
sont entre elles dans un rapport constant, est une surface du même degré
passant par l'intersection des deux surfaces données.
» 5. Si deux surfaces du second degré sont telles, que l’une soit circon-
scrite à l’autre suivant une courbe de contact, le lieu des points dont les
puissances P et P’ par rapport à ces deux surfaces sont dans un rapport
constant est une surface du seeond degré ayant avec les deux précédentes
la même courbe de contact
(591 )
» 6. Si une surface du second degré est inscrite dans une surface du
même degré, la puissance d’un point quelconque de la premiére par rap-
port à la seconde est dans un rapport constant avec la distance de ce point
au plan de la courbe des contacts. j
» 7. Si une surface du second degré coupe une autre surface du même
degré suivant deux courbes planes, la puissance d’un point quelconque de
la première par rapport à la seconde est dans un rapport constant avec la
moyenne proportionnelle aux deux distances de ce point aux plans des deux
courbes d’intersection.
» IT. Du rapport spécifique. — 8. J'appelle rapport spécifique d’un point
relativement à deux surfaces données, le quotient que l’on obtient en divi-
sant le rapport des puissances de ce point relativement aux deux surfaces
par le rapport des volumes des parallélipipèdes construits sur les trois axes
des deux surfaces. s
» 9. Lorsque les deux premières surfaces S, S’ sont données, ainsi que
le rapport spécifique, ce rapport détermine une troisième surface S”, passant
par l'intersection des deux autres; mais lorsque l’on donne la surface S
et la surface S”, et que l’on veut déterminer le nombre des surfaces S’ telles,
que le rapport spécifique d’un point quelconque de la surface S” par rap-
port aux surfaces S et S’ ait une valeur donnée, on trouve que ce nombre
est égal à 4.
» 10. Il y a quatre surfaces du second degré S',, S, S,,S, telles, que le
rapport spécifique d’un point quelconque d’une surface donnée S” du
second degré, relativement à une surface aussi donnée S et l’une quel-
conque des quatre précédentes, conserve la même valeur.
» 11. Par l'intersection de deux surfaces du second degré S et S”,
passent une infinité de systèmes de quatre surfaces du second degré telles,
que, pour chaque système, le rapport spécifique de l’une des deux surfaces
données relativement à l’autre et à l’une quelconque des quatre du système
T constant. Ces différents systèmes de quatre surfaces forment deux
series; dans la première les quatre surfaces d’un système, dans la seconde
deux au moins des quatre surfaces d’un système, ont leur centre réel.
Toutes les surfaces de ces différents systèmes sont liées entre elles et avec les
deux proposées par ce caractère qu’il existe une combinaison de six tétraë-
dres conjugués, chacun à chacune de ces six surfaces, ayant entre eux trois
sommets communs.
» 12. Un des systèmes de ce faisceau de surfaces est remarquable : c’est
celui qui Correspond à la valeur nulle du rapport spécifique; ce système
appartient à la série dont chaque système renferme quatre surfaces ayant
( 592)
le centre réel, et il donne les quatre cônes de M. Poncelet. Le théorème
dû à ce savant géomètre n’est qu'un cas tout particulier du précédent.
» 13. Un faisceau de surfaces du second degré ayant même intersection
est tel, qu’il existe pour toutes les surfaces du faisceau un systéme de dia-
mètres conjugués parallèles.
» LIL. Du plan tangent. — 14. Un faisceau de surfaces du second degré
ayant même intersection est tel, que les plans polaires d’un point par rap-
port aux différentes surfaces du faisceau ont même intersection.
» 15. Cette propriété donne la construction du plan tangent en un
point d’une surface du faisceau.
» 16. Si la sphère est une des surfaces du faisceau, et que l'on mene par
le centre de cette sphère un plan normal à une autre surface du faisceau
en un point M, ce plan est le lieu de toutes les perpendiculaires menées de
ce point sur les plans polaires du point par rapport aux autres surfaces.
» 17. Si l’on considère les quatre surfaces d’un système, correspon-
dantes à une même valeur du rapport spécifique de la surface S” par rap-
port à la surface S, et à l’une des quatre du système, et qu'on prenne à
partir du point M, situé sur la surface S”, dans la direction des perpendicu-
laires aux plans polaires du point M par rapport à ces surfaces, des dis-
tances MB,, MB,, MB,, MB, égales aux distances des centres des quatre sur-
faces aux plans polaires correspondants, les quatre points B,, B2, Bs, B, sont
situés sur une même circonférence de cercle tangent à la normale au
point M.
» 18. Si l’on construit les quatre points de chaque système de quatre sur-
faces d’après la règle du numéro précédent, ainsi que les cercles déter-
minés par chaque système de quatre points, tous ces cerèles sont situés
dans un même plan et tangents entre eux et à la normale au point M.
» IV. Des rayons de courbure. — 19. Soient un faisceau de surfaces du se-
cond degré ayant même intersection, et un point M pris sur une des sur-
et les
e au
faces du faisceau : si lon mène une section normale à cette surface,
demi-diamètres des autres surfaces du faisceau parallèles à la tangent
point M à la section normale, ainsi que les plans polaires du point M P#
rapport à chaque surface; si l’on prend, à partir de ce point, et perpendi-
culairement aux plans polaires, des troisièmes proportionnelles aux demi-
diamètres et aux distances correspondantes des plans polaires aux centres
des surfaces, les extrémités de ces droites et le centre de courbure de la sec-
tion normale faite dans la première surface sont en ligne droite.
» 20. Ce théorème donne la construction du rayon de courbure d’une
section normale quelconque faite dans une des surfaces du faisceau. ?
( 593 )
MÉCANIQUE MOLÉCULAIRE — Note sur la force contractile des couches
superficielles des liquides; par M. Aru. Dupré.
« Précédemment, j'ai fait à l’Académie plusieurs communications, en
partie relatives à la force de contraction des couches superficielles des
liquides; cette force, introduite depuis longtemps comme hypothèse dans la
science, explique aisément beaucoup de phénomènes difficiles à comprendre
sans elle, et on souhaitait généralement la preuve de son existence,
M. Vander Mensbrugghe, répétiteur à l’Université de Gand, vient de faire
paraitre une brochure dans laquelle il attribue à M. Lamarle le mérite
d'avoir, le premier, fourni cette preuve, me laissant celui de la découverte
de la cause et des vérifications expérimentales. Je ne puis accepter la part
qui m'est ainsi faite, parce que le raisonnement de M. Lamarle, quoique
spécieux, est inadmissible et laisse la question dans l’état où elle se trouvait
avant sa publication. Voici comment s'exprime ce savant, dans un beau tra-
vail dont la valeur reste entière, puisque l'existence de la force contractile
n'est plus douteuse aujourd’hui : |
« Soit une masse liquide M soustraite à l’action de la gravité, libre d’ail-
leurs et affectant, en conséquence, la forme sphérique.Si nous désignons
par ele rayon d'activité de l'attraction moléculaire, et par R + e le rayon
de la masse M, on sait qu'en s’en tenant aux circonstances principales
du phénomène, on peut considérer cette masse comme composée de
deux Parties distinctes, dont l’une sert d’enveloppe à l’autre et la presse
uniformément. On sait, en outre, que l'épaisseur e de l'enveloppe est né-
sligeable par rapport à R, et que la pression exercée sur la partie enve-
loppégest représentée, pour l'unité de surface, par le binôme
>
B
À +
À et B étant des constantes qui dépendent de la nature du liquide consi-
déré.
=x
» Imaginons qu’on coupe la sphère M par un plan diamétral P, et qu’on
supprime l’un des deux hémisphères ainsi obtenus. L'équilibre préexis-
tant ne sera pas troublé si l’on solidifie l’hémisphere conservé, et qu’on
” applique en chacun des points du plan P une force égale à la force
élastique que l'hémisphère supprimé exerçait normalement en ce point.
» Distingnons dans la section P, d’une part, le cercle de rayon R,
» d'autre part le segment annulaire qui enveloppe ce cercle et s'étend au
» delà jusqu’à la distance très-petite e. La force élastique développée, pour
» l'unité de Surface, en chacun des points du cercle au rayon R, a évidem-
>
>
( 594 )
: : Boar ome ,
» ment pour mesure la pression transmise À + z > diminuée de l'attraction
» moléculaire À exercée par l'hémisphère supprimé sur l’hémisphére
» conservé. Il s'ensuit que la résultante des forces à appliquer sur la pre-
» mière partie de la section P est une pression normale ayant pour
» mesure
B
nR? = =7RB.
» Mais, d’un autre côté, l'équilibre subsiste. Il faut donc que la résultante
» des forces à appliquer sur le segment annulaire soit égale et contraire à
» la précédente. Cela revient à dire qu’il y a tension superficielle, puisque
» autrement les forces élastiques correspondantes au segment annulaire
» n’agiraient point en sens inverse des autres et ne pourraient pas les équi-
» librer. »
» Dans cette démonstration, c’est à tort que M. Lamarle solidifie l'un
des hémisphères; cela le conduit à supprimer implicitement des forces qui
se font équilibre à cause de Ja rigidité, mais qui, dans le système réel, ten-
dent à déformer cet hémisphère et produisent, sur la portion 7R? de la
: B ui : ;
base, des pressions p Par unité de surface. La conclusion est appuyée sur
l'absence de ces pressions; elle n’est pas valable, puisqu'elles existent de
fait et qu'on n’a pas le droit d'en faire abstraction. Dans l'étude d’une distri-
bution de forces en chaque point d'un corps, il n’est pas permis de rendre rigide
une portion qui n’est pas séparément en équilibre, et de supprimer les
forces qui s’entre-détruisent à cause de la rigidité, puisqu'on altère ainsi la
distribution réelle des forces sur la surface de séparation, c'est-à-dire la
chose même qu’il s’agit d'étudier. :
» M. Lamarle part des résultats de Laplace; mais la méthode employée
par ce géomètre illustre ne donne que la pression normale, parce qu'on
y néglige les composantes tangentielles; les ayant supprimées comme ineffi-
caces, il n’est plus possible d’arriver à la tension superficielle. Quant à la
pression normale, si, allant plus loin que Laplace dans la voie qu'il a suivie,
on examine la valeur de l'intégrale définie qu’il a désignée par la lettre H,
on trouve qu'elle est bien la même que celle de la force de réunion. Ainsi,
la théorie nouvelle est plus satisfaisante parce qu’elle est complète ; malis
elle s'accorde avec la théorie ancienne, dans toutes les questions qui n'ont
pas un rapport nécessaire avec la force de contraction des couches super”
ficielles liquides, ou avec l’inégale attraction des corps de composition cpl:
mique différente, »
MÉTÉOROLOGIE. — Tableau des résultantes d'observations des étoiles
période de vingt années (1846-1866), adressé par MM. Covrvier-
( 595 )
filant
es pendant une
GRAVIER et CHAPELAS-
Coucvier-GRAvIER, comme suite à leur communication du 4 février dernier.
6 :
4e pan ù
(2 à
4 ESE(E-ESE) $ 8 ESE (SE-ESE)
MOYENNES,
0
8 ENE (E-ENE)
4 E(E-ESE)
(SE-ESE)
4 SSE (SE-SSE)
DU 1°T SEPTEMBRE AU 31 DÉCEMBRE.
HEURES HEURES
MÉTÉORES. es RÉSULTANTES. MOYENNES. MÉTÉORES. es RÉSULTANTES,
observat. observat.
h h| o h| o
Globes 6 à 10 | 2 ESE (SE-E-SE a 6 à 10 |3 NE (NE-ENE)
ma erna SSE-S 3 S (S-SS0) 3 grandfiro à 2 |7 ESE (E-ESE)
2à G | 5 SO (SSO-SO) 2 à 6 | 3 SSE (SSE-SE )
Étoiles 6 à 10 | 2 NE (NE-ENE { 6 à 10 | 4 ENE (NE-ENE
filantes, {10 à 2 | 2 ENE (ENE-E) 3 ENE (E-ENE) ||4® grandr{io à 2 | 3 E (E-ESE)
egrand'| 2 à 6 | 3 S (SSO-S | 2 à 6 (ESE-SE)
6 à 10 | 6 NE (NE-ENE) 6 à 10 | 2 ESE (E-ESE)
2° parfi à 2 | 8 E(E-ENE) 2 E(E-ESE) 5° grand'{1o à 92 SE
2 à 6 |10 SSE (SE-SSE) Cr 6 | 4 SE (SE-SSE)
6 à 10 | 5 ESE (ESE-E) 6 à 10 | 2 SE (SE-ESE}
3e rane 10 à 2 | 2 ESE (ESE-SE) SE 6° grand'{1o à 2 | 8 SE (SE-SSE)
2à 6 | 3 S(SSE- ) 2 à 6 | 5 SSE(SE-SSE)
à
à
à
6 | 5 S(S-SSE) 6 à 10 | 5 E(E-ENE) |
6 à 10 SE 1'egrandr(io à 2 | 3 ESE(E-ESE) 2 SSE (SSE-SE)
5° grand'/10 à » SE-SSE SE-SSE 2 S (S-SS0) )
2à 6 SSE-S 16 à 10 | 4 E(E-ENE) '
6 à 10 2€ grand" 10 5 ESE(ESE-SE) } 2 ESE (ESE-SE)
6e can à 2 | 2 SSE(SSE-SE) | 3 SSE (S-SSE) (a 6 SSE (SSE-S)
2à 6| 4 S(S-SSE) 10 | 4 SE(SE-SSE)
La rés 32 grandr{1 2 SSE 8 S'(S-SSE)
ultante des trainées appartenant aux météores, nà 6 | 4 S(S-SSE)
peles que soient leur grandeur et l'heure de l’observa- 2 SE(SE-SS ;
on, se t
rouve à 60 ENE (E-ENE). 4e grand"l1o à 2 | 3 SSE (S-SSE) | (S-SSE)
DU 1°! JANVIER AU 1% MAI. 2à 6|3S(S-SSO i
; 6 à ro | 6 SSE (SE-SSE)
6 à 10 | 4 NE(ENE-NE) :
e r à 5 SSE (SSE-S S-SSE
Fermarh à 2 | 6SE(SE-ESE) | 3 SE(SE-ESE) ||°° £"d Sens ve i ' s ) Srei
2à 6|3 o (S0-050)
HE 6 à 10 | 8 SSE (S-S$E)
6
2 grande io à à | se PEE à 2 | (S-SSE 6 S(S-SSE)
où 2|6 - (ESE-SE) SE lon clé (5-550)
2à 6| 3 S(S-SSE) )
‘ 6 à 10 | 2 ESE (SE-ESE) z PERTURBATIONS.
grand"/ 10 à 2| 5 SSE(SSE-S) | 4 SSE (S-SSE) ii ©
6 a 1 | 6 ASE (SE ORN
4° grandr 2 à 6 | 2 E(E-ENE)
gran 3 à ha 3 SSE (SE- -SSE) } 6 SSE(S-SSE) 6 à 10 | 1 SSO (SSO-SO) |
6 s mi S (S-SS 0) 2€ grandr 10 à 2 I E(E-ESE) | 5 SSE (S-SSE)
5e ne 2à 6 SSE
grand jo a ei: 1 SSE Ses -S) 5 SSE (S-SSE) (6 t 10 | 2 S(S-SSE)
T À: S (S-SS 3e. grandr{ro à 2| SSE 5 SSE (SSE-S)
6° grandr);0 à SSE FES Fe à 6 | 7 SSE(S-SSE)
i x s (SSE-S) (SSE-S) à 10 | 8 SSO (S-SS0)
6 S (SSE-S) 4e r à g I S (S-SSO) I S (S-SSE)
PO MAL AU 127 SEPTEMBRE. 2a 6/6 )
6à 10 z i: z
iegrandr) so à à 4 NE(NE-NNE) 5e grand'lio à > | SSE 5 S (S-SSE)
x aà 6 nb 8 ENE (NE-ENE) o à 6 (S-SSE) 40 SSE
7 (ENE -E)
6 0 O(0-ON0
Pemdhon , |: NE (NNE-NE nus si ne 4 S(S-SSk)
à 2 | 4 ENE(ENE-E) | 3 ENE (E-ENE) es 2 S(S-SSE) |
à 6 | 7 ENE (ENE-E) z
IU
GR, 1867, 1er Semestre, (T. LXIV, No 44.) 79
( 596 )
Position de la résultante par mois.
MÉTÉORES. MOIS. RÉSULTANTES, MÉTÉORES. MOIS. RÉSULTANTES.
Étoiles filantes..…) v nyie 9 5 (S-SSE) Étoiles filantes 4 E
Perturbations. . ++ 4 SSO (S-SS0) || Perturbations.. .{ °P (S-SSE)
Étoiles filantes., A 3 SSE (S-SSE) Étoiles filantes. . 60S (S-SSE)
évrier. +- Octob Se
Perturbations us SE Perturbations E Rene 7 S (S-SSE)
Étoiles filantes. . -a 4 S(S-SSE) secs filantes. .} 7 SSE (S-SSE)
Perturbations….\ Paper es | 2 S (S-SS0) Perturbations... |: Normes S (S-SS0)
Étoiles filantes.. s- PEA l SSE Ea filantes..} Pécembre. À S '
Perturbations.. |" =~ SE Perturbations.. | 6 S (S-SS0)
Étoiles na Mai (S-SSE)
erturbatiôns.. .Ÿ n eT 4 SSO (S-SSO) x
Étoiles antos. Jui 3 SSE (SE-SSE) ÉTOILES GLOBULEUSES.
Perturbations.. Re TRE (SE-SSE) Résultante.........+...1 4e S(S-SSE)
Étoiles filantes..) : . (8 ie (SE- T
Perturbations Jaillet si.. | 3 SSE (S-SSE) :
Étoiles filantes { 7 E(E-ESE) Rome
oiles fi . S E } ; o $0 (050-S0
SRE SA à AOÛE à. |“ (SE-SSE) Résultante. .........: 50 SO ( )
|
Évaluation en degrés du déplacement des résultantes.
(1846 —1866)
ve 6P pu soir | DE JANVIER pu 1er mar [ou 197 SEPTEMBRE
À 6b pu marin.| au 1°" mar. |Au 1°" SEPTEMBRE AU 31 DÉCEMBRE.
PRE Lan on
o o o 0
Globes flaniss. nova koaces: 104 " ” z
Étoiles Fi EURE es durer 135 178 33 97
randeur....... 110 131 31 77
3e grandour...» 94 59 89 zi
4e grandeur 63 65 60 45
5e grandeur 4o 49 8 33
grandour:...... 19 8 19 19
ASTRONOMIE. — Observation de l’éclipse annulaire de Soleil du 6 ma
(Halie) ; par M. Janssen (1). Lettre à M. Faye.
rs, à Trani
« Trani, 6 mars 1867.
» L'éclipse est observée, mais par un bonheur vraiment inoui. Depuis
huit į Jours, pluie constante à Trani. J'étais dans une positio
(1) M. Janssen a reçu du Bureau des Longitudes la mission de se rendr
faire des observations physiques pendant la durée de l’éclipse annulaire.
n très-critique-
e à Trani, pour y
( 597 )
Fallait-il me déplacer et me porter rapidement de l’autre côté des Apennins,
ou subir mon sort à Trani? J'avais demandé télégraphiquement aux ob-
servateurs de Salerne quel était leur temps, et j'avais tout préparé pour le
voyage, qui était difficile, à cause de la neige tombée sur la montagne. La
réponse fut défavorable. Je reste donc et je fais mes dispositions pour acquit
de conscience. Le soir et la nuit même du 5 au 6, la pluie n’a cessé de
tomber, et je fus obligé de régler les axes optiques de mes lunettes sur une
lumière éloignée ; puis tout à coup le vent change, le ciel se dégage et le
Soleil se lève radieux. Je fis alors rapidement en quelques heures ce qui
eùt demandé plusieurs jours. De toutes les personnes qui devaient m'aider,
deux seules sont venues ; on était convaincu de l’inutilité d’un déplacement.
J'ai donc sacrifié de notre programme tout l’accessoire, et me suis forte-
«ment attaché au plus important, à savoir : le spectre des bords comparé à
celui du centre, et le spectre de l’auréole.
» Spectre des bords. — Plusieurs grands spectroscopes reliés entre eux
suivaient le Soleil. Une bonne image de l’éclipse tombait sur les fentes.
J'avais choisi dans mes cartes plusieurs groupes incontestablement solaires,
et, les cartes sous les yeux (des cartes faites à loisir depuis longtemps), je
Suivais ces groupes. Les raies choisies sont des raies grises, sur lesquelles,
par conséquent, une augmentation d'intensité était facile à constater. Or,
pendant toute la durée de l’éclipse, avant, pendant, après la centralité, Je
n'ai pu saisir une augmentation sensible et nettement accusée d'intensité.
Ainsi, la lumière envoyée par les bords de la photosphere, pour une région
d’une demi-minute d'épaisseur angulaire, ne présente pas, au point de vue
de l'absorption élective, une composition moyenne sensiblement différente
de celle du centre. Bien entendu que je ne puis affirmer que la lumiere de
l'extrême bord (une seconde ou deux, par exemple) ne présenterait aucune
différence. Je ne puis conclure au delà de l'observation; mais il est déjà
trés-remarquable qu’à une distance si faible du bord, les grands instruments
ne puissent rien accuser de sensible. Il faudra tenir compte de ce résultat
dans nos spéculations théoriques.
>” L'illumination de l'atmosphère fut encore très-vive pendant la centra-
lité, et le spectroscope donnait un spectre trés-lumineux, même à trois ou
quatre minutes du bord de la Lune où devait se produire l’auréole ; il
n'était donc pas possible d'observer rien de ce côté.
» J'ai observé plusieurs particularités physiques remarquables, dont je
vous ferai part dans ma prochaine Lettre. »
79..
( 598 )
ASTRONOMIE. — Sur les étoiles filantes, et spécialement sur l'identification
des orbites des essaims d’août et de novembre avec celles des comètes de 1862
et de 1866; par M. W. Scarapareur. (Extrait d’une Lettre à M. De-
launay.)
« Milan, 12 mars 1667.
» Voici la liste de mes écrits sur les étoiles filantes, avec la date de leur
publication et quelques autres circonstances.
» Première Lettre au P. Secchi, datée du 25 août 1866, et publiée le
15 septembre suivant dans le Bullettino meteorologico del Collegio romano,
supplément au numéro d’août 1866. Cette Lettre a été intégralement repro-
duite dans les Mondes de M. l'abbé Moigno, livraison du 13 décembre 1866.
Jy profite du phénomène de la variation horaire des étoiles filantes, dé-
couvert par M. Coulvier-Gravier, pour déduire la vitesse moyenne des
étoiles filantes dans l’espace, qui se trouve”approcher de beaucoup de la
vitesse parabolique. Cette Lettre a été honorée de quelques remarques par
M. Faye dans la séance académique du 24 décembre 1866, auxquelles j'ai
essayé de répondre dans une Lettre à M. l’abbé Moigno, publiée par
celui-ci dans les Mondes, vers la fin de janvier.
» Deuxième Lettre au P. Secchi, datée du 16 septembre 1866, publiée le
31 octobre dans le Bullettino meteorologico, reproduite, avec quelques
omissions de peu d'importance, dans un numéro de janvier 1867 des
Mondes. Dans cet écrit, j examine par quelles déformations successives un
essaim de corpuscules, attiré par le Soleil jusqu’à l’intérieur du système
planétaire, doit se transformer en un courant parabolique, qui emploie un
temps plus ou moins long à passer, partie par partie, au périhélie. Je montre
que, pour un essaim trés-rare, cela peut et doit toujours arriver.
» Troisième Lettre au P. Secchi, écrite vers le commencement de no-
vembre, publiée dans le Bullettino susdit le 30 novembre, reproduite encore
partiellement par les Mondes en janvier 1867. J'y examine l’effet que, sur
la formation des courants paraboliques, exerce l’attraction mutuelle des
corpuscules, effet qui, pour les essaims connus, peut étre regardé comme
absolument nul. Ensuite, je montre la formation des courants annulaires,
et en particulier de celui de novembre, par la perturbation qu’une planète
aurait exercée sur l’essaim avant que celui-ci se soit transformé en cou-
rant. C'est exactement l'hypothèse publiée un mois et demi plus tard par
M. Le Verrier. Mais celui-ci y a ajouté quelques développements relatifs à
une action présumée ď’Uranus sur l’essaim de novembre, dont l'honneur
et la responsabilité sont entièrement à lui.
( 599 )
» Quatrième Lettre au P. Secchi, écrite vers le 25 novembre, publiée
dans le Bullettino le 31 décembre, reproduite intégralement dans les Mondes
du 10 janvier 1867 (avec quelques fautes d'impression dans les nombres).
Celle-ci contient le calcul des orbites décrites par les essaims d’août et de
novembre, la détermination de la période de l’essaim d’août (108 ans) et
l'identification de son orbite avec celle décrite par la grande comète de 1862.
Cette dernière identification avait déjà été antérieurement indiquée dans
un écrit du P. Secchi publié dans les Mondes du 20 décembre.
» Cinquième Lettre au P. Secchi, écrite le 2 février, publiée le 28 février
dans le Bullettino. Celle-ci contient un calcul plus exact de l'orbite de l’es.
saim de novembre, fait sur les nouvelles observations anglaises du point
radiant, et l'identification de cette orbite avec l'orbite de la comète de
Tempel (1866, I). Ces résultats ont été publiés aussi un peu antérieurement,
dans le n° 1629 des Nouvelles astronomiques de M. Peters (20 février) et
dans l'avant-dernier numéro des Mondes. Je dois ajouter, pour l’exacte
vérité, que déjà, le 29 janvier, M. Peters, fils du célèbre directeur de lOb-
servatoire d’Altona, avait remarqué la coïncidence des éléments de la comète
de Tempel avec les éléments publiés par M. Le Verrier pour les astéroides
de novembre, dans les Comptes rendus du 21 janvier. M. Peters ne con-
naissait pas l'orbite que j'avais calculée et publiée trois semaines aupa-
ravant, dans ma Quatrième Lettre. Ainsi, quoique je ne lui doive rien, il ne
doit rien à moi, et il a, sans aucun doute, la priorité de la publication, sa
remarque ayant été publiée dans le n° 1626 des Nouvelles astronomiques,
sous la date du 4 février.
» Voilà, Monsieur, la vérité sur ces choses. Mais il serait injuste de ne
Pas ajouter que la relation entre les comètes et les étoiles filantes avait déjà
été devinée par Chladni dans son livre « die Feuermeteoren », en 1819, et
que la nécessité de fortes excentricités dans les órbites des étoiles filantes
avait déjà été reconnue par M. Newton dans les derniers Reports de l’Asso-
Ciation Britannique et dans l’ Annuaire de Bruxelles pour 1866, p. 201. »
ÉLECTRICITÉ, — Transport de matière par le courant voltaique et par les cou-
rants d'induction. Note de M. L. Dani, présentée par M. Foucault.
._“ On admet habituellement que le courant de la pile marche, dans le
circuit interpolaire, du pôle positif au pôle négatif. L'existence d’une ac-
tion mécanique, s’exerçant dans ce sens, est établie par le transport de char-
n que produit l'arc voltaique. Elle ressort également de la différence de
( 600 )
niveau qui se manifeste, sous l'influence d’un courant, dans une cuve par-
tagée en deux compartiments par une cloison poreuse, et renfermant un
liquide peu conducteur qui, au commencement de l’expérience, se trouvait
à la même hauteur de chaque côté du diaphragme. Ce transport de liquide
par le courant, découvert par Porret, a été étudié par M. de la Rive, par
M. Becquerel, et plus tard par M. Wiedemann, qui en a établi les lois dans
des conditions déterminées.
» Il est possible de mettre en évidence cette action de l'électricité et d'en
montrer le sens, par une expérience plus simple que les précédentes.
» Si l’on électrolyse de l’eau dans un verre dont le fond soit un peu
large, bombé au centre, et dans lequel on a laissé tomber un globule de
mercure, on voit ce globule fuir devant l’électrode positive quand on l'en
approche; et, en déplaçant convenablement l'électrode, on parvient à im-
primer au mercure un mouvement de rotation. C’est l'observation de ce
phénomène qui m’a conduit à l'expérience que je vais décrire.
» Je remplis d’eau très-faiblement acidulée un tube de verre plus ou -
moins long, d’un diamètre de ro à 15 millimètres, recourbé à angle droit à
ses deux extrémités (il a la forme d’un niveau d’eau); j'introduis dans la
colonne liquide un globule de mercure de 2 à 3 centimètres de longueur,
et je plonge, dans les deux parties verticales du tube, les électrodes d'une
pile plus ou moins puissante. Au moyen du globule de mercure, j'arrive
facilement à niveler l’appareil.
» Dès que le courant passe, le globule s’allonge et se met en mouvement;
il va du pôle positif au pôle négatif. Si, au moyen d’un commutateur inter-
calé dans le circuit, on change le sens du courant, le globule s'arrête et
reprend immédiatement sa marche, toujours du pôle positif vers le pôle
négatif. On peut, en manœuvrant convenablement le commutateur, im-
primer indéfiniment un mouvement de va-et-vient à toute la masse du
mercure.
» Le globule, sollicité par le courant, n’a pas le même aspect à ses deux
extrémités : il est brillant vers l’électrode positive, terne vers l’électrode
négative. Cela tient à ce qu'il est polarisé comme toute la colonne liquide;
il possède la tension positive en avant, et la tension négative en arrière.
L’'oxyde de mercure qui se fait pendant l'expérience se porte à l'extrémité
négative, et il se trouve réduit, du moins en partie, par l'hydrogène qui sy
produit en même temps. Si le liquide renferme trop d'acide, il se fait un
sel qui trouble la transparence de la colonne, et des bulles d'hydrogène sè
dégagent. Quand on change le sens du courant, on voit l'espèce de voile
( 6o1 )
qui recouvre l’une des extrémités du globule changer de position et passer
à l’autre extrémité : c'est encore un transport de matière, accusant une
action mécanique dirigée en’ sens contraire de celle qui produit le mouve-
ment du mercure; mais, sur le globule, cette matière se meut encore de
l'extrémité positive vers l'extrémité négative.
» Quatre éléments de Bunsen suffisent pour cette expérience, si l’on em-
ploie un tube d’une longueur de 4o à 5o centimètres, Avec vingt-quatre
éléments on peut faire marcher une longue colonne de mercure dansun tube
de 1 mètre. Le courant de cinquante éléments imprime à cette colonne une
vitesse trop considérable : elle se divise en globules qui vont tous dans le
même sens.
» Le tube étant incliné, le mercure peut encore se mouvoir de la partie
inférieure vers la partie supérieure. Alors, le poids du mercure étant connu,
on peut se faire une idée assez nette du travail accompli par la portion du
courant qui traverse le globule, Si l’on augmente progressivement l’incli-
naison, il arrive un moment où l’équilibre s’établit entre la force du cou-
rant, qui tend à faire monter le mercure, et l’action de la pesanteur, qui
tend à le faire descendre : le globule ne marche plus, mais il reste allongé;
il est toujours animé d’un mouvement intérieur, et il tourne souvent sur
lui-même, d’abord dans un sens, puis en sens contraire.
» La même expérience peut être faite au moyen de la bobine de Ruhm-
korff. Comme les courants que fournit cet appareil sont alternativement de
sens contraire, il faut faire une interruption dans le circuit interpolaire,
afin de supprimer le courant inverse. Le circuit parcouru par le courant
direct se compose alors des fils métalliques, d’une couche d’air et d’une
colonne liquide, Dès que l'appareil fonctionne, le globule de mercure se
met en mouvement, il marche par saccades, d'autant plus prononcées que
les interruptions sont moins fréquentes, et il va toujours du pôle positif
vers le pôle négatif, toujours brillant par un bout, terne par l’autre.
» Silon emploie les deux courants de la bobine, le globule ne marche
pas; il est seulement animé d’un mouvement vibratoire très-énergique.
Alors le mercure est brillant à ses deux extrémités, et la partie terne, si elle
existe, est au milieu. Cela tient à ce que chaque extrémité prend alternati-
vement la tension positive et la tension négative. Si de oxyde est formé par
le courant direct à la partie antérieure du globule, l'hydrogène que le cou-
rant inverse y apporte réduit immédiatement cet oxyde. |
» Il peut arriver que le globule se déplace, même quand il est traversé
par des courants al ternatifs; mais ce phénomène se présente plus rarement,
{ 602 )
et il n’est pas facile de le produire à volonté. Le mouvement, dans ce cas,
est dû à la différence d'action des deux courants : le trembleur marchant
avec sa vitesse maxima, le courant direct passe tout entier; mais le courant
inverse, dont la durée est plus grande, ne se décharge qu’en partie.
» Au moyen d’une puissante bobine, il est facile de faire marcher, même
rapidement, une masse de mercure dans toute la longueur d’un tube de
1,50. Si l’étincelle qui jaillit dans lair est trop courte, le mercure entre
en vibration sans éprouver de mouvement de translation : le courant in-
verse a donc alors assez de tension pour vaincre la résistance de la couche
d'air.
» Ce qu'il importe de faire remarquer ici, c’est que le transport du mer-
cure est plus facile par les courants à haute tension que par le courant
voltaïque. Que l’on prenne une pile incapable de produire le mouvement
de translation, mais suffisante pour polariser le mercure, ce que l’on recon:
naît facilement à l’aspect qu’il prend, et le courant de cette pile, lancé
dans la bobine, se transformera en un courant d’induction assez puissant
pour imprimer au mercure une vitesse considérable. Une puissante ma-
chine électromagnétique, disposée pour les effets de quantité, peut servir
à montrer les mêmes phénomènes ; mais l'expérience ne réussit que si l'on
emploie un tube assez court, de 30 à 4o centimètres.
» La conductibilité de la matière transportée est une des conditions né-
cessaires du mouvement : un globule de sulfure de carbone, introduit
dans la colonne liquide, est insensible au passage du courant.
» Dans cette expérience, c’est bien une action mécanique exercée par le
courant qui produit le mouvement de translation (soit qu'elle émane de
l'électrode positive, soit qu'elle prenne naissance à la surface de séparation
de l’eau et du mercure, à cause de leur différence de conductibilité); la
pression exercée par l'hydrogène qui peut se dégager à l'extrémité négative
du globule n’est pour rien dans l’accomplissement du phénomène : il ne se
dégage pas une quantité sensible de ce gaz si l'expérience est bien faite, et,
s’il s’en dégage beaucoup, le mercure ne se meut pas ou se meut plus len-
tement. D'ailleurs, on peut introduire dans le mercure, à son extrémité
négative,une boule de cuivre amalgamée; le mercure y adhère; l'hydrogène
X dégage sur cette boule, qui reste en repos, mais la partie antérieure du
globule se détache et se met en mouvement, si le courant est suffisamment
énergique. »
( 603 )
PHYSIQUE. — Recherches sur la dissociation. Note de M. H. Desray,
présentée par M. H. Sainte-Claire Deville.
« M. H. Sainte-Claire Deville a démontré par une série d'expériences
résumées dans une des Leçons de la Société Chimique (1) que certains compo-
sés gazeux ou volatils se décomposent d’une manière partielle et progressive
à mesure que la température s'élève. On obtient alors un mélange formé
par les gaz résultant de la décomposition du corps primitif et par la partie
de celui-ci qui n’a pas été décomposée, mélange où la tension des éléments,
séparés par la chaleur, constante à une température déterminée, croît avec
cette température, C’est à ce phénomène que M. Deville a donné le nom de
dissociation. Je me propose d'établir dans ce travail que la dissociation se
produit également avec les corps solides formés par l'union directe de deux
autres corps dont l'un est fixe et l’autre volatil, et que ce mode de décom-
position est bien régi par la loi fondamentale que je viens de rappeler.
» Décomposition du spath d'Islande par la chaleur. — On introduit du
spath d'Islande pur dans des tubes de verre ou de porcelaine vernissée,
chauffés successivement dans les vapeurs de mercure (350 degrés), de
soufre (44o degrés), de cadmium (860 degrés) et de zinc (1040 degrés),
ébullition ayant lieu sous la pression ordinaire (2); une machine pneu-
matique à mercure (3) permet à volonté de faire le vide dans les tubes,
d'extraire les gaz qui se dégagent pour les analyser, de faire rentrer des gaz
dans les tubes, et enfin de mesurer la tension qu'ils y prennent. Sans en-
trer ici dans aucun détail sur la construction de mes appareils, je dirai
seulement qu'ils ne contiennent aucun bouchon de liége qui aurait pu
donner de l'humidité ou divers gaz susceptibles de jouer un rôle dans la
réaction, et que le spath d'Islande était placé dans un creuset ou dans un
étui de platine, afin d'éliminer toute action de la paroi sur la substance
expérimentée. :
» La décomposition du spath a été nulle à 350 degrés, insensible à
44o degrés; à 860 degrés la décomposition très-appréciable s'arrête lorsque
l'acide dégagé dans l'appareil exerce une pression de 85 millimètres de
SR
(1) Lecons de la Société Chimique (1864-1865); Hachette.
(2) Je me suis servi des appareils à température constante employés à l'École Normale
Par MM. H. Sainte-Claire Deville et Troost dans leurs recherches sur les densités de vapeur.
(3) Cest une machine de Geissler, construite avec beaucoup d'habileté par M. Alvergniat,
C.R., 1867, 127 Semestre (T. LXIV, N° 44.)
( 604 )
mercure environ. En retirant de l'appareil, qui contenait environ 2 grammes
de spath, de 12 à 15 centimètres de gaz à trois reprises (le gaz recueilli
_ étant ramené à la pression de 760 millimètres et à zéro), on a pu s'assurer
qu'il était complétement absorbable par la potasse; et, après chaque ex-
traction de gaz, la pression qui avait momentanément diminué est bientôt
remontée à 85 millimètres.
» À 1040 degrés, la décomposition est bien plus considérable; elle ne
s'arrête qu’au moment où la tension du gaz carbonique dégagé est de 510
à 520 millimètres. Dans cette expérience comme dans la précedente, on à
retiré un volume notable de gaz que l’on a analysé, et la pression est tou-
jours remontée vers 520 millimètres.
» La pression du gaz dégagé à une certaine température ne dépend pas
d’ailleurs de l’état de décomposition plus ou moins avancé du carbonate de
chaux, car si l'on introduit dans l'appareil de la chaux viveet une quantité
d’acide carbonique beaucoup trop faible pour la saturer, on voit, en chauf-
fant le mélange à 860 degrés ou à 1040 degrés, la tension du gaz se fixer à
85 millimètres dans le premier cas et à 520 millimètres dans le second.
» Ainsi, dans une expérience, on a mis en présence I 1 grammes de chaux
vive (provenant du spath) et 400 centimètres cubes de gaz carbonique
(mesurés à 753 millimètres et à 14 degrés) ; l'absorption des gaz a cessé
lorsque la tension a atteint 520 millimètres. Dans cette opération, la vingt-
cinquième partie de la chaux seulement a été carbonatée, tandis que dans
plusieurs expériences de décomposition un dixième tout au plus du spath
était décomposé. Dans ces limites étendues, la tension du gaz dégagé (qui
mesure ici ce que M. H. Sainte-Claire Deville appelle la tension de dissocia-
tion) est donc restée constante.
» Par conséquent, 1° la tension de dissociation du carbonate de chaux
est constante à une température déterminée; 2° cette tension croit avec la
température; 3° elle est indépendante de l’état de décomposition du carbo-
nate de chaux. |
» Si on laisse, dans les expériences précédentes, refroidir lentement l'ap-
pareil lorsque l’on a atteint la tension de dissociation, l'acide carbonique
est réabsorbé et le vide se refait dans l'appareil. Il importe de bien préciser
les conditions de ce phénomène.
» La chaux vive n’absorbe pas trace d’acide carbonique sec à Ja tem-
pérature ordinaire; j'ai constaté, par des expériences directes, que ja com-
binaison des deux corps ne commence que vers le rouge sombre. Au-dessus
de cette température, à 1040 degrés par exemple, la chaux peut absorber
-( 605 )
de l'acide carbonique, mais à la condition que la tension de ce gaz dans
l'appareil soit supérieure à 520 millimètres; elle cesse quand la tension
atteint cette valeur et le carbonate formé se décompose, si l’on maintient
l'atmosphère du gaz carbonique à une pression moindre, en dégageant assez
d'acide pour rendre à l'atmosphère cette tension nécessaire de 520 milli-
mètres. Pour la même raison, lorsqu'on refroidira l'appareil de 1040 à
860 degrés, la chaux absorbera de l'acide carbonique, jusqu’au moment
où la tension du gaz atteindra la pression de 85 millimètres, et au-dessous
de 860 degrés l'absorption continuera de la même manière et sera com-
plète, si la tension de dissociation du carbonate de chaux est nulle à la tem-
pérature à laquelle les deux corps commencent à se combiner.
» Il est bien entendu que le refroidissement doit être très-peu rapide,
pour que la chaux qui se combine lentement au gaz sec ait le temps d’ab-
sorber le gaz carbonique, si l’on veut à très-peu près retrouver le vide
lorsque l'appareil a repris la température ordinaire.
» On peut donc à volonté faire ou défaire du carbonate de chaux à une
température donnée, en faisant varier la pression de l'acide carbonique
au-dessus de lui; on peut, par exemple, chauffer du spath d'Islande à
1040 degrés et le détruire, si l’on maintient constamment la tension de
l'acide dans l'appareil moindre que 520 millimètres. Les cristaux de spath
perdent d’abord leur éclat, s’effleurissent en quelque sorte à leur surface, .
et la transformation gagne peu à peu l’intérieur du cristal. Au contraire,
le spath garde tout son éclat, ses angles ne varient pas d’une minute et ses
Propriétés optiques ne sont pas modifiées lorsqu'on le chauffe à cette tem-
pérature dans un courant de gaz acide carbonique à la pression de Pat-
mosphère ; il n'éprouve donc aucune altération : et la chaux vive dans les
mêmes conditions se transformerait complétement en carbonate.
» M. H. Sainte-Claire Deville a fait ressortir dans plusieurs circonstances
l'analogie des phénomènes de dissociation et de vaporisation; les phéno-
mènes que je viens de décrire donnent une nouvelle preuve de la justesse
de cette idée.
» La tension de dissociation du carbonate de chaux, comme la tension
Maximum des vapeurs émises par un liquide contenu dans un espace limité,
est Constante à une température déterminée; elles croissent toutes deux
avec la température. Un abaissement de température amène la conden-
Sation d’une partie de la vapeur d’eau dans l’espace où elle est enfermée,
ou l'absorption d’une partie du gaz acide carbonique par la chaux, de telle
LS 8o..
( 606 )
façon que la tension de vapeur d’une part et de dissociation de l’autre
revienne à la valeur qui correspond à la nouvelle température.
» On peut vaporiser totalement un liquide à une température donnée,
en enlevant la vapeur qui presse le liquide à mesure qu’elle se forme; on
peut à cette même température condenser la vapeur, la ramener à l’état
liquide, en la comprimant, car elle ne peut posséder une tension supérieure
à la tension maximum pour cette température. Les mêmes particularités ont
lieu pour le carbonate que l’on détruit ou que l’on reforme suivant que
l'on exerce avec l’acide carbonique autour de la chaux et du carbonate de
chaux une pression moindre ou supérieure à la tension de dissociation pour
cette température, L'analogie se poursuit dans les phénomènes calorifiques
qui accompagnent ces transformations. L’acide carbonique pour se dégager
du carbonate absorbe une certaine quantité de clraleur que les expériences
de MM. Favre et Silbermann ont déterminée, comme cela a lieu pour la
vapeur d’eau qui s'échappe du liquide; cette chaleur est restituée dans le
changement inverse, c’est-à-dire lorsque le carbonate se reforme ou que la
vapeur se condense.
» Je pourrais montrer comment mes expériences rendent compte des
particularités observées par Gay-Lussac dans la décomposition du carbo-
nate de chaux que l’on soumet à l’action d’un courant d’air ou de vapeur
. d’eau ou que l’on chauffe en vases clos; mais ces développements men-
traineraient trop loin. Dans une prochaine communication je parlerai des
expériences de dissociation que J'ai faites sur l'oxyde de mercure, les sels
hydratés, et le bicarbonate de potasse sec ou dissous. » |
PHYSIQUE. — Influence d’un courant de gaz sur la décomposition des corps. Note
de M. D. Gerxez, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville.
« L'étude du dégagement des gaz de leurs solutions sursaturées m'a fait
reconnaitre qu’une couche gazeuse condensée à la surface des corps solides
qui ont séjourné à l’air occasionne la décomposition plus ou moins vive
de l’eau oxygénée, et que le passage d’un courant d'air produit le même
effet. Ce résultat m'a conduit à soumettre aux mêmes expériences un Cer-
tain nombre de corps composés.
» J'ai opéré d’abord sur les bicarbonates de chaux et de baryte. Une 50-
lution de ces corps traversée par un courant de gaz inerte, d'azote, d'hydro-
gène ou d'air, abandonne du carbonate de chaux ou de baryte qui se
précipite et de l’acide carbonique qui se dégage. Cette expérience n'est en
( 607 )
réalité que la reproduction rapide du phénomène de décomposition que
présente lentement la solution de ces bicarbonates exposés à lair. Il n’en
est pas de même de ce qùi concerne le bicarbonate de potasse : ce corps,
bien cristallisé, ne semble pas se décomposer à la température ordinaire;
cependant une solution de ce sel, traversée par un courant d’air, abandonne
même à 10 degrés des quantités croissantes d'acide carbonique.
» On obtient le même résultat avec les sulfhydrates de sulfures alcalins
qui sous l'influence d’un courant de gaz inerte dégagent de l'hydrogène
sulfuré, et avec les bisulfites, les biacétates, etc., qui perdent de l’acide sul-
fureux et de l’acide acétique, en passant à l’état de sulfites et d'acétates
neutres.
» Ces phénomènes de décomposition ne s’observent pas seulement sur
les corps dont l’un des éléments est gazeux, comme l'acide carbonique, ou
trés-volatil, comme l'acide acétique ; on le rencontre encore chez les autres
composés. Les azotates, par exemple, dégagent de l'acide azotique à des
températures de beaucoup:inférieures à celles que l’on regarde comme ies
températures de décomposition de ces corps. C’est ainsi que l’azotate de
magnésie, chauffé à 150 degrés dans un courant d’air (privé d’acide carbo-
nique), abandonne peu à peu de lacide azotique et passe à l’état de sel
asique.
» Des particularités du même genre s’observent encore lorsqu'on fait
passer un courant d’air sec ou d’un gaz inerte à travers les acides hydratés,
tels que l’acide azotique, l'acide chlorhydrique, etc., maintenus à des tem-
Pératures constantes.
» En général, les composés salins en dissolution ou fondus sous l'influence
de la chaleur paraissent abandonner à un courant de gaz inerte une quan-
tité déterminée de celui de leurs éléments qui est volatil à la température de
l'expérience.
» Dans ces circonstances, comment agit le courant gazeux ? Chimique-
ment, il n’a d'action sur aucun des éléments du liquide qu'il traverse, et il
en Sort sans avoir subi d’altération. Mais si l’on considère les substances
qui cèdent au courant de gaz un de leurs éléments, les biacétates, par
exemple, on reconnaît qu'ils émettent à la température ordinaire, et cela
Sans aucune action chimique de la part de l'air, une certaine quantité de Ja
vapeur de l'élément volatil : en admettant alors, avec M. H. Sainte-Claire
Deville, que ces corps ont une tension de dissociation variable avec la tem-
Pérature, on peut facilement expliquer le phénomène qui nous occupe.
Considérons Je bicarbonate de potasse : à la température ordinaire sa ten-
( 608 )
sion de dissociation est très-faible, et dans une atmosphère limitée il n’émet
qu’une faible quantité d’acide carbonique; mais si l’on renouvelle l’atmo-
sphère en contact avec le bicarbonate, il se produit une nouvelle quantité
d'acide carbonique, et c’est ainsi que l’on provoque graduellement la dé-
composition du sel. Vient-on à élever la température, la tension de dissocia-
tion augmente et le courant d’air entraîne dans le même temps des quan-
tités d’acide carbonique plus considérables, et la décomposition est plus
rapide. »
PHYSIQUE. — Action de la chaleur sur l'acide iodhydrique. Note de
M. P. Havrereuze, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville.
« L’acide iodhydrique jouit de la propriété de se dissocier à des tempé-
ratures qui se prêtent facilement aux déterminations thermométriques;
mais l’action du verre modifie dans une proportion considérable les résul-
tats dus à l’action de la chaleur seule (1). L’acide iodhydrique chauffé
progressivement commence à présenter une nuance violette appréciable
sous une épaisseur de ro centimètres vers 180 degrés, température pro-
bablement inférieure à celle à laquelle commence la dissociation de cet
acide; car le tube est tapissé d’un enduit léger d’iodure dont la formation
entraine la mise en liberté de l’iode. La coloration du gaz augmenté
lentement jusqu'à 440 degrés; mais, de 440 à 700 degrés environ, la pro-
portion des gaz dissociés mesurée par le volume de l'hydrogène libre
croît très-rapidement (2). Cette proportion varie d’ailleurs avec l'étendue
des surfaces; ainsi, en faisant circuler sous la pression atmosphérique ME
eee ee
(1) Pour apprécier l'influence que le verre peut avoir sur les phénomènes que je vais
exposer, j'ai fait passer de l'acide iodhydrique sur du verre concassé et chauffe au-dessous
du rouge. La production de l’eau et celle de l'hydrogène sulfuré sont manifestes. Le verre
devenu opaque abandonne à l’eau, en reprenant sa transparence, de l’iodure de sodium. Le
sulfate de soude signalé dans tous les verres par M. Pelouze est donc la cause unique de
Paltération du verre par l’acide iodhydrique, du moins lorsque la température n’est pas tres”
élevée; cette altération sera donc accompagnée de la production simultanée d'acide sulfhy-
drique, d'iode, d’un iodure alcalin et d’une petite quantité d’eau. De cette observation nous
pouvons conclure que, si nous cherchons à apprécier la température à laquelle le 82
iodhydrique doit être chauffé pour se décomposer par la coloration violette de Piode mis
en liberté, nous devons examiner si la coloration du gaz et l'attaque du verre ne se Pro”
duisent pas simultanément.
(2) Entre ces limites de température, l'acide iodhydrique se décomposant également dans
des tubes en porcelaine, les traces d’eau n’apportent qu’une légère perturbation.
D
( 609 )
courant d'acide iodhydrique dans un tube rempli de verre en poudre
grossière, la proportion des gaz dissociés a été de 2,6 pour 100" 440 degrés
et de 34 pour 100 à 700 degrés. Si, au lieu d'augmenter la surface, on
enferme un volume limité de gaz dans un tube scellé, on arrive à des résul-
tats numériques curieux, parce qu'ils décèlent quelque loi masquée par
les perturbations qu’apporte l'attaque du verre.
» Voici ces résultats, que je m’abstiens d'interpréter :
Masse gazeuse dissociée
Pression supportée aTa
y température de l’ébullition
a
l'acide PME VA du soufre.
0,760 2,6
1,499 y dk
1:17: 3,7
1,910 6,1
1,990 6,4
» La proportion des gaz dissociés dans l'acide iodhydrique porté à une
température donnée est augmentée dans une proportion considérable par
la mousse de platine, ainsi que le prouvent les nombres consignés dans le
tableau suivant :
Masse gazeuse
Température. issociée. Observation.
700° environ. 22,2 pour 100. Au-dessous de 180 degrés,
o » 19,5 » la mousse de platine cesse
254 » 18,7 » \ de fonctionner régulière-
105 » 17,5 » ment : l’iode se condense à
175 » 10,5 » sa surface.
» La mousse de platine, qui abaisse la température de décomposition de
l’acide iodhydrique d’une façon si remarquable, jouit, ainsi que M. Coren-
winder l’a observé dès 1851 , de la propriété de déterminer la combinaison
de l’iode et de l'hydrogène. En faisant passer sur la mousse de platine
maintenue à une température fixe des volumes rigoureusement égaux d’hy-
drogène et d’iode, la proportion de ces éléments restés libres est égale à
celle qui se sépare lorsqu'on y fait passer de l'acide iodhydrique pur à la
mème température. L'expérience se fait facilement de la façon suivante,
Un tube de ; mètre de long, d’un petit diamètre, replié plusieurs fois sur
lui-même dans un plan horizontal et rempli de mousse de platine, est placé
dans une étuve à air chaud et porté à 195 degrés. On fait arriver dans ce
tube un courant d’acide iodhydrique pur, dont on décompose les 22 cen-
( 610 )
tièmes dans le tube même, en chauffant au rouge la portion située hors de
l’étuve. Le gaz, recueilli et analysé après son passage sur la mousse main-
tenue à 195 degrés, ne renferme plus que 17,5 centièmes de son volume
d'hydrogène et d'iode à l’état libre. Lorsqu'on fait passer sur de la mousse
de platine de l'hydrogène et de l’iode, on peut obtenir un gaz extrêmement
riche en acide iodhydrique, en faisant entrer l’iode pour plus de moitié
dans la composition du mélange gazeux.
» L'iode et l'hydrogène, qui séparément sont sans action sensible sur le
verre chauffé à la température de son ramollissement, réunis, l’attaquent
comme le fait l'acide iodhydrique. Si la quantité d'iode est très-faible, le
gaz, après son passage dans le tube chauffé, n’est plus coloré : il se produit
de l’acide iodhydrique. Au-dessous du rouge, à 440 degrés par exemple,
l’iode et l'hydrogène passant dans un tube de verre ne fournissent que des
traces d'acide iodhydrique; mais ces deux corps, maintenus en contact
pendant une heure dans un tube scellé porté à cette même température de
44o degrés (1), si facile à maintenir constante pendant plusieurs heures,
donnent naissance à des proportions d’acide iodhydrique d'autant plus
fortes que le tube rempli d'hydrogène sous la pression ordinaire contient
un poids plus considérable d’iode (2). Le tableau suivant met en évidence
ce résultat :
Poids de l’iode
pour r00€€ d'hydrogène entre l’hydrogène libre
is à 760 et à o°. et l’hydrogène total — 100.
461 milligrammes. 62
5ro » 54
613 : 45
709 eo 45
75 i » 37
764 » 35
840 » 36
987 » 26
1351 » 14,8
41 A I » 5 5 p
» Dés que les gaz présentent la composition indiquée par le tableau,
AEA
(1) Au moyen des appareils employés par MM. Deville et Troost pour prendre des den-
sités de vapeur dans le soufre bouillant.
(2) Le soufre, le sélénium, chauffés avec l'hydrogène dans des tubes scellés à 440 degrés»
donnent des acides sulfhydrique et sélénhydrique. A cette température, l'acide arsénienx
donne de l’acide arsénique et l'acide sulfureux de l’acidé sulfurique et du soufre.
( 611.)
l'iode resté libre ne se combine plus à l'hydrogène : il s'établit donc un
équilibre variable avec les quantités relatives des corps réagissants. Cet
équilibre, ne s’établissant que lentement, conduit à soupçonner qu'il est
le résultat de combinaisons et de décompositions successives déterminées
par les oscillations de la température, qui, pour se produire un grand
nombre de fois, réclament un temps notable, L’enduit d’iodure de sodium
qui tapisse le tube, les traces de vapeur d’eau et d’acide sulfhydrique qui
sy trouvent avec l’iode et l'hydrogène concourent au résultat final, qui
est la formation de l’hydracide.
» J'ajouterai, en terminant, qu’on peut combiner l'iode à l'hydrogène
par entrainement, en faisant brûler un mélapge de vapeur d’iode, d’hydro-
gène et de gaz tonnant. »
ÉLECTROCHIMIE. — Recherches sur l'amalgame de thallium. Note de
M. J. Recvauin, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville.
« Le thallium appartient au groupe des métaux qui se combinent direc-
tement au mercure sans l'intervention d'aucune action physique ou chi-
mique auxiliaire. Dès que le contact existe entre le mercure et la surface
désoxydée du métal, la formation de l’amalgame se manifeste par le chan-
sement caractéristique d'aspect que présente le thallium, et par sa désagré-
gation ou sa liquéfaction suivant les proportions respectives des deux
corps. Cette propriété permet de supposer que l'essai du thallium offre
des conditions favorables pour mettre en évidence les relations que lau-
teur a signalées (1) entre les phénomènes thermiques de l’amalgamation et
le rôle électrochimique des métaux engagés dans ces combinaisons. Envi-
sagé à ce point de vue, le sujet soulève deux questions : 1° l’union du
thallium avec le mercure s’accompagne-t-elle d’un dégagement ou d’une
absorption de chaleur? 2 le thallium amalgamé est-il plus ou moins élec-
tropositif que le thallium pur?
» Pour la solution de la première question, la variation de température
àu moment où la combinaison se réalise a été observée dans deux circon-
Stances différentes destinées à prévenir l'oxydation. 1° Les deux métaux
amenés à une même température sont rapidement mélangés en présence de
l'hy drogène sec; dans le mélange plonge un thermomètre de petite dimen-
ston, et indiquant le dixième de degré centigrade. 2° La même opération a
(1) Comptes rendus, 1861, t. LII.
C. R., 1867, 1er Semestre. (T. LXIV, N° 44.) 81
7 LA
(5612)
été exécutée sous une mince couche d’eau pure, privée de gaz par une
ébullition prolongée. On a agi successivement sur 2%,04 de thallium et
be | i
5 grammes de mercure correspondant à ATA et sur 2€",0/4 de thallium et
Tl r : a
10 grammes de mercure ou Tri Les observations inscrites dans le ta-
bleau ci-joint font connaître le maximum de la variation thermométrique :
elles permettent de saisir nettement le sens du phénomène.
Température Élévation
Poids des métaux. Température maximum d Condition.
initiale, du mélange. température.
9 o
M eo ta L 2
roh. oien 10,00 rt4 S i je
l 13,2 19,4% 1,0 HO
ER N X 1,8 158 kr
5 Bpen 6,00 may 14A 19
10,3 11,9 1,9 HO
» De ces expériences il résulte qu’il y a élévation de température, et
partant dégagement de chaleur, lors de la formation de l’alliage du thallium
avec le mercure.
» Afin d'apprécier l'influence de l’amalgamation sur le rôle électrochi-
mique du thallium, on a constitué un couple hydro-électrique au moyen du
thallium pur et du thallium amalgamé. Dans une première série d'essais, le
liquide interposé était une solution aqueuse, saturée à + 15 degrés, de sul-
fate de thallium (SO*, TI); dans une seconde, de l’eau contenant une pro-
portion d'acide sulfurique (SO*, H) équivalente à la quantité de (S0*, TI)
dissous. A la température de + 15 degrés, 100 centimètres cubes de da
première solution renferment 35,22 (SO*, Tl), lesquels correspondent a
18,21 (SO*, H).
TI
10 Hg
porcelaine dégourdie, plongeant dans un vase de verre également Cy li
drique. Au moment de mesurer la force électromotrice, l’espace annulaire
compris entre le vase poreux et la paroi du verre reçoit le liquide, puis une
lame décapée de thallium pur. |
» La force électromotrice a été déterminée par la méthode d’opposi
décrite pour la première fois par l’auteur (1), et en prenant pour unit
est placé dans un petit cylindre creux de
n-
» L’'amalgame liquide
lion
é le
(1) Comptes rendus, 1854, t. XXXVIII.
( 613 )
couple thermo-électrique cuivre et bismuth avec une différence de o à
+ 100 degrés entre les soudures.
» Les communications du couple hydro-électrique et des appareils de
mesure ont été établies au moyen de fils de platine de 1 millimètre de dia-
mètre. Le premier était recouvert d’un enduit isolant, sauf à ses extrémités
dont l’une était immergée dans l'amalgame. Le second se terminait par une
pointe très-aiguë que, grâce à la mollesse du thallium, on fixait dans la
partie de la lame située hors du liquide, Plusieurs expériences consécutives
ont fourni régulièrement les résultats suivants :
Couples hydro-électriques. Force électromotrice.
T- `
..,. Bi— Cu
HE SPOT A nAg = 7 unités mm
Pere 0° — 100°
10 Hg
£ B mn :
4 . t Bi En TA Cu
TI” 7S0 H + 2Aq = 7 unités a
0° +100?
10 Hg
» Dans ces deux couples, le thallium est affecté du signe négatif, c'est-à-
dire que, comparé au métal amalgamé, il fonctionne comme le zinc du
kv r . r # . r Bi a Cu
couple de Daniell. La force électromotrice représentée par 7 unités =
est de même signe et, à une unité près, égale à celle que l’on obtient par la
Comparaison entre le cadmium pur et le cadmium amalgamé, On a, en effet,
dans ce cas :
Couples hydro-électriques. Force électromotrice.
Cd- :
. Bi— Cu
Cd+ ? SO, Cd + z Aq = 8 unités ——,
pu o° — 100°
10 Hg
sy kp
Cd+ ?S0‘,H + n Aq = 8 unités".
se 0° — 100°
10 Hg ;
» Aux deux questions proposées, on peut donc répondre : 1° La combi-
naison du thallium avec le mercure est accompagnée d’un dégagement de
Chaleur. 2° Le thallium pur est électropositif par rapport au thallium amal-
8amé. Enfin, il est permis d’ajouter, comme conclusion : L'amalgame du
thallium fournit une nouvelle preuve à l'appui de la proposition suivante :
Toutes les fois qu'un métal est allié au mercure, la place qu'il occupe dans
| échelle des affinités subit une modification que peut faire prévoir le phéno-
mene thermique observé au moment où la combinaison s'effectue. S'il ya
Bts
> ( 614)
dégagement de chaleur (c’est le cas constaté pour le potassium, le sodium,
le cadinium et le thallium), le métal amalgamé devient électronégatif relati-
vement au métal pur.
» Bien que le but de cette recherche soit atteint et sa conclusion résu-
mée dans le précédent énoncé, l’auteur y joindra la relation de quelques
faits propres à préciser la fonction chimique du thallium. Celle-ci est com-
plexe et semble paradoxale, comme l'a dit M. Dumas dans son Rapport sur
la découverte de M. Lamy. Si, à certains points de vue, les propriétés du
nouveau métal rapprochent celui-ci des métaux alcalins, d’autres considé-
rations entraînent à le classer près du plomb. Les sels de thallium (R, TI)
sont décomposés par le zinc, qui met le thallium en liberté, et le cadmium
possède le même pouvoir. Il suit de là que dans un couple hydro-électrique
construit d’après les principes de celui de Daniell , le thallium, à la valeur
du coefficient près, joue le rôle du cuivre relativement au zinc et au cad-
mium; c’est ce que prouve la comparaison des couples suivants :
Couples hydro-électriques. Forces électromotrices.
a) Zma SO Zn aA Sinä Bi — Cu
Cu+...S0', Cu + 74q) FR Lio
| Zn™ ...S0*, Zn + 7 Aq} = Bi — Cu
(2) Ti+ .. .S0‘, TI + nr Aq ko re 0° — 100°
Zn ...S0', Zn + n Àq Bi — Cu
3 ? Ps wg
(RE pR ..SO!, Cd + 7Aq\ RER 0° — 100°”
Cd”...S0", Cd + z Aq ) o Peb
(4) TH ...804, TI +Aq| — EN cer à
» Du rapprochement de ces valeurs on peut induire que la distance du
thallium au cadmium est notablement moindre que celle qui sépare le cad-
mium du zinc. Cette proximité extrême est rendue évidente par une obser-
vation qui se rattache complétement au sujet de la Note. On peut voir que
la force électromotrice du couple (Cd-...TI+) (4) est la même et de signe
identique à celle du couple (ca e E
que dans un couple i
} et l'expérience montre, en effet,
Cd
(re ... SO‘, Cd + z Aq
TI ...S0', TI + #Aq
la force électromotrice est sensiblement nulle.
» Si, au sujet du thallium, l’auteur n’a pas craint de revenir sur la ques
tion des amalgames, c'est moins à cause de l'intérêt limité qui s'attache à €%
(615 )
combinaisons qu’en vue des problèmes généraux que permet de résoudre un
ensemble de composés doués de la conductibilité métallique, et dans les-
quels les quantités de chaleur mises en jeu par l’affinité chimique sont
très-voisines de celles qui expriment les actions physiques ou mécaniques
indispensables à l'exercice de cette force. »
s
CHIMIE MINÉRALE. — Nouvelles recherches sur la théorie de la préparation
de la soude par le procédé Le Blanc. Mémoire de M. A. Scueurrs-
Kesrxer (1), présenté par M. Pelouze. (Extrait.)
« Mes premières recherches sur ce sujet mont conduit aux deux con-
clusions suivantes :
» 1° Les marcs de soude ne renferment pas d’oxysulfure de calcium; ils
sont formés par un mélange de sulfure et de carbonate, auquel s'ajoute
quelquefois l’oxyde.
» 2° La première réaction qui a lieu dans le four à soude est la réduc-
tion du sulfate en sulfure, puis la transformation de ce sel en carbonate
par double décomposition avec la craie.
» Ces conclusions furent confirmées d’abord par une Note de M. Du-
brunfaut, déjà ancienne, mais inédite, et qui parut dans les Mondes (2).
L'expérience principale de M. Dubrunfaut est absolument la même que
celle sur laquelle je me suis appuyé (3).
» MM. Em. Kopp (4) et P.-W. Hofmann (5) ont combattu la première
conclusion, mais M. Pelouze est venu l’appuyer de sa savante autorité,
et on peut affirmer aujourd’hui que la question de l'existence de l’oxy-
sulfure de calcium est résolue négativement.
» Il n’en est pas de même de la seconde conclusion, qui a été contestée
par M. Kolb (6). Ce chimiste ayant rencontré « d’insurmontables diffi-
» cultés à préparer de la sonde en petite quantité, dans des creusets de
» laboratoire, » pense que la présence dë l'acide carbonique provenant du
foyer est nécessaire à la réaction finale.
mm
(1) Comptes rendus de l Académie des Sciences, 21 décembre 1863 et 14 mars 1864.
(2) Numéro du 17 mars 1864.
(3) Comptes rendus de l’Académie des Sciences, 14 mars 1864.
(4) Comptes rendus de l’ Académie des Sciences, t. LXI, 796.
(5) Comptes rendus de l’Académie des Sciences, t. LXII, 291.
(6) Annales de Chimie ét de Physique, 4° série, t. VIL, p. 118.
( 616 )
» La seconde objection de M. Kolb repose sur le remplacement possible
du carbonate de calcium par l’oxyde ou l'hydrate.
» J'ai donc eu à examiner successivement ces deux objections.
» La première se trouve en contradiction avec ce que j'ai dit dans mon
Mémoire, où j'ai indiqué qu’en prenant certaines précautions et en opérant
dans des creusets chauffés sur un feu de charbon, on peut obtenir de la
soude brute de très-bonne qualité (1). J'ai multiplié ces expériences et suis
toujours arrivé au même résultat. En opérant dans des creusets de terre
chauffés sur un feu de charbon ou dans des creusets de platine exposés à la
flamme d’une lampe à alcool, j'ai toujours obtenu de la soude brute d’un
titre plus ou moins élevé, suivant l'efficacité des précautions prises contre
l’action perturbatrice de lair ou d’une température trop élevée.
» Cependant, comme l'opération faite dans des creusets chauffés directe-
ment pouvait paraître douteuse, à cause du milieu gazeux dans lequel ils
se trouvent toujours plus ou moins exposés à l’action de l'acide carbo-
nique, j'ai cherché une autre méthode qui me miît à l'abri de pareilles
objections, tout en continuant à opérer en vase clos.
» Pour y arriver, j'introduis les creusets dans de la soude brute fondue,
au moment où elle vient d’être retirée du four. Recouverts par la masse en
fusion, qui les porte à la température convenable et les soustrait à l'action
de l'air, les creusets se trouvent en même temps à l’abri de toute source
d'acide carbonique autre que la réduction du sulfate de sodium. Les creu-
sets employés étaient en porcelaine, d’une capacité de 50 centimètres cubes
environ, et fermés d’une manière imparfaite par les couvercles liés avec des
fils de cuivre.
» Pour retirer les creusets et en examiner le contenu, on attendait que
la soude brute, solidifiée, fût complétement refroidie.
» Un mélange composé de :
Sulfate de sodium...,,..... TAN 100
Charbon de bois. ...........: PR PPS UT Dos 16
Garbonale de calau. seir ari osaten JO
a produit de cette manière des culots poreux semblables à la soude brute
et produisant un sel renfermant quelquefois 92 pour 100 de carbonate de
sodium.
» Ces essais me permettent de conclure que la soude brute peut étre pré
parée dans des creusets à l'abri des gaz d’un foyer.
yenar ES
(1) Annales de Chimie et de Physique 4° série, t. I, p. 412.
(617)
» Le même essai, fait en employant un excès de carbonate de calcium,
a donné un résultat analogue. Le sel de sodium obtenu était exempt de
soude caustique, preuve évidente de la non-réduction du carbonate de
calcium, tandis que le sulfate avait été réduit,
» Dessai suivant concorde, du reste, avec le précédent.
» Trois creusets ont été plongés dans la soude en fusion. Le premier,
servant de témoin, renfermait le mélange ordinaire; le second, du carbo-
nate de calcium pur, et le troisième un mélange composé de 5o grammes
carbonate de calcium et 6 grammes de charbon.
» Après l'opération, le premier creuset renfermait de la soude brute, et
la substance des deux autres était restée intacte. Nous arrivons ainsi à cette
seconde conclusion : Méme en présence du charbon , le carbonate de calcium
exige, pour se décomposer, une température supérieure à celle nécessaire à la
réduction du sulfate de sodium. Il est donc tout naturel de ne pas rencontrer
de soude caustique dans les liquides obtenus avec la soude brute préparée
dans les creusets, même avec un grand excès de calcaire.
» [reste à savoir si la présence de l'acide carbonique provenant de la
réduction du sulfate est indispensable à la réduction. ll me semble que
cette question peut être résolue négativement, car, en supprimant cet acide
carbonique, ou, en d’autres termes, en employant le sulfure de sodium
tout formé, on obtient du carbonate de sodium. On peut donc conclure :
L'acide carbonique libre n’est pas indispensable à la transformation du sulfate
de sodium en carbonate.
» Lorsqu'on remplace la craie par l’oxyde ou par l’hydrate de calcium,
la réaction est absolument la même. Il se forme préalablement du carbo-
nate, qui réagit ensuite sur le sulfure de sodium, Sur la sole du four à soude,
cette carbonatation est toute naturelle, car, au moment où le mélange est
ilroduit dans le four, il rencontre une grande quantité de gaz carbonique
provenant du foyer, Bien plus, on peut, même dans les creusets, remplacer
la craie par l’hydrate ou par l’oxyde de calcium. Un mélange composé de :
Oxyde de calin 125,502 2. 221. 28
Sulfate de sodidm, Le: brie nt š
Charbon de bois............ es Lasia 18
enfermé dans des creusets et chauffé dans de la soude brute en fusion a
Produit un sel renfermant quelquefois jusqu’à 94 pour 100 de carbonate
ee sodium et complétement exempt de soude caustique. En ajoutant
éme de la chaux vive à un mélange composé de craie, de sulfate et de
( 618 )
charbon, eten faisant l'opération dans un creuset plongé dans la soude en
fasion , la soude brute obtenue fournit encore un sel exempt de soude
caustique ; ce résultat a été obtenu, par exemple, par le mélange suivant :
Sulfate de sodium, ..................... JI
Chiat VWE: esaiar ooa =
» Ainsi, au moment où le sulfate de sodium se décompose, l'acide car-
bonique provenant de cette décomposition est fixé par la chaux ; la chaux
vive se carbonate donc dans ces conditions, c’est-à-dire à la température à
laquelle a lieu la décomposition du sulfate de sodium.
» On peut tirer de ces faits la conclusion suivante : Que l'on emploie de
la craie, de l'hydrate ou de l’oxyde de calcium, au moment où le sulfure de
sodium est formé, il se trouve en présence de carbonate de calcium.
» On est donc autorisé à regarder la seconde phase de la réaction qui
produit la soude brute comme une double décomposition entre le sulfure
de sodium et la craie. ,
» Ces expériences me permettent de maintenir cette conclusion de mon
premier Mémoire ; toutefois il faut y apporter une modification quant au
rôle utile de l’excès de calcaire. J'avais émis l'opinion que l'excès de cal-
caire devait servir à remplacer la portion qui, accidentellement, se trou-
verait transformée en chaux caustique avant que la décomposition du sulfate
de sodium soit complète. Mais l'utilité de l'emploi de cet excès doit être
cherchée ailleurs. Outre celle de multiplier les points de contact du calcaire
avec le sulfure de sodium, l'excès de calcaire offre encore l'avantage de
rendre les sels obtenus plus blancs, c’est-à-dire moins sulfureux, par la
raison que la soude caustique des liquidės retarde la double décomposi-
tion entre la dissolution du carbonate de sodium et le sulfure de calcium:
Cette observation est due aux expériences très-précises et très-concluantes
de M. Kolb.
» Quant à l'excès de charbon dont la pratique a consacré l'usage, une
petite partie est employée à la réduction du carbonate de calcium, mai
une grande partie se trouve brûlée par l'oxygène des gaz du foyer. pes
analyses spéciales m’ont montré que ces gaz renferment toujours au moins
10 pour 100 d'oxygène.
» Les conditions théoriques pour obtenir de la soude brute n’exigeraient
que quantités équivalentes de sulfate de sodium et de craie, plus le carbone
(619)
nécessaire à la réduction du sulfate de sodium, à condition toutefois de
soustraire le mélange à l’action oxydante de lair, à celles des gaz d’un
foyer, et d'atteindre, sans la dépasser, la température convenable.
» Voici maintenant ce qui se passe dans un four à réverbère.
» Le mélange occupe sur la sole du four une hauteur de plusieurs cen-
timètres. La partie supérieure se réduit d’abord, et la réaction y est déjà
assez avancée lorsqu'un coup de ringard vient renouveler les surfaces. La
chaux caustique qui s'était formée dans la couche pâteuse de la surface se
carbonate par l’acide carbonique provenant de la réduction du sulfate des
couches inférieures. Au moment où le sulfate de sodium entre en fusion,
il pénètre le calcaire et s’y décompose.
» Lorsque tout le sulfate de sodium est décomposé et que le dégagement
d'acide carbonique se modère, la température de la coulée augmente et le
calcaire en excès commence à se décomposer en produisant de l’oxyde de
carbone. Le dégagement de ce gaz est un indice précieux sur lequel on se
guide pour reconnaître si l'opération est terminée; ce dégagement n'ayant
lieu que lorsque la masse s’épaissit, il lui donne la forme poreuse si favo-
rable à la dissolution. En ne tenant compte que du carbone nécessaire à la
décomposition du sulfate de sodium et à celle de la craie, la réaction est
représentée par les trois équations suivantes (1) :
Première phase. . . . 5Na?SO* + roC = 5Na°S + 10C0*.
_—
.
À
Sulfate de sodium
Deuxième phase. . .: . 5Na?S + 5CaCO* = Na? CO® + 5 Cas.
Craie.
Troisième phase.. . .. aCaCO? + 2G = 2Ca0O + 400. »
MÉTALLURGIE, — Acier Bessemer au tungstène. Note de M. Le Guen,
présentée par M. Pelouze.
« Les qualités supérieures de l'acier au tungstène étant connues, il était
désirable de pouvoir le produire par grandes masses. J'y suis parvenu en
me servant du procédé Bessemer, à l’aciérie d'Imphy, où J'ai fait cet essai,
M. Hubert, qui, dans cet établissement, dirige avec talent et succes la
fabrication de l'acier Bessemer, a surveillé les détails de l'opération, pour
oaea M: MONTRES
(1) Na — 23, S— 32, O0 — 16, C— 12, Ca — 40.
C. R., 1867, 1°? Semestre. (F. LXIV, N° 41.)
82
( 620 )
laquelle nous avons suivi la marche ordinaire, en agissant sur des quantités
de métal égales à celles employées habituellement. Ainsi 3200 kilogrammes
d’une fonte grise, connue pour donner de bon acier par l'addition de
4oo kilogrammes d’une fonte blanche lamelleuse, le spiegel-eisen, qu'on
reçoit de Prusse, furent, après fusion au four à réverbère, décarburés dans
le convertisseur. Puis, au lieu de spiegel-eisen, on ajouta 400 kilogrammes
d’une fonte contenant du tungstène. Nous avons obtenu de cette manière
un acier prenant bien la trempe, se forgeant et se laminant bien. Façonné
en rails pour chemins de fer, en feuilles de ressorts pour wagons et en tôle,
il a, sous ces diverses formes, bien résisté aux épreuves exigées.
» La fonte alliée provenait en grande partie de celle préparée au cubilot
par la méthode dont j'ai donné la description dans une Note insérée aux
Comptes rendus (1). La teneur, 8,84 pour 100, de cette dernière en tung-
stène, était moindre dans une autre portion préparée différemment, de sorte
qu’elle se réduisit en moyenne à 6,42. Cette dose, répartie uniformément sur
toute la masse du métal introduit dans l'appareil, donne la proportion de
0,70 pour 100. Mais, par suite d’oxydations dans le four à réverbère et le
convertisseur, il y eut des pertes qui, d’après l'analyse faite à l'École des
Mines, s’élevèrent à moitié environ de la quantité totale. Cette déperdition
n’a du reste rien d’extraordinaire; car, avec tous les procédés suivis jus-
qu'ici pour obtenir de l’acier au tungstène, on n’a jamais réussi qu'à utili-
ser une assez minime partie de ce dernier métal.
» L’acier produit contenait donc seulement quelques millièmes de tung-
stène, et il paraitra peut-être difficile qu’une si faible proportion ait eu un
effet appréciable. Il n’en faut pas moins attribuer au traitement par le wol-
fram la propriété acquise d’avoir donné de l'acier de bonne qualité. Pour
opérer cette transformation, une fonte pure et surtout exempte de phos-
phore est nécessaire; or, celle qui formait la base de l’alliage ne remplissait
pas ces conditions, c’était de la fonte grise écossaise de Gartsherrie, nulle-
ment aciéreuse, et que l'influence du wolfram a dù modifier profondément:
» Nul doute, en conséquence, que par un choix de fontes mieux appro-
priées à ce genre de fabrication, l’on ne parvienne à des résultats encore
meilleurs. Quant à la déperdition du tungstène, je crois qu’on pourra Fatter
nuer au moyen de quelques changements dans les détails de l'opération. Il
faut aussi remarquer qu’en appliquant ma méthode des agglomérés de
wolfram il sera facile de donner à l’alliage de la fonte un titre beaucoup
(1) 1866, deuxième semestre; p. 977-
( 621)
plus élevé. De l'emploi simultané de ces divers moyens résulteraient des
aciers Bessemer supérieurs à ceux de la fabrication ordinaire, de même que,
dans les creusets, on obtient des aciers fondus supérieurs par l'addition
du tungstène.
» La fonte blanche lamelleuse étant, de toutes, la plus chargée de car-
bone, la proportion de celle au tungstène qu'il convient de lui substituer
doit varier avec leur richesse relative à cet égard. Ainsi, à l’aciérie d'Imphy,
pour avoir de l'acier doux, les autres conditions restant les mêmes, on
réduit à 250 kilogrammes le poids du spiegel-eisen ajouté. Nous essayâmes
de le remplacer par un poids égal de fonte au tungstène, mais cette fois on
eut un acier trop doux, accompagné de fer à nerf et impropre à tout usage,
la dose de carbone fournie par la deuxième fonte ayant été insuffisante pour
recarburer tout le fer contenu dans le convertisseur. Refondu en creuset,
avec de la fonte qui lui cédait du carbone, cet acier ferreux se transformait
en excellent acier. I y aura donc lieu, toutes les fois qu’on devra employer
une fonte nouvelle, de faire des expériences préliminaires dans le but de
connaître la proportion qu’il faut en ajouter pour recarburer suffisamment
le métal dans l'appareil et produire des aciers de telle ou telle qualité.
» Il résulte de ces expériences :
» 1° Qu'on peut se servir de l'appareil Bessemer pour combiner le tung-
stène et l'acier;
» 2° Que la perte de tungstène reconnue par l'analyse est comparable
à celle observée dans les autres procédés précédemment essayés;
» 3° Qu’une fonte grise ordinaire, au coke, nullement aciéreuse et plu-
tôt impure, est devenue, à Paide de'son traitement par le wolfram, suscep-
tible de transformer en acier de bonne qualité le métal décarburé dans le
convertisseur, ce qui ouvre un vaste champ pour la recherche et l'emploi
des fontes les plus aptes à donner des aciers d’une qualité voulue ;
» 3° Qu'enfin, au moyen de cette méthode, il sera possible d’obtenir
des pièces de grandes dimensions en acier Bessemer au tungstène. »
ÉLECTRICITÉ. — Cas particulier où un paralonnerre communiquant avec une
citerne peut devenir inefficace; par M. E. Ducaemnx. (Extrait.
« Pendant un des derniers orages qui éclatèrent sur la ville de Fécamp,
je fus témoin d’un fait intéressant : la foudre n'épargna pas plus le phare
Muni d’un Paratonnerre que certaines maisons qui n’en possèdent pas. Le
tonnerre a pu ravager l’intérieur de ce phare et y briser jusqu’aux dalles
82..
( 622)
de marbre qui en recouvraient le sol. A la suite de cet événement, les dé-
gâts furent réparés, le paratonnerre fut visité dans toutes ses parties et
reconnu remplissant toutes les conditions réglementaires ; il se trouve
encore dans les mêmes conditions qu'avant l'accident.
» Dans ces circonstances, il ma semblé intéressant de chercher à pré-
ciser la cause de l’inefficacité de ce paratonnerre. L'édifice est placé sur le
haut d’une falaise, à 125 mètres au-dessus du niveau de la mer. Le sol de la
falaise est profondément calcaire. Or, les conditions indiquées ancienne-
ment déjà par M. Pouillet, pour qu’un paratonnerre soit efficace, sont :
1° que la pointe de la tige soit aiguë; 2° que le conducteur communique
avec le sol; 3° que, depuis la pointe jusqu’à l'extrémité inférieure du con-
ducteur, il wy ait aucune solution de continuité; 4° que toutes les parties
de l'appareil aient des dimensions convenables. Enfin, lorsqu'on ne pourra
pas faire plonger le conducteur dans l’eau d’un puits, il faudra, selon
M. Pouillet, chercher au moins un lieu humide et y mener le conducteur
par une longue tranchée.
» Le phare de Fécamp a été édifié, comme je lai dit plus haut, sur un
sol crayeux, et c’est dans une citerne creusée dans ce sol, recouverte d’une
épaisse couche de ciment de Portland, que vient plonger la partie infé-
rieure de l'appareil préservateur.
» Il ne suffit donc point de mettre le conducteur en communication ay
un lieu humide; il faut encore qu'il soit en communication avec des couches
humides d’une grande étendue. L'accident arrivé au phare de Fécamp est
une preuve de plus, pour démontrer qu’une bonne citerne n'offre pas
toujours les conditions favorables à l'établissement d’un paratonnerre. ?
ec
PHYSIOLOGIE COMPARÉE. — Sur la prétendue période d'excitation de l'empot-
sonnement des animaux par le, chloroforme ou par l'éther. Note de M. P.
Berr, présentée par M. Robin.
« Lorsqu'on soumet un animal à des inhalations d’éther ou de chloro-
forme, on reconnait aisément que l’action du poison se manifeste d'abord
par une excitation, plus ou moins vive; l'animal s'agite, respire bruyam-
ment, remue convulsivement la tête et les membres. Si on opère sur UP
animal très-intelligent, sur un chien par exemple, et, à plus forte raison, $!
Pon opère sur un homme, on voit, à ces troubles de la motilité, s’en joindre
d'autres du côté de l'intelligence; on se trouve en présence de rêves dans
lesquels le sujet lutte presque toujours contre quelque violence physique
( 623 )
imaginaire, et souvent, s’il s’agit de l’homme, contre quelque contrainte
ou souffrance morale. Mais bientôt tous ces phénomènes s’apaisent, et
l’'éthérisé tombe dans un état complet d’insensibilité. Aussi, tous les au-
teurs sont d’accord pour décrire, avant cette période de relâchement, une
période d'excitution du système nerveux.
» Si l’on veut simplement exprimer par ces mots l'agitation de corps et
d'esprit que manifeste l'animal, on est dans le vrai, tout en n’expliquant
rien; mais si l’on entend, comme le font presque toutes les personnes qui
se servent de ces expressions, si l'on entend ainsi que le système nerveux
cérébro-spinal est primitivement excité avant d’être relâché, que son action
augmente d’abord d'intensité pour diminuer ensuite au point d’être an-
nulée pour ce qui a rapport à la réceptivité et à la réflectivité, on avance
une hypothèse qui vaut la peine d’être examinée; or, l'examen démontre,
comme nous allons le prouver, que l’hypothèse est fausse,
» Sectionnons sur un mammifère nouveau-né, chat ou lapin, la moelle
épinière au niveau du commencement de la région dorsale; immédiatement,
le train postérieur est paralysé, mais pendant longtemps nous pouvons en
obtenir des mouvements réflexes intenses. En plaçant alors l'animal dans
une atmosphère chargée d’éther ou de chloroforme, on voit qu'après une
agitation très-vive de la face et des pattes antérieures, l’insensibilité survient
à peu près en même temps pour les deux paires de membres. Mais nulle
agitation ne s’est manifestée dans les membres postérieurs; de plus, en les
pinçant à différents moments de l’inhalation anesthésique, on voit la sen-
Sibilité diminuer graduellement à partir de l’état normal. Il n’y a donc eu
aucune surexcitation passagère des propriétés de la moelle épinière précé-
dant leur disparition. La prétendue période d’excitation n'existe donc pas
Pour le centre nerveux rachidien. Mais à quoi tient l'agitation excessive
des membres antérieurs et de la tête chez l'animal en expérience? Incontes-
tablement à l’action irritante du chloroforme ou de l’éther sur les mu-
queuses oculaire, nasale, buccale et surtout glottique. En effet, ouvrons la
trachée d’un lapin, fixons-y un tube de verre muni d’une petite ampoule,
et, laissant l'animal en pleine liberté, introduisons dans l’ampoule de petits
Morceaux d’ouate imbibés de liquide anesthésique. Si Pacte respiratoire
n'est pas géné, on voit l'animal s'arrêter d’abord dans sa marche, s'ac-
croupir, puis s'endormir tranquillement en devenant complétement in-
sensible. 11 ne présente, dans cette circonstance, aucune excitation.
» Il n'existe donc point, dans l’intoxication anesthésique, de véritable
Période d'excitation; l'irritation due au contact du chloroforme avec les
( 624 )
muqueuses est la cause principale de l'agitation manifestée par les animaux
soumis à son inhalation. Chez les lapins, cette cause est certainement la
seule; mais en est-il de même chez les animaux plus intelligents, et'notam-
ment chez l’homme? Il est permis d'en douter. On peut, je crois, considérer
comme certain que, chez eux comme chez les lapins, ni la moelle épinière
ni les organes encéphaliques ne sont surexcités dans leurs propriétés. Mais
il me semble très-vraisemblable que, pendant un certain temps, les impres-
sions transmises par une moelle dont les fonctions sont partiellement abo-
lies, à un cerveau lui-même inégalement attaqué dans ses différentes parties,
peuvent avoir pour résultat des conceptions délirantes plus ou moins nettes,
des rêves engendrant des mouvements désordonnés. Il n’y aurait pas là une
excitation des cellules cérébrales, mais un trouble dans leurs relations entre
elles et avec les cellules médullaires, une sorte d’anarchie cérébrale.
» Il faudrait, pour s'assurer de la vérité de cette explication, pou-
voir soumettre à l’anesthésie quelque personne portant une fistule tra-
chéenne qui permettrait d'introduire le gaz toxique directement dans les
poumons , en éliminant la cause d'erreurs due aux muqueuses sus-glot-
tiques. On verrait alors s’il se manifeste quelques-uns de ces phénomènes
rapportés jusqu'ici à l'excitation du cerveau, et qui ne seraient, au CON-
traire, que la conséquence d’une cessation incomplète et irrégulière de ses
fonctions.
» S'il en était ainsi, il serait permis de se demander si, dans beaucoup
de maladies délirantes, l'agitation parfois redoutable des malades est due
à une véritable excitation des organes intellectuels, ou s’il ne faut pas plu-
tôt l’attribuer à un trouble apporté dans les relations entre les differentes
parties des centres nerveux, trouble en rapport avec une diminution dans
l'énergie de quelques-unes d’entre elles : d’où se tireraient des conse-
quences graves au point de vue de la thérapeutique. Mais ceci nous écarte
de notre sujet.
» Il reste donc, je pense, démontré que, sous l'influence d
et de léther, les propriétés des centres nerveux sont progressivemen
primées sans nulle surexcitation préalable. | |
» Je wai parlé que des propriétés des centres nerveux; c’est que Fapber
du poison sur ces centres suffit à expliquer les phénomènes anesthési-
ques. En effet, chez un animal empoisonné par le chloroforme, les muscles
et les nerfs moteurs conservent, comme on le sait depuis longtemps, leurs
propriétés vitales. De plus, si, avant l'emploi des anesthésiques, OM â, chez
une grenouille où un mammifère nouveau-né, lié complétement Jassy?
u chloroforme
t dé-
( 625 )
seaux d’un membre, de manière à empéècher le sang chargé de -poison
d'aller impressionner les nerfs sensitifs de ce membre, on voit que l'anes-
thésie s'étend à cette partie aussi bien et aussi vite qu'aux autres, et ici le
poison a porté son action exclusivement sur le centre nerveux.
» Ce n'est pas à dire, bien entendu, que l'extrémité périphérique des
nerfs sensitifs ne puisse être directement influencée par le chloroforme : les
anesthésies locales, si faciles à produire sur les grenouilles, par exemple,
sont la preuve de cette impression directe. Mais, dans l’empoisonnement
par inhalation pulmonaire, je crois que l’action sur les centres nerveux
domine la scène et suffit à expliquer tous les phénomènes,
» Maintenant, quelle est la partie du centre nerveux impressionnée ? En
quel point est rompue la chaîne physiologique qui unit l'extrémité phéri-
phérique du nerf sensitif à celle du nerf moteur ? Est-ce la réceptivité du
centre nerveux qui est atteinte, ou sa réflectivité, ou sa motricité? Incon-
testablement c’est la réceptivité sensitive. Sans parler des observations faites
sur l’homme par les chirurgiens, ni de l’action du chloroforme dans les
empoisonnements par la strychnine, l'expérience suivante le démontre
parfaitement, Chloroformez un rat jusqu’à insensibilité cutanée complète,
puis plongez-le dans l’eau tiède : bientôt l'animal s'agite, moins énergique-
ment, il est vrai, que s’il n’eût pas été anesthésié,
» Cela prouve manifestement que le pouvoir excito-moteur des centres
nerveux est resté intact, la réceptivité de la moelle épinière ayant disparu ,
Puisque l'excitation de la moelle allongée par un sang privé d'oxygène et
chargé d’acide carbonique a pour conséquence des mouvements qui ne
Peuvent être dus qu’au pouvoir excito-moteur de la moelle épinière. »
ANATOMIE COMPARÉE. — Étude sur le disque céphalique du Rémora (Echeneis).
Mémoire de M. E. Bauveror, présenté par M. E. Blanchard. (Extrait
par l’auteur.) :
« Le disque de la tête du Rémora a été dès les temps les plus reculés un
sujet d'attention pour les observateurs. Parmi les naturalistes modernes,
quelques-uns, tels que Voigt, Stannius, ont émis l'opinion que ce disque
Pouvait être considéré comme l'équivalent d’une nageoire dorsale; mais
Cette manière de voir n’a pas été appuyée sur une démonstration rigou-
ie: certaines pièces intérieures du disque étant restées indéterminées ;
d'autre part, le mécanisme au moyen duquel s’opère la fixation n’a jamais
*
ete non plus analysé et expliqué d'nne manière satisfaisante.
( 626 )
» Les recherches que j'ai l'honneur de soumettre à l’Académie ont eu
pour but de résoudre ces questions encore obscures.
» Le disque des Rémoras occupe, comme on le sait, la face supérieure
de la tête. Sa forme est celle d’un ovale très-allongé, dont les bords un peu
relevés sont constitués par un repli de la peau disposé de manière. à
former tout autour de l'organe une sorte de cadre mobile. La face supé-
rieure du disque est plane; elle présente de chaque côté de la ligne médiane
une série de petites lames transversales, à peu près parallèles, et légèrement
inclinées en arrière, de manière à se recouvrir en partie comme les lames
d'une persienne. Entre ces lames existent autant d’espaces vides correspon-
dants.
» A l'exception de ses bords, le disque est soutenu par une charpente
intérieure, formée d’un nombre considérable de petits os, répartis en une
suite de segments similaires, régulièrement échelonnés d'arrière en avant.
» Chaque segment se compose des pièces suivantes, au nombre de
quatre : une os interépineux, deux rayons, un osselet articulaire.
» a. L’os interépineux est une petite pièce impaire, médiane, placée à la
face inférieure du disque, en forme d'épine grêle, à pointe dirigée en bas,
et rappelant tout à fait par son aspect les os interépineux qui soutiennent
les rayons des nageoires. Il est de même nature que ces derniers.
» b. Les rayons se trouvent représentés par deux petites tiges osseuses,
couchées en travers dans un plan horizontal, et articulées par leur base, au
niveau de la ligne médiane, avec l'os interépineux correspondant. Cha-
cune de ces tiges, prise isolément, correspond à une moitié de rayon de
nageoire, laquelle moitié, au lieu d’être restée accolée à sa congénère dans
un plan vertical, s’en serait écartée pour se rabattre sur le côté.
» c. L'osselet articulaire est un os impair, symétrique, étendu en tra-
vers du disque, dont il occupe toute la largeur. Il se compose d’une por-
tion moyenne très-étroite, et de deux portions latérales élargies en maniére
de lames ou de palettes quadrilatères. De la face supérieure de ces der-
nieres se détache une petite apophyse lamelleuse dirigée en arrière (apo-
phy p articulaire), sous laquelle s'engage l'extrémité du rayon appartenant
au meme segment.
» Get osselet, dont la nature est restée méconnue jusqu'alors, doit être.
selon moi, considéré comme l'équivalent du petit nodule osseux qu! se
trouve à la nageoire dans écartement des bases des deux moitiés d'un
même rayon. l
» Quant au mécanisme à l’aide duquel s'opère la fixation du disque, il
|
|
|
(627)
est facile à saisir lorsque l’on s’est rendu compte de la disposition des pièces
de ce petit appareil.
» Chaque rayon, en effet, sert de support à une lame du disque. Il est
susceptible de se mouvoir sur son bord antérieur comme autour d’une char-
nière, et par conséquent d’incliner soit en avant, soit en arrière, la lame à
laquelle il correspond. Ce double mouvement est obtenu à l’aide de petits
muscles qui, d’une part, s’insérent à une apophyse de la base des rayons
faisant saillie à la face inférieure du disque, et de l’autre aux os interépi-
neux des segments voisins. Ces faisceaux correspondent aux muscles éléva-
teurs et abaisseurs des rayons des nageoires.
» Il est aisé de démontrer, à l’aide d’une construction géométrique bien
simple, que lorsque les lamelles du disque viennent à se redresser, l’espace
qu'elles interceptent se trouve agrandi; lair tend par conséquent à se raré-
fier dans cet espace, et comme toute communication avec l'extérieur se
trouve interrompue au moyen du repli cutané qui borde le disque, il ré-
sulte de là un effet de succion entièrement comparable à celui de la ven-
touse. »
ZOOLOGIE, — Observations sur l’Argyronète aquatique ;
par M. F. Prareau.
« L’Argyronète aquatique ( 4rgyroneta aquatica, Walck.), observée en
1749 par l’abbé de Lignac, et un peu plus tard, en Suède, par Clerck, était
tombée depuis lors dans un oubli presque complet.
» J'ai repris l'étude de cet animal, l’un des Arachnides les plus intéres-
sants, Mon travail, dans lequel je passe rapidement sur ce qui était déjà
connu, renferme, entre autres observations que je crois nouvelles, l’exa-
men- du développement embryonnaire avant et après la ponte, et du déve-
loppement des jeunes après l’éclosion; la description d’une seconde habi-
tation, différente du nid, située à une assez grande profondeur, et où se
tient l'animal en dehors de l’époque de la reproduction; la manière dont
l'Argyronète s'y prend pour construire l’une et l’autre de ses demeures;
enfin l'explication de l’adhérence d'une couche d'air au corps de l'animal,
explication différente de celle de de Lignac et de Latreille, qui attribuaient
ce phénomène à un enduit graisseux ou résineux.
» Mes expériences mont conduit à constater l'absence d’un pareil. en-
duit et à chercher la cause de l’adhérence en question dans les poils fins et
nombreux dont le corps de l’Argyronète est garni. J'expose la théorie du
c, R., 1867, 17 Semestre. (T. LXIV, N° 44.) 83
( 628 )
phénomène en me basant sur les curieuses expériences de M. Duprez (Mé-
moire sur un cas particulier de l'équilibre des liquides, Mémoires de l’Aca-
démie de Belgique, t. XXVI et XXVIII), d’après lesquelles la surface de
contact entre l'air et un liquide présente une stabilité extrêmement grande
lorsque l’étendue de cette surface est suffisamment petite. Dans le cas
de l’Argyronète, les poils qui traversent la couche d'air, et qui forment
de petits faisceaux renfermant eux-mêmes de l'air, se mouillent à leurs
parties extérieures et constituent ainsi autant de points d’adhérence pour
l’eau, points qui divisent en quelque sorte la surface générale de lair en
une multitude de surfaces partielles très-petites, et par conséquent très-
stables. »
PALÉONTOLOGIE. — Sur les fouilles faites dans un gisement ossifère de l'âge du
Renne, à Bruniquel (Tarn-et-Garonne). Note de M. Peccapeav De L’Isr,
présentée par M. d’Archiac.
« Il y a quelques années déjà que M. de Lastic présenta à l’Académie
divers instruments en silex et des ossements travaillés de l’industrie des
temps primordiaux de la race humaine, trouvés dans une caverne à Bruni-
quel, sur la rive droite de l'Aveyron.
» De son côté, M. Brun, de Montauban, faisait pratiquer des fouilles
sous les abris de rochers pres de l'antique et pittoresque château de Bruni-
quel, qui se dresse encore, mais en ruines, sur l’une des crêtes les plus
escarpées de ces roches jurassiques, sur la rive gauche de l'Aveyron.
» Là, comme dans la caverne de M. de Lastic, les fouilles ont produit la
découverte d’une quantité considérable de silex taillés et d’autres produits
de l’industrie de cette époque reculée.
» Dans ces foyers préhistoriques on a constaté la présence de nom-
breux débris de Mammifères, d'Oiseaux et de Poissons, parmi lesquels il a
été facile à M. Lartet de reconnaître la présence du Renne, du Bœuf, du
Bouquetin et du Chamois; quelques débris paraissant appartenir au Saiga,
Antilope vivant encore en Russie, y ont été également constatés, de même
que la présence de Carnassiers et de Rongeurs (Loup, Renard, Castor).
» J'ai l'honneur de présenter aujourd’hui à l’Académie plusieurs produits
de cette industrie primitive, provenant des fouilles que j'ai fait exécuter
sous l'abri en surplomb de l’un des rochers les plus élevés de Bruniquel, à
quelques mètres de l’Aveyron. Parmi les silex taillés de très-petites dimen-
tions qui se comptent par milliers, on trouve, comme dans les autres stations
( 629 )
de l’âge du Renne, des flèches barbelées en bois de Renne, de nombreuses
aiguilles faites en os et habilement perforées à l’une de leurs extrémités,
des dents percées pour ornements, des sifflets de chasse faits avec une pha-
lange de pied de Renne, et d’autres instruments dont l'usage nous est jus-
qu’à présent inconnu.
» Un goût assez prononcé pour les arts distinguait les peuplades
aborigènes qui avaient ainsi établi leurs foyers dans les cavernes et sous les
abris de rochers de cette partie de la France, dont le sol tonrmenté leur
offrait des lieux d'habitations qu’ils choisissaient toujours à proximité d’un
cours d’eau.
» Le Renne était pour eux l'animal de prédilection; ils se plaisaient à
reproduire ses traits, et c’est par la sculpture, sur des extrémités de défense
de Mammouth, de deux de ces animaux préférés, qu’un artiste de ce
temps nous a légué les chefs-d’œuvre les plus anciens connus que j'ai l’hon-
neur de mettre sous les yeux de l’Académie, Tout nous fait supposer que
l'ivoire employé par cet artiste l’a été à l’état frais et non à l'état fossile.
Les précédentes découvertes nous prouvent que le Mammouth était connu
des habitants des cavernes et qu'il vivait de leur temps. La lame d'ivoire
fossile trouvée en 1864, dans un gisement ossifère du Périgord, par
M. Lartet, et sur laquelle se trouve gravé au trait l'Éléphant des temps
glaciaires, vient confirmer d’une manière irrécusable la coexistence de
l'homme avec ce grand Pachyderme. Er
» Un autre objet artistique, que j'ai aussi l'honneur de mettre sous les
yeux de l'Académie, offre encore un grand intérêt paléontologique : c’est
la sculpture, sur une palme d’un bois de Renne, d’un animal qui paraît être
ane conception fantastique de l’auteur. On pourrait cependant y recon-
naître l'intention de représenter un Éléphant. De nouvelles découvertes
nous mettront peut-être sur la voie de la valeur que ces peuplades pou-
vaient attacher à ces divers objets. »
M. Lrianorer adresse une « Notice sur la coïncidence du passage de la
Lune au méridien avec les mouvements de la colonne barométrique ». Des
observations consignées dans cette Notice, l’auteur croit pouvoir conclure
une règle permettant de prédire les variations de la colonne barométrique
avec une certaine approximation. :
Mine Paravey adresse une Note relative à l’origine de l’encens de Saba,
origine qu'il croit toute différente de celle de l'encens de l'Inde.
( 630 )
M. Barnacano adresse à l’Académie, par l'intermédiaire du Ministère de
l'Instruction publique, des documents manuscrits, écrits en italien, et rela-
tifs à la maladie des vins.
Ces documents seront soumis à l’examen de M. Pasteur.
A 5 heures et demie, l’Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures trois quarts. ED. B
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE,
L’ Académie a reçu, dans la séance du 18 mars 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Paléontologie française, ou Description des animaux invertébrés fossiles de
la France. Terrain crétacé, 23° livraison, t. VII; Echinides; par M. COT-
TEAU, t, IT; texte, feuilles 51 à 56, atlas, planches 1 197 à 1204. Paris, 1867;
in-8°, (Présenté par M. d’Archiac.)
Recherches anatomiques et paléontologiques pour servir à l’histoire des Oiseaux
fossiles de la France; par M. Alph. Mine EpWaRps, 4° livraison. Paris, 1867;
in-4° avec planches. (Présenté par M. Milne Edwards.)
Documents sur les tremblements de terre et les phénomènes volcaniques; par
M. Alexis PERREY. Dijon, 1865; in-8°, (Extrait des Mémoires de l’ Académie
des Sciences, Arts et Belles-Lettres.) (Présenté par M. Élie de Beaumont.)
Revue de Géologie pour les années 1864 et 1865 ; par MM. DELESSE et DE
LAPPARENT, t. IV. Paris, 1866; in-8°. {Présenté par M. Élie de Beau-
mont. )
(La suite du Bulletin au prochain numéro. )
ERRATA.
(Séance du 25 février 1867.)
Page 355, ligne 22, au lieu de 0,065, lisez 0,063.
Page 355, ligne 25, au lieu de 0,07200, lisez 0,06804.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 25 MARS 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Réponse à une assertion contenue dans la Note que
M. Duchemin a présentée à l’ Académie dans la séance du 18 mars 1867;
par M. Pover. i
_« Dans la dernière séance, à laquelle je n’ai pas pu assister, il a été fait
par M. Duchémin une communication trés-intéressante dont je viens de lire
l'extrait dans les Comptes rendus, p. 621. Il s’agit d’un coup de foudre
Qui a fait des dégâts considérables dans le phare de Fécamp.
» M. Duchemin explique très-bien que le paratonnerre a été inefficace
parce que l'extrémité du conducteur arrivait dans l'eau d’une citerne au
lieu d'arriver dans l'eau d’un pùits.
» En cela, il a parfaitement raison.
» Mais j'ai à regretter qu’il m’attribue une opinion que je mai jamais
acceptée et dont je n’ai céssé en toute occasion de démontrer le vice radical.
» M. Duchemin dit: Enfin, lorsqu'on ne pourra pas faire plonger le con-
ducteur dans l’eau d’un puits, il faudra, selon M. Pouillet, chercher au moins un
lieu humide et y mener les conducteurs par une longue tranchée.
» Dans la crainte que cette assertion de M. Duchemin ne puisse induire
C. R., 1867, 1°? Semestre. (T. LXIV, No 49.) 84
( 632 )
en erreur quelques personnes, il me paraît nécessaire de déclarer qu'elle
est complétement inexacte.
» En effet, voici le texte de mon Rapport du 19 février 1855 sur ce
point important (Instruction de 1855, p. 114):
« Quelquefois on s'imagine que le feu du ciel s'éteint avec de l’eau de la
» même manière que le feu d’un incendie, et, si l’eau est rare, on se tire
» d'affaire en l’enfermant dans une citerne bien étanche pour y plonger le
» conducteur, croyant ainsi avoir entièrement satisfait aux règles de la
» science. C’est là une erreur des plus dangereuses. Le conducteur doit
» communiquer avec le réservoir commun, c’est-à-dire avec de vastes nappes
» d’eau ayant une étendue beaucoup plus grande que celle des nuages ora-
» geux; l'eau elle-même deviendrait foudroyante, si elle n’avait pas une
» étendue suffisante.
» D’autres fois, dans les localités où les puits sont possibles, mais coù-
» teux, on profite de l'alternative laissée par les instructions : au lieu de
» faire un puits, on met les conducteurs en communication avec la terre
» humide, mais l’on ne s'inquiète pas de savoir si cette terre conserve une
» humidité suffisante aux temps de grandes sécheresses, quand les orages
» sont le plus à craindre; on ne s'inquiète pas non plus de savoir si cette
» couche humide est assez vaste pour ne laisser place à aucun danger. Nous
» signalons surtout cette seconde erreur, parce qu’elle nous paraît être
» plus commune encore que la première. Considérant d’ailleurs qu'il est
» fort difficile de reconnaitre si une terre humide satisfait à toutes les con-
» ditions de sécurité, nous n’hésitons pas à dire qu'il ne faut jamais recou-
» rir à ce mode de communication avec le réservoir commun ; nous recom-
» mandons, à défaut de rivières ou de vastes étangs, de mettre toujours les
conducteurs des paratonnerres en communication par de larges surfaces
» avec des nappes d’eau souterraines intarissables. »
» J'espère que, dans l'intérêt de la vérité et de la bonne pratique pour
l'établissement des paratonnerres, M. Duchemin voudra bien me pardon-
ner de mettre sous ses yeux le passage ci-dessus de mon Rapport de 1855,
qui avait sans doute échappé à son attention; j'espère aussi qu'après l'avoir
lu il voudra bien reconnaître que le Rapporteur, la Commission et l’ Aca-
démie elle-même condamnent très-explicitement l’emploi des citernes et des
puisards, celui des tranchées et celui de la terre humide, pour recevoir le
pied d’un paratonnerre. »
x
(633)
COSMOLOGIE. — Note sur deux grosses masses de fer météorique du Muséum,
et particulièrement sur celle de Charcas (Mexique), récemment parvenue
à Paris; par M. Davuprée.
« L'Académie apprendra avec intérêt que la météorite du Mexique, dont,
il y a quatre mois, M. le Maréchal Vaillant a annoncé l'expédition en
France, vient de parvenir à la galerie de Géologie du Muséuin.
» Le Mexique est l’une des régions du globe où l’on connaît le plus
de masses de fer météorique. M. le Conseiller des Mines de Prusse, Bur-
kart, qui a résidé longtemps dans ce Pays, n'a pas fait connaître, dans un
Mémoire intéressant, moins de neuf localités distinctes.
» Au moment de l'expédition, j'eus l'honneur de présenter à M. le Ma-
réchal Bazaine un extrait de ce travail, en exprimant le désir que l’une au
moins de ces masses půt nous arriver en France. Accueillant cette demande
avec un empressement dont le pays, aussi bien que les amis des sciences,
lui doivent une vive reconnaissance, ainsi qu'aux officiers qui lont secondé
dans cette occasion, le commandant en chef du corps expéditionnaire du
Mexique fit enlever à Charcas, près San-Luis-de-Potosi, la masse de fer
météorique qui S'y trouvait depuis un temps immémorial. Malgré l'énorme
difficulté que présente le transport d’une masse d’un pareil poids, elle fut
expédiée en France et offerte à l'Empereur, qui a daigné en faire don au
Muséum.
» Cette belle masse de fer météorique forme maintenant dans notre
galerie de Géologie le digne pendant de celle de Caille.
» Avant de faire connaître la masse précieuse que nous venons d’acqué-
rir, il nous parait utile de donner quelques renseignements sur celle que
nous possédions déjà, et qui nous fournira ainsi un terme de comparaison.
Observations relatives au fer météorique de Caille ( Alpes-Maritimes).
» On sait que ce fer a été découvert au mois d'août 1828 par M. Brard.
Ce bloc, qui pèse 625 kilogrammes , servait de banc à la porte de l’église
du village de Caille, alors dans le département du Var, aujourd’hui dans
celui des Alpes-Maritimes. Aucune tradition ne permet d'indiquer l'époque
e Sa chute, On sait seulement qu'il fut trouvé, il y a deux siècles, sur la
Montagne de l’Audibergue , située à 6 kilomètres au sud-est du village.
» Ioffre une forme évidemment fragmentaire.
(1) Neues Jahrbuch von Leonhard, 1856, p- 257.
84..
( 634 )
» Dans sa plus grande partie, il a conservé sa surface naturelle, c'est-à-dire
celle qu'il a prise au moment de l'explosion qui a dù précéder sa chute.
» Les figures de Widmanstætten, qu'une surface polie de ce fer, passée
à l’action de l'acide, donne avec une grande netteté, présentent, dans cer-
taines régions, une particularité remarquable. Dans le voisinage de la sur-
face naturelle, les lignes brillantes qui ne lui sont pas parallèles, à quelques
millimètres de distance, le deviennent graduellement en s’infléchissant,
comme il arrive à une série de branches d’hyperbole par rapport à une
asymptote commune.
» Quant à sa composition, elle a été déterminée par des analyses dont on
est redevable à M. le duc de Luynes et à M. Rivot. La différence entre les
nombres obtenus par ces deux chimistes montre que la masse de fer est
loin d’être homogène, comme on pourrait le croire à la première vue.
» Il serait difficile de définir une forme aussi irrégulière que celle de
la masse de Caille. Pas plus que les autres masses de fers météoriques,
elle n'a la régularité de forme qu’elle aurait nécessairement, si elle était
arrivée à l’état fluide ou même pâteux.
» Toutefois, on peut distinguer deux parties principales : une partie
arrondie et une partie remarquablement plane dans sa plus grande étendue.
Cette face plane, dont la régularité rappelle un grand clivage, a 5o centi-
mètres en longueur comme en largeur.
» Elle est interrompue brusquement par une sorte de protubérance qu'il
sera peut-être permis de comparer à un nez, dont le sommet est à ricenti-
mètres de la surface plane, et qui est bornée par une surface très-inclinée
(130 degrés environ). Ce contraste enire la portion plane et la portion
convexe parait rappeler un arrachement violent.
» La face plane qui vient d’être signalée n’est pas seulement remarquable
par son étendue et sa régularité : elle présente un intérêt tout particulier,
à raison d’une nombreuse série de triangles équilatéraux, tous alignés pa-
rallélement entre eux, de manière à former un réseau régulier; ils montrent
la structure octaédrique de la masse, et en outre l'orientation tout à fait
uniforme de ses joints. Cette dernière circonstance prouve que non-seule-
ment la partie qui présente cette disposition est cristallisée, mais qu’elle re-
présente un fragment d’un cristal unique et de dimension gigantesque.
» Cette structure apparaît d’ailleurs sur d’autres régions de la mass
particulièrement sur celles qui ont subi une oxydation lente, à la suite de
laquelle les joints apparaissent par une sorte d’exfoliation.
» On sait que d’autres masses de fer météorique présentent cette même
( 635 )
circonstance, de constituer un cristal unique, et M. Gustave Rose, dans
son important ouvrage relatif aux météorites de la collection de Berlin, a
fait de cette structure un caractere distinctif pour subdiviser les fers mé-
téoriques.
» Il est très-remarquable que ces météorites de fer métallique, malgré
leur très-grande ténacité, présentent des formes essentiellement fragmen-
taires, tout aussi bien que les météorites pierreuses.
» Pour compléter la ressemblance de forme entre ces deux substances
météoriques de cohésion si différente, ajoutons que leurs surfaces présen-
tent même des accidents semblables, c’est-à-dire ces nombreuses dépres-
sions de divers ordres si fréquentes sur les pierres.
» Outre ces dépressions, la masse présente des cavités que pendant long-
temps on à crues artificielles, tant leur forme générale est régulière.
» Ces cavités, de forme cylindroïde, sont très-allongées et terminées par
une calotte hémisphérique. On en distingue nettement une douzaine, dont
le diamètre varie de 15 à 30 et jusqu’à 45 millimètres, et dont la profon-
deur va jusqu’à 25 millimètres.
» On a l'explication de ces cavités depuis qu’on a plané et poli une pe-
tite surface, afin de faire connaître la structure de cette masse. Cette opé-
ration a en effet fait apparaître de nombreux rognons cylindroïdes, consis-
tant en protosulfure de fer, et dont la masse est en quelque sorte lardée.
Cette dernière substance, de nature essentiellement altérable, qui a reçu le
nom de Troïlite, en disparaissant sous l’action oxydante de l'air et de l’eau,
a laissé vide la place qu’elle occupait : ces cavités sont donc les gaines cor-
respondant aux rognons disparus.
» Du reste, ce qui aurait pu montrer tout d’abord que ces cavités n’ont
pas une origine artificielle, c’est que leur contour n’est pas exactement
circulaire, Elles ne présentent donc pas une surface de révolution, comme
il serait arrivé si elles avaient été forées avec un instrument tournant,
» Remarquons à ce sujet que le sulfure du fer de Caille, apres l'at-
taque par l'acide chlorhydrique concentré et bouillant, laisse un résidu
oe et amorphe, qui paraît consister en graphite, pour la plus grande
partie,
» Un examen attentif au microscope, et même à l'œil nu, a décelé dans
ce résidu la présence de petits grains pierreux, transparents et incolores,
aŞissant sur la lumière polarisée et rayant facilement le verre. La quantité
dont on peut disposer est trop faible pour qu’on ait pu en reconnaître la
nature chimique avec certitude. Ceux qui ont été essayés se sont montrés
( 636 )
infusibles et ont donné les réactions de la silice, sans qu’on ait pu y décou-
vrir ni alumine, ni magnésie.
Il convient de rappeler à cette occasion la découverte inattendue, que
l’on doit à M. Gustave Rose, de quartz, en petits cristaux, dans le fer de la
vallée de Toluca au Mexique (1) et celle qu'avait faite antérieurement
M. Wobhler, de petits grains de coloration variée, dans le fer météorique
de Rasgata, dans la Nouvelle-Grenade (2).
Quand on examine l’ensemble des cavités du fer de Caille, on
observe un fait qui parait digne de fixer l'attention. La direction de ces
divers cylindres est très-sensiblement parallèle.
Cette direction unique paraît être en rapport avec la cristallisation si
réguliérement orientée de la masse. En effet, l’inclinaison de ces divers
cylindres sur la face plane est d'environ 60 degrés, et leur direction com-
mune, projetée sûr les faces triangulaires, coïncide avec l’un des côtés de
ces triangles.
» Dans une autre ciouna a ai eu l’occasion de remarquer combien
est confuse la cristallisation des météorites pierreuses du type commun, sur-
tout quand on tient compte de la facilité avec laquelle leurs silicates consti-
tuants cristallisent par voie sèche. L'examen de la belle masse météorique
de fer de Caille nous conduit au contraire à reconnaître que certains fers
paraissent avoir cristallisé dans des conditions différentes.
» En effet, cette grande dimension du cristal métallique, l'isolement
si complet du protosulfure de la masse de fer, qui n’en renferme plus, enfin
le départ régulier du phosphure, ainsi que de certains alliages, sont trois
circonstances qui concordent pour faire supposer que ces masses plané-
taires, lors de leur formation dans les espaces, ont cristallisé avec lenteur,
sans doute à la faveur d’un refroidissement graduel, et parce qu’elles fai-
saient alors partie d’une masse beaucoup plus volumineuse.
Fer météorique de Charcas ( Mexique).
» Déjà signalée en 1804 par Sonneschmid, et vue en 1811 par de Hum-
boldt, la masse de fer météorique qui vient x nous arriver était placée à
ranie aore aua de l’église de Charcas. Elle était en partie enterrée dans
le sol.
Charcas est une petite ville située sous le 23°15’ de latitude nord,
E a
(1) Poggendorff’s Annalen, t. CXIII, p- 184, 1861.
(2) Wiener Acad, Bericht, t. VIIL, p. 496, 1852.
(637)
dans l’état de San-Luis-de-Potosi. Elle est à 75 kilometres au sud de Catorce
et à 172 kilomètres au nord-est de Zacatecas, où se trouvent également
des masses de fer météorique. On dit que la météorite de Charcas avait été
apportée autrefois de la Hacienda de San-José-del-Sitio qui est située à
5o kilomètres de distance.
» Le poids du fer météorique de Charcas est de 780 kilogrammes. Il a
environ 1 mètre de hauteur, 47 centimètres de largeur et 37 centimètres
d'épaisseur.
» Le fer de Charcas présente encore, comme celui de Caille, presque en
totalité sa surface naturelle.
» Sa forme générale est celle d’un tronc de pyramide triangulaire dont
les arêtes sont émoussées.
» Lun des traits remarquables de cette masse est l'existence d’une.
grande face, à peu près plane, qui s'étend dans toute la longueur et dans
toute la largeur du bloc (1).
» Une des arêtes de ce tronc de pyramide grossier est remplacée en
Partie par une large cuvette, ayant 30 sur 36 centimètres. Cette cuvette se
trouve bordée d’un côté par une paroi, disposée à peu près perpendiculai-
rement sur son fond, et qui atteint en certains points 10 centimètres.
» La grande cuvette dont il vient d’être question présente sur son fond
une nombreuse série de dépressions plus petites qui, par leur forme sensi-
blement circulaire et par leur faible profondeur comparée à leur largeur,
rappellent celle de petites coupes, de capsules ou de patères. Ces patères
rappellent tout à fait celles que les pierres météoriques présentent si sou-
vent. Elles ne sont pas exclusivement réunies dans la grande cuvette.
D'autres Parties de la surface en présentent, mais en nombre moindre.
» En outre, des dépressions d’une nature un peu différente, et serrées
les unes contre les autres, de manière à rappeler par la disposition, et mal-
gré la différence évidente d’origine, les empreintes que feraient des gouttes
de pluie tombant sur une pâte molle, se présentent au fond de plusieurs
des patères contenues dans la cuvette.
» À part ces deux sortes de dépressions à faible courbure, on remarque
sur le fer de Charcas des cavités cylindroïdes et tout à fait semblables à
celles du fer de Caille, Comme celles-ci, elles sont manifestement dues à la
disparition de rognons de protosulfure de fer, substance qui occupe en-
a tu
is Elle représente, ce que l’on a quelquefois en Allemagne appelé le côté de la poitrine
(8 Hstseite), par Opposition au côté du dos ( Rückseite).
( 638 )
core le fond de quelques-unes d’entre elles. Leur largeur varie de 5 à 10
millimètres, et leur profondeur atteint 20 millimètres. Comme celles du
fer de Caille, elles sont parallèles entre elles et paraissent se rattacher à
l'orientation générale de la cristallisation.
Une face que j'ai fait unir pour étudier la structure interne de la masse
a fait disparaître les entailles irrégulières qui y avaient été faites autrefois
au Mexique, dans le but d’en détacher quelques parties. Cette opération a
montré que ce fer est remarquable par sa blancheur et sa douceur. Il
prend le poli avec facilité et acquiert alors un vif éclat.
» Ce qu’on remarque avant tout sur ces surfaces polies, c’est la fréquence
des rognons de protosulfure de fer, semblables à ceux dont la pen
a laissé des cavités à la surface.
» Si l’on soumet une pareille surface à l’action d’un acide, on voit appa-
raitre les figures de Widmanstætten avec une très-grande netteté, mais
avec moins de régularité que sur le fer de Caille. Le phosphure ou schrei-
bersite, au lieu de se présenter en lames régulières, apparaît en petits grains
isolés, mais alignés, comme s'ils n’avaient pu parvenir à se constituer en
lames tout à fait continues.
» Ces diverses feuilles de phosphnre paraissent orientées en partie paral-
lèlement aux faces de l’octaèdre régulier, en partie parallèlement aux faces
du dodécaëèdre rhomboïdal, ainsi qu’on peut le reconnaître sur un échan-
tillon que j'ai fait couper en forme de sphère.
» L'action de l'acide donne une signification aux gerçures planes que
l’on aperçoit de toutes parts sur l'écorce oxydée. On les voit se multiplier,
en même temps que les dessins s’ordonnent par rapport à elles. Dans leur
voisinage, les lignes subissent des inflexions analogues à celles que nous
avons signalées relativement au fer de Caille. Ce dernier fait montre que
les joints ne sont pas postérieurs à la cristallisation de la masse.
» La densité de ce fer est égale à 7,71:
» Soumis à l’action du chalumeau de M. Sc hlæsing, le fer de Charcas
n'est entré en fusion qu’au blanc partait. Le culot obtenu, après avoir été
poli et soumis à l’action des acides, n’a plus présenté les figures caractéris-
tiques du fer naturel.
» Il se dissout dans les acides, mais avec une certaine lenteur. La disso-
lution est accompagnée d’un dégagement à peine sensible d'hydrogène sul-
furé, ce qui montre, comme nous l'avons vu pour le fer de Caille, que le
départ du sulfure s’est fait d’une manière complète. Elle laisse un résidu
de 0,2 pour 100. La liqueur renferme principalement du fer et du nickel.
( 639 )
En attendant que l'analyse qu'il fait en ce moment soit terminée, je don-
nerai les résultats que M. Stanislas Meunier y a déjà constatés. Un fragment
d'apparence parfaitement homogène, c’est-à-dire ne contenant pas de pro-
tosulfure visible, a donné sur 100 : 93,01 de fer, 4,32 de nickel, des traces
de soufre et de silice, et 0,70 d'un résidu inattaquable.
» À part une petite quantité d’une substance blanche et amorphe qui
parait être de la silice, le résidu insoluble renferme des aiguilles d’un vif
éclat métallique et très-magnétiques, constituées par le phosphure de fer
et de nickel, dont l’insolubilité dans les acides est la cause principale
des figures de Widmanstætten.
» Il contient en outre une matière amorphe, noire et terreuse, qui ne
donne ni les réactions du soufre, ni celles du chrome, et qui parait consister
en graphite.
» La proportion relative du phosphure et de la matière amorphe est
exprimée par les nombres suivants sur 100 parties : phosphure, 28,58 ;
matière non magnétique, 71,42.
» Le protosulfure de fer, qui forme dans la masse métallique les ro-
gnons cylindroïdes décrits plus haut, possède un éclat métallique assez vif
et une couleur jaune bronzée. En examinant sa poudre au microscope, on
y aperçoit des indices peu distincts de forme cristalline.
» Traité par l'acide chlorhydrique bouillant, le sulfure se dissout avec
un très-abondant dégagement d'hydrogène sulfuré. Dans la liqueur qui
Contient une très-forte quantité de fer, on n’a pas reconnu la moindre trace
de nickel.
» La dissolution de ces rognons n’est pas tout à fait complète; on observe
un résidu insoluble peu abondant qui est presque entièrement formé d’une
matière noire amorphe. Ce résidu ne contient pas de soufre, comme il
arriverait si le sulfure avait la composition de la pyrite magnétique.
» Dans le résidu de l'attaque du sulfure par l'acide, on distingue en
outre de Petits grains d’une matière incolore transparente, offrant tout à
fait l’aspect de celle qui vient d’être signalée dans les rognons de sulfure
du fer de Caille. Si on les examine au microscope, on voit qu'ils ont une
forme fragmentaire, et que quelques-uns sont très-actifs sur la lumière
Polarisée. I] en est qui offrent des indices de formes cristallines, mais
que l’on ma pu déterminer avec certitude, à cause de leurs très-faibles
dimensions.
» La matière noire amorphe ne donne ni les réactions du chrome, ni
C. R., 1867, 1er Semestre. (T. LXIV, N° 49.) 8
( 640 )
celles du phosphore; elle parait exclusivement formée de graphite, comme
celle qui est mélangée au fer lui-même.
» D'autres de ces grains incolores sont remarquables par les lignes
droites tres-fines parallèles entre elles et extrêmement rapprochées qu'ils
présentent très-distinctement, de manière à rappeler des coups de burin. Is
reproduisent ainsi la disposition qu’on observe, également au microscope,
sur certaines parties des météorites pierreuses, et, comme je l'ai montré,
dans le produit de la fusion des lherzolites (1). Dans ce dernier cas, ces
lignes ne se présentent pas seulement sur le péridot, où elles paraissent dues
à l'existence de plans de clivages, mais aussi sur l’enstatite, dont les aiguilles
fines et parallèles sont disposées par faisceaux.
» Répétons que les grains hyalins, durs, inattaquables aux acides, qui
viennent d’être signalés dans les fers météoriques de Caille et de Charcas,
n'ont pas été trouvés dans la masse métallique elle-même, mais dans les
rognons de protosulfure de fer qui y sont disséminés.
» Le sulfure de fer contraste donc d’une manière remarquable avec la
masse de fer dans laquelle il est disséminé en rognons. D'une part, la masse
métallique ne renferme pas de soufre en quantité notable; d’autre part,
le sulfure ne renferme pas de nickel, qui entre au contraire pour plus de
4 pour 100 dans la composition du fer qui l'enveloppe de toutes parts. En
outre, on n'a pas non plus rencontré dans ce dernier ces grains pierreux et
incolores que le sulfure renferme. :
» D'après tous les caractères physiques et chimiques de la masse de
Charcas, il est superflu de dire que cette masse ne peut être d’origine
terrestre, ni naturelle, ni artificielle : son origine météorique est tout
aussi incontestable que si le souvenir de sa chute était consacré par la tra-
dition. »
« M. Cnevreuz avait le projet de communiquer à l’Académie un travail
historique et critique, détaché de son Histoire des Connaissances chimiques,
concernant l'examen d’un Traité alchimique d’Artefius intitulé : Artefii
Clavis majoris sapientiæ ; mais l’ordre du jour si chargé len a empêché. g
remet sa communication à une autre séance, mais dans celle-ci il veut con”
stater un fait très-singulier : c'est que, pendant six siècles, on a attribué a
Alphonse X, roi de Castille et de Léon, qui a honoré son nom en puhas
les Tables astronomiques qu'il avait fait dresser à grands frais par des juifs
da Re
(1) Comptes rendus des séances del ’ Académie des Sciences. t. LXIH, p.374; année 1866.
LA
(641)
de Tolède, un écritintitulé : Clavis sapientiæ. Or M. Chevreul vient de recon-
naître que ces deux ouvrages, qui ont donné lieu à des examens distincts
par un même auteur, sont identiques. Alphonse X fit traduire l'écrit
d’Artefius de l'arabe en langue castillane. »
z
ANATOMIE VÉGÉTALE. — Fragment d'histoire concernant l'accroissement. en
diamètre des végétaux ; par M. A. Trécu (1).
« L’Adansonia a publié dans son cinquième volume un Mémoire qui tend
à faire croire que dans mes travaux sur l'accroissement en diamètre des vé-
gétaux, je n’ai fait que reproduire avec quelques changements diverses opi-
nions émises antérieurement. J'avais d’abord dédaigné de répondre à un
écrit aussi peu sérieux, et qui n’est fondé sur absolument aucune observa-
tion directe des faits relatifs à l’accroissement en diamètre des plantes; con-
vaincu que peu de lecteurs ont le loisir de recourir aux Mémoires origi-
naux traitant d’une question sur laquelle il a été tant écrit, je me décide à
réfuter les assertions contenues dans ce travail. S'il ne s'agissait que d’une
question de priorité, j'aurais gardé le silence; mais les résultats de recher-
ches poursuivies de 1843 à 1854 et publiées dans huit Mémoires, sont
révoqués en doute, ou plutôt méconnus; et de plus, les opinions de
MM. de Mirbel, Dutrochet, du Petit-Thouars et Gaudichaud y sont profon-
dément altérées.
ae L'auteur dit en effet que les théories émises avant 1865 ne sont pas
'nconciliables, et que le désaccord entre elles n’est pas aussi grand qu'il le
paraît (p. 134). Il trouve du bon dans chacune d'elles; cependant il croit
que toutes ont besoin de quelques modifications pour rendre compte des
Phénomènes. 11 prend donc aux diverses opinions ce qu’il juge utile de
‘onsérver, transforme, sans s'appuyer sur aucune expérience, les parties
qui lui semblent inconciliables, et du tout construit ce qu’il appelle sa
théorie,
» Dans cette prétendue théorie, il attribue néanmoins: 1° à M. de Mirbel
la formation sur place du tissu fibrovasculaire par la couché génératrice;
a M. Dutrochet et à moi y ta production de ce tissu en sens horizontal ;
#1MM. du Petit-Thouars et Gaudichaud, l’organisation de ce tissu suivant
“une marche descendante (Adansonia, p. 136).
E
, A x E E . . . e £ 4 r
(1) L'Académie a décidé que cette communication, quoique dépassant les limites régle-
mentai : à
taires, serait reproduite en entier au Compte rendu. 8
( 642)
» Tel est-il bien l’état de la question? Évidemment non; car tout est mal
interprété dans ce travail,
» Vérifions cette assertion. Tous les botanistes instruits savent que de
‘1802 à 1815, M. de Mirbel a professé que le bois est une transformation
du liber; que le cambium, mucilage qui sort de l'écorce et du bois, et qui
est un tissu fluide, comme le sang est une chair fluide ( Eléments de Phy-
siologie, t. I, p. 196), produit chaque année un nouveau liber, dont le tissu
cellulaire, se portant vers la circonférence, entraîne avec lui une partie du
tissu tubulaire ou fibreux pour constituer les couches corticales, tandis que
la partie la plus interne de celui-ci se transforme en bois (Traité d’Ana-
tomie et de Physiologie, an X, t. 1%, p.163 à 170); et qu’en 1815 (Éléments de
Physiologie, t. 1%, p. 114), il dit seulement que le nouveau liber formé par
le cambium acquiert en vieillissant les caractères du bois. En 1816, M. de
Mirbel abandonna cette opinion. Il admit alors qu’il se forme entre le liber
et le bois une couche qui est la continuation du bois et du liber ; que cette
couche, qu'il appelle régénératrice, et à laquelle il attribue encore le nom
de cambium, n’est pas une liqueur qui vienne d’un endroit ou d’un autre;
que c’est un tissu trés-jeune qui continue le plus ancien, et qui est nourri et
développé par une séve très-élaborée. La partie de ce jeune tissu qui touche
à l’aubier se change en aubier, et celle qui touche au liber se change en
liber (Bulletin de la Société Philomathique, 1816).
» En présence de ces deux opinions si différentes de M. de Mirbel, que
fait M. Marchand quand il veut retracer opinion du savant anatomiste?
Reproduit-il, comme il devait le faire, chacun à sa date, les deux avis de
M. de Mirbel? Nullement. Il les réunit, en fait un composé qu'il donne
comme l'expression de la pensée du maître (Ædansonia, p. 131). C'est là
une faute à un double point de vue : 1° parce qu’en 1816, M. de Mirbel ne
croit plus que le liber se change en bois, et 2° parce que plus tard M. de
Mirbel abandonna aussi sa deuxième manière de voir, celle de 1816, qui
consistait à regarder le cambium, ou couche régénératrice, non comme un
liquide, mais comme un jeune tissu unissant l'écorce au bois. C’est qu'en
effet il y avait là une lacune que du Petit-Thouars signala dès 1816, en
demandant l’origine de cette couche régénératrice. « Puisqu’elle se forme, »
dit-il, « il est certain qu'elle doit avoir elle-même sa cause génératrice ”
(Bulletin de la Société Philomathique, 1816).
» Toujours est-il que M. de Mirbel s'exprime comme il suit en 1839
(Archives du Muséum, t. 1°", p- 303): « Tout naturaliste qui s’est occupe de
» l'anatomie végétale a pu remarquer dans l’intérieur des plantes, à diverses
( 643 )
époques de leur végétation, une matière mucilagineuse, comparable à une
» solution de gomme arabique. Cette matière forme des couches dans les tiges
et les branches des Dicotylés et des Monocotylés. Elle se dépose en masse
» dans de grands interstices que les utricules laissent entre elles, ou même
dans la cavité des utricules et des tubes. Je ne saurais dire si alors elle est
=x
x
x
» ou non organisée; mais ce queje crois fermement, c’est que d'elle provient
toute organisation. Grew, qui le premier reconnut l'existence de cette ma-
tière et en devina la destination, il y a plus de cent cinquante ans, lui
» donna le nom de cambium. »
» En 1845 ( Annales des Sciences naturelles, 3° série, t. IIT, p. 332), parlant
de la couche de tissu générateur du Dracaena, M. de Mirbel dit avoir vu des
corpuscules qu’il appelle phytospermes se mouvoir dans le liquide, s’agiter,
se rencontrer, s’ajuster ensemble, et bâtir en commun des utricules, etc.
» Il est donc manifeste que jusqu’à la fin de sa vie M. de Mirbel ignora
l’origine des cellules qui déterminent l'accroissement en diamètre des vé-
gétaux.
» Voyons maintenant si mon opinion est la reprise de celle de M. Du-
trochet, comme le prétend M. Marchand (Adansonia, p. 133).
» Je rappellerai ici trois Mémoires de M. Dutrochet, qui sont de 1821,
de 1835 et de 1837. Son dernier travail sur l'accroissement en diamètre se
trouve dans le recueil de ses Mémoires, où il considère comme non avenu
tout ce qui n’y est pas reproduit. Le Mémoire de 1821, y ayant subi des
changements, était donc annulé dans la pensée de son auteur.
» M. le D" Marchand a cru faire honneur à M. Dutrochet en rappelant
ce qu'il y à dit de l’accroissement en épaisseur, c’est-à-dire en diamètre.
C’est donc à mon grand regret que je suis dans l'obligation de montrer ce
que contient ce travail sur lequel mon contradicteur s'appuie.
» Voici ce qu'il renferme (Mémoires du Muséum , 1821, t. VIE, p. 406) :
« Les observations qui me sont propres m'ont pleinement démontré la réa-
» lité de la formation simultanée d’une couche de liber et d’une couche
» d'aubier ; elles m'ont prouvé en même témps que ces deux couches n'ont
» véritablement aucune liaison organique entre elles; elles sont simplement
” Jutaposées. La nouvelle couche du liber est une extension du liber an-
” cien; la nouvelle couche d'aubier est une extension de l’ancien aubier.
» Ainsi il n’existe point, comme le pense M. de Mirbel, une couche régé-
T nératrice unique, qui devienne aubier dans le voisinage de l’aubier, et
» liber dans le voisinage du liber. »
» Cette explication n’est pas plus satisfaisante que celle de M. de Mirbel,
=
x
=
( 644 )
et je ne sais vraiment pas où M. Marchand pourrait trouver là l'indication
du mode de formation des cellules corticales et des cellules ligneuses.
» Après avoir lu le passage que je viens de citer, dans lequel M. Dutro-
chet admet que le nouvel aubier est une extension de l’ancien, on est tout
surpris de trouver, à la page 408, qu'il reconnaît l'existence d’une couche
de moelle entre les couches annuelles du bois. I y en aurait une semblable
entre les couches anriuelles de l’écorce, et ce seraient deux couches d’une
telle moelle, distinctes l’une de l’autre, qui au printemps se formeraient
entre le bois et l'écorce. Entre elles apparaîtraient un peu plus tard deux
nouvelles couches fibreuses, dont l’une serait libérienne et l’autre ligneuse.
Il s’en ferait autant chaque année.
» Ce passage accroît singulièrement la difficulté. En effet, ce n'est plus
l’origine d'une simple couche génératrice que nous avons à expliquer;
c’est d’abord la production de deux moelles ou médulles juxtaposées, puis
celle de deux zones fibreuses entre ces dernières, une de liber, l’autre
d’aubier.
» De cet état de choses, M. Dutrochet est conduit à l’idée de l'appari-
tion d’une production médiane qui dépend de l’action réciproque qu'exer-
cent l’un sur l’autre les deux systèmes en contact, c’est-à-dire l'écorce et le
bois (loc. cit., p. 410). Enfin, il termine en disant que « la production mé-
» diane s'opère, non par l’'épanchement d’une prétendue substance organi-
» satrice, mais par un véritable développement de tissu que M. de Mirbel
» a vu sous son véritable jour, quand il a annoncé que le cambium n'est
» point une liqueur, mais un tissu très-jeune qui continue l’ancien. »
» M. Dutrochet finit donc par adopter l’opinion de M. de Mirbel, qu'il
avait rejetée d’abord, savoir, l'existence d’un tissu générateur, dont nous
avons à expliquer la génération.
» M. Dutrochet a pratiqué aussi des décortications, et il a vu, comme
Duhamel, qu’il y a parfois reproduction d’une écorce à la surface du bois
dénudé. Il explique cette formation d'écorce par la métamorphose de la
médulle centrale en médulle corticale. Mais à la page 391, il dit que le pa
renchyme de l'écorce et celui de la moelle sont de même natnre. En quo?
consiste donc la métamorphose ?
» M. Dutrochet a aussi observé la formation d’une couche de bois à la
surface interne d’une lame d'écorce, maintenue éloignée du tronc, mais qui
tenait au reste de l'écorce par ses deux bouts.
» N'est-il pas clair que cette expérience était passible des objections de
MM. du Petit-Thouars et Gaudichaud, qui pouvaient soutenir que la couche
( 645 )
ligneuse avait été engendrée par les fibres radiculaires descendues des
bourgeons dans la lame d’écorce, contre l’irruption desquelles M. Dutro-
chet n'avait pris aucune précaution? Au reste, ce savant s’est borné à dire
que cette production ligneuse n’a pn avoir lieu que par une métamor-
phose (p. 416 et 417); mais il ne dit pas en quoi consiste cette métamor-
phose. Une transformation de parenchyme en fibres ligneuses était si loin
de sa pensée, qu’à la page 391, après avoir décrit un phénomène qui aurait
pu lui montrer peut-être la métamorphose de jeunes fibres ligneuses en
cellules parenchymateuses, s’il n'avait pas eu d’idées préconçues à cet
égard, il ajoute : « Cette observation nous prouve encore que le tissu
» cellulaire médullifère est la seule partie véritablement vivante de la tige
» du végétal, puisqu’elle est la seule qui soit susceptible d'une véritable cica-
» {risalion. » |
» Tel est le contenu du Mémoire sur lequel s'appuie M. Marchand pour
affirmer que mon opinion est la reprise de celle de M. Dutrochet. Il est
facile de juger que rien absolument n’a pu être emprunté par moi à ce
travail.
» Dans un Mémoire de 1835 (Nouvelles Annales du Muséum, t. IV),
M. Dutrochet assure bien que l'accroissement en diamètre des Dicotylés
s'effectue dans le sens horizontal, c’est-à-dire, comme il le dit à la page 87,
que la nouvelle écorce et le nouvel aubier marchent l'un vers lautre; mais
il n’a reconnu ni l’origine ni même la disposition des jeunes fibres ligneuses
en séries horizontales, ainsi que le prouve le passage suivant de la page 8o :
“ On sait que le bois des arbres dicotylédons présente une sorte de tissu
» formé par l’entre-croisement des deux sortes de fibres. Dans le sens longi-
» tudinal ou vertical s’observent les tubes fusiformes tres-allongés, auxquels
» J'ai donné le nom de clostres, tubes qui sont joints obliquement les uns
? aux autres par leurs pointes. Dans le sens transversal ou horizontal s’ob-
» servent les rayons médullaires.... »
À la page 84, il décrit une branche de Pommier soumise à la décorti-
cation annulaire, et qui a produit, dans le voisinage de cette décortication,
une quantité extraordinaire de rayons médullaires. « Il y a eu, dit-il,
» absence complète de clostres. » Et pourtant. il existait des fausses trachées
en travers de ces rayons médullaires. La description qu’il donne de ces
Prétendus rayons médullaires, qui s'ajoutent les uns aux autres latérale-
ment, prouve jusqu’à l'évidence qu'il a eu sous les yeux des séries horizon-
tales d'éléments du système fibreux, restés imparfaits, c’est-à-dire qui ont
Conservé leur forme parenchymateuse originelle. Et cependant il ajoute :
( 646 )
« Je ne sais à quoi tient cette particularité qui ne m'a été offerte que par le
» Pommier (p. 84). »
» M. Marchand, qui a exhumé le travail de 1821, sur lequel il eùt été
d’autant plus convenable de garder le silence que l'auteur l'avait répudié, a
négligé au contraire de citer l'opinion adoptée définitivement par M. Du-
trochet, dans le recueil de ses Mémoires (Paris, 1837, t. 1). Lò, M. Dutro-
chet renonce à la couche génératrice admise en 1816 par M. de Mirbel,
pour professer l’existence du cambium liquide interposé à l'écorce et au
bois. Il dit en effet (p. 145) : « Pour moi, il me parait probable que le
» système cortical est complétement séparé du système central par l'inter-
» position de la séve élaborée, ou du cambium qui descend du sommet des
» tiges vers les racines. »
» N'est-il pas évident, par ce qui précède, que si M. Dutrochet, à qui la
science doit de grandes découvertes, a pensé, comme M. de Mirbel et
autres, que les éléments de l'écorce et du bois sont formés sur place, il
n’en a donné, pas plus que ce dernier, je ne dirai pas la démonstration,
mais la simple explication; tandis que les botanistes, Membres de l'Acadé-
mie, lors de mes observations, ont eu sous les yenx mes préparations
microscopiques, et ont suivi les expériences que j'ai faites au Muséum sur
vingt-cinq arbres à la fois, pour éclairer les points qui ont été l’objet de
tant de discussions de la part des anatomistes, et sur lesquels le tronc de
Nyssa que j'ai rapporté d'Amérique avait déjà jeté beaucoup de lumiere,
ainsi que mes observations sur l’origine des racines et des bourgeons
adventifs.
» Passons maintenant aux théories de MM. du Petit-Thouars et Gaudi-
chaud, et voyons s'ils ont réellement démontré comment s'organisent les tis-
sus fibrovasculaires, ainsi que le prétend M. Marchand.
» Ces deux botanistes ont cru, avec de La Hire, que les bourgeons ou les
feuilles envoient vers la terre des racines qui s’allongent entre le bois et lé-
corce. Cette opinion a pour fondement l'observation de filets, de fibres, qui,
à la base d'un bourgeon, et principalement d’un bourgeon adventif, diver-
gent à la surface de l’aubier du rameau qui porte ce bourgeon, et finale-
ment se dirigent vers la partie inférieure du végétal.
» Pour du Petit-Thouars, «le bourgeon, ayant reçu sa première existence
» dans les sucs contenus dans le parenchyme intérieur, éprouve la nécessité
» de se mettre en communication avec l'humidité, et il y satisfait par le
» prolongement de fibres qu'il envoie vers la terre. Ces fibres se produisent
» et S’accroissent PAR UNE FORCE ORGANISATRICE, qui, comme l'électricité et
( 647 )
» la lumière, semble ne point connaître de distance; chacune d’elles
» trouve dans l’humeur visqueuse interposée au bois et à l’écorce un aliment
» tout préparé... » (Journal de Physique, t. LXII, p. 121.) En 1816, du
Petit-Thouars dit encore ( Bulletin de la Société Philomathique) que « le bour- :
» geon cherchant à établir sa communication radicale par l'écorce et le
» bois, l’effectue en déterminant des fibres corticales et ligneuses qui
» se forment aux dépens du cambium. » Et le cambium serait pour lui
une séve produite par les anciennes fibres ligneuses, appelée par le paren-
chyme vert extérieur, et déposée par les rayons médullaires entre le bois et
l’écorce.
» [ci non plus rien ne démontre la formation de ces fibres radiculaires
descendantes, ou de cellules quelconques. M. du Petit-Thouars dit bien
que ces fibres s'organisent de haut en bas, mais il n’en décrit pas le mode
d'organisation.
» M. Gaudichaud est plus explicite, mais il se trompe. Chacun sait qu'il
considérait un végétal comme formé d’autant d'individus ou phytons qu'il
y a de feuilles, et chaque phyton comme constitué par un système ascen-
dant qui concourrait à l'accroissement en hauteur de la plante, et par un
Système descendant ou radiculaire qui, se prolongeant par en bas entre le
bois et l’écorce, à la surface du corps ligneux de tous les phytons antérieurs,
déterminerait ainsi l'accroissement en diamètre. |
» La question à juger est celle-ci : M. Gaudichaud, en disant que les
faisceaux, fibres ou vaisseaux radiculaires descendent du sommet à la base
de l'arbre, admettait-il que ce système radiculaire représentât de vraies
racines, dans le sens propre du mot, s’allongeant par leur extrémité à la
maniere des racines ordinaires, et à l’aide d'éléments créés par elles? ou
bien, M. Gaudichaud connaissait-il le vrai mode de multiplication des par-
ties constituantes des couches ligneuses, ou la véritable organisation des
Vaisseaux ou du système fibrovasculaire, comme le dit M. Marchand?
(Adansonia, p. 136.) |
» L'Académie se rappelle que j'ai prouvé que les tissus fibrovasculaires
des Dicotylés commencent par une production utriculaire qui résulte de
l'extension en sens horizontal, et ensuite de la division en sens vertical, des
cellules les plus internes de l'écorce (Comptes rendus, 1852, août, et An-
nales des Sciences naturelles, 3° série, t. XIX, PL 1"), de manière que l'on a
entre elles et le bois, sur toute la longueur de l'arbre, des séries rayonnantes
horizontales d’utricules, et que c’est de la modification de ces cellules que
C. R., 1867, 1° Semestre, (T. LXIV , N° 49.)
( 648 )
proviennent les fibres ligneuses et les vaisseaux; enfin, que celles de ces
cellules qui se changent en vaisseaux subissent cette métamorphose de haut
-en bas sous l’influence de sucs descendants (Annales des Sciences naturelles,
1847 et 1854).
» Tous ces phénomènes étaient entièrement inconnus de M. Gaudichaud,
sauf l'existence du suc descendant qu’il admettait, comme beaucoup d'au-
tres botanistes. Quelques citations suffiront pour le démontrer.
» Dans sa publication la plus récente, dans l Introduction au voyage de la
Bonite, éditée en 1851, et qui n’est que la réimpression de Mémoires insérés
aux Comptes rendus, il dit que l’allongement des fibres radiculaires s’effec-
tue de la même manière dans les Monocotylés et dans les Dicotylés ; que les
tissus radiculaires partis des bourgeons rampent le long des tissus vascu-
laires qui les ont précédés (entre eux et l'écorce), et que c’est entre ces deux
parties formant la voie du cambium (t. 1, p. 252) que descendent les tissus
radiculaires destinés à former les couches ligneuses et le liber. On y trouve
(t. I, p. 267) que les fibres radiculaires sont sans cesse baignées par le cam-
bium, et sans nul doute alimentées par ce fluide organisateur; que les filets
radiculaires descendent dans des sortes de voies qui leur sont naturellement
préparées, spécialement réservées (t. II, p. 185); que ces filets radiculaires
doivent leur origine à un fluide élaboré dans leur partie vasculaire, Ces filets
sécrètent donc eux-mêmes la matière qui sert à les former et à les continuer
du sommet à la base des tiges, et des tiges dans les racines (t. II, p. 404).
se Chacun d'eux (les phytons) vit avant tout de sa vie spéciale, sans rien
» emprunter d'organisé au végétal qui ne lui sert pour ainsi dire que de terrain,
» et dans lequel il envoie ses racines (t. II, p. 258). » |
» Il est indubitable que le mot racine, représentant les faisceaux, filets
ou vaisseaux radiculaires, est ici employé dans le sens propre. Comme pour
compléter l'assimilation, M. Gaudichaud ajoute (t. II, p. 260) «.... qu'il
» s'échappe de ces phytons des tissus ou filets radiculaires, qui descendent
» à l’état de simples filets ou de racines, SOIT ENTRE LE BOIS ET L'ÉCORCE,
» soit dans le sol, soit dans l’eau. »
» De 1830 à 1851, M. Gaudichaud a toujours pensé que les racines des
phytons descendent entre le bois et l'écorce; mais son opinion a varié sur
la constitution de ces racines ou fibres descendantes et sur l’origine des
éléments des couches ligneuses.
» En 1841 (Organographie, p. 25), il dit : « En général, les tissus ligneux
» descendent ou coulent perpendiculairement quand rien ne s'oppose à
» leur marche. »
( 649 )
» Ailleurs: « J’acquis alors la preuve que tous les sucs organisateurs et
» tous les tissus qu'ils forment passent du tronc dans les racines, que tout
» descend, que rien ne monte, si ce n’est la plus grande partie de humidité
» qui alimente les végétaux ( Bonite, t. II, P. 59). »
» Prouvons donc par des faits incontestables, dit-il encore (t. IT, p. 94),
» s.. que tous les principes organisateurs et organisés descendent et se soli-
» difient progressivement du sommet du végétal à la base. »
» Pourtant, à la page 93, il reconnait un rayonnement de fluides cellali-
fères qui, avec le système descendant, produit l'accroissement en largeur ;
eten 1841 (Organographie, etc., p. 16) il admettait la formation des rayons
médullaires par rayonnement.
» En 1844, son Opinion se modifie. Jusque-là les rayons médullaires
seuls sont formés par rayonnement; mais à cette époque (Comptes rendus,
t. XVIII, p. 907, et Bonite, t. IL, p- 101) il avance que les tissus radiculaires
sont enveloppés à la fin de l’année par un rayonnement de fluides cellulifères,
et, p.119 (Bonite, t. II), cette assertion subit un nouveau changement : Les
vaisseaux radiculaires, qui descendent des feuilles, disparaissent sous une sorte
d’exsudation cellulifère qui est produite non-seulement par les rayons mé-
dullaires du centre à la circonférence du corps ligneux, comme précédem-
ment, mais aussi de haut en bas, de manière que vers la fin de septembre
les vaisseaux radiculaires ont disparu sous cette sorte de pâte ligneuse.
Cette idée est reproduite aux pages 123 et 124, et l’auteur ajoute en note
que les fluides qui rayonnent du centre à la circonférence, arrivés à ce
point (à la surface du bois), y prennent une marche descendante. Ils se
joignent par conséquent aux fluides descendants pour déterminer l’accrois-
sement en diamètre,
» La formation d’une couche ligneuse développée par rayonnement
de fluides cellulifères mérite, à un double point de vue, de fixer notre
attention, Il semble d’après cela que M. Gaudichaud ait entrevu la multi-
plication des cellules en sens horizontal, Il n’en est pourtant rien; car des
Coupes longitudinales seules peuvent montrer les séries horizontales des
cellules du jeune aubier; et ce sont des coupes transversales qui lui ont
inspiré cette idée de formation ligneuse par rayonnement des fluides. Voici
la preuve qu'il en donne (Bonite, t. TI, p. 124) : « Examinons, dit-il, les
» Couches concentriques annuelles du corps ligneux sur les coupes trans-
» versales d’un Chêne, d’un Châtaignier, d’un Frêne, et généralement des
» arbres de nos régions tempérées, et vous verrez que toutes commencent
l 650)
» par des vaisseaux tubuleux radiculaires, et finissent par des tissus plus où
» moins serrés et compactes. »
» Cette production ligneuse par exsudation rayonnante, qui viendrait
tardivement envelopper les vaisseaux d’abord formés, prouve que M. Gau-
dichaud n’a pas plus aperçu l’origine de ces vaisseaux que celle des jeunes
fibres du bois, attendu que ces vaisseaux ne sont apparents qu'après la gé-
nération des cellules ligneuses qui les entourent.
» En faisant des boutures de racines, ou en isolant des lames d’écorce à
la surface du tronc par des décortications, M. Gaudichaud a vu appa-
raître de jeunes vaisseaux dans le nouveau tissu produit en haut de la bou-
ture ou de la lame d’écorce. Il en a conciu que certaines cellules s'animent,
et que dès qu’elles sont arrivées à l’état de phytons, elles envoient des pro-
longements radiculaires sur le corps ligneux (Bonite, t. If, p. 90). A la
page 106, il ajoute que bien que de telles cellules soient restées rudimen-
taires, elles ont pu envoyer de semblables prolongements radiculaires. Plus
loin, p. 143, M. Gaudichaud prétend aussi que de tels vaisseaux, développés
sous des lames d’écorce isolées et dépourvues de bourgeons, provenaient
quelquefois de ramifications déliées qui se produisent sur les vaisseaux an-
ciens sous-jacents. Enfin, à la page 234, il assure que les premiers filets
qui se créent sur les phytons naissants caractérisent le système ascendant,
tandis que d’autres filets qui se montrent un peu plus tard, et qu'on voit
descendre des bourgeons, caractérisent le système descendant.
» Dès 1847 ( Annales des Sciences naturelles, série 3, i. VIIL), j'ai reconnu
que, dans de telles circonstances, ce sont des éléments du système dit des-
cendant qui naissent les premiers, et que ceux du système ascendant n’ap-
paraissent que plus tard et à la suite des vaisseaux ponctués ou réticulés,
dont ils ne sont que la prolongation de bas en haut.
» Bien loin de considérer, comme je l'ai fait, l’origine des fibres du bois
et des vaisseaux comme le résultat de la division des cellules mères et de la
modification ultérieure des nouvelles utricules, M. Gaudichaud pensait en
1841 (Organographie, p. 32 à 46) que les éléments organiques sont primiti-
vement liquides; que ces liquides se condensent, se concréfient; il dit
mème quelque part qu'ils cristallisent en cellules, et que les éléments du
système descendant en particulier sont formés par des sucs élaborés, en
partie organisés, en descendant par la voie du cambium. En 1851, il dit
aussi que les trachées et les fibres corticales sont engendrées de cette ma-
nière. Ainsi ( Bonite, t. I, p. 314) on lit : « Dans les Monocotylédones, €”
» effet, prés des vaisseaux spiraux, des trachées, et pour ainsi dire dans le
( 651 )
» fluide qui les a produits, s'organisent presque aussitôt, peut-être en même
» temps, d’autres tissus très-allongés. …, ; ce sont, les uns les premières
» fibres de l'écorce, les autres celles du corona de Hill. » Et un peu plus
loin : « À mesure que ce développement cellulaire a lieu, que les cellules se
symétrisent et se coordonnent régulièrement, d'aprés le type organique
» originel, on voit apparaître des voies vasculaires humides qui se transfor-
ment en trachées, en vaisseaux. »
» Nous venons de voir le rôle que M. Gaudichaud faisait jouer aux
fluides organisateurs, au fluide cellulifère : il me reste à rappeler la dernière
phase de son opinion en ce qui concerne ces fluides. Ses propres observa-
tions, suscitées probablement par les objections qui lui furent faites, Pame-
nérent à douter, je dirai, presque de l'existence même de ce fluide celluli-
fère dont il a tant parlé. Voici comment il s'exprime à cet égard (Bonite,
=x
=
t. I, p. 342) : « Les vaisseaux qui apparaissent au commencement et à la
» fin des couches (ligneuses) et sont même, en certains végétaux, dans toute
» l'épaisseur de ces couches, sont sans nul doute produits par un fluide qui
» part des phytons. » — « De quelle nature est ce fluide ? Quelles sont ses
» fonctions ? Est-il liquide ou gazeux ? »
» Et le second fluide qui, suivant lui, produirait la partie ligneuse com-
pacte (1) qui enveloppe les vaisseaux descendants, et les recouvre tout à fait
aux approches de l'hiver, a-t-il la même origine, la même composition, en
un mot, est-il aussi du cambium?
» Voilà ce que publiait M. Gaudichaud en 1851. Toutes les citations que
je viens de faire mettent hors de doute qu'il n’a point connu la génération
des éléments fibrovasculaires. »
ASTRONOMIE. — Sur les étoiles filantes de novembre ; par M. Apaus.
(Lettre à M. Delaunay.)
« Observatoire de Cambridge, 23 mars 186».
» Je me suis occupé des météores de novembre et j'ai obtenu quelques
_ résultats qui me paraissent importants. Si vous pensez qu'ils puissent inté-
resser l’Académie, je vous serai obligé de les lui communiquer à sa pro-
Chaine séance. Je les ai fait connaître verbalement à la séance de la Société
Philosophique de Cambridge de lundi dernier, mais ils n’ont pas encore
été imprimés.
EE RS nn ee
(1) U oublie qu'il a fait concourir aussi le premier à cette fonction.
| (653 .)
» Adoptant la position suivante du point radiant :
ÆR = rh0°12
® = 9231'N
qui est la moyenne de ma propre détermination et de cinq autres, et tenant
compte de l'action de la Terre sur les météores lorsqu'ils se sont approchés
de nous, je trouve les éléments suivants de l'orbite :
Périodes, suari Hide 33 ,25 années (admise)
Moyenne AGE. Su. 10,3402
PECEDRAORE ne Ce. RÉ 0,9047
Distance perele: = corres. s o,9855
Tocina bon uoa ur du de 16°46”
Longitude du nœud...... oe FL 1°20
Distance du périhélie au nœud...,.. 6°51’
Mouvement rétrograde. |
» L'accord de ces éléments avec ceux de la comète de Tempel (1, 1866)
est encore plus grand que celui que présentent les éléments calculés il y a
quelque temps par M. Le Verrier.
» Avec ces éléments, j'ai calculé la variation séculaire du nœud de
l'orbite des météores due à l’action des planètes Jupiter, Saturne et Uranus.
J'ai employé la méthode de Gauss donnée dans sa Determinatio attrac-
tionis, etc., et j'ai trouvé que, dans une période totale des météores, c'est-à-
dire en 33,25 années, le mouvement du nœud est
Par l’action de Jupiter, de...,...,,.,.., 20’
fi f 3
» Saturne, dé... esT a si
» Uranus; U6 o o n r$
De sorte que le mouvement total du nœud en 33,25 années serait de
29 minutes, ce qui s'accorde presque exactement avec la détérmination du
moyen mouvement du nœud d’après l'observation faite par le professeur
Newton dans son Mémoire sur les pluies d'étoiles de novembre, inséré dans
les n°111 et 112 du Journal américain de Science et Arts. <
» Cela me paraît mettre hors de doute l'exactitude de la période de
33,25 années. »
(653)
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
PHYSIQUE. — Sur un point de la théorie mécanique de la chaleur. Mémoire
de M. J. Mourir, présenté par M. Bertrand, (Extrait. )
(Commissaires : MM. Pouillet, Regnault, Combes.)
« Le Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l’Aca-
démie fait suite à un précédent travail (1), dans lequel j'ai cherché à expli-
quer le mouvement des corps électrisés en assimilant la pression exercée
par l'éther à celle d’un gaz. La théorie de Bernoulli, complétée par
M. Clausius, attribue la pression exercée par un gaz au choc des molécules
mêmes du gaz; or, si l’on admet que la matière soit formée d'atomes inva-
riables séparés par l’éther, il est naturel de rechercher si les propriétés
mêmes de l’éther ne peuvent pas rendre compte de la pression exercée par
le gaz; c’est en étudiant ce sujet que j'ai été amené à m'occuper des phéno-
mènes thermiques au même point de vue.
» J'établis d’abord cette proposition : la demi-force vive de l’éther sous
l'unité de volume est égale à la somme des pressions interne et externe
qui tendent à rapprocher les atomes. Je déduis immédiatement de ce prin-
cipe une nouvelle manière d'envisager la pression dans les gaz, en la rap-
portant au mouvement de l’éther qui sépare les atomes.
» Je considère ensuite la généralisation des lois de Mariotte et de Gay-
Lussac donnée par M. Hirn dans la théorie mécanique de la chaleur; ce
physicien a montré que, si lon divise par la température absolue le
produit du volume interatomique par la somme des pressions interne et
“*lerne, on obtient un nombre constant pour un même corps, quel que soit
d’ailleurs son état physique (a). Je détermine ce nombre constant, indépen-
damment de toute hypothèse sur la nature des phénomènes thermiques; je
trouve qu’il est égal à la moitié du produit de l'équivalent mécanique de la
chaleur Par la quantité de chaleur nécessaire pour échauffer le corps d’un
degré, abstraction faite de la chaleur consommée en travail interne et
“xierue, En combinant ce résultat avec la proposition qui précède, on ar-
rive à ceci : la Chaleur dépensée pour échauffer un corps, abstraction faite
I LA i . .
(1) Comptes rendus de l’Académie des Sciences, t. LXIII, p. 209.
a) G.-A. Hian, Exposition analytique et expérimentale de la théorie de ia chaleur, 1865.
( 654 )
de tout travail interne et externe, a pour équivalent l'accroissement de la
force vive de l’éther qui sépare les atomes.
» Mais si on laisse de côté toute considération théorique sur la nature
des phénomènes thermiques, on peut déduire de la détermination précé-
dente des conséquences directes, en premier lieu, l'expression du travail
interne donnée par M. Hirn. Ce physicien a considéré le travail interne
comme le travail effectué, pendant l’échauffement d’un corps, par le dé-
placement du point d'application d’une force égale à la pression interne,
appliquée normalement aux divers points de la surface du corps. Je retrouve
cette dernière expression, mais en la restreignant uniquement au cas des
corps solides, pris à une température très-éloignée du point de fusion. En
second lieu, je trouve que, dans ce dernier cas, la chaleur spécifique vul-
gaire est le double de la chaleur spécifique vulgaire pour le même corps
pris à l’état de gaz parfait, ce qui fournit l'explication d’un résultat bien
connu de la loi de Dulong sur les chaleurs spécifiques ; le produit du poids
atomique par la chaleur spécifique vulgaire des corps simples, pris à l’état
solide, est égal au double du produit que l'on obtient en multipliant le
poids atomique des gaz simples permanents par leur chaleur spécifique
vulgaire.
» Je retrouve également l'énoncé de la loi des chaleurs spécifiques donné
par M. Hirn dans le cas des corps simples : le produit de la capacité calori-
fique absolue par le poids atomique est un nombre constant pour tous les
corps simples (1). Dans le cas des corps composés, M. Hirn remplace le
poids atomique du corps simple par le poids atomique moyen du corps
composé, ce qui revient à considérer la quantité de chaleur nécessaire pour
échauffer un corps, sans produire de travail externe ou interne, comme
étant indépendante de l’état de mélange ou de combinaison des atomes. En
introduisant ce principe dans les formules précédentes, on trouve que, 8
l’on prend les éléments d’une combinaison chimique et la combinaison elle-
même à une même température, la force vive de l’éther dans la combinaison
est égale à la somme des forces vives que possède l’éther dans les éléments;
dans celte manière d’envisager les phénomènes thermiques, il y a CORRE
vation de la force vive de l’éther dans le phénomène de la combinaison
chimique.
(1) M. Hirn a signalé le chlore, le brome et plusieurs autres corps comme faisant excep-
tion à la loi des chaleurs spécifiques ; j’ai essayé de faire disparaître ces exceptions €t de dé-
montrer la possibilité de faire rentrer ces corps dans la loi générale, sans qu’il soit aui
saire de modifier pour chacun deux le poids atomique admis communément en chimie.
( 655 )
» Les formules précédentes conduisent à une relation entre le volume
d'une combinaison, les volumes des éléments à la même température, les
pressions externe et interne et les volumes atomiques. Cette relation montre
que le volume du composé tend à devenir égal à la somme des volumes
composants à mesure que la température s'élève, de sorte que la conden-
sation diminue de plus en plus. Il résulte également de cette relation que,
dans tous les gaz formés par la condensation de leurs éléments, la pression
interne a une valeur très-sensible, de sorte que ces gaz s’écartent notable-
ment de l’état parfait. Les gaz composés qui se rapprochent le plus de l’état
parfait sont ceux dont les éléments ne sont pas condensés; le bioxyde
d'azote, l’oxyde de carbone, qui sont dans ce cas, n’ont pu être liquéfiés.
De là résulte la nécessité de ramener toujours la masse du gaz composé au
volume du mélange formé par les éléments, ou, en d’autres termes, la néces-
sité de prendre le poids atomique moyen quand on applique la loi des cha-
leurs spécifiques. La loi du mélange des gaz qui suivent on non la loi de
Mariotte est également une conséquence des formules qui précèdent.
» Le Mémoire se termine par une Note relative à l'évaluation de la cha-
leur consommée en travail interne dans l’échauffement de l'eau. En suivant
en principe la méthode indiquée par M. Hirn, mais en laissant de côté
toute expression théorique du travail interne, on trouve que la chaleur
consommée en travail interne dans l’échauffement de l’eau, sous la pression
atmosphérique, pour une élévation de température d'un degré, croit régu-
lièrement avec la température, sans que cet accroissement soit modifié
lorsque l’eau passe par le maximum de densité. »
THÉORIE DES NOMBRES. — Développement des séries à lermes alternativement
positifs et négatifs à l'aide des nombres de Bernoulli; par M. Fénor Tnomax.
(Commissaires : MM. Liouville, Serret, O. Bonnet.)
« Soit Vz une fonction de z = o(x), définie par l'équation
Vz=9o(x+o)+o(x),
w étant une quantité constante; la fonction Vz, que j'appelle l'augment de z,
s'obtient directement à l’aide de la formule de Taylor
(1) y P E A a
Z= 23+ 02 + — -= se
(2) (3)
Réciproquement, lorsqu'on connaît l’augment d’un ordre quelconque, on
C. R., 1867, 1°T Semestre, (T. LXIV, No 49.) 87
( 656 )
trouve facilement la fonction inverse ou génératrice; en désignant celle-ci
par À, on déduit de léquation (1)
2
Z= 217 + oz + mt.
et de là, par substitutions successives,
3 Z W
Àz Par à =e Ta ald ...
2 P pe. o #
=r—--z+—z—
Àz A 7 G 5
ee i da
pee 32
» Pour obtenir l'expression générale de la fonction inverse du #°"* ordre,
soit
(2) 13 = az + Boz + yw?’ + dwz +...
Or si l’on pose z = ef, on a
AS VS GRES
d’où
Vrz à zZ
Erer Ater)
En substituant ces valeurs dans l'équation (2) et en y supprimant le facteur
commun z, on a
(3)
par conséquent les constantes g, B, y... sont les coefficients de la série (3),
ce qui est représenté par l'expression symbolique )”z = (1 + e4)” Zy.
» La méthode suivante établit la loi des termes du développement de X"3,
par un calcul trés-simple, au moyen des nombres de Bernoulli.
» Comme il s’agit d’abord de connaître les termes de la série infinie
(1- e)”, soit
Be (te), Berr ept Osr A,
I
G aF Eet fo + qu + Da +;
on a directement
B—A+ dA,,
C=B+-dB.,
2
D=C+;aC,,;
(657)
par conséquent, les valeurs des puissances consécutives de (1+ æt, et
par suite celles des fonctions inverses d’un ordre quelconque, s’obtiennent
au moyen de simples différentiations successives.
» On a d’abord
I e ?
ie I
14e” A era
A nE
— ~ tang hyp =,
I
2
ou, en désignant par À, B, €, D,... les nombres de Bernoulli,
(+e -iy Aot i De Eur +...
par conséquent,
å o E E + 71 : ot 1] PE E 7} à | ;
(4) > G) Aat A Bo’s G) Cox + :..;
de là on déduit immédiatement l'inverse du second ordre
5 22 — ss nr es v
(5) SSNs Fra Po’z Co'z'+...,
á
puis celle du troisième ordre
2f— 1:
6 (4)
f 3 Fe Eo ii
À 22 2 g EA Z : Z See
(6) a un F
E 2M 6 2(4)
2— I Doz
FE © 3 (5) T;
è » Toutes ces fonctions inverses de l'augment se prêtent extrêmement
len à la sommation des séries dont les termes sont alternativement positifs
et négatifs,
» La fonction du premier ordre (4) sert à déterminer les séries de la forme
Pa) pix+o)+g(x+20) —...+ç(x + no);
celle du second ordre (5) sert à déterminer les séries de la forme
S=ap(x)—(a+6)o(x +w)+ (a+ 20)p(x +aw) —.….
(a+ n0)o(x + no);
elle du troisième ordre (6) sert à déterminer les séries dont les coeffi-
87
(658 )
cients forment une progression arithmétique du second degré
S—aox—(a+d)g(x+o)+(a+2d+6)p(x +20) —...
n(n
+ [a+ nd HE 0 | g(x + no).
» Soit
S= px = gx —ọ (x + w) +g (£+ 2w%)—... +=ọ(x + no),
on aura
S, = 4 (x + o) =g (x£ + 0)— p(x +20) +...
F olx +n) to|[x+(n+1)o];
donc.
VS = Véx = ox +op[x+(n+r)vw|], .
VS=—ox+o(x + no) + Vo(x+no)
S = 1px F ip(x + no) +o(x + no).
» En développant àz et àZ, d’après la formule (4), et en remplaçant,
pour plus de netteté, x par a et (x + no) par b, on obtient, pour un
nombre impair de termes,
S = = (pa + pb) See 2 — 1 Aw (y'a ee ob) “+ TIR Bo’ (g"a — o"b)
(2)
28— 1
NED Co(o"a — gb)+...,
et pour un nombre pair de termes,
2. pi
S= = (pa — gb) y À (p'a + ob) + p L Bo’ (ga +gb)
(
A an
(6)
» Lorsqu'on applique ces deux formules aux séries logarithmiques,
on a, en désignant par k = loge le module du système de logarithmes,
si S = loga — log (a + w) + log (a + 2%) —...+ log (a + no);
T Ako (2 = + Er Dro (i-i)
2 —
m ze Cko (5 = g) te
n
Co (ga + 9"b) +...
2
S = + logab —
( 659 )
et si S = loga — log (a + w) + log (a + 2w) —...— log(a + nw),
I
I a 2 — 1 I 2% — I 3 I I
S = eiA Ako (+3) + = paw(i+)
2
Tl FT L 5)
Tr (ż +g) Ha
Si dans cette dernière équation n =1, b =a + o, on obtient le dévelop-
pement de log (a + w) au moyen des nombres de Bernoulli :
a
3i — I AG I
3 Pko (i+)
log (a + w) = loga + (2?°— 1) Ako (2 Es >)
x.
26
yy Chwt(i+x)
+
b
2% — I LA I
Seis 4.7 Dko (arp) te
» Ce cas particulier résulte de la formule connue de Boole. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE, — Application du pendule à la détermination des poids
spécifiques; par M. J. Serra-Carpr.
(Commissaires : MM. Regnault, Delaunay.)
« Rome, 21 mars 1867.
» Je demande à l’Académie la permission de lui présenter le résumé de
mes recherches sur l’application du pendule à la détermination des poids
spécifiques.
» Les formules relatives aux pendules composés comprennent, entre
autres éléments, la densité des parties constituantes, Aussi, l'application
que je me suis proposée n’offrirait ni nouveauté, ni utilité pratique, si elle
ne présentait pas : 1° un rapport simple entre les nombres d’oscillation et la
densité d’une partie du pendule; 2° une exécution rapide et facile; 3° la
Possibilité d'effectuer la détermination indiquée sur une trés-petite quantité
de matière. J'ai trouvé ces avantages réunis dans un pendule ayant son
centre d’oscillation placé entre deux lentilles dans lesquelles, différem-
ment du métronome de Maëlzel, je fais varier le nombre des oscillations
dans un temps donné, par une variation de masse dans la lentille supérieure
qui se trouve fixée à l’extrémité de la tige.
» Pour ce pendule, nous avons la formule
hb biiga
b E H S (PA? + P4) +5[e = -Pio + a)|=o0,
( 660 )
dont les notations se confondent avec celles dont s’est servi le R. P. Jul-
lien dans son ouvrage intitulé : Problèmes de Mécanique rationnelle (Paris,
A d LA r
1855), pourvu que l’on fasse x = h, l = 5 Cette formule a été également
obtenue par M. le professeur Volpicelli, et je lai réduite à la forme sui-
vante :
EES (PR? + PA”)
I P
— = — : e _
P phb + a|» E — po +a) |
» Si l’on change le poids p de la lentille supérieure en p,, et en même
temps le nombre n d’oscillations daûs une minute en z,, on obtiendra une
autre équation qui différera de la précédente par ces deux éléments. Or,
pouvant disposer à volonté de presque toutes les quantités qui composent les
seconds membres et qui dépendent des dimensions du pendule, on pourra
toujours les choisir de façon que, pour deux valeurs p et p, voisines entre
elles, les seconds membres respectifs diffèrent très-peu et qu’on puisse
dans la pratique admettre
p a pin,
c'est-à-dire les poids p et p, inversement proportionnels aux carrés res-
pectifs des nombres d’oscillation.
» De ce qui précède, il est facile de tirer les conclusions suivantes :
» 1° On peut déterminer le poids spécifique de presque tous les liquides
au moyen du pendule décrit, en employant comme lentille supérieure un
récipient de dimensions convenables. ;
» 2° Cette détermination est applicable à tous les corps solides qui
peuvent être réduits à un volume donné, dont la densité diffère peu de
celle de l’eau distillée, ou qui ne sont pas de nature à pouvoir être plongés
dans leau.
» 3° Pour déterminer, avec le pendule, le poids spécifique d’un corps
qui aurait une densité exceptionnelle, où qui ne pourrait être réduit à un
volume donné, il faudrait le comparer avec un autre corps de volume
réductible et d’une densité voisine de celle du premier corps.
» 4° La rapidité et l'exactitude suffisante de la méthode me font peniser
que le pendule, tel que je Pai fait construire, fournira un moyen de déter-
mination du poids spécifique, sinon préférable dans tous les cas, au mons
comparable aux autres moyens adoptés jusqu’à présent dans la pratique:
» Le rapport que Jai indiqué présente une exactitude suffisante pour
les usages de l'industrie; mais les savants, en substiluant les valeurs
( 661 }
numériques dans les formules qui se rapportent à ce pendule, y trouve-
ront, plutôt que dans tout autre pendule, un moyen de détermination
exact et simple des poids spécifiques. »
ÉCONOMIE RURALE. — Note sur des œufs de vers à soie du Mürier qui n'éclo-
. sent, dans notre hémisphère, que la deuxième année après leur ponte; par
M. F.-E. Guérin-Ménevirze.
(Renvoi à la Commission de Sériciculture.)
« On sait que diverses races de vers à soie du Mürier, dites trivoltines et
polyvoltines, ont la faculté de se reproduire trois fois et plus dans l’espace
d'une année, mais que, le plus ordinairement, ces insectes domestiques n’ont
qu'une génération dans la même période et constituent des races dites an-
nuelles.
» Aujourd’hui, j'ai l'honneur de présenter à l’Académie des œufs appar-
tenant à une race non moins singulière que les premières, cas, au lieu de se
reproduire plusieurs fois dans l’espace d’une année, elle ne donne qu’une
génération en deux ans et peut être dite bisannuelle.
» L'incubation, chez cette race, au lieu de se faire en quelques semaines
comme chez les races polyvoltines, ou en huit ou dix mois comme chez
celles qui sont annuelles, n’est accomplie qu'après dix-huit mois.
» Les œufs qui présentent cette remarquable anomalie proviennent
d'éducations faites dans l'Amérique méridionale avec des graines envoyées
d'Europe il y a quelques années, éducations qui n’ont montré aucune trace
de maladies. Importées dans notre hémisphère, ces graines n’éclosent pas
au commencement de notre printemps, mais, sautant une année comme
Certains blés étrangers semés chez nous, elles ne donnent leurs vers qu'au
Printemps suivant.
» Celles que je dépose sur le bureau de l’Académie ont été produites, à
la fin de l’année 1866, à Quito (Équateur) et au Chili. Sauf quelques rares
exceptions, elles vont demeurer inertes toute l’année 1967, et n’écloront
qu'au Printemps de 1868 CE},
g n : . . . PN) r .
» Cesten Italie que ces faits singuliers ont été observés pour la première
(1) Un reste de ces œufs ayant donné exceptionnellement quelques vers à la fin de 1866,
FES élevés par M’! Dagincourt, de Saint-Amand (Cher), n’ont montré aucune trace de
Sattine et lui ont donné de très-beaux cocons jaunes de race milanaise, que l’on verra à son
Exposition au Champ de Mars.
( 662 )
fois, je crois. En 1864, deux éducateurs, MM. Malegari, de Meldola, et
Franzoni, de Guidizzole, ayant reçu des graines provenant du Chili, les
avaient soumises, en avril, aux procédés ordinaires d’incubation. Voyant
que ces graines n’éclosaient pas, ils les mirent de côté comme mauvaises,
Cette bizarre semence, disent-ils, ayant été conservée, se mit à éclore au
commencement de mai de l’année suivante et donna d'excellents vers et
une bonne récolte.
» En 1865, on avait reçu à Lyon, et vendu à divers éducateurs, une cer-
taine quantité d'œufs provenant de Quito; mais comme ils n'avaient pas
éclos en mai, on les regarda comme mauvais et ils furent jetés. Cependant
un éducateur, M. Barre, propriétaire à Besayes, commune de Charpey
(Drôme), ayant gardé ces œufs (de 1864) reçus en 1865, fut très-étonné de
les voir éclore parfaitement en 1866 (1). Élevés comme à l'ordinaire, ces
vers n’ont montré ancune trace de maladie et lui ont donné une excellente
récolte, dans ces régions infectées par l'épidémie.
» Quoique regardant la recherche des corpuscules vibrants (les hæma-
tozoïdes, que j'ai découverts en 1849) comme une étude toute scientifique
et qui ne saurait être généralisée dans la grande pratique, j'ai examiné sept
à huit de ces œufs à l’aide du microscope, et j'ai constaté qu'ils ne mon-
traient aucune trace de ces corpuscules.
» M. Balbiani, dont j'estime beaucoup les travaux micrographiques, tout
en différant d'opinion sur quelques-unes des déductions à tirer des faits
qu'il observe si bien, a eu la complaisance d’examiner aussi le contenu de
quelques-uns de ces œufs, et il n’y a pas trouvé de corpuscules.
» Ces observations, très délicates et très-difficiles, exigeant beaucoup de
temps, je wai pu encore les répéter sur un assez grand nombre d'œufs.
J'espère que d’autres pourront opérer sur des centaines de ces œufs et à
diverses époques. S'ils y rencontrent enfin des corpuscules, ils nous appren-
dront en quelle proportion ils s’y trouvent et à quel moment ils py pon!
montrés. S
» Comme il s’est à peine écoulé quatre mois depuis que ces œufs son!
pondus, ils ne peuvent être encore en travail bieu manifeste d'incubation
et pourraient ne montrer des corpuscules qu’à un moment où ce travail
sera plus avancé. Du reste, cela importe peu, puisqu'il a été constaté qué
certains œufs corpusculeux ont donné de bonnes récoltes, tandis que
i
\ = 7, > + a incennes
(1) Un fait semblable s’est produit à mon laboratoire de la ferme impériale de Vince
avec des œufs qui m'avaient été envoyés de Cayenne par M. Michély.
( 663 )
d’autres, sans corpuscules, ont échoué. Pour le moment, la meilleure
garantie que puissent offrir ces graines est leur provenance même, et la cer-
titude qu'elles ont été obtenues dans des contrées où l’on assure que lépi-
démie régnante ne s’est pas montrée.
» Qu'il me soit permis de dire, en terminant, que je dois la communica-
tion de ces graines à M. F. Rodalia, Consul général du Chili, et à M. A.
Gelot, Délégué du commerce des Républiques Argentine et du Paraguay (1).
Ces messieurs ont bien voulu envoyer des échantillons de ces graines à
divers éducateurs que je leur ai désignés et qui vont les expérimenter prati-
quement l’année prochaine. De mon côté, je les étudierai avec le plus grand
soin, et J'aurai soin de tenir l’Académie au courant des résultats de ces
études qui intéressent également l’économie rurale et la physiologie. »
M. J.-P. Revozrar soumet au Jugement de l’Académie une Note sur le
magnétisme et l’électromagnétisme.
(Renvoi à l'examen de MM. Becquerel et Edm. Becquerel.)
Un auteur, qui s’est cru à tort dans l'obligation de mettre son nom sous
pli cacheté, envoie d'Italie, au concours pour les prix de Médecine et de
Chirurgie, un Mémoire écrit en français « sur la valeur de la lithotritie ».
L'auteur s’est proposé dans ce travail de faire voir que les grands avan-
tages de ces opérations ne peuvent pas, comme on semble l'avoir admis
Jusqu'ici, être mis en évidence au moyen de la statistique, tandis que par le
mode d'investigation qu'il propose, on établit d’une manière incontestable
leur haute valeur.
(Renvoi à la future Commission.)
M. BerGERON présente, comme pièce de concours pour le prix de Statis-
tique, un Mémoire imprimé « sur la géographie et la prophylaxie des
teigues », et y joint une indication manuscrite de ce qu'il considère comme
nouveau dans son travail.
(Renvoi à la future Commission.)
M. Jogerr envoie de Marseille un second exemplaire de sa « Notice sur
mm
(1) M. Gelot a publié une Lettre très-intéressante sur un premier envoi de graines de
Quito, dans le Moniteur des soies du 8 décembre 1866, p. 5.
C: R., 1867, 127 Semestre. (T. LXIV, N9 13.) 88
( 664 )
l'épidémie cholérique de 1865 », et une seconde copie d’une addition
manuscrite à cette Notice.
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
M. Hexxe envoie de Briey (Silésie) une Note écrite en allemand sur l’em-
ploi thérapeutique et prophylactique de la benzine contre le choléra-
morbus.
(Commission du legs Bréant.)
CORRESPONDANCE.
M. LE SECRÉTAIRE PERPÉTUEL présente, au nom de l’Académie impériale
des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen, le précis des travaux de cette
Académie pour l’année 1865-1866.
M. Presser adresse de la Ferté-Gaucher (Seine-et-Marne) une Lettre
par laquelle il se fait connaître comme auteur d’un Mémoire « sur les rap-
ports proportionnels entre la population rurale et le travail agricole dans le
département de Seine-et-Marne », Mémoire admis au concours pour le prix
de Stätistique de 1866, et qui a été jugé digne d’une mention honorable.
L'Académie reçoit, à l’occasion des prix et encouragements décernés
pour ce même concours de 1866 (séance publique annuelle du 11 mars
1867), des Lettres de remerciments des auteurs dont les noms suivent :
M. Baue (prix Bordin, Sciences mathématiques); M. Canours (prix
Jecker); M. Pnisipeaux (mention honorable au concours pour le prix de
Physiologie expérimentale); MM. Vorsix et Lrouvizze (mention honorable
au concours pour les prix de Médecine et Chirurgie); MM. Gousox et
Lecros (une des deux récompenses décernées par la Commission du prix
Bréant).
ASTRONOMIE. — Essai d'identification des orbites de la première comète de
1861 et des essaims d'étoiles filantes du mois d'avril; par M. G. GALLE.
(Lettre adressée de Breslau à M. Le Verrier.)
« Les résultats. remarquables et ivattendus auxquels vous êtes parvenu
d 3 A $ , A
récemment, concernant les comètes et les météores de novembre et d'août,
( 665 )
et les résultats obtenus en Italie par M. Schiaparelli, mont conduit il y a
quelques semaines à un calcul de nature semblable sur la première comète
de 1861, qui dans son hœud descendant se rapproche de l'orbite de la
Terre jusqu’à la très-petite distance de 0,0022.
» Le nœud correspond au 20 avril, jour marqué par une grande abon-
dance d'étoiles filantes. En calculant, d’après les éléments elliptiques de la-
dite comète, tirés par M. Oppolzer de l’ensemble des observations, le
point apparent de radiation de la comèle, au moment du passage au nœud,
J'ai trouvé
longitude 267°,2, latitude + 57°,0.
» Maintenant, les observations des météores d’avril ont donné en 1864
(Report of the British Assoc., 1864, p. 98), pour le point de radiation,
l'ascension droite 277°, 5, la déclinaison + 34°,6, ou bien
longitude 281°,6, latitude + 57°,8,
résultats qui s'accordent seulement à 7 degrés près en arc de grand cercle.
» En comparant les déterminati de quelques autres observateurs et
d'années différentes (aussi pour les phénomènes d’août et de novembre),
une pareille différence paraît admissible. Cependant il serait difficile d’éta-
blir l'identité de l'orbite météorique et de l'orbite cométaire, dans ce cas,
avec une certitude pareille à celle des météores de novembre, et le but prin-
cipal de ma communication serait atteint si l’attention des observateurs
pouvait être dirigée de nouveau à l’époque météorique du 20 avril, pour
Obtenir une détermination du point de radiation, encore plus certaine, si
cela est possible.
» J'ai fait aussi le calcul inverse de la détermination de l'orbite météorique,
en partant du point de radiation observé et de la vitesse tirée de l'orbite
Comélaire ; mais il est clair que l'accord laissera à désirer, puisque la durée
de la révolution est purement hypothétique et le point de radiation incer-
tain jusqu’à 5 ou 10 degrés. Voici cependant le résultat :
Météores du 20 avril. Comète 1861 1.
loga supposé. ., 1, 1,746 1,746
Dis dd id 0 9,980 9,964
BE HR a 0,9829 0,9835
o Mi Ro ce à 236° 3
Ei o aa a 30° 30°
A E EN nt 1 : 009 80°
Mouvement direct.
88..
( 666 )
PHYSIQUE. — Sur une machine à piston libre, fonctionnant comme pompe
pneumatique et comme pompe foulante; par M. Derzeuis. (Lettre à
M. Regnault.)
« Je vous serai très-obligé de vouloir bien présenter à l’Académie une
machine à piston libre, fonctionnant comme pompe pneumatique et
comme pompe foulante. C’est la solution du problème que je m’étais pro-
posé de réaliser comme complément de ma première idée.
» J'ai obtenu ce résultat en donnant au piston une longueur trois fois
plus grande que la section du cylindre ; de cette façon la couche d’air qui
reste interposée entre le piston et le cylindre est augmentée d’un tiers.
» Cette machine fait le vide au millimètre. Elle comprime jusqu’à
cinq atmosphères sans résistance sensible et sans échauffement, car le piston
étant libre, il ne peut y avoir que le développement de chaleur produit par
tout gaz dont on réduit le volume, et encore faut-il pour cela que la com-
pression ait lieu avec accélération de vitesse; et comme le mouvement de
cette machine est très-lent, je n’ai constaté qu’un excès de température tout
à fait insignifiant sur le cylindre après avoir comprimé jusqu'à cinq atmo-
sphères. |
» Je dois ajouter que depuis la première présentation que vous avez
bien voulu faire de cette machine, j'ai perfectionné l’ajustement de telle
façon, que je ne conserve entre le piston et le corps de pompe qu'une dis-
tance de + de millimètre, ce qui me permet d'obtenir invariablement un
vide de 1 millimètre. »
GÉOLOGIE. — Sur les phénomènes volcaniques de Santorin; par M. Fouqué.
(Extrait d’une Lettre à M. Ch. Sainte-Claire Deville.)
« Santorin, 5 mars 1867.
» Après un retard de deux jours, causé par le mauvais temps, NOUS
sommes arrivés à Santorin le samedi 23 février: ;
» J'ai trouvé l’éruption aussi active que jamais : les détonations sont
d'une grande violence, et les laves s’écoulent sans cesse dans la mer dans
cinq directions différentes, de manière que l'étendue qu’elles occu-
pent a considérablement augmenté depuis l’année dernière. Décidément,
l’éruption de Santorin est une très-grande éruption. Il n'existe plus de
flammes ailleurs qu’au sommet de Georges, mais là elles existent encore
certainement. Pendant les détonations, elles s'élèvent souvent à de grandes
( 667)
hauteurs ; mais, comme on pourrait les confondre avec les gaz non com-
bustibles, mélangés de poussières laviques, qui s'échappent en même temps,
je ne certifierais pas leur présence, si je ne les avais vues seules, dans l'in-
tervalle de quelques détonations; alors, les matières pulvérulentes n'étaient
pas expulsées en quantité notable.
» Les coulées nouvelles se dirigent en divergeant à partir du pied de
Georges, vers l’ouest, le sud et l’est; elles s'écoulent du cratère même
de Georges, vers le sud, et non d’une ouverture creusée à sa base, de telle
sorte que le còne volcanique de Georges, haut de 108 mètres aujourd hui,
se continue vers le sud en pente douce et y est recouvert par un grand
fleuve de lave qui se divise, seulement à sa base, en cinq bras principaux.
Le cratère, nettoyé au mois d'août dernier par une grande explosion, est
de nouveau rempli par un champignon de lave scoriacée.
» À l'extrémité de chacune des coulées de lave, des gaz se dégagent
abondamment de l’eau de mer; mais ces gaz ne sont plus combustibles, je
crois que c’est uniquement Fair qui était emprisonné dans les blocs de lave
qui tombent.
» Les mouvements du sol sont peu considérables; cependant le quai de
Néa-Kamméni s’est encore affaissé de 1 mètre environ, les bords de Micra-
Kamméni se sont aussi enfoncés vers le sud, d'à peu près 30 centimètres. Le
canal compris entre Palæa et Néa a notablement diminué de profondeur.
Il y existe deux îlots (OEsania et Membliœrca) formés de lave très-obsi-
diennique avec des géodes de cristaux divers, et, entre Aphroessa. et ces
deux îlots, la mer n’a plus que 4o mètres de profondeur en des points où
la carte anglaise indique une profondeur de 100 brasses. Enfin, la coulée la
plus septentrionale de Georges va prochainement atteindre Micra-Kamméni;
le canal qui la sépare n’a que 3 mètres de profondeur, 6 à 7 mètres de lar-
eur, et encore est-il embarrassé en beaucoup de points par les blocs
éboulés.
» J'ai été à la pointe d'Aponomeria recueillir les gaz qui sortent de la
mer, Le dégagement y est faible, le gaz est composé d’azote mélangé
de 10 pour 100 d'oxygène. Il se dégage là de temps immémorial, et son
abondance n’a pas varié depuis le commencement de l’éruption.
» J'ai maintenant à vous dire quelques mots de la fameuse découverte
archéologique de Therasia. Il n’est pas douteux pour moi que ces construc-
lions, assez vastes, ne reposent sous le tuf ponceux en place. Bien des rai-
Sons me font supposer qu'elles sont antérieures au dépôt de ce tuf, et par
( 668 )
conséquent on devrait en conclure que l’homme a vécu avant l’époque de
la formation de la baie ; cependant, je ne veux pas me prononcer sur cette
question avant d’avoir fait effectuer de nouvelles fouilles. J'aurai encore
d’autres documents à apporter pour la solution de ce problème, car j'ai
découvert moi-même, près d’Acrotiri, dans l'ile même de Santorin,
deux constructions semblables, renfermant des objets non moins curieux
que ceux trouvés dans les constructions de Therasia. Toutes ces construc-
tions sont entièrement différentes de celles qui sont fréquemment trouvées
à Santorin, et qu’on sait positivement appartenir à l'époque grecque. Elles
sont faites sans ciment, avec des blocs la plupart non taillés, mélangés de
morceaux de bois et recouvertes d’un enduit de cendre volcanique délayée
dans l’eau, et paraissent avoir eu un toit soutenu également par des pièces
de bois. Je pourrais vous donner bien d’autres détails sur tout cela, mais
je préfère attendre le résultat des fouilles que je vais faire opérer (1). »
GÉOLOGIE. — Sur les produits ammoniacaux trouvés dans le cratère supérieur
du Vésuve; par M. Parmieri. (Extrait d'une Lettre à M. Ch. Sainte-Claire
Deville.)
« Naples, 10 mars 1867.
» Ayant eu, le mois dernier, l’occasion de recueillir quelques sco-
ries altérées par l’action des acides chlorhydrique et sulfureux dans une
des fumerolles du grand cratère du Vésuve, je les ai soumises à quelques
essais et j'ai vu avec surprise (en compagnie des professeurs de Luca et
Ubaldini) qu’elles donnaient toutes la réaction de l’ammoniaque. Ce fait,
qui confirme une premiére observation faite par M. Fouqué, est en oppo-
sition avec l'opinion généralement répandue que le sel ammoniac ne 5è
forme jamais sur la cime ou sur le cône du Vésuve, mais seulement dans
les lieux bas, sur les fumerolles de la lave. J'avais trouvé, l'automne der-
nier, des produits ammoniacaux dans l’un des cratères de 1861; mais ce
point est encore peu élevé. |
» Les scories altérées dont je parle ici étaient en grande partie solubles,
et contenaient de l'acide chlorhydrique libre, des chlorures, des sulfates,
des phosphates et de la silice. Les bases étaient le plomb, le fer, la chaux;
la soude, l’'ammoniaque et l’alumine. Elles ne présentaient ni cuivre, NI
: Poa = po : , ce
(1) Depuis la réception de cette Lettre, une dépêche télégraphique de Smyrne m annon
que M. Fouqué a dû se rendre à l'île de Mètelin, qui a été, comme on sait, entièrement ra
vagée par de récents tremblements de terre. (Cm. S.-C. D.
( 669 )
potasse, ni baryte, ni d’autres bases, bien qu’elles aient été recherchées
par mes aides, MM. Punzo et Giordano. La présence des phosphates me
parait digne d'attention, car je crois que c’est la première fois qu'elle est
indiquée dans les produits du Vésuve, depuis que vous l’avez signalée dans
les laves de ce vôlcan.
» Les substances recueillies dans l’un des cratères de 1861, et dans les-
quelles j'ai aussi trouvé l’ammoniaque, étaient des sulfates et des carbonates.
11 semble donc que ce cratère, aujourd’hui entièrement éteint, a passé par
une période d'émanations d’acide carbonique; ce qui confirme la pensée
que chaque cratère, en atteignant la période de décrépitude ou de dégéné-
rescence, traverse une phase de mofette. »
ZOOTECHNIE. — Note sur l’origine tératologique attribuée à certaines races
d'animaux domestiques; par M. A. Sanson.
« Parmi les propositions résultant de mes recherches sur la caractéristique
de la race (Comptes rendus, séance du 14 mai 1866), étaient formulées les
suivantes : « Les naturalistes ont jusqu’à présent considéré la race comme
étant une variété accidentelle produite par l'influence du milieu, par la
» domestication ou la culture, par l’industrie de l’homme enfin. Il n’en
» est rien. On ne connaît pas plus l’origine d'aucune race que celle d’au-
» cune espèce. Les opinions admises à cet égard ont pour base des illu-
» sions d'observation. Il n’est au pouvoir d'aucune méthode zootech-
nique de créer des races nouvelles. » Depuis, et à diverses reprises, je
crois avoir prouvé la parfaite exactitude de mes propositions, en montrant
les points sur lesquels portent ces illusions. Les faits que j'ai soumis à
l'appréciation de l’Académie n'ont point été contestés.
. ? Une Note récente de M. C. Dareste, contrairement à la déduction que
J ai tirée de mes observations, présente les anoufalies légères de l’organisation
animale comme ayant « pu souvent devenir le point de départ de races nou-
» velles. » Ce n’est pas la première fois qu’une telle hypothèse est avancée,
aon plus que les faits invoqués par l’auteur pour en faire admettre la pos-
sibilité. On la trouve, avec ceux-ci, sans en excepter un seul, dans tous
les livres français ou étrangers écrits sur ce sujet. Faits et hypothèse ont
ete déjà réfutés en 1863, dans une discussion de la Société d'Anthropologie
de Paris, sur l'influence des milieux. M. Martin de Moussy, qui a longtemps
habité la Plata et qui a exploré l'Amérique du Sud dans tous les sens, a
établi notamment qu'aucune race de bœufs Nata ou Niata ny a jamais
( 670 )
existé. Les cas d’anomalie ainsi caractérisés, observés par Lacordaire et par
Darwin, étaient des cas purement individuels, comme il s’en produit dans
les estamias, où les troupeaux vivent en liberté, comme il s’en produit de
même en France, où l’on en trouve conservés dans presque tous nos mu-
sées. C’est un de ces cas que M. Dareste a pu étudier. Il reste à prouver
qu’ils se sont quelque part multipliés par hérédité continue, dans une suite
de générations. Le contraire est acquis à la science jusqu'à présent.
» Le second fait invoqué par M. Dareste est celui de l’anomalie cérébrale
observée par lui et qui expliquerait l’origine de la race des poules polonaises
dites poules de Padoue. Cette origine lui avait été déjà plusieurs fois attribuée,
sans la moindre preuve, par tous les partisans de la doctrine de la variabi-
lité du type, limitée ou illimitée. Il me paraît que c'est pousser un peu loin
l’usage de la méthode d’induction qui leur est familière, d'attribuer comme
origine possible à cette race une anomalie qui n’a été observée que sur deux
poulets morts avant l'éclosion. Pour être le point de départ d’une race nou-
velle, la capacité de vivre semble an moins nécessaire. »
PHYSIOLOGIE. — Sur l’innervation du cœur; par MM. E. et M. Cyron, de
Saint-Pétersbourg. (Note transmise par M. CI. Bernard.)
« La question de l'influence du cerveau et de la moelle épinière sur lin-
nervation du cœur, quoique discutée depuis des milliers d'années, n’a pas
reçu jusqu’à présent une solution définitive. Les expériences faites au com-
mencement de ce siècle par Legallois et Wilson Philipp, et plus tard par
Budge, Schiff, Weber et d’autres, ont laissé cette question dans une situa-
tion qui peut être résumée dans les mots suivants : d’un côté, il n’y avait
pas de preuves positives établissant que le cœur est complétement indépen-
dant de la moelle épinière; d’un autre côté, il n’était pas prouvé que le
système nerveux central pisse influencer les battements du cœur par
d’autres voies que celles du pneumogastrique. Dans un travail publié
en 1863, le professeur Bezold croyait avoir démontré l'existence, dans la
moelle épinière, d’un centre excito-moteur du cœur qui pouvait non-seule-
ment augmenter le nombre des battements, mais aussi produire une aug
mentation très-considérable de la pression moyenne du sang. Voici les ex-
périences sur lesquelles Bezold basait ses conclusions : La section de la
moelle épinière à la hauteur de l'atlas produit, chez les lapins, une diminu
tion trés-considérable de la pression dans les grandes artères et en meme
temps un ralentissement des battements du cœur; l'irritation de la moelle
(671 )
au-dessous de la section élève ces deux grandeurs à une valeur plus élevée
que celle qu’elles avaient avant la section. Bezold regardait l'élévation de la
pression moyenne, pendant cette irritation, comme due à augmentation de
la force motrice du cœur, et au contraire son abaissement, après la section,
comme due à la diminution de cette force. MM. Ludwig et Thiry ont bien-
tôt démontré, dans une série d'expériences très-ingénieuses, que les con-
clusions tirées par M. Bezold de ses expériences étaient complétement
erronées. Ils ont constaté que les mêmes changements dans la pression du
sang et dans le nombre des battements pendant la section ou l’irritation de
la moelle épinière se produisent encore chez des lapins chez lesquels ils
waient complétement détruit, par la méthode galvanocaustique, tous les nerfs du
cœur. En comprimant l'aorte abdominale, ils ont obtenu la même aug-
mentation de la pression du sang et la même accélération des battements
du Cœur qué pendant l'irritation de la moelle épinière. De ces expériences,
ils ont trés-justement conclu que la diminution ou l'augmentation de la
pression du sang, dans les expériences de Bezold, étaient produites par une
paralysie ou une excitation des nerfs vasculaires, tandis que les change-
ments dans le nombre des battements n'étaient que la conséquence d’une
réaction du cœur, suivant l'augmentation ou la diminution des résistances
dans la circulation du sang. On voit que M. Bezold est tombé dans l'erreur
par la même cause que ses devanciers; il attribuait à une influence directe
du système nerveux sur le cœur des changements qui dépendaient de l'ac-
tion nerveuse sur les vaisseaux.
» Quelques faits importants sur l’innervation du cœur et des vaisseaux,
trouvés dans les derniers temps par le professeur Ludwig et l’un de nous
LE. Cyon (1)], nous donnaient l'espoir de pouvoir exclure, pendant l'expé-
Mmentation sur la moelle, les changements dans le système vasculaire dus
Aux nerfs des vaisseaux. Les principaux de ces faits sont :
> 1° Le nerf cardiaque qui se détache avec deux racines du pneumogas-
trique et du laryngé supérieur est un nerf sensible du cœur, et qui donne
en même temps au cœur la possibilité de régler lui-même la pression du
“ang dans l'organisme, en paralysant par une voie réflexe la tonicité de
tous les vaisseaux de l'organisme; ces observateurs l'ont appelé, à cause de
cette fonction, le nerf dépresseur.
de E. Cxow und C. Luvwic, Die Reflexe eines der sensiblen Nerven des Herzens
( ttzungsberichte der konig, Sachsischen Gesellschaft des W issenschaften, 1866).
CR, 1867, 1er Semestre. (T. LXIV, N° 49.) 89
(672)
» 2° Les nerfs splanchniques sont les principaux nerfs vasculaires de
l’organisme : leur section réduit la pression dans la carotide au minimum,
l'irritation de leurs bouts périphériques peut doubler cette pression.
» Dans l'espoir d'exclure, par la section des deux nerfs splanchniques,
tous les changements dans les vaisseaux pendant l'irritation de la moelle,
nous avons fait les expériences suivantes. Chez des lapins empoisonnés
avec le curare, nous avons commencé par entretenir la respiration artifi-
cielle et coupé les nerfs pneumogastriques, les dépresseurs et les nerfs sym-
pathiques du cou. Ensuite nous avons mesuré, avec un manomètre de
Ludwig, la pression du sang de la carotide et le nombre des battements du
cœur avant, pendant et après l’irritation électrique de la moelle épiniere,
séparée du cerveau à la hauteur de l’atlas. (Nous avons contrôlé le nombre
des battements avec une aiguille de Middeldorpf et avec un stéthoscope de
Kœnig.) Après avoir constaté l'augmentation très-considérable de la pres-
sion du sang et du nombre des battements du cœur produite par l'irritation
de la moelle, nous avons coupé les deux splanchniques au-dessous du dia-
phragme. Par la section de ces nerfs, la pression du sang et le nombre des
battements tombent encore plus bas qu'après la seule section de la moelle.
L’irritation de la moelle épinière, après la section des nerfs splanchniques,
produit encore une accélération considérable des battements du cœur, mais
ne change pas la pression du sang; la hauteur de l’excursion de chaque
battement a considérablement diminué pendant que la fréquence des bat-
tements a augmenté. Dans cette expérience, l’accélération des battements
du cœur ne dépendait plus, comme dans celle de Bezold, d’une réaction du
cœur sur l'augmentation des résistances dans la circulation, c’est-à-dire, elle
ne pouvait être due qu'à une action directe de la moelle sur le cœur. Pour décider
les voies par lesquelles cette action de la moelle se transmet au cœur, nous
avons extirpé tous les nerfs que le cœur reçoit de la moelle épinière par
l'intermédiaire des ganglions sympathiques (cervicaux inférieurs et dorsaux
-supérieurs). En répétant l'expérience décrite plus haut, sur les lapins ayant
ces nerfs extirpés, nous n'avons obtenu, pendant l’irritation de la moelle
et après la section des splanchniques, aucun changement ni dans le nombre
des pulsations du cœur ni dans la pression moyenne du sang. Cette expérience
prouve que c'est par ces nerfs que la moelle épinière produit sur le cœur so" action
accélératrice. (Quand l'irritation dure trop longtemps, on observe, chez des
lapins avec les nerfs extirpés ou intacts, une élévation insignifiante sé 2
à 3 millimètres de la pression moyenne, qui dépend probablement d'une
irritation des nerfs vasculaires situés plus bas que les splanchniques.) Quant
(673 )
à l'extirpation de ces nerfs elle-même, elle ne produit aucun changement
ni dans le nombre ni dans la valeur des contractions du cœur, ce qui
démontre :
» 1° Que ces nerfs n’agissent pas d’une manière continue ;
» 2° Que la diminution considérable de la pression du sang et le ralen-
tissement des pulsations du cœur après la section de la moelle épinière
n'est due qu’à la paralysie des nerfs vasculaires provoquée par cette opé-
ration.
» Il nous semblait important de confirmer, par l'irritation directe des
nerfs cardiaques, les faits que nous avons trouvés par l’irritation de la
moelle épinière, Des expériences pareilles faites sur les lapins et les chiens
nous ont donné les résultats suivants :
» 1° L'irritation électrique de la troisième branche du ganglion cervical
inférieur provoque chez les lapins une accélération des battements du
Cœur et une diminution de leur étendue. i
» 2° Les deux premières branches du même ganglion sont des nerfs sen-
sibles du cœur et forment la continuation du nerf dépresseur.
» 3° L'irritation de Ja quatrième branche de ce ganglion, qui passe au-
dessus de l’artère sous-claviculaire, et forme avec une cinquième branche
du même ganglion l'anneau de Vieussens, produit une légère élévation de
la pression moyenne du sang sans changer le nombre des pulsations.
» 4° Chez les chiens, dont le nerf sympathique du cou et le pneumogas-
trique se trouvent dans la même gaine, c’est la seconde branche du gan-
glion cervical inférieur dont l'irritation provoque les mêmes changements
que l'irritation de la troisième chez les lapins.
» L’accélération des pulsations, produite chez les chiens et chez les lapins
Par l’irritation directe des nerfs décrits, est moins considérable que celle qui
est provoquée par l'excitation de la moelle épinière; ce qui s'explique facile-
ment parce que, dans le dernier cas, on irrite simultanément tous les nerfs
cardiaques. Nous proposons d’appeler ces branches du ganglion cervical
les nerfs accélérateurs du cœur. :
» Quant à la nature d’action de ces nerfs, on peut poser les conclusions
suivantes :
» a. Ce ne sont pas des nerfs moteurs ordinaires, se terminant dans le
muscle du cœur : :
» 1° Parce que leur irritation ne produit pas un tétanos du cœur ;
» 2° Elle n'augmente même pas le travail du cœur, parce que nous
89..
( 674 )
avons vu que la hauteur d'excursion de la colonne de mercure dans le ma-
nomètre diminue pendant que le nombre des battements augmente ;
» 3° Le cœur a en lui-même des ganglions excitateurs;
» 4° Le curare ne paralyse pas ces nerfs accélérateurs.
» b. Ce ne sont pas non plus des nerfs qui agissent sur les vaisseaux du
cœur, parce que l’occlusion complète des vaisseaux du cœur ne change
pas le nombre des pulsations.
» c. Ce ne peuvent être que des nerfs se terminant dans les ganglions du
cœur. Leur action consiste dans un changement de la division du travail
du cœur dans le temps. Ainsi ce ne sont que des antagonistes des nerfs
pneumogastriques, dans ce sens que l’'irritation de ce dernier nerf ralentit
les pulsations du cœur en augmentant leur grandeur, tandis que les nerfs
accélérateurs augmentent le nombre des pulsations en diminuant en même
temps leur grandeur.
» Beaucoup d’autres expériences, ainsi que des réflexions théoriques
que nous ne pouvons pas développer ici, parlent en faveur de cette inter-
prétation de l’action de ces nerfs.
» Toutes nos expériences ont été faites dans le laboratoire physiologique
de M. le professeur E. du Bois-Reymond, à Berlin, pendant les derniers
mois de 1866, »
CHIMIE. — Note relative à une anthracite remarquable par sa dureté
signalée récemment par M. Dumas; par M. Mère. (Extrait d'une
Lettre à M. Dumas.)
« Dans la séance dernière, vous avez présenté à l’Académie une anthra-
cite possédant quelques-unes des propriétés communes au diamant noir,
car elle rayait le verre, l’acier, etc. Sa composition, si J'ai bien retenu les
nombres, est de:
Carbone. ii. 979 |
Hydrogène. ..... 0,5
Oxygène. ...... 1,5 A
Cendres 0,5
et sa densité 1,66,
» Vous avez attiré sur ce produit l'attention des minéralogistes et des
géologues, à cause des échantillons nombreux qui se trouveront réu
? . m N x .
l'Exposition universelle, et vous provoquez les recherches des chimiste
. . b i ú r
la production de charbons analogues au diamant noir, en faisant propose
un prix à cet effet par la Société d'Encouragement.
nis à
s sur
( 675 )
» Permettez-moi donc de vons faire part de quelques expériences faites
par moi sur ce sujet, et dont il a été fait mention dans une lettre de M. Jobard
(de Bruxelles) ( Comptes rendus, tome XLVII, p. 793). Quelque temps avant
j'avais, à cette occasion, adressé à l’Académie des échantillons d’un char-
bon que je crois semblable, obtenu par moi avec des houilles anthraci-
teuses. Une Note manuscrite, dont le titre seul figure aux Comptes rendus
(1858, p. 657), en est la preuve. En conséquence, je pense que la courte
Note ci-jointe pourra vous intéresser, d'autant mieux que je suis arrivé à
produire une substance à peu près analogue à celle dant vous avez parlé
lundi dernier à l’Académie, et que mes résultats ne serviront qu'à confir-
mer les idées que vous émettiez à la grande séance de la Société d'Encou-
ragement sur l'emploi probable de ces substances dans l’industrie.
» Quelques échantillons de mes produits ont été remis autrefois à
MM. Schneider et de Seilligny, ainsi qu’à M. Fournet (de Lyon), sans au-
cuns détails d'expériences. |
» Il y a au Creuzot une couche de charbon anthraciteux. A l'époque où
Je dirigeais le laboratoire de chimie, cette couche était exploitée par le puits
du Guide n° 1, à 358 mètres de profondeur; la houille en était noire, terne,
un peu brillante parfois, friable et ne donnant pas de coke dans les fours à
coke; elle brülait difficilement et à la manière des anthracites; sa densité
est de 1,420. A l’analyse industrielle, j'ai obtenu les chiffres suivants :
Matières volatiles. 0,009
Carbone, coke. .. 0,979 { 1,000 en moyenne;
CON 11: 0,012 :
Carbone. ; csm 0,982
Hydrogène. ..... 0,002 |
Ceridres. "JT giS
Oxygène et perte. 0,004 |
~
» Lorsqu'on porte cette houille à une haute température (au moufle
d'un fourneau à coupelle), elle perd ses principes volatils el se convertit en
une matière friable et d'apparence un peu métallique, gris d'acier. Lorsque
Ja température a été soutenue longtemps sur cette houille (deux heures en-
viron) et que la matière a été prise en morceaux, on la retrouve dans le
creuset sous la même forme, et presque toujours alors ces morceaux peu-
vent rayer le verre et l'acier avec le cri du diamant. Cette substance a,
dans ce cas, pour densité 1,637; sa composition est :
(676)
Matières volatiles.. 1,0
“Carbone fixe. ..... 96,8 100,0 en moyenne,
COnOPRE,... e rpg 2.3
» En faisant l'expérience dans un four à coke, c’est-à-dire en introdui-
sant dans le four, à travers la houille, soit un creuset rempli de ce char-
bon, soit de la houille anthraciteuse elle-même, on retrouve au défourne-
ment l’anthracite avec un éclat mélallique très-remarquable; sa dureté est
très-grande, et les morceaux sont volumineux (relativement parlant); sa
densité et ses propriétés, de même que son analyse, sont les mêmes que
pour la substance obtenue au creuset de platine.
» J'ai voulu, avant de vous communiquer ces faits, refaire les principales
opérations, afin de ne laisser aucun doute sur leur véracité... Je dois,
pour être complet, ajouter qu'avec des anthracites, même à aspect très-
métallique (celui du Valbonnais, en Savoie, celui d’Abercrave, en Angle-
terre, etc.), je wai rien obtenu de semblable, ni au creuset de platine,
ni aux fours à coke... Mes expériences à ce sujet ont été concluantes aux
usines de Terrenoire et de Givors....
» Les échantillons que j’ai l'honneur de vous soumettre sont:
» 1° Houille du puits du Guide (Creuzot), servant à faire le car-
» 2° Houille du puits des Moineaux (Creuzot), bone dur;
» 3° Houille du puits du Guide chauffée au creuset
de platine, rayant le verre et
» 4° Houille du puits des Moineaux chauffée au l’acier ;
creuset de platine,
» 5° Carbone métallique rayant le verre et l'acier, obtenu aux fours à
coke;
» 6° Carbone métallique rayant le verre et l’acier, obtenu dans du coke;
» 7° Anthracite métallique du Valbonnais (Savoie) brut;
» 8° Anthracite métallique du Valbonnais (Savoie), chauffé aux creusets
de platine et ne rayant pas le verre.
» À ces échantillons, je joins un morceau de coke fait au Creuzot
par le mélange de houille anthraciteuse et de houille grasse de Saint-
Etienne. C'est cette multitude de points brillants (qui rayent le verre)
au milieu du coke, qui a été le point de départ de mes recherches. Ce coke
a été fait dans le but d'utiliser la houille anthraciteuse, par mélange, dans
la fabrication du coke pour hauts fourneaux, car avant mes essais la houille
anthracite du Creuzot m'avait pas d'emploi pour la métallurgie.
(2677 )
» J'ai voulu employer cette poussière de carbone dur au polissage des
métaux comme l'acier, et j'ai toujours échoué par la difficulté d'obtenir
un produit très-fin : mes poudres rayaient toujours le métal.
» P. S$. — Je suis arrivé à rendre dur le résultat du chauffage de l'an-
thracite du Valbonnais, en maintenant ce charbon (au creuset de platine
fermé) quatre heures au rouge du moufle; l'échantillon ci-joint coupe le
verre, sous plusieurs angles, comme celui qui est obtenu par la houille
anthraciteuse du Creuzot. »
M. Awpurran-Bey appelle l'attention de l’Académie sur diverses collec-
tions d'objets d'histoire naturelle qu’il a formées durant un séjour de
dix-huit ans dans l'Orient, et qui, destinées à devenir le noyau d’un
musée national à Constantinople, conformément à une décision impériale
prise sur sa proposition, figureront auparavant à l'Exposition universelle
qui va s'ouvrir. =
M. Taroxxier prie l’Académie de lui faire connaître le Jugement qui aura
été porté sur une Note qu'il a adressée il y a quelques mois concernant un
« procédé d’extraction de l’aluminium ».
On fera savoir à l’auteur que cette Note a été renvoyée à l'examen d’un
Commissaire qui ne l’a pas jugée de nature à devenir l’objet d’un Rapport.
À 5 heures, l’Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures un quart. 3.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE,
L'Académie a reçu, dans la séance du 18 mars 1867, les che M vis
les titres suivent :
Eloge de M. Valenciennes ; par M. Alph. Mirne Epwarps. Paris, 1867 ;
br, in-8°, (Extrait du Journal de Pharmacie et de Chimie.)
Note sur deux nouveaux Crustacés Jossiles du terrain néocomien du départe-
ment de l'Yonne ; par M. Alph. MILNE EDWARDS. Paris, 1865; br. in-8° avec
1 planche.
( 678 )
Observations sur la monstruosité dite polymélie ou augmentation du nombre
des membres chez les Batraciens anoures; par M. Aug. DUMÉRIL. Br. in-4°
avec 1 planche. (Extrait des Nouvelles Archives du Muséum, 1865, t. I.)
Observations sur la reproduction, dans la ménagerie des Reptiles du Muséum
d'Histoire naturelle, des Axolotls, Batraciens urodèles à branchies extérieures, du
Mexique; sur leur développement et sur leurs métamorphoses; par M. Aug.
Duméri. Br. in-4° avec 1 planche. (Extrait des Nouvelles Archives du Mu-
séum, 1866, t. IL.) (Ces deux ouvrages sont présentés par M. Milne Edwards.)
Le Chien, histoire naturelle; par M. Eug. GAYOT. Paris, 1867; 1 vol. in-8°
avec atlas de 67 planches et 127 gravures. (Présenté par M. Chevreul.)
Mémoires de l’ Académie de Stanislas, 1865. Nancy, 1866; in-8°.
Rapports du Comité consultatif d'hygiène et du service médical des hôpitaux :
1° sur le régime alimentaire; par M. PAYEN; 2° sur les appareils de chauffage à
employer dans les hôpitaux; par M. le Général Morin; 5° sur les appareils de
ventilation ; par M. le Général MORIN; 4° sur la mortalité des femmes en couche
dans les hôpitaux; par M. MALGAIGNE; 5° sur les mesures à prendre pour dimi-
nuer la mortalité des femmes en couche dans les hôpitaux; par M. A. DEVERGIE;
6° sur les conditions hygiéniques à remplir dans la création des hôpitaux ; par
M. DEVERGIE; 7° sur les précautions hygiéniques à prendre dans les hôpitaux
et les hospices pendant les épidémies, et en particulier pendant les épidémies
cholériques; par M. Dumas. Paris, 1864-1865-1866; 7 brochures in-8°.
(Présentés par M. Dumas.)
Bulletin de la Société centrale d'Agriculture et des Comices agricoles du dé-
partement de l’ Hérault, 53° année, août à décembre 1866. Montpellier, 1807;
in-8°. (Présenté par M. Dumas.) | |
Mémoires de la Société académique de Maine-et-Loire, t. XIX et XX, !
Angers, 1866; 2 vol. in-8°.
De l’anesthésie locale; par MM. BETBÈZE et BOURDILLAT. Paris,
in-4°. (Extrait de l'Union médicale.) (Renvoyé au concours de Méde
Chirurgie 1867.)
866.
1866;
cine et
(La suite du Bulletin au prochain numéro.)
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU MARDI 2 AVRIL 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
HISTOIRE DE LA CHIMIE. — Note de criliqué historique et littéraire, concer-
nant deux écrits alchimiques publiés sous lenom d’Artefius et sous celui
d'Alphonse X; par M. Cnevreur.
« L'Académie sans doute sait trop bien apprécier l'importance de toute
recherche qui conduit à la vérité, pour qu’il soit nécessaire de justifier le
temps que j'ai donné au travail dont je dépose le résultat sur le bureau afin
qu'il paraisse dans le recueil de ses Mémoires; cependant je rappellerai ce
que j'ai dit ailleurs de l’histoire de l'esprit humain, c’est qu’elle n’a de
vérité ét d'utilité qu'à la condition d’être complète, c’est-à-dire de com-
prendre deux parties dont l’une se compose d'erreurs, d’aberrations, d’ab-
Surdités même, et l’autre de vérités; cette histoire n’est donc utile qu’à la
Condition de présenter les deux parties, non isolées, mais unies ensemble,
telles en un mot que le temps les a tissées pour ainsi dire : c’est à l'historien
à défaire ce tissu pour isoler le vrai du faux, afin de montrer à tous ce qui
devient un élément scientifique de raisonnement, et ce qui doit être banni
e la science comme cause d'erreur. 3
» Mais par qui cette tâche sera-t-elle accomplie? Par ceux qui, au goùt
des recherches littéraires, réunissent le mérite d’avoir concouru aux progrès
C. R., 1867, 1er Semestre, (T. LXIV, N° 43.) g
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P L f f s# i
+
( 680 )
des sciences naturelles par des découvertes réelles, eux seuls sachant com-
ment ils les ont faites et les qualités de Pesprit qu’elles exigent. Or, ce sont
ces qualités de l'esprit qui ont présidé à ces grandes découvertes que le
public et le commun des gens du monde ignorent, parce que les auteurs
de ces grandes découvertes ont généralement gardé le silence sur la ma-
nière dont leur esprit a procédé pour parvenir au but qu’ils ont heureuse-
ment atteint, après des efforts multipliés et variés, Peut-être ont-ils eu rai-
son de se taire; car après tant de jugements dictés par l'ignorance ou par
l'envie, n’est-il pas permis de croire qu’une histoire fidèle de leurs décou-
vertes aurait plutôt prêté à amoindrir leur génie qu’à l’exalter par l'éloge?
» Quoi qu'il en soit, Je ne regrette point le temps donné à mon travail,
surtout en considérant le résultat auquel il ma conduit au point de vue
de l'histoire. Pourrait-on croire, si l’on n’en avait pas la preuve, que l'ou-
vrage dont je présente l'examen ait été publié jusqu'à ce jour sous le nom
de deux auteurs différents, et ce dans le même recueil, le Theatrum chemi-
cum, imprimé à Strasbourg en 1660? : |
» On le trouve dans le tome IV, p. 198, avec ce titre :
Artefii incipit liber qui Clavis majoris sapentiæ dicitur,
et dans le tome V, p. 766, il est reproduit sous le titre suivant :
Sapientissimi Arabum philosophi
Alphonsi, Regis Castellæ, etc.,
liber philosophiæ occultioris
(præcipuè metallorum) profundissimus :
cui titulum fecit
Clavis sapientiæ.
Scriptus
anno:
_benedictæ gratiæ, et benignæ miserationis a
nobis orsæ, elc.
» N'est-il pas curieux de trouver dans des écrits historiques sur la Chi-
mie, sous le nom d’Artefius, un compte rendu de l'ouvrage que j'ai examiné,
et sous le nom d'Alphonse X un compte différent du premier ? Et cepen-
dant les deux œuvres sont identiques, les deux comptes rendus sont de la
même plume, et il est dit dans le tome V du Théâtre chimique, P: 766 :
«_.…Inter alia vero quam plurima, librum etiam istum, qui Clavis sapienti@
» nuncupatur, de lingua arabica per quendam suum scutiferum in lin-
» guam propriam castellinam videlicet transferri curavit. »
( 681 )
» L’écuyer, scutiférum, était celui d’Alphonse X.
» En résumé, Alphonse X, né en 1226 et mort en 1284, a fait traduire
le livre Clavis majoris sapientiæ de l'arabe en langue castillane; dès lors,
on ne peut plus douter que Arlefius était Arabe et qu’il appartenait au
xn siècle, comme on l’a dit généralement. N'est-ce pas un fait important
pour la critique scientifique, l’histoire de la philosophie et l’histoire de
l'esprit humain, que l’ouvrage d’un alchimiste arabe ait passé pendant six
siècles pour avoir été l'œuvre d’Alphonse X, fils du roi Ferdinand le SAINT?
qu'aucunes remarques n'aient été faites sur ce que le nom d’un roi chré-
tien était attaché à une œuvre où l’on considère l'esprit, et láme même,
comme les parties les plus subtiles de la matière? et que le nom du roi
auquel la science astronomique doit les Tables Alphonsines, exécutées,
d’après ses ordres, à grands frais par des juifs de Tolède, et portant la date
de 1252, année de son avénement au trône, se trouve inscrit en tête d’un
ouvrage où l’on présente comme réelles toutes les extravagances de l’astro-
logie judiciaire? Et ici je reproduirai, comme circonstance atténuante pour
la mémoire du roi. Alphonse X et de ses contemporains, une Lettre que
m'écrivit Arago relativement à une erreur de Galilée (1).
» En relevant l’erreur de six siècles pendant lesquels un même écrit
a été attribué à Artefius et à Alphonse X, je me garderai de toute réflexion
critique, dans la conviction où je suis des difficultés que présente la compo-
sition d’une histoire de la Chimie, car je ne balance point à dire que j'aurais
pu la commettre. Mais à cette occasion, en réclamant l’indulgence pour mes
écrits, je demande qu’on veuille bien ne les juger qu'après examen, et en
ce cas je reconnais à tous ce droit de critique, parce qu’à mon sens il est la
conséquence de la publication, et dès lors l’auteur jugé n’est point fondé
à se plaindre du jugement. :
» [l'en est autrement d’un procédé qui a été employé pour donner le
change au public sur l’ Histoire des Connaissances chimiques, dont le premier
volume a paru : on a prétendu que le titre n’était pas d'accord avec le
AUS mn a EE dE LÀ
(1) Il s’agit de l’opinion de Galilée relative à la formation de l'étoile de 1604. « D'après
les circonstances de son apparition, d’après les couleurs dont elle brillait en scintillant
(celles, suivant Galilée, de Mars et de Jupiter), l'illustre auteur disait de l'étoile nouvelle :
* On pourrait croire qu'elle a été formée par la rencontre de Jupiter et de Mars, et cela
> avec d'autant plus de raison qu’il semble que sa formation a eu lieu à peu près au même
” endroit où les planètes se sont rencontrées à la même époque. » Voilà les opinions que
Professait Galilée en 1604 I!!! » | .. (Fr. Araco.)
90..
( 682 )
texte; en définitive, c’est l'accusation d’un titre mensonger. Ceux qui lont
portée savent-ils que cet ouvrage m'occupe depuis plus de trente ans, ou
ont-ils des idées opposées aux miennes sur la manière d'écrire l’histoire de
la Chimie? Je n'en sais rien. Quoi qu'il en soit, n’approuvant pas le mode
généralement suivi jusqu'ici, avec ma conviction que l'utilité d’une histoire
de ce genre exige autre chose que des citations textuelles où le plus sou-
vent des mots ont pour nous un sens plus ou moins différent de celui qu'ils
avaient pour les contemporains des écrits auxquels ces citations ont été
empruntées, je pense qu'avant de tirer aucune conséquence des textes
cités, il y a nécessité d’examiner les sens que les mots dont nous parlons
peuvent avoir eus aux diverses époques de la science, et que, dans le cas
où la critique a signalé des différences, celles-ci doivent être énoncées,
puisque avant tout, en retraçant la succession des idées, elles deviennent
ainsi la base même de l’histoire. Que l’on veuille bien se rappeler le travail
historique inséré dans les Comptes rendus sur l’histoire des travaux dont
l'air a été l’objet, et l’on y verra l'application de cette manière d'envisager
l’histoire des sciences chimiques.
» Que l’on veuille bien voir ensuite que cette application repose sur
l’idée fondamentale de ma distribution des connaissances humaines du do-
maine de la philosophie naturelle, laquelle, partant de l'idée du fait, mon-
tre comment l'étude dont il est l’objet dans les sciences naturelles devient la
mère du vrai scientifique, et comment elle mène à l'erreur, lorsque le fait que |
J'ai défini une abstraction, celle-ci vient à être réalisée en entité par une
étude restée incomplète, parce qu’elle s’est arrêtée en chemin avant d’avoir
touché le but. Que l’on applique cette manière de voir à l’histoire du mot
éléments, et l’on en verra la généralité. Le travail auquel je me suis livré
sur Artefius, et que je dépose sur le bureau, est un complément de Phistoire
des travaux dont l'air a été l’objet. Il montre combien le sens que l’auteur
arabe donne au mot élément diffère de celui que lui ont donné généralement
et les prédécesseurs et les successeurs d’Artefius.
» Je conçois sans peine que l'opinion que je viens d’émettre sur le mode
de composer nne histoire des sciences chimiques ne soit pas celle de tout le
monde; dès lors les critiques qu’elle peut susciter n’ont pas lien de me
surprendre. Mais avec mes profondes convictions, je désire n'être jugé
qu'après examen : conséquemment, qu’on veuille bien ne pas proclamer
que le texte du premier volume que j'ai publié sur VHistoire des Connais-
sances chimiques est en Opposition avec le titre qu’il porte.
» Certes, si cet ouvrage ne touchait que moi, ce qu’on en peut dire me
( 683 )
serait fort indifférent; mais il existe un éditeur intéressé, et c’est à son
égard que je désapprouve un jugement prématuré ou un acte malveillant
dont les conséquences ont été : 1° d'interrompre l'impression du deuxième
volume, consacré à l’histoire des peuples anciens et du moyen àge envisa-
gée au point de vue chimique; 2° de suspendre celle du troisième volume,
consacré à un résumé des sciences oceultes, y compris l’alchimie; 3° de
déterminer la publication du quatrième volume, commençant l’histoire des
six époques des connaissances chimiques.
» Je puis, hélas! faire un mauvais livre; mais, grâce à Dieu, le reproche
d'y attacher un titre mensonger ne peut m’atteindre. »
CLIMATOLOGIE. — Mémoire sur les zones d orages à gréle dans le département
du Loiret; par M. BecouereL. (Extrait.
« Dans mon Mémoire sur les zones d’orages à grêle dans les départe-
ments du Loiret, de Seine-et-Marne et de Loir-et-Cher, qui fait partie des
Mémoires de l’ Académie, t. XXXV, se trouvent les cartes des deux premiers
départements, sur chacune desquelles ont été tracées ces zones. L'Académie
a bien voulu autoriser dernièrement la gravure des zones d'orages à grêle
dans les départements de Loir-et-Cher et d'Eure-et-Loir; il s'ensuit que
l'on pourra suivre facilement la marche de ces orages dans quatre des prin-
‘cipaux départements du centre de la France. Les tracés de ces zones ont
reçu l'approbation des compagnies d'assurances, et leur degré d’exactitude
est tel, que les orages à grêle qui ont eu lieu en 1866 ont exercé leurs
ravages seulement dans les zones indiquées.
» Dans le Mémoire que j'ai l'honneur de présenter aujourd’hui à l'Aca-
démie, il est question des zones d’Eure-et-Loir et du complément de celles
de Loir-et-Cher. Ces zones se composent des communes qui ont été le
plus fréquemment grélées dans la période trentenaire de 1836 à 1865 com-
Pris. J'ai puisé aux mêmes sources que précédemment pour connaître les
Communes plus ou moins grélées, c'est-à-dire aux comptes rendus des
compagnies d'assurances contre la grêle et aux états des indemnités don-
nées dans les préfectures aux indigents qui ont éprouvé des pertes cansées
par la grêle.
» Les zones se composent des communes qui ont été le plus grélées et
qui se trouvent dans une même circonscription, et peu éloignées les unes
des autres.
» On trouve dans le département d’Eure-et-Loir quatre zones d’orages à
( 684 )
grêle qui, à peu d’exceptions près, laissent de côté, comme dans les dépar-
tements de Seine-et-Marne, du Loiret et de Loir-et-Cher, les forêts, ainsi
que les communes environnantes et celles qui sont au delà par rapport aux
vents qui amènent les orages. Les forêts ne sont atteintes que trés-rare-
ment, et particulièrement par les orages irréguliers ou extraordinaires.
Voici ces zones : |
» 1° La zone du nord, qui est très-restreinte, comprend Rouvres, Ber-
cheres-sur-Vègre, Abondant, Broué, etc.
» 2° La grande zone, au nord de Chartres, comprend Boullay-deux-
Églises, le Tremblay, Hanches, Bailleau-sous-Gallardon, Orlu, Houville-
la-Branche, Coltainville, Saint-Georges-sur-Eure, Digny, Thimert, etc., etc.
» 3° La zone du sud, également très-étendue, comprend la Croix-du-
Perche, Dampierre-sur-Brou, Brou, Alluyes, Montboisier, Thiville, Ba-
zoches-en-Dunois, Loigny, etc., etc.
» 4° Enfin, la petite zone du nord-ouest, qui est moins atteinte que les
précédentes par la grêle : Allainville, Escorpin, Garanciere, etc., en font
partie.
» Dans Eure-et-Loir, on trouve, comme dans les trois autres départe-
ments, des communes formant séries et qui sont grêlées deux, trois, quatre
et même cinq années de suite, puis cessent de l'être pendant plus ou
moins d'années; ensuite de nouvelles séries se présentent. I ya des
séries binaires, 1850 et 1851, 1852 et 1853, 1860 et 1861, qui ont eu lieu‘
dans les trois zones principales; ces années-là, les orages se sont étendus
sur tout le département, mais en ne sévissant que çà et là, sur des points
qui se trouvaient dans des conditions voulues pour provoquer la chute de
la grêle; il y a même une série de quatre années, 1850, 1851, 1852 et 1853,
qui s’est produite sur différents points dans les zones du nord et du sud.
» Le département de Loir-et-Cher, dont on grave la carte dans ce Mo-
ment, avec l'indication des zones d’orages à grêle, a déjà été l'objet d’études
approfondies dans le précédent Mémoire; mais les zones n’ont pas éte
complétement indiquées, attendu que la carte n’était pas complète. On y
trouve les trois zones suivantes :
» La première, qui est la principale, est comprise entre la Loire et le
Loir; elle se rattache à celle de la Beauce orléanaise, dont elle a partagé les
vicissitudes pendant trente ans.
» Au nord-ouest se trouve une petite zone dont Droué, la Chapelle-
Vicomtesse, Bouffry, Ruan, Fontaine-Raoul et Villebout font partie.
» Entre cette zone et la précédente se trouve la forêt de Fréteval.
( 685 )
» La troisième zone est celle de la vallée du Cher, qui s'étend jusqu’à
une certaine distance en Sologne, sur la rive droite. Quoique cette zone
soit souvent atteinte, elle l’est cependant moins fréquemment que la grande
zone entre la Loire et le Loir.
» Là s'arrêtent mes recherches sur les zones d’orages à grêle, mon but
ayant été seulement de montrer l’avantage qu’il y aurait à les étendre sur
toute la France dans l'intérêt public, l'intérêt privé et la climatologie. On
connaîtrait en même temps les parties qui sont le plus atteintes par le
météore et celles qui le sont peu ou point du tout. En étudiant le phéno-
mène sur une grande see on arriverait peut-être à trouver l'influence
des causes locales. »
COSMOLOGIE. — Nouveau procédé pour étudier la structure des fers
météoriques; par M. Dausrée.
« La découverte de Widmanstætten a jeté un grand jour sur la consti-
tution des fers météoriques, en montrant que ces masses sont loin d’être
homogènes, comme elles le paraissent, et en y, faisant reconnaître deux
substances, dont l’une est attaquable par les acides, tandis que l’autre ré-
siste à leur action.
» Plus récemment, en 1861, M. le baron de Reichenbach a fait une
étude plus approfondie du même sujet, et par un autre procédé. Une
plaque bien polie, chauffée à une température convenablement élevée,
prend simultanément, dans ses diverses parties, des colorations variées et
identiques à celles qu’une lame d’acier prend successivement, à mesure que
sa température s'élève; ces teintes, bien distinctes les unes des autres, des-
sinent une sorte de mosaique, et font reconnaitre l'existence très- probable
de plusieurs alliages de fer et de nickel (1).
» En étudiant la masse de fer ot de Charcas (Mexique) qui
vient de nous parvenir, j'ai cherché s il n’y aurait pas d'autre moyen d'ar-
river à rendre visible sa constitution, c'est-à-dire le départ qui, lors de sa
formation, s’est opéré dans ses diverses parties.
» Voici par quelles considérations je suis arrivé à atteindre ce but. Je
me fais un plaisir de remercier M. Stanislas Meunier, mon Aide-naturaliste
au Muséum, pour le concours qu’il m’a apporté.
» Une bras polie de fer météorique plongée dans un acide peut être
E T Ea
(1) Poggendorff’s Annalen, t. CXIV, p- 99, 250, 264 et 477; 1861.
(686 )
considérée comme formant un couple voltaique. Le contact du liquide
avec des substances métalliques inégalement attaquables et en relation
entre elles, développera un courant dirigé dans le liquide, du métal atta-
quable au métal inattaquable, et, dans la masse de fer, du métal inat-
taquable au métal attaquable. C’est par une cause semblable que les plaques
de blindage qui proviennent de fer corroyé forment une multitude de
couples, en raison de l'hétérogénéité des parties.
» Dans la disposition ordinaire de lexpérience de Widmanstætten,
l'existence de ce courant a simplement pour effet de hâter la dissolution
du métal attaquable, mais sans que cette influence soit manifeste aux
yeux.
» J'ai pensé que le résultat serait tout différent, si le liquide simplement
acide était remplacé par la dissolution d’un métal précipitable. Le sulfate
de bioxyde de cuivre paraissait particulièrement convenable à cause de la
couleur de ce métal qui tranche sur celle du fer et rend sensibles les moin-
dres dépôts. :
» À peine une plaque polie du fer de Charcas est-elle plongée dans la
solution saline, que le réseau formé par les aiguilles de phosphure de fer et
de nickel ou schreibersite apparaît en rouge de cuivresur le fond encore blanc.
Un instant après, autour de chaque aiguille cuivrée, il se forme un anneau
ou plutôt une auréole de cuivre, limitée nettement du côté du noyau, C'est-
à-dire du côté interne, ainsi que du côté externe. Enfin, à peine ces auréoles
sont-elles dessinées, qu’un dépôt instantané de cuivre couvre tous les points
de la surface qui jusqu'alors étaient restés à nu.
» L'ordre de la succession de ces divers dépôts, localisés d’une manière
à la fois si régulière et si constante, paraît tenir à l'existence de différentes
substances métalliques en contact. On peut s’en assurer directement en se
débarrassant du cuivre déposé.
» Ici une petite difficulté se présente. Le cuivre déposé sur le fer météo-
rique offre une adhérence qu’on ne rencontre pas, lorsque le cuivre a été
précipité sur le fer ou l'acier par simple immersion de celui-ci dans un sel
cuivrique. Le frottement le plus énergique est insuffisant pour le faire dis-
paraître en totalité. Il faut donc avoir recours à un dissolvant qu'il s’agit
de choisir. Si l’on faisait usage d’un acide, d’acide azotique par exemple,
il est clair que, dès que le fer serait mis à nu en un point, une action élec-
trique se développerait ; le fer seul serait attaqué et le cuivre résisterait.
» L’ammoniaque caustique, malgré son action dissolvante très-lente, 4
( 687 )
donné un résultat très-satisfaisant. Les lessives alcalines seraient d’un usage
bien moins commode.
» Quand le fer est débarrassé du cuivre à l’aide de l’ammoniaque, il
présente une surface intéressante à étudier et essentiellement différente
des figures de Widmanstætten, que, pour simplifier, nous désignerons sous
le nom de réseau de départ. On y voit d’abord le phosphure ou schreiber-
site, sous forme de très-longues aiguilles parallèles, que l’on distingue au vif
éclat qu’elles ont conservé. Il est même à remarquer qu’elles sont incompa-
rablement plus nettes que celles qu’on rend visibles au moyen du procédé
ordinaire, par la simple action de l'acide. Autour de la plupart de ces
aiguilles reparaît l’auréole déjà signalée, et qui se montre alors comme un
métal plus blanc que le reste de la masse et plus profondément attaqué.
Quant à la masse générale, elle a pris un grain fin qui lui donne une teinte
légèrement grisâtre, | |
» Les auréoles qui viennent d’être signalées sont dignes de fixer l’atten-
tion. Elles paraissent correspondre à une constitution chimique différente
de celle du reste de la masse, ou tout au moins à un état physique différent.
La difficulté d'isoler complétement la matière qui les constitue n’a pas
permis Jusqu'ici d’en faire l'analyse.
» Il est encore un autre moyen de rendre ces auréoles visibles. 11 faut
arrêter l'opération du cuivrage aussitôt que ces auréoles apparaissent autour
des aiguilles cuivrées, et s’empresser de laver à grande eau pour enlever
le sel cuivrique en excès. Dans ce cas, toutes les auréoles qui entourent les
aiguilles de phosphure se dessinent encore plus clairement, à cause de leur
couleur rouge de cuivre, toute différente de celle de la masse qui a con-
servé la couleur du fer. ;
» Quand on opère de cette manière, un frottement peu énergique peut
suffire pour enlever le cuivre déposé sur les aiguilles de phosphure sans
détériorer les anneaux qui les entourent. Les aiguilles apparaissent alors
en blanc, au milieu des anneaux de cuivre, dont la limite intérieure se
Montre avec la plus grande régularité.
» L'adhérence du cuivre sur le phosphure n’est aussi faible qu’à la con-
dition que le dépôt soit excessivement mince. Si ce dépôt est épais, c’est
précisément le contraire qu'on observe ; en effet, en opérant avec précau-
tion le lavage à l’ammoniaque, on arrive à dégager le réseau de départ qui,
„avec une netteté parfaite, se dessine en cuivre sur un fond de fer.
» Ces divers résultats ont été fournis également par le fer de Charcas et
C. R., 1867, 1° Semestre. (T, LXIV, N° 13.) 91
( 688 )
par le fer de Caille. Je me propose d'étendre le procédé qui vient d’être ex-
posé à l'examen d’autres masses de même origine; car, loin de faire double
emploi avec le procédé de Widmanstætten et celui de M. de Reichenbach, il
fait connaître des particularités nouvelles de la structure si remarquable des
fers météoriques. »
M. Påris lit une « Note sur un trace-roulis et sur un trace-vague ».
Sur la demande de M. Päris, l'insertion de cette Note, qui doit être
accompagnée de tableaux numériques, sera renvoyée au Compte rendu
prochain.
BALISTIQUE. — Note sur un fusil de guerre se chargeant par la culasse;
par M. Séquirr.
« Le 23 juillet de l’année dernière j'ai eu l'honneur de faire passer sous
vos yeux des armes de guerre et de chasse confectionnées par un fabricant
français, M. Galand, établi à Liége. Vous avez bien voulu voir avec un
intérêt marqué les effets balistiques considérables obtenus surtout par le
mode de chargement adopté par cet habile manufacturier. Vous n’avez pas
oublié qu'il prend le soin d’enflammer la charge par le haut, et qu'il fait
agir les gaz sur le projectile par l'intermédiaire d’un corps compressible,
afin de vaincre son inertie sans choc, comme par un ressort successivement
tendu, qui, en se détendant, restituera toute la puissance qu'il a emma-
gasinée.
» Vous vous rappelez ces plaques d’acier fondu, de près de 3 centi-
mètres d'épaisseur (29 millimètres), transpercées, je dirai mieux, découpées
par des balles de fer durci, comme par des outils de chaudronnerie.
» Aujourd’hui je viens encore réclamer quelques très-courts moments
du temps de cette séance pour placer sous vos yeux une solution, réalisée
par le même fabricant d'armes, du très-difficile problème qui semble préoc-
cuper l'esprit des armuriers du monde entier. Je veux dire la construction
simple et sûre d’un fusil de guerre se chargeant par la culasse.
» Sans entrer dans de trop longs détails, j'indique que l'arme que je
place sous vos yeux contient une très-heureuse application du principe du
cuir embonti, imaginé par l'ingénieur anglais Bramah, et qui a rendu pos-
sible la réalisation pratique de l’admirable conception de la presse hydrau- i
lique de Pascal, cet ingénieux organe, presque paradoxal, puisqu'il s'op-
( 689 )
pose à l’échappement du fluide comprimé, d’une façon d’autant plus effi-
cace et certaine, que la tendance à fuir est plus énergique.
» C'est comme obturateur des gaz développés par la combustion de la
poudre que M. Galand emploie le stratagème imaginé par Bramah.
» Un dé conique de cuivre est par lui fixé au bout d’une vis faisant fonc-
tion de culasse presque à l'ordinaire. Cette vis à plusieurs filets peut sen-
gager, en deux tours seulement, dans le tonnerre de l'arme, d’une quan-
tité très-suffisante pour former une culasse capable d'offrir un point
d'appui solide et sûr; aussi un double mouvement de la main suffit pour
ouvrir ou fermer l'arme. Au moment de explosion, le dé de cuivre rouge,
trés-malléable, s’'épanouit sous la pression des gaz, comme le fait le cuir
embouti de la presse hydraulique sous la pression du liquide ; aussi, toutes
fuites, dans un cas comme dans l’autre, sont évitées.
