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Full text of "Comptes rendus hebdomadaires des seI?ances de l'AcadeI?mie des sciences."

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COMPTES RENDUS 


HEBDOMADAIRES 
DES SÉANCES 


DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


COMPTES RENDUS 


HEBDOMADAIRES 


DES SÉANCES 


DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, 


PUBLIÉS, 
CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L'ACADÉMIE 
EN DATE DU 13 JUILLET 1835, 


PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. 


TOME CENT-SOIXANTE-TROISIÈME. 


JUILLET — DÉCEMBRE 1916. 


PARIS, 


GAUTHIER-VILLARS et Ci, IMPRIMEURS-LIBRAIRES 
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, 
Quai des Grands-Augustins, 55. 


1916 


| SAAPAdAMONIAN 


o 


COMPTES RENDUS 


DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 5 JUILLET 1916. 


L2 


PRÉSIDENCE DE M. Camiie JORDAN. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. 


MÉDECINE. — Électro-vibreurs puissants marchant sur courant faible, continu 
© ou alternatif. Électro-vibreur à résonance. Note (') de M. J. Berconté. 


Dans une Note précédente (°), j'ai montré que les puissances électriques 


vraies, absorbées par les électro-vibreurs puissants, les seuls utilisables 
pour déceler et extraire les projectiles profonds, oscillaient entre 550 
et 950 watts; mais, à cause de l'énorme self de ces appareils et du décalage 
entre l'intensité et la force électromotrice, l'intensité du courant doit être 
assez élevée et ne doit guère descendre au-dessous de 60 ampères pour 200 
à 220 volts aux bornes. Ces intensités élevées, auxquelles il n’y a pas 


moyen d'échapper quoi qu’on fasse, si l’on veut conserver toute l'utilité de 


(1) Séance du 26 juin 1916. 
(2?) Comptes rendus, t. 161, 1915, p. 535. 


6 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


l'appareil et ne pas employer des électro-vibreurs insuffisants, comme ceux 
que j'ai construits moi-même, au début, comme ceux que l’on a essayé de 
faire depuis, sont quelquefois gènantes pour les canalisations existantes. 

Pour supprimer ou diminuer la self qui empêche d'augmenter les 
ampères-tours, en augmentant les tours de fils de l'excitation, la maison 
Gallot a construit un électro-vibreur de résonance, dans lequel une capa- 
cité et la self de l’électro-vibreur se compensent et suppriment le décalage, 
d’où diminution considérable de l'intensité pour une même puissance. 

Si l’on associe en effet à une self-induction, telle que celle de l’électro- 
vibreur, un condensateur qui aura pour capacité 


on sait que l'effet de cette capacité annihile celui de la self, de sorte que 
le courant alternatif traverse l’ensemble, comme si les valeurs de self et de 
capacité étaient nulles; seule la résistance ohmique limite l'intensité du 
courant qui traverse l’enroulement. On peut alors augmenter le nombre 
de spires ct, par conséquent, les ampères-tours, et avoir, avec des intensités 
peu élevées, des effets magnétiques extrêmement intenses. 

À titre d'exemple, un électro-vibreur à résonance ainsi construit, fonc- 
tionnant sur alternatif 110 volts 42 périodes, prend 7,5 ampères, et son 
action magnétique est exactement la même que celle d’un électro-vibreur 
ordinaire sans capacité, avec une intensité de plus de 100 ampères. 

Enfin, chose plus importante encore au point de vue pratique, l’emploi 
de l’électro-vibreur avec un interrupteur à mercure sur courant continu, 
qui n’était pas possible, toujours à cause de ces hautes intensités; devient 
aujourd'hui facile avec l’électro-vibreur à résonance. Ce dernier appareil 
permet, en effet, de remplacer la commutatrice lourde, encombrante, 
bruyante et coûteuse, par un simple anterripteur à à Mr du. pre 
Blondel, que la maison Gallot a mis au point. Ji 

En résumé, aujourd’ hui, Pélectro-vibreur peut fonctionner par ce nou- 
veau montage, qui en fait un appareil à résonance, sur courant alternatif, 
avec au plus ro ampères d’intensité et, sur courant continu, grâce à un 
interrupteur de résonance, avec la même intensité. Ces nouveaux appareils 
ont la même ré que les aus pe décrits dans ma Note de 
: Doro LE 


Pa 


SÉANCE DU 3 JUILLET 1916. pr 


ÉLECTIONS. 


‘L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d’un Correspon- 
dant pour la Section d’Anatomie et Zoologie, en R a; M. Wal- 
deyer. 

~ Au premier tour de scrutin, le nombre de votants étant 37, 


M. Boulenger onde pu 34 suffrages 
M. Grasset AA inden sir ee roi » 


M. BouzEnéer, ayant réuni la majorité absolue des ses est élu 
Correspondant de l’Académie. 


CORRESPONDANCE. 


-= M. E.-D. Morar, élu Correspondant pour la Section de Médecine et 


Chirurgie, adresse des remerciments à l’Académie. 


: La COMMISSION SISMOLOGIQUE DE L’ACADÉMIE IMPÉRIALE DES SCIENCES DE 
Pereocran fait part de la perte douloureuse qu’elle vient d’éprouver en la 
personne du Prince B. Galitzine, Président de l'Association internationale 
de Sismologie. 


M. le SecréTaIRE PERPÉTUEL signale, parmi les pièces imprimées de la 
Correspondance : 

1° H. Anover. Nouvelles Tables trigonométriques fondamentales (valeurs 
naturelles). Tome deuxième. Ouvrage publié à l’aide d’une subvention 
accordée par l’Université (Fondation Commercy). 

2° Les: fascicules 3 et 4 (Tome deuxième) de la Flore générale de l’ Indo- 
Chine, publiée sous la direction de M. H. Lecomte (Cæsalpinees, de nr 


ue F. GAGNEPAIN). 


8 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Étude de l'intégrale générale de l'équation (VT) 
de M. Painlevé dans le voIsinage de ses singularités transcendantes, Note 


de M. Rexé Garnier, présentée par M. Hodaka. 


1.. Dans ma Note précédente (!) j'ai indiqué comment la méthode des 
approximations successives, appliquée à l'équation (VE de M, Painlevé, 
fournit des expressions analytiques À (4), satisfaisant à (VI), et valables 
dans des secteurs indéfinis du plan T = logé,'e (où |," 1). Or ce résultat 
est en défaut dans deux cas importants : lorsque les conditions initiales 
sont telles que le trinome P(À) a une racine double k, ou est identiquement 
nul. Mais, dans ces deux cas, on peut encore Sbtenir pour (VI}des carac- 
téristiques que j'appellerai de la première espèce, du type exceptionnel et de 
la première (ou de la deuxieme) sorte. Bornons-nous à définir celle de la 
première sorte qui correspondent au premier des deux cas précédents. 


2. Ce cas ne peut être réalisé que si la quantité s de ma Note précédente 
est égale à l'une des expressions o = + V4(a+b+c+d+1)#+ V40 +7. 
Posons alors À = À + v; y vérifiera une équation de la forme 


(1) Èy + tv — oy = av? + ide + aat? y? + Batu + t}: 


où les coefficients du second membre sont holomorphes poùr iż] ét D | 
suffisamment petits. Cela étant, une suite d’approximations analogues à 
celles qu’on définira bientôt montre que, pour © différent d’un entier réel, 
(1) admet une intégrale holomorphe © (t), nulle avee + [5° pouvant. prendre 
deux valeurs, il existera donc, pour (VI), deux intégrales holomorphes 
pour ¢ = 0]. Faisons alors v =@(t)+ p; 6 vérifiera une équation (x), 
analogue à (1), mais dont le second membre, ®(ọ', p, £), est dépourvu de 
terme en ży. Posons enfin p,— At (A est une constante arbitraire, et la 
détermination de c n’est pas négative pour g? réel) et À 
(2) pau me “Le ES Olon: pua t) dt — ES LOS Se sais + RON 
sir Os Fe R 
On démontre aisément que, t tendant vers zéro suivant un chemin € 
convenablement choisi, les approximations (2) convergent régulièrement 


£ 


ToN 


(*) Comptes rendus, t. 162,51916, p.{9309. a i tM g9 


SÉANCE DU 3 JUILLET 1916. 9 


(pour |, | assez petit et | A | borné) vers une intégrale de (1°). Les caracté- 
ristiques obtenues sont telles que À — A: AtfettN\ ¿cAr tendent unifor- 
mément vers 1 quand € appartient à un certain domaine; elles différent 
donc profondément des caractéristiques du type général; alors que celles-ci 
admettaient ż = o comme point essentiel, les caractéristiques du type excep- 
tionnel admettent ż¿ = o comme point /ranscendant. 

Si les paramètres a, b, c, d de ( VI) sont tels que s soit entier, on peut 
seulement affirmer que (1) possède une solution &,(t), holomorphe en ? 
et log’; une théorie analogue s’appliquerait encore. Mais, si a, b, c, d 
satisfont à une seconde relation, &,(1) est holomorphe en £, et (VI) admet 
alors une infinité (continue) d'intégrales holomorphés pour t = o. 


3. Une analyse exactement pareille permettrait de construire des carac- 
téristiques de seconde espèce (du type général ou exceptionnel); donnons 
seulement leur définition. Posons 

Sr x t(t—ı) 2À —1 

= — t n a E qe te À mme Coop ! 

à j z 2(À —t) - Ste 
à toute caractéristique de seconde espèce correspond un nombre w (o=w<[1) 
tel que, { tendant vers zéro, suivant un chemin correspondant à un rayon 

«à . 1% 

du plan T, |à: | reste borné (inférieurement et supérieurement}; de plus, 
à tend vers une limite finie &,. 


4. Abordons maintenant la seconde phase de notre problème : il s’agit 
de démontrer qu'il n'existe pas d'autres caractéristiques que les précédentes. 
Je me bornerai à esquisser rapidement la méthode. J 

Soit A(t) une intégrale quelconque de (VI); je démontre qu’on peut 
trouver, arbitrairement près de zéro, des points z; pour lesquels la fonc- 
tion «(2) [ou &(7)], associée à À(4), est de module borné. Or, supposons 
que à (ou &) ne res pas vers une valeur exceptionnelle, correspondant 


às =g; en calculant 2 E a par approximations successives) je montre qu’on 


peut. construire une etes de première espèce (par exemple), 
prenant en z; (suffisamment près de zéro) les valeurs À(4;) et a(t); dès 
lors, elle coincide nécessairement avec l'intégrale propone. 


ii Jusqu'ici, et me il était à prévoir, la méthode reproduit, dans ses 


grandes lignes et avec des complications inévitables, la méthode employée 
C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N°1.) 2 


10 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


par M, Painlevé pour étudier toutes les intégralés de (VI) en2,( 0, 1, æ). 
Par contre, si A (4) est tel que æ [ou &] tende vers une valeur exception- 
nelle, la méthode de M. Painlevé devient complètement inapplicable. Indiquons 
l'esprit du raisonnement en supposant que x tende vers une valeur excep- 
tionnelle de la première sorte. Il n’y a de difficulté que si À — Å tend verso, 
et de telle façon que, quelque petit que soit e, |& (À —- A)| et |t' =A] ne 
restent pas bornés. Pour écarter cette hypothèse, j'écris que À — À — &(1) 
vérifie l'équation intégrale (E), déduite de (2) par la suppression des 
indices et la substitution de 4° à o comme limite inférieure de l’une des 
intégrales (qui, a priori, pourrait être dépourvue de sens); puis, je dė- 
montre le lemme suivant : 

Soient /(æ) et g(x) deux fonctions panave, continues pour os <I 
et nulles avec æ; de plus, g(x) est croissante, et, pour æ = o; la plus grande 
des limites du rapport r(x) == f(x): g(x) est +æ; cela étant, il existe 
une infinité de points £, ayant o comme point d’accumulation, et tels qu’en Ẹ 
on ait à la fois f(x) < f(E) [x < E] etr(£) < r(§) [E< zx], quel que soit x 
(satisfaisant aux conditions indiquées). 

Appliqué à ( E), ce lemme me permet de démontrer qu'il existe, arbitrai- 
rement près de o, une infinité de points en lesquels |° (A — A)| et |z'=A | 
sont bornés; dès lors, en me servant de (E), j'établis qu’il en est de même 
tout le long de €, et un raisonnement classique dans l'intégration des 
équations différentielles par approximations successives montre alors que 
l'intégrale se confond nécessairement avec l’une des caractéristiques 
obtenues. 


Li i 
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. — Les forêts submergées de Belle-Ile-en-Mer. 
_ Note de M. Emie Ganeceau, présentée par M. Edmond Perrier. 


Dans mon Supplément à l’ Essai de Géographie botanique sur Belle-Ile-en- 
Mer, je signalai, sur divers points de la côte, la présence de forêts submergées 
el je TR une liste des graines, RRITA T par M. Clément Reid, 
extraites des tourbes de l’ Anse du Vieux-Château qui m'avait été commu- 
niquée par le R. P. Le Gallen, ancien maire de Sauzon. 

De nouvelles fouilles, effectuées depuis, ont mis à ma disposition de 
nouveaux matériaux, plus abondants que les premiers. Ils ont été étudiés 
par moi avec le concours obligeant de MM. Reid de Londres et si maer 
_ de bé 


SÉANCE DU 3 JUILLET 1916. 11 


Le banc de tourbe qui nous occupe se trouve situé à l'extrémité nord- 
ouest de l'ile, au lieu dit : Port du Vieux-Château ou Bortifaouen (en 
breton : la borde du hêtre). Ce port se compose de deux bassins ayant une 
commune embouchure : Ster-Voën (la rivière étroite) et Ster-Vras (la 
grande rivière). C’est à cette embouchure qu’est située la forêt submergée; 

Le banc de tourbe s'étend au milieu de l’Anse, sous une couche de sable 
et de galets de quartz. Il ne découvre qu'aux basses mers des grandes 
marées. La tourbe repose sur des schistes cristallins dont la décomposition 
produit une couche d’argile constatée sur le côté sud de l’Anse, là où la 
couche de tourbe va en diminuant à mesure qu’on s'écarte du milieu. 

La roche dominante de l’île se rattache aux Phyllades de Saint-Lô (y) 
avec des schistes gneissiques (y £'), alternant avec les schistes séricitiques. 
On a fouillé au niveau des plus basses marées et en remontant jusqu’à 6" 
à 8" sur la plage qui est en pente sensible. En certains endroits, on est allé 
jusqu’à 1 ou 1,50 de profondeur. La profondeur de l’eau va de o à 3" 
ou 4% au-dessus ig la tourbe visible à mi-marée. 

On n’a trouvé jusqu'ici, dans ces tourbes, aucun objet permettant de ia 
dater; je crois devoir, néanmoins, signaler la découverte d’un crâne humain 
et d’un gros caillou; celui-ci appartient au système géologique de lile : 
c'est une granulite; sa forme et les cavités qu’il présente permettent de 
le tenir très facilement en main pour s’en servir comme d'instrument 
contondant. 

Le crâne était incrusté dsns le terrain noir et semblait en faire partie. 
Soumis à l'examen de MM. les professeurs Boule et Verneau, il a donné 
licu aux observations suivantes : par sa teinte brunàtre et par les rugosités 
visibles surtout sur l’un des pariétaux, il présente bien l’aspect extérieur 
habituel de ces crânes des tourbières. On possède seulement les deux parié- 
taux et l'écaille occipitale : sutures disjointes, os très remarquables par leur 
peu d'épaisseur, pariétaux très saillants et bosses pariétales offrant un 
grand développement. On remarque aussi un bombement très prononcé à 
l’occiput dans le triangle supérieur de N du-desses de la SEN 
rance occipitale. - 

Malheureusement, les savants pi PAT p susnommés Fes que « ce 
crâne est trop incomplet et appartient à un sujes: trop jeune ps qu’il soit 
ET d’en tirer aucune donnée ethnique », 

Je me contenterai, dans la présente Note, d'exposer les déductions que 
je crois pouvoir tirer de la comparaison de cette flore fossile avee la se - 

naturelle de l'ile, telle qu'elle puas dhis mon Fesai s ziho how o 


12 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


L'examen de la liste ci-jointe des graines déterminées par M. Reid fait 
apparaître, tout d'abord, l’absence absolue de toutes les plantes de l’ouest 
de la France et de toutes ces espèces méridionales dont j'ai pu donner une 
liste de cinquante-quatre espèces croissant actuellement dans l'ile. L’élé- 
ment septentrional y est seul représenté et, comme l’a écrit M. Reid, il n’y 
a rien là qui puisse distinguer cette flore fossile de la flore actuelle des dis- 
tricts maritimes du nord de l’Angleterre. 

L'absence de toute espèce halophile (littorale ou paludéenne) cst aussi 
très remarquable. Elle acquiert un surcroît d'intérêt par la détermination 
des Diatomées fossiles due à M. le D" Forti, de Vérone. Ces Diatomées 
appartiennent, pour la plupart, aux genres Pinnularia et Epithamia; 
on voit aussi des spicules de Spongiaires (Euspongella lacustris), le tout 
faisant partie des formations typiques d’eau douce. Rien ne trahit la péné-- 
tration de la mer, ni même celle d’eaux plus ou moins saumâtres. 

Enfin, je dois insister sur la prédominance des Hygrophiles et même des 
Hydrophytes, habitant les eaux douces, à courant très faible (Potamo- 
geton natans) dominant; Myriophyllum spicatum; Scirpus lacustris, etc. 
(vingt-trois espèces sur trente-neuf déterminées); cette prédominance est 
d'autant plus frappante que le caractère essentiel de la flore actuelle est, au 
contraire, la rareté des Hygrophiles et la prépondérance des Xérophiles, 
ainsi que je l’ai montré dans mon Essai. 

Douze des espèces de la liste ci-après n’existent plus dans l’île ; huit sont 
des Hygrophiles, quatre sont des Sylvicoles. 

En résumé, nous sommes en présence de forêts submergées dans une 
région où les arbres ne peuvent aujourd’hui subsister que grâce à des abris 
habilement ménagés et le changement survenu dans les conditions clima- 
tiques est rendu indubitable par la prédominance des Hygrophiles coïnci- 
dant avec l'absence totale de l’élément méridional et même occidental. Ces 
forêts devaient être marécageuses et assez distantes de la mer pour que 
l'influence saline ne s’y fit pas sentir. Les graines de plantes des buissons, 
du bord des rivières : Rubus fruticosus; Solanum Dalcamara; Iris Pseudo- 
Acorus; les amas compacts de feuilles d’Aulne et de Saule ont dû être 
charriés par des cours d'eaux. 

L'existence de forêts marécageuses sous-marines sur le littoral de la 
Manche et de l'Océan a été signalée depuis longtemps, notamment par de 
Quatrefages, Durocher, Geslin de Bourgogne, Ch. Barrois, etc. Peu de temps 
après mes premières recherches à Belle-lle, M. le professeur Jules Welsch, 
de Poitiers, a communiqué.à l’Académie une série d’explorations des gise- 


SÉANCE DU 3 JUILLET 1916. 13 


ments de tourbes sous-marines du Croisic ( Loire-Inférieure) se reliant ainsi 
à ceux de Belle-Ile et de divers points de la côte de Vendée et du Médoc. 
Il conclut que tous ces gisements sont du même âge. Mais à quel âge doit-on 
les rattacher ? 

L'absence de tout matériel susceptible de les dater ne permet pas encore 
de conclure, sur ce point. Il serait désirable que de véritables fouilles 
puissent être entreprises à Belle-Ile. 

La présence de l’homme est attestée là par le crâne humain et par les 
débris de charbon (provenant d’essences qui ne vivent plus dans l'ile), 
peut-être aussi par le caillou de granulite: 

En Angleterre on appelle ordinairement toute cette série d’alluvions 
préhistoriques : néolithique, mais le caractère septentrional de la flore fossile 
de Belle-Ile suggère l’idée d’une antiquité plus grande. Dans les forêts les 
plus basses des côtes anglaises et par suite les plus anciennes, tout à fait - 
comparables à celles qui nous occupent, on n’a trouvé que des silex éclatés; 
aussi M. Reid incline-t-il à croire que nous nous trouvons plutôt ici en 
présence du Paléolithique. 

De plus, l’absence de l'influence saline nous conduit à supposer que cette 
flore pourrait remonter à l’époque où Belle-Ile n’était pas séparée du con- 
tinent. Un léger changement de niveau n’aurait pu produire qu’une très 
faible différence dans la ligne côtière. Il faut, pour expliquer cette flore 
des vallées de l’intérieur, admettre qu’un changement de niveau d'au 
moins 20" se soit produit, correspondant aux plus basses forêts submergées 
de l’Angleterre (C. Rem, in litt.). 


Liste des graines et débris végétaux relevés dans les tourbes sous-marines 
ter-Vras : 


Batrachium aquatile L. (3 espèces); Ranunculus tardens Crantz; R. repens L.; 
Raphanus maritimus Sm.; Silene gallica L.; Vitis vinifera (une graine non mûre); 
+ Rhamnus Frangula L. (g graine et débris de branches); Prunus spinosa li, (graine, 
i areh et rameau); Rubus fruticosus L.; Potentilla sp.; Rosa sp.; + Pirus malus L. 
(graine plus un fragment de bois d'un Pirus indéterminable); + Myriophyllum! spica- 
tum L.?; Hydrocotyle vulgaris L.; Ænanthe silirifolia Bieb.; Sambucus nigra L.; 
Galium sp.; Sonchus! oleraceus? ; S. asper. AN., } S. palustris L.!; Solanum Dalca- 
mara L.; Mentha aquatica L. ;+ Lycopus europæus L.; + Chenopodium rubrum L.; 
Atriplex patela! L.; Polygonum aviculare L.; P. Convolvulus L.; Dibiintet 
sp.; Rumer sp.;. y Ceratophyllum demersum an Ulmus campestris L. (probable), 
fragment de bois; z: Quercus! pedunculata Ehrh? (très probable, fragments de bois 
et charbon à strtrcture bien conservée); + Corylus Avellana L. (fragments et débris : 
tiges, bois, rameaux); Salix sp. (fragments de bois); + Alnus! glutinosa? (très pro- 
bable, fragments de bois, Vet, rhytidome, charbon à structure bien conservée : 


14 ACADÉMIE DES SCIENCES. 
espèce dominante dans les dépôts; Iris Pseudo-Acorus (graines et nombreuses 
feuilles); Alisma Plantago L.; + Potamogeton natans dominant! ; P, poly gonifolium 
Pourr.; P. crispus L, ; Ruppia sp.; Zannichellia pedunculata Rchb.; + Eleocharis 
uniglumis Lmk. (graines et feuilles); Scirpus tabernamontani Gmel. ; S. lacustris L. ; 
Carex (multiples espèces); Phragmites communis L. (feuilles). 

Soit 49 espèces dont 39 déterminées sur lesquelles 12 mexistent plus dans Pile 


(marquées +). 


PHYSIQUE DU GLOBE. — Observations sur des perturbations électro- 
magnétiques terrestres. Note (') de M. Arsenr Novos, transmise es 


M. Woif. 


Un centre d’activité solaire étendu passa sur le bord ouest de l’astre, du 
31 mai au 2 juin 1916. Le passage concorda avec de fortes perturbations 
électromagnétiques, observées à Bordeaux, à l’aide des instruments sui- 
vants : 1° un magnétomètre, permettant de déceler de faibles variations 
dans la composante horizontale du champ terrestre; 2° une boussole- 
magnétomètre accusant de rapides variations de cette composante; 3° un 
électromètre protégé par une cage de Faraday relié à la terre. Les perturba- 
tions observées furent analogues à celles que nous avions déjà eu l'honneur 
de signaler à l’Académie des Sciences (°). On constata un accroissement 
du champ magnétique terrestre, du 31 mai au 2 juin; et la composante 
horizontale fut, d'autre part, soumise à des variations rapides, du 3r mai 
au 3 juin. La durée moyenne de chaque oscillation magnétique fut de 
5 secondes, avec des variations comprises entre 4 et 7 secondes. Ces per- 
turbations furent surtout accentuées dans la soirée du 1® juin. Les durées 
moyennes des diverses phases du phénomène précédent furent de 2 secondes 
pour la période d’élongation maxima et de 4 secondes pee la période 
d'équilibre, suivies d'un rapide retour au zéro. 

Les phénomènes électriques furent observés à l’aide d’un électromètre à 
feuille d'aluminium entièrement protégé par une cage de Faraday reliée au 
sol; la feuille métallique était chargée à un potentiel positif constant. Les 
variations du potentiel de la cage étaient mises en évidence par les oscilla- 
tions de la feuille à charge constante; elles furent mesurées au moyen d’une 
lunette munie d’un micromètre oculaire. Ces variations correspondaient 
également avec celles de la charge du sol et des couches inférieures de lair; 


(2) Séance du 26 juin 1916. 
C) Comptes rendus, +. 147, 1908, p. 654. 


SÉANCE DU 3 JUILLET 1916. 15 


elles étaient comprises entre 5o et 400 volts, pendant la durée moyenne 
de 6 secondes d’une oscillation complète, Les durées moyennes des diverses 
phases du phénomène furent de 2 secondes pour l’élongation maxima et 
de 4 secondes pour la charge stationnaire; avec un brusque retour au zéro. 
Les trois périodes d’une oscillation électrique complète eurent des durées 
respectives sensiblement égales à celles d'une oscillation magnétique cor- 
respondante; toutefois les oscillations électriques précédèrent les oscilla- 
tions magnétiques de 2 minutes en moyenne. La grandeur relative d’une 
élongation magnétique était équivalente à celle d’une élongation électrique 
correspondante. 

D'autre part, l'Observatoire de l'Ébre (Tortosa, Espagne) enrégistra de 
fortes perturbations magnétiques le 30 et le 3r mai, suivies d’une faible 
perturbation le 1% juin, avec retour au calme le 2 et le 3 juin. Aucun 
trouble sensible n'y fut enregistré dans le potentiel de l'air aux mêmes 
dates que précédemment. L'Observatoire de Christiania (Norvège) n’enre- 
gistra de son côté aucun trouble magnétique sensible, ni aucune aurore 
polaire. 

Un cyclone d’une grande violence dévasta la Saxe; des tourmentes de 
neige sévirent dans le nord de la Russie, et des pluies très abondantes pro- 
voquèrent des inondations en Algérie aux mêmes dates du 1% et du 
2 juin 1916. 

Les régions ouest de l'Europe se trouvèrent dans la région anticyclonique 
pendant toute la durée des perturbations précédentes. On constata, en der- 
nier lieu, un abaissement important de la constante solaire et un refroidis- 
sement anormal de la température générale, pendant la durée du passage 
du centre d’activité dans l'hémisphère invisible du Soleil, du 1% au 15 juin, 
qui fut suivi d’une élévation brusque de la constante solaire et de la tempé- 
rature, dès le retour du centre d'activité au bord est du Soleil à la date du 
15 juin. On a également constaté une diminution très sensible de la compo- 
sante horizontale du champ terrestre à la date du 15 juin. 

Il semblerait résulter des faits précédents que le passage du foyer d'acti- 
„vité très étendu dont nous avons parlé, sur le bord ouestdu Soleil, a pro- 
voqué au début des troubles magnétiques et telluriques qui furent suivis 
d’un violent cyclone dans l’Europe centrale, dont les effets se manifestèrent 
depuis la Finlande jusqu’à l'Algérie. Ces troubles atmosphériques don- 
nèrent lieu aux troubles stone relatés précédemment, dans 
la direction E-W, tandis qu'aucun trouble sensible ne fut observé dans les 
régions polaires buréalps; 


16 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


ZOOLOGIE. — Une phase nouvelle des Dicyémides. 
Note de M. Ave. Lameere, présentée par M. Y. Delage. 


La libéralité de l’Académie des Sciences, qui m'a accordé une sub- 
vention sur le Fonds Bonaparte, et l’amabilité de M. le professeur Yves 
Delage, m'ont permis de faire en 1915 et en 1916 de nouveaux séjours à la 
Station biologique de Roscoff, à l’effet d’y continuer mes recherches sur les 
Dicyémides. L’un des résultats les plus importants auxquels je suis arrivé 
est relatif au mode de transmission de ces énigmatiques et célèbres para- 
sites. 

On avait jusqu'à présent supposé que l’agent d'infection du Céphalo- 
pode était soit l'individu infusoriforme; soit le nématogène primaire issu du 
nématogène secondaire. Ni l’une ni l’autre de ces hypothèses ne sont 
fondées. 

Dans de toutes jeunes Seiches pêchées en septembre 1915 dans la baie de 
Penpoull, j'ai découvert à la fois, chez un Dicyémide proprement dit, 
Dicyema truncatum Whitm., et chez un Hétérocyémide, Microcyema vespa 
Ed. van Bened., une phase nouvelle qui précéde dans le cycle évolutif le 
nématogène primaire. - 

C’est une larve qui pénètre dans le sac urinaire et qui, en se fixant à à lépi- 
thélium rénal, se transforme en un individu que j'appellerai nématogéne 
fondateur : ohne n'offre qu’une-seule génération, et il donne naissance à 
des nématogènes primaires par un processus identique à celui qui préside à 
la multiplication des individus vermiformes. 

La larve a aspect général d’un embryon cilié de nématogène de Dicyema, 
et le nématogène fondateur ressemble également à un nématogène, mais il 
y à trois cellules aæiales au lieu d’une; le nombre des cellules périphériques 
est de vingt-huit, dans l’Hétérocyémide comme dans le Dicyémide vrai, 
c’est-à-dire plus élevé que dans le nématogène primaire; Ja coiffe polaire 
est formée de huit cellules; les cellules parapolaires sont trois et non deux ; 
quelques cellules avoisinant ces dernières renferment dans la larve des cor-. 
puscules constitués probablement par des réserves nutritives, car ils dispa 
raissent chez le nématogène fondateur. 

La présence, dans cette phase des Dicyémides, de trois cellules internes 
fait ressembler l'organisme à une femelle d'Orthonectide, et cela d'autant 
plus que ces trois cellules sont disposées bout à bout; en outre, dans le plus 
jeune stade larvaire que j'aie pu observer, chaque Re interne est 
formée, comme chez une femelle d'Orthonectide, uniquement d’une cellule 


SÉANCE DU 3 JUILLET 1916. 17 


germe, et c'est cette cellule germe qui donne naissance à ce qu’on appelle 
la cellule axiale; de mème d'ailleurs que dans l'embryon des nématogènes 
primaires et des rnombogènes, c’est la cellule germe primitive qui engendre 
la cellule axiale, et non l’inverse, contrairement à ce qu'on a cru jus- 
qu'ici. 

Toute cellule axiale de Dicyémide est, en effet, constituée par une partie 
périphérique vacuolisée de la cellule germe primitive, et son noyau, logé 
dans une des travées sarcodiques résultant de cette vacuolisation, provient 
de la division du noyau de cette cellule germe. Nous pouvons interpréter 
ces faits en disant : la cellule axiale est un œuf parthénogénétique, dont la 
masse principale est la cellule germe primitive, et dont l’unique globule po- 
laire est réduit à un noyau permanent, qui reste sous la membrane vitelline 
pour former avec la zone périphérique vacuolisée de l’œuf un follicule; la 
multiplication des cellules germes suivie de leur segmentation est donc un 
cas de polyembryonie. Les singuliers phénomènes propres aux Dicyémides 
rentrent, par conséquent, dans l’ordre général des faits biologiques connus, 
sauf en ce qui concerne la survivance et l’utilisation secondaire du noyau 
d’un globule polaire. 

La larve qui a été le point de départ de ces observations est évidement 
l'agent de transmission du parasite. D'où vient-elle? Nous l’ignorons. Tout 
ce que nous savons, c’est qu’elle n’est engendrée par aucun des individus 
variés qui se montrent dans les reins des Céphalopodes : il est donc à sup- 
poser qu’elle provient d’un hôte différent. 

La larve quitterait celui-ci et, en nageant dans la mer, i: arriverait au 
Mollusque; une multiplication intense du parasite dans les organes uri- 
naires aboutirait à la phase d’infusoriforme, qui permettrait le retour de 
l'organisme à son premier hôte. 

 L'infusoriforme n’est pas, en effet, le måle des Dicyémides : depuis la 
Communication que j'ai eu l'honneur de faire à l'Académie sur les mâles 
du Dicyema typus Ed. van Bened. du Poulpe et du Dicyema truncatum 
Whitm. de la Seiche, j j ai encore découvert le måle du Aro vespa 
Ed. van Bened. 

Il résulte de ces déhtiees que les Dicyémides sont, sans aucun doute 
possible, voisins des Orthonectides, mais que, selon toute probabilité, 
il wy a pas lieu de mettre en parallèle, ainsi qu’on l’a toujours fait, ce 
que nous connaissons du cycle évolutif des Micyémides avec le cycle 
évolutif aujourd’hui entiè t connu des O t 

Il est à présumer que le Dicyémide doit son origine à une femelle 
d'Orthonectide qui, au lieu de se reproduire dans la mer, aurait pery: 

C. R., 1916, 2 Semestre. (T. 163, N° 1.) 3 i 


18 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


dans le rein d’un Céphalopode; une seconde vie parasitaire aurait été 
ajoutée chez les Dicyémides à la vie parasitaire des Orthonectides, et 
aurait fait reculer dans le cycle évolutif le moment de la fécondation et 
l'apparition de la phase (larve chez les Orthonectides, infusoriforme chez 
les Dicyémides) qui en nageant ramène l'organisme à son hôte originel. 

C’est ce premier hôte qu’il s’agirait maintenant de découvrir pour com- 
plèter l’histoire naturelle des Dicyémides. 


CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur l’hémochromogène acide. 
Note (') de MM. Cu. Duéré et G. Vecezzi, présentée par M. A. Dastre. 


Le corps qu'on désigne sous le nom d’hémochromogene, et qu’on obtient 
soit par dédoublement de l’hémoglobine à l’abri de l’air, soit par réduction 
de l’hématine en présence de protéines et de certains autres composés 
azotés, offre, en solution alcaline, une belle couleur rouge cerise et un 
spectre d’absorption remarquable par sa netteté et son intensité, Cet 
hémochromogène alcalin, qui a été l’objet de nombreux travaux, est bien 
connu, et son spectre est parfaitement défini. Par contre, l’hémochromo- 
gène acide n'a été que fort peu étudié jusqu’à présent, et son spectre est 
encore très mal déterminé. 

Le spectre de l'hémochromogène acide fut tout d’abord décrit, par Hoppe-Seyler, 
comme étant constitué par quatre bandes d’absorption; mais Jäderholm démontrait 
bientôt qu'il s'agissait là simplement des spectres associés de l’hématine et de l’héma- 
toporphyrine acides. Hoppe-Seyler admit un peu plus tard (1879) que les solutions 
d’hémochromogène acide, relativement très transparentes pour le rouge et l’orangé 
jusqu'à D, ainsi que pour le vert bleuâtre, présentent une zone d’absorption diffuse 
comprise entre D et E et interceptent fortement le bleu et le violet à partir de G 
inclusivement, sans qu'on puisse apercevoir, à aucune dilution, des bandes d'absorp- 
tion nettement délimitées. 

L'étude du spectre de l’hémochromogène acide n’a été reprise qu’en 1910, par 
Dilling. Cet auteur a prétendu avoir obtenu un hémochromogène acide par addition 
de nitrite de potassium à une solution d’hématine acidifiée par l'acide acétique. 
L'hémochromogène en question, qui n’a été caractérisé que par son spectre, est peut- 
être, croyons-nous, une combinaison voisine de l’hémochromogène oxynitrique de 
Linossier, 

Voici comment nous préparons l’hémochromogène acide : on introduit 
dans un tube à essai une toute petite pincée d’hydrosulfite de sodium en 
poudre (de Kahlbaum), puis on verse doucement (sans agiter), au moyen 


(*) Séance du 26 juin 1916. 


SÉANCE DU 3 JUILLET 1916. 19 


d’un entonnoir à longue tige, quelques centimètres cubes d’une solution 
alcoolo-aqueuse d’hématine pure, très légèrement acide ('). On scelle 
immédiatement le tube à la lampe, et l’on agite fortement après refroidissement 
de l'extrémité soudée. Il n’y a que des traces d’hydrosulfite qui se dissolvent 
alors, mais ces traces suffisent à réduire complètement l’hématine. La 
liqueur offre maintenant une belle couleur d’un rouge vif, et, après quel- 
ques instants de repos, elle apparaît parfaitement limpide (°). Le spectre 
d'absorption est constitué par deux bandes très nettes; la première est 
notablement plus sombre que la seconde. La bande æ s'étend de À 571,5 

à À 557%; la bande B, de À 535 à 52oë#,5. Plusieurs fois, après avoir 
effectué les déterminations spectroscopiques, nous avons ouvert le tube et 
vérifié que le contenu était franchement acide. Si l’on agite à lair la 
liqueur décantée, elle vire au brun et l’on observe le spectre typique de 
l’hématine acide; si l’on neutralise alors la liqueur et ajoute un peu d’hy- 
drate d’hydrazine, on observe le spectre typique de l’hémochromogène 
alcalin ordinaire. Il y a donc eu simplement réduction de l’hématine sous 
l’action de l’hydrosulfite en milieu acide. Mais, insistons sur ce point, pour 
qu’il n’y ait pas d’altération de l’hémochromogène, il est indispensable de 
n’opérer qu’en milieu faiblement acide. On sait, en effet, qu’en milieu acide 
l’hémochromogène se convertit très facilement en hématoporphyrine. 
Quand on acidifie un peu fortement la liqueur (au moyen d’acide acétique, 
par exemple), on constate, après réduction, la présence dans le rouge d’une 
bande ayant pour axe À 625, 

De plus, et ce caractère est encore plus sensible (*), la liqueur, placée 
dans un faisceau de rayons violets et ultraviolets, manifeste une fluores- 
cence rouge. Au moyen de cette épreuve, nous nous sommes convaincus 
que nos solutions faiblement acides d’hémochromogène ne contiennent pas 


(1) Nous utilisons une solution d’hématine pure (préparée à partir d’acétylhématine 
cristallisée) ainsi composée : 


Henane PUD. in Lens ris sir heste 4e 

Solution normale de soude............. dE jones T i 
Eo doe es anoi atisiit 190% 
Alcool à 96 pour 100,,.....:..+...eea et men 300°"" 


Pour obtenir la solution acide, on verse goutte à goutte de l'acide tartrique en solu- 
tion à 2 pour 100, en ayant soin de s'arrêter dès que la réaction acide est atteinte, On 
s'assure, avant l’emploi, que la liqueur présente bien le spectre de l’hématine acide. 

(?) Nous conservons depuis 2 mois de telles liqueurs; elles semblent absolument 
inaltérées et sont aussi limpides qu’au début. 

(°) Cf. Ce. Daéré et S. Sosouewsmi, Sur quelques propriétés de l’hémato- 
porphyrine (Comptes rendus de la Société de Biologie, t. 70, 1911, p. 511). 


20 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


trace d’hématoporphyrine, car elles ne montrent pas la moindre fluores- 
cence dans les conditions indiquées. 

Nous avons aussi examiné comment se comporte l’hémochromogène 
acide vis-à-vis des rayons les plus réfrangibles. On sait que l’'hémochromo- 
gène alcalin offre dans le violet moyen une bande d'absorption très nette. 
L’hémochromogène acide absorbe, lui aussi, les rayons violets; mais, dans 
ce cas, l’absorption porte sur les rayons violets les plus réfrangibles. Par 
détermination spectrographique, nous avons constaté que cette bande, 
d'une grande netteté, s'étend de À 417% à 399%, et que l’ultraviolet est 
bien transmis jusqu'à À 360% (limite de la région ultraviolette photo- 


graphiée). 


Coxeiwstoxs. — Il résulte de nos recherches que, par réduction, au moyen 
d’hydrosulfite de sodium pulvérisé et en tube scellé, d’une solution trés légère- 
ment acide d’hématine pure dissoute dans l'alcool faible, on obtient de 
l’hémochromogene acide présentant, comme l’hémochromogène alcalin. ordi- 
naire, un spectre d'absorption à trois bandes, ces bandes ressemblant tout 
à fait par leur netteté, leur intensité, leur largeur, à celles de l’hémochromo- 
gene alcalin et n’en différant que par leur position. 

Le relevé numérique que nous donnons ci-dessous permet de comparer 
d’une façon plus précise les spectres de ces deux hémochromogènes (! ) : 


__Bande a :___ Bande Bi. __ {Bande y._ 
Penn romeine acide...... 971,5 — 557,0 535,0 — 520,5 417,0 — 399,0 
alcalin..... 564,0 — 553,0 531,0 519,5 428, 5 — 416,7 


On voit que, pour l’hémochromogène acide, les bandes « et 6 sont 
décalées vers le rouge, tandis que la bande y est décalée vers l’ultraviolet. 

Disons en terminant que diverses considérations, qui ne peuvent trouver 
place ici, nous conduisent à admettre que l’hémochromogène acide, dont 
nous venons de décrire le mode de préparation et les propriétés pen 
est bien réellement FRERE libre. 


À 16 heures et quart l'Académie s se forme en Comité secret. 


La séance est levée à 17 heures trois quarts. 


G. D. 


(*) H s’agit, dans les deux cas, de solutions alcoolo-aqueuses. L'hémochromogène 
alcalin a été préparé en faisant dissoudre de l’hémoglobine dans de l’alcook à 
55 pour 100 contenant de la soude, et en réduisant par l’'hydrosulfite, de sodium rt 
vérisé eus un tube à l'hématine alcaline ainsi obtenue, 


—— es. 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 10 JUILLET 19146. 


PRÉSIDENCE DE M. Camizze JORDAN. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE, 


M. Émue Picaro, en déposant sur le bureau un Volume intitulé : Un 
demi-siècle de civilisation française, s'exprime en ces termes : 

J'ai l'honneur de présenter à l’Académie un Volume portant pour titre : 
Un demu-siècle de civilisation française (1870-1915). Ce Volume est dù à 
l'initiative de notre confrère de l’Académie des Sciences morales et poli- 
tiques, M. Raphaël Georges-Lévy; il a pensé que, à l'heure où l’héroïsme de 
nos armées est célébrée par l’univers, il convenait, en laissant de côté toute 
polémique, de mettre sous tous les yeux la part que la France a continué 
de prendre depuis un demi-siècle aux progrès de l'humanité. Cet Ouvrage 
est l’œuvre de vingt collaborateurs, parmi lesquels se trouvent nos confrères 
de cette Académie, MM. Baillaud, de Launay, Lemoine, Painlevé, Perrier, 
Picard, Richet, qui ont traité respectivement de l’Astronomie, de la Géo- 
logie et de la Minéralogie, des Sciences chimiques, de l'Automobile et 
l Aéronautique, des Sciences naturelles, des Sciences mathématiques, des 
Sciences biologiques et médicales. | 


En présentant à l’Académie un Livre intitulé : Les Allemands et la 
Science, nf plusieurs membres de l’Institut ont collaboré, M. Enmoxo 
Perrier s'exprime ainsi : 


A la suite de la publication du manifeste des els allemands et de 
la réponse qu'y fit l’Académie des Sciences, MM. Petit, professeur à l'École 
vétérinaire d’Alfort, et Maurice Lendet ont demandé à un certain nombre 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 2.) 4 


29 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


de membres de l’Institut, de membres de l’Académie de Médecine et de 
professeurs ou fonctionnaires de l'Enseignement supérieur, quelle était, à 
leur avis, la part de l'Allemagne dans le développement de la Science 
actuelle. [ls ont réuni 28 réponses dont 17 de membres de l’Institut, 5 de 
membres de l’Académie de Médecine, 6 de membres de l'Enseignement 
supérieur. 

L'ensemble de ces réponses constitue un Volume de 375 pages qu’on doit 
considérer comme l’expression réelle de l'opinion des savants français sur la 
Science allemande, comme la mise au point calme et réfléchie du bilan 
scientifique de l’ Alenas ). M. Paul Deschanel a écrit pour cet Ouvrage 
une éloquente préface. 

L'i impression qui se dégage de cette enquête est d’une netteté absolue. 
Personne ne nie l’étonnant labeur auquel depuis 1870 se sont livrés les 
savants allemands. Surtout avant cette époque il y en a eu parmi eux 
comme Leibniz, Gauss, Liebig, Wöhler, von Baër, Johannes Muller, 
Helmholtz dont les œuvres sont de premier ordre et vraiment originales; 
mais la multitude des autres s’est appliquée à peu près exclusivement à 
développer des idées ou des découvertes nées ailleurs et principalement en 
France et en Angleterre. A cette tâche de nombreux chercheurs s’emploient 
avec la plus grande docilité sous la direction du maître. L'objet de leurs 
études est le plus souvent très limité, et donnerait à peine ailleurs la matière 
de quelques pages; mais en y ajoutant de çompendieux historiques qui 
s’allongent rapidement chaque année, par une conséquence naturelle de ces 
procédés d'investigation, la matière s’allonge ; elle peut s’allonger indéfini- 
ment, et c'est au milieu d’un déluge de citations, de rapprochements, de 
discussions, qu’il faut aller découvrir l’objet précis, souvent sans impor- 
tance et parfois tout à fait illusoire du travail. Seulement ces travaux ali- 
mentent de volumineux recueils qui, par leur nombre, inspirent le respect, 
qu'on tient à honneur de garder à jour dans les laboratoires étrangers, de 
peur de paraître mal informé, et qui font en se citant les uns les autres une 


(*) Les divers Chapitres du Livre sont dus à MM. Babelon, Maurice Barrès, Émile 
Boutroux, Chauveau, Dastre, Yves Delage, Pierre Duhem, Armand Gautier, 
Henneguÿ, Camille Julian, Landouzy, Edmond Perrier, Emile Picard, William 
Ramsay, Salomon Reinach, Charles Richet, membres de l’Institut; les docteurs 
Chauffard, Gaucher, Gley, Pinard, Roger, Grasset, membres de l’Académie de Méde- 
cine; Marcellin Boule et Stanislas Meunier, professeurs au Muséum; Le Dantec, 
professeur à la Sorbonne; René Loti, auteur de livres importants sur l’Allemagne 
intellectuelle ; Arsène Alexandre, inspecteur général des Musées. 


SÉANCE DU 10 JUILLET 1916. 23 
réclame monstre à la Science et aux savants allemands de la plus modeste 
envergure. 

Dans ces recueils; il semble au premier abord que chaque Mémoire soit 
un modèle d'érudition; mais on s'aperçoit bien vite que cette. érudition 
est surtout unilatérale et conçue de façon à tourner presque exclusi- 
vement au bénéfice de l’ Allemagne. L'opulence des citations ne saurait 
masquer certaines omissions déconcertantes, ni dissimuler une naïve 
vanité. Dans le Traité de Chimie générale de Nernst, le D" Achalme a 
constaté que l’auteur cite 28 fois Ostwald, 18 fois Clausius, 17 fois Tam- 
mann, 13 fois Kohlrausch; il s’attribue à lui-même 4r citations; en re- 
vanche le nom de Lavoisier n’est cité qu’une fois, encore est-ce entre 
guillemets. | 

Dans le Traité de Bactériologie de Flugge, Koch a tous les honneurs; il 
semble que Pasteur soit un simple précurseur; dans la découverte des 
principes de l'Énergétique, les véritables initiateurs Sadi Carnot et Cla- 
peyron doivent céder la place à Mayer et à Clausius. On pourrait mul- 
tiplier ces exemples à l'infini, et l’on demeure déconcerté du sans-gêne avec 
lequel les hommes de génie étrangers à l'Allemagne sont dépoufllés au 
profit des manœuvres de second ordre qui ont travaillé sur leurs brisées. 

Parfois cette opération se pratique dans un but commercial; à peine 
avait-on oublié la colossale publicité faite autour de la désastreuse tuber- 
culine de Koch, qu’une réclame monstre était organisée savamment 
autour du 606 d’'Ehrlich qui s’en donnait comme le génial inventeur, et ce 
nom de 606 en dit long sur les recherches auxquelles il était censé s'être 
livré. Or c’est au chimiste français Armand Gautier que revient l'honneur 
d’avoir mis en relief les propriétés thérapeutiques et l’innocuité de com- 
posés organiques dans lesquels l’arsenic joue un rôle analogue à celui du 
carbone; mais il se trouve que, parmi ces composés arsenicaux, le 606 est un 
de ceux chez qui les propriétés nocives des composés arsenicaux ordinaires 
sont le moins atténuées, et que ses propriétés curatives spécifiques semblent 
plus superficielles que réelles (voir le Chapitre que lui consacre le profes- 
seur Gaucher). Pour n'être pas menacé d’une faillite retentissante comme 
la malheureuse tuberculine de Koch, le 606 n’en a pas moins été prôné 
bien au delà de ses mérites, par des procédés dont le but commercial est 
évident, et il en est de même de nombre de médicaments qui ont, grâce à 
une réclame habile, envahi les officines de nos pharmaciens. 

Nos hommes de science ont, au contraire, de tout temps réprouvé ces 
procédés, et j’ai eu occasion de montrer, dans mon Livre récent France et 


24 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Allemagne, à quel point était poussé le désintéressement d’un Pasteur ou 
d’un Berthelot ('). Ils considèrent comme un devoir la culture absolument 
désintéressée de la Science et se reprocheraient d’en tirer pour eux-mêmes 
un profit matériel; il y a peut-être là d’ailleurs une exagération dangereuse 
qui a conduit chez nous à élever une barrière par trop étanche entre la 
Science et l'Industrie qui ne peut se passer d'elle. Il y aurait tout profit pour 
la richesse nationale à ce que cette barrière fût moins rigoureuse; la 
grande prospérité des industries chimiques de l’Allemagne est due pour une 
bonne part à l'étroite union qui a été réalisée chez elle entre lusine et le 
laboratoire. 

Un autre facteur de cette prospérité, il serait puéril de le nier, est la per- 
fection de l’organisation allemande. Elle est peu favorable à l'originalité, 
mais elle est au contraire une des conditions du rendement maximum, et 
M. Pierre Duhem indique finement la raison pour laquelle elle a été faci- 
lement acceptée en Allemagne. L’Allemand porte normalement en lui 
l'esprit monastique, qui dispense de toute initiative. Il aime, parce qu'il 
manque justement d'initiative, à se sentir soutenu et commandé; ce que les 
moines font par un renoncement volontaire, par une humilité qu'ils jugent 
méritoire parce qu’elle est exceptionnelle, ils le font par une disposition 
héréditaire de leur esprit. C’est pourquoi les associations les plus diverses 
sont assurées de florir chez eux ; c’est pourquoi ils ont pu facilement fonder 
de vastes usines, des associations commerciales qui ont pu s'étendre en 
réseau sur le monde entier; c’est pourquoi ils se sont si facilement soumis 
à la domination prussienne qui comptait en faire les instruments de la 
domination universelle qu’elle rêvait. Nous avons pu voir à quels résultats 
peut conduire une organisation méthodique. Il y aurait peut-être avantage 
pour nous à réaliser, par une discipline volontaire, ce que la docilité alle- 
mande a rendu plus facile de l’autre côté du Rhin. 


M. Friprsor Naxsex fait hommage à l’Académie d’un Volume intitulé : 
Spitsbergen Waters, Oceanographic observations during the cruise of the « Ves- 
lemöy » to Spitsbergen in 1912. 


(!) Page 166. 


SÉANCE DU 10 JUILLET. 1916. 25 


ÉLECTIONS. 


L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l’élection d’un Correspon- 
dant pour la Section d’Astronomie, en remplacement de M. G.-H. Hill, 
décédé. | 

Au premier tour de scrutin, le nombre de votants étant 37, 

M. Gonnéssiat obtient. oo . . . : . . . 36 suffrages 
M. Bourget on P E 1 suffrage 


M. Goxwessiar, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est élu 
Correspondant de l’Académie. 


L’ Académie procède, par la voie du scrutin, à l’élection d’un Correspon- 
dant pour la Section de Chimie, en remplacement de M. Emil Fischer. 
Au premier tour de scrutin, le nombre de votants étant 37, 


M. Walden DR or ne 35 suffrages 
M. Amé Pictet T on Le 1o 


M. Waves, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est élu Cor- 
respondant de l’Académie. 


L’ Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d’un Correspon- 
dant pour la Section d’Anatomie et Zoologie, en remplacement de 
M. J.-H. Fabre, décédé. 

Au premier tour de scrutin, le nombre de votants étant 36, 


M EaU ON OPEN RUES RE a 31 suffrages 
M. Kæhler E E Ne 3 » 
M. Cuénot » de das e 2 » 


M. BarazLox, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est élu Cor- 
respondant de l’Académie. 


L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d’un Correspon- 


26 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


dant pour la Section de Médecine et Chirurgie, en remplacement de 
M. Guido Baccelli, décédé. 
Au premier tour de scrutin, le nombre de votants étant 37, 


M. Depage obtient -oann na . . 30 suffrages 
M. Grasset » Ct si Ve MR. 1110. 
M; Längleÿ: loi ó agro. ub siosamtuee 1 suffrage 


M. Depace, ayant réuni là majorité absolue des suffrages; est élu Cor- 
respondant de l’Académie. 


CORRESPONDANCE. 


M. Yersix, élu Correspondant pour la Section de Médecine et Chirur- 
gie, adresse des remerciments à l’Académie. 


M. G.-A. Bourevéer, élu Correspondant pour la Section d’Anatomie et 
Zoologie, adresse des remerciments à l’Académie. 


M. le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL signale, parmi les PifsES imprimées de la 
Correspondance : 


Le fascicule XI (texte et portraits) et le fascicule XII (1° partie, pliid 
des Études de Lépidoptérologie comparée, par CuarLes OrBErraur. (Présenté 


par M. E.-L, Bouvier.) 


ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Transcendantes de Fourier:Bessel ` 
à plusieurs variables, Note de M. Micuer Aximorr, présentée par M. Appell. 


Dans une Note des Comptes rendus (*) M. Appell a introduit dans l’Ana- 
lyse les transcendantes de Bessel de plusieurs variables. 
Ces transcendantes étant étudiées depuis pour un indice entier (°), je me 


(*) Comptes rendus, t. 160, 1915, p. 419. 
(2) Pénës, mA re t. 161, 1915, p. 168. — JEKHOWSKI, conte re 
1. 162, 1016, p: 318 i 


SÉANCE DU 10 JUILLET 1916. ày 


propose ici de les traiter pour un indice quelconque, en poursuivant plus 
loin les analogies profondes qui se manifestent entre ces transcendantes et 
les transcendantes classiques d’une variable, 

On retrouve ces nouvelles transcendantes He. RE UE 2) en consi- 
dérant, comme dans le cas d’une variable, le développement suivant 


k=+ 0 


= i a +2 ( (+) HSE e (ur) 
) a n =» Jil, Pas j wa) u”, 
k=— © 
où, en vertu de 
= 1 à É 1 à Th ; PAS 
e a Are 
TA yt in=+ 
pa pA yie. pa LDC) | PRE ME Era E AN 
i = — 0 ia = — © 
on a 
ia=+ © in = + o 


(2) Jai mit p) = > CS >» Jia an (ei) i, (as). 34h 

Si l’on prend pour l'indice # un paramètre quelconque, on démontre 
facilement, en partant du développement (2) et en se rappelant les pro- 
priétès A connues des J;(x), pour J,(x,,æ,,..., £n), toutes les relations 
indiquées par M. Pérès (') dans le cas de l'indice entier. 

Considérons l’intégrale 


æ. s #1 LA or ze( tly 
I fom ( u 1+3 +— ju 5) + u" a i di, 
a 


2n 


(3) 


en désignant par z, 8 deux constantes telles que 
(4) la partie réelle de x, a” = R(zn 2") < 0, RiT), 
et en regardant le chemin d'intégration comme ligne sans nœuds, ro 
par rapport au point u =o de telle manière que l'intégrale (3) n'est pas 
nulle. À 

On s’assure aisément que pour chaque valeur de x, et x, on peut choisir 
telles constantes æ, 8, que non seulement seraient ne les condi- 
tions (4), mais encore les suivantes : | 

. R(tia) <o, R(x,B) <o. 


(1) Loc. cit. 


28 ACADÉMIE DES SCIENCES. 
Par conséquent, en vertu de (1), l'intégrale précédente est égale à 


æ.8 tı À à 
1 PAET ST T ES 
3 e uk + ist. +1 du í 
Ni 
2.x 


i =+ © in =+ 


bAa: pi etes -Jr ( 2a) 


i=— L 2 


d’où, en ayant égard à l'égalité 


æ.f r “+ 


e? ur du —3,(æ) (1), 


I 
] 2ni 
on a finalement 


æ. A zX, i ( =)+ E 
u— À += UT — s + CR LR 
= ( u? un uki du 


2ni Ja 


ia =+ © in=+ © 
Es > a 2, Jet Ou (HD A NE (AE SRE a a 

Je me borne ici à signaler seulement deux cas particuliers de cette inté- 
grale. 

Si l’on suppose que le chemin d'intégration se compose d’un cercle de 
rayon 1 décrit de l’origine et d’une double partie infinie de l’axe réel, on a 
pour « = B = — 1, sous les conditions R[(— 1)"x,| < 0, he Gi zy 0 
l'intégrale 


I ; ; ny 
ll e f cos( ku — x, sinu — x, Sin 2 u —.. .— £y Sinnu)du 
0 
2 L. 
GE sin kr e-Tisho+rssh29—...+(—1) x, she — Av dv, 
T 0 
el — mr 
shv mnia 
2 
et pour « = = 1, sous les conditions R(x,) <0, R(x,)<o, l'intégrale 
C-n r a i 2 
hits 2x ear cos (ku +x sinu — £ Sin 2 u +... —(— 1)” £, sin nu) du 
y o 


==} it si w 
ou ( 1)" sin kr  erishe+xsh2v+...+xrshnv- ky dv, 
T 0 


indiquées dans le cas n = ı par Schläfli (*), qui pour # entier se réduisent 
à l'intégrale de M. Appell. 


(*) Some, Mathematische Annalen, Bd 16, 1880. 
(°) Annali di Matematica, t. 1, p. 237. 


SÉANCE DU 10 JUILLET 1916. 29 


En répétant le raisonnement de Sonine (') on obtient d’autres intégrales, 
par exemple celles qui représentent les fonctions de Bessel de deuxième et 
de troisième espèce avec un nombre quelconque de variables. 


NAVIGATION. — Contribution à l'étude expérimentale de la houle. 
Note de M. F. Araco, présentée par M. Bertin. 


Ayant soumis à une analyse serrée un nombre important de mesures 
complètes de houles, effectuées par des bâtiments divers, j'ai été conduit 
aux conclusions suivantes : les observations pour ‘lesquelles la direction de 
la houle ne s’écarte pas de plus de 45° de l'arrière du navire fournissent, 
pour la longueur, la période et la célérité, des valeurs numériques qui 
satisfont convenablement, en moyenne, aux relations théoriques qui lient 
ces valeurs. Au contraire, cet accord n'existe presque jamais, lorsque le cap 
du navire est voisin de la direction de la houle venant de l'avant; dans ce 
cas, la célérité mesurée est toujours inférieure à celle qui correspondrait, 
théoriquement, à la longueur mesurée. 

J'ai montré qu'on peut l'expliquer par une tendance, inhérente à la 
nature des choses, qui ferait enregistrer le passage, à l’étrave, de la crête 
de la houle, avant le moment où elle y arrive réellement. 

Je conseille de n’effectuer les mesures en question qu’en se plaçant, par 
rapport à la houle, dans la première situation. Lorsque ces mesures auront 
pour objet de compléter les expériences réglementaires d’oscillation du 
navire à la mer, on pourra donc être amené à modifier un instant la route. 


OPTIQUE. — Nouvelles expériences de séparation des effets lumineux et calo- 
rifiques d’une source de lumière. Note de M. Dussau», présentée par 
M. Branly. 


Mes Notes précédentes ont indiqué les résultats que j’ai obtenus avec mes 
sources lumineuses à surface réduite, continues, discontinues, à bas vol- 
tage, avec survoltage, sans survoltage, avec séparation mécanique des effets 
lumineux et calorifiques. 

De nouvelles expériences m'ont permis de supprimer mes dispositifs 


(1) Sons, Mathematische Annalen, Bd 16, 1880. 
C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 2.) 


Or 


30 ACADÉMIE DES SCIENCES, 


mécaniques, en divisant en deux parties le système rene qui concentre 
la lumière. 

Mon système optique se compose de deux lentilles peu. écartées entre 
lesquelles j établis une circulation d'air. Dans mes appareils les plus 
simples, cette circulation s'établit d'elle-même. 

Les deux lentilles sont enchässées d’une façon complètement indépen- 
dante dans deux boîtes distinctes. La circulation d'air est telle entre les 
deux boîtes qu’elle disperse dans l’espace les effets calorifiques et que la 
deuxième boîte reçoit une lumière pratiquement froide. 

Les objets les plus délicats à la chaleur peuvent être ainsi approchés de 
cette lumière froide aussi près que l’on voudra sans crainte de détérioration 
par la chaleur. Ce rapprochement m’a donné une utilisation décuplée de la 
lumière qui m'a permis, avec des sources de 3 ampères pour le secteur (sans 
survoltage) et de 1 ampère et 20 volts pour accumulateur (avec survoltage), 
de projeter en salle éclairée, sur un écran de 1",50 de côté, des objets 
quelconques avec leurs couleurs, leurs reliefs, leurs mouvements, puisqu'ils 
sont éclairés par réflexion. Je projette ainsi les gravures d’un livre, les 
planches d’un atlas scientifique, des pièces anatomiques, des membres d’un 
sujet vivant, des appareils de démonstration. Les bandes de celluloïd des 
cinématographes peuvent être remplacées par des bandes de papier. 


CHIMIE PHYSIQUE. — Mesure thermo-électrique des points critiques du fer. 
Note (') de MM. Grorce K. Burezss et H. AREA présente par 
M. H. Le Chatelier. 


Les méthodes employées jusqu'ici pour la mesure Hermine Que des 
points critiques du fer pur ont le désavantage d'exiger qu’un fil de fer 
subisse la différence de température entre le milieu ambiant et l’intérieur 
d’un four. Il en résulte la possibilité d’une superposition des effets produits 
par les deux points critiques, A, et A,. D’après la méthode récemment 
décrite par M. Benedicks (°), on ne pent en outre distinguer un point cri- 
tique que dans le cas où il se trouve à des températures différentes en 
chauffant et en refroidissant, Il a été dieni (*) cependant que, pour le 


aa Séance du 26 į juin 1916. i : 
(?) Comptes rendus, t. 162, 1916, p. 297; Journ. Iron and Steel Inst:, mai 1916. 
(*) Burgess et Crowe, Scientific Paper, 213, Bureau of Standards, 1913. | 


SÉANCE DU 10 JUILLET 1916. 31 


fêr, A, est situé à la même températuré de 768° pour les températures 
ascendantes et descendantes, tandis que A, se trouve placé toufor à une 
température plus élevée au chauffage. 

Donc, des expériences de M. Benedicks, on ne peut tirer aucune conclu- 
sion sur l’allotropie du fer en ce qui concerne A.. 

La disposition expérimentale dont nous nous sommes servis, pour mettre 
en évidence A, et A, par une méthode thermo-électrique, est une modifica- 
tion de celle employée par MM. Boudouard (') et Le Chatelier (°) pour 


certains aciers. 


Un fil de fer pur, de o™,o5 de diamètre et d’une longueur de 7°", est soudé à ses 
deux bouts aux jonctions de deux couples Le Chatelier et placé au centre d’un four à 
résistance électrique qui a un contrôle automatique. L'expérience est faite dans le 
vide (°). 

On lit la déviation d’un galvanomètre relié aux deux fils de platine du couple, 
ce qui donne unè mesure de la force thermo-électrique du couple fer-platine pour 
une chute de température de quelques degrés seulement (moins de 10° en général). 
Les températures des deux extrémités du fer sont données par les couples suivant la 
méthode potentiométrique. Un chronôgraphe sert à enregistrer l’instant de chacune de 
ces mesures. On arrive à obtenir ainsi des observations espacées de 2° seulement. Le 
galvanomètre relié au fer a une sensibilité suffisante, 1°" — 0,51 microvolt; et l’on 
peut lire les températures au o°,01. Notre échantillon de fer est d’une grande pureté 
(99,968 Fe) donnant l'analyse suivante (en pour 100) : G= 0,009; S= 0,009; 
P <,0,001 ; Si — 0,006; Mn = 0,001; Cu = 0,006. ro? 

La figure ci-après montre la marche d’une série d’observations. La 
courbe I, dont les ordonnées sont les déviations du galvanomètre relié au 
fer, est donnée au chauffage et la courbe IT au refroidissement. Chaque 
observation y est représentée par un point. Les courbes II et IV 
donnent les différences de température entre les deux extrémités du fer. 
Les courbes V et VI représentent le pouvoir thermo-électrique vrai, en 
fonction de la température, du couple fer-platine pour les petites différences 
de température indiquées par les courbes IH et IV. Plusieurs séries d’expé- 
riences nous ont donné des résultats semblables. 

On voit que la transformation A, est nettement accusée par une discon- 
tinuité, déjà notée par M. Benedicks; A, n’est pas moins bien accusé par 
une mu à JOR On peut ga en tirer la ospplusièn que, pour le fer 


o ) Berie de Métallurgie btp Bo! : 

(?) lbid., 1904, p- 1 

(5) La description Iles de cette instalation, pante générale, e est donnée dans 
Scientific Paper, M3, doc. cit. 


32 ACADÉMIE DES SCIENCES. 

pur, le phénomène thermo-électrique met en évidence les deux points 
critiques A, et A,. Il est aussi évident que ces deux transformations sont 
d’un caractère distinct ('). L’effet thermique est également marqué sur les 


à 

à 
/ 

/ 


ï 


Différences de température 
Fr 
à 
L 


N 


A= 
/ 
/ 
/ 
/ 
\ 


Thermoélecfrique 
N 
1 


X% 


à 


T 
Dériations du galvanometre 


T 
à 
Pouvoir 
S NH iv 
l 


500° 690° wo 00° 200° 7000° 


courbes I et II par une petite protubérance à A,. On y notera l'absence du 
point À,. Pour un échantillon de fer contenant seulement 0,1 pour 100 de 
carbone, ce point cependant est nettement accusé: | 
Il s'ensuit que les régions «, 8 et y du fer pur sont délimitées par des 
discontinuités dans les propriétés thermo-électriques. Nous poursuivons 
nos recherches à des températures plus basses et sur les aciers. 
RU T Re 


(') Pour la résistance électrique, voir Scientific Paper, 236, loc. cit. 


SÉANCE DU 10 JUILLET 1916. 33 


PSYCHO-PHYSIOLOGIE. — Sur la psycho-physiologie du soldat mitrailleur. 
Note (') de M. J.-M. Lauy, présentée par M. Edmond Perrier. 


Pour obtenir, dans la guerre actuelle, l’utilisation complète des forces 
humaines, il est nécessaire de procéder, comme on l’a préconisé dans 
l’industrie pour les travailleurs, à une division du travail parmi les combat- 
tants. Ici comme là, on ne peut obtenir le rendement maximum qu’en 
affectant à des fonctions déterminées les individus les plus qualifiés. 

Partant de ce principe, nous avons appliqué à une catégorie de combat- 
tants : les mitrailleurs, les méthodes de recherche qui, précédemment, nous 
avaient permis de fixer, pour quelques industries, les conditions psycho- 
physiologiques de l’aptitude professionnelle en vue d’une sélection probable 
des travailleurs. 

Nos expériences ont porté sur les mitrailleurs de la ...* brigade et du 
...° régiment d'infanterie, opérant en Argonne. Nous avons étudié : les 
fonctions motrices, afin de déceler les conditions psycho-physiologiques 
qui interviennent dans les gestes du chargeur et du tireur, et la plasticité 
fonctionnelle qui, chez les sujets, peut être considérée comme l’un des 
signes physiologiques du sang-froid. 


Temps de réaction. — Le Tableau ci-après reproduit les résultats numériques de 
l'examen de 20 sujets. Ces sujets sont classés d’après la rapidité des temps de réaction, 
choisis parmi d’autres signes qui auraient permis un classement similaire. Les sujets 
d'élite, en ce qui concerne la fonction de ps se placent tous en tête de la 
liste. Une rapidité des temps de réaction auditifs de -- de seconde marque la limite 
des sujets les moins bien doués. Or, la moyenne normale des temps de réaction audi- 
tifs, établie d’après les expériences antérieures des physiologistes, étant de 45 de 
seconde, nos bons mitrailleurs affirment donc une supériorité notable. 

L'écart moyen, c’est-à-dire la moyenne des différences établie entre les données de 
chaque expérience et la moyenne générale, donne un groupement des sujets à peu près 
identique. Toutefois il fournit une indicstion plus précise car, dans le classement 
général, il met à leur rang les valeurs individuelles. En outre, il permet de réserver 
le jugement porté sur le sujet Y... qui est un bon mitrailleur. 

Les temps de réaction visuels confirment, en le précisant, le classement précédent. 
Le chiffre 19,5 admis comme moyenne de rapidité normale, se trouve être de beaucoup 
Supérieur à ceux fournis par nos sujets d'élite, dont la limite inférieure est de 13 et 
14 centièmes, x 


Fati gabilité motrice. — - Un sujet, trap papk de pels coups avec la main, aussi 


(C) Séance du 3 juillet iÿi6: 


34 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


rapidement que possible, pendant 45 secondes, affirme une différence de rapidité entre 
les 5 secondes du début et les 5 secondes de la fin de l'expérience, que nous appelons 
indice de fatigabilité, Chez les meilleurs mitrailleurs, cet indice est o. On le voit 
apparaître et s'élever chez les sujets, à mesure què'la valeur professionnelle diminue. 
Le sujet Y..., pour qui nous réservions notre jugement, se trouve alors, en raison de 
son faible indice de fatigabilité, placé parmi les bons sujets. 


Temps de réaction Temps de réaction Rapidité. : 
ditifs. visuels. PARENT CREER RETENIR E Classement par 
UE ET TES FTP ETS STT 5 secondes; 
Ecart Ecart ne Plasticité Valeur 
Durée. moyen. Durée. moyen. Moyenne. Début. Fin. Diff. Suggestibilité. fonct!. profie. 

1 17 3 A 5 6 7 8 9 i 10 11 
8,93 0,97 13,23 1,46 55 6,2 5,6 6 N.S. A. B. B. 
8,96. 1,36 10,46 1,26 6 Go ibog 4 N.S. So: Ti 
9,10 1,40 10416115 b6 4 116:6 600216 N.S: bide: TE 
9.36 0,93 13,43 4108 36 Ca 03 o NiS: əb TÈ 
9,480 Fratz de; El pego o liés 6e hogaao N SA aB. T.B 
9,80 0,96 10,96 Piik 5,12 5.6 5,2 7 N:S: TP. T4 
0,84 A 13,26 ‘1,38 pue PtT ogb QUE AN PR LE 
1000 10 Se TE CA HE PRE ET N.S. BP LE 
10,40 0,86 11,96 1,28 6,68 6.8 6,8 o NS, 1.Đ, En 
0:95 1,40 12,06. 1,56 6,3 6 + $ N.S. T.B. TB. 
10,600 ISR 0 go a a a ia TETE — NN, e rE 
1156 1 14,83 1,33 Pr 14 0 Li Ne B, Boi 
12,40 3,46 14,00 3.48 6,35 7,2 6,6 r S, Mauvais Mauvais 
13,594 DS 19,36 2,08 6, 6,6 | 6,0 6 S. Mauvais Mauvais ' 
16,12, 3,26 . 24,06. 5,10 5,12 6,2 5,2 io S. Mauvais Mauvais , 
16,56 3,40 18:00 7 7.09 6,55 5,0 o 2 NU. A.B. Médiocre 
16,60. 2,99 20,03 2,84 Ga: 7,4: 0,9 ue S Médiocre Mauvais 
17,064 P798 17353 a40% Syak Dym mero N:S T. B. T.E 
T ET 19 06° Pei 6,657 6 ie S. Mauvais Mauvais | 
25,53 8,84 2390 Ae So 14 V0 T S. Mauvais Mauvais | 


= Supériorité absolue, 


Rapidité motrice. — La rapidité absolue de la répétition d’un mouvement ne 
fournit pas d'indication utile, l’un des plus médiocres sujets témoigne, en effet, de la 
plus grande rapidité. Cependant, elle permet de classer avec exactitude ceux qui pré- 
sentent un indice de fatigabilité identique. 

La rapidité d’un mouvement linéaire donne une “indieti semblable à wehe du 
coup frappé rapidement. 


Supériorité relative. 


i ; 
i 


2 


SÉANCE DU 10 JUILLET 1916. 35 

Suggestibilité motrice. — Un mouvement imprimé à la main d’un sujet qui a les yeux 
fermés se poursuit ou s'arrête selon que le sujet est ou non suggestible. Tous les 
mauvais mitrailleurs présentent de la suggestibilité motrice. 

Sensibilité musculaire. — Elle est faible chez les mauvais mitrailleurs, grande 
chez les meilleurs. 

Plasticité fonctionnelle. — Nous appelons plasticité fmsiioimells la manière dont 
l'organisme (respiration et circulation) réalise automatiquement les conditions les 
plus favorables à l’activité physique (1). Nos mitrailleurs montrent qu'elle est 
plus ou moins parfaite selon que le sujet a plus ou moins de sang-froid. Un acte, 
le tir, étant imposé, la respiration, la circulation se trouvent instantanément modi- 
fiées. L'acte terminé, elles redeviennent rapidement normales chez les sujets 
d'élite. C’est, en somme, une modification fonctionnelle dont le sens nous est connu, 
Ghez les sujets inférieurs, au contraire, on observe des désordres respiratoires et 
circulatoires, Ce phénomène est permanent chez les sujets, même en l'absence de 
causes de trouble. 


_ Corrélation des résultats. — S'il est prématuré de chercher, au point de vue 
psycho-physiologique, une équation personnelle exprimée en termes 
mathématiques, il existe cependant un ensemble de signes qui affirment 
en l’homme une aptitude générale à une fonction donnée. Pour les mitrail- 
leurs, chargeurs ou tireurs, la plus grande rapidité des temps de réaction, 
le plus faible écart moyen, un faible indice de fatigabilité et l'absence de 
suggestibilité révèlent des aptitudes certaines, encore accrues lorsque la 
rapidité motrice s'ajoute aux signes précédents. La plasticité fonctionnelle 
est un indice de sang-froid. 


ZOOLOGIE, — Sur la migration et la pêche du Thon ( Orcynus thynuus L.) 
sur nos côtes méditerranéennes. Note de M. Louis Rovte, présentée par 
M. Edmond Perrier. 


La pêche du Thon sur le littoral français de la Méditerranée se classe 
parmi les plus lucratives. Son rendement annuel, pendant ces dernières 
années, n’est jamais descendu au-dessous d’un minimum de 401955" (en 
1905) et s’est élevé jusqu'à un maximum de 1096489" (en 1898). Elle 
présente plusieurs particularités, qui, découlant directement de la biologie 
propre à ce RME Rene la mettent directement en cause pour les comprendre 


A L'aduphdséon organique dans les états d'attention volontaires et brefs 
(Comptes rendus, t; 156, 1913, p- 1479). i 


36 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


elles-mêmes et pour évaluer leur portée. J’ai déjà appelé l'attention sur ces 
faits, et je continue mes études à leur sujet, en raison de l’importance de 
leurs résultats autant en vue de la théorie scientifique des migrations que 
de la conduite économique de la pêche. 

Ces particularités sont de plusieurs ordres. L’une d'elles se rapporte au 
contraste qui se manifeste entre les deux moitiés de notre littoral de part 
et d'autre de la région de Marseille : bien que les conditions météorolo- 
giques et les ressources alimentaires soient peu dissemblables, le Thon 
fréquente plus faiblement la moitié orientale qui remonte vers le golfe de 
Gênes, et se montre en plus grande abondance dans la moitié occidentale 
qui entoure le golfe du Lion. Une autre est offerte par l'opposition établie 
entre les rendements des pêcheries fixes (madragues) montées non loin 
du rivage, et ceux des arts mobiles et des filets dérivants; ceux-ci vont en 
progressant, alors que ceux-là, plus élevés jadis, vont en diminuant. Enfin, 
l’amoindrissement numérique des captures au début de la belle saison, et 
même leur absence fréquente depuis le milieu de mai jusqu’au milieu de 
juillet, constitue une troisième particularité digne de retenir l'attention. Si 
les deux premières paraissent dépendre de la sténothermie et de la sténo- 
halinité du Thon, ainsi que je le préciserai ultérieurement, la dernière 
provient du rythme migrateur lui-même et du voyage de ponte. 

Plusieurs observations à ce sujet ont déjà été faites par Gourret (1886- 
1893); cet auteur, acceptant l'antique théorie erronée de la migration des 
Thons de l’océan Atlantique dans la Méditerranée, a relevé quelques dates 
caractéristiques de cette disparition, qu’il admet comme totale. Or, cet 
abandon momentané du littoral français n’est pas complet. La population 
thonnière diminue fortement, il est vrai, dès le printemps, surtout au 
voisinage de Marseille, mais elle subsiste encore, quoique plus clairsemée, 
dans l’intérieur du golfe du Lion. Seulement, les individus qui restent se 
font remarquer par leur dimensions relativement faibles, par l’état imma- 
ture de leurs glandes sexuelles et par la présence d’aliments dans 
l'estomac. En fait, la plupart des Thons disparaissent à cette époque, et 
notamment les adultes, mais ils laissent sur place les jeunes individus non 
sexués et susceptibles de s’alimenter. 

Cette condition par rapport au Thon de la partie nord-ouest du bassin 
occidental de la Méditerranée s'oppose entièrement, aux mêmes dates, à 
celle de la part sud-est, comprise entre la Sardaigne, la Sicile et la Tunisie. 
Les Thons affluent alors dans cette dernière, où ils rendent fructueuse la . 
pêche des madragues. Les individus, que les praticiens nomment Thons de 


SÉANCE DU 10 JUILLET 1916. 39 


course ou Thons d'arrivée, sont, comme je Yai déjà indiqué (1913-1914), 
des Thons génétiques ou CARPE munis de glandes sexuelles volu- 
mineuses et prêtes à la ponte, et dont l’estomac en vacuité dénote qu’ils ne 
prennent alors aucune nourriture. Les premiers en date se montrent en 
moyenne vers le milieu de mai; le séjour dans ces parages, où l’on a trouvé 
l'œuf pélagique (Sanzo, 1910) alors qu'il n’a pas été rencontré dans nos 
eaux, se prolonge jusqu’à la fin de juin et au début de juillet. Les Thons 
disparaissent alors, la ponte étant accomplie. Ce n’est qu'après cette dispa- 
rition, et dans la seconde quinzaine de juillet ou le commencement d’août, 
qu'on les voit reparaître sur notre littoral, et qu’on les pêche en nombre; 
les individus capturés ont l'estomac rempli d'aliments, et les plus gros 
portent dans leur cavité abdominale des glandes sexuelles vidées et en voie 
de régression. 

Tous ces faits, s’'éclairant mutuellement, dénotent qu’ils constituent les 
épisodes successifs d’une migration annuelle de ponte, et d’un rassemble- 
ment reproducteur, comparables à ceux des Gadidés des mers du Nord 
(Damas, 1909). Cette migration, contrairement à lavis des praticiens des 
madragues, n’a pas besoin d’invoquer un appoint venu de l'Atlantique 
pour expliquer l’abondance et la brusque apparition des individus; la 
nombreuse population thonnière du golfe du Lion, et celle des lieux avoisi- 
nants, suffisent à parfaire, en se joignant à celle qui arrive de régions moins 
lointaines, le chiffre considérable des reproducteurs assemblés pour la 
ponte. Les preuves de ce déplacement, ainsi dirigé du Nord et de l'Ouest 
vers le Sud et vers l'Est, sont fournies, en sus des considérations précé- 
dentes, par celles qu'on peut tirer de l'orientation même des madragues 
en pêche, et de la comparaison des dates des premières captures. Ainsi, 
et sur ce dernier point, les pêcheries du sud de la Sardaigne, qui sont les 
plus proches du lieu principal de départ, sontles plus précoces à fonctionner; 
et les madragues tunisiennes de la côte orientale, qui sont les plus éloi- 
gnées, ne font leurs premières prises que deux ou trois semaines plus tard. 

Deux conclusions résultent de cet exposé. Selon l’une d'elles, spéciale- 
ment biologique, ces disparitions et ces apparitions, qui se succèdent et se 
suivent, représentent les divers aspects d’un seul et même phénomène 
migrateur, alternatif et régulier, qui fait se rassembler chaque année, au 
début de la belle saison, dans une aire déterminée de ponte, les individus 
propres à la reproduction, pour les laisser se disperser ensuite ét revenir à 
leur habitat ordinaire ; les Thons qui se font prendre au printemps par les 
madragues italiennes et tunisiennes ont en grand nombre vécu de Le 

C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 2.) 


38 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


dans les eaux françaises ou à leur proximité, et, réciproquement, les Thons 
qui peuplent ces dernières eaux sont nés entre les îles italiennes et la 
Tunisie. Selon la seconde, qui s'adresse à l’industrie des pêches, la dimi- 
nution ou la disparition momentanées du Thon sur nos côtes ne sont point 
accidentelles, ni causées par une action extérieure; elles constituent un fait 
normal, qui dépend des nécessités biologiques, et dont on doit escompter 
par suite le retour habituel. 


MÉDECINE. — Essai de vaccination préventive dans le typhus exanthématique. 
Note (') de M. Cuarces Nicozze, présentée par M. Laveran. 


La question de la vaccination préventive du typhus exanthématique est 
dominée par ce fait d'ordre expérimental, sur lequel nous avons insisté 
déjà à plusieurs reprises, que seule une atteinte grave de la maladie met 
à coup sûr l’animal à l'abri de l’inoculation d’épreuve. 

C’est ainsi que nous avons vu l’immunité ne succéder chez le singe que 
d’une façon inconstante à l’inoculation de faibles quantités de sang, insuf- 
fisantes pour produire l'infection, ou bien n'ayant donné lieu qu'à des 
infections avortées. Le sang virulent, chauffé à 5o°-55°, ce qui le rend 
inactif, ne vaccine pas. Le sérum des hommes ou des animaux conva- 
lescents et celui des animaux hypervaccinés jouissent bien de propriétés 
préventives, mais l’immunité qui succède à leur injection n’a qu’une durée 
des plus courtes. Les animaux, inoculés d’un mélange de virus et de 
sérum curatif, ne contractent à la suite ni infection, ni immunité; celle-ci 
fait défaut même chez les cobayes, dont la maladie a été arrêtée à son début 
par l’inoculation du sérum anti-exanthématique. 

Dans ces conditions, le problème de la vaccination préventive du typhus 
paraît difficilement soluble. Cependant, il y a lieu de considérer que ces 
résultats ont étė observés sur des animaux soumis à une inoculation- 
d'épreuve et que celle-ci, qui consiste dans l'injection brutale d’une quan- 
tité notable de virus (3%™ à 4™ de sang par voie peritopiae) n'est pas 
comparable à la piqûre d’un pou infectieux. Or, c’est vis-à-vis de cette 
dernière qu'il importe d'obtenir un résultat en pratique. 

D'autre part, s’il est exact que l’inoculation d’une faible quantité de 
sang virulent ne confère qu'une immunité inconstante, il est par là même 


(+) Séance du 3 juillet 1916, 


SÉANCE DU 10 JUILLET 1916. 39 


démontré que cette immunité se rencontre dans certains cas, qu'il y ait eu 
infection abortive ou même absence de toute réaction thermique. 

La méthode, pour être incertaine, n’est donc point toujours inefficace. 
Il ne saurait être cependant question de son emploi, puisqu'il exposerait 
le sujet à l'infection dont on désire le protéger. 

Mais, si le sang entier est parfois infectieux à dose faible, il n’en est pas 
de même du sérum. Nos expériences nous ont montré que, privé de glo- 
bules blancs par une centrifugation préalable, celui-ci n’infecte pas le singe. 

Avec beaucoup de précautions et en commençant par nous-même, nous 
avons pu nous rendre compte qu'il n’était pas non plus virulent pour 
l’homme. Nous avons déjà publié les résultats de sept expériences qui le 
prouvent; chez une personne, l’inoculation avait été répétée deux fois 
à 14 jours d'intervalle, chez une autre trois fois à une distance de 10 jours. 
Cette dernière, éprouvée, 10 jours après la troisième injection de sérum, 
par l’inoculation d’une dose de virus suffisante à l'infection d’un cobaye 
témoin, animal infiniment moins sensible que l’homme, n’avait présenté 
aucune réaction consécutive. 

Notre conviction, à la suite de cette expérience, fut qu’il y avait lieu 
d'essayer en grand à la première occasion cette méthode d’immunisation 
préventive par inoculations répétées de sérum pris sur l’homme ou l'animal 
infectés, et à coup sûr, mais insuffisamment virulent. 

Cette occasion nous a été fournie par l'admission d’un contingent de 
soldats serbes à l’hôpital temporaire de Sidi Fatallah, près Tunis. Les 
soldats provenaient de formations sanitaires infectées et il y avait chez eux, 
au moment de leur arrivée, un certain nombre de cas de typhus. L’exten- 
sion de l’éprdémie et la contamination du personnel médical et infirmier 
étaient donc à craindre dans cet hôpital. 

Notre expérience a été ainsi conduite : 


Cuoix pu virus. — Six personnes, appartenant au service médical (cinq Français 
dont deux dames, un Serbe) ont reçu à 7 jours d'intervalle deux inoculations de 
sérum de cobayes infectés; 25 soldats serbes, à 9 jours d'intervalle, deux inoculations 
de sérum de malades. 

Les cobayes utilisés ont été le cobaye 198 (59° passage de notre virus I), saigné au 
3° jour de son typhus et le cobaye I. T. (57° passage de notre virus Il) au 2° jour 
( Courbes 1 et 2); les deux malades, les soldats serbes M. G., au 8° jour de son infec- 
tion et M. I., au 10°, tous Ps atteints assez p (Courbes 3 et 4). 


PRÉPARATION DU VACCIN. — Le sang de cobaye ou d'homme est recueilli aseptiquement 
et placé dans un endroit frais; après 15 a on agite légèrement le vase de façon à 


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mettre la couche leucocytaire en suspension, puis on centrifuge 5 minutes 


débarrasse le sérum de toutes les cellules et débris cellulaires, 


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Suites, — L'inoculation du sérum humain a 
d'œdème éphémères au point d’inoculation. Il n'y a eu chez aucune réaction générale 


ou fièvre, même abortive, dans les jours qui ont suivi. 


SÉANCE DU 10 JUILLET 1916. T 

Erricacitk. — Aucun de nos vaccinés n’a contracté ultérieurement le typhus. Des 
mesures énergiques contre les poux ayant été prises dès l’arrivée des soldats serbes, 
l'épidémie s’est arrêtée en quelques semaines, après avoir frappé seulement une ving- 
taine de soldats non vaccinés sur un effectif de.-quatre cents. 

L’immunité de nos vaccinés ne saurait donc être attribuée sûrement à la 
vaccination. 

Notre tentative n’en porte pas moins une conclusion pratique, c'est que 
la méthode, se montrant inoffensive, puisque 38 personnes lont subie 
jusqu’à ce jour sans inconvénients, il y aurait lieu de l’employer, en cas 
d’épidémie, sur une plus vaste échelle. Il n’y a pas d'autre moyen de la 
juger et c’est la seule de laquelle on puisse actuellement attendre un 
résultat en matière de vaccination préventive du typhus exanthématique, 


M. Arreo Larrieus adresse des Lettres sur l'unification des jorces et des 
phénomenes de la nature. 


(Renvoi à la Section de Mécanique.) 


A 16 heures et quart l’Académie se forme en Comité secret, 


$ 


La séance est levée à 16 heures et demie. 
A. LX. 


42 ACADÉMIE DES SCIENCES, 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE, 


OUVRAGES REÇUS DANS LES SÉANCES D'AVRIL 1916. 


Indications pratiques sur l'alimentation de nos troupes pendant leur instruction. 
et en campagne, par le D" E. Maure. Extrait de la Revue d'Hygiène et de Police 
sanitaire, t. XXXVIII, n° 2, février 1916, p. 156. Paris, Masson, 1916; : I fasc. in-8°, 
(Présenté par M. A. FNTAN ) 

Storia della Chimica; XI. Jöns Jacob Berzelius e la sua opera scientifica, par le 
D” Lao Guarescui. Torino, Unione tipografico-editrice torinese, 1915; 1 fasc. in-8», 
(Présenté par M. Haller.) 

Bulletin du Service soit de inde Chine Vol. Il, AN iz: is succession iiie 
horizons paléozsoïques dans la région de Hoa-Binh et de Cho-Bo, par J. DEPRAT; — 
fasc. IL: Le Trias et le Lias sur les feuilles de Son-Tay et de Phu-Nho-Quan 
(Tonkin), par J. Derrar; — fasc: II : Vote sommaire sur la géologie du Sud- 
Annam, de la Cochinchine et du Cambodge, par H. Lanrenois. Hanoï-Haïphong, 
Imprimerie d’Extrême-Orient, 1915; 3 fasc- in-8°. (Présenté par M. Termier.) ; 

Mémoires du Service géologique de l’Indo-Chine. Vol. III, fasc. IV : Étude des 
plissements et des zones d’écrasement de la moyenne et de la basse Rivière Noire, 
par J. DeprarT; — Vol. IV, fase. I: Étüde des fusulinidés.dé Chine et d’Indo-Chine 
et olaia sa cause à à fusulines. (4° Mémoire) : Les fusulinidés des cal- 
Derrar. Hanoï- Beton. Imprimerie d’ Exirèdie-Orieut, 1915; 2 fasc. in- 4 (Pré- 
senté par M. Termier.) 

Rapport sur les opérations du Service d’inspection des établissements classés 
dans le département de la Seine pendant l’année 1914, présenté à M. le Préfet de 
Police, par M. PauL Apam. Paris, Chaix, 1915; 1 fasc. in-4°. 

Forme anafilattiche, Eziologia, Sintomatologia, Profilassi e Cura, par le 
Dr Ernesto Pesci. Torino, Merlo e Parigi, 1916; 1 vol. in-8°. 

Statistiek van den handel en de in- en uitvoerrechten in Nederlandsch-Indië 
over het jaar 1914. Dell I. Batavia, Landsdrukkerij, 1915; 1 vol. in-4°. 

Kungl. Svenska Vetenskapsakademien. Personfôrteckningar 1739-1915, Meio 
af E.-W. DauLérex. Stockholm, Almquist et has 1915; 1 vol. in-8, 

Kungl. Svenska og n Arsbok Jôr år 1915. Stockholm, Alm- 
quist et Winksells, 1915 ; 1 vol. in- 

Lefnadsteckningar öfver Kungl. Sie Vetenskapsakademiens efter år 1854 

aflidna Ledamöter, Band 5, Häfte 1. Stockholm, Almquist et Wiksells, 1915; 1 vol. 
in-8°. 


SÉANCE DU 10 JUILLET 1916. 43 


Kungl. Svenska Vetenskapsakademiens Arkié för Mathematik, Astronomi óch 
Fysik, Band 10, Häfte 4; — Arkiv för Kemi, Mineralogi och Geologi; Band 6; 
Häfte 1; — Arkiv för: Botanik, Band 14, Häfte 2; — Arkiv för Zoologi, Band 9, 
Häfte 3-4. Stockholm, Almquist et Wiksells, 1915 et 1916; 4 vol. in-8e. 

Kungl. Svenska A AEAEE Handlingar. Band 51, n°s 1, 9, 3, k, 5, 
6, 7, 8, 9, 10, 11; band 53, a% 1, 2, 3,5, 5. Stockholm, Almquist et Wiksells, 1913- 
1919; 16 fasc. is. 

Fear-Book of the Royal Society, 1916. London, Harrison and Sons, 1916; 1 vol. 
in-8°,. 

Philosophical Transactions of the Royal Society of London. Discussion of Kew 
magnetic data, especially the diurnal inequalities of horizontal force and vertical 
force, from ordinary days of the eleven years 1890 to 1900, by C. Carge. London, 
Harrison and Sons, 1916; 1 fasc. in-4°. 

Ministère de l'Agriculture, Égypte. Service technique et scientifique. Bulletin n° 1 
(Section d’Entomologie) : Rapport sur le fonctionnement pendant les deux pre- 
mières années de la loi sur la rotection des plantes (loi n° 5 de 1913), par G. 
STOREY; — Bulletin n° 2 (Section d’Entomologie) : Nature des dégâts causés par le 
ver rose de la capsule ( Gelechia gossypiella Saund.), par le D" Lewis Gouen. — 
Bulletin n° 3 (Section de Chimie) : Vote sur les alcaloïdes de certaines Solanées 
égyptiennes, par Frank Hueues. Le Caire, Imprimerie nationale, 1916; 3 fasc. in-$e, 

Department of Marine and Fisheries, Meteorological Service of Canada. Upper 
air investigation in Canada; part 1 : Observations by Registering Balloons, by 
J. PaTTEeRsoN. Ottawa, Government printing bureau, 1915; 1 fasc. in-8°, 

Report of the teriontétal Research Institute and College, Pusa, 1914-1915. 
Calcutta, Superintendent government printing, India, 1916; 1 fasc. in- 

Annual report of the Board of Scientific Advice for India for the year 1914- 
1915. Calcutta, Superintendent government printing, India, 1916; 1 fasc. in-8°. 

Records of the Survey of India, Vol. VI : Completion of the Link connecting 
the Triangulations of India and Russia, 1913. Dehra Dun, printed at the Office of 
the trigonometrical Survey, 1914; 1 vol. in-4°. 

U. S. Department of Labor. Bureau of Labor Statistics. The Boot and Shoe In- 
dustry in Massachusetts as a vocation for Women. Wholesale Prices 1890 to 1914. 
Washington, Government printing Office, 1915; 2 fasc. in-8°. | 

Leland Stanford junior University publications. The Pronoun of Address in en- 
glish Literature of the Thirteenth Century, by Arraur Garriezn Kenxeny. — The 
Anoplura and Mallophaga of North american Mammals, by Verson Lyman KeLLOGG 
and Gorpon FLoyp Ferris. Stanford University, California, 1915; 2 fase. in-8°, 

Annual Report of the Director of the mount Wilson solar Observatory. Carnegie 
Institution of Washington, 1915; 1 fasc. in-8°. 

Wisconsin geological and natural history Survey. Bulletin n° XXVIII, Soil series 
n° 2 : Soil Survey of Waushara County Wisconsin; —Balletin n° XXXV, Economic 
series n° 17 : The underground and surface water supplies of Wisconsin, by SamueL 
Weinman and Azrren ScauLtz; — Bulletin n° XXXVII, Soil series n° 7 : Soil Survey 
of Fond du Lac County Wisconsin; — Bulletin n° XLIV, Economic series n° 19 : 


44 ACADÉMIE DES SCIENCES. 
Mineral land Classification, by Horcuxiss. Madison Wis., 1915; 2 vol. in-4° et 
2 vol. in-8°. 

Icones Plantarum Formosanarum nec non et contributiones ad floram formo- 
sanam, par Bunzo Hayata, vol. V. Government of Formosa, Taihoku, 1915 ; 1 vol. in-4°. 


ERRATA. 
(Séance du 3 juilletér916.) 


Élections. 


Page 7, ligne 7, au lieu de Grasset, lire Brachet. 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 47 JUILLET 19146. 


PRÉSIDENCE DE M. Ep. PERRIER. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. 


Après le dépouillement de la Etappi M. le Présinenr s'exprime 
en ces termes : 


Aux pertes nombreuses que l’Académie des Sciences a faites depuis le 
commencement de la guerre, une perte nouvelle vient s'ajouter, celle 
d'Écias Mercuviorr qui, Russe d’origine, ayant gardé sa nationalité, 
faisait partie du cadre de nos Associés étrangers; mais il habitait depuis 
longtemps les environs de Paris, il était sous-directeur de l’Institut Pasteur 
où il est mort, dans l'appartement même de Pasteur après avoir été soigné 
dans une modeste chambre de l'hôpital. Quoiqu'il vint rarement à l’Aca- 
démie, nous le considérions comme un Pépin illustre etune des gloires 
de nos corps savants. 

Il était né en 1845, à Kharkoff, en Russie; maisil fut initié aux recherches 
scientifiques en Allemagne par von Siebold et Leuckart qui l’orientèrent 
d’abord vers l'étude des Parasites. C’est ainsi qu’il découvrit qu’un Ver 
nématode hermaphrodite, le Rhabdonema nigrovenosum, parasite du pou- 
mon des Grenouilles, donnait naissance à une génération de Vers sexués, 
; vivipares, venant se ranger dans le genre Rhabiktis et dont les larves, après 
avoir vécu quelque temps dans la vase, revenaient dans les Grenouilles, mais 
pour habiter leur tube digestif. 

En 1865, il étudiait des Vers Re peu connus, à ventre cilié 
auquel il donnait, en raison de ce caractère important, le nom de Gastéro- 
triches, remplaçant celui d’Ichthydines qu'on leur donnait jusque-là et qui 
faisait simplement allusion à à leur forme générale ; il les considérait comme 


Py: 


GR, 1916, 2* Semestre. (T. 163, N° 3. ) # 


46 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


intermédiaires entre les Rotifères et les Nématodes. En 1866, il faisait 
connaître un Rotifère nouveau, l’Apsilus lentiformis, qui se fixe par une 
ventouse aux feuilles de Nénuphar. En 1867, cherchant à préciser les affi- 
nités des Vers qui avoisinent les Nématodes, il étudiait à Salerne les 
Chœtosoma découverts à Saint-Vaast-la-Hougue par Claparède, et s’en 
servait pour relier aux Nématodes. les singulières Sagitta qui nagent en 
haute mer. 

L'année précédente (1866), il avait étudié à Giessen une planaire vivant 
dans la tourbe, le Geodesmus bilineatus, sur laquelle nous reviendrons. 
En 1870, son attention se porte sur une larve singulière, la Tornarta, décou- 
verte par le naturaliste allemand Johannes Müller qui la considérait comme 
une larve d’Étoile de mer. Metchnikoff suit son développement, et montre 
qu’elle se transforme en un ver fouisseur, marin, le Balanoglossus, signalé 
déjà à Messine par Delle Chiaje et oublié jusqu’à ce que Keferstein eût 
signalé sa curieuse organisation. Quatre ans plus tard, Alexandre Agassiz 
confirmait ce résultat inattendu. Or, en 1866, Alexandre Kowalevsky avait 
trouvé que le tube digestif des Balanoglosses présentait, dans sa région 
antérieure, des poches communiquant avec l'extérieur et rappelant les 
poches branchiles de l Amphioxus et des Lamproies. Il n’en avait pas fallu 
davantage pour faire du Balanoglosse un ancêtre lointain des Vertébrés et 
comme, d’autre part, sa larve semblait l’apparenter aux Étoiles de mer, la 
conclusion naturelle était que celles-ci devaient, à leur tour, être placées sur 
l'arbre généalogique des Vertébrés. 

D'autre part, en 1877; Hæckel avait cherché à établir que la forme pri- 
mitive de tous les animaux était une bourse à doubles parois, séparées par 
une cavité destinée à devenir la cavité générale du corps. La paroi interne 
de la bourse correspondait, de son côté, à la cavité digestive, tandis que sa 
paroi externe correspondait au tégument. C’est cette conception qu’on a 
appelée la Gastræa-théorie. Cette Gastræa-théorie fit fortune, d'autant plus 
qu’on pouvait l’appuyer sur des faits nombreux. Reprenant l'embryogénie 
de son Geodesmus, Metchnikoff, alors professeur à Odessa, trouva que, dès 
le début, le tube digestif de cette planaire était plein et que la digestion était 
opérée par les cellules avec lesquelles les aliments se trouvaient en contact 
immédiat. 

e Geodesmus ne rentrait pas, en conséquence, dans la Goias théorie et, 
si l’on devait le considérer comme une forme primitive, il fallait aban- 
donner les idées d'Hæckel. Cette conclusion, comme celle relative à la 
parenté des Échinodermes et des Vertébrés, était, sans doute, un FE hâtive; 


SÉANCE DU 17 JUILLET 1916. 47 


mais les travaux que nous venons d'examiner montrent, chez leur auteur, 
une originalité précoce, une rare indépendance d'esprit, en même temps 
que leur nombre indique son ardeur au travail. 

Dès ce moment Elias Metchnikoff, qui avait travaillé à Odessa avec 
Alexandre Kowalevsky, se voue entièrement à l'Embryogénie; il rêve 
d'établir sur de nouvelles bases l'Embryogénie comparée, et de s’en servir 
pour expliquer le mécanisme de la formation des organes dans les orga- 
nismes, et pour déterminer les causes de leur complexité et de leur diversité. 

Dès 1869, les deux savants avaient étudié ensemble les Tuniciers sur 
qui Kowalevsky avait fait de si étonnantes découvertes et Metchnikoff 
avait publié un travail sur les larves des Botrylles qui couvrent de plaques 
marquées d'étoiles et brillamment colorées la face inférieure des rochers 
baignés par la mer; il s'attaque en 1874 au développement des Méduses 
et des Siphonophores, ces singuliers organismes flottants, abondamment 
ramifiés qu’on a tantôt considérés comme des organismes autonomes, tantôt 
à la façon de Lesueur, comme des associations de Polypes et de Méduses. 
Metchnikoff montre qu'ils se développent exactement à la façon des 
arborescences que forment les Polypes et doivent, par conséquent, être eux 
aussi considérés comme des associations, mais il en fait des associations de 
Méduses, idée que reprendra plus tard Hæckel. Cela n’a aucune impor- 
tance, les Méduses étant elles-mêmes une sorte de fleur monopétale, formée 
par des Polypes. 

L'étude des tonne, conduit d’ailleurs Metchnikoff à des con- 
sidérations sur l’origine de l’individualité animale, où il se montre aussi 
profond théoricien qu’observateur exact. Il est bientôt amené à préciser le 
sens des métamorphoses qu’éprouvent tant d’animaux marins et qui ne 
permettent pas de soupçonner, dans les premiers temps de leur éclosion, la 
nature de tant de larves dont l’origine et le sort demeurent inconnus tant 
qu’un heureux hasard servant un observateur patient ne vient pas les révéler. 
De même qu'il a découvert ce que devient la Tornaria, il trouve qu’une autre 
larve, elle aussi depuis longtemps énigmatique, l’Actinotrocha mirabilis, se 
transforme, par un procédé inattendu et des plus singuliers, en un petit ver 
tubicole, le Phoronis, sans organes locomoteurs, mais pourvu d'un panache 
respiratoire puissant qui avait conduit à le rapprocher des Bryozoaires; on 
en fait aujourd’hui un Géphyrine. 

Elias Metchnikoff poursuit bientôt ses recherches sur des animaux plus 
élevés. Chez les embryons des Insectes, chez ceux des Poulpes, il découvre 
des feuillets embryonnaires analogues à ceux que von Baër avait décrits 


48 : ACADÉMIE DES SCIENCES. 


chez les embryons des Vertébrés. Il fait connaître que l'embryon des 
Insectes est enveloppé dans un amnios et une séreuse analogues à celles 
qu'on observe chez les Vertébrés supérieurs. L’embryogénie des Ophiures 
et des Oursins le met d’autre part en présence d'organismes dans lesquels 
des éléments qui nagent pendant un certain temps librement dans le liquide 
de la cavité générale et s’y nourrissent, vont ensuite prendre une place 
déterminée, se fixent et construisent pièce à pièce des organes importants, 
des muscles par exemple. 

Cet ensemble de travaux et d'observations rigoureuses le conduisent enfin 
à la conception générale qui a fait sa réputation mondiale, celle de la 
phagocytose. Tous les éléments nés de la segmentation de l’œuf ne prennent 
pas une place fixe dans l'édification du corps, il en est qui demeurent 
mobilés, indépendants et continuent quand même à se nourrir et à se 
multiplier au sein des liquides organiques; ils se nourrissent des déchets 
des éléments fixes, édificateurs du corps, de ceux qui sont en voie de dépé- 
rissement et aussi des éléments étrangers qui, introduits au titre de para- 
sites dans l’organisme, le menacent de destruction. Ils englobent même les 
corpuscules inertes qu’ils peuvent rencontrer. i 

Ces propriétés en font des éléments dépurateurs auxquels Metchnikoff 
a donné le nom de phagocytes, c’est-à-dire cellules mangeuses, et leur fonc- 
tion a été, par suite, dénommée phagocytose. Chaque espèce animale 
possède ses phagocytes propres. Chez les Vertébrés et chez l'Homme, ce 
sont les globules blancs de leur sang. Il y en a de plusieurs sortes qui ont 
chacun leurs propriétés particulières et que l’on distingue soit au nombre 
de leurs noyaux, soit à leur faculté de se teindre exclusivement au contact 
de telle ou telle matière colorante. Ils s'emparent des microbes nocifs et 
constituent un des plus puissants moyens de défense contre les infections 
et les maladies; mais ils n’absorbent pas indifféremment tout ce qu'ils 
rencontrent; chaque sorte de phagocyte a ses bits particulières ‘et 
parfois ils arrivent successivement à la curée. 

C'est en 1883 que Metchnikoff a posé les bases de cette vaste théorie 
dontil jugea l'importance telle qu’il renonça à ses fonctions de professeur 
à l'Université d'Odessa pour s'adonner tout entier à son développement. 
Il la rattacha d'ailleurs à la théorie des feuillets embryonnaires, en montrant 
que la phagocytose est une propriété spéciale aux éléments du mésoderme 
dont il avait établi les liens avec le feuillet interne ou nutritif, avec lento- 
derme de l'embryon. 

La phagocytose n'est pas seulèment d’ailleurs un moyen de défense; elle 


SÉANCE DU 17 JUILLET 1916. 49 


joue un rôle important dans les transformations que subissent les êtres 
vivants et même dans leur reproduction : l'œuf est, en effet, un phagocyte 
des plus actifs ; il se nourrit des œufs plus petits qui l'entourent. 
L'importance médicale de la phagocytose ne saurait être exagérée; 
Metchnikoff en montra lui-même le rôle considérable dans ses travaux 
sur l’inflammation qui sont aujourd’hui classiques. Devenu sous-directeur de 
l’Institut Pasteur, il y a créé toute une école de qui l’on peut dire qu’elle a 
révolutionné de fond en comble nos conceptions sur la marche des maladies 
et la façon de les guérir. Il s’est employé lui-même à la recherche de procédés 
thérapeutiques ou prophylactiques nouveaux. C’est ainsi qu'ayant réussi à 
inoculer aux Chimpanzés la syphilis à laquelle les autres animaux sont 
réfractaires, il put en poursuivre l’étude expérimentale, et indiqua un 
procédé pour s’en préserver qui reste encore efficace 18 heures après le 
contact suspect. Il a étudié de la même façon le choléra infantile et la fièvre 
typhoïde, et si, pour cette dernière maladie, la vaccination a été trouvée par 
d’autres, il a du moins le mérite de l'initiative. 

Ces recherches sur les maladies lui avaient valu d’être associé à presque 

toutes les sociétés savantes; il avait remplacé Pasteur à la Société royale 
de Londres; le Congrès international de Médecine lui avait décerné en 1903 
sa plus haute récompense; en 1908, il avait partagé le prix Nobel avec 
Ehrlich. En 1900, il avait été nommé Associé étranger de notre Académie 
de Médecine et notre Académie des Sciences lui avait conféré ce titre le 
25 mars 1912, après l’avoir nommé Correspondant le 20 juin 1904. Il était 
commandeur de la Légion d'honneur. 

Quel que fût l’éciat de ses travaux en pathologie, Metchnikoff avait eu 
une ambition plus haute. L’hamanité souffre dun mal auquel aucun de 
nous n'échappe et qui en apporte avec lui une infinité d’autres : la vieillesse 
par laquelle nous sommes conduits fatalement et misérablement à la mort. 
Il y a cependant des êtres vivants qui se défendent de ses atteintes. Certains 
arbres, sinon tous, peuvent dans un bon terrain vivre indéfiniment; les 
grands Reptiles, tels que le Diplodocus des temps secondaires, ne pouvaient 
atteindre leur immense taille qu’à la condition de vivre plusieurs siècles; de 
nos jours les Requins, les Crocodiles semblent ne mourir que d’accident, 
et grandissent toute leur vie; bien que leur croissance s'arrête vite, les. 
Corbeaux et les Perroquets vivent plus d’un siècle et peut-être aussi les 
Baleines. Ne serait-il pas possible de mettre l'Homme à l'abri des atteintes 
de hage et de lui assurer une plus longue vie? 

ff s’est attaqué résol tà ce problème. Il a cherché la cause 
du blanchissement des cheveux et l’a trouvée dans des phagocytes ser 


50 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


qui détruisent les cellules pigmentaires. La longueur de notre gros intestin 
favoriserait dans son parcours la production de fermentations spéciales don- 
nant naissance à des produits tels que le scatol, indol et autres qui contri- 
buent à produire l’artériosclérose, cause principale des accidents séniles. 
Il préconise un mode d'alimentation propre à prévenir la formation ou à 
assurer la destruction de ces produits nocifs qui ne résistent pas à l’action 
de corps tels que l’acide lactique. On ne peut dire que ces recherches aient 
été couronnées d’un grand succès. 

L'aspect de Metchnikoff n’était pas celui d’un homme jeune, et il meurt 
à 71 ans, à un âge où d’autres conservent encore tout à la fois leur santé et 
leur activité. Mais on doit lui savoir gré de s’être attaqué à cette grosse 
question, d’avoir hardiment pensé qu’elle n’était pas insoluble et d’avoir 
ouvert une voie qui peut-être nous permettra d'approcher du but, sinon de 
l'atteindre. 

Les horizons qu'après Pasteur, qui demeure incomparable, Metchnikoff 
a ouverts sont immenses. L'Académie des Sciences regrette profondément 
qu'il ait été enlevé alors que son intelligence pouvait encore produire de 
grandes découvertes; elle va lever sa séance publique, en signe de deuil. 


ASTRONOMIE. — La renaissance de l’ Astronomie à Paris, à partir 
du xvi° siècle. Note de M. G. Bicourpa. 


Après avoir jeté un vif éclat au xm° et au xıv® siècle, avec Guillaume 
de Saint-Cloud et Jean de Lignières, l’Astronomie d'observation subit 
en France, même à Paris, une longue éclipse, car dans un intervalle 
de 200 ans on ne trouve à citer aucune espèce d'observation astronomique ; 
et même au xvi‘ siècle on ne rencontre que quelques déterminations.de 
latitude. 

La première est celle de Fernel, pour sa mesure du degré terrestre (!). 
Sans doute parce qu’il n'avait besoin que de données différentielles, il pro- 
cédait par des mesures de hauteurs méridiennes du Soleil et il employait 
de grandes règles parallactiques en triangle, à la manière de Ptolémée; 
la règle qui représentait le rayon était longue de 8 pieds, de sorte qu’on 
y distinguait facilement chaque minute. 


(1) Joannis Fernelii Ambianatis Cosmoragorta. Parisiis, 1528 ; in-f° de 46 feuillets. 
Cet Ouvrage étant très rare, on peut recourir utilement à un résumé qu’en a donné 
Lalande ( Mém. Acad., 1787, p. 216-222). 


j 


SÉANCE DU 17 JUILLET 1916. >L Sr 


L'histoire même de Fernel (') (14852-1558) montre quelles difficultés 
rencontraient alors ceux qni se livraient à ce genre de travaux : les 
dépenses de tous genres qu'il avait dù faire pour les siens avaient forte- 
ment dérangé sa fortune; et, cédant à une vive pression de sa famille, il 
dut les abandonner pour une profession plus lucrative. Il choisit celle de 
la médecine et y réussit d’ailleurs pleinement, puisqu'il devint, comme 
malgré lui, médecin de Henri II. 

Pour Paris il trouve 48°38’ de latitude, au lieu de 4851’ qui correspond 
à peu près au collège Sainte-Barbe où il habitait. Cette différence de 13’ 
tient à ce qu'il adoptait, pour l’obliquité de l'écliptique, la valeur trop 
grande de Ptolémée; il est vrai que les Arabes l’avaient corrigée, mais leurs 
travaux étaient encore à peu près inconnus en Europe. Avec une valeur 
correcte de cette obliquité, il aurait trouvé 48°51',5, résultat remarqua- 
blement précis. 

Le nombré inéxact donné par Fernel fut adopté non seulement par ses 
contemporains, comme Oronce Finée (1494-1565), mais encore par les 
générations suivantes (?) jusqu’au moment où Gassendi la détermina enfin 
assez exactement, en 1625 ou 1630 (°). 

Auparavant, il est vrai, d’après une lettre de Peirese (P.— C, I, 548), 
Jacques Aleaume (*) et Louis de Machault (*) l’avaient héieitiitiéé à 
diverses reprises, mais leurs résultats ne nous sont pas parvenus. 


(1) Sa vie a été écrite par Guillaume Plancé (Plantius). 

(?) Ptolémée adoptait pour cette latitude 48° 10’. 

(°) En 1625 Gassendi et Mydorge trouvent 48°45/, puis 48°52/; et en 1628 Gassendi 
paraît donner la préférence au premier de ces nombres, erroné de 5’ à 6'. En 1630, ìi 
admet 48°52. 

(*) Jacques Aleaume ou Alleaume, ingénieur militaire, était fils de Pierre Aleaume, 
élève et secréraire de Fr. Viète. Celui-ci, en 1600, absorbé par les affaires de sa charge, 
avait confié à ses élèves, Pierre Aleaume et Charles du Lys, le soin de traduire en fran- 
çais et de publier ses OEuvres; mais ce projet ne reçut pas d'exécution. Les papiers 
de Viète passèrent entre les mains de P. Aleaume, puis dans celles de son fils Jacques 
Aleaume; ce dernier remit à Anderson, pour le publier, le De Æquationum de 

- Viète (1615). J. Aleaume, qui mourut en 1627, possédait de beaux instruments, tels 
que boussoles de déclinaison, d'inclinaison, un « grand compas de perspective », un 
instrument fait par Ferrier pour tracer les surfaces paraboliques des miroirs et len- 
tilles, etc. 

Il laissa en manuscrit un « libvre des lunettes et miroirs », un traité de perspective 
édité dans la suite par Étienne Migon et qui aurait été pillé par ges + etc. 

Voir P.—C;, 1, 408, 478, 805 ; IV, 435, 517; VI, 196, 291, 671 ; VIT, 

(5) Il était le frère du P. de Machault, principal du collège dés yadätélet à Patis, et 


il mourut dans les guerres du Piémont vers 1626. Voir P.—C,, I, 30, 228, et IV, r96. 


52 . ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Contrairement à ce qu’on a soutenu parfois, la découverte des lunettes 
fut connue de très bonne heure à Paris, puisque c’est par le Parisien 
Badouère que Galilée lui-même apprit l'invention de ce merveilleux instru- 
ment. Nous connaissons d’ailleurs les observations de satellites de Jupiter 
que Peiresc fit à Paris en 1612; mais pendant quelques années il n’y trouva 
pas d’imitateurs; et en 1625, dans vne lettre à W. Snellius, Gassendi se 
plaint de n'avoir pu amener à l’Astronomie qu’une seule recrue pari- 
sienne, le jeune Pierre Le Frere (‘), mort d’ailleurs peu après. 

À cette époque, vers 1625, les seuls astronomes. que nous trouvons à 
Paris sont J.-B. Morin, Gassendi et Boulliau, qui tous avaient reçu à Aix 
les leçons de J. Gaultier, et qui allaient devenir célèbres à des titres divers. 


Jean-Baptiste Morin (°) (Villefranche-de-Beaujolais, 23 février 1583 — 
Paris, 6 novembre 1656) est le dernier des astrologues qui se soit fait une 
grande réputation. Après ses études classiques, EAD à Aix, il étudia la 
Médecine et fut reçu docteur à l’Université d'Avignon en 1603. 

Venu ensuite à Paris, il est envoyé en Allemagne par un riche protec- 
teur, Claude Dormy, pour visiter des mines et faire des recherches sur les 
métaux; il s'occupe aussi. quelque temps d’Alchimie. 

Bientôt il néglige la Médecine et s'adonne entièrement à l’Astrologie 
judiciaire. Cette fausse science, déjà battue en brèche, n'était pas sans 
danger pour les adeptes qui la mêlaient aux intrigues de Cour; mais comme 
certains hommes publics lui accordaient confiance, avec du savoir-faire 
elle pouvait aussi conduire à la fortune. - 

Quelques horoscopes réussis mirent ainsi Morin en vogue, et il eut 
successivement divers protecteurs que souvent il paraît avoir indisposés 
par ses exigences : le duc de Luxembourg, frère du connétable de Luynes 
(1621), Richelieu, Mazarin. 


Lo Ce jeune homme TS fils du premier président au Parlement de Grenoble, 
Frère de Montfort. Gassendi expose à Snellius qu'il n’y a pas à Paris de constructeur 
assez habile, et le prie de faire construire en Hollande, pour le jeune Le Frère, un bon 
quart de cercle de fer d'environ 2 pieds de rayon, donnant les minutes par transver- 
sales, et muni de tous les accessoires. Les réponses de Snellius, en mai et juillet 1625, 
nous apprennent que l'instrument fut construit en effet. 

(?) La vie de Maistre Jean-Baptiste Morin. . Paris, 1660, in-12. La même vie, 
en latin, se trouve en tête de l’Astrologia Galileo de Morin. La Haye, 1661, in-f°. 

Cette vie est écrite par un « ami », et l’on sent qu’il rapporte à peu près uniquement 
ce que disait Morin, très indulgent sur son propre compte. 

Voir aussi Bayue, Dict. critique; — Nicérox, t. III; — Decamsre, Hist. de l'Astr. 
su t. I, 235-274, etc. 


SÉANCE DU 17 JUILLET 1916. 53 


Par la protection de Marie de Médicis il obtient, en 1630, une chaire 
de Mathématiques au Collège royal; il combat les opinions de Copernic et. 
de Galilée, puis s'occupe du problème des longitudes, à la solution duquel 
étaient attachées de grosses récompenses. Ce fut l’origine de l’une des trois 
grandes querelles qui résument ce qu’il importe de savoir sur sa vie : il 
s’attira les deux autres en soutenant, avec sa fougue habituelle ('), l'immo- 
bilité de la Terre et les principes de l Astrologie judiciaire. 


Ismaël Boulliau (Loudun, 28 septembre 1605 — Paris, 25 novembre 1694) 
parait avoir été aussi silencieux que Morin fut bruyant. Il a laissé dans 
l’Astronomie une trace assez brillante, quoique cette science ait été loin 
d'être son occupation unique. Il cultiva, en effet, la théologie, l'histoire, 
les mathématiques, la bibliographie, enfin la diplomatie, qui lui fit entre- 
prendre‘divers voyages : en Hollande où il accompagne comme secrétaire 
l'ambassadeur de France; à Constantinople et dans le Levant. 

Comme astronome, Boulliau est surtout connu par ses Ouvrages théo- 
riques; c’est que ses observations, faites généralement avec des instruments 
insuffisants, sont restées en grande partie manuscrites jusqu’à la publi- 
cation des Annales célestes (1901), où Pingré en a inséré un assez grand 
nombre. Elles forment principalement deux Volumes conservés à l’Obser- 
vatoire de Paris (B, 5, 11, 12); d’autres se trouvent dans sa correspon- 
dance, à la Bibliothèque nationale (?). 


Au moment où nous nous trouvons, c'est-à-dire au premier quart du 
xvu siècle, l'immense majorité des astronomes s'applique encore à peu près 
uniquement à ce qui touche à l’Astrologie, à la mesure du temps et à la 
détermination des coordonnées géographiques. De là d'innombrables 
Tables planétaires, éphémérides astronomiques, traités sur a cadrans 
solaires, etc. 


(1) Dans la Vie de Morin, lami dit (p. 20) que notre astrologue n'était pas 
d'humeur à plier aux habitudes de la Cour, «où pour l'ordinaire on est obligé de 
mettre sur sa langue ce qui est le plus éloigné de la pousse ». L'ami ajoute (p. 21) 
que Morin avait au moins un duel par an. 

(?) Son père, qui s'appelait aussi Ismaël, avait également fait quelques observations 
astronomiques, rapportées en partie par le fils dans son Astronomia. Philolaïca. 
D’autres, probablement inédites, et relatives aux comètes de 1607 (Halley) et 1618 II, 
sont dans les manuscrits du fils (B, 5, 12, p- CR ce sont de simples alignements 
entremêlés de me astrologiques. 


C. R., 1916, 2° Semestre. A aa 8 


\ 


54 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


A partir de ce moment on suivit aussi plus attentivement les comètes, 
si longtemps regardées comme des phénomènes atmosphériques; aussi 
donnèrent-elles lieu, dès lors, à beaucoup de publications, surtout quand 
elles étaient brillantes. 

Les lunettes avaient étendu le champ des observations aux surfaces 
solaire et lunaire, mais elles étaient encore trop imparfaites pour permettre 
l’examen des surfaces planétaires. 

Aussi les astronomes qui ne pouvaient, à la suite de Tycho, s'attacher 
à la détermination des lieux des planètes et des étoiles, se bornaient 
presque uniquement aux observations d'éclipses, faites surtout en vue des 
longitudes. 

Gassendi est à peu près le seul astronome de ce temps qui fixe les posi- 
tions des planètes; et nous avons vu qu’il le faisait au moyen du Rayon. 
Un mérite de Boulliau est d’avoir souvent déterminé de même ces positions, 
mais au moyen d’estimations faites à la lunette, par rapport à des étoiles 
voisines. 

Ainsi, sans exercer un rôle brillant, l'astronomie parisienne de l’époque 
peut soutenir la comparaison avec ce qui se faisait ailleurs, sauf avec l’école 


d’Aix dont la durée fut si courte et avec celle de Dantzig, qui allait débuter 
avec Hévélus. 


La première observation parisienne que nous rencontrons est celle de 
l'occultation de l'Épi de la Vierge par la Lune; elle fut faite le 5 za 1623 
par Boulliau qui avait momentanément titte Loudun., 

Gassendi, à Digne, ne vit alors qu’une appulse; mais venu ensuite à 
Paris, en 1625, il y observa une occultation de Vénus le 9 février, ainsi 
qu'une éclipse de Lune le 23 mats. | 

Cette occultation fut observée à l'œil nu : Gassendi, non prévenu sans 
doute du phénomène, se promenait, dit-il, sur le Pont-Neuf, et nota l’heure 
à l'horloge de la Samaritaine; ue par une hauteur de Sirius prise avec 
un quart de cercle de carton, il s’assura que l’ HORS était à peu près bien 
réglée. : 

Quant à l’’éclipse du 23 mars, elle fut observée avec plus de soin. Gassendi 
s'était associé pour cela à Mydorge ('), qui possédait un quart de cercle 


9 


(1) Claude Mydorge (Paris, 1585 —juillet 1647) fut d’abord conseiller au Châtelet, 
puis trésorier de la généralité d'Amiens, charge qui lui laissait bien des loisirs et la 
facilité d'habiter Paris. 

Après la mort de Viète, il passait pour le plus habile mathématicien de France. Il 


SÉANCE DU 17 JUILLET 1916. 55 


de fer de 1 pied seulement du rayon, mais très bien divisé, dit Gassendi, et 
muni de tous les accessoires nécessaires pour en rendre l’usage très com- 
mode. 

Gassendi et Boulliau étant retournés Tres dans sa province, Mydorge 
seul observa léclipse de Lune du 20 janvier 1628 à Paris; du moins 
Gassendi ne cite que lui; mais une lettre de Peiresc (P. — C,, V, 274) dit 
que Des Hayes (‘), le P. Mersenne, Morin et d’autres prirent part à 
l'observation de Mydorge. 


Passage de Mercure de 1631 (*). — Revenu à Paris de 1630 à 1632, 
Gassendi fut seul à observer les phénomènes remarquables de ces deux 
années (°), notamment le passage de Mercure sur le Soleil du 6 no- 
vembre 1631. 

Ce passage avait été annoncé par Képler en 1630, au moyen de ses 
Tables Rudolphines, dressé moyen des observations de Tycho. Beaucoup 
d’astrondmes se préparèrent donc à l’observer, mais Gassendi fut à peu 


consacra de grosses sommes à des expériences de tout genre, principalement d'optique; 
et en 1627, il fit tailler pour Descartes, alors très occupé aussi d’optique, des objectifs 
de diverses formes, paraboliques, hyperboliques, etc. Ces formes d'objectifs avaient 
déjà occupé Aleaume. 

(') Mydorge était marié à la sœur de La Haye, ambassadeur de France à Constan- 
tinople. Cet observateur serait donc ou l'ambassadeur lui-même, ou quelqu'un de sa 
famille. 

{A Cette date de 1631 est mémorable aussi en Astronomie et en daddies: par 
linvention du vernier, signalée alors dans l’Ouvrage suivant : 

La construction, l'usage et les propriétés du QUADRANT NOUVEAU DE MATHÉMA- 
TIQUE, ..., composé par Pierre Vernier, capitaine et chastellain pour Sa Majesté au 
chasteau Dornans, Conseillier et Général de ses Monnoyes au Comté de Bourgogne. 
À Brusselles, 1631; in-12 de 122 pages. 

Ce titre rentent tout ce que nous savons sur l'auteur, et Lalande fit à ce sujet de 
vaines recherches ( Bibliogr., p. 196, et Astr., t. H, p.594). Il fut plus heureux en protes- 
tant contre le nom de Nonius que, même encore, les étrangers donnent parfois au petit 
arc qui constitue le vernier : le procédé de Nonius, pour lire les plus petites parties 
d'une division, est tout différent et abandonné depuis longtemps. 

L'Ouvrage de Vernier indique un esprit vigoureux qui avait vu toute la portée de 
son invention. ee il est rare, on peut consulter le résumé qu’en donne Delambre 
(Hist. Astr. mod.: II, p. 119-122). Voir aussi Mémoires de Math. et de Phys. 
rédigés à l’Obs. de RAR tI,” Parle, p. 

(3) Voici ces observations en dehors de cofle FA passage Le Mercure : 1630 juin 10, 
éclipse de Soleil; — juin 19, occultation de Saturne par la Lune; — 1631 novembre 8, 
éclipse de Looe - 1632 février 5, occultation de Mars par la Lune. 


56 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


près seul à y réussir. C’est qu’alors on attribuait aux planètes des dia- 
mètres énormes, par exemple 3° à celui de Mercure, qui alors aurait été 
très visible à l'œil nu sur le Soleil; en réalité il n’atteignait que le = soit 

o” environ, et au premier moment (rassendi, qui observait par projection 
à à la chambre noire, le prit pour une petite tache, dont il marqua la 
position. 

Quant à l'heure, elle devait être déduite de hauteurs du Soleil, prises au 
quart de cercle par un aide placé dans une pièce inférieure, et auquel on 
donnait le signal en frappant sur le plancher. 

Des nuages étant survenus, l’aide quitta cet instrument et quand 
Gassendi, dans une éclaircie, eut constaté le déplacement de la tache, il 
ne put avoir l’heure. C’est ainsi qu'il observa seulement la sortie de la 
planète. 

Cette observation n’en fut pas moins très précieuse, et elle est justement 
célèbre. 


Gassendi ayant de nouveau quitté Paris, les observations astronomiques 
s’y trouvèrent momentanément négligées, tandis qu’elles prenaient en 
Provence le remarquable développement que la mort de Peiresc devait 
interrompre en 1637. 

C’est dans l'intervalle, en 1634, qu'eut lieu la éiféteste bien connue de 
l’Arsenal sur la détermination des longitudes et que, par décision de 
Louis XIII, le méridien de l’île de Fer i choisi comme premier méridien, 


CORRESPONDANCE. 


M. Derase, élu Correspondant pour la Section de Moderne et Chirur- 
gie, adresse des remerciments à l’Académie. 


M. Baratos, élu Correspondant pour la Section d’Anatomie et Zoolo- 
gie, adresse des remerciments à l’Académie. 


SÉANCE DU i7 JUILLET 1916. 57 


CHIMIE PHYSIQUE. — Démonstration du caractere rationnel des nouvelles 
formules de solubilité. Note (') de M. Aus. Cozsox. 


Dans ma dernière Note (?), j'ai indiqué les formules qu'aurait pu trouver 
Van’t Hoff en suivant sa méthode, mais en appliquant plus strictement les 
principes fondamentaux de la Thermodynamique aux solutions réver- 
sibles (° ). 

J'arrivais à conclure que, dans certains cas, la solubilité C est liée à Ja 
chaleur de saturation L à T° par l'égalité 


L 
Ca Ge" 


et que, dans le cas général, intervient le volume du dissolvant V, capable 
de dissoudre une molécule saline à T° sous la pression osmotique correspon- 
dante p ainsi que la contraction £ entre l’état final (solution saturée) et 
l'état initial (eau-sel). Il en résulte que 

L.adT—=A.T.(V,+e).dp. 


Il restait toutefois à prouver que les principes de la Thermodynamique, 
exclusivement appliqués jusqu'ici aux systèmes monovariants (vapeurs 
saturées, dissociations hétérogènes, ...), s'étendent aux dissolutions qui 
sont des systèmes bivariants. 

C’est cette lacune que je me propose de combler. Pour cela, je vais éta- 
blir que le rendement d’une machine actionnée par la pression osmotique 
est celui d’une machine de Carnot, r 

À la base d’un cylindre fermé par une paroi semiperméable, j'introduis 
une molécule du corps soluble en léger excès u. Sur le corps appuie un 
piston constamment maintenu à une pression un peu inférieure à la pression 
osmotique p correspondante å la température de saturation T°. 

En plongeant le piston dans le liquide dissolvant, celui-ci passe à travers 
la paroi semi-perméable, se sature et exerce sous le piston une pression sans 


(1) Séance du 10 juillet 1916. 
(?) Comptes rendus, t. 162, 1916, p. me. 


(°) Dans cette Note, à la page 754, Ce v doit être remplacé par + vi mais le rem- 


placement du Lime d'eau par celui de la diélatoo V n’altère en rien mes conclu- 
sions, : Fo | 


58 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


cesse égale à la pression osmotique à T°, par définition, puisque l’on com- 
pense par une source chaude la chaleur moléculaire de dissolution à satura- 
tion L, afin de maintenir invariablement la température T°. 

Quand la molécule est dissoute, on supprime la source chaude tout en 
déchargeant faiblement et progressivement le piston. L’eau pénètre alors 
dans le cylindre, dilue la solution et provoque un abaissement de tempéra- 
ture dT, d’après mes expériences sur les chlorures alcalins, etc. Néanmoins, 
il ne se dépose pas de sel et la solution reste à tout moment saturée 
grâce à l'excès u. 

Portons en abscisses les pressions osmotiques p et les volumes V en 


Ar 


DL 


3 A P 


ordonnėes. Soit AB une longueur représentant le volume V, du sel solide, 
AC le volume V de la dissolution saturée à T°. La branche CD figurera la 
suite des états de la dissolution passant de l’état saturé à T à l’état saturé 
à T — dT. 

Comprimons sous la pression p — dp la solution, maintenue à FT — dT par 
une source froide : la droite DE figurera la suite des états qui amène le 
dépôt de la molécule solide dissoute. Une compression adiabatique allant 
de p— dp à p nous ramène en B, par une suite d'opérations réversibles. 

L'aire du rectangle curviligne BCDE représente le travail extérieur 
accompli pendant ces transformations, et il est équivalent à la chaleur 
absorbée dL, c'est-à-dire égal au produit 425 x dL. Donc 


425 x dL = (V — Vo) dp. 


D’autre part, le cycle étant réversible, on a 


SÉANCE DU 17 JUILLET 1916. 59 
Éliminant dL entre ces deux équations, on retrouve 
425 x Lx dT= (V = V,) x T x dp. 


[ntroduisons le volume d’eau V, capable de dissoudre une molécule de 
sel à T, le facteur [ V — V,]devient[V,+(V —V,—V,);or(V,+ V,—V) 
représente la contraction £, différence entre l’état initial et l’état final du 
système. Ainsi on retrouve la forme indiquée dans ma Note antérieure et 
rappelée au début de celle-ci. 