» Ce qu'il y a d’ingénieux dans la disposition de M. Galand, c’est que
c'est précisément la vis faisant fonction de culasse qui devient, en se dévis-
sant, l'organe suffisamment puissant pour retirer sans difficulté le culot de
Cuivre épanoui au moment de l'explosion dans l’espace conique où il s’in-
sère à chaque manœuvre, i
» La vis formant culasse est en partie creuse et renferme quatre pièces
composant à elles quatre tout le mécanisme de percussion, d’une simpli-
cité, d’une rusticité extrême, à savoir, l'aiguille percutante, un ressort à
boudin en acier, une paillette élastique formant la détente, une espèce
de crochet remplaçant la tête du chien dans l’action d’armer. Une simple
vis et un écrou desserrés, et tout le mécanisme est démonté. La modi-
cité du prix de revient de ces quatre organes ajouté au prix minime d’un
Canon non forgé mais simplement foré dans une barre d’acier fondu, permet
à M. Galand de fixer le prix de revient d’un tel fusil à 25 francs.
» Nous n’ajoutons plus qu'un mot pour expliquer l'espèce de bizarrerie
d'aspect de l’arme que nous avons l’honneur d'offrir à vos regards. Vos yeux
cherchent vainement le pontet de sous-garde et la détente qu’ils sont accou-
tumés à trouver dans tous les fusils construits jusqu'ici. L'innovation osée
Par M. Galand assure la précision du tir, et soustrait d’un façon radi-
cale là détente à tous les hasards de contäct, qui pourraient faire partir
larme; il faut, en effet, vouloir formellement presser avec l'extrémité du
Pouce sur la paillette insérée dans le corps de la vis dont le bout ne la dé-
Passe pas, pour opérer la détente du ressort et déterminer l’inflammation.
» La cartouche de cette arme se compose d’un petit sac de toile, ayant
9I..
( 690 )
pour fond une rondelle de carton garnie à son centre d’une petite quan-
tité de fulminate ; à grammes de poudre sont versés dans le petit sac, une
bourre épaisse trempée dans un corps gras y est introduite pour séparer la
poudre de la balle, puis le sac est fermé à l’aide d’une ligature par le haut,
lorsque les trois choses qu’il doit contenir y ont été successivement placées.
De ce sac d’un diamètre moindre que celui de la chambre dans laquelle il
est inséré afin d’environner la cartouche comme d’un matelas d’air, il ne
reste pas vestige dans larme après le coup tiré.
» Les principales dimensions du fusil Galand sont :
» Diamètre du canon, 11 millimètres.
» Pas de l’hélice, un tour pour 75 centimètres de canon.
» Poids de la balle, 26 grammes.
» Charge de poudre, 5 grammes.
» Effets balistiques déclarés par M. Galand : pénétration de la balle dans
une planche de bois blanc à r000 mètres.
» Nous espérons que le mérite original du fusil Galand nous fera par-
donner l’emploi que nous venons de faire du temps des séances de l’Aca-
démie. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
ARE -
GÉOGRAPHIE. — M. Serrer, en présentant un nouveau Mémoire de
M. Villarceau relatif à l'élimination de l'effet des attractions locales, s'ex-
prime ainsi :
« M. Villarceau a fait connaître récemment à l’Académie un théorème
qui permet d'éliminer l'effet des attractions locales, dans les recherches
géodésiques, en formant une combinaison convenable des longitudes et des
azimuts; cette combinaison est facilitée par la mesure exacte d’un azimut
au départ.
» Dans le travail nouveau que j'ai l'honneur de présenter de sa par a
l’Académie , travail qui me paraît avoir une haute importance, M. Villar-
ceau est parvenu, au moyen de son théorème, à mettre en évidence ges
discordances inadmissibles entre les résultats conclus des opérations g?
désiques et ceux que fournissent les observations astronomiques. De là,
peut-être, la nécessité de reprendre une partie notable de la géodésie fran-
çaise, particulierement la portion comprise entre Paris et Carcassonne:
( 691 )
M. Villarceau a constaté en même temps que la partie orientale du paral-
lèle de Paris ne décèle aucune erreur sensible. »
Le Mémoire de M. Villarceau est renvoyé à la Section de Géographie et
Navigation.
HISTOIRE NATURELLE. — Etudes sur la maladie psorospermique des vers à
soie. De la maladie chez les jeunes vers récemment éclos. Note de
M. Barsas, présentée par M. Ch. Robin. (Deuxième Note.)
(Renvoi à la Commission de sériciculture.)
« Un grand nombre de vers présentent déjà, au moment de l'éclosion,
une foule de corpuscules psorospermiques dans leurs organes internes; la
maladie s’est, par conséquent, déjà généralisée chez eux à un haut degré
pendant la période embryonnaire, et la mort du ver à un âge peu avancé
ne tarde ordinairement pas à en être la conséquence. Tel est toujours le
cas lorsque le nombre initial des corpuscules déposés dans l’œuf par l'or-
ganisme maternel est considérable. C’est celui que j'ai supposé en décrivant,
dans mon précédent travail, la marche du développement parasitique chez
l'embryon (Compte rendu du 18 mars). Lorsque, au contraire, cette quan-
tité primitive est faible, les parasites, à l’époque qui nous occupe, sont
encore plus ou moins localisés dans l'intestin et ses annexes, mais ils y
existent toujours en nombre suffisant pour ne laisser jamais aucune incer-
titude sur leur présence chez la jeune chenille. On les trouve non-seule-
ment en plus où moins grande abondance dans l’intérieur de la cavité
digestive, mais aussi dans l'épaisseur de ses parois, notamment dans la
Couche interne ou couche épithéliale. Dans la tunique musculeuse, ils
forment parfois de longues traînées parallèles à la direction des fibres qui
composent celle-ci.
» Les corpuscules renfermés dans la cavité intestinale peuvent être con-
sidérés comme le résidu de la digestion de la substance vitelline que le ver
a absorbée dans les derniers temps de la vie embryonnaire et dans laquelle
ils étaient primitivement logés (1). Ils y sont mêlés aux matières qui for-
RES Een L
(1) A cette occasion, je demande la permission de rectifier un passage de ma précédente
Note, quin’est pas rigoureusement exact. Il y est dit queles corpuscules sont renfermés dans
les cellules vitelines qui composent le contenu de l'œuf au moment de la ponte. Or, bien
que l'œuf du papillon du ver à soie présente une structure notablement différente de celui
de la plupart des autres Lépidoptères, son contenu, lorsqu'il vient d’être pondu, n’en est
( 692 )
ment le contenu normal de l'intestin chez les petites chenilles qui viennent
d'éclore. Lorsqu'on soumet ces matières à l'inspection microscopique, on
les trouve composées des parties suivantes : 1° une substance formée de
petites granulations moléculaires qui n’est autre chose qu'un produit de
sécrétion des glandes gastriques, et qui, colorée en rouge plus ou moins
intense au moment où elle est versée dans la cavité stomacale, prend
promptement une teinte foncée violacée ou brunåtre : cette matière peut
. être physiologiquement comparée au méconium, que les jeunes d’un grand
nombre d’autres animaux rejettent après la naissance; 2° des fragments
irréguliers de la coque de l’œuf rongés et avalés par le ver au moment de
l'éclosion et bien reconnaissables à leur aspect réticulé; 3° enfin les cor-
puscules caractéristiques de la maladie ou psorospermies, mêlés en plus ou
moins grand nombre aux parties précédentes chez les vers malades.
» Ces mêmes parties se retrouvent aussi dans les premiers excréments
rendus par le ver après son éclosion. Elles forment alors de petites masses
solides et noirâtres, qui se délayent facilement dans l’eau en se résolvant en
fines granulations d’une couleur foncée. Quand le ver a commencé à man-
ger, elles sont plus ou moins mélées de détritus végétaux qui leur commu-
niquent une teinte verdâtre; mais même après que les fèces ont pris leur
caractère ordinaire, celles-ci peuvent pendant longtemps encore renfermer
des corpuscules plus ou moins nombreux. Il en résulte que l’examen des
fèces et surtout du méconium fournit un moyen qui permet de reconnaitre
pendant la vie et aussitôt après l’éclosion si le ver est corpusculeux ou non.
» Si j'insiste autant sur les caractères offerts par le tube digestif et son
contenu chez les petites chenilles, c’est dans la pensée que ces notions
pourront être utilisées dans la crise que traverse actuellement l'industrie
séricicole. C’est ainsi que je crois qu'il y aurait un incontestable avantage à
remplacer la méthode qui consiste à apprécier la qualité de la graine par
l'examen de son contenu, méthode qui ne donne que dès résultats incer-
tains, par l’investigation des jeunes vers eux-mêmes. En effet, la maladie,
mm D ronge PT
pas moins le même que chez ces derniers, c’est-à-dire formé de granules vitellins, non
cohérents enfre eux, suspendus dans un liquide albumineux peu abondant ou liqueur
vitelline; les corpuscules parasites, lorsqu'il en renferme, sont également libres à ae
époque et mélés aux granules précédents. Ce n’est que vers le cinquième ou le sixième jour
qui suit la ponte que ces granules s’agglomèrent en masses plus volumineuses, dans lesquelles
apparaissent bientôt un ou plusieurs noyaux transparents et qui se caractérisent dès lors
comme de véritables cellules logeant aussi alors les parasites,
( 695 )
peu accusée encore et partant difficile à reconnaître dans l’œuf (1), s'est au
contraire singulièrement développée au moment de l’éclosion; il en résulte
que les corpuscules, dont le nombre s’est accru dans la même proportion,
peuvent être alors facilement constatés, même par l’observateur le moins
habitué à ce genre de recherches. Pour employer ce mode d'appréciation,
il suffit de mettre en incubation, plus ou moins longtemps avant l’époque
où les éclosions se font en grand pour les éducations, une petite quantité
de la graine dont on se propose de reconnaître la qualité et d'examiner les
vers qui en proviennent. Un moyen aussi sûr que rapide pour constater la
présence ou l'absence des corpuscules chez ces derniers est le suivant.
Avant d’être portée sous le microscope, la petite chenille est placée dans
une goutte d’eau, sur une lame de verre, et recouverte d’une lamelle
mince de la même substance. Puis, à l’aide d’une aiguille ou de toute
autre pointe rigide, on exerce une pression sur la lamelle précédente, à
l'endroit correspondant à la partie postérieure de la tête de l’animal. Cette
pression a pour effet de rompre le tube digestif à sa partie antérieure et de
chasser brusquement à travers louverture anale la portion postérieure de
l'intestin rompu. En sortant, celle-ci se retourne comme un doigt de gant,
en entrainant au dehors les tubes qui prennent leur insertion sur elle, et
Souvent aussi une portion plus ou moins longue des vaisseaux soyeux.
À l'aide de cette petite manœuvre, les organes le plus chargés de corpus-
cules viennent, pour ainsi dire, s'offrir d'eux-mêmes aux regards de l'ob-
Servateur, De plus, l’estomac s’est en même temps vidé d’une plus ou
moins grande partie de son contenu dans l’eau environnante, où l’on voit
aussitôt flotter, mêlés aux granulations du méconium, de nombreux cor-
Puscules, si l’on a affaire à un ver malade. :
» Si l’on se proposait de réunir un certain nombre de vers parfaitement
sains, pour une petite éducation de grainage, la simple inspection des ma-
lières rendues fournirait un moyen pour discerner ceux-ci et écarter les
individus corpusculeux. Il suffirait d'isoler les vers après l'éclosion, en
ajoutant à chacun quelques fragments de feuille, et d'examiner à l’aide du
microscope les fèces rendues au bout de quelques heures. Enfin, je signa-
lerai comme une dernière conséquence qui découle des observations pré-
cédentes l'extrême importance des soins de propreté, surtout dans le pre-
mier âge du ver, où les chances d'infection sont le plus à redouter. En
(1) Surtout si les corpuscules y sont rares, et leur mélange avec les granules vitellins rend
eur recherche encore plus difficile.
( 694 )
effet, le méconium et les matières stercorales des jeunes vers malades, tou-
jours chargés, comme nous l'avons vu, de nombreux corpuscules, consti-
tuent le principal agent de transmission de la contagion aux vers encore
sains. J'ai entrepris à ce sujet des expériences directes qui ne laissent aucun
doute sur cette influence funeste des matières précédentes. »
ÉCONOMIE RURALE. — Faits relatifs à l'introduction et à l'acclimatation, en
Europe, des vers à soie du Chéne; par M. F.-E. Guérin-Ménevize.
(Extrait. ) .
(Renvoi à la Commission de Sériciculture. )
_« M. de Bretton, à qui j'avais envoyé, en 1863, des œufs du ver à soie
du Chêne, m’annonce que cette espèce prospère en Autriche et qu'elle y est
arrivée, comme en France, à sa quatrième génération. M. de Bretton a
obtenu, l’année dernière, 4000 cocons de ce ver à soie, qui lui ont donné
près de 300000 œufs. Il organise, cette année, avec le concours du gou-
vernement autrichien, trois grandes éducations, en Moravie, en Autriche et
en Esclavonie, dans le sud de l’Empire. Il a fait filer une partie de ses
cocons par les fabricants les plus renommés, MM. Hoffmansthal et de Ritter,
qui en ont obtenu des soies magnifiques.
» Ses vers n'ont montré, depuis quatre ans, aucune trace de maladies.
Étudiés par ordre du Ministre du Commerce et de l’Agriculture d'Autriche,.
par le professeur Haberlandt d’Altembourg (Hongrie), ils n'ont montré
aucune trace de corpuscules vibrants.
» Les soies du Chêne déjà obtenues par M. de Bretton font partie des
produits exposés par la Commission autrichienne à l'Exposition universelle
de 1867. On peut voir aussi des soies du Chêne récoltées en France dans
l'exposition des Fermes et Domaines de l'Empereur (classe 43). »
GÉOLOGIE ARCHÉOLOGIQUE. — Ossements humains (?) trouvés dans le diluvium
alpin de Villey-Saint-Etienne, près de Toul, et nouvelle station humaine:
Extrait d’une Note de M. Hussox.
(Renvoi aux Commissaires précédemment nommés : MM. Milne Edwards,
de Quatrefages, Daubrée, auxquels M. Élie de Beaumont est prié de vou-
loir bien s'adjoindre.)
« Entre le chemin vicinal de Toul à Villey-Saint-Étienne et la voie ferrée;
à gauche du ruisseau du bois de Villey, existe une dépression sur laquelle
( 695 )
s’exploitent des cailloux. En cet endroit, le sous-sol, de formation oxfor-
dienne, est recouvert par 1,50, au maximum, de diluvium alpin, puis par
le diluvium post-alpin transformé en un véritable dépôt meuble ou sorte de
terre à bruyères.... A la fin de février dernier, on me prévénait de la ren-
contre, dans ce diluvium alpin, de divers ossements humains très-fra-
giles, dont une tête, le tout en un seul et même point. Malheureusement
cette découverte remontait au mois de Janvier, et non-seulement les objets
n'étaient plus en place, mais il était à craindre qu'ils ne fussent brisés ou
perdus. Cependant, après avoir retourné les déblais, on retrouva, non
le crâne, mais deux os longs dont un tibia, dans un tel état, qu'il est im-
possible de préciser s’il appartient réellement à l'homme. D’après le dire des
Ouvriers, ces ossements étaient à 20 centimètres au-dessous de la surface
du diluvium alpin et dans un endroit qui m'avait pas été remué. La pre-
mière partie de cette affirmation ne me semble pas douteuse ; mais la teinte
de certaines portions de los, qui ne lui provient certes pas du peu de
temps qu'il a passé dans les déblais, et la couleur terreuse du sable con-
tenu dans ses pores, sont un premier indice qu’il y a erreur sur le deuxième
point : une autre preuve irréfutable est fournie par les 11 pour 100 d’os-
séine constatés dans ce tibia qui, dès lors, loin de remonter si haut, serait
même postérieur à ceux du Trou des Celtes. :
_» Mais cet ossement n’a pas seul fixé mon attention. Quelques autres
objets trouvés sur ou dans le diluvium alpin méritent aussi d’être signalés;
en voici l’énumération : Une sorte de figurine naturelle en caillou roulé rap-
pelant la tête d’un Porc. Un autre caillou ou sorte de hache naturelle exacte-
mentsemblable à une qui m’aétéd sec provenant de Pressigny. Ces
deux objets se trouvaient dans la masse même des galets : les deux suivants
étaient au contraire à la surface; mais sont-ils également des ludi? Cela ne
me semble pas douteux, et ils peuvent être regardés comme une des plus
belles preuves de toute la réserve qu’il y a lieu d'apporter dans la question
des silex taillés : ils constituent aussi un type nouveau à ajouter à nos in-
struments primitifs, soit naturels, soit de fabrication humaine. C’est d’abord
un caillou vosgien pour qui, comme pour ses congénères du plateau de la
Treiche, la différence de teinte et d’usure qui existe entre les parties
intactes et les cassures indique positivement qu’il avait été roulé quand ont
eu lieu les fractures, probablement accidentelles, qui lui ont donné la forme
d’un instrument humain; mais il diffère de ceux de la Treiche, en ce que
“+8 Cassures, au lieu d’avoir ‘encore à peu près les arêtes vives, portent la
C. R., 1867, 1°f Semestre, (T. LXIV, N° 45.) 92
( 696 )
trace d’un frottement naturel. C’est ensuite un autre caillou, de forme ana-
logue aux haches oblongues de l’âge de pierre, en silex du pays, ayant subi
le même frottement que le caillou précédent près duquel il se trouvait...
» A part les échantillons qui précèdent, aucun des objets trouvés ne
rappelle les premiers temps de l’âge de pierre; ce sont des souvenirs ne
remontant pas plus haut qu’à l’époque de la crémation... De 5o centimètres
à 1 mètre sous terre (c’est l'épaisseur du diluvium post-alpin), se présentent
des restes de foyers charbonneux, entourés de nombreux ossements que
M. Codron a reconnus pour appartenir au genre Bos et sur lesquels se re-
marquent, sous forme de dessins, des incisions produites par des insectes.
En maints autres endroits, et à la profondeur ci-dessus, la pioche rencontre
des urnes cinéraires ou autres vases funéraires; plusieurs étaient encore
intacts et remplis, mais ils furent brisés par les ouvriers. Les nombreux
tessons recueillis indiquent une douzaine de vases, tous de différents
genres, et sur ce nombre il a été possible d’en reconstituer six (un grand et
cinq petits) assez complétement pour en connaître la forme. Ces poteries,
tant pour la pâte que pour le genre du dessin et le mode de fabrication,
correspondent non aux grossières, mais aux plus belles du Trou des Celtes.
Sur un autre point est un puits tout à fait comblé, détruit par le haut, des-
cendant jusque dans l’oxford et dont j'ai retiré un bout de corne de Cerf.
Ailleurs enfin on trouve, également cachées sous terre et s'appuyant sur le
diluvium alpin, des restes de constructions romaines dont l'importance est
suffisamment démontrée par la solidité des fondations et la nature de quel-
ques-uns des vestiges (fragments de corniche en marbre blanc et de peinture
murale, belles dalles blanches de l'étage corallien des limites de la Meurthe
et de la Meuse, etc.). Ce sol wa fourni encore une portion de clef romaine
et autres débris en bronze ou en fer, des monnaies à l'effigie de Faustine,
de Gallien, etc.; et les nombreux morceaux de briques et de tuiles mis
à découvert par la charrue dans les champs circonvoisins indiquent assez
qu’il s’agit de constructions d’une certaine étendue... »
MM. A. Bécnamwp, À. Esror et C. Sanvrrrre adressent une Note ayant
pour titre : « Du rôle des organismes microscopiques de la bouche dans la
digestion en général, et particulièrement dans la formation de la diastase
salivaire ». 5
La conclusion de ce travail est que ce n’est pas par une altération que la
salive parotidienne devient capable de digérer la fécule, mais bien par une
(697 )
zymase, que les organismes de Leuwenhoeck y sécrètent en se nourrissant
de ses matériaux.
(Commissaires : MM. Longet, Robin.)
M. Dusrunraur adresse une «Note sur l’industrie de la sucrerie in-
digène P
(Renvoi à la Section de Chimie, à laquelle sont adjoints MM. Boussingault
et Payen.)
M. V. Pourgr adresse une « Note sur la présence d’infusoires innom-
brables dans l'air expiré pendant la durée des maladies infectieuses n.
(Renvoi à la Section de Médecine, à laquelle est adjoint M. Robin.)
M. R. Mancer adresse un Mémoire écrit en langue allemande « sur le feu
_grisou ».
(Commissaires : MM. Regnault, Combes.)
M. F. Acnarp adresse de Saint-Marcellin deux nouvelles Lettres, concer-
nant l'urgence d’une solution pour les questions relatives à l'éducation des
vers à soie.
: (Renvoi à la Commission de Sériciculture.)
LI
CORRESPONDANCE.
M. 1e SECRÉTAIRE PERPÉTUEL signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Quatre brochures de M. Marcou, extraites du Bulletin de la Société
géologique de France, et parmi lesquelles se trouve une «Lettre de M. Agassiz
à M. Marcou, sur la géologie de la vallée de l Amazone, avec des remarques
de M. Marcou ».
2° Une brochure de M. Lartique ayant pour titre: « Études sur les mou-
Yements de l’air à la surface terrestre et dans les régions supérieures de
l'atmosphère y
M. Marmeu dépose sur le bureau de l'Académie le Nautical Almanac
ģ2..
( 698 )
pour l’année 1870, adressé à l’Académie des Sciences par ordre des Lords
Commissaires de l’Amirauté. |
M. LE DIRECTEUR GÉNÉRAL DES DOUANES ET DES CONTRIBUTIONS INDIRECTES
adresse un exemplaire du Tableau général des mouvements du cabotage
en 1865, formant la suite et le complément du Tableau du commerce de la
France pendant la même année.
L'Académie reçoit une Lettre de remerciments de M. Fäsre, auquel elle
a décerné le prix Thore dans sa dernière séance publique, et une Lettre
semblable de M. C. Tniersou, auquel a été accordée une récompense sur les
fonds du legs Bréant.
CHIMIE APPLIQUÉE. — Nouvelle dorure et argenture par l'amalgamation, sans
danger pour les ouvriers. Note de M. H. Durresne, présentée par
M. Regnault.
« Les procédés ordinaires de dorure au mercure entraînent, comme tout
le monde le sait, des effets désastreux pour la santé des ouvriers.
» Les moyens galvaniques suppriment ces accidents, et comme ils per-
mettent d’étendre sur le cuivre des couches très-minces d’or ou d’argent, ils
sont devenus d’un usage d'autant plus général qu’ils procurent une déco-
ration peu dispendieuse.
» Cette décoration est suffisamment durable pour la plupart des cas;
toutefois, quand il s’agit de pièces qui sont destinées à un usage fréquent
ou dont la valeur est rehaussée par la main de l'artiste et du ciseleur,
il est nécessaire de revenir à l’emploi du mercure, afin de les couvrir de
couches d’or ou d'argent assez épaisses et assez adhérentes pour que la soli-
dité puisse défier le temps. C’est dans ce but que j’ai présenté, il y a quel-
_ ques années, an Jugement de l’Académie, des procédés de dorure et de da-
masquinure, pour lesquels je pris des brevets d'invention, uniquement pour
conserver ces procédés à l’art, et les empêcher de se vulgariser au profit
d’une ornémentation mercantile et sans goût.
» La méthode nouvelle de dorure et d'argenture que je soumets aujour-
d'hui à l'appréciation de l’Institut met la santé des ouvriers à l’abri de tout
danger, bien que le mercure en soit l'élément essentiel et en assure la
solidité. Je ne veux faire cette fois aucune réserve de propriété personnelle,
( 699 )
trop heureux si l'emploi de mon procédé peut préserver en tous pays les
ouvriers qui travaillent les matières d’or et d’argent.
» Les anciennes méthodes, malgré le grand progrès apporté par M. Dar-
cet, qui indiqua le premier l’emploi des forges à grand tirage et à châssis
vitré, laissaient subsister un grave péril, celui qui provient de Fabsorption
des sels mercuriels par la peau. Les ouvriers qui dorent le cuivre ou le
bronze sont obligés d’amalgamer les pièces avant de les charger de la pâte
de mercure et d’or; pour cela, ils les recouvrent, à l’aide du grattebosse,
d'un nitrate de mercure trés-acide, qu’on appelle gaz en terme d'atelier. Ce
travail, long et difficile, fait pénétrer sur les mains et surtout sous les
ongles des quantités notables du sel vénéneux, lequel produit avec le
temps les perturbations les plus funestes : le tremblement néphrétique,
l'altération de la vue, l’affaiblissement de la pensée, etc.
» Lorsqu'ils opèrent sur l'argent, les doreurs au mercure, de même que
les doreurs à la pile, ne peuvent employer le nitrate de mercure, qui en-
trainerait l’altération des pièces par la formation du nitrate d'argent, Mais
le procédé auquel ils ont recours cause à leur santé des dommages aussi.
graves, bien que d’une autre nature. Voici comment ils opèrent : un brasier
très-ardent est allumé; l’ouvrier, les bras nus pour ne pas brüler ses vête-
ments, les mains garnies de gants, qui le plus souvent sont déjà saturés de
produits mercuriels, tient la pièce à dorer dans la main gauche et la fait
chauffer antant que possible; en même temps, avec la main droite, il étale
Sur cetle pièce la pâte de mercure et d’or, ét il opère une friction éner-
gique qui doit se prolonger souvent des journées entières. Le manteau de
verre est la plupart du temps enlevé de la forge, afin que le doreur puisse
facilement distinguer les parties rebelles à l'amalgame, et il faut quelque-
fois plus d’une heure pour faire prendre le mercure, même sur un objet de
Petite dimension. Cependant l’ouvrier, dont les pores sont ouverts par la
transpiration, est exposé aux vapeurs du mercure si la forge tire mal, ou à
un refroidissement subit si elle tire bien. Les homines de la constitution la
Plus robuste succombent rapidement à un pareil travail ; presque tous sont
atteints de tremblement néphrétique. Le doreur sur cuivre peut résister
assez longtem
PS, mais le doreur sur argent est rapidement victime de sa
Profession.
7 Pour remédier à ces inconvénients, tout en conservant à la dorure sur
Métaux la solidité que l'emploi du mercure peut seul leur donner, voici la
méthode que je propose : pour le cuivre comme pour l'argent, je repousse
l emploi du nitrate de mercure acide appelé gaz par les doreurs.
( 700 )
» Je prends les pièces à peine décapées et rincées, je les attache au pôle
positif de la pile, et je les plonge dans un bain de sel mercuriel rendu com-
plétement basique. Pour former ce bain, je neutralise le nitrate de mer-
cure acide par le phosphate et le carbonate de soude, puis j'ajoute du cya-
nure de potassium comme s’il s’agissait d’un bain d’or.
» La pièce se couvre d’une couche épaisse de mercure. Je l'immerge
alors dans un bain d’or ou dans un bain d'argent le plus riche possible,
sans la détacher du conducteur. Lorsque la couche galvanique est suffisam-
ment épaisse, je la plonge une seconde fois dans la solution mercurielle;
sous l'influence du courant galvanique, elle se couvre encore une fois de
mercure, On lave ensuite la pièce et on la porte à la forge, où on laban-
donne à elle-même après avoir fermé le manteau de verre jusqu'en bas.
L’ouvrier peut se retirer alors : la vaporisation du mercure s'opère en son
absence. Il n’a pas besoin, dans toute cette opération, ni de toucher la pièce,
ni de la brosser. On obtient ainsi des objets dorés ou argentés qu'il est im-
possible de distinguer, soit pour la solidité, soit par l'aspect, de ceux qui
ont été traités par les vieilles méthodes, car c’est une véritable dorure au
mercure qu’on a opérée, et l'opération s’est faite sans danger pour l'ouvrier.
On obtient à volonté le mat, le bruni, le vert, le rosé, tous les effets de la
dorure au mercure, et tous ceux de la dorure à la pile.
» On peut avoir sur la même pièce des parties de bronze, d'argent et
d'or, car les épargnes sont aussi faciles que pour la dorure électrique, tan-
dis qu’avec les vieilles méthodes, pour soustraire à l'amalgame les parties
réservées, il étãit nécessaire de les protéger par d’épaisses couches succes-
sives de colle et de blanc d’Espagne, ce qui rendait impossible la produc-
tion des détails très-fins.
» Enfin, dans le cas où l’on voudrait recourir aux anciennes méthodes,
l’amalgamation par la pile et les bains basiques constituerait encore un grand
progrès et réaliserait une économie de temps et d'argent.
» J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l’Académie des pièces argen-
tées, dorées et damasquinées par mes procédés. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les éthers des acides de l’arsenic. Note de
M. J.-M. Crarrs, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville.
, . ° + . 3
« Tout ce qu'on sait des combinaisons des acides de l'arsenic avec les
. D . ? -
radicaux alcooliques se borne à une indication très-sommaire de d'Ar
(701)
cet (1) relative à un acide, appelé par lui arsénovinique, qui doit se former
lorsqu'on traite l'alcool par l'acide arsénique; il est assez remarquable
qu'on n’ait jamais cherché à combler cette lacune dans nos connaissances
des propriétés de deux acides aussi importants et aussi bien étudiés que
l'acide arsénique et l'acide arsénieux.
» J'ai été amené à chercher à obtenir ces combinaisons, par suite d’une
observation faite par M. Friedel et par moi (2), et qui semblait nous
conduire à un moyen d'obtenir facilement, non-seulement les éthers des
acides arsénique et arsénieux, mais aussi ceux de tout autre acide pouvant
déplacer l'acide silicique de ses combinaisons. Nous avions observé, en effet,
que l’acide borique anhydre, chauffé avec l’éther silicique, élimine l'acide
silicique en prenant sa place, de sorte qu’on obtient la quantité théorique
éther borique tout à faire pure, et nous croyions que la même réaction
pouvait servir à obtenir d’autres éthers.
» L’acide qui semblait offrir le plus de chance de donner un bon résultat
était l'acide arsénique, et la première expérience a été faite avec celui-ci en
employant, non pas le silicate d’éthyle normal, mais des résidus de sa pré-
paration, c’est-à-dire les éthers ayant un point d’ébullition plus élevé que
170 degrés et contenant une proportion d’acide silicique plus forte que le
silicate normal. On a essayé la même réaction avec d’autres acides, et no-
tamment avec l'acide arsénieux, mais c’est seulement avec ce dernier qu’elle
s'est passée de la manière prévue.
» L’acide arsénique bien desséché, mis en contact avec le silicate d’éthyle
dans un tube scellé à la lampe, ne réagit pas à une température inférieure
à 220 degrés. Si l’on porte la température beaucoup plus haut, il se produit
des gaz qui font éclater le tube. Au bout de six heures, à une température
comprise entre 220 et 230 degrés, la réaction s'achève et le tube est rempli
de silice gélatineuse. On remarque, en ouvrant le tube, le dégagement d’une
quantité considérable d’un gaz qui possède les propriétés de l’éthylène. Si
l'on chauffe le contenu du tube dans un ballon, il distille d’abord beaucoup
d’éther ordinaire, et ensuite un liquide qui passe entre 150 et 200 degrés
ne Cl
(1) Journal de Chimie médicale, janvier 1836. Il paraît qu'on s’est borné à faire l'analyse
du sel de baryte de cet acide, et de cette analyse on a déduit la formule
BaO, C'°H*0*, As’0’:
O—100, Ba — 856,9, C—38,25,. As — 470,35, H—6,25,
ce qui correspond au sel de baryte d’un acide diéthyl-arsénique.
(2) Annales de Chimie et de Physique, 4° série, t. IX, p. 5; 1866.
(702)
et dont la distillation est accompagnée du dégagement d’un gaz. Le résidu
de la distillation consiste en acide arsénieux avec un peu d’acide arsénique
mélangés à l'acide silicique. Le produit liquide distillé ne contient aussi que
très-peu d'acide arsénique, mais il donne avec l'eau un précipité abondant
d'acide arsénieux. Quoique le liquide paraisse consister principalement en
éther arsénieux, il n’est pas facile d’isoler aucun produit pur, et je me suis
borné à constater qu’il y a réduction de la presque totalité de l'acide arsé-
nique dans ces circonstances.
» La réaction précédente ne pouvant pas donner l’éther arsénique, j'ai
essayé celle qui a lieu entre l’arséniate d’argent et l’iodure d’éthyle, et j'ai
trouvé que cette dernière réaction se passe de la maniere la plus nette, et
qu’on obtient facilement l'éther parfaitement pur et presque dans la propor-
tion exigée par la théorie, si l’on observe la précaution de ne pas employer
un excès d’iodure d’éthyle, et de ne pas porter la température au-dessus
de 120 degrés. Quand l’iodure d’éthyle se trouve en excès, à une tempéra-
ture très-peu supérieure à celle exigée pour la formation de l’éther arsé-
nique, il y a décomposition ; de Piode est mis en liberté et de l'iodure d'ar-
senic se forme.
» Pour préparer l’éther arsénique, on chauffe pendant vingt heures à
110 degrés un petit excès d’arséniate d’argent avec de l’iodure d’éthyle,
mélangé à deux volumes d’éther ordinaire rectifié. On sépare l'arséniate
'éthyle formé, de l’iodure d'argent, par des lavages à l’éther, et, après avoir
chassé complétement l’éther en chauffant à 100 degrés dans un courant
d'acide carbonique, on distille sous une pression plus faible que celle de
l'atmosphère.
» Sous une pression de 6o millimètres, tout le produit distille entre
148-153 degrés sans décomposition. Ce même liquide, distillé dans Pan
passe à 235-238 degrés; mais, vers la fin de la distillation, il y a toujours
décomposition d’une petite portion du produit, et on trouve dans le ballon
de l'acide arsénique comme résidu.
» Des analyses ont montré que la composition de léther arsénique
s'exprime par la formule
As (€? H°)° O°. |
» Sa densité est à o° = 1,3264; à 89,8 = 1,3161. 11 se mélange avec l'eau
en toute proportion, en donnant une dissolution claire, qui se comporte
avec les réactifs comme celle de l'acide arsénique.
» J'ignore encore s’il se forme un acide arsénovinique dans ces circon-
stances.
( 703 )
» Éther arsénieux. — L'acide arsénieux réagit sur l’éther silicique à la tem-
pérature de 220 degrés, en précipitant de l’acide silicique pour prendre sa
place, et on obtient presque la quantité théorique d’éther arsénieux, qu'on
peut séparer de la silice par distillation. Cet éther est l’arsénite d’éthyle
normal
As (CH) O°.
C'est un liquide bouillant sans décomposition à 166-168 degrés. |
» Sa densité de vapeur a été déterminée à: 2009°,52 7,61 eaa
213 degrés = 7,608; à 233 degrés = 7,197; à 267 degrés = 7,389. La
théorie exige, pour une condensation à 2 volumes, 45207 -
» La densité du liquide à zéro = 1,224.
» Cet éther se décompose immédiatement avec l’eau en donnant un pré-
cipité d’acide arsénieux.
» L'éther arsénieux se forme aussi par la réaction de l'arsénite d’argent
sur l’ivdure d'éthyle, et il est digne de remarque qu'on obtient par l'ac-
tion de l’iodure d’éthyle sur larsénite jaune d'argent, contenant 2 atomes
de base, l’éther normal à 3 atomes d’éthyle. £
» La combinaison du chlorure d’arsenic avec l'alcool, traitée par l'alcoo-
late de soude, ne donne pas d’éther arsénieux; et on ne réussit pas non
plus à obtenir cet éther en chauffant l'acide arsénieux, ni avec de l'alcool,
ni avec un mélange d’éther ordinaire et d’éther acétique.
» Parmi les autres acides, dont les éthers sont encore inconnus, Ceux
qui semblaient pouvoir entrer le plus facilement en réaction avec le silicate
’éthyle étaient l'acide tungstique et l'acide antimonieux; mais ils ont tous
les deux donné un résultat négatif. L'acide tungstique, chauffé pendant
quinze heures à 200 degrés avec de l’éther silicique, ne réagit que partiel-
lement, L’acide tungstique se réduit avec formation d'oxyde bleu, et il se
produit en même temps de l’aldéhyde et nn corps gazeux. Le liquide dis-
tillé ne contient pas une trace d’éther tungstique. L'acide antimonieux ne
réagit pas sur l'éther silicique lorsqu'on le chauffe pendant vingt heures à
300 degrés. A 340 degrés, il se dégage des produits gazeux qui font éclater
le tube.
» Je me propose de préparer d'autres éthers de l'acide arsénique et de
l'acide arsénieux, et de continuer l'étude de ceux que j'ai déjà obtenus. »
C. R., 1867, 17 Semestre. (T. LXIV, N° 45.) 95
( 704 )
CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur quelques réactions inverses. Note de M. P,
Havrereuie, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville.
« C’est un fait généralement reconnu aujourd’hui, que si le chlore dé-
place l’iode des iodures, l'acide iodhydrique décompose le chlorure d’ar-
gent. En effet, depuis les expériences de M. H. Sainte-Claire Deville, on sait
que le chlorure d'argent s’échauffe vivement au contact de Facide iodhy-
drique, dégage de l'acide chlorhydrique et se transforme en iodure d'ar-
gent. D’autres chlorures, ainsi que je l'ai constaté, fournissent des iodures
sous l'influence de l’acide iodhydrique, notamment les chlorures de phos-
phore, d’arsenic, de titane, de plomb, d’ammonium et de potassium. Après
avoir rappelé ces faits, il me reste, et c’est l'objet de cette Note, à faire voir
qu'on peut parvenir à déterminer inversement (1) la décomposition des
iodures par l’acide chlorhydrique.
» L'acide chlorhydrique sec attaque l’iodure d’argent dès que ce corps
est en fusion. Il se forme du chlorure d'argent, et il se dégage de l'acide
iodhydrique. Cette réaction, très-lente à la'température strictement néces-
saire pour la fusion du sel, est assez vive à 700 degrés environ pour être
facile à suivre par les produits de la dissociation d’une partie de l’acide
iodhydrique formé. Cette transformation, toujours moins rapide que celle
du chlorure en iodure sous l'influence de l'acide iodhydrique, est notable-
ment accélérée par une élévation progressive de la température.
» L'iodure d'argent, chauffé au rouge vif dans un courant d’acide chlor-
hydrique, est entraîné en'quantité appréciable pendant qu’il se transforme
partiellement en chlorure d'argent. Le sel d'argent transporté par le mou-
vement des gaz est plus riche en chlorure que celui qui a subi sur place
l'action de l’hydracide : ce qu’expliquent la volatilité du chlorure et les réac-
tions secondaires qui se produisent entre les vapeurs de l'iodure métallique
et le gaz hydrogène libre : ces réactions, dues à la dissociation de l’acide
iodhydrique, exagèrent la production du chlorure, mais elles ne peuvent
être la cause de la décomposition de l’iodure par l’acide chlorhydrique; car
la formation de chlorure d'argent et celle du l'acide iodhydrique sont
simultanées,
» Cette complication, due à un phénomène particulier de dissociation,
disparait d’ailleurs complétement dans la décomposition du bromure d'ar-
Mn out
a 4 oir, pour la définition et les conditions des réactions inverses, les leçons faites à la
Société Chimique en 1864 par M. H. Sainte-Claire Deville.
»
( 705.)
gent. Ce sel, légèrement chauffé dans un courant de gaz chlorhydrique sec,
se transforme lentement en chlorure d'argent dès qu’on atteint la tempéra-
ture de sa fusion : il se dégage de l’acide bromhydrique pur (1). Le bro-
mure d'argent, entrant en fusion avant 700 degrés, permet de réaliser une
réaction inverse à une température à laquelle les acides chlorhydrique et
bromhydrique, le chlorure et le bromure d’argent ne possèdent, pris isolé-
ment, aucune tension de dissociation mesurable. |
» Le bromure et l’acide chlorhydrique échangent mutuellement leurs
éléments, lorsque Fun des produits de la décomposition peut se diffuser :
une atmosphère formée de gaz acide chlorhydrique incessamment renouvelé
et l’état de fusion du bromure réalisent les conditions les plus favorables à
ces échanges (2). Cette réaction inverse, ne s’effectuant qu’à la condition de
permettre la diffusion rapide de l’acide bromhydrique, implique que ce
dernier acide décompose encore le chlorure d'argent à une température
élevée, ce que J'ai vérifié directement (3).
» Les conditions de la décomposition de l’iodure d’argent par l'acide
chlorhydrique sont les mêmes que celles du bromure.
» L'iodure de plomb chauffé dans un courant de gaz chlorhydrique
donne de l'acide iodhydrique et du chlorure de plomb avant sa fusion :
l'état liquide, qui n’est pas absolument nécessaire à cette décomposition, la
facilite.
» La décomposition d’un iodure volatil par l'acide chlorhydrique, quand
mm
(1) Le chlorure d'argent, comme on sait, est décomposé par l’acide bromhydrique.
(2) La lenteur de ces échanges rend possible l'hypothèse de la nécessité de la dissolution
préalable du gaz chlorhydrique dans le sel fondu. Le renversement de la réaction normale
pourrait être considéré comme la conséquence d’une dissociation extrémement faible de
l'acide chlorhydrique rendue sensible par la continuité d’action de la diffusion.
(3) L’acide bromhydrique, n'ayant pas de tension de dissociation à 700 degrés environ,
permet de constater qu'à la température à laquelle la réaction inverse commence cet acide
décompose, comme à la température ordinaire, le chlorure d'argent. La même expérience,
réalisée avec l'acide iodhydrique, est sans valeur; car, même à cette température peu élevée,
à formation de liodure et de lacide chlorhydrique pourrait être la conséquence de la
réduction du chlorure par l'hydrogène libre provenant de la dissociation de l'acide iodhy-
drique. L’acide bromhydrique, dont je me suis servi dans ces expériences, a été obtenu par
une méthode un peu plus expéditive et moins embarrassante que celle basée sur l’emploi du
bromure de phosphore : elle consiste à faire passer de l’acide iodhydrique sec dans un tube
cn U, dans l’intérieur duquel on a placé du brome. Le courant d’acide bromhydrique qu’on
obtient par ce procédé est très-facile à régler. Le gaz est absolument sec. Ii peut servir dans
toutes les expériences qui n’exigent pas un acide exempt de brome.
93.
( 706 )
on parvient à la constater, peut être attribuée à la dissociation, ainsi que
le prouvent les exemples suivants.
» L'iodure de mercure, chauffé dans un courant lent ou rapide de gaz
chlorhydrique, ne manifeste par aucun phénomène la décomposition qu'il
peut éprouver de la part de cet acide : on ne constate ni chlorure de mer-
cure, ni acide iodhydrique; seul, le verre, par son attaque, lorsqu'on fait
l'expérience au rouge sombre, peut conduire à supposer la présence d’une
petite quantité d’acide iodhydrique ou d’un mélange d'iode et d'hydrogène
dans les gaz chauds. D’ailleurs des traces d’iode, d'hydrogène et de chlo-
rure de mercure n’établiraient pas la réalité de la décomposition inverse de
l’iodure de mercure par l'acide chlorhydrique, dn moins à une tempéra-
ture supérieure à 440 degrés; car l’iodure de mercure étant partiellement
dissocié au rouge, ainsi que M. H. Sainte-Claire Deville Va prouvé, et le
mercure décomposant l'acide chlorhydrique, les gaz chauds peuvent ren-
fermer du chlorure de mercure, de l'hydrogène et de l’iode indépendam-
ment de toute réaction inverse,
» L'iodhydrate d’ammoniaque, distillé dans un courant d’acide chlorhy-
drique pur, est souillé après cette opération d’une faible proportion de
chlorhydrate d'ammoniaque dont une partie au moins est la conséquence
de la dissociation de ce sel. La proportion de chlorhydrate d’ammoniaque
croit rapidement, comme cette dissociation elle-même, avec la température
à laquelle l’iodhydrate et l’acide chlorhydrique ont été portés, ainsi que le
prouvent les nombres suivants :
Poids
Température du chlorhydrate d’ammoniaque
de la contenu dans 100 parties
distillation, : du mélange condensé.
360°. CR teste tt E AA d 4 å 5
44o°. dent ts ee dti se 0:06 16
OURS tömbre.. os orra ou 4
» L’accroissement rapide de la proportion de chlorhydrate ne permet
pas de supposer que l’iodhydrate d’ammoniaque soit entièrement décom-
posé par le seul fait de sa vaporisation (hypothèse des chimistes qui assi-
gnent 4 volumes de vapeur à ce sel), car, après une décomposition totale,
la proportion du chlorhydrate formé lors de la condensation serait sinon
indépendante de la température de la distillation, du moins peu différente
2 uniquement affectée par la décomposition d’une fraction croissante, mals
toujours extrêmement faible, de l'acide iodhydrique libre. »
( 707 )
CHIMIE APPLIQUÉE. — Sur les potasses et les soudes de Stassfurt (Prusse et Anhalt)
Note de M. L. Jovin, présentée par M. H. Sainte-Claire-Deville.
« Les mines de sel gemme. — Dans le bassin de Magdebourg-Halberstædt,
qui s'étend entre le Harz et les plaines de la basse Allemagne, à Stassfurt,
petite ville de la Saxe prussienne, frontière du duché d’Anhalt, on exploite
depuis une dizaine d'années un puissant gisement de sel gemme recouvert
d'une couche de sels très-déliquescents de potasse et de magnésie, enfoui
à 300 mètres au-dessous du sol, au milieu du grès bigarré. L'épaisseur de
187 mètres, explorée jusqu'à ce jour, se divise en quatre parties princi-
pales : premier étage, de l’anhydrite, 107 mètres, bancs de sel marin de
o™,o9 en moyenne, séparés par des cordons de 0,006 d’anhydrite;
deuxième étage, de la polyhalite, 31,50, bancs de sel marin séparés par des
cordons de o™,03 d’une polyhalite (Ca O$S0:+Mg0OS0* + KOSO? + 2 HO);
troisième étage, de la kiesérite (MgOSO* + HO), 28 mètres, formé par une
succession de bancs de sel marin 65 pour 100, de kiesérite 17 pour 100,
et de chlorure double de potassium et de magnésium 13 pour 100; qua-
trième étage, du kalisalz ou de la carnallite (KCI + 2MgCl + HO), 20,30,
renfermant : carnallite 55 pour 100, sel marin 25 pour 100, kiesérite
16 pour 100. On rencontre également, dans le dernier étage, de la tachy-
drite (Ca CI + 2 MgCl + 2H0O), de la sylvine et de la kainite
[(2Mg0$0* + 3HO) + KCI],
provenant vraisemblablement de modifications secondaires des combinai-
sons primitives, et de la boracite (3 MgO, 4 Bo 0°).
» Le gisement est exploité par les gouvernements de Prusse et d’Anhalt
dans deux mines dont les puits d’extraction sont distants de 1200 mètres.
Les travaux actuels accusent l'existence d’un massif de carnallite corres-
pondant à près de 6 millions de tonnes métriques de chlorure de potassium,
et, bien qu’on ignore encore les limites de la couche de kalisalz, on peut
dire qu’elle est d’une richesse inépuisable. Les sels sont abattus à la poudre,
débités au pic et triés. Le kalisalz, livré à l'industrie, qui en retire le chlo-
rure de potassium, renferme seulement 66 pour 100 de carnallite, soit
16 à 17 pour 100 de chlorure de potassium ; il revient, en bloc, à 0,65,
broyé, à 0,75, et les deux gouvernements le vendent 1 franc et 1,15.
Les quantités de carnallite extraites des deux puits, depuis le commence-
ment de l'exploitation, sont les suivantes :
1861. 1862. 1863. 1864. 1865. 1866.
2500 000okil 19500 000kil jrgo0000k! 1 15 500000ki! 82000 000*"} 150 000 000ki!
( 708)
» Traitement industriel des minéraux. — Le traitement industriel du
kalisalz, qui s'effectue dans treize fabriques disposées autour des puits, est
fondé sur ce que la carnallite se forme seulement dans des dissolutions con-
tenant un excès de chlorure de magnésium ; aussi, si l’on dissout le sel
double dans l’eau chaude et qu’on laisse refroidir, le chlorure de magné-
sium, plus soluble, reste en dissolution, et une partie du chlorure de
potassium se dépose; on traite ensuite les eaux mères pour retirer ce
qu’elles contiennent encore de chlorure de potassium. Les produits livrés
au commerce contiennent en moyenne 82 pour 100 KCI et 16 pour 100
Na CI. Le prix de revient des 100 kilogrammes de chlorure (80 pour 100)
est de 16 francs, comprenant 700 kilogrammes de matières premières,
8 francs; main-d'œuvre, combustible, emballage, frais généraux, inté-
rêts, etc., 8 francs. Le prix de revient ne serait que de 13",50 si les sels
bruts se vendaient au prix d’extraction. Cette fabrication donne lieu à deux
sortes de produits accessoires : les résidus de la dissolution du kalisalz
($ du poids des sels bruts), composés de 55 pour 100 NaCl, 30 pour 100
MgOSO* + HO; les sels déposés pendant la concentration des eaux mères
de la première cristallisation ({ du poids des sels bruts), renfermant
75 pour 100 NaCI, 20 pour 100 (KOSO? + MgOSO® + 6HO) et 3 à 6
pour 100 KCI. :
» Le prix de l'acide sulfurique à Stassfurt n’a pas permis jusqu'ici de
l’employer à transformer le chlorure en sulfate. Une certaine quantité de
sulfate de potasse a été préparée par double décomposition du muriate et
du sulfate de magnésie; mais l’impureté de la kiesérite livrée par les mines
s'oppose à l'exploitation des procédés découverts. Les résidus de la disso-
lation du kalisalz renfermant le chlorure de sodium et le sulfate de ma-
gnésie dans des proportions favorables à leur réaction par l’action du froid,
on a commencé dès l’hiver 1864-1865 à les faire servir à la fabrication du
sulfate de soude, et l’on a déjà préparé 3 millions de kilogrammes de sul-
fate de soude calciné, qui est revenu de 5 à 6 francs les 100 kilogrammes.
Les rebuts du triage de la carnallite et la puissante région de la kiesérite
fourniraient, du reste, des quantités indéfinies de mélanges salins propres à
cette fabrication.
» Influence que la découverte de Stassfurt a exercée et celle qu’elle doit
exercer sur le commerce, l’industrie ‘et l'agriculture. — T’immense produc-
Pen de l’industrie de Stassfurt a eu pour résultats de diminuer dans les
différ ents pays la valeur des sels de potasse (le prix du chlorure de potas-
sium, 80 pour 100, est descendu en trois ans de 45-50 à 21-22 francs dans
( 709 )
le nord de la France, et celui du salpêtre brut de 90-92 à 52-55 francs);
d'étendre considérablement les usages du muriate, employé maintenant
presque exclusivement dans la fabrication du salpètre, du chlorate, des
chromates et de l’alun; enfin d’amener en Allemagne, en Angleterre et en
France la création de l’industrie de la potasse artificielle, fondée sur la trans-
formation des muriates, soit directement par l'acide sulfurique, soit par la
réaction avec des sulfates naturels.
» Une autre influence de cette découverte a été de permettre l'emploi
des engrais potassiques recommandé depuis longtemps par M. Liebig dans
beaucoup de cultures, et notamment dans celle des plantes fourragères et
industrielles (tréfle, betterave, etc.). Pour répondre à ces besoins, les fabri-
cants de Stassfurt ont préparé, en calcinant les deux produits accessoires
de la fabrication du chlorure avec du kalisalz brut ou de la kiesérite, des
engrais non concentrés et à bon marché, le rohes schwefelsaures kali (18 à
20 pour 100 KOSO*, 42 pour 100 NaCl) et le kalidünger (18 à 20 pour 100
KOSO?, 14-18 pour 100 MgOSO*, 20 à 24 pour roo CaOSO*, 12 à
18 pour 100 NaCl), et des engrais concentrés, chlorures à différents degrés
de pureté, sulfates provenant de la décomposition du chlorure par la kie-
sérite ou le sulfate de soude, et le kalisuperphosphat, mélangé d’hyperphos-
phate de chaux et de sulfate de potasse. De grandes expériences pour-
suivies pendant plusieurs années ont donné de bons résultats, et il a été
reconnu qu’un mélange de phosphate et de sels de potasse augmente la
Proportion de sucre dans la betterave et de la matière amylacée dans les
Pommes de terre, et que les engrais potassiques sont un remède contre les `
maladies dont sont atteints ces végétaux.
» La comparaison des prix de revient des produits de la transformation
des muriates et de ceux des industries qui ont jusqu'ici fourni la potasse
montre l'influence que la découverte de Stassfurt est appelée à exercer sur
le commerce et l’industrie. Connaissant, en effet, les conditions de la fabri-
cation de la soude en Allemagne et en Angleterre, on en déduit celles de la
fabrication de la potasse artificielle, et l'on trouve qu'aux prix actuels du
chlorure de potassium on doit arriver à préparer le carbonate (80 pour 100)
à 49 francs en Westphalie, à 54 francs à Newcastle, soit à 46 et 48 francs
sl les gouvernements propriétaires des mines venaient à vendre les sels bruts
aux prix de revient; c’est donc une diminution de 20 francs sur le prix
actuel du carbonate que le développement de lindnstrie de la potasse arti-
ficielle doit amener. Les potasses de Kazan et d'Amérique (70 pour roo),
(710)
qui reviennent aux producteurs de 30 à 35 francs les roo kilogrammes, ne
pourront plus alors se présenter sur les marchés de l’Europe occidentale;
quant aux salins de betterave, l'intérêt bien entendu de l’agriculture est de
les reprendre au distillateur, et l’on peut s’assurer, du reste, que ces nou-
velles conditions de vente de la potasse ne permettront pas leur raffinage.
Les tableaux du commerce extérieur de l’Angleterre, de la France, de la
Belgique et des États du Zollverein montrent qu’en 1863 ces pays ont reçu
22 millions de kilogrammes de potasses de Russie et d'Amérique; d’un autre
côté, le tableau de la production du sucre de betterave a dù donner en
France, en Belgique et en Allemagne, 12 millions de kilogrammes de salin ;
on calcule aussi que ces potasses correspondent, d’après leur composition
moyenne, à 4 millions de kilogrammes de chlorure de potassium (60 pour
100), auxquels il faut ajouter les 11 millions produits en 1863, et l'on arrive
à un minimum de 60 millions de kilogrammes de chlorure de potassium
(80 pour 100) que l’industrie doit annuellement demander à Stassfurt.
Une étude semblable montre qu'aux prix de revient du sulfate de soude à
Stassfurt on pourrait produire le sel de soude (8o degrés) et les cristaux
presque aux mêmes conditions qu’à Newcastle; il y a donc lieu de penser
que cette nouvelle industrie affranchira les États du Zollverein du tribut
de 5 millions de kilogrammes de soude, payé chaque année à l'étranger. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Méthode universelle pour réduire et saturer d'hydrogène
les composés organiques. (Première partie.) Note de M. BEerTHELOT,
présentée par M. Bertrand.
« Par la méthode que je vais décrire, un composé organique quelconque
peut être transformé dans un carbure d'hydrogène renfermant la même
quantité de carbone et le plus hydrogéné parmi ceux qui offrent cette com-
position : depuis les alcools et les acides gras, jusqu'aux corps aromatiques;
depuis les carbures éthyléniques, presque saturés d'hydrogène, jusqu'à leurs
dérivés perchlorurés, et jusqu'aux carbures pyrogénés les plus riches en
carbone, tels quela benzine, la naphtaline, l’anthracène, le bitumène ; depuis
les amides et les alcalis éthyliques, jusqu’au cyanogène et jusqu'aux corps
azotés complexes, tels que l’indigotine et l’albumine, c’est-à-dire sur près de
que vingt corps différents, J'ai péri té 5 de,sansrencontrer
d'exception. Elle s'applique même aux matières noires, telles que l’ulmine,
la houille, le charbon de bois, matières que lon est habitué à regarder
( 711 )
comme placées en dehors du domaine des réactions régulières : c'est cette
extension illimitée qui m’a paru justifier le nom de méthode universelle.
» Les résultats que je viens d'annoncer peuvent être réalisés par un seul
et même procédé : ce procédé consiste à chauffer le composé organique
à 275 degrés, dans un tube scellé, pendant dix heures, avec un grand excès
d’acide iodhydrique. L’acide doit être employé à l’état de solution aqueuse
saturée à froid et dont la densité soit double de celle de l’eau. Yévalue à
une centaine d’atmosphères la pression développée dans ces circonstances.
L'excès du réactif, sur le poids nécessaire pour produire la réaction théo-
rique, est d’autant plus grand que le composé organique est plus pauvre
en hydrogène. Ainsi 20 à 30 parties d’hydracide suffisent pour 1 partie
d’un alcool ou d’un acide gras, tandis que les corps aromatiques exigent 80
à 100 fois leur poids du réactif, l’indigotine et les matières charbonneuses
encore davantage. Le pouvoir réducteur de l'acide iodhydrique s'explique,
parce que cet hydracide, en solution aqueuse, commence à se résoudre en
iode et hydrogène à 275 degrés, et même au-dessous. La quantité décom-
posée varie d’ailleurs beaucoup, suivant les corps mis en présence (1).
» Je rappellerai que la méthode exposée dans cette Note dérive des pro-
cédés à l’aide desquels, en 1855 et 1857, j'ai réussi à changer, d'une part,
les bromures d’éthylène, de propylène, etc., en hydrures correspondants (2),
et, d’autre part, la glycérine, alcool iriatomique, en alcool monoatomique
et en carbure d'hydrogène (3); elle rappelle également le procédé classique
par lequel M. Lautemann (1860) transforme en général les acides à fonc-
tion mixte, tels que l'acide lactique, en acides à fonction simple moins
oxygénés, tels que l'acide acétique. Mais la méthode que je décris aujour-
d’hui donne lieu à des effets infiniment plus intenses et plus généraux que
toutes celles qui ont été décrites jusqu’à présent.
» Je me suis surtout attaché à étudier les produits extrêmes de l'hydro-
Sénation. En diminuant la proportion de l'acide iodhydrique, sa concen-
(1) On trouvera quelques considérations thermochimiques relatives à cette décomposition
dans le Bulletin de la Société Chimique, janvier 1867, p. 64.
(2) Par l’action simultanée de l’eau et de Piodure de potassium à 275 degrés. Je rappel-
x également la transformation du sulfure de carbone en gaz des marais, par le gaz iodhy-
drique (Annales de Chimie et de Physique, 3e série, t. LIU, p. 142; 1858), réaction du
meme ordre que celles que je développe aujourd’hui.
(3) En carbure saturé, par la méthode ci-dessus, après changement préalable en trichlor-
hydrine; en alcool allylique, par l’iodure de phosphore.
E. R., 1867, 147 Semestre, (T. LXIV, N° 45.) | 94
(712)
tration, ou la température des réactions, on doit pouvoir réaliser toutes les
réductions intermédiaires : j'en citerai, en effet, divers exemples, spéciale-
ment dans l'étude de la série aromatique et des carbures complexes.
» La méthode s'applique également aux composés simples et aux com-
posés complexes, c'est-à-dire formés par l’association de deux composés
plus simples et dont les résidus se manifestent dans certaines réactions.
Sous l'influence réductrice, les composés complexes se dédoublent, en gé-
néral, en reproduisant les deux carbures qui répondent à leurs générateurs.
La même chose arrive, toutes lesfois qu’un composé simple ne peut pas être
porté au contact du réactif et à la température de 275 degrés, exigée pour
l'application de la méthode, sans éprouver un dédoublement préalable.
Non-seulement on réussit à saturer d'hydrogène les corps réputés les plus
réfractaires, mais on tire de là, comme je viens de le diré, une méthode
nouvelle et générale de dédoublement, applicable également aux composés
complexes que l’on savait dédoubler par les moyens connus, tels que les
éthers et les amides ordinaires, comme aux alcalis et méme aux carbures
d'hydrogène. La théorie des carbures complexes et celle des carbures
polymères est éclairée par là d’une vive lumière, soit que le carbure se dé-
double sous l'influence du réactif, soit qu’il donne naissance à un carbure
unique, saturé d'hydrogène, et renfermant le carbone dans un état de con-
densation identique à celui du carbure com plexe ou polymère : l'étude du
styrolène, de l’éthylphényle, de la naphtaline, de l’anthracene, celle 1e
dérivés polymériques de l'éthylène, du propylène, de l’amylène, du téré-
bène, etc., fournissent à cet égard les résultats les plus catégoriques.
» Je partagerai l’exposition des résultats obtenus en cinq parties dis-
üunctes, savoir :
» 1° Série des corps gras proprement dits; 2°-série aromatique; 3° corps
azotés; 4° carbures d'hydrogène complexes et polymères ; 5° matières char-
bonneuses.
I° PARTIE, — SÉRIE DES CORPS GRAS PROPREMENT DITS.
» Je comprends dans cette série les carbures homologues du or
à ee a j shydes
de l’éthylène, de 1 acétylène, ainsi que les alcools, les éthers, les aldéhyde
et les acides qui en dérivent.
I. Carbures d'hydrogène.
» 1. Carbures éthy léniques, C?” H?”, — Ces carbures sont changés d’abord,
soit à froid, soit plus rapidement à 100 degrés, en éthers iodhydriques, CO”
(913)
formément à une méthode générale que j'ai découverte et qui a reçu de-
puis bien des applications : soit l’éthylène
C'H'<H= CHI;
les éthers iodhydriques sont ensuite changés en hydrures, c’est-à-dire en
carbures forméniques : soit l’éther iodhydrique ordinaire
C'HI + HI = C'H° +P.
La réaction totale est donc la suivante :
CH Lai = CH + L°.
»2. Carbures acétyléniques, C?” H?”—. — Ces carbures sont changés d'abord
en iodhydrates : soit l’acétylène
C'H? + 2HI = C'H? (2 HI);
puis l’iodhydrate se change en hydrure (carbure forménique)
C* H°(2 HI) + 2 HI = C'H’ + 21°.
La réaction totale est donc la suivante :
C27 H?”—? TE 4HI D C2” H?”+?2 “+ 31°,
» 3. Carbures forméniques, C?” H?”+?, — Ces carbures, étant saturés ď'hy-
drogène, ne sont pas modifiés par l'’hydracide, ce que j'ai vérifié sur les
2°, 5°, 6° et 10° termes de la série.
II. Alcools.
» L’acide iodhydrique change d’abord les alcools, comme on le sait, en
éthers iodhydriques, transformables ultérieurement en carbures formé-
niques, ainsi que je viens de l’établir. Ainsi se comportent :
» 1° Les alcools monoatomiques, d’après la réaction totale suivante, réali-
sée sur l'alcool ordinaire
C'H’ O? + 2 HI = C'H’ + P + H°0°;
» 2° Les alcools polyatomiques (avec réductions intermédiaires), d’après la
réaction totale suivante, réalisée sur la glycérine,
C‘HSO° + 6HI = C'H’ + 31° + 3H° O°.
: II. Éthers.
» 1° Les éthers dérivés d’hydracides sont changés en hydrures, ce qui a été
-Yérifié sur les corps suivants :
: 94..
(714)
» Éther iodhydrique C* H*I, changé en hydrure d’éthylène, C'H°;
» Éther allyliodhydrique C°HSI, changé en hydrure de propylène,
C'H;
» Iodure d’éthylène (glycol diiodhydrique) C*H*I?, changé en C'H';
» Bromure et chlorure d’éthylène, C* H* Br? et C*H* Cl’, changés en C'H°.
» 2° Les éthers dérivés d'oxacides se dédoublent d’abord, en reproduisant
l’oxacide et un éther iodhydrique, puis l’action s'exerce séparément sur
ces deux composés.
IV. Dérivés chlorés des carbures.
‘4
» Ils sont ramenés à l’état de carbures forméniques.
» Je viens de citer des faits de ce genre pour les composés C*H°I, C°H°I,
C'H'Cl?, C'H*Br?, etc. J’ajouterai le chlorure d'éthylène perchloré, C*Cl°,
changé en hydrure d’éthylène C*H° : c’est un exemple extrême.
V. Aldéhydes.
» On obtient, comme produit principal, le carbure forménique corres-
pondant à l’aldéhyde :
» 1° Soit avec les aldéhydes normaux : ainsi l’aldéhyde ordinaire
C' H'O? + 4HI = C'H’ + 21° + H°0*;
» 2° Soit avec les acétones : ainsi l’acétone ordinaire
C'H°O?+ 4HI = CH + 21° + H°0°.
» Le carbure normal est accompagné, dans ces réactions, par de petites
quantités de carbures homologues inférieurs, et peut-être même supérieurs,
produits par des réactions secondaires de condensation polymérique et de
dédoublement.
VI. Acides.
» L'action de l'acide iodhydrique sur les acides organiques est la plus
remarquable de celles que j'ai citées jusqu’à présent.
A ` j : A
» 1° Les acides monobasiques où acides gras proprement dits, C°H"0;;
sont changés en hydrures, par la substitution de l'hydrogène à un volume
égal d'oxygène. Ainsi l'acide acétique, C*H*0!, devient C‘H°, l'acide bu-
1 % . + À , . . , 6 À.
tyrique, C*H*O", devient CSH'°; de même l'acide propionique, C'H 0
L'acide formique, CH? 0", fait exception, étant décomposé, en présence des
acides, en eau et oxyde de carbone, avant la température de 275 degrés.
» 2° Les acides bibasiques, C?"H?-20$, sont également changés en hy-
drures, pourvu qu'ils puissent être portés, sans décomposition, à 27° degree”
(715)
au contact de l’hydracide. Ainsi l’acide succinique, C*H°O", fournit l'hy-
drure de butylène, C°H"°.
» Les faits particuliers que je viens de spécifier représentent, en général,
des transformations extrêmement nettes; la totalité des corps mis en expé-
rience éprouve le changement écrit dans l'équation. La place me manque
pour développer ici les conséquences théoriques qui résultent de ces expé-
riences. »
BOTANIQUE. — Signification morphologique des cystides. Note de M. J. nE
Seynes, présentée par M. Duchartre.
« Sur l’hyménium des Champignons basidiosporés supérieurs (Agarics,
Bolets, etc.), se trouvent des cellules qui varient de forme et de dimension
suivant les espèces, et que M. Léveillé a nommées cystides. Corda pensait que
ces cellules étaient les organes mâles; d’autres mycologues y ont vu de
simples paraphyses, comme celles qui accompagnent les organes de repro-
duction chez un grand nombre de Cryptogames.
» Dans un travail publié en1863, dont un extrait a paru dans les Annales
des Sciences naturelles (5° série, t. I), j'avais conclu, de mes propres observations
et de la critique des faits connus, que les cystides doivent être assimilés aux
organes de végétation qui se montrent à la surface extérieure de l’hyméno-
phore (stipe et chapeau); je les comparais soit aux poils, soit aux filaments
de l’anneau des Agarics. Le cystide est, disais-je, un simple appendice, ana-
logue aux phanères extérieurs dont il a la variabilité et la contingence. J'ai
été heureux de voir cette opinion acceptée et reproduite par M. de Bary
dans la Morphologie et Physiologie des Champignons qu'il vient de publier
(Handbuch der physiologischen Botanik, tome I, 1866, page 172). «Les faits
» connus, dit-il, autorisent pleinement à ne voir dans les cystides que des
» productions pileuses d’un ordre particulier; beaucoup de cystides ont en
» effet justement la forme de poils cylindriques ordinaires. »
» J'apporte pi une preuve nouvelle à l'appui de cette maniere
de voir.
» Chez quelques ro les cystid issent coiffés d'une sorte d'appen-
dice de forme irrégulière, plus ou os jaunâtre, ayant parfois l'aspect
d’une membrane très-chiffonnée.
» L’Agaricusrimosus, Bull. , espèce tnég-répandne dans les prés de l’Europe,
m’ avait toujours présenté cette particularité; J'ai cherché à en connaitre la
cause, et jai FORSeEtÉ l'automne dernier de nombreux échantillons de cet
aric.
(716)
» En faisant des coupes sur les lamelles d'exemplaires jeunes avant leur
entier épanouissement, j'ai pu avoir des cystides à tous les degrés de déve-
loppement, et je me suis convaincu que l’appendice qui surmonte souvent
les cystides, et presque toujours chez cette espèce, n’est autre chose qu'une
substance concrétée, provenant de l’exsudation du liquide qui remplit le
cystide. Cette sécrétion est tout à fait analogue à celle que présentent les
poils soit chez des Champignons, soit chez des Phanérogames. La substance
secrétée par les cystides de l’Agaricus rimosus, Bull., a la même apparence
jaune céracée que celle qui exsude des poils de beaucoup de plantes; elle
agglutine quelquefois deux cystides opposés ou contigus. Je n’y ai jamais vu
adhérer de spores, sans doute parce que cette matière se concrète dès qu’elle
arrive à l'air au moment de l'épanouissement du chapeau, et par conséquent
avant la maturité et la chute des spores. Il est à peine nécessaire de faire
observer que cette sécrétion, d’une nature spéciale, ne ressemble en rien à
l’état visqueux des cystides, signalé par Corda sur des Champignons dont
toutes les cellules prennent cet état en arrivant au contact de l’air humide.
L’ Agaricus viscidus, L., qui présente cette viscosité, a des cystides qui sécre-
tent aussi une substance céracée jaune, se prenant en grumeaux comme celle
que j'ai observée sur les cystides de l Agaricus rimosus.
» On peut donc regarder les cystides comme de véritables poils : non-
seulement ils en présentent souvent la forme, mais ils remplissent aussi la
fonction souvent dévolue à ces organes, soit chez les Cryptogames, soit chez
les Phanérogames. On doit renoncer à voir dans les cystides un organe
mâle, ou à les considérer comme de vraies paraphyses; c’est aux cellules
appelées, chez les Basidiosporés, cellules stériles ou cellules basilaires (1)
de l’hyménium, qu’il faut attribuer la signification de paraphyses. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Note sur l'application de la photographie à la géographie
physique et à la géologie ( Aoste et le Simplon); par M. A. Civrae.
« J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l’Académie, en la priant d’en
agréer l'hommage, la huitième série de mes études photographiques sur les
Alpes. Les épreuves ont été faites dans les conditions indiquées pour les
années précédentes, c’est-à-dire en tenant horizontale la chambre noire et
RE entire te
(1) Nom très-impropre donné par Corda et qui pourrait induire en erreur sur la situation
réelle de ces cellules, qui sont dans le même rapport de position avec les basides quê les
paraphyses des Ascomycètes avec les thèques.
(717)
en prenant la même longueur focale pour toutes les épreuves d’un même
panorama (1). J'ai un peu modifié le procédé par le papier sec, ciré à la
paraffine, en supprimant dans le bain sensibilisateur le nitrate de zinc et en
augmentant de 4 la proportion de nitrate d'argent.
» Ainsi se complète peu à peu ce travail commencé en 1859, et dans
lequel j'ai été soutenu tout particulièrement par l’Académie des Sciences.
» Je me suis attaché, l’année dernière, à reproduire surtout les pics et
les glaciers des vallées de Bagne et de Cogne et les nombreux massifs de
montagnes qui séparent la Savoie et la Suisse de l'Italie, depuis le petit
Saint-Bernard jusqu'au mont Rose.
» Le travail se compose de trois grands panoramas. de deux panoramas
plus petits, et d’un album de vues de détail.
» Panoramas. — Le premier panorama est pris de la Pierre-à-Vire, à
2560 mètres au-dessus de la mer, près du Pont-Mauvoisin, dans la vallée
de Bagne. Ce panorama se compose de dix épreuves, embrasse un angle
de 266° 40’, et représente, au nord-ouest, quelques pointes des Diablerets ;
au nord, à l’est et au sud-est, les sommets de la partie orientale de la vallée
de Bagne, le mont Fort, la Rosa-Blanche, le Pleureur, le grand glacier de
Gétroz surplombant des escarpements verticaux, la Ruinette et le grand
Otemma; au sud, le cirque de glaciers fermant la vallée de Bagne et do-
minés par la chaîne du mont Colon, le mont Gelé et le mont Avril. Ces
deux derniers pics sont séparés par le col de Fenêtre, qui conduit du val
de Bagne au val Pellina, près d'Aoste. Le plus grand diamètre de ce pano-
rama est de 59 kilomètres.
» Le deuxième panorama, pris de la pointe Carrel, au sud d’Aoste, à
3150 mètres au-dessus de la mer, est formé de quatorze épreuves et. em-
brasse toute la circonférence. La vue s'étend sur une immense étendue de
pics et de glaciers que dominent les plus hautes sommités des Alpes. Le
panorama représente, au sud et au sud-ouest, la chaîne du grand Paradis et
de la Grivola, dans la vallée de Cogne, les chaînes des vallées de Rhêmes et
de val Grisanche; à l’ouest et au nord-ouest, le glacier du Ruitor, la chaine
du petit Saint-Bernard et la grande chaine du mont Blanc; au nord, le
grand Saint-Bernard, le Vélan, le grand Combin et la chaine du glacier
d'Otemma ; au nord-est et au nord-nord-est, le mont Colon, la Dent-Blanche,
le Weisshorn, le grand Cervin, les Mischäbelhôrner et la chaine du mont
(1) Comptes rendus, séances des 30 avril 1860, 22 avril 1861, 17 mars 1862, 23 mars
1863, 15 mars 1864, 3 avril 1865, 19 mars 1866.
(718)
Rose; à l’est, les montagnes des vallées d’Ayas, de Gressoney et de Val-
sesia; au sud-est, le massif du mont Émilius. Le plus grand diamètre de ce
panorama dépasse 100 kilomètres.
» Le troisième panorama, pris de la pointe septentrionale de la Bella-Tola,
à 3030 mètres au-dessus de la mer, dans le val d’Anniviers, est formé de
quatorze épreuves et embrasse toute la circonférence. Ce panorama, d’une
étendue encore plus considérable que celui du pic Carrel, représente: au nord-
est et au nord, la chaîne de l’Oberland bernois; au nord-ouest, les Diable-
. rets; à l’ouest, la Dent-du-Midi et la Dent-de-Morcles ; au sud-ouest, le Buet
et la chaîne du mont Blanc; au sud-sud-ouest, au sud et à l’est, le grand
Combin, les montagnes des vallées de Bagne, d'Hérémence, d'Hérens, d’An-
niviers, dé Turtmann, de Saint-Nicolas, de Saass et du Simplon. Les pics
principaux sont : la Ruinette, la Pigne-d’Arolla, le mont Colon, le grand
Cornier, la Dent-Blanche, le grand Cervin, le Rothhorn, le Weisshorn, le
mont Rose, le groupe des Mischabel, le Balferinhorn, le Weissmies, le
Fletshhorn et le monte Leone; entre ces deux derniers passe la route du
Simplon. Le plus grand diamètre de ce panorama est de 124 kilomètres.
» Le quatrième et le cinquième panorama sont tous deux pris du même
point du Staldhorn, en face de l’hospice du Simplon, à 2500 mètres au-
dessus de la mer. Chacun d’eux est composé de quatre feuilles et embrasse
un angle de 106°40’. Le quatrième représente la chaîne de l'Oberland
bernois, du nord-ouest au nord-est; les principaux sommets sont : le Bietsch-
horn, le Gross-Nesthorn, la Jungfrau, l’Aletschhorn, le Finsteraarhorn et:
l'Oberaarhorn. Le cinquième représente de l’est au sud le développement
de la route du Simplon, au-dessous du glacier de Kaltwasser, du monte
Leone et du Schonhorn.
» Vues de détails. — Les vues de détails comprennent : la vallée de Bagne,
prise de différents points ; les escarpements du Pleureur ; l’étranglement de
la vallée au Pont-Mauvoisin ; l'hôtel et les roches polies, mamelonnées el
striées; l'emplacement occupé par le lac de 1818 (la Dranse eut à cette
époque son cours interrompu par les avalanches du glacier de Gétroz et du
Tournelon blanc, forma un lac immense et causa une inondation formi-
dable qui s’étendit jusqu’au lac de Genève); les éboulements du glacier de
Gétroz, les glaciers de Chanrion, le grand Otemma, le mont Gelé, le mont
Avril, le glacier de Durand et la source de la Dranse; le grand Combin;
le petit Combin, le mont Blanc de Cheilhon, la Ruinette, le Pleureur, etc: ;
le cirque de Comboë, au sud d’Aoste; les anciennes moraines des glaciers du
mont Emilius; le mont Émilius, la pointe Carrel, les pics de la vallée de
( 719 )
Cogne, la vallée d’Aoste et le grand Combin, etc.; la val d'Anniviers, la
Pierre des Druides, le col de Lona, les becs de Bosson, le pic de Sorre-
bois, etc.; la route et le col du Simplon, une des galeries de la route, le
glacier de Kaltwasser, le monte Leone, le Schonhorn, les roches polies,
mamelonnées et striées, l’hospice, le Fletschhorn, la route près du village
du Simplon, le glacier de Rossboden, etc.
» La direction de l’axe optique de l'instrument est indiquée sur chaque
épreuve. »
PHYSIOLOGIE. — Sur l’action du sulfate de quinine chez les grenouilles. Note de
M. Jorver, présentée par M. Ch. Robin.
& Dans la séance du 4 mars, M. Eulenburg a présenté à l'Académie les
conclusions d'un travail sur l’action du sulfate de quinine chez les gre-
nouilles. Soupconnant une cause d’erreur dans les expériences de cet au-
teur, j'ai entrepris, de mon côté, quelques recherches pour en contrôler
l'exactitude.
» De mes expériences, je crois pouvoir tirer les conciusions suivantes :
» 1° Les injections hypodermiques de sulfate de quinine, faites sous la
peau des pattes postérieures, ne produisent pas les effets des injections
faites sous la peau du dos (comme c’est le cas dans les expériences de M. Eu-
lenburg) dans le même temps, ni même dans un temps beaucoup plus long
et à doses égales. |
» 2° Les phénomènes observés à la suite des injections de sulfate de qui-
nine, sous la peau du dos, dans les expériences de M. Eulenburg, ne sont pas
les effets d’une substance toxique en circulation dans le sang, après absorp-
tion. Ces phénomènes sont le résultat d’une action locale, en rapport avec
la perte rapide d’irritabilité que le sulfate de quinine fait éprouver aux
muscles au contact desquels il arrive. L'arrêt des cœurs lymphatiques
et des mouvements respiratoires d’abord, et du cœur en dernier lieu, qui
exprime l’ordre de succession des phénomènes observés à la suite de lin-
Jection sous le dos, indique aussi l’ordre suivant lequel les organes sont
atteints par la substance, par union et imbibition.
» 3° Il n’est pas exact de dire que le sulfate de quinine paralyse d’abord
les centres réflexes dans la moelle épinière, puis ceux de sensibilité et des
mouvements volontaires dans le cerveau, puisque, tant que les mouve-
ments spontanés persistent, on peut constater l'existence des mouvements
réflexes, en se plaçant dans des conditions convenables. »
C. R., 1867, 1°" Semestre. (T. LXIV, N° 45.) 95
( 720 )
PHYSIOLOGIE. — Influence spéciale des aliments sur le système nerveux.
Note de M. J. Rammossow, présentée par M. Blanchard. (Extrait.)
« Mes expériences sur les aliments, que je vais exposer très-succincte-
ment, m'ont conduit aux conséquences suivantes :
» 1° Il ya des aliments qui agissent spécialement sur les nerfs du mou-
vement, et des aliments qui agissent spécialement sur les nerfs de la sensi-
bilité,
» 2° Les aliments qui agissent spécialement sur les nerfs du mouvement
influent anssi spécialement sur l'intelligence, et les aliments qui agissent
spécialement sur les nerfs de la sensibilité influent de même spécialement
sur les sentiments.
» Il y a des aliments qui agissent en même temps sur les nerfs du mou-
vement et sur ceux de la sensibilité, et par conséquent influent sur l'intel-
ligence et sur les sentiments. Chaque aliment occupe une place intermé-
diaire entre ceux qui agissent le plus, soit sur les nerfs du mouvement,
soit sur ceux de la sensibilité.
» Je suis arrivé à ces notions par nombre d'expériences que j'ai faites
avec le plus grand soin et pendant plusieurs années.
» Pour m’assurer que ce qui se passait en moi, n’était pas purement
personnel, mais général, j'ai questionné un grand nombre de personnes
qui, parleur régime, par leur position, pouvaient éclairer mes expériences,
et je me suis ainsi convaincu que les principes que je viens d'émettre étaient
bien des lois physiologiques et psychologiques; car toute personne, dans
des circonstances analogues, éprouvait plus ou moins les phénomènes sur
lesquels ces principes reposent, et dont ils ne sont que la formule générale.
-» Ne pouvant ici raconter en détail toutes les expériences que J'ai faites
sur ce sujet, je me contenterai d'exposer très-succinctement celles qui
ont rapport à deux aliments qui agissent d’une manière bien tranchée, l’un
sur les nerfs du mouvement et sur l'intelligence, l’autre sur les nerfs de la
sensibilité et sur les sentiments : le café et le vin.
» Je mai rien négligé de ce qui pouvait me permettre d’étudier les phé-
nomènes dans toute leur netteté; je n'ai pris, pendant plusieurs jours de
suite, que l'aliment que je voulais expérimenter, par exemple du pain et du
café, du pain et du vin, du pain et du thé, etc.; j'ai passé plusieurs fois depuis
mon repas du soir, non pas jusqu’au lendemain, mais jusqu’au surlende-
main, c'est-à-dire près de quarante heures, sans prendre aucune nourri-
Li
(ap)
ture, ni solide, ni liquide, si ce n’est quelques boules de gomme, afin
d’avoir l'estomac complétement vide, et pour que leffet de Paliment que
j'allais expérimenter ne fùt pas neutralisé par des influences contraires.
» Sije prenais une certaine quantité de café fort, lentement, par petites
gorgées, je sentais à l'instant même s’opérer dans moi un changement sur-
prenant. Mes sentiments s’éteignaient, et mon intelligence prenait un déve-
loppement inaccoutumé. Je cessais d’être communicatif; je devenais froid,
maussade, en un mot je prenais un caractère et des instincts tout contraires
à ceux que j'ai naturellement. En revanche, mon intelligence travaillait
sans peine et presque malgré moi.
» Si je restais longtemps dans cet état, mon esprit ne pouvait plus pro-
duire, mais il était toujours agité, ainsi que mon corps; si je voulais dor-
mir, je ne pouvais arriver qu’à une espèce de somnolence dans laquelle je
ne perdais pas la conscience de moi-même; en un mot, je n'étais plus que
mouvement et intelligence, quoique mes pulsations fussent très-faibles et
que leur nombre eùt diminué.
» Si je prenais alors un peu de nourriture avec du bon vin, le calme
revenait, comme par enchantement, je sentais que toutes mes forces pre-
naient une nouvelle direction et se transformaient en sensibilité et en sen-
timents; et si je repassais ce que j'avais écrit ou pensé sous l'influence
spéciale du café, j'étais étonné d’avoir eu des pensées d’un caractère aussi
particulier; cependant, lorsque je les avais écrites, elles m'avaient paru
toutes naturelles.
» J'ai également étudié sur moi-même l'influence spéciale du vin, ce
que je pouvais faire en restant bien loin de l'ivresse, en conservant com-
plétement mon sang-froid; pour cela il suffisait que je fisse prédominer le
vin dans mon alimentation , ce qui est assez facile quoiqu’en en prenant en
quantité peu considérable : il suffit de commencer les expériences lorsque
l'estomac est vide, et de les continuer pendant plusieurs jours en ne prè-
nant autre chose que du pain et du vin.
» En usant ainsi du vin pur et de bonne qualité, jai pu constater de
nouveau ce qui se passait en en prenant immédiatement après le café, dans
l'expérience précédente; mais les phénomènes s’exagèrent, l'esprit s’obs-
Curcit, au point d’être embarrassé pour les moindres choses ; on ne peut
saisir les rapports les plus simples; on craint de froisser les autres sans s’en
apercevoir; c’est tout le contraire de ce qui se passe sous l'influence spé-
ciale du café. Cependant, si dans cette disposition l’on est sous l'influence
de quelque mauvais sentiment on le sent avec intensité, on est porté à le
95..
(722)
manifester sans transition. L'influence du vin continuant, on devient lourd,
somnolent, porté au repos; l'intelligence cesse d’agir ; en un mot, l’on n’est
plus que sensibilité et sentiment.
» Il y aurait donc non-seulement influence sur les nerfs locomoteurs et
sur les nerfs de la sensibilité, sur l'intelligence et sur les sentiments, mais
aussi transformation des forces physiques et des forces morales, sous l'in-
fluence des aliments. |
» Ces expériences nous conduisent aux deux lois que j'ai énoncées en
commençant. T
» Il est facile de prévoir les conséquences de ces lois en physiologie, en
hygiène, en pathologie, en thérapeutique, en psychologie, etc.
» On peut citer des faits qui, en apparence, peuvent contredire les ob-
servations précédentes, mais qui au fond les confirment, si l’on a soin de
tenir compte de toutes les circonstances. Si l’on ne veut être induit en
erreur, il faut tenir compte des dispositions particulières dans lesquelles on
peut se trouver, dans le cas où elles pourraient modifier les phénomènes
que l’on remarque lorsque l’on étudie spécialement un aliment comme je
lai fait.
» C’est principalement les actions si différentes de ces deux aliments, le
vin et le café, qui m'ont conduit à constater qu’il y avait des aliments qui
agissaient spécialement sur les nerfs du mouvement et sur l'intelligence, et
d’autres sur les nerfs de la sensibilité et sur les sentiments. Des expériences
variées sur des aliments de toute nature ne m’ont ensuite laissé aucun doute
sur les lois que j'ai énoncées.
» Quelques personnes feront peut-être observer que je fais de l’activité
nerveuse l'intelligence et de la sensibilité le sentiment; il n’y a rien dans
mes observations qui tende à cela; je ne fais que constater une influence
du physique sur le moral, et personne ne conteste cette influence. »
TOXICOLOGIE, — Expériences sur l’absorption cutanée; par M. Cu. Horemans.
(Extrait. )
«_-... La fièvre ou la poussée thermale ne se déclarant toujours qu’après
un nombre plus ou moins prolongé de bains, et n’étant, comme on sait,
que l'effet d’une absorption lente et continue, par la peau, de quelques-uns
des principes les plus actifs des eaux minérales, j'ai pensé qu'en me plaçant
dans les conditions d’un malade soumis pendant plusieurs jours à un trai-
tement thermal, j’arriverais à jeter un jour nouveau sur la question si COn-
troversée de l'absorption cutanée.
(723)
» Les matières sur lesquelles mes expériences ont porté sont : la digitale,
l’iodure de potassium et le chlorure de sodium.
» Pendant plusieurs semaines, mais avec des intervalles de deux à quatre
jours, j'ai pris des bains composés avec ces substances, et après chaque
bain, j'ai eu le soin de laver tout mon corps, avec de l’eau ordinaire tiède.
Cette précaution était indispensable, car tout le monde sait que la peau
absorbe facilement certaines poudres trés-ténues et les transporte dans le
torrent circulatoire, comme si elles étaient délayées dans un corps gras.
Les nombreux empoisonnements relatés dans tous les anciens Traités de
toxicologie et les accidents fréquents que la médecine a tous les jours
l’occasion d'observer dans les fabriques de produits chimiques, par le sé-
jour des ouvriers dans des atmosphères chargées de poussières délétères,
ne sont plus l’objet de doutes. Enfin, pendant tout le temps de mes expé-
riences, mon épiderme n’a présenté aucune écorchure pouvant amener une
absorption ou plus prompte ou spéciale.
» 1° Pendant quarante-quatre jours, j'ai pris seize bains composés cha-
cun, pour 300 litres d’eau, de 250 grammes de feuilles de digitale. Aprés
le troisième bain seulement, j'ai commencé à ressentir un malaise particu-
lier, propre à l’action du médicament, en même temps que mon pouls su-
bissait un ralentissement de 4 à 5 pulsations par minute, et cet état a
persisté pendant plusieurs heures. Au huitième bain, le malaise a augmenté
et mon pouls, qui à l’état ordinaire était à 68 pulsations, n’en a plus
accusé que 61. Enfin, après le seizième bain, mon pouls était descendu à
48 pulsations à la minute. Donc, l'absorption des principes actifs de la
digitale avait eu lieu, mais d’une manière lente et progressive.
» 2° Tous les trois jours, pendant un mois et demi, j'ai pris un bain
dans lequel j'ai ajouté 5o grammes d’iodure de potassium. A partir du
Cinquième bain, j'ai reconnu sans peine la présence de l’iodure de potas-
sium dans mon urine, et cet état a même persisté douze jours après tont
traitement. Évidemment, si l'absorption avait été lente à se produire,
l'excrétion se faisait non moins lentement.
» 3° D’après des dosages répétés pendant quatre jours de suite, mon urine
du jour et de la nuit contenait en moyenne des chlorures correspondant
à 28,15 de chlore par litre de liquide. Je me suis soumis pendant un mois,
tous les trois jours, à une série de bains composés avec 5 kilogrammes de
sel marin. Après le troisième bain, la dose du chlore dans mon urine était
déjà de as" ,58; après le septième bain, elle s'élevait à 25,98, et enfin, après
mon dixième et dernier bain, elle était de 35,47 : d’après cela est-il pos-
( 724 )
sible de nier l'absorption des chlorures par la peau, lorsque les malades
sont soumis à l’action, soit des bains minéraux, soit des bains de mer?
» Ces expériences, que je poursuis avec d’autres matières organiques et
avec des sels minéraux, m'amènent aux conclusions suivantes : 1° les agents
chimiques et autres, dissous dans Peau, pénètrent très-l rit, mais
d’une manière manifeste, dans l’économie par la voie du tégument externe,
et c'est seulement lorsque le sang et les autres liquides en sont saturés, que
l'organisme les rejette au dehors; 2° tous les agents médicamenteux ne
sont pas absorbés par la peau au même degré; 3° les résultats contradic-
toires obtenus jusqu'ici proviennent uniquement de ce que les expériences
n’ont pas été poursuivies pendant un temps assez long. »
M. J. Suvra adresse un Mémoire écrit en anglais et accompagné de
Jièces à l’appui, sur la présence de l’ozone dans l’atmosphère.
pp%™, p
L'auteur pense que les différences données par les observations ozonomé-
triques dans les diverses circonstances sont dues, non point à une abon-
dance plus ou moins grande de l'ozone dans l'air, mais à un renouvellement
plus ou moins rapide de l'air lui-même.
M. BacazocLe adresse de Bucharest plusieurs Mémoires imprimés en fran-
çais, relatifs à diverses questions de Mathématiques ou de Physique, et dont
il indique succinctement le contenu.
M. Faucoxner demande l'autorisation de retirer un travail adressé par
lui le 27 mai 1866, comme pièce de concours pour le prix Bréant.
On fera savoir à l’auteur que ce travail, ayant fait partie des pièces pré-
sentées pour un concours sur lequel la Commission a fait son Rapport, doit
être conservé au Secrétariat. Il pourra d’ailleurs en faire prendre une copie,
s’il le désire.
A 5 heures, l’Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures et demie. E. D.B.
( 935)
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE,
L'Académie a reçu, dans la séance du 18 mars 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Les potasses et les soudes de Stassfurt (Prusse et Anhalt); par M. L. JOULIN
Paris, 1866 : br. in-8°. (Présenté par M. H. Sainte-Claire Deville.)
Les établissements industriels t l'hygiène publique; par M. C. LADREY.
Paris, 1867; in-8°.
` Nouveau Dictionnaire de Médecine et de Chirurgie pratiques, publié sous
la direction du D" Jaccoup. T. VI, CAB-CHAL. Paris, 1867; in-8° avec
figures.
Des engrais alcalins; par M. L.-H. DE MARTIN. Montpellier, 1867;
broch. in-8°.
Supplément à la pression stellaire ou Nouvelle théorie des marées; par M. C.
SALLES. Valognes, 1867; br. in-8°.
Revue semestrielle des travaux d'exploitation des mines de métallurgie et de
construction; par M. E. GRATEAU. Liége, 1865; br. in-8°.
Expériences sur les propriétés toxiques du boundou (poison d’épreuve des
Gabonnais); par MM. PÉCHOLIER et SAINTPIERRE. Paris et Montpellier, 1866;
r. in-8°.
Nouvelles observations sur les atmosphères irrespirables des cuves vinaires. —
Deuxième Note sur l'emploi agricole des résidus de sulfate de chaux provenant
de la fabrication des acides gras. — Recherches sur la densité des vins du départe-
ment de l Hérault; par M. C. SAINTPIERRE. Montpellier, 1866-67; 3 opus-
cules in-8°. (Extraits du Messager agricole.)
Descriptive... Astronomie descriptive; par M. G.-F. CHAMBERS. Oxford,
1867; 1 vol, in-8° avec planches et figures.
Comparisons... Comparaisons des étalons des mesures de longueur d’ Angle-
terre, France, Belgique, Russie, Inde et Australie, faites à la direction de l’artil-
lerie de Southampton ; par le capitaine A.-R. CLARKE, publiées par ordre du
Ministère de la Guerre.
On... Sur une collection de Vertébrés fossiles provenant des houillères de
Jarrow (comté de Kilkenny, Irlande); par M. T.-H. HUXLEY. Dublin, 1867;
(72 )
in-4° avec planches. (Extrait des Transactions de l’ Académie royale d'Irlande,
t. XXIV.)
On the... Sur l'ostéologie du genre Glyptodon; par M. T.-H. HUXLEY. 1864;
in-4° avec planches. (Extrait des Transactions philosophiques. )
On... Sur les Vertébrés fossiles des Panchet-Rocks (Bengale); par M. T.-H.
HuxLEY. Calcutta, 1865; in-4° avec planches. (Extrait des Mémoires concer-
nant le relevé géologique de l'Inde.)
On... Sur l’ Angwantibo (Aretocebus Calabarensis, Gray) du Vièux-Cala-
bar; par M. T.-H. HUXLEY. (Extrait des Proceedings of the Geological Society
of London, 1865.) Opuscule in-8°.
On... Sur l’Acanthopholis horridus, nouvelle espèce fossile de Reptile; par
M. T.-H. HUXLEY. (Extrait du Geological Magazine. T. IV, 1867; opus-
cule in-8°.
On... Sur quelques restes de grands Reptiles dinosauriens des montagnes de
Stormberg (Afrique du Sud); par M. T.-H. HUXLEY. Opuscule in-8°. (Extrait
du Geological Society.) :
On... Sur la structure de l’estomac dans le Desmodus rufus; par M. T.-H.
HuxLey. (Extrait des Proceedings of the Geological Society of London.)
On... Sur les méthodes en ethnologie et les résultats obtenus; par M. Th
HuxLey. (Lecture faite à l'Institution royale de la Grande-Bretagne, le
2 juin 1865.)
Tous ces travaux de M. Huxley sont présentés par M. Milne Edwards.
L'Académie a reçu, dans la séance du 25 mars 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Le Jardin fruitier du Muséum; par M. Decaisne, Membre de l’Institut.
88° livraison. Paris, 1867; in-4° avec planches.
Annales des Sciences naturelles. Botanique : Cucurbitacées nouvelles culti-
vées au Muséum d'Histoire naturelle en 1863, 1864 et 1865; par M. Ch.
NAUDIN, Membre de l'Institut. Paris, sans date; in-8° avec planches.
Annales des Sciences naturelles. Botanique : Cucurbitacées cultivées au Mu-
séum d'Histoire naturelle en 1866 ; par M. Ch. NauniN, Membre de l'Institut.
Paris, sans date; in-8° avec planches.
(727)
Observations sur l’Argyronète aquatique; par M. Félix PLATEAU. (Extrait
des Bulletins de l’Académie royale de Belgique.) Bruxelles, 1867; br. in-8°.
Applications de la zootechnie; par M. A. Sanson. Paris, 1867; in-12.
Précis analytique des travaux de l Académie impériale des Sciences, Belles-
Lettres et Arts de Rouen pendant l’année 1865-66. Rouen et Paris, 1866;
in-8°. 1 |
Mémoires de la Société impériale des Sciences naturelles de Cherbourg. T. XIL,
2° série, t. II. Paris et Cherbourg, 1866; in-8°.
Mémoires et Compte rendu des travaux de la Société de Médecine du Havre,
1864-1865. Le Havre, 1867; in-8°.
Les Merveilles de la Science; par M. Louis FIGUIER. 10° série : le Télé-
graphe aérien. Paris, 1867; in-4° illustré.
Étude sur la géographie et la prophylaxie des teignes; par M. E.-J. BER-
GERON. Paris, 1865; in-8° avec cartes. (Renvoi au concours de Statis-
tique, 1867.)
Recueil des Actes du Comité médical des Bouches-du-Rhône. T. VI, 4° fas-
cicule, juillet à décembre 1866. Marseille, 1867; in-8°.
Jahrbuch... Annuaire de l’Institut impérial et royal de Géologie de Vienne.
1865, n° 4, octobre à décembre; 1866, n°% 1, 2,3, janvier à septembre.
Vienne, 1865 et 1866; 4 br. in-8.
Recherches hydrographiques de la mer Caspienne. Saint-Pétersbourg, 1866;
in-4° avec planches. (En langue russe.)
Nuove... Nouvelles observations géologiques sur les roches anthracifères des
Alpes; par M. A. SisMonpa. Turin, 1867; in-4°. (Présenté par M. Elie de
Beaumont. )
E nica reçu, dans la séance du 2 avril 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
- Direction générale des Douanes et des Contributions indirectes. T ableau
général des mouvements du cabotage pendant l'année 1865. Paris, 1866;
in-folio.
Détermination des longitudes, latitudes et azimuts terrestres au moyen des ob-
servations faites au cercle méridien n° II de Rigaud en 1864; par M. A.-J.
YVON-ViLLARCEAU. Paris, 1867: in-4°.
C. R. 1867, 1er Semestre, (T. LXIV, N° 45.) 90
`
(738 )
Détermination astronomique de la longitude et de la latitude de Dunkerque
en 1862; par M. YVON-VILLARCEAU. Paris, sans date; in-4°.
Déterminations astronomiques des longitudes, latitudes et azimuts terrestres
en 1863; par M. YVON-VILLARCEAU. Paris, sans date; in-8°.
(Ces trois ouvrages, extraits des Annales de l'Observatoire impérial de .
Paris, t. IX, sont présentés par M. Le Ver rier et renvoyés à la Section de
Géographie et Navigation.)
Observation des plaques des navires cuirassés et des coques en fer par l'appli-
cation directe d’un doublage en cuivre ; par M. F.+L. ROUX. Paris, 1866; in-8°
avec planches. (Présenté par M. ľ Amiral Pàris.)
Notice sur la baie du Pei-ho dans te golfe de Pe-tche-li; par M. S. BOUR-
GOIS. Paris, sans date; br. in-8° avec cartes et plans. (Présenté par M. l'Ami-
ral Pâris.)
Etude pratique sur l’hydrothérapie ; par M. Paul DELMAS. Paris, 1867;
in-8°.
Société médico-chirurg gicale des hôpitaux et hospices de Bordeaux. Discussion
sur la mortalité des nourrissons en France. Bordeaux, 1867; in-8°.
De l'antagonisme dans les maladies; par M. le D" A. LECADRE. Le
Havre, 1867; in-8°.
Notice sur l'appareil à piquer, marbrer et dresser MR les bou-
teilles ; par M. BALLY. Faymoreau, 1867; opuscule ivn- Re
Leçons de clinique chirurgicale professées à l'Hôtel-Dieu de das pur
M. A. DESGRANGES. 1® fascicule. Paris, 1867; in-8°.
Nos cruautés envers les animaux; par M. le D: H. BLATIN. Paris, 1867;
in:12. (Présenté par M. Cloquet.)
Novorum Actorum Academiæ Cæsareæ Leopoldino-Carolinæ Germanicæ
Naturæ Curiosorum*'Tomi tricesimi secundi, seu decadis quartæ tomi tertii, pars
prior. Dresdæ, MDCCCLXYV; in-4°.
La diffraction de la lumière; par M.- E. BACALOGLO. Sans lieu ni date;
br. in-8°.
Etudes sur les mouvements de l'air à la surface terrestre el dans les régions
supérieures de l'atmosphère, suivies du résumé des lois qui régissent les tempêles
el les ouragans; par M. LARTIGUE. Paris, sans date; br. in-8°.
Lettre de M. Agassiz à M. Marcou sur la géologie de la vallée de [ Amazone,
avec des Remarques de M. J. Marcou. Opuscule in-8°.
( 729 )
Le terrain crétacé des environs de Sioux-City, de la mission des Cine et de
Tekama, sur les bords du Missouri. Opuscule in-8°.
Sur divers armes, outils et traces de l’homme américain. Opuscule in-8°.
La Faune primordiale dans le pays de Galles et la Géologie californienne.
Opuscule in-8°.
(Ces quatre opuscules de M. J. Marcou sont extraits du Bulletin de la So-
ciété Géologique de France.)
Essai d’une monographie géologique du mont Sacré, par M. le D" BLEICHER.
Sans lieu ni date; br. in-8°. (Présenté par M. d’Archiac.)
Recherches géologiques faites dans les environs de Rome; par M. le D" BLEI-
CHER. Colmar, sans date; in-8°. (Présenté par M. d’Archiac.)
The nautical... Almanach nautique et éphémérides astronomiques pour 1870,
avec un Appendice contenant les éphémérides des planètes Cérès, Pallas, Junon,
Vesta et Astrée. Londres, 1866; in-8°.
Proceedings... Comptes rendus de l Institution royale de la Grande-Bre-
lagne, t. IV, 7° et 8° parties, n°% 43 et 44. Londres, 1866; 2 brochures
in-8°,
Description... Description d'un chronographe adapté à la mesure des varia-
lions de vitesse d’un corps en mouvement dans l'air; par M. F. BASHFORTH.
Londres, 1866 ; br. in-8°.
Almanach... Almanach de l Académie impériale des Sciences de Vienne,
16° année, 1866. Vienne, 1866; in-r2.
Uber... Sur l'action pathologique d'une augmentation d’acide carbonique
dans le sang; par M. H. HERZOG. Pesth, 1867; br. in-8°.
Disertazione. Dissertation sur le choléra-morbus; par M. S. FENICIA.
Bari, 1867; br. in-8°.
Commissao.. Commission géologique du Portugal. Études géologiques. Des-
cription du terrain quaternaire des bassins du Tage et du Sado; par M. C. Ri-
BEIRO, avec la version francaise par M. DALHUNTY. Lisbonne, 1866; in-4°
avec planches. (Présenté par M. d’Archiac.)
Memoria... Mémoire sur les injections sous-cutanées; par M. C. MAY
FIGUEIRA. Lisbonne, 1867; in-4°.
( 730 )
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES RECUES PAR L'ACADÉMIE PENDANT
LE MOIS DE MARS 1867.
Annales de Chimie et de Physique; par MM. CHEVREUL, DUMAS, PELOUZE,
BOUSSINGAULT, REGNAULT; avec la collaboration de M. WURTZ; mars
1867; in-8°. |
Annales de l’ Agriculture française ; n° 4, 18673 in-8°.
Annales de la Société d' Hydrologie médicale de Paris; nempe rendus des
séances, 6° livraison ; 1867; in-8°.
Annales des Conducteurs des Ponts et Chaussées ; janvier 1867; in-8°.
Annales de la Propagation de la foi; mars 1867; in-12.
Annales du Génie civil; mars 1867; in-8°.
Bulletin de l’Académie impériale de Médecine; n° des 28 février et
15 mars 1867; in-8°.
Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse ; février et mars 1867; in-8°.
Bulletin des séances de la Société impériale et centrale d’ Agriculture de France;
n° 2; 1867; in-8°.
Bulletin de la Société d’ Encouragement pour l industrie nationale; janvier
1867; in-/°.
Bulletin de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la
4° trimestre 1866; in-8°.
Bulletin de la Société de Géographie; février 1867; in-8°.
Bibliothèque universelle et Revue suisse, Genève, n° 110, 1867; in-8°.
(La suite du Bulletin au prochain numéro.)
Sarthe,
ERRATUM.
(Séance du 25 mars 1867.)
Page 663, ligne 13, au lieu de M. J.-P. Revollat, lies M. T.-P, Révellat.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 8 AVRIL 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE,
M. zx Présingxr annonce à l’Académie que le tome XXIX de ses Mé-
moires, formant le second volume de la « Théorie du mouvement de la
Lune » de M. Delaunay, est en distribution au Secrétariat.
MARINE. — Note sur un trace-roulis et sur un trace-vaque, inventés
par MM. Pinis père et fils.
« Le roulis des navires sur une- mer agitée a depuis longtemps occupé
les savants, et jusqu’à présent leurs travaux ne sont pas arrivés à un résultat
pratique. On ne sait pas encore en prévoir l'étendue ou la vivacité,
ni établir de règles probables pour obtenir des navires peu rouleurs.
Ily a donc de grandes difficultés dans l’étude de cette question, à laquelle
les bases pratiques et même les mesures semblent avoir manqué.
» Les constructions ont subi de grands changements sans qu'on en ait
bien connu les résultats; les côtés des navires sont devenus verticaux et
n'ont plus suivi leur ancienne courbe rentrante, et si l'opinion a été en
général qu’il en est résulté une augmentation notable des roulis, aucune
mesure n’est venue montrer les vraies suites de ces modifications. Il en a
C. R., 1867, 1er Semestre. (T. LXIV, N° 14.) 97
( 732 )
été de même de celle encore plus importante d’un rapport double entre la
longueur et la largeur, et de changements dans la position des poids aussi
radicaux que la transformation des anciens vaisseaux en frégates cuirassées.
Au sujet de ce que nous nommons les qualités nautiques des navires, on
n’a rien mesuré; personne n'est revenu de la mer avec des observations
précises. Il a fallu rester dans les appréciations person nelles, l’un disant que
si un navire roule plus, c’est parce que la mer est plus dure ou plus grosse;
l’autre prétendant que la mer est semblable, plus belle peut-être, et que
les différences observées sont dues aux formes. Ceux-ci croient que la
grosseur des vagues est plus ou moins assortie au roulis naturel du navire
considéré comme pendule, et que par suite chaque bâtiment a une mer de
roulis maximum. Enfin la position des poids est invoquée à cause de son
énorme influence sur les mouvements déjà imprimés par la mer et des chan-
gements de position dans l’arrimage du navire ont produit des effets mar-
qués. Toutes les raisons alléguées sont fondées, ét chacune d'elles a son `
influence, mais on n’a aucune mesure, pas même celle de la cause générale
du mouvement, c’est-à-dire de la hauteur, et encore moins de la forme des
vagues; on ne mesure pas non plus les effets des impulsions violentes pro-
duites par les grandes ondes de l'Océan ; autrement dit, le roulis ou le tan-
gage des navires se voient, mais ne se mesurent pas.
» Il n’est donc pas étonnant qu’en présence d’une pareille lacune dans
l'étude du navire à la mer, quelques personnes aient songé à présenter des
instruments disposés pour mesurer ce qui ne l’a pas encore été, afin de tenter
de procurer quelques bases à des observations précises. On a fait des oscil-
lomètres de plusieurs sortes. Ceux en pendule ne donnent aucun résultat,
à cause de la translation de leur point de suspension : aussi, on a cherché
à obtenir des appréciations du roulis, au moyen de bâtons horizontaux,
arrangés en échelle sur le côté du navire et peints de diverses couleurs
pour être reconnus facilement. Un observateur, placé à une mire Cen-
trale, voit pendant le jour jusqu’à quel bâton l'horizon de la mer a paru
s'élever, et il en déduit l'angle du roulis; un autre agit de même en regar-
dant le côté opposé.
» M. Piazzi Smith a présenté en 1863 un gyroscope dans le genre de celui
de M. Foucault, auquel il ajoute deux arcs de cercle gradués, pour lire les
inclinaisons du navire dans les deux sens, en se rapportant à la pointe
immobile du gyroscope. M. Normand, fils du célèbre constructeur al
Havre, a fait en 1866 un instrument basé sur l’inertie d’un liquide renfermé
* à s ` í $ 4 z , š
dans une sphère dont les parois, polies à l’intérieur, n’exercent pas d'in
’
(733 )
fluence sur le liquide, tandis que la sphère elle-même tourne ou change de
‘position; un léger pendule, plongé dans le liquide, se trouve conserver sa
verticalité; de sorte que les inclinaisons du navire sont lues sur des arcs
gradués, sur la surface transparente du haut de la sphère.
» On n’a ainsi que les angles extrêmes, mais non les périodes de vitesse ou
de ralentissement qui, dans toutes sortes de mouvements irréguliers, ont
cependant leur importance. On ne peut savoir, par exemple, si le navire
roule dur ou d'une manière douce, ni quels sont les rappels qui fatiguent
la charpente et la mâture. On ne connaît pas non plus la hauteur ou la
forme des vagues qui ont produit les mouvements extrêmes observés.
» Nous sommes donc bien loin, en marine, d’avoir des instruments
comme les dynamomètres du général Morin, ou l'indicateur de Watt, qui,
dés le principe, a fait connaître toutes les fonctions occultes de la vapeur.
J'ai donc pensé qu’il était de quelque utilité de tenter d'approcher de ces
procédés remarquables d'analyse pratique, en faisant construire les instru-
ments que J'ai honneur de présenter à l’Académie et dont les circonstances
du service m'ont fait retarder l'exécution depuis 1860. Il a fallu même que
la présence de mon fils, occupé à la révision des cartes de la côte de France,
me ramenàât, au bout de quatre ans passés dans la mer du Sud, un obser-
vateur qui püt tirer parti de ces vieilles idées. Mais venons-en aux in-
struments.
» Le trace-vague (PI. I) se compose d’une perche-de sapin, longue de
11%,60, chargée en bas de 29 kilogrammes de plomb enroulé pour présenter
moins de surface; quand la perche flotte debout, il en reste 2",50 au-dessus
du niveau en eau calme. Un flotteur en liége et chêne superposé, de 0®,30 de
diamètre, glisse librement le long de la perche passée dans un trou central;
des guides le maintiennent horizontal. Si la perche flotte sur une mer agi-
tée, on voit qu’elle est immobile, parce que les déplacements accidentels, en
plus ou en moins, de l’eau qui monte ou descend, ne produisent pas un effet
assez grand ni assez durable pour vaincre l'inertie de la perche qui, pour
conserver cette propriété, doit être naturellement d’autant plus longue que
la mer mesurée est plus grosse; c’est une application de l'inertie, comme
dans la canne hydraulique. Les choses étant ainsi disposées, on voit le
flotteur monter et descendre le long de la perche dont les graduations
pourraient faire apprécier les mouvements de la mer; mais il n’y en aurait
aucune trace écrite : aussi j'avais pensé à des renvois et à des engrenages
dont le poids et l’inertie auraient empêché tout bon résultat, si mon fils
n'avait eu l’idée d'employer le caoutchouc, dont l'allongement uniforme
LIL
( 734 )
Résultat des mesure
des vagues et des roulis.
( 735 )
Longueur du
DIRECTION
POIDS EXISTANT A BORD du
TEMPS ET VENT. et COURANT. CANOT
LEUR ARRIMAGE. i par rapport
au vent
1. T couvert et à grains, JB-inégale de S.O., mer 5h , |
0 l'armement, le canot mâté J
os e e et tourmentée, pluie dans les! 525 kil. de pes pag or as au fond ?! Courant de flot..... | En sais
2i parkaa TA ARET Mêmes dispositions. ...... arbitre di 3 de nœud environ...... Debout..….|
3. PB mollissant, mer inégale et tourmentée) Mêmes dispositions, gueuses sur les bancs) Dans ri a direction} py travers..
tombant de plus en plus. ..... .....,... à-bord sS que le vent...........
Antpa oan ea ADLE anA A astro ati AE SE 70 En travers..
go]
à RS A | Debout..
E ET E T CR to rwoo 2 | nn nome ie
8 |
© travers,
6. Beau temps presque calme, fraicheur de N.O ‘© | Sur les bancs en à-bord......:.. À m
F | Petit flot peu sensible
7 o En En travers.
PSS ne RD PE s...| 2 À Au fond au milieu, .............
Z En travets.
8. T à grains, JB inégale ďd’O.N.O. ........., È E Sur les bancs en à-bord..........
#
= : ; ' |
9 S EA Bon courant de flot! En travasi |
i ï SELE AT EE 5 ESS hs Sur les bancs au milieu.......... (i nœud +J.. eene
S r s
10 Ef di Debout."
értérasete Re AS Em ee & | Sur les bancs au milieu,.........
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£ u près dans la vergi En travers.
EE E E St St re S | Suspendu à l'extérieur... ........ A pow PET que le vent
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z Debout.
12. La brise mollit et passe à l'O... HER pas “| Suspendu à l'extérieur. .-.... -.| +." ve
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Rat 12 HAT LS da Ë | Au fond au milieu, .............| :...:. Perros .
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14. La brise reprend et passe au S.0.......... | Au fond au milieu. ..….. ee Se Le courant mollit
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» 90.
( 736 )
permet de faire des tracés proportionnels aux distances des points d'attache,
Un tube en caoutchouc fut donc fixé au flotteur et vint s'unir à un petit
chariot conduit par des guides et portant un encrier avec une mèche de
coton en saillie; de ce chariot traceur part un second caoutchouc attaché
à une potence à coulisse pour varier la hauteur du point fixe. Si la longueur
des deux caoutchoucs est l’une de 2 mètres en bas et l’autre de 0,20 en
haut, on aura des amplitudes des mouvements du traceur qui seront
le dixième de celles du flotteur. Il ne reste donc plus qu’à conserver une
trace permanente de ces mouvements, ce qui est facilement obtenu au
moyen d'un mouvement d’horlogerie entrainant avec une vitesse régulière
une bande de papier de 12 à 15 mètres de long, qui vient présenter tous
ses points devant le traceur. Pour opérer, on met d’abord la perche à l'eau
en la tenant un peu immergée le long du canot ou du navire, on passe le
flotteur avec le caoutchouc attaché de longueur, puis on met l'instrument
sur le sommet de la perche, où il est maintenu par des crochets à ressort, et
alors il est abandonné sur les vagues. Si la perche n’est pas à son niveau
moyen, elle a un mouvement propre, que l'expérience en eau calme a
prouvé ne pouvoir durer une minute; alors on néglige le commencement
du tracé.
» Les courbes que je présente à l’Académie (PI. III) montrent combien
la forme des vagues est irrégulière, tout en ayant un caractère marqué
suivant les circonstances où elles se lèvent; ainsi, on voit que celles à l'en-
contre de la marée sont aiguës et tourmentées. Il résulte de la nature
même de l'instrument que les dénivellations sont exactement exprimées,
mais que cela ne donne pas la forme réelle, et que, suivant les vitesses du
papier, le tracé s’en éloigne ou s’en rapproche. Il a donc fallu connaitre
la longueur des vagues, en trainant un flotteur visible pour développer le
tracé, afin d'obtenir une forme qui s'approche certainement de la vérité ;
mais il n’est pas toujours nécessaire d’avoir cette forme, les hauteurs suf-
firaient pour des observations comparatives, sur les mouvements de roulis,
par exemple.
» Il est évident que l’immobilité de la perche ne saurait être complete ;
ce n'est que jusqu’à des lames de 2 mètres ou 2,50 qu’on peut l’admettre
comme telle; mais au delà le mouvement devient sensible, Mon fils l’a ob-
servée de terre avec un théodolite, pendant que la perche flottait sur une
na d'une hauteur maximum de 3™,50; il a trouvé alors un mouvement,
€ est-à-dire une erreur au moins de 10 à 12 pour 100, que d'autres obser-
vations ont aussi fait reconnaître. On peut corriger le tracé ou plutôt lin-
( 737)
strument lui-même, en l’allongeant ou en diminuant sa section à la flot-
taison ; avec 15 où 16 mètres, on aurait immobilité sur des vagues de 3",50
de hauteur verticale. ;
» Quant au trace-roulis (PL. IT), ce n’est qu’une application de la toupie;
l'aspect de l'instrument le montre clairement. C’est un anneau porté par
trois rayons obliques unis à un axe vertical, dont la pointe d'acier tourne
sur une chape d’agate. Pour la mettre en mouvement, on prend la tige entre
les coches d’une paire de ciseaux montée sur un pied fixé à la planche qui
porte tout l'appareil. Alors on enroule la ficelle comme s’il s'agissait d’une
toupie d'Allemagne, on tire progressivement, et on ouvre les ciseaux pour
rendre la toupie libre, quand elle est à peu près verticale; on attend une
minute pour le cas où, ayant été làächée obliquement, il lui faudrait le
temps de reprendre son immobilité naturelle. On a ainsi une ligne verticale
invariable, au sommet de laquelle on place un pinceau dont la pointe est
par conséquent indépendante des oscillations du navire; il suffit donc,
pour tracer tous les mouvements de celui-ci, de faire passer un papier de-
vant le pinceau; c’est ce qui est obtenu au moyen d’un mouvement d’hor-
logerie tirant un papier long d’une quinzaine de mètres, et enroulé sur un
cylindre magasin placé à l'opposé; seulement, comme le pinceau décrit un
arc de cercle, il a fallu que le papier prit une forme cylindrique, pour que
le pinceau ne le quitte pas ou ne s'écrase pas sur sa surface. C’est ce qui a
été obtenu au moyen de deux jeux d’arcs garnis de roulettes entre les-
quelles le papier passe. |
» On obtient ainsi des courbes dont la distance au milieu du papier
montre le nombre de degrés d’inclinaison à droite ou à gauche, et dont la
forme fait clairement voir si le roulis est vif ou doux : dans le premier cas,
le tracé estun zigzag de lignes droites avec leurs angles un peu arrondis;
dans le second, ce sont des ondes régulières. Nous avons fait ainsi de nom-
breuses expériences dans un canot de 7",50 avec ou sans mâture et avec
5añ kilogrammes de lest en fer, arrimé en long au-dessus de la quille, puis
de la même manière sur le milieu des bancs, placé ensuite sur les bouts des
bancs, et enfin suspendu en dehors comme les plaques d’une cuirasse. Le
trace-vague était mis à l’eau pendant les observations pour présenter des
appréciations de la mer, et chaque changement de place des poids montrait,
par des différences notables dans les lignes du trace-roulis, quelle avait été
*Son influence sur les mouvements du bateau. L’exactitude du tracé s’est
Surtout montrée lorsqu’en plaçant le lest dans diverses positions, nous fai-
Sions pendre le canot par le côté pour lui donner une inclinaison exagérée
( 758 )
et le lâcher ensuite. La toupie restait immobile, et la trace du pinceau
montrait toutes les périodes du mouvement. Il y a lieu d'observer qu'un
canot est très-peu propre à ce genre d'observations, tant à cause de son
excès de stabilité de forme que de sa petitesse, et, de plus, que la rade de
Brest, sillonnée de courants de marée, se trouve loin de présenter des
circonstances semblables. Les résultats des observations ont été groupés en
un tableau qui accompagne ce travail. Les chiffres sont les meilleurs
moyens d'appréciation que des expériences puissent fournir.
» Après avoir détaillé ces instruments, reste la question : à quoi peuvent-ils
servir? A se rapprocher, je crois, du dynamomètre et de l'indicateur de Watt,
si l’on veut observer les résultats des navires et chercher à en déduire quel-
ques règles utiles, comme on l’a fait pour le fonctionnement de la vapeur.
C’est dans cet espoir et dans l'impossibilité de pousser des expériences plus
loin, que j'ai l'honneur de présenter ces instruments à l’Académie pour
tâcher de les faire connaître et pour courir les chances de les voir utiliser. »
Le P. Secca, en présentant à l’Académie le spectroscope dont il a fait
usage dans ses recherches sur les spectres des étoiles, s'exprime comme il
suit :
« J'ai l'honneur de présenter à l’Académie le spectroscope simple avec
lequel j'ai fait les travaux que l’Académie connaît sur les spectres des
étoiles. Cet instrument consiste dans un prisme à dispersion nulle de
Hoffman, avec une lentille cylindrique de court foyer. Le prisme est
placé avant la lentille cylindrique; vient ensuite l’oculaire, muni d’un
micromètre très-simple. La seule difficulté de construction consiste à
déterminer la distance de l’oculaire à la lentille cylindrique, de sorte que
l’image focale soit à une distance commode et peu différente de la longueur
focale ordinaire de la lunette.
» J'ai l'honneur de présenter aussi à l’Académie deux planches qui re-
présentent le spectroscope composé, et les spectres réunis de quelques
étoiles fondamentales.
» La chose la plus remarquable qu’offrent ces planches, c’est la con-
cordance des lignes fondamentales de # d’Orion et de g d'Hercule. Les
lignes de y Cassiopée sont complémentaires de celles des étoiles du premier
type, de x Lyre et Sirius. »
( 739 )
MÉMOIRES LUS.
M. Trémaux lit un Mémoire concernant « la cause universelle du mouve-
ment et de l’état de la matiere ».
(Renvoi à la Section d’Astronomie.)
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
MÉCANIQUE MOLÉCULAIRE. — Réponse à une Note de M. Ath. Dupré sur la
force contractile des couches superficielles des liquides; par M. E. Lamare.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Regnault, Morin, Combes.)
a Gand, ce 2 avril 1867.
» Une Note de M. Ath. Dupré sur la force contractile des couches super-
ficielles des liquides a été insérée au Compte rendu de la séance du 18 mars
dernier (p.533). Elle renferme plusieurs assertions que je ne puis admettre,
ni laisser passer sans réponse.
>
= $ = > x
>
=x >
> =x
x
» Voici comment M. Dupré s'exprime au début :
«M. Vander Mensbrugghe vient de faire paraître une brochure dans
laquelle il attribue à M. Lamarle le mérite d’avoir, le premier, fourni
cette preuve (la preuve de l'existence d’une force contractile dans la
couche superficielle des liquides), me laissant celui de la découverte
de la cause et des vérifications expérimentales. Je ne puis accepter la
part qui mest ainsi faite, parce que le raisonnement de M. Lamarle,
quoique spécieux, est inadmissible et laisse la question dans l’état où elle
se trouvait avant sa publication. »
» M. Dupré reproduit ensuite la démonstration qu'il conteste et ajoute :
« Dans cette démonstration, c’est à tort que M. Lamarle solidifie l'un
des hémisphères ; cela le conduit à supprimer implicitement des forces
qui se font équilibre à cause de la rigidité, mais qui, dans le système réel,
tendent à déformer cet hémisphère et produisent, sur la portion zR? de
la base, des pressions = par unité de surface. La conclusion est appuyée
sur l’absence de ces pressions; elle n’est pas valable, puisqu'elles existent
C. R., 1867, 127 Semestre. (T. LXIV, N° 14.)
( 740 )
» de fait et qu’on n’a pas le droit d’en faire abstraction. Dans l’étude d’une
» distribution de forces en chaque point d’un corps, il n’est pas permis de
» rendre rigide une portion qui n’est pas séparément en équilibre, et de
» supprimer les forces qui s’entre-détruisent à cause de la rigidité, puis-
» qu'on altère ainsi la distribution réelle des forces sur la surface de sépa-
» ration, c'est-à-dire la chose même qu’il s’agit d'étudier. » |
» Un mot d’abord concernant le premier des deux paragraphes que je
viens de reproduire. D'après sa teneur, on pourrait croire que, dans la bro-
chure publiée par M. Vander Mensbrugghe, l’auteur attribue à M. Dupré
la découverte de la cause de la force contractile qui réside dans la couche
superficielle des liquides. Il men est pas ainsi. En supposant que cette
cause fût à découvrir, M. Vander Mensbrugghe n’ignorait pas qu'avant
M. Dupré je l'avais nettement indiquée, comme dérivant des effets bien
connus de l'attraction moléculaire.
» Ce point étant éclairci, j'arrive à ma démonstration. Elle s’applique à
une masse liquide soustraite à l’action de la gravité, libre d’ailleurs et affec-
tant en conséquence la forme sphérique. Les principes sur lesquels je m’ap-
puie sont les suivants :
» 1° Dans tout système de points en équilibre, on peut, sans troubler
l'équilibre, solidifier une partie quelconque du système;
» 2° Cela fait, on peut supprimer la partie non solidifiée. L'équilibre
préexistant ne sera pas troublé, si, en même temps qu’on opère cette sup-
pression, on remplace par des forces équivalentes les actions de la partie
supprimée sur la partie solidifiée.
» Lorsqu'on s’en tient, comme je l’ai dit, aux circonstances principales
du phénomène, ma démonstration n’est que l'application légitime et
rigoureusement exacte des principes précédents. Or, ces principes sont en
quelque sorte évidents, et, à moins de les,mal entendre, il me semble im-
possible de les contester. Je puis donc, en toute confiance, demander au
lecteur qu’il veuille bien rapprocher ma démonstration des objections
faites par M. Dupré. Pour peu qu’il soit au courant des questions de ce
genre, il verra que la solidification de l’un des deux hémisphères n'im-
plique en aucune façon, ni explicitement, ni implicitement, la suppression
de forces qui ne se feraient pas équilibre indépendamment de la rigidité.
Il verra de même que, dans l'hypothèse où l’on pourrait, sans erreur,
opérer comme l'indique M. Dupré, on démontrerait par là même que la
tension superficielle se réduit en réalité à zéro. 11 reconnaîtra, enfin, que
si, mettant à profit la rigidité de l’hémisphère solidifié, je transporte sur la
(748)
surface de séparation les points d'application des forces extérieures, il ne
s'ensuit pas que j'attribue à cette distribution fictive, parfaitement licite
dans l’ordre de mon raisonnement, le sens inexact admis par M. Dupré
pour justifier sa dernière objection.
» Je crois superflu d'insister davantage : il est manifeste pour moi
que ma démonstration n'est nullement infirmée par les observations de
M. Dupré. Je la maintiens donc, et avec elle les droits à la priorité que
mon honorable contradicteur me conteste.
» Une dernière remarque me paraît utile en ce qui concerne les compo-
santes tangentielles, dont Laplace ne s’est point occupé, et qui, supprimées
comme inefficaces, suivant l'expression de M. Dupré, ne permettraient
point d'arriver à la tension superficielle. Dans le cas où ces composantes
seraient considérées par M. Dupré comme constituant à elles seules la ten-
sion superficielle dont il trouve la mesure dans plusieurs de ses expériences,
je devrais faire sur ce point une réserve expresse. »
MÉCANIQUE MOLÉCULAIRE. — Expériences de vérification du théorème fonda-
mental de la capillarité. Loi des attractions au contact des corps simples; par
M. Arua. Dupré. (Partie expérimentale en commun avec M. P. Dupré.)
(Extrait par Pauteur.)
(Commissaires précédemment nommés : MM. Regnault, Morin, Combes.)
« Dans ce Mémoire, expérimental plus que théorique, je donne d’abord
la description d’un instrument imaginé par mon fils et par moi pour la
mesure du travail produit ou dépensé dans lès phénomènes magnétiques
ou électriques. Je ai nommé dynemètre, du mot dyne, que je propose pour
remplacer le mot kilogrammètre, avec lequel il est trop difficile de former
les noms des multiples et des sons-multiples. Ma maniere d'envisager le
second principe de la théorie mécanique de la chaleur rend faciles ses
applications au magnétisme et à l'électricité; toutefois, nous ne sommes
point assez avancés pour que je puisse présenter actuellement à 1 Académie
un premier Mémoire sur ce sujet intéressant. Il s’agit seulement aujourd’hui
de la vérification d’un théorème relatif à la capillarité, et qui consiste en cé
que la surface d’un liquide ne peut croître ou décroître sans qu’un travail
proportionnel à sa variation soit dépensé ou produit. C’est ce que j'appelle
le théorème fondamental, à cause des conséquences nombreuses et impor-
tantes qu’il est facile d'en déduire; notre appareil, qui tient à la fois du
pendule et de la balance, nous a permis, pour le liquide glycérique de
98..
( 742 )
M. Plateau et aussi pour un liquide quelconque non réductible en lames,
de constater expérimentalement la loi de proportionnalité. Nous avons pu
mesurer en outre le coefficient, qui n’est autre que la force de réunion.
Quoique le manque de ressources nous ait réduits à utiliser un instrument
en bois, garni de métal dans les points où cela est indispensable, nous avons
obtenu ce coefficient avec plus d’approximation que nous ne nous y atten-
dions, Il est hors de doute qu'après la construction d’un bon appareil par
l’un des meilleurs fabricants de balances, on mesurera dans les diverses
branches de la mécanique et de la physique les petits travaux d’une manière
directe, sans connaître leurs facteurs et sans intégration, à moins d’un dix-
millionième de dyne ou de kilogrammètre. De même qu’on emploie des
balances variées pour mesurer les poids considérables et les poids faibles, ”
il sera facile d’avoir des dynemètres appropriés aux différents cas qui pour-
ront se présenter, ce qui contribuera certainement à la solution d’un bon
nombre de questions très-importantes.
» À ce travail, j'ai Joint un supplément à la communication que j'ai faite
l’année dernière sur les attractions moléculaires d’un corps simple agissant
sur lui-même, Au moyen des valeurs connues des forces de réunion et
des attractions au contact, j'ai prouvé à cette époque que la loi des attrac-
tions est exprimée par trois termes :
» 1° Le terme astronomique, qui est tout à fait négligeable dans les cal-
culs d'actions moléculaires, et qui d’ailleurs est entièrement connu.
» 2° Le terme physique, qui devient insensible au delà d’une distance €
très-faible (1 de millimètre, par exemple) et dont on doit tenir compte
de o à £. Il est le produit de l'inverse de lPéquivalent chimique par une
fonction inconnue de la distance; mais cette fonction est la même pour
tous les corps simples.
» 3° Le terme chimique, qui devient insensible au delà d’une distance €
très-faible par rapport à s, et qui prédomine de o à £. Ce terme, auquel il
sera préférable de donner un autre nom pour le cas particulier d’un corps
simple agissant sur lui-même, était demeuré entièrement inconnu.
» J'ai réussi à faire un pas de plus dans cette voie difficile. En appli-
quant le calcul aux données physiques obtenues par les expérimentateurs
pour le fer, le cuivre, le palladium, For et le platine, j'ai obtenu les attrac-
tions au contact de ces métaux ramenés à l’unité de poids spécifique. Leur
comparaison fait voir que le troisième terme est le produit du carré de l'inverse
de l'équivalent chimique par une fonction inconnue de la distance, qui est la
même pour tous les corps simples. »
( 743 )
ZOOTECHNIE. — Réponse à une Note de M. Sanson sur l'origine tératologique
attribuée à certaines races d'animaux domestiques ; par M. C. Daresre.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Chevreul, Serres,
Milne Edwards.)
« Le Mémoire dont jai présenté un extrait à l’Académie, dans la séance
du 4 mars dernier, et dans lequel je cherchais à expliquer, par la térato-
logie, l’origine de certaines races d'animaux domestiques, a été récem-
ment critiqué par M. Sanson.
» Les objections qu’il m'adresse sont de deux sortes : les unes sont pure-
ment théoriques ; les autres portent sur un fait.
» J'insisterai peu sur les objections théoriques, car je n’y puis voir qu'une
question de mots. Si j'ai bien compris la pensée de mon contradicteur,
il attache au mot race le sens que les naturalistes ont jusqu'à présent
attaché au mot espèce ; admettre, en effet, la permanence de la race, c’est
lui attribuer le caractère de l'espèce; c’est, par conséquent, détruire la seule
barrière qui, pour les naturalistes, sépare ces deux faits. Il est vrai que
M. Sanson change aussi la notion d’espèce, puisqu'il fait de ce mot la
désignation commune d’un certain nombre de races voisines, n'ayant
entre elles que des rapports de ressemblance et non des rapports de filia-
tion : c’est-à-dire qu'il exprime par ce mot l’idée que les naturalistes expri-
ment, par celle de genre et de sous-genre.
» Or, la seule preuve que M. Sanson donne de la permanence des races
domestiques, c’est l'ignorance où nous sommes de leur origine. Il est in-
contestable que cette ignorance existe pour la plupart des races, quoiqu'’elle
n'existe pas pour toutes; que beaucoup de ces races existaient dans une
antiquité très-reculée, et que les documents historiques ne nous apprennent
rien sur leur formation. Mais le silence de l’histoire est-il une raison suffi-
sante pour nous faire voir dans ces races des faits primitifs, et non des créa-
tions de l’industrie humaine? La question mérite au moins d'être posée;
et l’étude approfondie des faits tératologiques fournira , jen suis con-
vaincu, de nombreux éléments pour la résoudre. Pour ce qui me concerne
en particulier, s’il m'arrive encore, en poursuivant mes études sur la for-
mation des monstres, de rencontrer des anomalies reproduisant exacte-
ment les caractères normaux de certaines races domestiques, je croirai faire
une induction très-légitime, comme je l'ai fait dans mon Mémoire, en attri-
buant la production de ces races à la transmission héréditaire de certains
(744)
faits tératologiques. Et je suis même tout disposé à croire que telle a pu être
aussi l'origine d’un certain nombre d'espèces sauvages.
» Je passe maintenant à l'examen d’une objection beaucoup plus grave,
puisqu'elle porte sur le fait le plus important de mon Mémoire.
» J'ai décrit, dans ce travail, un veau né d’une vache flamande, dont la
tête, par ses caractères tant extérieurs qu'ostéologiques, reproduit exac-
tement les caractères d’une race qui a existé dans l'Amérique du Sud,
Comme l'existence de cette race, produite à une certaine époque aux dé-
pens d’une race très-différente, contredit de la manière la plus formelle
les idées de M. Sanson, il a pris le parti de la nier. Le débat entre nous se
trouve donc limité dans la question suivante : A-t-il existé, oui ou non,
dans l’Amérique du Sud, une race bovine présentant les caractères du veau
que j'ai décrit dans mon Mémoire? |
« Il n’y a qu'une manière de répondre à cette question : c’est de citer
textuellement les témoignages sur lesquels repose le fait de lexistence de
cette race aujourd’hui disparue.
» M. Lacordaire (Revue des Deux Mondes du 15 mars 1833, p. 589), après
avoir parlé de la race bovine que l’on élève dans les pampas, ajoute :
« Il existe, en outre, une variété constante qui se distingue de la race ordi-
» naire par une taille moins élevée, des formes plus trapues, et surtout par
» la tête, qui est ramassée, avec un mufle en quelque sorte écrasé. On ap-
» pelle un bœuf de cette espèce niato, camard. Quelques personnes ont
» voulu faire de cette variété une race distincte; mais comme on connaît
» très-bien l’époque à laquelle le bétail a été introduit dans les pampas et
» le nom des individus qui en amenérent pour la première fois quelques
» têtes du Brésil, il ne peut y avoir aucun doute à cet égard. »
» M. Darwin parle également de cette race dans son voyage de circum-
navigation : « J’ai eu l’occasion de rencontrer deux fois dans cette province
» (Buenos-Ayres) des bœufs d’une race très-curieuse, appelée nata
» Ou niata..... Don F. Muniz de Luscan a eu la bonté de me donner
» tous les détails qu’il a pu recueillir sur cette race. D'après Ini, il parait
» qu'il ya quatre-vingts ou quatre-vingt-dix ans ces animaux étaient rares
» et regardés comme des curiosités à Buenos-Ayres. Tout le monde croit
» que la race est originaire du sud de la Plata... La race est très-bien
» assise, et un taureau niata et une vache niata produisent invariablement
» des veaux niata. Un taureau niata avec une vache ordinaire, ou le croi-
» sement contraire, produisent des descendants ayant un caractère inter-
» médiaire, mais dont les caractères niata sont très-développés. D’après le
(745 )
»: señor Muniz, il est de toute évidence, contrairement à la croyance
» commune d'agriculteurs dans des cas analogues, que la, vache niata,
» croisée avec un taureau ordinaire, transmet ses parti $s d’une
». manière plus marquée que le taureau niata lorsqu'il est croisé avec
» une vache ordinaire. » (DARWIN, Journal of Researches, etc., 1852, p. 145.)
» Je sais bien que l’on oppose à ces témoignages celui de M. Martin de
Moussy, qui est ainsi conçu : « Je viens de parcourir dans tous les sens le
» territoire de Buenos-Ayres . .... Je mai jamais entendu parler de bœufs
» derace nata. S'il y en a eu, il n’y en a certes plus : bien qu'ayant exploré
» très-attentivement toutes les estancias de quelque importance, je n’en ai
.
b
» jamais vu un seul exemple. Cette race, au surplus, n’offrirait que des
» inconvénients à être propagée, et les fermiers se seraient hâtés de la
» détruire, car leur intérêt est de produire des animaux grands, faciles à
» nourrir et s’engraissant facilement. » (Comptes rendus de la Société d’ Anthro-
pologie, séance du 16 juillet 1863, p. 582.) Or il me semble que tout ce
qu'il est permis de conclure légitimement de ces paroles, c’est que la race
niata n'existait plus à l’époque toute récente où M. Martin de Moussy visitait
la Confédération argentine, vingt ans après M. Darwin et trente ans après
M. Lacordaire. Quant à nier l'existence de cette race, quand elle est attestée
par deux naturalistes aussi éminents que MM. Lacordaire et Darwin, c'est
dépasser évidemment toutes les bornes du doute scientifique. Je persiste
donc à croire, malgré les dénégations de M. Sanson, qu'il a existé une race
niata dans l'Amérique du Sud. Toute son argumentation tombe devant ce
fait. »
M. C. Sax adresse une Note intitulée : « Mode de cristallisation du car-
bone, déterminant la formation du diamant ». Dans cette Note, l’auteur
indique la marche qu'il conviendrait de suivre, selon lui, pour obtenir le
diamant artificiel. |
(Commission déjà nommée pour des communications analogues :
MM. Pelouze, Pouillet, Balard, Delafosse, Fizeau.)
CORRESPONDANCE.
M. 1e Mruisrre pe L’Acricurure, pu COMMERCE ET DES TRAVAUX PUBLICS
adresse à l’Académie des cartes pour la séance de distribution des prix aux
lauréats du concours d'animaux de boucherie, qui aura lieu à Poissy, le
17 avril prochain, jour de l'exposition publique des animaux. ,
( 746 )
M. Le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL signale, parmi les pièces imprimées de là
Correspondance :
1° Une brochure de M. Landois, imprimée en allemand et ayant pour
titre : « Les organes de la voix chez les insectes, au point de vue de
l'anatomie, de la physiologie et de l’acoustique ».
2° Un opuscule de M. Gatien-Arnould, intitulé : « Victor Cousin, l’École
éclectique et lavenir de la philosophie française ».
GÉOMÉTRIE. — Des surfaces du second degré ayant une méme intersection.
Note de M. Aovsr, présentée par M. Le Verrier. [Suite (1).]
« V. Propriétés de la ligne d’intersection. — 21. Considérons un des quatre
cônes qui passent par la ligne E d’intersection commune des surfaces du
faisceau; si l’on mène trois plans tangents quelconques à la surface de ce
cône, ces plans coupent les différentes surfaces, chacun suivant une série
de coniques ayant quatre points communs; il existe sur chaque surface S-
du faisceau un point I tel que, si l’on fait passer par ce point et par un
point quelconque M de la ligne E d’intersection, des plans tangents à cha-
cune des trois coniques situées sur la surface S, aux points N;, Na, Ns, et
qu'on prenne, par rapport à la surface S, les puissances P,, P;, P, des
milieux des trois cordes qui joignent le point M aux points N,, Na, Ns, ainsi
que les puissances p,, pə, p: des milieux des trois cordes qui joignent le
point I aux mêmes points N,, N,, N}, il existe une relation linéaire entre
les rapports des trois premières puissances aux trois dernières correspon-
dantes, de sorte que si lon appelle a,, &,, a, trois constantes, on a
l'équation
d, 2 0 HA ON #0;
Pi P: Ps
» 22. Pour chaque surface du faisceau, combinée avec l’un des quatre
cônes, il existe une infinité de systèmes de trois coniques et d’un point tel
que I, par rapport auxquels la propriété précédente de la ligne d’intersec-
tion est satisfaite. |
» 23. Si les trois plans tangents à un des quatre cônes sont en même
temps tangents à la surface S, ce qui est toujours possible, puisque le
nombre des plans tangents communs à ces deux surfaces est égal à quatre;
les trois coniques du n° 21, situées sur la surface S, se réduisent à trois
points N,, Na, N,, les puissances Pis P2, Ps deviennent constantes, quelle
CN OT AID NII D PR RO E
(1) Poir la première Partie, p. 590.
(747)
que soit la position du point M pris sur la ligne d’intersection; il existe donc
pour chaque point de cette ligne une relation linéaire entre les puissances
P,, Pa, P; des points milieux des cordes MN,, MN., MN, par rapport à la
surface S, de sorte que, si x,, 4, 4, désignent des constantes, on a
a P, + Go Po + aP = 0.
» 24. Pour chaque surface S du faisceau, combinée avec l’un des quatre
cônes, il y a quatre systèmes de trois points, par rapport auxquels la pro-
priété précédente de la ligne d’intersection se trouve satisfaite.
» 25. Si la sphère fait partie du faisceau, et qu’on opère par rapport à
cette sphère comme on a opéré par rapport à la surface S au n° 21, les
puissances P,, P., P,; Pi, Po, Pa sont proportionnelles aux cordes corres-
pondantes MN,, MN, MN, : IN,, IN,, IN,; on a donc une relation linéaire
entre les rapports des trois premières aux trois dernières correspondantes ;
et, si l’on désigne des constantes par B,, B:, Bs, ona
MN, MN; MN,
PER USD D
» 26. Les mêmes choses étant posées que dans le numéro précédent, si
l’on opère sur la surface de la sphère comme on a opéré au n° 23 sur une
surface quelconque S du faisceau, on aura une relation linéaire entre les
distances d’un point quelconque M de la ligne d’intersection à trois points
fixes, déterminés comme on l’a indiqué au même numéro, de sorte que, si
l’on représente par ,, Y2, y; trois constantes, on a
MN, + MN, + y: MN, = 0.
Cet élégant théorème est dû à M. Darboux.
» 27. Dans le cas général considéré au n° 24, inscrivons un trièdre quel-
conque dans l’un des quatre cônes : chaque face coupe les diverses surfaces
du faisceau suivant une série de coniques ayant quatre points communs; il
existe sur chaque surface un point I tel, que si par ce point et un point M
de la ligne E d’intersection l'on fait passer des plans tangents à chacune
des trois coniques situées sur une des surfaces S, aux points N,, Na, N,, et
qu'on prenne les puissances P,, P}, P, des points milieux des cordes MN,,
MN,, MN, ,et les puissances p,, Po, pa des milieux des cordes IN,, IN}, IN,
Par rapport à cette surface, il y a une relation linéaire entre les carrés des
rapports des trois dernières puissances aux trois premières correspon-
C. R., 1867, 17 Semestre. (T. LXLV, N° 44.) 99
(748 )
dantes, et, si l’on représente trois constantes par d,, Òa, Òs, l'on a
2 2 2
Dep ge og PERS.
HP mer Pau
» 28. Si la sphère fait partie du faisceau, en opérant sur cette sphère
comme on vient d'opérer sur la surface S, on aura, d’après ce qui a été
dit au n° 95, et en représentant par &,, &, € trois constantes, la relation
— 2 Pate 2 nn.
IN, IN, IN,
OE T en Eg SO
M >
Taa œ—— 2
`
» VI. Des sphères sécantes. — 29. Lorsqu'une sphère coupe une surface
du second degré dont les demi-axes sont a, b, c, toutes les surfaces du
second degré qui passent par l'intersection, et, par suite, les quatre cônes du
faisceau, ont leurs axes parallèles (n° 13); si l’on représente par l, m, n
des quantités proportionnelles aux inverses des axes d’un de ces cônes, il
existe entre ces grandeurs et les demi-axes a, b, c les deux relations
(li) = b?(m—;1)= P(n? — 1),
de telle sorte que la forme du cône, quels que soient le rayon et le centre
de la sphère sécante, ne dépend que d’un seul paramètre.
» 30. Si l’on veut que la surface donnée du second degré contienne l'in-
tersection d’une sphère de rayon donné, mais non de position et d'un cône
de forme aussi donnée d’après les conditions du numéro précédent, mais de
position non donnée, le centre de la sphère sécante peut avoir une infinité
de positions; le lieu de ces positions est une surface du second degré 2; et
le lieu des positions correspondantes du sommet du cône est aussi une sur-
face du second degré X’; les axes A, B, C; A’, B', C' de ces deux surfaces et
les axes a, b, c de la surface donnée sont parallèles, et les rectangles des
axes correspondants des deux premières sont proportionnels aux carrés des
axes aussi Correspondants de la troisième
AA de
FE sui ca
» 31. Si, en conservant toujours la même forme au cône, on suppose
que le rayon de la sphère sécante prenne toutes les grandeurs possibles, à
chacune de ces valeurs correspond une surface du second degré sur laquelle
se trouvent situées les diverses positions du centre de la sphère sécante,
ayant cette valeur pour rayon, et toutes ces surfaces (2) ont un double
caractère commun : le premier, que leurs axes sont parallèles à ceux de la
( 749 )
surface donnée, le second que les excentricités des deux sections principales
de la surface Z et les excentricités des deux sections principales parallèles
de la surface donnée sont dans un rapport constant.
» 32. Si le rayon de la sphère sécante conserve la même valeur, et que
les positions de son centre soient variables, si l’on veut que le cône prenne
toutes les formes compatibles avec les conditions du n° 29, à chaque forme
déterminée correspond une surface du second ordre, lieu des positions du
centre de la sphère, et toutes ces surfaces, dont les axes sont parallèles à
ceux de la surface donnée, sont telles, que le produit de la différence des
carrés des distances focales d’une section principale d’une de ces surfaces et
de la section correspondante de la surface donnée par la différence des
carrés des inverses des excentricités des mêmes sections reste constant.
» 33. Les diverses séries des surfaces (Z) considérées dans le n° 31 et les
diverses séries des surfaces (Z) considérées dans le n° 32 ont entre elles un
caractère commun qui est que les distances focales de leurs trois sections
principales sont proportionnelles aux distances focales des sections corres-
pondantes de la surface donnée.
» 34. Les surfaces correspondantes (Z’), lieux des positions du sommet
du cône sécant, se partagent aussi en deux sortes de séries: les unes prove-
nant de la variation du rayon de la sphère, les autres de la variation du
paramètre qui détermine la forme du cône, et les relations métriques
propres à ces deux sortes de séries résultent des équations contenues dans
le n° 30. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Transformation des carbures aromatiques en phénols.
Note de M. An. Wurtz, présentée par M. Dumas.
« On sait avec quelle facilité la benzine, le toluène, la naphtaline réa-
gissent sur l'acide sulfurique fumant. Les combinaisons formées sont géné-
ralement désignées sous le nom d’acides phénylsulfureux, toluylsulfureux,
naphtylsulfureux. Elles résultent de l’union de r molécule d’acide sulfurique
avec 1 molécule d'hydrogène carboné ; mais on connaît aussi sous le nom
d'acide disulfonaphtalique un acide résultant de l’union de 2 molécules
d'acide sulfurique avec rı molécule de naphtaline, 2 molécules d’eau étant
éliminées dans la réaction.
» L'acide phénylsulfureux et ses congénères sont évidemment analogues
à l'acide éthylsulfureux qui se produit par l'oxydation du mercaptan.
Comme cet acide, ils sont remarquablement stables et résistent parfaite-
99--
(750)
ment à l’action longtemps prolongée d’un excès de potasse bouillante. Cette
résistance marque une différence tranchée entre ces acides et l’acide éthyl-
sulfurique et ses analogues qui ne diffèrent des premiers que par un atome
d'oxygène, et qui se dédoublent si facilement en sulfates et en alcools. Mais
lorsqu'on fond l’acide phénylsulfureux et ses analogues avec de la potasse
caustique, ils éprouvent un dédoublement analogue : ils donnent du sulfite
et les alcools aromatiques correspondants. La réaction ne commence guère
au-dessous de 250 degrés. On chauffe les sels de potasse avec un excès de po-
tasse caustique. L'opération peut se faire au bain d'huile à une température
comprise entre 250 et 300 degrés. On peut aussi fondre le mélange, par pe-
tites portions, dans une capsule en argent, en ayant soin de remuer conti-
nuellement et d'éviter une trop grande élévation de température. Après le
refroidissement, on dissout dans l’eau, et on décompose la solution par
l'acide chlorhydrique. On constate alors la formation d’une quantité notable
de gaz sulfureux. La liqueur acide, surnagée d’une matière huileuse, dans
le cas du phénol et du crésol, est agitée après le refroidissement avec de
l’éther. La liqueur éthérée, décolorée par le charbon animal et filtrée, laisse,
après l’évaporation au bain-marie, l'alcool aromatique qu'il est facile de
purifier. |
» J'ai obtenu du phénol en abondance sous forme d’une masse cristal-
line parfaitement incolore, fusible et bouillant à 186 degrés.
» Le crésol a été obtenu sous forme d’une huile qui ne s’est point solidi-
fiée à la température ordinaire, et qui était douée au plus haut point de
l’odeur désagréable et persistante et de la saveur brûlante de la créosote.
» Ce corps a été d’abord séparé, par distillation dans le vide, d'une petite
quantité d’un corps solide et cristallin. Le crésol a passé à 130 degrés en-
viron sous la pression de 20 millimètres. Ayant été distillé dans un courant
d'acide carbonique, il a passé entièrement de 194 à 204 degrés. On a ana-
lysé la portion qui a passé de 200 à 204 degrés (1).
» J'ai constaté que le sulfonaphtalate de potasse est décomposé de même,
par un excès de potasse, à une température élevée, avec formation de gaz
sulfureux et d’un corps solide qui est probablement l'alcool naphtylique
ou naphtylol. Toutefois, les analyses que j'ai faites de ce corps n'étant pas
correctes, je ne puis rien affirmer à cet égard.
Re
(1) Cette portion a donné à l'analyse :
Expérience. Théorie.
NES Ses dede ss + . TI , 7 47 277
sis e A za atia ers 7,4 7,40
(751)
» Je me propose d'étendre mes expériences au xylène et au cumène.
» Les faits que je viens de faire connaître autorisent-ils cette conclusion
` que l’acide sulfobenzolique possède véritablement la constitution d’un acide
phénylsulfureux? Question intéressante, sur laquelle je demande la permis-
sion de dire quelques mots en terminant. Je fais remarquer d’abord qu'il se
forme véritablement par la réduction de l’acide sulfurique par la benzine,
{ oe H°
| OH * H° 0.
H
SO? | ii + C'H° — SO?
Sous l'influence de la potasse, à une haute température, il donne du sulfite
par double décomposition :
SO? A K | HO = SO? ló + C‘H°.OH
OK. + K| HO = FORT D
_— mm Phénol.
Sulfobenzolate Sulfite.
(phénylsulfite).
Mais comment expliquer sa singulière stabilité? Elle ne paraît due qu'à la
position du groupe phényle dans la chaîne, par rapport à l'atome de soufre
dont il est très-rapproché. La formule précédente développée montre ces
relations :
O -C°H°
I
S
l
O-OK
Sulfobenzolate.
» Si le phényle était placé à l’autre bout de la chaîne, à la place du potas-
sium, et que le potassium füt à sa place, il est probable qu'il pourrait être
enlevé plus facilement par double décomposition. Il occuperait alors la
même position qu’un des groupes éthyliques dans le sulfite d'éthyle :
| O-C?H°
I
S
1
O-OC°H°.
» Je regarde comme probable que, dans ce dernier composé, le groupe
éthylique qui est séparé du soufre par 2 atomes d'oxygène pourrait s'és
changer facilement, par double décomposition, contre nn métal alcalin,
avec formation d’un éthylsulfite. »
(752)
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques dérivés de la benzine. Note de M. A.
Kekuzé, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville.
« Les produits engendrés par l'action de l’acide sulfurique sur la ben-
zine et sur le phénol sont envisagés ordinairement, le premier comme de
l’acide phénylsulfureux, le second comme acide phénylsulfurique. En
appliquant à ces corps les théories que j'ai publiées, il y a quelque temps,
sur la constitution des substances aromatiques, j'ai été conduit à leur attri-
buer une constitution tout autre. Je les regarde, ainsi que toutes les sub-
stances de formation analogue, comme correspondant entièrement aux
produits de substitution. Ils renferment un reste de l'acide sulfurique, tout
comme les corps nitrés contiennent un reste de l'acide nitrique. Le reste
SO#H renfermant de l'hydrogène basique, les substances qui le contien-
nent doivent être de vrais acides. J'ai cru devoir chercher dans l'expérience
la confirmation de mes vues. |
» Un mot d’abord sur l'acide benzolsulfurique (phénylsulfureux) et ses
dérivés. On sait que MM. Gerhardt et Chancel, en attaquant les benzol-
sulfates par l’oxychlorure de phosphore, ont obtenu le chlorure de sulfo-
phényle. Ce chlorure a été transformé, par M. Kelle, en acide benzolsul-
fureux; M. Vogt en a préparé le sulfhydrate de phényle, lequel, en
s'oxydant, donne naissance au bisulfure de phényle. D'un autre côté,
M. Stenhouse a démontré que les benzolsulfates, en se décomposant par
l’action de la chaleur, fournissent le sulfure de phényle. L'oxydation de
celui-ci a donné au même savant une substance qui, tout en possédant la
composition de la sulfobenzide, en diffère tant par ses propriétés chimiques
que physiques, et qui a reçu le nom de sulfobenzolène. .
» On voit de suite que le sulfhydrate de phényle correspond entière-
ment au phénol. C’est du phénol dans lequel l'oxygène se trouve rem-
placé par le soufre : |
G&H’. OH, G‘'H'.SH.
» Les expériences exécutées en collaboration avec un de mes élèves,
M. Szuch, wont démontré qu’on réalise aisément ce remplacement en
soumettant le phénol à l’action du sulfure de phosphore. Le produit prin-
cipal de cette réaction est identique au sulfhydrate de phényle, préparé
d’après le procédé de M. Vogt; il donne les mêmes combinaisons métal-
liques, et il se transforme facilement en bisulfure de phényle. La même
réaction donne naissance au sulfure de phényle, identique avec la substance
( 753)
de même composition préparée d’après la méthode de M. Stenhouse. Le
même sulfure de phényle s’obtient encore quand on soumet à la distilla-
tion sèche le phénylsulfure de plomb. Quant au sulfobenzolène, qui se
forme par l'oxydation de ce sulfure, il est identique avec la sulfobenzide.
» On voit, par ce qui précède, que tous les corps sulfurés, qui jusqu’à
présent n'ont été préparés que de la benzine, peuvent tout aussi bien s’ob-
tenir à l’aide du phénol. De plus, le sulfhydrate de phényle pouvant se
former tant par la réduction de l’acide benzolsulfurique que par le rem-
placement de l'oxygène du phénol contre du soufre, on est conduit à pen-
ser que l’acide benzolsulfurique doit pouvoir se transformer directement
en phénol. Il suffit, en effet, de remplacer le reste SO*H, provenant de
l'acide sulfurique, par le reste OH provenant de l’eau.
» Je suis parvenu à réaliser cette transformation en soumettant les ben-
zolsulfates à l’action de la potasse fondue. 11 se forme du phénol et du sul-
fite de potasse :
C'H°.S0'K + OHK = E'H’. OH + SØR.
» La réaction est excessivement nette; le phénol s'obtient aisément à
l'état de pureté parfaite;.la quantité du produit se rapproche sensiblement
de celle indiquée par la théorie, et on peut donc transformer ainsi la ben-
zine en phénol.
» Pour ce qui concerne l'acide engendré par l’action de l'acide sulfu-
rique sur le phénol, tout le monde le compare maintenant à l'acide éthyl-
sulfurique, en le regardant comme un éther acide de l'alcool phénique.
Cependant, la constitution de ce corps est tout autre. L'hydrogène typique
du phénol ne joue aucun rôle dans sa formation; il se retrouve, au con-
traire, dans le produit; le reste SO“H, loin de remplacer cet hydrogène,
prend plutôt la place d’un atome d'hydrogène provenant de la benzine,
ou, si l’on veut, du radical phényle. Le produit, analogue aux dérivés par
substitution, est un sulfodérivé du phénol. Il est aisé de démontrer par
l'expérience que c’est là la vraie constitution de cet acide :
cr | OH
DOI
» Je dois mentionner tout d’abord que l'acide sulfurique, en réagissant
sur le phénol, ne donne pas, comme on l'indique partout maintenant, un
acide unique, mais bien deux acides isomères. Aucun des deux n’est l’acide
phénylsulfurique, les deux sont de vrais sulfacides. L'isomérie s'explique
facilement, et la formation de ces deux modifications de l'acide phénol-
(754)
monosulfurique n’a rien d'étonnant, elle est analogue à celle des deux
modifications du phénol mononitré, etc.
» La séparation de ces deux acides ne présente pas de difficulté. Leurs
sels différent par la forme, la solubilitéet par l’eau de cristallisation qu'ils
renferment; plusieurs d’entre eux cristallisent avec une facilité remar-
quable. i
» Parmi les faits qui démontrent que l’idée que j'ai avancée sur la con-
stitution de ces acides est exacte, je citerai en premier lieu le suivant : en
traitant le sel de potasse de l’un ou de l’autre des acides phénolsulfuriques,
en présence de la potasse caustique et de l'alcool, par l’iodure d’un radical
alcoolique, on remplace l'hydrogène appartenant au groupe OH par ce |
radical, et l’on obtient ainsi les éthylphénolsulfates et les méthylphénolsul-
fates. Chaque modification de l’acide phénolmonosulfurique engendre ainsi
son éther correspondant :
csm | 0 (CH O(C'H).
S O'K SO'K
> C‘H°
» Une seconde preuve de l'exactitude de ma manière de voir est fournie
par l’action de l’acide sulfurique sur le phénol mononitré. Ce corps, jouant
lui-même le rôle d’un acide, donne naissance à un sulfacide bibasique.
L’acide lui-même est cristallisable, et plusieurs de ses sels forment des cris-
taux d’une grande beauté.
» Une troisième preuve, enfin, se trouve dans l’action que la potasse
fondue exerce sur les acides phénolsulfuriques. J'ai démontré plus haut
que l'acide benzolsulfurique, chauffé jusqu’à fusion avec l’hydrate de po-
tasse, échange le groupe SO'H contre le reste OH de l’eau, et donne ainsi
du phénol. Les sulfacides du phénol, soumis au même traitement, pré-
sentent la même réaction. Seulement, la matière employée contenant déjà
le reste OH, le produit renferme deux fois ce même reste, et c'est par suite
un dérivé bihydroxylé de la benzine qui se forme. L'une des deux modifi-
cations de l'acide phénolmonosulfurique donne naissance à la pyrocaté-
chine, l’autre engendre la résorcine :
OH
OH
S OH? í
G’ H:
OH
GH !
» Les deux modifications de l'acide phénolmonosulfurique viennent .
ainsi se placer dans deux des trois séries des bidérivés de la benzine, que
M. Kôrner à caractérisées il y a quelque temps, et l’on doit, par suite, les
(755)
désigner par les noms : acide phénolparasulfurique et acide phénolmétasul-
furique.
» Je poursuis mes recherches dans cette direction, et je crois que la réac-
tion que je viens d'indiquer ne conduira pas seulement au classement
d'un grand nombre de sulfacides; je pense qu’elle permettra, en outre, de
préparer par voie de synthèse certains dérivés de la benzine qui n'ont pas
été obtenus encore. L’acide benzolbisulfurique donnera une des trois mo-
difications de la benzine bihydroxylée, probablement la résorcine. L’acide
phénoldisulfurique, de son côté, doit donner naissance à une benzine
trihydroxylée, à savoir la phloroglucine ou un isomère, etc.
» L'étude des sulfacides correspondant à l’hydroquinone sera surtout
intéressante. L’acide hydroquinone-bisulfurique (préparé de l'acide qui-
nique) doit donner naissance à un dérivé tétrahydroxylé :
(OH)
6 2 z
R 28 0°H’
emip
}*
» Les acides thiochronique et euthiochronique doivent engendrer le
hexahydroxylbenzol :
20H 20H | 20H
36/2S0$H Cf{:0H G°; 20H
2 SO'H 2S0H (20H
©" = < ~ ————
Acide Acide xa-
thiochronique. euthiochronique. hydroxylbenzol.
» Quant à ce dernier produit, je m’attends à le trouver identique avec le
corps que M. Carius a décrit récemment sous le nom d'acide phénaco-
nique. »
PHYSIQUE, — Sur le pouvoir électromoteur des piles. Note de M. Marté-Davy,
présentée par M. H. Sainte-Claire Deville.
« Dans mes précédents Mémoires j'avais pris pour unité d'intensité de
Courant celle du courant qui en une heure dépose 108 millièmes de milli-
gramme d'argent; et j'avais pris pour unité de résistance celle d’une co-
lonne de mercure de 1 mètre de long, de 1 millimètre carré de section,
et à la température zéro. Mais j'avais été conduit en même temps à
considérer le pouvoir électromoteur des piles comme étant égal à la
Somme de puissance vive résultant des réactions chimiques qui s'y pro-
C. R., 1867, 1°T Semestre, (T, LXIV, N° 14.) 100
( 756 )
duisent, et, par conséquent, comme ayant pour mesure la quantité de
chaleur dégagée dans ces réactions.
» J'avais donc pris l’une des piles les plus simples, celle de Smée, et,
comparant le pouvoir électromoteur calculé par moi pour cette pile au
x À ES r
moyen de la formule i = — avec la quantité de chaleur mesurée par
MM. Favre et Silbermann dans la dissolution d’un équivalent de zinc par
l'acide sulfurique, j'avais trouvé que pour faire coïncider nos deux nombres
il fallait multiplier le mien par 0,7262, ce qui revenait à prendre pour
unité de résistance celle d'une colonne de mercure de 1",362 au lieu de
1 mètre.
» En adoptant cette nouvelle unité, je suis arrivé pour les pouvoirs
électromoteurs des diverses piles essayées par moi à des nombres sensible-
ment d'accord avec ceux obtenus par M. Favre par ses procédés calori-
métriques. Cette concordance, rapprochée des trois propositions de
M. Joule (Archives de l'électricité, t. II, p. 54), m’avait paru fournir une
démonstration suffisante de la proportionnalité entre le pouvoir électro-
moteur d’une pile et la chaleur dégagée dans les combinaisons, ramenées à
l'équivalent, qui s’y produisent. Dans mon septième Mémoire je suis parti
de ce point considéré comme acquis, pour déterminer les quantités de cha-
leur que les métaux des six sections dégagent en se combinant avec
SO, AzO® et CI. |
» Toutefois, voulant, au début de nouvelles recherches sur l'électricité,
vérifier la graduation de mes appareils, j'ai cru convenable de le faire par
une autre méthode plus directe.
» Je ne change rien à la définition de l'unité d'intensité de courant :
c'est celle d’un courant qui en une heure dépose 108 millièmes de milligramme
d'argent; mais je définis unité de résistance celle d’un conducteur qui re-
çoit, par heure, d'un courant égal à 1, une quantité de chaleur capable d'élever
de 1 degré 1 millième de milligramme d’eau. Ce n’est en réalité qu’un chan-
gement dans la définition et non dans la chose; car au fond l'unité de
résistance doit rester la même si la proportionnalité est rigoureusement
vraie. Jai fixé mon unité ainsi définie au moyen du calorimètre suivant.
» Le long réservoir d’un thermomètre Baudin donnant le centième de
degré a été enveloppé d’un fil de platine garni de soie et formant une
seule épaisseur de spires. Le réservoir de ce thermomètre plonge dans un
tube de verre de 10 centimètres de long, de 16 millimètres de diametre et
plein de mercure, Ce tube, à son tour, plonge dans un tube plus grand et
( 757)
plein d'air. Ce dernier plonge dans une éprouvette pleine d’eau dans la-
quelle est placé le long réservoir d’un second thermomètre donnant le
centième de degré. Le tout enfin est entouré d'eau. Le mercure reçoit la
chaleur à mesurer; l’eau forme une enceinte dont la température peu va-
riable est exactement connue.
» Le poids réduit en eau, du mercure, du platine et du verre, est de
7125 000 millièmes de milligramme. Un courant d'une intensité égale à
5592,4 a fait monter de 7°,15 en dix minutes la température du calori-
mètre. Ce dernier abandonné à lui-même est redescendu en neuf minutes
de 6°,47 à 3°,20 au-dessus de la température de l’enceinte.
» La loi du refroidissement 9 = 8, e donne, en prenant la minute pour
unité de temps, b = 0,078225.
» La formule de l’échauffement 9 — 5 (1 — e) donne 62°,709 pour
valeur de 6oa.
» Un courant d'intensité égale à 5592,3 dégage donc dans le fil de pla-
tine du calorimètre une quantité de chaleur capable d’élever de 62°,709 en
une heure 7 125 000 millièmes de milligramme d’eau.
» Désignant par p la résistance de mon fil, les nombres ci-dessus don-
nent p = 14,287 à la température moyenne de 18,4. A la température
de { degrés, p = 13,706 (1 + 0,0024ot).
» La résistance du fil de platine étant ainsi calculée, je l'ai employée à
mesurer le pouvoir électromoteur d’un élément de Smée. Voici les nombres
obtenus avec ma boussole de Weber, installée chez moi. J
» L’addition de la résistance p dans le circuit a fait descendre la dévia-
tion de 164,7 à 74,0. Chaque unité de déviation correspond à 9,842 unités
d'intensité de courant. A 14,1, température du fil au moment de l’expé-
rience, la résistance p = 14°,187. Ces chiffres donnent pour le pouvoir
électromoteur de l'élément Smée 18763, nombre que l’on peut considérer
comme identique au nombre18796 trouvé par MM. Favre et Silbermann pour
la chaleur dégagée par un équivalent de zinc en se dissolvant dans l’acide
sulfurique, car nous ne pouvons ni l’un ni l’autre répondre du quatrième
chiffre. Pouvoir électromoteur d’une pile et chaleur dégagée par équi-
valent chimique des combinaisons effectuées dans cette pile sont donc
Exactement représentés par les mêmes nombres quand on choisit convena-
lement ses unités.
» Par sa définition même, l'intensité ¿ du courant mesure la fraction
d'équivalent des corps qui se dissolvent ou se réduisent par heure. Le pou-
100..
( 758 )
voir électromoteur de la pile étant A, Ai mesure la quantité de chaleur
dégagée par heure. D'un autre côté, ip mesure la quantité de chaleur dé-
posée par heure dans le circuit. L'égalité de ces deux produits
Ai=ip, d'où i= =
montre que toute l’électricité dégagée dans une pile se transforme en cha-
leur dans le circuit lorsqu'elle n'effectue aucun travail extérieur. L'égalité
cesse quand ce travail extérieur a lieu : ¿°p devient plus petit que Ai. Mais
alors il se présente deux manières d'évaluer la quantité de chaleur con-
sommée dans le travail extérieur. L'une d’elles consiste à mesurer Ai et 1*p
par les procédés calorimétriques directs et à prendre leur différence : c'est
la méthode suivie par M. Favre dans ses belles recherches. L'autre, que je
préfère et que j’ai employée jusqu’à ce jour, consiste à déterminer la résis-
tance supplémentaire p’ qui rétablirait légalité : la chaleur consommée
extérieurement est alors i?p’. La boussole, quand elle est applicable, conduit
d’une manière très-simple à cette détermination, et la concordance des
nombres 18 763 et 18 706, obtenus le premier par la boussole et le second
par le calorimètre, prouve que les deux méthodes présentent à peu près le
même degré d’exactitude.
» Dans le cas de courants intermittents alternatifs, comme ceux que four-
nissent les machines électromagnétiques, je substitue à la boussole le ther-
momètre électrique déjà décrit dans mes précédents Mémoires. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Observations relatives à la Note de M. Dufresne sur
une nouvelle dorure et argenture par l’amalgamation, sans danger pour les
ouvriers; par MM. P. Curisrorce et H. Bouiner.
« Nous venons de lire, dans le Compte rendu de la dernière séance, la
Note de M, H. Dufresne, relative à une « nouvelle méthode de dorure et
d’argenture par l’amalgamation, sans danger pour les ouvriers ».
» Nous demandons la permission de présenter à l’Académie quelques
observations à ce sujet, et de revendiquer pour M. Ch. Christofle, notre
père et oncle, la priorité de cette idée, tout en faisant nos réserves su" la
généralisation qui pourrait être faite de cette méthode, sur ses avantages el
ses inconvénients. Nous regrettons de différer sur ce point avec M. H. Du-
lresne, dont nous estimons le caractère et le talent; mais notre expérience
personnelle nous fait un devoir de ne pas laisser égarer l'opinion sur la
nature et l’origine de ce procédé.
( 759 )
» En 1860, nous avons, dans une occasion spéciale et pour satisfaire à
un marché qui nous obligeait à exécuter la dorure mate au feu, dù cher-
cher le procédé qui pouvait éviter à nos ouvriers l'emploi pernicieux du
mercure, et c’est dans l'usage simultané de deux méthodes que M. Ch.
Christofle avait pensé trouver et avait trouvé la solution du problème.
» Nous amalgamions à la pile, en employant, il est vrai, une solution
acide de mercure, et non une solution basique, comme celle qu’emploie
M. Dufresne, mais le résultat était le même; nous déposions à la pile la
quantité d'or nécessaire, et, par une nouvelle amalgamation à la pile,
nous mettions la pièce dorée dans les conditions de l’ancienne dorure au
mercure. Les pièces étaient évaporées ensuite à la forge, et finies par les
moyens ordinaires. 12000 grammes d’or ont été déposés à cette époque par
ce procédé.
» Nous prouverions, s’il en était besoin, par nos livres de laboratoire et
par le témoignage des ouvriers qui l'ont pratiqué, que ce procédé n'est
donc pas nouveau, qu’il a été employé par nous avec succès non-seulement
en 1860, mais encore il y a deux mois, pour exécuter un surtout doré
mat et vermeil, appartenant à l'Empereur, et qui figure en ce moment à
l'Exposition universelle.
» Si ce procédé peut donner de très-bons résultats, point sur lequel nous
sommes daccord avec M. Dufresne, nous pensons que l'évaporation du
mercure à la forge, opération la plus dangereuse pour l’ouvrier qui la pra-
tique, ne peut se faire sans son concours actif. 11 s'ensuit donc que lou-
vrier est exposé au danger dans des conditions les plus mauvaises, puisque
c’est alors que le mercure est réduit en vapeurs que sa présence est le plus
nécessaire. |
» Nous regretterions donc, au point de vue de l'hygiène, de voir se pro-
pager une méthode dangereuse pour celui qui l’emploie, et sans profit pour
l’art et le public; car nous pensons, et vingt-cinq années d'expérience nous
l'ont prouvé, que lorsqu'on a appliqué par voie électrochimique une quan-
tité d’or suffisante, une pièce dorée par ce procédé peut avoir autant de
durée qu’une pièce dorée au mercure. Il est un fait malheureusement
vrai, c’est que l’on voit aujourd’hui bien des dorures qui se ternissent ou
qui disparaissent rapidement. La faute n’en est pas au procédé, mais à ceux
qui, usant des avantages qu’il présente, cherchent tous les moyens de met-
tre le moins d’or possible pour produire l'effet le plus grand.
» Quant à l’argenture par des moyens analogues, nous avouons n'avoir
pas même pensé à employer ce procédé mixte, d’abord parce qu’il ne cor-
( 760 )
respond à aucune nécessité artistique, ensuite parce que l’argenture par
l'amalgame ne s’est jamais pratiquée d’une manière suivie, et que tous ceux
qui ont employé les procédés galvaniques sont convaincus de leur perfec-
tion, de leur économie et de la durée des objets argentés, lorsque la couche
d'argent est proportionnelle à l’usage qu’ils doivent avoir.
» Nous croyons donc que ce procédé ne réaliserait pas un progrès sur la
dorure et l’argenture galvanique, et surtout ne présenterait aucune écono-
mie. Il pourrait, dans quelques cas spéciaux, offrir un avantage pour obte-
nir certains tons d’or mat; mais si M. Dufresne avait eu comme nous à
déposer par ce procédé 12000 grammes dor, il comprendrait bien vite
combien il serait nuisible de généraliser une telle méthode. »
ÉLECTRICITÉ. — Pile à l'acide picrique ; par M. Em. Ducuemn.
« Je ne sache pas que l’acide picrique ait été utilisé industriellement jus-
qu'ici autrement que comme matière colorante. Je crois donc en proposer
aujourd’hui une application nouvelle.
» 1° Si, sans modifier la composition matérielle d’un élément Bunsen, je
remplace l'acide azotique du vase poreux par une solution aqueuse faite
au moyen de quelques grammes d’acide picrique, j'ai une pile ne déga-
geant pas de vapeurs nuisibles. On peut aussi remplacer l’eau additionnée
d'acide sulfurique par une solution de sel marin. Une pile dans ces condi-
tions peut être utilisée pour les sonneries électriques, la transmission des
dépèches, etc. Si j'ajoute quelques gouttes seulement d’acide sulfurique
dans la solution d’acide picrique, la pile augmente d'intensité.
» 2° Si dans un élément à un seul liquide (zinc-charbon) j'intro=
duis une solution aqueuse d’acide picrique avec addition d'acide sulfu-
rique, j'ai une source d'électricité pouvant faire fonctionner une bobine
Ruhmkorff, »
CHIMIE ORGANIQUE. — Méthode universelle pour réduire et saturer d'hydro-
gène les composés organiques. Note de M. Brrruecor , présentée par
M. Bertrand. (Deuxième et troisième parties.)
2° PARTIE, — SÉRIE AROMATIQUE.
1 012 He : ; A Adi i
« 1. Benzine, C'? HS. C'est la clef de voûte de l'édifice aromatique.
x 1° Chauffée avec 80 parties d'hydracide, la benzine se change à peu
pres entièrement en hydrure d'hexylène, C!? H!#, volatil à 69 degrés et
(761)
offrant toutes les propriétés du carbure des pétroles :
C2: H° J 4H? = Ct? H'*,
» Une très-petite quantité d’hydrure de propylène prend aussi naissance :
C2H°+ SP =a H..
Ce dernier carbure est produit directement aux dépens de la benzine; car
l'hydrure d’hexylène, préparé avec la benzine, n'éprouve aucune altération
lorsqu'il est chauffé de nouveau en présence de l'acide iodhydrique.
» 2° En présence de 20 parties d'hydracide, autre réaction : la benzine
est détruite d’après l'équation suivante, vérifiée par pesées :
C'2H° + 3HI = CH + 3C + H + P:
» L’hydrure de propylène et le charbon apparaissent également dans la
réaction de 20 parties d'hydracide sur tous les corps aromatiques, mais
avec formations intermédiaires.
» 2. Dérivés chlorés. — Avec 20 parties d’hydracide, C'?H°CI, CC et
C'?H°CIS reproduisent de la benzine. La derniére transformation est sur-
tout remarquable.
» 3. Toluène, C'* H?. — Chauffé avec 8o parties d'hydracide, il se change
entierement en hydrure d’heptylène, C't H'°, volatil entre 94 et 96 degrés :
CHH: t 4AH'—C'H"".
» Avec 20 parties d’hydracide, hydrure de propylène et charbon :
CYH’ + 2HlL= C'HE +4C+H +.
» 4. Acide benzoïque, C''H° O*. — 1° Avec 8o parties d’hydracide, il
fournit de l’hydrure d’heptylène, C'*H!°, produit normal,
C'‘*H°O! + 7H = C" H'° +.aH OS
et de l’hydrure d’hexylène plus abondant, mais qui répond à la décompo-
sition préalable de l'acide benzoïque en acide carbonique et benzine.
» 2° Avec 20 parties d’hydracide, l’acide benzoïque a fourni de la ben-
zine et du toluène; ce dernier est le produit normal :
CH'O’ + 6HI = C''H° + 2H°0°+ 3P.
» 5. Aldéhyde benzoïque, C'*H*O?. — Avec 20 parties d’hydracide,
formation de toluène, produit principal,
CH'O? + 4HI = C'H? + RO aP,
avec un peu de benzine et d'homologues plus élevés.
( 762:)
» 6. Cumolène, C'H". — Avec 80 parties d'hydracide, formation
d'hydrure de nonylène, C'SH?°, volatil entre 135 et 140 degrés :
C SHH a 4H = C8 H?’, '
» On voit que la réaction exercée par un excès d'acide iodhydrique éta-
blit une relation directe entre les carbures benzéniques, ou carbures du
goudron de houille, et les carbures forméniques, ou carbures des pétroles.
Je n'insiste pas.... La formation de l’hydrure de propylène et du char-
bon, aux dépens des divers corps aromatiques, se rattache à la benzine,
noyau fondamental, qui doit être regardée comme une molécule propylique
doublée, C'*H° = (C°H°}. J'ai cherché à former la benzine, conformément
à cette formule, par l’électrolyse de l'acide aconitique, C'?H°0"?. L’acide
aconitique, en effet, engendre par hydrogénation l’acide carballylique,
C'°H® O'?, dérivé lui-même (1) de l’hydrure de propylène :
C'°H50!? — CH 3 C204.
» Or, les expériences de M. Kolbe sur lélectrolyse des acides mono-
basiques et celles de M. Kekulé sur l'électrolyse des acides bibasiques
conduisent à supposer que l'acide aconitique, tribasique, peut fournir le
carbure (C° H?)? au pôle positif:
C°H°0® =[3H]+[3C 0! + (C'H:)?].
» Mais une oxydation toute différente s’est développée dans l’électrolyse
de l’aconitate de potasse. Il s’est dégagé au pôle positif de l'oxygène, mélé
avec de l’oxyde de carbone et un peu d’acétylène :
(C°H°} + 60? = C'H° + 4C?0° + 2H° O?.
» J'ai obtenu les mèmes gaz dans l’'électrolyse du benzoate de potasse,
c'est-à-dire par la destruction du résidu de benzine, C'?H5 :
(C'H)? + 140? = C'H? + roC?0? + 4H?0°.
L’oxyde de carbone et l’acétylène se produisent donc dans les oxydations
incomplètes, provoquées par la pile, aussi bien que dans les combustions
incomplètes.
» J'insiste sur ces résultats : ils montrent combien le passage est facile
entre la série propylique et l’acétylène, par l'intermédiaire de la benzine,
formée elle-même synthétiquement au moyen de l’acétylène condensé. Tout
s'explique si l’on observe que l’acétylène représente nn résidu forménique
doublé (C?H }. Or, la série propylique dérive de 3 molécules de formene,
(1) M. Maxwell Simpson a formé cet acide au moyen de la trichlorhydrine, C‘H:CF.
( 763 )
C'H? — C? H? (C? H? [C?H']}); le résidu propylique C°H° répond donc à la
formule [C? H (C*H)(C?H)]; en se doublant, il fournit le même résultat
qu’une molécule d’acétylène C?H (C? H) triplée :
Benzine. .. . . [(CH}} = HCHP SCH.,
Par électrolyse. [(C?H}°]? + 40? = (C'H? + 2(2C° 0°).
3° PARTIE. — CORPS AZOTÉS.
» Les corps azotés sont'changés en ammoniaque et carbures saturés sous
l'influence d’un excès d’acide iodhydrique. Ainsi la méthylammine :
C2H5 Az + H° = CH + AzH°;
» L’éthylammine, C* H” Az, est changée en hydrure d’éthyléne C*H°;
» L’aniline, C'? H” Az, avec 20 parties d’hydracide, en benzine.
» Les alcalis sont donc dédoublés régulièrement par hydrogénation.
» De même les amides. Ainsi l'acétamide C*H* AZO? est changé en hy-
drure d’éthylène, C'H’, comme l'acide acëtique; le nitrile propionique
(éther cyanhydrique) est changé en hydrure de propylène
C' Hë Az + 3H? = C'H? + 4zH°.
» L’acide cyanhydrique et le gaz iodhydrique, au rouge naissant, four-
nissent du formène i
C'HAZ 3H° = CH? rk AzH”.
» Le cyanogène et lacide iodhydrique aqueux, à 275 degrés, ont fourni
une certaine quantité d’'hydrure d’éthylène
C’ Az? + 6H? = C'H’ + 2AzH°,
» Ces deux dernières réactions établissent un lien nouveau entre les
composés minéraux et les composés organiques. |
» J'ai également opéré la réduction des principes azotés les plus com-
plexes. L'indigotine, par exemple, chauffée avec 80 à 100 parties d'hydra-
cide, se change en ammoniaque et en carbures forméniques. Le principal
est l’hydrure d’hexylène, correspondant à un dédoublement
C'SH° Az O0? Au 10 H? — C'‘H'° + C'H? + AzH° i à H°0*.
» Mais il se forme aussi une quantité notable d’hydrure d’octylène,
lequel renferme la totalité du carbone de l’indigotine,
C'°H° AzO? LE 9H° = C'°H!': + AzH° Le H?0*.
C. R., 1867, 1°" Semestre. (T. LXIV, N° 14.) ea
( 764 )
f: © . , r , s} o m
» Désirant pousser jusqu'au bout les conséquences de la méthode, j'ai fait
réagir l’albumine sur 100 parties d'hydracide; il s’est formé de lammo-
niaque et des carbures forméniques C% H?”+?,
CHIMIE APPLIQUÉE. — Note sur la présence et la formation du sucre cristallisable
dans les tubercules de l'Helianthus tuberosus; par M. Dosrunraur.
« Nos connaissances sur le mode de formation du sucre et des autres
hydrates de carbone sont fort incomplètes, et il serait à désirer que de
nouvelles études et de nouvelles observations vinssent éclairer cette ques-
tion importante de physiologie végétale.
» Les observations que nous avons l’honneur de présenter aujourd’hui
à l’Académie des Sciences datent d’une dizaine d'années ; nous avons dif-
féré de les publier, parce que nous espérions pouvoir les compléter par de
nouvelles recherches; mais le loisir nous ayant manqué, nous prenons le
parti de les faire connaître dans l’état informe où elles se trouvent.
» Les tubercules de l’Helianthus tuberosus, vulgairement connus sous le
nom de topinambours, ont été, dès l’année 1824, l’objet de recherches faites
par deux chimistes éminents, MM. Payen et Braconnot. Les résultats prin-
cipaux de ces recherches, qui sont restés acquis à la science, sont que les
topinambours renfermeraient une grande proportion de sucre incristalli-
sable (0,14 à 0,19) et une proportion variable d’inuline. M. Payen a fait,
en outre, cette remarque importante : que le suc de topinambours, soumis
à la fermentation alcoolique dans les conditions où il l’a examiné, lui a
donné l’énorme quantité de 8 à 9 centièmes d’alcool. Ce fait ne s’est pas
justifié dans les établissements de distilleries, où l’on a tenté de mettre en
pratique la distillation directe des topinambours. Dans ces conditions, on
a observé que les topinambours, travaillés en septembre ou octobre,
fermentent mal et donnent fort peu d’alcool à la distillation; on a observé
en outre que, vers la fin de l’hiver, les topinambours conservés fournissent
un suc très-fermentescible et fort propre par là même à la fabrication éco-
nomique de l’alcool. Ces faits pouvaient faire pressentir que les tubercules
subissaient, dans leur constitution chimique, sous l'influence du temps, des
modifications qui sollicitaient un nouvel examen. Tel a été le point de
départ de nos recherches, et notre Note sur l’inuline qui a été publiée
(Comptes rendus, 1856, t. XLII, p- 803) a eu pour but, en précisant et en
complétant nos connaissances sur cette intéressante substance, de servir de
( 765 ) |
préambule aux travaux que nous préparions sur les topinambours. Voici
les résultats sommaires auxquels nous étions arrivé. ;
» Le suc des topinambours récoltés en septembre a un pouvoir rotatoire
énergique à gauche, et il subit une fermentation alcoolique incomplète
sous la seule influence du ferment de bière. Abandonné à lui-même, il se
prend en masse caillebottée, et le précipité pulvérulent qui s’est formé est
de l’inuline bien caractérisée. Le suc, séparé de ce précipité et traité par lal-
cool, donne un nouveau précipité d’inuline. Le même liquide, ainsi séparé
de inuline pulvérulente et observé optiquement, accuse la neutralité, et il
subit la fermentation alcoolique sous l'influence du ferment de bière, sans
cesser de conserver la neutralité optique. :
» Les mêmes tubercules, récoltés en mars ou avril, donnent un suc qui
possède un pouvoir rotatoire à droite. Il ne donne plus de précipité d’inu-
line, ni spontanément, ni à l’aide de l’alcoo!, et, en le soumettant à la fer-
mentation alcoolique, il la subit d’une manière profonde et fournit à la
distillation une quantité d’alcool qui justifie l'observation faite par
M. Payen en 1824 (1).
» Le même suc, concentré et traité par l'alcool à haut titre (92 ou 93 de-
grés) jusqu’à refus de dissolution, fournit deux produits, savoir : 1° un
solutum alcoolique; 2° un précipité gommeux insoluble dans l'alcool,
mais entièrement soluble dans leau.
» Ce dernier produit, dissous dans l'eau, et observé optiquement est
neutre, et il subit la fermentation alcoolique sans, perdre sa neutralité
optique. i
» Le solutum alcoolique séparé de l'alcool a un pouvoir rotatoire éner-
gique à droite; il subit l'inversion à la manière du sucre de canne, sous
l'influence des acides ou du ferment de bière; il subit très-bien la fer-
mentation alcoolique, et le produit sucré interverti a un pouvoir rotatoire
variable avec la température. Malgré ces propriétés caractéristiques du
sucre de canne, le solutum en question, amené à l’état sirupeux, n’a pu
donner de cristaux. En traitant ce sirop par la baryte, il donne un précipité
de sucrate insoluble bien caractérisé, et ce sucrate, traité par l'acide
pe D à 2 a no mime
(1) Si Pon voulait distiller utilement en toutes saisons les tubercules de topinambours, et
surtout en automne, il faudrait leur faire subir une saccharification préalable par les acides.
Si, au contraire, il s’agissait d’une fabrication d’inuline, il faudrait n’opérer que sur des tu-
bercules récoltés en septembre ou octobre.
IOI..
( 766 )
carbonique, fournit une dissolution qui, concentrée, donne une belle cris-
tallisation de sucre de canne pur.
» Le traitement barytique, appliqué au suc normal des tubercules ré-
coltés en avril, ne peut produire de sucrate. Le même traitement, appliqué
au solutum alcoolique des tubercules récoltés en septembre, ne donne ni
sucre ni sucrate.
» Les tubercules récoltés entre les mois de septembre et avril partici-
pent des propriétés différentes que nous venons d’énumérer, suivant
“époque de la récolte.
» Ces faits fournissent un nouvel exemple de l'utilité des propriétés opti-
ques, considérées comme moyen d'investigation dans les recherches de
chimie organique, et justifient l'insistance de M. Biot à les faire adopter. En
effet, nous avoas pu constater dans les tubercules de topinambours une
proportion de suċre cristallisable qui s’est élevée jusqu’à 5 ou 6 centièmes,
et ce sucre eùt échappé à nos moyens d’analyse, comme il avait échappé à
tous les observateurs, si la certitude des indications optiques n'avait justifié
et encouragé la persévérance de nos recherches.
» Les mêmes faits nous paraissent établir d’une manière certaine que
l’inuline, produite en abondance pendant la première végétation, subit ulté-
rieurement des modifications qui la transforment en deux autres produits
isomères, savoir : le sucre cristallisable de la canne, et un sucre incristalli-
sable optiquement neutre, analogue à celui qu’on retrouve dans la fermen-
tation du sucre interverti. L'organisme végétal produirait-il synthétique-
ment dans ces conditions le sucre de canne, avec les composés organiques
que nos méthodes d'analyse produisent par dissociation dans le procédé
d'inversion ? »
TÉRATOLOGIE, — Sur un cas d'hermaphrodisme apparent dans le sexe masculin.
Note de M. A. Danet, présentée par M. de Quatrefages.
« Le 26 janvier 1867, je me suis rendu à Saint-Vincent (iles du Cap-
Vert), pour constater un cas d’hermaphrodisme.
» L'enfant soumis à mon examen, âgé de neuf ans, est de taille ordi-
naine. Une verge bien caractérisée par un gland et des corps caverneux,
mais petite et imperforée, retombe en avant des parties sexuelles; en rele-
vant la verge, que l’on trouve évidée fortement en bas, on observe une
fente vulvaire, qu’entourent deux grandes lèvres volumineuses, revêtues
d’une membrane muqueuse rosée. Il n’existe pas de testicules dans l’épais-
(767 )
seur des grandes lèvres. Le doigt, introduit dans l'ouverture vulvaire,
permet de constater un vestibule, dont la direction curviligne remonte en
haut et aboutit à la face inférieure de la verge. L’urine s'écoule par cette
ouverture.
» En examinant les plis des aines on constate la présence de deux pe-
tites tumeurs, peu douloureuses à la pression, et que je crois être les testi-
cules. Le prétendu mont de Vénus, la vulve ét l'anus sont entourés de
poil. On ne constate pas la présence d’un vagin. L'enfant n’a jamais été
menstrué.
» Envisagé dans sa conformation générale, cet enfant offre des formes
viriles : le bassin n’est pas arrondi, un léger duvet revêt la lèvre supérieure,
la voix est celle d’un homme. Ses goûts varient : tantôt il se livre aux soins
et aux travaux du ménage, tantôt il veut monter à cheval et se livrer aux
jeux des garçons; son intelligence est ordinaire.
» M’aidant de quelques renseignements, je suis arrivé à savoir que le
père et la mère de cet enfant sont unis par un lien étroit de parenté; une
de ses sœurs, âgée de huit ans, est albinos, et une autre sœur, d’une
vingtaine d'années, jouit d’une santé parfaite et est bien conformée.
» C’est là, selon moi, un exemple d'un hermaphrodisme apparent chez
le sexe masculin, constitué par un hypospadias s'ouvrant dans un vesti-
bule formé par les parois du scrotum qui a conservé sa forme congéniale. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur le tremblement de terre observé le o mars 1866
à 1*46® du matin, en Scandinavie. Note de M. Tu. KRoxrur, présentée
par M. Le Verrier. .
« D’après les renseignements fournis par les principales administrations
publiques, les points extrêmes où le tremblement de terre s’est fait sentir
sont: au nord, Bodö et Skeleftea ; à l’est, Söderhamn; au sud-est, les points
voisins de la station de Felsund; au sud, Langesund; au sud-ouést, Ber-
gen, et vers l’ouest les îles Shetland. La distance entre les deux points les
plus éloignés, Bodö et Langesund, est de 130 milles géographiques.
» Le centre de l’ébranlement paraît être aux environs de Christiansund.
C’est autour de cette localité que les secousses ont été les plus violentes.
D'après l'heure du phénomène, c'est d’ailleurs Christiansund et le phare de
Krisholm qui ont été atteints les premiers. Cette conclusion est confirmée
par l'étude de la direction des secousses, qui semblent diverger de ce point.
» Les stations où le phénomène s’est fait sentir au même instant sont
( 768 )
d’ailleurs sensiblement placées sur des cercles ayant leurs centres au voisi-
nage de Christiansund. |
» Il paraît donc que le tremblement de terre en question a été un trem-
blement de terre central. Du reste, les recherches scientifiques modernes
ont démontré que les tremblements de terre se propagent en général à par-
tir d’un point central, suivant des cercles concentriques de plus en plus
vastes. Dans le cas actuel, ia vitesse de propagation aurait été d’environ
7 milles géographiques par minute.
» Les secousses, dont la durée s'élève au plus à quelques minutes, ont
partout été accompagnées d’un bruit souterrain intense. Au voisinage de
Christiansund, le mouvement du sol était ondulatoire; dans les points éloi-
gnés du centre d’ébranlement, il procédait par secousses. »
M. Baraz demande qu’on veuille bien substituer au titre « Mémoire
sur le vol des Araignées, etc. » donné par lui à une Note adressée le 18 mars
dernier, le nouveau titre « enai sur e Araignées aériennes et sur les
fils de la Vierge ».
D SR \ SP 20519
À 4 heures, l’Académie’ se formélen-domité secret.
La séance est levée à 6 heures un quart. C.
FAS T Sp zsingsitot 2e
" ASOSHAE V-I M «re
NS RER AO bRèPmIQUE :
L Académie a reçu des da RÉ ARCS; du,8 «avril 1867, les ouvrages dont
les titres suivent : | JD ZISNOD HIN 16 A
Mémoires de l Académis des’ Sciences de l'Institut impérial de France,
t. XXIX. Paris, 1867; 1 vol. in-4° cartonné.
Des anomalies de la température observées à Genève pendant les nue
années 1826-1865; par M. E. PLANTAMOUR. Genève et Bâle, 1867; in-4°.
Les Saisons, études de la nature; par M. Ferdinand Hogrer. Paris, 1807;
1 vol. in-12 avec vignettes. (Présenté par M. de Quatrefages. )
Traité pratique de la gravelle et des calculs urinaires; par M. LEROY
D'ÉTIOLLES fils. Paris, 1866 , in-8° avec gravures. (Présenté par M. Vel-
peau. )
Animaux fossiles et géologie de l’Atiique ; par M. Albert GAUDRY. 16° li-
vraison, Paris, syi in-folio avec planches.
( 769 )
Le vrai et le faux Platon ou le Timée démontré apocryphe ; par M. LADEVI-
ROCHE. Paris et Bordeaux, 1867; in-8°.
Victor Cousin, l École éclectique et l'avenir de la philosophie française; par
M. A.-F. GATIEN-ARNOULT. Paris et Toulouse, 1867; in-8°.
Notes... Notes sur l’acupressure et l'extension qu'elle prend dans la pratique ;
par M. J.-Y. SIMPSON. 2° édition. Édimbourg, 1867; in-8°. (Présenté par
M. Velpeau.)
Cylindrotænium choleræ asiaticæ, nouvelle espèce de mycoderme trouvée
dans les évacuations des cholériques; par M. O.-W. Taomé. (Renvoi à la Com-
mission du legs Bréant.)
Die... Appareils musicaux et vocaux des insectes considérés aux points de
vue de l’anatomie, de la physiologie et de l’acoustique; par M. H. LANDOIS.
Leipzig, 1867; in-8°.
Zur... Histoire du développement des yeux à facettes du Tenebrio moli-
tor, L.; par MM. H. Lanpois et W. THELEN. Sans lieu ni date; br. in-8°. -
Sitzungsberichte... Comptes rendus de l’Académie impériale des Sciences
de Vienne, classe des Sciences naturelles. T. LIV, 3° livraison, octobre 1866.
Vienne, 1867; in-8°.
Aves... Oiseaux des possessions portugaises de l’ Afrique occidentale qui
existent au musée de Lisbonne; par M. J.-V. BARBOZA DU BocAGE. Br. in-8°.
(Extrait du Journal des Sciences mathématiques , physiques et naturelles 7
1867.)
Anales... Annales du Musée public de Buenos-Aires faisant connaitre les
objets d’ Histoire naturelle nouveaux ou peu connus qui se conservent dans léta-
blissement; par M. G. BURMEISTER. 3° livraison. Buenos-Aires, 1866; in-4°,
avec planches.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES RÉÇUES PAR L'ACADÉMIE PENDANT
LE MOIS DE MARS 1867.
Bulletin de l’ Académie royale des Sciences, des Lettres et des B eaucirts ne
Belgique; n° 2, 1867; in-8°.
Bulletin de la Société de l'Industrie minérale; avril à juin 1866; in-8°
avec atlas in-fol.
Bullettino meteorologico dell Osservatorio del Collegio romano ; n° 2, 1807,
in-4°.
(770 )
Bulletin international de l'Observatoire impérial de Paris; feuille auto-
graphiée, du 17 novembre 1866 au 3r mars 1867; in-4°.
Bulletin général de Thérapeutique; n des 28 février et 15 mars 1867;
in-8°.
Bulletin hebdomadaire du Journal de l'Agriculture; n°5 9 à 12, 1867; in-8°.
Cosmos; livraisons 9 à 12, 1867; in-8°.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des Sciences:
1° semestre 1867, n° 9 à 12; in-4°.
Gazette des Hôpitaux; n% 24 à 35, 1867; in-4°.
Gazette médicale de Paris ; n°‘ 9 à 12, 1867; in-4°.
Journal d’ Agriculture pratique; n° 9 à 12, 1867; in-8°.
Journal de ‘Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; mars
1867; in-8°.
Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture ; janvier 1867;
in-8°,
Journal de Pharmacie et de Chimie ; février 1867; in-8°.
Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; n% 6 à 8, 1867;
in-8°.
Journal de Mathématiques pures et appliquées; janvier et février 1867;
in-4°,
Journal de la Section de Médecine de la Société académique du département
de la Loire-Inférieure; livraisons 225 à 228, 1867; in-8°.
+» Journal de Médecine vétérinaire militaire ; Janvier 1867; in-8°.
Journal des fabricants de sucre; n% 46 à 49, 1867; in-f°.
Journal de l’ Agriculture; n°° 16 et 17, 1867; in-8°.
Journal de l'éclairage au gaz; n% 23 et 24, 1867; in-f°.
Kaiserliche... Académie impériale des Sciences de Vienne; n° 7, 1867;
r feuille d'impression in-8°,
Les Mondes..., n% 9 à 12, 1867; in-8°.
La Science pour tous; n° 13 à 16, 1867; in-4°.
La Science pittoresque; n% 9 à 12, 1867; in-4°.
L’ Abeille médicale; n° 8 à 11, 1867; in-/4°.
L'Art médical; mars 1867; in-8°.
(La suite du Bulletin au prochain numéro.)
NOTE SUR UN TRACEÏ-ROULIS ET SUR UN TRACE-VAGUE INVENTÉS PAR MM PARIS PÈRE ET FILS, OFFICIERS DE MARINE. PLL
TRACE - VAGUE.
Echelle de 0728 AE
z o P Vue generale à 005.
Coupe suivant AB.
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DHUAN II LINN 2SMPIIDENAN
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Appareil Traceur
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VAGUE INVENTÉS PAR MM. PÂRIS PÈRE
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Lei DIVERS RESULTATS DU TRACE-VAGUE ET DU TRACFE-ROULIS.
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Fig. PARARE Vague pedata ait A au fracc. Prise le 18 Dec. 66 par le travers du z Jort Roberti goult ae Brest) avec fiv dej usant - Bonne brise d'0 æ l INO- g rarhs ež pluie - reste d'une f orte mer gai avait fa pendant la rer. grosse houle dure — Echelle
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Fig. 2 - Courbe de vague réduife au % du trace. _ Prise le 4 Dec.66 pres de la Baie de It Anne { goulet de Brest Fort jusant Vent frais de S Omer très-dure Fchelle des orde ! Fig. 3 Courbe de vagie pederi ; ; ni $ À ; ; t | l =
ee s : - pnnees -2 ge e reduite au odu trace Prise le Lôiluin 66 à dentre: Se SL ; 4 ; l ; |
29 | près g y ñ z | $d 27 | # Z. e uin 66 à l'entrée de x rivière de Morlais JB de NE Courant à peu prés iul- Behelle des ordonnees <.
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Fig. 4 _ Courbe de yague reduite au 74 du trace Prise le 7 Fev. 67 en rađe de Brest- IB var etrneg de S0- Courant de flot / dans ks sens duven? ) Echelle des ordonnees ra
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Fig. 8- Uscillations en eau calme du canot, les s pords étant sur les bancs, en abord / au %4 du trace ) Fig
gi calme-ducanot, les poids étant 2x fond, ax mien. fax fair tracé)
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Za en orizontale exprime , parlout des secondes Za graduate verticale exprime des metres pour les courdes des Va gues ef des dei o pour ts hub:
SE ,
Comptes rendus des Seances de l'Académie des Suenses, Tome LAW.
(Saanpe du 8 Avril 1867)
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 45 AVRIL 4867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS: DE L'ACADÉM LE,
PHYSIQUE. — Nouvelles observations relatives à l'iodure d'argent; par
M. H. Fizrau.
« J'ai eu l'honneur d'appeler récemment l'attention de l’Académie
(séance du 25 février 1867) sur un phénomène physique remarquable qui
se manifeste avec l’iodure d'argent solide, sous l'influence des change-
ments de température. Ce corps, en effet, paraît offrir l'exemple d’une
inversion complète des phénomènes ordinaires de la dilatation par la cha-
eur, Car son volume diminue très-certainement pendant l’échauffement et
augmente pendant le refroidissement. Je demande la permission d'ajouter
aujourd'hui quelques faits nouveaux relatifs au même sujet.
» Les premières observations, rapportées dans la précédente commu-
nication, avaient été faites sur de l'iodure d'argent soit en cristal isolé,
soit en lingot fondu composé manifestement de petits cristaux confusément
agglomérés ; la matière était donc toujours en réalité à l’état cristallin, et
était important de rechercher si la propriété en question serait indépen-
ante de la structure cristalline elle-même, et si elle se manifesterait aussi
bien dans Ja substance amorphe que dans la substance cristallisée.
C. R., 1867, 19° Semestre. (T, LXIV, N° 48.) 102
ATA i i 4 PCA A pi soenda A
he Wki 7 .
iir À.” Pi d P
(772)
» C'est ce qui a lieu, en effet, comme je viens de le constater, sur des
échantillons d’iodure d'argent très-purs, compactes et parfaitement amor-
phes, que je dois à l'obligeance de notre savant confrère, M. H. Sainte-Claire
Deville. C'est en soumettant à froid l’iodure précipité aux plus fortes pres-
sions que l’on pouvait obtenir à l’aide d’un balancier puissant, que la
matière pulvérulente tassée dans un récipient cylindrique en acier s’y est
transformée en une substance solide, homogène, cohérente, d’une densité
de 5,569 d'après M. Damour, et susceptible de prendre un aussi beau
poli que la matière fondue. On serait même tenté de considérer ces deux
états de la même substance comme identiques, si la structure cristalline
dans la matière fondue, et amorphe dans la matière comprimée, ne per-
mettait de les distinguer d'une manière certaine. C'est ce qui résulte
d'observations très-attentives faites à l’aide du microscope polarisant par
M. Des Cloizeaux. Une couche mince d’iodure fondu a montré, en effet, les
jeux de lumière caractéristiques de lamelles biréfringentes diversement
orientées, tandis qu’une couche mince de la matière comprimée, ainsi que
des parcelles d’iodure précipité, se sont montrées sans action sensible sur
la lumière polarisée.
» L'iodure d'argent, à l’état de précipité chimique, est donc bien
amorphe, ainsi que la même substance transformée en un corps solide
par une compression énergique. À la vérité, l'effort mécanique exercé
sur la matière dans cette circonstance doit y avoir produit un certain
écrasement ou écrouissage, qui ne saurait être absolument le même dans
toutes les directions, et cet effet aurait pu devenir sensible par des actions
inégales sur la lumière polarisée, si la matière plus transparente avait pu
être observée sur des épaisseurs suffisantes, mais en réalité l'effet dont il
s’agit ne s’est manifesté que dans les mesures du coefficient négatif de
dilatation, dont la valeur, comme on va le voir, a été trouvée notablement
plus forte dans le sens de la compression que dans la direction perpendi-
culaire. Dans la prévision d’un effet de ce genre et afin de le rendre moins
sensible, on avait eu soin de recuire la substance à 100 degrés pendant
quatre heures avant les observations.
» L'échantillon d'iodure d’argent comprimé offrait la forme d’un petit
cylindre de 12"%,345 de longueur sur un diamètre de 107,5, la compres-
sion ayant eu lieu dans le sens de la longueur.
» Quatre observations complètes ont été faites, avec des intervalles de
température £' — £, et des degrés moyens ô différents. Voici les coefficients
négatifs æ qui en résultent :
(77 )
» 1° Suivant la longueur du cylindre :
d—t 6 a
42,247 36,38 —0,00000158.97
23,638 27,08 —0,00000140.28
» 2° Suivant la largeur du cylindre :
t —t û ot
46,322 39,26 —0,00000121.23
21,739 26,97 —0,00000104.25
» Pour chacune de ces deux directions on conclut de ces nombres la
valeur du coefficient linéaire lorsque ô = 4o degrés, ainsi que sa variation
Aa.
49
lin. à Ag
Eao Ag joo = — 0500000166.25 2 =— 2.01
(2) a", = —0,00000122.25 130
8 = 40° : ; A9
» Enfin pour obtenir la dilatation linéaire moyenne, qui est le tiers de
la dilatation cubique, on peut remarquer que tout étant symétrique nor-
malement à la direction de la compression, c'est-à-dire à l'axe du cylindre,
il convient de prendre, comme dans le cas d’un cristal symétrique autour
2.22 + t
=
229 . . . . .
d'un axe, , ce qui donne pour la valeur de la dilatation linéaire
moyenne de l’iodure d'argent précipité et comprimé, c'est-à-dire à l'état
amorphe,
lin. CL Ax __ ch
BRIE 7 0,00000187 5 = 1.6.
» On avait trouvé antérieurement pour la même substance préalable-
ment fondue, c’est-à-dire à l’état cristallin,
lin
hi. me ES
a fo = — 0,000001 39 a” 1.4
» Si l’on tient compte des incertitudes inévitables des expériences, il
paraîtra sans doute légitime de conclure de ces nouvelles observations,
qu'à l’état amorphe aussi bien qu’à l'état cristallin résultant de la fusion,
l'iodure d’argent possède au même degré la propriété de se contracter lors-
qu'on l’échauffe.
» J'ajouterai, comme confirmation de ces résultats, qu'un second cylindre
102..
(:714 )
de la même matière comprimée, d’une longueur de 25 millimètres, a permis
de reproduire avec facilité l'expérience faite antérieurement au moyen d’un
Comparateur à levier sur un lingot de matière fondue, et que les effets ob-
servés dans cette circonstance se sont accordés d’une: manière satisfaisante
avec les mesures plus précises obtenues par la méthode optique des lon-
gueurs d'onde. |
» Je rapporterai, en terminant, les coefficients de dilatation linéaire de
plusieurs iodures métalliques mentionnés dans le travail précédent et pour
lesquels les expériences n'étaient pas alors terminées.
» Iodure de mercure (carré) :
4 = +0,00002387.7 Sr — + 19.96
» Iodure de plomb (hexagonal) :
æ = +0,00003359.8 K = + 5.84
» Iodure de cadmium (hexagonal) :
& = +0,00002916.1 = =+ 17.47
» Ces trois iodures n'appartiennent pas au système régulier; ils cristal-
lisent, d’après les observations de M. Des Cloizeaux, le premier en prisme
droit à base carrée, les deux autres en prismes hexagonaux. Les mesures
n’ont pu être prises que sur des lingots fondus et d’une structure cristalline;
elles donnent par conséquent les dilatations linéaires moyennes rapportées
au même degré moyen ĝ = 4o degrés. |
» Ces déterminations, jointes à celles que j'ai déja données pour les
autres substances analogues, permettront sans doute de décider, avec plus de
certitude qu’on n’a pu le faire encore, s’il existe réellement entre les phé-
nomènes de dilatation et les changements de volume des éléments, lors de
leur combinaison, quelque relation bien définie du genre de celle qni a été
indiquée par notre savant confrère M. H. Sainte-Claire Deville à la suite de
ma précédente communication. »
ASTRONOMIE, x Nouvelle Note sur les spectres stellaires ;
par le P.A. Seccu.
« L'intérêt que plusieurs Membres de l’Académie ont montré pour kes
travaux relatifs aux analyses spectrales des étoiles, que j'ai seulement 1n-
(5775 )
diqués dans la dernière séance, m'engage à donner quelque développement
à la courte communication que j'ai faite.
» L'Académie se rappellera qu’en plusieurs circonstances j'ai exposé ces
résultats, que je résume très-sommairement pour l'intelligence de ce qui
me reste à ajouter :
» J'ai montré d’abord que les spectres stellaires sont limités à un très-
petit nombre de types caractéristiques, qu'on peut réduire à trois, et qui
sont représentés respectivement : 1°:par æ Lyre; 2° par.« Hercule; 5° par
æ Bouvier, ou même, pour ce dernier type, par notre Soleil lui-même;
ce qui n'empêche pas cependant qu’il y ait des différences notables dans les
étoiles du même type. De plus, j'ai annoncé qu'entre le premier et le der-
nier type se partageaient, en nombre à peu près égal, presque toutes les
étoiles examinées jusqu'alors.
_» Ces résultats méritaient d’être confirmés par des observations plus
étendues et nombreuses, et c'est ce que je viens de faire. L'examen
d'environ cinq cents étoiles, les plus grandes du ciel, vient d'être achevé à
l'Observatoire du Collége romain, avec une description détaillée de plus
de quatre cents de ,ces étoiles, et les résultats restent identiques à ce que
j'avais annoncé d’abord sur un nombre plus limité, ce qui fait présumer
qu'il changerait bien peu si on pouvait étendre les observations à toute la
voûte céleste. |
» Les singularités de détails de ces comparaisons ne sont pas moins in-
téressantes, Le premier type de æ Lyre contient, comme lignes fondamen-
tales, deux lignes très-visibles de l'hydrogène, c'est-à-dire celle du bleu,
qui coïncide avec la raie solaire f, et une-autre dans le violet, à une place
qui, autant que j'ai pu le conclure de l'examen du spectre donné pour
l'hydrogène par M. Piücker, coïncide avec la raie Hy. La raie Ha ou C est
rarement visible, car le rouge est tout à fait absent dans ce type, ou du
inoins il est assez faible. ' , : 5
» La particularité signalée par M. Plücker, que les raies de l'hydrogène H£
et Hy se dilatent pour une température plus élevée, serait accusée dans les
étoiles par ce fait que les deux raies sont quelquefois très-larges, et que celle
du violet a toujours une dimension plus grande que celle du vert-bleu.
Dans quelques. étoiles, ces raies sont un peu diffuses, comme Fa trouvé
M. Plücker pour les raies de l'hydrogène à des températures et des tensions
considérables. . PE M ie E
. » Il paraît donc, d’après ces détails, que l'hydrogène est le principal
élément des étoiles de ce type. On pourrait même trouver l'explication du
(776 )
singulier phénomène offert par y Cassiopée, qui a une raie brillante à la
place de la raie obscure f, dans cet autre fait constaté, que l'hydrogène à
basse température donne un spectre continu sur lequel la raie f est bril-
lante, et que, l'hydrogène étant en petite quantité, il ne renverse pas le
spectre. Sans doute il existe d’autres raies entre celles de l'hydrogène,
mais elles sont relativement très-faibles, et les raies qui dominent sont
celles du magnésium et du sodium.
» Le deuxième type, qui est celui de g d’Hercule, est beaucoup moins
nombreux, mais il est aussi remarquablement constant. Les mesures directes
donnent, rigoureusement à la même place, les mêmes lignes dans toutes
les étoiles de ce type; la seule différence est que, dans les étoiles normales
« Hercule, 8B Pégase, o Baleine, p Persée, etc., les lignes qui séparent les
colonnes sont parfaitement noires et tranchées, pendant que dans quel-
ques-unes, comme « Orion, œ Scorpion, etc., elles sont assez faiblement
prononcées dans la partie moins réfrangible du spectre. Cette particularité
pourrait faire croire à une différence essentielle, qui n’existe pas en réalité.
» Il est très-remarquable que ce type comprend les étoiles fortement
colorées en rouge et les étoiles variables. L’e de la Baleine (Mira) en est
une preuve surprenante. Dans le mois de septembre dernier je l'ai observée,
mais sa petitesse ne permit alors de rien conclure. En mars, elle était déjà
de 4° ou 5° grandeur; elle montrait la colonnade de x Hercule avec une
étonnante fidélité; seulement, sa faiblesse faisait paraître le spectre plus
court, et les raies extrêmes plus rapprochées; cela tient à l'extrême faiblesse
de ces limites. L'étoile rouge du Cocher (Lalande, 12561) [ascension
droite 6:27", déclinaison 38° 33'] appartient aussi à ce type; seulement,
les 2° et 3° colonnes sont réunies en une seule, et les 4° et 5° en une autre.
Il est vraiment étonnant dé trouver nne telle identité dans les spectres
d'étoiles si différentes: je crois que celles qui se rapportent à ce type sont
assez nombreuses, mais que la couleur sombre de ces astres empêche d'en
déterminer les caractères. Je me propose d’en faire une recherche plus
complète,
» Le troisième type, qui est celui de notre Soleil, semble par sa nature
devoir présenter un grand nombre de différences, et cependant il n'en est
pas ainsi. Les différences principales se réduisent à ce qu’elles offrent les
raies fines en faisceaux plus ou moins serrés, mais ces raies occupent les
mêmes places, différentes de celles du type précédent. Le magnesium
lui-même, qui est très-développé dans le type actuel, ne présente pas le
même assemblage de raies voisines que dans le deuxième type; de plus,
( 777)
dans le type actuel, la raie f est toujours assez facile à distinguer, tandis
qu’elle manque dans le deuxième. A cause de ces différences, il est facile
de distinguer ce type de l'autre, même lorsque les raies sont groupées de
manière à leur donner un aspect qui les rapproche. Les cas douteux que
j'ai trouvés seront facilement résolus après des mesures! définitives, prises
avec plus de loisir.
» J'ai remarqué aussi que certains types sont groupés de préférence dans
certaines parties du ciel. Il en est ainsi, même quand le nombre des étoiles
est assez grand. Le type d'Orion caractérise une portion de la constella-
tion du Chien et du Lièvre, mais il est très-rare dans Les autres parties du
ciel; dans ces étoiles domine le vert, ce qui est le propre de la nébuleuse.
Les étoiles jaunes qui se rapportent au troisième type sont très-nom-
breuses dans la Baleine et l'Éridan. Le Taureau est presque exclusivement
formé d'étoiles du premier type, Aldébaran et quelques autres exceptées.
» Le tableau suivant montre la place des raies principales dans ces trois
types d'étoiles, comparées à celles de notre Soleil, comme on peut le faire
avec le même instrument pour Vénus et pour Mars. (Une révolution du
micromètre = 2', 71.)
TaBLkau comparatif de la position des raies principales dans les planètes et les étoiles
(en parties du micromètre),
VÉNUS, MARS. | œ HERCULE. | 2 PÉGASE | ORION.| ARCTU' RUS. |o BALEINE| œ LYRE, |& PERSÉE
m
A 1,72 ád " "1 1,98 Li "n " "
B sag, i6 LA ” n " 2, 13 n " "
2,50 " a = 2,48 2,57 2,64 1, Ai .# n v
Sodium .... D — 3,22 JS | a 3,00) 29221 9,22 | 9,00 3,18 sA "
23,61 ” b —3,86 | 3,83 n " 3,90 3,62 ”
E = 4,83 i c = 4,24 4,19 |. 4,15 | 4,77 4,31 ul 4,86
Magnésium., b = 5,09 | 5,14 | d=5,11 | 5,11 [5,11 5,09 5,11 m ”
K'26,63 n = 6,9 5,99 5,95 n " ”
Eass biaya 0a Le 6,81 6,35 | 6,78 6,21 6,77 6,28 | 6,30
G =798 | 8,01 | 8 —7,64 | 7,68 | 7,49 | 7,98 | 8,15 we "n
H =59,40 | 9,6 n" " 8,43 9,65 " D;1%1 "8,29
W= n n n 7 n 11,03 n
mam E
! » [l résulte de ce tableau une identité, anssi. exacte qu'on peut le con-
stater par la comparaison des lignes fondament:ales, entre les diverses étoiles
colorées en rouge, et aussi entre les étoiles jaures et notre Soleil. Ce tableau
montre également la différence de position des raies dans les étoiles bianches
du type de x Lyre.
( 778 )
» Il est singulier de trouver des étoiles rouges de 7° grandeur, comme
Lalande 12561, donnant un spectre qu’on peut mesurer, ce qui ne serait
pas possible pour desétoiles blanches de la même grandeur. Cela est dù à la
faible dispersion prismatique qu'éprouve leur lumière, d’où résultent des
lignes brillantes séparées, à peu près comme dans les nébuleuses. Une
lumière, même faible, si elle ne se disperse pas, conserve une intensité re=
marquable. C'est ainsi que j'ai pu voir les raies du sodium bien séparées dans
la flamme d'une: petite bougie ordinaire, à 2 kilomètres de distance.
» ‘Il est à remarquer cependant que, dans les étoiles rouges, les lignes
noires sont plutôt de véritables bandes, semblables à celles que produit
l’absorption de notre atmosphère sur le Soleil. Ainsi la raie D est énor-
mément dilatée, beaucoup plus que la raie très-fine donnée par le sodium.
Cela prouve que ces astres sont enveloppés d'atmosplières très-absorbantes,
dont la nature ne sera constatée que lorsque les chimistes auront séparé
dans les spectres ce qui appartient à la nature de la substance de ce qui
tient à sa température. »
PHYSIQUE. — Sur la transparence du fer rouge ; par le P. Seccur.
« J'ai l'honneur de présenter à l’Académie une description du météoro-
graphe qui vient d’être établi au palais de l'Exposition, dans des conditions
provisoires, mais suffisantes pour donner une idée de ses fonctions.
» Comme j'ai déjà entretenu l’Académie de cet instrument dans une
autre circonstance, je ne signalerai ici qu’un fait observé pendant sa con-
struction, et qui peut avoir quelque importance dans la théorie. Ce fait,
quoique connu par les praticiens, n'est signalé nulle part, au moins à Ma j
connaissance. Il consiste dans une transparence réelle, acquise par le fer:
en arrivant à la température rouge.
» Voici les circonstances dans lesquelles ce fait m'a été signalé. On.
s'occupait de la construction du tube en fer forgé qui devait servir pour le
météorographe, et je craignais que le nouveau tube ne püt tenir le ve
aussi exactement qu’un autre que l’on venait d'achever. Alors, pour s en
assurer, le directeur de l’armoirie pontificale, M. Marrocchi, fit chauffer
au rouge cerise, presque au blanc, la portion hélicoïdale du tube que l'on
avait forgée pour en faire la chambre du baromètre; on la plaça ensuite
dans un lieu obscur, et l’on vit nettement qu'il y avait à l'intérieur une
veine noire, une véritable félure qui n'avait pas été soudée lorsqu'on. avait
forgé le tube. egr
( 779 )
» Le phénomène en lui-même a une grande importance, car il démontre
que le fer rouge, à une profondeur d’un demi-centimètre au moins, est
transparent. Cette propriété du métal pourrait bien être en rapport avec
les phénomènes de dialyse que l’on a effectués au moyen de cette sub-
stance, et je crois ce fait assez important pour engager ceux qui peuvent
s'en occuper à l’étudier, »
Le P. Secca présente en outre à l’Académie une brochure imprimée en
italien, et intitulée : « Description du météorographe de l’Observatoire du
Collége romain », brochure accompagnée de cinq planches.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
GÉOLOGIE. — Lithologie des mers de France : par M. Dresse.
(Extrait par l’auteur.)
(Commissaires : MM. Élie de Beaumont, de Tessan, Daubrée.)
« Le fond des mers reçoit sans cesse des dépôts, dont il serait trés-inté-
ressant de connaître la répartition et la composition minéralogique, car ils
constituent essentiellement le terrain de l’époque actuelle. D’un autre côté,
ces dépôts se trouvant recouverts par les eaux, leur étude présente par cela
même de grandes difficultés; elle n’est pas impossible cependant, et je
viens soumettre à l’Académie une carte résumant mes recherches dans les
mers de France (1).
» On sait que les ingénieurs hydrographes et les marins ont exploré nos
Mers par une multitude de sondages qui font connaître non-seulement leur
Profondeur, mais encore la nature des roches qui constituent le sol sub-
mergé. C’est en prenant pour base ces importants travaux, et ceux de
MM. Élie de Beaumont et Dufrénoy sur la géologie de la France, que j'ai
entrepris l'étude lithologique de nos mers.
» D'abord les sondages perméttent de représenter les traits principaux de
l'orogr aphie sous-marine. Dans les parties où ils sont suffisamment multi-
pliés, le relief peut même être figuré exactement par des courbes hori-
Zontales.
» Les données fournies par les sondages des ingénieurs hydrographes
(1) Une carte à l’échelle de 557555 $e trouve à l'Exposition universelle.
C. R., 1867, ver Semestre. (T. LXIV, N° 45.) 193
( 780 )
permettent aussi de comparer les roches du fond à celles qui émergent sur
la côte voisine ; elles permettent en outre de réunir les roches du fond qui
offrent le même caractère physique ou minéralogique, de les délimiter et de
distinguer chacune d’elles par des teintes ou par des signes conventionnels.
» Observons maintenant que la mer exerce continuellement sur ses pa-
rois une dégradation analogue à celle que l’atmosphère produit à la surface
du sol; par suite, les dépôts marins y sont répartis d’une manière très-
inégale, et il existe même de vastes étendues sur lesquelles il ne s’en forme
pas.
» Les dépôts marins tendent surtout à s’accumuler dans les bassins, dans
les vallées et dans toutes les dépressions sous-marines, tandis qu’ils de-
viennent rudimentaires ou bien manquent complétement sur les parties
saillantes qui présentent des pentes abruptes. Souvent aussi ils manquent
dans les détroits et en général sur les parties du fond de la mer qui sont
balayées par des courants énergiques. On peut le constater facilement dans
le Pas de Calais et dans la Manche.
» Du reste, les sondages indiquent fréquemment que le fond de la mer
ne reçoit pas de dépôts; c’est particulièrement ce qui a lieu quand ils ren-
contrent des roches pierreuses déjà consolidées, car elles sont généralement
antérieures à l’époque actuelle. La composition minéralogique de ces
roches est assurément très-variée ; mais l'étude géologique des côtes voisines
permet de la conjecturer avec quelque vraisemblance. Autour de la Bre-
tagne, par exemple, ce sont des granites et du micaschiste, tandis que ce
sont des calcaires près de la Saintonge, de la craie sur les côtes de Nor-
mandie et de Picardie.
» Lorsque des pierres désagrégées ont été rencontrées par les sondages,
je les ai également considérées comme roches, parce qu’elles n'ont pas
pu se former sur nos côtes, au moins par de grandes profondeurs, êt qu'elles
sont aussi antérieures à l’époque actuelle.
» L'absence des dépôts marins est encore accusée par les roches qui
étant originairement pierreuses sont devenues tendres et argileuses en sè
décomposant sous Peau; les sondages en indiquent quelquefois.
» Enfin, lorsque les roches des époques antérieures sont elles-mêmes à
l'état meuble, et lorsque leur destruction sur place donne du sable où bien
de la vase, il devient très-difficile de les distinguer des dépôts de l'époque
actuelle. Cependant l'étude géologique des côtes permet, dans certains Cas;
de reconnaître sous la mer le prolongement de couches qui sont émergées-
Ainsi, un schiste, une marne, une argile produisent de la vase à mesure que
la mer opère leur destruction; or lorsque cette vase présentera des zones le
(781 )
long du rivage, sous des eaux basses et agitées, elle devra visiblement être
attribuée à des affleurements sous-marins de couches argileuses. De même,
lorsque le sable ou le gravier sont recouverts par des eaux profondes et trop
peu agitées pour en opérer le transport, ils proviennent aussi de couches
préexistantes qui ont été simplement remaniées sur place.
» Considérons maintenant les roches meubles qui tendent à remplir le
fond des mers et qui appartiennent spécialement à l’époque actuelle. Avec
les ingénieurs hydrographes, il convient d’y distinguer le sable, le gravier,
les galets, la vase, la vase sableuse, la vase graveleuse, la vase calcaire.
» Le sable et le gravier sont essentiellement formés de silice et même le
plus souvent de quartz hyalin; toutefois ils contiennent aussi les résidus qui
proviennent de la destruction des différentes roches par la mer; c’est
notamment ce qui s’observe près du rivage. Généralement, ils sont mélangés
de fragments de coquilles. Ils correspondent à des couches actuellement désa-
grégées, qui pourront être cimentées ultérieurement et passer à l’état de grès.
» Les galets bordent habituellement les falaises et appartiennent aux
débris les plus durs qu’elles fournissent; ils sont surtout très-abondants
sur les côtes crayeuses de la Manche, et alors ils consistent en silex.
» La vase se compose d’argile, et le plus souvent d’argilite, c’est-à-dire
d'argile contenant des alcalis. Tous les échantillons examinés contenaient
du carbonate de chaux, mais en proportion variable; de plus on y trouve
souvent des coquilles et des plantes marines. La vase représente donc une
couche de marne plus ou moins argileuse qui est en voie de formation.
» La vase sableuse et le sable vaseux correspondent à des couches de
marne sableuse ou de sable marneux. La vase graveleuse est également une
marne mélangée de gravier.
» La vase calcaire est essentiellement composée de carbonate de chaux,
réduit en parcelles microscopiques. Elle renferme une multitude de fora-
miniféres. Du reste on peut y trouver de l'argile ou du sable très-ténu.
C'est une craie qui est en voie de formation et qui appartient à l'époque
actuelle.
» Relativement à la répartition de ces dépôts sur le fond des mers, on
peut remarquer que le sable forme une bordure le long de toutes les côtes
de France. Cette bordure est assez étroite sur notre littoral méditerranéen ;
mais dans l'Océan le sable couvre d'immenses étendues. Il s’observe parti-
culièrement sur les côtes plates, comme celle des Landes et dé la mer du
Nord, Le gravier se dépose à peu près dans les mêmes conditions que le
sable, mais dans des eaux plus agitées.
103..
( 782)
» Les galets forment habituellement un cordon le long des falaises;
cependant ils peuvent aussi couvrir de grandes plages, comme il y en a
¿vers l’embouchure de la Seine et dans le détroit du Pas de Calais. Ces
galets sous-marins, qui maintenant ne peuvent plus être déplacés par la mer,
réclament une attention toute spéciale, car ils appartiennent nécessairement
à des dépôts antérieurs à l'époque actuelle.
» La vase qui rgste très-facilement en suspension se dépose surtout dans
les eaux calmes et profondes. Elle couvre notamment de vastes plages dans
la Méditerranée, qui n’est pas soumise aux marées. Du sable peut d’ailleurs
lui être mélangé en proportions variables.
» Quant à la vase calcaire, elle s’observe loin de nos côtes occidentales
et par les grandes profondeurs de l'Atlantique.
» La carte que je présente à l’Académie montre bien comment sont répar-
ties les différentes roches qui forment le fond de nos mers, et par consé-
quent il n’est pas nécessaire d’entrer dans des détails plus circonstanciés
à cet égard. Remarquons toutefois qu’une même teinte indique seulement
pour chaque roche un même caractère physique ou minéralogique, son âge
pouvant être entièrement différent.
» Les dépôts les plus riches en coquilles ont été délimités sur ma carte, et
l’on peut observer qu’ils sont essentiellement sableux. De plus, ils forment
des zones allongées qui bordent les côtes et ne descendent pas jusque dans
les grandes profondeurs; c’est, par exemple, ce que l’on voit bien dans la
Manche. L'observation apprend en outre que les coquilles sont très-abon-
dantes sur les côtes calcaires, comme celles de Normandie, ou sur les côtes
granitiques, comme celles de Bretagne, tandis qu’elles sont rares sur cer-
: taines côtes sableuses, comme celles des Landes. Toutes choses égales,
il y en a moins sur une côte lorsqu'elle est abrupte que lorsqu'elle est
plate.
» Les parties dans lesquelles il y a beaucoup de millépores et de plantes
marines ont été également indiquées sur la carte.
» La composition minéralogique des roches qui constituent le fond des
mers est assez variée, ce qui se comprend facilement puisqu'elles appar-
tiennent à des époques trés-différentes. D'un autre côté, les dépôts de l'é-
poque actuelle sont en relation avec la profondeur de la mer, avec la direc-
tion et la force des courants marins, el en un mot avec l'agitation des
eaux. Ils dépendent encore des roches émergées ou submergées qui consti-
tuent les bassins hydrographiques dont ils reçoivent les débris. Enfin, ils
dépendent de la composition des eaux baignant chaque côte, car elles sont
LA
( 783 )
plus ou moins favorables au développement des mollusques. Par tous ces
motifs, on conçoit que les dépôts marins de l’époque actuelle doivent aussi
être très-variés. Toutefois l'observation apprend qu'ils peuvent rester
remarquablement constants sur de vastes étendues.
» En définitive, la carte que je soumets à l’Académie représente l’oro-
graphie du fond de nos mers; elle fait connaître par des teintes conven-
tionnelles les ditférentes roches qui constituent nos côtes sous-marines, et
elle montre surtout bien comment elles sont distribuées; c’est, en un mot,
une carte lithologique des mers de France. Elle peut d’ailleurs étre utile-
ment consultée par les géologues, par les marins, et par les ingénieurs
chargés des travaux maritimes ».
M. Trémaux adresse une « Note sur la cause du mouvement des ban-
quises qui sillonnent l'Océan dans ce moment, et dés vents qu’elles occa-
sionnent, »
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. Axémousr adresse, pour le concours du prix Dalmont, un Mémoire
autographié sur le chauffage et la ventilation des hôpitaux, et indique les
aperçus qu’il croit nouveaux dans son travail.
(Renvoi à la Commission.)
CORRESPONDANCE.
M. Le PRÉSIDENT DE 1’ ÅCADÉMIE IMPÉRIALE DES Screxces, BELLES-LETTRES ET
Arts pe Marsee sollicite, pour cette Société, l’envoi des Comptes rendus
en échange de ses publications.
(Renvoi à la Commission administrative.)
GÉOLOGIE, — « M. Ér pe Braumowr fait hommage à l’Académie, au
nom de l'auteur, d’un ouvrage en trois volumes intitulé : « Prodrome de Géo-
logie, » par M. Al. Vézian. Cet ouvrage, fruit de plusieurs années d’un
travail continu, renferme, outre les idées propres à M. Vézian, un résumé
de toutes les théories dont l’ensemble constitue la science géologique. En
essayant de mener à bonne fin cette entreprise, l’auteur a toujours en pré-
Sentes à Pesprit les paroles de Bacon qu'il a placées pour épigraphe en tête
du second volume : « La théorie se forme et se soutient par l'appui mutuel
( 784 )
» de toutes ses parties, comme une voûte par les pierres qui la composent. »
Dirigé par un esprit éclectique, M. Vézian a su réunir méthodiquement,
dans un style toujours lucide et dans un ordre facile à saisir, un grand
nombre d’aperçus originaux aux résultats d’une lecture très-étendue. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Réponse aux observations de MM. Christofle et Bouilhet,
insérées au Compte rendu du 8 avril; par M. H. Durresne. (Extrait.)
« La Note relative à mes nouveaux procédés de dorure et d’'argenture,
publiée le 2 avril dans les Comptes rendus, a été de la part de MM. Chris-
tofle et Bouilhet l’objet d'observations qu’ils ont adressées à l’Académie le
8 avril. Malgré les termes très-bienveillants pour ma personne dont ces
messieurs se sont servis et dont je les remercie, j'ai besoin de ne pas laisser
ces observations sans réponse.
» MM. Christofle et Bouilhet réclament pour M. Ch. Christofle le mérite
d’une découverte qu'ils déclarent cependant être mauvaise, puisqu'ils la
disent dangereuse pour celui qui l’emploie et sans profit pour l'art.
« En 1860, continuent-ils, notre oncle a traité 12000 grammes d’or par
» l’azotate de mercure acide; nos ouvriers en ont été malades; nous
» avons fait la même opération en 1867 pour un service destiné à Em-
» pereur : nous amalgamions à la pile en employant, il est vrai, une solu-
» tion acide de mercure. »
». Il ajoutent : « Et non une solution basique comme celle qu'emploie
» M. Dufresne; mais le résultat est le méme. »
» C’est précisément contre l'emploi de ce sel de mercure acide qu'a été
écrite ma Note à l’Institut. L'avantage que présente le mercure basique
est de n’attaquer aucun des métaux qui sont à dorer; le sel de mercure
acide, au contraire, les attaque tous. Avec l'emploi du mercure acide, la
dorure d'aucune des pièces que j'ai présentées à l’Académie n'eùt été pos-
sible.
` » Dans les ateliers de MM. Christofle et Ci°, on a eu des accidents mer-
curiels à déplorer. Avec les moyens que j'emploie, rien de semblable ne
s’est jamais produit et ne peut se produire. Ma méthode n'exige pas la pré-
sence des ouvriers devant les forges pendant l'évaporation du mercure;
ils peuvent tous rester dans une autre pièce.
a En ce qui concerne l'argent, MM. Christofle et Bouilhet disent qu'on
n'a Jamais eu besoin d’appliquer ma méthode pour ce métal. Je répondrai
que je l’emploie, au contraire, fréquemment et avec succés.
( 785 )
» En résumé, je maintiens que mes moyens de dorure et d’argenture
différent complétement des procédés expérimentés et abandonnés par
MM. Christofle; qu’ils assurent aux œuvres d’art une exécution parfaite
et une solidité à toute épreuve, en même temps qu’ils garantissent l’ou-
vrier de tout danger. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Note sur l’action des déshydratants sur quelques aldé-
hydes aromatiques. Note de M. V. Lovevisise, présentée par M. Balard.
« Les recherches de M. Berthelot sur le camphre permettent de le
considérer avec beaucoup de vraisemblance comme un aldéhyde; ce corps,
en perdant de l’eau sous l’action des déshydratants, du chlorure de zinc
fondu et de l’acide phosphorique anhydre, donne, comme on sait, un hydro-
carbure, le cymène. Il m'a paru intéressant d'étudier l’action.des mêmes
agents sur les aldéhydes aromatiques, cuminique et benzoïque, dans l'es-
poir d'obtenir, en partant de ces corps, de nouveaux hydrocarbures non
saturés. L’aldéhyde cuminique, dont la composition peut être exprimée
H
G 5.
par G°H'7 ; SO, me parut offrir plus de chances de réussite pour cette
GC? He?
réaction que l’aldéhyde benzoïque G°H° — € 7 D car il contient les élé-
A
ments de l’eau dans les chaînes latérales, tandis que pour les enlever à
l'aldéhyde benzoïque il eût fallu attaquer la chaîne centrale, qui est la
partie la plus stable de toute molécule d’un corps de la série aromatique,
et résiste à beaucoup d'agents, par exemple les oxydants qui attaquent les
chaines latérales. De l’aldéhyde iniq ig t purifié de toute
trace de cymène (la partie distillant au-dessous de rgo degrés a été séparée,
le reste combiné au bisulfite de soude, les cristaux fortement comprimés
sous la presse, et ensuite décomposés avec du carbonate de soude) a été
mis en contact avec de l’acide phosphorique anhydre dans un petit ballon.
Déjà, à froid, il se produisit au bout de quelques instants une réaction
très-vive ; la chaleur dégagée fut si violente, que le ballon en fut brisé et
une grande partie de son contenu résinifiée. Vu la difficulté de modérer
l'action, je remplaçai l’acide phosphorique anhydre par du chlorure de
zinc fondu. A froid, il ne se produisit plus de réaction; elle ne se fit pas
non plus d’une manière appréciable au bain-marie. Je distillai alors l’al-
déhyde cuminique sur du chlorure de zinc fondu, en chauffant légèrement
à la lampe le ballon placé sur une toile métallique. Au bout de quelques
(3786 )
instants, une violente réactiontse aranifesta; le liquide entra en ébullition,
qui se continuahlongtemps: dprésrque la lampe fut enlevée,
» Après deux) distillation! [sur du chlorure de zinc, le liquide avait com-
plétement perdu l'odeur de l’aldéhyde et ne se combinait plus au bisulfite
de soude. Deux:distillations-sur ‘le ‘sodium suffirent pour détruire toute
trace de matière onppérele, z et Aie reculé entre 172 et 175 degrés la plus
grande partie du-hiquide! faitément Podeur du cymene. L’ana-
lyse de ce corps dalimi lebincihbbesttiivénls -
Théorie.
i9 f10 : 3p41}s ai < -ona
G= 89 04. pour 100. G = 89,55 pour 100.
H=—=1:;02 poses NH ro,45 »
LYLO
» J'avais donc obtenu. du cymène:Ẹ#Ht au lieu de l’hydrocarbure
G'°H{° non saturé que. je cherchais. La formation du cymène ne s'explique
que par la destruction d’une partie de l’aldéhyde dans les distillations, à la
suite de quoi de l hydrogène a pu se fixer sur l'hydrocarbure formé proba-
blement dans le commencement de far réaction, et l’a transformé en cymène.
Sans m'arrêter à:la recherché de ‘cet: hyrétalhuté, je passai à l'étude de
l’action des mêmes agents sur l'essence d’ amandes amères.
» Ni le chlorure de Zine, ‘ni l'acide phosphorique anhydre ne me don-
nèrent de réaction; après deux distilations sur ce dernier corps, l'aldéhyde
benzoïque resta inaltéré et se combina laubisulfite de soude. .
» Ilétait donc évident q vie mé es, substances qui enlèvent facilement
les éléments de AENEA site vi p romande quand ces éléments se
trouvent dans EIET A es unie c'est le cas pour l'aldéhyde
cuminique, ne peuvent plus les enlever q quand il faut, pour cela, entamer
la chaîne centrale, comme téla aürait dû avoir lièu pour que la déshydra-
tation de l'aldéhyde benzoïque | pât, se faire, Quoique ces recherches ne
maient pas amené au but que je me proposais d’abord, elles servent néan-
moins à mettre une, fois, de plus en évidence la grande stabilité de la chaine
centrale dans les combinaisons TEENS »
Li
i | po d
CHIMIE ORGANIQUE. — Méthode FERA pour hare et saturer d’hydro-
gène les composés organiques. , Note de, M. BERTHELOT, présentée par
M. Bertrand. (Suite.)
ĝ
$ iisi SS f 5
4? PARTIE, — CARBURES COMPLEXES ET POLYMÈRES.
« En général tous les carbures peuvent être formés par l'union succes-
sive de carbures plus simples, avec ou sans élimination d'hydrogène : cette
( 787 )
union peut même s’opérer directement, comme dans la formation de la
benzine par la condensation de 3 molécules d’acétylène, dans la formation
du styrolène par l'union de la benzine et de l’acétylène, dans la formation
de la naphtaline par la réaction de l’éthylène sur le styrolène, etc. Jusqu'à
quel point les molécules hydrocarbonées ainsi ajoutées les unes aux autres,
par une synthèse progressive, subsistent-elles distinctes dans le carbure
résultant? C’est ce que les réactions analytiques et les décompositions peu-
vent seules nous apprendre. L'action de l'acide iodhydrique me parait
destinée à jouer un rôle capital dans une telle étude : on en jugera par les
faits suivants.
I. Carbures complexes.
» 1. Phényle, CH" — C'2H'(C'2H°). = Chauffé avec 80 parties d'hy-
dracide, le phényle se change presque exclusivementen hydrured’hexylène,
comme la benzine dont il dérive, dü
C'°H*(C'? H?) + os CP H",
` En présence de 20 parties d’hydracide, le phényle reproduit de la benzine,
d'une part,
CSHCOS WMJ Wama H,
et d'autre part de l’hydrure de propylène et du carbone, lesquels dé-
rivent de la benzine dans cette condition.
» 2. Styrolène, C'H? = C'?H*{C‘H*). — Chauffé avec 80 parties d'hy-
dracide, il se change lentement en hydrure d’octylène, C'°H'$, produit
principal, volatil entre 115 et 120 degrés,
CHERS CH,
mais une petite quantité d'hydrure d’hexylène se forme en même temps.
par dédoublement,
C'H’ (CH!) + 6H? = CHH" + C'H*.
En présence de 20 parties d’hydracide, le styrolène se change presque en-
tièrement en hydrure de styrolène, probablement identique avec LAOTIphée
nyle de M. Fittig,
CH (CH) a H? = C'oH'o = C H! (C'H° ) :
Un peu de benzine se forme en même temps, par dédoublement
CH’ (C'‘H!) 4 2 H° m C H° A CH.
C R., 1867, 19° Semestre. (T. LXIV, No 18.) 104
( 788 )
» 3. Éthylbénzine (éthylphényle), C$ = "C'H" (C'H°). — Avec
80 parties rene einen carbure selchange lentement en hydrure doc-
tylène, produit principal,
Come 4H — LD
et en un peu d'hydrure d hexylène, par dédoublement,
CRE (CHA) 45587 = CHE + CH.
J'ai répété l'expérience avec l'éthylbenzine bromée.
» 4. Naphtaline, Œ? H= C'PR9(C H+) = C'H (CH? [C*H?)]. — Avec
80 parties d’ hydracide, beaucoup d'hydrure de décylène, normal,
20H + KE o?e. g)
d’hydrure d’hexylène; par dédénblemientss: f
O CE an ni LU D 4 9 C'H°:
Met i Erg
pepe CH C’ Hê.
» Avec 20 parties q’ hydracide, en ménageant l’action, le produit princi-
pal est t l'hydrure d de ns Li « où Fo EFC RTI
liquide doué Te Ra T Ai vers 209 Si. soluble à froid
dans l’acide nitrique fumant et dans l'acide sulfurique fumant, etc. Il ne
précipite pas par l’acidé piérique! Chauffél au rouge, il régénère la naphta-
line. J/hydrure.de;naphtaline,existé dansile goudron de houille et parmi
les nie de l'acétylènesz "t ise | forme ; -endécomposant par l'eau le
kaliure de naphtaline C°°H°K?.
» Avec 20 parties d'hydracidé, ét en poussant l’action à l'extrême, le car-
bure. “Précédent, disparaît presque, entièrement, et;on obtient à sa place
deux produits principaux, savoir : 1° un liquide, C*’H'', volatil entre
175 et 180, degrés, lequel paraît, identique avec le diéthylphényle ; il dé-
rive de l’ hydrure de: n phialine, cou p Gh par hydrogénation,
ES
C'*H*( Saeg + aH? = CAHA(CH[C'He]) = = CH"
a a
TSI SET i m
0) Où aí plotóp DEEPEN HE, (CHH [0° H5]); “dont la formation intermédiaire
est probable.
( 789 )
2° l'éthylphényle lui-même, dérivé du précédent par dédoublement,
C'H’ (C HJC R] j Hm CHH CSH.) + ŒHS:
un peu de benzine prend aussi naissance, aux dépens de l'éthylphényle,
C'2H! (C*H°) tr H? = C'°H° + C'H°.
» 4 bis. Alizarine, C? HO". — Je me bornerai à Ut que les deux
carbures principaux, obtenus par unë réduction complète, sont les mêmes
qu'avec la naphtaline, C°H°°, et CH"... il
» 5. Anthracène, CH? = [CH'(C?H)P = care (CR [C'H?]). —
Avec 80 parties d’hydracide, on obtient l'hydrure . de tétr 'adéċylèėne, pro-
duit principal :
CH0 H? = CIH;
l'hydrure d’heptylène, en quantiténnotable, correspondant baw toluène,
c'est-à-dire au générateur primiüf;de 1 l'anthraçène i
[ C'? H*( C?H )P+ I rH? = 5, a nets PS mubi
et une petite quantité d’ hydrure d’ hexylène
H
H
EET
C'H(C'EH [CHE] + 1a H° = aC? R+ + C'H°.
» En présence de 20 parties d’ ‘hydracide, | l'anthracène réproduit d’une
part du toluène, produit principal :
[CH (CH) + 3H7— 2 AC = acim (C'H);
sloy. 9jJ0I -19 OI]
d'autre part, une trace de benzine |!
C'H (C1 Hi [C'H?}) HAE ac FRE å
et une petite quantité d'un-catbürè liquide; Volatil ‘au-dessus de 260 de-
grés (hydrure d’anthracène ‘ou Mort ti 961 gD 2519:
IT. Car hares pri:
PERTE
EESE EENG AET: Aare keak]
TA 27: n
» J'ai examiné les dérivés p pdu propylène, de
l'amylène et du térébenthène. EE
» 1. Polyéthylènes et Pen quil de vi ME bug l stineigal carbure que
J'ai étudié est volatil vers 280 dégrés, et ré répond : à la formule
ÉCART CRUE NE
Traité par l’hydracide, il engendre le carbure C**H°*, de même condensa-
tion; les carbures C?*H°° et C!*H°*,/produits principaux, par dédouble-
104..
f . g
(79%)
135 pour les étoiles filantes de: r* grandeur ; de 95 pour celles de 2° gran:
deur; de 69 pour celles de 3°; de 78 pour celles de 4°; de 33 pour: celles
de 5°, et de 18 pour celles de 6°. Enfin, ces nombres régularisés par une
courbe donnént : globes filants, ‘104, degrés; étoiles filantes 1° gran-
deur, 135; 2° grandeur, 110; 3° pipea 94; 4° grandeur, 63; 5° gran-
deur, 40; érlgeiidinnt Qu jb
» Voulant alors juger de: i différence, qui-pouvait exister dans ce dépla-
cement del résultante aux:différentes époques de l’année, nous avons
divisé l’année’en trois Lai ce qui a donné les résultats suivants :
» 19 De janviéraucsf"mai; ole déplacement de la résultante est, pour les
étoiles filantes: idesr:$+ aii d'environ 178 degrés; pour celles de 2°,
de 130;:pour celles d&.%, de:59; pour celles de 4°, de 65; pour celles
de 5°, de 49i etenin pour celles de, 6°; de 8 degrés seulement.