Je rappelle que cette formule, différente des relations admises, précise les 
analogies qui existent entre les dissolutions saturées et la fusion, relie ces 
deux genres de phénomènes et explique ce fait siugulier que la contraction e, 
dont J. Thomson a montré le rôle prépondérant dans la fusion des corps, 
n'a pas d'action sensible sur lallure des dissolutions. Il était donc bon d’en 
établir directement le caractère rationnel. 

Le raisonnement antérieur qui a donné cette formule est donc bon. 
Appliquons-le au cas où intervient la chaleur d’équilibre p, c’est-à-dire la 
chaleur de dissolution d’une molécule solide dans une dissolution presque 
saturée. 

Dans la nouvelle formule, le volume V‘ du dissolvant est beaucoup plus 
grand que le volume d’eau V, de la formule en L. D’autre part, la pression 
constante sous laquelle se développe ce volume V; est la différence p — po 
de deux pressions osmotiques voisines : celle de la solution saturée p et 
celle de la solution presque saturée p,. Dans ces conditions, le travail déve- 
loppé dans ce genre de saturation (V; +e)(p — po) correspond à la cha- 
leur d'équilibre p à T°, comme dans le cas précédent le travail (V,+e)p 
` correspondait à la chaleur de saturation L à T°; de sorte que le travail élé- 
mentaire relatif au cycle réversible ( V; + €) x d(p — p,) correspond à 


425 x dii ii 2an sa 
d’où la formule . 
po x dT=A XT(V,+e) x d(p — po). 


Conclusion. — L'application de ces formules rati ntre l’impor- 
tance des chaleurs L et o, malheureusement peu connues encore. Chacune 
a son rôle dans l’étude des solubilités; je ne le discuterai pas ici. 


60 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


CHIMIE BIOLOGIQUE. — Synthèse biochimique d'un galactobiose. 
Note (') de MM. Em. BourquELor et A. Auery, présentée par M. Moureu. 


On sait que, si l’on traite du glucose d en solution concentrée par de 
l’'émulsine, on détermine la formation d’un hexobiose résultant de l’union 
de 2™°! de l’hexose. On a pu réaliser ainsi la synthèse d’un glucobiose déjà 
connu sous le nom de gentiobiose (°) et qui, conformément à la doctrine de 
la réversibilité des actions fermentaires, est hydrolysé, SN a est en 
solution étendue, par le même ferment (°). 

Dans les recherches que nous résumons aujourd’hui (+), nous avons pu 
effectuer la synthèse d’un nouvel hexobiose, résultant, celui-ci, de l’union 
de 21 de galactose d : d’un galactobiose, par conséquent. 

Cette synthèse a été obtenue, comme celle du gentiobiose, à l’aide de 
l’émulsine, mais en faisant agir ce produit fermentaire sur du galactose. 


On a préparé 1200°% d’une solution aqueuse de galactose saturée à + 20° et on l’a 
additionnée de 68 d’émulsine et d’un peu de toluène. La proportion de sucre entrée en 
solution a été dosée : elle était d'environ 345 pour 100°%. Avant l'addition de l’émul- 
sine, la rotation de la solution était de + 58°20'; après cette addition, elle n’était plus 
que de + 58°4'. 

On a abandonné le mélange à la température du laboratoire, en ayant soin d’agiter 
de temps en temps, jusqu’au moment où la réaction, caractérisée par une diminution 
de la rotation nous a paru arrêtée. À ce moment, exactement après 5 mois el 12 jours, 
la rotation avait passé à -- 55°29’, ayant diminué, par conséquent, de 2°36’. 

Le mélange ayant été porté à 100° pour détruire le ferment, puis refroidi, on l 
additionné de 3*°1 d’alcool à 90°, après quoi on a filtré et distillé pour retirer l’alcool, 
Pour débarrasser le résidu du galactose non combiné, on l’a dilué avec de l’eau distillée 
et additionné de 108 de glucose par litre; on a ajouté ensuite de la levure basse, qui, 
en présence du glucose, a fait fermenter rapidement l’un et l’autre sucre. La fermen- 
tation terminée, on a filtré le liquide, puis on l’a fortement concentré par distillation 
sous pression réduite. Le produit résiduel a été alors purifié de ‘hecrentes façons et 


(°) Séance du 10 juillet 1916. 

(2) Éu. Bourquecor, A. Hérissey et J. Comre, Synthèse biochimique d’un sucre 
du groupe des hexobioses, le gentiobiose (J. de Pharm. et de Chim., 7° série, t. 8, 
1913, P- 441). 

(#) Le mot « émulsine » désigne ici le produit tel qu’on le retire des amandes et 
qui contient plusieurs ferments. Celui qui agit dans la synthèse du gentiobiose est 
un ferment spécial qui a été appelé gentiobiase. 

(*) Elles seront exposées en détail dans un autre recueil. 


SÉANCE DU 17 JUILLET 1916. re 


amené à létat d’extrait ferme, jaune, transparent. Cet extrait a été enfin épuisé à 
lébullition par de l'alcool fort. 


Les tentatives que nous avons faites pour obtenir, à l’état cristallisé, le 
produit formé par l’émulsine n’ont pas réussi jusqu'ici. Nous avons pu 
démontrer cependant que c’était un galactobiose et nous avons établi ses 
principales propriétés. 

Sa nature d’hexobiose a d’abord été démontrée par les Super de son 
osazone. Cette osazone, en effet, comme les osazones de tous les hexobioses 
réducteurs connus, est soluble dans l’eau bouillante. Comme d’ailleurs, 
dans le traitement de la solution du produit par l’acétate de phénylhydra- 
zine, il ne s’est pas fait de précipité insoluble dans le liquide bouillant, ils’en- 
suit, avec certitude, que ce produit était complètement débarrassé de 
galactose libre, sans quoi il y eut eu formation de galactosazone, laquelle 
est insoluble. 

Il s'ensuit en outre que le pouvoir réducteur que possède le produit lui 
appartient en propre. Des expériences particulières, portant sur des échan- 
tillons variés, ont montré que 18 de l’hexobiose réduit comme of,584 
à 06,625 de galactose. Ce sont là des chiffres très voisins de ceux qu'on a 
trouvés pour d’autres hexobioses, notamment pour le gentiobiose (0,617). 

L’osazone a été purifiée à deux reprises par dissolution dans l’eau bouil- 
lante et cristallisation par refroidissement; elle se présentait sous formes de 
belles aiguilles jaune franc, lesquelles, rassemblées sur un filtre, lavées à 
l’eau froide et desséchées dans le vide sulfurique ont donné un produit 
. brun foncé. Ce produit trituré dans un mortier a fourni une poudre jaune 
qui, chauffée lentement, au bain d'huile, dans un tube a bruni vers 100°, a 
commencé à se ramollir vers 114° eta fondu complètement à 126°, 7 ( corr.). 
La même poudre desséchée successivement à 90° pendant 3 honeen, puis 
à 100° pendant 4 heures, ne brunissait plus que vers 115°; elle se ramollissait 
ensuite et fondait encore à 126°,7 (' 

Le produit, hydrolysé à 106° par l’acide sulfurique à 3 pour-100, a fourni 
un sucre réducteur possédant le pouvoir rotatoire du galactose. C'est ainsi 
que, pour quatre échantillons différents, on a trouvé comme pouvoir rota- 


(1) Ém. Fischer et E.-Fr. Armstrong paraissent aussi avoir obtenu, par voie chi- 
mique, un galactobiose; il diffère en tout cas de celui que nous décrivons, car son 
osazone fondait seulement à 176°-178° (corr.). Ils n’indiquent pas, d’ailleurs, d'autres 
propriétés de ce galactobiose qu'ils en a e chem. 
Gesells., t. 35, 1902, p. 3144). + 

C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 3) 9 


62 ACADÉMIE DES SCIENCES. 

toire, à + 20°, du sucre provenant de l’hydrolyse : ap = + 76°,1, + 75°, 
+ 76°,9 et + 79°,5, c'est-à-dire, étant donné que le produit n’était pas 
complètement pur, des chiffres aussi rapprochés que possible du pouvoir 
rotaloire classique (+ 79° à + 80°). L’hexobiose résultant de l’action syn- 
thétisante de l’émulsine est donc bien un galactobiose. 

On a déterminé aussi le pouvoir rotatoire du galactobiose lui-même, et 
l’on a effectué cette détermination dans l’eau et dans l’alcool. On a trouvé, 
à 19° : 1° dans l’eau : à, — + 54°,1; 2° dans l'alcool à 90° : «, — + 39°,3; 
3° dans l'alcool à 40° : «p= + 49°,18. On voit que le pouvoir rotatoire de 
ce biose est notablement plus faible dans l'alcool que dans l’eau, diminuant 
à mesure que le titre alcoolique augmente. 

Enfin, on a essayé l’action hydrolysante de l’émulsine sur le galactobiose 
en solution aqueuse étendue. On a opéré sur une solution renfermant 18,960 
de biose pour 50%. Cette solution réduisait comme si elle avait renfermé 
1#, 225 de galactose. Elle accusait une rotation de + 4°12' (l= 2). On l’a 
additionné de 0#,35 d’émulsine, ce qui a abaissé la rotation à + 3°56’, puis 
on a abandonné le mélange à la température du laboratoire. Voici les résul- 
tats observés jusqu’au douzième jour : 


Durée de l'action. Rotation (l = 2). Réduction. 
o r 
e SC + 4.14 » 
jours... +4.40 
rajons oon. +4.48. 18, 450 


Comme on pouvait le prévoir, la doctrine de la réversibilité se trouve 
vérifiée : le galactobiose est hydrolysable par lémulsine (par un ferment 
spécial contenu dans l’émulsine). L’hydrolyse s’est effectuée d’ailleurs len- 
tement, car en 12 jours il y a eu moins de 5o pour 100 du biose hydrolysé. 


PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur la présence d’une phycoérythrine dans le 
Nostoc commune. Note de M. E. Teoporesco, présentée par M. Gaston 
Bonnier. 

` 
La phycoérythrine a été toujours regardée comme la matière colorante 
caractéristique des Floridées. Cependant, étant donnée la grande ressem- 
blance qui existe entre la phycocyanine et la phycoérythrine, étant donné 
le fait que les deux pigments se trouvent mélangés chez certaines Algues 


SÉANCE DU 17 JUILLET 1916. 63 


rouges ('), on peut se demander si l’on ne trouverait pas également de la 
phycoërythrine chez les Cyanophycées. 


Gaidukow, dans ses Mémoires sur les changements de la couleur des Oscillariées (?), 
avait abordé un peu cette question; cet auteur s'exprime, à cet égard, de la manière 
suivante : « Les propriétés de la matière colorante violette de l'Oscillaria saneta res- 
semblait beaucoup, d’après mes observations, à celles du pigment rouge du Ceramium; 
ces propriétés étaient à peu près identiques à celles de la matière colorante violette 
ou pourpre du Chondrus crispus. » 

Mais c’est surtout dans une Note récente de Bocat (3) que nous trouvons pour la 
première fois une indication nette sur cette question. Cet auteur a extrait de l'Oscit- 
laria Cortiana, par la macération dans l'eau douce éthérée, un liquide rose violacë 
par transparence, jaune brun par réflexion, ayant l'aspect d’une solution de phycoéry- 
thrine; le spectre d'absorption de ce liquide a donné trois bandes : première, maxi- 
mum vers À560; deuxième, maximum vers 1535; troisième, maximum vers À49ù 
D'après Bocat ce pigment est parent de la phycoérythrine mais ne lui est pas identique. 
Je pense cependant (et c'est aussi l’opinion de Kylin) que les propriétés spectrosco- 
piques du pigment de l’Oscillaria Cortiana sont identiques, ou peu s’en faut, à celles 
de la phycoérythrine vraie; en effet les milieux des trois bandes d'absorption de la 
phycoérythrine de Ceramium rubrum occupent les positions suivantes : I. 1567; 
II, 1539; HI. 2406. 


C’est surtout par l'observation de Bocat que j’ai été amené, dès 1911, à 
rechercher si la phycoérythrine ne se trouverait pas également chez d’autres 
Cyanophycées. A cet effet, j'ai effectué de nombreuses macérations avec 
plusieurs espèces d’Algues bleues d’eau douce; mais j'avais obtenu d’abord 
des liqueurs, qui, par transparence, étaient bleues ou violettes; tous les 
essais de séparer, par cristallisation, la phycoérythrine, qui aurait pu s’y 
trouver en faibles quantités, ont été infructueux. Cependant, une expérience 
faite dans un autre but avec le Nostoc commune, m'a donné un résultat 
satisfaisant. Cette algue avait été récoltée au mois de juin dans le Jardin 


‘botanique de Bucarest; la plante, qui avait poussé au soleil sur une pente 


recouverte d'herbe et de mousses, n’avait pas tout à fait la couleur bleu 
verdâtre normale, mais une couleur d’un bleu brunäâtre ou d’un bleu 
jaunâtre. Tandis que avec les échantillons de Wostoc commune habituel 
j'obtenais, généralement, des solutions bleues par transparence et rouge 
carmin par réflexion, j'ai obtenu avec les échantillons récoltés au Jardin 


(1) Voir surtout Kyun, Zeitschrift für PANNE Chemie, Bd. 69 et 76. 

(°) Gainukow, Scripta botanica Horti Petro i, fasc. 22, 1903, p. 66; Ber: d. 
d. bot, Gesellsch., Bd. 24, p. 521. 

(°) Bocart, Comptes rendus de la Société i Biolog gie de Paris, t. 64, p. 101. 


64 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


botanique une solution dans laquelle le pigment bleu paraissait manquer 
complètement; en effet, par la macération dans l’eau chloroformée, j'ai 
extrait un liquide, qui, examiné par transparence, avait acquis une belle 
couleur rouge, à peu près comme le ton n° 66 du Code des couleurs de 
Klincksieck et Valette ('); quand on regardait les extraits à la lumière 
réfléchie, la teinte était d’un jaune-orangé, à peu près comme le ton 111 du 
même Code. 

Soumise à l'examen spectroscopique, cette solution présentait trois 
bandes d'absorption; en photographiant ce spectre sous une épaisseur de 
4o®® à 120% (suivant la concentration), j'ai pu déterminer les positions de 
ces bandes, dont les milieux correspondent aux longueurs d’onde sui- 
vantes : 

Milieu du maximum Į vers À566 
» Il vers 535 
» III vers À496 


Il va sans dire que les milieux des bandes aussi larges et à bords aussi 
nébuleux que celles qu’on obtient dans ce cas, ne sont pas faciles à déter- 
miner très exactement; mais comme j'ai effectué un grand nombre de 
mesures, j espère que les écarts ne sont pas très grands. Les trois bandes 
n'avaient pas toutes la même intensité; la première, I, située dans le jaune, 
est en même temps la plus étroite, la plus obscure et possède des bords 
assez nets; la seconde, II, moins obscure, est beaucoup plus large que la 
précédente et présente des bords moins nets; enfin la troisième, II, située 
dans le vert, est moins intense. Le minimum d’absorption, qui sépare Îles 
bandes I et IT, est plus étroit et un peu plus faible (plus obscur) que le 
minimum séparant les bandes IT et III. J’ai comparé ces données avec celles 
fournies par la phycoérythrine des Floridées (Ceramium rubrum) et j'ai 
acquis la certitude que le pigment rouge du Nostoc. commune présente les 
mêmes bandes d'absorption et des intensités relatives A RTE à celles 
de la phycoérythrine. 

On peut encore remarquer que le pigment rouge du Nostoc n’est pas une 
variété de phycocyanine, puisqu'il ne présente pas la bande la plus caracté- 
ristique, qui est commune aux trois sortes de phycocyanines et qui est située 
entre C et D. 


(1) Kunoxsieck et Varerre, Code des couleurs d'après la méthode de Chevreul, 
Paris 1908. 


SÉANCE DU 17 JUILLET 1916. 65 


PROTISTOLOGIE. — Flagellés nouveaux, épiphytes des Diatomées pélagiques. 
Note ("yde M. J. PavıLtarb, présentée par M. Guignard. 


Les faits d'observation, concernant le parasitisme ou l’épiphytisme dans 
le Plankton marin, sont encore très rares; la Note actuelle, consacrée à la 
description de deux formes nouvelles de Flagellés épiphytes des Diatomées 
marines, fera ressortir en outre, par ses lacunes mêmes, l’importance 
majeure de l’observation immédiate du matériel vivant, encore intact, de 
nos récoltes pélagiques. 


Solenicola setigera, n. g., n. sp. — L'existence d’un « parasite? » externe 
des cellules de Dactyliosolen tenuis a été signalée en 1902 par H.-H. Gran; 
un dessin du même auteur, publié deux ans plus tard [Nordisches Plankton, 
t. XIX (Dratomeen), 1904, p. 25], représente le parasite comme une masse 
informe, irrégulièrement lobée, occupant la région médiane de chaque 
cellule. 

Les observations récentes, beaucoup plus exactes, de L. Mangin 
(Annales de l’Institut océanographique, t. IV, 1913, p. 9) concernent évi- 
demment le même organisme, dont les colonies, plus ou moins denses, 
recouvrent presque toujours la surface de la même diatomée pélagique. 

J'ai souvent rencontré, dans mes récoltes estivales et automnales du golfe 
du Lion, des agglomérations analogues sur un Dactyliosolen que j'identifie 
provisoirement (°) avec le D. Bergonit H. Péragallo. 

onformément à l'observation de H.-H. Gran, ces agglomérations sont 
normalement cantonnées dans la partie moyenne, non annelée (zone d’em- 
boitement ) de chaque cellule; cette localisation, remarquablement précise, 
correspond à la situation du corps protoplasmique et du noyau dans la 
diatomée; l'extension de l’épiphyte sur la zone annelée d’accroissement est 
beaucoup plus rare. 

Dans la plupart des récoltes, l’organisation interne, et même la forme 
extérieure des individus recueillis, sont méconnaissables; toutefois la con- 


(') Séance du 10 juillet 1916. 

(?) J'espère en effet pouvoir bientôt établir l'identité des diverses espèces décrites 
sous les noms de D. mediterraneus H. Pér., D. Bergonii H. Pér., D. tenuis Gran, 
D. meleagris G. Karsten, simples formes d'un seul et même type spécifique (D. medi- 
terraneus). 


66 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


servation presque parfaite de certains échantillons (30 novembre 1908), 
m'a permis d'aborder avec profit l'étude cytologique, entièrement délaissée 
jusqu'ici. 

Chaque agglomération comprend un certain nombre d'individus juxta- 
posés, mais distincts. La masse protoplasmique individuelle, dépourvue 
de membrane différenciée, adhère à son hôte par une base étalée, mesu- 
rant environ 15” à 20” de long sur 5” à OF de large; elle se termine aux 
deux bouts par une courte expansion pseudopodiale, ou se prolonge en 


A B č 


A, B, Solenicola setigera; A, colonie sur un fragment de Dactyliosolen Bergonii; B, deux 
individus isolés; C, Bicæca mediterranea, groupe de six individus (ure thèque vide) sur 
un ES de Nitzschia seriata. (Gr, : A, 1000; B et C, 2000 Sa 


un mince ruban protoplasmique, aussi p ou ea losg que le corps, et 
souvent dilaté en spatule à son extrémité. : 

Le noyau volumineux, toujours unique, est gén situé vers 
l’une des extrémités du corps; il comprend une masse nucléaire homo- 
gène et un petit nucléole ou karyosome arrondi. 

Dans le protoplasme alvéolaire, on voit un petit Hombre (2 à 4) de volu- 
mineuses vacuoles, atteignant ou dépassant la grosseur du noyau; les unes 
sont vides et transparentes. Les autres, entièrement occupées et comme 
distendues par des masses amorphes accompagnées de baguettes bacilli- 
formes, doivent être considérées, selon toute Rate s de comme des 
vacuoles digestives; dans certains individus, elles émergent en protubé- 


SÉANCE DU 17 JUILLET 1916. 67 


rances satllantes au delà du contour général du corps, comme chez divers 
Rhizopodes et certains Flagellés inférieurs. 

Enfin, le caractère le plus remarquable de notre épiphyte consiste dans 
la présence d’un long flagelle, implanté vers le milieu de la masse proto- 
plasmique, dans le voisinage des vacuoles digestives, et sans relations 
apparentes avec le noyau. Ce flagelle filiforme, pouvant atteindre deux 
fois la longueur du corps, apparaît comme un crin ondulé dans le matériel 
fixé; nous ne possédons DASARRrAnIeEnenE aucune donnée sur le mode de 
son activité fonctionnelle. 

L'organisation spéciale du Solenicola nous explique l'apparence plus ou 
moins confuse des échantillons altérés ou mal fixés ; le dessin de H.-H. Gran, 
en particulier, représente simplement des gilaki engluées et dissimulées 
par les détritus inertes et par les mucosités qui souillent trop souvent nos 
récoltes pélagiques. 

Quant à sa position systématique, elle est d'autant plus obscure que les 
observations ir vivo manquent totalement; la forme ci-dessus décrite ne 
représente probablement qu’un stade plus ou moins durable dans un 
cycle évolutif entièrement inconnu. Les affinités les plus vraisemblables 
paraissent être du côté de Zooflagellés inférieurs, non loin des Orkomonas, 
organismes normalement libres, il est vrai, mais monoflagellés et fortement 
amiboïdes. 


Bicæca mediterranea n. sp. — Cet élégant Flagellé constitue un des élé- 
ments prépondérants de ma récolte du 26 juin 1909. 


Très abondant sur les chaînes de Skeletonema costatum, il se rencontre également 
sur Nitzschia seriata, Cerataulina Bergonit, Chætoceros anastomosans, etc. 

Chaque individu est logé dans une thèque ou coque digitiforme, beaucoup plus 
grande que le corps et mesurant environ 124 de long sur 54 de large. Parfaitement 
transparente et invisible dans l’eau pure, cette coque se colore en bleu azuré par le 
bleu de méthylène, en rose par le Giemsa, etc. Sa base rétrécie se prolonge en un pédi- 
cule fixateur, probablement dépourvu de contractilité et terminé par un petit disque 
adhésif; le pédicule est généralement très court, maïs certaines thèques sont portées 
à l’extrémité d’un filament flexible atteignant jusqu’à 126. Les individus paraissent 
entièrement indépendants les uns des autres, mais les pédicules peuvent être insérés, 
en nombre variable, sur un disque adhésif commun; je n’ai pas rencontré de colonies 
dressées ou rameuses, comparables à celles des Dinobryon ou des Poteriodendron. 

Le corps: proprement dit, ovoïde ou réniforme, est attaché au fond de sa coque par 
un cordon rétractile épais, représentant un flagelle (antérieur?) modifié; dans le 
matériel fixé, ce flagelle paraît inséré latéralement sur la région du corps orientée vers 
le fond de la thèque. Un second flagelle, entièrement libre, prend son origine dans la 


68 ACADÉMIE DES SCIENCES. 
même région et se développe le long du corps pour émerger ensuite à l’orifice de la 
thèque; sa véritable longueur n’a pu être déterminée en raison de son état de contrac- 
tion moniliforme dans la plupart des individus examinés. 

La disposition des flagelles du Bicæca mediterranea paraît donc assez dif- 
férente de celle que présentent ses congénères des eaux douces, B. lacustris 
et B. oculata, également épiphytes de diatomées planktoniques; l’absence 
d'observations in vivo et l’insuccès relatif de l’investigation cytologique 
ne me permettent pas de proposer, dès à présent, pour cet organisme, une 

dénomination générique nouvelle. 


PHYSIOLOGIE. — Procédé de détermination de la chronaxtie chez l'homme à 
l’aide des décharges de condensateurs. Classification des muscles du membre 
supérieur par la chronaxie suivant leurs origines radiculaires. Note (') de 
M. G. Boureuiexox, présentée par M. Dastre. 


I. Mesure de la résistance. — Après avoir étudié les conditions dans 
lesquelles on peut mesurer des résistances avec les décharges de conden- 
sateurs et un milliampèremètre à cadran très sensible (*), je me suis assuré 
qu’on peut appliquer ce procédé à la mesure de la résistance d’un circuit 
comprenant un sujet, dans les conditions de l’électrodiagnostic, en 
méthode monopolaire. Mais il est nécessaire de n'employer que des élec- 
trodes impolarisables et de faire,toujours un nombre égal de passages dans 
les deux sens. L'expérience a donné, dans ces conditions, les résultats 
suivants : 


1° En mettant une résistance connue en dérivation, la somme des divisions dans les 
deux branches est égale, à 5 pour 100 près environ, au nombre de divisions lues sans 
dérivation. 

2° En doublant le voltage on constate toujours une diminution de résistance. 

3° En revenant au voltage primitif, on retrouve la résistance primitive. 

4° Lorsque la résistance a diminué, sous l'influence de l'apgmentation du voltage, 
on la ramène à sa valeur primitive par l'addition d’une résistance qui est quelquefois 
égale, mais le plus souvent inférieure à la différence mesurée. L'introduction d’une 
résistance additionnelle semble déterminer à la fois une chute d'intensité et une 
augmentation de la résistance propre du sujet, 

5° La résistance mesurée avec la décharge de condensateurs est toujours supérieure 
à celle qu’on trouve en se servant du courant continu, avec le procédé de Wertheim 


(') Séance du 26 juin 1916. 
a ) Comptes rendus, t. 162, 1916, p. 956. 


SÉANCE DU 17 JUILLET 1916. troe 


Salomonson par exemple. Mais la résistance additionnelle compensatrice est sensible- 
ment la même dans les deux cas. 


IL. Essais de détermination de la chronaxie avec le montage en série, la déri- 
vation n'étant mise que pour la mesure de la résistance. — Les résultats sont 
irréguliers. Tantôt on obtient des valeurs de l’ordre prévu, tantôt des 
valeurs dix fois trop grandes environ. 


Toutes les fois qu’on obtient des valeurs satisfaisantes, le sujet se comporte, vis- 
à-vis de la décharge, comme une résistance sans-capacité de polarisation. Au contraire, 
lorsque les résultats sont mauvais, le galvanomètre traîne, revient lentement au zéro, 
et la déviation est et petite pour une même quantité, quand le sujet est dans le cir- 
cuit que lorsqu'il n’y est pas. 


II. Procédé de détermination de la chronaxie chez l’homme avec le mon- 
tage en dérivation. — C’est le montage employé en physiologie animale par 
L Lapicque. Les résistances additionnelles sont des résistances liquides 
impolarisables et sans self (Cu et SO Cu). 


Le sujet est mis en série avec une résistance de 2000® à 5000, suivant les régions ; 
sur la paume de la main, il faut aller jusqu’à roooo®, la polarisation y étant plus 
importante. 

L'ensemble du sujet et de la résistance additionnelle est monté en dérivation : la 
résistance en dérivation est de 10000. 

La résistance réduite varie ainsi de 5000® à 7000 environ. | 

On ajoute dans le circuit, entre la source et la dérivation, une résistance de 4000. 
LA résistance totale est donc toujours comprise entre 9000 et 1000", Elle est mesurée 

xactement dans chaque cas. 

On cherche le seuil en voltage, avec un courant galvanique, en laissant passer le 
courant aussi peu de temps que possible. Cela donne la rhéobase, Elle est la même 
avec un courant galvanique qu'avec la décharge de 50 microfarads. 

On mesure ensuite la résistance avec le voltage de la rhéobase en chargeant une 
capacité telle que la déviation du galvanomètre ne dépasse pas 40 à 50 divisions. Le 
rapport des déviations dans les deux branches donne la résistance de la branche du 
sujet (1), 

Ensuite on double le voltage pour chercher la chronaxie. 

On fait une nouvelle mesure de la résistance de la branche du sujet et l’on ajoute 
dans cette branche une résistance telle que le partage de la décharge soit le même que 
pour la rhéobase. 

Cela fait, le galvanomètre est exclu du circuit, et l’on cherche la capacité qui donne 
le seuil avec le voltage double de celui qui avait donné le seuil avec le courant continu. 

Cette capacité, multipliée par la résistance du circuit et le coefficient 0,37, donne la 
chronaxie. On peut appliquer, dans les conditions de circuit que je décris, au moins 
en première opproxtaaiop, le coefficient de L. npEqe: 1=ROxAa "37e 


(!) G, Bourqutexow, Comptes fikas t. 162, 1916, p. 956. 
C: R., 1916, ° Semestre. (T. 163, N° 3.) 10 


79 ACADÉMIE DES SCIENCES. 

Si l’on cherche le temps utile avec le même montage, on trouve que la capacité du 
temps utile est toujours 100 fois plus grande que celle de la chronaxie. En prenant 
comme coefficiento,037, on obtient des valeurs de temps utile qui sont du même ordre 
que celles que L. Lapicque a trouvées avec le chronaximètrée et qui sont ro fois plus 
grandes que celles que l’on trouve pour la chronaxie. 


IV. Chronaxie normale. — Avec cette méthode, la chronaxie, au point 
moteur et par le nerf, a des valeurs de o*,o0o1 à 05,0002 pour le biceps, le 
deltoïde et le long supinateur; 0°,0002 à o% 0004 pour les domaines du 
médian et du cubital, et o*,0004 et 0°,0008 pour les muscles innervés par le 
radial moins le long supinateur. Elle est la même, pour un muscle donné, 
au point moteur et par le nerf. Le temps utile a des valeurs 10 fois plus 
grandes. 

Ainsi la chronaxie classe nettement les muscles suivant leurs origines radi- 
culaires. 

Au membre inférieur, les expériences encore peu nombreuses que j'ai 
faites montrent déjà la même classification suivant les origines radiculaires. 


- V. Chronaxie pathologique. — Dans la dégénérescence, la chronaxie 
s'élève et peut atteindre jusqu’à 0,01 et 0,03. A o*,o1, le nerf est toujours 
inexcitable. Dans les atrophies réflexes elle s'élève, mais reste aux environs 
de o*,oo1. Dans les syndromes d’irritation, elle devient souvent plus petite 
que la normale. 


Conclusions. — 1° Il est possible de déterminer la chronaxie chez l’homme 
avec les condensateurs, en employant le montage en dérivation, et en se 
servant de la décharge des condensateurs pour mesurer et corriger la 
résistance du sujet. La comparaison avec les valeurs données par L. La- 
picque avec le chronaximètre chez l’homme pour le temps utile, et avec les 
condensateurs en physiologie animale, permet d'appliquer, au moins en 
première approximation, le coefficient 0,33 pour la chronaxie, et 0,037 
pour le temps utile, dans les conditions de circuit que je décris. 

2° La chronaxie normale est la même pour un muscle donné au point 
moteur et par le nerf. 


3° La GHRONAXIE CLASSE LES MUSCLES DU MEMBRE SUPÉRIEUR SUIVANT LEURS ORI- 
GINES RADIGULAIRES. — Les chronaxies les plus petites appartiennent aux 
racines C.V et C. VI (05,0001 à o°,0002); les plus grandes à C. VIT (0°, 0004 
à 0°,0008) et les moyennes à C. VIH et I).I (0,0002 à 0°, 0004). 

4° La chronaxie varie considérablement dans les états pathologiques et 
permet d’en suivre l’évolution. | 


SÉANCE DU 17 JUILLET 19106. 71 


PATHOLOGIE ANIMALE. — Scoliose abdominale chez le Mugil auratus Risso 
et présence d'une myæosporidie parasite de ce poisson. Note (') de 
M. J. Dereny, présentée par M. Ed. Perrier. 


Parmi des Mugil auratus pèchés le 2 avril 1916 sur la côte de l'ile Tatihou, 
dans la rade de Saint-Vaast-la-Hougue, il s’en est trouvé un qui a immédia- 
tement attiré mon attention par une déformation assez considérable de sa 
région abdomino-caudale; c'est un cas de scoliose typique, comme il n’en a 
été signalé jusqu'ici, du moins à ma connaissance, que chez des poissons 
d’eau douce, surtout la carpe (°) élevée en viviers. 

Toute la ses postérieure de l’animal, à partir de la fin de l'insertion 


Fig. 1. — Mugil auratus Risso, normal, x1. 
de la première dorsale, est tordue de telle sorte que l'axe du corps suit une 


courbe gauche à courbure d’abord inféro-dextre, puis supéro-senestre, puis 
à nouveau, dans la région caudale, légèrement inféro-dextre. 


Fig. 2. — Mugil auratus Risso, à scoliose abdominale, x 1. 
Ce poisson, vu du côté gauche, présente une bosse entre la deuxième dorsale 


et l’anale, entre deux légères concavités. C’est exactement, mais s'étendant 
ici jusqu’à la caudale, ce que figure et décrit Hofer (?) chez la carpe et le 


pps 


(1) Séance du 3 juillet ia. 
(°) Horer, Handbuch der Füchkr ai Leipzig, 1906, 


72 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


cyprin, et il est infiniment vraisemblable que l’état de la colonne vertébrale 
de notre individu est sensiblement la même que celui que décrit cet auteur. 

Hofer (op. cit.), tout en disant que l’on ne sait rien sur la cause de la 
maladie dans les cas qu’il signale, admet comme très vraisemblable une 
infection, probablement bactérienne. L'étude de la région malade m'y a 
fait découvrir un parasite que l’on doit classer dans le groupe des Myxo- 
sporidies créé par Bütschli en 1881 et mieux défini par Balbiani en 1883. 

Des ponctions faites dans la région malade m’ont donné en très grande 
abondance des spores ovoïdes, subpiriformes, larges de 1,5 à 24,5; longues 
de 2,5 à 3*,5, dont un assez grand nombre portent à leur pôle aminci un 
filament très ténu et faisant environ dix à douze fois la longueur de la spore, 
quoique le plus grand nombre en soient dépourvues. Chacune d’elles pré- 
sente, à son pôle postérieur arrondi, une large vacuole aniodophile et le 
plus grand nombre montre à son pôle antérieur une à quatre granulations 
excessivement petites, punctiformes, mais très fortement colorées par le 
picrocarmin. 

L'examen de fibres musculaires prélevées dans la même région et étu- 
diées par simple dilacération sur lame m’y a montré des pansporoblastes à 
divers états de développement, d’une couleur générale variant de l’orangé 
jaune à l’ocre jaune (n° 176 et 151 du Code des couleurs de Klincksick et 
Valette), à membrané persistante ; certaines formations m'ont paru ponor 
représenter un myxosporidium, mais sans aucune certitude. 

Les pansporoblastes sont logés entre les fibrilles qui se contournent et se 
déforment parfois considérablement autour d’eux et, quand ils arrivent à 
un certain état de développement, aussitôt que la formation des spores y 
est complète, souvent même quand elles y présentent encore un contour 
polygonal, on les trouve toujours entourés de fibrilles en voie de dégéné- 
rescence vitro-granuleuse tout à fait nette. L’ensemble des caractères de 
ces formations me les font rapporter au genre Pleistophora Gurley dont 
le myæosporidium est inconnu, il en à été observé un chez les Glugea Thél. 
(Nosema Moniez, non Nägeli); il est vraisemblable qu’on le retrouvera chez 
les Pleistophora Gurley et Thelohania Henneguy. 

Notre Pleistophora partage avec une espèce de Glugea (G. destruens Thé- 
lohan) la propriété de produire la dégénérescence des tissus parasités et, 
notamment, des fibres musculaires. 

J'ai de fortes raisons de croire, après les précieux renseignements que je 
dois à MM. les professeurs F. Mesnil et Georgevitch, que cette espèce est 
distincte de celles qui ont déjà été décrites dans le même genre et l’on peut 
adopter pour elle, au moins provisoirement, le nom de Pleistophora des- 


SÉANCE DU 17 JUILLET 1916. 73 
truens, pour rappeler son action si caractéristique sur les fibres musculaires 
qu’elle habite. On peut facilement la distinguer de l'espèce type de la 
manière suivante : 


Pleistophora typicalis. Pleistophora destruens. 
Spore à vacuole aniodophile. HE UETS | 
Profil vertical. .... SIGLEN Ovoïde. Ovoïde allongé, sub- 
; piriforme. 
RAE TS ER E da à 20 fois environ aussi long 10 à 12 fois environ, 
l que la spore. subpiriforme. 
Corpuscules nucléaires.. .... 4 S4; extrêmement petits, 
très fortement colorés. 
Myxosporidium........,... è o ? 
Dr E R E Cottus scorpius L. Mugil auratus Risso. 
DAGO AAN ... Muscles, interfibrillaire. » 
Effets pathologiques... ou.. Dissociation des fibres Dissociation avec dégé- 
musculaires sans dégé- nérescence. 
nérescence. 


Maintenant, devons-nous considérer ce parasite comme étant la cause de 
la scoliose ? On n’en peut rien dire de certain; mais je serais assez porté à 
penser plutôt, comme hypothèse, à l’action primitive d’uneinfection bacté- 
rienne qui aurait préparé un terrain de moindre résistance où là myxospo- 
ridie se serait facilement établie. Quoi qu'il en soit, de tels cas sont, la 
pisciculture d’eau douce l’a montré surabondamment, du plus haut intérêt 
pratique aussi bien que théorique et l’on ne saurait trop attirer l'attention 
sur eux. 


M. X. Cuevassus adresse une Note relative à la formation des nuages de 
gréle. | 


À 15 heures trois quarts l’Académie se forme en Comité secret. 


74 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


COMITÉ SECRET. 


Raveporr de la Commission chargée de proposer, pour l’année 1916, 
la répartition du Fonds Bonaparte. 


(Commissaires : M. le Prince Bonaparte, membre de droit, et MM. Jordan, 
président de l’Académie, Darboux, Violle, Haller, A. Corot Hamy, de 
Gramont; Gaston Bonner rapporteur.) 


La Commission a eu à examiner treize demandes de subventions. Elle 
vous propose d'accorder : 


1° Une somme de 4000!" à M. CnarLes ALLUAUD, voyageur-naturaliste 
du Muséum national d'Histoire naturelle, pour continuer la publication que 
le D" R. Jeannel, actuellement au front, et M. Alluaud ont entreprise sur 
les résultats scientifiques de trois explorations ( de 1903 à 1912) en Afrique 
orientale, dont l’ensemble exige une somme de plus de 18000; 


2° Une somme de 2000" à M. Boxproir, membre des Sociétés entomo- 
logiques de Belgique et de France, pour parcourir la France dans le but de 
recueillir les matériaux nécessaires à la constitution d’une faune des 
Fourmis françaises. Il n’existe encore aucun travail d'ensemble sur les 
Fourmis de France. Cette demande est appuyée par nos confrères 
MM. Bouvier et Marchal; 


3° Une somme de 2500% à M. Pierre Lesace, professeur à la Faculté 
des Sciences de Rennes, pour continuer ses expériences sur les végétaux de 
la zone littorale, et en particulier des recherches sur la Transmissibilité des 
caractères acquis par les plantes arrosées à l’eau salée. Des expériences, 
exécutées en 1915, ont ouvert à l’auteur des voies intéressantes qui l’ont 
conduit à modifier l’ensemble des installations, ce qui nécessite des frais 
assez considérables. Cette demande est appuyée par notre confrère 
M. Gaston Bonnier : | 


4° Une somme de 3000!" au Tourixe-Czus DE FRaxcE pour contribuer à 
l'établissement du nouveau Jardin botanique du Lautaret (Hautes-Alpes). > 
Cette installation constituera non seulement un jardin modèle avec collec- 


SÉANCE DU 17 JUILLET 1916. y5 


tion de plantes vivantes et arboretum, mais comprendra aussi un laboratoire 
alpin et un musée. En outre, des places d'essais, situées à diverses alti- 
tudes, à diverses expositions, sur des terrains de composition naturelle 
variée, seront annexées à cette inslallation. On expérimentera sur ces ter- 
rains les plantes fourragères pour la restauration des pelouses pastorales 
ainsi que pour la reconstitution du sol et le reboisement des régions élevées, 
et aussi pour la conservation de la flore alpestre; 


hi 


5° Une somme de 3000" à M. Camie SauvacEau, professeur à la 
Faculté des Sciences de Bordeaux, pour étendre aux espèces de Laminaires 
de la Méditerranée et de la Manche les remarquables découvertes de lau- 
teur sur la fécondation et le développement, faites sur l’unique espèce de 
Laminaire qui croît dans le golfe de Gascogne. Cette demande est appuyée 
par nos confrères MM. Gaston Bonnier, Guignard et Mangin; 


6° Une somme de 2000" à M. Eu. Vicouroux, professeur à la Faculté des 
Sciences de Bordeaux, pour contribuer à l’achat des appareils qui lui sont 
utiles pour continuer ses intéressantes recherches sur l’état du silicium 
dissous dans les métaux. Cette demande est appuyée par notre confrère 
M. Haller; 


7° Une somme de 2000" à M. le D" Raove Bayeux, secrétaire de la 
Société des Observatoires du Mont-Blanc, pour l'aider à continuer ses 
recherches sur les effets physiologiques et la thérapeutique des injections 
hypodermiques d'oxygène gazeux. L'auteur se propose d'étudier expéri- 
mentalement l’action de l’oxygénation hypodermique sur les réactions 
défensives de l'organisme contre l’asphyxie et contre les infections. Cette 


demande est appuyée par notre confrère M. Roux ; 


8° Une somme de 2000! au père Josepn Lais, astronome chargé de la 
Carte du Ciel à l'Observatoire du Vatican, en vue de contribuer à la 
dépense des photogravures relatives à la Carte photographique du Ciel, les 
cuivres de ces photogravures devant être remis, comme précédemment, à 
l'Observatoire de Paris, dont ils deviendront la propriété. Cette demande 
est appuyée par notre confrère M. Baillaud. 

En résumé, la Commission vous propose l'emploi suivant des sommes 
mises à la disposition de l’Académie par la générosité de notre confrère le 


Prince Bonaparte i 


76 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


fr 
e U CAMES ALLOAOD LS ne nue se ee sue: 4000 
2M.: DONDROPÉ LL. SR L RAS À LAS LE PCA à 2000 
M: Pans LESAGE aimes sai IL. V0 2 500 
4. TOURING-CLUB DE FRANCE. .... es lasse E A EN 3000 
2. M: Gima SO due ci a nr db orne 3000 
E ME Le Le RS TONER RP a NV Te a 2000 
qi: Le a No ee meta 2000 
8. Le PVO Lis n nA, PSC TT ee NT ES TO Tr MS SES 2000 


Soit un total de 20500 


A la suite de la distribution de 1915, il restait un reliquat de 25 500". 

La Commission avait donc à sa disposition une somme de 75 500". 

Si nos propositions sont acceptées, il restera en réserve une somme 
de 530007 | 


L'Académie adopte à l’unanimité des suffrages les propositions de la 
Commission. 


M. le Président, se faisant l’interprète de tous ses confrères, adresse de 
nouveaux et bien vifs remerciments au Prince Bonaparte pour l’appui si 
efficace qu’il apporte à la Science française. 


La séance est levée à 16 heures un quart. 


A ls: 


ERRATA. 
(Séance du 3 juillet 1916.) 
Note de MM. Dhéré et Vegezzi, Sur l’hémochromogène acide : 


Page 19, note (!), première ligne, au lieu de acétylhématine, lire acétylhémine. 


DORE Ve DS 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 24 JUILLET 1916 


PRÉSIDENCE DE M. Ep. PERRIER. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. 


M. le Paésipevyr annonce à l'Académie la perte douloureuse qu’elle vient 
. de faire en la personne de Sir William Ramsay, l'illustre chimiste anglais, 
l’un de ses Associés étrangers. 


Le Prixce Boxaparre s'exprime en ces termes : 


Jai l'honneur de présenter à l’Académie le premier fascicule du Recueil 
du Fonds Bonaparte qui contient tout d’abord l'historique de cette Fonda- 
tion, puis la liste des bénéficiaires au nombre de 105 et enfin les Rapports 
de ploktèu té de ceux-ci relatifs à leurs recherches, L'Académie doit se rap- 
peler qu’elle a voté un règlement aux termes duquel aucune nouvelle sub- 
vention ne peut être obtenue sans qu’un rapport soit fourni par l'intéressé. 
Depuis deux ans, la totalité du fonds dont dispose l’Académie n’a pas été 
distribuée, des réserves ont été faites pour aider les travailleurs d’après- 
guerre, lorsqu'ils reviendront victorieux et qu'il sera nécessaire de donner 
un nouvel essor à la Science française. Ce serait une grande satisfaction 
pour moi si le Fonds Bonaparte pouvait contribuer à augmenter notre 
patrimoine scientifique. 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 4.) Ir 


78 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


PHYSIQUE. — Sur la propagation du son à grande distance. 
Note de M. G. Bicouapax. 


Dans une Note récente (‘) j'ai signalé la grande distance à laquelle 
parvient le bruit de la canonnade du front, et montré qu'il s'entend 
à 250, 

Les renseignements recueillis depuis permettent d'augmenter notable- 
ment cette distance. On entend, en effet, nettement cette canonnade 
dans des localités voisines des villes suivantes : Londres, Brighton, Caen, 
Mortain, Bagnoles-de-l'Orne, Blois, Bourges, Nevers, Beaune, Verdun-sur- 
Doubs, noce Chamonix. 

Il nous est généralement impossible de connaître le point origine ; mais 
comme la moindre distance de Mortain ou de Bourges au front est d’envi- 
ron 300“", il paraît établi que le bruit considéré franchit cette distance. 
Encore n’avons-nous pas fait état d'observations obtenues en des points 
plus éloignés, et dont nous attendons confirmation. 

EURE relativement à ces observations isolées, obtenues si loin du front, 
la réserve est évidemment de rigueur; mais cependant il est bon de les 
poursuivre, parce qu'elles peuvent révéler des phénomènes d’un autre 
ordre, jusqu'ici restés inaperçus, et dont il est facile de montrer l’impor- 
tance : je veux parler des bruits sismiques, résultat du travail incessant 
qui se fait à l’intérieur de notre globe, et qui, connus depuis longtemps, se 
manifestent en certains points sous des formes analogues à une canonnade; 
tels sont les Mispæffers de la mer du Nord et d’autres bruits sismiques 
connus ailleurs sous les noms de Bramidos, Barisal-guns, Marina, etc. 

On ne saurait donc trop engager les observateurs à écouter systéma- 
tiquement, même encore plus loin du front, mais en ayant soin de s’assurer 
qu'ils ne sont pas le jouet de quelque illusion. 


PHYSIOLOGIE. — Du minimum de temps dans la réaction psycho-physiologique 
aux excitations visuelles et auditives. Note de M. Cnaries Ricuer. 


À propos de la Note de MM. Jean Camus et Nepper (voir ci-après, 
p- 106), je crois devoir rappeler le temps minimum de la réaction aux 
excitations visuelles et auditives. 


(') Voir Comptes rendus, t. 162, p. 965 (séance du 26 juin 1916). 


SÉANCE DU 24 JUILLET 1916. 79 


Depuis les premières observations, déjà très anciennes, de Bessel et des 
astronomes, les physiologistes (et tout d’abord Donders en 1868) ont étudié 
la question avec un soin extrême. En Amérique notamment, de très nom- 
breux expérimentateurs, dans des laboratoires presque spécialement 
agencés à cet effet, ont définitivement établi le chiffre moyen. Résumant 
leurs résultats (expériences de Donders, Beaunis, Wundt, Hankel, Hirsch, 
Wittich, Kries, Auerbach, Wilner, Buccola, Exner, Swift, Dolley et 
Cattell, Sanford, Angell et Moore, Obersteiner, Meade Beach, Warren, 
Kræpelin, etc.), j'ai pu (Dictionnaire de Physiologie, art. Cerveau, t IH, 
p: 29) donner la moyenne générale exprimée en millièmes de seconde (6) : 


Excitations optiques. ....... 15,4 465 
» auditavesi out aari 10 
» tactiles are ss sis 149 


Depuis, d'autres expériences ont été faites, principalement par Ivory 
Franz (American Journal of Psychology, XVII, 1906, p. 53), par Laugier 
et moi (Bulletin de la Société de Biologie, x913), et par MM. Camus et 
Nepper, expériences qui nous ont permis à tous de retrouver constamment 
les mêmes chiffres, à quelques millièmes de seconde près. 
© C'est donc avec surprise que j'ai vu, dans une Note récente de 
M. Lahy ('), qu'il avait trouvé sur 20 sujets des chiffres inférieurs à la 
normale (17 fois sur 20) et dans certains cas extrêmement inférieurs. 

Dans un cas il a eu comme réponse à lPexcitation auditive (en millièmes 
de seconde) 89,3 et dans un autre cas 101,6 à l'excitation optique. Il est 
peu vraisemblable qu'il n’y ait pas là quelque erreur de technique. Car, sur 
près de cent mille chiffres donnés par les divers auteurs, le minimum est 
un cas de Swift qui a trouvé, pour la réaction auditive, 102 (M. Lahy a 
trouvé sur 20 sujets 8 chiffres inférieurs). 

Il y a cependant des chiffres authentiques très faibles, qui ont été obser- 
vės par Meade Beach. Dans un curieux Mémoire, cet auteur établit 
[ Reaction time with reference to race ( Psychol. Review, VI, 1895, p. 475-483)} 
que, chez les Indiens plus ou moins métissés, les réactions sont très 
rapides, et il a obtenu les chiffres suivants (d’ailleurs notablement plus 
faibles que les chiffres classiques) : TT w 
146,9 116,3 130,0. 


Excitations auditives...........,... 
135,7 192,9 


Excitations visuelles................ 164,79 


(OY Sur la pejého:physiotogie du soldat mitrailleur (Comptes rendus, t. 163, r 
1916, p. 33-34). nr 


80 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Il signale, comme tout à fait exceptionnel et véritablement extraordinaire, 
le cas d’un jeune Indien de 14 ans, pur sang, qui avait une réaction audi- 
tive de 70 et visuelle de 119; c’est-à-dire encore supérieure à la réaction 
de quatre des sujets observés par M. Lahy. 

Chacun des chiffres de M. Meade Beach représente une moyenne de 
10 mensurations; et dans le cas du jeune [ndien, ainsi qu'il le fait avec 
raison observer, il y a corrélation entre la réaction à l'audition et la réaction 
optique, toujours plus lente, distante de 4 millièmes de seconde, comme 

à l’état normal. 

Or, tel n’est pas le cas des chiffres donnés par M. Lahy. Il est donc permis 
de supposer qu’une cause d'erreur systématique (avec quels appareils a-t-il 
opéré?) lui a donné des chiffres trop faibles. 

J'ai supposé, en effet, que, si la réponse à l'excitation optique retarde de 
4 à 3 millièmes de seconde sur la réponse à l'excitation auditive, c'est parce 
que toute excitation de la rétine est de nature chimique, et par conséquent 
qu’elle exige, pour se transmettre au nerf optique, un temps qu’on peut 
alors apprécier, et qui est de 4 à 3 millièmes de seconde (phénomène photo- 
chimique rétinien). Il est peu probable qu’il y ait, chez quelque individu 
que ce soit, une réduction de ce temps à un millième de seconde. 


CORRESPONDANCE. 


M. Ramon y Casar, élu Correspondant pour la Section d'Anatomie et 
Zoologie, adresse des remerciments à l’Académie. 


M. Goxxessiar, élu Correspondant pour la Section d’Astronomie, 
adresse des remerciments à l’Académie. 

M. le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL ments parmi les pièces imprimées de la 
Correspondance : 

Les origines naturelles de la guerre. Influences cosmiques et théorie anticiné- 


tique. La paix par la Science, par M. Rapnaez Dusois. (Présenté par M. Ch. 
Richet.) 


MM. Sauvacrau et Vicouroux adressent des remerciments pour les sub- 
ventions qui leur ont été accordées sur le Fonds Bonaparte. 


SÉANCE DU 2/4 JUILLET 1916. 81 


ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Relations d'inégalité entre les moyennes arith- 
métiques el géométriques. Note de M. Micuez Perroviren, présentée par 


M. Émile Picard. 


Soit f(x) une fonction développable, au voisinage de x = o, en série de 
puissances 


(1) Ag + AT + Gal +..., 


chaque coefficient a; étant réel et positif ou nul, les deux premiers coeffi- 
cients a, et a, pouvant, d’ailleurs, avoir des valeurs réelles quelconques. 
Somi Ti, Laz »-»3 Lp des quantités réelles et positives, dont la somme 
est plus petite que le rayon de convergence de la série (1). 
Désignons par 


(2) p = AT Res e M St: EST) 

1 
la moyenne arithmétique u des quantités x; et la moyenne arithmétique M 
des valeurs correspondantes de la fonction f(x). 


Dans un Mémoire qui paraîtra prochainement (‘) je démontre la formule 
(3) M= 9, (p)+ 0D, (p) 


avec 


=F +(n—i o) 

D= Seh n Olp CEEA) ju, 

où 0 est un facteur dont la valeur est toujours comprise entre o et 1. 
On a également 


(4) ex M =E) GI 


où £ est un facteur compris entre . et 1. Ces limites sont effectivement 
atteintes pour une fonction f(x) arbitraire : la limite o de 0 et 1 de 
lorsque tous les x; deviennent égaux entre eux; la limite 1 de ÿ et — = de 


Jy% yY 


lorsque tous les x;, sauf un parmi eux, tendent vers zéro. 


(') Théorème sur la moyenne arithmétique de quantités positives (Enseignement 
mathématique, n°% 3-4, mai-juillet 1916, p. 163-176 


82 ACADÉMIE DES . SCIENCES, 

On peut en tirer des relations d inégalité entre les moyennes arithmétique et 
géométrique de quantités plus grandes que 1. Soient z,, ..., 3, une suite de 
telles quantités; prenons 

x= logz;, Fire, 
et posons 


+... + np log +...+logz, 
ppn = š Par Va Soi dis M, = 7 nr, 


En faisant jouer à M, le rôle de u et à u, le rôle de M, on arrive aux 


formules 


(5) A REEE FPES, (02051), 
(6) sob eypaippkip galle) | (2ses). 
De (6) on tire 


et comme le second membre de (7) est une fonction croissante de £ dans 
lintervalle de variations de cette variable, on aura 


1 
(8) (np nr + rs PE pi 


et, par suite, z 


(9) Pat»  (o£0£1) 
avec : 

; 1 L 
(10) Zi = (HiG R A, = y (np n + ry. 


Les facteurs 0 et É atteignent effectivement les limites indiquées lorsque 
tous les z; sont égaux entre eux (0 = 1, § = 1), ou bien lorsque tous les z;, 
‘ * 
sauf un parmi eux, deviennent égaux à 1 (= =0, 1S =) . 
.… Parmi les applications de toutes sortes qu’on peut faire de ces formules, 
nous en indiquerons sommairement quelques-unes relatives aux équations 


différentielles. 
Supposons l ane considérée écrite sous la forme 


(11) 7 s(a, sé CRETE - +) ela, y)=F(2), 


SÉANCE DU 24 JUILLET 1916. 83 
et désignons par D la région du plan (x, y) commune aux régions positives 
des deux courbes 


(12) ole, Y)—1—=0, F(æ) — o(x, y)—1= 0. 
En prenant 


ARS 


a= f(x, PARA Sa = P(#, y), 


dans la région D on aura z, > 1, 3, > 1 et l'application de la formule (9) 
transforme l'équation (11) en 

(15) Pf= Lt Ixa]? (95051); 

où 


y =VF(æ)—1, Es ; a — VF (x) —1. 


La valeur du second membre de (13) est comprise entre 
FT} 


x? Flæ): et Gone : 


el, par suite, l'équation (11) se trouve transformée en équation 


j H PY Fr)? Š 
(14) (x, DIEI Y: Ds Le? ee) = TFC) 1) +6 7 — F(æ)+1 | 
avec o<0< 1. Il arrive, dans des cas étendus, que l'équation (14) puisse 
s'intégrer par des quadratures portant sur son second membre; l'appli- 
cation du théorème commun de la moyenne conduira alors à exprimer y 
sous la forme 


(15) yampa) tI palar), 
où O est un facteur compris entre o et r, Y, et 4, étant des fonctions déter- 
minées de v. Toute branche y de la courbe intégrale de (11), comprise dans 
la région D, sera alors représentée par une équation de la forme (15) four- 
nissant ainsi une sorte de D st de la moyenne relati T aux intégrales y de 
l'espèce considérée. 

Tel est, par exemple, le cas : 

1° De l'équation de Riccati 


ne PCR 


84 ACADÉMIE DES. SCIENCES. 
2° De l'équation 
10 E = + p(z) 9 (£, e +r(æ)o(x, y) 
écrite sous la forme 


qgCy) dy 
olt, y) dx 


+p(z)o(z, y)=—r(x); 


3° De l’équation 
a" N m 
(T) +P) olz y) + rate y)=o, 


Les formules (3) et (4) se prêtent également à de pareilles applications 
et dans le Mémoire cité j’ai traité sous ce rapport l'équation importante 


(ZY += rc) 


dont on peut faire, par ce procédé, une étude qualitative complète des inté- 
grales réelles. 


ÉLASTICITÉ. — Sens des déplacements des points d’une plaque rectangulaire. 
Note (') de M. Mesxacer, transmise par M. A. Blondel. 


l. Une charge appliquée en un point quelconque d’une plaque rectangulaire 
posée provoque l’abaissement de tous les points de la plaque. 


J'emploie ici, comme je l’ai fait antérieurement pour les plaques unifor- 
mément chargées (?), le mot posee dans le sens que lui ont attribué 
Navier (°), de Saint-Venant (*), Maurice Levy (*), c'est-à-dire articulée le 
long du contour et assujettie à passer par tout le contour, w = o (w dépla- 
cement vertical), tandis qu’au sens rigoureux du mot posée, la plaque serait 
libre de se soulever. 


(1) Séance du 17 juillet 1916. 
(°) Comptes rendus, t. 162, 1916, p. 826. — Une erreur de copie a fait mettre dans 
cette Note À À: Bur T) dx au lieu de + AT Unan dz: 


2 sin v 2 SINL 


(3) Mémoire de 1820, Bibliothèque de l’École des Ponts et Chaussées. 
(*) Notes de la traduction de l’Élasticité de Clebsch, p. 740 et suiv. Du 1883. 
(*) Comptes rendus, t. 109, 1889, p. 535. 


SÉANCE DU 24 JUILLET 1916. 85 


L'équation de la plaque mince portant une charge unique donnée par 
Navier peut s’écrire 


T's à 5] æ y 
; 5 SINMT — nRT == Sm Mmmm Ant 
np 4P(1— n?) + o a b a b 
TELUS TD ET DE à ? 
T'AabEl smd m? HN: 
n a ng Fy 
L n a? b? 


m et n étant des nombres entiers et le poids P étant dirigé dans le sens 
négatif des z. Cette formule n'étant pas, dans la plupart des Traités, établie 
avec une rigueur suffisante, il est bon de remarquer qu'elle se déduit par 
différentiation de la formule de la plaque rectangulaire chargée unifor- 
mément dans un rectangle en remplaçant x” par ++ dx’ dans l'expression 


neng mra mr y! MT y" í 
van — cos ——— }| cos — cos : CE 
a b b 


La différentielle de la série s’obtient légitimement par la différentiation 
des termes, puisque la série d’où l’on part et celles des différentielles sont 
l’une et l’autre absolument convergentes. 

On peut d’ailleurs vérifier qu’elle satisfait à l'équation fondamentale de 
la théorie des plaques. Cette équation est ici 


El 4P à CURE TAn A i y 
p= 7 =D Damri snar g inmesini + 
I= n a ; 
iM R i 

ou 
P x / Lr L- 2 y=- y y+y' 
P= o A y (sma ps ~= COST COSAT - à ++ COST Bb $ 

m n 


Ce sont des séries divergentes, on ne peut donc rien conclure immédia- 
tement. Mais la fonction w, d’après la nature même du problème, a des 
dérivées au moins jusqu’au quatrième ordre et ces dérivées sont som- 
mables; or on sait que dans ce cas, sauf pour x =o, la série obtenue en 
dérivant la série de Fourier est sommable par le procédé de la moyenne 
arithmétique et représente la dérivée de la fonction (?). Si l’on applique ici 
le procédé de la moyenne arithmétique, on trouvera partout zéro, sauf au 
point x = x, y = y’. La charge par unité de surface est donc partout nulle, 
sauf au point, y. La formule fondamentale est donc satisfaite. 

La formule de Navier étant exacte, si l’on y fait æ = x, y — y’, on a une 


(!} Notes de la tradotiion de PÉlasticité de Clebsch, P; k8 (formule d). 
(2) Séries trigonométriques; par M. Lebesgue, p. 104, Gauthier-Villars, 1906. 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 4.) 12 


86 ACADÉMIE DES SCIENCES. 

série à termes carrés parfaits, donc tous de même signe. Par conséquent 
w est négatif sous le point chargé; le déplacement est toujours dans le sens 
de la force, comme on devait le prévoir. 


PAT Ne dv dv RE 4 5 ; 
Les dérivées secondes —— et —— sont positives (termes carrés parfaits). 
ox dy” 
Q? w g? w ` ; i EN 
Donc + Fri Aw >> o au point chargé et par raison de continuité aux 


abords de ce point. La fonction z = Aw satisfait donc aux conditions sui- 
vantes dans un domaine limité à la plaque et à un petit contour entourant 
le point chargé. 


1° Az = 0, autrement dit z est harmonique; puisque AAa:— 0.. Donc s n’a 
ai m aximum ni minimum dans ce domaine. 
z est positive sur un petit contour entourant le point chargé. 
30 z est nulle sur le contour de la plaque, puisque la plaque est pores 
Donc z est partout positive dans le domaine considéré. 


Puisqu’on a Aw œ> o dans le domaine considéré, w ne peut avoir de maxi- 
mum, Or la fonction w est nulle au contour extérieur de la plaque, négative 
sur-le petit contour entourant P, donc wœ est négative partout dans la 
plaque. 

Par superposition de solutions, on voitque, quelle que soit la loi de répar- 
tition des charges, pourvu qu'elles soient toutes de méme signe, tous les points 
de la plaque rectangulaire posée descendent. 

Ces déductions montrent que, contrairement à ce qui semblait probable 
d’après des analogies avec les poutres à plusieurs appuis, la pläque rectan- 
gulaire posée, au sens ordinaire, supportant une charge unique, ne se sou- 
- lève en aucun point quelles que soient les longueurs pré des côtés. 


IL. Sous l’action d'une charge, une plaque posée AU SENS RIGOUREUX, c'est- 
à-dire libre de se soulever au-dessus du contour, se soulève toujours aux abords 
des angles. - 


En effet, dans la plaque assujettie à passer par le ant on a, à l'angle 


Sa LEA?) . . 3 ow- À t si 1% d l’ 
pris pour origine, = = 0, el, en un point voisin mE 0; onc, à origine 


et dans les points voisins, 


? dy 
<o. Or, l'angle de toute plaque rectangu- 


d’ w 
dx dy 
laire assujettie à passer par un contour plan est sollicité par une PTE isolée 

' gw 
rn OX 


(somme des forces tt provenant des couples de torsion —— 


SÉANCE DU 24 JUILLET 1916. 87 
existant sur chacun des côtés de l'angle) 


JEN 0 


JE EN de ay 


ziw 
= dy 
L'action du contour étant remplacée par les quatre forces’ R'et des réac- 
tions finies par unité de longueur du contour, je puis annuler R en faisant 
agir sur la plaque en équilibre des forces — R et des réactions de somme 
totale égale à 4R, réparties sur la partie du contour qui continue à être 
appliquée sur la base d'appui, finies par unité de longueur quand elles 
sont dirigées vers le bas. Quelles que soient ces réactions, leur moment, par 
rapport à une perpendiculaire à la bissectrice de l'angle, infiniment voisine 
du sommet, donnant une concavité vers le bas, est infiniment petit par 


` Celle-ci est dirigée FE le sens des AR, d’après le signe de - 


rapport au moment de — R. Ce dernier est par unité de longueur — 2 
Donc le moment fléchissant suivant la perpendiculaire à la bissectrice tend 
à doûner une courbure dont le centre est vers le haut. 

Par raison de symétrie, cette courbure est une courbure principale. Le 
second moment principal s'obtient en cherchant le moment par rapport 
à la bissectrice de l’angle des forces qui agissent sur un triangle infiniment 
petit limité à cette bissectrice, à une perpendiculaire à celle-ci et à un côté 
de la plaque. Ce moment est nul. On voit facilement, dans ces conditions, 
que la courbure des côtés a son centre vers le haut au sommet et aux abords. 
Donc; sur une longueur finie à partir des angles de la plaque, ses côtés ne 
peuvent coïncider avec les appuis et, puisque la plaque est posée par-dessus 
ceux-ci, ses côtés sont soulevés. 


ÉLECTRO-OPTIQUE. — Sur la bande d'absorption K des éléments pour les 
rayons X, suivie du brome au bismuth, et l'émission d'un tube Coolidge 
vers les très courtes longueurs d'onde. Note de M. M. px Bnoeus, pré- 


sentée par M. E. Bouty. 


Plusieurs années avant la découverte de Laue, les travaux de Barkla, 
Sadler, Whiddington et Kaye avaient conduit au résultat suivant : on 
. étudie le coefficient d’absorption, par un corps Simple déterminé, d’une 
série de rayons X pris sous la forme de rayons de fluorescence d’une suite 
de corps simples rangès par ordre de poids atomiques croissants. Quand 


on passe par les rayons correspondant à la fluorescence de l'élément a 


83 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


absorbant, le coefficient d'absorption subit une brusque et forte augmen- 
tation, demeure ensuite très élevé, puis décroît de nouveau (*). 

J'ai montré (°) que dans l'enregistrement photographique continu des 
spectres de rayons X, le phénomène en question se traduit par une bande 
d'absorption, à début brusque du côté des grandes longueurs d’onde (°). 

Les mesures suivantes montrent qu’on peut suivre la bande d’absorption 
d’un élément, c'est-à-dire indirectement la raie la plus courte du groupe K 
de son spectre d'émission, au moins jusqu’au bismuth : 


a = angle de réflexions sur le sel gemme, longueur d’onde = 5,63 Xx 107% sin x cm. 


a x. 
o ! o , 
romeo gaa aioa 90-20,9 Gæsiurmwi: anlai ru. 3.26,5 
PURE: 0 aa 8.16 LOT A JE RSS SRE ES 3.38.5 
SEOUU o oe 7-48 "HARAS a 3.09,9 
LCA) Lee cer ge 6.57 CETO os e .02 
Nioba osik hi 6.35 . i 
Molybdènee. a soi. 6.14 RIRE nes 1.319 
Paladint... oa 2.0 O a rE dE a à 1.29,5 
Argent naiss 4.53 M in So re Prat 2959 
Cadmium oL, 4.40 FhMMMILLOiCrs Du, 1:25 
Mani te. indoor. id. 4.16 Plomba Jaiak Los 1.22,9 
ADMINON, nur. si dre 4.03, Bismathil -alear boih o 1.20 
fode A PR PRO 3.44 FLOU aa e vers 1° 
Eeue OLan 3.94 


L'angle de 1°20' du bismuth correspond à une longueur d'onde de 
1,3.107° cm; mais le thorium se place encore plus loin. A partir du platine, 
le poids atomique de lécran sioro celui de l’anticathode, qui était en 
tungstène. 

Jusqu’à présent tout paraît indiquer que les positions des bandes sont 
indépendantes de l’état physique ou chimique des éléments qu’elles carac- 
térisent; elles fournissent ainsi un repère spectral extrêmement simple, 
se déplaçant d’une façon régulière et progressive quand on parcourt la 


(1) M. W.-H. Bragg a fait plus récemment des mesures précises sur les coefficients 
d'absorption des rayons du enr de l’argent, du rhodium et du platine. 

(2) Comptes rendus, t. 158, 1914, p. 1 

(5) Ce même fait se traduit (Comptes kadr, t. 158, 1914, p. ye en l'absence 
de tout écran absorbant, par la présence, dans tous les spectres, de deux bandes 
intenses, qui pondent à l'absorption par le brome et l'argent de l’émulsion, 
absorption qui s'accompagne du noircissement de la plaque, 

(*) L'ordre de ces deux corps doit donc être inversé, ainsi que je l'ai déjà signalé 
à propos des spectres de rayons secondaires (Comptes rendus, t. 158, rg14, p- 1785). 


SÉANCE DU 24 JUILLET 1916. 39 


série des éléments. On peut donc fonder sur leur observation une méthode 
d'analyse spectrale rapide et commode : rapide, puisqu'on agit en rayons 
directs; commode, puisque quelques décigrammes de matière, placés sous 
forme d’écran, en dehors du tube, sur le trajet des rayons, suffisent à 
déterminer un spectre d'absorption tout à fait net. 

Les chiffres précédents, portés sur un graphique en prenant pour 
ordonnée la racine carrée de la fréquence, et pour abscisse le rang dans la 
série périodique, fournissent, du brome au cérium, une droite conforme 
à ce qu'on sait, depuis Moseley, sur la loi de variation des phénomènes 
homologues dans les spectres de rayons X. 

J'ai signalé (') que le groupe K du tungstène comprend un dou- 
blet 2°06' — 2°04 (la dernière composante étant la plus intense) et un 
autre vers 1°50. Aussitôt après, dans le sens des courtes longueurs d'onde, 
débute une bande d'émission assez intense qui se prolonge jusqu'aux 
rayons les plus pénétrants émis par le tube; ceci donne à penser qu’un 
élément, pris comme anticathode, émet un spectre continu dans la région 
spectrale qui correspond à sa bande d'absorption. 

Ce fait, joint aux résultats exposés plus haut, met hors de doute la pré- 
sence dans le rayonnement d’une ampoule, de rayons notablement plus 
pénétrants que les rayons K de son anticathode. 

Le tube était alimenté par un transformateur et un contact tournant 
redresseur; la différence de potentiel efficace, évaluée par la tension aux 
bornes du primaire du transformateur et le rapport de transformation 
(c’est-à-dire assez grossièrement) étant de 80 000 à 90000 volts. 

On sait qu’un grand intérêt s’attache à la mesure de la longueur d’onde 
minimum, émise par un tube sous une tension donnée; la loi de Planck 
permet en effet de prévoir qu'entre la fréquence v, la tension V, la charge 
élémentaire e et la constante universelle À du rayonnement doit exister la 


relation 
eV = hv. 


Sir Ernest Rutherford, MM. W. Duane et F. Hunt ont, en 1915 (°), 
imaginé des méthodes d'investigation dans cette direction et ont obtenu 
des résultats un peu divergents; l'emploi, indiqué plus haut, des bandes 
d'absorption (°) permet d’attaquer le problème par une nouvelle voie. 


{') Comptes rendus, t. 162, 1916, p. 596. 

(?) Et plus récemment M. Hull. 

(*) Cette méthode a été exposée dans le Bulletin de la Société française de Phy- : 
sique, séance du 2 juin 1916. 


90 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


En comparant les longueurs d’onde obtenues et la tension maxima sur 
l'ampoule, on peut voir que la loi de Planck est encore satisfaite jusqu'aux 
environs du thorium; mais, si le fond continu qui se prolonge au delà 
de la bande d’absorption de cet élément contient des radiations aussi 
pénétrantes que leur angle de réflexion paraît l'indiquer, la relation de 
Planck serait en défaut, car il faudrait admettre des tensions Viaporienres 
à 300000 volts. : 


ÉLECTRICITÉ. — Sur le fonctionnement des galènes salée 
comme détecteurs. Note de M": Paure Correr, présentée par M. J. Violle. 


Le présent travail est relatif à l'étude des propriétés des galènes, tant 
naturelles que sensibilisées artificiellement, et à leur fonctionnement 
comme détecteur. Elles ont été étudiées soit avec pointe de platine, soit 
avec pointe de laiton. Les résultats sont les mêmes qoe que soit la 
nature du métal, et la pe de la Er sur le cristal n’a pas d'effet 
sensible. 

L'étude faite a porté sur ns ordres de RAP 


I. Induction sur un circuit ions le détecteur et un galvanometre à 
cidre mobile. — Les phénomènes induits sont provoqués par la rupture du 
courant dans un premier circuit accouplé avec Finduit au moyen de deux 
enroulements placés à des distances variables l’un de l’autre. En l’absence 
du détecteur le galvanomètre accuse des déviations qui sont symétriques 
lorsqu'on change le sens du courant inducteur, et qui décroissent lorsque 
la distance des enroulements croît. L'énergie maximum du phénomène 
induit mesurée au thermogalvanomètre Duddell a été de 0,9 microjoule. 

Si l’on intercale une galène non sensible le phénomène reste le même. 
Au contraire, si le cristal est sensible les déviations cessent d’être: symé- 
triques : au courant induit se superpose, dans le galvanomètre, un courant 
dù à une force électromotrice créée dans le détecteur par le phénomène 
d’induction, et dont la pointe métallique est le pôle positif quel que soit le 
sens du phénoméne d'induction. Aussi ce deuxième courant s’ajoute-t-il 
dans un cas au courant induit, tandis qu’il s’en retranche dans l’autre, si 
bien que le courant induit peut l'emporter si le point est peu sensible; les 
deux courants peuvent encore s équilibrer, et la galène. fonctionne alors 
comme une soupape; ou enfin, si le point est très sensible, le deuxième 


SÉANCE DU 2/4 JUILLET 1916. 91 


courant peut l'emporter et les déviations au galvanomètre sont de sens 
constant quel que soit le sens du courant inducteur. 


II. Étude du courant traversant un galvanomèetre monté aux bornes d’un 
détecteur, lorsque ce détecteur reçoit un train d'ondes amorties. — Le montage 
utilisé est le dispositif classique pour les études de T.S.F. au labora- 
toire (*). Une rupture du primaire d’une bobine d'induction, produite 
toujours dans les mêmes conditions, provoque une étincelle à l i Bes inter- 
calé dans le secondaire de la bobine. Un des enroulements précédemment 
utilisé remplace l'antenne d'émission. Le circuit de réception branché, 
comme celui d'émission aux bornes d’une capacité variable, comprend le 
deuxième enroulement remplaçant l’antenne de réception, une self, et le 
détecteur, aux bornes duquel est dérivé le galvanomètre. 

Au préalable les circuits ont été accordés : on en a mesuré la longueur 
d'onde, trouvée voisine de 500"; on a aussi mesuré l'énergie des ondes 
dans le circuit de réception, énergie qui varie de 1 à 200 microjoules, en 
l’absence du détecteur. 

On a vérifié ensuite que si le détecteur est remplacé pee résistance 
ou un mauvais contact métallique, le galvanomètre n'accuse aucune 
déviation. : 

Le galvanomètre étant branché sur le détecteur, quelle que soit la galène 
étudiée, sensible ou non, on obtient une déviation à Has d’une énergie de 
10 nitfojoile) environ. ` 

Pour l’ensèmble des gälènes étudiées, le cristal est le pôle positif par rapport 
au galvanomètre. 

La déviation ainsi obtenue varie comme l'énergie des ondes. 

Aux énergies plus faibles on n'obtient ‘presque plus aucun effet avec 
des galènes non sensibles, mais, si la pointe du détecteur touche un point 
sensible, les déviations changent de sens et restent très fortes; elles sont 
d TEU irrégulières et d'autant plus grandes que le point est plus HOT La 
pointe est alors le pôle positif comme cela se produisait dans les phénomènes 
d’inducton. + 

Il semble que Ponde, comme le courant induit, serve seulement à dé- 
clencher une force électromotrice instantanée. 

En outre, si en un point très sensible on procède par énergies crois- 


(') Voir en particulier Éræyse, Sur le fonctionnement du détecteur flectroty- 
tique (Comptes rendus, t. 162, 1916, p- 717). ; : 


92 . ACADÉMIE DES SCIENCES. 


santes, 1] se produit, au moment où le sens des déviations se renverse, ou 
peu après, une perte de sensibilité. 

En même temps, la résistance du contact décroit et les déviations aux 
faibles énergies deviennent plus petites. On peut faire parcourir ainsi aux 
points sensibles des cycles de désensibilisation, la branche de courbe cor- 
respondant aux grandes énergies demeurant la même à l’aller et au retour. 

On sait qu’inversement on peut sensibiliser un point du cristal en le 
touchant longuement avec l’antenne d’un vibrateur d’essai, ou en y lançant 
des ondes de faible énergie. 

On constate donc les résultats suivants : La sensibilité d'un point peut étre 
détruite par la rupture d'équilibre que provoque une onde trop forte et, par 
contre, des ondes faibles et prolongées peuvent orienter les particules cristal- 
lines de façon que le point redevienne sensible. 

Les points sensibles ou non se différencient donc aussi bien pour des 
courants induits ou des ondes amorties que pour les courants continus tra- 
versant le cristal. La force électromotrice instantanée ts prend naissance 
change de sens, et ce sens dépend des conditions E j'ai ui dans 
cette Note. 

Je me propose de préciser ultérieurement les causes de ces divers phéno- 
mènes. 


PHYSICO-CHIMIE. — Sur l'absorption des radiations ultraviolettes par les 
dérivés bromés du méthane. Note de MM. Massor et Faucox, présentée 
par M. J. Violle. 


Les recherches que nous avions effectuées sur l'absorption des radiations 
ultraviolettes par les dérivés chlorés du méthane ('), nous ont amenés à 
étudier l'absorption de ces radiations par les dérivés bromes de même 
hydrocarbure; la simplicité de la molécule permet en effet de suivre plus 
facilement l'influence des atomes substitués à l'hydrogène. 

Brome. — Le brome liquide a déjà été étudié par Liveing et Dewar (?) qui ont 
examiné une couche mince placée entre deux lames de quartz; ces auteurs nous 
paraissent avoir été les premiers à signaler « une absorption bilatérale à partir de M 
et de P, et le passage de quelques radiations entre À = 365 et À — 370 ». 

` Martens (3), étudiant les dissolutions étendues de brome dans l'alcool éthylique, 


1) Comptes rendus, i 159, 1914; p- 314. : 
) LiveixG et Dewar, Chem. News, t. W1, 1883, p. 
) 


( 
+ 
(*) Martens, Ferh. Phys. Ges., t. h, 1902, p- 138. 


SÉANCE DU 2/4 JUILLET 1916. 93 


l'alcool amylique et le sulfure de carbone, indique pour la dissolution dans l'alcool 
éthylique une bande A ar dont le milieu est à À — 290, tandis que les radia- 
tions de À — 257 à 214 passent facilement. 

Avec la dissolution dans le sulfure de enion: il dit que la bande du dissolvant est 
renforcée et reculée vers la droite, et prend comme moyenne de la bande de 
brome à — 305. Il signale en outre une bande à À — 413 (partie visible) apparaissant 
sous de fortes épaisseurs; cette bande s'étendant sur le bleu et le violet, il en conclut 
que la dissolution du brome dans le sulfure de carbone est violette, tandis que les dis- 
solutions alcooliques qui ne présentent pas cette bande sont brunes (comme pour 
l'iode 

Das l’ultraviolet fhéiibte, nous avons retrouvé la bande signalée bé Martens 
avec une dissolution récente de brome dans l'alcool éthylique absolu à +455, et sous 
des épaisseurs variant de 7mm à 15m", La dissolution de 1 est déjà trop concentrée, 
et c'est seulement à travers 1" de dissolution qu’apparaît sur le spectrogramme une 
absorption entre À — 295 et À — 248; avec 2"" toutes les radiations sont absorbées 
jusqu’à } = 320. 

Les dissolutions dans le chloroforme donnent des résultats sensiblement identiques. 

Il n’en est pas de même pour les dissolutions dans le sulfure de carbone, à cause du 
grand pouvoir absorbant de ce dernier. Nous avons dû diluer avec de l’alcool absolu. 
La dilution favorable pour observer à la fois la bande du brome et celle du sulfure 
de carbone, et les différencier, est yos de brome et 1 de sulfure de carbone 
examinée sous des épaisseurs variant de 1™™ à 4m"; pour des épaisseurs plus grandes, 
les deux bandes se rejoignent. 

La dissolution dans le sulfure de carbone pur à ro de brome permet d'observer la 
bande signalée par Martens à À — 413. Avec des épaisseurs variant de 5™ à g" elle 
s'étend de À — 470 jusqu’à À — 390, recouvrant le bleu et le violet visibles, et une partie 
de l’ultraviolet; avec 10" d'épaisseur, tout l’ultraviolet est absorbé. Cette bande 
qui correspond à la partie visible du spectre ne se retrouve avec aucun des dérivés 
bromés du méthane qui sont tous incolores. 


Tétrabromure de carbone CBr*. — Ce produit ne paraît pas encore avoir été 
étudié. Un échantillon pur, bien cristallisé, incolore, a été dissous dans l’alcool éthy- 
lique absolu et spectrographié aussitôt après. Avec la concentration 5 toutes les 
radiations ultraviolettes sont absorbées à partir de 4o™™ d'épaisseur, Les dissolu- 
tions plus étendues offrent eza transparence de plus en plus grande; nous avons dilué 
progressivement jusqu’à syy, mais dans aucun cas nous n'avons retrouvé la bande 
caractéristique du brome dans l’ultraviolet, et cependant le tétrabromure renferme 
96,38 pour 100 de cet élément. 

Le carbone apparaît comme possédant une transparence remarquable, capable même 
de neutraliser le pouvoir absorbant considérable du brome. 


Bromoforme, méthane tribromé CH Br. — Le produit pur laisse passer les radia- 

_ tions ultraviolettes jusqu’à À — 310 sous une épaisseur de 1"; l'absorption n’augmente 

que très lentement avec ae pour 8o™™ les radiations passent jusqu'à À = 355, 

Les dilutions à Th 7000 5050 TERS Ré des épaisseurs variables, n'ont jamais 
présenté de bande. a: 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, ne t) 13 


94 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Méthane bibromé CH? Br?. — Il esi nettement plus tonnie quele bromoforme. 
Pur, sous ™™ d'épaisseur, il laisse passer les radiations jusqu’à À = 274 et jusqu’à 
À = 308 sous 8o™m, La dissolution à ~$; est transparente jusqu'à } = 240 pour 5mm 
et À— 3260 pour So»; sur aucun spectrogramme nous n'avons observé d'absorption 


sélective. 


En résumé : 1° la bande caractéristique du brome en dissolution 
À = 295 à 248 ne se retrouve dans aucun des dérivés bromés du méthane ; 

2° Ces composés sont d'autant plus transparents pour les radiations 
ultraviolettes qu’ils renferment moins de brome; 

3° Chaque dérivé bromé est moins transparent que le dérivé chloré 
correspondant, examiné dans les mêmes conditions de concentration et 
d'épaisseur. 

Limite de transmission des radiations ultraviolettes 
en fonction des épaisseurs. 


spaisseur Br! r 
en millimètres. solution à —. CH Br’. pur. CH?Br° pur. 
Ps ee. roa 10 / 
s P » 318 280 
E E > 319 284 
it, eos » 22 287 
10... 01 908 y 325 291 
Ms 340 338 294 
Pi senti absor Pt. complète 340 297 
is » 344 ‘302 
PSE ME » 399 305 
1: A T e » 43 P 


CHIMIE PHYSIQUE. — Sur la densité du gaz acide bromhydrique. Contribution 
à la revision du poids atomique du a Notede M. E. Mores, présentée 
par M. Charles Moureu. 


1. Dans une Note récente (') nous avons communiqué les résultats de 
nos mesures sur la densité du gaz bromhydrique préparé par deux méthodes 
différentes ; à ce propos nous-avons fait remarquer que le gaz obtenu par 
l’action du brome sur la naphtaline avait donné des valeurs trop faibles. 
Nous avons repris dans la suite la préparation du gaz BrH dégagé à froid 


(:) E. Moles, Comptes bendu, i 162, 1916, p. 686. ES 


SÉANCE DU 24 JUILLET 1916. 95 


par l’action du brome sur la naphtaline; l'excès de brome accompagnant 
le gaz BrH, qui était absorbé, dans nos premiers essais, par un laveur à 
paraffine chauffée à 180°-200°, a été retenu au moyen d’un tube rempli de 
naphtaline en morceaux. Le gaz BrH ainsi préparé a donné, après la puri- 
fication par barbotage et distillations fractionnées successives, les résultats 
normaux des séries X et XI ci-après. Il paraît donc que l’impureté accom- 
pagnant le gaz BrH, très difficilement séparable de celui-ci et qui rendait 
la densité trop faible, doit son origine au passage du gaz BrH accompagné 
de vapeurs de naphtaline et de brome dans le laveur à paraffine chauffée. . 

Le gaz bromhydrique a été préparé encore par l’action du brome sur la 
paraffine chauffée à 200°, L’excès de brome dégagé a été fixé par le passage 
du gaz dans un laveur à paraffine chauffée à 180°, et le gaz BrH a été purifié 
ensuite par barbotage et distillations fractionnées, Les résultats sont ceux 
de la série IX. 


Déterminations sous 760™™, 


Poids du litre normal. 


Pression + 

Série. (corr.). Ballon I. Ballon II. Ballon III. Moyennes. 
+ Men 732,57 3,644 3,643 3,6448  3,6443 
ANA Eee. à DC PES D 3,6442 3,6443 3,6448 3,6444 
tn PE a 1985762 3,6448 3.606433 3,6450 3,6444 
Moyennes... . "3,6444 3,643> 3,6448 3,6444 

Moyennes des onze séries. 3,6445 3,6440 3,6447 3,6444 


-Ces résultats confirment ceux exposés précédemment. La valeur moyenne 
du poids du litre normal, déduite de l’ensemble de nos 33 déterminations, 
faites avec le gaz préparé par quatre méthodes différentes, est 

35,64442 + 0,00013, 


valeur que nous adopterons pour représenter la densité absolue du 
gaz BrH. 


2. Nous avons encore déterminé le poids du litre de gaz bromhydrique 
sous pression réduite, en vue de calculer le coefficient de compressibilité et 
le poids moléculaire exact du gaz BrH, la mesure directe de la compressi- 
bilité n'étant pas possible à cause de l’action du gaz sur le mercure. Les 
pressions choisies sont voisines de 506,67 et 253™™,33, et la technique 
opératoire est identique à celle suivie pour les mesures à 760" (méthode 

du ballon avec les modifications pratiquées à Genève). Les ballons étaient 
les mêmes que pour les mesures à 760%. — ` asror Hi 


. 


g6 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Résultats obtenus. — Les séries I, II et IE sous la pression 506®™™, 67 con- 
cernent le gaz préparé par hydrolyse du bromure de phosphore; la série IV, 
celui préparé par l’action du brome sur la naphtaline. Pour les séries sous 
la pression 253™™, 33, les n°% 4, 2, 3 et 4 sont relatifs au gaz préparé par 
hydrolyse du bromure de phosphore et les n° 5 et 6 au gaz obtenu par 
l’action du brome sur la paraffine. 

Dans ces Tableaux nous indiquons la valeur du poids du litre ramené 
à 700% par la formule des gaz parfaits et toutes corrections faites. 


Déterminations sous 506™™, 67. 


Poids du litre ramené à 760". 
Pression 


A S vas 
Série. (corr.). Ballon I. Ballon H. Ballon III. Moyennes. 
ni 

He 497,0 » 3,6332 3,6343.  3,6337 
M > 509, 1 3,6338..:3,6%oux 3.634823 0008 
Hosa 506,96 3,6347 3,6313 3,6338 3,63332 
anaa 486,1 3,6338 3,630 3,6319 3,6319 
Moyennes 3,634: 3,6319 3,6336 3,6391 


Les écarts sont plus forts que sous la pression de 760™™, d’accord avec la 
moindre précision dans les pesées et dans les lectures de pression (écart 
maximum —— pour les moyennes par ballon et =y; pour les moyennes 
par série). : ` 


Déterminations sous 253%, 33. 


Poids du litre ramené à 7607". 


Pression a o M 

Série. (corr.). Ballon I. Ballon IT. Ballon III. Moyennes. 
Po 257,1 3,626 3,6227 3,6229 3,6239 
o aa 246,0 . 3,6269  .3,6193 3,6209 3,6224 
Joe. 251,7 3,6205 3,6218 3,6204 3,6209 
B a + 20899 » 3,6209 3,6220 3,6215 
Divan Iai 291,9 3,6238 3,6206 3,6220 3,6219 
D. 251,4: 3,6210 3,6195 2,6219 3,6208 
Moyennes ......... 3,6236 3,6207 | 3,0217 | 3,6219 


Au moyen des valeurs précédentes nous avons calculé lécart à la loi 

, a f . : T À 
d’ Avogadro pour le gaz BrH en fonction de p et de - Les valeurs obtenues 
différent très peu et, en raison du caractère linéaire des deux courbes, c’est 
la moyenne 1+ À —1,00931 qu’on a adoptée comme valeur la plus pro- 


SÉANCE DU 24 JUILLET 1916. 97 


bable; nous reviendrons dans un Mémoire détaillé sur le mode de calcul 
de(1+ À). 

Le poids moléculaire du gaz bromhydrique a été calculé par FAPpOrt 
direct à l'oxygène [pour edit L = 1,42905 et (1+À)=1,00097| à 
3,64 442 X 1,00 097 
1,42 909 X 1,00 931 


l’aide des données ainsi établies. L'expression m = 32 
conduit au résultat suivant : 
* BrH = 80,934; 


d’où l’on déduit, en retranchant le poids atomique de l'hydrogène (1,008), 
Br = 59,926 


comme valeur provisoire du poids atomique du brome résultant de len- 
semble de nos recherches. 


BOTANIQUE. — Sur la réapparition du Mildiou (Phytophtora infestans) 
dans la végétation de la Pomme de terre. Note (*) de M. Jakos EriKssox, 
présentée par M. Gaston Bonnier. 


De nouvelles recherches m'ont donné les résultats suivants : 


l. En plein champ la maladie n'apparait que 3 à 4 mois apres la plantia- 
tion des tubercules, lors de la floraison de la plante. En Suède la première 
atteinte varie de la is sure au début de septembre, d’après les conditions 
météorologiques. 


2. A cette éruption primaire du Champignon, å la fin de l'été, on voit 
de grandes taches noires, et à la face inférieure une fine efflorescence gri- 
sâtre, sur les feuilles, surtout sur celles du milieu, les plus vigoureuses du 
pied ; un temps humide et embrumé favorise le mal. Dès le premier jour, 
les feuilles présentent plusieurs taches chacune; au bout de 2 à 3 jours la 
plupart des pieds sont envahis. Toutes ces taches sont primaires et indé- 
pendantes les unes des autres. 

3. Sous chissis, où la plantation des tubercules a lieu en janvier, les pieds 
présentent les premières traces de la maladie vers la mi-avril; la tige et les 
feuilles ont atteint alors leur développement. Le pied de Pomme de terre 


C) Séance du 17 juillet 1916. 


98 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


cst à ce moment aussi développé me ceux cultivés en plein champ à la fin 
de l'été. 


4. A l'apparition précoce sur les pieds en couches, le Champignon envahit 
les tiges et les pétioles qui prennent une coloration noir grisätre et présentent 
des di partielles. Les pétioles deviennent souvent filiformes, les 
limbes des feuilles restant verts et sans taches malades. 


5. Dans une tache au premier jour de l’éruption estivale on remarque plu- 
sieurs zones : (a) une centrale sombre, d’un brun virant vers le noir, (b) en 
dehors une zone veloutée grisâtre, (c) une zone d’un vert påle, sans moisis- 
sure, et enfin (d) une région encore saine vert foncé, à 10"" de distance de 
la écobde zone (D). 


6. Dans /a région vert foncé et dans la partie contiguë du vert pâle, les 
cellules ont un aspect normal avec noyaux et grains de chlorophylle, etc. 
Le corps plasmique de la cellule seulement présente une structure qi dif- 
fere de la structure normale du plasma. 

C’est à l’aide d’un fort grossissement que nous avons pu constater dans 
le plasma la présence, entre les grains de chlorophylle, de points noirs. 
Aucune trace de mycélium n’a été découverte, ni dans les cellules, ni dans 
les méats contigus. 


7. Dans les phases primaires, la structure du corps plasmique de la cel- 
lule s’altère. Les grains de chlorophylle du plasma sont sur le point de se 
désagréger (phase de désagrégation de la chlorophylle) ; en même temps le 
plasma lui-même présente une consistance granuleuse. 


8. Dans une phase suivante la structure du plasma change : les grains 
de chlorophylle sont désagrégés, la masse plasmique paraît plus granuleuse 
et renferme un grand nombre de nucléoles (4 à 6) (phase nucléolaire). Les 
taches malades des feuilles noircissent, résultat de la por A des 
grains de chlorophylle. 


9. Cette phase est suivie par une autre, plus altérée. Les granulations 
plasmiques s'associent dans certaines parties de la cellule, surtout dans les 
cellules palissadiques du parenchyme. La masse plasmique occupe souvent 
leur bout intérieur. Quelquefois on trouve les amas de granulations au 
centre ou versla paroi contiguë à l’épiderme. Les nucléoles sont remplacés 
par des granulations plasmiques de forme irrégulière (phase de ere) 


SÉANCE DU 24 JUILLET 1916. 99. 


10. Les changements du corps plasmique de la cellule maladé montrent, 
dans ce corps plasmique, dès le début, deux êtres différents : le plasma de 
la cellule hôte et celui du Champignon. Intimement mêlés, ils constituent 
une symbiose qui, héritée de la plante mère, se répand de cellule en cel- 
lule. Nous avons appelé cette association plasmatique mycoplasma. À une 
certaine période de développement de la plante nourricière, ces deux êtres 
intimement mêlés ouvrent un combat duquel le Champignon sort vainqueur. 


IL. À ce moment le corps plasmique quitte la cellule et pénètre dans les 
méats intercellulaires. Il entre dans l’état mycélien, et l’on voit se consti- 
tuer les premiers filaments. Le plasma perfore la paroi de la cellule aux 
._ endroits même où les granulations sont surtout épaisses (phase mycélienne). 
Il semble que la masse plasmique sorte à l’aide des plasmodermes. 

Selon l’espace offert par le méat intercellulaire, la masse plasmique prend 
la forme d’un filament, simple ou ramifié, ou d'un chapeau fongueux. Si la 
masse plasmique sort par le bout extérieur d’une cellule palissadique, elle 
se présente sous forme d’un filament mince introduit entre l’épiderme et les 
cellules. A l'intérieur on voit souvent une vésicule volumineuse et entière- 
ment ouen partie vidée. Son contenu a dû être versé dans le filament formé. 


12. Le développement du filament mycélien parait suivre deux direc- . 
tions : les uns restent fins, présentent des nucléoles séparés et visibles. 
Quelques-uns se détachent du filament comme formations séparées et se 
d'veloppent en oogones. Je voudrais qualifier ces filaments de flaments 
femelles. Puis d’autres filaments mycéliens se développent en largeur. Leur 
contenu plasmatique est plus également disposé le long du filament entier. 
Ces filaments irrégulièrement ramifiés et souvent pourvus de bifurcations 
d :ntiformes se développent parfois en anthérides. Je voudrais caractériser 
ceux-ci comme filaments mâles. | 

13. Entre les anthérides et les oogones développés, une fécondation a lieu 
donnant une oospore. Les oosporés apparaissent solitaires ou réunies, 2 À 3, 
dans le tissu cellulaire désorganisé de la tache foliaire. Elles sont sphé- 
riques, de 20" à 38# de diamètre. La paroi en est épaisse et lisse. 

44, Les oospores peuvent germer aussttôt formées. Elles ne sont done point 
des spores de répos devant assurer la: persistance du Champignon darant 
l'hiver, mais de vraies spores d'été dont la vie est de très exacte durée. 

15. Ayant atteint l’ostiole intérieur d’un stomate, les oospores se dé- 


$ 


100 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


veloppent donnant un ou deux à trois rameaux minces qui, sous la forme de 
tubes ou de filaments, sortent par le stomate. Aussitôt formé, le tube peut 
produire une spore terminale ovoïde ou ayant la forme d’un citron. Il peut 
aussi se développer en un filament plus allongé, ramifié. Alors les conidies 
naissent à l'extrémité des rameaux (spores terminales) ou sur les petites 
ampoules des ramifications (spores latérales). 


16. La germination des premières conidies s’accomplit comme celle des 
sporanges ; leur contenu se différencie en huit zoospores distinctes, mises en 
liberté par ouverture du sommet du sporange. Les zoospores peuvent ger- 
mer aussitôt formées. L'évolution, dès la désagrégation des grains de chlo- 
rophylle de la cellule hôte jusqu’à la mise en liberté des zoospores, s’ac- 
complit probablement en un seul jour. Après ce jour, le plus important 
- dans la vie du Champignon, celui-ci se propage par inoculations secondaires 
produites par zoospores. 


GÉOLOGIE. — Sur l’âge des dépôts oligocènes des bassins d’ Aix et de Marseille. 
el, en particulier, des argiles des Milles et des lignites de Saint-Zacharte. 
Note (') de M. Repreuix, présentée par M. H. Douvillé. 


L'âge géologique des argiles des Milles et de la série stratigraphique 
supérieure du bassin d’Aix a été l’objet d'opinions très différentes les unes 
des autres, mais tendant toutes à rajeunir de plus en plus ces couches dont 
la faune n’a été connue d’une manière assez satisfaisante que dans ces 
dernières années. 

Cette formation fut considérée comme bartonienne par Matheron et par 
Fontannes qui accepta avec ses contemporains l’opinion du savant pro- 
vençal. Collot, dans la Notice explicative de la feuille d'Aix (Carte géolo- 
gique au ——), l’a attribuée à l'Éocène supérieur. Vasseur enfin (°), en 
dernier lieu, à cause de la présence de dents d’Aceratherium et de restes de 
Cainotherium, n’hésita pas à classer les argiles des Milles dans le Lattorfien 
(Sannoisien). Les dernières découvertes faites par M. Rastoin, propriétaire 
des carrières d’argile, et l'étude des assises calcaires qui se trouvent à la 
base de la formation nous permettent d’établir qu’il faut la rajeunir encore 
et l’assimiler aux argiles de Saint-Henri, d’àge stampien (Rupélien). 


(1) Séance ra 10 juillet 1916. 
(2) Note préliminaire sur la constitution géologique du bassin d’Aix-en-Provence. 


SÉANCE DU 24 JUILLET 1916. 101 


La faune’actuellement connue des argiles des Milles comprend en effet 
la série suivante : | 


Aceratherium Filholi Osborn : 

Une portion de mâchoire inférieure, partie antérieure, avec les deux fragments de 
mandibule bien en place et montrant, avec les incisives, P,, P,, P}, P, de chaque man- 
dibule ; une mandibule gauche avec M,, Ma, M, ; une mandibule droite de la même 
. mâchoire avec M, et M, (les trois pièces à la Faculté des Sciences de Marseille). 


Je ne connais aucun gisement d'âge lattorfien qui ait fourni des restes de 
cet Aceratherium. Celui d’Allias (Bazadais) qui est dans des argiles syn- 
chroniques du Calcaire à Astéries est stampien, ainsi que celui de Millebrathar 
(Agenais). 

Aceratherium albigense Roman : Mächoire inférieure d'un Aceratherium 
de petite taille avec la série complète des dents sur les deux mandibules 
(Faculté des Sciences). Les caractères et les dimensions sont identiques à 
ceux de la petite espèce de Saint-Henri dont plusieurs pièces ont été décrites 
par M. Roman sous le nom d’Aceratherium albigense. Cette espèce, dont le 
type est le crâne trouvé par Caraven-Cachin à Salvagnac, au nord de 
Rabastens (Tarn), n'existe, à ma connaissance, que dans les assises stam- 
piennes. Les mollasses de Salvagnac sont en effet bien inférieures aux 
premières assises aquitaniennes à Helix Ramondi. Le sommet des coteaux 
dans cette région où les strates sont subhorizontales, est formé de couches 
inférieures au calcaire de Briatexte qui couronne les sommets au sud de 
Montans ( Faculté des Sciences). 

Anthracoterium (magnum ?) : 

Deux molaires M, et M, de la mandibule droite d’un Antracotherium de grande 
taille identique à celui de Saint-Henri (Musée Longchamp}; une molaire très usée M, 
se rapportant également à la même espèce et de mêmes dimensions que celles de 
Saint-Henry (Musée Longchamp); une autre molaire M,, de la mandibule gauche, 
identique de forme et de dimensions à M, des pièces de Saint-Henri. 


Doliochærus sp., de taille un peu plus grande quele D. Quercyi de Filhol ('): 


Une portion de mandibule droite comprenant P;, P}, Mi, Ma, M,; une portion de 
= mandibule gauche comprenant P,, M, M., M. 


Bachitertum sp., de mêmes dimensions que celui des phospborites du 


(') Comptes rendus, t. 94, 1882, p. 1258. 
C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 4.) 


e 
+ 


102 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Quercy : Deux portions de mandidules et une molaire M, de la mâchoire 
supérieure. 

Cainotherium sp., identique à celui de Saint-Henri. 

Prodremotherium cf. elongatum : Mandibule gauche avec P, et M,, M., 
M,; une molaire et une prémolaire du côté droit de la mâchoire inférieure. 

Les formes les plus caractéristiques de cette faune sont bien celles de la 
faune stampienne de Saint-Henri. 

Au point de vue stratigraphique, le calcaire de Luynes déjà signalé par 
M. Vasseur à la base des argiles (') nous offre une série de mollusques 
dont les affinités sont avec la faune lattorfienne bien plus qu'avec la faune 
ludienne. On y trouve des Mélaniens spéciaux, des Striatelles, dont une 
espèce identique à une forme non décrite de Barjac et une autre qui se 
retrouve dans le calcaire sannoisien de Saint-Jean-de-Garguier, des Pota- 
mides, des Néritines, des Planorbes généralement déformés, aplatis, indé- 
terminables „pivi egerint, des Paludines( Vivipara ) tout à fait semblables 

à celles des couches sannoisiennes de Saint-Jean de Garguier et de Les- 
taque, enfin des Cyrènes pour compléter l'analogie. Cette fauné que 
Vasseur devait étudier depuis longtemps mérite un examen détaillé; elle ` 
contient un certain nombre de formes nouvelles. 

Elle nous permet en tout cas d’assimiler raisonnablement le calcaire de 
Luynes au calcaire de Lestaque (Lattorfien) dont il a les caractères pétro- 
graphiques, les argiles des Milles étant d'autre part assimilées à celles de 
Saint-Henri (Rupélien). Les conditions de dépôt étaient donc identiques 
dans les deux bassins qui devaient communiquer facilement. Rien de pareil 
n'existait pendant l’Éocène. Les seuls dépôts incontestables de cette époque 
sont cantonnés dans le bassin d'Aix. Les formations de Saint-Zacharie 
même les plus inférieures, malgré la présence d’un Palæotherium de taille 
moyenne, doivent être attribuées au Lattorfien comme le prouve la pré- 
sence, dans les couches ligniteuses de la base, de restes d’un grand Anthra- 
cothertum de la taille de ceux des Milles et de Saint-Henri. 

Une conséquence de ces conclusions est qu'il faut sans doute rapporter 
à l'Aquitanien inférieur et non au Rupélien les assises directement super- 
posées aux argiles et qui contiennent les premiers exemplaires d'Hekx 
Ramondi, que Vasseur avait cru pouvoir rapprocher de Helis corduensis var. 
major, mais qui en réalité font partie du phyllum F. Raulini Noul. (non 


- 


(1) Loc. cit. ante. 


SÉANCE DU 24 JUILLET 1916. 103 


corduensis) — H. Ramondi, et ne diffèrent que peu de H. Ramondi typique, 
alors qu’elles se distinguent de suite par leur taille de H. Raulini. 

La série calcaréo-gypseuse avec poissons, insectes et plantes se place 
dès lors naturellement dans l’Aquitanien au niveau des assises similaires à 
poissons, insectes, plantes de Manosque et de Céreste, et l’Aquitanien se 
termine dans notre région par les calcaires d’Éguilles et de Puyricard. 


PHYSIOLOGIE. — Vitesses musculaires mesurées par la chronaxie dans les diffé- 
rentes cavités du cœur et les faisceaux de passage. Note de M" Manceze 
Laricque et Carserine Vers, présentée par M. Dastre. 


Nous avons cherché à déterminer les vitesses musculaires propres aux 
différentes cavités cardiaques en prenant comme mesure leur chronawie, 
Nous avons expérimenté sur quelques Vertébrés inférieurs : grenouille, 
tortue et poisson rouge. | 


Le cœur étant mis à nu, mais laissé ín situ, nous piquions une fine électrode d’ar- 
gent sur l’une ou Pautre des parties du cœur dont nous voulions connaître la chro- 
naxie, l’autre électrode à large surface ‘étant placée dans la bouche de l'animal on 
dans la cavité abdominale. L'excitation était faite soit au moyen de passages de cou- 
rants constants, soit au moyen de décharges de condensateurs de capacités variables 
s’effectuant dans un circuit à résistances connues et constantes très voisines de 
10000 ohms. 

Nous déterminions par les procédés habituels, Fa rhéobase et la chronaxte. 
Dans quelques expériences, laissant le cœur battre spontanément, nous provoquions 
une extrasystole au moment le plus favorable pour avoir une réponse, c'est-à-dire 
pendant la phase diastolique ; dans d’autres expériences, le cœur étant au repos par 
l'effet de la première ligature de Stannius pratiquée sur le sinus veineux, les excita- 
tions électriques font apparaître des contractions de l'oreillette et du ventricule qui 
ne diffèrent pas des contractions spontanées, comme on peut s’en convaincre par len- 
registrement graphique : on obtient d’ailleurs les mêmes chiffres pour la chronaxie 
de l'oreillette et du ventricule avant comme après la ligature. De plus, nous nous 
sommes assurées que pour une cavité cardiaque donnée, la position de l'électrode ne 
change pas la chronaxie, 


Voici quelques chiffres d'expériences : 


10/4 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Rhéobase Chronaxie 
en volts. en microfarads. 


Sinus veineux. + 2,0 0 
Rana esculenta 27 A 
ETET S Oreillette... ...... 5,0 0,3 
p y ArI Ventricule 4.6 0,7 
2 vi e ++ . E i 
Sinus veineux 0,9 6.3-6.5 
. WS ME #2; ler i 
Cistudo europæa | brie Rte g4 
(expérience du 29 mai). ; * 
P 9 l Ventricule 3-9 6,5 
a AT ENT $ ? 
i Sinus veineux.... 6 2,5 
Carassius auratus  \ Osadi 2. Le 
retilètie an an 10, 57 
et PAR l Veninicule....:.. 8,0 2,4-2,5 


Dans quelques cas, nous avons aussi mesuré la chronaxie du bulbe aor- 
tique de la grenouille et de la tortue; elle s’est trouvée être la même que 
celle de l'oreillette et du ventricule correspondants. Chez la grenouille et 
la tortue, où il existe deux oreillettes, nous nous sommes assurées que les 
deux oreillettes avaient la même chronaxie. 

Dans toutes nos expériences, comme dans les exemples ci-dessus, nous 
avons observé une chronaæie identique avec toute la précision qui peut être 
atteinte dans ces mesures. Il existe dane un remarquable isochronisme des 
différentes cavités cardiaques. 

Une partie bien déterminée nous a donné d’une façon constante une 
chronaxie plus élevée; c’est un faisceau musculaire unissant l'oreillette au 
ventricule et qu’on peut suivre en remontant jusqu’au sinus. Chez la tortue 
ce faisceau est visible à l'œil nu si l’on retourne le cœur de l'animal de 
façon à examiner le sinus. Gaskell (') nous a appris que, chez la tortue, 
les éléments musculaires ont là une structure spéciale; ils sont moins diffé- 
renciés, se rapprochent du type embryonnaire et sont plus riches en sarco- 
plasma. Engelmann a trouvé la même disposition sur la grenouille. 

Pour exciter ce pont musculaire qui assure la conduction de l’excitation 
du sinus aux oreillettes et au ventricule, nous avons opéré de plusieurs 
facons différentes. 

Sur le cœur battant, nous avons piqué l’électrode différenciée dans ce 
pont musculaire. Aussitôt nous constations, en général, de l’allorythmie, 
le ventricule battant avec une fréquence trois ou quatre fois moindre que 
les oreillettes. Nous cherchions la chronaxie du pont auriculo-ventri- 
culaire, en observant soit la contraction directe des fibres musculaires, 


(1) GASKELL, On the innervation of the heart with special reference to the heart 
of the Tortoise (Journal of Physiology, 1883). 


SÉANCE DU 24 JUILLET 1916. 105 


soit l’extrasystole provoquée par l'excitation transmise dans le ventricule. 
‘nsuite nous cherchions la chronaxie du ventricule en piquant l’électrode 
différenciée directement à la pointe. 

Nous avons opéré de la même façon en enlevant les oreillettes; la con- 
duction n’a pas été troublée par cette suppression et les résultats ont été 
les mêmes. Nous avons effectué aussi la première ligature de Stannius de 
façon à arrêter les mouvements spontanés du cœur ou au moins à les 
ralentir considérablement (chez la tortue, en effet, quelques minutes après 
la ligature, le ventricule se remet à battre, mais à un rythme très ralenti). 

On peut voir, lorsque l’électrode est appliquée sur le pont musculaire, la 
propagation de l'excitation s’effectuer de l’électrode active jusqu’au ventri- 
cule qui se contracte avec un retard notable très supérieur à celui constaté 
lorsqu'on excite le ventricule directement. Nous nous sommes rendu compte 
de la valeur de ce retard par l'enregistrement graphique : il est de l’ordre 
de la demi-seconde. Sur le cœur arrêté, les résultats sont encore les mêmes 
que sur le cœur battant. 

Voici quelques différences de chronaxies observées : 


Rhéobases Chronaxies 
en volts. en microfarads. 


; Rana esculenta | Pont auriculo-ventriculaire... 9,6 1,70 

(expérience du 2 juillet). ) Pointe du ventricule......... 1,0 0,40 
Testudo mauritanica Pont auriculo-ventriculaire... 10,0 7,9 
(expérience du 1°% juillet). Pointe du ventricule.,....... 1,9 2,9 
Carassius auratus { Pont auriculo-ventriculaire... 2,6 55 
(expérience du 20 juin). | Pointe du ventricule......... 3,5 2,5 


La différence de chronaxie est ici très frappante en regard à l’isochro- 
nisme si net de tout le reste du cœur. Cette chronaxie plus grande révèle, 
d’après une loi générale, une moindre vitesse de conduction. I] y a là un 
fait nouveau pour l'explication du retard déterminé avec lequel entrent 
successivement en jeu les diverses cavités cardiaques. 


106 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


PHYSIOLOGIE. — Temps des réactions psychomotrices des candidats à 
l Aviation. Note de MM. Jgax Camus et Nepper, présentée par 
M. Charles Richet. 


Nous avons, dans des publications antérieures (‘}, indiqué les principes 
d'une méthode qui nous a servi à étudier les réactions émotives d’une part, 
les temps des réactions psychomotrices d’autre part, des candidats à l’ Avia- 
tion et des blessés atteints de traumatismes crâniens. 

Parmi les hommes que nous avons examinés figurent des aviateurs émé- 
rites et d'excellents candidats qui ont fourni de très bonnes épreuves. Nous 
avons pourtant été frappés de ce fait que les temps des meilleures réactions 
étaient peu différents des moyennes classiques. Ces moyennes étant, 
d’après nos recherches, 196. millièmes de seconde pour les réactions 
visuelles; 147 millièmes de seconde pour les réactions auditives et 150 pour 
les réactions tactiles. Il est très rare de voir ces temps diminués de 20 mil- 
lièmes. 

Aussi notre attention a-t-elle été fortement retenue par une récente 
Communication dans “are M. Lahy (°) relate chez des mitrailleurs des 
temps de 104,6; 101,6, etc., pour les impressions visuelles, et des temps 
de 89,5, etc., pour di impressions auditives. 

La brièveté surtout des réactions visuelles et leur peu d’écart chez les 
mèmes sujets avec les temps des réactions auditives constituent un phéno- 
mène difficilement explicable si nous nous reportons à nos recherches 
personnelles. 

õn effet, les sujets que nous avons observés étaient de même âge, de même 
race, appartenaient au même milieu, avaient mené à peu près la mème vie 
que ceux qui ont été examinés par M. Lahy. Les différences entre les 
résultats obtenus par cet auteur et par nous, ainsi d’ailleurs que par de 
très nombreux observateurs, ne peuvent à notre avis s ’expliquer que par 
une grande différence dans les techniques employées. 

Dans nos recherches nous nous sommes toujours servis du chronomètre 
électrique de d’Arsonval : les excitations visuelles étaient déterminées par le 


(!) Jean Camus et Nereer, Mesure des réactions psychomotrices des candidats à 
l’ Aviation (Paris médical, 18 mars 1916); Les réactions psychomotrices et émotives 
des trépanés ( lbid., 3 juin 1916). 

(?) Comptes rendus, t. 163, 1916, p. 33-35 


SÉANCE DU 24:JUILLET 1916. 107 


départ de l'aiguille, les excitations auditives étaient fournies par un coup 
bref donné avec le marteau de l'appareil de d'Arsonval sur une petite plan- 
chette; les excitations tactiles par un petit choc donné avec le même 
marteau sur le cuir chevelu du sujet ou sur sa main. 

Il est connu d’ailleurs par de nombreuses expériences que plusieurs 
causes peuvent faire varier les temps des réactions. Elles se ramènent à 
deux groupes : les unes modifient l’excitabilité du sujet (toxiques : more 
phine, alcool, café, etc.) Les autres font nee Lansitaitt (intensité asjailité, 
durée de ce dernier, etc.). 

Et le résultat constant de ces modifications est de diminuer la RCA 
de la réponse, sauf peut-être pour le café, qui accélère de quelques mil- 
lièmes, à peine, le mouvement réactionnel. 


> 


EMBRYOGÉNIE. — Le développement ontogénique et les organes analogues: 
Note (') de M. L. Viarrerow, présentée par M. Henneguy. 


La marche du développement ontogénique, la manière dont les organes 
se forment à partir d’un point ou d’une ligne servant d’axe à la différencia- 
tion, le moment de leur apparition et leurs relations avec les organes 
formés avant eux, permettent de comprendre pourquoi, dans certains 
groupes, la même fonction ne peut pas être remplie par un même organe 
plus ou moins transformé, maïs exige la création d’un organe nouveau. 
analogue par conséquent, maïs non homologue à celui qui, dans lautre 
groupe, joue le même rôle. 

Un exemple très net d’organe de cette nature est fourni par l’aile des 
Insectes comparée à celle des Vertébrés. On sait que la première n’est 
point formée par un membre déplacé et adapté à ses nouvelles fonctions, 
comme c’est le cas chez les Vertébrés, mais qu'elle est constituée par une 
expansion membraneuse des plaques dorsales n'ayant rien de commun 
avec les autres membres. 

Dans une longue étude sur la genèse des organes du vol, M. Brénék (?) 
fait remarquer qu’il n’y a pas d’ Insècte avec deux ou quatre pattes trans- 
formées en ailes, ni dé Vertébré où, avec les extrémités conservées, des 


a 4 à HET 
3 ” 


+ 


(1) Séance du 13 juillet 1916. 
(2) W. Braxta, Fossile Flugtiere und Mr biik des Ftugsermògens ( eri 
d. König. Preuss. Akademie d. W Aene; 1908). ) 


108 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


ailes soient nées du dos. Cela se comprend bien pour ces derniers, dit-il, 
car leurs ailes nécessitent un appareil musculaire et squelettique très 
complexe qui ne pouvait naître à cette place, tandis qu’il semble bien que, 
chez les Insectes, la nature aurait pu transformer en ailes les membres qui, 
chez les Arthropodes, montrent une si grande variété de forme et de 
fonction. Si la nature ne l’a pas fait, c’est, pour ainsi dire, parce qu’elle ne 
l’a pas voulu, bien que le pouvant (Branca, loc. cit., p. 9). 

Le déroulement de l’ontogenèse dans les Vertébrés et les Insectes con- 
tredit absolument cette manière de voir et montre que les extrémités de 
ces animaux se trouvent, par le fait même du développement, dans des 
conditions absolument différentes pour chaque groupe. Élimirons d’abord 
les difficultés qui pourraient être soulevées à propos de la comparaison des 
membres dans les deux formes; en effet, quelques différences qu’il y ait 
entre eux, il n'en est pas moins vrai que dans les deux cas les membres 
sont fournis par des appendices des métamères, et cela suffit pour Ja pré- 
sente discussion. 

Chez les Insectes le développement commence à partir d’un sillon placé 
sur la future face ventrale, la gouttière germinale, de part et d’autre de 
laquelle se forment les bandelettes nerveuses, les somites mésoblastiques 
et les bourgeons des membres qui naissent très près de la gouttière, de très 
bonne heure. Au delà des membres les feuillets embryonnaires se diffé- 
rencient progressivement jusqu’au pôle de l’œuf opposé à la gouttière ger- 
minale. L’organogenèse procède donc d’une manière régulière à partir de 
cette gouttière et s'effectue dans un seul sens, ventro-dorsalement, mode 
que von Baer a caractérisé par les mots evolutio gemina. 

L’aile devant toujours être placée du côté dorsal pour s'insérer au-dessus 
du centre de gravité, condition indispensable d'équilibre, il faudrait, pour 
faire une aile avec un membre d’Insecte, imposer à ce dernier un déplace- 
ment très considérable, ce qui est impossible, car des proliférations cel- 
lulaires intenses, comme celles qui seraient nécessaires pour amener une 
sémblable transposition, ne s’observent jamais au niveau des organes pri- 
mitifs et axiaux, dont les connexions devraient être bouleversées de fond 
en comble pour se prêter à ce nouvel arrangement. La situation dorsale 
des antennes, nées sur le côté ventral, ne contredit en rien cette thèse, car 
elle résulte simplement de l’absence presque totale de la portion dorsale 
du métamère antenñäire, en rapport avec le manque de l'appareil digestif 
à ce niveau. Il paraît donc bien impossible à la nature de faire une aile 
d’Insecte avec un membre de ce dernier. 


SÉANCE DU 2/4 JUILLET 1916. 109 


Chez les Vertébrés la marche de l’ontogenèse et les connexions primi- 
tives des membres sont tout autres et se prêtent parfaitement à de grandes 
transpositions de ces derniers. Le processus organogénique peut être repré- 
senté, chez eux, par un double mouvement d’accroissement et de différen- 
ciation qui s'effectue dans deux sens opposés à partir de la chorde dorsale 
-(evolutio bigemina, von Baer). Un premier mouvement, dirigé dans le sens 
dorsal, détermine la formation du névraxe et des protovertèbres consti- 
tuant l’épisoma; un autre mouvement, plus tardif, dirigè en sens inverse, 
dorso-ventralement, amène la formation du tube digestif et des parois 
latéro-ventrales du corps formant l'hyposoma. Les ébauches des membres 
se rattachent à ce dernier. Ce sont donc des formations moins primitives 
que chez les Insectes, moins étroitement liées aux organes axiaux, et qui 
pourront se développer sur l’un quelconque des points de l’hyposoma sans 
que ce changement de position nécessite un remaniement profond des 
connexions primitives. De plus le développement inégal de l'hypo- et de 
l’épisoma qui, chez les Amniotes en particulier, réduit ce dernier à une 
faible étendue de part et d’autre de la ligne médiane dorsale, permettra 
au membre transformé en aile de se placer très dorsalement comme l'exige 
l’équilibration de l'animal. 

D'autres particularités du développement concourent en outre à opposer 
les membres dans les deux groupes, notamment l’évolution des somites 
mésoblastiques si différente dans chacun d'eux, la situation périphérique 
du squelette des Arthropodes, si importante pour une meilleure conser- 
vation de la métamérie: enfin la constitution des régions qui, chez les 
Insectes, entraîne une localisation des membres incompatible avec les 
arrangements permettant, chez les Vertébrés, la transformation des 
membres antérieurs en ailes. 

_ Ainsi la marche tout entière du développement, aussi bien dans ses 
lignes principales que dans ses traits secondaires, est de la plus haute 
importance morphologique. Elle explique pourquoi certains organes, 
destinés à remplir la même fonction, comme les appendices métamériques 
qui formeront les membres, ne peuvent pas réaliser dans un groupe cer- 
taines adaptations qu'ils atteignent facilement dans un autre; elle limite 
les possibilités évolutives et caractérise en définitive toute l'organisation. 

. C'est pourquoi des formules qui la traduisent explicitement comme le 
faisaient celles de von Baer, rapportées plus haut, sont plus compréhensives 
et plus fécondes que d’autres conceptions embryogéniques par quoi on a 
prétendu les remplacer, comme par exemple la théorie de la eur 


C. R., 1916, 2° Semestre. (IT. 163, N° 4.) I 


110 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Celle-ci est fondée sur une propriété fondamentale de tousles animaux, 
celle d’ingérer des proies d'une étendue déterminée, d’où découle pour 
eux la nécessité de posséder une cavité digestive centrale, contrairement 
aux végétaux dont les organes de nutrition s'étalent en lames. Mais, si 
importante qu'elle soit, cette propriété ne gouverne point à elle seule 
l’évolutilité animale, parce que, les animaux étant aussi essentiellement 
caractérisés par leur vie de relation, celle-ci l’emporte dans leur constitu- 
tion, dominant, dans la plupart des cas, la vie végétative à laquelle la 
théorie précitée a attribué partout, à tort, la prépondérance. Les arrange- 
ments possibles des appareils de la vie de relation sont autrement nom- 
breux et divèrs que ceux qui peuvent s’édifier sur l’archentéron. C'est 
pourquoi la théorie de la gastrula a si peu répondu aux espérances qu’elle 
avait fait naître. 


BACTÉRIOLOGIE. — Sur la recherche des bacilles tuberculeux 
dans les crachats. Note (*) de M. H. Berry, présentée par M. Dastre. 


La recherche des bacilles tuberculeux dans les expectorations a une 
grande importance pour assurer le diagnostic des formes ouvertes de la 
tuberculose pulmonaire. Souvent, vu la rareté des bacilles, il faut avoir 
recours à des artifices, il importe alors de « sédimenter » pour obtenir un 
enrichissement. C’est dans ce but qu’on a préconisé, en particulier, des 
méthodes dites méthodes d’homogénéïsation des crachats. Ces méthodes ont 
pour but d’obtenir à partir des expectorations, après en avoir liquéfié tous 
les éléments, sauf les bacilles tuberculeux, un liquide homogène, et de 
concentrer ensuite ces bacilles par une méthode appropriée. 

Un grand nombre de procédés, dont les plus connus sont ceux de Bie- 
dert, Spengler, Jacobson, Ellermann et Erlandsen, Bezançon et Philibert, 
ont été décrits pour l'homogénéisation des crachats, utilisant soit la soude, 
soit l’antiformine associée à la ligroïne, soit la pancréatine, soit le suc 
gastrique. 

_ J'ai eu l’occasion, dans de nombreuses analyses (plus de 500), de 
comparer ces méthodes, et j’ai pu, en combinant diverses d’entre elles, 
arriver à une technique qui m’a semblé plus simple et plus pratique tout en 


3 


(1) Séance du 17 juillet 1916. 


SÉANCE DU 24 JUILLET 1916. III 


donnant de bons résultats ('). Cette technique consiste à liquéfier d'abord 
les expectorations et à provoquer ensuite un dépôt qui, par centrifugation, 
donne sous un petit volume les bacilles qui étaient disséminés dans la masse 
visqueuse, bacilles qu’il est dès lors facile de colorer. 

La liquéfaction des crachats est obtenue par addition d’eau distillée, 
d'hypochlorite de soude en quantité très faible et de soude diluée, à une 
température voisine de 35° à 38°. Au mélange on ajoute, jusqu’à réaction 
faiblement acide, de l’acide acétique dilué; on détermine ainsi la formation 
d'un premier précipité qui se dépose rapidement par centrifugation et 
qui renferme en outre des bacilles de Koch, de la mucine, des nucléo- 
protéides et des alcalialbumines. La division du précipité est obtenue par 
agitation de la liqueur, pendant la neutralisation, dans un tube de verre 
bouché; l'obtention du précipité, dans une liqueur de densité convenable, 
est réalisée en 10 minutes environ, avec un centrifugeur à mains. Le pre- 
mier précipité est séparé du liquide qu’on décante; le liquide décanté est 
additionné d’acide acétique jusqu’à obtention d’un second précipité. On 
réalise ainsi, par précipitation fractionnée, l'entraînement global des LE a 
ERTE contenus dans la liqueur. 


1° Mesurer le volume des crachats, ajouter 2° d’eau distillée s’il s’agit de crachats 
muqueux baignés dans la salive, ajouter 5"! d’eau distillée s’il s’agit de crachats num- 
mulaires épais; additionner d'hypochlorite et de soude, à raison d’une goutte d’ eau 
de Javel et de 20 à 4o gouttes de soude (NOH à 1 pour 100) pour 5% de crachats. 

2° Chauffer doucement le mélange de façon à ne pas dépasser 35°-37°. Ajouter 
goutte à goutte la solution de soude jusqu’à ce que l'homogénéisation soit obtenue, 

3° Verser dans un tube de verre, muni d’un bouchon de caoutchouc, 1°°! de liqueur 
homogène et 1"°! d’eau distillée. Mélanger. Ajouter goutte à goutte de l’acide acétique 
au ṣọ jusqu'à réaction faiblement acide au tournesol, On est averti de la neutralité 
par l'apparition d’un précipité. Après chaque addition d’acide on agite doucement 
pour obtenir un précipité très diyisé. 

4° Verser le liquide ainsi traité dans les tubes du centrifugeur. Centrifuger 
10 minutes, décanter et recueillir le liquide surnageant ; étaler le culot sur lames. 

5° Ajouter au liquide décanté de l’acide acétique à 15 jusqu'à formation de préci- 
pité. Centrifuger à nouveau et préparer les lames avec le second dépôt. 

6° Les lames préparées avec les deux culots de centrifugation sont placées sur la 
platine chauffante. Chauffer ensuite légèrement chaque lame, puis étaler, avec une 
autre lame, le culot épaissi en couche mince et uniforme. La préparation prend l'aspect 
du verre dépoli. 


() J'ai été aidé dans toutes ces analyses, avec autant de dévouement que marie 
par M. Durain, pharmacien, infirmier-préparateur au laboratoire, et M. Angibea 
attaché au laboratoire. | 


112 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


7° Fixer, colorer par la méthode de Ziehl-Neelsen pouréliminerles acido-résistants. 


Avec cette méthode la fonte des éléments cellulaires est complète, les 
microbes et les bactéries ont également subi la lyse. Les bacilles tubercu- 
leux ne paraissent pas altérés, on les retrouve sous leurs divers aspects : 
bacilles homogènes, uniformément colorés dans toute leur étendue, longs 
ou courts; bacilles granuleux, également longs ou courts, constitués par 
une série de points chromatiques fortement colorés qui tranchent sur un 
substratum unissant plus pâle. Il devient ainsi facile de vérifier si les divers 
aspects que présentent les bacilles tuberculeux dans les expectorations 
peuvent indiquer, comme le pensent Piery et Mandoul, des modalités 
particulières de la lésion ou de son évolution et aider au pronostic, et s’il 
peut vraiment être établi une formule bactériologique correspondant aux 
formes cliniques courantes de la tuberculose pulmonaire. 

Cette technique, un peu modifiée, permet également de déceler les 
bacilles tuberculeux dans les ganglions ]ymphatiques hypertrophiés, mais 
sans tuberculisation apparente. | 

Le précipité renfermant les bacilles de Koch peut être facilement lavé 
avec de l’eau physiologique stérile, il est assez fin pour pouvoir être injecté 
au cobaye avec une aiguille de seringue de Pravaz. Il paraît intéressant de 
pouvoir suivre (en améliorant selon les besoins le procédé d’homogénéisa- 
tion) la virulence des bacilles tuberculeux suivant leurs divers aspects 
morphologiques et au cours d’une même maladie. 


. La séance est levée à 16 heures et quart. 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 34 JUILLET 1916. 


PRÉSIDENCE DE M. Ev. PERRIER. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. 


En annonçant dans sa précédente séance la mort de Sir William Ramsay, 
Associé étranger de l’Académie, M. le Présipenr s’est exprimé ainsi : 


L'Académie, dans sa séance du 17 juillet, apprenait la mort de l’un de ses 
plus illustres Associés étrangers, Elias Metchnikoff; j'ai le regret de lui 
annoncer qu'elle a perdu un autre de ses Associés qui était une des plus 
hautes illustrations de la Science anglaise, en même temps qu’un grand ami 
de notre pays, Sir Wirriam Ramsay. 

Sir William Ramsay était depuis le 8 juillet 1895 Correspondant de 
l’Académie. Il s'était acquis déjà une grande notoriété parmi les savants 
grâce à une série de recherches physico-chimiques de la plus grande 
originalité. On lui devait un moyen pratique de déterminer la densité 
des liquides à leur température d’ébullition; une nouvelle méthode pour la 
détermination des tensions de vapeur des solides et des liquides ; un moyen 
d'obtenir des températures constantes, et il avait fait une étude comparative 
des résultats obtenus par la méthode statique et la méthode dynamique 
pour mesurer les tensions de vapeur. Il avait enfin déterminé l’ensemble 
des propriétés thermiques de l'alcool éthylique et de l’acide acétique. 

La vaporisation et la dissociation avaient été de sa part l’objet de 
recherches délicates; celles sur l'énergie moléculaire superficielle des 
mélanges de liquides non associés et des modifications qu’elle subit, pour les 
éthers, sous l'influence de leur constitution chimique étaient plus délicates 
encore et il avait été conduit par elles à se poser et à résoudre cette question : 
Les liquides sont-ils constitués par des molécules plus complexes que leurs 
vapeurs? Il avait, sous ce rapport, réparti les liquides en deux classes : 
16 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 5.) 


114 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


1° ceux dont les molécules sont de même grandeur que leurs molécules 
gazeuses (CS?, SiCl', CCI', C?HI, éther, formiate de méthyle, ben- . 
zine, etc.); 2° ceux dont les molécules sont formées par l'association de 
deux ou plusieurs de leurs molécules gazeuses (eau, divers alcools, etc.). 

C'était pénétrer d’une façon tout à fait imprévue dans un domaine en 
apparence inabordable, celui de la constitution intime des corps. 

Il avait débuté dans la Science en montrant qu’à la température de o° la 
glace a une tension de vapeur inférieure à celle de l’eau non encore congelée. 

William Ramsay attribuait pour une bonne part ses succès dans ce 
genre d’investigations à son extrême habileté à travailler le verre qui lui 
permettait de construire lui-même, comme autrefois Faraday, les appareils 
compliqués que nécessitait parfois l’analyse expérimentale. 

En 1883, il annonçait que l’acide chlorhydrique et l’ammoniaque secs ne 
se combinent pas. L'intervention de la vapeur d’eau est nécessaire. C'était 
le premier exemple de la nécessité de la présence de traces d’un adjuvant 
pour donner le branle aux affinités, fussent-elles puissantes, de deux corps 
placés en présence l’un de l’autre. Avec Sidney Young, il a établi les relations 
simples qui existent entre les tensions de vapeurs, les points d’ébullition, la 
dissociation, l’énergie superficielle des liquides et de leurs mélanges. Ces 
recherches nécessitaient des mesures des plus délicates et des plus exactes; 
l'originalité des conceptions qui les avaient inspirées avait valu à 
William Ramsay l’honneur d’entrer de bonne heure à la Société royale de 
Londres. | 

Mais des découvertes d'un tout autre ordre devaient bientôt donner à 
son nom une illustration universelle. Depuis Lavoisier, la composition de 
l'air avait été l’objet de nombreuses recherches et on la croyait bien 
connue. On s'était étonné cependant qu’il fût impossible de faire absorber 
complètement l'air par les corps qui se combinent soit avec l'oxygène, soit 
avec l'acide carbonique, soit avec la vapeur d’eau, soit même avec l'azote. 

En étudiant, de concert. avec lord Rayleigh, le résidu qui persiste tou- 
jours, il mit en évidence l'existence d’un nouveau corps insoupçonné, 
largon, qui entre pour un centième dans la constitution de l'air. Cette 
découverté remonte à 1894; l’année suivante, dans un minéral uranifère, 
la cléveite, William Ramsay découvrait la présence de l’héium, qui n’était 
connu que par la présence dans le spectre solaire de sa raie spéciale. Pour- 
suivant avec ses élèves, notamment avec Travers, ses études sur la compo- 
sition de l'air, il. découvrait successivement, de 1895 à 1898, d’autres ee 
auxquels il. a donné les noms de crypton, de xénon et de néon. 

à: 


pe 


SÉANCE DU 31 JUILLET 1916. 119 


Notre confrère M. Moureu, dès 1895, signalait la présence de l’hébum 
dans les gaz de la source de Maizières (Côte-d'Or); depuis 1903, il a pour- 
suivi ces recherches et retrouvait les cinq nouveaux gaz dans toutes les 
sources minérales; il s'est adjoint pour ces études, depuis 1906, successi- 
vement MM. Robert Biquard et Adolphe Lepape. 

L'étude, en commun avec Soddy, de l’'émanation du radium pour laquelle 
il proposait le nom de niton, devait conduire W. Ramsay à d’autres conclu- 
sions d’une importance capitale. Il démontrait la transformation partielle de 
cette émanation en hélium. C'était le renversement de toutes les idées cou- 
rantes sur l’immutabilité de la matière, le premier exemple d’un corps dont 
les atomes se détruisent spontanément en libérant une quantité énorme 
d'énergie. Cette destruction n’est pas instantanée; on peut mesurer le 
temps que met à disparaître, dans des conditions données, 1£ de radium. Or 
un certain nombre de minéraux naturels contiennent, outre du radium, 
ainsi que de l’uranium dont le radium est lui-même issu, une certaine 
quantité d’hélium; on peut calculer le temps que cette quantité d’héhum a 
mis à se former, calculer par conséquent l'âge minimum de ces minéraux 
et arriver à déterminer ainsi l’époque à laquelle il faut reporter, pour le 
moins, la formation de la croûte solide du Globe. 

‘énergie développée par la destruction du radium peut être employée à 
détruire d’autres corps. Sir William Ramsay et ses élèves ont annoncé 
qu’elle était capable de dégrader les métaux, le cuivre et l'argent notam- 
ment; de changer, par FRET le cuivre en lithium, le plomb en carbone 
et, d’une manière générale, de faire descendre peu à peu les métaux dans 
l'échelle des groupes constitués par Mendeleef. On est allé depuis jusqu'à 
penser que de dégradation en dépradition la matière pouvait revenir à 
l’éther et s’évanouir, et réciproquement qu'on pouvait remonter de l’éther 
à la matière. Ces résultats ont été contestés, mais d’autre part Ruther- 
ford a constaté que le radium engendrait successivement plusieurs corps 
dont le dernier s’identifiait avec le polonium qui lui-même semblait 
engendrer du plomb. En tous cas, l'homme dont les recherches et les idées 
ont pu conduire à une pareille révolution, relativement à l'essence de 
la matière et par conséquent à la nature de l'Univers, compte parmi les plus 
grands. L'Académie des Sciences l’a vait élu Associé étranger le 27 juin 1910. 
Il avait obtenu en 1904 un prix Nobel. Il était officier de la Légion 
d'honneur. 

Sir William Ramsay appartenait à une vieille famille écossaise dont le 
nom avait été illustré dans les lettres et dans les sciences; il était le neveu 


116 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


de Sir Andrew Crombie Ramsay qui fut un géologue éminent. Né le 
2 octobre 1852 à Glasgow, il avait fait ses études dans l’Université de cette 
ville et était allé ensuite les compléter en Allemagne, dans l’Université 
de Tubingue. En 1880, à 28 ans, il était professeur de Chimie à l'Université 
de Bristol, d’où il passait avec le même titre à celle de Londres en 1887. 
Il avait présidé la Société royale de Londres et la plupart des Académies 
du monde l’avaient appelé à elles. 

Il entretenait avant la guerre de nombreuses relations avec l'Allemagne, 
notamment avec le chimiste Ostwald. Mais la façon dont la guerre avait été 
déclarée et conduite, les prétentions de l'Allemagne à être la lumière et la 
maîtresse du monde l’avaient profondément ému, et il s’en était exprimé 
avec la plus grande indignation dans de nombreuses circonstances. 


En offrant à l’Académie un nouveau Volume dont il est l’Auteur, 
M. Eouoxp Perrier s'exprime ainsi : 


Pai l'honneur de déposer sur le bureau de l'Académie un Volume que je 
viens de publier et qui a pour titre : À travers le Monde vivant. Comme mon 
précédent Ouvrage : France et Allemagne, ce Volume est un recueil d’ar- 
ticles qui ont paru dans le journal Le Temps; mais, au lieu de traiter des 
questions touchant aux rôles respectifs de la France et de l'Allemagne dans 
l’évolution et les progrès de la Science et à leur manière d'envisager la civi- 
lisation, ce nouveau Volume traite des questions biologiques qui ont pu se 
poser dans ces derniers temps ou ont fait l’objet de recherches nouvelles, 
depuis les conditions de la vie dans les planètes Mars et Vénus jusqu’à celles 
que doit remplir ce qu’on a appelé le féminisme pour être d’accord avec les 
données de la Science sur la nature et les caractères biologiques des 
sexes. 

Les articles ont été choisis de manière à formèr autant de Chapitres qui 
s'enchaînent et forment un tableau du mouvement des sciences naturelles 
dans ces dernières années : la conquête des pôles, les explorations des terres 
nouvelles; la vie dans la haute mer, dans les abimes océaniques, sous les 
tropiques dans les époques géologiques diverses; les phénomènes d’adapta- 
tion réciproque des êtres vivants que Bernardin de Saint-Pierre appelait 
les harmonies de la Nature, les découvertes nouvelles sur les microbes et 
les maladies parasitaires, le programme de ces sciences nouvelles l'Eugé- 
nique et la Génétique qui ont pour objet de nous mettre en mesure de 
perfectionner et de modifier à notre gré les organismes, les recherches de 


SÉANCE DU 31 JUILLET :1916. ; 117 


Fabre et de ses émules sur l'Intelligence et l’Instinct des animaux, le gros 
problème de la nature de l’origine des sexes et des modifications dont il 
sont susceptibles sont les principales questions qui ont été successivement 
étudiées de manière à montrer leur enchainement et à faire saisir l'étroite 
connexité de tous les domaines de la Science et de rendre sensible son 
unité. 


M. G. Breourpax fait hommage à l’Académie d’une brochure qu’il vient 
de publier sous le titre : Le climat de la France. Température, pression, vents. 


ÉLECTFICITÉ. — Instruments de chirurgie adaptés au champ 
de l’électro-vibreur. Note de MM. J. Bercoxté et 
Cu.-En. GUILLAUME. 


Les instruments ordinaires (pinces hémostatiques, sondes cannelées, etc.) 
utilisés dans le‘ champ de l’électro-vibreur sont, tout comme les projectiles 
dont on recherche la position, soumis à un mouvement oscillatoire assez 
intense, et qui rend parfois très difficile le travail du chirurgien (‘). Or 
les actions mécaniques de l’électro-vibreur sont, soit électromagnétiques, 
soit électrodynamiques, en raison de la production des courants de Fou- 
cault; une pièce métallique sera donc à peu près soustraite à ces actions, 
si son métal est à la fois non magnétique et de haute résistivité. 

Dans la série des alliages préparés par la Société de Commentry-Four- 
chambault et Decazeville et étudiés en collaboration avec l’un de nous, 
il s’en trouve plusieurs qui remplissent simultanément ces deux conditions. 

Une catégorie est celle des alliages de fer et de nickel, à une teneur 
comprise entre 22 et 3o pour 100 de ce dernier métal, additionnés de 
chrome ou de manganèse, afin d’abaisser au-dessous des températures 
ordinaires le début de la transformation magnétique. Ces alliages, possé- 
dant une résistivité voisine de go microhms-cm, sont peu oxydables et 
d'un prix moyen. Malheureusement ils usent beaucoup les outils et obli- 
geraient les fabricants à employer des méthodes de travail encore peu 
usuelles dans la branche chirurgicale. 

Une autre catégorie est celle des alliages composés pour les environ 
de nickel, le reste étant constitué par du chrome, du manganèse et, éven- 


(*) J. Bercosit, Vibrations provoquées par l’électro-aimant à courants alter- 
natifs, dans les corps voisins non magnétiques (Comptes rendus, t. 160, 1915, p.781). > 


Pr 


118 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


tuellement, un peu de cuivre. Un alliage de cette catégorie, connu sous 
le nom de baros, est employé, depuis quelques années, pour la confection 
des poids de précision. Cet alliage remplit au mieux toutes les conditions 
du problème qui nous occupe; ìl se travaille à peu près comme l'acier 
doux, est pratiquement inoxydable, mécaniquement très résistant, et 
n'éprouve aucune action perceptible dans le champ de l’électro-vibreur. 
Les instruments faits avec cet alliage par la maison Collin résolvent la 
dernière difficulté qui limitait jusqu'ici l'emploi de l’électro-vibreur. 

Nous devons signaler que, en raison des difficultés de son obtention en 
masses compactes, cet alliage était resté à un prix difficilement abordable 
pour la présente application. Mais, en considération des services qu'il est 
appelé à rendre dans la chirurgie de guerre, la Société de Commentry- 
Fourchambault et Decazeville a consenti l'abandon de son stock à des 
conditions qui achèvent de résoudre pratiquement le problème. 

L’essai des instruments non vibrants a été fait longuement à l'hôpital 
militaire de Grand-Lebrun et un peu partout. Il a été pleinement satis- 
faisant. 


CORRESPONDANCE. 


M": Loreyxo, MM. Dane Beker, Epm. Borpace, CHevreux, F. Gar- 
RiGoU, En. Lany, Jacques DE Lapparewxr, E. Prévor, H. Varror adressent 
des remerciments porr les distinctions que l A Hate a accordées à leurs 
travaux. 


MM. R. Bayeux, Lesace, M. le PRÉSIDENT pu Tourixé-CLus DE FRANCE 
adressent des remerciments pour les subventions qui leur ont été accordées 
sur le Fonds Bonaparte. 

ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Étude de l'intégrale générale de l'équation (VI) 
de M. Painlevé dans le voisinage de ses singularités transcendantes. 

Note (*) de M. Rexé Garnier, transmise par M. Hadamard. 


i. Dans deux Notes précédentes (°), j'ai montré comment on peut 
construire, par approximations successives, une caractéristique quel- 


(+) Séance du 24 juillet 1916. 
(2) Comptes rendus, t. 162, 1916, p. 939, et 1. 163, p. 8. 


+ 


SÉANCE DU 31 JUILLET 1916. 119 
conque À (4) de l'équation ( VI). Or, considérons dans le plan T(= log i't) 
la région &, lieu des points T dont les arguments sont compris entre © + 
et 2 —  (n, nombre positif arbitrairement petit); en général, le dévelop- 
pement qui représente une caractéristique de (VI) n’est valable que dans 
un secteur S de R (nous dirons que S contient un faisceau de caractéris- 
tiques). D'autre part, nous savons que, T s’éloignant indéfiniment sur un 
rayon quelconque, OA, de R, toute intégrale de (WT) peut être représentée 
sur OA par une caractéristique one choisie ; dès ré il est 
impossible de ne pas se poser la question suivante : 

Connaissant une caractéristique C de (VI), poursuivie le long d’un 
rayon arbitrairement choisi de A, déterminer sur tous les rayons de & toutes 
les caractéristiques de l'intégrale à laquelle appartient C. - 

C’est ce prolongement analytique de la caractéristique initiale à travers A 
qui constitue la dernière étape de notre A et qui fait l’objet de la 
présente Note. 


2. Je rappelle qu’une caractéristique, de première espèce, par exemple, 
el du type général, est déterminée par deux données initiales, dont l’une 
est la valeur limite «,, prise par « quand |T] croît indéfiniment; je rappelle 
encore que nous avons posé 4a + 4c + I — 4%, = $°. Or, supposons que s$ 
soit complexe et qu'aucune des quantités 


S—c—s+V4(arb+c+d+1)EV4b+t 


ne soit un entier réel; dans ce cas, le prolongement analytique résultera 
immédiatement de la remarque suivante : 

Toute intégrale qui, sur un rayon OA de a, est représentée par une 
Caractéristique (générale) de première espèce, dont l’exposant d’indé- 
termination © n’est pas nul, peut également étre représentée sur OA par une 
Caractéristique de deuxième espece; or, les secteurs où convergent les deux 
faisceaux qui contiennent les caractéristiques précédentes ne sont pas 
identiques ; ils présentent un secteur commun et débordent tous deux des 
deux côtés opposés du secteur. Dès lors, pour réaliser le prolongement 
cherché, il faudra subdiviser R en un certain nombre de secteurs, empiétant 
les uns sur les autres et renfermant alternativement des faisceaux de pre- 


mière ou de deuxième espèce. Énonçons maintenant sous forme préejse} - 


résultat général auquel nous sommes ainsi conduits. 


moo — ACADÉMIE DES SCIENCES. 


3. Choisissons pour s la racine de s? dont la partie imaginaire a un coeffi- 
cient positif; dans le plan (s), marquons les points s, s+ 1,s +2, ..., que 
nous désignerons par Sey Ssi, S+2» +; Et soil Òn la valeur, comprise 
entre o et z, de arg. s,. Dans le plan (T) traçons les rayons OA, d’argu- 


3 . ++ 
ments — — &,, et appelons S, le secteur de frontières OA,_, et OA,.,. 


Les secteurs S,_, et S, empiètent l’un sur l’autre, tandis que S,_, et S,., 
ont une frontière commune O A,, qui sera dite la médiane de S,. Ceci posé, 
si notre intégrale est donnée par un faisceau de première espèce, conver- 
geant dans S,, par exemple, on pourra (pour |ż,| assez petit) construire 
dans tous les secteurs S,,_, (ou S,„) des faisceaux de deuxième (ou pre- 
mière) espèce, appartenant à la même intégrale et se recouvrant de proche 
en proche; et il suffira d’un nombre fini N de secteurs (mais croissant 
indéfiniment avec n-') pour représenter l'intégrale dans toute la région &. 

Indiquons maintenant une propriété bien remarquable de cette inté- 
grale : Sur tout rayon intérieur à S,,, « tend (pour |T|=—+x) vers une 
valeur 4, >n telle que l’une des déterminations correspondantes de s soit préci- 
sément $s, + 2n. Ainsi, sur deux rayons situés de part et d’autre de la 
médiane de S,,,,, & tend vers deux valeurs distinctes; au contraire, sur la 
médiane, à est indéterminé ('). Un énoncé analogue s’appliquerait à & en 
échangeant lesparités des indices. Quant à À tous les résultats énoncés à la 
fin de notre première Note peuvent être appliqués à l’intérieur de chacun 
des secteurs S,,; et l’on étudierait aisément leurs frontières au moyen de 
caractéristiques de deuxième espèce. Enfin, pour |T| assez grand, les 
conclusions précédentes s’appliquent sur un rayon d’origine quelconque 
du secteur a. ; 


4. La représentation géométrique de s conduit à des résultats intéres- 
sants concernant l’étude de À (1) quand on fait varier les constantes d’inte- 
gration; elle montre aussitôt les modifications qu'il faut apporter aux 
énoncés précédents quand s tend vers une valeur réelle ou de la forme 
o+ entier. Je dois me borner à cette indication; j'ajouterai pourtant que 
la théorie des approximations successives met à l’abri de toute objection 
toutes les conclusions relatives à la variation continue de À (ż) par rapport 
aux conditions initiales. 


i 


(1) J'indiquerai bientôt Se de cette remarque pour la solution du pro- 
blème de Riemann. 


SÉANCE DU 31 JUILLET 1916. 121 


5. Nous venons ainsi d'étudier, au voisinage d’une singularité non algé- 
brique, toutes les intégrales d’une équation du second ordre, en général 
irréductible aux équations classiques. Il me paraît très vraisemblable que 
tous les résultats obtenus s'étendent aux systèmes différentiels d'ordres 2n, 
qui généralisent ( VI) et que j'ai formés dans ma Thèse (j'ai déjà obtenu 
pour ces systèmes les solutions qu'il faut adopter en première approxi- 
mation). J’ajouterai enfin que les résultats précédents trouvent une con- 
firmation remarquable dans le cas particulier suivant. Appelons ọ (u, t) la 
fonction elliptique de u qui satisfait à l'équation ©! = 49 (9 —1)(® — t), 
et soit w, (4), w,(4) un couple de périodes primitives de 9; l'équation ( VI) 
obtenue (') en prenant a= b =c = d = — 7 admet précisément pour 
intégrale générale À = 2 (A w, + A,w,,1), où A, et A, sont les cons- 
tantes arbitraires. La théorie des fonctions elliptiques fournit alors sur cet 
exemple une vérification directe et complète de l'étude qui vient d'être faite. 


ASTRONOMIE. — Le l'influence de Vénus sur la latitude héliographique 
moyenne des taches solaires. Note (°) de M. Hexryx Arcrowskr. 


Dans une courte Notice, parue en 1867, Warren de La Rue, Stewart et 
B. Læwy ont signalé le fait que, lorsque Vénus traverse l’équateur solaire, 
les taches solaires ont une tendance à se grouper près de l’équateur, tandis 
qu’elles s’en éloignent davantage lorsque la planète passe dans l’un ou 
Pautre hémisphère (*). Il semble que le travail détaillé concernant cette 
remarque n’a jamais été publié et, d’après ce qui suit, il semble aussi que 
les choses se passent un, pet autrement que tar de La Rue ne la sup- 
posé. 

Récemment, F.-J.-M. Stratton a examiné la question à nouveau (*). 
Mais Stratton a simplement comparé la fréquence des taches observées dans 
l’un et l’autre hémisphère solaire suivant que la planète se trouve au nord 
ou au sud de l’équateur et, de par ce fait, n'ayant pas pris en considération 
la possibilité de l’existence d’un retard de l'effet par rapport à la cause, les 


ii (3) Elle est identique à celle que M. Picard a formée dans son Mémoire du Journal 
de Liouville (4° série, t. 5, 1889, p. pe j 
(*) Séance du 24 juillet 1916. 


.\ C) Phil. Mag., 4° série, t. 33, p. 99. 


(*) M. N. Roy. Astron. Soc., t. 72, 1912, p» #8. 
C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 5.) 17 


122 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


résultats de ses calculs ne pauzet pas être considérés comme étant con- 
cluants. 

Si l'influence des planètes sur l atmosphère solaire peut être attribuée à 
une simple action dé masse, l'effet de Vénus semble devoir être à peu près 
double de celui de la Terre. | 

Ayant constaté que la Terre produit, dans le cours de sa rotation autour 
du Soleil, un déplacement sensible de la latitude moyenne des taches, il 
m'a paru nécessaire de vérifier le fait pour Vénus. 

Les chiffres utilisés sont les latitudes moyennes des taches relatées, 
par rotations solaires, dans les résultats des observations héliographiques 
de Greenwich. 

J'ai fait d’abord une première série de calculs en prenant comme chiffre 
initial les moyennes des rotations dont la date du commencement ne diffé- 
rait pas plus de 5j jours de la daté du nœud ascendant. 

A cette date, à moins de 2 jours près, Vénus passe au nœud déscéhdant 
de l'équateur solaire. 

Les observations de Greenwich de 1574 à 1913 fournissent 20 séries de 
chiffres utilisables. 

Les moyennes sont 


ye 8°,6, + 22,0; OO E M ASE MUTS, mn 6 À — 26,4, 4°, 9: 


Traduits graphiquement, ces chiffres donnent une courbe suffisamment 
régulière pour qu’il soit admissible que la différence de 7° entre le maxi- 
mum et le minimum puisse être attribuée à l’action de Vénus. Mais ce n’est 
pas lorsque Vénus se trouve par la latitude solaire la plus boréale que la 
latitude moyenne des taches est la plus positive, mais environ cinq rota- 
tions solaires plus tard. Il en est de même du minimum. Dans ces condi- 
tions il serait difficile de décider si l’action de Vénus est directe ou inverse. 

J'ai refait les calculs en admettant une approximation de 10 jours en 
plus ou en moins pour le chiffre initial, 

Les moyennes des 54 séries utilisables sont : 


ay ' 
Si ; E ‘ $ 
SE 19,9: car EE Hi o $, ae m ut 4, RD UT 


La courbe qui représente ces chiffres graphiquement ressemble à la 
précédente, mais, comme on devait s’y attendre, son amplitude est moindre. 


SÉANCE DU 31 JUILLET 1916. 123 


CHIMIE PHYSIQUE. — Oxalates d’uranyle et de potassium. 
Note (') de M. A. Corası, présentée par M. A. Haller. 


On connait trois combinaisons de l’oxalate vapa avec loxalate de 
potassium, Ce sont : 

1° K?(UO2)? (CO, 4 H?20 décrite par Rditieins et Lienau (?) et par Wyrou- 
boff (3); antérieurement Lienau (+) lui avait attribué 3,5 H?0O. 

2" RU O?}(C20:»ÿ, 3H?O préparée par Ebelines (5), puis par Wyrouboff. 
Rosenheim et Lienau ont obtenu un composé de même formule, mais à 3 ,5H20. 

3° KS(UO?}(C20t)5, 10H20 décrite par Ebelmen puis par Wyroubofi, et que 
Rosenheim et Lienau n’ont pu reproduire. 

Ces corps ont été en général obtenus en dissolvant soit l’oxalate d'ura- 
nyle dans une solution d'oxalate neutre de potassium, soit l’hydrate ura- 
nique dans une solution d’oxalate acide de potassium, filtrant et faisant 
cristalliser dans des conditions plus ou moins bien déterminées. Il y a un 
peu d'incertitude sur l’eau d’hydratation de ces combinaisons, car les ana- 
lyses en sont assez délicates. 

L'étude du système (eau, oxalate d’uranyle, oxalate neutre de potas- 
sium) permet de reproduire ces divers corps et montre dans quelles condi- 
tions ils se forment. Mes déterminations ont été faites à 15° et à 5o°; elles 
sont résumées dans le Tableau suivant, où je n’ai fait figurer que les points 
de transformation. 

Tous les chiffres exprimés en grammes de sel anhydre sont rapportés 


à 100$ de solution. i 
Solution 


oM- 
Uo: Cos, K? CO. ; Phase solide. 


Température : 15°. 


ra yy a |'UO COS WO 
Smii Hity ki alba 183 K+(UO*)*(C0+);,4H*0 
DUR ma 356 i o5 ! K? (U0?) (C*0*)?,3,5H*O 
dati tie NE SUN à ; fs ; l Ks(UO:}:(C:0:)5,10H20 
i suit NL TT Où sati ur o ! K? C20, H20 
sun os À ue port 199 


a )} Séance h 24 jailer 1916. 
(2) Rosennerm (et Lrexau), Zeitschr. anorg. Chem., i. 20, 199A, p.-281. 
(3) Wyrovgorr, Bull. Soc. fr. Minéral., t. 32, 1909. p- 
( ) Liexau, Inaug. Diss., Berlin (Leipzig), 1898. 
(F)E “ue Ann. de Chim. neue Riga irie, 1.5, 3842, p: 200. 


124 i ACADÉMIE DES SCIENCES. ` 
Solution 
A 
U02:C:0* KICO: Phase solide. 


a 


Température : 50°. 


Re “pe x | UO?C20+,3 H20 
č ss E R pi 1 K?( UO?) (C?0+)?,4 H20 
reran arn Le 2. 9,02 4, i K2(U0?)(C20*} 
D G 9.01 ( )( $ 
A SUR O 9,929 , | KS(UO*?}(C20*y 10H20 
Bi; uatoere. tjaa 32,65 ! KCO H 20 i 
ARTS Penn es 2e o 32,70 \ 


Ces Tableaux mettent en évidence l’existence du sel anhydre 


K?( UO?) (C0) 


non encore obtenu; l’hydrate à 3H?O de ce corps ne se forme pas à la 
température ordinaire, mais il existe peut-être au-dessous de 50°. 

Les courbes représentatives de ce système nous montrent un accroisse- 
ment considérable et immédiat de la solubilité de l’oxalate d’uranyle dans 


10 c 
a (np 
Eok 


HO’C?O*dana /00# de solution 


5 

pN 
4 fe 3 ne 
B 
3 en 
aL ps 

m 

afa mm 
al 
0 e dE 
GA 4 6 8 DL ER BDA / EL ER 


HEC0#dans 100: Ie solution 


l’oxalate de potassium; c’est un fait général : en étudiant les systèmes tels 
que eau, oxalate d’uranyle, oxalate neutre alcalin ou alcalino-terreux, ou 
même acide oxalique, j'ai constaté une augmentation immédiate de solu- 
bilité de l’un au moins des deux constituants. Ceci indique la formation de 
molécules complexes. Pourtant, dans aucune des combinaisons avec l’oxa- 
late de potassium, le radical uranyle ne semble bien dissimulé. Les solutions 
d’oxalates d’uranyle et de potassium, même en PRE d’un très large 
excès d’oxalate de potassium, pouvant aller jusqu’à la saturation, donnent 
encore des caractères analytiques des sels d’uranyle : elles précipitent par 


SÉANCE DU 31 JUILLET 1916. 125 


l’'ammoniaque, les alcalis caustiques, se colorent en brun par le ferrocya- 
nure de potassium; la précipitation par l’eau oxygénée est très lente; les 
phosphates alcalins donnent peu ou pas de précipité. Chimiquement nous 
pouvons donc considérer ces solutions plutôt comme des sels doubles. Ceci 
concorde avec les travaux de M. Pascal (*') : d’après cet auteur, dans les 
complexes minéraux dérivés de l’uranyle, il n’y a que les combinaisons du 
type [UO? X" ] M" (qui n'existe pas dans le système étudié) dans lesquelles 
les réactions de l’uranium soient complètement masquées. 


CHIMIE. — Sur la composition et l'emploi du feu grégeois. 
Note (°?) de M. C. Zexeueuis, transmise par M. Georges Lemoine. 


Berthelot (°), après une étude approfondie des matières incendiaires 
connues et préparées par les anciens, a fini par démontrer que le secret de 
la préparation du feu grec ou grégeois consistait dans l’addition du nitre: 
aux mélanges incendiaires connus. Après Berthelot, Lippmann et Diels ont 
traité de nouveau cette question. 

Lippmann en parle dans une étude concernant l’histoire de la poudre (‘). 
Mais dans son zèle à démontrer que la poudre ou du moins son usage à la 
guerre, ainsi que l'usage des canons, sontu ne invention allemande, il 
repousse toute source historique opposée et il parvient à une explication peu 
soutenable. Sa conclusion est que les principaux constituants du feu grégeois 
étaient des espèces de pétrole, ou de solutions de goudron, de résine, de 
poix, etc. dans le pétrole mélangées avec de la chaux vive. « A l'effet de 
l’inflammation de ce mélange jeté en mer, par le seul contact de l’eau, 
s'ajoutait, dit Lippmann, l’effet moral, l’ ds tabe panique sr par 
l’idée que l'ennemi était secouru par des f lles et diaboli » 

Outre que le seul effet moral ne peut expliquer les incendies et les: cata- 
strophes décrites par les chroniqueurs byzantins, dans la Tactique de guerre 
de Léon, l’usage de la chaux dans les combats navals est clairement dis- 
tinct de l’emploi du feu grégeois (°). 


(') Pasca, Comptes rendus, t. 157, 1913, p. p22, 
a, Sisate du 24 juillet 1916. 
(°) BerraeLor, Les compositions incendiaires dans eut et au moyen âge 
(Revue des Deux Mondes, t. 106, 1891, p. 787 
(*) LIPPMANN, Abhandlungen und Forirápe tur Gesch. der Naturwiss, 1946, p. 125. 
(*) Mign. Patrol., 101, 991, Ordre 19', § 6, vd’. 


126 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Diels (‘), au contraire, repousse l’explication de Lippmann et, confor- 
mément à Berthelot, exprime l’idée que le feu grégeois doit être regardé 
comme le précurseur de la poudre ('), 

Le seul argument de Lippmann contre cette opinion est que le nitre était 
inconnu des Byzantins, le mot Nirscy mentionné par Pline et Dioscoride 
n'étant que le carbonate de soude. Mais Lippmann même, dans une de ses 
publications chimico-historiques faite 5 ans plus tôt, fait mention du passage 
suivant de Pline (?): « Une espèce de nitron se trouve comme une efflores- 
cence sur les murs humides; elle a plusieurs applications à la médecine et 
c’est un engrais efficace et fertilisant. » Il ne s’agit sûrement pas ici du 
carbonate. 

Marcus Græcus, dans son célèbre Ouvrage Liber ignium ad comburendos 
hostes, renferme des recettes de compositions incendiaires à base de nitre 
et presque tout à fait pareilles à la poudre noire. Lippmann cherche à passer 
outre en avançant la date dudit Ouvrage à lan 1250. Pourtant il est 
démontré, entre autres par Krumbacher (*}), que ce Livre a été écrit pen- 
dant le 1x° siècle au plus tard. 

Mais est-ce que tout le secret consistait dans la préparation de la poudre 
incendiaire? L'étude des sources historiques qui décrivent son usage et ses 
effets nous persuadent que nòn ; l’autre partie du secret, et non la moins 
importante, est la manière de son emploi à à la guerre. 

La première mention du feu grégeois a été faite par lé hrontééeht Théo- 
phane (741-974). Elle se rapporte à la victoire de Constantin Pogo- 
natos (672) entre la flotte des Arabes. Voici le passage. « C’est alors que 
Callinicus, architecte d'Héliopolis de Syrie, réfugié auprès des Romains 
(Byzantins), ayant inventé un feu marin, incendia les navires des Arabes 
et les brüla entièrement avec leurs équipages (is 

En ce qui concerne son emploi en guerre, nous apprenons par l'étude de 
la Tactique de guerre de Léon (5), Ouvrage classique sur l’art de guerre 
chez les Byzantins, d’une authenticité indiscutable : 1° qu'on le lançait au 
moyen de longs tubes en cuivre aboutissant à la proue du bateau ; 2° que son 
lancement était accompagné par un bruit de tonnerre et par la fumée qui 


) Ducs, Antike Technik, 1914, p. 98. 
Lippuanx, Abhandlungen, etc., p. 13 
Krunsacuer, Geschichte der byzant. Litteratur, II. Auf., 1897, p. 636. 
Tnatornane, 542, |. 
(5) Aéovtos taxtixr Mig. pairol., Ordre 19, $ 6, or'., f,, pei, va’., aS, uu',, va’). 


SÉANCE DU 31 JUILLET 1916. 127 
sortait des avant-feu ('}) de l'appareil; 3° qu’on se servait des différents 
mélanges incendiaires lancés contre lennemi par différents instruments de 
guétre. 

Le fait què le lancement du feu était accompagné par un bruit de 
tonnerre et par la fumée sortie du devant de l’appareil, présuppose une 
explosion dans le tube et le lancement violent d'un projectile qui, dans ce 
cas, était le feu incendiaire qui se mettait en feu en même temps par la 
poudre explosive (°). 

Léon ne veut pas donner d’autre explication sur cette manœuvre soigneu- 
sement gardée comme secret impérial. 

Il n’y a qu'Anna Comnène qui raconte à ce propos qu’un seul homme 
suffisait pour le lancement du feu, et ailleurs que le lancement se faisait 
par les toert (appareil tournant). 

Qu'un seul homme était chargé de cette manœuvre indique que la 
manœuvre même était gardée secrète et qu’elle n'avait pas lieu par le 
moyen de la pompe, comme plusieurs le prétendent, ce qui exige le travail 
de plusieurs personnes. 

Nous croyons que de ce qui précède il résulte que le secret du feu grec 
ou grégeois consistait dans la préparation de mélanges explosifs et incen- 
diaires à base de nitre et que la force impulsive des gaz produits par la 
partie explosive servait à lancer contre l’ennemi l’autre partie incen- 
diaire (°). 

Il est donc juste qu’on reconnaisse l'ingénieur Callinicus comme l’inven- 
teur de la poudre et du canon primitif. 


CHIMIE BIOLOGIQUE. — Influence des algues des filtres à sable submergé dans 
l’épuration des eaux. Note de MM. F. Diénenr et L. Gızorme, présentée 


par M. L. Maquenne. 


L'un de nous a montré dans une précédente Note (*) que la réduction 
d’alcalinité constatée dans les eaux après leur passage à travers un filtre 


e ) xanyoð mporùpov et ailleurs xaxvoÿ t&v Tporupwy (Lbid., va). 

(*) Berthelot ne repousse pas une telle explication (ei Les compositions incen- 
diaires, p . 804). 

() RE une description plus détaillée des arguments sur lesquels ces conclusions 
s'appuient, voir notre Mémoire en grec : Sur le feu fluide ou feu grec (Annuaire du 
Syllogue Lit. Parnassos, 1915, p. 81-100). 

(*) L. Gizotme, aeee ame i 161, 1915, p. 313. 


i 


128 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


submergé est fonction de l’activité chlorophyllienne des algues qui se-déve- 
loppent à la surface du fiitre. 


Il était intéressant de rechercher s’il y a une relation entre Papari 


bactérienne des eaux filtrées et la vitalité, accusée par la réduction d’alca- 
Unité de l’eau, de la couche biologique formée par ces algues. 
Dans le Tableau I nous relatons un certain nombre de résultats intéres- 


sants obtenus à la station filtrante d’Ivry. 


1915-1916 : Avril. 


TABLEAU Í. 


Mai. Juin. Juillet Août Sept. Oct. Nov. Déc. Jany 
Écisirement CS SM a 04 24 + AA 104, 214; DU 7,9 3,5 2,0 4,7 
Réduction d’alcalinité de l'eau (moyenne 

journalière en milligr. CaO par litre ).. 2 9,2 9,0 Y,0 72 GY An ,8 359 2,0 3,4 
Recherche du B. coli; nombre de résultats 

positifs sur 1000 essais d’eau filtrée. ....,.. 75 35 55 38 64 120 araa ee A0D 910 240 
Durée de la maturation des filtres (en jours). 5,7 359 6,3 h j 


4,7 6,1 DELO Tdi 100 M 12,7 


Ainsi que nous l’avons déjà signalé, plus l'éclairement est élevé, plus la 
diminution du carbonate de chaux de l’eau, mesure de l’activité chlorophyl- 
lienne des algues est grande. 

En ce qui concerne l’épuration, on constate qu’en été, à une forte réduc- 
ton de l’alcalinité correspond une petite quantité de Bacterium coli (°) 
dans l’eau filtrée. Au fur et à mesure que la réduction d’alcalinité baisse, 
en hiver, le nombre des B. coli augmente. En portant en ordonnées les 
nombres de recherches positives de B. coli dans l’eau filtrée, et dans le sens 
négatif les réductions d’alcalinité cofrespondantes, on obtient deux gra- 
phiques sensiblement parallèles qui montrent l’étroite relation existant 
entre l’activité chlorophyllienne des algues et l’épuration bactérienne de 
l’eau par les filtres submergés. ; 

L'importance de la membrane biolôgique se manifeste nettement après 
le nettoyage du filtre, consistant en l’enlèvement de cette couche superfi- 
cielle encrassée, ainsi qu’en témoignent les résultats suivants obtenus en 
octobre 1915 sur l’eau issue du filtre n° 19 LAS 


(1) Chiffres fournis par le Service météorologique de la Ville de Paris, d’après les 
indications du radiomètre vaporisateur. 

(°) C'est l’absence du B. coli, très abondant dans l’eau de rivière, qu on prend, en 
général, comme critérium de l’épuration. 


SÉANCE DU 31 JUILLET 1916. . 129 


TasLEau TI. 
Réduction 
d'alcalinité Résultat Nombre otal 
e l’eau e la de germes 
(en milligrammes Ca O recherche au centimètre 
par litre), du B. coli. cube (1) 
1% Jour de marche...... I positif 650 
2 » Dr T E E E 2 » 220 
3° » der ee ES Ni 2 p 110 
4° » aE A 3 » 59 
LL SRE" Se AN 4 négatif 10 
ds He eu cu 4 » ji 
ph » MO PT Te 4 » i: 6 
Gro p Hrid adie, 4 D 8 


La membrane de diatomées se reforme peu à peu. L’alcalinité de l’eau 
filtrée diminue progressivement; en même temps le B. coli disparaît et le 
nombre total des germes est réduit aux chiffres minima quand la réduction 
de l’alcalinité atteint son maximum. 

Ce n’est qu'après trois résultats négatifs consécutifs dans la recherche 
journalière du B. coli que l’eau filtrée est utilisée. Jusqu’alors le filtre est 
dit en maturation. On voit sur le Tableau I que le filtre mürit d'autant plus 
vite que la réduction d’alcalinité de l’eau est plus forte, c’est-à-dire que, 
sous l'influence de la lumière, l’activité des algues est plus grande. 

Enfin, la réduction de la matière organique en solution suit une marche 
analogue. La filtration diminue la matière organique de 45 pour 100 en été 
(du 1° mai au 31 août) et de 28 pour 100 seulement en hiver (du 1°* no- 
vembre au 29 février). Aux mêmes époques l’alcalinité de l’eau baisse 
de 86,6 et de 2"6,6 de CaO par litre. 

Toni ce qui peut modifier la vitalité des algues doit influer sur le pouvoir 
épurateur des filtres. Ainsi, il est d'autant plus élevé que l’eau admise sur 
les filtres est plus claire, car l’activité chlorophyllienne croit avec la trans- 
parence de l’eau. D’autre part, nous avons observé une diminution de la 
réduction d’alcalinité de l’eau et en même temps de l’activité épuratrice de 
la couche biologique à la suite d’un déversement en Seine d’eaux indus- 
trielles nocives pour les poissons. Nous avons constaté également que de 
faibles traces d’hypochlorite de soude suffisent pour troubler le fonctionne- 
ment des filtres. 
rene 

(*) La teneur moyenne de l’eau brute pendant cette période était de 7800 germes 
au centimètre cube. 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 5.) 18 


130 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Il résulte de ces observations que le pouvoir épurateur des filtres submer- 
gés non couverts, fonction du développement et de la vitalité des algues, 
peut être mesuré par la réduction de l’alcalinité de l’eau. Il y a là un moyen 
de contrôle rapide de ła marche des filtres qui éclaire et complète les 
résultats de l’analyse bactériologique. 


ÉNERGÉTIQUE BIOLOGIQUE. — Trottoir dynamographique. 
Note de M. Jures Amar, présentée par M. Dastre. 


Deux raisons m’avaient conduit à établir, voici un an déjà, un système 
de plancher ou trottoir pouvant transmettre et ainsi permettre d'enregistrer 
des mouvements et les efforts des jambes dans la locomotion. 

D'une part, j'avais à étudier la marche pathologique, et les progrès que 
telle ou telle méthode de rééducation pouvait y réaliser; d’autre part, il 
était devenu nécessaire de pouvoir contrôler, ëndiscutablement, les avan- 
tages ou les inconvénients des nombreux modèles de jambes artificielles 
soumis à l’examen du Service de Santé. 

Dans les circonstances envisagées, l’expérimentation scientifique, rigou- 
reuse et impartiale, devait être le seul guide. Je conçus donc l’idée d’un 
trottoir dynamographique double, enregistrant les phases du mouvement de 
la jambe saine, et celles de la jambe malade ou artificielle. Les amputations 
doubles, les impotences atteignant les deux membres inférieurs, donnent 
lieu à des observations qui s’éclairent en les confrontant avec des obser- 
vations sur l’homme normal. 

L'objet de la présente Note est simplement de décrire l'appareil (du 


Le trottoir dynamographique est constitué par deux plates-formes en bois, paral- 
lèles et semblables, couvrant chacune un même dispositif mécanique d'enregistrement 
-enfermé dans une caisse également en bois. Un palier de repos le termine à chaque 
extrémité, et l’ensemble présente les dimensions moyennes suivantes : FPoguenrs 33 
largeur totale, 0",50; hauteur, o™, 30. 

Le dispositif mécanique est formé de leviers en fer forgé, dont la section a 40" 
-sur 10%", Ils sont placés par paires dans le coffre et se croisent en leur milieu. Chaque 
levier se fise.d’un côté par une articulation à chape, et de l’autre il prend contact avec 


(1) Les notions théoriques et pratiques se rapportant à cet appareil, et au problème 
-de la rééducation et de la prothèse, figurent en détail dans un volume : Organisation 
physiologique du travail, in-8° de 375 pages et 126 figures, préface de Léon Bour- 
geois, ministre d'État (Paris, édition Dunod et Pinat). 


anoiydoibouœguhp opodal 


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132 ACADÉMIE DES SCIENCES. 

un ressort à boudin qui appuie surle levier opposé. C’est donc une pression réciproque 
et parfaitement répartie. Huit ressorts agissent de même à l'intérieur du trottoir, 
quatre par plate-forme et symétriquement placés. 

Aux points de croisement, les leviers sont tangents à une petite poire en caoutchouc 
reliée à un tambour inscripteur. Les ressorts ont une force de 20¥8 pour un raccourcis- 
sement de 10"® 

Des montants verticaux en acier, ayant 30%® sur 8mm, sont brasés sur les leviers et 
soutiennent le plancher. Celui-ci est entièrement mobile dans son plan horizontal, par 
suite de son mode de suspension. Il est, en effet, supporté par un système articulé qui 
assure son déplacement antéro-postérieur et latéral, dans les deux sens. Et, dans ces 
trois ps différents, il rencontre de petites poires en caoutchouc pour l’enre- 
gistrement. 

La résistance de ce ‘dispositif est garantie contre toute flexion excessive par des 
arcs-boutants en fer à T qui longent la surface interne du plancher; ils ont une section 
de 5o%"® sur 30%" et occupent toute la longueur du coffre. Un tendeur, fixé par des 
boulons réglables, les consolide inférieurement (voir la figure). 


Mouvements et forces enregistrés sont donc au nombre de huit, soit 
quatre par jambe : pression verticale, impulsion en arrière de la jambe qui 
quitte le trottoir, poussées latérales interne et externe du pied. Au moyen 
de tubes de caoutchouc les pressions sont transmises à des tambours inscrip- 
teurs placés devant un cylindre à rotation rapide, marchant à poids. On 
obtient, de chaque type de marche, un tracé d’une remarquable clarté. Car 
l'appareil est calculé pour avoir la sensibilité convenable; il est, en outre, 
très fidèle, et, dans aucun cas, il ne fausse ni ne gène les conditions qu’au- 
rait la ich sur un plancher ordinaire. 

L'inscription du temps complète cette analyse physiologique. Faire la 
rééducation locomotrice des blessés, corriger les mauvaises démarches, 
établir le diagnostic des impotences et en suivre l’évolution, c’est l’un des 
buts de l'emploi du trottoir dynamographique. Mais il en a un second plus 
important: c'est le contrôle des défauts que les appareils de prothèse du 
membre inférieur entrainent dans l'exécution du pas, et qui ont, parfois, 
un retentissement fàcheux sur l’état fonctionnel des moignons. | 


HYGIÈNE. — Pour chasser les mouches de nos habitations. 
Note de MM. C. Gazaxe et C. Housserr, présentée par M. Ed. Perrier. 


Le Service de Santé vient de faire passer, dans les hôpitaux, la circu- 
laire annuelle relative à la destruction des mouches. Tout le monde est 
d'accord pour reconnaître qu'aux mesures offensives de destruction il 
faut ajouter des mesures de protection. 


SÉANCE DU 31 JUILLET 1916. | — : 183 


Notre collaborateur, M. I. Pouillaude, écrivait l’année dernière dans 
Insecta (1915, p. 436) : « Lorsqu'on est placé près d’une fenêtre ouverte, 
on voit très bien les entrées et les sorties continuelles des mouches; mais 
comme la destruction à l'intérieur des appartements ne diminue que les 
sorties, il faut donc chercher à empêcher les entrées. » Ces remarques sont 
très justes; mais ne pourrait-on pas aussi chercher à augmenter les sorties ? - 
Là est, à notre avis, l’une des meilleures solutions du problème des 
mouches dans les habitations. On sait qu’on arrive à diminuer les entrées 
en garnissant les fenêtres de toiles métalliques et que ce procédé gagne en 
efficacité lorsqu'on parvient à maintenir en même temps dans les pièces 
une demi-obscurité. Comment donc alors augmenter les sorties? | 

Nous avons remarqué que la plupart des couleurs simples du spectre 
produisent sur les mouches à peu près les mêmes effets que l'obscurité 
complète; à la suite de nombreuses expériences, nous sommes arrivés aux 
conclusions suivantes : en ce qui concerne la lumière transmise (par trans- 
parence), l'œil des mouches ne perçoit bien que la lumière blanche; il 
n’est pas impressionné du tout par les radiations les plus réfrangibles, 
violet et indigo; il semble l’être un peu, mais désagréablement, par les 
radiations bleues et vertes; les jaunes et les orangées sont mieux tolérées; 
quant aux couleurs rouges, elles agissent comme l’obscurité. Nous avons 
donc la conviction que, pour les mouches, la partie visible du spectre ne 
comprend que la gamme des radiations qui s'étendent du vert jusqu’à 
l’orangé clair et que, pratiquement, l’œil de ces insectes peut être consi- 
déré comme daltonien. 

Expérience. — Dans une chambre éclairée par une seule fenêtre, nous avons rem- 
placé les vitres de verre blanc par des carreaux bleus assez clairs; un carreau mobile, 
formant volet, reste ménagé à la partie supérieure de la fenêtre et permet de faire 
arriver la lumière blanche à volonté. Après avoir attiré un grand nombre de mouches 
du dehors à l’aide de substances odorantes, la fenêtre étant maintenue ouverte, fer- 
mons celle-ci brusquement. Les mouches ainsi enfermées manifestent d’abord une 
certaine inquiétude, puis bientôt elles deviennent inactives, comme dans l’obscurité. 
Si alors on ouvre le volet, on les voit fuir, en un temps très court, par le faisceau de 
lumière blanche qui pénètre dans la pièce. 

La même expérience, réalisée avec des carreaux verts, donne des résultats iden- 
tiques, Avec des carreaux jaunes, les sorties sont moins nombreuses; cependant, une 
grande quantité de mouches retournent encore vers le dehors. 


Il est facile de saisir l'importance pratique de ces observations. Lors- 
qu’on dispose d’un éclairage unilatéral, condition souvent réalisée dans les 
hôpitaux, les habitations particulières, les ateliers, les magasins, etc., il 


134 | ACADÉMIE DES SCIENCES. 


suffira de garnir les fenêtres de carreaux bleus, en ménageant des volets 
mobiles de place en place. Les mouches n’entreront pas; quant à celles qui 
sont entrées, pendant les instants où l’on aura fait l’aération, ou bien elles 
deviendront inactives ou sortiront rapidement par les volets mobiles, dès 
qu'on aura fermé les fenêtres. 

Dans les pièces éclairées par un ensemble d'ouvertures opposées, on 
garnira de même toutes les fenêtres de carreaux bleus; on aura seulement 
soin, dans ce cas, de maintenir les fenêtres fermées d’un côté pendant 
qu’elles seront ouvertes de l’autre. Les mouches du dehors ne voyant, vers 
l'intérieur, que la lumière bleue, n’entreront pas: celles qui entrent malgré 
tout rebroussent chemin presque aussitôt du côté de la lumière blanche. 
Par ce moyen on se préserve des mouches tout en ménageant la circulation 
de l’air pur dans les habitations, ce qui est indispensable en été. 

Les carreaux de verre bleu ont encore un autre avantage; comme ils 
arrêtent la plus grande partie des radiations calorifiques, ils maintiennent, 
à l’intérieur des pièces, une température relativement fraiche, ce qui n’est 
pas à dédaigner pendant la saison chaude. | 

Toutefois, comme les carreaux bleus diminuent sensiblement l'éclairage, 
nous conseillons de remédier à cet inconvénient à l’aide d'un mélange de 
carreaux bleus, verts, jaunes et même rouges ('); on réalisera ainsi des 
mosaïques lumineuses, aussi artistiques qu’on voudra, agréables à l'œil 
et qui, pratiquement, donneront à peu près les mêmes résultats que Îles 
carreaux uniquement bleus. On se placera ainsi dans les conditions réalisées 
dans les églises où, comme on le sait, du fait de la fraicheur et de l’obscu- 
ritė, les mouches sont toujours peu actives et en petite quantité. Pour 
augmenter l'efficacité des volets de sortie dans les endroits mal éclairés, 
on disposera au dehors un miroir convexe, orienté de manière à lancer 
dans la pièce un faisceau divergent de lumière blanche; au fur et à mesure 
que les mouches dans leur vol traverseront ce faisceau, elles seront comme 
aspirées vers le dehors. 

Dans les magasins de comestibles, les restaurants, les pere les 
fruiteries, etc., il sera bon qu’un règlement d'administration intervienne 
pour obliger à tenir toutes les substances alimentaires enfermées dans des 
compartiments vitrés où ne pénètre que la lumière bleue. 

Les expériences que nous avons réalisées nous permettent d'expliquer 
le rôle des rideaux j ms formés de. billes de verre adarka séparées 


(1) Les ses bleues et vertes doivent Aided dominer. 


SÉANCE DU 31 JUILLET 1916. 135 


par de petits tubes de bois peints et suspendus dans les embrasures des 
charcuteries et des pâtisseries. Ces rideaux laissent pénétrer lair; les 
mouches sortent par les petits espaces libres qui séparent les chapelets, 
mais ne rentrent pas. 

En combinant rationnellement les moyens de protection que nous 
venons d’ indiquer, avec tous les autres qui sont déjà connus, on arrivera 
à empêcher le séjour des mouches dans les metres sans compromettre 
sensiblement l'éclairage et l’aération. 

Malgré les petits inconvénients qui peuvent en résulter, nous estimons 
que l’application de notre procédé devra être rendue obligatoire dans tous 
les endroits publics où la contamination des aliments par les mouches 
constitue un danger permanent pour la santé publique. Diminuer le 
nombre des mouches et diminuer leur activité, c’est diminuer le danger 
de propagation des maladies par ces insectes. 


ALIMENTATION. — Sur un procédé de conservation du pain destiné particulie- 
remeni aux prisonniers de guerre. Note (‘ )de M. E. Freurexr, présentée 


par M. Th. Schlæsing fils. 


Dans une précédente Communication (°) j'ai fait connaître un procédé 
permettant de conserver le pain de fabrication ordinaire pendant un temps 
suffisamment prolongé pour qu'il puisse parvenir en bon état aux prison- 
niers français détenus dans les camps allemands. A cette époque la valeur 
de ce procédé n’était fondée que sur des expériences personnelles. Il a reçu 
aujourd'hui la consécration de la pratique, et cette Note n’a d'autre but que 
de faire connaître, en quelques mots, les conclusions que celle-ci a permis 
de tirer de cette application. 

Tout d’abord, le procédé fut soumis au hate de M. Eugène Roux, 
directeur du Service de la répression des fraudes au Ministère de l’Agri- 
culture, et ce dernier fit connaître, par la voie de la presse, son efficacité, 
levant ainsi pour son emploi public les interdictions imposées par certains 
abus. Dès lors, un certain nombre de boulangeries de Paris et de province 
préparèrent Orne A du pain, soit pour leur clientèle, soit pour des 
œuvres s'intéressant directement aux prisonniers français. J'ai recueilli 


(') Séance du 24 juillet 1916. 
(°) Comptes rendus, t. 161, 1915, p. 55. 


136 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


ainsi, par quelques-uns de ces intermédiaires, un volumineux dossier dont 
j'extrais principalement les observations suivantes : 

Une boulangerie de province a préparé, par exemple, 2300 pains; 
une autre 1870. Deux boulangeries parisiennes ont fabriqué ensemble 
41100 pains de 1*8 dont le prix de vente n’a pas dépassé 0,65. Le papier 
d'emballage était généralement du papier jaune clair, fait d’un mélange 
de cellulose chimique et de bois mécanique avec encollage ordinaire à la 
fécule. J'ai observé que ce papier sortait de. l’opération de recuisson au 
four avec une odeur fort agréable due à la formation de principes extractifs 
caramélisés. 

Il est ru ainsi que l’a montré M. Trillat (' ), que la formation de 
ce caramel s’accompagne de la production de traces de formaldéhyde qui 
favorise la stérilisation et par suite la conservation ultérieure. 

La durée de celle-ci a, en effet, dépassé les premières indications. Cer- 
tains pains ont mis, à raison de changement de camp, cinquante jours pour 
parvenir aux destinataires; d’autres, renvoyés aux expéditeurs, ont fait 
retour en France après un voyage de deux mois environ. Dans l’un comme 
dans l’autre cas le pain a été trouvé absolument intact. De plus la corres- 
pondance des intéressés indique d’une façon générale que le pain est tou- 
jours arrivé tendre « aussi frais, dit par exemple un prisonnier, que si on 
venait de l'acheter » et qu'ainsi la double enveloppe de papier rend bien, 
dans ce cas, les mêmes services que l'enveloppe métallique des conserves 
alimentaires. 

J'ajoute que le procédé a été appliqué, non seulement au pain, mais à 
divers autres produits alimentaires contenant des œufs et des matiéres 
rera d’une valeur alimentaire spoue, par conséquent, et cela avec 
le même succès. 

L'expérience ainsi acquise montre donc que le procédé indiqué dans ma 
Note précédente a bien rendu les services qu’on pouvait en attendre. Elle 
permet aussi de prévoir que, utilisée comme je lai indiqué, l'enveloppe de 
papier peut avoir, en certaines occasions, une application plus générale. 


(t) Tniscar, Sur la présence de l’aldéhyde formique dans les substances caramé- 
lisées (Comptes rendus, t. 142, 1906, p. 454). 


SÉANCE DU 31 JUILLET 1916. 137 


MÉDECINE. — Compresseur oculaire pour la recherche du réflexe oculo- 
cardiaque. Note de M. J. Rousixovrrc, présentée par M. Charles Richet. 


On sait que la compression des globes oculaires détermine, par la voie 
afférente du trijumeau et la voie efférente du pneumogastrique, une modi- 
fication transitoire du rythme cardiaque connue sous le nom de réflexe 
oculo-cardiaque, décrit par Aschner en 1908 (!). 

A l’état normal, ce réflexe se caractérise par un ralentissement du pouls, 
de 4 à 10 alaini à la minute; dans un grand nombre d’états patho- 
logiques, il est altéré: soit que le ralentissement est plus accentué, soit 
que le pouls reste le même, soit qu’il se produit une accélération plus ou 
moins grande du nombre de pulsations. 

Pas. provoquer ce réflexe, les expérimentateurs se sont servis de la com- 
pression des globes obuli au moyen des doigts d’un aide. Or, la com- 
pression digitale étant forcément variable d’un aide à l’autre, inégale pour 
le même aide, irrégulière, non mesurable, pas toujours aseptique et néces- 
sitant le concours d’une tierce personne, j'ai imaginé et fait construire 
un appareil qui permet de déterminer une compression mécanique des yeux, 
nullement douloureuse, souple, régulière, mesurable, durable, aseptique et ne 
nécessitant le concours d'aucun aide. : 

L'appareil, qui a la forme de lunettes, se compose d'appliques frontale, 
nasale et oculaires fonctionnant au moyen d’un système de réglettes, de tiges 
à ressort et de molettes dont le jeu, très simple, permet d’ obtenir tous les 
degrés de compression oculaire. Gråce à une disposition spéciale des mo- 
lettes, on peut bloquer instantanément l’appareil dans la position de com- 
pression voulue et ramener ensuite aussi rapidement les appliques ocu- 
laires, par la détente des ressorts, à la position de repos. 

Appliqué à l’étude du réflexe oculo-cardiaque chez des sagels sains, cet 
appareil a donné des résultats confirmant ceux obtenus jusqu’à présent par 
la compression digitale, à savoir un ralentissement du pouls de 4 à 10 pul- 
sations à la minute. Dans un certain nombre de cas d’affections du système 
nerveux, comme par exemple dans l’épilepsie, l’action du compresseur 
oculaire a preno uit, dans l'immense me in de mes observations, une accéle- 


(1) On trouvera plusieurs travaux sur ce réflexe dans les L'ulletins des Société 
de Biologie, Société médicale des Hôpitaux et Société de Psychiätrie, de 1913 et 
1914. 
C. R., 1916, 2° E (T. 163, N°5.) 9 


138 ACADÉMIE DES SCIENCES. 

ration du pouls. On peut donc considérer dès à présent cet appareil comme 
apte à remplacer avantageusement la compression digitale des globes 
oculaires dans l’étude du réflexe oculo-cardiaque, au point de vue du diag- 
nostic, soit de l’épilepsie, soit d’autres syndromes morbides, organiques 
ou fonctionnels, du système nerveux. 


M. René Anvoux adresse une Note (') intitulée : Sur la transmission par 
le sol du bruit de la canonnade et sur les zones de silence qui sont la consé- 
quence de cette transmission. 


(Renvoi à la Commission de Physique.) 


M. Escrancox adresse une Note intitulée : Sur les coups de canon et les 
zones de silence. 


(Renvoi à la Commission de Physique.) 
A 16 heures l’Académie se forme en Comité secret. 


La séance est levée à 16 heures et demie. 


As Er 


(+) Séance du 24 juillet 1916. 


SÉANCE DU 31 JUILLET 1916. 139 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


OUVRAGES REÇUS DANS LES SÉANCES DE MAI 1916, 


Le Système du monde; histoire des doctrines cosmologiques de Platon à Coper- 
nic, par Pierre Duaem, Membre de l'Institut; t. IV. Paris, Hermann, 1916; 1 vol. in-8°. 
(Hommage de l’auteur.) 

La Chimie est-elle une science française? par Pierre Dunen, Membre de l’Institut, 
Paris, Hermann, 1916; 1 vol. in-12. (Hommage de l'auteur. 

Anaia ser orages de 1915 dans les départements de la Gironde et partie de 
la Dordogne; expériences des paragréles électriques : Rapport de M. F. Courty. 
Extrait du Bulletin de la Commission météorologique de la Gironde (année 1915). 
Bordeaux, Gounouilhou, 1916; 1 fasc. in-8°. (Présenté par M. Violle.) 

Précis de Métallurgie, par H. Pécæeux. Paris, Baillière et fils, 1915; « vol. in-12. 
(Présenté par M. J. Viclle.) 

Un Mémoire scientifique achevé devant l'ennemi; Notice sur Jean Daniel, par 
M. Gasrox Bonnier, Membre de l'Institut; 1 fasc, imp. 

Influence du mode de vie sur la structure secondaire des Dicotylédones, par JEAN 
Daner. Paris, Orlhac, 1916; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. Gaston Bonnier.) 

Bureau central de l'Association géodésique internationale. Rapport sur les travaux 
du Bureau central en 1915 et PRAETORIUS des travaux pour l'exercice de 1916. 
Leide, Brill, 1916; 1 fase. i in-/4°. 

tudes de Lépidoptérologie compar ée, par Cnarses Oserraür, fasc. X1, planches. 
Rennes, Oberthür, 1916; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. Bouvier.) 

Sur quelques plantes wealdiennes recueillies au Pérou par M. le capitaine Ber- 
thon, par M. R, Zeuzer, Membre de l’Institut. Extrait de la Revue générale de Bota- 
nique, t. XXV bis (1914), p. 647. (Hommage de M"° V'° Zeiller.) 

Le service géodésique du Danemark (1816-1916), publié par le général V.-H.-0. 
Mapsen. Copenhague, Bianco-Luno, 1916; 1 vol. in-4°. (Présenté par M. Lallemand.) 

Ministère de l'Intérieur. Statistique sanitaire de la France, 1°° partie : Villes de 
30000 habitants et au-dessus, année 1913. Melun, Imprimerie administrative, 1915; 
1 fasc. in-4°. 

De lembaumement chez les anciens, par Lours REUTTER. Genève, Imprimerie cen- 
trale, 1916; 1 fasc. 

Sàr les avantages et les progrès de la mesure décimale française des angles, par 
Joseren ne Rey Parcnane. Nice, 1916; 1 fasc. 

Expériences et études de Charles Weyher sur les tourbillons aériens et sur l bai 
par SyLvainx Périssé. ran, Société des de ps civils, Le I 


Là 


140 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Étude sur le déboisement de la France, par Anronix Rousser. Montpellier, 1916; 
1 fasc. 

Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1913-1914, 6° série, t. XI. Nancy, Berger- 
Levrault, 1914; 1 vol. in-12. 

Cours d'Hydraulique, par J. Griarou. Paris, Gauthier-Villars, 1916; 1 vol. in-8°. 

Principes nouveaux de calculs rapides sans l’emploi des logarithmes, par Mar- 
cuand Bey. Paris, Desforges, 1915; r vol. in-8°. Ti 

Articulos reglementarios con ampliaciones para el examen de maquinistas de 
locomotaras extractados de la Ley y Reglamento de Ferro-carriles nacionales, por 
MaxurL C. Bauprix. Buenos-Aires, de Martino y Gutierrez, 1912; 1 vol. in-12. 

Annuario publicado pelo Observatorio nacional do Rio de Janeiro para o anno 
de 1916. Rio de Janeiro, 1916; 1 vol. in-12. 

Equilibrio cosmico, par ALESSANDRO VEceLĖLIO. Feltre, Castaldi, 1916; 1 fasc. 

Republica oriental del Uruguay. Ministerio de Industrias. Inspeccion nacional de 
Ganaderia y Agricultura. La Palma Butia; — El Mani, por Juan Pure y NarriNo. 
Montevideo, 1915 et 1916; 2 fasc. | 

Boletin de la Academia nacional de Ciencias en Cordoba L cris Argentina), 
t. XX. Buenos-Aires, Coni Hermanos, 1915 ; 1 vol. in-4°. 

U. S. A. Senate. Report of the national Academy of Sciences for the Fear 1915. 
Washington, Government printing Office, 1916; 1 fasc. 

A possible origin for some spiral nebulae, by Grorce F. Becker. Washington, 
National Academy of Sciences, 1916; 1 fasc. 

. À. Department of Commerce. Bulletin of the Bureau of Fisheries, 

vol. XXXIII, 1913. Washington, Government printing Office, 1915; r vol. in-4°. 

Yearbook of the department of Agriculture, 1915. Washington, Government 
printing Office, 1916; 1 vol. in-8°. 

Publications of the Dominion Observatory, vol. TI, n° 45 et vol. IN, nes 1, 2, 3, 
4 et 5. Ottawa, Government printing Bureau, 1915 et 1916; 6 fasc. 

Suomalaisen Tiedeakatemian Toimituksia. Annales Academiæ scientiarum Fen- 
nicæ, série À, t. VI et V; série B, t. XII, 2-4. Helsinki, tor4 et 1915; 3 vol. in-8°. 

Suomalaisen Tiedeakatemian julkaisemia dobiéistheider historiaa valaisevia asia- 
kirjoja. Documenta historica quibus res nationum septentrionalium illustrantur 
edidit Academia scientiarum fennica, t. V. Helsinki, 1915; 1 vol. in-8°. 

Sitzungsberichte der Finnischen Akademie der Wissenschaften, 1912, herausge- 
geben von Gust. Komppa. Helsinki, 1914; 1 fasc. 


ACADEMIE DES SCIENCES. 


SEANCE DU LUNDI 7 AOUT 1916. 


PRÉSIDENCE DE M. PauL APPELL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADEÉMIE. 


DÉMOGRAPHIE. — De la variation mensuelle de la natalité. 
Note de M. Cnarses Ricner. 


I. Nulle question n’est plus grave, à l'heure présente, que celle de la 
natalité. Quoique jusqu’à présent elle ait été étudiée surtout par les éco- 
nomistes, il m’a paru que les physiologistes avaient, eux aussi, le droit de 
l’aborder. On me permettra donc d'examiner, avec quelques détails, un des 
éléments essentiels de la natalité, à savoir les variations mensuelles du 
nombre des naissances. 

Dans cette première Communication, je ne traiterai pas l'intensité de ces 
variations, mais seulement le déplacement du maximum suivant les époques 


et les pays ('). 


II. Etablissons d’abord le fait lui-même, à savoir que, pour un même 
pays, le maximum mensuel des naissances se trouve apparaître dans chaque 
année à peu près aux mêmes époques, et que par conséquent la courbe des 


(*) La variation mensuelle a été entrevue par Moheau (1778), puis étudiée par 
Villermé et d’autres statisticiens, notamment par A. Bertillon (art. Nartaïré du 
Dictionnaire enc :yclopédique des Sciences médicales), qui en a fait une étude atten- 
tive. Toutes les statistiques constatent ce phénomène démographique, mais sans lana- 
lyser profondément, On trouve de judicieuses réflexions dans la Statistique interna- 
tionale du mouvement de la population \ Imprimerie nationale, Paris, 1913, 
I, 74-103). s ; $ à 3 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 6.) ras 


142 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


naissances est très analogue d’une-année à l’autre, présentant tous les ans 
des inflexions ou des élévations parallèles ("). 

En relevant pendant 57 ans les proportions mensuelles des naissances 
françaises, chiffre considérable de près de 5o millions de naissances, on voit 
en toute netteté que le maximum mensuel a toujours été en février ou en 
mars. 

Soit, pour un pays quelconque, 12000 le nombre proportionnel des 
naissances en une année, le chiffre moyen mensuel sera de 1000. Or, pour 
la France, le maximum mensuel a été en moyenne : 


De r803 à TEGO a.i. 1110 (mars) 
Des 286r raSver ia. 1100 (février) 
UO SHF à OO na 1089 (février) 
De 1885 à” 1890........ 1079 (février) 
Pe 1001 a 1000: 1080 (mars) 
De igor à 1010...) 1084 (mars) 


I. On retrouve pour tous les pays de l'hémisphère boréal ce maximum 
mensuel en février-mars (°). 


Maximum mensuel pour les années 1906-1910. 


Japontusisrk.2s terre 1392 (mars) 
DB ne: atana 1336 (février) 
Papane o pe Lee 1190 (février) 
Mahe sms 1120 (février) 
OR. 1101 (mars) 
AR ed ET a TE 1090 (mars) 
Danemarke:t.s honte 1073 (mars) 
at A DR 0 1074 (février) 
SR a  … 1067 (mars) 
Alemane: rroo 1046 (mars) 
Norvege. a o _ 1046 (mai) 


IV. Dans l'hémisphère austral le maximum est en août-octobre, c'est- 


1 


à-dire à une distance de six mois du maximum mensuel de notre hémi- 
sphère : 


(1) Les douze mois de l’année sont considérés comme étant tous de 30 jours. Les 


chiffres mensuels se rapportent donc à des mois supposés de longueur égale. 
(2) Si nous ne donnons pas les chiffres des autres États, ce n’est pas parce que nous 


avons fait un choix, mais parce que les statistiques des années 1906-1910 ne nous sont 


pas parvenues. 


SÉANCE DU 7 AOUT 1916. 143 


1090 (août) 
1063 (octobre) 
1060 (octobre) 
108 (juillet) 


Australie (occidentale)... 
Nouvelle-Galles du Sud.. 


Ville de Buenos-Ayres. .. 


Encore que ces statistiques soient trop peu nombreuses, c'en est assez 
pour prouver qu'il y a corrélation entre le maximum (février-mars) de 
l'hémisphère boréal, et le maximum (août-octobre) de l’hémisphère 

austral. 
= Si donc le maximum se déplace avec les saisons, c’est qu’ilest en rapport 
avec les saisons mêmes. 


V. Le mois de la naissance indique assez exactement le mois de la con- 
ception. Or la durée de la gestation chez la femme est en moyenne de 
280 jours, c’est-à-dire 9 mois et 10 jours. Par conséquent, s’il y a maximum 
des naissances du 15 février au 15 mars, c’est qu'il y a eu maximum de 


conceptions du 5 mai au 5 juin de l’année précédente. 


Autrement dit, c’est à 


que les conceptions sont le plus nombreuses. 


à la fin du printemps ou au commencement de lété 


VE: À; Bertillon a établi que le maximum mensuel des naissances ne 


correspond pas à 


un maximum mensuel de mariages. Il en a donné la 


Preuve irréfutable en indiquant que pour les naissances illégitimes, où évi- 
| a le même maximum 


demment l'influence de la nuptialité est nulle, il y 


mensuel que pour les naissances légitimes. 
J’apporterai ici, par des chiffres plus récents, une confirmation. 


Maximum mensuel pour les mémes périodes annuelles. 


"Naissances totales. 


Serbie (1901-1903). :::.. 
Roumanie (1876-1880). -E 


Hongrie (1901-1905)... 


Danemark (1906-1910). .. 


Suède (1906-1910)... 


Allemagne (1906-1910). zi 
Suisse (1891-1900)....... 


Norvège (1901-1905)... < 
Finlande (1901- 1905). Mere 


1302 (février) 
1187 (février) 


1185 (février) 


1111 (février) 
1088 (février) 
1073 (mars) 
1067 (mars) 
1046 (mars) 
1045 (mars) 
1046 (mai) 
1683 (juillet) 


Naissances illégitimes. 


1302 (sic) (fév.) 
1196 (février) 
1191 (février) 
1197 (février) 
1135 (février) 


1102 (février) 
1124 (mars) 
1100 ( mai) 
1131 (juin) 


144 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


La similitude saisissante de ces chiffres pour les naissances légitimes d’une 
part et illégitimes de l’autre permet de conclure en toute certitude que la 
nuptialité ne détermine pas les variations mensuelles de la natalité. 

Ajoutons même que la cause, quelle qu’elle soit, qui fait croître les 
naissances en février-mars agit avec un peu plus de force sur les naissances 
légitimes. 

Faisons en effet égal à 1000 le maximum mensuel des naissances totales, 
le maximum mensuel des naissances illégitimes pour la même période 
sera : 


Boispeitt 129. ,21 1075 Danemark... ....: 1021 

, Allemagne: : .. 1053  . Suède: : 52944: 1021 
Norvège: ". 1051 Roumanie....... 1008 
Finlande ..... 1044 Serbiei onra 1000 
Hongrie. .... 1043 Espagne 7. 971 
Tohe C- 1041 


VII. On retrouve ce maximum aussi bien pour la population urbaine que 
pour la population rurale, aussi bien pour la population aisée que pour la 
population pauvre. 


Maxima mensuels pour la France (1856-1865). 


us de Paris 
Campagnes. 13000 habitants). et Seine. 


Jdèvier.nuexie 1046 1037 1013 
HEURE. je. aihn 1091 1059 
Mi o. 1109 1080 1056 
AVR... 1066 1040 1039 


Maxima mensuels pour Paris (10 ans). 


> $ Arrondissements 


_——— 
riche pauvres 
(NHE et XVI). OSV" et ATA ie 


rii fdgvier c. o.a a. A 1048 1028 
Févriér : .:..-.. raga 1040 _ 1004 
Marsa... o. ET 1050 1053 l 
a 3... 32 LORS ENT 1049 1036 
Moyenne des 4 mois.. 1047 7 10/2 


VIII. Enfin on ne peut faire dépendre le maximum mensuel, indiquant 
les naissances vivantes, d’une diminution corrélative de la mortinatalité, 
puisqu'on trouve pour les mort-nés les chiffres suivants : 


SÉANCE DU 7 AOUT 1916. 145 


Maximum mensuel des mort-nés pour la France (1853-1885). 


FAUNE 1094 
PV a 1123 
Sre csab mt. 1097 


Ce sont là des chiffres tout à fait comparables à ceux des naissances 
vivantes, 


IX. Il est donc prouvé par tous ces chiffres (que je pourrais d’ailleurs 
fournir plus abondants) que le maximum mensuel ne dépend ni de la 
nuptialité, ni de la nationalité, ni de la mortinatalité, ni de la richesse et 
des conditions sociales. 

Je vais essayer de prouver qu'il est en rapport avec le climat, c’est-à-dire 
avec la température. 


X. Pour cela il faut déterminer par le calcul non pas seulement le mois, 
mais encore le jour maximum des naissances. C’est un chiffre que les 
Statistiques ne fournissent pas, et pour lequel par conséquent nous ne 
pouvons avoir qu’une probabilité. 

Les chiffres de la statistique ne nous donnent pas une courbe, mais 
simplement des lignes droites, en escalier, qu'il s’agit de transformer en 
une courbe régulière qui aura un maximum. 

Soit par exemple 1000 naissances en janvier, 1200 en février, 1100 en 
mars; il est probable : d’abord que le jour du maximum sera en février, et 
ensuite que ce jour sera en un PE de février plus proche du 1% mars que 
du 30 janvier. 

Soient trois mois se succédant, ayant chacun leur chiffre mensuel 
moyen (J, F, M). Soit F le maximum. Il est probable que, si la droite de 
30 j Jours représentant le mois de février est partagée en deux parties pro- 
Portionnelles à F — J et à F — M, on obtiendra ainsi le j jour du maximum 
probable des naissances ('). 


nt manne no 

(*) D'autres méthodes d'évaluation plus compliquées (toujours en supposant des 
courbes régulières) m'ont donné des résultats qui sont très sensiblement les mêmes 
que par les proportionnalités F — J et F — M. 


146 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Jour maximum probable. 


Périodes diverses 


(antérieures à 1906-1910). Période de 1906-1910. 
Nombre —— oo i 
d'années Jour Jour our Jour 

observées. et mois. de l’année. et mois. de l’année. 
Bulgarie ...... 137 ‘ter féVriet 31 EIEIO ? 
Serbie... 20 12  » 42. 19 février — 49 
Autriche...... 19 FO au 45 IB o a 8 
Hale e n 48 17 » 47 6 » 30i 3 
Espagne ...... 19 20. à 50 UAE, D4 
Roumanie..... 10 22 à 52 ? j 
Pays-Bas...... 6 II » 53 ? ? 
AHemacne..-.. 33 4. » 54 2 Mars 62 
Hongrie .....: 14 24 54 28 février 58 
Belgique...... 25 26 » 56 28 mt: 8 (!) 
Norvège ...... 35 30.3 60 6 mai 126(!) 
Connecticut... 5 3 mars 63 5 mars 65-a 
Massachusetts. 5 D > 66 9 3 69 
Japon n. a To a 67 + 62 
ni PAU 57 137: % 72 + Eds. 82 
Sude. o io He » 73 PU» 75 
Danemark . 50 h » 79 24 pi» 84 
Maine. ...5.. 5 25.2 B5 i SA nati 82 


Si nous partageons les pays d'Europe inclus dans ce Tableau, en trois 
groupes selon la latitude, nous pouvons établir la classification suivante : 


À. Groupe méridional (au-dessous de 45°). — Bulgarie, Serbie, Italie, Espagne, 
Roumanie. 

B. Groupe central (au-dessus de 45° et au-dessous de 55° ). — Autriche, Pays-Bas, 
Allemagne, Hongrie, Belgique, France. 

C. Groupe septentrional (au-dessus de 55°) . — Norvège, Suède, Danemark. 

Prenons d’abord la période 1906-1910, (puisque la comparaison est 
surtout valable pour les mêmes périodes) et, comme les chiffres doivent 
avoir une importance proportionnelle au nb absolu de ces naissances, 
donnons à chaque pays son coefficient de natalité. 


Nous ayons alors : pal 
; Jour maximum 


i probable. 
Groupe A (méridional)............ 19 février 
; drodpe B (central). o 30 r » 
Groapi C (septentrional).......... 15 mars 


(t) Période 1901-1905. 


SÉANCE DU -7 AOUT 1916. 147 


Si nous avions pris les périodes antérieures à 1905-1906, nous eussions 
trouvé des chiffres tout à fait analogues : 
Jour maximum 


probable 
Gréupé’À (méridiondlp®....,.7"#"" 17 février 
Groupe BEN... 4 du. 
Groupe C (septentrional)..,...... 12 Mars 


Ces jours maxima probables des naissances correspondent à des maxima 
probables des conceptions. 


Jour maximum probable des conceptions. 


Groupe méridional........ 7-9 mai 
Groupe centrak:..".:8s. 20 mai 
Groupe septentrional gak -2-9 juin 


Par conséquent le jour maximum des naissances, €’est-à-dire des concep- 
tions, dépend de la latitude. Et selon toute vraisemblance, cette différence 
de latitude agit par une différence de température. 

La comparaison entre trois États de l'Amérique qui sont, en allant du 
Nord au Sud, Maine, Massachusetts et Connecticut, nous donne la confir- 
mation curieuse de cette loi : 


Miascochisaiis. ....,...., 6 mars 
Cote, 3 mars 


Pour les départements de France, il est assez difficile de savoir la tempé- 
rature vraie. On peut toutefois, quoique d’une manière extrémement impar- 
faite, apprécier la température moyenne d’un département en prenant 
céllé dé chef.tes D’après les documents que m'a obligeamment commu- 
niqués M. Angot, on peut admettre, en mai, sept départements où la tem- 
pérature moyenne est supérieure à 16°, et cinq dont la température est 
“inférieure à 12°. Or, pour des sept départements à température élevée 
(Corse, Alpes-Maritimes, Vaucluse, Bouches-du-Rhône, Gard, Hérault, 
Pyrénées-Orientales), le jour probable maximum moyen a été le 16 Hits, 
tandis que pour les cinq départements à température inférieure à 12°, ce 
jour probable moyen a été le 4 avril (hpafrés Aveyron, Haute-Savoie, 
Hautes-Alpes, Cantal). 

En ordonnant les départements d’ après le jour maximum probable, j'ai 
trouvé, pour 12 ans (1890-1901) : 


148 ACADÉMIE DES SCIENCES. 
Moyenne thermique vraie 
Nombre de ces mêmes départements 


e d’après la 
départe- température du chef-lieu 
Jour maximum probable, ments, (en mai), 
LA LA Q 
Avant le 21 février. ....... 8 15402 
Du 21 février au 30 février. 15 13,95 
Du 1°" mars au 10 mars.... JÁ 13,63 
Du 11 mars au 20 mars.... 14 19,04 
Du 21 mars au 30 mars.... 13 13,21 
; k À ds 130,32 

Du avril au to avril...., 15 ihi 
Au delà du ro avril........ 4 12,07 


XI. Ce maximum mensuel se déplace avec le temps. 

J'ai cherché pour la ville de Paris, de 1881 à r912, à étudier ses variations, 
sans pouvoir y trouver quelque loi. La moyenne générale m'a donné le 
chiffre du 61° jour (1° mars) assez différent du chiffre de la France entière 
(72° Jour, 12 mars). 

Mais pour la France entière et pour les autres pays d'Europe, on aper- 
çoit nettement que le jour maximum tend constamment à s'éloigner de plus 

en plus du 1°" janvier. 
= En comparant la période 1906-1910 aux périodes antérieures, nous 


trouvons : 
Jour du maximum pour 


les périodes la période 
antérieures à 1906-1910. 1906-1910. 
Autriche (1892-1900)........... ti février 18 février 
Hongrie (1876-1880)............ A 257» 
Espagne (1863-1830) ....... ... 19755 i 
Serbie (1891-1900) 1.01. 0D. Yge 2J | 
Allemagne (1872-1880) ....... dó iiis 2 mars- 
Italie (1863487 h. runa an. 309i 6 février 
France (1853-1860)........ sash 2 mars 22 mars 
Suède. (1856-1860 Ji. rh anlag 10.» 195 » 
Danemark (1860-1869)....... aia fia 24, » 


Dans tous ces pays, sauf pour l'Italie, le jour maximum (proba Dre a été 
en s’éloignant du 1% janvier de l’année. 

Si nous calculons cet TT pou une période de 10 bu nous 
avons, en FIRE les chiffres suivants : é 


SÉANCE DU 7:AOUT 1916. 149. 


Autriche... 7 

Honghe Le Sue 5.6 
Fragen paa a À 8 
Allemagne........... 3,7 
MM re... — 3,5 
TE E 3,5 
Epàd CO'LREAD FU 2,8 
Danemark ::.......:. 1,2 
Side vcess 1,0 


XII. Dans une Communication prochaine, j’essayerai de montrer le 
rapport de cette. variatiôn mensuelle avec d’autres conditions que celles du 
climat et:du temps. i 

Pourtant, dès maintenant, nous pouvons déduire quelques conclusions 
fermes, et tenter une explication de ce maximum des conceptions se pro- 
duisant aux premières chaleurs du printemps. 

C’est un phénomène physiologique, et non Recon 

Il est extrêmement peu probable, en effet, qu'il s agit d’ardeurs amou- 
reuses plus vives au printemps. Car dans tout pays, à tort ou à raison 
(à tort suivant nous), les familles même les plus fécondes n’ont que le 
nombre d'enfants auquel elles ont consenti. J’oserai donc dire, quelque 
étrange que puisse paraître cette affirmation, qu’il n’y a aucune corrélation 
à établir entre les hypothétiques expansions amoureuses du printemps et la 
natalité. L'hypothèse que le maximum mensuel des naissances en février- 
mars est lié à des relations conjugales plus fréquentes ou plus ardentes, en 
mai-juin, nous paraît absolument invraisemblable. 

Nous proposerons donc une hypothèse tout autre, très simple : c’est que 
les conditions physiologiques de la maturation de l’ovule et de sa féconda- 
tion ne sont pas également favorables dans toutes les périodes de l’année. 
Par suite d’une ancestrale prédisposition, au moment du printemps, chez 
la femme, comme chez la plupart des animaux, mais moins nettement que 
chez eux, la maturation, la chute et la fécondation de l’ovule se font dans 
des conditions meilleures et plus assurées. 

Il suffit alors d'admettre que 5 pour 100 à peu près des femmes sont beau- 
coup plus aptes à être fécondées pendant cette période de l’année qu’à toute 
autre époque. 


M. Aueusro Riçui fait hommage à l’Académie d’un Mémoire intitulé : 
Sulla fase iniziale della scarica in campo magnetico. 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 6.) 21 


150 . ACADÉMIE DES SCIENGES. 


CORRESPONDANCE. 


M. Arraur R. Hinks, Secrétaire de la Royal geographical Society, adresse 
des remerciments pour la distinction que l'Académie a accordée aux 
travaux de Sir ERNEST SHACKLETON. 


“MM. Aueusre Bansey, Joaquin Bensaune, E. DousLer, MérieEeauur, 
E. Mowrontoc, Louis Ravexeau, L. Torrès adressent des remerciments 
pour les distinctions que l’Académie a accordées à leurs travaux. 


HYDRAULIQUE. — Sur les coups de ee examen de l’état d’une conduite. 
Note (') de M. Cnares Camicues, présentée par M. Boussinesq. 

Dans les laboratoires d’hydraulique et dans l’industrie, il est nécessaire 
d’avoir affaire à des conduites bien définies, c'est-à-dire complètement 
purgées d'air ou contenant des poches d’air de volume connu, en des 
points déterminés. us 

L'objet de cette Note est d'indiquer brièvement quelques-uns des 
moyens qu’on peut employer pour déterminer l’état d’une conduite. 

1° La méthode de la dépression brusque, que j'ai décrite (°) permet de 
déterminer la vitesse a de la propagation de londe. Si la valeur trouvée 
pour a concorde avec la formule de M. Allievi, la conduite peut être consi- 
dérée comme entièrement purgée d’air. 

On peut donner une ex plication simple des graphiques obtenus. Soient / 
la longueur de la conduite, y, la pression statique à l'extrémité aval de 
celle-ci, e la vitesse de l’eau et y, la pression à l’ extrémité de la conduite 
au moment du maximum de dépression (époque 0); vi Vs Roa: dési- 
gnant les valeurs de la preion a aux époques 


(1) Séance du 31 juiftét 1916. à 
(?) Comptes rendus, t. 164, 1915, p. 412. 


SÉANCE DU 7 AOÛT 1916. 151 


on démontre qu'on a 
baad ge ons d 2AE P o 
S dos Y= Yo + r PEET TE ..>s, 


La: dépression revient donc à l'entréihité aval dresse de signe et 
doublée. 

2° Pour déterminer la position d’une poche d’air, il suffit d'utiliser la 
propriété suivante : la dépression provoquée à l'extrémité aval de la con- 
duite, rencontrant une poche d’air, se réfléchit avec changement de signe 
sur celle-ci. Cette méthode permet de localiser avec précision les poches 
d'air. M. Joukowski a indiqué un procédé assez voisin de celui-ci. 

3° L'emploi des fermetures complètes, de durée inférieure à 1, permet 
également de savoir sila conduite est complètement purgée; dans ce cas, 
la suppression doit être égale à ?, y, désignant la vitesse de l’eau dans la 
conduite au moment de la fermeture. 

D'ailleurs, le coup de bélier dû à une fermeture instantanée se transmet 
intégralement le long de la conduite, tandis que la présence, à l'extrémité 
aval de la conduite, d’une poche d'air de volume suffisant pour que la com- 
pressibilité du liquide et la dilatation de l’enveloppe soient négligeables 
donne, comme je l'ai montré (*), une répartition linéaire du coup dé bélier, 
le long de la conduite, pourvu que celui-ci soit faible vis-à-vis de y,: 

En raison de l’importance actuelle de cette remarque, il est nécessaire de 

citer un exemple : une conduite de 105%, 24 de longueur, de 80"” dé dia- 
mètre et de 5®® d'épaisseur (en fer) (cette épaisseur est constante sur 
toute la longueur de la conduite), était munie de 2 manomètres, placés, 
l’un, A au premier tiers amont, où la pression était 13",50 d’eau; l’autre, 
à l'extrémité aval, où la pression était 16,0 d’eau. Une fermeture 
brusque a provoqué, à l'extrémité aval, un coup de bélier de 21*,60 enre- 
gistré par le manomètre B; le manomètre A a indiqué un coup de bélier 
de 21", 50. 

Dans unè autre expérience, la même conduite a été munie, à son extré- 
mité aval, d’une poche d’air de 6600°” mesurés à la pression de 750%", 2 et 
à 21° C.; une fermeture brusque a donné les coups de bélier suivants : 


m m m 
Extrémité aval (manomètre B}......... +3,18 —92,33 +2,65 
Premier tiers (amont, manomètre A)... +1,06  —0,73 +0,93 
Rapport....... 3,0 3,18 2,86 


(') Comptes rendus, loc. cit. 


152 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


On peut dire, par conséquent, que les fermetures instantanées, dans une 
conduite entièrement purgée sont extrêmement dangereuses pour les por- 
tions supérieures de celle-ci; une poche d’air placée à l'extrémité aval a un 
rôle efficace pour leur protection. 

4% La méthode de l'analyse d’une conduite par un robinet tournant, que 
j'ai indiquée ('), permet de rechercher les différentes périodes d’une con- 
duite; elle est utile dans les laboratoires, mais ne doit être employée dans 
l’industrie qu'avec la plus grande prudence; en raison des surpressions 
qu’elle peut donner. Girl 


GÉOLOGIE. — Les roches éruptives filoniennes intrusives de la région située 
au nord du Tage. Note (?) de M. Paun Cuorrar. 


Les dykes des roches éruptives existent en quantité si considérable dans 
toute la contrée située au nord du Tage (°) qu’il n’est pas possible de-les 
indiquer tous sur la Carte, tant à cause de.son échelle qu’à cause de la 
décomposition fréquente des roches permettant à la terre végétale de les 
masquer. 

Ils forment en général des groupes ayant une même orientation, mais 
l'orientation de chacun d'eux est parfois fort différente et l’on voit des 
dykes traversant plus ou moins perpendiculairement un autre groupe. 
Certains dykes, se trouvant au milieu de sills dont ils ont l'orientation, 
donnent l'impression que sills et dykes ont la même origine. Chaque groupe 
de dykes est en général formé par un même type pétrographique, mais 
l'on remarque parfois le passage d’un type à un autre dans-un même dyke 
(Alcainça, trachyandésite avec taches noires plus basiques). 

C’est au nord de la chaîne Cintra-Caneças que les cheminées éruptives 
sont les plus nombreuses. Elles forment des dômes, dont le plus élevé, 
Atalaia, atteint l'altitude de 429". Je ne connaï$ qu’un dyke de roche leuco- 
crate (trachyandésite à biotite, Monte Leite, près Malveira). Les autres sont 
constitués par du basalte compact, avec ou sans présence de brèches 
éruptives ou de lambeaux de calcaire de Crétacique supérieur. tombés dans 
l'intérieur, généralement contre les parois; en 1880 j'ai déjà signalé, près 
de Peniche, un dyke coupant le Lias inférieur et contenant des débris de 
Turonien et de Bellasien fossilifères, terrains n’existant plus dans la région. 


(*) Comptes rendus, t. 161, 1915, p. 412. 
(2) Séance du 10 juillet 1916. 
(5) Comptes rendus, 1. 162, 1916, p.981. 


> 


SÉANCE DU 7 AOUT 1916. 153 


Ces lambeaux de Turonien sont des témoins prouvant que ce terrain 
s'étendait uniformément sur toute la contrée, et montrant la puissance: con- 
sidérable de l’érosion, qui est de plusieurs centaines de mètres lorsque la 
cheminée est dans le Jurassique supérieur. Je les ai pris jadis pour une 
preuve que le basalte qui les accompagne est un lambeau de la nappebasal- 
tique, tandis que je suis actuellement convaincu que dans la plupart des cas 
il s'agit de chutes dans les cheminées volcaniques. Il est rarement possible 
d'observer une cheminée de basalte s’épanchant dans la nappe basaltique, 
que j ai étudiée dans une Note antérieure; par contre, il est plus fréquent 
de constater des dykes de roches basaltiques la traversant. Les aires typho- 
niques contiennent de nombreuses bosses de roches réunies jadis sous le 
nom d’ophite ; la plupart sont en effet formées par de la diabase. Je ne sais 
si l’on doit les considérer comme des batholithes ou comine.des extrusions 
du type de la Montagne Pelée, opinion qui semble vraisemblable pour un 
ou deux cas exceptionnels formés par de la syénite. 


Formes intrusives. — Les silis sont extrêmement nombreux; quelques- 
uns sont constitués par du basalte, mais en général ce sont. des roches plus 
acides, de couleur plus claire, considérées anciennement comme trachyte, 
mais en réalité formées par des labradorites, des andésites et surtout par 
des trachyandésites. Le trachytefranc est relativement rare; il ne forme que 
des dykes ou des sills peu puissants (surtout près du batholithe de Cintra); 

Dans les falaises de l'Océan, des dykes de basalte sont intercalés 
horizontalement entre les strates crétaciques, formant des sills avec des 
varices de quelques mètres d'épaisseur. Le plus grand sill que j'aie 
observé (labradorite augitique) a 10“" de long sur 4" de large. Sa puis- 
sance, qui est de 5" à son extrémité occidentale, passe successivement 
à 15% et 20, puis brusquement à 60" et 100", formant la colline d’Anços, 
qui doit correspondre à un point d'émission non observable. 

D'autres bosses, ayant jusqu’à 2" de diamètre, ne se prolongent pas 
sous forme de sills ou du moins n’ont que des apophyses peu étendues; 
celle de Montemor (trachyandésite) pourrait être un laccolithe? tandis 
que celle du fort d’Alqueidäo (diabase) correspond plutôt à deux -batho- 
lithes jumeaux. La distinction entre batholithe et lacolithe est beaucoup 
plus claire en théorie que dans la pratique. 


Chaine de Cintra-Caneças. — Il me reste à indiquer la constitution de la 
chaine Cintra-Caneças. Son axe est orienté de l'Ouest à l'Est, et elle est 


154 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


coupée transversalement par deux grandes failles: celle du Moulin da 
Matta entre Sabugo et Agualva, et celle de Dona Maria, qui la divisent 
en trois massifs. Son extrémité occidentale est coupée par l'Océan (effon- 
drement) et à son extrémité orientale ses strates plongent sous le Tertiaire 
de la vallée du Tage. 

1° L’anticlinal de Cintra a pour axe un batholithe de gibi; et de 
syénite traversant le Jurassique supérieur qui a laissé des enclaves de 
cornéennes dans le massif éruptif, tandis qu’un lambeau de Crétacique 
à fossiles reconnaissables repose à sa surface. Sur le pourtour du granite, 
le calcaire est transformé en marbre lamelleux et les dykes qui le tra- 
versent sont souvent accompagnés de cornéennes. Il est coupé à l'Ouest 
par l'Océan et au Nord par une ligne d’effondrements avec renversement 
de strates, tandis qu'au Sud et à l'Est ses strates plongent vers l’exté- 
rieur, au Sud pour former le synclinal d’Alcabidexe et à l'Est pour se 
briser contre la faille du Moulin da Matta. 

Notons encore que ces strates, qui contournent l'extrémité orientale du . 
batholithe, sont accompagnées de dykes et surtout de sills (andésite) 
affectant la même flexion qu'elles. Ces sills ont jusqu’à 6*™ de longueur et 
sont surtout nombreux jusqu’à 2,5 du bord du batholithe, tandis qu’au 
delà les strates sont disloquées transversalement par des décrochements 
horizontaux. Leur composition est fort variée | trachytes hololeucocrates, 
trachytes à plagioclases un peu quartzifères, trachyandésites à biotite, puis 
roches noires plus basiques (trachyandésites à hornblende et andési- 
labradorites)]. Ce n’est que sur la ligne d’effondrement limitant le batho- 
lithe vers le Nord qu’on rencontre des roches éruptives au milieu des con- 
glomérats plus récents que la nappe basaltique. Ce sont des dykes de 
roches basaltiques au bord de la mer et de microgranite au nord de Cintra: 

2° Le deuxième massif, coupé à Ouest et à l’Est par les deux grandes 
_ failles précitées, a la forme d’un triangle isoscèle, surélevé entre les deux 
régions limitrophes qui sont formées par des couches plus récentes. On 
_ peut donc le coùsidérer: comme un horst complexe, composé de deux 
anticlinaux très-courts, à noyaux de calcaire jurassique. Celui du Nord, 
Ollelas, situé dans le sommet du triangle formé par les failles, n'a conservé 
la succession des strates que du côté méridional, où elles forment un syn- 
clinal le séparant de l’anticlinal du Sud, désigné sous le nom de Brouco: 
Cet anticlinal a la forme d’un ovale très court, formé par des strates plon- 
geant vers l'extérieur sur tout le pourtour, dont une petite portion 
seulement est coupée par la faille de Dona Maria. De nombreux et longs 


SÉANCE DU 7 AOUT 1916. 155 


sills sont intercalés dans les couches crétaciques de son flanc méridional 
qui renferme le dyke du Suimo, contenant des grenats et des zircons. 

3° La chaîne se termine par l’anticlinal de Caneças, formé par un noÿau 
de grès et de marno-calcaires du Crétacique moyen coupé à l'Ouest par la 
faille de Dona Maria, et bordé des. autres côtés par une ceinture de cal- 
caires turoniens plongeant sous la nappe basaltique. Dans la moitié orien- 
tale du noyau se trouve le batholithe (?) de trachyandésite de Montemér, 
auquel est accolé un neck de basalte du côté oriental, tandis qu’une autre 
cheminée coupe l'extrémité orientale de la ceinture turonienne, son basalte 
s’épanchant dans la nappe basaltique. Notons encore que la ceinture turo- 
nienne présente des interruptions, dues à des actions mécaniques, mais les 
éboulis ne permettent pas d'observer le contact entre le Bellasien et la nappe 
basaltique. 


GÉOPH YSIQUE. — Les: volcans expérimentaux et les lois de la volcanicité. 
Note (') de M. Emire Beror, présentée par M. J. Violle. 


Dans une Note précédente (2) j'ai indiqué un procédé permettant de 
reproduire expérimentalement le volcanisme dans un bassin à fond incliné, 
contenant de l’eau et du sable et chauffé à sa partie inférieure. 

Les phénomènes volcaniques qui prennent ainsi naissance sont extrême- 
ment variés : émission de fumerolles au sommet d’un monticule de sable 
sec, formation de cratères qui s'élargissent et s’approfondissent en lançant 
_ des bombes volcaniques à plusieurs décimètres de hauteur, émission de - 
coulées boueuses, asséchement final de cratères qui, ayant un diamètre 
de 3°% à 6em, lancent une-colonne de fumée par une cheminée volcanique 
ayant seulement quelques millimètres carrés de section. 

D’autres phénomènes ressemblent aux mouvements épirogéniques, pro- 
duisant une surrection très lente de grandes surfaces de sable et n'ayant 
d’ailleurs aucun rapport avec les actions imaginées dans les cratéres de sou- 
lévement : aucun cratère de ce genre ne s'est jamais produit dans nos expé- 
riences. Par un effet analogue, le plan d’eau se relève dans la partie côtière 
figurée par le sable : ainsi les cratères vides d’une précédente expérience se 
transforment en cratères-lacs quand on recommence à chauffer. 


(") Séance du 31 juillet 1916. 
(Y Comptes rendus, 462; 1016; p. 736. 


156 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


On peut produire aussi un retrait brusque de la meret des volcans sous-marins qui 
peu à peu.élèvent par leurs déjections la crête circulaire de leur cratère au-dessus du 
plan d’eau : quand on arrête l’expérience, toute l’eau du lac cratérique est absorbée 
(même en contre-bas du plan d’eau) par la cheminée volcanique. Cet effet a pu se 
produire dans la réalité et déterminer les brèches des cratères circulaires des îles 
Saint-Paul et Santorin. Quand on interrompt le chauffage assez peu de temps pour 
que la chaleur n'ait pu se répandre uniformément dans tout le bassin, la reprise du 
chauffage fait fonctionner de nouveau les mêmes orifices volcaniques comme dans la 
nature. 

Un grand nombre de couches terrestres sont imperméables à l’eau et à la vapeur: 
ce cas, qui doit être fréquent dans le volcanisme naturel, peut être imité en plaçant une 
ardoise à peu de distance du fond du bassin d'expérience. Par là on arrive d'une part 
à produire le volcanisme expérimental beaucoup plus loin du point chauffé (ce qui 
expliquerait facilement comment certains volcans sont si distants des côtes) et d’autre 
part à pouvoir faire fonctionner simultanément plusieurs orifices volcaniques dont 
l’activité de l’un est toujours aux dépens de l’autre, comme le Vésuve et la solfatare 
de Pouzzoles alternent en général leurs activités. 


La figure ci-dessous reproduit exactement au trait une photographie qui 


aurait donné lieu à des difficultés de tirage. On y voit uncratère-lac, un cra- 
tère asséché avec l’orifice de sa cheminée volcanique, et deux cratères en 
fonctionnement. La région chauffée est en dessous du signe + : les vapeurs 
montent donc bien vers la terre ferme figurée par le sable. 

Dans nos expériences on peut étudier l'influence de la pente du fond 
(qui correspond à celle des isogéothermes), et celles des surfaces imper- 
méables qui dirigent les vapeurs vers leur sommet. Suivant que ces sur- 
faces sont en forme de cône droit ou renversé, elles concentrent ou dis- 
persent ces vapeurs souterraines : la différence de pression par mètre linéaire 
qui pousse les vapeurs vers la terre ferme augmente avec la pente des 


SÉANCE DU 7 AOUT 1916. 157 


surfaces chauffées. On peut donc énoncer la -loi suivante qui trouve son 
application dans toutes les îles et guirlandes d'îles : 

La volcanicité est proportionnelle à la raideur des versants (plus exactement 
des isogéothermes) et à leur convexité vers la mer. 

La convexité peut être rapportée aussi bien à un axe horizontal qu’à un 
axe vertical. Le bombement central des océans doit donc être volcanique 
(axe de l'Atlantique) et le renflement équatorial qui a dû augmenter au 
cours des âges doit marquer aussi une recrudescence du volcanisme : en 
effet, par unité de surface entre les tropiques il y a 1 volcan en activité 
depuis trois siècles contre 0,57 volcan seulement sur le reste de la surface 
terrestre d’après la statistique de Fuchs. Ce fait peut être rapproché de 
l’activité solaire des taches concentrées vers l’équateur entre les paral- 
lèles + 30°. 


Comment les volcans cessent-ils de fonctionner et présentent-ils des paroxysmes? 
C'est que l’eau de mer contient 3,65 pour 100 de sels qui obstruent temporairement 
les conduits souterrains, comme ils boucheraient les tubes de vaporisation d’une 
chaudière. Mais ces sels entre 700° et 800° sont ou volatils ou susceptibles de fusion 
ignée. Si donc la circulation interne d'eau et de vapeur est arrêtée par obstruction, 
les couches internes ne sont plus refroidies à 364° : en se réchauffant lentement par 
conductibilité elles atteindront la température de 700° à 800° suffisante pr déboucher 
les conduits souterrains. 

Alors le volcanisme recommencera : ce mécanisme explique très bien comment une 
éruption commence par des fumerolles sèches, très chaudes et riches en chlorures, La 
quantité d’eau émise par l'Etna en 1865, suivant les évaluations de Fouqué, aurait 
contenu, si elle venait de la mer, assez de sels pour obstruer 40k" de galeries souter- 
raines ayant 1™° de section. 

L'eau de mer, avec les sels volatils, contient aussi un peu de sels fixes calcaires ou 
magnésiens qui doivent à la longue diminuer la section des conduits souterrains, d’où 
plus grande facilité d’obstruction par les sels volatils et diminution de la quantité 
d'eau arrivant au volcan : ainsi les paroxysmes d’un volcan doivent se rapprocher et 
devenir moins intenses. C'est ce qu’on a observé pour le Vésuve qui, au début de notre 
ère, a eu une éruption par siècle; au xvir siècle en a eu 6, et en a actuellement à peu 
près le double. 


Des modifications pourront sans doute être apportées au bassin de volca- 
nisme expérimental de manière à reproduire, avec de leau salée, le phéno- 
mène des paroxysmes TE 


C. R., 1916, 2° Semestre: (T. 163, N° 6.) 22 


158 | ACADÉMIE DES SCIENCES. 


BOTANIQUE. — Les premières divisions de l'œuf et l'origine de l'hypophyse 
chez le Capsella Bursa-pastoris #ænch. Note de M. R. Souëces, présentée 
par M. Guignard. 


Les auteurs qui se sont occupés de l’embryogénie des Crucifères n'ont 
pas étudié les premiers cloisonnements de l'embryon ou bien ont émis, sur 
ce sujet, des opinions contradictoires. Famintzin (!) et M. Schaffner (?) 
chez le Capsella Bursa-pastoris, Riddle (°) chez l’A/yssum macrocarpum, 
Vandendries (+) chez le Draba verna et le Cardamine pratensis sont les 
seuls auteurs qui aient pris la cellule-œuf pour point de départ de leurs 
descriptions. D’après Famintzin, aprèsséparation de la cellule embryonnaire 
proprèment dite par une première cloison transversale, d’autres parois 
‘transversales se succèdent, en direction basipète, dans la cellule inférieure; 
les trois ou quatre cellules ainsi engendrées se cloisonnent à leur tour 
transversalement. D’après les autres auteurs, la cellule apicale du proem- 
bryon bicellulaire se divise transversalement pour donner une cellule em- 
bryonnaire proprement dite et une cellule intermédiaire. De cette dernière 
dérivent l’hypophyse et la plus grande partie du suspenseur. Chez le Capsella, 
comme chez l’Alyssum, la cellule basale du proembryon bicellulaire ne 
subirait aucune division durant tout le cours du développement. 

Comme on le voit, ce dernier mode de cloisonnement des premières cel- 
lules de l’œuf, s’il est exact, est de nature à modifier, d’une manière pro- 
‘fonde, les données généralement admises sur l’origine des diverses parties 
de l'embryon et de la plante. Il paraissait donc nécessaire d’examiner 
de nouveau ce sujet et de s'efforcer de saisir le plus grand nombre de 
figures de caryodiérèse ne laissant subsister aucun doute sur l’ordre et la 
direction des divisions. Pour ces recherches, j'ai choisi le Capsella Bursa- 


(1) A. Fawnrzix, Embryologische Studien (Mém. de l’Ac. impériale des Sc. de 
-$Saint-Pétersbourg, 7° série, L: 26, n° 10, 1879, p. 14). 

(2) M. Scmarrexer, The embryology of the Shepherd's Purse (The Ohio Naturalist, 
1. 7, 1906). 

(è) L.-C. Rivoze, The embryology of Alyssum (Bot. Gazet., t. 26, 1898, p. 317). 

(+) R. Vanxpexbries, Contribution à l'étude du développement chez les Crucifères 
(La Cellule, t. 25, 1909). 


SÉANCE DU 7 AOUT 1916. 159 


pastoris, plante excessivement favorable à l'observation et devenue depuis 
longtemps classique pour l'étude des phénomènes embryogéniques. 

De cette étude il résulle que les deux cellules du proembryon bicellu- 
laire se divisent, l’une, la cellule basale, en direction verticale; l’autre, la 
cellule apicale, en direction horizontale. C’est la cellule basale qui se 
divise la première; la cloison formée est transversale et sépare deux cel- 
lules superposées : l’inférieure se segmente encore une fois, dans certains 
cas deux fois, et donne finalement naissance à une grosse vésicule micro- 
pylaire et à deux ou trois éléments du filament suspenseur. La supérieure, 
ou cellule intermédiaire du proembryon en ce moment tricellulaire, 
engendre la plus grande partie du filament suspenseur et la cellule hypo- 
physaire. La cellule apicale, en prenant une cloison verticale, s’individua- 
lise nettement comme cellule embryonnaire proprement dite. 

En somme, la cellule intermédiaire tire son origine, non pas de la 
cellule apicale, mais de la cellule basale du proembryon bicellulaire. 

En suivant pas à pas la marche des cloisonnements dans cette cellule 
intermédiaire, on peut préciser l’origine de la cellule hypophysaire et 

déterminer la règle à peu près générale d’après laquelle se succèdent les 
divisions qui lui donnent naissance. Aux dépens de la cellule intermédiaire 
se forment généralement six cellules superposées. Les deux plus inférieures 
proviennent de la division d’une cellule qui est la sœur de la cellule-mère 
des quatre autres; ces quatre dernières appartiennent à une même géné- 
ration : la cellule-mère des deux inférieures est sœur de la cellule-mère 
des deux médianes. 

C’est la cellule la plus rapprochée de Cu. proprement dit qui 
s'individualise comme hypophyse en prenant une forme bombée supérieu- 
rement et en se cloisonnant d’une manière qui lui est propre. 

Parfois elle peut encore se diviser, comme les cellules précédentes, par 
une cloison s appuyant sur la paroi périphérique du suspenseur. D’autres 
divisions peuvent aussi se produire dans les éléments placés au-dessous. 
Dans ce cas, sept cellules, rarement huit, dérivent de la cellule intermé- 
diaire. Ces cas exceptionnels démontrent que l'individualisation de la 
cellule hypophysaire se trouve quelquefois retardée dans le cours du 
développement ; ils ne permettent pas, par conséquent, de connaître 
toujours l’à âge de cette cellule, mais n Lin trio nullement de se rendre 
Compte de son mode général de formation. | | 

En résumé, ces recherches définissent le rôle que jouent les deux cellules 


160 ACADÉMIE DES SCIENCES, 


er 


inférieures de la tétrade proembryonnaire dans la construction de 


l'embryon chez le Capsella Bursa-pastoris ('). 
À 15 heures trois quarts l’Académie se forme en Comité secret. 


La séance est levée à 16 heures et quart. 
An LX, 


(1) Les observations résumées dans cette id seront publiées, avec figures à 
appui, dans un autre Recueil. 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 144 AOUT 1916 


PRÉSIDENCE DE M. PauL APPELL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. 


, 


DÉMOGRAPHIE. — Pes conditions qui influent sur l'écart mensuel moyen 
de la natalité. Note de M. Cuanes Ricuer. 


I. Nous avons montré dans une précédente Communication (') que le 
maximum mensuel de la natalité dépend du climat, c'est-à-dire sans 
doute de la température, au moins pour le moment où il se produit. Nous 
examinerons aujourd’hui l'écart mensuel moyen de la moyenne, en supposant 
le nombre des naissances égal à 12000 par an : 


Écart mensuel 


moyen pour Natalité i 
12000 naissances our 
annuelles 10000 habitants 
(1901-1910). (1910). 
ADN: talon eu ant 157 354 
Bulparie (1). ide i 134 409 
Serbie... a. r RE ee 128 398 
ROBE CIE auon.: m 60 407 
PO a 85 477 
BADaR o aa eE 85 3953 
HAS: MU, 53 341 
HOME sc mon ivre 49 362 
Uruguay (* y Pal aa eura a 46 341 


(*) Comptes rendus, t. 163, 1916, p. 141-149. 
x Pour la période 1891 à 1900. 
(*) Pour la période 1901 à 1906. 
(+) Pour la période 1906 à 1910. 
C. R. +; 1916, 2° Semestre. n. 163, NT. 1 23 


162 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Écart mensuel 
Natalité 


s pour 
annuelles 10000 habitants 


(1901-1910). (1910) 

Maine ae us sie, 45 223 
Frances st ins: 1. sud 43 216 
Belgique (` a ea VO END A 42 290 
MN a he 37 319 
OU te TES ME 37 293 
us cac. 35 264 
nn Jin. Ne. j 35 284 
Normes) LCR LE Teur 33 282 
PE a sind rio 32 356 
Nouvelle-Galles du Sud...... 31 271 
DH (hist en 28 275 
ConnécHeut., nn a 26 250 
Alemaghe s.. oeu 39 340 
Masséctiüsetts 5,15 mu 20 273 


On voit tout de suite, en étudiant ce Tableau, qu'en général les pays à 
forte natalité ont un écart mensuel moyen considérable. 

Afin de donner à cette relation entre la natalité et l'écart mensuel moyen 
une précision objective, nous ferons deux groupes selon que la natalité est 
au-dessus ou au-dessous de 350 naissances annuelles par 10000 habitants. 
En outre nous donnerons au chiffre qui représente l'écart mensuel moyen 
un coefficient qui sera celui du nombre annuel absolu des naissances. 

1° Natalité au-dessous de 350 pour 10000 habitants : 


Ecart mensuel MOUTON. LL, er: 00 ue 36,8 


(pour environ 4770000 naissances annuelles). 
2° Natalité au-dessus de 350 pour 10000 habitants (*) : 


Ecart mensyėél Moyen. -s-o Sn edit 78,0 


(pour environ 7920000 naissances annuelles). 


(*) Pour la période 1901 à 1906. 

(2) Pour la période 1891 à 1900. 

(5) Avec le Japon l’écart mensuel moyen serait 91,9 pour 9620000 naissances 
annuelles. Mais les conditions de race et de civilisation du Japon sont trop différentes 
pour qu’on ne doive le séparer des autres nations européennes. | 

On remarquera aussi que, dans la vaste Russie, où des populations très diverses 


SÉANCE DU 14 AOÛT 1916. 163 


Donc, dans les pays à forte natalité, l'écart mensuel moyen est plus de deux 
fois plus grand que dans les pays à natalité faible. | 


II. Nous trouvons une importante confirmation de cette loi en comparant 

le décroissement (avec le temps) de l'écart mensuel moyen avec le décrois- 
. [2 + 

sement de la natalité ('). 


Écart 
mensuel moyen 
Natalité pour 
(pour 12000 naissances 
Années. 10000 habitants). annuelles). 
L L 
Hongrie...... PTO aao 74 
1901-1910 370 49 
; 1891-1880 417 143 
Serbie. +. ) sgio 389 143 
Allemagne. ... | 180a Po por Ri 
1901-1910 320 27 
1863-1870 379 62 
Espagne...... 101010 344 85 
Hate. Ens. | IRIS n 5h 
1901-1910 327 54 
: 1881-1890 350 38 
Finlande. .... ob ip Jia 29 
1861-1869 330 53 
Suède. r.i ) E 6e 37 
1860-1869 329 57 
Danemark. ... OT 289 38 
Norvè 1871-1880 310 49 
Orere | origo 274 30 
. i 1881-1890 302 43 
Belgique . .... 1901-1903 Jöt ~ ho 
F 1856-1865 263 48 
rance aao 1906-1908 CAR 45 


En calculant cette décroissance pour des périodes de 5 ans, on a : 


vivent à des latitudes très différentes, l’écart mensuel apparent total est inférieur 
certainement à ce qu’il serait en réalité pour ces populations considérées isolément. Il 
se fait des compensations qui diminuent les écarts de chaque mois. 

(1) Nous ne donnons dans le Tableau suivant que les pays européens et ceux pour 
lesquels la natalité mensuelle a pu être calculée au moins à 20 ans de distance. 


164 ACADÉMIE DES SCIENCES. 
Décroissance pour 100 
n *—  — 


e la è 
natalité.  l’écart moyen. 


Belgique mens e ) 1,9 
HONTE PR ol, 3,0 637 
AHèmapbe:. css 3,1 1,7 
ER EEE AE T . 2,4 3,3 
ie ce. 2,2 4,6 
nn TU 0e 2,1 0,8 
Serbien oo A NA 2,1 » 

OP nu cu a 1,9 3,5 
MRE e RS ARR PRE a 1,6 » 

Danemark.: eseas 1,2 , 

DDR nus 170 — 4,5 


Ainsi l'écart moyen mensuel va en décroissant à peu près comme la 
natalité. 


II. J'ai cherché à voir si cette relation entre la natalité et l'écart men- 
suel moyen se retrouvait pour les divers départements de France. Elle 
n'apparait pas nettement pour les douze années que j'ai calculées (1890- 
1901). 

La moyenne de l'écart mensuel des 86 départements étant de 54 ('), 
voici les départements où l’écart est au-dessus de 70 : 


Grosse. 7"... pu 102 Pyrénées-Orientales. 75 
Corbel cit dr w 07 Basses-Alpes., l... <79 
Morbihan... 93 Dordogne sa ga 
Aude... o one 92 Vienne. ia. T 71 
Tar nét Garomné.. g1 TARD o a 71 
Vautie;r..;.…. Sa Yonne erer 2Lp "O,S 
Pieter: o ao 79 Aisopos W o 


On remarquera que dans ces quatorze départements, il n’y a qu’une 
seule ville de plus de 50000 habitants (Brest). | 

Au contraire, si nous prenons les treize départements dont l'écart men- 
suel est inférieur à 40, nous trouvons les plus grandes villes de France 
(sauf Marseille) et quatorze villes de plus de 50000 habitants : 


(*) L'écart mensuel moyen des départements est différent de l'écart mensuel moyen 
total de la France; car chaque département est alors pris pour une unité, quel ve soit 
le chiffre absolu des naissances. 


SÉANCE DU 14 AOUT 1916. 165 


Hérault isthe he de 39 Gard: RP Re 36 

FU PORT à MAP ME 38 Landes. 1, 14200 39 
irirobde os tire 38 DORE à E S 32 
DOLG a ae et 37 Haute-Loire.,....... 31 
MANED Li a zi RDO ETES 31 
Hautes-Pyrénées. .... 37 Loire ai ii uit 29 
Pas-de-Calais........ 37 


On peut donc dire que dans les grandes villes l’écart mensuel moyen est 
notablement plus faible que dans les campagnes. Mais cette loi comporte 
des exceptions. Ainsi, dans les Landes et la Lozère, la population rurale 
est en grand excès sur la population urbaine, et cependant l'écart mensuel 
y est très faible. 

On sait que les statistiques françaises donnent l’état d'instruction des 
époux, facile à apprécier suivant qu'ils ont à la mairie, au jour du mariage, 
signé de leur nom, ou simplement fait une croix. On peut ainsi assez exac- 
tement savoir la proportion des illettrés parmi les époux. Or les trois 
départements les plus illettrés [ Finistère, Morbihan, Corse (55, 51 et 
48 pour 100 d’époux illettrés)] ont un écart moyen qui est énorme, le 
double de l'écart moyen français. 

Mais on ne peut pousser la comparaison plus loin; car on trouverait 
bientôt des départements où la proportion des illettrés est très forte 
(Corrèze, 44; Haute-Vienne, 44; Landes, 37) et'où cependant l'écart 
moyen est très faible. 


IV. En résumant ce que nous avons dit dans le cours de ce travail 
et dans la Communication précédente, nous trouvons trois faits, trois phé- 
nomènes simultanés, qui se produisent régulièrement dans tous les pays 
depuis 50 ans : | 

1° Décroissance de la natalité (!); 

2 Diminution de l'écart mensuel moyen; 

3° Retard croissant du jour probable maximum des naissances (à partir 
du re"; Janvier, pris comme origine). 

Pour bien comprendre le sens de ces trois lois, il suffira de se rendre 
Compte que la natalité d’un pays est régie par deux conditions souvent 


mee 


(*) I s'agit, bien entendu, de la ioii proportionnelle : à la population, et non du 
nombre absolu des naissances. 


166 ACADÉMIE DES SCIENCES. 

antagonistes; une condition d'ordre physiologique, qui est l'aptitude de la 
femme à être fécondée; une autre condition, d'ordre psychologique, 
qui est la volonté, bien arrêtée, des époux de restreindre cette fécondité 
même. 

S'il n'y avait aucune limitation volontaire aux conceptions, comme c’est 
sans doute plus ou moins le cas pour les populations paysannes de la Russie, 
de la Bulgarie, de la Serbie, la natalité serait trois ou quatre fois plus forte 
qu’elle n’est en France, en Grande-Bretagne et même en Allemagne; elle 
serait dans les grandes villes égale à celle des campagnes; elle serait la 
même pour les lettrés et les illettrés, et l’écart mensuel moyen serait très 
fort, révélant l'aptitude plus grande de la femme à être fécondée à certaines 
époques. Mais la volonté des époux intervient, et, comme le nombre des 
naissances est le nombre voulu, accepté, il n’y a pas de raison pour qu'il y 
ait plus de naissances à tel ou tel mois qu’à tel autre ('). 

Donc la diminution de l’écart moyen mensuel révèle avec une netteté 
inflexible à quel point la volonté égoïste des époux limite de plus en plus 
le nombre des naissances. 

Il faut espérer que, par des réformes sociales (?) prochaines, on arrivera 
à augmenter notre natalité française, si misérable, si lamentable. Alors on 
verra certainement croître l’écart moyen mensuel. Car ce qui alors déter- 
minera le nombre des naissances, ce sera un phénomène physiologique, la 
fécondité de la femme, plus marquée à certaines époques de l’année, et non 
plus un phénomène psychologique, le consentement à la natalité, phéno- 
mène pour lequel il n’y a évidemment pas de variation mensuelle. 


CORRESPONDANCE. 


M. Cuaumoxr adresse des remerciments pour la distinction que l’Acadé- 
mie a accordée aux travaux de son fils Louis Caaumowr, mort au champ 
d'honneur. 


(1) Évidemment il ne faut pas tenir compte des ménages qui, pour diverses raisons 
(à coup sûr non volontaires), sont stériles. Avec Ad. Pinard nous avons établi que la 
proportion des ménages stériles, quelle! qu’en soit la cause, était dans tous les 
pays à peu près la même, de 15 pour 100 environ, 

(*) Surtout un secours pécuniaire important, une prime, au moment de la naissance 
de chaque enfant. 


SÉANCE DU 14 AOUT 1916. 167 


M'e D. loreyxo, M. E. Douszer adressent des remerciments pour les 
distinctions que l’Académie a accordées à leurs travaux. 


M. le Secrérarre PERPÉTUEL signale, parmi les pièces imprimées de la 
Correspondance : 

Recherches physiologiques sur la moule comestible de Provence (Mytilus 
_&allo-provincialis L.) et sur la myüliculture en Méditerranée, par Henni 
MarcHanp. 


ACOUSTIQUE. — Sur les coups de canon et les zones de silence. 
| Note (‘) de M. Ernest EscLancox. 


La question de la distance à laquelle on peut entendre le canon a été très 
discutée en ces derniers temps, mais il semble que l’on n’ait pas précisé 
suffisamment jusqu'ici la nature des phénomènes envisagés. 

On peut classer les détonations perçues en trois catégories. La première 
catégorie À comprend les détonations provenant de la brusque expansion 
des gaz à la bouche des canons. Ce sont les « coups de canon » proprement 
dits. 

La deuxième catégorie B comprend les détonations provenant du sillage 
aérien des projectiles animés de vitesses initiales supérieures à la vitesse 
du son, vitesses satisfaisant ordinairement à cette condition (les obusiers 
exceptés) dans l’Artillerie moderne. 

La troisième catégorie C comprend les explosions de projectiles. Nous 
ne parlons pas du sifflement qui n’est pas une détonation et dont la portée 
acoustique est beaucoup plus limitée. 

Près du front, ces trois sortes de détonations sont évidemment perçues, 
mais à mesure qu’on s’en éloigne certaines d’entre elles disparaissent. 
Or celles qui, au point de vue acoustique, ont un caractère de beaucoup 
dominant, proviennent du sillage aérien des projectiles. 

Si l’on imaginait que ceux-ci fussent projetés à l’aide de mécanismes 
silencieux, qu’en outre ils n’éclatent pas, des observateurs placés à 30" 

u front percevraient exactement les mêmes bruits que ceux réellement 
entendus. à 


SS ent sie à 
(') Séance du 31 juillet 1916. 


168 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Les détonations appartenant aux catégories A et C (coups de canon et 
explosion de projectiles) sont habituellement éteintes à cette distance; 
mais celles de la classe B se propagent au contraire à des distances consi- 
dérables, surtout avec les gros projectiles, très aisément à 5ok", rook" et 
même 200", Quant aux «coups de canon » proprement dits, ils $ éteignent 
rapidement, et à 30%™ il est tout à fait exceptionnel qu'on puisse les entendre, 
méme avec les plus gros calibres. 

C’est dire que, dans les bruits perçus à 50", rook® et 200" du front, 
les canons eux-mêmes n’y sont en réalité pour rien. 

Ces conclusions, faits courants d'observation, sont peu ChMpAtIBIES avec 
certaines explications qu’on a données des zones de silence, notamment la 
propagation par le sol, puisque les sons entendus à grande distance du 
front correspondent à des centres d’ébranlements ayant leur siège dans 
l’atmosphère, souvent à très haute altitude. L'existence effective et habi- 
tuelle des zones de silence reste d’ailleurs encore à établir. 

Elle n’est pas impossible cependant, et à notre avis l'explication en est 
assez simple. 

On sait que l'atmosphère est le siège de mouvements (*) importants et 
variables suivant les conditions météorologiques. Le vent notamment 
change souvent de vitesse et de direction avec l'altitude. Or des calculs 
que nous ne pouvons reproduire ici montrent qu'avec des conditions 
météorologiques réellement existantes, les « rayons sonores » issus d’un 
point admettent des caustiques. Il est clair que pour des observateurs 
situés sur une caustique, l’intensité sera considérablement renforcée. On 

‘pourra ainsi percevoir des sons en certains points, alors qu’à des distances 
beaucoup moindres, le phénomène restera imperceptible. 

Nous donnerons seulement ici un exemple d’existence de caustique 
sonore. Si une couche d’air calme est surmontée d’une couche dont la 
vitesse croît avec l'altitude, les rayons sonores issus d’un point du sol 
admettent une enveloppe qui rencontre le sol (2). La couche d'inversion 
thermique notamment, située à 13000 d’altitude, possédant une circula- 
tion spéciale, indépendante des mouvements assez variables de la basse 


(1) Il est facile de montrer que la température seule ne pourrait, en raison des 
variations qu'elle présente effectivement dans l’atmosphère, donner lieu à des caus- 
tiques à « longue portée ». 

(2) Il y aurait ainsi des zones de renforcement, mais non dans tous les sens autour 
du centre d'ébranlement. 


SÉANCE DU 14 AOUT 1916. 169 


atmosphère, peut être une cause assez fréquente de zones de silence, ou plus 
exactement de zones de renforcement. 

Pour les sons B, provenant du sillage des projectiles, de beaucoup les 
plus importants, le problème est plus compliqué, en ce sens que les rayons 
sonores ne sont pas issus d’un mème point dans tous les sens. Néanmoins 
il peut exister des caustiques qui, en outre des circonstances météorolo- 
giques, dépendent de la trajectoire des projectiles. 


ÉLECTRICITÉ. — Dilatation électrique des isolants solides dans le sens normal 
à un champ électrostatique. Note (') de M. L, Boucuer, transmise par 
M. E. Bouty. 


Righi, Quincke puis Cantone et Pozanni (°) ont bien mesuré la dilata- 
tion du verre sous l'influence d’un champ électrostatique, mais leurs 
résultats sont discordants. 

J'ai repris les expériences sur le verre et continué les recherches sur la 
paraffine et l’ébonite (demi-durci). 


Un condensateur cylindrique est constitué par deux tubes de laiton coaxiaux, dont 
l'un est soudé normalement à une plaque métallique et l’autre isolé par un support 
d’ébonite vissé à la plaque. Le tube isolant, fixé par le bas avec de la parafian est 
installé entre les tubes de laiton; il en est séparé par des intervalles qu'on remplit 
d’eau bouillie, En somme, c'est l’eau qui joue le ròle d’armatures. 

Le condensateur, associé à plusieurs jarres, est chargé avec une machine Voss et les 
tensions sont apprécié:s à l’aide d’un micromètre à étincelles taré. On mesure les 
allongements, par le déplacement de franges d'interférence obtenues entre une lentille 
plan-convexe et un léger plan de verre mastiqué à l'extrémité libre de l’isolant. 

Avec le même dispositif, légèrement modifié, j'ai utilisé la méthode des franges 
pour la détermination des modules d’élasticité par traction de isolant. 


Résultats. — 1° Sur toutes les substances, en excitant le poe j'ai 
observé des dilatations variables avec la durée de la charge et la nature du 
solide, 

Le Tableau ci-après contient : les variations unitaires de longueur des 
isolants, rapportées à un champ unité, et les inverses des modules d'Young, 


(1) Séance du 7 août 1916. 

-(*) Ricar, Sulla AR dei coibenti armati per Me della carica ( Mem. 
di Bologna, 1. 10, p. 407). — Quinoxe, Wied. Annalen, t. 10, 1880 et t. 19, 1883. — 
CANTONE et Pozzani, Rendiconti del R. Istituto lombardo, 2° série, t. 33, 1900. 


,, 
C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 7.) 24 


170 ACADÉMIE DES SCIENCES. 
déduits des déformations électriques et mécaniques; les températures et 
les durées de charge, pour ces deux modes dè déformations, étant les 


mêmes. 


Tableau des variations unitaires de longueur ramenées à un champ 


Variations Inverses 
Dimensions : unitaires des ` 
- — de longueurs modulés 
Nature N Diamètres Épais- Long- Tem- Durées moyennes : d'Young 
e des inté- seurs gueurs péra- de AB. T 
Pisolant. tubes. _ rieurs. e. utiles /. tures. charge. L H? E 
cm cm cm 0 :$ Pig i i + 
2 1:49 0,019 46 15 15 5,2 KX' 10 1"21,0 x 101? 
VEE. S Er Pt A Mi hu 16 19 0545 Eo- Srno, XX 1077 
l an non mesurés 
progoni eg doja Lornah] 1385-40 :18j4 > 10-11 - 87x01 
Paraffine. 9 Un dure tube de mêmes dimensions a donné sensiblement 
les mêmes résultats. 
Ébodée & 1,46 -: 0,19 29 12 20 5,85 xX 10-17 3,5 X 10 1! 
a 2 1,43 0,0 » 14 » 2,002 10 Hs). 
i- ; 
diei) 3 1,39 , 0,14 » 18 » 1,14 KXro-® ‘5,8 O 
ugo): y . ë 
h 1,45 0,09 » 12 » 8,9 MIO "RIM IU 


V 9/0 
H= 7 = (Tm) 


et des modules d'élasticité. 


Du rapprochement des déformations électriques réduites et des 
modules d’élasticité, il ressort que les dilatations croissent en même 
temps que les inverses des modules d'Young et pour les me tubes d’ébo- 


SET $ Fine il 


nite ('), les allongements sont i proportion à E Ce résultat 


laisse entrevoir qu'il y a cepen Rate entre les déformations électriques et 
les modules d’élasticité. 

2° Les actions extérieures, telles les pressions lac ettii, ne pro- 
duisent aucun effet sensible sur l'allongement de lisolant. Mais on peut 
imaginer des tensions normales au champ í qui, d’ après Maxwell, auraient 


H 


pour valeur ss où K désigne le pouvoir inducteur spécifique de la 


matière et H le champ. 


% 


v i) Pai pu au varier iis paramètres élastiques. de l'ébonite dans d'aussi larges 
limites par une cuisson de la matière dans un bain de paraffine. 


SÉANCE DU 14 AOUT 1916. 171 


Grâce à cette hypothèse et en prenant comme pouvoirs inducteurs spéci- 
fiques (') les nombres suivants : 
q 


Verre. Paraffine. Ébonite. 


K'=9,5 K= 373 KEY 


j'ai calculé les dilatations qu'on devrait observer. Aux erreurs d’expé- 
riences près, on interprète ainsi exactement les résultats relatifs à la paraf- 
fine, que l’isolant soit ou non en contact avec les armatures. 

Le désaccord est au contraire très marqué pour l’ébonite et surtout pour 
le verre, pour lequel les allongements observés sont environ quatre fois plus 
grands que les nombres calculés. 

İl convient de remarquer que ces deux dernières substances ne réalisent 
pas le ré ie 


RL die 9 — Recherches théoriques et expérimentales sur les bases 
de la dosimétrie radiologique. Note (?) de MM. R. Levoux-Lesarn 
+ et A. Dauvicuier, présentée par M. Villard. 


Dans uneprécédente Note (3 ) nous avons décrit un procédé d'alimentation des tubes 
à radiothérapie qui permet la mesure exacte des facteurs de l'énergie dépensée dans 
l'ampoule et la possibilité de se replacer toujours dans des conditions identiques au 
point de vue du rayonnement, grâce à l'emploi du courant continu à haute tension 
facilement obtenu, sous une puissance suffisante, en partant de n'importe quelle 
installation icisolématt existante, par simple addition de capacités secondaires 
convenables, 

Mais les rayons cathodiques homogènes produits dans ces conditions donnent encore 
naissance à un rayonnement X hétérogène qui est un mélange de rayons caractéris- 
tiques secondaires du métal de l’anticathode, de rayons homogènes engendrés lors 
du premier ralentissement des électrons et enfin d’un rayonnement hétérogène, moins 
pénétrant, né le long de la trajectoire de l’électron, lors de ses rencontres successives 
avec les atomes dans les profondeurs de l’anticathode, si bien quel’ analyse et le dosage 
précis du rayonnement demeurent toujours difficiles. 


Aussi proposons-nous l'emploi Q aiipoules spéciales oden non plus 
un euke mais une ! raie “be c’est-à-dire fournissant un rayonnement 


À 


(+) La constante du verre est déduite de la relation théorique K — n?; celle de la 
Paraffine a été pd here aux travaux de M. L. Malclès sur l’ozokérite et de Boltz- 
mann sur la pire j'ai mesuré celle de l ébonite pp une méthode électrométrique. 

: C) Séance du 34 juillet 1916. 

(°) Comptes rendus, 1.162, 1916, p. 405. 


172 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


monochromatique, ou tout au moins un spectre ne comportant plus qu’un 
très petit nombre de raies. 

Ces ampoules permettraient d’utiliser des rayons EES caractéris- 
tiques (série K de Barkla et Sadler) excités par un double rayonnement 
dirigé et caractéristique convenable, lui-même produit par le faisceau 
cathodique homogène que fournit la tension continue. 


Les modèles de tubes actuellement en usage dans lesquels le rayonnement catho- 
dique est produit par le bombardement dû à l’afflux ne sauraient convenir, par suite 
de leur instabilité, à la production de ces rayons. Nous ne considérerons donc plus 
désormais que des tubes à vide très poussé et à cathode chaude (Goolidge). 

Il faut de plus abandonner le principe, indispensable en radiographie, d'un foyer 
d'émission punctiforme, et c’est sur la surface entière de l’anticathode, dont nous 
utiliserons le rayonnement total, que nous ferons agir les électrons par choc normal. 

Enfin, les rayons X les plus pénétrants, c’est-à-dire ceux qui se rapprochent le plus 
des rayons y, semblant offrir en radiothérapie des avantages particuliers, nous utili- 
serons les rayonnements les plus pénétrants qu’il soit actuellement possible de pro- 
duire, donnant par cela même à l’anticathode un rendement inusité. 


Soit À le métal que nous choisissons pour anticathode; pagenan son 
poids atomique par P,. Si nous faisons agir sur sa surface des électrons 
dont la vitesse est juste suffisante pour exciter la fluorescence K de A, nous 
òbtiendrons un spectre qui peut être analysé en deux constituants (fig. 1): 


Za ke 


Fig. 2. ° 


un spectre continu produit ainsi qu "ila étédit plus haut et deux ou plusieurs 
raies de fluorescence A, et Ag s’y superposant. L'énergie émise passera 
dans ce spectre par un maximum correspondant à peu près à la raie «, soit 
pour la longueur d’onde àa.» ; 
Soit d'autre part ( fig. 2) un métal C de poids atomique Pe inférieur à P, 
et ayant un rayonnement caractéristique pour lequel le coefficient d’émis- 


SÉANCE DU 14 AOUT 1916. 173 


sion est K,, les abscisses représentant la longueur d’onde du ses Pr 
incident pour lequel le coefficient d'absorption de Cest K,. 