»1.2° Du 1 mai an MAPS PEUT celles de 1'° grandeur, ce dépla-
pes est. de,33 degrés; pour,celles de ;2°,.il est de 31; pour celles de 5°,
de 89; pour. celles des, 4° debo pour celles de.5°, de 28; pour celles de
6° grandeurs Pz 19: i Dans, eette; période, on. voit que le déplacement est
plus con pour.celles de, 3° à " arpadenr que pour celles de 1™ et
celles, de opte IDTTS moe 3b emo -O
»,,3% Du; 1: 1, septembre au 1° hors cette au dote a marché, pour
celles de 1° ™ grandeur, de 97 degrés; PART: celles de 2°, de 77; ep celles
» Le ie me ns des abiyas dû soir au matin, pour
les étoiles filantes. fe do BAR de Er jusqu’entre V’E.-S.E. et le S-E.
jusqu'à 2 heures. d du AH dun ) 83 degrés. A partir de ce moment, c'est-
` x He"
à-dire de 2 heures à à 6 h neures da matin elle. revient de 40 degrés sur l'E.
Il IT a donc # db un premier dé Papen A de 83 degrés, et un akona
de asai D SIGN
35 PYAUOT
» ae cell LS de 2 x grandeur de résulat a est tout différent. En effet, la
résultante marché de 102 2 degrés du du $-8-0. sur l'E. jusqu’à 2 heures;
puis, de 2 heures à à 6 a du matin, retour nm S. de 68 degrés.
80 91M
» Celles de 3° ont également deux déplacements, le premier de 20 degrés
( 798 )
jusqu’à 2 heures, et le second; de: 21heures à:6 heures du matin, retour sur
le S. de 7 degrés seulement. og ep sb 5° oflos irod
» Les perturbations éprouvées parcelles de 4‘ grandeur£m’ont du soir
au matin qu’un seul déplacement de 36 degrés d’entre S.:et:S.-S.-O. vers
le S.-S.-E. Disig Er orr ul
» Celles de 5°, au contraire, ont deux déplacements : là résultante marche
d’abord jusqu’à 2 heures’ du matin-de 133 degrés duS.-S:-O.iet le S. jus-
qu'au S.-S.-E.; puis, de 2 heures à:61héures du matin, >de: l4 degrés en
retour vers le S. t Sanob inps LesboiTq eios nes
» Enfin, il y a aussi deux déplacements pour les perturbations éprouvées
par celles de 6° grandeur Le 'prérnier, jusqu’à 3 heures du-matin, -est de
102 degrés de PO. jusqu’éntré leS] etle’S.-S.-E!, ‘avec une rétrogra-
dation de 20 degrés sur le $., dé 2 heures à 6 heures dumatin:
» La loi de déplacement de la résultante, poür les diverses grindeurs
d'étoiles filantes, ne s'applique en aüéüné niariére"aux pérturbätions.
» La courbe tracée avec toutes les tiainéès, pendant cette longue pé-
riode, nous montre que là grande majorité appartiént aux directions du N.
au SE. par l'E. La plus faible partie au comrtair appartient aux directions
opposées du N. au S.-E. par l'O. Nous devons faire remarquer ici que ce
sont principalement les globes filari fS ét les étoilés Alates de' r* grandeur
qui ont presque toutes lé trainéegs! ©1299 TO 9D 1u9b0873
» Ces premiers résultats obtenus, nus! avons ‘dressé ‘des! courbes pour
chaque mois de l’année, formées les unes avec fés-météores filants, et les
autres avec leurs perturbations! ‘Nous dons ouve aa qu’en janvier,
mars et mai, les résultantes se raphfdchent lé plus près possible ‘du S. pour
les étoiles filantes, et mêmé au dela dw côté ‘du’$::0. pour Tes perturba-
tions. Ces résultats coincidéht parfäiteent avec lé'travail que nous avons
présenté à l’Académie sur Tes jouts/de pluie èt dé bé temps. | © i
» On a vu en effet que ces trois HHOiSIcompthient parmi les plus pluvieux.
Février et avril au contraire l’étai nié me ins. AUSsr, oh ne dôit pas s'étonner
si, pour ces deux mois, les r'ésaltantes 86 FaÿproëHeft davantage de l'E.
+ 2% À pare de ju Jusque debbre, Tes rauJtnti 2 rappro
de l'E. On voit aussi que ces quatre mois Onnént moins de jours de pluie.
Octobre, novembre et décembre voient les Jours ; de pluie augmenter ;
aussi les résultantes se rapprochent du $.'et même le dépassent du côté de
l'O. pour les perturbations. A TA D A a
» Les lois que nous avons
SAISONS
| “Jé rapprochent
10397 anijen pb eginal O s esgard 0.35 .2 ‘
qi onnaitre dans nos € mmunications a
514 693 JNO C op 26} Le
5h xnsD Ingma]
( 794 )
l’Académie, dans nos Recherches sur les météores et dans notre Album météo-
rique, se trouvent donc pleinement confirmées par ce nouveau travail. :
» Les courbes tracées avec les étoiles rouges qui appartiennent plus
spécialement aux étoiles filantes de 1"° grandeur ont montré que la résul-
tante de ces étoiles se trouve entre le S.-O. et l’O.-S.-O. La résultante ‘des
étoiles globuleuses, appartenant principalement aux 4°, 5° et 6° grandeurs,
se trouve entre le S.-S.-E. et le S., tout près du S.
». Les deux espèces de météores dont il vient d’être question, portés sur
une même courbe, montrent leur résultante générale entre le S. et le S.-S,-0.
à quelques degrés du S.
» En consultant ces courbes, on est convaincu que le plus grand
nombre des coups de vent, ouragans et tempêtes appartiennent aux régions
avoisinant le S.-E. et remontant vers l’ouest. On sait en effet que, pour
nous, les étoiles rouges et les étoiles globuleuses sont un pronostic certain
de tempêtes, ouragans et coups de vents.
» Pour juger de la valeur et de l’importance des perturbations dans la
pratique de la science des météores, il suffit de se reporter au travail de
l’un de nous, M. Chapelas, sur l'accord parfait qui existe entre les pertur-
bations des météores et les oscillations barométriques.
» ... M. Chapelas a fait, pour un grand nombre d'années, un travail sur
le centre de gravité des directions affectées par les étoiles filantes et sur les
maximums d'août. Ce travail est venu confirmer ce que nous avions déjà
fait connaitre, en d’autres termes, que les choses, sauf la quantité de mé-
téores, se passaient comme les autres jours de l’année. Se
» Nous avons vu avec plaisir que M. Faye avait proposé de supprimer
le nom de sporadique donné aux météores qui ne faisaient pas partie des
maximums. En effet, d’après l'observation, nous avons toujours pensé que
tous les météores filants avaient la même origine.
» Nous persistons dans l'opinion que nous avons émise, que les aéro-
lithes n’ont rien de commun avec les météores filants.
» Pour ce qui regarde les globes filants et les étoiles filantes, nous ne
pouvons qu'affirmer de nouveau que jamais nous n'avons vu aucun de
ces météores, de quelque taille qu’il soit, traverser les nuages, passer au-
dessous des cirrus ou des rayons d’une aurore boréale.
» Nous ajouterons que la longueur de la trajectoire des étoiles filantes
diminue géométriquement suivant la nature de leur taille, et que l'écart
de leurs résultantes offre les mêmes particularités. Ceci n'est-il pas un
véritable indice de leur élévation dans l'atmosphère, les globes filants
5)
étant les plus voisins de nous et les étoiles filantes de 6° grandeur les plus
éloignées?
» Nous dirons donc en terminant, sans faire ici aucune hypothèse, car
noüs pensons qu’il est encore trop tôt pour établir des théories, que la
manière dont les météores brülent, se brisent; leurs diverses compositions
qui leur donnent des couleurs si variées; les perturbations qu'ils ren-
contrent dans le parcours de leurs trajectoires, leur forme globuleuse,
leurs traînées brûlant comme les étoiles filantes de tant de manières diffé-
rentes suivant leurs diverses compositions, leur stationnement dans l’atmo-
sphère après la disparition du météore et même leur déplacement assez
considérable, les étoiles filantes qui remontent ou descendent en se trans»
formant dans leurs grandeurs, les météores qui laissent voir les étoiles
fixes de 1°* et de 2° grandeur, à travers leur composition diaphane, les
étoiles mouillées, et tant d’autres faits d'observation, devront être pris en
sérieuse considération avant d’asseoir une idée définitive sur l’origine de
ces mystérieuses apparitions. »
M. Dusarr demande l'ouverture d’un pli cacheté déposé par lui le
20 mars 1864, et dont le dépôt a été accepté : ce pli, ouvert en séance par
M. le Secrétaire perpétuel, contient une « Note sur un procédé de prépara-
tion des phénols » qui est conçue comme il suit :
« Cette classe de corps, paralléle aux alcools et isomère avec eux, peut
s’obtenir par le procédé suivant, qui paraît s’appliquer à tous les hydro-
carbures.
» On opère la combinaison des hydrocarbures avec l'acide sulfurique
monohydraté, ou, selon la résistance à la réaction, avec l’acide sulfurique
de Nordhausen. :
» Le produit obtenu est un sulfite d’hydrocarbure sulfurique, représenté
par la formule générale C“H"-!S0*, SO’, HO, qu'on transforme en sel de
Potasse et qu’on traite ensuite par la potasse caustique en fusion aqueuse.
Pendant la réaction, il se fait un dégagement d'hydrogène, et on obtient,
après dissolution dans l’eau, un sel de potasse correspondant au phénol de
l’hydrocarbure employé, du sulfite et du sulfate de potasse. |
» L'attaque par la potasse se fait avec la plus grande netteté. En rappro-
chant la formule du phénol obtenu de celle de l’hydrocarbure, on voit que
le nouveau corps, pour se constituer, a fixé 1 équivalent d'oxygène et
1 équivalent d’eau.
C. R., 1867, 17 Semestre, (T. LXIV, N° 15.) 105
6)
» Les hydrocarbures C?*H?-$ se prêtent facilement à cette réaction.
» L’essence de térébenthine se transforme en un isomère du camphre,
dont le sel de potasse est remarquable par la beauté de ses cristaux.
» Le phénol naphtalique ou naphtol obtenu par ce procédé est une sub-
stance blanche, cristallisant en belles aiguilles fusibles à 86 degrés, et dis-
tillant sans altération à 281 degrés.
» Tous ces corps jouissent de la propriété remarquable, que j'avais déjà
constatée pour l’acide phénique et la créosote, d’absorber l'oxygène de l'air
en présence de la chaux potassée, en produisant des matières colorantes
jouant le rôle d’acides faibles, très-souvent d’un beau rouge, quelquefois
jaunes comme le naphtol.
» Cette réaction paraît s'appliquer à tous les hydrocarbures, quelle que
soit leur formule, susceptibles de former avec l’acide sulfurique la com-
binaison formulée plus haut. »
. 4 LA bd à
M. Tapoxnter adresse une nouvelle Lettre relative à son procédé d’ex
traction de l'aluminium, procédé qu'il compte étendre à d’autres métaux.
Cette Lettre est renvoyée, comme la précédente, à l'examen de M. H.
Sainte-Claire Deville.
M. Sartres adresse une Lettre relative à la théorie des marées, question
. . ÀA . . i , La :
qu’il croit être une de celles qui sont mises au concours par l’Académie.
On fera savoir à l’auteur que cette question, mise en effet au concours
pour le grand prix de Mathématiques en 1856, et prorogée successivement
jusqu’en 1865, a été retirée en 1865.
1 t
M. Parav adresse une « Note sur la chaleur'et la lumière des astres, s
3 , ; ý
sur le mouvement de rotation des planètes ». L'auteur désire que cette No
soit substituée à celle qu’il a adressée le 4 mars dernier.
À 4 heures, l’Académie se forme en comité secret.
( 797 )
COMITÉ SECRET.
La Section de Géographie et Navigation, par l'organe de son Doyen
M. pe Tessan, a présenté la liste suivante de candidats à l’une des places
créées par le Décret impérial du 3 janvier 1866.
En première hgnei "ii. M. Reynaur.
En deuxième ligne. . . . ... M. Larrousse.
M. D ÂBBADIE.
M. Bovurcois.
. Courvenr pes Boss.
. DAroNpeEaV.
Poire.
. Rexov.
M. Yvox ue.
En troisième ligne, ex æquo, -
et par ordre alphabétique. . M.
-E
Les titres de ces candidats sont discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 6 heures. E-D, B:
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
‘DL’ Académie a reçu, dans la séance du 15 avril n les < ouvrages dont
les titres suivent :
De l’évidement sous-périosté des os; par M. Ch. SÉDILLOT. Paris, 1867;
1 vol. grand in-8° avec planches.
Étude médicale et statistique sur la mortalité à Paris, à Londres, à Vienne
et à New-York en 1865, avec une Carte météorologique et mortuaire; par M. L.
VACHER. Paris, 1866 ; in-8°. (Adressé pour le concours au prix de Statis-
tique. )
Histoire de deux têtes d’ Arabes décapités ; par le D" BONNAFONT. Paris, 1867;
opuscule in-8°, (Extrait de l’Union médicale.)
Les Merveilles de la Science; par M. Louis FIGUIER. 11° série. Paris, 1867;
in-{° illustré.
( 798 )
Essai sur la pellagre observée à Corfou; par M. C. PRÉTENDERIS TYPALDOS.
Athènes, 1866; in-8°. (Présenté par M. Rayer.)
Supplément à la pression stellaire, ou Nouvelle théorie des marées; par M. C.
SaLLes. Montaigu-la-Brisette, 1867; br. in-8°.
Bulletin de la Société impériale des Naturalistes de Moscou, publié sous la
direction du D" RENARD. Année 1865, n° 3; année 1866, n° 2, avec plan-
ches. Moscou, 1865 et 1866; 2 vol. in-8°.
Mémoire sur le chauffage et la ventilation des hôpitaux; par M. ANGIBOUST.
Paris, 1861; 1 vol. in-4° avec atlas autographiés. (Adressé pour le concours
au prix Dalmont.) | :
Manuel d’opérations chirurgicales ; par M. DUBREUIL. 1° fascicule : Opé-
rations qui se pratiquent sur l’appareil circulatoire (artères). Paris, 1807; in-12
avec planches. (Présenté par M. Cloquet. )
Note sur la cicatrisation des os et des nerfs; par M. DUBREUIL. Paris, 1867;
br. in-8°. (Présenté par M. Cloquet.)
De l’amputation intra-deltoïdienne; par M. DUBREUIL. Paris, 1867;
br. in-8°. (Présenté par M. Cloquet.)
Prodrome de Géologie; par M. Alex. VÉZIAN. Paris, 1865; 3 vol. in-8°.
(Présenté par M. Élie de Beaumont.)
Comptes rendus des travaux de la Société médicale d’ Emulation de Mont-
pellier; par M. L.-H. DE MARTIN, 1865-1866. Montpellier, 1867; br. in-8°.
Navigation par arcs de grand cercle, carte par M. GEOFFROY. (Présenté par
M. de Tessan.)
(La suite du Bulletin au prochain numéro.)
ERRATUM.
(Séance du 8 avril 1867.)
Page 735, ligne 21, au liçu de dispersion, lisez déviation.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 22 AVRIL 4867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. ze Préswenr fait part à l’Académie de la perte douloureuse qu'elle
vient de faire dans la personne de M. Jobert de Lamballe, décédé à Paris le
19 avril. ;
GÉOMÉTRIE, — Sur les systèmes de courbes d'ordre quelconque. —
Courbes exceptionnelles; par M. Cuasces.
« Il existe entre les deux caractéristiques u, y d’un systéme de courbes
et l’ordre m des courbes, deux relations dans lesquelles peuvent entrer
Certains termes relatifs aux points singuliers et aux tangentes multiples des
Courbes, Ces relations, telles que je les ai démontrées (1), contiennent cha-
Cune un terme dans lequel manque un facteur. C’est une erreur à rec-
tifier, Les deux relations doivent être ainsi :
2p(m—i)—v=rr'(r—i1)+s(s i),
2m —m—i—r(r—1)] — à = d + 2d' + tt'(t— 1) + 2i).
» On suppose : 1° que toutes les courbes ont un point multiple d’ordre ?”,
(1) Comptes rendus, t. LVII, p. 325.
C. R., 1867, 17 Semestre. (T. LXIV, N° 46.)
106
( 800 )
et que le lieu de ces points est une courbe d'ordre r; 2° qu'une des courbes
du système possède une branche d'ordre s qui soit multiple d'ordre s
(c’est-à-dire qui soit l'ensemble de s’ courbes égales, coïncidentes) ;
3 qu’indépendamment de leur point multiple d'ordre r, d courbes pos-
sèdent un point double, et d’ courbes un point de rebroussement; 4° que
toutes les courbes ont chacune une tangente multiple d’ordre t’, et que toutes
ces tangentes multiples enveloppent une courbe de la classe #; 5° enfin,
que toutes les courbes ont une tangente d'inflexion, et que ces tangentes
enveloppent une courbe de la classe À, indépendamment des autres tan-
gentes d’inflexion que chacune des courbes peut posséder.
-» Ce sont les facteurs 7” et t’ qui ont été omis dans mes formules. C’est à
l’obligeance de M. Zeuthen que je dois cette remarque. L'erreur est mani-
feste. Pour la première formule, on cherche l'expression de y, connais-
sant u. Plusieurs démonstrations se présentent sans difficulté. On fait,
par exemple, ce raisonnement : Par un point x d’une droite L passent
pœ courbes qui coupent L en y (m — 1) points u. Donc il existe ap.(m—1)
points x qui coïincident chacun avec un point u correspondant. Ces points
appartiennent aux courbes tangentes à L, moins ceux qui forment des so-
lutions étrangères. Lorsque x est en un des r points d'intersection de Let
de la courbe d'ordre r, lieu des points multiples d'ordre r’ de toutes les
courbes du système, par ce point passent u courbes, dont une a un point
multiple d'ordre r’. Si le point x est considéré comme appartenant à une
des branches de la courbe, il lui correspond (r’— 1) points & appartenant
aux (r’ — 1) autres branches, et coincidant avec x, ce qui fait (7° — 1) solu-
tions étrangères; et le point x devant être considéré comme appartenant
successivement aux r’ branches de la courbe, il s'ensuit qu’il y a FE 1)
solutions étrangères. Mais il existe sur L, r points semblables, ce qui fait
donc r r'(r'— 1) solutions étrangères.
» On reconnait de même que le terme relatif aux tangentes multiples dans
la seconde formule doit contenir le facteur 7’, et être £#(#—1).
» Après cette rectification, je passe à l’objet principal de la présente
communication, qui concerne les courbes multiples que peut renfermer un
système d’ordre quelconque, courbes que j'appellerai exceptionnelles.
. . 3 es-
» Courbes exceptionnelles. — Lorsqu'on trouve pour solution d’une qu
: | x ; : ns
tion une courbe, par exemple du quatrième ordre, il peut arriver, n
certains cas particuliers de la question, que cette courbe soit l’ensemble s
7 f ; -o „men
deux coniques, et même que les deux coniques coincident et form
i
( 8o01 )
ainsi une conique double. Ce résultat est naturel et ne donne lieu à aucune
observation.
» Mais la chose n’est pas aussi simple quand la courbe représentée par
deux coniques coïncidentes appartient à un système de courbes du qua-
trième ordre; car ces courbes satisfont toutes à treize conditions com-
munes, conditions qui servent à déterminer chacune d’elles. Il faut donc
que la courbe exceptionnelle formée de deux coniques coincidentes satis-
fasse aux conditions communes. Or cette courbe, qui est une conique, ne
peut satisfaire qu’à cinq des treize conditions. Il est vrai qu’il peut arriver
que quelques-unes de ces conditions comptent chacune pour plusieurs : par
exemple, que les courbes du système aient toutes un point double com-
mun, qui compte pour trois points simples, donc pour trois conditions; la
conique qui passera par ce point satisfera à ces trois conditions, et il y aura
à satisfaire encore à dix autres conditions. Il faut donc qu’il y ait quelque
autre élément qui représente, conjointement avec la conique, l’étre géomé-
trique qui satisfait aux dix conditions.
» C'est ainsi que dans un système de coniques, il existe en général des
couples de droites et des couples de points qui représentent des coniques,
parce que deux droites, de même que deux points, peuvent satisfaire aux
quatre conditions du système.
» Nous avons dit, pour fixer les idées, que deux points représentaient
un conique infiniment aplatie. Cette expression convient bien aux deux
caractères distinctifs d’une conique, savoir, que par un point on peut lui
mener deux tangentes, lesquelles sont les droites menées par les deux
sommets, et qu’une droite coupe la courbe en deux points, lesquels sont
ici infiniment voisins.
» On peut dire encore qu’une conique représentée par deux points est
un étre géométrique formé d’une droite double représentant deux droites
coincidentes, et de deux points situés sur la droite, avec cette condition que
toute droite menée par un des deux points sera considérée comme une
tangente à cet étre géométrique. <
» La considération d’une conique infiniment aplatie induit à penser
qu’une conique qui fait partie d’un système de courbes du quatrième ordre
doit être considérée comme composée d’arcs, qui représentent, en quel-
que sorte, des croissants infiniment aplatis dont les pointes seraient des som-
mets; de sorte que toute droite passant par un sommet serait une tangente.
» On peut croire que, lorsqw’on s’occupera de la question de déterminer
les courbes du quatrième ord fi taux quatorze conditions de passer
| 106..
VUIUET
( 802 )
par des points et de toucher des droites, on pourra trouver ainsi, pour des
positions particulières des données de la question, l’ensemble d’une conique
double et de certains points représentant des sommets, de même qu'on
trouve, dans la construction d'une conique, l’ensemble d’une droite et de
deux points situés sur la droite : ce qui arrive, par exemple, dans le cas
d'une conique qui doit toucher quatre droites et passer par un point
donné, lorsque ce point est situé sur une diagonale du quadrilatère formé
par les quatre droites.
» Le nombre de ces sommets satisferait à la condition que la courbe ainsi
représentée admit le même nombre de tangentes menées par un point, que
les autres courbes du système (en regardant comme tangentes multiples
les droites menées parles points multiples de chaque courbe); ce qui serait
un second caractère commun aux courbes du système.
» Il est à remarquer que les systèmes de surfaces du second ordre offrent
un exemple d'un étre géométrique représentant une surface du système, de
même que deux points représentent une conique : c’est l’ensemble de deux
plans et de deux points situés sur l’arête, intersection des deux plans. Ce
systéme de deux plans et de deux points peut satisfaire à huit conditions.
Voilà pourquoi il peut représenter une surface. Tout plan mené par Pun
des deux points est un plan tangent à la surface : de sorte que par une
droite on peut mener deux plans tangents à la surface. C'est en faisant
constamment usage de cette considération, que j'ai déterminé, par des
démonstrations rigoureuses, les caractéristiques de tous lestypes de systèmes
de surfaces du second ordre (1). M. Zeuthen, dans une communication à
l’Académie des Sciences de Copenhague, avait aussi remarqué ce système
de deux plans et de deux points, qui lui a été utile de même pour la déter-
mination des caractéristiques des surfaces qui satisfont à huit conditions
simples, et forment la XVIII: classe de mon Mémoire (2).
» D’après les considérations précédentes, je désirais former des systèmes
de courbes du quatrième ordre, dans lesquels une des courbes serait une
conique double, et où l’on reconnaîtrait la nécessité de regarder certains
points comme des sommets par lesquels passeraient des tangentes de la
courbe. Pensant que quelques systèmes de surfaces du second ordre pour-
raient donner, par la projection de leurs courbes d’intersection, les orom
ples que je désirais, j'ai eu recours à M. de la Gournerie, très-familiarisé,
A ee
(1) Comptes rendus, t. LXII, .p. 405.
(2) Voir Nouvelles Annales de Mathématiques, 2° série, t. V, p. 540.
( 803 )
comme on le sait, avec les conceptions de l'espace, et parfaitement au cou-
rant, du reste, de la théorie de ces systèmes de courbes. Cet habile géo-
mètre m'a communiqué les deux exemples suivants, qui me paraissent
résoudre la question.
» Soient trois axes rectangulaires Ox, Oy, Oz; dans le plan xy une co-
nique À, qui coupe Oy en deux points a, a’; et dans le plan zy une coni-
que B ayant la corde aa’ pour axe. Ces deux coniques déterminent un sys-
tème de surfaces U du second ordre.
» Concevons dans le plan zy une conique C ayant un de ses axes sur Oy;
de sorte que les deux coniques B, C se coupent en quatre points dont les
projections sur O y coincident en deux points c, c’. Enfin, que cette conique
soit la base d’un cylindre ayant ses arêtes parallèles à Ox.
» Ce cylindre coupe les surfaces du système suivant des courbes du
quatrième ordre, dont les projections sur le plan xy forment un système
de courbes du Jung ordre ayant deux points doubles en €, c’. Ces
courbes satisfont toutes à sept conditions communes indépendamment des
deux points doubles. Par une droite L, parallèle à Oz, on peut mener huit
plans tangents à chaque courbe d’intersection du cylindre et d’une surface
du système. Les traces de ces plans sur æy sont huit tangentes de la courbe
du quatrième ordre projection de cette intersection.
» Parmi les surfaces U, il y en a une pour laqueile le plan xy est un
plan diamétral principal, de même que pour le cylindre. Il s’ensuit que la
courbe d’intersection de cette surface et du cylindre a pour projection une
conique double Z, représentant une courbe du quatrième ordre. Cette coni-
que passe par les deux points €, c’, et doit satisfaire à sept autres conditions,
dont trois sont nécessaires pour la déterminer, et quatre serviront pour dé-
terminer sur cette conique quatre points tels, que toute droite menée par
un de ces points sera la trace d’un plan vertical tangent à la courbe de
l'espace, dont la conique est la projection. Ces quatre points sont les inter-
sections de la conique A et des deux arêtes du cylindre contenues dans le
plan XY : car les tangentes en ces quatre points à la courbe à double cour-
bure dont la conique est la projection, sont normales au plan xy, de sorte
que tout plan mené par une de ces tangentes est tangent à la courbe, et la
trace de ce plan représente nne tangente à la projection de la courbe,
c'est-à-dire à l ellipse Z.
» On adonc un système de courbes du quatrième ordre, dans lequel une
conique double, et quatre points pris convenablement sur la courbe, satis-
font aux conditions communes du système.
La
( 804 )
» Soient trois axes rectangulaires Ox, O y, Oz; une droite D dans le
plan æy; un point ĝ sur cette droite; un point I dans l’espace; et deux
coniques A, À’, dans le plan yz, ayant leur centre commun en O, et leurs
axes dirigés suivant O y et Oz. Ces coniques se coupent en quatre points,
qui se projettent sur Oy, en deux points €, c’. ;
» Concevons un plan K passant par la droite D. I} existe une surface U
passant par la conique A, et par le point I, et tangente an plan K en 8 de la
droite D. De même, il existe une surface U’ passant par la conique A’et par
le point I, et tangente au plan Ken 9. Ces deux surfaces se touchent en 6,
et se coupent donc suivant une courbe du quatrième ordre qui a un point
double en ce point 8 : la projection de cette courbe sur le plan xy est une
courbe du quatrième ordre Z ayant aussi un point double en 9, et,en outre,
deux points doubles en c et c', parce que la courbe gauche du quatrième
ordre passe par les quatre points d'intersection des deux coniques A, A’,
dont les projections coïncident deux à deux en c et c’. Ainsi la courbe
plane du quatrième ordre a trois points doubles.
» Si le plan K tourne autour de la droite D, on obtient une autre courbe
du quatrième ordre X’. On a donc ainsi en projection des courbes du qua-
trième ordre ayant trois points doubles communs, et auxquelles on peut
mener par un point six tangentes.
» Lorsque le plan K est perpendiculaire au plan xy, les deux surfaces
U, U’, qui lui sont tangentes en 4, ont le plan æy pour plan diamétral .
principal, et la projection de leur courbe d’intersection est une conique V.
Les traces des deux surfaces U, U’ sur le plan xy sont deux coniques qui se
touchent en 6, et ont deux points d’intersection v, +’ sur la conique V. Les
tangentes à la courbe d’intersection des deux surfaces aux deux points #, v"
sont perpendiculaires au plan æy, et tout plan vertical mené par un de ces
points est tangent à la courbe; sa trace représente donc une tangente à la
conique V, projection de cette courbe.
» Les courbes du. système ont trois points doubles en c, c' et 6, ce qùi
équivaut à neuf conditions ; elles satisfont donc à quatre autres conditions:
La conique V passe aussi par les trois points c, c’ et 4, et doit satisfaire aux
quatre conditions du système. Or elle est tangente à la droite D en 6. et
elle passe par la projection du point I, de même que toutes les courbes du
système. Elle est donc déterminée; mais il faut satisfaire encore à deux
conditions : ce sont ces deux conditions qui fixent sur la courbe la posi-
tion des deux points v, o’ » Qui jouissent de la propriété que toute droite
( 805 )
menée par un de ces points est la trace d’un plan vertical tangent à la
courbe de l’espace dont la conique est la projection.
» Ainsi, voilà un exemple d’un système de courbes du quatrième ordre
dans lequel se trouve une conique double, et deux points v, p’ sur cette
conique tels, que toute droite menée par un de ces points sera considérée
comme une tangente de la projection de la courbe de l'espace,
» Ces exemples d’une courbe multiple qui, avec certains points déter-
minés surla courbe, forme en quelque sorte un étre géométrique jouissant
des propriétés communes à toutes les courbes d’un système, mettront sans
doute sur la voie d’autres systèmes, qu'on formera soit avec des surfaces
d’un ordre supérieur, soit directement par des considérations de géométrie
plane.
» Ainsi, par exemple, que des courbes du quatrième ordre doivent avoir
trois points doubles &, a', a”, passer par deux points b, b', et avoir un
double contact avec une droite D, la conique Z, menée par les cinq
points a, a’, a”, b, b', représentera une conique double ayant deux sommets
et faisant partie du système : les deux sommets seront les points où la
conique coupe la droite D. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur les mouvements spontanés du Colocasia
esculenta, Schot; par M. H. Lecoo.
« IlLexiste bien peu de végétaux dont les organes n'exécutent pas spon-
tanément des mouvements divers, et nous distinguons ici ces mouvements
de ceux qui sont le résultat d’une provocation quelconque et que les bota-
nistes désignent sous le nom d’irritabilité. La plupart des mouvements spon-
tanés tiennent à l’évolution plus ou moins rapide des organes, et l'œil ne
peut les suivre. Nous ne connaissons que l Hedysarum gyrans dont les
feuilles, ou plutôt les deux folioles latérales, soient animées de mouvements
réguliers et visibles à chaque instant. Je puis ajouter un nouvel exemple
d'oscillation spontanée; il ma été offert par le Colocasia esculenta, Schot.
» Le 13 janvier 1867, en traversant ma serre chaude, je crus remarquer
un léger mouvement sur une feuille de Colocasia. Je attribuai d’abord au
déplacement de l'air par mon passage, mais un examen plus attentif me
démontra que le mouvement appartenait, non-seulement à la feuille que
J'avais fixée, mais encore à quatre autres feuilles, la plante n’en ayant que
Cinq en tout. Une feuille plus petite que les autres, ayant au moins une
année d'existence, s'agitait comme les plus jeunes. C'était, pour toutes, une
( 800 )
sorte de frémissement régulier et tellement sensible, que les feuilles de
Colocasia le communiquaient aux plantes voisines.
» Tous les jours, à partir du 13 janvier, j’observai attentivement ce pied
de Colocasia, unique dans ma serre, et je notai les phases de son agitation.
Ces phases n'avaient rien de régulièrement périodique. Quelquefois lagita-
tion persistait le jour et la nuit; le plus souvent, elle avait lieu de 9 heures
à midi, puis elle s’affaiblissait. La plante avait aussi des Jours entiers et
même des semaines de repos absolu. L'idée me vint alors, pour être averti
des heures et des périodes de mouvement, de fixer sur ma plante un cer-
tain nombre de grelots, lesquels n'étaient pas toujours assez secoués pour
sonner, mais ne manquaient jamais de m’avertir des grandes crises.
» C'est ainsi que, le 18 janvier, l'agitation commença à 2 heures du matin
et continua pendant une grande partie de la matinée. Les grelots tintaient,
et les feuilles du Colocasia frappaient sur les plantes voisines assez fort et
assez distinctement pour que je pusse, à l’aide d’une: montre à secondes,
compter les pulsations, qui étaient de 100 à 120 par minute.
» Plusieurs fois j'ai pu constater de violents accès, entre autres le 20 jan-
vier et le 2 mars. Ce dernier jour, le matin, bien que la température de la
serre se soit abaissée à 7 degrés, l'agitation est considérable sur toutes les
feuilles, tant anciennes que nouvelles, sans exception; c'est un véritable
mouvement fébrile, un violent frémissement. Il est surtout sensible sur les
bords ondulés des feuilles et sur les deux oreillettes dressées, qui ne sont
autre chose que le prolongement du limbe au delà du pétiole. Ces bords et
ces oreillettes sur lesquels roulent les grelots sont agités d’un fort tremble-
ment. Les pulsations, toujours au nombre de 100 à 120 par minute,
ont assez de force pour communiquer le mouvement au pot qui contient la
plante, et, malgré son poids de 10 à 12 kilogrammes, la main et la force
d’un homme ne l'empêchent pas de s'agiter. Cette agitation rhythmique est
encore communiquée à une belle feuille de Strelitzia Nicolai et à une grande
feuille de Philodendrum Pertusum, laquelle donne aussi l'impulsion à de très-
beaux groupes fleuris de Begonia manicata. ;
» Nous n'avons pu jusqu'ici reconnaître les circonstances qui semblent
déterminer le mouvement, ni celles qui paraissent s'y opposer; nous avons
cependant observé tous les jours pendant trois mois.
» D'abord nous Pouvons presque nier l’action de la température, bien
que son influence soit considérable sur le développement des Aroïdées,
puisqu'elles disparaissent géographiquement des régions froides de la terre-
Nous n'avons pas vu le Colocasia augmenter ses mouvements par une tem-
( 807 )
pérature de 30 degrés; nous n’avons reconnu aucun ralentissement par une
température de 7 degrés.
» Est-ce le développement de la feuille nouvelle, toujours assez rapide,
qui excite l'agitation? Tel nous a semblé l'effet produit par la feuille née en
janvier. Le mouvement, d’ailleurs peu régulier et sans périodes réglées, a
cessé dès que la feuille a atteint à peu près sa croissance. Mais, dans la
feuille née au mois de février, l'agitation n'a commencé qu'après le déve-
loppement presque complet du limbe; pourquoi cette différence ?
» Des botanistes éminents se sont occupés de divers phénemènes
physiologiques offerts par le Colocasia- esculenta; MM. Schmit, Du-
chartre et Ch. Musset ont publié sur ce végétal des travaux très-im-
portants, et se sont tous occupés de l'émission de la séve par les feuilles
de cette plante. M. Ch. Musset surtout a déterminé avec précision les
phases diverses de cette transpiration végétale, et a reconnu que, pendant
la préfoliation, la séve était lancée à quelques centimètres par deux ori-
fices en forme de stomates situés au sommet de la feuille. M. Musset à pu
compter 85 gouttelettes projetées en une minute, nombre qui peut avoir
quelque rapport avec les 100 ou 120 pulsations par minute de notre pied
de Colocasia.
» M. Musset avait eu l'obligeance de m'envoyer son travail, et je dési-
rais beaucoup voir comme lui les fines gouttelettes s'élancer du sommet de
la feuille non déroulée. Je n'ai jamais pu les observer; de plus, les sto-
mates du sommet n’ont jamais présenté d'ouverture. A aucune époque je
n'ai pu observer une seule gouttelette suspendue à la feuille ou tombant de
l'extrémité de son limbe, aucune trace d'humidité ni de transpiration.
J'avais à côté, dans une serre plus froide, une tonffe de Calla æthiopica
placée dans un bassin, et chaque feuille laissait à chaque instant tomber
sur l’eau le résultat de sa transpiration.
» Dans une autre serre, située aussi à Clermont, je visitai un Colocasia en
tout semblable au mien, qui laissait parfaitement échapper ses gouttes per-
lées de l'extrémité de ses feuilles.
» Le mouvement si remarquable et parfois si violent de mon Colocasia
tiendrait-il à une exception, à l’imperforation accidentelle des stomates et
aux secousses incessantes d’une séve emprisonnée ?
» D'un autre côté, M. Musset dit que les feuilles de son Colocasia offrent
des reflets violets à la surface supérieure; le mien est partout d’un vert
Pâle;-aurions-nous:étudié chacin one variété différente ?
» M. Musset cultivait en pleine terre, et moi eu serre chaude; la diffé-
C. R., 1867, 1er Semestre. (T. LXIV, N° 16.) 107
( 808 )
rence des stations peut avoir eu de l'influence sur les résultats. N'y aurait-il
pas aussi dans ces mouvements spontanés si énergiques quelque transfor-
mation de chaleur en mouvement, comme il y a, dans les 4rum, dévelop-
pement de chaleur au moment où la fécondation doit avoir lieu? »
M. Marins fait hommage à l’Académie d’une brochure qu’il vient de
publier, et qui a pour titre : « Glaciers actuels et période glaciaire ».
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un
Membre qui remplira, dans la Section de Géographie et Navigation, la
seconde des trois places créées par le Décret impérial du 3 janvier 1866.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 58 :
M. Reynaud obtient. . TASO PE AF Onr:
M. a ADR EOST roS Port 16 »
M syon Vikten. oe N 15 »
M. Eabrousse ore 7 PRET LETI, 7 »
M. le Maréchal Vaillant. . . . . .. n 2 »
M DANONE 00 HG Rien ire I à
Aucun des candidats n'ayant réuni la majorité absolue des suffrages,
il est procédé à un second tour de scrutin. Le nombre des votants étant
encore 58 :
M. d Abbadie obtient. . . . . . sca 24:S0HTALES,
M;::Yvon:Villarceau…… : aasa a Ti »
M Roypaud…. wa ie fé n
Mlo Maréchal Vaillant. a 2 »
D. Labrousse., … … | I »
M. Reyder ... . héhé ei I n À
Aucun des candidats n’ayant encore réuni la majorité absolue des suf-
frages, il est procédé à un troisième tour de scrutin, qui doit être un scrutin
de ballottage entre MM. d'Abbadie et Yvon Villarceau. Le nombre des
. votants n'étant plus que 57 :
M. d'Abbadie obtient. . . . . . ... 29 suffrages.
M. Villarceau. . . . . . ne fo »
( 809 )
M. Assai, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé
élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation de l'Empereur.
MÉMOIRES LUS.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur l'écoulement des corps solides soumis à de fortes
pressions; par M. Tresca. (Troisième Mémoire.) (Extrait par l’auteur.)
(Commissaires : MM. Morin, Combes, Delaunay.)
« La question de l'écoulement des corps solides soumis à de fortes pres-
sions a reçu une précieuse consécration par le prix que l’Académie m'a fait
l'honneur de m'’accorder, et pour justifier davantage cette distinction j'ai
dù considérer comme un devoir de lui faire connaître les divers sujets
qu'il wa été permis d’envisager plus récemment, dans le même ordre
d'idées.
» Nous n'avions eu en vue, dans les Mémoires précédents, que les
preuves de l’assimilation à établir entre les solides et les liquides dans le
cas où un bloc de forme cylindrique donne naissance à un jet cylindrique
d'un diamètre moindre et dont l'axe est le même que celui du bloc. Nous
ajouterons même aujourd'hui que ce cas particulier de l'écoulement des
corps solides n’avait été étudié que pour des blocs cylindriques de hauteur
restreinte par rapport à leurs dimensions en diamètre, et par conséquent
pour des jets de longueur également limitée.
» Nous avons acquis, depuis lors, des données précises sur les questions
suivantes :
» Écoulement indéfini d’un blog cylindrique par un orifice circulaire
concentrique.
» Écoulement d'un bloc cylindrique par un orifice polygonal concen-
trique.
» Écoulement d’un bloc cylindrique par un orifice circulaire excentré.
» Écoulement d’un bloc cylindrique par plusieurs orifices.
» Écoulement d’un bloc prismatique par un orifice latéral.
» Écoulement latéral d'un bloc cylindrique par un orifice circulaire ou
carré.
» Et nous avons pu nous rendre compte, au moyen de ces études pE
minaires, des mouvements moléculaires déterminés dans un grand nombre
107..
( 810 })
d'applications industrielles, parmi lesquelles nous citerons dès à présent les
applications au laminage, à la forge, au poinçonnage et au rabotage.
» Ces indications suffiront pour bien établir que nous n'avons pas eu
pour objet unique de comparer entre elles les actions produites respective-
ment par les forces extérieures sur les solides et sur les liquides, placés dans
les mêmes conditions, mais bien de jeter quelque jour sur les effets de dé-
formation que ces forces produisent sur les corps solides, considérés isolé-
ment, et, par voie de conséquence, sur la distribution des efforts résultant
de l’action de ces forces dans l’intérieur même de la masse solide.
» Si, comme nous le croyons, les faits prouvent que quelques-uns de
ces effets ont leurs analogues dans ceux de l’hydrodynamique, nous aurons
apporté une preuve de plus en faveur de l’unité de constitution molécu-
laire des corps, sous leurs différents états, et nous aurons établi que les
mouvements des liquides eux-mêmes ne sont qu’un cas particulier d’un
effet plus général de l’action des forces sur un groupe quelconque de mo-
lécules, plus ou moins libres de se déplacer les unes par rapport aux autres.
» Nous sommes ainsi conduit à exprimer cette loi générale, qui parai-
tra presque évidente par son énoncé même, et qui consiste en ce que toute
pression exercée sur un point quelconque d’un corps se transmet dans
l’intérieur de la masse et tend à y déterminer un écoulement, qui se pro-
page de proche en proche et qui se produit nécessairement dans le sens où
les obstacles à la réalisation de cet écoulement sont les moindres. »
L'auteur passe successivement en revue les résultats qui se trouvent
constatés par les nombreux échantillons provenant de ses expériences; il
produit des dessins à grande échelle représentant les coupes faites dans les
blocs et dans les jets, coupes qui démontrent la régularité complète des
phénomènes et qui font connaître pour chaque cas particulier tous les dé-
placements moléculaires qui sont la conséquence de chacune des défor-
mations. Il présente en même temps un modèle en relief de la surface en
laquelle se transforme, dans le cas de l'écoulement latéral, une des couches
concentriques du cylindre soumis à la compression. ;
Il résume ensuite l’ensemble de ces faits par les conclusions sul-
vantes :
« 1° La pression exercée par le piston sur la base supérieure de nos
cylindres se transmet aux couches inférieures, et, lorsque celles-ci sont
suffisamment éloignées de l’orifice, elles se déplacent parallèlement à elles-
mêmes, sans déformation, par conséquent avec une vitesse commune qu?
( 817 )
tend à faire croire que, dans la direction générale du mouvement, la diffé-
rentielle de la pression est constante. Dans cette zone de non-activité, les
pressions centripètes, dans une même couche, sont toutes égales entre elles,
puisqu'il ne se manifeste aucun des mouvements relatifs qui seraient inévi-
tablement la conséquence de toute inégalité entre ces pressions.
» 2° La pression en amont de l'orifice est plus grande que la pression
en aval, et c’est cette différence entre les pressions exercées dans les deux
couches placées à la limite entre le bloc et le jet qui détermine l'expul-
sion de celui-ci, et qui doit vaincre en même temps les résistances de frot-
tement qui se développent sur le bord de lorifice. Quand le jet reste
cylindrique, il faut admettre que, dans la section de sortie, les pressions
transversales se font respectivement équilibre.
» 3° Dans la zone intermédiaire, plus rapprochée de l'orifice et que l’on
doit appeler la zone d'activité, les pressions sont très-inégalement réparties
dans la masse, et l'exemple des jets creux nous fait voir qu’il y a même des
points sur lesquels ces pressions sont nulles.
» 4° A mesure que l'effort exercé sur le piston devient plus considérable,
le mode de répartition des pressions peut varier, et lorsqu'on atteint une
limite qui dépend de la nature de la matière, et que l’on peut appeler la
pression de fluidité pour chacune d'elles, le mode de répartition est influencé
par les réactions des enveloppes, par l'absence de ces réactions sur les points
non enveloppés, et elle se fait en conséquence suivant une loi géométrique,
toujours la même dans les mêmes circonstances, et qui doit expliquer les -
diverses circonstances des déformations observées.
» 5° Il y a dans l'écoulement des solides des pertes de pression, variables
dans les diverses directions, et ces pertes de pression peuvent être telles,
que certaines parties de la masse soient très-peu intéressées et restent pour
ainsi dire indifférentes aux mouvements qui animent toutes les molécules
voisines dès le moment où la pression de fluidité a été atteinte.
» Ces conclusions auraient acquis un nouveau caractère d'évidence si
nous avions pu, dans cette même communication, faire connaître à l’Aca-
démie les vues que nous nous proposons de lui présenter sur les applications
industrielles qui ont pour but la déformation d'un solide et dans lesquelles
l'écoulement des corps solides joue un rôle considérable. L’exposé de ces
vues, dans une question où les faits doivent nécessairement ètre exprimés
par des preuves démonstratives, nous aurait obligé à augmenter encore le
nombre des échantillons dont nous craignons déjà d’avoir abusé, et, si l’Aca-
démie veut bien nous le permettre, nous aurons l'honneur de les lui pré-
( 812 )
senter bientôt avec les considérations qui nous semblent de nature à mon-
trer. toute l'importance de la question qui nous occupe, au point de vue des
procédés industriels de la métallurgie et des explications nouvelles que
comporte la pratique de ces procédés. »
ZOOLOGIE. — Mémoire sur le type d’une nouvelle famille de l’ordre des
Rongeurs; par M. Arrn. Miine Enwanps, (Extrait par l’auteur.)
(Renvoi à la Section de Zoologie.)
« La classe des Mammifères a été étudiée avec tant de soin et elle est
aujourd'hui si bien connue, que les zoologistes n’y rencontrent que rare-
ment des espèces nouvelles pour la science, et, en général, celles-ci trouvent
facilement leur place dans les divisions génériques déjà établies.
» L'animal qui fait le sujet de ce Mémoire me semble done devoir inté-
resser les naturalistes d’une façon toute particulière, car il avait. échappé
jusqu'ici à leurs recherches, et il diffère tellement de tous les grands
genres linnéens, que, pour le faire rentrer dans les classifications métho-
diques actuelles, il est nécessaire d’établir pour lui, dans l’ordre des Ron-
geurs, non-seulement un genre nouveau, mais même une famille spéciale.
Je proposerai de le désigner sous le nom de Lophiomys Imhausii (1).
» Ce petit Mammifère a vécu pendant près de deux ans au Jardin d’accli-
matation du bois de Boulogne; je dois à l'amitié de M. Alb. Geoffroy Saint-
Hilaire d’avoir pu entreprendre cette étude, et je saisis avec empressement
cette occasion pour le remercier publiquement des nombreux services de
ce genre qu'il ne cesse de me rendre. | |
» Le Lophiomys Imhausi est de la taille d’un petit Lapin, mais son aspect
est très-différent, car il est pourvu d’une longue queue touffue, et les poils
du dos se dressent de façon à constituer une sorte de crinière longitu-
dinale. Les poils des flancs sont également très-longs, mais retombants;
il en résulte qu’ils sont séparés de la crinière par un sillon, dont le fond est
occupé par des poils d’un aspect fort singulier. Ils sont d’un fauve grisâtre,
couchés sur la peau, gros, aplatis, et examen microscopique montre que
leur structure est spongieuse et que la gaine épidermique qui les “entoure
constitue un véritable réseau à mailles irrégulières au milieu duquel sont
disposées des fibres longitudinales. Le reste du pelage est d’une couleur
mélangée de noir et de blanc.
(1) Foyez le journal l’Institut, numéro du 6 février 186,1, XXXV, p- 46:
( 813 )
» Le pouce des pattes postérieures est bien détaché des autres doigts, et
peut, en s’opposant à ceux-ci, constituer une véritable main préhensile, dont
l'animal se sert pour saisir avec force les objets sur lesquels il grimpe.
» Les caractères les plus importants du Lophiomys Imhausii sont fournis
par sa charpente osseuse et plus particulièrement par sa tête. La face supé-
rieure de celle-ci est entièrement couverte de granulations miliaires, disposées
avec une régularité et une symétrie parfaites. Aucun Mammifère n'offre une
disposition analogue. En arrière des orbites, la tête est extrêmement large,
mais cette disposition n’est pas due au développement de la boîte crânienne,
qui en réalité est plus étroite que chez la plupart des Rongeurs; elle dépend
de l’ossification des aponévroses des muscles crotaphytes qui s'étendent aù-
dessus des fosses temporales, de façon à s'unir aux os des pommettes et à
compléter en arrière le cadre orbitaire. Je ne connais, parmi les Mammifères,
aucun exemple d’un pareil mode d'organisation, et on ne trouve quelque
chose d’analogue que chez certains Reptiles, et particulièrement chez la
Tortue caret.
» Le système dentaire s’éloigne moins de ce qui se voit chez divers
Rongeurs, et il permet de reconnaître que c’est avec les Muridés que le
Lophiomys présente le plus de ressemblance. On compte à chaque mâchoire
une paire d’incisives et trois paires de molaires radiculées, dont la première
se compose de trois collines séparées les unes des autres par des sillons pro-
fonds. Le genre Hamster (Cricetus) est le seul chez lequel on observe une
disposition des replis de l'émail semblable à celle du Lophiomys.
» L'étude du squelette de notre Rongeur offre un grand nombre de faits
intéressants à signaler, mais je ne puis m'y arrêter en ce moment, et je me
bornerai à mentionner l’état d’imperfection extrême de ses clavicules, qui
sont suspendues dans les chairs à l’état de-stylets osseux, et le nombre
considérable des vertèbres dorsales; on compte, en effet, seize de ces osselets,
tandis que dans la majorité des cas il n’en existe que treize.
» L’estomac du Lophiomys est très-remarquable : il est uniloculaire, et
présente en dedans deux replis cristiformes, festonnés sur leur bord libre,
qui s'étendent parallèlement depuis l’orifice œsophagien jusqu'à l’origine
de la portion pylorique. Ces replis circonscrivant un sillon profond qui par
le rapprochement de leurs bords peut se transformer en une gouttière à
l’aide de laquelle les aliments liquides peuvent couler de l'œsophage jusque
dans le voisinage du pylore, sans tomber dans la cavité générale. Cette dis-
Position est fort remarquable et ne semble pouvoir être comparée qu’à la
gouttière sous-œsophagienne des Ruminants.
( 814)
» Sur le bord inférieur de l’estomac on remarque dans la cavité abdo-
minale un grand appendice en forme de doigt de gant qui débouche près
du pylore par un orifice entouré d’une sorte de sphincter. Les parois de ce
diverticulum sont épaisses, comme veloutées, et leur surface interne est
criblée d’une multitude de pores qui sont les orifices d’autant de tubes
sécréteurs, Ceux-ci vus au microscope paraissent cylindriques, longs et fort
étroits; leur diamètre n’est que d'environ + de millimètre; ils sont paral-
lèles, très-serrés les uns contre les autres, et ne présentent ni ramifications
ni renflement initial. L’estomac d'aucun Mammifère n'offre une disposi-
tion semblable. Par sa forme, l’appendice en doigt de gant rappelle un peu
les cœcums pyloriques des Poissons, mais il me parait dépendre plutôt de
la localisation des glandes pepsiques qui, au lieu d’être comme d’ordinaire
disséminées dans l'épaisseur des parois de l’estomac, seraient concentrées
dans un organe appendiculaire particulier.
» L'intestin grêle n'offre rien de remarquable, mais la disposition du
pancréas mérite d’être signalée. Les canaux excréteurs de cette glande, au
lien de déboucher directement dans l'intestin, versent leurs produits dans
le canal cholédoque, et c’est par l'intermédiaire de celui-ci que le suc
pancréatique arrive dans le duodénum. i
» Le cœcum a la forme d’un sac subcylindrique, mais il est loin d’être
aussi développé que chez la plupart des Rongeurs.
» L'appareil génital måle du Lophiomys ressemble plus à celui du Hamster
qu’à celui d'aucune autre espèce du même ordre. :
» Les détails zoologiques et anatomiques qui précèdent suffisent pour
montrer que le Lophiomys Imhausii s'éloigne considérablement de tous les
types de Rongeurs déjà connus, et il me paraît indispensable d'en former
non-seulement un genre, mais une famille nouvelle, car les particularités
de structure que l’on y rencontre ontune valeur zoologique supérieure à
celles qui ont servi de bases à l'établissement des autres groupes secondaires
de l’ordre des Rongeurs, soit qu'on ait appelé ceux-ci tribus ou familles. Je
ne puis donner aucun renseignement précis sur la patrie du Lophiomys-
Il a été acheté, en 1865, à Aden, par M. Imhaus, receveur général des
finances. Il est donc probable qu’il provient, soit de l'Arabie méridionale,
soit de la côte d’Afrique située vis-à-vis, c’est-à-dire de la Nubie ou de l’Abys-
sinie. Malheureusement M. Imhaus ne put tirer du propriétaire de l'animal
aucune indication qui ait pu servir à éclaircir cette question: »
( 815 )
MINÉRALOGIE. — Sur la formation des gypses et des dolomies ;
par M. T. Srerry Huwr.
(Renvoi à la Section de Minéralogie. )
« J'ai déjà eu l'honneur de présenter à l’Académie une Note sur lori-
gine des gypses et des dolomies. Dans cette Note, qui a paru dans le Compte
rendu de la séance du 23 mai 1859, j'ai fait voir que la réaction qui a lieu
entre le bicarbonate de chaux et le sulfate de magnésie en dissolution
donne du sulfate de chaux et du bicarbonate de magnésie. Une décomposi-
tion analogue se produit avec le sulfate de soude, de sorte que l’eau ren-
fermant du sulfate sodique ou du sulfate magnésique, et chargée d’acide
carbonique, peut dissoudre deux fois autant de carbonate de chaux que
l’eau pure imprégnée du même acide. J'ai aussi fait voir que l'alcool préci-
pite de ces solutions sulfatées toute la chaux à l’état de sulfate, et qu’une
solution renfermant à la fois du sulfate de chaux et du bicarbonate de
magnésie, laisse déposer, par une évaporation lente, du gypse d’abord et
plus tard du carbonate hydraté de magnésie. Or, comme les sources natu-
relles renferment constamment du bicarbonate de chaux, il était évident
que dans leur mélange avec l’eau de mer, évaporant dans des bassins
limités, on avait une explication fort simple de l’origine des gypses, et
en même temps des sédiments magnésiens qui les accompagnent presque
toujours.
» Restait encore à trouver l’origine du carbonate de magnésie qui se
rencontre si abondamment dans la nature à l’état de dolomie, sans être ac-
Compagné de gypse. La source première de tous les carbonates se trouve,
Comme j'ai cherché à faire voir, dans la décomposition des silicates primi-
tifs, aidée par l'acide carbonique atmosphérique, et donnant lieu surtout à
des carbonates de chaux et de soude. Ce dernier décomposait le chlorure
calcique, qui, comme j'ai fait voir, existait en très-forte proportion dans
l'océan primitif, Le carbonate ou le bicarbonate de soude, en effet, préci-
Pite d’abord toute la chaux à l’état de carbonate presque pur, et il ne se
forme que plus tard du carbonate de magnésie, qui se sépare par la suite,
mélangé ordinairement avec du carbonate de chaux, qui accompagne .
Presque toujours les eaux naturelles natrifères. Les dépôts de carbonate
Magnésien ne peuvent donc avoir lieu que dans des bassins restreints, dont
les eaux ont d’abord été privées de sels solubles de chaux; tandis que les
C. R., 1867, 127 Semestre. (T. LXIV, N° 46.) Le
( 816 )
calcaires sont des sédiments normaux, les dolomies, comme les gypses et le
sel gemme, ne se produisent que dans des conditions exceptionnelles.
» Mais si telle est l’origine des carbonates calcaires etmagnésiens, comme
j'aiessayé de lefaire voir dans une Note insérée dans le Compte rendu du 9 juin
1862, il restait encore à résoudre le problème de la production du carbo-
nate double qui constitue la dolomie. J'ai fait voir que le procédé de
Morlot ne fournissait que du carbonate de magnésie anhydre, mélangé de
carbonate et de sulfate de chaux, et que, même dans l’expérience de Mari-
gnac, où le chlorure remplaçait le sulfate magnésique, le carbonate de ma-
gnésie qui se formait par la décomposition du carbonate de chaux à une
température de 150 à 200 degrés centigrades, ne se combinait pas avec
l'excès de ce dernier. Pour faire l’analyse de ces mélanges, je me suis servi
d’un acide acétique très-faible, employé par petites portions à la fois, ce qui
permet de fractionner les matières dissoutes, et de démontrer que, dans
l’une et l'autre de ces réactions où l’on avait cru former de la dolomie, les
carbonates de chaux et de magnésie sont pour la plus grande partie à l’état de
mélange. Cependant on parvient à produire un carbonate double anhydre
de chaux et de magnésie, ayant la composition de la dolomie et se dissolvant
lentement et intégralement dans l'acide acétique faible. Cette combinaison se
forme en chauffant doucement à 120 ou 150 degrés centigrades un mélange
de carbonate de chaux et de carbonate hydraté de magnésie, comme celui
que J’on obtient, par exemple, en précipitant une solution des deux chlo-
rures par un léger excès de carbonate de soude (r). La dolomie ainsi formée
se sépare facilement d’un excès soit de carbonate anhydre de magnésie, soit
de carbonate de chaux, l’un de ces carbonates simples étant très-soluble,
et l’autre fort peu soluble dans l’acide acétique faible, à froid ,ou dans l’eau
chargée d’acide carbonique. Ces résultats, constatés par moi, partie dans
le Journal de Silliman en 1859, et partie dans le même journal du mois de
juillet 1866, ne sont donc pas nouveaux; mais je les rappelle pour faire res-
sortir l'importance d’une expérience que j'ai faite tout récemment. |
» Il est difficile d'obtenir par l'évaporation, dans les conditions ordi-
paires, une séparation complète du gypse d’une solution mélangée de sul-
fate de chaux et de bicarbonate de magnésie, et cela par le fait de la décom-
rus = i j 7 $?
position partielle de ce dernier, qui a lieu par le contact prolongé de l'air,
(1) Le magma ainsi obtenu passe spontanément, au bout de quelques jours, z Er 4
carbonates doubles hydratés de chaux et de magnésie parfaitement cristallins- J'ai déjà
analysé deux de ces composés, mais leur étude complète est encore à faire. (Poir le Journal
de Silliman, juillet 1866.) ;
(517)
et qui donne naissance à un carbonate neutre (ou plutôt à un sesqui-carbo-
nate) de magnésie qui décompose facilement le gypse encore dissous, en
régénérant du carbonate de chaux et du sulfate de magnésie. Comme il
était donc évident que la perte d’acide carbonique des solutions renfer-
mant à la fois du bicarbonate de magnésie et du sulfate de chaux expli-
quait la décomposition partielle de ce dernier pendant l'évaporation, on
pouvait croire que, dans une atmosphère chargée d’acide carbonique, cette
décomposition n'aurait pas lieu. Cette prévision s’est vérifiée; car en expo-
sant la solution dont on vient de parler à l’évaporation dans une at-
mosphère renfermant plusieurs centièmes d'acide carbonique, à côté d’un
bassin de chlorure de calcium, qui servait à absorber la vapeur d’eau, j'ai
vu le gypse cristallin se séparer sans mélange de carbonate de chaux, tandis
que le bicarbonate de magnésie, étant plus soluble, restait sans décom-
position dans les eaux mères, Or, comme on ne peut pas douter que l'at-
mosphère des temps primitifs ne renfermât une proportion d’acide carbo-
nique beaucoup plus grande que celle de notre époque, et probablement
tout ce qui s’est séparé depuis, tant sous la forme de carbonates de chaux et
de magnésie qu’à l'état de charbon fossile, on conçoit que ces temps an-
ciens offraient des conditions très-propres à la formation, par le procédé
que je viens d'indiquer, des fortes masses de gypse qu’on trouve associées à
des dolomies depuis les terrains les plus anciens jusqu’à la période ter-
tiaire.
» Pour compléter la théorie de la formation des dolomies stratifiées,
qui, d’après des études géognostiques, se sont déposées à l’état de sédi-
ments magnésiens, il ne reste, ce me semble, qu’à déterminer les conditions
de temps et de température qu'il aurait fallu pour convertir en carbonate
double les mélanges de carbonates calcaires et magnésiens, résultats de la
décomposition des sels solubles de la mer par les eaux naturelles chargées
soit de bicarbonates de chaux et de soude réunis, soit de bicarbonate de
Chaux seul, et donnant lieu dans un cas à des sédiments calcaréo-magné-
siens, accompagnés de gypse, et dans l’autre à de semblables sédiments
associés à du carbonate de chaux, c’est-à-dire à des calcaires non magné-
siens, »
108...
( 818 )
MÉMOIRES PRÉSENTES.
HYDRODYNAMIQUE. — Etudes théoriques et pratiques sur l'écoulement et le
mouvement des eaux. Note de M. Pa. Gaucurer, présentée par M. Morin.
(Extrait par l’auteur.)
(Commissaires : MM. Piobert, Morin, Combes. )
LA
« Le Mémoire se compose de trois parties : la première traite de l’écou-
lement de l’eau par les orifices; la seconde du mouvement de l’eau dans
les tuyaux de conduite, la troisième dn mouvement de l’eau dans les canaux
et dans les rivières. Il établit des formules théoriques pour ces divers cas,
et en vérifie l’exactitude par la comparaison des résultats qu’elles four-
nissent avec ceux que l'expérience a donnés.
» Première partie. — Partant des principes généraux de la Mécanique
rationnelle, j'établis l'équation du mouvement d’une molécule liquide,
renfermée dans un système de vases solides. Cette équation est
(1) | = Ces fyd |3 de,
en supposant l'axe des z vertical et dirigé de haut en bas, d la densité du
liquide, la pression éprouvée par la molécule, g l'intensité de la pesan-
teur, £ le temps et C une constante,
» On en déduit l’équation du mouvement permanent
= gr =mi ;
= 59?
le théorème de Bernoulli,
o CH FL
RAT nn Reto eye 7
et le théorème de Torricelli,
v= y 2gh.
» Considérant ensuite le recul que subit un vase pendant l'écoulement,
j établis l'impulsion que reçoit une palette d’une courbure quelconque;
par l'effet d’une lame d’eau qui y entre et en sort tangentiellement.
» La viscosité résultant d'actions mutuelles des molécules n’a pas d
fluence sur l'écoulement d’un liquide quand le mouvement permanent La
in-
(819)
établi, car le mouvement du centre de gravité d’un système est indépen-
dant des réactions moléculaires. On peut donc appeler degré de viscosité le
temps plus ou moins long qu’un liquide met à acquérir la vitesse due à la
hauteur, lorsqu'il s'écoule par un orifice.
» Passant ensuite aux contractions, j'établis pour l'écoulement par un
orifice rectangulaire l'équation connue
(2) Q= $ mL yrg (z? — 2),
où Q est la dépense, L la largeur de l’orifice, Z et z les charges sur ses côtés
horizontaux, et 7 le coefficient de dépense.
» Considérant une fente mince indéfinie, comprise entre deux plans
inclinés sur la verticale d’un angle ĝ, et supposant les filets liquides con-
vergents vers l’orifice, on trouve pour valeur du coeilicient de contrac-
tion
in
K =; (5 + cos£ )-
» Le rapport de cette valeur à celle qu’on trouverait en supposant des
filets parallèles est représenté par une construction géométrique très-
simple. Si la fente est plane, on a 8 = 90 degrés et
"=y
» Pour un orifice carré, la contraction s’exerçant dans les deux sens,
ona
K = G) = 0,017:
» Péquation (2), appliquée à une série d'expériences de MM. Poncelet et
Lesbros, montre que pour un même orifice rectangulaire le coefficient m
est indépendant des pressions, pourvu que le rapport des dimensions de
l'orifice excède pas ro. Pour les orifices carrés, l'expérience donne
m = 60; l'effet de la contraction étant 0,617, il reste pour les effets de la
courbure de la veine horizontale et du frottement la quantité 0,017.
» Il résulte des expériences de MM. Poncelet et Lesbros que si & est le
rapport du grand côté au petit, on a pour les orifices rectangulaires
m = 0,60 (1 + 0,01%),
pourvu que g soit inférieur à 10.
>» Au moment où le liquide s'écoule, il tend à entrainer avec lui le
( 820)
vase d’où il s'échappe; l'effort qu'il exerce en ce sens est appelé succion.
J'en rends compte par l'équation du mouvement permanent, et je m'en
sers pour déterminer théoriquement les coefficients d'écoulement des aju-
tages. Pour un ajutage cylindrique de peu de longueur, le coefficient de
dépense est égal à la racine carrée du coefficient relatif au même orifice
percé en mince paroi.
» Après avoir déterminé l'écoulement à travers un tuyau traversé de dia-
phragmes percés de petits trous, le Mémoire traite l’écoulement par les
déversoirs, pour lesquels il établit une formule qui rend assez bien compte
des coefficients déterminés par MM. Poncelet et Lesbros.
» Deuxième partie. — Après avoir démontré pourquoi la formule de
Prony ne pouvait pas représenter la loi du mouvement de l’eau, le Mémoire
cherche à la déterminer directement par l'observation, en étudiant les
expériences faites à Chaillot par feu M. Darcy, inspecteur général des Ponts
et Chaussées.
» Choisissant cinquante-six expériences faites par M. Darcy sur des
tuyaux en fonte neuve et en fonte vieille nettoyée, j'ai étudié les varia-
tions qu'éprouvaient les différentes puissances de la pente, du diamètre
et de la vitese, en passant d’une expérience à l’autre. Parti de la formule
théorique
fo =pv,
j'ai été conduit, après de longues et laborieuses recherches, à la formule
(3) ve + 7D Ve = a VD VI,
où v, DetI représentent respectivement la vitesse moyenne, le diamètre de
la conduite et la pente, et où & est un coefficient variant avec la nature
de la surface intérieure du tuyau. |
» La formule (3) n’est pas complète, car la vitesse devient nulle en pra-
tique avant que la pente soit réduite à zéro, à cause de la capillarité. La
formule devrait donc être Ale
Vo+zD\v=aÿD VIE,
où ĝ devrait, d’après Laplace, être de la forme 5, a étant variable avec la
nature du liquide et celle de la paroi. L'erreur cependant n’est sensible
que lorsque les pentes sont extrêmement petites, de sorte que la formule (3)
est applicable à tous les cas qui peuvent se présenter dans la pratique.
( 821 )
» En appliquant cette formule aux expériences de M. Darcy, j'en con-
clus pour g les valeurs suivantes :
Nature de la paroi. Valeurs de g.
Fonte neuve........ Mas 15 Su in: 6,628
Fonte chargée de dépôts............,. 5,5
Tole et BME ti nr rss vont asser 7,0
For OR nr sms eregir ces 6,4
PIO Past en se SN Us vds db ve 7,0
Li ie PAUVRE ÉRIC UN TT PES 6,7
» Je conclus en outre de mes applications expérimentales que la loi
d'écoulement est la même pour les petites et les grandes vitesses, contrai-
rement à l'opinion de M. Darcy, et comme les tuyaux se chargent plus ou
moins de dépôts, je conseillerai d'adopter généralement le coefficient 5,5
dans: la pratique. L'accord est d’ailleurs remarquable entre les résultats
fournis par la formule (3) et ceux de l’expérience.
» Troisième partie. — Pour déterminer le mouvement de l’eau dans les
canaux à ciel ouvert, je me suis servi des expériences exécutées par
MM. Darcy et Bazin à Dijon.
»: Après avoir constaté que la loi du mouvement n'est pas la même que
celle qui rend compte de l'écoulement dans les tuyaux, j'établis qu'elle
n’en est pas très-différente. L’équation qui la représente est, à un terme
près, la même que celle qui est applicable au mouvement de l’eau dans
les conduites; elle est de la forme
(4) Vs = « ŸR VI,
où R est le rayon moyen, v la vitesse moyenne et I la pente. De l’applica-
tion de cette formule aux nombreuses expériences de MM. Darcy et Bazin,
je conclus que g est variable avec la nature de la paroi, mais qu'il est indé-
pendant de la forme du profil.
» Tant que les pentes sont supérieures à 0,0007, les résultats de l’expé-
rience sont remarquablement d'accord avec ceux du calcul. Mais quand
les pentes sont inférieures à 0,0007, la loi change brusquement et on trouve
alors la relation
(5) = 8 VE VI.
» Je rends compte de cette différence en attribuant à un changement
dans la manière dont les molécules liquides progressent. Tant que les
pentes superficielles sont supérieures à 0,0007, elles sont déterminées uni-
( 822 }
quement par les pentes du fond, et les molécules liquides roulent les unes
par-dessus les autres en vertu des lois de la pesanteur, en allant alternati-
vement de la surface au fond. Quand la pente est inférieure à 0,0007, elle
devient fonction du rayon moyen; les molécules se meuvent en vertu des
pressions d’amont, et il se produit plutôt un mouvement de glissement
qu'un mouvement de roulement.
» Après avoir appliqué les formules (4) et (5) à des expériences de
Dubuat, Woltmann, Brünings, Baumgarten, Poirée, Emmery et Léveillé,
j'ai déterminé les valeurs pratiques de & et ĝ de la manière suivante :
Nature de la paroi. Valeurs de «. Valeurs de £.
Maçonnerie de pierre de taille et de ciment... de 8,5 à to de 8,5 à 9
Bonne maçonnerie ordinaire.............. de 7,6 à 8,5 de 8 à 8,5
Parois en maçonnerie avec fond en terre. .... de 6,8 à 7,6 de 7,7 à 8
Rigoles en terre, sans herbes ouse naice wsi de 5,7 à 6,7 deiga èig
Rigoles en terre, avec herbes sur les talus... de 5 à 5,7 ‘de 6,6 à 7
Too a a aaa , » » de 6,4 à 7
» Ces formules sont assez faciles à calculer avec des Tables des carrés et
des cubes. Elles doivent entrer dans la pratique des ingénieurs, comme
représentant les faits naturels avec plus de vérité que toutes les autres. »
ZOOTECHNIE. — Nolte sur les caractères de l'espèce et de la race et sur la non-
existence d’une race de bæufs dits niata; par M. A. Sanson. (Extrait. )
(Commissaires précédemment nommés : MM. Chevreul, Serres,
Milne Edwards.)
`
« En répondant aux objections que j'avais opposées à ses inductions
sur l’origine tératologique de certaines races d'animaux domestiques,
M. C. Dareste m’a prêté, sur les notions de race et d'espèce, des idées qui ne
sont pas exactement celles que j'ai exposées. Je demande la permission de
les rectifier très-sommairement, en renvoyant, pour plus ample informa-
tion, aux travaux que j'ai publiés sur le sujet. (Voyez Comptes rendus,
t. LXII, p. 1070, et t. LXHI, p. 418; Bulletin de la Société d’ Anthropologie
de Paris, a° série, t. I, p. 385 et 422 ; Principes généraux de la Zootechnie et
Applications de la Zootechnie, 4 vol., Paris, 1866 et 1867.)
» Je n'attache point, comme le pense M. Dareste, au mot race le sens
les naturalistes ont jusqu’à présent attaché au mot espèce. Il ma paru que
ces mots n'avaient pas encore, pour les naturalistes en général, un a
bien nettement défini, et que les notions qu’ils ont pour objet d'exprimer
que
( 845)
n'étaient point les mêmes pour tous. La plupart, si je ne me trompe, ont
détourné celui d’espèce de son sens grammatical, en y attachant une idée
de temps qu’il ne comporte pas dans notre langue. J’ai cherché à mettre en
évidence la loi dont les faits sont l'expression à cet égard, en essayant de
démontrer, par des observations précises, que les animaux domestiques
se reproduisent sous nos yeux suivant un type déterminé, qui est toujours
le même pour les individus de la même souche, et qu’ancune influence, à
ma Connaissance, n’a pu encore. faire varier d’une façon durable. D'où j'ai
conclu qu'il y a autant de races ou de groupes issus de même souche, que
l’on observe de types distincts par les caractères que j'ai indiqués. Le
terme de race, ainsi défini, exprime par conséquent la notion de la succes-
sion des générations dans un type déterminé. Et dans ce cas, la notion et le
terme sont parfaitement adéquats. Celui d’espèce, s’il est ramené à son sens
véritable, au sens qu’il a dans la Genèse, par exemple, ne correspond qu'à
la notion de distinction entre les types, distinction qui est un fait mis en
évidence par celui de la race même. Les naturalistes l’appliquent à des
groupes de types capables de donner entre eux, par l'accouplement sexuel,
des suites indéfinies. Ils l’appliquent de même pour exprimer des distinc-
tions de forme. Et c'est ce double sens du terme qui éternise les discus-
sions sur la question de l’espèce. La notion de genre n’est pas mieux fixée,
Puisque les uns la tirent des formes anatomiques communes, avec beau-
Coup d'incertitude, il est vrai, tandis que les autres l’établissent sur la
faculté de fécondité limitée.
» Je me suis borné à définir l'espèce d’après la notion qui en est le plus
généralement adoptée. Le sentiment de M. Dareste sur les questions de
mots ne me parait pas devoir être encouragé, attendu que les mots, dans
la science, expriment des choses toujours importantes. Un mot impropre
induit en erreur. Les savants rigoureux s’en abstiénnent soigneusement.
Mais le fait capital qui résulte de mes recherches est celui de la perma-
nence du type naturel. M. Dareste avance une inexactitude à cet égard,
lorsqu'il dit que la seule preuve invoquée par moi est celle de l'ignorance
où nous sommes de l’origine des races domestiques. J'ai passé en revue,
Pour les décrire et discuter leur histoire, toutes nos races véritablement na-
turelles et toutes celles qui sont présentées comme ayant été créées par l'in-
fluence des milieux. Cela forme la matière des volumes de zootechnie cités
Plus haut, Je crois avoir démontré que le type des premières n’a pas subi
la moindre variation depuis qu'on les observe, c’est-à-dire depuis la plus
haute antiquité connue; et l’on sait maintenant, d’après les nouvelles
C. R. 1867, 1°? Semestre. (T, LXIV, N° 16.) 109
( 824 )
recherches, que cela remonte loin dans le temps ; quant aux autres, il me
suffira, j'espère, de rappeler mes diverses Notes sur la variabilité des métis,
confirmatives des expériences de MM. Decaisne, Naudin, Rogron, sur les
végétaux. Ces prétendues races nouvelles, il me semble l’avoir prouvé,
n’ont aucun des caractères qui puissent faire admettre leur réalité. Elles
ont été affirmées sans vérification ni contrôle scientifique, absolument
comme celle des bœufs niata, à laquelle j'arrive maintenant.
» M. Dareste persiste à soutenir qu’elle a existé dans l’Amérique du Sud.
A l'autorité des noms qu’il avait invoqués, il joint celle des textes, et il
prétend que « c’est dépasser évidemment toutes les bornes du doute scien-
» tifique, » de nier l'existence de cette race quand elle est attestée par
deux naturalistes aussi éminents que MM. Lacordaire et Darwin. Il me
sera permis de m’étonner d’un tel mode d'argumentation, à une époque
où, dans les matières scientifiques, l'autorité des faits est fort heureuse-
ment seule valable. Je ne mets pas en doute la véracité de MM. Lacordaire et
Darwin, quant aux faits qu'ils ont observés dans les pampas et dans la pro-
vince de Buénos-Ayres, visitées par eux en naturalistes voyageurs. Ils y ont
assurément vu quelques-uns de ces bœufs appelés niata par les Espagnols.
Mais ce n’est point de cela qu'il s’agit. Les textes, que je connais d’ailleurs
fort bien, car, ainsi que je l'ai déjà dit, on les trouve partout, prouvent
précisément que ces éminents naturalistes ont dû s’en rapporter à de simples
assertions, recueillies par des voies très-indirectes, pour attester l'existence
d’une race niata. Je n’engagerai personne, voulant faire de la science sé-
rieuse, à procéder ainsi. Ces assertions sont formellement contredites par
M. le D" Martin de Moussy, qui, au moment où il en parlait à la Société d'An-
thropologie, n'avait pas seulement, comme l’a dit M. Dareste, fait une simple
visite toute récente dans la Confédération argentine, mais qui a habité
le pays pendant de longues années, et l’a décrit après l’avoir parcouru nombre
de fois dans tous les sens. Elles sont contredites par M. Vavasseur, qui, de
son côté, a résidé de 1842 à 1855 dans une campagne de la République
orientale de l'Uruguay, précisément dans le temps où les observations de
Darwin ont été faites et ses renseignements recueillis. On lui a parlé de la
race des bæufs niata, sans doute par oui-dire., C’est comme si l’on voulait
fonder une détermination scientifique des races animales sur les inscriP-
tions des catalogues de nos concours régionaux. Pe
» Le fait devant lequel, d'après M. Dareste, toute mon argumentation
doit tomber n’est donc pas encore établi, et je suis par conséquent en droit
de le considérer comme demeurant debout. »
( 825 )
M. Toxxer adresse un Mémoire « sur l’origine et la formation des gise-
ments carboniféres, »
(Commissaires : MM. Élie de Beaumont, Combes, Daubrée.)
M. Frémaux adresse, pour le concours du prix Bréant, un certain nombre
de publications relatives au choléra, avec le Résumé des recherches faites
par lui de 1832 à 1867.
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
M. Trémaux demande que le Mémoire présenté par lui le 8 avril « sur la
cause des courants maritimes » soit renvoyé à la même Commission que
ses autres travaux.
Ce Mémoire sera renvoyé, comme les autres communications récemment
adressées par le même auteur, à une Commission composée de la Section
d'Astronomie.
CORRESPONDANCE
M. 1e MINISTRE DE L’Acricusrure, pu Commerce ET DES Travaux PUBLICS
adresse, pour la Bibliothèque de l’Institut, le LVI*: volume des brevets
d'invention pris sous l'empire de la loi de 1844.
GÉOMÉTRIE. — « M. Cnasres fait hommage à l’Académie, de la part de
M. Cremona, de deux ouvrages écrits en italien.
» Le premier est intitulé : Préliminaires d'une théorie géométrique des sur-
faces; l’auteur présente une analyse sommaire, intéressante, des recherches
que l’on a faites jusqu’à ce jour sur la théorie des surfaces.
» En parlant des surfaces gauches (engendrées par une droite), il rappelle
que M. Clebsch a divisé en genres les courbes planes. Le genre d'une courbe
est ce qui lui manque de points doubles pour avoir le maximum que com-
Porte l’ordre de la courbe. Ainsi une courbe d'ordre m, douée de d points
doubles, est du genre ee d. C’est le nombre qui a été appelé
D
deficiency, où défaut, par M. Cayley dans une Note sur la correspondance de
deux- points sur une courbe, présentée à l'Académie dans notre séance du
12 mars 1866.
» M. Cremona appelle courbes projectives point par point (punteggiate pro-
100..
(:826 )
jettivamente) deux courbes d’ordres quelconques dont les points se corres-
pondent un à un respectivement. 1l démontre par un raisonnement pure-
ment géométrique que deux courbes projectives point par point, quelconques,
sont toujours du méme genre ; théorème important que M. Clebsch avait dé-
montré analytiquement (1). M. Cremona étend cette distinction en genres
aux surfaces réglées. Il appelle genre d’une surface celui de l’une quel-
conque de ses sections planes.
» Le second ouvrage de M. Cremona est intitulé : Représentation de la sur-
face de Steiner et des surfaces gauches du troisième ordre sur un plan. C'est un
mode de transformation ou de correspondance entre les points de la sur-
face et les points d’un plan. Ce Mémoire fait suite à un premier Mémoire de
l’auteur sur la surface de Steiner, inséré dans le Journal de Crelle (t. LXUI,
p- 315-328) en 1864. Cette surface jouit, comme on sait, de la propriété
caractéristique que chacun de ses plans tangents la coupe suivant deux
coniques. Le point de contact est un des quatre points d’intersection de ces
deux courbes; les trois autres se trouvent toujours sur trois droites fixes qui
concourent en un même point, et sont trois lignes doubles de la surface.
L’illustre géomètre de Berlin, dont cette surface porte le nom, en avait
conçu la génération sans en rien publier. Mais heureusement il en avait
entretenu M. Weierstrass, il ya près de vingt-cinq ans. M. Kummer, en étu-
diant d’une manière générale les surfaces du quatrième ordre sur lesquelles
se peuvent tracer des sections coniques, dans un Mémoire communiqué le
16 juillet 1863 à l’Académie de Berlin, en trouva une, que chaque
plan tangent coupe suivant deux coniques, et dont il donna l'équation.
M. Weierstrass lui fit connaître alors le mode de description de cette même
surface que lui avait communiqué Steiner, et, dans une Note lue le même
jour à l’Académie de Berlin, donna aussi, sous une autre forme, une équa-
tion de la surface. Cette communication fut bientôt suivie d’un Mémoire de
M. Schröter, lu à la même Académie, en novembre 1863 (2). Peu de temps
après parut le premier Mémoire de M. Cremona; puis une Note de
M. Cayley (3).
» Depuis, M. Moutard a fait connaitre deux propriétés fort simples de la
surface : 1° que la surface est le lieu d'un point, dont les distances à quatre
plans fixes ont entre leurs racines carrées une relation homogène du premier
SR SR E zen re
(1) Journal de Crelle, t. LXIV, 1865: Ueber die Singularitäten der algebraischer Curven.
(2) Les Mémoires de MM. Kummer, Weierstrass et Schrœter se font suite dans le Journal
de Crelle, t. LXIV, p. 66-94.
(3) Journal de Crelle, t. LXIV, p. 172.
(r827)
degré; 2° que la surface est l'enveloppe d'un plan dont les distances à quatre
points fixes ont entre leurs valeurs inverses une relation homogène du premier
degré (1).
» Enfin, M. de la Gournerie ayant considéré, dans ses Recherches sur les
surfaces réglées tétraédrales symétriques, un genre de surfaces non réglées
qu'il a appelées surfaces tétraédrales symétriques simples (p. 225-234), parce
qu’elles jouissent de propriétés symétriques par rapport aux faces, aux
sommets et aux arêtes d’un tétraèdre, a fait remarquer que la surface de
Steiner était une variété de cette famille de surfaces générales.
» L’équation de ces surfaces est
x\” ii ” m Ay œ\r PH à
z EPP eor Pré rs à
x,y, 3, # étant les distances d’un point de la surface aux quatre faces
du tétraèdre, et la puissance m pouvant être entière, fractionnaire, positive
ou négative. L'équation est celle de la surface de Steiner dans le cas de
I ` r x . . ’ .
m= = Si l’une des faces du tétraèdre est à l'infini, l'équation des surfaces
devient Ey + GY re Ey re
a; b c
» Cette équation nous rappelle que dans un ouvrage de sa jeunesse (2),
notre confrère, M. Lamé, avait signalé à l'attention des géomètres les
courbes et les surfaces exprimées par une équation de cette forme. Il a
fallu un demi-siècle pour que ces surfaces reparussent dans l'ouvrage de
M. de la Gournerie. On trouverait bien d’autres exemples d’une telle
lenteur dans certaines parties de la science. C’est ainsi que la question du
nombre des coniques tangentes à cinq coniques données, qui n’a été ré-
solue que dans ces dernières années (3), avait été proposée dès l’année 1818
par M. Gergonne, dans ses Annales de Mathématiques (t. VIII, P- 284), qui,
même, l'avait reproduite trois ans après (t. XI, p. 220). »
CHIMIE. — Sur l’indium. Note de M. Tu. Ricurer,
présentée par M. Fremy.
« L'indium se trouve spécialement dans les blendes de Freiberg : on en
rencontre également dans quelques blendes d’autres provenances. Lors-
(1) Bulletin de la Société Philomathique, t. II, p. 66; mars 1865.
(2) Examen des différentes méthodes employées pour résoudre les problèmes de Géomé-
trie. Paris, in-8°; 1818.
(3) Voir Comptes rendus, t. LVIII, p. 308, année 1864.
( 828 )
qu'on distille la blende, l’indium passe avec le zinc : too kilogrammes de
blende de Freiberg contiennent de 25 à 4o grammes d’indium.
» Pour extraire l’indium, on dissout le zinc dans acide sulfurique ou
dans l'acide chlorhydrique; le résidu qui contient encore du zinc renferme
l’indium et différents autres métaux (fer, manganèse, cuivre, étain, plomb).
On dissout ce résidu dans l'acide nitrique; et l’on évapore la solution, mé-
langée avec de l'acide sulfurique, et l’on fait ensuite passer dans la solution
étendue et faiblement acide un courant d'hydrogène sulfuré, qui précipite
presque complétement l’indium avec le cadmium et le cuivre.
» On dissout le précipité dans l'acide chlorhydrique, on précipite la
solution par l'ammoniaque, et l’on répète ce traitement jusqu’à ce que tout
le cadmium et le zinc soient séparés de l’indium. En dernier lieu, on éloigne
les faibles quantités de fer encore mélangées à l’indium, à l’aide d’une pré-
cipitation partielle par l’ammoniaque et le carbonate de soude.
» On réduit par l'hydrogène ou par le gaz d'éclairage l’oxyde d’indium
desséché et placé dans un creuset de porcelaine, et l’on fond le métal dans
une couche de cyanure de potassium.
» Le métal est blanc; sa nuance se rapproche de celle du platine; il
est extrêmement mou et ductile ; sa densité à 20 degrés centigrades = 7,15;
son équivalent rapporté à l'hydrogène = 35,0.
» L’oxyde hydraté est complétement précipité de ses solutions par Fam-
moniaque et par la potasse; la présence de l'acide tartrique s'oppose à cette
précipitation.
» L'oxyde chaud est brun foncé, et, lorsqu'il est refroidi, il devient
jaune paille. L’hydrogène sulfuré précipite extrêmement peu d'indium
d’une solution de ce métal dans les acides concentrés; de ses solutions
tres-étendues et peu acides, indium est en grande partie précipité : la
précipitation est complète dans la solution acétique.
» Le sulfure d’indium est d’une belle couleur jaune, comme le sulfure
de cadmium.
» Les sels d’indium sont incolores; le chlorure, qu’on obtient en faisant
passer un courant de chlore sur l’oxyde chauffé, est extrêmement volatil;
il donne des lamelles cristallines incolores; ce sel est extraordinairement
hygroscopique.
» Le spectre de l'indium, qui a conduit à la découverte du métal, offre
deux raies : l’une intense, d’un bleu foncé, l’autre plus faible, dans Ja
région violette. »
( 829 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Méthode universelle pour réduire et saturer d'hydro-
gène les composés organiques. Note de M. Berraeror, présentée par
M. Bertrand. (Fin.)
5e PARTIE, — MATIÈRES CHARBONNEUSES,
« L'action réductrice de l'acide iodhydrique s'étend jusqu'aux matières
charbonneuses, et reproduit les carbures saturés qui correspondent aux
principes dont ces matières représentent les dérivés polymériques.
1. Bitumène. — J'ai désigné sous ce nom le dernier carbure pyrogéné,
formé par la condensation de la benzine (1). C’est un corps noirâtre, solide,
à peu près insoluble dans tous les dissolvants, etc. Chauffé à 275 degrés,
avec 100 parties d'hydracide, le bitumène se transforme en grande partie
(70 centièmes); il produit de l’hydrure d’hexylène, C" H'*, et un carbure
oléagineux, presque fixe, que les acides nitrique fumant, sulfurique fu-
mant, leur mélange, le brome enfin n’attaquent pas à froid : c’est un car-
bure forménique (C?*H** ou C**H°°?). Cependant 100 parties d’hydracide
ne suffisent pas pour obtenir une réaction totale : un tiers environ du
bitumène avait résisté dans mon expérience, et il s'était régénéré une trace
de benzine (2).
» 2. Ulmine. — Ce composé renferme trois éléments. Je Fai préparé en
faisant bouillir le sucre de canne avec l'acide chlorhydrique concentré.
Il représente un dérivé polymérique des sucres, c’est-à-dire un corps
dont le carbone est multiple de 12. Chauffée avec 100 parties d’hydra-
cide, l’ulmine s’est changée presque entièrement en carbures forméniques.
Le principal bout vers 200 degrés et répond à la formule C?*+ H°‘ : il se forme
aussi, en quantité notable, un carbure oléagineux de la même famille,
volatil seulement au rouge sombre (C5 H5°?).
» 3. Bois. — Les principes qui constituent le bois pépes être envi-
vs comme des dérivés polymériques des sucres. Traité par l'acide iodhy-
drique, le bois fournit, en effet, les mêmes produits que l'ulmine :
hydrure de didécylène, fort diiint C*‘H°°; carbure forménique, oléagi-
neux, peu volatil (C**H5°?); hydrure d’hexylène, C'*H'*.
» 4. Charbon de bois. — J'ai choisi des fragments bien noirs, et carbo-
(1) Annales de Chimie et de Physique, 1866; 4° série, t. IX, p
(2) J'ai omis de signaler, dans la 3° partie, le changement du phénol en benzine, sous
l'influence ménagée de 20 parties d’hydracide.
( 830)
nisés jusqu’au centre, de ce charbon de fusain, léger et poreux, employé
pour le dessin des esquisses. Avec 100 parties d’hydracide, le charbon de
bois s’est changé, en majeure partie (70 centièmes), en carbures formé-
niques, identiques à ceux que fournit le bois, savoir, le carbure C**H*®, pro-
duit principal; un carbure forménique, oléagineux, presque fixe; enfin un
peu d’hydrure d'hexylène, C'*H'*. Un tiers environ du charbon avait
résisté, en formant un produit plus hydrogéné et voisin des bitumes.
» 5. Houille. — La houille se comporte comme l’ulmine et le charbon
de bois. Avec 100 parties d’hydracide, elle a fourni 6o centièmes (1) de
divers carbures forméniques (2), dont le mélange distille depuis 7o de-
grés jusqu’au rouge sombre. Il restait un tiers environ de la houille non
transformée; mais cette portion avait pris les propriétés des bitumes.
» Le charbon de bois et la houille, malgré l'analogie de leurs appa-
rences avec celles du carbone, représentent donc certains principes définis,
dérivés polymériques des principes qui constituent la fibre végétale, c'est-
à-dire en réalité dérivés polymériques des sucres. Malgré l'intervalle qui
sépare les dérivés de leurs générateurs, ils peuvent encore être saturés d’hy-
drogène et ramenés à l’état de carbures forméniques. Dans celle expérience,
le charbon de bois et la houille sont changés en huile de pétrole.
» Cependant je suis convaincu qu’une calcination plus forte rendrait ce
changement de plus en plus difficile, en rapprochant le charbon de l’état
du carbone. En effet, le charbon de bois cesse d’être attaqué par l'hydra-
cide, lorsqu’il a été dépouillé complétement d'hydrogène, ce qui peut être
réalisé à l’aide du chlore, au rouge, Le graphite naturel, non purifié, et
l’oxyde de carbone, résistent également au réactif, Mais, à l’état sec et au
rouge naissant, il métamorphose le sulfure de carbone en gaz des marais :
CS" + SHI = CH! + 2H°S? + r.
» 6. Carbone pur. — Enfin j'ai réussi, à l’aide de deux réactions succes-
sives, opérées par voie humide, à transformer le carbone pur en carbures
d'hydrogène. Voici comment. J'ai observé que le carbone pur, tel qu'il
peut être obtenu en traitant lé charbon de fusain par le chlore, au rouge
blanc, a la propriété de se dissoudre lentement à 80 degrés, dans l'acide
nitrique : il donne naissance à un composé brun, extractif, et que je n'avais
neovie in gaa
(1) La houille mise en expérience appartient aux espèces qui fonrnissent 4 à 5 centiemes
de goudron. Les carbures forméniques dérivent donc de la matière charbonneuse elle-même.
(2) Mélés avec une petite quantité de benzine.
( 831)
pas réussi jusqu’à présent à ramener par des réactions à l'état de quelque
principe organique déjà connu. Or, l’action de l'acide iodhydrique produit
l'effet voulu. Elle change le composé précédent en carbures forméniques,
C"H°"#?, analogues à ceux que fournit le bois (1). J'ai pu caractériser ces
carbures d’une manière générale, mais non les étudier encore en détail,
faute de matière. Quoi qu’il en soit, cette expérience fournit, je crois, le
premier exemple de la formation d’un carbure d'hydrogène réalisée avec
le carbone, au-dessous de 275 degrés et par voie humide.
» Les résultats que je viens d'exposer sont susceptibles de nombreuses
conséquences, soit dans le domaine de la théorie pure, soit dans celui des
applications, Je demande la permission d’en signaler quelques-unes.
» Je rappellerai d’abord un problème géologique. fort controversé,
celui de l’origine des pétroles. On sait que les pétroles américains sont
principalement formés par ces mêmes carbures saturés d'hydrogène, dé-
rivés ultimes de tous les principes organiques dans mes expériences. La
formation des pétroles, dans la nature, ne doit-elle pas être attribuée à
quelque réaction analogue à celles que j'ai observées, soit que la houille
et les débris organiques enfouis dans les profondeurs du sol éprouvent
quelque part l'influence réductrice de l’eau et des métaux alcalins, agissant
simultanément, soit peut-être même que ces débris organiques soient réduits
par l'hydrogène sulfuré? Ils seraient ainsi ramenés à l’état de pétroles, de
la même manière que le bois, l’ulmine, le charbon de bois, la houille,
dans mes expériences. Les boghead eux-mêmes ne sont pas sans analogie
avec les produits que j'ai obtenus dans la réduction incomplète de la
houille.
» On peut encore admettre comme point de départ l’acétylène, engendré
par les réactions successives de l'acide carbonique, des métaux alcalins et
de la vapeur d’eau, cet acétylène étant changé en polymères par la chaleur,
et ces derniers transformés à leur tour en carbures saturés, par une action
ultérieure de l’eau et des métaux alcalins. Une telle suite de réactions serait
également pareille à celles que j'ai réalisées.
» Je me borne à soumettre ces hypothèses aux géologues. Que l'on
adopte pour les pétroles l’une ou l’autre des origines que je viens de si-
&naler, on est conduit à concevoir la possibilité d’une formation indéfinie
de ces Carbures, soit qu’on les rapporte à une origine organique, et en
raison de la masse énorme des débris enfouis à des profondeurs inacces-
onome reena SE RTE de
(1) Je pense que l'acide graphitique de M. Brodie se comportera d’une manière semblable.
C. R., 1867, 1°" Semestre. (T. LXIV, N° 46.) 110
( 832 )
sibles, soit qu’on les rapporte à une origine purement minérale, et en
raison du renouvellement incessant des réactions génératrices.
» Au point de vue de la philosophie chimique, les expériences pré-
sentes fournissent une méthode analytique d’une extrême généralité, et
capable de résoudre une multitude de problèmes réputés jusqu'ici diffi-
ciles ou insolubles. Elles conduisent également à une théorie générale des
carbures d'hydrogène, que la place me manque pour développer ici. Enfin,
elles établissent le passage des carbures benzéniques et pyrogénés, dérivés
de l’acétylène, aux carbures forméniques, générateurs des corps gras pro-
prement dits. Elles donnent par là à la méthode synthétique directe une
portée illimitée. On en jugera par le tableau suivant :
Méthode synthétique directe.
» Le carbone et l'hydrogène libres forment l’acétylène, C'H°?.
» L’acétylène et l'hydrogène forment successivement l’éthylène, C'H,
et l’hydrure d’éthylène, C'H°.
» L’acétylène libre, étant condensé, forme la benzine, C'?H°. il
_» La benzine libre et l’hydrogène naissant forment l'hydrure d’hexy-
lène, C'°H'!.
» L’acétylène et la benzine libres forment le styrolène, C'HE.
» Le styrolène libre et l'hydrogène naissant forment l’hydrure d'octy-
lène, C'H“.
» L’acétylène et le styrolène libres forment l’hydrure de naphtaline,
C” H'°, et la naphtaline, C° Rè, i
» La naphtaline libre et l'hydrogène naissant forment l'hydrure de
décylène, C?°H??.
» La benzine et le styrolène libres forment l’anthracène, C?*H'°,
» L'anthracène libre et l'hydrogène naissant forment l’hydrure de tétra-
décylène, C’*H°°, etc., etc. |
» Ajoutons que les carbures forméniques et benzéniques sont les géné-
rateurs des séries grasse et aromatique, et nous verrons d'un coup d'œil
comment la synthèse de l’acétylène, ses condensations successives et ses
hydrogénations fournissent la base la plus directe et la plus générale à la
formation par les éléments de tous les composés organiques. »
(833)
PHYSIQUE. — Sur les températures élevées obtenues par la combustion du gaz
d'éclairage. Note de M. A. Pernor, présentée par M. H. Sainte-Claire
Deville.
« .... Depuis que j'ai eu l'honneur d'entretenir l’Académie des résultats
que j'avais obtenus en janvier 1866 (1), j'ai dù rendre mon fourneau indus-
triel, c'est-à-dire lui donner une forme et un mode de réglage qui permit
d'en faire usage sans aucune notion théorique. J'ai terminé maintenant cette
partie de mon travail; le résultat a dépassé mon attente, puisque j'arrive à
fondre, dans des fourneaux pour creusets n° 12 ou 13, et par conséquent
petits, ce qui est défavorable, 5 kilogrammes de cuivre rouge en brûlant
1500 litres de gaz. Pour 5 kilogrammes d’or à 0,750 il faut 40o litres. Les
fourneaux peuvent être construits dans toutes les dimensions et pour tous
les creusets en usage dans l’industrie, la canalisation du gaz et les dimen-
sions comme les prix des compteurs étant les seuls obstacles.
» Je commence maintenant la seconde partie de mes recherches : c’est
l'application du même principe à des appareils de laboratoire. Il suffit
pour cela de modifier les conditions de tirage. Je suis arrivé à la fusion du
nickel sans rien changer à la disposition del’appareil, sauf le tirage. Je puis,
en changeant la forme du brûleur, chauffer les moufles aux températures
les plus élevées... »
M. Govezes adresse la description d'un siphon particulier, destiné au
transvasement des liquides délétères et corrosifs, et auquel il donne le nom
de « conduite barométrique ». |
M. pe La Nox adresse de Saint-Paul (île de la Réunion) une Note relative
à la théorie des marées.
La séance est levée à 5 heures un quart. | C.
. (1) Comptes rendus, 1866, t. LXIL, p. 148.
( 854 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE,
L'Académie a reçu, dans la séance du 15 avril 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Descrizione... Description du météorographe de l’ Observatoire du Collége
romain; par le P. A. SECCHI. Rome, 1866; in-4°.
Memorie... Mémoires de l’Institut royal lombard des Sciences et des Lettres,
Classe des Sciences mathémaiques et naturelles, t. X, 3° fascicule. Milan, 1866;
in-/°.
Solenni... Réunion solennelle de l'Institut royal lombard des Sciences et des
Leitres, séance du 7 août 1866. Milan, 1866; in-8°.
Annuario... Annuaire de l’Institut royal lombard des Sciences et des
Lettres pour 1866. Milan, 1866; in-12.
Atti... Actes de la fondation scientifique Cagnola, t, IV, 1™°, 2° et 3° parties.
Milan, 1866; 3 br. in-8°.
Sulla... Sur la vinification, Mémoire par le prof. Fr. Dini. Milan, 1865;
br. in-8°.
Observacion... Observatoire royal de Madrid. Observation de l’éclipse de
soleil du 6 mars 1867. Madrid, 1867; br. in-8°.
Untersuchungen... Recherches sur les modifications musculaires dépen-
dantes de changements dans les gaz que renferment les muscles; par M. L. HER-
MANN. Berlin, 1867; in-8°. (Adressé pour le concours Montyon, Physiologie
expérimentale.)
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 29 AVRIL 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PHYSIOLOGIE. — Sur la nature des corpuscules des vers à soie.
Lettre de M. Pasreur à M. Dumas.
« Alais, 24 avril 1867.
» Vous savez que jusqu’à présent jai considéré les corpuscules des vers
à soie, dits de Cornalia, comme des organites que l’on devait ranger à côté
de tous ces corps réguliers de forme, mais ne pouvant s’engendrer les uns
les autres, tels que les globules du sang, les globules du pus, les granules
d’amidon, les spermatozoïdes, que les physiologistes désignent sous le nom
d'organites. Cette opinion, partagée par beaucoup de personnes très-auto-
risées, s'appuyait principalement sur l'impossibilité de saisir un mode quel-
conque de reproduction des corpuscules par voie de génération directe,
soit par bourgeonnement, soit par scissiparité.
» M. Leydig, dès 1853, avait assimilé les corpuscules à des psorosper-
mies, et cette opinion a été soutenue récemment par M. Balbiani. Comme
ces parasites ont, paraît-il, un mode de génération exceptionnel, qui n'a
rien de commun avec ceux que je viens de rappeler, j'ai dù chercher à
Contrôler les descriptions de M. Balbiani. Je n’y ai point réussi; mais ces
C. R., 1867, 197 Semestre. (T. LXIV, N° 47.) 1117
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À
( 836 )
études nouvelles m’ont offert l’occasion de constater rigoureusement la
génération des corpuscules par scissiparité, tout au moins dans les circon-
stances que je vais indiquer.
» Lebert, en 1856, avait admis l’existence de ce mode de génération des
corpuscules, tout en n’étant que médiocrement satisfait lui-même de ses
preuves, ét, depuis lors, personne à ma connaissance n'avait pu voir le
nombre considérable de corpuscules en voie de division qu'aurait exigé
l'existence d’un pareil développement de ces petits corps. -S'ils se multi-
plient, disait-on, par scissiparité à la façon des vibrions, etc., comment ne
voit-on pas toujours, dans le champ du microscope, parmi des milliers de
corpuscules, bon nombre de corpuscules doubles, triples, ou prêts à le de-
venir? Telle était l’objection, et, comme à beaucoup d’observateurs, elle
m'avait paru irréfutable. Mais je viens de reconnaître qu'il est très-facile de
rencontrer, en nombre immense, des corpuscules à tous les états d’une divi-
sion spontanée.
» Il suffit de considérer la tunique interne de l'estomac des vers corpus-
culeux. Je ne veux rien préjuger encore sur le mode de formation des cor-
puscules des autres tissus; mais à coup sûr, dans la tunique interne de l'es-
tomac, les corpuscules se forment par scissiparité, perpendiculairement au
grand axe. Je ne doute pas que tous les micrographes ne partagent cette
manière de voir.
» Tout récemment, ainsi que je l’ai fait connaitre dans ma Note du 7 jan-
vier dernier, et dans ma Lettre du 1% mars à M. Marès, Correspondant de
l’Académie, j'ai observé dans les corpuscules un détail de structure ip
avait passé inaperçu : je veux parler de l'existence dans chaque organe d'un
noyau dont la nettété de contour ne le cède en rien à celui des corpuscules
eux-mêmes. :
» Les noyaux ont exactement la forme ovalaire des corpuscules. Or, il
est possible de reconnaitre, et cela confirme, ce me semble, la réalité e
existence du mode de génération dont je parle, que ces noyaux se divisent
en même temps que les corpuscules; en outre, il arrive fréquemment qu il
y a dans le noyau des traces de divisions, avant même qu'on en aperçoivé
dans les corpuscules.
» J'ai la satisfaction d'ajouter, en terminant, que je pense pouvoir vous
adresser prochainement une étude à peu près complète de la maladie, ap-
puyée sur des preuves expérimentales dont la rigueur obtiendra, je pense?
votre approbation et celle de l’Académie. »
(837)
MÉTÉOROLOGIE. — Mémoire sur les principales causes qui influent sur les
pluies; par M. Becquenez. (Extrait. )
« La question des pluies est une des plus complexes de la météorologie,
en raison des causes nombreuses qui exercent une influence sur leur pro-
duction et dont les principales sont la latitude, la position continentale ou
maritime des lieux; la direction des vents, suivant qu'ils soufflent de la mer
ou de la terre; l'altitude, la proximité des montagnes et des bois; les bas-
sins des fleuves et les vallées, ete., etc.
» M. de Gasparin est le premier qui ait embrassé cette question sous le
point de vue le plus général; il a réuni de nombreuses observations faites
sur tous les points du globe, les a coordonnées et en a tiré, sinon des lois,
du moins des conséquences générales qui ont été confirmées en partie par
des observations ultérieures. Ses recherches à cet égard sont exposées avec
d'assez grands développements dans son Traité d’ Agriculture.
» Depuis cette publication, les observations météorologiques se sont
multipliées; le corps des Ponts et Chaussées a placé des udomètres dans les
bassins des fleuves et des principales rivières de France sujets à des inon-
dations, dans le but d'étudier leur cause et leur marche. On a pu ainsi
recueillir une foule de documents importants qui ont été discutés par
d'éminents ingénieurs, notamment par M. Belgrand, qui a cherché les
rapports existant entre les quantités d’eau tombées et les altitudes dans les
bassins de la Seine et de ses affluents; et par M. Collin, qui a déterminé les
rapports entre ces quantités et celles qui sont évaporées,
» D'autre part, des physiciens, des ingénieurs et des agronomes distin-
gués se sont occupés d’admidométrie et de questions qui s’y rattachent,
mais il n’est question dans ce Mémoire que des causes les plus apparentes
qui exercent une influence sur les pluies en général.
» La pluie provient d’un refroidissement dans une masse d’air saturée
de vapeur; mais les météorologistes ne sont pas d’accord sur les causes de
ce refroidissement : Fulton a admis qu’il provenait du mélange de deux
masses d'air saturées de vapeur, n'ayant pas la même température; d’autres
météorologistes ont dit qu'il suffisait qu’un vent chaud au maximum d’hu-
midité traversât une contrée froide pour qu’il y eùt chute d’eau. M. Babinet
a admis, enfin, le principe suivant, qui est d’une application beaucoup plus
générale.
» Lorsqu'un gaz se dilate, il y a abaissement de temps; s’il se comprime,
Hia
( 838 )
il y a, au contraire, élévation. Or, les masses humides transportées par les
vents montent et descendent suivant le relief du sol: si elles montent, leur
pression diminue, leur température s’abaisse, le degré d'humidité augmente
et, quand il est à son maximum, la vapeur d’eau se condense; l'expérience
confirme ces conséquences. Lorsqu'un vent soufflant de la mer, et par con-
séquent est humide, rencontre une montagne d’une hauteur suffisante, il
est refoulé sur lui-même, la masse d’air s'élève en glissant sur la surface des
pentes, sa température s’abaisse, et, suivant la hauteur de la montagne, la
température de l’air et son degré d'humidité, il pourra y avoir brouillard,
bruine, pluie ou neige sur les deux versants et beau temps au bas. M. Ba-
binet en tire la conséquence qu'il doit pleuvoir davantage sur les montagnes
que dans les plaines inférieures, ce qui est vrai; mais cette règle a des excep-
tions, comme on le verra plus loin.
» La théorie de M. Babinet repose, sans aucun doute, sur des faits exacts,
mais elle ne s’applique qu'aux cas où les masses d’air humide, poussées
par les vents, rencontrent des obstacles qui les forcent à s'élever; si ces
obstacles ont peu d’élévation, comme les bois qui ont 8 ou 10 mètres de
hauteur, l’abaissement de température ne va pas au delà de o°,1 à 0°,2;
dans ce cas, la précipitation de la vapeur est à peine sensible, si toutefois la
température de lair au haut des arbres est sensiblement la même qu’au bas;
mais cette égalité n’est que momentanée, comme mes observations le mon-
trent : le jour et la nuit, le rayonnement solaire et le rayonnement not-
turne produisent sur les feuilles des effets contraires, et par suite sur l'air
ambiant; la température de l'air est plus élevée ou plus basse qu’à une cer-
taine distance tant que l'équilibre n’est pas établi. Dans le premier Cas, la
masse d’air humide transportée par le vent, et qui s'élève, le deviendra
moins; dans le second, elle le deviendra davantage, et il pourra en résulter
au-dessus des bois, et jusqu’à une certaine distance, une précipitation de
vapeur donnant lieu à des nuages, à des bruines ou à de la pluie.
» On est dans usage de mesurer la quantité d’eau tombée dans un lieu
au moyen d'udomètres placés à diverses hauteurs au-dessus du sol, au lieu
de leur donner la même altitude. M. Belgrand a signalé les inconvénients
qui en résultent, attendu que la quantité d’eau recueillie près du sol dans la
même localité est toujours supérieure à celle obtenue à une certaine hau-
teur; les quantités recueillies sur différents points ne sont donc pas rigou-
reusement comparables; néanmoins, malgré cet inconvénient, il est parven"
à trouver des rapports entre les hauteurs et les quantités d’eau tombée dans
le bassin de la Seine.
( 839 )
» Je rappelle d’abord dans le Mémoire, comme utiles à la question, les
observations que j'ai faites sur la température des arbres, laquelle doit être
prise en considération dans la question des pluies. Ces observations ont con-
duit aux conséquences suivantes : 1° la température moyenne annuelle de
l'air et celle d’arbres isolés sont sensiblement les mêmes; les heures des
maxima et des minima sont différentes et varient suivant la grosseur des
troncs, celles des branches et des feuilles; dans ces dernières, les change-
ments de température ont lieu à peu près comme dans Pair; dans les jeunes
branches, un peu plus tard, puis dans les grosses branches, ainsi de suite
jusqu’au tronc, où les maxima, quand il a 5 ou 6 décimètres de diamètre,
ne se montrent que vers 10 heures du soir en été et 6 heures en hiver.
» Lorsque les arbres sont groupés et forment des bois, il n’en est pas
tout à fait de même; les troncs et les branches, étant garantis du rayonne-
ment solaire et du rayonnement nocturne par les feuilles, s’échauffent len-
tement ; celles qui sont à la périphérie s’échauffent ou se refroïidissent sous
l'influence de l’un ou de l’autre de ces rayonnements, et réagissent en même
temps sur la température de lair ambiant. Les feuilles qui sont au-dessous
étant abritées par celles qui sont au-dessus ne participent plus autant aux
mêmes effets calorifiques. En hiver, quand les feuilles sont tombées, les
branches et les brindilles servent encore d'abris, quoique avec beaucoup
moins d'efficacité. Les observations de température faites au nord, à 1", 33,
au même instant et à diverses hauteurs, donnent des différences qui s’éle-
vent quelquefois à 3 ou 4 degrés en faveur de l'air au-dessus des arbres, vers
3 heures, hors du rayonnement solaire ; la différence diminue ensuite à me-
sure que le rayonnement céleste augmente : ce n’est que vers 6 heures du
matin que l'équilibre de température de l’air est établi au haut des arbres,
à 1,33 au-dessus du sol, au nord et au midi. On trouve, dans le Mémoire,
l'exposé des variations de température que lair éprouve aux diverses sta-
tions pendant les vingt-quatre heures.
» L'expérience démontre que les arbres, en s’échauffant ou se refroidis-
sant sous l'influence du rayonnement solaire et du rayonnement nocturne,
Comme tous les corps qui sont à la surface de la terre, échauffent ou refroi-
dissent l'air ambiant, d’où résultent des courants d’air chaud ascendant
et d’air froid descendant dans le jour, et dans la nuit des courants d’air
froid descendant et d'air chaud supérieur venant des parties inférieures,
lesquels courants exercent une influence sur la température de lair am-
biant, et par suite sur les phénomènes aqueux.
» Lesob tions! tri faites avec le psychromètre électrique
+409 VJYUYSCE a * À «| i
~
( 840)
dont j'ai donné la description dans un précédent Mémoire prouvent que
la vapeur d’eau qui s'exhale des arbres se mêle aussitôt à lair ambiant,
par suite de la loi qui régit le mélange des gaz et des vapeurs et de manière
à former un état hygrométrique moyen; il résulte de là que, tant que Pair
qui est à une certaine distance du bois n’est pas au maximum de saturation,
celui qui est au-dessus des feuilles, malgré l’exsudation incessante, n'y est
pas non plus. C’est là où l’on doit chercher l'explication de l'influence des
-grandes masses de bois sur les pluies, à part toutefois lerôle qu’elles jouent
comme abris.
» Voyons maintenant l'influence des causes locales.
» M. de Gasparin a démontré, en classant et discutant un grand nombre
d'observations, qu’en Europe, en Asie et en Amérique, les pluies dimi-
nuent en allant de l'équateur aux pôles et sont par conséquent en rapport
avec l'évaporation; cette loi toutefois n’est pas sans exceptions, en voici
quelques exemples.
» 1° Les pluies considérables de l’Italie, au nord des Apennins, con-
trastent avec celles tombées au sud; leur rapport est de 1151: 813; cette
différence tient à l’influence des Apennins opposés aux vents de pluie.
A Bergen, sous le 60° 24° de latitude nord, il tombe en moyenne, annuelle-
ment, 2250 millimètres de pluie, comme sons les tropiques, tandis qu'à
Madère il n’en tombe que 557 millimètres; à Lisbonne, 608; à Bordeaux,
650, etc., etc.
» La discussion des observations met bien en évidence la diminution des
pluies en s’éloignant de la mer, et s'avançant par conséquent davantage
dans l’intérieur des continents; c’est aujourd'hui un fait incontestable.
» L'influence des hauteurs a également été mise en évidence par M. de
Gasparin, qui est arrivé à cette conclusion, que les grandes chaînes de mo-
tagnes exercent une telle influence, qu’en comparant les lieux à fortes puo
avec les directions de ces chaînes, on trouve que les reliefs de ces dernières
représentent réellement les points pluvieux sur une carte géographique.
_» M. Belgrand, dans un travail remarquable sur le régime de la pluie
dans le bassin de la Seine, comparant les observations recueillies en 1861,
1862, 1863 et 1864, a trouvé d’abord que les quantités d'eau tombées sur
le bord de la mer, à embouchure de la Seine, sont plus considérables que
dans la vallée d'Oise; qu’à partir de Paris, le plateau se relève très-dou”
cement jusqu’à la Champagne; aussi, à peine si l'augmentation dans al
tude compense l'éloignement de la mer. Le minimum de la pluie se main-
tient jusqu’à la limite de la Champagne sèche. A partir de la Champagne
(848) .
humide, l'altitude se relève rapidement, et la quantité de pluie augmente.
» Les mêmes conséquences ont été déduites des observations faites dans
l'Yonne. |
» M. Belgrand a reconnu encore ce fait signalé d’abord par M. Vignon,
qu’il tombe plus de pluie dans les vallées que sur les plateaux voisins ; à
quelques exceptions près, on peut néanmoins admettre que la quantité de
pluie croît avec l'altitude. En appliquant le même mode de discussion aux
observations recueillies, de 1859 à 1866, dans les bassins de la Loire, de
l’Allier, du Cher, de l'Indre et de la Vienne, j'ai trouvé la même influence
des hauteurs et des vallées sur les pluies.
» Les montagnes opposées à la propagation des vents pluvieux et froids
agissent bien comme abris, sous le rapport de la température, à l'égard
d'une certaine étendue de pays sur le revers opposé; mais préservent-elles
également des pluies cette même étendue? Les masses d'air humide en s’é-
levant perdent en totalité ou en partie les vapeurs qu’elles transportent; si
elles en conservent encore en redescendant sur le revers opposé, il peut en
résulter des météores aqueux bien que la pression de l’air augmente; mais
l'élévation de température de la partie abritée en diminue encore la chance.
» M. de Gasparin a remarqué, par exemple,'que dans les plaines d'Orange,
lorsque le vent du nord, après avoir franchi les montagnes du Dauphiné,
vient frapper les terres sous un angle de 15 degrés environ, une hauteur
de 200 mètres préserve un espace de 2160 mètres qui est réservé aux cul-
tures les plus délicates; la température moyenne de l’année y est supé-
rieure de r degré à celle des lieux voisins non préservés. C’est à l’aide de
semblables abris que les orangers viennent en pleine terre à Yères et à
Ollioules.
» On conçoit d’après cela que les masses d’air, après avoir passé au-
dessus des montagnes, si elles sont encore humides, le deviennent moins
dans des parties préservées, non-seulement parce qu’elles arrivent dans des
Parties plus basses, mais encore parce qu’elles se répandent dans des lieux
ayant une température plus élevée qu’au delà.
» Les forèts agissent un peu différemment; les vents pluvieux qui
viennent se heurter contre elles ne sont pas arrêtés aussi brusquement
que lorsqu'ils rencontrent des montagnes; dans ce cas-ci les masses d'air
s'élèvent et s'écoulent sur les côtés en totalité, tandis que dans l’autre une
Partie traverse la forêt, où elle est arrêtée à chaque instant par les arbres
qui lui font perdre de sa vitesse; de sorte que si la forêt a une grande épais-
seur, en sortant elles auront perdu la plus grande partie de leur violence
( 842 )
jusqu’à la hauteur des arbres, bien entendu; quant à leur état calorifique
et aqueux, elles participeront de celui de l'air sous bois, lequel peut exercer
une influence sur les météores aqueux au delà de la forêt, comme on l’a dit
précédemment. | |
» Quand les arbres sont en feuilles, celles-ci exhalent de la vapeur qui
se répand dans l’air jusqu’à une certaine distance, d’où résulte un état hy-
grométrique moyen; cette exhalaison augmente le degré d'humidité de
l'air en mouvement, s’il n’est pas à son maximum de saturation.
» Les effets varient selon que les feuilles se trouvent dans leur phase
d’échauffement ou de refroidissement, à chacune desquelles participe l'air
ambiant.
» La question du voisinage des bois, qui ne saurait être séparée de
celle de la température de lair ambiant, nous occupe, mon fils Edmond
et moi, depuis deux ans dans le département du Loiret. Les résultats que
nous avons obtenus ont déjà fait le sujet de plusieurs communications à
l’Académie. Je les rappellerai ici en peu de mots.
» La température moyenne de l'air dans deux localités non boisées, au
nord, a été plus élevée de Ł degré environ que celle dans d’autres localités
boisées de la même contrée. Cette différence ne peut pas être attribuée à la
présence des habitations qui se trouvent dans les deux premières, confor-
mément aux observations de Howard, qui a trouvé cette différence entre
la température de l'air à Londres et celle de la campagne environnante,
puisqu’en comparant la température moyenne hors du bois, au nord, ét
celle de l’air à une certaine distance, là où l’on n’a pas à craindre une
agglomération de maisons, la différence est la même. |
» La distribution de la chaleur dans le cours de l’année présente des
particularités assez remarquables pour être mentionnées ici :
» Les maxima moyens en été et en automne ont été plus forts hors des
bois que sous bois, tandis qu'en hiver et au printemps le contraire a lieu.
Les minima moyens ont été plus faibles hors du bois que sous bois pendant
les deux mêmes périodes.
» Cet état de chose s'explique facilement quand on considère les à
comme servant d’abris à l'égard du rayonnement solaire et du rayonne-
ment nocturne, et que l’on prend en considération la température des
diverses parties des arbres.
» Supposons que lair au-dessus des arbres, ainsi qu’à une certaine
distance, soit au maximum de saturation de vapeur au moment de la jour=
née où la température est la plus forte : s’il arrive un vent froid contenant
rbres
=
( 843 )
de la vapeur également au maximum de tension, il y aura production de
phénomènes aqueux; si la masse d’air transportée par le vent n’est pas sa-
turée, la tension de la vapeur pourra augmenter; à l'approche de la nuit,
quand le rayonnement nocturne refroidit les feuilles, ainsi que lair am-
biant, il y aura encore production de brouillard, de bruine ou de pluie,
non-seulement au-dessus du bois, mais encore à une certaine distance.
» Il est tombé en outre en moyenne plus d’eau près des bois que loin
des bois, dans le rapport de 340,0.
» Quant aux quantités de pluie tombée hors du bois et sous bois, elles
varient, comme on le conçoit, suivant l’âge du bois et la position plus ou
moins abritée des udomètres par les arbres. Les observations recueillies
depuis dix-huit mois démontrent qu'il tombe en moyenne, sous bois, dans
les udomètres, un peu moins de moitié de la quantité de pluie recueillie
hors du bois; l’autre moitié est arrêtée par les branches et les feuilles. On
ne saurait encore ériger en règle ces résultats, qui doivent être pris néan-
moins en considération.
» On a trouvé ensuite que le maximum a eu lieu en été dans les localités
boisées, et en automne dans celles qui ne le sont pas.
» En résumé, dans le court extrait du Mémoire qne je viens de présenter
à l'Académie concernant l'influence des causes locales sur les pluies en
général, je me suis attaché à exposer l’ensemble des recherches qui ont été
faites sur cette question depuis l'important travail de M. de Gasparin. Il
est à désirer que l’on y revienne à de certains intervalles de temps, pour
montrer les progrès qu’elle a faits et les difficultés qui restent à lever pour
arriver, sinon à une solution complète, du moins à une théorie embrassant
le plus grand nombre de faits observés. »
M. 1e Gévéraz Mory présente à l’Académie un exemplaire du Rapport
qu'il a rédigé au nom de la Commission de l'enseignement technique, in-
Stituée par décret impérial du 22 juin 1863, et s'exprime comme il suit :
« L'organisation de l'instruction publique présente aujourd’hui, en
France, avec la constitution politique du pays, ce singulier contraste que,
tandis que celle-ci confère à l’universalité des citoyens un droit égal
Pour les élections à tous les degrés, l'État, qui a la haute direction de
l'instruction nationale, ne s’est préoccupé jusqu'ici, d’une part, que de len-
seignement primaire, de l’autre, que de l'enseignement secondaire et supé-
rieur des lettres et des sciences destiné à la portion aisée de la société.
C. R. 1867, 1er Semestre. (T. LXIV, No 47.) 112
( 844)
» Et cependant n'est-il pas aujourd'hui plus que jamais nécessaire de
constituer un enseignement qui, après les études préliminaires, mais tou-
jours insuffisantes, de l’école primaire, offre aux travailleurs de tous les
rangs le moyen d'acquérir les connaissances qui leur sont indispensables
pour exercer avec intelligence et succès la profession à laquelle ils se des-
tinent, et qui, en leur donnant les moyens de s’y distinguer, ouvre à de
légitimes ambitions une satisfaction honorable ?
» Aux inspirations de la religion et de l'humanité, aux raisons poli-
tiques qui doivent engager à- étendre le bienfait de l'instruction dans
tous les rangs de la nation, s'ajoutent, d’une manière non moins impé-
rieuse, les conditions nouvelles dans lesquelles l’industrie se trouve aujour-
d'hui placée et qui entraînent pour conséquence logique et forcée la
diffusion des notions scientifiques et des données pratiques sur lesquelles
reposent ses procédés et qui, en assurant ses progres, peuvent lui per-
mettre de lutter avec les autres nations.
» Si l’enseignement primaire et les cours d'adultes, que l’on multiplie
avec une si incessante et si louable activité, fournissent la base indispensable
de toutes les études, ils ne sauraient suffire pour constituer l'instruction
nécessaire aux travailleurs de tous les rangs. Il en sera évidemment de
même de l’enseignement secondaire spécial, qui répandra une instruction
générale, d’un ordre modeste, destinée aux enfants de cette partie de la
nation qu’on peut désigner, sans la blesser, sous le nom de petite bour-
geoisie, et à laquelle il est appelé à rendre les plus utiles services.
» Mais quant aux vrais combattants, aux soldats, aux contre-maitres de
l’armée industrielle, aux ouvriers proprement dits, après avoir ouvert à
leur enfance l'école primaire et les cours d’adultes, l'État s’est à peine
occupé jusqu'ici de leur procurer la facilité d'acquérir l'instruction tech-
nique dont ils ont besoin, et, sauf quelques établissements, tels que les
Écoles d’arts et métiers, celle des mineurs de Saint-Étienne et d’Alais, et les
écoles de dessin des grandes villes, tout ce qui existe n’est dù qu’à des
initiatives municipales ou privées, dont l'action bienfaisante n'est pas
encore assez introduite dans nos mœurs pour qu'il ne soit pas nécessaire
de la stimuler par l'assistance et par les encouragements de l'État, en lui
laissant d’ailleurs toute son indépendance.
» C'est à la science qu’il appartient de remplir cette lacune d
cation populaire. |
» La variété pour ainsi dire infinie des industries qu'il s’agit d'éclairer,
de fortifier, de développer à l'aide de la science, ne permet pas, hätons”
e l'édu-
( 845 )
nous de le dire, de songer à constituer, pour l'instruction technique, un
corps enseignant, une sorte d'Université industrielle. Mais il y a cependant
une marche générale à suivre pour lui apporter, dans des limites conve-
nables, le concours de l'État.
» Le gouvernement de l'Empereur l’a senti, et une Commission, nommée
par décret à la date du 22 juin 1863, a été chargée d'étudier les moyens
de développer et de propager l'instruction technique nécessaire aux diffé-
rentes catégories de travailleurs, en encourageant les initiatives locales,
publiques ou privées, mais en respectant complétement leur liberté
d'action.
» Le Rapport que j'ai été chargé de rédiger, et dont j'ai l'honneur d'offrir
un exemplaire à l’Académie, résume les opinions auxquelles s’est arrêtée
cette Commission, et qu’elle a formulées dans un projet de loi qui est actuel-
lement soumis à l’examen du Corps législatif, »
M. pe Barr, auquel l’Académie a décerné, dans la séance du 11 mars
dernier, le prix Cuvier pour l’année 1866, adresse la Lettre suivante :
« Saint-Pétersbourg, ce 8/20 avril 1867.
» L'Académie des Sciences de Paris a bien voulu embellir ma vieillesse
en se souvenant des travaux de ma jeunesse, et en les déclarant dignes
d'un prix Cuvier : c’est un honneur auquel je n'aurais pas osé aspirer et
pour lequel je lui suis infiniment reconnaissant. Le nom de Cuvier est, de-
Puis ma jeunesse, celui qui m'a inspiré la plus profonde vénération, et le
prix Cuvier n’a été accordé jusqu'ici qu’à des travaux éminents. Mes recher-
ches avaient été reçues en Allemagne, à l'époque. de leur publication, avec
moins d’attention qu’elles ne pouvaient espérer : l’Académie de Paris, dont
la-voix est toujdurs celle qui a le plus de retentissement dans tout le monde
savant, ma comblé d'honneur en les jugeant dignes de son approbation,
T un si grand laps de temps.
» Vous comprenez, Messieurs, que cette distinction me rendrait fier, si
je n'étais assez vieux pour avoir vu combien les sciences marchent en avant.
Bien peu de ceux qui les cultivent sont encore nommés après un siècle, et
ce ne sont que les Aristote, les Newton, les Linné, les Lavoisier, les Cuvier
qui surnagent sur la foule inconnue.
» Si je viens offrir mes remerciments bien tard, c’est que je n’ai reçu que
ces jours-ci la communication officielle; elle semble avoir DES
quelque temps à l ambassade on ailleurs. »
112..
( 846)
Sır D. Brewsrer fait hommage à l'Académie d’un exemplaire du Dis-
cours prononcé par lui à louverture de la session de la Société Royale
d’Édimbourg (1866-1867).
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d’une Com-
mission chargée de décerner le grand prix de Mathématiques pour lan-
née 1867 (question concernant la théorie des équations aux dérivés par-
tielles du second ordre).
MM. Serret, Hermite, Bertrand, Chasles, Liouville, réunissent la majo-
rité des suffrages.
L’Académie procède également, par la voie du scrutin, à la nomination
d'une Commission chargée de décerner le grand prix de Mathématiques
pour l’année 1867 (question concernant la théorie mathématique de la
chaleur).
MM. Duhamel, Liouville, Serret, Bonnet, Bertrand, réunissent la majo-
rité des suffrages.
MÉMOIRES LUS.
MINÉRALOGIE. — Sur quelques réactions de sels magnésiens et sur les roches
magnésifères ; par M. T. Srerry Hunr.
(Renvoi à la Section de Minéralogie.)
« Je me propose de résumer dans cette Note quelques observations qui,
par leur signification géologique, peuvent faire suite à la communication
que j'ai eu l’honneur de faire à l’Académie dans sa séance du 22 avril.
Dans cette communication, j'ai insisté sur la décomposition des solu-
tions de sulfate de chaux par le carbonate neutre hydraté de magnésie,
réaction, d’ailleurs, déjà décrite par Mitscherlich. Ce carbonate, en effet,
décompose et le sulfate et le chlorure calcique avec une grande facilité,
comme le ferait le carbonate neutre de soude, mais il n’en est pas ainsi avec
le carbonate anhydre de magnésie, ni avec le carbonate double anhydre de
chaux et de magnésie, la dolomie. C’est donc à tort que certains géologues;
et entre autres MM. Haidinger et Suckow, ont cherché à expliquer l'appa=
( 847)
rition de sulfate de magnésie sous forme d’efflorescence sur certaines dolo-
mies, en supposant une décomposition du sulfate de chaux par le carbo-
nate magnésien de ces dernières. L’explication de ce fait, donnée par ces
savants, était cependant basée sur des observations vraies, car il existe
certaines roches magnésiennes qui possèdent le pouvoir de décomposer
de la sorte des solutions de gypse. La prédazzite, roche composée de
carbonate de chaux mélangé de la magnésie hydratée, comme l'ont fait
voir MM. Roth et Damour, décompose facilement ces solutions en pré-
sence de l'acide carbonique, par la formation préalable d’un carbonate
hydraté de magnésie, lequel transforme le gypse en sulfate magnésien.
Il se trouve aussi des roches dolomitiques, renfermant de petites quantités
d'un carbonate magnésien hydraté, dont on reconnait la présence par son
pouvoir de décomposer une certaine portion de gypse, la dolomie pure
n'étant pas attaquée par une solution gypseuse, même après un contact
prolongé.
» La dolomie qui se trouve associée aux gypses des environs de Paris est
du nombre de celles qui possèdent le pouvoir de transformer en sulfate
magnésien une petite portion de gypse, et cela, par suite d’un peu de car-
bouate hydraté de magnésie qu’elle renferme. Je crois avoir été le premier
à faire voir que les marnes blanches qui se rencontrent avec les gypses à
Chaumont sont magnésiennes et contiennent environ 6o pour 100 de do-
lomie, à l’état de mélange intime avec une argile, associée à quelques
centièmes de silicate magnésien, soluble dans les acides forts. Ce silicate
serait peut-être identique à celui qui compose les marnes feuilletées ou
sépiolites, lesquelles abondent dans les calcaires lacustres de Saint-Ouen.
(Pour des analyses détaillées de toutes ces matières, voir le Journal de Silli-
man [2], t. XXIX, p. 284, et aussi ce même journal pour juillet 1866, où
se trouvent également décrites mes recherches sur les sels magnésiens.)
» L'origine de ces silicates magnésiens dont on vient de parler mérite
une étude spéciale. Ce sont évidemment, comme la déjà fait observer
M. Delesse, les représentants, dans les terrains non altérés, des stéatites
qui se rencontrent au milieu des schistes cristallins. Nous avons déjà expli-
qué, dans la Note du 22 avril, comment l’insolubilité plus grande du carbo-
nate calcique fait que l’action des carbonates alcalins sur une solution
renfermant, comme l'eau de mer, à la fois des sels calcaires et magnésiens,
détermine la précipitation complète de la chaux avant la magnésie, Il en est
tout autrement avec les silicates alcalins. Il suffit en effet de remplacer, dans
l'expérience précédente, le carbonate de soude par un silicate de la même
( 848 )
base, ajouté par petites portions, pour voir se précipiter à l’état de silicate
toute la magnésie, tandis que la chaux reste encore en dissolution, résultat
inverse de celui qui se produit avec le carbonate alcalin. Le silicate de
chaux préparé par double décomposition possède en effet une certaine
solubilité dans l’eau, et sa solution donne avec des sels magnésiens so-
lubles un précipité, d’abord gélatineux, de silicate magnésien, lequel, après
calcination, est difficilement attaquable par les acides. Il suffit en effet de
faire digérer pendant quelque temps, à la température ordinaire, une solu-
tion de chlorure magnésique avec un excès du silicate hydraté de chaux,
pour obtenir une décomposition complète du sel magnésien, avec forma-
tion de chlorure de calcium et de silicate de magnésie insoluble. Comme J'ai
déjà cherché à le faire voir, les carbonates alcalins, résultats de la décom-
position des roches feldspathiques en présence de l'acide carbonique atmo-
sphérique, ont donné lieu, par leur action sur les sels calcaires et magné-
siens de l'Océan, au carbonate de chaux d’abord, et plus tard, dans les
bassins restreints, au carbonate de magnésie. Il n’est pas moins évident que
les silicates alcalins, résultats de la décomposition des feldspaths hors la
présence de l'acide carbonique, comme il arrive par exemple dans les
belles expériences de M. Daubrée, donneraient par leur action sur l'eau de
mer des précipités de silicates magnésiens, et que, plus tard seulement, dans
des bassins d'eau privée de sels magnésiens solubles, il se formerait des dé-
pôts de silicates calcaires. Il arriverait donc, à l'inverse de ce qui a lieu
pour les carbonates, où le carbonate calcique est le produit normal et où
le carbonate magnésien est le produit exceptionnel, que le silicate magné-
sien serait le plus abondant et le silicate calcaire ne se déposerait que dans
des conditions peu fréquentes, ce qui correspond parfaitement avec les
observations géologiques. Nous en avons des exemples dans les sépiolites,
les talcs et les serpentines, quisont tous, selon moi, formés par voie aqueuse:
M. Berthier a fait voir, il y a bien des années, que, parmi les glauconies du
bassin de Paris, il y en a qui ont la même composition que la serpentine. Il
n'est pas nécessaire de rappeler l’analogie frappante entre ces glauconies, qui
remplacent si souvent le sarcode des foraminiferes tertiaires et mème récents,
et la serpentine qui, ainsi que le pyroxène, remplace d'une manière tout a
fait identique cet ancien foraminifère, l’ Eozoon Canadense du terrain lau-
rentien.
» Pour ce qui est de l’alumine, qui entre souvent dans la composition
de ces silicates d’origine aqueuse, tels que la chlorite, la néolite et beau-
coup d’autres, il est certain que cette base se trouve presque toujours diss
( 849)
soute en petites quantités dans les eaux naturelles. L'observation toute
récente de M. Daubrée, sur la présence de l’alumine en dissolution avec le
silicate alcalin mis en liberté par la décomposition des feldspaths, jette un
jour nouveau sur la formation des silicates aluminifères par voie aqueuse,
» On trouve dans les études géognostiques des prenves irrécusables
que non-seulement les silicates magnésiens purs et simples, mais les roches
chloritiques, épidotiques, pyroxéniques, amphiboliques et feldspathiques,
tout ce que l’on nomme, en différentes régions, grünsteins ou ophites, et
leurs variétés, se sont formées, comme les dolomies, par des réactions chi-
miques dues à l'intervention des sources minérales et en partie thermales,
qui ont amené dans la mer des silicates et carbonates alcalins, accompagnés
de l’alumine et de ce cortège de métaux qui se rencontrent si souvent dans
les roches magnésifères (1). En déclarant ainsi ma conviction que toutes
ces roches ont été déposées à la manière des gypses et du sel gemme, je
reconnais que plusieurs d’entre elles se trouvent souvent à l'état de masses
épanchées. Toutes les roches intrusives ou exotiques ne sont pour moi que
des sédiments ramollis ou fondus, et dans cette condition épanchés au
milieu des couches supérieures. Je me propose, dans une occasion prochaine,
de présenter à l’Académie la suite de mes études, maintenant en voie de
progrès, sur la formation artificielle des silicates, et notamment sur les
silicates doubles de chaux et de magnésie. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Mémoire sur la détermination du pôle magnétique
austral; par M. Cowrvenr pes Bois. (Extrait par l’auteur.)
(Renvoi à la Section de Géographie et Navigation.)
« La position de ce pôle peut être déterminée : 1° par les déclinaisons
magnétiques observées non très-loin de ce pôle; 2° par les inclinaisons
magnétiques observées à toutes latitudes; 3° par les intensités magné-
tiques absolues, observées de même à toutes latitudes, Nous allons suivre
cet ordre,
(1) Voir mes observations dans la Geologie of Canada, 1863, et dans le Geological Report
of Canada, 1866, p. 230, ainsi que les études de MM. Virlet d’Aoust et Garrigou sur les
ophites des Pyrénées.
( 850 )
» Nos observations de la déclinaison magnétique, propres à déterminer
le pôle austral, sont au nombre de trois, savoir :
| STATION. LATITUDE. LONGITUDE. DÉCLINAISON. |
AC AT 7 9 ! o !
Terre Adélie. ........ 66.29 S. 137.90 E. 12.00 E.
En mer, 1% févr. 1840. 64 59 127.32 24.56 O. |Côte Clarie.
En mer, 1° mars 1840.| 47.10 151.04 14.09 E. |Près Auckland.
» Lés deux premières observations par un calcul trigonométrique
donnent, pour le point de rencontre des deux arcs de grand cercle de la
déclinaison :
Longitude. ..... j cn ess 135° ro E.
Tatitode -s eroa nnen J0? 26” S.
» Les deux dernières, combinées dela même manière, donnent, pour la
position du pôle magnétique :
Conga. S. 134°47' E.
E de US LT TE 69° 50° S.
» Soit en moyenne:
Lopgitude...,..... ..... 135° E, (Nombre rond.)
OT EN ETES 70° 08’ S.
» Le 15 février 1840, le capitaine Ross étant par 76° 12 de latitude S.
et 164 degrés de longitude E. de Greenwich (161° 40' E. de Paris), observa
l'inclinaison magnétique de 88°40 S. et la déclinaison de 109°24 E.
(Voyez la partie historique de notre voyage, t. VIII, p. 229.)
» En combinant cette observation de déclinaison avec celle faite sur la
terre Adélie, on obtient, pour la position du pòle magnétique austral :
Longilnde.. -ssori ie 135°,E.
Asbiade, sc. 71° 26 S. f
position de 1 + degré plus rapprochée du pôle du monde que celle déduite
de nos observations précédentes.
» Remarquons encore qu'en admettant cette dernière valeur,
étions à 5 degrés du pôle, tandis que le capitaine Ross en était éloigné de
8 $ degrés, et non pas de 2 + degrés, comme il le croyait.
» Les observations de l’inclinaison magnétique, qui peuvent servir à dé-
nous
( 851 )
terminer le pôle austral, se trouvent réparties autour du méridien de
135 degrés E. qui contient ce pôle, et celles qui avoisinent le méridien
diamétralement opposé, de 45 degrés O., et dont le prolongement contient
aussi ce pôle.
» Les premières peuvent être prises de 120 à 150 degrés de longi-
tude E., c'est-à-dire à 15 degrés de part et d’autre du méridien de 135 de-
grés E. Ce sont les suivantes :
STATION. LATITUDE. INCLINAISON,. LATIT. MOY. INCLIN. MOY.
in OUT DT 0.53 N: FE MOT
Géham.;. À rss. s 3:24 S. 20.26 |
A T R e 3.42 20.49 2:49 av
i S.
mue Tno 3.47 21.35 ra T
Bandino 4.30 22.43
OR Los aus 5.45 25.04
Mer des Molluques. 8.09 29.17 |
Détroit de Torrès..... 9.47 36:03 | 5o ja 6
mi 0 10.08 33.19 | 9:
Baie Rales.......:, 11.14 35.15 }
Hobart-Town........ 42.54 70.49
; | 47.44 75.17 48.07 74.46
Océan Austral..... SEA a aa .
| 59.09 85.02
59.15 82.11 , 83:62
60.21 81.46 a :
62.05 83.07
Océan Glacial....... 63.48 83.56 |
65.19 87.52
kr 100 85.42
65.40 85.40 | 9 4
Terre Adélie......... 66.29 85.20 i
|
» Les autres observations, prises autour du méridien de 45 degrés O.,
s étendent de 35 à 68 degrés de longitude O.; les voici :
-
C. R., 1867, 127 Semestre. (T. LXIV, N° 17.)
(: 8h )
STATION. LATITUDE. INCLINAISON. LATIT. MOY. INCLIN. MOY.
| o ! | J
11.17 S 6.21 N. |
13.00 3.23 |
va Cros. | 15-058. | 0.48.
17.10 4.9 |
19.20 8.01 |
Océan Atlantique. .... 24.45 18.06 ) ` ; 7
10-09 5 6 26.57 21.46
37.5
Le flo) | 40.34 P
48.32 5x. 54 |
51.50 55.26 m . 0f.00 54.28
55. 22 56.04 j ;
í 62.00 57.59
Océan Glacial........ 62.03 59. 28 62 o8 58.18
9
62.20 57.28
| |
» Maintenant, si l’on met de côté toute hypothèse, toute formule empi-
rique, et qu’on trace sur de grandes dimensions les courbes des moyennes
contenues dans ces deux tableaux, en prenant les latitudes pour abscisses
et les inclinaisons pour ordonnées, de telle maniére que les deux courbes
se raccordent au point où la déclinaison est de go degrés, òn trouvera
75 degrés pour la latitude de ce point, comptée sur le méridien de
135 degrés E. En relevant les courbes de 10 en 10 degrés, on obtiendra
les résultats suivants :
Inclinaisons magnétiques sur les deux méridiens extrémes.
LATITUDE. INCLINAISON. LATITUDE. INCLINAISON.
o S. 14 S. Oo obei 77
10 32 | 70 09
20 46 6o ”
30 bat way, 5o 0
Méridien de 4o 67 i Meridien de) 40 38
sr d80 5o 6 45° O. 30 25
1135° E. 7
2: «00 83 20 gré
70 88 ; 10 6 N.
75 90 pôle o 23
88 :
o 84
( 853 )
» Enfin le pôle magnétique austral peut se déterminer par les intensités
obtenues pour les stations que voici :
STATION. LATITUDE. | INTENSITÉ | LAT. MOY. | INT. MOY.
vi |
| a T E E EEA ete 0,730 ) i
FSI» sd it cat, LES: 0,720 | Er ipi
Mindanao.. ... ENEG 5.52 atoa | 6.50 N.| 0,75
EE POSE AR END 0.53 0,782 . |
ET PUS Br d 3.24 S GGLl i
WDO ESS HUE 3.42 0,046 |
Méridien de | Triton- adas. 3.47 0,813 4.16 S.| 0,825
135° Banda. nos 4.30 0,829 |
is e ae a 5.45 0,825
Détroit de Torrès.... 9-47 0,924
TOR e S ea 10.08 0,935 10.23 0,926
Baie: Rafles;:: iaito 11.14 0,920
Hobart-Town ....... 42.54 1,281 42.54 1,281
Térré Adele.: 66.29 1,589 | 66.29 1,589
{ Océan Glacial........ 63.32 1,137.
Méridien de } Océan Glacial........ 62.20 fr, 189 62.56 1,199
45° O. Port-Famine. ...., ‘1 99,30 1,006 | 53.38 1,006
Talcahuano.. i crin: 36.42 | 0,807 | 36.42 0,807
l
» La courbe tracée avec ces moyennes, sur les mêmes principes que
celle des inclinaisons, est régulière, et fournit le relèvement suivant, le
A r r -
pôle étant par 74 degrés de latitude :
Intensités magnétiques sur les deux méridiens extrêmes.
LATITUDE. INTENSITÉS. LATITUDE. INTENSITÉS.
$ | | |
o N 0,77 équat. mag. 8o S. 1,38
o 0,79 70 1,27
10 S 0,90 o kig
20 1,02 Méridien de 5o 1,02
30 Fe 5° O, o 0,
Méridien de 4o I 18 o o 8
135° E. 50 1,38 20 0,08
60 1,49 15 0,66 équat. mag.
70 r97
74 I ,59 pôle
1,90
90 1,48
BEET LERT.
( 854 )
» En résumé, la latitude du pôle magnétique aura été déterminée :
» 1° Par les observations de déclinaison à bord de lAs trolabe, près de
la terre Adélie, de. . . . 70°08 S
» 2° Observation de Ross bib avec celles de p noi
labe sur la terre Adélie. . . . 71°265S
» 3° Inclinaisons magnétiques sur a EF de 135 dé
Er E et Ue 45 degres O1. "7 e rR E O
» 4° Intensités magnétiques mêmes Ddoi: oish 74°00" S;
» La moyenne générale donne donc pour la position a pôle en 1838
et 1839 :
M. Barner, à l'examen duquel a été renvoyé, le 26 octobre 1863, un
Mémoire de M. de Louvrié relatif à la navigation aérienne, déclare que ce
travail mérite d’être pris en considération et soumis à l'examen d’une Com-
mission.
(Commissaires : MM. Babinet, Piobert, Delaunay.)
M. J. Wazxer soumet au jugement de l’Académie un Mémoire sur le
pendule et le balancier, considérés comme régulateurs des instruments à
mesurer le temps. Ce travail renferme les résultats d'un grand nombre d’ex-
périences sur les résistances que Pair oppose à la marche du pendule, sur le
poids et la longueur qu’il convient de lui donner, et sur la force motrice
absorbée par le mouvement.
(Commissaires : MM. Mathieu, Séguier, Delaunay.)
M. C. Sax adresse un complément à sa précédente Note sur la cristal-
lisation du carbone.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée, Commission quise .
compose de MM. Pelouze, Pouillet, Balard, Delafosse, Fizeau.)
M. O. Larcuer adresse, pour le concours du prix Godard, deux Mé-
moires, l’un imprimé, ayant pour titre : « Contributions à l'histoire des
polypes fibreux intra-utérins, à apparitions intermittentes »; l’autre manu-
scrit, et ayant pour titre : « De la rupture spontanée de l'étérss dans ses
rapports avec les polypes fibreux intra-utérins ». Cet envoi est accompagné
d’une Note manuscrite, dans laquelle Pauteur signale les points qu "il con-
sidère comme nouveaux dans son travail.
(Renvoi à la Commission. )
(855 )
M. L. Hémex adresse, pour le concours des prix de Médecine et de Chi-
rurgie, un « Mémoire sur la péritonite tuberculeuse ». L'envoi est accom-
pagné d’une Note dans laquelle l’auteur indique les idées ou les faits qu'il
croit avoir introduits dans cette partie de la science médicale.
(Renvoi à la Commission.)
M. E. Korr adresse, pour le concours des prix dits des Arts insalubres,
un « Mémoire sur l’utilisation et la dénaturation des résidus de la fabri-
cation de la soude artificielle et du chlorure de chaux », et joint à cet envoi
une indicatiôn des points qu’il regarde comme originaux dans son travail.
(Renvoi à la Commission.)
M. W. Parker adresse une Lettre écrite en anglais, et relative au
choléra.
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
M. Marnwexce adresse à l’Académie une liste des pièces imprimées ou
manuscrites qu'il lui a successivement présentées sur la question du cho-
léra ; l’auteur désire que ces diverses pièces soient examinées simultanément
par la Commission.
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
CORRESPONDANCE.
M. LE SecréTaire PERPÉTUEL donne lecture de la Lettre suivante, adressée
par M. le Maréchal Vaillant à M. le Président de l’Académie :
« L'habile et consciencieux D" Chenu, médecin principal d'armée,
m'adresse, pour être respectueusement offerte à l’Académie des Sciences,
une brochure qu'il vient de publier sur la population de la France et sur
le recrutement. Ne pouvant assister à la séance d’aujourd'hui, je viens
vous prier d’être vous-même l'interprète du docteur aupres de nos chers
confrères. »
M. 1e Secrérame PERPÉTUEL signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Un exemplaire de la Carte géologique du Haut-Rhin et deux volumes
ayant pour titre :« Description géologique et minéralogique du départe-
ment du Haut-Rhin », par MM. J. Delbos et J. Kæchlin-Schlumberger ;
2° Un volume imprimé en anglais à Ottawa, et ayant pour titre : « Étude
( 856 )
géologique du Canada, sous la direction de sir P.-E. Logan : progrès
effectués de 1863 à 1866 » (imprimé par ordre de S. Exc. le Gouverneur
général du Canada).
M. ze SecRÉTAIRE PERPÉTUEL donne lecture d’une Lettre qui lui est
adressée par M. L. Lalanne, pour le prier de faire hommage à l’Académie
du premier fascicule de la cinquième édition du Cours de constructions de
MM. Sqanzin et Reibell (texte et atlas).
M. ze Directeur DE L'INSTITUT ROYAL MÉTÉOROLOGIQUE pes Pays-Bas
adresse un exemplaire de l’ Annuaire météorologique des Pays-Bas, pour
l’année 1865.
CHIMIE, — « M. Dumas présente à l’Académie, de la part de l’auteur,
M. Naquet, un ouvrage intitulé : « Principes de Chimie, fondée sur les
théories modernes », seconde édition.
» Il fait remarquer à l’Académie que cet ouvrage traduit très-exacte-
ment la pensée des professeurs de Chimie qui considèrent les résultats
obtenus par cette science comme devant former l’objet de leur enseigne-
ment, et qui tiennent peu ou point compte de sa méthode.
» En donnant à l’auteur des éloges que mérite le soin consciencieux
avec lequel son ouvrage est composé, M. Dumas réserve son opinion sur
le système d'enseignement qu’il représente. A son avis, si les résultats ont
un incontestable intérêt, jamais la méthode ne doit être laissée à l'écart.
C’est la méthode des chimistes qui a servi de base depuis près de deux
siècles à l’enseignement de cette science en France, au grand profit du
pays. M. Dumas se propose même, tant le sujet lui semble digne d'at-
tention, d'entretenir l’Académie, si elle veut bien l’y autoriser, des diverses
formes que peut revêtir l'enseignement de la Chimie, et des avantages
ou des inconvénients qu elles présentent. »
M. Livpsay, auquel l'Académie a accordé une mention très-honorable
dans le Rapport sur le coucours du prix Bréant pour 1866, adresse ses
remerciments.
M. Lindsay adresse, en outre, trois brochures relatives à des questions
de Botanique.
Ces Mémoires, imprimés en anglais, sont renvoyés à l'examen de
M. Brongniart, pour en faire, s’il y a lieu, l'objet d'un Rapport verbal.
( 857 )
ASTRONOMIE. — Résumé d’un Mémoire sur le système du monde ;
par M. Cuacorwac, (Présenté par M. Delaunay.)
« D’après une étude spéciale des nébuleuses diffuses qui ont pu ressembler
à celle du Soleil, depuis l’époque où elle s’est étendue aux limites du sys-
tème jusqu’à celle où elle s’est condensée en un globe dense, tel que le
Soleil se présente à nous, il ressort que les planètes ont dù se former en
globe au sein même de la nébuleuse, et que l'hypothèse des anneaux vapo-
reux abandonnés par zones concentriques à diverses distances du corps
central de la nébuleuse est inadmissible.
» Le spécimen des nébuleuses qui représente le mieux la structure pri-
mitive des planètes à l’origine de leur formation est sans contredit la né-
buleuse double de la Vierge. En examinant cet objet, toute ambiguïté cesse;
on comprend qu’il est infiniment plus probable, plus rationnel de con-
cevoir une origine analogue aux planètes, que d'admettre une série de cir-
constances fortuites coïincidant toutes à produire un phénomène simple et
naturel.
» Selon les déductions judicieuses de cette hypothèse, la masse prodi-
gieuse de Jupiter n’aurait pas permis qu'une planète unique se formât à la
place de l’anneau d’astéroides situé entre Mars et cette planète, mais elle
prouve, avec celle du Soleil, qu’à la distance 2,80 il n’a pu s'établir qu'un
anneau de matière cosmique, la reproduction de ce fait se retrouvant,
du reste, dans la distribution des satellites de Saturne.
» En effet, l’ordre de ce système est perturbé dans la station inférieure
à Titan, précisément à cause de la masse énorme de ce satellite; et ces deux
exemples dans la nébuleuse solaire prouvent que l'agrégation des masses
Yaporeuses ne s’effectuait que dans les conditions d'isolement nécessaires à
leur réunion,
» Suivant cette hypothèse, comme dans celle de Laplace, on suppose
que la nébuleuse s’est étendue jusqu'aux limites du système solaire comme
un milieu sphérique continu, lequel était animé d’un mouvement de rota-
tion qui lança primitivement les planètes dans leurs orbites, avec une vitesse
analogue à celle que possédait la périphérie de la nébuleuse. »
CHIMIE. — Procédés de dorure et d’argenture au moyen de l'amalgame de
sodium. Note de M. L. Carreter, présentée par M. H. Sainte-Claire
Deville,
« J'ai eu l'honneur de présenter à l’Académie, il y a déjà plusieurs années,
( 858 )
une Note ayant pour titre : De l'influence de l'hydrogène naissant sur l’amal-
gamation (1).
» Les récentes discussions qui se sont élevées entre M. Dufresne et
MM. Christofle et Bouilhet au sujet de la dorure par le mercure m'ont rap-
pelé ces procédés, au moyen desquels on obtient avec une extrême facilité
l'amalgamation complète et instantanée, non-seulement du cuivre, du
bronze, de l'argent, mais encore des métaux tels que le fer et le platine, qui,
dans les conditions ordinaires, ne sont pas mouillés par le mercure.
» J'ai décrit dans mon travail divers moyens d'arriver au résultat an-
noncé, mais le plus simple consiste à plonger les métaux dans l’amalgame
de sodium, recouvert d’un peu d’eau. Le mercure se dépose alors en couche
uniforme et brillante, quoique le métal n’ait pas été préalablement décapé
par les moyens usités.
» J'ai pu ainsi amalgamer de vieilles plaques de daguerréotype, abandon-
nées depuis plus de dix ans dans mon laboratoire aux vapeurs de toute
sorte qui les avaient entièrement noircies.
» Je me sers également de ce procédé pour amalgamer les cylindres de
zinc de mes piles de Bunsen. Cette opération, longue et pénible avec le
mercure ordinaire, se réduit en un simple trempage quand on emploie
lamalgame de sodium.
» Lorsqu'il s’agit de dorer les métaux ainsi recouverts de mercure, il
suffit de faire adhérer à leur surface de l’amalgame d’or et de chasser ensuite
le mercure par la chaleur. Malgré mon ignorance des procédés de l’art du
doreur, j'ai pu obtenir sans peine des dépôts réguliers et cohérents d’or sur
des lames de fer et de platine. Je me suis assuré également que des réserves
pouvaient être obtenues sur les pièces à dorer ou à argenter, puisque les
dessins tracés au moyen d’un vernis convenable apparaissent intacts sur la
couche uniforme et brillante de mercure déposé (2). Je ferai remarquer que
la dépense en sodium est trés-minime, puisqu'il suffit de dissoudre moins de
500 €N poids de sodium dans le mercure pour obtenir un composé tres-
actif. On sait du reste combien le prix du sodium a été réduit depuis les re-
marquables travaux de M. H. Sainte-Claire Deville sur l'aluminium et sur
les métaux alcalins,
» En résumé, les procédés que j'ai l'honneur de rappeler permettent de
recouvrir de mercure, avec une grande facilité, les métaux employés dans
Rae HF AT arr Gi Nr Qi GORE ere
(1) Comptes rendus, t. XLIV, p- 1250. a
(2) La seule précaution à prendre est de choisir un vernis qui puisse résister pendan
quelques instants à la soude formée par l'oxydation de l'amalgame.
(859)
les arts, de dorer et d’argenter le cuivre, le bronze, ainsi que le fer et le
platine, sans modifier sensiblement les anciens procédés suivis dans les
ateliers.
» Les ouvriers doreurs n’auront plus à employer l’azotate de mercure,
et, en opérant l’amalgamation à la température ordinaire, ils pourront se
mettre à labri des vapeurs mercurielles, dont les funestes effets font chaque
année tant de victimes. »
Après avoir signalé à l’Académie les résultats obtenus par M. Caillelet,
M. H. Sarnre-CLaiRe Devit ajoute :
« La question qu'a traitée M. Cailletet mérite toute l'attention des chi-
mistes. M. Cailletet, en découvrant les propriétés si remarquables de l'amal-
game d'aluminium; M. Jules Regnauld, en étudiant avec tant de succès les
forces électromotrices de divers amalgames métalliques; M. Crookes, en
appliquant l’amalgame de sodium à l'extraction des métaux précieux,
donnent à ce chapitre de la Chimie une importance toute nouvelle. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Note pour servir à l'histoire des phénols; par
M. L. Dusarr. (Présenté par M. Fremy.)
« On sait que la naphtaline forme avec l'acide sulfurique deux acides
sulfoconjugués : les acides sulfo et disulfonaphtalique. Ce dernier corps
C?°H°(S0?}, 280°, HO, qui représente 2 équivalents d'acide sulfureux
substitués à 2 équivalents d'hydrogène, n’a été obtenu par Berzélius qu’en
petite quantité et comme produit accidentel de l'acide sulfonaphtalique.
» L'intérêt théorique qui s'attache à ce composé m'a engagé à recher-
cher un mode de préparation qui permit de le produire en assez grande
quantité pour en examiner les propriétés. En effet, l’acide disulfonaphta-
lique, présentant une constitution analogue à celle de l’acide sulfonaphta-
lique, doit se comporter de même en présence des alcalis; le produit de
cette réaction représenterait alors le phénol diatomique de la naphtaline,
» Cet hydrocarbure peut être facilement transformé tout entier en acide
disulfonaphtalique ; il suffit pour cela d'augmenter la quantité d’acide sul-
furique. , On prend 10 parties de naphtaline et 25 d'acide sulfurique
monohydraté. Par l’action de la chaleur, la dissolution s'opère rapide-
ment et tout l’hydrocarbure est transformé en acide sulfonaphtalique ;
si l’on continue à chauffer en élevant la température, cet acide ne tarde pas
à disparaître en donnant l'acide disulfonaphtalique. Quand la naphtaline
: est pure, il ne se fait que très-peu d'acide sulfureux.
C. R., 1867, 1°" Semestre. (T. LXIV, N° 47.) 1 14
( 860 )
» Ilest facile de suivre la marche du phénomène, en prélevant de temps
en temps un échantillon du produit et saturant par une solution concen-
trée de carbonate de soude : tant que l'acide sulfonaphtalique n’est pas
transformé, la solution acide donne par le carbonate un précipité cristallin ;
quandil a disparu, la liqueur neutralisée reste transparente. A ce moment,
on dissout le tout dans l’eau et on sature par un carbonate alcalin. La ma-
jeure partie du sulfate est éliminée par cristallisation, et les eanx mères
sont ensuite débarrassées, par l’alcool, du sulfate restant. La solution éva-
porée donne des cristaux de disulfonaphtalate, qu’on purifie par de nou-
velles cristallisations. Le produit ainsi obtenu, séché à 1 10 degrés, donne
à l’analyse la quantité de sulfate indiquée par la théorie.
» Les disulfonaphalates sont attaqués par la potasse en fusion, comme
les sulfonaphtalates, avec production de sulfite et de sulfate, et formation
d’un corps nouveau qui reste combiné à la potasse; il se sépare par les
acides, accompagné d’une quantité variable de matière goudronneuse dont
on le débarrasse par une ébullition avec l’eau. Les solutions sont ensuite
évaporées et abandonnées à la cristallisation. Il se forme, au bout de quelque
temps, de petits cristaux de forme rhomhoédrique, à odeur de créosote,
souvent salis par un peu de goudron qui parait s’être produit pendant
l'évaporation et qui tapisse les parois du vase.
_» Une analyse de ce produit ma donné les nombres suivants, assez
rapprochés de la théorie pour qu’on puisse lui attribuer la formule du
phénol diatomique C?°H°O*.
Trouvé. Théorie.
= 74,3 | C— 75
G= 6,2 Hess
» Il est plus soluble dans l’eau que le naphtol et se dissout facilement
dans la potasse en se colorant presque instantanément en noir au D te
de l'air. Au bout de quelque temps, les acides n’en précipitent plus qu'un
acide noir qui, dans une solution concentrée, forme presque une gelée
consistante. Je me propose, du reste, de revenir sur la composition et les
propriétés de ces deux substances. |
» Si l’on admet, pour expliquer la formation du naphtol, équation
C? H" (SO), SO° MO + 2 KO, HO = C? H7 O, KO + H + S0°KO, la pro-
duction de ce nouveau corps pourra s'interpréter de la même manière.
» Maintenant, quelle est la place qu’il faut assigner à ces nouveaux pro”
duits dont le nombre va s’augmenter rapidement? M. Wurtz admet que fe
corps dérivés des hydrocarbures de la série aromatique en représentent les
( 867 )
alcools. Il me paraît plus conforme aux faits de réunir, comme l’a fait
M. Berthelot dans son Traité de Chimie fondé sur la synthèse, les corps de
cette nature dans une série parallèle aux alcools, sous le nom générique
de phénols. En effet, par l’ensemble de leurs propriétés, les phénols offrent
une physionomie complétement différente de celle des alcools, et nous
trouvons déjà dans les faits des raisons suffisantes pour leur donner une
place à part. Ainsi nous avons, dérivant du toluène, l'alcool benzoïque et.
l'hydrate de crésyle ; dérivant du xylène, l'alcool xylénique de MM, Gri-
maud et Lauth, et le xylol, qu'on peut confondre par ses propriétés avec
l'hydrate de crésyle, et qui est probablement identique au produit décou-
vert par M. Hlasiwetz dans les métamorphoses de la phloridzine. Enfin,
J'ai constaté que des hydrocarbures des autres séries se prêtent à cette réac-
tion, et il est à prévoir qu'à mesure que les dérivés sulfureux des autres
séries à alcools connus seront mieux étudiés, on pourra réaliser sur eux
les transformations opérées sur les corps de la série aromatique. C’est donc
un champ des plus vastes, ouvert à l’investigation des chimistes. »
CHIMIE GÉNÉRALE. — Note sur l'absorption de l'acide carbonique
par quelques oxydes; par M. J. Kors. ( Extrait.)
« Tout incontestable que soit l’action de l'acide carbonique sur les
bases alcalines et alcalino-terreuses, quelques recherches que j'ai entre-
prises à cet égard mamènent à émettre l'opinion que cette action a été
peut-être trop généralisée, on du moins n’a pas été assez nettement définie.
» On croit assez généralement que la potasse, la soude, la baryte, la
chaux et la magnésie absorbent l’acide carbonique de l’air en toute espèce
de circonstances.
» En étudiant l’action de l’air sur les soudes brutes de l’industrie, j'avais
été fort surpris de constater qu’il n’en était pas toujours ainsi pour la
Chaux.
» De la chaux anhydre et pure, réduite en poudre fine et étalée sur une
grande surface avait été soumise à un courant d’acide carbonique, parfaite-
ment sec et renouvelé plusieurs fois par jour. Après un mois de traitement,
la chaux n’avait subi aucune variation de poids et n'avait pas absorbé trace
de gaz. Plusieurs expériences semblables m’ayant toujours confirmé ce
Premier résultat, je me suis demandé si le fait était particulier à l’oxyde de
Calcium seul, ou s’il pouvait être appliqué à tous les oxydes de la première
section métallique. ;
114:
( 862 )
» J'ai alors répété le même essai pour la potasse, la soude, la magnésie,
la baryte anhydres, et toutes ces bases, amenées à cet état, m'ont fourni les
mêmes résultats complétement négatifs. Il y avait donc lieu de penser que
la fixation de l'acide carbonique exigeait que les bases fussent à l’état d’hy-
drates, qu'un phénomène de substitution transformerait en carbonates.
» La même série d'expériences fut alors reprise en remplaçant la chaux
anhydre par de la chaux monohydratée, réduite en fine poussière, puis des-
séchée à 120 degrés, c’est-à-dire ne contenant que de l’eau combinée.
5 grammes de cette poudre, largement étalés sur une plaque de verre, pas-
sèrent également un mois en présence de l'acide carbonique sec, et furent
retrouvés parfaitement intacts et invariables de poids.
» La magnésie et la baryte monohydratées se sont comportées exacte-
ment de la même façon. Les hydrates de potasse et de soude fondus, puis
coulés en plaque mince sur une large surface, et rapidement soustraits à
l’action de lair humide, n’ont même pas fait exception à ce phénomène
d’indifférence complète.
» Par contre, les mêmes échantillons absorbèrent aussitôt l’acide carbo-
nique, lorsque je fis traverser à celui-ci plusieurs flacons laveurs, de manière
à le saturer d'humidité. Pour la baryte, la chaux et la magnésie, l’absorp-
tion était bien certaine, mais fort lente; elle devint beaucoup plus rapide
lorsque je soumis à l’action du gaz humide ces hydrates additionnés d’eau
et réduits à l’état de pâte. En opérant sur des échantillons pâteux de 3 ou
4 grammes étalés en couches de 1 ou 2 millimètres d'épaisseur, j'obtins, au
bout de six à sept semaines, une transformation complète en carbonates
neutres.
» En présence de ces faits, il faut assigner à l’eau, soit une action pure-
ment mécanique, soit le rôle de dissolvant. Les résultats suivants m€ por-
tent à penser que c’est comme dissolvant que l’eau agit.
» Toutes circonstances égales d’ailleurs, la carbonatation est d'autant
plus lente que l’oxyde est moins soluble dans l’eau : ainsi la baryte est
beaucoup plus rapidement transformée que la chaux, et cette dernière 5€
carbonate plus vite que la magnésie.
» Lorsque ces trois bases sont à l’état de dissolution limpide d
la transformation complète en carbonate se fait avec une rapidité égal
les trois cas. Pour chacune de ces bases prise isolément à l'état de p
de bouillie, la fixation d’acide carbonique se trouve, au bout d'un
espace de temps, assez exactement proportionnelle à la quantité d'eau
tée aux hydrates. L’absorption s’arrête immédiatement et reste indéfini
ans l’eau,
e dans
åte ou
même
ajou-
ment
( 863 )
stationnaire dès qu’on dessèche la substance ou le gaz. La fixation de
l'acide carbonique par les oxydes alcalins et alcalino-terreux parait donc
se faire par l’action du gaz sur la base à l’état de dissolution.
» Pour la chaux, la baryte et la magnésie, l’oxyde dissous passe à l'état
de carbonate insoluble; l'eau qu’il abandonne redissout une nouvelle pro-
portion d'oxyde inaltéré qui se carbonate à son tour, et ainsi de suite jus-
qu’à transformation complète. Pour la potasse et la soude, le phénomène
est plus complet : lorsque l’eau de dissolution est en faible proportion, le
carbonate formé en fixe à son tour une partie pour cristalliser, et l’absorp-
tion ne tarde pas à s'arrêter faute d’eau de dissolution.
» Plusieurs chimistes assignent, à l’action de l'air humide sur la chaux,
un terme qui est la formation d’un hydrocarbonate Ca OCO*, Ca OHO.
De nombreuses expériences ne m'ont jamais donné de semblable résultat;
j'ai toujours constaté, au contraire, qu'avec un temps suffisant on obtient
un carbonate neutre.
» Tous ces faits ont été observés à la température ordinaire; il est pos-
sible que l'intervention de la chaleur les modifie complétement.
CHIMIE AGRICOLE. — Recherches expérimentales sur l'emploi agricole des sels
de potasse. Note de M. P.-P. Denéran, présentée par M. Decaisne.
(Première partie.)
« Les travaux entrepris dans les salines du Midi pour extraire des eaux
de la mer tous les sels qu’elle renferme, la découverte du chlorure de po-
tassium dans le gisement de Stassfurt-Anhalt ont mis récemment à la dis-
position du cultivateur différents produits renfermant de la potasse, à un
prix relativement modéré.
» Des recherches importantes ont déjà été tentées, en Allemagne, sur
l'emploi des engrais de potasse, et plusieurs publications nous ont fait
connaitre les résultats auxquels on est arrivé de l’autre côté du Rhin. Tou-
tefois un sujet de cette importance ne saurait être soumis à trop d’observa-
tions; la facilité que nous avons rencontrée à Grignon pour installer des
cultures assez étendues, et l'appui bienveillant de l'Administration de
l'Agriculture nous ont décidé à entreprendre les recherches, dont nous pré-
sentons aujourd’hui une première analyse à l’Académie.
» Ces recherches sont divisées en deux parties: on a voulu déterminer
d’abord quelle était l'influence exercée par les engrais de potasse sur
l'abondance de la récolte ; puis les végétaux, développés sous ces influences
Spéciales, ont été analysés afin de reconnaitre si la nature de l’engrais dis-
( 864 )
tribué, avait une action quelconque sur la formation de quelques-uns des
principes immédiats qu’ils renferment.
» Dans cette première communication, nous indiquerons seulement l'in-
fluence des engrais de potasse sur l'abondance des récoltes de froment, de
betteraves et de pommes de terre pendant l’année tres-pluvieuse de 1866.
» Les cultures ont été installées sur deux sols complétement différents.
L’un compose la pièce désignée à Grignon sous le nom de la défonce: c'est
un sol extrêmement calcaire; l’analyse ayant montré qu’il était très-pauvre
en acide phosphorique, on a mélangé aux engrais de potasse, du phospho-
guano. La seconde série d'expériences a été disposée sur un sol de très.
bonne qualité, compris dans ce qu'on appelle à Grignon la septième division.
On a fait usage dans ces recherches de trois variétés d'engrais de potasse.
L'un, venant des salines de MM. H. Merle et Ci, à Alais, répond assez
, KO ; à :
exactement à la formule $° O° M20’ 6HO; il coûte 14 francs les 100 ki-
oO
(e)
logrammes; le transport jusqu’à Grignon étant de 3 francs, il revient à
17 francs. Le second engrais employé provient, comme le troisième, des
usines de MM. Vorster et Grüneberg, à Cologne; il est désigné sous le nom
d'engrais de potasse. Il renferme de 10 à 12 pour 100 de cette base ®c'est un
mélange très-complexe de sulfate de potasse, de magnésie, de chaux, de
chlorure de sodium et même de matières argileuses. Il coûte à Cologne
8",50 les 100 kilogrammes, et revient à Grignon à 13,50. Nous avons enfin
employé le sulfate de potasse concentré, renfermant 30 pour 100 de potasse
environ, 14 pour 100 de soude, un peu de sel marin, de sulfate de chaux et
de magnésie; il coûte 37 francs les 100 kilogrammes à Cologne, et 42 francs
a Grignon.
» On a donné à chaque parcelle de 5 ares des quantités des sels de po-
tasse renfermant à peu près des quantités de potasse égales et doubles de
celles que prélève sur le sol une récolte moyenne; un carré non amendé a
toujours servi de terme de comparaison.
» 1. Expériences sur le froment. — On n’a fait sur le froment qu'une
seule série d’essais, sur la terre de la septième division; le sol avait porté
l’année précédente un blé; le blé bleu employé fut distribué au semoir, en
lignes espacées de o™,25, le 19 mars 1866; on employa une quantité de
semence équivalente à 5o litres à l’hectare. La moisson eut lieu les 10 €t
11 août, le battage à la machine le 13, le triage le 16. Les gerbes étaient
un peu humides, il restait des grains dans les épis; les résultats toutefois
sont comparables. On a obtenu les nombres résumés dans le tableau
suivant : ; ;
( 865
)
Expériences sur l'emploi de divers engrais appliqués à la culture du froment. — Culture du
blé de printemps. — Terre de la septième division.
(Dans ce tableau et dans les suivants, tous les nombres sont rapportés à l’hectare. )
POIDS ET PRIX VALEUR | VALEUR GAN
PRIX des engrais. VOLUME | POIDS da è GAIN, | ou perte
» R N .
AERE DEn SOTM des A du de grai la paille | dépense | comparé
EMPLOYÉS. 100 kilo- Prix rain | la paille | récolté | récoltée | d'engrais | au carré
grammes.| poids. récolté. | récoltée. | (25 fr. |(70 fr. les! déduite, sans
transport l'hectol.). |1000 kil.). engrais.
ji fr kil fr hect kil
Engrais Merle.......…., 14,00 600 102 23,50 4560 587 329 81 + 40
Engrais de potasse. ...| 8,50 800 108 27,00 5180 675 362 929 |+159
Sulfate de potasse..... 37,00 | 200 84 22,00 4160 | 550 291 757 |— 13
MON Eu pertes " " " 21,00 | 3500 | 525 245 770 "
» On reconnaïtra à l'inspection du tableau précédent que, si les engrais
alcalins ont toujours légèrement augmenté la récolte, l'engrais de potasse
et le sulfate de potasse et de magnésie ont seuls donné un bénéfice.
» 2. Culture des betteraves. — Les betteraves appartenaient à la variété
Silésie, rose de Flandre; elles ont été semées le 20 et le 21 avril, et-récoltées
à la défonce le 24 octobre, à la septième division les 6, 7, 8 et 9 novembre.
Expériences sur l'emploi de divers engrais appliqués à la culture des betteraves.
PRIX POIDS
des
engrais
i es
A YÉS.
NATURE DES ENGRAIS EMPLOYÉS 100 kilo-
grammes. | répandus.
ransport.
QUANTITÉS
de
betteraves
récoltées.
Engrais Merle tr ki
N° 1.! (SO*KO.S0‘MgO.6H0)| 14,00 | 1300
Phosphoguano. ........ ` 30,00 200
No 2 | Engrais de potasse...... ,20 | 2000
©! Phosphoguano...... ... 30,00 200
No 3. Í Sulfate de potasse. ..... 37,00 800
` l Phosphoguano. ........ 30,00 200
N° 4. Phosphoguano. ........ 30,00 200
Engrais Merle 14,00 | 1300
Engrais de potasse (Vorster et
Grüneberg) 8,50 | 2000
Sulfate de potasse (Vorster et
Grüneberg). .. 37,00 800
Rien
” LA
221
kil
40.400
47.400
44.260
42.700
33.300
36.600
36.500
36.400
Première série d'expériences (terre de la défonce).
Deuxième série d'expériences (terre de la septième division ).
ALEUR GAIN
de: GAIN, u per
betterave pense | comparés
(18 fr. les | d'engrais | au carré
1000 kil d x sans
ram engrais.
fr Éd fr
727 446 | —256
853 533 | —175
796 4oo | —308
768 708 "
594 373 | —272
658 378 | —277
660 324" | 33:
655 655 n
( 866 )
» On voit que, si à la terre de la défonce l'engrais de potasse et le sulfate
de potasse mélangés au phosphoguano ont donné une augmentation sur la
récolte dépassant 4500 et 1500 kilogrammes de racines à l’hectare, l'engrais
des salines du Midi n’a produit aucun effet ; à la septième division les en-
grais de potasse n’ont produit aucune augmentation de récolte; dans tous
les cas, au reste, leur emploi a été suivi d’une perte sensible.
» 3. Culture des pommes de terre. — Les pommes de terre, appartenant à
la variété dite chardon, furent plantées par tubercules entiers le 16 et
le 19 avril; elles reçurent deux binages, l’un au commencement de juin,
l’autre au milieu de juillet; elles ont été arrachées du 27 octobre au
5 novembre.
Expériences sur l'emploi de divers engrais appliqués à la culture des pommes de terre,
POIDS ET PRIX GAIN
PRIX |des engrais employés. | QUANTITÉS HUE GAIN, ae
NATURE DES ENGRAIS " de A POIDS
es me ranam de la récolte | dépense Compru b.
É , carré
EMPLOYÉS. 100 kilo- Prix tubercules G rieo Fonny sang | l'hectolitre
. i SE a uite.
grammes, | Poids. avec le | récoltés. | totitre). 54 engrais
rt: de potasse.
Première série d'expériences (terre de la défonce).
fr kil
Phosphoguano. ....... 30,00 200 \ K hédé fr fr fr kil
Engrais Merle(sulfate de | 230 ,00 240 960 750,00 |+-160 ,00 63,5
e magnésie)| 14,00 1000
Phosphoguano. ....... 30,00 200
Engrais de potasse (Vor- | 262,50 233 932 | 700,50 |+120,00 62,7
ster et Grüneberg).... 8,50 1500 )
Phosphoguano. ....... 30,00 200
ba potasse. .... F 600 | 312,00 7 748 ator a P
Phosphoguano. ....... 30,00 200 | 60,00 160 640 | 580,00 4 575
Deuxième série d'expériences (terre de la septième division).
Engrais Merle......... 14,00 1000 170,00 170 680 510,00 |—170,00 63,5
Engrais de potasse..... 8,50 1500 | 202,50 19 776 | 573,50 |—106,50 60,0
Sulfate de potasse (Vor-
ster et Grüneberg)....| 37,00 600 | 252,00 152: 628 376,00 |—304,00 63,6
Rio... im... " n "” 170 680 680,00 d 57,8
» On reconnaitra à l'inspection de ce tableau que l’engrais de potasse à;
dans les deux séries d'expériences, augmenté la récolte; que dans un Cas
seulement, lorsqu'ils ont été associés au phosphoguano, le sulfate de potasse
et de magnésie des usines Merle et le sulfate de potasse de MM. Vorster et
( 867 )
Grüneberg ont augmenté la récolte, mais qu'employés seuls ils ont eu un
effet nul ou défavorable. L'engrais Merle, associé au phosphoguäno, a
sur le carré sans engrais un bénéfice de 160 francs: l'engrais de potasse
donné associé au phosphoguano a encore donné un bénéfice de 120 francs;
mais l'emploi du sulfate de potasse dans les deux cas et celui de l'engrais
Merle et de l'engrais de potasse dans un seul a été onéreux.
» Des cultures entreprises sur le sol de Grignon pendant l'année très-
pluvieuse de 1866, on peut tirer les conclusions suivantes :
» 1° Des engrais riches en potasse employés isolément, même sur un sol
trés-pauvre en alcalis (1), peuvent n’éxercer aucune action favorable sur Ja
culture de la betterave ou des pommes de terre.
» 2° Associés au phosphoguano, les engrais de potasse deviennent sou-
vent plus efficaces. |
» 3° Les engrais ne présentant qu’un petit nombre de substances miné-
rales, comme le sulfate de potasse concentré, ont une action beaucoup moins
favorable que les engrais très-complexes, comme l'engrais de potasse de
MM. Vorster et Grüneberg; ce qui semblerait indiquer que l'azote, l'acide
phosphorique, la potasse et la chaux ne sont pas les seuls principes utiles
des engrais, et qu’en l'absence de quelques autres matières minérales, un
engrais qui renferme ces quatre principes peut n’exercer aucune influence
sur la végétation (2). »
CHIMIE MINÉRALE. — Note sur les pyrites de fer jaunes et blanches;
par M. Cu. MÈne. (Extrait.)
« Je ne crois pas qu’on ait fait jusqu'ici d’études approfondies sur les dif-
férentes pyrites de fer que l’on rencontre dans la nature, tant au point de
vue du gisement qu’au point de vue de l'analyse chimique (3), quoique l'on
trouve deux systèmes bien nets de cristallisation pour cette substance. La
Pyrite de fer jaune, qui cristallise dans le système cubique (plus ou moins
(1) La terre de la septième division n'a donné que 0% ,016 de potasse soluble dans l'eau
Par kilogramme. :
(2) Les résultats de ces récherches sont représentés graphiquement dans le pavillon de
Grignon, à l'Exposition universelle,
(3) Il existe peu d'analyses de pyrite de fer. Dufrénoy (Traité de Minéralogie) cite à peu
près tout ce qni a été publié en résultats sur ces minéraux à l’état de pyrites jaunes ou blan-
ches : or il n'y a que cinq analyses. 4
C. R., 1867, 1er Semestre, (T, LXIV, N° 17.) 115
( 868 )
modifié par le dodécaèdre pentagonal et l’icosaèdre), se rencontre plus
particulièrement dans les roches cristallines, et se conserve tres-bien à l'air,
tandis que la pyrite de fer blanche, qui cristallise dans le système prisma-
tique (diversement modifié en prismes rhomboïdaux ou octaëdres, etc.), se
trouve toujours dans les terrains de sédiments, et s’effleurit facilement en
formant du sulfate de fer. La premiere substance rappelle toujours l’action
ignée, tandis que la seconde se rattache aux actions aqueuses : à l’une,
l'aspect de filons, à l'autre la forme des dépôts opérés par double décompo-
sition chimique; celle-ci possède une densité de 5,000 (la pyrite jaune),
celle-là au contraire une densité de 4,700 suivant Dufrénoy. À ces carac-
tères déjà précis, j’essayerai d'ajouter quelques résultats obtenus par moi
depuis quelques années, et confirmés de nouveau récemment dans mon
laboratoire, sur quelques échantillons que j'ai recueillis dans mes courses,
ou qui m'ont été remis de provenances positives.
Pyrite de Champagne : échantillons divers en boules, ou en morceaux ronds allongés.
SU ANS NUE ETS let. 54, 07 4,1709 4,1695
100 D I T A do e” 0,473 0,450 0,468
D ici. Eae 0,415 0 ,397 0,416
EA E E TIIE a EN 0020 0,025 0,018
SOE: sans x 03072 0,100 0,680
Argile. { Alumne o. ...:...…. 0,015 0,021 0,016
Sonde (perte)........ 0,005 0,007 0,002
1,000 1,000 1,009
Rognons de pyrite blanche (un peu jaunâtre) dans les minerais oolithiques de fer de Villebois
et Serrières ( Ain).
Dei X) nie. atlas | gyra 4,1857 4,1788
Poo T à RÉAL En
ose PR pee De sise 0,480 0,482
mL). RSR diet.) CH 0,415 0,420
Eau... PRIS PER RES E 0,017 0,015 0,011
Calcaire. r à iris 0010 , ORI?
BIRGE ire e. A . 0,048 0,062 0,065
T E E soon DEC 0,018 0,012
Alcalis (perte) ....... cr 0,004 0,000 0,090
Matière organique bitumineuse.. 0,002 0,005 0,003
ARA RTE SOL
( 869 )
Coùches de pyrites blanches de Sail-les-Bains, près Couzan ( Loire) (1).
Densité... .....,.. 4,2081 (pyrite très-efflorescente).
Soufre. ...,:..:::27 0,003 0,502
Fer... rater EE 0,432
i PA Hina is Eat 05020 0,028
MIND. dé trs sax: Opas 0,030
AM. ŒODA 0,003
ie TT Ne 0,005 0,005
COM ES tri ot 0003 0,000
1,000 1,000
Pyrites blanches dans des ammonites des minerais de Bea uregard, Mazenay et Laverpillière.
PO Por. De -..... 4,2302 4,1978 4,2200 4,1852 4 ,2000
ini ET RS DÉPENS A 0,510 o,512 0,507 0,496 0,512
Perse. A se 6 épi tee O C 0,442 0,433. o,445
Eau.......,........:%5..+..:. 0,009 0,010. 0,010 0,010 8,008
NT LS RE RE RE A 0,003 0,001 0,000 0,002
D... denis dns à: Cal E 0,025 0,032 0,050 0,025
ADE aa a a a a re 0,005 0,003 0,007 0,010 0,003
Porte. iai a. ..e1 RRLR,s40 DEDOS 0,005 0,001 0,000 0,005
Matière organique bitumineuse..... 0,003 0,001 0,000 0,001 0,000
1,000 1,000 1,000 1,000 1,000
Pryrites des houillères : du Creusot. de Saint-Étienne.
e SŘ a
REOSE di cc br: nno 4,1822 4,1797 4,17982 4,1800 4,1827
Souke. TRI séries sit. DAOR 0,492 0,488 0,485 0,482
Ber. ce à SAR nisreri liste DIRE 0,421 0,426 0,423 o,fai
E TRE 10 E AE 0,063 0,062 0,065 0,072
Alümide: 45,15... et + 0,008 0,009 0,010 0,009 0,011
Aleglis (bérte):: 5... Sat. pra 0,005 0,003 0,005 0,005 0,007
Eau...c;;: RE 0,010 0,007 0,008 0,005
Matière charbonneuse. ....:.... 0,003 0,002 0,002 0,003 0,005
1,000 1,000 1,000 1,000 1,000
(1) Ces couches de pyrites, que l’on trouve le long des fissures de roches où passe l'eau
minérale, sont tout à fait analogues à celles que Dufrénoy cite à Bourbon-Lancy, remar-
quées par M. François, ingénieur en chef des Mines. J'ai trouvé les mêmes résultats en
beaucoup de localités d’eaux minérales.
san.
( 870)
Pyrites bitumineuses de l'Oise et de l'Aisne.
CCC]
..
E E e a E
ss A A S
Matière koam:
EE AE E 4,1756 4,1766 4,1788
EEE 450 0,445 0,449
RS PISE 0,387 0,390 0,390
Free 0,118 0,115 0,106
RL Pr be 0,022 0,026 5,025
ie 0,006 0,004 0,005
Rd aus dE 0,015 0,017 0,020
Dis 0,002 0,003 0,008
Pyrite jaune de Chessy (Rhône) et de Saint-Bel (Rhône) (1).
Densité à 4,6106 4 ,6322 4,67191 4,6201
Siliee.i acorn. 0,098 0,110 0,096 0,095
Alumine 0,035 0,041 0,036 0,048
Poro o ooa 0,002 0,004 0,003 0,000
Pan.. EN MER 0,002 0,003 0,001 0,001
Soufreél;.4...:.°) 0,466 0,452 0,476 0,467
Per; Qt... Ok 0,397 0,390 0,388 0 , 397
1,000 1,000 1,000 1,000
Pyrite des minerais de fer de Lavoulte.
Deme ere 4,7550 4,7842 4 :74855 4,7601
ns 450: 0,052 0,080 0 ,090 0,057
luminare i e 0,006 0,010 0,017 0,000
A NME VU peut 0,002 0,003 0,002 0,001
Eau... AnA 0,002 0,000 0,001 #;009
Dire. EPP 0,007 0,003 0,000 té
Soufre ..... 0,405 0,482 0,470. 0,502
Fier ie 0,435 0,422 0,420 0,440
Matière bitum...... 0,001 0,000 0,000 0,000
Pyrite jaune d’ Allevard. du as de l’ Aude.
~
Densité. ....... *… 4,7500 444 4,7152 _4,7428.
E E à 0,065 0,070 0,109 0,060 .. !
Alumine ss: 0,020 0,011 0,022 0010 «12%
+ 0,005 0,000 ` 0,006 db:
Ban tes; one 0,004 0,002 0,003 dise
Souke V Ao 0,485 0,497 0,474 0,491
PR RE 0,421 0,420 0,390 : 0,435 |
RER “1,000 1,000 1,000 13009
(1) Dans ces échantillons
semblable à la pyrite blanc
à Pair.
: > 53 : A 4 as
» il faut reconnaître que la couleur, quoique pâle, n'est p
che de Champagne, etc., etc. Ces pyrites ne s’effleurissent pas
(871)
Pryrite : de l’île d'Elbe de Conflens de l'Allier
(dans les fers oligistes). ( Ariège). (à Isserpent).
Densite,.....,1 Hg 4 ,8008 4 ,8102 4,8033
PR RE res ce 4 0,040 0,035 0,025
AIE 25.99 0,001 0,007 0,000
Pa IS UE 0,002 6,001 0,004
Soufte:s.sior: hs 0,922 0,524 0,527
ét ee 2e. shr$ 0,435 0,431 0,442
MR ar nr ein ts 0,000 0,002 0,002
» Il faut encore remarquer que, dans les échantillons de pyrite jaune,
on ne trouve presque pas d’eau de composition ou d’interposition, comme
dans les pyrites blanches. Plusieurs auteurs pensent que la facilité avec
laquelle ces pyrites en général s’effleurissent à l'air tient à ce que ces mi-
néraux contiennent du protosulfure de fer. Cela peut être; mais je pense
qu'on peut admettre aussi (d’après mes présentes analyses) que l’état molé-
culaire de la substance, ou mieux que l’interposition d’une argile facile-
ment attaquable, soit par les agents atmosphériques, soit par l'eau, peut
bien être une cause facile de leur altération, et, par ce fait même, il semble
naturel de concevoir que les dépôts sédimentaires ou chimiques (dans les
terrains) doivent se prêter facilement à ce genre de texture, et partant être
un élément général de leur destruction spontanée. »
ANATOMIE COMPARÉE. — Sur quelques points de l'anatomie des Siponcles.
Note de M. S. Jourpaix, présentée par M. de Quatrefages.
« Les recherches dont je consigne ici les résultats les plus saillants ont
porté sur les espèces suivantes : Sipunculus gigas, S. obscurus, S. vulgaris,
S. punctatissimus. |
» Les téguments sont dépourvus de ces corpuscules calcaires, à forme
si bizarre parfois, qu’on rencontre en grande quantité dans les Holo-
thuriens. Les spinules qui hérissent la partie antérieure du corps des
S. obscurus et S. punctatissimus sont des dépendances de l'enveloppe épi-
dermique. Des glandules existent en grand nombre dans la peau des
S. obscurus, vulgaris et punctatissimus, et font paraitre celle-ci finement
ponctuée., C
» Dans le S. gigas, la cavité générale communique avec l'extérieur par
un orifice muni d'un sphincter, situé à l'extrémité postérieure du corps.
Deux branches nées du ganglion fusiforme qui termine la chaîne nerveuse
entourent cette ouverture d’un anneau presque complet. Un semblable
orifice manque dans les trois autres espèces.
+,
~
( 872 )
» Les œufs ou les spermatozoïdes (car les sexes sont séparés) flottent
dans le liquide qui remplit la cavité générale. Dans les trois dernières
espèces, ils ne peuvent sortir que par un pore bilabié, placé sur le col des
deux cœcums qui s’ouvrent sur les côtés de la région dorsale, à la hauteur
de l’anus. Dans le S. gigas, il existe un pore semblablement situé; mais il
serait possible que les produits de la génération pussent être expulsés par
l’orifice postérieur, sorte de canal péritonéal de ces Annelés. Cette dispo-
sition bien constatée ma paru avoir une importance assez grande pour
motiver la création d’une coupe générique nouvelle, à laquelle je propose
d'imposer le nom de Sipunculoporus; ce genre ne comprendrait jusqu'ici
qu’une seule espèce, le Sipunculoporus gigas.
» Je signalerai ici une particularité anatomique qui est peut-être liée
à la présence de l’orifice postérieur : c’est l'existence de brides ou tractus
tendineux très-grêles, munis de cils vibratiles, qui rattachent aux parois du
corps les circonvolutions spirales du tube digestif, et semblent destinés à
retenir ces dernières.
» Le liquide de la cavité générale renferme deux sortes de globules :
1° des corpuscules incolores, discoïdes, assez semblables aux globules
du sang humain,. mais d’un diamètre quadruple, et formés d'une ma-
tière protéique dont l’altération facile amène une déformation rapide de
ces corpuscules; 2° des sphérules granuleuses, munies de prolongements
singuliers, lesquels, en s’enchevétrant, agglomérent souvent ces corps
en masses d’un {volume variable. Ces corps, que je propose d’appeler
globules villeux, se retrouvent dans le liquide cavitaire de beaucoup d’In-
vertébrés et ont été pris à tort pour des portions de tissu vibratile. Le
vaisseau en cœcum simple ou double, qui est accolé à la première portion
du tube digestif et va déboucher dans la couronne tentaculaire, sans four-
nir de ramifications aux téguments, contient des corpuscules discoides très-
analogues à ceux du liquide cavitaire, mais d’un diamètre un peu plus
fort. Les corpuscules sont mis en mouvement par un épithélium ciliaire, qu
tapisse également l’intérieur de la couronne tentaculaire. Ce tube repré”
sente, à mon sens, un système circulatoire trés-rudimentaire : toutes les
fois qu’une portion du liquide nourricier se trouve vascularisée, cette je
cularisation a lieu généralement au profit de la fonction de respiration: 4
structure délicate de la membrane tentaculaire et ses relations avec le vais-
seau que je viens de décrire me donnent à penser, comme le prétend
M. Williams, que cette région est le siége principal de l’hématose. Les tegu-
ments plus épais et en contact seulement avec la vase ou le sable vaseux
(873)
dans lequel le Siponcle vit enfermé ne jouent qu’un rôle secondaire, mais
qu'on ne peut néanmoins se refuser à admettre. Le liquide cavitaire, en
effet, est soumis à un double mouvement de transport, parfaitement reconnu
et décrit par M. de Quatrefages. Ce mouvement est déterminé par des cils
vibratiles, distribués à la surface du canal digestif et des brides qui en
relient çà et là les circonvolutions; la paroi interne de l'enveloppe tégu-
mentaire est dépourvue de ces appendices.
» Relativement aux tubes en cœcum, dans lesquels certains anatomistes
ont voulu reconnaître un organe de respiration, voici la manière de voir
qui me paraît la plus plausible. Ils sont constitués essentiellement par une
membrane anhiste, renforcée par des fibres musculaires lisses formant un
treillage irrégulier, et d’une couche de cellules à contenu granuleux, bru-
nâtre, comme on en retrouve dans la glande chargée, chez plusieurs Inver-
tébrés, d'éliminer l'acide urique. Le produit de la sécrétion, sous forme
d’un liquide brun-verdätre clair, distend souvent ces cœcums, que je con-
sidère comme un organe d'élimination analogue à la glande de Bojanus.
Ces organes servent encore à l'émission des œufs et des spermatozoïdes,
usage qu’on voit quelquefois rempli par l'organe de Bojanus.
» Je n’ai pu encore reconnaître d’une manière certaine où et comment
se forment les œufs et les spermatozoïdes. Je ne suis point parvenu à dis-
cerner l'organe génital, dont le développement est peut-être temporaire.
Cependant, j'ai rencontré quelquefois sur la portion terminale de l'intestin
des vésicules pédonculées, qui pourraient bien être des cellules ovigènes
ou spermatogènes très-jeunes. La question est encore trop obscure pour
que je puisse hasarder une affirmation, et je me promets de la reprendre
en étudiant l’embryologie à peu près inconnue de ces Géphyriens. »
PHYSIOLOGIE. — Faits pour servir à l’histoire de la maladie parasitaire des vers
à soie appelée pébrine, et spécialement du développement du corpuscule
vibrant; par M. A. Bécnamr. (Extrait.)
« Dans la Note que j'ai eu l'honneur d'adresser à l’Académie (Comptes
rendus, 27 août 1866), je crois avoir démontré que le corpuscule vibrant
est de nature végétale; non-seulement de nature végétale, mais un mycro-
phite ferment. J'ai fait voir enfin (Comptes rendus, 4 février 1867) que le
même corpuscule est un organisme producteur d'alcool.
» Dans la première Note, j'ai démontré que le corpuscule vibrant, loin
d’être putrescible comme une cellule animale, résiste à la putréfaction; non-
seulement il n’est pas putrescible, mais il pullule au milieu des matériaux
( 874)
putréfiés de la chrysalide et en présence des vibrions cause de cette putré-
faction. Le nombre des corpuscules y était devenu au moins vingt-cinq
fois plus grand. J'ai répété et varié cette expérience, pour vérifier en même
temps un autre fait dont je n’ai pas parlé alors, parce que je craignais d'être
la dupe d’une illusion d’optique. |
» Je rapporte dans ma Note les expériences qui établissent définitive-
ment que le corpuscule se multiplie dans les infusions des cadavres des
chrysalides, des papillons et des vers, et, chose digne d'attention, que la
créosote s'oppose à celte multiplication.
» En examinant attentivement les corpuscules développés dans la pre-
mière expérience, je vis sur plusieurs corpuscules, dans le sens du grand
axe, une ligne noire et un indice de scission dans ce sens; le corpuscule
élargi et allongé portait comme une échancrure à chacune des extrémités
de ce grand axe. Ces faits ont été vus par des savants familiarisés avec le
maniement du microscope. Je craignais, et ils craignaient comme moi, que
cette apparence ne fût une illusion; aujourd’hui, je n’hésite plus : non-seu-
lement la ligne noire est matérielle, mais elle finit par se résoudre en gra-
nulations évidentes. |
» Mon opinion actuelle est que le corpuscule vibrant n’est qu’une spore.
Les figures que je joins à cette Note montrent l'apparence générale des cor-
puscules qui sont élevés dans les-infusions des matériaux des vers à soie.
On en voit de plusieurs grandeurs, des petits, des moyens, des grands, C'est
sur les plus gros et les plus allongés que se voit ordinairement cette ligne
noire. Ils sont probablement, ainsi que cela a lieu pour la levüre de biere,
les plus âgés; mais dans ces conditions, l'observation ne m’a rien appris
de plus, et j'ai pensé qu'il fallait chercher ailleurs la solution du problème.
» C'est un fait certain pour moi, qu’un ver ne peut devenir malade de la
pébrine que consécutivement à la pénétration du corpuscule de l'extérieur
à l’intérieur. Le siége initial du parasite, la logique le veut ainsi, doit T
l'extérieur. (Est-il besoin de dire que, physiologiquement, le canal digesti
est une partie extérieure?)
» Les peaux des vers à soie qui ont fait leur dernière mue dans le cocon,
si la chrysalide et le papillon étaient corpusculeux, portent des corpuscules,
souvent en très-grand nombre. Si l'examen se fait dès que le papillon A
sorti, on ne trouve que les corpuscules normaux; mais en examinant
attentivement, on en trouve à différents degrés de développement : de por
petits, des moyens, de plus grands, un peu plus allongés, et dont un pr
nombre portent la ligne noire que j'ai observée sur ceux qui pullulent dan
les infusions...
( 875 )
» Tels sont les faits qui me portent à admettre que le corpuscule vibrant
est une spore. Ainsi se trouverait complétée la théorie parasitaire de la pé-
brine, pour le triomphe de laquelle je combats depuis bientôt deux ans.
J'ose espérer que la priorité de l'idée et des expériences qui la démon-
trent ne me sera pas contestée. Jusqu'au 20 août dernier, j'étais seul de mon
avis. Je dois faire une exception : M. Le Ricque de Monchy m’a constam-
ment encouragé et aidé. Je lui témoigne ici ma reconnaissance, et pour ses
encouragements, et pour son concours si éclairé et si dévoué. »
M. J. Haymarrt adresse une Note relative à l'observation de blocs erra-
tiques dans l'Amérique méridionale.
M. L. Jourpax adresse un Mémoire sur un nouveau moteur hydrau-
lique.
Mie Danrez adresse une nouvelle Lettre relative au médicament anti-
cholérique de feu M. Daniel.
Cette Lettre est renvoyée, comme les précédentes, à la Commission du
legs Bréant.
A 4 heures trois quarts, l’Académie se forme en comité secret.
COMITÉ SECRET.
La Section de Géométrie présente la liste suivante de candidats pour une
place de Correspondant vacante dans son sein par suite du décès de
M. Riemann :
En première ligne. . . . . . . M. Prücer, à Bonn.
M. Borcnanpr, à Berlin.
M. Bricscui, à Florence.
M. Cresscu, à Giessen.
M. Hesse, à Kœnigsberg.
En deuxième ligne et par ordre | M. pe Joxquières, à Toulon.
alphabétique . . . . . . . | M. KRnoxecker, à Berlin.
M. Ricmecor, à Kœnigsberg.
M. Rosexaann, à Berlin.
M. Samos, à Dublin.
M. Warznsrrass, à Berlin.
C. R., 1867, 1°" Semestre. (T. LXIV, No 47.) 116
( 876 )
La Section d’Anatomie et de Zoologie présente la liste suivante de can-
didats pour une place de Correspondant vacante dans son sein par suite du
décès de M. A. de Nordmann :
En première ligne . . . . . . . M. pe Srsozp, à Munich.
. Braxor, à Saint-Pétersbourg.
M. Huxzey, à Londres.
M. R. Leucrarr, à Giessen.
M. Picrer, à Genève.
F. Sars, à Christiania. |
M. Sreexsrrup, à Copenhague.
M. Vocr, à Genève.
=
En deuxième ligne, ex æquo,
et par ordre alphabétique. .
La séance est levée à 6 heures. ED B
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE,
L'Académie a reçu, dans la séance du 22 avril 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Description des machines et procédés pour lesquels des brevets d'invention oni
été pris sous le régime de la loi du 5 juillet 1844, publiée par les ordres de
M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics,
t. LVI. Paris, 1867; in-4° avec planches. i
Glaciers actuels et période glaciaire; par M. Ch. Martins. Paris, 1867.
(Extrait de la Revue des Deux Mondes, 1867.) -
Actes de l’ Académie impériale des Sciences , Belles-Lettres et Aris de Bor-
deaux. 3° série, 28° année, 1866, 3° trimestre. Paris, 1866; in-8°. i
Principes concernant les eaux publiques ; application au canal de Marseille;
par M. G. GRIMAUD DE CAUX. Paris, 1867; in-8°. i
Travaux du Conseil d'hygiène publique et de salubrité du département de la
Gironde depuis le 1“ janvier 1865 jusqu’au 31 décembre 1866, t. IX. Bor-
deaux, 1867; in-8°, ; I
Revue semestrielle des travaux d ‘exploitation des mines, de métallurgie s
de construction; par M. Ed. GRATEAU. 1“ et 2° semestres 1866. Paris et
Liége, 2 br. in-8°. re |
Liste des prix décernés par l'Académie impériale des Sciences, Belles-Lettres
( 877)
et Arts de Bordeaux pour 1866, et Programme des questions mises au concours
pour les années 1867 et 1868. Séance publique du 14 mars 1867. Br. in-8.
Mémoires de l’Académie impériale de Metz, 2° série, 14° année. Metz, 1866;
1 vol. in-8°.
Histoire chronologique des lectures publiques et des conférences ; par M. Scou-
TETTEN. Metz, 1867; br. in-8°.
Recherches pratiques sur la mortalité prématurée sous le rapport médical, ou
la vérité sur les causes et les désastres du choléra-morbus; par M. FREMAUX.
Paris, 1864; 2 vol. in-8°,
Résumé du précédent ouvrage; br. in-8°.
Du moyen naturel de mettre fin, pour l'avenir, aux retours périodiques d'une
triste et redoutable calamité; par M. FREMAUX. Saint-Cloud, 1867; br. in-8°.
Révélation sur quelques vérités utiles et pratiques sous le rapport des causes
el des effets de certaines épidémies (choléra) et autres calamités. Paris, 1865;
br. in-8°.
Ces ouvrages sont envoyés par M. Fremaux au concours Bréant.
Appareil et construction des ponts biais; par M. GRAEFF. 2° édition.
Paris, 1867; 1 vol. in-4° avec atlas.
Construction des canaux et des chemins de fer. Histoire critique des travaux
exécutés dans les Vosges, au chemin de fer de Paris à Strasbourg et au canal de
la Marne au Rhin; par M. GRAEFF. Paris, 1861; 1 vol. in-8 avec atlas
in-4°.
Rapport sur la forme et le mode de construction du barrage du gouffre d'En-
er, sur le Furens, et des grands barrages en général; par M. GRAEFF. Mémoire
sur la forme du profil à adopter pour les grands barrages en maçonnerie des
réservoirs ; par M. DELOCRE. Paris, 1867; br. in-8°. (Ces trois derniers ou-
Yrages sont présentés par M. le Général Morin.)
Des inondations en France et des moyens de s’en préserver; par M. A.-J. REY
DE MORANDE. Paris, 1867; opuscule in-8°.
Versuch... Recherches pour servir à l’histoire naturelle des espèces du genre
Bœuf, considéré dans ses rapports avec celle des Ruminants en général ; monogra-
phie analomico-paléontologique du genre Bos de Linné; par M. le prof. L. Ru-
TIMEYER. Zurich, 1867; in-4° avec figures et planches.
Preliminari... Préliminairés d'une théorie géométrique des surfaces; par
M. L. CREMONA. Bologne, 1866; in-4°. (Présenté par M. Chasles.)
Rappresentazione... Représentation de la surface de STEINER; par M. L.
Cremona. Milan, 1867; br. in-8°. (Présenté par M. Chasles.)
( 878 )
L'Académie a recu, dans la séance du 29 avril 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Lettre de M. L. PASTEUR à M. H. Marès. Montpellier, 1867; br. in-8°.
Le Jardin fruitier du Muséum; par M. J. Decaisne, Membre de l’Institut.
80° livraison. Paris, 1867; in-4° avec planches.
Principes de chimie fondée sur les théories modernes; par M. A. NAQUET.
2° édition. Paris, 1867; 2 vol. in-12 avec figures. (Présenté par M. Dumas.)
Ministère de l’ Agriculture, du Commerce et des Travaux publics. Commis-
sion de l’enseignement technique. Rapports et Notes. Paris, 1865 ; in-4°. (Pré-
senté par M. le Général Morin.)
Gisors et son canton (Eure). Statistique, histoire. Les Andelys, 1867; in-8°.
(Présenté par M. Passy pour le concours de Statistique 1867.)
Étude sur le système solaire; par L.-C.-D. M. Bruxelles, 1867; opuscule
in-8°. (5 exemplaires.)
Mémoire sur l’utilisation et la dénaturation des résidus de la fabrication du
chlorure de chaux et de la soude artificielle; par M. Émile Kopp. Paris, 1866.
(Extrait des Annales de Chimie et de Physique, t. VII.) Paris, 1866; in-8°.
(Renvoyé à la Commission des Arts insalubres.)
Annuaire de la Société Philotechnique, année 1866, t. XXVIII. Paris, 1867;
in-8°.
Programme ou Résumé des leçons d’un cours de constructions avec les ap-
plications tirées spécialement de l’art de l'ingénieur des Ponts et Chaussées, ou-
vrage de MM. J. SGANZIN et REIBELL. 5° édition refondue entierement par
M. Léon LALANNE. Texte, livr. 1 et 2, in-4°; atlas, livr. 1 et 2.
Description géologique et minéralogique du département du Haut-Rhin; z
MM. J. DELBOS et KOECHLIN-SCHLUMBERGER. Mulhouse, 1866; 2 vol. grand
in-8° avec carte en 7 feuilles.
Recrutement de l’armée et population de la France; par M. le D" CHENU.
Paris, 1867; in-4°. ( Présenté par M. le Maréchal Vaillant.) i
De la péritonite tuberculeuse; par M. L. HEMEY. Paris, 1867; in-8°. (Adresse
pour le concours de Médecine et de Chirurgie 1867.)
( La suite du Bulletin au prochain numéro.) :
TETE
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 6 MAI 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. 1e Ministre DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE transmet une ampliation du
Décret impérial qui confirme la nomination de M. À. d’Abbadie à l'une des
trois places créées dans la Section de Géographie et Navigation par le Décret
du 3 janvier 1866.
Il est donné lecture de ce Décret.
Sur l'invitation de M. le Président, M. »Asbapre prend place parmi ses
confrères.
ANATOMIE COMPARÉE. — Mémoire sur l’évolution de la notocorde, des
cavités des disques intervertébraux et de leur contenu Gélatineux ;
par M. Cu. Ron.
« Le but de ce Mémoire est d'exposer dans l’ordre de leur succession
évolutive un certain nombre de faits qui se rapportent :
» 1° À la constitution de la corde dorsale des mammifères, l'homme com-
Pris, depuis son origine jusqu’à sa disparition (1);
ts ne non
(1) Corde dorsale ou spinale, chorda dorsalis (Barr, Entwickelungsgeschichte der Thiere;
Kænigsberg, 1828, in-4°; erster Theil, p. 15, et zweiter Theil, p. 208), et Développement
C. R., 1867, 127 Semestre. (T. LXIV, N° 18.) 117
Į
Eo u LE 7
g CPE 2 ‘
a »
f # 2 »
E AR E j
( 880 )
» 2° Au mode de paissance, aux caractères et au mode de disparition de
la substance gélatineuse des disques intervertébraux et des cavités qui la
renferment;
» 3° Aux caractères, à la nature et aux modifications graduelles des cel-
lules de la corde dorsale qui concourent à la constitution de cette sub-
stance gélatineuse.
» Il n’est impossible, dans cet extrait, de rappeler le nom des auteurs
qui ont déjà signalé quelques-uns des faits que je décris; mais je n'ai pas
omis de mentionner leurs recherches dans le corps du travail dont je ne fais
que tracer ici la disposition générale plutôt que je n’en résume le contenu
même.
» La notocorde est un organe en forme de filament cylindrique, de struc-
ture celluleuse, d’origine embryonnaire ou blastodermique. Il apparaît dans
le grand axe de la tache ou dire embryonnaire dans l'épaisseur du tissu de
celle-ci, en même temps à peu près que la gouttière ou ligne primitive dont
il occupe le fond ét toute la longueur. Sur beaucoup de mammifères, mais
non sur tous, il est légèrement renflé en massue (r) à son extrémité cépha-
lique, qui s'étend jusqu’au niveau des vésicules auditives, à la place quoc-
cupera le cartilage de l’apophyse basilaire de loccipital, immédiatement
en arrière de celle qui sera occupée par le cartilage du corps du sphénoïde.
Un peu aminci à son extrémité postérieure ou caudale, cet organe forme
un cordon parfaitement cylindrique et d’une épaisseur qui reste à peu de
chose près de 5 centièmes de millimètre dans toute sa longueur, quand
son extrémité céphalique n’est pas un peu renflée, comme sur le mouton.
» Le corps cartilagineux de l’apophyse basilaire, celui de l'apophyse
odontoïde et celui de chaque vertébre, naissent autour de la corde dorsale
comme centre, de telle sorte que jusqu’à l’époque de l'ossification du si
des vertèbres, tous ces centres sont traversés par ce cordon jusqu à la
des oiseaux dans Buroacu, Physiologie, traduction française; Paris, 1838, in-8, t. I,
p- 208. ALICE
Corde de substance molle que les vertèbres entourent comme des anneaux chez lestur-
geon, le polyodon, la chimère, la lamproie, etc. (Cuvier, Anatomie comparée, 1800).
Chorde ou corde dorsale et cordon gélatineux de la colonne vertébrale, de divers auteurs.
Corde vertébrale (VarentIN, BiscnorF, etei) Han ia
Notocorde (Richard Owex, Principes d’ostéologie comparée ; Paris, 1855, in-6°, P- 18i).
(1) Bouton de la corde dorsale, arrondi chez les oiseaux (Barr, loc. cit., et dans "i
Physiologie, traduction française; Paris, 1838, in-8°, t. m, p: 208 et 209); où il occupe
milieu de la base du crâne. li HE CAS
( 881 )
dernière vertèbre coccygienne inclusivement, comme un fil traverse les
grains d’un chapelet.
» Les cartilages du corps de chaque vertèbre sont séparés les uns des
autres par des espaces réguliers presque aussitôt occupés par le tissu des
disques intervertébraux. Lors de la génération de ce tissu, la notocorde se
renfle vers le centre de ces disques, sa gaine se dilate sous forme de gonfle-
ments ovoides ou lenticulaires, réguliers; en sorte que cet organe, qui
représente alors laxe réel de la colonne vertébrale et s’allonge en même
temps qu’elle, est d’une maniere régulière alternativement renflé et parfai-
tement cylindrique. Ici son diamètre ne change pas. La notocorde con-
stitue ainsi un filament clair, renflé au niveau des disques intervertébraux,
et qui reste mince dans ses portions qui traversent les cartilages du corps
des vertèbres, comme il était partout auparavant.
» Bientôt l’ossification du centre des vertèbres interrompt la continuité
des portions cylindriques de la notocorde et ne laisse plus de cet organe
que les dilatations intervertébrales, qui continuent à s'agrandir pour dis-
paraître ensuite plus ou moins tôt, suivant les espèces de mammiferes, au
sacrum, au coccyx et même dans tous les espaces intervertébraux chez
quelques-uns.
» Sur de très-petits embryons, tels que ceux de vache, etc., longs de 4
à 5 centimètres, à compter de la tête jusqu’à la racine de la queue, on peut
constater que l'apparition des points d’ossification offre les particularités
suivantes. Le dépôt de granules phosphatiques, plus opaques que le carti-
lage, se fait dans les interstices des chondroplastes, dont les dimensions
sont encore petites. L'époque à laquelle commencent à se former les ostéo-
plastes est celle où ce dépôt représente un amas central ovoide en travers
ou arrondi, d’abord grenu, pâle, puis apercevable à l'œil nu, opaque sous
le microscope, et qui interrompt la notocorde. Avant cette époque, il forme
vers le milieu de la hauteur de la vertèbre unè petite tache demi-transpa-
rente, mais- notablement moins translucide que le reste du cartilage; elle
est due au dépôt de phosphate calcaire à l’état de granules entre les chon-
droplastes, sans qu’il y ait encore d’ostéoplastes formés; on ne peut, par
conséquent, pas les nommer des points d'ossification. Cette tache est plus
claire dans l’axe de la vertébre, au niveau de la notocorde, que sur ses
côtés, et parait ainsi double ou bilobée, surtout si l'on comprime la pré-
Paration,
» Jusqu'à cette époque cet organe se com
» 1° De la notocorde proprement dite, és ee grise composé
117.
( 882 )
de cellules nucléées, polyédriques, finement granuleuses, très-adhérentes
les unes aux autres par juxtaposition immédiate.
» 2° Ce cordon est lui-même entouré d’une gaine mince, transparente,
résistante (gaine ou tunique de la notocorde), séparée du filament celluleux
par un petit intervalle plein d’une substance demi-liquide, hyaline, assez
tenace, dans laquelle est plongé et flotte en quelque sorte le cordon cellu-
leux ou notocorde proprement dite. Avant l'apparition des renflements
intervertébraux, on peut retirer intactes la notocorde et sa gaine des or-
ganes qu’elles traversent et constater que ces derniers ne naissent pas par
transformation de la substance de cette tunique en leurs tissus cartilagineux
et fibreux, Remplissant le rôle de soutien squelettique du nouvel être durant
la phase blastodermique de son évolution, on voit à cet égard d’autres or-
ganes se substituer à elle, set; loin: de se transformer en quelque autre,
la corde dorsale continue à augmenter ‘de masse; mais en changeant de
disposition morphologique; ce qui entraîne des différences dans les usages
relatifs aux mouvements du nouveau squelette, usages que ses portions
intervertébrales remplissent jusqu’à l’époque de:son atrophie sénile, avec
substitution d'un autre tissu. Enfin:ce. petit appareil offre un exemple
frappant des cas de remplacement d’un organe transitoire par un autre,
sans que jamais le tissu du:second soit une transformation du premier,
sans qu'il y ait de lien généalogique direct des éléments de celui-ci avec
ceux de celuiHà. +: 2 jz 0 i
» Il est facile de distinguer les cellules qui composent la corde dorsale
de celles qui forment le tissu de la tache embryonnaire par le volume
trois ou quatre fois plus: considérable des premières; leur diamètre est
de 0,025 à 0™™ 04environr Elles sont polyédriques;, grisätres, assez trans-
parentes, finement granuleuses, sœ granulations fines et grisâtres; toutes
renferment un noyau sphérique, quelquefois un peu ovoide, très-transpa-
rent, avec un nucléole brillant-et peu volumineux.
» Dès qu'on-vient à mettre ces cellules au contact de l'eau, elles se
gonflent et prennent rapidernent un volume presque double de celui
qu’elles avaient avant; en même temps elles deviennent sphériques. Cette
remarque est très-importante, parce que, dans presque toutes les descrip-
tions de ces cellules, on les décrit telles qu’elles sont après le contact de
l'eau; d’où ‘il résulte qu’on les dit être de grands globules sphériques,
transparents, offrant un noyau trés-clair et dépourvu de granulations;
tandis qu’elles sont en réalité grisâtres, finement: granuleuses et polyé-
driques. Ce n’est qu'au contact de l’eau: qu’elles deviennent sphériques et
( 883 )
que leurs granulations se dissolvent, ce qui les rend tout à fait hyalines.
.» Nous avons vu que de l'extrémité antérieure de l’apophyse basilaire la
corde dorsale s'étend jusqu’à la dernière vertébre coccygienne ou caudale,
en traversant le sacrum, de telle sorte qu’elle est très-longue chez les rats,
les carnassiers, les ruminants, etc., qui présentent un grand nombre de
vertèbres coccygiennes.
» Lorsque les points d’ossification apparaissent au centre des vertèbres
et dans l’apophyse basilaire, elle s’atrophie à ce niveau et disparaît, de telle
sorte qu'elle se trouve interrompue autant de fois qu’il y a de corps verté-
braux s'ossifiant. Il importe de savoir qu’il n’y a qu’un seul noyau d’ossi-
fication au centre de chaque corps vertébral ou de l’apophyse basilaire de
l'occipital et que ce noyau unique apparaît un peu en arrière de la noto-
corde qu'il entoure bientôt et dont il envahit la place en déterminant l’atro-
phie de sa gaine et de ses cellules. : CE er |
» Une disposition digne d’être notée est que ce filament traverse de
part en part l’apophyse odontoïde de l’axis et passe en arrière de l'arc
antérieur de atlas, de sorte que l'atlas n’est traversé dans aucune de ses
parties par la corde dorsale. Ce fait se rattache à cette particularité impor-
tante en anatomie descriptive, que l’apophyse odontoide naît toujours par
un Corps cartilagineux distinct qui représente en réalité le corps de l’atlas,
et qui au lieu de s’unir à l’arc antérieur de cette vertèbre se soude, quoique
assez tard, au corps de l’axis; cette soudure est tardive, parce qu’il reste
un renflement de la corde dorsale entre l’apophyse odontoïde et le corps
de l’axis. Lors de l’ossification des vertèbres la notocorde ne forme donc
plus un filament continu ; elle ne se trouve plus représentée que par les
dilatations intervertél les dont une existé entre le corps de l’axis et l’apo-
physe odontoïde représentant le corps de Patlas: 4: 007 |
» Ainsi la portion de ce cordon quittraverse Papephyse basilaire s'atro-
phie graduellement ; il en est de même de'la portion quittraverse l’apo-
physe odontoide et de celle quitraverse le corps de l’axis sur lequel l’apo-
physe odontoïde représente une partie atloïdienne surajoutée. Lors de
l'ossification des corps vertébraux on ne rencontre plus le tissu de la
Notocorde qu’à partir du disque qui sépare la seconde de la troisième ver-
tèbre cervicale, et dans tous ses homologues jusqu’à l'extrémité du coccyx.
Mais bientôt on voit la portion du cordon qui traverse le sacrum subir
une atrophie telle, que la dilatation qui est interposée à chaque vertebre
disparait complétement: Chez l’homme, c’est vers l'âge de neuf à douze
ans qu'ont lieu ces derniers phénomènes. Il en est bientôt de même pour
( 884 )
la partie qui occupe l'intervalle des vertèbres coccygiennes. De telle ma-
nière qu’au bout d’un certain temps, ce cordon celluleux est subdivisé
par la production des noyaux d’ossification en autant de portions dis-
tinctes ou d'organes similaires qu'il y a de disques intervertébraux (1);
après avoir ainsi occupé toute l'étendue de la colonne vertébrale depuis
l’apophyse basilaire jusqu’à l'extrémité du coccyx, on le voit s'atrophier
dans l’apophyse basilaire, dans les deux premières vertèbres cervicales,
dans les disques intervertébraux du sacram et du coccyx, pour ne plus
occuper que la colonne vertébrale proprement dite. Là méme on ne re-
trouve son tissu qu'au centre des disques intervertébraux, où il est.accom-
pagné d’une certaine quantité de la matière demi-liquide, gélatiniforme
dont nous avons parlé. Plus tard, dans les disques intervertébraux lom-
baires, etc., aussi bien que dans le sacrum, ce:tissu s’atrophie graduelle-
ment. Chez les adultes, il commence à disparaître dans ces régions vers l’âge
de 60 ans environ. A partir de ce moment, la cavité des disques interver-
tébraux, au lieu de renfermer une substance molle, élastique, est graduel-
lement envahie par du tissu fibreux, de telle manière que chez les sujets
très-âgés on n’observe plus trace du tissu de la corde dorsale, formé par les
cellules juxtaposées, ni du liquide visqueux qui les accompagne. Cette
atrophie, dans les disques intervertébraux, suit toutes les phases qu’on ob-
serve durant l’atrophie du tissu de la portion de la notocorde qui occupe
l'intervalle des vertèbres sacrées. Ces phénomènes sont les mêmes aussi bien
vers la neuvième ou la douzième. année, époque où ils ont lieu dans le
sacrum, que vers l’âge de soixante ans environ où elle commence à sur-
venir dans les autres vertèbres. Quoi qu'il en soit, ce tissu a une existence
temporaire, chez les mammifères ; mais celle-ci se prolonge cependant jus-
qu'à une période avancée de l'existence pour un certain nombre de disques
intervertébraux, et en particulier pour ceux de Ja région lombaire; où
l’atrophie se fait en dernier lieu. | p jo
» Il y a des animaux sur lesquels cette atrophie graduelle du tissu de la
Li
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t que chez l’homme, Ainsi, sur les
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(1) La matière contenue dans les cavités des disques intervertébraux n’est donc pas com-
parable à la synovie. Elle représente les restes de la corde dorsale, devenus un centre de
mouvement incompressible en raison de ‘sa liquidité et par suite aussi susceptible de tres-
légers déplacements, qui suffisent à Paccomplissement dés usages dé la colonne vertébrale en
tant que tige flexible et de’ sustentation: La portion fluide du corps gélatineax filant que
renferment ces cavités est le résidu du Tiquide de même nature quenous avons vu exister
entre l’enveloppe et le cordon celluleux de la corde dorsale. doi
( 885 )
ruminants et sur les solipèdes, qui ont une colonne vertébrale très-rigide,
l’atrophie s'achève avant la naissance; chez quelques espèces elle a lieu
quelque temps après la naissance, tandis que chez les carnassiers, qui ont
une colonne vertébrale très-flexible, comme le chien et le chat, on retrouve
ce tissu gélatineux de la notocorde dans les cavités des disques interverté-
braux pendant toute la durée de la vie (1).
» Ajoutons pour terminer.que pendant que se produisent les cavités inter-
vertébrales par dilatation de la notocorde, on voit là, dès le troisième mois
dela vie intra-utérine de l’homme, par exemple, et même plus tôt, ces cel-
lules présenter des modifications importantes. D'abord la corde dorsale pro-
prement dite cesse de former en ce point un renflement ou amas celluleux
homogène; ce renflement se subdivise en fragments ou petits amas larges
de o™ 1- environ, apercevables déjà à l’œil nu, comme de petits points
grisâtres, de configurations très-variées et souvent d’aspects bizarres sons
le microscope.
» Ces amas offrent cette particularité, die les cellules dont ilssont formés
se creusent petit à petit de cavités que remplissent des gouttelettes d’un
liquide rosé ou jaunâtre. Ces cellules deviennent alors tantôt ovoïdes, tantôt
arrondies, et jusqu’à deux ou trois fois plus grosses que dans, les premiers
mois de leur existence. Leur contour est quelquefois difficile à distinguer
au premier abord; mais il devient très-apparent, dès qu’on ajoute de l’eau
à la préparation. L’aspect. de ces cellules est complétement changé par la
présence de ces gouttelettes rosées ou jaunâtres, et les auteurs partisans de
la génération endogène ont décrit ces gouttelettes comme des cellules
incluses, tandis qu’elles représentent un fluide assez épais qui s'est pro-
duit dans l'épaisseur dela substance des cellules. en vertu de modifications
évolutives et relativement séniles, Ces gouttelettes sont, complétement dis-
soutes par l’eau après une demi-heure, de, contact ou environ, et les, cellules
reprennent alors les caractères qu'elles offrent pendant l’âge embryonnaire
lorsqu'on les a traitées. par l’eau. Ce fait prouve que ce sont bien là des
gouttes d'un liquide particulier qui se forment dans la substance des cellules
(1) On n’a pas encore noté d’altération particulière du tissu de la corde dorsale. Cepen-
dant, chez les enfants, on peut accidentellement trouver ce tissu incrusté de grains phospha-
tiques irréguliers ; de telle manière que quelquefois, sur les jeunes sujets, on voit alors le tissu
mou qui occupe les disques intervertébraux remplacé par nne substance jaunâtre qui doit sa
coloration à une incrustation des cellules de la notocorde par des grains de phosphate de
chaux, - grains qui existent aussi entre ces cellules dans le liquide précédemment visqueux et
gélatiniforme.
( 886 )
de la notocorde, substance qu’elles distendent sans se mêler avec elle, et
que ce ne sont pas là des cellules incluses dans d’autres cellules. Enfin des
gouttes semblables se produisent aussi dans la matière hyaline visqueuse
qui est interposée aux amas de cellules. »
ANATOMIE VÉGÉTALE. — Des vaisseaux propres dans les Araliacées;
par M. A. Trécur. (Première partie.)
« De tous les vaisseaux propres, ceux des Araliacées me paraissent avoir
le moins fixé l'attention des botanistes. Je ne les vois même cités dans au-
cun travail d'anatomie. Cependant ils méritent d’être étudiés, ne serait-ce
que pour les comparer à ceux des Ombellifères avec lesquelles les Aralia-
cées ont tant d’affinité. J'essayerai donc d'en tracer ici les principaux ca-
ractères.
» Le suc propre paraît être le plus ordinairement oléorésineux (Aralia
edulis, racemosa, Paratropia macrophylla, Panax aculeata, Cussonia thyrsi-
flora, etc.); mais il est gommeux dans la tige des Æralia chinensis, spinosa,
Panax Lessonii, crassifolium, et des Panax trifoliolé, pentaphylle, etc. (1). Dans
le jeune fruit du Panax Lessonii, ce suc est oléorésineux, soluble dans Fal-
cool, insoluble dans l’eau, tandis que celui de la tige est gommeux, par
conséquent insoluble dans l'alcool et soluble dans l’eau.
» Les canaux qui contiennent ce suc propre appartiennent, on le sait, à
ceux qui sont dépourvus d’une membrane particulière, et qui sont limités
par des cellules différentes de celles du tissu environnant, Ici ces cellules
pariétales se distinguent des voisines par leur contenu, mais pas toujours
nettement par leur forme et leur dimension.
(1) Le commerce a répandu dans les collections certaines plantes qui ont un intérêt parti-
culier. Elles y portent les noms d’Aralia Schefflera, crassifolia, trifoliata, diversifolia,
Cookii, Hookeri, etc. Toutes, par l'aspect de leurs jeunes rameaux et l'épaisseur de leurs
feuilles, ont un air de parenté avec l Aralia crassifolia décrit en 1838 (Ann. of nat. Hist.,
t. II, p. 213) par A. Cunningham, qui le qualifie d’arbor polymorpha. De plus, quelques.
catalogues, que je n’ai pas eus sous les yeux, mais qu'indique le Manuel de MM. Jacques et
Herincq, donnent les Aralia dits trifoliata et diversifolia comme synonymes de l’Aralia
Schefflera; et M. L. Neumann a obtenu de graines du Panax Lessonii du Muséum des
plantes encore jeunes qui semblent se rapporter à la plupart des formes fournies par le
commerce. Les vaisseaux propres de quelques-unes des plantes commerciales m'ayant
donné des caractères dignes d’être notés, je les désignerai par Aralia crassifolia ou mieux
Panax cr assifolium, Den. et Pl., Panax Lessonii, et deux autres par les noms français de
Panazx trifoliolé et Panax pentaphylle, pour ne pas leur appliquer prématurément des noms
spécifiques.
(887)
» Dans les racines, je mai vu de ces canaux que dans l'écorce. Comme
chez les Ombelliféres, ceux de la phériphérie, souvent plus étroits que les
autres, sont placés plus ou moins près de la couche subéreuse, et sont unis
entre eux par des branches horizontales ou obliques. On pourrait croire à
premiére vue qu’ils sont épars sans ordre, mais l’organogénie enseigne qu’il
n'en est point ainsi. Dans les trés-jeunes racines adventives de Aralia
edulis, par exemple, les premiers vaisseaux dits lymphatiques, qui se déve-
loppent au centre de l'organe, sont disposés suivant un triangle à peu près
équilatéral. Aux trois angles de ce triangle correspondent bientôt les trois
premiers rayons médullaires, et dans l'écorce externe, en opposition avec
chacun de ces rayons, naît un vaisseau propre sous la forme d’un méat
triangulaire ou bien à quatre faces. Pendant que ce premier méat ou vaisseau
Propre s'élargit avec l'agrandissement de ses cellules pariétales, qui sont ordi-
nairement plus larges que les cellules ambiantes, il apparaît un autre méat
à distance de chaque côté, puis un second un peu plus loin, et ensuite un
troisième également à distance; en sorte qu'il existe alors à la périphérie de
la racine vingt et un vaisseaux propres, si tous se sont développés normale-
ment; mais il arrive parfois qu’il en naît trois d’un côté de chaque premier
vaisseau et deux de l’autre, comme aussi, mais bien plus rarement, il en
peut naître quatre de chaque côté.
» Durant l'apparition de ces organes, des faisceaux secondaires se déve-
loppent sur les trois faces du triangle primitif. Au dos de chacun des trois
faisceaux qui en résultent, correspond un vaisseau propre dans l'écorce
externe. Ce vaisseau propre est opposé à un rayon médullaire secondaire
si le faisceau se divise de bonne heure. D’autres vaisseaux propres un peu
plus internes naissent en opposition avec les subdivisions des faisceaux vas-
Culaires de nouvelle génération.. z3 |
» Dans les ramifications de ces racines, les premiers vaisseaux lympha-
tiques (c’est-à-dire rayés ou ponctués) ne figurent point un triangle sur la
coupe transversale, mais une ellipse. C’est aux extrémités du grand axe de
celle-ci que correspondent les deux premiers rayons médullaires, et c’est en
OPposition avec ces rayons, sous le jeune périderme, que sont produits les
deux Premiers vaisseaux propres. Il naît ensuite sur chaque côté de chacun
d'eux, de distance en distance, trois ou quatre autres canaux oléorésineux.
En même temps un faisceau fibrovasculaire s’est développé sur chaque grand
côté de l’ellipse, et, au milieu dela partie corticale correspondante à cha-
cun de ces deux faisceaux, est né un vaisseau propre secondaire, puis un ou
C. R., 1867, rer Semestre. (T. LXIV, N° 18.) 118
( 888 )
deux à côté de lui à distance, et enfin d’autres dans l'écorce plus interne.
» Les racines de plusieurs autres Araliacées me semblent avoir un déve-
loppement analogue. Seulement quatre, cinq ou six faisceaux fibrovascu-
laires se forment tout d’abord autour d’un axe fibreux ; il se fait autant de
rayons médullaires vis-à-vis desquels naissent les premiers vaisseaux propres.
Il m'a paru aussi, dans quelques cas, qu’au lieu d’un seul laticifère pri-
mitif, il y en a deux, un de chaque côté de l'extrémité élargie d’un rayon
médullaire. N'ayant pas eu de ces racines à un état de développement con-
venable, j'y reviendrai dans une communication ultérieure.
» Manquant d’espace, je me bornerai à dire que dans les racines plus
développées d’Aralia racemosa, chinensis, eic., que j'ai eues à ma disposi-
tion, les vaisseaux propres de l'écorce externe sont distribués sans ordre
apparent, tandis que ceux de l'écorce interne sont répartis suivant des lignes
concentriques, et ordinairement suivant des lignes radiales parallèlement
aux rayons médullaires, On observera aisément cette disposition double-
ment sériée dans de grosses racines de Lierre, qu'il est facile de se procurer.
» Dans les racines des diverses plantes que j’ai nommées, je n'ai point vu
d’anastonioses entre les vaisseaux propres de séries concentriques diffé-
rentes, c’est-à-dire sur des coupes longitudinales radiales. Au contraire, les
anastomoses sont très-fréquentes parallèlement à la circonférence.
» Le rhizome de l’ Aralia edulis renferme des vaisseaux propres dans son
écorce et dans sa moelle. Dans l'écorce il faut distinguer : 1° ceux du tissu
périphérique qui tient la place du collenchyme de la tige aérienne; ils sont
les plus étroits, et néanmoins, dans un spécimen que j'ai sous les yeux, ils
ont de o™,10 à 0™,12 de largeur, et sont un peu comprimés; 2° Ceux
épars dans le parenchyme supra-libérien, qui ont jusqu'à 07,20 dans le
même spécimen, où les vaisseaux propres sont très-grands ; 3° ceux de
l'écorce libérienne ou interne (il n’y a pas de fibres du liber épaissies). Cette
écorce interne peut être partagée, comme chaque faisceau vasculaire, en
deux ou trois fascicules de second ordre par des rayons médullaires secon-
daires. Dans chacun de ces fascicules de l'écorce interne, sont deux pn
trois vaisseaux propres rangés radialement (de o™,10 à o™™,1 2). Les séries
d’un même faisceau principal convergent un peu vers l'extérieur, otaa
point de convergence est un vaisseau propre unique, le plus large et le.
premier du faisceau. Au pourtour de la moelle, en dedans du cylindre nor-
mal des faisceaux vasculaires, sont d’autres faisceaux disposés en sens 11-
verse, c’est-à-dire que leur partie corticale est tournée vers le centre de la
moelle, Cette partie corticale est assez étendue, et offre aussi un Ou deux
( 889 )
vaisseaux propres. D'autres vaisseaux propres sont répandus en assez grand
nombre dans la moelle; ils ont jusqu'à o™,25 et o™™, 30 dans le spécimen
que j'ai cité, et seulement environ o"%,12 à o"%,15 dans un autre rhi-
zome. Outre les faisceaux inverses du pourtour de la moelle, il y a parfois
quelques autres faisceaux épars dans le centre de celle-ci, mais ces derniers
n'existent pas dans toutes les tiges souterraines.
» L’écorce des tiges aériennes présente quelque diversité dans la distri-
bution des vaisseaux propres des plantes qui font le sujet de ce travail.
Dans celles des Aralia edulis, racemosa, Cussonia thyrsiflora (rameau de
l’année), ils sont nombreux dans la couche de collenchyme située sous
l’épiderme; il y en a aussi d’épars dans le parenchyme sous-jacent, et quel-
ques-uns apparaissent dans le tissu sous-libérien appelé tissu cribreux.
» Les vaisseaux propres sont autrement distribués dans les jeunes ra-
meaux des Aralia spinosa, Panax aculeatum, Lessonü, crassifolium, etc. Il
n’en existe pas dans le tissu superficiel de l’écorce; et dans le parenchyme
supra-libérien ils sont plus ou moins épars, ou disposés sur une zone étroite
ou ligne circulaire assez irrégulière. Dans le Panax que je nomme ici penta-
phylle, il y a des vaisseaux propres jusques entre les cellules externes du
tissu libérien,
» Dans l'écorce de l’Aralia chinensis les vaisseaux propres sont aussi dis-
tribués dans le parenchyme supra-libérien, mais ils sont fort nombreux et
trés-rapprochés; ils ne sont quelquefois séparés que par cinq, quatre ou
trois rangées de cellules, et de très-fréquentes anastomoses les unissent.
Dans l’ Aralia spinosa ils sont généralement plus écartés, et n’offrent que des
anastomoses beaucoup plus rares dans les entre-nœuds.
» L’écorce des jeunes rameaux du Lierre ne présente de vaisseaux pro-
pres que dans le parenchyme voisin du liber, et de très-étroits dans le tissu
sous-libérien. Dans une tige plus âgée, de 22 millimètres de diamètre,
l'écorce interne était très-développée. Elle présentait çà et là, à o"2 50 du
périderme, des groupes libériens à fibres épaissies et pleines de grains
d'amidon; à o™™ 50 de la surface du bois était une autre zone de faisceaux
du liber à fibres amylacées aussi (1). Entre ces deux zones de liber, et sous la
dernière, étaient d’assez nombreuses strates de tissu dit cribreux, alternant
avec des couches minces de parenchyme. Les vaisseaux propres étaient
(1) Les fibres du liber épaissies de la racine, comme celles de Ja tige, ainsi que toutes les
fibres ligneuses de ces deux sortes d'organes, étaient remplies de grains d'amidon au mois
d'avril
LIĞ..
( 890 )
rangés parallèlement à ces couches en sept à huit séries concentriques nette-
ment dessinées; et, parallèlement aux rayons médullaires, ils formaient
aussi des séries jusque dans l’écorce externe, où l’on remarquait encore trois
ou quatre plans de vaisseaux propres sans ordre bien déterminé. Ces vais-
seaux propres, de même que ceux de la racine, où leur disposition est sem-
blable, ne présentaient d'anastomoses que parallèlement à la circonférence.
» Il en est tout autrement dans le Paratropia macrophylla qui, sous ce
rapport, est remarquable entre toutes les Araliacées étudiées ici. Dans
l'écorce relativement épaisse d’un rameau de deux à trois ans, les vaisseaux
propres sont très-nombreux, et, dans l'écorce sous-libérienne aussi bien
que dans le parenchyme extérieur au liber, les vaisseaux propres ont dans
la direction radiale une marche sinueuse, et s’anastomosent souvent par
l'intermédiaire de branches soit obliques, soit horizontales. Il en est de
même et plus fréquemment encore parallèlement à la circonférence, où
l’on observe alors de belles réticulations.
» Le moelle des Araliacées manifeste aussi de la diversité dans la distri-
bution des vaisseaux propres. J’ai dit plus haut qu’ils sont épars dans la
moelle du rhizome del’ Aralia edulis. Cela existe aussi dans la tige aérienne,
où se trouvent également, au pourtour de la moelle, des faisceaux fibro-
vasculaires inverses de ceux du cylindre normal. Il y a en outre plusieurs
autres faisceaux plus petits dispersés dans le centre de la moelle (1).
» L’ Aralia racemosa présente aussi des faisceaux inverses intramédul-
laires, et de deux à quatre autres faisceaux vers le centre de la moelle;
mais les vaisseaux propres centraux sont assez rares.
» La tige de toutes les espèces qui suivent est dépourvue de faisceaux
intramédullaires. L’ Aralia chinensis montrait jusqu’à soixante vaisseaux pro-
pres vers le pourtour de la moelle, tandis qu’il n’y en avait que quatre vers
la région centrale. Ces canaux périphériques sont souvent comprimés paral-
lèlement au rayon de la tige. On les trouve aussi réunis par des anasto-
moses. Dans la moelle, je n’en ai observé qu’au pourtour dans les Aralia
(1) Au-dessous de l'insertion de la feuille qui précédait l’inflorescence, il n'existait plus
de faisceaux épars dans la moelle; il ne subsistait que le cercle des faisceaux inverses de la
périphérie de cette moelle; mais quelques-uns de ces faisceaux eux-mêmes étaient doubles :
il s'etait développé un autre faisceau fibrovasculaire plus petit sur le côté libérien tourne
vers le centre de la moelle. Le même phénomène, reproduit à un degré plus avancé en-
core, s’est manifesté dans l'axe principal de l'inflorescence. Là, les deux faisceaux accouplés
étaient unis par un liber commun à fibres épaissies, comme ceux que j'ai décrits déjà dans
le tome LXI, P- 1164, et le tome LXII, p. 247, des Comptes rendus.
( 891 )
spinosa, Cussonia thyrsiflora, Panax ‘Lessonii, Paratropia macrophylla et
Hedera Helix. Dans le Panax pentaphylle le nombre de ces vaisseaux
propres périphériques de la moelle variait avec la hauteur sur la tige. Il y
en avait de quatre à dix-sept très-irrégulièrement répartis, et certaines
coupes wen présentaient pas du tout. Quand ils existaient, ils offraient
quelquefois des anastomoses. Leur diamètre est aussi très-variable, comme
au reste dans toutes les espèces.
» Quand les vaisseaux propres existent en même temps dans la moelle
et dans l'écorce, ils communiquent entre eux à travers l’espace cellulaire
produit dans le cylindre fibrovasculaire par l’écartement des faisceaux qui
se rendent aux feuilles, et principalement sous le faisceau médian. Quand,
avec les vaisseaux propres, il y a dans la moelle des faisceaux fibrovascu-
laires épars ( Ar. edulis, racemosa), ces faisceaux s'unissent entre eux vis-à-vis
de l'insertion des feuilles, de façon qu’une partie de leursélémentsse couche
horizontalement pour constituer avec les voisins un lacis ou sorte de cloison
incomplète, qui rappelle celle qu’offrent certaines Ombelliféres. Des bran-
ches de ceux qui sont voisins du pourtour de la moelle s'unissent aux fais-
ceaux normaux et vont à la feuille; tandis que l’autre partie des éléments
de ces faisceaux intramédullaires continue sa marche dans la moelle du mé-
rithalle supérieur. Les vaisseaux propres de la moelle, correspondant à
cette cloison, se ramifient aussi en ce point : certaines branches se mêlent
aux faisceaux horizontaux; il en part des rameaux qui se prolongent verti-
Calement dans la moelle du mérithalle suivant; d’autres branches, au con-
traire, se dirigent vers l'écorce, où elles sont mises en communication avec
les vaisseaux propres qui vont dans la feuille, dans le bourgeon axillaire,
ou bien elles s'étendent dans l'écorce elle-même, en s'y ramifiant et se met-
tant en relation avec ceux de cette région.
» Dans les autres espèces à moi connues, la moelle de la tige n'étant
Point pourvue de faisceaux intramédullaires, et n'ayant le plus souvent que
des vaisseaux propres périphériques, ceux qui sont voisins de l'insertion de
la feuille émettent des ramifications latérales, qui passent dans l'écorce,
Comme je l’ai dit, et s’y anastomosent avec ceux du voisinage, souvent après
s'être ramifiés une où plusieurs fois. L’Aralia chinensis m'a fourni les plus
beaux exemples de ce passage. Plusieurs vaisseaux propres de la moelle
S'unissaient par des branches latérales, et de celles-ci partaient d’autres
branches qui s’anastomosaient également, de manière à former un réseau
de plusieurs mailles dans le passage même, entre les faisceaux vasculaires,
d'où certaines branches se prolongeaient dans le parenchyme de l’aisselle
| de la feuille.
( 892 )
» Tous les vaisseaux propres qui vont de la moelle dans l’écorce ne pas-
sent pas à travers l’espace cellulaire signalé. Il en est quelquefois qui tra-
versent le tissu ligneux qui borde cet espace. Les plus nombreux exemples
wen ont été donnés par le Panax Lessonii. Dans le Paratropia macrophylla,
j'ai toujours trouvé un vaisseau propre dans le tissu ligneux, quelquefois
à o™ 5o au-dessus de la sortie du faisceau moyen qui se rend au pétiole.
Ce vaisseau propre passe à peu près horizontalement dans le corps ligneux,
puis, arrivé dans l'écorce, il se courbe et suit le côté interne du faisceau
qui va à la feuille.
» Les variétés de l’ Hedera Helix sont aussi dignes d'intérêt sous ce rap-
port. La grande variété à feuilles cordiformes, connue sous le nom d’Hedera
regnoriana, m'a souvent offert deux vaisseaux propres de passage, espacés
l’un au-dessus de l’autre, dans l’aisselle du même faisceau médian. L'un de
ces vaisseaux transverses, anastomosé à d’autres dans la moelle et dans
l'écorce, avait en outre une petite branche verticale qui se prolongeait dans
le tissu cribreux supérieur. Dans l'H. hibernica, qui a moins de vigueur, jai
retrouvé ces vaisseaux de communication, mais ils sont beaucoup plus
grêles. Je n’ai pu les apercevoir dans la variété commune, qui a moins de
vigueur encore. Dans l’H. regnoriana, on découvre aussi beaucoup plus
aisément les anastomoses que les vaisseaux propres de l’écorce effectuent
entre eux vers l'insertion du pétiole.