- On voit que À; étant la longueur d'onde (moyenne ou raie es) du rayon! 
nement fluorescent de C, ces coefficients passent- e un maximum très 
accusé pour une certaine valeur Au de 

Si donc, tout en satisfaisant à la raida P x> P, nous choisissons C dé 
telle façon que À, = Ày, nous pourrons exciter le spectre de haute fréquence 
(fig. 1) de C par celui de A avec un rendement particulièrement élevé. 
Ce spectre sera, comme on le voit, réduit à deux ou plusieurs constituants 
simples (C,, Cg) et sera ainsi betega plus yos gee le gba Fier Add 
ment obtenu de A. i 


La figure 3 représente schématiquement un tube reposant sur les principes que nous 


-~ 


(20) 
Lines où me mm que en 


D pu que 


3. 


>: 
R 


venons P SPE E SS sont de larges spirales convexes de tungstène placées de part et 
d'autre et très près d’un disque mince anticathodique A. Celui-ci est serti dans un 
tube de cuivre porem par un courant d’eau qui en assure le refroidissement ; un ‘écran 
opaque T évite qu’une partie du rayonnement de À ne se propage vers le bis. Le tout 
est recouvert d’une cloche C faite du métal C ou revêlue intérieurement d’un composé 
de ce métal (d’un alliage de celui-ci dans le cas où l’on désirerait obtenir la super- 
Position de deux spectres). Cette cloche est isolée de A et se trouve portée au, potén- 
liel des cathodes ; elle agit donc, par suite du champ dirécteur qu'elle crée, sur Je 
rayonnement électronique des spirales chaudes. La surface de celles-ci étant très 
petite on peut négliger le rayonnement qu’elles sont capables, par diffusion ou fluo- 
réscence, de projeter vers le bas et la cloche devient ainsi une large source. sous de 
rayonnement de fluorescence. ` es 


: Comme il parait alane que’ es rayons X de iian ter 


174 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


d'ondes ne possèdent pas des propriétés thérapeutiques identiques, une 
série de tubes de ce genre permettrait de choisir dans chaque cas clinique 
le rayonnement le plus efficace en éliminant toutes les radiations inutiles 
où nuisibles que fournissent les tubes actuels. Les conditions de marche sur 
courant continu étant parfaitement définies, le radiologiste pourrait très 
bien les déterminer de façon à obtenir us un fonctionnement et par 
suite un rayonnement identiques, 

Le tube ayant été spectro-radiométré une fois pour toutes par son cons: 
tructeur, le problème du, dosage ne se représenterait plus et les seules 
mesures à effectuer se réduiraient à la lecture de l'intensité et du temps, la 
vérification de la tension étant effectuée. 


PATHOLOGIE. — Présence de microrganismes vivants et virulents à la sur face 
de projectiles inclus dans des tissus cicatrisés. Note (') de MM. Ep. Lesné 
et Paocas, présentée par M. Charles Richet. 


Sans cause apparente ou sous l'influence d’un traumatisme, il n’est pas 
exceptionnel d'observer des signes d’inflammation ou de suppuration au 
niveau de fragments d’obus ou de balles enfouis depuis longtemps dans des 
tissus qui jusqu'alors les toléraient sans réaction. 

Nous avons pu démontrer que des microrganismes vivants, et même vīru- : 
lents existaient à la surface des projectiles, alors que la plaie d’entrée était 
complètement cicatrisée depuis pos mois, et que la blessure datait de 
1 à 7 mots (°). 

Chez 24 blessés des projectiles ont été extraits avec des précautions d’asepsie aussi 
parfaite que possible, et immédiatement aprèsont été placés en bouillon peptoné. Les 
cultures ont, dans un certain nombre de cas, été inoculées sous la peau de cobayes, et 
de petits éclats ont été, après laparatomie Nue introduits dans la cavité péri- 
tonéale de cobayes, 

Deux fois les projectiles n'ont pas fertilisé le one 

Quinze fois apparurent en 24 ou 48 heures des cultures de Are divers, tels que 
stiphyTocogyės dorés, Streptocoques, tétragènes et sarcines y ).. 


{ à 


Í e ET | 
nine: 


As! Séance du 7 août 1916. 

?) Ces expériences étaient en cours lorsq ue nos amis Lecène el Frouin présentèrent 

à l'Académie des Sciences (séance du 1° mai 1916), un trayails sur ce même sujet. Leurs 
conclusions sont du même ordre que les nôtres. 

È) Dans deux cas apparurent dans le bouillon des cultures pures de bacille d'Éberth ; 
les projectiles avaïent séjourné trois mois dans les téguments. Ces deux blessés avaient 
présenté, un mois avant intervention; une affection fébrile que l’on peut qualifier de 
fièvre typhoïde. Ce diagnostic rétrospeclif fut confirmé par une séro-réaction positive. 


42° 


SÉANCE DU 14 AOÛT 1016. 175 

Enfin nous avons pu démontrer que ces microrganismes étaient parfois 
virulents. 

Quatre cultures âgées de 24% à 48 heures;"provenant-de blessés différents, furent 
inoculées sous la peau de quatre cobayes; l’un mourut en 24 heures, et un second en 
48 heures, de septicémie staphylo-streptococcique ; le troisième eut un gros abcès sous- 
cutané au point d’inoculation et le pus renfermait du staphylocoque doré en culture 
pure ; le quatrième ne présenta aucun accident. 

Cinq fois, immédiatement après extraction, de petits éclats d'obus ont été intro- 
duits dans la cavité péritonéale de cobayes; deux animaux succombèrent, l'un en 
2 Jours, l’autre en 7 jours, avec des lésions de péritonite purulente généralisée-sans 
perforation intestinale; trois autres supportèrent ce traumatisme et après un mois ne 
paraissaient pas en ufr dans ces trois cas les microbes étaient sinon absents, du 
moins dénués de visa ionce pour le cobaye. 

Ces expériences Sa la réalité dunicrobisme latent (À. Verneuil), 
puisque à la surface des projectiles: Hégen des microbes dans des tissus 
cicatrisés depuis longtemp: 

La conclusion qui s'impose est d'extraire les greier même lorsqu’ ils 
sont bien tolérés depuis plusieurs mois, et de traiter la plaie opératoire 
comme une plaie infecté, | | 


M. le colonel Moreir. adresse : Quatre démonstrations nouvelles entrat- 
nant la vérification directe de la valeur : t R:= R V3 +R V2. 


(Renvoi à la Section de Géométrie.) 


M. N. Acrovowor adresse une Note intitulée : Sur quelques théorèmes 
? . , 2 y 
d analyse indéterminée. 


(Renvoi à l'examen de M. Humbert.) 
A 15 heures trois quarts, l’Académie se forme en Comité secret. 


La'séance est levée à 16 heures. 
v A. { Lx. A ! 


196 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


OUVRAGES REÇUS seria LES SÉANCES DE JUIN 1910. 


Œuvres de G.-H. Halphen, publiées par les soins de C. Jorpan, H. Poincaré, 
É. Picaro, avec la collaboration de E. Vessiot; t. I. Paris, Gauthier-Villars, 1916; 
1 vol. in-8°, ( Présenté par M. Émile Picard.) 

Annales du Musée d'Histoire naturelle de Marseille; Tome XHI L'origine de 
Marseille, fondation des premiers comptoirs ioniens de Massalia vers le milieu du 
vie siècle, résultats de fouilles archéologiques exécutées à ftréets dans le fort 
Saint-Jean, par G. VASŠEUR. a Moullot, 1914; 1 ss in-4°. °. (Hommage de 
Mme Vre Vasseur.) 

Atti dell’ Instituto botanico dell’ Università di Pavia, EL da Giovanni BRIOSI; 
series secunda, vol. quinto e dodicesimo. Milano, Reb:schini e B., 1899 e 1915; 
2 vol. in-4°. 

Flore complète illustrée en couleurs de France, Suisse et Belgique, par GASTON 
Bonnier; fasc. 21 à 30. Paris, E. Orlhac, s. d.; 10 fasc. in-f°. (Présenté par l'auteur.) 

égime des, vents et marche des cyclones dans les parages. de lU’ Archipel, des 
Taanis, par Cu. Mancané; extrait des Annales hydrographiques, 1915. Paris, 
Imprimerie nationale, ne” r fasc. in-8°. Toe par M. Bigourdan.) 


(A suivre.) 


ERRATA. 
(Séance du 7 aoùt 1916.) 
Note de M. Charles Richet, De la variation mensuelle de la natalité : : 


Page 144; ligne 6, au lieu de légitimes, lire illégitimes. 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 21 AOUT 19146. 


PRÉSIDENCE DE M. Pavi APPELL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE, 


MINÉRALOGIE. — Sur quelques roches volcaniques mélanocrates des Possessions 
françaises de l'océan Indien et du Pacifique. Note de M. A. Lacroix. 


Au cours de mes recherches sur les laves des Possessions francaises de 
l'océan Indien et du Pacifique, j'ai rencontré un grand nombre de types 
_mélanocrates qui demandent à être décrits en détail. On sait en effet que 
les roches de cette nature sont assez rares ou peut-être plus exactement 
n'ont été jusqu'ici que peu étudiées ; les pétrographes, habitués à spé- 
cifier les roches uniquement d’après Jeur de) mo minéralogique qua- 
litative, ne les ayant guère distinguées jusqu'ici des laves basaltiques. 

Tout d'abord, quelques indications d'ordre général sont nécessaires. 
Dès 1902, dans mon étude de la province pétrographique d’Ampasindava 
à Madagascar ('), gánénalisaimė les notions de roches leucocrates et méla- 
nocrates de M. Brögger, jai indiqué lutilité d'établir, dans toutes les 
familles de roches définies ` pas une même composition iinéralogique, eing 
rement constitués par des minéraux blanes (éeldépaths ou fahlssmäliotdes); 
leucocrates, mésocrates, mélanocrates ét enfin holomélanocrates, exclusi- 
vement ou essentiellement formés par des minéraux colorés, en ce 
ferro-magnésiens. 

Ren après, MM. W. Grey lädings, P Pini net Washington ont GN ( ) 


sa Bouvrie Archives du Muséum, 4° série, t. #, 1902, p. 161. 
*) Quantitative classification of igneous: rocks, Ghieago, :1903. 
C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 8.) 25 


gepa 


178 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


leur cla$sification chimiconinérälogique comprenant aussi cinq classes 
suivant la teneur en éléments ferrugineux, mais ils ont considéré, non plus 
la composition minéralogique exprimée, mais une composition minéralo- 
gique théorique déduite de l’analyse par le calcul. Ce n’est donc plus une 
classification des roches, mais une classification de leurs magmas; elle pré- 
sente d’ailleurs un très grand intérêt à divers points de vue et depuis lors je 
n'ai cessé de m'en servir comme adjuvant de la classification minéralo- 
gique ; il paraît toutefois nécessaire d'introduire dans cette dernière des 
notions plus précises de quantité ; c’est ce que je ferai dans ce qui va suivre. 
Pour les raisons développées par les savants américains, je pense que dans 
une classification pétrographique; quel qu’en soit.lespoint de départ, les 
limites des divisions ne peuvent être qu'arbitraires et qu'il y a avantage 
à leur donner une rigidité comparable à celle de l’échelle du thermomètre. 
J'adopterai, pour les subdivisions des groupes minéralogiques, les mêmes 
valeurs que dans la classification chirnico-mineralogique ; mes roches hololeu- 
cocrates seront celles renfermant moins de 12,5 (!) pour 100 d'éléments 
colorés exprimés; les leucocrates en renferment de 12,5 à 37,5; les méso- 
crates de 37,5 à 62,5; les mélanocrates de 62,5 à 87,5; enfin les hololeu- 
cocrates moins de 87,5. Cette communauté d'é chelle a avantage d'établir 
une coïncidence assez grande entre les deux premières classes des deux 
classifications, mais il est bien évident que cette coïncidence s’atténue de 
plus en plus à mesure qu'augmente le pourcentage des éléments colorés; 
ceux-ci en effet sont surtout des micas, des pyroxènes et des amphiboles, 
c'est-à-dire des minéraux plus ou moins alumineux, et l’on sait que le prin- 
cipe du calcul de la composition virtuelle d’un magma consiste à attribuer 
l’alumine aux alcalis d’abord et à de la chaux ensuite pour obtenir des 
feldspathides : la quantité de feldspaths calculés indiquera donc toujours le. 
maximum de ce que pourrait fournir le magma dans les conditions les plus 
favorables à la production de ces minéraux. Je désignerai dorénavant sous 
le nom de feldspaths potentiels la différence numérique existant entre les 
proportions des feldspaths virtuels (calculés) et celles des feldspaths 
exprimés; cette notion de feldspaths potentiels fournit la mesure de Fa 
mine contenue dans les éléments ferro-magnésiens et c'est celle-ci qui est 
le grand facteur de la différence de composition minéralogique existant 
souvent entre les formes grenues et les formes microlitiques prenant 
naissance par consolidation d’un même magma (de composition chimique 


hs 


(1) Voir (op. cit.) les raisons qai ont guidé dans le choix de ces nombres. 


SÉANCE DU 21 AOUT 1916. 179 


constante). J'appellerai types Aëtéromorphes les roches de composition miné- 
ralogique différente présentant une composition chimique analogue. 

Trois exemples empruntés à quelques-unes de mes observations anté- 
rieures feront bien comprendre ma pensée. J'ai rencontré dans les Pyré- 
nées, au milieu des lherzolites, des traînées et des filons de roches grenues, 
essentiellement constituées par du diopside, de la bronzite, un grenat etun 
spinelle : ces roches ne sont pas des pyroxénolites ordinaires, car elles 
renferment jusqu'à 17 pour 100 d'alumine, et en même temps beaucoup.de 
chaux. Leur composition virtuelle fournit jasqu’à 30 pour 100 d’anorthite 
qui; on le voit, reste entièrement à l’état potentiel. Hi existe des gabbros et 
des basaltes ayant la même composition chimique; d'autre part, en fondant 
ces roches spéciales, que j'ai appelées des ariégites, il est possible de faire 
cristalliser du plagioclase en même temps que de lolivine et de l’augite. 
Les ariégites sont des types hétéromorphes de certains gabbros. De même, 
la sommaite, que j'ai trouvée en blocs à la Somma, est une sorte de monzo- 
nite, dans laquelle la potasse se trouve dans de Porthose qui est associée à 
de l’anorthite, à de l’augite et à beaucoup d'olivine; cette roche est hétéro- 
morphe de certaines leucittéphrites microlitiques épanchées du même 
volcan dans lesquelles toute la potasse a servi à former de la leucite accom- 
pagnée de labrador, de beaucoup d’augiteet de fort peu d’olivine. Enfin, 
pour la même raison; les ponces deucitiques de Pompéi seront dites hétéro- 
morphes des syénites néphéliniques du type de celle de Beemerville, qui 
ont sensiblement la même composition chimique, mais sont constituées 
par de la néphéline et de l’orthose. 

Arrivons aux roches qui font plus particulièrement l’objet de icette 
Note : ce sont des formes mélanocrates de basaltes feldspathiques; elles 
sont hétéronorphes de péridotites et de pyroxénolites. 


Picrites feldspaihiques. — Le nom de picrüe est donné actuellement à la 
forme d’épanchement de certaines péridotites; elles en sont hétéro- 
morphes, car elles renferment toujours des plagioclases qui manquent 
généralement aux formes grenues de même composition chimique, surtout 
lorsque celles-ci sont amphiboliques. Pendant longtemps, les Picrites 
n'ont été connues que dans des séries anciennes et par suite à l'état très 
altéré en raison de leur richesse en péridot; je crois avoir été le premier à 
décrire ce type pétrographique dans des laves modernes (‘). Elles abondent- 


(9 Bell, Soc. géol. France, t. 10, 1910, p- 119. 


180 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


à Tahiti; je les ai rencontrées depuis lors à la Réunion dans les laves 
actuelles du Piton de la Fournaise et aussi dans celles du volcan éteint du 
massif du Piton des Neiges (Cilaos); enfin elles ont été rencontrées à 
Hawaï, etc., et il est vraisemblable que l'étude plus approfondie des 
basaltes très péridotiques permettra de multiplier le nombre de leurs 
gisements. 

Ces picrites feldspathiques sont mélanocrates. Dans les exemples que j'ai 

étudiés et dont l’analyse est donnée plus loin, la proportion des éléments 
colorés oscille entre 70 et 85 pour 100; la quantité de péridot est 
toujours plus considérable que celle du pyroxène, elle atteint jusqu’à 
70 pour 100. La structure varie de la microlitique à la doléritique. Dans 
les types les moins péridotiques, l’olivine et une partie de l’augite sont 
porphyriques dans une pâte noire, mais quand la proportion du péridot 
augmente et quand celui-ci devient prédominant, comme dans l'archipel 
Gambier, tous ses cristaux sont serrés les uns contre les autres et sont 
seulement cimentés par de grandes plages de plagioclases qui englobent de 
gros microlites d’augite et d’ilménite et se présentent même en cristaux 
distincts dans des cavités rappelant celles des basaltes doléritiques très 
feldspathiques. 
- Je donne ci-contre les analyses de trois picrites feldspathiques et, en 
regard, celle d’une péridotite non feldspathique de Madagascar et d’une 
roche un peu feldspathique (harrisite de la Réunion) qui a une composi- 
tion comparable. Je fais suivre chacune de ces analyses des paramètres qui 
les caractérisent dans la classification chimico-minéralogique, mais on 
remarquera à la suite de ceux-ci, entre crochets et en italiques, d’autres 
paramètres sur lesquels j je dois m'expliquer. 

L'un des faits les mieux établis par les recherches récentes est la démons- 
tration de la difficulté d’établir une classification naturelle des roches 
éruptives, car celles-ci forment des séries continues dans toutes les direc- 
tions. Malgré cette continuité si évidente, et qu’ils ont d’ailleurs contribué 
plus que d’autres à qi Le auteurs du TEn chimico-minéra- 
logique ont établi une di té dans leur cl Les subdivisions 
de leurs trois premières classes sont basées sur des rapports entre les 
quantités des minéraux blancs ou des éléments qui entrent dans leur 
constitution, alors qu’au contraire dans les deux dernières classes, ils n’ont 
plus considéré que les minéraux ferro-magnésiens ou les éléments Sr pr 
qui les forment. 

Cette manière de faire a TETEE ses raisons et certains PEIRESE 


SÉANCE DU 21 AOUT 1916. 181 


mais elle présente aussi de graves inconvénients, notamment lorsqu'il s’agit 
de suivre les variations d’une famille minéralogique telle que je la com- 
prends. On peut suppléer à ce défaut en construisant une quatrième classe 
sur les mêmes principes que ceux qui ont servi à établir les trois premières. 
C’est celle dont j’inscris les paramètres entre crochets et en ztaliques. Son 
utilité est surtout grande dans les types mélanocrates les moins pauvres en 
minéraux blancs et elle s'atténue avec la diminution des alcalis et de la 
chaux feldspathisable. Quant à la dernière classe, la proportion des feld- 
spathides virtuels est tellement faible qu’il n’y a plus d’intérèt à leur donner 
un rôle dans la classification. 


Analyses : de la picrite feldspathique. — a. Du Piton de la Fournaise lave 
moderne (moy. de 2 analyses par M. Boiteau) : [/V.5.4.4]IV.(1)(2).4.1".2. 

b. De Papenoo (Tahiti) (M. Pisani) (') [1V.5.'4.4J'IV. 1.4.1" 2. 

c. De Putua, à pas pré (Archipel de Drome ee Raoult) : 
[1V.5'.3(4).3 | IV(V}.r'.4'.1.(1)(2). 

d. De la péridotite (wehrlite) des bords de l’Itsindra (Madagascar) 
(M. Pisani) : [/V.5.(3)4.4]IV.1.(3)(4).(1)2.(G)2. 

e. De la harrisite de la rivière du Mât (Réunion) (M. Boiteau) : 
LIV(N).5.4 (5). IV". (1)2., 


a. b. ê. d. e. 
GOAN sal sro 43,96 43,85 41,24 42,70 41,68 
MAR R i a 9,84 9:07 4,51 6,70 6,28 
PoR iren 3,04 1,02 3,10 2,19 2,64 
FO du Sens 10,40 9,91 10,39 7,60 9,32 
MeO o he 20,70 23,40 33,10 26,70 20,65 
e deb... -IP 7,90 4,90 9,91 7,28 
LS Mn de 1,48 1,30 0,76 1,23 0,44 
BOT 0,62 0,94 0,37 0,93 0,46 
FETE CUT PE CAMERA 2,07 1,88 0,70 1,02 0,49 
EOE e ro 0,25 0,38 0,05 traces 0,06 
PHO a O. aa » 1,62 0,40 2,70 1,96 

» au rouge .... » » ” 0,9 » » 
100,29 100,47 100,11 100,84 100,26 


On remarquera dans ces roches la faible panir de l’alumine et de 


(') Cette analyse est celle qui a été publiée dans ma Note précitée; elle a été rectifiée 
Pour le fer et pour son état d’oxydation. 


182 ACADÉMIE DES SCIENCES. 
aloalis, la haute teneur en.magnésie, avec diminution rapide du titane à 
mesure que là magnésie augmente; enfin, la proportion de la chaux est 


faible vis-à-vis de la magnésie et cette propriété est la prise diffé- 


rentielle d'avec le ponp suivant. 


Ankararites. — Je propose de désigner sous ce nom des roches voisines 
des précédentes, mais plus calciques, généralement un peu moins ferrugi- 
nèuses et un peu plus riches en silice : elles se distinguent surtout des 
picrites en ce qu'à l'inverse de ce qui s’observe dans celles-ci, le pyroxène 
prédomine sur le péridot. De plus, la quantité des éléments blames est sou- 
vent un peu plus grande. Ce sont des hétéromorphes de pyroxénolites. Le 
type de ces roches peut être pris à Madagascar dans la province pétro- 
graphique d'Ampasindava où elles accompagnent des roches alcalines. A 
quelques kilomètres au nord d'Ankaramy, j'ai observé en dykes, dans les 
grès du Lias, une roche magnifique de ce genre, constituée par une très 
grande quantité de gros cristaux d’augite verte de plus ide 1°", associés 
à des cristaux d’olivine jaune à peine moins grands. Hs sont entourés par 
une pâte compacte, formée par de gros microlites d’augite, de titanoma- 
gnétite, avec un peu de biotite et du labrador. Dans d’autres filons, la 
teneur en phénocristaux est moindre, la quantité de feldspaths un peu plus 
grande et il existe des passages à des basaltés micacés et amphiboliques 
mésocrates. On peut rapporter au même type, mais avec plus de labrador, 
la lave d'Iconi, dans le sud-ouest de la Grande Comore; les caractères 
extérieurs rappellent ceux des picrites de la Réunion, mais la proportion 
des feldspaths y est plus grande. 

Les analyses suivantes sont :. Ankaramite. a. Nord d’Ankaramy 
(M. Boiteau)[/V.5.3.(3)(4)] IV.1’.3.2 

b. D'Aconi par M. Raoult [7V. 5.3.4] IV.(1)(2).'3.2.2. 

J'y joins pour comparaison l'analyse d’une roche grenue de Madagascar 
qui est å rapporter au même groupe, mais avec accentuation du caractère 


mélanocrate et aussi avec prédominance plus grande du paroxène sur le 
péridot : 


c. Pyroxénite feldspathique à olivine d'Ambatofotsy, : à l’ouest d'Anka- 
ramy [2V.5.(3)4.41.1V.1(2).2.2.2. 


SÉANCE, DU-21 AOUT. 1916. 183 


d H b. e 
SOA UOR BSOLICLENEN < D “43/27 45,84 46,01 
AO: ie, 6 SRE 7,54 7,45 6,36 
Fetibau:0b.is éur.sitss 2332 1,66 4,22 
Eala Es à a 6,18 Q64 Ja 
MeO a de 17,65 16,76 16,95 
O IE ut 13,72 12,64 15,10 
LS R A E E 1,26 1,38 1,33 
KOl 1 4D.2098 À Dpr 0,99 0,40 
M6 ati adob d ci lé 152 3,00 1,36 
UE D 0,38 a;42 0,70 
Wa roae cc rt aus. 0,22 0,10 O TI 

y aurouge non » 0,32 0,48 
AP Te re TIN DE 4,32 » » 
100,54 100,20 100,32 


Dans la région d’Ankaramy, les ankaramites sont très souvent calcifiées 
par suite de la décomposition du pyroxène et aussi de l’olivine ; une partie 
du CO? de l'analyse a doit être considérée. comme ayant EE une 
quantité équivalente de la silice de ces deux minéraux. 


ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les développements de la racine carrée 
d’un polynome en fractions continues. Note de M, Pau ApreLL. 


L. Il résulte des recherches d’Abel (‘) et de Jacobi (°), qu'un certain 
développement en fraction continue de la racine carrée d’un palynome du 
quatrième degré se rattache à la détermination des intégrales pseudo-ellip- 
tiques et à la multiplication des fonctions elliptiques, La méthode de calcul 
de Jacobi a été reprise et perfectionnée par Halphen (*). Abel, dans son 
premier Mémoire (loc. cit.), considère le cas où le degré du polynome R 
dépasse le quatrième, et Jacobi termine le sien (loc. cit.) par ces mots : 


(') Sur l'intégration de la formule di ifférentielle —— , R et P élant des fonctions 


pe dx dx 
R 
entières (Journal de Crelle, t 1; Œuvres complètes d'Abel, Ghrinpis, 1881, th 
P- 104). — Théorie des transcendantes elliptiques (Œuvres, 12, p, 37). 
(?} Note sur une nouvelle application de | Analyse aux fonctions elliptiques (laur $ 
nal s Crelle, t: 7, p. 413 Œuvres complètes de Jacobi, Berlin, 1881,.t, 1, p. 329). 
gs Traité des fonctions elliptiques et de leurs applications, à. 2, chap. XIV, 
Nes s ! TR 


184 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


«Lorsque R surpasse le quatrième degré, la fraction continue dans laquelle 
on convertit yR dépend des formules de multiplication de transcendantes 
plus élevées que les transcendantes elliptiques. » 

L'objet de cette Note est de préciser cette vue et de montrer comment le 
problème dépend de la multiplication des fonctions abéliennes ou de leurs 
dégénérescences. 


IT. A l’époque d Abel et de Jacobi, le sens de l'expression développement 
d’une fonction en fraction continue était mal défini. On doit à un mathé- 
maticien français, M. Padé (‘), la définition précise du problème du 
développement en fractions continues d’une fonction développable en 
série entière. M. Padé a montré que, pour une fonction donnée f(x), il 
existe une infinité de développements en fractions continues dont les 


réduites 
U, 
i Vy 
sont les quotients de deux polynomes en x, de degrés w et y donnés à 
l'avance, choisis de telle façon que le développement en série entière de 


— f(x) 


commence par la puissance de æ la plus élevée possible. Ces diverses 
réduites peuvent être rangées dans un Tableau à double entrée, défini par le 
réseau de points dont les coordonnées, par rapport à deux axes rectangu- 
laires, sont les entiers positifs ou nuls u et v. Nous considérerons ici une 
suite particulière de ces réduites, représentées par des points situés sur 
une parallèle à la bissectrice de langle des axes. | 


HT. Soit un polynome R(x) de degré 4g. La courbe 
(+) #=R(2) | 


(*) Pavé, Sur la représentation approchée d'une fonction par des fractions 
rationnelles ( Annales de l'École Normale supérieure, 1892, 3° série, t.9,S. p. 3). — 
Mémoire sur les développements en fractions continues de la fonction exponentielle 
(Tbid., 1899; t. 16, p. 895). — Recherches nouvelles sur la distribution des frac- 
tions rationnelles approchées d'une fonction (Ibid., 1902, t. 49, p. 153). — 
Recherches sur la convergence des développements en fractions continues, et Sur la 
généralisation des formules de Sylvester (1bid., 1907, L. 24, p. 341 et 519). 


SÉANCE DU 21 AOUT 1916. 185 
est une courbe hyperelliptique de genre 
P=—=29 —1;: 


Adoptons les notätions d’Halphen (oc. cit.) et cherchons à développer la 
fonction 


= VR(z)=VR(E + —= t), 


où ? est une constante arbitraire, en une fraction continue de M. Padé, en 
prenant comme variable 


x — EE. 
Soit une réduite de son tableau 
Ui(x — t) : 
Vy(æ — Ë) ? 


les polynomes U, et V, sont déterminés de telle façon que 
NE VR = (2 = jet, 
5 
la notation ((æ — Ż)® signifiant une série entière en æ — Ẹ commençant 
par le terme de degré À. On a donc également 


UV, VR(z) = ((x E jen 
et, en multipliant par la quantité conjuguée, 
(3) Ug — VR (x) = ((2 HEE 
Dans cette identité (2) le premier terme est de degré 2y., le second de 
degré 2v + 4q. Nous choisirons les indices u et v de façon que ces degrés 


soient égaux- 
p—=Y+2q. 
Supposons d’atitre part qu’il s'agisse d’une réduite donnant une approxi- 
mation d'ordre déterminé 2m + 1, on devra prendre 
D p naem 
d’où 
PEMAQUE EMI UE LU 
où m peni toujours être pris assez grand pour être supérieur àg. Mais alors 
le premier membre-de (2) est un polynome de degré 2u —2m+ 2q en 
(x — £)et l’on a, puisque (æ—:)"*! esten facteur, 
(3) U — VÉR(æ) = (a EP (ue €) (x 6). e Ep), 
C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 8.) 


186 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Cis Éa, +++, €, étant des constantes fonctions de Ë et p étant le genre 
P=2q--1. 
Appliquons le théorème d’Abel à la courbe fixe (1) coupée par la-courbe 
(4) Uy—yV,= 0, 


variable avec le paramètre 5. D’après l'identité (3), pour une valeur donnée 
de 5, les deux courbes (1) et(4)ont en commun 2m +p + 1 points variables 
avec É, à savoir 2m + 1 points confondus d’abscisse £ et p points simples 
d’abscisses &,, É, ...,€,. Soit alors u,(æ)‘une intégrale abélienne de première 
espèce attachée à la courbe hyperelliptique (1). D’après le théorème d’ Abet, 
la somme des valeurs de cette intégrale correspondant aux points d’inter- 
section de (1) avec (4) est constant; on a donc 
(3) talk) T ui(Ës) ge +." # Uil En) = G;— (2m +1) itil) 
où 

; Ech apaa Di 
les C, désignant des constantes indépendantes de é, déterminées à des 
multiples près des périodes. 

Ces équations (5) déterminent £,, £,, ..., &, en fonction de £. On voit 
que le calcul de ces quantités est ramené à la multiplication de l’ argument 
des fonctions abéliennes par 2 m +1. 

Si le degré du polynome R est 4q + 2, le genre p est 2q; on fera un 
raisonnement analogue en prenant 

p— y= 2q +1, u+H+y=2m+i,. 
On sera conduit àla multiplication par 2m + 2. 

IV. Dans le cas où le polynome R a des racines multiples, et dans le 

cas où l’on prend pour u. — v une valeur constante différente de celle que : 


nous avons choisie, on est conduit au problème d'inversion de Jacobi géné- 
ralisé et à la multiplicatibé des fonctions correspondantes. 


MÉMOIRES PREMAREER, 


M. Faamars. adresse un Mémoire intitulé : Sr les tourbillons ója un 
liquide à température variable. 
(Renvoi à l'examen de M. Boussinesq.) 


SÉANCE DU 21 AOUT 1916, | 187 


CORRESPONDANCE. 


M. le Secréraire PERPÉTUEL signale, parmi les pièces ip pringe de la 
Correspondance : 

Étude photographique des taches solaires, parle R/P.S. Guévatier, SJ: 
(Présenté par M. P. Puiseux.) 


ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la convergence des séries de Fourier. 
Note (‘) de M. W.-H. Youxe, présentée par M. E. Picard. 


i> Un criterium général pour la convergence d’une série de Fourier en 
un point donné manque, et les cas où une telle convergence peut être con- 
statée sont d'autant plus importants qu’ils sont encore assez rares. Entre 
ceux-ci il y en a un que j'avais signalé il y a cinq ans, mais qui semble avoir 
échappé à l'attention des géomètres. Je reviens maintenant sur ce cas, 
en simplifiant les conditions et étendant la portée du théorème. 

2. Tnéorème. — Si f(x) est simplement discontinue au point x et si dans un 
voisinage de ce point, aussi petit que l’on veut, nous avons 


j h 
STG k A) tpa IL g(t) dt, 


g(t) étant une fonction bornée ou, plus généralement, telle À s 


Jo |g(£)| de 


soit une fonction bornée de h, la série de Fourier de f(x) converge au point x 
I à 
vers FE + 0) + f(&—0)l. | 
Pour démontrer ce résultat, il suffit évidemment dé prendre l'origine 
pour le point donné et de supposer /(æ) une fonction paire. Posons 


i (a+ 28, +... + nan) 
Sn — da + ds tisser Ans l C (nan) = k OR f 


donc 


+ Si ets. So 1) 
(1) M E PR ' à 


e 


(1) Séance du 31 juillet 1916. 


188 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


a, étant le coefficient de eosnæ dans la série de Fourier de la fonction f(x). 
Or, comme f(x) est bornée dans le voisinage de l’origine et s’approche 
de f(+ o0) comme limite, la série dé’ Fourier est convergente pour x = o 


ar les moyens de Cesàro (C1), c’est-à-dire que sue Padal a une 
à d ; q 


limite unique et finie quand z croit indéfiniment. D’ apit TY donc notre 
série de Fourier convergera pour w = 0, si C(na,) a la limite zéro quand 
n croitindéfiniment. Nous allons voir que ceci est exact. 


3. Nous avons, en effet, le théorème suivant : Si Ea, cosnx est la série 
de Fourier d’une fonction paire f(x), 
him C(na;)=—o, 
n — © 
quand les conditions suivantes sont remplies : 1° f(+ o) existe et est finie; 
2° Dans un certain voisinage de l’origine (—e£x£e), f(x) peut être mise 
æ ; x y 
sous la forme = J g(æ)dx, où = T |g(x)|dx est une fonction bornée. 
Or 


Ercan = 0} f necosnx f(x) de 


1 d 
H if pres [ose £ — COséC =æ cos ( à — z) z| ré, 
donc - 


(2) Sr lim Oad.) = Me fr) CE pa La 
so È 


Damani a dont (0, T) en trois parties : (0, p), (p,e) et (e, T), 
où p =, P est un entier quelconque et n suffisamment grand. Mais 
notre résultat ne dépend nullement du caractère de f(x) en dehors du 
voisinage de l’origine. Nous pouvons donc mettre f(x) — o dans l'inter- 
valle (e, 7), et la partie correspondante de notre intégrale sera nulle. 

Dans l'intervalle (0, p), mettons x = =; a ($) est alors bornée et a pour 
limite ar o); nous pouvons donc multiplier par la fonction hernie i 


d /1— cost 
* de t 
et intégrer terme à terme. Nous aurons alors 


lim = f hez e [=a 


2P 


Lin EE aa f regea 


SÉANCE DU 21 AOUT 1916. 189 


L'équation (2) devient donc 
Enr. ; 5 d /1— cos 
(3) slim C(nes) lim f De (5E) ue tm f z f(œ) Lqu(æ) de 


TER erann f OA 


4 


ou 
ir 1— COSnT fi—cosnx a ee ce. 
(4) Int] nag? i A a T + f poa A PRET 
Il en suit 
5 |T, lim C (zan) Slim | LAAN E ik [s] dx | 
[6,2 à NAT, i n x? \ 
papas 
se li " der =- dx \ 
SP © T: sa Aa 
TAR à PPT 
TA 2Pr 


B étant la borne EAE es de The Re APA On en conclut facilement 


Jim a C(nan) 4 


4. Pour une fonction impaire /(æ) qui oeil les conditions 1° et 2° 
(n° 3), il y aura un théorème analogue : Soit Zb, cosnæx la série alhée à la 
série de Fourier, Xb, sinnx, de notre fonction f(x), nous aurons 


aR lim C(nb,) _ = [fe o) azis o)]- 


| T aa. i 
Or, si Sr à cot=æ[ f(s + u)— f(x —u)|dæ a une limite unique et 
finie quand £ s ‘approche de zéro, la série alliée converge par les moyens de 
Cesàro vers cette même limite, pourvu que f(x) soit bornée et n’ait pas une 
discontinuité de seconde espèce à l’origine. On a ainsi le résultat suivant : 


Si f (æ) est continüe au point æ, et si dans un n. POEMA de ce point, aussi 
petit qu'on veut, nous avons 


megi 
2 Le +) = fia — m=z f gt) dt, 


190 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


g(t) étant une fonction bornée ou, plus généralement, telle que la fonction 


I h 
zf eod 
0 


sott bornée, la série alliée à la série de Fourier de f(x) converge vers 


T 
lim —= : cot=x[ f(x +u)— f(x —u)]dx, 
e=0 2n Je 2 


quand cette limite existe. 


ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Théorème de la moyenne relatif aux intégrales 
d'une équation importante aux dérivées partielles. Note (') de M. Micuez 
Perroviren, présentée par M. Emile Picard. 


Dans une Note précédente (?), j'ai signalé les applications possibles 
d’une relation d’inégalité aux intégrales des équations différentielles ordi- 
naires. Le procédé s'applique également aux intégrales de types généraux 
d'équations aux dérivées partielles. Je traiterai ici, à titre d'exemple, le 
type d'équations | 

AY 
(1) (>) +.» {Ve 2e TS PO Erh 
où f est une fonction de variables indépendantes dites 
Considérons un domaine D dans l’espace des variables æ,, …, T dans 
V 
lequel l'intégrale V est réelle ét où chacune des dérivées Siyi nE rS garde 
1 


un mag eee Soit ex l'unité affectée du signe oiii de la 


dérivée Se dans ce domaine. Je me propose de démontrer le théorème 
suivant : 

En posant 
(2) Uk Ex Lei + ET, 


à toute intégrale V de l'espèce considérée correspond une fonction 


D (u, Us, n.s Ur) 


(1) Séance du 7 août 1916. i 
(3 Comptes rendus, t. 163, 1916, p. 81. 


SÉANCE DU 21 AOUT 1916. IQI 
et un facteur Ù dépendant des variables £,, ..., x,, mais toujours compris 
entre 1'et yn (pouvant aussi coïncider avec l'une ou l’autre de ces limites), de 
telle sorte qu’on ait pour tout point M(x,, ..., æ,) situé dans le domaine D 


(3) V= uE (T ui use Up) + OU, 0, o o Uni}, 


où F est une fonction de n variables x, u,, ..., u,_, fournie par le second 
membre de l'équation (1) par une quadrature. 


Pour le faire voir, remarquons que, la fonction f étant essentiellement 
positive dans le domaine D, équation (1) peut s’écrire 


(4) yla a Ÿ +. + (en j= E TE 
avec ọ = yf. Or, si dans la formule (4) de la Note citée on fait 
LED e i 
etsi l’on y remplace x, par £ a > on obtient 
(5) VE) + Ga) =a Lee) 


où Ç est un facteur, fonction de æ,, ..-, æ,, dont la valeur est toujours com- 

ut I - . . L . . [2 

prise entre — et 1. On y arrive, d’ailleurs, aussi directement par l'identité 
yn ; 


I ; ; 
n(ai+...+ a?) (at +am}=sz(a— a) Her ini —1,2,...nR) 


faisant voir que, pour les a; dés et positifs, la valeur du rapport 
mn +. est comprise entre ~ L et 1, ces limites étant atteintes, la pre- 
mière lorsque les a; sont égaux ne eux, et la seconde lorsque tous les a, 
sauf un parmi eux, tendent vers zéro. 


Il s'ensuit que l’équation (4) peut s'écrire 
| : | 
(6) gt) — dpt, 2 


où es un facteur, fonction des æ compris.entre 1 etym: 
n à ainsi à intégrer l'équation linéaire du premier ordre (6). A cet 
effet, il y a à considérer le système 


. dži nu dx, Fe ‘Ty CA 
ki atan ane T e” 


192 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


d’où l’on tire 


A 
£, = wC; 
Ea 
ST EN : 
È 
Ln = > z+ Cri 
avec 
oV 
— =£, 9p. 
(9) OL, Ta : 


Si dans le second membre de (9) on remplace æx,...x„ par leurs valeurs (8), 
l'équation (9) prendra la forme 


V 
(10) > aE WEA; Gi. Ura) 


W étant une fonction de x, et de n — 1 constantes arbitraires C,...C, 4. 
Ön en tire 


(11) V=s fo dx; + C;, 

C, étant une nouvelle constante arbitraire. La fonction L gardant un signe 
invariable, on aura par l’application du théorème commun de la moyenne 
(12) Ve 01 Etri Ge... Graha 


où 
Piz Gio- 0a fien GAC ada = aso VR) 
D'autre part, de (8) et (12) on tire 
(13) Cite, ONE (EEr pet LH D 
Ekti 
(14) C= V—e,0F(x, kie Oauh 
de sorte qu'en posant 


(15) Uk EkirTk+i — E48, (k =i, 2; ..:, A— i), 
(16) ; un = V — e 0 F(t, Ge, Gih 


toutes les intégrales V de l'espèce considérée satisferont à ee relations de 
la forme 


(17) wu cute ane 


c’est-à-dire à des relations de la forme (3), comme il fallait le montrer. 


SÉANCE DU 21 AOUT. 1916. 193 


ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les formes quadratiques et les fonctions 
hyperabélennes. Note (*) de M. Georces Graun, transmise par M: Émile 
Picard. 


Parmi les groupes que M. Picard a appelés hyperabeliens, ceux qui sont 
isomorphes aux groupes des transformations semblables pm à pr de 
formes quadratiques quaternaires indéfinies du type u? + u? — u? — u? ont 
été, dans divers cas particuliers, étudiés par M. Pitard, puis par M. Boûiÿet 
et par M. Cotty (°). Dans chacun de ces cas, ces auteurs ont pu former le 
polyèdre fondamental du groupe par la méthode de réduction continuelle, 
et ont trouvé que les fonctions hyperabéliennes correspondantes sont liées 
trois à trois par des relations algébriques. 

Or la méthode de réduction continuelle peut s’appliquer aussi dans le cas 
général : on obtient ainsi sur le polyèdre fondamental des renseignements 
tels qu’il devient facile de retrouver d’une manière générale la conclusion 
sur l’existence d’une relation algébrique entre trois fonctions hyperabé- 
liennes correspondant à un de ces groupes. 

Les conditions de réduction adoptées sont celles de MM. Korkine et 
Zolotareff; on peut ajouter à ces conditions des inégalités supplémentaires 
telles que la réduite soit unique. 

Si /(æ,,%:,x,,æ,) est la forme donnée, A son discriminant, F(A, w, y, =) 
sa forme adjointe, À,, to, Yo, To les conjugués de À, p, v, z, la forme Ms 
dont on fait la réduction continuelle est 

Le + Bied + Rei + ne 
M) (rad, ri > = z A Di, Xi, La Ei) 


+ 2 norme (} £, + pE + YT + rt), . 
avec les conditions 
(2) F(À, pa, v; Ka 


0F oF JE; saij 
(3) MG ET Ve À Tor 0 


en général, cette dernière quantité sera prise égale à — 4 A. 


(') Séance du 14 août 1916. 
(?) Picard, Sur les fonctions hyperabéliennes to nal de Mathématiques pures 
et appliquées, 4° série, t. 1, 1885).— Bourcer, Sur une classe particulière de groupes 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 8.) 27 


194 ACADÉMIE DES SCIENCES. 

On établit alors les deux propositions suivantes : 

1° Si ọ est réduite pour une infinité de points (À; œ, Y, T) ayant un point 
d’accumulation réel sur la quadrique (2), ce point a pour coordonnées 
ÀA=u—y—0o, x —1: cela vient de ce que, pour ce point, ọ jest.parré 
parfait. La forme proposée et son adjointe peuvent donc représenter 
Zéro. 

2° Si les points où 9 est réduite ont un point d’accumulation i imaginaire 
annulant le} ier membre de (3), la quadrique (2)contient la génératrice 
rationnelle À = u = 0, et le point d’accumulation est sur cette génératrice. 
Ainsi, la quadrique f = o a dans ce cas des génératrices rationnelles. 


On démontre que, si une quadrique a des génératrices rationnelles, tes 
deux génératrices qui passent par un point rationnel quelconque de la 
quadrique sont rationnelles. 

Le cas où la quadrique n’a pas de points rationnels a été complètement 
traité par M. Picard. Dans les autres cas, la difficulté est de voir que le 
nombre des formes équivalentes à f qu’on rencontre dans la réduction 
continuelle est fini. En cherchant à se rapprocher de la marche de M. Picard, 
on trouve qu'il suffit de prouver qu’à chacune des formes équivalentes 
qu’on rencontre correspond une forme ọ où le coefficient de x? est supé- 
rieur à une limite fixe: or c’est ce qui arrive; la limite peut être prise 
égale à < s’il n’y a pas de génératrices rationnelles, à ie s’il y en a. En 
effet, si ce.coefficient tombe au-dessous de cette limite, il est égal à 22°, 
en supposant, comme il est permis, À réel et positif. Or, s’il n’y a pas de 
génératrices rationnelles, la forme continue d’être réduite si l’on fait croître 
2 À? jusqu’à la limite indiquée, les parties réelles de - et de = restant fixes 
ainsi que les parties imaginaires de u et de v; la valeur de + résulte de celles 
de ces lettres par la relation (2) et la relation (3), où le premier membre 
est pris égal à — 4A. S'il y a des génératrices rationnelles, on arrive au 
même résultat par des variations impias de à et de la partie imaginaire 
de u, les parties réelles de Ë zet de — — restant fixes. 


La conclusion à laquelle 5 parvia ainsi est que, s’il y a sur la quadrique 


hyperabéliens (Annales de la Faculté des Sciences de Toulouse, 1898, et Thèses de 
da Faculté des Sciences de Paris, 1898). — Corrx, Les fonctions abéliennes et la 
Théorie des nombres (Annales de la Faculté des Sciences de Toulouse, 1912, et 
Thèses de la Faculté des Sciences de Paris, 1913). 


SÉANCE DU 21 AOUT 1916. 1gù 
des points rationnels, mais pas de génératriées rationnelles, le polyèdre 
fondamental du groupe hyperabélien atteint la frontière du domaine fon- 
damental, composé de deux demi-plans limitésaux axes réels, en des points 
réels en nombre fini. S'il y a des génératrices rationnelles, il atteint cette 
frontière en un nombre fini de portions de variétés à deux dimensions, 
comprenant un nombre fini de points réels. 

Pour prouver alors que la relation qui existe entre trois veiti hijen: 
abėliennes est algébrique, ilsuffit d'étudier les singularités de ces fonctions 
aux points rationnels et aux points des génératrices rationnelles. Pour cette 
étude, on peut mettre f sous la forme 


FT Les Las di) = x (a8; + br, + Ct, + dx, ) + P(T, £3), 


et porter l'attention sur le point rationnel x, = sy = æ; = 0, £, = t, et sur 
les génératrices qui passent par ce point, si elles sont rationnelles. On trouve 
que, si 4 satisfait à certaines conditions qu’on peut remplir par un change- 
ment de variables, les fonctions thêta-hyperabéliemnes sont, en ces points, 
le produit d’une fonction rationnelle, qui Es gerer — les fonetions hyper- 


amiri 
+ His F. 
abéliennes, par une fonction holomorphe de e La et de e ™ z n 
sont, si / — o, liées aux variations £ ety) de l’espace hyperabélien par des 
relations linéaires ). Cela suffit pour démontrer notre proposition. 


Des raisonnements A TILNEE peuvent s'appliquer aux formes quadra- 
tiques quinaires u? -+ u? -+ u?— u} — uż, auxquelles gorrespondent des 
fonctions de trois variables faisant partie d’une eaore que j'ai étudiée 
dans ma ARESA, 


ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur un théorème géométrique utile pour l'étude de 
l'inversion directe des intégrales abéliennes. Note (‘) de M. A. Lisesrrow, 
présentée par M. Appell. 


On peut dire sans exagération que jusqu ’à nos jours le problème de 
l'inversion directe des intégrales abéliennes est resté obscur. Malgré les 
travaux de M. Casorati (fondés sur les conceptions de Riemann) qui eurent 
pour but de diriger l’attention des géomètres vers ce problème et yers les 
fonctions multiplement périodiques qui en. dérivent, personne ne s'en est 


(') Séance du 14 août 1916. 


196 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


occupé. Ce manque d'intérêt est sans doute la conséquence des idées vagues 
et peut-être même fausses qui ont été lancées par Jacobi ('), Fuchs (°) et 
Weierstrass (°) et quiont dirigé l'intérêt versun autre problème d'inversion, 
celui de Jacobi. 

Par l’artifice de Jacobi on a pu éviter les graves difficultés provenant de 
la non-uniformité des fonctions multiplement périodiques d’une seule 
variable, mais on a introduit une autre très grande difficulté, celle de 
l'emploi des fonctions de plusieurs variables. Grâce aux travaux de Poincaré 
et de M. Appell, ainsi qu’à ceux de Riemann et de Weierstrass, on a sur- 
monté la plupart de ces difficultés, de telle sorte que la théorie des fonctions 
périodiques de plusieurs variables constitue maintenant une partie très 
importante des sciences mathématiques. 

Cela ne devrait pas empêcher l’étude des fonctions multiplement pério- 
diques d’une seule variable qui ont du reste une importance capitale dans 
la Physique mathématique (‘). Faire une théorie de ces fonctions, c’est 
d’abord étudier leurs propriétés analytiques, soit en général, soit en parti- 
culier, et ensuite trouver des moyens pour leur calcul numérique, y 
compris chercher des relations entre elles qui puissent faciliter ce 
. calcul. 

Dans mon Mémoire déjà cité, j’ai fait l'étude des propriétés générales 
de ces fonctions et. montré leur grande analogie avec les fonctions ellip- 
tiques. Il existe surtout un certain domaine, le domaine des périodes, qui 
joue envers les fonctions multiplement périodiques le même rôle que le 
parallélogramme des périodes vis-à-vis des fonctions elliptiques. Il en 
résulte que l'étude particulière d’une intégrale donnée est réduite à cher- 
cher la forme du domaine des périodes et à déterminer la position et le 
caractère des points singuliers dans ce domaine. 

En se bornant aux fonctions inverses des intégrales de la forme 


fe H (u — u)" du, 


où les x, sont des exposants constants quelconques, on peut obtenir ce 
résultat d’une manière graphique extrêmement claire et simple. En effet, 


* 


|} 
2 Berliner Berichte, 15 janvier 1885. 
(°) Weierstrass Werke, Bdh, 1902, p. 445. 
(*) LitsesrrRöw, Ætudes sur la théorie du potentiel logarithmique (Arkiv för 
Matematik, Astronomi och Fysik, Bd 7, n° 39. Stockholm, 1912). 


Gj C Crelles Journal, Bd 13, 1834; Jacobis Werke, Bd 1. 
T 


SÉANCE DU 21 AOUT 1916. 197 


soit 
; ; di- 
u—=xz+iy, tX FIN: CH(u — u,)*, 
du — 
on peut représenter u comme fonction de £ au moyen des courbes 
X = const. et Y = const. dans le plan des u, et en conclure aisément le 
caractère des courbes x = const. et y = const. dans le plan des z. 
Or, on peut déterminer les Courbes A = const. et Y — const. de la 
manière suivante. Posons 


Gape u= u= py ety Ae N A, A p= Hoyi 


nous obtiendrons 


t ; OR 
pe tp cos ep —1p sin, 


du 
mais on sait que 
A 0 RAS 
da dy 0x’ 
donc 
oY 
— S = tangy, 
dx 


ce qui montre que langle que fai la tangente en un point de la courbe 
Y = const. avec l'axe des x est égal à la somme v. 

Il est évident que, grâce à ce théorème, on peut même construire une 
espèce de planimètre qui trace les courbes X = const. et Y — const., les 


points 4, étant donnés. 


Au point de vue de la Géométrie, ledit théorème constitue une nouvelle 
méthode de construction des tangentes, méthode dont on connaît déjà un 
cas spécial classique, savoir la construction des tangentes aux sections 
coniques. Cette méthode s'applique à un grand nombre de courbes impor- 
tantes, par exemple aux ovales de Cassini, liées à l'intégrale 


F du 
J una 


et aux courbes de Seebeck, liées à l'intégrale 


du | : 
Fret 


198 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une méthode nouvelle pour résoudre 
le problème de Riemann. Note (') de M. René Garnier, transmise 


par M. Hadamard. 


1. Soit E une équation différentielle linéaire, d'ordre m, dont les coeffi- 
cients sont rationnels par rapport à la variable indépendante x, et dont les 
singularités (effectives) sont régulières et au nombre de n. Proposons-nous 
de choisir E de telle sorte que son groupe de monodromie soit un groupe 
donné G; c’est le problème qu’on appelle problème de Riemann, en mémoirg 
du géomètre qui, le premier, en a traité un cas particulier (m = 2, n = 3). 
Qu'il me suffise de rappeler que ce problème n’a été résolu dans toute sa 
généralité que par M. Plemelj; son Mémoire utilise la théorie des équa- 
tions intégrales; il avait été précédé d’un travail de M. Hilbert, relatif au 
cas de m = 2. 

Dans cette Note, je vais montrer comment les considérations dévelop- 
pées dans mes trois Notes précédentes (°) fournissent une méthode nouvelle 
pour résoudre le problème. Je supposerai m — 2, n= 4; quant à l'extension 
au cas m = 2, n quelconque, elle exige, au préalable, qu’on étende aux 
équations de ma Thèse les méthodes développées dans ces trois Notes pour 
l'équation (VI). 


2. Pour m=—2, n—4, G dépend de six paramètres distinets; les 
coefficients de E ne peuvent en contenir le même nombre que si E renferme 
un point singulier apparent, À; on peut alors lui donner la forme sui- 
vante (*) 


p der at æn ie (eo er) ét 0) 


(E) 


~ 


4 a a 
g(x —1)(x —t) æ(æ—1)(æ—à) 


où a, b, c, d sont quatre paramètres, immédiatement connus dès qu’on 
donne G. Faisons varier z; on sait que le groupe de E ne pourra rester 
constant que si À vérifie par rapport à { l'équation (VI), de plus « prendra la 


(') Séance du 14 août 1916. 
(°) Comptes rendus, t. 162, 1916, p. 939; t. 163, 1916, p. 8 et 118. 


. (°) J'ai introduit cette forme dans ma Thèse (Paris, Gauthier-Villars, 1911, p. 91). 


SÉANCE DU 21: AOÛT 1916. 199 
valeur &(A', À, 4) (17° Note, n° 3) et l'on aura 6 = à — a (2° Note, n° 3). 
Pour résoudre le problème de Riemann, il faut donc construire (si possible) 
une intégrale À(4) de (VI) telle que le groupe de E coïncide avee G pour 
une valeur particulière de t (problème B). | 
Or, faisons tendre vers zéro suivant un chemin €; nous savons choisir € 
de telle sorte, par exemple, que |A(4)| ne devienne pas infiniment petit et 
que tende vers une valeur finie 4, ; je dis qu'on peut calculer a, au moyen 
de G. En effet, à une distance finie de zéro et z, décrivons un contour # 
enveloppant ces deux points; si ¿ tend vers zéro, les intégrales de E sont, 
sur £, continues par rapport àz. La substitution correspondant à £ de 


Le 


l'équation €, vers laquelle tend E est done aussi S; on a, par suite, 


hay =s —4a—4c+x, 


so : 2 étant l’invariant de la substitution umimodulaire 5. Dès lors, de pro- 
blème B se ramène aussitôt au suivant [où n'intervient plus que l'équa- 
ton (VI)] : 

2, et x, étant deux quantités finies données, déterminer une intégrale A(t) 
de (VI) telle que a(t) tende vers à, ou 4, lorsque t tend vers o ou 1’ suivant 
deux chemins €, ou €, bien déterminés. : 

Je vais indiquer maintenant, dans ses grandes lignes, la solution du nou- 
veau problème (problème C). 


3. Soit 1, un point quelconque (0, 1, æ), relié à O par un chemin L, 
qui dans le voisinage de O coïncide avec €,. Je dis qu'on peut trouver une 
intégrale de (VT) telle que, sur L, a(t) tende vers x, ou a, suivant que t tend 
vers o ou £, (problème D). En effet, l'étude des caractéristiques de (VI) 
montre (') que le problème D est possible lorsque 4, est assez près de © 
(sauf, peut-être, pour une valeur particulière de #,, mais cette restriction 
n’a pas d'importance pour la suite). On a donc le droit de définir un arc O7 
comme étant le plus grand arc de L, issu de O, pour tous les points duquel D 
est possible; s’il ne l’est plus pour l'arc complémentaire 74,, on voit aisé- 
ment que 74, est fermé, ensorte que tout revient. à établir que D est possible 
en T. Or toutes les intégrales de (WI), tellés que 4 prend sur €, la valeur a, 
en {= o, sont définies par les valeurs À, qu'elles prennent en un point 4, 
de 2,, suffisamment près de O; et, d’après un théorème de M. Painlevé, 


(') Cf. Comptes rendus, t. 163, 1916, p. 320. 


200 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


la fonction a(ż; À,,1,; a) = a(t, À,), calculée sur L pour { ==, coïncide 
avec une branche d’une fonction de À,, méromorphe pour À, Æ 0, 1,4,,% 
Considérons alors l'équation a(z, À,) = æ, ; par hypothèse, pour tout point 
de Óz (sauf +), la fonction À, (4) ainsi définietend vers une limite bien 
déterminée ; il faut prouver que £, tendant vers 7, À, n'est pas indéterminé. 
Or, c’est ce qu’on démontre en étendant au cas actuel la méthode donnée 
par M. Painlevé pour le premier théorème fondamental des équations du 
premier ordre. 


4. Dès lors, pour résoudre C, il ne reste plus qu’à établir que, si 4, tend 
vers 1, À,(4,) tend vers une limite. A cet effet, on montre d’abord, à l’aide 
du théorème de Borel-Lebesgue, que si |#,| est borné supérieurement, 
|à — 1| a une borne inférieure positive, quand 4 tend vers 1 suivant un 
chemin €,, transformé d’une médiane de première espèce; par suite, pour 


Set t . : 
une telle intégrale, |«(4,) — x, | et 280) us r| sont arbitrairement petits 


sur ©, pour |¿ — 1| assez petit; on peut g trouver un nombre x, tel que 
la solution a(ż) du problème D (aux constantes %,, {,) prenne en { —1 la 
valeur æ,; c’est cette solution qui fournira la solution du problème de 
Riemann ; et l’on voit en même temps que cette solution est unique. 


HYDRODYNAMIQUE. — Développements sur le mouvement d'un fluide 
parallèle à un plan fixe. Note de M. Ricnarb BIRKELAND, pré- 
sentée par M. Appell. 


Soient u, v, # trois fonctions de +, y continues, uniformes avec leurs dé- 
rivées partielles du premier ordre dans une aire A limitée par une courbe C; 
désignons par u’, v’, k' les valeurs de ces quantités dans l’élément d’aire do 
de coordonnées x’, y’ et dans l’élément d’arc ds, et par x’, 8’ les cosinus 
directeurs de la normale intérieure au point ds. Considérons 


à ' I l 
Rye JEK ds, Riz [aka A Z A G= v'a!’ u' p’, R= R, + Br 
€ 


D — D, +h 


| 

(1) | 
le=- fer da, du f dk da Hama: dv“ + CAC 

Les intégrales curvilignes sont prises dans le sens direct. En opérant 
comme dans ma Note précédente ('), il vient, quand #’ est une fonction 


(*) Comptes rendus, t. 162, 1916, p: 97 


SÉANCE DU 21 AOUT 1916. 201 
des différences x — x et y — y, 


(2) 0% gi be = | «A de Cd EL RER fs" AK do, 
Dé dy Ja #4 VAT 


Pour # -= log Í, r=(x— x)?’ +(y— y), il vient, suivant que le 
point M(x, y) est à l’intérieur ou à l'extérieur de A, 


In U(X, H 
(3) — 0x | T o dy dx 


ob ƏR arol, y) j 00 aR 
=y 


et ces formules subsistent aussi dans le cas des lignes de discontinuité pour 
les dérivées partielles. Nous allons supposer données dans A les valeurs de ¥ 
et Ü et sur C les valeurs de g„. Les valeurs de G sur C sont alors déterminées 
par une équation intégrale bien connue. En effet, nous pouvons supposer 
a= 0 sur C, car dans le cas contraire nous pouvons déterminer un vec- 
teur p PÀ, w) par. la condition àa + u8 = g. (sur C) et considérer le 
vecteur m =q — p au lieu de g. Nous pouvons donc supposer ®, = o. Cela 
posé, désignons d’une manière générale par ?( t) une fonction ọ des coor- 
données d’un point (x,y) de la courbe C qui a une tangente déterminée 
en chaque point et par a(t), 8(#) les cosinus directeurs de la normale inté- 
rieure au point £. Il vient 


G(4)=e(t)a(t)—u(s) p(t). 
En multipliant les formules préliminaires (2) par — B(t) et a(t) et en 
ajoutant il vient une formule que nous allons appliquer au cas # = log - 


et à l'aire A, comprise dans A et extérieure à un petit cercle c autour de . 
Lorsque c tend vers le point z nous obtenons à la ue parce que ®, = 0, 


Jp oR, 
(4) RG + foo a rain T TOR CEE EU), 
Vo 


2 étant langle entre la normale intérieure au point t et la droite joignant 
ce point avec le point s(æ’, y’) dans ds. L'expression à droite est connue. 
Cette équation intégrale détermine complètement les valeurs de G(4) 
sur C 

Nous obtenons une équation intégrale exactement de même forme en con- 
naissant sur C les valeurs de G lorsqu'il s’agit de trouver les valeurs‘ de q,. 

Cela posé, considérons un fluide en mouvement dans le plan des +, yet 
Fee dans ce plan par un contour €. Soient giu, g) les vitesses à linstept 1. 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° $) 28 


202 ACADÉMIE DES SCIENCES, 


En supposant connus, à l'instant ż, les tourbillons et les divergences dans 
laire A limitée par C et les valeurs de g, sur C les vitesses sont déterminées 
par (3) en résolvant une équation intégrale de la forme (4). Considérons 


> f 
. T 
Pz G sda — f quy ds, O= | Evde + (&v ds, tang v' RU 
À “€ À ph 


Nous obtenons les formules (3) écrites sous les formes suivantes : 


[aru(e, y) = EP, ar (x, pi ie FT 
(5) 
| ADER) us Mo 
EE dé ; 2R (x, Y) = sk F 


Les équations des lignes de courant sont donc à l'instant ż 
(6) R — P = const. | 

. 
et les équations des lignes perpendiculaires aux Vignes de courant sont 


D + R = const. 


Dans les parties du fluide où = o, ces dernières lignes sont des lignes équi- 
potentrelles. 


ASTRONOMIE. — Sur la périodicité de l’activité solaire et l'influence 
des planètes. Note de M. V. KRosrrrzix, présentée par M. Puiseux. 


1. Dans la Note présente je ne veux point défendre la théorie ki attribue 
la périodicité de l’activité solaire exclusivement à l'influence des planètes. 
Je crois qu’on doit chercher la cause du cycle solaire dans les conditions 
initiales de la nébuleuse primitive. Il est facile de voir que les irrégularités 
inévitables de sa structure ne manqueraient pas de produire des vibrations. 
Cela ne veut pas dire que je donne au hasard un rôle prépondérant. Au 
contraire, pour qu’un corps céleste puisse évoluer sans vibrations, un 
concours de circonstances vraiment extraordinaire serait indispensable. 


2. Or, si la périodicité elle-même n’est pas due à l’action de planètes, 
elles pourraient bien provoquer des cycles secondaires se superposant au 
cycle principal. Avec la raréfaction et la mobilité extrèmes de la matière 
dans les régions extérieures du Soleil, chaque planète doit être accom- 
pagnée par une onde de marée. C'est peut-être à l’influence du frottement 


SÉANCE DU 21 AOUT 1916. 203 


de ces ondes qu'il faut attribuer lé ralentissement de la rotation solaire, et 
la chaleur reçue par cette voie pourrait bien être une des sources de la vie 
du Soleil. Bref l’importance cosmique des marées planétaires est indé- 
miable, mais sont-elles suffisantes pour expliquer l'apparition de cycles 
secondaires ? 


3. Dans une Note récente M. Arctowski (') a montré l'existence d’un 
cycle annuel dans l’activité solaire. Si c’est la marée gravitationnelle qui 
en est la cause, on doit découvrir aussi un cycle trimestriel de Mercure, 
un cycle de sept mois et demi de Vénus et un cycle de 12 ans de Jupiter 
aux amplitudes de même ordre de grandeur que le cycle terrestre. Mais 
ici une question se pose. Où doit-on chercher la cause du changement 
périodique d’une marée planétaire ? Si c'est l’excentricité de Porbite qu'il 
faut considérer, alors Mercure et Jupiter sont plus favorisés que la Terre 
(ensuite les maxima et minima principaux du cycle annuel de M. Arctowski 
sont situés assez loin du périhélie et de l’aphélie terrestres). Si c’est l'angle 
de l'équateur solaire et de l'orbite planétaire, la Terre sans doute a l'avan- 
tage sur Mercure et Vénus, mais cet avantage est partagé par Jupiter. De 
plus, il paraît évident que l'influence de chacune de ces causes est trop 
petite pour expliquer l'effet observé. En tout cas, ce n’est pas le cycle 
terrestre qui devrait être découvert le premier. Peut-être cela dépend-il 
de ce que M. Arctowski se préoccupait spécialement du cycle terrestre. 


4. Mais à côté de la marée gravitationnelle on pourrait présumer lexis- 
tence d’une marée électromagnétique. Si l’on accepte l'hÿpothèse que le 
. Champ magnétique d’un corps céleste a pour cause sa rotation autour d'un 
axe il devient évident qu’une grandeur électromagnétique analogue au 
facteur déformant de la théorie des marées doit être proportionnelle à la 
vitesse angulaire de rotation et inversément proportionnelle au cube de la 
distance de la planète au Soleil. Ce sera une fonction périodique du temps 
avee une amplitude d’oscillation d'autant plus grande que l'angle formé 
par les axes du Soleil et de la planète est plus grand. La masse de la pla- 
nète et l'importance de son atmosphere auront aussi une influence qu’il est 
difficile de préciser. 


5. Il paraît presque établi que les périodes de rotation de Mercure et 
de Vénus sont les mêmes que les périodes de leurs révolutions autour du 


(1) Comptes rendus, t. 162, 1916, p. 593. 


204 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Soleil. Alors, si l’on fait abstraction de leurs masses et de leurs atmo- 
sphères, leurs facteurs déformants électromagnétiques seraient respecti- 
vement 5 et 80 fois plus petits que celui de la Terre. 

La masse et l'atmosphère de Mars sont trop insignifiantes pour qu’on 
puisse attendre de lui une action comparable à celle de la Terre, surtout 
si l’on prend en considération la distance de Mars au Soleil. Quant à 
Jupiter l’inclinaison de son axe est tellement petite qu’une variation pério- 
dique de sa « marée » électromagnétique dans un effet observable n’est 
guère probable. Uranus et Neptune sont si éloignés que la grandeur de 
leurs distances compense avec excès l'influence de leurs vitesses de rotation 
et des angles d’inclinaison de leurs axes. Il ne reste que Saturne dont 
l’action magnétique pourrait varier d’une manière observable. On voit 
donc que sous ce rapport la Terre occupe vraiment une situation privi- 
légiée dans le système solaire. Il est remarquable que les époques des 
maxima et minima principaux du cycle annuel sont situées très près de 
celles des équinoxes et sont justement opposées pour les hémisphères Nord 
et Sud du Soleil. En dehors de l’hypothèse des « marées » électromagné- 
tiques on ne voit pas une explication qui peut rendre compte de ces faits. 

Il serait intéressant de rechercher dans les périodogrammes de l’activité 
solaire d’autres cycles secondaires et d'examiner à nouveau la question de 
l’influence de divers groupes de planètes, cette fois-ci au point de vue de 
l'hypothèse électromagnétique. 


6. Il y a toutefois une objection grave à faire contre la manière de 
procéder de M. Arctowski. Il prend en bloc les observations de 1852 à 1913 
et en déduit les moyennes mensuelles. La courbe qu’il obtient présente des 
maxima et minima. Or, si l’on prend au hasard une quantité de nombres 
qu'on distribue d’une façon arbitraire dans 12 groupes, par exemple, la 
courbe représentative de leurs moyennes aura toujours des maxima et 
minima tout comme les courbes de M. Arctowski. Ce qu'il serait impor- 
tant de faire c’est de montrer que ces maxima et minima se reproduisent 
plus ou moins régulièrement depuis la date des observations du Soleil. 
D'autre part, à ce qu'il paraît, il serait préférable de prendre les moyennes 
mensuelles séparément pour les époques des maxima et minima de l'acti- 
vité solaire. 


SÉANCE DU 21 AOUT 1916. 205 


CHIMIE PHYSIQUE. — Action de la lumiere sur l’iode et l’iodure d'amidon en 
milieu aqueux. Note de M. H. Boris, transmise par M. A. Gautier. 


L'eau iodée n’est pas une véritable solution : j’ai montré (‘) que l’iode 
se trouve, en milieux aqueux, à l’état colloïdal, c’est-à-dire à l’état de 
particules ultra-microscopiques. 

L'iodure d'amidon est également à l’état colloïdal en milieu aqueux. 

J'ai constaté que les rayons solaires avaient une action sur ces deux 
pseudo-solutions. Pour déceler cette action, il est nécessaire de se placer 
dans des conditions telles que le phénomène ne soit pas masqué, et pour 
cela, il faut choisir une concentration très faible. 


L'eau iodée peut se préparer en laissant tomber avec un compte-gouttes normal 
dix gouttes de teinture d'iode à 10 pour 100 dans un litre d’eau et en agitant après la 
chute de chaque goutte. L’eau iodée ainsi obtenue contient 18"£ d'iode, elle a une 
coloration jaune brun. 

Pour l’iodure d’amidon on laisse tomber dans un litre d’eau additionnée d’un peu 
d’empois d'amidon fraîchement cuit trois gouttes de teinture d'iode au dixième : on 
obtient ainsi une belle liqueur bleue (2). 


L'eau iodée et l’iodure d’amidon ainsi préparés se prêtent bien aux 
expériences que je vais décrire : il suffit de placer ces liquides dans des 
flacons en verre blanc et de les exposer à la lumière. Après quelques 
heures, on constate que l’iodure d'amidon est complètement décoloré, 
tandis que le même liquide conservé dans l'obscurité possède toujours sa 
belle couleur. On peut faire réapparaître la coloration bleue avec des 
traces d'iode ajoutées au liquide décoloré par la lumière. 

L'eau iodée dans les mêmes conditions a également perdu sa couleur 
jaune et l’addition d’empois d’amidon ne donne plus aucune coloration 
bleue, alors que l’eau iodée témoin, conservée à labri des rayons solaires, 
se colore fortement en bleu. : 

L’iodure d’amidon et l’eau iodée faibles sont très commodes pour 
apprécier là qualité de protection des différents verres employés en 


(1) Société de Médecine de Lyon, 1* mai 1g11 (Lyon médical, 23 juillet 1911, 
p. 174). 

(?) Incidemment, je ferai remarquer que, quand l’empois d'amidon a fermenté, 
après quelques jours d'exposition à Fair, la coloration est violette au lieu d’être bleue, 
L'action de la lumière reste d’ailleurs la même. 


206 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Chimie et en Pharmacie dans le but de soustraire certaines substances à 
l’altération de la lumière : j'ai constaté que le verre jaune qui passe pour 
être le meilleur de ces verres, ou tout au moins qui est le plus employé, 
n'empêche nullement la décoloration de l’iodure d’amidon, pas plus que 
la disparition de l’iode de l’eau iodée, 

Les modifications produites par la lumière sur liodure d’amidon et 
l’eau iodée sont dues évidemment aux rayons photochimiques du spectre : 
mais par quel mécanisme ? 

L'hypothèse suivante peut être émise : 

Les particules d'iode à l’état colloïdal sont chargées d'électricité et se 
comportent un peu comme de gros ions : par suite, les propriétés chimiques 
de ces particules électrisées ne sont pas exactement identiques à celles de 
de l’iode libre. Or les rayons violets et ultraviolets produisent des effets 
d'ionisation qui à la longue enlèveraient aux particules d'iode colloïdal 
leurs charges électriques : ces particules, ainsi déchargées, acquerraient 
des propriétés chimiques qu’elles n’avaient pas auparavant. Elles pour- 
raient alors se combiner avec l'hydrogène de l’eau pour former de l'acide 
iodhydrique. 

Avec l’iodure d'amidon, les choses se passeraient exactement de la même 
facon. 

Dans l’un et l’autre cas, la réaction devient acide après la décoloration 
des liqueurs. 


CHIMIE ORGANIQUE. — Relations entre la constitution chimique de certains 
dérivés des amino-acides et le mode d'attaque de ceux-ci par les bactéries. 
Note (') de M. A. Braxcnenière, transmise par M. Armand Gautier. 


Au cours d’un travail exécuté dans un tout autre ordre d’idées, j'ai été 
amené à me préoccuper de l’action du bacille fluorescent liquéfant de 
Flügge sur l’asparagine. 

En opérant sur le milieu suivant : Na Cl pur, 55; PO*H Na? cristallisé, 1°; 
PO*HK* cristallisé, 15; asparagine, 58; H*O distillée, quantité suffisante 
pour 1000°", j’ai pu constater la formation d'importantes quantités d'acide 
succinique : 2! du milieu de culture précédent m'ont, en effet, fourni plus 

de 38 d'acide RGSRIANSe ce qui donne un rendement SPRÇO FRE 5o pour 100 


(*) Séance du Ge août Dis. 


SÉANCE DU 21 AOUT 1916. 207 


de la théorie. La production de l'acide succinique se fait par l'intermédiaire 
de l'acide malique. 

Or d’autres auteurs ont constaté la production d’acide fumarique. 
Emmerling et Reiser (') signalent l’absence d’acide succinique et la pro- 
duction d’acide fumarique sous l’action du fluorescens. 

La personnalité d’Emmerling ne permettant pas de doute sur la réalité 
de ses constatations et, d’autre part, mes propres expériences mettant sans 
conteste en évidence la production d'acide succinique, il y avait lieu de 
rechercher l'explication de ces résultats divergents. 


1° Formation intermédiaire de l'acide a-cétonique. — On sait que les 
travaux de Neubauer, Neuberg et leurs collaborateurs etc., ont mis en 
évidence la formation transitoire de l'acide &-cétonique dans le er de 
l’&-amino-acide à l’x-hydroxy-acide. 

Cette formation de l'acide «- cétoniqué; établie d’abord dans l’ attaque des 
amino-acides par les organismes supérieurs, a été mise en évidence dans ces 
dernières années, surtout par les travaux de Neuberg et de son école, dans 
l’attaque de ces mêmes corps par les levures, puis par les bactéries. 

En particulier, Neuberg et Ringer (°) ont mis en évidence la formation 
des acides oxalacétique et a-cétoglutarique dans l’attaque des acides aspar- 
tique et glutamique par des bactéries d’ailleurs indéterminées. 

Je montrerai ailleurs qu’il en est de même avec le fluorescens dans le 
milieu indiqué précédemment. 

2° Conséquences de la formation de l'acide x-cétonique. — Cette formation 
intermédiaire de l’acide &-cétonique me paraît de nature à expliquer les 
deux résultats constatés plus haut : soit que certaines races du fluorescens 
agissent de préférence sur la forme cétonique de l'acide et d’autres sur sa 
forme œnolique, soit que la forme œnolique soit plus stable dans certains 
milieux de culture que dans d’autres. 

On peut en effet considérer l’acide «-cétonique sous deux formes : 


A. Forme cétonique : 
COOH — CH:— CO — COOH, 


(1) Emnerne et Reiser, D. chem. Gesélls., t. 35, 1902, p. 700. 

(°) C. Neuserc et M. Rincer, Ueber das Wesen der natürlichen Bernsteinsäure- 
bildung : 1, Die Bernsteinsäuregärung der a-Ketoglutarsäure; 1I. Die Entstehung 
von Bernsteinsäure bei der Fäulnis von Ketoglutarsäure (Biochem. Zeits., t. Ti, 
1915, p. 226-236 et 237-244). 


208 ACADÉMIE DES SCIENCES. 
dont la réduction conduira tout d’abord à l'acide malique 
CO OH — CH?— CO — CO OH + H?= CO OH — CH? — CH(OH) — CHOH 
puis à l'acide succinique 
COOH — CH? — CH(OH) — COOH + H? = H°0 + COOH — CH2— CH? — CO OH, 
B. Forme œnolique : 
CO OH — CH — C(OH) — COOH, 
dont la réduction conduit à un acide non saturé 
COOH — CH = C(OH) — COOH + H? = H?0 + COOH — CH = CH — COOH. 
Je dis, sans plus m’avancer, à un acide non saturé, voyons lequel. 


La forme œnolique de l’acide oxalacétique présente, en effet, l'isomérie 
géométrique et peut, dès lors, exister sous deux formes : 


COOH% H 
Ses Vo 
où È COOH X COOH 


Forme centre symétrique Forme plan symétrique 
ou cis-trans stable. ou cis énstable. 


La forme centre symétrique stable conduit, par réduction, à l’acide 
fumarique également stable, ce qui est conforme aux constatations d'Em- 
merling et Reiser, tandis que la forme plan symetrique instable conduit 
à l’acide maléique instable et qui, de fait, n’a pas été rencontré. Tout est 
donc conforme à l'expérience. 


3° Légitimité de la conception de la forme ænolique. — Cette conception 
de la forme œnolique est généralement admise par les chimistes comme 
forme transitoire dans la formation d’un certain nombre d'acides a-céto- 
niques. 

Je n'en citerai qu’un exemple : celui de la formation de l'acide pyru- 
vique par décomposition pyrogénée de l'acide tartrique (Berzelius) ou de 
l'acide glycérique (Moldenhauer), décomposition pyrogénée au cours de 
laquelle il se formerait d’abord un acide +-oxy-acrylique 
COOH—CHOH— CHOH — COOH = HO + CO?+ COOH— C(OH) = CH, 

- Acide tartrique. Acide a-oxy-acrylique. 
COOH — CHOH + CH°OH = H:0 + COOH — C(OH)— CH, 


Acide glycérique.. Acide a-0xy-acrylique. 


SÉANCE DU 21 AOUT 1916. 209 
que la chaleur transforme en son isomère, l'acide pyruvique 
COOH—C(OH)—CH = COOH —CO—CH£. 

De plus, dans la conception qu’on se fait actuellement du passage de 


l’&-amino-acide à l’acide «-cétonique, on admet l’existence d’un stade inter- 
médiaire, l’hydrate d’imino-acide . 


OH 
| 
COOH — CH?— CH — COOH + O = COOH — CH?— C — COOH. 
| | 
NH? NH? 


Dès lors, on s'explique facilement la formation de la forme œnolique 
, paq ; 
par départ de 1°! d’ammoniaque aux dépens de 2° de carbone intermé- 
diaires de ce dernier corps, 


H OH | 
COOH —Ċ—C— COOH = NH°+ COOH— CH = C(OH)— COOH. 
I NH: | 


En somme, la conception de deux formes tautomères de l’acide oxala- 
cétique correspond à la fois aux données théoriques et aux constatations 
expérimentales. 

En se reportant aux travaux de Neuberg et de ses élèves concernant 
l’action des bactéries sur l'acide z-cétoglutarique 


COOH — CH?— CH? — CO — CO OH, 
on arriverait à une conception analogue. 


n k 


CHIMIE PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Influence exercée par le degré de réduc- 
tion des hémochromogènes sur leurs propriétés spectrales. Note (') de 
MM. Cu. Duéré et G. Vecezzi, présentée par M. A. Dastre. 


I. Nous avons fait connaître récemment (°) que la réduction, en tube 
scellé, par l’hydrosulfite de sodium en poudre, d’une solution alcoolique 
faible (55 pour 100 environ) et légèrement acide d'hématine pure, fournit 
de l’hémochromogene acide caractérisé par un spectre qui, très analogue 
d'aspect à celui de l’hémochromogène alcalin ordinaire, est pourtant dis- 


(+) Séance du 3: juillet 1916. 
(*) Comptes rendus, t. 163, 1916, p. 18. 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 8.) 29 


210 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


tinct de celui-ci, car les deux premières bandes sont décalées vers le rouge, 
les axes étant À 564,2 pour la bande x et À 527,5 pour la bande B. 

Quand on effectue la réduction en tube ouvert (ou en tube bouché, mais 
non scellé), toutes les autres conditions restant semblables, on obtient un 
hémochromogène ayant un spectre assez différent : les deux bandes « et B 
ont respectivement pour axes À 576 et À 540, c'est-à-dire qu’elles sont 
fortement rejetées vers le rouge (ces axes coïncident à peu près avec ceux 
des bandes de l’oxyhémoglobine). En comparant ces deux hémochromo- 
gènes acides à des concentrations et sous des épaisseurs égales, on note 
aussi que l’hémochromogène acide préparé en tube ouvert offre des bandes 
relativement très faibles, la première étant notablement plus large, et que 
la liqueur est colorée en rouge bien moins vif. 


I. Si l’on opère la réduction (toujours avec l'hydrosulfite de la solu- 
tion alcoolo-aqueuse d’hématine pure), en milieu fortement alcalin, on 
observe des spectres encore plus différents suivant que la réduction a lieu 
en tube scellé ou non. 

En zube ouvert, le spectre est constitué par deux bandes de largeurs très 
inégales : la bande «x, relativement très étroite, a pour axe À 590,7; la 
bande 6, plus de trois fois aussi large, a pour axe À 559,2. Ce spectre ne 
correspond pas du tout, on le voit, au spectre que présente l’hémochro- 
mogène acide en tube ouvert, Par contre, si l’on scelle le tube, le spectre 
de l’hémochromogène alcalin (') devient sensiblement identique à celui de 
l’hémochromogène acide en tube scellé. 


II. Nous avons maintenant à considérer l'influence qu’exerce le degré 
de réduction sur les propriétés spectrales de l’hémochromogène alcalin des 
auteurs ou ordinaire, qui, comme l'ont bien montré Bertin-Sans et Moi- - 
tessier (1893), ne peut se former qu'en PRÉsenGe. de protéines, de corps à 
fonction amine ou d’ammoniaque a ). 


(*) Après ouverture du tube, on contrôle que la réaction est restée fortement 
alcaline. 

(?) Rappelons que, d’après ces auteurs, Phématine pure en solution aqueuse alca- 
line (dans de la soude à 1 pour 100 par exemple), après réduction par divers sulfures 
d’alcalis par le tartrate ferreux, par l'hydrosulfite de sodium, fournit un spectre à une 
seule bande (milieu sur la raie D). Pour notre part, en ajoutant de l’hydrosulfite de 
sodium en poudre à une solution aqueuse, fortement alcalinisée, d'hématine pure, 
nous avons obtenu une liqueur alcaline présentant un spectre manifestement à deux 
bandes ayant respectivement pour axes : À580 et À544. Il s’agit, d’ailleurs, de Fe. 
assez faibles, à bords estompés. 


SÉANCE DU 21 AOUT 1916. 211 


Lorsqu'on ajoute à de l’hématine pure, en solution dans l'alcool faible 
alcalinisé, de l’hydrate d’hydrazine, il y a, comme en solution aqueuse, 
production d'hémochromogène ordinaire typique dont les bandes « et 8 
ont respectivement pour axes : 554,7 et À520,0. Vient-on alors à sceller 
le tube, on observe, après agitation du contenu, que le spectre s'est profon- 
dément modifié : les deux bandes ont maintenant une intensité à peu près 
égale, et c’est même la bande 6, si påle auparavant, qui est devenue la plus 
foncée. Le spectre est donc d’un tout autre type, et l’on constate encore que 
les axes des bandes sont décalés vers le rouge. Ces axes sont respectivement : 
À568,6 et À533,4. 

Les résultats sont analogues quand on réduit par l’hydrosulfite de sodium 
de l’hématine alcaline obtenue en faisant dissoudre de l’hémoglobine dans 
de l'alcool faible fortement alcalinisé : en tube ouvert, on a le spectre typique 
de l'hémochromogène ordinaire (‘); en tube scellé, ce spectre se transforme 
. en celui qui vient d’être décrit. Mêmes résultats aussi en opérant sur une 
solution alcoolo-aqueuse, fortement alcaline, d'hématine pure additionnée 
de protoprotéose et réduite par l'hydrosulfite. 


IV. Il résulte donc de nos recherches que, soit l’hémochromogène aride 
(hémochromogène libre ou prohémochromogene), soit l’hémochromogène 
alcalin |hémochromogénate de sodium formé en l’absence de tout composé 
(autre que l’hématine) renfermant un groupement hydrogéné de l’azote], 
soit l’hémochromogèene alcalin ordinaire (formé au moyen d’hydrate d’hydra- 
zine ou en présence de protéines) offrent, en solutions alcoolo-aqueuses, 
des spectres d'absorption trés différents suivant que la réduction a lieu en 
tube scellé ou en tube ouvert. Les positions € des bandes de ces divers spectres 
sont groupées dans le Tableau suivant : 


En tube : Bande a. Bande 3. 
Hémoohrboasdae dedi scellé.... 571,5—557,0 ; Par Tam 
ouvert... D87,0—565,5 548,0—531,5 
Hémochromogène alcalin scellé.... 572,2—557,0 2300—9197 
| ouvert... 595,5—587,0 373,5—546,0 
Hémochromogène alcalin ordinaire | scellé.... 576,2—561,0 542,0—524,7 
ouvert... 565,5—544,0 9, 5— 510,5 


(hématine pure+hydra te d’hydrazine) 


(1) D'une façon plus précise, les axes des bandes sont 1558 et 1525. Notons que 
l’hémochromogène, fourni par l’hydrosulfite | a des bandes moins réfrangibles que 
celui fourni par l’hydrate d’hydrazine. L'hémochromogène préparé à partir d’hématine 
non purifiée (hémoglobine traitée par un alcali) a aussi des bandes moins réfrangibles 
que celui préparé à partir d’hématine pure. 


212 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


L'intensité et la largeur relatives des bandes permettent, comme nous 
l’avons indiqué plus haut, de distinguer plusieurs types de spectres. 

Nous croyons que les hémochromogènes obtenus en /ubes scellés ne 
diffèrent des autres qu’en ce qu’ils constituent des produits de réduction 
complete. En effet, toutes les modifications déterminées par cette condition 
sont réversibles. Ainsi, supposons qu’on ouvre le tube scellé contenant la 
solution alcoolo-aqueuse d’hématine additionnée d'hydrate d’hydrazine 
(voir $ HI); lentement en laissant le tube ouvert au repos, rapidement par 
agitation du contenu à lair, le spectre se modifie et les bandes de l’hémo- 
_chromogène ordinaire apparaissent. Ce cas, pris comme exemple, nous 
montre que la formation de l’hémochromogène ordinaire, en solution 
alcoolo-aqueuse, exige non seulement la présence de certains composés 
azotés, mais encore, semble-t-il, le concours de traces d’oxy gène libre. 


La séance est levée à 15 heures trois quarts. 


ERRATA. 


(Séance du 17 juillet 1916.) 


Note de M. J. Delphy, Scoliose abdominale chez le Mugil auratus 
Risso, etc. : 

Page 91, fig. 1 et 2, au lieu de xt, lire <i 

Page 72, ligne 2, au lieu de la même, lire le même. 

Page 53, ligne 9, supprimer subpiriforme. 


ALà 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 28 AOUT 4916. 


PRÉSIDENCE DE M. PauL APPELL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’'ACADÉMIE. 


MINÉRALOGIE. — La constitution des roches volcaniques de l Archipel 
des Comores. Note de M. A. Lacroix. 


L’Archipel des Comores est entièrement volcanique : on connaît peu de 
choses sur sa constitution intime, M. Max Bauer seulement a publié(') une 
diagnose minéralogique des roches qu'y a recueillies le voyageur Vocltzkow. 
Je n'ai personnellement fait que longer une partie des côtes de Mayotte 
et de Pamanzi, avec escale à Dzaoudzi, où j’ai réuni d'intéressants échan- 
tillons; mais le regretté gouverneur F. Foureau (1907) et, plus tard, 
l'administrateur en chef Garnier-Mouton ont bien voulu faire recueillir 
systématiquement des roches dans tout l'archipel; c’est l'étude de ces 
documents, joints à ceux d’autres provenances, qui me permet de donner 
une idée d'ensemble sur la constitution minéralogique de cette région. 

Si l’on excepte les champs de laves modernes de la Grande Comore et 
aussi les petites îles Pamanzi-Dzaoudzi, les recherches géologiques sont très 
difficiles aux Comores; les tufs basaltiques y prédominent et ces roches 
Poreuses, plus encore que les coulées, sont profondément altérées ; elles 
fournissent alors un sol d’une grande fertilité, expliquant l'intensité de la 
végétation tropicale qui cache presque partout le sous-sol. Je donnerai tout 
d’abord quelques renseignements sommaires sur la constitution de chacune 
des iles pour m'occuper ensuite de la composition des laves elles-mêmes. 

L'activité éruptive est depuis longtemps localisée à la Grande Comore. 


(°) Zn Vorrrzxow, Reise in Ost Africa in den Jahren 1903-1905, Bd 1, Abih. HH, 
IOLI, p, 534: 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 9.) 30 


214 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


L’excellente carte topographique reproduite ci-contre permet de sé rendre 
compte de la structure du grand volcan dont les déjections constituent 
toute l’île. Il consiste essentiellement en ün cône, le mont Karthala, cou- 
ronné par un cratère dont les bords se dressent à 2560". Il a été surtout 
édifié par des matériaux de projection basaltiques accompagnés par des 


coulées de nature basique (basaltes, ankaramites, etc.) qui se sont 


déversées dans toutes les directions. Les coulées modernes sont dépourvues 
de végétation, au moins jusqu’à l'altitude de 1000". 

Le régime actuel du volcan est facile à préciser : les éruptions centrales 
sont exceptionnelles, car, parmi les éruptions qui sont datées, je ne puis 
citer que celle dé 1860, qui soit issue du cratère. Comme à l’Etna, les 
éruptions radiales sont presque la règle; elles s'effectuent par des fissures 


dont l’altitude oscille entre 1800" et 6oo™ ('). En général, le haut des 


fentes est jalonné de petits cônes de scories; tel est le cas pour celles 
des éruptions de 1857, 1858, 1859, 1862, 1880 et 1904 (février). Excep- 
tionnellement, comme en 1872, la lave s’épanche sans phénomènes 
explosifs. Sur la carte ci-contre les principales de ces coulées ont été 
reportées d'après les indications dues à M. Carton, ancien résident dans 
Pile; on voit que d'ordinaire les laves descendent jusqu’à la mer en 
dévastant les régions cultivées: il n’en a pas été ainsi pour la coulée de 1904 
qui a recouvert en partie celle de 1858; elle est représentée sur la carte par 


une teinte plus foncée. Ces laves sont très fluides, les coulées cordées frès. 


quentes; elles renferment (Nioumbadjou) des tunnels de lave avec stalac- 
tites rappelant celles de la Réunion et de Hawaï. L'ile est parsemée d’un 
rès grand nombre de petits cônes parasites intacts où démantélés; dans la 
région de Moroni, il existe des cônes à cratère à un niveau voisin de celui 
de la mer (com, M'hachilé, environs d’Itsandra) ét aussi à une altitude 
supérieure M'vouni (400%). Au nord du mont Karthala se développe un 
plateau atteignant environ 400", en partie couvert par des laves plus 
anciennes, très chaotiques dénudées ou couvertes d'une pauvre végétation. 

Dans les autres îles, la forme des appareils a souvent disparu; les roches 


basaltiques dominent, elles sont accompagnées de tufs palagonitiquess 


mais on y trouve aussi quelques roches de composition différente. 

À Moheli, le type dominant parmi les roches noires est feldspathique 
\M'leguete, Ouani, Bandani, Bandamele, près Fomboni, Miremani (aveë 
grands cristaux de hornblende), ilot Djoumadjini]: il existe aussi des 
types limburgitiques (près Fomboni, Mgudjubueni, Miremani), des néphé- 


(1) Des fumerolles actives se trouvent sur le flanc sud-est de la montagne. 


SÉANCE DU 28 AOUT 1916. 


D Re Re LENS 


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4 Hro8stt af 
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Fig. r. — Principales coulées récentes de la Grande Comore. 
aers wO ZRS 9p 4 se Hae WE dora ý 


216 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


linites à olivine (ouest de Fomboni); enfin, M. Bauer a cité aussi, entre 
Kangani et Iconi, une néphélinite doléririque identique à celle de Lobau (ne 
serait-ce pas une enclave homæogène?). Il faut indiquer enfin, d’après le 
même auteur, une phonolite à Miremani et une andésite augitique à l’ilot 
Djoumadjini. 

À Anjouan, les basaltes abondent | Patsy, région de Bambao, Pomoni 
(basalte à plagioclases)|; des phonolites se rencontrent entre Patsy et 
Moutsamoudou, une andésite à hornblende à Domoni. J'ai signalé il y a 
quelques années ('), dans les tufs de l’île, de gros fragments de cristaux 
d’andésine, d’anorthose, de hornblende, d’augite et d’olivine provenant 
certainement de la désagrégation d’enclaves homœæogènes et aussi de grands 
cristaux de zircon, d’un rouge orangé, semblables à ceux qui abondent à 
Madagascar dans les mêmes conditions et dont l’origine est granitique. 
Cette observation doit être rapprochée de l’existence, dans les scories de 
Dzaoudzi, de blocs de monzonite quartzifère indiquant que les volcans des 
Comores doivent reposer sur un socle immergé de roches non volcaniques. 

Les laves de Mayotte sont particulièrement altérées. A côté de basaltes, 
je signalerai une trachyandésite à hornblende (Magi Mbini). 

L’ilot de Dzaoudzi est une accumulation de scories basaltiques, de cendres 
et de ponces trachytiques; les premières renferment des blocs de tinguaite. 
Enfin, lile de Pamanzi a la même constitution; les tufs trachytiques 
constituent en particulier la pointe nord et le cratère de Ziani; ils sont 
imprégnės de calcite qui forme aussi des tufs blancs, à aspect crayeux, pro- 
duits de sources thermales bicarbonatées (?). Les tufs jrachytiques de 
Ziani contiennent des blocs de basaltes et d’essexite. 

Les roches basaltiques de l'Archipel sont assez variées; elles se rapportent 
pour la plupart à des types existant à la Grande Comore et, comme dans 
celle-ci ces roches sont remarquablement fraîches, ce sont elles que j'ai 
choisies pour l’étude chimique. : 


(!) Minéralogie de la France et de ses Colonies, t. 4, 1910. 

T D’après une analyse faite autrefois à l’École des Mines, l’eau du lac de Ziani, 
qui se trouve au niveau de la mer, renferme 425,88 de résidu sec par litre, dont 218,48 
de bicarbonate de sodium avec beaucoup de NaCl. 

Il existe aussi dans le nord-est de l’île, à 4" ou 5" au-dessus du niveau de la mer, des 
tufs calcaires avec empreintes de ba de plantes actuelles. Il me reste à signaler des 
lambeaux de calcaire zoogène, formé par des foraminifères, des débris de polypiers, 
de mollusques, d’algues calcaires, avec des fragments d’augite, hornblende, plagio- 
clases, magnétite, etc, C’est une roche de formation actuelle identique à celles qui 
sont si fréquentes sur les côtes bordées, comme aux Comores, par des récifs 
coralliens. 


a 


SÉANCE DU 28 AOUT 1916. 217 


Les types les plus fréquents sont mésocrates; on peut y distinguer deux 
variétés, la première est pauvre en olivine ou ne renferme pas ce minéral 
(Badjini : Tsinimoichango, Kourani; Bambao : Moroni; Oussivo : 
région d’Itsandra; cratère du Karthala, lave de 1860). Une autre variété 
renferme en quantité plus ou moins grande des phénocristaux d’oli- 
vine avec (Badjini : Dembeni) ou sans (Bambao; Mitsondji) phéno- 
cristaux d’augite ; ce type passe progressivement à des basaltes mélanocrates 
très riches en gros cristaux d’olivine et d’augite (ankaramite du cratère 
d’Iconi décrite dans ma Note précédente). Toutes les structures possibles 
depuis la vitreuse jusqu’à la doléritique se rencontrent dans ces diverses 
roches. J'ai retrouvé dans les coulées cordées ce type structurel très riche 
en verre absolument dépourvu de magnétite et souvent de feldspaths que 
j'ai décrit dans les laves de l’Etna et de la Réunion. 

Enfin, un dernier type assez abondant est une ankaratrite (‘) limburgi- 
tique (Bangoi Kouni dans le Mitsiamiouli, etc.), riche en phénocristaux 
d'olivine (avec octaèdres de spinelle) et en microlites d’augite distribués 
dans un verre brunâtre avec octaèdres et cristallites de magnétite. 

Quant aux tufs palagonitiques de la Grande Comore (Iconi, la Conva- 
lescence, etc.), de Moheli (Fomboni, etc. ), etc., ils sont surtout constitués 
par de petits fragments de verre brun rouge, sans feldspaths ni magnétite, 
appartenant aux divers types de basaltes mésocrates. | 

Les analyses ci-après montrent que les basaltes pauvres en olivine appar- 
tiennent à deux types chimiques (°), rapprochés de composition, mais diffé- 
rant l’un de l’autre notamment par leur teneur en alcalis. Bien que cette 
différence soit minime, elle a cependant son importance : le calcul met en 
effet en évidence dans la lave du cratère de Karthala environ 9 pour 100 de 
néphéline possible qui n’est pas exprimée, mais, dans les enclaves essexi- 
tiques de Ziani, qui ont la même composition chimique, la néphéline 
apparaît sous forme de grands cristaux qui moulent les autres éléments 
(labrador, augite, hornblende, biotite). Cet exemple montre tout l'intérêt 
du calcul de la composition virtuelle des roches, il met en évidence les 


(*) Je désigne sous le nom d’ankaratrites les basaltes néphéliniques mélanocrates 
du type de ceux du centre de Madagascar et en particulier de l’Ankaratra; ils com- 
Portent des formes uniquement néphéliniques ou bien riches en mélilite et d’autres, 
dépourvues d'éléments blancs biréfringents (ankaratrites limburgitiques). 

(?) Il n’est guère possible de distinguer entre eux de différence minéralogique : 
Cependant les types essexitiques renferment parfois de petites plages monoréfrin- 
Sentes que j’ai prises autrefois pour de la leucite (Nouvelles Archives du Muséum, 
t1, 1901, p. 156); l'analyse donnée plus loin ne paraît pas confirmer cette hypothèse, 


218 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


possibilités minéralogiques de leur magma ; il fait voir en outre la nécessité 
de distinguer dans les classifications minéralogiques lés basaltes propre- 
ment-dits (types HI. 5.3.4 et IIL.5:4:4), sans quantité notable de néphéline 
virtuelle, des basaltes essexitiques ou: théralitiques (111.6.3.4), dont la 
forme grenue est plus ou moins néphélinique; cette considération explique 
la cause de la: différence de composition minéralogique des enclaves 
homæogènes des laves de la France centrale; dans le Massif du Mont-Dore 
en particulier, j'ai montré que, sur les flancs de la Banne d'Ordanche dont 
le basalte comporte un peu de néphéline virtuelle, il existe des blocs 
d'essexite assez riche en néphéline; tandis que la plupart des autres basaltes 
du type 111.5.4.4 ne renferment comme enclaves homæogènes que des 
gabbros et des diorites basiques dépourvus de néphéline. 

Enfin, il me reste à étudier la tinguaite de Dzaoudzi; elle est d’un vert 
poireau et compacte, avec parfois tendance à une texture globuleuse; la 
densité est de 2,43. L'examen microscopique fait voir de 8 à 10 pour 100 
de fines aiguilles d'augite ægyrinique bordées d’ægyrine et quelques micro- 
lites d’orthose, disséminés dans une matière isotrope, incolore (verre et 
cristaux d’analcime). L'analyse f montre qu’il s’agit là d’une tinguaite 
pauvre en méphéline virtuelle : c’est une obsidienne tinguaitique, dans 
laquelle l’analeime est à peu près le seul élément blanc eristallisé. 


Analyses (par M. Raoult). — a. Basalte mésocrate très vitreux, Oussivo: 
III, 5.3.4; b. basalte essexitique, cratère du Karthala (lave è 1860) : 
IT. (5) (6). 3,4; c, essexite grenue, cratère de Ziani : (IIT .6.3.4); d. anka- 
ramite, Iconi : [/V.5’.3'.4] IV.(1)(2).'3.2.2; e. ankaratrite limburgi- 
tique, Bangui Kouni : [’VI. 7.3.4] IV. (x 1) 2.3.2.2; J tinguaite analci- 
mique, Dzaoudzi : un 5. Q Y(2).4. 


b €. d. e 

ONE. ne 47,36 46,20 45,10 45,84 42,00 56,30 
ARO? us 12,00 15.00  . 14,58 7,45 11,04 19,24 
RD us a 3,26 3,69 3,47 1,66 3,94 4,04 
PO n 10,01 gr ie 9,64 EU 1,29 
MO 7,00 6,04 7,20 16,76 16,38 0,88 

bhangi E T 13,24 12,00 10,96 12,64 12,90 2,10 
a  . i 2,25 3,33 3,86 2,32 7,99 
IG. noie: 1,87 1,38 3, 07 0,99 1,69 3,91 
PO de CRAN 2,87 2,29 2,42 3,00 1,83 0,09 
FER Anna 0,44 0,41 0,03 0,42 0,23 0,08 
HiG à 10°. Ru de : 0,09 0,16 9,17 0,10 0,04 1,42 

», AU rouge niches à 0,18 0,10 0,89 0,932 0,37 2,74 


‘100,12 99,88 99,91: 100,20 :100,3h. 100}18 


SÉANCE DU 28 AOÛT: 1916. 219 
Cette série devrait être complétée par l’analyse du basalte néphélinique 
(sa composition est certainement très voisine de celle de la roche e), de la 
phonolite, ainsi que de la trachyandésite à hornblende, mais les échantil- 
lons que j'ai en mains ne sont pas suffisamment frais pour fournir une 
analyse démonstrative. 


. 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS,. 


Sur les tourbillons dans un liquide à température variable ; 
par M. FRIEDMANN. 


1. On peut arriver aux équations de Hełmholtz en éliminant la pression p 
entre les équations hydrodynamiques. La pression p est considérée, dans 
ce cas; comme cependant seulement du volume spécifique wet non point de 
la température T. 

Si Pon ne veut pas faire cétte dernière restriction, on obtient, comme 
résultat de l'élimination des fonctions p et w entre les équations hydrody- 
namiques, une suite de conditions qui ne cofliennént que les projections des 
forces extérieures X, Y, Z agissant sur l’unité de masse, et les projections 
des vitesses w, ¢, w avec leurs dérivées partielles de différents ordres par 
rapport au temps ż et aux coordonnées x, y, = 

On est Es amené à ces conditions quand on étudie lès différénts 
Cas p iers des m ients d’un liquide à température variable. Quand 
un tel RCE bidea üne solution, nos conditions permettent d'exprimer 
les quantités p et w à l’aide des vitesses u, v, w; ces expressions vérifient les 
ue hydrodynamiqes. | 


2, let équations hydrodynamiques peuvent ètre mises Fr itiié 


où à: 1 de: li div 
ie EL Oo 2L 
dp _ Re D. dt dp ge. 
(1) D où oO: : :6 s 0 0 
i ai ðw _i d logo 
| Fm dt Ah 


Nous introduisons, pour simplifier, les qano suivanles : 
du dw 


Gers Xi «GX ignore Pam Gr 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


et 
oE $ - du du du 1 (07 oY 
e e o rE 
dn dv OZ. 
Han D +n (ES me SE FH) (ST Fs -5 ) 
a dw dw dw LAOL 0AL 
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E A e 
fa P eiA s B = — Ji ) 
5 Giu + Gat + Gaw” i Giu + Gav + Gaw 
0 
ka zst H,u — H; o 8 Pie r 
T Giu + Gav + Gw’ Fo Giu + Geo + Gw 
Sr H, 0 — H, u C 
E PA sg Gotra LES Giu + Gae + Gw’? 
ða, da, 1064 < Pae = 
er en pS A — 8° a” SR I T 
da da 98: o D) 5: 
E ART E AAP TA B o, pe 
be da, CLR re, Een ob, db: 2p: dB. 
ne Die + gai de TI = TL — b: ET 
at IEE di — Biyi FE 
À=— RES BETE Bie 6j = 3; Teray). 


Dans ces formules 
a AR A E A 
T'a\dy F TERI Ta IN OF 
sont les composantes du tourbillon. 
En employant ces notations, on obtient les conditions suivantes de la 
possibilité de notre problème : 


GiH, + GH: + G3 H; = 0, 


yide 
à, ne 
(2) JM DS M 
dy de` 5 dx ds. D 
PA iata TE PE Dea r Mb Len 
lox a d À d W 


Ces conditions (2) étant satisfaites, w et p s'expriment par les quadra- 


SÉANCE DU 28 AOUT 1916. 221 


tures 
2 fosdx+w,dy + was +) dt 
3 WT Te 5 
+ Gi dx + Gady + Gy ds 
p == e 


Les formules (2) sont exactes dans le cas général où tous les dénomi- 
nateurs contenus dans ces expressions sont différents de zéro. Dans les cas 
contraires on arrive à certaines autres conditions, analogues aux condi- 
. tions (2), avec cette différence qu’on ne peut plus obtenir w par de simples 
quadratures; le calcul de w exige alors l'intégration de certaines équations 
linéaires aux dérivées partielles de premier ordre. 

Les notations et les conditions introduites prennent une forme très 
simple quand on les exprime sous forme vectorielle. Par exemple l’une des 
conséquences des conditions (2) peut être résumée comme il suit : Le 
vecteur G (aux composantes G,,G:, G) est orthogonal à son tourbillon. 

Les conditions de Helmholtz représentent les cas particuliers où le 
tourbillon du vecteur 6 est égal à zéro. 


3. Indiquons quelques applications des conditions (2). Examinons le 
mouvement particulier d’un liquide assujetti à la pesanteur et supposons 
que les vitesses de tous ses points soient parallèles à une direction fixe 
horizontale et ne dépendent à chaque instant donné que de la hauteur au- 
dessus du sol. Les vitesses seront donc des fonctions de ż et de z, où l’axe 
des z est dirigé en sens contraire de la pesanteur. Les deux cas principaux 
de ce problème sont les suivants : 

I. v satisfait à équation 


g?g Do: Por Mo PO N yo (ZY 
ET E Es dt oe dt 20t) 0: \d) ? 
où c est une constante et g l'accélération due à la pesanteur. 
For: 
c Ty got N e- 
w= 0, oe i sea T T murs 
s] man 


D et w sont définis par les équations (3). 
Un des cas particuliers de ce mouvement peut être Applique à à la dyna- 
mique de l'atmosphère et s’exprime par les formules suivantes : 


y 
remets). 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 9.) 31 


299 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


LA Mas pr , 


t 


où F s'exprime à l’aide de fonctions cylindriques à indice fractionnaire; 
F est l'intégrale de l'équation 
wa EVG a . 
da ua Ci 
Hoover mp (re) 
Et 
SRE EE Mange FRERE CEA 2 
w = Veca + eP |: CEOE Ca J [dt — ct) Dr VA Are a |: 
\ vo E 


Ci, €, € Sont ici des constantes arbitraires parmi lesquelles c, est différent 
de zéro, ® est une fonction arbitraire, f (4) se définit par la relation 


F4 

A E Re à 

DE. = Cal PCs, STE D =f É AE, 
\ I8 7 Loi 


C}, €, SONL des constantes arbitraires ct la constante + est définie par léqua- 
1 
Le, Dans les autres cas où p ne dépend que de l’une des va- 


Lion # = 
+ & 
riables £ ou z, ou bien est égal à ; 


(Ea 
C5 — — log (cr + C3) 
1 


(Ci, Ca, C, Sont des constantes arbitraires, c, non = 0), le problème posé 
peut être résolu de manière tout aussi simple. 


CORRESPONDANCE. 


M. Joscon Lais adresse des remerciments pour la subvention qui lui a 
été accordée sur le Fonds Bonaparte. 


MÉCANIQUE. — Sur la détermination de l'équivalent mécanique de la chaleur 
par le procédé de Hirn. Note (') de M. L. Harraxs. 


A détermination de l'équivalent mécanique de la chaleur aû hoyen de 
l'écrasement d’une masse de plomb comprise entre deux bloes roar 


(3 Seaca a 21 août 1916. 


SÉANCE DU 28 AOUT 1916. 229 


pendules et servant, l’un de marteau, l'autre d'enclume, est fondée sur 
l'hypothèse que, si le choc était purement élastique, la somme des forces 
vives des deux blocs, après leur rencontre, serait égale à la force viveinitiale 
du bloc-marteau. 

Cette hypothèse découle de la théorie actuelle du choc, qui, dans le cas 
de deux masses » et m, dont l’une a la vitesse ¢ et dont l’autre-est en repos, 
conduit, pour les SR pete apros le choc, aux expressions 


m 
` o—(1—N}e et g'—= Nr, 


; m 


N étant égal à et ER Nr quel que soit p, la valeur commune 


n N 
më 


des deux rapports égaux = et 2 Le » et qui aboutit, par suite, à légalité 


me = mg M'o, 


c'est-à-dire à la conservation de la force vive. 


Le choc élastique de cylindres en acier trempé, de 12"" de diamètre, 
terminés par des bouts sphériques ayant pour rayon la longueur des règles, 
et suspendus de la même manière que les blocs de l'expérience de Hirn, 
donne des résultats qui sont en désaccord avec ces formules théoriques. 

Les vitesses constatées après le choc étant 4 et 4’, il y jo MD égalité, 
comme l’admet la théorie, entre les rapports -< et "Z, mais ces 
rapports, au lieu d’être égaux à N, ont pour valeur un nombre n, différent 

e 


Par exemple, quand le cylindre-marteau et le cylindre-enclume ont respectivement 
1og™m et 300% de longueur — le rapport des masses se trouvant ainsi sensiblement le 
même que dans la détermination de Hirn — et quand le choc a lieu avec les vitesses 
de 25, 50, 100, 150, 200, 250, 300, 350 millimètres par seconde, on obtient, pour #, au 
lièu du nombre constant 1,5, valeur de N pour m1, m =3, les nombres 
moyens 
1,498, 1,487, 1,471, 1,456, 1,439, 1,415, 1,390, 1,370. 


On voit ainsi que le nombre n est inférieur à N, pour toutes les vitesses 
„au choc, qu’il en est d'autant plus voisin que la. vitesse est plus petite 
et qu'il décroit, d’une manière continue et Dh à! mesure que la vitesse 
augmente. 
Ce nombre apparaît, pour eigi vilesse au choc, comme une constante 
physique, parfaitement définie par les autres SURTOS de l'expérience. 
On est amené, dès lors, à représenter les vitesses effectives des cylindres 


224 ACADÉMIE DES SCIENCES. 
après le choc par les expressions 


ml 
Ņp=({1— nn)" et d'=n gte, 


qui ne diffèrent des expressions théoriques que par la substitution de n à N. 
Il en résulte que l’on a, pour la somme des forces vives au même moment, 


mẹ? + m'p? = mof: — (N — n |: 


dans l’exemple mentionné plus haut, et pour les vitesses de choc indiquées, 
my? + m'y”? 
mg?’ 


le rapport , au lieu d’être constamment égal à 1, a pour valeurs 
0,996, 0,974, 0,943, 0,915, 0,883, 0,840, 0,796, 0,778. 


à " > "$ p= 
Par suite, en raison de ce seul fait, que, dans le choc réel, les rapports — ? 


Y 


m'Ù' Er D i REST à $ 
et -7 ont une valeur inférieure à leur valeur théorique, la force vive après 


le choc est systématiquement moindre que la force vive initiale, avec décrois- 
md?+ m'p"? 
m 


sance continue et régulière du rapport » et, rigoureusement, ces 


deux forces vives ne sont égales que pour ¢ = o. 

L'hypothèse qui sert de base à la détermination de Hirn n’est donc pas 
confirmée par l’expérience, et l’on n’est pas en droit de considérer comme 
équivalentes, dans cette détermination, la différence des forces vives évaluées 
avant et après le choc, et la quantité de chaleur dégagée par l'écrasement 
du plomb. 

Je ferai remarquer, d’ailleurs, qu’il y aurait intérêt à dépasser les 
vitesses relativement faibles dans il est question dans cette Note, et à pour- 
suivre les expériences jusqu’au choc à partir duquel les cylindres subissent 
une déformation permanente, en faisant varier, en même temps, leur 

matière constitutive, la forme et la préparation de leurs surfaces terminales. 

J'ajoute que la non-conservation systématique de la force vive dans le 
choc élastique des corps entraine d’autres conséquences importantes que je 
me propose de signaler prochainement. 


HYDRAULIQUE, — Amplitude des harmoniques impairs dans les coups de bélier. 
Note (!) de M. Cuarres Camicue, présentée par M. Boussinesq. 


On doit à MM. de Sparre et Allievi de remarquables travaux sur les 
phénomènes de résonance. M. de Sparre considère des intervalles de temps 


(1) Séance du 31 juillet 1916. 


SÉANCE DU 28 AOUT 1916. 225 


P + 2l . , , QE. | a 
égaux à — en supposant le distributeur fermé pendant la première période, 


complètement ouvert pendant la deuxième, fermé pendant la troisième, etc. 
Il démontre que le coup de bélier devient, par suite des résonances, tou- 
jours au moins égal à la hauteur de chute, à condition que l’on ait 
> ii » 

le 

1° J'ai vérifié expérimentalement ce résultat et, en même temps, donné 
non seulement la valeur maximum, mais encoré la valeur minimum de la 
pression, et envisagé le cas des harmoniques impairs. 

Soit y, la pression pendant la #°" période. J'admets que le régime per- 
manent de résonance est établi, ce que je traduis par les hypothèses 


Vahii = Con, Yan Const, 


En écrivant que le distributeur est fermé aux époques impaires et com- 
plètement ouvert aux époques paires, il vient : 


Vo + Fany — Fan = Yo + Fons — Fons = Q, 


sé mes E (Fans Fes Je (Fini + F2) = 0, 


E,,— Fo 
S Eir Pat} AVE + H, 
d’où s 3 
dey 7e ae k Jo 
: Fame a Pun- 3g 2 
e 
Yon = 2 Yo- Yan — 0. 


Donc, pourvu que l’on ait 
AR 
5 


la résonance du fondamental a pour effet de faire varier la charge à l’extré- 
mité aval de la conduite de o à 2y,. 

La même propriété s'applique aux harmoniques impairs. 

L'expérience a été faite au moyen du robinet tournant sur une conduite 
de fer de 1 86, 80 de longueur, 80™ de diamètre et 5™ d'épaisseur; elle a 
pleinement vérifié les conclusions précédentes. 


mm 


(1) Sur les coups de bélier; examen de l’état d’une conduite (Comptes rendus, 
L 163, 1916, P: 190). h 


226 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


2° Au moment de la résonance d'un harmonique impair, le debit passe par 
un Minimum. 

3° La rėpartition des pressions au moment de la résonance est facile à 
prévoir. Par exemple, quand l’harmonique 3 résonne, la surpression est 
égale à y, au premier tiers amont et à o au deuxième tiers aval. On peut 
plaies ainsi certaines-ruptures-de conduites. 

4° On produit dans une conduite des battements quand louver 
rythmique du distributeur est voisine de celle d’un harmonique impair. 

5° On obtient dans une conduite des ondes eniretenues. en munissant 
celle-ci d'un clapet analogue à celui qui est employé dans les, béliers 
hydrauliques ordinaires, avec cette différence essentielle que ce clapet 
fonctionne sur la conduite entièrement purgée d'air, Ce clapet permet de 
vérifier avec la plus grande facilité que la propriété du doublement de la 
pression est exacte quelle que soit louverture du distributeur, pourvu que 


la condition y, > sa soit réalisée. 
© 
, . K g « . è ` . , 
La période du clapet est z: dès qu’il y a de lair dans la conduite, la pė- 
riode du clapet augmente. Le clapet est employé pour vérifier que la con- 
duile est complètement purgée. 


6° Le clapet automatique peut commander un moteur constitué par un 
simple piston plein actionnant une manivelle. 


Ce moteur tourne exactement au synchronisme avec le clapet; sa vitesse 
est indépendante de la charge; quand celle-ci est trop eue le moteur se 
décroche. 

Je n’ai pas pu faire des mesures de rendement sur le moteur que j'ai 
réalisé; mais la propriété du minimum de-débit, que j'ai indiquée plus haut, 
permet d'espérer que ce rendement sera satisfaisant. 

On trouvera dans un travail qui sera prochainement publié par la Lunuëre 
électrique le détail des recherches qui viennent d’être résumées. 


HYGIÈNE. — Un réactif du chlore libre dans les eaux d'alimentation urbaines. 
Note (') de M. G.-A. Le Roy, présentée par M. Charles Moureu: 


Pait honneur de soumettre à l'Académie, comme suite à ma piati 


Communication C), un nouveau réactif pour la recherche et le dosage du 


) Séance du 21 août 1916. 
2) Cf. Comptes rendus, t. 62, 1916, p. 327. 


SÉANCE DU 28 AOUT 1916. 227 


chlore libre dans les eaux d’alimentation urbaines purifiées par les hypo- 
chlorites, et dont la surveillance, à l'heure actuelle, est pratiquée au moyen 
du réactif classique iodure-empois d’amidon. 

Le nouveau réactif, pour les traces de chlore libre dans les eaux douces, 
est d'une sensibilité plus grande que l’iodure amidonné, et il est. basé 
sur l'emploi de certains dérivés du triparaminotriphénylméthane et, PERS 

tiquement, du chlorhydrate d'h sthyltri} 

_Cesel, en dissolution aqueuse, étant ajouté, à la dose de quelques. en 
dans une eau susceptible de renfermer des traces de chlore actif, engendre, 
le cas échéant, une coloration violette immédiate, dont l'intensité varie 
selon la teneur en chlore libre. Cette coloration est manifeste dès que l’eau 
contient environ 3 cent-millionièmes de chlore. Par comparaison, et dans 
les mêmes conditions, les auteurs admettent qu'avec l’iodure amidonné 
la réaction ne se manifeste qu’à partir de 1 dix-millionième. 

Ce réactif agit immédiatement ou en quelques minutes; il est inactif sur 
l’eau pure aérée ou non, sur les eaux douces non hypochloritées, sur l’eau 
de Seine; c'est à peine si, au bout d'une dizaine d’heures de contact, sous 
l’action de l’air ambiant, on peut avec les eaux non chlorées observer une 
coloration, qui, dans ces conditions longuement différées, ne saurait donner 
matière à une fausse interprétation. 

Le réactif est préparé de la manière suivante : dissoudre, par digestion 
à froid, rı partie d’h th yltri triphénylméthane, à l’état cristallisé 
ou amorphe, dans 10 parties environ d’acide chi orhy drique étendu de son 
volume d’eau; après dissolution ajouter une quantité d’eau distillée suffi- 
sante pour compléter roo parties. Le réactif, en flacons bouchés, peut se 
Conserver longuement sans altération. On peut, dans la préparation, 
substituer l'acide formique à l'acide chlorhydrique. 

Dans un but de contrôle, ne me suis servi conjóintement et successive- 
ment d’hexaméthylt inotriphé Ji stl e préparé, ae par l’orthofor- 

sthyldi hydrol, soit par réduc- 


miate d'éthyle, Sa par le tét 
-tion du « violet cristallisé » du here (au moyen du zinc en milieu 
chlorhydrique). La base obtenue par ces différents modes de préparation 
a été ensuite purifiée par cristallisations fractionnées dans la ligroïne, le 
benzène et l'alcool. 

Pour l’ emploi du UE i suffit d’en done quelques millièmes dans 
l’eau à examiner. L'addition conjointe de quelques millièmes de chlorure de 
sodium intensifie la coloration. Avec certaines eaux l'addition du réactif 
produit, en plus, une opalescence; celle-ci est détruite facilement en 


228 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


acidifiant avec de l'acide formique ou acétique; il est d’ailleurs préférable 
de toujours pratiquer cette acidification. 

Au début de mes recherches, j'avais employé comme réactif le chlorhy- 
drate de paradiaminodiphényle (benzidine) ou encore de tétraméthyldia- 
minodiphénylméthane en solutions aqueuses. Ces réactifs donnent égale- 
ment, en présence de traces de chlore libre dans les eaux, des colorations 
jaune paille ou verdâtre, et leur sensibilité, comme celle du réactif hexa, 
est très supérieure à celle de l’iodure amidonné ou du réactif aniline 
phéniquée et alcalinisée, mais ces colorations sont fugaces et délicates à 
apprécier aussi nettement que la coloration violette, surtout contrôlée par 
examen sous un écran jaune approprié. 

Je signale enfin que le réactif h sthyltri inotriphénylméth 
est bien moins sensible que l’iodure amidonné À l’action parasitaire des 
nitrites qui peuvent être présents dans l’eau examinée, et, en outre, il n’est 
pas influencé par les traces de peroxyde d'hydrogène (eau oxygénée). 


La séance est levée à 15 heures et demie. 


ERRATA. 


(Séance du 21r août 1916.) 
Note de M. A. Lacroix, Sur quelques roches volcaniques mélanocrates 
des Possessions françaises de l’océan Indien et du Pacifique : 


Page 178, lignes 18-19, au lieu de les hololeucocrates moins de Te lire les holo- 
mélanocrates plus de 87,5. . 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 4 SEPTEMBRE 1916. 


PRÉSIDENCE DE M. Camile JORDAN. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. 


ASTRONOMIE. — La conférence des longitudes de 1634. 
Note (') de M. G. Bicourpax. 


La solution pratique du problème des longitudes se trouvait plus que 
jamais nécessaire, et l’activité des chercheurs était excitée par les impor- 
tantes récompenses promises de divers côtés. 

J.-B. Morin, qui croyait avoir résolu ce problème et aspirait au prix, fit 
Connaître sa méthode et demanda des juges. Nous ne connaissons pas son 
exposé sous sa forme primitive : c'était sans doute un Mémoire manuscrit, 
celui dont il parlait à Gassendi en ces termes, le 4 juin 1633, dans une lettre 
dont la copie se trouve dans le manuscrit 1810 de Carpentras, f% 78-79. 

L'escript que je vous ai envoyé n’a pas été faict pour afficher, et il n’y a que les deux 
frères Cardinaulx (?) et vous qui en ayent eu : mon Invention m'a pensé perdre et faire 
sortir de France, mais tout est raccomodé, et Monseigneur lE. Cardinal qui la 
désire me dit dernièremt à l'Abbaye de Royaulmont qu’il me donneroit des Comis- 
saires: pour cette affaire, 

La discussion de la proposition de Morin ne nous est guère connue que 
Par ce qu’il en dit lui-même, dans la publication sur les longitudes qu’il 
commença un peu après (*). Mais d’après la Gazette (de France) la méthode 
avait été exposée dans l’une des conférences du Bureau d’Adresse. 

D a e ES S 

(*) Séance du 21 août 1916. , 

(?) Le cardinal de Richelieu, ministre de Louis XII, et son frère, le ca rdinal de 
Lyon, protecteur de Gassendi. 

J°) Longitudinum terrestrium nec cœælestium, nova et hactenus optata Scientia. 
Parties I-V (p- 1-162) publiées en 1634. Les parties VI (p. 163-238), VII (p. 239-282), 
VILI-IX (p..283-360) parurent respectivement en 1636, 1638 et 1639. 
| En 1640 Morin paraît avoir publié l'ensemble avec un nouveau titre : Astronomia 

Jam at fundamentis integre et exacte restituta... 
GC. R., t916, 2° Semestre. (T. 163, N° 10.) 


32 


230 ` | ACADÉMIE DES i SCIENCES. 


La méthode de Morin est essentiellement celle des distances lunaires, 
antérieurement proposée plusieurs fois déjà. 

Ce ne fut qu'après de longues sollicitations que Morin obtint de Riche- 
lieu la nomination d’une commission chargée d'examiner son invention 
(6 février 1634). Cette commission comprenait d’abord les membres sui- 
vants : abbé de Chambon, président Pascal, Mydorge, Boulenger et 
Hérigone; en outre le cardinal adjoignait à ces membres, pour lui faire 
un rapport spécial, deux navigateurs, de Mantyz et de Beaulieu. Mais de 
Mantyz ct l'abbé de Chambon :s’étant trouvés absents, une,seconde ordon- 
nance adjoignit aux autres membres le mathématicien Beaugrand et les 
capitaines de vaisseau de Cam, Treillebois et Letier; en outre le comman- 
deur de La Porte (') était chargé de présider à la place du cardinal. 

Malgré les intrigues que Morin prête à un certain Hume, astronome 
écossais alors à Paris, la discussion publique, fixée au 30 mars 1634, eut lieu 
dans la grande salle de l’ Arsenal, munie de globes, livres, cartes, etc. et 
dura 5 heures; l’assistance fut nombreuse, choisie, et Morin énumère avec 
quelque complaisance les principaux des personnages qui la composaient. 
Le secrétaire fut Raphaël Talour, qui remplissait le même rôle auprès du 
commandeur de La Porte. 

La méthode de Morin, comme toutes celles basées sur le mouvement de 
la Lune, suppose de bonnes Tables de cet astre, outre un instrument PAR 
à mesurer exactement les hauteurs et les daiane apparentes, Or, 1 
n'apportait ni l’un ni l’autre. 

Cependant, pour ce qui regarde les Tables, Morin propose de fonder à 
Paris un Observatoire où l’on suivrait assidûment les astres pendant une 
longue suite d'années; quant aux instruments, il préconise l'emploi d’un 
quart de cercle muni d’un vernier, avec une lunette àla place des pinnules. 
Il perfectionne d’ailleurs les pinnules ordinaires, mais ne propose rien pour 
rendre l'instrument utilisable à la mer. 

Les auditeurs, dit Morin, lui furent petiément RE «RE en outre la 
Gazette donna un compte rendu élogieux (2). 

Les commissaires ne paraissent pas avoir eu les mêmes sentiments; mais, 


(') Le commandeur de La Porte, proche parent de Richelieu, était son lieutenant 
général pour le Commerce et la Navigation. Il était, en outre, grand-prieur de Cep 
pagne et ambassadeur de l’Ordre de Malte en France. e 

(?) Extrait de la Gazette du 1* avril 1634 (n° 30), p. 128 : 

« Le 30 furent assemblez dans l’Arsenal, en présence du grand prieur de Cham- 
pagne, les sieurs Paschal, Midorge, Bouläger et Erigone, fort versez ez Mathématiques, 
et les sieurs de Beaulieu, de Cam, et Treille-bois, capitaines de Marine, Commissaires 


SÉANCE DU 4 SEPTEMBRE, 1916. 231 


gênés sans doute par ces avis publics, ils rédigèrent des conclusions un peu 
hâtives dont nous n’avons pas le texte officiel, et qui n’étaient pas défavo- 
rables à Morin. Celui-ci obtint une audience du cardinal qui le chargea de 
réformer les Tables lunaires et de faire construire l'instrument qu’il pro- 
posait. 

Morin, peu familier avec les observations, s'excusa sur la fatigue de sa 
vue, et aurait voulu proposer Gassendi; comme celui-ci était absent, il 
parla de Mydorge, mais cet arrangement n’eut pas de suite, pas plus que 
le projet de construction de l'instrument. Cependant le cardinal fit remettre 
une gratification à Morin, ce qui, dit-il, excita la jalousie de ses rivaux. 

C’est dans ces conditions que, le ro avril, eut lieu une nouvelle séance, 
moins solennelle sans doute; même on n’y avait pas convoqué Morin, qui 
ne s’y trouva que par hasard. 

Les commissaires devaient répare aux duatre questions suivantes du 
cardinal : 


1. La Science des Lon AUS avait-elle été nr par quelqu'un avant la 
démonstration donnée par orin: 
. La démonstration de M. tard estelle bonne ? 
3. La méthode est-elle praticable sur mer ? 
*. Les Fables d$tronomiques peuvent-elles, par cette science, étre en peu de temps 
rendues beaucoup plus exactes que par tous les moyens précédemment employés ? 


Voici les réponses : : 


Nous, commissaires; Mi y sur le premier article, que la Science des Longitudes, 
par les mouvemens de la Lune, a été trouvée par CRT, astronomes, tels que 
Gemma Frisius, Apian, Vernier, Nonius, Métius et autres. 

Quant au moyen particulier qu'emploie M. Morin, il'a été indiqué par Gemma 
Frisius; aux Chapitres X VII et XVIII de l'usage des globes, et cependant Gemma n'a 
jamais passé pour avoir résolu le. problème, à cause des difficultés qui n'ont élé 
levées ni par Gemma, ni par Morin, ni par aucun autre. 

Au second article, nous disons qu'absolument parlant, la ie des Lougitudes 
n’est pas démontrée; que les triangles de M. Morin sont bien calculés, et que cepen- 
dant il ne résulte rien de cette solution, quoique bonne en elle-même, parce qu “ele 
se fonde sur des Tables et des observations qui n’ont pas l'exactitude nécessaire. 

Au troisième article, nous disons que bien loin que les pratiques puissent être de la 


députez par le Cardinal Duë, Grand Maistre et Sur-lutendant du commerce, avec plu- 
sieurs autres personnes de pirga sur la proposition faite par le Sieur Moriv, Pro- 
fesseur du Roy ez Mathématiques, touchant le secret des longitudes, ci-devant par lui 
Proposé en l’une des Conférences qui se font tous les Lundis au Bureau d'Adresse de 
cette ville, dont il fit la démonstration, au contentement de l'Assistance. » 


232 ACADÉMIE DES SCIENCES. 

moindre utilité à la navigation, elles sont au contraire très difficiles même sur terre, 
à cause de la multiplicité des observations nécessaires et du défaut de précision dans 
les Tables de la Lune, et enfin parce que l'erreur des observations et des Tables va 
toujours croissant dans la suite du calcul. 

Au quatrième, nous disons que M. Morin commet un cercle logique, en voulant 
corriger les Tables par ces moyens mêmes qui supposent de bonnes Tables, et loin qu’il 
puisse ainsi rendre les Tables plus irisi nous pensons qu'on ne peut nullement 
les corriger par ces moyens. 

Fait à l'Arsenal, le 10 avril 1634. 

Signés.: PAscAL, MYDORGE, BEAUGRAND, BOULENGER, HÉRIGONE, 
TAaLoUR, secrétaire du commandeur La Porte 


Les commissaires portèrent leur décision au cardinal avec un autre écrit, 
plus dur encore, qui contenait leurs motifs : « Le tout, dit Delambre ('), 
fut publié quelque temps après ». | 

Cette décision définitive, différente de la première, sinon opposée, a 
généralement été trouvée injuste, en ce qu’elle ne tenait aucun compte des 
bonnes idées proposées, telles que la fondation d’un observatoire, l'appli- 
cation du vernier et surtout d’une lunette à l’alidade, ce qui était nou- 
veau, etc. Et cette opinion paraît être définitive, quoique généralement on 
oublie que nous jugeons à peu près uniquement sur ce que Morin a écrit 
lui-même et plus tard. 

Dans la suite de son Ouvrage (Partie VI, 1636), Morin proposa d'ob- 
server les étoiles en plein jour; mais nous savons qu’il put être aidé par ce 
qu'il avait appris à Aix. 

Cette sixième Partie renferme quelques autres idées remarquables : 
Morin conjecture, par exemple, que les différentes apparences de Saturne 
sont dues à un système de corps voisins les uns des autres et que leur éloi- 
gnement de la Terre ne permet pas de distinguer séparément. Ailleurs, on 
trouve une idée de la méthode des hauteurs correspondantes dune même 
étoile. 

Dans la neuvième et ue Partie, publiée avec la huitième en 1639, 
Morin revient sur certaines idées qu’il avait déjà exprimées, notamment 
sur la construction d’un observatoire en un lieu dégagé, loin des fumées; 


J Histoire de l’Astronomie moderne, t. Il, p. 253. Cette publication se trouve 
sans doute dans POuvrage suivant, que mentionne la Bibliographie de Lalande (p.204) 

t que nous n'avons pu trouver à la Bibliothèque nationale : Avis au cardinal 
èi Richelieu sur la proposition du S. Morin pour les longitudes. Paris, 1634, in-8°. 


SÉANCE DU / SEPTEMBRE 1916. 233 


comme emplacement il propose le Mont Valérien : on y installerait, dit-il, 
un quart de cercle dans le méridien. 

Les prétentions de Morin furent attaquées de divers côtés : par Longo- 
montan, Frommius, à l'étranger; par Boulliau, le P. Duliris, récollet, en 
France. Morin répliqua et rendit avec usure les injures qu’il avait réçues, 
notammant de la part de Boulliau; quant au P. Duliris, il classait Morin 
parmi les astronomes papyracés, c'est-à-dire qui ne font d'astronomie que 
sur le papier; et il n’était pas le seul à lui reprocher de négliger l’obser- 
valion. 


M. pe Sparre, cn faisant hommage à l’Académie (‘) de son Rapport au 
deuxième Congrés de la Houille blanche, adresse la lettre suivante : 


Le deuxième Congrès de la Houille blanche devait se tenir à Lyon en 
septembre 1914. Bien que la guerre l’ait empêché de se réunir on a cru 
utile de publier les rapports préparés à son occasion et j'ai l'honneur de 
présenter à l’Académie celui dont j'avais été chargé. 

Au programme du Congrès ce rapport devait traiter des expériences de 
Verenon, sur les coups de bélier avec réservoir d’air muni d’une tubulure 
d'étranglement, établi conformément aux indications données par moi 
dans un Mémoire publié en 1911-1912 dans le journal La Houille blanche. 

Ces expériences ayant été par suite de diverses circonstances renvoyées 
à l'automne 1914(?), j'ai dû dans le rapport, tout en indiquant les points 
sur lesquels elles devaient porter, traiter au lieu de cela diverses questions 
relatives. à la théorie des coups de bélier. que je vais indiquer sommaire- 
ment. iai 

Jai d'abord donné (°) les formules relatives à une conduite formée de 
deux sections de diamètres différents pour lesquelles la durée de propaga- 
tion cst la même et j'en fait l’application à la conduite du lac de Fully 
qui réalise très sensiblement la condition indiquée et qui présente de plus 
cet intérêt qu’elle est la plus haute chute du monde. Elle a en effet une 
hauteur de 1650". 

Je montre que dans ce cas il se présente ce fait que j'avais déjà signalé 


(*) Séance du 28 août 1916. 

(?) Elles n’ont pu èn définitive avoir lieu par suite de la guerre. 

(*) Dans le rapport je donne les formules sans démonstration, mais cette démons- 
tration se trouve dans une Note à la suite du rapport. 


23/4 _ ACADÉMIE: DES SCIENCES. 


dans une Communication du 19 mai 1913 ('} pour une conduite formée de 
trois sections de diamètres différents, c’est-à-dire que bien que l’élargisse- 
ment de la partie supérieure de la conduite diminue la force vive possédée 
par l’eau de cette conduite, le coup de bélier maximum dans le cas d’une 
fermeture brusque (°) peut être plus fort que si la conduite avait sur toute 
sa longueur le diamètre de la partie inférieure. De plus.ce coup de bélier 
maximum, au lieu de se produire pendant la première période d'oscillation 
de l’éau, ainsi que cela à lieu pour une conduite de diamètre constant, se 
produit pendant la seconde période (*). 

J’ appelle ensuite l'attention sur deux circonstances où, par suite des phé- 
nomènes de résonances, le coup de bélier peut être très notablement 
augmenté. C’est d’abord à la suite d’un mouvement oscillatoire de la vanne 
dont la période serait égale à celle de l’oscillation de l’eau dans la con- 
duite (‘), et ensuite dans le cas d’une fermeture avec arrêts successifs. Je 
termine par quelques remarques au sujet du coup de bélier positif d’ou- 
verture, dont j'avais déjà parlé dans un précédent Mémoire (*). | 

Ce rapport est suivi de deux Notes. Dans la première, je donne, comnie 
je le dis plus haut, la démonstration des formules relatives au coup de 
bélier dans les conduites formées de deux sections pour lesquelles la durée 
de propagation est la même. La seconde Note est Pelitist aux expériences 
faites en Suisse sur les coups de bélier. 

Ces expériences avaient montré une coïncidence très satisfaisante entre 
les résultats déduits de la théorie de M: Allieviet ceux de l'expérience. 
Toutefois l’emploi des formules de M. Allievi conduit à des calculs assez 
pénibles. Je fais voir qu’on arrive, très simplement, à des résultats 
complètement équivalents par les formules que j’ai données dans le n° 4 du 
Bulletin spécial de la Société hydrotechnique de France. Je montre de plus que 
la valeur du sn de bélier peut être considérablement modifiée, si le mou- 


(°) re rendus, t. 156, 1913, p. 1921. 

(*) Ou plus exactement dans un temps inférieur à celui d'dne période d'oscillation 
simple de l’eau de la conduite. 

(3) Dans une visite que j'ai eu occasion de faire récemment à Sy ai constaté la 
vérification expérimentale de ce fait. 

(*) J'avais déjà signalé ce fait dans un Mémoire publié en 1907 dans La Houille 
blanche, et M. Camichel, professeur à l'Université de Toulouse, me dit dans une lettre 
du 2 août avoir fait récemment à ce sujet des vérifications très satisfaisantes. 

(5) Bulletin spécial de la Société hydrotechnique de France, n° 1, 1945. 


SÉANCE DU 4 -SEPTEMBRE 1916. 235 


vement de la vanne, que l’on considère, au lieu de se produire à partir de 
l’état de régime normal, se produit à la suite d’ une période de régime 
troublé, ce que vérifie d’ silletes l’expérience. 


M. Paur AppeLL fait hommage à l'Académie d’un Mémoire intitulé : 
Sur des lignes poly gonales et sur des sur faces polyédrales généralisant les poly- 
gones de Poncelet. 


CORRESPONDANCE. 


OPTIQUE. — Mesure directe de la vitesse axiale de leau dans l'expérience 
de Fizeau. Note de M. P. Zeeman, transmise par M. G. Lippmann. 


Dans une Note précédente (‘} j'ai donné les valeurs des coefficients 
d'entrainement pour différentes couleurs, obtenues dans une répétition de 
l’expérience de Fizeau, avec la disposition de Michelson pour obtenir les 
franges d’interférence. 

Le but principal de mes expériences était de décider entre les expressions 
données par Fresnel et par Lorentz, pour le coefficient d'entrainement. On 
sait que l’expression de Lorentz se distingue par un terme complémentaire, 
relatif à la dispersion, de celle de Fresnel. Mes observations s'accordent 
parfaitement avec l'expression de Lorentz. Par exemple pour la longueur 


d'onde À = 4500 U.A, la différence des deux expressions est de 5 pour 100 
de la valeur du coefficient, tandis que les valeurs observées des déplace- 
ments des franges d’interférence sont connues à moins de 1 pour 100. 

Les valeurs calculées du déplacement des franges sont assujetties à une 
incertitude, parce qu'il faut connaitre la longueur effective des tubes (envi- 
ron 2 x 3% et la vitesse axiale de l’eau dans les tubes. L’incertitude dans 
la longueur effective est très petite, comme on peut le dé facil t 
Quant à la vitesse axiale de l’eau, on doit avouer qu il y a là un point faible 
dans mes expériences antérieures. Le procédé suivi était le suivant : par 
le débit mesuré on détermine va, la vitesse moyenne de l’eau, puis on 


(!) Comptes rendus, t. 161, 1915, p. 526. 


236 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


calcule fwa, la vitesse axiale, par la relation p= 0,84 v,+ Or il doit régner 
une incertitude sur la valeur du coefficient 0,84, qui a été déterminé dans 
d’autres conditions. 

J’ai donc indiqué une méthode optique, permettant de mesurer directe- 
ment la vitesse dans l’axe du tube (Proc. Amsterdam Academy, t. 18, 1916, 
p. 1240) et rendant superflus la mesure du débit et Femploi du coefficient 
numérique mentionné. De petites bulles d'air sont introduites dans le 
courant d’eau et illuminées par un faisceau très intense et très fin dans 
laxe du tube. Par une fenêtre dans la paroi du tube on peut observer ces 
bulles, qui apparaissent en lignes brillantes sur un fond noir. En observant 
les trajets des bulles dans un miroir tournant, on peut déterminer direc- 
tement la vitesse au moyen des constantes de l'appareil et de l’inclinaison 
moyenne des chemins apparents des bulles. 

L'application de cette méthode a donné un résultat assez inattendu : la 
vitesse axiale varie d’une manière compliquée le long du tube, de sorte 
qu’on ne peut pas parler de /a vitesse axiale. La variation extrême. est 
de 10 pour 100 de la vitesse axiale, En renversant la direction du courant 
d’eau dans les tubes, la valeur de la vitesse ne reste pas la même dans un 
point déterminé du tube. Il était donc nécessaire de mesurer la vitesse dans 
un nombre assez grand de points de deux tubes. 

Dans ce but, nous avons employé un tube de Pitot, étalonné au moyen 
de la méthode optique. Je me bornerai à esquisser rapidement le résultat 
obtenu. 

La valeur moyenne de la vitesse axiale dans les deux séries d'expériences, 


-1° . ro cm . * 
avec courant direct et inverse, est de 550,8 —- Ce nombre ne diffère que 


de o, 5 pour roo de la valeur adoptée pour le calcul du déplacement théo- 
rique des franges dans ma Communication précédente. Il s'ensuit que 
mes conclusions antérieures sont confirmées, mais leur certitude a de 
beaucoup augmenté, parce qu’elles sont maintenant entièrement indépen- 
dantes de mesures de débit et aussi de la valeur numérique du rapport 
de la vitesse moyenne à la vitesse axiale. 


SÉANCE DU 4 SEPTEMBRE 1916. 237 


CHIMIE ORGANIQUE. — Préparation d'acidylsemicarbazides à partir de 
semicarbazones d'acides a-cétoniques. Note (') de M. J. Boueaurr, 
présentée par M. Charles Moureu. 


Comme je l’ai montré antérieurement (°) les semicarbazones de certains 
acides 4-cétoniques sont déshydratées par les alcalis étendus et donnent des 
as-dioxytriazines substituées en (6). Ces mêmes semicarbazones, oxydées 
par l’iode et le carbonate de sodium, conduisent, par une réaction plus inat- 
tendue, aux semicarbazides d’acides contenant un carbone de moins que 
les acides générateurs. C’est ainsi que la semicarbazone de l'acide phényl- 
pyruvique donne le semicarbazide de l’acide phénylacétique. 

L’équation suivante exprime la réaction observée : 


CSH5.CH2,C — N.NH.CO.NH?°+ O0 = CO? C°H5.CH?.CO.NH.NH.CO.NH:, 
| 
CH 


Comme on le voit, l’oxydation porte sur le carbone en x, le carboxyle de 
l'acide cétonique s’élimine et la fonction semicarbazone se transforme en 
fonction acidylsemicarbazide sur le carbone même auquel elle était liée. 


I. La réaction se fait avec la plus grande facilité et à froid. Il suffit de 
faire dissoudre la semicarbazone dans un peu d’eau contenant un excès de 
carbonate de sodium et d’ajouter de l’iode (1 + KI) : le précipité d’acidyl- 
semicarbazide est immédiat. Pour la purification on dissout dans l’eau 
acidulée par HCI, on filtre et l’on précipite par saturation au moyen de 
carbonate de sodium. 

Quatre semicarbazones d’acides #-cétoniques ont pte ainsi traitées et ont 
fourni des résultats du même ordre. Ce sont : 

La semicarbazone de l'acide phénylpyruvique qui a donné le phénacétyl- 
semicarbazide C’ H*.CH?.CO.NH.NH.CO.NH? (P. F. 156°); la semicar- 
bazone de l’acide benzylpyruvique qui a donné le phénylpropionylsemi- 
carbazide C'H. CH?.CH?.CO.NH.NH.CO.NH? (P.F. 192°); la semicar- 
bazone de l'acide phénylglyoxylique qui a donné le benzoylsemicarbazide 
C‘H:,CO.NH.NH.CO.NH: (P. F. pati la semicarbazone de l'acide 


(1) Séance du 21 aoùt 1916. 
(*) Comptes rendus, t. 159, 1914 p. 83 et 631. Voir, pour FA de détails, Journ. 
de Pharm. et de Chim.,. 7° série, t: 11, 1915, p. 5, et Annales de Chimie, 1916. 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 10.) 33 


238 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


triméthylpyruvique qui a donné le triméthylacétylsemicarbazide 
(CH*}°.C.CO.NH.NH.CO.NH® (P. F. 215°). 

Dans les mêmes conditions la semicarbazone de l’acide pyruvique a donné 
de l’iodoforme, ce qui tient à la constitution spéciale de l’acide pyruvique. 


IT. Remarquons que les Re Le tp peuvent être repré- 
sentés Aa deux schémas différents 


ZOH | 40 
NN NE CON EX NH. Co NH: 
(1) | (I1) 
correspondant aux deux formes attribuées aux amides proprement. dits 


0H “70 
Rp 108465: A Ginga: 


Le premier schéma sappose aux composés qu'il représente des propriétés 
plus acides que le second; or, les acidylsemicarbazides que j’ai préparés 
sont alcalins, car ils se dissolvent dans les acides dilués et peuvent même 
donner des chlorhydrates isolables à l’état cristallisé; il semble donc que le 
schéma (IT) doive être choisi pour leur représentation. 


I. Le rendement dans la préparation de ces divers acidylsemicar- 
bazides oscille entre 6o et 80 pour 100 du rendement théorique. La perte 
peut tenir, soit à ce que la réaction ne se fait pas intégralement dans le sens 
envisagé ici, soit, plus probablement, et peut-être exclusivement, à ceque 
les acidylsemicarbazides sont eux-mêmes altaqués par les réactifs qui leur 
donnent naissance Eeee et carbonate de sodium). 

En effet, si l’on s'arrange de manière à opérer en liqueur suffisamment 
diluée pour que l'acidylsemicarbazide reste dissous, on constate que la 
réaction ne s'arrête pas à ce terme, mais que l’acidylsemicarbazide est à son 
tour oxydé et transformé en acide libre avec dégagement g azote : le 
phénacétylsemicarbazide donne ainsi l'acide phénylacétique. 

La deuxième phase de la réaction est d’ailleurs beaucoup plus lente que 
la première, circonstance qui, ajoutée à l ‘insolubilité de l’acidylsemicarba- 
zide, favorise l'ob tention de ce dernier. 


IV. Des quatre acidylsemicarbazides que j'ai préparés par la méthode 
ci-dessus un seul a:été signalé; c'est le benzoylsemicarbazide, décrit par 
trois auteurs différents, qui l'ont obtenu chacun par un procédé spécial. Ces 
trois produits n’ont pas été comparés entre eux et il n’est pas certain qu'ils 


SÉANCE DU 4 SEPTEMBRE 1916. 239 


soient identiques. Leurs points de fusion, assez voisins (220°:225°); sont 
inférieurs de 15° environ à celui trouvé par moi. Il y aura lieu de reprendre 
leur étude dans un but de comparaison et, si possible, d'identification. 


MÉTÉOROLOGIE. — Bolide avec trainée persistante. Note (!) de M. Luizær, 
présentée par M. B. Baillaud. 


Le 7 août, à g"40%25$ +55 t. m. G.), un bolide a traversé le ciel à 
peu près parallèlement à l'horizon N. Sa trajectoire peut être définie par le 
pointa = 4", ò — + 73°,6, etle point oùilaéclaté, æ = 5" 30%, D — + 77% 
Malgré toute mon attention je n’ai pas entendu le bruit de l'éclatement. 

Ce bolide a laissé une trace lumineuse qui a pris rapidement une forme 
sinueuse ; elle s’est ensuite divisée en plusieurs fragments : les plus près du 
point d’éclatement ont bientôt cessé d’être visibles, tandis que les autres, 
tout en se déplaçant vers l'Est, se sont agglomérés et ont pris la forme d’une 
ampoule allongée dans le sens du déplacement. Arrivée au point æ = 2:30", 
è= + 77°, cette plage lumineuse a paru s’immobiliser, sans doute à cause 
de l'extinction rapide des poussières lumineuses qui la composaient; et, 
à 9"44%30", soit 4 minutes après l'éclatement du bolide, elle a cessé d’être 
visible. 

Il serait intéressant d’avoir d’autres observations de ce météore pour 
pouvoir en déduire sa trajectoire absolue, ainsi que la direction du courant 
atmosphérique qui, en porspertive, paraissait emporter les poussières 
lumineuses de l'Ouest à l'Est. 


EMBRYOGÉNIE. — Observations sur la larve de d'Ostrea edulis L. 
Note de M. J.-L. Danran, présentée par M. Ed. Perrier. 


‘Les œufs de l’'Ostrea edulis se développent, comme on sait, dans la cavité 
palléale de la mère, et cetteespèce est, pourcette raison, souvent considérée 
comme vivipare, alors qu'elle est simplement embryophore. 
= La masse du naissain, d'abord blanchâtre, prend peu à peu une colo- 
ration grise, puis ardoisée, et enfin tout à fait noire au moment où les larves 
_ vont être mises en liberté : c’est à ce dernier stade que se rapportent les 


(1) Séance du 28 août 1916. 


240 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


observations qui vont suivre. Nous supposerons toujours l'animal orienté 
verticalement, le vélum en haut, la face buccale en avant. 

La coquille. est tapissée par une couche de cellules ectodermiques qui 
sont partout aplaties, sauf lelong de son bord libre. Là le manteau est renflé 
et ses épaississements au niveau de la marge des deux valves sont reliés 
l’un à l’autre, à la partie supérieure, par une lame différenciée qui forme le 
vélum. 

Celui-ci, dans une larve bien épanouie, a la forme d’un dôme surbaissé 
dont le sommet est occupé par la plaque neurale, puis vient une couche de 
cellules très aplaties et, à la base, un renflement circulaire et cilié. Ce 
dernier est constitué par une double couronne de grandes cellules portant 
de longs cils qui forment la couronne ciliée préorale et par de petites cellules, 
à noyaux allongés, portant des cils courts qui représentent la zone ciliée 
adorale. Celle-ci est reliée au bord épaissi du manteau par une lame très 
mince et assez longue qui facilite les mouvements d’extension et de rétrac- 
tion de la larve. 

Sur la face antérieure, les. deux parties du manteau sont unies, entre 
elles, par une lame ectodermique qui présente deux replis longitudinaux. 
La bouche se trouve dans la région supérieure, lanus vers son tiers inférieur. 
L’orifice buccal est ovale et a ses bords ciliés; mais, à sa base, il existe de 
grandes cellules portant de longs cils qui représentent la couronne cihée 
postorale. Celle-ci se continue, comme dans la trochophore, par une zone 
ciliée médioantérieure (zone ciliée médioventrale des auteurs). Enfin la 
même disposition se retrouve à l’autre extrémité du tube digestif : cils 
petits autour de l’orifice anal, sauf sur son bord inférieur où ils sont plus 
longs et se continuent par une zone ciliée médiane inférieure. 

Ainsi l'appareil ciliaire, malgré les modifications dues à la présence 
d’une coquille, est absolument comparable à celui de la trochophore. 

Deux petites invaginations de l’ectoderme, que nous désignerons sous le 
nom de glandes buccales, se trouvent à l'entrée de l’œsophage qui est forte- 
ment pigmenté et cilié. Il conduit dans l’estomac divisé par un étrangle- 
ment en deux parties : la supérieure ou poche cardiaque a ses cellules, 
excepté celles de la partie supérieure et postérieure qui portent de longs 
cils, tapissées par un revêtement corné; l’inférieure ou poche pylorique est 
au contraire toute entière ciliée. L’intestin, dont les cellules portent des cils 
très petits, décrit, à gauche de on deux courbures puis se dirige 
vers la face antérieure. 

Dans l’estomac viennent déboucher les deux vésicules hépatiques et la 


t 


SÉANCE DU 4 SEPTEMBRE 1916. 241 


digestion parait être facilitée par le rôle mécanique que joue la poche 
cardiaque. Celle-ci semble, en effet, capable de broyer les petites diatomées, 
dont la larve se nourrit presque exclusivement, car on ne les trouve entières 
que dans l'estomac, dans l'intestin elles sont toujours à l’état de débris 
extrêmement fins. Le tube intestinal joue vraisemblablement un rôle 
important dans l'absorption et souvent des particules sont englobées par ses 
cellules. 

Ce fait, que l’on trouve des micro-organismes dans l'appareil digestif 
des larves, montre que celles-ci s’épanouissent, nagent dans la cavité pal- 
léale de la mère et absorbent les particules alimentaires que cette dernière 
leur fournit par l'intermédiaire du courant d’eau qu’elle amène à ses 
branchies. 

Le système nerveux comprend non seulement la plaque neurale, décrite 
par les auteurs, mais encore, reliées à celle-ci par des nerfs très fins, quatre 
masses nerveuses situées au-dessus des grandes cellules de la couronne ciliée 
préorale. Ces quatre amas correspondent à l'anneau nerveux préoral de la 
trochophore et rendent l’ensemble de l’appareil presque identique dans les 
larves des Vers et des Pélécypodes. 

Dans le blastocæle se voient les téloblastes qui ont produit quatre bandes 
mésoblastiques, puis de petites cellules dont les unes sont appliquées contre 
le tube digestif ou contre l’ectoderme, mais sans former un revêtement 
continu. La cavité blastocælique contient encore de grandes cellules, peu 
nombreuses, isolées et douées de mouvements amiboïdes dont les carac- 
tères différents incitent à penser qu’elles n’ont pas la même origine et 
dérivent de l’ectoderme. 

L'appareil musculaire est beaucoup plus développé que ne l'indiquent 
les descriptions des naturalistes qui ont étudié l’embryogénie de l'huitre. 
Il n’est pas possible, dans cette rapide esquisse, d’en donner la description, 
car il comprend : deux paires de muscles rétracteurs du vélum, l’une anté- 
rieure, l’autre postérieure; une paire de muscles longitudinaux obliques, 
une paire de muscles rétracteurs; du stomodeum, deux paires de muscles 
Palléaux et un muscle adducteur des valves. Tous présentent cette parti- 
cularité d’être constitués par des fibres dont les fibrilles sont striées, mais se 
Contractent en prenant l'aspect iculaire que l’on croyait téristiq 

es fibres lisses. x ? 

Ces muscles s’insérent directement sur la coquille et leurs ramificatio ns 
se terminent par des parties renflées, à cytoplasme clair, contenant souvent 


242 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


un noyau, qui, parfois, s'encastrent entre les cellules des organes. 1} y a 
lieu de remarquer également que certaines fibres vont se terminer dirce 
tement dans Îles organes nerveux; plaque neurale et masses nerveuses 
préorales. 

Le blastocæle contient encore, du côté antérieur, de chaque côté de la 
ligne médiane, et plus ou moins entourées par les lames mésoblastiques 
supérieures, une rangée un peu irrégulière de très grandes cellules 
à cytoplasme chargé de granulations jaunâtres et à noyaux volumineux 
peu apparents. Ces files de cellules, qui sont en relation avec les épaissis- 
sements ectodermiques longitudinaux de la cavité palléale, à peu près au 
niveau de l'anus, doivent être considérées comme représentant les reins 
céphaliques qui n’ont encore été observés que dans deux larves de Pélécy- 
podes, celles du Teredo et du Cyclas cornea. 

Également sur la face antérieure et au-dessus de l’anus, se trouve, sur là 
ligne médiane, un amas de cellules, d’origine en partie ectodermique, en 
partie mésodérmique, qu’il est difficile d'interpréter. Cette masse cellu- 
laire représente-t-elle, comme Horst l’a admis, l’ébauche des ganglions 
pédieux, ou faut-il la considérer comme homologue de la vésieule anale de 
la trochophore? Sur ses côtés et un peu au-dessous se voient déux autres 
vésicules encore peu développées qui formeront très probablement lés 
otocystes. 

Il n'existe pas de branchies à ce stade et il ne me paraît pas possible de 
considérer comme un pied rudimentaire la saillie formée par la ee 
inférieure de la bouche. 

Les observations précédentes montrent : 


1° Que la partie supérieure de la larve de l’Ostrea edulis et l'extrémité 
céphalique de la trochophore ont une structure identique; 

2° Que les appareils ciliaires des deux larves sont, de tous points, com 
parables; 

3° Que leurs a bien nf nerveux sont constitués des mêmes parties prin- 
cipales ; 

4° Qu'elles possèdent toutes les deux des reins céphaliques et peut-être 
d’autres organes larvaires transitoires, les vésicules anales. 


Ainsi, par l’ensemble de ses caractères extérieurs aussi bien que par son 
anatomie, la larve de l’huitre permet de. raffermir les liens qui unissent les 
Vers et les Mollusques. 


SÉANCE DU SEPTEMBRE 1916. 243 


MÉDECINE. — Sur les cent premiers cas de surdité traités par la méthode 
de Marage au Centre de rééducation auditive de la 8° région. Note 
de M. RansarD, présentée par M. Yves Delage. 


Sans attendre le moment où il sera possible de considérer la statistique 
complète des cas de surdité traités dans mon service de l'hôpital militaire 
de Bourges, j'ai cru intéressant d'envisager dans leur ensemble les cent 
premiers malades, nombre suffisant déjà pour asseoir une opinion. 

Ces sourds furent examinés au préalable au Service central a rates 
laryngologie. Un certain nombre d’entre eux avaient déjà été l’objet d’une 
proposition de réforme, et me fut adressé, par l'intermédiaire du Centre 
d'otologie, par la Commission médico-légale de la 8° région. Le diagnostic 
de l’origine organique de leur surdité était donc établi et contrôlé avant 
même que je ne les aie examinés; et j'insiste sur ce fait pour réfuter une 
fois de plus l'opinion qui veut expliquer l’action de la méthode de 
M. Marage par un phénomène psychique, et la limiter aux cas de surdité 
névropathique. 

D'un autre côté, aucun malade ne fut traité avant que ne fussent prou- 
vées la stabilité de son infirmité, l’incurabilité de celle-ci par les moyens 
classiques ou par son amélioration spontanée. Cette preuve était acquise 
aisément d’abord en laissant un délai suffisant entre la date de l'apparition 
de la surdité et celle du début du traitement, ensuite et en cas de doute, en 
n'appliquant la rééducation qu'après une série de mesures acoumétriques 
constantes à intervalles d'au moins une semaine. Au reste, il est à noter 
que, dans la grande majorite des cas, le début de la dysacousie remontait à 
plus de six mois, voire même à plus d’un an. 

Sur les cent observations dont je m'occupe, la surdité fut 91 fois d'ori- 
gine traumatique. L’otite movenne cicatricielle était en cause 21 fois. La 
commotion labyrinthique, avec ou sans lésions névritiques, due le plus sou- 
vent à l’obusite, plus rarement à une lésion directe, fut observée 11 fois. 
La coexistence de lotite moyenne et la commotion labyrinthique le fut 
dans 59 cas. Chez neuf sourds l’infirmité n’était pas blessure de guerre. 

e pronostic de la surdité par otite moyenne cicatricielle est toujours 
excellent, quels que soient son degré ou son ancienneté. Ce degré d’ailleurs 
n’est jamais proportionné à celui de la lésion causale, telle qu’elle apparaît 
àl examen objectif. 


244 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Ayant soumis tous mes malades aux épreuves nystagmiques, j'ai acquis 
la conviction que ce moyen, très fidèle dans les cas récents de commotion 
labyrinthique, est d’une valeur diagnostique nulle dans les cas anciens 
lorsque son résultat est normal. Non seulement en effet les altérations 
peuvent n'être pas identiques dans le labyrinthe antérieur et dans le laby- 
rinthe postérieur, mais leur évolution peut être différente ici et là. On peut 
donc constater la coexistence d’une surdité prononcée, par commotion 
labyrinthique, et de réflexes vestibulaires normaux. L’examen auditif de 
nombreux malades non sourds ou guéris spontanément de leur surdité, mais 
conservant des troubles de l'équilibration, m’a prouvé également la possi- 
bilité du contraire. De là résulte qu'il est illégitime de se baser sur le sens 
de ces épreuves nystagmiques, pour suspecter la bonne foi d’un malade se 
plaignant d’une surdité grave, d’origine labyrinthique, sans lésions de 
l'oreille moyenne ni troubles vestibulaires. 

Voici maintenant la statistique des résultats enregistrés après traitement 
chez mes cent malades. Je lai établie d’après l'aptitude auditive de ceux-ci 
(conformément à l'instruction sur l’aptitude physique). J'ai fait abstraction 
de leur aptitude générale modifiée ou non par une impotence. étrangère à 
leur surdité, ou surajoutée à celle-ci, pour l’exagérer en apparence (troubles 
névropathiques commotionnels). Ces résultats ont été : 

Fosilils dans ms nr crues reel rm 84 cas 
Négalifs ou insuffisants Fr ss: dt Core 16 cas (!) 


A. Au point de vue médical pur, et par divisions des sourds d’après la 
cause de leur infirmité, le classement des résultats devient : 


° Otites moyennes cicatricielles traumatiques : 


2° Commotions labyrinthiques : 


Cas RO ER ER SEP PP A BR NRA, SRE. 
Résultatéipositifet sin eo. UNE SK UUAN T SU 930 9 
Résultats néalifsi lontnos. ai le. sapri oih- til. 7 2 


3° Otites moyennes cicatricielles et commotions labyrinthiques simul- 
tanées : 


(1) Gette Note a été lue et approuvée par le Directeur du Service de Santé de la 
8e région. í 


SÉANCE DU 4 SEPTEMBRE 1916. 245 


Gus traité. ie SUN. SES DOM 59 
Résuliats: DOME Tr 50, ue PR A Ne Le 46 
Résultats méme Sas eu van mel dirt 2, RON M cet 13 


4° Surdités organiques non traumatiques : 


Rd dun eo ee ee 9 
Rise poils ses de ed dde 8. 
Bismitat nHébatilis à a Se LE TT Lo aa lee I 


B. Au point de vue militaire eten ne considérant que l'aptitude auditive 
des hommes avant et après traitement, le classement des 84 résultats posi- 
tifs se fait ainsi : 


Aptes, après traitement, au service armé....: PT DATE Eee e 5a 
Aptes, après traitement, au service auxiliaire................ -29 
Hommes à réformer Malgre le résultat positif et utile poureux. 3 


L’aptitude antérieure de ces malades était la suivante : 


N Hommes sortis aptes au sérvice armé ( 52) - 


Étaient proposables pour la réforme..........,...,...,..,... 16 
Étaient aptes SUX servicos AUXIDRIFES., ee. 30 
Étaient HEJA aptes RU SOFPIDE ATMÉ,. 5.0. vero coûte 6 


2° Hommes sortis aptes aux services auxiliaires a 29): 


Étaient proposables pour la réforme....... TEIAS ARGIS PE 
Étaient déjà aptes aux services auxiliaires. ................. 4 


Conclusions. — Le traitement de la surdité par la méthode de Minis est 
utile au point de vue militaire, au point de vuc financier, au point de vue 
social : 


1° Au point de vue militaire, en récupérant pour l'armée des hommes 
qui, sans ce traitement, eussent été perdus pour elle. 
2° Au point de vue series, en supprimant ou ën diminuant des eh: 
dités par surdité de guerre, done les gratifications et pensions qui en 
résultent. En particulier, dans Ja 8° LE ce fait a été constaté nettement 
par la Commission médico-légale. 

3° Au point de vue social, en conservant à de re individus la 
possibilité après la guerre, en cas d'absence” de nouvelle blessure, de 
reprendre leur profession antérieure souvent incompatible avec la surdité. 


C. R., 1916, 2° Semestré. (T. 163, N° 10.) 34 


246 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


MÉDECINE. — Les causes des troubles observés après l'injection des produits 
du groupe de l’arsénobenzol et les crises anaphylactiques.: Note. (') 
de M. J. Daxysz, présentée par M. Roux. 


On observe quelquefois, après l'injection intraveineuse d’un produit du 
groupe de l’arsénobenzol (galyl, luargol, etc.), des phénomènes d’intoxica- 
tion: plus ou moins alarmants : troubles gastro-intestinaux, congestions, 
dyspnée, urticaire, tremblements, crises convulsives, céphalées, aceom- 
pagnés ou non d’élévations de température plus ou moins marquées. 

Les travaux publiés sur cette question par MM. Queyrat, Darier, Milian, 
Ravaut, se Ch. Fleig etc. ainsi que quelques observations person- 
nelles, m'ont donné l’idée de quelques expériences dont voici le résumé et 
les conclusions : 

Tous les produits mono- ou disodiques du groupe de l'arsénobenzol ainsi que 
les composés arséniophosphorés se troublent et donnent des précipités en 
présence du chlorure de sodium, des oxalatés, carbonates, sulfates et surtout 
des phosphates alcalins et magnésiens. Dans certains cas l’action est pure- 
ment catalytique, dans d’autres il y a de véritables combinaisons. Certains 
de ces précipités peuvent se redissoudre dans le même liquide, d’autres 
restent insolubles même dans un excès de soude. Leur formation peut être 
retardée ou empêchée dans certains cas par la présence du sérum sanguin, 
du sucre ou de la glycérine ; elle peut être accélérée dans d’autres (glycéro- 
phosphate de chaux par exemple). 

La formation pras ou moins rapide de tes précipités dans les solutions 
fait apparaître le même produit plus ou moins toxique pour les lapins. 

Ainsi, quand on injecte dans la veine du lapin une solution qni,se trouble dans la 
solution de Na Cl pur à 8 pour 100v èn moins de 16 minutes, on provoque toujours chez 
l'animal une crise convulsive immédiate et mortelle à la dose de 0'f,20, très grave mais 
pas toujours mortelle à la dose dé o°#,10, une simple dyspnée accompagnée de diarrhée 
et quelques soubresauts convulsifs à la dose de 0°5,05. Ce derniér lapin supportera très 
bien quelques heures plus tard 0°#,20 du même produit un peu plus alcalinisé, lequel, 
grâce à cette addition de soude, ne se troublera dans ce même -milieu qu ‘après 5 
à 6 heures. Ch. Fleig a constaté, à l’autopsie des lapins morts d’une de ces crises 
aiguës, la présence des précipités dans les capillaires du poumon ; nous avons pu con- 
firmer ce fait, de sorte qu'il. pese d'affirmer que les troubles qui rs 


(') Séance du 21 août 1916. 


SÉANCE DU ģ SEPTEMBRE 1916. 247 


immédiatement, ou- quelqnes heures après l'injection, ont pour cause la formation 
d’un précipité dans le courant circulatoire, 


Les différences des symptômes ohservés peuvent être exphiées par les 
différences de localisation du précipité, et ces différences de localisation 
doivent être elles-mêmes déterminées par les différences de la richesse du 
sang en certains sels (temporaire ou constante) dans la muqueuse îintes- 
tinale, la peau, le rein, le cerveau, le poumon. Dans ce dernier, lacide 
carbonique doit jouer un rôle important. 

Cet ensemble de troubles on le retrouve ot éeist le même dans 
les crises anaphylactiques, et il serait difficile de trouver un ensemble de 
conditions expérimentales plus appropriées que celles que nous venons 
de faire avec le luargol, pour prouver que, dans une crise anaphylactique 
active ou passive, c’est le précipité qu est le principal agent des manifestations 
pathologiques. Dans les deux cas il y a les mêmes symptômes, les mêmes 
causes (formation des précipités ín viro et in vivo), les mêmes moyens 
d'éviter les crises par des anesthésiques ou les vasoconstricteurs, ainsi que 
cela a été démontré par MM. Roux et Bezredka pour l'anaphylaxie et par 
M. Milian pour les crises nitritoïdes. 


Conclusions. — 1° Les tromboses, -phlébites et autres accidents locaux 
des veines inj ectées, s'ils ne sont pas dus à des fautes de technique, peuvent 
être produits par une hyperalcalinisation des solutions. 

2° Les accidents d’allure générale, vomissements, diarrhées, frissons, 
céphalées, élévations de température passagères qui peuvent se produire 
quelques minutes ou quelques heures après l'injection, ainsi que les crises 
‘nitritoides de M. Milian, ont pour cause la vasodilatation ainsi que la for- 
mation d’un précipité et son arrêt temporaire dans les capillaires. | 

3°. La rapidité de l'apparition de ces crises et le degré de leur gravité 
dépendent de la dose du produit injecté et de sa concentration. En augmen- 
tant la dose, on augmente le volume du précipité ; en augmentant la concen- 
tration, on ARE ve sa formation et l’on augmente le volume et la densité des 
grumeaux. Une alcalinisation suffisante des produits permet d'éviter l'appa- 
rition des crises nitritoides et autres troubles, chez les individus dont la 
composition moyenne du sang est normale. Pour éviter les ennuis de la 
soude dont la conservation au même titre est toujours très difficile, il serait 
préférable d'utiliser surtout les produits disodiques préparés d'avance. 

4° En admettant une alcalinisation suffisante on peut favoriser la forma- 


. 248 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


tion des précipités par la présence dans les dissolvants du sel marin et 
surtout des phosphates, carbonates, sulfates, oxalates et chlorures alcalino- 
terreux et magnésiens. 

5° On peut retarder la formation des précipités, et par cela même 
diminuer la gravité des crises nitritoides. ou anaphylactiques, par les 
moyens suivants : 

a. En prolongeant la durée des blieetions et en les faisant en sblnéos 
très diluées ; b. En préparant les dilutions dans des solutions isotoniques de 
sucre ou de glycérine qui retardent la formation des précipités dans la 
plupart des cas; c.En injectant en même temps des anesthésiques ou des 
vasoconstricteurs. 

6° Les composés neutres des produits du groupe d'arsénehenxah les 
néo ou novo arsénobenzols, etc. ne précipitent pas en présence des chlo- 
rures, sulfates et carbonates, mais précipitent en présence de certains 
phosphates. Ces produits ne provoquent donc des crises rapides que dans 
des conditions exceptionnelles, mais leur emploi donne lieu relativement 
plus souvent à des accidents tardifs plus graves. 

7° Pour les produits du groupe de l’arsénobenzol, la praseta d’ un 
précipité non ou peu nocif, qui se manifeste par de troubles légers 
1 à 6 heures après l'injection, est une condition essentielle de leur epR 
thérapeutique, le facteur « temps » joue ici un rôle important. 

Les produits sodiques sont donc plus actifs que les produits neutres 
(novo) et quand ils sont bien préparés et injectés avec les précautions 
nécessaires, sont moins dangereux que les produits neutres. En effet, 
comme pour obtenir la même action curative on est obligé d’injecter les 
produits neutres à des doses deux ou trois fois plus considérables, alors, 
quand pour une cause ou une autre ils seront retenus dans l’organisme 
et produiront des précipités ou des composés Log pet ils causeront des 
accidents plus graves que les produits sodiques. 

8° Toutes choses d’ailleurs égales, il semble que les composés qui pro-- 
duiront les mêmes effets curatifs par les doses ARNAR les plus ponme 
seront aussi les moins dangereux poer les eppi 


SÉANCE DU 4 SEPTEMBRE 1916. 249 


MÉDECINE. — Préparation, propriétés et avantages d'un vaccin Rage 
Note (') de M. L. Camus, présentée par M. E. Roux. 


Un progrès iréédinporsailt dans la diffusion de la vaccine a eu pour point 
de départ l’emploi de la pulpe glycérinée, et c’est aussi grâce à ce produit 
que la loi du 15 février Ar r la vaccination obligatoire s’est trouvée 
facilement applicable. 

Depuis son origine la technique des préparations glycérinées de vaccin a 
été très peu modifiée, elle est assez simple : elle consiste à broyer puis à 
tamiser la pulpe qui a séjourné un certain temps dans la glycérine. Les 
améliorations dont ce produit a bénéficié sont, pour une faible part, la 
conséquence d’un traitement mécanique plus soigné; elles tiennent surtout 
à un choix plus rationnel des semences, à une meilleure qualité des TA 
utilisées, enfin à une purification bactériologique mieux étudiée et à 
contrôle plus renouvelé de l’activité spécifique. 

L'analyse chimique quantitative ne révèle que de très slégèrés variations 
de composition entre les vaccins délivrés par les Instituts producteurs, mais 

-l'examen physique fait quelquefois reconnaître d'assez notables différences 
dans la finesse et le nombre des particules solides en suspension dans la 
glycérine. On peut, parmi celles-ci, constater la présence soit de débris 
épidermiques avec de nombreuses cellules intactes, soit de poils en quantité 
plus ou moins grande, soit encore d’agrégats fibrineux plus où moins com- 
plexes et plus ou moins volumineux. L'importance de cette observation 
n’est pas capitale en ce sens qu elle ne permet pas de prévoir que ¥ activité 
d'un produit laissera beaucoup à désirer; cependant, une préparation 
remplie de fragments volumineux est toujours critiquable car elle se prête 
mal aux recherches scientifiques et n’est pas sans inconvénients dans la 
pratique courante, p 

Préparation. — Pour débarrasser le vaccin des corps étrangers qu’il renferme et 
pour lui donner plus d’homogénéité, il suffisait de tenir compte des anciennes et 
géniales observations de M. Chauveau, qui ont démontré que le virus vaccinal est 
un agent figuré, et aussi des expériences de filtration qui indiquent que ce virus doit 
se classer parmi les plus petits organismes. À la lumière de ces notions j'ai été conduit, 
Pour réaliser une préparation homogène et active, à employer une méthode courante 
en phy siologie expérimentale, la sédimentation fractionnée. 


rs 


~ (9) Séance du 28 août 1916. 


250 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


De même qu’on retire du sang ou de certaines émulsions les éléments les plus 
petits qu’ils renferment, de même j'ai pu extraire des préparations vaccinales leurs 
plus fines granulations. A cet effet, la pulpe ‘convenablement broyée et tamisée est 
diluée dans trois ou quatre fois son poids dé sérum artificiel. Par une première 
centrifugation courte et rapide on élimine d’abord les particules lés plus denses et les 
moins bien broyées, puis; après avoir diminué la stabilité dela dilution par le passage 
d'un courant d'acide carbonique, on récupère le reste du produit par une deuxième 
centrifugation, Le précipité fin recueilli sans délai est soumis au vide, et quand tout 
dégagement gazeux a cessé on le traite par la glycérine qui donne une préparation 
stable et homogène. 

Voici les principaux caractères du vaccin que j'ai obtenu par cette méthode : 


Caractères physico-chimiques de la préparation. — Une pulpe glycérinée homo- 
gène, qui renferme de 5 à 10 pour 100 d’extrait sec et 5o à 60 pour 100 de glycérine, 
‘se montre tout à fait satisfaisante pour les usages ordinaires. Cette préparation est de 
couleur blanchâtre ou blanc jaunâtre, elle est assez fluide, elle se conserve bien et se 
montre assez résistante à la sédimentation spontanée. Sa densité peut osciller de 1,140 
à 1,200. Elle est neutre au tournesol, Elle ne se congèle pas au frigorifique à — 15° et 
peut y être gardée longtemps en réserve sans se modifier. Les dilutions dans l’eau 
salée coagulent par le chauffage et par l’action de l'alcool, elles sont précipitées par 
les acides et solubilisées par les alcalis. Au microscope on ne découvre dans le vaccin 
homogène aucune cellule épidermique intacte, on ne constate la présence que de 
détritus protoplasmiques où nucléaires et aussi d'éléments microbiens. Diluée dans 
l’eau glycérinée, l’eau salée physiologique ou le bouillon ordinaire, la pulpe homo: 
gène se différencie instantanément des préparations ordinaires de vaccin; il. ne 
se forme aucune granulation décelable directement à l'œil nu, et le liquide, après une 
légère agitation, devient opaque d'une façon uniforme et assez stable. Les parois du 
tube de vaccin homogène qui vient d’être vidé sont lisses et ne retiennent aucun frag- 
ment de pulpe. 


Propriétés bactériologiques.— Uu vaccin homogène, fraîchement préparé, se montre 
aussi riche en microbes adventices que le vaccin obtenu suivant la techique ordi- 
naire, mais comme on devait s’y attendre, il se purifie beaucoup mieux et beaucoup 
plus régulièrement, ïl est plus sensible à l’action de la glycérine et des différents anti- 
septiques, C’est une loi générale qu’une dilution donnée se stérilise d'autant mieux 
qu'elle est plus dégrossie et constituée d'éléments plus petits. 


Activité spécifique. — Soumis au contrôle ordinaire, le vaccin homogène présente 
_ une activité comparable à celle des meilleures pulpes glycérinées, Ensemencées sur la 
peau Le te rasée d’un lapin et étalées ie une pipette, suivant la technique 
que j'ai recommandée, des dilutions à -—, +, ,,, donnent une confluence complète 
des éléments si Pon emploie o™*,3 de ces dilutions pour des surfaces de Tas à Gos] 
La muqueuse naso-labiale iBéateé par piqüres avec une dilution à 4 donne 
100 pour 100 de très beaux éléments. 


Conservation du vaccin homogène. — D'après ce qui.vient d’être dit de la sensibi- 


SÉANCE DU./ SEPTEMBRE. 1916. 251 


lité de cette préparation aux agents antiseptiques et en particulier à la glycérine, on 
devait craindre qu’un affaiblissement marqué de son activité ne se produisit rapide- 
ment; il n’en est rien, à basse température la virulence de ce vaccin se conserve pen- 
dant fort longtemps, et à la température-ambiante elle pessiste de façon suffisante pour 
donner satisfaction aux besoins ordinaires du laboratoire et de la pratique médicale, 
Toutefois, il est bon de rappeler que les préparations vaccinales sont toutes très fra- 
giles, quand elles sont pures et qu'il faut redouter l'élévation de la température qui 
leur est toujours plus ou moins funeste. La stabilité d’un vaccin homogène bien préparé 
ne laisse rien à désirer au point de vue de sa durée}ÿai conservécertains échantillons 
dans des tubes ordinaires praca voee et Les sédimentation n était pas encore 
décelable après plusieurs mois. = j 


Avantages du vaccin homogène. — Une dooien de pile oncle présente 
un double avantage : celui de permettre des études biologiques plus précises et celui 
de donner à la pinset våccinale añ Frs oduit plus NE et aussi plus sûrement 
actif. 

Le vaccin homogène jarib i se prête mieux que le vaccin oiite aux “dilutions 
exactes, celles-ci sont surtout nécessaires lorsqu'il s’agit de graduer l'activité du 
virus ou d’éprouver l’état d'immunité de l'organisme; elles sont également fort utiles 
pour l'étude de la réaction des à et oe la rechäçehe de la déviation du com- 
plément, 

Dans la pratique courante Pho opinó du vaccin un) les résultats plus compa- 
~ Fables entre eux; on ne risque pas, dans le remplissage des tubes capillaires ou dans 
l'extraction de bis contenu, de déterminer une séparation, voire même une véritable 
filtration des parties actives comme cela se produit. aveé certaines préparations de 
pulpes ordinaires, 


En somme, pour les études biologiques comme pour l’emploi médical, 


le vaccin homogène a sur le vaccin ordinaire une supériorité très appré- 
oibie. 


La séance est levée à 15 heures trois quarts. 
G D: 


252 ACADÉMIE DES SCIENCES. 
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


OUVRAGES REÇUS DANS LES SÉANCES DE JUIN 1916 (suite). 


Les traitements hydropathiques complexes, par F. Garrigou. Paris, LAPEMSE 
de la Bourse du Commerce, 1916; 1 fasc. in-12, (Présenté par M. A. Gautier 

Le diabète sucré chez les Japonais et son étude comparative avec le diabète 
observé en Europe et en Amérique; recherches cliniques et expérimentales, par le 
D: Tezo Iwar, traduit par le D: J. Le Gorr. Extrait des Archives de Médecine expé- 
rimentale et d'Analomie Pas LU t. AVE. Paris, Masson, 1916: 
1 fasc. in-8°. 

Nouveau genre de Musaraignes dans les du, miocènes + la Grive-Saine 
Alban (Isère), par CL. Gaitrard. Extrait des Panan de la Société hifndense de 
Lyon, t. LXII, 1915, p. 83-98. 

Les concours beurriers cantonaux et le syndicat d'élevage de la race barili 
normande pour l'amélioration et la sélection des taureaux et des vaċhes, ‘par 
CuarLes Fasquezce. Paris, Baillière, r910; 1 fase. in-8°. ; 

Constitution métamériquė de- l'insecte, par Cu: Janet: Extrait du Bulletin de la 
Société De m suisse, 1. Xì, fasc. 7/8, 1915. 


( À suivre.) 


ERRATA. 


pae 


(Séance du 21 aoùt 1916.) 


Note de MM. Dhéré et Vegezzi, Influence exercée par le degré de ré- 
duction, etc. : 


Page 210, ligne 13, au lieu de (toujours avec l’hydrosulfite de la solution alcoole- 
aqueuse d’hématine pure), en milieu..., lire (toujours avec l'hydrosulfite) de la 
solution alcoolo-aqueuse d’hématine pure en milieu... 


à 
LS D 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 11 SEPTEMBRE 1916. 


PRÉSIDENCE DE M. CamiLe JORDAN. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. 


M. le Secréraire PERPÉTUEL annonce à l'Académie que le Tome 160 
(janvier-juin 1915) des Comptes rendus est en distribution au Secrétariat. 


MINÉRALOGIE. — La constitution des roches volcaniques de l’Extréme Nord 
de Madagascar et de Nosy be; les ankaratrites de Madagascar en général. 
Note (') de M. A. Lacroix. 


La nature des laves rejetées par les volcans de l’Archipel des Comores 
étant établie (2), je me propose de pesiser celle des produits des deux 
régions volcaniques les moins éloignées, c’est-à-dire de l’ Extrême Nord de 
Madagascar, situé à environ 400*™ (E.-E.-N.) de Mayotte et de Nosy bé 
distante d’un peu plus de 300% (E.-E.-S.) de la même île. 

L’Extrème Nord de Madagascar est formé par le Bobaomby; séparé par 
la baie de Diégo-Suarez du Massif d’Ambre auquel il est réuni par un long 
isthme dentelé. Cette région est la mieux connue de la Colonie au point de 
mae géologique, grâce aux travaux de M. Paul Lemoine (° ) à à l'obligeance 
duquel je dois tous ceux des échantillons étudiés que je mai pas recueillis 
moi-même, 


a 


(*) Séance du 4 septembre 1916. 
() Comptes rendus, t. 163, 1916, p. 213. 
(°) Études géologiques dans le nord de Madagascar. Paris, 1906. 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 11.) 35 


254 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Les éruptions volcaniques du Bobaomby sont datées ; des coulées basal- 
tiques, associées à des tufs, sont intercalées dans des calcaires que 
M. Lemoine considère comme aquitaniens. Ces basaltes sont feldspathiques 
et se trouvent à l'extrême limite des types essexitiques. Dans l’isthme 
d’Andrakaka et dans le voisinage, les sédiments du Crétacé supérieur sont 
traversés ou recouverts par des filons ou des coulées d’une phonolite tin- 
guaïtique. 

Le Massif d'Ambre consiste en un vaste socle de coulées et de tufs basal- 
tiques, accompagnés de quelques limburgites et aussi de roches hololeuco- 
crates, malheureusement fort altérées : rhyolites à plagioclases, trachytes 
à anorthose et enfin trachytes à ægyrine néphélinifères ('). Sur ce socle, 
se dressent des cônes de scories, à cratère parfois rempli par un lac; des 
coulées sont descendues dans toutes les directions du massif au fond des 
vallées actuelles. Pour n’être plus en activité, ces volcans n’en sont donc 
pas moins fort récents. Dans leurs tufs, se rencontrent de gros cristaux de 
hornblende et de ferropicotite d’origine magmatique, de zircon rouge 
orangé et de corindon bleu, empruntés à un substratum granitique invi- 
sible. 

Les analyses suivantes donnent une idée de la composition des laves de 
ces deux massifs : a. Basalte doléritique de Befamoty (la Table), Bobaomby, 
IIL/6.3.4; — b. Basalte essexitique, Rivière des Maques entre le camp 
d’Ambre et Antongombato (Massif d'Ambre), IIL.6.3.4; — c. Tinguaïte, 
Andrakaka, 1’.6.1.4 : ces trois analyses ont été effectuées par M. Boiteau. 
N'ayant pu faire analyser les trachytes néphélinifères trop altérés, je 
donne en 4 la composition d’une roche identique, mais à plus gros grain 
(sôlvsbergite néphélinifère) de Nosy Kivanjy, près de la pointe d’Amba- 
vatoby, IL.5.1.4; cette analyse, comme la suivante, est due à M. Pisani; 
— e. Rhyolite, entre Ampombiantombo et Bibasoaka (Massif d’Ambre), 
eae 


(*) Je distingue les roches pauvres en néphéline (appartenant à l’ordre 5) par le 
qualificatif de néphélinifère, par opposition aux roches néphéliniques, dans lesquelles 
la proportion de la néphéline exprimée est plus élevée. 


SÉANCE DU 11 SEPTEMBRE 1916. 255 


a. b. C3 d, e. 
SIORNANS LFB: TET.” 45,730 : 45,80 54,97 60,20 77,31 
MP oc:lyiats a 168503 14,06 21:46 15,85 10,63 
Bet E uaa 2,84 5,16 2,28 2,99 0,91 
Fee EPERE? 9,10 7:99 1,02 3,60 (!) 0,68 
Mae oo a 10,80 6,96 0,33 1,65 1,21 
COR CNT SAN A99 11,07 9,25 1,65 2,7 0,76 
NEO IBAT. AE 3 114 4,67 8,87 7, 38 3,09 
RO ST em 1,43 2,38 6,15 3,84 +438 
MURS a CAES CIEE. à 1,99 217 0,30 0,39 0,07 
de de À 0,45 0,89 0,14 0,07 » 
UE obn o 5S3 Voi 0,31 

s ; r 200 1,80 

» au rouge. 1,12 0,99 ‘14,46: "1 


100,30 99,96 99,78 100,16 99,75 


On remarquera la grande analogie que présente l’ensemble de ces roches 
avec celles des Comores, maisici la différenciation a été poussée plus loin et 
a fourni un type hololeucocrate très acide, qui n’existe pas dans l'archipel. 
Par contre, je n’ai rencontré aucune lave très mélanocrate, telle que les 
ankaramites et les ankaratrites de la Grande Comore; mais un terme 
extrême de différenciation basique ne manque pas en profondeur, si l’on en 
juge par l'abondance des nodules à olivine se trouvant dans les scories 
basaltiques des cônes qui bordent la route des Placers dans le Massif 
d’'Ambre. 

L'ile de Nosy bé renferme dans ses parties nord et sud-est des sédiments 
calcaires et gréseux liasiques, traversés et métamorphisés par des filons et 

des intrusions de roches granitiques et syénitiques alcalines à rattacher à la 
série, si abondante en types intéressants, qui se développe au sud de la baie 
d'Ampasindava. C’est sur le bord occidental de ces formations sédimen- 
taires que se rencontrent les volcans qui ont édifié la plus grande partie de 
l’île de Nosy bé; ils sont essentiellement de nature basaltique et ont été 
émis par des éruptions explosives dont les cônes à cratère sont aussi bien 
conservés que ceux du Massif d’Ambre; elles ont, elles aussi, donné des 
coulées épanchées dans les vallées actuelles. 

Le caractère essexitique ou même théralitique de ces roches basaltiques 
est des plus caractérisé : on y remarque des types feldspathiques contenant 
quelquefois une matière incolore isotrope, mais il existe aussi de véritables 


néon sn mis nn à” 


(1) Y compris MnO = 0,40. 


256 . ACADÉMIE DES SCIENCES. 


limburgites, dans lesquelles il ne se trouve plus de feldspath et où la 
substance isotrope est très probablement constituée par de l’analcime. 

Enfin, il faut signaler encore des laves extrêmement riches en péridot, que 
je désigne sous le nom d’ankaratrites picritiques et sur lesquelles je vais 
revenir plus loin. 

Le seul cas de différenciation au observé consiste en une rhyolite holo- 
cristalline, hololeucocrate, riche en quartz, de l'ile Sakatia; elle peut 
presque être considérée comme un microgranite à grain très fin. 

Les analyses suivantes ont été faites, a et d par M. Pisani, b et c par 
M. Boiteau : a Basalte essexitique, Ampombilava, IIL.6.3.4(5); — b Lim- 
burgite, île Sakatia, IIL.6.'3.4; — c Ankaratrite picritique, Kalompona, 
[1V.6.3.4]1V.1.3./2.2; — d Rhyolite, île Sakatia, [.4.1 (2).3 


a. b. t a. 
O N 43,79 43,03 43,30 71,80 
APOE Tei eN 15,90 13,79 8,57 14,03 
For srioisiss. 2,00 5,98 1,1 1,04 
BeQatss ren liuns 7,89 7,29 9 a:r(1): 2506 
M, sine - 9,34 6,58 21,20 0,43 
in a 11,10 11,80 9,49 0,90 
NPO o. RARE 3,38 3,38 1,91 3:30 
EOE N AAN! 0,75 2,20 1,07 5,69 
TO SEE À 568 +4,46; aa 1,74 0,29 
Oiseau 0,07 0,76 0,13 0,26 
HO roD 54 ba 0,66 0,26 

3,10 : 2,00 ; 
» au rouge . ... ! | 1,87 ; ) 1,04 
100, 14 99,62 100,13 100,16 


Dans les deux séries qui viennent d’être passées en revue, toutes les 
roches sont dosodiques (prédominance en poids de la soude sur la potasse), 
à l'exception des termes hololeucocrates les plus acides, qui sont sodipo- 
tassiques : c’est là une particularité qui se retrouve dans la province 
d’Ampasindava. Les laves de Nosy bé doivent être rattachées à cette même 
province, les limites de cette Note ne me permettent pas d’insister sur cette 
question que je discuterai ultérieurement. 


_ Je désire en terminant donner les caractéristiques des roches que je 
désigne sous le nom d’ankaratrites; elles sont au plus grand nombre des 


(1) Y compris MnO = 0, 40. 
e 


SÉANCE DU 11 SEPTEMBRE 1916. 257 


basaltes néphéliniques ce que les ankaramites sont aux basaltes feldspa- 
thiques; elles en constituent les types les plus mélanocrates. Les roches 
désignées Jusqu'ici sous le nom de basaltes néphéliniques (néphélinites à oli- 
vine) sont en effet très différentes les unes des autres au point de vue de 
leur composition quantitative. La plupart d’entre elles (') sont mésocrates, 
ou moyennement mélanocrates; le calcul de leur composition virtuelle met 
en évidence une quantité souvent considérable de feldspaths, de telle sorte 
que dans ce cas elles sont de véritables hétéromorphes des basaltes théra- 
_litiques et des téphrites à olivine (IIL.6.3.4); leurs formes grenues corres- 
pondent aux fasinites (°?) (bekinkinites). Par contre, les ankaratrites sont 
caractérisées par l'extrème prédominance des éléments ferromagnésiens, 
olivine en phénocristaux, augite titanifère existant en totalité ou en partie 
seulement sous forme microlitique, ilménite et souvent perowskite, biotite; 
la néphélinene comprend guère plus de 10 à 15 pour 100 de la roche; elle est 
accompagnée très fréquemment par de la mélilite; mais dans tous les gise- 
ments malgaches que j'ai étudiés, ce minéral, qui est souvent assez abon- 
dant, ne se rencontre jamais d’une façon constante dans une même coulée; 
c'est ce que j'ai pu constater notamment à Laona, dans l’Ankaratra, et 
à Amparafaravola, dans le pays Sihanaka. D'ailleurs, ainsi qu’on peut s’en 
assurer par la comparaison des analyses c et c’, l'apparition de la mélilite 
n'est la conséquence que de très minimes variations dans la composition 
chimique. 

Les ankaratrites présentent des variétés limburgitiques, dans lesquelles 
la néphéline est remplacée par un minéral incolore, monoréfringent; au 
sud d’Ambato sur la Grande Terre, au sud de Nosy bé, cette matière ren- 
ferme des inclusions ferrugineuses en couronne, qui font penser à la 


(*) C’est à ces roches que je conserve le nom de basaltes néphéliniques : les lim- 
burgites en sont des variétés dans lesquelles la néphéline est remplacée par du verre 
ou de l’analcime. 

(?) Je désigne sous le nom de fasinite, d’un des radicaux entrant dans la composition 
d'Ampasindava (any fasina lava), la roche grenue formée d’augite et de néphéline 
avec un peu d'olivine, de biotite, d’apatite, quelquefois d’orthose, d’Ambaliha que 
j'ai décrite jadis sous le nom d’ijolite : Rosenbusch a proposé de l'appeler bekin- 
kinile, mais cette appellation peut prêter à l’équivoque, les roches du Bekinkiny consti- 
tuant un type, quelque peu différent, auquel cette dénomination pourrait être main- 
tenue (les bekinkenites, comprises dans ce sens, sont des fasinites généralement 
plagioclasiques, toujours riches en hornblende, avec une partie des minéraux blancs 
transformés en Loan a à 


258 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


leucite; dans une Note précédente, j'ai donné l'analyse d'une roche du 
même genre provenant de la Grande Comore. 

Les ankaratrites constituent dans l’Ankaratra les plus récentes des 
grandes coulées descendant des hauts sommets. Elles existent aussi dans le 
Valalafotsy, à Amparafaravola et, sur la côte orientale, au sud de 
Vohémar et près de Mahanoro. 


Analyses des ankaratrites. — a. Sommet du Tsiafajavona (M. Boiteau) 
[1V.(7)8.(2)(3).'4] IV.2.(2)3.2.2; — b. Laona (type à mélilite), 
[1V.7.3.41'IV.'2.(3).2.2 ; -- c. Amparafaravola (type amélilite) ; — c. Id. 
(type sans mélilite), DEF 7.3.(3)4]IV.(1)2.3.2.2; — d. Mahanoro 
[17.'8.(2)(3).'4] Ne) 2.3.2.2; — e. Ankaratrite limburgitique, sud 
d’Ambato, [1V.'6.4.41IV.2'.2. 2.2 (M. pe 


a. b, ĉ: d, er 
SIOS- Lo. 38,74 39,02 38,70 R 6h 39,01 41,34 
APOP: ve nn 11,30 11,09 8,30 9,91 7,93 12,87 
Fer CO '2E8,4 4,28 3,52 4,14 2,50 4,53 4,28 
FeQiuc:. omh 7:71 6,65 8,10 8,79 7,83 8,80 
Mg Ovitgsa ses 11,97 14,33. 16,97 14,76 17,82 11,16 
Co. 14,43 15,30 14,70 14,60 14,25 13,79 
OLIS -i 3,02 2,24 2,62 1 ,86 1,96 1,42 
ROSES 1,92 1,38 1,72 1,68 1,54 0,71 
FOSC, 3,30 3,37 3,20 3,33 3,21 3,00 
POS a 1,77 1,23 0,70 0,60 1,14 0,84 
Hi Okro. vel 060 0,36 0,07 0,42 0,19 0,22 

» aurouge. 1,28 1,7 0,75 2,12 0,85 : 1,99 
100, 32 100,14 99 ; 97 100,21 100,26 99,78 


On voit d’après cette composition que la forme holocristalline grenue 
des ankaratrites doit être une variété de pyroxénite péridotique, avec ou 
sans un peu de néphéline, une sorte de jacupirangite à péridot. 

Quant à l’ankaratrite de Nosy bé, que j'ai qualifiée plus haut de picri- 
tique, elle se distingue du type qui vient d’être défini, plus fréquent, par 
une quantité beaucoup plus grande de magnésie et par une réduction de 
la teneur en chaux, ce qui entraîne une grande prédominance de l’olivine 
sur le pyroxène. Cette roche joue donc par rapport aux ankaratrites le 
même rôle que les picrites feldspathiques vis-à-vis des ankaramites dans la 
série des basaltes feldspathiques mélanocrates. Elle constitue un terme de 
différenciation Mitra-basique qui, dans le magma profond de Nosy bé, se 
poursuit jusqu’à des dunites dont les fragments abondent en plusieurs 
points de l’île sous forme de nodules à olivine. 


SÉANCE DU 11 SEPTEMBRE 1916. | 259 


M. C. pe La Varrée Poussix.fait hommage à l’Académie d’un Ouvrage 
intitulé : /rtégrales de Lebesgue, Fonctions d'ensemble, Classes de Baire; 
Leçons professées au Collège de France. 


CORRESPONDANCE. 


M. le Secrérame perrérueL signale, parmi les pièces imprimées de la 
Correspondance : 

1° DÉPARTEMENT DE LEURE. pépins du Conseil départemental d'Hygiène 
publique et de Salubrité et des Commissions sanitaires. Année 1914. 

2° Bases théoriques de l’ Aéronautique. Aérodynamique, Cours professé à 

F École impériale technique de Moscou, par N. Jourowskr. Traduit du russe 
par S. Drzewiecki. 

3° Une Notice bibliographique sur le Tome II (an 1804-1807) des 
Proces-verbaux des séances de l Academie des Sciences tenues depuis la fonda- 
. tion de l’Institut jusqu'au mois d'août 1835, par M. A. BouLAaNGER. 


THÉORIE DES NOMBRES. — Sur une nouvelle Table de diviseurs des nombres. 
Note de M. Enwesr LEBox. 


J'ai honneur de présenter à l’Académie une extension de la méthode 
exposée à la fin de ma précédente Note (Comptes rendus, t. 162, 1916, 
p- 346) pour amener un nombre composé K; (KB) à avoir ses 
facteurs premiers dans deux nombres du Tableau #;1 (k< B), par 
Suite, dans mure de cas, pour obtenir ces facteurs sans posséder le 
Tien K ; 


1. Soit donné un nombre x; I compris entre B et B? et premier avec B. 
Le nombre (x; 1) T, T étant tel que IT = #; 1, est dans le Tableau 1 et a 
pour caractéristique K = al + k. Soit K > B. Un nombre ® < B est un 
diviseur de æ; I si, e, étant la caractéristique de ®,, la différence K — £, est 
divisible par ®,. Les calculs se font en se servant du Tableau k; 1. On est 
conduit à chercher de même si K — £, est divisible par ®,, ou à se servir 


de W—(x;1):®,. 


260 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Pour trouver des facteurs premiers d’un nombre x; I, ce procédé est 
beaucoup plus rapide que le procédé classique. Par exemple, soit - 


ay 1—13136 089 — 437; 13 897. 
Le T ableau I'= 1 donne 
F= 10463, K — 4835; d’où K= a -+ k= 4577 166; 
aŭ 92° essai, je trouve que K — 200 est divisible par 2027; donc 
Ø — 2027, W 6481. 

Par le procédé classique, c’est seulement au 303° essai de nombres pre- 
miers à partir de 17 que l’on reconnaît quea; I est divisible par 2027; de 
plus, on est obligé de faire les divisions avec a; > K. 

2. A présent, soit à résoudre le problème général suivant : 


Étant donné le nombre œ; I compris entre B et B° et premier avec B, trouver 
un nombre B; U tel que le produit (a; 1) (B; T°), qui est dans le Tableau 1, 
soit égal au produit (£; 1) (0; 1) de deux nombres du Tableau k; 1 et, par 
suite, avoir les facteurs premiers de a; I et de 6; T. 


Je suppose que «; T soit composé; on peut alors écrire 
a; 1=®.Y, avec Ocb, W2B. 
J'appelle ọ' et Ÿ les indicateurs tels que 
: Do'—e; Do RU Mas 
d’où il résulte que l’on peut écrire 
Gb Bairros E étant = kbi: 
Entre les paie à des produits é égaux (a; 1)(6; T ) et (e; 1)(9; 1) 
on a l'équation 
(1) (a; 1) +l a+ k= (e; 1)9+e, 
d’où l’on tire, en tenant compte des hypothèses Dir alepieg, 
(2) ll'a+k—e=0(9'0— FB8). 


On sait trouver (§ 1) en même temps une valeur ®, de ® et la valeur 
correspondante «<B de :. De là résulte la valeur 9, de +. On 
a W,=(a;1):®,. Soit 4, l'indicateur de W,. Avec p; on trouve d'à 


SÉANCE DU 11 SEPTEMBRE 1916. 261 


l’aide du Tableau I = 1. Le produit &, Ÿ, donne la valeur 8, de B. Le 
produit W, Ÿ’ donne la valeur 6, de 6. 

Les facteurs premiers non calculés du nombre q; Let les facteurs premiers 
du nombre B,; F sont contenus dans les deux nombres e,:1 et 0,4 1. 
Ceux-ci contiennent aussi les facteurs premiers de deux autres nombres 
yiil, et, F l' tels que L, Lt, sn magie formés avec les produits 
Didi et Yo: 

A chaque valeur ®, de ® correspond une valeur £, < B de £ et, par suite, 
une série de valeurs des autres inconnues. 

Supposons que l’on n'arrive pas, avec la valeur ®, de Ọ, à trouver une 
valeur de 0 < B, ni avec une autre valeur ®, de ®,, etc. Au fur et à mesure 
des déterminations de valeurs de ®, on examine si le produit de deux 
valeurs trouvées pour ® est < B et s’il conduit à une valeur de 0 < B. 

La méthode précédente sera rapide pour construire le Tableau 1 si l’on a 
les facteurs de x; 1. Il est à peine utile de faire remarquer que, si l’on se i 
donne deux nombres £; 1 et 0; 1 du Tableau #; 1, on détermine très rapi- 
dement les quatre nombres qui en dérivent. 


3: Exemple. — Soit 
a: 1—"053014 113 + à6 4935 1193, 
Le Tableau I'= 1 donne 
l—=:6747, == 643 : d'où Va k= 476 151 347. 
Or, à €, 12 (6° essai), il y a 89 et à t, = 84 (40° essai), il y à 511 
qui sont diviseurs de æ; I. Prenant ® = 89.311 — 27 679, on trouve 

E — 17 189, p'— 18 649 — 17.1097, F = 30 847, 

q = 27163 = 23. 1181, B — 16 868, 0 — 27 902; 

Es: paz 17, -89-311:1097; ÿ; 1— 23.109. 283.1181; 

a; 1 — 89.109.283: 311, B; l'= 17. 23.1097. 1181; 

ysl 23. 89,311. 1184, d,1,— 17.109. 283.1097. 


GÉOMÉTRIE, — Sur les involutions appartenant aux sur faces algébriques. 
Note (') de M. Lucrex Gopgaux, transmise par M. Emile Picard. 


A y : à de . 1 Li Sete 2 ? 
Soit F une surface algébrique possédant une involution E,, °, d'ordre 
premier », douée d’un nombre fini de points de coïncidence. Nous savons 


(*) Séance du 4 septembre 1916. 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 11.) 36 


262 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


(Comptes rendus, t. 158, 1914, p. 851 et 1261) que ces points peuvent être 
de deux espèces : les points de coïncidence parfaite, dont tous les pointsinfi- 
niment voisins sur la surface sont des coïncidences pour l’involution I, et les 
points de coïncidence non parfaite, qui n’ont dans leur domaine du premier 
ordre que deux points de coïncidence pour 1,. Désignons par Y,, y. les 
nombres respectifs de ces points de coïncidence. 

Re par ® une surface normale image de F'hvolifios Ip. On sait 
qu’à un point de coïncidence parfaite correspond un point de diramation 
qui est un point n-uple conique, à cône rationnel. A un point de coïnci- 
dence non parfaite correspond un point double biplanaire auquel sont infi- 


niment voisins successifs (n> 3) points doubles dont le dernier est 


biplanaire. La surface ® possède donc y, points n-uples coniques, à cône 
tangent rationnel, et y, points doubles de l'espèce indiquée ci-dessus. 
Chacun des y, points n-uples est équivalent, au point de vue des transfor- 
mations birationnelles, à une courbe rationnelle de degré — n. 

On démontre que les courbes canoniques de la surface ® rencontrent 
chacune des y, courbes rationnelles dont il vient d'être question, en 
n — 2 points. On peut donc calculer la relation existant entre.les genres 
linéaires pl" de F et z" de ®. On a précisément 


pH—i=n(rt—i1)+(n—:1) (n— 3). 


D'autre part, si l’on désigne par à la classé de '® et si l’on considère un 
faisceau arbitraire de sections hyperplanes de cette surface, on trouve po 
son invariant de Zeuthen-Segrę č la valeur 


> =ò + n(yi+ ya) — Y — 4r, 


v et + étant respectivement l’ordre de ® et le genre de ses sections hyper- 
planes. La considération du faisceau de courbes dé F transformé du 
faisceau considéré sur ® donne, pour l’invariant de Zeuthen-Segre I de F, 
la valeur 
I= nò + (n—1) y+ ya— ny — hnr +4n—4. 
De ces deux formules on déduit 


n(i+4)= (L+ 4)=(2n —i)yr t (r? — t) yai 
Commeona 


PY +I=1i2pa+ 9, TO + = I2 Tat 9, 


SÉANCE DU 11 SEPTEMBRE 1916. 263 


on trouve, entre les genres arithmétiques p, de F et z, de ®, la relation 
Nn(Ta t 1)— (Pa +1) = >In HOYER UAL 


On peut aisément construire des surfaces telles que F. Considérons, en 
elfet, deux nombres »,, ns, premiers entre eux et premiers avec », dont la 
somme soit z. Considérons maintenant la surface 


(1) Tyta Ei aLI) + f(Ls a) —0, 


f(&£,, æ) étant une fonction homogène e, de degré n+ 2, complète, 
de +,, x,. La surface (1) est invariante pour l’homographie de période n 


2iT 
#; as og epar com dpi T, Er ). 
Celle-ci engendre sur F une involution d'ordre n possédant z + 4 points 
de coïncidence, à savoir les points 


Lı = Le — 0, Lite Lu) 50 et ie g pea y O0 PE die Li 0 
On voit aisément que l’on a 


yi = 2, yent 2. 


ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations du Soleil, faites à l'Obser- 
vatoire de Lyon, pendant le premier trimestre de 1916. Note de 
M. J. GuıLtaume, présentée par M. B. Baillaud. 


Les principaux faits résultant des 61 jours d'observations dans ce 
trimestre se résument ainsi : 

Taches. — Une recrudescence d'activité dans la formation des taches a succédé à 
l'accalmie qui a distingué le dernier trimestre de 1915 ('): on a, en effet, enregistré 
71 groupes avec une surface totale de 5184 millionièmes, au lieu de 49 groupes et 
2631 millionièmes. 

La répartition de cette augmentation a été de 13 groupes au sud de l'équateur 
(40 au lieu de 27) et de g au nord (31 au lieu de 22). 

Parmi les groupes importants de ce trimestre, un seul a été visible à l'œil nu ; c'est, 
dans l’ordre du passage au méridien central du disque solaire, le cinquième du mois 
de mars, dans le Tableau 1 : 

Mars 7,9 à — 18° de latitude. 


Plusieurs groupes ont paru dans les zones supérieures à + 30°, dont 1 dans lhé- 
misphère austral et 4 dans l’autre hémisphère. L'un d’eux, noté le 10 janvier à + 35° 


(") Comptes rendus, t. 162, 1916, p. 466. 


264 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


de latitude, a reparu à la rotation solaire suivante, le 6 février, à + 37°; l'intervalle 
entre les deux passages au méridien central a été de 20,8 jours. 

Enfin, la latitude moyenne des groupes de taches a un peu diminué au sud en pas- 
sant de — 19°,1 à — 18°,6 et a augmenté au nord avec + 18°,2 au lieu de + 179,4. 


Régions d'activité. — Les facules ont augmenté tant en aie qu’en étendue : 
on a, effectivement, enregistré 113 groupes et 102,9 millièmes, au lieu de 97 groupes 
et 85, 3 millièmes, précédemment. 

Dans leur répartition de part et d’autre de l’équateur, on a noté 49 groupes au sud 
au lieu de 44, et 64 au nord au lieu de 53. 


TaBLeau 1. — Taches. 

Dates Nombre du Latitudes moyennes. on Dates Nombre dr Latitudes moyennes. Surfaces 
extrêmes obser- au mér. —— —————. nnes extrêmes d'obser- au m + pibes 
d'obsery. vations. ra S. N. pir d’observ. vations, rer S. N. éduites. 

Janvier 1916. — 0,00. Février (suite). 
1-7 3 1,5 +02 42 gi P A Pi 51 
27- 7 7 P 168 11-21 7 o F02 +10 62 
roa 3 33 + 8 18 15 t 170 wa; 21 
mr D a +15 = 154 16523 4 19,0 —18 10 
i u 9 -23 5 26 1 25,1 —22 9 
7-10 3 GE 1 86 20-21 2 125,6; —11 26 
2- 9 Å 7o 24e 63 25-26 LR Dore 7 
ps - 9:9 +35 8 —17°,2 +18°,3 
7-15 6 10,6 —15 113 ea 7 s 
PET 7 0 II 203 Mars. — 6,00 
15 1 13,0 —15 2 ; 
15-18 3 . 13,8 ‘—20 6 -37 2 RIT E77 
17-21 J. 13.3 +29 to 25- 4 7; t,6 +12 6 
18 F-14955 +13 7 26- g 10 3,7 —17 122 
18-22 7 +24 45 6 I 6,2 +22 13 
14-15 2: 19,9 +13 6 1-13 10 7,9 —18 370 
21 1. 23,8  —-20 9 2—13 9 8,0 +19 357 
18—2 tnodo +. 8 21 10 I 8,8 —13 
24-27 3 2,1 +15 147 1 9,7 +17 8 
22- 2 5 380 +20 100 6-12 6:-::10,6 +13 19 
27— 3 3 J00 4! 117 7-13 6 ikg +18 12 
26-27 ‘2 29, +17 5 15 ARE D ARTE 12 
24- 3 4 30,6 +32 19 12 I 1354 i +12 112 
3 ENE E +16 50 16—17 Z 13,1. 19 4 
FE ie L AA 10-19 S 14,9 +36 25 
17H: 19°,1 +18°,5 16-40 5 17,0 „sap 17 
G -HIO 
Février. — 0,00. TRS IS I 18/3 2S9 18 
27 bin no +22 11 Sd RE an D 
2 + 17-19 Jtastop «1 +1 
AE i 1,4 —10 5 33 nr E3 9 
5 - 27 —1#4 8 31-25 4 2.4 IT 
2— 5 3,6 —14 242 H 4 39 
Gi 5 63 i 528 Je m D 
, 9 18-21 3 nibi à : 6 
6 l 2,7 437 à 
7 20-31 11 26,3 +15 382 
2-13 8 8,4 +10 73 8 
' 21-22 2 32379 —322 
6-14 7 9,5 +19 26 SL 4 7 9,8 Bi 138 
7-16 >» Ioa pa 7 agiagi ae Mes 29 - 4 
9-17 7 n +1 173 s 
9-14 3 1213 ing 5 20- 4 D Ji ne 252 
9-16 4 12,5 +15 30 26 j. 193 +1704 


SÉANCE DU 11 SEPTEMBRE 1916. 265 


TaBLeAU I. — Distribution des taches en latitude: 


Sud Nord. Surfaces 
© © mm M Totaux to 
1916. 90°. 40°. 30°. 20°, 10°, : 0°, Somme. Somme. 0°. 10°, 20°. 30°. 40°. 90°. mensuels. . réduites. 
Janvier... ... NON. po 9 15 2:06 + -3 » 24 1407 
Février... D ol 9 10 on e » 19 1505 
Mati a DORE 4 8 » 13 15 I -F2 Hei » 28 2272 
Totaux... MS: + 8 :51 I 31 40 Re: ET | » 71 5184 
Tasceau III. — Distribution des facules en latitude 
Sud. Nord. Surfaces 
-o — Totaux totalas 
1916. 90°. 40°. 30°, 20°, 10°. 0°. Somme: Somme. JW, N°." mensuels. réduites. 
Janvier... AS SE LR 13 27 0.0: R 40 37,9 
Février ..... SF h 0 14 16 F2, 9 ++ 30 24,9 
ELA: # oar a i 22 21 FASO Tri 43 40,1 
Toue o 7 o 49 64 DU D Y 2 113 102,9 
HYDRAULIQUE. — Sur les modifications des coups de belier dans les conduites 


d'épaisseur et de diamètre variables. Note de M. Denis Eypovux. 


. Dans des expériences récentes ('), M. Camichel a montré que, dans une 
conduite entièrement purgée d’air et d'épaisseur et de diamètre constants, 
c'est-à-dire où la vitesse de propagation de l'onde est constante, le coup de 
bélier provenant d'une fermeture brusque se transmet intégralement le 
long de la conduite conformément aux formules théoriques. 

J'ai pensé à examiner la même question en étudiant le cas d’une conduite 
formée de tronçons d'épaisseurs et de diamètres différents, comme celles 


qu'on utilise généralement dans l’industrie. 


I. J'ai cherché, dans le cas d’une fermeture brusque envoyant une sur- 
pression d’une extrémité à l’autre de la conduite, à me rendre compte de ce 

i > <A s . . " 
qui se passe en un point critique où la vitesse de propagation a varie brus- 
quement pour l’un des deux motifs précités. 

Considérons le point critique où a varie brusquement; soient y, la pression en aval 


de ce point, Y2 la pression en amont. 
Quand le front de l'onde passe au point critique, il faut écrire à cet instant légalité 


mt EA . 
(1) Comptes Ahi t. 163, 1916, p. 150. 


266 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


des pressions y, = y, et l'équation de continuité S, v, = Sava. Or, à ce moment, l’onde 
se réfléchit partiellement et donne lieu dans le premier tronçon à une onde se propa- 
geant en sens inverse de la première. Les équations à appliquer (t) sont, en désignant 
par f, le coup de bélier avant que l'onde arrive au point critique, 


VES Re as fs Va Je + fs 
n=), v= voa E- fa. 
2 
On en tire, en désignant par æ le rapport 5 
1— Lo 
h= (1 -2a = Sha ri 


Si à, > &,, Ponde qui passe est plus faible et une partie est réfléchie avec 
changement de signe au point critique et vient diminuer la surpression dans 
le premier tronçon qui fonctionne ainsi comme un tuyau partiellement. 
ouvert à l'extrémité. Si «, < &,, l’onde qui passe est augmentée et une onde 
réfléchie sans changement de signe vient renforcer la surpression dans le 
premier tronçon, qui fonctionne comme un tuyau partiellement fermé à 
l’extrémité, 

IT. Supposons une conduite présentant une partie inférieure de caracté- 
ristique 4, suivie d’une partie indéfinie de caractéristique &,. 

Envoyons un coup de bélier, une compression par exemple; sur le En 


rs DJS ai ; ai 
critique, le coup se réfléchit partiellement. Il passe /, = f,(1 — CAS 
Le coup — f’ = f, LE : revient en arrière, se réfléchit sur le fond sans 


ds 
changement de sie et revient au point critique où le phénomène recom- 
mence. On aura donc, dans le tronçon indéfini, des ondes se suivant et se 
superposant de telle façon que la surpression finale tend vers la valeur 


A~ A A — Q ty — 5 \? da 
F — ft ses fps MR on +... |= — 
A| di ds Ega Aa + Aa f: % 

C'est le coup de bélier qu’on aurait eu si toute la conduite avait été constituée 
comme la partie supérieure; on le vêtifie facilement en posant, suivant la formule 
connue : 
diVoi. 


Ls 


(*) Je viens d'apprendre que, dans un rapport qui doit paraître dans le deuxième 
volume du Congrès de la Houille blanche de 1914, M. le comte de Sparre a appliqué 
les mêmes équations, dans un but différent, à l’étude du coup de bélier dans une con- 
duite formée de deux tronçons pour lesquels a est le même. 


SÉANCE DU 11 SEPTEMBRE 1916. 267 


On trouve alors 
As Vie 


E 


Fr — 


On arrive à cette valeur par oscillations successives, le plus grand écart étant 


% ver Mn Ferme D 
Fu a 
fi aaa rh he A+ aa 
Dans le bas, la pression prend successivement les valeurs y,+ fi, puis yo+ fi— fi 
après l’arrivée de londe au point critique, yo+ fi; — 2f; après réflexion sur le fond... 


et à la limite 


EA PEJO EN PRES 


CA 
SAS Et +. ere -= (Prec 
Pr à A (2 a) Yo 2. ne 


c’est-à-dire la même valeur que dans la partie supérieure. 


Le coup est donc renforcé dans le bas si a, >œ; il est, au contraire, 
atténué si & < '&,. 


IT. Si l’on a une conduite avec plusieurs points critiques, on voit, 
d’après ce que nous avons dit précédemment, qu’on aura une série de 
réflexions partielles des ondes sur les divers points critiques, tantôt dans 
un sens, tantôt dans l’autre, avec et sans changement de signe, ce qui pro- 
duira une sorte de diffusion de l’onde dans la conduite. 


Considérons le front de l'onde. ll arrivera à la partie supérieure de la conduite au 
, li 11: a 
bout d’un temps T =} — et la valeur du coup de bélier, au moment exact où le 
Ai 


front de londe arrive en haut, sera devenue 


ir 
Li on PS ma 
Y ana i Il (= ait ee). 
ES 


Cette valeur de la surpression sera d’ailleurs modifiée ensuite par l’arrivée des ondes 
partiellement réfléchies, avec et sans changement de signe. Si la variation de æ est 
Continue et de même sens le long de la conduite, on aura 


X-T ITS: (: TES Ah | + (La La). 


Cas frites à diquent la difficulté des recherches dans les conduites industrielles 
à épaisseurs variables, 

Admetions par exemple deux conduites, l’une de o®,81 de diamètre et dont l’épais- 
seur variera graduellement de 20%" à la base à 7e" au sommet (usine de Soulom) et 
l’autre de om, 56 de diamètre et d’é épaisseur variant de 30™™ à 5®m (usine d’Eget). On a 


268 ACADÉMIE DES SCIENCES. 
pour la première 
a, = 1190 m : sec, a;== 690 m : sec; 


le coup de bélier au sommet est 
Ày = fili+1,15(log960 — log 1 190) ] = 0,894 fi. 
Pour la deuxième | 


DE reaS i a; = 970 m : sec, Ay = 0,854. 


Si la variation d'épaisseur, et c'est le cas de la pratiqué, se produit par 
changements brusques et non d’une façon continue, la diminution sera 
encore plus marquée. Si l'on ajoute à cela les effets d'amortissement dus en 
outre aux renforcements qu’on trouve à chaque joint, comme nous l'indi- 
quons plus loin à propos des Venturis, on voit qu’on arrivera à une dimi- 
nution très marquée dans le haut de la conduite. Cette particularité, jointe 
à ce que là surpression dans le haut dure peu (car l’ondé de retour sur la 
surface libre vient l’annuler beaucoup plus rapidement qu’en bas), est dé 
nature à atténuer les graves dangers que fait courir à la pattie, supérieure 
d’une conduite la conservátion-du coup de bélier. 


IV. Si, dans une conduite, on a un point critique localisé au cours d’un 
tronçon d'épaisseur ét de diamètre constants (comme un Venturi, par 
exemple), on passera d’une partie de caractéristique x, à une partie de 
caractéristique æ, pour revenir tout de suite à la caractéristique Ay 


Le coup de bélier, dÿrès ce double passage, séra devenu 


Sare Za a fm: %; 3 Zi Sn Xə 3 
PAT AE RE 
Nr. A1 + de Ai F Lo 
Le coup réfléchi se composera de deux ondes principales se suivant de très près et ` 
réfléchies sur chacune des deux extrémités du point critique 


— 2 da À A ai 
FEA Ea + ET 
Prenons le cas du Venturi où æ, > «,. La première onde f; vient ren- 
forcer f,. La deuxième èst de sens contraire et inférieure à f. La présence 
du Venturi aura pour résultat de faire apparaître dansla conduite deux tron- 
çons : d’une part, la conduite entière fonctionnant comme un tuyau ouvert 
à un bout et fermé à l’autre ; d’autre part, la partie située entre l'extrémité 


aval et le Venturi qui fonctionne comme un éd fermé à une extrémité et 
PRES férmé à l’autre. 


SÉANCE DU 11 SEPTEMBRE 1916. 269 


Dans les expériences que M. Camichel et moi avons entreprises en com- 
mun à l'usine hydro-électrique de Soulom, nous avons obtenu des gra- 
phiques :permettant de retrouver ces dites particularités. Quand on 
relève le coup de bélier à l'extrémité aval de la conduite, on constate, après 


un temps g correspondant à la durée de propagationaller etretour jusqu’au 
a a PPP J 


Venturi (/ désignant la distance de l'extrémité aval au Venturi), la forma- 
Lion d’une pointe correspondant aux deux ondes réfléchies à l'entrée et à la 
sortie du Venturi. L'expérience a donné une période de 0°, 194 alors que la 
période calculée est de o5, 190. Il n’est d’ailleurs pas mouse de procéder à 
des mesures sur la hauteur de ces pointes, car, quelle que soit la rapidité 
de la manœuvre de fermeture, elle est toujours plus longue en pratique que 
l'intervalle de temps entre les deux ondes, qui est de l’ordre du centième de 
seconde. Si l’on relève le diagramme immédiatement en aval du Venturi, 
on constate dès l’origine l’existence dela pointe due à la production immé- 
diate des deux ondes réfléchies et l’on relève plus loin, sur certains dia- 
grammes, plusieurs nouvelles pointes, de moins en moins hautes, dues aux 
réflexions successives de ces ondes. Sur d’autres relevés, on constate même 
la présence d’une sinusoïde, rapidement amortie, de période = car la por- 
tion de conduite comprise entre le bout aval et le Venturi fonctionne, au 
point de vue des réflexions de l'onde, comme une conduite fermée aux deux 
bouts. L'expérience a donné une période de o5, 195 au lieu de 0°, 190. 


OPTIQUE. — L’entrainement des ondes lumineuses et les phénomènes solaires. 
Note (') de M. P. Zeemay, transmise par M. Lippmann. 


Par des expériences récentes, résumées + deux Notes précédentes (?), 
J'ai pu vérifier l'expression € = 1 — ji AE n y pour le coefficient d’entrai- 
nement. C’est l'expression de Fresnel, complétée par le terme complémen- 
taire — — Æ dû à Lorentz. Je démontrerai dans la Note actuelle que la pré- 
sence du terme complémentaire peut donner lieu à un changement de la 
Propagation des ondes dans un milieu, qui d’ailleurs peut être homogène, 
si la vitesse n’a pas pastont la même valeur. 


0) Sésnée: dy 4-séptembre 1916. : 
C) Comptes rendus, t. 161, 1915, p- 526, ett. 163, 26, p. 255. 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 11.) 37 


290 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Considérons un milieu de densité constante et soit v la vitesse du milieu, 
parallèle à laxe des x d’un système de coordonnées en repos relativement 
à l'observateur. Supposons que la vitesse soit une fonction décroissante de 
la distance 3 à l'axe des x. Une onde plane, se propageant parallèlement à 
laxe des v, subira une rotation parce que les parties de l’onde dans le voi- 
sinage de l’axe seront entraînées plus que les autres parties de l’onde plus 
éloignées de l’axe. 

Dans un temps court ż, me de rotation (supposé petit) de l'élément 
de l’onde sera 


(1) kaak 


où € désigne le coefficient d'entrainement dans le milieu considéré. 
En exprimant ż par la vitesse de la lumière dans le milieu et par le chemin 
parcouru /, on a i 


(2) a rs 


c étant la vitesse de la lumière dans le vide et u de nouveau l'indice de 
réfraction. 

En général l'angle x est extrêmement petit. Il y a une exception pour les 
milieux qui jouissent de la dispersion anormale, pour les longueurs d’onde 
dans le voisinage des raies d'absorption. 

Dans à valeur admise pour le coefficient d'entraînement, le terme 


avec — J È devient alors prépondérant. Dans ce cas, on a 
À du l ds du. Ù dv 
3 I — — ee 1 _ — ZE — — — —— 
(3) a p dà c d3 aT c dz 
di 


Si l’on représente par č l’angle entre la normale à la surface de l'onde et 

la direction de décroissance maximum de la vitesse, on trouve 
l dv 

(4) À > print 

Cette équation permet la construction du rayon par points successifs, 
si l’on commence à un point donné dans une direction donnée. 

Il paraît intéressant de réunir dans un Tableau quelques données, 
observées et calculées, qui se rapportent à l’eau, au sulfure de carbone et 
à la vapeur de sodium. Dans la première colonne, À est donné en U. À. La 


SÉANCE DU 11 SEPTEMBRE 1916. 271 


Ent, i d Bno -a 
troisième contient — c (À en centimètres). La quatrième colonne donne 


le coefficient d'entrainement. Les indices de la vapeur de sodium sont 
déduits de Wood. 


Eau 
_ de à de 
Aen U.A Hobs. dh € u dh 
4500 1,3393 650 0,464 0,021 
4580 1,3388 615 0,463 0,021 
5461 1,3346 390 0,454 0,019 
6440 1,3314 270 0,449 0,013 
6870 1,3308 216 0,447 0,012 


Sulfure de carbone. 


4358 1,6750 -5000 0,774 0,130 
5461 1,6370 1900 0,690 0,063 
6870 1,6160 1200 0,668 0,051 


Vapeur de sodium. 


dy. E P 

à en U.E. Lobs. p M: uw dk > 
5882 0,9908 aies 7,8 
5885 0,9870 Brigi 4 
5886,6 0,9740 B 105 Rs 
5888,4 0,9443 r 

4 280 ,10 2100 
5889,6 0,614 


Si l’on se propose de développer quantitativement l’idée qui sert de base 
aux équations (2) et (3), pour l'appliquer aux phénomènes solaires, on se 
heurte à la difficulté d'accepter des valeurs probables pour les quantités 
qui figurent dans les équations. 

Dans le voisinage des surfaces de discontinuité, Z i peut prendre des 
valeurs énormes. | 

Même avec une densité très faible d’une vapeur iétstlidue il paraît 
possible que l'entrainement des ondes puisse donner des effets observables. 

Cela exigerait de plus amples développements. Le but principal de cette 
Note est de faire ressortir que, même dans une vapeur métallique homogène, 
l'existence simultanée de dispersion et de différences de vitesse peut courber les 
rayons qui traversent le milieu, 


272 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


ACOUSTIQUE. — Influence du vent sur les conditions d'audition du son. 
Note (') de M. A. Peror, présentée par M. Deslandres. 


L'influence du vent sur la transmission du son à faible distance est bien 
connue; sous le vent d’une source sonore, on entend beaucoup mieux 
qu’à contre-vent. Les événements récents et notamment l'attaque de 
Picardie ont rappelé l'attention sur un autre phénomène, l’audition à très 
grande distance des sons intenses, avec une zone de silence. La continuité 
du bombardement a permis de fixer définitivement un point intéressant : 
c’est par les vents de Sud à Ouest, c’est-à-dire à contre-vent, que le bruit du 
canon est perçu dans des localités éloignées d'environ 120*" de l’endroit de 
l'émission; par vent du Nord ou de l'Est, le bruit y est rigoureusement nul. 

Le phénomène peut s'expliquer si l’on admet que le vent existe dans une 
zone assez épaisse de l’atmosphère, et qu'au-dessus règne, soit le calme, 
soit un vent de sens contraire, ou même un vent de même sens, mais moins 
fort. Une explication Fee Fe ` applique au phénomène inverse qui se 
produit à contre-distance : 

1° Une source sonore, fixe, placée dans un milieu en repos, émet des 
ondes sonores qui se propagent avec une vitesse constante dans toutes les 
directions, indépendante d’ailleurs de la pression, variable seulement avec 
la température, mais dans de faibles proportions. 

S'il existe un vent constant, d’une vitesse de 10" par seconde, par 
exemple, la vitesse du son, pour un observateur fixe, sera de 540" dans la 
direction du vent, de 320" dans la direction contraire; c’est-à-dire que 
dans la direction du vent, on pourra considérer la réfringence acoustique 
du milieu comme d'autatit plus faible que le vent est plus fort, croissant par 
suite, à mesure qu’on s'élèvera dans l'atmosphère à partir de la région oû le 
vent diminue, et comme décroissant, pour la direction contraire. Dans cette 
dernière direction, c’est-à-dire à contre-vent, la variation de cette réfrin- 
gence est donc inverse de celle de la nent optique dans le cas du. 
mirage (°), et les rayons sonores émis sous un certain angle au-dessus de 
l'horizon formeront une caustique qui pourra passer par le point où se, 
trouve l'observateur (fig. 1). Comme la zone où est produit le son est 
étendue, on rencontrera des causliques dans toute une région; cntre celte: 
région et le lieu de l’émission on aura une zone de silence. Sur une caustique 


(1) Séance du 21 août 1916. aes 
(2) Cf. Macé pe Lépinay et A. Penor, Étude du mirage ( Annales de Chimie et de 
Physique, 6° série, t. 27, p. 94). 


SÉANCE DU 11 SEPTEMBRE 1916. 273 


le son aura d’ailleurs une intensité beaucoup plus grande que si Ja trans- 


mission était normale. 
j | Fig. r: 


V= 330% Cslme 
. Zône de i 
transition i 


PTU AA PE 
Vent constant 


Meudon dol : Cuplu: 


I. semble. du reste résulter d'expériences sur -lesquelles je ne puis 
m'étendre, que le son n'arrive pas à l'oreille tangentiellement au sol, mais 
sous un angle très notable, ce qui correspond bien à un:cas.de mirage.. 

Les conditions atmosphériques, vitesse du vent, épaisseur de la couche: 
où il souffle, ferait d’ailleurs varier l'étendue de r zone de silence, et les 
conditions de l’audition, + 

Sous le vent il se produira au contraire une AAFPER APR des rayons 
sonores. (fig. 2), et par suite aucun effet de mirage n'aura lieu ; le son ne 

Bxjspdre pas à grande distance. | 
Fig. 2. 


6096 fsibub toc ee W : Calme 


Zône de 
15 2 «I 1667 ‘transition 


V- 340 Vs i 
H Jg ; . : = 1: Vent constant r A 
Meudon ; FFC STN H Curlu 


2° FAN TA part, dans le cas d’un bruit lorretire faible, W vilesse du vent 
est diminuée : à la surface du sol par les obstacles naturels et le frottement, 
de sorte qu’elle va en augmentant quand on s’écarte de celui-ci. On. est 
donc dans des conditions inverses de celles de l’ audition du son du canon à 
grande distance. Dans le sens du vent les rayons erontrabaltus vers 
le sol, tandis que dans l'autre sens ils s’en écarteront. Il résulte de là que 
l'énergie reçue par un observateur placé sous le vent sera accrue el par 
suite le bruit plus intense que si l'observateur est à contre-vent. 

Il serait intéressant de vérifier qu’à grande distance du sol l’ audition est 
presque indépendante | du sens. du vent; des expériences en ballon captif 
Pourront peut-être être faites. a 


274 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la destruction totale des pentoses au cours 
de la fermentation alcoolique. Note de M. H. Peer, présentée 
par M. L. Maquenne. 


L’arabinose et le xylose sont universellement considérés comme infer- 
mentescibles. Ayant eu l'occasion d'étudier de près la composition des 
mélasses, nous avons cherché à baser sur cette propriété une méthode de 
dosage des pentoses dans leurs mélanges avec les sucres fermentescibles, 
saccharose, raffinose, glucose, lévulose ou mannose. 

Nous avons d’abord procédé à des essais préliminaires, en étudiant l’action 
de différentes levures sur des quantités connues d’arabinose ou de xylose, 
mélangés ou non à du saccharose ou de la mélasse, de façon à voir si après 
la fermentation on retrouve bien les pentoses ajoutés. 

En opérant dans les conditions ordinaires indiquées pour obtenir une 
bonne fermentation des mélasses de betteraves, c’est-à-dire avec une solu- 
tion renfermant par litre 200$ de mélasse ( 908 à 100$ de saccharose) et 56 à 108 
de levure, additionnée de 15 à 25 d’arabinose ou de xylose et maintenue à 
la température de 28°-32°, il y a toujours une perte de pentoses, s’élevant 
de 10 à 20 pour 100 de leur dose initiale, quand la fermentation est 
terminée, c’est-à-dire après 48 à 6o heures, temps au bout duquel le déga- 
gement de gaz carbonique cesse d’être mine. 

Des faits analogues ont déjà été signalés par Cross et Tollens ('), éga- 
lement en présence de sucres fermentescibles, mais la perte de pentoses 
observée par ces auteurs est assez faible, à peine de l’ordre de grandeur de 
celle que nous venons de signaler. Nous avons reconnu qu’en modifiant les 
conditions de l’expérience on peut la rendre beaucoup plus considérable et 
même totale. C’est ce qui arrive notamment si l’on poursuit l'opération 

ci-dessus décrite, sur le même liquide toujours maintenu à 28°-32°, en y 
ajoutant de or Jont x de levure Heute, haute ou basse; alors on constate 
qre les p its conti t à diminuer, si bien qu'après: 3 ou 4 jours 
il n’en reste plus À trace. : 

La même chose a lieu, c’est-à-dire les pentoses disparaissent aussi com- 
plètement, quand on opère de la même façon avec des solutions d’arabinose 
ou de xylose purs, additionnées seulement des matières nutritives, minérales 
et azotées, qui sont nécessaires pour entretenir la vitalité de la levure. 


(*) Chem. Centralblatt, t. 1, 1911, p. 834; Bull. Assoc. chim. de sucrerie, 
1911-1912, p. 710. ; 


SÉANCE DU 11 SEPTEMBRE 1916. 275 


Îl est donc impossible, dans ces conditions, d'effectuer un dosage, même 
approximatif, des pentoses préexistants. Mais, comme on vient de le voir, 
l’attaque graduelle de ces composés est à la fois fonction du temps et de la 
quantité de levure présente; il en résulte qu’en modifiant la composition du 
mélange indiqué plus haut, ainsi que la durée de l’expérience, on doit 
pouvoir changer l'allure du phénomène. C’est en effet ce qui a lieu, la vitesse 
de fermentation des hexoses croissant beaucoup plus vite avec la quantité 
de levure mise en œuvre que celle de destruction des pentoses. 

En employant les proportions indiquées il y a déjà longtemps par M. Nol- 
hant, à savoir : of de levure pressée ordinaire par litre de solution conte- 
nant 100$ de mélasse, soit 458 à 508 de sucres fermentescibles, la fermen- 
tation du sucre est ordinairement complète après 24 heures, et alors les 
pentoses, s’il y en avait, se retrouvent en totalité dans la vinasse résiduelle. 

Il en est de même quand on applique le même mode opératoire à des 
solutions de saccharose pur ou additionné de pentoses : si le sucre est pur 
il ne reste pas trace de matières réductrices après 24 heures; s’il a été 
mélangé d’arabinose ou de xylose, le résidu réduit comme réduiraient 
l’arabinose ou le xylose employés s'ils étaient seuls. La levure, même à 
haute dose, ne les attaque donc pas pendant ce temps qui pourtant suffit 
à la fermentation totale du sucre ordinaire; ce n’est que plus tard, si l’on 
prolonge l'expérience, qu'on les voit diminuer à leur tour peu à peu, 
jusqu’à disparaître d’une manière complète. 

A ce sujet nous ferons remarquer que lorsqu'on emploie pour doser les 
pentoses par réduction notre méthode de chauffage à 63°-65° (température 
du liquide intérieur), méthode à laquelle M. Maquenne a fait allusion dans 
son remarquable travail sur le dosage des réducteurs en présence d’un 
excès de saccharose ('), il ne suffit pas, comme lorsqu'on opère sur du 
sucre interverti ou ses composants, de chauffer 10 minutes. Les pentoses 
réduisant beaucoup moins vite que les hexoses, à cette température, la 
chauffe doit alors être prolongée pendant une demi-heure. 

À l'appui de ce que nous venons de dire nous citerons les exemples 
suivants : 


t° Solution d’arabinose pur à 28 par litre. Après 24 heures de digestion avec 508 de 
levure on retrouve exactement les 25 de sucre employé; après 48 heures le liquide n’en 
renferme plus que 18,05; après 72 heures l’arabinose a complètement disparu. 

2° Solution de mélasse additionnée de 18 d’arabinose, comparée à une solution éga- 
lement concentrée de mélasse seule; 508 de levure comme ci-dessus. Après 24 heures, 


meme 


(*) Comptes rendus, t. 162, 1916, p. 145. 


276 ACADÉMIE DES SCIENCES. 

la solution sans arabinose ne renferme plus qu’une très faible quantité d’inverti qui, 
défalquée de la somme des réducteurs trouvés dans le liquide à arabinose, donne pour 
‘ce dernier 15,024, c’est-à-dire à très peu près le chiffre théorique ; après 36 heures la 
perte en arabinose est de 37,5 pour 100 et après 48 heures la solution ne réduit plùs : 
le pentose a été complètement détruit. 


Cette dernière expérience est Re à la mélasse de betteraves; elle 
montre qu'il faut attendre 24 heures pour décomposer les sucres fermen- 
tescibles sans toucher aux pentoses. Avec la mélasse de cannes, qui fermente 
plus rapidement que celle de betteraves, les choses ne se passent plus tout 
à fait de la même manière : au bout de 24 heures il ya déjà une perte sen- 
sible de pentoses. Il faut dans ce cas arrêter l'opération après 6ou 12 heures, 
au plus, alors qu’il y encore dans le liquide un peu de sucre non fermenté, 

Cette observation est importante, car elle montre que, lorsqu'on veut 
rechercher les pentoses en présence d’une quantité notable de sucre ordi- 
naire par voie de fermentation, il ne faut pas trop prolonger celle-ci, sous 
peine de décomposer une partie plus ou moins grande du pentose cherché. 
La.vitesse de cette décomposition est d’ailleurs variable avec la composition 
du liquide et notamment avec sa richesse en sucres fermentescibles. 

Grâce à cette nouvelle méthode de recherche, nous avons pu nousassurer 
que la mélasse de betteraves ne contient pas de pentoses en proportion 
appréciable et que la mélasse de cannes renferme un principe réducteur 
certainement différent de l’arabinose et du xylose, car les levures n’ont 
absolument aucune action sur lui, quelles que soient la quantité.de ferment 
employé et la durée deson action. TL agit sans doute là du glutose, découvert 
par. Alberda van Ekenstein et déjà See par ce savant. dans ma dites 
mélasses. 

Quels sont maintenant les produits de cette pseudo- fermentation. des 
pentoses ? Ces corps sont-ils purement et simplement utilisés par la levure 
à sa nutrition, comme le pensent. Cross et Tollens, ou sont- ils transformés 
par elle en produits non réducteurs plus simples ? C’est ce que de nouveaux 
essais pourront seuls nous apprendre. 

Actuellement introuvables dans le commerce, Fe: et le xylose 
que nous avons employés dans ces recherches ont été mis gracieusement à 
notre disposition par M. Maquenne; nous sommes. heureux de ee oir: lui 
en pe rires ici nos plus sincères remerciments. i 


La séance est levée à 15 heures trois quarts. 


re amende de dns usé p3 x z sine "y To 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 48 SEPTEMBRE 1916. 


PRÉSIDENCE DE M. CamiLce JORDAN. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. 


Après le dépouillement de la Correspondance, M. le Présinexr s'exprime 
en ces termes : 


J'ai le triste devoir d'annoncer à l’Académie la mort de notre éminent 
Confrère M. Pierre Dunen, décédé subitement à Cabrespine (Aude), le 
14 septembre 1916. C’est une perte cruelle venant s'ajouter à tant d’autres. 

M. Duhem (Pierre -Maurice- -Marte) était né à Paris, le 10 juin 1861. 
Ancien chef de sa promotion à l’École Normale supérieure, Agrégé des 
Sciences physiques, Docteur ès Sciences mathématiques, il professait 
depuis de longues années la Physique théorique à l'Université de Bor- 
deaux. 

Correspondant depuis longtemps de notre Académie, dans la Section de 
Mécanique, il fut enfin élu Membre non résident en 1913. 

L'œuvre qu’il laisse derrière lui est si vaste qu’il serait impossible d'en 
donner aujourd’ hui une analyse détaillée. Je dois donc me borner à signaler 
la tendance générale de ses travaux. 

On peut la caractériser d’un mot. Il s’est proposé comme but de tra- 
vailler à la constitution d’une science qui réunisse les principes de la Méca- 
nique avec ceux de la Thermodynamique. Cette science, que l’on pourrait 
appeler Thermodynamique générale ou Énergétique, réunirait sous des lois 
communes l'étude des mouvements locaux des corps ou Mécanique propre- 
ment dite, celle de leurs changements d’état physique ou chimique ou Mé- 
Canique physique, enfin celle des phénomènes électriques et du magné- 
tisme. 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 12.) 38 


278 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Deux Volumes intéressants formant un Traité d’Énergétique, publiés par 
M. Duhem en 1911, sont consacrés à établir à la fois avec généralité et 
précision les principes de la nouvelle science. L'auteur y passe en revue : 
1° la Statique, qu'il fonde sur l’emploi du théorème de Carnot et sur la 
notion de transformation réversible qu’il a convenablement précisée; 2° la 
Dynamique générale, où il complète le principe de d’Alembert en adjoi- 
gnant aux actions d'inertie invoquées par ce principe les actions de visco- 
sité, fonctions de l’état du système et des vitesses avec lesquelles se modi- 
fient ses diverses parties; 3° la Mécanique proprement dite, où il étudie 
successivement les fluides et les milieux élastiques; 4° la Mécanique chi- 
mique, où il reprend et met en lumière l’œuvre de Gibbs, qui avait si 
admirablement ordonné la théorie des changements d'état physique et 
chimique. Il reprend la célèbre loi des phases qui a été dans ces derniers 
temps l’objet de tant de travaux. 

Bien d’autres sujets ont été l’objet des études de M. Duhem: l'équilibre 
et le mouvement des fluides mélangés, ou des corps flottants; l’étude des 
faux équilibres chimiques; celle des modifications permanentes et de l’hys- 
térésis, de l’électrostatique et du magnétisme, de l’optique, etc. 

Tous ces travaux tendent à un même but : créer un système de forme 
mathématique où se trouvent résumées et classées les lois que l’expérience 
constate. Aucun d’eux ne cherche à déduire a priori les phénomènes natu- 
rels d’hypothèses sur la constitution de la matière et de ses mouvements. 
Il préférait se tenir sur le terrain des faits bien observés. Le désir de suivre 
l'évolution de ces théories au cours des âges l’a toutefois amené à des 
études de logique et d’histoire. A deux Volumes sur les Origines de la Sta- 
tique, à un autre sur l'antique théorie du Mixte a succédé un grand 
Ouvrage sur l'Histoire des théories astronomiques jusqu’à Copernic. Il 
devait former 10 Volumes dont la publication, subventionnée par l’Aca- 
démie, se poursuivait avec une rapidité que la guerre n'avait pas inter- 
rompue. Dans les quatre Volumes déjà parus, on ne sait ce qu’on doit le 
plus admirer, de la vaste érudition de l’auteur ou de son immense labeur. 
Le rôle glorieux joué par l'Université de Paris cree le moyen àge y 
est mis en pleine lumière. : 


Je lève la séance en signe de deuil. 


SÉANCE DU 18 SEPTEMBRE 1916. 279 


MINÉRALOGIE. — Les syénites à riebeckite d'Alter Pedroso (Portugal), leurs 
formes mésocrates (lusitanites) et leur transformation en leptynites et en 
gneiss. Note (') de M. A. Lacroix. 


Mes recherches sur les syénites et les granites à riebeckit de Madagascar 
m'ont amené à les M TRE les roches analogues des deek gisements 
où elles sont connues, et c’est ainsi que j’ai été conduit à m'occuper de la 
petite région portugaise dont les roches, remarquables à divers points de 
vue, font l’objet de cette Note. 

La Carte géologique du Portugal (?) porte, dans la province d’Alemtejo, 
un massif de gabbro |diorite] qui se développe au milieu du Cambrien, au 
sud-est d’Alter do Chao. En réalité, la constitution de ce massif n’est pas 
aussi simple; en effet, dans sa partie nord, autour d’Alter Pedroso, il est 
traversé par une masse grossièrement circulaire de 2** de diamètre formée 
par des roches syénitiques, très nettement postérieures, qui en renferment 
des lambeaux; l'exploration complète de ce district reste à faire, elle est 
rendue difficile par sa nature boisée. 

Deux Notes ont été publiées sur les roches qui m’occupent; en 1902, 
M. V. de Sousa Brandäo a décrit (*) un échantillon faisant partie de la 
collection du Service géologique du Portugal et l’a considéré comme une 
granulite (au sens allemand) alcaline à riebeckite et ægyrine à structure 
Cataclastique; il l’a comparée au gneiss alcalin connu plus à l'Est, à 
Cevadaes, près Campo Maior. Peu après, le même savant a décrit (*) les 
propriétés du zircon et surtout de la riebeckite se trouvant en très gros 
cristaux dans une pegmatite de la même localité. 

Je dois la riche collection que j'ai étudiée à mes clé de la Faculté 
des Sciences de Lisbonne. Elle [consiste en roches très variées d’aspect, 
mais présentant toutes la commune particularité d’être constituées par les 
mêmes minéraux : microcline et albite (avec parfois un peu de quartz) 
pour les éléments blancs, riebeckite dominante et ægyrine pour les éléments 
colorés; un peu de zircon, de biotite, d’apatite, de fluorine (dans la pegma- 


(1) Séance du 4 septembre 1916. 

(C) Carte géologique du Portugal, par Delgado et Choffat. Lisbonne, 1899. 

(°) Neues Jahrb. J. Miner. Centralbl., 1902, p- 49. 

(+) Sur un gisement remarquable de riebeckite et le zircon qui l'accompagne. 
- Lisbonne, 1903. 


280 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


tite) peuvent compliquer cette composition. Les deux principaux groupes 
, de minéraux varient dans des proportions considérables. Il existe des types 
hololeucocrates, renfermant moins de 5 pour 100 d'éléments colorés; la plus 
grande partie n’en contient que de 10 à 15 pour 100, parfois il en existe un 
peu plus; enfin, il faut signaler des types mésocrates dans lesquels la teneur 
en riebeckite et æg yrine oscille entre 5o et 6o pour 100. Les syénites sont 
à grain moyen ou à grain fin, mais les pegmatites, généralement très riches 
en riebeckite, sont à énormes éléments; leurs cristaux d’amphibole peuvent 
dépasser 40°" de longueur; comme ceux des granites alcalins de Mada- 
gascar, ils sont souvent implantés d’une façon régulière, perpendiculai- 
rement aux parois des masses lenticulaires constituées par cette pegmatite. 
Ces syénites ne sont pas seulement intéressantes par leur composition 
minéralogique; elles présentent aussi des particularités structurelles remar- 
quables; aucune de celles qui possèdent une structure primaire reconnais- 
sable n’est dépourvue de traces d’actions mécaniques : torsion des feld- 
spaths, friction sur leurs bords et le long des fentes qui les ont morcelés 
en petits fragments plus ou moins déviés de leur position originelle. La 
structure cataclastique est généralement accompagnée de recristallisation 
des mêmes minéraux avec structure granoblastique et c’est ainsi que, de 
proche en proche, les roches à grain moyen et à gros éléments se transfor- 
ment en types à grain fin : les variétés hololeucocrates et leucocrates prennent 
alors un aspect saccharoïde, blanc de lait ou rosé tacheté de noir bleu ou 
de vert. La pegmatite (') est parsemée de veinules ou de taches possédant 
cette même texture et ayant la même origine. Peu à peu, et souvent sans 
que l’aspect extérieur ait changé, la totalité des minéraux écrasés a recris- 
tallisé sous forme de petits grains : les feldspaths se distinguent alors 
des mêmes minéraux originels en ce que l’albite n’est pas maclée ou 
présente des macles larges et peu nombreuses au lieu de macles fines et 
répétées ; l’orthose semble associée au microcline, il n’y a plus de micro- 
perthite. Quant aux minéraux colorés, ils présentent les mêmes caractères 
que dans la syénite normale; seulement les débris des grands cristaux de 
riebeckite sont parfois entourés et traversés par de petits grains d’ægyrine 
et de magnétite; c’est une confirmation de ce fait, si frappant dans les gra- 


(*) Les feldspaths de cette pegmatite syénitique constituent localement à l’état 
normal ces associations flabelliformes, qui sont si fréquentes dans l’albite des pegma- 
tites du Limousin et dans les microperthites d’albite et de microcline des pegmatites 
très feldspathiques des syénites néphéliniques de l’île de Rouma (archipel de Los). 


SÉANCE DU 18 SEPTEMBRE 1916. 281 


nites alcalins de Madagascar, qu’à l'inverse de ce qui se passe pour les 
pyroxènes et amphiboles calco-magnésiens, dans la série des pyroxènes et 
amphiboles sodiques, c’est le pyroxène qui est la formé stable dans les 
roches transformées. | 

Enfin, très fréquemment, dans les roches modifiées ou en voie de 
transformation, l’ægyrine, au lieu d'être disséminée régulièrement, forme 
des cristaux à faces prismatiques nettes, très allongés suivant l’axe 
vertical, pouvant mesurer plus de 1°" et possédant une couleur vert pâle 
parce qu'ils enveloppent pæcilitiquement un nombre considérable de 
grains de feldspaths. Ils sont certainement de formation postérieure aux 
actions mécaniques, car leur forme n’est jamais altérée. 

Ces roches à grain fin, entièrement recristallisées, doivent être appelées 
des leptynites syénitiques quand elles sont très pauvres en minéraux colorés, 
ou des gneiss syénitiques à riebeckite dans le cas contraire; ces éléments 
colorés sont souvent alignés, déterminant ainsi, même à l’œil nu, une texture 
gneissique des plus nette qui contraste avec la texture syénitique des roches 
originelles, A égalité de teneur en riebeckite, les types gneissiques sont 
plus foncés que les syénitiques, par suite de la répartition plus égale de 
l’amphibole d’un noir bleuâtre. 

Ces roches d’Alter Pedroso offrent l’un des plus remarquables exemples 
qu’on puisse trouver de la transformation progressive d’une roche érup- 
tive en un schiste cristallin par recristallisation et par l’intermédiaire de 
types à structure cataclastique. J'ai pu suivre ce même phénomène à 
Madagascar dans toutes ses étapes (') et aux dépens de divers types pétro- 
graphiques; les nombreux stades intermédiaires constatés permettent de 
démontrer, comme à Alter Pedroso, que les gneiss à structure granulitique 
(granoblastique) qui constituent une partie très importante de l’île ne sont 
autre chose que des granites déformés mécaniquement, puis entièrement 
recristallisés, sans changement de composition chimique. 

Les analyses suivantes donnent la composition de ces différentes roches, 
ordonnées par quantité croissante d'éléments colorés; elles ont été faites 
par M. Raoult: 


(*) L'intérêt de Madagascar à ce point de vue réside dans ce qu’il y existe des régions 
(notamment sur le bord du Bongo Lava) où le phénomène cataclastique existe seul, 
d’autres où l’on peut suivre les recristallisations progressives; d’autres enfin (région 
de Tananarive) où il n'existe généralement plus trace de la structure originelle ni de 
phénomènes cataclastiques. 


282 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


a, type hololeucocrate, L.5.1.4; b, type hololeucocrate avec cristaux 
de riebeckite clairsemés et quelques grands cristaux d’ægyrine, 1°.5.1.4; 
c, type très déformé mécaniquement, finement grenu, assez riche en 
riebeckite, I(II).5.1.4; d. type mésocrate à gros grains, facies syénitique, 
IT .5.1.4; e, type mésocrate à grain fin, IH .5(6). 1.4. 


a. b. €. d. e. 

Nr en 65,84 64,06 63,46 56,94 55,60 
AOL UE 835 17 ,97 16,95 17,12 10,56 
Fet Orio l 1,29 2,71 3,61 7:93 1333 
Pol onrvite E, 34 3,24 3,98 11,31 13,91 
MEO. oi taa 0,18 0,11 0,07 0,08 0,41 
UO on 0,54 0,84 0,80 1,80 1,06 
A a 8,39 7,06 7,34 6,35 7,33 
tn RS AE 3,79 ,21 3,54 2,89 2,86 
ETE PONS TRES 0 ,07 traces traces traces 0,46 
Peas is 0,08 0,06 0, 0,23 traces 
H°0 à 105°.... traces 0,04 0,06 0,14 0,12 

» aurouge.. 0,32 0,39 0,19 0,98 0,24 


100,19 100, 25 100,00 99,93 99:98 

Cette série est remarquablement homogène; la haute teneur en alcalis, 
avec prédominance de la soude, subit de faibles variations; la teneur en 
chaux et en magnésie est extrêmement faible. Par contre, le fer croît rapi- 
dement en même temps que décroissent la silice (*) et l’alumine. La roche a 
est une aplite syénitique, sa composition chimique correspond à à celle de 
la estivarite de re les rew betc E pavan être comparés, au point 
de vue chimique, à des s5/ t pauvres en chaux et 
en magnésie; mais les termes s le ptis const alé sont les mésocrates. 
Dans les magmas syénitiques actuellement connus, toutes les fois qu'une 
différenciation basique a déterminé la production d’une grande quantité de 
minéraux colorés, ceux-ci sont plus ou moins calco-magnésiens; la chaux et 
la magnésie croissent en même temps que le fer, il en résulte que les syénites 
mésocrates ou mélanocrates, telles que les shonkinites, renfermenttoujours 
des amphiboles et des pyroxènes calco-magnésiens pouvant comporter une 
proportion notable d’anorthite potentielle. Rien de semblable n’a lieu dans 
nos roches, qui constituent le premier exemple de syénites à riebeckite et 
ægyrine mésocrates. C’est pour cette raison qu’il est nécessaire de les 


(1) Les roches a à d renferment de 2 à 4 pour 100 de quartz; e, 5 pour 100 de 
néphéline virtuelle, 


SÉANCE DU 15 SEPTEMBRE 1916. 283 


désigner sous un nom spécial et je propose celui de lusitanite pour rappeler 
leur pays d’origine. Ce type vient aussi combler un vide dans la classifica- 
tion chimico-minéralogique (II.5. 1.4 — lusitanose). 

Il y aurait intérêt à fouiller la région où l’on trouverait peut-être des 
types encore plus riches en amphiboles sodiques, des ne My à à à rie- 
beckite, roches qui ne sont pas encore connues. 

Les roches auxquelles on pourrait comparer les lusitanites dans les 
familles voisines sont pour celles à excès de silice, les granites à ægyrine et 
riebeckite de Madagascar que j'ai décrits antérieurement, et en particulier 
les fasibitikites, bien que celles-ci, moins riches en minéraux colorés, 
contiennent un peu plus de chaux, et aussi la rockallite dans la série 
purement ægyrinique ('). 

Dans la famille des syénites néphéliniques, deux roches pourraient être 
aussi parallélisées avec la nôtre. M. Tornebohm a étudié (?) dans les syénites 
à catapléite de Lakarp, en Suède, des nodules mésocrates riches en ægy- 
rine et en une amphibole alcaline spéciale; il a nommé cette roche /akarpite. 
D'autre part, M. Ussing a décrit récemment (°) sous le nom de kakortokite 
une roche rubanée de Kringlerne près du Kangerdluarsuk Fjord (Groen- 
land) formée de couches alternativement répétées blanches, riches en feld- 
spaths et en néphéline, ou roses, riches en eudialyte eten néphéline et enfin 
de couches noires dans lesquelles abondent l’arfvedsonite et l’ægyrine. La 
Composition de ces lits foncés (*) se rapproche de celle des lusitanites, mais 
avec une teneur moindre en silice qui entraîne la production d’une impor- 
tante proportion de néphéline : il existe aussi de l’eudialyte. 

En résumé, le gisement d’Alter Pedroso présente une constitution des 
plus remarquables; il est incontestable ne ga diverses roches qui s’y 
rencontrent sont le résultat de diffé tuées sur un plan simple 
dans un magma alcalin : il reste à déterminer si elles constituent des 
faciès de variation d’une même masse intrusive ou si elles ont été mises en 
place par des intrusions successives. 


* 


(') Dans ces diverses roches, la prédominance de l'ægyrine sur la riebeckite ou 
le remplacement complet de celle-ci par lægyrine sont une conséquence de l’état 
d'oxydation du fer qui est surtout à l'état de Fe?O? (dans les roches à riebeckite le FeO 
domine sur le Fe? O?) et aussi d’une teneur moindre en alumine. 

(*} Sveriges geol. Ur dersökning, sér. C, n° 199. Stockholm, 1o96. 

3 Meddelelser om Grönland (Kjobenhaven), t. 38, 1912, p. 17 

(+) SiO?, 48, go ; AP OS, 5,85; Fe?0*, 11,46; FeO, 13,32 ; MgO, "0.38: CaO, 1,95: 
NatO, 7,40: K?0, 3,23; H°O, 1, 80; MnO, 1,11; ZeO®, 1 P MO tie Taai: 
Total : 99, 39. 


284 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur certains sous-groupes des groupes hyper- 
fuchsiens correspondant aux formes quadratiques ternaires à indéterminées 
conjuguées. Note de M. Eme Picard. 


1. Jai donné autrefois (') les premiers exemples de groupes hyper- 
fuchsiens en envisageant les substitutions à coefficients entiers complexes 
transformant en elle-même une forme quadratique ternaire d’Hermite. Si 
cette forme est à coefficients réels, et si l’on considère seulement les substi- 
tutions à coefficients réels, on a un sous- Cie 6 du “te hyperfuchsien ; < 
ce sous-groupe offre quelques particul intéressantes que je me propose 
d'indiquer. Il suffit, pour plus de simplicité, d'envisager seulement ici la 
forme å indéterminées conjuguées 


(1) : LL + YYo— 330 (Los Yos 9 Conjuguées de æ, y, 3). 

Nous désignerons d’une manière générale par 

(z, 7,5; Mix +Niy + Piz, Mz + Nay + Pas, Mix +N;y+P:3) 

les substitutions à coefficients entiers réels transformant en elle-même la 
forme (1) et par suite aussi la forme 
(3) PFI 5, 

2. Nous voulons étudier, au point de vue de la discontinuité, le groupe 
relatif aux deux variables complexes u et v 


Mu+P,v+R, y Mu+P,e +R, 


3 Us i: == i 
(8) Mu + Pv + R; Mu — Pv + R, 


J'ai montré (loc. cit.) que le groupe hyperfuchsien général résultant 
de (1), c’est-à-dire avec les M, P, R entiers complexes, est discontinu à liñ- 
térieur de l’hypersphère 
(Z) uü, + vo, =i. 


Pour éviter toute confusion, rappelons que nous disons qu’un groupe est 
discontinu en un point (u, v), quand il n’existe pas de substitution du 
groupe, transformant le point (u, ¢)en un point (U, V) différant du pre- 
mier d'aussi peu que l’on veut, exception faite pour un nombre limité de 
substitutions qui transformeraient (u, v) en lui-même. 


(1) Comptes rendus, 1882, et Acta mathematica, t. 1. 


SÉANCE DU 18 SEPTEMBRE 1916. 285 


Nous supposerons le point complexe (u, ¢) à distance finie; nous pose- 


rons 
u. = u+ ius, V= Vi Hipa, 


et nous emploierons des notations analogues pour U et V. 
Examinons d’abord le cas où l’on aurait 


9 9 
Ur Ph SL: 


Nous pouvons alors raisonner comme dans le cas du groupe hyperfuchsien. 
En se rappelant la relation 


M?+P?—R?—1, 


on obtient aisément l'inégalité 


2 2 
1—u?— y} 
2 


(4) |M;u + Pt + R;|>|R;] 
D'autre part, il résulte des relations entre les M, P, R qu’il n’y a qu’un 
nombre imité de substitutions du groupe correspondant à une valeur 


de R,. Écrivons alors les relations immédiates 


1— U?— V'— 


2 y es nil ii 08 
(3) À EE ETES Nr a 


1— UU,— VV, = (1— uus— vvo). 


I 
[M;u + Pv + Rf? 


De l'inégalité (4) on conclut que les dénominateurs des égalités précé- 
dentes augmentent indéfiniment, quand on prend des substitutions du 
groupe où R, grandit indéfiniment. Les deux expressions 


HUE VE Ur EL Vi et. Ut Vi Di Vi 
tendent donc vers zéro. Le point (U, V) se rapproche, par suite, indéfi- 
niment de la courbe 
(C) = Ve U? Vi =r. 

Nous pouvons conclure que le groupe est certainement discontinu dans 
le domaine (D), relatif aux deux variables complexes u et v, défini par 
l'inégalité 
(D) u? + Vi LI. 

De plus, les points limites sont sur la course (C). 

C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 12.) 39 


286 ACADÉMIE DES SCIENCES. 

3. Si de point (u, v) n’est pas dans le domaine (D), le raisonnement pré- 
cédent n’est plus applicable, linégalité (4) perdant tout intérêt. Nous 
allons chercher ce qui arrive quand (u, v) est en dehors de (D). On sup- 
posera, dans tout ce qui va suivre, que U, et v, ne soni pas nuls à la Jos. 

Montrons d’abord que si l’on a 


(6) u? + 05 — (UV — Uri) 0, 


le groupe est discontinu en (u, v). Je dis en effet que, dans ce cas, il ne 
peut y avoir qu’un nombre limité de substitutions pour lesquelles 


| Mu + Pe + R] 
soit inférieur à un nombre donné. Ecrivons, en effet, 


M;u, + P,#, + Rya CL. 
M, u, + Pr- 6, 


|a| et |8] étant inférieurs à un nombre donné. On tire de là les valeurs 
de M, et P,, qu’on porte dans la relation existant entre M,, P, et R,, 


M? + P? — R? =— 


On obtient ainsi une équation du second degré en R,, dans laquelle le 
coefficient de R$ est précisément l'expression (6). Il en résulte que |R; | 
est limité, quand « et 6 le sont eux-mêmes; il n’y a donc qu’un nombre 
limité de substitutions remplissant la condition indiquée. 

Nous avons supposé implicitement que u, čs — u,v, n’était pas nul. Mais, 
s’il en était autrement, la conclusion subsisterait, car des équations (7): on 
tirerait la limitation de R,. 

Nous pouvons maïntenant montrer que, sous la ilmdin (6), le groupe 
est discontinu en (u, v). Si en effet il en était autrement, il y aurait, contral- 
rement à ce que nous venons de voir, une infinité de substitutions du 
groupe pour lesquelles 

[M;u + P;e + BR] 
serait infiniment voisin de l'unité; c'est ce qui résulte de la seconde des 
équations (5), car nous pouvons écarter le cas où l’on aurait 


Fi Up Ve = 0; 


ce qui nous ramènerait au cas déjà traité 1 — uw; — v? > 0. 
Cherchons, toujours sous la condition (6), ce qu'il arrive des points- 


SÉANCE DU 18 SEPTEMBRE 1916. 287 


limites. Remarquons que l'expression 


M; P, 
(8) F u + Fe +1 
a, pour toute substitution du groupe, son module supérieur à un nombre 
déterminé (dépendant de u et ¢), sauf peut-être pour un nombre limité de 
substitutions. Posons en effet 


M, à Ah jju9g 
td) E n o 
x M: ERN 

R; Re. 


On tire de là les valeurs se et de zp et on les porte dans la relation 
: y ; 3 


Ban 
R? ; 


On trouve ainsi une valeur de R? qui, pour a = b = 0, a une valeur finie. 
Il pourra arriver que la valeur ainsi obtenue de R? soit le carré d’un entier 
et corresponde à certaines substitutions du groupe en nombre limité, mais 
il est clair que, pour toutes les autres, la valeur de R° ne pourra être un 
entier que si a? + b?est supérieur à un nombre déterminé différent de zéro; 
ce qui démontre la remarque énoncée. 

Il a été supposé dans ce dernier calcul que 4,6, — u,v, n’était pas nul. 
S'il en était autrement, on tirerait des équations (9) 


Pa = AV — be Us = Aua — bu, 
2 2 13 


et comme u, + v3 n'est pas nul, il mest pas rimes que a?” + b descende 
au-dessous d’une certaine limite. 

La remarque relative à la limite inférieure de l'expression (8) nous 
permet d’énoncer la même conclusion qu’au paragraphe 2, en ce qui con- 
cerne les points limites. Il existe en effet ici, comme précédemment, un 
nombre positif K non nul, tel que (sauf peut-être pour un nombre hmité 
de substitutions) on a 

IMu+P;v+R|>KIR|. 

De là se conclut, comme plus haut, que l'ensemble des points limites est 

sur la courbe (C). 