» J'ai mentionné plus haut pour leur suc gommeux, et pour la distribu-
tion différente de leurs vaisseaux propres dans la moelle, certaines plantes
qui peut-être seront réunies en une seule espèce. J'en parlerai de nouveau
pour la variation qu’elles présentent aussi dans les rapports des vaisseaux
propres de l'écorce avec ceux de la moelle. Dans les Panax Lessonii, crassi-
folium, trifoliolé et pentaphylle, les vaisseaux propres de l'écorce contractent
entre eux de nombreuses anastomoses à l'insertion de la feuille, principale-
ment dans le tissu placé éntre la base du pétiole et le corps ligneux. Dans
ce point, chez le P. Lessonii, on voit aisément à l’aisselle du faisceau mé-
dian une branche qui passe dans la moelle, où elle va s'unir aux vaisseaux
propres du voisinage. Il en est de même dans le P. pentaphrlle. Le Panax
trifoliolé wa fait voir une particularité bien remarquable. La branche qui,
partant de l'écorce à l’aisselle du faisceau médian, arrivait dans la moelle,
n'y allait point pour s’unir à ceux de la moelle, puisqu'il n’en existait pas-
Elle s’infléchissait vers la base du rameau, et se terminait en pointe obtuse
à une petite distance, à un millimètre au plus de son entrée dans la moelle.
Ce qui ajoutait encore à l'intérêt de ce phénomène, c'est qu'il n’y en avait
( 893: )
pas à la base de toutes les feuilles. Tl est aussi à noter que le Panax crassi-
folium qui, comme le précédent, n’offrait pas de vaisseaux propres dans la
moelle, manquait du vaisseau propre traversant le corps ligneux. Il y avait
donc sous ce rapport dans les plantes que je viens de nommer une sorte de
dégradation qui se manifestait aussi dans les vaisseaux propres de la moelle,
ainsi que je l’ai fait observer précédemment.
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor-
respondant pour la Section de Géométrie, en remplacement de feu M. Rie-
mann.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 49,
M. Plücker obtient. . . . . . . . . O suffrages.
M. Salmon. aa aoa E de Meg »
M. Prücker, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est déclaré
élu.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor-
respondant pour la Section d’Anatomie et de Zoologie, en remplacement
de feu M. 4. de Nordmann.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 46,
M. de Siebold obtient. . . . . . . . . . 4o suffrages.
Mo PICOT TEGES n E RE ESC TEEN »
M. pe Segor, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est de
claré élu.
RAPPORTS.
PHYSIQUE. — Rapport sur run Mémoire de M. Cornu, intitulé : « Recherches
sur la réflexion cristalline ».
(Commissaires : MM. Pouillet, Babinet, Fizeau, Bertrand rapporteur.)
« M. Cornu, dans le Mémoire dont nous venons rendre compte à l’Aca-
démie, a voulu se faire uniquement le disciple de Fresnel. Reprenant la
question où la mort prématurée de Pillustre inventeur l'avait laissée, il y a
quarante ans, il cherche avant tout la trace des pensées de maitre pour
( 894 )
appliquer ses principes aux cas plus complexes qui semblaient leur échap-
per, sans les changer aussi profondément que l’ont fait Mac Cullagh et
M. Neumann.
» Le problème à résoudre est celui-ci : un rayon lumineux d'intensité
connue et polarisé dans un sens donné, tombe sur la surface plane qui sé-
pare deux milieux. Quels seront les intensités et le mode de polarisation
de chacun des rayons réfléchis ou réfractés auxquels il donne naissance? la
polarisation de chaque rayon étant supposée plane, car M. Cornu, dans les
phénomènes qu'il étudie, écarte, comme l’avait fait Fresnel, le cas où les
rayons seraient polarisés elliptiquement.
» Les formules données par Fresnel, dans le cas d’un milieu uniréfrin-
gent, ont été vérifiées par l'expérience, et leur exactitude serait une forte
preuve en faveur des principes qui y conduisent, si des hypothèses très-
différentes n'avaient, par une singulière concordance, fourni précisément
les mêmes lois.
» D'après Fresnel, en effet, les vibrations de l’éther qui propage un rayon
polarisé s’exécutent dans le plan de Ponde et perpendiculairement au
plan de polarisation, et la densité de l’éther est, dans chaque milieu, pro-
portionnelle au carré de l'indice de réfraction.
» Dans la théorie de Mac Cullagh, au contraire, et dans celle de M. Neu-
mann, on suppose les vibrations de l’éther situées dans le plan de polarisa-
tion, et la densité la même dans tous les milieux.
» L'accord parfait des résultats déduits de principes aussi différents a été
et est encore pour les physiciens un grave sujet d’embarras et d'incertitude.
L'hypothèse d’une densité constante de l’éther semble démentie, il est vrai,
par des expériences d’un autre ordre, mais la théorie de Fresnel, de son
côté, applicable aux seuls milieux uniréfringents, laisse subsister pour ceux-
là mêmes une grave difficulté que M. Cornu a très-heureusement réussi à
faire disparaître.
» Les mouvements voisins de la surface de séparation sont évidemment
soumis à des irrégularités dont le détail échappe aux raisonnements les
plus délicats comme à l'analyse la plus profonde, et les successeurs de Poe
nel ont dù comme lui éluder par des hypothèses un peu hasardées la diffi-
culté qui en résulte. On admet que, les ondes suivant leur loi régulière
jusqu’à la surface de séparation, le mouvement, en passant d'un milieu à
l’autre, soit soumis à une loi de continuité sur le sens précis de laquelle les
deux théories ne s'accordent pas.
» Fresnel admet la continuité pour les vibrations parallèles à la surface
( 895 )
de séparation, et suivant le besoin de ses formules, qui sans cela seraient
contradictoires, il les rejette pour les mouvements perpendiculaires. C’est
en partie, sans doute, pour faire disparaître cet inconvénient évident de sa
belle théorie, que Mac Cullagh et M. Neumann ont voulu tont changer. En
conservant au contraire les principes et les idées de Fresnel, M. Cornu a eu
l’idée ingénieuse de substituer à la continuité géométrique des mouvements
une sorte de continuité mécanique entre les quantités du mouvement, et la
théorie devient aussi régulière et aussi simple pour le cas, au moins, des mi-
lieux isotropes, que la théorie si profondément modifiée de Mac Cullagh.
Les résultats sont d’ailleurs identiques, et M. Cornn montre qu'un simple
changement de notations transforme identiquement les unes dans les autres
les formules auxquelles elles conduisent. R
» Nous n’avons donc, pour cette première partie du Mémoire, que des
félicitations à adresser à M. Cornu; il s’est proposé de faire disparaître une
difficulté réellement génante dans une belle et difficile théorie, et il y est
heureusement parvenu.
» Mais la théorie de Fresnel, pour laquelle M. Cornu, se fondant sur des
raisons très-fortes, ne cache pas toutes ses préférences, laisse subsister une
lacune considérable.
» Les lois de la réflexion sur la surface d’un milieu doublement réfrin-
gent ne s’y trouvent pas comprises et semblent ne pouvoir résulter des
mêmes principes. Les théories de Mac Cullagh et de M. Neumann, au
Contraire, traitent les deux problèmes de même facon, en donnant dans
les deux cas des formules vérifiées par l’expérience.
» M. Cornu s’efforce d'étendre, à son tour, au cas général les principes
si simples et si nets relatifs aux milieux isotropes ; mais une difficulté insur-
montable peut-être, se présente tout d'abord : la densité de l’éther est, sni-
vant Fresnel, proportionnelle au carré de l'indice de réfraction. Que devient
cette hypothèse lorsque l'indice devient variable avec la direction? M. Cornu
n'hésite pas à supposer qu'il en soit de même de la densité, et, sans expli-
quer bien nettement ce qu’on doit entendre par là, il introduit un facteur
Variable qui, il faut le dire, le conduit à des formules précisément iden-
tiques à celles de Mac Cullagh ; mais pour obtenir cette identité, qui n’en
reste pas moins digne de remarque, il substitue en outre, un peu arbitrai-
rement il faut l'avouer, au principe de la continuité des mouvements celui
de la Continuité des forces élastiques qui, dans le cas des milieux isotropes,
lui est absolument équivalent, et il néglige enfin dans une de ses formules,
C. R., 1867, 1er Semestre. (T. LXIV, N° 18.) IIQ
| ( 896 )
et dans celle-là seulement, le terme qui provient de la composante du mou-
vement, regardée par Fresnel comme inefficace. |
» Ces hypothèses, que l’auteur lui-même juge un peu arbitraires, ne
peuvent évidemment pas entrer dans une théorie définitive. M. Cornu, en
les choisissant de manière à retrouver précisément les équations de Mac
Cullagh que l'expérience confirme, a fait preuve cependant d’un esprit
fort ingénieux, qui pour lutter contre ces questions difficiles.sait.s’inspirer
de la hardiesse parfois excessive et presque toujours heureuse de son illustre
guide, Augustin Fresnel.
» Nous louerions plus volontiers, nous devons cependant le déclarer,
des tentatives qui, sans donner des conclusions aussi satisfaisantes, nous
paraîtraient plus solidement fondées. s:
» En résumé, le Mémoire de M. Cornu, excellent dans sa première
partie et imparfait seulement dans l'étude d’une question insoluble peut-
être par la voie qu’il a choisie, nous semble montrer chez son auteur non-
seulement des connaissances profondes, mais un esprit hardi bien préparé
à explorer les plus hautes régions de la physique mathématique.
» L'auteur, nous le savons, doit le présenter comme thèse à la Faculté
des Sciences de Paris, et la présence des aperçus discutables qui s'y ren-
contrent doit s'expliquer, en partie sans doute, par une telle destination,
pour laquelle il semble non-seulement très-convenable, mais digne des plus
grands éloges. à
» C’est en songeant aussi à ce caractère de thèse sur un point difficile
et douteux exclusivement étudié, que nous nous sommes expliqué le silence
presque complet gardé par l’auteur sur les beaux travaux de Cauchy. Sans
vouloir juger ici l’œuvre de notre illustre et regretté confrère, il nous est
impossible de ne pas déclarer que, sans rien enlever à l'importance des
travaux de Fresnel, de Mac Cullagh et de M. Neumann, la solution qu'il
a donnée du même problème, savamment commentée par M. Eisenlobr,
et plus récemment par M. Briot, parait, malgré plusieurs difficultés qui
subsistent, laisser à une grande distance toutes les tentatives antérieures,
dont elle a d’ailleurs largement profité. :
» Nous vous proposerions, en conséquence, de voter l'insertion du Mé-
moire de M. Cornu dans le Recueil des Savants étrangers, si nous ne savions
que l’auteur lui destine un autre mode de publication. »
( 897 )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Sur de nouveaux générateurs de froid. Note
de M. En, Carré, présentée par M. Balard.
(Commissaires : MM. Pouillet, Balard, Fizeau. )
« Les appareils que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie reposent
directement sur l’expérience de Leslie, dont ils sont lè développement
normal, développement qui permet d'opérer sur une échelle quelconque
et d'atteindre à une sûreté d’effet qui les rend tout à fait pratiques, de sorte
que l’on pourrait dire que l’expérience du docteur écossais est la création
du principe, tandis que mes appareils sont sa mise en action.
» Le premier problème à résoudre Pour en arriver là était la construc-
tion d’une machine pneumatique simple, peu coûteuse, facile à construire et
à manœuvrer, constante dans ses effets et pouvant cependant produire le
vide, d’une manière courante, à 1 millimètre de mercure près, sans être
altérée par les émanations acides. Celle qui fonctionne sous les yeux de
l’Académie coûte au plus 6o francs; elle a fonctionné pendant dix-huit mois,
Sans réparation, et elle produit de la glace avec de l'acide dilué jusqu’à
52 degrés. |
». En second lieu, il fallait combiner un mode de contact de la vapeur
d’eau avec de l'acide qui, sans affaiblir sensiblement la minime tension de
l'afflux gazeux, permit pourtant de diluer l'acide, afin de lui faire rendre le
Maximum d’effet utile. Deux modes principaux conduisent à ce résultat : le
Premier consiste à faire circuler un mince filet d’acide dans un tube où
circule en même temps la vapeur d’eau; le second, à terminer le tube ab-
ducteur de cette vapeur par un bec horizontal mobile, qui affleure le bain
d'acide, et qu'on remonte à mesure que l'acide augmente de volume en
s’emparant de l’eau vaporisée.
» Les récipients à acide, formés d'un alliage de plomb et d’antimoine
à 5 ou 6 Pour 100, supportent sans déformation une pression de 5 à 6 at-
Mospheres, tandis que la charge à laquelle ils peuvent être soumis ne peut
dépasser 1 atmosphère. Ils ont été soumis à une expérience suffisamment
Prolongée pour en conclure qu’ils peuvent résister plus de vingt ans au
contact constant de l'acide sulfurique; celui-ci, après les avoir attaqués
““Perficiellement d’abord, les incruste d'une couche de sulfate de plomb
qui les préserve à très-peu près de toute érosion ultérieure,
110..
( 898)
» La pompe en cuivre est préservée du contact de l’acide sulfureux que
dégage toujours l'acide récemment introduit, par une disposition qui baigne
constamment et nécessairement ses parois intérieures d’une couche d'huile;
cette huile, loin de nuire à son travail physique, lui assure au contraire
toute la perfection désirable. Ses soupapes sont mues mécaniquement et
ne peuvent pas se déranger.
» De l’ensemble de ces dispositions sommairement énoncées, il résulte
des appareils qui gardent le vide pendant plusieurs mois et donnent une pro-
duction de 2 à 3 kilogrammes de glace par kilogramme d'acide à 66 degrés,
et qu’on n’extrait que lorsqu'il s’est étendu à 52 degrés environ ; la congéla-
tion commence généralement trois ou quatre minutes après qu’on a com-
mencé à faire le vide; si on veut se borner à obtenir de l’eau froide à 3
ou 4 degrés, deux minutes suffisent, et une agitation de quelques instants
lui restitue l'air qu’elle a perdu dans le vide.
» Outre l'acide sulfurique, qui est l’agent le plus économique à em-
ployer, je me sers des divers agents hygrométriques puissants, parmi les-
quels la potasse et la soude caustiques se distinguent par la promptitude et
l'intensité de la congélation qu’elles provoquent.
» Sans entrer dans l’'énumération des applications diverses dont ce
système est susceptible, je me bornerai à en mentionner deux qui me pa-
raissent des plus intéressantes et qui sont l'installation, à bord des navires,
de caves artificielles pouvant garder indéfiniment des températures de 5
à 6 degrés sous toutes les latitudes, et la réfrigération des appartements ;
ces résultats, pouvant s’obtenir au moyen du chlorure de calcium desséché,
sont absolument exempts de tous dangers dans tous les cas, et, le chlorure
ilué p têtre indéfiniment ı titué, la dépense est des plus minimes.»
M. Maurice Levy adresse, pour le concours du prix Dalmont, deux
Mémoires manuscrits, ayant pour titres : « Mémoire sur les coordonnées
curvilignes, et en particulier sur celles qui comprennent une famille quel-
conque de surfaces du second degré » et « Mémoire sur les principes ration-
nels de l'hydrodynamique, leur application aux rivières et aux conduites
d’eau, leur confirmation par l’expérience ». Ces deux Mémoires sont accom-
pagnés d'extraits faits par l’auteur.
(Renvoi à la Commission.)
M. C. Cauzerer présente, pour le concours du prix de Statistique, 1°
Mémoire manuscrit sur « l’hydrologie du département des Ardennes »:
(Renvoi à la Commission.)
( 899 )
M. J.-L. Prévost adresse, pour le concours du prix de Physiologie
expérimentale, un Mémoire imprimé ayant pour titre : « Recherches expé-
rimentales relatives à l’action de la vératrine », et y joint un résumé ma-
ouscrit, indiquant les faits qu’il considère comme nouveaux dans son
travail.
(Renvoi à la Commission.)
Un auteur, dont le nom est contenu dans un pli cacheté, adresse, pour
le concours du legs Bréant, un Mémoire « sur le traitement du choléra-
morbus asiatique ».
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
M. Coze, qui a adressé l’année dernière un Mémoire, en collaboration
avec M. Feliz, pour concourir à l’un des prix de l’Académie, désire savoir
si ce Mémoire a pris part au concours de 1866.
On fera savoir à l’auteur que ce travail, adressé après la clôture du con-
cours de l’année 1866, a été inscrit au concours de l’année 1867.
CORRESPONDANCE.
M. LE SECRÉTAIRE PERPÉTUEL signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Divers ouvrages de Paléontologie de M. Pictet (voir le détail au Bulle-
tin bibliographique);
2° Le Catalogue des instruments de chirurgie de la maison Charrière,
publié par MM. Robert et Collin.
« M. Hus adresse les corrections suivantes au Tableau des points de
radiation des étoiles filantes, que M. Faye a communiqué à l’Académie
dans la séance du 18 mars dernier :
; A; W NT: O oto
M, 160 + 49
Avril 16-30...{ N, 275 + 83
S; 199 + 14.
C 277 + 38
Nov. 19-30... P, 45 + 44
As (pér.) 21 + 54
Décembre.....{ Nav 123 + 78
M, 112 + 39 »
( 900 )
M. Séeuier, en présentant à l’Académie un moteur à vapeur de M. Gi-
rard, s'exprime comme il suit : |
« J'ai l'honneur de placer sous vos yeux, au nom de M. Girard, ingé-
nieur civil, dont vous avez bien voulu récompenser déjà les intéressants
travaux, les plans et devis d’un moteur à vapeur, de la force de 250 che-
vaux, destiné à élever l’eau à la Villette, pour le service de la ville de Paris.
Cet appareil, dénommé par son auteur machines géminées, est une heureuse
modification du système à deux cylindres de Woolf. Je dirai très-succincte-
ment à l'Académie en quoi consistent les dispositions nouvelles:
» La vapeur fonctionne tout d’abord, avec détente réglée par un modé-
rateur, dans le cylindre, muni d’une double enveloppe, de la première ma-
chine; puis, au lieu de passer immédiatement dans un second cylindre
deux fois plus grand, comme dans les appareils de Woolf, cette vapeur, qui
a perdu une quantité de chaleur égale au travail qu’elle vient d'opérer sur
le premier piston, parcourt une certaine longueur de tuyaux insérés dans
les derniers carnaux du fourneau, vers la base de la cheminée; elle y reprend
sans dépense de combustible la chaleur nécessaire pour rester à l’état de
vapeur en remplissant l’espace qu’engendre le piston de la seconde ma-
chine : celle-ci est à basse pression. Nous disons sans dépense de combus-
tible, puisque les tuyaux réchauffeurs sont établis à la suite de la chaudière,
au milieu des gaz produits par la combustion, à un endroit où ils ne peuvent
plus fournir de calorique à la chaudière et où ils sont prêts à se déverser
dans l’atmosphère par la cheminée,
» Chacune de ces deux machines est pourvue d’un condenseur; elles
peuvent fonctionner séparément en cas de réparation à l’une d’elles.
» Les pompes élévatoires sont attelées au piston même des motéurs à
vapeur et sont mues simultanément sans aucune décomposition de force.
» La vapeur est fournie à ces machines géminéees par un générateur à
foyer intérieur, à flamme renversée ; les gaz de la combustion, après avoir été
complétement enflammés au contact de briques réfractaires tapissant une
certaine longueur de paroi à la suite du foyer, traversent en retour unè
série de tubes, puis culbutent pour venir, en descendant, environner un
large bouilleur ou chaudière additionnelle dans laquelle se fait l’alimen-
tation.
» Il résulte de cette ingénieuse disposition que l'équilibre de tempéra-
ture qui tend à s'établir entre les gaz incandescents et les parois de la
chaudière est incessamment détruit, puisqu'à mesure que les gaz se refroi-
( 907 )
dissent ils rencontrent des parois plus froides; la différence de pesanteur
spécifique de l’eau contenue dans les diverses parties du générateur, suivant
sa température, maintient l’eau d'alimentation, plus lourde parce qu’elle
est la moins chaude, dans le bouilleur inférieur, d’où elle ne sort que par
trop plein.
» Les conséquences de cette judicieuse installation du générateur et du
moteur sont un travail qui, évalué en eau élevée, correspond à une dépense
de 1 kilogramme de charbon par force de cheval.
» La détente variable dans le cylindre de la premiére machine est réglée
par un nouveau modérateur isochrone à quatre boules. M. Girard en donne
lui-même la théorie mathématique en ces termes dans la Note ci-jointe :
» Appelons :
» M la masse des boules, ou de l’une d’elles remplaçait les quatre;
» w la vitesse angulaire du régulateur;
» rla longueur des bras des boules;
» r’ la longueur du levier du contre-poids P, qui doit équilibrer l’action
de la force centrifuge en oscillant autour d’un axe O;
» s le rayon des secteurs dentés supérieurs ;
zx
» — À le rayon du secteur denté inférieur qui est nécessairement égal à la
x
moitié du rayon des secteurs dentés supérieurs, pour que le contre-poids P
parcoure, dans le même temps, un angle double de celui parcouru par
les boules;
» a langle des bras des boules avec la verticale passant par le centre
oscillation ;
» 24 l'angle que fait le levier du contre-poids P avec la verticale passant
par le point O.
» La force centrifuge des boules se transmettra, par l'intermédiaire des
secteurs dentés, sur le manchon, et y exercera un effort vertical exprimé
» par
=
=
x
6 r
Mw°?rsina cos a X p
x
dont le moment par rapport à l'axe O sera
Mw’rsinacosa x z x A
» ce qui peut s'écrire
Mw?rsinacosa XxX 5.
x
=<
53
( 902 )
» Le système étant en équilibre, ce moment sera égal à celui du contre-
poids P par rapport au même axe O, qui est
Px r’sin2a.
» On obtient donc l'équation d'équilibre
Mw*rsinacosa x = = P'E i J
remplaçant sin 24 par sa valeur trigonométrique de
Sin 24 = 25in4C0S4,
et faisant disparaître le terme sinacosa commun aux deux membres,
l'équation d’équilibre devient
Mar?
ii = P p
expression qui est indépendante des angles a et 2a, et qui signifie par
conséquent que le régulateur est rigoureusement isochrone, c’est-à-dire
que les boules peuvent occuper une position quelconque, nécessitée par
la condition d’égalité à chaque instant entre le travail moteur et le travail
résistant, sans que la vitesse du régime ait besoin de cesser de rester
rigoureusement constante.
» Cette dernière expression ou équation d'équilibre,
Mw:r°
montre encore que, si on veut changer la vitesse de régime de la ma-
chine, vitesse qui est proportionnelle à w, on n'aura qu’à faire varier
la longueur r’ du levier du contre-poids, et cela dans le rapio des
carrés des vitesses que l’on voudra obtenir,
» Attendu que; pour une nouvelle vitesse w” nécessitant un nouveau
levier de contre-poids r”; on aurà
Er,
w r”
pgg
MÉCANIQUE MOLÉCULAIRE: — Réponse à une Note de M. Lamarle sur la force
contractile des couches superficielles des La ce par M. Ara. Dorré.
« Dans l’un des derniers numéros des Comptes rendus (8 avril 1867)
M. Lamarle, répondant à ma Note, étend notre débat relatif à la force
de contraction des couches superficielles des liquides; il porte aujour-
( 903)
d'hui : 1° sur la démonstration théorique de l'existence de cette force,
abstraction faite de l'examen de sa cause; 2° sur l'examen de sa cause qui
donne, lorsqu'il est suffisamment précis, une preuve de son existence;
3° sur les preuves ou vérifications expérimentales.
» J'avais cru devoir écarter les deux derniers points, parce qu’ils ne me
sont pas contestés dans la brochure de M. Vander Mensbrugghe, dont voici
les expressions textuelles :
« Cependant la tension des surfaces liquides n’était encore qu’une simple
» hypothèse; mais M. Lamarle, dans un Mémoire où il a tiré un brillant
» parti du principe ci-dessus (1), est parvenu à montrer que dans le cas
» d'une masse liquide soumise exclusivement à l’action de ses propres
» parties, les phénomènes connus de l'attraction moléculaire sont néces-
» sairement accompagnés d’une tension superficielle. Seulement il restait
» à rendre manifeste cette force si longtemps mystérieuse : or, ce résultat
» a été obtenu récemment par M. le professeur Dupré, de Rennes : dans
» la deuxième partie de son Cinquième Mémoire sur la théorie mécanique de
» la chaleur, il donne plusieurs moyens fort ingénieux de constater les effets
contractiles produits à la surface des liquides. Qu’il me soit permis de
rappeler l’une des expériences que décrit cet habile physicien à l'égard
» d’une surface laminaire. »
» M. Lainarle craint que l’on ne pense que M. Vander Mensbrugghe
m'attribue la découverte de la cause et fait deux fois ses réserves à ce sujet.
Le mot que j'ai employé signifie seulement qu’elle ne mest pas contestée, et
je ne me charge point de préciser les intentions de M. Vander Mensbrugghe,
ce qui est étranger au fond de la question en litige. On sait depuis long-
temps que les phénomènes capillaires tiennent aux attractions à petites
distances; en se bornant à nommer ces attractions sans les étudier en dé-
tail, on ne montre pas une cause qui produit infailliblement la force con-
tractile, pas plus qu’on ne ferait une théorie de la lune en affirmant que
tous les détails de ses mouvements sont dus à la gravitation universelle. Il
serait trop long et inutile de rappeler ici, pour établir mes droits, ce que
renferment au sujet de la force contractile mes précédentes communica-
tions, en partie publiées dans les Annales de. Chimie et de Physique; en s’y
reportant, M. Lamarle peut voir que si j'ai repris les composantes tangen-
x
(1) Principe de M. Plateau consistant en ce que dans tout système laminaire formé dans
“ne charpente polyédrique, la forme des aires de toutes les lames est un minimum.
C. R. 1867, 1er Semestre. (T. LXIV, N° 48.) r sa
( 904 )
tielles négligées par Laplace, je n’ai jamais songé : à dire qu’il faut négliger
les composantes normales.
» Quant au premier point, seul objet primitif du débat, M. Lamarle
« demande au lecteur, en toute confiance, qu’il veuille bien rapprocher sa
» démonstration de mes objections. » En cela je me joins à lui ; le lecteur
verra sans peine l'exactitude de mes assertions; il ne découvrira d’ailleurs
nulle part une manière d'opérer que M. Lamarle me prête par inadvertance
et qui conduirait à une tension superficielle nulle, non plus que le sens
inexact de l’une de ses propositions, adinis par moi pour justifier ma dër-
nière objection. » i
CHIMIE. — Recherches sur la densité de l’ozone. Note de M. J.-L. Sorer,
présentée par M. Regnault. (Seconde partie.) (Extrait.) |
« J'ai eu l'honneur de communiquer à l'Académie (1) les premières
expériences par lesquelles j'ai trouvé que la densité de l'ozone est une fois
et demie celle de l'oxygène. J'ai cherché à contrôler ce résultat, comme
je vais | indiquer, par un procédé fondé sur le principe de l’inégale vitesse
de diffusion des gaz suivant leur densité (2).
» SHppOsONs que l’on ait deux vases superposés, séparés par une paroi
percée d’un simple trou qu’on puisse ouvrir ou fermer à volonté, et qu'à
l’origine le vase inférieur soit rempli d'un mélange d'oxygène et de chlore (3)
en proportions déterminées, le vase supérieur ne, contenant que de, l'oxy-
gène pur. Il est clair, que si la communication est établie entre des‘ deux
vases, le chlore se diffusera au travers de l'ouverture, et. au bout d'un
certain temps il s’en sera introduit dans le vase supérieur une quantité que
l’on pourra mesurer. Si maintenant l’on répète l’ expérience en | plaçant dans
le vase inférieur un mélange d'oxygène et d'ozone dans les mêmes propor-
tions que le mélange précédent d’ oxygène et de chlore, toutes. les autres
circonstances restant les mêmes, il se diffusera une certaine quantité d'ozone
dans le vase supérieur, Si cette éhantité est plus grande que celle du chlore.
diffusé, on en conclura que l’ozone est. moins. derise que, le. chlore. Si le
temps pendant lequel on établit li communication entre les, deux : vases
était très-court, les quantités à. chlore et d'ozone diffusés seraient, d'après
à Voir les recherches de M M. Gr chu, Dh one Magasi ine, décembre , 1863.
(3) On a choisi le chlore ‘comme terme de comparaison, parce que. son analyse peut zi
faite avec beaucoup de précision par le même procédé" que ‘céllé dé l'ozone.
( 905:)
la loi, exactement dans le rapport inverse des racines carrées des densités
de ces gaz. En pratique, il faut laisser la diffusion s’opérer pendant un temps
notable; mais, si ce temps n’est pas trop long, le rapport trouvé ne s’écar-
tera pas beaucoup du rapport théorique : il sera seulement un peu plus
voisin de l'unité. |
» La construction d’un appareil permettant de réaliser ces expériences
présente quelques difficultés. On ne peut manier l'ozone et le chlore ni sur
le mercure ni sur l’eau; il faut employer l'acide sulfurique concentré, qui
n'exerce pas d'action sensible sur ces gaz. D'autre part, les substances orga-
niques et les métaux sont attaqués par l’ozone et le chlore : toutes les parties
des vases qui sont mises en contact avec les gaz doivent donc être formées
de verre. Je me bornerai à indiquer les dispositions essentielles de l'appa-
reil que j'ai employé. | ii | CLS
» On a pris pour vases de diffusion deux larges tubes de verre (environ
45 millimètres de diamètre intérieur), dont les extrémités étaient fermées
par des obturateurs ‘de verre. La capacité de chacun de ces vases était la
même, 250 centimètres cubes environ. Les obturateurs étaient formés de
plaqués de verre allongées et rectangulaires, pércées d’un trou dé dimen-
sion et de position convenable. En bouchant les extrémités des vases à dif-
fusion par la partie pleine des plaques de verre, la fermeture était com-
plète, tandis qu’en faisant glisser les obturateurs de manière à en faire
correspondre le trou avec l'intérieur des vases, la fermeture n’était qué par-
tielle, et l’on! pouvait, par ces trous, faire entrer, sortir ou diffuser les gaz.
» Pour qu'il fût possible de manier et de déplacer les vases à diffusion,
il fallait'que les obturateurs fussent constamment appliqués et retenus
contre l'extrémité dés vases. On y est parvenu à l’aide de pièces à ressort,
Partie en Jaiton, partie en platine, qui empéchaient l'écartement des obtu-
rateurs sans gêner Jeti ha ka ; Fe £ EA À RIRE ‘ 2 fig f d
» Pour reridre la fermeture hermétique, ón lübrifiait les obturateurs avec
une goutte d'acide sulfurique : ün a reconnu que, moyennant cette précau-
tion, il ne se produisait äucune fuite de gaz tant que la préssion de l'inté-
rieur à l'extérieur né dépassait pas certaines limites qui n’ont jamais été
atteintes dans les H PÉ rieh. GL ds 40 AUDE Jus |
» Lorsque l’un des vases avait été rempli d'oxygène pur et l’autre d'oxy-
gène mélangé d’une petite proportion de chlore, ou d’oxygène ozoné, on
posait le premier vase sur le second. Ils étaient donc séparés par les deux
obturateurs en contact, entre lesquels on avait mis une goutte d'acide sul-
furique. Alors on établissait la communication entre les deux vases, en fai=
120..
(‘906 )
sant glisser convenablement les deux obturateurs en contact, de manière à!
amener l’un sur l’autre les trous dont chacun de ces obturateurs est percé.
La diffusion commençait alors; l'ouverture par laquelle elle s’opérait avait
5 millimètres de diamètre, et on la laissait s'effectuer pendant quarante- cinq
minutes, au bout geegpelien, on refermait les deux vases en faisant glisser
les obturateurs.
» Pour déterminer, suivant la led de M. Bunsen, la proportion de
chlore ou d'ozone contenue dans chaque vase à la fin de l'expérience, il fal-
lait pouvoir faire passer les gaz au travers de solutions d’iodure de potas-
sium. Dans ce but, l’obturateur fermant chaque vase à sa partie supérieure
était formé d’une shui de verre épaisse (6 millimètres) dans laquelle était
percé un trou conique où l’on pouvait engager l'extrémité conique
et soigneusement rodée d’un tube abducteur mince, léger.et.convena-
blement recourbé. Lorsque après la diffusion on avait refermé les vases, on
les transportait chicun Sur une cuve à äcide sülfarique, at-dessons" du
niveau duquel, leur.extrémité inférieure, toujours fermée par, son ob-
turateur, plongeait de 2 où 3 centimètres, On adaptait alors le tube
abducteur à l'obturateur supérieur, que l'on faisait glisser de manière à
amener ce tube abducteur « en communication par une ‘de ses extrémités a: avec
l'intérieur u vase, tandis que son autre extrémité ‘plongeait dans Ja so-
lution d’iodure de potassium. Ensuite, avéc une tige de : verre, ‘on “faisait
glisser, sous l’acide sulfurique, lobturateur inférieur de maniere à ouvrir le
vase par en Han; pa on faisait arriver un courant d’air qui chassait le gaz
2 29... À 1 j
au travers de
=» L'analyse de la quantité d'iode mis en liberté didn + cette. solution! se
faisait ensuite par la méthode de M. Bunsen.
» La somme des quantités de chlore ou, Paen trouvées s dns les deux
vases donnait la quantité de ce gaz qui était contenue dans levase inférieur
au commencement de l'expérience ; Ja quantité trouvée dans lé vase supé-
rieur était celle qui s'y était introduite par diffusion. | Test
=~» En opérant ainsi sur.des mélanges de chlore et doyen ai obtenu
les manias contenus dans le tableau suivant :
y pas
ADE OESR PONTS a 7 PRET v »
( 907:)
Diffusion du chlore.
DIFFÉRENCE
QUANTITÉ DE CHLORE QUANTITÉ DE. CHLORE
‘ ENT à RAPPORT. entre la valeur dev
mélangée à l'oxygène | introduite par difusión
ET ouvée directement
dans le vase inférieur | dans le vase supérieur Lors
ESÉATSE et calculée d'après la
avant l'expérience. en 45 minutes. V T
= moyenne des expériences
d
cc cc
3,10 0,74 0,2387 + 0,04
4:27 1,01 0,2365 + 0,04
6,64 1,48 0,2230 — 0,03
10,34 2,34 0,2263 — 0,01
11,18 2,54 0,2245 —!,6,025
17,01 4,05 0,2201 — 0,015
Rapport moyen.
53,44 12,13 0,2270
» ‘La constance du rapport et surtout la pétitesse des différerices con-
tenues dans la quatrième colonne de ce tableau montrent que la quantité
de chlore diffusée est proportionnelle à la quantité de chlore mélangée à
l'oxygène dans le vase inférieur au commencement de l'expérience.
» En opérant sur des mélanges d'oxygène et d'ozone directement obtenus
par l’électrolyse, on a obtenu les résultats suivants (1) :
Diffusion de: l'ozone.
z z v ; | |
218, e ge >p y |
4,68 1,20 02706 + 0,02
) 9:18 0112343 0,283 : hrr (0302
9,49 2,53 0,2660 0,04
T j EELA he] 0,2782 + 6,08
12,71 3,40 11042676) AA | — 0,04
Go rs PECEY bte ag 5 ES Rapport! môyen.! ;
(1) Les volumes d'ozone sont calculés en supposant que le volume de l’ozone est le double
du volume de la quantité d'oxygène absorbée (voyez la première partie de ces Recherches), c'est-
à dire en admettant 1 ,658 pour la densité de l'ozone. Du reste, quelle que soit l'hypothèse,
[4
le rapport — n’est pas modifié.
(908)
» Ici, comme pour le chlore, on voit que la quantité diffusée est pro-
matt RE à la masse d'ozone contenue au commencement de, l'expé-
rience dans le vase inférieur, Mais la diffasion de l'ozone est plus rapide
que celle du chlore : il faut en conclure, que la densité de l'ozone estiplus
faible que celle du chlore.
» Pour chaque centimètre cube de chlore contenu à Fe pe frog Je
vase inférieur, il en pénètre 0%, 227 dans le vase supérieur en, quarante-
cinq minutes; tandis que, dans le même temps, pour chaque, centimètre
cube d'ozone dans le vase inférieur, il en pénètre 9%,271,dans le vase supé-
o, 2
rieur, Le rapport de ces deux quantités = —:0,8382 se PPS beati-
coup du rapport inverse de lái racine carrée da densités, sil on admet. que
la densité de l’ozoné est une fois et demie celle de l'oxygène : on a en effet
Vr,658
V244
=Q; te Le rapport trouvé, se pra ps de V'uvité ne le
dénsité de l'ozoné est bien r, NT A
» L'ensemble dé ces expériences, et d'autres expériences analogues. faites
avec l'acide carbonique, confirment donc mes conclusions précédentes,
que la densité" de Toone préparé pa l 'électrolyse est une Re el demie celle de
€
FO LR as out. Á IAS
: PERS RS RER
i] } {fe HOMS BHIE JA
19 BE VATED trije ELG
ITSE
PHYSIQUE. — Sur la cause des ondulations produiles dans les fils métalliques par.
la dkigé dés batteries. Note de M. F, P. a dd présentée, par.
M. Edm. Becquerel. | Es AO
Oo! FFE
5
RUE ES
« be condensateurs. peuvent. être Pr i „au, moment he, Jon Aii
charge, comme des électromoteurs produisant des, courants, „d'une très-
courte ajed mais d une genes SR k BIPIE, de. -cette intensité
ja ie ee amen
silence ou qu'i ils paraissent mere» à des modes d’ action, ineoupus de
4 électricité. J'ai étudié plusieurs de ces phénomènes g i ils se ramènent à des
causes connues et très-simples. Le plus curieux pe peut-être est c celui des ondu-
D
lations produites dans les fils par le pa passape rs décharges, et du raccour-
cissement qu'ils éprouvent." =
» Le raccourcissement des fls fat d abord apero par Nairne. Yan Ma-
|
( 909 )
rum, qui fit un si grand nombre d’expériences sur la décharge des batteries,
répéta les expériences dé Nairne, vérifia que les fils éprouvaient un rac-
courcissement, mais il n’apérçut pas les ondulations, M. E. Becquerel, au
lieu de tenir lé fil tendu entre lés deux pinces d’ un excitateur, le suspendit
en le tendant par un poids assez léger. En opérant ainsi, il vit se produire
des ondulitions très-marquées. M. Riéss étudia aussi ce phénomène et émit
l'idée que, dans tous les cas, le raccourcissement était dů à des ondulations
plus’ou/moins marquées.
» M°E; Beélüérel remarqua qué, sous l'influence de EE kasis: succes-
sives,. les! mêmes ondalations étaient-conservées dt allaient sans cesse en
s accusant de plus en plus. Il émit l'idée que le phénomène était peut-être dù
à ce que, par l'effet du passage. de l'électricité, le fl éprouvait un mouve-
ment ondulatoire dans le sens transversal, et qu'alors (à cause sans doute
de la vitesse du refroidissémenit}il éonsérvait là forme qu'il avait Fe lors
des premiers instants de ce mouvement ondulatoire.
» Sous l’action de la déc arge le fil s’ondule, cela est 1 un gets mais ii ne
parait, pas subir de „mouyement gscilatoire; Car, en l'observant attentive-
PEOIA T
FU ©
sur je els; je rl mais cette cireonsiane pario sans
influence si sur à ee des fils
» J'opérai alors sur des file que je laissais flottants; en ce. cas x òn-
d
ulations s'accusenit beat p plus netteméht ét De avec une
inteñsité: ‘Convenablé ð n Peut obtenir, dès Tes deux ou trois premières
décharges, des’ont s: Quand on exan inè celles-ci d' un
peu plus près: 61 mn ijk men T distribuées € üe façon tout à fait
irrégulière, ;'qu'élles afféetént les fofihles 14 plus variées : on rencontre dans
le- niêtné hl dè 6 a AU E ti itnples ation, de véritables
plis, des zigzags etes e1119)US8 esl
» Pour obtenir des ondulätions prb il faut que Ja. témpérature à
laquelle le fil ést élevé par le passage de Fa décharge soit comprise entre
certainiés limités ; ‘il est nécessaire que cette teipérature atteigne le rouge
sombre, mais si P düčarrive à” une témpératuré capable” de ramollir beau-
P le fil, les ondulations deviennent très-fines ét très-serrées : c'est ce
qu’on peut surtout réaliser avec des fils de platine.
(910)
» La discussion de toutes les circonstances que m'ont présentées mes
expériences m'a conduit à l’explication que voici.
» Au moment du pesei de la décharge, dans un espace de temps cer-
tainement inférieur à 1 de seconde, la température du fil s’élève de plu-
sieurs centaines de degrés. Pendant ce même intervalle de temps sa lon-
gueur tend à se trouver augmentée de toute sa dilatation; il faudrait donc
que, toujours pendant ce même temps, il arrivât à prendre une nouvelle
figure compatible avec cet accroissement de longueur. Or il est facile de
voir que toutes les forces extérieures, et en particulier la pesanteur, sont
ici négligeables par rapport aux fortes moléculaires parmi lesquelles il faut
placer en première ligne celle qui tend à produire la dilatation,
» Cela posé, divers cas sont à considérer. Le premier, le cas idéal en
quelque sorte, est celui d’un fil parfaitement droit; parfaitement homogène,
d’un égal diamètre, d’une égale résistance dans toutes ses parties; et dont
les extrémités soient absolument fixés; iln’y'aura pas de raison pour qu'un
tel fil s’infléchisse d’un côté plutôt que d'un autre en aucun endroit; il
restera droit, mais il éprouvera dans le,sens de la longueur une compres-
sion qui augmentera son. diamètre, et si, au,moment du refroidissement,
on le laisse revenir librement sur lui-même, on trouvera qu ’ila diminué de
longueur.
» Prenons le même: fil ssh: droit, SEREEN elai mais shpi
sons ses extrémités entièrement libres.. :A cause de l’inertie de la matière,
ses divers élémentsé eront fie omp s qui iront en augmentant
des extrémités vers. lé milieu, et en Ön de- Sdrapte il éprouvera encore une
augmentation de diamètre pendant qu’il sera. chandi -et,par suite un rac-
courcissement après le refroidissement... :: 15355 A
» Il paraît bien évident, d’après. ce san indiens; que c’est à tort que
M. Riess a attribué, dans tous les cas, à des ondulations plus ou moins appa-
rentes le raccourcissement dés fils dans ces circonstances. M. E. Becquerel
a d’ailleurs autrefois constaté directement l'accroissement du diamètre.
» Supposons maintenant que le fil/awlieu d’être en ligne droite, affecte
une figure quelconque, noûs pourrohs toujours considérer cette figure
comme un polygone de côtés finis ou infinitésimaux. Considérons un angle
de ce polygone. Les forces que développe le passage du courant étant des
forces intérieures, le centre de gravité de l'angle considéré ne devra pas être
déplacé sous leur influence; comme les côtés de cet angle éprouvent ri
certain allongement, il faudra nécessairement que l'angle se ferme; d’ail-
leurs le refroidissement se fait très-lentement, les forces d'inertie cessent
jouer le même rôle, et comme le fil est supposé à peu près libre, l'angle
(gre)
restera fermé. Cela d’ailleurs sans préjudice ‘pour les raccourcissements
qu'auront pu subir ses côtés. En réalité, les angles contigus's’influencent
plus ou moins, les irrégularités du diamètre, d’homogénéité, de lélasti-
cité, ete., sont autant d'éléments dé la question en chaque endroit du fil,
maison conçoit qu'il devra y avoir à la fois augmentation du diamètre et
formation de coudes ou ondulations.
» En résumé, on voit qu'il suffit pour expliquer ces phénoñiènes d’avoir
recours aux Causes mécaniques connues ; l'électricité n’y intervient pas, au
moins nécessairement, ni même sensiblement, en faisant naître des forces
spéciales soit entre les diverses parties ‘du fil elles-mêmes, ni entre celles-ci
et les corps extérieurs; elle n “agit OBS comme une Cause instantanée Télé-
vation de température. »
CHIMIE ORGANIQUE. :— bis nd relations entre: led points Me du
les points d’ébullition, les densités et-les volumes. cg: Note de
M. E. Joxerceiscu, présentée par M. Balard.
« L'étude des points de fusion des composés chlorés dela benzine, ob-
tenus par uné méthode unique, la même pour tous, m'a conduit; dans une
précédente Note (1), à les partager en deux classes distinctes, suivant qu'un
nombre pair ou un nombre impair d'équivalents d'hydrogène a été rem-
placé par un même nombre g’ équivalents de chlore. J'ai poursuivi cette
comparaison! par l'examen! dé cértaines autres propriétés, telles RÉ les
densités, lég volumes sp écifiqués et les points d'éhniliions
_» J'ai déterminé les: densités pour chaque corps à diverses tenipéranires,
assez rapprochées pour permettre de tracer la courbe de dilatation pendant
tout l'intervalle qui sépare le point de fusion du point d'ébullition. Voisi
qpassa r résultats déduits de ces expériences 10171 91 24348 Hotel
Æ EO Dénbités! ét! HAE ñir points déni. HR Bi ii
COGS eGon HO ayla 2R 26! Di ences,
| Fébrpérautes > 201 gl
TT M ébullition. Densités, Anp spécifiques, 4 Le volumes
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001 C2 Hs. ID art ol noar38s b soi oil < yh 114798 Pe, Tan
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| CB ci ž HO: } HD 250 ed 1,350” £ 187,846 | © 2x Aai p i
TRAME ER algas 1 eh ARR aiani j9 galsh
asus ologse ds koi prep
(1) Comptes rendus, 42 mars EL
(2) D’après M. Herm. Kopp.
C. R., 1867, 1°" Semestre. (T. ixIv, N° 48.)
( 912 )
» Ainsi les volumes spécifiques augmentent d’une manière à peu près
constante, de 16,9 en moyenne. Cependant il est important de remarquer
que l'accroissement qui correspond: aux substitutions pairés (15,8 en
moyenne) est, sans exception; plusfaible-quercelui qui correspond aux sub-
stitutions impaires (18,1 en moyenne); cette différence entrels deü séries
de corps serait trop peu notable pour conduire à une conclusion quel-
conque, si. elle était isolée, mais, rapprochée des faits qui suivent, elle ne
me paraît pas devoir être passée sous silence: En effet, la comparaison des
volumes spécifiques aux températures de fusion condnit à des résultats bien
plus tranchés et dirigés dans. leimémesens. 5 49b 1 gs seirm sl £ eh
II. — Densités et volumes spécifiques aux températures de fusion,
} Températures. AC19 19111109 Voliimes f Piaypppaps ;
de fusion. - RAR, : 1 spécifiques, que IIS ne
kS 299:19431b eolls REF PAT spécifiques.
LE CAPTER TS Sphere 0 ; 895 ah MAH LR asin cg-43
) í € YF. 4 ij PER 4 I
OPR GESNY S er db cie 1,177 PS2 ts Er NA LUN
C AR'ORI GOIS Ta 7e 1,250 Re 117,600 ta "7 ès à PR
CECH, ,goiiilirds 'biatoc NAS OC PAS, SHI POSTS bé
7 7 L A 24,600, PEP = PE
CHC et 1439 vive mági LCL ; | ai. ; ; 43983 À
C° H Cl., HE S 74 ‘gas CAB: 184,184 of er b 2390 é jt
LT gemmes en I: N AIO EL orrot g pp aldiri
HASOUOUSOTE Te sia NSTI t1ilit ASES, 7139 ?
» On voit que:les, volumes spécifiques s’acéróissent de quantités très:
inégales, mais qui se distribuent, assez régulièrement lorsqu'on sépare les
corps en deux séries paire ou impaire : un corjis dé substitution pair e se
transf. tdans uù «érps de substitution impäiré, son volume spécifique
augmente de 24;1,en/moyenne, tandis CRAU éorps'de substitution impaire
se transformant dans un corps de substitütio paire, sòn volume spécifique
augmente de 6,8;.en moyenne. ‘Au ‘contraîte, tés’ mêmes volumes spéci-
fiques comparés deux à deux entre: composés du mémé'ordre, donnent des
différences constantes ow pews’en fautissc Miles í
Í r Se Fy stroc Nils egiin] et
i tient: 9105. 219VID SD ZOUR COII 9D €) rE P “
Volume spécifique Différence, Volume spégifique. Différence
ni aafaa OSHS 9976 ,498190 6 O HTN Pie
C':H°.. VE Lt SRE D GHOIB 25v8 , | i
eai iR ? , NUE S DR t... LA AE ve + PN ï
no Tecra ex | 86,449 9b ésprei0 101 95,582 a
CPAM sh i7sbog sisi nos sol an sb. basant 29m9m") -i 28,989
f { Elu à Ti Í #1;
AREAS Sens | e E a
C" B? Cl... 149,171 JR St 290 ae ukanor sb arefetont 49 ADF
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CC DÉS da 12 5 r ! s 21 TON) 29
cecile mi 8 D 10 AS som AL: Le 41" f 54,154, ARS
t.s»... I i A J . À m A POELE sal ó de
3 7974 LE anaa Ana 210119 2971199 j1
£ [OST AD 82910
io
i9 IJR: 199
» La valeur moyenne de ces différences est 30,2. Tels sont les faits ob-
(913)
servés; Je pense qu’ils ne sont pas isolés, mais que des phénomènes analogues
doivent exister pour d’autres: corps formés par substitution au moyen de
méthodes absolument comparables! pour toute une série. Je vais essayer
maintenant d'en faire sortir! quelques ‘considérations d’un ordre plus
général. | JON i
» On sait que l’on choisit d'ordinaire la température d’ébullition pour
faire des rapprochements entre les propriétés physiques des corps. Or ce
qui précède. teud à faire penser que cétte température n’est pas la plus favo-
rable à la mise en lumière des différences qui‘peuvent exister entre ces pro-
priétés. On voit en effet, dans les exemples ci-dessus, les volumes spécifiques,
comparés aux points de fusion, varier suivant deux lois dissemblables, tan-
dis qu'ils‘varient au contraire régulièrement, quand on fait cette compa-
raison aux. points d’ébullition. Ainsi, telles différences dans l’état molécu-
laire, très-marquées au point de fusion, et qui s’accusent dans le rapport
de 6,8 à 24,1 pour les volumes spécifiques d’un même groupe; vont en
diminuant à mesure qu'on se rapproche du point d’ébullition, et finissent
par s’effacer presque totalement quand on arrive à cette température. Les
différences d'état moléculaire doivent dòric étre, aux points d’ébullition,
plus faibles qu’à toute aùtre température inférieure, correspondante à l'état
liquide. Ce sont des; résultats, évidemment du même ordre: que l'identité
d'état physique vers laquelle tendent de: plus em plus:le
1E + $
3i
lorsqu'ils prennent l’état. BAZEUX tis Sig
Í Ji
2, Une autre, conséquer peutencore.être tirée des faits précédents. Si
ý pt 37 j J i i G + PI D LE > ki T
l'on, veut: calculer les changements apportés dans les:volumes spécifiques
des corps, par l'addition ou la soustraction d'inélément àleur molécule, ou
bien par la substitution. d'un élément-à un autre;oon peut arriver à des
résultats. fort, diflérents, pour,un:même élément, envisagé dans une même
serie de corps, lorsqu'on établit simplemént-les calculs sur des détermina-
tions faites aux points de fusion, ainsi que divers auteurs.ont proposé de le
Ni i mil d SILIISA > _—
faire. Ce qui conduit ‘à penser, avec beaucoup d’autres raisons, que les con-
aux éléments eux-mêmes engagés dans les combinaisons; ne sont fondées
šur aucune base solidèr, | 9"H°9 itat k aies
» Terminons en insistant de nouveau sur ces rapprochements singuliers
entre les points dé fusion et lef élumes spécifiques, qui conduisent à dis-
tribuer les dérivés chlorés d’un même carbure en deux séries distinctes,
Suivant le nombre pair ou impair des équivalents de chlore introduits dans
le composé, Ce fait pourrait être rapproché de la nécessité bien connue
I..
(or4)
d'un nombre pair d’équivalents d'hydrogène dans toute molécule hydro-
carbonée; s’il se généralisait, il conduirait à concevoir sous une forme nou-
| Are
velle le mécanisme des substitutions.
» Ces recherches ont été faites au laboratoire de M. Berthelot. »
PALÉONTOLOGIE. — ote relative à une collection de fossiles recueillis, dans le
terrain dévonien du Bosphore par M. Aspuairau Bey.
« Je me suis occupé, depnis ‘déux ans, Bire dés recherches dans les
couches paléozoïques du terrain déJobiBh dh Bospħorë, à à Constantinople.
» La collection apportée à Paris pour E Exposition universelle contient
à peu près deux millé échantillons, mais l'espace réstreint qui a été accordé
à la section de Turquie n& "béfmet | pas d'éRpouer convenablement la collec-
tion entiére.
» S: M. Abdül Aziz, mon august süvérain, ayant sanctionné la fon-
dation d’un Müséé national! à Coüstañtinoplé, sur ma proposition, le but
de mon voyage était aussi de déterminer les échantillons de ‘cétte col-
lection, ét d'éntrer eh relation avec Tes divérs Musées d'Europe pour des
echinib futurs, au profit du Musée: x fondër à ‘Constantinople.
» Je prends donc la liberté d Offfir tous! 1és doubles dé cette collection
de fossiles à VAcadéimié, p our le Museë Paléontologique du Jardin des
Plantes, si“ “habilement dr par | M.P Archiäc: je” la` prie dé vouloir bien
les accepter èt hë donner l'occasion dé détérminer es collections, d’ après
les riches colléétions géologiques d qui së trouvent aù Musée du di des
Plantes. i
» En même tenips je prends la baie dE! oûmettr à la haute Assem-
blée les dessins faits’ Hap Hbi sires “fossilés trouvés le long du Bosphore,
dans les diverses localités, de Boikfoudét® } jusqu ‘x Arnaut-Koq d’un côté,
et du mont Géant jusqu’à Kahdlÿsja-Kärtal e et Péntek dans la mer de Mar-
mara du côté de l'Asie, oùvrage conténanñt douze cents figures, € et exposé
actuellement à l'Exposition universelle. »
A 5 heures un quani, l Académie « se forme en comité secret.
La séance est’ jee à 5 A pe sh Ru E
Te Lui à
(915)
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE,
L'Académie a reçu, dans la séance du 29 avril 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Annuario.. Armée ilu Musée z00logique de l'Université royale de Noples;
par M. Ach. Cosra, 3° année, 1863, Naples, 1866; in-4° avec planches.
Sur, la tension des lames s Haras, par. M. G. VANDER -MENSPRUGGHE.
Bruxelles, 1866 ; br. in- 28e.
_ Address... Discours prononcé à l’ ouverture de la session 1866-67 de la So-
ciélé Royale d Édimbourg: par. sir Dayid BREWSTER, Président de la Société.
Edimbourg, 1866; br. in-8°.
Report... Géologie du Canada. Rapport sur les travaux du levé géologique
dans les années 1863 à, 1866; 3 parle. Dirgeteun du fiengien Survey, sir W.-E,
LOGAN.
Meteorologisch a E pet neia Spiess h “rés 1" pa rtie :, Observations faites
dans les Pays-Bas, publiées par l’Institut royal météorologique néerlandais,
année 1805. Utrecht, 1866; in- 4. oblong.
Jahrbücher. A Annuaire de E Institut central de méléosologie el de magné-
tisme. terrestre; par, MM. 27 JELINEK et C. FRITSCH. Nouvelle série (formant
la.9° partie. de la série entière), bada Vienne, 1866; in-4°.
On the... Sur. les. Protophytes de la. Nouvelle-Zélande ; apar M. W.-L.
LINDSAY; br. in- 8e. sans lieu ni date.
List. p Gedogue. des Cladoniæ recueillies. en dslande, aux îles Féroë et en
Norvége ; par le même ; AR Sans, GE) ni date (Extrait du Journal de
la Société Linnéenne “botanique Le, te. Xi)
Contributions... | Contributions, à la Te fi FAR de l j Pah seplen-
trionale ; par. le même: br, in-B°, $ sans lieu pi date. (Extrait du Journal de la
Société Linnéenne botanique, t. t, IX. ba
31 # "19 ÿ ÿ
ARITE a reçu, auus la séance du 6 mai 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Mélanges paléontologiques , 2° livraison; Études paléontologiques sur la
faune à Terebratula Diphyoides de Berrias (Ardèche); par M. F.-J. Picrer.
Bâle et Genève, 1867; in-4° avec planches.
| ( 916:)
Matériaux pour la paléontologie suisse, ou Recueil de monographies sur les
fossiles du Jura et des: Alpes, publié par M. F:-J:Picrer. 4° série, 8° livr.
Description des fossiles du terrain'crétacé de Sainte-Croix : par MM, PICTET et
CAMPICHE. 3° partie, n 7 et 8. Genève, 1866; 2 br. in-4° avec planches.
Mémoire sur la détermination des longueurs d' onde du spectre solaire; par
M. V.-S.-M. VaN DER WILLIGEN. Harlem, AG: in-4° avec kappar (Pré-
senté par M. Fizeau,). =; aO Jili
Notions d’ Anatomie et de Dioon pr sas iaf De la pare 2 des éléments
anatomiques; par M. G. CLÉMENCEAU, précédée d’une Introduction par
M. Ch. RoBiN, Membre de l'Institut. Paris, 1867; r vol. in-8°, (Présenté par
M. Robin pour le Concotirs’ Montyon, Médecine et ‘Chirurgie. à bb
Recherches sur la fécondation et la germination du Preissia commutata
N. A. E., pour servir à l’histoire des Marchantia ; par, M. L. „ARITE
Paris, 1867 ; 10-8% avec planches. ya
Réherches sur la vitesse du cours dü säng dans les artèr es du es" qum 1 107 en
d'un nouvel 7 par M. L. LORTET. „Paris, 1867; in- -49 avec
planches et figures.
Maison Charrière, Robert et Collin, successeurs. Cr général Paris, HA
r vol. in-8° avec planches et figures. satii
Liste des Membres de la S qu / Géologique c de France a au u31 décembre 1 6
Paris, 1867; br.;in:80, AS
Sur la création en France d'un grand réseau de oies fret de ci om:
munications à vapeur départementales ‘i er Vičinales; ; kar, M VAE SAR
Bourges, 1867; briin-8°. i yte okasi
Résultats de ia seconde année des observations nima suisses ; sous le
rapport des températures et des! quantités d'eau dé PRES êt, de neige; par M, de
prof. GAUTIER. Genève, 1867; br: in-80. 1 Esi > wania ae
Recueil de dormas relatifs" “ir étions” “oniqiies; par à M. ; H. FAURE.
Paris, 1867; sina. ssh ninshyost S ET
Bulletin de la Société des Sciences PR ala ISNA ‘de ly ; pes 1 866,
t. XX, 3° et 4° trimestres. Auxerre, 1867: in-8°.
Archives dans Revue des Sciences naturelles, rédigée par M. Al-
phonse Dugois, n RE à dr Erselss et Paris,18673114 in: 8° avec
planches. J8 JAVE fa erox. au
Mémoires de la Société d'Agriculture, Sciences, Belles- HE à arts d Or-
léans. 2° série, tX; n°, 1867; VS frimestré Orléans, "1807: in A
Ueber... Surile vol des insectes : par MER > A“ Mbits, Li Fet, 1865;
demiféuiilé in-8°,.
(917)
Sur la plante Toot et, le poison de la. Nouvelle-Zélande ; par M. W.-L.
LINDSAY. (British and foreign medie. chir: Review, 1865:) Br. in:8°.
Enumeracion… Enumération, des Cryplogames de l'Espagne et du Por-
tugal; par Don Miguel COLMEIRO: 1 partie. Madrid, 1867; br. in-8°.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES REÇUES PAR L’ACADÉMIE PENDANT .
1
130 HOT \ LE MOIS DE MARS 1867.
Le Moniteur s de la RAR n° Á (6f;année), n°.
1111
i“ G année)
Masisi pitiorésque février. 1867; in-4°.
Matériaux pour l kat positive et philosophique da, l homme; sl G DE
MORTILLET ; j Janyier et février, 1867; in- ie.
Monatsbericht.… Compte rendu mensuel FA ser à Edaadétiie royale
des Sciences de Prusse. Berlin, novembre 1867; in-8°.
Monthly... »„ Notices mensuelles de la Sociétéroyale d? Strange dè Fanta:
n° 4, février 1867; in-8°,
Montpellier médical... Journal mensuel de Médecine; n° 3, 1867: ins8ð,
Nachrichten... Aoo de l’Université de Gæltingué ;
1867; in-12. |
Nouvelles” Sea de Mathématiques ; mars 1867: in-8°,
Presse scientifique des Deus Mondes; n° 9 à 12, pga ķi in-8.
Répertoire de Pharmacie; fevrier 1867;:in-8.
Revue à de hérapeutique n médico-chire gicale,; n°5 mn 6,867 pin- 10,
Revue des Eaux et Forêts ; n° 3, 1867: i 10-994 -rd8 1.
Revue maritime et t colonia le; mars 1967 iEn zoo) 9h
Società reale di Napoli. endiconto dell’ Accademia delle sa fiiche e
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matematiche; ; Naples, février 1867; i Apr FRS ETS
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PUBLICATIONS DIQ REÇUES PAR Í’ACADÉMIE PENDANT
LE MOIS re 1867.
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Annate? de l'Agriculture française; ı n°s + A 7. rs ge, aroe?
Annales de la Société ; d'Hydrologie médicale de Paris; comes rendus des
séances, 7° et 8e livraisons ; 1 867 ; in-8°.
(918)
Annales des Conducteurs des Ponts et Chaussées ; février 1867; in-8°,
Annales du Génie civil; avril 1867; in-8°.
Annales médico-psychologiques ; mars 1867; in-8°.
Annales météorologiques de l'Observatoire de Bruxelles; n° r et 2, 1867;
in-/4°.
Annuaire de la Société Météorologique de France; feuilles 1 à 14, 1864;
in-8°. |
Atti della Società italiana di Scienze naturali. Milan, t. VIII, feuilles 13 à
36; t. IX, feuilles 16 à 31, 1867; in-8°.
Bibliothèque universelle et Revue suisse. Genève, n° 111, 1867; in-8°.
Bulletin de l’ Académie impériale de Médecine ; n™ des 31 mars et 15 avril
1867; in-8°.
Bulletin de l’ Académie royale de Médecine de Belgique; n°* 1 et2, 1867;
in-8°.
Bulletin de la Société d’ Encouragement pour l’industrie nationale; février
1867; in-4°.
Bulletin de la Société de Géographie; mars 1867; in-8°.
Bulletin de la Société française de Photographie; mars 1867; in-8°.
Bulletin des séances de la Société impériale et centrale d Agriculture de France;
n° 3; 1867; in-8°.
Bulletin général de Thérapeutique; n° des 30 mars et 15 avril 1867; in-8°.
Bulletin hebdomadaire du Journal de l Agriculture; n° 15 à, 1, 1867;
in-8°.
Bullettino meteorologico dell Osservatorio del Collegio romano ; n° 5, 1867,
in-4°.
Catalogue des Brevets d'invention; n° 11, 1867; in-8°.
( La suite du Bulletin au prochain nurnéro.)
ERRATA.
(Séance du 22 avril 1867.)
Page 818, ligne 3, au lieu de M. Ph. Gauchler, lisez M. Ph. Gauckler.
i (Séance du 29 avril 1867.) |
Page 854, ligne 18, au lieu de M. J. Wazner, lisez M. J. Wagner.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
AP
SÉANCE DU LUNDI 13 MAI 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.,
PHYSICO-CHIMIE. — Mémoire sur de nouveaux effets chimiques produits
dans les actions capillaires; par M. Becquerez. (Extrait.)
« Les phénomènes dont je vais avoir l'honneur d'entretenir l’Académie
sont de nature, je crois, à l’intéresser par leur singularité et leurs applica-
tions à la chimie et à l'étude des sciences naturelles.
» L'action qu’exercent certains corps solides sur des gaz ou des liquides,
sans éprouver de changement dans leur composition ou leur constitution,
Pour opérer des combinaisons ou des décompositions, attire depuis long-
temps l'attention des physiciens et des chimistes; c’est à une action de ce
genre qu'il faut rapporter la propriété que possèdent l’éponge et le noir de
platine de condenser les gaz avec dégagement de chaleur et de déterminer,
dans Pair, l’inflammation des gaz et des vapeurs combustibles, propriété
que possèdent le charbon et d’autres corps, dans un grand état de division,
mais à un degré beaucoup moindre.
» On rapporte à la même cause le phénomène de la nitrification produit
dans les calcaires poreux placés de manière à pouvoir absorber l’azote de
l'air ou des matières azotées.
C. R., 1867, 1°" Semestre. (T. LXIV, N° 19.) , ser
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( 920 )
» L'endosmose de M. Dutrochet et la dialyse de M. Graham sont dues
à une action de ce genre, à laquelle il faut joindre l’affinité des deux liquides
l’un pour l’autre.
» M. Chevreul s'occupe aussi depuis longtemps des actions qui se mani-
festent au contact des solides et des liquides, qu'il a appelées affinités capil-
laires , lesquelles différent.des affinités ordinaires en ce que les premières
s’exercent en toutes proportions et les autres en proportions définies.
» Des observations que j'ai faites il y a déjà un certain nombre d'années,
et d’autres récentes, mont mis sur la voie de phénomènes nouveaux qui
différent des précédents, quoique dépendant des actions capillaires.
» Voici le fait qui m'a servi de point de départ dans mes recherches :
j'avais préparé un appareil électrochimique devant fonctionner pendant
un certain laps de temps, et dans lequel se trouvait un tube de verre d’un
centimètre environ de diamètre et fermé par en bas avec du plâtre. Ce tube,
qui contenait une dissolution de sulfate de cuivre, plongeait dans une dis-
solution saturée de monosulfure de sodium; peu de jours après qu'il eut
commencé à fonctionner, le tube ise fendit dans la partie adhérente au
plâtre et un peu au-dessus; il en résulta une fêlure trés-étroite, par laquelle
s’est introduite lentement la dissolution de monosulfure dans celle du sul-
fate de cuivre, sans que celle-ci sortit du tube. La dissolution de monosul-
fure, en entrant lent tdans le tube, s’est répandue sur la paroi intérieure
et a réagi sur le sulfate en produisant une couche excessivement mises de
sulfure de cuivre, adhérant au verre, ayant un aspect métallique.et présen-
tant les couleurs des lames minces de Newton.
» Il était bien évident que l’action capillaire avait dů intervenir dans la
production de l'effet dont on vient de parler.
» D'un autre côté, j'avais remarqué dans un autre appareil électrochi-
-mique que lorsqu'un tube fermé par une de ses extrémités avec du plâtre
contenait de l'acide nitrique ordinaire plongeant dans une dissolution
d'iodure de potassium, l'acide filtrait très-lentement au travers du plâtre,
-Puis réagissait sur l’iodure, le décomposait, isolait l'iode qui cristallisait en
aiguilles de 4 à 5 millimètres de longueur. : 8
» Je pensai alors que tous les liquides ne jouissaient pas au même degr
de la propriété de traverser les fissures des corps, de méme que jes g%
Comme on l’a reconnu à l'égard de l'hydrogène, qu’il y en avait même :
en étaient privés, et qu'il paraissait que cette propriété n’avait pas de À
port avec celle qui constitue la dialyse, du moins d’après les exper di LS
que j'ai faites jusqu'ici. |
(92r)
» Telles sont les données qui wont servi de bases pour entreprendre les
expériences dont je vais avoir l’honneur d’entretenir | Académie.
» Les tubes fêlés qui m'ont servi sont préparés comme il suit : on trace
sur leur surface, légèrement, avec un diamant, une ou deux lignes longi-
tudinales, puis on applique en un point quelconque l'extrémité d'un petit
tube chauffé au rouge blanc; aussitôt la felure se forme, mais il faut retirer
de suite le petit tube, afin que la fente ne s’'élargisse pas trop; il ne faut au
surplus qu’une fente très-étroite dont il est presque impossible de déter-
miner l'épaisseur, si ce n’est dans les cas où elle présente les couleurs des
anneaux colorés. Cette épaisseur est au-dessous souvent de celle qui cor-
respond au diamètre des tubes capillaires ordinaires.
» Il arrive quelquefois que les fentes sont tellement étroites, que les
effets dont il va être question ne peuvent avoir lieu; dans ce cas, on essaye
d’autres tubes; j'indique dans mon Mémoire un procédé à l’aide duquel on
reconnaît ceux qui peuvent être utilisés. Ce procédé consiste à déterminer
avec un galvanomètre la facilité avec laquelle un courant électrique tra-
verse la fissure, quand le tube rempli d'un liquide plonge dans un autre
liquide.
» On a d’abord rempli un tube de verre, fermé par un bout et préparé
comme il vient d’être dit, d’une dissolution assez concentrée de nitrate de
cuivre, puis on a introduit ce tube dans une éprouvette contenant une dis-
solution également concentrée de monosulfure de sodium, dont le niveau
était le même, afin que la pression fùt la même de part et d’autre. Que de-
vait-il se produire, d’après les notions que nous possédons sur le mélange
de ces deux dissolutions qui devait avoir lieu sau travers de fentes très-
étroites? On aurait dù obtenir du sulfure noir de cuivré et du nitrate de
soude; mais il n'en a pas été ainsi : très-peu de temps après la préparation
on à commencé à apercevoir dans les fentes un dépôt tres-brillant de
cuivre métallique ayant l'aspect cristallin; peu à peu le dépôt a augmenté,
la félure est devenue plus grande et le tube a fini par éclater; on a pu en
retirer des petites baguettes de cuivre. On a paré à cet inconvénient en
cerclant en trois points les tubes avec un fil tres-fort enduit de cire jaune,
quand il n’était pas attaqué par le liquide ambiant, et avec un fil de pla-
üne quand la nature de la dissolution l’exigeait. Je dois ajouter que le dépôt
cristallin s’est effectué non-seulement dans la fente, mais encore sur la sur-
face intérieure ‘du tube, et rien nes’est produit sur la surface extérieure.
» Avec des dissolutions étendues les effets ont été les mêmes, mais moins
rapides.
132..
( 922)
» Dans ces expériences, il est bien évident que la dissolution de nitrate
de cuivre n’est pas sortie du tube et que celle du monosulfure n’y est pas
entrée, sans quoi les effets auraient été tout autres; l’action a donc dû se
produire d’abord dans la fente excessivement étroite du tube, puis sur la
paroi intérieure du tube qui contenait le nitrate.
» On obtient également le dépôt de cuivre avec les dissolutions de sul-
fate, de chlorure et d’acétate de cuivre, mais il est moins abondant; il se
produit quelquefois avec le sulfate des effets remarquables qui dépendent
de la grandeur de la fissure; la dissolution de mionosulfure pénètre peu à
peu dans le tube; il se forme tantôt un dépôt de sulfure adhérant à la sur-
face, ayant un aspect métallique et présentant les couleurs des lames minces,
tantôt le monosulfure se répand sous forme de jets dans l’intérieur de la
dissolution de nitrate et y forme de nombreuses stalactites de sulfure de
cuivre ayant un aspect cristallin. On aperçoit en outre des dendrites de
cuivre métallique dans les fentes.
» Avec une dissolution concentrée de chlorure de cuivre les effets sou-
vent sont semblables, quoique beaucoup plus lents à se produire, et quel-
quefois ils sont tout autres et inattendus. Dans ce cas-ci il se forme sur la
paroi intérieure du tube contenant le chlorure un précipité blanc de cuivre
non analysé encore, lequel est décomposé peu à peu, en donnant du cuivre
métallique tapissant la paroi intérieure à partir de la fente; c'est de cette
dernière qu'émane l’action réductive.
» L'acétate de cuivre n’a rien présenté de particulier en dehors du
dépôt de cuivre. |
» Désirant remonter à la cause des effets produits et voir si le monosul-
fure de sodium n’agissait pas comme désoxydant par rapport au nitrate de
cuivre, on l’a remplacé successivement par l'acide oxalique et par le sulfate
de protoxyde de fer : les résultats ont été nuls. Avec l'acide oxalique, la
dissolution de nitrate filtrait dans l’éprouvette.
» En opérant avec une dissolution peu étendue de potasse caustique, les
effets de réduction ont été nuls, ce qui prouve que la potasse ou la sonde
du verre n'intervient en rien dans la production du phénomène.
» En se bornant à mettre de l’eau dans l'éprouvette et du nitrate de
cuivre dans le tube, le nitrate a été décomposé en nitrate basique ou en
oxyde et en acide nitrique.
» Le persulfure de sodium ou de potassium agit comme le protosulfure,
mais d’une manière moins nette; pendant les réactions il se dégage Ces
gaz.
(923)
» Une dissolution saturée de nitrate d’argent, substituée à celle de nitrate
de cuivre, a donné avec le monosulfure de sodium des résultats remar-
quables qui montrent toute la fécondité du principe que j'expose dans ce
Mémoire : il s’est déposé une assez grande quantité de sulfure d’argent
ayant un aspect cristallin à l'extérieur et dans la fêlure, laquelle a dilaté
peu à peu la fente, ce qui a permis le dépôt d’une plus grande quantité de
sulfure; au delà, sur la paroi intérieure du tube, il s’est déposé de l'argent
métallique très-brillant, en plaques, en même temps qu’il s’est formé des
filaments d’argent métallique très-déliés et brillants, entrelacés les uns
dans les autres, et qui tombaient de temps à autre au fond du tube,
» Les dissolutions de zinc et de plomb paraissent résister très-longtemps
à leur décomposition. Jusqu'ici la dissolution de platine n’a rien donné de
satisfaisant; la dissolution de chlorhydrate de chlorure d’étain est décom-
posée avec dépôt d’étain dans la fissure.
» Le chlorure de nickel paraît être décomposé, autant que l’on peut en
juger par la présence de très-petites parties déposées dans les fêlures, mais
l’action est très-faible et difficile à produire. |
» La nature des vases exerce-t-elle une influence sur les produits formés?
on ne saurait encore le dire : en soumettant à l'expérience le nitrate de
cuivre dans un diaphragme de porcelaine dégourdie, placé dans une disso-
lution de monosulfure de sodium, il s’est formé simplement du sulfure
noir de cuivre, sans trace de cuivre métallique, même dans l’intérieur de
la masse, comme on s’en est assuré en le brisant; il pourrait se faire cepen-
dant que les interstices du diaphragme n’eussent pas une capillarité suffi-
sante pour que la production des effets précédemment décrits pussent se
produire. |
» J'ai fait plusieurs expériences pour remonter à la cause du phénomène
qui commence sous l'influence de l’action capillaire et continue à se pro-
duire par l'intervention de l'électricité agissant comme force chimique ; èn
effet, aussitôt que quelques parcelles de cuivre sont déposées dans une
fente, ces parcelles avec les deux liquides constituent un circuit électro-
chimique, en vertu duquel la face qui est en contact avec la dissolution
métallique est le pôle négatif. Il est facile de le prouver en plongeant cha-
cun des deux bouts d’un fil de cuivre dans un des liquides; on trouve alors
que le bout qui est dans la dissolution métallique se recouvre du métal qui
entre dans la dissolution.
» Dans un autre Mémoire, je ferai connaître à l’Académie les résultats
obtenus avec d’autres dissolutions, et j'exposerai en même temps la théorie.
`i
( 924)
qui, suivant moi, rend le mieux compte des phénomènes nouveaux dont je
viens d’avoir l'honneur de l’entretenir. »
PHYSIQUE VÉGÉTALE. — Sur l’action délétère que la vapeur émanant du mercure
exerce sur les plantes; par M. BoussiNeaur. (Premiere partie.)
Dans un Mémoire présenté à l’Académie dans la séance du 23 octo-
bre 1865, j'ai fait voir avec quelle promptitude, avec quelle énergie la
vapeur émise par le mercure, à la température ordinaire, agit sur les
plantes en leur enlevant la faculté de décomposer le gaz acide carbonique
lorsqu'elles sont exposées à la lumière. Des feuilles placées au-dessus du
mercure, dans une cloche contenant 300 centimètres cubes d’air que l’on
renouvelait trois fois en trente-huit heures, perdirent complétement cette
faculté, tandis que des feuilles semblables, maintenues dans un égal volume
d'air enfermé dans un flacon et qu’on ne renouvelait qu'avec une extrême
lenteur, possédaient encore leur vitalité quatorze jours après.
» Les faits que j'ai rapportés dans ce premier travail justifient donc plei-
nement cette recommandation des physiologistes : de ne Jamais exposer aux
émanations mercurielles les êtres organisés maintenus dans une atmosphere
confinée. Ainsi, AE dans ses belles recherches sur la rire
Saussure, DER des expériences s sur T végétation des PRE avait soin
de couvrir le mercure d’une mince couche d’eau, afin que l’ atmosphère ne
reposät pas immédiatement sur ce métal.
» À ma connaissance, les premières observations relatives à l'action du
mercure sur la vie végétale seraient dues à une réunion de savants hollandais : :
Deiman, Paats, Van Troostwyck et Lauwerenburgh ; elles furent connues
en France en 1797 par uné Lettre adressée à Van Mons, et que Je repro?
duirai à peu près textuellement Te SARA
» Expérience 1°. — On a placé sous une cloche do 12 pouces de hauteur
» et de 6 de diamètre, sur l'eau, une plante de Fève de marais, venue en
» terre, et à côté de cette plante une bouteille de rı pouce de diamètre
» remplie de mercure.
» Expérience 2. — Une plante de. Menthe frisée, avec sa racine, mise
RE et
(1) Extrait d’une Lettre du citoyen Lauwerenburgh à Van Mons (Annales de Chimie et de
Physique, 1° série, t. XXII, p. 122). | pe
=x
zx
x
=
(925 )
dans l’eau, fut placée sous une cloche de 8 pouces de hauteur et
2 4 pouces de diamètre, avec du mercure.
» Expérience 3. — On répéta l'expérience précédente avec la différence
que la cloche, au lieu d’être placés sur l’eau, fut posée sur une table, sur
des rouelles de liége.
» Expérience 4. — Mêmes dispositions que celles adoptées dans l’expé-
rience 2, avec la différence que des morceaux d’or en feuille furent sus-
pendus dans la cloche.
» Expérience 5. — On posa une bouteille pleine de mercure à côté d’une
jeune plante de Spiræa salicifolia, attachée à la racine mère, et on cou-
vrit le tout d’une cloche.
» Expérience 6. — On refit l'expérience 2, en attachant un peu de soufre
aux parois intérieures de la cloche.
» Expérience T. — Mèmes dispositions que dans T’ expérience 2. On cou-
vrit seulement le mercure d’un peu d’eau. »
» Voici maintenant les faits constatés :
« Dans les cinq premières observations, les feuilles et les tiges furent
couvertes de taches noires le troisième jour de l'installation des appa-
reils; et le quatrième, le cinquième, au plus tard le sixième jour,
les plantes étaient entièrement noires.
» La Menthe, dans l’expérience 6, est restée intacte, ce qui prouye que
le soufre enchaîne les mauvais effets du mercure.
» Dans l'expérience 7, l’action du mercure a été nulle, à cause de l’eau
qui le couvrait. »
» En outre, il fut reconnu « que le mercure ne nuit en aucune manière
aux bte lorsqu'il est mêlé avec la terre, avec l’eau, ou lorsqu'il est
en contact avec les racines. »
» L'oxyde de mercure n’a pas cette innocuité. « Mis en contact avec la
racine, il est mortel pour la plante; mais cet.oxyde n'exerce plus la mème
action lorsqu'il est placé, comme on avait placé le mercure métallique,
à côté de la plante; une Menthe dans cette situation n'éprouva aucune
altération. »
» En résumé, des plants de Fèves, de Menthe, de Spiræa salicifolia, main-
tenus dans un volume d’air limité, en relation avec du mercure, ont noirci
et sont morts en quelques jours; tandis que ces plantes ont vécu dans les
mêmes conditions, lorsque, à côté du mercure, on avait placé du soufre.
Ce fait de l’action préservatrice que le métalloïde exercerait à distance est des
-
( 926 )
plus curieux, et j'avoue que le désir de le contrôler est entré pour beau-
coup dans la résolution que je pris de répéter, en les variant, les observa-
tions des chimistes hollandais.
» Expérience 1". — Le 16 juillet 1866, à 8 heures du soir, on mit sous
des cloches de verre, contenant 8 litres d’air et reposant sur l’eau, deux
Pétunias venus en pot, portant chacun sept feuilles, quelques folioles et
deux fleurs.
» L'un des Pétunias fut soumis à l’action mercurielle : sur la terre, de
chaque côté de la tige, on avait posé une capsule remplie de mercure; le
métal présentait à l'atmosphère une surface de 36 centimètres carrés. Les
cloches furent placées dans un jardin, et pour atténuer la chaleur du soleil,
on blanchit à la craie les parois tournées vers le midi.
» Le 17 juillet, à 6 heures du matin, dix heures après l'installation, les
feuilles paraissaient ternes.
» À 2 heures de l’après-midi, le thermomètre marquait, à l'ombre,
31 degrés,
» Le 18 juillet, à 6 heures du matin, une des feuilies, la plus rapprochée
du mercure, était flétrie et couverte de taches noires. On remarquait aussi
quelques taches grises sur les autres feuilles.
» À 2 heures, à l’ombre, le thermomètre indiquait 29 degrés.
» Le 19 juillet, à 6 heures du matin, les feuilles occupant le bas de la
tige étaient entièrement flétries, noires et pendantes. Celles situées plus
haut, moins rapprochées du mercure, étaient remplies de taches; leur
pétiole fléchissait.
» Les fleurs ne paraissaient pas avoir souffert.
» À 7 heures du soir, le thermomètre marquait 23 degrés.
» Le 20 juillet, à 6 heures du matin, la tige penchait; quelques feuilles
placées vers le haut étaient décolorées. :
», Le 21 juillet, toutes les feuilles étaient mortes, à l'exception d’un peut
bourgeon feuillu terminant la tige. Les fleurs étaient tombées sans avoir
perdu leur couleur. :
» L'autre Pétunia, enfermé sous la cloche où il n’y avait pas de mercure,
avait conservé toute sa vigueur; ses feuilles, d’un beau vert, étaient restées
translucides, la tige rigide, et les fleurs qu’elle portait avaient gardé leur frai-
cheur. Ainsi, le, Pétunia a perdu toutes ses feuilles en restant enfermé pee
dant quatre-vingt-deux heures dans une atmosphère où du mercure émettait
de la vapeur à une température qui n’a pas excédé 31 degrés.
(927)
» Il restait à apprécier l’action préservatrice du soufre, signalée par les
chimistes hollandais.
» Expérience 2. — Le 22 juillet, à 4 heures du soir, on a introduit sous
des cloches de verre, d’une capacité de 10 litres, deux plants de Menthe.
Sur la terre contenue dans les pots était posée une capsule remplie de mer-
cure, et à côté une éprouvette pleine du même métal dont l’ouverture
atteignait le sommet des cloches. Cette dérnière disposition avait été adoptée
afin que la vapeur mercurielle se développät à la fois dans le bas et dans le
haut de l'air confiné. Dans chaque appareil la surface totale du mercure
était de 40 centimètres carrés.
» À la paroi intérieure de Pune des cloches MS, on avait fait adhérer de
la fleur de soufre sur une superficie d'environ 1 décimètre carré. Dans
Lautre cloche M’, il n’y avait pas de soufre.
» Le 23 juillet, à 8 heures du matin, c’est-à-dire seize heures après l'in-
Stallation, la Menthe de la cloche M’ était fortement atteinte. Ses feuilles,
pour la plupart, avaient une couleur gris foncé.
» A 3 heures, la température était de 24 degrés.
» Le 24 juillet, à midi, toutes les feuilles étaient noires et pendantes. Le
thermomètre marquait 25 degrés.
» Le 26 juillet, à midi, les feuilles étaient mortes, desséchées.
» Le ciel étant couvert, le thermomètre indiquait seulement 16 degrés.
» En moins de cinquante-deux heures, les feuilles de la Menthe avaient
été détruites.
» Le résultat constaté dans la cloche MS, ‘où le mercure et le soufre se
trouvaient en présence, fut bien différent.
» Le 26 juillet, les feuilles étaient aussi belles, aussi fraiches qu'au mo-
ment où le plant de Menthe ‘avait été mis dans l'atmosphère confinée.
J'ajouterai que douze jours après, le 7 août, l’état de la plante était tout
aussi satisfaisant. |
» Des résultats semblables ont été obtenus avec des rameaux de Pêcher,
avec du Lin. Dans l'air reposant sur du mercure, les feuilles, en quelques
jours, quelquefois en quelques heures, se couvraient de taches, ét con-
Stamment la présence du soufre a empêché la vapeur mercurielle de pro-
duire son effet. PORT
» La faculté préservatrice du soufre se trouvait donc parfaitement éta-
blie. Néanmoins, il était intéressant de s'assurer qu’une plante que l’on
C. R., 1867, 1er Semestre. (T. LXIV, N° 49.) 125
( 928 ) : ,
soufrerait, par le procédé usité pour garantif la vigne de l’oïdium, résiste-
rait à la vapeur de mercure.
» Un plant de Menthe fut légèrement saupoudré avec de la fleur de
soufre, pendant que ses feuilles étaient encore humectées par la rosée,
puis enfermé sous une grande cloche de verre pleine d’air, reposant sur du
mercure. Quinze jours après, les feuilles n'avaient pas subi d’altération.
» Ces résultats confirment les faits constatés par les chimistes hollan-
dais : l’action délétère exercée sur les végétaux par la vapeur émanant du
mercure à une température très-peu élevée, et la faculté que possède le
soufre, d'empêcher, par sa seule présence, les effets de cette vapeur. Il
restait à préciser le rôle du soufre dans cette circonstance. La netteté, le
brillant que le mercure a conservé dans toutes les expériences excluaient
l’idée qu’une pellicule de sulfure déposée à sa surface pouvait être un ob-
stacle à l'évaporation. Ce phénomène s’accomplit nécessairement dans l'air
dont la plante est environnée, entre des quantités de matières que l'on en-
visagera. comme impondérables, si l’on considère quelle est la faiblesse
des forces élastiques des vapeurs du métal et du métalloïide ; en réalité, ce
phénomène n’est visible que par ses effets : les feuilles noircissent et
meurent quand elles sont enfermées dans une atmosphère touchant à du
mercure; elles résistent, gardent toute leur vigueur quand elles sont placées
dans une atmosphère touchant à la fois à du mercure et à du soufre. On ne
voit rien autre chose, et la seule conclusion qu’il soit rigoureusement pêr-
mis de tirer est celle formulée par Deimañ, Paats, Van Troostwyck et
Lauwerenburgh, que le soufre enchaîne les mauvais effets du mercure.
» Qu’à la température modérée à laquelle les plantes vivent le mercure
émette de la vapeur, c’est ce que Faraday a mis hors de doute en mainte-
nant au-dessus de ce métal une feuille d’or battu. En six semaines, en un
lieu froid et obscur, lor devint blanc par l’amalgame formé à sa superfi-
cie (1). Les chimistes hollandais avaient fait, sans succès il est vrai, l'expe-
rience instituée vingt-cinq ans plus tard par l'illustre physicien anglais. Dans
leur quatrième observation, on aura remarqué qu’ils suspendirent des paia
ceaux d’or en feuille sous une cloche où il y avait du mercure à côté d'un
plant de Menthe. Était-ce pour voir si l'or protégerait la plante en absorbant
la vapeur mercurielle? ou bien était-ce pour accuser la présence de cette bte à
peur ? Lauwerenburgh, dans sa Lettre à Van Mons, ne s'explique pas; il m
fait aucune mention d’un changement survenu dans la couleur de Toxi Je
'
(x) FaraDay, Annales de Chimie et de Physique, 3° série, t. XII, p. 77:
(929 )
montrerai bientôt que la durée de l'observation n'avait pas été suffisante
pour apercevoir la moindre modification; l’action délétère du mercure fut
très-prononcée ; la plante succomba le cinquième jour, et ce que l’on peut
déduire de cette expérience, c’est qu’une feuille de Menthe est un réactif
bien autrement sensible qu’une feuille d’or, pour déceler dans l'air la plus
infime quantité de mercure.
» Dans une seconde partie, je rechercherai comment le soufre annule
l'effet du mercure. »
TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE. — Cas de monstruosités devenus le point de départ
de nouvelles races dans les végétaux; par M. Cu. Naunux.
« La discussion soulevée récemment par MM. C. Dareste et A. Sanson,
sur la question de savoir si les monstruosités, dans le règne animal, peuvent
devenir l’origine de races particulières, me remet en mémoire des faits téra-
tologiques qui me paraissent démontrer qu’il en est ainsi chez les végétaux.
Peut-être faudrait-il, avant tout, s'expliquer sur le sens qu’il convient d’at-
tacher au mot monstruosité; pour éviter toute équivoque, je dirai que je
l’emploie dans le sens qu’on lui donne habituellement en botanique, celui
d’une déviation notable des formes typiques ou réputées telles. Il y aurait
effectivement une distinction à faire entre les cas de monstruosités incom-
patibles avec la faculté de se reproduire par voie de génération chez les
individus qui en sont atteints, et ceux où l’altération des formes n’est pas
telle, qu’elle entraine nécessairement la perte de cette faculté. C’est de ces
derniers seulement que je veux m'occuper ici, Vae pre ‘ils sont jee en
cause.
» Des faits bien attestés mettent hors de doute, iilh moi, que des ano-
malies considérables, que l’on s'accorde généralement à classer parmi les
faits tératologiques du règne végétal, se transmettent fidèlement d’une gé-
nération à l’autre et deviennent le caractère saillant de nouvelles races. La
pratique horticole en fournirait un grand nombre si on avait pris la peine
de les recueillir et de les soumettre au contrôle de l'expérience; mais je
n’en puis citer que quelques-uns, parce qu’ils sont les seuls, à ma connais-
sance, qui aient été examinés scientifiquement, et qu’ils suffisent d’ailleurs
pour établir le principe de la transmission des anomalies par cree dé
sexuelle dans une série indéfinie de générations.
» Le premier fait de ce genre sera emprunté à M. le professeur Gœp-
pert, de Breslau. C’était un Pavot (Papaver officinale), qui offrait la curieuse
Es
( 950 )
anomalie de la transformation d’une partie de ses étamines en carpelles,
d'où résultait comme une couronne de capsules secondaires autour de la
capsule normale et centrale, dont le développement était d’ailleurs com-
plet. Une chose à noter, c'est que beaucoup de ces petites capsules addi-
tionnelles contenaient, aussi bien que la capsule normale, des graines par-
faites et capables de, reproduire la plante. En 1849; M. Goœppert ayant
appris que tout. un champ de ces pavots monstrueux existait: à quelques
milles de Breslau, fit semer l’année suivante une quantité considérable
de graines tirées à dessein des capsules normales, et presque toutes les
plantes qui, naquirent de ce semis, reproduisirent, quoique à.des degrés
inégaux, la monstruosité de la génération précédente. Je n'insiste pas sur
ce premier fait, parce que l'observation n'en a pas été, que je sache; poussée
plus loin, et qu’on pourra trouver que le nombre des générations n'est pas
assez grand pour qu’on en puisse conclure la stabilité de l’anomalie in-
diquée. ;
» Le même doute ne subsiste pas pour les faits suivants. Les horticul-
teurs adonnés à la culture des Fougères savent que ces plantes sont très-
sujettes à varier, et que quelques-unes présentent, même à l’état sauvage;
de véritables monstruosités dans la conformation de leurs frondes; qui
prennent par là des figures très-singulières. Ces monstruosités sont recher-
chées des amateurs de ce genre de plantes, parce qu’ils les considèrent
comme un perfectionnement, et.elles ont été longtemps rares et d'un prix
relativement élevé dans le commerce horticole. Aujourd’hui on se les pro-
cure en aussi grande abondance qu’on peut le désirer par le simple semis
des spores, à condition que ces spores/soient prises sur les parties altérées
de la fronde fructifiante, La où Ja fronde est restée à l’état normal, les
spor es ne donnent naissance qu’à des plantes normales; mais celles des
parties monstrueuses de la même. fronde reproduisent à coup sûr des
plantes affectées du même genre d’altération. Depuis plusieurs années que
ce mode de Propagation est en usage; le fait. de la transmission des mons-
tr uosités par semis dans les Fougères n’a point encore été démenti par
l'expérience. , RAM) Re den ; Haagi ;
” Des anomalies très-considérables, et qu’on peut avec autant de raison
que pour les deux cas précédents ranger parmi les faits tératologiques,
s’observent dans les trois espèces de Courges alimentaires, plantes soumises
depuis un temps immémorial à la culture, et qu’on n’a jamais trouvées à
l'état sauvage. Ces anomalies. ont cela de, particulier qu’elles caractérisent
des races très-tranchées et très-persistantes, qui se conservent malgré les
( 931.)
changements de lieux et de climats, et résistent même en partie au croise
ment avec d’autres races des mêmes espèces. La date de leur origine est
inconnue, et on ne saurait dire davantage sous quelles influences elles se
sont formées ; mais les espèces étant ici tout entières réduites en domesti-
cité, il est très-vraisemblable que quelques-unes de ces races, sinon même
toutes, ont été produites par le fait même de la culture. Telle est, entre
autres, une race de la Courge commune (Cucurbita Pepo), chez laquelle les
vrilles se convertissent toutes en des sortes de rameaux qui donnent nais-
sance à des feuilles, à des fleurs et souvent à des fruits; telles sont aussi,
dans la même espèce, ces nombreuses races à fruits difformes, vérruqueux .
et bizarrement colorés, qui se conservent par le semis toujours semblables
à elles-mêmes, tant que les croisements n’interviennént pas pour les modi-
fier. Un exemple plus remarquable encore est celui d’une petite race de
Potiron (C. maxima) que nous avons reçue de la Chine ét observée pen-
dant quelques années au Muséum. Semblable par les organes de la végé-
tation au type de l'espèce, elle en différait étrangement par l'ovaire et le
fruit, devenus presque entièrement libres, le tube du calice étant réduit ici
à une sorte de plateau servant de soutien aux carpelles. Cependant l’adhé-
rence totale de l'ovaire au tube calicinal, dans lequel il est profondément
enchâssé, est donné par tous les auteurs comme un des caractères essentiels
de la famille des Cucurbitacées. On voit par cet exemple combien peut
être grande l’amplitude des variations, et aussi quel degré de fixité ces
variations peuvent acquérir une fois qu'elles se sont produites.
» Le fait dont j'ai encore à parler est tout récent et il a déjà été porté à
la connaissance de l’Académie par M. le D" Godron, professeur de bota-
nique à Nancy. ( Voir les Comptes rendus de l’année dernière, 1° semestre,
P- 379.) Si je le rappelle ici, c'est parcé que mes propres observations le
confirment de tous points, et surtout parce qu’il nous montre très-claire-
ment comment une nouvelle race peut naître d’une anomalie, En 1861,
M. Godron trouva dans un semis de Daturä Tatula , espèce à fruits très-épi-
Deux, un unique individu dont la capsule était parfaitement lisse ét inerme.
Les graines tirées de cette capsule lui donnèrent, en 1862, un lot de plantes
qui, toutes, reproduisirent fidèlement l'individu dont elles provenaient.
De leurs graines naquit une troisième génération pareillement inerme, et
J'ai moi-même observé au Muséum; en 1865 et 1866, la quatrième et la
cinquième génération de cette nouvelle race, en tout près de cent indivi-
dus, dont aucun ne manifesta la moindre tendance À reprendre le caractère
du type épineux de l'espèce. Croisée avec ce dernier par M. Godron lui-
(952)
même, la race inerme a donné des métis qui, à la génération suivante, ont
fait retour à la forme épineuse et à la forme inerme, en un mot, se sont
conduits comme de véritables hybrides doués de fertilité. M. Godron part
de ce fait pour ramener à un seul type spécifique les Datura Stramonium,
D. lævis ( de Bertoloni, non de Linné) et D. Tatula , trois formes très-con-
stantes qui avaient été jusqu'alors tenues pour de bonnes espèces. En y
ajoutant le D. Tatula inermis, découvert par lui et en quelque sorte né sous
ses yeux, c'est quatre formes distinctes, sorties par variation d’un itype
unique et auxquelles on ne saurait trop dire ce qu’il manque pour être de
vraies espèces.
» Ici se présente un point sur lequel j'appelle toute l'attention de ceux
qui croient à la mutabilité des formes spécifiques et attribuent l’origine des
espèces actuelles à de simples modifications d'espèces plus anciennes: Ils
admettent, au moins la plupart d’entre eux, que ces modifications se sont
effectuées avec une excessive lenteur et par des transitions insensibles; qu'il
a fallu, par exemple, plusieurs milliers de générations pour transformer
une espèce en une autre espèce congénère. Nous ignorons ce qui a pu ar-
river dans ce lointain des âges, mais ce que l'expérience et l'observation
nous apprennent, c’est qu’à l’époque actuelle les anomalies légères ou
profondes, les altérations de ce que nous appelons, arbitrairement peut-
être, des types spécifiques, les monstruosités, en un mot, qu’elles soient pas-
sagères et purement individuelles ou qu’elles donnent lieu à de nouvelles
races durables et uniformes dans un nombre illimité d'individus, se pro-
duisent brusquement, et sans qu’il y ait jamais de formes transitoires entre
elles et la forme normale, Une race nouvelle naît toute formée, et le pre-
mier individu qui la représente est déjà tel qu’elle se montrera dans les gé-
nérations suivantes si les circonstances permettent qu’elle se conserve. De
nouvelles modifications peuvent s'ajouter à la premiere et subdiviser la
race principale en races secondaires, mais elles se produisent avec la pe
soudaineté que la première. Je ne me fais pas ici le défenseur de la doctrine
de l’évolution, je dis seulement que les phénomènes biologiques de l’époque
où nous vivons ne justifient en aucune manière l'hypothèse d'une dégra-
dation insensible des formes anciennes et de la nécessité de millions d'an-
nées pour changer la physionomie des espèces. A en juger par ce qne nous
connaissons, ces transformations, si elles ont eu lieu, ont pu s'opérer dans
un laps de temps incomparablement moins long qu'on ne le suppose. Il
se peut, en effet, qu'il y ait de ces alternatives dans la vie de la nature:
qu'a des périodes d’immobilité, apparente ou réelle, succèdent d’autres
( 955 )
périodes de rapides transformations, pendant lesquelles ce qui n’était au-
paravant qu'exceptionnel et anormal devient l’état de choses régulier, Et
puis enfin, n’oublions pas que le temps n’est pour nous que la succession
des phénomènes, et que, soit que ces phénomènes nous paraissent se succé-
der avec lenteur, soit qu’ils se précipitent, le résultat reste le même pour la
doctrine. de l’évolution. Dans un cas comme dans l’autre, le principe de la
continuité des choses n’en reçoit aucune atteinte. »
MÉTÉOROLOGIE. — Sur les variations périodiques de la température;
par M. Cu. Sainre-Crame Devici. | Huitième Note (1). ]
« Lun des buts principaux que je me suis proposés dans les sept Notes
que j'ai soumises successivement à l’Académie a été de démontrer que,
au point de vue de la température moyenne diurne, il y a une solidarité
d’un certain ordre entre les quatre jours qui sont placés, sur l'orbite ter-
restre, à des distances égales.
» Je wai, jusqu’à présent, traité qu’une partie de la question ; je n'ai,
en effet, considéré que 160 jours répartis sur quatre périodes opposées de
4o jours chacune, au centre desquelles se trouvent placées les échéances
singulières que j'ai désignées sous le nom de saints de glace de février, de
mai, d'août et de novembre, élargissant ainsi le sens d’un dicton très-
anciennement connu, mais qui ne s'appliquait qu'aux 11, 12 et 13 de
mai (2).
» ‘avais, au début de ces s recherches, combiné les jours de même date
des quatre mois ( januarides) de janvier, avril, juillet et octobre, et des quatre
mois k fébruarides ) de février, mai, août et novembre, et j'ai montré (sep
tième Wote, LXIL p- 1930) que, particulièrement pour les fébruarides,
ce rapprochement des dates semblables coïncidait, à trés-peu près, avec le
mode de combinaison qui. rapprocherait quatre à quatre les jours situés à à
des intervalles é égaux en temps.
» Enfin, déplaçant légèrement mon point de vue, j'ai recherché ce que
deviendrait cette solidarité des 40] jours Anadpupie: dont ; je m’occupais alors
exclusivement, si je l’étab bli sai entre rs placés sur l’ écliptique à des
RL Rs
Rs | J
(1 ) L'Académie a a décidé que cette communication, quoique dépassant les limites régle-
mentaires, serait reproduite en entier au Compte rendu.
(2) Je rappellerai, d’ailleurs, que j'ai montré qu’il ne faut point attribuer à ce dicton le
sens d’un refroidissement absolu vers ces quatre époques, mais d’une perturbation ou d'une
oscillation brusque dans la température,
( 954 )
distances angulaires égales, c’est-à-dire sensiblement à 90 degrés l’un de
l'autre, C’est à l'étude de cette nouvelle question que j'ai consacré la plus
grande partie de ma septième Note, et je crois y avoir démontré, sans aucun
doute possible, que, soit que l’on considérât une longue période d’années
(40 ans de Paris et de Londres) ou une année isolée (1864) pour un assezgrand
nombre de stations de l’Europe, cette remarquable solidarité se décelait
encore et se traduisait même par des écarts extrêmes plus éloignés et plus
frappants que lorsque j'avais rapproché, dans ma cinquième Note, quatre
Jours de même date ou placés sensiblement à des intervalles de temps égaux.
» Dans le nouveau Mémoire que j'ai l'honneur de présenter à l'Acadé-
mie, J'élargis la question, et je me demande si la solidarité des quatre jours
situés respectivement à go degrés l’un de l’autre sur l'écliptique, soli-
darité que j'ai établie pour les # de l’année environ, s'applique à l’année
entière.
» Pour traiter cette question, il fallait, au préalable, répartir aussi égale-
ment que possible les 365 jours de l’année tropique sur les 360 jours d’une
année hypothétique, telle que la somme des longitudes héliocentriques de
quatre jours opposés fût toujours égale à 360 degrés, et que la différence
moyenne entre ces quatre longitudes fût un minimum. Il est clair, en effet,
que, si la différence moyenne de longitude entre deux jours consécutifs de
l’année tropique est moindre que 1 degré, cette différence, en certaines
saisons, dépasse 1 degré. :
» On résout cette petite difficulté par le tåtonnement et avec une exact-
titude très-suffisante au moyen de la Table des longitudes héliocentriques
données, pour chaque jour de l’année, par la Connaissance des Temps.
» J'ai été ainsi amené sept fois (1) à condenser en un seul jour angu-
laire deux jours tropiques, et, d’un autre côté, à calculer deux jours hypo-
thétiques (un 31 novembre et un 29 février pour les années non bissextiles),
en prenant la moyenne des deux jours voisins.
» Ces bases établies, et l’année tropique étant ainsi ramenée à une année
angulaire comptant 360 jours sensiblement distants de 1 degré en longi-
tude, j'ai procédé au rapprochement quatre à quatre de ces jours placés
sur l'écliptique à des distances angulaires de go degrés.
a nie de che TOR
2-23 et
(1) Ces jours doubles sont les 10-11 et 29-30 avril, le 29-30 juin, les 12-13, 2
30-31 juillet, enfin le 7-8 octobre.
Dans les PL. N, O et P, j'ai spécifié, pour la presque totalité des go jours quadruples, S
quatre jours tropiques qui s’y concentrent. Pour le petit nombre de ceux qui ne sont pas
détaillés, leur composition se déduira avec la plus grande facilité.
( 935)
» Il en résulte, comme on voit, 90 Jours quadruples, et, comme il fallait
leur assigner à chacun un rang numérique, j'ai naturellement pris pour
origine et pour premier jour quadruple celui qui réunit les deux solstices
et les deux équinoxes, et qui se compose des 22 décembre, 21 mars, 21 juin
et 23 septembre. ;
* Comme dans mes précédentés recherches, j'ai soumis succéssivémént
ce mode de coordination des quatre jours solidaires à la double épreuve
d'un certain nombre d'années consécutives et d’une seule année (1864)
considérées dans plusieurs stations européennes (1).
» Le premier groupe que j'ai étudié comprend dix années (22 dé-
cembre 1842-22 décémbre 1852) considérées dans trois stations : Tou-
louse, Bruxelles et Londres. En exaininant la PL. N, il me paraît impossible
de n’être pas frappé de la similitude d’allure des trois courbes qui corres-
pondent à ces trois localités, surtout dans lé premier et le troisième tiers
des 90 jours quadruples. La portion présque centrale qui, du 46° au
64° jour quadruple, comprend les jours critiques de février, mai, août et
novembre, présente individuellement de plus grandes anomalies dans la
Position des termes ‘extrêmes; mais la dernière courbe, qui donne la
moyenne des trois localités, décèle au contraire une régularité remarquable
et un abaissement graduel vers le 54° jour quadruple : ‘13 février, 15 mai,
17 août, 16 novembre. |
» La-PI. O réunit deux aütrés termes de comparaison :
» 1° Les deux premières courbes donnent respectivement les go jours
quadruples pour 20 ans (22 décémbre 1832-22 décembre 1852) de
Bruxelles et Londres, et la moyenne de ces deux localités est représentée
Par la troisième courbe. die maa epidot enaka]
(1) Les diverses sources auxquelles: j'ai puisé; pour la rédaction de la présente Note sont
(outre les travaux, que j'ai cités précédemment, de MM. Mædler pour Berlin, J. Glaisher
Pour Greenwich, Plantamour pour Genève et Saint-Bernard, Quetelet pour Bruxelles, Bé-
rigny pour Versailles, Müller pour Ichtratsheim, Secchi pour Rome, Aguilar pour Madrid,
Petit pour Toulouse, Bôuvard pour Paris) : 1° un savant Mémoire de M. James Forbes sur
le climat d'Édimbourg, publié dans les Transactions de la Société Royale de cette ville (1860);
2° un Mémoire non moins intéressant de M. C. Jelinek sur la température moyenne à Vienne,
publié dans les Comptes rendus de l’ Académie des Sciences de cette ville (1866); 3° le Mémoire
très-important et déjà ancien de M. Karl Fritsch sur la météorologie de Prague, publié dans
les Mémoires. de la Société royale des Sciences de Bohéme (1850). Enfin, je dois à l'obli-
sance de MM. Quetelet père et fils la communicätion de documents encore inédits, tels que
te resumé des températures moyennes diurnes de Bruxelles pour dix ans (1853-1863 La
les moyennes diurnes de l'année 1864.
G. R. 1867, 17 Semestre. (T. LXIV, N° 49.) 14
8
( 936 )
» Les limites imposées à nos communications ne me permettent pas d'in-
sister avec détail sur la comparaison de ces trois courbes. Je ferai seule-
ment remarquer que les grands traits sont les mêmes (maxima des 2°, 14,
25°, 56°, 85° jours quadruples; minima des 5°, 20°, 28°, 60° à 61°, 81°,
89° jours quadruples).
» Le milieu des fébruarides, qui, comme dans la PL. N, offre de grands
écarts entre les deux courbes individuelles, se résout aussi, dans leur
moyenne, par un minimum du 51° au 53° jour, précédé et suivi de
maximum.
» 2° Mon but étant en ce moment de faire ressortir le côté cosmique ou
astronomique de la question, en laissant dans l'ombre tout ce qui peut
tenir aux conditions terrestres des stations examinées, j'ai toujours combiné
ensemble, pour ces diverses stations, les jours quadruples de même rang.
Mais il est clair que, dans une autre partie de mon travail, je devrai consi-
dérer l'influence de ces conditions terrestres (latitude, longitude, altitude,
voisinage ou éloignement de la mer, vents dominants, etc.), lesquelles peu-
vent déplacer graduellement, d’une station à l’autre, la position des jours
extrêmes. Pour donner uue idée de ces modifications, j'ai comparé dix
années (1795-1805) que je trouve calculées à part dans les excellents Mé-
moires de MM. James Forbes et Jelinek, pour Edimbourg et Vienne, et que
j'ai représentées dans les trois dernières courbes de la PI. O.
» Si l'on compare la première et la troisième de ces courbes, on leur
trouve des allures à peu près entièrement opposées, ce qui semble contre-
dire la thèse que je soutiens dans ces Mémoires; mais un examen plus at-
tentif montre que cette opposition apparente résulte seulement du dépla-
cement des oscillations. Et on en trouve facilement la preuve dans la
courbe intermédiaire, que j'ai construite en combinant ensemble les jours
quadruples des deux stations, mais en reculant de deux jours chacune des
cotes de la courbe Edimbourg. Or, cette courbe ainsi construite et rap-
portée aux jours de Vienne se trouve, comme on peut s’en assurer, €n con-
cordance presque parfaite avec la courbe de Vienne (1).
» La marche des phénomènes était donc sensiblement la même des deux
côtés ; seulement chacune des oscillations se faisait sentir à Vienne moyen-
nement deux jours plus tard qu’à Edimbourg.
(1) Afin de rendre la chose plus nette, j'ai tracé en ponctué la courbe ere rt
reculée de deux jours vers la droite. On saisit de suite ses rapports d’allure avec la courbe
de Vienne et avec la moyenne. 2
( 957 )
» Pour une année isolée (22 décembre 1863-22 décembre 1864), les
trois courbes pleines de la PI. P donnent respectivement la moyenne de
Madrid, Rome, Marseille et Toulouse; celle de Versailles, Ichtratzheim,
Bruxelles et Londres; celle de Genève et Saint-Bernard; enfin, la courbe
ponctuée reproduit la moyenne des trois autres courbes. Le parallélisme
des allures générales est tellement frappant, qu’il me paraît superflu d’ajouter
ici aucun développement.
» Ainsi, lorsqu'on compare entre elles les stations de l’Europe occiden-
tale, au point de vue d’où nous nous plaçons dans cette étude, on voit que,
soit qu’il s’agisse d’un certain cycle d’années (10 ans, 1595-1805; 1843-
1853; 20 ans, 1833-1853) ou d’une seule année (1864), il se décèle une
certaine solidarité dans le mouvement des températures moyennes des
quatre jours placés sur l’écliptique à go degrés l’un de l'autre.
» On remarquera qu'il n’est encore ici question que des jours conjugués
et combinés quatre à quatre. Dans mes cinquième et septième Notes (PI B
et J), J'ai déjà indiqué, pour les 160 jours que je considérais alors et pour
4o ans de Paris, quelques rapports entre les allures dè chacune des quatre
courbes individuelles et l'allure de la courbe moyenne qui les relie. Mais
j'ai réservé entièrement (1) pour une autre partie de mon travail ce déve-
loppement naturel et nécessaire de la pensée que J'expose ici, tout en fai-
sant observer que cette pensée et ses conséquences pratiques, si elle doit
en avoir, ne seront complètes qu'après ce développement.
» Une autre question se présente, c’est celle-ci : la période annuelle
ainsi démontrée présente-t-elle les mêmes caractères, la même marche
Pour toutes les années?
» Les développements donnés dans ma deuxième Note (2) prouvent déjà
qu'il n’en estrien pour les quatre intervalles de 40 jours que j'avais d’abord
considérés. Afin de résoudre la question pour l’année entière, j'ai calculé
séparément les huit courbes de la PL Q, qui représentent la marche des
90 jours quadruples pour :
» 50 ans (1814-1864) de Londres;
» 110 ans (1719-1839) de Berlin;
» 40 ans (1800-1840) de Prague;
» 90 ans (1775-1865) de Vienne; -
» 4o ans (1795-1851) d'Edimbourg;
D PUR E
(1) Comptes rendus, t. LXII, p. 1213.
(2) Comptes rendus, t. LX (10 avril 1855). -
124..
( 938 )
» 24 ans (1839-1863) de Toulouse ;
» 21 ans (1806-1827) de Paris;
» 30 ans (1833-1863) de Bruxelles.
» Si l’on compare ces huit courbes deux à deux, malgré des coincidences
trop constantes pour être fortuites (1), on pent affirmer que le phénomène
pe présente pas toujours les mêmes phases; et, pour s’en convaincre, il suf-
firait de rapprocher l’une de l’autre les deux courbes de Berlin et de
Vienne, lesquelles, portant chacune sur une centaine d'années environ, de-
vraient avoir entre elles la plus grande analogie, les circonstances acciden-
telles étant le plus complétement éliminées.
» Mais de la discussion de tous ces documents se dégage-t-il quelque
chose de constant et d’assez bien déterminé dans certains maxima et mi-
nima, ou leur combinaison aboutira-t-elle à donner, à la limite, une ligne
sensiblement droite?
» La PI. R répond à cette question.
» Dans les quatre premières courbes j'ai représenté respectivement:
1° la moyenne des 24 ans Toulouse, 21 ans Paris et 30 ans Bruxelles;
2° la moyenne des 90 ans Vienne et des 40 ans Prague; 3° Ja moyenne des
50 ans Londres et des 4o ans Édimbourg; 4° les 110 ans Berlin. Enfin,
la dernière courbe résulte de la moyenne des quatre premières. Or, il y a,
dans la marche de cette courbe moyenne, des traits trop bien marqués
et trop manifestement en rapport avec les parties correspondantes de cha-
cune des quatre courbes isolées (2), pour qu’on puisse se refuser à y re-
(1) Entre autres, les minima vers les 20°, 33°, 80° ou 81° jours, et les maxima vers les
14°, 4o°, 85° jours.
(2) Tels sont, en particulier, les minima des be-Ge, 11°, 20°, 33°, 43°, 54°, 71°, 80°
et 89° jours, et les maxima des 2°, 9°, 14°, 4o°-4re, 47°, 66°-67°, 73°-74° et 85° jours.
On peut aussi remarquer que cette courbe moyenne se divise en deux portions presque
égales, et dont Ja température générale est assez différente. Les 50 jours quadruples com-
pris entre le 48° et le 78° ont une température moyenne de 9°,74, tandis que la tempéra-
ture moyenne des 40 autres jours n’est que de 9°, 46. Mais j'ai déjà fait observer que, pour
une même année, les maxima et minima absolus se déplacent avec les localités situées dans
des conditions différentes, les maxima et minima relatifs pouvant rester dans les mêmes
rapports.
Au reste, pour rendre plus frappante cette tendance de la température à s’abaisser ou à
s'élever à certaines échéances particulières des jours quadruples, j'ai réuni dans le petit
tableau suivant les dates quadruples des maxima et des minima, ou plutôt des élévations et
des dépressions de la température dans les trois courbes qui représentent respectivement la
moyenne des 10 ans de Toulouse, Bruxelles et Londres, la moyenne des 20 ans de Bruxelles
( 939 )
connaitre quelque chose de constant qui se dégage des oscillations pério-
diques et variables d’une année à l’autre. i
» En résumé, la solidarité météorologique que j'établis entre les quatre
jours placés symétriquement sur l'écliptique présente une marche réguliere
lorsqu'on considère une année donnée. Cette marche n'est pas la même pour
et Londres, la moyenne des 405 ans répartis irrégulièrement sur les huit stations précitées
(PI. N, PI. O et PI. R).
JOURS DE MAXIMA OU D'ÈLÉVATION DE TEMPÉRATURE.
ans de Toulouse ,
Bruxelles et Londres. . 2 ” |4 | 25 | 30 | 4o | 46 | n | n 164-65] 73 | n |85
20 ans de Bruxelles et
ondres. A $ E 30 4i nm V 50 | 56 " 72 | »:| 86
Moyenne générale des
Du... DR 2 9 114 | 25 | 30 [40-41] 47 | » | » {66-67|73-74| » | 85
JOURS DE MINIMA OU DE DÉPRESSION DE LA TEMPÉRATURE.
10 ans de Toulouse,
Bruxelles et Londres.. a n | 20 | 28 |33-34| 43 | 54 | » | 68 n n 81 | 89
20 ans de Bruxelles et
en LT M 5 artio i-a T3: RET os T OEF] P 75 | 8t | 89
Moyenne générale des
Mis. 5-6 | » | 2 | ” | 33 43 | 54 | 61 | » | 7 77 | 80 | 89
On voit que, pour les maxima comme pour les minima, il y a au moins sept dates qua-
druples qui amènent un retour constant des mêmes influences.
C’est ici le lieu de rappeler un très-estimable Mémoire que M. A. Serpieri a récemment
publié dans ze Bulletin des Observations météorologiques d’Urbino. L'auteur y démontre qu’en
discutant la formule de Bessel, ou toute autre analogue, qui représente empiriquement un
phénomène périodique de la météorologie, on trouve une dépendance et une certaine soli-
darité entre les quatre ordonnées de la courbe qui sont placées respectivement à la distance
d’un quart de la période entière. Ainsi, pour le jour, quatre heures équidistantes, et,
Pour l’année, quatre mois équidistants donnent sensiblement la moyenne. Il arrive de même
à conclure que la moyenne de quatre jours équidistants dans l’année fournira sensiblement
la moyenne de l’année.
Appliquant sa méthode aux 110 ans de Berlin, calculés par M. Mædler, le savant météo-
rologiste d’'Urbino compare la moyenne annuelle des 365 jours aux moyennes que donne-
raient respectivement six combinaisons, prises au hasard, de quatre jours équidistants dans
l'année, et il trouve pour une d’entre elles un écart de + 0°, $4, qui lui paraît insignifiant,
Mon Procédé me permet de calculer directement l'écart maximum qui est, pour le 6° jour
quadruple, de — 0°,85, c’est-à-dire de près de 1 degré. Je ne sais si M. Serpieri trouverait
cet écart encore négligeable. Pour les go ans de Vienne, le 89° jour quadruple donne un
écart maximum de — 0°,68. Pour les o ans de Prague, le 33° jour quadruple donne un
( 940 )
toutes les années. Il ne reste plus qu’à rechercher s’il y aun certain cycle
d'années qui ramène périodiquement le phénomène avec les mêmes
caractères.
» Mais, avant d'entreprendre cette recherche, je veux encore signaler un
autre retour annuel des influences semblables.
» Au lieu de diviser les 360 jours de l’année angulaire que nous venons
de considérer en quatre quadrants de go degrés, partageons-les en douze
séries égales de 30 jours chacune, qui seront les douze mois de cette année
angulaire; combinons ensemble douze à douze les dates égales de chacun
de ces mois, et cherchons si les 30 jours dodécuples que nous obtiens
drons de cette manière ne présenteraient pas aussi quelque chose de régu-
lier dans les allures de leur température moyenne.
» C’est pour l’élucidation de cette nouvelle question que j’ai construit
les PL S et T.
» Les trois premières courbes de la PL. S donnent respectivement la tem-
pérature moyenne des 30 jours dodécuples pour les 10 années (22 dé-
cembre 1842-22 décembre 1852).considérées à Toulouse, Bruxelles et
Londres. La moyenne, représentée par la quatrième courbe (ponctuée),
offre une double oscillation bien marquée (1).
écart maximum de — 1°,52. Pour les 24 ans de Toulouse, le 13° jour quadruple donne un
écart maximum de + 1°,04.
Quant à une année isolée (1864), on trouve, entre le jour quadruple maximum et le
jour quadruple minimum de l’année, des différences comme celles-ci :
Madridin. Moins SH PE. 6,30
Versailles. . :.... Sie US 17148 ,68
Ichtratzsheim : 4. : 54 2: EURE TN 2069
Bamternaedi. D Lin JA. 10,81
Nijne-Taguilsk . : :... to ait 13,58
Je me féliciterais si, après la lecture de la présente Note, les météorologistes, au lieu de
voir dans ces écarts des perturbations purement accidentelles, considéraient les courbes sl
régulièrement ondulees que je mets sous leurs yeux comme la représentation d’oscillations
normales, soumises à des retours périodiques, et qui sont peut-être la conséquence naturelle
de relations déjà connues.
(1) Cette oscillation est encore mieux sentie dans la cinquième courbe (aussi pone }
qui est construite en reculant d’un jour vers la droite la courbe de Toulouse et avança ”
d’un jour vers la gauche la courbe de Bruxelles. ee
(941)
Le maximum tombe sur le 14° jour dodécuple :
O —
4 janvier 3 février 4 mars
3 avril 5 mai 4 juin
5 juillet 7 août 6 septembre
6 octobre 6 novembre 5 décembre
et le minimum au 20° jour :
©"
10 janvier 9 février 10 mars
9 avril 11 mai 10 juin
11 juillet 13 août 12 septembre
13 octobre 12 novembre 11 décembre
» La sixième courbe, qui représente les 20 ans (22 décembre 1832-
22 décembre 1852) à Londres et à Bruxelles, subit absolument les mêmes
inflexions; de sorte que l’on peut affirmer que, pendant ces 20 ans, dans
l'Europe occidentale, la température du 14° jour dodécuple, c’est-à-dire la
moyenne du 5 des douze mois tropiques (du 3 au 5), a été la plus chaude de
l’année, et la température du 21° jour dodécuple, c’est-à-dire la moyenne
du 12 des douze mois tropiques (variant du 10 au 14) a été la plus basse.
» Pour les 10 ans des trois localités, la différence est de 1°,10; pour les
20 ans de Londres et Bruxelles, elle est de 0°,95.
» Dans les courbes suivantes, j'ai représenté à part les 10 ans (1795-1805)
de Vienne et d'Édimbourg, et leur moyenne en combinant le 1° jour de
Vienne avec le 3° d'Édimboureg, le 2° avec le 4°, ete., c’est-à-dire en admet-
tant, comme pour les jours quadruples, que le phénomène se produit à
Vienne deux jours plus tard qu’à Édimbourg.
» Enfin, des quatre dernières courbes de la PL S, les trois courbes
pleines sont consacrées à une année isolée (1864), étudiée respecti-
vement dans les trois zones : Madrid, Rome, Marseille, Toulouse ; Genève,
Saint-Bernard ; Versailles, Ichtratzheim, Bruxelles, Londres, et la courbe
Ponctuée, à la moyenne des trois autres.
» On retrouve encore là très-nettement la double oscillation ; seulement,
le 15° jour n'offre qu'un maximum relatif, le maximum absolu tombant sur
le 24° jour dodécuple, qui représente, en moyenne, le 15 dans les douze mois
(variation du 13 au 17), tandis que le minimum absolu tombe sur le 11
moyen des douze mois tropiques, ou sur le 20° jour dodécuple (1).
PE
(1) On voit, d’après cela, que la locution proverbiale des saints de glace peut s'appliquer,
à la rigueur et d’une manière générale, à la période du 10 au 14 de chacun des douze mois
( 942 )
» La PI. T réunit les huit courbes donnant la température moyenne
des 30 jours dodécuples pour 4o ans de Prague, 1 10 ans de Berlin, 4o ans
d'Édimbourg, 5o ans de Londres, 90 ans de Vienne, 24 ans de Toulouse,
21 ans de Paris et 30 ans de Bruxelles.
» La courbe moyenne reproduit la double oscillation que j'ai déjà
signalée : on y reconnait, en particulier, le maximum du 14° jour et le mi-
nimum du 20° jour, qui, là comme précédemment, est un minimum absolu.
Mais l’irrégularité de la courbe comparée aux allures de celles qui réunis-
saient un même cycle d'années considérées dans plusieurs localités montre
que, si l’on ne peut nier une période annuelle, qui établit une certaine soli-
darité entre les douze jours séparés l’un de l’autre de 30 degrés sur l’éclip-
tique, ou portant la même date dans le mois angulaire, cette période, comme
celle des saisons angulaires ou des jours quadruples, présente des caractères
variables d’une année à l’autre. :
» Il y a donc lieu, pour les deux ordres de coïncidence, à rechercher s'il
n'y aurait pas un cycle d'années qui, dans une station donnée, ramènerait
périodiquement les mêmes échéances.
» C'est à cette étude que je consacrerai ma neuvième Note. »
PATHOLOGIE, — Collection de calculs urinaires, classés d’après leur structure
et leur développement ; par M. Civiaze.
« J'ai l'honneur de placer sous les yeux de l’Académie une collection de
calculs urinaires que j'ai formée durant ma longue pratique, et qui est à la
fois le complément et le résumé de mes travaux sur l'affection calculeuse.
L'étude des concrétious urinaires a été renouvelée par la lithrotritie, dont
les applications exigent une connaissance précise de la structure et des
caractères physiques de la pierre, moins nécessaire pour la pratique de la
taille.
il ste
de l'année. On pourrait tirer une conclusion analogue d’un très-intéressant Mémoire de
M. Fournet sur les oscillations périodiques de la température et sur leur influence dans la
pronostication (Annales de la Société d’Agriculture de Lyon, 1857), dans lequel le savant
Correspondant de l'Académie compare 12 ans ( 1826-1838) de Saint-Jean -de-Maurienne et
10 ans (1540-1850) de Paris et de Marseille, au poiut de vue de la température moyenne de
chaque jour de l’année. En effet, parmi les grands refroidissements communs à ces trois
périodes, il cite les 13 décembre, 9 janvier, 12 février, 10 avril, 8 mai, 8 juin, 12 juillet,
12 août, 15 septembre et 17 novembre, Ainsi, pour ces dix mois, le grand refroidissement
tomberait moyennement du 11 au 12, variant entre le 8 et le 17:
( 943 )
» J'ai étudié les concrétions urinaires à la manière des minéralogistes,
armé du ciseau et de la loupe, divisant les masses et isolant leurs parties
constituantes. J'ai employé tour à tour la scie, le coin, le marteau, agissant
directement sur la pierre, ou frappant sur le ciseau pour détacher des
éclats.
» J'ai eu souvent recours à un procédé moins connu, qui consiste à faire
éclater la pierre en agissant sur la partie centrale. C’est par ce mode de
morcellement qu’on obtient les éclats les plus nets, quand la pierre est
ure.
» En formant cette collection, mon dessein a été de faire connaître les
nombreuses variétés de concrétions urinaires et leur structure intime. Les
écrits et même les figures sont insuffisants, quand il s’agit de montrer l'ar-
rangement moléculaire des corps. Le dessin, qui parle aux yeux, ne rend
pas les particularités, les menus détails et la disposition des éléments com-
posants. Il n’est rien de tel que de voir un objet, pour en saisir les carac-
tères.
» En réunissant sur des cartons et des planchettes des séries de graviers
et de calculs que rapprochent certaines analogies, j'ai dressé en quelque
sorte des tableaux naturels, très-propres à faciliter l'étude des produits de
l'affection calculeuse.
» Les calculs de ma collection proviennent de 2700 malades que j'ai
traités depuis 1824, et dont 1600 ont été opérés par la lithotritie. Une
grande partie de la poudre et des débris rendus par ces derniers a été utili-
sée pour les analyses chimiques.
» Les concrétions urinaires, à l’état rudimentaire, se présentent sous
forme de cristaux, de paillettes, de poudre amorphe, de pâte molle. J'ai re-
cueilli ces dépôts, et, après dessiccation, je les ai fixés sur des ronds de
Papier. J'ai usé du même procédé pour les débris et les éclats pierreux ren-
dus par les malades, après l'opération, quelquefois en quantité considé-
rable. Les ronds de papier sont soigneusement collés sur le carton ou la
planchette. .
» Les calculs isolés sont fixés sur des planchettes recouvertes d’une
feuille de papier-linge qui adhère au moyen d’une forte solution de gomme.
Pour rendre plus solide ladhérence du calcul, j'ai pratiqué à l'emporte-
Pièce, dans le bois de la tablette, des excavations dans lesquelles s'engagent
des brins de coton imbibés de gomme, qui font comme un coussinet d’au-
tant plus épais que les calculs sont plus volumineux et d’une configuration
irrégulière, Quelques pierres reposent sur une espèce de socle.
C. R., 1867, 19° Semestre, (T. LXLV, N° 19.) 129
( 944 )
» Ainsi, chaque pièce est solidement fixée et ne peut se détacher que
par exfoliation, lorsque la couche extérieure de la pierre se sépare et reste
collée à la planchette. C'est ce qui a lieu pour les calculs exfoliés, dont la
croûte est d’une consistance très-faible.
» Si une pièce se détachait par accident, il serait facile de la remettreen
place, en laissant tomber quelques gouttes d’eau sur le lieu qu’elle occu-
pait. Au bout de quelques heures, le coussinet ramolli permet de fixer de
nouveau la pierre. Pour plus de sûreté, on ajoute quelques brins de coton
imbibés de gomme. La pierre se trouve fixée dès le troisième jour.
» Pour prévenir toute détérioration du papier-linge, je l'ai fait recouvrir
d’une couche de vernis.
» Mes observations mont conduit à établir des distinctions essentielles (1)
par rapport aux éléments, à la formation et au développement des concré-
tions urinaires. J'indiquerai brièvement ces distinctions.
» Il y a deux classes de calculeux. Dans la première figurent tous ceux
dont la pierre constitue toute la maladie. Dans la deuxième, l'affection
calculeuse est précédée de désordres locaux ou généraux.
» Dans les cas simples, les dépôts de l'urine ont pour base l'acide urique
et ses composés, l’oxalate calcaire et la cystine. On croit généralement que
ces dépôts se forment lorsque l’urine ne contient pas assez d’eau pour main-
tenir en dissolution les substances salines que sécrètent les reins à l'etat
normal. :
» Ces dépôts sont expulsés naturellement et en grande quantité sous
forme de cristaux, de paillettes, de poudre amorphe. Van Helmont a écrit
que chaque homme rend journellement sa pierre en détail.
» Un grain reste-t-il dans la vessie, il devient le noyau d’un calcul qui se
développe par couches lamellées ou par grains agglomérés ; quelquefois ces
deux modes de développement alternent ou coïncident. De là trois grandes
divisions correspondantes dans le développement des calculs.
» Dans le développement par lamelles, qui passe pour être le plus com.
mun, la matière solidifiable de l'urine se dépose autour d’un grain primitif ;
les couches qui se superposent ainsi les unes aux autres ont été comparées
aux tuniques d'un oignon ; elles sont en général très-serrées. :
» Dans la structure granulée, qui est en réalité la plus commune, ”
grains se forment et grossissent isolément ; après avoir acquis un FEPER
volume, ils s’agrégent aux autres grains, tantôt d’une manière régulière,
les
(1) Traité de l'affection calculeuse, p. 22-26.
( 945 )
tantôt sans ordre, ce qui donne à la pierre une configuration extraordi-
naire. Dans quelques graviers arrondis, la matière agglutinative qui sert à
unir les grains forme à l'extérieur une croûte assez mince pour laisser
entrevoir les granulations sous-jacentes. Dans les calculs, cette croûte aug-
mente d'épaisseur et forme une enveloppe solide. Cette croûte se montre
aussi dans plusieurs gros graviers dont la structure se modifie et tend à
devenir mixte.
» Les concrétions, à leur première période de développement, sont le
plus souvent d’une structure simple et homogène, les unes granulées, les
autres lamellées.
» Il n'en est pas ainsi des calculs. Un petit nombre seulement de gra-
viers lamellés continue à se développer par couches successives. Notons ici
une particularité importante. Les lignes concentriques qui délimitent les
couches sont coupées par d’autres lignes excentriques qui rayonnent du
noyau vers la périphérie. Cette disposition rend les calculs fragiles, au point
qu'il y en a qui se brisent spontanément dans la vessie. Ces calculs cas-
sants, une fois hors de la vessie, se désagrégent au moindre choc, quelles
que soient d’ailleurs leur composition et leur consistance.
» Les graviers granulés se transforment à mesure qu'ils grossissent, et
les granules se mélent aux lamelles. Dans la plupart des cas, les couches
lamellées alternent, soit avec d’autres couches d’une structure et d’une
Composition différente, soit avec des dépôts granulés. Les combinaisons
varient.
» Il y a des calculs granulés à l’extérieur, et lamellés à l’intérieur. D'au-
tres, en plus grand nombre, présentent la disposition inverse. Quand les
deux stuctures alternent ou se confondent, le calcul ést mixte. Nous ne
faisons que mentionner les calculs à couches alternantes, qui rentrent dans
la deuxième classe. Remarquons, en passant, qu’il y a des calculs noirs qui
sont blancs à l’intérieur, tandis que d’autres sont recouverts d’une couche
jaune ou grise. an ;
» Quant aux calculs composés, il faut se rappeler que les éléments
simples en apparence ne le sont pas en réalité. L’acide urique, par exemple,
est associé à l’urate de potasse, de soude et d’ammoniaque, à l’oxalate
et au phosphate calcaire. Dans ce cas, les cristaux ne présentent pas la
même régularité que dans les concrétions homogènes. D’après Walther,
l'acide urique cesse d’être pur, lorsque le calcul dépasse le volume d’un
aricot,
» Toutes les fois que le gravier séjourne longtemps dans la vessie, son
rab..
( 946 )
action sur la surface vésicale provoque une phlegmasie, et, par suite, une
sécrétion morbide, dont le produit se mêle à l'urine et modifie la nature
des dépôts lithiques; en sorte que les lamelles et les grains récemment for-
més ne ressemblent aux premiers ni par la structure ni par la composition.
L'influence de la matière animale unissante sur le développement des cal-
culs est considérable.
» Dans les concrétions d’oxalate calcaire, ainsi que dans les dépôts d’acide
urique, on observe la structure granulée et aussi la structure mixte. Les
dépôts d’oxalate calcaire sont rarement expulsés à l’état de sable et de gra-
velle.
» Les calculs de cystine pure sont rares. La cystine, facile à reconnaitre
à l’état de pureté, échappe aux regards quand elle est associée à d’autres
substances. J'ai signalé, à l’article des concrétions granulées, les caractères
particuliers des calculs de cystine (1).
» Les variétés de forme sont infinies. A part la structure du calcul, plu-
sieurs circonstances peuvent influer sur sa configuration, et notamment les
organes dans lesquels il se développe et les variétés du noyau.
» Lorsque le col de la vessie est dilaté et la prostate plus ou moins atro-
phiée, cas fréquent, les gros calculs sont allongés et comprimés circulai-
rement. .
» On voit des pierres vésicales qui sont étranglées par le milieu ou vers
une de leurs extrémités. D’autres présentent un ou plusieurs sillons pour
l'écoulement des urines. Il en est qui sont excavées du côté correspondant
à des tumeurs du corps ou du col de la vessie.
» Lorsque plusieurs calculs sont en contact dans les voies urinaires, ils
se développent irrégulièrement, et présentent le plus souvent des facettes
plates, concaves ou convexes, à surface polie. Ces calculs sont très-
communs. |
» Le développement irrégulier des concrétions urinaires dépend, en
résumé, de la conformation vicieuse ou de la déformation des organes et
du frottement des calculs les uns avec les autres.
» Le noyau, dont nous avons aussi noté l'influence, existe dans presque
tous les calculs lamellés. Quelquefois l'écorce et le noyau se confondent
et Sa TR 2
(1) Voir les faits recueillis dans un Mémoire spécial que j'ai présenté à l'Académie des
Sciences, et qui a été reproduit dans l'ouvrage intitulé : Traitement médical et préservatif de
la pierre et de la gravelle, p. 403 (Paris, 1840, in-8). oir aussi une Note de M. Pelouze
à la suite du Mémoire cité,
\
(947)
dans les calculs homogènes. Les noyaux sont généralement des grains
pierreux extrêmement durs.
» Au centre des concrétions les plus résistantes (celles d’oxalate calcaire,
par exemple), on trouve cependant des noyaux sans consistance, formés
d'un amas de substance amorphe ou d’un simple dépôt calcaire.
» La nature, la forme, la situation des noyaux exercent une grande in-
' fluence sur la configuration de la pierre. Il en est de même des noyaux
multiples. Les calculs à noyau excentrique et à noyaux multiples sont très-
remarquables sous le rapport de la configuration.
» La présence des corps étrangers dans la vessie doit fixer l'attention du
chirurgien, et parce qu’elle est très-commune, et parce que les corps
étrangers qui servent de noyaux à la pierre modifient à la fois la configu-
ration, la structure et même la composition des concrétions urinaires (1).
» Formes extraordinaires. — Il y a des calculs coniques, pyramidaux,
triangulaires, cubiques, carrés, tétraédriques, etc. On a vu des pierres qui
ressemblaient à un champignon, à un cœur, à un cerveau. Il y a beau-
coup de pierres plates. Ces formes extraordinaires n’ont point de causes
connues,
» L’aplatissement et les facettes ne sont pas toujours l'effet de la pluralité
des calculs. J'ai retiré quatre pierres de la vessie d’un malade : l’une était
allongée, la deuxième ressemblait à une pyramide triangulaire, les deux
autres étaient plates.
» Astley Cooper a retiré d’une vessie 140 calculs, tous plus ou moins
cubiques; Wilson en a extrait 8 qui étaient tous ovoïdes. Covillard retira
de la vessie d’un malade 13 pierres, dont 2 ou 3 seulement à facettes.
mm è
(1) En 1838, je présentai à l’Académie un tableau de 166 cas, où l’on remarque parmi
les corps étrangers venus du dehors, et dont plusieurs sont devenus le noyau d’une pierre,
25 épingles ou aiguilles, 1 poinçon, 2 cure-oreilles, 6 fragments d’os, 5 dents, 18 sondes
ou bougies flexibles ou rigides, 12 morceaux de bois, 6 étuis à aiguilles, 1 bouchon, 13 tiges
d'épis de graminées ou fétus de paille, 9 bourdonnets de charpie, 6 tuyaux de pipe, 3 tubes
de verre, des fruits divers, des plumes, des poils, sans compter la série des corps qui sont
Parvenus dans la vessie à la suite d’accidents et de blessures par armes de guerre, tels que
balles, grains de plomb, ferrets d’aiguillettes, esquilles d'os (Traité de l'affection calculeuse,
P- 78). J'ai, depuis cette époque, retiré de la vessie, dans l’espace de quelques années,
19 sondes ou bougies en gomme élastique, 2 en gutta-percha, 2 en métal, 1 bougie de cire,
1 lanière de cuir, 2 porte-plumes, 1 manche de pinceau, 2 fragments d’os, 1 bout de
tendon, 1 mèche de charpie, 1 tube de baromètre, 1 médaillon. On peut voir les détails
de ces faits dans le Bulletin de l'Académie de Médecine (t. XXV, n° 19). Ces accidents ne
Sont pas rares,
948 )
» La longueur de certains calculs des reins, des uretères ét de l’urètre
est attribuée à l’action de ces divers organes, qui semblent servir de moules.
On trouve cependant des calculs très-allongés dans la vessie, et il n’est pas
rare de trouver dans les uretères ou dans l’urètre des calculs ronds ou
ovoides.
» On ne trouve pas plus de rapports entre les déformations que peut
éprouver la vessie et les calculs annulaires, perforés, branchus, articulés, en -
chapelet, en croissant.
» Cas rares. — J'ai rangé sous ce titre une série de pièces de toute nature,
dignes de fixer l'attention par leur configuration, leur composition et sur-
tout leur structure. À la première vue, le développement de ces pierres
paraît ne pas se ranger sous la loi commune; mais un examen attentif fait
découvrir cette loi persistant sous des variations apparentes.
» Dans un grand nombre de calculs de cette série, les aspérités et les
mamelons de la surface externe paraissent résulter uniquement des pous-
sées de la matière intérieure. Il y a une sorte de soulèvement qui mérite de
fixer l'attention.
» Dans les calculs qui ne présentent pas la même configuration, les irré-
gularités de la surface se produisent d’une manière toute différente. Cette
disposition très-remarquable se présente avec des caractères particuliers
dans quelques-unes des pièces que j'ai pu réunir. On observe à la surface
de ces pierres les deux modes de formation que j’ai déjà signalés, avec des
modifications qui varient. |
» Les principales particularités de structure des pierres que je produis
comme échantillons des cas rares, dépendent des changements survenus
dans la dernière période de développement, ainsi que des dépôts calcaires
qui se sont faits à la surface, notamment dans les cas où la piérre a séjourné
longtemps dans la vessie.
» Débris pierreux provenant de l'opération. — Dans ma collection figurent
plusieurs calculs qui ont été soumis dans la vessie à l’action des instruments
lithotriteurs. Les uns ne sont qu’écornés ou perforés, les autres sont réduits
en éclats assez ténus pour sortir par l’urètre.
» L'action mécanique des instruments lithotriteurs sur les calculs vési-
caux est surtout appréciable par la forme des éclats restés dans la vessie ou
des fragments et des débris expulsés après chaque séance. Les pièces sont
disposées de manière à montrer l’action graduelle des divers instruments.
Les résultats diffèrent d’après la nature et le volume de la pierre, et surtout
d’après les instruments employés.
( 949 )
» Le trilabe agit autrement que le lithoclaste, et la pierre qui est direc-
tement morcelée l’est autrement que celle qui ne peut être écrasée sans des
procédés auxiliaires. On sait qu’une pierre volumineuse et dure ne peut
pas être brisée et réduite en poudre par l'écrasement immédiat. Il faut dimi-
nuer sa consistance en diminuant sa force de cohésion. Avant d’agir effica-
cement par la pression, l’on a recours aux perforations préalables.
» Dans tous les cas, l’action du trilabe est trés-puissante, même dans les
circonstances les moins favorables. Cet instrument agit surtout comme
écraseur.
» Le produit des perforations est de la poudre d'autant plus fine que
la pierre est plus dure. Lorsque la pierre est friable, la poudre est gros-
sière, et il y a beaucoup d’éclats, surtout à la suite de perforations réi-
térées.
» Les instruments courbes agissent par pression ou par percussion, de
maniere à désagréger les éléments de la pierre. On obtient de la poudre,
des éclats ou des débris qui varient d’après la forme et la disposition des
branches du lithoclaste et du forceps, d’après la manière dont ces branches
s'appliquent sur le calcul, et la résistance de ce dernier.
» On remarque, à la surface et dans les anfractuosités des calculs qui ont
séjourné dans la vessie longtemps après avoir été attaqués par les instru-
ments, des couches de cristaux on de dépôts terreux abondants qui mas-
quent en partie l’action des instruments.
-» On remarquera que les pierres réunies sur l’un des cartons ont été
retirées de la vessie par la taille, après avoir été brisées. Je reviendrai sur
le nouveau procédé de morcellement dans le prochain compte rendu
de mes opérations. :
» Débris pierreux rendus par les opérés. — Jai réuni sur trois cartons à
peu prés toutes les variétés ordinaires de débris pierreux, sous les différents
rapports de la configuration, du volume et de la couleur.
» J'indique, en terminant, les concrétions de la deuxième classe, qui
sont formées des dépôts ordinaires de Purine et des produits des phlegma-
sies vésicales qui précèdent le plus souvent la formation de cette espèce de
Calculs. Les dépôts phosphatiques y prédominent.
» Le développement de ces calculs est très-irrégulier. Le plus souvent,
les dépôts phosphatiques s'associent à d’autres éléments dans des propor-
tions variables.
» Quelques malades rendent des urines fortement chargées de matière
Plâtreuse. Si cette matière n’est pas expulsée, elle peut s’accumuler dans
(950 )
l’espace de quelques semaines, en quantité suffisante pour former une grosse
pierre (1). »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE: = Note relative à la locomotion par la vapeur sur’ les
| routes ordinaires; par M. SÉGUIER.
« Dans la séance du 4 juin de l’année dernière, nous avons eu l'honneur
de développer devant l'Académie quelques considérations sur le meilleur
mode de solution du problème de la locomotion par la vapeur sur les routes
ordinaires. Nous étions glorieux de pouyoir revendiquer pour notre com-
patriote Cugnot le mérite incontestable d’avoir, de, prime abord, attaqué
la question de la façon la plus rationnelle. hs
» Le fardier construit et essayé en 1770 à l'Arsenal par Cugnot recevait
bien réellement en avant, comme un véhicule ordinaire trainé par des che-
vaux, la force motrice de la vapeur destinée à le mouvoir. Ce n'était pas,
comme dans les constructions que nous avons aujourd’hui sous les yeux;
par l'application de la puissance à l’une ou aux deux roues de derrière, que
cet inventeur judicieux prétendait diriger un véhicule, par la décomposition
du mouvement sollicité par le fait du seul frottement des.roues de l'avant-
train sur le sol; il avait compris que la puissance développée dans le train
de derrière, au moment où l’avant-train ferait avec ce train un angle droit,
comme lorsqu'il s'agit de partir en tournant sur soi-même, ne produirait
qu'une espèce de labourage des roues de l’avant-train sur le sol, triste effet
qui n’est évité, dans les constructions actuelles, que par l'abstention totale
d'une telle manœuvre, ce qui fait qu'aucune de ces constructions ne saurait
opérer un mouvement sur elle-même sans désembrayer une des roues mo-
trices de derrière, n'ayant plus, dans le cas d’un tournant à angle droit, que
la simple puissance de l’adhérence d’une roue sur le sol. ai té
» Nous signälions aussi, comme un autre vice grave de construc-
j Eat
tion, cette nécessité pour lé conducteur de développer, à certains moments,
une Püissance considérable dans un temps très-court, comme cela arrive
au timonier d’un navire qui doit faire parcourir un grand espace angulaire
à sa roue dé gouvernail au moment d’un virage de bord; enfin, après
avoir dit comment on pourrait ‘distribuer, au moyen de la, coulisse Ste-
phenson, la vapeur même d’une facon inégale ou inverse dans chaque paire
de cylindres chargée séparément de l'impulsion de chacune des roues de
RO e SNA ahha |
(1) Voir Traité de l'affection calculeuse, p. 22-42, 492-548. 3
(951)
l'avant-train d’une voiture construite suivant notre programme, nous ter-
minions la communication à laquelle l’Académie a bien voulu accorder
quelque intérêt, par ces mots : « N'oublions pas que pour la direction
» d’une voiture ordinaire, l'intelligence des chevaux est un constant
» auxiliaire, que la docilité la plus complète d’un mécanisme ne pourra
» jamais remplacer. » Or voici que cette réflexion a été entendue de
l'autre côté des Alpes, et que M. Stamm, habile ingénieur mécanicien
de Milan, me prie aujourd’hui d'exposer à l’Académie comment, en en-
levant, par la vapeur, au cheval toute la fatigue de la traction d’un
véhicule, il prétend associer l’intelligent animal à la sollicitude humaine,
qui devrait nécessairement être incessante si elle restait seule chargée de la
direction d’une voiture à vapeur sur route ordinaire, On est vraiment peu
rassuré quand on réfléchit aux conséquences d’une seconde, que dis-je !
d'une demi-seconde d’inattention, de la part d’un mécanicien chargé de
maintenir au milieu d’une route en chaussée de 8 à 12 mètres de large, un
véhicule à vapeur progressant même seulement à raison de 16 kilomètres
à l'heure, c'est-à-dire au train de nos anciennes malles-poste.
» M. Stamm prétend conserver aux voyageurs qui useront de cette sorte
de locomotion par la vapeur toutes les garanties qu’ils sont accoutumés
à rencontrer dans une voiture attelée de chevaux prudemment conduits.
L'association de l'instinct du cheval à l'intelligence de l’homme lui paraît
le moyen le plus efficace. Le cheval attelé et marchant ne s’endort pas; pen-
dant que son maitre peut commettre une intempérance au cabaret, il reste
toujours dans toute sa sobriété, et, faute de direction de la part de son
cocher endormi ou simplement distrait, le cheval sait conserver le milieu
de la route, éviter même les obstacles; que d'accidents journaliers sur les
routes, si le cheval ne réalisait pas souvent à lui tout seul la direction!
» M. Stamm propose donc de placer, devant le véhicule à vapeur, un
cheval attelé dans un brancard faisant partie du mécanisme, et tellement
en relation avec les organes de distribution de vapeur, que l’action d’aller
en avant de la part du cheval suffira pour mettre le moteur en marche,
tandis que l’effet de la moindre résistance modérera son action jusqu’à l’ar-
rét. Un effort de reculement opéré par le cheval déterminera le mouvement
rétrograde , Par le renversement des organes de distribution.
ba La pensée de M. Stamm nous parait en elle-même judicieuse. Son
désir est qu'elle soit communiquée à l’Académie. En le faisant, nous croyons
rendre service à tous ceux que le problème de locomotion par la vapeur
ER. 1867, 1°r Semestre. (T. LXIV, N° 49.) 126
( 952 )
peut intéresser, soit comme entrepreneurs de transports, soit comme voya-
geurs confiants et désireux d’être sûrement transportés. »
M. Is. Pierre fait hommage à l’Académie d’un ouvrage qu’il vient de
publier, et qui a pour'titré‘: « Étudés sur les engrais de mer ».
M. ce SECRÉTAIRE PERPÉTUEL fait part à l’Académie de la perte doulou-
reuse qu’elle vient de faire dans la personne de M. Panizza; Correspondant
de la Section de Médecine et Chirurgie, décédé à Pavie le-17 avril.
IA b:1 Í i i }
a
L Académie graded; par la voie du scrutin, à la nomination. d’un ,Cor-
respondant pour la Séctión d’Anatomieet de mer en Mrs
de feu M. Eudes-Deslongchamps (1). esrr19bo
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 43,
M.Pictetobtient. . . . . . 42 suffrages.
AR Sn dar mes tr à
M. Picrer, ayant obtenu la majorité absolue. des suffrages, est déclaré
PA at ei PISE UE H |
Fp Académie Pithi par. iig voie ra scrutin, à Ja nomination de la Com-
mission chargée de décerner le grand, prix. de. Mathématiques, pour. 1867
(question relative à la théorie des surfaces algébriques). oo
MM. Serret, Monne, Liouville, TAA Chasles réunissent. la majorité
des “se RRCA eomeasb 30261 i1p doigiqo
(La liste, des candidats présentés par la pecen anatomie et de AE était Ja sui-
vante : i
PEA EN Erpin SRS Kuh 06 Des à Genève. i
l M. Branor, xSsint-Pheraboure. |
fi M. Huxzey, à Londres. ;
Ei défait Das, e ex æquo, TM. LEUCKART, à Giessen. ay
pe Let en | M. Sans, à Christiania: °”
“M. Sreensraur, à pas
M. Te in idge- z8
: d x T
LT AIS 9 SET
(953)
MÉMOIRES. LUS.
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Note: sur. la localisation de la commotion
cérébrale; par M. S. Laucer,
(Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie. )
«Les sciences biologiques s’éclairent mutuellement, et de même que la
physiologie du système nerveux cérébro-spinal s’est fondée non pas seule-
ment sur l'expérience directe, mais encore sur l'étude et l'interprétation de
faits pathologiques pour déterminer les fonctions de diverses parties du
cerveau, de même il est naturel que la connaissance du siége des maladies
de cét'organe 's’obtienne ou se perfectionne en s'appuyant sur les décou-
vertes de la physiologie expérimentale, Grâce aux travaux des physiologistes
modernes, et en particulier de MM. Flourens, Serres et Longet,.il est en
effet aujourd’hui un nombre. notable de données positives qui peuvent
servir de base à la délimitation du siége de‘plusieurs lésions spontanéees ou
traumatiques du cerveau. C’est à l’aide dë ces données que je vais essayer
de circonscrire la localisation d’uné lésion de fonctions fréquente de cet
organe, connue sois te nom de commotion cérébrale. Ti
» On sait que la commotion cérébrale est le résultat d'an ébranlement.
du cerveau, dont un caractère singulier et essentiel est l'absence de toute
altération de tissu, visible par les moyens d’investigati Į iici.
» Ün autre dé bés caractères pártićüliersest la perte dè connaissance, avec
résolution générale dés membrés, sais aticun phéñornène hémiplégique, ce
qui‘implique l'ébranleiment simultané des deux côtés du cerveau. Aussi,
l'opinion qui règne dans nos écoles est-elle que dans tous les cas,de com-
motion cérébrale, la totalité de l’encéphale est ébranlée, bien qu'à des degrés
divers, puisque cet accident peut varier dans son intensité. — — |
» Personne n’a encore recherché si l'ébranlement cérébral n'est pas
limité à certaines parties du cerveañ, du moins pour le-cas.où il n’est pas
immédiatement mortel, c’est-à-dire presque toujours, car la mort immédiate
dans la commotion non compliquéelest infiniment rare. Si l’on peut con-
server quelque doute dans cette circonstance exceptionnelle , il semble évi-
dent que toutes les fois que le -blessé a survécu, l'encéphale tout entier n’a
pas subi la commotion. Certaines-fonctions cérébrales sont en effet alors
constamment suspendues, mais d’autres fonctions, auxquelles préside aussi
l’action cérébrale, n’ont reçu aucune atteinte sérieuse, car elles continuent
126..
1
( 954)
à s'exercer. Ainsi l'intelligence a disparu, mais la respiration s'exécute avec
liberté et calme. Il résulte de cet aperçu que, pour savoir si il ébranlement
cérébral traumatique est borné à a. peu près constamment à une partie de
l'organe, il faut rechercher quelles sont les fonctions qui persistent, aussi
bien que celles qui font défaut, et exclure du siége habituel de la commo-
tion les portions du cerveau dont la R expérimentale a, déter-
miné avec précision la fonction, et dont |” action continue. |
» Je viens de dire : que, ła commotion une fois produite, la respiration
s'opère avec Calme: la circulation n’est point non plus troublée au point
de compromettre K: vie. Les modifications que le pouls a subies ne sont ni
assez prononcées, ni assez constantes pour empécher d’ admettre que le
bulberachidien n’a reçu aucun ébranlement incompatible avec ses fonctions.
Ce résultat est tout à fait conforme à l’ effét dé }' expérience directe, qui i con-
siste à enlever successivement chez un animal les lobes cérébraux, le cer-
velet, la Protubérance annulaire et à laisser intact le bulbe rachidién. rt
» Dans la commotion cérébrale, la protubérance annulaire a- t-elle conservé
son influence? aprés M. Longet, cet organe est le centre dé production
du principe incitatéur des mouvements Fa locomotion : F CBS mouvements
dans l’état de santé Sont en partie volontaires, mais dans la commotion du
cerveau Ja volonté est suspendue, et toutefois des mouvements des mem-
bres étendus s "opérent à à l'occasion q excitations extérieures, Le. blessé est
alors comparable aux animaux auxquels on a enlevé les hémisphères. céré-
braux en Jaissant la protubérance, et chez Jesquels les stimulations exté-
rieures sont substituées aT excitation volontaire. Les membres sont dans la
résolütion, mais que Jon vienne À pincer | la peau de c ces ‘membres, le blessé
les rétire à lui pour échapper : à une stimulation énible. C'est à la protu-
bérance annulaire, dont l action | persiste, qu’ al faut attribuer le mouyement
observé. a
D Une autre preuve de l'intégrité de la protubérance annulaire peut
être titée de ld” cônsérvation de la sensib lite aux vives excitations. exté-
rieures; te, blessé en témoigne par ses plaintes; il à Conservé le centre per-
ceptif dè g° impresións. r, après Í Orry, ` M. Serres et Desmoulins; avaient
localisé ce centre dans la protubérance: depuis, M. Longet a a démontré
par Pexpériencé! directie qu'après Pokaan" du cerveau, des corps. striés,
des couches optiques, des tubercules quadrijumeaux et du cervelet, Tani-
mal conserve une vivè Sensibilité tnt que. Ja protubérance annulaire n’a
point été lésée profondément. 1l a obtenu des résultats identiques dans ses
expériences d'inhalation d’éther sulfurique. On est donc autorisé à penser
(955)
que cette pait du cerveau n’est pas intéressée dans la commotion céré-
brale.
» La commotion cérébrale ne produit aucun effet appréciable sur les
pédonculés cérébraux, dont il est difficile d’ailleurs de séparer l’action de
celle de la protnbérance annulaire, Elle ne donne lieu, comme je l'ai dit, à
aùcun phénomène de paralysie, qu'on observerait si les pédonculés étaient
plus fortement ébranlés. On ne voit pas la paralysie des nerfs oculomoteurs
communs, dont ces pédoncules contiennent les noyaux d’origine.
‘» Ién est de mêmé des couches optiques et des corps striés, dont les fonc-
tions Sont inconnues et dont les modifications fonctionnelles ne peuvent
par conséquent être appréciées. Toutefois, il n’y a pas lieu de croire que la
commotion cérébrale s’étende | Jusqu'à ces ganglions : d? une manière notable,
car leur lésion profonde, soit expérimentale, soit pathologique, produit
la paralysie des membres, et on n’en observe pas pendant la durée des
phénomènes primitifs de la commotion du cerveau.
» Ya-t-il, par le fait de la commotion, des manifestations Are dans
les RULES des tubercules quadrijumeaux? M. Serres les regarde comme les
excitateurs du sens de la vue dans les trois classes inférieures; c ’est une
opinion générale aujourd’hui que les tubercules quadrijumeaux et surtout
les tübercules antérieurs ont une action incontestable sur les mouvements
de iris èt sur la vue elle-même. Ainsi que l’a démontré M. Longet, cette
cs survit à l'ablation des RER HT Dans la, cpmmotpn,
se: spéciale | est Cr EE comme celle de la He annulaire.
terit,
>» Rién dans les phénomènes de la commotion ne se rapporte aux fonc-
tions du cervelet La coordination des mouvements, ou ses m nodifications
14373
cotidie de léi excitation n "existe ni Si le malade : a Aa sensations
Visuellés, il ne regarde pas; si, dans les. commotions fortes, les sons arrivent
aux noyaux d’ origine des nerfs acoustiques, il entend sans perception in-
tellectuelle : comme à la suite de l'ablation des hémisphères cérébraux
( 956.)
chez les animaux, l'intelligence et les volitions ont disparu. La commotion
cérébrale est donc en réalité comme une lésion fonctionnelle expérimen-
tale, produite accidentellement chez l’homme, et dégagée des complica
tions inévitables dans les expériences sanglantes.
» Mais pourquoi certaines, parties du cerveau subissent-elles, moins la
commotion; bien que leur. situation par rapport aux os du crâne soit la
même? Läprotubérance annulaire repose sur l’apophyse basilaire de l’occi-
pital; elle devrait, ce semble, recevoir l'ébranlement par vibration, des os
du crâne; phis encore, dans les chutes sur. le. siége ou les pieds, que les
hémisphères ‘cérébraux qui répondent àila vouüte crânienne; il n’en est
rien pourtant, et dans une pareille chute, , ce, sont encore ceux-ci qui,
d’après les syrnptômes; sont le siége le plus évident de la commotion,
» On peut trouver des raisons assez plausibles de ce fait : 1° la consis-
tance de la protubérance, plus ferme que celle de la substance:grise péri-
phérique, doit la préserver davantage. des effets de l’ébranlement; 2° les
noyaux de substance grise de la protubérance; c’est-à-dire son centre
d'activité, situés dans son épaisseur à une distance notable de sa surface,
sont par cela même moins à la portée des: vibrations du crâne.
:» Dans les hémisphères, au contraire, la substance grise, siége principal
de l'intelligence et de l'activité qéréhnile intentionnelle, est au contraire à la
penpe du cerveau.
» La conclusion de cette ada de hioo d c’est dit n'est ai
exact de dire qu’ellé-occupe à la fois tout l’encéphale; elle a au contraire
pour siége constant et à peu près unique les: La doll cérébraux, et
peut-être même seulement leur substance grise; , -u
» Par contre, l'isthme: du cerveau en parait as: FA l'immense
majorité des cas, en supposant même qu’on doive faire une réserve pour le
fan très- rare de mort immédiates. à
si oh m2 . MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
OPTIQUE. — Sur la réflexion et la réfraction éristullineo Miadi dè:
; M. Cu. Brior, présenté par M. Bertrand. s4ihq trs
(Commissaires précédemment nommés : MM. Pouillet, DADIUeE, Te
| A Bertrand, Fizeau.)
« Dans. un Minore que yai eu Vhonnear: de, présenter à, l Académie,
dans la séance du 24 décembre 1866, j'ai exposé une méthode qui permet
(957 )
de traiter le problème de la réflexion et de la réfraction de la lumière à la
surface de séparation de deux milieux quelconques;'et je l'ai appliquée au
cas de deux inilieux isotropes. Le présent Mémoire a pour but Papplication
de la même méthode au cas où le premier milieu est isotrope, le second
cristallisé.
p Lá méthode repose sur une extension du principe de continuité. Ce
priticipé consiste en ce que, mon-senlement les trois composantes du mou-
vément vibratoire dans l’un et l’autre milieu sont respectivement égales en
chäqué point de la surface de séparation, mais encore leurs dérivées pre-
mières par rapport à une coordonnée perpendiculaire à cette surface. Ceci
résulte de ce que les équations différentielles du mouvement vibratoire sont
dés équations aux dérivées partielles du second ordre; et que le rayon
d'activité des forces moléculaires est très-pélit par PETRER? à la, ns ode
d'onde.
_» Il est aisé de voir que la vibration icidénté ti naissance, es, le
premier milieu, à deux vibrations refléchies; lune ‘transversale, l'autre
longitudinale; et dans le second milieu; qui est cristallisé, à trois vibra-
tions réfractées, deux transversales, une longitudinale! Les vibrations qui
peuvent coexister dans chaque milieu sont fournies. par les racines d'une
même équation, et, suivant la nature des racines, les vibrations sont per-
sistantés ou évanescentes, €’est-à-dire se propagent par ondes planes sans
s'affaiblir en s’éloignant de la surface de séparation, ou n'existent que
dans le voisinage de cette surface de manière à devenir insensibles à une
pétité distancé. La vibration transversale réfléchie est toujours persistante;
mais là vibration it le réfléchie, de même que les trois vibrations
réfractées, peuvent être évanescentes: Uih 1 pen de la constitution des
milieux et aussi de la‘valeur: “+ l angled „comme:cela a lieu dans
le cas dé Ta réflexion totale: Son H
» On donne la vibration ir. g Andika arein réfléchie,
s’effectuant suivant une ellipse arbitraire dans le plan de l’onde, contient
deux inconnues; la vibration longitudinale réfléchie, une seule ; les trois
vibrations PERSA étant rectilignes et s 'effectuant suivant des ditéétiône
déterminées/ chacune .d’elles ne renferme qu’une seule inconnne, son
amplitude. On d donc en tout, dans la question; six inçonnues. Or le prin-
cipe de continuité, tel que je l'ai établi, donne six équations linéaires entre
ces six inconnues ; ‘il suffit donc pour résoudre complétement le problème,
» Il semble siaii de la théorie mathématique de la propagation de la
lumière dans lés milieux homoédriques, et cést une remarque qui a été
( 958 )
faite par Cauchy il y a longtemps, que la vibration ne peut être située
rigoureusement dans le plan de l’onde que si la vitesse de propagation est
la mème dans toutes les directions, ce qui n’a lieu que dans les milieux
isotropes et les cristaux à un axe optique pour la vibration ordinaire. Dans
tous les autres cas, les deux vibrations dites transversales font un petit angle
avec le plan de l'onde, et la vibration dite longitudinale un petit angle avec
la normale au plan de l’onde. Pai d’abord négligé cette déviation des vibra-
lions dans le second milieu, c’est-à-dire que J'ai supposé chacune des
vibrations transversales rigoureusement située dans le plan de l’onde, et
la vibration longitudinale rigoureusement perpendiculaire au plan de
l'onde. |
» Pour résoudre facilement les équations, j'ai fait usage du procédé
ingénieux qui a été employé par Mac Cullagh dans son remarquable travail
sur la réflexion et la réfraction cristallines (Journal de Mathématiques, 1842),
et qui consiste à chercher quelle doit être la vibration incidente pour qu'il
ne se produise dans le second milieu qu'une seule vibration transversale
réfractée. Mais, dans ce cas, les équations sont précisément celles quise rap-
portent à deux milieux isotropes, et que j'ai résolues dans mon premier
Mémoire (Journal de Mathématiques, 1866). En conservant les mêmes nota-
tions, on a les formules |
C = E' cosg’ ‘(a+ siw
2 COS & sing’
= Esino sin (& + a) cos(a'— a + w)
pe 2 COS& Sing’ coso
sin D me CA
C, = E’cosû ) s
2 COS & Sin x
,
: sin («'— a) cos (a! + & + w
D,= E'sin@ ) t (è )
2 COs« SIN g’ cosæ
On a ainsi une solution particulière des équations de condition avec une
constante arbitraire E’; en remplaçant & par g”, et E' par E”, on a une
seconde solution particulière avec une nouvelle constante arbitraire E”.
La somme, renfermant deux constantes arbitraires, est la solution générale.
» Quand les deux milieux sont isotropes, langle © paraît avoir une
valeur imaginaire très-petite, au moins lorsque l'angle d'incidence g est
supérieur à une certaine limite; c’est là ce qui produit la polarisation ellip-
tique du rayon réfléchi, telle qu'elle a été observée par M. Jamin. Il est
probable qu'il en est de même lorsque le second milieu est cristallisé.
» Il en résulte cette conséquence remarquable, qui parait suscep-
( 959 )
tible d’être vérifiée par l'expérience : pour qu’une vibration incidente ne
donne naissance qu'à une seule vibration transversale réfractée, il est
nécessaire que cette vibration soit elliptique; à la vérité, comme la partie
imaginaire dans l'expression de D est très-petite, l'ellipticité sera peu
accusée.
» Lorsque la vibration incidente est rectiligne et dans un azimut quel-
conque, les valeurs de E ét E” renfermant langle i imaginaire w, les deux
vibrations’ transversales réfractées auront entre elles une petite différence
de‘phase à l'entrée i même du cristal,
» J'ai tenu compte ensuite de la déviation des vibrations dans le onu
milieu. Si l’on appelle z ' le petit angle que l’une des, vibrations transver-
sales réfractées fait avec lé plan deT onde, cette déviation introduit, dans
les” formules précédentes relatives à, Ja réfraction: „uniradiale Jles: termes
très- aa
rés ri glansa 49 K iole i NS fG 0
or giobrallp dada oian
Abies ER UE
HRT 92: } 3 3 2 605 x sina
Lead
. Pour bien voir leur influence, négligeons l'angle ! très- Lt 5, qui provient
des vibrations longitudinalés. On aura
sin’ å ne
cosh sin ("+ a)’
tangO = tang6'cos (œ' — &)+ m
sin’ &/sinr’
-cos9!sin (æ°— x)
tang, = = tapgé'cos, (x! + a +m
» Le rayon lumineux ier bats fait avec la normale au à pa de l’onde
un petit angle 7, et les deux angles.r/et +", qui s'évanouissent ensemble,
sont sensiblement Reoportion naika Si Loripgse approximativement
t sint z langy’, 7
les formules 5 précédëntes deviennent NIERS pret PAL
j ; nsina’ tangy
tang5 = - tangf'eos cos (a en a) i ‘oSf'sin (æ _ 2).
9 HARTI tang y’
tangó, = =tngfie cos s (x + 4) “ cossin (2 2)
» En faisant 7 A —= 1, on | obtient précisément Jes ARE qui, ont. été
trouvées par Mac Cullagh en partant d idées, tout à fait différentes de celles
de Fresnel, et qui ont été vérifiées parl les expériences de M. Seebeck relatives
FER 1867, 1°f Semestre. (T. LXIV, Ne 19.) 7:
( 960 )
à l'angle de polarisation. Mais ces expériences ne paraissent pas avoir l'im-
portance qu’on leur attribuait. Il est très-probable que, dans le voisinage
de cet angle, la vibration transversale réfléchie est, non pas rectiligne, mais
elliptique, comme cela a lieu dans les milieux isotropes, et que M. Seebeck
observait, non une extinction complète, mais un minimum d'intensité.
» Quant à la déviation de la vibration longitudinale dans le second
milieu, elle introduit dans les formules de nouveaux termes imaginaires
qui modifient le coefficient d'ellipticité de la vibration transversale réflé-
chie, inégalement suivant la direction de la face cristalline. »
PHYSIQUE. — Recherches sur la diffraction de la lumière polarisée ;
par M. Porr.
(Commissaires : MM. Lamé, Bertrand, Fizeau.)
« Les expériences de M. Stokes et celles de M. Holtzmann sur la polari-
sation de la lumière diffractée ont conduit à deux résultats opposés.
» M. Holtzmann, adoptant les idées de M. Stokes auxquelles il a donné
une forme géométrique, tire de ses expériences la conclusion que le plan de
la vibration est le plan de polarisation. Les résultats de ses observations
différent notablement des résultats auxquels conduit sa formule.
» M. Eisenlohr a donné une autre formule qui contient une constante
arbitraire, et qui par cela même s'adapte mieux aux expériences de
M. Holtzmann.
» Dans la théorie de M. Stokes, l’éther est un milieu dans lequel les
pressions ne sont pas forcément perpendiculaires aux éléments qui les sup-
portent, et les vibrations transversales se transmettent seules; les vibrations
longitudinales s’anéantissent d'elles-mêmes.
» Pour M. Eisenlohr, ces vibrations existent, mais diminuent très-rapi-
dement d'intensité.
» Il est permis de se demander s’il est nécessaire de faire intervenir ainsi
des vibrations longitudinales et des propriétés inconnues de l’éther. Sans
savoir si celui-ci peut on non propager les vibrations longitudinales, on sait
que les vibrations lumineuses sont transversales, ou que la dilatation d’un
élément infiniment petit est nulle. Si cette dilatation, qui d’ailleurs est régie
dans tous les mouvements d’un corps élastique par la loi
d°9 : d?) dù d9
(tt) tae a >
est nulle dans tout le milieu d’un côté d’un plan, on doit se demander pour-
( 961 )
quoi elle existerait de l’autre côté, et, avant de l’introduire, chercher si des
vibrations transversales ne peuvent pas se propager derrière une fente
sans cesser d’être transversales, c’est-à-dire sans qu'il y ait contraction ou
dilatation de l’éther.
» Je représenterai par u, v, w les composantes suivant les trois axes du
déplacement d’un point de l’éther dont les coordonnées sont x,y,z. La
fente sera prise dans le plan des xz, et les coordonnées d’un point de la
fente seront désignées par a, b; r désignera la distance du point (a, b) de la
fente au point (x, y, Z).
» Les équations auxquelles doivent satisfaire u, v, w pour que les vibra-
tions soient transversales sont, en représentant par A°u la quantité
du d'u du
et de T 2 ?
på’ u= a dv = PT pAw= p TE,
p étant la densité de l’éther, y. un coefficient constant, tel que la vitesse V de
propagation soit égale à V à
» De plus, AaS LT oit être nul, s’il n’y a ni dilatation ni con-
dx dy dz
traction.
» Si, de plus, nous supposons la fente dans le plan de l’onde, et les vibra-
tions parallèles à laxe des x, il faudra que w et v s’annulent pour tous les
points du plan y = o, et que la valeur u s’annule partout en dehors de la
fente, et se réduise à l’intérieur de cette fente à une fonction périodique du
temps. On satisfait à ces conditions en posant
dosin ESL IN S 2 2 ps
wisk (z —a)y r=(x— a} +y’ + (2z— b);
r (zb)
d a 2n
W= — sin (1 —; (z—aj(z—b)
r J't+(z—6)
dc est l'élément superficiel de la fente ou dadb, et le signe f s'étend à
toute la fente (1 = V71).
» Dans le cas particulier où la fente est rectangulaire, si on prend pour
199%
( 962)
origine le centre de ce rectangle, et des axes parallèles à ces côtés, les va-
leurs de u, v et w prises pour un point dont le z est nul deviennent
(1) ur = amiee
Ta t r
(2) T cn se 1 2r (z—a)y
V = — à y? +b? 4
F t r
A dosin (£—2) 27 Fer Le
iiaea P y?’ + b? me z
» Si, la fente étant rectangulaire, les vibrations avaient été primiti-
vement dirigées suivant l’axe des z, les valeurs de x, v, w auraient été
et TE
== =: |: do =o our 3 = 0
(x =a + y? (P h
sin (£ e)
-— -|27
5 a
en drean T = 0,
r (z —a} +y?
(3) w= + fdosin (1—7) a7,
résultat qu’on prévoyait d'avance.
» Donc, dans le plan horizontal qui divise la fente en deux parties égales
(ce qui est vrai d’une fente rectangulaire l'est aussi de toute fente symé-
trique par rapport à ce plan), les vibrations sont : 1° dans le cas où la vibra-
tion est parallèle à ce plan horizontal, données par les formules (1) et (2),
et 2° dans le cas où la vibration est normale à ce plan, données par la for-
mule (3).
» Si l’on suppose dans la lumière incidente les vibrations inclinées à 45 de-
grés, les formules (1), (2) et (3) réunies donneront les vibrations en un
point quelconque du plan de diffraction. L'égalité des valeurs (1) et (3)
montre que ces vibrations s’obtiendront en composant une vibration à
45 degrés parallèle à la vibration initiale avec une vibration parallèle à
laxe des y, mais dont la phase ne sera pas en général celle de la première
vibration. Cette composition doit donc donner une vibration elliptique. Le
plan de l’ellipse sera parallèle à la vibration initiale et à l'axe des J. On ne
peut donc plus chercher un plan de polarisation, mais on peut chercher si
le plan passant par le grand axe de l'ellipse et le rayon se rapproche ou
s'éloigne du plan de diffraction.
( 963 )
» Cette ellipse, ou du moins son équation, s’obtiendra en éliminant lo
temps entre les deux équations
X = sin (2x) À + cos (azt) B,
Y= sin i A, + cos (azt) B,,
avec
a
j: Eae y2 Arrels
nr
nd ai (r—a)y
À, = — [co se ARR re TP
Bipran forain si oE:
» Le grand axe de cette ellipse sera dans le premier ou dans le second
quadrant, c’est-à-dire plus près ou plus loin de l’axe positif des y, suivant
que BB, + AA, sera négatif ou positif, et cette quantité est toujours de signe
contraire à x, puisque y est positif.
» On voit aussi que le plan de cette vibration elliptique n’est pas perpen-
diculaire à ce qu’on nomme le rayon diffracté.
» Malgré les difficultés que présente le calcul des intégrales A et B, il
n'est pas impossible de chercher expérimentalement une vérification ap-
proximative.
» En effet, l’ellipticité de la vibration est peu Hs Elle est due en
général à ce que, si l’on considère dans l’onde incidente des vibrations pa-
rallèles à laxe des x seul, celles-ci donnent, derrière la fente produisant
la diffraction, des vibrations elliptiques représentées par les valeurs (1) et (2).
Or la valeur (2) de v diffère peu de u Xx 5 car, à cause de la symétrie don-
née à la fente,
et la valeur de v se réduit à
; pa (: — z) m
r yF
Les éléments qui concourent à cette intégrale sont d'autant plus efficaces
( 964 )
qu'ils sont plus voisins de l’origine, et que a et b sont plus petits; en ne
considérant que ces éléments on aura une valeur approchée de v; or, dans
TY ;
, . ` T ` T A
ce cas, -y se réduit à =- On peut dès lors prendre v = u7» ce qui
donne pour l’ensemble de u et de ¢ une vibration rectiligne, normale au
rayon qui joint (x, y) à l’origine, et dont l'intensité est à l'intensité des vi-
Vety
brations x seules comme > 9 étant l'angle du rayon diffracté
avec la normale à la fente.
» Par suite, en conservant toujours la même approximation, la vibration
aprés la diffraction sera normale au rayon diffracté ; et si elle fait avant la
diffraction un angle g avec l’axe des z, elle fera après la diffraction un angle £
tang «
cos 6 ?
» Donc la vibration s'éloigne de la normale au plan de diffraction, et l’on
peut dire que les expériences de M. Holtzmann, avec leurs perturbations,
sont une confirmation de l'hypothèse de Fresnel. »
donné par la relation tang 8 —
plus grand que g.
PHYSIQUE. — Masse électrique des conducteurs ; par M. H. Manré-Davy.
(Neuvième Mémoire sur la théorie mécanique de l’électricité. Extrait
par l’auteur.)
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
« La théorie dont j'ai donné une première ébauche dans les deux pre-
miers fascicules de mes Mémoires me conduit aux formules suivantes :
i sG 6 à
(1) z=
AAT TR ES TEST E
dans lesquelles :
» i est l'intensité du courant;
.», k un coefficient dépendant de l’unité adoptée dans la mesure de i;
» 6 un coefficient constant égal à 20000;
» [la longueur d’un conducteur hypothétique équivalent au circuit com-
plexe de la pile; 3
» $ la section du conducteur ;
» p la masse qui dans l'unité de volume du conducteur hypothétique
participe au mouvement électrique, ou ce que je nomme masse électrique
de l’unité de volume du conducteur;
» q la quantité de chaleur que le courant d'intensité i dépose par seconde
dans l'unité de longueur du conducteur; AE
( 965 )
» e l'équivalent mécanique de l'unité de chaleur adoptée dans la me-
surede g; -i
» G, enfin, l'accélération que la pression électromotrice totale de la pile
peut imprimer à la masse électrique ps si l’on admet l'hypothèse de la cir-
culation continue d’un ou de deux fluides; la force vive rendue dispo-
nible dans l’acte de la combinaison chimique, si on admet l’hypothèse des
vibrations ;
» et À sont arbitraires; on peut donc choisir son unité d'intensité de
courant et la nature de son conducteur hypothétique par cette double con-
dition que q = 1 pour i = 1, et que il = G. On en tire
(2) kei et use:
puis, en transportant ces valeurs dans les équations (1),
(3) l= Gigi, Aam GE
» Ces conditions se trouvent satisfaites par l'unité d'intensité de cou-
rant adoptée dans mes précédents Mémoires et par l'unité de résistance
adoptée dans ma Note du 1‘ avril dernier. Cette unité de résistance est
celle d’une colonne de mercure de 1 mètre de long et de 0%*,00000073 de
section. Il vient alors
k = 8370000 000; j4s = 0,0000024; p= 5,27,
ou près de 30 fois la masse de 1 mètre cube d’air.
» La masse M du mètre cube de mercure est égale à 1387; le rapport de
la masse M du mercure à sa masse électrique p est donc égal à 424. Ce
rapport dépasse plusieurs millions pour les dissolutions salines; mais il des-
cend à 6 pour le palladium et l'argent, les corps les meilleurs conducteurs
connus : u, y dépasse alors la densité de Peau.
» Il semble évident que, dans les métaux au moins, la matière participe
directement au mouvement électrique, ce qui exclut toute idée de transport
Continu d’un fluide. Dans cette hypothèse de transport continu, on arrive-
rait encore à cette conséquence que pendant la dissolution de 32 kilo-
grammes de zinc, dont la masse est 3,2, il passerait dans chaque section du
circuit une quantité de fluide dont la masse serait égale à 432, plus de
100 fois supérieure à celle du zinc.
» Ces difficultés disparaissent dans l'hypothèse des vibrations. Cette hy-
Pothèse en offre d’autres sans doute; mais, outre cet avantage qu'elle rédui-
rait de 1 le nombre des hypothèses fondamentales admises en physique,
( 966 )
elle permettrait de relier des faits qui échappent entièrement aux deux
autres, et d'entrer assez avant dans la constitution moléculaire des corps.
» Le mouvement d'un élément vibrant , décomposé suivant trois axes
rectangulaires, peut être exprimé, pour l’un quelconque des axes, celui
des par exemple, par la différentielle
(4) HE osn i»
dans laquelle a est une fonction simple de l’élasticité de l’éther, + la durée
d'une vibration simple et ce que J'appellerai l'accélération initiale due à
la force motrice initiale py.
» Dans une enceinte dont tous les points sont à la même température et
en dehors de tout mouvement électrique, j’admets que wy est la même sur
les trois axes; j’admets de plus que, pour des éléments de même volume
égal à l'unité, uy est la même pour tous les éléments de l'enceinte. Je pose
Ly = 6.
» Pour 1 atome de masse p,, de volume £,, j'aurai, par suite, p,y, — 06,
pour la force d'impulsion primitive, et y 0? s pour la force vive de
l’atome. Le rapport < est constant pour les corps simples dans la limite où
la capacité calorifique de leur atome est constante elle-même.
» J’'admets encore que les atomes d’un corps simple ont des dimensions
très-petites par rapport à la longueur d'onde de la vibration la plus rapide
dont nous puissions disposer, en sorte que deux points différents de l'atome
ne puissent jamais être en discordance. Mais on concevrait qu’un mouve-
ment vibratoire füt assez rapide pour amener cette discordance et scinder
l'atome. C’est ainsi qu'à l'origine des choses la température peut avoir été
telle, que tousles atomes aient été réduits en leurs éléments communs, CEUX
de l’éther.
» Cela posé, si nous prenons 2 atomes de masses W et p,, de volumes £,
et £, de tewpératures égales à 8 et dont les accélérations initiales soient y:
et 72; puis, si nous supposons que ces deux éléments se combinent en un
seul de masse u; = u, + w, de volume &,, d'accélération initiale 7, Cet
élément étant ramené à la même température 0, nous aurons ya yi — Gé,
[t212 = 0, by, = cz. Nous en déduirons : pour la formule d'impulsion
initiale rendue disponible,
fi = Ole, + e —e);
… (967)
et pour la force vive rendue disponible,
2 : :
an(s)
» En désignant par n le nombre d’atomes qui entrent dans la composi-
tion de 1 équivalent ou 32 kilogrammes de zinc, nous aurons
F= nô(e, + e, — 6),
eQ — no(t $),
Pi Bo p
F'est la pression électromotrice de la pile rendue active par la combinaison
des deux corps considérés. Q est ce que j'ai appelé pouvoir électromoteur
de la pile : c’est la quantité de chaleur dégagée de l’action chimique; c’est
aussi la quantité de chaleur que le courant distribue dans les divers points
du circuit pendant la durée de l’action chimique.
_» Plus e, est grand, plus aussi F est petit, Q faible, et en même temps
plus la stabilité du composé est faible elle-même, parce que la discordance
de vibration de ses divers points est réalisée par une température moins
élevée. Ce que l’on nomme affinité chimique de deux corps est donc sous
la dépendance du même terme que la quantité de chaleur dégagée pendant
la combinaison et que le pouvoir électromoteur de la pile rendue active par
cette combinaison.
» En prenant un corps spontanément décomposable dans des conditions
déterminées, il serait possible de calculer approximativement £,, puis suc-
cessivement Ear Es Vis Ye Et Vs.
» Dans un rayon de lumière, la vibration est nulle dans le sens de la
Propagation de l’onde. Dans un corps chaud, dans lequel u varie symétri-
quement tout autour de chaque centre matériel, la vibration se fait en
Moyenne de la même manière sur les trois axes. Dans un circuit en activité
la vibration électrique aurait lieu dans le sens de la propagation du cou-
rant, et toute la force vive mise en liberté par l’action chimique s’écoulerait
Par cette voie, Mais lumière, chaleur, électricité seraient, au même titre,
de la force vive ayant même équivalent mécanique. x
» Dans cette hypothèse des vibrations l'électricité positive serait de
l’éther condensé en excès; l'électricité négative serait de l’éther en moins. »
My, Power soumet au jugement de l’Académie un Mémoire contenant
ses observations sur l'origine des corps météoriques.
(Commissaires : MM. Babinet, Delaunay, Daubrée.)
C.R., 1867, 1er baire (T. LXIV, N° 19.) 128
(968. )
M. DE Cheataa adresse de Santorin, deux communications relatives, l’une
aux phénétiènes volé àes Ait la Baie est lé théâtre, l’autre aux fouilles
de Dhérägiels9 I ob 1ovol> k esris
JU 1 (Rénvoï à Pla nn précédemment nommée.)
\ Ne OV UD Siria 71 IY 1) fdi5q
| M. C; Rover adresse, en le so TTEN des prix de Médecine et de
Chirurgie;-une brochure ayant, pour titre : « De la rage en Algérie, et des
mesures à prendre contre cette! maladie ». L'auteur joint à cet envoi une
Note manuscrite, indiquant les, points qu'il considère comme nouveaux dans
son travail. stéqre
ifi IONI AOLE 3 ; SIA
buuer 21. KRenyoi à la Commission.)
bi PESTES A gi Í DOE nii r H + . i .
M. Svcover adresse, pour lé méme’ concours, un Mémoire manuscrit
ayant pourititre.: «Du rein et, dela sécrétion des urines dans des animaux
vertébrés mammifères ».
EUAS a (Renvoi : à a Commission, )
M. d'cusovo ädréssé, pour le concours du prix Bréant, un ouvrage
ajant pouk‘ titre e Le choléra; préséivätion, traitement, causes», et y Joint
une indication manusétité des pr es m il considère comme ‘originales dans
asinn D. 191.191 5
1 dastani 39 {Réniois à là Cuisinier du legs Bréant.)
61 139, sroi2as1qus.shi99 9h 11719;
aE g | CORRESPONDANCE.
{ tf f
ETHIE Gí s
M. esaia r, parien del hs bien le. REA parmi les
candidats:à la place vacante: dans la Section de Médecine et de SE
par suite du décès de M. Jobert de Lamballe, |
M. Lavcrin adresse à l'Académie ané Lettre ayant lrhôme j oljet
M. J. Géériv adresse également une Lettre ayant le même objet.
Cés Lettres Seront transmises x és syst de Médecine et de: Chirurgie.
` IE Ziji GS ftOI
M. Derraux, auquel, l'Acadé p a res dans sa Fr séance pu-
bligne, unerícompense sur les fonds du. prix Barbier, pour son travail « sur
la } acie et, la,|1 matière, pmédicale des Chinois », adresse: ses remerci-
A O BEYU) J 2016 E. sharm enla]
{
i
2014 9e uluoyv isitoe D
HYDRODYNAMIQUE, - ni Gi les moyens. d ‘utiliser une espèce particulière
de fontaines ep intermitlentes ses per M. A. DE Cazrexx-
pi 115 ef
« En 1898; 1839 et:1840; M Arngorme ft l'honneur. de présenter à
300 )
( M) oinre 9h 9e291b8 arrar aa if
-s 11 ec + a PSE Le 2 > 4
N bt
AL JIAI NU CI FAINI È Led
l'Académie, avec beaucoup ide b pes
oscillantes, de mon invention, ou machines à élever de l'eau, ;jau mayen
d'une chute d’eau, sans aucune piece quelconque mobile.;J'ai résumé mes
idées sur ce sujet dans un Mémoire publié t. VI, 1° série, du Journal de
Mathématiques de M. Liouville; année? 84 iDandèeMénibire étais le Pre-
mier à convenir que ces systèmes étaient! dés appareils de pliÿsiqüé,' des
tinés plutôt à expliquer des phénomènes du mouvément dés fontaines na=
turelles, qu'à rendre immédiatement des services à l'industrie."
» Je me propose, dans cette Note, de montrer qu’il ne paraît-pas impos-
sible de les utiliser. Pour éxprimer ma pénséé, je dois rappeler qu'ils repo-
sent sur un système d’oscillations dans un tuyau dont la forme, généraleest
U Bt JUO
celle du signe f dont on se sert pour représenter le mót intéÿrale: L'extré-
mité supérieure se recourbe en siphon dans l’eau EEEH d'amont. L'ex-
trémité inférieure se prolonge horizontalement de manière à plonger dans
l'eau du bief d’aval. Supposons tout, ce système, plein d'eau,.le, liquide
coule de l’amont à l'aval, jusqu’à ce quesla vitesse! d'écoulement, fasse dé-
biter plus d'eau que. le bief d’amont,n'en;peut.fournir,en. un temps donné
dans une capacité en communication avec ce bief, et dans laquelle plonge
directement l'extrémité du siphon supérieur) Al partinidé cet instant, le si-
phon se désamorce, si l’on peut se servir de cette expression, et la commu-
nication avec l’eau motrice.est par(eonséquent interrompue. L'eau con-
tinue à descendre dans l’autre branche, où l’on a d’ailleurs disposé une
, , . f. À © à * + a Fo a o
tubulure Jatérale:s’élevant au-dessus:dw biéf périeur, let qu duit lair
> ? “i ” i ê ‘ PRE 4 in 9
à l'époque voulue dans le système; àsü férieur à celui de l'ex-
£ Sit . b k hic La. de WA £ REA ET 5 re POP
trémité du siphon qui plonge alterna € j còmi le dire,
dans l’eau du bief d'amont: Le tuyau vertical se divise en-deux;parlies, dont
l'une est cette tubulure.et l'autre le siphon supérieur.précité:, La colonne
liquide, animée d'une certaine vitesse; descend dans Ja branche que nous
venons de supposer verticale, qui réunit ce siphon au tuyau de con-
duite, qu’on peut supposer horizontal, ‘et | wP débouéhie au-dessous du ni-
Veau du bief inférieur. L'eau descend d'abord! dan Je ‘système au niveau
de ce dernier bief. et, à cause de P vitesse acquise elle déscend d'autant
plus au-dessous que cette vitesse est plus grande dans un tuyau donné, si
d'ailleurs ce tuyau est posé assez bas pour que l'effet voulu se produise, et
Si sa longueur développée est suffisante. Quand'éette vitesse et éteinte, la
colonne liquide fait une oscillation de bas en haut, etsi les dimensions du
Système sont bien calculées, elle amorce le siphon supérieür eñ jétant d'ail-
128..
(Sfo)
leurs’tine éértairé granitit Pelù aue déssus du niveau! du bief d’amont par
Ja tébülure! FECHE | dént 1e $0miét 8e rétrécil.! Pendant les deux oscilla-
“tions dont! ARE Le témps de venir en quantité suf-
fishnte du Dier d'athiont dans llrapaéité où plonge j ‘Comme on Va dit ci-
dessus, l'extrémité du siphon supérieur, de sorte que le jeu recommence, et
D i p ?
aiñside/strité IN Est Bbi gue? èëtte Capacité réçoive l'eau! par-desshs, pour
que la vitesse de l'éaû qu’ellé reçoit augmente pas trop quand icelle du
siphon auginérite del plus en ptas! jusqu’à ce qu’il se désamorcé: 4
» Sans rappeler iei Fes! foritiés diverses de ce système, il est éssentiel de
remarquer, d'après hès éxfiérièntes sür cé sujet, présentées à PAcailémie le
16 décembre’ 1839; quela difficulté ‘pratique éonsistait! prinéipalement à
amorcer ainsi! par wn'inôtivéméntde bas en haut, des siphons d’un assez
grand diaëtré; éar our eeux d'in assez petit diamètre, je les lamorçais fa-
cilèment par ue colonne liquide loséillante, Or, jerme suis aperçu qu'on
pouvait se débarrasser pour les gros siphons des difficultés provenant du
mouvement dé Pair dans lé coude? br divisanit chaque siphon enplusieurs,
au moyén de liés Courbés concentrit jués. On multiplie ainsi les surfaces
de frotténiänt;1fnais dans Cérthinés Hiiites celà nk pas d'importance. Il est
en month ft jusqu'a ee qué-là Pie liqitide se courbe, il n°y" a pasde raison
N 5 re ouh: onduta ai uoaa
pour qu’il réstté convélientdes mouvements dans lesens hori-
zontal. On doit sé Prédecupei i quant au ‘brisémient dü sommet dé la co-
lonne liginde sitit té qui sérprèbente quad chaque lame liquide se
courbe. Maïs si! éllé kréuilahesapuen assez petite, il n'y a pas plus de
raison püür qu’ellé!sè ‘brisé qu'il sy en apour lacolonne liquide des
siphons d'un assé petit dianètré. Test pentsétré pas sins intérêt ide re-
marquer que, dans ces derniers siphons, quand le diamètre ne dépasse pas
certaines" liites" ip se présente düélquefois ‘un mouvement d’hésitation
assez Curféux aú ifie di Fééélontie liquide arrive dans la \branche
opposée du siphon, au niveau qu'elle doit dépasser pour l’'amorcer' conve-
nablemeng, k iimo siasbôsèrq sau eacb èmpibni shove eyo » +
” Quant à Lobjet spécial de cette Note, si le diamètre dépasse certaines
kiti. il faut tenir compte de la manière dont l'eau pourra se diviser dans
a bran | | H Te seetiOg 5Dc18e 2D 9
| partiel, de ceux surtout qui seront
les plus longs à l'extrémité opposée du coude. J'ai d’ailleurs/montré, par
(ogg )) |
des expériences faites en 1852 et présentées 4 BAgadémig ie 2o apût.1855,
que des lames concentriques de ce.genre, diminuant heaucoup.la résistance
de l’eau, dans les coudes, permettaient,defaire/ces derniers beauçaup,plus
brusques, ce qui. est encore une cause sler simplification relativement au
cas dont il s’agit ici. D agsiiòqoe nodqie ub àtimèxs"t enezad
» Mais pour l’étude de ces fontaines. intermittentes;-il me sagit.pas seu-
lement d’amorcer, un siphon, il faut; pou Je, désa Je. plus facile-
ment possible. Pour ceux de 5 centimètres environ derdiamètre, il se pro-
duit un effet curieux. En vertu de adhérence, ilse; forme comme un petit
bout de tube liquide à l’extrémité du siphon:par, où, air, doit rentrer alter-
nativement.. Ce petit tube liquide se crève;au moment voulu,la surface de
l'eau se trouve tout hat i e te
et il est intéressant, pour faciliter Ja. rentrée,de Lai, de diviser autant que
possible cette extrémité en plusieurs-bouches » ge qui, peut se; faire de la
maniere suivante. ie 2012 e9] 1uoq rozegits db se tisy
» Je suppose que le sommet du, tube, au-lieu de.serecourber comme un
siphon ordinaire, prenne la forme.d'une, espèce, de.champignon,, afin de
former.un véritable siphon annulaire. H,,en-résulte d'abord qu'on, peut di-
minven beaucoup l'épaisseur verticale du,sommet,.du, siphon., Mais ce si-
phon annulaire pouvant.avoir une certaine divergence, on peut, au lieu de
le former seulement de deux surfaces,.le diviser en plusieurs tubes diver-
gents, ayant tous le même diamètre, mais;up,diamétre bien inférieur à celui
du tuyau vertical qu'ils couronnent.| Cette disposition; fout en, permettant
de conserver pour chacun, de. ces; tubes, divergents, le système de lames
concentriques. dont j'ai. indiqué. ci-dessus qu lques, avantages, multiplie les
moyens de faire entrer l'air pour.désamorçer les iphons au moment voulu.
Les James concentriques, permeltantid'ailleurs, d'aypirides.goudes. plus
brusques, diminuent la perte de fonce; vive, résultant de, çe;qu'il retombe
inutilement de l'eau chaque fois quelle siphon: se,désamorce..»l 10:
É
AATNI AT
dreba p Sawa g h TE S
i
t auzdleccons de cette extrémité du siphon
ŒOLOATOIHEPY DOET OI TSJ CHIS ; ,
SP oa s115mçib 31 buesp euodqie-eisiasb e99 ensb sup 15]
CHIMIE | AGRICOLE. Recherches expérimentales sur, d'emploi agricole, des sels
de: potasse.! Note. de M. P.-P. Denésas, ; présentée par M. Decaisne.
(Deuxième partie). sb ob sllə'up ussvin us çnodqie 5b 452
« Nous avons indiqué, dans une précédente communication que l’Aca-
démie a biéh voulu insérer dans 16s Compils rendis Ah quelle Avait été l'in-
fluence des sels de potasse sur 169 Eulfurès de Moment, de IHéttéraves et de
ip iyotsuz zu ah laiti h ainchoanzah adagsi & 2
eri CTE aunedash
t4 e i
(GY ToWpa863.b is L obuos ub- sòeogqo Stimènxs'l $ egnol aule es
Cr
OUI SAHOUS HI jno, c, PEN; 219, ) QI JIBE j
pommes de, Irre, ies vegetar rebneillis à Grignon ont été analysés, afin
: | i Teur composition avait été modifiée par les amendements
520699829007 1091 997$ TIOGA (OT
qu'avait reçus le sol qui les a portés...
»! Les ana yses des grains dé froment et de leurs cendres n’ont rien accusé
d'assez saillant pour que nous croyians devoir les rapporter ici, et nous
voulons discuter seulement aujourd'hui l'influence des engrais de potasse
sur la formation des hydrates de carbone : sucre et fécule, et rechercher si
leur emploi a pu diminuer l'intensité avec laquelle sévit sur les tubercules
la maladie qui ravage souvent les cultures de pommes de terre,
» 1. Composition des betteraves. — L'analyse des betteraves a été faite sur
un échantillon moyen fourni par chacun des huit lots dont la récolte a été
indiquée dans la communication précédente. On a déterminé la richesse en
sucre au moyen de la liqueur de Fehling; nous donnons encore dans le
tableau suivant {à proportion de cendres laissée par les betteraves ainsi que
leur teneur en potasse et en soude.
„Influence des engrais de potasse sur la production du sucre. …
| zu ajoe t l PE í | AUGMENT.
Fe .! 71 FOUANTITÉ F:POTASSE |:GENDRES |-POTASSE | SOUDE SUCRE SUCRE | du ei
BATER DES ENGRAIS D d'engrais * donnée dans 100 f> dans 1 dans 100 | dans 100 produit etats
EMPLOYÉS: | : | employés de e de de à par
tet ; | à l’hectare. | l'hectare. |betteraves. cendres. | cendres. jus lhectare. |jes engrais
AE, HSM RE CESR 3 de potasse.
\ £ 7 CHEMIN)
Première série d'expériences (terre de la défonce) (1).
(Suite de potasse ét de Pi ] i i ;
Si dy i F | ua | cd. 1 : kil
magnésie (engtiMerleĵ.{ ! 1300 | kil, | i 8 Hho; 6
į H £ i ‘ H 0 —01
Pr a 200 si 0587 jus a ie a " !
lue e de potasse (Vor- PSPY
ster et Grüneberg) 2000 : À il 4e9 j AN BUTIERS
| 22 4 ES 313 | —384
Phosphoguano. ....... 200 } à 0,84 ni ni de 9! 1 b sh
ur de potasse (Vor- | | | ;
ster et Grüneberg). . 24i 800 | giid : ia capyorkgi
5 1 4426 +271
Phosphoguano. ,...... 200 | 3ye pis ds ea pss a y Si 6 = í
Phosphoguano. ....... 200 | » 0,68 | 31,44 | 20,60 | 11,0 - 4697 r
} 91416 Cle +
Deuxième série d'expériences (terre de la septième division) (2).
magnésie Ep 4
Engrais de potasse (Vor- | p
ster et Grüneberg);... 2000 220 0,83 28,8 23,5 11,1 4062 F4
Sulfate de potasse (Yor; for a d ela | Ah ter i $
ha et Grüneberg), y i : 8go la, 240 »0,70 :| 31,0 22,2 | 10,8 3883 — Áh
Rien. aean cali ea E Gi otr] arido Ii 27160 | 1018 3931 {f
"RTE hace RAR TN SC ANA HE rs SE
(1) On a do: $ 0016 d solub il j | 109 Bl
LAE 90D Erp] 19 Z ke 33 Wru )- 290- (OBICASCMIO 5.4
(2) On « dosd do nd ae LORS EI DUR 3 A Carte FERRER
ogramme, CER
( 973 )
A à (O )
» On reconnaitra que les sels de tasse. n’ont t ep aucune influence
? i $ L2 HIS Jf + V4 9 | 19
heureuse sur la production du sucre, et eue la qu antité e de DRE contenue
Š TRY IOI (H0
dans les betteraves ne parait avoir aucun aie ec leur righe: esse en sucre,
> ar }
car, si les betteraves de la terre de Ja défonc eguin 'oht | reçu aucun engrais
nmol Bon 12
alcalin, renferment 31,44 de potasse ans 100 de cendres eti de sucre,
celles de la septième division, qui n'ont SA T a cun engrais, et
n’accusent que 21 de potasse dans 100 de cendres, présentent cependant
10,8 de sucre, quantité presque égale è à celle des betteraves riches en
potasse:
rA Composition des pommes de terre (variété Chardon). . — On a recueilli
dans les huit carrés consacrés à la culture des pommes de terre des échan-
tillons moyens; on a fait l’analyse complète des tubercules et des cendres.
Nous extrayons seulement ici des tableaux d'analyse, les. nombres qui
PAPA à montrer l’ influence des engrais di de potasse fon, á production de la
écule.
gbi q
Influence des engrais de pona sur la production 4 de la a fécule
T
US EESE a EE] DES OURS aa E S RESE a
POIDS POTASSE | CENDRES | POTASSE SOUDE FÉQULE FÉCULE reg
NATURE DES ENGRAIS des donnée |: dans 100: À dans 100 À! dans 100 f /dans 100 produite agree
EMPLOYÉS. engrais à de ssl svupul de par
; employés. | l'hectare. {tubertules:f cendres. f cendres. |tubercules.! l'hectare. fies engrais
hotte: ui potasse
Première série d'expériences (terre de la défonce).
i 2590911329 D 91198 94 Tire
ln de potisto et de kil dé |
mag Merle) 1000 kil j | 1 EURE Meres ii] kil
x 160 1,05 38,5: | 16,8 ,4:,13,9.1.L111086 -+798
Phospho oguan emisie MS LE pgd ? Px ai
Engrais de po k, Gor | |
ster et Grüneberg) 1500 | | tar oro pe
8 a13 i ES 55
Še sphoguane KEATST IPO e d i E pa Mih oge ; jé y opi E 5 Fii í wf
aura de potasse (or | : oqs RCE ER
ster et Grüneber 600 | | i paris D
20,8 14,0 1570 +382
Phosphoguano. ......,|.. 200, À. 130 1e ere sé “Ame. À a h, j
P ee M hrs 200 n 0,90 20) 2 195 9° 12 1188 n
j; | in üi ¿
Deuxième série d'expériences (terre ee la septième « division £ ;
nSiTÈGX: aide 900197
Sulfate de potasse et de]
| Magnésie (engr.Merle).| 1000 160 1,05 33/2 ; 18,8 . 1439 1618 +397
Engrais de poiasse (Vor-{° : en Little E EA sub dius ‘
ster et Grüneberg). . 1500 165 0,95 | 4033 | 21,0 1439 pk 1746 +525
Piae potase (Vor E a 48,0 | Ea 18 PI A: E
| ste erg)...,|. 600 180 1,20 35,8 UR da 1446 ; 1401 +180
Rien GR nia i nm e To On T 1673 | 13,8 o ”
i i Foto loi: i i£ | MA i Î y Eea
Ges comparaison re chiffié précédé dé dé montré que si rés sels de
3
AUS EE LE
( 974.
otasse ont quantité ch roduite à l’hect , å
pota n augmen + AmI Spi p e are) e est plutôt
en | déterqnt NDAN ra -
8) [1€
composition ige eN es eu mêmes; au reste, il paraît encore ici im-
DRE A0 L ) 291199 ef1£6D kia 2
possi > e a A Ir un, app roc FEAT quelconque entre la quantité de
“pes cônten e dans Jes tu set a proportion de potasse qu on trouve
Ta RIRS engD SUP AAi 104 9D 2l
ans les c
» = Influence des- sels de potasse sur la proportion des pommes de terre
atteintes de La maladie. On a:youlu savoir enfin si, comme on l’a plusieurs
fois affirmé, la quantité de potasse, contenue dans le sol avait une influence
sur la proportion des pommes de terre atteintes de la maladie. On a d’abord
dosé les alesii dans ünesérie dé “poies de terre saines et dans une autre
série dé SE be Ho brie O'd'trdhvé dans r00 de cendres?
ro! l'E 5J j
FRS
aD
sh
Pommbs k; terre gori de terre
ab a «19v9mn9t10T 198 lagjes
yit £ d-Potasse.…. 90° St ms Sa ea
‚Dit ng J ne ur S: siipi 20,86
Isdrase -Total.des alçalis, HSO » 92: pil 45,39
» Ce n Serait-favorablerà Foépinion formulée plus haut; (pateto on
a eu soin dë trier au}momemt des la mise’ ‘en silos, et au moment de l'ouver-
ture de ceux2ci!lec2r réa les pommes de terre malades dans er
lot, et on attrouvérainsi zoo s! 18 92
» Prôpôrtions di bormiieside aaide dans les lots qui ont reçu les
engrais de potasse. . ... ., , .. e PLHD 90 roog er 100
» Proportions de pommes de: ter omtales dans les ii Haag
q sde à pasrregue! depotuéee «i odiod, uss'Labengh 1100 ere 100
Résultat'quiestien d'avec:le p score |
» bases Les any des précédantes aerisire que sur lé défiiaine
de Grignon, et pendant l’année trés-pluvieuse de r866 : ds
» 1° Les engrais de potassen’ont eù atfctneinfluenceutilesür lap
du sucre, résultat qui. s ‘accorde, au restes avec les travaux publiés récem-
ment par M. Corenwinder (are
» 2° Qu'ils n’ont eu aucung inflnence s sur la teneur en fécule des pommes
de terre, attendu que si la quantité de fécule produite à l'hectare a aug-
menté, c'est seulement par suite,de l'augmentation, de, poids de | la récolte
elle-même, et non par une modification dans lla. Li des principes
immédiats contenus dans ler fubersules. Fate
P bej
rT Eat
Lx
(1) Recherches chimiques sur la betiera! Aniue du Comice agricole de l’arrôndissement
de Lille, 1866).
OROA VIZI- vastes Tp agar 4000
HR
aiaeup ns pr ; Jo 328
» 3° Qu'il est douteux que les 'amendeme s£ afe ane réservent les
dé hande. HE ns enig un, sy yi F TETELY
pommes de terre dë la maladie, car Si uvé plus d’alcalis
29 i cu Ga 8911191940) 89D (OH12044109
dans les cendres des pommes de terre saines que dans celles pommes de
il D.) 90 IQGST, NI MUL i D 9idiegdü
terre ma ades sta proportion de tubérc es gates à te un pen plus grande
3.e91U94190L1) 89 de ) 9H 0131409 911
s les carrés rdis d enont |
dans les carrés qui ont reçu les engrais de potasse que dans cet ix qui en ont
ILDA. LIL LLR D
a qi et ee A ETE
CHIMIÉ ORGANIQUE. — (Sur li st AN sen Note de
. J.-J. Caspexivs, ip GE pat as Balard.
1018. D
y WARE RSE. À
GJ AR ATRAS
«La pseudo-urée (AB pi peni VREA ner Da Mdé Arr d’urées
composées récemment découverte par, M. ‚Wurtz. -Pour l'obtenir, on com-
mence par mélanger du cyanate d’argent etde Il iodhydrate d’hexylène ob-
tenu par la poires e MM. Wanit et Re SE CS en distillant de h
RET SELI
iim à la distillation: Ce fee est: Fi odéeür + ete et ses
vapeursattaquent fortement les jeux Agité;ayeb;un éxcès d'amimoniaque
aqueuse, il:;se;prendtaut de suite .en,une nasie te solides qui est,l'urée nou-
velle. Après l'avoir, séparée de la solution
dle,con!là dissout dans
de l’eau bouillante, d’où elle se dépose, par le saphiman sous forme
d’aiguilles. Mais, pour l’obtenir dans l'état de pureté parfaite. il. oi la faire
recristalliser. encore. une ou deux fois, . saersi
» La pseudo-urée;hexyléniġque forme dessaighillesânes et he Da elle
se dissout aisément dans de. Peau honillaote ettrès-fadilement dans, Tal-
£ + moine auffée,e £ Illa fond à TOn” degrés,
cool et l éther : à la i
et commence, à. bouillir vers 2 pae degrés» Sẹ- décomapose partiellement et
HS +
dégage des vapeurs d'ammonjague ivii lq-e5tt s6 0m" PE ts,
» La formule a donné les dirt re udees16ty sb isig
ri
FTE E AUG XUBYET) esf o 56: gré UL bi bro59s'e a stii
4 rss. . 14]
"AE ‘à (x) buwag.
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arditq ésb Horioqoi a ensb nonsoñiboot saw deq non 39
DS E CTE nis tana eg b'erdistro
ARR MO OEM UE TEUT er our x |
Sinon tob sata ip) A ENTREE Jaisi AUL LpA zoi
C. R., 1867, 1°” Semestre, (T. LXIV , N° 49.)
(1976: )
H SiRén°chaiffe liipseido-urée hiéxylénique dans des tubes écéllés avec
uné solution trés concentrée dé”potisse caustique, aucune réaction ne se
prodiit avant 336 2350 degrés! A’cette température il se dégage de l’am:
moniaque Epil se formé un liquide huileux, qui probablement est l’iso=
hexylamine: Je n'a pas réussi aew obtenir assez pour un examen appro-
fondi purée gae les tibes sé soht cassés sous la grande pression des gaz
formés à cètte témpérature élevée. i
» La pseudo-uréé"hexÿlénique se distingué bien, comme on lé voit, de
son isonière; l’ürée hexyliqué (caproylique), préparée par MM. J. Pelouze
et Aug. Cahours (1), celle-ci formant des écailles blanches et $e décompo-
sant déjà si on la fait bouillir avec une lessive alcaline moyennement con-
centrée, » CONO
CHIMIE ORGANIQUE = Sur les dérivés bromés de l'acide gallique. Note de
M.- E. Grmaux, présentée par M. Balard.
€ Lorsqu'on ‘ajoute peu à peu du brome à de l'acide gallique, en tritu-
rant le mélange après chaque addition de brome pour faciliter le mélange,
on observe une vive. réaction; le mélange se décolore promptement, en
même temps qu'il se dégage d’abondantes vapeurs d’acide bromhydrique.
Suivant lés quantités de brome employées, on obtient l'acide galliqué mo-
à
nobromé ou l'acide dibromé, SOIT i
» Pour préparer, l'acide. monobromogallique, on prend une molécule de
brome pour une molécule d'acide gallique (environ poids égaux). Le pro-
duit de la réaction est dissous ‘dans cinq ou six fois son poids d’eau
bouillante, et la solution filtrée est abandonnée à l’évaporation spontanée
dans l’airisec, en présence de l'acide sulfurique. Après un ou deux jours, il
se dépose de petites tables hexagonales d’acide monobromogallique. Il se
sépare. ensuite ode. la solution des lames incolorés ét brillantes d'acide
dibromogallique. i
01 Hog a r 2 3
i» acidé motiobromügallique, C'HBrO = CHBr | CO Hea, cristal-
31 ERACI feagai eto (OH) rel
SC D190 91i FIRS D9 şa solution aqueuse epn petites tables heza-
onales i j Se ne : Li ss, elles
BORA OS anie trapsparentes colorées en jaune; à, 100 degrés,
eviepnent s TI QE : con-
OPU ERRi 83:6% opaques, Il se sépare de sa solution aqueuse,
centree et Doullla ipuilles i
Ho + ROM la PtEasons forme de fines aiguilles incolores.
. ai pou LÉ X r A
lise par Soap ration spontanée de
Hp SDABSTS HF Sapo9p H dé RINGO ere Uii
(1) Annales de Che ie €t de Physi ue, 4° serie, t, 1%, p. 37.
pr M UAE 9p ODIT der ont l AA Ani
(2) C = 12. 0S O. RT
Jen r
( 95)
» Il est facilement soluble dans l’eau bouillante, pausoluble.dans l'eau
froide, soluble dans l'alcool et dans. Féthert, Ihng $ allère. qu'au-rdessus de
200 degrés; il entre en fusion, se colorez puissilise,d eiga émettant
des vapeurs brombydriques et en laissant, un résidu dexharhas. 9psiN
» Il s oxyde facilement à l'air:en;présenge;des alsalseit ol ouest
» Avec l’eau de chaux et l’eau de bargte, il donne.une, coloration rose,
puis verdâtre, puis jaune orange; avec l ammoniaqueet la potasse, il devient
jaune orange; avec le perchlorure de fer, il devient-noir:
» Purifié par deux cristallisations dans, l’eau.et séché à roo degrés, il a
fourni les nombres suivants à P analyse : s
MADEE Saili S Taa LOIT DANAN , ‘© pee
Acide PR aa atanta ES OT ere 0,4830
TE PRET Se DRE D à e dupe TE - 0,0800
Trouvé. $ Calculé, CH Br O5. JOI '
= 98 4 gaca . Gare, 76 A
= 3:38 Bÿ '3;0e F
' BEEE III 00 {SO
O: 02913 its EE IRIS
100,00
2f AE E
» L’acide dibromogallique, C'H’ Br? fop -i CBr? i con s'obtient en
même temps que lé dérivé monobromé, mais on le prépare plus facilement
en triturant l'acide gallique avec un excès dé‘ brome. D'après la formule de
Constitution de l'acide gallique, un dérivé tribrfomé n est pas possible ;
aussi, quel que soit l’excès w brome e on aa on si qar le
dérivé bibromé. “a ini solos lis rfi:
» On triture l’acide däniqué avec deux ou trois fois sôn poids brome,
on reprend le produit dé la réaction par trois fois sõn poids d'éau bouillante ; y
la solution abandonhe; en se refroïdissatit, F acide Lines Pa saik à l’état
de pureté. Gapir '
» Ce corps cristallise én longues aiguilles. ou én lames line: ' fra-
giles, brillantes, incolores, quelquefois teintées de j frane. Séchéà roo aera
il se céloré un peu, il rétient une molécule d’eau “qu d'il ne pérd' pas encore à
120 dégrés. 11 dévient alors opäque èt coloré. Des 1/40 degrés, il commence
à fondre ét à se décomposer, Aussi le Hedi Aee entre 135 et 140 degrés
donne-t-il un léger excès de carboné à Panälÿse, provénant d’un éomméen-
cement Caio h Au-dessus de 200 degrés, il “dégage i une grande | ho-
tité d'acide bromhydrique, ét il laisse uñ résidu de charbon: |
“Yag.
CO )
“5tles‘analfsesont éonduitauk résultats suivants : ~ Où its
Prodiit ik e 13 100 degrés. POP
monsologpipolon eaisernsedo no : sib. 0,351 |
AC CADOL E E 500.0... 0,307
upah soso lt sBaëi Adada. DE Bwli 4008 069 724190
HOLIE) SFA Mia) ui AWA 221. soi 0,5345
Acide carboniqueu:): fi uit rasé .. + 0,466
Ranioa-tusbhash lecaetishiansuo tres 0,087
ol 21
Sa s aa Produit séché à 120 degrés
LEE: Matière, RER a La sed lies 0,268
Acide carbonique, Sea ie aN 0,236
ROIS STORES 9 191812093 UG SE
: Trouvé. ki
A FR De eao Calculé, C'H‘ Br* 0°, 830.
== 23,85: : 28,77 123,99 d'' 24,2
ME S e Re
esllrirot esf fs senovse es | = ve He
Héidiv sb stroe situ tó 151 Jigi FOI) fil
100 ,00
ob 1aomosccied Mrolutti tirs 135 degrés.
OS a aep Mb noin | zosi 1: LUPCCUP ET is
La penj i biais: : Je ali, 8791184199
ERO rýb nr Sa on 10,40. FE
HR inp HAS Mons qaot ere Calculé, C/HBr?O55 AnDi
cr art 2110(E1 06 ag af iaa C: —: 25,61. 1 Srba
mb amg apon 34 8 TE sbi :708 T 24102" sigmo
Pee 90-e2418b ddos msaziotounls 85 SE LE JS; 68
Up.atoñstst.sb HISHS TON 9H] 0 ,+ 24,38 & 8. TE O
1E iny Si APOpRnolorg qort fi
» L’acide dibromogallique èst: soluble dans l’eau aile peu dans
l’eau froide; il se dissout dans Péther-et dans ne Il,se colore trés-rapi-
dement à l’'äir.en présence des alcalis ;. nn La. FRS PPS
» Quelques, gouttes d'eau ide chaux,ou d’eau à banyte: le, cólorent en
rose vif, puis, par J’ addition d'une nouvelle quantité duiréactif, la solution
devient d'un vert très-clair. Cette solution fonce, rapidement al ain ebprend
une coloration rouge d’une très-grande vidla A
sd Si on ajoute sa solution éthérée à à de, r eau de baryte, le mélange devient
un béni bleu indigo qui passe au rouge par l’addition d’eau. :
(9 )
» L'ammoniaque, la potasse, lacsonde lesciidnent enoubejäame-omauge,
qui devient rose dans les solutions éter ue
el. bad 189 nn
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Des. Movements. spontanés etsde l'émission deau
séveuse par jet continu, chez .les feuilles du. D AET (Schott).
Note de M. mes pe pae -Costaisodiss: sbisA
« M. Lecoq vient de publier, dans les Comptes pe 22 avril der-
nier, des observations trésiréressantes à sur Jes monvements ts spontanés des
feuilles du Colocasia esculenta RAM. r ATE EDN, i
» vieretle 2 mars. . Ce dernier j jour, A ne < cs que la température de
» la terre se soit abaissée à 7 degrés, L'astatien ble sur toutes
» les feuilles, tant anciennes que nouvelles, sans exception ; ‘4 est un véri-
» table mouvement fébrile, un violent frénñsément." =»
» Ces faits sont, sauf l'intensité, identiques à ceux dont bardos 7 Jai été
témoin, em-observant l’ éjaculation d’eau séveuse par les feuilles en préfo-
liation à Colocasia esculenta (1). C'était tantôt une sorte de vibration impri-
Rés. à la feuille convolutée et a RES balancement de la feuille
mes autres it EI mais sans A u i qui était absorbé
par l'étude de l’émissiotr d’eau séveuse : je es attrib@ais, sans m'en rendre
aucun compte, soit à l'agitation de l'air, à quelqués-uns de mes mouve-
ments, au vol précipité de quelque oiseau caché dans ce massif impéné-
trable, soit à une erreur d’ optique provenant de la fatigue qui suit toute
tension trop prolongée dé la X49, ete., etc. i
» Les observatiohs: de M:1Lecdd hei pahi Joue oi un litati
nette et vraie d’un bhérioïhènebtrésedthhar euh or 4 arétito d'avoir dé-
Couvert le premier et étudié avec la sagacité qui hrirest habituéllé ; le seul
but est de confirmer un fait nouveau ée qhi peub parde éstabrdinai
» M.Lecoqg dit dans sa Note quib n’atjarhais ipi lybberrprelesfines gout-
telettes que! j'airvues)s'élancer si souvent! de) la région! dilvoüde située au-
fbar ohig 18-297) 9A ‘b 92u01 OOHEH
ip hate takipe? heoiisi E trp? 68RA 3AA A4 as o és les
Annales de-l} diäkihidi aij DER Lt de! This 8868 HUP ogibni gold pssd ı
(98e)
dessous de l’acumen: Lui:même nous en donne la cause en annonçant que
la membrane hymen qui cauyre-cette-région-est, chez les feuilles de son
pied de Colocase, imperforée. Cette Mébertorat oh; ou plutôt cette absence
de larges. stomatesg orifices d'émission, est extrêmement, rare dans les
feuilles, de l'espéce.de,G olaçase que;Je cultive en pleine,terre ; je ne l'ai con-
statée que dans lerapport approximatif de 1 à 80; Jessuis étonné, que toutes
les feuilles observées par ce savant naturaliste aient présenté cette anoma-
lie de P penkop atii de cette membrane hyménoïde. Cela dépendrait-il du
mode de culturg üü deld différéncé' des espèces ? Onze feuilles de deux
pieds de Colocase eh arbre, duftiVés éh serré chaude, ne m'ont également
jamais montré T4 Hide tré" de Stomates béants. Quoi qu'il en soit,
M. Lecoq verrait peut-être un certainorapport de cause à éffet entre les
mouvements spontanés des. feuilles et leur imperforation. Mes propres ob-
servations ne sont pas favorables à cette hypothèse.
» Je profite de cette occasion naturelle pour annoncer que; cette année,
les feuilles en préfoliation m’ont donné de résultats encore plus remarqua-
bles que ceux dont il est question dans mon Mémoire. Mes observations
datent du 1° mai au 15 novembre. Or c’est au mois de į juin, à l’époque où
la végétation est dans toute, SA, Jigugeur, que léjaculation de l’eau séveuse
est aussi la plus vive. J'ai vu et fait voir à plusieurs de mes collègues de
l'Académie, des Sci Şpieneps, de, Toulouse, quelques feuilles convolutées qui,
par des soirées bee lançaient un jet continu. L œil attentif sentait bien
une légère intermittence; mais il était absolument impossible de compter
les gouttelettes; dont:le PAT dépässait constamment 200 par minute. »
M. Bécnaue adresse deux/Notes relatives à la maladie des vers à soie,
et aux communications faites par. M, Pasteur à ce sujet., -
M. Dumas, ne pouvant assister à Jajséance, fait savoir à Ya cadémie qu'il
a regni de M. kge, une nouyelle Su sur 1 mêmesujet Note qu'il
Graz e
f H dot 1
R ra te at prochain. j3 o 1dm193%c j
na deux or erena sont remises à la prochaine s séance.
. JITIN ùh | Inra Ne
M. aniio àdresse une Lettre. concernant son travail sur la musique,
intitulé : «Le secret de | Pythagore c dévoilé », Mémoire qui a. été soumis à
l'examen de Commissair res pris à Ja f fois s parmi. les Membres de: l'Académie
des Sciences et me. ceux - l'Académie des Beaux-Arts.
Cette Lettre sera tr
PA
la A
AE A IN RA FAN GIAE III TITI Ho) IOE STS
A 5 heures et demie, l’Acadéniie še forme en comité secret.”
ah ANIE yE +
( dB Y
19 euon.9m9nm-i0 l 0900196" 9b 21022
Se SECRET. 9 IN} J fi SCA anglo
8 dog. 98890109 9
La Section de Physique, par ee de dòn? Dbfe M. a pré-
sente la liste suivante de'‘candidaté à ‘la placé’de (Corspodane! väčante
par suite du décès dé M Délezenne::14ux01q46 110qq81 slensb sup 551:
En première ligne sti axon, UR Hiny, au Logelbach. CEE
| nM, ABRI, : à Bordeaux.
En deuxième ligne, ex æquo. M. Bizxer, à Dijon.
M. Person, : à Besançon.: á
Les titres des candidats sont discutés: co osib-1uoq tigre à
L'élection aura lieu dans la séance PRES D.2918140qe gip
esidsiosi eq inog 90 2
La séance est levée à6. heures trois s quarts» 128990 94199 90 Don B.
HO f MOIISIIOÏSIQ HS 2
$
BULLETIN N MBHIOBRAPHIQUE,
L'Académie a réçu, dans la séance du ER mai t RATR pa puyrages dont
les titres suivent :
i t dJi 6.311619. | SJ ion HOIUE 9
Etidesiu sur Les coke mer; par:°M a Paris\ sans i:
1 vol. in-12.
Traité g analyse chimique quantitätive : y MER? FRESENIDS/ traduit de
l'allemand sur la 5° édition par M. ©. FORTHOMME. Paris! «8674 vol. in-12
avec figures (Présenté pàr M. Balands) é 1eiees Iasvoog où garol
Ville dé Paris. Bulletin de Statistique münitipale, publié par. les ordres de
M. le Baron Don Mois de novembre et décétnbre 1866. Paris, 1866;
in-4°, isdoong sh epeimon Jno enoissiaummos x
Le are APE et l intérêt i gead du pammarce par M. Benjamin
POucEr.. Marseille, 1867; 1 vol. gran f Aag avè hne, CUTE. PETER
Étude” sur la physiologie le la premióté enfi ance; “par” M? Em. Aux.
Paris, 1867; in-89, (Adressé pôur Í le Concours i € Médecine et de Chirurgie,
1867.) y simòbssA I 9b z199 imisq Js æ!
Bulletins et Mémoires de la Sotiété Meditale'des hôpitaux dé Paris. T. TI,
2° série, 1866. Paris, 1867; 1.vol.grandin:8?..., | aimb 19 aan
( 982)
Exposition universelle de 1867 à Paris, section francaise. Algérie. Catalogue
spécial accompagné de notices sur les produits agricoles et industriels de l'A
gérie. Paris, 1867; 1 vol. in-8°.
Leçons élémentaires d’ Agriculture; par M. F. MasurE. Paris, 1867 ; 1 vol.
in-12 avec figures.
Le choléra, préservation, traitement, causes. Choléra des Alpes; par M. Jac-
QUEMOND. Moutiers, 1867; 1 vol. in-8°. (Adressé pour le concours Bréant,
1867.)
Bulletin de la Société de Médecine de Besançon. 2° série, n° 1, 1866. Besan-
çon, 1867; in-8°.
Des conditions organiques et pathologiques qui favorisent la terminaison du
choléra par asphyxie; par M. J. Roux (de Brignoles). Marseille, 1867;
brochure in-8°.
Statistique universelle du système métrique décimal pour l'uniformité des
poids, mesures et monnaies applicables à toutes les nations du monde; par M.F.
WARGNIER. Metz, 1867; br. in-8°.
Nouveau procédé pour la préparation et la conservation des mollusques ; par
M. DoBREuIL. Paris, sans date; opuscule in-8°.
Les chemins de fer vicinaux, départementaux ou d'intérét local au point de
vue de leur exécution ; par M. H. RUELLE. Paris, 1867; br. in-8°.
Notes sur quelques matières tinctorinles des Chinois; par M. J.-0. DEBEAUX.
Paris, 1867; br. in-8°.
Frune malacologique de la vallée de Baréges (Hautes-Pyrénées); par M. J.-0.
DEBEAUX. Paris, 1867; br. in-8°.
De la rage en Algérie et des mesures à prendre contre cette maladie; par
M. C. ROUCHER. Paris, 1866 ; in- 8°, (Adressé pour le concours de Médecine
et de Chirurgie, 1867.) |
Étude sur le choléra ; théorie sur la manière dont le fléau distribue ses coups
dans les localités qu'il ravage; par M. D. DELOCHE. Paris, 1867; in-8°. (En-
voyé par l’auteur au concours Bréant, 1867.)
Société médicale de l'arrondissement de CÉ lysée. Compte rendu des travaux
de la Société pendant l’année 1866, lu à la Société dans la séance du 4 fé-
vrier 1867; par M. A. SIRY, secrétaire général. Paris, 1867; br. in-8°.
(La suite du Bulletin au prochain numéro.)
INTERVALLES ANGULAIRES ÉGAUX (LONGUES PÉRIODES). AGOE YO
; | Jours quadruples
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COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 20 MAI 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PHYSIQUE VÉGÉTALE. — Sur l'action délétère que la vapeur émanant du mercure
exerce sur les plantes; par M. BoussiNGauLT. (Deuxième partie.)
» Pour rechercher comment le soufre annule l'effet du mercure, j'ai
dù d’abord apprécier ce que l’on pourrait nommer l'énergie de la vapeur
développée par ce métal dans les conditions de température où se trou-
vaient les plantes placées sous les cloches.
» Le 8 août, on suspendit deux lames d'or pur au-dessus du mercure.
Dans une éprouvette n° 1, l'extrémité inférieure de la lame se trouvait à
80 millimètres de la surface du mercure; dans une éprouvette n°2, la dis-
tance n’était que de 15 millimètres.
» Les éprouvettes, munies d’un thermomètre à l’intérieur, fermées par
un liége, furent exposées au midi.
» 13 août. Le ciel ayant été couvert,
maintint entre 14 et 20 degrés. L'aspect des lames n'avait pas changé ;
comme dans l'expérience des chimistes hollandais, rien p'indiquait une
130
le temps pluvieux, l'air confiné se
C. R., 1867, 1°" Semestre. (T. LXIV, N° 20.)
(964
formation d’amalgame. Cependant la balance montra que l'or avait fixé
du mercure.
Poids des lames.
EE
ŘS
N°1. Mj,
> gr gr
Lea... rise 01300 0,234
LeS on + 0,200 0,236
Mercure fixé:..,.. 0,001. f 0,002
» 3 septembre. Depuis le 13 aoùt, il avait plu fréquemment. La tempéra-
ture se maintint le plus ordinairement entre 18 et 21 degrés; elle montait
à 25 et même à 28 degrés quand il y avait du soleil. La lame d’or n° 1,
placée à 80 millimètres du mercure, était un peu terne, surtout à la partie
inférieure. La lame n° 2, placée à 15 millimètres, était blanchâtre; à la
loupe, on distinguait de nombreux points gris, irrégulièrement disséminés,
n'ayant aucun reflet métallique.
Poids des lames.
Ne, No 2.
À gr gr
Le T3 DO... vins: 0,250 0,236
Le 3 septembre... 0,258 0,247
Mercure fixé...... 0,002 o,011
» Comme contrôle, on chauffa les lames au rouge pour en chasser le
mercure; chacune reprit son poids initial du 8 août :
gr
LEP PORT sir ete 0200
Le n? 2 pese... ai iii. Fer 0,284
» L'influence de la distance des lames d’or à la surface du mercure est
évidente, ce qu’expliquent, au reste, la forte densité de la vapeur mercu-
rielle et la lenteur de sa diffusion dans Pair.
» A la lame d’or on substitua, dans l’une des éprouvettes, une lame
d’argent pur, polie, longue de 6g millimètres et de 11 millimètres de lar-
geur; elle pesait 08,655; son extrémité fut maintenue à 5 millimètres de
la surface du mercure. La température varia de 14 à 28 degrés depuis
le 3 septembre jusqu’au 3 novembre. Quand on le retira de l’éprouvette,
l'argent présentait à la loupe un enduit grisâtre n’ayant rien de métallique:
on aurait pu croire à une oxydation.
Le 3 novembre la lame pesa. ........ EDT 0,665
Le 3 septembre, elle avait pesé................ 0,655
Mercure Gré viii: ssni 0,010
( 985 )
» Chauffée au rouge, la lame reprit son poids initial de 0",655, mais,
après la volatilisation du mercure, elle était mate, le poli avait disparu.
» A une température inférieure à 14 degrés, l'effet de la vapeur mercu-
rielle sur l’or n’a plus été aussi facilement appréciable. Des lames de ce
métal de 7 à 8 centimètres carrés, suspendues à 1 centimètre au-dessus du
mercure, dans une éprouvette fermée, depuis le 29 novembre 1866 jus-
qu'au 23 janvier 1867, dans un lieu où le thermomètre a indiqué de 4
à 7 degrés, ont conservé leur brillant et n’ont plus augmenté en poids.
» Dans la méme situation, pendant le même temps, mais à la tempé-
rature de 10 et 16 degrés, les lames d’or acquirent de of',o001 à 0%, 002.
» Que l'air en relation avec le mercure renferme de la vapeur de ce mé-
tal, cela est hors de doute; mais, pour comprendre comment il arrive que
le soufre en neutralise les effets, on est bien obligé d'admettre qu'à la
température ordinaire il émet de la vapeur qui transforme le mercure vo-
latilisé en sulfure n’exerçant pas d'action délétère sur les plantes. Tonte-
fois, c’est là une simple supposition d'autant plus difficile à justifier que la
combinaison des deux vapeurs ayant lieu entre des proportions à peu près
impondérables, elle échappe par cela même à nos sens. Ce que l'on est
uniquement en droit d'affirmer, c’est qu’en présence du soufre il n’y a plus
de mercure libre dans l'atmosphère, puisque la végétation n'en ressent
plus les effets. On aura d’ailleurs une idée de ce que peuvent être les mi-
nimes quantités de mercure et de soufre réagissant dans cette circonstance,
en se reportant aux forces élastiques des vapeurs de ces corps à diverses
températures déterminées par M. Regnault.
Force élastique de la vapeur de mercure
Températures. exprimée en millimètres de mercure.
o mm
o 0,020
10 0,027
20 . 0,037
30 0,053
o 0,077
5o 0,1120
60 0,1643
70 0,2410
80 0,3528
90 0,5142
100 0,7455
110 1,0734
130...
( 986 )
Force élastique de la vapeur de soufre
Températures. exprimée en millimètres de mercure.
o mm
68,54 0,20
121,02 1,28
130, 19 93
187,85 2,05
» La température des atmosphères dans lesquelles les plantes ont été
confinées s’étant maintenue entre 12 et 30 degrés, la force élastique de la
vapeur émanant du mercure n’a guère dépassé 0"",04. La force élastique
de la vapeur émanant du soufre a dù être plus faible encore. Il n’est donc
pas étonnant qu'on ne voie rien se passer dans les appareils, si ce n’est que
le végétal meurt quand il est exposé uniquement à l’action de la vapeur
mercurielle, et que, tout au contraire, le végétal résiste lorsque, dans l’at-
mosphère qui l’environne, il se développe à la fois de la vapeur de mer-
cure et de la vapeur de soufre. Toutefois, je vais peut-être trop loin en di-
sant que l’on ne voit rien autre chose; j’ai remarqué que la fleur de soufre,
introduite pour protéger la plante, prend à sa surface une teinte terne fort
peu prononcée d’abord, mais acquérant plus d'intensité avec le temps.
C’est ainsi qu’en un mois le soufre avait pris un aspect terreux, d’un gris
sale, tandis que la surface du mercure conservait tout son brillant. Nul
doute que ce changement de couleur ne provienne d’une trace de sul-
fure; mais, si ce sulfure se formait uniquement au contact du soufre, s’il
ne s’en formait pas aussi dans l'air par l'union des deux vapeurs, on ne
comprendrait pas comment la plante, dans une atmosphère mercurielle,
serait protégée par la présence du soufre; or, puisque la protection a lieu,
la vapeur de soufre intervient nécessairement, bien que, à une basse tem-
pérature, sa tension soit si faible, qu'il devient à peu près impossible de
reconnaître du soufre dans l'air. On en jugera par le résultat de l'expé-
rience que je vais rapporter.
» Le 23 août, l’on suspendit une lame d'argent pur et poli de 7 centimètres
carrés, dans une éprouvette où il y avait de la fleur de soufre. Un mois
après, l'argent avait une teinte brune à peine visible, et la quantité de sul-
fure déposée sur les deux limbes de la lame ayant ensemble 14 centimètres
carrés était si minime, qu’une balance trébuchant à 4 de milligramme nac-
cusa aucune augmentation de poids. La coloration de l'argent était-elle
réellement due à une sulfuration et non à une oxydation déterminée par
une production d’ozone que le soufre aurait provoquée? Il était d'autant
plus opportun de s’en assurer que l’ozone pouvait oxyder le mercure en
( 987 )
vapeur, et que l’oxyde de mercure n’exerce pas sur les feuilles l'effet des-
tructif occasionné par le métal. Or, le soufre que l’on suspend dans un
vase plein d’air ne ternit pas le mercure occupant le fond de ce vase, ce
qui arriverait infailliblement si lair superposé au métal renfermait de
l'ozone. Enfin un papier ozonométrique d’une grande sensibilité, préparé
par M. Houzeau, est resté suspendu pendant plusieurs jours dans une
éprouvette contenant de la fleur de soufre sans subir le moindre change-
ment de teinte. Il est par conséquent vraisemblable que la couleur brune
acquise par largent ne provenait pas d’une oxydation.
» Cependant, pour qu'une plante échappe à l’action toxique du mer-
cure, il est indispensable que, dans l'atmosphère où elle se trouve con-
finée, il y ait une intervention incessante de vapeur de soufre, en suffi-
sante quantité pour neutraliser entièrement la vapeur mercurielle; la plus
minime proportion de cette vapeur restée libre agirait immédiatement sur
les feuilles. Cette condition est remplie d'autant plus sûrement que, pour
la saturation, il n’est pas nécessaire que la vapeur de soufre soit égale, en
volume, à la vapeur métallique.
» D'après M. Dumas, les densités des deux vapeurs différent peu. A
zéro, sous la pression de 0,76 :
La densité de la vapeur de soufre est......... 6,65
La densité de la vapeur de mercure.....:.... 6,97
L’équivalent dn soufre est...........:.... ` 200
L’équivalent du mercure est......... ESE E
» Le sulfure de mercure étant HgS, il s'ensuit que t volume de vapeur
de soufre suffit pour sulfurer environ 6 volumes de vapeur de mercure.
C’est ce qui explique comment le soufre, malgré le peu de tension de sa
vapeur, protége un végétal placé dans une atmosphère mercurielle. Dans
de l’air en contact avec du mercure et du soufre, les vapeurs émanant de
ces corps doivent donc, aussitôt qu’elles se rencontrent, constituer du
sulfure de mercure, et, d’après les raisons que j'ai exposées, il paraît cer-
tain que la vapeur de soufre domine dans l'atmosphère confinée. Mais
c’est là, je le répète encore, un phénomène occulte; on n'aperçoit pas dans
lair la formation du sulfure; le seul indice de son apparition est un léger
changement de nuance dans la couleur du soufre.
» J'ai pensé que l’on rendrait manifeste la sulfuration du mercure en
vapeur par le soufre en vapeur, en opérant à une température suffisamment
élevée, afin d'augmenter la tension de ces vapeurs, en plaçant, comme je
l'ai fait, les appareils dans une étuve chauffée entre 6o et 80 degrés.
( 988 )
» Sur du mercure, dans un vase clos par un disque de verre, on a laissé
flotter une capsule contenant de la fleur de soufre. Vingt-quatre heures
après, la surfacé du soufre était noire; en deux ou trois semaines, la totalité
avait pris la même teinte. La ere noire était bien un sulfure de mer-
cure, car en la chauffant dans un tube effilé à l’abri de l'accès de l'air, il
passa d'abord un peu de soufre dans la partie froide du tube, et bientôt
après on vit apparaître l'anneau brillant noir-brun caractérisant le cinabre.
» Le soufre en morceaux, dans une atmosphère où il y a de la vapeur
mercurielle, s’est comporté comme la fleur de soufre. Un cylindre de soufre
commence par être couvert de taches grisätres, puis, huit à dix jours après,
sa surface prend l'aspect de la fonte de fer; elle est enduite de sulfure de
mercure très-adhérent, ne tachant pas les doigts et résistant au frottement.
» Dans ces expériences on a eu la preuve qu’il y a production de sulfure
de mercure au sein même de l’atmosphère, par ce fait que du sulfure était
fixé fortement aux parois des vases et à une distance relativement considé-
rable des points où se trouvaient le soufre et le mercure. Ce dépôt de
cinabre sur le verre des appareils s’est probablement formé pendant les
instants de refroidissement.
» Pour constater s’il y avait de la vapeur mercurielle libre dans de l'air
reposant à la fois sur du mercure et sur du soufre, on a institué l'expé-
rience que je vais décrire :
» Une lame polie d’or pur de 6 centimètres carrés a été suspendue au-
dessus du mercure dans une éprouvette n° 1; l'extrémité inférieure de la
lame était à 1 centimètre de la surface du mercure.
» Une autre lame polie d’or pur de même dimension fut aussi suspendue
au-dessus du mercure, dans une éprouvette n° 2, mais, entre la lame d’or
et le mercure, il y avait une petite capsule renfermant de la fleur de soufre.
» Les deux éprouvettes passèrent huit jours dans l’étuve.
» L'or, dans l’appareil n° 1, était devenu blanc, toute sa superficie recou-
verte d’une légère couche d’amalgame.
gr
Do UME D eine crue ous a a o,fot
Après avoir été chauffée au rouge. ......... 0,391
Mercure volatilisé, ..... 0,010
» Après l'expulsion du mercure, l’or était mat, le poli complétement
détruit. C’est là une preuve qu’il y avait eu du mercure combiné à l'or.
» L'or, dans l’éprouvette n° 2, celui qui avait séjourné dans de lair où
le soufre et le mercure étaient en présence, offrait un aspect assez singulier.
(: 9892)
Sur quelques points il avait pris une couleur bleue très-foncée, presque
noire, sur d’autres il était irisé.
gr
La lame a posesie Per a ue ee 7 TE STA
Chautftée au TOOMET E a a AIL TRE A
Différence.... ... 0,002
» Par l’action du feu, l’or reprit sa couleur et son poli; il n'avait pas
fixé de mercure, car, alors même que du mercure combiné d’abord à l'état
d’amalgame eût été ensuite sulfuré, après la volatilisation du sulfure, lor
aurait certainement présenté une surface mate.
» L’accroissement de poids de of",002 provenait évidemment du sulfure
de mercure, adhérant à lor comme il en adhérait au verre de l’éprouveite,
au fil de platine auquel la lame était attachée.
» On peut donc admettre qu’il n’y a pas de vapeur mercurielle libre
dans de l’air confiné touchant à la fois à du soufre et à du mercure.
» De ces faits, devenus faciles à constater par l'augmentation de la force
élastique des vapeurs, il est, je crois, permis de conclure que c’est en
constituant un sulfure que le soufre protége une plante contre les effets de
la vapeur émanant du mercure (1).
» L'ensemble de ces recherches suggère cette réflexion, qu’il suffit de la
plus infime proportion de certaines substances pour communiquer à l'at-
mosphère des propriétés dont les effets se font sentir avec une étonnante
énergie sur les organismes des plantes et des animaux. L'on voit, par
exemple, la cellule végétale languir et succomber bientôt là où il y a si peu
de mercure en vapeur, que sa présence échappe aux procédés les plus déli-
cats de l'analyse; et, ce qui est tout aussi surprenant, c'est l'intervention
du soufre en quantité plus minime encore, dissipant l’insalubrité occa-
sionnée par la vapeur mercurielle. Ne se passe-t-il pas quelque chose d’ana-
logue au sein de l’océan aérien? Si l'agent toxique dont l’air est le véhicule
est un métal comme le mercure, des gaz délétères, des miasmes comme il
en émane des marécages, ne peut-on pas considérer comme agents purifi-
cateurs le soufre, l’iode, l’ozone, dont l'apparition plus ou moins fréquente :
dans l’atmosphère est incontestable ? »
(1) La propriété que possède le sonfre de fixer solidement à sa surface, à l’état de sulfure,
le mercure en vapeur, permet de communiquer un aspect métallique à des objets moulés en
soufre, Il suffit, par exemple, de placer des reproductions de médailles en soufre dans une
Sous-tasse en porcelaine nageant sur du mercure contenu dans un vase recouvert par un
obturateur. En quelques jours, dans une étuve maintenue à 70 ou 8o degrés, les médailles
ont l'apparence de la fonte de fer.
( 990 )
ANATOMIE VÉGÉTALE. — Des vaisseaux propres dans les Araliacées ;
par M. A. Trécur. (Deuxième partie.)
« En commençant cette Note, je reviendrai sur la description des ra-
cines, pour faire connaître un phénomène sur lequel j'ai gardé le silence
dans ma précédente communication. Ce fait sera peut-être trouvé suscep-
tible de jeter quelque lumière sur les fonctions tant controversées des
vaisseaux propres.
» Bon nombre d’anatomistes admirent avec Schultz que les vaisseaux
propres pourvus d’une membrane sont la voie que suit la séve descen-
dante. Les mêmes botanistes s’accordèrent avec Link pour séparer ces
vaisseaux de ceux qui ne possèdent pas de membrane particulière. Ces deux
sortes de canaux reçurent des noms différents, et des fonctions diverses
leur furent attribuées. D’autres phytologistes, au contraire, soutinrent que
tous les vaisseaux propres ne sont que des réservoirs destinés à recueillir
des matières devenues inutiles à la plante et rejetées hors de la circulation.
» Après que j'eus annoncé les rapports qui existent entre le système
fibrovasculaire et les laticifères dans certaines plantes, je fus amené dès
1862 (voir l’Institut, p. 266) à demander le rapprochement des deux sortes
de vaisseaux propres. Plus tard, je démontrai que ceux qui sont dépourvus
de membrane sont aussi quelquefois en communication évidente avec le
système trachéen (Comptes rendus, t. LX, p. 81), et que fréquemment ceux
de l'écorce se relient à ceux de la moelle en passant à travers le corps
ligneux, comme je l'ai observé pour les laticifères limités par une men:
brane D'autre part, par l’abondance du suc propre dans les parties jeunes,
et par la disparition de ce suc dans les parties âgées de plusieurs plantes,
et aussi par quelques autres caractères, je prouvai que les laticifères ne
servent pas au transport de la séve descendante. Enfin, de la présence des
bâtonnets, pris pour des prismes par Rafn, en 1798, dans les vaisseaux du
latex des Euphorbes, et reconnus par Hartig pour être d'amidon, et aussi
de l’existence d’une matière amylacée ou cellulosique que je dévoilai dans
le suc laiteux de quelques Apocynées, je conclus que les vaisseaux propres
sont des organes qui jouent un rôle dans la nutrition des végétaux. J'admis
que ces vaisseaux, recevant des tissus environnants les matières devenues
inutiles, les soumettent à une élaboration nouvelle et les rendent aux élé-
ments soit fibrovasculaires, soit purement utriculaires, avec lesquels ils
sont en contact.
» Voici un fait nouveau qui semble donner aussi quelque appui à cette
( 99 )
opinion. J'ai remarqué, dans le courant d'avril, que de jeunes racines
d'Aralia edulis ne présentaient de grains d'amidon que dans la rangée de
cellules immédiatement en contact avec les cellules pariétales des vaisseaux
propres, et que tout le parenchyme cortical environnant en était dépourvu.