4. Examinons enfin le cas laissé jusqu'ici de côté où, pour le point (u, +), 


288 ACADÉMIE DES SCIENCES. 
on aurait 
u? + Vi — (ue — UV) = O, 
en supposant toujours u? + v? différent de zéro. 
On voit d’abord qu’on n’a pas ici 


1— u?— = 0, 


car cette égalité est incompatible avec les conditions précédentes. On 
prouvera alors, d’après la première des équations (5), la discontinuité du 
groupe, si l’on montre qu'il ne peut y avoir une infinité de substitutions du 
groupe, pour lesquelles 

M;u+ P;e + R; 
diffère de + 1 d'aussi peu qu’on veut. Or, écrivons les équations 


Mau; + Po + R= + €, 
M;u,+ Po, == io 


et faisons, comme plus haut, la substitution de M, et P; dans la relation 
déjà écrite entre M,, P, et R,. Nous aurons ici une équation du premier 
degré en R,, donnant pour R, la valeur finie = 1 quand on fait £ = n = 0. 
Il n’y a plus alors qu’à raisonner comme ci-dessus. 

On ne peut d’ailleurs, dans le cas présent, avoir 


Us Ve — UaV y exe Ce 
5. N lusion de l’anal céd : ] 
5. Nous pouvons, comme conclusion de l'analyse précédente, énoncer la 
proposition suivante : 


Le groupe étudié est discontinu pour tout point (u, v) non réel (ui +v}; £0), 
situé à distance finie. Il est aussi discontinu pour les points réels u = u,, V—=9,, 
pourvu qu'on ait 

U? + pi 1. 

Une différence importante est à noter en ce qui concerne les points 

limites. Quand l'expression 


2 »2 2 
Us + Vi — (Ua Uv) 


n’est pas nulle, l’ensemble des points limites est sur la courbe (C) définie par 
les équations 
Elise 0, Vs=20, U-V. 


Si, au contraire, l'expression précédente est nulle, u? +v? étant d'ail- 


SÉANCE DU 18 SEPTEMBRE 1916. 239 


leurs toujours différent de zéro, on peut seulement affirmer que les points 
limites à distance finie sont nécessairement sur le continuum défini par les 


deux équations 
U, = 0; Ve == D: 


J’étudierai prochainement les fonctions uniformes de u et v, restant inva- 
riables par les substitutions du groupe précédent. 


CORRESPONDANCE. 


PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur le principe de Doppler et le sifflement 
des projectiles. Note (‘) de M. Ennesr Escrancox, présentée par 
M. Paul Appell. 


Le principe de Doppler a été souvent vérifié à de BE EU pour des 
vitesses relativement faibles, de l’ordre du + de la vitesse du son par 
exemple. On peut se demander ce que devient cette loi pour des vitesses 
très grandes, de l’ordre de celle du son, réalisées notamment par les pro- 
Jectiles. 

Nous nous proposons de montrer que, dans ce cas, le timbre peut être 
affecté, ce qui peut expliquer la variété et la transformation des sons émis 
dans le sifflement des projectiles. 

Soient P un observateur fixe et un projectile, ou un corps sonore quel- 
conque, décrivant une trajectoire. Désignons par ‘v la vitesse en un point 
quelconque M, par a celle du son, par Ÿ l'angle de MP avec la tangente 
positive en M, par r la distance MP, enfin par 9 l’époque où le projectile 
passe en M. 

Le projectile ébranle successivement les molécules qu’il rencontre sur 
son passage, et qui reviennent à leur position d'équilibre après un temps 
très petit :. En outre, le corps mobile étant supposé animé d’un mouve- 
ment périodique, autour de sa trajectoire (rotation, précession, son s’il 
s'agit d'un corps sonore), les molécules ébranlées aux époques 9, 0 + T, 

+2T, ... ont les mêmes mouvements. Le mouvement d’une molécule 
ébranlée à l’é époque Ô pourra donc être représenté par f(t, 0); f désignant 


(!) Séance du 11 septembre 1916. 


290 ACADÉMIE DES SCIENCES. 
une fonction périodique par rapport à ù, en supposant que į est l’origine 
des temps ż. Si l’on prend pour ż une origine quelconque, le mouvement 
. . ` 9r [d , I Le, 
transmis au point P, à l’époque ż, sera représenté par AU nel nr o) 
Composons tous les mouvements qui, issus des divers points de la trajec- 
‘toire, arrivent en P à l’époque donnée ż. Le mouvement de chaque molé- . 
cule étant amorti, les seuls points de la trajectoire à considérer seront ceux 
pour lesquels 


(1) tzo += _ ca t — E, 
c'est-à-dire situés sur un (ou us petis arcs tels que A, A, dont les 


extrémités correspondent aux limites de l'inégalité (1). Le mouvement 
composant en P sera donné dl 


(2) =f": Ae jà 


Confondant l’arc A, A, avec un segment de droite et Ÿ désignant langle 
de M, P avec la tangente positive à la trajectoire, on aura 


r À 
(3) s—s—1— i Q E ts, r = r,— À cos, 0—= + 
a 


et, par suite, 
(4) = f +7 t +5) dà; 


t figure au second membrepar l'intermédiaire de 4, et de r donnés par (3)- 
Au voisinage de l’époque ż on peut écrire 


€ 
0, + const. 


p 
1— — cos d 
a 


De sorte que, finalement, l'intégrale (4) s'écrit 
I(t) = f ag E 200) RIRE). 


Or, d’après la propriété de la fonction f, la fonction ®(2, £) est pérto- 
dique par rapport à / et sa période T’ = T E _ = cos 4) est celle qui résulte 
\ 


du principe de Doppler; mais I(4) n’est vraiment elle-même une fonction 


SÉANCE DU 18 SEPTEMBRE 1916. 291 
périodique que si, au voisinage de l’époque z, les valeurs correspondantes 
de r peuvent être considérées comme constantes, c’est-à-dire si l’obser- 
vateur est éloigné de l'arc A, A, ou si le mouvement du corps sonore est 
peu rapide, ou enfin si la période T est très petite. 

S'il n’en est pas ainsi, ce qui peut arriver pour les projectiles, on pourra 
toujours écrire 
tigiz À 
es j 2 
RO D 7 Set) pia tSi(À) kr. € Sà) Tes oy 
ME = Polt) + qa(t) H palt) +. 


les fonctions 5,(4), o,(t), 2,(1), ... étant des fonctions périodiques de 
période T’ 
Si on les développe en séries de Fourier, on aura finalement 


et, par suite, 


=N (A, cosan my +B, sinar à ) 


À, et B, étant des fonctions de { plus ou moins lentement variables. 

En d’autres termes, dans le son perçu, la période sera bien celle déduite du 
Principe de Doppler, mais le timbre pourra varier plus ou moins rapidement 
en fonction du temps. Or c’est bien en fait ce que l’on observe avec les 
projectiles, surtout lorsqu'ils passent près de l'observateur, c'est-à-dire 
lorsque r varie rapidement. 


CHIMIE PHYSIQUE. — Action des rayons X sur l'iode et l’iodure d'amidon 
en milieu aqueux. Note (') de M. H. Border, transmise par M. sr te 
Gautier. 


Dans un précédent travail (*}, j'ai fait connaître l’action qu’exerce la 
lumière sur l’iode et l’iodure d'amidon en milieu aqueux. 

L'explication que j'ai donnée de cette action de la lumière par ionisation 
et précipitation des grains colloïidaux m'a conduit à étudier l’action des 
rayons X sur ces pseudo-solutions. On sait, en effet, que les rayons X pro- 
duisent surtout des phénomènes d’ionisation. 


* 2 +» de 3 x 
Quelques précautions sont nécessaires pour ces expériences : il faut tout d’abord 
se placer dans des conditions telles que le phénomène à observer ne soit pas masqué 


(*) Séance du 11 septembre 1916. 
(°) Comptes rendus, t. 163, 1916, p. 205. 


292 ACADÉMIE DES SCIENCES. 

par une trop forte concentration, Pour l’eau iodée, on opère en mettant 4 gouttes 
de teinture d’iode au dixième dans 1! d’eau, et en agitant après chaque goutte. 
Si l’on s’est servi d'un compte-gouttes normal, la proportion d'iode employée ainsi est 
de 05, 0072 par litre. Pour liodure d'amidon, on verse un excès dempois d’amidon 
dans 1! d’eau et l’on y laisse tomber 4 gouttes de teinture d'iode qui commu- 
niquent au liquide une jolie teinte bleu de ciel. 


Après de nombreux essais et tâtonnements, le dispositif que j'ai trouvé le 
plus commode pour faire les irradiations consiste à placer le liquide dans 
une boîte en carton préalablement paraffinée : cette boîte est ainsi rendue 
étanche et le couvercle établit une fermeture hermétique; il sert en même 
temps de filtre aux rayons tout en s'opposant aux phénomènes d'oxydation 
qui pourraient provenir de l'ozone formé autour de l’ampoule. 

Pour apprécier la quantité de rayons X absorbée par le liquide irradié, 
je collais une pastille de mon chromoradiomètre au couvercle, le platino- 
cyanure étant tourné vers le haut. 

J'ai opéré avec des ampoules de différentes dimensions à anticathode 
refroidie par l’eau, avec une dureté mesurée par 7 à 8 degrés PANE De 
cette façon, le gaie s’échauffe à peine, 1° ou 2° tout au plus. 


Résultats. — Avec l'iodure d’amidon, l’action des rayons X se reconnaît 
facilement par la décoloration : la quantité de rayons X nécessaire pour 
produire cette décoloration a varié dans mes expériences entre 8 et 
10 unités I. Il faut noter que, si la dose des rayons a été insuffisante, la 
décoloration de l’iodure d’amidon n’est pas complète aussitôt après l’irra- 
diation. Mais en abandonnant à elle-même la solution irradiée, sa décolo- 
ration ne tarde pas à devenir totale, même dans l’obscurité. Après la 
décoloration produite par les rayons X, on peut faire réapparaître la 
teinte bleue en ajoutant une trace d'iode dans la liqueur. 

Avec l’eau iodée, l’action des rayons X s’apprécie en ajoutant à cette 
eau, après une irradiation suffisante, quelques gouttes d'empois d'amidon : 
alors que l’eau iodée témoin donne dans ces conditions une belle couleur 
bleue, l’eau irradiée reste incolore. La dose nécessaire pour obtenir ce 
résultat est aussi d'environ 8 à 10 unités I. Comme je lai constaté, cette 
dose varie avec la proportion d'iode : peut-être y aurait-il dans cette 
remarque un moyen de quantitométrie radiothérapique. 

Ce que les rayons ultraviolets produisent après plusieurs heures, les 
rayons X le font en quelques minutes : les uns et les autres font cesser l'état 
colloïdal de l’iode en déchargeant les particules électrisées. Celles-ci avant 
l'irradiation restaient en présence des éléments de l’eau sans entrer en 


SÉANCE DU 18 SEPTEMBRE 1916. 293 


combinaison avec eux, puisque dans l’obscurité l’iode conserve son même 
état : à mesure que l’ionisation due aux rayons X ou aux rayons ultra- 
violets produit son effet, les particules d’iode libérées entrent en combi- 
naison avec l'hydrogène de l’eau ‘pour former de l'acide iodhydrique qui 
n'a plus d’action sur l’empois d'amidon : d’où disparition de la teinte bleue 
en présence de l’amidon. Du reste, la réaction de l’eau iodée et de l’iodure 
d'amidon devient nettement acide après une irradiation suffisante. 


MINÉRALOGIE. — Les minettes de Jersey. Note (') de M. Maucer. 


L'une des caractéristiques de la constitution pétrographique de Jersey 
réside, dans l'abondance des filons de minette (mica trap) qui traversent 
le granite, les microgranites et aussi les schistes paléozoïques et les por- 
phyrites. 

J'ai eu l’occasion d’ RAA pa un assez grand nombre de ces filons, je me 
propose de donner la description des roches qui les constituent. 

Leur structure varie de la grenue à la microlitique. Toutes sont carac- 
térisées par leur couleur noire et l'abondance de la biotite. Cette biotite 
se présente en lamelles hexagonales avec des formes très nettes, s’empilant 
parfois les unes sur les autres pour constituer d'élégants groupements; en 
lames minces, on constate que généralement la coloration est plus intense 
sur la périphérie des cristaux, qui sont toujours sensiblement uniaxes. Ce 
mica est souvent associé à de l’augite, quelquefois un peu violacée et 
présentant très fréquemment une décomposition en calcite; c'est là l’origine 
de la calcite que ces roches renferment parfois en grande abondance; il 
existe aussi parfois des transformations périphériques de ces pyroxènes en 
biotite, mais seulement dans des roches"dépourvues de calcite. 

Une particularité intéressante réside dans la fréquence des cristaux 
d’olivine (2); mais tandis que dans les roches de ce genre où ce minéral n’est 
pas rare, ces cristaux sont généralement de petite taille, ici l’olivine peut 
atteindre 1° de plus grande dimension; ellé se présente avec des formes 
géométriques et il est possible de les dégager sk leur gangue. Les formes 
observées sont : g'(120), p(001), e'(O LA), e 2(02 1), g' (010), avec le 
développement de s mes habituel à lolivine des rie Ce péridot n'est 
jamais intact, il est toujours pseudomorphisé et de façon différente, tantôt 


(*) Séance du 11 septembre 1916. 
(?) Css cristaux ont été découverts par M. Duprey et déjà signalés par M. J. Couyat. 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 12.) m 


294 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


en quartz et en calcédoine pénétré de pyrite et entouré de lamelles de 
biotite, tantôt serpentinisé; il existe aussi des transformations en biotite 
verdàtres dont la texture cloisonnée permet de reconnaître la structure 
ancienne de l’olivine en voie d’altération; par contre, je nai pas trouvé de 
pseudomorphoses en trémolite (pilite). Quelquefois ces pseudomorphoses 
renferment des octaèdres de spinelle eus qui est. probablement d’origine 
primaire. 

Quant au feldspath, il se présente avec des stone différents. Dans les 
roches grenues, il constitue de grandes plages xénomorphes qui enveloppent 
tous les minéraux colorés et l’apatite qui ne manque dans aucun des types de 
minette. 

Dans les variétés microlitiques, qui sont celles dans lesquelles j'ai ren- 
contré l'olivine, l'augite forme des cristaux plus petits que les minettes 
grenues; le mica se rencontre en phénocristaux et en microlites, l’orthose 
constitue des microlites aplatis, réunis entre eux par une substance, 
aujourd'hui transformée en produits micacés, Sa tie a qui 
occupent la place d’un vérre disparu. 

Enfin, il me faut signaler un type microlitique holocristallin dépourvu 
de pyroxène, dans lequel l’orthose constitue de très grands microlites 
palmés, avec çà et là des sphérolites de même r nature, plus Loir et de 
cristallisation FAR 
de Fort Regent, par M. Pisani ; Fautre fa de Grève au Beito par moi- 
même; j'y joins l’analyse (e) a’ une minette à agite dé peer Ai Creek eitis 
Belt Moutitihé) Montana, par M. ir 


a. b. 
Re 48,60 @ 56, 20 52,26 
APO re 12,40 14,20 13,06: 
i FetO¥ 9N T;96 0,75 SIENY) 
Fe Q.6 0.353095 454 114,92 p 4345 js 
MgO. oile 1110 9,20 : fs QD rte 8,71 ? 
araia ARE dr #70; sue 7104 
2 Na? UE ? A 1,88... ai né 28% è 2,89 
OE T à EE 3,87 
CaGO# . + LA DEC) 's ,{ 1 OTaos, OET 0,90: 
PMOs resines APs EST h ogah 2501 sQrAnsaq; 
TO... 4e A A a E + 
$ ; Perte at i feu.. ae e a a mo “2,87 
z ga 109,85 100, 29 


it 


"EU. ne dde 0e fuigheous” rocks, 1903; pias (7) 


SI HAT) odena e Orp LH 2 


SÉANCE DU 18 SEPTEMBRE 1916. 295 


La roche a est assez altérée, l'acide carbonique de la calcite a déplacé 
une quantité équivalente de silice et la haute perte au feu empêche un 
calcul précis de la composition virtuelle. Celle de l’analyse b conduit à un 
type de monzonose ([l'.5. 2.3) fréquemment réalisé dans les minettes; 


il est voisin des shoshonoses (IL. 5. 3.3). à 


PHYSIQUE DU GLOBE. — Perturbations de la déclinaison magnétique à Lyon 
(Saint-Genis-Laval) pendant le premier trimestre de 1916. Note (') de 
-M. Pa. Frasozer, présentée par M. B. Baillaud. 


Les relevés des courbes du déclinomètre Mascart, pendant le premier 
trimestre de 1916, fournissent la répartition suivante des jours perturbés : 


i Totaux du 
Échelle. . Janvier, Février. Mars. trimestre. 
© Jours parfaitement salies PO 1 dis 3 6 
t- Perturbations de -tA 3.1 12 9 2 23 
2 » de 3a on 12 8 9 29 
3 Re. Ge TRE a j 10 8 43 
4 n deis 830 ...,.. i- 0 8 9 
5 » D AU Te ee vend o o ] I 


On remarque qu "il n’y a eu aucun jour de forte perturbation en février; 
il y à eu un seul j jour en janvier (15’ le 25); mais en mars, il y en a eu g 
(18! le 25; 19’ le 6;. 20’ les 20, 24 et 30; 22’ le 29; 25’ les 8 et 10; et enfin 
31’ le g). 

Par- rapport aux résultats du quatrième trimestre de 1915 (?}), il y a 
diminution de deux dans les jours calmes, de quatre dans l'échelle 2, de 
trois dans l’échelle 4 et de deux dans l'échelle 5 ; par contre, il y a augmen- 
tation de huit jours dans la cote 2 et de deux jours dans la cote 3 de 
l'échelle, 


La séance est levée à 15 heures et demie. 


ep 
© 


(") Séance du 11 septembre 1916. 
(°) Comptes rendus, t. 162, 1916, p. 519. 


290 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


OUVRAGES REÇUS DANS LES SÉANCES DE JUIN 1916 (suite et fin). 


Annuario publicado pelo Observatorio nacional do Rio de Janiero para o-anno 
de 1916, anno XXXII. Rio de Janiero, Villas-Boas, 1916; 1 vol. in-12. 
Centuria prima di Acari nuovi, par Antonio Berlese. Firenze, Ricci, 1026; 


Me of the ei ighty-fifth meeting of the british Association for the advance- 
ment of science : Manchester, 1915. Laudos, John Murray, 1916; 1 vol. in-8°. 

Records of the Survey of India, t. VIL, Annuals reports of parties and offices 
1913-1914. Cailcutta, Superintendent Government printing, India, 1916; 1 vol. in-f°. 

Publications of the United States naval Observatory, second series, vol. IX, 
part H : Observations made with the nine-inch transit circle 1903-1908, under the 
direction of W. S. EicuecsgerGer. Washington, Government printing Office, 1915; 


Report of the United States commissioner of Fisheries for the fiscal 7. 1914, 
by Huga M. Suiru. Washington, Government printing Office, 1915; 1 vol. in- 

The american Ephemeris and nautical Almanac, for the year 1918. Washin gton, 
Government printing Office, 1915; 1 vol. in-8°. 

Anthropological report on Sierra Leone, by Norracore W. Tuowas; part I: Law 
and Custom of the Timne and other tribes; part II : Timne-english dictionary; 
part II : Zimne grammar and stories. London, Harrison, 1916; 3 vol. in-12. 

Specimen of languages from Sierra Leone, by NoRTHCOTE W. Tuomas. London, 
Harrison, 1916; 1 re DE 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 25 SEPTEMBRE 1916. 


PRÉSIDENCE DE M. Camile JORDAN. 


CORRESPONDANCE. 


M. le Secréraire PERPÉTUEL signale, parmi les pièces imprimées de la 
Correspondance : 


1° Internationale ‘Erdmessung. Astronomisch-geodätische Arbeiten in der 
Schweiz. Vol, XV. (Adressé par la COMMISSION GÉODÉSIQUE SUISSE.) 

2° Des Matériaux pour la Carte géologique de la Suisse : une planche de 
profils géologiques n° 73 b; deux cartes spéciales géologiques n° 77 et 
n° 29, avec textes explicatifs. (Adressé par la Commisston GÉOLOGIQUE SUISSE.) 

3° Le Darwinisme et la guerre, par P. Cuaumers MrrcneLL, avec une Pré- 
face de M. Eme Bournoux. (Présenté par M. Ed. Perrier.) 


ASTRONOMIE. — L'origine des rotations et révolutions de sens direct ou rétro- 
grade aïnsi que des orbites cométaires. Note (') de M. Eme Beror, pré- 
sentée par M. Bigourdan. 


Faye a cherché à expliquer les rotations directes et rétrogrades des pla- 
nètes en admettant qu’à l’origine la nébuleuse solaire avait eu une vitesse 
angulaire de rotation constante qui peu à peu avait fini par aboutir à celle 
que donne la troisième loi de Képler (période rétrograde). Mais il n’est pas 
possible de comprendre mécaniquement qu’une masse nébuleuse sphéroï- 
dale ait pu s’isoler de la nébuleuse universelle avec une vitesse angulaire 
Constante sans qu'autour d'elle se soient réalisées en même temps, par le 
frottement, des vitesses angulaires de plus en plus réduites quand on 
s'éloigne du centre. 


ES, 


(') Séance du 18 septembre 1916. 
C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 13.) 41 


298 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Le problème des vitesses tangentiélles dans la nébuleuse. primitive 
peut être élucidé en partant de la loi des rotations directes donnée comme 
empirique dans une Note précédente (Comptes rendus, t. 443,1906, p. 1126) 
et dont la démonstration (*) nous a appris que le premier terme est relatif 
à la rotation du noyau N, c’est-à-dire de la masse planétaire mise en rotation 
par la vitesse relative des nappes concentriques de la nébuleuse, et que le 
second terme correspond au moment de rotation conféré au noyau par la 
précipitation ultérieure de matière satellitaire. On peut d’abord améliorer 
la formule des rotations directes en introduisant dans le second terme 
l'inverse de l’aplatissement æ sous la forme démontrée dans ma Note pré- 
sentée à l’Académie des Sciences le 23 décembre 1913. Ainsi complétée la 
formule devient (T durée de rotation en heures, a distance au centre 
en u. a., D diamètre de l'astre en diamètres terrestres, d sa densité par 
rapport à l’eau) : 

u) Fo 23,79 L 0,99D ’ 


ni CRE 
VaD?5 a(1— $) 
ot 


Cette formule est beaucoup plus précise que celle de 1906. Les écarts dans 
les durées T ne sont plus que de 1 minute au lieu de 12 minutes. Elle s’ap- 
plique d’ailleurs à la Lune et, avec les intégrations nécessaires, au Soleil 
dont on trouve ainsi la durée de rotation variant de 26Ì à 29,7 suivant 
qu'on le considère comme homogène ou fortement condensé au centre. La 
formule (1), ayant ainsi une base solide dans l'expérience, peut servir à 
résoudre la question suivante analogue à celle que s'était posée Faye : 
quelle até la loide révolution de deux nappes concentriques voisines ayant 
les vitesses tangentielles V,, V, pour que la rotation de durée T; du noyau 
inséré entre elles corresponde à Va au dénominateur du premier terme? 
On a, pour un noyau de diamètre D, la durée de rotation T, 


‘27 D 
bont rot 
Par suite, on doit avoir 
Uo 
r y P 
d'où 
b 2 
(2) Y 3 + za = wa, 


(') E. Beror, Essai de cosmogonie tourbillonnaire, Chap: H. 


SÉANCE DU 25 SEPTEMBRE 1916. 299 


Ainsi la vitesse V des nappes directes n'était pas proportionnelle à a 
comme le supposait Faye : elle ne s'annulait pas au centre parce que la 
FHPADAHOR de la matière n’était pas entièrement sphéroïdale, En effet, en 
formant wa en partant de (2), le premier terme est C2: 4, ce qui indique 
une attraction centrale d’un cylindre indéfini (tube-tourbillon). 

Figurons la courbe des V en fonction de a à partir du centre OO, du 


système. Au’delà de Saturne, V ne peut croître indéfiniment : il faut donc 
qu'à une distance an, inférieure à celle d'Uranus, V atteigne un maximum 
au delà duquel V diminue indéfiniment. La courbe des V ainsi tracée 
représente précisément la distribution des vitesses à l’intérieur et à l’exté- 
rieur d’un fluide en mouvement tourbillonnaire comme une tempête 
tournante. Mais pour qu’une nappe fluide agglomère sa masse rapidement 
en un seul astre à une distance donnée, il faut qu’elle soit rompue puis 
refoulée sur elle-même par une masse de vitesse antagoniste V,. Dans notre 
théorie V, est la projection sur l'échiptique de la vitesse de dn nébüleüse 
amorphe qui rencontre les nappes à vitesses V de la nébuleuse tournante. 
Figurons en plan au-dessous de OX la partie de l'écliptique où se pro- 
duisent les chocs directs de V, et des V, causes de la formation des noyaux 
planétaires N. On voit clairement que ces chocs détermineront les cas 
suivants de rotation et de révolution pour les noyaux N : 


Valeurs de V. Sens de rotation. Sens de révolution. 
V croît entre Oet 4, ... V>V, Direct — N, Direct 
- M maximumen auk -he V> Vs Rotation nulle » Direct 
V dédroît de a, ‘en Xose :V > Va Rétrograde N, Direct 
à Indifférent 
BUR RE PE a V=V, Rétrograde N, 


(orbites cométaires) 
V décroît au delà de X.. V< V, Rétrograde N, Rétrograde 


300 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Ainsi on peut prévoir que dans les systèmes de satellites les révolutions 
rétrogrades seront toujours à l’extérieur et que dans le système solaire au 
delà de la région à rotation rétrograde et révolution directe on pourra trouver 
des planètes à revolution rétrograde comme dans les systèmes de satellites. 
La même analyse explique pourquoi entre Saturne et Uranus, il n’a pu se 
former de grosses planètes : car vers la distance am aucune rotation ne peut 
prendre naissance, et nous savons que la rotation, nécessaire pour agglo- 
mérer la masse, est pour les planètes directes d'autant plus rapide que la 
masse est plus forte. Enfin nous avons la notion nouvelle d’une distance X 
très éloignée dans la région rétrograde (probablement au delà de 100 u. a.) 
où V = V,, ce qui annule la tendance à la révolution et fait précipiter ainsi 
vers le Soleil les masses de cette région. Celles dont la distance initiale 
sera un peu inférieure à OX donneront lieu en principe à des orbites comé- 
taires de sens direct, celles qui sont un peu plus éloignées à des orbites comé- 
taires de sens rétrograde. D'ailleurs le choc des masses nébuleuses sur les 
masses cométaires, pendant leur marche vers le Soleil, pourra soit les 
absorber, soit par V, incliner l'orbite vers le sens rétrograde et par V vers 
le sens direct. ‘On comprend dès lors pourquoi il y a autant de comètes 
directes que de rétrogrades et comment toutes les inclinaisons d’orbite sont 
possibles pour des masses résultant d’un choc et partant d’une vitesse nulle. 
Si l’excentricité d’une orbite est grande chaque fois que V est voisin de Vo, 
on en conclut que les satellites rétrogrades éloignés doivent avoir des 
orbites très excentrées et qu'il doit en être de même près du centre d’un 
système : ainsi pour Mercure, et les satellites Phobos, V de Jupiter, Mimas, 
Ariel. 

Enfin il pourrait exister des systèmes planétaires où la courbe V descende 
près du centre au-dessous de V, (C < V,): ces systèmes auraient près du 
centre des orbites cométaires el même des révolutions et rotations rétro- 
grades. 

On voit avec quelle facilité la cosmogonie dualiste et tourbillonnaire rend 
compte de toutes les particularités (comètes et mouvements rétrogrades) 
qui étaient ou ignorées ou considérées comme des anomalies par la cosmo- 
gonie de Laplace et ses dérivées. 


Remarque. — On a pu dans ce qui précède, pour simplifier, ne considérer que Jes 
vitesses V et V, au lieu de mV et m, V,, parce que les m varient dans le même sens que 
les V, que m, peut être supposé constant comme V, et qu’il s’agit seulement de déter- 
miner le sens des phénomènes. 


SÉANCE DU 25 SEPTEMBRE 1916. 301 


ASTRONOMIE. — Occultations dans les Pléiades, observées le 16 septembre 1916, 
à l’équatorial Brünner (0",16 d ouverture) de l'Observatoire de Lyon. 


Note de M. J. Guisiauur, présentée par M. B. Baillaud. 


La Lune étant âgée de 19 jours, les immersions se produisaient par le 
limbe éclairé et les émersions par le bord obscur. La présence assez fré- 
quente de vapeurs, dont la condensation allait jusqu’au stratus épais, 
rendait la visibilité du limbe obscur très variable. 


Temps moyen 


Étoiles. Phénomènes. de Lyon. Remarques. 

2 0 AE CCE RE Ém. 1 E Brusque. 

RE RLD iT Lust ne N Im. Ce ne PNR PE Perdue en contact avec le limbe 
qui est très nettement défini. 

Anon, 23(8,1)...... Ém. 12:04:42,3 En retard? 

Anon. 17 (7,2)...... Ém. 19, 5.24;0 Brusque. 

Anom: 14 (9,6)...... -Ém. t2. 000 Vue à ce moment. 

Anon 19, (7,3)...... Ém. 12.12. 0,0 Brusque. 

Anon. 22 (7,5)...... Ém. 12.16.18.,/ Brusque. - 

SBA (ehhe nos dus Im, 12.19.32,0 En contact 1° avant ; l'étoile entre 


dans le limbe, puis son petit 
disque s’aplatit et, lorsqu'il 
$ n’en reste plus environ que le 
tiers, elle disparaît brusque- 
ment. Très belle définition. 


Anon, 26s (6,7): e. i Ém. 003,3 En retard. 

Anon. 33 (8,3)... . Ém. 13. 9.20,7 Probablement en retard. 
MANS BE} de 13 Ém. 13:19.93,9 Brusque. 

AJ, Re site Ém. 15.19.21,4 Brusque. 


Les étoiles de 10° grandeur étaient complètement invisibles. 

L'étoile Anon. 13, indiquée 8,5 dans le Catalogue Lagrula, était à la 
limite de perceptibilité; je n'ai pu la saisir qu’assez loin de son émersion. 

J'ai estimé l’Anon. 33 (8,3)Zo,1 que l'Anon. 30 (8,4); l'une de ces 
deux étoiles est probablement variable, de même que l'Anon. 14. 


302 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


RADIOLOGIE. — Détermination des constantes pratiques du tube Coolidge. 
Note de MM. Marcer Borr et Lucien Marrer. 

Le tube Coolidge (') est une nouvelle ampoule à rayons X basée sur 
l'émission d'électrons par les corps incandescents (effet Edison-Richardson). 
Au point de vue qui nous intéresse, il n’en a pas encore été fait d'étude 
systématique; par contre, il a été publié de nombreuses erreurs, attri- 
buables à des idées trop schématiques qu’on s’était faites sur le fonction- 
nement de cette ampoule; et comme elle est déjà employée par des radio- 
logues et des médecins, il nous a paru intéressant de résumer les résultats 
que nous avons obtenus dans le service du D” Béclère, au Val-de-Grâce. 


1° COURBES DU RÉGIME ÉLECTRIQUE. — a. Courbes du courant i débité dans lam- 
poule en fonction du courant 1 alimentant le filament, à divers voltages U main- 
tenus constants. — La température absolue T du filament incandescent varie dans le 
même sens que le courant I, alors que le courant £ est lié à T par la loi de Richardson 


b 
ibaie t 
où a et b sont des constantes (?). 

L’allure de cette fonction montre que # doit croître très rapidement avec 1; c'est ce 
que l’on constate tant que I n’est pas trop grand. Sinon, les actions électrique el 
magnétique exercées par l'ensemble des électrons sur chacun d’entre eux ne sont plus 
négligeables et le courant £ reste sensiblement constant pour des valeurs croissantes 
de T, 

b. Courbes du courant i débité dans l'ampoule en fonction du voltage U aux 
bornes, pour différents courants I maintenus constants. — D'une manière générale, 
le courant £ croît en fonction de U. Remarquons qu’à faibles voltages (U < 2000 volts), 
le champ électrique appliqué n’est pas capable d’entraîner tous les électrons émis et le 
courant č reste très petit. 


29 PUISSANCE RAYONNÉE ET DEGRÉ DE PÉNÉTRATION. — La puissance rayonnée Q sous 
forme de rayons X (appelée parfois intensité du rayonnement) a été mesurée par 
l'ionisation produite par les rayons X en traversant un électroscope en papier plom- 
baginé. Ces puissances orit été ensuite converties en unités V par minute, utilisées 
par les médecins; rappelons que, par définition, une ampoule a émis 1 V, lorsqu'une 
pastille de platinocyanure de baryum, placée à 7°%,5 de l’anticathode, a viré de Sa 


(!) On trouvera une description et un schéma de cet appareil dans la Note de 
MM. Belot et Ménard (Comptes rendus, t. 160, 1915, p, 450). 

(?) a varie comme le nombre d'électrons présents dans le métal et b est propor- 
tionnel au travail nécessaire pour vaporiser un électron dans l’espace environnant: 


SÉANCE DU 25 SEPTEMBRE 1916. 303 


téinté primitive à une nouvelle teinte type (effet Villard) (1). Dans lé Tableau suivant, 
D ést le degré Benoist; U représente, en volts, la différence de potentiel maximum 
appliquée au tube; Zest la longueur de Pétincelle équivalente en centimètres; {indique 
l'inténsité, en milliampères, du courant qui travèrse l’ampoule; enfin 5 éxprime le 
rendement pratique en unités V par hectowatt-heure dépensé dans l’ampoule. 

Pour servir de termes de comparaison, on a, pour les tübes habituels, les données 
suivantes : 


U. L f- £: D. p- 
Tube Chabaud.,. 38000 13 0,8 0,2 7 19 
; 83000 14 2 0,2 7 7 
> 
Aube. Piloni.. it. ) 03668 16 5 + ; 5 
U l Å, To p p. U l i ®. D p 
ENE S, 4,6 Has Ordi 1043.23 
PARETA ey E 4,6 r AES 21 
13000... 3 D à 210 0 Ba f- A 357 5  o,g96 6 20 
102 1050218 0,9 PRO Oh AO) a 71 stb 18 
| AE OL T E - 0038 R E R TE E E 
fine air opad t 26 30 , 2,9 5 ra 
2 0,22 3 23 AoE A 8,4 
5 :10,fH01:8 22 todoa 6,5: 26 
60 6,5 925 
g pa } vo 0,78 12,59 17 2:10 y 
R e S E Do L Ga amo Mkd 
20 0,66 2 #54 73000... 12 10 29 0,9 D 
30  o,08 2 0,6 10 4,3 6 17 
SO CPE PI 01 36 : 5,6: DA 
lord oil ns \40o 7,1 5,5. 14 
4°: 03 20 0 22 PERGE SBE MA SA 
5 iieo G 20 | ao Eh, 39 
nogi 0 (16 ni ko D aoa oa 57 Le 31 
0) dE, Toi ai 10 49 F) 29 
Di: HB3 7,8 Ipap 218411: 90 af 
| £a: 06,54:.2 2,0 "ho 14,6: 6 18 


r atah que, pour un certain voltage maintenu constant, l'émission ® commence 
- | i : i j A 

par croître avec le courant ï; puis elle passe par un maximum et décroît jusqu’à 

devenir très petite (*). 

mm 


(') Les mesures d’ionisation et le réglage du tube Coolidge comportent une préci- 
sion beaucoup plus grande que l'appréciation d'un changement de teinte, 

(*) Ace régime, qui peut être maintenu sans crainte pour le tube, on obtient : 

En filtrant le rayonnement par 0%,5 Al, ®— 0,7 avec D —9; 

. En filtrant le rayonnement par 1% Al, ®— 0,4 avec D = 10. | 

(3) Si les courbes correspondant à des voltages élevées (U > 50 000 volts) ne pré- 
Sentent pas de maximum, c'est que ceux-ci n'ont pu être atteints dans les conditions de 
l'expérience (puissance limitée du contact tournant, échauffement exagéré de lanti- 
cathode). 


304 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Il faut attribuer cet effet à l'action exercée par l’ensemble des électrons sur chacun 
d’entre eux; lorsque l'intensité ¿ devient trop grande, le tube se trouve en quelque 
sorte mis en court circuit, le rayonnement baisse considérablement à la fois au point 
de vue quantité et au point de vue qualité, principalement à cause de la diminution de 
vitesse des électrons. 

llest donc faux de prétendre : que la puissance rayonnée Ẹ croît toujours avec le 
courant ¿į qui traverse l’ampoule; qu’à voltage U constant, le degré de pénétration D 
est indépendant de č; qu’à intensité I constante, la puissance rayonnée ® est sensible- 
ment indépendante de U; enfin qu’à voltage U constant, le rendement pratique p passe 
par un maximum, lorsque à augmente. 


` 


3° HÉTÉROGÉNÉITÉ DU RAYONNEMENT. — Une autre erreur a consisté à soutenir que le 
rayonnement des tubes Coolidge est monochromatique, sous prétexte que les électrons 
arriveraient tous avec la même vitesse sur l’anticathode. Même si c'était le cas, tous ne 
seraient pas arrêtés de la même façon dans leur rencontre avec les molécules du 
tungstène. D'ailleurs, bien des causes peuvent différencier les vitesses des électrons (non 
constance de la différence de potentiel appliquée; rencontre avec les molécules du gaz, 
au nombre d'environ un trillion par centimètre cube; champs électrique et magnétique 
dus aux électrons et variables à l’intérieur du pinceau cathodique, etc.). Ces considé- 
rations se trouvent justifiées par l'étude de l’absorption par les métaux; si le rayonne- 
ment était monochromatique, la courbe d'absorption serait une exponentielle et le 
coefficient d'absorption devrait rester constant; or, pour des épaisseurs d'aluminium 
croissant de o™, 1 à 2m, il varie : 
Pour le tube Coolidge : dans le rapport de 1 à 0,43; 
» Pilon : » 1 à 0,36; 
» Chabaud : V7 1100 
On peut donc affirmer que le rayonnement du tube Coolidge n’est pas sensi- 


blement plus homogène que celui des autres tubes : ce qu'avait constaté de Broglie 
en l’étalant en spectre (!). 


Les conclusions pratiques, qu’on peut tirer de cette étude, sont les sul- 
vantes : j ; 


1° Le tube Coolidge est très stable; pour un voltage et un milliampé- 
rage donnés, le rayonnement X se maintient très longtemps, en conservant 
ses caractéristiques primitives (puissance totale émise et degré de péné- 
tration). 

2° Le tube Coolidge est très souple : il permet le passage immédiat 
du régime « mou » au régime « dur », aussi bien que le passage inverse. 

3° Le rendement pratique du tube Coolidge est analogue à celui des 
autres tubes focus pour les rayons mous; mais il devient bien meilleur, dès 
qu’on lui applique de très grandes différences de potentiel. 


(') Comptes rendus, t. 162, 1916, p. 596. b 


SÉANCE DU 25 SEPTEMBRE 1916. 305 


4° Enfin le rayonnement émis peut être considérable, plus de 20 fois 
celui des ampoules usuelles (application à la radiographie instantanée). 
Notamment, ou peut obtenir avec des rayons 10°B la même puissance 
rayonnée ao bb iiaea avec des rayons 7°B, ce qui offre un gros 
intérêt dans la radiothérapie des tissus profonds. 


CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les acidylsemicarbazides. 
Note (') de M. J. Boueauzr, présentée par M. Charles Mourcu. 


Les acidylsemicarbazides connus jusqu'ici, d’ailleurs très peu nombreux, 
ont été à peine étudiés; leur point de fusion et leur solubilitè dans quelques 
dissolvants sont à peu près les seules indications qu’on possède sur chacun 
d’eux. 

Je me suis proposé d'augmenter nos connaissances sur ce groupe de 
composés en utilisant les acidylsemicarbazides obtenus par la méthode que 
j'ai indiquée dans une Note précédente (°). 

I. Ce sont en général des corps à point de fusion élevé (loc. ci). Ils 
sont fort peu MARNE dans l’eau froide (08,30 pour 100 environ, pour le 
phénacétylsemicarbazide); la présence de soude ou de carbonate de soude 
diminue encore la solubilité. L'eau chaude les dissout un peu mieux. Ils 
sont insolubles dans le benzène, le chloroforme, l’éther de pétrole, peu 
solubles dans l’éther. L'alcool, qui les dissout assez bien à chaud et peu à 
froid, est le dissolvant le plus convenable pour leur purification. 


IT. L'addition de petites quantités d’acide chlorhydrique favorise leur 
dissolution dans l’eau en donnant des chlorhydrates, qu’on peut obtenir 
cristallisés par évaporation à lair libre de la solution aqueuse. Ces chlor- 
hydrates s’obtiennent souvent plus rapidement en dissolvant l’acidylsemi- 
carbazide dans peu d'alcool à la faveur d’un pelit excès d'acide chlor- 
hydrique et facilitant la précipitation du u chlorhydrate par addition 
d’éther sec. 

Ce sont des sels bien cristallisés et stables. Ils répondent à la Éétwole de 
monochlorhydrates, car ils contiennent exactement une molécule d’acide 
chlorhydrique pour une molécule d’acidylsemicarbazide, 


(3) Séance du 18 septembre 1916, 
(e TN rendus, t, 163, 1916, p. 287. 


R,, 3918, a° Semestre, (T. 103, N° 18.) ha 


306 CACADÉMIE DES SCIENCES. ` 

La déteratitiation de l'acide chlorhydrique combiné sé fait très simple- 
._rhént par Te volumétrique avec la soude diluée en présence de phtaléine, 
cet indicateur n'étant pas influencé par les acidylsémicarbazides. 

Ces chlorhydrates sont dissociés par l’eau, de sorte qu’ils ne se dissolvent 
facilement que par addition d’ün petit excès d’acide chlorhydrique. Ils 
sont beaucoup plus solubles dans l'alcool et insolubles dans l’éther. 


IM. Les alcalis libres etles acides minéraux, dilués et-bouillants, sapo- 
nifient les acidylsemicarbazides comme ils le font des amides proprement 
dits. On obtient, d’une part, l'acide libre et, d’autre part, la semicarbazide 
ou plutôt ses produits de PIP PRPo RNg? : hydrazine, acide carbonique et 
ammọniaque; $ 
La saponification est lente; en voici deux exemples : 

1° À 10° d’eau, additionnés de 1°°,5 de lessive de soude, on ajoute 08,20 Fe Del 
semiçgarbazide CSH5.,CO.NH.NH.CO.NH? ; on porte à l'ébullition à reflux, pendant 
1 heure. Au bout de ce temps on retrouve encore une partie du benzoylsemicarbazide 
inaliérée. L’acidulation de la liqueur par l'acide chlorhydrique permet d'i soler 
l'acide benzoïque provenant de la saponifiéation. 

: 2° On-enferme dans un tube scellé 5°% d’eau, 5% d’acide chlorhydrique (D = 1 en 
et 05,50 de phénacétylsemicarbazide C°H.CH#.CO.NH.NH.CO NH. Le tube est 
chauffé au bain-marie bouillant péndänt 3 heures, À l’ouvérture, légéré pression due 
à l'acide carbônique: On retrouve 05,33 dë phéditeiyisentiehrbd aide ét, par acidula 
tioh chlorhydrique; on'isole de l'acide fpihénylacétique. Li présence d'ammorniaque et 
d’hydrazine-dans les produits de la réaction a également été caractérisée. fli 

STV] Les oxydañts, qui attaquent et détruisent le ‘groupe hydraziné, 
produisent une saponification plus rapide, présque instantanée : il en ëst 
ainsi des hypobromites et hypoiodites.alcalins. 

* Daits 50°" d’eau, additioinés de 1°%°,5 d'acide chlorbydrique, on‘dissout one” -dé 
~ phéaylpropionylsemicarbazide Cf H5.CH?.CH?.CO:NH.NH.CO..NH?. 

On verse la solution dans 8°%° de lessive de soude, de façon à ahiak un coli 
très divisé en suspension dans une liqueur alcaline. On ajoute alors de l'iode en excès. 
Après 10 minutes on acidulé pâr l'acide chlórhydrique et l'on agite avec de l'éther; ce 
dissélvänt éväporé'abandoïine l'acide phénylpropionique C’ HS. CH. CH. CO H, dont 
on obtient la quantité théorique. L’hydrazine formée en même temps est détruite avec 
- dégagément d'azote; qüânt au ċyanate' alcalin; on peut constater så pese dans la 
solution, avant l'acidulation par l'acide chlorhydrique. i imon 


L’action de l’anhydride acétiqué sur les acidylsemicarbazidès ne donné 
pas de-dérivé acétylé.-H y a simplement saponification; c'est-ainsi-quet 
- opérant avec le sam ere de n'ai. isol sus sde :Vacide 
POP 


SÉANCE DU 25 SEPTEMBRE 1916. 307 


V+ Je me contente ici d'indiquer ces réactions d’une manière générale et 
simplement. qualitative, des variations quantitatives s'observant: “avec 
chaque acidylsemicarbazide envisagé. Les détails concernant chacun d'eux 
trouveront leur place dans un Mémoire plus étendu qui paraîtra dans 
un autre Recueil. 


ZOQLOGIE. m Sphærgmicola topsenti n: g. ns Sp., Ostracode commensal 
d Isopodes troglobies du genre Cæcosphæroma. Nöte e$ ny M: P. Panis, 
présentée par MX, Delage. 


Sur les Cæcosphæroma des grottes du massif de Ja Côte- d'Or, j'ai ren- 
contré fréquemment un petit Ostracode signalé pour la première fois par 
Racovitza (°) qui, l'ayant trouvé dans des tubes eontenant des Cæcosphæ- 
roma récoltés par lui en septembre 1907 avait naw janas b son commen- 
salisme avec ces Isopodes. p 

Cet Ostracode, pour lequel j je propose le nom de iaoiae h topsenti 
n,g.n. SP: GSL d’un bl anc pur, devenant FRADARARSRU aux appendices et 
parties minces. ; : 


La carapace en est glabre et paraît lisse et brillante aux plus fòrts grossissements, 
dans les deux sexes et à tout âge. Celle du mâle à une longueur moyenne de 4Ao+ 
sur une hauteur moitié moindre et une épaisseur de 1254 au commencement de Ta 
deuxième moitié du corps. La face de la carapace est donc allongée, l'avant 'en est 
plus pointu que l'arrière qui est légèrement arrondi. Les deux valves sont très sem- 
blables entre elles, la gauche étant cependant un peu plus courte que la droite, 
L'avant présente une courbure moins accentuée que l'arrière, le bord dorsal est 
régulièrement convexe, le bord ventral étant presque droit. La carapace de la femelle 
mûre a, en moyenne, 4158 de longueur sur un peu plus de moitié de hauteur, avec 
une épaisseur de 130% environ, dans la seconde moitié du corps. De face, lavant en 
est assez pointu ; l'arrière, plus arrondi, prèsente de chaque côté, peu avant sa a 
naison, un noe plissement. Les valves’ sont très peu différentes lune de l'autre, 
Löne et le bord dorsal en sont régulièrement arrondis, le bord ventral est'légère- 
ment concave. L'arrière, obliquement rongan du haut vers le bord ventral et lavant, 


montre en son milieu une écha plus ou moins développée due à un reploiement 
interne de la valve. 
+ ha £. + rara maccphc Ili ide 
Les insertions des muscles adducteurs quat elli psoïdes, 


horizontalement allongées et étroitement superposées. 


(*) Séance du 11 septembre 1916. 
(H) E: Racovreza, Sphéromiens, 1° série : naiss: n° XIII taire de 
Zool, expérim, et génér,, & série, t, ey mars 1910; p.708). . ub pii i 


308 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Les antennules, peu longues, fortes, s’atténuant régulièrement, se composent de 
sept articles peu différents comme Luna le uns des de tas les quatre derniers 
portant quelques longues soies, 

Les antennes, très robustes, à quatre articles, se terminent par une paire de fortes 
griffes crochues à base épaisse, dont l’une, chez le mâle, s'élargit à l'extrémité en un 
peigne oblique. Chez ce dernier, en outre, entre ces deux griffes, on voit un petit 
appendice claviforme.L'exopodite sétiforme du premier article, qui contient le conduit 
de la glande antennaïre, n'atteint pas tout à fait l'extrémité de l’endopodite. La glande 
est grande, située très haut; sur le vivant, son contenu, vu par transparence, se pré- 
sente sous la forme d’un globule brillant. 

Il n’y a aucune trace d'yeux. 

Les mandibules, longues, ont une gnathobase pourvuede cinq fortes dns peclinées. 
Le palpe, bien développé, se termine par un article spatulé, mince, légèrement 
recourbé, à extrémité arrondie finement dentelée, L'exopodite en est réduit à une 
longue soie. 

“Les maxilles, typiques, sont très simples. Un protopodite biarticulé, à base très 
large intimement soudée aux branches postérieures de l’hypostome, supporte deux 
appendices, l'un légèrement recourbé et aplati, obscurément divisé en trois articles, 
l’autre plus court, sétiforme, paraissant biarticulé. 

Les trois paires de pattes, soutenues par un squelette bien développé, sont fortes, 
presque absolument identiques comme forme et augmentant fort peu de dimensions 
de la première à la troisième. Le premier article, à tête articulaire très nette, est 
legèrement renflé en son milieu; les trois autres, un peu plus minces, sont cylindriques, 
sensiblement de même diamètre ; les deux derniers, courts, étant approximativement 
de même grandeur et d'environ le tiers du précédent. Au dernier article fait suite une 
griffe courte, assez faible, de longueur à peu près égale au diamètre de l’article qui la 
supporte; elle est fortement arquée et longuement pectinée. Les pattes du mâle ne se 
distinguent guère de celles de la femelle que par la présence d'une petite soie insérée au 
milieu du deuxième article, 

Les organes génitaux externes sont bien développés. Chaque moitié de pire 
copulateur mâle se compose d’une grosse masse piriforme, aplatie sur une face, avec, 

u côté mince, un crochet antérieur long, terminé en molette d'éperon et un crochet 
postérieur longuement conique, à pointe recourbée vers le dedans, À la base de ce 
dernier se trouve un petit lobe perpendiculaire et un peu ri né une large lame 
foliacée dentée. 

Les lobes vaginaux de la femelle, bien développés au moment de la copulation, 
s’atrophient ensuite pendant la maturité, alors que s'amasse dans cette région un gros 
bouchon gélatineux. 

Les œufs sont gros, elliptiques, blancs ; ils mesurent en moyenne 1254 de longueur 
et ont une surface granuleuse. | 


Sphæromicola topsenti vit cramponné à la face inférieure des Cæcosphæ- 
roma, à la base des appendices, plus particulièrement de ceux de la partie 
antérieure du corps. Il est répandu, car je l’ai trouvé sur près des deux 


SÉANCE DU 25 SEPTEMBRE 1916. 309 


tiers de ces Isopodes que j’ai pu examiner. H est quelquefois isolé; le plus 
souvent on en rencontre plusieurs, habituellement de sexes et d'âges diffé- 
rents. 

Des individus en copulation et des femelles mûres ont été trouvés dans 
toutes les récoltes, de mars à fin septembre. 

Les œufs sont solidement fixés par le flanc, à l’aide d’une matière gluti- 
neuse abondante, isolément, sur les parties molles du tégument de la face 
inférieure de l'hôte. On n’en rencontre jamais qu’un petit nombre, trois ou 
quatre au plus, sur chaque Isopode; les pontes sont donc, comme le font 
supposer d’ailleurs les dimensions des œufs, peu copieuses ou longuement 
espacées. ig, 

Grâce aux matériaux de la magnifique collection de Biospeologica mis 
obligeamment à ma disposition par M. le D" Racovitza, j'ai pu constater 
que l’Ostracode dont il est ici question est commensal des deux espèces de 
Cæcosphæroma actuellement connues : Cæcosphæroma virei Dollfus, du 
département du Jura, et Cæcosphæroma burgundum Dollfus, des massifs 
calcaires de la Bourgogne. 


BACTÉRIOLOGIE. — Action comparée des antiseptiques sur le pus 
et sur les cultures pures. Note (') de M. Aueusre Lumière, 
transmise par M. Roux. 


Pour déterminer le pouvoir bactéricide des antiseptiques, on s’est géné- 
ralement contenté jusqu'ici d'étudier l’action de ces produits sur des 
cultures pures, en bouillon, des différentes espèces microbiennes. 

Or, en pratique, ces antiseptiques sont utilisés d’une manière toute diffé- 
rente puisqu'ils sont appliqués sur des plaies et mis en contact avec des 
bourgeons charnus, des exsudats et des liquides purulents sur lesquels ils 
réagissent en se détruisant avant d’avoir pu exercer leur action microbicide. 

Les résultats fournis par l’expérimentation sur des cultures ne peuvent 
donc servir à évaluer la valeur réelle des agents bactéricides ni à préciser 
les doses auxquelles ils doivent être employés. 

Nous avons déjà montré dans une précédente Communication (°) qu'avant 


(*) Séance du 18 septembre 1916. 
(?) A. Lumière, Action des hypochlorites sur le pus (Comptes rendus, t. 162, 1916, 
p. 365). 


340 ^; -ACADÉMIE DES SCIENCES, 


de détruire les microbes, eertains antisepUQUES ; Fons leur action en se 
combinant aux matières organiques du pus. lc < , 

Dans une nouvelle série d’essais, nous avons | herbe à | dt 
l'importance relative de cette influence:paralysante des substances. albu- 
minoïdes sur l’activité des antiseptiques, A cet effet, nous ayons fait iun pré» 
lèvement dans une collection purulente de Ja cujssg;i consécutive à ane 
blessure‘ pénétrante par. éclat. d'obus. et, après avoir. constaté que. le pus 
renfermait presque exclusivement du staphylocoque blanc, nous. avons 
déterminé les proportions diantiseptique nécepsaire pour stériliser ce: pus 
tel qu'il avait été prélevé, puis dilué au %.et au roji dans du sérum physio- 
logique, Une détermination comparative a été faite sur des. cultures 
résultant de l’ensemencement de ce pus en bouillon et:enf in, eur yne: sware 
pure de staphylocoque de même prọvenanee,: i-i! lo 

. Les essais ont été répétés ayec trois antiseptiques différents, ami pròis 
aux trois classes principales de microbicides : l’un appartenant au groupe 
phénolique : l'acide phénique ; le deuxième au groupedes métaux ; l’hermd- 
phényl (') (que nous avons choisi parce qu'il ne précipite pas les matières 
albuminoïdes) et le troisième au groupe des oxydants : l’hypochlorite de 
soude. 

Les princi paux résultats de nos expériences sont consignés dans le Tableau 
suivant qui indique le poids. en grammes d’ antiseptique nécessaire pour 
stériliser 1! de pus ou de culture, après une durée de contact de 2. heures à 
l’étuve à 38°. 


Culture 
Culture - A 
Pus ee pr |: Pas dilué. de pus PH» 
concentré. de pus, pure. ad 5h. Wa y au TaT: 
Phénoteus PAM 50 a ES AOC A NE 
Hermophéhyl ......... 5,50 mr 1,60 ‘0,65 0,50 0,90 
peine de soude. n) ‘16,95 “1,70 ‘1,85 og id ai AS 98 


Nous pouvons tirer gs ces de les déductions suivantes : ses limites 
de concentration et.de temps où nous avons opéré, les matières albuini- 
noïdes du pus atténuent d’une façon peu appréciable le pouvoir baetérieide 
du phénol; cette action est un peu plus marquée dansle cas de Ehormophéoy! 
et devient très importante pour hypochlorite: 

Il faudra donc, dans le traitement des plaies suppurées Soa h ypochlorite, 


aika 


(*) Mercure-phénol-disulfonate de sodium. 


SÉANCE DU 25 aire Te 311 
üne activité antiseptique suffisante. 

D'autre part, comme nous l'avons démontré antérieurement ("), Phypo- 
chlorite épuise son efficacité microbicide en oxÿdant les toxines du pus et 
joüe ainsi un rôle favorable important dans les défenses de l’organisme 
contre les intoxications ét la propagation dés infections, avantage que ne 
présentent pds, tout aŭ moins'au même dégré, les PINS des groupes 
poime et menus 


MICROBIOLOGIE. — Variolisation des génisses immunisées contre ld vaccine. 
INAS rR RA R. Wünrz et E. How, PorU pi A. Laveran. 


J On sait que la variole peut être inoculée à la génisse, mais que cet animal 
y est assez peu réceptif, Cette Note montre qu ilen va tout-autrement chez 
les génisses vaccinées avec as vaccin rh pe les conditions ias 
nous allons indiquer. 

“La vaccination des rer avec sk ‘vacéin driou der: étuis: au bout 
d’un temps relativement court, une immunité durable. 

Pour Ledeski (de Tr ieste), l’immunité apparaîtrait déjà le dealb 
pour Layet, le sixième jour. Les expériences précises et répétées de Kelsch, 
Camus et Tanon, ont montré qu’en inoculant une génisse chaque jour, 
pendant plusieurs jours de suite, avec le même vaccin jennérien, l’immunité 
se dessine déjà ‘le troisième jour, qu’elle est acquise presque toujours le 
sixième jour, rarémént leiseptièmie seulemenit. En tout cas, léhuitième-jour, 
il n’est pas douteux que l’immunité ne soit établie de façon absolue. 

Ayant vérifié l'exactitude rigoureuse de ces données, nous avons, depuis 
4 àns, ioculé la variole à dés génisses, vaċcinées 8 jours auparavant avec 
le vaccih jennérien, ét nous avons réussi à déterminer chez elles ùne ‘érup- 
tion Varioliqué généralisée; mais, 15'jours: après la váccination, bs várióle 
ne prend plus ; l’änimal à la doüble im munité. 

* La’ preuve qu'il s'âgit bien d’une éruptiôn de vatiole s'teidié ést fournie 
pir Pévôlütion clinique de la‘maladie'ét aspèct de l’éruption, par lana- 
tomie pathologique des éléments tr et les pepsye n leur inocula? 
tion a au a LR at” sr és | ; | 

MER RDD P12) TUUU ETU FI OIE JDN IR 


er À sagi HI 


CYA Lüniène, Loc: cit. 
(?) Séance du 18 septembre 1916, HIS TASSE 


312 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Cette variolisation ne réussit toutefois pas de façon constante, nous 
avons pu la provoquer cinq fois sur sept. C’est, croyons-nous, une question 
de virulence de la variole employée. 

En revanche, des inoculations de vaccine jennérienne, faites chez ces 
génisses au même moment que l’inoculation variolique, sont restées 
constamment sans effet, ainsi qu’on devait s’y attendre. 

De ces expériences on peut déduire, croyons-nous, des conclusions 
importantes : 

Sans entrer dans le détail, il est permis de penser qu'avant d'immuniser 
contre la variole, le virus jennérien, après avoir immunisé les humeurs 
contre la vaccine, sensibilise au contraire ces humeurs vis-à-vis de la 
variole, mais pour un temps très court. En effet, la génisse, qui normale- 
ment est peu réceptive à l’inoculation de la variole, devient au contraire 
très réceptive si elle a été vaccinée 8 jours auparavant. Cinq fois sur sept, 
nous ayons réussi à la varioliser dans ces conditions. 

Ceci étant posé, il semble légitime de déduire de cette expérience que 
la variole et la vaccine sont dues à deux organismes différents. 

Le sérum des animaux ainsi variolisés a donné les résultats les plus 
encourageants, chez le singe et chez l’homme, au point de vue du traitement 
de la variole. 


CHIMIE BIOLOGIQUE. — Synthèse biochimique du propyl-d-galactoside a 
à l’aide d'un ferment contenu dans la levure de bière basse séchée à l'air, 
Note (‘) de MM. Em. BourqueLor et A. Avery, présentée par M. Moureu. 


La levure de bière basse, séchée à l’air, contient, comme on sait, plu- 
sieurs ferments dont la séparation n'a-jamais été faite, mais dont l'existence 
est, en quelque sorte, révélée par la diversité de certaines de ses propriétés. 

C'est ainsi que le macéré aqueux de cette levure, possédant la propriéLé 
d'effectuer, d’une part, la synthèse et l’hydrolyse des alcoolglucosides « 
ct, d'autre part, la synthèse et Uhydrolyse des alcoolgalactosides æ, on est 
fondé à admettre que ce macéré renferme une pass jas x et une galac- 
tosidase a. 

Ces deux ferments sont d’ailleurs tous deux très sensibles à l’action des- 
tructive des alcools,et c’est pour cela que les synthèses des glucosides et des 


(+) Séance du 11 septembre 1916. 


SÉANCE DU 25 SEPTEMBRE 1916. 313 


galactosides d’alcools, obtenues jusqu'ici à l’aide de ce macéré, n’ont pu 
être réalisées qu’en opérant dans des alcools d’un titre relativement faible, 

Or l'alcool propylique normal possède į à l'égard de la glucosidase x une 
grande -toxicité (+). Il y avait donc intérêt, avant de procéder à un essai 
définitif de synthèse du propylgalactoside «, à rechercher s’il en est de 
même pour Ja galactosidase «, et à établir à quel titre cet alcool pourrait 
être employé sans que l’on eût à à crdindre" de destructiôn de la galactosi- 
dase x aŭ cours ‘de E opération, 

En conséquence, on a fait sur ce sujet une série d'essais mer iia 
Ces essais, qui seront exposés dans un autre Recueil, ont montré que le 
ferment galactosidifiant est beaucoup plus résistant que la glucosidase « 
à l’action nocive de l'alcool propylique : tandis que ce dernier ferment est 
déjà détruit dans un milieu aqueux renfermant 165 à 185 d'alcool propy- 
lique pour 100% (2), la galactosidase æ paraît pouvoir exercer son action 
normalement et pendant longtemps dans un milieu en renfermant 255 et 
même 308. su le même volume. | | ioil £a 


Préparation du PERRY ane a 


Dans ces ni ona employé le tions suivant: 


Galactose cristallisé séché à l’air................... LE A 308 
Eau distillée -ss rara a a a ir r400% 
. Macéré de levure basse séchée àP 'air, à 208 par 100°%",........ 600% 

: Alcool propylique HORS. neue 0 di 7508 
: Eau distiliée, qesi p TER TT $ ra Ts e EELT p gouge 


Après avoir fait TER le galactose dise les 1400°%° d'eau, on a mélangé à la 
solution les 60o°"° de macéré, puis on a ajouté l'alcool propylique et enfin le reste de 
’eau. 

L'addition de l'alcool a provoqué la formation d’un abondant précipité qu'on a 
laissé: dans: le mélange. Celui-ci renfermait donc, pour root™ : 15 de: galactose, 
258 q’ alcool propylique et l'extrait aqueux pisparėrà à froid de 4s de levure séchée. Il 
accusait au tube de 2%% une rotation de + 1°31’. 

On l’a abandonné à la température du laboratoire (+ 16° à + 22°) pendant un peu 
plus de 8 mois, en ayant soin d’agiter de temps en temps. 

Le ne filtré accusait alors une rotation de #9: rotation indiquant, d'après ce 


(1) Ex. Bourquecor et A. Ausry, Influence du. titre alcoolique sur la synthèse 
biochimique de Esh ie lucotids a et du prop ylglucoside a (Journal de Phar macie 
et de Chimie, 7 è série, t. IX, 1914, p. 62). 

(?) Enr. HéUouLt es et A. Ausry, loc. cit. 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 13.) 43 


314 . ACADÉMIE DES SCIENCES. 


qu'avaient appris les ẹssais préliminaires, que -la réaction RS. pouvait être 
considérée comme à peu près terminée. 

Pour extraire le galactoside formé, on a opéré comm il suit : 

Le mélange filtré a été distillé à fond, au bain-marie à 50°-60°, sous pression réduite, 
puis on a repris le résidu à l'ébullition, d’abord par ro0o°%, pe par 200°% d” "a 
éthylique à go°. 

Les liqueurs alcooliques étaient foriément colorées en brun foncé ; on les a dis- 
tillées sous pression réduite. Le résidu pesait 28 environ, 

On a dissous ce résidu dans l'eau, on a déféqué la solution à 
ce qui a fourni un liquide aussi coloré que les précédents, que l’on a distillé sous 
pression réduite jusqu’à obtention d’un extrait mou. On a épuisé cet extrait à trois 
reprises par de l’acétone en employant chaque fois 125° de dissolvant. 

On a laissé reposer ces trois solutions pendant 24 heures, et on les a mélangées, ce 
qui a provoqué la formation d’un léger trouble. On a filtré, puis distillé au bain-marie, 
d’abord à la pression ordinaire pour retirer la majeure partie de LAPS QUE: puis sous 
pression réduite, jusqu’à siccité. 

On a repris le résidu par 15° d’acétone pur, bouillant. L’extrait s’est dissous 
presque tout entier. On a filtré chaud et abandonné le liquide filtré au repos pendant 
12 heures; le galactoside a cristallisé abondamment. On a recueilli les cristaux sur 
un petit filtre en essorant à la trompe; on les a lavés avec un gen d’acétone pure et on 
les a fait sécher dans le vide sulfurique. 

Le produit ainsi obtenu était fortement coloré en jaune; il anti 28,10. On la 
purifié par deux cristallisations successives : la première en employant un mélange 
d'alcool absolu (5°%°), d'éther acétique (15°%™) et d’un peu de noir animal; la seconde 
en employant de l’éther acétique anhydre. 


l’extrait de Saturne, 


Propriétés du propyl-d-galactoside x. — Le ee a: cristal- 
lise en lamelles étroites allongées, incolores, inodores, à saveur légèrement 
amère. Il est très soluble dans l’eau, assez soluble froid dans ei peu 
soluble à’ froid dans l'alcool ahébté: l’acétone et l’éther acétique, plus 
soluble à chaud dans ces derniers dissolvants. Chauffé lentement se un 
tube fermé par un, bout, il fond à +.134° (corr.). 

Son pouvoir rotatoire, en solution aqueuse, à la concentration de 
15, 8664 pour 100% et à + 21°, a été trouvé : «p = + 179°,04 j 

(p = 05,4666; V— ass Linas 45 OP Gt”) 

. Le propyl-d-galactoside æ est facilement hydrolysé par l’a cide sulfurique 
dilué à 35 pour 100%. L'opération a été faite à l’autoclave à + 106°-108° 
avec une solution acide renfermant Re de galactoside, accusant 

une rotation de + god (LES #7 | 
` En 2 heures 45 minutes, Beacie était, TENT la rotation al 
baissé à + 1° 10 (théorie : + 1°12 en prenant. + 80? comme pouvoir rota- 


SÉANCE DU 25 SEPTEMBRE 1916. 315 


toire du galactose) et la solution renfermait 08,330 pour 100°% de sucre 
réducteur (théorie : 08,7560). 

Le propyl-d-galactoside ß est également hydrolysé par le macéré de 
levure basse desséchée à lair, c'est-à-dire par le ferment qui a servi à en 
effectuer la synthèse; mais lhydrolyse se fait très lentement. 

A 10°" de la solution aqueuse renfermant 15,8664 de galactoside pour 
100", on a ajouté 10° de macéré aqueux de levure basse à 15 pour 100°"", 
puis quelques gouttes de toluène, et l’on a abandonné le mélange à la tempé- 
rature ordinaire. La rotation, qui au début était de + 3°20', a passé en 
5 Jours à + 2°34, ce qui correspond à l’hydrolyse de 35,9 centièmes du 
galactoside. 


La séance est levée à 16 heures. 


316 ACADÉMIE ‘DÉS SCIENCES: 


Fa. ni (KES BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


OUVRAGES REÇUS DANS LES SÉANCES DE JUILLET 1916. 


Nouvelles Tables trigonométriques fondamentales (valeurs naturelles), par H. 
ANDOYER, t. II. Paris, Hermann, 1916; 1 vol. in-4°. (Présenté par M. Darboux.) 

Flore générale de l'Indo-Chine, publiée sous la direction de H. Lecowre, t. I, 
fasc, 3 : Légumineuses : Cæsalpinées (fin), Papilionées, et fasc. h : “Léguümineuses . ; 
Papilionées, pars F. Gaenepain. Paris, Masson, 1916; 2 vol. in-8°. 

Un demi-siècle de civilisation Tanan. „par MM. Burcraun, Bourroux, CHAILLEY, 
Doumic, GÉRARD, LANGLOIS, DF LA SIZERANNE, DE LAUNAY, LRCOMTE, LEMOINE, RAPHAËL- 
GeorGEs Lévy, PAINLEvE, PERRIER, PicarD, Poincaré, RICHET, SCHNEIDER. Srrauss, VIGER, 
Winor. Paris, Hachette, 1916; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. Émile Picard.) 

Les Allemands et la Science, par Gasriez Perir et Maurice Leuper, préface de 
M. Pavut Descnanez. Paris, Alcan, 1916; 1 vol. in-12. (Présenté par M. Edmond 
Perrier.) 

Spitsbergen Waters. Oceanographic observations during the cruise of the 
« Veslemÿy » to Spitsbergen in 1912, by Friorsor Nansen, Christiania, Jacob Dybwad, 
1915; 1 vol. in-8°. 

Études de Lépidoptérologie comparée, par CHARLES Oserraür, fasc. XI et fasc. XII 
(1e partie). Rennes, Oberthür, 1916; 2 vol. in-8°, (Présenté par M. Bouvier.) 

Les origines naturelles de la guerre. Influences cosmiques et théorie anticiné- 
tique. La Paix par la Science, par le D" RapnaëL Dugois. Lyon, Georg, 1916; 1 fasc, 
in-8°, ( Présenté par M. Charles Richet.) 

A travers le monde vivant, par EnxoxD PERRIER. Paris, Flammarion, 1916; I vol, 
in-12, (Présenté par Pauteur.) 


(A suivre.) 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 2 OCTOBRE 19146. 


PRÉSIDENCE DE M. Camizze JORDAN. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. 


ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur des fonctions de deux variables complexes 
restant invariables par les substitutions d'un groupe discontinu. Note de 
M. Émue Picaro. 


J’ai récemment étudié (Comptes rendus, 18 septembre 1916) un groupe 
discontinu, relatif à deux variables complexes, correspondant à une forme 
quadratique ternaire. Je vais maintenant m'occuper de la formation de 
fonctions restant invariables par les substitutions de ce groupe. J’emploie 
les notations de ma précédente Communication. 


1. Montrons d’abord que la série 


I 

(1) | D Rp 

où là sommation est étendue à toutes les substitutions du groupe, est con- 
vergente, Envisageons, à cet effet, un point réel (u,, o) à l'intérieur du 
cercle T de rayon un ayant son centre à l’origine; nous pouvons prendre ce 
point de manière que la substitution unité soit la seule transformant le 
point en lui-même. Traçons autour de ce point une petite aire ôs; les 
substitutions du PRE transformeront cette aire en une suite infinie 
d'aires d,, d,, .... Sil'aire à, est assez petite, les aires ò sont toutes exté- 
rieures les unes aux autres. Leur somme est finie puisqu'elle est moindre 
que l'aire du cercle F, et elle est représentée par l'intégrale 


fs AU dV 
A 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 14.) : 44 


318 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


étendue à toutes les aires à. On transforme de suite cette intégrale en la 
suivante 


I 
JAn ep 


la sommation ¥ étant étendue à toutes les substitutions du groupe, et l’inté- 
grale double étant relative à l'aire ò. Mais, d’après ce que nous avons vu 
antérieurement, on peut poser 


I a aA 
|M; + Pp + R;|  |R;| 


’ 


À étant une quantité positive, dépendant de u et ¢, mais restant, quand le 
point réel (u, v) est à l’intérieur d’une aire entièrement comprise dans le 
cercle I, entre deux limites fixes, positives et différentes de zéro. Il est 
donc évident, d’après la convergence de (2), que la série (1) est conver- 
gente. 


2. Ce point établi, nous allons considérer les séries qui, dans la théorie 
des groupes hyperfuchsiens généraux, nous ont conduit aux fonctions 
hyperfuchsiennes 
(S) SR(U, 


V) : 
- (Myu + P,o + Rp 


U et V correspondant à la substitution générale, et la sommation étant 
étendue à toutes les substitutions du groupe; l'entier positif m peut ici être 
égal à l’unité. R représente une fonction rationnelle. Envisageons les 
points (u, v) pour lesquels M1 


(3) US + VE — (UV: — Ugy) Z0. 


Je dis que pour ces points la série S est convergente (en laissant au besoin 
de côté un nombre fini de termes), si l’on prend pour R(u, #) une fonction 
rationnelle de u et v, restant finie pour les points de la courbe (C) corres- 
pondant aux équations | 


(C) , Uz— 0, v: = 0; uito = 


D’après ce que nous avons vu à la fin du paragraphe 3 de notre précédente 
Note, on peut, pour (u, v) donné, trouver un nombre positif K non nul, tel 
que (sauf peut-être pour un nombre limité de substitutions) on ait 


|M;u + Pp + R| >K |R|- 


De plus, sauf peut-être aussi pour un nombre limité de substitutions, le 


SÉANCE DU 2 OCTOBRE 1916. 319 
dal: de RÇ(U, V) est inférieur à un no.abre assignable, puisque les 
points (U, V) se rapprochent indéfiniment de la courbe C. La convergence 
de la série (S) est alors immédiate, et dans une région où l'inégalité (3) est 
vérifiée, la fonction ainsi représentée a, à distance finie, le caractère d’une 
fonction rationnelle. 


3. Les raisonnements précédents ne sont plus valables pour les points de 
la surface représentée par l’équation 
(4) (Us — Ua) — (ui +vi)=o, 
quoique pour ces points le groupe, comme nous l'avons vu, soit encore dis- 
continu (sous la condition u3 + v} +0). Je ne puis rien affirmer dans ce 
cas, sauf, bien entendu, dans l’hypothèse où l’on aurait 

Us 20, PeTo; u? + 9? L1, 
pour laquelle la série converge. 

La surface précédente partage en deux parties l’espace à quatre dimen- 
sions correspondant aux deux variables complexes u et ¢. On peut remar- 
quer que le domaine D considéré au début de l’article précédent, pour 
lequel on a 

u? + Vi <I, 
est situé dans le demi-espace correspondant à l'inégalité 
(usVi— uv») — (ui +5) <o. 
Il serait intéressant d'étudier sur la surface (4) la fonction représentée par 
la série S | 

Avec les séries S on forme immédiatement des fonctions restant inva- 

riables par les substitutions du groupe considéré. 


GÉOGRAPHIE. — La déclaration de Louis XIII relative au premier méridien. 
Note de M. G. Bicourpax. 


Cette déclaration, dont la date est souvent mal indiquée ('), est du 
Le Jes! 1634. Elle suivit donc de quelques jours seulement la conférence 


Li Lalande (Astronomie, 1792, t. 1, p. 17) dit qu’elle est du 25 avril 1634, et il 
avait déjà indiqué cette date dans l'ENCYCLOPÉDIE MÉTHODIQUE, Mathématiques, 1784, 
au mot Longitude (p. 329). Induit ainsi en erreur, j'ai longtemps cherché vainement 
le texte de cette déclaration. Lalande a confondu la vraie date avec celle d'une réunion 
des commissaires chargés d'étudier la question. 


320 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


où fut discutée la proposition de J.-B. Morin sur le problème des longi- 
tudes. 

Y eut-il quelque relation entre la conférence et la déclaration? Aucun 
document ne l'indique ; mais beaucoup de commissaires de la conférence 
figurent parmi ceux qui préparèrent la déclaration. 

On lit, en effet, dans la Gazette, n° 32, du 22 avril 1634, p. 610 [160] : 


Hier s’assemblèrent dans l’Arsenal, par commission de Son Eminence, le Comman- 
deur de la Porte son Lieutenat Général pour le Commerce et Navigation, et les sieurs 
Fouquet et de Lauson Conseillers d'Estat; pour déterminer l'endroit où doit estre 
placée la vraye ligne meridionale : hors de laquelle tout est de bonne prise : et éviter 
par ce moyen les plaintes ausquelles les divers avis des TE D Be et les interests 
particuliers donnent lieu. 


Sans doute la Commission s’assembla plusieurs fois, car le journal 
revient en ces termes dans son n° 40, daté du 29 avril 1634 (p. 168) : 


Le 25, se rassemblèrent dans l’Arsenal les Commissaires nommez pour le fait du vrai 
méridien, en présence desquels le Commandeur de Villegagnon, Abbé du Chastelet, 
les sieurs Midorge, Paschal, Erigone, Grammont, Beaugrand et autres, versez ez 
Mathematiques; ensemble les sieurs Bauquemare, de Beaulieu, et les Capitaines 
Martin, Lettier, Bragneau, du Quaisne et autres experimentez au fait de la marine, 
furent d'avis conformément à l'opinion de Ptolémée, et mesme d'André Garcia de 
Cespedes, Cosmographe majeur du Roy d'Espagne, au chap. 52 du Regimiento de 
Navigation, que la ligne du vrai méridien devoit passer par les Canaries, et parti- 
culièrement par l’isle de fer, comme estant la plus Occidentale de ces isles. Et pour la 
ligne du costé du Sud, qu’il la faloit placer au tropique de Cancer. 


On va voir que la déclaration ne vise pas un but scientifique, contraire- 
ment à ce que l’on pourrait croire si l'on oubliait quelles étaient les vues du 
temps; c’est un acte de police maritime destiné à fixer un point important 
de droit commercial. 

A défaut de l'original, je la reproduis d'après un imprimé in-12 de 
quelques pages, de Séb. Cramoisy qui, à la date de juillet 1634, avait obtenu 
un privilège exclusif pour son impression; cet exemplaire se trouve aux 
Archives nationales. (') où il est accompagné d’un autre, d'impression 
différente; jai emprunté au second une variante donnée en note. 


(1) AD +, n° 239. 


SÉANCE DU 2 OCTOBRE 1916. 321 


« DÉCLARATION pu ROY, PORTANT DÉFENSES A SES SUJETS 
D'ENTREPRENDRE SUR LES ESPAGNOLS ET PORTUGAIS AU DECA 
DU PREMIER MÉRIDIEN 


« LOUIS par la grâce de Dieu Roy de France et de Nauarre, à tous ceux 
qui ces presentes lettres verront, Salut. Les principaux Marchands de 
de nostre Estat, et autres de nos Sujets, qui S’adonnent à la Nauigation, 
nous ont remonstré que dedans (') les Costes et Ports d’Espagne, 
depuis quelques années les Espagnols et Portugais ont voulu entreprendre 
sur leurs Vaisseaux, allans ou retournans des Indes et de l’Amerique, sans 
considerer que la voye d’hostilité n’est permise aux uns et aux autres 
qu’au delà du premier Meridien pour l'Occident, et du Tropique de Cancer 
pour le Midy; et comme la legitime defense ne peut estre prohibée à nos 
Sujets, et que mesmes il leur est loisible par nos Ordonnances de s'armer 
contre ceux qui leur empeschent la liberté du Commerce et de la Nauigation ; 
Ils nous ont requis de leur donner permission de prendre en mer lesdits 
Espagnols et Portugais allans et retournans desdites Indes, et païs de 
l’'Amerique, en quelque lieu qu’ils les rencontrent. SURQUOY desirant leur 
faire entendre nostre volonté, pour empescher que par quelque action 
violente ils ne vinssent à troubler, côtre nostre intention, la bonne corres- 
podance en laquelle nous voulons demeurer, et par ce moyen tomber en 
nostre indignation. SCAVOIR faisons que de l’aduis de nostre cher et bien 
amé cousin le Cardinal Duc de Richelieu, Pair, Grand-Maistre, Chef et 
Sur-Intendant General de la Nauigation et Commerce de France, NOUS 
AVONS par ces présentes nos Lettres de Declaration signées de nostre main, 
fait et faisons tres-expresses inhibitions et défenses à nos Sujets de quelque 
. Qualité et condition qu'ils soient, faisans voyages par mer, d'attaquer ny 
Courir sus aux Nauires Espagnols et Portugais qu'ils trouuerront, pour 
l'Occident au deçà du premier Meridien, et pour le Midy au deça du 
Tropique de Cancer; voulant que dans les espaces desdites lignes nos Sujets 
laissent et souffrent librement aller, traitter, et nauiguer lesdits Espagnols 
et Portugais, mesmes allans ou retournans des Indes et Païs de l'Amerique, 
sans leur faire, ny donner aucun trouble ny empeschement en tear naui- 
gation, ny autrement, pourueu que nos Sujets reçoiuent d'eux à l'aduenir 


(') Variante : que dedans l’estenduë des lignes des amitiez et alliances et jusques 
dedans les costes et ports d'Espagne, .... 


322 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


pareil traittement, et qu’il ne soit rien entrepris sur eux par lesdits 
Espagnols et Portuguais au. deçà desdites lignes; sauf à nosdits Sujets 
d'entreprendre, comme par le passé, à l'encontre desdits Espagnols et 
Portuguais au delà des dites bornes, ainsi qu’ils trouueront leurs aduantages, 
iusques à ce que lesdits Espagnols et Portuguaisayent souffert le Commerce 
libre à nosdits Sujets en l’estendüe desdites terres et mers des Indes et de 
l' Amerique, et leur ayent donné libre entrée et accez, pour cét effect, dans 
tous lesdits païs, et dans les Ports et Haures d’iceux, pour y traitter et 
negocier ainsi qu'au deçà desdites lignes. VOULONS que les Capitaines de 
Nauires estans de retour de leurs voyages, en payant les droicts pour ce 
deubs et faisans apparoir que les Vaisseaux par eux attaquez, ont esté pris 
au delà du premier Meridien pour l'Occident, et du Tropique de Cancer 
pour le Midy, ils soient et demeurent paisibles des prises qu'ils auront 
ainsi faites sur lesdits Espagnols et Portuguais, sans que pour raison de ce, 
lesdits Capitaines, Matelots, Armateurs, Auitailleurs, et Bourgeois en 
puissent estre recherchez, pour quelque cause ou occasion que ce soit, ou 
puisse estre. Et afin que plus facilement on puisse iuger si les prises auront 
esté bien ou mal faites, et que le premier Meridien, auquel ont esté bornées 
les amitiez et alliances, soit mieux recognu qu'il n’a esté depuis quelque 
temps; et apres que nostredit Cousin s’est fait informer par personnes 
capables et experimentez au faict de la Nauigation; Nous faisons inhibitions 
et defenses à tous Pilotes, Hydrographes, Compositeurs et Graueurs de 
cartes ou globes geographiques, d'innouer et changer l’ancien establis- 
sement des Meridiens, ny constituer le premier d’iceux ailleurs qu’en la 
partie la plus Occidentale des Isles Canaries, conformément à ce que les 
plus anciens et fameux Geographes en ont determiné; et partant voulons 
que desormais ils ayent à recognoistre et placer dans leursdits globes et 
cartes ledit premier Meridien en l'Isle de Fer, comme la plus occidentale 
desdites Isles, et conter de là le premier degré des longitudes en tirant à 
l'Orient, sans s’arrester aux nouuelles inuentions de ceux qui par ignorance 
et sans fondement l'ont placé aux Açores, sur ce qu’en ce lieu aucuns 
Nauigateurs auroient rapporté l’éguille n’auoit point de variation, estant 
certain qu’elle n’en a point en plusieurs autres endroits, qui n’ont iamais 
esté pris pour le premier Meridien. SI DONNONS EN MANDEMENT à nos amez 
et feaux Conseillers les gens tenans nos Cours de Parlement, que ces pre- 
sentes nos Lettres de Declaration ils facent lire, publier et enregistrer 
chacun endroit soy, et le contenu en icelles garder et obseruer selon sa 
forme et teneur. Car tel est nostre plaisir. En tesmoin de quoy nous 


SÉANCE DU 2 OCTOBRE 1916. 323 


auons foit mettre nostre seel à cesdites presentes. DONNÉ à Sainct Germain 
en Laye le premier luillet l’an de grace mil six cens trente quatre, et de 
nostre Regne le vingt-cinq. 
Signé, LOUIS, 
« Et sur le reply : 
Par le Roy, BOVTHILLIER, 


« Et seellé sur double queuë de cire jaune. 


« Leuës, publiées et registrées, ouy ce requerant le Procureur general de Roy, 
Pour estre executées, gardées et observées selon leur forme et teneur : et que cop- 
pies collationnées aux originaux d'icelles seront enuoyées aux Baillages, 
Seneschaussées, luges, Officiers de la Marine et Admirauté, pour y estre pareil- 
lement luuës, publiees et registrées, ensemble sur les Ports et Haures ; executées, 
gardées et observées à la diligence des Substituts dudit Procureur general, aus- 
quels est entoint d'y tenir la main, et en certifier la Cour auotr ce faict à deux 
mots. À Paris en Parlement le vingtseptiesme luillet mil six cens trente quatre. 

Signé, Du Tirer. » 


Le choix de ce méridien ne paraît pas avoir été abrogé, du moins expli- 
citement, qu’à l’époque de la fondation du calendrier républicain; mais 
comme la longitude de l’île de Fer était mal connue, G. Delisle la supposa 
de 20° exactement à l’ouest de l'Observatoire de Paris. Le choix de ce 
nombre rond étant déjà une manière de changement; et, en fait, à partir 
des grands travaux géographiques et géodésiques exécutés par les astro- 
nomes français de la seconde moitié du xvn? siècle, le méridien de l'Obser- 
vatoire de Paris fut employé à peu près seul en France. 


PHYSIQUE. — Sur la propagation a grande distance du bruit de la canonnade 


du front. Note de M. G. Bicourpax. 


Cette canonnade est l’origine de bruits divers, produits les uns par 
onde di bouche ai par l’onde de choc des canons, les autres par l'explo- 
sion des obus ou des mines. 

Certains de ces bruits se propagent incontestablement à de grandes dis- 
tances, 200k" à 300", mais on n’est pas d'accord sur la manière dont ces 
distances sont franchies. i 

Parmi les observations qu'on a bien voulu m'envoyer de divers côtés, il 


324 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


en est une qui parait de nature à éclairer cette question, et je la rapporte 
dans l’espoir d'en susciter d’autres analogues. 

Elle a été faite par un ingénieur, âgé de 52 ans, rendu totalement sourd 
depuis l’âge de 6 ans par suite d’une méningite cérébro-spinale. Même 
placé à côté d’une locomotive qui siffle, il ne perçoit qu'une douleur aiguë 
au tympan, douleur qui cesse immédiatement, malgré la continuation du 
sifflement. | 

Depuis plus de 20 ans il a eu l’occasion de constater que, lorsqu'il se 
‘trouve à 1000™ où 1500" d’un canon actif, il perçoit deux coups successifs, 
transmis l’un par le sol et l’autre par l'air. Ce dernier affecte particulière- 
ment le thorax. 

Dans une pièce sans tapis où l’on joue du piano, il perçoit toutes les 
notes basses par le sol, jusqu'aux environs de ws,. 


Au début de l'offensive de la Somme, et en y prêtant attention, de la 
banlieue de Paris où il habite, il a senti la vibration pendant la canonnade; 
il ne perçoit d’ailleurs que les coups les plus sourds; en outre, il les perçoit 
au même instant qu'une oreille ordinaire. | 

A la distance de 120k® qui le séparent du front de la Somme, il exclut 
totalement la voie de l’air et du thorax pour l’arrivée de ce qu'il sent; c'est 
donc par le sol que cela lui doit parvenir, et par suite il en est de même 
pour l'oreille normale, qui perçoit en même temps. 

On voit combien de telles observations sont de nature à éclairer la ques- 
tion qui nous occupe; aussi est-il très désirable qu’il en soit fait et publié 
d’autres analogues. 


GÉOLOGIE. — Le Crétacé et le Tertiaire aux environs de Thones (Haute-Savoie). 
Note de M. H. Douvizré. 


Les montagnes de la région d'Annecy doivent leur caractère si pitto- 
resque à l'existence d’une puissante assise de calcaires urgoniens qui, 
plissés et relevés sous des angles divers, donnent tantôt des plateaux aux 
escarpements gigantesques comme le Parmelan, tantôt'des chaines aux 
arêtes aiguës dirigées habituellement du SO au NE. 

C’est au pied d’une de ces chaînes que s'étend la petite ville de Thones; 
les calcaires urgoniens sont relevés là sous un angle de presque 70°; ils 
s'élèvent à 2370" au sud à la Tournette, se continuent par la montagne de 
Cottagne, puis par le roc de Thones (1412"), le mont Lachat (2028") et se 


SÉANCE DU 2 OCTOBRE 1916. 325 


prolongent au Nord jusqu’à la vallée de l’Arve. Cette chaine forme le bord 
occidental du grand synelinal du Reposoir. 

Contre cette chaîne viennent s'appuyer en concordance les formations 
plus récentes, Dès 1848 Murchison ('), à la suite d’une excursion faite avec 
Pillet de Chambéry, signalait au Calvaire de Thones les couches suivantes : 
à la base un complexe de schistes noirs, de calcaires impurs et de calcaires 
sableux verdâtres, avec les Ahynchonelles du Greensand, qu'il attribue au 
Gault; au-dessus un calcaire jaunâtre surmonté d’un calcaire compact de 
falu crème où il signale Inoceramus Cuviert, représentant la craie supé- 
rieure ; puis un calcaire brun avec Nummulites et Pecten recouvert par un 
calcaire corallien concrétionné, et par un calcaire compact, au-dessus 
duquel se développe la formation bien connue du Flysch alpin. 

Les géologues qui sont venus après lui n’ont pu que confirmer cette 
description très exacte et très précise, en y ajoutant quelques détails : 
Maillard, en 1889 (°), dit que la coupe n’est plus aussi nette qu’à l’époque 
de Murchison ; il ajoute une coupe relevée en montant à Mont Jean (°), où 
il signale le calcaire nummuiitique, des schistes gris représentant, dit-il, 
le Gaultet l’Albien, puis à Mont Jean un beau gisement de fossiles du Gault, 
recouvert par le Nummulitique, avec intercalation d’une couche de craie 
de 0", 70 d’épaisseur. 

M. le professeur Jacob a redonné en 1907 (‘) une coupe du terrain 
crétacé du Calvaire de Thones; il est assez difficile de la rapprocher de celle 
de Murchison : il signale un grès jaunatre pétri d’une Rhynchonelle qu'il 
rapproche d’une espèce commune à Clansayes (RA. cf. polygona) et plus 
haut « un banc de poudingue à ciment clair glauconieux, les blocs agglo- 
mérés étant au contraire de couleur noire ». Il a revu le gisement du Mont 
Jean : sur la couche à Rhynchonelles, dit-il, reposent des schistes noirs 
dont le lit inférieur est très fossilifère et renferme en abondance Paraho- 
plites Milleti et Leymeriella tardefurcata; au-dessus il signale 2" à 3" de 


(1) Quart. Journal, 13 décembre 1848, p. 

(*) Bulletin des services de la Carte ob ka de Fre ance, n° 6, novembre 1889, 
pe 16. | 

(*) Les noms de lieux cités dans cette Note ont besoin d’être rectifiés, ainsi Mont 
Jean est écrit à plusieurs reprises Mont Jeon; Forclaz est vraisembablement pour 
Faitelaz (ou Faitelai); quant à La Cour, c’est un groupe de chalets situé non dans la 
hauteur, mais tout au bas de la pente près de la route. 

(*) Étude pal. et strat. sur la partie moyenne des terrains crélacés dans les Alpes 
françaises et les régions voisines, p. 221 ; Grenoble, 1907. 


h 
G. k, 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 14.) 45 


‘326 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


schistes, puis le banc gréso-calcaire dur qui termine le Gault sous la craie. 

Je dirai de suite que je ne suis pas tout à fait d'accord avec mon savant 
confrère sur l'interprétation de cette coupe : les schistes noirs renferment 
Ex. aquila et sont aptiens, et la couche à Ammonites m’a paru être à la 
partie tout à fait supérieure des grès albiens. 

Je vais reprendre avec plus de détails cette coupe de la montée du Mont 
Jean dont la partie inférieure est plus nette aujourd’hui, grâce à un chemin 
neuf en lacets qui a été tracé jusqu’au Faitelai, et qui, sur quelques points, 
a un peu entaillé le terrain. 

En quittant la route, on monte d’abord sur le dos des calcaires durs à 
Nummulites, plus ou moins corrodés par les agents atmosphériques. 
Avant le chalet neuf (Faitelai inférieur), on voit ces calcaires reposer 
directement sur les calcschistes noirs de l’Aptien. Au delà, avant le groupe 
principal de chalets (Kaitelai moyen), les calcaires urgoniens à Rudistes 
apparaissent sous les calschistes, qui présentent des intercalations de bancs 
calcaires; l’un d'eux présentait une empreinte d'Ammonite que je n’ai pas 
pu dégager et qui m'a semblé pouvoir être rapportée à Amm. Deshayest. 

Le chemin néuf s'arrête un peu avant les chalets; au delà le sentier 
continue à s'élever et franchit un petit ravin : sur le côté droit, le chemin 
entaille les schistes aptiens avec Exogyra aquila ; ils présentent à la partie 
supérieure un banc calcaire avec gros nodules où j'ai recutilli Terebratula 
cantabrigiensis (*). Sur le côté opposé affteurent les grès durs du Gault, 
piquetés de glauconie. Immédiatement après on arrive à la dernière maison 
du Faitelai, où le sentier du Lachat bifurque sur la gauche. Celui qui 
conduit au Mont Jean continue presque de niveau, et c’est là qu’affleurent 
les couches à Ammonites signalées par Maillard, à la partie supérieure 
des grès où j'ai recueilli 7er. Dutemplei tace elongata, à rapprocher d’un 
échantillon des grès inférieurs de la Perte du Rhône, figuré par Pictet et 
Roux (grès verts, PL 51, fig. 2), et rappelant, disent ces auteurs, la Ter. 
prælonga du Néocomien. 

Les Ammonites elles-mêmes sonten phosphate de chaux et très fragiles; 


(!) Les Térébratules biplissées du Crétacé inférieur sont souvent confondues sous 
la dénomination du Ter. Dutempleana d'Orb.; elles sont cependant de types assez 
divers. L’échantillon dont il est ici question se distingue par ses deux plis très rappro- 
chés; il est presque identique à un de ceux qui ont été figurés par de Loriol de l’Aptièn 
(Sainte-Croix, PL. 205, fig. 2), sous ce nom. Une forme semblable a été également 
figurée par Davidson en-1874 (Suppl. brit. foss. : Brach., PL 4, fig. 8-10) comme 
Ter. cantabrigiensis (= T. depressa, var. cantabrigiensis Walker). 


SÉANCE DU 2 OCTOBRE 1916. 327 


presque toutes se rapportent à Amm. Milleti. j'ai recueilli en outre en 
fragments Amm. latidorsatus et quelques Gastropodes. Au delà on franchit 
un deuxième ravin où affleure le banc de grès ferrugineux qui remonte 
plus haut en suivant à peu près la pente du terrain. Le Nummulitique 
reparait immédiatement après aux chalets de Mont Jean. 

Le mince banc de craie signalé par Maillard m'a échappé, mais il est. 
certain que des couches plus élevées affleurent dans les environs, car j'ai 
observé dans les éboulis à la Vacherie un assez gros bloc presque entière- 

ment formé de phosphate de chaux avec très nombreuses Amm. tardefur- 
catus et quelques Amm. latidorsatus. La gangue ici n’est plus gréseuse, 
mais elle est formée d’un calcaire glauconieux très foncé. Examiné en lames 
minces, il se montre comme un calcaire finement grenu, avec nombreux 
grains de quart anguleux (quartz de granite), nombreux grains de glauco- 
nie et de phosphate de chaux, ce dernier se présentant aussi quelquefois 
en imprégnation et en traînées; enfin on observe également des grains 
beaucoup plus petits d'oxyde de fer. Les Foraminifères y sont très rares et 
représentés seulement par des Textularuüdes. Un autre fragment, également 
hors de place, est constitué par un véritable poudingue de nodules phos- 
phatés dans une craie glauconieuse. Ce poudingue a une grande extension 
dans la région : il a été signalé par Jacob (loc. cit., p. 223), un peu plus au. 
Nord à la Goudinière, où il le-considère comme représentant la zone 
Amm. inflatus; le même auteur l’a également observé au Calvaire de 
Thones, mais sans reconnaître sa vraie nature. 

Reprenons en effet la coupe de ce dernier point, en montant par le 
sentier en lacets derrière la gare. On est d’abord sur les calcaires urgo- 
niens ; on recoupe ensuite les caleschistes apliens, puis les grès du Gault 
Piquetés de glauconie, tantôt durs, mais devenant quelquefois sableux par 
dissolution du ciment calcaire; c’est le gisement des Akynchonelles signalées 
par Murchison et par Jacob. Les fossiles paraissent assez nombreux mais 
presque impossibles à dégager; j'y ai cependant reconnu un Inocérame 
voisin de l’/#. concentricus. 

Au-dessus affleure le poudingue signalé par Jacob « à ciment clair glau- 
conieux, les blocs agglomérés étant au contraire de teinte noire ». 

Ces blocs, ou plutôt ces nodules, sont du phosphate de chaux, et la 
gangue examinée en lames minces est constituée par un calcaire à grain 
extrêmement fin avec très nombreux grains de glauconie, quelques grains 
de quartz anguleux et des fragments de phosphate de chaux de formes et de - 
grosseurs très variables. Les Foraminifères y sont très abondants, princi- 


328 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


palement les Globigérines; ces mêmes Foraminifères se retrouvent dans 
les fragments de phosphate de chaux, qui quelquefois sont plus riches en 
grains de quartz que la gangue elle-même. 

L'apparition des Globigérines indique que la mer s'est largement ouverte 
vers le Sud, permettant ainsi l’arrivée d’un courant chaud analogue au 
gulfstream actuel. C’est une nouvelle période commençant avec le Vracon- 
nien, comme on l’a vu plus haut d’après la coupe de la Goudinière, et qui 
se prolongera pendant toute la craie supérieure. Ces dépôts sont bien diffé- 
rents des couches gréseuses du Gault; quant au gisement des Ammonites 
phosphatées, il paraît faire défaut dans la coupe du Calvaire. 

Au-dessus du poudingue phosphaté et de la craie glauconieuse se déve- 
loppent les couches de la craie proprement dite avec le faciès des couthes 
de Seewen; elle est de couleur très claire, presque blanche, et renferme sur- 
tout des fragments d’/nocérames; en lames minces elle présente de nom- 
breuses Globigérines et d'innombrables Lagena (Fissurina). 

La même succession de couches doit affleurer plus au Sud au- APAN de 
Chamossière : j'ai en effet recueilli, dans les éboulis, les grès albiens à 
Rhynchonella sulcata, le poudingue phosphaté et la craie à Lagena, tantôt 
blanche, tantôt rouge. Même succession également sur le chemin pitto- 
‘ resque qui monte du château au Cluz au vallon du Nant debout, au-dessus 
de la cascade de Morette : l'Urgonien est surmonté par les schistes et les 
grès du Crétacé inférieur ; au-dessus les couches de la craie supérieure sont 
bien développées, elles présentent à la base le poudingue phosphaté; au 
sommet elles sont franchement rouges avec taches grises et j'ai recueilli 
dans ces couches un Ananchite bien caractérisé; les fragments d’/nocérames 
y sont très nombreux comme d'habitude. On sait que Belemnitella mucro- 
nala a été signalé dans le même système de couches. 

L'examen des différentes assises que je viens de signaler montre qu'elles 
se modifient d’une manière continue, depuis les grès du Gault, par la dis- 
parition progressive des grains de quartz, et enfin par l'apparition des 
Globigérines. Celles-ci indiquent, comme je lai dit, une mer largement 

uverte vers le Sud et par conséquent en continuité avec les dépôts situés 
plus au Sud. Une interruption de la sédimentation entre ces couches à Glo- 
 bigérines du Vraconnien et les couches également à Globigérines de la 
craie supérieure est bien peu vraisemblable. Il est donc très probable que 
ces assises représentent toutes les couches de la craie depuis le Cénoma- 
` nien, conclusion à laquelle on était déjà arrivé pour les calcaires de 
Seewen qui en représentent le prolongement, et dans lesquelles on a signalé 


SÉANCE DU 2 OCTOBRE 1916. 329 


des Rudistes très probablement cénomaniens du groupe des Sauvagesia. Ce 
sont les conditions habituelles du bassin de Paris, dans lequel les Rudistes 
de ce groupe sont à peu près les seuls représentés, tandis que plus au Sud, 
dans les régions plus chaudes, en Aquitaine comme en Provence, ce sont 
les couches à Hippurites qui se développent en marge de la craie à Globi- 
gérines. 

Pendant le dépôt de la craie supérieure, la mer, dans la région des Alpes, 
était largement ouverte vers le Sud, comme le montre l'abondance des 
Globigérines, tandis que les Bélemnites y pénétraient par le Nord. A la fin 
de cette période un changement paraît s'être produit assez brusquement et 
la mer s’est complètement retirée. Plus tard un nouvel affaissement s’est 
produit et la mer de l’Éocène moyen, caractérisée par les grandes Num- 
mulites, a pénétré dans la fosse alpine depuis Nice jusqu’au delà d’Inter- 
laken. Cette phase positive continuant, la mer s’est élargie et les dépôts de 
l’Éocène supérieur se sont développés vers l'Ouest, reposant en transgres- 
sion sur les couches crétacées; j’en ai donné un exemple très net aux Rallig- 
stôcke, près d’'Interlaken ('). Cette même disposition se présente dans les 
Alpes françaises, et en particulier à Thones : au Calvaire les couches à 
Nummulites contortus-striatus reposent directement sur la craie supérieure 
qu'elles ravinent et dont elles empâtent des fragments. Mon bien regretté 
ami Boussac, si malheureusement et si prématurément enlevé à la Science, 
a montré que les couches à N. contortus-striatus, équivalent des couches 
à Certthium Diaboli, représentaient le Bartonien (e° de la Carte géologique). 
Jai recueilli au Calvaire quelques autres fossiles qui confirment ce 
rapprochement : 


Orthophragmina Pratti, Michelin. — Cette espèce, comprise un peu trop 
largement par Schlumberger, ne comprend d’après sa définition que des 
espèces « lisses et renflées au centre », mais sans bouton nettement délimité. 
Il est à peu près certain que le type provient du gisement de la Villa Mar- 
bella à Biarritz. Cette espèce est abondante dans les couches de l'Eocène 
Supérieur jusqu'au Cachaou. Elle se retrouve à Priabona et elle n’est pas 
rare à Faudon. 


Operculina alpina, nov. sp. (fig. 1). — Cette espèce se distingue du groupe 
de l'Op. ammonia de l’Éocène inférieur et moyen, par sa spire plus lâche, 
et surtout par ses cloisons presque droites, puis brusquement coudées 


(ï) Les Ralligsiôcke et le Garihorn( Bull. Soc. géol. de France, {° série, t. y. 1903). 


330 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


près du contour externe. Ellese retrouve à Priabona et à Allons, où elle est 
extrêmement abondante. 


5° 
- 


Fig. 1. — Operculina alpina, du Calvaire de Thones; le plus grand échantillon est représenté 
par une vue extérieure, les autres par des sections (gr. 5 fois). 


Spiroclypens pustulosus, nov. sp. (fig. 2), caractérisé par les gros tuber- 
cules qui couvrent sa surface. Cette espèce a la forme d’une petite Num- 
mulite, mais sa section médiane présente la même disposition que les 
Hétérostégines. Cette espèce n’est pas rare à Priabona, je l’ai retrouvée au 
Cachaou. 

Cette petite faune de Foraminifères permet bien de rapprocher toutes 
ces localités de l'Éocène supérieur, Biarritz supérieur, Allons, Faudon, 
Thones et Priabona. 

Par places le Nummulitique du Calvaire est très riche en Lithothamnium 


go 


ai 
i 


Fig. 2. — Spiroclypens pustulosus, du Calvaire de Thones; section oblique montrant les logettes 
équatoriales, les loges latérales et les gros piliers qui les traversent (gr. 10 fois). 


(calcaire corallien concrétionné de Murchison); il représente donc un 
dépôt peu profond correspondant à l'invasion de la mer. Il présente quel- 
ques grains de glauconie. Il est nettement discordant sur le Crétacé puis- 
qu’il ravineici la craie supérieure, tandis qu’à une faible distance au Nord, 
au Faitelai, il recouvre directement l’Aptien. Il semble qu’à cette époque 
les plissements alpins étaient déjà esquissés. 

Vers la partie supérieure des calcaires, les Nummulites disparaissent, on 
ne rencontre plus que quelques Pecten, qui disparaissent à leur tour et le 
calcaire dur est remplacé par des marnes schisteuses feuilletées, de teinte 
très claire dont les affleurements se distinguent de loin à leur couleur 
blanche. Elles sont dépourvues de fossiles et ne présentent que quelques 


SÉANCE DU 2 OCTOBRE 1916. | 331 


débris d’algues et de végétaux divers; mais les préparations en lames 

minces montrent une abondance de Globigérines; c’est une réapparition ` 
très intéressante du type crétacé, indiquant une large communication vers 

le Sud avec la Mésogée; c’est la continuation de la transgression (ou phase 

positive) précédente. 

Ces couches à Globigérines se continuent du reste vers le Nord; je les ai 
signalées précédemment dans les environs d’Interlaken. 

Le passage des couches à Nummulites aux schistes blancs est bien visible 
au-dessus de la Vacherie. Au hameau lui-même on voit les schistes devenir 
plus grossiers et passer à un Flysch peu consistant et de couleur brune. 

La partie supérieure de cette formation est constituée par une série de 
bancs épais de grès durs assez grossiers avec intercalations de grès truités : 
ce sont les grès dits de Taveyannaz. Les grès présentent souvent d’assez 
gros grains de quartz blanc ou rosé, ainsi que des fragments de calcaires 
gris. [ls passent en certains points à un véritable poudingue formé des 
mêmes éléments. La présence de ces fragments calcaires montre que ce 
dépôt s'est effectué très rapidement; on sait en effet que dans les forma- 
tions détritiques les parties calcaires disparaissent vite sous l’action du 
frottement ou des chocs des parties siliceuses beaucoup plus dures, celles-ci 
persistant seules au bout de peu de temps. Ces dépôts du Flysch corres- 
pondent vraisemblablement à une période très agitée pendant laquelle 
commençaient où s’esquissaient les grands mouvements tectoniques qui 
peu après allaient donner naissance à la chaîne des Alpes. Sous l’action de 
ces secousses, des éboulements devaient se produire près des rivages; de là 
ces fragments de roches calcaires dans les poudingues du Flysch; de là 
peut-être aussi ces blocs de granite qui, charriés plus tard vers le Nord par les 
grandes nappes alpines, allaient devenir les célèbres blocs exotiques de la 
région d’Interlaken. l | 

C’est peudant cette période d’agitation que se produisaient les éruptions 
bien connues des roches basaltiques du Vicentin; les grès de Taveyannaz 
sont de véritables tufs qu'il faut rattacher vraisemblablement à ces 
éruptions. ; 


M. P. Mancuas fait hommage à l’Académie des Tomes I (1913) et IH 


(1914) des Annales du Service des Épiphyties, publiées par En. Priueux, 
P. Marcuaz et E. Foex. 


* 


332 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


CORRESPONDANCE. 


M. le SecRÉTAIRE PERPÉTUEL signale, parmi les pièces imprimées de la 
Correspondance : 


Le fascicule XI bis des Études de Lépidoptérologie comparée : Contri- 
butions à l'étude des grands Lépidoptères d'Australie (genres Coscinocera 
et Xyleutes), par Cuarces Overruur, Constant Hourserr et K.-P. Don». 
(Présenté par M. E.-L. Bouvier.) 


CHIMIE ANALYTIQUE. — Recherche de petites quantités de sélénium 
et distinction de l'arsenic. Note (‘) de M. Jrax Meunier, présentée 
par M. Charles Moureu. 


L’acide sélénieux et les sélénites en dissolution sont réduits par l’hydro- 
gène naissant et se transforment en hydrogène sélénié H?$e, gaz qui se 
décompose facilement par la chaleur avec dépôt de sélénium. Cet élément 
se comporte donc comme l'arsenic, et il apparaît de la même façon dans les 
essais à l'appareil de Marsh. S'il est en proportion tant soit peu notable, la 
distinction en est facile ; mais il n’en est pas ainsi pour le cas où il existe en 
faible trace; la confusion est alors possible. Dans la pratique, ce cas peut 
être d’autant plus fréquent que l'acide sulfurique dont on se sert ou que l’on 
essaye est produit avec des pyrites qui sont une source habituelle d’arsenic 
et de sélénium. 

Voici comment j'ai établi la recherche du sélénium à l'appareil de Marsh : 

L'appareil étant monté dans les conditions usuelles, l'hydrogène est produit par le 
zinc redistillé attaqué par l'acide sulfurique pur étendu et additionné de quelques 
gouttes de chlorure de platine. Pour que la pureté des réactifs soit démontrée, l’hydro- 
gène doit passer pendant 1 heure dans le tube de verre chauffé, sans y laisser de dépôt 
à la suite de la flamme. Après cette épreuve, j'ajoute dans le flacon à l'hydrogène pe 
d’une solution contenant 1°8 d'acide sélénieux ; au bout de quelques minutes, il apparaît 
dans le tube de verre un dépôt qui s'accroît. L'opération est continuée jusqu’à ce qu'il 
n’augmente plus, ce qui peut exiger 2 heures. En de pareilles conditions, le dépôt est 
considérable ; il occupe plus de 1°* de longueur dans le tube et possède, spécialement 

LL 1 nn ht 


(*) Séance du 25 septembre 1916. 


SÉANCE DU 2 OCTOBRE 1916. 333 
dans sa partie la plus épaisse, la coloration rouge du sélénium. Il ne peut être ainsi 
confondu avec l’arsenic, bien que par sublimation il puisse passer au gris d'acier, 

Il ne se présente pas ainsi quand la proportion est cent ou mille fois moindre que 
ci-dessus. On remarque alors dans le tube un faible anneau à reflet brillant, analogue 
à celui de l'arsenic. Par sublimation dans le tube ouvert, il s’oxyde et se transforme 
en acide sélénieux blanc; de même l'arsenic passe à l'état d'acide arsénieux également 
blanc. En pareil cas la très faible quantité de substance rend délicate la distinction au 
moyen des dissolvants. 


J'ai employé, pour rechercher le séléniam, un autre procédé qui convient 
aussi à la recherche de larsenic. 


Il consiste à faire passer dans la solution chauffée un courant d'hydrogène sulfuré, 
auquel on peut ajouter, sans que cela soit indispensable, un peu d'acide sulfureux. 
En prolongeant l’action du courant, on obtient un trouble dû à la précipitation du 
soufre très divisé entraînant avec lui le sélénium et l'arsenic, s’il en existe, à l’état de 
sulfure, On parvient facilement à agglutiner le soufre servant ainsi de véhicule, en 
maintenant le liquide sur le bain-marie et en l’agitant au besoin. Quand le soufre 
agglutiné contient du sélénium, il prend une coloration brune; le sulfure d’arsenic 
n’altérerait pas la couleur jaune : on distingue donc ainsi sans peine le sélénium et 
l’arsenic. Après avoir desséché les flocons bruns, on peut les introduire dans un petit 
tube fermé par un bout et séparer le soufre du sélénium en sublimant avec précaution. 
Le résidu noir obtenu par H?$ est considéré par certains auteurs comme une combi- 
naison de sélénium et de soufre, ce qui paraît vraisemblable. 


Les faits précédents peuvent avoir de l'intérêt pour les recherches 
chimico-physiologiques, mais ils en présentent peut-être davantage au 
point de vue de la fabrication de l'acide sulfurique, particulièrement par le 
procédé de contact catalytique. Il est connu que, dans ce procédé, il faut 
dépouiller complètement le gaz sulfureux provenant du grillage des pyrites 
de l'arsenic qu'il entraîne; sinon le catalyseur, constitué par de l'amiante 
platinée, est rapidement mis hors d'usage. De même la surface du cata- 
lyseur s’altère au bout d’un certain temps par le dépôt des poussières 
entraînées par le courant de gaz sulfureux, qui ne peuvent être arrêtées 
complètement à la sortie des fours. Pour rendre au catalyseur son activité, 
il faut le débarrasser de ces poussières. Dans ce but, on a imaginé en 1898 
d’imprégner le catalyseur d’un sulfate soluble alcalin ou magnésien; il 
suffit donc de le laver à l’eau pour dissoudre le sulfate, entraîner consé- 
quemment les poussières. On achève le nettoyage par un traitement à 
l'acide chlorhydrique. Il est essentiel que le sulfate magnésien employé 
soit exempt d'arsenic. L'analyste peut être trompé à cet égard par la 
présence du sélénium. Dans ce cas, j'essaye le sulfate magnésien, en opérant 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 14.) 46 


334 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


sur 10$ ou 208, au moyen des méthodes ci-dessus qui, complétées l’une-par 
l’autre, permettent d’arriver à une conclusion formelle. 

Le minerai magnésien qui sert à préparer le sulfate est généralement la 
dolomie; on ne peut attribuer à cette substance la présence du sélénium:; il 
faut donc l’attribuer à l’acide sulfurique. Il se forme dans la préparation 
des traces de sélénite magnésien qui demeurent dans le sulfate. 


PHYSIQUE DU GLOBE. — L'action luni-solaire et la température. 
Note (') de M. P; GarriGou-LAGRANGE. 


Comme suite à mes études antérieures sur l’action luni-solaire, j'ai 
étudié la température, en considérant à la fois son amplitude et sa 
moyenne diurne. J’ai calculé ces éléments pour chacune des phases 
lunaires dans les diverses saisons des dix années 1906-1915. Les moyennes 
générales, groupées par saison et par phase, montrent qu'il se produit dans 
le cours de chaque lunaison une oscillation simple dont l'amplitude est 
faible et n'atteint pas o0°,5. Mais il en est tout autrement si l’on tient 
compte de l’état général de l’atmosphère au début de la période considérée. 

A cet effet j'ai calculé pour chaque phase l'écart de la température à la 
température moyenne de cette phase, et suivant que l’anomalie ainsi 
obtenue est positive ou négative, ou suivant qu’elle se produit à telle ou 
telle phase, l’onde lunaire change complètement de situation. De plus 
son amplitude est proportionnelle à l’anomalie. 

Ainsi, pour n’en citer qu’un exemple, j'avais remarqué que dans certains 
hivers les périodes froides se succèdent de mois en mois, indiquant une 
action lunaire bien caractérisée, tandis que d’autres années n'offrent rien 
de semblable, La différence vient de l’époque où se produit la première 
anomalie. Si elle se présente entre la nouvelle lune et le premier quartier, 
elle se reproduira avec son signe, positif ou négatif, au début de la lunaison 
suivante, d'autant plus forte que l’anomalie sera plus grande. 

Le même phénomène s’observe en été, très atténué et en sens inverse. 
La différence entre ces deux saisons consistant en ce que le lunistice 
austral correspond en hiver à la nouvelle lune et en été à la pleine lune, 
il s'ensuit qu’il faut considérer deux ondes lunaires qui se superposent et 
qui interfèrent, dues l’une à la révolution synodique, l’autre à la révolu- 
tion tropique. 


(1) Séance du 25 septembre 1916. 


SÉANCE DU 2 OCTOBRE 1916. 335 


L'année 1916 offre de ce phénomène un bon exemple et son hiver si 
exceptionnel est dû à l’anomalie positive qui a marqué la nouvelle lune de 
décembre et qui s’est reproduite aux nouvelles lunes de janvier et de. 
février, avec des ondes opposées à londe moyenne, favorables dès lors à 
un hiver très doux. 

En résumé l'amplitude et la situation des ondes lunaires varient avec la 
situation générale de l'atmosphère. Il ne suffit pas de les caractériser par 
des moyennes générales dont l'amplitude est toujours très faible; il faut 
encore tenir compte de l’anomalie, de son signe, de sa situation, et c’est 
sans doute pour l'avoir négligée qu’on a si longtemps discuté l’influence 
de la lune sur l'atmosphère. 


ÉNERGÉTIQUE BIOLOGIQUE. — Technique d'éducation sensitive pour amputés 
et aveugles. Note de M. Jures Amar, présentée par M. A. Laveran. 


Dans deux Communications sur l'Éducation sensitive des moignons 
d'amputés ('), j'avais insisté sur la nécessité de généraliser à tous les 
amputés, surtout des bras, l’exercice des moignons sur la gouttière dynamo- 
métrique. I] résulte de cet exercice, réglé avec méthode, la certitude, tant 
de fois démontrée, que l’atrophie musculaire fait place à une régénération 
fibrillaire, que la sensibilité reparaît et gagne la section même du moignon, 
si bien que l’appareil de prothèse, bras articulé spécialement, acquiert une 
valeur d'utilisation absolument insoupçonnée, 

Ce rendement des appareils prothétiques est favorisé encore plus par 
l'éducation de la sensibilité. Et s’il est vrai que les amputés retirent un grand 
profit d’une telle éducation, l'expérience montre que les aveugles en retirent 
un égal avantage. Pour aborder le problème avec le maximum dé consé- 
quences, je me suis occupé tout spécialement des mutilés aveugles. 

Dans cette Note il sera question simplement de la Technique employée. 
Trois éléments la constituent : 


1° Bracelet à poids. — Aussitôt après l'entrainement sur la gouttière, on 
place à l'extrémité du moignon un bracelet de cuir, soutenant un plateau 
feutré intérieurement pour éviter la sonorité des contacts avec les poids 
(fig. 1). Si le patient n’est pas aveugle, il aura les yeux bandés. 


——— ms 


(') Comptes rendus, t. 162; 1916, p. 843 et 887. 


336 ACADÉMIE DES SCIENCES, 

Puis on introduit doucement dans le plateau un poids de 2008, que l’on 
diminue de jour en jour, en descendant par 208. On fera constater au 
sujet que l’on charge ou décharge le plateau, que tel poids est $; $, + de 
fois plus faible que le précédent, et inversement. On recommence ces 


émane nage meme. 


CŒURDEVACHE PARIS. 


Fig, 1. — Bracelct à poids. 


observations jusqu’à obtenir des réponses décisives. Ensuite, le bracelet 
est remonté à 2™ plus haut sur le moignon, car la sensibilité se rétablit du 
bout à l’origine du tronc nerveux; sa régénération est centripète. 


2° Platine esthésiographique. — Qu'il s'agisse d’un moignon ou des 

* doigts de la main d’un aveugle, il faut exercer la sensibilité tactile avec 
infiniment de délicatesse. La platine esthésiographique satisfait à ce but. 
C’est une plaque de laiton rectangulaire P (fig. 2), avec un manche M 


SÉANCE DU 2 OCTOBRE 1916. 337 


que l'on chauffe pour porter le tout au voisinage de 36°. Au centre de la 
surface apparaît une pointe mousse en ivoire l, qu’une vis micromé- 
trique V permet de faire saillir graduellement. On sait, par conséquent, 
de combien elle émerge à la surface. Elle presse, à sa base, sur un tambour 


Fig. 2. — Platine esthésiographique. 


de Marey, avec ressort intérieur, ct la pression peut s'enregistrer sur un 
cylindre. 

Dans ces conditions, on donne au patient à explorer le dessus de la pla- 
tine, la pointe étant au zéro. Il y promène ses doigts ou son moignon en 
tous sens; et, peu à peu, on agit sur la vis. Quand il arrive à déceler la 
pointe d'ivoire, on est renseigné sur la hauteur de celle-ci, et le tracé 
indique pour quelle pression et après quels tâtonnements elle a été 
perçue. 

Les progrès sont, par ce procédé, des plus rapides, et parfaitement 
réguliers. 


3° Méthode des contours. — C'est alors que, pour les aveugles en particu- 
lier, on doit s’efforcer d'exercer le toucher sur des surfaces de courbures 
variées, les tranchants d'outils, les pièces ouvragées. On utilisera, par 
exemple, un cube de laiton à coins arrondis suivant des rayons différents, 


338 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


et l’on fera reconnaître et apprécier ces différences. L’aveugle, à qui l’on 
enseigne le rempaillage des chaises, devra: promener les doigts: sur la 
paille en comptant les rangs et les inégalités de la surface préparée; et 
ainsi des autres travaux. 


PHYSIOLOGIE. — De l’immunité vaccinale consécutive aux injections intra- 
vasculaires de vaccin. Note de M. L. Camus, présentée par M. Charles 
Richet. 


Les conditions dans lesquelles se réalise l'immunité vaccinale ne sont 
pas très bien établies et l'impossibilité où l’on est aujourd’hui encore 
d'indiquer avec précision le temps nécessaire à immunisation en est une 
preuve. Ce temps est-il de 5 ou 6 jours comme semblait l'avoir établi au 
commencement du siècle dernier le Comité de vaccine, et comme pensait 
l'avoir solidement démontré Bousquet, ou bien faut-il admettre, avec 
Husson et la plupart des auteurs modernes, que « l’immunité vaccinale 
n'est complète que le dixième jour de la vaccination », ou bien encore, avec 
quelques médecins, doit-on revenir au chiffre de 21 jours adopté autrefois 
par Heim et Grégory? 

Je n'apporte pas ici un nouveau chiffre, j je dite simplement présenter 
des résultats expérimentaux qui permettront de comprendre et d'i xpliquer 
pourquoi existe un flottement notable dans les appréciations et pourquoi 
l’entente n’est pas faite malgré un nombre considérable d'expériences. 
Il résulte en effet de mes SAR ES que le temps nécessaire à l’immuni- 
sation est directement sous lá dépendance d’un facteur, trop négligé 
jusqu'ici, la quantité de vaccin. 

Pour opérer avec plus de précision, pour faire disparaître quelques causes d'erreur, 
j'ai étudié l’immunisation par inoculation intravasculaire. Cette condition expéri- 
mentale a l’avantage de supprimer l’aléa d’une absorption irrégulière et de mettre 
l’ensemble de l'organisme mieux en présence des produits actifs, surtout si lon 
emploie, comme je l’ai fait, des dilutions de vaccin homogène et pur. 

La technique que j'ai suivie est simple, j'ai opéré sur le lapin qui est très réceptif 
à la vaccine; le vaccin a été dilué pour l'injection dans du sérum artificiel et ces 
injeetions ont été pratiquées soit dans une veine superficielle, soit dans une veine 
profonde, soit encore dans une artère. Après un temps d'attente variable, j'ai procédé 
à une vaccination d’épreuve qui à été faite simultanément d'une part sur la peau du 
dos avec des dilutions de vaccin faible et de vaccin fort, et d’autre part, par piqûres 
dans la région naso-labiale où se produisent habituellement de beaux éléments vacci- 
naux. bien typiques. Cette façon d'opérer donne la certitude de ne pas laisser inaperçu 


SÉANCE DU 2 OCTOBRE 1916. 339 


un faible degré d’immunisation et de ne pas méconnaître non plus l’immunité com- 
plète quand elle vient à se produire. La dose de vaccin injectée a varié de o0™,5 

à 2°" par kilogramme et les dilutions de 55455 à tig. Le temps laissé entre l'injection 
immunisante et la vaccination d’ épreuve a oscillé de 20 heures à 11 jours. 

Pour déterminer le temps nécessaire à l'apparition de lPimmunité, j'ai in TE 
employé systématiquement une dose forte de 1°%° par kilogramme, d’une dilution à 
et progressivement j’ ai reculé la vaccination d’épreuve. : 

En procédant ainsi, on arrive à constater aisément que jusqu’au quatrième jour 
Pimmunité n’est pas appréciable. A partir du quatrième jour il se produit une légère 
diminution de la réceptivité vaccinale, Le cinquième jour, l'immunité est très forte, 
elle est complète dans la région bucco-nasale et très marquée dans la région dorsale. 
Le sixième jour, la peau du dos, comme le tégument de la région bueéco-nasale, est 
tout à fait insensible à une vaccination d’épreuve. 

Cette série d'expériences, qui a porté sur un total de 20 lapins, semble bien établir 
que l’immunité vaccinale est acquise, dans les conditions précédemment indiquées, 
du cinquième au sixième jour, et que son début apparaît vers le quatrième jour. 

Chemin faisant, j'ai constaté quelques légères différences individuelles dans l’immu- 
_nisalion provoquée par des injections intra-vasculaires aussi identiques que possible, 
Ces différences se sont traduites soit par une inégale sensibilité des animaux à la vac- 
cination d’épreuve, soit par un petit retard dans l'apparition de leur immunité com- 
plète, 

Si l’on recherche dans quelle proportion la quantité de vaccin injectée peut exercer 
une influence, on arrive aisément à constater, avec des dilutions plus faibles ou plus 
fortes que celles ci-dessus employées, que ce n’est plus le quatrième jour qu’apparatt 
l’immunité mais plus tôt ou plus tard et, de même, que son complet développement se 
trouve rapproché ou éloigné. Par exemple, si l’on injecte une dilution à 55655 à la dose 
de o™' 5 par kilogramme, on n'observe plus l’immunité ou seulement une très faible 
immunité en procédant le AAA jour à la vaccination d’épreuve. D'autre part, 
l'injection d’une dilution à -4, à la dose de 5°%° par kilogramme, donne déjà le qua- 
trième jour une amtités à pik près complète. Enfin, après l'injection de la très 
faible dose de o°%,5 par kilogramme d'une dilution à 559-5, si on laisse s'écouler un 
intervalle de 10 jours avant de pratiquer la vaccination d'épreuve, on constate que 
l'immunité est arrivée à son complet développement. 

Des expériences dansslesquelles l’injection immunisante a été remplacée par une 
vaccination cutanée, avec des dilutions plus ou moins étendues ou des doses plus ou 
moins fortes, ont permis de reconnaître que des variations analogues dans la production 
de l’immunité peuvent également être mises en évidence. 


100 


En résumé, il ressort de ces expériences que le temps nécessaire à 
l’immunisation est variable avec la dose de vaccin employée. S'il n'est pas 
possible, comme chacun sait, de supprimer entre la vaccination et limmu- 
nité une certaine phase latente, phase d’incubation, du moins il est facile 
d’en modifier notablement la durée en augmentant ou diminuant la quantité 
de vaccin. Les influences individuelles qui peuvent toujours se rencontrer 


340 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


ont beaucoup moins d'importance que les quantités de vaccin mises en jeu. 

Et maintenant on ne s'étonnera plus que des expérimentateurs très 
consciencieux, qui n'ont pu tenir compte ni de la quantité ni de l’activité de 
leur vaccin, aient attribué des durées différentes à la production de 
limmunilé. 


M. Jores Reexaur adresse une Note intitulée : Appareils de marche avec 
étrier de décharge pour fractures et lésions diverses du membre inférieur. 


(Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et Chirurgie.) 


La séance est levée à 15 heures trois quarts. 
À: Ex: 


ERRATA. 


(Séance du 29 mai 1916.) 
Note de M. Carl Störmer, Intégration d’un système d'équations différen- 
tielles, etc. : 


Page 832, ligne 10, dans la formule de bm au premier terme du second membre, 
remplacer le dénominateur 11,5.107 par 1,5.107. 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 9 OCTOBRE 4916. 


PRÉSIDENCE DE M. Camrue JORDAN. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. 


ASTRONOMIE. — La libration physique de la Lune, étudiée sur 4o clichés 
obtenus à l'Observatoire de Paris entre les années 1894 et 1909. Note de 


M. P. Puiseux. 


On sait que le grand équatorial coudé, de o™, 6o d'ouverture, établi sur 
les indications de Maurice Lœwy, a eu pour emploi principal, pendant un 
certain nombre d'années, l'exécution de clichés de la Lune, relatifs à des 
états variés de phase et de libration. 

Un choix de ces documents, agrandis en héliogravure, a fourni la 
matière de diverses études, notamment du grand Atlas photographique 
publié par l'Observatoire de Paris. Dans l'exécution des Cartes et dans la 
rédaction des Notices qui les accompagnent, on a eu surtout en vue les 
problèmes cosmiques et historiques qui se posent à l'inspection du relief 
lunaire. 

Après l'achèvement de cette publication, en 1911, M. Baillaud, succes- 
seur de Maurice Læwy à la direction de l'Observatoire, voulut bien 
encourager mon projet de soumettre un certain nombre de clichés de 
même origine à des mesures de précision, en vue d'arriver à une connais- 
sance plus exacte du mouvenrent de la Lune autour de son centre de gra- 
vité. Tout progrès accompli dans cette direction doit d’ailleurs contribuer 
à fixer nos idées concernant la figure générale du globe lunaire et sa con- 
stitution intérieure. 

Si notre satellite était formé de couches sphériques et homogènes, on 
devrait s'attendre à le voir tourner autour d’un axe de direction invariable 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 15.) 47 


342 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


avec une vitesse angulaire constante. Il ne se produirait alors qu’une 
libration apparente ou optique, et les lois expérimentales du phénomène, 
telles que les a formulées J.-D. Cassini, pourraient être rigoureusement 
vérifiées. 

En fait la structure de la Lune n’est pas aussi simple, Son contour se 
montre presque partout hérissé de montagnes, plus hautes, à proportion, 
que celles de la Terre. Les mesures micrométriques n’ont pas jusqu'ici 
mis en évidence un.aplatissement polaire ou une inégalité entre les moments 
principaux d'inertie. Mais une telle inégalité est rendue probable par le 
fait que la Lune nous présente toujours la même face. Elle doit entrainer 
des changements périodiques dans la vitesse de rotation, par suite une 
libration réelle ou physique s’ajoutant à la libration optique. 

Lagrange et Laplace, suivis par d’autres géomètres, ont signalé divers 
termes de libration physique comme susceptibles d'acquérir une certaine 
importance. Ils ont caractérisé ces termes par leurs périodes, mais ont dů 
laisser aux observateurs la tâche d’assigner les coefficients. Les travaux 
entrepris depuis dans cette direction sont assez nombreux. On en trouvera 
un résumé dans une étude récente de M. F.-J.-M. Stratton (Wemotrs of 
the Royal Astronomical Society, vol. LIX, Part IV). La concordance des 
résultats laisse fort à désirer, en sorte que dans les éphémérides officielles 
on s’est abstenu, en général, d’avoir égard à une libration physique. Ou 
bien la théorie du mouvement de la Lune, faite en regardant notre satel- 
lite comme un solide invariable, doit être complétée par la considération 
des marées d’un fluide interne, ou bien il faut disposer, pour déterminer 
les coefficients des inégalités, qui d’ailleurs sont faibles, de séries d’obser- 
vations plus prolongées et plus exactes. 

Le premier desideratum semble malaisé à remplir, faute de renseigne- 
ments sur la constitution intérieure de la Lune. Mais le second peut être 
réalisé par une utilisation judicieuse de la collection de l'Observatoire de 
Paris. Il nous a été facile d’en extraire 4o clichés répartis sur quinze années 
et présentant, avec des librations très diverses, une bonne définition. On 
aurait pu, dans le même intervalle, trouver des documents de même valeur 
en nombre plus grand. Mais il nous a paru prudent, en face du vaste 
ensemble de mesures et de calculs à exécuter, de ne pas vouloir trop em- 
brasser et de n’avoir pas à remettre les conclusions à une époque trop 
lointaine. 

L'Académie des Sciences m’a grandement facilité ma tâche en m'accor- 
dant une subvention sur les fonds Debrousse. M. Baillaud a mis à ma dis- 


SÉANCE DU 9 OCTOBRE 1916. 343 


position une machine de mesure des frères Brunner, adaptée à ce travail 
spécial par M. Prin, et a donné à mes collègues de l'Observatoire toute 
latitude pour me venir enaide. M. Le Morvan, qui avait eu dans l’exé- 
cution des clichés originaux une part importante, a mené à bien l’impres- 
sion, assez délicate, de diapositifs avec réseau. Les mesures ont été faites 
pour la plus grande part, sur mes indications, par MM. Bordier et Le Mor- 
van. J’ai eu pour les calculs l'assistance de MM. Guénaire, Maneng et, en 
dernier lieu, celle de M. Jekhowsky, docteur de l'Université de Paris. 