Quelques autres racines plus avancées montraient à cet égard quelques
modifications différentes suivant leur âge. Dans les unes; ce qui restait des
utricules du tissu parenchymateux primitif, et les rayons médullaires de
premier ordre, renfermaient des grains amylacés; au contraire, le paren-
chyme de l'écorce plus interne, dans lequel étaient déjà quelques vais-
seaux propres, sauf les utricules contiguës aux cellules pariétales de ces
vaisseaux, était privé d’amidon. Il y avait donc autour de chaque laticifère
un anneau de cellules amylifères. Dans d’autres racines un peu plus âgées,
l'amidon apparaissait dans les cellules environnantes; enfin, des racines
encore plus avancées dans leur développement offraient de la fécule dans
toutes leurs cellules parenchymateuses. En pourrait-il être ainsi si les vais-
seaux propres n'étaient destinés qu’à recevoir des matières excrétées de-
venues complétement inutiles? Il me paraît convenable de penser que le
développement de l'amidon dans ces cellules voisines des vaisseaux propres
est favorisé par l'émission de sucs nutritifs par les laticifères.
» Passons maintenant à l'examen de quelques-uns des pétioles qui
offrent le plus d’intérêt. Ceux de ce groupe de plantes qui, par certains
caractères extérieurs, se rapprochent du Panax crassifolium, méritent de
fixer notre attention. Leur structure interne et la disposition de leurs vais-
seaux propres accusent aussi leur parenté.
» À son insertion sur la tige, le pétiole offre de sept à neuf faisceaux
fibrovasculaires qui apparaissent rangés en arc sur la section transversale
(ces deux chiffres peuvent se rencontrer dans les feuilles d’un même ra-
meau). Ils n'ont pas de fibres du liber épaissies (1); et sont séparés les uns
des autres par de larges espaces cellulaires ou très-grands rayons médul-
laires, dans chacun desquels sont des laticifères gommeux au nombre d’un
à trois. L’un de ces vaisseaux «est opposé à louverture externe du rayon,
l'autre à l'ouverture interne du même rayon, le troisième est entre les deux.
Un ou deux de ces canaux peuvent manquer, et c'est rarement l'externe.
Ils sont quelquefois unis par des branches transversales. Quelques autres
(1) Dutrochet, Meyen, etc., ont signalé la modification du système libérien dans le ren-
flement basilaire de quelques pétioles. Dutrochet, parlant de celui du haricot, dit qu'il est
porté à considérer ce liber comme arrêté dans son «développement (Mémoires, etc., 1837).
C. R., 1867, 1er Semestre. (T. LXIV, N° 20.) 131
( 992 )
vaisseaux propres sont épars dans le parenchyme embrassé par l'arc des
faisceaux, et un ou deux sont parfois aussi dans le parenchyme externe au
voisinage du faisceau médian.
» Chacun de ces faisceaux, dont les plus volumineux figurent un crois-
sant sur la coupe transversale, peuvent se partager en deux, trois ou cinq,
qui prennent des dispositions variées dont je vais indiquer les principales.
C’est dans des conditions analogues que s’observent les dédoublements de
faisceaux que j'ai signalés à la page 250 du tome LXII des Comptes rendus:
Dans les Aralia où Panax dits Cookü et crassifolium, c'est le faisceau mé-
dian que j'ai vu se diviser le premier. De chaque corne du croissant qu'il re-
présente se détache un petit faisceau qui s'étend obliquement vers la corde
de l'arc, c’est-à-dire vers la face interne du pétiole. A la même hauteur ou
un peu plus haut, les deux faisceaux voisins émettent de même, mais
seulement par le côté tourné vers le faisceau médian, un fascicule sem-
blable, qui a la même direction que les deux précédents. Ces quatre fais-
ceaux s'unissent diversement sur leur chemin, et, arrivés à leur destination,
à la corde de l'arc, ils s’y 2justent entre les faisceaux extrêmes de cet arc,
qui se sont un peu rapprochés, et avec lesquels ils complètent de ce côté
la zone fibrovasculaire.
» Telle est la disposition générale observée dans les Panax Cookii, cras-
sifolium, trifoliolé,.etc., mais il y a quelques modifications que je ne puis
indiquer toutes ici. Dans quelques feuilles de Panax Lessonii, par exemple,
ce n'étaient pas des branches du faisceau médian et de ses deux voisins
qui allaient compléter la zone ligneuse sur la face interne du pétiole;
c'étaient des rameaux de l'avant-dernière paire. De la première paire, voi-
sine du faisceau médian par conséquent, partaient bien deux fascicules,
mais ils s’arrêtaient au milieu de la moelle, dans laquelle ils se prolongeaient
verticalement jusqu’à petite distance, en un seul petit vaisseau fibreux:
A mesure que le renflement basilaire du pétiole se rétrécit de bas en haut,
les faisceaux, d’abord très-écartés, se rapprochent jusqu’à n'être plus sépa-
rés que par d'étroits rayons médullaires qui sont ouverts vers l'écorce et
vers la moelle, jusqu’à ce que plus haut ils soient obstrués par les cellules
épaissies qui revêtent l’étui médullaire, et qui ressemblent aux fibres du
liber qui sont à la face externe des faisceaux, sur toute la longueur de la
partie rétrécie du pétiole. |
» Ce simple rapprochement des faisceaux primitivement écartés constitue
le cas le plus simple. Plus fréquemment il se détache de nouveau de chaque
angle interne de quelques-uns des faisceaux primaires un fascicule qui
( 995 )
s'oppose au rayon médullaire adjacent, et, s’unissant avec son homologue
fourni par le faisceau voisin, ils ferment ainsi tous les deux du côté de la
moelle le rayon médullaire qui reste ouvert du côté de l’écorce. C’est en
opposition avec ces rayons médullaires, férmés ou non du côté interne, que
sont placés les vaisseaux propres dans l'écorce. Un ou deux autres latici-
fères semblables peuvent être opposés au faisceau médian dans le paren-
chyme supra-libérien, comme je l'ai dit plus haut. On en trouve aussi un,
deux ou trois, suivant la force des faisceaux, dans le tissu cribreux de cha-
cun de ces derniers. Il n’existe le plus souvent pas de vaisseaux propres
dans la moelle au-dessus du renflement basilaire. Au sommet du pétiole
apparaît un autre renflement dans lequel les faisceaux s'isolent de nou-
veau, et là, sans fibres du liber épaissies, comme en bas, ils forment un
lacis auquel se mêlent des branches des vaisseaux propres (1).
» Dans la base engainante du pétiole du Fatsia japonica (Aralia japo-
nica, Thunb), les faisceaux périphériques sont au nombre de dix à douze
de chaque côté du médian ou dorsal; de ces faisceaux, qui se dédoublent
plusieurs fois pour la plupart, en naissent un grand nombre qui se ré-
pandent dans tout le parenchyme embrassé par l'arc des faisceaux externes.
On compte à l’œil nu environ soixante de ces faisceaux vers la hauteur à
laquelle se termine la gaîne; et un péu plus haut on en voit une partie
arriver vers la face interne et compléter de ce côté le cylindre des fais-
ceaux. Jusque-là il n’y a pas d'apparence de moelle centrale libre de fais-
ceaux; mais un peu au-dessu. {es faisceaux abandonnent le centre, et
graduellement, en montant, ces faisceaux centraux se rapprochent des plus
périphériques, et vont se placer près d'eux, mais sur un plan plus interne,
et vis-à-vis l’espace cellulaire qui sépare les uns des autres ces faisceaux
les plus externes. Enfin, plus haut ‘encore, les faisceaux des deux plans
s'unissent par leurs côtés, et donnent lieu à une zone fibrovasculaire con-
tinue très-sinueuse. Les vaisseaux propres, dans le renflement du pétiole,
(1) Dans un rameau de Panax trifoliolé que j'ai sous les yeux, il y a deux feuilles sim-
ples, ou mieux à une seule foliole, à pétiole très-court comme celui du Panax crassifolium,
parmi les feuilles trifoliolées, qui sont très-longuement pétiolées; mais au sommet du pétiole
de ces deux feuilles unifoliolées, est un sillon annulaire qui dénote ce que l’on nomme une
articulation. A l’intérieur correspond une interruption de la moelle due à un rapproche-
ment de quelques faisceaux qui rappelle le lacis qui existe en ce point dans les feuilles com-
posées. Dans les feuilles simples du Panax crassifolium, un tel état de choses ne se présente
ni à l'extérieur, ni à l'intérieur, où la moelle est continue du pétiole dans la nervure mé-
iane. 3
151.
4
( 994 )
sont répandus dans le collenchyme, dans le tissu cellulaire sous-jacent,
et dans le parenchyme interposé aux faisceaux. Les vaisseaux propres de
la région centrale, dispersés entre les faisceaux, suivent ces derniers
quand ils s’éloignent de laxe; ils restent mêlés à ces faisceaux jusqu'à ce
que ceux-ci soient unis en zone continue. Alors, dans la moelle, il ne se
trouve plus de vaisseaux propres qu’à la périphérie, mais dans l'écorce il y
en a dans le parenchyme supralibérien et dans le collenchyme.
» Le pétiole de l’ Aralia papyrifera présente à peu près la même structure
vers la base, c’est-à-dire que de nombreux faisceaux sont épars dans sa
partie renflée, au-dessus de laquelle ils abandonnent le centre, comme dans
le pétiole du Fatsia; mais au lieu de se réunir en une zone continue au-
tour de la moelle, qui devient fistuleuse, ils restent séparés sur des plans
différents dans toute la longueur de la partie cylindrique du pétiole, sur
trois ou quatre plans vers la base, sur trois ou deux vers le haut. Des vais-
-seaux propres sont interposés à ces faisceaux dans toute cette étendue. Il y en
a aussi au pourtour persistant dela moelle, dans le parenchyme cortical et
dans le collenchyme.
» Les coupes longitudinales pratiquées dans les tissus opposés à la partie
fistuleuse ne m'ont fait voir qu’une seule anastomose. Les embranchements
des vaisseaux propres y sont par conséquent rares; au contraire, les
réunions de ces vaisseaux sont très:nombreuses dans toutes les directions
de la partie renfléé, à ‘la base et au sommet de cet organe.
» L'espace me faisant défaut, je rappellerai seulement que la moelle des
pétioles des Aralia racemosa, edulis, spinosa, chinensis, contient des faisceaux
vasculaires intramédullaires (la tige des deux dernières espèces n’en ren-
ferme pas), et que leurs vaisseaux propres ont une distribution analogue à
celle qui existe dans les jeunes rameaux. J’ajouterai aussi qu’au-dessous de
l'insertion des folioles sur le pétiole commun (Æralia chinensis , Panax
Lessoniü, trifoliolé, pentaphylle, etc.), et au-dessous de l'insertion des ner-
vures digitées des feuilles des A4ralia papyrifera, Fatsia japonica, etc., les
faisceaux se mêlent, forment un lacis, tandis que les vaisseaux propres
s'unissent les uns anx autres par des branches horizontales, d’une manière
analogue à celle que j’ai décrite pour les mêmes organes des feuilles des
Ombellifères les plus favorables.
» De ce lacis, les vaisseaux propres passent dans les nervures des feuilles,
dont je vais m'occuper maintenant. L’arrangement de ceux des Aralia
edulis, racemosa, Fatsia japonica, Hedera Helix, Paratropia macrophylla, etc.,
fournit encore un point de contact entre les Araliacées et les Ombellifères.
( 995 )
Dans ces plantes comme dans les espèces de cette dernière famille que j'ai
citées, les vaisseaux propres existent sur les deux faces des nervures, au
moins de celles de premier, deuxième, troisième et quelquefois de qua-
trième ordre. Dans la nervure médiane des folioles et dans les nervures
secondaires, il y a ordinairement plusieurs vaisseaux propres sur le côté
externe, et un nombre moindre, trois, deux ou un seul sur la surface supé-
rieure (1). C’est ainsi qu’il existe cinq à six vaisseaux propres au côté ex-
terne de la nervure principale de l Aralia edulis, et un seul au milieu du
tissu cellulaire qui occupe l’intérieur de l'arc fibrovasculaire sur le côté
opposé. Dans les nervures secondaires, il y a trois vaisseaux propres à la
face externe, et un seul à la face interne. Dans de plus petites nervures, il
existe un vaisseau propre sur chaque face, et dans de plus petites encore,
on n’en trouve qu’un à la face inférieure, et enfin pas du tout. J'ai pu
constater que les vaisseaux propres de la lame sont unis en un seul réseau
continu comme les nervures elles-mêmes. Dans le Fatsia japonica, un sem-
blable réseau existe aussi; mais les mailles étant plus grandes, il est moins
aisé à vérifier. Pourtant on peut voir avec facilité à la jonction des diverses
nervures, au moins de celles de troisième ou quatrième degré, l’anastomose
de leurs vaisseaux propres. Comme ces nervures sont réticulées, il est clair
que les vaisseaux propres le sont aussi. Dans la feuille du Lierre, les vais-
seaux propres des nervures de troisième ou quatrième degré sont plus gros
sur la face supérieure que-sur l'inférieure; et dans celle de troisième de-
gré, les vaisseaux propres manquent parfois à cette face inférieure. Dans de
plus petites nervures, les vaisseaux propres de la face supérieure subsistent
encore, quand il n’y en a plus sur le côté opposé. | is
» Un tel réseau n’existe pas dans les feuilles des Panax Lessonii, crassifo-
lium, eic., puisqu'il n’y a même pas de vaisseaux propres dans toutes les
nervures. En dehors du liber, je n’en ai trouvé que dans la nervure mé-
diane, que l’espace ne me permet pas de décrire ici même succinctement. Il
ne serait pas impossible, toutefois, qu'un tel réseau eùt lieu à travers le
tissu cribrenx dans lequel on remarque des vaisseaux propres, au moins
dans le Panax Lessonii; mais ce tissu ayant une grande densité, et les vais-
seaux ne pouvant être isolés, puisqu'ils n’ont pas de membrane particu-
lière, on ne saurait s'assurer de existence d’un tel réseau.
—
(1) L’Aralia spinosa mwa donné une exception. La nervure médiane des folioles ne ma
montré qu’un seul faisceau propre dans le tissu extra-libérien sur le côté inférieur, et un
autre dans le tissu cellulaire embrassé par larc fibrovasculaire; il y en a plusieurs autres
dans le tissu cribreux. z
| ( 996 )
» Je terminerai ce que j'ai à dire des vaisseaux propres des feuilles par
la disparition de ceux de la nervure médiane des feuilles du Panax crassi-
folium, etc. Dans cette nervure médiane, j’aperçois, un peu au-dessus de
la base de la lame, de quatre à six vaisseaux propres, dont chacun est op-
posé à un sinus dorsal rentrant du système fibrovasculaire. A quelques
centimètres plus haut, il en a déjà disparu. Ceux qui restent, d’abord
entourés de cellules parenchymateuses avec grains verts, sont plus haut
peu à peu enclavés entre des cellules épaissies, semblables à celles du
liber, qui ont été substituées aux cellules parenchymateuses plus larges. Ils
peuvent, malgré cela, être encore environnés de leurs cellules pariétales à
parois minces. En pratiquant des coupes de plus en plus haut, on voit ces
vaisseaux resserrés entre les fibres se rétrécir par compression, et disparaitre
tout à fait, ainsi que les sinus parenchymateux qui se remplissent compie-
tement de cellules libériennes. Le même phénomène est observé dans les
feuilles du Panax Lessonii et du P. trifoliolé.
» Pour abréger encore, je ne dirai rien des vaisseaux propres des pédon-
cules. Je me contenterai, en terminant, d'indiquer les principales positions
occupées par ces Canaux dans quelques jeunes fruits. Sur une coupe
transversale, prise vers’le milieu de celui du Panax Lessonii, dont les cinq
loges ont une forme très-irrégulièrement sinueuse, on trouve dix faisceaux
périphériques : cinq sont opposés aux loges, et cinq aux cloisons. Chacun
de ces dix faisceaux a un'vaisseau propre de chaque côté, et quelquefois un
troisième vers la face interne ; je n’en ai point vu près de la face externe.
Assez rarement, près de quelqu'un de ces faisceaux, il y a quatre vaisseaux
propres, mais ils sont disposés suivant les angles d’un carré dont deux faces
sont parallèles à la surface du fruit. Outre les vaisseaux propres qui accom-
pagnent les faisceaux opposés aux loges, celles-ci, près de leur dos très-
élargi, sont pourvues de quatre, quelquefois six vaisseaux propres, dont la
position rappelle un peu les vittæ des Ombellifères. Les faisceaux axiles de
ce jeune fruit, situés au côté interne des cloisons, sont accompagnés chacun
d’un, de deux ou de trois vaisseaux propres, ai es soit sur le côté
externe seulement, soit sur l’externe et l’interne: à la fois. Enfin, dans la
région moyenne de chaque épaisse cloison, il existe ordinairement deux
faisceaux vasculaires, un de chaque côté, et chacun d’eux a près de Jui
deux vaisseaux propres, ou seulement un. Parfois aussi un de ces deux
faisceaux manque.
» Une coupe transversale faite au-dessus de la base d’un jeune fruit d’ He-
dera Helix montre dans l'axe un faisceau opposé à chacune des quatre
*
( 997 )
cloisons qui séparent les loges. Je n’ai point vu de vaisseaux propres auprès
de.ces faisceaux. Il en existe un, au contraire, près du côté externe des
faisceaux périphériques, dont un est opposé à chaque loge, et un autre opposé
au milieu de chaque cloison. Il y a, en outre, à des places indéterminées,
principalement dans l'épaisseur de chaque cloison, trois à quatre petits
faisceaux, qui sont accompagnés chacun d’un vaisseau propre souvent très-
large.
» La distribution des vaisseaux propres offre une troisième modification
dans le jeune fruit de l’Aralia edulis. Le faisceau périphérique opposé à
chacune des cinq loges a près de lui trois vaisseaux propres: um vers la
face externe, et un à distance sur chacun de ses côtés. Je n'en ai aperçu
que très-rarement un quatrième sur la face interne, entre ce faisceau et la
loge. Au contraire, chaque faisceau périphérique opposé au milieu des cloi-
sons en possède toujours un quatrième vers sa face interne, mais il est
ordinairement plus grand que les autres, et s'éloigne plus ou moins vers le
milieu de la cloison. Assez rarement il y a encore un vaisseau propre dans
une place indéterminée à l’intérieur d’une ou deux cloisons, sur l’un des
côtés. De même que dans l’Hedera, je n'ai pas observé de vaisseaux pro-
pres près des faisceaux axiles, soit vers le bas des loges, où ils sont simples
et opposés à celles-ci, soit plus haut où,ils sont doubles et opposés aux cloi-
sons. Vers le sommet des loges, il part de chacune de ces paires de faisceaux
axiles deux faisceaux arqués, qui convergent vers chacun des cinq fais-
ceaux opposés au milieu des cloisons. A la même hauteur, ou un peu plus
haut, un faisceau s'étend, presque horizontalement aussi, du faisceau péri-
phérique opposé à chaque loge, vers la base des styles. Au-dessus de ce
faisceau et parallèlement à lui est étendu un vaisseau propre, qui, au-des-
sous de l'insertion des styles, rencontre deux autres canaux du suc propre.
Ces trois vaisseaux s'unissent en un seul qui se prolonge dans le style cor-
respondant.
. » Je bornerai là cette communication. J'ajouterai toutefois, en finissant,
que les Griselinia littoralis, lucida et V Adoxa Moschatellina, sur la place
desquels les botanistes ne sont pas fixés, sont dépourvus de vaisseaux
propres. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur un lait artificiel; par M. Liese.
« La grande mortalité des enfants pendant la première année qui suit
la naissance, dans les grandes villes, à a appelé, dans ces derniers temps, l'at-
tention sérieuse des médecins français.
( 998 )
» On a fait des observations analogues en Allemagne, et les tableaux
statistiques du grand-duché de Bade, publiés par M. Dietz, fournissent des
documents irrécusables sur ce fait, que la mortalité des enfants est relati-
vement plus forte dans les contrées où la mère est obligée de contribuer
par son travail au soutien matériel de la famille. Ainsi, dans la plaine
située entre la Forét-Noire, l'Oderwald et le Rhin, contrée très-fertile, la
mortalité est de 15 à 18 pour 100, et dans les parties montagneuses de la
Forêt-Noire, où les moyens d’existence s’acquièrent plus difficilement, elle
s'accroît jusqu’à 42 pour 100 dans la premiere année. La même progres-
sion a été constatée en Bavière.
» Beaucoup de médecins allemands considèrent l'alimentation des en-
fants au moyen de la bouillie ordinaire faite de farine et de lait, comme
une des causes de cet affligeant état de choses. La composition chimique
de la farine de froment est en effet telle, qu’elle explique d'une maniere
évidente son action nuisible sur l'hygiène de l'enfance; elle posséde une
réaction acide et laisse, après l’incinération, des phosphates acides qui ne
sauraient fournir dans la digestion la quantité d’alcali nécessaire pour la
formation du sang.
» Appelé, il y a denx ans et demi, à réfléchir sur une nourriture propre à
l'alimentation de deux de mes petits-enfants, qui ne pouvaient être nourris
par leurs mères, je me suis occupé d’une série d'expériences, pour préparer
un aliment mieux approprié que la bouillie aux besoins de l'enfant.
» On comprend sans peine quelle difficulté présente l'alimentation des
enfants privés du lait maternel ou de celui d’une. bonne nourrice, dont le
choix est d’ailleurs difficile et offre souvent d’autres dangers pour le nour-
risson. En effet, les aliments qu’on donne à de tels enfants ‘ne présentent
jamais la valeur nutritive du lait de femme.
» La composition du lait n’est pas constante; les proportions du caséum;
du sucre de lait et du beurre varient, comme on le sait, suivant les ali-
ments employés à nourrir la mère. J'ai pris pour base de ma préparation la
composition d’un lait normal de femme, analysé à Giessen par M. Haidlen,
et dont 1000 parties contenaient 31 de caséum, 43 de sucre de lait et
31 de beurre. Les substances plastiques et les substances produisant la
chaleur se trouvent dans ce lait dans la proportion de 10 à 38; dans le lait
de vache non écrémé, comme 10 à 30; et dans le lait écrémé, comme
10 à 25. | | :
» Dans la préparation à laquelle je me suis arrêté, j emploie du laitécrémé,
de la farine de froment, de l'orge germée et du bicarbonate de potasse. On
999 )
ne saurait dire que l’amidon, dans la bouillie ordinaire, soit impropre à
nourrir l'enfant ; mais il n’en est pas moins vrai que, pour sa transforma-
tion en sucre dans l'estomac; on impose à l'organisme du nourrisson un
travail inutile; on le lui épargne, par contre, en transformant préalablement
l’amidon en sucre et dextrine soluble. Cette considération explique l'em-
ploi de l’orge germée ou du malt dans la préparation de mon lait artificiel;
il est encore important que la consistance de l'aliment soit telle, qu’on
puisse l’administrer à l’enfant par le moyen d’un biberon.
». Pour la préparation de mon lait artificiel, on fait bouillir 16 grammes
de farine de froment avec 160 grammes de lait écrémé, jusqu'à ce que le
mélange soit transformé en une bouillie homogène; on le retire ensuite du
feu et on y ajoute, immédiatement après, 16 grammes d’orge germée qui
aura d’abord été broyée dans un moulin à café, et mélangée avec 32 gram-
mes d’eau froide et 3 grammes d’une solution de bicarbonate de potasse, la
dernière faite de 11 parties d’eau et 2 parties de bicarbonate.
:» Après avoir ajouté l'orge germée, on met le vase dans de l'eau chaude,
ou on le place dans un endroit chaud jusqu à ce que la bouillie ait perdu
sa consistance épaisse et soit devenue douce et liquide comme de la
crème. Au bout de quinze à vingt minutes, on remet lé tout sur le feu, on
fait bouillir quelques instants, et l'on fait ensuite’ passer le lait à travers un
tamis serré de fil ou de crin, qui retiént les matières fibreuses de l'orge.
Avant de donner ce lait à l’enfant, il est bon de labandonner au repos
pour qu’il laisse déposer les matières fibreuses fines qui sont restées en
suspension.
» Le lait artificiel préparé de cette manière renferme les éléments plas-
tiques et respiratoires, à très-peu de chose près dans la proportion de 10
à 38, comme le lait de la femme; porté à l’ébullition, il se conserve en été
pendant vingt-quatre heures ; il a une concentration double de celle du lait
de femme.
» Les pères de mes deux petits-enfants sont médecins et parfaitement en
état d'apprécier les effets de mon lait artificiel ; fort de leur assentiment et
après avoir acquis, par une expérience de six mois, la conviction que ce
lait constitue un moyen parfait d'alimentation, j'ai publié la description de
sa préparation et les principes sur lesquels elle est fondée, dans mes Annales
de Chimie, t. CXXXIII , sans d’abord y attacher une importance particu-
lière; mais, depuis cette publication, le besoin général d’un aliment de
cette nature m'a vivement frappé, quand j'ai vu naitre en Allemagne, en
> 32
C. R., 1867, 1°" Semestre, CF; LAIV, N 20.) T
( 1000 )
Angleterre et aux États-Unis d'Amérique, une cinquantaine d’établisse-
ments qui vendent un mélange d'orge germée et de bicarbonate de potasse
ou de farine, de l'orge germée et du bicarbonate composé d’après mes
prescriptions. Gette préparation est mise dans le commerce sous le nom de
soupe ou aliment pour les nourrissons.
» Afin de donner une idée de l'extension qu'a prise la préparation de
ce lait artificiel, il suffira de mentionner le prospectus d'une Société qui
s’est formée à Londres sous les auspices du marquis de Towushend et dont
le Comité comprend, comme membres, huit des plus éminents médecins
des hôpitaux de Londres. Cette Société fait préparer en grand cet aliment
et le fait distribuer, à un prix très-modique, aux familles pauvres:
» D'après les rapports du D" Walther et du Directeur de la Maison d'ac-
couchement à Munich, le D" Hecker; mon lait artificiel est administré avec
grand succès dans beaucoup de cas de dyspepsie et de maladies d'estomac
chez les adultes.
» M. le D: Vogel, à Munich, qui s'occupe particulièrement du traite-
ment des maladies des enfants, a rencontré, au début, beaucoup de diffi-
cultés pour introduire ce lait artificiel dans les familles des pauvres, parce
que la bouillie épaisse perd, par l'addition de l'orge germée, sa consistance
et devient liquide. On croyait, dans ces familles, que les propriétés putri-
tives de cet aliment étaient en rapport avec sa consistance, et qu’elles sont
amoindries par l'addition de l'orge germée.
» Un fait physiologique digne de remarque est que le lait artificiel,
lorsqu'il est fait avec du bicarbonate de soude, au lieu du sel de potasse,
perd beaucoup de ses propriétés utiles ; tandis que le lait artificiel fait avec
la potasse donne une régularité parfaite à toutes les fonctions animales,
telles que le sommeil, la digestion, le lait préparé avec le bicarbonate de
soude provoque de suite diverses indispositions, circonstance qui fait com-
prendre le rôle important de la potasse dans le lait; ce dernier ne ren-
ferme pas, comme on sait, de sels de soude, si ce n’est une certaine quan-
tité de chlorure de sodium.
» Quoique le sujet de cette Note ne soit pas à la hauteur des communi-
cations que celte illustre Académie est accoutumée à entendre, j'ai cru
néanmoins qu’elle la recevrait avec indulgence, en tenant compte de Puti-
lité que cette préparation peut offrir à l'alimentation des enfants, dans des
familles pauvres en France. »
( 1001 )
ZOOLOGIE MÉDICALE. — Sur un phénomène produit par la piqûre du Scorpion;
par M. Guxox.
« J'ai eu l'honneur de présenter à l’Académie, dans la séance du 15 mars
1852, une série d'expériences sur la piqûre du Scorpion (1). Au nombre
des phénomènes produits dans ces expériences, j'ai signalé, chez un chien
du poids de 15 kilogrammes, et chez un cabiai non encore adulte, une
turgescence complète du membre génital, turgescence qui a persisté après la
mort chez les deux sujets (2). Ce phénomène, qui n'avait pas encore été,
sinon observé, du moins signalé chez l’homme après la piqüre du Scor-
pion, y a été observé dans ces derniers temps en Algérie, chez trois enfants
dont deux sont morts en peu d'heures. L'observateur est M. Dalange, mé-
decin militaire. Les deux premiers cas se sont présentés à Biskra (province
de Constantine), et le dernier à Sidi-bel-Abess (province d'Oran). Nous
en résumerons en peu de mots les observations.
» Premier cas, suivi de mort. — Le 20 août 1862, à Biskra, un enfant euro-
péen de dix ans est piqué trois fois à la jambe droite par un Scorpion qui
s'était introduit dans son pantalon : six heures après, il était mort (9° 30" du
matin à 3°30® du soir). Parmi les phénomènes observés, le médecin traitant
signale l'érection très-forte de la verge; elle était recourbée en haut et appliquée
contre l'abdomen.
» Deuxième cas, suivi de mort. — Le 6 septembre 1862, aussi à Biskra, un
enfant indigène de huit ans est piqué au médius, face palmaire de la troi-
sième phalange, et il meurt comme le précédent, six heures après (3*30® à
930" de l'après-midi). Dans l’'énumération des symptômes observés, le mé-
decin traitant dit que la verge était dans un étal complet d érection.
» Troisième cas, suivi de guérison. — Le 4 juillet 1865, à Sidi-bel-Abess, un
enfant européen de cinq ans èt demi est piqué à la main droite par un Scor-
(1) Sous ce titre : Piqüres de Scorpion (ANDROGTONUS FunESTUs) terminées par la mort,
` chez l’homme et chez des animaux.
(2) Le premier, piqué aux pattes, mourut en cinquante minutes, présentant : extension
tétanique de tout le corps; élongation de la verge, sang fluide dans les cavités du cœur. La
mort, chez le second, s’accomplit en moins de quinze minutes, présentant : extension téta-
nique du côté gauche, élongation de la verge, mucus sanguino/ent aux narines, sang fluide
dans les cavités du cœur.
Dans des expériences subséquentes, et en grand nombre, la turgescence du membre génital
s’est représentée à nos observations, et nous avons observé en même temps celle de la vulve,
souvent accompagnée d'un produit muqueux plus ou moins abondant. y
192..
( r002 .)
pion, comme il s'amusait à soulever des pierres devant la porte de ses parents.
Ceux-ci, d’abord peu inquiets sur les suites de la piqüre, ne recoururent
aux soins de la médecine que quelques heures apres. Ces soins lui sont
donnés à l’hôpital du lieu, où il entra à 530" du soir. « La verge était
» alors, dit le médecin traitant, dans un état complet d’érection. » Cet état se
calma dans le cours de la nuit suivante, en même temps que les autres
accidents concomitants, et tous ensemble se dissipèrent dans la journée du
lendemain.
Les trois observations que nous venons d’abréger sont insérées dans
les Mémoires de Médecine militaire (mois d’août 1866, n° 81), article ayant
pour titre : Des piqüres par les Scorpions d’Afrique. J'ajoute que c’est au Scor-
pion du sud de l'Algérie, et qu’on retrouve en Égypte et ailleurs encore
(Androctonus funestus), que sont dus les accidents des deux premières ob-
servations, et à celui de la côte, qui est aussi celui du midi de la France
(Androctonus occitanus), ceux de la dernière.
» Qu'on nous permette de continuer notre communication par un mot
sur la terminaison mortelle ou léthalité de la piqüre du Scorpion chez
l’homme. Cette léthalité, que nous cherchons à établir depuis longtemps,
nous paraît, désormais, surabondamment démontrée, et par les cas qu’en
rapportent des auteurs dignes de foi, et par ceux que nous avons rapportés
à notre tour, dans la séance du 26 septembre 1864 (1). Ceux-ci, au nombre
de douze, ont été choisis parmi les mieux constatés, et ceux où la mort ne
saurait être rapportée qu’à l’action générale du venin, à son action seule (2).
» Aux deux cas mentionnés dans notre communication d’'aujourd’hui, cas
observés par M. Dalange, il faut en ajouter trois autres, savoir : 1° deux cas
observés dans la même localité, peu avant les précédents, Fun sur un
infirmier militaire de l’hôpital du lieu, et l’autre sur la femme d’un colon,
âgée d'environ trente ans; 2° un troisième et dernier cas observé à Durango
` (1) Sous ce titre : Du danger, pour l’homme, de la piqûre du pew Scorpion du nord de
l’ Afrique, ANDROCTONUS FUNESTUS.
Ehrenberg, dont on connaît les savantes recherches en Orient, attribue à cet Androctone,
ainsi qu'au Quinquestriatus, existant aussi en Algérie, une grande puissance d'action; il ne
doute pas que leur piqûre, sur l’homme, ne puisse étre suivie de la mort,
(2) Tel n’est point le caractère du cas suivant, rapporté par un médecin voyageur: La
raison en est dans l'extension qui pouvait s ’être faite, de l'extérieur à l’intérieur du crâne,
de la lésion de sa surface, L'auteur venait de parler des convulsionnaires de Bengazzi
(régence de Tripoli), les 4issaoua de l’Algérie; il continue ainsi : « Un fanfaron, non
» content de manger des Scorpions, en fourra un dans sa coiffe (chechia); il en fut piqué
,
( 1003)
(Mexique), sur un enfant de quatre ans, par un médecin de notre armée
expéditionnaire. Cette observation, jointe à plusieurs autres terminées par
la guérison, a été insérée dans les Mémoires de Médecine militaire (mois
d'avril 1865, n° 64), article intitulé : Du Scorpio de Durango et du Cerro de
los remedios. |
» J'ajoute que l’auteur donne, sur la mortalité des enfants de Durango
par la piqûre du Scorpion, des chiffres que j'ose à peine reproduire. Et, en
effet, dans cette localité, dont la population n’est que de 15 à 16000 âmes,
il succomberait annuellement, selon l’auteur, de 200 à 250 enfants par la
piqûre du Scorpion. Il est vrai que, à Durango, comme dans beaucoup
d’autres lieux du Mexique, les enfants sont employés à la chasse de l'in-
secte, chasse qu'ils font la nuit et au flambeau, et qui les expose ainsi,
plus particulièrement que leurs parents, à la piqûre de l’insecte. Celui-ci,
d’un autre côté, est tellement multiplié dans la contrée, que les enfants
n’en prennent pas moins de 8o à 100000 pendant les trois mois de cha-
leur de l’année. Ce chiffre, quelque exagéré qu'il paraisse, n'en doit pas
moins être exact : il ressort de la prime payée par la municipalité du lieu
pour les Scorpions qu'on lui apporte, et qui est de 30 centimes par
douzaine d'insectes. (Mémoires précités, même numéro, p. 351.) Remar-
quons qne, par sa position presque en dehors du tropique, et son altitude
au-dessus du niveau de la mer, qui n’est pas moins de 1913 mètres, Du-
rango doit jouir d’un climat assez tempéré. »
M. P. Gervas présente, de la part de M. John Alexander Smith,
d’'Edimbourg, deux Mémoires consacrés par ce savant naturaliste à la
description d’un nouveau genre de Poissons qu'il a reçu de la côte occi-
dentale d'Afrique et auquel il donne le nom de Calamichthys calabaricus.
M. Gervais met quelques exemplaires de ces Poissons sous les yeux de
l’Académie, et il donne à ce sujet les détails qui suivent :
» et mourut dans de terribles convulsions. Sa tête était devenue monsirueuse. » (Courrier
des Sciences, des Arts, ete., du 28 mai 1865, n° 22.) | Fe
Je ferai observer ici que les 4éssaoua sont souvent piqués à la tête par des Scorpions,
ainsi que, nous-mème, nous en ayons fourni des exemples, dans notre communication du
26 septembre 1864. Ceci tient à ce que les Aïssaoua sont dans l'habitude de mettre des
Scorpions sous leur coiffure lorsqu'ils n'ont pas quelque chose à la main pour les enfermer.
Les 4issaoua font une grande consommation de ces insectes; ils les mangent en commençant
par la tête. A cet effet, l’insecte est tenu en lair, par le dernier nœud de la queue, saisi entre
le pouce et l'index.
( 1004 )
« Les Calamichthys ont les écailles osseuses, à surface émaillée, et ran-
gées réguliérement par séries obliques, caractère que présentent seuls
parmi les Poissons actuels les Lépisostées et les Polyptères, types de l'ordre
des Rhombifères ou Ganoïdes proprement dits. Ils ont surtout de l'ana-
logie avec les Polyptères qui vivent aussi dans les eaux douces de l'Afrique;
mais il est facile de les en distinguer génériquement. Ainsi, leur corps est
plus allongé et comme anguilliforme; ils manquent de nageoires ventrales,
et les pinnules de leur dorsale, qui restent séparées les unes des autres,
comme dans les Polyptères, sont en moindre nombre que chez ces der-
niers. Les Calamichthys ont d’ailleurs, comme les autres Rhombiferes, l'in-
testin pourvu d’une valvule spirale, et leur bulbe artériel présente aussi de
nombreuses valvules inégales entre elles.
» On sait combien les Ganoïdes rhombifères ont fourni d’espèces et de
genres aux anciennes périodes géologiques ; les Calamichthys sont un troi-
sième genre de ce groupe actuellement existant, ce qui donne au travail
de M. A. Smith un intérêt particulier. »
M. Picrer, élu Correspondant de la Section d'Anatomie et de Zoologie
dans la dernière séance, adresse ses remerciments à l’Académie.
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un
Correspondant pour la Section de Physique, en remplacement de feu
M. Delezenne.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 43,
M. Hirn obtient... . ... . . . ... . . 41 suffrages.
MsPérsdn is ir eh roue, JT d'or »
M. Hms, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est déclaré élu.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com-
mission chargée de décerner le prix d’Astronomie pour 1867.
MM. Mathieu, Laugier, Delaunay, Faye, Liouville réunissent la majorité
des suffrages. : |
( 1005 )
MÉMOIRES LUS.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur l'établissement des régulateurs de la
vitesse. Solution rigoureuse du problème de l’isochronisme par les régula-
teurs à boules conjuguées, sans emploi de ressorts ni de contre-poids variables.
Influence du moment d’inertie sur les oscillations à longues périodes; par
M. E. Rorzanp. (Extrait par l’auteur.)
(Commissaires : MM. Poncelet, Combes, Delaunay, Foucault.)
« Convaincu par une longue expérience de l'insuffisance des règles don-
nées jusqu'ici aux constructeurs pour assurer la transmission régulière du
travail dans les machines, je me suis livré, sur la question si délicate de la
réglementation de leur vitesse, en prenant pour point de départ les travaux
bien connus de M. le Général Poncelet, à des études approfondies dont je
me propose d'exposer successivement les résultats. Mais, en attendant qu'il
me soit possible de le faire avec les développements convenables, j'ai pensé
devoir en extraire une partie essentielle et particulièrement intéressante
pour les applications pratiques.
» On admet, en général, que la sensibilité d’un régulateur est caractérisée
par le quotient de la différencé par la somme des vitesses extrêmes sous
l’action desquelles l'appareil peut rester en équilibe, quotient auquel on
donne le nom d’écart proportionnel de la vitesse. On trouve facilement que cet
écart est la somme de deux quantités dont l’une est indépendante des résis-
tances passives ; dont la seconde, au contraire, est proportionnelle à leur
résultante. Cette deuxième ne peut jamais être annulée entièrement ; mais il
n’en est pas dé même de la premiére qui, par des dispositions convenables,
peut être rendue nulle pour toutes les positions. ©
» Nous donnons, avec M. L. Foucault, le nom de régulateurs isochrones
aux régulateurs qui remplissent cette condition; ils jouissent de cette pro-
priété que la vitesse angulaire sous laquelle ils restent en équilibre, abstrac-
tion faite des résistances passives, est la même pour toutes les positions.
» Dans la première partie de ce Mémoire, j'étudie les dispositions au
moyen desquelles ou peut obtenir l’isochronisme; je passe rapidement en
revue les solutions essayées jusqu'à ce jour, en prenant pour base le dispo-
sitif de Watt, solutions qui reposent soit sur les propriétés de la parabole,
soit sur l'introduction, dans le système, de ressorts ou de contre-poids va-
riables, soit enfin sur une combinaison de ces divers principes.
( 1006 )
» Je fais voir que, théoriquement, la solution peut être obtenue par
l'emploi de trois douilles mobiles le long de l’axe du régulateur et conduites
par trois losanges articulés convenablement reliés aux boules. Mais un tel
dispositif serait compliqué dans l'exécution et peu sensible, par suite des.
frottements inhérents au système même. Je montre comment il est possible
d’arriver au même résultat, c’est-à-dire à l’isochronisme parfait, par une
combinaison plus simple et sans emploi de ressorts ni de contre-poids va-
riables. Je remplace dans ce but chacune des boules du régulateur ordinaire
par un système de deux boules tournant autour du même centre que la
première et assujetties à cette condition que les lignes joignant leurs centres
de gravité au centre de rotation fassent entre elles un angle droit.
» (Les appareils basés sur ce principe forment une première branche
de la famille de régulateurs, à laquelle je donne la dénomination de régu-
lateurs à boules conjuguées.) On reconnaît sans peine que, dans ce système,
le centre de rotation des boules doit être en dehors de l’axe vertical du
régulateur, sans quoi leur équilibre serait assuré dans toutes les positions,
quelle que fût la vitesse.
» J'établis la théorie complète des appareils de ce genre, et j'en déduis
les tracés des dispositifs à employer dans les divers cas de la pratique.
» Après avoir établi les conditions générales à remplir pour obtenir
l'isochronisme, je calcule l'expression de l'écart proportionnel de la vitesse,
pour les régulateurs isochrones, en tenant compte des résistances passives,
expression qui permet de déterminer la valeur qu’il faut donner aux divers
éléments de l’appareil pour obtenir une sensibilité voulue, lorsque les ré-
sistances à vaincre sont connues. J'indique en outre un moyen pratique
très-commode pour déterminer, par de simples pesées, la sensibilité d’un
régulateur construit.
» Dans tout ce qui précède, il a été fait abstraction des forces d’inertie
qui se développent dans le passage des boules d’une position d'équilibre à
une autre; mais les inconvénients de cette simplification de la question,
généralement admise par les auteurs, deviennent plus manifestes à mesure
que l’on veut augmenter la sensibilité du régulateur. |
» J'étudie donc le fonctionnement du régulateur, lorsque la vitesse de
son arbre vient à varier; je fais voir que, lorsque l'égalité entre les travaux
moteur et résistant qui agissent sur la machine à régler a été rompue, le
régulateur, après s’être mis en mouvement, dépassera nécessairement la
position pour laquelle l’équivalence entre les deux travaux serait rétablie,
et oscillera autour de cette position avec des amplitudes d'autant plus
( ro07 )
grandes que le mouvement d'inertie de l’ensemble des pièces mobiles, par
rapport à l’axe de rotation des boules, sera plus important.
» Les écarts de la vitesse de la machine, qui peuvent se produire pen-
dant l’état de mouvement du mécanisme, croitront donc avec ce moment
d'inertie, et, passé certaines limites, cet accroissement provoquera des
oscillations continuelles bien connues des praticiens sous le nom d’oscilla-
tions à longues périodes.
» Les remèdes ordinairement employés pour éviter cet inconvénient ont
consisté jusqu'ici à augmenter suffisamment les résistances passives du sys-
‘tème; mais il est clair que ces palliatifs entraînent une diminution de la
sensibilité de l'appareil sans détruire la cause du mal; je montre que le
remède efficace ne peut consister que dans la réduction du moment d’iner-
tie au minimum.
» D’après ces considérations, j'étudie les moyens pratiques à employer
pour amoindrir le plus possible le moment d'inertie des mécanismes précé-
demment décrits, tout en leur conservant la même sensibilité. J'arrive
naturellement à cette première conclusion que, contrairement aux idées
généralement admises, il y a lieu de rapprocher autant que possible les
boules de l'axe de rotation de la tige qui les porte. Je traite ensuite la
même question, en tenant compte des moments d'inertie de toutes les
autres pièces mobiles, des douilles, des tiges de l'appareil, et cette étude
me conduit à une nouvelle disposition du régulateur à boules conjuguées,
avec couplement à angle variable, régulateur qui jouit de propriétés très-
remarquables. fl est parfaitement isochrone, sans emploi de ressorts ni de
contre-poids variables; en outre, il ne renferme aucune masse parasite en
dehors de celles qui sont soumises à l’action de la force centrifuge. Un
régulateur, dans de telles conditions, est évidemment parfait au point de
` vue théorique, et jouit des qualités précieuses du régulateur dit parabolique
dont on a si vainement cherché jusqu'ici une bonne réalisation pratique.
» Je montre que la méthode suivie dans toute cette étude-offre un grand
caractère de généralité, et qu’elle ne s’applique pas seulement aux régula-
teurs à boules conjuguées; j'indique les règles à suivre dans tous les cas
analogues, et j'en fais l’application à un exemple particulier.
» Pour ne pas laisser la théorie précédente à l’état purement spéculatif,
j'ai fait construire deux régulateurs à boules conjuguées dont les dessins
d'ensemble sont joints au Mémoire. Dans l'un d’eux, j'ai réalisé le régula-
teur avec boules couplées à angle variable dont j'ai parlé plus me qui
1
C. R, 1867, 197 Semestre. (T, LXIV, N° 20.)
( 1008 )
est, sans contredit, le type le plus parfait des régulateurs de ce genre. Le
deuxième est un régulateur avec couplement des boules à angle droit; il
répond surtout aux cas où, se préoccupant moins de la perfection théorique,
on voudrait obtenir un appareil robuste et très-simple d'exécution; ce der-
nier n’est pas, en effet, plus compliqué que le dispositif ordinaire de Watt,
tout en étant parfaitement isochrone; mais il présente une grande infé-
riorité sur le précédent au point de vue de la valeur plus considérable de
son moment d'inertie, et, par suite, il ne convient pas aux cas où les oscil-
lations à longues périodes sont à craindre.
» En dehors des qualités essentielles que j'ai fait ressortir dans ce travail,”
les appareils pratiques dont je viens de parler jouissent encore de cer-
tains avantages très-dignes d’être pris en considération.
» Tous les détails de construction en ont été étudiés de manière à réduire
au minimum les résistances passives, tant par la disposition particuliere des
articulations que par la facilité de leur graissage. De plus, il est très-facile
de modifier leur vitesse de règle et leur sensibilité par la simple addition
de poids égaux sur les deux douilles mobiles, et cela sans altérer en rien
l'isochronisme. Enfin, il est possible de donner à ces régulateurs une puis-
sance pour ainsi dire illimitée, soit par l'accroissement de la distance des
articulations principales à l'axe vertical de rotation, soit par l'emploi d’un
grand nombre de dispositifs semblables uniformément répartis ‘autour de
cet axe.
» Je terminerai cet aperçu rapide des principales questions traitées dans
mon Mémoire, en signalant encore une propriété remarquable du régula-
teur à boules conjuguées à angle variable, propriété en vertu de laquelle
les actions de la force centrifuge sur les masses des diverses tiges articulées
s’équilibrent entre elles, et disparaissent dès lors de l'équation des vitesses
virtuelles (1). »
ent retirés
(1) J'apprends aujourd’hui même, 20 mai, par une communication de MM. Gand et
Guilloteaux, qu’un brevct a été pris en leurnom, le 20 juin 1866, pour un régulateur ayant
une assez grande analogie avec l’un des dispositifs décrits dans mon Mémoire.
Désireux de laisser à chacun ce qui peut lui appartenir, je m'empresse de signaler cette
rencontre fortuite à l’Académie. J'ajoute, pour éviter tout malentendu, que l'analogie porte
uniquement sur un cas particulier du régulateur à boules conjuguées à angle droit, et qu’elle
n’amène aucune modification dans les conséquences théoriques et pratiques de mes études.
( 1009)
MÉCANIQUE. — Complément au Mémoire lu le 24 décembre 1866 sur le choc lon-
giüudinal des barres parfaitement élastiques, et sur la proportion de leur force
vive qui est perdue pour la translation ultérieure; par M. pE SAINT- VENANT,
(Commissaires précédemment nommés : MM. Poncelet, Lamé,
Bertrand, Bonnet.)
« Lorsque deux barres, d’égale grosseur et de même matière, ayant des
longueurs a,, a, et des masses M,, M;, se sont heurtées longitudinalement
avec des vitesses V,, V,, la plus courte, supposée être la première, prend
." >. L . LA Li * 24;
tout entière la vitesse primitive V, de l’autre après le temps { = —- que le
son s’y propageant avec une vitesse k a mis à parcourir, aller et retour, sa
V, + V;
2
longueur 4,. Comme cette vitesse V, est moindre que celle » qui est
alors possédée sur une certaine longueur par la barre a, allant devant,
Cauchy conclut que le choc est alors terminé et que les deux barres se sé-
parent. D'où U,, U,, désignant généralement les vitesses des centres de gra-
vité de ces barres après le choc
M,
.() U = Va U, = V, + g. (Vi = Va):
expressions trées-différentes de celles
; M; M;
(2) U= y, je Ma Vs) U, AE me Ah — V;),
qui se trouvent dans tous les ouvrages traitant du choc des corps élastiques,
et que j'ai démontré n’ètre exactes, pour deux barres quelconques, que
dans le cas où le son les parcourt d’un bout à l’autre dans le même temps.
» Mais M. Poisson nie la séparation, parce qu’il impose, pour qu'elle
s'opère, qu’au point de Jonction non-seulement la vitesse de la barre qui
va devant soit la plus grande, maïs encore que les compressions soient nulles
dans toutes deux ; et, comme les formules lui montrent que ces deux condi-
tions ne sont jamais remplies à la fois pour peu que les longueurs des deux
barres soient inégales, il conclut qu’elles resteront unies comme feraient
deux corps dénués d’élasticité.
» Depuis ma communication du 24 décembre 1866, j'ai mieux trouvé
la vraie raison pour laquelle il y a lieu d'adopter la conclusion de Cauchy
et les formules (1). Sie
» Il est bien vrai qu'il faut tenir compte de la compression ———: qui
139.4
( 1010 )
affecte la deuxième barre sur une certaine longueur à l'instant t = n car
elle engendre par détente, immédiatement après, une vitesse en arrière
Lee, qui, retranchée de la vitesse en avant ne
l'endroit de la jonction avec la première barre, ce qui fait qu'elles marchent
$
, réduit celle-ci à V, à
ê r . CA . . 2a .
jūuxtaposees jusqu à un deuxième instant t= Pee Mais, et c’est ce que
M. Poisson n’a pas aperçu, si elles restaient unies ensuite, leurs compres-
sions seraient négatives, et elle exerceraient l’une sur l’autre une traction;
or cela est impossible, puisqu'elles sont sans adhérence et ne peuvent que
se pousser. Les deux barres se quitteront donc alors, et leur choc, qui était
bien terminé dès l'instant t = H. comme l’a dit M. Cauchy, puisqu'elles sont
ensüite sans action l’une sur l’autre, a son effet définitif d’éloignement
mutuel à l'instant 4 = ns.
r
» La figure ci-dessous peint complétement l'état des barres avant, pen-
dant et après leur choc, car elle donne les traces que laisseraient dans
l'espace leurs divers points si une vitesse transversale commune # était
composée à chaque instant avec leurs vitesses longitudinales individuelles.
re k de
D
Ai 1 —
rs ra
ee a a A 0 1 |
A i
| hasal ba bania | TEE E E EST
É É, 7 24 uz +a 2 +2 249 a+ 203 1 349 di +349 4#üa 244 +409 ER
F S3
1]
7 r ; kt=2u1+ 243
t à f =
» oa,, a,a sont les deux barres un peu avant leur choc; OA,, A, À figu
rent leurs situations quand élles se rencontrent si leurs vitesses d'arrivée V;,
V, sont les produits de celle 4 de propagation du son par les tangentes des
( sort )
angles que font les droites a, A;, a A, avec l'axe OT des temps ou des
2.0
° . . ` è t `
abscisses At; O” A” donne les situations des barres à l'instant = —-; où elles
k
1 r ` . 2a
cessent d’agir l’une sur l’autre; O”A” donne leur état à l'instant ¿ = =?
où elles s'éloignent; OY AYAY A, et toutes les autres lignes parallèles à OA
qu’on peut tirer, donnent leurs états ultérieurs. Les lignes brisées pleines
sont les trajectoires de points qui avaient un égal espacement dans l'é-
tat OA, A; leur écartement nouveau dans le sens parallèle à OA indique les
contractions et dilatations éprouvées.
» Lorsque les deux barres qui se heurtent sont de grosseurs et de ma-
tières diffétentes, si m,, m, désignent leurs masses par unité de longueur,
et k,, k, les vitesses du son qui s’y propage, une intégration fournit, pour
$ 2a ` .
l'instant t= sa où le son a parcouru, aller et retour, celle des deux ui
. Li
exige pour cela le moins de temps, les valeurs suivantes de la vitesse U, de
toute cette barre a,, et de la vitesse U, du centre de gravité de Vautre :
LE
2 (V, — Vi).
2 M3 À M, 2m
M, m, Å, + nn:
Œ EVE m, ki; + Mrka
(V,—V,), U =V
» Le savant M. Rankine (The Ingineer, n° 581, 15 février 1867, p. 133),
après avoir parlé, dans des termes dont je le remercie, de mon Mémoire
du 24 décembre 1866, auquel il attribue une grande importance pra-
tique non moins que scientifique, cite un passage d’un cours actuellement
sous presse de Natural Philosophy, où MM. William Thomson et Tait démon-
trent, d’une manière élémentaire, le résultat (1) U, = V2. Et il démontre lui-
même notre résultat (3), en remarquant : 1° que le raisonnement ordinaire
fournissant les formules connues (2) est parfaitement légitime si le son ou
l’ébranlement, et par conséquent la compression, puis la détente, se propage
pendant le méme temps d’un bout à l’autre dans les deux barres; 2° mais que
s'il parcourt en un moindre temps la longueur de la première barre, ou si
z < D elle se trouve affectée comme si elle n'avait heurté, au lieu de la
masse entière M, = m,4, de la deuxième, qu'une masse égale à la sienne
2
. s.p n m ka * Là r
M, = m,a, multipliée par le rapport = de celles qui sont ébranlées dans
la deuxième et dans la première pendant un même temps quelconque; en
sorte que, pour obtenir U,, il faut, dans la première formule connue (a);
* M e
mettre ce rapport au lieu de k Or cela donne la première de mes for-
t ;
( 1012 )
mules nouvelles (3); la seconde peut en être déduite par le principe
M, U, + MU, = M, V, + M, V..
< . \ . 24 e`
» Mais, bien qu’à l'instant { = ~-~; où la détente de la première barre
mk Vi —V
EE: i 2) que
mi, + M: #3:
possède la deuxième barre au point de leur jonction, leur séparation n'aura
pas toujours lieu alors, car celle-ci a au même endroit une compression
dont la détente réduira sa vitesse à V,. En général si, à cet endroit et à un
instant quelconque, V', et V', sont les vitesses des deux barres, et J, J', leurs
compressions, la condition pour qu’elles se quittent est .
s'achève, sa vitesse (3) U, soit plus petite que celle V, +
(4) Va — kJa > Vit kT,
et non pas simplement V, > V',, comme paraissait le penser Cauchy, ou à
la fois V’, > V’, , J, =0, J’, = 0, comme l’exigeait Poisson. Il en résulte, pour
2 22 1 ? ?
> ÈS : ii 24 ; ; EER
qu’il y ait séparation à l'instant 2 — F que V, doit excéder la premiere
i
expression (3), d’où
(5) m, 4, > m, k,
» Lorsque cette condition ne sera pas satisfaite, ce qui arrivera par
exemple quand, les deux barres étant de même matière, la plus longue sera
la plus mince, les barres continueront à agir l’une sur l’autre jusqu'à l'instant
Elles se sépareront à ce dernier instant; et si n représente le nombre entier
: a 3 a 5 a ne a
de fois que — contient z» en sorte qu'on aitn << (n +1 r.et que le
k I 1 2 t
son ait aussi parcouru 7 fois, aller et retour, la premiere barre en se réflé-
chissant à son extrémité non heurtée et se réfractant autant de fois dans la
Mik,
deuxième, et si l’on fait — r, on trouve, pour les vitesses des centres
m, $,
de gravité des deux barres,
u =y E hir anra) V — V,),
(6) (1+7r) M,
M,
U, = V, + M CV: "+ D).
» Et ces vitesses seront définitives, car upe discussion délicate m’a pronve
{ 1013 )
que l’état vibratoire des barres ne produirait pas de rencontre nouvelle
après la séparation ainsi déterminée. »
M. Trémaux lit un Mémoire auquel il donne pour titre : « Faits condui-
sant à ce principe : la chaleur attire en raison de ses différences et repousse
en raison de ses similitudes (suite appliquée aux actions moléculaires et à
l'électricité) »,
(Renvoi à la Section de Physique.)
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
OPTIQUE. — Du calcul des éléments numériques d’un objectif achromatique
simple pour la photographie. Mémoire de M. F. Teynarp, présenté par
M. Fizeau. (Extrait par l’auteur.)
(Commissaires : MM. Regnault, Fizeau, Edm. Becquerel.)
« Les objectifs achromatiques simples, employés en photographie, ne
sont guère que les objectifs de lunette retournés, précédés d’un diaphragme
percé d’une ONVATtORE circulaire centrale, et dont les rayons de courbure
ont été peu à peu modifiés par empirisme.
» Les rayons de courbure des objectifs photographiques ne peuvent ce-
pendant être calculés par les méthodes employées pour les objectifs de lu-
nette, parce que, contrairement à ce qui a lieu pour ces derniers, les ob-
jectifs photographiques reçoivent des faisceaux lumineux dont l’inclinaison
sur l'axe principal est de 15 degrés et même de 20 degrés; il y a donc lieu
de chercher la disposition, les rayons de courbure et les différents éléments
numériques de l'objectif achromatique simple le plus convenable. pour
donner une image achromatique, plane et nette, d'une grande étendue; le
principal but qu’on doit se proposer est d'augmenter, autant que possible,
le champ net de l'objectif.
» Dans l'objectif achromatique simple appliqué à à la photographie, les
surfaces voisines du flint et du crown ont le même rayon de courbure;
elles sont collées, et leur centre commun est placé du côté opposé au dia-
phragme. Il résulte de cette disposition que les rayons lumineux, originai-
rement trés-inclinés sur l’axe principal, font, en traversant cette surface
commune, des angles d'incidence et de réfraction d’une amplitude consi-
dérable...
( 1014 )
» Cette dernière condition ne paraît pas convenable à la netteté de l’image
des points éloignés de l'axe principal, et, comme un objectif photogra-
phique muni de son diaphragme présente une très-grande analogie avec
un œil muni d’un verre de besicles, les considérations générales qui ont
conduit à donner la forme périscopique aux verres de besicles paraissent
concluantes pour remplacer les lentilles des objectifs photographiques
par des ménisques dont la concavité est tournée du côté du diaphragme.
» L'emploi des ménisqnes peut donner lieu à six dispositions différentes,
suivant les positions respectives attribuées au diaphragme, au ménisque
convergent de crown et au ménisque divergent de flint. La combinaison
étudiée ici est celle où, le diaphragme étant interposé entre l'objectif et
l’objet, les rayons lumineux doivent traverser d’abord le méuisque de
crown, puis le ménisque de flint. l
» L'objectif doit satisfaire à plusieurs conditions : 1° il doit avoir une
certaine distance focale principale; 2° il doit donner le minimum d’aberra-
tion de réfrangibilité; 3° il doit avoir le minimum d’aberration de sphéri-
cité; mais, comme cette condition est trop générale, on la remplace par la
condition que la netteté de l’image sera aussi grande que possible à la limite
du champ, et l’on admet que cette dernière condition est remplie lorsque
les rayons lumineux, émanant des points extrêmes du champ, font aux
différentes surfaces de l'objectif des angles d'incidence et de réfraction
aussi petits que possible; 4° l’objectif doit avoir le minimum d’aberration
de plan focal, c'est-à-dire que son image doit être comprise, autant que
possible, dans un plan perpendiculaire à l'axe principal.
» Le problème est donc parfaitement déterminé, puisqne l'on a quatre
conditions et quatre rayons de courbure. Cependant il faut encore satis-
faire à la condition d’avoir une aberration de forme tolérable et aussi aux
conditions que l’on peut appeler industrielles, conditions qui exigent que
lé diamètre de l'ouverture du diaphragme ne soit guère inférieur aux AE]
de la distance focale principale et que le diamètre de l'objectif ne dépasse
pas les +$ de cette distance focale. La distance du diaphragme à la pre-
mière surface de l’objectif résulte de ces deux dernières conditions et du
champ que l’objectif doit embrasser. ee
» Une série de formules, qui supposent tous les éléments de l'objectif
connus et qui tiennent compte de l'épaisseur des ménisques el de l'inter-
valle qui les sépare, permet de déterminer la marche d’un rayon Jumineux
compris dans une section principale et dont l'inclinaison sur laxe prin-
cipal est donnée; on peut donc suivre pas à pas les diverses inflexions du
( 1015 )
rayon, et connaître exactement les angles d'incidence et de réfraction qu'il
fait aux quatre surfaces de l'objectif. Ces formules, appliquées à deux
rayons appartenant à un même faisceau parallèle, servent à déterminer
leur point d’intersection, qui peut être considéré comme un point voisin
du foyer principal du faisceau. C’est au moyen de ces formules et par des
tâtonnements méthodiques que l’on calcule, par approximation successive,
les quatre rayons de courbure de l'objectif.
» Pour déterminer les indices de réfraction du crown et du flint, on
peut employer un moyen facile et très-pratique. On fait construire un ob-
jectif achromatique quelconque avec le crown et le flint à essayer; on me-
sure les rayons de courbure des lentilles, leur épaisseur centrale et la
distance de la dernière surface du verre à essayer aux points où se forment
les images optique et chimique les plus nettes d'un objet fort éloigné,
placé sur laxe principal. Ces données permettent de calculer, avec une
approximation suffisante, les indices de réfraction du crown et du flint
pour les rayons optiques et chimiques; ceux qu'il convient précisément de
connaître pour achromatiser un objectif photographique. i
» Les indices de réfraction étant connus, les conditions d’achroma-
tisme donnent les distances focales principales du ménisqne convergent de
crown et du ménisque divergént de flint, en supposant que la distance focale
principale de l'objectif est égale à l'unité.
» La distance focale principale du crown est connue. Admettant, par
exemple, que le demi-champ de l'objectif doive être de 15 degrés, les for-
mules dont on a parlé permettent de calculer, par approximation succes-
sive, les rayons de courbure du ménisque de crown, jusqu'à ce que les
rayons-limites de la section principale du faisceau incliné de 15 degres
fassent des angles d'incidence et de réfraction aussi petits que possible; ce
qui a lieu lorsque l'angle d'incidence que le rayon-limite inférieur fait à la
première surface est sensiblement égal à langle d'émergence que le rayon-
limite supérieur fait à la deuxième surface ; dans les conditions adoptées,
ces angles n’atteignent pas 13 degrés. Les rayons de courbure du crown et
son épaisseur centrale sont alors déterminés.
» La condition d'achromatisme a donné également la distance focale
principale du ménisque de flint. Au moyen des formules, on en calcule les
rayons de courbure par approximation successive, jusqu’à ce que le
faisceau parallèle à l'axe et le faisceau originairement incliné de 15 degrés
sur cet axe forment leur foyer principal dans un même plan perpendicu-
C. R., 1867, 19° Semestre. (T. LXLV, N° 20.) 134
( 1016 )
laire à l'axe principal; on modifie légèrement l’achromatisme, si c’est né-
cessaire, et l’on finit par avoir sensiblement dans ce plan les foyers opti-
ques et chimiques du faisceau parallèle à l’axe et du faisceau originaire-
ment incliné de 15 degrés sur cet axe, Les faisceaux dont l’inclinaison
initiale est comprise entre o et 1 degrés ont une distance focale un peu
plus courte, la distance focale est un peu plus longue pour les faisceaux
dont l’inclinaison initiale est supérieure à 15 degrés; mais pratiquement
tous ces foyers peuvent être considérés comme étant dans un même plan,
puisque leurs distances au plan focal sont inférieures à l'incertitude de la
mise au point.
» Le calcul fait voir que l’aberration de forme a pour effet de con-
denser de plus en plus l’image, à mesure que l’on s'éloigne davantage
de son centre. Les lignes droites situées vers les limites du champ sont
donc légèrement infléchies; mais la déformation est du même ordre de
grandeur que la déformation donnée par les bons objectifs ordinaires du
commerce.
» Un objectif, ayant environ > centimètres de distance focale princi-
pale, a été exécuté dans les ateliers de M. Secretan, d’après les valeurs nu-
mériques données par le calcul. L'image donnée par cet objectif est achro-
matique et plane; pour un champ total de 4o degrés, cette’ image est
notablement plus nette sur les bords que celle qui est fournie par un bon
objectif achromatique simple de même distance focale principale, construit
d’après les errements habituels, La déformation. de l’image est aussi faible
que celle qui est produite par un bon objectif du commerce.
» Les procédés de calcul employés sont donc susceptibles d'application
pratique. Les formules dont on s’est servi peuvent également être utilisées
pour déterminer les rayons de courbure d’un objectif. photographique
achromatique simple, d’un système quelconque, et l'expérience fait voir
que leur emploi présente l’avantage de donner avec certitude à un ob-
jectif la double qualité d’avoir une image plane et achromatique. ‘
» Partant toujours de l'hypothèse que la plus grande netteté possible est
obtenue lorsque les rayons lumineux font, avec les normales, des angles
aussi petits que possible aux différentes surfaces des lentilles, on peni
appliquer les formules aux six dispositions résultant des différentes posi-
tions que peuvent occuper les ménisques et le diaphragme. Chaque objectif
construit donnera une image plane et achromatique, et ce sera alors à l'ex-
périence à décider quelle est, parmi les six dispositions, celle qui est E)
plus favorable pour donner une image nette d’une grande étendue.
( 1017)
» On peut déterminer, par les mêmes procédés de calcul, les rayons de
courbure d'objectifs formés par l'association de plus de deux lentilles;
ayant à sa disposition un plus grand nombre de surfaces, on peut rendre
l’aberration de forme à peu près nulle, et, en même temps, augmenter
considérablement le champ de l'objectif. »
M. ze SecrÉéramE PERPÉTUEz, sur la demande de M. Teynard, procède à
l'ouverture d’un pli cacheté déposé par lui, et accepté par l’Académie dans
la séance du 18 avril 1864.
Ce pli contient un Mémoire portant le même titre que le précédent, et
qui est renvoyé à la même Commission.
M. Bronciarr présente, au nom de M. Lortet, un travail intitulé : « Note
sur l'influence des courants induits sur les spermaties des Lichens et des
Champignons D.
(Renvoi à la Section de Botanique, à laquelle M. Edm. Becquerel est prié
de s’adjoindre.)
M. Facxay soumet au jugement de l’Académie un Mémoire concernant
les avantages que lui paraissent offrir, au point de vue de l'hygiène, les
urinoirs inodores du système Ganduque.
(Commissaires : MM. Boussingault, Payen.)
Un auteur, dont le nom est contenu dans un pli cacheté, adresse, pour’
le concours du prix Bordin, un Mémoire portant lépigraphe : « L’obser-
vation exacte peut seule servir de fondėment à une bonne théorie ».
(Renvoi à la Commission du prix Bordin.)
M. Hucurr adresse, pour le concours du prix Barbier, un ouvrage
ayant pour titre : « De l'hystérométrie et du cathétérisme utérin ».
Cet ouvrage est accompagné d’une Note manuscrite.
(Renvoi à la Commission du prix Barbier.) $
M. E. Axsauni prie l’Académie de vouloir bien comprendre, parmi les:
pièces présentées au concours pour le prix destiné aux applications de la.
Vapeur à la marine militaire, une machine de son invention, qui fonctionne
134..
( 1018 )
actuellement à l'Exposition universelle et à laquelle il donne le nom de
« machine à vapeur sans point mort ».
(Renvoi à la future Commission pour le prix qui doit être décerné
seulement en 1868.)
M. F. Kreuz adresse une Note relative aux résultats obtenus en Silésie à
l’aide d’un remède préservatif du choléra.
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
CORRESPONDANCE.
M. Le Miusrre pe 1’Énsrrucrion puBzique autorise l’Académie à employer
une somme provenant d’un reliquat sur l’ensemble du budget de l'Insti-
tut, et une autre somme à prélever sur les reliquats disponibles des fonds
Montyon, pour subvenir aux frais d'impression de ses Mémoires.
M. ze Manisree DE Danemark transmet à l’Académie, au nom de son
Gouvernement, le premier volume de l'ouvrage publié par M. Andre ; ce
volume contient le calcul des triangles de premier ordre qui doivent relier
les opérations géodésiques de l'Allemagne à celles de la péninsule scan-
dinave. | |
La Société ROYALE DES SCIENCES DE GŒTTINGUE adresse à l'Académie le
tome XII deses « Mémoires ».
M. LE PRÉSIDENT DE LA Soctéré GÉOLOGIQUE DE CALCUTTA adresse à l’Aca-
démie les derniers travaux publiés par cette Société, en la priant de vouloir
bien faire avec elle l'échange de ses publications. e-
La Lettre sera transmise à la Commission administrative.
La È y e
M. Le PRÉSIDENT DE LA COMMISSION GÉOLOGIQUE FÉDÉRALE adresse les 3°, À
et 5° livraisons des « Matériaux pour la Carte géologique de la Suisse »:
MM. Musonxeuve, Piorry, Sénizuor, Hueuier prient l’Académie de vou-
loir bien les comprendre parmi les candidats à la place vacante dans la
Section de Médecine et de Chirurgie par suite du décès de M. Jobert de
Lamballe.
(1019)
M. Namas adresse ses remerciments à l’Académie pour la médaille qui
lui a été décernée dans la dernière séance publique, sur la somme destinée
au prix de Médecine et de Chirurgie (applications de l’électrité à la théra-
peutique). A cette Lettre est jointe la communication suivante :
MÉDECINE. — Emploi thérapeutique du bromure de potassium contre l "épilepsie ;
par M. Namras. (Extrait.)
« Venise, 14 avril 1867.
» Le bromure de potassium est employé avec succès dans ma clinique
contre l’épilepsie. J'en ai fait l'application de la maniere la plus étendue :
j'ai vu les accès disparaître, ou devenir moins forts et moins fréquents
qu'auparavant.
» Íl ne faut pas dire que l'épilepsie a quelquefois sa source dans des
lésions matérielles inguérissables. Il peut arriver que les mêmes lésions
existent et que les accès manquent, de sorte qu’on doit admettre l'inter-
vention d’un autre élément inconnu, duquel dépend lapparition ou la
disparition de l’épilepsie.
» Le bromure doit être continué longtemps; je l’emploie d’abord à la
dose de 1 gramme dissous dans l’eau, et administré en trois fois dans une
journée, et j'en élève graduellement la dose jusqu’à plusieurs grammes en
vingt-quatre heures. Quand on cesse de l’administrer, l'élimination de ce
sel par les urines continue plus longtemps qu'on ne pourrait le soupçonner
d’après l’analogie avec l’iodure de potassium.
» Je traite actuellement au grand hôpital dé Venise un épileptique, pour
lequel je suis arrivé à la dose de 14 grammes par jour de bromure de
potassium. Il mwa fallu m'arrêter, parce que le malade était faible, ne
pouvait plus marcher, délirait, et je soupçonnai que le remède pouvait
avoir quelque part dans la production de ces phénomènes. Quittant le
bromure pour quatorze jours, j'en constatai la présence dans les urines
au moyen de l'amidon où du chloroforme, qui devenaient jaunes par
l’action du chlore. Les accès épileptiques sont devenus plus fréquents et
plus forts, et j'ai dù faire reprendre le bromuré. Ce n’est d’ailleurs pas le
seul fait de cette nature que j'aie pu recueillir. Je me propose de donner
à l’Académie, dans une autre communication, tous les détails relatifs à
cette question. » dep a
( 1020 }
ASTRONOMIE. — Changement arrivé sur la Lune. Le cratère de Linné.
Note de M. C. FrammarioN, présentée par M. Delaunay.
« Le fait d’un changement réel, survenu actuellement à la surface de
notre satellite, m'a paru assez important en lui-même pour m’engager à pré-
senter à l'Académie le résultat d'observations attentives sur ce point, C’est
la premiere fois qu’on aura constaté avec certitude l'existence d’actions
géologiques à la surface de la Lune. Dans la mer de la Sérénité, vaste
plaine si remarquable au point de vue de la sélénographie par sa surface
uniforme, unie comme une mer de sable et dépourvue de grands cratères,
on remarque dans la région méridionale, vers le centre, un cratère régu-
lier, Bessel, plusieurs plus petits, disséminés un peu plus bas, une trainée
blanche partant de Ménélas et traversant une partie de la plaine jusqu’au
lac des Songes, et au sud-est un cratère bien défini : Sulpicius Gallus. A
l’est on remarquait un autre cratère, Linné, analogue au dernier.
» On sait que ce cratère de Linné a récemment disparu, ou plutôta subi
une modification essentielle. M. Jules Schmidt, d'Athènes, ayant appelé
l'attention sur ce point, j'ai pensé que l’examen devait surtout avoir pour
but de constater si le relief et la cavité centrale (que l’on voit dans tous les
cratères lunaires) avaient entièrement disparu pour celui-ci. J'ai donc
choisi le moment où le Soleil se lève au méridien de Linné, pour l'étude de
cette localité. Les conditions atmosphériques de la seconde semaine d'avril
ont été trop défectueuses pour permettre des observations rigoureuses. Il
n’en a pas été de même ce mois-ci. Dés le troisième jour de la Lune, l'air a
été d’une transparence éminemment favorable. l '
» J'avais constaté, au mois d'avril, qu’au lieu du cratère, se distinguait
un nuage blanc à peu près circulaire. Le 6, mai.(de 8 40% au coucher de
la Lune), la nouvelle Lune ayant eu lieu le 4 au matin, j examinai avec
divers grossissements, dans la partie obscure de la Lune, le point où se
trouve Linné, afin de reconnaître s’il n’y aurait pas en cette région quelque
apparence d’action volcanique. Aucune espèce de lueur ne sy montrait,
Ce pays offrait la même teinte d'ombre que le reste. Dans le quartier pord-
est du satellite, on percevait une faible lueur, très-sensible toutefois, Cette
clarté pâle occupait la région d’Aristarque, et sans doute n’est qu’un simple
effet de la lumière cendrée. Il est bon d’ajouter néanmoins que, cette nuit,
la clarté était plus intense qu’elle ne le parait en général.
» Le 7 mai, quatrième jour de la Lune, de 9 heures à 10° 30% (coucher
de la Lune à 10 57"), j’observai de nouveau la région de Linné, sans dis-
( 1021 )
tinguer la plus faible lueur, La clarté remarquée la veille près d’Aristarque
gardait la même intensité.
» L'état du ciel pendant la soirée du 8 ne permit aucune observation.
Le 9, le ciel s’éclaircit vers 11 heures et permit quelques études. Mais la
meilleure soirée pour le point qui nous occupe fut celle du 10.
» Le Soleil, n'étant encore élevé que de quelques degrés au-dessus de
l'horizon de Linné, éclairait très-obliquement l’orient de la mer de la
Sérénité. On distinguait parfaitement les petites irrégularités du terrain.
Au sud, les cratères circulaires de Pline, Ménélas, Bessel, Sulpicius Gallus,
manifestaient à la fois leur relief et la profondeur de leurs cavités centrales.
Au sud-est, le Soleil illuminait le commencement de la chaine des Apen-
nins, et au nord-est faisait magnifiquement ressortir les montagnes irrégu-
lières du Caucase, sur lesquelles rayonnaient Taygète, Callippus et Eudoxe.
Enfin, la limite de ombre était échancrée en cette contrée par les som-
mets circulaires de Cassini, Autolycus et Aristillus.
» Une observation attentive montre immédiatement que Linné n’est plus
un cratère. Aucune ombre extérieure à l’est, aucune ombre au centre. En sa
place, il n’y a plus maintenant qu’une nuée blanche circulaire, ou plutôt
une tache blanche attenant au sol, laquelle, loin de s'élever comme un cra-
tère sur le fond un peu verdâtre de la mer de la Sérénité, paraît n'être ni en
relief ni'en creux, et ressemble'à un lac plus clair que la plaine avoisinante.
» En raison de l'inclinaison du Soleil, on peut affirmer que ce cratère est
descendu au niveau de la-plaine, ou que la plaine s'est exhaussée aux envi-
rons jusqu’à son niveau. L'intérieur paraît également rempli, car on ny
distingue aucune ombre; tandis que lés cratères plus petits que lui, tels que
A et B de Bessel, A et Bde Linné,'et ceux qui avoisinent Posidonius, laissent
facilement apercevoir un centre noir. Si Linné avait eu cet aspect à l’époque
où Beer et Mædler-ont construit leur Mappa selenographica, il est impossible
qu'ils l’eussent indiqué comme un cratère. |
» Ilest probable toutefois que ce cratère n'était pas trées-élevé, car je
remarque qu'aucun astronome n’a donné sa hauteur. Beer et Mædler s’en
sont abstenus. Arago a laissé subsister cette lacune sur sa liste. Dans la carte
construite sous diverses inclinaisons il y a huit ans, par Lecouturier, la hau-
teur n’est pas indiquée davantage. Il parait qu’il était très-profond, mesu-
rait r0000 mètres de diamètre et servait de point fixe pour les mesures de
Lohrmann et de Mædler. | x
» Plusieurs hypothèses se présentent pour expliquer le phénomène. Mais,
dans l'ignorance en laquelle nous nous trouvons sur les forces qui peuvent
( 1022 )
être en action dans le monde lunaire, je ne me hasarderai à en exprimer
ancune. M. Jules Schmidt a déjà discuté ce point dans les Monthly Notices
et dans une Lettre publiée par M. Quetelet au Bulletin de l’ Académie de
Belgique.
» Le 11 mai, le Soleil étant plus élevé, j'avais exactement pour Linné le
même aspect que la veille. La soirée du 12 fut pluvieuse. Le 15, latmo-
sphère d'une grande pureté permettait de distinguer dans la mer de la
Sérénité une multitude de petits cratères disséminés. La plaine était bril-
lante, Linné avait le même éclat relatif.
» Vers l’époque de la pleine Lune, Linné offre le même éclat que les
montagnes lunaires, et l’on serait porté à croire qu'il a gardé son relief au-
dessus de la plaine sablonneuse, si l’on n'avait soin de se convaincre du
contraire par des observations faites au lever et au coucher du Soleil.
» On peut donc penser maintenant que notre satellite n’est pas un
monde entièrement mort, et que des mouvements assez sensibles pour être
vus d'ici s’accomplissent par intervalles à sa surface. »
ASTRONOMIE. — Sur un changement observé à la surface de la Lune. Extrait
d’une Lettre adressée à M. Delaunay, par M. Cnacornac.
-« Ville-Urbanne, 13 mai 1867.
» Le cratère Linné ne présente actuellement aucune ombre intérieure, -
accusant une cavité ou un rempart. Mais on distingue trés-nettement, sur
le bord de Mare serenitatis, une sorte de cratère rayonnant, à peu près de la
grandeur que Lohrmann et Mædler lui ont donnée sur leur carte lunaire;
la différence de son éclat avec celui de Mare serenitatis permet de le dis-
tinguer encore sans difficulté.
» S'ilest vrai, comme l’a décrit Lohrmann, que c'était un cratère profon-
dément sculpté dans la plaine, représentant l'aspect d'un creux, rond
comme un pot, il est incontestable que ce cratère s’est effacé et qu’il n'en
“est resté qu’une surface blanche, qu’un disque d’où partent des rayons di-
vergents. Cet aspect donne à ce genre de cratère de la ressemblance avec
une gloire de saint. .
» Dans les dessins de ces astronomes, on ne remarque pas cette apparence
rayonnée que j'ai observée hier et qui est en tout identique à celle du petit
cratère N que Cassini observa pour la première fois le 21 octobre 1671, et
qui est situé entre les cratères de Walter, Hell et Lexell, sur le parallèle de
Gauricus.
( 1023 )
» Une dernière éruption dans le vide eftaça donc ce cratère en comblant
le creux et en annulant les remparts en forme de bourrelet. Cet important
phénomène montre que l’activité volcanique de notre satellite persiste
encore. »
ANALYSE. — Sur la recherche des fonctions auxiliaires, dans l'application de la
méthode Kummer à la sommation des séries. Note de M. Bresse, présentée
par M. Bertrand.
1. Soit une série à termes tous positifs
S e mn lli = Us + lis +, $ + ns + tir +. Se |
d’après la méthode Kummer (voir le Traité de calcul différentiel de M. J
Bertrand, p. 261 et suiv.), on l’imagine partagée en deux parties
Sy = ste ec Uh
R = Un+i + lUn +, e. —= S a" D
puis on cherche deux fonctions o(n), f(n) assujetties aux conditions sui-
vantes :
» 1° Le produit &,o{n) tend vers zéro lorsque n augmente indéfiniment;
» 2° En même temps f(n) s'approche indéfiniment de l'unité;
» 3° On a constamment
«) aan fn) = eg) — EU a)
EI
Cela posé, on uses sauf quelques légérés restrictions, que R a pour
valeur approchée ,o(n)et qu'il est compris entre les limites
Un® (2) fl sur 7
» La sommation sera d’autant mieux faite que le second membre de
l'égalité (1) sera plus voisin de l’ unité; la question est donc ramenée à cher-
cher une fonction (n) donnant lim z,@(n ñn) = o pour n = © , et satisfai-
sant convenabletiënt à l'égalité’
(2) en q(n) —g(n+1)=t;
Una
quand n prendra des valeurs égales ou supérieures au nombre admis pour
indice de $,,. r
C. R., 1867, 1°" Semestre. (T. LXIV , N° 20.) 135
( 1024 )
» Pour obtenir ce résultat, M. Bertrand conseille de poser
AV
€
Aity
j p: E
pmen C e os
les lettres c, c’, c”,... désignant des coefficients indéterminés; puis de for-
mer le développement de f(n), qui pourra se mettre sous la forme
n m
I (i)a C i Sae Des
enfin de profiter de l’indétermination des coefficients €, C, C,- pour
rendre C égal à 1 et annuler un certain nombre des coefficients suivants
GE es. L'équation C =i ne contient que c et le détermine; la
seconde équation, C’ = o, contient € et c’, et détermine c’; la troisième,
C = o, contient c, c’, c”, en sorte qu’elle détermine c”; et ainsi de suite.
On pourrait concevoir l'application indéfinie de cette marche; mais il en
résulterait généralement pour 9 (2) une série divergente. On est donc forcé
de s'arrêter quand on a pris un certain nombre de termes du développe-
ment complet de o(n), nombre de termes d'autant plus grand que la som-
mation directe ou le calcul effectif de S, aura été poussé plus loin. I serait
à désirer qu’on eût un moyen d’indiquer d'avance, dans chaque cas, et sans
faire tout le calcul numérique demandé par la méthode Kummer, à quel
terme il convient de s'arrêter dans la recherche successive de ces coeffi-
cients ec, CL en
» La méthode suivante, que je propose pour déterminer 9(z), laisse sub-
sister le même vague quant au nombre de termes à prendre dans son déve-
loppement complet, mais je la crois, dans bien des cas, plus rapide que la
précédente. Voici en quoi elle consiste. lese
» 2. On doit naturellement se demander quelle serait la fonction ọ(n)
satisfaisant d'une manière rigoureuse à la condition (2); car si l'on trouvait,
d’après cette condition, un développement convergent et vérifiant léga-
lité lim u„,ọ{n) = 0 pour n= æ; il est clair que fin) et y(n) seraient
choisies aussi bien que possible. Si l'on ne trouve pas un développement
convergent, on pourra toujours n’en prendre que le commencement; alors
f(n), au lieu de se réduire à 1, deviendra
0e.
et les fonctions f et ọ seront encore convenablement déterminées. Or
l'équation (2) peut s'écrire
Un (N) — Une (0 + 1) = Unis
( 1025 )
ou bien
(3) — Afu,p(n)] = uns
D'un autre côté, si l’on pose
du d'u, hé du,
Ulis in ILES = Fe UE u" = =
et qu’on nomme B,, B;, B,,... les nombres de Bernoulli, on a, suivant une
formule connue d’Euler,
HS p ku té à I FEAR uw’ B,u” db B,u'
1 Ma 3 s.. ArT: . 2 9 TETE A 152. 0 P t
ji B; (2i—1})
AN e piata ss 4e const:
à 192 2000
Le premier membre a pour différence #,., : donc le second membre,
changé de signe et borné à un certain nombre de termes, fournira une
expression convenable de — w,9(n), d'après l'équation (3). On déterminera
la constante arbitraire de manière à avoir u„ọ (7) nul pour n infini, et la
nommant D, on posera
r5) EE 1 Bu Br
(4) o(n) =: (D+U+u+ 1.2 LT CLIM k
d’où résultera aussi, d’après l'équation (1), la valeur de f (7). »
ALGÈBRE. — Sur l'équation du sixième degré. Note du P. JOUBERT,
présentée par M. Hermite.
« Lagrange et Vandermonde ont donné comme réduites de l’équation
générale du sixième degré des équations du quatrième ou du dixième degré;
ces méthodes reviennent simplement à décomposer l'équation en facteurs
du second et du troisième degré. Des travaux plus récents ont montré qu'on
devait leur substituer une autre réduite du sixième degré, comme l’'équa-
tion donnée elle-même, en employant ces fonctions remarquables des
racines de la proposée qui, sans être symétriques par rapport à cinq d’entre
elles, ne peuvent prendre que six valeurs. Effectivement, si une réduite
ainsi définie admet une racine rationnelle, le groupe de l'équation proposée,
dans le sens de Galois, ne renferme que des substitutions de la forme
L'ak + b |
ck+d 55
| Tk
139..
( 1026 )
a, b, c, d étant des entiers pris suivant le module 5; et par suite elle peut,
comme l'équation modulaire du même degré, être abaissée au cinquième.
» Le but de cette Note est de donner une réduite facile à calculer, et
renfermant les conditions qui viennent d’être énoncées. On s’y trouve
amené naturellement par l'étude de l’invariant gauche du quinzième ordre
des formes binaires du sixième degré, exprimé en fonction des racines.
M. Salmon a montré (*) qu’en égalant à zéro cet invariant, on obtient la
condition propre à exprimer que les six points déterminés par les racines
de l’équation correspondante sont en involution. Ce fait remarquable peut
être mis en évidence à l’aide des considérations suivantes, et l’on est ainsi
conduit de la manière la plus simple à la décomposition de l'invariant
gauche en un produit de quinze facteurs, qui eux-mêmes sont tous des
invariants.
I. Soit
f= (2, B, h 8 V. Fa)(x, y)
la forme proposée : désignons les racines de l'équation obtenue en l’égalant
à zéro par
Los Los Lys Xa, Las La:
Nous pouvons les partager en trois couples de quinze manières distinctes;
La Lor Li Ly Xo XL Étant l'un des systèmes ainsi obtenus, prenons la
fonction
(Lo Xi) (£ — x3) (La — Lo) + (Lo — Æ) (X, — Xa) (Xa — La)
= Le Lo (Lat Ky — X—XI) + Lis (Eo H Lo — Xa — Ta)
+ Lola (XH Li Lo — Lo)
qui, égalée à zéro, exprime que les points correspondants sont en involu-
tion. En transposant les deux lettres d’un même couple, et en permutant
les couples entre eux de toutes les manières possibles, nous donnons nais-
sance à quarante-huit permutations de racines, pour lesquelles la fonction
précédente garde la même valeur absolue. Opérons de même sur les quinze
systèmes analogues à celui que nous venons de considérer; nous aurons
15X48=—1.2.3.4.5.6 permutations distinctes, ce qui est bien en effet le
nombre des permutations de six lettres.
» A chacun de ces systèmes correspond une expression analogue à la pré-
cent et le produit de ces quinze quantités est une fonction symétrique
HS Re
(*) Lessons introductory to the modern higher Algebra (2° édition), p. 210-
( 1027)
des racines, ou du moins n’est susceptible que de deux valeurs égales et de
signes contraires. Pour s'assurer que ce n’est pas ce dernier cas qui se pré-
sente, il suffit de vérifier qu'une transposition telle que (£a, Xo) ne change
pas la valeur du produit. Or cela résulte de ce que cette transposition
laisse invariables les trois facteurs correspondant aux systèmes dont le
couple X, x, fait partie, et charige les signes des douze autres facteurs en
les permutant entre eux. Le produit est donc une fonction symétrique des
racines, et comme chacun des facteurs est un invariant du premier degré,
il est lui-même un invariant du quinzième ordre.
» II. Dans l'étude de ces quinze expressions, nous ferons usage des
notations suivantes. Posons
mi alt Ao(La+ Ts Li — Ta)
LE L, La (Le + Lo — La Lg) + als (Li + La — Lo — Lei
Co = aix, To (rs + La — Li — Lo)
+ Lido (Le + Lo — Lg — La) + Las (REP dar Le T Lo)
Wo= a] LeTo Bt Li Li T3)
+ Li La(Ln + To — La La) Æ Lo La (la Le = Lo — Lo);
et convenons de représenter par Zp, Vr, Wy Ce que deviennent ces expres-
sions en ajoutant aux indices des racines, toujours pris suivant le module 5,
le nombre #. En suivant la marche tracée par M. Hermite dans son beau
travail sur l'équation du cinquième degré, nous prendrons pour trans-
formée canonique de la forme proposée celle qu'on en déduit par une
substitution linéaire de déterminant un, et donnant pour résultat
6
is (Oiga b,c;,b',a',0) RCE à ;
de manière qu'aux racines Tas Los Ti, Lay Cas Xa correspondent respecti-
vement les quantités © , 0, 1,6, ⁄, 3. Soit donc
les CACIE Xor Lis Los Lg) Li)
l'expression en æ,, r,...., d’un invariant d'ordre n; en désignant le coef-
ficient de x", dans © par 0 (Xo, Li, Las Xss x,), on aura pour forme cano-
nique
I = (— ba)" ĝ (0, 1, £, Ẹ).
» Cela étant, les formes canoniques des quinze facteurs de l'invariant
( 1028 )
gauche sont les suivantes :
u—=—6Gal(t — en), v=— 6a (es — nt), w =— ba (n — 4%),
u =— ba (n +6—e— nnb), n——6Galé — e — n en), pasahan
uy=—6a(n—e—ent+e), o =— 6a (s tnt —et— en), =— ba (e —%g + e6 — En),
Uy—=—6a(n—n6+66—ne), o =—ba(—stn— neten), w, Di piles —ný en ),
u, =— ba (—e+6—nb+ et), Mm—=—6Gaf—CHné+ei—en), w, =— ba (—nt 6-H — et).
» Voici maintenant le mode de formation de notre réduite. Soit
I
Us g (o+ U, + U + liz + Us) :
cette expression ne changera pas, ou changera seulement de signe, pour
toutes les substitutions
(Takst |
ch d >},
Xk
suivant que ad — bc sera résidu ou non-résidu suivant le module 5.
» Cela posé, désignons par U, le résultat obtenu en faisant la substitution
3 «
Lok
$
Ty
on aura
T mE Uo + W, — Va + V — Wa).
Désignant par U, l'expression obtenue en ajoutant # aux indices, on par-
vient aux six quantités dont voici les valeurs et les formes canoniques :
1 \
Us = g (Uo + U, Hus +u +u) =—3a(—et+n+é—ni+bée—en),
I Å
Us = g (uo tw, —Va+0 — w) = — 3a (+n —6— ng e+ en),
I ‘
U= gl- Woi— Uu, HW, — v0) = — 3a (e —n — 64n + ge— en),
I
U = zl Wii Wa— vs) = — 3a (e— ntg — né — Get en),
I
U: = z (0+0 mu, Hw, = = 3a(—e-n+6+né—Ëet+en),
I 5
U, = g Wo sito — w u,) = — 3a (e+n— g Hng — Ye — en).
» Toute fonction symétrique de ces six quantités demeure invariable par
l’ensemble des substitutions qui équivalent à un nombre pair de transposi-
( 1029 )
tions, et elle ne fait que changer de signe pour les autres. Il suit de là qu’en
s'adjoignant la racine carrée du discriminant A de l'équation proposée, on
pourra l’exprimer en fonction rationnelle des coefficients de cette équation.
Par conséquent les coefficients de l'équation ayant pour racines les six
quantités Us, U,,..…, sont des fonctions entières de ceux de l'équation
donnée, et de la racine carrée du discriminant. En désignant l’inconnue
par z, la réduite est donc de la forme
+ Pzt+Q2+p0VA.z+R—=0,
p étant un coefficient numérique, et P, Q, R des invariants qui sont respec-
tivement du second, du quatrième et du sixième ordre. »
a rh
OPTIQUE. — Recherches sur les variations de la dispersion des liquides sous
l'influence de la chaleur. Mémoire de M. J.-B. Baie, présenté par
M. Edm. Becquerel. (Extrait par l’auteur.)
« Dans un travail précédent, j'avais recherché l'influence de la chaleur
sur la réfraction et sur la dispersion des solides dont la dilatation est régu-
lière. La haute distinction que ce travail reçut de l’Académie m’a engagé à
étendre ces études aux corps liquides. Plusieurs travaux ont déjà été faits
sur ce sujet, entre autres ceux de MM. Dale et Gladstone (1860) et de
M. Fouqué (1867); mais ces savants avaient eu surtout en vue la réfraction
des liquides, et, comme dans mes précédentes études j'avais été amené à
reconnaitre que la dispersion des solides augmentait avec la chaleur, j'ai
voulu rechercher si la dispersion des liquides était également soumise à
quelque loi particulière. |
» L'appareil et la méthode dont je me suis servi ont déjà été décrits
dans le travail que j'ai rappelé. Comme en raison du procédé d’expéri-
mentation il fallait opérer vite, l'approximation n'est pas aussi grande que
dans mes expériences antérieures. J'ai considéré les indices des trois raies
de Frauenhofer C, D et F, et j'ai obtenu un grand nombre de résultats,
parmi lesquels je citerai les suivants :
Eau distillée.
» On reconnait d’abord que l'indice de réfraction diminue progressivement
de o à 100 degrés, et que la variation de cet indice reste très-faible jusque
vers 6 degrés, où elle commence à croître avec la température. Le voisi-
nage du point 4 degrés, correspondant au maximum de densité, ne parait
( 1030 )
pas influer sur l'indice de réfraction, ainsi que l’ont trouvé M. Jamin et
MM. Dale et Gladstone.
` D, B, «Te
x (Unités du 5° ordre.)
UN TA ; 1,33251 1,33482 1 ,33897 )
Bi. is à 1,33248 1,33479 1,33894 646
Æborrs:r., 1,33247 1,33479 1,33894 647
ARET PRES 1,33243 1,33475 1,33890 647
bon ss: 1,33231 1,33461 1,33874 643
YO. rs 1,33165 1 ,33392 1,33709 634
(On passe ici les déterminations intermédiaires.)
HT DS ET 1,31709 1,31943 1,32284 485
» D’après ce tableau on voit que le pouvoir dispersif, mesuré par la diffé-
rence entre les indices extrêmes, reste constant ou plutôt subit une légère
augmentation depuis 2 jusque vers à degrés, et qu'après ce point il diminue
régulièrement et assez vite.
» Bien que ces nombres soient légérement différents de ceux de MM. Dale
et Gladstone, ce fait de la constance du pouvoir dispersif jusque vers
5 degrés parait incontestable; car on le retrouve même avec les nombres
donnés par les savants anglais, coïncidence d’autant plus remarquable que
ces observateurs n’ont pas remarqué cette particularité.
Sulfure de carbone.
D, ET C, F, EEN C,
je D LP CE I
se t0213 1 ,6309 1,6556
c'e 1,6156 1 ,6248 1 ,6492 92 244
» On voit donc que, sous l’action de la chaleur, l'indice du sulfure de
carbone diminue considérablement. Le pouvoir dispersif diminue aussi;
mais il diminue d'une manière irrégulière. On voit, en effet, que la partie
verte du spectre comprise entre F et D diminue moins que la partie rouge
comprise entre D et C, même en valeur absolue et bien qu’elle soit plus
étalée. Le vert se resserre donc moins que le rouge.
» Ce fait se retrouve encore avec les nombres de MM. Dale et Gladstone,
quoiqu'ils soient différents des miens. Avec leurs nombres, on reconnait
qu'entre À et D le pouvoir dispersif diminue d’une manière continue, et
entre D et H ce pouvoir semble rester constant ou diminuer très-peu
jusque vers 30 degrés. On remarque, du reste, que d’après d'anciennes
expériences, M. Barlow avait trouvé que la dispersion du sulfure de carbone
augmentait avec la température (1829).
( 1031 )
Sulfure de carbone saturé de soufre.
C, D, F, Di— 17e D,
té ATAR 1,6809 1,6917 1,7202 108 285
Rae 1,6733 1,6835 1,7118 102 283
» L'introduction du soufre dans le sulfure de carbone a pour effet d'en
augmenter l'indice de réfraction et le pouvoir dispersif. Sous l’action de la
chaleur, ces éléments diminuent, et l’irrégularité de la variation du pou-
voir dispersif est encore plus sensible que dans le corps précédent.
» Avec le sulfure de carbone presque saturé de phosphore, il semble
que pendant que la partie rouge se resserre la partie verte du spectre se
dilate. F, — D, varie de 298 à 309, de 15 à 25 degrés de température.
» De l’ensemble des résultats présentés par ces trois liquides on peut
conclure que la dispersion du sulfure de carbone varie irrégulièrement sous
l’action de la chaleur, et que la partie verte se resserre beaucoup moins que
la partie rouge; si on rend le sulfure de carbone de plus en plus réfringent
et dispersif par la dissolution du soufre et du phosphore, cette irrégularité
sera de plus en plus prononcée, de telle sorte qu’on pourra arriver à un
liquide dans lequel ces deux portions du spectre varieront en Sens contraire.
Glycérine.
C, D, F, MC P iD,
Éim; 1,46591 1,46706 1 ,47368 205 572
Déni 1 ,44246 1 ,44454 1 ,44976 208 522
» Ce corps semble se comporter différemment des corps précédents. Ici
le pouvoir dispersif varie encore d’une manière irrégulière; mais la partie
rouge reste également dispersée (les nombres précédents ne donnant qu'une
faible augmentation), et la partie verte se resserre très-sensiblement.
» J'ai opéré également avec beaucoup d’autres liquides, et j'ai reconnu
qu’on pouvait toujours les ranger dans un des groupes précédents. Chaque
liquide semble se comporter d’une manière spéciale. Pour le plus grand
nombre, tels que les dissolutions aqueuses, l'alcool, etc., la, dispersion
diminue régulièrement et les deux parties colorées indiquées ci-dessus se
resserrent à peu près également; pour d’autres, tels que le sulfure de car-
bone, les chlorures anhydres, la dispersion varie irrégulièrement, et la
partie verte du spectre se resserre beaucoup moins que la partie rouge;
pour d’autres enfin, comme la glycérine, l'acide chlorhydrique, la disper-
sion varie encore d’une manière irrégulière, mais la partie rouge se resserre
moins que la partie verte.
C. R., 1867, 197 Semestre. (T. LXIV, N° 20.) 136
( 1032 )
» Je ne puis rapporter ici toutes ces mesures ; j'ai voulu seulement mon-
trer dans cet extrait que le pouvoir dispersif est une des propriétés les plus
importantes et les plus curieuses à étudier dans les corps liquides. »
CHIMIE AGRICOLE. — Sur la verse des céréales. Emploi du silicate de potasse.
Résistance des tiges des céréales à la flexion. Note de M. Verrer, présentée
par M. Dumas. (Extrait.)
« Depuis longtemps on s’est ému des ravages causés à nos récoltes par
le vent et la pluie.
» On a pensé que le manque de silice dans les tiges des céréales pou-
vait être la cause de la faible résistance de celles-ci; mais les expériences
de M. Is. Pierre ont démontré clairement que le blé versé contenait souvent
plus de silice que le blé non versé.
» Le silicate de potasse avait été proposé comme amendement des
terres (1), et on avait espéré que le végétal, trouvant près de lui de la silice
en dissolution, assimilerait plus facilement cette substance, et que de-
venant plus rigide il pourrait résister plus sûrement à la violence du vent
et à la surcharge causée par la pluie.
» Le but de cette Note est de prouver que, non-seulement la présence
de la silice n’est pas suffisante pour empècher la verse, mais encore que
l'emploi du silicate de potasse comme amendement peut la déterminer.
» Nous avons fait, au laboratoire de l’École impériale d'agriculture de
Grignon, de nombreux essais qui nous ont clairement démontré, comme
M. Is. Pierre lavait dit, que les blés versés pouvaient contenir plus de
silice que les blés non versés. C’est ainsi qu’en analysant la partie basse
des tiges de blé versé et non versé, j’ai trouvé les nombres suivants :
Blé versé... 70,7 pour 100 de silice. Blé non versé... 65,3 pour ioo de silice.
» Ces nombres, moyenne de plusieurs analyses, démontrent bien de
nouveau que la silice n’est pas le seul élément résistant de la tige des cé-
réales. Convaincu de ce fait, j'ai profité d'expériences disposées à l'École
‘de Grignon pour étudier l'influence du silicate de potasse sur la résistance
des tiges.
» Je ferai remarquer en premier lieu que les analyses n’ont pas indiqué,
dans le blé amendé avec le silicate de potasse, plus de silice que dans le blé
n'ayant pas reçu cette substance. La silice apportée au sol par le silicate de
À anne aet Adu
(1) Comptes rendus, 17 février 1862.
( 1033)
potasse, quoique se trouvant dans les conditions favorables à l'absorption,
n’a pas pénétré dans le végétal. -
» Alors j'ai soumis à la flexion plane des faisceaux formés de dix tiges.
Ces tiges provenaient de blé éclairci à la binette, de blé non éclairci
semé à la volée, et de blé amendé avec le silicate de potasse. Les trois
échantillons étaient formés par le même blé ayant végété sur le même sol,
seulement dans des conditions différentes.
» Ces faisceaux furent encastrés solidement et de telle façon que la tan-
gente à la fibre moyenne au point d'encastrement fût horizontale. Chaque
faisceau fléchit sous sa propre charge et la flèche de l'extrémité libre fut
d'autant moindre que le faisceau résistait davantage. Puis chaque faisceau
fut chargé jusqu’à la rupture.
» Le tableau suivant résume ces expériences :
POIDS ie 1E | SURCHARGE per POIDS
NOMS DES BLÉS. des tige j primine produisant |, p des
et des épis pra ja semé la rupture A gr épis.
à | À surcharge. ` | de rupture.
ME gr Vos gr gr r gr
1. Blo églhiter h o a Aae 18,60 0,985 0,333 104,00 0,721 6,820
2. Blé semé à la volée... .... 17,50 0,949 0,402 86,50 0,758 7,300
RIE ROAS N k 179,27 0,992 0,445 77,00 0,851 6,700
=» Ce tableau montre que le blé éclairci fléchit beaucoup moins que le
blé silicaté, quoique son poids soit un peu plus fort que celui de ce der-
nier; il fléchit moins et résiste beaucoup plus, comme les nombres l'in-
diquent clairement. Quant au blé semé à la volée, sa flexion est intermé-
diaire. |
» Il était très-important de s'assurer si les poids des épis différaient peu
dans les trois échantillons; le tableau renferme une colonne qui donne le
poids des épis obtenu après l'expérience. Ces poids diffèrent peu entre eux,
surtout pour les épis du blé silicaté et du blé éclairci; on peut admettre
alors que le poids total des tiges et des épis est réparti de la même manière
dans les deux faisceaux d'expériences. J'ai voulu compléter ces expé-
riences par d’autres, faites sur des tiges de céréales mouillées. A cet effet
des faisceaux furent immergés pendant vingt-quatre heures dans l’eau et
soumis ensuite à la flexion, en opérant exactement comme pour les tiges
sèches. |
» Ces expériences sont résumées dans le tableau suivant :
136.
POIDS ci EX10N CHARGE FLEXION
NOMS DES BLÉS. des tiges de al de l’extrémité de sous la charge
sèches, apros 2 ré sous surcharge. rupture. de rupture.
d'immersion.
nos ` h gr 3 gr gr gr gr Á
ERA r RI NE 17,990 42,300 0,403 70,00 0,625
Blé semé à la volée.......... 17,300 36,500 0,465 54,00 0,702
D LR PS AS Res 18,500 35,700 0,495 51,00 0,804
Ici encore, le blé éclairci fléchit beaucoup moins et résiste bien plus
que le blé silicaté, quoiqu'il ait absorbé beaucoup plus d’eau que ce der-
nier. Le blé silicaté résiste même (comme les deux séries d’expériences le
démontrent) beaucoup moins que le blé semé à la volée, fait inattendu,
mais qui trouverait son explication dans la quantité d’alcali apportée au sol
par le silicate. Le silicate de potasse semble donc déterminer la verse.
Si nous avons fait des expériences de résistance, c'est parce que nous
étions convaincu que tous les éléments constituant la tige concouraient à
lui donner de la rigidité; la silice intervient, cela est certain, mais elle
n'agit pas seule; la fibre ligneuse a aussi une action, puisque la résistance
n’est pas en raison de la quantité de silice.
» En résumé, si le blé verse, ce n’est pas par manque de silice. Il verse parce
que la partie inférieure de la tige n’a pu prendre tout le développement
nécessaire, faute d’air et de lumière, parce que la matière ligneuse, cause de
résistance, n’a pu se développer. Le bas de la tige est étiolé et incapable de
soutenir le poids de la tête. Donner de l'air et de la lumière au pied des
tiges des céréales, c’est se prémunir contre la verse; aussi le semis en ligne
a-t-il été justement recommandé dans ce but.
» Je terminerai cette Note en indiquant la forme particulière que présente
la silice dans les tiges et les feuilles des céréales. Cet état avait déjà été
signalé par feu M. Caillat, et je rappelle cette forme parce que dans mon
travail sur la verse j'ai observé de nouveau cette structure. La silice ne
paraît pas combinée à la matière organique, elle existe dans les tiges et les
feuilles à l’état libre, jouant le ròle d’une charpente solide le long de laquelle
les fibres ligneuses et les cellules viennent se placer.
» Mais cette charpente siliceuse n’est pas continue et cette discontinuité
m'a fait penser que son rôle dans la résistance des blés à la verse n'était
pas aussi grand qu’on l'avait supposé jusqu'alors. Elle se présente en effet
sous la forme de lamelles rectangulaires allongées, huit à dix fois aussi
longues que larges, dentelées sur les plus grands côtés, assez régulièrement,
( 1035 )
comme le serait une scie à dents rectangulaires ou carrées. Les plus grands
côtés sont parallèles à l'axe de la tige et chaque lamelle est séparée de celle
qui est au-dessus par un trou ovale laissant passer un poil.
» Quant aux lamelles voisines, elles sont réunies entre elles par l'enche-
vétrement des dents, de telle sorte qu’il y a une véritable structure engre-
nante, parallèle à l’axe de la tige. Les trous qui laissent passage aux poils ne
sont jamais dans un même plan horizontal; ils sont disposés en hélice
autour de la tige. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Note sur les carbures d'hydrogène solides, tirés du
goudron de houille; par M. Frrrzscue. (Présenté par M. H. Sainte-Claire
Deville.)
7
« En continuant mes recherches sur les carbures d'hydrogène solides
tirés du goudron de houille, je suis arrivé à des résultats que je crois di-
gnes d’être portés à la connaissance de l’Académie, et je profite de mon
séjour à Paris pour lui présenter en même temps quelques échantillons des
corps que j'ai obtenus récemment.
» La plus grande difficulté de mon travail consistait daus la préparation
de substances sur la pureté desquelles on ne pourrait plus être en doute.
Ayant acquis la conviction que le produit brut était un mélange de plu-
sieurs corps très-semblables les uns aux autres, je cherchai des réactions
spéciales pour chacun d’eux, et j'ai été assez heureux pour trouver un
réactif qui donne avec les corps en question des réactions aussi caracté-
ristiques que l'hydrogène sulfuré avec les métaux. Grâce à ce réactif, qui
résulte de l'action de l'acide azotique sur un de ces corps, nommément le
corps C" H!° (1), j'ai reconnu l'existence de cinq corps bien distincts, dont
le point de fusion est situé entre 180 ou 190 et 235 degrés centigrades en-
viron, et dont je vais brièvement énoncer les réactions.
» Le corps C‘*H!°, le seul que j'ai obtenu jusqu'ici en état de parfaite
pureté, donne avec mon réactif une combinaison d’un beau rouge violet
qui cristallise en tables rhomboïdales ; un second corps, dont le point de
fusion est de 235 degrés centigrades environ, donne avec le même réactif
des tables rectangulaires d’un bleu violacé très-foncé. La combinaison du
même réactif avec un troisième corps représente des tables rectangulaires
d’une couleur vert foncé, et celle d’un quatrième corps des prismes aci-
culaires d’une belle couleur orangée.
(I) CEST
( 1036)
» Le cinquième corps enfin a une trés-grande ressemblance avec le
corps C‘‘H'°, et retient avec tant de ténacité des traces de ce dernier, que
je ne suis pas encore en état de signaler exactement la couleur de sa com-
binaison avec mon nouveau réactif; mais en tout cas elle est beaucoup plus
foncée que celle du corps C'*H'°, Et comme en même temps sa solubilité
est beaucoup moindre, il est hors de doute qu il y a là une substance parti-
culière, Je ne connais pas encore la composition des quatre derniers corps,
et voilà pourquoi je n’ose encore me prononcersur la question de savoir au-
quel de ces cinq corps on doit donner le nom d’anthracéne. M. Anderson a
désigné en 1862, sous ce nom, le corps C'*H*°, et lui attribue un point de
fusion de 213 degrés centigrades; mais comme M. Dumas a donné pour
son anthracène un point de fusion de 180 degrés centigrades seulement, et
que le point de fusion de mon cinquième corps se rapproche beaucoup plus
de ce dernier chiffre que de celui de M. Anderson, il me parait probable
que le nom d’anthracène devra être accordé à ce dernier corps.
» Le précieux réactif dont je viens de parler donne aussi des combi-
naisons caractéristiques avec d’autres corps solides, provenant non-seule-
ment du goudron de houille, mais aussi d’autres sources. Ce sont d’abord
le chrysène de M. Laurent, et un corps incolore qui accompagne ce der-
nier, mais qui ne paraît pas être le pyrène; puis des corps qui se trouvent
dans le goudron de houille et dont le point de fusion est proche de 100 de-
grés, et Si l'idrialène de M. Dumas et le rétène. La naphtaline au con-
traire a résisté à toutes mes tentatives de la combiner avec ledit réactif.
» Le corps C'*H!° que j'ai l'honneur de présenter à l’Académie en état
de Pusu pureté est très-remarquable par plusieurs qualités. Il montre ane
fluorescence très-belle qui le fait paraître dans la lumière réfléchie coloré
en violet très-brillant, surtout quand on fait adhérer ses paillettes aux pa-
rois d’un ballon dans lequel on a versé quelques gouttes de benzine. Cette
fluorescence n’a pas été remarquée par M. Anderson, probablement parce
qu’il n'avait pas éliminé les dernières traces de coloration jaune qui l’alterent
avec ténacité. Je suis parvenu à cela seulement par l'exposition des solu-
tions du corps en question à la lumière directe du soleil, qui en peu de
temps détruit le chrysogène, dont les plus légères traces suffisent à donner
une couleur jaune très-prononcé à tous les corps que j'ai énumérés, €t
même à la naphtaline.
» Une seconde qualité non moins remarquable du corps C'*H"° est ü
manière dont agit sur lui la lumière directe du soleil. En exposant aux
rayons solaires des dissolutions de ce corps saturées à la température am-
( 1037 )
biante, il se dépose bientôt des cristaux d’une substance qui ne donne
plus du tout de combinaison avec mon réactif, et qui non-seulement est
presque insoluble dans tous les dissolvants, mais aussi presque inattaqua-
ble par les acides sulfurique etazotique concentrés, qui agissent énergique-
ment sur le corps C!*H'*°. En soumettant cependant ce nouveau corps à
une température assez élevée pour le fondre, il se transforme entiérement
dans le corps auquel il doit sa formation, et il paraît évident que la lumière
produit dans l’agrégation des molécules un changement que la chaleur
détruit.
» L'action de l'acide azotique sur le corps C'*H'° est très-remarquable
par la diversité des produits qui en résultent. Outre le nouveau réactif
dont j'ai déjà parlé, j'ai obtenu des traces d’un autre réactif, qui donne
avec le corps C!*H'° non pas des tables rhomboïdales rouge violacé, mais
des prismes verdâtres, et je ne désespère pas d'obtenir encore d’autres
réactifs qui m’aideront à séparer entre eux entièrement les carbures d’hy-
drogène solides.
» Ayant trouvé que l’action de l'acide azotique sur le corps C" H*° est
très-énergique même à froid, j'ai cherché un corps qui, tout en diluant l'a-
cide azotique, ne lui cédåt cependant pas de l'eau, et j'ai trouvé que l'acide
acétique cristallisable remplit parfaitement ces conditions. En versant
sur le corps C'*H!° assez de cet acide pour former un mélange pas trop
épais, et en ajoutant à ce mélange goutte à goutte de l'acide azotique, on
obtient bientôt une dissolution complète sans le moindre dégagement de
vapeurs nitrenses, si on empêche l'élévation de température en plon-
geant le vase dans l’eau. De cette solution, de laquelle l'eau précipite un
corps jaune résineux, on peut obtenir plusieurs substances jouissant de
propriétés remarquables, suivant qu’on la laisse en repos, ou qu’on la porte
à une température plus ou moins élévée, avec ou sans addition ultérieure du
corps C!‘*H!°. J'ai l'honneur de présenter à l'Académie deux de ces corps,
dans lesquels la combinaison nitreuse qui a opéré leur formation est encore
tres-mobile, puisqu'il suffit de faire bouillir ces substances avec de l'acide
acétique pour provoquer un développement de vapeurs nitreuses. Le nou-
veau réactif au contraire est très-stable et supporte une chaleur de 200 de-
grés centigrades sans se décomposer. J'ai lieu de croire que c’est un corps
trinitré, mais sa composition n’a pas encore pu être déterminée d’une
manière exacte. » |
( 1038 )
CHIMIE ANALYTIQUE. — Recherches chimiques sur l’eau trouvée dans un vase
de bronze à Pompéi. Note de M. S. pe Luca, présentée par M Balard.
« En exécutant des fouilles dans une maison de Pompéi on a découvert,
le 29 mars dernier, une marmite de bronze placée sur un trépied de fer.
Un couvercle, aussi de bronze, s’adaptait exactement sur l'ouverture du
vase, de manière que l’eau, en tombant sur lui, ne pouvait pénétrer dans
l’intérieur. Sur le sol on a trouvé trois poignées du même métal, dont
deux appartenaient au vase, et l’autre, formée de deux dauphins, faisait
partie du couvercle. Ces trois poignées, étant dans l’origine soudées au
vase, ont dů en être séparées par la chaleur ou par une cause mécanique.
» Le fond de la marmite était recouvert d’une matière noirâtre, et, vers
la partie centrale du sol où était placé le trépied, on remarquait quelques
fragments charbonneux, ce qui montre qu’à cette place on avait fait du feu
pour faire bouillir l’eau du vase. Le trépied était en grande partie déformé
et recouvert sur toute sa surface de rouille épaisse, où se trouvaient in-
` crustés sur plusieurs points des corps poreux d’origine volcanique. Le vase
de bronze aussi bien que son couvercle conservaient leur forme régulière,
et leur surface extérieure était sur plusieurs points recouverte d’une couche
solide colorée diversement en noir, en vert ou en bleu.
» Après avoir:soulevé le couvercle, sans trop grande difficulté, on a ob-
servé que le vase était plein d’eau. Comme ce liquide ne pouvait y pénétrer
de la partie supérieure, à cause du couvercle muni de son bord circulaire
extérieur qui recouvrait exactement le bord intérieur du vase, on a pensé
que cette eau était celle-là mème que les anciens y avaient introduite il y
a dix-huit siècles. Cette interprétation, autour de laquelle on a fait beau-
coup de bruit, nous a paru peu probable. Il ne nous semblait guère admis-
sible que de l’eau püt se conserver pendant dix-huit siècles, dansun vase non
hermétiquement fermé. Aussi, vu l'intérêt archéologique qui s'attache à ce
fait, et vu l'intérêt géologique qui s'attache à l’étude des incrustations trou-
vées dans le vase de bronze, nous avons cru utile de faire des recherches
propres à élucider complétement cette question.
» L'ouverture du vase mesure 15 centimètres de diamètre; le bord qui
s'élève circulairement sur cette ouverture est haut de 34 millimètres; le
diamètre du couvercle est d'environ 16 centimètres, et la partie qui s’adapte
autour du bord du vase a presque la même hauteur de 34 millimètres. La
hauteur totale du vase est de 20 centimètres.
» Les parois intérieures du vase étaient recouvertes d’incrustations
( 1059 )
épaisses, formées par couches concentriques et ayant une couleur blan-
châtre sur toute sa surface visible. Leau qu’on y a trouvée était limpide et
sans aucune matière en suspension; elle avait une faible réaction alcaline ;
sa densité à la température de 20 degrés centigrades est de 1,001 en par-
tant de celle de l’eau distillée égale à l’unité; la quantité de matières fixes
que cette eau laisse par l’évaporation au bain-marie est de 15,032 par litre.
Ce résidu est blanc jaunâtre; chauffé dans un tube fermé, il devient légè-
rement noirâtre, pour redevenir ensuite blanc lorsqu'on le calcine au con-
tact de l’air. Le même résidu est soluble presque entièrement et avec effer-
vescence dans l'acide chlorhydrique, et il est constitué par des carbonates
de chaux et de magnésie, par des chlorures et des sulfates, et par des traces
de phosphates, de silice, de fer et de matières organiques.
» Cette eau se trouble faiblement par l’ébullition, et les gaz qu'elle dé-
gage dans ce cas sont constitués par les éléments de l'air et par de Pacide
carbonique qui représente la moitié environ du volume total des gaz dé-
gagés. L’alcalinité du liquide augmente par la concentration. Lorsque le
liquide est réduit au vingtième de son volume, il commence à déposer, par
l'addition de l'acide tartrique en excès et d’un mélange d'alcool et d’éther,
un précipité cristallin de crème de tartre qui se dissout facilement dans une
solution de potasse.
» La même eau précipite abondamment par l’azotate d'argent; ce préci-
pité est soluble en grande partie dans l'acide nitrique, tandis que la partie
insoluble disparaît complétement dans quelques gouttes d’ammoniaque.
On constate dans la même eau la présence de la chaux et de la magnésie,
des sulfates en petite quantité, et pas la moindre trace de cuivre, même
lorsqu'on opère sur le résidu provenant de l'évaporation à sec du li-
quide. |
» La matière complexe adhérente au fond extérieur du vase se montre
d’une couleur noirâtre; si on l’examine avec soin à la loupe, on y aperçoit
des corps diversement colorés en vert, bleu, rouge et jaune rougeûtre. Lors-
qu'on agite le tout avec de l’eau, la matière noirâtre surnage le liquide, et,
par conséquent, on peut la séparer des autres substances qui, par leur
densité plus forte, gagnent le fond. Cette matière noirâtre, recueillie sur
un filtre, lavée et desséchée, brûle au contact de l'air comme du charbon,
et peut se transformer en acide carbonique, entièrement absorbable par la
potasse, lorsqu'on la chauffe en présence de loxyde de cuivre. Dans la
partie plus lourde, on a constaté la présence du plomb, du cuivre, du fer,
C. R., 1867, 19° Semestre. (T. LXIV, N° 20.) 137
( 1040 )
de la chaux à l’état de carbonate, quelques traces d'étain et des corps po-
reux d’origine volcanique. Le plomb provient probablement de la soudure
que les anciens avaient employée pour fixer les poignées sur le vase.
». Les incrustations sur les parois intérieures du vase sont formées par
couches, dont les plus externes présentent une couleur blanchâtre, tandis
que les autres ont une teinte mélangée dé vert et de bleu, qui devient plus
intense à mesure qu'on se rapproche du métal. Au microscope, on y aper-
çoit une infinité de petits cristaux prismatiques blancs, formant E masse
presque tout entière des incrustations, et l’on y voit en outre plusieurs
autres petits cristaux bien définis et colorés en bleu et en vert. L'analyse a
montré que ces incrustations sont formées en grande partie de carbonates
de chaux et de magnésie, de carbonate de cuivre plus ou moins hydraté,
de phosphate de chaux en petite quantité etide traces de silice et de fer.
Par les moyens les plus délicats on n’a pas réussi à déceler dans ces incrus-
tations la présence du plomb.
» Il résulte de ces recherches : 1° Que l’eau trouvée dans le vase de
bronze ne pouvait pas être celle que les anciens y avaient probablement in-
troduite ; car dans ce cas, le vase étant plein d’eau, les incrustations ne de-
vaient pas exister du tout, ou bien elles ne devaient pas s’y trouver en forte
proportion et à l’état cristallin. On sait que l’eau potable, lorsqu'on l'éva-
pore, laisse un faible résidu qui dépasse rarement 1 gramme par litre ; or,
dans le vase, qui a la capacité de 5 à 6 litres, il existe une couche épaisse de
matières solides, dont le poids peut s ‘élever à plusieurs centaines de
grammes. 2° Que la composition de l’eau trouvée dans le vase de bronze
est, en quelque sorte, comparable à celle de l’eau trouvée il y a quelques
années dans un puits de Pompéi, particulièrement par la potasse constatée
dans l’une et dans l’autre. 3° Que l’eau introduite par les anciens dans le
vase de bronze ;s 'est évaporée spontanément en totalité ou en partie, et
qu'ensuite, par, l'effet de grandes pluies, l’eau s'élevant au-dessus de la
hauteur du vase a pénétré dans celui-ci de bas en haut en s introduisant
entre les deux bords du couvercle et du vase, et en remplissant le vide total
ou partiel que l'évaporation de l’eau y avait laissé. De cette manière, , leau
a pu pénétrer par milliers .de fois dans le même vase, depuis la première
éruption vésuvienne (l'an 79 de notre ère) jusqu’à nos jours; et par son
évaporation lente et progressive, dans un espace bien restreint, elle a, dé-
posé toutes les matières solides qu’elle tenait en solution. Si l'on pouvait
déterminer exactement le poids de ces, matières, on pourrait approxima-
tivement calculer le volume de l’ eau, qui a péÉRÉIé dans l'intérieur du vase
( Toi )
pendant le long espace de dix-huit siècles, r gramme de résidu représentant
environ 1 litre d’eau. 4° Que l’eau qu’on à trouvée dans le vase en bronze
ne contient pas la moinde trace de cuivre; ce fait mérite d'être signalé et
il prouve qu’on peut se servir de vases semblables pour conserver de l'eau,
pourvu que les surfaces soient intérieurement recouvertes de carbonates
terreux. 5° Enfin, que ces incrustations dont on connaît l’origine, la compo-
sition et les circonstances particulières de formation, peuvent jeter quelque
lumière sur des questions géologiques trés-importantes. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Études sur la vinification. Note de M. Micuez Perret,
présentée par M. P. Thenard. (Extrait.)
« Quand on remplit une cuve de raisins, bientôt, et sous l'influence de
la fermentation, il s’y forme deux couches : l’une liquide, c’est la couche
inférieure ; l’autre semi-solide, et que, en terme de métier, on nomme le
chapeau : c’est la couche supérieure. La grappe, la pulpe, les pepins et sur-
tout les grains restés intacts s’y donnent rendez-vous.
» J'ai observé que pendant la fermentation la température varie facile-
ment de 15 degrés entre les deux milieux, et que c’est toujours la couche
supérieure qui est la plus chaude : dès lors j'en ai conclu que, de Pun à
l’autre, la fermentation devait étre très-différente, tant sous le rapport de
la durée que de la nature des produits engendrés. C'est ce que vint bientôt
révéler l’analyse. Dans le chapeau, la fermentation est, en effet, bien plus
rapide, le vin bien plus coloré, l’acétification plus prompte et l'alcool plus
abondant à un moment donné. EH ot am E]
» Donc, théoriquement, et pour éviter les inconvénients d’un tel état de
choses, il faudrait en quelque sorte tirer la cuve en deux fois, ‘c'est-à-dire
qu’il faudrait d’abord enlever le chapeau, le pressurer, enfüter le vin en
provenant, et ne tirér le vin de pied que beancoup plus tard, ou bien il fau-
drait perpétuellemént fouler la cuve. |
» Il n’est pas besoin d'insister sur ce que ces deux méthodes auraient
d’impraticable, et hême jusqu'à un certain point de nuisible. Voici ce que
J'ai imaginé et qui m'a parfaitement réussi: i
» Je continue, comme par le passé, à me servir de cuves ordinaires, mais
Je les divise suivant des plans horizontaux par des clayonnages mobiles,
distants lés uns dés autres de 36 centimètres environ. Alors, au moment de
l'encuvage, les clayonnages étant démontés, je remplis le premier compar-
timent, puis je pose la première claie; je passe ensuite au secon.i et Je vais
137..
( r042)
ainsi jusqu’à l'avant-dernier que je laisse vide, afin de laisser un espace
au regors ultérieur du liquide. Dans ces nouvelles conditions et par l'effet
de la fermentation, le chapeau tend bien également à se former; mais les
claies s’y opposant, la vendange reste à ce point uniformément répartie
dans la cuve, que le thermomètre indique en chaque point la même tempé-
rature pendant toute l'opération. Dès lors tout devient régulier, lacéti-
fitatin disparait, la couleur est partout la même; mais, chose plus curieuse
à noter, l'opération durant à péine les trois cinquièmes du temps ordinaire
et l’endosmose de l'alcool par les parties solides se réduisant par ce fait
de moitié, le vin titre un dixième en sus de l'alcool qu'il contiendrait dans
les circonstances ordinaires. Voilà trois ans que j'opèré de la sorte, et la
supériorité des résultats que donne ce procédé si simple est aujourd’hui
incontestable. »
PHYSIOLOGIE. — Lettre adressée à M. le Président, au sujet de. la communi-
cation faite par M. Pasteur le 29 avril dernier; par M. A. Bécuamr.
(Extrait. )
« La récente communication de M: Pasteur à l’Académie m’a mis dans la
nécessité de me demander si tout ce que j ’ai écrit sur la nature et la signi-
fication du corpuscule vibrant pouvait être regardé comme non avenu- Il
mest impossible, en effet, de ne pas me souvenir de la lutte que j'ai eu à
soutenir pour faire prévaloir l'opinion que la maladie des vers à soie est
parasitaire et que le corpuscule est le parasite. Je soutenais que ce dernier
était un organisme indépendant, n’était pas une production pathologique:
Les tissus du ver à soie et les liquides qui les baignent n'étaient, selon moi,
qu'un terrain fertile, nourrissant le parasite et lui permettant de pulluler:
Pour M. Pasteur c'était là « une erreur » (1). Pour lui, le corpuscule était une
production qui n'était ni végétale, ni animale, incapable de reproduction,
mais quelque chose d’analogue aux granulations des cellules. cancéreuses;
des tubercules pulmonaires, et que, dans une classification méthodique, sis
devait ranger à côté des globules du pis des globules du sang ou, bien en-
core des granules d'amidon, plutôt qu'auprès des infusoires ou des moisis-
sures (2). Les corpuscules, enfin, sont des organites, et il lui paraissait (3)
Lee
(1) Comptes rendus, t. LXII, p. 134, juillet 1866.
(2) Comptes rendus, 1. 'LXI, p. 511, septembre 1865.
(3) Comptes rendus, t. LXIII, p. 141.
(1043)
que c'était principalement le tissu cellulaire de tous les organes qui se
transforme en corpusules ou qui les produit,
» Après les discussions que j'ai soutenues, devant l’Académie (1), c’est
assurément une bonne fortune pour moi de voir M: Pasteur admettre à son
tour que le corpuseule n’est pas un organite, mais bien un organisme indé-
pendant, Toutefois, M. Pasteur/se fonde sur une observation qu'il croit
avoir faite le premier, savoir : la multiplication scissipare du corpuscule.
» Or, j'avais déjà indiqué (2), comme découlant de mes précédentes
recherches et observations, le principe du genre de preuve adopté, dans sa
dernière Note, par M. Pasteur, et c'est pourquoi sa communication du
29 avril ne me permet pas de garder le silence... » !
L'auteur reprend ensuite en détail les principaux faits qui ont été signalés
par lui, à diverses reprises. De l'examen de ces faits il résulte, selon lui, qu'il
a le premier indiqué la véritable nature des corpuscules et leur mode de
reproduction. gabest M. ns
PHYSIOLOGIE. — Nouveaux fails pour servir à l'histoire de la maladie actuelle
des vers à soie etide la nature du corpuscule vibrant; par M. A. Bécuawr.
« I. La conclusion du travail que j'ai eu l'honneur de communiquer à
l’Académie, le 239 avril dérnier, était gué le corpnscule vibrant est une
spore. Voici dè nouvelles obsërvatións qui viennent à l’appui de cette ma-
nière de Voir. | IDE EBAI" SE St FO OVIT á 11/0
» J'ai dit que les vers à soie élevés dans les vapeurs dé’créosote voyaient
les corpuseules vibrants qu'ils portaient à la surface se transformer en
cellules de mycélium. M. Estor, ‘qui estä courant de ces recherches, me
fournit la Note suivante sur ce sujet: | j
« Je suis prié, le 23 avril dernier, d’exaiminer les vers d’une chambrée :
la graine n'avait pas été examinée au microscope, m'avait pas été lavée,
aucun traitement prophylactique dela pébrine n’avait pas été mis en
usage; de plus, cette graile, aux éducations précoces, avait donné de
mauvais résultats. Lés vers furent examinés, en faisant une incision qui
fournissait un liquide « ui provenait à la fois de l'intestin, de l’intérieur,
et qui lavait la surface. Dans tous; j'obsétvai bon nombre de corpuscules
x
x
x
=
=
>
(1) Voir Comptes rendus, t. LXIH, p. 311; 317, 391, 427; 427, 526, 693.
(>) Conférence faite au Vigan, le 6 mars dernier, sur la maladie des vers à soie (Écho
des Cévennes du 9 mars),
( 1044 )
de Cornalia, avec leur forme et leur dimension habituelles. Huit jours
» après, nouvel examen d’un certain nombre de vers de la même cham-
» brée : plus de corpuscules normaux, mais grand nombre de corpuscules
» très-allongés, ayant un diamètre longitudinal double ou triple de ce qu'il
» est normalement, et quelques formes carrées ou rectangulaires, mais en-
» core assez peu nombreuses. Le lendemain de la première séance, la
» chambrée en ‘examen avait été soumise à l'influence des vapeurs de
KA
©
» créosote, à doses modérées.’ »
» Ainsi, dans les chambrées ha eNi les choses se passent comme
dans les expériences ď’essai.
» Les corpuscules s’altèrent, dans leur res, dans les infusions où on
les fait proliférer ; ils grandissent évidemment, s’allongent; mais, tant que le
milieu peut leur béta nn aliment, ce grandissemient et cet hs ee
ne se remarquent pas facilement.
» J'ai placé des corpuscules pris dans un ver seal (au tr oisiérne
âge), et préalablement délayés dans l’eau, sur uné lame de verre porte“
objet. La préparation examinée ne laissait voir que les éorpuscules nor-
maux. On a placé cette lame dans'une étuve chauffée à 20 degrés et conte-
nant une atmosphère créosotée. Le lendemain, le plús grand nombre des
corpuscules étaient devenus plus volumineux et allongés, de façon que leur
grand diamètre fût au moins double ou triple de ce qu’il était. Le surlen-
demain, il y en avait un certain nombre sé divisant transvérsalement,
d’autres élargis et très-allongés tendaient évidémment à se déformer et à
prendre la forme des cellules de mycélium.
» Il. Sur l'existence de parasites particuliers sur et dans certains vers àcsoie
malades. — Lorsqu'on examine certains vers, surtout les vers. dits,restés
petits, on en trouve souvent qui sont farcis de corpuscules; maisjà leur sur-
face et dans les liquides qui baignent leurs tissus, on remarque en même
temps une foule de molécules mobiles quel on ne voit pas sur où dans
d’autres vers, et que l’on ne rencontre jamais dans Tés” vers sains, à moins
que ce ne soit dans l'intestin. Ces molécules mobiles ressemblent d’une
façon étonnante aux molécules semblables qui existent dans Ja craie; que
j'ai nommées Meme crelæ, et que je disais FOIE répandues que | lo on ne
croyait. P
» Il peut arriver que des vers restés petits ne portent point de’ corpus-
cules vibrants à leur surface et n’en contiennent point; mais ils peuvent
être couverts d’une foule de ces molécules mobilés et en contenir des
myriades. Ces molécules sont évidemment organisées, car on les voit quel-
( 1045 )
quefois accouplées deux à deux. Elles sont si petites, qu'il faut, pour les
voir distinctement; le grossissement oc. 7, obj. 2, de Nachet. Nous les
avons depuis longtemps remarquées, M. Le Ricque de Monchy et moi; la
constance. de leur rencontre sur les mêmes variétés de vers malades m'en-
gage à signaler ce fait et à donner un nom à ces molécules : je les nommerai
dorénavant Microzyma bombycis.
» HI.. Le problème, le plus difficile de ces études est de trouver l'ori-
gine des corpuscules vibrants et de ces microzyma. Dans la théorie parasi-
taire que je soutiens, ils viennent de l’air et devaient pouvoir se rencontrer
sur la feuille.
» Si l’on vient à laver des feuilles dans l’eau, et si l’on examine le
dépôt qui se forme au sein du liquide, surtout le plus ténu, avec le gros-
sissement oc. 7,.obj. 1, Nachet, on peut y découvrir des corpuscules de
Cornalia en très-petit nombre, mais des Microzyma en foule, avec lappa-
rence qu’on leur reconnait dans les vers à soie. J'ai examiné des feuilles
prises en plein champ, loin des routes et de la poussière, et j'ai vu dans
l’eau de lavage de ces feuilles, à n’en pas douter, des corpuscules vibrants
avec leur forme normale, des. Microzyma et d’autres productions, jusqu'à
des. navicules. M. de Monchy a examiné des feuilles cueillies sur des
müriers élevés sur. les plateaux de hautes collines, battus par le vent et éloi-
gnés des routes, et il y a trouvé ces mêmes Microzyma et des corpuscules.
» Si ces observations. se confirment, et elles seront confirmées, on com-
prendra combien il faut apporter de soin à la préparation des feuilles que
l’on donne, en pâture aux vers: »
PHYSIOLOGIE. — Sur la prétendue pres" par scissiparité des corpuscules
ouw psorospérmies des vers à: “Soie. Ne de bai Bass, présentée par
MCH? Robin! > T aD
« Dans Jes. Comptes, rendus, i 29 avril dernier, M. Pasteur et M, Bé-
champ. se sont occupés_tous, deux de la reproduction des corpuscules des
vers à soie : le premier soutient qu ils, se multiplient par scissiparité trans-
versale, le second. veut qu'ils se reproduisent par scissiparité longitudinale.
Je me propose d’ ‘examiner successivement, ces deux opinions;
» Citons d'abord M. Pasteur : « Jusqu’à présent, dit-il, j'ai considéré les
» corpuscules des vers à soie, dits de Cornalia, comme des organites que
» l’on devait ranger à côté. de tous ces corps réguliers de forme, mais ne
» pouvant s’engendrer les uns les autres, tels que les globules du sang, les
» globules du pus, les granules d’amidon, les spermatozoïdes, que les phy-
( 1046 )
siologistes désignent sous le nom d’organites. Cette opinion, partagée par
» beaucoup dé personnes ‘très-autorisées, s'appuyait principalement sur
» l'impossibilité de saisir un mode quelconque de reproduction des cor-
» puscules par génération directe, soit par bourgeonnement, soit par scis-
=
=
» siparité. »
» Les personnes très-autorisées auxquelles M. Pasteur fait allusion dans
le passage que je viens de rappeler sont MM. de Filippi, Cornalia, Ciccone
et autres; mais d’autres savants, non moins autorisés, ont soutenu une
opinion toute différente et la nature parasitaire de la maladie. Ce sont
MM. Frey, Lebert (1856), Nægeli, Leydig (1863), de Bary, etc., qui tous
comptent parmi les micrographes les plus éminents de notre époque. Pour
ceux-ci, les corpuscules sont des êtres organisés se rattachant aux végétaux
inférieurs, M. Pasteur, en sa qualité de chimiste, et de chimiste éminent,
aurait peut-être réussi à donner un appui considérable à cette maniére de
voir en nous faisant connaître les réactions de ces petits corps. Cette preuve,
qui manquait jusqu'ici, vient en effet d’être fournie, si nous nous en rap-
portons à M. Vlacovich (de Padoue), lequel assure avoir réussi à démontrer
dans les corpuscules des vers à soie l'existence d’une substance analogue
à la cellulose (Venise, 1867). Si cette découverte se confirme, la véritable
nature de ceux-ci aura été mise hors de toute contestation par la démons-
tration de leur composition chimique. | fi
» L'objet principal de la dernière communication de M. Pasteur est la
reproduction des corp les par scissiparité ti érsale, qu’il pense avoir
mise hors de doute par ses observations récentes:'Sans m'arrêter sur ce
qu'ont pu avancer, soit pour, soit contre l'existence de ce mode de géné-
ration, les savants qui ont précédé.M. Pasteur, il est“ permis de s'étonner
qu’elle ait échappé à des observateurs aussi habiles que MM. Cornalia et
Leydig, surtout si elle est aussi facile à constater que l’avance M. Pasteur.
Aux noms dés deux auteurs précédents, je puis ajouter ceux de MM. Cha-
vannes ét Genzke. Seuls MM: Lebert (1856) ét Vlacovich: (r864) se sont pro-
noncés en faveur d’une multiplication des corpuüscules par segmentation,
mais ils s'accordent pour déclarer qu'ils ne la considèrent que comme un
fait exceptionnel. Pas plus que M: Pasteur, ils n'ont négligé de porter leur
attention sur le tube digestif des vers, mois le nombre des corpuscules en
voie de division qu'ils y ont rencontrés leur a toujours’ paru insuffisant à
expliquer la prodigieusé multiplication de ces petits corps (1):
(1) Sur la manière dont a lieu cétte multiplication, voyez Bazsranr, Note additionnelle, etc.,
dans le Journal d’Anatomie et de Physiologie, 1867, p. 332 à 334.
| ( 1047 )
» Si, de ce qui précède, il résulte-que le mode de génération dont il est
question ici est loin d’avoir reçu une démonstration scientifique suffisante,
il convient en outre de rechercher s’il n'existe pas des faits dont l'inter-
prétation erronée peut avoir donné lieu à cette croyance. En invoquant
mes observations personnelles sur ce sujet, je pense que l’on peut effective-
ment rapporter à trois causes d’erreur différentes tout ce qui a été dit rela-
tivement à une reproduction des corpuscules par division, savoir : 1° la
coexistence, avec les corpuscules ordinaires, d'autres corps de même nature
représentant des états de développement incomplet de ces petits orga-
nismes; 2° la rencontre de corpuscules de forme anormale ou individus
monstrueux, dus à la coalescence de deux ou d’un plus grand nombre de
corpuscules pendant leur développement, et simulant dans les différents
degrés une.division de ces corps; 3° la présence dans quelques-uns, outre
les corpuscules habituels, d’autres organismes étrangers ou parasitaires,
ayant avec les premiers une plus ou moins grande similitude de forme et
pouvant être facilement confondus avec eux.
» Relativement aux formes que je considère comme les différents états de
développement des corpuscules ou des individus non encore parvenus à
leur maturité entière, je pense que ce sont surtout elles qui ont été prises
par M. Pasteur pour des corpuscules en voie de division. Elles sont effecti-
vement mélées, en nombre considérable, aux corpuscules ordinaires toutes
les fois qu'il y'a un développement abondant de ces petits corps, et cela a
particulièrement lieu dans l'estomac des vers, comme. je l'ai dit dans une
commupication antérieure. Ces corpuscules inachevés sont beaucoup plus
pâles que les autres et montrent dans leur intérieur tantôt une seule, d'au-
tres fois deux taches ou espaces clairs et transparents, arrondis ou ovalaires,
à contour net; situés près des, extrémités. Dans un certain nombre, la ligne
de contour extérieure du corpuscule est très-pâle et peu visible, tandis que
celle des deux taches intérieures est beaucoup plus accentuée, d’où résulte
un aspect qui peut facilement être pris pour une division. M. Pasteur n'hé-
site pas à donner le nom de noyau à l’espace intérieur transparent : rien ne
me paraît justifiér cette manière de voir, puisqu'il ne mentionne point lexis-
tence de l'organe central qui caractérise cet élément celluleux, c’est-à-dire
le nucléole. D'ailleurs ce détail de l'organisation des corpuscules avait déjà
été signalé par M, Leydig en 1863 ; plus récemment, M. Ylacovich l’a égale-
ment mentionné (1864 et 1867) en décrivant et figurant un grand nombre
des variétés de forme qu'il présente. Mais le premier se contente de le dési-
C. R., 1867, 1°" Semestre. (T. LXIV, N° 20.) 138
( 1048 )
gner sous le nom de tache nucléiforme, et le second sous celui de lacune ou
de vacuole. Quant aux corpuscules dans lesquels M, Pasteur suppose que
le noyau a subi une division, cé ne sont autre chose que les corpuscules
à deux taches claires signalés plus haut. Rien n'indique d'ailleurs que
celles-ci proviennent de la division d’une tache primitivement simple.
M. Vlacovich écarte également cette supposition (1).
» Ainsi, rien jusqu'ici ne démontre d’une manière certaine que les cor-
puscules se reproduisent par division transversale. Il me reste à examiner
si l'opinion de M. Béchamp concernant leur multiplication par scission lon-
gitudinale est mieux fondée.
» À vrai dire, M. Béchamp ne décrit que certaines apparences, dont il
induit l'existence du mode de reproduction dont il parle ; il n’a pas observé
la division elle-même des corpuscules suivant leur grand axe. C'est d’abord
l'apparition d’une ligne longitudinale dans la direction de cet axe, puis la
formation d’une échancrure à chaque extrémité de la ligne précédente, qui
se résout en fines granulations. Ces faits n’ont d’ailleurs pas été vus sur
des corpuscules frais, mais seulement sur ceux qui avaient séjourné ‘plus
ou moins longtemps dans l’eau. Quy a-t-il de réel dans cette description?
Un seul fait me parait hors de doute : c’est l'existence de la ligne aperçue
dans l'axe du corpuscule; mais a-t-elle bien la signification que lui attribue
LT PT RS rene
(1) Les corps auxquels j'attribue la signification d'individus anormaux ou monstrueux
sont évidemment ceux que MM. Lebert et Vlacovich avaient sous les yeux quand ils ont parlé
d’une reproduction des corpuscules par division. Quoiqu'ils soient assez rares, on en retrouve
presque toujours au moins quelques-uns dans chaque ver que l’on examine. Les plus communs
résultent de la soudure de deux corpuscules dans le sens du grand axe, avec ou sans trace
de l'indépendance primitive des corpuscules composants. Quelquefois, au lieu d’être dans le
prolongement l’un de l’autre, ceux-ci forment entre eux un angle d’une ouvertu
Plus rarement, un plus grand nombre de corpuscules se soudent ensemble de manière à ror:
mer de petites masses d’un aspect tout à fait irrégulier. Toutes ces diverses formes sont aussi
plus fréquentes dans l'intestin qu'ailleurs, ce qui tient vraisemblablement à l'énergie plus
grande que le contact direct des liquides digestifs imprime au développement des corpus-
cules. Jajouterai que j'ai plusieurs fois essayé de surprendre un changement de forme que
conque dans les corps qui viennent d’être décrits, sans pouvoir y parvenir. En effet, Jal
signalé comme une troisième cause d'erreur pouvant faire croire à une division des corpus-
cules, le mélange accidentel de ceux-ci avec d’autres organismes étrangers chez lesquels ce
mode de reproduction s’observe d’une manière indubitable. MM. Leydig et Lebert citent plu-
sieurs faits de ce genre, et j'ai eu moi-même l’occasion d’en constater de semblables. (7a7€7
pour plus de détails et pour les figures le numéro de mai 1867 du Journat de l’ Anatomie et
de la Physiologie.)
re variable.
( 1049 )
M. Béchamp? Je ne le pense pas: Déjà Leydig avait signalé l'existence de
cette ligne sur les corpuscules observés à l’état frais, et, plus récemment,
M. Vlacovich paraît l'y avoir également aperçue. Pour moi, j'y soupçonne
un détail d'organisation que montrent avec une grande évidence certains
corps de même nature, les psorospermies, que l’on rencontre chez d’autres
animaux. Je veux parler de leur formation à l’aide de deux moitiés ou valves
symétriques, dont la ligne précédente indique les borüs superposés. La
même structure peut être admise aussi, par analogie, chez les corpuscules
des vers à soie. Dans ce cas; les apparences observées par M. Béchamp sur
ceux de ces corps qui ont macéré dans l’eau ne seraient autre chose que
l'indice d’une séparation incomplète des deux moitiés qui constituent
chaque corpuscule, sous l'influence prolongée de ce liquide, mais je dois
ajouter que, pour ma part, je wai jamais réussi à rien voir de semblable
dans les conditions dont parle M. Béchamp. »
PAYSIOLOGIE. — De l'influence de l'acide carbonique et de l’oxygène sur le cœur ;
par M. E. Cxox.
« Les expériences que j'ai faites l’année dernière, au sujet de l'influence
des chang ts detempérat le cœur, m'ont conduit à étudier l’action
de l'oxygène et de l’acide carbonique sur cet organe. Plusieurs physiologistes
se sont déjà occupés de cette question, mais ils sont arrivés à des résultats
contradictoires. La cause de cette contradiction réside dans leur méthode
d'observation, car ils ont fait leurs expériences sur des cœurs non détachés
du corps de l'animal; de sorte que les gaz introduits dans le torrent cir-
culatoire agissent simultanément et sur le système nerveux central et sur
les vaisseaux. Comme j'avais trouvé une méthode qui permet d'étudier les
fonctions du cœur én dehors de l'organisme pendant ün temps très-long
(24-48 heures) et sans que le cœur perde son activité normale, je pouvais
espérer obtenir des résultats plus heureux. Cette méthode d’expérimenta-
tion est décrite tout au long dans la communication (1) de mes recherches
sur l'influence des variations de température sur le cœur, faites dans le
laboratoire de M. le professeur Ludwig. Voici en quelques mots en quoi
consistait cette méthode. Après avoir séparé le cœur d'une grenouille, je
l'ai mis en communication avec un système de canaux en verre et avec un
(1) D'-E. Cwon, Ueber den Einfluss, des Temperaturænderungen, ete. (Berichte der
Sachsische Gesellschaft der Wissenschaften, 1866). | ,
138..
( 1050 )
petit manomètre à mercure. L'appareil était organisé de manière à pouvoir
faire passer alternativement le liquide contenu dans le cœur, de l'aorte dans
la veine cave, ou de l'aorte dans le manomètré. Pour nourrir le cœur, je
me sers dé sérüm du sang de lapin. Un cœur placé dans de telles condi-
tions peut travailler avec une force égale pendant 24 ou même 48 heures,
pourvu qu'on change de temps en temps le sérum.
» Voici les procédés principaux dont je me suis servi dans le cours de
més expériences. Le sérum de deux lapins fut partagé en deux parties
égales, dont l’une fut saturée par l’acide carbonique et l’autre par loxy-
gène. Ayant trouvé que le sang saturé d'oxygène jouit des mêmes proprié-
tés que le sang aéré, je me suis souvent sérvi de ce dernier: Le cœur était
nourri alternativement avec l’un ou l’aûtre de ces deux sérums, et les diffé-
rentes courbes écrites par le manomètre m’indiquaïent les changements qui
s’opéraient dans le cœur. Afin d'éviter toûte terreur, j'ai, à un moment
donné, oxygéné dé nouveau le sérum saturé d'acide carbonique qui avait
déjà été employé, et invérsément. Toutes les observations dont je vais
donner un résurné né se rapportent qu’à la durée de 20 à 50 minutes.
» Mes expériences m'ont démontré que le contact du sérum saturé
d’acide carbonique avec la surface interne du cœur produit un arrêt subit
de cet organe dans la diastole. L’évacuation de ce sérum, ou son échange
avec du séruhi oxygéné, a ramené les mouveménts du cœur. L'arrêt de cet
organe produit par le sérum saturé d'acide éarbonique ne pouvait être dù
qu’à üne paralysié des ganglions excitatéurs dés mouvements du cœur, ou
bien à une excitation des terminaisons des nerfs pneumogastriques; car la
masse musculaire du cœur n’a pas perdu son irritábilité; au moins au début
de l'arrêt des mouvements. Les faits ‘que je vais exposer indiquaient suffi-
samment que l'arrêt du cœur était dù à la séconde deces causes k
» 1. L'arrêt subit des battements du éœur dans la diastole.
» 2, La possibilité dé provoquer durant! éét arrèt des contractions iso-
lées, par une irritation réflexe du cœur.” 19 12X9,D
» 3. Le retour subit des mouvements après l'expulsion du sérum saturé
d'acide carbonique. a eG IH eE Migs Si
» 4. Le caractère de ces nouvelles contractions. De même qu'après
l’arrêt du cœur qui suit excitation du pneumogastrique, l'amplitude de
ces contractions était plus considérable qu'avant cette excitation, et elles
étaient interrompues au début par des moments de repos assez longs.
» Comme j'ai démontré dans les expériences antérieures (loc. cit.) que le
curare mêlé à forte dose au sérum paralyse les terminaisons des pneumo-
( ani )
gastriques, j'avais, le moyen de contrôler d'une façon directe mes conclu-
sions sur. la manière, d'agir de l'acide carbonique. J'ai rempli le cœur de
sérum saturé d'acide carbonique iet, mélé. à une forte dose de curare. J'es-
pérais ainsi prouver que, si l'acide excitait les terminaisons des pneumo-
gastriques, il ne pourrait plus, le faire dans le cas où ces terminaisons
étaient paralysées. En effet, un cœur, rempli d’un pareil sérum na pas
cessé de battre; mais.ses battements étaient très-faibles, surtout au début ;
les mouvements du cœur étaient souvent même péristaltiques, c'est-à-dire
que les différentes parties du cœur ne se contractant; pas simultanément,
le ventricule ne pouvait pas se vider et soulever la colonne de mercure. Des
que je fis passer à travers le même sérum un courant d'oxygène suffisant
pour chasser, tout l'acide carbonique, le cœur commença de nouveau à
battre régulièrement.
» Ces expériences prouvent que l'acide carbonique arrête le cœur en excitant
les terminaisons des nerfs pneumogastriques. Mais il s'agissait de sayoir à quelle
cause était due l’irrégularité des mouvements d’un cœur rempli de sérum
mélé d'acide carbonique et de curare., Le rétablissement de la régularité
dans les mouvements qui suit, le passage du sérum oxygéné montre que
c'était l'absence de l’oxygène dans le sérum qui a produit cette irrégularité
des mouvements du cœur.
» Afin de mieux fonder cette conclusion, j'ai rempli le cœur avec du
sérum saturé d'un gaz indifférent, l'azote. Dans ce cas, le cœur se contracte
d'abord. assez faiblement, puis avec plus d'intensité. Mais ce fait, en appa-
rence: contradictoire avec la conclusion précédente, ne l'est pas en réalité;
_car:il est possible que le cœur recoive, dans ce cas, de l'oxygène par sa sur-
face extérieure. Eu effet, en euveloppant le cœur d’une atmosphère d'azote
(en faisant passer un. courant de ce gaz autour de lui), le cœur s'arrêtait
après quelques contractions, fables, ti
» En résumé, mes ,expériences démon
propriété d’exciter les centres modérateurs du cœur, ou, ce qui revient au
même, d'augmenter les, résistances qui, s'opposent dans le cœur lui-même
à ses contractions. De plus, elles prouvent que la présence de l'oxygène
dans. le sang, est nécessaire pour que les contractions du cœur s'accom-
plissent d’une manière régulière, c'est-à-dire pour qu'elles produisent un
travailatile, oo idars up oldi PE T
» Il s'agit main enant, de savoir si la présence de l'oxygène est néces-
t des. forces motrices, ou bien pour l'excitation
saire pour le développement d
des ganglions moteurs du cœur. Des travaux récents de M. Herrman, de
trent que l'acide carbonique a la
( 1052 })
Berlin, ont démontré que la présence de l'oxygène n’est pas nécessaire pour
l’accomplissement des contractions musculaires ; ils ont, en outre, prouvé
que la formation de l’acide carbonique pendant la contraction ne dépend
pas d’une oxydation, mais d’une décomposition (Spaltungsprocess) de cer-
taines substances musculaires, En s'appuyant sur ses expériences, M. Herr-
man a émis l'hypothèse que:le développement des forces pendant la
contraction ne dépend pas, comme on le supposait jusqu’à présent, d’une
oxydation, mais ďune saturation des affinités plus fortes, suite de la dé-
composition d’une combinaison chimique, comme, par exemple, le déve-
loppement de la chaleur pendant la décomposition du sucre en alcool et en
acide carbonique.
» Sans me ranger d’une manière complète à l'opinion de M. Herrman, je
suis cependant obligé d’avouer que les expériences dans lesquelles j'ai
employé du sérum saturé d’acide carbonique et mélé de curare s'accordent
en partie avec les résultats obtenus par ce physiologiste. En effet, nous
avons vu que le cœur rempli de ce sérum, et ainsi privé d'oxygène, continue
à se contracter, quoique d’une manière irrégulière, c’est-à-dire que, bien
que le cœur ne produise pas dans ces conditions du travail utile, ses con-
tractions péristaltiques prouvent cependant qu’il continue à développer des
forces motrices.
» Quelle que soit l’opinion que l’on puisse avoir sur la valeur de l’hy-
pothèse de M. Herrman, il est cependant prouvé, par ses expirience et
par mon observation citée plus haut, que la présence de l'oxygène n 'est
pas absolument nécessaire pour la production des contractions muscu-
laires. Il ne nous reste donc plus qu’à admettre que la présence de l'oxygène
dans le sang est indispensable pour exciter les ganglions moteurs du cœur. Le
manque d'oxygène, ou sa présence en quantité insuffisante, rend des con-
tractions régulières et simultanées du cœur impossibles.
» Mes expériences antérieures, au sujet de l'influence de la chaleur sur
le cœur, ont montré que chaque variation ‘ascendante de la température
produit une excitation de ses ganglions moteurs. On peut donc se demander
si l'oxygène n’excite ces ganglions qu’en POROUREE de la chaleur. De
nouvelles recherches, qui ne pourront être faites qu'après de nouvelles
observations sur le rôle des gaz du sang, décideront cette question.
» En attendant, mes expériences ont démontré que l'oxygène excite sur-
tout les ganglions moteurs du cœur, tandis que l'acide carbonique agit de
la même manière sur les ganglions régulateurs.
» Ces expériences ont été faites dans le laboratoire de M. Claude Ber-
( 1053 )
nard , au Collége de France. Je saisis cette occasion pour remercier l’émi-
nent professeur de la bienveillance dont il a fait preuve à mon égard en
mettant à ma disposition. le matériel de son laboratoire. »
GÉOLOGIE. — Sur les calcaires à Terebratula diphya de la Porte de France,
à Grenoble; par M. Héserr.
« Dans un travail publié l’année dernière (1), J'ai montré que, parmi
les calcaires exploités à la Porte de France (Grenoble), ceux où se trouve
cette belle espèce de térébratule, désignée jusqu'ici par tous les auteurs
sous le nom de Terebratula diphya, renferment une faune essentiellement
néocomienne. D’après les échantillons qui m'avaient été communiqués par
MM. Lory et Eug. Chaper, j'avais pu y constater l'existence de six espèces
de cet étage, savoir :
» Ammonites subfimbriatus, d’Orb. ;
» Ammonites semisulcatus, d'Orb. ;
» Ammonites Rouyanus, d'Orb. ;
» Ammonites Calypso, d'Orb. (2);
» Ammonites subfascicularis, d’Orb.;
» Belemnites latus, Blainv.
» Ces calcaires avaient été classés comme jurassiques, dans ‘étage oxfor-
dien, d’après des déterminations paléontologiques erronées. Les détermi-
nations sur lesquelles je me suis appuyé pour opérer cette rectification, qui
a une grande importance dans la géologie du midi de la France, ont été
faites avec le plus grand soin, et je ne pense pas qu’elles puissent être con-
testées. FAN RP re FR en
» J'avais en même temps signalé l'existence de trois espèces nouvelles,
et constaté que, parmi toutes les pièces qui m’avaient été communiquées,
il wy en avait aucune qui appartint à une espèce jurassique.
» J'ai donc considéré les calcaires à Terebratula diphya de la Porte de
France comme appartenant à la base du terrain crétacé, dont ils forment
la première assise.. r #3
» Cette assise est représentée dans le Dauphiné et la haute Provence par
(1) Observations Mur des caleaires à Terebratula diphya du Dauphiné, et en particulier sur
tes fossiles des calcaires de la Pòrte de France ( Grenoble) | Bulletin de la Société Géologique
de France, 2° série, t. XXII, pi Si] ©19
(2) Pal. fr., Terr, crét., t. 1, p.167; pli CH, fig. 7 et 9; non 4. Calypso, v’'Ons., Terr.
jur., t. I, p« 342, pl. CX, fig. 1-3.
( 1054 )
des calcaires, épais d’environ 100 mètres, reposant directement et en con-
cordance sur les couches supérieures de l'étage oxfordien. Ces calcaires ren-
ferment en partie les mêmes fossiles qu’à la Porte de France, comme 4mmo-
nites semisulcatus; d’autres espèces, À. cryptoceras, À. macilentus, A. neoco-
miensis, À. difficicilis, etc., et, en même temps, une térébratule très-voisine de
T. diphya, que d'Orbigny a nommée T. diphyoides. Par-dessus, vient l'ho-
rizon bien connu des marnes à petites ammonites ferrugineuses et à bélem-
nites plates.
» En faisant cette assimilation, que je considère comme bien fondée, entre
les calcaires à T. diphya de la Porte de France et les calcaires néocomiens
inférieurs à T. diphyoides, j'ai supposé que la T. diphya de la Porte de
France pouvait être la même que la T. diphyoides; mais cette question est
tout à fait secondaire, et je la laisse à résoudre à des paléontologistes plus
compétents.
» C’est sur la faune qui accompagne la T. diphya à la Porte de France
et à Aizy, dans des calcaires considérés comme absolument identiques par
M. Lory, et qui d’ailleurs renferment les mêmes espèces, que je me suis
appuyé; et je dois ajouter que les raisons que j'ai données sont aujourd'hui
plus nombreuses qu’elles ne étaient il y a un an.
» M. Chaper m'a récemment communiqué un exemplaire d’ Ammonites
Grasianus provenant d’Aizy, ce qui porte à six le nombre des ammonites
certainement néocomiennes et déjà décrites que ces couches ont fournies.
» De plus, dans une très-intéressante monographie que M. Pictet vient
de publier sur les couches à Terebratula diphyoides de Berrias [Ardèche (2)],
je trouve cinq autres espèces que je considère comme identiques aux
échantillons d’Aizy ou de la Porte de France; ce sont :
_» 1° Ammonites Dalmusi, Pictet (Aizy);
» 2° Ammoniles privalensis, Pictet (Aïzy) ;
» 3° Ammonites rarefurcatus, Pictet (Aizy).
» Je rapporte à titre de variété, à cette même espèce, un échantillon de
la Porte de France identique à un échantillon d’Aizy, et ne différant du
type de Berrias que par une bifurcation plus constante des côtes.
4° Ammonites Malbosi, Pictet. Je rapporte à cette espèce neuf échan-
tillons entiers, ou en fragments, d’une espèce très-variable, qui differe un
peu du type de Berrias par des tubercules un peu moins forts; mais la
(1) Mélanges paléontologiques, 2° livraison, Études paléontologiques sur la faune à Tere-
bratula diphyoides de Berrias, Genève, 1867.
( 1055 )
grosseur des tubercules n'est nullement un caractère dans les ammonités,
surtout dans ce groupe. L Ammonites anceps, avec laquelle cette espèce avait
été confondue, en est umexemple remarquable.
» Le jeune de cette espèce a une bien grande ressemblance avec l Ammo-
niles privatensis. i
» 5° Metaporhinus Munsteri, Desor. Trois échantillons de cette espèce,
appartenant à M.Chaper; et provenant des bancs supérieurs de la Porte de
France, sont, d’après M. Cotteau, identiques à l'espèce de Berrias, décrite
et figurée par M. de Loriol.(1) sous le nom de Collyrites berriaciensis.
» En résumé. les:calcairés à Terebratula diphy a de la Porte de France et
d'Aizy nous présentent aujourd’hui au moins onze espèces essentiellement
néocomiennes, dont trois, Ammoniles subfimbriatus; À. semisulcatus, À. rare-
furcatus, communes aux deux localités. Sur ces onze espèces, cinq ont été
rencontrées à la Porte de France, huit à Aizy et six à Berrias. Deux ou trois
autres espèces restent nouvelles dans-les deux, collections qui m'ont été
communiquées. ira |
» Il est à remarquer que pas une espèce n'est jurassique. a rectification
que je me suis proposée, en enlevant les calcaires à Terebratula diphya de
France de la série jurassique; me parait. donc complétement justifiée. Il
restera à s’assūrer: s'il m'y.,a .pas.eu, dans des: Alpes du Tyrol.et ailleurs,
quelque erreur analogue: |
» À la Porte de France, comme à Berrias, les calcaires néocomiens
reposent directement sur les calcaires oxfordiens. Les relations stratigra-
phiques d’Aizy sont moins bien connues. »
à ` E t H Si 1:
A 5 heures, l’Académie se forme en comité secret,
La séance est levée à 5. heuresun (quarts 56e see sun Le
Hs Ludo {hé à à ERE S
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 13 mai 1867, les ouvrages dont
les titres suivent : RER. TE tin RME
À
Note sur la résolution de l'équation |
z + Hi) he 20) sait (At [R miak se
(1) Prcrer, Ta paléontologiques sur la faune à Tercbratula diphyoïdes, p. i3;
pl. XXVII, fig. 1 à 4.
C. R., 1467, 19 Semestre. (T. LXIV, N° 20.) 139
( 1056 )
par M. C. Ricaaup. Rome, 1867; br. in-4°. (Extrait des Actes de l’Académie
pontificale des Nuovi Lincei.) ;
Le flux et le reflux de la mer; par M. C. SALLES. Valognes, sans date ;
opuscule in-/4°.
Beitrag... Essai pour servir à l’histoire de la géognosie et de la paléonto-
logie en Russie; par M. E. von EicuwaLp. Moscou, 1866; br, in-8.
Die... Le refroidissement cosmique, principes de météorologie ; par M. F.-0:
SOFKA. Vienne, 1863; br. in-8°. (2 exemplaires.)
L'Académie a reçu, dans la séance du 20 mai 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Égypte et Palestine, observations médicales et scientifiques; par M. E. Go-
DARD, avec une préface de M. Ch. ROBIN, Membre de l’Institut. Paris, 1867;
1 vol. in-8° avec atlas in-4°. (Présenté par M. Ch. Robin.)
Bulletin de la Société impériale de Chirurgie de Paris pendant l’année 1866.
1°" et 2° fascicules. Paris, 1867; 2 vol. in-8°. r
Quelques vues générales sur les variations séculaires du magnétisme terrestre;
par M. V. RauLIN. Bordeaux, 1867; in-8°. (Extrait des Actes de la Société
Linnéenne de Bordeaux, 1867. ) sar
Le choléra dans les hôpitaux civils de Marseille pendant l'épidémie de 1865 ;
par M. V.SEUx. Paris, 1866; in-8°. |
Encore quelques mots sur. la contagion du choléra épidémique; par M. V.
SEUX, Marseille, 1867; br. in-8°. (Ces deux ouvrages sont adressés par lau-
teur au concours Bréant.)
Introduction d’une thèse sur la Propagation de la chaleur dans les milieux
homogènes ; par M, BOUSSINESQ: Paris, 1867 ; in-4°.
De l'hystérométrie et. du cathétérisme ulérin; par M. P.-C. HUGUIER.
Paris, 1865 ; 1 vol. in-8° relié. (Adressé pour le concours Barbier, 1867.)
L'acte de: la déglutition, son mécanisme; par M. Moura. Paris, 1867;
br. grand in-8° avec figures. |
Mémoire sur l'acte de la déglutition; par M. Moura. Sans lieu ni date.
(Extrait du Journal de l’Anatomie.) (Ces deux ouvrages sont envoyés par
l’auteur au concours de Médecine et de Chirurgie, 1867.)
A propos de verres, ou les trois solutions du problème de Chimie
MO < MO’ < MO?
mises en présence ; par M. C.-E. JULLIEN. Paris, 1867; br. in-12.
( 1057.)
Proceedings... Comptes rendus des travaux de l’ Académie royale d'Irlande
T. TX, 4° partie. Dublin, 1867; in-8°.
The Transactions... Transactions de l’ Académie royale d’ Irlande. T. XXIV.
Science, 7° et 8° parties. Dublin, 1866-1867; 2 br. in-4° avec planches.
Report... Rapport sur le cyclone de Calcutta du 5 octobre 1864; par
MM. J.-E. GASTRELL et H. BLANFORD. Calcutta, 1866 ; in-8° relié.
Memoirs.:. Mémoirés concernant le levé géologique de l’Inde. Structure
du terrain houiller de Jherria ; par M. HuGuEs. Observations géologiques dans
le Thibet occidental; par M. Sroticzka. Géologie de lile de Bombay; par
M. Wynne. Calcutta, 1866 ; 2 br. grand in-8° avec carte et planche.
Memoirs... Mémoires du levé géologique de l'Inde. Paléontologie indienne.
Céphalopodes fossiles des roches crétacées de l'Inde méridionale; par M. Sto-
LICZKA. Calcutta, sans date; in-4° avec planches,
Annual... Rapport annuel. sur le levé géologique de l'Inde et le Musée de
géologie de Calcutta. 10° année, ñ 865-1866: Calcutta, 1866; in-8°.
Catalogue... Catalogue’ des météorites existant dans le Musée de géologie de
Calcutta. Calcutta, 1866; in-80.-
Catalogue... Catalogue des restes organiques appartenant aux Céphalo-
podes qui existent dans le Musée du levé géologique de l'Inde à Calcutta. Cal-
cutta, 1866; in-8°.
sh ReREt Mémoires de la: Société des Naturalistes de Dantzig. Nouvelle
série, t. I, livr. 1 à 4. Dantzig, 1866; 3 parties in-8°.
Ueber... Sur les différences dans la conformation du crâne du Gorilla, du
Ciian. et de l’ Orang-Qutang suivant les espèces €t suivant l'âge, avec quel-
ques remarques sur la théorie de Rare g ss ee QUQPE: Mu-
nich, 1867 ; in-4°.avec.atlas in-folio.
Fatima Mémoires de la Sidi rojda des sSeialeai a de nie
T. XII, années 1864-1866. Gættingue; 1866; r vol. in-4°.
Abhandlungens. … Mémoires, del’ Académie royale dés Sciences de Berlin
pour l’année 1865. Berlin, 1866; 4 vol. in-4° avec planches et cartes.
Die Gestalt... La forme de la terre, du bassin de la mer et l érosion du sol
de la mer; jdt M: G. BISCHOFF. Bohn, 1869; br. in-8°.
Den... Mesure dun degré en Danemark, tst; publié par M. AnD8Æ, Direc-
teur ds travaux géodésiques. Copenhague, 1867; 1 vol. in-4° cartonné.
Annalen... Annales del Observatoire impérial et royal de Vienne, publiées
par ordre de Sa Majesté par M. C. LITTROW. 3° série, t. XIII, année 1863.
Vienne, 1866; 1 vol. in-8°.
Meteorologische... Observations HHéoologiales faites à l’ Observatoire de
( 1058 )
Vienne, de 1775 à 1855,t. V, 1839 à 1855, publiées aux frais de l'État por
MM. C. LITTROW et E. Weiss. Vienne, 1866; 1 vol. in-8°.
Libros... Livres de la Science astronomique du roi Don Alphonse X de Cas-
tille, réunis, annotés et commentés par Don M. RICO Y SINOBAS, ouvrage pu-
blié par ordre royal. T. IV. Madrid, 1866; 1 vol. in-folio avec planches.
Description... Désrription de l'Erpetoichthys, nouveau genre de Poisson
ganoïde du vieux Calabar (Afrique occidentale), formant une addition à la
famille des Polyptérinés ; par M. J.-A. SMITH. Sans lieu ni date; in-8°.
genre de Poisson
ganoïde du vieux Calabar (Afrique occidentale), formant une addition à la
famille des Poly ptérinés; par M. J.-A. SMITH. Édimbourg, 1866; in-4°.
Description... Description du Calamoïichthys, nouveau
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES REÇUES PAR L’ACADÉMIE PENDANT
LE MOIS D'AVRIL 1867.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des Sciences;
1 semestre 1867, n% 13 à 17; in-4°.
Cosmos; livraisons 13 à 17, 1867; in-8°.
Gazette des Hôpitaux ; n° 36 à 5o, 1867; in-4°.
Gazette médicale d'Orient; n° 8 et 11, 1867; in-4°.
Gazette médicale de Paris; n° 13 à 17, 1867; in-4°.
Il Nuovo Cimento…. Journal de Physique, de Chimie et d'Histoire naturelle;
février et mars 1867. Turin et Pise; in-8°,
Journal d’ Agriculture pratique; n° 13 à 17, 1867; in-8°.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; avril
1867; in-8°.
Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture ; février 1867;
in-8°,
Journal de Médecine vétérinaire militaire ; février et mars 1867; in. 6°.
Journal de Pharmacie et de Chimie ; mars et avril 1867; in-8°.
Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; n™ 9 à 11, 1867;
in-8°.
Journal des fabricants de sucre ; n° 5o à 52, 7° année, 1866-67; n
8° année, 1867-68; in-f°.
CE
"+ -
(La suite du Bulletin au prochain numéro.)
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 27 MAI 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
HISTOIRE DE L’ARITHMÉTIQUE. — Recherche des traces anciennes du système
de lAbacus. Calcul de Victorius et Commentaire d’Abbon; par
M. Cuaszes.
« L’explication que j'ai donnée, il y a plusieurs années (1), de la lettre
de Gerbert sur lAbacus, a montré l'identité de ce système arithmétique
avec le passage qui termine le premier livre de la Géométrie de Boëce, et
aussi avec notre Arithmétique actuelle, dans ce sens que les calculs de
l Abacus se ‘pratiquaient avec neuf chiffres prenant des valeurs de position
en progression décuple dans des colonnes où des places vides tenaient lieu
de zéros. J'ai suivi ensuite les développements de ce système, depuis le
x° siècle, dans ses rapports avec l’Arithmétique arabe, et montré que c’est
ce système même qui a pris, vers le premier tiers du X1° siècle, le nom
d'algorisme, en conservant son origine occidentale et la forme de ses anciens
chiffres tels que Boëce nous les a transmis (2).
j
(1) Explication des Traités de l’Abacus, et particulièrement du Traité de Gerbert; voir
Comptes rendus de l Académie des Sciences, t. XVI, p: 156-173 et 218-246.
(2) Développements et détails historiques sur divers points du système -de l ’ Abacus;
voir Comptes rendus de l’Académie des Sciences, t. XVL, p- 1393-1420. — Recherche des
C. R., 1867, 1er Semestre. (T. LXIV, N° 24.) 140
i ; $ j a $ b
S dr F "+ "4 PT og AE
( 1060 )
» Je devais alors remonter au delà du x° siècle, et chercher les traces qui
peuvent subsister encore de cette ancienne méthode, antérieures à Gerbert
jusqu’à Boëce, puis jusqu’à Pythagore, à qui Boëce attribue l'invention des
neuf chiffres et de l’ingénieux principe de la valeur de position.
» D’autres occupations mont détourné de ce projet; mais l'important
ouvrage sur la vie de Gerbert, que l’on doit à l’érudition de M. Olleris, le
savant doyen de la Faculté des Lettres de Clermont, a reporté mon atten-
tion sur ces questions délaissées depuis si longtemps, et renouvelé l'intérêt
qu’elles m'avaient offert lors de mes premières recherches sur ce point de
l’histoire des Mathématiques (1).
» Le passage qui termine le premier livre de la Géométrie de Boëce est
jusqu'ici le seul écrit sur le système de l’ 4bacus qui paraisse nous être venu
des Romains. Mais il est problable que quand, au sortir des temps d’igno-
rance qui ont affligé l’Europe, les Chrétiens ont commencé à cultiver ce
mode de calcul, d’autres traités existaient encore. Car on ne saurait croire
que le texte si laconique et si obscur de Boëceleüt suffi pour l’enseignement
de cette méthode, et notamment qu’on eût pu y découvrir le sens des rè-
gles de la division, qui ne sont pas même décrites obscurément, mais seu-
lement indiquées par quelques mots, et forment autant d’énigmes insolu-
bles par elles-mêmes. En outre, Boëce n’a pas donné la théorie des fractions
en usage dans l’Abacus ; il a fait connaître seulement, dans le second livre
de sa Géométrie, les mesures de longueur employées par les agrimensores
ou gromalici romains, parce que c’est pour eux que le livre est écrit.
» Il faut donc penser que les Chrétiens avaient recueilli, parmi les débris
de la littérature latine, quelques autres pièces sur le système de l Abacus,
qui leur auront servi à ressusciter cette ancienne méthode de calcul des
Romains. |
» Je crois pouvoir citer comme ‘tel un ouvrage de Victorius d'Aquitaine,
dont les chroniques‘anciennes font mention sous le nom de Calculus, et au
sujet duquel les écrivains modernes se sont mépris en le confondant avec
le Cycle pascal de l’auteur.
» Victorius, au v* siècle de notre ère, passait pour un savant calcula-
E E EEEE S
traces du système de l’ Abacus, après que cette méthode a pris le nom d’algorisme. — Preuves
qu’à toutes les époques jusqu'au xvi° siècle, on a su que l’Arithmétique vulgaire avait pour
origine cette méthode ancienne; voir Comptes rendus, t. XVIL, p. 143-154.
(1) Aperçu historique, p. 464-466, 506-508; Comptes rendus de D’ Académie des Sciences;
t. VI, p: 618; t. VII, p: 72; t. IX, p. 447; t: XVI, p. 156, 218, 281; t: XVII, p- 145.
( 1061 )
teur (r): c’est à ce titre qu'il fut chargé par le pape de réformer le Cycle
pascal. Le nouveau Cycle qu’il publia, en l'an 457, et qui bientôt après fut
modifié par Denis le Petit, parait être le seul ouvrage qui nous soit parvenu
et qui lui ait donné une certaine célébrité dans l’histoire de l'Église.
» Cependant plusieurs historiens du x1° et du xur siècle, Sigebert, Heli-
nand, Robert d’ Auxerre, Albéric de Trois-Fontaines, citent un commentaire
d'Abbon, abbé de Fleury au x° siècle, sur un certain traité de Victorius,
qu’ils appellent Calculus. Ils disent : « Abbo super Calculum Victorii commen-
» tatus est (2). » Sigebert ajoute que cet ouvrage montre qu'Abbon n'ex-
cellait pas moins dans les sciences humaines que dans lessciences divines (5),
mais il ne dit pas ce qu'était ce Calcul de Victorius : aucun historien ne l’a
dit depuis, et les Modernes ont entendu par ce mot le Cycle pascal. Les
auteurs de l'Histoire littéraire de la France, notamment, ont abondé dans ce
sens, en donnant l'analyse de la préface du Commentaire d’Abbon (4). Une
lecture attentive de cette préface, qui seule a été mise au jour par les béné-
dictins D. Martène et Durand, d’après un manuscrit de l'ancienne abbaye
de Lobes (5), me portait à penser qu'on en avait interprété plusieurs, pas-
sages dans un sens différent de celui qu'ils devaient avoir; qu'on s'était donc
mépris sur le sujet du Commentaire d'Abbon, et conséquemment sur le
Calcul même de Victorius. Il me semblait que loin de se rapporter au Cycle
tat e AS auia Lutin ist
(1) Victorius, gente Aquitanus, domo Lemovicensis, calculis mathematicis perquàm exci-
tatus, claruit anno 457... (G. Cave, Scriptorum eccles. Historia literaria.) — Calculator
studiosissimus (Honoré d'Autun, De scriptoribus ecclesiasticis). — Calculator serupulosus
(Gennadius, De viris illust., cap. 88). AE
(2) Bucherius, en publiant le Cycle pascal de Victorius, a réuni dans sa préface tous les
passages des ouvrages anciens où il est parlé de l’auteur; c'est toujours du Cycle pascal
qu’il y est question, comme si Victorius n’avait rien écrit de plus. (Voir Ægidii Bucheri
Atrebatis in Victorii Aquitani Canonem paschalem, scriptum anno Christi vulgari 457
Commentarius. Antuerpiæ, 1633, in-f°.) s
(3) Abbo quantum valuerit in utraque scientia ostendit; cum super Calculum Victorii com-
mentatus est (Casimir Oudin, De script. ecclesiast., cap. CXXXIX).
(4) Histoire littéraire de la France, t. VII, p. 177. — Brucker, copiant Sigebert, a partagé
cette erreur : « Teste Sigeberto super Calculum Victorii commentatus est, id est in Canonem
paschalium Victorii » (Historia critica philosophiæ ; 1766, in-8°, t. II, p. 641).
(5) Thesaurus novus Anecdotorum, t. l, col. 1 18 : « Præfatio Abbonis Floriacensis in com-
mento Calculi Victorii. » — Cette pièce se trouve dans le Ms. 1281, f 19, de la biblio-
thèque du Vatican (Mss. de la reine de Suède). Je dois ce renseignement à M. le prince Bon-
compagni, qui a eu l’obligeance de me faire connaître le contenu de plusieurs Mss. des biblio-
thèques de Rome.
140..
( 1062 )
pascal, comme on la cru, l’un et l’autre ouvrage devaient rouler sur l’art du
Calcul, ou Arithmétique pratique.
» Quelques documents historiques me paraissaient confirmer cette opi-
nion, et indiquer même que c'était dans le système de me que se
pratiquait le calcul de Victorius. Les voici :
» 1° Le titre sous lequel le Commentaire d’Abbon est inscrit dans le
Catalogue de la Vaticane : Explicatio super Calculum Victorii seu Isagoge
Arithmeticæ (x). Ces mots : seu Isagoge Arithmeticæ, montrent bien que le -
Calcul de Victorius formait une introduction à l’Arithmétique spéculative
ou théorie des nombres, et qu’il se rapportait à l’Arithmétique pratique.
Un autre manuscrit contient encore le Commentaire d’Abbon, mais simple-
ment sous le titre : Abbonis super Calculum Victor (2).
» 2° Bernelinus dit, dans son Traité de l’ Abacus, au commencement ds
quatrième livre, qui roule sur les fractions, que si quelque chose lui
échappe, on ne devra pas s’en étonner, parce qu’il est dans l'embarras des
vendanges, et qu’il ne possède point d’autre ouvrage que celui de Victo-
rius qui, ayant voulu être court, a été très-obscur. « Nunc ad untiarum
» minutiarumque tractatum veniamus, in quo siquidem me veritas prælerierit
» minime mireris, cum et vindemiarum importunitale meus animus per diversa
» quæque rapiatur, et nullius præter Victorii opus habeam exemplar, qui, dum
» “brevis studuit fieri, factus est obscurissimus (3). » Le Traité des fractions de
Bernelinus est écrit dans le système de l 4bacus : donc il y a lieu de penser
qu'il en était de même de ouvrage de Victorius, qui a servi de modele
ou de guide à Bernelinus. Cette conjecture paraît confirmée a le docu-
ment suivant.
» 3° L'ouvrage de Victorius a éist dans un manuscrit de l’abbaye de
Saint-Victor, qui aujourd’hui appartient à la bibliothèque de l’Arsenal (4).
Malheureusement cette pièce ne se trouve plus dans le manuscrit, qui est
incomplet; mais le titre subsiste dans la liste des ouvrages que contenait le
volume, et qui est écrite sur le feuillet de garde. On y lit : Calculus Victorii
qui est finis Abaci, ce qui semble dire que le Calcul de Victorius est la partie
qui termine un Traité de l’ Abacus, savoir le Calcul des fractions. Cela s'ac-
corde avec le traité de Bernelinus et beaucoup d’autres traités de l Abacus.
A m
(1) Montfaucon, Bib. Bibl., p. 23.
(2) Ibid., p. 87.
(3) OEuvres de Gerbert suivies de sa Biographie, ete., par A. Olleris, doyen de la Faculté
des Lettres de Clermont, 1 vol. in-4°, 1867; voir p. 386.
(4) N° 55 des manuscrits latins.
( 1063 )
» Ces considérations réunies me paraissaient prouver que le Calcul du
computiste d'Aquitaine ne roulait pas sur le Cycle pascal, comme on l'a cru,
mais qu’il se rapportait à l’Arithmétique pratique, et en particulier au sys-
tème de l’'Abacus. Comme ce fait devait avoir une grande importance
historique, je désirais vivement retrouver le Commentaire d’Abbon et le
Calcul de Victorius. Mes désirs ont été en partie satisfaits. Je possède le
Commentaire d’Abbon, dont j'ai été redevable à l’obligeance de MM. Que-
telet et le baron de Reiffenberg, qui l’ont découvert dans les manuscrits de la
Bibliothèque royale de Bruxelles (1). Cet ouvrage a confirmé mes conjec-
tures. Il me suffirait presque, pour le prouver, de citer ce vers par lequel
Abbon termine son Commentaire, et où il prend le titre de maitre en
Abacus :
« Hic abbas Abaci doctor dat se Abbo quieti. »
» Mais, vu l'importance de cette pièce, je vais en rendre compte; car elle
ne jette pas seulement une grande lumière sur l’histoire de l’Arithmétique
des Latins, en nous autorisant à regarder l'ouvrage de Victorius comme
n'étant pas étranger au système arithmétique décrit dans le passage de
Boëce ; elle prouve surtout que le système de l’Abacus était enseigné au
x° siècle dans la célèbre abbaye de Fleury, en même temps qu'il était par
Gerbert dans sa florissante école de Reims. Ce concours de Gerbert et d’Ab-
bon, les deux hommes supérieurs de l'époque, et entre lesquels il y avait
une certaine émulation, sinon rivalité, suffisait pour assurer à la méthode
de l’Abacus le rapide développement qu'elle a pris à cette époque. 3
» Je: vais rendre compte de l'ouvrage d’Abbon, en commençant par la
préface, dont le sens a été tout à fait changé dans l'Histoire littéraire, ainsi
que je lai dit en commençant. Je laisserai parler l’auteur lui-même, en me
bornant à supprimer les passages qui seraient ici sans intérêt. |
« Lorsque jadis j'expliquais le Calcul de Victorius à mes frères ( les reli-
» gieux de l’abbaye de Fleury), ils me suppliérent d'écrire sur ce sujet un
» Commentaire, auquel j'ajouterais les éclaircissements nécessaires, qui en
» aplanît les difficultés. J'entreprends ce travail auquel suffisent à peine
» mes forces... Dès ma jeunesse, j’ai toujours gémi que la culture des arts
» libéraux fût négligée et réduite à quelques personnes qui faisaient payer
une seconde copie de ce Commentaire d’Abbon, faite en
cien provenant de la bibliothèque du cardinal Nicolas de
et méme de l’Astronomie, puis-
(1) Depuis, je me suis procuré
Allemagne, d’après un manuscrit an
Cnsa, dont le nom figure dans l'Histoire des Mathématiques,
qu’il avait conçu l’idée du mouvement de la terre.
( 1064 )
» chèrement leurs leçons. Je veux frapper les esprits les moins érudits,
» et leur construire un pont d'introduction à PArithmétique.... Victo-
» rius, dans sa Préface, n’a fait qu'un prologue, et a négligé les matières qui
» faisaient le fond de son sujet... Ce sont ces matières que je me propose
» d'éclaircir et de rendre faciles... Suivant l’usage, je réclame la bien-
» veillance, attention et la docilité du lecteur. Le but que s’est proposé
» Victorius est d'apprendre à faire les multiplications et les divisions des
» nombres, sans se tromper, soit dans toutes les questions qui se rap-
» portent aux sciences qui dépendent des nombres, telles que l'A-
» rithmétique, la Géométrie, la Musique et l Astronomie, soit dans les
» questions sur les mesures et les poids, matières qui toutes sont du do-
» maine du calculateur. Zn præsentiarum tamen intentio Victorii hæc fuit ut
» inerrato lector numerorum summas multiplicaret, divideret, seu propone-
» retur aliquid de`artibus quæ numerorum ratione constant, ut Arithmetica,
» Geometria, Musica, Astrologia, seu quæstio: inesset de mensura et pondere,
» quæ omnia calculatori sunt curæ. »
» Ce passage suffit pour montrer que l'ouvrage de Victorius était un
Traité de Calcul, c’est-à-dire d’Arithmétique pratique, car par le mot Arith-
melica il faut entendre ici l’Arithmétique spéculative, ou science des nom-
bres, qui exige la connaissance préliminaire des règles du Calcul; telle est la
signification du mot Arithmétique dans Nicomaque, Boëce, Martianus
Capella, Cassiodore, Isidore de Séville et Bède. C'est cette Arithmétique qui
formait avec la Géométrie, la Musique et l’'Astronomie toute la partie des
arts libéraux appelée quadrivium. Le Calcul, Calculus, était un art en quel-
que sorte mécanique, qu’il fallait posséder avant d’aborder l’étude du qua-
drivium. Cet art était, avec la lecture et l’écriture, le premier enseignement
des enfants, comme de nos jours (1).
» Voici comment les auteurs de l'Histoire littéraire de la France ont
entendu cette préface d’Abbon, notamment le passage ci-dessus :
(1) Julius Capitolinus : « Puer (Pertinax) literis elementarüs et calculo imbutus. »
(Voir, Historiæ Augustæ Scriptores sex. Parisiis, 1603; t. I, p. 78.) — Saint-Augustin :
« Adamaveram enim latinas ( literas), non quas primi magistri, sed quas docent qui gram-
matici vocantur. Nam illas primas, ubi legere et scribere et numerare discitur, non minus
onerosas pænalesque habebam, quam omnes græcas. » (Confess., lib. I, c. 13.) — Le
même : « Quibus duobus repertis nata est illa librariorum et caiculatorum professio velut
quædam Grammaticæ infantia. » (Contra Academ., lib. IL.) — Epigramma vetus :
Indoctus teneram suscepit calculo pubem
Quam cogat primas discere literulas.
( 1065 )
« Abbon travailla aussi sur le Cycle pascal de Victorius.... Il se proposa
» de léclaircir et de le corriger : ce qui, selon lui, demandait autant de
» lumière que d’application, parce qu'il y fallait employer les connaissances
» que donnent l’Arithmétique, la Géométrie, la Musique et l'Astronomie »
(t. VII, p. 177).
» Ily a ici évidemment un contre-sens. Car c'est comme art indispen-
sable dans les quatre parties du quadrivium, l’Arithmétique, la Géométrie,
la Musique et l’Astronomie, qu'Abbon considère le Calcul de Victorius, et
non comme exigeant lui-même la connaissance préalable de ces sciences.
» Il faut donc conclure que l'ouvrage de Victorius ne se rapporte pas au
Cycle pascal, mais bien à l’art du calcul, ou Arithmétique pratique. Tel est
le sens de la courte préface du Commentaire d’Abbon.
» Quant au commentaire lui-même, Abbon y énonce çà et là les règles
de l’ Abacus, relatives surtout à la multiplication, dans les termes mêmes où
elles se trouvent dans Boëce et Gerbert. Mais cet ouvrage fort diffus,
comme tous les commentaires de l’époque, n’est pas un Traité proprement
dit de l Abacus.
» L'auteur y parle de tout, Philosophie, Rhétorique, Grammaire, Phi-
lologie, Dialectique, Astronomie, Physique, etc.; il s'étend sur les pro-
priétés platoniques des nombres et sur l’Arithmétique spéculative telle
qu’on la trouve dans les ouvrages de Nicomaque et de Boëce, et il parle
très-peu de l’Arithmétique pratique. Il cite une foule d’auteurs an-
ciens : Socrate, Platon, Aristote, Térence, Cicéron, Virgile (1), Horace,
Tite-Live, Perse, Pline, Chalcidius, Martianus Capella, Macrobe, Boëce,
Isidore. Il définit tout. Un seul mot, pris peut-être du texte de Victorius,
devient le sujet d’explications interminables, où se trouvent quelquefois des
mots grecs. Il décrit la construction des clepsydres d'eau, et la manière de
les graduer pour qu’elles indiquent les divisions du jour et servent aux
observations astronomiques. Il faut lire au moins la moitié de ce long com-
mentaire (2), avant d'apercevoir quelques traces d’Arithmétique pratique.
Enfin on arrive à des explications sur la théorie des fractions. Ce sont les
vingt-quatre fractions romaines, telies qu’on les trouve dans les Traités de
l Abacus. L'auteur y donne leurs noms, leurs signes et leurs rapports
(1) Indépendamment du poëte latin, Abbon cite un Virgilius Tholosanus qui « in suis opus-
culis asserat pensari XVIL granis ordei annumerans tria grana singulis siliquis ». Cet auteur
est cité une seconde fois.
(2) Les deux copies que je possède sont de deux mains différentes : celle du Ms. de
Bruxelles contient 91 pages in-f°, et l’autre 136 pages in-f°.
( 1066 )
entre elles. Il dit qu’elles se présentent dans les opérations de la division;
il parle de leur multiplication, soit par des nombres entiers, soit les unes par
les autres. Au milieu de ces explications sans suite et peu claires, puis-
qu’elles se rapportent à un texte qu’il faudrait connaître pour les bien
comprendre, on trouve la numération digitale, c’est-à-dire la manière d’ex-
primer les nombres par les doigts; et les règles de la multiplication des
nombres entiers, absolument comme dans les Traités de lAbacus, en ces
termes : « Si multiplicaveris singularem numerum per decenum, dabis unicuique
» digito Xet omni articulo C. Si multiplicaveris decenum per decenum, dabis
» unicuique digito C, et omni articulo mille... » Il semble que ce n’est
qu’incidemment que l’auteur rappelle ces règles; mais il est à croire
qu’il en a traité spécialement dans un autre ouvrage; car il ajoute : Quum
hæc pertinent ad rationem abaci, alterius sint disputationis ac negotii. L’expres-
sion ratio abaci, que nous avons trouvée dans beaucoup d'ouvrages, s'entend
toujours des principes du système de l’Abacus, appliqués aux nombres
entiers. Il nous paraît donc que le Commentaire d’Abbon se rapporte prin-
cipalement à la théorie des fractions, ce qui induit à croire qu’il en était
de même du Calcul de Victorius. Cependant, il faut remarquer que, dans
sa préface, Abbon dit que Victorius enseigne à faire les multiplications et les
divisions des nombres, pour toutes les questions qui se rapportent aux
quatre parties du quadrivium : ce qui sembleraitindiquer un Traité complet
d’Arithmétique, tel que tous ceux qu’on a composés aux X° et XI° siècles, et
où il est toujours dit qu’ils ont pour objet la multiplication et la division des
nombres. |
» D'une autre part, aucune considération n’autorise à dire que ce mode de
calcul n’était pas celui dont Victorius se servait; car cet auteur était à peu
près contemporain de Boëce, et l'était de saint Augustin, chez qui nous
trouvons des traces du système de l’ Abacus que nous ferons connaitre dans
un autre moment; il était renommé comme savant arithméticien ; il devait
donc connaître ce mode de calcul, et tout concourt à prouver qu’il en à
fait usage pour exprimer les nombres qui provenaient de la multiplication
des fractions, comme il y en a des exemples dans Bernelinus.
» Nousne trouvons pas les règles de la division dans le Commentaire
d’Abbon; mais un second ouvrage y faisait suite sous le titre d’ Additions,
comme on le voit dans Trithème (r). Cet ouvrage était-il le Traité de lA4ba-
APR mue
(1) « Scripsit (Abbo) super Calculo Victorii » (lib. 1). — Additiones in eundem, lib. L.—
Et quædam alia ( De script. ecclesiast., t. IL, f° rxxu, v°).
( 1067)
cus, qu'Abbon mentionne en ces mots : Cum hæc pertinent ad rationes
Abaci... cités ci-dessus? Il a laissé un Traité intitulé : De mensuris et pon-
deribus, dont Mabillon fait mention (1); un Traité du comput et diverses
pièces relatives à l'Astronomie (2). Un catalogue des livres de l’abbaye
de Gotwich, en Autriche, dressé au xnf siècle, indique un ouvrage sous le
titre : Abbo de regulis (3). Peut-être est-ce l'ouvrage sur l’Abacus, dont
nous venons de parler; le mot baci, qui devait compléter le titre, aura été
omis par le copiste. Dans un manuscrit qui contient le comput d’Abbon
se trouvent, entre autres pièces sur l Abacus, un Libellus de regulis Abaci,
et un Libellus de regulis numerandi. Peut-être découvrira-t-on dans ces pièces
l'ouvrage d’Abbon.
» Mais il est certain dès à présent qu’Abbon avait écrit sur le système de
l Abacus, et qu’il enseignait cette méthode de calcul dans sa célèbre école
de Fleury-sur-Loire. Le vers qui termine son commentaire, comme nous
l'avons dit plus haut, prouve même qu’Abbon se faisait un titre d'honneur
de cet enseignement. »
CHIMIE. — Sur l’occlusion du gaz hydrogène par le fer météorique;
par M. T. Granam.
EE rA PERA E E e O O prunes 90,883
Nickels oiea EaR TAR D dei T 8,450
cobe GaS POP RE S ar 0,
(1) Annalium ordinis §. Benedicti, lib. LIL, n° 52.
(2) Montfaucon, Bib. Bibl., col. 87, Bibl. du Vatican. — Catalogi Mss. Angliæ,
t. II, part. I, p. 85; t. I, part. I, p- 97-
(3) Pez, Thes. anecd. novis., t. Il, p. XI. J'ai visité la Bibliothèque de l’abbaye de
Gotwich, et ai eu l'assurance que ce Ms. ne s’y trouve plus. Malheureusement cette Biblio-
thèque, comme celles de plusieurs autres grandes et riches abbayes des bords du Danube, a
éprouvé bien des pertes, dans le cours du moyen âge jusqu’à nos jours.
C. R., 1867, 1° Semestre, (T. LXIV, No 94.) 141
( 1068 )
» Au moyen d’un ciseau propre, on enleva d’une masse considérable
de fer de- Lénarto un fragment dont les trois dimensions étaient res-
pectivement 50, 13 et 10 millimètres. Le poids du fragment était 456,2
et son volume 5,78. On le traita par une solution chaude de potasse
caustique, puis on le lava à plusieurs reprises à l’eau distillée chaude,
et on le sécha. On s'était assuré auparavant qu’un pareil traitement,
appliqué au fer ordinaire, ne donnait nullement lieu à un dégagement
d'hydrogène quand on soumettait ensuite le métal à une forte chaleur. On
enferma le fer de Lénarto dans un tube de porcelaine neuf, auquel était
adapté un aspirateur de Sprengel, et on obtint ainsi un bon vide à froid.
Puis, au moyen de charbons ardents, on chauffa au rouge le tube placé
dans un fourneau à combustion. Le dégagement de gaz fut assez rapide,
savoir :
Lo: > 36: miibtéé::, i CR SR Le 5,38
En 100 siaban douet ES SIN SOA 9,22
En 20 nn 1,63
nn cs Lou in 0 16,53
» La première portion du gaz recueilli possédait une légère odeur, mais
bien plus faible que celle des gaz (naturels) absorbés dans un feu de char-
bon par le fer malléable ordinaire. Le gaz du fer météorique brülait
comme l’hydrogène. Il ne contenait pas une trace de gaz acide carbonique
ni d'aucune vapeur d’hydrocarbure absorbable par l’acide sulfurique. La
seconde portion du gaz recueilli, dont le volume mesurait 9°°,52, fournit à
l'analyse :
Hydrogène. ........ Het PRE NÉ 8, 26 85,68
Oxyde de carbone... ....:...... RAR es 4,46
Asote..,.. RACE RE Te 0,95 9,86
9,64 100 ,00
» Le fer de Lénarto paraît donc abandonner 2,85 fois son volume de
gaz, dont près des -£f sont de l'hydrogène, c’est-à-dire que le gaz est
presque entièrement composé d’hydrogène, la proportion d'oxyde de car-
bone ne dépassant pas 4 { pour 100.
» Le gaz absorbé par le fer placé dans un feu de charbon est très-diffé-
rent, et se compose en très-grande partie d'oxyde de carbone. Afin d'éta-
blir la comparaison, on soumit une quantité de clous de fer à cheval bien
nettoyés à une dessiccation semblable à celle qui vient d’être décrite pour
( 1069 )
le fer météorique. La quantité de gaz fournie par 234,3 (3,01) de métal
fut :
cc
En _ 150 minuies.....…....:.. E TEREE CNE à 5,40
En 120 deu à à à Se yo ie à 2,58
En. 430m SL de MAR AE: à 7398
» Le métal avait donc fourni 2,66 fois son volume de gaz. La première
portion du gaz recueilli a paru contenir les proportions suivantes des di-
vers gaz : hydrogène 35 pour 100; oxyde de carbone 50,5 pour 100;
acide carbonique 7,7 pour 100; azote 7 pour 100, La dernière portion
recueillie donna plus d’oxyde de carbone (58 pour 100) avec moins d’hy-
drogène (21 pour 100 )et point d'acide carbonique, le reste étant de l'azote.
La prédominance de l’oxyde de carbone dans les gaz renfermés par le fer
parait donc indiquer son origine terrestre.
» L'hydrogène a été reconnu par MM. Huggins et Miller dans l'analyse
spectrale de la lumière des étoiles fixes. Le même gaz constitue, d’après les
patientes recherches du P. Secchi, l'élément principal d’une classe nom-
breuse d'étoiles dont. « de la Lyre est le type. Le fer de Lénarto pro-
vient sans doute d’une pareille atmosphère, dans laquelle l'hydrogène était
en grand excès. Ainsi nous pouvons regarder cette météorite comme tenant
emprisonné dans ses pores et nous apportant l'hydrogène des étoiles. D'at-
mosphère de notre soleil est d’une nature complétement différente.
» L'expérience a démontré qu’à la pression de notre atmosphère il était
difficile de faire absorber au fer malléable plus de son volume de gaz hy-
drogène. Or, le fer météorique, sans avoir été complètement épuisé, aban-
donna près de 3 fois cette quantité. On peut en conclure que cette météo-
rite a été expulsée d’une atmosphère dense d'hydrogène, et que, pour en
trouver une pareille, il nous faut chercher bien au delà de la matiere
cométaire si ténue qui se trouve répandue dans les limites de notre système
solaire. »
MÉTÉOROLOGIE. — Aperçus généraux sur la marche des orages du département
du Rhône; par M. J. Fourner. :
« Depuis une trentaine d’années, la question des orages du département
du Rhône m’a occupé d’une façon aussi soutenue que le comportaient mes
recherches géologiques ; et d’ailleurs, quand je vins à Lyon, elle se trou-
141.
( 1070 )
vait déjà passablement avancée par suite des observations que j'avais pu
faire, quoique d’une façon plus intermittente, pendant mes longs séjours
dans les montagnes de l’Alsace et de l'Auvergne. Enfin, aujourd’hui,
l'exactitude de mes bases se trouvant appuyée par le contingent de MM. les
Correspondants de la Commission des orages que j'ai organisée à la
demande de M. Le Verrier, je n'hésite plus à exposer la série des détails
dont le commencement est consigné dans le volume des Annales de notre
Société d'Agriculture pour 1842.
» 1° Nos orages sont apportés par le sud-ouest, bien qu'il n’en soit pas
toujours de même dans la totalité du bassin du Rhône. Du côté de la Médi-
terranée, le sud-est intervient quelquefois, et je puis, à cet égard, non-seu-
lement m’appuyer de l'autorité de MM. Zurcher et Margollé, mais encore
mentionner d'étranges phénomènes électriques au milieu desquels je me
trouvai pendant la nuit du 4 au 5 septembre 1855, lors d’une traversée de
l’Estérel. Le sud-est donnait alors, et, d’après M. Boué, ce vent fonctionne
d'une façon analogue dans le bassin du Danube, près de Vienne.
» 2° Le sud-ouest, venant des parties chaudes de l’Atlantique, rencontre
en France une région généralement très-bosselée, et qui tend à s’exhausser
de plus en plus à l'approche des Alpes. Il s'ensuit que les rides du Limou-
sin, la grande gibbosité de l'Auvergne, la chaîne du Forez, puis celle du
Vivarais et du Lyonnais, et enfin la ligne des montagnes jurassiennes et
subalpines forment, pour ce vent, un grand plan incliné, dont il est en
qnelque sorte obligé de gravir la pente pour arriver à l'axe alpin, avant de
passer en Italie. Cependant, tout bien considéré, tant d’arêtes transversales
ne sont pour lui que d’insignifiantes barrières; car l'angle d’inclinaison,
depuis nos rivages océaniques jusqu’au sommet du mont Blanc, n’est que
de quelques minutes.
» 3° Il s’exhausse néanmoins, de sorte qu’en partant de principes phy-
siques très-connus, on peut dire que plus il s'élève, plus il se dilate, A me-
sure qu'il se dilate il se refroidit, et, en se refroidissant, il laisse condenser
les vapeurs dont il est surchargé. D'ailleurs il n’est pas impossible que la
réfrigération occasionnée par les culminances intervienne dans la question,
et, d’une façon ou de l’autre, la formation des nuages est la conséquence
obligée de ces condensations. Par suite aussi, surviennent les pluies, ainsi
que les dégagements électriques.
» 4° Naturellement la règle générale est assujettie à des modifications de
détail, provoquées par les diverses saillies que ce sud-ouest rencontre
chemin faisant. Et sans nous embarrasser d’abord de celles de l'Auvergne
( 1071 )
ou autres qui sont en dehors de notre domaine rhodanien, disons que ses
vapeurs se condensent surtout contre les points les plus élevés de nos
montagnes occidentales. Là, -elles forment autant d'espèces de calottes
nuageuses, dont l’étirement, dans le sens du vent générateur, fait successi-
vement des bandes plus denses que les parties intermédiaires.
» 5° Il arrive que ces masses étirées dépassent à peine les sommités où
elles ont pris naissance et se montrent pourtant déjà électriques; mais, en
général, elles se prolongent au loin avec une apparence sombre qui permet
presque toujours de les discerner, même dans l’ensemble d’un stratus.
Aussi ces circonstances m'ont déterminé à leur imposer la dénomination
spéciale de colonnes, en achevant de les désigner d’après les noms des cimes
dont elles dérivent, ou bien de ceux dês localités remarquables au-dessus
desquelles s'effectue leur passage. Par exemple, je dis indifféremment
soit une colonne Fzeron, soit une colonne Perrache, etc., etc.
» 6° Rarement j'ai vu des masses orageuses se constituer simplement
au-dessus de nos régions basses. Cependant, le 2 août 1847, je me trouvai
en position de voir sur la Bresse un gros cumulus isolé, donnant des éclairs.
Il existait donc alors des causes locales d’ascension et de condensation des
vapeurs, et, selon toute apparence, celles-ci émanaient des innombrables
étangs ou marécages de cette région. Quelque chose d'analogue doit se
produire à l'égard des orages qui s’établissent sur les espaces maritimes,
loin des côtes, et, en pareil cas, on est libre de conserver le mot nimbus,
déjà admis par les météorologistes, mais dont le sens ne me parait pas suf-
fisamment précis à l'égard des effets particuliers qui doivent nous occuper
dès à présent.
» 7° Pour en revenir à nos colonnes, je dis que le sud-ouest doit être
très-inégalement chargé de vapeurs. Au besoin, le fait s’expliquerait aisé-
ment par les influences des milieux atmosphériques qu'il traverse , ou bien
par celles des surfaces terrestres dont il subit les effets tantôt raréfiants,
tantôt condensants, s’il ne s’en incorpore pas les vapeurs pour les entrainer
avec lui. En tout cas, ce que nous considérons comme un même vent pro-
duit des effets souvent fort disparates : ainsi, il arrive de ne voir s'établir
qu'une colonne partant d’une cime, tandis que les sommités voisines en
sont dépourvues. Mais ordinairement plusieurs colonnes se juxtaposent, et
comme elles sont mues par le même courant d'air, leur extension s'effectue
parallèlement, de façon que les localités sous-jacentes reçoivent la foudre ,
tandis que les parties intermédiaires sont exemptes du fléau, du moins dans
les cas normaux admis en principe. Même dans l’ensemble d’un stratus
( 1072 )
général, on distingue encore souvent les bandes colonnaires denses d'avec
les zones intermédiaires, habituellement plus raréfiées.
» 8° Chacune de ces colonnes conservant son individualité distincte se
trouve parfois soit en retard, soit en avance par rapport à ses voisines, de
façon qu’il en peut résulter des jeux assez curieux. Ils sont même assez fré-
quents; mais jai vu peu de scènes aussi remarquables en ce genre que
celle dont je me trouvais être le spectateur au sommet du mont Ceindre,
le 17 juin 1860. C'était une sorte de fantasia dans laquelle les luttes de
vitesse se compliquaient de retards inattendus.
» 9° Parfois, les vents établis dans la concavité du bassin du Rhône
dérangent la marche des colonnes. Ils les infléchissent, les rompent, et ce
mécanisme peut se renouveler pendant des journées peu écartées les unes
des autres. En 1843, par exemple, ces perturbations se manifestèrent les
24 et 26 mai, puis les 4, 7, 15, 24 et 28 juin. Alors, c’étaient tantôt le nord,
tantôt le sud qui attaquaient les colonnes sud-ouest par le flanc, et il s’en-
suit qu’il ne faut pas toujours attendre sur les plaines une régularité aussi
parfaite qu’à proximité des montagnes.
» 10° Lorsque des colonnes se dissolvent au-dessus de la plaine, sous
l'influence de la température de celle-ci, il arrive d’en voir d’autres se
régénérer à la rencontre des montagnes orientales. Du moins, certaines
concordances entre les phénomènes respectifs m'ont conduit à admettre le
principe en question.
» 11° Dans certaines journées, des masses orageuses s'établissent sur le
Jura ou bien sur les Alpes, sans qu’il en existe déjà d’apparentes sur les
montagnes lyonnaises. Il faut donc supposer qu’alors le sud-ouest a fran-
chi ces dernières sans en subir l'influence condensatrice, et l’on rendrait
ainsi raison des orages lointains qui se manifestent à l’est avant de se faire
entendre dans notre voisinage.
» 12° Du reste, d’autres conditions accidentelles peuvent nous amener
des orages dont l’origine se trouve dans les montagnes de la France cen-
trale, et qui, par conséquent, ne se rattachent pas d’une façon aussi intime
que d’ordinaire à nos cimes.
» Ainsi, quelques orages de la vallée du Gier ont été très-certainement
préparés par les hautes cimes d’Arlane et de la Chaise-Dieu, ou bien encore
par les arêtes du Cézallier et les pitons du Cantal. 3
» De même, dans notre département, Thizy, qui appartient au bassin
de la Loire par son versant, doit recevoir des colonnes arrivant du Puy-de-
Montoncelle, dans la chaine du Forez, et peut-être de plus loin encorè,
( 1073 )
savoir, du Puy-de-Dôme et du mont Odouze dans le Limousin , d’où l'es-
pace est libre jusque vers l'Océan. Celles-ci auraient traversé successive-
ment les vallées de la Creuse, du Cher, de l'Allier et de la Loire avant de
rencontrer Thizy et de pénétrer dans le bassin du Rhône, etc.
» 13° Dans les violents orages des 15 mai et 9 juillet 1865 de Saint-
. Étienne, les nappes qui débordèrent par-dessus les montagnes lyonnaises
s'expliquent de la manière précédente, et pourtant nos sommités ont pu
maintenir leur prérogative condensante en déterminant, dans le stratus
général, des alignements nuageux, conformes à leur position et arrangés
de façon à conserver en eux l’ordonnance colonnaire.
» 14° On conçoit assez qu’une vallée suffisamment profonde et qui ne
sera pas précisément orientée dans le sens du vent des orages devra égale-
ment écarter ceux-ci de leur direction normale. C’est ce qui est arrivé, entre
autres, le 20 août 1866 dans la vallée de la Brevenne, où trois de nos Corres-
pondants, convenablement distribués, ont noté tous les détails de la marche
du météore. De plus, à Lyon, il a été facile d'observer un nouveau débor-
dement des nuages. Il s’effectuait par-dessus l’espèce d’endiguement qu'au-
rait dû leur opposer la chaîne d’Yzeron, et comme, dès lors, nos colonnes
étaient apparentes, il faut de nouveau conclure que la régularité sé rétablit
avec la liberté des mouvements.
» 15° Réservant pour un travail spécial les tornados du Lyonnais, je fais
immédiatement ressortir la précision vraiment remarquable avec laquelle
s'effectue la marche normale de nos météores. Au mont Ceindre, à diverses
époques, la foudre est tombée à trois reprises sur des arbres et une fois sur
l'ermitage, ces points n'étant écartés les uns des autres que d’une vingtaine
de pas. Au parc de la Tête d’Or, des peupliers fulminés sont placés sur une
ligne presque nord-sud, deux d’entre eux n’étant qu’à r mètre de distance
réciproque, deux autres se trouvant espacés d’environ 8 mètres et un cin-
quième croissant à quinze pas plus loin. Il en est à peu près de même au Châ-
teau Gaillard. A l'égard de Perrache, M. Locard a compté, en huit années,
huit coups de foudre sur une superficie de 240 mètres de long pour 300 de
large, et l’on pourrait ajouter ici les fulminations du fort Lamothe et de
ses alentours. Au besoin, ces indications serviront de réponse aux objec-
tions que l’on pourrait être tenté d'élever à l’encontre de mes distributions
sur d’autres points, tels que Grézieux-la-Varenne, Villefranche et Villeur-
banne, d’après des données dont j'ai dù me contenter en attendant mieux.
Encore dois-je ajouter que, pour Lyon, j'aitenu compte des écarts, afin d’en
comparer le nombre à celui des cas normaux, et pourtant, malgré tout le
` ( 1074 )
soin apporté à cette recherche, je wai pu obtenir qu'une quantité d’ano-
malies notablement inférieure à la moitié des autres.
» 16° Tout bien considéré, la nature des roches, la constitution miné-
ralogique des sols, leur état nu, boisé, inculte ou cultivé paraissent être
très-indifférents dans cette répartition. La foudre tombe là où passent les
zones du vent dont la qualité orageuse a été exaltée par des cimes suffisam-
ment élevées. En d’autres termes, il s’agit surtout en ceci d’altitudes, de
configurations locales; le reste dépend de la population. Ce qui démontre
d’ailleurs l'importance de cette dernière condition, c'est la rareté des
indications au sujet des foudres sur les endroits déserts, tels que les
croupes du Pilot et d'Avenas. Là n’existent guère d'individus pour les
noter, tandis que leur nombre s'accroît avec celui des habitants, témoin la
progression observée de Chessy à Villefranche, puis à Lyon, endroits de
plus en plus peuplés, garnis d'hommes éclairés et disposés à faire connaitre
les faits. |
» 17° L’indifférence de la nature du sol à l'égard des explosions élec-
triques se traduit d’une manière qui, pour être totalement différente de
celle des coups de la foudre ordinaire, n’en est pas moins très-expressive. Il
s’agit, en effet, des foudres ascendantes, s’élançant des roches les plus
variées, des eaux de la Saône, de celles de la mer, du sol végétal. Et encore,
sous une forme moins hardie, ces sortes de phénomènes n’en sont pas
moins bien représentés par les éclairs des prairies, des lacs, des neiges
étalées en plaine comme en montagne. Sur l’Estérel, dans la nuit du 4 au
5 septembre 1855, des illuminations étranges sortaient autour de moi des
buissons et des arbres de la forêt, semblables à des feux que pourraient
produire des tas de poudre allumés à de courts intervalles. Enfin, la foudre
d’en haut s’ajoutait à ces phénomènes, de façon à ne pas laisser le moindre
doute au sujet de la nature de ces apparitions. Mes confrères de la Société
des Sciences industrielles, MM. Quenin et Poncin, assistaient à des scènes
pareilles le 22 octobre 1865, sur le plateau de la Primarette, non loin de
Vienne (Isère). Or, si des manifestations de ce genre, dont il me serait
facile d'augmenter considérablement la liste, sont indépendantes de la con-
stitution chimique de leurs foyers terrestres, on ne voit pas pourquoi celles
du ciel seraient astreintes à subir des attractions plus nettement définies.
» 18° Cette première énumération des résultats de mes observations suf-
fira pour démontrer surtout la façon large avec laquelle j'ai toujours tendu
à faire intervenir l’orographie dans les questions météorologiques, circon-
stance qui s'explique d’ailleurs d’après la nature géologique de mes tra-
( 1075 )
vaux. Dans une prochaine occasion, je férai ressortir d’autres particularités
non moins essentielles.
» Toutefois, avant de quitter ce sujet, je ne puis me dispenser de men-
tionner la principale cause des erreurs dans lesquelles tombent quelques
observateurs encore novices. Elle tient aux illusions de la perspective qui,
d'ordinaire, tendent à faire voir des convergences ou des divergences de
colonnes foncièrement parallèles. En d’autres termes, il en est de cette cir-
constance comme du rapprochement apparent des côtés de longues allées,
et naturellement l'erreur se modifie en raison de la position de l'observa-
teur par rapport aux nuées colonnaires. Du reste, la même illusion
ayant fait accepter des savants la fallacieuse idée des bandes polaires, parais-
sant émaner d’un point de l'horizon pour s'écarter les unes des autres à
l'approche du zénith, on ne saurait assez se tenir en garde contre ces sortes
de jugements. » |
M. Prècker et M. Hy, nommés Correspondants, l'un pour la Section
. de Géométrie, l’autre pour la Section de Physique, adressent leurs remer-
ciments à l’Académie.
MÉMOIRES LUS.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Note sur un nouveau régulateur à force centrifuge ;
par M. Gear.
+
(Renvoi à la Section de Mécanique.)
« Fai l'honneur de faire fonctionner sous les yeux de l’Académie un
régulateur à force centrifuge, construit d’après les équations d’équilibre dé-
montrant l’isochronisme (Comptes rendus, p. 900).
» M. Séguier, en présentant le moteur à vapeur dit machine géminée, à
déjà pu donner quelques explications sur ce nouveau régulateur; c'est pour
cette machine à vapeur que j'ai cherché à résoudre la question de liso-
chronisme, solution qui m'était indispensable pour actionner une nou-
velle détente qui doit introduire un perfectionnement important, surtout
dans les machines usuelles, où la vapeur est fort mal utilisée quand le régu-
lateur agit sur une valve. Ex
» Je n'ai rien à ajouter à la Note que je viens d'indiquer; il est démontré
par la formule finale que tout terme variable, fonction des angles, se trouve
C. R., 1867, 1°" Semestre. (T. LXIV, N° 21.) 142
(1076 )
éliminé, condition indispensable pour procéder, au moyen de cette for-
mule, à la construction d’un régulateur vraiment isochrone.
» Le nouveau régulateur se compose de quatre boules qui se font équi-
libre deux à deux par rapport à leur axe d’oscillation. Leur force centri-
fage donne lieu à des moments variables auxquels s'oppose un autre
moment également variable, par un poids qui ne doit pas participer au
mouvement de rotation, et que l’on peut même régler à volonté pour
fixer le régime de vitesse qu’on veut donner et conserver au régulateur.
» A cet effet, les deux bras ou leviers des boules portent deux secteurs
dentés, qui transmettent l'effort centrifuge à deux crémaillères faisant corps
avec le manchon. Le bas du manchon est denté aussi; il forme crémaillère,
et transmet à son tour l'effort qu’il a reçu à un autre secteur denté, dont le
rayon est moitié de ceux des secteurs du haut.
» Il résulte de cette combinaison que ce dernier secteur décrit un angle
double de celui des boules, et fait prendre au poids qui est à son opposé
des positions créant des moments constamment en Sarhad avec les mo-
ments variables de la force centrifuge.
» I est facile de se rendre compte de ce fait si on remarque que, dans
une excursion complète des boules partant d’un moment nul pour arriver
à un autre moment nul, après que les boules auront décrit un angle de
90 degrés, le poids partira aussi d’un moment nul et arrivera à un autre
moment nul en parcourant 180 degrés. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. Vuté adresse une « Note sur la vitesse angulaire de rotation d’une
masse fluide en équilibre relatif ».
Li
(Commissaires : MM. Liouville, Bertrand, Serret.)
L'Académie reçoit, pour les divers concours dént le terme expire au
1% juin 1867, outre les ouvrages imprimés, mentionnés au Bulletin bibliogra-
phique, les Mémoires manuscrits suivants :
CONCOURS POUR LE PRIX DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE.
( FONDATION MONTYON.)
M. J. Jeanne. — De l'extinction des maladies vénériennes. Exposé des
| ( 1077 )
pE . p = X P `
mesures qu'il serait nécessaire d'adopter en France et à l'étranger pour empe
cher la propagation des maladies vénériennes.
M. Vuzewn. — Études sur la tuberculose : preuves expérimentales de sa spéci-
ficité et de son inoculabilité.
M. Deracrée. — Appareil optique nouveau, propre à éclairer, à amplifier
et à permettre d'examiner les cavités et ouvertures naturelles du corps humain.
M. Lancuer. — 1° Mémoire sur le pigmentum de la peau considéré dans les
races humaines, et en particulier dans la race nègre. — 2° Mémoire sur l’imbi-
bition cadavérique du globe de l'œil et la rigidité musculaire, étudiées comme
signes de la mort réelle. |
CONCOURS POUR LES DIVERS GRANDS PRIX DE MATHÉMATIQUES.
Un auteur dont le nom est contenu dans un pli cacheté, avec l’épigraphe :
« Les ressources puissantes que la Géométrie a acquises, etC., » adresse un
Mémoire manuscrit ayant pour titre : Traité géométrique des surfaces. du
troisième ordre. Lune
Un auteur anonyme adresse pour Ce Concours (question sur la théorie
mathématique de la chaleur) un Mémoire sans devise.
CONCOURS POUR LE PRIX DE PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE.
(FONDATION MONTYON.)
M. Cyon adresse quatre opuscules relatifs à la physiologie du cœur.
Chacun de ces ouvrages est accompagné d’une Note manuscrite indiquant
les résultats que l’auteur considère comme nouveaux.
CONCOURS POUR LE PRIX BRÉANT.
M. Hurre. — Recherches sur l'importation, la transmission et la propaga-
tion du choléra.
Un auteur anonyme adresse un Mémoire ayant pour titre : Rhuma-
tisme articulaire aigu, léger, partiel, intermittent, du tronc et de la téte, point
de départ des fièvres intermittentes, du choléra européen et du choléra asiatique.
CONCOURS POUR LE PRIX DE MÉCANIQUE.
` (FONDATION MONTYON.)
M. Cazar prie l’Académie de vouloir bien comprendre, parmi les pièces
destinées au concours pour le prix de Mécanique, ses appareils électro-
142..
( 1078 )
magnétiques et magnéto-électriques, qui donnent lieu à des applications
industrielles pratiques de la pile de Volta. |
CONCOURS POUR LES PRIX DITS DES ARTS INSALUBRES.
( FONDATION MONTYON. )
M. Cazar adresse le résultat de ses travaux sur la construction et l’em-
ploi d’une machine à coudre automotrice, marchant par l'électricité.
CORRESPONDANCE.
« M. Éue pe Braumonr fait hommage à l’Académie, de la part de M. le
professeur Bernard Studer, président de la Commission Géologique fédérale
de la Suisse, de trois nouvelles feuilles de la grande publication dirigée
par ce savant géologue, savoir :
» 1° La feuille III, Liestal, Shaffhausen, de la nouvelle carte topographique
de la Suisse, à l’échelle de =, levée et publiée sous la direction du gé-
néral Dufour, coloriée géologiquement par MM. C. Moesch, U. Stutz et
Vogelsang. Cette feuille comprend le cours du Rhin, de Schaffhausen à
Rheinfeld, et les parties inférieures des vallées de l’Aare, de la Reuss et de
la Limmat. On voit s’y dessiner la terminaison orientale des montagnes du
Jura.
» 2° Une carte géologique particulière des environs de Brugg, dans le can-
ton d’Argovie, à l’échelle de =t, par M. Moesch, contenant le confluent
de l’Aare, de la Reuss et de la Limmat.
» 3° Feuille XX, Sondrio, Bormio, de la nouvelle carte topographique de
la Suisse, coloriée géologiquement par M. G. Théobald, professeur à l’École
cantonale de Coire. Cette feuille comprend la partie sud-est du canton des
Grisons, et les parties adjacentes du Tyrol et de la Valteline. On trouve
pres de son centre le passage du mont Julier et l’imposant massif du
Bernina.
» Ces trois cartes, où le relief du sol est exprimé avec toute la clarté qu'on
a su lui donner en Suisse dans ces dernières années, et qui fait tant d’hon-
neur au général Dufour et à ses collaborateurs, donnent, avec une pré-
cision proportiônnée à celle du dessin topographique, les contours des
masses minérales classées et dénommées d’après le système actuellement
adopté en Suisse.
» Les trois volumes intitulés Matériaux pour la carte géologique de la Suisse,
( 1079 )
qui ont été présentés à l’Académie tape la dernière séance, sont en rapport
avec ces cartes.
» Déjà l’Académie avait reçu plusieurs autres livraisons de ce grand et
beau travail, dont tous les amis de la science attendent la terminaison avec
une juste impatience, que la munificence éclairée du gouvernement helvé-
tique satisfera, on peut l’espérer, dans un avenir assez rapproché. »
M. Le Direcreur DE L’OsservaroiRe DE WAsniNéron adresse un exem-
plaire des Observations astronomiques et ada Liu faites à l'Obser-
vatoire naval des États-Unis dans l’année 1864.
M. LE PRÉSIDENT DE L'ACADÉMIE LÉOPOLDINE-CAROLINIENNE. DES CURIEUX
DE LA Nature adresse de Dresde la seconde partie du XXXII" volume des
Mémoires de cette Société.
: GÉOMÉTRIE. — « M. Cnasies communique des Lettres de MM. Cayley,
Cremona et Hirst, relatives aux courbes exceptionnelles dans un système
d'ordre m quelconque; courbes multiples terminées à des sommets, et formant
m(m +3)
2
ainsi des étres géométriques qui satisfont aux t — 1 conditions du sys-
tème (voir Comptes rendus, t. LXIV, p. 800).
» M. Cayley, dit-il, a bien voulu m'envoyer la forme de la courbe du
quatrième ordre qui, dans RUES final de ma communication du 22 avril
(p. 805), est « à l’état de transition à la conique double X ». Cette courbe
touche la droite D en deux points, et l’on voit bien comment, à la limite
où la courbe, en s’aplatissant, devient un arc de conique, les deux points de
contact coincident avec les deux points où la conique coupe la droite D, et
deviennent deux sommets.
» M. Cremona me communique divers exemples de systèmes de courbes,
provenant de la projection des courbes d’intersection d’un système de sur-
faces et d’une surface unique, à l'instar des deux systèmes que m’a com-
muniqués M. de la Gournerie. Ces exemples se rattachent à une considé-
ration fort simple. :
» Que l’on ait une surface I, (d’ordre n) et un. système de surfaces S
d'ordre m, au nombre desquelles soit un cône K ayant son sommet en O.
Chaque surface S coupe I suivant une courbe d'ordre mn. Les perspectives
de ces courbes sur un plan Q, l’œil étant en O, forment un système de
courbes d'ordre mn, au nombre desquelles se trouve la base du cône K,
s
( 1080 )
qui représente donc une courbe d'ordre m, multiple d'ordre n. Or ce
cône a mn (n — 1) arêtes tangentes à S (lesquelles sont les arêtes qui lui
sont communes avec le cône d'ordre n(n — 1) circonscrit à S). Tout plan
mené par une de ces arêtes est tangent à la courbe d’intersection du cône K
et de S. Par conséquent, toute droite menée par le point k où l’arête perce
le plan Q représente une tangente à la base du cône K, courbe d'ordre m,
multiple d’ordre z. Ce point k est donc un sommet de la courbe, laquelle
a ainsi mn (n — 1) sommets.
» M. Cremona décrit cet exemple d’une manière plus complète ou plus
générale, en ces termes :
» Soient donnés une surface I d'ordre n et un système de surfaces S
» d'ordre m, contenant un cône K de sommet O. Supposons qu’il y ait,
» parmi les conditions communes aux surfaces S, d contacts ordinaires
» et d’ contacts stationnaires avec I. Les perspectives des courbes gauches
» (I, S) formeront un système de courbes planes d’ordre mn, ayant
se mi sito ge points doubles’et d’ rebroussements. Le cône K
et le cône de sommet O circonscrit à I ont un contact du premier ordre
suivant d droites et un contact du deuxième ordre suivant d’ droites,
et par suite ils se coupent suivant mn (n — 1) — 2d — 3d' droites, qui
» sont autant de tangentes de la courbe gauche (I, K), concourantes en O.
» Donc le système des courbes perspectives d'ordre mn contiendra une
courbe d’ordre m, multiple d’ordre n, ayant mn (n — 1) — 2d — 3d'som-
» mets. » .
» M. Hirst m’annonce que M. Crofton (professeur à l’Académie militaire
de Woolwich) a communiqué à la Société mathématique de Londres (1),
dans sa séance du 23 de ce mois, un Mémoire sur les propriétés d’un sys-
tème de courbes du quatrième ordre, ayant pour points doubles les deux
points circulaires à linfini (courbes anallagmatiques de M. Moutard) à
quatre foyers communs situés sur un cercle, et que M. Crofton a remarque
qu’au nombre de ces courbes il s’en trouvait qui dégénéraient chacune
en deux arcs de cercle terminés à deux foyers. La forme de ces courbes,
que décrit M. Hirst, montre, comme celle de M. Cayley, que ces points
limites sont des sommets. Ce Mémoire de M. Crofton ne se rapporte pas a
oeaiei
x
=
w
=“
x
Y
HN E à
(1) Je vois par les Proceedings de la Société mathématique, qui s’est formée # Ju
qu’elle comptait en novembre 1866 quatre-vingt-quatorze mernbres, tous, Anglais Qag
noble exemple en faveur des Mathématiques, quels motifs d'émulation chez nous, comme
dans les autres pays! À
( 10871 )
ma communication du 22 avril, et c'est M. Hirst qui y a vu un exemple
fortuit, confirmatif de l’idée des courbes exceptionnelles ou étres géomé-
triques, et qui a eu l'obligeance de me le faire connaître.
» On trouvera certainement de pareils exemples de courbes exception-
nelles douées de sommets, lorsqu'on s’occupera de la question générale de
déterminer le nombre des courbes du quatrième ordre qui satisfont à qua-
torze conditions, de passer par des points et de toucher des droites. On re-
connaîtra, en même temps, pour combien de solutions doit compter dans
chaque cas la conique qui représente une courbe du quatrième ordre.
Demande-t-on, par exemple, que les courbes aient un point double 4,
qu'elles passent par cinq points b, c, d, e, f, et qu’elles aient un double
contact avec trois droites données, on reconnaitra que dans le cas où les six
points a, b,... seront sur une conique, cette courbe, considérée comme
double et douée de six sommets situés sur les trois droites, sera une des
solutions de la question; et l’on saura l’ordre de multiplicité de cette solu-
tion exceptionnelle.
» Ce problème, qui doit s'entendre des courbes d’ordre quelconque, est
bien digne de fixer l'attention des géomètres.
» Je saisis ici l’occasion de dire qu’en citant dernièrement les Mémoires
de MM. Weierstrass, Schröter et Cremona sur lasurface de Steiner (1), j'aurais
pu ajouter que M. Clebsch a aussi traité ce sujet tout récemment dans le
dernier cahier paru du Journal de Crelle, t. LXVII (année 1867), et démon-
tré diverses propriétés de la surface. Nous citerons celle-ci : Les courbes
enveloppes des tangentes principales (courbes que M. Dupin a nommées
asymptotiques, parce que leurs tangentes sont les asymptotes des indicatrices
de la surface) sont des courbes gauches du quatrième ordre de seconde espèce. »
ALGÈBRE. — Sur l'équation du sixième degré. Note du P. Jourerr,
présentée par M. Hermite. (Suite.)
« III. Avant de donner les valeurs des coefficients de la réduite, il est
nécessaire de définir les invariants dont nous allons faire mof: La forme
du sixième degré étant
= (a Bh 0, Y P, œ) (x, y)’,
son invariant quadratique a pour valeur
A = ax! — GBE' + 15yy — ro’.
(1) Comptes rendus, t. LXIV, p. 826.
( 1082 )
Elle admet un covariant biquadratique du second degré par rapport au
coefficient, savoir :
0m LM, NM ob piryt
En posant
L = ay TEA 4B + IP,
L'= «y — 4AfB'o 3y?
2M = aff — 36 +270,
2M'= a'b — 36y+ 2yd,
6N = ax — 97yy + 88°,
les deux invariants de f sont
B = LL'— LMM'+ 3°,
C= N(LL'+ 2MM'— N°) — (LM” + L'M°).
Par rapport aux coefficients de f, ils sont respectivement du quatrième et
du sixième degré. M. Clebsch s’en est déjà servi dans son beau travail (*)
sur les formes binaires du sixième degré. Enfin le discriminant de l'équa-
tion f = o, c’est-à-dire le produit de &!'° par les carrés des différences des
racines prises deux à deux, sera représenté par 6° A.
» Cela posé, U désignant l’une des six quantités Us, Ua, etc., un calcul
facile conduit à l'équation suivante :
US + 2.3.5AU: + 22.325 (3A° — 25B) U? + 6° VA.U
+ 253%.5(250C + 25 AB — A?) = 0.
» Le discriminant de cette équation a une expression bien remarquable,
il est égal au carré de V invariant gauche de la forme proposée. Cela résulte
immédiatement des relations suivantes :
Us — Us = io, Us — U, = v, U, — U, = W2,
U, — U, = t4, U, — U, = w,, U,—U, = — mi
Uo U, = mi; U,— U, = —";, U, — U, = vo, ;
U, — U; = u, U,— U, = — v, U, — U, = Ws,
U.- U, = t4, U= U, =»v,, U, — U, = vı;
qu’on établit au moyen des formes canoniques. Nous parvenons ainsi à
ce théorème découvert par M. Cayley : Le carré de l'invariant gauche est une
Jonction entière des quatre covariants fondamentaux À, B, O2.
(*) Comptes rendus, mars 1867, p. 582.
( 1083 )
» On obtient également les relations suivantes :
U +#U c(r. — To
À (a — 24) es — 2
U, +U, = a(t. — 7) (7, — a (£, — 5),
Us FU = a (Ta — Ti) (xs — Ti) (To — mi),
U, +H U = a (£a — T3) (£i — T2) (a — 20),
UEU, Ea (e. z) (2, n) (e—a);
En remarquant que
Us + U+ U, + U, +U, + U, =0,
et posant, pour abréger, ;
LE — Lx = (ik),
on en conclut
4U. = a[(% 0)(14) (32)+ (æ 1) (20) (43) + (æ 2) (31) (04) + (æ 3) (42) (10) + (© 4) (03) (21)},
ÁU, = a[(co o0) (14) (32) + (œ 1) (24) (30) + (æ 2) (43) (01) + (co 3) (04) (12) + (æ 4) (02) (13)},
4U. = a[(% 0) (13) (24) + (æ 1) (20) (43) + (© 2) (30) (41) + (a 3) (04) (12) +) 4) (10) (23)),
4U. = a[(co 0) (21)(34) + (æ 1) (24) (30) + (®© 2) (31) (04) + (2 3) (41) (02) +(æ 4) (10) (23),
KU, — a [{æ@ 0) (21) (34) + (æ 1) (32) (0) + (æ 2) (30) (41) + (a 3) (42) (10) + (eo 4) (02) (13)],
FU, = a [{% 0) (13) (24) + (œ 1) (82) (40) + (œ 2) (43) (or) + (08) (41) (02) + (æ 4) (03) (21)].
Lorsqu'on effectue la substitution
E AL
2
les
U Us U,, Uz, U;, U,
deviennent respectivement
Re U, PE 3 5 Fo ts, U; oS U,, Fa U,,
et l'effet de la substitution an
i z
Lk
est de changer
Uas Uor Uis Uas, Us» Us
en i
U U. U, U;, Usp U..
C. R., 1867, 1°f Semestre. (T. LXIV, Ne 94.) | 143
( 1084 )
» IV. La transformation du cinquième ordre dans la théorie des fonc-
tions elliptiques conduit à des équations du sixième degré qui, comme on
sait, sont susceptibles d’abaissement, il était donc intéressant de leur
appliquer la méthode qui vient d’être exposée. Nous allons voir qu’on
retrouve ainsi les réduites déjà connues. Considérons en premier lieu
léquation modulaire relative à la transformation du cinquième ordre
Fe. +
entre x = VÀ et u—V#k,
a + hu k + 5u? kt — 5u* k? — huk — u’ = o.
On sait que les six valeurs de x sont
x = u? sin coam 2 w sin coam 4w,
r . K yK — iK'
w étant successivement A et ee
senterons par Le, XLo, Lı,- Les travaux de Galois nous ont appris que
toute fonction de ces six quantités qui demeure invariable pour toutes les
substitutions de la forme
pour » = 0, 1, 2, 3, 4. Nous les repré-
K akit
ck+d 3
Zk |
telles que ad — bc est résidu quadratique suivant le module 5, s'exprime
rationnellement après l’adjonction de la racine carrée du discriminant. Or
la fonction U,, est dans ce cas; et, en effet, nous allons reconnaitre que
notre réduite a une racine nulle. En la supprimant, les autres racines sont
U, U,,..., c’est-à-dire, en vertu des relations écrites plus haut,
(Lx — Lo)(Li — L) (T — La)
(La —Xi) (La — Xo) (X, — £),
» On doit donc obtenir la réduite de l'équation modulaire trouvée par
M. Hermite (*). C’est effectivement ce qui arrive. Les invariants À, B,C
sont
0,
= he (= y,
Co,
et, par suite, notre réduite, après la suppression de la racine nulle,
ET
(*) Comptes rendus, mars 1858, t. XLVI, p. 513.
t
( 1085 )
devient
U* — 2.55 u*(1— uP U + 6° VA = o.
» Des circonstances semblables se présentent pour l'équation du sixième
degré qui détermine
4 4]77sincoam2v.sincoam/{w
XX = Vk ,
V V Aam2o . Aam 4 w
en fonction de V4#. Posons
VEK erigi VY = Ls
cette équation est Ja suivante (*) :
xt — 16v' x + 5u +ibvt x? + 4ux + v° = 0.
Or, on trouve
24, By
Re Lie.
2? / TI
=z (1+ ter Aid tv);
CH PT D
2 (0 8\2
TE re + (1+ 4u°}.
On en déduit
250 C + 25 AB — A = o.
» Notre réduite admet donc une racine nulle, c’est-à-dire U„ = 0 ; en la
supprimant, elle devient
U4 25, 5200 U2 — 24. 50t (3 ro4ut + 48v')U+ 6° YA = 0,
et admet pour racines
(ra = ah (a = 20) (ar 4),
» C’est bien, en effet, l'équation à laquelle on est conduit par un calcul
direct fondé sur le développement des racines en séries ( *), Un dernier
point, qui exige quelques développements, me reste à traiter: c’est celui des
équations considérées par MM. Kronecker et Brioschi, et dont les racines
sont liées par ces rapports si singuliers que Jacobi a le premier découverts
entre les différentes déterminations de la racine carrée de l'inverse du
multiplicateur. »
(*) Comptes rendus, août 1858, t. XLVII, p. 344.
(**) Comptes rendus, février 1859, t. XLVIII, p. 294. hi
TER
( 1086),
PHYSIQUE. — Recherches sur l’action absorbante que certains liquides volatils et
leurs vapeurs exercent sur la chaleur venue d’une lampe à cheminée de verre ;
par M. P. Desais.
« Je demande à l’Académie la permission de lui communiquer les ré-
sultats d’une série d'expériences que j'ai entreprises dans le but d'étudier
comparativement les actions absorbantes qu’un liquide très-volatil et sa
vapeur exercent, dans des conditions comparables, sur un même rayonne-
ment calorifique.
» J'ai opéré jusqu'ici sur l’éther ordinaire, l’éther formique et le sulfure
de carbone. La source de chaleur était une lampe à cheminée de verre.
Les deux premières des trois substances que je viens de nommer exercent
sur le rayonnement de la lampe une absorption considérable, et en compa-
rant la manière dont elles agissent sous les deux états physiques où je
pouvais les observer, j'ai reconnu que pour chacune de ces substances
une colonne de section et de poids déterminé exerce sur un même rayonne-
ment une absorption dont l'intensité est indépendante de l’état physique
du milieu qui la constitue, La colonne liquide est très-courte, la colonne
gazeuse est relativement très-longue, mais elles produisent le même effet.
» Pour mettre le fait en évidence, on prend: 1° un tube de cuivre
noirci à l’intérieur, ayant une longueur de 1 mètre et un diamètre de 1 dé-
cimètre environ; ce tube est fermé par des glaces; il est muni de robinets
et entouré d’un manchon où l’on peut entretenir de l’eau à température
déterminée; 2° une auge fermée par des glaces bien pures, ayant même
section que le tube, et une épaisseur telle, que la quantité de liquide qui
la peut emplir soit insuffisante à produire une quantité de vapeur capable
de saturer le tube à la température ou l’on doit opérer. Le tube et l'auge
ainsi choisis et en état de fonctionner, on les place l’une derrière l’autre,
de façon que leurs axes coïncident en direction. On chauffe le tube à une
température convenable, 38 degrés s’il s’agit de l’éther ordinaire, 5q de»,
grés s’il s’agit d’éther formique; on en expulse l’air et on y développe un
peu de vapeur, de façon à avoir une pression intérieure de quelques centi-
mètres, et alors enfin on transmet le rayonnement de la lampe à travers le
système formé par le tube, l’auge vide et les lentilles destinées à accroilre
les effets calorifiques. On mesure l’action thermoscopique. Soit, toutes
corrections faites, D la valeur de cette action. On recommence l'expé-
rience en emplissant l'auge d’éther. On obtient une action notablement
moindre D’. La différence tient à l'absorption que l’éther liquide a exercée
sur le rayonnement, Ceci fait, on verse l’éther de l’auge dans le tube, on
( 1087)
remet l’auge en place. Quand la vaporisation a eu lieu, on s'assure que les
verres sont restés parfaitement nets. On constate que la pression dans le
tube est inférieure à celle qui répondrait à la saturation, et l’on mesure de
nouveau l’action thermoscopique.
:» On trouve alors qu’elle est sensiblement égale à D’, ce qui établit la
vérité de la proposition que j'ai précédemment énoncée.
» Voici quelques nombres :
Éther ordinaire.
Le tube renferme de la vapeur d’éther à pression 0™,07.
Rayonnement | Auge vide......... 28 Perte absolue......... 9,9
à travers | Auge pleine d’éther. 18,1 l Perte relative......... 29 0,30
Éther ordinaire (vapeur).
L’auge est vide.
Le tube renfermant
de la vapeur à pres-
Rayonnement sion 0",06..... .. 28,6 | Perte absolue......... 10,2
à travers Le tube renfermant Perte relative......... 0,356
en outre l’éther de
lauge vaporisé... 18,4
Éther formique.
Le tube renferme de la vapeur d’éther à pression 0", 08.
; Perte absolue......... 3
Rayonnement | Auge vide........ 27 ,6 | 7
à travers Auge pleine.... .. 20,5 l Perte relative........: 5 z E,
?
Éther formique (vapeur).
L’auge est vide,
Tube renfermant de <
la vapeur à pression
Rayonnement | 0",075..-...+.+ 29 Perte absolue.....:.:. 8,5
à travers Tube renfermant en Perte relative......... 0,29
outre l’éther del’au-
ge vaporisé......: 20,5
» Dans une autre série d’expériences faites sur l’éther formique, la perte
relative due à l'absorption du liquide a été 0,28, et celle produite par la
vapeur 0,27. |
» M. Tyndall, dans ses recherches sur l'absorption de la chaleur par les
substances gazeuses, avait insisté sur l'extrême énergie de l’action que la
vapeur d’éther exerce sur les rayonnements de chaleur obscure. Mes expé—
( 1088 )
riences montrent que l’absorption exercée par ce corps sur les rayons
d’une lampe est encore très-forte.
» Une conséquence naturelle de tout ce qui précède était que le
rayonnement hétérogène dont je faisais usage lorsqu'il traversait un tube
plein de vapeur d’éther sous une pression voisine de la pression atmosphé-
rique devait être rendu plus transmissible à travers l’éther liquide qu'il ne
l'était quand il n’avait rencontré dans le tube que de la vapeur à quelques
centimètres de pression. J’ai vu en effet l’action absorbante de l’éther de
lauge presque doubler, par suite d’une diminution d’environ 0",58 dans
la pression de la vapeur d’éther renfermée dans le tube.
» Enfin, en opérant sous différentes pressions, mais toujours avec le
rayonnement hétérogène auquel le mauvais état du ciel me réduit depuis
assez longtemps, j'ai pu vérifier sur la vapeur d’éther la loi depuis long-
temps connue sous le nom de loi du décroissement des pertes relatives. En
faisant croître la pression de ro en 10 centimètres, par exemple, j'ai pu
constater que la grandeur relative de l'absorption due aux 10 premiers
centimètres était plus grande que celle des 10 centimètres suivants, et
ainsi de suite. Je n’insiste pas sur ce point parce que, jusqu'ici, je le ré-
pète, je n’ai pu opérer avec des rayons homogènes.
» Je pai point parlé dans cette Note des expériences que j'ai faites sur le
sulfure de carbone. L’absorption qu'il exerçait, soit à l’état liquide, soit à
l'état gazeux, sur les rayons de ma lampe, était trop faible pour que je
pusse tirer de son étude rien de net touchant le fait principal sur lequel
j'ai appelé l'attention de l’Académie. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Synihèse du méthyle-allyle. Note de M. An. Worrz,
présentée par M. Dumas. : |
« J'ai fait voir, il y a quelques années, que le zinc-éthyle réagit sur
l’iodure d’allyle, avec formation d’iodure de zinc et de divers carbures
d'hydrogène, parmi lesquels j’ai isolé et étudié l’éthyle-allyle
C'H° |
CH? |
qui possède la même composition que l'amylène, mais qui est isomérique
avec ce carbure d'hydrogène, ainsi que je m’en suis assuré depuis. J'ai fait
diverses tentatives pour généraliser la méthode qui a donné naissance au
nouvel hydrocarbure, dans la pensée que de telles expériences synthétiques
pourraient jeter quelque jour sur la génération des carbures homologues
et sur quelques-unes de ces questions d’isomérie qui jouent un si grand
= C° H”,
( 1089 )
rôle dans la chimie moderne. Je vais donner ici le résultat de ces recher-
ches. Ayant chauffé au bain-marie du zinc-éthyle avec du propylène
bromé, je n’ai point observé un dépôt de bromure de zinc : la réaction
entre ces corps, si elle a lieu, n’est que très-lente. Je n’ai point réussi,
d’un autre côté, à remplacer, dans le bromure d’éthylène les deux atomes -
de brome par deux groupes éthyliques, en chauffant ce bromure avec du
zinc-éthyle. On sait que MM. Friedel et Ladenburg ont obtenu un beau
résultat en appliquant cette méthode au méthylchloracétol, qui échange, en
réagissant sur le zinc-éthyle, ses deux atomes de chlore contre deux
groupes C°H*.
» J'ai constaté que le zinc-méthyle ne réagit sur liodure d’allyle ni
à la température ordinaire ni à 100 degrés. Une réaction énergique s'ac-
complit, au contraire, lorsqu'on ajoute au mélange quelques morceaux
de sodium et qu’on chauffe à 120 degrés. 42 grammes d’iodure d’allyle
ayant été chauffés ainsi, avec 14 grammes de zinc-méthyle et du sodium,
dans des tubes très-forts, quelques-uns de ceux-ci ont résisté à la pression
énorme qui s’est développée. La matière qui y était contenue s’est solidifiée
eta noirci dans plusieurs de ces tubes; dans un seul elle est restée incolore.
Ce tube ayant été ouvert, après avoir été fortement refroidi, a laissé déga-
ger, par une douce chaleur, un carbure d'hydrogène très-volatil qui a été
condensé, puis combiné avec l'acide iodhydrique. L'iodhydrate qui a
passé vers 115 degrés a donné à l’analyse des nombres répondant à la
formule CH, HI (1). On n’en a obtenu qu’une trés-petite quantité. Il de-
meure établi néanmoins qu’un carbure d’hydrogène identique ou isouié-
rique avec le butylène prend naissance par l’action de l’iodure d’allyle sur
le sodium-méthyle. -
» J'ai réussi à obtenir une plus grande quantité de ce carbure d'hydro-
gène en suivant une méthode que j'ai indiquée depuis bién longtemps
pour la synthèse des carbures d'hydrogène et qui consiste à chauffer avec
du sodium un mélange d’éthers iodhydriques. Je l'avais employée autrefois
pour la préparation de ces carbures d'hydrogène qu'on a désignés sous le
nom de radicaux mixtes. Convenablement modifiée, elle peut servir à réaliser
d’autres synthèses, comme l'ont prouvé, dans ces derniers temps, les beaux
travaux de MM. Fittig et Tollens sur la synthèse des carbures aromatiques. J'ai
RE A Te TN
(1) Fe Trouvé. Calculé.
= 26,07 26,17
H = 4,90 - 4,89
( 1090 )
obtenu un méthyle-allyle, qui présente exactement la composition du buty-
lène, en chauffant avec du sodium un mélange d’iodure de méthyle et d’iodure
d’allyle, délayé dans deux fois son volume d’éther anhydre. On chauffe pen-
dant plusieurs heures ce mélange au bain-marie, dans de petits matras très-
résistants. La réaction terminée, on refroidit très-fortement les matras, on les
ouvre et on les met rapidement en communication avec un récipient refroidi
à — 12 degrés. On les chauffe ensuite jusqu’à ce que l’éther ait passé. Le
liquide éthéré est saturé à froid par le brome, agité avec de la potasse,
qui enlève l’excès de celui-ci, puis distillé. L’éther ayant passé, on distille
les bromures dans le vide. On arrête la distillation lorsque le thermomètre
marque 100 degrés sous une pression de 10 centimètres. Le résidu se soli-
difie par le refroidissement : c’est du tétrabromure de diallyle. Les bro-
mures qui ont passé sont soumis à la distillation fractionnée. Tout passe de
140 à 170 ou 180 degrés; la plus grande partie de 155 à 165 degrés. Cette
partie ayant été distillée de nouveau, on en a séparé un bromure parfaite-
ment incolore qui passait de 156 à 159 degrés sous la pression de 0",7549
et qui présentait exactement la composition et le point d’ébullition du
bromure de butylène (1). Ce liquide est mobile. Il irriteles yeux. Sa densité
à o degré a été trouvée — 1,8299. Un autre échantillon, dont le point
d’ébullition était situé à 156 degrés (analyse IT), possédait à o degré une
densité de 1,8119.
» Ce bromure est assez rapidement décomposé par le sodium lorsqu'on
le chauffe avec ce métal dans des tubes scellés à 100 degrés. La décompo-
sition terminée, tout le liquide a disparu et les tubes renferment une masse
blanche, sèche. Refroidis à — 12 degrés, ils laissent échapper des gaz lors-
qu’on les ouvre. Ce dégagement continue quand on les laisse revenir à la
température ordinaire et qu’on les chauffe vers 30 degrés. Les gaz qui se
dégagent peuvent être condensés, dans des tubes refroidis à — 12 degrés, en
un liquide. Celui-ci distille de — 4 à + 8 degrés. (Dans une autre expé-
rience il a passé de — 6 à + 6 degrés, le thermomètre plongeant dans le
liquide.) Il s'unit aisément à l'acide iodhydrique pour former un iodhydrate
qui distille à une température sensiblement constante, 116 à 118 degrés
(les dernières portions à 122 degrés), et qui possède exactement la compo-
it AU ci EE
(1) 1. u. ll. IN: 0H De
Caa 22,16 22,68 21,81 22,67 22,22
|. FA 3,67 3,92 3,67 3,87 3,70
Bro. 73,64 74,98
(1091 )
sition de l’iodhydrate de butylène (r).Ce corps présente à o degré une den-
sité de 1,643. M. de Luynes indique pour l'iodhydrate de butylène la
densité (à o degré) 1,632 et le point d’ébullition 118 degrés.
» Le carbure d'hydrogène formé par l'addition du méthyle à l'allyle
3 3
ar à + Na? = 2Nal + ai
forme donc avec le brome et avec l’acide iodhydrique des composés qui
possèdent les points d'ébullition du bromure et de l'iodhydrate de butylène.
En conclurons-nous que le méthyle-allyle est identique avec le butylène de
l'alcool butylique? Une telle conclusion serait hasardée, en présence de
ce fait que le carbure d’hydrogène qui a été mis en liberté par l’action du
sodium sur le bromure bout à une température sensiblement plus basse
que le butylène. Je me propose de soumettre à la même épreuve le véri-
table bromure de butylène préparé avec le butylène de l'alcool butylique
et de comparer l'hydrocarbure ainsi obtenu avec celui que je viens de
décrire. »
CHIMIE ANALYTIQUE.— Analyses de divers graphites cristallisés et amorphes (2);
par M. Cu. MÈxe. |
« Un certain nombre d'occasions ayant amené en ma possession bean-
coup d'échantillons de graphite, tant dans ces dernières années qu’en ces
mois passés, à propos de l'Exposition universelle, j'ai été conduit à les ana-
lyser en partie. Comme on trouve peu de résultats numériques dans les
livres sur ces matières, j'ai pensé que mes analyses offriraient de l'intérêt,
d'autant mieux qu’elles portent sur beaucoup de spécimens qui figurent au
Champ de Mars en ce moment.
» Voici comment j'ai analysé les g |
été placés dans une étuve pendant plusieurs heures, à 120 degrés; la perte
de poids m’a donné les matières volatiles. Une seconde partie (de 5 grammes
environ) a été mise dans une capsule de platine, au moufle rouge d’un
fourneau à coupelle, de manière à s'incinérer. Enfin, les cendres ont été
attaquées au carbonate de soude, comme on le fait ordinairement pour les
silicates naturels. Les chiffres que j'ai obtenus sont contenus dans le tableau
suivant : | fie |
VEIL
f
LPS sr Alsace phommecnnt
# « m a.
(1) C' R',HI.
C = 26,13 26,14,
He 9,22 4,88
(2) Un certain nombre de ces échantillons sont des spécimens du commerce.
C. K. 1867, 19° Semestre. (T. LXIV, N° 24.) 144
( 1092 )
COMPOSITION DES CENDRES POUR 100.
MATIÈRES
PROVENANCES. DENSITÉ. Volariies, [CARBONE | CENDRES. }— ne —
Silice. | Alumine.| Fer Lou 7 jm
Graphite de RE à À one LE
pe échantillon très- :3455 1,10 | 91,55 7,935 | 0,525 | 0,283 | 0,120 | 0,060 | 0,012
Graphite de Cumberlan + “(Angle
nd). échantillon “ordis diro .i 2,2379 3,10 | 80,85 | 16,05 n 7 n " n
Graphite de Cumberland (Angle-
terre) du commerce, en morceaux.| 2,5857 2,62 | 84,38 | 13,00 À 0,620 | 0,250 | 6,100 | 0,026 | 0,004
Graphite de Cumberland (Angle-
terre) ommerce, en poudre 2,4092 | 6,10 | 78,10 | 15,80 À 0,585 | 0,305 | 0,079 | 0,035 | 0,000
Graps de Passau (Bavière })...... 2,3032 | 7,30 | 81,08 | 11,62 | 0,537 | 0,356 | 0,068 | 0,017 | 0,022
em A E 4,20 | 73,65 | 22,15 f 0,695 | 0,211 | 0,055 | 0,020 | 0,019
a de Mugrau (Béhème), . sons 2,1197 4,10 | 91,05 4,85 À 0,618 | 0,285 | 0,080 | 0,007 | 0,010
Idem 2,2279 | 92,85 | 90,85 | 6,30 n " n ” n
Graphite de Fagerita (Suède). ..... 2,1092 1,55 | 87,65 | 10,80 | 0,586 | 0,315 | 0,072 | 0,005 | 0,022
DS de Ceylan (Indes), cristal-
2,9501 5,10 | 79,40 | 15,50 ” " n 2 "
Graphite de Ceylan (Indes ) du com- |
,2659 | 5,20 | 68,30 | 26,50 À 0,503 | 0,415 | 0,082 | 0,000 | 0,000
Graphite eme duSud, Cie Mus-
ninie z pen 2,3701 a,15 } 26,751; 72,10 n n" " ” #
TEF 2,2852 | 3,00 | 50,80 | 46,20 À 0,631 | 0,285 | 0,045 | (1) | 0,039
Gratis à dá fontes du Creusot... ... 2,5823 n 90,80 | 9,20 | 6,225 | 0,175 | 0,375 | 0,255 | 0,005
ldem 2,3981. | 0,30 | 81,90 | 17,80 À 0,425 | 0,090 | 0,080 | 0,405 | 0,000
Graphite rs fontes de Givors...... 2,4571 ” 84,70 | 15,30 À 0,559 | 0,155 | 0,120 | 0,155 | 0,001
Graphite des fontes de Vienne...... 2,5830 0,15 | 88,30 | 11,55 n n 7 4 n
Graphite des fontes de Terrenoire. ,| 2,4309 "n 83,50 | 16,50 À 0,500. | 0,160 | 0,105 | 0,200 | 0,035
Charbon des cornues à gaz......... 8853 | 0,25 | 95,25 | 4,50 | 0,720 | 0,243 | 0,030 | 0,000 | 0,007
Idem ~f 1,6980 | o,ro | g0,60 | 9,30 | 0,648 | 0,330 | 0,020 | 0; 0,002
Graphite d "Alstad (Moravie). ...... j 3373 1,17 | 87,58 | 11 ,25 n" ” “ n u
Graphite de Zaptau ( basse aq 2,2179 | 2,20 | 90,63 | 9,17 À 0,550 | 0,300 | 0,143 | 0,000 0,007
Graphite de M. Hoback (Prague). .. | 2,3309 | 2,07 | 82,68 | 15,25 7 " " n :
Graphite de Ceara (Brésil)..,...... 3865 | 2,55 | 77,15 | 20,30 À 0,790 | 0,117 | 0,078 0,015 | 0,000
Graphite du Canada As ge ra À 2,2863 1,82 | 78,48 | 19,70 À 0,650 | 0,251 0,062 | 0,005 | 0,01?
Graphite de Madagascar. .......... 4085 | 5,18 | 70,69 | 24,13 f 0,596 | 0,596 | 0,068 | 0,012 0,006
Graphite de Pissie Taaak Aia 2,4572 | 3,20 | 59,67 | 37,13 | 0,687 | 0,687 0,081 | 0,015 | 0,009
Idem 3280 2,17 72,68 | 25,15 n n n # #
M | de Brussin (Exancheville),
eee 2029 0,28 92,00 9,714 n " " n” "
A o px Vaugnesay (Rhône)....| 2,1050 0,13 | 94,30 5,57 n "1 n 7 5
PRE de Sainte-Paule (Rhôue).. | 2,3656 0,17 | 92,50 7,33 k4 = ” 7 "
m 0,14 | 93,21 | 6,65] » 2 ” y g
oni oii Swarbock ( Bohême T 2,3438 1,05 | 88,05 | 10,90 f 0,620 | 0,285 | o 063 | 0,015 p
Graphite de l'Oural (mont Alibert). 2,1759 | 0,72 | 94,03 | 5,25 | 0,642 | 05247 | 0,100 0,008 | 0,00
Graphite de T anthracite, graphite ao
roduit par la calcination aboh 10371: 1,00 | 96,80 2,20 ” n n ” ;
thracites : yes tillon aara par) 1,6658 | 0,82 | 95,63 | 3,55 n " n 4% 4 à
M Dunes. à l'Académie. en mon! 3 3008.|. 1,15 | 95,05 | 3,60 | 0,708 | 0,277 | 0,012) 04
F | ES
ns ce cas.
(1) Dans cet échantillon il y a du cuivre natif; le graphite accompagne des minerais de cuivre da
(2) Comptes rendus, 1®" avril 1867.
t
manae
( 1095 )
» Je me permettrai de joindre à ces chiffres trois analyses de creusets en
plombagine d’une qualité tout à fait supérieure, de provenance anglaise,
afin de faire connaître, au point de vue de la composition chimique, des
produits qui, malgré leur emploi, sont encore peu étudiés (analyses faites
par moi) :
Oxyde
Silice. Alumine. de fer. Graphite. Eau. Chaux. Perte.
Nra C 22,00 3,50 20,00 1,80 0,20 1,10
me gs 45,10 16,65 0,95 34,50 2,50 0,00 0,30
er MON 2 50,00 20,00 1,90 25,50 3,00 0,50 0,50
THÉRAPEUTIQUE. — Action du sulfate de soude cristallisé sur les taches de la
cornée; par M. D. pe Luca.
« En faisant usage des moyens ordinaires, il m'a été presque impossible,
dans ma longue pratique, de faire disparaître complétement les taches de
la cornée produites par des causes diverses, et souvent par l’action des
remèdes eux-mêmes appliqués sur les yeux. Il m'est arrivé aussi d'observer
que le laudanum et les liquides alcooliques, aussi bien que les substances
tanniques, en agissant sur les yeux, produisent des taches qui peuvent
persister en continuant le même traitement. On sait en effet que ces sub-
stances alcooliques ou tanniques coagulent les matières albuminoiïides, en
leur faisant perdre la transparence normale; aussi, j'ai proscrit de ma pra-
tique, dans le traitement des maladies des yeux, les matières qui peuvent
modifier d’une manière quelconque la transparence des parties dont l'œil
est formé. -
» Après plusieurs essais infructueux, j'ai pensé que le sulfate de soude
cristallisé, qui a la propriété de maintenir en solution la fibrine du sang,
pourrait agir favorablement sur les yeux, pour faire disparaître en totalité ou
partiellement les taches de la cornée.
» Dans mes premières expériences j'ai fait usage d’une solution aqueuse
de sulfate de soude saturée à froid, en la faisant tomber plusieurs fois
par jour, goutte à goutte, sur le globe de l'œil. Apres quelques jours
de traitement, le malade se trouvait mieux et les taches diminuaient
d'étendue; mais on s'apercevait facilement que l’action de ce liquide
devait être de beaucoup prolongée, pour produire un résultat de quelque
importance. |
» Ensuite j'ai pensé à faire usage du même sulfate de soude sous forme
144..
( 1094 )
solide et en poudre très-fine. On faisait tomber des pincées de cette poudre
sur le globe de l'œil, en plaçant la tête du patient presque horizontale, et
en laissant ainsi s’opérer la dissolution du sel par les liquides qui se trouvent
où qui se produisent dans l’œil même. Les résultats qu'on obtient par cette
méthode sont satisfaisants, car les taches de la cornée commencent à dispa-
raître après quelques jours de traitement, et les malades, qui ne voyaient
pas du tout avant l'application du sulfate, arrivaient non-seulement à dis-
tinguer la lumière des ténèbres, mais même à apercevoir, d'une manière
à peu près distincte, des mouvements exécutés devant eux, après l'usage
répété du même sulfate sous forme de poudre fine déposée deux fois par
jour sur le globe de l'œil.
» Les malades soumis à ce traitement recoivent une sensation de frai-
cheur très-agréable aprés l'application du sulfate de soude sur le globe
de l’œil : cette sensation se fait sentir lorsque la poudre commence à
passer de l’état solide à l’état liquide, en se dissolvant dans les larmes
et dans les autres liquides de l'œil. On sait d’ailleurs que le sulfate de
soude cristallisé, en se dissolvant dans l’eau, produit un abaissement de
température.
» En résumé, le sulfate de soude, en solution aqueuse et mieux encore
en poudre très-fine, fait disparaitre, dans un temps plus ou moins prolongé,
l'opacité totale ou partielle de la cornée : cela est démontré, soit par les
expériences qui ont été faites sur plusieurs individus dans la salle de
l'hôpital des Incurabili (1) que je dirige, soit dans ma clinique particu-
lière. By
» Les résultats de ces recherches que je me propose de continuer seront
successivement soumis à l'appréciation de l’Académie; mais j'ose espérer
que les praticiens éclairés voudront bien, de leur côté, faire des essais
dans la même direction avec le sulfate de soude cristallisé, pour ajouter des
`
nouveaux faits à ceux que j'ai indiqués. »
GÉOLOGIE. — Note sur les caractères du phénomène diluvien dans les vallées de
la Garonne, du Tarn et de l’ Aveyron et dans le vaste bassin qui résulte de
leur réunion ; par M. LeymeRie.
« Lorsque M. Babinet émit devant l’Académie ce principe général, que
les fleuves tendent toujours à se porter à droite et par conséquent à délaisser
rc SaS TEE
(1) A Naples (Italie).
( 1095 )
vers la gauche leurs alluvions, je fus frappé de la coïncidence de ce prin-
cipe avec un fait qui est à peu près général dans nos contrées du sud-ouest et
que les cultivateurs énoncent sous une forme agricole en disant : Dans chaque
vallée, la rivière coule à droite au pied du terre-fort (terrain marneux miocène),
et laisse à gauche la boulbène (gravier alluvien ou diluvien). Cet état de
choses se montre clairement dans les petites vallées, comme celle du Gers,
qui descendent du plateau de Lannemezan, ou qui prennent naissance au
pied des Pyrénées, plus à l’est, et même dans celles, comme les vallées de
Lhers et du Girou, qui proviennent de collines dépendantes de la Mon-
tagne-Noire (1).
» Dans les grandes vallées, la grandeur du phénomène le rend moins
saisissable pour le vulgaire. C’est là cependant que la tendance vers la
gauche se manifeste d’une manière réellement imposante et qui semble
prouver que, dans les temps quaternaires, elle s’exerçait avec une certaine
énergie. Il y a longtemps que j'ai fait connaître cet état des choses pour la
vallée de la Garonne, dont l'appareil diluvien se développe dans une largeur
de 20 à 25 kilomètres, constamment du côté gauche, avec une régularité
classique, et lorsque M. Babinet fit connaître ses idées, je crus devoir lui
faire part de mes observations qu’il voulut bien accueillir et consigner
dans les Comptes rendus.
» Aujourd’hui je reviens sur ce sujet pour signaler de nouveaux faits du
même genre qui viennent confirmer, d’une manière encore plus frappante,
la théorie de l'éminent physicien et qui d’ailleurs, j'ose le croire, ne
manquent pas d’un certain intérêt géologique.
» En étudiant, pour la carte géologique de la Haute-Garonne, la partie
inférieure de la vallée du Tarn qui rentre dans la circonscription de ce dé-
partement, j'ai reconnu d’abord qu’elle offrait un diluvium de même forme
que celui de la Garonne, c'est-à-dire composé d’un fond de vallée et de
deux terrasses trés-étendues, le tout étant développé entièrement à gauche,
comme dans la première vallée. Il y a cependant une différence entre ces
deux diluviums, mais elle porteuniquement sur la nature des matériaux qui
les constituent. En effet, les cailloux de la Garonne et de ses terrasses of-
frent des caractères et des couleurs variés qui rappellent ceux des roches
les plus dures et les plus résistantes des Pyrénées, tandis que les cailloux du
diluvium tarnien sont essentiellement quartzeux. Cette différence, d'ail-
LH ee darts Dole AS GEL ft LEE
- (1) Cet état différent des deux côtés de toutes ces vallées se trouve nettement accusé sur
les feuilles de la grande carte publiée par le Dépôt de la Guerre.
( ro96 )
leurs, s'explique tout naturellement lorsqu'on se rappelle que le Tarn et
ses affluents prennent naissance, non plus dans les Pyrénées comme la Ga-
ronne, mais au sein de montagnes riches en filons de quartz qui dépendent
du plateau central de la France. Cette nature différente des dépôts diluviens
des deux vallées est d’ailleurs une circonstance précieuse, en ce qu'elle
permet de distinguer ces dépôts, même aux points où ils viennent se toucher,
là où ils offrent des relations très-curieuses.
» Les vallées de la Garonne et du Tarn sont séparées, dans la région
dont il s’agit, par une sorte de crête qui se rapproche de plus en plus de
la Garonne. Au nord du parallèle de Grisolles, cette crête s’atténue, s'a-
baisse et s'efface, et alors la terrasse supérieure de la vallée du Tarn, obéis-
sant à la loi qui déterminait le phénomène diluvien à se porter à gauche,
se trouve couronnée dans“ cette partie par une tranchée de cailloux
quartzeux du Tarn, qui viennent même rouler jusque dans le domaine
de l’autre fleuve; de telle sorte qu'il serait vrai de dire que le Tarn jette
là ses cailloux dans la Garonne.
» Cet état de choses se prolonge au nord et se résout dans le vaste
bassin de la Villedieu (1), qui résulte de la réunion des deux grandes vallées
dont il vient d’être question à une troisième vallée, celle de l’Aveyron.
Nous allons parler ci-après de ce bassin, qui doit être regardé comme
l'accident diluvien le plus remarquable du sud-ouest de la France, mais
il convient de dire préalablement quelques mots sur la vallée de l’ Avey-
ron,qui a puissamment contribué à sa formation, ainsi que nous allons le
voir.
» En entrant dans le bassin, au sortir d’une gorge creusée dans le cal-
caire jurassique, cette vallée s'élargit, s'étale sous la forme d’une plaine
basse accompagnée, encore ici du côté gauche, de deux terrasses éta gées abso-
lument comme dans les deux autres vallées. Le gravier qui forme la matière
principale de ce diluvium aveyronnais est d’ailleurs quartzeux comme celui
du Tarn, ce qui n’est pas étonnant, puisque ces matériaux proviennent les
uns et les autres du même système de montagnes. |
» Si nous reportons maintenant notre attention sur le bassin lui-même,
| ‘+ got ti COTON
eu tient le
Montau-
(1) Nous croyons pouvoir désigner ainsi ce bassin, où le village de la Villedi
point central. Il est entouré parune enceinte de coteaux tertiaires où se trouvent :
ban, Montricoux, la Francaise, Moissac, Bourret et Montbartier. La voie ferrée de Toulouse
à Bordeaux le traverse deux fois, savoir : entre Montbartier et Montauban, et de Montauban
à Moissac par la Villedieu. dde
( t097 )
nous verrons qu’il consiste en une grande plaine au niveau des premières
terrasses du Tarn et de l’Aveyron et qui semble résulter de leur confluence.
» Dans cette plaine, les trois vallées ont conservé une sorte d'autonomie,
sous la forme de bandes marginales qui occupent toujours la droite. Nous
venons de dire que cette plaine de la Villedieu résultait de la confluence
des vallées du Tarn et de l'Aveyron. En effet, si l’on examine les matériaux
qui la constituent dans ses différentes parties, on y retrouve constamment
le gravier quartzeux qui forme l’élément essentiel des terrasses inférieures
de ces deux vallées, et, chose curieuse, ces caractères se poursuivent jus-
qu’à la limite occidentale du bassin, et par conséquent jusqu’au bord même
de la vallée de la Garonne dont les cailloux sont tout différents. Cette der-
nière vallée, la plus importante des trois, ne paraît donc avoir pris au rem-
plissage du bassin qu’une part insignifiante, et elle semble avoir porté toute
son action du côté opposé, où nous la voyons en effet bordée par deux ter-
rasses dont les éléments géognostiques n'ont presque aucun rapport avec
ceux de la plaine. Ne faut-il pas voir dans ce fait remarquable un effet de
cette tendance vers la gauche qui nous avait paru déjà si manifeste dans
chacune des trois vallées dont il a été question dans celte Note?
» Les conséquences générales que l’on pourrait tirer de ces observations
sont les suivantes :
» 1° La nature des matériaux diluviens dans chaque vallée est en rapport
avec la constitution des montagnes que cette vallée et ses affluents tra-
versent en amont.
» 2° Le phénomène diluvien, dans chaque vallée, se développe généra-
lement du côté gauche, comme s’il avait été soumis à une force agissant
dans ce sens avec une certaine énergie. »
CHIMIE. — Sur une nouvelle application du bronze d'aluminium. Note de
M. Huzor, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville.
« La facilité que l’on a aujourd’hui de se procurer le bronze d’alumi-
nium préparé en fils et en feuilles, ou fondu sur modèle, m’autorise à faire
connaître une application qui date de bientôt deux ans, dans laquelle cet
alliage, à 10 pour 100 d'aluminium, remplace l'acier.
» Chacun sait que le papier émousse rapidement les taillants les plus
vifs et les aciers les mieux trempés. Il s'agit d’une matière plus destructive
encore des taillants : c’est le papier enduit de gomme arabique desséchée,
c’est-à-dire les feuilles de timbres-poste.
( 1098 )
» Le perforage des timbres-poste se fait à l’aide de machines découpoirs
dont la partie supérieure, le nez, qui se meut verticalement, est armée de
300 aiguilles en acier trempé et affütées vif, à angle droit; à chaque coup
elles pénètrent, par des trous qui y correspondent exactement, dans la
pièce inférieure fixe, et frappent et perforent, en passant, cinq feuilles de
timbres-poste à la fois.
» C’est pour cette pièce inférieure que le bronze d'aluminium a pu rem-
-placer l'acier. Chaque machine, par jour, frappe 120000 coups environ,
ce qui correspond à 180 000 000 de trous perforés.
» La pièce en bronze d'aluminium qui est mise sous les yeux de l'Aca-
démie a fonctionné plusieurs mois; une pièce semblable en bronze d'étain
est usée en une journée de travail; en quelques heures, les trous s’élar-
gissent au point que le papier, au lieu d’être percé, se trouve gaufré seu-
lement. »
M. H. Sanvre-Crame Devise, après la communication qu'il a faite au
nom de M. Hulot, prend la parole en ces termes :
« J'ai eu l’occasion, il y a peu de temps, de montrer à l’Académie com-
bien l'étude des amalgames et des alliages métalliques promettait d’obser-
vations instructives aux savants qui s'occupent de mécanique chimique.
Les travaux de M. Jo Regnauld: et de M. Cailletet en sont la preuve.
M. Hulot, qui ne manque pas d'appliquer anx progrès de la belle industrie
qu'il dirige à la Monnaie (la fabrication des timbres-poste) les résultats
des recherches théoriques, a eu l’idée d'ajouter à la soudure d'étain ordi-
naire la moitié, le quart et le huitième de son poids d'amalgame de zinc. Il
a obtenu ainsi des alliages quadruples qui étament et soudent non pas seu-
lement la fonte, mais encore le bronze d'aluminium, qu’on brase très-faci-
lement au rouge et à la soudure forte, mais qui résiste à la soudure à
l’étain aux températures basses.
» Un autre exemple des propriétés nouvelles qn'acquièrent les alliages
et que les expériences de M. J. Regnauld expliquent très-bien, c'est Par
térabilité extraordinaire que possède l’alliage de plomb et de platine expose
au contact de l'air dans des conditions où le plomb pur reste sans altéra-
tion sensible. |
» Un alliage de cette sorte, contenant peu de platine, que M. Debray
et moi nous avons obtenu dans nos recherches sur la métallurgie dw pla-
tine et que nous avons négligé de conpeller, est resté pendant quatre ou
cinq ans dans une armoire à côté de lingots de plomb pauvre. Ces lingots
( 1099 )
avaient une épaisseur de 2 centimètres environ. Le plomb pur est resté sans
altération. Le plomb platinifère s’est transformé en céruse jusqu’au centre.
L'acide acétique dissout cette céruse avec dégagement d'acide carbonique,
et le platine reste en poudre impalpable, sans doute à l’état métallique. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur un hydrate de sulfure de carbone. Note de
M. E. Duccaux, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville.
« Lorsque, après avoir recouvert de plusieurs doubles de batiste la boule
d’un thermomètre, on y verse quelques gouttes de sulfure de carbone
qu'on laisse évaporer, on voit se former, aussitôt que la température s’est
abaissée de quelques degrés au-dessous de zéro, de petites houppes cris-
tallines d’une substance blanche très-instable, que l’on retrouve avec les
mêmes caractères toutes les fois que du sulfure de carbone est soumis à
une évaporation rapide. La ressemblance de cette substance avec de la
neige, sa production à basse température et dans un air humide devaient la
faire prendre et l'ont fait prendre, en effet, pour de l’eau congelée. Il suffit
pourtant d’en séparer une portion et de la laisser se réchauffer dans un
vase fermé, pour voir qu’arrivée à — 3 degrés elle se décompose rapidement
en donnant une grande quantité de sulfure de carbone liquide au milieu
duquel nagent seulement de petits fragments de glace.
» J'avais même pensé d’abord que cette eau n'y existait qu'accidentel-
lement, et qu’elle provenait de la condensation sur le liquide froid de la
vapeur ambiante; mais en étudiant de plus près, j'ai vu qu'elle y existe en
proportion constante, et que la substance blanche est un véritable hydrate
de sulfure de carbone. Il suffit, pour s’en convaincre, de l’étudier avec les
précautions que commandent son extrême instabilité et la présence au
nombre de ses éléments d’un corps extrêmement volatil. Voici le procédé
qui m’a donné les meilieurs résultats. s
» On introduit dans un flacon à densité des solides, aussi large que pos-
sible, une vingtaine de grammes de sulfure de carbone, sur lesquels on
dirige un vif courant d’air au moyen d’un soufflet à la buse duquel est
adapté un tube de verre. Il est inutile de charger artificiellement l’air d'hu-
midité, et si on a pris la précaution de refroidir le sulfure de carbone, la
production de la substance blanche commence immédiatement. La tempé-
rature s’abaisse beaucoup et peut atteindre facilement — 20 degrés. Quand
ilne reste plus de liquide, on cesse de souffler, pour ne pas décomposer le
produit obtenu, qui se réchaufferait peu à peu, n'étant plus soumis à au-
C. R., 1867, 1°" Semestre. (T. LXIV, N° 21.) 145
( r100 )
cune cause de refroidissement. On bouche alors le flacon et on le laisse
revenir à la température ordinaire. Il s’y forme deux couches, l'une d’eau,
l’autre de sulfure de carbone. On pèse le liquide que le flacon contient et
on y introduit immédiatement du chlorure de calcium pulvérisé. On pèse
de nouveau et on porte le flacon dans un bain d’air à 60 degrés environ.
Tout le sulfure de carbone s’évapore et sort par l'ouverture capil-
laire du bouchon, sans que l'eau retenue par le chlorure de calcium
puisse s’échapper. En pesant de nouveau quand je flacon est froid, on a le
poids du sulfure de carbone que contenait un poids connu de la substance
blanche.
» En opérant ainsi, j'ai trouvé comme moyenne de dix expériences, qu'il
y avait 89,4 pour 100 de sulfure de carbone, c’est-à-dire exactement ce
qu’exige la formule 2CS°, HO.
» C’est donc un hydrate très-riche en sulfure de carbone : aussi brüle-t-il
avec autant de facilité que le liquide dont il provient, et cette propriété
permet de faire une expérience de cours qui résume toute son histoire. Sur
une lame de verre, on verse un peu d’eau, au milieu de laquelle on place
un verre de montre que l’on remplit de sulfure de carbone. En soufflant
sur ce liquide, il se transforme rapidement en hydrate, en même temps que
l’eau se congèle, et au bout d’un certain temps tout est solidifié. Si on ap-
proche alors un charbon de la matière neigeuse qui remplit le verre de
montre, elle s’enflamme, brüle avec la flamme bleue du sulfure de carbone,
et disparait en laissant au fond du vase l’eau qu’elle renfermait. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Observations relatives à la Communication récemment
adressée par M. Perret sur le cuvage des vins. Note de M MAUMENÉ, pré-
sentée par M. P. Thenard.
« Je prie l’Académie de me permettre de rappeler que la méthode de
vinification présentée au nom de M. Perret, par M. P. Thenard, dans
la séance dernière, n’est pas nouvelle. J'ai fait connaître cette méthode,
il y a neuf ans, dans mes Indications théoriques et pratiques sur le tra-
vail des vins, etc. C’est un des nombreux perfectionnements dont je crois
être l'auteur. Je l'ai décrit p. 26r, § 331. Les paragraphes qui précèdent
expliquent l'utilité de la méthode, et il y est fait encore une allusion pré-
cise dans le § 333. »
( 1101 )
200TECHNIE. — Nouvelle réponse aux objections de M. Sanson sur un Mé-
moire concernant l’origine tératologique de certaines races d'animaux domes-
tiques; par M. C. Danesre.
`
« J'ai cherché, dans ma première réponse, à établir, par le témoignage
de MM. Lacordaire et Darwin, qu’il a existé dans l'Amérique du Sud une
race bovine particulière, désignée sous le nom de race nata ou niata, et
caractérisée par la forme et la structure de la tête. Je n’ai pu cependant par-
venir à convaincre mon contradicteur. Je demande la permission de faire
connaitre à cette occasion une lettre que M. Lacordaire a bien voulu
m'écrire, et qui, aux deux témoignages déja mentionnés, en ajoute un
troisième, celui d’Azara.
« Je ne comprends pas la querelle qui vous est faite à propos de la race
» niata des pampas de Buenos-Ayres. Quand un homme de la valeur scien-
tifique de M. Darwin dit positivement que cette race est trés-bien assise
» et se reproduit invariablement, il me semble que la question est vidée,
» quoi que puissent dire les personnes qui n’ont pas été sur les lieux, ou
» qui, y ayant été, comme M. Martin de Moussy, n’ont pas vu cette race,
» qui est peut-être éteinte aujourd’hui, ce qui n'aurait rien d'étonnant, car
» elle était peu commune, et regardée par les habitants du pays comme une
» curiosité. Dans le passage que vous citez de moi, j'ai été beauconp moins
» explicite que M. Darwin, mais je puis joindre mon témoignage au sien
» en affirmant que, à l'époque où j'étais à Buenos-Ayres, personne ne dou-
» tait qu'un taureau et une vache niata ne produisissent un veau niata.
» Qu’on refuse de considérer cette variété singulière, ou plutôt cette ano-
» malie, comme une race, je ne vois là qu’une querelle de mots; sa repro-
» duction avec les mêmes caractères est le fait essentiel.
» Permettez-moi d'appeler votre attention Sur un passage de d’Azara qui
» concerne évidemment la race en question et qui prouve que, de son
» temps, elle était également regardée comme constante. Je le traduis mot
» à mot de l'original espagnol :
» J'ai vu, dans le district de Corrientes, une race de bétail tres-basse de
» jambes, sans que pour cela elle fùt moins grosse de corps. On avait
» amené de Montevideo à Don Casimir Necochea une vache et-un taureau
» âgés de deux ans et demi. Leurs cornes et leurs formes générales étaient
» comme de coutume, et leur taille petite pour leur âge. Mais leur tête,
» quoique de grosseur convenable, était bien plus courte qu'elle n'aurait
» dù être, avec le front plus large, revêtu de poils crépus plus longs que
145.
x
( 1102 )
» d'ordinaire, et très-plan jusqu’à l’extrémité du museau; celui-ci était
» retroussé et laissait voir les dents de la mâchoire inférieure; les narines
» étaient dirigées en haut. On dit que ces animaux produisent une race (1). »
» Je n'ajouterai aucune réflexion au contenu de cette lettre. Je ferai seu-
lement remarquer que le passage d’Azara m'apprend un fait nouveau, que
j'ignorais à l'époque de la rédaction de mon travail : c'est que la race niata
était très-basse sur jambes. J'avais signalé ce fait de la brièveté des membres
sur le veau anomal dont j'ai donné la description, mais sans le rattacher à
l’anomalie de la tête. Il est intéressant de voir que ce veau anomal reproduit,
non-seulement par la forme et la structure de la tête, mais encore par Ja
brièveté des membres, les caractères de la race niata.
» M. Darwin, qui a également bien voulu m'écrire à cette occasion, m'ap-
prend qu’au dire d’un auteur allemand, Hermann von Nathusius, on a con-
staté plusieurs fois en Allemagne la naissance de veaux présentant exacte-
ment les caractères de celui dont j'ai donné la description. L'ensemble de
ses observations sur la race niata paraîtra bientôt dans un ouvrage qu'il
fait imprimer actuellement.
» Il resterait maintenant à déterminer les causes qui produisent ces ano-
malies. Mes études sur l’embryogénie des monstres me donnent lieu de
croire que leur cause prochaine, comme d’ailleurs celles d’un grand nombre
d’autres anomalies, consistent dans des arrêts de développement del’amnios.
Je me contente aujourd’hui d'indiquer le fait: j'y reviendrai quelque jour
et je m’efforcerai d'en faire ressortir la très-grande généralité.
» Je persiste donc dans les conclusions de mon travail, malgré les dé-
négations qui m'ont été opposées, et j'y persiste d'autant plus qu’une com-
munication récente de M. Naudin a montré qu’elles dépassent le domaine
de la zoologie et qu'elles s'appliquent également à l’origine des races végé-
tales. L’appui qu'il me prête en ce moment m'est d'autant plus précieux
que personne ne contestera l'autorité qu’il s’est acquise en pareille matière,
par ses belles expériences sur l’hybridité des plantes.
» Je désire, à cette occasion, présenter quelques remarques sur une
phrase du travail de M. Naudin, phrase qui, mal interprétée, pourrait jeter
quelqnes doutes dans les esprits au sujet de mon propre travail. M. Naudin
demande que l’on commence par bien définir le terme de monstruosité. e
ferai remarquer que j'ai évité à dessein de me servir de ce terme, et que jal
(1) Azara, Apuntamientos para la historia natural de los quadrupedos del Paraguay 7
Rio de la Plata, t. 11, p. 260.
( 1103 )
partout employé celui d’anomalie, en lui attachant le sens de déviation du
type spécifique. Ce terme d’anomalie est très-vaste, puisqu'il s'applique à des
organisations bien différentes, depuis les simples variétés de conformation
qui ne changent point, ou au moins qui ne changent que peu, les condi-
tions du fonctionnement des organes, jusqu'aux modifications plus graves
qui s’opposent à la reproduction et aux monstruosités véritables qui sont
incompatibles avec la vie indépendante. Il est bien clair que, dans le règne
animal, les véritables monstruosités ne pourront jamais devenir le point de
départ d’une race. Seulement, il faut bien faire attention qu'il n'existe pas
de limite nettement tranchée entre ces deux états. Mes études sur lem-
bryogénie des êtres anomaux m’apprennent en effet que les mêmes types
tératologiques ne présentent point, dans les différentes classes, les mêmes
conditions de viabilité. Ce qui, dans une classe donnée, constitue une
monstruosité qui s'oppose, d’une manière absolue, à la prolongation de la
vie au delà de la naissance, pourra n'être, dans une autre classe, qu'une
anomalie légère, qui n’empêchera ni la vie indépendante ni la reproduction.
Je puis en citer un curieux exemple. Les différentes hernies de l’encéphale,
lorsqu'elles se produisent dans l'espèce humaine, font périr les enfants qui
en sont affectés, dans les premières heures qui suivent la naissance. Dans la
poule, au contraire, la hernie des hémisphères cérébraux n'amene point
nécessairement la mort. La race des poules de Padoue ou poules polo-
naises est essentiellement caractérisée par la transmission héréditaire d'une
semblable hernie. Je prépare un travail spécial sur ces relations qui existent
entre les types tératologiques et les types zoologiques, et je montrerai, je
l'espère, au moins daris un certain nombre de cas, quelle est la cause de
ces différences physiologiques ee grrr ol les anomalies dans les diffé-
rentes classes. »
M. Caro adresse quelques remarques à propos de la communication
faite récemment par M. Liebig, au sujet de l’alimentation des jennes
enfants.
M. Bécuamp demande et obtient l’antorisation de faire copier an Secré-
tariat la Note qu'il a adressée le 29 avril dernier, et qui a”pour titre :
« Faits pour servir à l'histoire de la maladie parasitaire des vers à soie
appelée pébrine ».
A 3 heures trois quarts, l'Académie se forme en comité secret.
(1104)
COMITÉ SECRET.
La Section de Médecine et de Chirurgie présente, par l'organe de son
Doyen M. Serres, la liste suivante de candidats à la place vacante dans
cette Section par suite du décès de M. Jobert de Lamballe :
M. Jurres Guérin.
M. Sénior.
gr n D 4 M. Lauerer.
n deuxième ligne, ex æquo.
IRO? q | M. Nérarton.
En première ligne, ex æquo.
En troisième ligne. © +... M. MAISONNEUVE.
En quatrième ligne; ss ei à M. Hueurer.
Les titres de ces candidats sont discutés.
L'élection aura lieu dans la séance prochaine.
La séance est levée à 5 heures trois quarts. HoD.: B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 27 mai 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Traité complet d'accouchement; par M. le D" Jouun. 1" et 3° parties.
Paris, 1866-1867; 2 vol. in-8°. (Envoyé pour le concours de Médecine et
de Chirurgie, 1867.)
Études sur les causes du crétinisme et du goitre endémique; par M. SAINT-
LAGER. Lyon, 1867; in-8°. (Envoyé pour le concours de Médecine et de
Chirurgie, 1867.) |
La lame spirale du limaçon de l'oreille de l'homme et des mammifères. Re-
“cherches d'anatomie microscopique; par M. B. LOWENBERG. Paris, 1867;
br. in-8°. |
Études sur les membranes et les canaux du limaçon; par M. B. LOWEN-
BERG. Paris, 1864; br. in-8°. (Ces deux ouvrages sont envoyés par l’auteur
au concours de Médecine et de Chirurgie, 1867.)
Des Tables de mortalité et de leur application aux assurances sur la vie
viagères et capitaux payables au décès), avec unë nouvelle Table de mortalité
(rentes
( o )
dressée d’après les décès constatés dans la tontine Lafarge; par M. E. BEAU-
VISAGE. (Envoyé au concours pour le prix de Statistique, 1867.)
Recherches sur la nosographie et le traitement du choléra épidémique considéré
dans sės formes et ses accidents secondaires (épidémies de 1865 et 1866); par
M. J. BESNIER. Paris, 1867; in-8°. (Envoyé au concours Bréant, 1867.)
Réfutation adressée à la Société centrale d’ Agriculture de la Savoie au sujet
du Rapport de son secrétaire, M. F. Bebert, sur l'ouvrage de M. Ch. Calloud,
intitulé: Etudes sur l'irrigation; par M. Ch. CaLLOUD. Chambéry, 1867;
br. in-8°.
Mémoire sur le reptile découvert par M. Frossard à Muse (Saône-et-Loire);
par M. Albert Gaupry. Sans lieu ni date; br. in-4° avec planches.
Sur les instruments humains et les ossements d'animaux trouvés par MM. Mar-
tin et Reboux dans le terrain quaternaire. de Paris; par M. Alb. Gaudry.
Paris, 1866; br. in-8. (Extrait du Bulletin de la Société Géologique de
France.)
Copies de Mémoires présentés à S. M. 1. Napoléon I, Empereur des Fran-
çais; par M. F. LAURENT. Montmédy, 1858; br. in-8°.
Mémoires concernant les maladies qui frappent depuis vingt-deux ans les
végétaux, les animaux et même les hommes, et moyens de les faire cesser ; par
M. F. LAURENT. Montmédy; sans date; br. in-8°.
Conseils aux sériciculteurs sur l'emploi de la créosote pour l'éducation des vers
à soie; par M. A. Bécaame. Montpellier, 1867; br. in-12.
Analyse des eaux de Vergèze (sources des Bouillents, Dulimbert et Granier);
par M. A. BécHamr. Montpellier, 1867; br. in-8°. |
Guide pratique de l'alimentation au sein ou au biberon; par M. A. CARON.
Paris, 1867; br. in-12. se
Théorie du mouvement des corps célestes. Lois et causes de la chute des corps
graves; par M. C. SALLES. Montaigu (Manche), 1867; opuscule in-4°.
Le flux et le reflux de la mer; par M. C. SALLES. 4 pages in-4°.
De la pression stellaire universelle, astronomie et physique populaires; par
M. C. SaLLes ; opuscule in-8°. | |
Supplément à la pression ‘stellaire ou Nouvelle théorie des marées; par M. C.
SALLES ; opuscule in-8°. dé À :
Essai sur les grandeurs des différents ordres ; par M.Ch. DEBACQ. Paris, 1367;
br. in-8°. RE) |
Aux Mathématiciens de toutes les parties du monde; communication sur la
décomposition des nombres et leurs facteurs simples; par M. F. LANDRY. Paris,
1867; br. in-4°.
( 1106 )
Musée Teyler. Catalogue systématique de la collection paléontologique ; par
M. T.-C. WINKLER. 4° et 5° livraisons. Harlem, 1865-1866. 2 br. grand
in-8°.
Novorum Actorum Academiæ Cæsareæ Leopoldino-Carolinæ Germanicæ
naturæ curiosorum. Tomi vicesimi quarti, seu decadis tertiæ tomi quinti,
pars posterior, cum tabulis XXXV. Dresde, 1867; 1 vol. in-4° avec
planches.
Reliquiæ aquitanicæ ,‘being contributions to the archæology and palæonto-
logy of Perigord and the adjoining provinces of southern France ; by Édouard
LARTET and Henry CRISTY. 3° et 4° parties. Londres, 1866-1 867; ` in-4° avec
planches,
Astronomical... Observations astronomiques et météorologiques faites à l’Ob-
servatoire naval des États-Unis pendant l'année 1864, publiées par ordre du
Ministre de la Marine. Washington, 1866; 1 vol. in-4°.
(La suite du Bulletin au prochain numéro.)
ERRATA.
(Séance du 22 avril 1867.)
S.à
Page 819, ligne 7, au lieu de Q = => 2 mL yzg (z ? —2 i), lisez mL Vze(z ; m
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(Séance du 20 mai 1867.)
Page.: 1012, formule (6 ), au lieu de — 2 lisez — 2 ei
1
Page 1017, ligne 16, au lieu de M. Fagnay, lisez M. Gagnage.
| — TAE
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 5 JUIN 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. ze Présmegnr donne lecture dela Lettre par laquelle M. Pelouze fils
fait part à l’Académie de la perte douloureuse qu’elle vient de faire dans
la personne de M. Pelouze, décédé le 51 mai.
M. le Président rend compte, en peu de mots, de la cérémonie des ob-
sèques, à laquelle ont d’ailleurs assisté la plupart des Membres présents.
M. Fremy a pris la parole au nom de l'Académie des Sciences; M. Dumas,
au nom du Conseil municipal; M. Marcotte, au nom de la Commission des
Monnaies. À
PHYSIQUE. — M. Épm. Becouerer, en présentant à l'Académie le pre-
mier volume d’un ouvrage qu’il vient de publier et qui a pour titre : La
lumière, ses causes et ses effets, s'exprime comme il suit :
« Cet ouvrage n’est pas un Traité d'optique, car on n'y expose aucun
des principes généraux relatifs à la propagation de la lumière ainsi qu'aux
lois de la réflexion, de la réfraction, de la diffraction, de la polarisation, etc.;
il ne comprend que quelques-unes des questions qui font ordinairement
partie des Traités de physique, et il renferme spécialement, comme son titre
l'indique, l'exposé des principaux faits concernant la production de la
lumière ainsi que l'influence que les rayons lumineux exercent sur les
corps.
C. R., 1867, 1°" Semestre. (T. LXIV, No 22.) 146
f d 4 E i
“Æ brz A Poor
( 1108 )
» Cet ouvrage, en outre, est purement expérimental, et le petit nombre
de considérations théoriques qu’on y trouve ont été jugées nécessaires pour
réunir et expliquer les faits. On a admis que le mouvement vibratoire de
la matière est cause des phénomènes lumineux et que la transmission de la
lumière a lieu, à distance, par l'intermédiaire d’un milieu éthéré qui pé-
nêtre tous les corps; on a donc admis l'hypothèse des ondulations, cette
hypothèse facilitant les explications que l’on peut donner et rendant compte
de tous les effets qui ont été observés jusqui’ci.
» Il est divisé en deux parties formant chacune un volume.
» La première partie traite des sources lumineuses et comprend plusieurs
livres : après les préliminaires, où se trouvent exposées quelques considé-
rations générales sur les sources célestes ou météoriques, le premier livre
donne l'historique des travaux qui ont été faits sur la phosphorescence,
principalement depuis le commencement du xv* siècle jusqu’au milieu de
celui-ci, époque à laquelle ces phénomènes ont reçu de grands dévelop-
pements.
» Le deuxième livre est relatif aux effets lumineux qui sont produits par
les actions moléculaires, c’est-à-dire les effets de phosphorescence par
frottement, par clivage et par cristallisation.
» Le troisième livre renferme l’étude des sources lumineuses par éleva-
tion de température, et il comprend non-seulement les effets de phospho-
rescence par l’action de la chaleur, mais encore les phénomènes d'incan-
descence, c’est-à-dire qu’il est relatif à la plupart des sources lumineuses
qui sont actuellement utilisées dans l’industrie; il contient les rapports des
pouvoirs éclairants de ces différentes sources ainsi que les procédés pyro-
métriques capables d'indiquer leur température.
» On expose dans le quatrième livre les principes généraux de l'analyse
de la lumière par réfraction et les résultats des recherches sur les raies
brillantes ou obscures des spectres lumineux; on indique comment ces
raies brillantes permettent de reconnaître la nature des substances volati-
lisées dans les flammes et quelle est l'application de l'analyse spectrale à
l'étude des sources lumineuses d’origine météorique ou céleste.
» Le cinquième livre est consacré aux effets lumineux produits par l’élec-
tricité, ainsi qu'aux météores lumineux que l’on rapporte à l'influence de
cet agent. `
» Dans le sixième livre se trouvent exposés les effets de phosphores-
cence par l’action de la lumière; ce livre est le plus étendu de ce volume
et renferme le résumé des différents Mémoires que j'ai publiés sur ce sujet.
( 1109 )
Il contient l'indication des méthodes de préparation des matières qui ont
été nommées phosphores artificiels, ainsi que les résultats des observations
faites avec le phosphoroscope, lesquelles prouvent qu’un grand nombre de
corps émettent de la lumière en vertu d’une action qui leur est propre, et
cela par une persistance d'effet due à l'influence du rayonnement lu-
mineux.
» Les phénomènes lumineux observés dans le phosphoroscope permettent
d'aborder des questions analogues à celles qui règlent le refroidissement
et les quantités de chaleur émises ou absorbées par les corps; ils peuvent
être invoqués dans l’étude de plusieurs questions de physique moléculaire
et servent à éclairer différents points d'analyse chimique; ils forment donc
en quelque sorte une nouvelle branche de l'optique, et en raison de leur
importance ils ont été exposés avec de grands détails.
» Le septième livre est relatif aux effets de phosphorescence dans les
corps organisés, c'est-à-dire à la phosphorescence des végétaux et des
animaux.
» La deuxième partie de l’ouvrage ou le second volume comprendra les
effets produits par la lumière, c’est-à-dire les actions calorifiques chimiques
ou physiologiques auxquelles cet agent peut donner lieu. Les résultats re-
latifs aux effets chimiques, surtout, recevront de grands développements,
jugés nécessaires pour l'exposé des différentes méthodes photographiques.
On fera connaître également les principales recherches relatives à l'influence
de la lumière sur la végétation.
» On voit que cet ouvrage est conçu sur un plan tout à fait nouveau; il
contient une grande partie de mes recherches sur l'optique depuis bientôt
trente années, et leur réunion permettra de reconnaître qu'elles ont toutes
été dirigées vers un même but, celui d'étudier des questions de physique
moléculaire qui ont trait à la transmission de la lumière aux particules des
corps, c’est-à-dire des questions qui se rapportent à une des parties les
plus importantes et les plus délicates de la physique. »
| PHYSIOLOGIE. — Sur la maladie des vers à soie. Lettre de M. L. Pasreur
à M. Dumas.
«Alais, 30 avril 1867.
» Je vous ai promis, en quittant Paris vers le milieu de janvier, de vous
faire connaître les premiers résultats de mes études de cette année aussitôt
que mes essais précoces seraient terminés, afin de pouvoir donner en temps
utile aux éducateurs, s’il y avait lieu, des conseils définitifs au pas des
146..
( 1110 )
prochains grainages des mois de mai et de juin (1). Je viens m'acquitter de
ce devoir, bien que je ne puisse le faire que très-rapidement. La seconde
série de mes recherches, parallele aux éducations en chambrées, est en
pleine activité, etle temps matériel nécessaire pour vous présenter le tableau
de toutes mes observations me ferait complétement défaut. Heureusement
leurs conclusions générales sont nettes et précises et n’auront pas besoin de
commentaires.
» Vous savez quel est le but de mes efforts depuis que, il y a déjà deux
années, votre bienveillance m'a engagé dans ces difficiles études. Éclairé
par mes premières observations, je me suis bientôt proposé uniquement
de rechercher s’il était possible de prévenir la maladie dont un des signes
est le corpuscule de Cornalia, en faisant usage exclusivement de graines
issues de papillons exempts de ces mêmes corpuscules. Avant moi, tous les
efforts des savants et des éducateurs s'étaient concentrés sur la recherche
de moyens propres à déterminer la qualité présumée de la graine. C'était
bien le même problème que j'essayais de résoudre, pourtant par une voie
différente et qui pouvait devenir beaucoup plus sûre, car il est aisé de com-
prendre la supériorité d’un procédé pouvant donner de bonnes graines en
supprimänt la confection de la mauvaise, relativement à des procédés con-
sistant uniquement dans la distinction de la bonne et de la mauvaise graine,
si tant est qu’ils soient trouvables. Ces derniers procédés supposent néces-
sairement que la graine a été faite, en un mot, qu’elle existe avant toute
sélection. Or, le plus grand danger de la situation actuelle est précisément,
selon moi, dans l'existence de la mauvaise graine que l’on élève toujours
à tout hasard, ou que l’on donne, si on ne la vend à chers deniers, car je
ne crois pas que depuis vingt années que l’on propose les moyens les plus
divers pour séparer la bonne de la mauvaise graine, on ait jeté 1 kilogramme
de celle-ci à la rivière. Au contraire, le procédé de grainage auquel je viens
de faire allusion aurait, en cas de réussite, ce double avantage de supprimer
l’existence de la mauvaise graine et de permettre à l'éducateur de livrer à la
filature les cocons avec lesquels il l'aurait produite.
» C’est l’an dernier seulement que j'ai pu me procurer convenablement
des graines provenant de papillons privés de corpuscules. En 1865, j'avais
bien essayé d’en obtenir, mais l’époque tardive à laquelle j'avais eu l'idée
du procédé dont je parle ne m'avait pas permis de me procurer des élé-
ments satisfaisants pour mes recherches ultérieures.
5 E VA A UT US SR E e à à
(1) Par une erreur de la Poste, cette Lettre, partie d'Alais le 4 mai, n’est parvenue à
M. Dumas que le 22 mai,
E #11 )
» Je vous prierai de remarquer le soin que je mets dans cette Lettre à cir-
conscrire rigoureusement les limites du sujet dans les termes où j'ai dù et
voulu le eonsidérer tout d’abord, Prise du point de vue industriel et éco-
nomique, la question doit être posée autrement que je viens de le faire. Ce
que demande en effet l'éducateur, c'est de réussir dans ses éducations.
La maladie des corpuscules éloignée, il resterait encore à démontrer que les
souffrances de la sériciculture sont tout entières dans le fait de l'existence
de cette maladie,.et que le remède à celle-ci rendrait aux éducateurs leur
ancienne prospérité. Je reviendrai tout à l'heure sur ce dernier point,
» Ces distinctions étant bien établies, je puis vous assurer en tonte
confiance que je crois avoir réussi dans la recherche que je me suis propo-
sée, envisagée comme je l'ai dit en commençant. Je suis conduit par les
preuves les plus multipliées et les plus convaincantes, aux propositions
suivantes : 1° dans aucun cas, des papillons privés de corpuscules ne don-
nent un seul œuf qui en possède; 2° à la seule condition d'opérer dans
une magnanerie propre, lavée et nettoyée ainsi que chacun peut le faire,
sans avoir recours à des moyens autres que ceux qui sont mis en pratique
par des magnaniers soigneux, et pourvu que dans la chambrée on n’élève
que des graines provenant de papillons non corpusculeux, la maladie des
corpuscules ne se déclarera, ni dans les vers, ni dans les chrysalides, ni dans les
papillons; en d’autres termes, le procédé de grainage que j'ai indiqué peut pré-
venir d’une manière absolue la maladie des corpuscules. Nul besoin de remède
s'opposant à la propagation de ces petits corps; le remède est dans le procédé
même. qui fournit la graine. f
» J'ai élevé, dans une magnanerie.très-propre, un, grand nombre de
lots de graines; les vers étaient.complés.à chaque mue,.les mauvais étaient
examinés au microscope; j'ai également observé au microscope les papillons
de tous les cocons obtenus. Les graines provenaient soit de papillons privés
de corpuscules, soit de papillons qui en étaient plus ou moins chargés, Les
éducations ont donné les résultats suivants: 1° pas un seul ver, pas une seule
chrysalide, pas un seul papillon provenant des graines issues de papillons
exempts de corpuscules, ne m'ont offert un seul de ces petits organismes;
2° les vers, les chrysalides, les papillons provenant de graines issues de
Papillons corpusculeux ont présenté, dans une proportion plus ou moins
sensible, des vers, des chrysalides ou des papillons corpusculeux; sur seize
pontes provenant de parents non corpusculeux, quinze ont réussi. La
seizième a péri, mais sans présenter le moindre corpuscule dans les vers.
» Vous remarquerez, d'après ce que je viens de dire, qu’il y avait dans
( 1172)
la magnanerie beaucoup de corpuscules disséminés, mais ils l’étaient dans
tel ou tel des paniers qui servaient aux diverses éducations, c’est-à-dire à
des places déterminées et connues. Il est donc tres-digne d’attention que,
malgré ces causes nombreuses de contagion, je n'aie pas eu à en constater
un seul exemple. Bien qu’il ne faille pas se flatter d’un succès pareil dans les
grandes chambrées, il est sensible par ces résultats que la maladie des
corpuscules apparaît difficilement d’une manière spontanée et qu’il est loi-
sible à chacun de s’en préserver, mais c’est à la condition que l’on suivra
les prescriptions que j'ai indiquées. Car je m’empresse d'ajouter que, s’il
est facile d’éloigner cette maladie d’une manière plus ou moins complète,
il n’est pas moins aisé de la faire naître quand on veut et où l’on veut. L'ex-
périence suivante est des plus significatives. À une portion d'un de ces lots
de vers qui devaient conduire à des papillons privés de corpuscules d’une
facon si radicale, j'ai donné au moment de la montée un seul repas de feuilles
corpusculeuses. À cet effet, jai passé sur les feuilles un pinceau trempé
dans de l’eau où j'avais broyé un ver chargé de corpuscules. Or, il est arrivé
que tous les papillons fournis par cette portion de vers se sont montrés cor-
pusculeux. Le but de la recherche que je me suis proposée dans ces der-
nières années est donc atteint. Faites de la graine avec des papillons non
corpusculeux, élevez celle-ci dans un local bien tenu, et vous ne verrez
pas apparaître dans le cours de l'éducation un seul ver corpusculeux. Bien
plus, tous les papillons seront exempts de corpuscules. Or, en jetant les
yeux sur les tableaux des observations que j'ai consignées dans ma Lettre
à M. Marès, aussi bien que dans ceux que j'ai communiqués à la Commis-
sion impériale de sériciculture, vous apprécierez jusqu'à quel point se
trouve développée la maladie des corpuscules, quand on l’envisage dans les
chrysalides et dans les papillons.
» Un premier résultat considérable est donc obtenu. La maladie des cor-
puscules est aussi facile à prévenir qu’à donner.
» Maintenant se dresse la question au point de vue de l’industrie, dans
les termes où je l'indiquais tout à l'heure. La maladie des corpuscules est-
elle la seule cause des souffrances de la sériciculture depuis vingt années?
Qu'elle entre pour une part dans le fléau et pour une part immense, je
n’en fais pas doute, et les tableaux d'observations auxquels je viens de faire
allusion, il n’y a qu’un instant, en sont une preuve manifeste. Permettez-
moi d’en ajouter une autre non moins saisissante. M. le comte de Rodez,
directeur de la magnanerie expérimentale de Ganges, M. Jeanjean, maire
de Saint-Hippolyte, et M. Durand, chargés des éducations précoces du
ETER
Comice du Vigan, enfin MM. Jouve et Méritan, les habiles directeurs de la
serre de Cavaillon, ont eu l'obligeance de m’envoyer les couvailles de leurs
essais précoces de cette année. M. Gernez et moi, nous n'avons encore
achevé que l'étude de celles de Ganges. Les résultats généraux seront les
mêmes pour les autres. Or, sur cinquante-huit lots de graines, quarante-
deux se sont montrés si fort corpusculeux, que toutes ces graines échoue-
ront probablement en grandes éducations. Vous prévoyez dès lors combien
est grande la quantité des mauvaises graines partout répandues et du
fait seul des corpuscules. Le procédé de grainage que je propose aux édu-
cateurs éloignerait d’un seul coup cette masse de graines défectueuses, en
leur substituant de nouvelles semences qui, élevées en magnaneries bien
tenues, se montreraient exemptes de la maladie des corpuscules. C'est un
grand progrès, et qui est à la portée des éducateurs dans les grainages qui
vont bientôt terminer la campagne séricicole de 1867.
» Malheureusement je suis obligé, par ces mêmes études dont je viens de
vous faire connaître sommairement les résultats, d’ajouter que la maladie
des corpuscules n’est pas la seule qui ait amené les souffrances de la sérici-
culture. Une fois éloignée par le moyen que j'indique, tous les insuccès ne
seront pas écartés; mais permettez-moi de remettre à une communication
ultérieure l’exposé des faits qui m'obligent à vous soumettre, en terminant,
ces réserves. D'ailleurs mes recherches se poursuivent dans cette nouvelle
direction.
» Je serais heureux que cette Lettre vous parût mériter d'ètre rendue
publique, car je me crois autorisé, par les observations qui précèdent et
dont l'exactitude est indiscutable, à former le vœu que les éducateurs con-
fectionnent le plus tôt possible et sur une immense échelle une multitude
de lots de graines, en suivant le procédé dont j'ai parlé, et qui se résume
dans cette double prescription : ne faire grainer que des chambrées très-réussies
et dont la grande majorité des papillons, sinon la totalité, sera exempte de cor-
puscules. Pai prouvé ailleurs qu'il en existait de telles et en bon nombre, par-
ticulièrement dans les localités qui produisent encore des graines saines. »
PHYSIOLOGIE. — Sur la maladie des vers à soie. Lettre de M. L.*Pasreur
à M. Dumas.
« Alais, le 21 mai 1867.
» Dans ma Lettre du 30 avril dernier, je vous ai fait connaitre les résul-
tats de mes essais précoces et de l'examen de tous les papillons qui les
avaient fournis. Joints à ceux de mes observations antérieures, ces résul-
( 1114)
tats donnent la connaissance, presque aussi complète qu’il est possible de le
désirer, de la maladie des corpuscules, puisqu'ils nous montrent qu'il est
aussi facile de la prévenir que de la faire apparaître à volonté.
» J'ai ajouté, contrairement à l’opinion générale, que cette maladie des
Apia n'était pas tout le mal dont souffrait la sériciculture, qu’elle
était associée à une autre affection confondue à tort avec elle, mais qu'il
faut soigneusement en distinguer, parce que dans un grand nombre de cir-
constances ces deux maladies n’ont pas de rapport, au moins direct.
» Cette maladie, nouvelle quant aux idées que l’on se fait de l’état des
chambrées depuis vingt années que sévit le fléau, me paraît être, vous
allez en juger tout à l'heure, la maladie connue anciennement sous le
nom de maladie des morts-blancs ou des morts-flais. J'ai peut-être tort de
me servir d’une expression vulgaire dont la définition donne lieu à bien
des variantes, mais cela importe peu. C’est sur la réalité de l'existence d’une
maladie, très-distincte de celle des corpuscules, que je veux insister dans
cette Lettre. Je supposerai que nous visitions ensemble une chambrée où
règne, comme on dit ici, la maladie, c’est-à-dire une chambrée où l’on ob-
serve une grande mortalité chez les vers, sans que d’ailleurs il y ait matière
à blâmer l'éducateur dans son travail ou la disposition du local.
» Afin de mieux fixer les idées, j’admettrai que les vers aient franchi
leur quatrième mue; car c’est le moment vraiment critique. L'aspect de la
chambrée différera du tout au tout, suivant qu’elle sera sous l'influence de
l’une ou de l’autre des deux maladies dont je parle. Si c’est l'affection cor-
pusculeuse qui détruit la chambrée, les tables seront couvertes de vers
ayant pour ainsi dire toutes les tailles, depuis celle du ver qui vient de
muer, ou qui va muer de la quatrième mue, jusqu’au ver prèt à filer son
cocon, ou qui paraît devoir le filer sans peine; en outre, bon nombre de
vers (également de toutes les tailles) sont étendus morts sur la litière, dans
un état de putréfaction plus ou moins avancée. On peut classer ces vers
en trois catégories distinctes :
» 1° Au moment où les vers ont fait en grand nombre leur ms
mue, beaucoup d’entre eux n’ont pu s'endormir; il est facile 5 les recon-
naitre, soit à leur teinte verdâtre, soit à leur museau, soit à cet aspect
un peu luisant des vers qui vont bientôt se mettre en mue. Observés à la
loupe, et même à l'œil nu, ils sont fréquemment couverts de taches plus
ou moins accusées. ,
» 2° Parmi les vers qui ont pu faire ler quatrième mue, un trés-grand
nombre ne mangent pas, ou à peine, et conservent plus ou moins, pour ce
(ons )
motif, la teinte rouillée que possèdent les vers bons ou mauvais, au sortir
de la quatrième mue,
» 3° Un certain nombre de vers se nourrissent convenablement, de-
viennent chaque jour de plus en plus gros, blanchissent.... Ce sont les
moins mauvais parmi les vers de la chambrée, ceux qui ont au moindre
degré subi l'influence du mauvais état ‘des papillons producteurs de la
graine, ou les moins atteints par la contagion au voisinage des vers morts
ou mourants.
» Dans ces trois catégories de vers, dans la troisième comme dans les deux
premières, mais principalement dans ces deux-ci, bon nombre périssent
chaque jour. De là ces vers de toutes les tailles que l’on remarque chez
les vers morts.
» Observons maintenant au microscope les vers de ces diverses catégo-
ries. Ceux de la première qui n’ont pas mué sont chargés de corpuscules,
qu'ils soient morts ou vivants. Prenez-les au hasard, broyez-les séparément
avec quelques gouttes d’eau, et la plupart d’entre eux vous offriront à
l'examen microscopique des centaines et des milliers de corpuscules par
champ. Tous leurs tissus en sont comme imprégnés; quelquefois le sang
qui sort par une blessure faite à la peau est laiteux au lieu d’être limpide,
tant il est chargé de corpuscules. Ici le grand nombre des taches est une
conséquence de l'intensité de la maladie des corpuscules.
» L'examen microscopique des vers rouillés de la seconde catégorie
présente des résultats de même ordre : beaucoup d’entre eux sont chargés
de corpuscules,
» Au contraire, parmi les vers de la troisième catégorie qui mangent,
grossissent et ont la teinte normale de leur âge, c’est tout à fait excep-
tionnellement qu'il se trouve un seul sujet corpusculeux. Mais tous sont
empoisonnés; car si vous attendez qu'ils aient fait leurs cocons, et que
vous les observiez à l’état de chrysalides ou de papillons, pas un seul de
ceux-ci ne sera exempt de corpuscules. Bien plus, à cause de la gravité que
je suppose en ce moment à la maladie, déjà les chrysalides jeunes se mon-
treront corpusculeuses. La graine issue des papillons d’une telle chambrée
serait détestable; personne ne songerait às’en servir, et néanmoins les prin-
cipes que j'ai établis sont si rigoureux, qu'il serait facile d'utiliser cette
graine, si cela était nécessaire, pour régénérer la race et la rendre aussi
saine qu’au temps de la prospérité des éducations. Deux éducations succes-
sives, avec le mode de sélection des papillons que j'ai indiqué, conduiraient
sûrement à ce résultat.
C. R., 1867, 1er Semestre, (T. LXIV, N° 90.) 147
( 1116)
» Ce sont là les caractères de la maladie des corpuscules considérée
après la quatrième mue, dans une chambrée où elle provoque une grande
mortalité, telle, par exemple, que 1 once de graine fournisse 1, 2, 3 kilo-
grammes de cocons.... Vous auriez les mêmes symp tê
s, mais seulement
avec une intensité moindre, si la mortalité,toujours par le fait de la maladie
des corpuscules, permettait d'obtenir le tiers, la moitié ou les trois quarts
d’une récolte normale. Je veux dire que l'on observerait toujours les mêmes
catégories de vers, et qu'ils seraient corpusculeux en plus ou moins grand
nombre. Il y aurait également absence de corpuscules chez les vers capa-
bles de monter à Ja bruyère; mais les papillons seraient encore tous corpus-
culeux,ou presque tous; il y aurait seulement des différences dans l’époque
à laquelle les corpuscules auraient apparu dans la chrysalide.
» Je n’aurais pas le loisir de vous parler plus longuement de la maladie
des corpuscules en l’envisageant à d’autres périodes de l'éducation, ni
d'insister à nouveau sur ce qu’il y a d’aléatoire dans l'examen microsco-
pique des graines; j’ajouterai seulement, pour compléter ce qui précède,
que si nous avions observé notre chambrée malade depuis le moment de
l’éclosion de la graine, nous aurions reconnu à toutes les époques lexis-
tence de vers retardataires, plus ou moins corpusculeux. Enfin toutes les
chambrées provenant de la même graine que celle qui a fourni notre mau-
vaise chambrée auraient également échoué.
» J'arrive maintenant aux symptômes extérieurs de la nouvelle ma-
ladie : c’est le principal objet de cette Lettre. Si c’est à elle qu'ilfaut attri-
buer la destruction de la chambrée, l'aspect général de celle-ci, au moment
où nous y pénétrerons, sera tout autre que celui dont je viens de parler, et
les différences n’auront pas été moins accusées dans les phases antérieures
des deux éducations.
» 1° Il arrivera le plus ordinairement que la mortalité n'aura pas été
de plus de 2 à 3 pour 100 dans l’ensemble des diverses mues, ce qui est
insignifiant. | 7 i
» 2° En examinant au microscope les vers petits qui ne muent pas en
même temps que les autres, les rares vers morts trouvés dans les litieres, pas
un seul d’entre eux n’offrira des corpuscules. :
» 3 Toutes les mues, notamment la quatrième, se seront opérées avec
un ensemble parfait, si peu que l’éducateur connaisse-son métier.
» 4° Les papillons producteurs de la graine d’où la chambrée est issue
auront été tous,ou au moins la très-grande majorité d'entre eux, privés de
corpuscules. i
(4119 )
» Malgré ces circonstances, et en dépit des espérances qu'elles faisaient
concevoir à l'éducateur, la litière (la bruyère également, si l'éducation en
est là) est couverte de vers ayant tous la grosseur qui convient à leur âge;
mais, chose étrange, ces vers sont morts ou mourants. Ils sont si languis-
sants, que leurs mouvements sont à peine sensibles, et pourtant leur aspect
extérieur est si satisfaisant, qu’il faut toucher les morts et les manier pour
s'assurer qu'ils ne sont plus vivants. Si déjà quelques-uns sont montés sur
la bruyère, ils s’allongent sur les brindilles et y restent sans mouvement
jusqu’à leur mort, ou bien ils tombent pendus et retenus seulement par
quelques-unes de leurs fausses pattes. Dans ces positions, ils deviennent
mous en un temps plus ou moins long, qui est quelquefois très-court, puis
ils pourrissent en prenant une couleur noire dans l'intervalle de vingt-quatre
ou quarante-huit heures. Leur corps n’est plus alors qu'une sanie brun:
noirâtre, remplie de vibrions dont les premiers ont apparu dans les matières,
dont le canal intestinal au moment de la mort était gonflé et comme obstrué
à quelque distance de son extrémité postérieure. Que l'on observe par cen-
taines des vers morts dans ces conditions, pas un seul ne sera corpusculeux.
Il y a plus : les papillons des cocons formés en plus ou moins grand
nombre ne montreront pas davantage le moindre corpuscule, dernière et
convaincante preuve que la mortalité de la chambrée n’a eu aucun rapport
direct avec la maladie des corpuscules.
» Si maintenant nous consultons les nombreux auteurs qui ont écrit sur
les maladies du ver à soie, vous reconnaitrez, je pense, qu’il faut appliquer
à la maladiedont je viens de parler l'expression de maladie des morts flats,
Il vous suffira de lire à cet égard le petit ouvrage de Nysten, et surtout une
note du traducteur de l'ouvrage de Dandolo ainsi conçue : « Dans la ma-
» ladie des morts-blancs ou morts-flais, le ver conserve étant mort son air
» -de fraîcheur et de santé. Il faut le toucher pour reconnaitre qu'il est
» mort. »
» D'après ce qui précède, la maladie des morts- flats peut exister sans être
associée à un degré quelconque, dans une même chambrée, avec la maladie
des corpuscules. Mais l'inverse n'a peut-être jamais lieu. Toutes les fois
que la maladie des corpuscules existe, elle s'accompagne, chez un plus ou
moins grand nombre de vers, de la maladie des morts-flats. Dans ce cas,
cette dernière maladie paraît donc liée, d’une façon plus ou moins étroite,
avec la maladie des corpuscules. Aussi, bien que dans nombre de circon-
stances la maladie des morts-flats soit sans relation directe, absolument par-
lant, avec la maladie des corpuscules, il se pourrait que des observations
1
"a.
„>
(1118)
ultérieures vinssent établir que la fréquence de la maladie des morts-flats
est due à un affaiblissement des races produit par la maladie des corpus-
cules ; et ce qui tendrait à le faire croire, c’est que les races indigènes m'ont
présenté bien plus fréquemment que les races japonaises des exemples de
la maladie dont je parle. Quant aux causes plus prochaines de cette ma-
ladie et aux moyens de la prévenir, comme son existence indépendante de
la maladie des corpuscules ne s’est manifestée à moi que dans mes études
récentes, et alors que j'étais tout occupé de mes expériences sur la maladie
corpusculeuse, vous comprendrez facilement que leur connaissance appro-
fondie m’échappe encore. Pourtant, je crois que la maladie des morts:flats
peut être, soit héréditaire, soit produite par des circonstances survenues
accidentellement dans l'éducation. Elle serait héréditaire lorsqu'on aurait
le tort de faire de la graine avec des chambrées dont les vers offrent, après
la quatrième mue, une mortalité plus ou moins grande de morts-flats, et
en général toutes les fois que les vers sont mous au toncher, languissants
dans leurs mouvements, et sans agilité sur la bruyère. Les éducations
d’une telle graine peuvent présenter à peu près généralement la maladie
des parents, si les vers ne se sont pas guéris d'eux-mêmes, en quelque
façon, par les bons soins et les bonnes conditions des éducations. Je suis
porté à croire également qu’il existe des circonstances à l'époque de l'in-
cubation et de l’éclosion, mais dont je ne me rends pas encore bien compte,
pouvant contribuer à l'apparition subséquente de la maladie des morts-flats.
» Cette maladie serait accidentelle, principalement dans les cas où, soit
par suite de la disposition des locaux, soit par l'effet des conditions atmo-
sphériques, telles que l’abaissement de pression et l’état hygrométrique au
moment d’un orage, la transpiration si nécessaire au ver à soie se trouve
arrêtée pendant un temps plus ou moins long, surtout an moment où son
appétit augmente considérablement, entre la quatrième mue et la montée à
la bruyère. Alors le ver à soie doit assimiler une quantité énorme de
nourriture très-aqueuse, et comme il n’urine pas, il faut de toute nécessité
que le grand excès d’eau de ses aliments s’évapore par transpiration Cu-
tanée. Cela exige un renouvellement continuel de lair dans lequel il se
trouve. Je viens de visiter un grand nombre de magnaneries de Perpignan
et de ses environs : beaucoup d’entre elles sont des chambres ordinaires,
n'ayant qu’une seule croisée, et sans cheminée; si elles sont placées sous
les toits, le toit est maçonné. Il y a donc impossibilité à un mouvement de
lair; heureusement on n’y fait jamais de feu, et l’on ouvre assez souvent
la fenêtre; mais que le vent humide et chaud, dit marin, vienne à souffler
( 1119 )
au moment de la montée, rien ne peut plus obvier à l'inconvénient si grave
que je viens de signaler, de l'absence de transpiration des vers. Les condi-
tions atmosphériques dont je parle ont existé précisément, pendant quel-
ques jours, après la quatrième mue des vers dans le département des
Pyrénées-Orientales. Aussi ai-je vu de graves insuccès dus à cette cause,
portant sur des graines d’excellente qualité, et certainement privées d’une
façon à peu près complète de la maladie des corpuscules. C’est alors que
lon remarque ces faits, si étranges au premier abord, de chambrées admi-
rables plus ou moins voisines ou plus ou moins éloignées de chambrées
dont l'échec est absolu, alors même que ces deux espèces de chambrées
proviennent d'une même graine, sortie du même sac.
» Vous trouverez une expérience trés-instructive à cesujet dans l'ouvrage
de Nysten, qui fut chargé, comme vous le savez, en 1807, par le gouverne-
ment, d'aller étudier dans le département de la Drôme une épidémie locale
de morts-flats. Il rapporte qu’ayant placé 15 000 vers dans un cabinet sans
autre ouverture que celle dela porte, laquelle n’était ouverte que lorsqu'on
entrait pour donner à manger aux vers et pour les déliter, il a obtenu en-
viron 3600 morts-flats, tandis que 10000 des mêmes vers dans des condi-
tions à peu près normales n’ont fourni que 200 ou 300 vers morts de cette
maladie. J'espère pouvoir éclaircir tous ces faits par de nouvelles expé-
riences que je vous ferai connaître ultérieurement,
» En résumé, et au point où je me trouve dans l'étude de la nouvelle
maladie, je ne vois présentement d’autres moyens de faire de la bonne
graine, et d’une bonté durable, qu’en s'adressant à des chambrées très-bien
réussies (c'est d’ailleurs la prescription de tous les temps et de tous les
Pays, mais peu observée souvent par les marchands de graines), dont les
vers ont été agiles à la montée et dont la grande majorité des papillons est
exempte de corpuscules. La maladie des corpuscules, maladie terrible,
excessivement répandue, disparaîtra sûrement, et celle des morts-flats ne
pourra se déclarer qu’accidentellement, point du tout d’une maniere néces-
saire, je l'espère du moins, parce que la maladie n'aura pas été communi-
quée par hérédité congéniale. Pour éviter même ces cas accidentels de
maladie des morts-flats, le remède préventif le meilleur consistera dans
l'emploi de magnaneries où le mouvement de l'air est facile et naturel.
Si les conditions atmosphériques font néanmoins craindre l'approche du
mal, il faudra s'empresser de provoquer ce mouvement de lair, en
d'autres termes, la transpiration des vers, par des moyens artificiels, tels
que des feux clairs souvent renouvelés, une chaleur convenable et louver-
( 1120 )
ture des trappes, s’il en existe dans le plancher de la magnanerie. Ces der-
nières prescriptions peuvent se résumer par cette phrase dont j'emprunte
l'expression pittoresque à votre Rapport sur le procédé André Jean : « Un
> air constamment renouvelé, comme si les vers étaient placés dans une
» gaine de cheminée. »
» Beaucoup de personnes, qui se rendent un compte inexact des principes
physiques dont l'application est la plus profitable aux chambrées, blâment la
disposition des magnaneries dans le département du Gard. Je ne vois rien de
mieux entendu, au contraire, que ces éducations sous un toit dont les tuiles
ne sont pas réunies par du mortier et simplement imbriquées ies unes sur les
autres, surtout lorsqu'il existe des trappes au plancher, ou des ouvertures
latérales grillagées situées très-bas, si la magnanerie est au rez-de-chaussée,
et qu'enfin la magnanerie est très-élevée comparativement à sa largeur. Ces
magnaneries sont, au point de vue physique, de véritables cheminées : le
soleil ne peut pas frapper les tuiles sans qu’un mouvement de l'air de bas en
haut s’établisse aussitôt, surtout si l’on a lesoin de garnir le joint des fenêtres
de bandes de papier; c’est encore là une de ces pratiques de métier que
bien des personnes ont le tort de blämer, à mon sens. De même qu'une che-
minée tire moins bien quand on fait un trou dans sa hauteur, de méme les
ouvertures aux fenêtres peuvent ralentir le tirage d’une magnanerie. Mais
il y a des circonstances atmosphériques où tout à coup, par un abaissement
considérable de la pression de l'air, la magnanerie-cheminée dont je parle
ne tire plus, et où le mouvement de lair tend à se faire en sens inverse du
mouvement naturel qui lui est ordinaire, tout comme on voit Ja flamme
d’un poële sortir en langue de feu par l'ouverture de la porte du foyer, au
moment d'un brusque changement dans la pression atmosphérique. Alors se
trouve arrêté subitement tont mouvement d’air dans la magnanerie; c'est-
à-dire toute transpiration chez le ver, et en quelques heures apparaît la ma-
ladie caractérisée des morts-flats.
» Ce sont des effets de ce genre qu’il faut éviter autant que possible, prin-
cipalement dans les cas où les vers ont par hérédité ou par affaiblissement
progressif certaine prédisposition à cette maladie des morls-flats sur laquelle
j'appelle toute l'attention des éducateurs.
» L'immense désastre de la sériciculture depuis vingt années est tout en-
tier dans cette maladie et dans celle des corpuscules, bien plus répandue
que celle des morts-flais et plus irrémédiable une fois qu’elle est déclarée,
mais tres-facile à prévenir en suivant les indications que j'ai données. »
( star.)
ASTRONOMIE. — Sur les taches solaires; par le P. A. Seccar.
« J'ai l'honneur d'offrir à l’Académie un exemplaire d'un Mémoire
imprimé dans les Ætti dell Accademia de’ Nuovi Lincei, qui résume la série
des taches solaires pendant le premier semestre de l’année 1866. Tous les
calculs relatifs à ces taches ont été effectués d’après le système de M. Car-
rington. J'aurais désiré soumettre aussi à l’Académie le deuxième semestre
de la même année, mais les calculs ne sont pas encore achevés.
» Je remarquerai que le nombre des taches, dans ce dernier intervalle, a
été très-petit, et que, depuis le 29 octobre 1866 jusqu'au mois de mars
1867, on n’en a vu aucune; tout au plus en a-t-on aperçu quelque pore de
très-courte durée. Le minimum correspond donc à cette période.
»: En analysant de‘près les chiffres relatifs aux longitudes des taches, on
observe un phénomène qui présente une connexion avec un résultat très-
intéressant, dont M. Faye a entretenu l’Académie. Ce phénomène consiste
en ce que, toutes les fois qu'il ya un changement notable dans la forme
de la tache, elle manifeste en même temps un saut en avant. Ce fait ne peut
être attribué au hasard, car il se répète constamment; ni aux erreurs d'ob-
servation, car le déplacement persiste plusieurs jours après, et on le trouve
vérifié aussi par des mesures de M. Spœrer. Il est remarquable que, en
général, les taches ont des mouvements très-irréguliers, mais dirigés en
avant, dans les premiers jours de leur apparition. Elles deviennent plus
régulières lorsqu'elles sont arrivées à prendre la forme d’entonnoir circu-
laire. Lorsqu'’elles s'élargissent de nouveau peu de temps avant de dispa-
raître, elles font toujours un saut en avant.
» Il paraît donc que le fait signalé par M. Faye, au sujet des divisions
des taches, n’est qu’un cas particulier d’un phénomène plus général, et
que la division de la tache devrait être considérée comme la conséquence
d’une nouvelle explosion, excentrique à l’ancienne, et se portant par cela
même en avant, en laissant en arrière l’ancien orifice.
» Ces phénomènes se relient nécessairement à la constitution des cou-
ches intérieures du globe solaire. A l'égard de celles-ci, nous ne connais-
sons réellement rien, car nous ne pouvons étudier que les mouvements de
Sa photosphère ou de la couche la plus lumineuse. On n’est donc pas en
contradiction avec les faits connus, en adoptant cette hypothèse que les
couches intérieures du globe solaire peuvent bien avoir une rotation indé-
( 1222 )
pendante l’une de l’autre avec des vitesses différentes, comme cela à été
admis dans une masse nébuleuse qui se concentre, et par conséquent que
les couches intérieures peuvent avoir une vitesse plus grande, selon la loi
des aires. En admettant cette hypothèse, qui n’a rien d’inadmissible (car
personne n'admet aujourd’hui sérieusement que le noyau solaire soit à
l'état solide), on expliquerait trés-bien les phénomènes que nous venons
d'exposer. En effet, une éruption émanant de l’intérieur apporterait à la
surface des matières animées d’une vitesse plus grande que celle de la
couche superficielle, et cette vitesse entrainerait l’orifice de l’éruption jus-
qu’à ce que, par le frottement contre le milieu environnant, la vitesse
fût devenue égale à celle du milieu lui-même. Cette hypothèse explique
encore nettement le fait signalé par Carrington, que la rotation solaire
est plus grande à l'équateur que sur les parallèles éloignés. En effet, la
différence des carrés des rayons intérieur et extérieur étant plus grande à
l'équateur qu'aux autres latitudes plus éloignées, les taches provenant
des émissions intérieures près de l'équateur auront un mouvement relatif
plus rapide en avant que celles qui sont plus près des pôles. Ainsi l’hypo-
thèse qui suppose l’intérieur du Soleil formé de couches indépendantes,
ayant des vitesses de rotation croissantes avec la profondeur, expliquerait
les phénomènes qui jusqu'ici ont été les plus difficiles à comprendre, en
même temps qu’elle se relierait à la théorie de la formation de notre
système.
» Il reste pourtant à asseoir solidement la base de cette hypothèse, que
les taches sont effectivement produites par-des éruptions intérieures. Divers
astronomes, en France et ailleurs, ont déjà adopté cette hypothèse; s'il
restait encore quelque doute, il suffirait de jeter un coup d'œil sur les
figures que j'ai l'honneur de présenter à l’Académie pour se convaincre que
l'hypothèse contraire, qui les regarde comme des nuages, est impossible
à soutenir. Cette dernière opinion pouvait être émise lorsque, à cause
de l’imperfection des moyens d'observation, on ne connaissait pas la
structure des pénombres, et on les supposait uniformes. Mais leur structure
toujours rayonnée, à filets plus ou moins longs, plus ou moins granuleux,
ne saurait s'expliquer autrement que par le flux en courants d’une matière
qui se précipite dans un gouffre de tous les côtés. Les bourrelets relevés
qui circonscrivent les taches en forme de facules appuient cette con
clusion.
» On peut objecter que, dans l'hypothèse que nous soutenons, les
EIAS )
ouvertures seraient bientôt comblées et les taches n'auraient point les
durées que l’observation constate quelquefois. La réponse est cependant
facile. 1° Il existe dans l’intérieur des taches une force dissolvante de la
matière photosphérique affluente, qui la fait passer de l’état visible à l’état
de léger nuage rougeâtre et enfin à l’état invisible, comme je lai constaté
plusieurs fois, aussi bien que M. Lockyer. 2° Les observations montrent
que, lorsqu'une tache dure tres-longtemps, elle se renouvelle réellement
plusieurs fois. En effet, après avoir calculé soigneusement les dimensions
des taches, j'ai trouvé des fluctuations très-considérables dans leurs dimen-
sions, de sorte que plusieurs fois, pendant qu’elles paraissaient devoir se
fermer, elles devenaient plus larges tout à coup, en se déplaçant un peu
chaque fois. Ainsi la tache qui a duré dernièrement du 23 août 1866 au
29 octobre s’est évidemment renouvelée le 1° septembre, le 21 septembre,
le 18 octobre, sans compter les renouvellements qui ont été invisibles
pour nous et qui ont produit un avancement remarquable dans la marche
entre la première et la deuxième rotation, comme cela apparaît dans le
tracé de sa course, calculé par moi et par M. Spærer. Du reste, les figures
que je présente résument tous les caractères les plus saillants des diffé-
rentes catégories de taches; toute théorie proposée à l'avenir devra expli-
quer cette structure rayonnée si singulière et constante. »
ASTRONOMIE. — Sur le cratère Linné de la Lune; par le P. A. Seccur,
« L'intérêt qui paraît s’attacher aux phénomènes dont le cratère lunaire
Linné est maintenant le siége m'engage à ne pas passer sous silence une
communication que je reçois de Rome. Le savant professeur Respighi, di-
recteur de l'Observatoire du Capitole, et mon assistant le P. Ferrari, ont
examiné le cratère avec des pouvoirs très-différents, et ils auraient reconnu
que, avec un pouvoir de 5oo fois, qui diminue beaucoup l'irradiation, on
réussit à voir son aspect infundibuliforme, de sorte que la cavité infé-
rieure n'aurait pas disparu; seulement le cratère serait tres-plat. Cela
confirme l'observation que j'ai faite moi-même dans le mois de février. Il
est donc très-intéressant de s'assurer si la disparition est seulement l'effet
de l’irradiation et du peu de force de l'instrument employé, ou si elle est
réelle, Un résultat négatif pourrait simplement prouver qu'un changement
est arrivé dans ce cratère, qui autrefois était plus facile à voir qu'à pré-
sent, mais ne prouverait pas une disparition complète. »
148
C. R. 1867, 1°" Semestre. (T. LXIV, N° 22.) }
( 1124 )
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d’un
Membre dans la Section de Médecine et de Chirurgie, en remplacement de
feu M. Jobert de Lamballe.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 58 :
M. Laugier obtient. . * . . . . . . . 20 suffrages.
MI Güm sit ai en A a »
M. Sédifigt ca auna postes dun: 18 »
M. Nélaton "se Aare i Ta »
Aucun des candidats n’ayant réuni la majorité absolue, il est procédé à
un second tour de serntin. Le nombre des votants étant encore 58 :
M; Laugier obtient." cri: Si <q suffrages.
M nm loncteliura ei d'UDoEt »
Meah ONEI EE O HRD k > erasa TO »
M. SO aa aa La Ne 9 »
Aucun des candidats n’ayant encore réuni la majorité absolue, il est
procédé à un troisième tour de scrutin, qui doit être un scrutin de ballot-
tage entre MM. Laugier et Nélaton. Le nombre des votants étant tou-
jours 58 :
. Nélaton obtient. . . ; . . . . . . 32 suffrages.
net eee Mers Se. 20 »
M. Nézaron, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé
élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation de l'Empereur.
MÉMOIRES LUS.
HYDRAULIQUE. — Études sur le tracé d-s roues hydrauliques à aubes courbes
de M. le Général Poncelet; par M. Dimrox. (Extrait.)
(Commissaires : MM. Poncelet, Piobert, Morin.)
« Les principes les plus féconds ne produisent pas immédiatement, dans
l'application, tout ce qu’ils donnent après les modifications qu’indiquent
l'expérience et l'observation : telles sont les roues hydrauliques à- -aubes
courbes du savant Général Poncelet.
» L'idée ingénieuse de remplacer les roues à palettes planes, que l'eau
frappe en dessous avec perte de force vive, par une roue à aubes courbes,
( 1125)
où l’eau peut entrer sans choc et sortir sans vitesse, ne peut être compléte-
ment réalisée dans la pratique, vu l’épaisseur à donner à la lame d’eau,
l'inclinaison à donner à l'aube sur la circonférence pour que l'eau se
dégage assez rapidement, et vu la hauteur des chutes d’eau à utiliser avec
des roues de diamètres limités. Cependant, dans l'application, on a immé-
diatement réalisé un rendement deux fois et demie plus grand que les roues
à palettes planes.
» Me trouvant en 1847 chargé, à la Direction des Poudres, du tracé de
plusieurs roues hydrauliques en projet, je priai M. le Général Poncelet de
m’honorer de ses conseils et de m'indiquer les perfectionnements qu'il
avait apportés au tracé de ses roues. Il y avait notamment à déterminer le
point de la circonférence où le filet moyen de la lame d'eau devait entrer
sur l’aube, Cette détermination est extrêmement importante, puisque de ce
point dépend la vitesse de l’eau affluente, sa vitesse à la sortie, la hauteur du
point de sortie, et par conséquent les pertes de force vive qu’il faut dimi-
nuer autant que possible.
» J'ai pensé que, pour cette détermination, il fallait tracer la trajectoire
que suit une molécule d’eau sur l'aube durant le mouvement de rotation
de la roue. C’est l’objet principal de ces études que M. le Général Poncelet
a bien voulu m’engager à suivre. Elles m'ont beaucoup aidé dans l'exécu-
tion de projets de roues hydrauliques et m'ont immédiatement conduit à
de très-bons résultats. J'ai complété le tracé, j'en ai fait de nouvelles appli-
cations, et, comme elles pourront servir dans beaucoup de cas, je crois
devoir les présenter à l’Académie. |
» La détermination de la trajectoire est très-compliquée : on n'y par-
vient pas par l'analyse. Notre tracé y conduit avec toute la précision dési-
rable et sans trop de difficultés; ii fournit des règles qui, dans l'application,
dispenseront de recherches nouvelles.
» Considérons une aube courbe d'une roue animée d’une vitesse uni-
forme de rotation w autour de sou centre O, et, sur cette aube, au point 7,
une molécule m animée d’une vitesse relative égale à v. Cette molécule est
soumise à la force constante de la pesanteur g et à la force centrifuge
variable en grandeur et en direction avec la position du point n. M. le Gé-
néral Poncelet a démontré que la résultante de ces deux forces passe con-
Stainment par un point I, situé sur la verticale du point O et au-dessus, à
une distance constante égale à £, la résultante R étant d’ailleurs variable
(A)
avec la position du point n. 8
140.
( 1126)
» En s'élevant vers le point I, la molécule m perdra de sa vitesse; quand
elle n'aura plus qu’une vitesse v’, très-peu différente de v, elle se sera rap-
Mad otie—
2
prochée de I d’une quantité 4 égale à si donc sur ni on
porte ne = k, et que, du point I comme centre, avec un rayon Ie, on
décrive un arc de cercle jusqu’à sa rencontre avec l’arc de l'aube en f, le
dernier point sera la position de la molécule sur l’aube. Mais, durant cette
ascension, l'aube s’est avancée vers l'aval en vertu de la vitesse de rota-
tion o de l’aube. Or, si l’on calcule ou si l’on mesure la longueur nf de
l'arc de l’aube, et que l’on considère qu’elle peut être regardée comme
: F
Fr.
parcourue avec une vitesse moyenne » on aura la durée du parcours,
et par conséquent la position nouvelle de l'aube; et si alors, du point O
comme centre, avec un rayon Of, on décrit un arc de cercle vers l'aval, sa
rencontre f, avec la nouvelle position de l'aube donnera la position absolue
de la molécule, et un second point de la trajectoire; ainsi de suite pour
autant de points qu’on voudra. Il faut ici que v et g’ soient assez peu diffé-
rents pour que, à la vitesse variable du parcours xf, qui sert à calculer la
f X
, . $ . : PETS
durée, on puisse substituer sans erreur sensible la vitesse moyenne —-—"
Pour cela, dans les cas ordinaires, le nombre des points d’une trajectoire
n'a pas besoin de surpasser treize ou quatorze.
» On obtient ainsi l#&sommeïde la trajectoire, où la vitesse relative de la
molécule sur l'aube est nulle et où cette molécule a pour vitesse celle de la
roue en ce point. Au delà, on détermine de la même manière la partie
descendante de la trajectoire; son intersection avec la circonférence exté-
rieure de la roue donne sa vitesse suivant l'aube à sa sortie; en composant
celle-ci avec la vitesse de la roue, on a la vitesse absolue de la molécule
d'eau, laquelle vitesse, et la hauteur de chute à laquelle elle correspond,
sont entièrement perdues pour l'effet sur la roue. On a également l'éléva-
tion du point de sortie au-dessus du niveau d’amont, qui est aussi une
partie de la chute totale perdue pour l'effet de l’eau.
» Le point d'admission M du filet moyen est le premier point de la tra-
jectoire; la tangente en ce point est la direction du filet qui entre sans
choc sur l'aube. C’est, comme l’a indiqué M. le Général Poncelet, la dia-
gonale d’un parallélogramme égale à la vitesse de l'eau en ce point, et dont
un còté a pour direction la tangente à la circonférence en M et la grandeur
égale à la vitesse de celle-ci, l’autre côté étant la tangente à l’aube. La lon-
gueur de ce dernier côté est la vitesse relative de l’eau sur l'aube; c’est la
vitesse initiale de la molécule d’eau.
(1127)
» La vitesse de l'eau au point M résulterait simplement de la distance
au niveau d'amont, sans la perte due au parcours sur le coursier, que l’on
estime, au maximum, au dixième du chemin parcouru depuis le milieu de
l’orifice de la vanne.
» Les trois parties de la hauteur de chute perdues que nous avons déter-
minées étant retranchées de la chute totale, le restant est la seule hauteur
complétement utilisée; son rapport à la chute totale donne le rendement
théorique de l’eau. Dans ces pertes ne sont comprises, comme on le voit,
ni la perte d’eau entre la roue et son coursier, ni les résistances passives
de la roue.
» Nous avons fait une application de ces principes au projet d'une roue
hydraulique destinée à une usine à meules pesantes pour la poudrerie d'Es-
querdes; elle avait 3",50 de diamètre et devait utiliser une chute d'eau
de 1",80, au-dessus du bas de la roue, au niveau d'aval, l'aube étant
inclinée de 26 degrés sur la circonférence et ayant un rayon de 0®,50 à
l’origine, la roue faisant 15 tours par minute.
» En prenant pour le point M quatre hauteurs équidifférentes, la pre-
mière à o",080, les suivantes 0",195, 0",310, 0",425 au-dessus du bas de
la roue, j'ai trouvé que les hauteurs du point de sortie étaient respecti-
vement 0,376, o™, 188, 0,1 10, 0",062, et les rendements théoriques 0,66,
0,77, 0,84, 0,87.
» On voit immédiatement l'avantage qui résulte de l'élévation du
point M, surtout en partant du bas de la roue. Lorsque le point est déjà
élevé, l'avantage n’est plus considérable; au contraire, du côté damont,
la direction du filet moyen et celle du coursier en développante de cercle
se relèvent beaucoup; il en résulte une difficulté dans le raccord avec le
fond du canal d’amenée et une diminution considérable dans le débit pour
une largeur de vanne donnée, ce qui forcerait à recourir à des roues tres-
larges : aussi s’est-on borné à la hauteur de 0",310, qui donne une élévation
du point de sortie de o",11 et un rendement de 0,84.
» Cette hauteur est ici le sixième de la hauteur totale de chute et le rayon
de l’aube le tiers de la hauteur de chute au-dessus du point M. ;
» Ces résultats indiquent aussi qu'on aurait un avantage marqué à
abaisser le bas de la roue au-dessous du niveau d’aval, et que, si cet abais-
sement était seulement de o™,1 1, qui est l'élévation du point de sortie, ce
serait une partie de chute qui ne serait plus perdue, et que l’on arriverait
ainsi à un rendement de 0,87.
» Nous avons également recherché l'inconvénient d'un rayon d'aube a
( 1128)
trop grand. Ainsi, en supposant un rayon de o™,84 au lieu de 0", 50 pour
une élévation du point d'entrée égale à 0",08, il en résulte que la durée
du trajet sur la roue est 0°,68 au lieu de o°,61, que la vitesse de sortie
est 1,88 au lieu de 1™f,74, que la hauteur du point de sortie est 0",51
au lieu de o",38, et qu'enfin le rendement théorique est 0,57 au lieu de 0,66.
La diminution du rayon de 0",84 à o™,5o donne donc une augmentation
de rendement d’un sixième en sus.
» Le rayon le plus court procure encore un avantage pour la mise en
train d’une usine, alors qu’il faut un grand effort initial. On trouve, en
effet, que la pression de l’eau sur l’aube avec les rayons 0",50 et 0",84 est
dans un rapport plus grand que celui de 5 à 3, c’est-à-dire qu'avec un
rayon d’aube de 0",50 on obtient une pression initiale de près du double
de celle que donne un rayon de 0,84.
» Ces divers résultats théoriques sont d’ailleurs confirmés par l'expé-
rience, et les roues à aubes courbes, étudiées comme nous l’indiquons, ont
toujours parfaitement fonctionné, tant sous le rapport du rendement que
sous celui de la mise en train. |
» Ces mêmes recherches nous ont également permis de déterminer la
largeur de la couronne et la longueur des aubes pour que l’eau ne les
déborde pas.
» Dans une seconde partie, que nous pourrons présenter prochainement,
nous compléterons nos études par l'indication de quelques simplifications
et de quelques procédés plus précis dans les tracés, par la détermination
du mouvement de la lame d’eau. Nous donnerons ensuite plusieurs appli-
cations à des roues dont nous avons fait les tracés pour diverses poudreries
et pour des usines dans la ville de Metz, et qui ont toujours conduit à de
très-bons résultats. Nous terminerons par des comparaisons avec les résul-
tats d'expériences précises qui nous permettront de reconnaitre à l'avance
l'effet des roues hydrauliques à aubes courbes établies avec les perfection-
nements indiqués par M. le Général Poncelet et étudiées comme nous
l'avons fait. »
` '
ANATOMIE MICROSCOPIQUE. — Note sur les phénomènes de contraction
musculaire chez les Vorticelles; par M. Cu. Roveer.
/ Commissaires précédemment nommés : MM. Coste, Cl. Bernard, Longet.)
« Les muscles vivants peuvent se raccourcir et s'allonger alternative-
ment : c'est là leur propriété caractéristique. Dans les organes purement
( 1129 )
élastiques, le raccourcissement ne se produit qu’à la suite d’un allonge-
ment mécanique préalable; les muscles au contraire peuvent se raccourcir
sans paraître avoir subi aucune distension.
» Quelles que soient les causes de l'allongement et du raccourcissement
des fibres musculaires, que ces états opposés résultent d’une extension
mécanique suivie de rétraction, ou bien qu'ils se produisent en apparence
spontanément, l'observation démontre que dans les deux cas les change-
ments alternatifs qu'éprouve l'organe contractile sont identiques. Dans une
fibre musculaire qui, après une distension mécanique, revient sur elle-
même en vertu de son élasticité, les stries transversales changent d’aspect
et se rapprochent, en même temps que le diamètre transversal augmente
proportionnellement à la diminution du diametre longitudinal. C’est exac-
tement de la même façon que se comporte une fibre musculaire passant de
l’état d’allongement, correspondant au repos du muscle, à l’état de raccour-
cissement actif désigné sous le nom de contraction musculaire. Si les phé-
nomènes essentiels par lesquels se manifeste la contraction musculaire
sont identiqnes à ceux de la rétraction élastique des muscles; si d'autre
part la structure élémentaire des organes contractiles parait spécialement
adaptée aux manifestations de l’élasticité, on peut à bon droit se deman-
der s'il est nécessaire d’invoquer, pour expliquer le raccourcissement du
muscle dans l’état de contraction, une propriété spéciale de contractilité
distincte des propriétés de la matière inorganique.
» L’élasticité peut devenir une cause de mouvement dans deux condi-
tions opposées :
» Ou bien le corps élastique, le ressort en spirale, est soumis à une pres-
sion qui maintient les tours de l’hélice dans un rapprochement forcé : la
pression cessant, les tours s’écartent, le ressort s'allonge, se meut} par le
fait seul de l’élasticité;
» Ou bien le ressort est soumis à une tension qui l’allonge en écartant
les tours de spirale les uns des autres; la tension cessant, les tours se rap-
prochent, le ressort se meut en se raccourcissant, sans qu'il y ait rien autre
chose en jeu que l’élasticité.
» Les alternatives d’allongement et de raccourcissement des éléments
élastiques ( fibrilles en spirale) des muscles pourraient donc s'expliquer par
l'élasticité seule, si l’on démontrait l'existence, soit d’un agent de pression
exerçant son action pendant la période de raccourcissement, soit d'un
agent d’extension actif pendant la période d’allongement, le muscle s’al-
longeant dans le premier cas, se raccourcissant dans le second, par le libre
( 1130 )
jeu de l’élasticité, au moment où l’action d’une force antagoniste cesse de
lui faire équilibre.
_» Le problème physiologique du mouvement musculaire se trouve ainsi
ramené à ses termes les plus simples : déterminer la forme naturelle, l'état
de repos du ressort musculaire, les conditions qui peuvent l'en écarter,
celles où l’élasticité ly ramène. i
» Il existe aujourd’hui deux hypothèses relatives à la cause du mouve-
ment musculaire : l’une attribue ce mouvement à une propriété spéciale de
la fibre musculaire, l'irritabilité, la contractilité, qui se manifesterait seule-
- ment dans la période d’activité du muscle et produirait le raccourcissement;
l’autre considère, au contraire, le raccourcissement comme le retour du
muscle à l’état de repos. Cette dernière hypothèse, qui suppose que pen-
dant la période d'inactivité apparente du muscle les nerfs travaillent con-
stamment à maintenir l’extension forcée des fibres contractiles, est certai-
uement réfutée par le fait incontestable que la section des nerfs moteurs n’a
pas pour conséquence la contraction du muscle, mais au contraire l'état
opposé; elle se rapproche cependant de la vérité beaucoup plus que la pre-
mière.
» L'observation des phénomènes de la contraction musculaire s'offre à
nous chez les Vorticelles dans les conditions les plus simples qu'il soit pos-
sible d'imaginer. Chez beaucoup d’Invertébrés, un muscle entier est sou-
vent représenté par un seul faisceau primitif; chez les Rotifères, des fibrilles
isolées forment autant de muscles distincts. Le style des Porticelles nous
montre le principal organe de la locomotion d’un animal constitué par une
fibrille musculaire unique, libre dans un canal, au centre d’une gaine
d’une transparence parfaite, qui permet de voir avec la plus grande netteté
tous les changements que l’élément contractile éprouve pendant les états
d'activité ou de repos, d’allongement ou de contraction.
» Quand l’animal est tranquille, le style est au maximum d’allonge-
ment, et le corps aussi éloigné que possible du point d'attache et de
refuge. Les cils vibratiles seuls sont actifs, le corps et le style restent par-
faitement immobiles. Dans cet état, le filament central du style, la fibrille
contractile, est complétement étendue; elle n’est jamais droite cependant,
mais présente constamment une torsion en spirale très-allongée, Comme
un ruban tordu autour de son axe longitudinal, et dont l'aspect rappelle
exactement celui d’un ressort spiral de montre fixé et fortement tendu par
ses extrémités.
» Aussitôt qu'un excitant mécanique, électrique, thermique, etC-
( RE )
atteint l’animal, cette spirale allongée, revenant brusquement sur elle-
même, se transforme presque instantanément en un ressort en hélice d’une
régularité parfaite, à tours très-rapprochés, qui ne mesure plus guère que
le cinquième de la longueur du style au repos, et dont le diamètre trans-
versal s’est accru proportionnellement. Cet état ne persiste généralement
que pendant un temps assez court; les tours du ressort s'écartant, il s'al-
longe bientôt avec une certaine lenteur, et l'animal revient à sa position
premiére.
» Le raccourcissement ou l'allongement de l'organe contractile sont dus
ici manifestement au rapprochement et à l’écartement des tours d’un res-
sort en hélice. Mais auquel de ces deux états se rapporte la mise en jeu de
l'élasticité, quel est celui qui nous montre le ressort musculaire revenu à sa
forme naturelle, à son état de repos? L'observation établit d’abord ce fait
important : c’est que le filament spiral n'apparaît jamais dans l'allongement
extrême que lorsque l’animal est vivant et sans lésions. Dès que l'animal
est tué ou qu'il s’est détaché de son style, spontanément ou par suite de
lésion violente, les tours de l’hélice se roulent en vrille et persistent indéfi-
niment dans cet état; il en est de même si l’on tue brusquement l'animal
Par un agent toxique ou par l'élévation de la température à + 4o ou
45 degrés.
» Il arrive fréquemment, pendant la vie même de l’animal, que la fibrille
contractile se brise et que la continuité est rompue entre elle et le corps,
centre trophique de tout l'animal; dans ce cas, bien que la gaîne soit intacte
et continue, le corps bien vivant et nageant à l’aide des cils vibratiles traine à
Sa partie postérieure la fibrille contractile morte, roulée en vrille, persistant
dans cet état de raccourcissement et ayant perdu pour toujours la faculté
de s'allonger.
» J'ai observé plusieurs fois qu’aussitôt que le corps d’une Vorticelle se
détache de l'extrémité du style à laquelle il adhère normalement, la tige
Contractile commence à exécuter une série de mouvements de rotation au-
tour de l’axe. Chacun de ces mouvements est accompagné de la formation
d’un tour de spirale; ceux-ci s'ajoutent successivement les uns aux autres,
et quand tout le style s’est ainsi transformé en une hélice à tours rappro-
chés, le mouvement cesse, et aucun allongement ultérieur ne se produit. .
» L'allongement de la fibrille spirale, organe du mouvement musculaire
chez la Vorticelle, est donc lié à l’état de vie, c’est-à-dire à la continuité de
la nutrition et de l'échange de matières. Dès l'instant où la nutrition est
supprimée par la mort de l’animal ou par la séparation de la fibrille du
C. R., 1867, 1°" Semestre, (T. LXLV, N° 90.) ` 149:
( 1132 )
centre trophique, l’élément contractile prend et conserve la forme naturelle
inhérente à sa structure, celle d’un ressort en hélice dont les tours sont à
l’état de repos au maximum de rapprochement. |
» La contraction de la fibre musculaire du style de la Vorticelle corres-
pond à l’état de repos du ressort, elle est la conséquence directe de son
élasticité ; l'allongement de la fibre est le résultat de l'extension forcée du
ressort par une cause de mouvement liée à l'acte de la nutrition, et agissant
pendant le repos apparent de l'organe contractile. Dès que la source de
cette force antagoniste est tarie, l’élasticité, ramenant le muscle à sa forme
naturelle, produit le mouvement dit de contraction.
» Est-ce là un phénomène propre seulement à un singulier organe de
locomotion, le style de la Vorticelle, on bien est-ce la condition même de
la contraction musculaire chez tons les animaux ?
» J'aurai l'honneur de communiquer très- prochainement à l’Académie
les résultats de nombreuses expériences que jai entreprises sur la contrac-
tion musculaire chez les animaux supérieurs, résultats établissant :
» 1° Qu'une hypothèse récente, d’après laquelle la contraction perma-
nente serait essentiellement constituée par une série de secousses ou vibra-
tions successives, est en contradiction absolue avec les faits bien observés;
» 2° Que la tendance vers un état de contraction extrême est une pro-
priété inhérente à la fibre musculaire vivante, une conséquence nécessaire
de sa structure et de son élasticité;
» 3° Que pendant la vie cette tendance au raccourcissement est com-
battue par une cause d'extension qui prédomine pendant le repos du muscle,
se développe dans l'échange des matériaux de nutrition, augmente avec Vac-
tivité de leur apport, diminue ou s'éteint par leur épuisement, et peut être
momentanément suspendue par tous les excitants de la contractilité mus-
culaire, l’action nerveuse, la chaleur, le choc, etc. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur les applications de l'écoulement des corps solides
au laminage. et au forgeage; par M. Tresca. (Quatrième Mémoire.)
(Extrait par l’auteur.)
(Commissaires précédemment nommés : MM. Morin, Combes, Delaunay.)
« L'auteur rend compte à l’Académie des diverses séries d'expériences
qu’il a entreprises pour rattacher à ses études sur l'écoulement des corps
solides les diverses opérations du laminage et de la forge. Il a en consé-
quence opéré, non plus sur du plomb, malgré les avantages que présente
ce métal sous le rapport de sa malléabilité, mais sur les pièces mêmes que
l'industrie du fer façonne sous tant de formes différentes.
( 1188 )
» Pour pouvoir juger des déformations intérieures que le façonnage
extérieur détermine dans une masse de fer, il fallait connaitre sa constitu-
tion primitive et employer des procédés qui pussent rendre compte de cette
méme constitution après sa transformation.
» L'auteur y est arrivé en utilisant le défaut d’homogénéité du métal,
qui retient toujours une partie des matières étrangères avec lesquelles
il était en contact dans le haut fourneau. Pour déceler sur une coupe
quelconque ce défaut d’homogénéité, le procédé qui réussit le mieux con-
siste dans la suite des opérations suivantes : après avoir finement raboté la
coupe et lavoir dressée à la lime, on la polit à sec avec des émeris gradués,
puis, après l’avoir, s’il est nécessaire, débarrassée de toute matière grasse
par un lavage à l’éther ou à l’alcool, on la plonge dans une dissolution
très-étendue de bichlorure de mercure. Aussitôt qu'une petite oxydation
commence à se produire, on retire la pièce, on l’immerge dans leau pure
et l’on obtient ainsi, lorsque l'opération est arrêtée en temps convenable,
. une oxydation partielle mais régulière, qui permet de suivre, pour ainsi dire,
chacun des filaments dont la réunion forme la barre de fer que l’on étudie.
Cette apparence se conserve à l’aide du séchage et du vernissage, et la colo-
ration est suffisamment intense pour qu'on ait pu prendre des photogra-
phies très-bien réussies des coupes les plus caractéristiques. C'est par ce
moyen que l’auteur a constaté qu’un fer laminé quelconque est formé d’une
suite de filaments juxtaposés et imparfaitement soudés, qui font ressembler
le métal à un écheveau, dont les éléments sont d'autant plus parallèles et
plus finement indiqués, que le métal a été soumis un plus grand nombre
de fois à la même opération du laminage. ` dre | |
» Ces filaments du fer en barre se plient, s'épanouissent ou se resserrent
dans les diverses opérations du forgeage, mais ils conservent avec tant de
persistance leur individualité, qu’il suffit de comparer une coupe faite dans
la pièce transformée à l’une des coupes de la pièce primitive, pour recon -
naître les déplacements de toutes les parties de la masse. Chacun des fila-
ments de la barre de fer laminé provient individuellement de Pun des
éléments distincts du massicau primitif, et l’ensemble des traces rubannées
que l’on développe dans les échantillons provenant des transformations
successives ne peut laisser aucun doute sur les résultats. |
» Apres avoir considéré une pièce quelconque comme un assemblage de
prismes juxtaposés, l’auteur a cherché à reconnaître l'influence du laminage
et du forgeage, d’abord sur un cylindre de fer, ensuite sur des pièces d’une
forme plus compliquée; il a recouru au plomb seulement gr quelques
149..
(6494 )
vérifications de détails qui lui ont permis de mettre en lumière la profon-
deur à laquelle une action mécanique, exercée à la surface, se répercute
jusque dans l'intérieur de la masse. En ce qui concerne le laminage, il a re-
connu que les conditions de l’étirage parallele peuvent être modifiées lors-
que les actions ne sont pas suffisamment énergiques, et qu'alors l’étirage
des couches superficielles tend à être plus grand que celui des parties
centrales.
En ce qui concerne le forgeage, après avoir passé en revue les défor-
mations les plus simples que lon puisse imposer à un cylindre, soit par
l’action seule du marteau, soit par l'intermédiaire desmoules, quel’on désigne
sous le nom d'étampes, il décrit diverses pièces plus complexes dont l’oxyda-
tion partielle fait immédiatement connaître la constitution définitive :
» 1° Une vis de blindage dans la coupe de laquelle on voit que les fila-
ments se sont déviés pour remplir les filets de l’étampe ;
» 2° Un arbre de moulin dans lequel les filaments individuels forment
des figures géométriques parfaitement régulières, en s’épanouissant toutes .
à la fois à chaque augmentation de diamètre, en reprenant leur parallé-
lisme toutes les fois que la section redevient constante et en se concentrant
avec la même précision dans toutes les parties étirées ;
» 3° Un moyeu de roue de wagon, fabriqué à l’étampe dans une usine
spéciale et qui, malgré la complication de sa forme définitive, donnelieu aux
mêmes observations d'ensemble;
» 4° Deux médailles de grandes dimensions formées de plaques: super-
posées et montrant que le monnayage présente plusieurs des caractères de
l'écoulement par des orifices de fond;
» 5° Enfin divers échantillons die lesquels le métal a été rétreint pour
montrer que cette opération doit être conduite de telle manière que l'écou-
lement de la matière se fasse dans l'épaisseur même de la pièce, au moyen
d'un forgeage en porte-à-faux dont les conditions sont complétement
définies.
» L'auteur montre successivement les échantillons caractéristiques de
toutes ces déformations et les photographies qui les représentent. Il en dis-
cute dans son Mémoire les résultats et les résume dans leur ensemble par les
conclusions qu’il formule ainsi :
» 1° Lorsqu'un solide se déforme sous l’influence d’actions extérieures;
cette déformation peut être considérée comme le résultat d’un écoulement
qui a lieu, dans la masse même du solide, à partir des points les plus pressés
et dans la direction où les obstacles à cet écoulement sont les moindres:
( 1135 )
» 2° Les déformations qui sont produites par le laminoir sur un solide
de forme prismatique peuvent être définies en disant que tous les éléments
qui constituaient le solide primitif se trouvent étirés individuellement et
parallèlement depuis la surface jusqu’à l'axe même du prisme, lorsque les
actions extérieures sont suffisamment énergiques.
» 3° Le laminage peut être alors assimilé aux opérations du peignage et
de l’étirage, usitées dans la filature, et une barre de fer laminée doit être
considérée comme un faisceau de fils qui conservent leur individualité
première et qui caractérisent d’une manière nette les propriétés fibreuses
ou le nerf de certaines qualités de fer.
» 4° Cette constitution filamenteuse explique certaines propriétés de la
tôle et du fer à l'égard de leur conductibilité par rapport à la chaleur et à
l'électricité.
» 5° Elle conduira sans doute à une explication probante du fait de Ja
transformation du fer à nerf en fer à facettes dans les pieces soumises, par
les conditions de leur emploi, à des trépidations fréquentes.
» 6° La tôle de fer est formée de nappes superposées et distinctes dont
le soudage plus ou moins parfait détermine les propriétés.
» 7° Quand l’action n’est pas suffisamment énergique, les déformations
peuvent être plus grandes à la surface que dans l’intérieur de la masse.
L'explication de cette différence est, au point de vue mécanique, caracté-
risée par les pertes de pression qui ont lieu, d’un point à un autre, dans le
sens de la déformation produite.
» 8° Les frottements contre les organes qui déterminent les pressions
Peuvent être utilisés pour atténuer les déformations dans certaines direc-
tions; il explique en particulier la constance de la largeur de la tôle dans
les passes successives du laminage.
» 9° Les déformations produites à la forge peuvent être assimilées aux
résultats d’écoulements successifs, déterminés par chacune des actions in-
dividuelles exercées sur la pièce à forger.
» 10° Le poids du marteau, la hauteur de sa chute, la forme de la panne,
l’état de sa surface sont autant d'éléments qu'il importe de combiner de la
manière la plus favorable pour l’effet à produire. L’intensité du coup déter-
mine la profondeur jusqu’à laquelle l’action est répercutée ; la forme de la
Panne détermine l'étendue de la surface de contact et par conséquent celle
de la facette produite; l’état de la surface de cette panne détermine les ré-
Sistances de frottement qui retiennent plus ou moins, sous le marteau, les
Parties qui reçoivent directement l’action du choc.
( 1136)
» 11° Pour s'opposer aux déformations qui tendraient à se produire en
vertu des lois, non encore connues, de la répartition des pressions pendant
le choc, il faut créer des résistances accessoires au moyen de supports ou
d’étampes que l’on peut comparer à des canaux, ouverts à l'écoulement
dans la direction de la déformation que l’on veut produire.
» 12° Quelles que soient les déformations moins régulières produites
par les différents procédés du forgeage du fer, l'oxydation des coupes, par
des procédés particuliers, permet de suivre pas à pas toutes les circon-
stances de ces déformations et de retrouver dans la masse déformée la
position occupée par un des filaments primitifs.
> 13° Dans tous les cas ces déformations ont lieu de proche en proche,
suivant un ordre géométrique que nos expériences apprennent à connaitre,
en attendant que cet ordre puisse être soumis au calcul, au moins dans les
principaux cas de la pratique.
» 14° La pratique actuelle des procédés industriels tend à se rapprocher
aussi exactement que possible des meilleures conditions; mais la théorie
de l'écoulement des corps solides, en précisant chacun des effets dus à cha- -
cune des causes, doit permettre de remplacer les méthodes empiriques par
des règles plus sûres, que nous nous proposons de formuler à la suite de
ces vues générales.
» Il nous restera à faire connaître à l’Académie les résultats de nos expé-
riences sur l’action des outils tranchants, opérant par suppression de ma-
tière. Les faits constatés dans cette direction sont aussi déterminés par des
écoulements partiels, et nous pourrons déjà préciser quelques-unes des
actions produites alors, soit sur les copeaux détachés, soit sur le solide lui-
même qui a été soumis à ces actions. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
L'Académie a reçu avant le 1‘ juin, pour les divers concours dont cette
date était le terme, outre les ouvrages imprimés mentionnés au Bulletin bi-
bliographique, les Mémoires manuscrits suivants :
CONCOURS POUR LE PRIX BORDIN.
x
(QUESTION RELATIVE À LA STRUCTURE DU PISTIL ET DU FRUIT.)
Un auteur dont le nom est contenu dans un pli cacheté adresse un
Mémoire accompagné de planches et portant pour épigraphe : Nec conten-
tum exteriori rerum naluræ conspectu introspicere.
( 1137 )
Un auteur dont le nom est contenu dans un pli cacheté adresse un
Mémoire ayant pour épigraphe : Les théories passent, les faits restent.
CONCOURS POUR LE PRIX BORDIN.
(DIRECTION DES VIBRATIONS DE L'ÉTHER. )
Un anonyme adresse un Mémoire portant pour épigraphe : Sine expe-
rientia nihil sufficienter sciri potest.
CONCOURS POUR LE PRIX DALMONT.
M. M. Lévy adresse, pour être joint aux pièces qu’il a déjà adressées, un
Mémoire intitulé : Essai sur une théorie rationnelle de l'équilibre des terres et
application au calcul des murs de soutènement.
CONCOURS POUR LE PRIX BARBIER.
M. Rosé adresse une Notice manuscrite sur le citrate de magnésie.
CONCOURS POUR LE PRIX BRÉANT.
M. L. Mrrrra adresse d'Édimbourg un Mémoire manuscrit sur le trai-
tement du choléra.
M. Micuov adresse une Note sur la guérison des maladies dartreuses.
CONCOURS POUR LES PRIX DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE.
( FONDATION MONTYON.)
M. G. Bercrros adresse un Mémoire intitulé : De la salivation pancréa-
tique dans l'empoisonnement par le mercure, considérée comme cause principale
de l’anémie mercurielle.
M. Hamos adresse deux Notes relatives, l’une à un appareil à fractures
dit appareil gélatiné, lacé; Vautre à un instrument nouveau qu'il désigne
sous Je nom de forceps asymétrique.
M. Cnauveau adresse une Note concernant l’inoculation de l'exanthème
vaccinal,
M. Bovcuavr adresse un Mémoire sur quelques nouveaux signes de mort
fournis par l’ophthalmoscope ou par l’atropine.
M. Commencer adresse un Mémoire intitulé : Du traitement de la coque-
luche. |
M. Guirox adresse une brochure accompagnée d’une lettre concernant
la lithotritie généralisée.
( r138 )
M. Onvoxez adresse une brochure intitulée : Étude sur le développement
des tissus fibrillaire et fibreux, avee un résumé manuscrit des points qu'il con-
sidère comme nouveaux dans ce travail.
M. X. Gazezowsxi adresse trois Mémoires ayant pour titres :
1° Etude sur l'amaurose syphilitique;
2° Étude ophthalmoscopique sur les altérations du nerf optique, el. ;
3° Description de son ophthalmoscope, avec un instrument.
CONCOURS POUR LE PRIX DES ARTS INSALUBRES.
Un auteur dont le nom est contenu dans un pli cacheté adresse une Note
sur un frein électrique. .
M. Cauanrp adresse un Mémoire relatif à un thermomètre à cadran.
CONCOURS POUR LE PRIX DE PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE.
M. J. Cumourævrreu adresse un Mémoire intitulé : Etudes sur la physio-
logie et la physique des muscles.
CORRESPONDANCE.
ANALYSE. — Sur la recherche des fonctions auxiliaires, dans l'application de la
méthode Kummer à la sommation des séries; par M. Bresse. (Suite.)
« Dans une première communication, j'ai indiqué un procédé général
pour arriver à déterminer convenablement les fonctions auxiliaires dont
on a besoin dans l'emploi de la méthode Kummer : peut-être ne sera-t-il
pas inutile de montrer par des exemples l'application de ce procédé. `
» Premier exemple. — Soit donnée la série
eT Siha E ET +.
ní Fe
dont la somme connue est eni On a ici
Un = US re
dn I
U =j% = — +
n :5.6 568
Des, | à Reese 4 AUE R Laden
n n’ n°
( 1139 )
donc on prendra, suivant la formule (4),
o(n) = -n(D- sr 4B, Fa de en. A ee sien 7o a}
an 1.27 ERE a
Pour avoir lim u„ọ (n) = 0 avec n =% , il faut ES D = o; ayant de
plus égard aux valeurs des nombres de Bernoulli, on trouve en fin de
compte
mp pete eut ane me D gie.
A En AE Ur. AU gd Me) à
ce qui coincide exactement avec le résultat obtenu par la méthode de
M. Bertrand.
» Deuxième exemple. — Soit la série
C 1 H I
= I — 5 + — 5 ar g .. 3
étudiée par M. Catalan (Mémoires des Savants étrangers, publiés par l’Acade-
mie royale de Belgique, t. XXXIII). On a d'abord
G : AET PA rs Te LES RER |
nitya can (5 7? 112 BTS
n? 1 I I I
— == 2 = a ie; lle
( 3) A 4
la sommation de la série G revient donc à celle d’une autre série ayant pour
I
—
(r—3)
» Nous aurons alors
terme général
U, = Uu =
et, par suite,
maia 2.47 ue À PA RENA DV A e S
OST TA
C. R., 1867, 1°" Semestre. (T. LXIV, N° 22.)
( 1140 )
La constante D est encore nulle, et il vient
: 3 B 3
(5) LU da LE GRR: - Ar eat A)
» J'ai fait le calcul numérique et l’application de la méthode Kummer
+. +
à la série
| (e-z)
G =
en calculant d’abord les vingt-cinq premiers termes, dont la somme est
Sı, = 16 x 0,1563925538 07385 11720 24156 7...
ets
On calcule ensuite (25) par la formule (5), poussée jusqu’au terme
B s 5
= -———— inclusivement, et l’on trouve
À I
Ce)
ung (n) = GIE 0(25)—= 16 X 0,00247 49241 72000 28894 74382 5... ;
on en conclut la valeur approximative
Ke A = 0,15886 74779 79475 40614 98539,
qui, étant doublée, donne = — G, et par suite
Z6 = 5 [S +
G = 0,91596 55941 7721901505 46035 7...
» Maintenant, si l’on calcule f(25), c’est-à-dire
(A) #25) — 9 (26),
99
on trouve
I — 0,00000 00000 00000 00000 01014 8;
u, (n
alors Ar l'emporte sur u„oọ(n) de ;
16 >X< 0,00000 00000 00000 00000 00002 5
; G ; ;
environ. La valeur de + comporte donc une erreur en moins comprise
entre zéro et 5 unités du vingt-cinquième ordre décimal, d’où résulte une
erreur égale et contraire dans G. Les vingt-quatre premières décimales de
la valeur de G ci-dessus sont donc exactes; la vingt-cinquième;, calculée en
prenant la moyenne des deux résultats en plus et en moins, serait 5.
( 1147 )
» Si l’on avait opéré directement sur la série G, l'erreur aurait toujours
été plus petite que le terme auquel on se serait arrêté; mais pour rendre ce
I
terme égal à
8 2 Aos
» n désignant son indice, il faudrait prendre
(2 n — 1} = 105,
d’où l’on tire approximativement
i gi
n= z 10" V10:= 1580.10":
on aurait donc à calculer 1580 billions de termes pour avoir une approxi-
mation égale à celle que nous a donnée la méthode Kummer. »
PHYSIQUE. — Expériences relatives au magnétisme et au diamagnétisme des gaz.
Note de M. J. Cuauranro.
« Tous les physiciens savent avec quel succès la question du magnétisme
et du diamagnétisme des gaz a été traitée et résolue par MM. Plücker,
Faraday et Edm. Becquerel. Si je me permets de revenir sur un point par-
faitement acquis à la science aujourd'hui, c’est qu'il n’est pas encore entré
dans l’enseignement classique et qu’il n’existe pas, que je sache du moins,
d'expériences pouvant être montrées à un auditoire nombreux, ces sortes
de phénomènes présentant, d’un côté, une certaine difficulté d'exécution, et,
de l’autre, n'étant jamais assez accentués pour frapper les personnes peu au
courant de ces études délicates.
» L'emploi de bulles de savon, produites à l'extrémité de tuyaux en terre
de pipe, m'a fort bien réussi et m'a permis, avec l’oxygène, d'obtenir une
attraction énergique, que l’on pouvait convertir en un mouvement oscilla-
toire considérable, par des aimantations'et des désaimantations successives
de l’électro-aimant. Je me sers du gros électro-aimant de Ruhmkorff, dis-
posé pour les expériences de Faraday et amorcé avec une pile de vingt-cinq
à trente éléments Bunsen. La solution de savon est mélangée avec une
certaine quantité de glycérine (les proportions sont les mêmes que pour les
expériences de Plateau); le tube de terre‘de pipe est fixé dans une pince à
une hauteur convenable pour que la bulle, formée à l'une de ses extrémités,
se trouve au-dessus des pôles de l'aimant et à une distance de 2 à 3 milli-
mètres; l'extrémité opposée du même tube reçoit un bout de tuyau de caout-
chouc, communiquant avec une vessie remplie d'oxygène; enfin, l'expé-
rience étant préparée et en voie d'exécution, comme nous l'avons indiqué
plus haut, on lance sur la bulle un flot de rayons émanant de À lanterne à
150.
( 1149 )
gaz oxyhydrique. On constitue de cette manière une sorte de pendule ma-
gnétique à gaz, dont les mouvements, dans un amphithéâtre de trois cents
personnes, peuvent être aussi visibles que ceux du petit pendule à balle
de fer.
» Une autre expérience qui réussit parfaitement bien est relative au dia-
magnétisme des vapeurs de magnésium, ou plutôt du nuage blanc de
magnésie provenant du magnésium en combustion. En faisant brüler le
métal un peu au-dessous des extrémités polaires coniques de lélectro-
aimant, on voit, aussitôt que le courant passe, la colonne de fumée se di-
viser latéralement et prendre une forme d’U bien caractérisée. C'est une
expérience de cours très-curieuse et d’une exécution facile. »
PHYSIOLOGIE. — Sur un phénomène observé dans l'empoisonnement par la
strychnine; par M. J. RosexTHaL.
« En faisant des expériences sur un poison du cœur qui vient de la
presqu'île de Malacca, je constatai qu'il agit d'une manière moins intense
sur les poules que sur les autres animaux (1). Comme ce poison contient
de la strychnine en grande proportion, je repris mes expériences avec la
strychnine pure. Je parvins ainsi, avec la collaboration de M. le D" Leube,
d'Ulm, à déterminer les quantités de strychnine nécessaires pour produire
les convulsions ou la mort chez les différentes espèces d'animaux. Pour
obtenir ces deux effets, les différences entre les doses nécessaires sont tou-
jours petites, et elles ne sont pas les mêmes pour les différents animaux.
L’ingestion du poison a toujours eu lieu par la bouche et sous forme d’une
solution aqueuse. Les lapins ont besoin pour succomber d’un:'milligramme
de nitrate de strychnine pour 5oo grammes du poids de leur corps; les
cochons d'Inde, les moineaux, les pigeons en absorbent le double avant
de périr. Les poules au contraire en supportent douze fois autant.
» A cette occasion, J'observai qu’en établissant la respiration artificielle
chez les lapins de manière à supprimer tous les mouvements respiratoires
naturels, on pouvait leur faire absorber des doses bien plus considérables
qu'à l’état normal. L'animal se promène sur la table, rien ne laisse voir
qu'il est empoisonné; mais, dès que l'on suspend la respiration artificielle,
les convulsions se déclarent d’une manière assez rapide et plus forte que
jamais. Quand on recommence les respirations artificielles, les convulsions
d
(1) Uber Herzgifte ( Archie für Anatomie und Physiologie, 1865).
(1143)
cessent et l'animal retourne à son état normal. Ainsi nous voyons qu’un
poison peut se trouver dans le sang d’un animal, sans exercer ses effets.
Néanmoins, le poison n’a pas perdu sa puissance; car, en suspendant les
manipulations de la respiration artificielle, nous voyons les convulsions
arriver en peu de temps. Cela prouve que ce n’est que l'état spécial du sang
qui a empêché l'effet du poison de'se déclarer, état qui consiste dans une
abondance du gaz oxygène dans le sang et dont j'ai décrit ailleurs les carac-
tères sous le nom d’apnée. y
» Mais il est possible aussi de suspendre à jamais les effets du poison.
En effet, quand on continue la respiration artificielle pendant trois ou
quatre heures, on parvient souvent à sauver l'animal. Ainsi, au bout de ce
temps, et dans la plupart des cas, on n’observe plus de convulsions en sus-
pendant la respiration artificielle. Mais dans d’autres, surtout si la dose
du poison était plus grande, il fallait souvent continuer la respiration arti-
ficielle pendant un temps plus considérable. On peut donc supposer que,
pendant ce temps, la plus grande partie du poison se trouve éliminée, ou,
pour mieux dire, transformée en substance inoffensive. En tous cas, l'éli-
mination qui peut se produire par les reins n’est pas très-considérable, car,
en liant les artères rénales sur les mammiferes, ou les uretères sur les
poules, je n’ai pas trouvé que l’action toxique du poison se fit sentir d’une
manière plus intense.
» Les expériences dont je viens de rendre compte d’une facon bien suc-
cincte pourront offrir quelque intérêt aux chirurgiens au sujet du tétanos
traumatique ou produit par l’empoisonnement. On pourrait peut-être se
servir de cette méthode pour sauver les malades, si l’on inventait une ma-
nière de faire la respiration artificielle pendant longtemps. »
PHYSIOLOGIE. — Note sur la force que le muscle de la grenouille peut
développer pendant la contraction; par M. J. RosExTHAL.
« La hauteur à laquelle un muscle peut élever un poids dépend, comme
on le sait déjà, de la longueur de ses fibres. Par contre, la force de la con-
traction, qui est mesurée par le poids nécessaire pour empêcher Ja con-
traction, ne dépend que de l'étendue de la section transversale du muscle
ou du nombre des fibres qui le composent.
» M. Édouard Weber, de Leipzig, a mesuré cette force et l'a trouvée
égale à environ 600 grammes pour l'unité de la section transversale, c'est-
à-dire pour le centimètre carré de muscle de la grenouille, M. Schwann a
( 1144 )
démontré aussi que cette force n’est pas constante dans tous les cas, mais
qu’elle dépend de l’état de contraction du muscie, c’est-à-dire que cette
force, ayant sa plus grande valeur dans l’état normal de la fibre musculaire,
diminue à mesure que le muscle se contracte, et s’annule quand le muscle
a atteint son maximum de contraction.
» M. Weber a aussi mesuré la force absolue des muscles jumeaux et
soléaires de l’homme et a trouvé qu’elle était égale à 1 kilogramme environ
pour chaque centimètre carré de muscle. Cependant M. Henke, de Rostock,
a trouvé une erreur de calcul dans les chiffres de M. Weber; ayant répété
les expériences sur les muscles fléchisseurs de l’avant-bras, il a trouvé un
chiffre beaucoup plus grand, c’est-à-dire 8 kilogrammes pour chaque cen-
timetre carré de muscle de l’homme.
» Dans mes recherches sur la contraction musculaire, je fus aussi amené
à répéter les expériences de M. Weber sur la force absolue des muscles de
la grenouille, Je me suis servi d’une méthode qui s'oppose d’une manière
plus complète aux erreurs produites par la fatigue du muscle. Ainsi j'ai
trouvé des valeurs plus considérables que celles de M. Weber. Voici com-
ment j'ai fait ces expériences.
» Supposons le muscle fixé à son extrémité supérieure par une pince
assez solide pour ne pas céder à des poids même plus lourds que ceux dont
nous avons besoin; nous suspendons à l’extrémité inférieure du muscle
un levier très-léger afin de pouvoir en négliger le poids. L’axe de rotation
du levier est horizontal et situé à l’une de ses extrémités; l’autre extrémité
porte un fil de platine qui repose sur une plaque de même métal et peut
ainsi laisser passer le courant électrique d’une pile de Daniell autour des
branches d’un électro-aimant. Le muscle étant fixé au milieu du levier, on
peut élever la pince qui le supporte jusqu’au moment où la tension élas-
tique du muscle permet tout juste au levier de se trouver en contact avec
la plaque de platine. Au milieu du levier, au-dessous du point de fixation
du muscle, se trouve suspendu le plateau d’une balance sur lequel on place
les poids qui doivent servir à mesurer la force de la contraction. Ces poids
ne peuvent étendre le muscle, car le levier repose sur la plaque de platine.
Mais pendant la contraction le muscle est forcé d'élever ces poids : alors,
si on augmente peu à peu le nombre des poids, on arrive à une valeur assez
considérable pour s'opposer à la contraction. Aussi longtemps que les poids
n’ont pas atteint cette valeur, le muscle interrompt le courant électrique à
chacune de ses contractions. Lorsque le courant est interrompu, le contact
de l’électro-aimant est retiré par un ressort et va frapper sur un timbre.
( 1145 )
On trouve ainsi facilement les poids par lesquels le courant n’est plus inter-
rompu, c'est-à-dire les poids qui sont suffisants pour neutraliser le mouve-
ment produit par la force de la contraction du muscle,
» La force absolue d’un muscle donné étant ainsi trouvée, il est néces-
saire de mesurer sa section transversale, que l’on obtient par la méthode de
M. Weber, en divisant le poids du muscle par la longueur des fibres multi-
pliée par le poids spécifique de la substance musculaire. Mes expériences
ont toujours porté sur les muscles grand adducteur et demi-membraneux
de la cuisse de la grenouille, muscles qui forment une masse assez régu-
lière à fibres parallèles. Ces muscles fournissent de meilleurs résultats que
. ceux dont se servit M. Weber, car ils présentent une masse plus considé-
rable et résistent mieux à la fatigue. J'ai trouvé ainsi que la force de la con-
traction pour le centimètre carré du muscle de la grenouille varie entre
21,8 et 3 kilogrammes, valeur bien au-dessus de celle qu'a donnée
M. Weber.
» La force absolue du muscle gastrocnémien d’une grenouille de taille
moyenne varie entre 1000 et 1200 grammes; ce chiffre énorme se com-
prend quand on réfléchit que la section transversale de ce muscle est très-
grande eu égard à son volume. Nous voyons aussi par là que les muscles
sont des machines très-parfaites qui, en proportion de leur poids relative-
ment très-faible, développent une force bien plus considérable que les.
machines construites par l’industrie humaine. »
ZOOLOGIE. — Développement du ver à soie. Observations sur la disparition
de la membrane dans l'œuf du ver à'soie. Note de M. À. Vasco, présentée
par M. de Quatrefages.
« M’occupant depuis nombre d’années des éducations de vers à soie, j'ai
également observé la graine et les autres résidus de l’éclosion. Je crois ainsi
être à même d'indiquer à l’Académie l’origine de la substance dont parle
M. Balbiani dans sa Note du 2 avril.
« Cette substance, dit-il, est formée de petites granulations molécu-
» laires, colorée en rouge plus ou moins intense, au moment où elle est
» versée dans la cavité stomacale, et prend promptement une teinte foncée
» violacée ou brunâtre. »
» Voici ce que j'ai pu constater, par des observations très-variées. Cinq
ou six jours avant l'éclosion, on voit la membrane ovarique se déchirer
en quelque endroit. Le plus souvent, le trou apparaît à la partie la plus
( 1146 )
éloignée de la tête, précisément dans le point où le frottement du ver contre
la membrane doit être le plus fort, parce que c’est le point où le corps est
le plus replié et celui qui sert de point d'appui à l'animal dans ses mouve-
ments. Une boucle d’oreille ouverte figure assez exactement la position
conservée par l’embryon durant l'incubation dans l’œuf; le coude formé
par le corps représenterait alors une espèce de charnière élastique. Le
point de la membrane qui se trouve en contact avec cette charnière, sur
laquelle portent tous les efforts du ver, est donc ordinairement le pre-
mier à se rompre. Par cette ouverture s'échappe une espèce de hernie seg-
mentée, qu’on voit assez bien à travers l'épaisseur de la coque qui la retient
en place. Cette hernie n’est autre chose qu'une portion du ver, c’est-à-dire
la partie dorsale du septième et huitième anneau de son corps. Par de
petits mouvements vermiculaires, la chenille élargit peu à peu son ouver-
ture et parvient à se débarrasser complétement de son ancienne enveloppe,
en la refoulant et en la rassemblant entre ses pattes, dans la partie centrale
de l'œuf, à portée de sa bouche.
» On s'aperçoit alors que la larve commence à absorber une substance
d’une couleur foncée, qui entre à grands flots dans l'estomac par la partie
antérieure et descend dans l'intestin. A mesure que cette substance est
engloutie, l’épiderme du ver perd sa couleur jaunâtre et sà transparence
opaline; sa couleur devient foncée et son corps opaque. Trois jours après,
il ronge la coque. La substance dont parle M. Balbiani, d'un rouge bru-
nâtre, qu’on retrouve dans l’intérieur du ver ou dans ses excréments, ne
doit donc être autre chose que le résidu même de la membrane ovarique,
digérée par le ver.
» En effet, si l’on assujettit une chenille à peine éclose à l’opération in-
diquée dans la Note de M. Balbiani, on voit que les différentes matières
dont se composent les fèces de l’insecte se succèdent, dans le cloaque, dans
l’ordre même où elles ont été avalées par le ver. On trouve vers la sortie :
1° de petites granulations incolores ou jaunâtres; 2° de petites granula-
tions, d’un rouge brunâtre plus ou moins foncé; 3° des pellicules ou
lambeaux membraneux de différentes dimensions, d’une couleur violacée
plus ou moins foncée; 4° vingt à vingt-quatre petits morceaux de la coque.
C’est donc exactement l’ordre dans lequel les aliments ont été ingérés.
Les premières granulations incolores ou jaunâtres sont un résidu des cel-
lules vitellines qui ont nourri l'embryon dans les premières phases; les
granulations colorées en rouge brun ou violacé sont les cellules pigmen-
teuses que la membrane a laissé échapper au commencement de la suc-
(1147)
cion ; les lambeaux membraneux sont les débris de la membrane elle-même,
engloutie après avoir été appauvrie de la substance pigmenteuse, soit par
les frottements du ver durant l’incubation, soit par la succion; enfin, on
retrouve en dernier lieu les morceaux rongés de la coque.
» Parmi les lambeaux membraneux qu’on trouve dans les premières dé-
jections du ver, on remarque, fort souvent, un ou deux lambeaux assez
longs et segmentés, c’est-à-dire ressemblant à une partie de la dépouille du
ver.. Je les ai pris d’abord pour les débris d’une membrane anhiste, que le
ver commençait à changer aussitôt après l'éclosion. Mais je me suis bientôt
aperçu de l'énorme différence qui existe, pour la structure et la couleur,
entre les membranes anhistes et ces lambeaux. Je crois donc qu'on doit
expliquer ce phénomène de la manière suivante.
» Le ver reste, pendant un temps assez considérable, adossé contre la
paroi périphérique interne, qui forme une espèce de gouttière tout autour
de l'œuf. La membrane ovarique est chargée, comme on sait, sur toute sa
surface interne, d’une substance pigmenteuse assez épaisse; cette substance
abonde particulièrement dans la gouttière où le ver appuie la partie dor-
sale de son corps. Évidemment la compression exercée par le dos de l'in-
secte contre cette pâte épaisse finit par y mouler la forme segmentée des
parties dorsales correspondantes. Ainsi la membrane conserve plus de
matière pigmenteuse dans les endroits qui correspondent par leur position
aux échancrures des segmentations, et beaucoup moins dans les points où
les parties périphériques de l’insecte sont plus saillantes et, par consé-
quent, plus comprimées contre la membrane. La plus grande partie de la
membrane avalée par le ver se déchire par petits fragments, mais la région
sur laquelle s'appuyait le dos du ver, étant beaucoup plus épaisse et plus
difficile à déchirer, est engloutie et digérée presque toute en un seul mor-
ceau. Ce lambeau retient encore assez de pigment violacé pour laisser
entrevoir les empreintes reçues pendant l’incubation de la chenille. Tel est,
je crois, le motif de l'apparence segmentée qu'on remarque dans ces lam-
beaux membraneux; cette apparence est d’ailleurs une nouvelle preuve
de ce que j'ai avancé relativement à leur origine.
» Il faut encore ajouter que ces lambeaux et la membrane ovarique ont
la même couleur et la même structure; que les papilles, dont la surface
interne de la membrane est toute parsemée, se retrouvent parmi les débris
excrémentitiels, et que les lambeaux en retiennent encore quelques-unes
adhérentes à leur surface.
C. R., 1867, 197 Semestre. (T. LXIV, N° 22.) 151
( 1148)
» Une légère solution de potasse caustique fait rougir, en la dissolvant,
la membrane ovarique et agit de la même manière sur la plus grande partie
des lambeaux, dont quelques-uns, les plus foncés en couleur, résistent
davantage à ce réactif.
» Les observations que je viens d'exposer font connaître les moyens em-
ployés par la nature pour la disparition de la membrane dans l'œuf des Lépi-
dopières, phénomène resté, à ce que je crois, sans explication jusqu'à ce
jour. » |
SÉRICICULTURE. — De l’utilité de la créosote dans les éducations de vers à soie;
par M. Le Rıcoue pe Moncuy. (Extrait.)
« Je demande à l’Académie la permission de lui présenter quelques faits
relatifs à l'emploi de la créosote contre les maladies parasitaires des yers
à soie.
» L'éducation de vers à soie de M. Blouquier, faite dans sa magnanerie
de Claret, offre de précieux éléments de comparaison. Les graines em-
ployées étaient d’espèces-européennes. Dès le mois de septembre dernier,
je reconnus comme corpusculeuse la graine d’un des lots; les autres ne lé-
taient point. Une nouvelle vérification, faite au mois de mars, me donna les
mêmes résultats. Toutes les graines ont été lavées avec de leau créosotée
avant la mise en incubation, ainsi que la magnanerie. M. Blouquier fit usage
d’éponges et de chiffons imbibés de créosote, et plus tard, sur mon conseil,
de fumigations avec la même liqueur. Dès la seconde mue, les vers prove-
nant de la graine corpusculeuse subirent une crise et un temps d'arrêt
dans leur développement. En effet, je les reconnus comme corpusculeux et
couverts de ces molécules mobiles et organisées que M. Béchamp anommées
Mycrozyma bombycis, et que nous avions depuis longtemps distinguées sur
les vers à soie et la graine malades. Ces vers reprirent leur vigueur et firent
de beaux cocons, comme ceux des graines non corpusculeuses regardées
comme saines. La récolte de M. Blouquier a été exceptionnellement belle.
Le fait de vers malades dès le principe et faisant néanmoins leur cocon sous
l'influence de la créosote n’est pas un fait isolé; il s’est produit aussi chez
M. Roustan, filateur à Valréas, qui n’a employé la créosote qu'après la pre-
mière mue et lorsque ses vers de graines de reproduction étaient fortement
atteints et qu’il allait les jeter... »
L'auteur cite un certain nombre d’autres faits, qu’il regarde comme non
moins concluants, et qui lui ont été signalés par M. G. Granier, dont la
( 1149)
magnanerie est à Saint-Bauzille-du-Putois, sur des graines d'origine japo-
naise, d’origine européenne, de race ancienne, et enfin de reproduction.
« .... La muscardine étant produite par un parasite végétal, la théorie
indiquait que, si la créosote était un préservatif contre la pébrine, elle devait
l’être aussi contre la muscardine : c’est ce qui a été également vérifié par
des faits dont l'observation est due à M. Racanière, instituteur à Dions et
chargé de la surveillance des vers à soie appartenant à M. de Trinquelague,
et par d’autres.
» Je terminerai par le fait suivant, qui s’est passé chez M. Pagézy, maire
de Montpellier. Un lavage à l’eau créosotée fut effectué sur une certaine
quantité de vers provenant d’un lot entier qu’on jetait comme perdu, avant
la montée. On mit 6 grammes de créosote dans 4 litres d’eau, on y jeta
les vers à soie successivement par poignées, et on les lava entre les mains,
comme des herbages. Ces vers furent déposés dans une remise, mangérent
avec avidité les feuilles de mürier quelque temps après le lavage, et le len-
demain tous, sans une seule exception, firent leur cocon. Une certaine quan-
tité de vers déposés aussi dans la remise, et provenant du même lot, ne furent
pas lavés; pas un de ces vers à soie ne fit son cocon. Les vers lavés qui
réussirent si bien étaient en assez grand nombre pour couvrir une canisse
longue de 2 mètres sur 1 de large. Ce fait n’est pas sans analogie avec ce
qui s’est passé chez M. Randon et chez M. Golfin, qui d’abord nem-
ployérent pas la créosote. Ils firent arroser, avec de l'eau créosotée, le sol
d’une pièce et secouer pendant dix à douze minutes les feuilles de mürier
sur ce sol. Les vers, qui ne mangeaient plus, dévorerent cette feuille avec
avidité; la mortalité s’arréta subitement. Les vers fortement atteints de la
maladie ne réussirent cependant pas au moment de la montée. da
» La créosote, d’après ce qui précède, non-seulement n’est pas nuisible,
mais préserve les vers sains des maladies parasitaires, arrête les progrès de
ces maladies quand les vers ne sont pas trop atteints, et redonne de la vi-
gueur aux vers malades, ne fût-ce que momentanément, ce qui peut leur
donner le temps de faire leur cocon. »
CHIRURGIE. — De l'efficacité des manipulations médicales dans un cas
d'ostéosarcome ou tumeur myéloplastique; par M. Hesry (de Navenne).
(Extrait.) à :
« Un grand nombre de faits aujourd’hui acquis à la science ont établi
l'efficacité des manipulations médicales, dans des circonstances très-diverses.
151...
( 1150 )
L'observation suivante me parait démontrer cette même efficacité dans
des conditions toutes spéciales.
» M de N**, née de parents ayant succombé l’un et l’autre à une
affection cancéreuse, portait à l’avant-bras gauche une tumeur volumi-
neuse qui avait résisté jusque-là à tous les moyens mis en usage. Cette ma-
ladie avait débuté en octobre 1861 par une mauvaise position du bras
trop longtemps prolongée. La douleur qui s’ensuivit ne disparut jamais
complétement, et six mois après, en soulevant un objet trop lourd,
M™ de N** ressentit dans le poignet une douleur très-vive. À dater de ce
moment les douleurs devinrent plus vives et des phénomènes extérieurs ap-
parurent; le poignet se tuméfia et l’extrémité carpienne du radius prit un
assez grand développement.
» Tout fut employé pour combattre cette affection : cataplasmes lauda-
nisés, application de sangsues fréquemment répétée, emplâtres de Vigo et
de ciguë, préparations iodées de toutes sortes tant à l'extérieur qu’à l’inté-
rieur, compression et bandages variés, vésicatoires, fer rouge, etc. En jan-
vier 1863, les plus habiles chirurgiens furent consultés. Unanimes sur la
nécessité d’une amputation immédiate, ils varièrent seulement sur la nature
intime de la tumeur : les uns crurent à un ostéosarcome, les autres à une
tumeur myéloplastique.
» Voici quel était l’état du bras à cette époque : tumeur assez volumineuse
du radius à son extrémité carpienne, 9 centimètres de long sur 20 et 21 de
circonférence. Cette tumeur est irrégulière, bossuée et sillonnée de grosses
veines bleuâtres. A sa face dorsale, la peau est rouge et luisante, on voit
qu'un travail de suppuration s'opère dans cette partie. Au toucher, la tu-
meur fléchit partout sous le doigt; elle est pulsatile dans presque toute son
étendue et l'os est désagrégé dans ses éléments.
» Lorsque la malade me fut présentée, j’eus recours à un moyen qui
m'avait déjà réussi dans des cas désespérés, les manipulations médicales.
Comme adjuvants, j'employai seulement la compression et les purgations
fréquentes. |
» Bientôt, sous l'influence de ce traitement, le mal est enrayé, les douleurs
diminuent, l’empâtement environnant se dissipe, puis la tumeur elle-même
s’affaisse insensiblement et diminue d’étendue et de volume. On assiste
journellement à la reconstitution de los. C’est d’abord une consistance
plus grande, une espèce de tissu élastique qui se forme ; puis des points
solides apparaissent ça et là, s’agrandissent et se rapprochent; enfin,au bout
de quatre mois d’un traitement quotidien et non interrompu, l'os est par-
( 1151)
tout reconstitué, sauf un seul point que peut recouvrir le bout du doigt et
qui offre encore la consistance du caoutchouc.
» La guérison me paraissait prochaine, lorsque M"* de N** fut obligée de
s’absenter pour trois mois. Avant son départ, je fis constater l'état du bras
par l’un des chirurgiens précédemment consultés. Les changements surve-
nus l’étonnérent tellement, qu'il crut en devoir chercher la cause dans un
de ces phénomènes bizarres et inexpliqués qui déjouent toutes les prévisions
des médecins.
» Au retour de son voyage, toute l'amélioration précédemment acquise
a disparu, le mal a pris même plus de développement que la premiere fois.
Je me remets à l’œuvre, et au bout de quelques jours M° de N*** accuse
déjà un bien-être sensible. La guérison suit les mêmes phases que la pre-
miere fois, mais huit mois sont nécessaires pour l’amener à bonne fin.
Alors los a repris partout une grande solidité, il reste un peu plus volu-
mineux seulement que son congénère.
» Trois années se sont écoulées depuis, et rien n’est venu altérer la
guérison. Cependant plusieurs chutes ont eu lieu sur ce bras, la dernière
tellement violente, qu’elle a produit une luxation complète du radius à sa
partie supérieure. Malgré ce grand ébranlement, la guérison est sortie vic-
torieuse de cette rude épreuve.
» Ce simple exposé des faits, sans commentaires, me parait démontrer
jusqu’à l'évidence l’action toute-puissante des manipulations médicales. »
M. Hvor adresse une Note « sur la division des angles ». Cette Note est
accompagnée de figures.
+
M. Vincenr pe Jozer demande et obtient l'autorisation de retirer un
Mémoire présenté par lui et ayant pour titre: « Exposé des principes tant
généraux que particuliers de la musique moderne ».
A 5 heures un quart, l’Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures et demie. E
( 1152 )
LA
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE,
L'Académie a reçu, dans la séance du 27 mai 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
The... Traitement physiologique et scientifique du choléra; par M. W. Par-
KER. Londres, 1849; opuscule in-12. (Adressé pour le concours Bréant,
1867.)
On the... Sur la marche de l'instruction élémentaire; par M. W. Lucas
SARGANT. Londres, 1867; br. in-8°. (Extrait du Journal de la Société de Sta-
tistique de Londres.)
Sitzungsberichte... Comptes rendus de l’ Académie des Sciences. Classe des
Sciences mathématiques et naturelles, t. LIV, livr. 4 et 5, 1866, novembre et
décembre. 1™° partie : Minéralogie, Botanique, Zoologie, Anatomie, Géologie
el Paléontologie. 2° partie : Physique, Chimie, Physiologie, Météorologie,
Géographie physique et Astronomie. Vienne, 1867; 2 br. in-8°.
Beiträge... Matériaux pour servir à la carte géologique de la Suisse, publiés
par la Commission géologique de la Société des Naturalistes de Suisse; 3° livr.,
Montagnes du sud-ouest du pays des Grisons; par M. le professeur THÉOBALD.
Berne, 1866; 1 vol. in-4° avec une carte coloriée. 5° livr., texte, et 5° livr.,
tables et cartes. Berne, 1867; in-4°. |
Schweizerische... Observations météorologiques en Suisse, publiées par la
Commission centrale des Naturalistes de Suisse, sous la direction du pro-
fesseur R. WOLF. 1° année, 1864 (décembre 1863 à novembre 1864);
2° année, 1865; 3° année, 1866 (décembre 1865 à août 1866). Zurich;
JOL”
Nuovo... Nouveau procédé pour l'extraction des cataractes capsulaires el
des capsules lenticulaires; par M. le professeur D. DE Luca. Naples, 1866;
opuscule in-8°,
Secondo... Second compte rendu statistique (année 1865-1866) de la cli-
nique ophthalmique dirigée par le professeur D. pe Luca. Naples, 1867;
br. in-8°.
L'Académie a reçu, dans la séance du 3 juin 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
La lumière, ses causes et ses effets; par M. Edmond BECQUEREL. ÉLIRE.
Sources de lumière. Paris, 1867; 1 vol. grand in-&.
CASS )
L Agriculture du nord de la France. T. 1* : la ferme de Masny; par M. J.-A.
BARRAL. Paris, 1867; 1 vol. grand in-8°. (Présenté par M. Boussingault.)
Recherches analytiques sur les polygones semi-réquliers ; par M. H. PIGEON.
Paris, 1865; in-4°. (Extrait du Journal de l’École impériale Polytech-
nique. )
Formule générale des nombres premiers et théorie des objectifs; par M. E.
DorMOY. Paris, 1867; in-4°.
Recueil de Mémoires de Médecine, de Chirurgie et de Pharmacie militaires,
rédigé sous la surveillance du Conseil de santé, publié par ordre du Mi-
nistre de la Guerre. 3° série, t. XVI et XVII. Paris, 1866; 2 vol. in-8°.
Hygiène publique. De la réforme sanitaire, des événements providentiels qui
lont amenée, des causes humaines qui en retardent l'application ; par M. Éva-
riste BERTULUS. Montpellier, 1867; br. in-8°. (Présenté par M. Velpeau.)
Quelques mots encore sur les polypes fibreux naso-pharyngiens volumineux
à insertions larges et résistantes et à prolongements multiples; par M. le D" Mı-
CHAUX. Bruxelles, 1867; br. in-8°. (Présenté par M. Velpeau.)
Tableau synoptique de sériciculture (vers à soie); par M. E. NOURRIGAT (de
Lunel). 1 feuille grand aigle.
La terre de Cheverny (Loir-et-Cher), ses améliorations de 1829 à 1866;
par M. le marquis DE VIBRAYE. Blois, 1866; br. in-8°.
Détermination de la vitesse avec laquelle est entrainée une onde lumineuse
traversant un milieu en mouvement; sur les prismes achromatiques construits
avec une seule substance; par M. HOEK. Amsterdam, 1867 ; br. in-8°.
Traité complet d’accôuchement; par M. le D" JOULIN. Paris, 1866; 1 vol.
grand in-8°, (Présenté par M. Velpeau et soumis par l’auteur au concours
de Médecine et de Chirurgie.)
Traité des divisions congénitales ou acquises de la voûte du palais; par M. A.
PRÉTERRE. Paris, 1867; 1 vol. in-12. (Renvoyé au concours Barbier.)
Métallothérapie. Du cuivre contre le choléra au point de vue prophylac-
tique et curatif; par M. V. BURQ. Paris, 1867; 1 vol. in-8°. (Envoyé par
l’auteur aux concours de Médecine et de Chirurgie et Bréant.)
Étude sur le phlegmon des ligaments larges; par M. A. FRARIER. Paris, 1866;
br. in-8°, (Envoyé au concours Godard.)
Des tissus érectiles et de leur physiologie; par M. Ch. Legros. Paris, 1866;
in-4°. (Envoyé au concours Godard.)
Des accidents dans les laboratoires de chimie ; par M. J.-A. THELMIER (THO-
LOMIER). Paris, 1866; br. in-8°. (Adressé pour le concours des Arts insa-
lubres. )
( 1154 )
Expériences propres à faire connaître le moment où fonctionne la rate; par
MM. A. ESTOR et C. SAINTPIERRE. Paris, 1865 ; opuscule in-8°. (Adressé pour
le concours de Médecine et de Chirurgie.)
Du siége des combustions respiratoires. Recherches expérimentales; par
MM. A. Esror et C. SAINTPIERRE. Paris, 1865; opuscule in-8°.
Recherches expérimentales sur les causes de la coloration rouge des tissus
enflammés; par MM. A. Esror et C. SAINTPIERRE. Paris, 1864; opuscule
in-8°.
Sur un appareil propre aux analyses des mélanges gazeux et spécialement au
dosage de gaz du sang; par MM. C. SAINTPIERRE et A. ESTOR. Montpellier, 1865;
opuscule in-8°. (Ces quatre derniers opuscules sont adressés par les auteurs
au concours de Médecine et de Chirurgie, 1867.)
Études et expériences sur la salive considérée comme agent de la carie den-
taire; par M. E. MaGITOT. Paris, 1886; br. in-8°. (Adressé pour le con-
cours de Médecine et de Chirurgie.)
Recherches comparatives sur les effets du chloroforme et du gaz oxyde de
carbone; par M. FAURE. Paris, 1867; opuscule in-8°. (Envoyé au concours
de Médecine et de Chirurgie.)
De la statistique du service d’accouchements de l'hôpital de la Pitié; par
M. G.-S. Emris. Paris, 1867; br. in- 8°. ( Envoyé au concours de Médecine
et de Chirurgie.) |
Recherches expérimentales sur l'action physiologique de l’ipécacuanha; par
M. G. PÉCHOLIER. Paris et Montpellier, 1862; br. in-8°.
Recherches expérimentales sur l’action physiologique du tartre stibié; par
M. G. PÉCHOLIER. Paris et Montpellier, 1863; br. in-8°.
Des indications de l'emploi du calomel dans le traitement de la dysenter ie;
par M. G. PÉCHOLIER. Paris et Montpellier, 1865; br. in-8°.
Études sur l’action du quinquina dans les fièvres typhoides et sur la fièvre
pernicieuse dothinentérique; par M.G. PÉCHOLIER. Paris et Montpellier, 1864;
br. in-8°.
Des indications de l'emploi de la diète lactée dans le traitement de diverses
maladies et spécialement dans celui des maladies du cœur, de l'hydropisie el de
la diarrhée ; par M. G. PÉCHOLIER. Paris et Montpellier, 1866; br. in-8°.
Etude d'hygiène sur quelques industries des bords du Lez; par MM. G. pÉ-
CHOLIER et C. SAINTPIERRE. Paris et Montpellier, 1864; br. in-8°.
Etude sur l'hygiène des ouvriers employés à la fabrication du verdet; par
MM. G. PÉCHOLIER et C. SAINTPIERRE. Paris et Montpellier, 1864; br. in-8°.
Expériences sur les propriétés toxiques du Boundou (poison d'épreuves des
( 1156 )
Gabonnais) ; par MM. G: PÉCHOLIER et C. SAINTPIERRE. Paris et Montpel-
lier, 1866; br. in-8°.
Etude sur l'hygiène des ouvriers peaussiers du département de l'Hérault ;
par MM. G. PÉCHOLIER et C. SAINTPIERRE. Paris et Montpellier, 1864:
br. in-8°.
Faits et expériences pour servir à L'histoire des gaz irrespirables qui peuvent
se dégager dans les cuves vinaires; par M; G: SAINTPIERRE. Montpellier, sans
date; opuscule in-8.
Nouvelles observations sur les atmosphères irrespirables des cuves vinaires ;
par M. C. SaiNTPIERRE. Montpellier, sans date; opuscule in-8°.
Sur la production d'oxygène ozoné par l'action mécanique des appareils de
ventilation; par M. C. SaINTPIERRE. Montpellier, sans date; opuscule in-8°.
(Ces douze brochures sont envoyées par MM. Pécholier et Saintpierre au
concours de Médecine et de Chirurgie, 1867.)
De la lithotritie généralisée; par M. le D" GüILLON. Paris, 1862; br. in-8°.
(Adressé au concours de Médecine et de Chirurgie, 1867.)
Étude sur le développement des tissus fibrillaires (dit conjonctif) et fibreux;
par M. E.-C. ORDONEZ. Paris, 1866; br. in-8°. (Envoyé au concours de
Médecine et de Chirurgie.)
De la phthisie pulmonaire; par MM. HéRaRD et V. CORNIL. Paris, 1867;
1 vol, in-8°. (Envoyé au concours de Médecine et de Chirurgie.)
Traité pratique de la gravelle et des calculs urinaires; par M. LEROY
D'ÉTIOLLES fils. Paris, 1866; 1 vol. in-8°. Sade au concours de Méde-
cine et de Chirurgie.)
Étude ophthalmoscopique sur les altérations du arf optique et sur r les mala-
dies cérébrales dont elles dépendent ; par M: X. GALEZOWSKI. Paris, 1866;
grand in-8°. (Adressé au conconrs de rene et de Chirurgie.)
Du rétroceps et de ses appli pratiques; p M. le D'HAaMoON. Paris, 1867;
r. in-8°. ;
Essai sur la méthode amovo-inamovible ou plutôt valvaire appliquée à la
thérapeutique des fractures; par M. le D" Hamon: Paris, 1865; br. in-8°.
(Ces deux brochures sont adressées au concours de Médecine et de Chi-
rurgie, ).
Observationes dé: retiri: riitit penitiori, auclore Max SCHULTZE.
Bonnæ, 1859; in-4° avec une planche. `
Ueber... Sur la tache jaune de la rétine et son influence dans les poids
physiologiques: et cerlaines à be anormales; par M. Max SCHULTZE.
Bonn, 1866; in-8°.
C R., 1867, 1°" Semestre. (T. LXIV, No 22.) 152
( 4356 )
Zur... Sur l'anatomie et la physiologie de la rétine; par M. Max SCHULTZE.
Bonn, 1866; in-8° avec planches.
Ueber... Sur les bâtonnets et sur les cônes de la rétine; par M. Max
SCHULTZE. Bonn, 1867; in-8° avec planches. (Ces quatre brochures sont en-
voyées au concours de Physiologie expérimentale, 1867.)
Ueber... Sur la production de la fermentation par le Mucor Mucedo; par
M. BaīL. Sans lieu ni date; br. in-4°.
Ueber... Sur les ferments; par M. BAIL. Ratisbonne, 1857; br. in-8°.
Mittheilungen... Mémoire sur le développement des cryptogames cellulaires;
par M. Bail. Dantzig, 1867; in-4°.
Ueber... Sur les maladies produites chez les insectes par des végétaux myco-
dermes; par M. BAIL. Sans lieu ni date; in-4°. (Ces quatre ouvrages sont
adressés par l’auteur au concours Thore.)
Caldaje... Chaudière solaire ou Nouvelle méthode pour échauffer l’eau sans
combustible, 1" Mémoire; par M. G. Mocenico. Vicence, 1867; br. in-8°.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES REÇUES PAR L’ACADÉMIE PENDANT
LE MOIS D'AVRIL 1867.
Kaiserliche... Académie impériale des Sciences de Vienne; n™ 8 à 11,
1867; 1 feuille d'impression in-8°.
L’ Abeille médicale; n°° 12 à 16, 1867; in-4°.
L'Art médical; avril 1867; in-8°.
L Art dentaire; mars 1867; in-8°.
La Science pittoresque; n° 13 à 17, 1867; in-4°.
La Science pour tous; n°% 17 à 21, 1867; in-4°.
L'Événement médical; n° 9, 1867; in-f°.
Le Gaz; n° 2, 1867; in-4°.
Le Moniteur de la Photographie; n°° 2 et 3, 1867; in-4°.
Les Mondes..., n°° 13 à 17, 1867; in-8°.
Magasin pittoresque; mars 1867; in-4°.
Matériaux pour l’histoire positive et philosophique de l’homme; par M. G. DE
MORTILLET ; mars 1866; in-8°.
Monatsbericht... Compte rendu mensuel des séances de l’ Académie royale
des Sciences de Prusse. Berlin, décembre 1866 ; in-8°.
Monthly... Notices mensuelles de la Société royale d’ Astronomie de Londres,
5 mars 1866; in-r2.
( 1257)
Montpellier médical... Journal mensuel de Médecine; n° 4, 1867; in-8°.
Nouvelles Annales de Mathématiques; avril. 1866; in-8°.
Presse scientifique des, Deux Mondes ; n° 13 à 17, 1865; in-8°.
Pharmaceutical Journal and Transactions; t. VHT, n% get 10, 1867; in-8°.
Reale Istituto Lombardo di Scienze e Lettere. Rendiconto.. Classe di Scienze
matematiche e naturali; t. Il, septembreà décembre 1865, et t. HI, janvier à
novembre 1866. 2 :
Répertoire de Pharmacie; mars-et avril 1867; in-8°.
Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale ; n% 7 .et8, 1867; in-8°.
Revue des cours scientifiques; n° 20 à 2231867; in-4°.
Revue des Eaux et Foréts; n° 4, 1867; in-8°.
Revue maritime et coloniale; avril 1867 ; in-8°.
Revue médicale de Toulouse ; 1° année; n% 2 et 3, 1867; in-8°.
Società reale di Napoli. Rendiconto. dell’ Accademia delle Scienze fisiche e
matematiche. Naples, mars 1867; in-4°. ^
The Laboratory ; n% 2 à 4, 1867; in-4°.
The Scientific Review; n° 13, 1867; in-4°.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES REÇUES PAR L'ACADÉMIE PENDANT
pp LE MOIS DE MAI 1867.
Annales de Chimie et de Physique; par MM. CHEVREUL, DUMAS, PELOUZE,
BOUSSINGAULT, REGNAULT; avec la collaboration de M. WURTZ ; avril
1867; in-8°. Gt : botte
Annales de l’ Agriculture. française; n° 8, 1867; in-8°. |
Annales de la Société d'Hydrologie médicale de Paris; comptes rendus des
séances, o° et 10° livraisons ; 1867 ; in-8°;
Annales de la Propagation de la foi; mai 1867; in-12.
Annales du Génie civil; mai 1867; in-8°..,. À
Annales médico-psychologiques ; mai 1867; in-8°.
Annales météorologiques de l’Observatoire de Bruxelles; n° 3, 1867; in-4°.
Bibliothèque universelle et Revue suisse. Genève, n° 112, I 867; in-8°.
Bulletin de l’ Académie impériale de Médecine ; n% des 30 avril et 15 mai
1867 ; in-8°. AT ;
Bulletin de l’ Académie royale de Médecine de Belgique; n° 3, 1867 ; in-8°.
Bulletin de la Société académique d’ Agriculture, Belles- Lettres, Sciences et
Arts de Poitiers; n% 112 à 114, 1867; in-8°.
( 1458 })
Bulletin de la Société d'Agriculiure, Sciences et. Aris de la Sarthe,
2° série, t. XI, 1867; in-8°.
Bulletin de la Société de Géographie; avril 1867; in-8°.
Bulletin de la Société française de Photographie; avril 1867 ; in-8.
Bulletin de la Société Géologique de France; feuilles 9 à 16, 1867; in-8°,
Bulletin des séances de la Société impériale et centrale d "Agriculture de F rance;
n° 5; 1867; in-8°. |
Bulletin général de Thérapeutique; n° des 30 avril et 15 mai 1867; in-8°.
Bulletin hebdomadaire du Journal de l'Agriculture; n% 18 à 21, 1867;
in-8°.
Bulleitino meteorologico dell Osservatorio del Collegio romano ; n° 4, 1867,
in-4°.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des Sciences;
1° semestre 1867, n% 18 à 21; in-4°.
Cosmos; livraisons 18 à 21, 1867; in-8°.
Gazette des Hôpitaux ; n° 51 à 62, 1867; in-4°.
Gazette médicale de Paris; n° 18 à 21, 1867; in-4°.
Journal d’ Agriculture pratique; n°% 18 à 21, 1867; in-8°.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de T Te oa mai
1867; in-8°.
Journal de la Société impériale el centrale d Horticulture; mars 1867;
in-8°.
Journal de Mathématiques pures et appliquées, octobre à décembre 1866;
in-4°.
Journal de Médecine vétérinaire militaire; avril 1867; in-8°. :
Journal de Pharmacie et de Chimie; mai:1867; in-8°.
Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; n°% 12 à 14, 1867;
in-8°.
Journal des fabricants de sucre; n° 3 à 6, 1867; in-f°.
Kaiserliche... Académie impériale des Sciences de Vienne; n° 12 et t3,
1867; 1 feuille d'impression in-8°. |
(La suite du Bulletin au prochain numéro)
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 40 JUIN 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL,
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE ANALYTIQUE. — Actions décomposantes d'une haute température sur
quelques sulfates; par M. BoussiNGAULT.
« Dans l'analyse de certains engrais, tels que le guano, les coprolithes;etc.,
l’on est assez fréquemment conduit à doser la chaux à l’état de sulfate,
en appliquant un procédé imaginé par Berzélius pour séparer cette terre de
ses combinaisons avec l'acide phosphorique. Le sulfate calcaire lavé avec
de l’eau mêlée à de l’alcoolest séché, puis calciné.
» J'ai cru remarquer que ce procédé ne donnait plus aujourd’hui des ré-
sultats aussi certains que ceux que l’on en obtenait autrefois, à une époque
où le chauffage par le gaz n'était pas introduit dans mon laboratoire, et, à
plusieurs reprises, j'ai eu l’occasion de constater que le poids du sulfate de
chaux ne devenait fixe qu'autant que l'on modérait la durée et l'intensité
de la calcination; C’est ainsi que je fus amené à soupçonner que les sul-
fates alcalino-terreux ne résistaient pas à la chaleur rouge, comme on l'ad-
met généralement. J'ai trouvé, en effet, que le sulfate de chaux est décom-
posé à une température n’excédant peut-être pas de beaucoup celle à
laquelle le carbonate de chaux abandonne l'acide carbonique, et que, par
l’action du feu, l'acide sulfurique est expulsé du sulfate de magnésie, du
sulfate de plomb, du sulfate de strontiane et du sulfate de baryte. Cette
C. R., 1867, 1°" Semestre. (T. LXIV, N° 25.)
( 1160 )
expulsion exige uñe température bien supérieure à celle reconnue néces-
saire pour dissocier l'acide sulfurique libre en oxygène et en acide sul-
fureux; c’est là une conséquence de l’affinité respective des diverses bases
pour l'acide, et la chaleur plus ou moins forte qu’il faut produire pour opé-
rer la décomposition d’un sulfate donne en quelque sorte la mesure de
cette affinité. Ainsi l'on doit avoir recours à une température bien- plus
intense pour décomposer les sulfates de strontiane et de baryte que pour
décomposer les sulfates de chaux, de magnésie et de plomb.
» Dans mes expériences je me suis servi de deux foyers :
» 1° Un bec à gaz de Bunsen alimenté d’air par un soufflet; c'est une
soufflerie d’émailleur servant à travailler le verre, et donnant un feu suffisant
pour attaquer les silicates par le carbonate de chaux afin de les analyser sui-
vant l’ingénieuse méthode de M. Henri Sainte-Claire Deville.
» 2° L'appareil de M. Schlæsing, l’un des instruments les plus précieux
que la chimie docimastique ait acquis dans ces dernières années et à l’aide
duquel on obtient la température de la fusion du fer.
» Les sulfates étaient placés dans de petits creusets en platine fermés
tantôt par un couvercle simplement Juxtaposé, tantôt par un couvercle à
rebord assurant une fermeture plus parfaite. J’indique ces détails parce
qu'il m'a semblé évident que la décomposition de certains sulfates, comme
la volatilisation des sulfates alcalins, était accélérée par l'accès et par le re-
nouvellement de l’air, conformément aux observations de Gay-Lussac sur
l'influence d’un courant de gaz dans la transformation du calcaire en chaux
vive, observations qui sont devenues le point de départ d'expériences d’un
haut intérêt exécutées récemment par M. Debra
» Sulfate de chaux. — On a employé du sulfate lamellaire d’une grande
pureté.
» Sa composition correspondait à la formule Ca O, SO* + 2 HO :
CAO. ai Sup aditlison. sh ORENDI is 32,56
A ni tonne me RS EE PRES ST 46,51
D à NÉE ae : g nur Wo
100,00
» I. o%,5o0, chauffés pendant vingt minutes au chalumeau à gaz ont
laissé pour résidu :
gr
Chaure s An E E E ne P ire
On aurait it då dbéethis:! min SS OPTEN | 0 ,1628
» Le sulfate a d'abord fondu.
( 1161 )
» Par l'addition d’un peu d'eau, la chaux s’est échauffée ; on a dissous
l'hydrate dans l'acide chlorhydrique; la dissolution n’a pas été troublée par
le chlorure de baryum.
» II. 2 grammes de sulfate, contenant théoriquement : chaux of",6512.
ont été chauffés à l'appareil de Schlæsing.
gr
Après dix minutes de feu, le résidu a pesé... 0,700
Après dix autres minutes. . .... .....,. 0,652
» C'était de la chaux pure; elle s'est hydratée avec dégagement de cha-
leur. La dissolution dans l'acide chlorhydrique ne renfermait pas d'acide
sulfurique.
» Sulfate de magnésie. — Gay-Lussac a remarqué que lorsque l’on cal-
cine le sulfate de magnésie au rouge cerise, il y en a toujours une petite
quantité de décomposée, donnant naissance à des flocons de magnésie qu'on
aperçoit dans la dissolution du sulfate après la calcination (1).
» Il y avait là un indice de la décomposition du sulfate de magnésie par
la chaleur, et il est clair que la quantité de base mise en liberté devait dé-
pendre de la durée de la calcination et de la température à laquelle elle
avait eu lieu; cependant Gay-Lussac a considéré cette quantité comme une
constante dont il s’est servi pour corriger les résultats de ses analyses.
» Le sulfate de magnésie, privé d’eau, est formé de :
MED Een E POP A ETE
Beye aa T MES 66,67
gr
» I. On a chauffé au chalumeau à gaz. :.4..... ...:. 0,500 de ce sulfate.
On a obtenu pour résidu................. son 104107
Le nombre théorique étant. .............:.... 0,1667
» La magnésie adhérait fortement aux parois du creuset; le couvercle
en était garni, ce qui fait présumer que la chaleur ayant été appliquée trop
brusquement, de la maguésie avait pu être entraînée par le dégagement des
gaz provenant de la décomposition de l'acide sulfurique.
» La dissolution de cette magnésie dans l'acide chlorhydrique ne renfer-
mait pas d'acide sulfurique.
» II. o%,304 de sulfate ont été chauffés au chalumeau à gaz, dans un
creuset ouvert.
(1) Gay-Lussac, Annales de Chimie et de Physique, 2° série, t. XII, p. 310.
102
( 1162 )
» Le sulfate a fondu, s’est tuméfié, par suite du dégagement de gaz, puis
la matiere s’est concrétée.
Après un quart d’heure de chaleur blanche le résidu a pesé... "d 101
Le nombre théorique étant..........-..::.:..--:::-::: 0,1013
» La magnésie ne renfermait pas de sulfate.
» III. On a chauffé à l'appareil Schlæsing, dans un creuset couvert,
18',971 de sulfate.
Après huit minutes de feu, le résidu. a pesé... .. 0.654
Le nombre théorique était. ,........:-...+.:..:. 0,6569
» La magnésie était frittée ; elle s’est hydratée très-lentement.
» L’acide chlorhydrique étendu l’a dissoute; la dissolution ne contenait
pas d'acide sulfurique. Cette indifférence de la magnésie pour l'eau et
pour l’acide chlorhydrique provenait sans doute de la haute température
qu’elle avait supportée. Cette température avait dépassé celle de la fusion
du fer, car une des branches du support en platine sur lequel reposait le
creuset éprouva un commencement de fusion.
» Sulfate de strontiane.
C'était un échantillon de célestine d’une remarquable pureté.
» I. 0f',400 de sulfate renfermant o%,2257 de strontiane ont été chauffés
pendant dix minutes à l'appareil de Schlæsing.
Le rend nr E do o 0,247
Après avoir continué le feu pendant vingt minutes.. 0,226
» C'était la quantité théorique, mais on reconnut bientôt que cette exac-
titude était due à un hasard. :
On remit le creuset au feu pendant dix minutes; le résidu pesa alors... 0,219
Chauffé encore pendant dix minutes, il pesa......... :+.:-++:--+:°: 0,216
» En une demi-heure le poids de 08,226 avait perdu 0f",01. Cette perte
provenait de la disparition d’une partie de la strontiane; le résidu était ad
dâtre, fritté; après s'être échauffé fortement par Phumectation, il s'est
dissous entièrement dans l'acide chlorhydrique, la dissolution ne conte-
nait pas d’acide sulfurique.
» II. 0f',421 de sulfate ont été chauffés pendant dix minutes.
Ee PONS P o e ear a 0,403
Après une seconde chauffe de quinze minutes. ..... 0,220
( 1163 )
quantité inférieure de près de 0%,02 à la quantité théorique 0%,2376
qu’auraient dù laisser les 08,421 de sulfate. La strontiane avait un aspect
cristallin d’un blanc légèrement verdätre. Le platine du creuset était
légèrement attaqué, la dissolution chlorhydrique présentait une teinte jaune
indiquant la présence de ce métal; elle ne renfermait pas d’acide sulfurique,
la décomposition du sulfate avait été complète, et la perte constatée ne
pouvait être attribuée qu’à la volatilisation de la strontiane. On fit une
expérience dont le résultat confirma cette supposition.
» III. On calcina dans un creuset de platine du nitrate de strontiane
pour obtenir une certaine quantité de base.
gr Perte.
La strontiane pesait. miea ahe anete i in 0,350 ji
Chauffée pendant quinze minutes... ....... 0,340 0,010
Après quinze minutes de chauffe. . . ilsir 0,338 0,002
Après quinze minutes de chauffe....:....... 0,325 0,013
Après quinze minutes dé chauffe... s.e- 0,318 0,007
Après quinze minutes... :..:+..--.....-:: 0,300 0,018
Après quinze minutes... «use... 0,294 0,006
0,056
» En une heure et demie, il y avait eu 0%",056 de strontiane éliminée.
J'ajouterai qu'en rendant la flamme réductrice comme on peut le faire avec
l'appareil Schlæsing, cette flamme se colorait en pourpre.
» Ainsi, à la température de la fusion du fer, le sulfate de strontiane est
décomposé, les éléments de l'acide sulfurique sont dissociés, et si l’on
n'obtient pas de cette décomposition toute la base correspondante au sul-
fate, c’est que l'élimination de l'acide s’accomplit à une température trop
rapprochée de celle à laquelle la strontiane se volatilise, soit parce qu’elle
est volatile de sa nature, soit parce qu’elle est réduite à l'état métallique
par les gaz combustibles da foyer pénètrant le platine du creuset.
» Sulfate de baryte.
Base a s e PR 3 e NE 65,665
acides: ©? aAa ER Pr este: 34,335
» Ona employé indistinctement du sulfate artificiel et du sulfate naturel.
» On chauffa pendant une demi-heure, au chalumeau à gaz, 0f°,300 de
sulfate; le résidu pesa 0,483. Si la totalité de l'acide eùt été éliminée, on
aurait trouvé dans le creuset o0%,3283 de base. La décomposition n'avait
donc été que partielle. L'eau mise sur le résidu devint alcaline, et l’acide
chlorhydrique dissolvit de la baryte.
( 1164 )
\
» II. On souinit alors le sulfate au feu de l'appareil Schlæsing :
0f",193 de sulfate artificiel devant renfermer......,.,... gpi 267 de:baryte.
Après vingt-sept minutes de chauffe, le résidu pesa..... 0,1130
» La baryte rassemblée au fond du creuset avait été fondue;.elle présen-
tait un aspect cristallin, et comme il s'en trouvait 08,014 de moins que le
calcul en indiquait, on présuma que la perte provenait de ce que de la
baryte avait disparu. Pour s’en convaincre, on remit le creuset au feu,
que l’on maintint pendant un quart d'heure. Le résidu pesa alors 05,070;
il avait diminué de 0,043. On apercevait sur la surface interne du creuset
des points d’un aspect métallique d’une couleur rosacée, peut-être un
alliage de baryum, et des petits groupes de cristaux de baryte. La baryte
restante s’est dissoute entièrement dans l'acide chlorhydrique étendu. La
dissolution, colorée en jaune, contenait du platine, le creuset ayant été
assez profondément attaqué pour être mis hors de service. |
PART Rte ie Ps er Se d 300 renfermant baryte. 0, 1970
Après quinze minutes de feu, résidu. 0,248
Chauffé encore pendant dix minutes. 0,141
» La baryte était fondue, cristalline, verdâtre; on en a obtenu 0%,056
de moins que n’en contenaient les o8", 300 de sulfate.
» La décomposition du sel avait été entière, la baryte s’est dissoute dans
l'acide chlorhydrique sans laisser de résidu.
» IV. 0%,237 de sulfate renfermant o",1556 de base ont été exposés au
feu dans un creuset ouvert.
Après une chauffe de vingt. minutes, le résidu a pesé. ....... 0,195
Après une nouvelle chauffe de quinze minutes............ 05002
» Le creuset était vide, ses parois très-superficiellement attaquées.
» V. Dans une autre expérience, on a chauffé au feu Schlæœsing, dans
un creuset portant un couvercle superposé, of", 252 de sulfate renfermant
05%,1655 de base.
Après une chauffe de dix minutes, le résidu a pesé......... 0,215
Après une nouvelle chauffe de vnet INES ss 6 de eat 0 ,006
» Les of, 006 étaient de la baryte sans trace de sulfate.
» Ainsi, il est hors de doute qu’à la température de la fusion du fer, le
sulfate de baryte perd la totalité de son acide, et, comme il arrive pour le
sulfate de strontiane, si la décomposition ne fournit pas une quantité de
base correspondante au sulfate, cela tient à ce qu’une partie de cette base
( 1265 )
est éliminée parce qu'elle est volatile, ou bien parce qu'elle est réduite à
l’état métallique par des gaz combustibles du foyer traversant le platine du
creuset, comme le pense M» Henri Sainte-Claire Deville. Je me borne,
quant à présent, à constater le fait de la disparition de la baryte.
» Sulfate de plomb.
» Ce sel avaitété préparé en précipitant l’acétate de plomb par le sulfate
d'ammoniaque. Le sulfate de plomb, desséché, avait été chauffé au rouge
sombre. Chauffé au chalumeau à gaz, à la chaleur blanche, dans un creuset
ouvert :
Sulfate. ci d dorée) P 05310; contenant oxyde, .... 0, 2282
Après dix minutes de feu, résidu. . . 0,253
Apres dix Muutes. . .. .,, 3, 0,234
Après dix minutes”, . :.. 2. "ss. 0,225
» Le sulfate est entré en fusion en émettant de légères vapeurs. Bientôt
il s’est manifesté une ébullition indiquant la dissociation de l'acide. Par
le refroidissement, l’oxyde s’est solidifié en une petite masse arrondie, inco-
‘ lore et cristalline. Le platine du creuset n’a pas été attaqué.
» Le sulfate de plomb est donc décomposable à une température bien
inférieure à celle de la fusion du fer.
» Berthier avait reconnu que le sulfate de plomb est converti en oxyde
pur lorsqu’on le chauffe au blanc après l'avoir mélangé avec une proportion
de charbon capable de transformer l’acide sulfurique qu’il contient en acide
sulfureux. On vient de voir que l'intervention du charbon n’est pas indis-
pensable, puisque la chaleur seule suffit pour opérer cette conversion (1).
» Sulfates alcalins. — Le sulfate de soude, le sulfate de potasse, exposés
à la chaleur blanche, commencent à se volatiliser ; à la température de la
fusion du fer, ils entrent en ébullition, et la volatilisation s’accomplit rapi-
(1) Sulfate de thallium. — Ce sulfate m'avait été donné par M. le commandant Caron.
On a chauffé, au chalumeau à gaz, dans un creuset de platine ouvert :
Salle... 24: Lana ALL uu oë", 321
Après vingt minutes de chauffe, la totalité du sel était volatilisée.
Dans une autre expérience on a constaté, au moyen d’une lame de platine maintenue
au-dessus du creuset dans lequel on chauffait à la chaleur blanche 0,657 dun sel, que la
Yapeur condensée était du sulfate de thallium.
( 1166 )
dement sans qu'on puisse constater d'une manière certaine la dissociation
de l'acide sulfurique.
> Je me limiterai ici à rapporter quelques-unes des expériences assez
nombreuses que j'ai faites sur les sulfates alcalins.
» Sulfate de soude. — Du sulfate anhydre a été chauffé pendant quinze
minutes dans un creuset de platine ayant un couvercle superposé :
I. Sulfaté..... ses SE E Si 0,724
Après quinze minutes de feu Schlæsing. . . ....: 0,207
Perte..." 0 Ti 0,517
» Les of", 207 de sulfate résidu avaient une réaction nettement alcaline.
» Sulfate de potasse.
T Sue o.ae re E ve a 348
Après vingt minutes de feu Schlœæsing........ 0,113
P er et ste 0 0,235
» Le sulfate résidu avait une réaction alcaline.
gr
H Smiter ei FD Dub Ci dit 0,841
Après dix minutes de chanffèihifos. as s ya re 0.888
Perte ionta HAPUR 0,459
» Le résidu avait une réaction alcaline. À
> Par la méthode volumétrique on a trouvé, dans les of", 382 de sulfate
résidu, of, 0025 de potasse libre correspondant à of ,.0046 de sulfate dont
l'acide aurait été décomposé.
g
Hi Süle ae ess: oi EEEE 0,488
Après trente minutes de feu en creuset ouvert. . 0,000
» Le creuset était vide et parfaitement net; il avait perdu 0%, 001.
gr
IV. Bulate. o. dou def RE 0,739
En creuset ouvert, en trente-cinq minutes..... 0,000
» Le creuset de platine avait perdu 0f°, 001 LE
» V. Le sulfate a été chauffé en creuset ouvert, au chalumeau à 947:
température à laquelle on attaque les silicates.
à la
a E aeae id
Après cinq minutes de chauffe. ci Aei pr tun 0,538
Ean ine
» On plaça au-dessus du creuset une lame épaisse et concave de p 4
j ter ui
pour condenser la vapeur. Cette lame se couvrit d’un très-léger en
( 1167 )
blanc que l’on dissolvit dans quelques gouttes d’eau. La dissolution ne
possédait pas de réaction alcaline; le chlorure de baryum la troubla. C'était
bien du sulfate de potasse.
» Les of, 538 de sulfate restés dans le creuset n’ont pas manifesté de
réaction alcaline. Ainsi, à la température du chalumeau à gaz, il n'y avait
pas eu dissociation d’acide sulfurique, mais simplement volatilisation de
sulfate.
» Il ressort de ces expériences que les sulfates de chaux, de magnésie,
de plomb sont décomposables à la chaleur blanche, et que, par consé-
quent, dans les recherches analytiques, leur calcination doit être effectuée
à une température peu élevée; et quoique les éléments de l'acide des sul-
fates de strontiane et de baryte ne se dissocient rapidement qu'à la tem-
pérature de la fusion du fer, il faut user de la même précaution quand on
les calcine, car il paraît certain que la décomposition de ces sulfates com-
mence déjà à se manifester à un degré de chaleur inférieur à ce point de
fusion. Quant à la volatilisation des sulfates alcalins, elle doit être prise en
sérieuse considération lorsqu'il s’agit de doser les substances salines dans
les végétaux, parce qu'il est à craindre qu’en opérant les incinérations à une
température très-élevée, on n’éprouve une perte notable de sels alcalins,
particulièrement des sels de potasse, qui sont plus volatils que les sels à
base de soude. »
ORGANOGRAPHIE APPLIQUÉE. — Structure et constitution des fibres ligneuses ;
par M. PA YEN. |
« Parmi les nombreux produits importants qui attirent peu les regards
dans l’immense Exposition internationale, nous pouvons citer les pâtes à
papier de nouvelles origines.
» Chacun sait, en effet, que les débris des tissus de chanvre, de lin, de
coton et de plusieurs autres substances textiles, deviennent de jour en jour
plus insuffisants à mesure que la fabrication et la consommation du papier
acquièrent de plus grandes proportions, à mesure que l'instruction se pro-
page et que la publicité prend un essor plus rapide. ;
» De cet état de choses, de cette sorte de nécessité suprême, est née une
grande industrie qui se développe en France, en Belgique, en Allemagne,
en Angleterre, en Amérique, dont le but est d'extraire la cellulose fibreuse,
à différents degrés d'épuration et même blanche et pure (sauf quelques
dix-millièmes de matières minérales), de végétaux qui, jusqu'alors, n'avaient
fourni aucune quantité de matière premiere à la papeterie.
C. R., 1867, 17 Semestre. (T, LXIV, N° 25.) 154
( 1168 )
» Ces grandes opérations apportent par des voies différentes une dé-
monstration nouvelle de la constitution organique et de la composition des
fibres ligneuses.
» En ce qui concerne le bois de plusieurs arbres, on parvient au but à
l’aide de trois procédés distincts, chacun d’eux débarrassant par degrés la
cellulose primitive des incrustations ligneuses qui, durant le cours de la
végétation, avaient graduellement épaissi les parois internes de ces fibres
par couches concentriques; de telle sorte que, partant du bois normal
dont la composition élémentaire présente en centièmes, suivant l’âge et les
espèces, 48,5 à 53 de carbone (1), l'oxygène et l'hydrogène dans les propor-
tions constituant l’eau, plus un excès d'hydrogène variable de 3 à 6 mil-
lièmes, outre 6 à 11 millièmes d’azote et 2 à 6 millièmes de. substances
minérales, on peut arriver à recueillir la cellulose intacte, conservant les
formes primitives des fibres amincies, ouvertes, en membranes plus ou
moins étroites et longues, réunissant les conditions utiles au feutrage de la
feuille de papier (2).
» Ces membranes ainsi épurées offrent constamment la composition élé-
mentaire de la cellulose représentée par du carbone 44,44, et de l'eau
55,55, indiquée par la formule C'?H!°0O!°, avec toutes ses propriétés : désa-
(1) Les analyses publiées par Gay-Lussac et Thenard, et plusieurs autres savants chimistes,
ont montré que les bois plus ou moins légers et lourds, d’essences diverses, venus dans des
conditions différentes, contiennent des proportions de carbone variables entre 0,485 et
0,930; or, la composition de la cellulose qui forme une partie des tissus ligneux ayant une
composition constante et contenant 0,444 de carbone, si les substances incrustantes ou in-
jectées dans les parois épaissies des fibres ligneuses contiennent dans leur ensemble 0,545
de carbone, on pourra, par un calcul simple, représenter ainsi la composition immédiate des
bois graduellement plus lourds :
Cellulose, Substance incrustante. Carbone.
60 + fo 2 48,46
4o -= 6o Æ 014
30 + 70 2 51,48
20 + 80 — 52 ,83
(2) Le tissu cellulaire disloqué par ces opérations fournit des membranes trop courtes
pour se prêter au feutrage; quant aux granules amylacés dont j'ai constaté la présence dans
les tissus du bois d’un grand nombre d’arbres et parfois jusque dans les longues cavités des
fibres ligneuses, ils se trouvent soit détruits par l’eau régale, soit transformés en glucose par
l’acide chlorhydrique étendu, plus facilement encore que la cellulose spongieuse injectée
de matières incrustantes. {Voir les Bulletins de la Société impériale et centrale d'Agriculture
de France, 1862, 1863 et 1864.)
( 1169 )
grégation, transformation en dextrine puis en glucose par l'acide sulfurique
à 6o ou 62 degrés, produisant aux premiers moments de cette désagréga-
tion le curieux phénomène de la coloration violette par l’iode.
» L'un des trois procédés appliqués également avec succès à l'extraction
de la cellulose fibreuse de la paille de plusieurs graminées reproduit en
grand, à l’aide d'appareils nouveaux et de perfectionnements remarquables,
les phases des opérations que j'avais effectuées anciennement dans le labo-
ratoire pour extraire la cellulose des tissus de divers végétaux; il consiste
à traiter plusieurs fois ces substances à chaud par de fortes solutions de
soude ou de potasse, puis par le chlore. Dans les usines la réaction est de-
venue plus énergique par l'élévation, en vases clos, de la température du
liquide à 120, 130, ou même 145 degrés. On a rendu ce traitement plus
économique en reconstituant la soude par la concentration des fortes les-
sives, chargées de matières organiques, l’incinération du résidu au four
à réverbère, et la caustification, par la chaux, du carbonate alcalin,
» On termine par un blanchiment à la solution d'hypochlorite de
chaux (1) et d'abondants lavages à l’eau aussi pure que possible. |
» Un assez grand nombre d'usines préparent ainsi chaque jour, en
France et à l'étranger, 1000, 2000, et jusqu’à 10000 kilogrammes de pâte
à papier, blanche, dosée à l'état sec (2).
» Dans la belle usine de Pontcharra, près de Grenoble, MM. Neyret,
Orioli et Frédet, traitant à chaud, par une sorte d’eau régale étendue
(6 d’acide chlorhydrique, 4 d'acide azotique et 250 d’eau), des rondelles de
bois de 5 millimètres d'épaisseur, parviennent à dégager la cellulose fibreuse
en attaquant les substances incrustantes par la soude ou l'ammoniaque (3)
dans un vase clos à double enveloppe de leur invention; le blanchiment à
l’hypochlorite de chaux, puis les lavages et l’affinage à la pile suffisent
(1) Une addition ménagée d’acide sulfurique ou d'acide carbonique dégageant à l’état
naissant de l'acide hypochloreux ou du chlore active la décoloration.
(2) De semblables usines sont installées chez MM. Neyret, Orioli et Fredet, à Pontcharra ;
Zuber et Rieder, à l’île Napoléon; Dambricourt, à Saint-Omer; de Næyer, à Villebroech ;
Godin, à Huy en Belgique; à Bex en Suisse; à Vizille, département de Père; dans une
vaste manufacture sur le Schuylkill, aux environs de Philadelphie, et plusieurs autres éta-
blissements en Amérique. M. Vælter, dans le Wurtemberg et en France, applique poux le
défibrage du bois un ingénieux appareil, dont l'effet mécanique peut être complété par le
blanchiment. be
(3) Celle-ci, recueillie par lensation dans un ingénieux appareil, peut, sauf une déper
dition légère, servir indéfiniment.
154...
( 1170 )
ensuite pour donner une de ces pâtes de bois, blanches et pures, que l'on
range à juste titre parmi les meilleurs et les plus économiques succédanés
des chiffons de chanvre, de lin, de coton et d’autres fibres textiles (1).
» Parmi les procédés de nature à résoudre cet important problème, il
en est un sur lequel je crois devoir plus particulièrement insister, parce
qu’il me semble jeter une plus vive lumière sur le mode d’agrégation des
matières incrustantes dans l’intérieur des fibres ligneuses.
» Les inventeurs de ce procédé, MM. Bachet et Machard, se sont pro-
posés d'atteindre un double but en transformant en glucose une partie de
la substance incrustante des fibres ligneuses, et ménageant la cellulose
susceptible de se feutrer sur la toile des machines à papier. Ils ont reconnu
que la portion facilement saccharifiable fait partie de la substance incrus-
tante, car le bois de cœur et les bois les plus durs, les plus riches en in-
crustations ligneuses, sont ceux qui, toutes choses égales d’ailleurs, leur
ont donné le plus de glucose et, par suite, les plus fortes proportions
d'alcool. |
(1) On ne saurait s'étonner que le bois fournisse, en général, une cellulose plus pure que
la paille, si l’on considère que celle-ci contient dix fois plus de substances minérales ren-
fermant des proportions notables de fer. Aussi peut-on souvent reconnaître la présence de
ce métal oxydé dans les pâtes, même blanchies et lavées, de la paille, tandis que les produits
obtenus du bois dans de semblables conditions n’en renferment pas de traces sensibles aux
mêmes réactifs.
Depuis quelque temps MM. Gagnage et Gignon, avec la coopération de M. Poinsot (chez
M. Breton, à Pont-de-Claye), sont parvenus à extraire du Zostera marina (improprement dé-
signé sous le nom de Farech ou Fucus ) de la cellulose fibreuse qui entre dans la confection
du papier de pliage, et même du papier blanc. La préparation facile consiste en un traite-
ment par la soude, d’abondants lavages, puis le blanchiment ordinaire par l’hypochlorite de
chaux dans une pile affineuse.
Ces fibres, dans la plante, sont agglutinées par des composés pectiques de telle sorte, qu'en
réagissant à la température de 15 à 20 degrés, durant dix à quinze jours, l'acide chlorhydrique
étendu de g à 10 volumes d’eau dégage ou transforme en acide pectique ces composés; que
si alors, après des lavages abondants, on ajoute de l’ammoniaque en léger excès, la substance
agglutinante passant à l'état de pectate d’ammoniaque dissous, ces fibres se désunissent par
l’agitation, et si le liquide n’est pas en trop grande quantité, l'addition d’un équivalent de
chlorure de calcium produit aussitôt un magma de pectate de chaux qui réunit en une
masse consistante toute la matière organique.
. Déjà depuis longtemps j'avais démontré que les cellules du tissu utriculaire de la pomme
de terre, des racines charnues de la betterave et d’un grand nombre de tubercules et de
racines semblables sont de même agglutinées et manifestent de semblables phénomènes de
dislocation sous l'influence des mêmes réactions successives, tandis que je mai pas rencontre
de substances pectiques dans le bois de cœur ou d’aubier des arbres.
(gr)
» M. Bachet m’ayant communiqué, en 1860, ce procédé, il fut vérifié
en sa présence dans mon laboratoire au mois d'avril 1861, avec le con-
cours de M. Billequin.
» Trois expériences, dans lesquelles on employa une fois 400 grammes
et deux fois 500 grammes de bois de sapin découpé en rondelles de 1 cen-
timètre d’épaisseur, traités dans chaque essai par 2 litres d’eau et 200 cen-
timètres cubes d’acide chlorhydrique, maintenus en ébullition durant dix
heures, donnèrent en moyenne 21,13 de glucose (dosée par la liqueur
cupro-potassique) pour 100 de bois ramené à l’état sec.
» L’inspection sous le microscope montrait alors, dans le résidu ligneux,
la cellulose résistante avec ses formes membraneuses, tandis que la cellu-
lose, spongieuse constituant la trame de la matière incrustante avait été
dissoute. La proportion de la matiere incrustante elle-même se trouvait
d’autant augmentée dans la masse ligneuse restante, ainsi que les propor-
tions de carbone; enfin les substances incrustantes débarrassées de la cel-
lulose spongieuse étaient, par cela même, devenues plus facilement atta-
quables et solubles dans les solutions alcalines (1); tel fut en effet un des
résultats obtenus, et qui ont permis d’extraire en grand la cellulose fibreuse
du bois de différentes espèces d’arbres.
» Ces faits, reproduits manufacturiérement à l’aide de moyens nouveaux,
se trouvent en parfaite concordance avec les déductions organographiques
présentées par M. Brongniart à la suite de recherches auxquelles nous nous
étions livrés ensemble. L'examen au microscope, en soumettant à divers
réactifs des tranches très-minces soit transversales, soit longitudinales, de
bois, tant dans leur état naturel qu'après les avoir dépouillées des matières
autres que la cellulose, nous avait fait voir que « l'épaississement intérieur
de chaque utricule est composé en même temps de cellulose et de nou-
velles substances ligneuses qui sont mêlées avec elles, de sorte qu'après
» avoir dissous et enlevé ces substances les parois des utricules ligneuses
» ne sont pas réduites à une membrane extérieure mince, mais présentent
» au contraire une couche intérieure gonflée et comme spongieuse de cel-
>
ba
Lt SEE E a
(1) Les analyses élémentaires que nous avons faites récemment avec MM.. Champion et
Henry Pellet ont effectivement démontré qu’après le traitement à chaud par l'acide chlorhy-
drique et les lavages à l'eau, le bois de sapin contenait à poids égal plus de carbone et d'excès
d'hydrogène, ce qui évidemment correspondait à une proportion plus forte de matières in-
crustantes ou à une quantité relativement moindre de cellulose. Voici les résultats moyens
de deux et trois de ces analyses (afin de rendre les conditions égales autant que possible,
les deux spécimens, préalablement réduits à la lime en poudre fine et tamisée, avaient en
( raga)
lulose, bien distincte par cet aspect de la zone externe, plus solide et
» très-bien limitée, qui correspond à la membrane primitive de ces utri-
» cules (1). »
» C'est précisément cette membrane de cellulose que l’on parvient au-
jourd'hui à extraire pure par plusieurs procédés industriels.
» Déjà M. Pelouze, en 1859, après avoir fait connaître une modification
isomérique de la cellulose, constatait que l’eau acidulée par les acides
CHER ATATIQUES sulfurique, ete., agit sur la cellulose normale plus ou moins
pure, et, à l’aide d'une ébullition prolongée, la transforme en uen
(Comptes PE s t. XLVIII, p. aa (2).
outre été soumis à des lavages par l'alcool, puis par l’eau froide et bouillante, qui avaient
enlevé :
Substances solubles. Alcooi. Eau.
Pour 100 de bois normal desséché........ » “ae 0,66
Pour 100 de bois traité par l'acide HCI
et l’eau, et desséché. ...... RÉEL » 1,66 1,00
On avait donc ainsi éliminé l’influence des substances résineuses, sucrées, etc. )
Même bois après dissolution partielle
Sapin blanc normal. des incrustations, par
711 NT RG e a o 48,88 51,13
Hydrogène... a 6,74 6,16
Oxygène et traces de cdi: sé 44,38 42,71
100,00 100,00
Excès de l'hydrogène sur les
proportions de l’eau....... 0,29 0,82
On peut reconnaître ainsi qu'après la réaction de l’acide chlorhydrique qui a dissous et
saccharifié la trame des incrustations ligneuses, les proportions de carbone et d'hydrogène en
excès se trouvent accrues en raison même des différences de composition entre la substance
incrustante qui contient 0,545 de carbone et la cellulose qui en renferme seulement 0,444.
De même, après les traitements précités, le bois soumis comparativement à l’action de la
potasse laissa dissoudre 0 ,4867 de matière incrustante, tandis qu’à l’état normal (épuré de
même par l'alcool et l’eau) il ne perdit par l’action de la potasse que 0,42 de substance
incrustante.
(1) Voir le Rapport de M. Ad. Brongniart, Comptes rendus, séance du 22 mars 1840.
(2) On se rendra très-facilement compte de ces dispositions anatomiques si on les compare
à la structure remarquable des noyaux des fruits de Celtis : dans ces noyaux n'existent pas
les incrustations ligneuses qui donnent une dureté si grande à tous les noyaux des fruits dits
å noyau, jusqu'alors examinés; elles sont remplacées par des concrétions de carbonates
de chaux et de mägnésie qui leur procurent une dureté plus grande encore; de telle sorte
(1178 )
» Mais, ce qui caractérise nettement, je crois, le procédé de MM. Bachet
et Machard, c’est que, tout en saccharifiant une partie des incrustations,
ils ménagent, autant qu'ils le peuvent, la cellulose constituant les mem-
branes primitives et parviennent à l’extraire, soit légèrement brunie par des
matières colorantes étrangères, soit blanche et pure, propre à la fabrication
de différentes sortes de papier.
» Je vais indiquer sommairement comment s'effectue la saccharification
de la cellulose spongieuse et l’épuration de la cellulose résistante dans
plusieurs usines [distillerie de Saint-Tripon, papeterie de Bex, en Suisse,
et papeterie de Vizille (Isère) |.
» Une grande cuve, contenant 8000 litres d'eau et 800 kilogrammes
d'acide chlorhydrique ordinaire, reçoit 200 kilogrammes de rondelles de
sapin; un courant de vapeur porte le liquide à l’ébullition, que l’on sou-
tient pendant douze heures; la solution acide est soutirée, puis saturée
aux 99 centièmes par le carbonate de chaux. Le chlorure de calcium formé
ne s'oppose pas à la fermentation alcoolique, excitée d’ailleurs à la tem-
pérature de 22 à 25 degrés par une addition de levüre. On obtient par la
distillation une quantité d’alcool en rapport avec la glucose produite.
» On soumet le résidu ligneux au lavage méthodique, à un écrasage sous
une meule en grès et au défilage avec lavage à la pile; un lévigateur dé-
barrasse de quelques agglomérations la pâte que l’on fait égoutter et pres-
ser; on obtient ainsi une pâte grisâtre convenable pour fabriquer le papier
dit de pliage.
» Si l’on veut obtenir un produit blanc, il faut soumettre cette substance
au chlore gazeux, puis aux lessivages alcalins et lavages complets. On
achève le blanchiment en même temps que la division mécanique, à l’aide
de l’hypochlorite de chaux agissant dans une pile affineuse. Un stère de
bois donne 100 à 120 kilogrammes de cellulose fibreuse légèrement teinte
en brun roux; le dernier blanchiment par l’hypochlorite de chaux seul
ou légèrement acidulé occasionne une déperdition d'environ 30 pour 100.
» La cause principale des déperditions variables qui se manifestent pen-
dant le traitement chimique du bois et de la paille, en vue d’en extraire la
cellulose fibreuse, tient à la réaction du chlore ou de l'acide hypochloreux,
qu’à l’état normal les fruits de Celtis ébrèchent les lames en acier, tandis qu'après l'action
d’un acide étendu qui a dissous avec effervescence les carbonates minéraux, la trame de cel-
lulose se montre souple, tout en conservant les formes primitives des noyaux; elle peut
alors être entamée et découpée au rasoir sans la moindre difficulté.
( 1174 )
réaction qu'il est très-difficile de limiter aux matières colorantes et autres
substances étrangères; en effet, lorsque les doses des réactifs décolorants
sont trop fortes ou que la température s'élève, la cellulose elle-même est
attaquée, éprouve une véritable combustion au sein du liquide; elle subit
dans ce cas une transformation partielle ou totale en eau et acide carbo-
nique. On peut heureusement amoindrir ces déperditions en ménageant
les doses du chlore et prévenant l'élévation de la température, sauf à pro-
longer la durée du contact.
» Conclusions. — 1° On voit que l’industrie nouvelle des succédanés des
fibres textiles présente à divers titres un grand intérêt. Elle permettra de
subvenir aux développements progressifs de la consommation du papier,
consommation qui, elle-même, suit l'impulsion heureuse donnée à lin-
struction générale.
» 2° Au point de vue scientifique, elle vient démontrer, par une pro-
duction annuelle déjà considérable, représentant plus du dixième de la
production totale de la matière première du papier, que la ceļlulose extraite
pure de différentes origines et même des fibres ligneuses plus ou moins
incrustées est chimiquement identique.
» 3° Que la cellulose spongieuse moins agrégée, formant la trame des
incrustations ligneuses, peut être enlevée aux utricules primitives par les
acides, qui la transforment en glucose susceptible d’éprouver la fermenta-
tion alcoolique. | |
» 4° Qu’ainsi l’on peut obtenir du bois de diverses essences forestières un
double produit : de l'alcool et des membranes de cellulose assez résis-
tantes, flexibles et pures pour entrer jusqu’en proportion de 80 centièmes
dans la composition des papiers de toute nature, y compris les plus blancs.
» 5° Au point de vue agricole, cette vaste démonstration expérimentale
n'offre pas moins d'intérêt, car elle signale un nouveau débouché pour les
produits des plantations de conifères qui, de leur côté, peuvent assurer
l'assainissement et la mise en valeur de landes incultes occupant encore
d'immenses surfaces dans notre pays (1). »
CE EARE
(1) En signalant autrefois, par des expériences nombreuses et des observations au mr
croscope, les différents états de la cellulose, montrant qu'elle constitue les utricules primi-
tives des fibres ligneuses et la trame des substances incrustantes complexes épaississant s
degrés les parois internes de ces fibres, je ne pouvais espérer lever immédiatement certains
doutes qui ont effectivement persisté chez quelques personnes.
Mais aujourd’hui, qu’à l’aide de ces données de laboratoire réalisées en grand, on par-
(1175)
PHYSIQUE. — Note sur l’état électrique du globe terrestre;
: par M. A. De LA Rive.
« Il est maintenant généralement admis que, dans l’état normal, l'atmo-
sphère est chargée d’électricité positive et que cette électricité va en crois—
sant à partir de la surface du sol où elle est nulle jusqu'aux plus grandes
hauteurs qu’on ait pu atteindre. Le globe terrestre, par contre, est chargé
d'électricité négative; c’est ce que prouvent un grand nombre d'observa-
tions, les unes directes, les autres indirectes; c’est d’ailleurs la consé-
quence de la présence de l'électricité positive dans l'atmosphère, l'une des
électricités ne pouvant se manifester à l’état libre sans qu'une quantité
équivalente de l’autre se manifeste également.
» À la surface de contact de l'air atmosphérique et de la partie solide
ou liquide du globe terrestre, il existe une couche d'air à l'état neutre, les
deux électricités devant s’y neutraliser constamment, vu que la cause (pro-
bablement souterraine) qui les dégage agit nécessairement sans interrup—
tion. Cette neutralisation est naturellement facilitée dans les plaines et
au-dessus des mers par l’hunidité, toujours plus ou moins considérable,
dont y sont imprégnées les couches d'air en contact avec le sol. Mais il
n’en est pas de même sur les sommets des montagnes et surtout au haut
des pics élevés; la sécheresse de l'air doit y rendre la combinaison des
deux électricités plus difficile et leur permettre d’acquérir, la négative
dans le sol, la positive dans l'air, un degré de tension passablement éner-
gique. C’est ce que démontre d’une part la forte électricité positive que lair
possède à ces grandes hauteurs, et d'autre part l'attraction qu’exercent les
montagnes, en vertu de leur électricité négative, sur les nuages positifs de
l'atmosphère. ` ;
» Maintenant, que se passera-t-il si on réunit, par un fil télégraphique, une
plaque métallique implantée dans le terrain de la plaine avec une plaque
neuses une partie de la cellulose intacte, conservant
vient sans peine à extraire des fibres lig
en raison même de ces formes originelles,
la structure primitive et entrant chaque jour,
dans la fabrication du papier, le doute sur ce point ne semble plus permis.
C'est encore ainsi qu'il m'a fallu presque tous les ans trouver de nouvelles méthodes
d'expérimentation pour parvenir à faire exactement apprécier le rôle de la diastase et de
plusieurs autres agents dans les transformations multiples des granules féculents; pour
mettre en évidence et faire admettre sans plus d'objections les termes de la cohésion crois-
sante de l’intérieur à la périphérie dans chacune des couches concentriques qui constituent
la masse globuleuse de ces granules. 11e
C, R., 1869, 1€" Semestre. (T. LXIV, N° 23.)
+
155
(1176)
semblable implantée dans le sol d’un lieu élevé? Si l'électricité négative,
dont sont chargées inégalement ces deux localités, était à l’état parfaite-
ment statique, le fil métallique devenant partie intégrante de la couche
conductrice de la terre qui les sépare, il ne s’y produirait aucun phéno-
mène dynamique. Mais il y a un écoulement continu de l'électricité
négative du sol vers la positive de l'air, qui produit la couche neutre; il en
résulte donc nécessairement un transport d'électricité négative de haut en
bas ou, ce qui revient au même, un courant d'électricité positive ascen-
dant dans le fil conducteur qui réunit deux lieux inégalement élevés
au-dessus de la mer.
» On trouve ainsi l'explication d’un phénomène observé à plusieurs
reprises, et dans des conditions à l'abri de toute objection, par M. Mat-
teucci. Il a constaté que dans tout circuit mixte, formé d’une couche de
terre et d’un fil métallique dont il fait plonger les extrémités dans le sol, en
prenant les précautions les plus minutieuses pour éviter toute action ther-
mique ou chimique, le fil est parcouru par un courant électrique ayant une
direction constante, toutes les fois que les portions du sol dans lesquelles
plongent ses extrémités sont situées à des hauteurs différentes. Ce courant
est ascendant dans le fil métallique; son intensité augmente à mesure que
les lignes sont plus longues et surtout que la différence de niveau entre les
extrémités est plus grande. M. Matteucci s’est aussi assuré que, dans la
station élevée, il y avait des signes très-intenses d'électricité positive, tandis
que ces signes faisaient défaut ou étaient très-faibles dans la station
inférieure.
» Tout se passe donc conformément à la théorie que je viens d'exposer;
mais, en vue de confirmer l'exactitude des considérations sur lesquelles je
l'ai appuyée, j'ai essayé de reproduire le phénomène observé par M. Mat-
teucci au moyen d'une expérience de laboratoire. Dans ce but, j'ai placé
sur un pied isolant une sphère de 30 centimètres de diamètre environ, faite
de terre poreuse ou de bois recouvert de papier buvard, de manière à avoir,
en en humectant la surface, un conducteur humide représentant la terre:
J'ai fixé à la partie la plus élevée de la sphère, en contact avec sa surface
humide, un petit disque métallique; j’en ai disposé un second de Ja même
manière à 50 on go degrés du premier, puis jai réuni les deux disques par
le fil d’un galvanomètre : aucun courant ne s’est manifesté, lors même que
j'électrisais la sphère, soit positivement, soit négativement. J'ai alors sus-
pendu, au moyen d’une tige isolante, au-dessus de la sphère, à une distance
seulement de 2 à 3 centimètres, une plaque métallique légèrement concave
(1177)
inférieurement, d'une dimension telle, qu’elle ne recouvrait qu'une petite
portion de la sphère, celle en particulier au milieu de laquelle était le disque
métallique supérieur, et non par conséquent la portion dans laquelle l’autre
disque était placé. L'appareil étant ainsi installé, j'ai fait arriver d'une
manière continue, à la sphère isolée représentant la terre, l'électricité néga-
tive d’une machine électrique, dont l électricité positive était transmise à la
plaque métallique concave, représentant l’atmosphère. Aussitôt le galvano-
mètre a accusé un courant prononcé, qui était dirigé du disque inférieur au
disque supérieur; ce courant était parfaitement régulier et a duré tant que
la machine électrique a été en activité. Remarquons que le disque supérieur
se trouvait dans la partie de la sphère où, sous l'influence de la plaque
positive isolée, s’accumulait le plus d'électricité négative, tandis que le
second disque était situé dans la portion de la sphère soustraite à cette
influence, celle par conséquent où il n’y avait qu’une faible quantité d’élec-
tricité négative, électricité qui s’écoulait au fur et à mesure qu'elle était
produite dans lair ambiant. Le courant cheminait donc, dans le fil qui
réunissait les deux portions inégalement électrisées de la sphère négative,
de la portion la moins électrisée à celle qui l'était le plus, exactement comme
cela a lieu dans le phénomène naturel observé par M. Matteucci, dont l’ex-
périence que je viens de rapporter est la représentation fidèle.
» Lorsque je déterminais une série de décharges en approchant la
plaque positive trop près de la sphère négative située au-dessous, je voyais
l'aiguille du galvanomètre dévier tantôt dans un sens, tantôt dans un autre,
en présentant des mouvements tout à fait irréguliers, au lieu de conserver la
déviation constante qu’elle éprouvait quand il n'y avait point de décharge.
C’est encore la représentation fidèle de ce qui se passe dans la nature,
M. Matteucci ayant observé que, pendant les orages, les oscillations de
l'aiguille du galvanomètre sont brusques et fréquentes, tandis que dans les
jours clairs et calmes, les seuls où le phénomène normal puisse être bien
observé, la déviation de l'aiguille reste à peu près constante.
» Je n’insiste pas sur les autres phénomènes du mème genre observés
par M. Matteucci, tels que la présence de courants très-faibles et de sens
très-variables dans un fil aboutissant à deux points de la surface de la
terre silués sur un même parallèle et au même niveau; points dont l'état
électrique doit être évidemment le même, ou ne différer que légèrement
dans un sens ou dans l’autre par l'effet de circonstances accidentelles. Les
légers courants dirigés du sud au nord, que M. Matteucci a encore observés
dans des fils situés horizontalement dans la direction d’un méridieu et tou-
( 11978 )
jours plongeant par leurs extrémités dans le sol, sont dus tres-probable-
ment à ce que la tension négative de la terre, toutes les autres circonstances
étant les mêmes, augmente graduellement de l'équateur aux pôles où elle
est à son maximum. Cet accroissement est la conséquence nécessaire de
l'influence que doit exercer, sur l'électricité négative de la terre, la grande
quantité d'électricité positive accumulée dans l'atmosphère près des pôles,
par l'effet des vents alizés. Ce sont les décharges qui ont lieu entre ces élec-
tricités contraires dans les régions polaires où elles se trouvent accumulées
qui, ainsi que je l’ai fait voir, donnent naissance aux aurores polaires et
aux courants électriques qui les accompagnent; courants autrement puis-
sants que ceux dont nous venons de parler, et qui en différent non-seule-
ment par l'intensité, mais aussi par la direction.
» On le voit, les phénomènes électriques qui se passent à la surface de
notre globe et dans notre atmosphère sont passablement complexes. Il y a
d'abord un fait général, savoir, l’accumulation par leffet des vents alizés,
dans l'atmosphère des régions polaires, de l'électricité positive dont lair
des régions équatoriales se trouve constamment chargé par les particules
de vapeur aqueuse qui s'y élèvent des mers. L'influence de cette électricité -
positive accumule et condense près des pôles une grande proportion de
l'électricité négative que possède la partie solide du globe, en même temps
qu'elle est aussi condensée par elle. Les décharges plus où moins fré-
quentes, qui ont lieu entre ces électricités condensées à travers latmo-
sphère, donnent naissance aux aurores polaires dont l'apparition est
toujours accompagnée de courants électriques circulant dans le sol; ces
courants manifestent leur présence, soit par leur action sur les aiguilles de
boussole, soit par leur transmission à travers les fils télégraphiques.
» Mais, outre le fait général et dominant que nous venons dé rappeler,
il existe un grand nombre de faits partiels et locaux, provenant des inéga-
lités de tension dans la distribution plus ou moins variable de l'électricité,
soit négative, soit positive, dont sont respectivement chargés le globe ter-
restre et son atmosphère. Tels sont ceux: qu'a observés M. Matteucci, -
auxquels j'ai fait allusion dans cette Note; tels sont encore les orages ordi-
naires et tous les phénomènes variés qui les accompagnent. L’attraction
des nuages par les montagnes, les effets de phosphorescence qu'ils présen-
tent quelquefois, tiennent à la même cause , et il est probable que bien
d’autres phénomènes naturels, comme les trombes par exemple, ont aussi
la même origine. » -e bogs pa busa
dt E
( 1179 )
M. ne Soin, élu Correspondant pour la Section d’Anatomie et de Zoo-
logie dans la séance du 6 mai, adresse de Munich ses remerciments à
l’Académie.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
ALGÈBRE. — Mémoire sur la résolution algébrique des équations ;
par M. C. Jornas (*).
(Commissaires : MM. Bertrand, Hermite, Serret.)
« Divers cas sont à distinguer dans la formation de ce groupe G :
» 1° Si p est de la forme 4n + 1, G résultera de la combinaison des
substitutions F avec les suivantes :
j Ep" n
À D i ";, G RARA p 4 LE , Es siris
B = Lie A wa E N Le D 7; She Li:
FR CEE r OU RE LOT
(1) B =|[§ Nye Badaki amea "Ets IAE ,
54
où 4, 6,,... sont respectivement des racines primitives des congruences
” SR | VOS
F= (mod. p), 67 = 1 (mod. p)... |
» 2° Si p est de la forme 4n + 3, G résulte encore de la combinaison de F -
avec certaines substitutions
Ces substitutions auront la même forme que dans le cas précédent, si
T, Ty... Sont impairs : mais Si quelqu'un de ces nombres, z par exemple,
se réduit à 2, les deux premières substitutions A et B de la double suite cor-
respondante
rent tm
(*) Foir les Comptes rendus des 11 février et 18 mars 1867.
(:1180 )
pourront être, ou bien de la forme précédente, ou de celle-ci :
Jl
| A sa LE, UEREEE Bises be — OS [E I, oc. br
(2) \ LL — [o, : EEE PP ab a[o, Seih + pli ss.
| fs Nyer pra Bo, VERT CARTES à ay a[i, 3.) PE
où æ, ĝ sont des entiers réels, tels que a” + B2= — 1 (mod. p).
s Čie fr
?
Jr
` Soient maintenant y’, v,,.. les nombres les plus petits, tels que p —4
soit ares par mp” EPA Njn 1 5 seront des diviseurs de », puis-
que 7, m,,.--, divisent p— 13 leur plus petit multiple p sera également un
diviseur de v. -
» Cela posé, la détermination du groupe simple cherché se ramène,
comme nous allons l'indiquer, à la détermination de certains groupes auxi-
liaires de substitutions ren £, ,,..., dans lesquels le nombre des
lettres soit respectivement n, F "Hi. et construits comme il suit :
» Le groupe £ sera l’un des plus te parmi ceux qui satisfont aux
conditions fondamentales suivantes : 1° il est résoluble et primaire; 2° ses
substitutions étant désignées par le Bite général
I aN Cocopa i
Da Eoi
bæ ax + Cyr e, x
|y bæ +dy... +b, £
E EERE he os di 5.
Fi LE Pape n
leurs coefficients satisfont, pour tout système de valeurs de s et de £, aux
relations suivantes :
ad, 06,0; +a.d,=bci..=p.
a,d,— b,c,+a,d,— b,c...=0
(3) (mod. x),
-a,b,— acb, + ab, ab... =
cidi c,d,+ c,d, — c,d;.….=o
y étant un entier constant pour une même substitution, et qui peut varier
d’une substitution à l’autre, mais en restant inférieur à y’ (*).
items te
Her-
(*) Ces relations présentent une analogie selle avec celles sur upa M.
mite a fondé ses recherches sur la transformation des fonctions ebéliennes..
( 1281 )
» 3° Sip=4n+ 3 et z = 2, on aura de plus les relations suivantes :
ab bab'...=0
cd + c'd'...=0
(4) PR Ne NT TE + dar Di (mod. 2};
a,b,+ a,b; == 0
lcd, + cd; = 0 |
ou les suivantes :
dbsrab'..=A4b41)
cd+ c'd'...=c+d+1
Ed Pa (mod. 2),
c.d,+ c,d'...=c,+ d;
suivant que À et B auront été choisis de la forme (1) ou de la forme (2).
» Supposons qu'on ait formé le groupe £ (et d’après une loi analogue,
les autres groupes auxiliaires £ ,,...). Les substitutions de £ satisfont aux
relations (3) pour diverses valeurs y, y", de l'entier y: soit € le plus
grand commun diviseur de y, 7",..- et dev! : £ contient une substitution W,
qui satisfait aux relations (5) pour y= £, et toutes les substitutions
de £ s’obtiendront en combinant W et ses puissances avec d’autres substi-
tutions > contenues dans £ et satisfaisant aux relations (3) pour y = o.
» Soient de même y, , y... les valeurs pour lesquelles les substitutions de
£, satisfont aux relations analogues à (3); s le plus grand commun divi-
seur de y,,7,,..- et de »,; W, une substitution de £ , qui satisfasse auxdites
relations pour s; toutes les substitutions de £ , s’obtiendront en combinant
W, et ses puissances avec d’autres substitutions … satisfaisant à ces rela-
tions pour la valeur o.
» Cela posé, soit
x E ERA
y bx + dy +.
LARAS +»: |
une des substitutions A, on peut déterminer une substitution de la forme
suivante :
Emi |P"
S= ICE, Que Eur 5! a ah Ah Mens Er}
( 1182 )
(le signe de sommation > s'étendant à tous les systèmes de valeurs de m
Es Mie. P
et de n, et les œ, étant des coefficients constants), laquelle soit échan-
M.
geable à A,, B,,..., Ar transforme À, B:A';B'::..engA’B'A'°,...,}AB'ATSR
g, h,... étant de substitutions convenablement choisies due le premier
faisceau F.
» De même, à chaque substitution de la forme 2 , telle que
1
LT to
17 b,x,+d,7,..
di outre Ses ns a d
z E S 3
Tr Eu Dja, fe, manhs ef
échangeable à A, B..... et qui transforme A,, B,,... en ; LE, B” +
a
-e
» Enfin, soit d
respectivement
= ye = 9,8, le plus petit multiple de £, &,....; soient
t t
2, Axis + DT:
Wi
ET en FRA
pce d'y... W=
s sie eve à 6e se 4 + e
et désignons par M la substitution
Le A |
| FE, si. Eune LE, iv, Bis. shui |.
On pourra déterminer une substitution de la forme M°SS,.., qui trans-
forme respectivement :
+ b 14 p
D... ha g'A"B ZET) Ear .
en # p d X
LL. KAB., hA Biog
» Les substitutions S, S,,..., M° SS,,.... ainsi construites, jointes aux sub-
stitutions G, forment le groupe résoluble cherché. Elles s’obtiennent aisé-
ment par la méthode des coefficients indéterminés : chacune d'elles peut
être choisie de diverses manières; mais, quelque choix que l'on fasse, le
groupe final restera le même, et son ordre sera égal à
P A E a 00,,..,
en désignant respectivement par O, O,, .. les ordres des groupes £, Li.
» Chacun des groupes auxiliaires £, £,,... peut en général être haiti
( 1183 )
de diverses manières, de façon à satisfaire aux relations fondamentales, et
silon a soin d'exclure tous les systèmes de solutions dans lesquels deux de ces
groupes seraient identiques entre eux (ou pourraient être ramenés à l’identité
par un simple changement d'indices), aux divers systèmes réstants de
groupes auxiliaires répondront autant de groupes simples essentiellement dis-
tincts et généraux.
» Si, par un moyen quelconque, on distribue en genres et classes les
groupes auxiliaires que l’on peut prendre pour £, pour £,,..., On pourra
distribuer les groupes simples relatifs à une même classe en espèces et varié-
tés, en groupant ensemble ceux dont les groupes iliaires appartiéndraient
à un même genre, où à une même classe.
» Le problème cherché se réduit donc au suivant :
» Déterminer et classer tous les groupes linéaires envre °° lettres qui satisfont
aux relations fondamentales établies ci-dessus.
» La solution de cette nouvelle question pour un nombre quelconque z?”
se ramène au même problème pour des nombres beaucoup moindres. Mais
l'exposé de ma méthode demanderait encore quelques développements, et
je craindrais, en épuisant ce sujet, d'abuser de la bonté de l’Académie. »
GÉOLOGIE. — Sur les schistes bitumineux de Vagnas (Ardèche). Note de
M. L. Smonn. (Extrait.) :
(Commissaires : MM. d’Archiac, Ch. Sainte-Claire Deville, Daubrée.)
« L'industrie des huiles minérales a fait en France, depuis quelques
années, des progrès très-remarquables. L'invasion des pétroles d'Amérique
a excité l’énergie de nos exploitants, et en différents points du territoire,
notamment dans l'Allier, Saône-et-Loire, le Var, l'Ardèche, les Basses-
Alpes, des schistes bitumineux appartenant à différentes formations géo-
uillés et distillés. Un des gites qui méritent
surtout d’attirer l'attention est celui de Vagnas (Ardèche). Il se rattache
au système tertiaire et il est nettement indiqué sur la carte géologique de
France, où on le suit adossé au calcaire à hippurites qui couronné, dans
le Midi, la formation crétacée. | Den
» Le terrain à schistes de Vagnas est d'âge miocène. C'est le parallèle
des terrains à lignites de Provence et d'Italie. La formation est d’eau douce.
On rencontre au milieu du schiste d'énormes carapaces de tortues, des
coprolithes et quelques débris de coquilles lacustres. La direction des
Li 156
C. R. 1867, 17 Semestre. (T. LXIV, N° 25.)
logiques ont été activement fo
( 1184)
couches est N. 20 degrés O. ; le pendage, de 22 degrés. La formation repose,
comme on ľa dit, sur le calcaire à hippurites, et comprend en allant de
bas en haut :
» 1° Des couches de sables jaunes et d'argile vineuse, ayant une épais-
seur d'environ 25 mètres; i
» 2° Une couche de lignite, épaisse de 1™,80;
» 3° Environ 120 mètres de sables, argiles réfractaires, rognons de mi-
nerai de fer, schistes pauvres, etc.;
» 4° La couche de schiste exploitée, dont l'épaisseur est de 1,80 ;
» 5° Un étage de travertins, perforés par des coquilles lithophages et
surmontés d’un calcaire bleuâtre bitumineux qui termine le dépôt.
» La couche de schiste exploitée mérite d’être signalée. C'est plutôt un
un bog-head tertiaire qu’un véritable schiste. La texture en est compacte,
. massive comme celle d’une tourbe carbonisée et comprimée. La nature
tourbeuse de la couche se révèle d’ailleurs à œil par des filaments végé-
taux très-délicats, quelquefois incomplétement carbonisés, et que l’on peut
suivre dans le tissu de la roche. Quant à l'analogie avec le bog-head, elle
ne peut non plus être mise en doute, et c’est même sur cette similitude
frappante que se fonda une personne ignorante de minéralogie et de géo-
logie, mais connaissant bien les bog-heads d'Écosse, pour demander la con-
cession des gîtes bitumineux de Vagnas, où des concurrents ne voyaient que
des lignites.
» Le traitement qu’on fait suivre aux schistes bitumineux de Vagnas ne
doit pas être passé sous silence. Le schiste, distillé dans une cornue tour
nante, rend environ 10 pour 100 en volume d'huile brute paraffinée. Cette
huile est décarburée dans une cornue fixe, et donne, avec une huile plus
légère, un coke très-pur comme résidu, L'huile décarburée est dégou-
dronnée au moyen de l'acide sulfurique et de la soude, et fournit une
huile jaune que l’on purifie par une seconde distillation et un nouveau
| traitement à l'acide et à l’alcali. Le résultat est une huile blanche, opaline,
légère, d’une densité de 0,825, d'une odeur éthérée agréable. Le pouvoir
éclairant est celui de neuf bougies ordinaires, et le point d’inflammabi-
lité de 70 degrés centigrades seulement; le pétrole ď Amérique indique
45 degrés. À
» Le rendement en huile légère est de 5 pour 100 du schiste distillé,
et comme produits secondaires on recueille le coke dont il a déjà été parlé;
les goudrons acides, la paraffine, etc. Le schiste distillé sert de combus-
tible pour toutes les opérations de l'usine, et l'on emploie aussi dans ce
( 1185 )
but le lignite inférieur au schiste, trop pauvre en huile minérale pour
passer à la distillation. »
SÉRICICULTURE. — Sur la transformation du corpuscule vibrant de la pébrine
et sur la nature de la maladie des vers dits restés petits; par M. A. Bécnamr.
(Extrait. )
(Renvoi à la Commission de Sériciculture.)
« S'il y a encore doute sur la nature vraie du corpuscule vibrant, c’est,
à mon avis, parce que ce petit organisme n’a été étudié que dans le ver
jeune. C’est pour n’y avoir rien pu saisir de net que, dès l’année dernière,
j'ai cherché la solution du problème dans une autre direction.
» Dans ma Note du 29 avril dernier, j'ai montré que le corpuscule pou-
vait se transformer dans certaines conditions ; que sa forme changeait, ainsi
que son volume; que l’on finissait par apercevoir une ligne noire dans le
sens du grand axe de ce corpuscule et un indice de scission dans ce sens,
en même temps que perpendiculairement à ce grand axe. Ces résultats
avaient été obtenus artificiellement, et il importait de les constater dans les
vers, les chrysalides ou les papillons vivants et à l’état normal.
» J'ai examiné un grand nombre de vers, de chysalides et de papillons
à tous les âges. J'ai le plus souvent rencontré, dans les vers au quatrième
âge, près de la montée, dans des chrysalides et dans des papillons, des
corpuscules agrandis, d’autres ayant l'apparence d’une cellule bourgeon-
nant. Sur tous ou presque tous les corpuscules, non-seulement la ligne
noire se voit, mais on la voit se résolvant en granulations, et souvent à sa
place on voit des granulations qui ressemblent à des noyaux (1).
» … Dans une récente communication, j'ai signalé sur des vers restés petits
des molécules mobiles, que j'ai comparées aux molécules semblables que
l’on trouve dans la craie et qui agissent comme ferments. Une observation
attentive de ces molécules, et la constance de leur présence sur ces sortes
de vers malades, me porte à admettre que ce sont les parasites cause de
cette maladie. On les trouve en abondance, non-seulement sur le ver, dans
le canal intestinal, mais jusque dans la tunique de l'intestin. Sous leur in-
fluence, le ver digère mal, le contenu du canal digestif devient fortement
(1) Seraient-ce ces noyaux qui, dégagés du corpuscule, seraient l’origine de molécules
presque sphériques non colorées que l’on rencontre souvent dans le ver, la chrysalide, le
papillon et même l'œuf, corpusculeux ou non, et qui seraient la source de la pullulation
extraordinairement abondante du corpuscule vibrant? s6
I ..
( 1186 )
alcalin. En même temps que ces molécules, le ver peut porter des corpus-
cules vibrants à la surface, en contenir dans les tissus; mais il m'est arrivé de
trouver des vers pélits qui ne contenaient point de corpuscules vibrants, et
dans la tunique de l’estomac desquels on ne trouvait que les microzyma
que l’on voit à la surface. Je ne me hasarde pas à en donner une descrip-
tion, tant leur petitesse est grande; je dirai seulement que ces molécules sont
tantôt isolées, tantôt comme articulées et distinctes d’autres formes mobiles
que l’on rencontre souvent dans les vers sains. »
SÉRICICULTURE. — Note sur le traitement de la pébrine des vers à soie par une
solution faible de nitrate d'argent; par M. Brouzer.
(Renvoi à la Commission de Sériciculture.)
« Considérant, avec un certain nombre de savants, la pébrine des vers
à soie comme une maladie parasitaire, j'ai plongé pendant une minute cin-
quante vers à soie atteints de pébrine, après la quatrième mue, dans une
légère solution de nitrate d'argent. Quatre jours après, tous les signes patho-
gnomoniques de cette maladie avaient disparu.
» Sur 46 vers à soie qui ont subi par ce traitement une desquamation
complète, toutes les fonctions digestives et locomotrices ont repris leur
cours normal; 4 vers à soie ont succombé.
» Je me propose d’ailleurs d’adresser. prochainement à l’Académie une
description détaillée de cette expérience. »
M. Move adresse de Vals (Ardèche) une « Description d’une nouvelle
magnanerie salubre ». Cette Note est accompagnée de figures.
(Renvoi à la Commission de Sériciculture. ) .
M. H. Gouuxy adresse une Note concernant la nature des fluides
électriques. :
(Commissaires : MM. Pouillet, Fizeau, Edm. Becquerel.)
M. Maré adresse une « Démonstration du postulatum d’Euclide ».
(Renvoi à la Section de Géométrie.)
M. Gaëxacr adresse une Note concernant la préparation de la carduncu-
line, alcaloïde cristallisable analogue à la quinine et doué, comme elle, de
propriétés fébrifuges.
(Renvoi à la Section de Chimie.) `
( 1187 )
M. Meyrer adresse un Mémoire relatif à la fabrication d’allumettes de
sûreté.
(Renvoi à la Section de Chimie, à laquelle M. Payen est prié de s’adjoindre.)
M. T. Desmarris adresse une Note ayant pour titre : « Inoculation pro-
phylactique de la rage ».
(Renvoi à la Section de Médecine.)
M. Buissox-Jusr et M. Besor adressent chacun une Note relative à la
direction des aérostats.
(Renvoi à la Commission des Aérostats. )
“
M. Deracrée envoie un complément à la Note adressée par lui le
27 mai pour le concours des prix de Médecine et de Chirurgie.
(Renvoi à la Commission.)
M. H. Prcrox prie l'Académie de vouloir bien admettre au concours du
prix Dalmont, ses « Recherches analytiques sur les polygones semi-ré-
guliers ».
Ce travail, qui a été adressé le 28 mai et dont l’arrivée a subi un retard,
sera soumis à l’examen de la Commission.
CORRESPONDANCE.
La Commission DE L’AMIRAUTÉ ANGLalsE adresse à l'Académie un exem-
plaire des cartes et des ouvrages publiés par le département hydrographique
de l’Amirauté pendant l’année 1866-67. |
« M. Mune Epwarps, en présentant à l’Académie le Recueil intitulé
Naturhistorisk Tidsskrift, au nom de M. Schiodte, professeur de zoologie à
Copenhague, appelle l'attention sur les recherches importantes de cet au-
teur relatives aux Métamorphoses des insectes coléoptères, travail remarquable
pour son exactitude et son étendue. »
MÉTROLOGIE. — Sur le système métrique dans son application aux monnaies.
Note de M. Léon, présentée par M. Chasles.
(Commissaires : MM. Mathieu, Regnault, Peligot.)
« L'Académie des Sciences a pris une très-grande part à l'établissement
de notre système métrique. On peut méme dire que ce système est son
( 1188 )
œuvre et que la loi n’a fait que sanctionner le projet préparé par quelques-
uns de ses Membres les plus illustres. C’est ce que reconnaissait M. de Talley-
rand, en soumettant à l’Assemblée constituante, dans la séance du 26 mars
1791, un projet de décret concerté entre le Comité dont il était l'organe et
MM. Lagrange, Lalande, Borda, Laplace, Monge et Condorcet, Membres
de l’Académie des Sciences. La principale disposition de ce décret était
ainsi conçue : sx
« L'Assemblée nationale, considérant que pour parvenir à établir l'uni-
» formité des poids et mesures, conformément à son décret du 8 mai 1790,
» il est nécessaire de fixer une unité de mesure naturelle et invariable, et
» qué le moyen d'étendre cette uniformité aux nations étrangères, et de
» les engager à convenir d’un même système de mesures, est de choisir
» une unité qui, dans sa détermination, ne renferme rien d’arbitraire et de
» particulier à la situation d'aucun peuple sur le globe; considérant de
» plus que l'unité proposée dans l'avis de l’Académie des Sciences du
» 19 mars de cette année réunit toutes ces conditions, a décrété et décrète
» qu’elle adopte la grandeur du quart du méridien terrestre pour la base
» du nouveau système de mesures. »
» Les travaux des Membres de l’Académie sur les diverses parties du
système métrique se continuèrent pendant plusieurs années, et ils simpo-
sèrent dans ces travaux une condition qui constitue essentiellement l’har-
monie du système, savoir :
» Que toutes les unités de mesures dérivent du mètre et soient liées entre elles
par des rapports décimaux; que, de plus, dans chaque espèce de mesures, toutes
les divisions soient décimales.
» Cette condition a été remplie, pour toutes nos mesures, par les lois
des 18 germinal et 28 thermidor an II, qui ont définitivement institué le
système métrique.