La discussion des résultats fait l’objet d'un Mémoire, aujourd’hui ter- 
miné, et qui doit paraître dans les Annales de l'Observatoire de Paris. J'indi- 
queraiseulement ici la marche suivie et quelques conclusions qui peuvent, à 
certains égards, être considérées comme imprévues. | | 

Le réseau imprimé sur chaque plaque diapositive a permis de mesurer, 
par rapport à deux axes rectangulaires conventionnels, les coordonnées 
d'un certain nombre de points du bord éclairé (6o en moyenne) et les coor- 
données d’un certain nombre de points de l’intérieur de l’image (4o en 
moyenne). Les points de cette seconde série ont été choisis comme centres 
d'objets de forme régulière, largement disséminés sur la surface du disque 
et désignés par leurs coordonnées sélénographiques dans le catalogue 
publié par Saunder en 1911. 

De la première série de mesures on a déduit, pour le cercle qui coïncide 
le mieux possible avec le bord éclairé, les coordonnées rectangulaires du 
centre et le rayon moyen. Les angles de position qui en résultent pour les 
points de l’intérieur de l’image peuvent être comparés aux angles de posi- 
tion obtenus par la considération de l'heure du cliché, des coordonnées 
sélénographiques et de la libration optique seule. La différence, à peu près 
constante, donne l'orientation du cliché, c’est-à-dire langle de position de 
la ligne fondamentale du réseau. ; 

- Bien que ce résultat ne soit pas encore définitif, étant altéré par la libra- 
tion physique et par l'erreur du catalogue, il permet de tenir compte avec 
une exactitude suffisante de la réfraction différentielle. Celle-ci n’affecte 
pas les coordonnées du centre, mais diminue dans une mesure appréciable 
le rayon moyen. Le rayon ainsi corrigé fournit l'échelle du cliché, c'est- 
à-dire le facteur de conversion des intervalles du réseau en minutes d'arc. 

Les mesures de la seconde série, affranchies de la réfraction, permettent 
de conclure pour chacun des objets choisis les coordonnées polaires (dis- 
tance au centre et angle de position) relatives soit à Pobservateur terrestre, 
soit à un observateur fictif qui serait placé au centre de la Lune. De ce 


344 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


second groupe de coordonnéés on peut conclure, pour tout objet dont la 
position sélénographique est connue, une valeur expérimetitale de la libra- 
tion, soit en latitude, soit en longitude. 

L'accord des résultats fournis par les différents objets d’un même cliché 
témoigne de l’homogénéité satisfaisante du catalogue de Saunder et permet 
de penser que la libration est ainsi déterminée avec une erreur probable 
qui ne dépasse pas 0’,4 èn latitude et 1’,0 en longitude. Or les librations, 
calculées pour les mêmes époques en acceptant comme rigoureusés les lois 
de Cassini, s’écartent dés premières de quantités beaucoup plus fortes, 
attéignant communément 10° et même (pour la longitude) 20’ en arc sélé- 
nographique. La réalité d’une libration physique est donc confirmée. 

Nous avons procédé à l'analyse harmonique des écarts, en vue de déter- 
miner les coefficients des termes périodiques signalés comme probables 
par la théorie. De ces termes il en est un qui se dégage nettement des 
autres par son importance. C’est le terme annuel qui affecte la libration en 
longitude et qui contient, comme facteur variable, le sinus de l’anomalie 
moyenne du Soleil. La valeur, assignée au coefficient constant par nos 
calculs, est rg to + 2’,31. Ce réshltat était pour nous imprévu, car, bien 
que Lagrange et Laplace aient considéré cette inégalité comme devant être 
la partie la plus importante de la libration physique en longitude, aucune 
recherche expérimentale, à notre connaissance, ne lui attribue une ampli- 
tude aussi forte. 

L’intérêt'de ce chiffre tient surtout à ce qu'il est possible d’en déduire 


une valeur du rapport 
ci BA 
E E? 


où À, B, C désignent les moments principaux d'inertie du: globe lunaire 
rangés par ordre croissant. En suivant la voie indiquée par Tisserand 
(Traité de Mécanique céleste, t. 2, Chap. XXVII), nous obtenons 


y —0,001178. 
D'aütre"part, si l’on appelle A’ et C' les moments d'inertie principaux 
extrêmes du globe terrestre, la théorie de la précession donne l'égalité 


C'— 
C 


! 
— 0,003 270. 


Il est vraisemblable, d’après cela, que l’équateur lunaire n’est pas circu- 
laire et que son ellipticité est voisine du tiers de celle d’un méridien ter- 


SÉANCE DU 9 OCTOBRE 1916. 345 


restre. Ce fait, s'il est confirmé, aurait sans doute une répercussion sur 
d’autres théories astronomiques, et justifierait suffisamment la recherche 
que nous avons entreprise. 

Le chiffre trouvé pour l'inégalité annuelle dépend bien entendu, mais 
pas dans une large mesure, du choix des autres inégalités périodiques que 
Fon considère comme réelles et que l’on tente de déterminer en même 
temps que la première. Aucune, à vrai dire, ne se dégage avec uneévidence 
obligatoire. Ni la position de la Lune sur son orbite, ni la phase (différence 
des anomalies moyennes de la Lune et du Soleil) ne paraissent exercer sur 
la libration mesurée une influence systématique. Mais, en ce qui concerne 
la latitude, on obtient une amélioration plus marquée de la concordance 
entre le calcul et l’observation par l'introduction d’un terme annuel que 
par celle des quatre termes considérés comme plus probables par M. Strat- 
ton. Les observations de latitude n'obligent pas à traiter comme variable 
Pinclinaison de l'équateur lunairesur l'écliptique. Elles suggèrent, pour la 
correction à faire subir à la valeur généralement admise de cet angle, une 
correction de même sens et sensiblement plus forte que celle qui est déduite 
par M. Stratton des observations de Schlüter. | 

La série des écarts en longitude rend aussi vraisemblable l’existence de 
deux inégalités admettant la première une période de 6 mois, la seconde 
une période de 18 ans À, égale à celle de la révolution des nœuds de la Lune. 
Il paraît admissible que de telles oscillations prennent naissance ou s’entre- 
tiennent sous l'influence des marées d’un fluide interne. L'influence hypo- 
thétique du déplacement du périgée lunaire n’est pas confirmée. 

Mème après application de ces termes, la somme des carrés des résidus 
reste encore beaucoup plus grande que celle que l’on serait fondé à prévoir 
d’après l'accord habituel des cirques d’un même cliché. Ni l'hypothèse d’un 
défaut d’homogénéité dans le catalogue de Saunder, ni celle d'erreurs dans 
le numérotage et l'inscription de l'heure de nos clichés n'ont paru, après 
un examen attentif, pouvoir expliquer le désaccord. Nous sommes donc 
- obligés de conclure que la théorie du mouvement de la Lune autour de son 
centre de gravité, établie en considérant notre satellite comme un solide 
indéformable, ne correspond pas aux faits. Des influences encore mal 
déterminées, ‘et de période irrégulière ou assez courte, se font sentir dans 
ce mouvement avec une intensité tout à fait comparable à celle des termes 
prévus de libration physique. La série des clichés de l'Observatoire de 
Paris peut fournir les matériaux nécessaires pour pousser plus avant cette 
analyse, 


346 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


CORRESPONDANCE. 


HYDRAULIQUE,. — Sur la transmission des coups de bélier dans les conduites 
présentant des bifurcations. Application aux cheminées d’ equilibre. 
Note (') de M. Denis Expoux, 


Dans une Note précédente (° + j'ai indiqué comment se faisait la répar- 
tition d'un coup de bélier brusque dans une conduite d’épaisseur et de 
diamètre variables. J'ai été amené, à la suite de cette étude, aux nouvelles 
considérations suivantes. 

. . R Rite . e «a . 4 

Dans ce qui suit, je désignerai toujours par æ le rapport getjel appel- 


lerai la caractéristique de la conduite en un point. 


I. Harmoniques des conduites à caractéristique variable. — M. Camichel, 
dans deux précédentes Notes (°), a étudié la production et l'amplitude des 
harmoniques dans les conduites à caractéristique constante. Comment 
peut-on se représenter le phénomène dans le cas qui m'occupe? On ne peut 
pas subdiviser la conduite en tronçons d’égale longueur pour avoir la posi- 
tion des nœuds et des ventres; il faut à présent considérer des tronçons tels 
que les temps employés par les ondes pour les parcourir soient sous- 
multiples du temps de parcours total de la conduite. Suivant la position de 
certains éléments, par le jeu des ondes partiellement réfléchies, certaines 
vibrations pourront se produire plutôt que certaines autres. 

Par exemple, si un joint de réglage, qui forme un gros renforcement, se 
trouve au tiers supérieur (évalué en temps de parcours), il créera un nœud 
en ce point et l’harmonique 3 aura tendance à apparaître spontanément; 
s’il ya un Venturi au tiers inférieur, ce sera l’harmonique 6; si les deux 
conditions sont réunies, les deux pourront se produire, l’un pouvant pré- 
dominer suivant l'importance relative du Venturi et du joint. De pareilles 
conduites auront donc un timbre. Les AE faites à Soulom, en colla- 
boration avec M. Camichel, nous ont montré qu’une conduite à caracté- 
ristique variable ne renferme pas tous les harmoniques. 


(!) Séance du 25 septembre 1916. 
(°) Comptes rendus, t. 163, 1916, p. 265. 
(*) Comptes rendus, t. 161, 1915, p. 412, et t. 163, 1916, p. 224. 


SÉANCE DU 9 OCTOBRE 1916. 347 


IL. J’ai appliqué une méthode de calcul semblable à celle que j'ai utilisée 
pour les conduites à caractéristique variable, à une bifurcation de trois 
conduites à caractéristiques différentes. Ç 

Soit f, le coup de bélier venant de la conduite 1. * 


Les équations à appliquer sont 
Jir out liis Ne= Yot Je Ís =Y + fa 
Vi = Y2 5 Ya 
D 
A er M EC ra EIJ + fi) éd à ao E ja, v= Vos fa 
di az a3 
Sip aS Sa Par 


Il passe dans les conduites 2 et 3 deux coups de bélier égaux, se propa- 
geant avec les vitesses a, et ,a et dont l'expression est 


CA 
tons Tire TE 
h Í: fi Zi As + Xa X3 +- La er 
En même temps, il y a réflexion partielle, dans la conduite 1, d’une onde 
dont l’expression est 
Lis + Ai Ag — Lo Ca 
AL Le Un Ha Li 


fi =/ 
la surpression résultante dans la conduite étant f, — fi- 


UI. J'ai appliqué la même méthode aux cheminées d'équilibre (‘) et j'ai 
trouvé, pour un coup instantané, les résultats suivants : 

a. Si la cheminée et la conduite ont même caractéristique, et si la bifur- 
cation est immédiatement contre le distributeur, il se produit simulta- 
nément : 

1° Une oscillation en masse de l’ensemble du liquide, avec une vitesse 
initiale V, dirigée de la conduite vers la cheminée, et suivant les lois indi- 
quées par M. Rateau, puis confirmées et étendues par M. Camichel pour 
[+ H 


la conduite et H la hauteur d’eau dans la cheminée supposée verticale : sa 


» l étant la longueur de 


les réservoirs d’air { sa période est T,=27 


(1) Une question analogue a été traitée, par des procédés différents, pour les fer- 
Mmétures lentes des conduites avec cheminées d'équilibre, mais en supposant la con- 
duite non élastique et l’eau incompressible, par M. le comte de Sparre, dans la 
Houille blanche, numéro de septembre 1904. 


348 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


répartition est linéaire; et son amplitude maximum à la base, atteinte 


T SiH 
après le temps s » a la valeur A = v, day 


2° Un coùûp de bélier d'onde, de durée na; de période T, — au. et 


d'amplitude _ » pour lequel la conduite fonctionne comme un tuyau ouvert 
Ə 


aux deux bouts. Le coup d’onde est donc réduit à la moitié de ce qu’il serait 
sans la cheminée. 


ie n . . . r - + I , 
Le rapport T, étant en pratique toujours inférieur à —; les deux phéno- 
mènes se différencient nettement. 


b. Si, le point d'insertion de la cheminée étant toujours contre le dis- 
tributeur, les caractéristiques de la conduite et de la cheminée sont diffé- 


hi 


rentes, il tend encore à se produire une oscillation en masse de période 

LS HS i REE 0 sn + 

1:22 y >S, Mais celle-ci s'établit d'autant plus difficilement que 

DI 

le diamètre de la cheminée est plus petit par rapport à celui de la conduite. 
Su epini 

; il aug- 

£ ata: 8 


Par contre, le coup de bélier d'onde prend la valeur 
hd $ av 
mente pour se rapprocher de sa limite —. 


Les périodes T, et T,, calculées indépendamment l’une de l’autre, pour- 
ront alors devenir très voisines; elles réagiront notablement l’une sur 
l’autre et l’on ne pourra plus distinguer nettement, sur les périodes résul- 
tantes, l'influence de chacun des phénomènes. Si, au contraire, le diamètre 
de la cheminée augmente notablement par rapport à celui de la conduite, 
la période de l’oscillation augmente aussi et son amplitude décroit jusqu’à 


sa limite vy tandis que le coup de bélier d'onde diminue de plus en 
t>] ~ 


plus. On arrive au cas limite où le distributeur prendrait l’eau directement 
dans un bassin indéfini qui amortirait toutes les ondes sans rien transmettre 
à ses affluents. 

c. Si l'insertion de la cheminée se fait à un point quelconque de la lon- 
gueur du tuyau, le coup de bélier d'onde est au début, jusqu’à ce point, le 
même que s’il n’y avait pas de cheminée; il est diminué ensuite, soil dans - 
la partie aval par le retour de l’onde partiellement réfléchie, soit dans la 
partie amont par la présence de la bifurcation. Mais il y a lieu de remar- 
quer que, pour un même diamètre de la cheminée par rapport à celui de la 
conduite, il est deux fois plus grand que dans le ças où la bifurcation était 


SÉANCE DU 9 OCTOBRE 1916. 349 


contre la cheminée. Ainsi, pour ramener le coup d’onde à, il faudrait 

que le diamètre de la cheminée fùt égal à deux fois celui de la conduite. 
En même temps il y a production, dans les mêmes conditions que précé- 

demment, d’une oscillation en masse dans la cheminée et dans la partie 


amont de la conduite. 


IV. Si au lieu d’être instantanée, la fermeture est lente et proportion- 
nelle au temps, on verra ci-après que le coup de bélier devient très faible: 
on pourra alors supposer, avec une exactitude suffisante, que la vitesse de 
l’eau dans la conduite varie proportionnellement au temps. 

J'ai trouvé dans cette hypothèse que : dans le cas a envisagé prècé- 

p 
zT 
il devient presque négligeable et se trouve remplacé par le coup d’oscilla- 
tion en masse, Il en est de même dans les cas b et c, où le coup d'onde tend 
respectivement, dans le tronçon amont de la conduite, vers les valeurs 
limites e 04 2H 05: 


STS, o TS, 
réduit et Née grand. En ce qui concerne le coup d'oscillation en 
masse en fermeture lente, il a été complètement étudié par M. de Sparre, 
dans l’article dont nous avons parlé. 

Si la cheminée a un diamètre convenable, c’est-à-dire voisin de celui de 
la conduite, il ne dépasse pas sensiblement la différence entre le niveau 
statique et le niveau de déversement; il est donc très faible et c’est ce qui 
justifie l'hypothèse que nous avons faite. 


> T étant la durée de fermeture; 


demment, le coup d'onde est réduit à 


+ On voit donc que le coup d'onde est d’autant plus 


V. Si l’on considère une conduite forcée, débouchant dans une grande 
chambre de mise en charge d’où part un canal d'amenée (c’est le cas des 
usines hydro-électriques de type courant), on voit facilement, en se servant 
des équations des bifurcations de conduite, que, pour peu que la superficie 
de la chambre soit grande par rapport à la section de la conduite forcée, le 
coup de bélier qui se répercutera dans le canal d’amenée sera très faible. 
Si, avec cela, on organise la chambre de mise en charge de façon qu’elle 
puisse déverser sous le coup d’oscillation en masse, on voit que le canal 
d’amenée n’aura presque rien à redouter des coups de bélier. Il sera donc 
avantageux, surtout pour les usines de traction et d'éclairage qui ont à 
satisfaire à des pointes très supérieures à leur puissance moyenne, de 
mettre le canal d’amenée en charge, ce qui permettra de constituer, presque 
sans frais supplémentaires, un réservoir d’une très grande commodité pour 
les moments de très forte consommation. Je me réserve de développer plus 
longuement cette partie au point de vue technique. 

C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 15.) 48 


350 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


ACOUSTIQUE. — Sur l'audition des canonnades lointaines. Complexité 
de la question. Note (*) de M. Frépéric Houssay. 


Puisque l’Académie s’est intéressée à l'audition des canonnades loin- 
taines, je crois utile, afin d'orienter le sujet vers la précision, de lui com- 
muniquer les observations que j'ai pu faire et les réflexions qu’elles m'ont 
suggérées. À Sceaux, sur un coteau qui fait face au Nord, j'ai obtenu 
presque sans les chercher des données assez continues. 

J'avais entendu naturellement la bataille sur l'Ourcq et sur la Marne. Le 
bruit des détonations se percevait facilement en plein jour, même à Paris 
dans les endroits calmes comme le jardin du Luxembourg, ou la nuit dans 
les rues silencieuses. Pendant tout l'hiver 1914, des voisins, qui avaient 
suivi l'éloignement du canon, sans en perdre jamais le bruit, m’assuraient 
l'entendre encore dans le silence des nuits. Je ne doutais pas de leurs 
affirmations concordantes entre elles et avec les compunea mais je ne 
pensais pas retrouver moi-même ce bruit auquel je m'avais pa prêté la 
même attention continue. 

Cependant un soir, au début de mai 1915, j'écoutai sctoinriodiieité et, 
après élimination des rares bruits nocturnes, je perçus nettement, venant 
du Nord, une canonnade extrêmement lointaine, au rythme très pressé, 
si faible qu’elle était couverte par le moindre bruissement de feuilles, mais 
parfaitement distincte. C'était, comme je l’appris peu après, la bataille de 
Carency, D ed Depuis, chaque soir paisible, j'entendais 
la canonnade quand il y en avait, je n’entendais rien quand il n’y avait 
rien et je sus ainsi ne pas subir une suggestion. 

Soit par éducation de mon attention, soit pour d’autres raisons qui 
ressortiront tout à l’heure, à partir de juillet 1915, j entendis aussi le canon 
en plein jour. Je l’entendais de chez moi et de tout le Hurepoix, dans 
les vallées, sur les plateaux ou sous bois; ces derniers endroits étaient 
les plus favorables, surtout au voisinage des étangs. La direction du vent 
n'avait pas d'importance, si ce n’est que les vents contraires, ceux de la 
région S, étaient les plus propices; par vents des régions N, il fallait 
s'abriter pour entendre et l'audition était plus faible. En résumé, de 
mai 1915 à octobre 1916 j'ai entendu ce que les communiqués appellent 


(1) Séance du 2 octobre 1916. 


SÉANCE DU 9 OCTOBRE 1916. 351 


« violentes canonnades ou lutte intense d'artillerie ». Je n’ai jamais perçu 
les « canonnades habituelles sur le reste du front ». 


Premiere conclusion. — On n'entend pas le canon coup par coup et l’on 
n'entendrait pas un canon aux distances que je vais dire. Il faut que les 
détonations soient abondantes et cela ne suffit pas. 

Pendant toute cette période je fis de nombreuses observations psycho- 
physiologiques sur les personnes rencontrées qui, placées près de moi 
alors que j'entendais très bien, n’entendaient rien du tout, non par infé- 
riorité sensorielle mais par incapacité à se dégager des mille bruits am- 
biants. J'en conclus que les zones de silence ne doivent pas être déterminées 
au suffrage universel, mais par des observateurs exercés à entendre. 

Il est très difficile de repérer exactement le point de l'horizon d’où vient 
le son; un observateur débutant ou même un observateur exercé, au début 
d’une audition, se trompent facilement de 00° et plus. Je suis arrivé à 
repérer exactement les directions et, comme conclusions contrôlées, je puis 
affirmer avoir entendu des canonnades de la Marne (40*™), du Soisson- 
nais (100“®), de Picardie (130*"), d’ Artois (200k"), de Champagne (200™™); 
ce sont ces dernières que j'entends le mieux de beaucoup. D’Argonne, je 
n'ai jamais rien perçu. J'ai entendu deux soirs de suite, vers le 20 juin 1916, 
une forte canonnade dans la direction de Verdun (245*®), plutôt un peu 
plus à l'Est et j'en fus d’autant plus surpris que, pendant les quatre 
premiers mois de la terrible bataille, je n’avais rien entendu et que je n'ai 
rien entendu depuis. L’audition est certaine, mais pas assez prolongée ou 
renouvelée pour que je puisse affirmer la direction exacte. 

Je ne vois dans la continuité de ces nombres, ni dans les auditions de la 
bataille progressivement éloignée que j'ai rapportées, aucun argument 
pour l'existence de zones silencieuses en fonction de la seule distance. Le 
son, comme je le reçois, est certainement perceptible beaucoup plus loin; 
mais l'intérêt scientifique du sujet n’est pas précisément là. 

A la fin de juin 1916, avant que les communiqués n'aient rien dit, 
j entendis, dans la direction de Picardie, une violente canonnade diurne 
et nocturne, ininterrompue. Je sus ensuite que c'était l'offensive de la 
Somme. Pendant plusieurs jours, elle ne cessa pas; elle s'interrompit, puis 
reprit. Aux environs du 15 juillet (je mai pas noté la date exacte, car je 
n’attendais pas ce qui arriva) je n'entendis plus rien et depuis je n'ai plus 
jamais rien entendu et cependant il y a eu encore de formidables canon: 
nades, 


352 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Une interprétation de tous les faits que j’ai dits et spécialement du der- 
nier doit comprendre les éléments suivants : on n'entend pas le canon 
coup par coup, mais des sommes de coups dont les vibrations concordent 
et s'ajoutent; d’autres discordent, s’annulent et font des silences inter- 
férentiels. Il se produit, à une grandiose échelle et avec une moindre régu- 
larité, ce qu’en acoustique on appelle des battements. De là résulte une 
audition de sons renforcés et séparés dont le rythme (un ou deux à la 
minute, rarement plus pressé) n’a aucun rapport avec celui des coups 
tirés. 

On pourrait dire qu'on entend seulement les gros calibres et pas les 
petits, mais cela ne concorderait pas avec les silences prolongés suivant une 
audition prolongée. On comprend au contraire comment la canonnade 
abondante est la première condition de cette organisation de sommes et 
de différences. On comprend encore comment le relief du pays au départ, 
et peut-être le long du trajet, est un facteur de premier ordre pour orga- 
niser les vibrations, dans ses vallations, dans le contournement de ses 
collines et comment un déplacement de 4*", ou moins, dans les positions 
des artilleries, peut tout changer et rendre silencieuse une zone qui était 
percevante à 130km de là. 

De même, les rares auditions que j'ai cru avoir du canon de Verdun 
pourraient correspondre à certaines positions que prirent les artilleries 
par rapport au relief à extrême limite de l'avance ennemie. Le silence 
de l’Argonne pour moi se rapporte à une circonstance du même ordre. 


ÉLECTRICITÉ. — Sur un système de bandes d'absorption correspondant aux 
rayons L des spectres de rayons X des éléments, et sur l'importance des 
phénomènes d'absorption sélective en radiographie. Note de M. pe BRoGuiE,; 
présentée par M. Wallerant. 


A. Une Note récente de MM. Marcel Boll et Lucien Mallet ('), en pré- 
cisant certains caractères du rayonnement des ampoules Coolidge, appelle 
l'attention sur l’hétérogénéité de ce rayonnement; il peut être utile 
d'insister, à ce propos, sur les points suivants : 

Les radiations, émises par un tube Coolidge, sont aussi hétérogènes que 
celles des autres ampoules; elles comprennent un spectre relativement 

paii sise 


(*) Comptes rendus, t. 163, 1916, p. 302. 


SÉANCE DU 9 OCTOBRE 1916. 353 


complexe. Si lon envisage leur action sur une plaque photographique au 
bromure d'argent, on voit que le spectre enregistré renferme pour les tubes 
Coolidge, comme pour les autres tubes usuels : 


1° Deux bandes continues, très intenses et pénétrantes, dues à l'absorp- 
tion, à travers l’émulsion, du fond continu émis par le tube; le brome et 
largent ont ('), en effet, dans la région de leurs rayons K, chacun une 
bande d'absorption, qui se traduirait par une bande claire (en raisonnant 
sur les négatifs, où les parties brillantes du spectre sont noires) sile brome 
ou l'argent étaient contenus dans un écran interposé entre la plaque et le 
tube; mais, comme l'absorption à lieu, en fait, au sein de l’émulsion, 
l'énergie recueillie effectue un travail chimique qui se traduit par une 
réduction de l'argent et l'apparition sur le cliché de deux bandes foncées 
à bord net du côté des grandes longueurs d’onde ; 

2° Les raies de l’anticathode, se composant des raies K très pénétrantes 
et du groupe de raies L très absorbables. 


L'action sur les radiographies usuelles des raies L est généralement 
négligeable, 2“ de verre ordinaire arrêtant déjà ces rayons; il en est 
à peu près de même des raies K, parce qu’elles ne sont pas émises avec une 
grande énergie. 

C’est donc au spectre continu, renforcé d’une façon sélective par le 
brome et surtout l’argent de l’émulsion, que l’action photographique est 
due; on peut dire que, si les émulsions sensibles à la lumière ordinaire ne 
renfermaient pas précisément des éléments ayant leurs bandes d'absorption 
ainsi placées, elles n'auraient que peu de sensibilité pour les rayons X 
Pénétrants et que la radiographie aurait été beaucoup plus difficile. 

Quand on élève la tension de l’ampoule, le rayonnement se modifie 
d’une façon assez analogue à celui d’un corps noir dont on élève la tempé- 
rature; c’est-à-dire que les intensités absolues de toutes les radiations 
augmentent, tandis que les intensités relatives se modifient au profit des 
courtes longueurs d'onde; en même temps la limite du spectre émis s'étend 
du côté de ces derniers rayons et le rayonnement moyen devient plus 
Pénétrant. 

La filtration par un écran non sélectif (aluminium) supprime d'abord 
les raies L, puis limite de plus en plus les bandes du côté des grandes 
longueurs d'onde. Si l'écran est suffisant, on peut arriver à un monochro- 


—— 


(!) Voir Comptes rendus, t. 163, 1916, p. 87, et Barkca, Phil. Mag., 1913. 


354 | ACADÉMIE DES SCIENCES. 


matisme très grossier, à la façon des verres rouges pour la lumière ('); mais 
il existe un moyen de découper dans les bandes un rayonnement prati- 
quement monochromatique, c’est d’interposer un écran sélectif renfermant 
un corps (cadmium, antimoine) de poids atomique légèrement supérieur 
à celui de l’argent. Cet écran absorbe sensiblement tout le rayonnement 
pénétrant, sauf une bande étroite comprise entre la tête de bande d’absorp- 
tion due à l'écran et le bord de la bande qui provient de l'argent de 
‘émulsion. Un spectre pris dans ces conditions montre le phénomène d’une 
façon tout à fait frappante. 

La radiographie médicale pourrait vraisemblablement tirer parti de ce 
fait. 


B. Les considérations précédentes montrent l'importance de la bande 
d'absorption qui accompagne les raies K des éléments. 

Des expériences, déjà anciennes, de MM. Barkla, Collier et Kaye ont 
mis en évidence une élévation de la courbe d’ sé b ot: beaucoup moins 
nette du reste que dans le cas précédent, dans la région qui correspond au 
groupe L de raies caractéristiques des éléments. 

La spectrographie des rayons X permet d’aller plus loin et de montrer 
que les phénomènes d'absorption accompagnant les raies L comprennent, 
en réalité, un système de bandes, à bord net du côté des grandes longueurs 
d'onde. On trouve, par exemple : l 


Angle N (rang dans la série 
sur le sel gemme. périodique). 
Platine .. | Bande ],..... 10.33, 78 
Ge Bande 1:..... 10.37 79 

Bande J1...... 9.11 » 

Bande 1..::::. 9.40 82 
pm | Bande Il... 8.17 » 
Thorium. | Bande 1,..... 7-43 90 

Ë ode Lo... + 90 ġa (7) 
Urnenin Bande M...... 6 » 


Pour ces corps, il existe une bande IH plus faible et de longueur d'onde 
un peu inférieure à la bande II. 


ar 


(1) Analogie du reste des plus grossières, car les rayons rouges filtrés par les verres 
colorés n’embrassent qu’une fraction d’octave, tandis que les rayons X pénétrants 
comprennent un spectre très étendu. 

(*) On retrouve donc ici l'indication qu'il manque un élément entre l'uranium et 
le thorium. 


SÉANCE DU 9 OCTOBRE 1916. 355 


En prenant les têtes de bandes homologues de ces éléments et en portant, 
en ordonnées, les racines carrées des fréquences et en abscisses, le rang N 
dans la série de Mendeléeff, on obtient des droites, conformément à la loi 
générale qui paraît s'étendre à tous les phénomènes spectraux des rayons X. 


CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur l'attaque des verres de France, de Bohème et 
, d'Allemagne. Note ("Jade M. Pavi Nicosarpor, transmise par M. Henry 
Le Chatelier. 


A la suite de l’heureuse initiative prise par la Société d’°Encouragement 
pour l'Industrie nationale, un certain nombre de maîtres verriers français 
ont entrepris la fabrication de fioles en verre mince analogues à celles de 
Bohème ou d'Iéna: Par la pratique courante, les chimistes analystes savaient 
dans quelles conditions ils pouvaient employer ces verres sans les attaquer 
ou quels étaient les produits de l’attaque et les erreurs à craindre, quand 
des réactifs trop énergiques étaient utilisés. 

L'apparition de nouveaux verres pour laboratoires, les verres de France, 
introduisait, en analyse, des facteurs inconnus. Il importait de comparer 
ces verres aux verres employés jusqu'ici. L'application de méthodes analy- 
tiques, dérivées de la belle méthode d'analyse moyenne, proposée pour la 
première fois par Henri Sainte-Claire Deville, me permettait en outre de 
connaître la valeur des verres de France, au point de vue analytique. 
Aucune étude pour les établir n'ayant été entreprise, j'ai examiné, dès le 
mois de juin, les nouveaux verres et, après achèvement de cette étude, je 
crois utile de publier, non pas tous les résultats obtenus, mais ceux relatifs 
aux verres les plus employés et ceux dont l'importance est la rs grande 
pour les analystes. 

Les verres examinés, d’origine certaine, provenaient de iini fabrica- 
tions différentes et de coulées diverses : trois de France, A, B et C; d’Iéna, 
de Bohême (Krasna, Kavalier...) et de Thuringe. Il m'a donc été possible 
d'exécuter une nouvelle étude d'ensemble sur tous les verres, au lieu de 
compléter simplement les travaux des laboratoires étrangers, en répétant 
leurs essais sur les verres de France. 


Attaque par les réactifs. — Voici, pour les plus importants des réactifs 
employés dans les laboratoires, les résultats des attaques, en maintenant à 


(*) Séance du 2 octobre 1916. 


356 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


l’ébullition, dans des conditions identiques et pendant 3 heures, 300!" 
de chaque solution. Le résidu de l'attaque a été pesé directement et par 
différence, toutes les fois que la chose a été possible; il n’a pas été rapporté 
à l'unité de surface parce que la surface des fioles n’est pas soumise d’une 
manière uniforme à l’action de la chaleur, le fond étant surchauffé par rap- 
port aux parois : 


Thuringe 
Perte en milligrammes : A. PPT RCE Iéña. Krasna. Kavalier. (R). 
ie bouil. | 1% essai. Pn 3,0 2,0 D vs 6,0 5,0 10,0 
TOS ) 2° essai. 3,9 2,5 0,5 3,0 6,0 6,0 1,5 6,0 
LS sai. -3,5 25 0,9 2,5 t10 7,0 1,0 5,0 
Eau froide (une se- í 
MNE]: En néant néant 0,5 néant 1,0 oi 0:35 1,0 
HCI à 10 pour 100,., 0,5 0,5 0,5 0,5 0,9 0,9 0,5 145 
NH à 50 pour 100... 10,0 6,5 8,9 4,0 12,9 8,0 5,0 6,0 
NHG N/ bOil 5,5 o 5-0 4,2 8,0 750 2,0 2.4 
LEP Na: Nia P E 27,0. 1410 rc 129,0 : 103,0 27,0: 370 


D’après ces résultats, les verres de France sont comparables aux meil- 
leurs verres d'Allemagne (Thuringe ou d'Iéna). L'étude de l'ensemble des 
résultats conduit à d’autres constatations. Elles ont été vérifiées au moyen 
d’autres méthodes : titrage à l’iodéosine de MM. Förster et Mylius et avec 
d'autres indicateurs colorés; mesure de la conductibilité, d’après la tech- 
nique de MM. Haber et Schwenke et suivant un procédé qu’il est possible 
d'appliquer, même sans eau pure. 


Attaque par l’eau au-dessus de 100°. — Les essais qui m’ont paru le mieux 
classer les verres sont ceux effectués au-dessus de 100° à l’autoclave, appa- 
reil que j'ai utilisé pour effectuer quelques séparations analytiques J mal- 
heureusement, peu de verres résistent à des températures supérieures 
à 120°, Voici les résultats obtenus avec quelques-uns des verres étudiés : : 


Attaque Thuringe 
en 
milligrammes: A. B. C, Iéna. Krasna.. Kəvalier. — (R). 
jait: 5,0 13,5 néant 4,0 16,0 20,0 8,0 25,0 
fon... Sò 42,0 9,0 9,0 72,0 74,0 3,5 . 49,0: 
o. J5 71,0 7,0 31,0 go 10o 77,0 one 


A ce point de vue, les verres de France sont donc comparables pas 
meilleurs verres d'Allemagne. Leur fabrication est presque aussi régulière 
que celle des verres de Bohème, elle est plus régulière que celle ce vers 
d'Iéna, dont le fond seul est régulier. Les verres, après avoir subi l’action 


SÉANCE DU QG OCTOBRE 1916. 357 


de l’autoclave, ont été essayés de nouveau avec les divers réactifs pour voir 
l'influence du dépoli. Dans les résidus de toutes les spagaat par l’eau se 
retrouvent tous les constituants des verres. 

Leur résistance aux variations brusques de température a été étudiée sur 
des fioles coniques de 500‘, identiques aux précédentes. Elles sont remplies 
de paraffine et placées, toutes ensemble, dans une étuve, dont la tempé- 
rature était uniformément élevée de 100° à 225°. Par intervalle de 25°, elles 
étaient plongées brusquement dans l’eau froide; on note la température à 
laquelle une fiole de chaque série se brise. La rupture a lieu en général par 
décollement circulaire du fond. | 


A. B. C, Iéna. Krasna. Kavalier. Thuringe. 
a aM 
R). 
Température de rupture : 125° To TA 220” 200° ha Tio o 
Epaisseur ( maximum.. 1,5 1,4 0,8 0,8 1,2 0,8 1,0 1,6 
du fond | minimum .. 0,8 0,6 0,3 0,6 0,7 0,9 0,5 0,5 


A côté de la composition du verre et des variations d'épaisseur, la forme 
des verres a une influence. Voici, pour une autre coulée du verre A, les 
résultats obtenus par intervalle de 5° : 


e Fiole conique Fiole ronde 
cylindrique. à fond bombé. à fond plat 
Température de rupture.... 120° 160° 180° 


L'analyse de ces verres a été effectuée par les méthodes ordinaires et 
également par chauffage avec le nitrate de baryum qui, au-dessus 
de 800°, fournit de la baryte caustique. La composition de quelques verres 
et de certaines coulées est la suivante : 


À. B. C. Iéna. Krasna, Kavalier. 
ATAA ET 71,92 70,10 67,52 66,04 22,03, ,1,71:90 
dE can néant néant 4,98 8,02 1,96 3,94 
A CAMES ,05 0,04 0,02 0,03 0,04 0,04 
AAS GLE. 2.4 néant néant néant néant néant néant 

bO. saie » 4,94 » » » » 

PO 0,41 0,28 0,54 1,05 0,32 0,50 
FoU res à 0,35 0,28 0,29 0,38 0,20 0,21 
Mi O. hier traces 0,66 néant 0,40 traces traces 
vA O Arr Ne 5,96 néant 6,02 10,02 néant néant 
MEO. ioa: PLIS a 0,36 0,06 5,98 0,28 0,26 
CAO. 6,86 6,27 5,60 néant 8,17 8,56 
Na 8 SNA 14,20. :1,93,29 6,51 8,14 13,89 0,43 
KO ni dE néant 5,64 8,52 traces mars ni8,64 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 15.) 49 


338 ACADÉMIE DES. SCIENCES. 


CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques hydrocarbures contenus dans la houille. 
Note de MM. Amé Picrer, L. Ramseyer et O. Kaiser, présentée 
par M. Armand Gautier. 


Après avoir reconnu que la distillation de la houille sous pression réduite 
fournit un goudron spécial qui est formé surtout d'hydrocarbures de la 
série hydro-aromatique (‘), nous nous sommes demandé si ces corps 
existent comme tels dans la houille, ou s’ils sontles produits d’une décompo- 
sition ou d’une dépolymérisation provoquée par la chaleur. Pour répondre 
à cette question, il n’était guère d'autre moyen que de recourir à l'emploi 
des dissolvants neutres. On sait que de nombreux travaux ont déjà été 
faits sur l’action que des différents liquides minéraux et organiques exercent 
sur les charbons fossiles. Depuis Commines de Marcilly (1862), ces travaux 
ont été poursuivis presque sans interruption jusqu’à nos jours ; les derniers 
en date sont dus à MM. Vignon, Wahl, F. Fischer et Glund. Mais le but 
de leurs auteurs était surtout d’établir les pouvoirs d'extraction relatifs des 
divers solvants, et il n’a été isolé jusqu'ici de cette manière aucun corps 
défini dont on ait fixé la constitution, ou même la composition. 

Nous avons repris ces expériences avec une houille grasse de la Sarre 
(Maybach) et en employant comme dissolvant le benzol bouillant. Grâce 
à l’obligeance de MM. F. Hoffmann La Roche et Cie, à Bâle, nous avons pu 
opérer sur une assez grande échelle. Cinq tonnes et demie de charbon ont 
été traitées, au laboratoire technique de cette maison, dans des appareils 
du système Soxhlet. ` 


La houille, préalablement concassée en morceaux de la grosseur d’un pois, a été 
épuisée pendant 4 jours; la solution a été ensuite réduite à 20 litres par distillation, puis 
additionnée de 100 litres d’éther de pétrole (point d’ébullition 35°-90°). Il se précipite 
ainsi une poudre amorphe brun clair (218,7) que nous n’avons pas encore examinée. Le 
dissolvant est ensuite chassé au bain-marie; il reste un liquide brunâtre, assez fluide 
(1015,6). Le rendement total en produits d'extraction est donc très faible (0,25 pour 100); 
on peut, il est vrai, l’'augmenter en pulvérisant plus finement le charbon, mais les 
opérations subséquentes eu sont alors rendues très malaisées. 

L’extrait liquide a les plus grands rapports avec le goudron du vide; il possède la 
même odeur, la même densité, et une composition chimique très semblable. Il contient, 
comme lui, environ 0,5 pour 100 de substances basiques et 2 pour 100 de corps 

Cape ST et 


(+) Comptes rendus, t. 157, 1913, p. 779 et 1436 ; t. 460, 1915, p. 629. 


SÉANCÉ DU 9 OCTOBRE 1916. 359 


oxygénés à fonction alcoolique, le reste étant constitué par un mélange d'hydrocar: 
bures, dont les uns (+) sont saturés, et les autres ($) ne le sont pas. 

Pour séparer ces composés, nous avons procédé exactement comme pour le goudron 
du vide, c'est-à-dire par des traitements successifs à l'acide chlorhydrique, au sodium 
ét à l’'anhydride sulfureux liquide. Les hydrocarbures ont été ensuite soumis à une 
série de distillations fractionnées de 2° en 2°. Nous avons analysé les fractions pfinci- 
pales et déterminé leurs poids moléculaires, leurs densités et leurs indices de réfrac- 
tion. Enfin il nous a été possible d'établir la constitution de quelques-uns des hydro- 
carbures en les convertissant en dérivés aromatiques bromés ou nitrés déjà connus, 


Nous avons pu ainsi isoler et caractériser les composés suivants : 
Indice 
Point Densité de 


Formule. d'ébullition. à 20°. réfraction à 20°. Constitution. 


[ydrocarbures non saturés. 


PAI OTRE SR POES 0,7970 1,4444 Dihydro-toluène 

RE Ft 135-137 0,8324 1,4697 Dihydro-m-xylène 

D : abbii 166-168 0,8454 1,4773 Dihydro-mésitylène 

CRT Le 180-182 0,8482 1,4850 Dihydro-prehnétó! (?) 
HUOH OLLI 200-202 o, 8745 1,4948 5 

CHAPS LU Gu. 236-238 0,0593 1,5523 7 

GBH. aane 251-254... (solide, point de fus. :109°) , … Dihydro-fluorène (?) 


Hydrocarbures saturés. 


CH PPH po iiaLita 0,749? 1,407 » 
CHH!) 62) io) sa334138 0,7991 i ,4106 » 
CNBR? hhischapasiyh 0,7759 1,4205 » 

M M a 100410 0,7827 LA iai » 
CHY o 215-216 0,7887 ra » 
ER  . 229-22 7992 ,4370 , » 
CS Hope. = 300 aoai: pa de ak 626.830 ` Mélène 


Ces hydrocarbures, extraits de la houille à la température de 8o°, sont-ils 
les mêmes que ceux que l’on obtient par distillation dans le vide à la tem- 
pérature de 450°? Il ne nous est pas encore possible de Kassurer en ce qui 
régarde les hydrocarbures non saturés, notre étude des composés corres- 
pondants du goudron du vide n'étant pas terminée. Mais nous pouvons 
être plus affirmatifs au ujel.. des Apps saturés, du moins de 
quelques-uns d’entre eux. L’anal i 
nous a donné des chiffres un peu trop élevés pour ne ce qui 


360 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


indique que les carbures en C*H?* y sont mélangés et d’une petite quantité 
de carbures en C*H?***; nous les laissons donc provisoirement de côté. 
En revanche, pour les trois hydrocarbures suivants, auxquels l’analyse 
et la cryoscopie assignent, d’une manière certaine, les formules C H??, 
CH?" et C'°H°?°, on constate que leurs propriétés présentent une con- 
cordance parfaite avec celles des hydrocarbures de même composition que 
nous avons retirés du goudron du vide, et qui sont identiques à leur tour 
aux naphtènes trouvés par M. Mabery dans le pétrole du Canada. En com- 
parant les chiffres de notre Tableau avec ceux qui ont été donnés précé- 
demment ('), on se convaincra qu’il s’agit bien, dans les trois cas, des 
mêmes composés. 

On peut en dire autant de l’hydrocarbure solide C*°H°°, que nous avons 
trouvé identique en tous points au melene retiré soit du goudron du vide, 
soit du pétrole de Galicie. | 

Une partie tout au moins des hydrocarbures du goudron du vide existent 
donc comme tels dans la houille; la distillation sous pression réduite ne 
les sépare que par simple volatilisation, sans qu’il y ait phénomène de 
décomposition pyrogénée. | 

La houille apparait dès lors comme une matière hydrocarbonée solide 
imprégnée d’un liquide chimiquement très voisin du pétrole. 

Cette dernière analogie est rendue plus frappante encore par ce fait que 
cette partie liquide de la houille est, comme la plupart des pétroles, douée 
du pouvoir rotatoire. Pris dans son ensemble, notre extrait de houille est 
très faiblement lévogyre ([a]} — — 0°,08). Après élimination des alcools 
par le sodium, il devient dextrogyre ([4|,— + 0°,27). Une fois les hydro- 
carbures séparés les uns des autres par traitement à l’anhydride sulfureux 
et par distillation fractionnée, on observe qu'aucune des fractions des 
hydrocarbures non saturés n’a d’action sur la lumière polarisée; il en est 
de mème des fractions basses des hydrocarbures saturés, jusqu'à 180° 
environ.. Le pouvoir rotatoire ne réapparaît que chez les fractions supé- 
rieures; mais alors il change de signe d’une fraction à l’autre. Ainsi, la 
fraction 215°-216° (C'2 H?*) nous a donné une déviation de [«], = — 0°; 53, 
etla fraction 227°-229° (C'#H*5) de [4], = + 1°,56. On sait que des phé- 
nomi bsol t blables ont été observės par Engler et Steinkopf (*) 
chez les pétroles. 


LUI ECES N E EE A 


(1) Comptes rendus, t. 160, 1915, p. 630. 
(2°) Berichte. der d. chem. Ges., t. 47, p. 3358. 


SÉANCE DU 9 OCTOBRE 1916. 361 


Nous n'avons jamais trouvé d'activité optique à aucune fraction du gou- 
dron du vide. On doit en conclure que la température de 450° suffit à racé- 
miser les substances volatiles actives contenues dans la houille. On a en 
même temps la preuve que les matériaux qui l’ont formée n’ont jamais été 
portés à cette température. 


CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le dosage de l'acide phénique dans les phénols 
bruts du goudron. Note de MM: Rexé Masse et Hesri Leroux, présentée 
par M. Haller. 


L’acide phénique, découvert par Runge dans les goudrons de houille, 
fat surtout étudié par Laurent qui indiqua, en 1841, le procédé de prépa- 
ration encore suivi aujourd'hui (Ann. de Chim. et de Phys., 3° série, t. 3, 
p- 195). Le traitement comprend : 1° la séparation des phénols contenus 
dans les huiles à créosote par agitation avec de la soude; 2° la mise en 
liberté des phénols bruts par acidification; 3° l'extraction de l'acide phé- 
nique par des rectifications accompagnées de cristallisations. 

Les phénols bruts bien préparés, c’est-à-dire privés de naphtaline, 
forment un produit composé d’eau, d’acide phénique, des crésols (ortho, 
méta, para), de xylénols et homologues, de matières goudronneuses de 
nature phénolique. 

Les propriétés chimiques de l'acide phénique et des crésols sont si 
voisines, qu’il est impossible d'utiliser, en vue d’un dosage, l'action de 
quelques réactifs simples, des halogènes par exemple. Ainsi le procédé au . 
brome, de Koppeschaar, ne peut s'appliquer qu’à un mélange d’acide phé- 
nique et d'orthocrésol non souillé de métacrésol. 

Par contre, l'examen des caractères physiques des dec, d'acide 
phénique et des crésols nous a conduit à un procédé analytique, inspiré 

d’une méthode indiquée par Duclaux, dont le principe repose sur le frac- 
tionnement des liquides ( Traité de Microbiologie, t. 3,-p. 355) 

Les points d’ébullition (') de l'acide phénique, de l’orthocrésol, du méta- 
crésol, du paracrésol sont respectivement, sous la pression de 760%" 
réduite à o° : 182°, 191°,5, 201°,8, 201°,2; Ceux des xylénols accom- 


(*) Ces températures d’ébullition ont été prises en employant un ballon Berthelot 
et un thermomètre Baudin dont la tige, dans la région intéressée, se trouvait entiè- 
rement dans les vapeurs. 


362 ACADÉMIE DES SCIENCES. 
pagnant ces corps sont : 220° et 225°, En concentrant l'acide phénique, 
par une première opération, dans les parties distillant avant 203°, puis en 
rectifiant le produit obtenu et recueillant ce qui passe jusqu'à 198°, on 
constitue des fractions de richesse décroissante. La quantité d'acide phé- 
nique contenue dans ces fractions peut être appréciée en déterminant le 
point de cristallisation de chacune d'elles. 

L’acide phénique commercial, dit 40°-42°, possède un point de solidi- 
fication ou de fusion légèrement supérieur à 40°; nous indiquerons dans 
une autre Note les raisons qui nous conduisent a admettre pour l’acide phé- 
nique pur 40°,85 (41° corrigé); néanmoins, la teneur des phénols bruts 
sera évaluée en acide phénique 40°,2, produit que la fabrication fournit 
couramment. 

Quand on ajoute à de l'acide phénique pur (40°, 85) soit de l’ortho- 
crésol, soit du méta-para-crésol °? (liquide préparé par rectification con- 
tenant 6o de métacrésol pour 40 de paracrésol), soit un mélange des trois 
crésols formé de 5o parties d’ortho et de 5o parties de méta-para $p, on 
constate que les points de cristallisation sont très voisins pour une même 
teneur en crésols, et ceci tant que la proportion ajoutée est inférieure 
à 33 pour 100. Les températures observées sont alors comprises entre 
40°,85 et 21°, | | 

Il est évident que les résultats sont du même ordre 


quand on utilise 
comme point de départ l’acide phénique 40°,2, et la courbe ci- dessous 


4e 
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Fourcentzge en acide phenique âo’2 


donne les points.de cristallisation de l'acide phénique 40°:2; additionné 
, 0 r 60 
d’un mélange à parties égales d’orthocrésol et de méta-paracrésol 5. 


SÉANCE DU Q OCTOBRE: 1916. 363 

La marche analytique est la suivante (') : 

Trois kilogrammes de phénols bruts sont introduits dans un appareil distillatoire 
comprenant un ballon en cuivre de 4! surmonté d’une colonne Vigreux de 60% de 
longueur. La distillation étant réglée à l'allure de 5°" à 8°? à Ja minute, on divise le 
distillat en trois parties : (a) eau et phénols entraînés jusqu'à 180°; (b) liquide pas- 
sant de 180° à 203°; (c) roo°™ environ distillant au-dessus de 203°. On ajoute au 
liquide (a) une quantité suffisante de chlorure de sodium (35 pour 100) pour préci- 
piter les phénols dissous; après décantation, ces phénols sont réunis à la partie (b) et 
le tout est introduit dans un ballon de capacité appropriée. Les vases ayant contenu 
ces produits sont lavés avec (c), les liquides de lavage sont versés dans le ballon. 


La rectification est aedini en utilisant la même colonne que précé- 
demment, et l’on recueille des fractions de 2508 à 3008, à raison de 4™ par 
minute, jusqu'à ce que la température des vapeurs soit 198°, On détermine 
alors le point de cristallisation de chaque fraction. 

Une indication approchée est obtenue en refroidissant rapidement dans 
un tube à essai une petite quantité de l'échantillon. D’expérience est 
répétée en utilisant 308 ou 408 de produit placé dans un pétit vase cylin- 
drique. On laisse refroidir lentement de façon à obtenir une surfusion 
de 1° à 2°, en ajoutant un peu d'acide phénique, la cristallisation s’'amorce 
et la température remonte. Le maximum observé est pris comme point de 
cristallisation. Si, dans l’essai préliminaire, la température est inférieure 
à 21°, l'échantillon est enrichi par addition d’une quantité suffisante 
d'acide phénique 40°,2, afin d'obtenir un point de cristallisation voisin 
de 25°, En tenant compte de l'acide phénique introduit, on calcule la 
teneur réelle de chaque fraction. 

La technique analytique que nous proposons, sans être d’une rigueur 
absolue, permet cependant d'apprécier la richesse d’un phénol brut, à 
moins de 1 pour 100 près. Dans l'essai d’un liquide aussi complexe, on ne 
saurait prétendre à une plus grande précision. 


CHIMIE ORGANIQUE. — Semicarbazones d'acides ax-cétoniques. 
Acides cinnamiques &-10dEs. Note de M. J. Boueaurr, présentée 
par M. Ch. Moureu. 


Dans mes précédentes Communications à l'Académie (°), J'ai signalé 
LA LA . » à LA + . ? 
deux réactions générales des semicarbazones des acides 4-cétoniques : l’une 
meteo 


(1) Nous publierons dans un autre recueil le détail des opérations. 
(°) Comptes rendus, t. 159, 191r4,"p. 83 et 631; t. 163, 1916, p. 237. 


364 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


qui conduit, par déshydratation, aux dioxytriazines substituées ‘en (6); 
l’autre qui fournit, par oxydation et départ de CO*, des acidylsemicar- 
bazides. 

Ces deux réactions, d’ailleurs très différentes quant aux processus et 
aux résultats, ont cependant ceci de commun qu’elles respectent le grou- 
pement semicarbazide. Dans une troisième réaction, que je signale aujour- 
d'hui et qui s'effectue par l’action de l'iode et de la soude, le groupement 
semicarbazide est, au contraire, détruit et remplacé par 2% d'iode, tout au 
moins dans un premier temps de la réaction. Parfois ce premier temps 
passe inaperçu et l’on recueille seulement les acides éthyléniques a-1odés 
dérivant, par perte de HI, du composé saturé &-diiodé d’abord formé. 

C’est ainsi, pour prendre un exemple, que la semicarbazone de l'acide 
phénylpyruvique, traitée par l’iode et la soude, donne les deux acides 
cinnamiques æ&-iodés stéréoisomères 

C*H5.CH?.C. COH -> C°H5.CH?.CP.CO'H —> C‘H5.CH = CI.CO’H 
N. NH. CO. NH? 

Dans ce cas particulier, je mai pas isolé l’acide saturé diiodé, mais j'ai 
constaté sa formation dans d’autres cas que je ferai connaître plus tard, 
ce qui vient à l'appui du processus indiqué. 


I. L'opération s'effectue très simplement en ajoutant un léger excès 
d’iode à la solution très alcaline de la semicarbazone de l’acide phényl- 
pyruvique. Après ro minutes de contact, on acidule par l'acide chlorhy- 
drique. Il se forme un précipité fortement chargé d’iode; d’abord sirupeux, 
il ne tarde pas à cristalliser. 

C’est un mélange des deux acides cinnamiques 4-iodés stéréoisomères, 
non signalés an 

Pour les séparer, j'ai utilisé un procédé que je résume brièvement parce 
que j'ai reconnu qu'il était applicable non seulement à ce cas, mais 

à d’autres analogues et aussi à la séparation des acides stéréoisomères 
xbr et a-chlorés. Il est basé sur l’insolubilité du sel de potassium 
acide de la forme stable de l’acide «-halogéné. 

On dissout le mélange des deux acides dans l’eau à l’aide de bicarbonate de potas- 
sium et l’on acidule par l'acide acétique tant qu'on observe un précipité; on laisse 
cristalliser 24 heures dans un lieu frais et l’on sépare par filtration. 


Dans le cas des acides cinnamiques «-iodés, le précipité a la formule 


(CH5.CH = CI.CO®)KH. 


SÉANCE DU 9 OCTOBRE 1916. 365 
Ce sel étant recueilli il est facile d'en régénérer, par l'acide chlorhydrique, l'acide 
cinnamique -iodé stable. 

Les eaux mères acides, séparées du sel de potassium, sont agitées avec l’éther qui 
enlève un peu d'acide æ-iodé stable resté en solution et un peu de l'acide labile. 
L'éther étant décanté, les eaux mères sont acidulées par l'acide chlorhydrique et 
fournissent ainsi l'acide -iodé labile. 


IT. L’acide cinnamique «-iodé stable fond à 160°-162°, la forme labile 
à 108°-110°. 

J'ai pu constater le passage de la forme labile à la forme stable par chauf- 
fage avec de la pyridine pendant quelques heures au bain-marie. 

Les deux acides cinnamiques a-iodés sont très solubles dans l'alcool, 
l’éther, le benzène, le sulfure de carbone, fort peu solubles dans l’éther 
de pétrole et insolubles dans l’eau. 

Leur solution dans ces divers solvants s wiyde rapidement à lair avec 
dégagement d’iode, circonstance qui gêne beaucoup leur purification par 
cristallisation. 

Traités par le zinc et l’acide acétique, ils donnent l’un et l’autre et exclusi- 
vement, l'acide cinnamique ordinaire. Avec la poudre de zinc et l’alcool, 
on obtient, outre l’acide cinnamique ordinaire, une petite quantité d’un 
acide à point de fusion très bas, que je n'ai pu obtenir pur et qui doit être 
l'acide allocinnamique. 

Chauffés au bain-marie avec une solution aqueuse de carbonate de 
sodium, ils se transforment lentement en acide phénylpyruvique 


CH: CH. = CI. CO2H + H?0 = CH5.CH — COH.CO?H + HE. 


Que les acides cinnamiques iodés en question soient bien des 
dérivés æ et non B, c’est ce qu’établissent avec certitude les faits suivants : 
1° La transformation en acide phénylpyruvique qui vient d’être indi- 
quée; 2° le fait que les deux dérivés $-iodés sont connus et différents des 
deux acides décrits dans cette Note; 3° en remplaçant l'iode par le brome 
ou le chlore dans la réaction qui m'a fourni ces acides iodés, c'est-à-dire en 
faisant agir l’hypobromite ou l’ hypochlorite de soude sur la semicarbazone 
de l’acide PRE, j'ai obtenu un mélange de deux acides bromés 
ou chlorés, que j’ai séparés et identifiés avec les deux acides cinnamiques 
a-bromés ou «-chlorés : je puis donc en conclure, par analogie, que mes 
deux acides iodés sont des dérivés æ. 


. r . . + . »4 . n A! i 
IV. La littérature chimique mentionne un troisième isomere G-1odé, 


© R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 15.) 50 


366 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


fondant à 160°-162°, préparé par Ortoleva (!), et qui vient ainsi en sur- 
nombre au regard des prévisions théoriques. Étant donnée l'identité du 
point de fusion de cet acide avec mon dérivé &-iodé stable, j’ai pensé à une 
identification possible. Reprenant la préparation de l’acide iodé d'Ortoleva, 
telle qu'il l’a décrite, j'ai isolé son acide et l’ai comparé au mien: il ya 
identité. C’est donc à tort que le chimiste italien avait attribué à son acide 
la formule d’un dérivé 8-iodé, c’est l'acide cinnamique &-iodé stable. 

En résume, l’action de l’iode et des alcalis libres, sur les semicarbazones 
de certains acides a&-cétoniques, donne des acides éthyléniques &-iodés, en 
passant probablement par l’acide saturé diiodé. Appliquée à la semicar- 
bazone de l’acide phénylpyruvique, cette réaction a conduit aux deux 
acides cinnamiques &-iodés stéréoisomères. 

J'ai obtenu des résultats analogues avec l’acide benzylpyruvique. 


BOTANIQUE. — Sur la structure du pédicelle floral des Mesembryanthemum. 
Note de M. G. BarruEzar, présentée par M. Guignard. 


Les principaux auteurs qui se sont occupés spécialement de l'anatomie 
des pédicelles floraux et fruetifères, notamment E. Laborie (?) et J. 
Pitard (*), n’ont pas manqué de signaler, sans insister d’ailleurs sur leur 
signification et sur leur parcours, l’existence de faisceaux libéro-ligneux 
dans le parenchyme cortical de quelques-uns de ces axes. 

La présence de ces faisceaux paraît être une exception, puisque Pitard, 
au cours de son étude qui a porté sur plus de 130 familles, ne cite que les 
suivantes chez lesquelles l'écorce du pédicelle en serait pourvue : Stercu- 
liacées, Magnoliacées, Rénonculacées-Pœæoniées, Erythroxylées et Calycan- 
thacées. Or, sans vouloir exagérer l’importance du caractère dont il s’agit, 
nous avons constaté que la famille des Mésembryanthémées (particulière: 
ment le genre Mesembryanthemum) doit être ajoutée à cette liste. 

Dès 1867, ceux de ces faisceaux corticaux qui se trouvent dans la pédi- 
celle de M. violaceum n'avaient pas échappé aux investigations de Van 


(7 Gaz. chium. ital., t. 29 (T), p. 506. 

(*) E. Lasorw, Recherches sur l’anatomie des axes floraux (Thèse de doctorat 
ès sciences, Paris, 1888). 

(3) J. Pirard, Recherches sur l'anatomie comparée des pédicelles floraux et 
fructifères (Thèse de doctorat ès sciences, Paris, 1899). 


SÉANCE DU G OCTOBRE 1915. 367 


Tieghem (') qui les a figurés dans son remarquable Mémoire sur la struc- 
ture du pistil. Mais, à ce sujet, le savant auteur a commis une erreur mani- 
feste en indiquant qu'ils naissent et se détachent du cercle vasculaire situé 
dans le cylindre central « à quelque distance au-dessous de la base de 
l'ovaire » pour passer dans l'écorce et s’y ramifier. Il a, toutefois, parfaite- 
ment constaté que leurs dernières branches supérieures pénètrent dans les 
sépales de chaque côté de la nervure médiane. 

D'autre part, Pitard (°), qui a étudié la structure du pédicelle chez 
deux autres espèces du même genre (M. crystallinum et cordifolium), a 
complètement oublié de mentionner l'existence des petits faisceaux cor- 
ticaux. 

Il résulte de nos recherches que leur présence est certaine chez la plupart 
des Mesembryanthemum que nous avons examinés, avec cette réserve, cepen- 
dant, qu'ils s'éteignent à des niveaux différents de l'axe floral. 


Chez M. erystallinum, cordifolium, geniculiflorum, relaxatum, blandum, 
noctiflorum, vaginatum, uncinatum, linguiforme, scapiger, vespertinum, ces 
faisceaux existent, en nombre variable suivant les espèces, au milieu du pédicelle, 
où ils sont placés dans la zone moyenne du parenchyme cortical en formant un cercle 
plus ou moins régulier; leur orientation est normale, c’est-à-dire que leur partie 
libérienne est externe par rapport aux trachées; ils se terminent dans la moitié infé- 
rieure du pédicelle et sans jamais entrer en connexion avec les faisceaux principaux 
du cylindre central; enfin, les parties libérienne et ligneuse de chaque faisceau ne 
disparaissent pas Wathen? ét c'est généralement le liber qui persiste le 
dernier. 

Chez M. a batum, Sior floribundum, pyropeum, emarginatum (viola- 
ceum), èr , Cooperi, rubricaule, edule, Ecklonis, subin- 
canum, Lehmanni, letta il existe aussi des faisceaux pédeolarres corticaux 
qui dftèu une structure et une disposition analogues, mais ils s'éteignent dans la 
région supérieure. de l’axe. 

Tous ces faisceaux ont la même origine : ce sont des faisceaux secondaires des- 
cendants qui proviennent des sépales ; ils traversent, en s'anastomosant les uns avec 
les autres, la région externe de l'ovaire qui est infère; puis ils atteignent la pédicelle 
“où, comme il vient d’être dit, la ngue ur de leur parcours: est différente suivant les 
espèces. : 


Au cours de nos observations, nous avons constaté, en outre, que le 


(1) Pu. Van Tienen, Recherches sur la structure du pistil et sur l'anatomie com- 
parée de la fleur (Mémoires présentés à l'Académie des Sciences, t. 21, p.172; 
Paris, 1805). 

(?). 3. Prranp, loc. cit., p.191. 


368 ACADÉMIE DES SCIENCES, 


nombre, la disposition et l'importance des faisceaux principaux situés dans 
le cylindre central des pédicelles soñt toujours en rapport étroit avec l’orga- 
nisation de la fleur. 

Chez M. cordifolium et geniculiflorum, par exemple, où la fleur apétale est 
construite sur le tvpe 4, il existe huit faisceaux libéro-ligneux principaux qui sont 
séparés et disposés suivant un quadrilatère : quatre sont destinés aux sépales et quatre 
aux étamines et aux carpelles. 

Chez M. blandum et beaucoup d’autres espèces, dont la fleur répond au type 5, le 
pédicelle possède dix faisceaux principaux disposés en cercle irrégulier ou suivant une 
figure pentagonale, Dans tous les cas, ce sont les faisceaux sépalaires qui occupent les 
angles de la figure, en alternance avec les faisceaux staminaux et carpellaires dont la 
division n’a lieu qu’à la base des loges ovariennes. 

Chez M. lingurforme et edule, où le nombre des loges atteint ou dépasse 9 ou 10, 
celui des faisceaux principaux du pédicelle est ordinairement deux fois plus élevé. 


Cette concordance parfaite s'explique tout naturellement si l’on considère 
le système libéro-ligneux des pédicelles comme formé uniquement par les 
traces qui descendent des pièces florales. Elle permet de comprendre les 
analogies et les différences qui existent entre la structure De ces axes et 
celle des tiges primaires correspondantes. 


CYTOLOGIE. — Observation sur le vivant de la formation cytologique 
de lanthocyanine. Note (') de M. Marcer Mimaxpe, présentée par 
M. Guignard. 


Quelques cas d'observation in vivo de la formation du pigment antho- 
cyanique ont été cités dans ces temps derniers; je rappelle, à ce sujet, 
principalement les travaux de Guilliermond (2) et de F. Moreau (°). Les 
observations de ce dernier auteur apportent une confirmation aux résultats 
obtenus par le premier sur l’origine mitochondriale de l’anthocyanine et 
sur les diverses modalités de la formation de ce pigment. Toutes les plantes 
étudiées jusqu'ici à ce point de vue sont des Phanérogames. J’ai eu locca- 
sion d'étudier, parmi les Ptéridophytes, une plante qui se prête d’une 
manière remarquable à l'observation sur le vivant de la genèse de l'antho- 
cyanine, l’Azolla filiculoides. Cette Salviniacée semble nous présenter une 


(*) Séance du 2 octobre 1916. 

Ag Revue générale de Botanique, 1914; Comptes rendus, 1. 161, 1915, p- 494 
eto 

(7) Bull. de la Soc. de Biologie, 1914; Bull. de la Soc. Bot. de France, 1915. 


SÉANCE DU 9 OCTOBRE 1916. 369 


modalité nouvelle de formation de l’anthocyanine, en même temps qu’elle 
nous permet de confirmer à nouveau l’origine mitochondriale de ce 
pigment. 

On sait que la tige de cette petite plante nageante porte deux rangées de 
feuilles alternes et imbriquées, sessiles et à deux lobes. Les lobes ventraux, 
qui sont au contact de l’eau, sont minces, pauvres en chlorophylle, presque 
hyalins. Les lobes dorsaux ont une marge presque hyaline et mince, mais 
leur partie centrale, creusée d’une cavité où vivent des Anabènes, est 
épaisse et à mésophylle à la fois palissadique et lacuneux, et très vert. 
L'épiderme est légèrement papilleux et présente, sur les lobes dorsaux, 
des stomates d’une structure particulière. Les feuilles prennent parfois un 
rougissement anthocyanique plus ou moins intense, qui progresse depuis 
la pointe des lobes, colore simplement la marge ou bien s'étend au lobe 
tout entier. Dans ce'cas de rougissement extrême, la tige clle-même se 
colore fortement. 

L’anthocyanine se forme dans les cellules épidermiques, les cellules 
compagnes des stomates, les cellules palissadiques. Sur un même lobe, 
dorsal ou ventral, bien choisi, placé dans une goutte d’eau et observé à 
l’immersion à huile, il est souvent possible ak: suivre, sur le vivant, les 
divers processus du rougissement, que l’on peut résumer ainsi : 


Sur un lobe foliaire, avant toute trace de pigmentation ou au début de celle-ci, on 
peut voir, dans de nombreuses cellules, des granulations incolores et brillantes 
animées, le plus souvent, d'un mouvement brownien plus ou moins intense, occupant, 
très fréquemment, presque toute la cellule dont le noyau est placé dans le mince pro- 
toplasme pariétal. Ces granulations sont donc, apparemment, plongées dans une 
vacuole centrale, Dans certaines cellules ces granulations sont très petites, de la 
taille des mitochoadries ordinaires, isolées ou groupées en petites chaînettes simples 
ou plus où moins ramifiées, parfois réunies en amas plus ou moins volumineux. Dans 
d'autres cellules les granulations sont plus grosses; ce sont parfois des sphérules 
d'une certaine taille, généralement isolées. Des cellules contiennent aussi des granu- 
htions de tailles diverses. Dès que ces corpuscules atteignent une certaine dimension 
on peut souvent y distinguer un novau central entouré d’une mince enveloppe. Le 
perchlorure de fer, l'acide osmique, le bleu de méthylène en coloration vitale pro- 
duisent sur ces © puscules les réactions colorées cytolosiques ordinaires des com- 
posés phénoliques. Le bleu de méthylène met particulièrement en évidence le noyau 
central et l'enveloppe des corpuscules; çà et là on peut observer deux noyaux dans 
une même enveloppe. 

Si l'on examine les cellules en voie de pigmentation ou déjà bien colorées, on se 
rend aisément compte que le pigment se forme dans les corpuscules incolores que je 
viens de décrire. On peut suivre tous les stades de leur rougissement, depuis le rose 


très clair jusqu’au rouge vif. 


370 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


J'ai pu même, dans une observation d’une durée d'une heure environ, constater une 
augmentation sensible de l'intensité du rougissement dans des cellules pâles au début. 
Les corpuscules colorés sont animés, eux aussi, très fréquemment, de mouvements 
browniens; ils présentent les dimensions diverses et les groupements divers, énumé és 
ci-dessus, des corpuscules incolores, et aussi d'autres groupements, moins visibles 
dans les corpusculés incolores, et dans le détail desquels je ne puis entrer dans cette 
Note. À partir d’une certaine taille, on peut observer, dans ces corpuscules, un noyau 
central entouré d’une enveloppe. 

A côté des cellules précédentes, d’autres salles placées principalement Fi la 
région marginale des lobes foliaires, présentent d’autres phénomènes. Leur rougisse- 
ment est donné, non par des granulations petites ou grosses, libres ou associées en 
amas ou en chaînéttes, mais par un unique corpuscule, assez volumineux, rappelant le 
cyanoplaste décrit, pour'la première fois, dans les fleurs, par Politis (*). Ce corpuscule 
est, le plus souvent, arrondi, parfois de forme irrégulière. A son maximum de pig- 
mentation, il acquiert une teinte plus foncée que les granulations anthocyaniques 
ordinaires et devient violet rouge ou bleuâtre. Ce corpuscule présente souvent un 
noyau et un manteau bien reconnaissables. Parfois, dans la cellule, ce gros corpus- 

cule est accompagné de quelques fines granulations rouges, isolées, en amas, en chai- 
nettes et en mouvement brownien; dans ce cas il a, le plus souvent, la ‘coloration 
anthocyanique ordinaire. Je n'ai pu observer la naissance de ce corpuscule, mais ce 
nombreuses cellules me’lont montré dans son stade encore incolore et à réaction 
phénolique et à divers degrés de rougissement. Notons enfin que de nombreuses cel- 
lules, surtout marginales, offrent des corpuscules assez gros, uniques ou accompagnés 
de quelques granulations, de couleur rouge ordinaire, à contours lobés ou mamelonnés 
et paraissant formés par l’accolement ou la fusion plu ou moins intime de plusieurs 
granulations ou sphérules. 

Dans beaucoup de cellules, les choses ne vont pas plus ts même au cours de 
toute la vie de la feuille : le rougissement y est simplemént donné par des granulations 
animées, d'ordinaire, d’un mouvement brownien plus ou moins vif. 

Dans d’autres cellules la pigmentation parcourt, des: stades ultérieurs, surtout 
lorsque la plante acquiert un rougissement prononcé, étendu et parfois presque total. 
Dans ce cas l'on voit, dans Ja vacuole où s'agitent les granulations, le liquide général 
prendre d’abord une coloration rose sur le fond de laquelle tranchent nettement les 
granulations beaucoup plus rouges. Peu à peu, la teinte des granulations s'atténue, 
pendant que la coloration du liquide augmente d'intensité; finalement, les granulations 
se dissolvent complètement et la vacuole est remplie d’un liquide rouge nl Dans les 
cellules à cyanoplaste, je n’ai jamais observé la dissolution de ce dernier. 

J'ai examiné, d'autre part, des coupes faites dans des matériaux fixés et colorés par 
la méthode mitochondriale de Regaud. Cette méthode permet d'observer tous les pot 
cessus qui précèdent, depuis les mitochondries granuleuses colorées en noir jusqu'aux 
granulations de dimensions diverses qui présentent,. si la différenciation a été hier 
conduite, une partie centrale colorée en jaune plus. ou moins foncé entourée d'une 


zone mitochondriale noire. 
nr 


(1) Poritis, Atti dell’ Istituto della R. Universita di Pavia,.v91r. 


SÉANCE DU 9 OCTOBRE 1916. 371 
En résumé : dans P Azolla filiculoides, l'anthocyanine est sécrétée par des 
mitochondries granuleuses qui, de bonne heure, émigrant dans la vacuole 
centrale cellulaire où elles forment des granulations animées de mouvements 
browniens, s’imprègnent d’abord d’un composé phénolique, lequel ‘se 
transforme peu à peu en pigment anthocyanique. Dans le cas extrême du 
rougissement de la cellule, les corpuscules anthocyaniques se dissolvent 
dans la vacuole. 


PHYSIOLOGIE, VÉGÉTALE. — Sur le dégagement d'oxygène provenant de la 
réduction des nitrates par les plantes vertes. Note (') de M. Marin 
Mocrrarb, présentée par M. Gaston Bonnier. 


Différents faits donnent à penser que les nitrates sont réduits dans les 
feuilles et plusieurs auteurs ont émis l’idée qu’un dégagement d'oxygène 
pourrait en résulter; mais aucune preuve expérimentale n’a été fournie à 
l'appui de cette dernière hypothèse ; je me suis demandé si une démonstra- 
tion ne pourrait pas résulter de la comparaison des échanges gazeux effec- 
tués par deux plantes vertes de la même espèce, auxquelles serait donné 
comme aliment azoté soit un nitrate, soit un sel ammoniacal. J'ai cherché à 
évaluer l'influence de la nature de l'aliment azoté sur la fonction complexe 
de la respiration en considérant la totalité des gaz échangés pendant plu- 
sieurs semaines, au cours du développement d’une plante entière, soumise 
aux alternatives de jour et de nuit. 

Pour arriver à ce résultat, j'ai cultivé des Radis dans une atmosphère 
limitée, constituée au début par de lair normal; le gaz carbonique résultant 
de la respiration est décomposé à la lumière par la fonction chlorophyl- 
lienne, et la première condition à réaliser pour que le développement s’ef- 
fectue normalement consiste à fournir au début un volume d'air suffisant 
Pour que la plante n’épuise pas pendant la nuit l’oxygène qui est contenu 
dans le flacon de culture. Si cette condition est remplie, il est aisé de se 
rendre compte de ce qui doit se produire suivant que le quotient respira- 
toire R — Xat sera égal, inférieur ou supérieur à l'unité, en admettant, pour 

2 
simplifier l'exposé, avec Maquenne et Demoussy (°), que le quotient Ba 


des gaz échangés par la fonction chlorophyllienne soit égal à 1. 


l , 
(”) Séance du 2 octobre 1916. 
(©) Maquene et Demoussy, Nouvelles recherches sur les échanges gazeux des 
plantes vertes avec l'atmosphère. Paris, 1913. 


ad ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Si l’on a R > 71, nous devons assister à un enrichissement progressif de 
Patmosphère interne én oxygène et nous verrons la pression augmenter 
de jour en jour à l’intérieur du flacon de culture. 

Disons de suite que c’est cette éventualité qui s’est réalisée dans nos 
cultures de Radis, en présence d’un nitrate ou d’un sel ammoniacal, du 
moins lorsque la période de germination a pris fin. Mais alors on conçoit 
facilement comment la comparaison des variations de pression peut nous 
renseigner sur la manière dont intervient tel ou tel aliment pour modifier 
les échanges gazeux; si par exemple il se dégage de l’oxygène à partir des 
nitrates utilisés par la plante, on doit avoir de ce fait une augmentation 
de la pression plus considérable que lorsque la plante absorbe un sel ammo- 
niacal. 

En fait nous avons cultivé des Radis dans des flacons munis d’un long 
col, auquel était adopté un tube en U de petitcalibre devant servir de mano- 
mètre à mercure; on introduisait dans ces flacons 60°" de ponce granulée et 
40°" d’un liquide minéral ayant l’une des deux compositions suivantes : 


Chlorure d’ammonium. .... 0,60 Azotate de potassium...... 1 

Sulfate de magnésium ..... 0,12 Sulfate de magnésium ..... 0,12 
Chlorure de potassium. .... 0,12 Chlorure de potassium. .... 0,12 
Phosphate monocalcique... 0,12 Phosphate monocalcique... 0,12 
Sulfate, ferreux... traces Sulfate ferreux... ........ traces 
Eau distiliée (gd. 5)... 1009 Eau distillée (qi s.) s. rr 1000 


A ces substances il était ajouté dans les deux cas 10 pour 100 de glucose 
destiné à servir d’aliment carboné, la plante n’ayant en effet à sa dispo- 
sition d’autre acide carbonique que celui qui est produit par la respiration ; 
il va sans dire que les cultures devaient être par suite rigoureusement asep- 
tiques. Une fois l’ensemencement effectué on fermait à la lampe l'extrémité 
du col du flacon et l’on garnissait le manomètre de mercure; le volume de 
l'atmosphère ainsi emprisonnée était d'environ 120°"; pour tenir compte 
des variations dues aux changements de la température et de la pression 
atmosphérique on procédait chaque jour aux lectures manométriques des 
tubes ensemencés et d’un tube témoin qui ne différait des autres que par 
l’absence de plante. 

Considérons d’abord l’une des cultures dans lesquelles l’azote a été 
fourni sous forme de chlorure d’ammonium; au bout de 35 jours de déve- 
loppement le poids de substance fraîche était de 05,994, celui de la matière 
sèche 06,153. 

L'atmosphére interne subissait tout d’abord une dépression qui passait 


SÉANCE DU Q OCTOBRE 1916. : 373 


par un maximum correspondant à 1°“ de mercure (9 jours); la courbe 
remontait ensuite, la dépression devenait nulle au bout de 20 jours et était 
remplacée par une augmentation régulière de pression, atteignant pour 
35 jours de développement, à la fin de la journée, la valeur de 2°",11; 
en admettant que cette augmentation soit due à une augmentation d’oxy- 
gène, qui serait ainsi de 2,77, le calcul indique qu'on doit avoir à ce 
moment 22,5 d'oxygène pour 100 d’atmosphère; or l'analyse directe donne 
le même résultat. 

On peut évaluer, avec une approximation assez grande, la valeur du quo- 
tient respiratoire de la plante cultivée dans ces conditions; il suffit de faire 
respirer cette plante, aussitôt sortie du flacon où elle s’est développée, en 
présence d’un volume connu d’air, et d'évaluer le volume du gaz carbonique 
émis dans un temps donné. Si l’on admet que l’augmentation de poids sec 
soit proportionnelle au temps et que l'intensité respiratoire soit elle-même 
constamment proportionnelle au poids de matière sèche, on trouve 1,02 
pour valeur du quotient respiratoire. 

La plante que nous considérerons parmi celles dont la culture s’est effec- 
tuée sur le milieu contenant de l’azotate de potassium présentait, au bout 
de 35 jours de développement, un poids de matière sèche égal à 08,264. Il 
s’est d’abord produit une dépression dans le flacon; cette dépression est 
passée par un maximum de 2°" de mercure au bout de 7 jours; la pression 
est redevenue celle du début au bout de 14 jours, puis elle a augmenté 
régulièrement et beaucoup plus rapidement que dans le cas précédent; à la 
fin de l'expérience, l'augmentation équivalait à une colonne de mercure 
de 8,6, ce qui correspond, et l’analyse directe de l'atmosphère le confirme, 
à une teneur en oxygène égale à 28,8 pour 100, soit à une accumulation 
de 13°%,74 d'oxygène; le calcul donne 1,07 comme valeur du quotient res- 
piratoire. | 

Si l’on admet que les augmentations de pression sont, pour un même 
milieu alimentaire, proportionnelles aux poids secs des plantes considérées 
et qu’on rapporte ces augmentations à un même poids sec (08,264) pour les 
deux plantes qui viennent d’être envisagées, le calcul montre qu'à un 
atome d'azote nitrique fixé correspond sensiblement un dégagement de 
deux atomes d'oxygène. 


C. R., 1916, 2° Semzstre. (T. 163, N° 15.) 


374 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


CHIMIE BIOLOGIQUE. — Remarques sur les pouvoirs rotatoires des 
alcool-d-glucosides et des alcool-d-galactosides o et 5. Note (') de 
M. Eu. Bourquezor, présentée par M. Moureu. 


Le nombre des glucosides et des galactosides d’alcools connus s’est 
notablement accru dans ces derniers temps grâce à l'emploi des ferments 
comme agents de synthèse. Il est devenu ainsi plus facile de saisir les 
relations d’ordre général qui existent entre certaines propriétés de ces 
composés. 

Dans le but de comparer leurs propriétés optiques, j'ai rassemblé ci- 
dessous, avec leurs pouvoirs rotatoires, quatre séries des composés en 
question, tous obtenus par synthèse biochimique : alcoolglucosides et 
alcoolgalactosides 5, alcoolglucosides et alcoolgalactosides æ. 


Glucosides 8. Galactosides £. Glucosides a. Galactosides «x. 

Méthglis sc ci. — 32,50 — 0,419 +157, 90 192,70 
Ete n —35,80 — 6,69 +150,90  <+185,90 
a ; 38,68. — 8,36 +140,80  +179,04 
Bopal o... —39,18 — 11,23 » » 

E +. a —42,18 —19,19 +131,70 » 
Behiye VL NS. — 53,69 —25,05 » » 
Giper- yea Su. — 30,55 +o +135,48 +169,90 
Sales noie 246,49. —11,80 » » 


L'examen de ces pouvoirs rotatoires conduit aux remarques suivantes : 

1° Les dérivés 6, qui résultent de l’action synthétisante de ferments 
contenus dans l’émulsine des amandes sur le glucose ( glucosidase $) et sur 
le galactose ( galactosidase 5) au contact des alcools, sont tous lévogyres; 
mais le pouvoir rotatoire de tous les galactosides B sans exception est plus 
faible que celui des glucosides 8 correspondants. De plus, pour chaque 
série homologue de glucosides et de galactosides d’alcools saturés, le pou- 
voir rotatoire va en croissant avec le nombre de CH*. 

2° Les dérivés æ, qui résultent de l’action synthétisante de ferments 
contenus dans la levure de bière basse séchée, sur le glucose ( glucosidase a) 
et sur le galactose ( galactosidase œ), sont tous der mais le pouvoir 
rotatoire de tous les galactosides « est plus élevé que celui des glucosides * 


(1) Séance du 2 octobre 1916. 


SÉANCE DU 9 OCTOBRE 1916. 375 
correspondants. De plus, dans chaque série homologue de glucosides « et 
de galactosides « d’alcools saturés, le pouvoir rotatoire va en décroissant à à 
mesure que le nombre de CH? augmente. 

En réalité, ces remarques peuvent se résumer ainsi : 1° les galactosides ĝ 
et x sont plus dextrogyres (') que les glucosides 8 et « correspondants, de 
même que les galactoses (ap =+ 53°) et «(ay =+ 140°) sont plus dextro- 
gyres que les glucoses (a, = + 20°) et a(a, =+ 109°); 2° toute addition 
de CH? détermine un déplacement de droite à gauche du pouvoir rotatoire, 
aussi bien chez les glucosides que chez les galactosides. Les relations qui 
existent entre les propriétés optiques des dérivés des sucres considérés 
dépendent donc surtout du pouvoir rotatoire de ces sucres. 

Voyons si, en s'aidant de la formule lactonique, on pourra pénétrer plus 
avant dans % connaissance de ces relations. 


Cette formule contient un atome Č de carbone asymétrique de plus que 
la formule aldéhydique; elle pesmet ainsi de comprendre l'existence des 
deux stéréoïsomères 


to oi H OH 

N + Es 
a e 

H.C.OB\ /‘U.C.OH 
o 

HO.CH / \ HO.C.H 
| 

H C2 SUR H OH HO H 
l + 

H,C.OH lC.OH 6 wA 
| ; | hS E 
CHOH CH:0H C C 


Formule 1, glucose d. Formule ?, galactose d. Formules 3 et 4. 


æ et 5 connus de chaque sucre, lesquels diffèrent d’après la place des élé- 
ments autour du carbone asymétrique terminal (formules 3 et 4). 
Si l’on passe du glucose 8 (supposons formule 1) au galactose ĝ (2), 
on voit qu'il n’y a de modification que dans l'arrangement autour d’un 
carbone asymétrique de la chaine. Or l'expérience montre que cette 
modification est corrélative d’un déplacement du plan de polarisation de 
gauche à droite, le pouvoir rotatoire du glucose B (+ 20°) s ’élevant à + 53° 
lorsque ce sucre devient galactose, soit un déplacement de 33°. 


aeaa 


(') J'emploie ici le mot dextrogyre pour mieux faire saisir les relations optiques 
entre galactosides et glucosides dans leur sens général. 


350 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Examinons maintenant ce qu'il en est pour les formes «. La disposition 
des éléments autour du carbone terminal s’est modifiée de la même façon 
pour les deux sucres, tandis que la différence dans l’arrangement de la 
chaîne n’a pas changé. Par conséquent, on devra retrouver, du glucose a 
au galactose «, le même déplacement du plan de polarisation de gauche 
à droite ; et de fait, ce déplacement est de 31° (140°— 109°). 

On voit ainsi comment les pouvoirs rotatoires des deux formes du gaines 
tose sont tous deux plus élevés que ceux des deux formes correspondantes 
du glucose, la différence étant la même dans les deux cas, puisque le ps 
moléculaire est le même. 

Passons aux dérivés des deux sucres et comparons le méthylgalactoside $ 
au méthylglucoside 6. L'introduction du radical méthyl (formule 5) 

H O.CH; 
NÉ 


Formule 5. 


affecte de la même façon le carbone asymétrique des deux dérivés. Il n’y 
a de différence que dans l’arrangement autour de l’un des carbones de la 
chaîne, et l'expérience montre que, dans le cas des deux sucres, cette diffé- 
rence est corrélative d’un déplacement de gauche à droite du plan de pola- 
risation, le pouvoir rotatoire du méthylglucoside ß étant — 32°,5 et celui 
du méthylgalactoside — 0°,419 : soit un déplacement de 32°,08. 

Si d'autre part nous comparons les dérivés æ, nous trouvons comme 
différence : 34°,8; le même raisonnement peut être fait dans la compa- 
raison des autres glucosides et galactosides. Voici les différences relevées 
pour les dérivés dont les formes ß et x sont actuellement connues : 


Différence Différence 
entre dérivés ĝ. entre dérivés a. 
Méthyl 5 is su 32,08 
Éthyl- irinenn o 29,11 34,6 
Propil- M 29,80 38,2 
CET i-on: 30,55 34,4 


Étant donné surtout que quelques-uns des pouvoirs rotatoires de ces 
dérivés pourront être quelque peu corrigés, les valeurs ci-dessus se rap- 
prochent assez les unes des autres et de celles qu’on a trouvées pour les 
sucres, pour qu’on puisse les considérer comme égales entre elles et 
admettre les déductions qui viennent d’être exposées. 


SÉANCE DU 9 OCTOBRE 1916. 377 


Cependant les chiffres de la deuxième ‘colonne sont semblablement 
(sauf un) plus élevés que les autres, et cela pourrait être dù à une cause 
inconnue. Aussi, tout en enregistrant cet ensemble de relations optiques, 
me paraît-il Bendi d'attendre que d’autres dérivés aient été pipa 
avant d’énoncer une conclusion ferme. 


HYGIÈNE. — Destruction des Moustiques par les poissons. 
Note de M. Jeax Lecexpre, présentée par M. Edmond Perrier. 


La nécessité de lutter contre le paludisme dans nos colonies me suggéra 
l'idée d’utiliser, pour la destruction des larves d’Anophèles, propagateurs 
de la malaria, larves qui vivent dans les rizières, l’avidité de certains pois- 
sons pour les larves de Moustiques et autres insectes aquatiques. 

La rizipisciculiure coloniale, c’est ainsi que j'ai appelé l'élevage du pois- 
son dans les rizières, procède donc d’une idée d'hygiène. Les espèces 
ichtyologiques qui s'adaptent le mieux aux conditions de la vie des rizières 
sont celles qui aiment les eaux calmes et chaudes, surtout les Cyprinidés. 

Le gouverneur général Picquié, qui avait compris combien mon idée 
était féconde pour l’avenir hygiénique et économique de la grande île où ` 
le paludisme décime la population et dont la superficie rizicole dépasse 
300 000", me fournit les moyens de créer, dans la banlieue de Tananarive, 
une station aquicole composée d’un laboratoire et de bassins d'élevage 
dans lesquels j’introduisis, outre les espèces indigènes dont l'étude était 
intéressante, deux sortes de Cyprinidés : une variété sélectionnée de Carpe 
miroir importée de France et des Carpes Maillart provenant de la Réunion. 

En attendant l’acclimatation et la multiplication de ces poissons d’ori- 
gine étrangère, j’expérimentai dans les rizières avec le Cyprin doré (Caras- 
sius auratus), autrefois introduit dans l’île par Jean Laborde. Je fis la preuve 
que non seulement ce poisson dévore le plus grand nombre des larves de 
moustiques qui vivent dans ses eaux, mais encore qu'il croît dans la rizière 
avec une rapidité surprenante. Pour n’en citer qu ’un seul exemple, 
1300 cyprins, pesant ensemble environ 6“, déposés fin janvier dans 
quelques parcelles de rizière d’une superficie globale légèrement supérieure 
à 1%, fournirent, cinq mois plus tard, après la pole du riz, 18000 (dix- 
huit mille) cyprins du poids total de 1205, les plus gros atteignaient 1508. 

Ceci démontre, en outre, que le Cyprin doré ou Carpe de Chine effectue 
sa ponte dans la rizière, qui constitue pour lui la frayère idéale ; les œufs 

. 


378 . ACADÉMIE DES SCIENCES. 


sont déposés sur les parties immergées de la céréale, tige ou feuilles. Les 
conditions biologiques exceptionnellement bonnes que l’alevin trouve dans 
la rizière, en particulier la petite faune aquatique qui s’y développe prodi- 
gieusement vite, grâce à la température de Veau; sont cause de l’accroisse- 
ment extrêmement rapide des cyprins qui s’y trouvent dans une véritable 
forcerie. 

Les Malgaches sont extrêmement nd de ces poissons qu'ils pêchent 
avec entrain dans les rizières où le hasard des irrigations en a introduits. 

La rizipisciculture a un bel avenir à Madagascar où l’on pourra produire 
 TRENTE-CINQ MILLE TONNES (35 000 tonnes) de poisson le j jour où cet élevage, 
extrêmement simple, s’y sera généralisé. 

- Madagascar est'la' seule colonie française qui poisède, grâce à mon initia- 
tive, une station Je 


BACTÉRIOLOGIE. — Sur la présence du bacille du tétanos à la surface des 
projectiles inclus dans des plaies cicatrisées. Note de M. Aueusre LUMIÈRE, 
présentée par M. Laveran. | 


Nous avons vu plusieurs cas de: tétanos tardif survenir chez des blessés 
porteurs de plaies cicatrisées renfermant des projectiles non extraits. 
L'observation suivante en est un exemple : 


B,.., Eugène, soldat au 2° zouaves, blessé le 13 juin 1916. TREN de sérum, 
aussitôt après la blessure. Petite plaie par éclat d'obus à un seul orifice situé dans la 
région cervicale gauche, cicatrisée au bout de quelques jours. 

La radiographie avait montré un corps étranger métallique se projetant sur le bord 
externe de l'apophyse transverse gauche de la cinquième cervicale. 

Le 3 juin, un mouvement brusque de la tête avait provoqué une douleur assez 
vive, mais n'ayant duré que quelques instants, au niveau du point où se trouvait le 
projectile. 

Huit jours après cet indidése les premiers symptômes de tétanos apparaissent : 
trismus, raideur de la nuque, dyipasiie; exagération des réflexes, sueurs profuses, 
pas de crises spasmodiques, contracture très marquée des muscles du cou, la tête 
étant rejetée eu arrière. Aucune réaction inflammatoire au voisinage du projectile. 

Malgré l'injection de sérum à. haute dose, la contracture permanente s'étend len- 
tement et progressivement et le blessé meurt par asphyxie 21 jours après le début de. 
la maladie. 


L'éclat d'obus inclus dans la plaie cicatrisée avait dû apporter des spores 
de tétanos restées à l’état de vie latente jusqu'au moment où le jeu des 


SÉANCE DU 9 OCTOBRE 1916. 379 


muscles, dans ie mouvement douloureux effectué 8 jours avant l’éclosion 
des premiers symptômes tétaniques, avait libéré les germes en les plaçant 
dans des conditions nouvelles favorables à leur développement. 

Ces considérations nous ont conduit à ensemencer les projectiles extraits 
chez des blessés atteints de tétanos et à rechercher la présence des bacilles 
pathogènes dans les cultures. 

Parmi les derniers cas de tétanos que nous avons observés, nous avons 
eu quatre blessés porteurs d'éclats d’obus non extraits au moment de 
l'apparition des contractures. Ces corps étrangers ont été localisés à 
l’aide du repéreur de M. le professeur Marion qui a procédé lui-même à 
l'extraction. 

Dans trois cas sur quatre, l’ensemencement des projectiles a donné des 
résultats positifs confirmés par l’inoculation au cobaye. 

Voici d’ailleurs, très Hair les quatre observations se rapportant à 
ces recherches. 


1° B... S..., 1% tirailleurs algériens, blessé Je 18 mai 1916. Injection de sérum 
le 26. Plia wultiples par éclats d'obus des membres inférieurs et de la fesse gauche. 
La radiographie montre un gros éclat se profilant à 4o™™ au-dessus du sourcil cotyloï- 
dien. Premiers symptômes de tétanos le 16 juin, 29 jours après la blessure. Tétanos 
localisé au membre inférieur gauche sans trismus. Extraction du projectile le 2 aoùt. 
L’ensemencement a donné une culture pure de vibrion septique. Guérison. 

2° L... Ernest, 6° infanterie, blessé le 26 juin 1916. Injection de sérum le lendemain. 
Plaies multiples des membres inférieurs, du bras droit et de l’aisselle droite. Pre- 
miers symptômes tétaniques le 3 juillet, 7 jours après la blessure. Tétanos localisé au 
membre inférieur gauche, au niveau duquel on ne trouve qu'une très petite plaie ponc- 
tiforme avec un éclat minuscule incrusté dans le derme. L'ensemencement de l'éclat 
donne une culture pure de tétanos. Guérison. 

3° C... Auguste, régiment colonial du Maroc, -blessé le 1r juin 1916. Injection de 
sérum le lendemain. Plaies multiples de la fesse droite par éclats d'obus. Cicatrisées 
au bout de trois semaines. La radiographie montre deux projectiles situés l'un dans la 
région trochantérienne externe et l'autre dans le voisinage de l’échancrure ischio- 
sciatique. Début du tétanos le 10 juillet, 30 jours après la blessure. Tétanos sans 
trismus avec contracture localisée à la jarabe et à la cuisse droites. Extraction des deux 
projectiles le 12 août, L'ensemencement de l'éclat trochantérien donne une culture 
mixte de staphylocoque et de perfringens; la culture obtenue avec l'éclat de la région 
ischio- -sciatique renferme du bacille de Nicolaïer et du staphylocoque. Guérison. 

4° I... M..., 2° tirailleurs algériens, blessé le 16 juin 1916. Injection de sérum le 
Jour mème, Plaie paraissant superficielle par éclat d'obus à un seul orifice situé sur le 
. bord spinal de l’omoplate gauche, Le 4 septembre, 80 jours après la blessure, premiers 
Symptômes de tétanos. Pas de trismus, contractures localisées aux muscles dorsaux, 
lombaires, abdominaux, puis aux membres inférieurs. Le 7 septembre, incision au 


380 ACADÉMIE DES SCIENCES. 
niveau de la blessure, siège d’une poussée inflammatoire avec fluctuation. Découverte 


d'un projectile qui, ensemencé, donne une culture de bacille du tétanos mélangée de 
staphylocoque et de cocci. 


Nous avons même trouvé, dans un cas, le bacille tétanique à la surface 
d’un projectile chez un blessé n’ayant pas été atteint de tétanos pour lequel 
l'extraction de l'éclat avait été pratiquée 38 jours après la blessure et 15 jours 
après cicatrisation. 

Ces considérations semblent conduire aux conclusions suivantes : 


1° Les projectiles inclus dans les plaies cicatrisées peuvent entrainer avec 
eux des spores de bacilles tétaniques qui constituent un danger pour les 
blessés. Il y a donc lieu de chercher à les extraire lorsqu'ils sont acces- 
sibles. 

2° Les injections de sérum antitétanique s'imposent au moment de toute 
extraction secondaire de ces projectiles même lorsque les plaies sont cica- 
trisées. 


La séance est levée à 16 heures. 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 16 OCTOBRE 1916. 


PRÉSIDENCE DE M. CamiLe JORDAN. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE, 


En présentant à l’Académie le Tome II des OEuvres pe Henri Poincaré 
PUBLIÉES SOUS LES AUSPICES DU MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE, M. Gasrow 
Darsoux s ‘exprime en ces termes : 


Au lendemain de la mort prématurée d'Hexet Poixcaré, ses confrères, 
ses amis, ses admirateurs ont été unanimes à penser que notre pays devait 
rendre au géomètre qu'il venait de perdre le même hommage qu'il 
avait rendu aux plus grands : à Lagrange, à Laplace, à Fourier, à 
Cauchy. Le Ministère de l'Instruction publique a décidé de publier sans 
tarder les Œuvres de Henri Poincaré. Un traité a été conclu à cet effet 
avec l’éditeur M. Gauthier-Villars, que tant de travaux analogues, exécutés 
avec un désintéressement et une habileté universellement reconnus, dési- 
gnaient pour cette tâche nouvelle. Le soin de surveiller et de diriger la 
publication m'a été confié. Je n’en verrai pas l'achèvement; mais ce sera 
l'honneur de ma carrière d'en avoir provoqué et commencé l'exécution. 

Le plan et le contenu des divers Volumes ont été complètement 
arrêtés. Dans le désir de provoquer des recherches, j'ai cru devoir com- 
mencer par le Tome IL, parce qu'il contient les travaux les plus importants 
de la jeunesse de Re E ceux qui concernent les fonctions fuchsiennes. 
E hommage ainsi rendu à un savant illustre se doublera, je l'espère, d’un 
service rendu aux géomètres. 

Dans la revision et la correction du texte, j'ai eu l'heureuse fortune 
d'être aidé et secondé par un jeune géomètre des plus distingués, 

- M. Nörlund, professeur à l’Université de Lund. Il avait fait, depuis 


C. R., 1916, 2° Semestré. (T. 163, N° 16.) 52 


382 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


longtemps, l'étude la plus approfondie des travaux que Poinéaré a publiés 
sur ce beau sujet. Les notes nombreuses qu'il a ajoutés en différents 
endroits et à la fin du Volume mettront en évidence toute la valeur dë sa 
collaboration. M. Nôrlund unit à son beau talent mathématique une 
parfaite connaissance de la langue française. 

Aux remerciements bien vifs et bien mérités que j'ai le plaisir et le 
devoir de lui offrir, je désire associer M. Ernest Lebon, professeur 
honoraire de l’Université, lauréat de deux de nos Académies, qui a revu 
avec le plus grand soin les épreuves ct qui m’a déjà donné son concours 
si précieux pour la publication du Bulletin des Sciences mathéma- 
tiques et pour celle de mes Leçons. 

Commencée avant la guerre déchainée par des mains forininelles, la 
publication de ce Volume, qui contient un beau portrait dů à notre 
Confrère de l’Académie des Beaux-Arts, M. Waltner, s’est poursuivie et 
achevée au milieu de difficultés de toute sorte et malgré la lenteur des 
communications. 


BOTANIQUE. +> Anomalies déterminées par la gamogemmie consécutive 
- au traumatisme. Note de _ Paur VUILLEMIN. 


Quelques pins de Linaria vulgaris L., enchevêtrés à des ronces à la 
lisière d’un champ, près d'Épinal, avaient été fauchés antérieurement, à 
une hauteur variant de o™, r2 à 0,35. Ils nous ont fourni, le 20 sep- 
tembre 1916, quarante-neuf fleurs de forme insolite. Sauf trois fleurs nette- 
ment liıtérales, toutes occupaient le sommet de tiges de deuxième ou de 
troisième ordre ; elles avaient devancé, dans leur ve les fleurs 
sous-jacentes. 

Le traumatisme, l’époque tardive de la refloraison, souvent invoqués 
comme facteurs tératogènes, favorisent la production des anomalies; ils ne 
la déterminent pas directement; tout ce dont ils sont capables, c’est de 
provoquer l'apparition d’une cause prochaine, qu'il reste à dégager de là 
comparaison des variations numériques et morphologiques réunies simulta- 
nément dans un espace restreint. 
= Les nombres inscrits entre parenthèses dans le texte renvoient aux 
numéros d'ordre des échantillons, ‘de 1 à 46 pour les fleurs supérieures, 
de 47 à 49 pour les latérales. 

Aucune des quarante-six fleurs supérieures n’est munie d’un unique 


SÉANCE DU 16 OCTOBRE 1916. 383 


éperon, réserve faite pour une fleur (32) dont la corolle était tombée, tandis 
que la grappe sous-jacente était encore en boutons. Une seule fleur est 
privée d'éperon (20); six ont deux éperons (28, 29, 43-47); cinq en ont 
trois (25-27, 41, 42); cinq en ont quatre (22-24, 39, 40); onze en ont cinq 
(6, 13,21, 30, 31, 33-38) ;six en ont six (14-19); septen ont sept(5,7-12); 
trois en ont huit fu 2, 4); une en a neuf (3). 

Outre les dix- -sept fleurs où le nombre des éperons dépasse cing, on 
trouve plus de cinq pétales avec cinq éperons (6, 13, 21), avec quatre 
éperons (22, 23), avec trois éperons (25-27), avec deux éperons (28, 29, 43), 
sans éperon (20). Au total seize fleurs à six pétales, sept à sept, trois 
à huit, une à neuf, deux à dix. A ces vingt-neuf corolles pléiomères 
ajoutons trois fleurs qui, avec une corolle pentamère, ont six (30, 31) ou 
sept (40) sépales. L'augmentation du nombre des pièces florales est donc 
dûment constatée dans trente-deux sur quarante-cinq fleurs supérieures, 
soit 71 pour 100, Cette proportion est un minimum, car le nombre des 
pétales ou des sépales n’a pas été précisé dans treize fleurs munies de deux 
à cinq éperons (24, 33-30, 41, 42, 44-46). 

Dans les rares grappes où l'épanouissement progresse régulièrement de 
bas en haut, la fleur supérieure est normale. Les fleurs latérales sont pour 
la plupart normales. Les trois fleurs notées (47-49) ont six pétales et deux 
éperons. 

La fleur de Linaire étant d’ die construite sur le type cinq dans le 
calice, la corolle, l’androcée, les nombres oscillants entre cinq et dix, qui 
prédomiaent dans cette récolte, sont insolites. Ce n’est pas une raison suf- 
fisante pour considérer ces fleurs comme atypiques. 

Certaines plantes offrent plusieurs types floraux, ne différant que par le 
degré de fréquence. Ainsi les fleurs normales de Phlox sont construites le 
is souvent sur le type cinq, plus rarement sur les types six, quatre, ou 
sept. Les fleurs qui ont je ou moins de cinq pétales sont dites métaty- 
piques. 

Dans les fleurs métatypiques, les divers cycles sont ANN, affectés : 
calice, corolle, androcée restent isomères. Nous excluons de cette caté- 
gorie le Linaria vulgaris, attendu que l’isomérie, sans être bannie des fleurs 
pléiomères, n’y est pas habituelle. La numération des pièces appartenant 
aux autres verticilles n’a pas été aussi complète que celle des pétales. Nous 
avons constaté néanmoins que l’androcée ne suit pas régulièrement la même 
Progression que la corolle. A côté d’une fleur à sept étamines (9), d’une 
pélorie hexamère dans les trois premiers verticilles (20), nous comptons 


384 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


cinq élamines dans une fleur à neuf éperons (3) et souvent moins d’éta- 
mines qu'à l’état normal sous une corolle pléiomère. Le nombre des 
sépales est tantôt égal à celui des pétales, tantôt supérieur, tantôt 
inférieur. 

La métatypie écartée, la pléiomérie ne peut s'expliquer que de deux 
manières : partition des pièces normales ou addition des pièces étrangères 
à la fleur simple. 

Un seul argument est susceptible d’être exploité en faveur de l'hypothèse 
de la partition. Nous avons, d’une part, des éperons simples dont le nombre 

s'élève jusqu'à à huit, d'autre part des éperons une ou deux fois mie 
séparés seulement à l'extrême pointe ou plus profondément jusqu’au voisi- 
nage de l'insertion. Si ces pièces dichotomes représentent divers degrés 
d'une bipartition aboutissant à l'isolement d’éperons supplémentaires, leur 
présence implique un excès de matériel formatif et une dilatation de la 
corolle à leur niveau. Nous avons observé l'inverse (10, 2 

La fleur ro a deux éperons simples, un éperon bifurqué et un quatrième 
éperon voisin du précédent, qui, après une première bifurcation, présente 
une nouvelle dichotomie de l’une des deux branches. Dans l'hypothèse de 
la partition, la corolle serait trop pauvre pour fournir le cinquième pétale 
qui ne manque à aucune autre fleur de la récolte et pourtant assez riche 
pour subvenir à la division de deux éperons et à la subdivision de l’un d’eux. 
Ce paradoxe disparait dans l’hypothèseinverse dela confluence de plusieurs 
éperons par suite d’un rétrécissement de la corolle. La persistance de six 
sépales, dont deux rejetés sur un plan inférieur, parle dans le même sens. 

La fleur 24 possède, outre deux éperons simples, un éperon terminé par 
deux pointes égales. Les lobules labiaux correspondant à chaque sommet 
de cet éperon sont séparés par une languette dressée, appartenant à un 
pétale intercalé entre les deux moîitiés de l'éperon bifide. Ces deux moitiés 
représentent deux pétales distincts entre eux, comme ils le sont d’un même 
troisième qui les sépare. L’éperon bifurqué résulte de la cohérence incom- 
plète de deux unités, non dela bipartition d’une seule. | 

La bifurcation d’un éperon en moitiés égales, susceptible d’être inter- 
prétée a priori en faveur aussi bien d’une dispersion que d’une conver- 
gence, s'explique mieux, en fait, par une réduction que par une progo 
numérique. 

Un argument décisif est fourni par des vestiges fonctionnellement super $ 
flus, petits pétales détachés du tube (5, 12) ou même rejetés hors de la 
corolle (1, 2, 21). 


SÉANCE DU 16 OCTOBRE 1916. 385 


Nous n’avons aucune preuve de partition pouvant fournir des nombres 
de pétales supérieurs à cinq. Par contre, il est certain que des nombres 
oscillant entre dix et cinq proviennent d’une diminution par atrophie, réu- 
nion ou élimination de rudiments préexistants. Donc les nombres intermé- 
diaires dérivent du maximum dix, non du minimum cinq. Le point de départ 
de nos anomalies n’est pas la fleur typique, mais une fleur décamère que 
l’on pourrait taxer de diplotypique. 

La fleur normale des Linaires étant fixée au type cinq, une fleur virtuel- 
lement décamère ne peut exister qu’en vertu de la combinaison de deux 
bourgeons apportant chacun les matériaux d’une fleur typique. Nous 
sommes ainsi conduits à considérer la gamogemmie comme la cause pro- 
chaine de nos anomalies. 

La fusion des bourgeons résulte de la section de la tige et des branches, 
parce que les rejets, les branches, les rameaux, émis en grand nombre, 
portent des grappes dont l'axe s'allonge peu, si bien que les bourgeons 
supérieurs se confondent en donnant une fleur d'apparence terminale, à 
floraison accélérée. 

Les modifications morphologiques vont de la synanthie à l'unification 
complète des deux fleurs composantes. Dans la synanthie les deux corolles 
sont distinctes, parfois séparées par deux fissures (3, 6), dont l’une persiste 
plus longtemps (1, 4, 5, 8, 9, 12, 13, 23, 24, 30, 40, 48, 49). La place des 
fissures oblitérées reste marquée par un ou deux pétales exclus du tube 
(2, 21). La symétrie, troublée dans quinze fleurs, se rétablit, soit sur 
le type zygomorphe, soit sur le type actinomorphe de la pélorie, sans 
éperon (20), à sept (11), à six (15, 16, 18, 19), à cinq éperons (33-38). 

Les mêmes changements numériques et morphologiques caractérisent la 
fleur supérieure. des grappes raccourcies d'une race demi-naine d'Anur- 
rhinum majus. La gamogemmie, transmissible par graine dans ce dernier 
cas, fait son apparition sous l'influence de la taille chez la Linaire. - 


ÉLECTIONS. 


t . ` . bd * [i id , LE 14 LI 

L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un délégué à 

la Commission de contrôle de la Circulation monétaire, en remplacement de 
M. Armand Gautier, Membre sortant. 


M. Anuavn Gaurier réunit l'unanimité des suffrages. 


386 ACADÉMIE DES SCIENCES, 


CORRESPONDANCE. 


. M. H. Mawsur adresse des remerciments pour la distinction que l’Aca- 
démie a accordée à ses travaux. 


M. Jures Wezscu adresse un Rapport complémentaire et un résumé sur 
les résultats des travaux entrepris avec l’aide d’une subvention sur le 
Fonds Bonaparte, qui lui a été accordée en 1913. 


M. le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL signale, parmi les pièces imprimées de la 
Correspondance : 


Des conférences faites par M. FLeurenr, Professeur au Conservatoire des 
Arts et Métiers et publiées sous le titre : La guerre. Un effort à faire. Les 
industries chimiques en France et en Allemagne, Aperçu général sur les causes 
de leur développement comparatif et Considérations sur leur développement 
particulier. (Présenté par M. Th. Schlæsing fils.) | 


NOMOGRAPHIE. — Anamorphose ‘graphique d’une surface topographique. 
Note (') de M. Roporene Soreau, présentée par M. Ch. Lallemand. 


Soit une surface topographique (S) représentant un phénomène 
F(x,y,z)—o à deux paramètres x, y par des courbes de niveau 
F(x, y,c) —0, la fonction F étant connue où non. Je me propose de l'ana- 
morphoser en un abaque cartésien, exactement ou de façon approchée. 
Dès lors, le phénomène pourra être mis en équation sous l’une des formes 


(A) f(æ)+ &g (y) + Az) = 0, 
(B) | SNUTE SO) FRS) =o. 

La méthode est basée sur cette propriété, qui résulte d’une de mes pré- 
cédentes Notes (°) : la tangente en un point Za, Ypy Zap d’une isoplèthe 


(') Séance du 9 octobre 1916. 
(?) Comptes rendus, 1,155, 1912, p. 1065. T r: 


SÉANCE DU 16 OCTOBRE 1916. 387 
de (S) a pour pente Yp = - Lee TER [(z»p). Appelons coupe y, les intersec- 
tions de (S) par la droite y —y,: 1° quand (S) est réductible à (A), la 
coupe y, donne ynp = Kf (£n); si donc, par un pôle P pris sur OX, on 
mène les parallèles aux tangentes, on obtient sur OY l'échelle Y = f'(æ), 
d’où la courbe C, figurative de f'(x); 2° quand (S) est réductible à (B); 
la coupe y, dóga Yap = K (tr) (y); si Von connaissait Z(s), la même 
construction serait applicable en prenant: une série de poen Pan à à des RE 
tances de O inversement prôportionnelles à Wang) | 


re d'essai. — Traçons sur (S) six le Lui de et Y= Yes Y 5 Vos 
Déterminons, pour les trois coupes y,, les ordonnées d’abscisses +, 
des trois courbes Cy, avec pôle unique P, pour chaque coupe. Si les trois 


(x) 


x 


el 


séries d’ordonnées sont proporti , On peut, en les réduisant, super- 
poser les trois courbes : l’anamorphose (A) est alors réalisable, Si l’on a 
une quasi-proportionnalité en rapprochant au besoin les limites y,, y, du 
domaine d'application, cette anamorphose ne sera qu ’approchée. 

A défaut, essayons (B). Plaçons les pôles P sws Pors Poa de façon à faire 
 Coïncider jh points des trois courbes C, situés sur æ,, ce qui est facile par 
construction inverse; puis cherchons à Placet les pôles P,,, P,,, Paa. En 
Pi, Pos élevons à OX des perpendiculaires proportionnelles aux cotes Zgos 

3015 Zoa €t joignons les extrémités par une courbe À; inversement, prenons 
sur À les points d’ordonnées proportionnelles À Zap 321 353 €t projetons-les 
sur OX : les pôles P,,, P,,, P,, ainsi déterminés conviennent si les paral- 


388 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


lèles menées par ces pôles aux tangentes correspondantes se coupent en 
un point (æ,) de OY. Il est alors à présumer que l’anamorphose (B) est 
possible; pour le confirmer, déterminons de même P,,,P,,,P,,,et voyons si 
l’on obtient un point (x,) sur OY. Lorsque, au lieu de deux points (x,),(æ,) 
sur OY, on a des triangles à faible distance de Tr on peut réaliser 
4 dhà hör hoi approchée (B). 


Épure définitive. — On achève la construction de la courbe médiane C,, 
avec pôle unique pour l’anamorphose (A), et, pour l’anamorphose (B), 
avec une série de pôles que fournit la courbe À. Puis on construit l'inté- 
grale graphique de C, ; sa projection sur OY donne l'échelle Y = f (æ). On 
obtient de même X = g( y} 

Pour juger du degré d’approximation obtenu, il sera bon de transformer 
l’abaque anamorphosé en nn abaque à points alignés, en portant ces 
échelles sur deux parallèles; on trace des séries d’alignements correspon- 
dant chacune à des valeurs x, y prises sur une même isoplèthe. Dans le cas 
d'anamorphose approchée, les intersections forment des taches dont 
l'étendue indique le degré d’approximation dans les diverses régions. 

On peut chercher l'expression algébrique des fonctions f, g, A, l; on 
opérera sur l’abaque cartésien et avec les courbes f’ et g', de préférence 
aux courbes f et g 

Rappelons que E colonel Lafay a ARE pour le même objet, une 
construction toute différente. 


CHIMIE. — Action chimique du peroxyde de sodium sur les oxydes de carbone. 
Note (') de MM. C. Zexeueuis et Sravros Hons, présentée par 
M. Georges Lemoine. 


Des recherches sur l’action des différents gaz sur le peroxyde de sodium 
ont été faites, il y a très longtemps (°). Nous avons répété en partie ces 
A ‘et nous avons trouvé l’action, en général, beaucoup plus vive 
qu'on ne l'avait constatée autrefois. 


: 1 ` , 
Action des oxydes de carbone sur le peroxyde de sodium seul. — Avec | oxyde 


(t) Séance du 9 octobre 1916. i 
(2) Gav-Lussac et Tnéxann, Action de CO? et SO? (Gmelin-Kraut Handb. der 
anorg. Chem., t. 11, 1, p. 294). — Harcourt, Action de CO, CO*, N°0 et NO (Jahres: 

ber. der Chem., 1861, p. 169). 


SÉANCE DU 16 OCTOBRE 1916. 389 


de carbone l'attaque est assez vive : la température s'élève un peu et il se 
forme du carbonate. L’anhydride carbonique [agit avec une plus grande 
intensité, la température s'élevant considérablement. D’après Harcourt, 
on a 

Na*0*+ GO — Na? CO, 

Na?0?+ CO? = Na CO? + O. 


Les produits finals sont en effet ceux-ci. Dans le cas de l’anhydride 
carbonique, il se dégage de l'oxygène libre activé, qui brûle vivement des 
substances facilement oxydables et mêlées avec le peroxyde, telles que le 
fer, l'aluminium, le magnésium, le charbon, différentes substances orga- 
niques, etc. 

L'effet thermique avec l’anhydride carbonique étant inférieur à celui de 
l’oxyde de carbone, on pouvait s'attendre à une réaction moins vive, tandis 
que c’est le contraire qui arrive. 


Na: O:+ CO — Na? CO? -H 1233301, 
Na202+ CO:— Na: CO; + O + 55922541, 


Nous regardons comme très probable que la réaction, dans le second cas, 
s’accomplit en deux phases simultanées. Dans la première phase deux 
molécules CO? s'ajoutent à une molécule Na? O? pour former le percar- 
bonate Na?C2O°, qui se décompose à son tour dans la seconde phase 
comme il suit : 

Na? C:0°— Na? CO + CO? + O. 


L'effet thermique reste naturellement le même, mais, vu la formation inter- 
médiaire d’un corps endothermique, tel que le percarbonate de soude, qui 
se décompose aussitôt formé, la réaction s s’accomplit plus vite, la tempé- 
rature devient plus élevée et la réaction plus vive. Cette conception se 
trouve en concordance : 1° avec la loi, presque générale, d’après 
laquelle, dans de pareils cas, la réaction s’accomplit par des réactions 
intermédiaires donnant lieu à la formation de combinaisons moins stables 
et 2° avec les travaux de Wolfenstein et Pechtner (') qui en faisant passer 
un courant d’anhydride carbonique sur un mélange de peroxyde de sodium 
et de glace correspondant à l’hydrate (Na? O?,8H° O) ont préparé des 
Percarbonates de sodium. : 
La réaction est analogue à la combustion de l'hydrogène dont le premier 


(+) Berichte der d. chem. Ges., t-41, 1908, p. 280-297. 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 16.) 53 


390 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


produit est l’eau oxygénée, combinaison peu stable, type auquel appar- 
tiennent aussi les percarbonates. 


Action de l’anhydride carbonique sur les mélanges de peroxyde de sodium 
et de substances facilement oxydables. — Le peroxyde de sodium est un corps 
très stable ne dégageant pas d'oxygène, même à des températures très 
élevées. Cela n'arrive pas s’il est mélangé avec des corps oxydables. Rosel 
et Franc (!) oat étudié le mélange de peroxyde et d'aluminium, qui brûle 
très vivement, mêmesi on l'attaque avec quelques gouttes d’eau. Dugnès (?) 
a expérimenté sur des mélanges de peroxyde avec du coton, du bois, du 
soufre, du thiosulfate, etc. Bainberger, sur un mélange de charbon et de 
peroxyde qui prend feu à 300°-400° (°). 
En dirigeant un courant d’anhydride carbonique sur ces mélanges, la 
réaction se fait aussitôt avec une extrême violencé qui finit quelquefois par 
une explosion. D'une part, l’action de l’anhydride carbonique élève 
la température du mélange jusqu’à celle de la combustion du corps 
mélangé, tandis que d’autre part chaque molécule CO? rend libre une 
molécule d'oxygène activé. Ainsi la réaction s’accomplit spontanément. 
En substituant le magnésium à l'aluminium l'explosion devient très forte. 
Le fer brûle aussi dans les mêmes conditions, sans donner lieu à une explo- 
sion. Le produit fond et la réaction continue très vive lorsqu'on ajoute peu 
à peu du fer en poudre qui se transforme finalement en Na*FeO*. 
. Un mélange de peroxyde et de zinc ne se met pas en réaction par lanhy- 

dride carbonique, mais il brûle néanmoins assez vivement s’il est chauffé 
fortement. Le cuivre en poudre très fine se comporte de la même façon, 
mais la réaction est plus faible. 

Ces réactions s’accomplissent avec la même vivacité au contact de l'air 
ou dans un tube à combustion ou en verre où l’air est remplacé par l'azote, 
mais dans ce dernier cas le tube se brise et la réaction devient dangereuse. 


CHIMIE MINÉRALE. — Action du soufre sur la baryte en présence de l'eau. 
Note de M. L. Gurrreau, présentée par M.A. Haller. 


Parmi les persulfures de baryum, le tétrasulfure a été obtenu jusqu'ici 
soit en faisant bouillir du soufre avec une solution de monosulfure et sou- 


(*) Berichte der d. chem: Ges., t. 27, 1894, p. 55. 
(2) Chem. Zeitung, 1. 22, 1898. 
(°) Berichte der d. chem.. Ges., t. 31, 1898, p. 451. 


SÉANCE DU 16 OCTOBRE 1916. 391 


mettant ensuite à l’évaporation ('), soit en dissolvant à chaud de la fleur de 
soufre dans une liqueur saturée de sulfhydrate de sulfure (?). La solution 
de monosulfure de baryum saturée de soufre à ébullition, et qui ne laisse 
déposer par cristallisation que du tétrasulfure hydraté mélangé de soufre, 
présente, en outre, cette particularité de contenir exactement 5°! de soufre 
pour 1% de baryum, ce qui correspondrait à un pentasulfure, signalé par 
Berzélius dans son Traité de Chimie, mais qui n’a pu être isolé. 

J'ai recherché si, par action du soufre, non plussur un sulfure de baryum 
déjà formé, mais sur la baryte elle-même, en présence de l’eau, il ne serait 
pas possible d'obtenir des combinaisons analogues, et voici les résultats 
auxquels je suis arrivé : 

Si l’on porte à l’ébullition un mélange de 2 parties de baryte hydratée, 
de 1 partie de soufre et de 25 parties d’eau, on obtient une liqueur possédant 
à chaud une teinte d’un brun foncé, presque noir. Cette coloration s’atténue 
par le refroidissement et devient, à la température ordinaire, d’un beau 
rouge orangé. 

La solution, abandonnée à elle-même, se décompose lentement en laissant 
cristalliser de fines aiguilles d’hyposulfite de baryum hydraté, et en se 
recouvrant, à la surface, d’une croûte constituée par un mélange de soufre 
et d’hyposulfite de baryum. Il se dégage en même temps de l'hydrogène 
sulfuré, 

Mais, si l’on évapore plus rapidement à chaud, jusqu’à formation d’une 
croûte continue à reflets verdâtres ou violacés (c’est-à-dire jusqu'à forte 
Concentration de la liqueur), on trouve sous cette croûte, après refroidisse- 
ment et repos, de volumineux prismes rouges de tétrasulfure de baryum, 
répondant à la composition BaS‘, H? O, mélangés de soufre et d’hyposulfite. 

Enfin, la solution orangée qui permet d’obtenir ainsi le tétrasulfure dé 
baryum renferme, avec beaucoup de constance, une proportion de baryum 
et de soufre correspondant à 1 atome du premier pour 5 atomes du second. 

Le persulfure BaS° qui paraît, de la sorte, exister en solution, est 
instable, et c’est sa décomposition exprimée, selon toute vraisemblance, 
par l'équation 

2 BaS5 + 3H*0 = Ba St + S20? Ba + 3H°S +S 


qui fournit les composés que j'ai obtenus dans mes essais. 


(1) Scnœxe, An. Ph. Ch. Pogg., t. 112, 1861, p- 193. 
(°) Vere, J. chem. Soc., t. 49, 1886, p. 369- 


392 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


MINÉRALOGIE. — Sur les liquides cristallins obtenus par évaporation 
d’une solution. Note de M. PauL GAUBERT. 


Les solutions sursaturées laissent parfois déposer la substance dissoute 
sous une ou plusieurs formes instables à la température à laquelle se fait 
le dépôt. Quelquefois même c’est à l’état liquide (soufre) que le corps se 
sépare. Dans cette Note je vais examiner quelques cas dans lesquels c’est 
sous la forme de cristaux liquides que se dépose la substance en dissolution, 


Anisal-p-amidoazotoluol. — Les cristaux liquides obtenus par fusion sont 
optiquement positifs, par conséquent dépourvus de pouvoir rotatoire et 
sans teintes épipoliques. Par évaporation sur une lame de verre d’une 
solution de ce corps dans l’éther, la benzine, le toluol, le chlorure de 
méthylène, le chloroforme, le site de carbone, etc., il se produit une 
phase liquide biréfringente dont la couleur est verte par réflexion. Un 
examen approfondi des propriétés du liquide montre que la couleur verte 
est d’abord due à l’existence de cristaux liquides, très instables, optiquement 
négatifs, et ensuite au mélange de la couleur bleue réfléchie par les petits 
sphérolites de la phase optiquement positive et la couleur jaune rougeâtre 
de la substance. Peu à peu la couleur verte disparaît par suite de la trans- 
formation des sphérolites dont les particules s’orientent de manière que 
laxe optique soit perpendiculaire à la lame de verre. 

Le liquide biréfringent ainsi obtenu ne persiste que quelques minutes; 
il se solidifie en donnant naissance à deux formes instables différentes de 
celle produite par le liquide anisotrope obtenu par fusion et qui est stable 
(forme &). On observe en effet : 

1° Des sphérolites, dont les fibres très transparentes, peu biréfringentes 
à allongement optique négatif, montrent une teinte verdâtre par réflexion 
( te B); 

2° Des sphérolites dont la vitesse d’accroissement est plus faible que 
celle des précédents; aussi sont-ils beaucoup plus petits. Ils sont tire 
opaques à cause de leur fibrosité (forme y). 

La deuxième forme, plus stable que la première, peut persister plusieurs 
jours à la température ordinaire, mais à 65° il ne se produit que la forme 
stable g. 

Anisalaminocinnamate d’éthyle. — Par évaporation d’une solution dans 
le chlorure de méthylène, les deux phases liquides cristallines ‘connues 


SÉANCE DU 16 OCTOBRE 1916. 393 


peuvent se produire sur une lame de verre. Le résultat est meilleur en 
opérant à 50° avec le chlorure d’acétylène. La phase s’orientant perpendi- 
culairement à la lame de verre donne de belles images en lumière con- 
vergente. 


p-azoxyanisol. — La phase liquide biréfringente ne s’obtient facilement 
qu'avec de petites gouttes et ne persiste que quelques secondes à la tempé- 
rature ordinaire. Elle passe à une forme solide très instable qui donne la 
forme stable au bout de peu de temps. 


Éthers-sels de la cholestérine (*). — Le caprinate est le seul qui m'ait 
donné à la température ordinaire la forme liquide biréfringente à cristaux 
optiquement négatifs par évaporation d’une solution. Ce qui est à remar- 
quer, c’est que les cristaux liquides optiquement positifs ne se produisent 
pas par transformation de la phase négative. 

Les mélanges de caprinate et de propionate donnent très facilement des 
cristaux négatifs pouvant persister plusieurs heures à la température ordi- 
naire. L’addition d’une petite quantité d’anisal-p-amidoazotoluol (+ par 
exemple) augmente beaucoup la stabilité de la phase biréfringente de ces 
mélanges ; aussi peut-on la conserver parfois plusieurs jours. 


Cyanbenzsalalamocinnamate d'amyle actif. — Ce corps fournit des 
résultats intéressants. La phase liquide biréfringente, dont les cristaux 
sont optiquement négatifs, s'obtient avec la plus grande facilité sur une 
lame de verre et avec les solvants déjà indiqués. Les cristaux liquides, 
bien que ne persistant pas plus d’une minute et même beaucoup moins, 
s'orientent de manière que leur axe optique soit perpendiculaire à la lame. 
En général, c’est la teinte épipolique rouge qui apparaît la première, 
contrairement à ce qui a lieu pour les liquides obtenus par fusion. Le 
liquide anisotrope en se solidifiant donne deux formes cristallines instables; 
on observe sur la lame de verre : 

1° De grands sphérolites incolores à larges fibres dont l’a Hofgerient 
optique est négatif (forme B); 

2° Des sphérolites de couleur jaune beaucoup ii e que les pré- 
cédents, moins biréfringents et avec une vitesse d’accroissement beaucoup 


(1) F.-M. Jæger a obtenu le valérianate de cholestérine à l’état de liquide cristallin 
en ajoutant de l’acétone à une solution saturée à froid de ce corps dans l'acide acé- 
tique (Akad. d. Wiss., Amsterdam, 1907, p. 480). 


394 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


plus faible. Leurs fibres radiales sont très fines et à allongement optique 
positif (forme y), 

Les sphérolites de la première forme persistent quelques heures, ceux de 
la seconde passent habituellement à la forme stable æ au bout d’une heure 
environ. L'action de la chaleur provoque la transformation immédiate des 
deux modifications. 


Les propriétés optiques des sphérolites de la forme y sont très intéressantes. L'addi- 
tion d’une petite quantité de vert de méthyle ou de vert malachite les met bien en 
évidence. Il faut employer le chloroforme comme solvant. Examinés au microscope et 
en lumière naturelle, ces sphérolites, qui ont la forme d’une lentille plus ou moins 
aplatie, montrent au centre une tache grise enveloppée d’une zone plus claire entourée 
elle-même par la partie périphérique plus foncée. Observés avec le nicol inférieur 
dont la section principale est dans la direction NS, les secteurs NE et SO sont 
plus colorés que les deux autres, Si le nicol est placé au-dessus avec la même orienta- 
tion, ce sont les deux autres secteurs qui sont les plus colorés comme si le nicol avait 
tourné de 90°, Par conséquent, avec les deux nicols croisés, l'absorption de Ja lumière 
ne se fait que sur deux quadrants opposés. Si les sphérolites sont minces ou peu colo- 
rés, on observe en outre la croix noire dont les bras coïncident avec les sections prin- 
cipales des nicols; mais si les sphérolites sont épais ou plus colorés, les deux bras ne 
sont pas à angle droit, mais forment un angle aigu dans les secteurs absorbant la 
lumière. Pour qu’ils fassent un angle droit, il faut tourner l’un des nicols. Parfois la 
croix n’est pas visible à cause de la forte absorption de la lumière produite dans les 
deux secteurs par suite du polychroïsme. Ces sphérolites possèdent donc les propriétés 
des gouttes anisotropes de O. Lehmann (première position principale), propriétés dues 
à l’arrangement hélicoïdal des particules cristallines; du reste une plage contenant 
un grand nombre de ces sphérolites dont les dimensions ne dépassent pas ziy de milli- 
mètre de diamètre constitue un polariseur circulaire. 


Ce mode de production des cristaux liquides par évaporation d’une solu- 
tion permet de mesurer leurs indices à la température ordinaire. Il suffit de 
faire l’évaporation sur la face plane de la lentille demi-boule d’un réflec- 
tomètre. 


MINÉRALOGIE. — L'orientation des liquides anisotropes sur les cristaux. 
Note de M. F. Graxpsean, transmise par M. L. De Launay. 


L'orientation des liquides anisotropes sur leur phase solide cristallisée a 
été signalée par tous les observateurs; mais on la considérait comme une 
relation entre arrangements différents de molécules identiques. On consi- 
dérait même le plus souvent les deux orientations comme parallèles, la 
« direction des molécules ne changeant pas malgré la fusion », sans bien 


SÉANCE DU 16 OCTOBRE 1916. 395 


préciser en quoi consistait ce parallélisme entre un corps biaxe (le solide) 
etun corps uniaxe (le liquide). 

Il semble que l’orientation du liquide anisotrope sur sa phase solide soit 
un cas particulier d’un phénomène plus général s'appliquant à tous les 
cristaux. 

M. Mauguin a fait connaître (Comptes rendus, t. 156, 1913, p. 1246) un 
premier exemple d'orientation, celle que donne la muscovite. 

Jai essayé un grand nombre d’autres minéraux et cinq liquides aniso- 
tropes : l’azoxyphénétol, l’azoxyanisol, l’anisaldazine, les azoxybenzoate et 
cinnamate d’éthyle. Des gouttes de ces liquides déposées sur les clivages 
ont donné des plages d'orientation absolument déterminée. Par exemple, 
l'orpiment sur le clivage g' (010) oriente les cinq liquides parallèlement 
à ses sections principales; la blende sur le clivage b' (O1 1) parallèlement aux 
diagonales de la face rhombique du dodécaëdre; le sel gemme et la syline 
sur le clivage p(001) parallèlement aux diagonales de la face du cube et à 
des directions supplémentaires pour l’anisaldazine et l’azoxycinnamate. 
Les minéraux hexagonaux ou pseudohexagonaux, comme la brucite, la 
leadhillite, la phlogopite, le talc, donnent pour chaque liquide trois orienta- 
tions à 60° les unes des autres, etc. 

Dans une fente de clivage pour laquelle les deux parois ont rigoureu- 
sement conservé leurs positions relatives, on obtient deux types de plages: 


1° Des plages à structure parallèle, c'est-à-dire dont l’axe optique a une 
orientation unique. Ces plages sont toujours orientées comme celles qui 
reposent sur le clivage par un seul contact. 

2° Des plages à structure hélicoïdale dont les sections principales infé- 
rieure et supérieure ont des orientations de plages à structure parallèle. 
Dans la plupart des cas on trouve toutes les structures hélicoïdalés compa- 


tibles avec cette condition, tordues à droite ou à gauche. 


L'orientation n’est bonne que si le clivage est parfait et la surface rigou- 
reusement propre et plane. C’est un phénomène général, par cela même 
très différent de l'orientation d’un cristal sur un autre. Il n’en a pas le 
Caractère exceptionnel, exigeant certains rapports numériques et géomé- 
triques entre les réseaux. 