» Voici les termes mêmes de la loi du 28 thermidor, relative au système
monétaire. à
» TITRE I, ART. 1°. — L'unité monétaire portera désormais le nom de
» franc.
» TITRE II, ART. 1%, — Le titre de la monnaie d'argent sera de 9 parties
» de ce métal pur et de 1 partie d’alliage. © . . . . - +7
» ART. 3. — Il sera fabriqué des pièces de 1, de 2 et de 5 francs.
» ART. 4. — La pièce de 1 franc sera à la taille de 5 grammes; celle de
» 2 francs à la taille de 10 grammes; celle de 5 francs à la taille de
» 25 grammes. » |
( 1189 )
» Une autre loi, de la même date, décida qu’il serait frappé des pièces
d’or de ro grammes; mais le législateur, reconnaissant qu’il n’était pas pos-
sible de fixer le rapport de valeur entre l'or et largent, rapport variable par
sa nature, s’abstint de déterminer la valeur en francs des pièces d'or de
10 grammes. Il se borna à dire que le titre de ces pièces serait de 9 parties
de métal fin et de 1 partie d’alliage, et qu’au centre de la pièce on inscrirait
son poids.
» Cependant, quelques années plus tard, on pensa que des pièces d’or
dont la valeur, par rapport à l'unité monétaire, n’était pas déterminée, se-
raient d’un usage peu commode. Ce fut alors qu’intervint la loi du 7 ger-
minal an XI, d’après laquelle on écrivit en francs la valeur des pièces d’or.
Mais on ne songeait nullement, par là, à établir uue nouvelle unité moné-
taire; on y songeait si peu, qu'on plaça en tête de la loi un article portant
le titre Disposition générale, et ainsi conçu :
» 5 grammes d'argent, au titre de © de fin, constituent l’unité monétaire,
» qui continuera de porter le nom de franc. »
» Il est impossible de donner une définition plus précise : c’est le poids
de 5 grammes d'argent, au titre de $, qui constitue l'unité monétaire. Plus
loin, à la vérité, la loi décide qu’il sera frappé des pièces d'or de 20 et de
40 francs, que les pièces de 20 francs seront à la taille de 155 au kilo-
gramme, et les pièces de 40 francs à la taille de 774 au kilogramme; mais ce
n’était là qu’une évaluation des pièces d’or en fonction de l'unité établie,
une sorte de taxe des pièces d’or, par rapport au franc de 5 grammes d’ar-
gent, et personne n’y pouvait voir la création d’une nouvelle unité. Le lé-
gislateur ne se préoccupait point, d’ailleurs, et n’avait point à se préoc-
cuper de mettre le poids des pièces d’or en harmonie avec le système mé-
trique, puisqu’aux termes de la loi l'argent seul constituait unité de mesure,
et qu’il n'était pas au pouvoir du législateur de rendre décimal le rapport
de 154 à r, existant entre la valeur de lor et celle de l'argent.
» Dans la pratique, toutefois, on a perdu de vue peu à peu la distinction
que les lois de l'an III et de l'an XI avaient si clairement faite entre les deux
métaux ; et le privilège de servir d’unité, attribué exclusivement à l'argent,
s’est presque effacé aux yeux du public. Il n’y a point eu d'inconvénient à
cela tant que le rapport de valeur entre l'or et l'argent s’est peu écarté du
Chiffre de 15 +; mais quand ce rapport a baissé, par suite d’une production
plus abondante de l'or, la valeur relative des deux métaux dans le com-
merce n’a plus été la même que dans les monnaies; et largent valant plus,
relativement à l’or, comme lingot que comme monnaie, on a vu dispa-
(1190 )
raître rapidement les pièces de monnaie d’argent. Divers moyens ont été
proposés pour remédier à la rareté de ces pièces qui devenait de plus en
plus grande. Celui auquel on s’est arrêté a consisté à amoindrir le titre des
pièces d’argent au-dessous de 5 francs. Ainsi la pièce de 1 franc, dont les
lois de l’an III et de l'an XI avaient fait le type de l’unité monétaire, est
bien encore aujourd’hui à la taille de 5 grammes; mais le titre a été abaissé
de 0,9 à 0,835. On n’a point voulu cependant rapporter la définition
que ces lois avaient donnée du franc. Notre unité monétaire est donc tou-
jours un poids de 5 grammes d’argent au titre de + de fin; mais on a dé-
claré que cette unité ne serait plus représentée que dans sa quintuple
valeur, la pièce de 5 francs. Cela ressemble beaucoup à une fiction légale,
d'autant plus que les pièces d'argent de 5 francs sont aujourd'hui en très-
petit nombre, et sont destinées très-probablement à disparaître bientôt de la
circulation.
» Mais les changements que doit subir notre système monétaire ne s'ar-
rêteront pas là. Déjà, dans la conférence tenue entre les représentants de la
France, de l'Italie, de la Suisse et de la Belgique, conférence qui a amené la
convention monétaire du 23 décembre 1865, trois des puissances délibé-
rantes avaient émis l’avis qu’il conviendrait d’adopter l’étalon d’or, de faire
de l'or seul la monnaie normale, ayant cours illimité, et de réduire l'argent
au rôle de monnaie auxiliaire, ne servant plus que pour les appoints et les
petits payements. La France pourtant n'a pas cru que le moment füt encore
venu de prendre un parti aussi tranché, et elle a refusé son adhésion aux
ouvertures faites par les autres membres de la conférence. Mais ce n’est là
qu’un ajourneimnent. En fait, la monnaie d’or est aujourd'hui dominante
chez les grandes nations commerçantes ; il est facile de prévoir qu'on sera
conduit à adopter partout l'étalon d’or.
» Alors, notre unité de mesure ne pourra plus être un poids de
5 grammes d'argent. Quel poids d’or devra-t-on lui substituer, si l'on veut
rester dans les conditions du système métrique ? Quelques personnes pa-
raissent croire qu’il n'y aura qu’à conserver la valeur du franc en or, telle
qu’elle résulterait des dispositions de la loi de lan XI qui ont décidé la
mise en circulation de pièces de 20 francs et de 4o francs, les premières à la
taille de 155 au kilogramme, les secondes à la taille de 77 + au kilogramme.
On a renoncé plus tard à frapper des pièces de 40 francs, et voici quel
sont aujourd'hui les poids de nos pièces d’or, toujours basés sur les prin-
cipes de la loi de l'an XI:
( 1191 )
gr
La pièce de 100 francs pèse 32,25806..
., ou, plus exactement, 32 -- grammes.
» Do» PE EEA » 16 -$ »
eo 20 » » 6,45161 E E p 6 11 a
» 10 5b REDE: PE » 3 2 »
. » I — »
» 5 ca 5 1,61290..
» Enfin, le franc serait représenté en or par 0f",32258..., ou,
tement, + de gramme.
plus exac-
» Est-ce que de pareils poids sont admissibles, si lor devient l'étalon
monétaire ? Est-ce que la fraction 42 de gramme d’or peut être acceptée
comme unité monétaire universelle ? Est-ce que tout cela est d'accord avec
le système métrique et décimal?
» La question mérite d’autant plus d’être examinée qu'une conférence
internationale est annoncée comme trés-prochaine, et aura pour objet de
chercher à établir une entente entre les divers gouvernements, pour l'adop-
tion d’une monnaie universelle.
» Si l'on veut rester dans les conditions du système métrique et décimal,
lor devenant étalon, on ne peut prendre pour unité monétaire que Pun
des poids suivants :
» 1 gramme d’or, 2 grammes, 5 grammes, 10 grammes, OÙ un multiple
de 10 grammes; mais il est clair qu’on n'aurait pas besoin d'aller au delà
de 10 grammes. A mon avis, il y aurait un très-grand avantage à prendre
pour unité de mesure le gramme lui-même. Toutes les pièces étant mises
au même titre de 2 de fin et désignées par leur poids en grammes, on aurait
ainsi un moyen de comparaison immédiate entre elles, quel que fùt leur
pays d’origine, et rien n’empécherait qu’elles pussent circuler partout,
chaque gouvernement garantissant le titre de # et le poids inscrit sur les
pièces qu’il aurait frappées. Je ne veux point, au reste, insister ici sur les
raisons qu’on pourrait faire valoir en faveur de telle ou telle unité. Ce que
je désire seulement constater, c’est qu'il est impossible d'admettre la frac-
tion +2 de gramme d'or comme unité monétaire, si l’on tient à conserver le
système métrique et décimal. |
» En résumé, l'adoption de l'étalon d’or parait inévitable dans un avenir
prochain. Quelle devra être alors notre unité monétaire ? Peut-on, sans
déroger au système métrique et décimal, prendre pour unité de mops un
poids de +2 de gramme d'or, à la place du franc de 5 grammes d argent?
» Telle est la question sur laquelle je me permets d'appeler l’attention de
l’Académie. »
C. R., 1867, 1°” Semestre, (T. LXIV, N° 95.) 157
( 1192 )
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Démonstration élémentaire : 1° de l'expression
de la vitesse de propagation du son dans une barre élastique ; 2° des formules
nouvelles données, dans une communication précédente, pour le choc longi-
tudinal de deux barres; par M. pe Saixr-VENANT.
« On sait qu’une barre prismatique ayant une section transversale w et
un module d’élasticité E prend, dans l’état d'équilibre, une compression
ou contraction uniforme j par unité de longueur quand elle supporte, sur
ses bases extrêmes, des pressions opposées
Eoj.
» Si, la barre étant dans son état naturel et en repos, on vient à appli-
quer une pareille pression sur une de ses deux bases, elle prendra la même
compression uniforme Fi dans une partie qui sera graduellement croissante;
et si Āt était la longueur primitive de la partie ainsi comprimée, comme elle
s’est accourcie de kjt, son origine, on la base pressée, aura cheminé d’au-
tant. D'où il suit qu’en appelant v la vitesse prise par cette origine, et né-
cessairement aussi par tous ses autres points, puisqu'ils sont restés aux
mêmes distances depuis la compression effectuée, on aura
(1) pe kj.
» Une première conséquencé est que si p désigne la densité de la matiere,
ou pw kt la masse mue et comprimée, on a pour l'égalité de la quantité de
mouvement qu’elle a acquise à celle qui lui a été imprimée,
pwkt. kj =Eoj.t
(E pouvant avoir une valeur un peu autre que dans une compression sta-
tique vu la chaleur dégagée ou les vibrations atomiques suscitées); d'ou, pour
la vitesse de propagation de la compression,
(2) Fr VE
formule qui représenterait également la vitesse de propagation d’une dila-
tation due à la soustraction de la force comprimante, et par conséquent
aussi la vitesse de transmission du son ou d’un petit ébranlement se compo-
sant d’une compression suivie d’une dilatation.
» Considérons maintenant deux barres prismatiques qui viennent
presser ou se heurter. Soient respectivement d;, A2 leurs longueurs, j
les vitesses, comptées positivement de a, vers 4»; qui animent uniforme-
à se
5» Vs
( 1103 )
ment leurs molécules à l’instant £ = o où elles se rencontrent, ce qui exige
. que
(3) V, T y à pe Q.
Soient encore v, et 7,, V, et 7, les vitesses et compressions prises plus tard
par leurs parties, U, et U, les vitesses de leurs centres de gravité, m, et m,
leurs masses par unité de longueur, et enfin #,, k, les vitesses avec lesquelles
les compressions et dilatations se propagent dans leurs matières. Faisons
aussi
2k
où rer
et supposons
(5) PER
, . ERa , a ; . . r
» Au bout d’un temps £ égal ou inférieur à +; les parties comprimées
1
dans les deux barres auront une nouvelle vitesse uniforme, la même pour
toutes deux puisqu'elles ont un point commun. Soit u cette vitesse. Elle a
remplacé V,, V, sur des parties #,£, kąt dont les masses sont entre elles
comme 1 est àr. On a donc, pour la conservation des quantités de mou-
vement, (1 +- r)u = V, + r Va, d'où
V,+rV,
HN ARTE
+.
(6) UV, =%Vi — = V, + —
On doit avoir aussi pour ces parties, en vertu de RACE a) o= + 4j,
qui donne en général les vitesses dues à des compressions, u = V,—k,j,,
u= V, + k:j:, d’où
` Vins Vi — V; . A apa A 24e À M
(7) FREE PAS TR ER HFAA
qu’on obtiendrait également en divisant par les longueurs comprimées KE,
k, t les différences des cheminements de leurs extrémités.
2
» Au bout du temps { = zi la barre a,, ainsi comprimée jusqu’à son
extrémité libre, se dilate, ce hi ajoute à sa vitesse lt, topipnrs en vertu
de (1), une vitesse de détente — kj, = — (V; — u), en sorte qu'on a d'un
bout à l’autre de cette barre
paiia
| quand Eh 79
{
| et au V= Nima
(1194 )
Si cette vitesse (8) de la barre qui va derrière l’autre est moindre que la
vitesse (6) 4 que possède encore celle-ci, diminuée de la vitesse de détente
kja = u — V, due à sa compression (7)jz, C'est-à-dire si l’on a
(9) >i OU 02,
les deux barres se sépareront à l'instant t = E, Et l’on aura pour les
vitesses de translation finales
f 2 Á;
ae MAS ae Vi re el S
O) 4
M, &, 2 M; k a
(U =V, E ee + Ver
Mais si
(11) re i OU Re RS
. ` . el . . . .
elles resteront unies après cet instant ¿ = 2 + Or je dis que si z est la partie
entière du nombre de fois que $ -i ' contient T on a, n’ étant tout nombre
entier n'excédant pas 7,
f * a
A l'instant £ = 2 nr 7 ;
1
E
N O- Va) j =o:
Z
| +
| Dans toute la barre a, : v, = V, + (
(a 2) / Lt
Dans une partie de la barre a, contiguë au point de jonction :
Sasot mea V, Bis
étre he WÉr CRU
LERN aA
OEN E
3 5 (1+r}
En effet, supposons que cela soit prouvé pour une certaine valeur de #';
les deux barres prendront après l'instant 4 = » NT de part et d’autre de
leur jonction, une vitesse et des compressions vonis qu'on obtiendra en
mettant dans (6) et dans (7); à la place de V, et de V,, la vitesse (12) V, et
la vitesse (12) v, diminuée de Asja qui serait due à la détente de la compres-
sion (12) j». Ilen résultera
(1+r)"
a paors V; + (re tr — Ms)
. lj arry V, — V, ; {iret V,— V,
RPP po 7. ESTARE AE
. . L + La f: #1
valeurs qui subsisteront, pour la barre a,, jusqu’à l’époque t = (2n'+2)7
( r195 )
mais qui, pour a,, devront alors être remplacées par j\ =0 et par
v, = la valeur (15) v, diminuée de k,j, vu sa détente à partir de
j \ Ai . . r
t=(an +1) 7: Les vitesses et les compressions seront en conséquence
1
exprimées alors par (12) avec x’ + 1 au lieu de x’.
» Ces formules (12) sont, d’après (8) et d’après (6), (7), prouvées pour
n= 1. Elles le sont donc, ainsi que les formules (13), pour w = 2,3,...,
ou quelconque jusqu’à n inclusivement.
A a . a a
» Or, si 2 7 est compris entre an et (an +1); la barre a, se com-
2 1 1
à Aad a
posera, à l'instant {= 27>
t
k
, > \ k, d r
d’une partie (272 +1)4, — 2 z £2» ayant la vitesse v, donnée par (12);
1
NE. ;
d’une partie 2 Aa — 2R4, ayant la vitesse, donnée par (13);
2
multipliant les longueurs par les vitesses, et divisant par la longueur totale a,
on à la première des deux expressions suivantes, dont la seconde n’est que
ce qui résulte du principe m,a, U, + m,a,U, = m,a, V, + wa; V, :
í a: ki
— — n
1—7\" „ak \
m,a
Us = NVH y Vm U,).
m42
(14)
. , . A . a ki a
» On trouverait nécessairement la même chose si ar etait entre
2
d , car la barre a, doit se composer des n +1
Grei (an +2)T
on h
mêmes parties avec les mêmes vitesses dans les deux cas.
» Or, on prouve, par un raisonnement comme celui qui précède, qu’à
cet instant { = De on a, quand r < 1, au point de jonction,
LÉ Kaja POLT Rijo
ce qui est, d’après ce qu’on a dit, la condition de séparation. Donc alors
les vitesses après le choc sont représentées par les formules (14); formules
qui, au reste, quand F = E d’où n= 1, se réduisent, comme les for-
mules (10) du cas r > 1, à celles de la théorie ordinaire. »
( 1196 )
ASTRONOMIE. — Sur la périodicité des taches solaires. Note de M. Cuacorac,
présentée par M. Laugier.
« Dans un Mémoire antérieur autographié, j'ai décrit l'importance que
prenait dans la nature la périodicité des taches, en vue des variations des
quantités de chaleur que l'astre rayonne vers les espaces planétaires. J'ai
montré aussi comment il est vraisemblable que les planètes principales,
et surtout Jupiter, sont la cause des phases de ce grand phénomène de
la constitution physique de l'astre. Mais le fait sur lequel j'insistais,
c’est l'équilibre du rayonnement de la photosphère solaire lorsque les
marées maxima atmosphériques du Soleil sont en quadrature et que Ju-
piter est dans son périhélie.
» La première marée, équilibrant le rayonnement de la photosphère
contre l'effet de la force centrifuge de l'astre durant ce minimum d’appari-
tion, vint à propos justifier mes prévisions sur la cause de la production
des taches solaires. Ce fut la marée du 3 janvier 1867. En effet, la planète
Vénus et la Terre se trouvant ensemble à go. degrés de Jupiter produi-
saient quatre ménisques opposés l’un à l’autre, qui devaient combattre
l'effet de la force centrifuge, cause de l'inégalité de la radiation solaire.
Eh bien! le Soleil n’offrit aucune tache, aucune facule, depuis le 19 no-
vembre 1866 jusqu’au 4 mars de l’année suivante. Depuis vingt ans que
j'observe le Soleil, il m'avait pas encore présenté une aussi grande unifor-
mité d'éclat durant une aussi longue période.
» La seconde marée atmosphérique du Soleil occasionnée par l'influence
attractive des planètes fut celle du 9 mai. Les planètes, la Terre et Saturne
d'une part, Mercure, Vénus et Jupiter de l’autre, s'étant distribuées en
deux groupes éloignés de go degrés l’un de l’autre, rétablirent l'équilibre
du rayonnement de la photosphère par les ménisques atmosphériques
qu’elles déterminérent, en sorte que du 19 avril au 24 mai il ne parut
en effet aucune tache au Soleil.
» Dans ces conditions, la puissance attractive de Saturne et de la Terre,
situées, comme nous l'avons dit, à 90 degrés de celle de Jupiter, Vénus et
Mercure, était de = de celle de Jupiter isolé. Malgré ces deux composantes
efficaces, aussitôt que Mercure s’est séparé du second groupe en suivant son
mouvement de translation dans lespace, il a déterminé l'apparition de
deux groupes de taches qui ont éclaté précisément dans la région opposée
à la direction du rayon vecteur, c’est-à-dire dans l'hémisphère où la
(1197)
marée n'existait pas, dans le point de la plus grande dépression atmo-
sphérique, dans le lieu où le rayonnement de la photosphere s’effectuait
avec le maximum d'intensité.
» Ces faits, si concordants avec la théorie d’un rayonnement inégal d’une
masse liquide en fusion, voilée par une atmosphere absorbante, confirment
une fois de plus la nature des taches solaires comme un phénomène vol-
canique.
» J'ajouterai en outre que, dans cette dernière période d’éruption, les
groupes de taches qui se sont montrés ont bien réellement occupé les
limites de la zone d'apparition, ainsi que je l'avais annoncé dans le Mé-
moire cité. »
PHYSIQUE. — Détermination des pôles des barreaux aimantés ;
par M. P. Vozricezu.
« Les méthodes expérimentales, pratiquées d’abord par Coulomb (*),
dans ses recherches sur le magnétisme des barreaux, ne sont pas d’une
exactitude assez rigoureuse, même selon l'opinion de M. Lamont (**),
quand on veut s’en servir pour la détermination de leurs pôles.
» Récemment, M. Pouillet a exposé une nouvelle méthode ingénieuse et
préférable pour la détermination dont il s’agit (***). Cette méthode, en sup-
primant l’action du magnétisme terrestre, a pour base le moment rotatoire
produit par l’action réciproque des deux barreaux aimantés, sensiblement
égaux entre eux.
» Dans la présente Note, dont l’idée m’a été suggérée par le beau travail
de M. Pouillet, je me propose de déterminer les pôles d'un barreau
aimanté dans un cas plus général, celui de barreaux inéqaux entre eux,
au moyen des formules publiées dans mon Mémoire qui avait pour titre :
Recherches analytiques sur le bilifaire, etc. (***), dont cette Note sera une
continuation.
» Le lieu des pôles ou des centres d'action, dans un barreau aimanté,
varie avec la distance entre ce barreau et le point sur lequel il agit; mais si
(*) Histoire de L'Académie royale des Sciences, année 1785, p- 560 et 609.
(**) Handbuch des Magnetismus; Leïpsig, 1867, p. 329. -
(***) Comptes rendus, te LXVII, p. 257; Annales de Chimie et de Physique, 4° série,
t. VII, p. 207.
(****) Atti dell Accad. pont. dè Nuovi Lincei, an 1865, t. XVII, p: 331, et t. XVIII,
P- 1 et 279; Comptes rendus, t: LXI, p. 418 (extrait).
( 1198 )
cette distance est assez grande, alors seulement il cesse de varier, malgré
les variations de la distance : c’est le pôle que j'appelle principal.
» Soient : R la distance entre les centres de deux barreaux inégaux
entre eux;
» m, M les quantités de magnétisme contenues respectivement dans
chaque moitié de ces barreaux, l’un mobile autour de son centre et retenu
par la torsion dans le méridien magnétique, l’autre fixe et perpendiculaire
au premier ;
» a, b les distances des pôles principaux aux centres respectifs des
barreaux ;
» Fle moment rotatoire du barreau mobile, mesuré par la torsion.
» De la formule (55) de mon Mémoire précité, en posant a =40 ep
on tire
b b
2 kMma Ta F
a
_ 2b a? + b?\° 2b sata)
( Ne rh ) (it R ,
Si l’on change F en F', on devra changer R en R’, et l’on aura
b b A
F— 2kMma -E -E
ss G i 3
2b ab 2b a + b:\?
(OR) Cr Ta C )
. . . , è % I ,
Il est facile de voir que, si on néglige seulement Îes puissances de + supé-
rieures à la cinquième on obtient, après réduction,
i+ 4 :
R b si 208 2e Le Us shi
RS PA e E T (3% ini Ša Ja n e (ba — 4b lP
2b ii a? + b\?
+ R
R?
15 4 PR ahii o
+ (5 a+ 5b 15ab?) i
b
— (- Pa + 30 a? b? — 6%') ai
Dans cette formule, si on remplace b par — b, on obtiendra
Le R m TE
_2b atb? PAA R A A 3
(2) R R? E R?
i TEST P ai Bou + 66
a oo o a R ;
(1199 )
qui représente le second facteur du second membre de la formule (1); et
il ne sera pas difficile de vérifier qu’en combinant la formule (1) avec
la formule (2), on obtient pour F une expression d’accord avec celle de
M. Lamont (`). En outre, on aura
45.
= at — 300° b? + 6!
pis E T io Ai 4 )
Fo R? R' |
HE
. LE E Las eus
ni à ii R"
(3) en changeant F' en F”, nous aurons
2 e Pa — 3oa°b° + 6b'
D JE R
E., R ra Bu 306 +66
Do a de at
R” R” 3
» Ces deux forwules ont l'avantage de pouvoir être facilement résolues
par rapport aux distances 4, b sans autre hypothèse que celle déjà
acceptée par l'analyse, savoir que la distance R soit suffisamment grande.
De la première des formules (3), réductions faites, nous obtenons
(4) i Aa'—30Aa?b?+6Ab'— 6R? R” Ba’ + 4RR” Bb’+2R'R“C=0,
en posant |
(5) A ER ER Bm ER ER 0: CRIER,
Si l’on change dans la formule (4) F’, R’ respectivement en F”, R”, on
obtiendra encore |
(6 | P pa — 30A'a?b? + 6A'b' i
| —.6R? R” B'a? +4R?R”2B' b? + R'R"'C' = 0,
en posant |
a) A OR NT MN ENCE R
Si on multiplie la formule (4) par A et la formule (6) par A, et que l'on
soustraie l’une de l’autre, on aura, après réduction,
(ab? — R°G), b =+ (84 + R°G),
1 jé
3 | 2
da? =
Si AE
(*) Handbuch des Magnetismus ; Leipsig, 1867, p- 281,
C. R., 1867, 1°" Semestre. (T. LXIV, N° 25.)
formule (1).
158
( 1200 )
en posant
R''A'C — RAC’
G = Rap RAT
Si l’on substitue dans l’équation (4) les valeurs de b? et b*, on obtiendra,
après les réductions,
(8) a=5\/-$c+ 1 Ge + (BG + RC),
où À, B, C, G sont donnés au moyen des formules (5) et (7). La formule (8)
fournit la différence polaire du barreau mobile au moyen de quantités
obtenues par trois expériences.
» Pour trouver la valeur de b, c’est-à-dire la distance polaire du barreau
fixe, nous introdnirons dans la formule (4) les valeurs de a‘ et de a? déjà
déterminées, et, après les réductions, nous aurons
R 5 35 18R'? ia
(9) bmi eey Eca er C),
formule qui détermine la différence polaire du barreau fixe.
» Dans le cas où les deux barreaux ont les distances polaires égales
entre elles, on aura a = b, et des formules précédentes on obtiendra faci-
lement la valeur des distances polaires principales.
_» Le moyen le plus sûr, pour vérifier que les distances R, R’, R” sont
suffisamment grandes, nous, semble être de faire plusieurs expériences à
différentes distances; puis on calculera les valeurs de a et b. La concor-
dance plus ou moins approchée entre ces valeurs, tant à l'égard de a qu'à
l'égard de b, fera connaître les limites dans lesquelles on doit renfermer
les quantités R, R’, R”. »
CHIMIE. — Recherches relatives à l’action réciproque entre l’acide sulfureux et
l'hydrogène sulfuré. Note de MM: S. pe Luca et J. Usazmini, présentée
par M. Balard. |
« L’hydrogène sulfuré et l'acide sulfureux, à l’état gazeux et parfaite-
ment desséchés, ne réagissent pas à ia température ordinaire; mais en pré-
sence de l'humidité ils produisent, comme on sait, de l’eau, et déposent du
soufre. Cette réaction explique l’origine de certains dépôts de soufre dans
la nature, comme ceux qu’on rencontre à Pozzuoles près de Naples et par-
tout où il y a dégagement simultané d'hydrogène sulfuré, d’acide sulfureux
et de vapeur d’eau.
( 1201 )
» La réaction indiquée a lieu entre 1 volume d'acide sulfureux et 2 vo-
lumes d'hydrogène sulfuré. Dans les Traités élémentaires on trouve que
pour 3 équivalents de soufre qui se déposent, il y a formation de 2 équiva-
lents d’eau : 2HS + SO? = 2HO + 3S; mais, en réalité, la réaction n'est
pas aussi simple que cette formule l’indique, car il y a formation d’acide
pentathionique qui en se décomposant met en liberté du soufre.
» En examinant spécialement le soufre qui se dépose dans cette circon-
stance, on trouve qu'il n’est pas entièrement soluble dans le sulfure de car-
bone. Le dosage exact, dans ce dépôt, du soufre soluble présente de graves
difficultés; en effet, le soufre qui se sépare reste pendant plusieurs jours en
suspension dans le liquide, et il traverse même le papier lorsqu'on essaye
de le séparer par filtration; d’un autre côté, la solubilité dans l’eau de l'hy-
drogène sulfuré est petite en comparaison de l’acide sulfureux qui s’y dis-
sout en forte proportion, de manière que pour avoir une relation équiva-
lente entre les deux substances, il faut employer un volume considérable
de la solution d'hydrogène sulfuré et un petit volume de la solution d'acide
sulfureux. Bien d’autres difficultés se présentent dans le dosage de ces deux
variétés de soufre, vu la facilité avec laquelle elles peuvent se transformer
l'une dans l’autre, par des causes multiples.
» Le procédé suivant a été employé pour éviter, autant que possible,
l’action perturbatrice de la chaleur sur le dépôt de soufre. On a préparé
deux solutions normales, une contenant sur 613%,5 d'eau le poids de
15,700 d'hydrogène sulfuré, et l’autre contenant sur 54 centimètres cubes
d’eau le poids de 1#,600 d’acide sulfureux; ces proportions sont équiva-
lentes et répondent à l'équation 2HS + SO? = 2H0 + 35. Les deux solu-
tions ont été mélangées dans un flacon bouché à l’émeri, en y introduisant
d’abord la solution d'hydrogène sulfuré et ensuite celle d'acide sulfureux.
On a obtenu ainsi une liqueur laiteuse, qui s’est éclaircie en grande partie
en l’agitant à plusieurs reprises avec du sulfure de carbone purifié. Quand
ce sulfure a été séparé et filtré, on l’a évaporé au bain-marie et on a pesé
le soufre après l'avoir parfaitement desséché et fondu.
» Le volume du dissolvant, le nombre des agitations du mélange, la
température du liquide, la lumière, le contact, le temps, l'excès de l’un
ou de l’autre des corps réagissants, etc., etc., exercent une grande influence
sur les résultats définitifs de ces sortes d'expériences ; de manière que dans
Certains cas on arrive à obtenir 2 équivalents environ de soufre soluble
dans le sulfure de carbone, et que d’autres fois c’est le soufre insoluble
qu'on isole en plus forte proportion. s
158..
( 1202 )
» On sait que dans l’action réciproque entre l'hydrogène sulfuré et
l’acide sulfureux il y a formation des acides de la série thionique, et d’après
M. Berthelot le soufre qui se produit dans la décomposition de l'acide pen-
tathionique doit être du soufre insoluble. On se rapprochera d'autant plus
de cet état, que l’on aura veillé plus soigneusement à éviter, au moment de
sa formation, les conditions qui tendent à le râmener à l'état de soufre
cristallisable. L’acide sulfureux a précisément la propriété d’accroitre la
stabilité du soufre insoluble, comme l’ont montré les expériences de M. Ber-
thelot. Dans la réaction de l'acide sulfuréux sur l'acide sulfhydrique, on
` obtiendra donc d'autant plus nettement du soufre insoluble que l’on opé-
rera en présence d’un excès d'acide sulfureux. En effet, lorsqu'on mélange
les deux solutions saturées d'hydrogène sulfuré et d'acide sulfureux, et
que dans le mélange il y'a un excès de cette dernière, on obtient, par
l'évaporation du liquide, un résidu dans lequel le;sonfre insoluble est plus
stable et en plus forte proportion que lorsqu'on emploie les quantités
exactement équivalentes des deux solutions sulfureuses.
» Il n’est pas inutile de signaler que le sel marin, agité avec le mélange
des deux solutions, a la propriété de précipiter le soufre en suspension et
éclaircir la liqueur. En chauffant cette même liqueur, après l'avoir fil-
trée, avec du chlorate de potasse et de l’acide chlorhydrique, on transforme
le soufre de la série thionique en acide sulfurique qu’on dose ensuite sous
forme de sulfate de baryte. Par ce procédé, on détermine non-seulement
le soufre qui se dépose par l’action réciproque des deux solutions sulfu-
reuses, mais aussi l’autre soufre qui reste dans la solution à l'état de com-
posés thioniques.
» En résumé, ces recherches montrent que le soufre qui se dépose par
l’action réciproque entre l'acide sulfureux et lhydrogene sulfuré est con-
stitué par deux variétés de soufre, dont l’une est soluble et l'autre est inso-
luble dans le sulfure de carbone; que la proportion éntre ces deux soufres
dépend, non-seulement des substances qui les fournissent, mais aussi des
conditions dans lesquelles on opère; que le soufre insoluble devient plus
stable lorsque l’action a lieu sous l'influence d’un excès d’acide sulfureux.
» Enfin ces recherches conduisent à d’autres considérations sur la vraie
pature des corps simples, qui existent seulement dans nos conceptions théo-
riques, tandis que par le fait nous ne connaissons que des corps composés.
La théorie atomique trouve en outre dans les résultats de ces expériences y
autre åppui, en démontrant que les atomes dont un corps simple est constitue
peuvent se réunir ou se séparer en donnant origine a des molécules com-
( 1203 )
plexes produisant tous les phénomènes qu’on peut réaliser avec les corps
composés ordinaires sur lesquels nous sommes habitués à porter notre
attention. Les connaissances actuelles sur le phosphore, l'oxygène, le
soufre, le carbone, le silicium, le bore, etc., etc., nous confirment dans
cette manière de considérer la constitution des corps simples. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Lettre à M. le Secrétaire perpétuel à propos d'une méthode
de vinification récemment présentée à l'Académie; par M. C. Forraomme.
« Dans la séance du 20 mai, M. P. Thenard a présenté à l’Académie,
au nom de M. M. Perret, une méthode de vinification qui donne, on le
sait depuis longtemps, des résultats remarquables et incontestables , et
qu'on pourrait croire toute nouvelle. Dans la séance du 27 mai, M. Mau-
mené a adressé à l’Académie une réclamation dans laquelle il dit que,
dans un ouvrage qu’il a publié en 1858, il avait fait connaitre déjà cette
idée de retenir le marc (le chapeau) sous le niveau du liquide, ce qui n'est
que la base du procédé de M. Perret.
» Je crois que, dans un pareil sujet, il e
priorité quelconque. Cette méthode est pli
Le seul mérite consiste à la propager le plus possible. C’est ce que mon
beau-père, M. Henrion-Barbesant, n’a cessé de faire dans nos contrées pen-
dant sa longue carrière. Le 6 septembre 1857, avant donc la publication
du Traité de M. Maumené, M. Henrion, convaincu par une longue expé-
rience de l'efficacité de la fermentation en vase clos avec double fond latté
ut, à la Société centrale d'Agriculture de Nancy, où il était pré-
un Mémoire sur la fabrication du vin,
erret et celui
st bien difficile de réclamer une
is ancienne qu'on ne le pense.
supérieur, l
sident de la Section d’œnologie,
dans lequel il explique tout au long et le procédé de M. P
de M. Maumené, qui sont les mêmes. Il n'y a de différence que dans la
partie accessoire, la disposition des cuves ‘ou tout simplement du clayon-
nage. Ce Mémoire est, de plus, suivi d'un tableau comparatif de la richesse
alcoolique des vins préparés de cette façoniet qu'on avait encore en cave,
et cela remonte à l’année 1542. |
» Telle est, Monsieur le Secrétaire perpétuel, la Note que j'ai cru devoir
vous communiquer au point de vue de l'histoire d’une excellente méthode,
qui se répandra avec d'autant plus d'autorité qu’elle aura l'approbation de
à LA .
l’Académie. »
( 1204 )
PHYSIOLOGIE., — Sur la régénération des membres chez ľ Axolotl (Siren
pisciformis), Note de J.-M. PaupEaux, présentée par M. Milne
Edwards.
« Le 24 septembre 1866, j'ai eu l’honneur de mettre sous les yeux de
l'Académie des expériences démontrant que les membres de la Salamandre
aquatique (Triton cristatus) ne se régénèrent qu’à la condition qu'on laisse
au moins sur place la partie basilaire de ces membres (c’est-à-dire le sca-
pulum, lorsqu'il s’agit, comme dans mes expériences, des membres anté-
rieurs). Il m'a paru nécessaire de répéter ces expériences sur d’autres ani-
maux de la même classe, afin de voir s’il s’agit là d’un fait constant, ainsi
que tout, d’ailleurs, portait à le présumer.
» Grâce à l’obligeance de M. Duméril, jai eu à ma disposition dix
Axolotis nés au Muséum d'Histoire naturelle, dans la ménagerie des Rep-
tiles. Le 4 octobre 1866, sur cinq de ces Axolotls, J'ai enlevé le membre
antérieur gauche, y compris le scapulum; sur les cinq autres, le même
jour, J'ai fait l’ablation du membre antérieur droit, avec des ciseaux, en
rasant le corps, et jai, par conséquent, laissé en place non-seulement le
scapulum, mais encore la tête de l’humérus.
» Il y a aujourd’hui plus de huit mois que l'opération a été pratiquée,
et il est facile de constater qu’elle a donné les résultats que j'avais prévus.
Chez les Axolotls de la première série, la cicatrisation s’est faite de la façon
la plus régulière; mais il n’y a pas eu jusqu'ici le moindre indice d’un
travail de régénération. Chez ceux de la seconde série, au contraire, très-
peu de temps après l’opération , la cicatrice a commencé à se soulever; il
s'est formé une saillie qui s’est accrue graduellement, et j'ai pu suivre
jour par jour les phénomènes de la régénération du membre. Aujour-
d'hui, et depuis longtemps déjà, ce membre est entièrement reproduit, et
l'on peut s'assurer qu’il a repris tous ses caractères normaux de forme
et de structure.
» Ainsi, toutes les expériences que j'ai instituées, depuis que j'ai com-
mencé à étudier la question de la reproduction des parties enlevées, me
ramènent toujours à la même conclusion. Qu'il s’agisse de l’ablation de
membres entiers, comme chez les Batraciens, ou de celle d’organes plus
profonds, comme la rate chez les Mammifères, la régénération n’a jamais
lieu que si l'opération a laissé sur place, et avec ses connexions anatomi-
ques normales, une portion des membres ou de la rate. Cette constance des
( 1205 )
résultats déjà obtenus m’a encouragé à tenter d’autres essais, dont je com-
muniquerai ultérieurement les résultats à l'Académie. »
ANATOMIE COMPARÉE., — Considérations sur quelques particularités du sys-
tème musculare des Poissons. Note de M. E. BaupeLor, présentée par
M. Em. Blanchard.
« Chez les Poissons, les parois latérales du tronc sont formées, comme
on le sait, par deux grands muscles qui s'étendent sans interruption depuis
l'origine de la queue jusqu’au niveau de la ceinture scapulaire. Dans Pin-
tervalle de ces muscles se montrent, soit du còté supérieur, soit du côté
inférieur, deux minces faisceaux, plus ou moins allongés, désignés par
Cuvier sous les noms de muscles grêles supérieurs et inférieurs du tronc.
C'est sur ces muscles que je me propose d'appeler ici l’attention.
» Un fait qu’il importe de signaler tout d'abord, parce qu'il offre tous
les caractères de la généralité, c’est l’étroite relation qui se manifeste eutre
la disposition de ces muscles gréles et celle des nageoires impaires.
» Ainsi, par exemple, chez la Gremille, dont la dorsale commence der-
rière la nuque et se continue sans interruption jusqu’à une faible distance
de la queue, il n’existe en dessus qu’une seule paire de ces muscles grêles,
étendus entre l’extrémité postérieure de la dorsale unique et les premiers
rayons de la caudale. Chez le Brochet et chez les Cyprins, dont la dorsale
est trés-courte, la région dorsale offre constamment deux paires de muscles
grèles, l’une qui s’étend de la nuque à la nageoire dorsale, l’autre qui relie
cette dernière à la caudale. Dans d’autres Poissons qui possèdent deux
dorsales écartées l’une de l’autre, les Truites par exemple, on compte du
côté supérieur trois paires de muscles grêles, la première allant de la nuque
à la première dorsale, la deuxième de la première dorsale à la seconde, et
la troisième de la seconde dorsale à la caudale. Dans quelques Poissons
enfin, tels que les Pleuronectes, où la dorsale règne sur toute la longueur
du dos, les muscles grêles supérieurs cessent d'exister,
» Les mêmes variations s'observent dans les muscles grêles de la région
ventrale. Ainsi, dans les Poissons abdominaux dont les nageoires ventrales
sont éloignées des pectorales, on voit sur la ligne médiane trois paires de
muscles gréles, la premiere allant de l'extrémité inférieure de la ceinture
SCapulaire au bassin, la seconde du bassin à l’anale, et la troisième de
l’anale à la caudale. Dans les Poissons subbrachiens, le double faisceau
qui se porte de la ceinture scapulaire au bassin disparaissant, il n'y a plus
( 1206 )
que deux paires de muscles grêles, l’une qui s'étend du bassin à l'anale, et
l’autre de l’anale à la caudale. Chez les Pleuronectes, enfin, dont l’anale
occupe presque toute l'étendue du bord inférieur du tronc, ces mêmes
faisceaux se trouvent réduits à une seule paire.
» Par cet ensemble de faits, la relation que j'avais signalée tout d’abord
entre la disposition des muscles grêles et celle des nageoires impaires me
parait donc bien nettement établie.
» Il s’agit maintenant d'expliquer cette relation, question intéressante
qui n’a pas été soulevée par Cuvier, ni, je crois, par aucun autre zoologiste.
En voyant les muscles grêles apparaître là où cessent de se montrer les
pageoires impaires, et ces mêmes muscles disparaître dès que celles-ci
viennent à se montrer de nouveau, l’idée qui s'offrit à moi fut qu'il devait
exister entre ces organes quelque lien anatomique, demeuré inaperçu.
Comment, en effet, si l’on voulait considérer les muscles grêles comme des
organes de nouvelle création, comprendre que l'existence de ces muscles
se trouvât ainsi subordonnée à la non-existence des nageoires impaires ? Il
était rationnel, au contraire, en ayant égard aux homologies si frappantes
du squelette, de penser que ces muscles devaient se trouver représentés en
quelque façon parmi les éléments musculaires de la nageoire. L’observation
confirma ces prévisions en tout point; elle me démontra que les muscles
grèles supérieurs et inférieurs ne sont autre chose que les muscles moteurs
des rayons natatoires, dont les faisceaux se soudent entre eux pour consti-
tuer un double faisceau longitudinal lorsque les rayons qui leur servent de
support viennent à avorter.
» A lappuide cette assertion je prendrai le Brochet comme exemple.
Chez ce Poisson, il n'existe, comme on le sait, qu'une seule dorsale
assez courte. En avant et en arrière de celle-ci s'étendent deux paires de
muscles grêles, l’une très-longue se portant sur la nuque, l’autre beaucoup
plus courte aboutissant à la caudale. Quant à l'appareil moteur de la
nageoire, il consiste comme à l'ordinaire en une double rangée de petits
muscles disposés de chaque côté sur deux plans, l’un superficiel et l'autre
profond. Le plus simple examen de ces derniers muscles suffit pour con-
vaincre de leur identité avec les faisceaux grêles avoisinants. En effet, vers
la région moyenne de la nageoire, ces muscles des rayons sont parfaitement
distincts, et disposés parallélement suivant une direction à peine inclinée
de bas en haut et d'avant en arrière. Plus en avant, on voit déjà leur obli-
quité se prononcer davantage. Enfin, au niveau des premiers rayons de la
dorsale, qui sont presque entièrement avortés, ces muscles commencent
( 1207 )
à se fusionner entre eux, et leur obliquité devient telle, qu'ils se rapprochent
de la direction longitudinale, pour aller se confondre de chaque côté
avec l'extrémité correspondante du faisceau grêle antérieur. Vient-on
ensuite à examiner ce dernier faisceau dans sa portion qui est attenante
à la nageoire, on acquiert la preuve de sa complexité par l'existence à sa
surface de petits ventres charnus séparés par des intersections tendineuses
dont l’obliquité rappelle celle des muscles des premiers rayons. En résumé,
nous voyons donc qu’il y a passage graduel, transition insensible, pour
ainsi dire, des muscles des rayons aux muscles grêles, et ce fait nous paraît
suffisant pour admettre l'identité de ces deux sortes d'organes.
» Si d’autres preuves néanmoins étaient jugées nécessaires, je pourrais
encore ajouter la suivante : chez une espèce de Silure, voisin des Bagres,
dont la seconde dorsale se trouve remplacée par une longue nageoire adi-
peuse, J'ai vu les muscles grêles supérieurs se prolonger sans interruption
de chaque côté de la base de cet organe; d’où l’on peut conclure qu'il
suffit de la disparition des rayons osseux de la nageoire, pour que les muscles
appartenant à ces rayons se fusionnent entre eux et se constituent aussitôt
à l’état de faisceaux longitudinaux.
» Si les faits qui précèdent sont de quelque intérêt pour l'histoire de la
myologie des Poissons, leur importance me paraît surtout accrue par cette
considération qu’ils sembleraient devoir se prêter à un certain degré de gé-
néralisation. En effet, en recherchant l'expression la plus étendue des
résultats ci-dessus énoncés, j'ai été conduit à formuler la règle que voici :
« Étant donnée d’une part une série d’os homologues, et d'autre part
» une série correspondante de faisceaux musculaires insérés sur eux, Si un
» certain nombre de ces os viennent à avorter, les muscles qui s’y atta-
» chaient ne disparaissent pas pour cela, mais ils s'unissent les uns aux
» autres pour constituer un muscle de nature complexe. »
» Il mest possible d'établir dès à présent jusqu’à quel point cette règle
pourrait être généralisée, mais j'incline à croire qu’elle trouvera plus d’une
application, car on rencontre à chaque instant, aussi bien chez les animaux
invertébrés que chez les vertébrés, de ces séries correspondantes de muscles
et de pièces ossifiées.
» Pour ne citer qu’un seul exemple, je choisirai le système costal, où se
rencontrent quelques variations entièrement conformes à la règle que J'ai
énoncée. On sait que, chez les Mammifères, les côtes cessent de se montrer
au niveau de la région abdominale; cependant les muscles qui adhéraient
à ces côtes ne disparaissent pas avec elles, ils s'unissent entre eux et se con-
C. R., 1867, 127 Semestre. (T. LXIV, No 25.) "9 |
( 1208 )
fondent pour constituer ces masses charnues appelées grand oblique, petit
oblique, transverse de l'abdomen. Le grand oblique est la somme de tous
les intercostaux externes abdominaux; le petit oblique, la somme de tous les
intercostaux internes; le transverse, la somme d’une série de muscles
correspondants au triangulaire du sternum. Quant aux muscles droits, qui
se rencontrent d’une facon bien distincte dans presque toute la série des
Vertébrés, je les regarde comme étant les homologues des muscles grèles
inférieurs qui, chez les Poissons, s'étendent du bassin à la ceinture sca-
pulaire.
» Il eût été fort intéressant d'étudier, au point de vue que je signale, les
différents muscles du cou, dont la plupart ne sont apparemment que des
représentants des muscles costaux ; mais ce serait là une tâche de longue
haleine, qui exigerait de nombreuses comparaisons, et que je me vois, pour
l'instant, contraint de différer. »
À 4 heures et demie, l’Académie se forme en comité secret.
COMITÉ SECRET.
La Section de Géographie et Navigation présente, par l'organe de
son Doyen, M. pe Tessan, la liste suivante de candidats pour remplir la
dernière des trois places créées par le Décret impérial du 3 janvier 1866,
et vacante encore dans cette Section.
En première ligne. . . . . . . . . M. Lasrousse.
En deuxième ligne. . . . . . . . M. Virvarcrat.
En troisième ligne.. . . . . . . . M. DaroxnEav.
En quatrième ligne. . . . . M. Rexov.
Les titres de ces candidats sont discutés.
L'élection aura lieu dans la séance prochaine.
La séance est levée à 5 heures trois quarts. É. D.-B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 1o juin 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Recherches analytiquessur les poly gones semi-réquliers ; par M. Hen ri PIGEON.
Paris, 1865; in-4°. (Envoyé pour le concours Dalmont.)
(1209 )
Rapport sur un Mémoire de M. le D" Chassin concernant le Pinto du
Mexique, lu à la Commission scientifique le 6 décembre 1866; par M. le
Baron LARREY. Paris, 1867; opuscule in-8°.
Du recrutement de l’armée; par M. le Baron LARREY. Paris, 1867; opus-
cule in-8°.
Conclusions d'un Mémoire sur le trépan; par M. le Baron LARREY. Paris,
sans date ; opuscule in-8°. (Ces trois opuscules sont présentés par M. J. Clo-
quet.)
De la déviation des compas à bord des navires et du moyen de l'obtenir à
l’aide du compas de déviations; par M. E. DuBois. Paris, sans date; br. in-8°.
(Présenté par M. Laugier.)
Besoins de l’agriculture. Progrès sans prospérité. Crise agricole en 1865
et 1866, dévoilée par les chiffres officiels du commerce anglais. Paris, sans
date; br. grand in-8°.
De l'opportunité de la version à propos des observations de dystocie obstétri-
cale de M. Berne; par M. CHassacny (de Lyon). Paris, 1867; br. in-8°.
Révision de la section Tomentosa du genre Rosa; par M. A. DÉSÉGLISE.
Angers, 1866; br. in-8°.
Origine de l'espèce humaine, dans les environs de Toul. Catalogue des objets
exposés au musée de la Pharmacie centrale à Paris ; par M. HUSSON. Toul, 1867;
br. in-8°.
Notice sur la chirurgie des enfants; par M. GUERSANT. Paris, 1864-1867;
ı vol. in-8°. (Présenté par M. Cloquet. )
Recherches sur la fécondation et la germination du Preissia commutata,
N. A. E., pour servir à l’histoire des Marchantia; par M. L. LoRTET. Paris, 1667;
br. in-8°. (Présenté par M. Brongniart pour le concours Desmazières. )
| Catalogue des instruments de chirurgie de M. L. Mathieu. Paris, 1867 ;
in-8°.
Observations relatives à la maladie des vers à soie; par M. E. MOULINE. Au-
benas, 1867; br. in-8°.
Rectification exacte d ‘un arc circulaire quelconque de quadrature exacte du
cercle et d’un cercolore; par M. J. REGALCATI. Milan, 1867; br. inf.
On... Sur les hæmodromomètres (instruments pour déterminer ta vitesse du
sang dans l’intérieur des artères); par M. W. HANDSEL GRIFFITHS. Sans lieu
ni date; opuscule in-8°. A
Rep Journal d'histoire naturelle faisant suite à celui de M. H.
Kroyer, publié par M. le prof. J.-C. SCHIODTE. 3e série, t. 1°, 1® fascicule.
(CR&t0; )
Copenhague, 1861; 1 vol. in-8° avec planches. (Présenté par M. Milne
Edwards.)
I vermi... Les vers parasites; par M. le prof. P. MARCHI. Florence, 1867;
in-32 avec 2 planches.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES REÇUES PAR L’ACADÉMIE PENDANT
LE MOIS DE MAI 1867.
L’ Abeille médicale; n° 17 à 20, 1867; in-4°.
L'Art dentaire ; avril 1867; in-12.
L'Art médical; mai 1867; in-8°.
La Science pittoresque; n° 18, 1867; in-4°.
La Science pour tous; n°% 22 à 25, 1807; in-4°.
Le Gaz; n° 3, 1867; in-4°.
Le Moniteur de la Photographie; n° 4 et 5, 1867; in-4°.
Les Mondes; t. XIV, livr. 1 à 4, 1867; in-8°. i
Montpellier médical... Journal mensuel de Médecine; n° 5, 1867; in-8°.
Magasin pitloresque; avril 1867; in-4°.
Monatsbericht... Compte rendu mensuel des séances de l’Académie royale
des Sciences de Prusse. Berlin, janvier et février 1867; in-8°.
Monthly... Notices mensuelles de la Sociétéroyale d’ Astronomie de Londres;
6 avril 1867; in-8°. .
Nouvelles Annales de Mathématiques; mai 1867; in-8°.
Pharmaceutical Journal and Transactions; n° 11, 1867; in-8°.
Presse scientifique des Deux Mondes; n™ 18 à 21, 1867; in-8°.
Répertoire de Pharmacie; mai 1867; in-8°.
Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale ; n°° 9 et 10, 1867 ; in-8°.
Revue des cours scientifiques; n°° 23 à 26, 1867; in-4°.
Revue des Eaux et Foréts; n° 5, 1867; in-8°.
Revue maritime et coloniale; mai 1867 ; in-8°.
Revue médicale de Toulouse; n° 4, 1867; in-8°. es
Société d’ Encouragement, Résumé des procès-verbaux, séances du 17 avril
au 17 mai 1867; in-8°.
Société impériale: de Médecine de Marseille. Bulletin des travaux; 2 avril
1867; in-8°.
The Laboratory ; n°55 à 8, 1867; in-4°.
The Scientific Review; n° 14, 1867; in-4°.
ES 00
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 47 JUIN 1867.
PRÉ E DE M. CHEVREUL,
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. ze Ministre pe L’INSrRUCTION PUBLIQUE transmet une ampliation du
Décret impérial qui approuve la nomination de M. Nélaton à la place
vacante dans la Section de Médecine et de Chirurgie par suite du décès de
M. Jobert de Lamballe.
Il est donné lecture de ce Décret.
Sur l'invitation de M. le Président, M. Nécaron prend place parmi ses
confrères. i
M. Le Présipeyr pe L’Axsrrrur invite l’Académie des Sciences à désigner
un de ses Membres pour la représenter, comme lecteur, dans la séance
trimestrielle qui doit avoir lieu le mercredi 3 juillet.
M. £ Présipenr fait part à l’Académie de la perte douloureuse qu'elle
vient de faire dans la personne de M. Civiale, décédé le 13 juin 1867.
PHYSICO-CHIMIE, — Deuxième Mémoire sur les effets chimiques produits dans
les espaces capillaires; par M. BecouereL. (Extrait. )-
« On s’occupe aujourd'hui de toutes parts de la transformation des
forces, de celle de la chaleur en force mécanique, de l'électricité en force
ld + ý . . y $- # »:
mécanique, physique et chimique, et réciproquement. J'ai eu l'idée qu’il
160
C. R., 1867, 1°" Semestre, (T. LXIV, N° 24.)
{1319
pourrait bien se faire que l’on pùt transformer également les forces d’at-
traction capillaire en force chimique, pour opérer la réduction des métaux
et obtenir des précipités cristallisés ou à l’état cristallin ; tel est le problème
dont j’ai commencé à entreprendre la solution.
» Cette influence de l’action capillaire sur les actions électrochimiques
a attiré mon attention depuis plus de trente ans, comme je le rappelle
dans mon Mémoire, en rapportant les résultats que j'ai obtenus dans des
recherches faites à diverses époques dans cette direction.
» Dans l’un de mes anciens Mémoires, j'indiquais l'influence de la
couche infiniment mince de liquide adhérant au verre, pour favoriser la
circulation du fluide électrique et la réduction du cobalt. M. Edm. Bec-
querel est parvenu ultérieurement à un résultat important qui vient à
l'appui de cette influence : il a trouvé que la conductibilité élecrique des
liquides renfermés dans des tubes capillaires ne variait pas proportionnel-
lement à la section comme les colonnes liquides à grand diamètre, mais
dans un rapport plus grand.
» C’est à la suite des recherches que je viens de rappeler que je par-
vins à former des circuits voltaiques fonctionnant électrochimiquement,
sans l'intervention d'aucun métal, et formés par conséquent de liquides
seulement.
» Depuis quelques mois, j'ai repris cette question, qui m'a toujours
préoccupé, persuadé que les résultats que l'on obtiendrait auraient leur
utilité dans l'étude des sciences physico-chimiques et physiologiques; Mes
prévisions à cet égard ne mont pas trompé.
» Dans la séance du 13 mai dernier, j'ai eu l’honneur de communiquer
à l'Académie les premiers résultats que j'avais déjà obtenus sur la réduction
de plusieurs métaux par l’action capillaire; mon but était seulement d’ex-
poser le principe général à l’aide duquel on opérait cette réduction.
» L'appareil que j'ai décrit consistait en un tube de verre fêlé, conte-
nant une dissolution métallique et plongeant dans une dissolution de mo-
nosulfure de sodium; le cuivre, l'argent, etc., n’ont pas tardé à se réduire
non-seulement dans l’espace capillaire formé dans la félure, mais encore
sur la surface intérieure du tube, dans le voisinage de la félure, en formant
des cristaux ou des plaques métalliques.
» Je me suis demandé quelle était la cause du phénomène ; je nai pas
tardé à reconnaître, en remontant à mes anciennes expériences, que les
deux dissolutions, ainsi que le liquide qui se trouvait dans les espaces
capillaires et les parois du tube où se trouvait la dissolution métallique,
(1929 )
formaient un circuit voltaïque capable de décomposer le sel métallique.
J'ai démontré ce fait au moyen de plusieurs expériences incontestables qui
se trouvent exposées dans mon Mémoire.
» En continuant les expériences relatives aux phénomènes de réduction,
je trouvai que l'or, le nickel, le cobalt, le plomb, etc., à l'exception du
platine, du chrome, etc., étaient amenés à l’état métallique. La disso-
lution de platine et celle des autres métaux résistaient probablement en
raison de la formation de doubles sulfures solubles, qui ne tardaient pas
à colorer la dissolution de monosulfure. L’étain est réduit, mais très-diffi-
cilement.
» Plus familiarisé avec ce mode d’expérimentation, en écartant les causes
perturbatrices, je suis parvenu à former sur la surface extérieure du tube
une géode de sulfure d’argent, à l’état cristallin, tapissée à l’intérieur de
cristaux d'argent. :
» Lorsque l’action réductive a perdu de sa force, les métaux se déposent
à l’état d'oxyde, comme cela arrive avec les appareils électrochimiques
simples fonctionnant depuis longtemps; ainsi, dans plusieurs appareils, la
surface intérieure des tubes ayant été d’abord recouverte de lames bril-
lantes de cuivre, ces dernières se sont recouvertes de cristaux octaëdres de
protoxyde de cuivre; le plomb s’est changé également en protoxyde.
» Il faut éviter que les fentes ne soient ni trop étroites ni trop larges; si
elles sont trop étroites, aucune action n’est produite; si elles sont trop
larges, les dissolutions se mélent en produisant des précipités de sulfure.
» On a trouvé, à l’aide du microscope et d’un micromètre, que les fis-
sures qui ont environ 6 centièmes de millimètre suffisent pour opérer la
réduction du cuivre; mais ces fissures peuvent ne pas convenir à une autre
dissolution métallique. C’est là où est la difficulté pour ces sortes d’expé-
riences, n’ayant encore aucune règle fixe pour connaitre l'étendue des
espaces capillaires qui convient à telle ou telle dissolution.
» Mes recherches en étaient là, quand j'eus l’idée d'opérer avec deux
plaques polies de cristal de roche ou deux lames de verre şuperposées, en
pratiquant dans l'épaisseur de l'une des plaques de cristal une cavité des-
tinée à recevoir une dissolution métallique, ou bien en perçant une des
lames de verre pour y adapter, à l'aide de mastic, un verre de montre
remplaçant la cavité. Les deux plaques ou les deux lames superposées et
serrées l’une contre l’autre avec des fils furent plongées dans une dissolu-
tion de monosulfure. Cet appareil permet de donner telle étendue que
. , 3
Do ea in espaces capillaires compris entre les lames, et Fan obtient
I Ois
( 1214 )
des effets de réduction plus rapides qu'avec les tubes. En général, plus les
interstices sont petits, moins la réduction met de temps à se produire.
Il arrive quelquefois que les effets sont presque instantanés, quand le
degré de petitesse est suffisant. La nature de la paroi ne paraît avoir
aucune influence sur le phénomène. Il est nécessaire, néanmoins, d'ar-
rêter l'expérience à temps, afin d'éviter que la dissolution de sulfure, qui
entre plus facilement dans les joints des plaques ou des lames, quand
elles sont écartées par la présence des dépôts, ne vienne sulfurer les métaux
déposés.
» En opérant avec deux plaques de cristal de roche polies, fortement
serrées l'une contre l’autre, et dont la cavité contenait de la dissolution
d’or, cette dissolution s’est interposée entre les deux plaques, en produisant
les couleurs rouge et verte des anneaux colorés du second ordre. On a
pu, au moyen de ces couleurs, déterminer l'épaisseur de la couche liquide
interposée. On a trouvé que cette épaisseur, qui suffisait pour opérer la
réduction de lor par l'intermédiaire de la dissolution de monosulfure,
était de 98 à 121 millionièmes de millimètre. C’est là une des limites infé-
rieures de l’étendue capillaire pour opérer la réduction de lor; non pas
toutefois la plus faible. Cette limite est-elle la même pour tous les métaux?
Je l'ignore.
» Les poussières de verre de quartz ont donné des résultats satisfaisants,
mais la réduction est beaucoup plus lente, par cela même que les inter-
stices sont moins petits; mais on a l'avantage d'opérer toujours dans les
mêmes conditions.
» J'ai dû ensuite opérer avec le papier parcheminé, c’est-à-dire avec le
papier dont M. Graham a fait usage pour ses belles expériences de dialyse.
Les effets ont été les mêmes qu’avec tous les corps poreux et peut-être
même plus rapides, mais plus confus.
» L'appareil a été disposé comme il suit : on a fermé l’un des bouts avec
du papier à dialyse assujetti sur la paroï avec un fil; ce tube, rempli avec
une dissolution métallique, a été plongé dans la dissolution de monosul-
fure. Le papier résiste longtemps à la réaction des dissolutions ; les disso-
lutions de nitrate, de cuivre et de plomb donnent des résultats très-satis-
faisants; les dépôts métalliques qui ont lieu sur la surface qui est dans
l’intérieur du tube ont quelquefois plusieurs millimètres d'épaisseur.
» La dissolution de platine paraît être décomposée, à en juger par de
petits tubercules noirâtres adhérents à la surface intérieure du papier et
qui prennent l'éclat métallique sous le brunissoir ; il en est de même de la
( 1215 )
dissolution de chlorure de chrome. Mais ce ne sont là toutefois que des
traces de réduction.
» Le papier ou tout autre corps poreux est tellement indispensable à la
production du phénomène, que, si l’on superpose dans une éprouvette une
dissolution de monosulfure au-dessus d’une autre de nitrate de cuivre, au
contact des deux dissolutions, il se forme un précipité de sulfure de cuivre,
mais jamais le métal n’est réduit.
» À l’aide des mêmes principes, et en faisant écouler lentement une dis-
solution d’aluminate de potasse sur la surface d'une lame de gypse placée
entre deux lames de verre, on a formé un silicate d'alumine cristallisé en
aiguilles radiées ayant de l'analogie avec l’apophyllite.
» La seconde partie de mon Mémoire est relative à la formation des
composés insolubles, à l’état cristallisé ou cristallin, par l'intervention des
actions chimico-capillaires.
» Les trois formes d'appareils précédemment décrits ont servi à la pro-
duction de ces composés. Je me bornerai à indiquer quelques-uns des
résultats obtenus.
» 1° Ayant introduit dans un tube fermé avec le papier à dialyse une
dissolution assez concentrée de chlorure de calcium, et le tube ayant été
plongé dans une dissolution de bicarbonate de soude, cette dernière a tra-
versé le papier, et en réagissant immédiatement sur la dissolution de chlo-
rure a produit des cristaux rhomboédriques de chaux carbonatée; on a pu
former aussi du silicate d'alumine, du chromate de plomb, du sulfate de
baryte, du carbonate de la même base, etc., etc., cristallisés.
» Ces produits se présentent sous la forme de stalactites très-déliées,
tantôt dans l’intérieur du tube, tantôt en dehors, suivant que l'une ou
l’autre des dissolutions traverse le papier à dialyse. Ces stalactites ont quel-
quefois 1 décimètre et plus de longueur, et sont composées de parties à
l’état cristallin. Si l’action était beaucoup plus lente, il est probable que l’on
aurait des cristaux plus ou moins gros.
» En changeant de place les dissolutions, c’est-à-dire en mettant dans
les tubes celles qui se trouvaient dans l’éprouvette, et vice versé, les stalac-
tites, comme il était facile de le prévoir, changent de direction. Ces stalac-
tites semblent formées par une force d’impulsion que reçoit la dissolution en
traversant le papier. J'ai expliqué les effets observés, en m'appuyant sur
l'état moléculaire condensé dans lequel se trouve la dissolution adhérant
aux parois capillaires, laquelle étant expulsée éprouve une détente. J'ai
étudié ensuite les phénomènes de réduction avec des dissolutions conte-
( 1216)
nant plusieurs métaux et avec l'appareil à disques de verre, qui permet de
voir sur une plus grande surface les métaux réduits.
» Avec une dissolution de chlorure de fer et de chlorure de cuivre le
métaux sont nettement séparés; avec une autre de cuivre et d’or, ces deux
métaux sont tantôt séparés, tantôt superposés; en ajoutant au mélange une
dissolution de nickel, ce métal est séparé; avec une dissolution à parties
égales de nitrate de cuivre et de nitrate d’argent, ce dernier métal est
d’abord seul réduit, dans un grand état de pureté et cristallisé, puis
vient le cuivre. On conçoit sur-le-champ le degré d'utilité que peut avoir
pour la Chimie ce mode de séparation des métaux.
» En séparant par un tube fêlé des dissolutions de nitrate d'argent et
d'acide tartrique, au lieu d'obtenir dans l’espace capillaire une réduction
d'argent comme dans le procédé d’argenture du verre usité depuis plu-
sieurs années, il s’est produit un composé cristallisé qui n’a pas encore été
examiné, et sur lequel je reviendrai prochainement.
» En résumé, les nouvelles recherches électro-capillo-chimiques dont
je viens d’exposer les principaux résultats à l’Académie mettent bien en
évidence les principes que j'avais posés en 1833, touchant l'influence
qu’exercent les actions capillaires sur les effets électrochimiques. I. résulte
des faits exposés dans ce Mémoire les conséquences suivantes :
» 1° Les circuits dans lesquels ne se trouve aucun métal permettent
de réduire à l’état métallique presque tous les métaux, mais pour quel-
ques-uns après avoir été préalablement sulfurés dans les espaces capillaires.
» 2° Ces circuits permettent d'obtenir des sulfures métalliques, des
oxydes cristailisés, notamment le protoxyde de cuivre, etc.
» 3° Les sulfates de baryte et de plomb, ainsi que le carbonate de chaux
et celui de baryte, etc., peuvent être obtenus cristallisés ou à l’état cris-
tallin. |
» L'ensemble des faits observés, en y rattachant tout ce que nous savons
sur les propriétés de l'éponge de platine, du charbon, des corps poreux en
général et sur celles des surfaces des corps, forme en quelque sorte une
branche de la Chimie qu’on pourraitappeler Chimie capillaire. Dans d’autres
Mémoires j'exposerai les effets produits dans les dissolutions sous l'influence
de la chaleur et avec des substances solides amenées à l’état de fusion ignée.
» Les couples voltaïques sans métal, formant des circuits fermés, agis-
sant chimiquement, laissent entrevoir le rôle important qu'ils peuvent jouer
dans les corps organisés, composés de vaisseaux donnant écoulement à des
liquides de nature différente, de membranes et de tissus humectés de divers
(i1a17 )
liquides, puisqu’il doit en résulter des effets semblables à ceux qui ont été
décrits dans ce Mémoire. »
PALÉONTOLOGIE. — Sur la faune dévonienne des rives du Bosphore;
par MM. »’Ancaiac et pe VERNEUIL.
« Dans la séance du 6 mai dernier, le lieutenant-colonel Abdullah-Bey
communiquait à l’Académie une Note relative à des fossiles recueillis par
lui dans les roches dévoniennes des environs de Constantinople, et mettait
en même temps sous ses yeux un album où étaient fort exactement dessi-
nés tous les débris organiques observés dans ces roches. Il ajoutait que
son intention était d’offrir cette collection au Muséum d'Histoire naturelle
pour les galeries de paléontologie. L’empressement qu'a mis Abdullah-Bey
à réaliser sa promesse nous fait aujourd’hui un devoir de lui en témoigner
ici nos remerciments et de faire connaître à l’Académie l'importance réelle
des matériaux dont nous sommes redevables à son zèle aussi éclairé que
désintéressé pour la science. Mais, pour bien apprécier leur valeur, il est
nécessaire de rappeler brièvement l’état de nos connaissances à ce sujet,
il nous sera plus facile ensuite de montrer ce que ces nouveaux éléments y
ont ajouté.
» Les caractères géologiques des côtes opposées de l’Europe et de l'Asie
ont été décrits récemment et à deux reprises, avec beaucoup de soin et
d’exactitude, par l’un de nos Correspondants, M. P. de Tchihatcheff (1), et
les fossiles que ce savant avait recueillis, étudiés et déterminés ensuite par
l’un de nous, avaient permis de fixer définitivement l’âge des roches sédi-
mentaires anciennes qui occupent la plus grande partie des rives du Bos-
phore. Elles ont été traversées et dérangées çà et là par des produits ignés
qui règnent seuls à la sortie du détroit, sur les côtes adjacentes de la mer
Noire, tandis qu’au sud et à l’ouest de Constantinople ce sont des dépôts
tertiaires moyens et inférieurs qui recouvrent les terrains de transition.
» En ce qui concerne plus particulièrement la paléontologie, nous di-
sions aussi l'automne dernier : 3
« Les éléments paléozoologiques qui se rapportent à la faune dévonienne
» de part et d'autre du Bosphore, sur la côte nord du golfe de Nicomédie,
» puis au sud de l’ Asie Mineure, sur le littoral de la Cilicie et dans l’Anti-
oo sl
(1) Le Bosphore et Constantinople, p- 487, in-8° avec carte géologique, 1864. — Asie
Mineure, 4° partie, Géologie, vol. I, p. 479, avec carte géologique, 1867.
( 1218 )
» Taurus, peuvent être considérés comme appartenant à deux régions géo-
» graphiques assez distinctes, l’une au nord et l’autre au sud.
» Des 49 espèces qui proviennent de ces divers gisements, 37 se trouvent
» dans ceux du nord, 21 dans ceux du sud, 8 sont communes aux deux
» régions ( Atrypa reticularis, Spirifer macropterus, Pellico, Verneuili, Trigeri,
» Orthis striata, Fenestella antiqua, Cyathophyllum quadrigeminum), 4 ou
» 5 à peine sont nouvelles, et encore ce sont des polypiers.
La plupart des fossiles des rives du Bosphore, tels que l Homanolotus
» Gervillei, la Rhynchonella Guerangeri ( Terebratula), les Spirifer macropte-
» rus, subspinosus et Davousti, les Orthis Gervillei et orbicularis, les Chonetes
» sarcinulala et Boblayei, le Pleurodictyum problematicum et le Tentaculites
» ornalus, appartiennent, dans l’Europe occidentale, au groupe dévonien
» inférieur, et, de plus, on y voit citées deux formes, l’ Orthis Geruvillei et
» le Tentaculites ornatus, de l'étage silurien supérieur, circonstance déjà
» signalée en Europe.
» Dans la région sud, la présence de la Rhynchonella boloniensis, des rs
» rifer Archiaci et Seminoi, des Chonetes nana et du Productus subaculeatus,
ainsi que l'absence, au moins jusqu’à présent, d'espèces propres aux
» premières assises du système dévonien, ont fait penser qu'on pouvait y
voir quelque représentant de son groupe supérieur (1). »
» Aujourd’hui, grâce aux recherches persévérantes d’Abdullah-Bey,
particulièrement dans les localités d’Arnaut-Koy, de Kouroutchesme, sur
la rive européenne, de Kandlidja, de Tchauchbachi, du Mont-Géant, de
Scutari, sur la rive asiatique, de Kartal et de Pendik, au delà, vers l'entrée
du golfe de Nicomédie, plus de douze cents échantillons de schistes argi-
leux ou de grauwacke, à grains fins plus ou moins micacés, avec des calcaires
alternants, les uns et les autres littéralement pétris de restes organiques
bien conservés ou à l’état de moules et d'empreintes, nous ont permis de
nous faire de cette faune ancienne une idée beaucoup plus complète et
plus satisfaisante que celle que nous avions auparavant.
» Non-seulement le nombre des espèces que nous connaissions se trouve
presque doublé, mais, par la prodigieuse quantité des individus que ren-
ferme chaque échantillon, on est à peu près certain d’avoir sous les yeux
la totalité des éléments constituants de la faune qui peuplait alors les mers
de cette région, circonstance très-rare, à cause de la grande masse de maté-
riaux qu’il faut avoir pu rassembler et comparer.
=x
x=
=
BARRE. t OTAG D aE
(1) Asie Mineure, Paléontologie, introduction, p. 1x, in-8°, avec atlas in-4°, 1866.
(1319)
» Dans cette faune sont représentés les Crustacés, les Mollusques cépha-
lopodes, gastéropodes, acéphales lamellibranches, et surtout brachiopodes,
quelques Bryozaires, des Annélides, des Radiaires stellérides et des Poly-
piers. Ce que la liste suivante des espèces reconnues dans la collection
d’Abdullah-Bey offre de plus remarquable et de plus nouveau, c’est l'abon-
dance des Trilobites du type des Cryphœus, genre propre au système
dévonien et dont une espèce, le C. Abdullahi, est nouvelle pour la science,
puis la présence du Phacops latifrons, d'au moins deux espèces de Céphalo-
podes, dont l’un, le Trochoceras Barrandei, justifie la présomption déjà
exprimée que ces couches appartiennent aux plus anciennes du système.
Une Orthocératite d’assez grandes dimensions, à siphon sublatéral, un Bel-
lérophon, un Loxonema, trois Ptérinées, vingt-huit espèces de Brachio-
podes, dont une nouvelle (Leptæna Tchihatcheffi), le Cupressocrinites elongatus
et d’autres Crinoïdes dont les tiges nombreuses sont restées indéterminées,
complètent l’ensemble du tableau de cette organisation ancienne.
LISTE DES FOSSILES RECUEILLIS PAR ABDULLAH=BEY.
Phacops latifrons, Bronn.
Cryphæus calliteles, Green sp. (an C. asia-
: ticus?),
» stellifer, Burm. sp.
» pectinatus, Roem.
» Abdullahi, n. sp. (1).
Trochoceras Barrandei, n. sp., voisin du Li-
tuites articulatus, Murch.
Orthoceratites, indét, et peut-être une se-
conde espèce?
Bellerophon, indét.
Loxonema Hennahiana s Phill.
Pterinea spinosa? id.
» elegans? Goldf.
» fasciculata, id.
Modiolopsis, indét,
Allorisma, indét.
Conocardium clathratum, d'Orb.
Pecten? à côtes plates, larges, dichotomes ;
échantillon fort incomplet qui pourrait
être une Ptérinée?
Terebratula Guerangeri, Vern.
» lepida,Goldf., var. à stries fines.
» Archiaci? Vern.
Athyris concentrica ( Tercbratula, id., Spiri-
gera, id.).
Rhynchonella subwilsoni, d'Orb.
Retzia ferita, de Buch.
Rensellæria strigiceps, Roem. sp.
» id., var. à stries plus fortes.
Spirifer Verneuili, Murch.
» Trigeri, Vern., peut-étre var. du
précédent ?
» subspeciosus, Vern.
» Deux espèces voisines du S. specio-
sus, l'une avec des plis arrondis
et un sinus fort étroit, l’autre avec
des plis aigus et un sinus large.
» Pellico? Vern.
Spiriferina cristata, Schloth., var. octopli-
cata.
Cyrthia heteroclita, Defr.
—
a es raea e M E PARU T STE RA
(1) Les espèces nouvelles ou imparfaitement connues seront décrites et figurées dans un
travail spécial.
C. R., 1867, 127 Semestre. (T, LXIV, N° 24.)
161
( 1220 )
Orthis Gervillei, Barr. Strophomena Bouei, Barr.
» orbicularis, d'Arch. et Vern. Chonetes sarcinula, Schloth.
» Trigeri, Vern: » Boblayei, Vern.
» striatula, Schloth. Serpula omphalotes, Goldf.
» Vanuxemi, Bill. Tentaculites ornatus, SOW.
» devonica, d'Orb. Cupressocrinites elongatus, Goldf.
» hipparioniz, Vanux. Crinoïdes, tiges indét.
Leptæna Tchihatcheffi, n. Sp., voisin du Michelinia Tchihatcheffi, J. Haime.
L. interstrialis. Aulopora tubæformis, Goldf.
» indét., petite espèce géniculée Turbinolopsis pluriradialis, Phill.
comme un Productus. Fenestella antiqua, Goldf.
Strophomena rhomboidalis, Wahl. Pieurodictyum constantinopolitanum, Roem.
» Si à ces 54 formes, dont plusieurs, à la vérité, n’ont pu être déterminées
spécifiquement, mais dont 20 seulement étaient connues auparavant sur les
rives du Bosphore, on en ajoute 17 autres, rapportées des mêmes localités par
M. P. de Tchihatcheffet mentionnées dans la Paléontologie de l'Asie Mineure
(Homalonotus Gervillei, longicaudatus, Cryphœus asiaticus , Rhynchonella
Pareti, Atrypa reticularis, Spirifer macropterus, Davousti, Orthis basalis, Beau-
monti, Leptæna laticosta, Dutertrii, Cy athophyllum quadrigeminum, Acervularia
Roemeri, Favosites cervicornis, ramosa, Alveolites suborbicularis, Pleurodictyum
problematicum), on trouve que la faune dévonienne des environs de Con-
tantinople comprend aujourd'hui 71 espèces ou formes distinctes, dont
8 Trilobites appartenant à trois genres, 36 Brachiopodes, ou la moitié du
total, répartis dans 12 ‘genres, etc. Malgré la prédominance générale des
mollusques de ce dernier ordre dans les faunes anciennes, cette proportion
relative de la moitié est un fait exceptionnel.
» Sur le versant méridional de l’Anti-Taurus, M. de Tchihatcheff avait aussi
rencontré 12 autres espèces dans des couches du même système, quoique
probablement plus récentes que les précédentes (Rhynchonella boloniensis,
Spirifer Seminoi, Chonetes nana, Productus subaculeatus, Cyathophytllum cæspi-
tosum, Marmini, Campophyllum asiaticum, Favosites Tchihatcheffi, reticulala,
Alveolites subæqualis, Cœnites fruticosus, Stromatopora polymorpha), d’où
il résulte que 83 formes dévoniennes sont actuellement connues dans ces
parties limitrophes de l’Europe et de l'Asie.
» Ce résultat constitue un des jalons paléontologiques les plus impor-
tants que l’on ait encore posés, pour des roches de cette époque, situées aussi
loin des régions classiques de l’ouest et du nord de l’ancien continent; il
montre en outre combien, malgré la distance qui les en sépare, les carac-
tères généraux de l'organisme ont peu varié, puisqu'à peine un dixième
( 1227 )
des espèces n’a pas été signalé ailleurs, et que les formes les plus communes
ici sont également les plus communes au même niveau dans d’autres pays.
» La collection du lientenant-colonel Abdullah-Bey, dont nous venons de
présenter un aperçu à l’Académie, a donc eu pour la science une utilité
réelle, en confirmant, par de nouveaux faits, les déductions précédentes et
en leur donnant un caractère de certitude et de généralité qu’elles n'avaient
pas encore atteint. »
PHYSIQUE. — Note sur un photomètre destiné à mesurer la transparence de l'air ;
+ par M. A. ne La Rive.
« Tous les habitants des vallées savent que l’un des présages les plus
certains de la pluie est la netteté, accompagnée d’une coloration azurée,
avec laquelle on aperçoit les montagnes éloignées. Cet aspect accuse la pré-
sence d’une grande humidité dans l'air; mais on se demande comment il
se fait que cette humidité facilite la transmission de la lumière, tandis qu'elle
arrête celle de la chaleur rayonnante, comme l'ont prouvé les belles expé-
riences de M. Tyndall.
» De Saussure, dans ses Essais sur l’hygrométrie, signale déjà ce phéno-
mène. « Lorsque, dit-il,-les habitants des montagnes voient l'air parfaite-
» ment transparent, les objets éloignés d'une distinction parfaite, et le ciel
» d'un bleu extrêmement foncé, ils regardent la pluie comme très-pro-
» chaine, quoique d’ailleurs il n’en paraisse pas d'autre signe. En effet,
» ajoute de Saussure, j'ai souvent observé que, quand depuis plusieurs
» jours le temps est décidément au beau, lair n’est point parfaitement
» transparent; on y voit nager une vapeur bleuâtre qui n'est pas une
? Vapeur aqueuse, puisqu'elle n’affecte pas l’hygromètre, mais dont la
» nature ne nous est point connue. » |
» Cette influence de l'humidité sur la transparence de l'air se fait aussi
sentir, dans les jours sereins, sur la surface de la mer. C’est ainsi que les
falaises crayeuses de Douvres sont visibles par un beau temps, des côtes de
la France éloignées de sept lieues. Humboldt remarque que le pic de Téné-
riffe est visible à des distances extraordinaires, immédiatement après une
pluie abondante ou bien peu d'heures après. |
» La cause du phénomène que nous venons de rappeler ne doit pas
être cherchée dans un effet optique, résultant du mélange de l'air et de la
vapeur aqueuse, comme on l’a cru quelquefois, mais tout simplement dans
le fait que la vapeur d’eau dissout en partie les impuretés qui se trouvent
mêlées avec l'air, et le rend ainsi plus translucide. Cette na émise en
161..
+
( 1222)
1832 par le colonel Jackson, m'avait toujours paru très-fondée, mais elle
avait besoin d’être mieux précisée et d’être appuyée par l'expérience. Les
recherches si remarquables de M. Pasteur, en montrant que notre atmo-
sphère, surtout dans celles de ses couches qui sont le plus rapprochées du
sol, est remplie d’une foule de germes organiques, m'ont paru donner la
clef du phénomène, en même temps qu'elles m'ont permis de trouver lex-
plication des circonstances, autres que l'humidité, qui influent sur la trans-
parence de l'air.
» Tous les germes organiques forment, lorsque l'atmosphère est seche,
comme un léger brouillard qui intercepte un peu la lumière des objets
éloignés; mais, dès que survient une humidité générale, le brouillard dis-
paraît, soit parce que les germes qui le formaient, étant d’une nature orga-
nique, deviennent pour la plupart transparents en absorbant la vapeur
aqueuse, soit surtout parce que l'eau qu'ils ont absorbée , en les rendant
plus pesants, les fait tomber sur le sol. Telle serait, suivant moi, la cause la
plus fréquente de ces changements si frappants dans la transparence de
l’atmosphere, qui se manifestent souvent de la manière la plus inopinée,
mais qui coincident toujours avec des variations d'humidité.
» 1 y a plus: si la présence de la vapeur aqueuse rend l'atmosphère
transparente quand elle renferme des germes organiques, cette présence
n’est plus nécessaire en l'absence de ces germes. C'est ce qui explique pour-
quoi, en hiver, les montagnes sont visibles au plus haut degré quand même
l'air est très-sec ; pourquoi l'air est si transparent sur les plaines de neige;
pourquoi encore, ainsi que l’a observé Humboldt, il en est de même
pour l'atmosphère du pic de Ténériffe, par le vent d'est, qui y apporte
l'air d’Afrique, lequel, n'ayant emprunté aucune exhalaison organique aux
déserts d’où il vient et à la mer sur laquelle il a passé, n’a pas besoin d'hu-
midité pour être transparent. C'est, au contraire, dans la saison chande et
dans les mois où la vie organique a le plus d'activité que l'air est le plus
chargé de cette espèce de vapeur sèche qui, par les temps les plus sereins,
diminue d’une manière si notable la visibilité des objets éloignés.
» Ces considérations n’ont amené à croire qu'il y aurait un véritable
intérêt à comprendre la transparence de l'atmosphère dans le nombre des
éléments météorologiques soumis à une détermination régulière, de ma-
nière à établir des rapports précis entre, cet élément particulier et tous les
‘autres, tels que la pression, la température, le degré d'humidité, la di-
rection du vent, et surtout les heures du jour et l’époque de l’année,
c’est-à-dire les saisons. Ce genre d'observations présenterait de l'intérêt,
( 1223 )
non-seulement pour la science proprement dite, mais peut-être aussi pour
la médecine, au point de vue de l'hygiène et des maladies épidémiques. Il
est bien probable, en effet, que les miasmes dont M. Boussingault avait déjà,
dans un beau travail publié en 1834, démontré la nature hydrogénée,
sont dus à ces germes organiques dont la présence dans l'atmosphère et la
chute sur le sol seraient accusées, d’une manière passablement exacte, par
le plus ou moins de transparence de l'air.
» J'ai donc cherché un moyen d’apprécier le degré plus ou moins grand
de transparence de l'air avec facilité et exactitude, et j'ai été éminemment
secondé dans cette recherche par M. le professeur Thury, de Genève; c’est
sous sa direction, et d’après les plans qu’il en a fournis, qu’a été construit,
dans l'atelier de la Compagnie genevoise pour la fabrication des instruments
de physique, le photomètre destiné à la mesure des variations que pré-
sente la transparence de l’air, et dont voici la description abrégée.
» L'instrument permet l’observation simultanée et comparative de deux
mires semblables, placées à des distances différentes. La différence qui
existe entre les images optiques de ces mires exprime l'effet produit par l'in-
terposition d’une couche d’air d'épaisseur connue, égale à la différence de
distance des deux mires. On ramène les deux images à légalité, en disposant
d’un élément modificateur ajusté à l'instrument lui-même, et la quantité
mesurable de la modification nécessaire pour amener cette égalité donne la
différence de clarté des deux images et par conséquent l'effet de l'interpo-
sition de la couche d'air.
» Les deux objets qu'il s’agit de comparer doivent être vus par le même
œil dans les mêmes conditions et dans la même direction générale, et comme
la comparaison des objets ne peut se faire que par celle de leurs images,
celles-ci doivent être entièrement semblables aux objets qu’elles représen-
tent. De plus, toute lumière étrangère aux objets eux-mêmes doit être
soigneusement exclue.
» On a cherché à réaliser ces différentes conditions au moyen de deux
lunettes ayant chacune leur objectif, mais n'ayant qu'un oculaire commun.
Chaque objectif donne l'image qui lui appartient dans la moitié du champ
de l’oculaire. Les axes optiques des deux objectifs forment entre eux un
angle qui peut varier de zéro à 29 degrés, au gré de l'observateur. Le fais-
ceau lumineux envoyé suivant l’axe principal de chaque objectif est con-
_stamment ramené dans une direction parallele à l’axe de l’oculaire par deux
réflexions totales successives qu'il éprouve; la première a lieu dans un
prisme mobile, etla seconde dans un prisme fixe, placé très-près du foyer de
( 1224 )
l'oculaire. Le mouvement angulaire du premier prisme est lié à celui de la
partie mobile de la lunette correspondante, de telle manière que l'angle
décrit par le prisme est toujours la moitié de celui que décrit la lunette.
Ainsi, quel que soit le point sur lequel on dirige la lunette, l’image de ce
point ne cesse pas d'occuper le centre de l’oculaire. Ce qui se passe avec
l’une des lunettes, pour le faisceau lumineux qu’elle reçoit, se passe exacte-
ment de la méme manière avec l’autre lunette pour son faisceau lumineux,
en sorte qu’on a au foyer de l’oculaire deux images juxtaposées.
» D'autre part, le mouvement d’un bouton à tête moletée, placé dans la
main de l’observateur, fait décrire aux lunettes des angles égaux de part
et d'autre de l’axe de l’oculaire qui est celui du système, et ainsi les deux
images se produisent dans des conditions identiques par rapport aux ré-
flexions dans les prismes. Afin que l’observateur puisse, à chaque instant,
s'assurer qu’il y a bien complète identité dans la manière dont sont pro-
duites les deux images, tout l'appareil est susceptible de retournement, par
un mouvement angulaire de 180 degrés autour de laxe commun du sys-
tème. On voit alors avec l’une des deux lunettes ce qu’on voyait aupara-
vant avec l’autre. Ainsi, lorsqu'une différence existe entre les deux images,
l'observateur peut toujours s'assurer qu'elle ne tient pas à l'instrument
lui-même; ou bien, s’il existe entre les deux moitiés de l'instrument de
petites différences qui amènent une différence correspondante des images,
on peut facilement les constater et en tenir compte.
» Ajoutons qu’un diaphragme peut glisser au foyer de l’oculaire, de ma-
nière à découvrir seulement des portions égales des images des deux mires,
et que la mise au point se fait pour les objectifs et pour chaque lunette
séparément.
» Le système optique ne doit permettre l'introduction ni de couleur
étrangère, ni de lumière réfléchie, conditions qui ne peuvent être remplies
qu’au moyen d'objectifs excellents, bien achromatisés, et n’offrant pas de
couleurs propres trop marquées. Les prismes doivent être faits également
de verre très-pur, dont la couleur soit autant que possible complémentaire
de celle de l'objectif. Enfin le grossissement doit être assez faible pour que
la lunette donne le maximum de lumière, car plus le faisceau lumineux
sortant de l’oculaire sera intense, moins l'effet des imperfections inévita-
bles de l'instrument sera sensible. Il faut donc que le diamètre de l'anneau
oculaire soit à peu prés égal à celui de la pupille ; mais, afin de ne pas intro-
duire par là un élément variable, il convient de choisir le diamètre mini-
mum de la pupille et non pas le diamètre moyen. Dans l'appareil photo-
( 1225 )
métrique dont il s’agit ici, les objectifs ayant 54 millimètres de diamètre,
on a choisi le grossissement de 22 fois, qui donne 2"",4 pour le diamètre
de l’anneau oculaire, et 1°26’ de champ objectif.
» Lès moyens par lesquels l'observateur peut modifier lupe des deux
images, pour la rendre égale à l’autre, sont les mêmes que ceux qui sont
employés isolément dans les différents photomètres, et que le photomètre
actuel permet d'utiliser tous également, au gré de l’observateur et suivant le
but qu'il se propose. Le plus simple est l'emploi de diaphragmes à ouver-
tures variables, placés devant l'objectif ; c’est celui dont on a fait usage jus-
qu'à présent et qui a donné de bons résultats. Chacun des accessoires
modificateurs peut être appliqué alternativement aux deux lunettes de
l'instrument, ou bien à toutes deux en même temps, comme moyen de
comparaison et de contrôle.
L’instrument peut, au besoin, devenir un photomètre général, et,
comme il porte des cercles divisés de hauteur et d’azimut, ainsi qu’un arc
gradué pour mesurer la distance angulaire des deux lunettes, que d’ail-
leurs chacune de celles-ci peut atteindre facilement le zénith, il constitue
aussi au besoin un photometre astronomique, propre à mesurer l'éclat des
étoiles. L’instrument permet encore de comparer deux portions du ciel et
de mesurer la différence d'éclat et de couleur qui existe entre elles, si
l’on a soin de choisir deux régions où la polarisation atmosphérique soit
à peu près la même. »
« M. Cuevreuz, après avoir entendu la lecture de la Lettre de M. de la
Rive, soumet quelques observations à l’Académie :
» S'il ne comprend pas comment de l’eau à à l'état de vapeur peut dis-
soudre en partie des solides en suspension dans l'air, il conçoit bien l'in:
fluence que des particules solides exercent sur la transparence d’une atmo-
sphère où elles sont en suspension, et il rappelle à cet égard les recherches
qu’il a communiquées à l’Académie (1) relativement à la nature des pous-
siéres qui, en suspension dans l'atmosphère en mouvement, s'en séparent
lorsque celle-ci cesse d’être agitée. M. Chevreul a examiné les poussières
qui forment un enduit sur les vitraux des anciennes églises, et des pous-
sières qui se déposent dans les appartements élevés, exposés au vent. Il a
constaté que si ces dernières contiennent réellement des spores de mucédi-
nées, conformément à l'opinion de M. Pasteur et de l’auteur de la Lettre,
(1) Comptes rendus, t. LVII (année 1863), p. 656 à 682.
( 1226 })
et si ces spores, comme corps solides, peuvent altérer la transparence de
lair, les poussières de nature inorganique, telles que du sulfate de chaux,
du chlorure de sodium, un sellammoniacal, de l'argile sableuse, etc., mêlées
de noir de fumée, de débris de laine, etc., plus abondants que les spores,
doivent produire le même effet. À propos de la transparence de latmo-
sphère, M. Chevreul rappelle ses anciennes observations sur la vision libre
et la vision dans des tubes cylindriques de 0,005 de diamètre, noircis à
l’intérieur.
» Les objets vus dans un tube, par le cylindre de lumière qui y pénètre,
paraissent plus petits, plus lumineux et de-couleurs plus pures que quand on
les voit à l'œil libre, cas où la rétiné reçoit l'impression des rayons de
lumière émanés des objets latéraux.
» Les détails sont exposés dans le Mémoire imprimé (1). »
ANTHROPOLOGIE. ANATOMIE COMPARÉE. — M. pe Quarnéraces, en pré-
sentant à l’Académie un ouvrage de M. Vogt qui a pour titre : Mémoire
sur les Microcéphales ou Hommes-Singes, fait, à propos des idées émises par
l’auteur, les réflexions suivantes : LE
« J'attache une très-grande importance au travail de M. Vogt, impor-
tance qui ressort de la valeur des faits que l’auteur fait connaître et de la
nature des conclusions auxquelles il arrive. 2., Goc; nosna
» M. Vogt ne s’est occupé que de la microcéphalie proprement dite,
c’est-à-dire que son étude a porté sur des êtres humains nés viables et ayant
vécu. Or les cas de cette nature sont rares. Les recherches bibliographiques
de l’auteur ne lui en ont fourni qu'une -quarantaine au, plus. Par un en-
semble de circonstances heureuses, il a pu réunir des matériaux d'étude
représentant dix individus appartenant aux deux sexes, dont sept adultes
et trois enfants. Il a pu en outre examiner une Microcéphale vivante.
» Non content de décrire et. de figurer les crânes dont il pouvait disposer,
M. Vogt en a fait en outre mouler la cavité intérieure, pour suppléer autant
qu’il se pouvait à l’absence du cerveau, mettant,ainsi en usage un procédé
employé, je crois, en premier lieu par Gratiolet. Cränes.et moules ont été
dessinés par l’auteur lui-même de grandeur naturelle et en projection géo-
métrique à l’aide de l’appareil de Luçae ou du diagraphe de Gavard. Le
a
(1) Comptes rendus du 28 de mars et du 4 d'avril 1859, et t. XXX du-Recueil des Mé-
moires de l’Académie.
( 1227 )
lecteur peut ainsi juger par lui-même de l'exactitude des descriptions. Ces
dessins sont reproduits dans un atlas de vingt-six planches grand in-4°.
» Après avoir décrit un à un chacun des AA de son travail, l’auteur
rapproche ces faits de détail dans des Résumés où il aborde des questions
plus générales et qui seront lus avec un vif intérêt. Je signalerai en parti-
culier les pages relatives aux causes prochaines plus ou moins probables
de la microcéphalie, à la position du trou occipital, à la nature et à la me-
sure du prognathisme, etc.
» Dans la plupart de ces discussions M. Vogt est naturellement amené
à comparer les Microcéphales et les Singes. On pourrait, je crois, discuter
quelques-uns des rapprochements qu'il admet et augmenter, au moins dans
certains cas, la distance entre les deux types; mais, d’une part, on doit
reconnaitre que l’auteur signale aussi avec soin les différences qu'il ren-
contre sur sa route, et, d'autre part, il faut reconnaître que plusieurs de ces
rapprochements sont motivés. Autant que j'ai pu en juger d’après une pre-
mière lecture, le résultat de ces recherches sera de modifier, au moins sur
certains points, quelques-unes des conclusions auxquelles étaient arrivés
les prédécesseurs de M. Vogt et entre autres Gratiolet lui-même. Il me
parait, par exemple, que dans la comparaison du cerveau humain et du
cerveau des Singes, on n’avait pas tenu un compte suffisant de la modi-
fication du type simien dans le nouveau monde.
» La comparaison minutieuse à laquelle M. Vogt a soumis un organe
aussi important que lè cerveau dans les deux types humain et simien, la
tendance même que j’ai cru reconnaître et que je viens d'indiquer, me font
attacher d'autant plus d'importance aux conclusions du dernier hamir du
livre. Ici je crois devoir entrer dans quelques détails.
» Dans ce chapitre, intitulé Genèse, l'auteur cherche à se rendre compte
de la production des êtres anomaux dont il vient de faire l’histoire, et se
demande quelle est la signification de la microcéphalie, Partant des idées
bien connues de Darwin et des phénomènes que présente l’atavisme, il voit
dans la microcéphalie « une formation atavique partielle, qui se produit
» dans les parties voütées du cerveau et qui entraine comme conséquence
» un développement embryonnaire dévié, lequel ramène, par ses carac-
» tères essentiels, vers la souche depuis laquelle le GREP humain s’est
» élevé, »
» Il y a dans cette eneko une donnée fondamentale bien grave, et
que je ne saurais accepter. L'auteur regarde comme un cas e e ce
162
CR, 1867, 17 Semestre. (T; LXIV, N° 24.)
( 1228 )
que lui-même a reconnu ailleurs être avant tout un arrét de développement,
d'où résulte le développement dévié; il agit de même pour certains cas téra-
tologiques (Cheval. polydactyle et Hipparion). Or c’est faire une hypothèse
qui pourrait s'appliquer tout aussi légitimement à tous les cas de mons-
truosité.
» Cette extension de la donnée de l’auteur conduirait bien vite, à pro-
pos même des Microcéphales, à des conséquences inadmissibles; mais je
n'ai pas l'intention d'insister aujourd’hui,sur ce point, et je reviens à la
question actuelle. PUR
» Je ne suis nullement darwiniste; et j'ai dit ailleurs les motifs tout scien-
tifiques qui m'ont éloigné d’une théorie due à un homme éminent à tant de
titres. Mais avant de me prononcer sur elle, je l'avais sérieusement étudiée,
j'avais cherché à me rendre compte de ses principes et de ses conséquences.
Voilà pourquoi je me suis cru autorisé à protester, au nom du darwinisme
lui-méme, contre, une hypothese présentée, à tort selon moi, comme décou-
lant de cette théorie. Je veux parler de celle qui fait descendre l'Homme
des Singes anthropomorphes. Pate |
n Malgré la répugnance que j'éprouve à aborder les questions d'origine,
j'ai dù examiner celle-ci dans mon enseignement au Muséum. Dans un
ouvrage actuellement sous presse et dont malheureusement cette partie est
déjà imprimée, j'ai résumé très-brièvement les principales considérations qui
m'ont fait repousser au nom de l'expérience et de l'observation une hypo-
thèse en contradiction formelle avec l’une et avec l’autre (1). de demande
la permission de citer ici le passage où je fais intervenir les idées de Darwin :
« En effet, dans la doctrine du savant anglais, les transformations n'ont
» lieu ni au hasard ni en tout sens. En vertu de la sélection naturelle,
» l'organisme, obéissant à des conditions impérieuses, se trouve, par voie
» d'élimination, modifié et adapté de plus en plus à ces conditions. De là il
» résulte que certaines fonctions prédominent, et que les caracteres en
» rapport avec leur accomplissement s'accusent de plus en plus. De là il
» résulte aussi qu'une fois engagé dans une certaine voie, l'être organisé
» peut bien s'élever dans la même direction et subir des modifications
‘secondaires, tertiaires, efc., mais qu'il ne saurait perdre le caractere
» essentiel de son type originel. Par conséquent, deux êtres appartenant à
(1) Rapport sur les progrès de l’ Anthropologie en France..Je me suis efforcé de résumer
dans ce volume l’état actuel de nos connaissances sur toutes les grandes questions qui sont
du ressort de l’ Anthropologie générale.
( 1229 )
des types originairement différents peuvent bien, dans la doctrine de
Darwin, remonter à un ou plusieurs ancêtres communs, mais l’un ne
saurait descendre de lautre. Voilà comment la théorie du naturaliste
anglais rend compte d’une manière séduisante de la formation et de la
délimitation des groupes (classes, ordrés, familles, etc.) Il n’est pas même
nécessaire de lire l'ouvrage de Darwin pour se convaincre que je traduis
ici fidèlement ses idées ; il suffit de jeter les yeux sur la planche qui les
explique graphiquement.
» Or, considérés à ce point de vue, l'Homme et les Singes en général
présentent un contraste des plus frappants et sur lesquels Vicq-d’Azyr,
Lawrence, M. Serres, etc., ont insisté depuis bien longtemps avec détail.
Le premier est un animal marcheur, et marcheur sur ses membres de
derrière; tous les Singes sont des animaux grimpeurs. Dans ces deux
groupes, tout l'appareil locomoteur porte l'empreinte de ces destina-
tions fort différentes ; les deux types sont parfaitement distincts.
» Les travaux si CP ARTUES de Duvernoy sur le Gorille, de MM. Gra-
tiolet et Alix sur le Chimpanzé, ont confirmé pleinement pour les Singes
anthropomorphes ce résultat très-important, à quelque point de vue
qu'on, se place, mais qui a plus de valeur encore pour qui veut appliquer
logiquement la doctrine de Darwin. Ces recherches modernes démontrent
en effet que le type singe, en se perfectionnant, ne perd en rien son
caractère fondamental et reste toujours parfaitement distinct du type
humain. Celui-ci ne peut donc dériver de celui-là.
» La doctrine de Darwin, rationnellement adaptée : au fait de l’appari-
tion de l’ Homme, er 0 à dire :
» Nous connaissons un grand : nombre de t termes : de Jå série ‘siniienne.
Nous la voyons se ramifier elle-même en Séries secondaires aboutissant
également aux Anthropomorphes : qui sont, non pas les membres d’une
même famille, mais bien les termes correspondants supérieurs de trois
familles distinctes. (Gratiolet). Malgré les modifications secondaires en-
trainées par des perfectionnements de mème nature, l'Orang, le Gorille,
le Chimpanzé n’en restent pas moins fondamentalement des Singes, des
grimpeurs. ( Duvernoy, Gratiolet, Alix). Par conséquent, Homme, chez
qui tout révèle le marcheur, ne peut appartenir ni à l’une ni à l’autre de
ces séries; il ne peut être que le terme supérieur d’une série distincte
dont les autres représentants ont disparu ou ont échappé j jusqu’à ce jour
à nos recherches. L'Homme et les Anthropomorphes sont les termes
162..
( 1230 )
» extrêmes de deux séries qui ont commencé. à diverger au plus tard dès
» que le Singe le plus imférieur.a paru:010 o dasti
5! Voilà comment devra [raisonner le vrai: idarwiniste; alors même qu'il
» tiendrait compte-uniquement des caractères morphologiques extérieurs et
des caractères anatomiques dont les premiers sont la traduction chez l'ani-
x
mal adulte. » |
» Eh bien, c’est à cette-conelusion,iquesc firmaient d’ailleurs déjà bien
des considérations, que l’étude des Microcéphales a conduit M. Vogt. Voici
en'effet comment il s'exprime laprès’avoir établi une-sorte de comparai-
son entre la microcéphalie etla polydactylie des Chevaux, regardée: par lui
comme:un fait d’atavisme remontant aux, Hipparions: q 1011 250 9
« Toutefois, je dois prévenir ici une méprise possible. Nos recherches
» sur les Microcéphales nous ont conduit vers une époque embryonnaire,
» reflet sans doute d’une phase historique, laquelle, à proprement parler,
» n’est plus représentée dans aucune forme connue et actuellement vivante.
» Même les Singés les plus inférieurs, les Ouistitis et leurs congénères, ont
»déjà dépassé, dan$-un icertainssensyde jakon depuis lequel-se sort! élevés
» en divergeant les différentstypes-de Primates: 1642.11 ot 901
» Nos recherches nous ont conduit vers une souche commune représen-
») tée-par-un cerveau lisse à: scissure de Sylvius non fermée; et c’est depuis
»icetfe souche commune que rayonnent les branches de Farbre généalo-
» gique des Primates. Nous pourrons trouver quantité de formes intermé-
» diaires entre les Singes actuels, comme..:.; NOUS n’auron s pas.pour cela
i Si ait fl 290 TI L j
» une solution de fait du problème que nous pose la genèse, du genre
» humain.... Encore pouvons-nous trouver des types fossiles qui se rap-
ST PAOA
» prochent de l'Homme plus” que hos Singes anthropomorphes par cer-
» tains caractères, tels que le Dryopithèque, décrit et figuré par M. Lartet;
Ee RN AS sihh uoa TOE FUONI f n ‘b ayriosl paco bp gaugs ie
» il n’est pas dit pour cela que nous ayons sous lés yeux un des jalons
» historiques du développement humain. Mais ce qué nous apprennent les
» : Microcéphales, čest que tous ces jalons doivent-nous conduiré sur une
» route qui se rapproche en conyergeant de la souche des Primates dont
» nous sommes issus, tout aussi bien que les Singes.» 7° pIo)
» Cette dernière phrase attesteraitau besoin que c'est biemun «darwinisle
qui parle: Mais dans les réflexions:qui précèdent; om reconmaitraüissi le na-
turaliste quiis’est: sérieusement rendu» compte de -la théorie qui-le: guide et
qui, en présence des faits, n'hésite: pas à reconnaître-que les: Ouistitis: eux-
mémes ont dépassé cet h d'où soht sortis en divergeuntiles diffé-
HO) L'EDETRI
M boule ai ue
rents types des Primates.
{+381 )
En présence des faits apportés par M. Vogt, et grâce à la double au-
torité qui s'attache à san témoignage-en pareille matière, il est à espérer
qu'on renoncera à voir dans un Singe quelconque un ancétre de l'Homme.
Je ne crains pas de répéter que cette idée, insoutenable scientifiquement,
l’est surtout peut-être quand on se place au point de vue du darwinisme. »
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par da. voie Fi scrutin, à laonomination d'un
Membre qui remplira, dans la Section de Géographie et Navigation, la der-
nière des trois places créées! parle Décret impérial du ur 1866.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votan ts étant 52 :
.M. Yvon Villarceau obtient:. . : L 38 suffrages.
DR AE VEFE O te unie ES »
M. .Renou. ie fs nina dala I » |
M Yvos Virarcrau, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est
proclamé élu. Sa nomination séra soumise à l meet de ï Empereur.
L'Académie “on, par la voie du-scrutin, à île nomination dela Com-
mission chargée de décerner le p de EPN SE Montyon )
por: 1867. fi
MM. Morin, Piobert, Combes, Poncelet, ere réunissent la majorité
des suffrages.
: MÉMOIRES LUS. mot ob e
M. Faut donne lecture d'u un n Mémoire ayant pour t titre « « Enseignement
primaire du calcul intégral, k3,
« La connaissance du calcul dues est de ni WRIS Haute: importance ;
cependant il n’est pas très-répandu, pas assez, ét c'est à ce défaut que nous
_ voudrions remédier; si c’est possible, en rire ce-caleul de manière
qu’il pùt entrer dans les écoles, même primaires. fy
» -Pour enseigner avec fruit, il faut aller du connu +à l'inconnu. Une
opération très-connue dans I nt élé taire est la multiplica-
tion: L'intégration n’est qu'une généralisation: ‘delà multiplication, et en
la traitant sous ce point de vue, nous pensons qu’elle peut entrer dans cet
enseignement. »
( 1493.)
L'auteur donne ensuite un certain nombre d'exemples, destinés à faire
ressortir la simplicité. de la méthode d'exposition qui lui parait pouvoir
être adoptée.
(Renvoi à la Section de Géométrie. )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
PHYSIOLOGIE. — Mémoire sur la contraction SR Poe par M. Ca. Rouerr.
(Extrait par l'auteur.)
(Commissaires précédemment nümmés : MM. Coste, CL. Bernard, pA
« La fibrille élémentaire des ects striés est, comme le style des. Vor ti-
cell un ruban tordu en spirale dont les tours S 'écartent dans l'allongement,
se rapprochent pendant la contraction da muscle. Ce phénomène essentiel
et primordial se traduit dans le faisceau primitif par l’écartement ou Je
rapprochement des stries transversales, avec changements concomitänts
dans la longueur et l'épaisseur du faisceau, g où résultent nécessairement,
des G AR ne de forme et de dimensions, du muscle entier. C’est donc,
en déterminant par l observation et l'expérimentation les conditions dans
lesquelles se produisent les variations de longueur et d’ épaisseur du muscle,
que nous pourrons. prouver, comme, nous l'avons fait pour le, style dela
Vorticelle, que a contraction n n “est que | le retour QE état de repos. et à es
forme naturelle des ressorts organi iques, „< _des fibrilles ‘contractiles, Un,
ini g $i 9 i JEFA 3
muscle soustrait à Tii nfluence des nerfs et directement excité ‘manifeste $ son
(HY Ai i
activité par des alternatives de contraction et d’ extension. Si l'excitation est.
yii
instantanée, le muscle après Š être raccourci revient aussitôt à son premier.,
état d’ allongement : c 'est la contraction instantanée. Si au contraire les PXÇIT:
111€ is
tations se répêtent avec une vitesse croissante, la contraction, qui. d a ord,
était intérmittente, devient continue; La contraction soutenue peut s "établir
d'emblée et ‘persister tant que dure l'excitation, si celle-ci Le ellerméme
[lea y Örf
continue, comme un, courant ‘électrique, continu, | la chaleur, e contact € de
IH6VÉS MOI j IR EL
vapeurs où de liquides irrita nts, etc. Le: méme r résultat peut être obti tenu
r à | igi fii H f
avec des éxcitations intermittentes, si “celles-ci ont des. fi début un certain,
degré de fréquence, variable: suivant l'é état du muscle et l'espèce ani nimale e. Si 7
le muscle est séparé | dé l'organisme ` et modérément tendu, on constate que, vi
bien que soustrait à toute cause d'excitation, il commence cependant, après.
un temps variable, à à se raccourcir lentement, mais d’une manière continue;
CFE
et trace, s’il est adapté à un myographe, une courbe de contraction ascen-
(:1233 )
dante, régulière et soutenue qui ne cesse de s'élever que lorsqu'elle a atteint
le maximum de raccourcissemént d’une contraction instantanée ou sou-
tenue. Le muscle qui a perdu: alors la faculté de s ‘allonger reste contracté
jusqu’à ce que la putréfaction s’en empare.
» Dans cet état de contraction permanente, de rigidité cadavérique, le
raccourcissement du müscle se prédit par un 'ilécañisme identique à celui
de la contraction soutenue du muscle vivant. La tendance au raccourcisse-
melit ést tellément énergique, que, si un faisceau primitif saisi par la rigidité
est fixé par ses extrémités de façon à ne pouvoir revenir librement sur lui-
même, il sé brise en plusieurs fragments: Chez:des larves de, diptères que je
soumettais au passage de forts conrants d’induction, jai, vu ces ruptures
multiples se produire par P effet d’une rétraction violente, dans laquelle se
confondaient la convulsion tétanique et la contraction ultime de la rigidité.
_» Ona invoqué, comme cause de la rigidité cadavérique, une prétendue
FRS du sang, d’un suc musçulaire, d’ ung substance çontractile
tion acide du kreni rigide. L’ influence de, cette condition est au moins
douteuse, car le muscle peut devenir rigide dans un, milieu alcalin et lors-
g ‘il présente à peine « des traces d’acidité.
> La substance contractile: étant essentiellement pan par des
aile solides, il ne. pourrait être question de coagulation que pour le
plasma interstitiel. C’est là la cause de la perte de transparence, de l'opa-
hinité des s muscles rigides ; il suffit de plonger ces muscles dans u une solution
RP
de sel : marin à 10 pour 100 pour leur rendre leur t transparence, et | pourtant
alors le muscle, qui présente toute r l'apparence | d un muscle vivant « et irri-
table, , conserve sa rigidité; il faut donc : chercher ; ailleurs la cause < de Ja rigi-
dité. Le raccourcissement permanent qui le caractérise est essentiellement
lié à à l'arrêt du travail de nutrition. On peut, soit pendant la vie, soit même
après la mort, le produire « ou le fa faire d i it e à volonté, en suspendant
ou rétablissant le contact, du : sang avec li les tissus. nr
» L; épuisement des matériaux de butrition a ayant lieu après Ja mort,
d’i une manière lente, et graduelle, 2 contraction ultime suit aussi Ja même
marche. Tout ce qui accélère la estruction des. matériaux de nutrition
il
t
active apparition de la rigidité. | i: eau distillée 1; la produit, en enlevant au
muscle la partie: soluble des éléments prian et le chlorure de sodium.
Une température ‘supérieure | à la cha leur normale de l'organisme (+ 40
irt j (l f! fi 3
à + 48 degrés arina a le même effet, parce qu ‘elle arrête le travail
de nutrition.
( 1234 )
> Pendant la vie même et dans la contraction musculaire proprement
dite, les rapports intimes qui lient le raccourcissement du muscle aux mo-
difications de la nutrition peuvent être mis en évidence. L'arrêt de la circu-
lation, par la compression du tronc'artériel d’un membre, peut déterminer
la contracture des muscles (contracture des nourrices et expériences de Sténon).
Le travail musculaire prolongé épuisant les matériaux de nutrition plus
vite qu’ils ne se réparent, la contracture, la crampe envahit les muscles, et
ne disparaît que par le repos ou par des manœuvres qui activent la circu-
lation et favorisent la nutrition. Si l'on provoque, chez un animal vivant,
des convulsions intenses'et fréquentes, le raccourcissement est d’abord com»
pensé par un allongement de mêmevaleur; à mesure que les contractions
se succèdent, l'allongement décroit et le muscle reste contracté dans lin-
tervalle des excitations; puis arrive, par suite de l'épuisement croissant, une
période dans laquelle une seule excitation provoque un raccourcissement
persistant, une véritable rigidité tétanique: Un certain nombre de chocs
électriques successifs ne produisent d’abord, dans un muscle frais et reposé,
qu'une série de raccourcissements et d’allongements alternatifs. On en ar-
rive bientôt à déterminer, dans le même muscle fatigué, une contraction
permanente, un tétanos, sans rien Changer à la fréquence ni à l'intensité
des excitations:
» L'action de la chaleur sur la contraction musculaire fournit une preuve
directe de l'identité du raccourcissement dans la contraction proprement
dite et dans la rigidité ultime. Un muscle vivant plongé dans l’eau, dans
l'huile ou dansla vapeur! d’eau à'une température de + 32 à = 39 de-
grés centigrades trace, à l'aide du myographion, une courbe de contrac-
tion ascendante régulière et soutenue. Au terme de cette contraction, le
muscle étant encore vivant et irritable, si l’on continue à élever graduel-
lement la température de + 40 à +48 degrés centigrades, la ligne de
contraction poursuit son ascension, toujours régulière et continue, mais
un peu plus rapide, et ne s'arrête que lorsqu'elle a atteint le niveau le
plus élevé de la contraction, le muscle étant alors complétement rigide et
inirritable. |
» Conclusions. — Les muscles sont constitués par des fibrilles tordues en
spirales élastiques ; l’écartement et le rapprochement des tours de l’hélice
produisent les alternatives d’allongement et de raccourcissement d’0
sulte le mouvement musculaire. Le raccourcissement a lien exactement de
la même façon dans la contraction musculaire et dans l’état de rigidité per-
sistante improprement appelée cadavérique; il doit être considéré comme
ù ré-
( 1235 )
un retour de élément: contractile, vérs l'état de répos, car il atteint son
maximum quand le muscle est soustrait à toute cause d’excitation. et privé
de l'influence des nerfs.etide celle de la nutrition:
» 2° La tendance auraccourcissement résultant de l'élasticité propre de
l'élément musculaire. est permanente. Pendant la vie-et. l’état de repos du
muscle, elle ‘est combattue par 1ine tendance à l'allongement dont l'énergie
est proportionnelle à Vactivité dé lamatrition et s'éteint avec elle. La con-
traction: Se produit:;au: momentroù Péquilibre-entre! les deux: tendances
opposées ‘est rompu par. la suppression dela cause d'extension; celle-ci
peut être momentanément suspendué par l'action: des-agents dits excitants
de: Firritabilité: musculaire ::: l'ivflux, nerveux, nié la ı bit le
ae etc.) òi j NET
i 3% Bei berane d'é élasticité aid ta le. He vivant avec les
différents états de reposirde contraction, de! rigidité cés variations modi-
fient la formetet l'énergiedes contractions:
»°4° Le mouvement qui cesse! A le sara d'extension du res-
sort lairé; au:momient d hs ld tion; se manifeste:sous forme d élé-
vation de: mpra (ème tal
»i Lė raccourcissement est Y effet a Pé lastioitéz propre!et te de
la spirale conne r a ee est Ro par une cause de mouve-
ment dévelor lai ; et corrélative à la chaleur, si
neen ja chubas: sta ES WİGIMIZZNIUJOJIST, 1 15h
uss Í earb òsanolq HIY gi: y Re: entr :
ps d. Leronr soumet au jugement dé vacie un Mémoire pn
ee ne + Étude pour servirjà à l'histoire WT TR
Let ut de ce travail € Te e Hé connaitre, ré, sinon "g dernier terme de la
transformation : spon TO ‘Ja cellulose : ‘Sous sii hfluence du temps, de
l'air € et de l'eau, du moins la pi matière hütnique qui I$e forme dans
cette circonstance. L'étuc e du bois pourri qui se trouve dans les vieux
troncs d’arbres conduit l’auteur à admettre e qu’ il est composé, entre autres
substances, d'un acide particul iier qu'il nomme acide Xylique : cet acide,
qui a a pour. formule af as H'*0'° + HO, et qui se pre sous la forme
g un $ e snb; tance noire, dure Fe à cassure go vitreuse « et possédant l'éclat du
jet, ; parait constituer | la ‘base de't tous des c SSPE étudiés j jusqu’: à ce jour
sous les noms d'acide uhmique et bumiq de... T
$i À 19 2 rd à
(Renvoi: à la Sable de. Chimie; + à laquelle M. a Er kir prié ; de s'adjoindre. )
C. R., 1867; 1° Semasire. (T. LXIV, N° 24.) 163
( 1236 `)
M. Poor adresse de Delft une Note relative à une matiere explosible,
brülant comme la poudre ordinaire, et obtenue en faisant agir le chiorate
et le nitrate de potasse sur la colle ordinaire.
(Renvoi à la Section de Chimie.)
M. »’Arciac présente, an nom de M, Dalmas, un Mémoire ayant pour
titre : « La vie électrique des végétaux et des animaux ».
(Commissaires : MM. Longet, Edm. Becquerel, Robin.)
M. Darser transmet à l'Académie, par l'intermédiaire. du, Ministère de
l'Instruction publique, une démonstration du postulatum d'Euclide.
(Renvoi à la Section de Géométrie.)
M. Noyerce adresse un « Plan pour la construction d’un mouvement
hydraulique ».
(envor a la Section de Mécanique. )
M. A. Lerèvre adresse, pour être joints à ses Mémoires déjà présentés
au concours des Arts insalubres, de « Nouveaux documents concernant
l’étiologie saturnine de la colique séche des pays chauds ».
Ce travail, qui est imprimé, est accompagné d'une Lettre dans laquelle
l’auteur indique lés points sur dé ht il bi h attirer fe Re
l'attention de la Commission.
(Renvoi à la Commission du concours des Arts insalubres.)
M. Gacxace adresse une nouvelle Note relative à l'exploitation des
urines, au point de vue agricole et industriel.
_ (Commissaires précédemment nommés : MM. Boussingault, Payen.)
M. A. Drover adresse un Mémoire ayant pour titre : « Du choléra : sa
nature, son traitement par le badigeonnage RAD IHIEAS avec le collodion
riciné ou élastique ».
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
M. Artıor soumet au jugement de l’Académie plusieurs Notes relatives
à diverses questions de médecine, telles que l’étiologie et le traitement du
choléra, l'emploi de l’électrothérapie, etc.
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
( 1237 )
CORRESPONDANCE.
M. ze Secrérure perpÉrourL donne lecture d’un article du testament de
M. de la Fons Mélicocq,' décédé à Raismes (Nord); cet article est relatif à
un legs de trois cents francs de rente pour la fondation d’un prix triennal à
décerner au meilleur ouvrage de botanique sur le nord de la France.
Cette pièce est Haas è a à la Section de Botanique, qui en fera l’objet
d’une proposition à l'Académie.
M. Le SEcrérarme perpéroec sigtiale, parmi les piècés imprimées de la
Correspondance, un ouvrage ayant pour titre : « Le procès du matéria-
lisme », par M. F. Lucas.
ALGÈBRE. — Sur l'équation du sixième degré. Noté du P. Jouserr,
présentée par M. Hermite. (Suite et fin.)
« V. En désignant par x l'inverse du multiplicateur relatif à la transfor-
mation du vides ordré, on sait que
a 4 sinam/o. sin am Bo
7" ‘sin coam 4o .sin coam 86”
Te RK HRK’
0) étant successivement LE et : Te pour. y= 0, E 2; 3, 4. Soient Kar Bes
X,,... les valeurs “ils iles de x. Ces six quantités sont liées entre
elles par les relations suivantes : afi
| Væ, SAN i i E o epey + p'A;,
la gain, ps = À PAL, AELA PA + pAn,
p étant une racine cinquième A l'unité. M. Kronecker s’est proposé le
premier d'étudier en général toutes les équations du sixième degré dont les
racines s'expriment ainsi, quelles, que soient les valeurs de A, , À;;.A..
Plus tard, M. Brioschi a donné sit l'équation elle-même dont dépendent
les six quantités écrites plus haut. Si l’on pose
a= ARE A, one Ž ogil
OVAA, A, > A2 AA + + A? A; — A, (A; + A5),
C'= 3206 AY A% 1160 À% AY AS + 20À$ ATAS + 6A; A;
— 4A,(32A# — 20A?A, +. E SATAS) (AF. LA + Aid A1°
(*} Annali di Matematica, année , 1858, n° 4:
163..
( 1238 )
elle aura cette forme remarquable :
(x — a) (x — ba) + rob (x — a) — c (x — a) + Bb? — ac = o.
On peut la simplifier en écrivant x au lieu de x — a, ce qui ne change pas
la réduite que nous nous proposons de calculer, et on obtient ainsi l’équa-
tion suivante :
af — hax Krobi = cr + 5p — ac = 0.
» Cela posé, les invariants A, B, C du second, du quatrième et du
sixième ordre qui ont été précédemment définis ont pour valeurs
gli
A = — (30? — 2ac),
B=
(147b* — 46acb’ + 7Ja?c?),
I
2?, 3?
Les
ce 343 b° + 329acb* — Gia? cb? + 3a? c)
23. =
— À a'b (56 ac) =
b
(21,35
On en déduit sans peine les valeurs des coefficients de la réduite exprimés
en a, b, c, et, en remplaçant le discriminant 6%A par 5IT, conformément
aux notations de M. Brioschi, on parvient à l At ARE suivante :
+88 EM dates) Ui 15% (24b4 — a acb? — a?e?) +52 V5TI U
— 54(2726%— 280acb*+ 45a?c? b?) — 2°. 5ta? b (5b? — ac} — 5* be? = o.
Or on a, comme on l’a vu plus haut,
4U = (9 0) (14) (32) + hii 1) (20) (43) |
+ (æ 2)(31) (04) (% 3) (42)(10) + (ce 4) an»
et, par suite,
U. = 5V5.b,'
| comme cela résülte immédiatement des formules données par M. Brioschi,
dans le n° 5 des Annali di Matematica, année 1858, et qui l'ont conduit à
l’abaissement au cinquième degré de l'équation qui nous occupe.
» Notre réduite admet donc la racine rationnelle U,, = 55. b; en la
supprimant, on est amené à une équation qui se présente d’abord sous
cette forme :
(U + U.) (U* + UZU? + Ué) + 52 (38? — 2ac)(U + U.) (U? + Us)
— 54 (2404 — 2acb? = a°c?)(U + Us) + 5° y5 = 0;
( 1239 )
et dont les racines sont Us, U,, U,, U,, U,. Posons
l'équation transformée sera
J° + 20by* + ro (19b — ac) y+ 100b (9h? — ac) y?
+ 25 (9h? — ac} y — VI =0,
et ses racines sont données par la formule
JN\5 3 (Le B x) (x, Fr x, _) Cine RE A de
l'indice yv étant toujours pris suivant le module 5. Enfin, en posant
aei Se réa
il vient
z'? + 20b2 + 10(19b° — ac) 2°
+ 100b (9? — ac) 2° + 25 (9b? — ac} 2? — VU = 0,
ou bien
[25 + robz +. 5 (9b — ac)zf — VE = 0;
d’où l'équation très-simple
z5 robz + 5 (ob? — ac)z — VII = 0.
» Telle est en effet, sauf quelques inexatitudes de calcul ou d'impression,
la réduite donnée par M. Brioschi (*). Les racines sont comprises dans la
formule - ::
-e 7 V(e a x) (X, + Tya) (Tssa +, 3) Fo ee
où il est aisé de voir que la racine s’extrait lorsqu'on introduit les quan-
tités À, , À, / A, : Cette circonstance importante a été le point de départ
des recherches de M. Hermite, dans son Mémoire sur l’équation du cin-
quième degré (voyez $ XIV).
» Le calcul qui vient d’être exposé montre en même temps que le discri-
minant de l'équation
x — hax + robr’ — cx + 5b — ac = o
est un carré parfait. Remarquant en effet que la réduite du sixième degré
est satisfaite en y faisant i Í
U = 5y5.b,
(*) N°5 des Annali di Matematica, année 1858.
( 1240 )
on trouve, après quelques réductions,
VII = — 26.35. b5 + 2.32, Bacbt — 21 5a°c°b + 2045 (58? — ac} + ct,
ce qui donne, en faisant successivement a = 0, b = 0,
Bee 2F0")
I = (c° + 2°.e°?a°)?,
résultats déjà indiqués par M. Hermite. »
ASTRONOMIE. — Observation du cratère Linné. Note de M. Wozr, présentée
par M. Le Verrier.
« Dès le ro mai, j'ai pu reconnaitre que le cratère de Linné existe tou-
jours, mais avec un diamètre beaucoup moindre que celui du cratère indi-
qué sur les cartes de Lohrmann et de Beer et Mædler. Au centre de la
tache blanche, on voit un trou noir circulaire, bordé. du côté ouest par
une portion de terrain qui semble proéminer sur le reste de la tache. Cette
légère surélévation a déjà été signalée par M. Schmidt.
» Mais les circonstances atmosphériques ne me permirent pas d’ ja
une image irréprochable de la Lune jusqu’au. 10 juin. Ce jour-là, à 8 heures,
Linné étant déjà en pleine lumière depuis près de quarante-hnit heures,
le trou central sesvoyait avec une netteté parfaite. C’est un cratère profond,
plus profond que la plupart des petits cratères qui l’environnent, si l'on
en juge par l'intensité comparative de l'ombre. Mais son diamètre n’égale
pas même celui des cratères À et B. de Mædler. La tache blanche qui
s'étend en rayonnant autour de lui avait, le 12 juin, un.diamètre de 4”, 5,
celui de Bessel étant 7”,7; le cratère Rprmérun poustan. un peù moins
d’une seconde. |
» La pureté parfaite de Peel etle pouvoir cotes du télescope
de o™,40 dont je faisais usage ; permettaient de voir tres-nettement autour de
Linné une multitude de petits cratères ou plutôt de petits trous ronds sans
bords élevés, que n’indique pas la carte de Mædler. Six de ces petits cra-
téres forment une double rangée très-remarquable au nord et au nord-est
de Linné; ils sont plus petits que les cratères en ligne situés au nord-ouest
de Linné et signalés par M. Schmidt. J'ai fait usage de grossissements de
235, 380 et 620 fois.
» L'éclat de Linné n’a pas changé depuis les observations de Beer et
Mædler, car il est toujours égal à celui de la tache blanche située près de
(.r241 )
Littrow, sur le bord occidental de la mer de Sérénité, à laquelle Beer et
Mædler assignent également la clarté 6 (1).
Si donc en s’en tenait à la comparaison des apparences actuelles de
Linné avec le texte des descriptions qu’en donnent Lohrmann et ses succes-
seurs, il serait possible à la rigueur de croire que Linné n’a éprouvé aucun
changement. Linné a toujours un cratère profond, à bords surélevés; son
éclat n’a pas changé; son diamètre total est resté à peu près le même.
» La comparaison aux cartes indiquerait au contraire un changement
réel, car celles-ci figurent un large cratère occupant tout l’espace occupé
aujourd’hui par Ja tache blanche. M. Schmidt pense qu'on ne peut se refu-
ser à attribuer un grand poids à l'identité des indications de ces deux
cartes : les auteurs de la seconde ayant eu la première à leur disposition,
il est probable que s'ils n’avaient pas retrouvé lé grand cratère dessiné par
Lohrmann, ils auraient signalé cette circonstance comme un fait extraor-
dinaire.
» Cependant il n’est pas sans intérêt de contrôler leurs indications par
celles des cartes plus anciennes. Le tableau, dessiné et peint par Lahire, qui
se trouve à la bibliothèque Sainte-Geneviève, porte Bessel, Sulpicins Gallus
et d’autres petits cratères égaux à Linné sur la carte de Mædler : il n'in-
dique pas Linné. Il y à seulement dans cette partie de la mer plusieurs
taches blanches.
»OLa carte dé Cassini parait étre ji réproduction du dessin de Lahire;
mais avec moins dé détails encore.
». D’après la Note même de M. Schmidt, Schræter semble ne pas avoir
vu Linné, au moins comme un des Rare ) PUR mad de la mer de Sérénité,
bien qu à en ait noté de plus petits. |
» Si l’on consulte les RP dé la Lune, on voit dans le grand
exemplaire de M. Warren de la Rue (1858) Bessel, Sulpicius Gallus pré-
senter une-indication d'ombre intérièure; Linné est figuré par une tache
blanche. Il en est de mème, maïs bien plus nettement, dans la reproduction
agrandie de la magnifique ie PP Fran le 4 mars 1865 par M. Ruther-
urd, pi Donk ; |
» La disparition du grand cratère de Linné remonterait donc au moins
à 1858, s'il ne faut pas la faire remonter jusqu’à Lahire.
» En résumé, à part l'indication fournie - les cartes de Lohrmann et
i 1) Cette tache, oubliée sur la carte; présente au centre un petit cratère non signalé par
Beer et Mædler.
( 1242)
de Beer et Mædler, à laquelle on peut opposer la contre-indication de
Lahire et de Schrœter, nous ne possédons actuellement qu'un seul docu-
ment positif sur le changement qu'aurait subi Linné : c'est l'affirmation de
M. Schmidt, que ses notes et ses dessins de 1841 représentent cet objet
autrement qu'on ne le voit maintenant. »
« M. Ér pe Braumowr fait observer que, si des observateurs placés dans
la Lune regardaient le Vésuve ou l'Etna, avant et après une éruption, ils ne
pourraient y remarquer que de très-légers changements. Une éruption
même très-considérable du Vésuve pourrait ne pas produire d'autre effet
que de diminuer légèrement la profondeur du vallon demi-circulaire de
l’Atrio del cavallo et d’en changer la couleur. Vu de la Lune, un pareil
changement pourrait paraître problématique et donner lieu à des discus-
sions entre les observateurs. Les observations faites par le Père Secchi les
10 et 11 du mois de février dernier, et consignées dans le Compte rendu de
notre séance du 25 du même mois, tendraient naturellement à faire supposer
que quelque changement de ce genre doit s'être produit dans da configura-
tion du cratère Linné depuis l’époque à laquelle remontent les cartes de
Lohrmann et de Beer et Mædler. | | 5'i ARAILE É
» Au surplus, on doit désirer que les observations relatives à la perma-
nence absolue ou à de très-légères altérations des acciderits-de la surface
lunaire se multiplient; cár une seule altération, m ême-trés<légère, suffirait,
si elle était bien constatée, pour établir que la vie.géologique existe encore
dans l’intérieur de: la: Lune aussi bien que dans l’intérieur de la Terre: »
Í di
POr Je 19 TE
ASTRONOMIE. == Phénomènes particuliers offerts par ‘une étoilé! filante,
le 11 juin 1867; par M. SLBERMANN. ANSE
« Mardi 11 juin, à 8" ro" du soir, une étoile filante, plus brillante
que les plus. belles du 13 novembre dernier, a passé un peu au nord
du zénith, se dirigeant avec une lenteur extrême de l’ouest au nord-est.
J'estime qu’elle a mis près de deux secondes et demie pour parcourir
un arc d'environ vingt degrés. Avant de s'éteindre, complétement elle a
montré une recrudescence d'éclat, lançant alors des étincelles d’un vert
jaunâtre. Avant ce dernier instant elle ressemblait en tout point à une
fusée d'artifice à feu blanc. M. Louft, à Palaiseau, et M. Auzoux, à Saint-
Aubin d’Ecroville (Eure), mont annoncé qu'ils avaient remarqué les
mêmes particularités. »
( 1243 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un isomere de l’éther éthylamylique, l'éthylate
d'amylène ; observations relatives à la production des éthers mixtes. Note de
MM. Resour et Trucnor, présentée par M. Balard.
« En traitant par la potasse alcoolique le chlorure d'hexyle qu’ils avaient
obtenu en soumettant à l’action du chlore l'hydrure d’hexyle retiré des
huiles de pétrole, MM. Pelouze et Cahours ont obtenu une huile d’où il est
facile de séparer par la distillation fractionnée une grande quantité d’hexy-
lène. D'un antre côté, le chlorure d'amyle donnant, comme on sait, dans
les mêmes conditions de l’éther éthylamylique, on se demande pourquoi
la réaction est si différente pour deux composés homologues et qui se
suivent immédiatement dans la série. L’analogie de constitution et de réac-
tions des composés G" H°"+1 C] conduit à penser qu'une pareille différence
ne doit pasexister, et c'est ce qui a lieu en réalité, Le chlorure d’'hexyle, dé-
composé par lä potasse alcoolique, donne bien en effet de l’hexylène G°H'°
par la perte de 1 molécule d’acide chlorhydrique, mais il fournit aussi, et
en proportion à peu près équivalente, un éther mixte, l’éther éthylhexy-
6 13 f
lique + i O par suite d’une double décomposition calquée sur celle qui
donne naissance à l’éther éthylamylique. Cet éther est d'ailleurs facile à
isoler. En soumettant le produit brut de la réaction à la distillation, on en
retire d’abord de l’hexylène, puis le point d’ébullition monte rapidement
Jusque vers 130 degrés. De 130 x 135 degrés, l’éther mixte passe; on le
débarrasse de la petite quantité de chlorure d'hexyle qu’il contient et qui a
échappé à l’action de la potasse, en le chauffant pendant une douzaine
d'heures en vase clos avec du sodium et rectifiant le produit.
» L’éther éthylhexylique est un liquide insoluble dans l’eau, d’une den-
sité 0,776 à 13 degrés, bowillant à 132 ou 134 degrés sous la pression
0,740, d’une odeur qui rappelle celle de l’éther éthylamylique, mais moins
suave. L’acide bromhydrique concentré le dédouble lentement, à 100 de-
grés et en vase clos, en bromures d’éthyle et d’hexyle. Sa composition est
$ $ rai H: f
représentée par la formule Ċ? H lo (1).
» Les chlorures d’heptyle, d’octyle, de décyle donnent chacun, comme
(1) Trouvé. : Calculé.
G = 73,42 G = 75,84
H = 13,86 H = 13,84
C. R., 1867, 12° Semestre. (T. LXIV , N° 24.) 164
( 1244 )
le chlorure d’hexyle, deux composés, un hydrogène carboné et un éther
mixte ; l’heptylène, l’octylène, le décylène ont été obtenus de cette maniere
et décrits par MM. Pelouze et Cahours; nous avons isolé les éthers mixtes
éthylheptylique, éthyloctylique, éthyldécylique, qui se produisent simul-
tanément avec les hycrocarbures précédents, mais leur description serait
ici sans intérêt et allongerait trop cette Note.
» Ainsi, à partir du chlorure d’'hexyle inclusivement, la potasse alcoo-
lique en réagissant sur les chlorures €” H°*+' CI donne deux réactions simul-
tanées :
C? 5 ) Ç3 H?
(1) C” H”+ Cl- a (O= 6" H"+ KCI+ s lo,
€e H’ €? H’
(2) C” H?+ Cl + K |o=KCI+ Grp! lo.
» Il en est de même pour les termes inférieurs. Le chlorure d’amyle
décomposé par la potasse alcoolique donne en effet de l’éther éthylamy-
lique, qui est le produit principal, mais aussi une quantité notable d’amy-
lène, qu’il est facile d'isoler et de reconnaitre à son point d’ébullition et au
bromure bouillant à 180 degrés qu’il fournit au contact du brome.
» Le bromure d’éthyle lui-même, chauffé avec une solution alcoolique
concentrée de potasse, se transforme en éther ordinaire, mais cet éther est
accompagné d’un peu d’éthylène.
» Il résulte de tous ces faits que les réactions (1) et (2) ont lieu simul-
tanément pour tous les éthers chlorhydriques ou bromhydriques de la for-
mule générale €" H+ Br; seulement, tandis que la production de l’hydro-
gène carboné G” H” est tout à fait secondaire pour les premiers termes, On
voit sa proportion augmenter à mesure qu'on s'élève dans la série, et la
réaction secondaire devenir alors presque la réaction principale.
» Ethylate d’amylène. — Une double réaction analogue a lieu lorsqu on
décompose par la potasse alcoolique les isomères des composés précédents,
c’est-à-dire les bromhydrates des carbures €” H’: on obtient le carbure
G” H?” et une espèce particulière d’éthers mixtes, isomériques, mais no
identiques avec les éthers mixtes de Williamson.
» 120 centimètres cubes de bromhydrate d’amylène ont été décomposés,
en vase clos, par un excès de potasse alcoolique concentrée. L'eau en
sépare une couche légère qui, lavée, séchée et soumise à la distillation, se
résout en grande partie en amylène, comme l’a montré M. Wurtz, mais
pourtant pas en totalité. Vers la fin de l'opération, le thermomètre monte
de plus en plus rapidement, et entre 100 et 105 degrés il passe un liquide
( 1245 )
éthéré d’une odeur spéciale. Il ne reste plus rien alors dans le vase distilla-
toire. On débarrasse ce liquide des traces de brome qu'il contient, en le
chauffant pendant douze heures, à 100 degrés et en tube clos, avec un glo-
bule de sodium. En distillant de nouveau on obtient 6 à 8 centimètres
cubes du produit pur.
», Ce composé possède la composition de l’éther éthylamylique (r) avec
lequel il est isomérique et.non identique, car il en diffère par son odeur,
par son point d’ébullition qui est situé 9 à ro degrés plus bas; il bout en
effet à 102 ou 103 degrés sous la pression :0",742, tandis que l’éther
éthylamylique bout à 112 degrés. Sa densité est à peu près la même; elle
a été trouvée de 0,759 à 21 degrés, et celle de l’éther éthylamylique 0,764
à 18 degrés. Ces liquides étant très-dilatables, la différence 0,005 peut fort
bien ne tenir qu’à la différence de température (3 degrés).
» L'isomérie des deux composés est d’ailleurs mise hors de doute par
l’action différente qu’exerce sur eux, en vase clos et à 100 degrés, l'acide
bromhydrique concentré. Le nouveau corps se dédouble en effet très-nette-
ment en bromure d’éthyle et bromhydrate d’amylène.
» Le bromure d’éthyle a été isolé et reconnu à sou odeur, à son point
d’ébullition et à un dosage du brome; quant au bromhydrate d’amylène
qui passe en dernier lieu lorsqu'on distille le mélange, on l’a reconnu à
son point d'ébullition 110 degrés, et surtout à ce que, traité par la potasse
alcoolique, il s’est presque intégralement transformé en amylène.
» L'éther éthylamylique, au contraire, traité de la même manière, s’est
dédoublé en bromure d’éthyle et bromure d’amyle reconnu comme tel à
son point d’ébullition, son odeur, mais surtout à sa transformation en éther
éthylamylique par la potasse alcoolique. © —
» Ainsi, le nouveau composé offre vis-à-vis de l’éther éthylamylique le
même genre d’isomérie que le bromhydrate d’amylène vis-à-vis du bromure
d’amyle, l’hydrate d’amylène vis-à-vis de l'alcool amylique. Il doit être
A Ho? lautre étant T: a ©. Nous le désignons sous le
nom d'éthylate d'amylene.
» À côté des éthers mixtes ordinaires, il y a donc très-probablement
formulé G° H° !
(1) Trouvé.
à IL. Calculé.
G = 72,6 G = 72,9 G= 72,4
H = 14,0 Hao H =s
164..
( 1246 )
toute une série d’isomeres, dont l’éthylate d’amylène peut être considéré
comme le type et qui doivent se produire dans les mêmes conditions. »
CHIMIE. — Oxydation au moyen de l'oxygène condensé dans le charbon. Note
de M. F.-C. Cazverr, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville.
« Depuis la mémorable expérience de Théodore de Saussure, les chi-
mistes savaient que le charbon possédait la propriété de condenser plu-
sieurs fois son volume de différents gaz, et, entre autres, le gaz ammoniac
et le gaz chlorhydrique, dans la proportion de 80 à 90 fois son volume.
» Ce pouvoir absorbant du charbon fut considéré comme une propriété
physique, jusqu'au moment où le D'J. Stenhouse démontra que, sous
l'influence de ce corps, l'oxygène pouvait se combiner auw- divers produits
émanés des substances en putréfaction. L'oxydation des matières putrides
en présence du charbon est en: effet si rapide et.si complète, qu’un-animal
en décomposition, placé dans le piacban, ne laisse exhaler, aucune, odeur
désagréable. hajt
» Ces résultats intéressants me coig dipivent i à faire i pladen séries a ex—
périences, dans le but de déterminer la puissance d’oxydation de l'oxygène
condensé dans le charbon, et l'étendue de son action- ps sur les
substances minérales et organiques. +
» Mes expériences ont. été exécutées avec des cubes de diii puk
dant de la calcination du buis. Je les fais bouillir avec de:l’acide chlorhy-
drique pur étendu, puis avec de l’eau distillée : ces deux opérations ont
pour but de débarrasser complétement le charbon de des substances minérales
qu’il contient, et surtout des carbonates älcalins qui peuvent troubler le
résultat des expériences, lequel est-généralementun‘produit acide.
» Le cube de charbon, après avoir ‘été séché, est chauffé au rouge et
introduit encore chaud dans une éprouvette placée sur te mercure, laquelle
contient un volume mesuré d'oxygène $ après vingt-quatre heures généra-
lement, l'absorption cesse complétement. Lepaz à ôxydër est introduit
alors dans l’éprouvette, et lorsque la colonne de mercüre ne s'élève plus,
c’est-à-dire lorsque l'absorption est terminée; le charbon est retiré et exa-
miné avec le plus grand soin. Avant d’étudier l’action du charbon oxygéné
sur les composés minéraux et organiques, je mé suis assüré qu'il ne se
formait pas d’ acide carbonique dans le contact de |’ ss ere avec le char-
bon ras
» Mes expériences, dont je ne donne que le résumé, “peuvent se diviser
` ‘en trois séries.
( 1243 )
PREMIÈRE SÉRIE. — Action de l'oxygène condensé dans le charbon sur les substances
minérales.
» L'acide sulfureux mis en contact avec le charbon oxvgéné, préparé
comme je l'ai dit plus haut, se convertit rapidement en acide sulfurique.
» Dans les mêmes conditions, l'hydrogène sulfuré se transforme en acide
sulfurique et en eau. J’ai observé dans mes expériences un fait curieux, et
je crois ne pouvoir le mieux faire connaître qu’en décrivant une opération.
Dans une éprouvette graduée, reposant sur le mercure, j'introduisis 100 vo-
lumes d'oxygène et le cube de charbon encore chaud; après vingt-quatre
heures, l'absorption était de 44 volumes. Je complétai le volume primitif
par l'addition de 44 volumes d'hydrogène sulfuré, et après vingt-quatre
nouvelles heures 72 volumes étaient absorbés : il y eut là par conséquent
le fait important d’une nouvelle condensation d'oxygène sur le charbon.
» J'ai fait, sans aucun succès, plusieurs essais dans le but d’oxyder l'am-
moniaque; cependant, quoique je n'aie pu constater dans ces expériences
la formation de l'acide nitrique, je n’oserais affirmer l'absence de produits
d'oxydation, car, dans ce cas comme dans le précédent, j'ai observé une
condensation d'oxygène après l'addition du gaz ammoniac; mais les pro-
duits à ma disposition étaient en quantité si faible, que je n'ai pu examiner
leur composition.
» L'hydrogène phosphoré, au contact de l'oxygène condensé dans le,
charbon, s’oxyde PRAN en donnant des quantités considérables d’acide
phosphoriqué et mé eau.
DEUXIÈME SA ia — Action de 1 oxygène condensé dans le charbon sur les alcools,
» Cette deuxième série d'expériences a pour but de montrer la formation
des acides organiques, lors du contact des alcools avec le charbon oxygéné.
L'expérience se fait en introduisant dans une éprouvette pleine d'oxygène
le cube de charbon encore chaud, et vingt-quatre heures après, à l’aide
d’une pipette, quelques gouttes d’un alcool.
» Avec l'alcool méthylique, l'absorption fut complète après vingt-quatre
heures, et l’on put extraire du charbon un liquide doué d’une action réduc-
trice sur les sels d'argent. Cette réduction tendrait à prouver que j'avais
obtenu de l'acide formique; cependant, comme le liquide n'exerce aucune
action sur les sels de mercure, et que je n’avais pu reconnaître son acidité
avec le tournesol, on peut se demander s’il n’est pas le résultat d’une oxy-
dation moins avancée.
» J'ai obtenu des faits positifs avec l'alcool éthylique; l'expérience con-
( 1248 )
duite de la même manière qu’avec l'alcool méthylique donne comme résul-
tats des quantités considérables d’acide acétique, que j'ai transformé en
cacodyle et en éther acétique, afin de m’assurer de son identité.
» Dans les mêmes conditions, l’alcool amylique se transforme en acide
valérianique.
TROISIÈME SÉRIE, — Action de l'oxygène condensé dans le charbon sur les hydrocarbures.
» Je fis cette dernière série d’expériences avec l'espoir de condenser
l'oxygène sur les hydrocarbures. J’opérai de la même maniere qu'avec les
gaz minéraux.
L'éthylène (G°H!) fut introduit dans l’éprouvette contenant le charbon
oxygéné et un excès d'oxygène; quand l'absorption eut cessé, J'examinai le
charbon : il ne contenait aucun produit d’oxydation de l’éthylène, tel
que l’aldéhyde ou l'acide oxalique. Convaincu cependant qu'il y avait eu
une réaction, j'introduisis le charbon dans un ballon contenant de l'eau
bouillie, et, après lui avoir adapté un tube que je fis rendre dans de l'eau
de chaux, je chauffai légèrement; aussitôt je vis se former un abondant
précipité de carbonate de chaux, ce qui prouve bien la transformation de
l’éthylène en eau et en acide carbonique. : n
» Le propylène (G*H°) m’a donné, dans les mêmes conditions que l’éthy-
lène, de l’eau et de l'acide carbonique. + i |
» L’amylène (G‘H!°) s’est bien transformé, comme ses deux homologues,
en acide carbonique et en eau; mais il se forme dans cette réaction d’au-
tres produits, car, quoique l'odeur de l’amylène fût complétement détruite,
il subsistait encore dans l’éprouvette l'odeur d’un éther amylique qui ma
paru être le valérianate d’amyle. | |
» L'oxygène condensé dans le charbon exerce donc deux actions lors-
qu'il est mis en présence des alcools et de leurs hydrocarbures. Dans le
premier cas, il agit comme simple agent d’oxydation; dans le second, il a
une action tellement violente, qu’il joue le rôle de comburant. Cette diffé-
rence d’action mérite l'attention des chimistes...
» Toujours est-il que, dans tous les cas, l’ oxygène condensé par le char-
bon est un oxydant des plus énergiques.
» On peut faire deux hypothèses sur le rôle singulier que joue l'oxygène
en présence du charbon. Dans la première, l'oxygène, que nous pouvons
supposer liquéfié à la surface du charbon, agirait comme simple dissolvant
des produits gazeux ou liquides mis en contact avec lui, et dans ces Con-
ditions serait susceptible d’agir sur leurs éléments. Dans la seconde, l'oxy-
( 1249)
gène liquéfié par le charbon pourrait à son tour condenser où liquéfier,
par simple attraction moléculaire, un second gaz mis en contact avec lui.
Il est certain que, dans de telles conditions, l’affinité chimique peut aisé-
ment s'exercer et produire les résultats que nous avons mentionnés.
» Je crois la seconde hypothèse plus voisine de la vérité, et d’ici peu de
temps J'espere être en mesure de mettre sous les yeux de l'Académie une
série de résultats qui jetteront un nouveau jour sur ces réactions, d’un
grand intérêt au point de vue théorique. »
CHIMIE. — Vote sur des expériences de sursaturation. Note de M, Lecoq
DE Borssaupran, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville.
« J'ai l'honneur de soumettre à l’Académie les principaux faits qui ré-
sultent de mes dérnières récherches sur les phénomènes de sursaturation.
Dans un premier travail, j'avais examiné l’action des sulfates cristallisés de
CbO.FeO.CuO.ZnO et MgO sur les solutions sursaturées de sulfate de
nickel; j'avais reconnu que ces divers sels faisaient indistinctement cristal-
liser les solutions sursaturées de sulfate de nickel, lorsque celles-ci étaient
concentrées, mais que pour des liqueurs plus étendues on n’obtenait de
cristallisation qu’avec un petit nombre seulement de ces cinq sulfates. J'avais
observé en outre que le contact de ces divers sels produisait des cristaux
qui n'avaient pas tous la même apparence.
» En effet, les six sulfates (CbO . FeO .CuO.Zn0 .MgO.NiO) en ques-
tion, quoique pouvant devenir isomorphes dans certaines circonstances, ne
le sont pas tous dans leur état ordinaire. Leurs formes et leurs degrés d’hy-
dratation varient avec la température, et les formes correspondantes ne
sont pas toujours celles qui OURS à à une température donnée.
» Considérés : à 15 ou 20 degrés, ces sulfates peuvent se diviser en trois
groupes, composés chacun de sels véritablement isomorphes : :
k CuO, sO?. 5HO clinoédtique.
II. FeO,S0*,7HOQ clinorhombique.
jer -CbO,S0*,7H0 »
II. NiO,S0°,3H0 orthorhombique.
Mg0, SO*,7HO »
ZnO, SO”, 7HO »
» Lorsqu'on introduit dans la solution sursaturée d’un de ces sels un
( 1250 )
petit cristal appartenant à un groupe voisin (1), on obtient une cristallisa-
tion qui présente les formes du sel ajouté, mais il faut que la solution soit
très-concentrée. Si, après avoir obtenu une telle cristallisation, on touche le
liquide avec un cristal appartenant au même groupe que le sel sursaturé, il
se forme de nouveaux et plus abondants cristaux; en même temps, les pre-
miers déposés deviennent opaques en prenant la structure propre aux der-
niers. On peut obtenir successivement ainsi trois ou quatre (2) cristallisa-
tions tout à fait différentes, dont chacune détruit les précédentes. C’est donc
toujours la modification de forme, ou l’hydrate, isomorphes réels du sel,
qui se déposent.
» J'ai obtenu, par ce procédé, des sels sous des formes cristallines qu'on
n’observe ordinairement qu’à des températures très-éloignées de celle de
mes expériences; ainsi, vers 15 ou 2ù degrés, on peut faire produire suc-
cessivement à une même solution sursaturée de sulfate de cuivre : 1° des
pyramides (ou octaëdres) à base carrée, tronquées parallèlement à la base,
contenant 6 équivalents d’eau; elles se forment lorsqu'on ajoute au liquide
une trace de sulfate de nickel légèrement effleuri (3). Ces cristaux se
décomposent avec une rapidité extrême lorsqu'on cherche à les dessécher
ou qu’on les touche avec un corps sec. Ils se décomposent souvent aussi
spontanément au sein du liquide, en se transformant en une masse pâteuse
et opaque. Leur analyse est très-difficile; elle s'effectue en les lavant
rapidement à l’eau, alcool faible, alcool fort, éther anhydre, et les traitant
dans un appareil spécial que le défaut d’espace ne me permet pas de
décrire; 2° des cristaux semblables à ceux du sulfate de fer ordinaire; ils
détruisent par leur contact les pyramides à 6 HO et peuvent se former dans
des liqueurs beaucoup moins concentrées, mais ils se décomposent sponta-
nément aussi avec la plus grande facilité; 3° des cristaux clinoédriques
ordinaires, qui détruisent les modifications précédentes.
» La solution sursaturée de sulfate de fer peut fournir, toujours à
15 ou 20 degrés : 1° des cristaux semblables à ceux du sulfate de cuivre
ordinaire; ils sont très-difficiles à obtenir, car ils ne se forment que dans
les liqueurs très-concentrées, lesquelles produisent des clinorhombiques
spontanés avec une très-grande facilité; 2° de longues aiguilles semblables
PER S E A E O
(1) Le cobalt semble faire exception et se rapprocher beaucoup du troisième groupe. Je
ne lai pas obtenu sous la forme du sulfate de cuivre (voir plus loin).
(2) Quatre dans le cas des mélanges de plusieurs sulfates.
- (3) Il contient alors de petits cristaux d’un nouveau type : NiO.S0* .6 HO, base carrée.
( 1251 )
à celles du sulfate de magnésie (ou de zinc); ces aiguilles n’exigent pas
pour se former des liqueurs aussi concentrées que la modification précé-
dente; 3° des clinorhombiques ordinaires qui détruisent rapidement les
deux premiers types.
» Vers 15 ou 20 degrés, le sulfate de cobalt fournit aussi : 1° des ai-
guilles type sulfate de zinc 7HO; 2° des cristaux clinorhombiques ordi-
naires qui détruisent les précédents.
» Le sulfate de cuivre provoque dans les solutions concentrées le dépôt
de cristaux très-abondants, qui paraissent détruire les aiguilles orthorhom-
biques et cependant ne se forment pas au contact du sel de cuivre dans des
liqueurs assez concentrées pour fournir encore abondamment de ces
aiguilles; ils se forment également au contact du sel produit par l’évapora-
tion à chaud du sulfate de cobalt. Ces faits et d’autres trop longs à rap-
porter ici me portent à croire qu'il y a là un effet de cristallisation spon-
tanée, comparable à ce qui arrive aux sulfates de cuivre, fer ou nickel, lors-
que leurs solutions: concentrées sont en présence de certains précipités et
que les cristaux qui nous occupent sont bien à 6HO. Je travaille du reste
en ce moment à compléter leur étude.
:» Le sulfate de nickel fournit à 15 ou 20 degrés environ : 1° des tables
rhombes épaisses (1), transparentes et unies, type fer clinorhombique ;
2° des cristaux à 6HO qui se produisent spontanément au contact du sulfate
de cuivre et de quelques précipités; ils se forment auësi au contact du sel
résultant de l’évaporation à 5o degrés (environ) de la solution de sulfate
de nickel : ils détruisent les précédents; 3° des DH à Le: ordingiiea
qui détruisent les sels précédents.
» Le sulfate de magnésie peut produire, dans k PN circonstances,
des cristaux A rO à céux du sulfate de nickel, mais il y a cette
différence qu'ici la modification à 6HO est détruite par le type fer 7 HO,
contrairement à ce qui arrive avec le sulfate de nickel. La stabilité relative
des types secondaires ne suit donc pas toujours le même ordre dans deux
sels identiques quant à leurs modifications les plus stables, Enfin les tables
rhombes type fer, qui se forment dans les liqueurs concentrées, sont minces
et fortement striées paraMelement aux côtés du rhombe. Je n’ai obtenu de
petits cristaux épais et unis qu en opérant avec des ee peu sursa-
turée.
(1 4 Souvent aussi hautes que larges.
C.R 1867, ir Semestre. (TL LXIV, No 94. )
( 1252 )
» Le sulfate de zinc se comporte comme le sulfate de magnésie, dont il
paraît se rapprocher un peu plus que du sulfate de nickel.
» Je ferai remarquer que jen’ai pu obtenir les six sels purs que sous trois
formes chacun. Il ma été jusqu'ici impossible de produire :
CuO,S0*, 7 HO orthorhombique
FeO,S0*,6HO à base carrée.
CbO,S0*,5HO clinoédrique.
NiO,S0*,5HO »
MgO,S0°,5HO »
Zn O,S0*, 5HO »
» Il résulte de ce qui précède qu’il existe un isodimorphisme général des
sulfates appartenant à nos deux derniers groupes, dont les cinq sels peuvent
s’obtenir vers 15 ou 20 degrés en cristaux, soit orthorhombiques, soit cli-
norhombiques, tout en conservant 7 équivalents d’eau de cristallisation.
» Dans une prochaine Note, j'aurai l'honneur d'exposer à l’Académie
la suite de ce travail. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Faits pour servir à l'histoire des éthers. Note de
M. Cu. Garo et P. Cnaporeaur, présentée par M. Balard.
« Lorsqu'on fait réagir le bichlorure d'étain fumant sur les alcools, en
chauffant le mélange, on obtient des éthers simples et des éthers chlorhy-
driques. Le baron de Bormes, Courtanvaux, Gehlen et surtout Thenard,
avaient observé ce fait, du moins en ce qui concerne la production de
l’éther chlorhydrique, et parmi les procédés de préparation de ce corps,
celui qui repose sur l'emploi du bichlorure d'étain était un des plus usités.
Kuhlmann et Lewy rappelèrent ce fait les premiers en 1859, et signalerent,
de plus, des combinaisons cristallisées de bichlorure d’étain et d’alcools,
dont la décomposition donnait l’éther simple et le chlorure correspondant.
» Nous avons voulu préciser l’action du bichlorure d'étain sur les
alcools et sur un mélange d’acides et d’alcools; nous avons l'honneur de
présenter à l’Académie le résultat de nos recherches. Les expériences ont
été faites spécialement avec les alcools méthylique, éthylique, amylique:
En voici le résumé :
» q équivalent d'alcool et 1 équivalent de bichlorure d’étain anhydre
donnent une combinaison cristallisée à la température ordinaire, volatile
presque sans décomposition; le mélange se fait avec un dégagement de cha-
(8455 )
leur considérable ; aussi doit-on refroidir sous l’eau le vase dans lequel il
s'opère.
» L'eau dissout tous ces composés, les détruit à la longue; la chaleur
active la décomposition, dont le résultat est de l'alcool, de l’éther chlorhy-
drique et de l’oxymuriate d’étain.
» Chauffées avec 1 équivalent d’un alcool, ces combinaisons donnent
son éther simple et son éther chlorhydrique; le résultat de la distillation est
un mélange d'oxyde et de protochlorure d’étain.
» La combinaison éthylique, qui est acide, est représentée d'après Lewy
par la formule (C‘H°CI, HCI, SnO?) que nous pensons devoir s’écrire
CH, HO, SnCE.
Là
Sous l'influence des alcalis elle se décompose en alcool et en oxyde d’étain;
cependant elle est comparable à l’acide sulfovinique. En effet, comme ce
dernier, chauffée avec l'alcool éthylique, elle donne de l’éther; avec de
l'alcool méthylique ou amylique, des éthers mixtes d’éthyle et de méthyle
ou d’éthyle et d’amyle.
» Au lieu de distiller le mélange de bichlorure d’étain et d'alcool, on
peut, après l’avoir chauffé quelques minutes à 100 degrés, le verser dans
leau : l’éther vient nager à la surface. On obtient ainsi une plus grande
quantité d’éther, et très-peu d’éther chlorhydrique.
_» Si les produits qui prennent naissance dans cette réaction sont plus
compliqués que ceux qui se forment lorsqu’on éthérifie par l'acide sulfu-
rique, cela tient à la facile décomposition du bichlorure d’étain par l’eau.
Sous l'influence de l’eau, en effet, le bichlorure d’étain se décompose rapi-
dement, à une température voisine de son point d’ébullition, en oxyde
d’étain et en acide chlorhydrique, et, dans le cas qui nous occupe, la réaction
du bichlorure d’étain sur l'alcool, c’est l’acide chlorhydrique formé par l'eau
éliminée qui réagit sur l’éther et en donne l’éther chlorhydrique. :
» Ce mode de génération de l’éther chlorhydrique est facile à constater :
il suffit de chauffer avec un peu d’eau la combinaison que forme l’éther
avec le bichlorure d'étain ; il se produit aussitôt de l’éther chlorhydrique.
» Le bichlorure d’étain fumant, dans le cas de la production des éthers
simples, jouit de propriétés analogues à celles de l'acide sulfurique ; il les
possède à un bien plus haut degré quand on le fait agir sur = mélange
d'acide et d'alcool; il peut même remplacer avantageusement l acide sul-
furiq ue. - i
» Le bichlorure d’étain semble, dans ce cas, agir par sa EPE affinité
t65..
( 1254 )
pour l’eau, mais son action n’est pas directe et ne consiste pas simplement
à déshydrater l'alcool et l'acide; il réagit d’abord sur l'alcool pour former
les composés du genre (C*H*O, HO, SnCl?) qui, en présence d’un acide,
donnent l’éther composé par double décomposition.
» Nous avons préparé à l’aide du bichlorure d’étain les éthers composés
suivants :
[A
Les formiates de. méthyle, d’éthyle et d’amyle.
Les acétates » » »
Les tartrates » » »
Les lactates » » »
Les butyrates » » »
Les benzoates » » »
Les palmitates » » »
Les stéarates » » »
» Le mode d'opérer étant le même pour tous les éthers composés, nous
citerons seulement la préparation de l’éther benzoïque. Dans un mélange
de 1 équivalent d’acide benzoïque et de 1 équivalent d’alcool absolu ou
à 05 degrés, on verse avec précaution 1 équivalent de bichlorure d'étain
fumant. La réaction est des plus énergiques; aussi ne doit-on ajouter le
bichlorure d’étain que petit à petit, en agitant sous l’eau froide le vase dans
lequel se fait l’opération : sans cette précaution, une partie de l'alcool échap-
perait inutilement à la réaction. Le mélange est alors chauffé une heure ou
deux au plus à 100 degrés : il est inutile de dépasser cette température, On
s’exposerait à une perte notable d’éther benzoïque, qui serait remplacé
par une quantité équivalente d’éther chlorhydrique. Le produit, lavé à
l’eau plusieurs fois, distillé, donne à très-peu près le rendement théorique.
» Lorsque les éthers sont légèrement solubles dans l'eau, on ajoute du
chlorure de calcium pour les faire monter à la surface.
» Les éthers composés exigent, pour la formation, qu'on les chauffe
à 100 degrés un temps plus ou moins long suivant les cas.
» La durée d’une opération, qui n’est que de quelques minutes dans les
cas des formiates, des acétates, butyrates d’éthyle, de méthyle et d’amyle,
peut s'élever à deux, trois heures, et même plus, pour les éthers benzoïique;,
palmitique et stéarique. Le temps plus ou moins long qu'exige l’éthérifi-
cation est dù certainement aux degrés différents d’affinité que possèdent
les acides pour les alcools.
» En résumé, on peut formuler ainsi l’action du bichlorure d'étain
anhydre :
( 1265 )
» 1° Sur les alcools, en prenant pour type l’alcool éthylique,
C'H°0* + SnCF = C‘H°O, Sn CE, HO,
C'H°O, SnCP, HO + C‘H°O? = 2 {(C'H5O) + (SnCl, 2H0);
» 2° Sur un mélange d'alcool et d’acide, en prenant pour type l'alcool
éthylique et l’acide acétique,
C'H’ O? + Sn CF = C'H°O, SnC°, HO,
C'H°O, Sn CP, HO + C*H,0°, HO = C‘H°O, C'H°0* + (SnCl?, 2H0). »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Réponse à une communication précédente de
M. Forthomme, à propos d’une méthode particulière de vinification ;
par M. E. Mavmené. (Extrait.)
« M. Forthomme a fait parvenir à l’Académie une Note au sujet de
laquelle on me permettra, je l’espère, de courtes observations.
» L'idée de retenir le chapeau sous le niveau du liquide, dans les cuves,
paraît si simple, qu’on est tenté, à priori, de reporter cette idée à l’inven-
teur même de la vinification. Mais, en y regardant de plus près, on ne trouve
aucune trace de l'emploi de cette idée avant nos jours.M. Henrion-Barbesant
serait, d’après M. Forthomme, non pas le premier, mais seulement un des
premiers propagateurs de cette idée et de son emploi.
» L'Académie sait que, malgré les efforts de M. Henrion-Berbesant et des
autres personnes, l'habitude de retenir le chapeau dans le liquide est si
peu générale, que personne n’en parle ou n’en fait usage, si ce n’est peut-
être à Nancy ou aux environs, ce que M. Forthomme ne nous dit pas.
» Ainsi, M. P. Thenard ne connaissait pas le moins du monde cette
méthode; M. de Vergnette-Lamotte en parle dans son livre tout récent
intitulé le Fin, mais il est évident que pour ce savant œnologue la méthode
est loin d’être ancienne : « Ne se pourrait-il pas maintenant que ce vin s'al-
» tért sous l’action de l'air, etc. » (p. 64)?
» Le jury de l'Exposition universelle ne la connaissait pas davantage, car
il a admis pour figurer à Billancourt : 1° une cuve avec couvercle à grillage,
présentée par M. le Vicomte Camille de Saint-Trivier; an une cuve à cloips
intérieures, présentée par M. Michel Perret (pour l'application de l'idée
dont j'ai réclamé et réclame encore la priorité ).
»` Il est nécessaire de ne pas confondre les deux idées que présentent ces
deux cuves. Ce n’est pas du tout la même chose de Retenir le marc sous un
seu] filet contre lequel il se presse tout entier, ou de le diviser sous quatre,
( 1256 )
cinq, six filets, comme je l’ai indiqué le premier. Avec un seul filet, on
retrouve une grande partie des inconvénients qui se présentent sans son
emploi. Le marc se soulève très-souvent avec promptitude et fermente pres-
que seul au-dessus du liquide inférieur, comme s’il formait encore chapeau.
Ni la chaleur, ni la couleur, ne se distribuent uniformément. Il faut encore
pratiquer le foulage; on évite seulement l’action de l'air sur le marc, et en
réalité c’est quelque chose. |
» Mais l'avantage est beaucoup plus grand lorsqu’on divise le marc pour
le forcer à rester uniformément répandu dans là masse; alors, tout incon-
vénient disparaît, et c’est parce que la différence est énorme que je wai pas
parlé d’autre chose dans mon livre. Jamais la fermentation d’une ven-
dange saine ne manque de s'établir et de marcher avec régularité. La force
alcoolique, la coloration, atteignent leur maximum avec rapidité. Le décu-
vage a son époque toute marquée. En un mot, le travail devient d’une
facilité et d’une süreté Si tk M M. M. Perret l’a reconnu tout comme
moi.
» . . . . L'Académie me permettra de lui signaler encore une méthode
applicable à la conservation des vins (et naturellement à celle de toutesles
liqueurs fermentées). J'ai conseillé le pree de soutirer les vins dans des
fûts remplis d'acide mis et jai donné pour ce travail toutes les
ie nécessaires. >
PHYSIOLOGIE. — Recherches sur l’action physiologique du sulfocyanure de
potassium. Note de MM. Dusrurt et Lecros, présentée par M. Ch.
Robin.
« Le sulfocyanure de potassium a déjà été Pobjet des études de M. Cl.
Bernard, qui lui a consacré quelques articles dans ses Leçons sur les sub-
stances toxiques et médicamenteuses (1 857). Plus récemment MM. Ollivier
et Bergeron ont publié, dans le Journal de Physiologie de M. Brown-Sequard
(1863), des recherches sur le même sujet. Nous avons cru néanmoins que
l’action physiologique de ce sel pouvait encore être étudiée avec fruit et
conduire à des résultats probablement applicablés à' la thérapeutique.
Résumons d’abord en quelques mots les travaux antérieurs.
» M. CI. Bernard considère le sulfocyanure comme déterminant la
paralysie du système musculaire par une action spéciale et élective sur ce
système, sans abolir la sensibilité, mais en détruisant l'irritabilité gal-
vanique. Pour M. CI. Bernard, le sulfocyanure détermine la mort en arrè-
tant les contractions caFdiàġises;
( 1259 )
» MM. Ollivier et Bergeron ont constaté l’action toxique du sulfocya-
nure introduit par les voies digestives à doses élevées; ils ont signalé quel-
ques convulsions et de la roideur mélangées à la paralysie, Mais le fait le
plus saillant de leur travail est l’action qu’ils attribuent au sulfocyanure
sur la constitution de la fibre musculaire striée et sur-les globules sanguins.
Voici ce qu'ils disent à ce sujet, p: 47 :
« Le sang présente une altération très-nette, et s'il renferme des glo-
» bules à noyau, on voit les globules se gonfler tout autour du noyau,
» la matière colorante du globule se condense, elle s’en écoule bientôt,
» s'étale, se fragmente ; ces fragments ainsi dissociés deviennent de plus
en plus petits; le noyau resté libre se fragmente et se dissout en granu-
» lations.
» Şi ce sont des globules circulaires et sans noyau, on les retrouve cré-
» nelés, déchiquetés, fragmentés; c’est là une altération qui existe non-
» seulement dans le sang mélangé sous le microscope avec le poison,
» mais, ce qui est plus important, dans le sang d’un animal empoisonné,
» lequel sang est pris dans le cœur peu de temps après que ses battements
» ont cessé.
» Le sulfocyanure de potassium, versé directement en solution concen-
» trée sur le cœur ou sur les muscles d’un animal vivant, abolit très-rapi-
» dement les battements du cœur et l’irritabilité des muscles; si on exa-
» mine alors les fibres élémentaires de ces muscles, on voit que ces fibres
» élémentaires ne sont plus transparentes, elles sont parsemées de nom-
» breuses granulations longitudinalement disposées, et on n’y retrouve
plus de stries transversales. » |
» MM. Ollivier et Bergeron sont du reste d'accord avec M. Bernard pour
reconnaître que le sulfocyanure agit localement.
» Nos expériences ajoutent, il nous semble, quelque chose aux faits jus-
qu’à présent acquis; elles laissent intacts les résultats annoncés par M. Ber-
nard; mais il est quelques points, affirmés par MM. Ollivier et Bergeron,
qui nous paraissent devoir être considérés comme entachés d’erreur. Avant
d'exposer les conclusions auxquelles nous ont amenés les expériences
nombreuses que nous avons faites sur des animaux divers, grenouilles, sa-
lamandres, rats, cochons d'Inde, lapins, chats, chiens, et dont nous rela-
terons ci-après quelques-unes, disons d’abord un mot du but dans lequel
nous avions entrepris nos investigations. Nous cherchions dans le sulfo-
Cyanure un agent propre à neutraliser l'effet de la strychnine , et, pour
~ 5
x
( 1258 )
juger de ses effets, nous injections nue solution de sulfate de strychnine
sous la peau des grenouilles, puis une solution de sulfocyanure.
Noûs n’étions pas arrivés à constater de résultat bien net, sauf les phé-
nomènes tétaniques que nous rapportions à l'influence de la strychnine,
lorsque nous eùmes l'idée de commencer par l'injection de sulfocyanure,
puis, quelques minutes après, nous poussions l'injection de strychnine:
Les animaux ainsi traités présentaient d’abord des phénomènes de para-
lysie, mais mouraient constamment avec des accidents tétaniques. Nous
attribuions cette terminaison toujours identique à l'influence prédominante
de la strychnine sur le sulfocyanure, et, pour rétablir équilibre, nous
diminuions les doses de strychnine et nous augmenñtions celles de sulfo-
cyanure. Malgré nos efforts, l’animal mourait toujours avec des convul-
sions toniques, additionnées de convulsions cloniques, dans un état iden-
tique en apparence à celui déterminé par la strychnine.
Désirant vérifier l’état histologique des muscles sur une grenouille
tuée uniquement par le sulfocyanure, car celles qui saccombaient sous
l'influence combinée des deux agents dont nous nous servions ne nous
présentaient rien de particulier sous ce rapport, nous injectämes à un de
ces animaux une assez forte dose de sulfocyanure, et nous le mimes en
observation. L’injection avait été poussée sur une des pattes postérieures.
Il y eut d’abord une paralysie bien manifeste de cette patte, mais au bout
de quelque temps il survint un état tétanique des mieux caractérisés et ana-
logue à celui des grenouilles empoisonnées par la strychnine. Nous crûmes
d’abord à quelque erreur de notre part; mais èn répétant plusieurs fois
l'expérience, nous obtinmes toujours le même résultat.
Le sulfocyanure nous apparaissait donc doué à la fois dé propriétés
essentiellement différentes et semblant s'exclure, c’est-à-dire de propriétés
stupéfiantes et puis excitantes du système musculaire.
» Nous avons dù faire, pour éclaircir ce point, de très-nombreuses
expériences, et voici, en somme, les conclusions que nous pouvons for-
muler. Le sulfocyanure agit localement et par imbibition sur les muscles et
en détermine la paralysie. Il les rend impropres à se contracter sous l'in-
fluence de la volonté et sous celle des agents galvaniques. Il ne les rend pas
plus granuleux ni plus rapidement granuleux qu'ils ne le deviennent nor-
malement après la mort. Appliqué directement sur l’encéphale, il produit
des accidents tétaniques, c’est-à-dire des convulsions toniques entremêlées
de convulsions cloniques. Ces phénomènes surviennent encore et succè-
dent à la paralysie dans le cas où le sulfocyanure a été injecté sous la peau:
("1259 )
Ils paraissent dus, dans ce cas, à l’action que ce sel, passé dans le torrent
circulatoire, exerce sur les centres nerveux. Introduit à assez forte dose
dans les voies digestives, le sulfocyanure produit d’abord des accidents de
paralysie généralisés, puis des phénomènes tétaniques au milieu desquels
arrive la mort. |
» Nous avons pris en outre, grâce à l’obligeance de M. Marey, les tra-
cés des contractions musculaires de pattes de grenouilles après avoir injecté
sous la peau de ces pattes une solution de sulfocyanure, et l'amplitude des
contractions a suivi une marche rapidement décroissante. Sur des gre-
nouilles dont l’encéphale a été découvert et arrosé de quelques gouttes de
la solution, le tracé a été celui des contractions tétaniques.
» Nos expériences ont été trop nombreuses pour que nous puissions les
rapporter ici. Sur tous les animaux sacrifiés par le sulfocyanure, nous
avons pratiqué l’examen microscopique des muscles striés, et jamais nous
n'avons observé qu’ils fussent plus granuleux qu'ils ne le sont normale-
ment après la mort. »
PHYSIOLOGIE COMPARÉE. — Sur le développement du Puceron brun de l’Erable.
Note de MM. Bazsrani et Siexorer, présentée par M. Ch. Robin.
« Les faits observés récemment par M. Dareste pendant l’évolution du
poulet, et les déductions qu'il en a tirées relativement à la formation des
races chez les animaux, les exemples analogues, si concluants, que M. Nau-
din nous a fait connaître chez les végétaux, démontrent que, dans l’un et
l’autre règne, certaines anomalies du développement peuvent étre le point
de départ de races particulières. L'observation suivante prouve que cene
sont pas seulement de simples races qui sont produites de la sorte, mais que
des formes décrites comme des espèces ou même des genres véritables ne
reconnaissent parfois pas d'autre origine. |
» En 1852, un naturaliste anglais, M. J. Thornton, signala, sous le nom
de Phyllophorus testudinatus, un insecte hémiptère qu’il avait rencontré sur
les feuilles de l'’Érable commun (Acer campestre) et qu’il considéra comme
la larve d’une espèce indéterminée d’Aphide. Plus tard, en 1858, M. Lane
Clark l’observa également et le plaça, sous le nom de Chelymorpha phyllo-
phora, dans un genre intèrmédiaire entre les Aphides et les Coccides. Enfin,
en 1862, M. Van der Hœven, de Leyde, le décrivit aussi comme un genre
nouveau, en remplaçant les noms génériques de Phyllophorus et Chelymor-
C. K, 1867, 1°® Semestre. (T. LXIV, No 24.) 166
(.1260 )
pha par celui de Periphyllus, parce qu'ils étaient déjà employés à désigner
d’autres genres d'insectes, et notre Hémiptère reçut de l'illustre natura-
liste hollandais le nom de P. Testudo. De même que M. Thornton, M. Van
der Hœven le regarda comme la larve d’une Aphide dont la forme adulte
était encore inconnue. |
Ces courtes indications historiques résument tout ce que nous savions
sur cet insecte lorsque nous avons entrepris de notre côté quelques
recherches à son sujet, dont nous nous proposons de faire connaitre ici
les résultats. Nous nous sommes d’abord assurés que, loin de constituer une
espèce distincte ou même un genre nouveau, le Periphyllus n’était en réalité
autre chose que la larve d’une des espèces connues de Pucerons qui vivent
sur l’Érable, c’est-à-dire de l Aphis aceris, espèce brune que l’on rencontre
pendant une grande partie de l’année sur les feuilles et à l'extrémité des
jeunes pousses de cet arbre. Mais en même temps que nous constations ce
fait, nous avons été mis sur la voie d’une découverte des plus inattendues
et qui constitue une particularité nouvelle et fort remarquable du dévelop-
pement des animaux de ce groupe, qui nous offraient déjà de si curieux
phénomènes au point de vue de leur reproduction.
Il s’agit, en effet, de la faculté, devenue transmissible à toutes les géné-
rations d’une seule et même espèce, d’engendrer deux sortes d'individus,
les uns normaux, les autres anormaux, dont les premiers seuls, après leur
naissance, continuent le cours de leur développement et deviennent aptes à
reproduire l'espèce, tandis que les derniers conservent pendant toute la durée
de leur existence les formes qu’ils avaient en venant au monde et paraissent
incapables de se propager. Mais, de plus, ces deux catégories d'individus
présentent des caractères tellement tranchés, qu’à moins d’avoir assisté à leur
naissance et s’être ainsi assuré qu'ils sont réellement engendrés par des
femelles identiques, et quelquefois même par une seule et même mère, on
les considérerait inévitablement comme appartenant à deux espèces, voire
même à deux genres complétement différents. Or, l'un d’eux n'est autre
que le Periphyllus dont nous avons parlé au commencement de cette Note
en disant qu’il avait été décrit par tous les auteurs qui l'avaient observé
comme un genre à part dans la famille des Aphides.
» Telle est, en résumé, la singulière observation que nous avons faite
sur l’ Aphis aceris. Entrons maintenant dans quelques détails plus circon-
stanciés sur chacune des deux sortes d'individus dont se compose cette
espece.
( 1261 )
» Lorsqu'on examine à l'œil nu ou à la loupe les embryons du Puceron
brun de l’Erable, au moment où ils sont engendrés par les femelles, ou après
avoir ouvert le corps de celles-ci, on constate tout d’abord qu'ils n’ont pas
la même coloration chez tontes. Chez quelques-unes, ils sont d’un vert
assez vif, tandis que chez d’autres leur couleur est plus ou moins brunâtre
ou brun-verdâtre. En les étudiant à l’aide du microscope, on ne tarde pas à
apercevoir des différences plus importantes. Les embryons bruns n'offrent
rien de particulier à noter, et ne diffèrent de leurs mères que par des ca-
ractéres analogues à ceux que l’on remarque dans toutes les espèces de
Pucerons entre les jeunes individus nouvellement nés et les femelles adultes.
De même que chez ces dernières, leur corps et ses appendices sont garnis
de poils simples assez longs, et ils renferment déjà, comme toutes les jeunes
Aphides au moment de la naissance, des rudiments d’embryons dans l’inté-
rieur de leur appareil générateur. Si nous considérons, au contraire, les
embryons verts, nous constatons immédiatement, outre leur coloration
particulière, des différences très-tranchées entre eux et leurs congénères de
couleur brune. Les diverses parties du corps et des membres n’offrent pas
la même conformation que chez ces derniers, mais on est frappé surtout du
développement extraordinaire et de l’aspect insolite de leur système tégu-
mentaire. En effet, ce ne sont plus seulement de simples poils qui garnissent
leur surface, mais encore, et principalement, des folioles écailleuses trans-
parentes, plus ou moins arrondies ou oblongues, parcourues par des ner-
vures divergentes et ramifiées. Ces folioles occupent surtout le bord antérieur
de la tête, le premier article des antennes qui est très-gros et protubé-
rant, l’arête externe des tibias des deux paires de pattes antérieures et les
bords latéraux et postérieur de l'abdomen. En outre, toute la surface dor-
sale de celui-ci et du dernier segment thoracique est recouverte d’un dessin
ayant l’aspect d’une mosaïque composée de compartiments hexagonaux, et
qui n’est pas sans analogie avec la marqueterie formée par les plaques
écailleuses de la carapace des tortues. Ces détails donnent à notre insecte
une grande élégance d’aspect qui le fait rechercher des amateurs du micro-
scope en Angleterre, où il est vulgairement connu sous le nom de leaf-insect.
L'animal tout entier est fortement aplati et ressemble à une petite écaille
appliquée à la surface de la feuille sur laquelle il repose, et où il faut une
certaine attention pour le découvrir. er
» Un autre caractère remarquable de ces individus anormaux de | Aphis
aceris est l’état rudimentaire de leur appareil générateur. se est réduit
166..
( 1262 )
à quelques groupes de petites cellules pâles et peu visibles, dont aucune
n'arrive à maturité pour se transformer en un embryon, et il conserve ce
caractère aussi longtemps qu'il est possible d'observer l'animal. Les fonc-
tions de nutrition ne s’exécutent non plus chez eux que d’une maniere peu
énergique ; car, depuis le moment de leur naissance jusqu'à celui où l’on
cesse de les observer, ils n’acquièrent qu’un faible accroissement de taille,
celle-ci atteignant à peine 1 millimètre. Ils ne subissent aucune mue, ne
prennent jamais d’ailes comme les individus reproducteurs, et leurs an-
tennes conservent toujours les cinq articles qu’elles présentent chez toutes
les jeunes Aphides avant le premier changement de peau. Cependant ils
possèdent un rostre bien développé et un canal intestinal dont nous avons
distinctement observé les contractions péristaltiques. Bref, dans l’espace de
plusieurs mois pendant lesquels on peut les observer, c’est-à-dire depuis
mai jusqu’à novembre, on ne constate aucun changement dans leur état, et
ils disparaissent avec les feuilles qui les portent, sans qu'il soit possible de
connaitre ce qu’ils deviennent ultérieurement.
» Nous nous sommes naturellement demandé quelle était la significa-
tion de ces individus anormaux du Puceron de l’Érable et quel rôle ils
remplissaient dans les fonctions de reproduction de l'espèce à laquelle ils
appartiennent. Ce ne sont évidemment pas des mâles, puisque leur appareil
générateur conserve la même forme rudimentaire, quelle que soit l'époque
à laquelle on les examine. En outre, dans aucune espèce connue de Puce-
rons, les måles ne sont engendrés en même temps que les individus vivi-
pares, lesquels ne sont pas les véritables femelles de l'espèce. Il ne reste donc
d'autre alternative que de les considérer comme une modification du type
spécifique, incessamment reproduite, avec les mêmes caracteres, par les
générations normales qui se succèdent. Nos Pucerons anormaux sont à la
vérité dépourvus de la faculté de se reproduire, soit par génération sexuelle,
soit de toute autre manière; mais depuis les observations de M. H. Landois
sur la loi du développement sexuel des insectes, nous savons que chez
ceux-ci les sexes sont simplement liés aux conditions d’alimentation de la
larve. De ce que, dans l’état actuel des choses, ces conditions ne se sont pas
encore rencontrées pour l’une des deux sortes de larves de F Aphis aceris, il
ne faudrait pas conclure qu’elles ne puissent se réaliser un jour, et, en ac-
quérant ainsi, avec les attributs des sexes, la faculté de se propager direc-
tement d’une manière indéfinie, ces individus anormaux deviendront à leur
tour l'origine d’une espèce nouvelle produite par déviation d’un type spéci-
fique antérieur. »
( 1263 )
M. Tovurwaz adresse une Note relative aux phénomènes de mouvement
prolongé offerts par les semences de Tamarix parvenues à maturité.
La séance est levée à 5 heures et demie. G:
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.,
L'Académie a reçu, dans la séance du 17 juin 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Hydrologie générale ou Dissertation sur la nature , les qualités et les usages
des eaux naturelles et artificielles, minérales et potables. Thèse par M. Ant.-
Alves FERREIRA. Paris, 1867; 1 vol. in-4° avec figures. (Présenté par
M. Dumas.)
Appendice au compte rendu sur le service du recrutement de l’armée. Statis-
tique médicale de l’armée pendant l'année 1865. Paris, 1867; 1 vol. in-4°.
(2 exemplaires.) ;
Les ports militaires de la France. Rochefort; par M. BOUCHET. Paris, sans
date; br. in-8° avec plan et planches. (Extrait de la Revue maritime et co-
loniale. ) |
Les ports militaires de la France. Cherbourg; par M. DE BON. Paris, sans
date; br, in-8° avec plan et planches. (Extrait de la Revue maritime et co-
loniale.) | i si ii ni
Des phénomènes glaciaires; par M. Ch. CONTEJEAN. Niort, 1867; br. in-8°.
Recherches de physique et de chimie (1866); par M: J. NicKLÈs. Nancy, 1867;
br. in-8°. |
` Recherches anatomiques et paléontologiques pour servir à P histoire des oiseaux
fossiles de la France; par M. Alph. MILNE EDWARDS. 5°, 6°, 7° livraisons,
texte et planches. Paris, 1867; in-4°. `
Les Merveilles de la Science; par M. Louis FIGUIER. 12° série. Paris, 1867;
in-4° illustré. |
Des idées innées: de la
Paris, 1867; br. inrBnrsuÀ i
Étude sur la maladie psorospermique
mémoire et de l'instinct; par M. BOUCHER DE PERTHES.
des vers à soie; par M. G. BALBIANI:
( 1264)
Paris, 1867; br. in-8°, (Extrait du Journal de l Anatomie et de la Physiologie.)
(Présenté par M. Ch. Robin.)
Assainissement et culture du delta des grands fleuves. Expériences dans le
delta de l Ebre; par M. J. CARVALLO. Paris, sans date; in-4°.
Exposition universelle de Paris 1867. Notices sur les instruments exposés par
la Société genevoise pour la construction des instruments de physique; par
M. Taury. Geneve, 1867; in-4° autographié.
Anatomie et physiologie du poumon considéré comme organe de sécrétion ;
par M. FORT. Paris, 1867; br. in-8°.
Guérison de la phthisie pulmonaire tuberculeuse par la gymnastique pulmo-
naire; application à la cure de l'asthme des névroses, dépendant d'une héma-
tose incomplète, de la méthode respiratoire; par M. S. GUIRETTE. Paris, 1867;
in-8°.
Société de prévoyance des pharmaciens de la Seine, assemblée générale an-
nuelle du 10 avril 1867. Paris, 1867; br. in-8°. (2 exemplaires.)
Annuaire de la propriété foncière de Paris; par M. Max. MAUCORPS.
Paris, 1867; in-12.
Nivellement de précision de la Suisse, exécuté par la Commission géodésique
fédérale, sous la. direction de MM. Hirson et PLANTAMOUR. Genève et
Bâle, 1867; in-4°.
Mémoire sur les Microcéphales ou Hommes-Singes ; par M. Ch. Voert. Ge-
nève, 1867; in-4° avec planches. (Présenté par M. de Quatrefages.)
Recherches sur la vitesse du cours du sang dans les artères du cheval au moyen
d’un nouvel hémadromographe; par M. L. LORTET: Paris, 1867; in-4° avec
figures. (Envoyé au concours de Physiologie expérimentale.)
Le charbon, pustule maligne, sang de rate, maladies charbonneuses; par
M. Ch. BABAULT. Paris, 1867; in-32. (Envoyé au concours Bréant.)
Le procès du matérialisme, étude philosophique par M. Félix LUCAS.
Paris, 1867; in-12.
Nouveaux documents concernant l ‘éliologie saturnine de la colique sèche des
pays chauds; par M. A. LEFÈVRE. Paris, sans date; br. in-8°. (Envoyé au
concours des Arts insalubres. )
Naturhistorisk... Journal d'Histoire naturelle faisant suite à celui de M. H.
Kroyer, publié par M. le prof. J.-C. Scmoprte. T. I°, fascicules 2 et 3; t. I,
( 1265 )
fascicules 1, 2, 3; t. III, fascicules 1, 2, 3; t. IV, fascicules 1 et 2. Copen-
hague , 1861 à 1866; 8 brochures in-8° avec planches.
Oversigt... Comptes rendus des travaux de l’ Académie royale des Sciences
de Danemark pour l'année 1864, publiés par le professeur G. FORCHHAM-
MER. Une livraison, année 1865, janvier, février et mars; une livraison,
année 1866, du 12 janvier au 15 juin; 4 livraisons publiées par M. J.-S.
STEENSTRUP. Copenhague, 1865 et 1866.
Videnskabelige... Communications scientifiques de la Société d'Histoire
naturelle de Copenhague pour les années 1864 et 1865. Copenhague, 1865-
1866; 2 vol.
Uber.... Sur le problème du maximum d'un tétraèdre dont la surface
totale est donnée, étendu au cas où l’on considère plus de trois dimensions; par
M. C.-W. BORCHARDT. Berlin, 1867; in-4°.
Bestimmung... Détermination du tétraëdre du plus grand volume pour une
valeur donnée de la surface totale des quatre faces; par M. C-W. BORCHARDT.
Berlin, 1866; in-/4°.
Ueber... Sur l’origine des animaux de l'époque actuelle. Esquisses zoogéo-
graphiques; par le professeur RUTIMEYER. Bâle et Genève, 1867; in-4°.
À new operation... Nouvelle opération pour l'établissement d’une articu-
lation coxo-fémorale dans le cas d’ankylose osseuse, avec deux observations à
l'appui; par MM. LEWIS et SAYRE. Albani, 1863; br. in-8°.
Caldaje.. Chaudière solaire ou Nouvelle méthode pour échauffer l’eau sans
combustible, 2° Mémoire; par M. G. Mocenigo. Vicence, 1867; br. in-8°.
Le proprieta... Les propriétés des petites ouvertures par rapport à lor-
gane de la vue avec les lunettes à trous; par M. G. Apamo. Cosenza, 1867;
br. in-8°.
Statistiske... Résultats statistiques obtenus sur 3000 cas de grossesses ou d’ac-
couchements observés à l hospice de la Maternité de Christiania; par MM. F.-C.
Fave et H. Vocr. Christiania, 1866; br. in-8°.
‘sou, Ammo
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 24 JUIN 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
he ne mp
_ MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. ce Manisree pe L’Éxsrrucrion PUBLIQUE transmet une ampliation du
Décret impérial qui approuve la nomination de M. Fvon Villarceau à la
dernière des trois places créées par le Décret du 3 janvier 1866 dans la Sec-
tion de Géographie et Navigation.
Il est donné lecture de ce Décret.
Sur l'invitation de M. le Président, M. Yvon VizrarcEaU prend place
parmi ses confrères.
ANALYSE. — Réduction au second degré d'une équation indéterminée en x et y,
du troisième degré relativement à x ou y; par M. V.-A. Le Brseur.
« Cette équation est la suivante $
a) | (x° cosy + xy) (y> cosy + xy)
| = cosy[a(y*cosy + £y) + b(x?cosy + æy )].
t autre facteur constant; mais en Con-
cosy pourrait être remplacé par tou
e le lieu des foyers des coniques
servant cosy, l'équation (1) représent
(2) Ay° + Ox” = Ab + Ca
167
C. R., 1867, 1°" Semestre. (T. LXIV, N° 26.)
el i x .
f Ya i \ h TE T: A gp
aa À 6 S SX ape RTE
( 1268 )
à C ie $ : i
variables avec —+ Pour a et b positifs, les coniques sont circonscrites à un
parallélogramme dont les côtés 2Va, 2Vb font l'angle y. Cet angle y est
celui des axes de coordonnées pour les équations (1) et (2).
» L’équation (1) revient à
(3) (x?cosy + xy — a cosy) (y? cosy + æy — b cosy) = ab cos’,
transformation qui conduit aisément aux formules suivantes.
» L’équation (1) peut aussi être mise sous la forme
a + bd
cosy
xy (x cosy +y) (y cosy + x) = cos’ y (ar + xy + ba):
Cette équation a été donnée par M. Painvin, à la notation près.
» Soit z une variable indépendante. Si l’on pose
P = a?z° + 2abcos27yz + b? = (az + bcos2y) + b?sin*27
= (b + acos2yz) + a? sin°2yz?,
on aura les équations
(4) vE y = < [VP — (b + acosyz)|,
à T+3z == j
(5) 27° Sin y = — | VP — (az + bcos2y)|,
(6) axy sin? y = ET cosy (as + b — yP),
(7) x? + axy cosy + y? = = VP.
La valeur de P montre que, le radical étant pris avec le signe + pour la
r L La I ps Z A T . e
réalité de x et de y, < devra être positif. Ce sera le contraire si le
radical a le signe —.
» L’équation (6) indique la correspondance des signes de x et de y.
» L'équation (7) exprime la distance du centre aux foyers dans les
coniques variables.
» Ces résultats, bien faciles à vérifier, seront démontrés dans un pro-
chain Mémoire. »
THÉORIE DES NOMBRES. — Théorème sur les racines primitives;
par M. V.-A. Le Bescue.
« Le Compte rendu du 24 décembre 1866 contient une Note où il est
parlé de la construction du Canon arithmeticus. J'avais promis une conti-
( 1260 )
nuation; mais j'ai pensé devoir la supprimer. Tous les détails nécessaires à
ce sujet paraîtront dans un Mémoire suffisamment développé.
» J’ajouterai ici, par occasion, l'énoncé d’un théorème sur les racines
primitives. La démonstration ne présente pas de difficultés :
» Soit g < p une racine primitive pour le module premier p; soit encore
8 <p et g'Œ= gP (mod. p). Le nombre g'< p sera aussi racine primitive.
Ces racines g, g', satisfaisant à la condition gg —=1 (mod. p), sont associées.
L'une d'elles au moins est racine primitive pour le module p”, quel que soit
lexposant n. »
GÉOLOGIE. — Observations géologiques faites dans la vallée de l Amazone.
Extrait d’une Lettre de M. Aeassız à M. Élie de Beaumont.
« Cambridge, le 4 novembre 1866.
» Je puis en quelques mots vous donner une idée du résultat principal
de mes observations géologiques sur les bords de l’ Amazone. Tout le fond
de la vallée de ce grand fleuve est occupé par une sorte de lœss dont la
partie moyenne est très-durcie; c’est une espèce de grès, recouvert par
une argile sableuse ochracée, dans lesquels le grand fleuve a creusé son lit.
J'ai poursuivi ces dépôts depuis Para jusqu’au Pérou et sur les bords de
tous les grands affluents de Amazone. Le long du Rio-Negro je les ai
suivis jusqu’au delà de la jonction du Rio-Bianco avec le Rio-Negro, en
sorte que j'ai pu me convaincre de leur identité avec les terrains de la
vallée de l’Orénoque que M. de Humboldt a décrits comme du vieux grès
rouge. J'ai acquis la certitude qu’à l’embouchure de l’Amazone ces terrains
s'étendaient à deux ou trois cents milles géographiques au delà des côtes
actuelles du Brésil, si bien qu'avant d’être envahis par l'océan Atlantique
tous les fleuves de la côte nord du Brésil, et en particulier ceux des pro-
vinces de Maranhoä et de Pianhy, étaient des affluents de l Amazone, qui
alors poursuivait son cours sur ces terres basses jusque vers le méridien
de Céara. On arrive directement à cette conclusion par la comparaison des
dépôts qui remplissent le fond des bassins du Parnahyba et du Maranhoå
avec ceux du lit de l'Amazone et de ses affluents et ceux des côtes du
cap Nord, de l'ile de Marajo et des bords de la mer de Para à Céara.
Partout on y rencontre des forêts sous-marines. C'est l'envahissement le
plus considérable de l'Océan, dans les temps modernes, que je connaisse.
» Les dénudations qui ont eu lieu dans le bassin mème de l’'Amazone
sont sur une échelle également colossale : car bien qu’en général > niveau
t67..
( 1270)
ne dépasse pas une cinquantaine de pieds au-dessus des eaux du fleuve,
ce Îœss atteint sur plusieurs points une épaisseur de près de mille pieds.
C'est, entre autres, le cas dans les collines à dos plat des environs de Mon-
talegre. Ces collines, décrites et figurées par Martius et par Dates comme
des éperons du plateau de la Guyane, n’ont rien de commun avec les ter-
rains anciens qui bordent au nord la vallée de l’ Amazone. Ce sont tout
simplement des masses de lœss ravinées et qui doivent l’horizontalité de
leur sommet à des couches plus dures interposées, à divers intervalles,
entre les dépôts de matières menues dont se compose l’ensemble de cette
formation. Il y a peu d’alluvions dans la vallée de l Amazone; par-ci par-là
seulement quelques îles basses de limon. Le grand fleuve balaye générale-
ment pendant les hautes eaux les dépôts qu'il forme lorsque ses eaux sont
moins élevées. R
» J'ai rapporté de très-beaux fossiles crétacés du bassin de l’Amazone,
recueillis par M. Chandlers sur les bords du Purus, par le 10° degré de
latitude sud. Ce sont principalement des ossements, dents, etc., de Mosa-
saurus, des tortues et des poissons très-voisins de ceux de Maestricht. En
reliant ce dépôt avec celui des poissons du Céara que vous m'avez com-
muniqués il y a près de vingt-cinq ans (1), on est naturellement conduit à
envisager le bassin de l Amazone comme un grand bassin crétacé. Les dé-
pôts dont je vous parle ci-dessus, comme l'équivalent amazonien du loss,
reposent sur ces couches crétacées. Il est donc impossible de leur attribuer
une haute antiquité géologique, comme lont fait Humboldt et plus récem-
ment Martius, qui lės considère comme du trias. »
« Après avoir donné lecture de la Lettre de M. Agassiz, M. LE SECRÉTAIRE
PERPÉTUEL fait observer que le lœss des rives de l’Amazone rappelle
naturellement le limon pampéen (losca) qui, d’après les observations de
M. Alcide d’Orbigny, forme les falaises des rives du Rio de la Plata et du
Parana et le sol uniforme du grand bassin des Pampas de Buénos-Ayres (2).
» Ce lœss rappelle également le limon qui forme les Bluffs des rives du
Mississipi et le sol d’une partie considérable de la vallée de ce grand fleuve,
et peut-être se rapproche-t-il aussi des bonnes terres à coton des États méri-
dionaux de l'Union américaine (3).
(1) Voyez Comptes rendus, t. XVIII, p. 1007; 1844.
(2) Voyez Comptes rendus, t. XVII, p. 303; 1843.
(3) Voyez Comptes rendus, t. XVI, p. 535; 1843.
(rar)
» Dans ces vastes contrées, qui traversent le continent américain du nord
au sud, le limon repose fréquemment sur les terrains crétacés, dont il n’est
séparé que par des dépôts tertiaires d’une médiocre importance.
» Les bassins des grands fleuves du nouveau monde se trouvent ainsi
avoir, dans leur constitution géologique, des rapports généraux avec lè
bassin de la Somme où le læss proprement dit et le limon jaune de Picar-
die, qui n’est qu’un lœss d’une origine plus ancienne (1), reposent souvent
sur la craie, dont ils ne sont séparés que par des lambeaux peu épais de
terrain tertiaire éocène ou miocène. »
M. Crausius, en présentant à l’Académie la seconde et dernière partie de
ses Mémoires sur la Théorie mécanique de la chaleur, s'exprime comme il
suit :
« J'ai déjà eu l'honneur, en 1864, de présenter à l’Académie la pre-
mière partie de cette collection. Cette seconde partie contient les Mémoires
sur l’application de la théorie mécanique de la chaleur à l'électricité, et
ceux dans lesquels j'ai exposé mes idées sur la nature du mouvement que
nous nommons chaleur, J'y ai ajouté un Mémoire sur la théorie générale ;
ce Mémoire est destiné à faciliter l'application des équations fondamentales
de la théorie mécanique de la chaleur, et il contribuera, j'espère, à faire
reconnaître de plus en plus et la justesse et l'importance de ces équations. »
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com-
mission chargée de décerner le prix de Statistique (fondation Montyon)
pour 1867.
MM. Bienaymé, Dupin, Mathieu, Passy, Boussingault réunissent la
majorité des suffrages.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com-
mission chargée de décerner le prix Bordin pour 1867 (question relative à
la direction des vibrations de l’éther dans les rayons de lumikre polarisée).
MM. Fizeau, Duhamel, Pouillet, Regnault, Bertrand réunissent la majo-
rité des suffrages.
(1) Voyez Comptes rendus, t. XIV, p. 99; 1842.
(1272 )
RAPPORTS.
M. Marav donne lecture de la Note suivante, relative à la communi-
cation récemment faite par M. Léon :
« L'Académie a reçu, le 10 juin, de M. Léon, ingénieur en chef des
Ponts et Chaussées, une Note sur notre système monétaire. Cette Note,
présentée par M. Chasles, a été renvoyée à une Commission composée de
MM. Mathieu, Regnault et Peligot. L'importante question des monnaies
internationales est aujourd’hui l’objet des études spéciales d’une Commis-
sion diplomatique au Ministère des Affaires étrangères et du Comité des
poids et mesures, et des monnaies à l'Exposition universelle. Dans cet état
de choses, il n’y a pas lieu de faire un Rapport sur la Note de M. Léon;
cependant nous pouvons dire qu’elle est rédigée dans un bon esprit, et
que l’auteur s’est toujours appuyé sur les documents législatifs et sur les
faits considérables qui se sont manifestés depuis un certain nombre d’an-
nées dans la production des métaux précieux. »
MÉMOIRES LUS.
HYDRAULIQUE. — Mémoire sur la théorie des roues hydrauliques; par M. pe
Pausour. (Extrait par l’auteur.)
(Commissaires précédemment nommés : MM. Poncelet, Morin, Combes,
Delaunay.)
« Le Mémoire que nous avons l'honneur de présenter à l’Académie se
compose de six articles. Les cinq premiers sont consacrés chacun à une
espèce particulière de roues hydrauliques, savoir : les roues à aubes planes,
les roues de côté, les roues à augets, les roues à aubes courbes et les tur-
bines. Ce sont les roues le plus en usage. Le sixième article contient la
recherche du maximum d'effet utile pour les mêmes roues. Des Notes à ce
sujet ont déjà été communiquées par nous à l’Académie; mais ce sont des
aperçus dont le présent Mémoire comblera les lacunes. Nous en donnerons
un court résumé.
» Les premiers essais sur le calcul des roues hydrauliques remontent
aux travaux de Newton, en 1666. Cent ans après, c’est-à-dire en 1766,
Borda donna les formules qui sont encore en usage. Elles ont donc duré
cent ans. Ces formules étaient très-insuffisantes cependant. Elles ne tenaient
pas compte du frottement de la roue, ni de la résistance de l'air, ni du
(1273)
rayon d’impulsion de l’eau, ni du jeu de la roue dans le coursier, ni du
frottement additionnel causé par la charge. Enfin, elles donnaient, pour la
détermination des effets utiles, des nombres qui étaient en excès de 26 à
5o pour 100, selon les cas, sur ceux de l’expérience.
» C’est à la suite de la publication de notre Traité des machines locomo-
tives et de la Théorie des machines à vapeur que nous avons conçu l’espé-
rance de faire disparaitre ces inexactitudes. Dans ces deux ouvrages, ainsi
que dans une série de Notes ou Mémoires auxquels l’Académie a bien
voulu accorder son approbation, nous avions tenu compte du frottement
propre des machines, de leur frottement additionnel et de la résistance de
l'air. De plus, nous avions développé une théorie des machines à vapeur
fondée sur deux principes connus, ou plutôt évidents d'eux-mêmes, mais
qui jusque-là n'avaient pas été appliqués à cet objet : le premier, que
puisque la machine est arrivée au mouvement uniforme, ce qui a toujours
lieu au bout de quelques instants, il faut bien que la puissance soit égale à
la résistance, car sans cela le mouvement serait accéléré ou retardé, selon
celle des deux forces qui serait dominante ; le second, que la machine
étant parvenue à l'état qu’on appelle le régime, il faut que la quantité de
matière motrice, eau, gaz ou vapeur dépensée, par la machine, soit égale à
la quantité de matière motrice qui lui est fournie dans le même temps. Ces
deux principes déterminent deux équations qui ont suffi pour établir la
théorie dont il s’agit, et les formules qui en sont résultées ont été confir-
mées par l'expérience dans les machines à vapeur des divers systèmes.
» Nous avons pensé, dès l’origine, que ce mode d'analyse devait s'étendre
aux roues hydrauliques. Dans ces roues, il est vrai, celui des deux principes
qui concerne le régime se réduit à une identité, parce que l'eau qui ali-
mente les roues hydrauliques ne change pas d’état pendant son action,
comme celle qui alimente les machines à vapeur. Mais cette circonstance
n’amène que plus de simplicité dans le calcul, car la condition de l'équi-
libre des forces suffit alors pour arriver à la solution désirée. Rien ne pou-
vait donc s’opposer à l'application de la même théorie aux roues bydrauli-
ques, C’est le but que nous nous sommes proposé dans le présent Mémoire.
Le calcul, établi de cette manière, a l'avantage de comparer directement
les forces et non leurs effets, ce qui simplifie la question en écartant les
équations de degré supérieur ; il permet d’analyser tous les détails de l'ac-
tion de ces forces, au lieu de les comprendre dans un effet sommaire,
résultant de la perte de force vive; et enfin il rapporte tout le travail
produit, au mouvement uniforme qui est le plus simple de tous, au lieu de
(1274 )
le rapporter, comme on le fait d'ordinaire, au mouvement uniformément
accéléré de la pesanteur.
» Pour l'application numérique de cette théorie aux roues hydrauli-
ques, une des conditions les plus importantes était la détermination du
frottement additionnel. Ce surplus de frottement, causé par la charge,
n’avait jamais été compté. C’est donc la première recherche que nous avons
dů entreprendre. Un second point était d'introduire dans le calcul une
mesure plus exacte de la hauteur de chute de l’eau, en tenant compte du
gain ou de la perte de hauteur qu’éprouve l’eau motrice pendant son
action dans la roue. Cet effet avait été négligé. On ne considérait la chute
de l’eau que jusqu’au moment où elle commence à agir sur la roue, tandis
qu'il faut continuer de la compter jusqu’à la fin de son action.
» Pour les cas où il y a fuite d’eau par le jeu de la roue, nous devions
également calculer la perte de travail qui en résulte. L'introduction de
cette circonstance dans le calcul manquait des éléments nécessaires, lors-
qu’on voulait se servir d'expériences déjà faites , parce que les personnes
qui avaient fait ces expériences, ne prévoyant pas qu’on emploierait le jeu
de la roue comme une des bases du calcul, s'étaient contentées d’en faire
connaître la mesure avec une exactitude suffisante pour faire apprécier
l'exécution de la roue, mais généralement insuffisante pour en faire le calcul.
Enfin, nous avons dù introduire dans les formules le rayon d'impulsion de
l’eau sur les aubes, et il faut remarquer que ces diverses corrections sont
essentiellement variables avec la charge ou la vitesse de la roue.
» Pour exécuter les calculs, le frottement propre des roues a été pris,
autant que possible, en raison de leur poids, d’après les belles expériences
de M. le général Morin; la résistance de l'air a été calculée d’après les
expériences de M. Thiébault, confirmées par celles que nous avons faites
nous-même sur les wagons des chemins de fer. Enfin, nous avons eu
également recours aux remarquables travaux de M. le général Poncelet
sur les roues à aubes courbes, dont l'invention lui appartient.
» C’est avec ces éléments que nous avons entrepris de refaire les for-
mules en usage. Dans les roues à aubes planes, les roues de côté et les
roues à aubes courbes, les corrections indiquées suffisaient. Mais ce n'était
pas assez pour les autres roues. En ce qui concerne les roues à augets, il ny
avait pas réellement de théorie, puisqu'on calculait l'effet de la gravité en
multipliant simplement le poids de l’eau motrice par la différence de hau-
teur entre le point d'arrivée de l’eau sur la roue et le pied de la chute :
c'est-à-dire que l’on calculait comme si les augetsse vidaient au point le plus
(275 )
bas de la roue, tandis que la théorie consiste précisément à rejeter cette
supposition et à chercher quel est le point où l’eau sort de la roue, selon
la charge ou la vitesse du mouvement. De nouvelles études à ce sujet étaient
donc nécessaires.
» Il en était de même des turbines. On n’avait point de formules pour
ces roues. Un beau travail, dû à un illustre Membre de cette Académie et
contenant des aperçus très-utiles, s'était arrêté à des tracés de courbes
hors de la portée des praticiens. Il fallait une nouvelle théorie, d’une ten-
dance plus directe. C’est surtout dans cette recherche que le principe de
l'équilibre des forces nous a été utile. Avec son emploi, tout le calcul s’est
simplifié; et en y introduisant des forces qu’on n'avait pas considérées jus-
que-là, savoir : d’une part la force de réaction, et d'autre part (outre
la force centrifuge de la roue) la force centrifuge des aubes et celle des
directrices, on a pu arriver, pour ces roues, à une équation très-simple et
tout à fait pratique.
» Après avoir donné les formules de chaque espèce de roue, nous avons
voulu comparer leurs résultats avec les faits observés; et, pour cela, nous
avons pris des expériences déjà connues, en choisissant celles qui avaient
été faites par les hommes les plus distingués dans la science. Dans tous les
calculs que nous avons dù faire à cet égard, et qui sont rapportés dans notre
Mémoire, nons avons trouvé que les résultats du calcul ne différaient de
ceux de l’expérience que de 1 à 4 pour 100, tandis que les anciennes for-
mules, appliquées en même temps et aux mêmes roues, donnent des résul-
tats qui différent de 26 à 5o pour 100 des chiffres de l'expérience. On trou-
vera dans le Mémoire tout ce qu'il faut pour vérifier ces résultats.
» On pourra trouver que le calcul fait par la méthode proposée exige
plus de temps que celui qui était en usage auparavant. Mais qu'est-ce que le
temps donné, en une fois, à un calcul, quand on le compare aux intérêts
permanents engagés dans des moteurs si nombreux et appliqués à de si
grandes industries ? »
M. Arror lit un Mémoire tendant à expliquer, par des actions molécu-
laires, les résultats récemment obtenus par M. Becquerel sur les effets
chimiques produits dans les espaces capillaires. |
Suivant l’auteur, ce sont surtout les condensations qu’occasionnent suc-
cessivement les actions moléculaires dans les petits espaces qui entretiennent
les effets chimiques : les résultats signalés par.M. Becquerel spa
1
C. R., 1867, 1er Semestre. (T. LXIV, No 95.)
(1276 ))
une preuve nouvelle à cette assertion, que les actions moléculaires déter-
minent un grand nombre de phénomènes jusqu'ici inexpliqués.
(Commissaires : MM. Becquerel, Pouillet, Regnault.)
M. Zauwski-Mixonski lit une Note « sur le perfectionnement de la pile ».
L'auteur a constaté par l'expérience ce résultat, que si l'on augmente la
hauteur des éléments d’une pile, sans modifier leur base, on obtient un
courant proportionnel à la hauteur.
Il a constaté, en outre, qu’on augmente l'énergie et la durée d’une pile
de Bunsen en adoptant la disposition suivante : il place deux vases poreux
l’un dans l’autre, et verse dans le premier, qui contient un charbon, de.
l'acide azotique; dans le second, de l'acide sulfurique; enfin dans le vase
extérieur, qui contient un zinc, une solution de sel ammoniac. Aucune
effervescence ne se produit, et le zinc se consume sans déperdition inutile.
(Commissaires : MM. Becquerel, Pouillet, Regnault.)
M. Canon lit un Mémoire relatif au lait artificiel dont la composition a
été récemment indiquée par M. Liebig, et au mode d’alimentation qui lui
paraît devoir être adopté pour les nouveau-nés.
` (Renvoi à la Section de Médecine.)
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
PHYSIOLOGIE. — Note sur les prétendues vibrations de la contraction musculaire ;
par M. Cu. Rover.
(Commissaires : MM. Coste, CI. Bernard, Longet.)
« On a récemment émis l'opinion que la contraction permanente ne
consiste pas dans un raccourcissement continu et persistant des fibres
musculaires, mais qu’elle est, au contraire, constituée par une succession
de petites secousses ou vibrations semblables à celles des corps sonores. |
» Cette opinion, qui semble au premier abord concorder assez exacte-
ment avec les faits fournis par l’auscultation du muscle en contraction, est
cependant en opposition avec les données les plus certaines de l’observa-
tion relative aux caractères essentiels de la contraction musculaire nor-
male.
(4277 )
» L’examen microscopique permet de constater les mouvements des cils
vibratiles, beaucoup plus rapides que ne le sont assurément les vibrations
supposées des muscles des membres chez les Vertébrés et les Articulés.
Jamais il ne fait voir de véritables vibrations dans les muscles en état de
contraction permanente; leur immobilité est telle, au contraire, qu'il est
possible, chez les Crustacés et certaines larves de Diptères vivantes, de pho-
tographier très-nettement les fines stries transversales des faisceaux con-
tractés.
» Les courbes de contraction permanente, enregistrées à l’aide d’un myo-
graphe, présentent, dans certaines conditions, des ondulations ou des vibra-
tions. Celles-ci n’existent jamais (sauf dans certaines conditions excep-
tionnelles) qu’au début de la contraction; elles finissent par disparaître, et
la ligne de contraction reste droite, indiquant un état fixe et permanent.
On a cependant prétendu qu’alors même il existait des vibrations, qui nous
échappaient à cause de leur petitesse.
» Si cette hypothèse avait le moindre fondement, il eùt été facile de lui
fournir l'appui d'une démonstration et d'amplifier les vibrations de façon
à les rendre visibles dans tous les cas, L'expérience démontre au contraire
que, lors même que les dernières ondulations inscrites mesurent plus d’un
centimètre de longueur, une ligne droite leur succède sans transition quand
la période de la contraction continue est atteinte. Un certain nombre d'in-
terruptions électriques par seconde donnant une série régulière d’ondula-
tions dont chacune mesure un centimètre et plus, en doublant le nombre
des interruptions on doit obtenir, si la théorie précitée est exacte, une
nouvelle ligne d’ondulations, en nombre double et plus petites de moitié,
mais encore faciles à mesurer et à enregistrer. Au lieu de cela, on obtient
une ligne de contraction parfaitement droite, qui succède promptement à
quelques rares ondulations du début.
» Avec un même nombre d’interruptions, les ondulations correspon-
dantes, nettes et bien accusées dans les premieres contractions sur toute la
longueur du tracé, disparaissent pour faire place à une ligne de contraction
parfaitement droite, si l’on augmente la force du courant électrique ou si le
muscle se fatigue par une succession continue de contractions.
» Si les excitations intermittentes présentent un degré de fréquence suffi-
sant, le tracé de contraction permanente donne dès le début une ligne
ascendante, dépourvue de toute trace d'ondulations. Celles-ci ne se montrent
que quand les excitations successives ne sont ni assez nombreuses ni assez
rapprochées. 168
( 1278 )
» Aussitôt que l'intensité d’excitation suffisante est obtenue, soit par
l'addition successive des excitations, soit par l’accroissement d’intensité du
Courant, soit par la diminution d’intensité de l'allongement (résultat de
l'épuisement de la nutrition), la contraction devient permanente et con-
tinue, sans vibrations d'aucune espèce. |
» Les résultats de l’auscultation concordent parfaitement avec l’observa-
tion des tracés enregistrés par le myographe. La contraction musculaire
est accompagnée d'un son tant-que les excitations se succèdent et s’ajoutent
sans atteindre encore le degré nécessaire pour la contraction soutenue :
quand celle-ci s'établit, le son vibratoire s'éteint et disparaît.
» Dans certaines formes de contractions permanentes, il n’y a jamais
d’ondulations du tracé; les vibrations manquent, par conséquent, à toutes
les périodes de la contraction : telles sont les contractions permanentes pro-
voquées par un courant électrique continu, par un courant électrique de
+ 32 à + 39 degrés centigrades, par le contact de l’eau ammoniacale ou
des vapeurs d’ammoniaque, etc.
» Le tracé de la contraction volontaire sans effort ne présente pas d’on-
dulations; si la contraction accomplit un travail qui demande un effort
croissant, le débat est marqué par une succession d’ondulations qui s’ef-
facent et font place à une ligne droite continue quand la contraction est
dans Ja période d'état, et reparaissent de nouveau au déclin de la contrac-
tion. Le tremblement, qui n'est autre chose que la manifestation des se-
cousses successives dans la contraction musculaire, est un accident lié habi-
tuellement à l'insuffisance d'énergie des contractions; il n’est en aucune
façon la condition normale de la contraction permanente.
» Conclusions. — La contraction permanente ne se compose pas de
secousses ou vibrations successives. Les muscles des animaux vivants en état
de contraction soutenue se montrent parfaitement immobiles à l’examen
microscopique. |
» Les ondulations tracées par un levier enregistreur n’existent que dans
la période variable de la contraction, lorsque l’agent d’excitation n’a pas
encore atteint le degré d'intensité suffisant pour maintenir le muscle en
contraction soutenue. Sans accroître la fréquence des excitations succes-
sives, on peut faire disparaître les ondulations du tracé de contraction par
le seul accroissement de l'intensité d’un courant électrique. Ce changement
se produit de lui-même, sans accroissement d'intensité du courant, lorsque
le muscle est fatigué.
» La contraction volontaire sans effort ne présente pas d’ondulations
( 1279 )
vibratoires. Dans la contraction volontaire avec effort croissant, les ondula -
tions du tracé se montrent au début, disparaissent dans la période d'état de
l'effort soutenu et reparaissent au déclin de la contraction. On peut obser-
ver plusieurs formes de contractions permanentes dans lesquelles il n'y a
aucune trace de vibrations, de secousses successives.
» Telles sont les contractions permanentes que produisent le courant
électrique continu, la chaleur (de + 32 à + 39 degrés centigrades), les va-
peurs d’ammoniaque, et enfin la contraction ultime de la rigidité cadavé-
rique, soit spontanée, soit provoquée par l'immersion dans l’eau distillée,
la chaleur à + 40 + 45 degrés centigrades, etc.
» Lorsque les vibrations existent, il est toujours possible d’obtenir le
graphique des ondulations correspondantes, en modifiant convenablement
la vitesse de rotation du cylindre et la longueur du levier.
» Le bruit musculaire se produit dans la période variable de la contrac-
tion, tant que l'effort s’accroît; il disparaît quand la contraction se main-
tient sans accroissement dans un état permanent. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Observations sur la détermination de la quantité de la
matière organique, de l'acide phosphorique et de l’azote des engrais, el notam-
ment du guano du Pérou; par M. A. Bauprmoxr. (Extrait.)
(Renvoi à la Section de Chimie.)
_« M.P. de Gasparin, dans une Note récente sur un point de l'analyse des
terres arables (1), fait remarquer avec raison combien il importe de doser
avec soin la matière organique et, après avoir critiqué les procédés qu ii
connait, il en propose un qui consiste à calculer la matiere à analyser et à
la soumettre ensuite à un courant d’acide carbonique pour la recarbonater.
Je ferai, à propos de ce procédé, les observations suivantes :
» Le poids de l’acide carbonique provenant de la destruction du carbonate
calcaire effectuée pendant la calcination de la matiere soumise à l'analyse
s'ajoute effectivement à celui de la matière organique; mais il est douteux
que le procédé proposé par M. de Gasparin permette de corriger convena-
blement cette cause d'erreur. Je sais, par expérienceet depuis fort longtemps,
que la potasse caustique hydratée à l'état solide absorbe pas l'acide car-
bonique sec d’une manière notable. Un article récent de M. Kolb (2) con-
nr
(1) Journal de V Agriculture, 1867, n° 23.
(2) Journal de Pharmacie, 1867, p- 444.
( 1280 )
firme ce fait et l'étend non-seulement à la chaux caustique, mais même à la
chaux hydratée sèche. Quoique M. de Gasparin emploie de l’acide carbo-
nique humide, il est douteux que la reconstitution du carbonate se fasse
complétement dans le temps que l’on peut consacrer à ces sortes d'expé-
riences. i
» Ayant fait un grand nombre d'analyses d'engrais, j'ai dù depuis long-
temps chercher un autre procédé, et il y a maintenant au moins quinze ans
que je le fais connaître dans mes cours. Ce moyen consiste à arroser la
substance calcinée avec une solution de carbonate d’ammoniaque ordinaire
et à dessécher le mélange dans une étuve. Je me suis assuré qu’à la tempé-
rature de 70 degrés le carbonate ammoniacal en excès s’évapore compléte-
ment, que la substance perd toute son alcalinité et est entièrement re-
carbonatée.
» J'ajouterai que la cendre du guano du Pérou, sur plusieurs centaines
d'analyses, n’a jamais donné le moindre accroissement de poids par l’emploi
du carbonate d’ammoniaque, ce qui est évidemment dû à ce que ce produit
ne contient point de carbonate calcaire. Loin de là, il ne contient point
assez de chaux pour faire passer tout l'acide phosphorique qui s'y trouve
à l’état de phosphate tribasique.
» Si l’on dissout le produit minéral provenant de la calcination du
guano du Pérou dans de l'acide azotique dilué et si, après filtration, on
précipite par l’ammoniaque, on obtient tout le phosphate tricalcaire possible
avec la chaux contenue actuellement dans l'engrais. Si, après cette première
opération et une nouvelle filtration, on ajoute de l’azotate calcique dans la
liqueur ammoniacale, on obtient un nouveau précipité de phosphate tri-
basique. Il résulte de cette observation que pour doser l'acide phosphorique
du guano du Pérou, à l’état de phosphate tricalcaire, il est indispensable
d'ajouter un sel calcique à la liqueur avant d'employer l’'ammoniaque.
» Le guano du Pérou contient du carbonate d’ammoniaque volatil; aussi,
si l’on dessèche ce produit, on trouve par l'analyse qu’il a perdu une quan-
tité considérable d’azote. | -
» Lorsque le guano ordinaire contient o,16 d'azote, celui qui a ete dessé-
ché peut n’en contenir que 0,12. $ l
» La connaissance de ce fait peut être utile aux agriculteurs; car ilim-
porte de fixer cette quantité considérable d’azote qui pourrait disparaitre
sans avoir produit un effet sur la végétation. On y parvient par l'emploi du
sulfate de chaux, qui transforme le carbonate d’ammoniaque en sulfate
qui n’est nullement volatil, » | |
( 1281 )
PHYSIOLOGIE. — Recherches expérimentales sur l'action physiologique du bro-
mure de potassium; par MM. Evrexgure et Gurrmanx.
(Commissaires : MM. Velpeau, Coste, Cloquet, Longet. )
« Les effets remarquables dus à l'emploi thérapeutique du bromure de
potassium comme remède antispastique et anesthétique donnent une nou-
velle importance à l'étude de l’action physiologique, jusqu'ici presque in-
connue, de cet agent. Nous avons à ce sujet fait un grand nombre d’expé-
riences, relatives surtout à son action sur le système nerveux, chez des
animaux à sang chaud et à sang froid (lapins et grenouilles). Voici les
résultats principaux de nos recherches.
» L’injection sous-cutanée de 2 à 4 grammes de bromure de potassium
produit sur des lapins une perturbation de l’action du cœur, accompagnée
d’un affaiblissement de la sensibilité et des mouvements volontaires; elle
tue les animaux au bout de dix à quarante minutes avec les signes de para-
lysie du cœur. Cette paralysie n'est en rien retardée en pratiquant d’abord la
trachéotomie et en continuant après l'injection la respiration artificielle.
L'administration interne d’une dose égale (en solution de 1:4) tue les ani-
maux au bout du même temps, ou même plus vite, et d’une manière sem-
blable ; elle occasionne d’ailleurs une corrosion de la muqueuse gas-
trique, avec infiltration hémorrhagique et détachement de la couche épithé-
liale (1). Les doses plus petites (1 à 2 grammes) sont rarement suivies de
mort; elles ne produisent en général qu’une altération passagère de l'action
du cœur et un état parétique de sensibilité et de motilité (marche paralyti-
que, ataxie des mouvements volontaires), précédé quelquefois par de
légers frissonnements des membres. L'autopsie ne démontre, dans les ani-
maux morts, pas d'autre lésion qu’un état congestif assez léger de la plu-
part des organes, et quelquefois des ecchymoses superficielles dans les pou-
mons.
» L’injection sous-cutanée de o%",06 à 0,09 produit sur des grenouilles
une douleur vive, fréquemment suivie de contractions ne ay
bout de dix à quinze minutes, une perte absolue de motilité, d'action rez
flexe et de sensibilité, arrêt de la respiration et des pulsations l ymphati-
ques, affaiblissement et ralentissement des battements du ventricule, affai-
blissement extrême de la circulation périphérique, enfin arrêt absolu et
de E si ass
n conséquence de cet effet caustique que la résorption a leu
injection sous-cutanee.
(1) C'est probablement e
dans l’administration interne encore plus promptement que dans |
( 1282 )
diastolique du cœur. L'administration interne donne lieu aux mêmes symp-
tômes, survenant dans le même ordre.
» Le bromure de potassium exerce donc, chez des lapins aussi bien que
chez des grenouilles, une influence énergique sur l’action du cœur : in-
fluence exercée directement sur les appareils ganglionnaires excitomoteuars
et sur la susbtance musculaire. Le cœur, une fois arrêté, ne reprend jamais
ses mouvements et cesse immédiatement à répondre à des irritations mé-
caniques ou électriques. Le cœur encore battant d’une grenouille saine,
plongé dans une solution (1:50) de bromure de potassium, est arrêté au
bout de cinq minutes et privé d’irritabilité. L'injection de 2 ou 3 gouttes
de la même solution dans la cavité cardiaque d’une grenouille saine (à l’aide
d’une aiguille très-fine) arrête immédiatement et pour toujours les batte-
ments du cœur sans lésion directe de la respiration, de la sensibilité et des
mouvements volontaires.
Le bromure de potassium exerce de plus une action paralysante sur
les parties centrales destinées à la conduction motrice et sensitive dans la
moelle et dans le cerveau. Cette action se manifeste par l’état parétique ou
paralytique des animaux, la cessation des mouvements spontanés et réflexes,
l'arrêt de la respiration et des pulsations lymphatiques, et le manque absolu
de réaction pour toute irritation de la peau mécanique ou chimique (con-
staté principalement sur des grenouilles). La lésion grave des fonctions
motrices et sensitives due à l’action du bromure de potassium s'opère len-
tement et graduellement : on peut observer, sur des grenouilles qui sem-
blent être complétement privées de sensibilité et de motilité, encore quelque
reste de puissance de réaction, mais dont elles nese servent qu'avec une len-
teur et une difficulté extrême ; c’est là sans doute l’effet des obstacles tou-
jours croissants opposés par le poison à la conduction sensitive et motrice
au travers de la moelle. Ainsi, quand on tire en haut les deux pattes infé-
rieures d’une grenouille empoisonnée, couchée sur le dos sans aucune résis-
tance, en les plaçant aux deux côtés de la tête, elles y restent d’abord,
mais après quelque temps (après un intervalle d’une minute et plus)
elles sont vivement rejetées en bas, réaction qui cesse aussitôt qu’on a pra-
tiqué la décapitation ou la piqûre du cerveau au niveau du bulbe. Après
l'arrêt du cœur, on n’obtient plus de mouvements ni en coupant la moelle,
ni en soumettant la section transversale de la moelle à desirritations (bien
EZS électriques ou chimiques.
> Le bromure de potassium n’agit directement, ni sur les mer périphé-
riques, ni sur les muscles; |’ irritabilité de ces parties n’est pas même affai-
( 1283 )
blie après que la sensibilité, les mouvéments spontanés et réflexes ont cessé,
et que l'irritation de la moelle reste sans effet. Aussi, quand on lie avant
l’empoisonnement une artère iliaque de la grenouille, les deux membres
offrent également le spectacle des contractions fibrillaires ; ils sont frappés
presque en même temps de paralysie et d’anesthésie, et l'examen électrique
de leurs nerfs et muscles ne fournit aucune différence. Pourtant, en conti-
nuant son action, le bromure de potassium affaiblit l'irritabilité des nerfs
moteurs aussi bien que la contractilité musculaire. Les nerfs et les muscles
des grenouilles empoisonnées présentent déjà, après vingt-quatre heures,
un manque absolu de réaction (pour le courant électrique), tandis que
chez des grenouilles simplement décapitées, les nerfs et muscles répondent,
dans la saison où se firent ces expériences, encore après deux ou trois Jours,
aux courants les plus faibles. Plongés dans une solution (1:50) de bromure
de potassium, les muscles perdent leur contractilité rapidement au bout
de cinq minutes; les nerfs conservent plus longtemps leur irritabilité; ils
en sont privés enfin sans convulsions précédentes.
» Sous tous les rapports, le bromure de potassium répond absolument
aux autres sels de potassium que nous avons examinés, tels que le nitrate,
le carbonate, le chlorate, etc., de potassium. Le brome n’est nullement es-
sentiel pour l’action de ce moyen sur le cœur et sur le systeme nerveux.
Nous avons confirmé ce résultat assez surprenant, en substituant dans nos
expériences au bromure de potassium, tantôt le brome pur, tantôt le bro-
mure de sodium et d’ammonium (NaBr, NH* Br).
» Le brome pur, injecté par des quantités beaucoup plus grandes qu'elles
ne sont contenues dans les doses signalées de bromure de potassium, n’a
pas d'influence notable sur le cœur ni sur le système nerveux, et ne tue pas
les animaux empoisonnés. Des grenouilles résistent aussi aux inhalations
longtemps continuées de vapeurs bromiques. Le bromure de sodium n’a pas
non plus les effets principaux du bromure de potassium; c'est un poison
trés-faible, dont les lapins et les grenouilles supportent des doses vraiment
énormes, et qui ne tue les animaux que très-lentement, sous les signes d un
marasme général et d’une grande faiblesse musculaire; il répond, lui aussi,
aux autres sels de sodium. Il en est de même avec le bromure d'ammonium;
celui-ci donne occasion ‘à de vifs excès d'action réflexe, à des conyulsions
violentes tétaniformes, semblables au tétanos str ychnique, sans troubler
considérablement l’action du cœur; il diffère donc beaucoup du bromure
de potassium, tout en ressemblant aux autres sels D d On ne
1
C. R., 1867, 1er Semestre. (T. LXIV, N° 28.)
( i284 )
peut donc pas employer, en thérapeutique, ces substances comme agissant
d'une manière conforme au bromure de potassium. »
THÉRAPEUTIQUE. — Sur l'administration des médicaments par l'intermédiaire
de la membrane muqueuse des fosses nasales. Note de M. Raimserr, présentée
par M. Velpeau.
(Renvoi à la Section de Médecine.)
« La membrane pituitaire, comme voie d'absorption et d'introduction
des médicaments dans l’économie, est complétement négligée ou aban-
donnée, si tant est qu’elle ait été mise à contribution à ce point de vue
dans un but thérapeutique. Irriter, stimuler cette membrane, provoquer
l’éternument, agir ainsi par révulsion ou par excitation des nerfs olfactifs
et par consensus sur l’encéphale, telle est la seule intention qu’on paraît
avoir eue, Jusqu'à présent, en composant et en administrant par les fosses
nasales les poudres diverses auxquelles on a donné le nom de sternu-
latoires.
» La salivation, que j'ai observée plusieurs fois au bout de quelques
jours de l'emploi, contre l’ozène, d’une poudre composée de calomel, pré-
cipité rouge et sucre candi, en me démontrant avec quelle facilité cette
membrane absorbe, m'a suggéré l’idée d'y avoir recours pour combattre
les affections douloureuses de la tête et certaines maladies des yeux.
Les expériences que j'ai faites, les observations que j'ai recueillies,
sont encore peu nombreuses; aussi ne les aurais-je pas communiquées à
l'Académie avant d’avoir réuni les éléments d’un travail plus complet et
plus digne d'elle, si je n’y avais été forcé pour sauvegarder mon initiative
de recherches que j'ai entreprises depuis plus de six mois, et que je n'ai
pas pu varier au gré de mes désirs.
» Voici le résumé de mes observations :
I. M. H..., substitut du procureur impérial, âgé de trente ans, est
atteint depuis quelques jours de grippe et de coryza. Il éprouve le 16 fé-
vrier une douleur très-intense dans le nerf sus-orbitaire.gauche; elle dure
depuis que heures, augmente par accès et le prive de sommeil.
» L'air n’éprouvant aucun obstacle à à passer par les fosses nasales, je
prescri$ : poudre de guimauve, 1 gramme; morphine, 5 centigrammes:
_ Priser une pincée de ce mélange toutes les deux ou trois heures.
» Le soir la douleur est calmée, la nuit est bonne; et le lendemain toute
douleur a disparu.
( 1285 )
» IT. Le 25 janvier, une femme âgée de soixante-quatre ans est admise
à l'hôpital pour une bronchite intense qui nécessite l'application d'un large
vésicatoire entre les deux épaules. Dans les premiers jours de février, au
moment où elle commence à entrer en convalescence, cette femme est
prise d’une céphalalgie vive et continue. Cette douleur de tête ayant ré-
sisté à des pédiluves sinapisés, le 5 février je lui fais priser toutes les deux
ou trois heures le mélange suivant : sucre porphyrisé, 2 grammes; chlor-
hydrate de morphine, 5 centigrammes.
» Le lendemain, la douleur a diminué, le troisième jour elle a complé-
tement cessé. Quelques jours après, cette céphalalgie étant revenue, la
même prescription l’a fait disparaître définitivement.
» III. Une fille de dix-huit ans, admise à l'hôpital pour une chlorose,
accuse de vives douleurs de tête: elles se manifestent par élancements et
reviennent surtout dans l’après-midi,
» Le 8 février, en même temps que les ferrugineux je prescris le même.
mélange que ci-dessus de sucre et de morphine, à priser toutes les trois
heures le matin et toutes les deux heures dans l'après-midi. ,
» Le lendemain, légère diminution des douleurs névralgiques. Les prise
sont rapprochées (toutes les heures) : l'amélioration devient plus pronon-
cée; mais ce n’est qu’au bout de six jours qu’elles sont suffisamment cal-
mées pour que la malade puisse attendre de la médication ferrugineuse
leur disparition complète.
» IV. Le ro février je suis appelé à donner des soins à Me Est..., âgée
de soixante-seize ans : elle est atteinte de grippe avec coryza assez léger
pour ne pas obstruer les fosses nasales. Cette malade, qui est rhumatisante,
se plaint de douleurs lancinantes dans tout le côté gauche de la tête avec
. bourdonnement d'oreille. Ces douleurs existent aussi à droite, mais à un
moindre degré. Je conseille de priser toutes les deux ou trois heures :
sucre porphyrisé, 2 grammes; chlorhydrate de morphine, 10 centi-
grammes. Le lendemain, les douleurs ont disparu, les bourdonnements
d'oreille seuls persistent. ;
» V. Š..., cultivateur, âgé de soixante-deux ans, éprouve depuis plu-
sieurs mois une douleur aux dents de la mâchoire inférieure à droite; la
douleur s’étend aux gencives et à la partie inférieure et latérale droite de
la langue; elle revient par accès très-rapprochés. S... a déjà fait arracher
plusieurs dents, et la doulenr persiste. Les points douloureux des pures
et de Ja muqueuse formant le plancher de la bouche et la paa rn de
( 1286 )
la langue sont cantérisés légèrement avec le nitrate d'argent : soulagement
de courte durée. Les douleurs ne cèdent pas non plus à un vésicatoire
appliqué au devant de l'oreille gauche,
» Le 24 février, je prescris de priser toutes les heures ou toutes les deux
heures le mélange suivant : sucre porphyrisé, 2 grammes; morphine,
10 centigrammes. À
» Rémission et diminution trés-prononcées des accès douloureux, c’est
tout ce que je puis obtenir; mais le malade se trouve suffisamment soulagé
Pour ne pas accepter un nouveau vésicatoire que je me propose de saupou-
drer de morphine. Je tiens du pharmacien que ce malade fait de temps en
temps préparer le même mélange, ce qui prouve que s’il n’est pas guéri,
il en est du moins soulagé.
» VI. B..., commis dans une maison de nouveautés, âgé de dix-neuf
ans, est atteint depuis le milieu du mois de mars d’une névralgie dentaire
-qui occupe le côté gauche de la mâchoire inférieure. Vers la fin du mois,
je lui fais priser plusieurs fois par jour un mélange de sucre porphyrisé,
5 grammes; chlorhydrate de morphine, 5 centigrammes. Il n’en obtient
aucun soulagement. |
» Le 2 avril je change les proportions de cette poudre, et je conseille de
priser par chaque narine, deux fois le matin, deux fois dans le milieu du
jour et deux fois le soir, une pincée de 2 grammes de sucre porphyrisé
additionné de 10 centigrammes de chlorhydrate de morphine. La douleur
disparaît pour ne plus revenir.
» Je pourrais augmenter le nombre de ces faits, si tous les malades
atteints de névralgie étaient venus m'instruire du résultat obtenu: mais
presque tous ceux de la campagne s’en sont abstenus, je ne les ai plus
revus. Je nai pas toujours eu des succès aussi prononcés, parce que J'ai
commencé mes premiers essais par des doses trop faibles du sel de mor-
phine. Peu à peu, j'ai diminué la quantité de sucre et lai réduite à
1 gramme pour 5 centigrammes de morphine, ou 2 grammes pour 10 cen-
tigrammes. Cette proportion me parait la plus convenable; cependant je
-lai vue échouer dans un cas de névralgie temporo-maxillaire double, qui
céda à des vésicatoires anx- tempes saupoudrés alternativement de 1 centi-
gramme de morphine.
» Deux prises successives ou très-rapprochées, comme dans l’observa-
tion VI, me paraissent préférables à des prises ne revenant que toutes les
deux ou trois heures: c’est sans doute à cette dernière manière de procéder
. (367)
et à la faible dose du sel de morphine, relativement à la quantité dé sucre,
qwa été due la lenteur de la guérison dans les observations IL et II.
» Le cercle dans lequel je me suis renfermé jusqu'ici peut être beaucoup
agrandi. Les douleurs de l’irido-choroïdite, la photophobie, sont, je crois,
justiciables de préparations narcotiques portées par inspiration, sous forme
de poudre, jusque sur la membrane pituitaire. D'autres médicaments doi-
vent aussi trouver leur emploi par cette voie, comme la digitale, la noix
vomique ou la strychnine, etc. L'iodure de potassium, dont j'ai constaté la
présence dans mon urine au bout de deux heures, après en avoir prisé
5o centigrammes dans cet espace de temps, le mercure trituré avec du
sucre ou de la gomme, le calomel mélé à ces substances, ainsi adminis-
trés, remplaceront peut-être un jour les frictions d’onguent napolitain ou
iodurées, pratiquées sur les tempes et la région sourcilière dans les maladies
des yeux. »
M. Lacomwe adresse une Note relative à la théorie mathématique des cir-
i 4 TE: , ` ` $ . .
cuits fermés, telle qu’elle a été donnée par Ampère, et à l'application de
cette théorie aux solénoides circulaires.
(Commissaires : MM. Pouillet, Delaunay, Bertrand.)
E
M. Savary soumet au jugement de l’Académie une Note relative à la dé-
termination de la force électromotrice et à la dépense des couples voltaiques
à eau salée et sulfate de fer mélangés.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Becquerel, Fizeau.)
M. Ep. Roi soumet au jugement de l’Académie de « Nouvelles obser-
vations sur la durée de la vie et sur les moyens de retarder la vieillesse ».
(Renvoi à la Section de Médecine.)
M. Gacwacr adresse une nouvelle Note concernant l'exploitation indus-
trielle des urines.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Boussingault, Payen.)
M. F. Tnomas adresse une Note concernant un préservatif contre le
choléra. |
bi (Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
( 1288 )
M. A. Courty prie l’Académie de vouloir bien comprendre, parmi les
ouvrages destinés au concours des prix de Médecine et fe Chirurgie, son
« Traité pratique des maladies de l'utérus » déjà présenté à l’Académie,
(Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.)
CORRESPONDANCE.
CHIMIE APPLIQUÉE. — Préparation d'un extrait de garance pouvant être appliqué
directement sur les tissus. Note de M. J. Person, présentée par M. Che-
vreul.
« Parmi les matières colorantes employées dans la fabrication des toiles
peintes, la garance est sans contredit celle qui joue le rôle le plus impor-
tant. La stabilité des composés qu’elle donne dans ses combinaisons avec
les oxydes métalliques et les nuances riches et variées qu’elle fournit, la font
rechercher pour la fabrication de certains genres très-estimés dans le com-
merce des toiles peintes. Bien que le prix de la garance soit peu élevé, les
préparations longues et coûteuses que nécessitent le mordançage, la tein-
ture et les avivages des tissus garancés augmentent considérablement le
prix de ces tissus et limitent ainsi l'emploi de cette précieuse matière
tinctoriale. Il importe donc, pour abaisser le prix de revient des tissus
garancés, de simplifier les moyens de fixation de la matière colorante de
la garance et de remplacer les procédés ordinaires de teinture par l'appli-
cation directe de la matière colorante.
» Le procédé employé depuis longtemps pour Ba par voie d’applica-
tion directe sur tissus non mordancés et à l’aide de la vapeur les extraits
des bois colorants, tels que campêche, brésil, etc., etc., payant pu être
appliqué aux extraits de garance, nous nous sommes assuré que cet in-
succès m'avait d'autre cause que le défaut de pureté des extraits de garance
dont on avait fait usage. Nous avons dû alors porter notre attention sur la
préparation d'un extrait suffisamment pur et d’un prix de revient assez bas
pour en permettre l'usage dans les fabriques de toiles peintes.
» Ce résultat est obtenu en traitant la garance, la fleur de garance, et de
préférence la garancine, par l’eau acidulée bouillante, qui possède la pro-
priété de dissoudre la matière colorante de la garance. Cette opération s’ef-
fectue dans un appareil à déplacementet doit être continuée jusqu’à com-
plet épuisement de la matière tinctoriale.
( 1289 )
» La plupart des acides peuvent être employés pour ce traitement; nous
donnons cependant la préférence à l’acide sulfurique, parce qu’il est fixé
dans le commerce à un prix peu élevé. La proportion d'acide qui nous a
donné les résultats les plus satisfaisants est de 5 grammes pour 1 litre d’eau
de rivière. Cette quantité peut varier, en plus ou en moins, sans changer
notablement la nature des résultats obtenus.
» Tous les liquides provenant du traitement de la garance par l’eau aci-
dulée bouillante sont recueillis et abandonnés au repos. Par le refroidisse-
ment un précipité abondant de couleur rouge-orangé ne tarde pas à se for-
mer et à se rassembler au fond du vase. On décante le liquide surnageant,
qui est destiné à servir indéfiniment à de nouveaux traitements de la
garance, et on jette le dépôt colorant sur un filtre pour le débarrasser,
par des lavages à l’eau de rivière, de l’acide qu'il retient encore. On
reconnait que cette opération est terminée lorsque l’eau de lavage a con-
tracté une légere coloration rose.
» Arrivé à ce point, l'extrait de garance est suffisamment pur pour être
employé à la teinture par voie d'application directe, Il suffit alors de le
laisser égoutter, de l'épaissir convenablement avec de l’amidon ou de la
gomme, et de l’additionner d’une petite quantité d’acétate de fer ou d’'alu-
mine, selon qu'on veut obtenir des nuances violettes ou rouges. La couleur
ainsi préparée peut être immédiatement appliquée sur les tissus. On vapo-
rise, on dégorge et on passe les toiles dans un bain de savon à 6o degrés
centigrades. - paag
» Les nuances ainsi obtenues ne le cèdent en rien, pour l'éclat et la soli-
dité, à celles qui le sont par la voie ordinaire de teinture; ne nécessitant pas
les nombreux avivages auxquels on soumet les tissus garancés, elles per-
mettent d'appliquer dansune seule opération les couleurs dites des à
qui, pour les genres garancés ordinaires, ne peuvent être ss ei que
lorsque toutes les opérations de la teinture et de l’avivage ont été terminées.
Ce dernier résultat est de la plus grande importance.
» Je ne m’étends pas davantage sur ce sujet; je renvoie au Rapport fait
par M. Schæffer à la Société industrielle de Mulhouse, dont la conclusion a
été de me décerner une médaille de première classe. »
M. Cuevreuz, après avoir analysé le procédé de M. Pernod, ajoute les
réflexions suivantes : :
« J'ai eu l'honneur de soumettre à l’Académie, dans trois de ses
( 1290 )
séances (1), quelques expériences sur de nouvelles matières colorantes,
violettes, rouges et bleues, produites artificiellement, et plusieurs réflexions
concernant les étoffes teintes envisagées à l’égard de leurs stabilités res-
pectives.
» J'ai démontré par l'expérience l'impossibilité de distinguer d’une ma-
nière certaine les étoffes de grand teint d'avec les étoffes de petit teint, con-
formément aux anciens règlements. J'ai cité pour exemple une étoffe jaune
réputée de grand teint, qui est moins stable qu’une étoffe teinte avec une
matière colorante réputée de petit teint.
» J'ai démontré par l'expérience combien les nouvelles matières colo-
rantes violettes, rouges et bleues sont inférieures en stabilité aux rouges de
cochenille et de {aque-dye, aux bleus d’indigotine, et j'ai insisté sur les
inconvénients qu'il y aurait, pour la teinture des étoffes destinées à l’ameu-
blement et à l'habillement des hommes, d'exalter tellement les couleurs
nouvelles, que l’on diminuerait la culture de la cochenille et la fabrica-
tion de la laque-dye et de l’indigo.
» À celte occasion, je protesterai de nouveau contre l'opinion qu ‘on m'a
ee de faire de l'opposition à l’emploi des nouvelles couleurs.
» Il n'appartient à personne de s'élever efficacement contre la liberté de
Tares mais l'étude que j'ai faite de la teinture m’a conduit à l'opinion
que cette liberté a pour conséquence la garantie à l'acheteur; mais ce n’est
pas la garantie d’une étoffe de grand teint dont j'entends parler, mais la ga-
rantie d'origine de la matière colorante employée par le teinturier, toutes les
fois qu’il s’agit d’étoffes dont la couleur peut ètre stable ou instable. Ainsi,
on dira : rouges de cochenille, bleus d’indigo, bleus de Prusse et rouges
de fuchsine, couleurs dérivées de l’aniline, etc.
Le but de cette distinction est de prévenir les pertes auxquelles sont
exposées les personnes qui ne veulent que des étoffes de couleur solide
pour l’ameublement ou pour des vêtements d’homme, et c’est surtout au
point de vue de maintenir la prospérité du commerce des meubles fran-
çais à l'étranger, que la garantie dont je parle est nécessaire.
» Quant aux étoffes de luxe, destinées à la toilette des femmes, je recon-
uais le premier qu’on donnera la préférence aux nouvelles couleurs sur les
anciennes sans grand inconvénient, ainsi que le démontre l’usage que l’on
(1) Comptes rendus de l’ Académie des Sciences, t. LI, p- 73, Note sur les étoffes teintes
avec la fuchsine (1860) ; t. LII, p. 825 et 937, Quelques remarques sur la théorie de la
teinture, la pratique de ses procédés et le commerce des étoffes teintes, etc.
( ragt: )
fait des roses de carthame pour les étoffes de soie, car on peut dire avec
raison que les couleurs nouvelles sont comparables à ces roses, pour la sta-
bilité.
» C’est conformément aux vues précédentes que je présente aujourd'hui
à l’Académie le procédé que M. J. Pernod, d’ Avignon, emploie pour préparer
un rouge de garance dont l'avantage industriel a été apprécié par la Société
industrielle de Mulhausen, qui a décerné à l'auteur du procédé une mé-
daille de première classe.
» L'avantage du rouge de M. Pernod est celui de pouvoir être imprimé
une fois qu'il a été épaissi. convenablement avec de l'amidon ou de la
gomme, et additionné d’acétate d’alumine on d’acétate de fer. Après l'im-
pression, le rouge est fixé par la vapeur là où il a été imprimé.
» J'espère que, daus cette application, le principe colorant de la garance
conservera la stabilité qu’on lui connaît lorsqu'il a été fixé en chaudière et
au bouillon, et que dès lors la culture de la garance se trouvera encou-
ragée par l’usage que l’on fera d’un produit que l’industrie des toiles peintes
désirait depuis longtemps, et qui permettra de faire des rouges et des violets
plus solides que ceux qu'on prépare avec des matières autres, que la
garance. »
ASTRONOMIE. — Observation de l'éclipse annulaire de Soleil du 5-6 mars 1867;
à Bougie. Note de M. Borar, présentée par M. Babinet. (Extrait.)
« L’éclipse annulaire de Soleil du 5-6 mars dernier a été observée à
Bougie, maloré le mauvais temps qui semblait vouloir s'y opposer. Je re-
grette d’avoir tant tardé à envoyer à l’Académie la relation de ce phéno-
mène ; j'espérais, avant de le faire, pouvoir aller déterminer les pen
géographiques de Bougie et de la Calle. J'eusse été heureux de l'envoyer
complète : mes occupations ne me Pont pas permis. igei
. » Parti d’Alger le 2 mars, à midi, par une mer affreuse, j étais installé à
Bougie, sur le sommet du Gouraya, le 3, à 7 heures du soir ; grâce à l'em-
pressement avec lequel l'administration militaire vint au-devant de pa
désirs, je pus me faire construire de suite un pilier pour la lunette méri-
dienne et me faire donner tout ce qui était nécessaire à mon installation, Je
suis heureux d’en témoigner ici ma profonde reconnaissance. g
» Le 4, à 3*40”, il y eut une éclaircie dans l après-midi. J en pr m
pour voir s’il n’y aurait pas quelques taches; en effet, j'en vis trois pe h
de dimensions différentes, vers le centre du Soleil, qui formaient un pe
170
C. R., 1867, 127 Semestre. (T. LXIV , N° 28.)
( 1292 )
triangle équilatéral ; je n’eus pas le temps de déterminer leur position, à
cause des nuages qui vinrent cacher le Soleil. Le ciel se recouvrit le soir ;
je ne pus observer aucune étoile pour avoir l'heure de mes chronomètres.
» Le 5, à 19 heures, il faisait un grand vent de nord-ouest; il plut, il
tomba mème de la grêle ; la température était de 7 degrés. Il faut dire
aussi que J'étais sur le sommet du Gouraya, à 700 mètres à pic au-dessus
de la mer ; à Bougie on avait 10 et 11 degrés. Enfin, à force d’attendre, le
temps se calma, les nuages se déchirèrent comme par enchantement, et
jeus le bonheur de revoir le ciel bleu, mais le Soleil était presque éclipsé.
Cependant il était encore temps ; j'étais tout prêt; j'avais une excellente
lunette (de Lorieux, de 8 centimètres de diamètre et de 1™, 75 de lon-
gueur focale : grossissement, 8o fois) toute braquée, et un excellent chro-
nomètre à suspension de Gannery sous les yeux, et dont je pouvais en-
tendre les battements tres-distinctement, le temps s'étant calmé subitement.
» Le croissant était déjà mince et les cornes avaient déjà dépassé le dia-
mètre perpendiculaire du Soleil; bientôt je pus les contenir toutes les deux
dans le champ de la lunette; elles semblaient parcourir avec une grande
rapidité la circonférence du Soleil, tout en se rapprochant l’une de l’autre
vers le point où allait se faire le contact. Le bord extérieur de ces cornes
était très-net et très-régulier : c'était le limbe lumineux du Soleil; tandis
que le bord intérieur était rugueux : c’était le limbe obscur de la Lune.
» Je n’observai pas de Bailey’s beads; malgré que les cornes fussent très-
fines et très-allongées. Enfin la réunion de ces deux cornes ou filets lumi-
neux eut lieu (c'était le premier contact; il était alors 21° 33" 485,315,
temps moyen de Bougie) en un point du limbe du Soleil situé vers 75 de-
grés (puisque la lunette renversait) à gauche d’une perpendiculaire supposée
passer par le zénith, ou 255 degrés pour l’angle du Le zénithal vu direc-
tement et mesuré également vers la gauche.
» Je parcourus alors la circonférence du Soleil, et je pus voir l'anfeau,
qui était bien net et presque régulier, cependant un peu plus étroit en
un point situé vers 168 degrés à partir du zénith, vers la gauche Le une
lunette qui ne renverse pas).
» N'ayant pas de micromètre adapté à ma lunette, j Je ne pus mesurer ni
distance de cornes ni re d’anneau.
» Les deux cornes fines s’avancèrent rapidement l’une vers l’autre en
haut vers la droite, et le deuxième contact intérieur eut lieu à 2135" 215,413
en un point situé vers la circonférence du Soleil dont l'angle zénithal est
égal à 168 degrés environ; le calcul avait donné un angle un peu plus
( 1293 )
petit, 144 degrés environ; ce qui est certain, c’est que ce point de contact
a eu lieu à 10 ou 12 degrés à droite d’une perpendiculaire passant par le
centre du Soleil : la durée de l'anneau a donc été de 1" 335,1; le calcul
avait donné 1" 36 environ. |
» Alors je regardai autour de moi : le ciel avait pris une teinte jaunâtre
livide, couleur olive; les grandes montagnes couvertes de neige, dont les
plus proches étaient à 15, 20, 40 et 60 kilomètres, telles que le Djebel-
Tazerout, le Ta-Babor, le Djebel-Magris, le Djebel-Guergour, etc., for-
maient un panorama magnifique; on pouvait distinguer à de très-grandes
distances; le paysage était assombri et présentait le degré de pureté qu'il a
généralement la veille d’une pluie.
» Plusieurs étoiles ou planètes furent observées, notamment Jupiter et
Vénus qui se trouvaient à droite du Soleil, et Mercure à gauche. Je ne les
vis point moi-même, mais d’après les notes que l’on me donna à ma rentrée
à Bougie, je pus voir que c’étaient bien les planètes mentionnées ci-dessus.
» La température était descendue à 6°,6 (thermomètre sec) et 6 degrés
(thermomètre mouillé). Les nuages se mettant en marche vinrent en peu
d'instants couvrir le Soleil complétement. Je crus que c'était tout ce qu il
me serait permis d'observer de cette remarquable éclipse; je ne quibiai
cependant pas ma lunette, et à 21"57"31",723, je pus observer l'émersion
de la tache & que j'avais découverte sur le Soleil le 4 à 3°4o®. Le ciel se
couvrit encore de nouveau et je ne pus voir les deux autres taches. A mon
retour à l'Observatoire d'Alger, je ne pus revoir ces taches, même avec le
télescope de 5o centimètres de diamètre : elles avaient complétement dis-
paru. e
» Le temps était toujours très-humide; des brouillards épais se succé-
daient rapidement; le ciel se couvrit de nouveau complétement jusqu à
224 40%, Il plut à 22" 19°.
» À 22* 58™ je pus revoir le Soleil, sept minutes avant le dernier contact.
EA denies conter fériéurieut: Men: #37" 40,14, temps, moyen de
Bougie. To Aley
» Le soir plus tard je pus entrevoir. deux étoiles indispensables pour
l'heure et l'orientation de la lunette méridienne : 12 Canum venalicorum
et la Polaire. Les observations furent empêchées par les nuages, Je ne pns
observer que quelques fils de chacune. Cela me suffit pourtant pour avoir
une position tres-approchée de la lunette.
» Plus tard, je pus observer convenablement les étoiles suivantes, et
170..
( 1294)
j'obtins comme erreur du chronomètre sidéral n° 79, savoir :
m S.
Par a Sa Majore. s aiek 9.41,088
Par « Bootis..... ER EAE 9.41 ,508
LCR RP RE 9.41 ,494
et enfin B Ursæ minoris comme étoile circompolaire, qui ne me donna
qu'une erreur azimutale insignifiante et négligeable.
» Le 7 arriva : le ciel était convert; je fus obligé de profiter du courrier
de l'Est pour repartir le soir. Je quittai le sommet du Gouraya à midi avec
une température de 12°,1,.
» Comme j'avais deux chronomètres, l’un n° 78 temps moyen, l’autre
n° 79 temps sidéral, je pus encore, à laide de nombreuses comparaisons
que J'avais faites pendant la traversée, aller et revenir, et mon séjour sur le
Gouraya, obtenir une marche passable. Je ne pus dépendre que de la
marche du n° 78 qui était assez régulière depuis quelque temps.
» À mon retour à l'Observatoire d’Alger, j'installai de nouveau la lu=
nette méridienne, et une observation de æ Lyræ me donna une marche de
+ 4,3296 depuis le 25 février jusqu'au g mars que le n° 78 avait été étudié
et transporté. C'était la marche qu'il avait aussi, depuis le 13 février, obte-
nue par les observations des 13, 23, 25 de a Lyræ qui est une excellente
étoile zénithale pour l'Observatoire d'Alger.
» Afin d'obtenir l'heure exacte des contacts, n'ayant pas d’autres obser-
vations que celles mentionnées ci-dessus et surtout £ Bootis qui n'est qu à
9 degrés environ du. zénith de Bougie dont la latitude approchée est de
36°46", je me crois autorisé à me servir de la marche de + 4°,3926 prise
proportionnellement pour corriger les heures qui séparent celle des con-
tacts d’avec l’heure de l'observation de £ Bootis, le soir de l’éclipse, ce qui
fit introduire une correction de + 35,477 (puisque le chronometre retar-
dait) pour dix-neuf heures de marche pour les deux contacts intérieurs et
+ 3,202 pour le dernier contact extérieur, indépendamment de l'erreur
du chronomètre qui a été corrigée.
» La longitude de Bougie, comme celle de la cha des villes de l'Algé-
rie, n’est pas connue avec beaucoup d’exactitude (excepté cependant Alger,
Lambèse, Biskra, Tuggurt, Guerrara, Berrian, Ouargla et Laghouat, que je
déterminai en 1860, 1861 et 1862, lors des éclipses totales du 18 juillet 1860
et de décembre 1861). Elle peut être prise à 9"20°,63 + 10°,58 = —20718°,05
à l’est de Greenwich, en attendant une meilleure détermination.
» La latitude, que je ne pus déterminer qu'approximativement, n'ayant
( 1295 )
pu faire qu’une lecture sur 8 Ursæ minoris; peut être prise à + 36°46 5.
» Je résume ici les heures des contacts.
Temps moyen de Bougie.
Latitude : 36°46/,5; longitude : + 20 18:,63 (de Greenwich).
Le calcul
avait donné :
h m s £ AI
5 mars 1867. 21.33,48,315 Premier contact intérieur..... 21.33.35
21:35,21,415 Deuxième conctact intérieur. . 21.36.11
.-24.97.81,723 Émersion de la tache.. .. » ».
23. 5.20,140 Dernier contact extérieur.... 23. 5.32 >
CHIMIE. — Şur un mercaptan silicique. Note de MM.-C. FræneL et
A. Lapeneure, présentée par M. Balard.
« Apres les recherches que nous avons eu l'honneur de communiquer à
l'Académie sur le silicichloroforme et sur ses dérivés, le chlorosulfure de sili-
cium, découvert par M. Is. Pierre (1), se présentait comme le seul composé
volatil du silicium dont la constitution parût en désaccord avec la tétrato-
micité et avec le nouveau poids atomique de cet élément. Le savant chi-
miste qui avait obtenu ce produit, en petite quantité à la vérité, lui avait
assigné la formule Si Cl? S(Si = 21, S = 16) et avait appuyé ces rapports
par la détermination de la densité de vapeur, qu’il avait trouvé corres-
pondre à une condensation en trois volumes, telle qu’on l’admettait alors
pour le chlorure de silicium. Il regardait les résultats qu'il avait obtenus
comme un argument en faveur de la formule Si O° pour la silice.
» Nous nous sommes proposé d'étudier ce produit intéressant et nous en
avons préparé une quantité suffisante en suivant exactement les indications
de M. Pierre, c’est-à-dire en faisant passer, à travers un tube de porcelaine
chauffé au rouge, de l’hydrogène sulfuré sec entrainant avec lui une cer-
taine quantité de vapeur de chlorure de silicium. Comme l'avait fait DRE
ver l’auteur de la découverte de ce produit, sa préparation est une
ment longue et pénible, et il faut plusieurs jours de travail et l'emploi d'une
proportion considérable de chlorure de silicium, pour recueillir quelques
dizaines de grammes de liquide, dans les tubes en U fortement rera
qui terminent l'appareil. En soumettant à la distillation fractionnée le pro-
duit condensé, nous l’avons vu se séparer nettement aprés cinq distitiations
en deux portions, dont l'une était formée de chlorure de silicium et pas-
Hottes ue
(1) Annales de Chimie et de Physique, 3° série, t. XXIV, p. 286.
(1296 )
sait principalement entre 59 et 66 degrés, et dont l’autre, recueillie entre
95 et 97 degrés, offrait les caractères d’un produit bien défini. Dans l'inter-
valle de ces températures et au-dessus, il ne distillait que beaucoup moins
de liquide.
» Le liquide bouillant entre 95 et 97 degrés est limpide; avec l’eau, il
se décompose rapidement en dégageant de l'acide chlorhydrique et de
l'hydrogène sulfuré, et en donnant de la silice. Il fume à l'air et répand une
odeur sulfhydrique. :
» En raison de la tétratomicité du silicium, et en tenant compte de la
volatilité assez grande du produit, nous pensions que sa composition répon-
drait peut-être à la formule SiCl?’S(Si = 28, S = 32), et correspondrait
par suite à l’oxychlorure de carbone CCI 0 et à un corps CCS obtenu
par M. Kolbe par l’action du chlore sur le sulfure de carbone. Nos prévi-
sions ne se sont pas vérifiées, et nous avons trouvé, en analysant le liquide
bouillant entre 95 et 97 degrés, que les atomes de silicium, de chlore et de
soufre étaient à très-peu près dans le rapport de 1:3:1. Nous avons été
amenés ainsi à soupçonner l'existence de l'hydrogène dans ce composé, et
nous sommes parvenus à constater qu’en effet sa composition est exprimée
par la formule SiCI SH.
» La quantité d'hydrogène correspondant à ces rapports est très-faible, et
il fallait des précautions particulières pour établir la présence de ce corps et
pour le doser. Nous avons tenu à l’isoler à l’état gazeux, et pour cela nous
avons introduit une ampoule de verre, contenant une quantité pesée de ma-
tière et fermée avec un petit bouchon de cire, dans un tube disposé comme
pour un dosage d’azote par la méthode de M. Dumas, mais renfermant
seulement du cuivre réduit et une petite colonne de carbonate de plomb. Le
cuivre réduit et le carbonate de plomb avaient été séchés avec soin. Lorsque
l’air eut été chassé du tube à l’aide de l'acide carbonique et de la pompe,
on chauffa le cuivre, puis on fondit le bouchon de cire et on volatilisa peu
à peu la matière à analyser. Tout le tube étant chauffé, on le balaya avec
de l’acide carbonique, et alors il resta dans la cloche renversée sur le mer-
cure une certaine quantité d’un gaz non absorbable par la potasse. Ce gaz
mesuré et analysé s’est trouvé formé d’un mélange d'hydrogène et d'oxy de
de carbone. La présence de l’oxyde de carbone n’a rien d'étonnant; à la
température à laquelle était porté le tube, une partie de l'hydrogène aval
dů réduire de l'acide carbonique en mettant en liberté un volume d'oxyde
de carbone égal au sien. En effet, un peu d’eau s'était déposé à l'extrémité
froide du tube pendant la décomposition de la substance. Toutefois une
( 1297 )
petite quantité d'oxyde de carbone pouvait provenir aussi de l’action du sili-
cium sur l’acide carbonique. Cette quantité était en réalité très-petite, car,
en ne tenant compte que de l'hydrogène, on a trouvé pour la proportion
contenue dans le corps 0,43 pour 100, et, en ajoutant la proportion corres-
pondant à l’oxyde de carbone, 0,71. La formule SiCI* SH exige 0,59
pour 100.
» Nous avons confirmé cette première analyse par une combustion faite
avec l’oxyde de cuivre par la méthode ordinaire, mais en opérant sur plus
de 1 gramme de substance. Nous avons recueilli dans le tube à eau une
quantité correspondant à 0,58 pour 100 d'hydrogène (1).
» La présence de l’hydrogène est d’ailleurs mise en évidence d’une ma-
nière facile par l’action du brome sur le composé que nous étudions : à la
température ordinaire, il se dégage de l’acide bromhydrique en abondance.
» Les résultats des analyses sont confirmés par la densité de vapeur qui
a été trouvée de 5,78, la théorie exigeant 5,83.
» La réaction qui donne naissance au chlorosulfhydrate de silicium peut
être exprimée par l'équation suivante :
Si CI‘ + SH? = Si C’ SH + HCI.
» Le chlorosulfhydrate de silicium réagit sur l'alcool absolu à la façon
du chlorure de silicium, avec dégagement d’acide chlorhydrique. On pou-
vait s'attendre à la formation d’un éther Si( C?H°O)SH. Ce composé parait
se produire en effet, mais il se forme en même temps de léther silicique
Si(C°H* O)‘, qui ne peut pas en être séparé par distillation, les tempéra-
tures d’ébullition des deux corps paraissant être très-voisines, et qui pro-
vient de l’action de l'alcool sur l’éther sulfuré lui-même. En effet, ayant
ajouté de l’alcool absolu à un mélange qui renfermait 11 pour 100 de soufre
(l'éther pur en renfermerait 16 pour 100), nous avons constaté un dégage-
ment d'hydrogène sulfuré, et après l’ébullition du mélange le résidu n’était
plus composé que de silicate d’éthyle | |
Si (C?H*0)°SH + C?H*O = Si(C'H°0)' + SH°.
ia
D aa PTE
(1) Nous ajoutons ici les résultats des autres analyses faites en prompt la en
dans des tubes scellés, soit par l’'ammoniaque étendue (I), soit par l'acide azotique
concentré :
L IL. ul. IV. Théorie.
Si — 16,96 16,86 » 16,36 16,71
Sa » 19,21 19,09 19, 10
Ci = 63,2 » » » 63,57
( 1298 )
» En opérant dans des conditions différentes et sur une plus grande quan-
tité de matière, on pourra probablement isoler léther Si (C° H5O)?’ SH.
» La réaction du brome que nous avons déjà signalée plus haut offre un
intérêt particulier; non-seulement elle donne naissance à de l'acide brom-
hydrique, mais elle fournit encore du bromure de soufre et un nouveau
composé dont nous avons indiqué la formation comme probable dans une
autre circonstance, le chlorobromure de silicium SiC!’ Br. Elle se fait sui-
vant l'équation
ho x
se S + Br? = SiC’ Br + SBr + BrH.
». Le chlorobromure de silicium bout à 80 degrés; il s’isole facilement du
bromure de soufre par distillation, après qu’on a enlevé l'excès de brome à
l’aide du mercure. Il ressemble au chlorure de silicium et fume à l'air
comme lui. Il se comporte de même avec l’eau. Les analyses que nous en
avons faites s'accordent entièrement avec la formule indiquée, formule s'ac-
cordant, ainsi que toutes les précédentes, avec le poids atomique 28 du
silicium. La densité de vapeur a été trouvée de 7,25. La formule SiCl°Br
exige 7,42.
» La constitution du chlorosulfhydrate de silicium que nous venons
d'étudier le rapproche des sulfhydrates de radicaux hydrocarbonés ou
mercaptans. D’après sa composition, on peut en effet le considérer comme
l’analogue du mercaptan méthylique CH'SH, avec cette différence qu'il
renferme 3 atomes de chlore à la place de 3 atomes d'hydrogène. On peut
donc, si l’on veut faire usage de la nomenclature que nous avons employée
pour le silicichloroforme, etc., le désigner par le nom de silicimercaptan
trichloré.
» L'analogie ne se borne pas absolument aux formules; nous avons
constaté que le brome se comporte avec le mercaptan éthylique comme
avec le silicimercaptan trichloré. La réaction est vive, il se dégage beaucoup
d’acide bromhydrique, et quand on a ajouté 3 atomes de brome pour
1 molécule de mercaptan et qu’on distille, on recueille un liquide bouillant
à 39 degrés, insoluble dans l’eau, brülant avec une flamme verte, et qui
n’est autre chose que du bromure d’éthyle; dans le récipient, il reste du
bromure de soufre. La réaction s’est donc passée suivant l'équation
CH)
n |
On voit que l’action du brome sur les mercaptans diffère entièrement de
l’action qu'exerce le même élément sur les alcools.
‘S + Br? = C? H* Br +- SBr + BrH.
(1299 )
» Nous terminerons en indiquant une réaction que nous avions tentée
en vue d'obtenir le chlorosulfure de silicium alors. que nous pensions que
ce composé renfermait SiCl?S. Nous avons fait passer du chlorure de
soufre en vapeur sur du silicium légèrement chauffé. La réaction se pro-
duit avec incandescence, mais elle ne fournit que du chlorure de silicium;
le soufre se sépare à l’état de liberté. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les ammoniaques composées à base d'amyle. Note
de M. R.-D. Sıva, présentée par M. Balard.
« Dans le but de préparer l’'amylamnine, j'ai employé le procédé de
M. Wurtz (1), qui consiste à décomposer le chlorhydrate d'amylamine
impur, obtenu en saturant, par l'acide chlorhydrique dilué, le produit de
la décomposition d’un mélange de cyanate et cyanurate d’amyle et de
potasse caustique.
» Dans le cours de cette préparation, j'ai remarqué une série de phéno-
mènes dont j'ai cherché à me rendre compte, et j'ai obtenu un liquide dif-
férent de l’amylamine, qui, comme cette dernière base, est un produit de
décomposition du mélange que je viens d'indiquer. Pour bien concevoir
l'étude que j'ai été conduit à faire, il est nécessaire d’entrer dans certains
détails qui forment, pour ainsi dire, partie essentielle et successive de ce
travail. Pour obtenir le chlorhydrate d'amylamine qui devait me servir
ultérieurement à la préparation de la base que je cherchais, on reprend le
produit de la décomposition du cyanate et du cyanurate d'amyle par la
potasse, produit qui doit être formé d’amylamine.
» Le liquide obtenu n'est pas constitué simplement d’amylamine plus
ou moins hydratée, et la preuve en est qu’il n’est pas homogène : le produit
de cette décomposition est formé de deux couches, l’inférieure aqueuse, la
toutes deux; cependant la
e plus intense au papier rouge
oluble dans l'eau en toutes
plus ou moins complexe.
supérieure oléagineuse, fortement alcalines
couche oléagineuse produit une couleur bleu
de tournesol. Sachant que l’amylamine est s
proportions, j'ai cru avoir affaire à un mélange
Gerhardt, dans son Traité de Chimie organique, parle des deux couches qui
constituent quelquefois le produit de la décomposition par la potasse des
deux éthers à base d’amyle; mais il ne rend pas compte de la cause de ce
phénomène, et.l'emploie pour obtenir le chlorhydrate d'amylamine en le
i OLLEET a
(1) Annales de Chimie et de Physique, 3° sérié, t. XXX, 1850.
l 7 I
| C. R., 1867, 1°" Semestre. (T. LXIV, N° 28.)
( 1300 `)
saturant par l’acide chlorhydrique dilué. Quand on y verse une solution
d'acide chlorhydrique, et aussitôt que cette dernière se trouve en léger
excès, la couche oléagineuse, qui ne disparaît pas complétement pendant
la saturation, prend une teinte rouge d'autant plus intense que l'excès
d'acide est plus abondant. J'ai séparé cette couche oléagineuse et rougeâtre
dans le but de l’analyser, croyant tout d’abord qu’elle serait formée prin-
cipalement d'alcool amylique, car sa couleur est précisément celle que
prend ce: dernier corps sous l’action des acides minéraux ordinaires. J'ai
commencé par distiller ce produit, et vers le milieu de l'opération la tem-
pérature resta stationnaire entre 130 et 132 degrés. L'analyse ma fourni
les nombres suivants :
Carbone. in Sie is 68,003
Hydrogène... 2. armee da 13,888
NES. POP RE ER ran 10410)
100,000
Carboge: 5. à PISTES : 68,182
Hydrogène... hea de -134036
ETEO E a a a roger 18,182
i 100,000
» Pour obtenir le liquide dont il sera question plus bas, j’ai dù répéter
l'opération un très-grand nombre de fois, et j'ai pu observer que la quan-
tité d'alcool amylique régénéré est d'autant plus abondante que la potasse
caustique que l’on emploie pour décomposer le mélange de cyanate et
cyanurate d'amyle est plus hydratée; de plus, la régénération d’alcool
amylique a lieu dans cette phase de l’opération.
» Le chlorhydrate d’amylamine desséché a été décomposé par la potasse
caustique fondue et pulvérisée. L’amylamine produite dans cette décom-
position a été déshydratée par la baryte caustique. Suivant avec soin les
indications thermométriques, j'ai séparé de l’amylamine passant à 05 degrés
sous une pression de 758 millimètres. Au bout d’un certain temps la
température commença à s'élever et continua sa marche ascendante jusque
vers 178 degrés. De 178 à 180 degrés, il passa un liquide incolore, d'aspect
oléagineux, doué d’une odeur faiblement ammoniacale et quelque peu
vireuse, à peine assez soluble dans l’eau pour lui communiquer la propriété
d'agir sur les papiers de tournesol, surnageant ce liquide, très-soluble
dans l'alcool et dans l’éther, fortement alcalin, et se prenant en masse
( 1301 )
blanche sous l’action de l'acide chlorhydrique dilué. La densité de ce
liquide à zéro a été trouvée égale à 0,7825. L'analyse m’a donné la compo-
sition centésimale suivante :
Carbone... à4 des de 75,83
NE ee dires) ie) 14,72
RAD Te Et pere Re Tera zi 9,43
» La diamylamine renferme, en centièmes :
Garhohe fisc st ssl er 76,43
Hydrogène. 4 res ind. sui 14,65
PS PR PE E E PPS DU 8,92
» Le rapprochement des deux compositions précédentes et l’analogie
complète entre les caractères physiques et chimiques du corps que j'ai
obtenu, ainsi que de la diamylamine, me conduisent à supposer que mon
produit n’est autre chose que la diamylamine. Cette assertion se vérifie
encore par l'étude que j'ai faite de la combinaison de son chlorbydrate
avec le chlorure platinique, dont voici le résultat de l’analyse et les chiffres
` calculés :
Résultat de l’analyse. Chiffres calculés.
Carbone... ss, 33,63 Carbone, ........ « —: 39,00
Hydrogène. ....... 6,78 Hydrogène. ..... ‘ 6,34
Platine... see 26,91 PRO is rit 27,16
Azôte. ...:, onr » AROLE . . TTE P ET »
» Le chlorhydrate double de platine et de diamylamine que jai obtenu
et dont l’analyse est consignée ci-dessus se présente en cristaux d un jaune
rougeâtre, très-petits et parfaitement nets, appartenant au système rhom-
bique; ils présentent au microscope polarisant deux axes négatifs, ce qui
onstituent des prismes clinorhombiques. Ces cristaux
porte à croire qu’ils €
i très-solubles dans l'alcool et dans
sont peu solubles dans l’eau chaude,
éther. .
» Ayant encore à ma disposition de 3
plus loin l'étude de ses combinaisons : } al oĐten ilo rate”
d’or et de diamylamine, en belles lames d'un ye citrin, Pee 5
soluble dans l’eau, même à chaud, très soluble dans l'alcool et doi , 5
présentant, sous l’action de la lumiere polarisée, des sri un irs pes
des deux axes optiques. Le calcul et analyse m ont fourni les ess
vants : pe.
a diamylamine, j'ai voulu pousser
btenu un chlorhydrate double
( 1302 )
Calcul. Analyse.
Garbône: erise ar 24,17 Carbone... 245. 528,
Hydrogène. ....... 4,63 Hydrogène. ....... 4,87
Os sie Due és 39,48
Azote.......%%: CEE Azotes. . se »
» Les produits basiques de la décomposition du chlorhydrate d’amyla-
mine impur par la potasse desséchée n'étaient point épuisés en me fournissant
les deux ammoniaques qui viennent d’être étudiées; après avoir obtenu la
diamylamine au-dessous de 180 degrés, l'appareil distillatoire renfermait
encore un liquide bien moins volatil que les précédents et qui passa au-
dessus de 200 degrés (vers 205 degrés), liquide en petite quantité, présen-
tant sensiblement les mêmes caractères que la diamylamine pour ce qui
concerne l'aspect, la presque insolubilité dans l’eau, la solubilité dans lal-
cool et dans l’éther. Ce liquide a donné à l'analyse le résultat suivant :
Carbone: ~. Veli FAQ, e aD oao, 90
Hydrogène. 4. #0. 4.30% He de: dés
Azo is tirer si nb RES : š »
» Le produit de combinaison de son chlorhydrate avec le bichlorure de
platine cristallise en prismes rhombes, présentant également deux axes
négatifs, mais peu écartés. Le résultat de l'analyse donne les proportions
centésimales suivantes pour le carbone et l'hydrogène :
Catone PRÉ. sun terer te EU 109
Hydrogène... =s; ro: ei + 7:66
» J'ai été empèché de pousser plus loin les déterminations de cette ana-
lyse élémentaire par suite d’un accident. Cependant les deux analyses
montrent que c'était bien de la triamylamine.
» De ce qui précède je conclus que les ammoniaques secondaires et ter-
tiaires à base d’amyle se forment en même temps que l’ammoniaque pri-
maire, quand on prépare cette dernière par la méthode générale indiquée
par M. Wurtz. N’en serait-il pas de même pour la plupart des autres bases
appartenant au groupe des ammoniaques composées? Je crois qu’en pré-
sence des procédés difficiles et dispendieux que l’on connaît pour la prépa-
ration de ces produits organiques, il serait utile et intéressant de faire des
recherches dans ce but : me proposant de les poursuivre, en continuant
mes recherches dans le laboratoire de M. Wurtz, je serai heureux d'en
communiquer les résultats à l’Académie. »
( 1303)
GÉOLOGIE. — Sur la composition des gaz émis par le volcan de Santorin. Extrait
d’une Lettre de M. Janssex à M. Ch. Sainte-Claire Deville.
« Me voici de retour de ma mission, et avant de vous rendre compte
des résultats obtenus, permettez-moi de vous remercier de votre concours
si empressé et si bienveillant. Dans une question où la géologie tenait une
si grande place, vos lumières et celles de MM. Élie de Beaumont, Fizeau,
Edm. Becquerel, et j'ajoute avec plaisir M. Fouqué, m'ont été extrême-
ment précieuses, et ont formé mon meilleur élément de succes.
» Je suis arrivé à Santorin le 21 mars : M. Fouqué avait terminé son
travail et quittait l'ile. Nous nous entendimes rapidement sur les points les
plus importants de nos études. Je trouvai le volcan en pleine activité : les
détonations étaient continuelles et formidables; le cratère du volcan, con-
stamment remanié par les forces éruptives, lançait le feu et les pierres par
un grand nombre d’orifices. Plusieurs fois par jour même, le sommet du
cône volcanique, emporté tout d’une pièce par une éruption plus forte,
retombait en une pluie de pierres incandescentes, qui couvraient tout le
cône et les espaces environnants à une assez grande distance.
» Après une reconnaissance rapide, je comimençai immédiatement mes
études. Vous vous rappelez, monsieur, qu'il s'agissait surtout d'obtenir,
par l'analyse de la lumière, quelques indications sur la nature des gaz et
des matières brülant à leur sortie du cratère. Or, je constalai tout d’abord,
et bien facilement, l'existence de flammes qui, du reste, avaient été très-
nettement reconnues par M. Fouqué; mais l'analyse de ces flammes pré-
senta d'assez grandes difficultés à cause des nuages de poussières incandes-
centes qui s’y trouvent presque toujours mélés, et masquent les propriétés
optiques de ces dernières. Néanmoins, à l’aide de quelques dispositions
spéciales, et en attendant avec persévérance les occasions favorables, j'ai
pu faire l’analyse spectrale de ces flammes, et voici d’une manière suc-
cincte les résultats obtenus. à
» Les flammes du volcan de Santorin contiennent du sodium, et ce corps
ande quantité, car je l'ai constaté en toute
doit s’y trouver relativement en gr
" bi . [d
rvations me porte en outre à considérer
occasion. L'ensemble de mes obse es
l'hydrogène comme la base des gaz combustibles ques échappent des ori-
fices du cratère. Ce fait me parait important ; il étend et ee les
résultats trouvés par M. Bunsen, par vous, monsieur, et par um pane
èt Fouqué, sur la présence de cè gaz parmi tes fluides rejetés des évents
volcaniques. p i 7479 DO GAS p: 3
( 1304 )
Mon analyse ne s’est pas bornée là : je rapporte des dessins de spectres
qui devront être discutés ultérieurement, mais qui, dès maintenant, sem-
blent indiquer la présence du cuivre, du chlore et du carbone. Certaines
circonstances d'analyse spectrale me permettront même, je l'espère, de
donner des indications précises sur la température des flammes, tempéra-
ture qui paraît peu élevée.
Désireux d'étendre les résultats obtenus à Santorin, je me suis rendu
au Stromboli. La configuration actuelle du cratère de ce volcan diffère d’une
manière très-notable de celle que M. Fouqué avait constatée en 1866.
L’ancien cratère très-profond est comblé, et se trouve surmonté actuelle-
ment par un champignon de laves concassées, très-fissuré, vomissant des
pierres, des cendres et des flammes. L'analyse de ces flammes me porte à
leur attribuer une constitution qui se rapproche beaucoup de celle des
flammes de Santorin.
» J'aurai bientôt honneur de faire part à l’Académie des autres études
de physique terrestre que j'ai faites à Santorin et en Sicile, mais je ne veux
point terminer cette Lettre sans vous dire que je suis monté sur l'Etna
pour y faire des observations d'analyse spectrale céleste qui exigeaient une
grande altitude, afin d'annuler en majeure partie l'influence de l'atmo-
sphère terrestre. De ces observations, et de celles que j'ai faites aux
Observatoires de Paris, de Marseille et de Palerme, je crois pouvoir vous
annoncer la présence de la de ce d’eau dans les atmosphères de Mars et de
Saturne. »
MÉTÉOROLOGIE. — Sur un bolide observé le 11 juin. Note de M. Bonxarowr,
présentée par M. Daubrée.
« Le 11 de ce mois, à 8 heures ou 8°15" du soir environ, j'étais assis
dans mon jardin, à Antony, près Paris; vers le nord apparut un splendide
météore. Sa forme me parut ressembler à celle d’une énorme fusée à la Con-
grève ; en avant, était un point rouge incandescent; immédiatement après,
le corps présentait une couleur d’un blanc jaunâtre très-brillant, qui le
coiffait dans ses deux tiers au moins; de là s’échappait une chevelure
incandescente, dont les reflets allaient en s’amoindrissant, mais formaient
une traînée considérable dans l'atmosphère.
» M. Barba, ingénieur de la marine impériale, étudiant les points de re-
père que je lui ai indiqués, a: pu bien préciser la trajectoire du météore.
Au moment où le bolide m'apparut, il était à N.3°E, du méridien de Paris
(:1305 )
et à 22°, 30 au-dessus de l’horizon. Il décrivit ensuite une courbe de forme
parabolique, ayant sa convexité tournée vers le zénith, en se rapprochant
constamment de l'horizon, et disparut au bout de quelques secondes der-
rière une maison, à 34 degrés N.-E. Sa hauteur au-dessus de l'horizon était
alors de 16 degrés. »
M. pe Paravey adresse une Note destinée à établir l'importance des livres
anciens conservés en Chine, pour la détermination de l’âge des haches en
silex, livres originaires, suivant lui, de l’Assyrie et de l'Égypte. L'auteur
pense d'ailleurs que ce n’est pas avec des silex qu’on aurait pu sculpter la
statue de basalte du roi Chephren, travail qu’on fait remonter à six mille ans.
Après avoir donné lecture de la Note de M. de Paravey, M. Êur De
Braumonr fait observer que le sable quarizeux et surtout l’émeri rayent et
usent le basalte; d’où il résulte qu'avec une patience telle que celle qu'ont
montrée plus d’une fois les hommes de l’âge de pierre, et en s'aidant des
instruments contondants employés pour façonner les haches en silex, on
aurait pu, à la rigueur, sculpter le basalte et en tirer même des statues sans
employer autre chose que des objets en pierre ou en bois.
La séance est levée à 5 heures. É D: p:
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE,
L Académie a reçu, dans la séance du 24 juin 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Mémoires de la Société impériale d'Agriculture, Sciences et Arts d’An-
gers (ancienne Académie d'Angers). Nouvelle période, t. X, cahiers 1 à 4.
Angers, 1867; in-8°. ó
Des applications de l'électricité à la médecine; par M. À. TRIPIER. Paris, 1867;
br. in-8°. :
Annales de la Société académique de Nantes et du département de la Loire-
Inférieure. 1866, 2° semestre. Nantes, 1867; br. in-8°.
Démonstration directe et qénérale du théorème que la somme des angles d'un
triangle égale deux droits; par M. L. DARGET. Auch, sans date; opuscule .
in-4°,
( 1306 )
Abhandlungen... Théorie mécanique de la chaleur; par M. R. CLAUSIUS.
Brunswick, 1867; 1 vol. in-8° relié.
Schriften... Publications de l'Université de Kell. T. XIII. Kell, 1867;
r vol. in-4°.
Verhandlungen... Mémoires de la Société d'Histoire naturelle et de Méde-
cine de Heidelberg. T. IV, 4° partie. Heidelberg, sans date; in-82.
Handbuch... Manuel de Botanique physiologique publié par M. W. Hor-
MEISTER, avec le concours de MM. A. DE BARY, IRMISCH, PRINGSHEIM et
Sacus. T. II, 2° partie: Morphologie et physiologie des Champignons, Li-
chens, etc.; par M. A. DE BARY. Leipzig, 4866; 1 vol. in-8° avec figures.
(Envoyé pour les concours Desmazières et Thore.)
Movimento... Mouvement de la population de Sienne dans l’année 1866.
Observations et discussion des faits; par M. G.-B. Basılı, secrétaire de la mu-
nicipalité. Sienne, 1867; in-4°.
Indice... Table des œuvres inédites du cav. A. LONGO. Gênes, 1867;
in-12. ;
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES REÇUES PAR L'ACADÉMIE PENDANT
LE MOIS DE JUIN 1867.
Actes de la Société d’ Ethnographie ; 5 avril 1867; in-8°.
Annales de l’ Agriculture française ; n% 9 à 11, 1867; in-8°.
Annales de Chimie et de Physique; par MM. CHEVREUL, DUMAS, PELOUZE,
BOUSSINGAULT, REGNAULT; avec la collaboration de M. WURTZ; mal
1867; in-8°.
Annales des Conducteurs des Ponts et Chaussées ; avril 1867; in-8°.
Annales du Génie civil; juin 1867; in-8°.
Annales météorologiques de l'Observatoire de Bruxelles; n” 4 et 5, 1867;
in-4°.
Bibliothèque universelle et Revue suisse. Genève, n° 113, 1867; in-8°.
Bulletin de l’ Académie impériale de Médecine; n™% des 31 mai et 15 Juin
1867 ; in-8°.
Bulletin de l’ Académie royale de Médecine de Belgique; n° 4, 1867 ; in-8°.
(1307)
Bulletin de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de
Belgique; n° 4, 1867; in-8°.
Bulletin de la Société d’ Anthropologie de Paris ; juillet à décembre 1866, et
janvier à mars 1867 ; in-8°,
Bulletin de la Société d’Encouragement pour l’industrie nationale; avril
1867; in-/4°.
Bulletin de la Société de Géographie; mai 1867; in-8°.
Bulletin de la Société de l'Industrie minérale, juillet à septembre 1866 ;
in-8° avec atlas in-fol.
Bulletin de la Société française de Photographie; mai 1867; in-8°,
Bulletin de la Société industrielle d’ Amiens; n°° 2 et 3, 1866; in-8°.
Bulletin des séances de la Société impériale et centrale d’ Agriculture de France;
n®6 et 7; 1867; in-8°.
Bulletin général de Thérapeutique; n°* des 30 mai et 15 juin: 867; in-8°.
Bulletin hebdomadaire du Journal de l'Agriculture; n° 22 à 25, 1867;
in-8°,
Bullettino ne dell Osservatorio del Collegio romano ; n° 5, 1867;
in-4°,
Comptes rendus lrindiies des séances de l’Académie des Sciences;
1* semestre 1867, n° 22 à 25; in-4°.
Cosmos; livraisons 22 à 25, 1867; in-8°. '
Gazette des Hôpitaux; n° 64 à 73, 1867; in-4°.
Gazette médicale d'Orient; n° ia, 10° année, n” 1 et 2, EN année, 1867;
in-4°,
Gazette médicale de Paris; n° 22 à 25, 1867; in- 4e.
Journal d? Agriculture pratique; n° 22 à 25, 1867; in-8°.
Journal de l’ Agriculture, n°° 22 et 25, 1867; in-8°.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; juin
1867; in-8°,
Journal de la Société impériale el centrale d'Horticulture; avril 1867;
in-8°, |
Journal de l'éclairage au gaz; n® 5 et 6, 1867; in-8°.
Journal de Mathématiques pures et appliquées; wars 1867; in-4°. z
C. R., 1867, 127 Semestre. (T, LXIV, N° 25.)
( 1308 )
Journal de Médecine de l'Ouest ; 5° livraison, 1867; in-8°.
Journal de Médecine vétérinaire militaire; mai 1867; in-8°.
Journal de Pharmacie et de Chimie; juin 1867; in-8°.
Journal des Connaissances médicales etpharmaceutiques; n° 15 à 17, 1867:
in-8°.
Journal des fabricants de sucre; n°% 8 à 10, 1867; in-fe.
Kaiserliche... Académie impériale des Sciences de Vienne; n° 14, 1867;
1 feuille d'impression in-8°.
L’ Abeille médicale; n°° 21 à 25, 1867; in-4°.
L'Art médical; juin 1867; in-8°.
L'Art dentaire; mai 1867; in-8°.
La Guida del Popolo; juin 1867; in-8e.
La Science pour tous; n° 26 à 29, 1867; in-4°.
Leopoldina... Organe officiel de l’Académie des Curieux de la Nature,
publié par son Président le D" C.-Gust. Carus; n° 1%, 1867; in- ae
L'Événement médical; n% 14 à 175 1867; in-f°.
Le Gaz; n° 4, 1867; in-4°.
Le Moniteur de la Photographie; n% 6 et 7, 1867; in-4°.
Les Mondes..., livr. 5: à 8, 1867; in-8°.
Magasin sais mai 1867; in-4°.
Monatsbericht... Compte rendu mensuel des séances de l’ Académie royale
des Sciences de Prusse. Berlin, mars 1867; in-8°.
Monthly... Votices mensuelles de la Société royale d’ Astronomie de Londres,
10 mai 1866; in-19.
Montpellier médical... Journal mensuel de Médecine; n° 6,.1867; in-8°.
Nachrichten... Nouvelles de l’Université de Gœttinque ; mars à juin 1867;
i-12.
Nouvelles Annales de Mathématiques; juin 1867 ; in-8°.
Pharmaceutical Journal and Transactions; t. VIII, n° 12, 1867; in-8°.
Presse scientifique des Deux Mondes; n° 29 à 25, 1867; in-8°.
Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale ; n° 11 et 19, 1867; in_8°.
Revue des cours scientifiques; n°° 27 à 30, 1867; in-4°.
Revue des Eaux et Foréts; n° 6, 1867; in-8°.
( 1309 )
Revue maritime et coloniale; juin 1867 ; in-8°,
Revue médicale de Toulouse ; n° 5, 1867 ; in-8°.
Società reale di Napoli. Rendiconto dell’ Accademia delle Scienze fisiche e
malemaliche. Naples, avril 1867; in-4°.
The Journal of the royal Dublin Society; n° 35, 1867; in-8°.
The Laboratory; n% 9 à 12, 1867; in-4°.
The Scientific Review; n° 15, 1867; in-4°,
ERRATA.
(Séance du 3 juin 1867.)
Page 1126, ligne 20, au lieu de la somme de la trajectoire, lisez le sommet de la tra-
jectoire. -
Page 1128, ligne 4, au lieu de 1™e 88 et fyl P lisez 1™,88 et 1,74.
SE
(Séance du 10 juin 1867.)
Page 1108, ligne 19, au lieu de (ba, lisez (6a.
4b + Ga?
R?
Page 1199, formule (6), au lieu de R’ R"* C', lisez 2R'R"*C’.
, lisez
4b — 6a
Page 1108, ligne dernière, au lieu de TAE
Page 1200, ligne 7, au lieu de différence, lisez distance.
Page 1200, ligne 13, au lieu de différence, disez distance.
, à
FIN DU TOME SOIXANTE-QUATRIÈME.
; a
A
A
COMPTES
RENDUS
DES SÉANCES DE -L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
TABLES ALPHABÉTIQUES.
JANVIER — JUIN 1867.
TABLE DES MATIÈRES DU TOME LXIV.
P
. DES Snin — État de l’Aca-
démie au 1° janvier 1867............
Fe pi ey: est élu Vice-Président pour
‘année 1867 4 a aus duje een see
= M Taie. Président sortant, rend
compte de l’état où se trouve l’impres-
sion des Recueils que publie l'Académie
et des changements survenus parmi ses
Membres et ses Correspondants pendant
l'année. 1866.52. uiaei. épes
Accoucnements. — Sur l'emploi de l'air
comme moyen obstétrical auxiliaire ;
Note de M. Kaufmann..............
ACIDE CARBONIQUE. — Sur l'absorption de
‘acide carbonique par quelques oxydes;
Note de M. Xotb.................+.e
ÅCIDE ERRI — Sur les dérivés bromés
cet acide ; Note de M. Grimaux....
ns. HYPOAZOTIQUE. — Sur le coefficient de
dilatation et la densité de la vapeur de
cet acide ; Note de MM. H. Sainte- Claire
Deville et Troost
ACIDE 1opHypriQue. — Action de la chaleur
sur cet acide; Note de M. Hautefeuille.
ACIDE oXALIQUE. — Nouvelle méthode pour
la synthèse de l'acide oxalique et des
vas homologues: Note de M. Ber-
aA O, IRE ER T Uri ni ei eee
ACIDE PHOsPHOREUx, — Sur un dérivé bromé
da tai) l'acide phosphoreux ; Note de M. Or-
E E E NL E VS UN En Re eia aO
PRES E PE D aea ae à
dk: 1867, 1er Semestre. (T: LXIV.)
es.
=
3
À
à Pages.
ACIDE PHOSPHORIQUE. — Détermination de la
quantité de matière rat À maine
gra .
ais,
1279
Note de M. Bawdrimont. ............
ACIDE SILICIQUE. — Sur les états isomériques
de l'acide silicique et sur la polyatomi-
cité des acides; Note de M. Fremy.... 243
ACIDE SULFUREUX. — Recherches relatives à
l'action réciproque de cet acide et
de
4 l'hydrogène sulfuré; par MM. de Luca et
des TS Rene den tre ses seu se se
Ubaldini
ACOUSTIQUE. — — Description d'une expérience
par une corde vibrante ; Note de M. Fe-
— aprliciiné de la théorie mécanique de la
chaleur à l'étude de la transmission du
son; Note de M. Dupré
— Lettre de M. Francisque reletive à un
Mémoire qu'il avait see pe
senté sous le titre de : « Le se
Pythagore dévoilé ».................
_ M. Vincent de Jozet demande et obtient
l'autorisation de reprendre son Mémoire
sur les principes de la Musique mo-
et CES CEE. CN cn
AÉRONAUT
stats dirigeables: ‘Note de M. épée
M. B
350
ns
SR ve set
abinet, à Vexamen duquel avait été
renvoyé un travail de M. de Louvrié sur la
navigation aérienne, déclare que ce tra-
173
vail lui paraît de nature à devenir l’objet
d'ou Rapport: i A o a
AÉRONAUTIQUE. — Notes.de M. Buisson-Just
et de M. Bejot sur la direction des aé-
ROAD. ere vob D Cite
ALCOOLS. -— Sur le corpuscule vibrant de la
pébrine considéré comme organisme pro-
ducteur d’alcool; Note de M. Bé ‘champ.
ALDÉHYDES. — Action des déshydratants sur
quelques aldéhydes aromatiques; Not
GO M BRUUN. {iii
ALIMENTATION DU PREMIER AGE. — Sur la
Préparation d’un lait artificiel offrant un
aliment plus approprié que la bouillie aux
besoins des enfants ; Note de M. Liebig.
— Remarques de M. Carôn à l’occasion de
sms...
de la ea du prix dit des Arts
UT Ts s s oea PE E
ur la fabrication des allumettes de sû-
reté; Mémoire de M. Meyer..........
Mr — Lettre de M. Taponnier con-
cernant une précédente Note « sur la
théorie de l’extraction de Sa »
7 et
— Sur une nouvelle application du LR
d'aluminium ; Note de M. Hulot. . .....
— Remarques de M. H. Sainte-Claire De-
ville à l’occasion de cette communication.
AMMONIAQUES. — Sur les ammoniaques com-
posées à base d’amyle ; Note de M. Silva.
ANALYSE MATHÉMATIQUE n théo-
rème de M. Hermite relatif à la trans-
formation des équations; Note
CC A a AAEREN RE,
5
— Mémoire sur la résolution algébrique des
équations ; par M. Jordan. ..269, 586 et
Sur la transformation cubique d’une fonc-
tion elliptique; Note de M. Cayley...
Mémoire sur la théorie ya résidus qua-
dratiques; par M. Mathieu..,........
— Sur les formes binaires du Epa degré;
Sur la recherche des fonctions auxiliaires
dans l'application de la méthode Kum-
mer à la sommation des séries; no de
023 et
— Sur ne du sixième R Note
1081 êt
— Réduction : au second degré d’une re
indéterminée en x et y du troisième fer
grs relativement à x et y; Note de
E E T EF
(1912)
Pages.
854
Pag
— Théorème sur les racines primitives;
par le même. teares tier ss ol
— Sur aise pompy du calcul in-
tégral; Not
— Lettre dè M. Pajol Rire usées
découvertes qu’il croit avoir faites en
Algèbre, it LUS: Rss cdd tn
ANATOMIE. — Sur l’évolution de la notocorde,
des cavités des disques intervertébraux
et de leur contenu gélatineux ; Mémoire
aM. Robin ::.5:..., ae
— Note de M. Robin accompagnant la pré-
sentation de ses « Leçons sur les hu-
meurs normales et morbides du corps
de l’homme r.. rese
— Sur les dispositions anatomiques des lym-
phatiques des Torpilles comparées à
celles qu'ils présentent chez les autres
Plagiostomes; Mémoire de M. Robin..
Sur la ee du cœur des Poiepi
du genre Gade; Note de M. Jourdain...
Considérations sur quelques particulari-
tés du système musculaire des Poissons;
par M. Baudelot....:........s......
— Sur quelques points de l'anatomie des Si-
poncles; Note de M. Jourdain........
— Étude sur le développement des tissu
fibrillaires et fibreux; par M. Ordonez.
— Sur le pigment de la peau; sur Pimbi-
bition cadavérique du globe de l'œil et
la rigidité musculaire considérés comme
signes e z mort réelle; men de
M re her: E E aubdes
ANATOMIE VÉGÉTALE. — Des vaiséesex pro-
pres dans les AINEGA: Mémoire de
.
M.
— Sur lhistologie des Dilléniacées ; Note
de M. Bai
as des sur quels points de lana-
E
PE E a E e aan aa a AN
es.
1231
X
©
=
<
Fe
1205
871
D 1138
1077
tomie enre Fistulina; Note de
M. de Seno ess tamis in
Voiraussil aride Physiologie végétale.
ANHYDRIDES MIX — Sur un anhydride
mixte sou Note de MM. Frie-
del e na a E A E in
ANONYMES bossa adressés pour des
des conditions est
PR E ST E e e E CE E a ue) E a Né I
Z Mémoire destiné au de pour le
grand prix de Mathématiques (question
concernant la théorie mathématique de E
la chaleur).
.
s...
eee de ENTER ET RE
1137
Pag
— Mémoire destiné au concours pour le prix
Bordin (direction des vibrations de lé-
ther ). Ce Mémoire est sans devise.....
C a un dont les auteurs se sont cr Us,
ans Pobligation de placer leur
nom sous pli P cachete — Mémoire sur
la valeur de la lithotritie.............
— Mémoire sur le disent du choléra-
MOTDUS ‘ASIATIQUE : M2 rc aa sans
— Traité géométrique des surfaces du troi-
peme ordro "it A sprl
— Mémoire intitulé : « Rhumatisme articu-
laire, point de départ des fièvres inter-
mittentes, du choléra européen et du
choléra asiatique p.57. An
— Note sur un frein électrique . .........
ANTHROPOLOGIE. — Remarques de M.
uatrefages à l'occasion d’un ouvrage
de M. Vogt ayant pour titre : « Mé-
moire sur les Microcéphales ou Hommes-
CU EP A dames ne
APPAREILS DIVERS. — M. Fizeau met sous les
yeux de l’Académie un photographo-
mètre de M. Chevallier, et une Note de
M. Duboscq qui en explique la construc-
tion et les usages. cecs dre aie
— Sur une machine à piston libre fonction-
nant comme p pneumatique et
comme pompe foulante ; Note de M. De-
AUS o e a es 0e NS
— Note surle trace- roulis et le a
par M. l’Amiral Péri et
— Modèle et destrption- d’un ion es
ticulier que! l'inventeur, M. Gouezel,
nomme « conduite barométrique ».
— Note sur deux nouveaux générateurs de
froid; par M. Ed. Carré
ss...
nes
BENZINE. — Sur quelques dérivés de la ben-
zine ; Note de M. Xekulé
RAVE. — Recherches chimiques sur la
betterave et particulièrement sur lin-
fluence des matières salines; par M.
remMvigder. issus. arut iare
LIDES. — Note de M. Bonnafont sur un
bolide observé le 11 juin
RATES. — Sur la trempe de quelques bo-
douar a
desire sieste
E NES D D 0 JE ré Le |
ville et W. r sur le bore crabe
BoraniQuE. — Note de M. Duchartre accom-
pagnant la présentation de la seconde et
( 1313 )
es.
1137
899
avec le nom de l’auteur sous pli cacheté .
— Mémoire sur un thermomètre à cadran;
DFE Ch. sr ee
ARMES A FEU. — Sur un fusil de guerre se
chapaa par la culasse ; Note de M. Sé-
BU A Le ARSA O TT eue
note — Résumé d’un Mémoire de
M. Chacornac sur le système du monde.
oir aussi aux articles Lune, Soleil,
Spectrale ( Analyse)
ATTRACTION UNIVERSELLE. — « Mémoire re-
latif aux causes distinctes de la gravi-
tation et de l’attraction universelle » ;
par M. Em. Martin.......,.,.......
Azote. — Modification apportée à un appa-
reil analytique pour le dosage de l'azote
dans les matières organiques commer-
ciales, tu que les engrais, etc.; Note
de M. Mèn
— Dr ts de la quantité de matière
organique, de l'acide phosphorique et
de l’azote des engrais ; Note de M. Bau-
AzoTE (ProroxypE D’). — Action physiolo-
gique de ce gaz : accidents résultant de
son Te Lettre de M. Hermann
à M. Che
nm msn
"Here E E a T T E R 6.8.6.0 à + 0.9
666 | — M. Preterre, PSAE de cette commu-
731 riences concernant l’action anesthésique
de ce gaz, dont il désirerait rendre té-
moins MM: les Membres de la Commis-
832 sion à laquelle a été renvoyée sa Note:
sur C0 QUjObe.s ser RSA AE
7 '
B
dernière partie de ses « Éléments de
752 Botanique »....sssmmmsssres
_ Note de M. Martins accompagnant Ven-
voi de son « Mémoire sur les racines
aérifères du genre Jussiæa et sur la dis-
261 ver popen ue du Jussiæa re-
E E E s + jad z
30 = ts la for et la fructifica
Se om Note de . Marès et r
126 Let e SUR Do Lys tite e
ee BIBLIOGRAPHIQUE. Beum
19 50, 139, 198, 233, A 371, 432, pi
| 677, , 708, 7 nh 5 on
981, Arr 1104, gr 1208,
nication, annonce de prochaines expé-
173.
Pa
— Sur un frein électrique; Note adressée
len
169
1279
{ 1305
Pages.
CANDIDATURES. — M. L. Reynaud prie l'Aca-
démie de vouloir bien le comprendre
dans le nombre des candidats pour l’une
des places vacantes dans la Section de
Géographie et Navigation............. 34
M. Tremblay rappelle la demande qu il a
faite précédemment d'être compris dans
le nombre des ner pour une place
dans cette Sectio
uses sis sets ce ee
- M. Nélaton, M. Eviter et M. J. Guérin
demandent chacun à être compris dans
le nombre des candidats pour la place
devenue vacante dans la Section de Mé-
decine et de Chirurgie, par suite du dé-
cès de M. Jobert de Lamballe........
MM. Maisonneuve, Piorry, Sédillot,
guier adressent de semblables did. 1018
M. Dubois prie l’Académie de vouloir bien
CAPILLAIRES (Actions). - — Su ur qe, PARTIR
919 €
- Sur l'interprétation des résultats obtenus
capillaires; Mémoire de S g esami
E E S Et 1211
Becquerel et exposés dans le
po Mémoire ; ; Remarques de
M.
APE Maven décerne 1275
CARBURES. — Transformation des carbures
aromatiques en phénols; Note de
MMS. és rss ENN 749
— Sur quelques dérivés de la benzine; Note
DR RP pins cest urse 752
— Sur les carbures d'hydrogène solides
tirés du goudron de houille; Note de
M. PME ini ir se blessennseoss 1035
CARDUNCULINE. — Sur la préparation de cet
agna
CENTRES DE GRAVITÉ. — Kooh orehea de M. Ha-
alcaloïde qui est analogue à la quinine
et doué comme elle de e i fébri-
fagh; Note de M. Ga,
ton de là Goupillière sur les centres de
ité
drique ; Note de M. Hautefeuille... ...
Recherches sur les actions absorbantes
qu'un liquide très-volatil et sa vapeur
exercent, dans des conditions compara-
bles, sur un même rayonnement calori-
fique; Note de
M. Clausius fait bass à l’Académie de
la seconde et dernière partie de ses Mé-
moires sur la théorie mécanique de la
chaleur
Sur les causes de la chaleur et de la lumière
des astres ; Notes de M. Patau.. 395 et
— Mémoire de M. Trémaux concernant les
EEE ss von vie nie Ne diet +, + 6, ace Re
forces punpa, et répulsives dévelop-
10
pées par la chalet
Voir aussi Particle Thermadynamique:
CHALEURS SPÉCIFIQUES. ues re-
lations entre les poi dinta de faon, les
points d’ébullition, les densités et les
poai spécifiques ; Note de M. Jung-
sch.
Pos rs eo ve es de tr rs er EEren
eee — Oxydation au moyen de l'oxy-
gens condensé dans le charbon; Note
doM. Calpers si ice sus rsrosies
CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur quelques condi-
tions générales qui président aux réac-
tions chimiques; Note de M. Berthelot.
— Sur quelques réactions inversés; Note
e M. Huutefeui
— Communication de M. Dumas accompa-
gnant la ua d'un ouvrage de
M. Naquet ayant r titre : « Prin-
cipes ou fondée. sur les théories
moder
Voir aussi sil + Capillaires ( Actions la
CHIRURGIE. — e M. Apatovsky S
l E E E Fame
E E TER E L E A e da e Tee
—. Sur l'emploi des aspirateurs dans la pa-
racentèse; Note de M. Billaut
és sens
6|— « Sur la valeur de la lithotritie »; Mé-
moire adressé d'Italie au concours pour
le prix de Statistique a portant le nom
prO a e a V P TS ERAN 9 l’auteur sous pli cacheté.....,:
CÉTÈNE. = Sue les composés bromés et “chlo- — qe l'efficacité des E médi-
es dans un cas d’ostéosarcome ou tu-
— Remarques
rés du cétène et sur leurs dérivés ; Note
ropriété que possède
l'iodure d’ re de se contracter par la
chaleur et de b meei par le froid;
Notes qe 314 et 771
Ph. Sainte-Claire De-
ville à a de la première Note de
Fizeau ...
seses etss’
meur myéloplastique ; Note de M. Henry.
CHOLÉRA-MORBUS. — Note de M. Carus ayant
pour titre : « Les préservatifs véritables
contre le choléra-morbus »........--:
— M. Dumas remarque que les mesures in-
diquées dans cette Note sont absolu-
ment semblables à celles qui ont été
prises à Paris en 1865 et 1866.......:
Pa
Action de la chaleur sur l'acide iodhy-
1086
1149
— M. Chevreul, à cette occasion, fait ressor-
tir l'intime liaison des idées qu'il a
émises en 1839 sur la cause des mala-
dies contagieuses avec l'heureux succès
des mesures roppan par M. Carus et
m
qu’il pee précédemment adressées à
lV'Académie..sssss etes cations
# Sur l'épidémie cholérique de 1865; opus-
— Sur l'emploi thérapeutique et prophylac-
tique de la benzine contre le choléra;
Note:de M. Henké: 1 ivresse
- Sur le traitement du choléra asiatique ;
Mémoire portant ie nom de l’auteur sous
pli cacheté....,.....4.....:....4..:
- Sur un remède employé en Se contre
le choléra; Note de M. Areuz........ 10
— Recherchessur Vigoa dé
sion et P Le du choléra; par
M. Huette......... ses. 10
Cotonanres (is) — Note de MM. &
d et Chapoteaut sur quel-
Ra ira colorantes dérivées de la
hole us. VS TR er ati
Comètes. — Note de M. Té Verri? sur une
! e découverte à Marseille le 22 jan-
a Le de M. Silloujelt sur la périodicité
probable de cette comète...........
— Essai d'identification des orbites de la
première comète de 1861 et des essaims
d'étoiles filantes du mois d'avril; Note
de M. Galle ses FE Pr: de
COMMISSION ADMINISTRATIVE. — MM. Chasles
et Decaisne sont nommés Membres de
la Commission centrale administrative
pour l’année 1867.......:.:+ +:
Commissions pes prix. — Grand prix de
Méthématiguée (questio on concernant la
ori
Doini: RG a a
— Grand prix de Mathématiques (question
concernant la théorie mathématique de
la chaleur). Commissaires : MM. Duha-
mel, Liouville, Serret, Bonnet, Bertrand.
— Grid prix de Mathématiques (question
relative à la théorie des surfaces algé-
(1315 ,
Pages.
Qr
<
es
©
=a
=
Le
[ee]
da
S
—
us
CURARE. —
k Pages
briques). Commissaires : MM. ts
Bonnet, Liouville, Hermite, Chasles. .
— Prix d Astronomie. Commissaires :
MM. Mathieu, Laugier, Delaunay, Faye,
Liouville .
Prix de Mécanique, Commissaires :
MM. Morin, Piobert, Combes, Poncelet,
Prix de Statistique. Commissaires :
MM. Bienaymé, Dupin, Mathieu, Passy,
a a TE PWENTI OE TY i
Prix Bordin pour 1867 (question re
tive à la direction des vibrations).
missaires : MM. Fizeau, Duhamel, Pouil
let, Regnault, Bertrand.............. 12
Per e y. popes — M. Bonnet est
à Commission re d'exa-
miner un nn) re de M. G. Perry sur
les de stèmes Frs triplement iso-
COOP... + AS E ns
M. Duhanel est rempla acé par M. Ber-
trand dans la Commission chargée de
l'examen a un Mémoire de M. Cornu sur
une question d'optique.. ......:....:.
roposer une question pour su-
jet du grand prix de Mathématiques
décerner en 1868 : MM. is. Livu.
ville, se Serret, Bonnet........
| ComisstoNs SPÉCIALES, — none char-
gée de
de proposer un
pe Sage pour sujet du prix Bordin
(sciences physiques ) à décerner en 1869 :
MM. Milne Edwards, Brongniart, De-
caisne, de Quatrefa ges, 3 hard... .
le prix Dalmont. ........-.-:....."
CosmÉriQuEs. — Sur le cosmétiques dinge:
reux et leur substitution par des pro-
i LA, red de glycérine; Mémoire de
M. Fi
EE EN AE EX 2 PRE ER A
CuIVRE. — “Sur un mode de dosage du cire
par le cyanure de sem Note de
M. de Lafollye. etetett
Sur un alliage de cuivre, d'argent et d'or
fabriqué par les anciens peu de
TE du Sud; Note de M. Damour.
Sur quelques es pS proia pe la
; hiri utique
Aeir ; Notes ke de MM. K. piya
1 FT 60 5.9 ©
S nag Fore R E T Eae T
952
1004
1231
~
“J
…
1137
131
Décès de Membres et de Correspondants de
l’Acadé I. le Secrétaire pe
e dans la personne
M. Jobert de DUR Membre de
la Section de Médecine et de Chirurgie,
décédé le 19 avril 1866
— M. le Président entretient l’Académie de
la perte qu’elle vient de faire dans la
personne de M. Pelouze, décédé le 31
mai 186
— M./e Président annonce à l’Académie la
nouvelle perte qu’elle vient de faire
dans la personne de M. Civiale, décédé
lo rE HN NAN SEE LU LIEU
— L'Académie apprend le décès de M. Eudes
Deslongchamps, Correspondant de la
Section d’Anatomie et de Zoologie, mort
à Caen le 18 janvier 186
— L'Académie apprend, dans sa séance du
4 mars, la perte d’un de ses Correspon-
dants pour la Section d’Astronomie,
M. Falz, décédé dans les derniers jours
— L'Académie apprend, dans sa séance du
18 mars, la perte qu’elle vient de faire
dans la gomone de M. Givry, l'un de
ses espondants pour la Section de
Géögraphie et Navigation. ,,.:..... š
. le Secrétaire perpétuel annonce, dans
la séance du 13 mai, le décès de M. Pa-
nizza, Correspondant de la Section de
©
CCC
CR a A 0l o N N E G
P T
T E
IAUX. — Décret confirmant
la nomination de M. d’ Abbadie à l'une
des trois places nouvellement créées
dans la Section de Géographie et Navi-
— Décret confirmant la nomination de
M. Yvon Villarceau à la dernière des
trois LR places créées dans cette
_ même Sect T a au
deM Né-
laton à la sa devenue vacante dans
la Section de Médecine et de Chirurgie
par suite du décès de M. Jobert de Lam-
lle
e A l a T a A eee Mie A EEE a aa © +
DexsitÉs. — Sur quelques relations entre les
Eau. — Recherches chimiquessur l’eau trou-
vée dans un vase de bronze à Pompéi:
les densités et les volumes spécifiques;
Note de M. Jungfleisch..............
DÉTONANTS (Gaz). — Nouveaux procédés
pour prévenir les accidents produits par
le feu grisou ; Note de M. £. Sommer
= Mémoire sur le feu grisou; par M. Man-
nn a En NE oS
ė ET
DIAMANT. — Sur la présence du diamant dans
les sables métallifères de Freemantle
(Australie );
— Note de M. Saix, ayant pour titre : « Mode
de cristallisation du carbone conduisant
à la formation du diamant »; — Complé-
ment à cette Note 745 et
DILATATION. — Sur la propriété que possède
l’iodure d'argent de se dilater par le froid
et de se Le par la chaleur; Note
de Mohira. eis i eier deco
— M. H. Se lire Deville rappelle à
cette occasion des faits qu'il a précé-
` demment fait connaître et en expose de
nouveaux concernant les propriétés de
l'iodure d’argent
DissocrATION. — Nouvelles recherches sur
la dissociation ; par M. H. Sainte-Claire
ue ille
CCC
CE
vies eo nd hse CS 6 0 Ge e ess 6 0e ee 9 250.
— tie d’un courant de gaz sur la dé-
SOE des corps; Note de M. Ger-
ae de la chaleur sur à re iodhydri-
que; Note de M. Haut
DoruRE. — Nouvelle PR a argenture
par lamalgamation, sans danger poos
les ouvriers; Note de M. Dufresne..
-— CRE de MM. CAristofle et pen
let à l'occasion de la Note précédente. .
— Note de M. Me en réponse à ces
observations
-— Procédé de dorure et d’argenture au
moyen de aus de sodium ; Note
de M. Cai
— Remarques = P H. Sainte-Claire De-
ville à loccasion de mas communica-
E E E DE EU Di Apa
ss...
de eu SE ES AWA AE EPA R a a iig
r E CE N S E E N A aS DA
Note de M. S. de Luca
EAUX PUBLIQUES.
OV A a e a a A a e
— Communication de
` Pages.
points Ge fusion, les points d'ébullition,
1038
Pages.
M. Morin concernant une Notice de tsorik — Sur le psychromètre élec-
M. Graef sur le réservoir du Furens,
près Saint-Étienne....:..::....:....
ÉBULLITION (Pont D’). — Sur quelques re-
lations entre les points de fusion, les
points d’ébullition, les densités et les
chaleurs spécifiques; Note de M. Jung-
PRÉÉSCN à 5 Le NE PET
Écupses. — Note de M. Le Ferrier concer-
nant les préparatifs qui avaient été faits
pour l'observation des circonstances
astrononomiques et pres de l'é-
clipse de Soleil du 6 mars...........
— Observations Noms faites à
Versailles pendant l’éclipse du 6 mars;
— Observation de l'éclipse annulaire du
Soleil du 6 mars à Trani (Italie); Note
de.M: Janssen.. sece tedi ero ay
— Observation faite à Bougie de la même
“éclipse; Note de M. Bulard..........
Économie RURALE. — Sur la production des
œufs (comparaison de la poule et de la
— Recherches expérimentales sur l'emploi
agricole des sels de potasse; Mémoire
— Recherches expérimentales sur l'emploi
agricole des sels de potasse; par łe
MEME oi pead aA hate TS
— Cas de monstruosités devenus le point
de dépa rt de nouvelles races dans les
végétaux ; Note de M. Naudin......
= Sur la verse des céréales ; emploi du sili-
cate de potasse; résistance des tiges
des céréales à la flexion ; Mémoire de
M. Felt
Sc ss eos A A a a i e aA a
(. 1917 )
27
911
Ea z Remarques de M. Boussingault sur ‘un
fait important à noter pour une méthode
assez commune dans l'analyse des en-
grais, savoir, sur l’action décomposante
des hautes températures relativement à
certains sulfates.....................
— Observations sur né détermination de la
quantité de matière organique, de l’a-
cide phosphorique et de l’azote dé en-
grais, et notamment du Sd du Pérou ;
Note de M. Baudrimon
— Nouvelles Notes de M. A te concer-
severe rete tre
des corps solides soumis à de fortes
pressions: i.o -ren iore erm EU
— Mémoire sur les applications de l’écoule-
ment des corps ee au Tagi et
au forgeage; par le m
E R A à.
1279
1287
pep ten applications; Note de M. Bec-
T A R T ch g
Note sur l’état te du globe ter-
restre; par M. de la Rive
Rapport surun iyere de M. F. Le Roux
intitulé : « Recherches sur les cou-
rants. thermo-électriques » ; Rapporteur
MES Dauer. Ts Tr
Influence du fluide électrique sur les phé-
nomènes aqueux de l'atmosphère ; Note
dë M. OFURPUEF, EN Ed ue ve
Sur la décharge de la batterie et sur Pin-
st de la configuration des conduc-
urs; Mémoire de pA Guillemin (suite).
re le couplė à gaz de M. Grove; Note
ne
dé M. Gone te:
Expériences d’induction; par M. Daniel.
— Note sur le transport de matière par le
courant voltaïque et par les courants
d’induction ; par le méme............
ur le pouvoir lectromoteur des piles;
Note de M. Marié-Davÿ.......,.....
— Note sur la masse électrique des conduc-
teurs ; par le méme....:.......:.:..
— Sur une pile à l’acide picrique; Note de
=
©
PTT APRES CROP PE TES
— Note sur le opii r Pélectroma-
gnétisme ; par M. R
— Sur la cause des bia produites
dans les fils métalliques par la décharge
des batteries; Note de e Roux
— Expériences relatives au magnétisme e et
au danntons des gaz ; par M. Chau-
tard
nn
mn...
— Note PERRE Ta prar des fluides
électriques; par M. Gouilly.
— Détermination Fu pe Le barreaux ai-
mantés ; Note de M. Folpicelli........
— Sur la théorie à circuits fermés telle
qu'elle a été donnée par Ampère; Note
de M. Lacombe
— Sur un ones multiplicateur à dé-
charges continues; Note de M. de Par-
ville.
PEE P EA OSAN E UE ne Re de tit ro lo rt aide
ss...
dt enr rentes Tr ee xs À
= Lis de M. ipri concernant e droits
de priorité que réclame en aveur
M. de Parville ir Earraid de cet
électrophore...:.......-..+-."-".
— Lettre de M. Bertsch relative ait récla-
mations concernant son électrophore
edera e mme
re de M. Savary relatif à à diverses
qasos d’électromagnétisme
— Note sur la détermination de la force et
r la dépense des couples à ea u sal
Pages.
su
et sulfate de fer mélangés ; par /e rh 1287
ÉLecrricrré. — Sur le perfectionnement de
la pile ; Nôte de M. Zaliwshi- Mikorski.
— Mémoire ayant pour titre : « Action et
réaction, nouvelle théorie des forces
électriques »:;-par M. Vertes...
— Machine à coudre automotrice marchant
par l'électricité; Note de M. Cazal. —
Lettre du même auteur concernant ses
E S. ©
électriques 1077. €$
— Mémoire de M. Dalmas ayant pour titre:
« La vie ren des animaux et des
végétaux
ENGRAIS. -— Voir aux articles Azote, Écono-
mie rurale
ENSEIGNEMENT TECHNIQUE — Communica-
tion de M. Morin accompagnant la pré-
D ss su se
ss ve see
Travaux publics sur l'organisation de
l’enseignement technique............
ERRATA. — Voir aux pages. ....,........
RARE 35, 630, 730, 918, 1106 et
Érners. — Recherches synthétiques sur les
éthers; par MM. Frankland et Duppa,
2 D
— Sur les éthers des acides de l’arsenic;
Note de M. Crafts
ur un isomère de l’éther éthylamylique,
l’éthylate d’amylène; observations rela-
tives à la production des éthers mixtes ;
Note de bet-Trachats.,..
done TET "6. es ee, 6,2
MM. Reboul
— Faits pour servir à l’histoire des éthers ;
Note de MM. Girard et Chapoteaut...
ÉTOILES FILANTES. — Note de M. Le Ferrier
sur les ae filantes du 13 novembre
et du 1
CC ERETLEE E
AR AR E a E a a a EE a d a E a a
—- Sur pg states généraux des phéno-
Fer. — Sur deux grosses masses de fer mé-
téorique du Muséum et particulièrement
sur celle de Charcas {Mexique}, récem-
ment parvenue à Paris; Mémoire de
Note sur un nouveau procédé pour étu-
dier la Se du fer pere par
le mé
— Sur la transparence du fer rouge ; Note
du P. Sece
De EA du gaz hydrogène par le
fer météorique ; Note de M. “Graham.
Note de M. Le Guen sur l'acier Besse-
nm tm E A A
t AA E a e sc es po sue
( 1318 )
Pages. |
1276 |
232
1078
1236
843
1309
249
[er
©
Qə
685
778
1067 |
Mémoire de M. Faye........ et
M. Daubrée indique le but que s'est pro-
posé M. Phipson dans une publication
sur les météorites et les étoiles filantes.
d identification des orbites de la
861 et des essaims
d'étoiles ee du mois d'avril; Note
de M. Gal
Sur les un filantes et spécialement
sur de QE des essaims d’août et
de novembre avec celles des comètes
5 136 et de 19907 Note de M. Schia-
mènes des étoiles filantes; deuxième
Fayı 54
nm EDT
Tableau CU quelques résultats
déduits de vingt années d'observations
faites sur les étoiles filantes ; dressé par
MM. Coubvier-Gravier et Chapelas.:..
Tableau des résultantes d'observations
des étoiles filantes pendant une période
de vingt années; observations rela-
tives à ce tableau ; par les mémes. 595 et
Non-existence sous le ciel mexicain de la
grande pluie d'étoiles filantes de novem-
bre 1866 et du retour périodique du
mois d'août; Note de M. Poey
Phénomènes particuliers observés le
sur une étoile filante;
ss se arts 0 ne S'are
|
de M. Adams oT: savane due sr à
Sur une a d'étoiles ms observée
à Cuba dans la nuit du i2 novembre
1833; pour + M. Ramon 0 la Sagra.
ExPLOSIFS (COMP r une matière
explosible opienie par l’action du chlo-
rate et du nitrate de potasse sur la colle
ordinaire ; Note de M. Pool
Voir aussi à l’article Détonants (Gaz).
er Dr 66
— Sur la teneur en fer des minerais houillers
du centre de la France et sur AA
de ces minerais; Note de M. Mène..
FILS DE LA VIERGE et vol des duighes ;
Note de M. Babaz
FossiLes (RESTES ORGANIQUES). — Sur un
maxillaire inférieur de Rhinocéros ( 4ce-
rotherium) de l’éocène sapari du
Tarn ; Note de M. Thoma
— Lettre ‘de M. Eudes Dé a fils,
qui annonce l'intention de recueillir les
mavi de paléontologie laissés par son
E E r dei
E E a E AE O E E S EAN SL
ns
ss...
mer au tungstône..............1.... S | — PR des divers ossements des terrains
664
598
1236
quaternaires des environs de Toul par
enr à 2 aaRepho de l’homme ; Note
OEM USON tir
— Sur une Ea de fossiles recueillis
dans le terrain dévonien du Bosphore;
Note de M. 4bdullah-Bey............
— Sur la faune dévonienne des rives du
Garance. — Note de M. Pernod concernant
la préparation d’un extrait de garance
pouvant être appliqué directement sur
les tissus
— M. Chevreul, en présentant cette Note,
l'accompagne de quelques observations
sur les matières tinctoriales en général.
Gaz. — Sur l’adhérence des gaz à la surface
des solides; Note de M. Mat-
DRE saisons E eir O
— Sur la vitesse de propagan d'un ébran-
lement communiqué à une masse ga-
zeuss ARER Ta un tuyau cylin-
drique; Note de M. Le Roux........
— Influence d’un courant de gaz sur la dé-
SAPNEO des corps ; Note de M. Ger-
nn nn ns
2 EAA relatives au magnétisme et
au diamagnétisme des gaz ; par M. Chau-
GAZ D'ÉCLAIRAGE. — Sur les températures
élevées obtenues par la combustion du
gaz d'éclairage; Note de M. Perrot
Gaz DÉTONANTS. — Voir à Détonants (Gas),
GÉoDÉSIE. — Sur la mesure de > méridienne
du Chili ; Note de M. Piss
GÉOGRAPHIE., — Note de M. d ” dbbadie ac-
compagnant la présentation d’une nou-
velle feuille de ses cartes d’Éthiopie. .
— Note sur une propriété de l'équation dif-
férentielle des lignes de plus grande
pente; Note de M. Breton, de Champ.
i Détermination astronomique dela latitude
de Saint-Martin-du-Tertre; par M. ¥von
PNG. er dors nie ee Fait
— Note de M. Serret su av S la pe
sentation d’un Mémoire de M. Villa
ceau sur l'élimination ir l'effet des à
ss...
GéoLore. — Recherches de géologie expé-
rimentale : décompositions chimiques
provoquées par les actions mécaniques
des da minerais i que le feldspath ;
Note PEE E T E A E O a aaa u i
— Sur la ss dr des rives du
Bosphore; Note de MM. d’Archiac et de
Verneuil
ecese torse se torse
C. R., 1867, 1° Semestre. (T. LXIV.)
Pages.
(1519)
G
1288
1289
392
606
339
1217
Pr Note de MM. d’Archiac et de
Ver
Re RE D NO NON PNR CNET LT.
Fusion Pan DE). — Sur quelques rela-
—
tions entre les points de fusion, les points
d’ébullition, les densités et les chaleurs
spécifiques; Note de M. /ungfleisch. .
M. d’Archiac donne, dans la séance du
7 janvier, une analyse d’une Note de
M. de Rouville mentionnée dans la pré-
cédente séance (31 décembre 1866) et
relative aux argiles rouges des envi-
rons de Bize et de Saint-Chinian
Considérations générales sur les roches
éruptives de l'Asie Mineure; Note de
Mid That, ed see
M. Daubrée présente, au nom de M. de
Dechen, la carte géologique d'ensemble
de la Prusse rhénare et de la Westpha-
ss...
Recherches sur le dépôt littoral de la
rance; par M. Delesse........:.,...
Sur la bârte pou 2 sur les tous
u Chili; — ure de la méri-
dienne du Chili. Notes en M. Pissis..
263 m
ARSE E L A a A a
— Remarques de M. Élie de Beaumont à
Poccasion de z Arae de ces deux
communication:
d Boreau géologique de Suède adresse,
EEE géolo
normes ere
gique de ce pays, un « Aperçu sur l'ex-
tension de l'argile glaciale dans la partie
méridionale de la Suède » et un « Con-
spectus général des sections de la carte
géologique de la Suède »
Sur la prétendue contemporanéité des
sables ossifères de l'Orléanais et des fa-
luns de Touraine; Note de M. Bour-
CPR RC
.
PO CEL CN ER NE DRE EE Ame nu 4 did
geois
Remarques de M. d ue à l'occasion
de cette communicatio
ss...
ou ee M. Bouvier sur a période gla- ;
EE T E NEARE RARE E dep
-ga i formation de transition supérieure
observée dans le désert d’Atacama et
dans Ja région des Cordillères; Note de
..
EE EERE E a he A a
M. Larroque
— M. Élie de Beaumont, en présentant
. Si smondé; de « vil
observations géologiques sur les roches
anthracifères des Alpes » donne une idée
Pages.
1217
gui
Géouocre, — Lithologie des mers de France;
Mémoire de M. Delesse..........-:
— M. Élie de Beaumont, en présentant le
« Prodrome de Géologie » de M. Vezian,
donne une idée du plan de cet ouvrage.
Sur la formation des gypses et des dolo-
mies ; Mémoire de M. Sterry Hunt... ..
Sur les roches magnésifères et sur quel-
ass Tet des sels magnésiens; par
A e a a a a a E E se A a r
|
erratiques dans ri méridionale ;
par M. Hayma
Sur les SeSi à Terebratula diphya de
la Porte de France à Grenoble ; Note de
M. Héber
Sur les caractères du phénomène diluvien
dans les vallées de la Garonne, du Tarn
et de l'Aveyron et dans le vaste bassin
qui résulte de leur réunion; Note de
M. Leymeri
Sur les schistes bitumineux a Vagnas
(Ardèche); Note de M. Simon
Observations géologiques faites dans la
ma de l’ Amazone ; Lettre de M. Agas-
di dus. ne S A E A a R a
AU Tes a a rome EE S NT
ss
|
ense de M. Élie de Peanraont à
l qecason de cette communication. .
pecera de nouvelles images photo-
graphique
GÉOMÉTRIE. — Er les systèmes de courbes
A EEUE EARE 0 à Li E E E Li
s.c...
D nr E a
— Note de M. Chasles ‘accompagnant ‘la
présentation d'un Mémoire de M. Zeu-
then sur une nouvelle methode pour dé-
terminer les caractéristiques des sys-
tèmes de coniques
Met ss deu es A a, A Ea E Sa
HermiıntHesS, — Note de M. Krabbe gur les
Helminthes de l’homme et des animaux
domestiques en Islande...
eds s...
1053
1094
1183
1269
“1270
716
a
Sd
Or
262
H
Q9
Y
©
Pa
— Note de M. Chasles accompagnant la
présen ntation aun ouvr LA de M. Age
Détermination géométrique, pour un
point de la surface des ondes, de la
normale, des centres de courbures prin-
cipaux et des directions des lignes de
courbure; Mémoire de M. Mannheim.
Construction géométrique pour un point
de la surface des ondes des centres de
courbure principaux et des directions
propriétés générales des courbes de qua-
trième ordre ; Mémoire de M. Hunyady.
Lettre de M. de ma concernant
son Mémoire intitulé : « Essai d’une
ge générale des Pan de cour-
Das ne SR tr ee
— Des Ne du second degré ayant une
PAC intersection ; Note de M. ge
Aou 5 o
de Se ds doter E a ei oA
` par M.
Traité donila des surfaces de troi-
RE e e E a E E a E a
a ordre (nom de l’auteur sous pli
achet I
— Riecharches analytiques sur les polygones
semi-réguliers ; par M. Pigeon a
— Sur la sr des angles;
UOE SE a CSN ER SR T PAS Fe À
Not de M. Dedien concernant un essai de
Sros du postulatum d'Euclide.
|
Note de M. M
Note de M.
GLACIERS. — Sur la Aih st le mou-
> Grad.:
DS aE a CRE T aa A
d’un opuscule intitulé : « Glaciers ac-
tuels et période glaciaire Privées”
HISTOIRE DES SCIENCES. — Note de M. Chas-
_ Les accompagnant la présentation shi
au nom de M. Boncompagni d'un Trai
Note dé
I
D ere A p faen ge d'Euclide;
11
Démonstration du pat d'Euclide :
12
CS.
d’arithmétique arabe traduit par feu
oepchke; caractères qui recom-
mandent cet ouvrage à l'attention des
Rio Ve
— Recherche des traces anciennes du sys-
tème de l_Æbacus ; calcul de Victorius
et d’Abbon; Note de M. Chasles
Sur un Traité d’alchimie attribué pendant
dix siècles à Alphonse le Sage et qui
n’est que la traduction du Traité dû à
Artéfius; Note de M. Chevreul. 64o et
— Lettre de M. de Paravey sur l’origine de
l'encens de Saba, origine qu il croit
toute différente dé celle de l'encens
Menus. 45 Set LEA ON 0e
be — Étude pour servir à l’histoire
note de l’humus; Note de M
ibio LIQUE. — Sur la théorie des roues
hydrauliques; théorie de la turbine; par
Pambour
Sn vs sin 6e + p 91458100 70701
— Mémoire sur la théorie des roues hydrau-
I
liques, par le méme
— Description d’un moyen d’épargner l'eau
dans les écluses de navigation à Sas ac-
colés d’un nombre quelconque, et parti-
culièrement les écluses doubles à deux
sas accolés ; Mémoire de M. de Caligny.
— Note sur un point mer de la théorie
des ondes , par le
— Note surles moyens d "utiliser une espèce
de nn ns oos Trons stes
particulière de lonten intermittentes
oscillantes ; par /e m
— Étude sur le tracé as hydrauli-
dors ieessn es
Innrum. — Note sur ce métal; par M. Rich-
Institut. — Lettre de M. le Président de
l'Institut concernant la séance publique
annuelle des cinq Académies qui doit
illet
D ST SR NUS RTE
= Sur le’ psy-
chromètre dectrique et ses applications:
Note de M. Becque
— Description d’un hormomètre électrique
enregistreur; par M. Mori
Serres ET APPAREILS rat
e M. Hamon relatives, fée à
un bent désigné sous le nom de
forceps asymétrique, lautre à un nou-
vel appareil à fractures. ....-....---:
— Appareil optique nouveau propre à éclai-
rer, à amplifier et à permettre d'exami-
ner les cavités et ouvertures nre
du corps; présenté par M. Delagrée.
HR M AE VE HS MN elle a a
Ee USE À D id
{ 1321 )
Pages,
30
968
œ
La
“
1077
ques à aubes courbes de M. le général
Poncelet; Note de M. Didion......,...
— Études théoriques et ps sur le mou-
vemen ie eaux; Mémoire
Canithleri;rorgtiquié, en 18 À
— Sur les et rationnels de l’hydro-
dynamique et leurs dre aux ri-
vières; Mémoire Lev
HYDROGÈNE. -- Méthode universelle pour
réduire et saturer d'hydrogène les com-
posés organiques ; Mémoire de M. Ber-
thelot 10, 760, 786 et
— De locclusion du gaz hydrogène par le
fer météorique ; Note de ham.
HYDROGÈNE SULFURÉ. — Recherches relatives
à l'action réciproque de l'acide sulfu-
rique et de l'hydrogène sulfuré; par
MM. de Luca et baldini si. 5. 3:
HyprozoGre. — Note de M. Delesse concer-
nant sa Carte hyroog ique du départe-
ment de la Sein
— Mémoire sur Mhpdrologie du Da 8
des Ardennes; par M. Cai
HYGIÈNE PUBLIQUE. — Des ol à em-
ployer pour le contrôle du service de
la PRAPER des hôpitaux; Note de
ss...
HTA Ee tV E
nm
s.s.s...
Me Morini ieia aaa NEE aa
— Sur de aBa et la ventilation des
hôpitaux; Mémoire de M. Angiboust
adressé ne i de concours pour
le prix Dalm
Sur les NEA inodores du système
AT ER mie NE 010
— M. Delagrée envoie un Le pri à sa
sr Note sur cet appareil
= Sur les
s....
la chaleur et de *
Note de M. Fizeau..........- Lits
— Sur les propriétés 6 r iodure d'argent;
remarques présentées à loccasion ma la
précédente communication par M. H
Sainte-Claire Devil '
— Nouvelles observations relatives à V6:
dues ess Er
s..
MRE E |. nl
aute
a z auf Sur les états oibériques
"acide silicique et sur la polya
des acides ; Note de M. Fremy...»
174-
Ganduque; Note de M. Fagnay....... 1
ue
2
Pages.
1124
1067
1200
017
1187
323
LAIT ARTIFICIEL. — Sur la préparation d’un
ait artificiel offrant un aliment plus ap-
proprié que la bouillie aux besoins des
enfants; Note de Liet Men ai
1103 et
mmunications concer-
nant le choléra-morbus ou les dartres,
adressées comme pièces de concours
pour 1867 par MM. Guglielmi, Genty,
Szentivane, Jobert, Crémieux-Michel,
rémaux, Parker, Martinencq, par un
Anonyme, par
par M'° Daniel, par MM. Mittra,
chou, Drouet, A Thomas
......
quem nd, K;
reuz
Mi
Jsssss.se
ce et 2, 300, 580, 825, 855,
7h, 68, pe 1137, 1236 et
Lecs faits à l’Académie. — M. le Secrétaire
perpétuel donne lecture d’un article du
testament de Fons-Mélicoq,
qui lègue à l’Académie une somme des-
tinée à la fondation d’un prix triennal
à décerner au meilleur ouvrage de bo-
tanique sur le nord de la AE keii
LIGNEUSES (FIBRES). — r la struc-
ture et la constitution des ai ligneu-
ses; par M. P.
M.
CR
OTRITIE. — Lettre de M. Guillon accom-
pagnant l'envoi d’un opuscule sur la
MACHINES A VAPEUR. — M. Ansaldi présente
au concours pour le prix concernant les
applications de la vapeur à la marine
militaire, sa « machine à vapeur sans
MAGNÉTISME raie — Sur les intensi-
és ma ues de quarante-deux points
du globe nee pendant la campa-
gne des corvettes Astrolabe et la Zé-
une question précédemment proposée
par l’Académie comme > sujet de prix (la
théoriemathémati , ques-
tion que l’auteur de la Lettre croit à tort
être restée au co
ns sos
— Des pressions ra par
chacun des quatre points d'appui par
1276
Pages.
1287
1237
Co
1017
833
lithotritie généralisée. .............,
a — Note de M. Séguier res
iv a locomotion par la vapeur su
les ue Ordinaire : ... 4268 2 à
Voir aussi l’article Machines à vapeur.
Lumière. — Note de M. Edm. Becquerel ac-
AOE À Rs du premier
de vrage intitu
tube. ses causes et ses effets ».....
— Sur les causes de la chaleur et de la lu-
mière des astres; Note de M. Patau..
UNE. — Sur la disparition d’un cratère lu-
chi
ss
cratère Linné; Note de M. Flammarion.
Sur un changement observé à la surface
de la Lune; extrait te Lett
M. Chacornac à M. Delaunay........
Sur le cratère Linné de la Lie Note du
P.S
— Remar rques de M. Élie de Beaumont à
l’occasion de cette communication. ....
LUNETTES. — Sur une méthode à employer
pour le choix des lunettes convenables
aux différentes vues; Note de M. Co-
lombi
sesse pssssessosesrsssoooronnnal’
lesquels repose sur un plan horizontal un
corps placé d’une manière quelconque;
Mémoire de M. Cerroti.............
— Sur le choc longitudinal des barres par-
faitement élastiques et sur la proportion
de leur force vive qui est perdue pour
la translation ultérieure ; complément à
un Mémoire lu le 24 février de par
M. de Saint-F'enant 009 et
Sur la vitesse angulaire de ue nd une
massé ee en équilibre relatif; Note
de Fes rs miaruns ess eco:
- Sur PERE des régulateurs de la
vitesse : solution rigoureuse du pro-
blème de l’isochronisme par les régula-
teurs à boules conjuguées, sans emploi
de resso
Mémoire de M. Rolland
ss...
l
a a AE A s AS E a i
trifuge; Note de M. Girard
ste.
rts ni contre-poids re
I
ur un nouveau régulateur à force cen-
1
279
1192
107
Pag
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Sur l'accélération
séculaire du mouvement de la Lune;
Mémoire de M. Puiseux.....,.......
— Note de M. Delaunay accompagnant la
présentation du second volume de sa
« Théorie du mouvement de la Lune ».
-— s sur la théorie de la Lune; par M. 4l-
— « “RD des actions de la Lune et du
Soleil sur les élévations de la mer qui
produisent les marées pour modifier les
vitesses sl rotation de la Terre; Note
— M. Æ nsa de l’Instruction publique
transmet deux Mémoires de M. Tré-
maux concernant la mécanique céleste.
— Deuxième partie d’un Mémoire de M. Mar-
tin relatif aux causes distinctes, selon
lui, de la gravitation et de l'attraction
universelle
MÉCANIQUE MOLÉCULAIRE. — Sur la tension
des lames liquides ; Note de M. Fan der
Mensbragphe.:: SET RE EE
— Sur la fort contractile des couches su-
perficielles des liquides; Note de M. Du-
pre
a a a a A a
em ss
de M.
— Note de M. Taan en réponse à celle de
M Lamani soiree na rn a A
= ie de vérification du théorème
fondamental de la capillarité. Loi des ât-
tractions au contact des corps simples;
Dupré
vor ses sss
— Note de sen Lamarle à à loccasion de celle
Dupré
_ par MAD
MÉDECINE LÉGALE. — Sur la constatation mé-
dico-légale des taches de sang par la for-
Séreo ec a vues ses terne,
M. Blond,
MÉLANGES. — -Šar les changements de tem-
pérature produits par le mélange des
liquides de nature différente; ppsa
de MM. Bussy et Buignet..... oet
— Sur les changements de PR pro-
duits par le pep des liquides; Note
+ Me Berthelot. aesa oea
Méréonrres, — Sur i occlusion du gaz hydro-
gène Let fer météorique; Note de
mation = cristaux d’hémine; Note de Ț
lot
EAEn ER SE D NE deu Ai dE EN Re |
= Uai concernant lorigine des
Corps météoriques; par M°° Powers..
ue m Sur Sr ea zi
+ Le Verrier appelle l'attention sur les
annonces du temps entreprises dans le
NI
D
4
(e e]
o
16
Me ce de la Meuse par M. 4.
Points, ses uniuni ek sais
— Sur tes zones à grêle dans le département
du Loiret; Mémoire de M. Becquerel..
— Des principales causes qui influent sur
les pluies; Mémoire de M. Becquerel. .
— Sur les variations périodiques de la tem-
pérature; huitième Note de M. Ch.
Sainte-Claire Deville ...............
— Aperçus généraux sur la marche des ora-
ges du département du Rhône; Note de
M Fournet:s. Vis At 00 mais
— Influence du fluide électrique sur les
phénomènes aqueux de l'atmosphère ;
Note de M. Orlinguet............:2.
MÉTHYLES. — Synthèse du méthyle-allyle;
CURE M. dar NCA SOUDE TT CE 10
gi: (Système). — Note de M. Zéon
e système métrique dans son appli-
ca iia HAS MONDAS eue e cest I
— M. Mathieu fait connaître les motifs qu'a
eus la Commission chargée de l'examen
du Mémoire de M. Léon sur notre sys-
tème monétaire pour ne pas faire un
Rapport sur ce travail............... 12
MINÉRALOGIE. — Sur la présence du diamant
dans les sables métallifères de Free-
mantle (Australie); Note de M. Phipson.
— Sur une anthracite Danses par sa
dureté; Note de M. Dumas..........
— Note de M. Mène à Seite de la pré-
cédente communication. .............
— Sur la composition chimique des pyrites
de fer jaunes et blanches ; par / méme.
Pages.
dé D de divers graphites cristallisés
amorphes; par le méme...........
MONAMINES. — Transformation des mona-
Monnate. — Voir l’article Metrique (Système).
Mont (SIGNES DE LA). — Sur l'imbibition ca-
davérique du globe de l'œil et la rigi-
dité age EE comme
— Mémoire de M. Bouchut sur quelques
nouveaux signes de mort fourmis par
l'ophthalmoscope ou par l'atropine....
MOTEURS. — Note de M. Jourdan sur un
nouveau ous hydraulique....... -
— M. Séguier présente un moteur à vapeur
de M. Girard et en indique les princi-
pales dispositions. . ....: aeiia
— Note de M. Séguier relative à la locomo-
tion par la vapeur sur les routes ordi-
naires dans le projet de M. Stamm.. v
( 1324 )
Pages. Pages.
Moreurs.— « Plan pour la construction d’un Mouvemenr (Cause pu). — Mémoire intitulé:
mouvement hydraulique »; envoi de « Cause universelle du mouvement et de
M. Mopelle.. sus. sisi 1236 l'état des corps »; par M. Trémaux... 739
N
Navicarion. — Sur le trace-roulis et le trace- trois places créées par le décret du
vagues ; Mémoire de M. l’Amiral På- 3 janvier 1866. .....:........:..... 808
He eee 0 02h » Le 688 et 731] — M. Villarceau (Yvon) est élu Membre de
Ki — De la constitution des ne la même Section à la troisième des pla-
chlorés et oxygénés du niobium et du ces nouvellement créées............. 1231
tantale; Note de MM. H. ORA — M. Nélaton est élu Membre de la Section
Deville et Troost................... 294 de Médecine et de Chirurgie;en rempla-
NOMBRES (TnÉoriE pes). — Note sie cement de feu M.: Jobert de Lamballe... 1124
e : « L'équation 2” + — M. Plucker est élu Correspondant pour
peut admettre de solutions en mages res la Section de Re en remplace-
entiers si Gapo m est supérieur ment de M. Riemann............... 893
à 2»; par M. Arrigotti............. 81 | — M. de Siebold est élu Corse it pour
— Développement A Aa à termes alter- la Section d’Anatomie et de Zoologie, en
nativement positifs et négatifs à l’aide remplacement de feu M. Nordmann... 893
des noue s de Bernoulli; Note de — M. Pictet est élu Correspondant pour la
TROR ie. Le teens en A 659 même Section, en remplacement de feu
NES pr Membres et de R M. Eudes Deslongchamps........... 952
s de l’Académie. — M. d’ Abbadie — M. Hırn est élu Correspondant de l’Aca-
si fre Membre de la Section Se Géogra- démie pour la Section de Physique, en
phie et Navigation à la seconde des remplacement de feu M. Delezenne... 1004
O
Oprique. — Rapport sur un Mémoire de — Sur l'emploi de la diffraction pour piéi-
M. Cornu, intitulé : « Recherches sur miner la direction des vibrations dans
la réflexion cristalline »; Rapporteur ` a kesa polarisée ; Note de M. Gil-
M. BéPR LETTONIE 893| UE Sr iQ 161
— Sur la réflexion et la T cristal- — Sur Te relations qui existent entre la
lines; Note de M. Briot............. 956 composition, la densité et le pouvoir
— Théorème sur la cclation a position des réfringent des dissolutions salines ; Note
vibrations (suivant Fresnel) incidente, e M. Fouqué.,.....sussssessse 121
réfléchie et réfractée, dans les milieux — Sur les Re atmosphériques ; Note
isotropes; Note de M. Ze Roux....... 38 de M. de Kérikuff.. ...:. mousse sers 356
— Sur a trempe de quelques borates ER ORGANIQUES re — Méthode univer-
selle pour réduire et saturer d’hydro-
tains verres); par de TRE 126 gène les composés pue Let dr
— Recherches surla diffraction de la lumière | de M. Berthelot... 710, 829
` polari par M Polir ini. o | ORGANOGRAPHIE aE s= Voir Fr
— Du calcul des éléments nnmériques d’un Anatomie végétale
objectif achromatique simple pour la OxYGëNE. — Note de M. Mallet sur un pro-
photographie; Mémoire de M. Tey- cédé de préparation de l'oxygène... -»- 226
nard ; ouverture d’une Note sur le même — Note de M. Calvert sur Voxydation obte-
sujet “précédemment déposée sous pli nue au moyen de l’oxygène condensé
cachets. RS es evyte. 1013 dans lo Charbon. : 52... -cniri 1246
— Sur les conditions de l’achromatisme ; Ozone. — Recherches de M. Smyth r res
Note de M. Ales. 555... 356 à la présence de Tozone dans latm
— Recherches sur les variations de la dis- sphère, et sur la D des indi-
persion des liquides sr l'influence de - cations 0Zonoméiriques.......+---""" 724
la chaleur; par M. Baille.:,......... 029 | — Recherches sur la Daté de l’ozone; par
— Sur la théorie de la dispersión de la lu- M. Soret (a° partie)... eis eee 904
mière; Note de M. Renard. .......... 357
(| K325; )
Pages.
PALÉOETHNOLOGIE. — Sur un alliage de cuivre,
d’argent et d’or fabriqué par les anciens
peuples de LORS du Sud; Note de
— Découverte d'instruments en: pierre dans
le dépôt à ossements Q Elephas meridio-
nalis de Saint-Prest, aux environs de
Chartres ; Note de M. Bourgeois. .....
— Sur les haut découverts dans la grotte
des Fées, près Aix-les-Bains; Note de
M. Despi
— M. Chevreul rappelle à cette occasion les
résultats d’une analyse qu’il a faite d'é-
chantillons du sol d’une semblable ca-
verne à ossements, et fait remarquer
l'intérêt qu’il y aurait à rechercher en
pareil cas dans le sol les matières orga-
niques qu'y ont laissées les animaux. . :
— Sur les fouilles faites dans un gisement
ossifère de l’âge du Renne à Bruniquel
(Tarn-et-Garonne); Note de M. Pecca-
degu de PIsle..........ssssesserse
— Ossements humains trouvés dans le dilu-
vium alpin de Villey-Saint- ps près
de Toul, etc.; Note de M. Husso
— Recherches chimiques sur l’eau Mont
dans un vase de bronze à Pompéi ; Note
— Sur la détermination de l’âge des haches
en silex d’après les livres anciens COn-
sn rss see ss
i en Chine; Note de M. de Para-
1
DNS ne NS SR SSSR EE Te.
oies de M. Élie de Beaumont au
1
sujet de cette Note
Voir aussi l’article Fossiles (Restes
organiques
PAQUETS oneris. — Lettre de M. Pernet
concernant deux Notes présentées par
lui en 1836 et désignées à tort aujour-
P E EE ©
PP PE RCE DR e a
demande le 15 avril 1867, renferme une
Note sur un procédé de préparation des
phénols
PARATONNERRES. — Projet d'instructions sur
les RRDRNENEER RÉ pour répon-
dre à une demande de M. le Ministre de
FREE MERE OR ME AE, Pc
dir urs se ded names A
102
Pa
— en à Lis a à l’occasion de ce
Rapport par M. Morin..............
— A ee de M. Becquerel à l'occasion
mème: Rapport. see dote
—- Remarques i M. JR sur la même
ques
— M. le e de la Guerre remercie
l’Académie pour lenyoi qu’elle luia fait
des « Instructions sur les paratonnerres
des magasins à poudre »
— Cas particulier où un paratonnerre com-
muniquant avec une citerne peut deve-
nir inefficace; Note de M. Duchemin..
— Réponse de M. Pouillet à une assertion
contenue dans la Note de M. Duchemin,
ParaoLoG1e. — Note de M. Civiale accompa-
gnant la présentation d’une collection de
calculs urinaires classés A ape leur
structure et leur développemen
mm
ZETTER KELE)
9
— Sur un phénomène poast pr a piqûre
1
du Scorpion ; Note
— Sur les Helminthes del Home et de ani-
maux domestiques en Islande ; Note de
M. Xrabbe
…....
— Observation d’une bourse muqueuse sous-
cutanée accidentelle; par r M. Fano
— Sur la ne. des animaux; Note de
M. Desmar
— Sur la mw sa mature et son traitement;
-Note
1 ÉseNe E E nee ee 0,0
ea so suit se ve 6 0 0
— Sur la sesati et la prophylaxie des
do
teignes ; Analyse > par M. Berge-
on, d’un ouvrage qu'il
cours pour les prix de Médecine et de
Chirurgie... ses sress
— Recherches ‘expérimentales et diniques
sur la cause prochaine de l'épilepsie ;
ar M. Poulet (3° partie). <.. -=e
— shr la présence d'innombrables infusoires
dans lair expiré pendant la durée des
maladies contagieuses; par le méme..
— Sur les polypes fibreux intra-uterins ; Mé-
moire adressé au ve pour le prix
Godard
cerderrr en tr"
par M. Larc
— Sur la péritonite. roule: Ménois A
< de M. emey. n mms mie ra
— Sur la localisation i
brale; Note de M. Laugier
— s reie ass on vénériennes;
ote de M. Jeannel..... ra
— fui sur la Ar a par À A. Pi À
a la K an pancréatique
poisonnement par le mercure,
dans T m-
considérée
au con-
EEEE teer
ol
(er
=
[en
Le
356
356
comme cause principale de l’anémie
mercurielle; Note de M. Bergeron..
PATHOLOGIE. — Far sur l’amaurose syphi-
litique. Étude ophthalmoscopique sur
les altérations du nerf optique; Notes de
M. Galezowski, et description de son
ophthalmoscope >; sisenes SUR
— « Nouveaux documents concernant l’étio-
logie saturnine de la colique sèche des
pays chauds », adressés par M. Zefévre.
— Lettre de M. Courty concernant son
« it pratique des maladies de l’uté-
UE N e ee de le are.
= Mémoire sans nom d’auteur ayant pour
titre : « Rhumatisme articulaire, point
de départ des fièvres intermittentes, du
choléra européen et du choléra asia-
D aide aires
PENDULE. — Note de M. F’erdeil relative au
mouvement du pendule...,....,......
— Application du pendule à la détermina-
tion des pii spécifiques; Note de
M. Se ENPI. nr ris i
— Sur le pendule ei le balancier considérés
comme régulateurs des separa x
nométriques : Note de
PESANTEUR SPÉCIFIQUE. — Voir Fe. lar-
ticle Pendule.
PuéNozs.— Transformation des carbures aro-
matiques en phénols: Note de M. Wurtz.
— Note sur un procédé pour la pesparation
= des phénols, contenue dans un
cheté déposé par M. Dusart en mars 1864
et ouvert sur sa demande en avril 1867.
— Note pour servir à l’histoire des phénols:
par M. Dusart
Paorograpie. — Note de M. 4. Civiale ac-
compagnant la Sr de nouvelles
images photographiques.. ............
PHOTOGRAPHOMÈTRE. — Note de M. Duboscq
sur la structure et les nas du pho-
tographomètre de M. Chevallie
PHOTOMÉTRIE. — Sur un dalare destiné
mesurer la transparence de l’air ; Note
penses
( 1326 )
Pages.
1137
1138
1236
1288
dE de D Mer ns ie 1221
— Remarques de M. Chevreul à l'occasion de
cette communication ...........,,... 1225
PHYSIOLOGIE. — Sur la localisation de la com-
motion cérébrale; Note de M. Zaugier. 953
— Sur les fonctions rit des er
ponpon Mémoire de M. Beau-
TT 1 197
— Se Tinnervatioù re cœur; Note de s
EE ivresse 670
E;
— De l'influence de l'acide carbonique et
de Fe inng sur le cœur; Note de
+ Cyo:
ss... VOS TECERS STUNT 6
1049
physiologie du cœur
ma
— De l'action du sulfate de quinine sur le
— Recherches de M. Jo/yet concernant l’ac-
tion du sulfate de quinique chez les gre-
NOMNO ES, PET ea rs.
— Influence spéciale e re sur le sys-
tème nerveux ; Not I. Rambosson.
— Sur les phénomènes dë ab mus-
culaire; Note de M. Rouget..........
LL 2 1128, 1232 et
— Études sur la physiologie et la physique
des muscles; par M. Chmoulevitch. ...
—— Sur la force que le muscle de la gre-
nouille peut a Le pendant la con-
traction; Note de M. Rosenthal.......
— Sur la régénération du “eristallin: Note
de M: Milior.:s So LR AS E
— Sur la inan des membres chez
lAxolotl (Siren pisciformis) ; Note de
Me FA na. cesse 0e
— Sur le rôle de la bile dans la digestion ;
Note de:M..-Peyrant, cicin sites
— Mémoire de M. Sucquet ayant pour titre :
« Du rein et de la sécrétion des urines
dans les animaux vertébrés mammi-
Foros Daan Le eus Vois croi
— - péri sur r oies cutanée; par
M OR ei... a a
— Sur aildi - nouveaux signes de mort
fournis par cer es ou par l’a-
tropine; Note de ch
— Observations sur la de de la vie et
sur les moyens de retarder la vieillesse ;
Note de M. Édouard Robin. ........….
PHYSIOLOGIE COMPARÉE. — Sur la durée d'in-
cubation des œufs de Roussette; Note
His is
— Observations de M. Brandt sur le méca-
nisme des mouvements du cœur dans
les Insectes et dans certains Mollusques,
rappelées par M. Pedi en présen-
tant un ouvrage de ce sava
— Sur la loi du développement sexuel des
en (Abeilles); Note de M. Zan-
— Sur tes phénomènes de contraction mus-
culaire Sea les Vorticelles; Note de
| PR REA Re Ce
— Sur le développement du puceron blanc
de l'Érable; Note de MM. Balbiani et
dure ven ere essreenetee
Sign
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Fragment d’his-
eue os 0 ©
toire concernant Feeria en dia-
Pa
— Analyse de quatre pr relatifs à la
779
720
1276
1138
1143
1128
1259
mètre = végétaux ;
M. Tré
— Cas de monstruosité dans les végétaux
e départ de nouvelles
— De l’action délétère qu’exerce sur les
plantes la vapeur émanant du mercure;
Note de 924 et
— Sur les mouvements spontanés du Colo-
casia esculenta; Note de M. Leco
— Des mouvements spontanés et de l'émis-
sion d’eau séveuse par jet continu chez
les Rise Les Colocasia esculenta ; Note
de M. M
— Sur des FRERE de mouvement of-
ferts par les semences de Tamarix ; Note
de M. T
JOCLs sors osssossmm ss s
CCC
1 1 A |
Note de M.de Seynes, .........:..%
— Influence des courants induits sur les
pamates des Lichens pA ps Champi-
gnons; Mémoire de M.
Era Dù GLOBE. — Sur la ER E de
la chaleur et ses variations dans le ter-
rain de Paris au aao des Plantes ; Mé-
“moire de M. Becquerel...............
— Sur l'état electrique du globe terrestre ;
Note dò M. de la Rite. -sss ccst
— Sur les lois k k insolation Note de
M. Lambert.
— Sur la constitution et le mouvement Le
glaciers; Note de M. Grad
— Sur la coïncidence du passage de la Lune
au méridien avec les mouvements de la
ne barométrique ; Note de M. Zian-
loss sue
sé c'9ee 86.96 9 sus ;e Se, 0 mn
— Mémoire sur la détermination du pôle ma-
woki austral; par M. Coupvent des
= Sur gi phénomènes observés le 29 juin
1866 et sur les variations survenues dans
le régime de divers cours d’eau dans
l'Italie méridionale; Note de M. Hauget.
— Note de M. Trémaux sur la cause des
banquises qui sillonnent l'Océan dans ce
bus et des vents qu’elles occasion-
83 et
rien MATHÉMATIQUE. — Dém onstralion
élémentaire : 1° de l'expression de la vi-
CC AR CC UE A D N ete be
“fre — Détermination nouvelle des élé-
ments elliptiques de l'orbite de la pla-
nète Sylvia; par M. de Gasparis.....»
C. R., 1867, 1°" Semestre. (T. LXIV.)
Pages
Mémoire de
( Bi
[er]
D
—
©
Y
©
983
805
Ke]
SJ
©
=
ES
S
«D
189
825
267
PNEUMATIQUE (Pompe). — Sur une machine
à piston libre fonctionnant comme pompe
pneumatique et comme pompe foulante ;
Note de M; Deleuil.., is na inira
POLYATOMIGITÉ. — Not SA M. Fremy sur les
états isomériques de l'acide silicique et
PopuLaTion. — Lett
aillant accompagnant l'envoi d'une
brochure de M. Chenu sur la popula-
tion de la France et le recrutement de
?
PorTasse. — Sur les potasses et les soudes
de Stassfort (Anhalt et Prusse); Note
de M, Joulin..sstisussnaset ess #0
PRIX DÉCERNÉS (Année 1866).
SCIENCES MATHÉMATIQUES
— GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES Kg
concernant la pe sf Ja Lune e
prix n’a pas été décerné....:.»..-"-
— PRIX D'ASTRONOMIE g à M. Ma
Lear, pour ses travaux concernant la
vérification et l'extension de l'arc du mé-
ridien mesuré au Cap de Bonne -Espé-
rance par La Caille
PRIX EXTRAORDINAIRE SUR L'APPLICATION
DE LA VAPEUR A LA Er MILITAIRE.
— Ce prix n’a pas été déce
Prix DE MÉCANIQUE PA EE n Montyon),
décerné à M. Tresca, pour ses expé-
riences concernant l'écoulement des
corps solides sous de fortes pressions. .
— PRIX DE STATISTIQUE (fondation Mon-
yonda
PE OOE RE A Fad an PI
n E E
LES en France, etc. — Mention tres-
honorable à M. Parchappe, pour
Rapports sur les Maisons centrales de
force et de correction. — Mentions ho-
norables : à M. Le Fur t, pour son ou-
charitables à à ons:
à l'auteur d'un Mémoire sur les r
orts entre la population rurale y le
travail agricole dans le département de
fait res comme auteur de ce tra-
. Girard de Cailleux, pour
des docum ents statistiques sur l'Asile 4e
e
E E 0e en T
es). —
= Lire AR: accordée à à M. E.
...
E E EE T T A
Mase
— PRIX iai {détermination Liver à
175
cerné à M. , pour
Mémoire sur la mortalité des nour-
Pages.
666
243
2
D
EN
Seine-et-Marne (M. Plessier s’est depuis
|
|
l
| Pa
tale des longueurs d'onde de quelques
dé-
CR
rayons de lumière dre — Prix
cerné à
PRIX FONDÉ PAR Mme LA MARQUISE DE LA-
PLACE Obtenu par M. Langlois, sorti le
premier en 1866 de l’École Polytechni-
queetentré à l’École impériale des Mines.
Prix Trémonr décerné à M. Gaudin, avec
jouissance pendant trois années consé-
cutives
CCC EAEEREN
SCIENCES PHYSIQUES.
GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES
( production des animaux hybrides, etc.).
a pas été décerné
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE
à M. re pour ses études expé-
rimentales sur la greffe siigde et sur
los régénoratiohs = SNL AS
RIX DE MÉDECINE ET DE Chen
Prix décernés : à M. Béraud, pour son
« Atlas complet d'anatomie chirurgicale
topographique »; à M. Anger, pour son
« Traité ORAN EVE des maladies
chirurgicales »; à M. Marey, pour ses
recherches sur a nature de la contrac-
tion dans les muscles de la vie animale. —
Mentions honorables accordées : à M. La-
borde, pour ses recherches sur le ramol-
lissement et sur la congestion S cer-
veau chez les vieillards; à M.
pour ses recherches sur la ayi pe
parties fibreuses et fibrocartilagineuses ;
à MM. 4. Voisin et H. Liouville, pour
leurs études sur le curare. — Citation
trés-honorable des travaux de MM. De-
marquay, de Labordette, Bouchut, Em-
pis, Fournié, Cahen, J. Le maire, Gim-
bert, Polaillon. — Citation des publi-
cations dues à MM. Friedberg, Becquet,
_Crimotel DURANCE: s nEs teri si
cation de lélectricité à la ETS re
rix n’a pas été décerné. —
sm
que
nie medalile est accordée à M. Namias.
D PRIX DE CHIRURGIE (conservation
des membres par la conservation du pé-
rioste). — Le prix est partagé d’une
ait égale entre M, Sédillot et M. Ol-
PRIX DIT DES ARTS INSALUBRES. — Il n’y
a pas eu de prix décerné. — Un
tion trés-honorable a été accordée à
M. Galibert, pour les perfectionnements
462
468
483
)
Pages.
qu'il a apportés à un appareil de son in-
vention au moyen duquel on peut péné-
trer dans un milieu rempli de gaz mé-
DÉMOS «562. Ear ERA 506
Prix BréanT. — Deux récompenses sont
accordées, l’une à MM. Zegros et Gou-
jon, Vautre à M. Thiersch. Les recher-
ches de M. 4. Baudrimont et celles de
Worms sont l’objet de citations
trer honni celles de M. Lindsay
sont de même citées honorablement. í
PRIX eera pre M. de Baer,
pour l’ensemble de ses recherches sur
l'embryogénie et les autres parties de
la Zoologie
Prix Bornin (structure des tiges des vé-
gétaux dans les principales grandes fa-
milles). — Le prix n’a pas été décerné.
Prix JEcKER décerné à M. Cahours.....
Prix BARBIER. — Il n’y a pas eu de prix
décerné. — Æncouragements accordés à
M. Lailler pour son « Mémoire sur l'ex-
traction de l'opium du pavot cultivé en
France »; et à M. Debeaux, pour son
Vos see tr etes sen 6:60 9 6.0 6
.. « Essai sur la pharmacie et la matière
Prix Gopanp décerné à MM. 4. Martin
H. Léger, pour leurs recherches sur
l'anatomie et la pathologie des appareils
sécréteurs des organes génitaux externes
chez la fem
Prix SaviGxyx décerné à M. L. Vi aillant,
pour son voyage à la mer Rouge et ses
recherches zoologiques dans la baie de
Suez
ss see
Prix DESMAZIÈRES décerné à M.
ur ses nouvelles recherches sur A
Serre
ses observations sur l’hypermétamor-
phose et les mœurs des Méloïdes.....
PRIX PROPOSÉS.
SCIENCES MATHÉMATIQUES.
GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES à décer-
ner en 1867 (question concernant la
théorie des ation différentielles du
second ordre)............sss+.e
PRIX DE MATHÉMATIQUES à décer-
ner en 1867 {question concernant la théo-
eur)..---.-
ner en M (théorie des surfaces algé-
riques
SAR E Fr CRUE RER Mes Se + LUNA
— GRAND PRIX DE E MATÉNATIOUS à décerner
estion concernant
blème des PA corps)
CDN ALU D MAR TEES
515
5
521
529
530
530
— GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES à décer-
ner en 1869 (question concernant la
théorie de la Lune)
— PRIX EXTRAORDINAIRE SUR L'APPLICATION
DE LA VAPEUR A LA MARINE MILITAIRE,
à décerner en I
+. 0 2. 975 5 de 6 s es €
OCR CE
— PRIX DE STATISTIQUE pour 1867........
— PRIX FONDÉ PAR M°° LA MARQUISE DE LA-
PLACE pour 186
— Prix Bornin pour 1867 (question concer-
nant les vibrations de l’éther dans les
anwe 556 see eo ve ss, ve
— Prix Damorseau (question concernant la
théorie des satellites de Jupiter), à dé-
cerner en 1809.......:.:-.++sesre
— Paix pu LEGS Darmont à décerner en
186
Den ars tions nes senti f ire ia
SCIENCES PHYSIQUES.
— PRIX DE PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE
pour 186
a
Races poMEsriQues. — Sur le mode de pro-
duction de certaines races ee
domestiques; Note de M. Dar
— Sur l’origine tératologique tuée à
certaines races d'animaux domestiques;
Note de M. Sanson.
— Note de = Deren en n réponse à celle de
Crs
NO Er n a EE aa al e
M, Sanson... is N a A
— Sur les be de l'espèce et de la
race, et sur la non-existence d’une race
ps bæufs dits Wiata; Note de M. San-
SESAT EEE S E SS E EEE ET,
SaLixes (SoLurions). — Sur les relations qui
existent entre la composition, la densité
et le pouvoir gi es solutions sa-
lines; Note de M. Fi
SECTIONS DE L'ACADÉMIE. — a Said de Géo-
DÉC ES Le HE al on
candidats pour la seconde des trois nou-
velles places créées par le Décret impé-
rial du 3 janvier 1866 : 1° M. Reynaud;
2° M. Labrousse: 3° ex æquo et par or-
dio alphabétique, MM. d'Abbadie, Bour-
gois, Coupvent des Bois, Darondeau ,
Poirel, Renou, Yvon Villarceau. -++
fua
( 1329 )
— PRIX DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE à
.— PRIX DIT DES Arts age qe: pour 1867.
| — Prix DE MÉDECINE
537
R
423
— Prix CUVIER pou
— Prix Bornin pour “1867 Tiada de la struc-
— Prix THORE pour 1
RÉFRINGENT (Pouvoin).
— La même Section re pour la
pour 1869 pres es de à l'électricité à
la yei Saana NAS ENA
nes
ture anatomique du pistilet du fruit). -
— Prix Bornin pour 1869 (étude du rôle
des stomates dans les fonctions des
feuilles
PR OR ER TUNER RS D I RE LAS
— Prix Bornin pour 1869, à décerner à la
meilleure sr d’un animal in-
vertébré mar
PRET ERA) à FL), LR n,
— Prix TE à décerner en 1873.....
Torsssessssnen et
— Réponse de M. pere à la nouvelle
PE ER EE A E, CS ot d a
Note
te de M. Sanso
— Cas de miiie dans les végétau
devenus le point de départ de ste
races ; de Naudin
— Sur les relations
uses
ui existent entre
densité et le pose
Note de MF uqué.»
ANILINE. — ` Note de M. H. Schi. sur les
08
dérivés de la rosaniline. . - - - POLE
a der-
nière des trois places nouvellement
at la liste suivante de candidats :
Labrousse; 2° M.
Use
présente comme candidats pour la place
te du décès de M. Jobert
vacanto pir MAS Aa, Jal les Guérin et
de Lamballe |
Sédillo: 2° MM. Laugier et Nélaton ;
3° M. Maisonneuve, 4° M. Huguier
— La Section de Géométrie présente comme
acante de Cor-
candidats pour une place Y
179.
TR j
I
Pages,
37
537
1101
la cp la
des s9-
182
, Tio
respondant : 1° M. Plucker ; 2° MM. Bor-
chardt, Brioschi, Clebsch, Hesse, de Jon-
quières, Kronecker, Richelot, Rosenhain,
Salmon, Weierstrass
— La Section d’Anatomie et de Zoologie pré-
sente comme candidats pour une place
vacante de Correspondant : 1° M. de
Siebold ; , 2° MM. Brandt, Huxley,
vue Leuckart, Pictet, Sars, Steenstrup,
0
CRC AE ES D,
— La même Section présente comme can-
didats pour la place de Correspondant
vacante par suite du décès d
oa Deslongchamps : 1° M.
2° MM. Brandt, Huxley, R. Leuckart,
es Steenstrup, NOSE PESTS INA
— La Section de Physique présente comme
candidats pour la place de Correspondant
vacante par suite du décès de M. Dele-
zenne M. Hirn; 2° MM. Abria, Bil-
let Person, ESS SE Te Tres
SEXES. — Sur la production des sexes dans
l'espèce humaine; Mémoire de M. Lar-
ne RP ER ST RU TE PT de Re AR en
SILICIUM. — Sur quelques combinaisons du
silicium et sur les analogies de cet élé-
ment avec le carbone ; Note de MM. Frie-
del et Ladenbur,
CRUE NOM RER MEMERRERNRAeX)
AU ER RÉ TR ne EU D or
Ra — Sur la loi de SE superficiello
du Soleil; Note de M. F
— Sur une inégalité non jdi en Jon-
CR
( 1330 )
Pages.
gitude, particulière à la première tache
de chaque groupe solaire; par le méme.
— Sur les taches solaires; Note de M: Kirch-
O ne ee MO D a E S a
— Remarques de M. Faye sur la Lettre de
. Kire se et sur l'hypothèse des
hüagos SORTOM. i ose desc tro
— Surles taches solaires; Note du P. Secchi.
TANTALE. — De la constitution des composés
chlorés et oxygénés du niobium et du
MM. H. Sainte-Claire
Deville A Pool 52. Li erie ren
TECHNIQUE (ENSEIGNEMENT). — Note de
M. Morin à agnant un exemplaire
du Rapport qu'il a rédigé au nom de la
instituée en 1863 par Décret impérial. .
TeiNrure. — Préparation d’un extrait de ga-
rance pouvant être appliqué directe-
ment sur les tissus ; Note de M. Pernod.
. Chevreul, en présentant ce travail,
Pa
— Sur la périodicité des taches solaires;
Note de M. Chacornac
Soupe. — Nouvelles recherches sur la théo-
rie de la préparation de la soude par le
procédé + rees Mémoire de M. Scheu-
rer-Kestn
— Sur les | polases et les Lo de Stass-
furt; Note de M. Jouli
— Sur l'utilisation et la donitan des
résidus de la fabrication de la soude ar-
tificielle et du chlorure de chaux ; Mé-
CC
Cr A NO AR D UT A DA dm SE 2, D.
| SouFRE. — Sur quelques propriétés du chlo-
rure de soufre; Note de M. Chevrier.
— De l’action du dhloratő de soufre sur té
sulfures; Note d
Dan (ANALY — Sur les spectres
uelques btotléé: Lettre du P. Secchi.
— Le P *Secchi met sous les yeux de l’Aca-
démie l’appareil dont il s’est servi pour
ces recherches.
— Nouvelle Note sur les spectres stellaires ;
ns ss or ss es + +
SPONTANÉES (GÉNÉRATIONS DITES). —
riences de M. Donné relatives à la géné-
5 ration d’animalcules infusoires........
2g Sucres. — Sur l’industrie de la sucrerie in-
1295 digène ; L a M. Dubrunfaut.......
— Sur la e du sucre cristallisable
20 dans sa bei de l’Helianthus tu-
berosus; par le méme...............
SULFATES. — Actions décomposantes d'une
373 t
Mémoire de M. Boussingault aus
396 | Suzrures. — Sur un hydrate de sulfure de
carbone ; Note de M. Duclaux........
SURSATURATION: — Note de M. Lecoq de
00 es expériences
1121 de sursaturation...,. ......+:.-+..:
T
1288
sn de quelques observations
sur les matières er Rene en général. .
TEMPÉRATURES TERRESTRES. — Sur la distri-
bution de la aer et ses variations
dans le terrain parisien, au Jardin des
Plantes; Mémoire de M. Becquerel. ..
Taupéarenss (Hautes). — Actions décom-
posantes d’une haute température sur
soi sulfates ; Mémoire de M. Bous-
singault
Seb Put e Due ea ppe rs eee e ru
— Note de M. Pira sur les températures,
élevées obtenues par la combustion du
gaz d'éclairage .........
PT où NE EE D
615
_1289
833
(2954 :)
Pages.
TÉRATOLOGIE. — Sur l’origine tératologique queuse des fosses nasales; Note Fenai
attribuée à certaines races d'animaux do- Monet; 5208 radin tu 1284
mestiques ; Note de M. Sanson. ....... 669 | — Action du sulfate de quinine sur le sys- |
— Note de > Re en réponse à celle de tème nerveux ; Note de M. Eulenburg. 421
MAO: 55e pis ce: so 743 THERMODYNAMIQUE. — Note de M. Combes
— Sur un cas à dhenair diata apparent accompagnant la crées (al de son
dans le sexe masculin; Note de M. Da- ouvrage intitulé : « Exposé des principes
MR E dinde 766 de la théorie mécanique de la chaleur et
— Cas de monstruosités dans les végétaux de ses applications principales »...... 293
devenus le point de départ de nouvelles — Application de la théorie mécanique de
races cultivées ; ote de idin... 929 la chaleur à l'étude A 2 E T
Voir aussi l’article Races domestiques. du son; Note de M. Dupré.......... 350
THaLuvm. — Recherches sur l'amalgame de — Sur un point de la théorie mécanique de
à thallium ; par M. J. Regnauld........ Gr1 t la chaleur ; Note de M. J. Moutier... .. 653
THÉRAPEUTIQUE. — Sur quelques effets pro- e ERE Ser ” tr du pan
duits par l i thé i E T CS E A 2.
FE el Le Se me es D de MM. Zetellier et Spéneux.….... 197
mot Liouville.. 1:54. etre eee H nus ninme pe d'en re
— Emploi thérapeutique du bromure de Re?
ra en e per Lettre de M. Hermann à M. Chevreul.. 227
Eoen contre PRE Note de — Sur la prétendue période d’excitation r
aK or E E E ete 019 l'empoisonnement des animaux par
— Action du sulfate de ue cristallisé sur nee ou par l’éther; Note pa
> oe de la cornée; Note de M: Dert an iied irn 622
RE ENA ENT Er tre) i — Sur un a ee observé RE l’'empoi-
= Ne. sur le citrate de magnésie présen- sonnement par la strychnine; Note de
tée par M. Rogé au concours pour le M. Hosenthel, r: rse raitaa d 1142
prix Barbier . Re E 1137 | — Recherches sur l’action physiologique du
—_ nA es Mo ES sulfocyanure de potassium; Note d
Note de M. Chauveau. ............ 137 MM. Dubrueil et Legros............. 1256
2 S Last s a Re Mémoire — Recherches expérimentales sur l’action
6 M. Commenge.s seouar le 137 physiologique du bromure de potassium ;
ra Sur cote “prophylactique de la Note de MM. Eulenburg et Guttmann. 1281
rage ; de M. Desmartis......,.... 1187 | TREMBLEMENTS DE TERRE. — Lettre de M. Co-
= Récherchés sur re physiologique à + chard sur le tremblement de terre d'Al-
eure de potassium ; par BOT ses RE an à "
nou et LETOS eccess rean 1256 | — Sur le tremblement de terre observé le
D Dchiehos expérimentales sur laction 9 mars De en Scandinavie; Note de :
ni Dee du bromure de x ami M. Xjerulf............:......... i . 767
r MM. Eulenburg et Guttmann..... 1281 | TREMPE. — Sur la trempe de quelques bo- .
— Sue” l'administration des moliant par rates; Note de M. Le Roux........... I
l'intermédiaire de la membrane mu- Voir aussi l’article Ferre.
U
Unées, — Sur la pseudo-urée hexylénique ; Note de M. Chydenius HIT VIS ie roses save sen 975
V
VaLÉRYLÈNE. — Note de M. Reboul sur quel- tion dans les hôpitaux ; Note de x ws és
Ne nouveaux dérivés du valérylène.. 284 ni de in imentiles
- De ne es 519 nn à action de ide E
ENTILATION. — Des appareils à employer- PA EE Re D x, A
pour le contrôle du rS de la ventila- | VERRE. — la composition rs
sur quelques phénomènes de coloration
qu’il présente; Mémoire de M. Pelouze.
Verre. — Remarques de M. Jullien à l'occa-
sion de cette communication. ........
— Sur une encre pour écrire sur le verre et
pour donner le mat ; Note de M. Ke ssler.
— Observations présénitées par M. Bontemps
par suite de la communication de M. Pe-
M Tete ro re cesrastiate
-- p la trempe zi quelques borates ; Note
. Le Rou
<- Nouvelle yoma ya M. Jullien concernant
la fabrication du verre et le phénomène
— Sur le verre; Note de M. Clémandot...
Vers A sore. — Sur le corpuscule vibrant
de la pébrine considéré comme orga-
nisme producteur d'alcool, Note de
M: Beéchampi; sans résumer
Note sur la maladie eg des
vers à soie étudiée dans l'œuf et chez
l'embryon; par M. Balbiani. .. 5 et
Sur des œufs de vers à soie du mùûrier
qui n’éclosent dans nos pays que la
deuxième année après la ponte ; Note de
M. G
Faits relatifs à l'introduction et à l’accli-
matatio n des vers à soie du chêne; par
—
l
Sur la nature des corpuscules des vers à
soie; Lettre de M. Pasteur à M. Dumas,
|
|
Mémoire de M. Achard sur les principes
qui doivent guider les sériciculteurs...
M. Chevreul indique à à cetle occasion ce
qu’il y aura à faire pour s'assurer s’il est
vrai que les différences dans l'aptitude
des soies à prendre la teinture corres-
à des différences d’origine des
Lettres de M. Achard sur l'urgence d’une
prompte solution pour les questions re-
latives à éducation des vers à soie....
Faits pour servir à l’histoire de la mala-
die parasitaire des vers à soie nommée
« pébrine », et spécialement du déve-
loppement du corpuscule vibrant; Soe
et Lettre de M. Béchamp..
tuelle des vers à soie sont annoncées
dans la séance du 13 mai comme devant
Bre communiquées dans la séance sui-
ante
-— Nodveaue faits pour servir à l’histoire de
Note C M. Béchamp au sujet de cette
I
( 1330 )
ages.
53
198
1103
la maladie actuelle des vers à soie et de
la nature du corpuscule vibrant; Notes
de M. Béchamp annoncées ci-dessus.
1042 et
i Première et seconde Lettres de M. Pas-
teur à M. Dumas sur la maladie gee vers
à soie. 109 et
-— Sur la transformation du cale yi-
brant de la pébrine et sur la nature de
la maladie des vers à soie dits restés
petits; Note de M. Béchamp.........
— Sur la prétendue reproduction par scis-
siparité des corpuscules ou psorospermies
es vers à soie; Note de M. Balbiani
- Observations sur la dispari! tion de la mem-
“es an œuf du ver à soie; Note de
M.
-— Sur Pi de la créosote dans les édu-
cations de vers à soie; Note de M. Ze
Ricque de Monchy..............s...
— Sur le traitement de la pébrine des vers
à soie par une solution es ne nitrate
d'argent; Note de M. Brouz
— Description ee ne best +
salubre; par M. Mi
Vins. — Recherches sur . rer des vins
u département de l'Hérault, à propos
FE la question du pesage des vins; Note
MM. Saintpierre et Pujo..........
— M. Barracano adresse des documents re-
latifs à la maladie des vins.........-.
— Études sur la vinification; par M. Pare
0 6 Po ee 0.8 bee + op s deco 0°
ns
mio Se sv: he Erdie e Se ù TE
s...s.s..:
T A aE E es”
— Remarques de M. Maumené à l’occasion
1
M oo A Ar ON ea e
de cette communication
-—— Lettre de M. Foie relative à la
I
même communication
— Réplique de M. Maumené ...s.....
Vorcans. — Études sur la composition chi-
mique des gaz émis par le volcan de
Santorin, du 8 mars au 26 mai 1866;
Note de M. Fouqué........sssssess.
— Remarques faites à l'occasion de cette
communication par M. Ch. Sainte-Claire
Deville
— Sur l’état actuel des phénomènes volca-
niques de Santorin; Note de M. De-
— Sur les phénomènes volcaniques de San-
torin; Note de M. Fouqué
— Sur les produits ammoniacaux trouvés
dans le cratère supérieur du Vésuve ;
Note de M. Palmi
- Sur les étais poene dont la
baie de Santorin est le théàtre et sur
les fouilles faites à Therasia; Notes de
M. de Cigalla. ............ Jeera
Cit ootte ets eve
AE E R N a EM EE aa e RE
Maa a A A
EA EE EOE E
ages..
1043
1113
1185
$ 1045
1145
1148
1186
1186
287
630
1041
189
968
— Sur la composition des gaz émis par le
volcan de Santorin ; Note de M. Janssen.
VOLUME cernes DE). — Sur la pro-
que possède l’iodure d’argent de
se aeir par la chaleur et de se
dilater par le froid ; Note de M. Fizeau.
— Remarques de M. H. Sainte-Claire De-
ville sur les propriétés de l’iodure d’ar-
gent.
CRC osetrene tedll
ZooLoGIE. — Type d’une nouvelle famille de
l’ordre des Rongeurs, le Zophyomys Im-
hausii; Mémoire de M. Alph. Milne
aa a A E alt
— M. Coste, en présentant un ouvrage de
M. Gerbe intitulé : « Ornithologie euro-
péenne », donne une idée du caractère
dé cette-publication, .. .............
— De l'accroissement de taille chez les ani-
à sang froid; Noté de M. Blan-
— Sur le Calamichthys Calabaricus, pois-
son appartenant à un genre nouveau;
(10987 :
Pages.
1303
— Sur quelques relations entre les points de
fusion, les points d’ébullition, les densités
et les volumes ; Note de M. Jungfleisch.
VOYAGES SCIENTIFIQUES. — M. Liais, près de
partir pour Rio-de-Janeiro, se met à la
disposition de l’Académie pour les re-
cherches qu'elle désirerait faire efec-
tuer dans ce pays
CR
Note de M. Gervais RE la
présentation de spécimens de ces pois-
sons et de due Mémoires de M. Smith
sur la même
— Étude sur le adi céphalique du Ré-
mora; Note de M. Baudelot
—- Observations sur l Argyronète aquatique ;
Note de Platea
— Sur les araignées ares et les fils de la
Vierge, etc.; Note de M. Babaz. 580 et
— Sur le développement du puceron brun
de Pig Note de MM. Balbiani et
Signoret
A EEL Shen a
ss
ON UE EME STE LE VA A a on BE "7 FN à à
Pages,
(1334)
TABLE DES AUTEURS.
A
Pages. | MM.
ABDULLAH- BEY appelle l'attention de l’Aca- prix Dalmont un Mémoire autographié
démie sur diverses collections d'objets sur le Fe et la ventilation des
d'histoire naturelle qui figureront à PEx- hu + RS EL AR ET DORE
position universelle, et formeront en- ANONYMES. — Une mention honorable est
suite le noyau u d'un musée national à accordée au concours pour le prix de
Constantinople. .............. ...... 677 Statistique à l’auteur d’un Mémoire sur
— Note relative à une collection de fossiies les rapports entre la population rurale et
recueillis dans le terrain dévonien du le travail agricole dans le Re ce
RORDAOTE Se ire lee tue 91 de Seine-et-Marne, de 1806 à 1856.....
ABRIA est présenté par la Section de Chimie — M. Plessier s'est depuis ces connaître
comme l’un des candidats a une place comme auteur de ce travail..........
vacante de Correspondant ........... Voir aussi à la Table des matières
ACADÉMIE DES SCIENCES VIENNE (r£) l'article Anonymes ( Communications ).
adresse des remerciments pour l’envoi ANSALDI prie l’Académie de vouloir bien
des « Comptes rendus » et signale dmettre au concours, pour le prix sur
ÈS lacunes dans ce qu’elle en a l'application de la res à la marine
ns rase es gene Pc 120 militaire, sa « machi r sans
ACADÉMIE IMPÉRIALE DE METZ (r`)
adresse un exemplaire de ses Mémoires
pour FOUT verres
ACHARD, — Mémoire relatif aux principes
qui doivent diriger les sériciculteurs. —
Lettres concernant l’urgence d’une solu-
tion pour les etes relatives à l’édu-
cation des vers à ie s 578 et
be a in
AGASSIZ. — Observations Ana faites
dans la v de l’Amazone..........
ALUIOT. — Notes relatives à diverses ques-
du choléra, Spio: de l’électrothéra-
pie, etc.
ANGER. — Un prix de Médecine et de Chi-
rurgie lui est décerné pour son « Traité
ee des maladies chirur-
+. e E e T a
ANGIBOUST adresse pour le concours du
E a A O esse ss see + 0
vapeur
point mort », qui fo noie actuelle-
ment à l'Exposition universelle
AOUST. — Des surfaces du second re
ayant une même intersection... -590 €
arios — Note relative à a
ARNOUX. et Dis prient l’Académie de
se faire rendre compte de plusieurs ou-
vrages qu'ils lui adressent; ces ouvrages,
étant imprimés, ne peuvent, d'après un
article Š Règlement, devenir l’objet de
Rapport
ARRIGÓTTI. — Note sur les solutions de
l'équation x" + y” = z"
ARTUR. — Mémoire intitulé : « Examen des
actions de la Lune et du Soleil sur les
élévations de la mer que produisent les
marées, pour modifier la vitesse de la
raai de la Terre »..............:
— Mémoire relatif à l'interprétation des ré-
sultats obtenus par M. Becquerel sur
les effets chimiques produits dans les
PR 4 WP: v
TS SAS e VOLANT EN SEL ETAIENT
EE UT 7 UN er tail
espaces capillaires... ......:.....-..: 12
Pages.
MM.
BABAZ. Mémoire sur les
aériennes et les fils de la Vierge. 580 et
BABINET fait savoir qu’un Mémoire de M. de
Louvrié sur la navigation aérienne, que
l'Académie avait renvoyé à son exa-
men, lui semble pouvoir donner lieu à la
BACALOGLO adresse plusieurs Mémoires re-
latifs à diverses questions de mathéma-
tiques et de physique
BAER (DE). — Le prix Caviar lui est décerné
pour l’ensemble de ses recherches sur
D enr et les autres parties de la
zoolog
: de Baer adresse ses remerciments
à l'Académ
BAILLE. — Road sur les variations
de la dispersion zad liquides sous l'in-
fluence de la cha
— Le prix Bordin, sur yA détermination des
indices de réfraction des verres employés
pour les instruments d'optique, est dé-
cerné à M. Baille.
— M. Baille. adresse ses remerciments à
l'Académi
sn res
torse ms en eoeou
nn S EE
CRC
CR E A E E
BALBIANT. — Études sur la maladie psoro-
Spermique des vers à soie : maladie ob-
servée dans l'œuf et chez l'embryon;
maladie chez les jeunes vers récemment
GOOS Pi G sbo vomir E 574 et
— Sur la prétendue reproduction par scis-
Siparité des corpuscules ou psorosper-
mies des vers à soie
-~ Sur le développement du Puceron sir
0 Eee ble. (En commun avec M.
ss ss s
r
Araignées
ages. | MM.
BAUDRIMONT (A
6
768
Co
Or
En
724
514 |
1029
691
dur R E r ce IT EN der Tone
BARRACANO. $s AEP relatifs à la
:: …. Maladie dés: vins: 4 roana eree 630
BAUDELOT. — Étude sur n% disque cépha-
lique du Rémora (Æcheneis 625
~ Considérations sur quelques particulari-
é
=e du système musculaire des Pois-
I
A ANT EEEE A DS See EE E R E S
de soufre. sur les métaux s sur leurs
E ao po fre
” Hat ons sur la détermination de la
quantité de la matière organique, de
l'acide phosphorique et de l'azote des
nt et notamment du ue du
Péro 1279
.
bite, aA PUR OU CPS ES A M a a e a a a E
C. R., 1867, 1°" Semestre. ( T. LXIV.)
( 0335 )
B
.) obtient une citation très-
honorable y concours pour le prix du
B a Lee
— M. Baudrinon adresse ses remerciments
à l’Académ
BEAUFILS. — Mércia sur les fonctions pré-
sumées des nerfs ganglionnaires......
BÉCHAMP. — Sur le corpuscule vibrant de
la pébrine, considéré comme organisme
producteur d’alcool.,:,.....2..::2.
Faits pour servir à l'histoire de la ma-
ladie parasitaire des vers à soie appelée
pébrine, et spécialement du développe-
ment du corpuscule vibrant
— M. Béchamp demande et obtient l'auto-
risation de faire copier cette Note. .....
M. Béchamp adresse deux Notes rela-
tives à la maladie actuelle des vers à
soie, Lettres dont la communication est,
sur la demande de M. Dumas, remise,
ainsi qu'une Note de M. Pasteur sur le
même sujet, à une prochaine séance...
Lettre à M. / Président, au sujet de la
communication faite par M. Pasteur le
FT Dee 2186 5 one dE be A ot ls 4
CR
— Nouveaux faits pour servir à l’histoire de
la maladie actuelle des vers à soie et de
la nature du corpuscule vibrant
Sur la transformation du corpuscule vi-
s.s.s...
E ue e A
Note « sur le rôle des organismes micro-
scopiques de la bouche dans la digestion,
et particulièrement dans la formation de
la diastase salivaire ». (En commun avec
L ]
BECQUEREL. — Extrait d'un Mémoire sur
les températures de lair et les quantités
d'eau tombées hors des bois et =
du (En commun avec M. Edm.
PR ET TE 1e dm te tr |
e M. Pouillet intitulée :
a les ter des magasins ns à
OUT De. esse rime
— Sur le psrchromère électrique et ses
applications. ...........:::+........
— mendio sur la distribution É la chaleur
et ses variations dans le pari-
sien, au Jardin des er
-- Mémoire sur les zones sine à grêle
dans le département du Loiret... se
17
ueret.
— Observation sur une communication de
« Instruction
Pages.
1042
1043
brant de la pébrine et sur la nature de
la maladie, des vers à soie dits restés
1185
{ 1336 )
Pages
BECQUEREL. — Mémoire sur les nue
ii s plui
miques produits dans les actions capil-
919 et
BECQUEREL (Enu.). — Extrait d’un Mé-
moire sur les températures de l'air et les
quantités d’eau tombées hors des bois
et sous bois. (En commun avec M. Bec-
querel}. EEE esreeserenees se
— Rapport sur un Mémoire de M. F. Le
Roux, intitulé : « re sur les
courants thermo-électriques
— M. Edm. Becquerelprésente à l'Académie
le premier volume d’un ouvrage qu'il
vient de publier etqui a pour titre : « La
lumière, ses causes et ses effets »...
BECQUET. — Une citation est accordée à
son travail « sur la pathogénie des reins
déesse ce ve de er en dues ee
s......
prem » ( concours de Médecine et de
Chirurgie}... 5%. e se a r
BÉJOT. — Note relative à la direction des
SOTO B a E e spas:
BÉRAUD. — “th prix de Médecine et de Chi-
rurgie est décerné à feu M. Béraud, pour
son Atlas complet d'anatomie chirurgi-
cale topographique. ................
BERGERON. — Sur la géographie et la pro-
phylaxie des teignes, analyse manuscrite
d'un travail imprimé, présenté au con-
cours pour le prix de Statistique. ......
— Mémoire sur la salivation pancréatique
dans Dans par le mercure,
considérée cause principale de
l'anémie tnry Sea assa ire
BÉRIGNY. — Observations thermométriques
faites à Versailles pendant léclipse du
O MarS FOOT- re eree aer En
BERT. — Sur la prétendue période d’excita-
tion de l’empoisonnement des animaux
par le chloroforme ou par l’éther......
BERTHELOT. — Nouvelle méthode pour
synthèse de l’acide oxalique et des acides
ON nes crise Ea
— Sur les changements de température pe
duits dans le mélange des liquides
— Sur quelques conditions générales qui
président aux réactions chimiques. . ...
— Méthode universelle pour réduire et sa-
turer d'hydrogène les composés orga-
MIQUÉS... . ..: 44e 710, 700, 786 et
BERTRAND. — Rapport sur un Mémoire de
M. Cornu, intitulé : « Recherches sur
la réflexion Crista HME ke eona
nd est nommé Membre de la
Ciiik chargée de proposer une
question pour le concours du grand prix
1211
+ “#107
893 |
M.
des Sciences mathématiques à décerner
NO DDD.. 4 crime er eme a
— Membre de la Commission du grand prix
de Mathématiques pour 1867 (question
concernant la théorie des équations aux
dérivées partielles du second ordre)..
— De la Commission du grand prix de Ma.
thématiques pour 1867 (question con-
cernant la théorie mathématique de la
Ste CV VTT Eure Re een es
Pages.
— Et de la Commission chargée de décer- .
ner le prix Bordin pour 1867 { question
relative à la de des vibrations dans
les aron polaris
BERTSCH. Lettre alaito aux réclama-
„tions dont son « électrophore continu »
a été récemment l’objet
BIBLIOTHÉCAIRE DE L'ACADÉMIE DE MÉ-
DECINE (M. ze) adresse à l’Académie
le tome XX VII (2° partie) des Mémoires
de cette Société
BIENAYMÉ est nommé Membre de la Com-
mission chargée de décerner le prix de
Statistique pour 1
BILLAUT. — Note sur l'emploi des aspira-
teurs dans la paracentèse
BILLET est présenté par la Section de Phy-
LS comme l’un des candidats pour
ne place Son de Correspondant.
BLANCHARD (ÉmLe). — Del croisement
de a taille chez les animaux à s
EE 47 P]
Hetet yo oee
r TA SAR
r E E cos par en RS fl
— En RE un Mémoire allemand de
M. Brandt, sur le cœur des animaux ar-
ticulés et des mollusques, M. Blanchard
indique les conclusions auxquelles Pau-
teur a été conduit dans ce travail. .. --
.— M. Blanchard est nommé Membre de la
ana — Mémoire sur la constatation
médico-légale des taches de ag par la
formation des cristaux d’hémi
Re — Sur un bolide an le
BONNET (Oaai est adjoint à la Commis-
sion chargée d'examiner un moire de
M. Perry sur les systèmes coniques tri-
Bis rs en E e a pres a
E RUE ES
ser pour le concours du grand prix
LT SES mathématiques à décerner
.
en ae ne MU AU le de Fan RARE
en 1
— Ras A la Commission du grand prix.
de Mathématiques pour 1867 (question
1304
120
259
M.
concernant la théorie mathématique de
la chaleur)
— Et de la Commission du grand prix de
Mathématiques pour 1867 (question re-
lative à la théorie des surfaces algé-
nm ot sdose
a EMTT E EEA ENA GAEE a a e RT
( 1337 )
Pages.
846
communication récente de M. Pelouze
mire Verre... 5.1.7... rod
BORCHARDT est présenté par la Section de
Géométriecomme l’un descandidats pour
une place vacante de Correspondant...
BOUCHUT. — Son ouvrage intitulé : « Du
diagnostic des maladies du système ner-
veux par l’ophthalmoscope » obtient une
citation très-honorable au concours pour
les prix de Médecine et de Chirurgie..
— Mémoire sur quelques nouveaux signes
de mort fournis par l’ophthalmoscope ou
par l'atropine. .......-..s.se 1
BOUILHET et Carisrorce. — Observations
relatives à une Note de M. Dufresne sur
une nouvelle dorure et argenture par
lamalgamation
BOURGEOIS. — Découverte d’instruments en
silex dans le dépôt à Elephas meridio-
nalis de Saint-Prest, aux environs de
SS vs E dE NS RS SR
SD EE 6 ET DT SN E CON EE RE
CSV TS VI RÉ EDEN NA ENS MON LR
PEUR SE UN Sn
candidats pour une place vacante de
Correspondant.........-..... Riu ss
BRESS
COST nf MS ME te 18 S ao S OS de
a E a E e aaa
wF
Qr
@
=
NI
1138
MM.
BREWSTER fait hommage à l’Académie d’un
exemplaire du Discours prononcé par
lui à louverture de la session de la So-
ciété royale d'Édimbourg (1866-1867).
BRIOSCHI est présenté par la Section de
… Géométrie comme l’un des candidats pour
une place vacante de Correspondant. . .
BRIOT. — Sur la réflexion et la réfraction
cristallines. .
BROCHARD. -- Le prix de Statistique lui
est décerné pour son Mémoire « sur la
mortalité des nourrissons en France ».
— M. Brochard adresse ses remerciments
à l’Académie
BRONGNIART présente, au nom de M. Zor-
tet, un travail intitulé : « Note sur Pin-
fluence des courants induits sur les
spermaties des Lichens et des Champi-
DER CITE ROC Le PE OA T E ak
— M. Brongniart est nommé Membre de la
Commission chargée de proposer une
question pour le concours du prix Bor-
din (Sciences physiques) à décerner
e E E T a AA A
COOP PR NN E a aA o a ah
PE ERE EEE S ms eur sa
com-
mun avec M. Bussy.)........ 30 €
BUISSON-JUST. — Note relative à la direc-
tion des aérostats........---"+":
BULARD. — Observation de l'éclipse annu-
laire de Soleil du 5-6 mars
Bougie. .....---- D LUNA FEV IVG >
BUREAU GÉOLOGIQUE DE SUÈDE (LE)
adresse, avec les livraisons 19 à 21
de la Carte géologique
AE TL PA D RE EE meet
.
t
— M. Bussy remarque,
Pages.
que la Note imprimée au Compte rendu
t
Q3
Qo
æ
du 25 février contient,
bleau dont les trois dernières colonnes
se rapportent à une partie non -ow
_ communiquée des recherches qui lu!
sont communes avec M. Buigne PERS
176..
MM.
CAHEN. — Une citation très-honorable lui
est accordée au concours de Médecine
et de Chirurgie pour son Mémoire sur le
choléra et le traitement de cette maladie
par la médication arsenicale
CAHOURS. — Le prix Jecker lui est décerné
pour ses derniers travaux également re-
commandables par la ka et par
l'exactitude des expérien
js adresse ses tes à
l'Académ
CAILLETET (L. . — Procédés de dorure et
md ape au moyen de l'amalgame de
IRESE TE
Sod a a EO E
CAILLETET ( G ) présente, au concours eri
le prix de Statistique, un Mémoire s
hydrologie du ee des res
ETa s AEREE A ss ei reserves
CALIGNY (pe). — Description dun moyen
d’épargner l’eau dans les écluses de na-
vigation à sas accolés d’un nombre quel-
conque, et particulièrement dans les
écluses doubles ou à deux sas accolés.
— Note sur un point essentiel de la théorie
— Sur les moyens d'utiliser une espèce par-
ticulière de fontaines intermittentes os-
CANTONI annonce l'envoi d’un Mémoire des-
tiné au concours pour le prix ee
CARON. Remarques à pro une
communication de M. Liebig sur Tr
mentation des jeunes
— Mémoire sur le lait artificiel de M. Liebig.
— Sur de nouveaux généra-
id
CR
CARUS. — Sur les préservatifs véritables
contre le choléra-morbus............
CAYLEY. — Sur la man ormguon cubique
d'une fonction elliptique.............
CAZAL prie l’Académie is vouloir bien com-
prendre parmi les pièces de concours
pour le prix de Mécanique ses appareils
électro - magnétiques et magnéto -élec-
— Description de sa « machine à coudre au-
tomotrice, marchant par l'électricité »..
CERROTI. — Des pressions exercées sur
quatre appuis d'un plan horizontal, par
un corps placé sur ce plan d’une manière
quelconque
CHACORNAC. — Résumé d'un Mémoire sur
; le système du monde..:.......,...,
NI SR SR l
sen E E E se a A E E E E :
1338 )
Pages.
1077
1078
MM.
— Sur un changement observé à la surface
Rra T Er E EN T
— Sur la périodicité des taches solaires...
CHANCELIER DE LA LÉGATION DES PAYS-
BAS (M. LE) transmet à l’Académie un
NC de deux nouvelos Pe de
bleau SRE S re pare
déduits de vingt années d'observations
faites sur les étoiles filantes
— Tableau des résultantes d'observations
des étoiles pendant une période de vingt
années (1846-186 95 et
CHAPOTEAUT. — Faits relatifs aux matières
colorantes dérivées de la houille. (En
commun avec MM. De Laire et Girard.).
— Faits pour servir à l’histoire des éthers.
(En commun avec M. Girard.).......
CHASLES. — Sur les systèmes de courbes
d'ordre quelconque : courbes exception-
lles
E a uen mes E
Recherche des traces anciennes du sys-
tème de l’ Abacus. Calcul de Victorius et
Commentaire d’Abbon
M. Chasles présente à l’Académie, de la part
e M. Boncompagni, un Traité d'Arith-
métique arabe, traduit par M. Woepcke,
et signale en quelques mots les carac-
tères qui recommandent cet ouvrage à
l'attention des savants
M. Chasles fait hommage à l’Académie,
de la part de M. Folpicelli, d'un ou-
vrage qui contient des recherches rela-
ss sss....
ss sss.e stress
M. Chasles présente, au nom de M
then, un ouvrage intitulé :
méthode pour déterminer les caracté-
. ristiques des systèmes de coniques » .
Communication accompagnant la présen-
tation de deux ouvrages de M. Cre-
l
MM. Cayley, Hirst et Cremona. .....
— M. Chasles est nommé Membre T la Com-
mission centrale administrative pour
l'année. i807- oe es atr a a
— Membre dela Commission Serie de pro-
poser une question pour le concours
Notes relatives à des HP de
I
Pages.
1059
« Nouvelle
du grand prix des Sciences mathéma-
tiques à décerner en 1868.
De la Commission du grand prix de Ma-
|
dérivées partielles du second ordre)...
846
MM.
— Et de la Commission du grand prix de
Mathématiques pour 1867 (question re-
lative À la théorie des surfaces algé-
DRQNOS) indie. <a abs cop
CHAUTARD. — Expériences relatives au ma-
Eee et au diamagnétisme des gaz.
— Note concernant inocula-
]
s..sssss..
siologie expérimentale, pour ses « Re-
cherches sur le système nerveux des
Céphalopodes dibranchiaux »
VREUL. — Observations relatives à une
communication de M. Carus sur les pré-
servatifs du choléra
— Remarques à l’occasion d’une communi-
cation de M. Despine sur les fossiles
découverts dans la grotte des Fées, près
d Aix-les-Bains... cesso oesi Ver eae
— M. Chevreul exprime le désir que la Com-
mission des vers à soie se procure des
soies de provenances diverses et bien
constatées, afin de savoir si elles pré-
sentent, selon leur origine, des diffé-
rences quant à l'aptitude à recevoir la
MR aa r E a
i Do relatives à un traité alchi-
mique attribué pendant six siècles à
Alphonse X, et qui n’est que la traduc-
tion du Traité dû à Artefius
+
e TRS Tr É rer ss nee
Se NS RDS
concernant deux écrits alchimiques pu-
bliés sous le nom d’4rtefius et sous ce-
M Akon Li issue
— Observations See à une Note de
. de la Rive sur un photomètre des
tiné à à mesurer la transparence de ir
~En présentant à l’Académie une comm
tières tinctoriales en généra
— M. Chevreul, remplissant les fonctions
de Secrétaire perpétuel, sig gnale, parmi
les pièces imprimées de la Correspon-
dance, une brochure ayant pour titre :
; Éloge de M. F. Petit, par M. Gatien-
Arnoult »
s.s.s...
— M. Chevreul, en qualité de Président, an-
nonce à l’Académie que le tome LXII de
ses Comptes rendus est en distribution
au Secrétaria
ss users ns ns tte de tree ee
Pages.
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ote de critique historique et littéraire
CE
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Le
1225
1289
[ee]
S3
Q3
“u
Q»
— M. le Président annonce que le tome
XXIX des Mémoires de l’Académie est
en distribution au Secrétariat... ......
M. de Président , da ans la séance du 22
avril, annonce à l’Académie la perte
Qo
—
CHRISTOFLE et BouiLuer.
6
(: 1385 )
MM.
qu'elle a faite dans la personne de M. Jo-
bert- de Re décédé le r9 du
MOMED: cd, 45 le be éd où
"M. k Président entretient l’Académie
d'une nouvelle perte qu’elle a faite dans
u
= pe de M. Pelouze, décédé le `
— gi pns d’une troisième perte survenue
moins de trois mois après la première,
celle de M. Civiale, décédé le 13 juin.
CHEVRIER. — Sur quelques propriétés du
chlorure de soufre
CHMOULEVITCH. — Études sur la physio-
logie et la physique des musc]
CR
Sas
— Observations
relatives à la Note de M. Dufresne sur
une nouvelle dorure et argenture par
Pamalo MPUOn. : Da sud en de tre
CHUARD, — Note sur un thermomètre à
CAT ue de din Arial ne
CHYDENIUS. — Sur les composés bromés et
chlorés du cétène et sur leurs dérivés. .
— Sur la pseudo-urée hexylénique .......
CIGALLA (pe) adresse deux communications
relatives, l’une aux phénomènes vol-
caniques dont la baie de Santorin est le
Fri l’autre aux fouilles de Théra-
CIVIALE, — Collection de calculs urinaires
classés d’après leur structure et leur
— La mort de M. Civiale, arrivée le 13 juin,
est A al Académie dans la séance
nE E E EEE E E A E
CIVIALE (à. dure — Note sur P'application de
la photographie à la géographie phy-
mt et à la géologie (Aoste et le Sim-
CASSIO at hommage à l'Académie de la
seconde et dernière partie de ses Mé-
moires sur la théorie mécanique de la
chienne tiens sers e a,
BSCH. — Sur les formes binaires du
rte (En comimun avec M. Gor-
— z “Clebsch est présenté par la Section de
Géométriecomme l'un des candidats pour
une place vacante de Correspondant. .
CLEMANDOT. — Considérations sur le verre.
OCHARD. — Lettre sur le tremblement de
terre d'Alger
Une mention honorable lui est ac-
cordée pour ses expériences sur la cha-
leur animale (concours du prix de Phy-
siologie ex rimentale)......
DE E méthode à employer
PR EE TL à oo
(8)
pour k choix pes lunettes........--
- 463
MM.
COMBES. — En faisant hommage à l’Aca-
démie d’un volume intitulé : « Exposé
cipales », M. Combes indique en qu
ques mots le but qu'il s’est proposé...
_ M. Combes est nommé Membre de la
Commission du prix de Mécanique. .
COMBESCURE. — Sur un théorème de M. Ben
relatif à la transformation des équa-
COMMENGE.
de la coqueluche ................-.:
COMMISSION DE E AMIRAUTÉ ANGLAISE
et des ouvrages publiés par le départe-
ment hydrographique de Amirauté pen-
dant l’année 1866-67
CORENWINDER. — Recherches chimiques
sur la betterave, et particulièrement sur
l'influence des matières salines
CORNU. — Recherches sur la réflexion cris-
talline. ( Rapport sur ce Mémoire, Rap-
porteur M. Bertrand.
OSTE. — Sur la durée de l'incubation des
œufs de Roussette
— En présentant à l’Académie un ouvrage
de M. Gerbe, intitulé: « Ornithologie
européenne », M. Coste indique en quel-
ques mots te. caractère de cet ouvrage.
— M. Coste, RAR Sr de Secrétaire
pétuel, anno à l'Académie la perte
: elle vient de fire dans la personne
de M. Eudes Deslongchamps, Cortes-
pondant de la Section À Anatomie et de
— M. Coste donne lecture d'une Lettre par
laquelle M. Zs. Pierre fait savoir à l Aca-
démie que le fils de M. Eudes Deslong-
champs se propose de recueillir les
travaux de paléontologie laissés par son
‘père
eTA EELT i er se 0
CRD ER 2 ae
és ed CETTE Re r
AR LE RP SR DE Na ne
TT Ao a a a a A bT
— M. Coste annonce à l’Académie une nou-
Pages
— Mémoire sur le traitement
1
( 1340 )
velle perte qu’elle vient de faire dans la -
alz, Correspondant de
la Section d’ a
ours dans l’exercice des
me de Secrétaire perpétuel, si-
nale, parmi les pièces imprimées de la
Cortes on de diverses rte +
livres ou Me suivants : Un
vrage de M. Marmy ayant pour Les:
« Études sur la réginéraion des os par
CR
la con:
— Trois volumes de M. Bélanger faisant
~ partie d’une série de Traités sur la Mé-
. | MM.
canique étudiée au point de vue de l’art
e l’ingéni
Un précis des travaux de l’Académie
impériale des Sciences, Belles-Lettres et
Arts de Rouen, peudant l’année 1865-
BOB. Sn rie ss ve VER COR
Une brochure de M. Zandois sur les or-
ganes de la voix chez les insectes. —
Un opuscule de M. Gatien-Arnoult sur
Victor Cousin
— Divers ouvrages de a Le de
M. Pictet. — Le Catalogue des instru-
ments de chirurgie de la maison Pa
rière, publié par MM. Robert et Collin.
Uri ouvrage ayant pour titre : « Le Pro-
cès du matérialisme », par M. F. Lucas.
COULVIER-GRAVIER et CHapeLas. — Ta-
bleau représentant quelques résultats
déduits de vingt années d’observations
faites sur les étoiles filantes
— Tableau des résultantes d'observations
a étoiles filantes pendant une période
de vingt années (1846-1866)., 595 et
COUPVENT DES BOIS. — Extrait d’un Mé-
moire sur les intensités magnétiques de
quarante- -deux points du globe, obser-
vées pendant la ri PE des corvettes
l’ Astrolabe et la
— Mémoire sur la détermination du pôle
magnétique austra
— M. Coupvent des Bois est présenté comme
candidat pour une place vacante dans la
Section de Géographie et Navigation. .
|
rose ter sers eee
ss.
PP ER ar UC
porene totoo wtona
COURTY. — Lettre accompagnant l'envoi.
de son « Traité pratique des maladies
12
de l'utérus »
COZE. — Lettre concernant un Mémoire
qu'il ai adressé, en commun ayec
e TETA RE Aa A pe a A
Ane are a mo h
Torsone aa orra aa
CRÉMIEUX - MICHEL. — Nouvelle Lettre
C
concernant le ni anti-cholé-
rique de feu M. Daniel...........::.
CRIMOTEL. — Son nl intitulé : « De
_ l'épreuve galvanique en bioscopie », 0b-
tient une citation dans le Rapport sur
le concours pour les prix de Médecine
et de Chirurgie
CYON eL — Sur l’innervation z cœur.
n commun avec M. M. Cyo
PEER NS D E E RE EE A E EA
— De l'influence de -e REA E et de
10.
l'oxygène sur le cœur...........:...
— M. Cyon adresse re opuscules rela-
tifs à la physiologie du cœur humain. .
N (M.). — Sur l’innervation du cœur.
(En commun avec M. E. Cyon.).....:
Pages.
664
899
1237
D'ABBADIE. — Note accompagnant la pré-
sentation d’une Carte intitulée : « Éthio-
pie, carte n° 3, Simen et Zimbila »...….
Mavipation 5.4.0. sisi 00e, 400
= Mid’ baie est élu Membre de la Sec-
tion de Géographie et Navigation
— Décret impérial confirmant sa nomination.
DAMBRE et Arnoux prient l’Académie de
se faire rendre compte de plusieurs ou-
vrages qu ‘ils lui adressent; ces ouvrages
étant imprimés ne peuvent, d'après un
article formel du Règlement, devenir
Vobjet d’un Rapport. ...............
DAMOUR. — Sur un alliage de cuivre, d’ar-
gent et d’or, fabriqué par Fe anciens
peuples de l'Amérique du du
DANIEL ( A.) — Sur un cas Thermad
disme apparent dans le sexe masculin.
DANIEL (L.). — Expériences d’induction. .
— Transport de matière par le courant vol-
taïque et par les courants d’ induction..
DANIEL (M). — Lettre relative au médi-
„__Cament anticholérique de feu M. Daniel.
D'ARCHIAC. — Sur la faune dévonienne des
rives du Bosphore. (En commun avec
M. de Ferneuil). s3 r ea geen ne ER
— M. d’Archiac donne lecture d’une Note de
M. de Rouville, mentionnée au Compte
rendu du 31 décembre 1866, sur le sys-
tème d'argiles rouges des environs de
Bize et de Saint-Chinian
= Remarques à loccasion "iune con
cation de M. Bourgeois sur la prétendue
Poor des sables ossifères de
l'Orléanais et des faluns de Touraine. .
— M. d’Archiac présente, au nom de M. Dal-
sr...
don Eve
mas, un Mémoire sur « la vie électrique
I
des animaux et des végétaux »
DARESTE. — Mémoire sur le mode de pro-
duction de certaines races d'animaux
T T
— Réponse à une Note de M. Sanson sur lori-
gine tératologique attribuée à certaines
races d'animaux domestiques. 3 et
CCR DE
7
DARGET. — Démonstration du postulatum
1
MS LS dde UE Les ee cent
DARONDEAU est porté à deux reprises Sur
la liste des candidats pour une des places
nouvellement créées dans la Section de
Géographie et Navigation. . . :.- 797 et
DAUBRÉE. — Expériences sur les décom-
( 1341 )
D
Pages | MM. Pages.
positions chimiques provoquées par les
actions mécaniques dans divers miné-
152 raux, tels que le feldspath......,..... 339
— Note sur deux grosses masses de fer mé-
téorique du Muséum, et particulièrement
Re celle de oa AP récem-
797 nt parvenue à Paris.............. 33
— Nouveau procédé ia dir la situé.
08 e des fers météoriques............ 685
879 | — M. Dairi KAEA un ouvrage d
M. Phipson sur les météorites et Fa
étoiles filantes.........:......:,..2, 225
— M. Daubrée présente, au nom de M. de
Dechen, la Carte géologique d'ensemble
de la es rhénane et de la Westphalie
81 occidentale.. ...........sseesssssss 20
EENE: = Na encouragement lui est ac-
- cordé au concours du prix Barbier pour
00 son « Essai sur la pharmacie et la ma-
“tière médicale des Chinois ».......... 518
766 | — M. Enr adresse ses remerciments à
367 l'Académie. .....sessmseressensese 968
DEBRAY. — ER EA mi, n dissociation. 603
599 | DECAISNE est nommé Membre de la Com-
mission ren sdninistrative pour
875 année 1867... ssrserersers ses 13
— Et de la Commission chargée de proposer
une question pour le concours du prix
217 Bordin (Sciences physiques) à décerner =
i e AE E 2
DEDIEN adresse un essai de démonstration
du postu re> 38
IN. — “Recherches ‘expérimentales
48 sur l'emploi agricole des se de at ah A
DELAGRÉE. — Appareil optique x ji kons
re à permettre d’exami ca-
431 na ` ouvertures Era sr corps
humaits rte 1077 et 1187
LAIRE “ paits relatifs aux matières colo-
236 rantes dérivéesde la houille. (En commun
avec MM. Girard et Chapoteaut.). 416
E LA NUX. — Note relative à la théorie Aa
ch DE u rs — Note sur l’état a“ i
du globe tértasttes =s- ->te 117
1101 | — Note sur un eme poria an
rer la tran EE SAS Re
236 DELAUNAY es téli Vice-Président pour l'an- =
EEE T O e i e e SP Sä
M fe accompagnant "o présen raa ow-
vement de la Lune » (tome X
A Mémoires de l PAcadémie)..- -+-+ 141
( 1342 )
MM. Pages. | MM. Pages
DELAUNAY. — La Lune, son importance en TÉOROLOGIQUE DES PAYS-BAS (M. LE)
Astronomie ; lecture faite à la séance adresse un exemplaire de l'Annuaire pour
publique du 11 mars 1867......:.,... 546 lannber1866.::5 us. récit 856
M. Delaunay est nommé Membre de la DIRECTEUR DU DÉPARTEMENT HYDRO-
Commission du prix d’Astronomie. .... 1004 GRAPHIQUE A SAINT-PÉTERSBOURG
DELENDA. — Note sur l'état actuel des (M. LE) adresse à l'Académie un ou-
phénomènes volcaniques de Santorin.. 262 e en langue russe ayant pour titre
DELESSE. — rues sur le dépôt litto- Recherches hydrographiques sur la mer
rak de la- Prane a 5... 602, 165 Caspienne (partie astronomique)... ... 580
— por hydrologique du département de la ONNÉ. — Expérience relative aux généra-
Seinge eege a E a ai 304 tions spontanées des animalcules infu-
— Litholozie des mers de France......... 779 SONDE: I a E a A SE |
DELEUIL. — Sur une méchitie à à ic libre, DROUET. — Mémoire sur le choléra. ..... 1236
fonctionnant comme pompe pneuma- DUBOIS prie l’Académie de vouloir bien le
tique ét comme pompe foulante.…. .... 666 comprendre parmi les candidats pour
DE LUCA (D.} — Action du sulfate de soude l’une des places actuellement vacantes
cristallisé sur les taches de la cornée .. 1093 ax S de la Section d’Astro-
DE LUCA (S.). — Recherches chimiques sur | nomie ..........::......:...,.%6%. 00
se trouvée dans un vase de bronze à DUBOSCQ. — Note sur le photographomètre
NOÉ eme retenue 038 de M Chevalier. St ta hearer 573
— ne relatives à l’action réciproque DUBRUEIL. — Recherches sur l’action phy-
entre l'acide sulfureux et l'hydrogène siologique du ne de Lee
sulfuré. ( En commun avec M. Ubaldini). 1200 En commun avec M, Legros.)....... 256
DEMARQUAY.-- Une citation très-honorable DUBRUNFAUT. — Noté « sur LP RRE de
lui est accordée au concours des prix la sucrerie indigène »............... 697
de Médecine et de Chirurgie pour son — Note sur la présence et la formation du
« Essai de pneumatologie médicale»... 48: sucre cristallisable dans les tubercules
DESAINS. — Recherches sur l’action absor- e l'Helianthus tuberosus. ........,:. 764
bante que certains liquides volatils et DUCHARTRE fait hommage à l’Académie
leurs vapeurs exercent sur la chaleur de la seconde et dernière partie de ses
venue d’une lampe. à cheminée de verre. 1086 « Éléments de Botanique »........... 313
DE SEYNES. — Recherches sur quelques — M. Duchartre présente, au nom de M. CA.
points de Fan du genre Fistulina. 426 Martins, un exemplaire d’un « Mémoire
de — Nota sur la syphilis des ani- sur les racines aérifères ou vessies na-
MAUL TU Pam Sn Serie 356 tatoires du genre Jussiæa, suivi d'une
— Note pie pour titre : « Inoculation pro- Note sur la synonymie et la distribution
phylactique de la rage » ............. 187 géographique du Jussiæa repens, L.». 259
DESPINE. — Sur les fossiles découverts DUCHEMIN. — Cas particulier où un para-
dans la grotte des Fées, près d’Aix-les- tonnerre, communiquant avec une Ci-
MM VUE. eE enr 307 terne, peut devenir inefficace. ........ 621
DIDION. — Études sur le tracé des roues — Note sur une pile à acide picrique...-. 760
hydrauliques à aubes courbes de M. le DUCLAUX. — Sur un hydrate de sulfure de
D Poncet narei En 1124 | CDON: Ne eee ora 1099
DIRECTEUR GÉNÉRAL DES DOUANES ET DUFRESNE Nouvelle dorure et argenture
DES CONTRIBUTIONS (M. LE) adresse par l’amalgamation, sans danger. pour
un exemplaire du « Tableau général du les queries "es amie roses 98
commerce de la France avec ses colonies éponse aux nes présentées, à à l’oc-
et avec les puissances étrangères, pen- casion de cette communication, par
dant Pannée:1865 »..........4, 8 . Christofle et Bouilhet........... - 784
— Et un exemplaire du « Tableau général DUHAMEL est remplacé par M. Bertrand
des mouvements du cabotage en 1865 ». 698 dans la Commission nommée pour exa-
DIRECTEUR DE L'OBSERVATOIRE DE miner un Mémoire de M. Cornu... 5
WASHINGTON (M. LE) adresse un — M. Duhamel est nommé Membre de la
exemplaire des « Observations astrono- Commission du grand prix de Mathéma-
miques et météorologiques faites à lOb- tiques pour 1867 (question concernant
hrs naval des États- Unis dans la théorie mathématique de la chāleur ).. 846
a I E peurs 1079 | — Et de la Commission chargée de décerner
864 »
DIRECTEUR DE L'INSTITUT ROYAL MÉ-
le prix Bordin pour 1867 (question re-
M.
lative à la direction des vibrations dans
les rayons polarisés
AS. te sur une anthracite remar-
CCR RC o
cette Note sont absolument semblables à
celles qui ont été pratiquées à Paris en
FRE I006 4. ENTER eus
— M. Dumas présente à l’ Académie, au nom
de M. Naquet, un ouvrage intitulé :
« Principes de ‘Chimie fondés sur les
théories modernes », seconde édition. .
DUPIN est nommé Membre de la Commis-
sion du prix de Mécanique
— p e la Commission du prix de Statis-
tique
DUPPA. — Recherches synthétiques sur les
EDWARDS (Mirne), en présentant à l’Aca-
émie un ouvrage de M. Schiodte; appelle
l'attention sur les recherches de cet
auteur concernant les métamorphoses
des insectes coléoptères
— M. Miine Edwards est nommé Membre de
la Commission Lie de proposer une
question pour le concours du prix Bor-
np Es se Te à décerner
EDWARDS ( ALPH. -Mizxe). — Mémoi
le type d’une nouvelle famille de P toile
des Rongeurs, le Lophiomys Imhausii.
ÉLIE DE BEAUMONT. — Remarques à l'oc-
casion d’une communication faite par
M. Pissis sur la Carte géologique et sur
— Observations relatives à une communica-
tion de M. Wolf sur le cratère Linné. .
ae Remarques à l’occasion d’une communi-
cation de M. Agassiz, intitulée : « Ob-
ses ce faites dans la
e de PAm
e sobek à ne d’une communi-
cation de M. de Paravey sur la déter-
mination de l’âge des haches en silex,
d’après les anciens livres chinois... ...
— M. Élie de Beuumont, en sa qualité de
Secrétaire perpétuel, annonce à l'Aca-
démie la perte qu’elle vient de faire
dans la personne de M. Givry, Corres-
pondant do la Section de Geogra et
AOT ATT EPE E ire
zM ie EAE perpétuel annonce éga-
C.R,., 1867, 1°" Semestre, (T. LXIV.)
ss serres. ss
vb sie de RER POUR
(1343)
Pages,
1971
547
D
Or
1187
1242
1270
1305
MM.
uo (En commun avec M. Frank-
DUPREE — Application de la théorie méca-
nique de la chaleur à étude de la trans-
mission
— Expériences de vérification du- théorème
fondamental de la capillarité. Loi des at-
tractions au contact des corps simples.
— Note sur la force contractile des couches
superficielles des liquides............
— Réponse à une Note de M. Zamarle sur
la force contractile des couches super-
ficielles des liquides
— Un pli cacheté, déposé par jui
le 20*mars 1864 et ouvert sur sa de-
mande à la séance du 15 avril For
contient une « Note sur un procédé de
préparation des phén
— Note pour servir à l Histiré des phénols.
CP ecesoetsosssnnreo
Ds sseseessssrteree
` lement le décès de M. Panizza, Corres-
ae de la Section de Médecine et
Chirur
— M. le HS perpétuel donne lecture:
1° d’une Lettre de M. le Maréchal Vail-
lant, accompagnant l'envoi d'un ouvrage
de M. Chenu; 2° d’une Lettre de M. Z.
Lalanne, accompagnant l'envoi du pre-
mier fascicule de la nouvelle édition du
cours de construction de MM. Easel
et
Suis EE E A E, E Ea i E D Da raeh aoda
A E E ES a iaa r e
monda, d'un ouvrage en italien ayant
pour titre : « Nouvelles observations
géologiques sur les roches anthracifères
des Alpes »
— Au nom de M. Fézi
trois Sapen intitulé :
fatis
zian, d'un ouvrage en
« Prodrome dé
PCR AS E A OS Si a A
UE di ner so OU Poe ae Ed O0)
AE en grec moderne et ain
« le Ciel »; — 2° « l'Annuaire
fique » (sixième année, 1862), P
M. Dehérain......... i
— Une brochure ayant pour titre : « Docu-
ments sur les 25 A” :
de coletiiiqués d
Es À e la péninsule ou Fa
177
CES A d
l’Académie, au nom de M. Ange Sis-
Pages.
5
581
783
1078
262
de la côte nord-ouest de l'Amérique »,
par M. Æl. Perrey. — La « Revue de
Géologie » pour les années 1864-65, par
MM. Detesse et de Lapparent
— Quatre brochures de M. Marcou, rela-
tives à des questions de Géologie. — Une
brochure de M. ZLartigue, intitulée :
« Études sur les mouvements de l’air à
la surface terrestre et dans les régions
n exemplaire de la Carte géologique du
Haut-Rhin, et deux volumes ayant pour
titre : « Description géologique et miné-
ralogique du département du Haut-
Rhin », par MM. J. Delbos et J. Kæch-
lin- Schlumberger. — Un volume im-
primé en anglais, et ayant pour titre :
« Étude géologique du Canada, sous la
direction de sir #.-Æ£. Logan : progrès
ss...
FABRE (H.). — Le prix Thore lui est dé-
cerné pour ses observations sur l'hy-
painiin paag et les mæurs des Mé-
loïdes
CO voossósötevostvsror srest
0. — Cevat relatiye à une bourse
muqueuse sous-cutanée accidentelle
on re Feutotisation de re-
r un Mém ressé par lui
Pun des Gona N l'année 1866.
L'Académie ne peut, d'après son règle-
ment, accéder à cette demande. ......
FAURE. — Sur l’enseignement primaire du
calcul intégral
YE. — Sur la loi de la rotation superfi-
— Sur une inégalité non périodique en lon-
gitude, particulière à à h DRE tache
de chaque groupe so
— Remarques sur une LR de M. Kirch-
he et sur l'hypothèse des nuages s0-
CR sosssorosousy
CR
nn nn sn ns mms ss
— üe. Jes caractères généraux des phéno-
mènes des étoiles filantes
— M. Faye est nommé Membre de la Com-
ion c de le gs
d’Astronomie pour l'année 186 :
FELICI. — Description d'une is dos-
tinée à rendre visible la courbe offerte
par une corde vibrante........
FIZEAU. — Sur la propriété que possèdé
ANT Se COX
( 1344)
Pages. | MM
effectués de 1863 à 1866 »
EMPIS. — Une citation très-honorable lui est
accordée au concours de Médecine et de
Chirurgie pour son travail intitulé : « De
run
vanis ae
pant
ESTOR.
RE RS
s la
EULENBURG. — De l'action du areh de
quinine sur le système nerve
— Recherches expérimentales sur gpp
physiologique du bromure de potassium,
(En commun avec M. Guttmann)
CEEE
l'iodure d’argent de se contracter par la
chaleur et de se dilater par le froid..
— Nouvelles observations relatives à Piodure
d'argent
— M. Fizeau est nommé Membre de la
Commission du prix Bordin pour 1867
(question relative à la direction des vi-
brations dans les rayons polarisés). .
FLAMMARION. — Changement arrivé sur la
Lune. Le cratère Lin
FORTHOMME. — Lettre relative à une mé-
PARLES JOIN STEAN EEA SEA LL
Suns
sentée à l'Acad
FOUQUÉ. — Sur à SEE qui existent
entre la composition, la densité et le
pouvoir réfringent des solutions salines.
FOUQUÉ. — Études sur la composition chi-
mique des gaz émis par le dise de
Santorin, du 8 mars au 26 m
— Sur Jes phénomènes sont a San-
ee UNE EKAT ENE ae A
T. — per çus rer sur la
marche des orages du département du
Rhône
SV É vit ee VOS RÉ Ont CPR TENRT
thode de Ne récemment pré-
12
482
FOURNIÉ (E».). — Une citation très-hono-.
rable lui est accordée au concours de
Médecineet de Chirurgie pour sa « ka
ui de la voix et de la parole ».
ISQUE. — Lettre relative à son Mé-
moireintitulé : « Lesecret de Pythagore
AÉVOÏÉ nine rs eme em eds ee
KLAND. — Recherches RAS
sur les éthers. (En comm
M. Du
PPer rere r
482
980
249
MM.
FRÉMAUX. — Communications relatives au
choléra, avec un résumé des recherches
de 1832 à 1867
FREMY. — Sur les états isomériques de
sa se et sur la polyatomicité
des a
FRIEBERG. — Une citation est accordée à
son ouvrage intitulé: « Traité chimique
et historique des maladies vénériennes
dans les temps anciens et au moyen
âge » (concours pour les prix de Méde-
sm E E S
GAGNAGE. — Note sur la préparation de la
cardunculine
— Note sur l'exploitation des urines au point
de vue agricole et industriel.. 1236 et
GALEZOWSKI. — Envoi de trois Mémoires
ayant pour titres : 1° « Étude sur l’amau-
rose syphilitique »; 2° « Études ophthal-
moscopiques sur les altérations du nerf
CR sseesrsosssessenuea
optique, etc. »; 3° « PORTE de son
ophthalmoscope E E
GALIBERT. — Une mention très- honórablo
lui est accordée pour les perfectionne-
ments qu’il a apportés à un appareil de
son invention au moyen duquel on peut
pénétrer dans un milieu rempli de gaz
méphitiques (onom pour le prix dit
des Arts insalubre
=M. syes R. ses remerciments à
TACIS oe aeia e
GALLE. — Essai d'identification des orbites
de la première comète de 1861 et des
essaims d'étoiles filantes du mois d'avril.
— Détermination nouvelle
abs. E A EE. E ER
R (Pu.). — Études théoriques et
sos sur l'écoulement et le mouve-
ment des eaux
GAUDIN. — Le prix Trémont lui est dé-
cerné pour un ensemble d'expériences
et d'études théoriques qui se distinguent
par leur caractère d'originalité et dont
plusieurs ont abouti à des résultats im-
CAR PE AT ii De ON EE OR E A D PL RE à À ee
— M. Gaudin adresse PRE + à
PIE. do
GAUGAIN. Rue le couple à gaz de M. Grove.
AYOT. — Sur la production des œufs : com-
Paraison des œufs de la cane à ceux de
Š a e a <.
a — Communication relative au cho-
DE EE PCA PE DU CU D CR EN NL ee.
1287
=
Qə
[ee]
cine êt de Chirurgie)......,,........
FRIEDEL et LanexBunG6. — Sur un anhy-
dride mixte silico-acétique.......,...,
— Sur quelques combinaisons du silicium et
sur les M de cet élément avec
le carbone. , 359155 RTE
— Sur un os silicique..........,.
FRITZSCHE. — Note sur les carbures d'hy-
drogène solides, tirés du goudron de
hol SERIE SIP SRE EE 10
1295
35
GERNEZ. — Influence d'un courant de gaz
6
sur la décomposition des corps .......
GEMS présente, et analyse deux pa
es de M. Smith sur un Poisson d
mi “es occidentale d’Afrique, le Cala-
michthys calabaricus
ILBERT. — Sur l'emploi de la diffraction
pour déterminer la direction des vibra-
tions dans la lumière polaris
GIMBERT. — Une citation très-honorable
lui est accordée, au concours de Méde-
cine et de Chirurgie, pour son Mémoire
intitulé: « De la serres et de la
texture des artères
GIRARD. — Note sur un nouveau régula-
esse hssesre
ss.
teur à force centrifuge. ........-.-.-. 1
GIRARD (Cu.). — Faits relatifs aux matières
colorantes dérivées de la hoüille. [5e
me t Pren De. keins ; >
A res
— Faits pour: rvit à histoire des ilit rs.
(En commun avec M. Chapoteaut.).:.
GIRARD DE CAILLEUX.
honorable lui est accordée pour ses do-
1252
— Une mention
cuments statistiques sur Vasile des alié- =
nés d'Auxerré....sssssrserresesse À
DAN. — Sur les formes sde du
En commun avec
R
sixième us (En
GOUILLY.
pour leurs pihe concernant h
m et le mode de tra
SÉRIE Un
moe
ss...
t
russe
a vs Se à
ê. .
Pages. | MM.
SUD. = Sur la EE et le mouve- — Faits relatifs à l’introduction et à l’accli-
Á
ment des glacier
GRAEFF. — bee à sur le ts du Fu-
rens, près Saint-Étien
GRAHAM. — Sur Poscfuston du gaz hydro-
gène par le fer météorique
. — Sur les dérivés bromés de
st nel MOTS NET € fire Fos
ss...
ss
galli IQUE...............r.
GUÉRIN (J.) prie l’Académie de vouloir bien
le comprendre parmi les candidats pour
la place vacante dans la Section de Mé-
decine et de Chirurgie par suite du décès
de M. Jobert de Lamballe...........
— M. J. Guérin est présenté par la Section
de Médecine et de Chirurgie comme
l’un des rt pour la place vacante.
GUÉRIN-MÉNE — Note sur des œufs
de vers à Aba : mürier qui n’éclosent,
dans notre hémisphère, que la deuxième
année après leur ponte
CPC
HAMON adresse deux Notes relatives, lune
à un appareil à fractures dit « appareil
gélatiné glacé » ; l’autre à un instrument
nouveau qu’il désigne sous le nom de
« forceps asymétrique »..............
HATON DE LA GOUPILLIÈRE. — Recher-
-ches sur les centres de gravité. ......
UTEFEUILLE. — ction de la chaleur sur
l'acide iodhydrique..................
— Notes sur quelques réactions inverses. .
HAYMART, — Note relative à l'observation
de blocs erratiques dans l’ Amérique mé-
PROD LS aveu rtetense
HÉBERT. — Sur les calcaires à Terebratula
diphya de la Porte de France à Grenoble
HEIS adresse quelques corrections au Ta-
bleau des points de radiation des étoiles
es què M. Faye a communiqué à
HEMEY. — sapak sur la péritonite tu-
e N E a a ess
HENKE. — Sur Pemploi thérapeutique et
prophylactique de la benzine contre le
choléra- RMS... us
Y. — Sur l'efficacité des manipulations
médicales dans. un cas hes téosarcome
ou tumeur ar Te TN
ANN.
M. Cher sur les
mission du grand prix de Mathéma-
tiques pour 1867 (question concernant
( 1346 )
1104
ma _— en Europe, des vers à soie du
China 5 ee SUU aN N der r
GUGLIELMI. — Communication relative au
Mnr E r P E E
GUILLEMIN. — Sur la décharge de la bat-
terie et ror Lg de configuration
des conduc
e + pay ec Ever Men Te S
6
GUILLON SFA “échange des Comptes
rendus avec une rase périodique
dont il a la directio
GUILLON. — Ré et nn sur la litho-
tritie généralisé
ÎN. — Recherche expérimentales
sur l’action physiologique du bromure
de potassium. (En commun avec M. Eu-
Padi o a ve a
GUYON. — Su
la piqûre du scorpion
ss twi
sos I A a aa, SA A aA a a eee
sosar sno creer
la théorie des équations aux dérivées
ss...
Mathématiques pour 1867 (question re-
lative à la théorie des surfaces algé-
briques).:4...,4,,.Husasesreenss
HESSE est présenté par la Section de Géo-
métrie comme l’un des candidats pour
une vacante de Correspondant. .
HIRN est SSN par la Section de Physique
comme l’un des candidats is une place
vacante de Correspondan
— M. Hirn est élu ns de la
Section de Papa en D mr
de feu M. Delezenn
Tite er rente
Ga ee NÉ MONS PONS ST
= M: Hirn adresse ses nn tes àr ee
10
TASER COM PT à Ai
HOFFMANN. — Expériences sur l'absorption
AE T +. en E a AE
HOFMANN. — Transformation des mona-
mines aromatiques en acides plus riches
E E a a
— Recherches sur l'importation,
chol
HUGUIER adresse, pour le concours du prix
.
RERE E PE LV E RC a a a d Ne SN
Pages.
1281
run phénomène produit par
I
875
la transmission et la propagation du
éra 107
Barbier, un ouvrage relatif à l'hystéro-
ét 1017
— M. Huguier prie l'Académie de vouloir
bien le comprendre parmi les candidats
pour la place vacante dans la section de
Médecine et de Chirurgie, par suite du
s de M. Jobert de Lumballe
ss.
1018
MM
— M. Huguier est présenté par la Section
de Médecine et de Chirurgie comme l’un
des candidats pour la place vacante.
I
HULOT. — Sur une nouvelle application du
1
bronze d'aluminium
HUNYADY (pE). — Mémoire sur une espèce
particulière de surfaces et de courbes
algébriques, et sur des propriétés aae:
rales des courbes du quatrième ordre.
HUOT. — Note sur la division des angles. .
HUSSON. — Analyse de divers ossements
+ d'ee ee e 6 ++ SE E
INSPECTEUR GÉNÉRAL DE LA NAVIGA-
. TION (M. v’) adresse à l’Académie les
états des crues et diminutions de la
JACQUEMIN. — Sur un système d’aérostats
dirigeables,..........s.esersrvses
JACQUEMOND adresse un ouvrage pour le
concours au prix du legs Bréant......
JAMET (Sım Henry) adresse, au nom du
Gouvernement anglais, un ouvrage ayant
pour titre : « Comparaison des mesures
de longueur d'Angleterre, de France, de
Belgique, de Prusse, de l'Inde et de
l'Australie » .,,...v.. sims
JANSSEN. — Observation de l’éclipse annu-
laire de Soleil du 6 mars, à Trani (Italie).
— Sur la composition des gaz émis par le
i
volcan de Santorin.............+.
JEANNEL (J.). — De l’extinction des mala-
I
dies vénérienne
JOBERT. — Note ar à sa s
sur le choléra de 1 et
JOBERT DE yese — Sa i arri-
vée le 19 avril, est er à l'Acadé-
mie dans la séance du
JOLYET, — Sur l’action na sulfate de qui-
nine chez les Grenouilles.......:---:
JONQUIÈRES (pe) obtient l'autorisation de
faire prendre une copie des Mémoires
RON PNR Ce
déemer ur
Ride + 8 8 ent Men
KAUFMANN. — Sur l'emploi de l'air comme
à UE. — obstétrical auxiliaire
EKUL Sur quelques dérivés de la
PT r E is er
KÈRIKURE Rua — Note sur les céfractions
atmosphériques
LE ed CSS ml EEE RP ES
1347 )
ryé le 9 mars 1866 en
sba — Une citation g APPA lui
Pagu: Le Pages.
des. terrains quaternaires des environs
de KEA par rapport à l'ancienneté de
o4 FEO eraa a a eA AAAA 288
— nas humains (?) trouvés dans le
097 diluvium alpin de Villey-Saint-Étienne,
Le de Toul, et nouvelle station hu-
re de at EE Re à S 694
HUXLEY si présenté par la Section d'Ana-
218 tomie et Zoologie comme Tun des can-
1151 didats pour une place vacante de Cor-
respondant...................'..: 876
I
Seine, observées au pont de la Tour-
nelle et au- pont Royal pendant ľan-
nia ob a aae pi vie rera 33
J
qu'il a adressés « sur la théorie générale
356 des séries de courbes, elc. »....-.:.-: 370
— M. de Jonquières est présenté par la Sec-
968 tion de Géométrie comme lun des can-
i didats i une place vacante de Cor-
respondant. >: serrar e En R 875
JORDAN. — Mémoire sur la résolution algé-
brique des Snes 2 et 1179
JOUBERT (ze P.). — Sur l'équation u
8 sixième degré..----: 1025, 1081 el 1237
; — S asses et les soudes
EG de Stassfurt (Prusse et Anhalt)....... 707
9° | JOURDAIN. — Sur la structure du cœur des
Poissons du du genre Gade. - neer TPE 192
3031 or points de l'anatomie _des ;
S a E E E 71
JOURDAN. — Sur un nouveau | moteur hy- i
PET scie A 227 87
663 | JULLIEN. — Lettres relatives À des does
ches récentes de M. Pelouze.....---: 198
— Lettre concernant la RERA du verre
799 et le or de la trempe....--:: 92
` | JUNGFLEISCH. — Sur quelques relations
719 entre les points de fusion, les points
dé ébullition, les densités et Fa line s
spécifique e e DR 9
K
KESSLER. — a une encre à mater et à i
korto sur Verre. -eed aeaa
CON = Sur les iekea sa a o
752 KJERULF. — Sur le trem Aide 307
MM.
est accordée pour ses « Nouvelles re-
cherches sur le Bothriocéphale large
(concours de Physiologie expérimentale).
B. — Note sur l'absorption de l’acide
carbonique par quelques oxydes
PP. Mémoire sur l’utilisation et la
dénaturation des résidus provenant de la
fabrication de la Bassi artificielle et du
chlorure de chau
KRABBE. — Sur les Helminthes de l’homme
CCC CC RA
LABORDE. — Une mention honorable lui est
faim}. ss
— Une citation très-ho-
norable lui est accordée pour son spé-
culum laryngien (concours de Médecine
et de Chirurgie
LABROUSSE est, à deux reprises, présenté
comme ca candidat t pour une place dans la
Section de Géographie et ce
Re EE ER 7-et
LACOMBE. — Note relative à la théorie
des circuits fermés, telle qu’elle a été
donnée par 4mpe
LADENBURG et FRIEDEL. — Sed un anhy-
e EEA A EE E A a
Cervon rusine add
— Sur un mercaptan silicique............
LAFOLLYE (nE). — Sur un mode de dorage
du cuivre par le cyanure de potassium.
LAILLER. — Un encouragement lui est ac-
cordé pour son « Mémoire sur lextrac-
tion de l’opium du pavot cultivé en
France (concours du prix Barbier).
resse ses remerciments à
nm nets ss ss DT
ANIO
CR
M ea des rie
a — Note sur les lois de l’insola-
LANDOIS. — Note sur la = du développe-
ment sexuel des Insectes... ..........
LANGLOIS. — Le prix fondé t M=- la
marquise = Laplace est décerné à
. Langlois, sorti le premier en 1866
de l'École Poiyiechuida que
LARCHER. — Sur les polypes fibreux intra-
utérins
Pesos tostee eo 6.0 see STE -8 ee à de +
nn
— Sur Ie pigment de la peau. — Sur l'im-
Pages
( 1348 )
855
. | MM.
359
1295 |
83
517
582
739
156
KREUZ. — Sur un remède employé en Si-
lésie contre le choléra
KRONECKER est présenté par la Section de
Géométrie comme l’un des candidats
pa une place vacante de Correspon-
esses esossoto’u
epee e e te u re oea o S al G Mln T G
VERS — Sur les conditions de l’achro-
matisme
bibition cadavérique du globe de l'œil et
la rigidité peace" étudiées comme
signes de la mort r
LARDANT. — Mémoire sur la production
des sexes dans l’espèce humaine
LARROQUE. — Sur la formation de transi-
tion supérieure observée dans le désert
d’Atacama et dans la région des Cordil-
lères des Andes
LAUGIER, Président sortant, rend compte à
l’Académie de l’état où se trouve l'im-
m a recueils qu’elle publie, et
es changements survenus parmi les
bre at pa Correspondants de l’A-
cadémie pendant l’année 1866
— M. Laugier est nommé Membre de la
Commission chargée de en le prix
d’Astronomie pour l’année 18
LAUGIER (S.). — Note sur la Re
de la commotion cérébrale
— M. S. Laugier prie l'Académie de vouloir
bien le comprendre parmi les candidats
pour la place vacante dans la Section
de Médecine et de Chirurgie par suite
du décès de M. Jobert de Lamballe
— M. S. Laugier est présenté par la Section
de Médecine et de Chirurgie comme
l’un des candidats pour la place vacante.
LE BESGUE. -- Réduction au second degré
d’une équation indéterminée en x et y,
n troisième a relativement à x
-— Thécrème sur les racines primitives. .
LECOQ. — Sur les mouvements SA
du Colocasia esculenta, Schot
LECOQ DE BOISBAUDRAN. — Note sur des
expériences de sursaturation..........
LEFÈVRE. — Nouveaux documents concer-
BE. 6.5 ne hier
s.....
et 06 vs 60 A E 60e AE
tt...
Cr
......
nant l'étiologie saturnine de la colique
12
sèche des pays chauds
FORT. — Une mention honorable lui est
accordée au concours du prix de Sta-
tistique pour son ouvrage sur les Ma-
horse cs ee on
Pa
et des animaux domestiques en Islande.
356
107
00
1004
1104
1267
. 1268
805
1249
( 1349 )
Pages.
“ternités et les peen charitables
d'accouchement à domicile.........,.
LEFORT (J.). — Étude : pour servir à lhis-
toire chimique de l’humus...........
LÉGER et Martın. — Le prix Godard leur
est décerné pour leurs recherches sur
l'anatomie et la pathologie des appareils
sécréteurs a organes génitaux externes
A STE NT RSR aA
LEGROS. — ashorohcs sur l’action physio-
LE GUEN. — Note sur us Bessemer au
L E R nr sr cn E Line
LEMAIRE (J. ee — Une citation très-hono-
rable lui est accordée pour son ouvrage |
sur l'acide phénique (concours de Mé-
decine et de Chirurgie)...........,...
— M. J. Lemaire adresse ses remerciments
LÉON. — Sur le système saaniga dans son
application aux monn
LE RICQUE DE MONCHY. — aar l'utilité de
3 ne dans les éducations de vers
LE ROUX. — Théorème sur la relation de
position des vibrations (suivant Fresnel)
incidentes, réfléchie et réfractée dans
les milieux isotropes...............,
— Sur la trempe de quelques borates... .
— Sur la vitesse de propa gation d’un ébranle-
ment communiqué à une masse gazeuse
renfermée dans un tuyau cylindrique. .
— Sur la cause des ondulations produites
dans les Rene par la ee
des batter
LLI
Ts cer era ste ee Ur eee
Lilas
ns ns
ss. sre
sons
.
D aS a n RS EN a A E le. NES aa i
MM.
treprises dans le département de la
Meuse par M. 4. Poincaré. ........,
— M. Le Verrier expose les préparatifs qui
avaient été faits pour l'observation des
circonstances astronomiques et poe
ques de l’éclipse de Soleil du 6 mars.
LÉVY adresse, comme pièces de concours
pour le prix Dalmont, deux Mémoires,
lun sur les coordonnées curvilignes,
l’autre sur les principes rationnels de
l’hydrodynamique et leurs applications
ea ae A E T à on à
— M. Lévy adresse, pour être joint aux
pièces qu'il a déjà adressées, un Mémoire
intitulé : « Essai sur une théorie ration-
nelle de l’équilibre des terres et applica-
d n calcul des murs de soutène-
LEYMERIE, — Sur les caractères du phéno-
mène diluvien dans les vallées de la Ga-
ronne, du Tarn et de l’Aveyron, et dans
à. fete bassin qui résulte de leur réu-
LIAIS s se met à la disposition de l’Acadé-
mie, pour les recherches scientifiques
qu elle désirerait faire effectuer à Rio-
de-Janeiro où il doit se rendre pro-
chainement
LIANDIER. — Sur la coïncidence du pas-
sage de la Lune au méridien avec les
er de la colonne baromé-
SACS ENT EPTES There
LIEBIG: : — Sur un Jst artificiel offrant aux
besoins des enfants privés du lait ma
pias -i aliment mieux a
lea ai -Une cation très-honorable lui
est accordée au concours pour le prix du
legs Bréant
=- M. Lindsay adresse ses ‘remerciments à
adémi
ETTE PE AE be noi un V2
AS EN DER EN PERRET
..
EEAO RTE RS NE aip a .
MPG Ne si RS
chat
De la on charg
rand prix de thématiq}
(aba relative à la théorie pe J.
faces algébriques) ++
HO
PbVesrenve Cart”
proprié que
Pages.
r
56
898
1137
846
MM.
- pi + la Commission du prix d’Astrono-
LIOUVILLE et Vorsın.— Sur quelques effets
produits par l'emploi thérapeutique du
curare chez l’homme......,.........
— Une Mention honorable leur est accordée
au concours de Médecine et de Chirur-
gie pour leurs recherches sur le curare.
MAC-LEAR. — Le prix d’Astronomie lui est
décerné pour ses tra ant la
vérification et l'extension de lare du
méridien mesuré au cap de Bonne-Es-
pérance par La Caille ..............
MAISONNEUVE prie l’Académie de vouloir
bien le comprendre parmi les candidats
pour la place vacante dans la Section de
Médecine et de Chirurgie par suite du
décès de M. Jobert de Lamballe
— M. Maisonneuve est présenté par la Sec-
tion de Médecine et de Chirurgie comme
l'un des candidats pour la place vacante.
MALÉ adresse une émenarratien du postu-
latum d'Euch
MALLET. — Note ss un procédé économique
pour la préparation de Le RS a
MANGER. — Mémoire sur le feu grisou .
MANNHEIM. — Détermination RIRES
pour un point de la surface des ondes,
e la normale, cour rbure
principaux et des directions des lignes
de courbure
— Construction géométrique, pour un point
de la surface des ondes, des centres de
courbure principaux et des directions
des ae de courbure
— Sur la floraison et la fructifica-
. (En commun avec
CC E a A
s.s.. ess was
CRC
MAREY. — “Un prix de Médecine et de Chi-
rurgie lui est décerné pour ses recher-
ches sur la nature de la contraction dans
les muscles de la vie animale
— M. Mans parong ses remerciments à
l'AC een vite e a à
MARIÉ-DAVY. — Sur le pouvoir électro-
CRC R S a |
re relatif aux causes distinctes de
de pape et de l'attraction univer-
mn ne
MARTIN et LÉGER. — Le prix Godard pt est 2
décerné pour leurs recherches sur lana-
tomie et la pathologie des appareils sé-
( 1350 )
Pages.
1004
MM.
— pa rs et Voisin remercient l’Aca-
LOUGUININE. — Action des déshydratants
sur quelques aldéhydes aromatiques .
LORTET.— Note sur l'influence des courants
induits sur les spermaties des Lichens et
des Champignons ................. S
créteurs „= eye génitaux externes
Q. — saaja manuscrite. offrant
quelques développements des idées émi-
ses relativement au choléra, dans quatre
imprimés ne soumis au ju-
gement de l'Académ
— Liste des pièces qu il a successivement
présentées à l'Académie sur la question
du-choléra.. seie t Gnn bete
MARTINS fait hommage à l’Académie d’une
brochure intitulée : « Glaciers actuels et
période glaciaire »
nm sms
4
MASCART (E.). — Une mention très-hono-
rable lui est accordée au concours du
prix Bordin (question concernant lin-
dice de réfraction des verres employés
pour les instruments d'optique)...
— Le prix Bordin (question concernant la
détermination expérimentale des lon-
eurs d’onde de quelques rayons de la
MATHIEU. — Note relative à une commu-
nication de M. Léon sur notre système
— M. Mathieu dépose sur le bureau le Nau-
tical Almanac pour l'année 1870, qui est
PAm
— M. Mathieu est nommé Membre de la
Commission du prix d’Astronomie
be s'è'tée bn 6 SC ET er Fonte ee
ee D ni
MATHIEU (Ém. ). — Extrait d’un Mémoire
sur la théorie des résidus biquadratiques.
Sade — Sur l’adhérence des gaz à la
surface des corps solides
4 | MAUGET. — Sur les phénomènes observés
le 29 juin 1866, et sur les variations su-
bites survenues dans le régime de divers
cours d’eau dans l'Italie méridionale. .
MAUMENÉ. — Observations relatives à une
de bdéess ce tt
dd VU Fetes ere sv es ete re tr»
=- : ro i une Lettre de M. Forthomme
lumière simple) est décerné à M. Mas-
cart.
ge red les Lords Commissaires de
— pi . la Commission du prix de Statis-
I
ne eee de M. Perret sur le cuvage
I
Pages.
1017
518
558
808
459
1272
z
MM.
vinificat
MÈNE. — Modifications de l'appareil analy-
tique pour le dosage de l'azote, dans
les matières organiques commerciales;
Notre se 0 en ve .0 ss EN
RÉ L E e
— Note sur la teneur en fer et sur l'analyse
des minerais houillers du centre de la
France
— Note relative à une anthracite remar-
quable par sa dureté, signalée récem-
ment par M. Dumas
— Note sur les pyrites de fer jaunes et
blanche
— Analyse de dixere graphites cristallisés
et amorphes.......................
MEYER. — Mémoire relatif à la fabrication
d’allumettes de sûreté
MICHOU. — Note sur la guérison des ma-
ladies dartreuses
MILLIOT. — Mémoire sur la régénération
MN NII... sorts i296Ni7s
MINISTRE DE DANEMARK (M. LE) adresse,
au nom de son gouvernement, le tome I°
de l'ouvrage de M. Andræ, contenant
le calcul des triangles de premier ordre
qui doivent relier Jes opérations g géodé-
siques de eam à celles de a pé-
ninsule scandinave.................:
MINISTRE DE L’ INSTRUCTION PUBLIQUE
. LE) transmet une ampliation du
Décret impérial n approuve la a nomi-
nation de M. 4. d’ Abbadie à Pune des
trois places mr dans la Section de
Géographie . Navigation par le Décret
du 3 janvier
ne apii du Décret impiia qi
approuve la nomination de M.
comme Membre de la Section de ME.
cine et de Chirurgie, en remplacement
de feu M. Jobert de Lamballe
— Et du Décret impérial qui approuve la la
nomination de M. Yvon V'illarceau à la
dernière des trois places nouvellement
Se rerbie ue ans re ice se mere T0: 9
ss ss
em ses sue 0e 9 vel eu NS Es NN Rae
rss. te
stores ess
créées dans la Section de Géographie et
12
Navigation
. le Ministre autorise l’Académie à pré-
lever, sûr les reliquats des fonds Mon-
tyon, a somme demandée par la Com-
mission du prix de Physiologie expéri-
mentale pour les deux concurrents
auxquels elle a accordé des mentions
Rose
— M. łe Ministre autorise l'Académie à ap-
pliquer aux frais d'impression de ses
te certains fonds restés dispo-
8
.
a a R EE E nie 6 see US
= M. le Ministre transmet deux Mémoires
C. R., 1867, 1°" Semestre. (T. LXIV.)
AN VE ET M et MON S, S EE Ae td
—
P
aaan une méthode particulière de
( S54 }
ages.
1255
1018
MM.
de M. Trémaux concernant la Mécanique
ET PRE T Ed
— Et une Lettre de M. Pujol, au sujet de
plusieurs découvertes que l’auteur croit
avoir faites en Algérie. ..............
MINISTRE DE L'AGRICULTURE, DU COM-
T DES TRAVAUX PUBLICS
(M. ze) invite l’Académie à lui faire con-
naître son jugement sur un Mémoire de
M. Gaillard concernant un nouveau
éparation des allumettes
phosphoriques. ......,..:.:.........
— M. le Ministre adresse des cartes pour la
séance de distribution des prix du con-
cours d'animaux de boucherie qui doit
avoir lieu à Poiss
— M. le Ministre adresse, pour la Biblio-
thèque de l’Institut, le LVI? volume des
brevets her pris sous l'empire
de la loi de
MINISTRE DE LA MATSON DE L'EMPEREUR
ET -ARTS (M. Le). — Lettre
concernant la somme de 10000 francs,
de CUT 6 PRIOR rT
fs sandrine
LEA Dia,
vation du périoste »..».». eretet]
MINISTRE DE LA GUERRE (M. LE) remer-
cie l'Académie pour l'envoi de « lIn-
struction sur les paratonnerres des ma-
gasins à poudre »
MITTRA. — Mémoire sur le choléra
ORIN. — Des appareils à em mployer pour
le contrôle du service de la ventilation
dans les hôpitaux.
RP RAR PET À ad 0 ECS
ss.
Ca à QU RME ee ne ER REe
fers a ee n sur une communication de
M. de intitulée : « Instruction sur
se pny onnerres des magasins å pri
>.
SPEAN AE E EE AE IS
— M. Morin présente, au nom
une Notice dure le réservoir Sda Furens,
Saint-Étienne
— si Mori est nommé Membre de la pi
hargée de décerner le prix de
{ fondation Montyon ) en 1867.
on d'une aapear
s.s.
E
.
PEE e E o a
panero eeii
MOUTIER (J.). — Sur
mécanique de la
MUSSET. — Des mouvements
séveuse
tinu chez les feuilles du ETIR escu-
lenta (Schott.)-- -7>
RD RP EN ETS
— Nop: a à not re “électrique en-
Pages.
395
120
825
1137
MM.
NAMIAS. — Une médaille lui est accordée au
concours pour le prix concernant l’ap-
plication de l'électricité à la thérapeu-
tique : il n’y a pas eu de prix décerné.
— M. an adresse ses remercîments å
l’Académ
— Note sur enibi: thérapeutique du bro-
mure de potassium contre l'épilepsie. .
NAUDIN. — Cas de monstruosités devenus
le point de départ de nouvelles races
dans les végétaux
NÉLATON prie l’Académie de vouloir bien le
comprendre parmi les candidats pour la
CR
nos ss
OLLIER. — Le grand prix de Chirurgie est
partagé entre MM. Ollier et Sédillot..
ORDINAIRE. — Sur un dérivé bromé de
l'acide phosphoreux.................
ORDONEZ. — Étude sur le développement
PALMIERI. — Sur les produits ammoniacaux
ue dans le cratère supérieur du
CC Ba aE a a T i A AA R E
tss seesso:teseserssvossscoseseoy
— Mémoire sur la théorie des roues hydrau-
does en it DL 20 12
que
PARAVEY (ne). — Note relative à l'origine
de l’encens de Saba
— De l’âge des haches en ge d’après les
livres re conservés e
PARCHAPP ne mention ire Hbnorb LS
lui est P au concours du prix
de Statistique, pour ses Rapports sur
E is centrales de force et de cor-
CR D a a a E E A. a E S
s...
PARIS. — DRE sur le traceroubs et ue le
tract VAE... Si: 688 et
PARKER. — Lettre relative au choléra..
PARVILLE (DE). — Note sur un électro-
pps multiplicateur à décharges conti-
Boan
nature des corpuscules des vers à soie.
— Lettre à M. Dumas sur la maladie des
vrg a BOO.. essare o à 1109 et
Pages.
503
1019
1019
place vacante dans la Section de Méde-
cine et de Chirurgie, par suite du décès
de M. Jobert de Lamballe
— M. Mélaton est présenté par la Section
de Médecine et de Chirurgie comme l’un
des candidats pour la place vacante. ...
— M. Nélaton est élu Membre de pi api
de Médecine et de Chirurgie,
placement de feu M. Jobert de Lamballe
— ess impérial approuvant cette no
NOYELLE E oroe an GPRM oae in conte
n d’un mouvement hydraulique ».
(8)
505 | ORLINGUET. —
363
1113
des tissus fibrillaire et fibreux
De l'influence du fluide élec-
trique sur les phénomènes aqueux de
l'atmosphère
0.
CCC CR eane
PATAU. — Sur les ue de la chaleur et ja
la lumière des astres ........ 95 e
PAYEN. — Es . constitution ds.
fibres ligneuses
PECCADEAU DE L'ISLE. — Sur les PR
faites dans un gisement ossifère de l’âge
enne, à Bruniquel (Tarn-et-(Ga-
PELOUZE. — Recherches sur le verre.
— La mortde M. Pelouze, arrivée le 31 mai,
ns ss se
est “nee à l'Académie dans la
1
séance. du 3. juin secs see dorer
PERNET. — Lei concernant des pièces
présentées par lui à un concours et dont
na ue à tort, qualifiées de plis ca-
NUE — _ Préparation d’un extrait de ga-
rance She. être appliqué directement
1
sur les t
PERRET. — pee sur la vinification. .
PERROT (A.). — Sur les températures éle-
vées obtenues par la combustion du gaz
PERRY. — Note sur les S coniques
triplement isotherm
j | PERSON est prn par la Section de Phy-
erke comme l’un des candidats pn
ni ou ie de Correspondant. .
sine en eve s te bles ee 3,38
Ms sr es nie e jsi ++
Pages.
1104
rer
; 1236
796
g
|
|
|
|
|
|
MM. ;
PEYRANI. — Du rôle de la bile dans la di-
ie. certes vil
PHILIPEAUX. — Une mention honorable lui
est accordée au concours du prix de Phy-
siologie expérimentale, pour ses études
expérimentales sur la greffe animale et
— M. Philipeaux adresse ses remerciments
CR tir RSR EAST UE ni
— Note sur la régénération des membres
chez l’Axolotl (Siren pisciformis).....
PHIPSON. — Sur la présence du diamant
TEETAR aR a
PICHE. — Nouvelles remarques concernant
la priorité de linvention de lélectro-
phore à rotation continue............
R à parte par la Section d’Ana-
t de Zoologie comme l’un des
Fes pour une place vacante de
Correspondant Es dec mvse ner à
— M. Pictet est élu Correspondant de la
Section d’Anatomie et de Zoologie en
remplacement de feu M. Eudes Deslong-
ET SE SR REER
— M. Pictet ts ses remerciments à
Aadne ss causent.
Es one: fait hommage à l’Académie
d'un o ouvrage qu’il vient de publier, et
: « Études sur les en-
— M. Isidore Pierre annonce que les tra-
vaux de paléontologie laissés par feu
M. Eudes Deslongchamps vont être re-
cueillis par le fils de ce savant........
PIGEON adresse, comme pièce de concours
pour le prix Dalmont, des « Recherches
set ae sur les polygones semi-régu-
A e US tour e vince
PIOBERT. — Observations sur une commu-
nication de M. Pouillet intitulée : « In-
struction sur les paratonnerres des ma-
iobert est risqué Membre de la
Commission chargée de décerner le prix
de Mécanique (fondation Montyon) en
PIORRY prie l’Académie de vouloir bien le
sasiwi parmi les candidats pour
une place vacante e la Section de
Médecine et de Chirurgie............
PISSIS. — Sur la Carte nee et sur les
vöttans du CK... Aa
— Sur la mesure de la méridienne du Chili
PLANCHON. — Sur la floraison et la fructi-
EUR de la vigne. (En commun avec
s.)
LE iE i a A A a a e a a NS VUE a
(953 }
Pages. | MM. g
PLATEAU. — Observations sur l’Argyronète
i 6
Papes.
aquatiqu
ms
PLESSIER se fait connaître comme auteur
d'un Mémoire « sur les rapports pro-
portionnels entre la population rurale
et le travail agricole dans le départe-
ment de Seine-et-Marne », Mémoire qui
a obtenu une Mention honorable au con-
cours pour le prix de Statistique de
1866
CRC RERE aA AREE ERE LESE ESER,
PLUCKER est présenté par la Section de Géo-
métrie comme lun des candidats pour
une place vacante de Correspondant...
87 | — M. Plücker est élu Correspondant de la
Section de sn 4 en remplacement
e feu M. Rieman
260 | — M. | Plücher Rs. ses remerciments à
é
POËY. — Sur la non-existence, sous le ciel
du Mexique, de la grande pluie d'étoiles
filantes de novembre Lie et du retour
périodique du mois d’ao
ins
POIREL est présenté comme Pai des candi-
dats pour une place vacante dansla Sec-
tion de Géographie et Navigation...
POLAILLON. — Une citation très-honorable
de la Rs des ganglions nerveux
périphériques
décret rss des see, e
952 | PONCELET est di Membre de la Com-
mission chargée de décerner le prix de
Mécanique
PT EPST de D D MUR DORE A le di gt x
PONS. — De sur la rage, Sa nalura a son
traite
LRO rehive à une j matière pi.
sible obtenue par l’action du chlorate
et pa n de potasse sur la colle or-
Hinati. iS EA E a Ar 12
e — “Recherches sur la diffraction dè
arisée
Rae DENT 6 AR SRE
PESE E ET E 04 S a. rai
Commission du prix Bordin pour. 1867
(question relative à la direction = vi-
Muse ets 00e»
jlepsie s.es erten
Lu sur la présence Le d'infusoires sp
breux dans l'air expiré pendant la du-
rée des maladies infectieuses . -+-->
893
1075
1231
. 1271
MM,
POWER (M”*).-
gine des corps météoriques . .........
PRÉSIDENT DE “LA COMMISSION GÉO-
LOGIQUE FÉDÉRALE (M. LE) adresse
Ke 3°, 4° et 5° livraisons des « Matériaux
ur là Carte FE de de la pee »,
PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOG
QUE DE CALCUTTA (M. LE) RC
les derniers travaux de cette Société, et
ms l’envoi des publications de PA-
AEA ess se ee as es se 6 © + eo see
oir au no M. Ge
PRÉSIDENT DE 1 r ACADÉMEE DES CURIEUX
DE LA NATURE (M. LE) adresse la se-
conde partie du XXXI volume des
Mémoires de cette DOCIBID: 3er:
“DES SCIENCES, BELLES-LETTRES ET
ARTS DE MARSEILLE (M. Le) sollicite,
pour cette Société, l'envoi des Comptes
rendus en échange de ses publications.
PRÉSIDENT DE L'ACADÉMIE IMPÉRIALE
DE METZ (M. ze) sollicite l'envoi des
At ppt de l'Académie, en échange
es Mémoires annuels de cette Société.
PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ DES AMIS
QJATABEAGES (DE), en faisant hommage
à l’Académie, au nom de M. Vogt,
d’un ouvrage ayant pour titre : « Mé-
moire sur les Microcéphales ou nes
Singes », présente quelques réflexions à
propos des idées émises par l’auteur. .
RAIMBERT. — Sur l'administration des mé-
dicaments par l'intermédiaire la
membrane muqueuse
RAMBOSSON. — Influence 2. des ali-
ments sur le système nerveux. .......
RAMON DE LA SAGRA. — Peu une pluie
d'étoiles filantes observée à Cuba, dans
la nuit du 12 novembre 1833.
peos — Ses crie: sur le dévelop
t des os et sur les altérations des
es etc., obtiennent une citation
au Concours pour les ee: de Médecine
REBOUL. — Sur quelques nouveaux dérivés
du valé:
ete tU ONES R ess rs 07.0
P.
: Memoire poepen lori-
1018
1018
1079 PRÉVOST..
169
. 1226
e des fosses nasales. 1284
( 1354 )
MM.
DES SCIENCES : NATURELLES DE
967 ROUEN (M. LE) demande à l’Académie
de Me avec elle l'échange de ses pu-
DICAUONS- e a a
bres pour la représ enter, comme lec-
teur, dans la séance trimestrielle q qui doit
avoir lieu le mercredi il
— Lettre relative à la ie publique an-
nuelle des cing Académies, fixée au
à PUUE: isoine ana r e
PRÉTERRE. — A concernant des expé-
riences qu'il prépare sur laction du
Ho d azote employé comme anes-
— Recherchès expérimentales
relatives à l’action de la vératrine.....
PUISEUX. — Sur l'accélération séculaire du
mouvement de la Lune..............
PUJO. — Recherches sur la densité des vins
83 du département de l'Hérault, à propos
de la question du pesage des vins. (En
commun avec M. Saintpierre.). .......
PUJOL. — Lettre au sujet de plusieurs décou-
vertes qu'il croit avoir faites en Algèbre.
Q
— M. de Quatrefages est nommé Membre
de la Commission chargée de proposer
une question pour le concours du prix
pes (Sciences physiques), à décerner
1869
RER RER E a DS 6e À +76 4.606
R
d’amylène : observations relat
production des éthers mixtes. (En. com-
un
720 | REGNAULD (J.). — Recherches sur l’amal-
pume 06 MENU 15...
REGNAULT est nommé Membre de la Com-
2 mission du prix Bordin pour 1867 (ques-
tion relative à la question des vibrations
dans les rayons polarisés)
RENARD. — Sur la théorie de la POE
dé la iTe. a a E a a
nm
482 | RENOU est, à deux reprises, DÉben té comme
l’un des candidats pour une place va-
284 cante dans la Section de Géographie et
Navigation 797 et
— Sur un isomère de l’éther RE
Pages.
1211
260
1243
1271
357
1208
MM. Pa
RÉVELLAT (écrit à tort Revollat). — Note
sur le magnétisme et l’électro- ie
RE ee in de cos 5 663
REYNAUD (L.) prie l’Académie de muse
bien le comprendre parmi les candidats
pour l’une des places nouvellement créées
dans la Section de PAOBFIRUNE et Navi-
gation
— M. Z. Reynaud est présenté par la Sec-
tion de Géographie et Navigation comme
candidat pour cette place
RICHELOT est présenté par la Section de
Géométrie comme l’un des candidats pour
une place vacante de Correspondant...
RICHTER. — Note sur l’indium..........
ROBIN (Ep.). — Nouvelles observations sur
la durée de la vie et sur les moyens de
retarder la vieillesse. ......:,4.:.4.3:
ROBIN (Cu). — Mémoire sur les dispositions
sem soeurs.
CC
sentent chez les autres Plagiostomes. . .
— Note accompagnant la présentation de ses
« Leçons sur les humeurs normales et
morbides du corps de l’homme »......
— Mémoire sur l’évolution de la notocorde,
des cavités des disques intervertébraux
et de leur contenu gélatineux.........
ROGÉ. — Note sur le citrate de magnésie.
ROLLAND. — Mémoire sur l'établissement
des régulateurs de la vitesse. Solution
SAINTE-CLAIRE DEVILLE (Cn.). — Obser-
vations relatives à une communication
de M. Fouqué sur la composition chi-
mique des gaz du volcan de Santorin . .
in = sa “peur périodiques de la tem-
e a A E E E E a E E E E E O ET T E
— Sur la Ear KE E r
r le coefficient de dilatation et la den-
sité de la yoe hypoazotique. (En
commun avec M. Troost.)
ss...
ss...
„Sainte-Claire Deville fait hommage
à T Académie d'un exemplaire des Le-
gons qu’il a professées à la Société Chi-
mique en février et mars 1866.......-
— Remarques au sujet d’une communication
rigoureuse du problème de l’isochro-
nisme par les régulateurs à boules con-
juguées, sans emploi de ressorts ni de
contre-poids variables. Influence du
moment d'inertie sur les oscillations à
Ohgues: périodes. s su amiens ess
ROSENHAIN est présenté par la Section de
Géométrie comme } j
ppr une place vacante de Correspon-
danis tn goibna css saakt
ROSENTHAL, — Sur un phénomène observé
dans l’empoisonnement par la strych-
— Note sur la force qne le muscle de la gre-
nouille a développer pendant la con-
traction «ss vie E GE Na "hi
ROUCHER.. — Indication de ce que l’auteur
corfsidère comme neuf dans une bro-
chure ayant pour titre : « De la rage
en Algérie, et des mesures à prendre
contre cette maladie »
mens
— de sur la contraction musculaire
— Note sur les prétendues vibrations de la
contraction musculaire
ROZE. — prix he an lui est dé-
cerné pour ses nouvelles pe sur
la Praha des Cryptogam
— M. Roze adresse ses TEDS à rA-
"PERR RRE EAE
a E E ET Te à
de Re, ct M rs Proofdés
. de dorure et d’argenture au ar de
l’amalgame de sodiu
— Observations relatives à la communica-
tion faite par M. Hulot sur une nou-
velle application du bronze d'aluminium.
SAINTPIERRE. — Recherches sur la densité
des vins du département de l'Hérault,
à propos de Ja question du pesage. des
n commun avec.
rss
tion, et particulièrement í dans la forma-
tion de la diastase salivaire. (En com-
mun avec MM. Béchamp et iagh-
SAINT- VENANT (pe). — Comp lément à j
précédent re Cal le Ru aaia
l des es parfai
pya la aS de Jeur force R
qe z perdue pour la ns ulté-
she rs erenr
Pages.
582
( 1356 )
MM. Pages.
pression de la vitesse de propagation du
son dans une barre élastique; 2° des
formules nouvelles données dans une
précédente communication, pour le choc
longitudinal de deux barres.......... 1192
AIX. — Note intitulée : « Mode de cristal-
lisation du PR conduisant à la for-
mation du diamant ».......... et 854
745
SALLES adresse une Lil relative à la
SALMON est présenté par la Section de Géo-
métrie comme l’un des candidats pour
une place vacante de Correspondant.
SANSON. — Note sur l’origine tératologique
attribuée 4 certaines races d'animaux
domestique
— Note sur les aracires de l’espèce et de
la race r la D d’une
race de aiai dits Niat
SAPPEY. — Une mention nii Jui est
accordée pour ses recherches sur la ma-
tière des parties fibreuses et fibrocarti-
lagineuses
875
CCR
MONODORA a NOR o E E 468
SARS est présenté par la Section d’ Anatomie
et de Zoologie comme Pun des candidats
pour une place vacante de Correspon-
PR ET L lens aie 876
dant
SAVARY. — Questions d'électromagnétisme.
$ k inati tion de aa force électromo-
trice des couples à eau
salée et silai de fer .. 261 et 1287
SCHEURER-KESTNER. — Nouvelles recher-
ches sur la théorie de la préparation de
la soude par le procédé Ze Blanc..... 625
SCHIAPARELLI. — Sur les étoiles filantes,
et spécialement sur l'identification des
orbites des essaims d'août et de no-
Messe avec celles des comètes de 1862
CR uo BDD, 5 res us
SCHIFF (Huso). — Dérivés de la rosaniline.
SECCHI (te P.). — Sur la disparition ré-
cente d’un cratère lunaire et sur les
spectres de quelques étoiles
— Le P. Secchi présente à l’Académie le
spectroscope dont il a fait usage dans
recherches sur les spectres des
182
— Nouvelle Note sur les spectres stellaires. AF
Sur la transparence du fer rouge.......
Le P. Secchi fait hommage à Te
mie d’une brochure relative à la descrip-
rer re png de | batrattiré
DRE se ce ir ane * 770
_ Sr ie RF taches solaires: 2... "50" 1121
— Sur le cratère Linné de la Lune LME 1123
SECRÉTAIRES PERPÉTUELS (MM. Es). —
Voir au nom de M. ÉLIE DE BEAUMONT.
— Voir aussi aux noms de MM. COSTE
et CHEVREUL.
SECRÉTAIRE PERPÉTUEL DE L'ACADÉMIE
STANISLAS A NANCY (M. LE) adresse
le volume des « Mémoires » de cette
Académie pour l’année 1865..........
SECRÉTAIRE DE LA SOCIÉTÉ DES AMIS
DES SCIENCES NATURELLES DE
ROUEN (M. Le) prie l'Académie de
vouloir bien comprendre cette Société
parmi celles avec a PR elle fait
l'échange dé ses publication
SECRÉTAIRE DE L'INSTITU TION ROYALE
DE LA GRANDE-BRETAGNE (M. LE)
me Ne de vouloir bien adres-
cette. Société les volumes de ses
A publiés depuis les trois der-
cer aus set rs cu pe s.é + ee.
A SÉDILLOT. — Le grand prix de Chirurgie
est partagé entre MM. Sédillot et Ollier.
- M. cavité adresse ses remerciments à
l Acadé
- M. Sédillot prie l’Académie de vouloir
bien le comprendre parmi les candidats
pour la place vacante dans la Section
de Médecine et de Chirurgie, par suite
du décès de M. Jobert de Lamballe.
— M. Sédillot est présenté par la Section
de Médecine et de Chirurgie comme l’un
des candidats pour la place vacante .
SÉGUIER. — Note sur un fusil de sers : se
chargeant par la culasse.......-..-::
— M. Séguier press à l’Académie un mo-
teur à vapeur de M. Girard, et indique
se dispositions de cet appa-
détente M a a moin 0e re PERLES
MI NON Te Ie etre nié » 06 6 em
ur les routes ordinaires......--
8 | SERRA- CARPI. — Application du pendule à
la détermination des poids spécifiques.
SERRET. — En présentant à l’Académie un
Mémoire de M. F'illarceau sur l'élimina-
tion de l'effet des attractions locales,
M. Serret indique en quelques mots le
but auquel l’auteur est parvenu..-"-"
— M. Serret est nommé Membre de la Com-
mission chargée de proposer une ques-
tion pour le concours du grand prix
se Sciences mathématiques å décerner
A PRES TS SRE
E Maibrë de la Commission du grand prix
de Mathématiques pour 1867 (question
concernant la théorie des ehi aux
dérivées partielles du second ordre). .
— De la Commission du grand prix de Ma-
580
224
505
581
. 1018
. 1104
689
259
846
MM.
thématiques pour 1867 (question con-
cernant la théorie de la chaleur)
— Et de la Commission ve grand prix de
Mathématiques pour 1867 (question re-
lative à la théorie pax nes algé-
s...
. — Signification morpholo-
giqueides-cystides. …...:..4,:44,6344.
SIEBOLD (pe) est présenté par la Section
d'Anatomie et de Zoologie comme l’un
des candidats pour une place vacante de
OMR biens nn su ses. 00e
— M. de Siebold est élu Correspondant pour
la Section d’Anatomie et de Zoologie,
en remplacement de feu M. de Nord-
— M. de Re adresse ses remerciments
Re oeuvres.
SIGNORET. — Sar le développement du Pu-
ceron brun de ue (En commun
avec M. Balbian
SILBERMANN.
ss sms
à res particuliers
( 1357 )
= par une étoile filante, le 11 juin
ai. — Sur la périodicité probable
de la comète signalée par l'Observatoire
de Marseille le 22 janvier 1867........
VA. — Sur les ammoniaques composées
à base d’amyle
nn dy
TAPONNIER. — Lettre concernant sa pré-
cédente communication sur un procédé
d'extraction de l'aluminium... 677 et
TCHIHATCHEF (pe). — Considérations gé-
A sur les roches éruptives de
i
tte sms eee sn ess ee
>, déposé précédemment par
M. Theynard, et ouvert sur sa demande,
contient un Mémoire portant le même
titre que sa nouvelle communication .
THIERSCH (C.). — Une récompense lui ak
accordée pour ses recherches sur les
déjections des cholériques et sur la dé-
termination des circonstances dans les-
quelles elles deviennent un moyen de
Propagation de la maladie (concours pour
le prix du legs Bréant} ..............
> Me. Thiersch adresse ses remerciments
E FAoidémie-:.. "8%. à ecrit
M — Développement des
ries à termes alternativement positifs
796
1013
Or
-=
D
Pages. | MM. Page
SIMONIN. — Sur les schistes bitumineux de
Vagnas:(Ardèche}: unis cesse get
MYTH. — Mémoire relatif à la présence de
l'ozone dans l'atmosphère. ...,..,,..,
SOCIÉTÉ ROYALE DES SCIENCES DE
GOETTINGUE (LA) adresse le tome XII
de s6s « Mémoires »....,...:,:,,,.
SOMMER. — Note sur un nouveau procéd
pour hs les accidents produits par
le Téi grue ET Nu
SORET. — Taches sur la densité de
VOTORE., ASS O A
SPÉNEUX — Sur la nature du poison con-
tenu dans les Champignons vénéneux.
(En commun avec M. Zetellier.).....,
STEENSTRUP est présenté par la Section d'A-
natomie et de Zoologie comme l'un des
candidats pour une place vacante de
Correspondant......................
STERRY HUNT. — EE ha formation des
gypses et des dolom
— Sur quelques pr de sels magné-
siens et sur-les roches magnésifères. .
SUCQUET.— Du rein et de la sécrétion des
urines dans les animaux vertébrés mam-
M vs ee EE Nantes EN serie
sonne
SZENTIVANE. — Communication relative
au choléra
cures ss du se der pp CRAN RSR
THOMASS — Sur un | “ini
Rhinocéros sers is de l’éocène
supérieur du Tarn
THOMAS (F.). — Sur un préservatif som
_ le choléra
TONNET. — Mémoire sur l'origine et A
formation des gisements carbonifères. i
URNAL. — Sur les phénomènes de mou-
"e offerts par les semences de Ta-
mi: — Fragment d'histoire concernant
cer ere
Son ONU TT IFRS EN ENTRER MENT
MS OT à 2 RE de de
= see propres dans les Ar
EE RE a À EE doi lé
886 et
Mé-
canique PR ARE ia
— Mémoire oi la cause ele
du mouvement et de l'étefde la ma-
hs.
PR A Re : con
tière
_ Mémoire relatif
répulsives dével
876
815
846
262
2 Er an à l’aide des nombres de Ber- sis
128
825
l'accroissement en diamètre des végé- a
641
990
MM.
TRÉMAUX.— Sur la cause du mouvement des
banquises qui sillonnent l'Océan dans ce
ny et des vents qu’elles occasion-
Las à SOU SR AA Lee 783 et
TREMBLAY rappelle la demande qu’il a faite
d'être considéré comme candidat pon
la Section de Gapapa et niori,
TRESCA. x de Mécanique lui est
décerné pour g expériences concernant
Pécoulement des corps solides sous de
fortes pression
— M. ajae adrésse ses remerciments à
l’Académ
— Nouvelles jeh teho sur l'écoulement
des corps solides soumis à de fortes pres-
nn ss eao’
TN TT ES MIN TE T MANS DA AR
( 1358 )
Pages.
UBALDINI. — Recherches relatives à l’action -
réciproque entre lacide et l'hydrogène
VAILLANT (L.). — Le prix Savigny lui est
décerné pour son voyage à la mer Rouge
et ses recherches zoologiques dans la
_ baie de Suez.....................
AN BENEDEN fait hommage à ini
a? ses « Recherches sur la faune du lit-
toral dola- Belgique D. <ne i on "Nu
VAN DER MENSBRUGGHE.— Sur la tension
des lames Hiquides ..…...::..:....
VASCO. — Observations sur la disparition
me : membrane dans l’œuf du ver à
VELTER. — Sur la verse des céréales ;
ploi du silicate de potasse ; PAS
des tiges des céréales à la flexion.. ..
VERDEIL. — Note relative au PE
du pondu: ee career his
VERNET. — Nouvelle théorie des forces
VICTOR. — Sur les cosmétiques dangereux
et leurs We ce par des produits
à base de glycérime......4s.sss..<ces
VILLARCÇEAU Détermination
ee de la latitude de Saint-
Martin-du-Tertre e. kawei enyi maux
— M. Villarceau ais porté à deux reprises
521
rge
TROOST. — Sur le coefficient de dilatation
et la densité de la vapeur hypoazo-
tique. (En commun avec M. H. Sainte-
Claire Deville.)
— De la constitution des composés chlorés
et oxygénés du niobium et du tantale.
(En commun avec M. H. Sainte-Claire
FA PP LP MEME 0
un isomère de l'éther
prate Aer l'éthylate d’amylène ;
observations relatives à la production
des éthers mixtes. (En commun avec
M. Reboul.)
ere" éco de el eee velo a
sulfuré. (En commun avec M. de Luca.)
sur la liste des candidats pour une des
trois places nouvellement créées dans la
Section de Géographie et Navigation.
RS PET TA TTLS a 797 et
— M. Yvon V'illarceau est nomme é Membre
top.
VILLEMIN. — re sur la Hs
VILLIÉ. — Note sur la vitesse angulaire
née v 16 SN OP ENST UE PORN ORREE ER |*
VINCENT DE JOZET demande et obtient
l'autorisation de retirer son Mémoire sur
les principes de la musique moderne. .
VOGT est présenté par la Section d'Ana-
tomie et Zoologie comme l’un des candi-
dats pour une place vacante de Corres-
panditi ss iein rie te a
VOISIN et LrouviLte. — Sur quelques effets
produits a ape thérapeutique du
curare chez lho:
— Ces études sur le pak obtiennent au
decine et de Chirurgie
PR RU NN ci de ete a
une mention abs LR RARE à
— MM. Zoisin et Liouville adressent leurs
< remerciments à l’Académie...:...:---
pe reg - Détermination des die des
1
reaux aimantés
a E E E Sr E E a a Se
de la Section de Géographie et i Dane
1
rotation d’une masse fluide en équilibre
10
MM. Pages.
MEEA E LARA ik CUITE 809
— ocre de l’écoulement des cor
solides au laminage et au forgeage . 1132
1243
1151
876
131
1359
W
MM. Pages. Pages.
WAZNER. — Mémoire sur le pendule et | WORMS (Juues). — Une citation très-hono-
le balancier, considérés comme régula- | rable lui est accordée dans le Rapport
sa des instruments à mesurer le | sur le concours de 1866 pour le prix du
FRS EE 854 legs Bréant ........................ 514
WEIERSTRASS est présenté par la Section M. Worms adresse ses remerciments à
l'Académie. . ......se.eses.sossssre
|
Es
de Géométrie comme l’un des candidats |
pour une place vacante deCorrespondant. 875 | WURTZ e | — Synthèse du méthyle-
OŒHLER. — Note sur le bore graphitoïde. | allyle:, s.s enit 1088
(En commun avec M. H. Sainte-Claire |= Tescalonmaioa des carbures aromatiques
RER 19 | en phénols.........................
WOLF. — FRS du cratère Linné.. 1246!
Z
ZALIWSKI-MIKORSKI. — Note sur le perfectionnement de la pile......::..::+-t+.t21"
Č
DÉMIE DES SCIENCES.
SAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES
— Rue de Seine-Saint-Germain, 10,
SÉANCES DE L'ACA
près l'Institut.
179
C. R., 1867, 17 Semestre. (T. LXIV.)