Les liquides anisotropes du groupe de l’azoxyphénétol (azoxyanisol, 
anisaldazine, etc.) paraissent s'orienter toujours, quand le clivage est 
parfait. Ceux à coniques focales (azoxybenzoate et cinnamate d’éthyle, 
etc.) s’orientent moins facilement, mais le font cependant dans le plus 
grand nombre de cas. 


396 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


BOTANIQUE. — Sur les variations biologiques d’une Laminaire 
(Saccorhiza bulbosa). Note de M. C. Sauvacrau, présentée par 
le Prince Bonaparte. 


Nos connaissances sur la biologie des Algues marines habitant la limite 
des basses eaux progressent fragmentairement à cause des difficultés 
matérielles de leur étude. D’autres difficultés surgissent quand une espèce 
ne se comporte pas identiquement partout, ce qui arrive pour le Saccorhiza 
bulbosa. 


En 1896, Phillips affirma l’annualité du S. bulbosa après deux excursions faites 

à Anglesey (mer d'Irlande) en mars et octobre 1895. Jusque-là, sans doute à cause 

e sa grande taille et parce que d'autres Laminaires océaniques vivent plusieurs 
années, on admettait qu’il est vivace. Or le phénomène est plus net à Guéthary 
(Basses-Pyrénées) qu’à Anglesey; je l'y ai suivi en 1914, 1915, 1916 et s’il était aussi 
indiscutable sur les côtes de la Manche, si fréquemment étudiées par les algologues, 
on l’eût, de toute évidence, remarqué plus tôt. 

Le S. bulbosa y atteint sa taille maximum en juillet et août; puis diminue graduel- 
lement, car son allongement ne compense plus l’usure des sommités ou cesse complè- 
tement; la fructification apparaît en août, mais elle est encore rare. En octobre, 
beaucoup d'individus sont fructifiés sur le stipe et sur la lame, déversant un nombre 
prodigieux de zoospores; toutes les lanières de la lame sont écourtées et largement 
tronquées, aussi bien sur les grands individus que sur ceux de développement impar- 
fait, fertiles ou stériles; le phénomène semble dépendre de la saison et non de l’état 
de la plante. D'autre part, la très abondante Patelle, Helcion pellucidum, ronge la 
plante, endommage souvent la base du stipe et les vagues arrachent la partie dressée (*); 
les stipes épargnés par l'Helcion se dégradent progressivement et, vers la fin de. 
l'automne, la plante, qu’elle ait fructifié ou non, est réduite à son bulbe qui, 
jusqu Toa, était stérile. 

En février et au début de mars, les bulbes sont souvent fructifiés; ceux qui ont 
résisté à la destruction sont plus ou moins endommagés; ils pourrissent progressive- 
ment pour disparaitre complètement en avril. 

Les premières plantules apparaissent dans la seconde quinzaine de février ; les autres 
en mars et en avril; toutes s’accroissent rapidement; puis on n'en trouve plus avant 
l’année suivante. Le S. bulbosa acquiert donc tout son développement en quelques 
mois. D'ailleurs, la flore «lgologique de la saison froide est pauvre; les Ulva Lactuca, 
Dictyota dichotoma, Dictyopteris polypodioides, pour citer seulement certaines 
espèces qui accompagnent le S. bulbosa, réapparaissent en même temps. Cette pério- 
dicité est aussi nette que celle des plantes, terrestres concordant, par exemple, dans le 


(1) C. Savvaceau, Sur le développement et la biologie d’une Laminaire (Sacco- 
rhiza bulbosa) (Comptes rendus, t. 160, 1915, p. 445). 


SÉANCE DU 16 OCTOBRE 1916. 397 


Nord, avec l’élévation de température ou, sous les tropiques, avec la saison pluvieuse. 
. Les plantules se rencontrent donc pendant trois mois seulement, bien que l'émission 
des zoospores dure plus de sept mois consécutifs. Or celles d'avril proviennent de 
zoospores récemment émises par les bulbes, et non de prothalles âgés ou d’embryo- 
spores dormantes, car on les trouve fréquemment fixées sur les haptères de jeunes 
individus nés à la fin de l'hiver; l’origine des plantules de février et de mars est vrai- 
semblablement la même. Par suite, les sores des bulbes suffisent à reproduire la plante 
et, puisque des sores récoltés soit en octobre (sur la lame ou sur le stipe), soit à la fin 
de l'hiver, m'ont fourni des prothalles et des plantules identiques, c'est qu’une cause 
n'agissant pas sur les cultures empêche les zoospores de germer, dans Ja nature, du 
milieu de l’été jusqu’au début de l'hiver, ou, peut-être mieux, détruit les prothalles et 
les plantules. Les facteurs habituellement invoqués dans l'interprétation des phéno- 
mènes phénologiques, chaleur, lumière, humidité, semblent ici hors de cause. L’énorme 
quantité de zoospores émises par un Saccorhiza suggère d’ailleurs l’idée que l'espèce 
est soumise à de puissants agents de destrüction. Si les intempéries peuvent anéantir 
un nombre considérable de jeunes individus lors des marées d’équinoxe, comme je 
m'en suis rendu compte le 12 mars 1914, par un soleil trop vif pour la saison, et le 
5 mars 1916 en herborisant sous la neige, néanmoins, l’extermination n’est pas totale 
et les marées moins amples de novembre à février seraient sans effet sur de jeunes 
Saccorhiza. Plusieurs minuscules Gastropodes, probablement les mêmes Rissoïdés 
qu’abritent les touffes d’Æalopteris scoparia (t), pullulent à Guéthary, rongent et 
détruisent les plantules de préférence à celles des autres algues brunes; toutefois, 
malgré l'importance de leurs dégâts, il est invraisemblable qu'aucune d'elles ne leur 
échappe à certaines époques de l'année. Cette cause inconnue est peut-être celle qui 
détruit les Himanthalia Lorea, Cystoseira concatenata, Sar gassum vulgare absents 
à Guéthary bien que les courants y apportent chaque année une quantité considérable 
d'œufs et d'embryons (2). : 
De germination facile et de croissance rapide, longtemps et abondamment fructi~ 
fère, le S. bulbosa devrait cependant, sous un climat tempéré, constamment posséder 
des représentants de tout âge. Il en est probablement ainsi sur la côte nord de 
l'Espagne; car, en 1896 (*), j'ai vu à San Vicente de la Barquera et à Gijon en sep- 
tembre, à Rivadeo en octobre et à La Corogne au début de novembre, un mélange 
d'individus à tous les états du développement. La flore algologique de cette région 
ressemblant plus à celle de Bretagne qu’à celle du golfe de Gascogne, j'ai recherché 
Comment le Saccorhiza se comporte à Roscoff (Finistère), où J'ai séjourné en avril et 


man or 


(t) C. SAUYAGEAU, Remarques sur les Sphacélariacées, Bordeaux, 1900-1914, 
p. 357. ct 

(>) C. Sauvagrau, Sur le Cystoseira granulata et la difficulté de naturalisation de 
Quelques autres A lgues dans le golfe de Gascogne (Comptes rendus de la Société 
de Biologie, t. 67, 1909). 

40 SAUVAGEAU, Vote préliminaire sur les Algues marines du golfe de 
Gascogne (Journal de Botanique, t. 11, 1897 )- 


| 54 
C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 16.) 


398 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


en septembre 1916; en outre, j'ai recu du Laboratoire de copieux envois en octobre 
et novembre 1915, janvier, février et juin 19r6 (1). 

Le S. bulbosa couvre à Roscoff une étendue infiniment plus grande qu’à Guéthary 
et devient énorme, car j'ai vu des stipes longs de "et épais de 1°", des lames de 3™ de 
rayon et un bulbe isolé de 5o%™ de plus grand diamètre ; les gvdseis prennent de 
vastes proportions et constituent le principal support de la fructification, bien que les 
bulbes se couvrent parfois de sores avant toute autre partie de la plante. Il n’est plus 
le seul représentant du groupe et les Laminaria saccharina; Jlexicaulis, Cloustonii 
y abondent aussi. 

A la fin de septembre, on a l'impression très nette que le S. bulbosa disparaît. Le 
stipe devient plus mou, les lanières de la lame sont courtes et largement tronquées, 
des stipes sont même décapités, les mèches d’Ectocarpées envahissent le tout; les 
dégâts causés dans les champs de Laminaires par les marins soudiers, qui fauchent le 
goémon de fond, gênent parfois l'observation, mais je lai vu dans le même état sur 
les rochers que les soudiers n’atteignent pas. Il est tellement épais dans toutes ses 
parties que l’#elcion l'endommage relativement peu et les stipes coupés transversale- 
ment sont rares; la partie dressée disparaît donc par usure naturelle. D'ailleurs, si le 
Saccorhiza souffre à Roscoff de la concurrence vitale qui s'exerce entre les Lami- 
naires pour l’occupation des rochers, il bénéficie d’une protection réciproque vis-à-vis 
de l’Aeicion, qui dissémine son action nuisible sur les autres espèces dont il est aussi 
friand. 

Cependant cette es saisonnière semble atteindre seulement les individus 
âgés; on trouve, en-effet, des individus jeunes et adultes de tout âge et en parfait état. 
Aux autres époques de l’année, la végétation du Saccorhisa est très variée; on ren- 
contre constamment des individus fructifères et des plantules. 


A Roscoff, comme à Guéthary, la plante acquiert sa taille maximum en 
5 à 6 mois et accomplit en moins d’un an le cycle complet de son évo- 
lution; toutefois, l'observateur qui m'aurait pas constaté la disparition 
automnale d’un crane nombre d'individus manquerait de points de repère 
pour en évaluer la durée et, si le Saccorhiza présente le même phénomène 
sur les autres côtes de la Manche, on conçoit que les auteurs n'aient pas 
reconnu plus tôt son annualité. 


(1) J'adresse mes remerciments à l’Académie, qui m’a facilité ces déplacements en 
m'attribuant une subvention sur le Fonds Bonaparte, et à M. Yves Delage, directeur 
du Laboratoire, pour son bienveillant accueil. 


SÉANCE DU 16 OCTOBRE 1916. 399 


CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la composiion pigmentaire de l'hépato-. 
chlorophylle. Note (') de MM. Cu. Dnéré et G. Vecezzi, présentée 
par M. A. Dastre. 


Nos recherches ont porté sur l’hépatochlorophylle de l’escargot (Helix 
pomatia). En admettant, avec Dastre et Floresco' (°) et avec Mac Munn (°), 
que cette chlorophylle est d'importation alimentaire, d'origine végétale, 
on est amené à se demander si le foie de l’escargot ne fixe pas tous les 
pigments que renferment les feuilles vertes, pigments dont l'ensemble 
constitue la « chlorophylle brute » et qui appartiennent à deux catégories : 
les chlorophyllines (x et 3) et les carotinoides (catotine et xanthophylle)(*). 
Ces deux catégories de matières colorantes présentent, comme on le saits 
des propriétés optiques bien différentes : en solution dans l’éther éthylique, 
par exemple, les chlorophyllines absorbent très fortement certaines radia- 
tions rouges et offrent une fluorescence rouge extrêmement intense; les 
carotinoïdés, au contraire, n'absorbent sélectivement que des radiations 
bleues et violettes et ne Sbété dent aucune fluorescence rouge. 


Préparation de la solution d'hépatochlorophylle.- — Les foies provenant de trois cents 
escargots, nourris de feuilles vertes, puis soumis à un jeùne absolu de 40 jours, furent 
broyés dans un mortier avec du sable et un peu de craie. La pulpe hépatique fut mise 
à digérer dans un mélange d’éther de pétrole et d'alcool éthylique, le tout étant fré- 
quemment agité. Par le repos, il se forma deux couches liquides : une couche alcoolo- 
âqueuse, brun foncé, et, au-dessus, une couche éthérée contenant les pigments chloro- 
phylliens, Cette droles couche fut recueillie à part et lavée avec de l’eau, dans un 
entonnoir à séparation, jusqu'à élimination complète de alcool, , 

Pour isoler les divers pigments contenus dans la liqueur, on la fit passer 
sur une colonne de craie (analyse chromatographique par adsorption de 
Tsvett). On observa alors la formation de quatre zones; à savoir, de hauten 
bas : I, une zone jaune; Il, une zone verdâtre; II, une zone grisätre (la plus 
hante); IV, une zone jaune. 


(*) Séance du 9 octobre 1916. 

(C) Comptes rendus, t. 128, 1899, p. 398-400. | 

(°) Proc. Roy. Soc. of London, t. 6%, 1899, p- 436-439; et Philos. Trans. Roy. 
Soc. of London, t. 193, 1900, p. 1-34. 

- (*) Nous adoptons, dans cette Note, la terminologie proposée par TsvetL. 


400 ACADÉMIE DES SCIENCES. 

Cette dernière zone disparut par entraînement quand, à la fin de l'opération, on 
lava la colonne avec de l’éther de pétrole, car il s’agit d’un pigment qui n’est pas sen- 
siblement adsorbé et qui se comporte, à ce point de vue, comme la carotine. 

Les zones lI et IH renfermaient les chlorophylles proprement dites; non pas d’ailleurs 
à l’état de chlorophyllines, mais à celui de chlorophyllanes (chlorophyllines modifiées 
par l’action des acides faibles) (+) 

Décrivons les caractères optiques de chacun de ces pigments, dissous (après puri- 
fication ) dans l’éther éthylique, en commençant par les chlorophyllanes. 


1° Hépatochlorophyllane x. — Ce pigment, de beaucoup le plus abondant, 
formait la zone III. La solution était d’un vert olivâtre; et, après dilution, 
elle montrait, à l'examen spectroscopique, même sous une épaisseur où 
elle semblait presque incolore, une bande bien nette située dans le rouge et 
ayant pour axe À 6664. En augmentant l'épaisseur, on parvint à voir 
sept bandes dont la situation et l'intensité relative correspondaient à celles 
des bandes de la chlorophyllane « pure (préparée à partir de chlorophylle 
des feuilles traitée par l’acide oxalique). 


2° Hépatochlorophyllane B. — Le pigment de la zone l fournit une 
liqueur d’un jaune verdâtre qui, placée dans un faisceau de rayons violets 
et ultraviolets, offrait, comme la solution d’hépatochlorophyllane x, une 
magnifique fluorescence rouge. Quant au spectre, il était bien différent : 
aucune absorption appréciable au voisinage de laxe de la bande principale 
de la chlorophyllane x; par contre, deux fortes bandes d'absorption, l’une 
(dans le rouge) ayant pour axe À 6544, l’autre (dans l’indigo) ayant pour 
axe À 434%. A côté de ces deux bandes, absolument caractéristiques, on 
voyait, sous une épaisseur suffisante, cinq autres bandes coïncidant avec 
celles de la chlorophyllane 6 préparée directement à partir des feuiites? 


3° Hépatoxanthophylle. — Si lon veut obtenir ce pigment à l’état opti- 
quement pur, il convient, après avoir traité la zone supérieure par | alcool 
éthylique, d’ajouter à la solution un volume égal d’alcool méthylique 
saturé de potasse. Les chlorophyllanes contenues dans la liqueur sont 
transformées en dérivés solubles dans l’eau, faciles à éliminer par lavage, 
tandis qu’on extrait par l’éther la xanthophylle inaltérée (procédé de 
Willstätter et Mieg). Notre hépatoxanthophylle, ainsi purifiée, était 
dépourvue de toute fluorescence et de tout pouvoir d’ absorption sélective 


aan 


(1) Cette altération des chlorophyllines est produite par la bile, normalement acide. 


SÉANCE DU 16 OCTOBRE 1916. 4or 


pour les rayons rouges et orangés; elle montrait, dans le bleu, deux bandes 
ayant respectivement pour axes À 47644 et À 4464. 


4° Hépatocarotine. — Ce pigment (zone IV), qui n’est pas adsorbé par 
la craie, fut obtenu d’emblée à l’état optiquement pur. Il ne possédait 
qu’une légère fluorescence verdâtre (') et offrait deux bandes d'absorption 
ayant respectivement pour axes À 4824 et 4524 (°). 


Conclusions. — Chez l'escargot, l’hépatochlorophylle (en désignant globa- 
lement par ce terme tous les pigments chlorophylliens qui se trouvent dans 
le foie) a, en somme, la même composition pigmentaire que la « chloro- 
phylle brute » des feuilles vertes; elle est constituée par un mélange de 
chlorophyllines æ et 8 modifiées (chlorophyllanes a et 8) et de carotinoïdes 
(carotine et xanthophylle). 

Nous avons pu isoler ces quatre pigments chlorophylliens à l’état de 
pureté optique. 

La constatation de la présence de la chlorophytllane $ nous semble parti- 
culièrement intéressante, car jusqu’à présent, on n'avait pas encore signalé 
l'existence chez les animaux de chlorophyllane 6 (ou de chlorophylline 8). 

En ce qui concerne l’origine de l’hépatochlorophylle, nos résultats 
conduisent évidemment à admettre qu'il s’agit là d’une chlorophylle intro- 
duite par la nourriture végétale; c'est-à-dire qu’ils corroborent entièrement 
la conclusion que, pour d’autres motifs, Dastre et Floresco, puis Mac Munn 
ont tirée de leurs recherches sur ce sujet. 


ÉNERGÉTIQUE PHYSIOLOGIQUE. — Éducation sensitive et appareils de prothese. 
Les résultats. Note de M. Jures Amar, présentée par M. Laveran. 


L'éducation de la sensibilité tactile doit accompagner, chez les amputés, 
la rééducation fonctionnelle des moignons, avant toute application des 


appareils de prothese. | : 
Ph monté que ce but est atteint rapidement si l’on fait usage de la 


(1) Cf. Cu. Duért, Détermination photographique des spectres de fluorescence des 
. A 
pigments chlorophylliens (Comptes rendus, t. 158, 1914, p. 64). : 
(2) Pour plus de détails, consulter G. Vegezzr, Thèse de doctorat ès sciences, Fri- 
bourg (Suisse), 1916. 


402 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


technique à la fois simple et rigoureuse, précédemment décrite (*). Voici, 
maintenant, quelques-uns des résultats obtenus : 


1° Sur la platine esthésiographique, la pointe d'ivoire est perçue très 
nettement, ellé est parfaitement localisée par l’amputé. La perception est 
délicate au voisinage de la cicatrice du moignon, comme à la surface laté- 
rale interne (côté ventral). Sur les lambeaux, au contraire, elle est obtuse, 
et nécessite un contact prolongé à une pression assez élevée. 

Au début de l'éducation sensitive, un moignon de bras ou d’avant-bras 
décèle la pomte quand elle émerge de 5% x 6™™ au moins, et en appuyant 
dessus avec une force de 400$ à 5008. 

Au terme de l’éducation, la pointe sera sensible à toute læ surface 
cutanée, l'émergence étant à peine de o™, 5, et la pression de 2% à 15°#. La 
durée du contact est de + de seconde environ. 

Ces valeurs expriment des moyennes obtenues à la suite d’un entraine- 
ment physiologique de 2 à 3 mois, et sur une e cinquantaine d’amputés, dont 
un aveugle mutilé des deux bras. 

Suivant le segment de membre considéré, les progrès sont plus ou moins 
rapides et lacuité sensitive plus ou moins grande. En particulier, les 
moignons des doigts 's’éduquent facilement : phalanges et phalangines 
acquièrent une sensibilité tactile égale aux deux tiers, parfois aux trois 
quarts de celle des phalangettes normales les plus sensibles. Il en est de 
même sur la paume de la main; la diminution étant bien accusée que 
dans la région de l’éminence thénar et sur le poignet. 

Toutefois les conditions sont pleinement satisfaisantes pour l'exercice 
régulier du membre. 

O peut estimer que l'éducation des moignons, même après un an d’inac- 
tivité, et si atrophiés soient-ils, leur donné assez de force et de sensibilité 
pour que le rendement des appareils de prothèse en bénéficie dans une très 
large mesure. Les doigts artificiels, par exemple, appliqués aux phalanges 
ou aux métacarpiens téatiièut tous les mouvements avec une rare précision. 

Nombreux déjà les mutilés qui-m’ont prouvé la véracité dé ces faits par 
l’exercice quotidien de leurs métiers : tels un ébéniste, un sculpteur, un 
typographe, un horloger, un tailleur, ete. 

2° Le bracelet à poids porté, comme on l’a déjà dit, directement par le 


(') Comptes rendus, t. 162, 1916, p. 843 et 888, et t. 163, 1916; p. 335. 


SÉANCE DU 1t OCTOBRE 1916. 403 


moignon, ou par l'organe artificiel, permet de développer la sensibilité à 
la pression, et d'y réadapter l’amputé. 

Tandis que, les premiers jours, une charge de 200$, placée dans le plateau 
puis ealevée, ne produit aucun effet sensible sur le bout d’un moignon 
d'avant-bras, on constate, 4o à 5o jours plus tard, qu'un poids de 55 est 
distinctement perçu, et qu’un poids de roë fait une impression « environ 
deux fois plus forte que la précédente ». 

Le patient indique, sans erreur, la position du bracelet et le point où la 
charge le fait agir, à tous les degrés de pronation et de supination du 
moignon. 

Il est aisé de vérifier que la Los psychophysique, encore obscure, qui régit 
les rapports de la sensation de pression avec la valeur en grammes de celle-ci, 
est autant satisfaite pour le moignon que pour le membre sain, que pour 
un membre artificiel parfaitement adapté à une sensibilité éduquée. 

L'éducation sensitive, venant compléter la rééducation fonctionnelle des 
moignons, il est clair que tous les amputés en profiteront, mais que ceux-là 
en seront spécialement favorisés qui auront de bons appareils de prothèse, 
et surtout l'intelligence des mouvements. 

Je terminerai en exposant le cas d’un aveugle (énucléation des deux yeux), 
amputé du bras gauche et de l'avant-bras droit (moïgnons de 12°" et 13°). 
F. S... est marchand de primeurs aux Halles; il est âgé de 41 ans, marié et 
père de deux enfants; sa dépression morale faisait peine à voir. 

Ayant accepté, non sans scepticisme, de se prêter à l'éducation de ses 
moignons, il ne fut pas long à reconnaître « qu’elle a réellement du bon, 
qu'on se sent davantage ». Tous les signes d'hypoesthésie, de dégénération, 

‘ainsi que le rejet latéral, apparents à l’origine, cessèrent bientôt. Le phéno- 
mène de Weir-Mitchell est, aujourd’hui, à ce point atténué que le patient 
perçoit sa main droite, mais guère sa main gauche, toutes deux absentes. 

L'illusion persistante de la main droite démontre que ce qui survit dans 
la matière nerveuse, c'est la trace de notre activité et de la prépondérance 
de cette activité dans l’ensemble de nos actes moteurs habituels. Vraisem- 
blablement, un gaucher conserverait l’hallucination de sa main gauche. 

Quoi qu'il en soit de cette explication, l’aveugle est parvenu à développer 
sa sensibilité cutanée d’une manière très frappante. En effet, je place devant 
lui, sur une table, deux oranges, l’une à peau épaisse et -Ssi l'autre à 
peau fine et lisse. « La première, déclare le patient, après y avoir promené 
son moignon d’avant-bras, est allongée en forme de citron. Ce n’est pas 


4o04 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


une pomme de terre, car elle serait lourde et dure, et je la sens molle, avec 
de fines aspérités. C’est une orange. » Puis, approchant son nez du fruit, il 
ajoute : « C’est certainement une sanguine. Je reconnais ma marchandise. » 

La deuxième orange lui semble, «au premier abord, une pomme de terre». 
Il la presse sur la table, la fait rouler dans l’angle du coude, la sent, la 
compare à la précédente. «C’est encore une orange, dit-il, et à peau 
délicate; sa qualité est très bonne. . . J'en ai tant vendu!» 

F. S... vend de nouveau cette même marchandise; il a rouvert sa bou- 
tique où il est aidé de son enfant. Muni de deux excellents bras artificiels, 
il vaque à ses occupations professionnelles, l'esprit moins sombre qu’au- 
paravant. Il fume la cigarette et plaisante quelquefois. 

Je voudrais que l’exemple de cet infortuné nous conseillât une action 
plus méthodique, plus scientifique dans la rééducation des mutilés, dans 
l'invention et l'application des appareils de prothèse, afin de ménager le 
temps, l’argent et le moral. 


Conclusion. — La valeur fonctionnelle d’un moignon dépend de sa puis- 
sance musculaire et de sa sensibilité. La valeur pratique d’un appareil de 
prothèse est tout entière dans l’utilisation de cette force des muscles 
dirigée, rectifiée par l’acuité sensitive. Il résulte de là que l’éducation des 
moignons et leur réadaptation au mouvement constituent la base ration- 
nelle de la prothèse et du travail des mutilés. 


À 15 heures trois quarts l’Académie se forme en Comité secret. 


La séance est levée à 16 heures. 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 23 OCTOBRE 1916. 


PRÉSIDENCE DE M. Camie JORDAN. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. 


M. C. Jorpax donne lecture d’une Notice nécrologique sur M. Mauras : 


Un nouveau deuil vient de frapper l’Académie; un télégramme l’avise 
de la mort de M. Émue-Françors Mauras, Conservateur de la Biblio- 
thèque d’Alger, qu'elle s'était associé comme Correspondant depuis 1901 
dans la Section d'Anatomie et Zoologie. 

Né en 1842, ancien élève de l’École des Chartes, ses fonctions ne sem- 
blaient guère le prédisposer aux beaux travaux qui lont signalé à notre 
choix. Bien qu'il les ait exécutés sur des animalcules, il n’en a pas moins 
obtenu des résultats surprenants qui ont jeté un jour nouveau sur les pro- 
blèmes fondamentaux de la Biologie. 

Au lieu de se fier au hasard des découvertes, il a soumis les petits êtres 
qu'il étudiait à une expérimentation rigoureuse, cultivant leurs colonies 
isolées, à l'abri des microbes ambiants, à RRPETAAE fixe, avec une ali- 
mentation bien définie. 

On savait depuis longtemps que les Infusoires se multiplient par simple 
division de leur corps; on observait toutefois fréquemment entre eux des 
Conjugaisons dont les conditions de production et les effets étaient 
inconnus. 

M. Maupas a montré que chaque espèce d’ Infusoires ne se reproduit par 
scissiparité qu’un nombre limité de fois. Lorsqu'on approche de ce nombre, 
on observe des signes évidents de dégénérescence, et dès qu'il est atteint 
la colonie meurt. Mais si, avant la dégénérescence, on introduit dans la 
culture des individus d'une autre origine, de nombreuses conjugaisons se 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 17.) 53 


4o06 i ACADÉMIE DES SCIENCES. 


produisent bientôt, alors qu’on n’en observait aucune entre les individus 
issus d’une même souche. 

Les noyaux des deux Infusoires qui s'associent se disloquent au moment 
de leur conjugaison. Ils sont remplacés par un noyau neuf formé par les 
nucléoles des deux individus accouplés; et l'être ainsi rajeuni peut par- 
courir à nouveau tout le cycle des générations successives par division. 

Avec les Rotifères, M. Maupas a abordé le problème de la sexualité. Ces 
petits êtres, d’abord asexués, se reproduisent par des éléments dénommés 
œufs d'été qui se renouvellent sans fécondation préalable tant que la tem- 
pérature ne dépasse pas 18°. Mais cette limite franchie ils deviennent 
femelles, et les nouveaux œufs qu'ils produisent, plus petits que les œufs 
d’été, fournissent par leur développement des mâles. De l'union des mâles 

et dei femelles résulte un œuf dont l'embryon s’enkyste et devient suscep- 
tible de franchir la mauvaise saison. 

Chez les Naïs, M. Maupas a réussi à empêcher l’apparition des organes 
sexuels en les plaçant dans des conditions constantes de température et 
d'alimentation de manière à favoriser leur reproduction par division. 

Ces résultats singuliers, dont l'importance ne saurait être méconnue, 
assurent à M. Maupas une place durable dans l'Histoire des Sciences. 


MINÉRALOGIE, — Les verres volcaniques du massif du Cantal. 
Note de M. A. Lacnoix, 


Le massif volcanique du Cantal renferme plusieurs gisements de roches 
essentiellement ou exclusivement constituées par un verre; elles ont peu 
d'importance géologique, car leur masse n’est pas considérable, mais elles 
présentent un intérêt minéralogique. Pen ai entrepris l'étude pour établir 
leur composition et aussi pour rechercher si leur état vitreux tient à une 
composition chimique spéciale ou n’est pas plutôt la conséquence de condi- 
tions particulières de refroidissement. 

J'ai été conduit ainsi à constater qu'il existe deux groupes parmi ces 
laves; les plus nombreuses et les plus variées rentrent dans la catégorie des 
rodes à excès de silice, mais cette silice libre n’est pas exprimée minéra- 
logiquement. Un autre type est cônstitué par un verre très basique. 


Pechsteins rhyolitiques. — Ces roches ont été signalées par les naturalistes 


SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1916. 407 


du début du siècle dernier (') qui ne les distinguèrent pas tout d’abord des 
opales résinites abondantes dans le Massif; ce sont elles qui ont été quelque- 
fois désignées sous le nom de cantalite (?). Elles forment des filons très 
minces dans la brèche andésitique du revers occidental du Lioran, dans le 
haut de la vallée de la Cère, sur les flancs du Plomb du Cantal (chemin des 
Gardes à Donnadiou et à Verrière, près de la sortie du tunnel du Lioran), 
ainsi qu'au pied du Puy Griou, près des Chazes (filon ramifié). J'en ai aussi 
rencontré un petit filonnet (10%™ d'épaisseur) dans la haute vallée de la 
Jordanne, près du village de Raymond (sur le sentier de Chavaroche). 

Ces pechsteins sont verts, tantôt assez homogènes, fragiles, dépourvus : 
de cristallisations macroscopiques; ils se débitent souvent en fragments glo- 
buleux grâce à des cassures perlitiques; d’autres sont porphyriques et 
possèdent un éclat gras remarquablement vif (Verrière). Sauf les cristaux 
porphyriques de sanidine, cette variété possède la même structure intime 
que la précédente, Au microscope, on ne voit guère, dans un verre inco- 
lore, parcouru par des cassures perlitiques, que quelques crislallites 
pyroxéniques. A Raymond, certaines portions de la roche prennent un 
aspect pierreux par suite du développement d’éponges de quartz pæcili- 
tique. i 

Les analyses ci-contre (M. Pisani et dosage du chlore par M. Raoult) 
a du pechstein porphyrique de Verrières (ou Veyrières) [1.4.1.(3)4], 


(*) Voir notamment Lacoste, de Plaisance (Lettres minéralogiques et géologiques 
sur les volcans d’A uvergne, 1805, p. 205 et 262). — Faujas de Saint-Fond (Mém. 
Mus. hist, nat. Paris, t. 2, 1815, p. 371). Des analyses très inexactes de ces roches 
ont été faites par Bergmann (in Arx. BRoNGnIaRT, Traité élémentaire de Minéra- 
logie, 1. 1, 1807, p. 342) et par Berthier (in Brupaxr, Traité de Minéralogie, t. 12, 
1832, p. 143). j ; 

(?) Le terme de cantalite semble avoir été employé pour la première fois par von 
Leonhard (Handbuch der Oryktognosie, 1821, p. 122), pour désigner une variété de 
silex résinite du Cantal, analysée par A. Laugier [ Ann. Mus. Hist. nat., t. 5, an XHI 
(1804), p. 229]. « Ce silex accompagne le pechstein, dit Laugier, qui ne lui donne 
que le nom de pierre silico-ferrugineuse. » À | 

Le nom de cantalite réapparaît avec un autre sens plus compréhensif dans la 
Table des matières du Traité de Minéralogie de Dufrénoy, 1845, avec la mention : 
« cantalite, synonyme de quartz et de pechstein »; dans sa deuxième Sditioi (1859, 
L#,p. 44), Dufrénoy n’emploie plus ce terme que pour désigner une variété de pech- 
stein; ce même sens est donné dans le Manuel de Minéralogie de Des Cloizeaux 
(1862, t. 1, p. 346) et dans la Description des roches de d'Orbigny (Cordier), 1868, 
p- 236. 


# 


408 ACADÉMIE DES SCIENCES. 

b de celui de Raymond [1.(3)4.1’.4], sont suivies de l'analyse d d'un 
pechstein porphyrique noir de Lusclade au Mont-Dore (in von Lasavrx, 
N. Jahrb. f. Min., 1872, p. 349), qui a la même composition : en génėral, 
les rhyolites vitreuses ou sphérolitiques constituant au Mont-Dore des - 
coulées et des ponces de projection sont un peu plus siliceusės. 


Si, APO*. Peto? PeO. M0: C30::Na0. KO.. TiO. , PIOS cl. H10: 
SH 69,95 12,10 0,36 0,81 0,80 0,45 4,80 4,15 0,06 tr. 0,72 :6,50 
ae 69:00 13,217 0,99 DIT 0,129 0,94 4,79 9,99, 0,33 ‘tr: "000 7,09 
és de Cdi TEST E TE, US #7 Th 6,21 4,07 3,35 n.d: n.d.'n:41° 8,26 


Dans l’étude des verres volcaniques, l 
densité fournit une donnée intéressante : 


indice de réfraction joint à la 


les valeurs suivantes ont été 


mesurées sur a et b; densité 2, 31 et 2, 33; n (Na) = 1,4972 et 1,4981. 


Pechsteins dellénitiques. — Le ravin de Vassivières, au-dessus du Lioran, 
sur le versant de Murat, renferme en abondance de petits filons de quelques 
décimètres d'épaisseur d’un pechstein dont je dois la connaissance à 
M. Pagès-Allary. Ils traversent la brèche andésitique et les coulées inter- 
calées au milieu d'elle. Il s’agit là d’une roche noire, vitreuse, à cassure 
tantôt brillante et tantôt mate, possédant un délit prismatique, avec dispo- 
sition des prismes normale aux épontes des filons. Fréquemment, le 
cenire de ceux-ci possède un aspect très différent; il est alors constitué par 
une roche poreuse d’un gris de souris. L'examen microscopique montre 
que, malgré ces différences extérieures, la composition minéralogique et la 
structure de ces roches sont identiques; elles renferment notamment les 
mêmes petits phénocristaux de plagioclase, Elles ne diffèrent que parce que 
dans l’une le verre est continu et dans l’autre très bulleux (*). Les phéno- 
cristaux sont à rapporter à l’andésine; ils sont accompagnés d’un peu de 
biolite, avec, çà et là, quelques cristaux d’augite et de hornblende et enfin 
de très fins microlites feldspathiques filiformes, à extinction longitudinale, 
associés à de nombreuses et fort petites lamelles de biotite. 

L'analyse a a été faite sur le bord vitreux (M. Raoult) [I .4.2.3]; je donne 
en ġ [I'.4(5).2.39] comme comparaison celle d'un type assez fréquent au 
Mont-Dore (sous forme de blocs) et constitué par un verre noir fragile, à 
cassure irrégulière, riche en phénocristaux de sanidine et d’andésine, 
accompagnés d’apatite, de sphène et de biotite; ces minéraux sont dissé- 


(1) Une variante est formée par des filons dans lesquels le centre est dépourvu dè 
bulles, mais possède un état mat : la fluidalité du verre est des plus nettes. 


à 


SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1916. 409 


minés dans un verre brun, à structure fluidale étirée et à cassure perlitique, 
pauvre en cristallites. Le calcul de la composition virtuelle de la roche du 
Lioran donne : quartz, 18 pour 100; orthose, 34; albite, 28; anorthite, 8, 
soit un plagioclase à 22 pour 100 d’anorthite. On voit que l’orthose et le 
plagioclase existent en quantité presque égale; cette roche a donc la com- 
position chimique d’une monzonite quartzifère; elle peut être considérée 
comme un type caractéristique de dellénite. La roche du Mont-Dore ne 
renferme que 13 pour 100 de silice libre, 31 d’orthose et 46 de plagioclase 
à 21 pour 100 d'anorthite : le rapport des deux feldspaths est de 0,67; c'est 
encore une dellénite, mais à la limite des latites. La densité du verre de 
Lioran est de 2,51; n = 1,5148. 


Perlite dacitique. — Cette roche constitue aussi un filon dans la brèche 
andésitique du Plomb du Cantal, près du buron de Rambertère; sa compo- 
sition minéralogique a été décrite par Fouqué (') (1, apatite, titanomagné- 
tite, hornblende, augite, biotite, plagioclases zonés avec Ab* An? comme 
moyenne; II, verre brunâtre en lames minces avec quelques cristallites 
ferrugineux et cassures perlitiques). L'analyse a (M. Raoult) [[(11).4.3.3 
est accompagnée de celle b [IL.5.3.4] d’une andésite à augite et hypersthène 
d’une coulée voisine du Griou. Le calcul de la composition virtuelle de a 
donne : quartz, 15 pour 100; orthose, 20; albite, 24; anorthite, 19, c’est- 
à-dire plagioclase à 44 pour 100 d’anorthite. Le rapport de l’orthose au - 
plagioclase est de 0,46; la roche est donc une dacite typique. Quant à celle 
que j'ai prise comme comparaison, son plagioclase virtuel est à 4o pour 100 
d’anorthite; c’est un type un peu plus calcique et ferro-magnésien, une 
véritable andésite, avec cependant encore 6 pour 100 de silice libre. 

H0 

SiOn © ARO, Feos, Fe0. MgO. CaO. NaO. K'O. TiO POs. Ci. 4105. aurouge. 
97,26 15,42 3,42 2,80 92,21 5,50 3,28 3,37 2,40 0,31 0,50 0,61 2,98 
93,85 16,21 4,11 4,70 3,35 9,81 3,75 2,22 2,60 0,64 » 1,25 


En résumé, les roches qui viennent d'être décrites sont toutes filoniennes; 
le pechstein rhyolitique représente le terme extrême de différentiation du 
magma du Cantal; il n’y est connu jusqu'ici que sous cette forme filonienne. 
Il faut remarquer que les roches qui s'en rapprochent le plus, au point de 


(1) Bull, Soc. franç. Minér., t. A7, 1894, p- 519. Mon regretté maître a donné 
l'analyse du verre et du feldspath, et non celle de la roche en bloc, telle qu’elle est 


< E _* 


fournie ci-dessus; la localité a été désignée sous le nom de Ramburtet. 


410 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


vue de la composition, sont les trachytes miocènes des premières éruptions 
du volcan, mais elles s’en distinguent nettement par l’âge, puisque ce 
pechstéin traverse la brèche andésitique pliocène qui recouvre ces trachytes. 
Les deux autres types sont comparables au groupe de roches constituant 
la plus grande partie du Massif du Cantal; c’est à Fouqué qu'est due la notion 
de leur nature andésitique; l'étude chimique permet aujourd’hui d'aller 
plus loin et de faire voir leur complexité; elles correspondent les unes à de 
véritables andésites ou à des dacites (et de nature variée), les autres à des 
dellénites, je donnérai ultérieurement des précisions à cet égard (*). 

‘étude des roches du torrent de Vassivières permet de prouver que 
leur texture vitreuse n’est due qu'aux conditions de leur consolidation, à 
un refroidissement brusque affectant complètement ou localement (sur les 
bords) des veinules de petite masse. A cet égard, ces filons m'ont rappelé 
ceux que j'ai observés à la Réunion, dans le Massif du Piton des Neiges. Les 
hautes falaises du ravin de Cilaos, entaillées dans un complexe d’agglomé- 
rats, de coulées et de sills basaltiques, sont traversées par un réseau de petits ` 
filons basaltiques; dès que ceux-ci n’ont que quelques décimètres et surtout 
lorsqu'ils ont moins d'épaisseur, leurs bords deviennent vitreux et lorsqu’on 
les suit jusqu’à leur terminaison, on les voit diminuer progressivement 
d'épaisseur pour se terminer par des prolongements capillaires. La zone 
vitreuse latérale augmente alors rapidement et finit par constituer entière- 
ment toute la roche. 


Il me reste à considérer le verre très basique. Il forme au sud de 
Loubarcet (13 au sud de Massiac et 3l" à l’ouest de la Chapelle Lau- . 
rent) des accumulations de gros blocs (°?) qui correspondent probable- 
ment à une coulée démantelée. 

De nombreuses variétés de texture sont à considérer dans ce verre noir; 
les unes ont un faciès obsidiennique, à cassure conchoïde; dans d’autres, la 
cassure est irrégulière par suite de l'existence de petits pores à gaz et l'on 
passe ainsi à des types nettement bulleux. Aux affleurements, ces roches 
sont superficiellement _hydratées et oxydées, friables; leur couleur jaune 


RT ) M. Lagorio a donné (Tschermak’s min. u. petr. Mitteil., t. 8, 1887, p. 479) 
r analyse partielle d’un pechstein noir, indiqué comme provenant du Cantal, sans plus de 
précision, qui est plus riche en alumine et en alcalis que les roches dont ïl est ques- 
tion ici. 

(*) M. Pagès-Allary a bien voulu recueillir pour moi une série nombreuse d’ échan- 
tillons de cette roche, qui se rencontre aussi en petits fragments dans les produits des 
projections de Védrines, près Molompize, 


SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1916. 411 


brunâtre et les autres propriétés sont celles de la palagonite. Au micros- 
cope, le verre apparaît hétérogène, brun à violacé; des cassures, irrégulières 
plutôt que perlitiques, le parcourent; sa fluidalité est jalonnée par quelques 
cristallites ferrugineux. Des phénocristaux d’olivine à formes nettes de 
dimensions variées sont accompagnés de quelques rares microlites d’augite. 
Aucune différence de structure n'existe entre les divers types observés. 
Dans le même gisement, quelques échantillons pierreux ont été recueillis; 
ils sont constitués par un basalte, à très fins microlites d’augite et de labra- 
dor, qui a la même composition chimique : j'ai obtenu un type pétrogra- 
phique identique en chauffant l’obsidienne jusqu'à transformation en une 
masse bulleuse et en la soumettant alors à un recuit de quelques heures. 
L'analyse suivante (M. Raoult): a, [HT .6.3.4] donne la composition de 
cette roche ; b est celle de l’essextite [LII.6’.3.4] filonienne que j'ai signalée, 
il y a quelques années, en dykes dans la brèche andésitique de la Font-aux- 
Vaches, près du Puy Griou : la densité de a est de 2,90; n = 1,6150. 
p aa 
SiO = APOS Feos Fe0. MgO. COn NKO. 0. TO. POS CI. h HS au rouge: 
ASSA 13,16 o,91 0,30 11,28 11,98 3,06 1,36 4,20 0,16 0,30 o,21 0,38 
46,31 14,90 1,77 8,98 8,15 9.51 4,06 1,62 3,60 ‘0,32 »°1104,38 » 
La faible perte au feu contraste avec la richesse en eau des pechsteins 
précédents; il s’agit là d’une obsidienne de basalte essexitique, renfer- 
mant 12 pour 100 de néphéline virtuelle : l’essexite de la Font-aux-Vaches 
appartient au même groupe; elle est seulement un peu plus riche en éléments 
blancs, tous exprimés; la roche de Loubarcet est l’une des plus basiques, sinon 
la plus basique des laves du Cantal. La rareté des obsidiennes basaltiques, se 
Présentant autrement que sous forme d’une croûte mince de quelques 
centimètres à la surface d’une coulée, lui donne un intérêt tout spécial. 
En terminant, je ferai remarquer la constance dans toutes ces laves 
vitreuses, quelle que soit leur composition, d’une quan tité notable de chlore; 
elle est facilement explicable puisque de tous les magmas volcaniques en 
voie d’épanchement se dégagent des chlorures alcalins; cette consta- 
lation est à rapprocher des observations de M. Brun qui ont montré (*) 
l'existence de composés chlorés parmi les gaz extraits des roches volca- 
niques les plus diverses. 


(') Recherches sur l'exhalaison volcanique, 1911. Dans cet Ouvrage sont étudiés 
(p. 36) les gaz extraits d’une « obsidienne du Plomb du Cantal », qui est certaine- 
ment l’un des pechsteins dont il est question plus haut. Ces gaz consistent en Cl, HCI, 
IS, SO?, CO?, CO, H, Az avec un peu de salmiac et des traces d'hydrocarbures. 


412 ACADÉMIE DES SCIENCES, 


THÉORIE DES NOMBRES. — Sur quelques fonctions numériques remarquables. 


Note de M. G. Humserr. 


1. Définitions. — Dans deux Notes publiées aux Comptes rendus, t. 158, 
1914, p. 220 et 293), j'ai étudié certaines fonctions entières, dont les pro- 
priétés intéressent l’Arithmétique : elles sont au nombre de douze, si l’on 
joint à celles que j'ai introduites leurs transformées par les changements 
de gen — q ou de x en x + - r. Pour compléter ce qu’on pourrait appeler 


le premier degré, il me reste à définir quatre nouvelles fonctions. 


Nous poserons 


ane" i 


Lgm (— 1)" sin2mx, 


s(a) Dor IF = (— 1)” sina mz, 


fonctions évidemment entières. 


c, els, seront respectivement o (2+ z) ets (x + =). Entre sets, on a 


le lien établi par l'équation 


(1) s(z)=o (x4 =) +i[i—@(x)] (IST 


avec les notations de mes Notes antérieures; di plüss 6, ets, sé st 


aux fonctions définies dans ces Notes par 
YH +a =O, 10: + 519 — 0. 
Indiquons également les relations 


a(r + nt) =c(x) — ag. ter H(æ) — 2i, 
s(æ+nt)=s(x) +ili— g e #z]@(x) — 2i. 


2. Formules fondamentales pour s. — La liaison de s(æ) avec les formes 
quadratiques résulte surtout des deux développements suivants : 


à s'{æ) — g'(o) z i ; pa Me — m 
(2) gr es =—4 X (—1)"g" (— Tr)" cos cmd 
n=1 


4n 


(3) Die) — Cr 3e (him, ny in LES 


— ani 


c T. 


SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1916. 413 
Dans ces formules, les sommes X portent sur les classes de formes qua- 


In 
dratiques binaires et positives, de l’ordre propre, et de discriminant 4r; 
on désigne respectivement par m,, M,, m (avec m,=m,), les deux minima 
impairs et le minimum pair d’une de ces classes. 
De (2) on déduit, en chassant @(x) et égalant les coefficients de g dans 
les deux membres, N représentant un entier positif donné arbitrairement, 


(4) > (— 1)" cos p -= DE =- 2d'cos2d'x + (— PT 20(— 1). 


4LN— 4k 


La première somme s’étend aux classes positives (ordre propre) des dis- 
criminants 4N — 44°, où k prend les valeurs o, +1, +2, ..., AN — 4%’ res- 
tant positif. Au second membre, X porte sur les décompositions en 
facteurs N — d'd, où d', d' sont entiers positifs, de méme parité, et d'£d'; 
la somme ¥” te sur B décompositions N = àè,, où è et 0, fiers 
positifs, sont de parités contraires et <3,. Ajoutons que, dans X’, si d —d,, 
le terme correspondant doit être divisé par 2. 

On déduit de (4), en désignant par o(u) une fonction paire quelconque, 
finie pour toute valeur entière de u, et telle que ọ(0) = 0, la relation plus 
simple 


(5) > ea (= +34) = 2 ed gea) 


4N— kt 


qui, si l’on y Joint celle obtenue en faisant æ = o dans (4), est équivalente 
à (4 


De même (3) donne la formule suivante, où f désigne une fonction im- 
Paire quelconque, 


(6) D Le (m+ mm) JS +ak)=—Y da, 
bN— 4k? 


£ et XY étant définies en tout comme ci-dessus. 


3. Conséquences arithmétiques. — On en obtiendra de nombreuses, en 
variant la forme des fonctions ọ et f dans (5) et (6). 
D'abord, en faisant + = o dans (4), on trouve la relation 


his 4 " < 
(7) E o O aô— 1), 
4N—4 k? 
C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 17.) 


414 ACADÉMIE DES SCIENCES. 

qui est de même nature que les formules classiques de Kronecker, sur les 
nombres de classes, mais en diffère en ce qu’une classe est comptée positi- 
vement ou négalivement selon que son minimum pair, m, est ou non 
multiple de 8. 

Il convient d'observer que, dans les formules précédentes et dans les 
suivantes, les sommes £’ sont nulles, par leur définition même, quand 
N= 2 mod4; de même les sommes X”, quand N est impair, 

Si nous remplaçons, dans (5), o(x) par æ*, nous trouverons, après 
quelques transformations faciles et en utilisant (7), 


À (—1)"| m?— 2 M( M, + Ma) + 2(M,— m)? | 
N— 4k? 
1 f n 

SIP K —d')— 32(—1) Ñ, (ia. 
Si, dans (3), nous faisons e = x, nous aurons de suite 

fsi | { 

as (— 1) | m3 — mi — m(m,— M) | = — 16 H3 
4N— 4k? ti 


formule analogue à la précédente. 
Dans cette dernière, en passant des classes (ordre propre) de discrimi- 


nants 4N — 44? à celles de discriminants N — $’, où k = 0, +1, +2,..., 
et N — Æ `> o, on obtient 
(8) Dom m(m+ m) — (mm) = AA ni 

N— 4 


J'ai déjà indiqué cette formule (Comptes rendus, t. 450, 1910, p.436); ici 
elle apparaît comme cas particulier de la relation bien plus générale (6). 


4. L'équation (2) peut prendre, par l'introduction des classes de discri- 
minant z (au lieu de 4n), la forme suivante, où ne figure plus aucune puis- 
sance de (— 1), 


e(2)Y gr Y [(m— m) sin(m + m;— m,)2 + (m,—m)sin(m + m— m )s] 


er e DEL sin 2 dz; 


Nt 


elle donnerait lieu à une relation analogue à (6). Si nous y faisons 


SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1916. 415 


I : r , | 
v= 77, et si nous égalons les coefficients de g“ dans les deux membres, 


nous obtenons une identité lorsque N est pair; pour N—2M +1, en 
examinant successivement les cas de M pair et de M impair, nous trouvons 
deux formules, qu'on peut résumer en celle-ci : 


EG) Em 


2M+1—4k ` 


A T . . . I . Li, 
v désigne = (m, — m,) si M est impair, et CR, +m,) — m si M est pair; 


la somme X porte sur les décompositions 2M + 1 = d'd!, avec d' Sdi et, 


sid = d', on divisera par 2 le terme cognomen de X. Enfin ( CN < =) 
M—1 

est lesymbole ordinaire de Jacobi, égal à(— 1ÿ ou à es 1) 7, selon que 

M est pair ou impair. 

Nous ‘avons déjà trouvé cette formule, mais seulement dans le cas de 
M impair, et isolément (Comptes rendus, t. 150, 1910, p. 434). 

Dans toutes ces relations, si l’on rencontre une classe telle que (a, o, a), 
on divisera par 2 l'énsémblé des termes qui en proviennent. 

On aurait, avec s(x), deux formules fondamentales, analogues à (2) 
et (3), que, pour abréger, nous ne transcrirons pas ici, et qui donneraient 
également des conséquences arithmétiques nouvelles; nous préférons 
indiquer comment s(æ) se rattache à une théorie classique. 


. Liaison avec les recherches de M. Appell. — On sait que M. Appell, pour 
la ee en éléments simples des fonctions elliptiques de troisième 
espèce, a eu l'idée féconde d'introduire, non pas seulement une fonction 
d’une variable, telle que l'élément simple, RER — a), d'Hermite, mais une 
véritable faskon de deux variables; nous n’aurons à considérer ici que sa 
fonction d'ordre un, y,(a, z=), et, pour rester d’accord avec nos notations, 
nous ferons, dans les formules de M. Appell (Annales de l'Ecole Normale, 
3° série, t. 1, 1884), 2K =z; 21K'=— #7. Partons alors de la relation sui- 
vante, due à éminent géomètre (!) : 

H, (a) 


(9) RIT 


; ; H’ T H $ l 
asy a 2) H (=— z) sms nt — a) + W(a), 


(') Voir aussi Harpnes, Fonctions elliptiques, t. 1, p. 481, où la relation (9) est 
présentée sous une forme équivalente. 


416 ACADÉMIE DES SCIENCES, 


la fonction entière W(a) ayant pour expression (Jbid.) 


rai È rt hs Lsinan (a ©). 


On en déduit 
was Z)=i—s(a), 
Y 2 2 
et, par la formule (1) ci-dessus, 
ei 
(10) v(a+Ẹ)=— oa) taaie), 
d’où la liaison entre c(a) et la fonction entière rencontrée par M. Appell. 


Cela posé, remplaçons, dans (9), a et z par a + i, z+ LT et tenons 


compte de (10); nous trouvons 


(11) me | (a+ »3+— =) (og ee | = rte) = a: 


Désignons par £(a, z) la fonction entre crochets au premier membre : 


H(a), 
H(:)° 


(12) 


(a,5)= E(3)— a) — ela); 


celte fonction mt des propriétés analogues à celles de y,; en particu- 
lier, elle peut remplacer y, comme élément simple, car elle devient infinie, 
et de la même manière que J1, pour z= a; elle a, sur y,, en vertu même 
de (12), l'avantage d’être impaire par rapport à l’ensemble a, z, c'est-à-dire 
que Ë(—a, — 3) = — (a, 3). 

Son développement est 


éla gje — 91 dés CE es antn e?nis 
ab e2fta—3) __ g nE , 


n =— o 


ct l’on a les formules 
(13) É(a;stmr)=—qg'et#E(a,s), 
| É(aæ+rr, 2) = 9 etia Ê(a,=)—2q"eitH(a). 
6. On peut aussi rattacher directement à £, donc à l’élément simple de 
M. A ppell, les fonctions numériques entières (4,, $, €, ...) de nos deux 
Notes de 1914 (‘); on a, par exemple, 


(a) Fe. T TT 
iHd = Tr qe or -F), 


2 


(') Comptes rendus, t. 143, 1914, p. 220 et 293, 


SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1916. 417 


où Ü—@(0), et une relation analogue a lieu pour Y(a). Dès lors, la 
méthode de décomposition de M. pi conduit de suite à la formule 
n° =i s -g 
; 56, = 
obtenue autrement dans ma première Note ('), et qui m'a donné des consé- 
quences arithmétiques. 

L'élément £ mène à d'autres fonctions numériques intéressantes. 
Observons en effet que (a, 2) H (a — z) est une fonction entière, V(a, 3), 
de a et de z; on voit, par (13), que, considérée comme fonction de z, c’est 
un thêta d'ordre deux, et l’on en déduit l'expression 


(14) V(a, z) = o(a)@,(25 — a, q7) + ga) Hi(23 — a, q°), 


9,(a) et 9, (a) étant des fonctions entières de a, pour lesquelles on trouve 
les développements arithmétiques : 


ọı (4) = 25 jrn que NE ODE 


8n+1 
1 g kisi 
ji nea Da : S (—1) ? cosBa. 
tai S8n—1 


Les sommes S’ et S” portent respectivement sur les représentations 


8n+ti—=a— 26, 
avec q, B entiers, 
Bo x >2|6|. 
e eor 


Sans développer ici les conséquences arithmétiques de (14), nous indi- 


querons un autre lien entre ©,, ®, et nos fonctions pe mc) on a, en 
effet, avec nos notations habituelles (loc. cit.), 


(as T) +50 (a+ 7) =o, 
Ti; 5 


PLANS GT an, p iE TE g) 


3 


aana 


(1) Je signale ici quelques fautes d'impression au Tome 158 des Comptes rendus : 


Au lieu de : Lire : 
Page 223, équation (12)....... {2h +3) f(2k+1) 
Page 224, équation (13)....... f(x) f(x) 


Page 224, équation (15)....... fx) fia) 
Page 293, ligne 10 du n°1,..,, 6?H,(»)@(y) 0H (y) 8(y); 8N) 


418 ACADÉMIE DES SCIENCES, 


d'où de nouvelles identités arithmétiques. Par exemple, F désignant une 
fonction paire d'une variable, et N un entier positif donné, non carré, on a 


ai 
S (=) T F(p +k) =o, 
X s'étendant aux représentations 
8N +1= 2k + anap? 


avec œ, B, k entiers, 
; k et 620 et a 2|6|. 


Ajoutons enfin que, si l’on regarde V(a, z) comme fonction des deux 
variables indépendantes u = a — z et v = z, elle est symétrique par rapport 
à u et v, ce qui justifie encore l'introduction de l'élément £(a, 2). 


Le Prince Boxaparre fait hommage à l’Académie du deuxième fascicule 
de ses Notes ptéridologiques qu’il vient de publier. Dans ce travail on trouve 
les résultats de l’examen que l’auteur a fait d'environ 1880 spécimens de 
Ptéridophytes qu’il a eu à étudier et qui proviennent surtout d'Afrique. Il 
donne les déterminations de 684 espèces et de 156 variétés dont beaucoup 
sont différentes. Deux espèces et treize variétés sont nouvelles. 

En présentant ces Notes l’auteur fait remarquer la difficulté qu'il y a à 
séparer entre elles beaucoup d’espèces dont les limites sont souvent bien 
mal définies et floues. Il attache une grande importance aux petits carac- 

-tères dits caractères jordaniens à cause de leur grande fixité dans la nature. 


ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les zéros de (s) de Riemann. 
` Note de M. C. pe na VaiLée Poussins. 


1. M. G.-H. Hardy a découvert (') que {(s), où s = c + čt, a une infinité 
de racines sur la droite c = =: Je vais prouver que le nombre de ces racines 


pour lesquelles |t| est < T infiniment grand n'est pas d'ordre inférieur à VE. 
Je ne considère ici que les racines d'ordre impair et je ne les compte qu'une 
fois si elles sont multiples (°). 


(*) Comptes rendus, t. 158, 1914, p. 1012. 
(*) M. Landau a abordé le même sujet et étendu le théorèmé de M. Hardy aux 
fonctions liées à la progression arithmétique (Math. Ann., B. T6, 1915). 


SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1916. 419 


: Je pose, en sorte que (4) est une fonction paire, 


p=- li, pEr (2 )rto. 
M. Hardy démontre la formule (sauf une correction indiquée par 


M. Landau) : 
C2 ai 

t Li 4 œ ra -nên etni 

(1) fe p(t) dt — 4r coss + ane 2 , 


où g est un paramètre dont la partie réelle est comprise entre + p Si z tend 


T 
“ e = =É . . 
vers + >, p(ż¿) devient < ee * quelque petit que soit £, en vertu des for- 
mules d'approximation de T, de telle sorte que l'intégrale (1Y est abso- 
lument convergente. 
Je remplace « par? — u, Où u aura sa partie réelle positive. J’obtiens 


ainsi 


L -] œ 
> e mhe — >. (— 1)# en 2e-uisinn 
age à S] 

ui : Hi 


Le] * 2 ptit 
TE > na (r+3) T Fama 
—— = kj 
y2 nu 
— æ 


à b I p ; 
comme on s'en assure aisément en faisant & = z etz = 2e "“sinx dans la 
formule connue Ci) 

Le] 


w 
I 
by e "75 cosia AT) = F > a 
£ 
— 0 


— 


—(n+wW)? 3 


Après simplifications, la formule (1) revient ainsi à la forme (réelle) 


DS Saj 
Í ag m dt =— 4T cos (= + &) + du) 
| ge 


(2) 


LE 5 8 
One A 1) 


2. On voit immédiatement que L(w) etses dérivées s'annulent pour u = o. 
Je calcule les majorantes de ces dérivées par le procédé classique, Ainsi, 
Soient u un point de l'axe réel positif, C un cercle de centre u et de 


(') M. Landau fait un usage analogue de cette formule, 


420 ACADÉMIE DES SCIENCES. 
rayon Àu (À< 1), € une quantité complexe infiniment petite avec u. On a, 
sur le cercle C, 

7 T 
áru +E) s 


25 


r T 
Z A e I+hu 
y ppan e ? 
y(i —à)u 


où A est numérique. Par conséquent, le rayon de C étant Àu, 


3 Elu) < here . 
m T apr VG—2)u 
3. Soient Pa Pay cs On --. lès racines distinctes, réelles, positives et 
d'ordre impair de p(1). Je dis que l’on peut assigner une constante h telle que 
l’on ait p,< LA 2n — 1) A une infinité de valeurs de n. 
En effet, je suppose qua partir d'un certain indice on ait la relation 


inverse 
Pr > h(2n—1); 


je forme alors la-fonction entière, paire ainsi que ẹọ (t), 


- eu=(r-) (5) =Zona 


Les coefficients 4,4 sont positifs et (à condition de prendre le coefficient B 
suffisamment grand) inférieurs aux coefficients des mêmes puissances de t 
dans la fonction obtenue en substituant A(27 — 1)° à 9, dans l'expression 
de Bo(ż), à savoir 


ER ja Ti t An " viré #2 
ee (294) co (24/5) =) Gr) Ga 
De là, la relation 


- B mN 
(4) an< prn (5) = 


B yr ( S 
8 
r(ak+ F) ræk +1) [er 
Je dérive l’équation (2), par rapport à u, successivement 2, 4, ..., 24, .. 
fois, je multiplie ces résultats successifs par a, — à, ..., È Aak, «+. TES- 
pectivement et j'ajoute. J’obtiens, sans incertitude sur ts convergence, 
parce que la série positive Za,:t** est de l’ordre de el", 


EO al pd =ro(: Jee (53) +È nan pannu 


SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1916. 421 
Le premier membre est négatif, car (t) p(£), qui n’admet aucun chan- 
. I , - . 
gement de signe, est, avec (5) négatif pour ¿ = o; le premier terme du 


second membre est positif; donc il y a contradiction si la série finale tend 
vers zéro avec u. Cherchons des valeurs de 4 qui assurent cette condition. 

Par la substitution des majorantes (3) et (4), nous voyons que le 
module de cette dernière série est inférieur à l'expression 


État FRE ÿ ter ( re i 
u? y(r — 2 )u mam r(ak+ à EPE 


Cette expression est, quel que soit £ positif, d'ordre inférieur à 


nes (hr) 
Rec Se || E 1+) 2A 8m 
wyu T(2k +1) Shhu u+ Wri 
0 


1+ À 


La série tend donc vers zéro avec u si h est > 7 
pour un À 1 si Å est > 27. Concluons donc : 7 


» ce qui aura lieu 


Si h est une constante > 27, on a p, > h(2n— 1) pour une infinité de 
valeurs de n. Autrement dit, le nombre n racines réelles d'ordre impair 


de P), de valeur absolue < T, surpasse V3 z Pour des valeurs convenables 


de T aussi grandes qu’on le veut. 


Cette méthode ne s'applique pas à toutes les fonctions qui interviennent dans 
l'étude de la progression arithmétique. Je me propose d'indiquer, dans une Note ulté- 
rieure, les résultats auxquels on aboutit quand on introduit à la place de A ze 
développement trigonométrique. Ces résultats compléteront les précédents et s'ap- 
pliqueront à tous les cas. 


ASTRONOMIE. — Avantages des cercles à la fois mobiles et à multiple origine. 
Note (') de M. A. VERSCHAFFEL. 


Une Note a été publiée dans les Comptes rendus, t. 162, 1916, p: 935, 
sur la possibilité d’avoir sur un cercle divisé étudié plusieurs traits 
(autant qu’on a de paires de microscopes installés sur le cercle), sans 
erreur. 


(1) Séance du 16 octobre 196 ts 
C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 17) 57 


422 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


 J’exprimai à la fin de cette Note, en une simple ligne, le vœu de voir les 
constructeurs dans la possibilité de fournir aux astronomes des cercles 
mobiles. 

Je voudrais dans la présente Note mettre en évidence, avec quelques 
détails, les avantages d’un cercle mobile et à la fois étudié sur une multiple 
origine. Les deux conditions se combinent heureusement. 

Un cercle à multiple origine sans erreur présente de sérieux avantages 
dans diverses opérations astronomiques; mais son privilège se limite à une 
seule direction s’il est fixe. S'il peut être tourné autour de son axe sans 
difficulté et sans rien perdre par ailleurs, ses avantages peuvent être utilisés 
toutes les fois qu’il y a des opérations à faire pour lesquelles on désire la 
plus haute précision. 

On a déjà fait usage de cercles mobiles dans les déterminations de lati- 
tude et d’azimut sous les noms d'instruments de répétition et de reitération. 
On en trouve un exemple bien exposé, dans le Tome VIII des Annales 
de l'Observatoire de Paris, par Yvon Villarceau. 

Je ne connais pas de grands instruments, de cercles méridiens, qui jouis- 
sent de cette faculté. C’est regrettable. 

Prenons un problème purement astronomique : la détermination de la 
déclinaison d’une étoile x avec un cercle méridien en utilisant z étoiles de 
comparaison, &, b, c, ..., n. 

L'observation d’une étoile en déclinaison comporte un grand nombre de 
causes d’erreur; la seule énumération en serait longue. On ne considérera 
ici que l'erreur finale qui découle des erreurs des traits. Les formules seront 
ainsi plus simples. 


I. On suppose le cercle fixe et étudié à une origine unique. 

Le cercle étant fixe, il faut prévoir que chaque étoile sera observée à un 
trait particulier : 

L'étoile x sera observée au trait F,, dont l'erreur est é; 

L'étoile a sera observée au trait T,, dont l’erreur est e; 

L'étoile b sera observée au trait T,, dont l'erreur est e; 

L'étoile c sera observée au trait F,, dont l'erreur est e; 
ER eh de Vers see hdd née dire et rose die 03 

L'étoile n sera observée au trait T,, dont l’erreur est e. 

Il est naturel de supposer, a priori, que les traits employés ont tous unè 
même erreur moyenne, la même en grandeur. On a cependant accentué 
l'erreur du trait T, parce que ce trait joue un rôle spécial. 


SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1916. 423 


Le cercle étant fixe, l'étoile æ sera toujours lue sur le même trait T,, 
affecté de l'erreur e’. Si l’on fait n pointés sur cette étoile, dans la moyenne 
des » résultats, les erreurs de lecture et d’autres se compenseront plus ou 
moins, mais la moyenne restera toujours affectée de l'erreur entière du 
trait, soit e’, qui devient ici une erreur systématique. 

Les n étoiles de comparaison seront lues, si on les choisit bien, sur n traits 


°C: š . e 
différents. L’erreur de la moyenne des n erreurs du trait sera g 
n 


La déclinaison vraie d’une étoile £, ®., se déduit d’une étoile de compa- 
raison, ou d’un système d'étoiles T comparaison, d’après la formule sui- 
vante : 


(1) r= ®,+ lect,— lect,. 


Qx est la déclinaison cherchée ; ®,, la déclinaison connue soit d’une étoile 
ou d’un système d'étoiles; lect, est la lecture, corrigée autant que possible, 
faite sur l'étoile +; lect, est la lecture, corrigée autant que possible, du sys- 
tème de comparaison. 

Nous savons que la lecture x est affectée due erreur e’ et la lecture y, 


d’une erreur —, système de n étoiles. 
n 


Ajoutons ces erreurs dans l’équation (1) et il vient 
€ 
(2) Dy = ®,-+ lect, + e— (re). 
n 
Nous avons la déclinaison vraie dans l'équation (1). 
+ " ' 3 E 
Faisons les différences des deux valeurs, nous aurons l'erreur de @; : 
€ 
()=-(D=er 
yn 
Nous savons par les principes de probabilité que la combinaison de ces 
deux erreurs a pour expression 


(3) E=y/ e4 


C’est l'erreur qui a TE la déclinaison conclue ®@,. On voit qu elle ne 
saurait être inférieure à €. 


s 


H. Le cercle est supposé mobile. L'étoile æ pourra être lue à n traits 


différents. 


424 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


P : x e! 
L'erreur de la moyenne des r lectures faites sur les n traits sera re 
yn 
Nous trouvons, en opérant comme ci-dessus, que dans le cas présent ®, 
. e' e 2 * a 
est atteinte des deux erreurs ves et =» dont la valeur est donnée par 
n yn 


lexpression 
a 
(4) E'= — 


II. Si nous avons un cercle mobile à multiple origine sans erreur, et si 
cette origine est orientée dans les z observations de l'étoile x sur cette 
étoile, l'erreur e’ disparaît entièrement, et l'erreur de la déclinaison ®'x 
soie devient 


(5) E"— —. 


Si, dans les équations (2), (3) et (4) nous substituons une valeur numé- 
ja plausible à e’ et e, par exemple o”, 3, pour l’une comme pour l’autre 
(il wy a aucune raison pour leur iboi des valeurs différentes), et si, 
avec cette substitution, nous mettons n = 20, il vient : 


Pour (3),E = 0”,307, avec cercle fixe; 
Pour (4), E’ = 0”,09, avec cercle mobile étudié à une origine; 
Pour (5), E” = 0”,067, avec cercle mobile étudié avec multiple origine. 


On voit le grand avantage du cercle mobile dans la diminution rapide de 
l'erreur probable E, qui est o”,307 avec un cercle fixe, et tombe à o” ,09 
avec un cercle hebi 

On voit encore que, même avec un cercle mobile, une multiple origine 
sans erreur conserve de sérieux avantages; lerreur tombe de o” ,095 

0”,067. 


IV. Il y a une méthode possible et fort avantageuse dans l'emploi d’un 
cercle mobile que je n’ai vue indiquée nulle part. 

Je vais l'exposer rapidement par un exemple. 

Je supposerai, pour faire la démonstration des avantages, qu ’on n dispose 
d’un cercle mobile étudié à multiple origine. 

Prenons encore le même problème à résoudre : 

Déterminer la déclinaison @x d’une étoile x au moyen ke n étoiles de 
comparaison affectées d’erreurs de position, mais que nous négligeons tou- 


SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1916. 425 


jours pour ne considérer que les erreurs des traits. Nous pourrions supposer 
ici encore que la même erreur de trait affecte toutes les étoiles de compa- 
raison. Nous gite néanmoins chaque erreur par un indice pour 
plus d'évidence. 

Je supposerai une succession n d'observations qu’on n’est nullement obligé 
de suivre. 


1"° détermination. — Observons d’abord l'étoile x en dirigeant sur elle 
l'origine sans erreur du cercle dont nous disposons. Soit T, cette origine. 

Observons une étoile de comparaison, l'étoile a, sur le trait T,, affecté 
de l'erreur e}. 


2° détermination. — Observons l'étoile x sur le trait T, affecté de ler- 
reur e,, et une deuxième étoile de comparaison, soit l’étoile b; sur le trait T, 
affecté d’une erreur ez. 


3° détermination. — Observous l'étoile x sur le trait T, affecté de ler- 
reur ¢;, et la troisième étoile de comparaison c, sur le trait T, affecté de 
l'erreur e. 


n°" détermination. — Observons enfin l'étoile x sur le trait T,_, affecté 
de l'erreur e,_,, et la n°“ étoile de comparaison, sur le trait T,, affecté 
d'une erreur e,.. 

Écrivons, d’ après l'équation (1), les n déterminations de la déch- 
naison œv que nous venons d'indiquer, mais en portant dans ces équations 
les erreurs que nous savons devoir être commises. 

La première détermination de ®x par l'étoile a et les traits Tọ et Ta donne 

D'xr — (Da + lect, — (lects + e,), d'où Perreur .:.::.:.....44.: — ea 

La deuxième détermination sur les traits T, et T, : 

Olr = Ob + lect,+e,— (lects + es), d'où les erreurs. n.p 54... + Cam ên 


La troisième opération sur les traits T, et Te donnera 


La nième détermination sur les traits T,_, et T, donnera 
Dix = Dan + lect,-, + en-1—(lect,+ en), d'où les erreurs. r. + Enr en 


La somme des erreurs se réduit à,......::.......... ii — €y 


426 ‘ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Nous avons compensé toutes les erreurs des traits, une seule exceptée. 
Mais nous avons n déterminations avec seulement une somme: d'er- 
reurs e,, l'erreur de la moyenne des n déterminations sera 


(6) Li +. 


Si nous substituons à e et n les valeurs supposées plus haut 0”,3 et 20, il 
vient 
(6') E"— 00,015. 
L'erreur la plus réduite trouvée antérieurement, (5) E”, était 0’,067. 
` Là r 4 
E” n’est plus que les a de E”. Le bénéfice est énorme. 


L'ordre suivi dans les observations n’a rien d’essentiel. L'important est 
que l'étoile à étudier soit observée autant que possible aux traits sur 
lesquels les étoiles de comparaison sont observées. 

On peut toujours observer l'étoile à étudier aux z traits auxquels on 
observe les étoiles de comparaison — 1. Exceptionnellement on pourrait 
observer l'étoile x aux n traits auxquels on a observé les n étoiles de com- 
paraison. Si l’on trouvait une étoile z dont la déclinaison fût égale 
à ®,— On, l'étoile ®, tomberait sur le trait T, sans erreur. L'erreur des 
traits dans la dernière détermination se réduirait à e,_,. La somme d'er- 
reurs des z opérations se réduirait à o et, naturellement, l'erreur de la 
moyenne des z déterminations serait 


(7) Eve, 


Sans doute, les erreurs des traits ne sont qu’une des causes qui vicient 
les déterminations des déclinaisons. La diminution de ces erreurs est 
cependant de nature à améliorer, avec le temps, les positions des étoiles 
de comparaison et agit ainsi doublement. 

Nous pouvons donc conclure, sans hésitation, qu'il est du plus grand 
intérêt pour l’Astronomie d'áväir des cercles mobiles étudiés avec une 
multiple origine. 

Mais la dette de reconnaissance des astronomes envers les constructeurs 
grandirait encore si les constructeurs pouvaient, en même temps qu ils 
fourniraient des cercles mobiles, rendre ces cercles parfaitement équilibrés 
sous l’action de la pesanteur et exempts de tassements irréguliers. 

Les cercles parfaitement équilibrés sous l’action de la pesanteur n ’ont 
besoin que d’une faible pression pour être fixés sur l’axe d’une manière 


SÉANCE. DU 23 OCTOBRE. 1916. 427 


invariable, aucune force ne cherchant alors à les faire tourner autour de 
l'axe. Cette faible pression, nécessaire pour les fixer, ne les déformera pas. 

Il est à remarquer que les seuls mouvements à craindre sont les mouve- 
ments de rotation inopportune. Ils me paraissent les plus faciles à éviter. 
Un léger changement dans le centrage n'aurait pas d'inconvénient si on lit 
toujours deux microscopes opposés et, a fortiori, si on lit tous les micro- 
scopes dont le cercle est muni, comme la haute précision que nous voulons 
atteindre le prescrit indubitablement. : 


CORRESPONDANCE. 


M. le Secrérare PERPÉrUEL signale, parmi les pièces imprimées de la 
Correspondance : | 


1° 1468 estrellas del preliminary general Catalogue de Boss, cuyas posi- 
ciones aparentes figuran en las principales efemérides astronómicas. Lista 
redactada por D. Yexacio Tarazona BLaxcn. (Présenté par M. G. Bigourdan.) 

2° La teoria alomistica e Sebastiano Basso, con notizie e considerazioni su 
William Higgins, par Iciuro Guarescar. (Présenté par M. A. Haller.) 


ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Les séries trigonométriques et les moyennes 
de Cesàro. Note de M. W.-H. Youxe, présentée par M. Emile Picard. 


Le succès obtenu par les moyennes de Cesàro dans la théorie des séries 
de Fourier semble tenir de la nature même de ces séries. Demandons, par 
exemple, un critérium qu’une série trigonométrique soit une série de 
Fourier d’une fonction dont la (1+p)*" puissance soit sommable, 
(o <p): la condition suffisante et nécessaire est que 


$ PORT 


soit bornée, quand n croit indéfiniment, /,(æ) étant aure moyenne 
de Cesàro, indice 1, c'est-à-dire la moyenne arithmétique des n premières 
sommes de la série. Ou bien, poursuivons la voie ouverte par Riemann, et 
nous arriverons à des théorèmes tels que le suivant : 


r 


428 ACADÉMIE DFS SCIENCES, 


Si les limites supérieure et inférieure d'indétermination des moyennes de 
Cesäro, indice = 1, d'une série trigonométrique, dont les coefficients convergent 
vers zéro, sont sommables, et partout finies sauf aux points d’un ensemble sans 
parties par faites, la série est une série de Fourier. 


On trouve aussi que la convergence par les moyennes de Cesàro d’une 
série de Fourier résulte de conditions beaucoup moins strictes que ne 
demande la convergence ordinaire. Après M. Fejér, M. Lebesgue et 
d’autres géomètres se sont occupés de ces questions. Je me propose de faire 
ici quelques remarques à propos des critériums obtenus. 


- I. Ils sont liés plutôt aux séries dérivées des séries de Fourier qu’à ces 
dernières séries elles-mêmes. Ceci résulte du théorème, facilement démontré, 
que la convergence (Cp) (‘) de sa p°”: série dérivée d'une série de Fourier 
dans un point x, ne dépend que des valeurs de la fonction dans le voisinage de. 
ce point. Ainsi, en tenant compte de ce fait, les procédés employés par les 
auteurs cités conduisent à des extensions bien sensibles de leurs théorèmes. 


` 


Il. Pour obtenir ces critériums, la méthode à employer n’est pas la 
méthode directe. Il vaut mieux, comme je l’ai remarqué il y a quelques 
années, les déduire des conditions de convergence ordinaire des séries de 
Fourier. On obtient en effet des crilériums pour la convergence (Cp) de 
la pième série dérivée de la série de Fourier de f(x), comme conséquence 
immédiate des conditions de convergence ordinaire au point u = o de la 
série de Fourier d’une fonction auxiliaire, 


Ge u) 2 ft ul 


pi(u)— 


pour la première, 


ce pr m 


pour la seconde dérivée, et ainsi de suite. 

Comme exemple des eA ainsi obtenus, prenons le suivant : 

La première série dérivée de la série de Fourier de f(x) converge (C,) dans 
un point x où f(x) possède une dérivée généralisée, pourvu que dans un vot- 
sinage de u = o, aussi petit que l’on veut, 


pf halster u) (eu) 


(t) (Cp) signifie, par les moyennes de Cesåro, indice p. 


SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1916. 429 


soit bornée. Ou bien, la seconde série dérivée converge (C,) dans un point x 
où f(x) possède une seconde dérivée généralisée, pourvu que 


1 Ji d(f(z+u)+f(z—u)—3f(x)] 
u ° t 


soit bornée dans un tel voisinage. 


Pour la démonstration on emploie une légère extension du théorème que 
j'ai donné le 21 août dernier ('). 

Ces résultats contiennent plusieurs cas spéciaux intéressants, entre autres 
ceux de MM. Fejér et Lebesgue, et celui où les nombres dérivés de f(æ) 
sont continus au point considéré. D'autre part, le premier'des deux résultats 
nous donne la réponse affirmative pour une fonction bornée (x) à la ques- 
tion posée par M. Lebesgue à propos de la convergence (C, ) de la série de 
Fourier de ọ( x). On en conclut, en effet, que si, dans un intervalle (a, b), 
f(æ) est l'intégrale d'une fonction bornée o(x), la première série dérivée de 
la série de Fourier de f(x) converge (C,) dans chaque point x de (a, b) 
où f(x) possède une dérivée. Par contre, le résultat actuellement obtenu 
par M. Lebesgue, où (C,) remplace (C,), rentre dans un corollaire ana- 
logue au second des deux résultats. 

Nous signalerons un corollaire d’un autre genre, qui généralise le théo- 
rème de M. Lebesgue, qu'une série de Fourier converge (C,) presque 
partout : 

La premiére série dérivée de la série de Fourier d'une fonction qu est une 
intégrale dans un intervalle quelconque (a, b) converge (C,) presque partout 
en (a, b). 

HI. Si la fonction f(æ) est à variation bornée, il est permis d'écrire 
(C, p — 1 + #) au lieu de (Cp) dans le théorème cité sous (1), # étant une 
quantité positive quelconque, (o < #). Nous arrivons donc dans la majorité 
des cas à faire la modification correspondante en (II), e. g. dans les 
exemples cités. 


IV. Cependant ce n’est que très exceptionnellement que la pi" série 
dérivée converge (C, p — 1). Pour cela, il faudrait des conditions excep- 
tionnelles. Mais de tels cas existent et ne sont pas sans intérêt. Pour le voir 
il suffit de prendre p = 1 ; la premiére série dérivée de la série de Fourier d’une 
Jonction f(x) paire, qui est une intégrale sauf à l’origine, converge (Co), 


(') Comptes rendus, L. 163, 1916, p. 187. 
C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 17.) 


430 ACADÉMIE LES SCIENCES. 


c’est-à-dire ordinairement, au point x(x70), st 


(14) lim uf'(u) = 0 et lim = bé sp 
ou bien 

I it 
(1b) meer f{u) du 


est une intégrale, qui converge vers zéro quand u s'approche de zéro; supposant 
remplie une condition (2) quelconque qui nécessite la convergence ordinaire 
au point x de la série de Fourier d'une fonction sommable égale à f'(x) 
presque partout dans le voisinage du point x considéré, 


V. Si au lieu d’un point unique on envisage un intervalle de valeurs +, 
la convergence signalée devient uniforme, si la série auxiliaire converge 
uniformément. Ainsi, on généralise facilement les théorèmes sur l'inté- 
gration terme à terme. On aura, par exemple, le suivant : 

La première série dérivée de la série de Fourier de f(x) multipliée par 8(x), 
el intégrée terme à terme de a jusqu'à b, converge (C1) vers $> g( z) sA -dæ 

+ 
pouvu qu’une des conditions suivantes soit remplies : 

1° g(x) est bornée et f(x) sommable, ou vice versa ; 

TIIRA 

2 [g(æ)]r+ ge API 

VI. Remarquons aussi que la série de Fourier d’une fonction à variation 
bornée converge (C, #— 1)en chaque point (o < k), et que, si la fonction 
est une intégrale, on aura même (o< k 


sont sommables (0 <a). 


VIL. En conclusion, c’est à signaler qu’il y a une théorie analogue, où la 
série alliée remplace la série de Fourier. 


ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les séries à termes positifs et sur les fonctions 
dérivées. Note de M. D. Pompeiu, présentée par M. Appell. 
1, Soit 
(1) S> at aite et Aant 
une série à termes positifs, que je suppose convergente. Je pose 


Sr — dit ai a EC a à SEC D 


Va an F Ont Ti) 


SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1915. 431 
et je forme le rapport 


a a 
— — = (O0 er) 
Fa Ant artis. 


Pn = 


Lorsqu'on fait tendre n vers l'infini les nombres s, formant un ensemble 
borné, cet ensemble admet au moins un élément limite o. Si ce nombre 
limite est unique, nous dirons que la convergence de la série (1) est 
régulière. 

Dans le cas de la convergence régulière le nombre p peut servir Comme 
une indication relative à la rapidité de la convergence : des exemples 
sim ples 


e= Dip a (9<1), tn D 
o 1 


pourront illustrer cette remarque. 

On peut appeler, dans le cas où p — o, la convergence de (1) extrémement 
faible et, dans le cas où pọ = 1, convergence extrémement forte. 

Sans insister davantage sur les indications qu'on peut tirer du nombre p 
relativement à la convergence de (1), je me propose de montrer comment la 
notion de convergence extrèmement faible s'introduit dans une question 
concernant les fonctions dérivées. 


2. On sait qu’une fonction dérivée est, en général, discontinue. Des pro- 
priétés intéressantes de ces fonctions ont été mises en évidence par MM. Dar- 
boux, Baire, Lebesgue, etc. Mais on ne connaît pas, à ce que je sais, un 
système simple de conditions pour exprimer, d’une façon nécessaire et 
suffisante, qu’une fonction discontinue donnée est une fonction dérivée. 
On a, il est vrai, un procédé régulier de calcul permettant de reconnaitre 
si la fonction donnée f(x) est, vu non, une dérivée : c’est une recherche de 
limite pour une certaine expression ('). Mais ce procédé de calcul exprime 
plutôt une condition théorique et il est toujours intéressant de pouvoir la 
transformer en une condition de caractère plus pratique. C’est pourquoi 
J espère que l'exemple précis que je vais considérer ici pourra présenter 
quelque intérêt. 

Je prends le cas simple d’un seul point de discontinuité ct, pour la sim- 
plicité aussi, je placerai cette discontinuité à l'extrémité b de linter- 
valle (a, b) où f(x) se trouve définie. Ainsi f(x) est continue en a et 


(') Voir Lesesque, Leçons sur l'intégration, p. 82. 


432 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


aussi dans l’intérieur de (a,b), mais elle possède une discontinuité en b. 

Pour voir si en b on peut attribuer à f (x) une valeur telle que l'intégrale 
indéfinie de f(x) admette cette valeur comme dérivée en b, on calcule la 
fonction intégrale 


F(E)= -fi feæjda + (a<E£b) 
et l’on forme l'expression 
a nn i 
Taleb 
Si cette expression tend vers une limite bien déterminée lorsque £ tend 


vers b, alors F(æ)admet en b une dérivée (à gauche) et l’on attribue cette 
valeur limite à f(x) au point b. 


3. Cela rappelé, je vais considérer un exemple précis : Adoptant une 
figuration géométrique, je marque sur l’axe Ox les points A et B pour 
représenter les extrémités æ et bde l'intervalle (a, b). Dans cet inter- 
valle (a, b) je prends une suite croissante de nombres 


(2) g Dis) pue 


admettant b comme nombre limite et je marque sur Ox les points B,, B... 
correspondant aux nombres de la suite (2). Sur chacun des segments B, B,., 
pris comme base je construis un triangle isoscèle B,C,B,.,, de hauteur 
constante Å. La ligne polygonale ACB, C, B, … un y une fonction f(x) 
qui possède une seule discontinuité : en b. TEE 

A quelle condition cette fonction f(x) est-elle une dérivée, même au 
point de discontinuité b (où, dans le cas affirmatif, il faudra lui attribuer la 
valeur dont il est question au numéro précédent )? 

Si je pose 

by On = Ên et bia : 

la condition cherchée s’exprime comme il suit : 


Il faut et il suffit que la convergence de la série 


b— a z= D Bi 
1 


soit extrêmement faible. 


SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1916. 433 


THÉORIE DES FONCTIONS. — Sur l'unicité du développement trigonometrique. 
Note de M. D. Mexcuorr, présentée par M. Hadamard. 


Dans la présente Note je me propose de démontrerl’existence d’une série 
trigonométrique à une infinité de coefficients non nuls qui converge unifor- 
mément vers zéro dans (0,27), sauf sur un ensemble parfait de mesure 
nulle. | 


D'abord nous avons besoin du lemme suivant : 


Lenne. — I existe une fonction f(x), non identique à une constante 
absolue, continue dans (o, 27), constante dans chaque intervalle contigu à un 
ensemble par fait P de mesure nulle, pour laquelle on a 


aT 
lim n f f (la)cosn (a —x)da—=0o 
n=% do 


uniformément dans (ox S27). 


Nous commençons par définir l’ensemble parfait P. Dans le procédé de 
définition de P, excluons d’abord dans le domaine (0,27) un intervalle 
concentrique dont la longueur est la moitié. A la seconde opération, 
excluons dans chacun des deux intervalles restants un intervalle concen- 
trique dont la longueur est le tiers. A la k®™ opération, excluons dans 
chacun des 24! intervalles restants un intervalle concentrique dont la 


longue 7 
gueur est par 


de sa longueur, et ainsi de suite. La longueur totale des 


« , 1 ième ? nd A i à 27 D 
intervalles conservés après la 4°"° opération est égale à ——: Donc, en 
continuant ainsi, nous formerons un ensemble parfait P de mesure nulle. 
Soit S, le système des intervalles (en nombre 2*— 1) enlevés par les 
k premières opérations. Numérotons ces intervalles d’après la croissance de 
' sOy D `N kos si M 
leurs extrémités gauches : 0s, da; Öss +-+; Cats. SOI Ek (æ) une fonction con 
tinue définie dans (0,27) par les conditions suivantes : g,(0) = gx(2T)=0; 
| 2h — | 
ahk-1 


l > a n A D 1e ’ 
SAT) = rs pour æ£r situé dans 0,; g(r) = pour æ2# situé 
dans à, ; gx (æ) varie linéairement en dehors de S;. La fonction g,(æ) sera 
La , , . * . [2 k À r 
représentée géométriquement par une ligne brisée de 2°*' — 1 côtés. 
D’après uu calcul élémentaire, nous aurons les propriétés suivantes de 
la fonction g; (æ) : 


1° Bri (£1) = g,(æ) dans le système S;; 


434 ACADÉMIE DES SCIENCES. 
A I . ; 
20 [gx (x) — gx(æ)|S AR uniformément dans (0,27); 
pe) 0 daue le système S; ; 
' =- I 
4° g(x) = * 
et le signe — pour x > T. 


en dehors de S}, en prenant le signe + pour v< aT 


Nous en conclurons, d’après la propriété 2°, que les fonctions g,(x), 
g2(æ), .…, ZEL), ... tendent uniformément vers une fonction limite $f (æ) 
continue dans (o, 27) qui est constante dans chacun des intervalles con- 
tigus à P et qui n’est pas constante dans le domaine total (0,27), puisque 
fto)=0eti(ri = +. 

Nous allons démontrer que cette fonction § (x) vérifie l'énoncé du lemme 
proposé. 

Donnons-nous un entier positif z. Soit # un entier positif tel que 
+ inc 2". Nousavons 


nf #tæ)cosn(a— dan f a Proerin 


27 
+n f grla) cosn(a— x) da = 31+ de. 
© 


D’après la propriété 2°, nous avons |8 (x) — g(æ)| < TT uniformé- 
ment dans (0, 27), d’où 
C 
(2) ins log n° 
C’ étant une constante absolue. Pour l'intégrale 5, nous avons 


2% 
Ja = — ‘a gr(æ) sinn(a— x)da. 
bal à 


Soit px = E |k — vÆ]. Définissons les deux fonctions W(x) et y(x) 
par les fonctions suivantes : W,(æ)—o dans le système S, et 
Taia + + FT! en dehors de S 


Pr? 


en pangot le signe + pour æg < 7T et 


! dans les intervalles de la diffé- 


le signe — pour es sae 
rence S; — S,, des systèmes S, et Spy à prenant le signe — pour x <7 et 
le signe + pour x> am, et yx(x) = o en dehors de S,— S,,. Nous avons 
identiquement g(x) = F(x) + yx(æ), d’où 


IR 27 
(3) — De = W,(a)sinn(a — æ) da + | ya (a)sinn(a — x) da = 3+ I 
0 9 


SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1916. 435 
En désignant par (a,b) un intervalle contigu au système S,, nous 
trouvons 

k+1: dés k +1 2 
ci nes ba Pre. CS r 
1331< > 5 P snaz(a—z)daąal s$ e n 

où la sommation doit être étendue à tous intervalles (a,b) contigas à S 
Comme ces intervalles (a,b) sont en nombre 271, nous avons 


Pi”? 


R hi 
(4) ; pa LE ne LES 
PACE Vlogn 


où C” est une constante absolue. 
Pour l'intégrale 5,, nous avons l'inégalité 


jai< f lxala) |da. 


Comme la fonction y,(x) diffère de zéro seulement dans les intervalles 


2T 2T 
de S, — S,, dont la longueur totale est ae T A 
s ef 27 27 ) 74 
5 dpp — —) <->, 
(5) juhe T Pil k+ı, Vloga 


C” étant une constante absolue. En combinant d’une part (1) et (2), 
d'autre part (3), (4) et (5), il vient finalement 


T? ; C 
nf F(a)cosn(a — £) da j| <)> 
9 Vlog 


C étant une constante absolue, ce qui achève la démonstration du lemme. 
C. Q. F. D. 


Tutorèwe. — I existe une série trigométrique uniformément convergente 
vers zéro dans (0, 27), sauf un ensemble parfait de mesure nulle, et possé- 
dant une infinité de coefficients non nuls. 


En effet, la série trigonométrique obtenue en dérivant terme à terme la 
série de Fourier de la fonction continue f(æ+) est sommable par le procédé 
de Riemann et représente zéro en tous les points de tout intervalle (b, c) 
extérieur à P. En vertu du lemme précédent, les coefficients de cette série 
trigonométrique tendent vers zéro et sont en infinité non nuls, puisque f(x) 
est non analytique dans (o, 27). Or, d’après le célèbre théorème de 
Riemann, la convergence au sens ordinaire de la série trigonométrique 


436 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


dont les coefficients tendent vers zéro, qui représente f quand on lui 

applique le procédé de Riemann, ne dépend que de la façon dont se 

comporte f au voisinage du point considéré, ce qui prouve la proposition. 
C. Ur. 


CoroLLaiRe, — Si une fonction f(x) admet un développement trigonome- 
trique convergent vers elle presque partout, elle admet une infinité de dévelop- 
pements trigonométriques de celte nature. 


ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations du Soleil, faites à l'Obser- 
vatoire de Lyon, pendant le deuxième trimestre de 1916. Note de 
M. J. Guizraume, présentée par M. B. Baillaud. 


Il y a eu 79 jours d'observations dans ce trimestre, et il en résulte les 
principaux faits suivants : 


Taches. — L'augmentation d'activité signalée (!) dans le phénomène des taches a 
continué : on a, effectivement, enregistré 84 groupes avec une aire totale de 6042 mil- 
lionièmes, contre 71 groupes et 5184 millionièmes, précédemment. 

Dans leur répartition, on a noté 8 groupes en plus au sud de l'équateur (39 au lieu 
de 31) et 5, en plus également, au nord (45 au lieu de 40). 

La latitude moyenne des taches a diminué dans les deux hémisphères : —17°,9 au 
lieu de —18°,6, d’une part, et +16°,4 au lieu de +18°,2, d’autre part. 

Le groupe le plus important de ce trimestre : 


Mai 26,3 à — 12° de latitude, 


a été visible à l'œil nu. A la rotation solaire suivante, il était en période de décrois- 
sance, et son deuxième passage au méridien central du disque a eu lieu le 


Juin 22,2 à — 13° de latitude. 


_ Régions d'activité, — Le développement des facules a pris beaucoup d'extension 
pendant ce trimestre : on a, en effet, enregistré 152 groupes avec une surface totale 
de 158,7 millièmes, au lieu de 113 groupes et 102,9 millièmes. 

Cette augmentation a été plus forte presque du double dans l'hémisphère austral (25) 
avec 74 groupes au lieu de 49, que dans l'hémisphère boréal (14) où l'on a noté 
78 groupes au lieu de 64. j 


(1) Comptes rendus, t. 163, 1916, p. 263. 


Dates Nombre 


extrêmes d’obser- 
d'obserr. vations. 


_ 
-< 
[ 
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9 5 
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OO = QG Qt D OO Ur D © © om nm Dm ND SEEN = = Où A CS R 


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$ 


m es 
(et) 
PTT 
v - 
= Le 
— 
LOC OO aMMa 


Pass. 
au mér. 
central 


Avril. 


Mai. 


SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1916. 


Tasgau l. — Taches. 


Latitudes moyennes. 
e > 


N. 
— 0,00, 

+15 
—(I 

-+18 
—18 

+10 
—21 

TaN 

+12 
—12 

+15 
—16 

+ 3 

w 4 

+26 
—20 

ni 

+10 

+25 

+20 

+21 

+19 
—12 


Surfaces 
moyennes 


—17",4 +159,3 


— 0,00, 
$ +11 
—16 
+23 
+10 
—15 
+13 
+14 
—18 
— 12 
—23 
—20 
—22 
+25 
+ 8 
+27 


Nombre Pass. 


extrêmes d'obser- au mér, 


d'obserr. 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 17.) 


rations, central. 


D =æ mi 
Jo D = = = GO & O0 Oo [æ] 
t. 


m 
© 


Où D = ND @ Y ot R 
(ez 
D 


EOUN 
(oz 
p 


D UA 
N 
Q3 
fe e 


wa wO wn 
x 
W 
<9 


i 
w 


S 
2. © © 
o 


Latitudes moyennes. 
ia S 


i (suite). 


—26 

+13 

+20 
— i2 

+12 

+14 
—16 

+ 5 
—1 

9 

+12 
—14 

+12 


437 


Surfaces 
moyennes 


— 17,9 +141 


in, — 0,00. 


+10 128 
—16 4 
+10 428 
—22 14 
—18 9 
uig 4 
+24 4 
— 15 5 
—23 4 
+7 256 
+ 9 43 
+12 53 
+17 35 
—13 3795 
—18 36 
+17 216 
—10 2 
—22 4 
— 14 124 
+11 56 
+20 18 
ht 6 
+26 20 
+13 154 
+12 117 
—20 21 
+11 143 
—27 15 
—18°.4 +14°,2 
59 


438 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


TagLeau Il, — Distribution des taches en latitude. 
Sud, Nord. , Surfaces 
u mm — — — © Totaux totales 
1916. 0, 2, 20°. 10°, 0°. Somme. Somme. 0°. 10°, 20°. - 30°, 40°, 90°. mensuels, réduites. 
AGH ue koa 2 g II 15 Io ye DR. » 26 1569 
Makso Nee p y &- 10 » 14 16 n T 9 » 30 2179 
Juin... $o 5 8 I 14 14 Ag CASE » 28 2294 
Totaur... E r HE Sri 39 O 043.1 5 A » 84 6042 
Tagteau HI. — Distribution des facules en latitude. 
Sud, y Nord. Surfaces 
A O © ŘŘŮŮ o totales 
1916. 90°: S0. - 30". 20°. 10°,“ 0, Somme. Somme. D oa apc. A0! 90% mensuels. réduites. 
AN toi NT 0 12,3 25 22 FT Ya à 47 46,5 
Mass. F1 D Gra 26 32 G i5 ue a 58 58,5 
P E 85, Hoari © Ra 23 24 4:40 10 : 9. à 47 33,7 
Totaur.. +74 30, 30 4,4 74 78 12 o 3 152 15 
HYDRAULIQUE. — Sur la détermination de la vitesse de propagation a 


dans les conduites forcees industrielles. Note (*) de M. C. Camicner. 


La détermination de la vitesse de propagation a dans les conduites forcées 
est une question fondamentale; or toutes les expériences connues paraissent 
donner une vitesse de propagation notablement supérieure à la valeur 
théorique, calculée d’après les formules de M. Allievi; je me propose de 
démontrer, dans cette Note, que cette contradiction provient de la méthode 
expérimentale employée et qu’elle disparaît si l’on opère avec des précau- 
tions convenables. Il est facile de citer des exemples de cette différence 
entre la vitesse de propagation théorique et la vitesse expérimentale. 

Les expériences de l’Ackersand ont donné une période expérimentale 
inférieure de 4,7 pour 100 à la période calculée. La hauteur de chute 
était 720". 

Pour la chute du lac Fully, de 1650", la valeur théorique de la période 
est 155, 97, comme l’a calculé M. de Sparre, tandis que la valeur expéri- 
mentale trouvée par M. Boucher est 13°,5. 

Lesexpériences que j'ai faites à lusine de Soulom (hauteur de chute 125") 
avec M. Eydoux, nous ont donné un résultat analogue; la période propre 


(1) Séance du 16 octobre 1916. 


SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1916. 439 


dď’'oscillation de la conduite a été 15, 36, tandis que la période théorique 
était 15,46. 

Mais, en revanche, en appliquant, avec M. Eydoux, la méthode (') de la 
dépression brusque à cette conduite, nous avons trouvé une vitesse concor- 
dant avec la vitesse théorique. 

Pour expliquer la différence entre la valeur de la période propre trouvée 
expérimentalement et la valeur théorique de la période, je propose de faire 
intervenir la constitution de la conduite, en tronçons pour lesquels la 
vitesse et le diamètre diffèrent; on lira avec intérêt les travaux récents de 
M. de Sparre (°) et de M. Eydoux (°) sur cette importante question. 

M. de Sparre a étudié le coup de bélier dans une conduite formée de 
deux sections pour lesquelles la durée de propagation est la même; il con- 
sidère des périodes 0 = 2 = 2 let l’ étant les longueurs, a et a’ les vitesses 
pour les deux sections. Il a établi une formule générale qu'il a appliquée à 
la conduite de Fully. Cette formule, 

ni re 
cos 
(1) "130,6 : » avec : = 37°35", 
cos pri 


donné le coup de bélier €, (à la fin de la n®™ période 0) 
6 = a HEA, 


valeur adoptée en partant de la formule d’Allievi. 
En utilisant cette formule, dans le cas d’une fermeture de 4 secondes, 
J'ai trouvé les périodes suivantes : 
195,2 14,2 19,3 145,2 135,2 149,2 135,4 
èn excluant la première période pendant laquelle a lieu la fermeture, la 
moyenne des six périodes est 13°, 73, qui diffère peu de la période observée 


directement par M. Boucher 13°, 5. La période théorique est 155,9. 
On voit donc que la période dhéerique se trouve supérieure à la période 


(t) Comptes RE t. 161, 1915, p. 412 

(?) Congrès de la Houille blanche de agi (Rapport sur les expériences de 
Verenon). + 

(°) Comptes rendus, t. 163, 1916, p. 265. 


440 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


expérimentale et que la différence observée entre la période de l’oscillation 
et la période théorique de la conduite s’explique complètement par la 
structure de la conduite, formée de tronçons pour lesquels le diamètre et 
l'épaisseur diffèrent. 

On peut en conclure que, pour la détermination, dans les conduits 
forcées des usines, de la vitesse de propagation a, il est inexact d'utiliser, 
comme on l’a fait jusqu'ici, l'observation de la période d’oscillation, et 
qu’il est nécessaire d'employer un procédé faisant intervenir une pertur- 
bation de courte durée, par exemple la méthode de la dépression brusque. 
L'utilisation du robinet de vidange des conduites permet, en général, 
l'application de cette méthode avec la plus grande facilité. 


CHIMIE. — Action chimique du peroxyde de sodium sur l'hydrogène 
sulfuré. Note de MM. C. Zeneueus et Sravros Horscu, présentée 
par M. Georges Lemoine. 


L'action de l'hydrogène sulfuré sur différents peroxydes est bien connue. 
Les peroxydes de plomb, d’argent et de manganèse s’attaquent le plus vive- 
ment en devenant incandescents. Gay-Lussac et Thenard ont examiné la 
réaction avec le peroxyde de potassium ('). En le chauffant, il se forme du 
sulfure avec incandescence. 

L'action sur le peroxyde de sodium, d’après ce que nous savons, n’a pas 
encore été étudiée. Elle est incomparablement plus active. En faisant 
d’abord passer un courant d’azote dans un tube à combustion contenant le 
peroxyde dans une nacelle en porcelaine et ensuite un courant d'hydrogène 
sulfuré, une réaction très vive se produit. La température s’élève beaucoup; 
le peroxyde devient incandescent et fond. La réaction est encore plus vive 
si l’on chauffe préalablement le peroxyde. Une petite flamme accompagne 
alors la réaction et la porcelaine est fortement endommagée. 

En présence d'air l'hydrogène sulfuré s'allume. Les produits dépendent 
beaucoup des conditions de la réaction. Ils sont différents si la réaction se 
fait en présence d’une grande ou d’une petite quantité d’air, en l'absence 
d’air, après un chauffage préalable ou non du peroxyde, etc. 

L'hydrogène brüle toujours en formant de l’eau qui à son tour peut 
attaquer partiellement le peroxyde et la réaction devient très compliquée. 


> s 
(') Gmelin-Kraut Handb., t. 1, 1, p. 23. 


SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1916. h41 


Quant au soufre, si la réaction a lieu dans une atmosphère d'azote, il se 
combine avec le sodium pour former des sulfures et des polysulfures. Une 
petite quantité de sulfure s’oxyde en formant du thiosulfate et du sulfate 
par l’oxygène dégagé du peroxyde de sodium. Si le courant d'hydrogène 
est assez fort, une petite quantité de soufre apparaît sur les parois du tube. 
Si la réaction se fait au contact d’une quantité considérable d’air, par 
exemple en faisant l'attaque du peroxyde de sodium dans une capsule de 
porcelaine couverte par un large cylindre en verre et en faisant arriver par 
en bas un courant d'hydrogène sulfuré, une forte détonation se produit; du 
sulfate et du soufre libre se déposent, tandis qu’il ne se forme presque 
point de sulfure. 

Après avoir essayé différents procédés proposés pour l'analyse des 
mélanges de sulfures et polysulfures, de thiosulfates et de sulfates, nous 
avons séparé les premiers par le nitrate de cadmium; nous nous en sommes 
servis à la place du carbonate parce que, dans cette dernière réaction, en 
même temps que le sulfure de cadmium, une petite quantité de soufre se 
précipite sous forme de lait de soufre. Le thiosulfate était déterminé iodo- 
métriquement. Le peroxyde de sodium employé,titré avec le permanganate 
de potasse, donna en moyenne une teneur de 71 pour 100 en peroxyde. 

Les résultats analytiques sont les suivants : : 


I II. 
: E g iR 
Poids du peroxyde............. D SROMALULT LULU AR UE DIR 0,5835 
Soufre:totnl. a. aa a orn: 9, Binan Lad. E: iedo 031577 
La 
Soufre à l’état de sulfure........ 0,2030 (Na25 —o,4448)... G 108 
» » de polysulfure.... 0,0361 (Na? S? = T O e 
» » de thiosulfate..... 0,0060 (Na?S?0%—0,0148)... 0,0060 
» » de sulfate... 0,0532 (Na*SO* —0,2347)... 0,0368 (!) 
Poids. de porcelaine attaquée..,. 0,0932...................... 0,0273 


Quand la réaction est très forte, ce qui arrive avec un courant assez fort 
d'hydrogène sulfuré, ou en chauffant préalablement le peroxyde, la tempé- 
rature s'élève beaucoup et le fond de la nacelle en porcelaine ou le tube en 
verre dans lesquels la réaction s’accomplit sont fortement attaqués. Le pro-. 
duit aux points d'attaque prend une coloration bleu verdätre, due à la petite 
quantité du fer contenu dans la porcelaine ou le verre, qui se transforme en 
polysulfure ayant cette couleur. En remplaçant la porcelaine par une lame 


K) Na? SO'— o8, 1635. 


442 _ > ACADÉMIE DES SCIENCES. 


de platine, cette coloration n'apparait pas, notre peroxyde étant exempt de 
fer. Le platine s'unit au soufre avec un phénomène lumineux. Cette réac- 
tion des sels de fer est beaucoup plus sensible que toute autre connue. 


“PHYSIQUE DU GLOBE. — Perturbations de la déclinaison magnétique à Lyon 
(Saint-Genis-Laval) pendant le deuxième trimestre de S Note de 
M. Pu. Fuasouer, présentée par M. B. Baillaud. 


Les relevés des courbes du déclinomètre Mascart, pendant le deuxième 
trimestre de 1916, fournissent la répartition suivante des jours perturbés : 


Totaux 
Échelle. Avril. Mai. Juin. du trimestre. 
0 Jours parfaitement pire ssh t i 3 5 9 
4. Perturbauons@e T è 2... ,. 9 11 9 29 
2 » de y à 12 a 7 LI 11 29 
3 » AE E EE 10 6 3 19 
h » iie AA T 3 o 2 5 
5 » midi STILL FE o o o o 


Il y a eu 3 jours fortement perturbés en avril (15' le 28; 17 le 29; 
22' le 25); 2 en juin (17 le 23; 18’ le 30), et aucun en mai. 

Par rapport aux résultats précédents ('), il y a le même nombre de jours 
dans l’échelle 2, puis diminution de quatre dans les échelles 3 et 4, et de 
un dans l’é chale 5. Par contre, il y a augmentation de six jours dans 
Péchelle 1, et de trois dans l’échelle 0. 


PHYSIQUE DU GLOBE. — Résultats d'observations d’aurores boréales exécutées 
à l'Observatoire de Haldde. Note (?) de MM. L. Vecar et O. Krocsess, 
présentée par M. H. Deslandres. 


L'Observatoire de Haldde, quia été créé par ľ État norvégien en 1911- 
1915 sur l'initiative de M. le robin Kr. Birkeland, a, parmi les prin- 
` cipaux sujets de son programme d’études, l'observation des aurores 

boréales. 
Depuis la fondation de l'Observatoire, on s’est principalement attaché, 
per hrs ce 


(*) Séance du 9 octobre 1916. 
(?) Comptes rendus, t. 163, 1916, p. 295. 


SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1916. 443 


en ce qui concerne les aurores boréales, à obtenir les éléments qui per- 
mettent de déterminer leur hauteur au-dessus du sol. Comme la montré 
M. Stôrmer ('), on peut, en photographiant l’aurore boréale de deux 
points en même temps (photographie parallactique), obtenir cette hauteur 
d'une manière absolument objective. 


Or, dans les années 1913 et 1914, l'Observatoire, sous la direction de M. Krogness, 
a pu rassembler une importante collection de photographies parallactiques, soit en 
tout 415 paires d'épreuves bien réussies. 

L'utilisation de ces nombreux matériaux a été dirigée par M. Vegard, de l’Institut 
de Physique de Christiania, et les résultats en seront prochainement réunis dans un 
plus grand Ouvrage, qui paraîtra dans la série des Publications de l'Observatoire de 
Haldde. 

Nous donnons ici dans une courte Note plusieurs résultats statistiques importants 
de nos calculs qui, jusqu’à présent, comprennent en tout 2487 mesures de hauteur, 
déterminées avec les 415 paires de photographies citées plus haut. 

Pour la plupart des photographies parallactiques, ón s’est servi des deux bases 
suivantes : 

Haldde-Gargia, distance 26,3, direction SE; 

Haldde-Bossekop, distance 124,5, direction ENE; 


et l’on a cherché surtout à déterminer les limites supérieures et inférieures des 
différentes formes d’aurores boréales. 

La limite supérieure est la plus variable (de 100% à 330kw) et est en même temps 
très indéterminée, parce qu'il est souvent difficile de dire óù cesse la lueur. En 
général, la méthode photographique donne ici de trop petites valeurs, ne lueur supé- 
rieure la plus faible n ‘apparaissant pas sur la plaque. 

Les valeurs moyennes de la limite supérieure sont données au Tableau I pour une 
partie des formes les plus fréquentes d’aurore boréale. Nous remarquons que la 
limite la plus basse est donnée par les arcs et la plus élevée par les rayons. 


TasLeau |. 


Haldde-Gargia. Haldde-Bossekop. 
—……— tr Nombre Hauteur 


Types. Nombre. Hauteur. Nombre. Hauteur. total. moyenne. 
km 3 “km 
Ares diffasi ins 57 144,9. a 57 144,5 
Arcs en er rime 72 168,9 117 177,2 189 174,3 
Drapeñes! 2501007 8 56 160,2 158 180,0 214 174,8 
ES Seb Sr HD 292,8 23 227,5 46 240,3 


Par contre la limite inférieure est ordinairement très nette et se laisse déterminer 
\ . . » 
d’une manière si exacte que, dans des circonstances favorables, erreur ne dépasse 


(1) C. Srünmen, Comptes rendus, À. 150, 1910, p- 16313; Vid. Selsk. Skr., n° 17, 
1911, Christiania. 


444 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


guère 1 pour 100. L'erreur varie cependant beaucoup suivant la forme et la position 
de l’aurore boréale et selon la qualité de la plaque. Le Tableau IT donne les valeurs 
moyennes de la limite inférieure : 


Tapceau IE. 
Haldde-Gargia. Haldde-Bossekop. 

— << mc Haou Nombre. Hauteur 

Types. Nombre. Hauteur. Nombre. Hauteur. total. moyenne. 
; : km km km 
. Ares difusi cita. aak 355 109,3 6 138,9 361 109,4 
Arcs en draperies..... 620 105,6 397 108,0 1017 106,5 
Draperies Lisusd. Mize 179- 112,0 239 109,3 414 110,2 
Rayonsuss ovni 26 114 25 117 Hi 119,9 
Rubans à fissures.,.... 43 114 » » 51 119,9 

Aurores pulsatives .... 34 104 » » 34 104 

1920 108,2 


Les trois formes les plus fréquentes d’aurore boréale montrent approximalivement 
la même limite inférieure. Ce qu'il y a de remarquable, c'est que les arcs diffus calmes 
descendent presque aussi bas que les draperies et plus bas que les rayons, état de 
choses qui est en contradiction avec l'impression immédiate que l’on obtient en obser- 
vant directement le phénomène des aurores boréales. 

Nous obtenons des résultats particulièrement intéressants en examinant la manière 
dont les aurores boréales se répartissent entre les différentes hauteurs. Pour étudier 
ce phénomène, nous avons divisé la hauteur en intervalles de 2k® et compté les aurores 
boréales dont la limite inférieure se trouve comprise dans chacun d’eux. 

Le résultat de ce compte est représenté dans la figure ci-contre qui donne la distri- 
bution des hauteurs pour les arcs diffus (1), les arcs en draperies (Il) et les dra- 
peries (II), et enfin la distribution du nombre total (IV). 


Nous voyons que l’on n’a jamais trouvé de limite inférieure à 85, et 
ces valeurs les plus basses sont toujours un peu douteuses. Le plus grand 
nombre a sa limite inférieure à une hauteur de 100%" à 1 10k" 

Nous remarquons immédiatement que toutes les courbes indiquent deux 
maxima bien définis, l’un vers roo"" et l’autre vers 106K", Il en existe 
peut-être d’autres, mais les aurores boréales qui y correspondent se pro- 
duisent si rarement que leurs maxima seront facilement masquées par les 
aurores appartenant aux deux maxima principaux. 

Les deux mêmes maxima sont indiqués dans les courbes trouvées par 
M. Stôrmer, qui se base sur les résultats obtenus par lui au printemps 
de 1913. Mais chez lui, ces maxima ne prennent pas une place spécialement 
dominante (!). Or nous sommes d’avis que nous avons réussi, en déter- 


(*) Suivant une conférence faite à la Réunion des naturalistes, en juillet 1916, à 
Christiania. 


SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1916. 445 


minant la limite inférieure avec des soins tout à fait particuliers, à apporter 
une preuve irréfutable de l’existence de ces deux maxima. Si nous consi- 
dérons séparément les observations relatives à chacune des deux courbes de 
base, nous trouvons, pour elles deux, les deux mêmes maxima avec 


i70 porri 
* 


60 PERS EALLi L fi L k L 1 L fi L L L 2 fi fi fi L 
#9: to 30 #0. 50... 60 10 80 SO 0 nua (120 130 140 450 4160 179 160 190 200 210 820 230 


exactement la même disposition et pour toutes les trois formes. (Voir la 
figure). 

La constatation de ces maxima est un résultat de la plus haute importance 
pour le problème des aurores boréales. La conséquence immédiate en est que 
nous devons supposer que la masse principale des rayons cosmiques qui 
Produisent les aurores boréales consistent en deux groupes ayant chacun des 
puissances de pénétralion bien distinctes. Nous pouvons en conclure en outre 
que les trois formes les plus fréquentes : arcs diffus, ares en draperies et 
draperies, sont essentiellement de même nature et doivent être produits par des 
rayons de même espèce. Par suite du peu de différence dans la hauteur 
moyenne, il y a lieu de supposer que toutes les formes d'aurores boréales 


C. R., 1916, 2° Sémestre. (T. 163, N° 17.) 6o 


446 ACADÉMIE DES SCIENCES, 


observées par nous sont dues à des rayons essentiellement de mème espèce, 
et que la différence des types d’aurores boréales est plutôt une différence 
de forme qu’une différence de nature physique. 


PHYSIOLOGIE. — Classification des muscles du membre supérieur de l’homme 
suivant leur systématisation radiculaire, par le rapport des quantités don- 

_ nant le seuil avec les deux ondes isolées du courant induit (indice de vitesse 
d’excitabilité). Note de MM. G. Boureuiexox et J. Lucas, présentée par 
M. A. Dastre. 


Nous avons appliqué, à l'examen de nos blessés, le procédé de mesure de 
la vitesse d’excitabilité par la recherche du rapport des quantités induites 
donnant le seuil avec l’onde de fermeture et londe d'ouverture du chariot 
d’induction, qu'avaient proposé Marcelle Lapicque et Jeanne Weill ('), en 
physiologie animale, et que l’un de nous a étudié sur l’homme en coliabo- 
ration avec H. Laugier (°). 

Nous désignons ce rapport sous le nom d'indice de vitesse d’excitabilité, 
ou, plus simplement, d'indice de vitesse, comme H. Laugier. 

Nous avons été rapidement frappés du fait que l'indice normal est, assez 
régulièrement, le plus grand sur le biceps, le deltoïde et le long supinateur, 
alors qu’il est le plus petit dans le domaine radial (moins le long supina- 
teur). 

Lorsque l’un de nous eut montré la classification des muscles du membre 
supérieur, par la chronaxie, suivant leur systématisation radiculaire (°), 
nous avons pensé à la vérifier par l'indice de vitesse, en raison des diffé- 
rences d'indices que nous avions remarquées, et nous avons procédé à trois 
séries de recherches : 


A | 


(*) ManceLce Lapicque et Jeanne WEILL, Société de Biologie, 27 février 1909. 

(2) G. Bourauiexox et H. Laucier, Société d'Électrothérapie, mai 1911 et avril 1912; 
Congrès de l’ Association française pour l'avancement des Sciences, Dijon, août 1911; 
Société de Biologie, 2 et 9 mars 19152; Société de Neurologie, janvier 1912 et 
25 avril 1912, — G. BourGuiGxox, La notion de vitesse d’excitabilité en physiologie 
et pathologie nerveuses (Société française d'Électrothérapie, décembre 1912). — 
H. Laverer, Vitesse d’excitabilité et courants induits (Thèse de la Faculté de Méde- 
cine, 1913). ; 

(3) G. Bourauiexox, Comptes rendus, 1. 163, 1916, p. 68; Société de Biologie, 
it" juillet 1916. 


SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1916. 447 


1° Nous avons relevé toutes les valeurs de l'indice de vitesse obtenues 
sur les muscles normaux dépuis le début de décembre 1915 jusqu’à la fin 
de juillet 1916. Ayant successivement employé trois bobines induites diffé 
rentes, nous avons établi trois séries d'indices normaux correspondant 
respectivement à chacune des trois instrumentations. 

Dans chacune des séries nous avons relevé, pour chaque muscle, l'indice 
le plus grand, l'indice le plus petit (') et la moyenne arithmétique entre 
tous les indices obtenus sur le muscle considéré. 

Que la comparaison des différents muscles entre eux porte sur l’indice 
maximum, l'indice minimum, ou l'indice moyen, l'indice de vitesse d’exct- 
tabilité' classe toujours les muscles du membre supérieur suivant leur systé- 
matsation radiculaire. C’est ce que met en évidence le Tableau suivant qui 
se rapporte à l'une de nos trois séries d'expériences. 

Il montre pour les trois groupes radiculaires (5° et 6° paires cervicales — 8° cervicale 
et 1° dorsale — et enfin 7° cervicale) des valeurs d'indice ou de chronaxie égales pour 
chaque groupe, qu’il s'agisse d'indice maximum ou minimum ou moyen, et qui vont 
en décroissant du premier groupe au troisième. 
Ouverture : bobine de 1613 ohms 


Fermeture : bobine de 3300 ohms. (addition de 1687 ohms sans self). 
= Indice 
Nombre 0 © Chronaxie 1 
Racines, ~ Muscles et nerfs. d'expér, maximum. miima; moyen. (val. moy} 
5 
C::V pe IDPIGET eU So: 08,8 13,2 15,8 TOTTA 
et C. VI, } Long supinateur... 19 22,4 13,9 15,8 DENTS 
, e Ai A 
C. VIII. | Em. hypothénar... 27 18,2 19,5 B } 0,0003 
et D, I | Em. thénar...:.... 23 Hes oni 14,6) 
C. VIT. Extenseur commun. 10 EERE 10 11,7 9,0000 


(1) Nous avons eu des écarts environ trois fois plus grands (30 pour 100 environ) 
que ceux qu'avaient observés G. Bourguignon et H, Laugier (10 pour 100) pour un 
muscle donné avec une instrumentation donnée, Les raisons de cette différence sont : 
1° les variations de résistance intérieure de nos accumulateurs dont l’état de charge est 
moins constant qu’à la Salpêtrière parce qu’ils sont de capacité plus petite (20 am- 
pêres-heures au lieu de 80 ampères-heures); 2° les variations légères, en plus ou en 
moins, de la vitesse d’excitabilité des nerfs et muscles sains chez les sujets porteurs 
de blessures d’un nerf du même membre ou du membre symétrique, sur lesquelles 
l’un de nous vient d’attirer l'attention (G. Boureuiexow, Société de Biologie, 1°" juillet 
1916). Or nous avons utilisé les chiffres pris par comparaison sur les muscles sains 
chez les blessés, tandis que G. Bourguignon et H. Laugier n'avaient utilisé pour leurs 
recherches que des sujets entièrement normaux. 

(*) G. Bourguignon, loc. cit. 


448 - ACADÉMIE DES SCIENCES, 

2°. Nous avons recherché, dans les publications antérieures de l’un de 
nous et H. Laugier, les valeurs de l'indice pour les muscles étudiés. Le 
nombre de ces muscles est moins grand, mais leur classification est la 


même. En voici le relevé : 
Bobine à 3390 ohms. 


Bobine ER 

Muscles. de 1651 ohms (!).. Limites (?).- Val. moy. (°) 
Ga: Picepstdliag. oenina ou Ai. de. [2.1 14,5-16 : 12-13 12,3 
G. NÉE da commun des doigts...... 13-14 10-10 ,3 10,2 
Cas: | Deltoïdersiz ire. abus. 20 rai xt: 14-16: i 11-12 11,4 


3° Enfin, nous avons comparé systématiquement le même jour,-sur un 
même sujet, l’indice de vitesse dans les trois domaines radiculaires du 
membre supérieur. Nous avons retrouvé la même classification. Exemple : 


Ouverture : bobine de 1613 ohms 


Fermeture : bobine de 3300 ohms. ` {addition de 1687 ohms sans self). | 
CLR VE C. VIL Ce VHT eiD. A. 
= EE © 
Biceps.. oa PR TTE ‘Ext. commun... 10,4 Grand palmaire..... 13,4 
Long supinateur... 16,5 » » Cub, antérieur. .... 12,3 


Conclusions. — L'indice de vitesse d’excitabilité déterminé avec les cou- 
rants induits classe les muscles du membre supérieur de la même façon que 
la chronaxie, en trois groupes : les muscles les plus rapides (caractérisés 
par les indices les plus grands et les chronaxies les plus petites) sont innervés 
par C. V et C. VI;'ceux de rapidité moyenne sont innervés par C. VIII 
et D. Iet les moins rapides (caractérisés par les indices les plus petits et 
les chronaxies les plus grandes) sont innervés par C. VII. 

La classification donnée par l’un de nous, à l’aide de la chronaxie, se 
retrouve donc dans les mesures de vitesse d’excitabilité faites, avec les 
courants induits, antérieurement à la connaissance de cette classification. 


1) G. Bouneurexox et H. Laucier, Société d'Électrothérapie, mai 1911. 
2) G. Boureuiexon et H. LavGier, Société de Neurologie (2° Note), 25 avril 1912. 
) H 


. Laucier, Thèse de ta Faculté de Médecine, p. 111. 


Pau on D asus. | 
& 
w 


SÉANCE DU 23 OCTOBRE 1916. 449 


MICROBIOLOGIE. — Contribution à l'étiologie de la gangrene gazeuse. 
Note (') de MM. Weinsere et P. Séçuix, présentée par M. Laveran. 


Nous avons établi, dans deux Notes antérieures (°), que la gangrène 
gazeuse est causée soit par un, soit par une association de certains microbes 
anaérobies. Ces derniers, qu'on trouve quelquefois dans les plaies de 
guerre sans gravité, ne A tel dangereux que lorsqu'ils trouvent dans 
le membre atteint RE le projectile des conditions favorables à leur déve- 
loppement. 

Parmi les es étiologiques les plus importants de la gangrène 
gazeuse, il faut citer en premier lieu les altérations graves des os, des 
vaisseaux et des muscles, ainsi que la persistance, dans les tissus profonds, 

de corps étrangers (éclats d'obus, débris vestimentaires, esquilles) non 
extraits à temps par le chirurgien. 

L'étude de la flore des plaies de a r permis d'y découvrir un 
microbe que, pour des raisons qu’on trouvera plus bas, nous désignons 
sous le nom de B. histolytique (B. histolyticus). Ce microbe, incapable de 
causer par lui-même une infection gazeuse, paraît jouer un rôle important 
dans l’étiologie de certains cas de gangrène gazeuse en provoquant des 
lésions profondes des vaisseaux et du tissu musculaire. 

Voici sa courte description : 

Diplobacille : longueur, 34 à 54; épaisseur, oë,5 à 04,7; très mobile dans les séro- 
sités et dans les cultures jeunes des premiers repiquages; grosses endospores subter- 
minales, très facilement colorables par le Ziehl; bacille richement cilié. Anaérobie 
strict; quelques races très difficiles à cultiver. 

e microbe se développe aussi bien en bouillon sucré qu’en bouillon non sucré. 
Il trouble abondamment le bouillon et dépose lentement. L'odeur des cultures 
vieilles de quelques jours est légèrement nauséeuse. Il digère lentement le blanc 
d'œuf et liquéfie rapidement la gélatine. Le lait est coagulé en 24 à 48 heures et le 
caillot digéré complètement en 8 à 15 jours d’étuve. 

Les colonies en gélose profonde glucosée sont arborescentes. Il n’y a pas production 
de gaz dans la gélose. 

En dehors des lésions caractéristiques que produit ce microbe chez l'animal, 
spécificité est démontrée par l’action du sérum anti B. histolyticus que nous aasi 
rons actuellement sur cheval. 

Le B. histolyticus est pathogène pour le cobaye, la souris, le lapin et plus faible- 
ment pour le rat, 


(C) Séance du 16 octobre 1916. 
(?) Voir ces Comptes rendus, t. 160, 1915, p. 325, et t. 161, 1915, p. 744- 


450 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


cm? 


Lorsqu'on injecte dans la cuisse d’un cobaye o°™,25 à 1°™ de culture de 
24 heures en bouillon glucosé, on constate dès le lendemain une destruc- 
tion locale considérable des tissus. 

La peau est ouverte; une bouillie hémorragique s'échappe de la lésion 
et l’on aperçoit le squelette du membre complètement dénudé. Souvent 
l'articulation du genou est attaquée; les ligaments, la capsule, le revête- 
ment cartilagineux de l'articulation sont détruits, et lé tibia se détache 
spontanément du fémur (auto-amputation inflammatoire). La lésion n’est 
pas putride, il ny a pas formation de gaz. e cobaye peut survivre 
12 à 24 heures à cette horrible mutilation. 

Si Pon suit de plus près l’évolution des lésions, on constate que le 
microbe attaque d’abord le tissu conjonctivo-vasculaire et détache les 
muscles du derme. L'espace rendu libre par cette digestion est occupé par 
de gros caillots sanguins rouge-framboise. Les aponévroses et le tissu 
conjonctif intermusculaire sont à leur tour détruits. Les faisceaux, puis 
les fibres musculaires sont dissociés et liquéfiés. Lorsque les altérations 
du derme sont assez avancées, l’épiderme aminci, rouge violacé, craque 
sur une certaine longueur; il se produit ainsi une fente linéaire, régulière 
comme une incision pratiquée au bistouri; celle-ci s'agrandit rapidement 
à mesure que la peau nécrosée se détache et tombe; un flot de bouillie 
hémorragique s’échappe de la lésion ouverte. 

Souvent la digestion des tissus s’étend au voisinage de la cuisse. La peau 
de l'abdomen est décollée. Les muscles de la paroi abdominale sont 
détruits et la séreuse péritonéale recouvre seule la masse de l’iutestin; 
celui-ci force alors cette mince barrière et fait hernie dans la lésion. 

Le cobaye succombe tantôt à une infection secondaire, tantôt à une 
intoxication directe. 

Les cultures jeunes en bouillon glucosé, filtrées sur Chamberland, sont 
toxiques pour le cobaye et le lapin; 1™ à 2™ de toxine injectée dans la 
veine de ces animaux déterminent leur morten quelques minutes. L'animal 
est progressivement paralysé et meurt par arrêt respiratoire. L’injection 
sous-cutanée ou intermusculaire de toxine filtrée (2°”,5) provoque une 
grave lésion locale hémorragique avec destruction du tissu conjonctif et de 
la peau; les muscles sont Pespecier. 

On comprend facilement qu’un microbe capable d'altérer à ce point les 
tissus ne puisse que favoriser le développement des anaérobies de la gan- 
grène gazeuse dans les plaies infectées. 

Nous avons pu démontrer expérimentalement sur le cobaye le rôle favo- 


SÉANCE. DU 23 OCTOBRE. 1916. 451 


risant du B. Aistolyticus vis-à-vis des microbes et de la gangrène gazeuse, et 
plus spécialement du B. perfringens et du B. œdematiens. 

Si l’on injecte à l’animal une dose infime (isolément non pathogène) de 
culture de bacille histolytique, mélangée à une dose infime (non pathogène 
à elle seule) d’une culture d’un de ces deux microbes, l'association ainsi 
réalisée se montre très virulente pour le cobaye, qui meurt rapidement en 
présentant des lésions mixtes, caractéristiques. 

Prenons un exemple : six cobayes sont inoculés dans la cuisse avec des mélanges 
différemment dosés de cultures en bouillon de B. perfringens et de B. histolyticus. 

Deux cobayes ont reçu chacun + de centimètre cube de culture de B. histolyticus 
et qy de centimètre cube de culture de B. perfringens, 

Deux autres cobayes, chacun 45 de centimètre cube de culture de B. Aistolyticus 
et 7y de centimètre cube de culture de B, perfringens. 

Enfin les deux derniers cobayes ; de centimètre cube de B. histolyticus, :+ de 
centimètre cube de Z. perfringens. 

Alors que chez des animaux témoins la culture de B. histolyticus et celle de 
B. perfringens n’ont été pathogènes qu’à la dose limite de 4 de centimètre cube 
(mort en 48 heures), tous les cobayes injectés avec le mélange des deux microbes 
sont morts très rapidement, en présentant de grosses lésions à caractère mixte (un 
cobaye en 21 heures, quatre en 24 heures, un en 30 heures). 

Deux autres arguments plaident encore en faveur du rôle important 
joué par ce microbe dans l’étiologie de la gangrène gazeuse : 

1° Depuis que nous avons appris à connaître les caractères du B. Arsto- 
lyticus, nous l'avons fréquemment rencontré (8 fois sur 30 cas dernière- 
ment étudiés); ce pourcentage est vraisemblablement inférieur à la 
réalité, car dans quelques-uns de ces cas nous n'avons pu ensemencer que 
le sang du cœur prélevé après la mort du blessé; 

2° Sur neuf échantillons de B. hïstolyticus que nous possédons, quatre 
ont été isolés dans des cas de gangrène gazeuse mortelle; dans quatre 
autres cas, l’amputation a dù être pratiqüée. 

Les faits que nous venons d'exposer montrent l'importance qu'il y 
aurait à combattre le B. hëstolyticus dans les plaies de guerre. C'est ce que 
nous essayons actuellement de faire en préparant contre ce microbe un 
sérum actif. 


A 15 heures trois quarts, l'Académie se forme en Comité secret. 


La séance est levée à 16 heures. 


G. D: 


452 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


OUVRAGES REÇUS DANS LES SÉANCES DE JUILLET 1916 (suite). 


Le climat de la France. Température, pression, vent, par G. Bicourpan. Paris, 
Gauthier-Villars, 1916; 1 vol. in-8°. (Présenté par l’auteur.) 

L’ Année biologique. Comptes rendus annuels des travaux de Biologie générale, 
publiés sous la direction de Yves DELAGE, 19° année, 1914. Paris, Lhomme, 1916; 
ı vol. in-8°. (Présenté par M. Delage. 

Principes de Plasmogénie, par Argent et ALexaNDRE Mary. Mexico, Departamento 
de l'Imprenta de la Secretaria de Fomento, 1916; 1 vol. in-8°. 

Recueil des travaux du Conseil départemental d'hygiène de la Gironde, année 
1915, publié par les soins de M. le Dt L. Barrage; t. IX. Bordeaux, Ragot, 1916; 
1 vol. in-12. 

« choix d’un anesthésique et d’un analgésique général en chirurgie et en 
obstétrique (le chloroforme chloréthylé), par Juies ReGnaucr. Extrait du Progrès 
médical, n° 8, 5 avril 1915. Paris, Progrès médical, 1916; 1 fase. in-12. 

Résumé météorologique de l’année 1914 pour Genève et le Grand Saint-Bernard, 
par Raove Gautier. Tiré des Archives des sciences de la bibliothèque universelle, 
août et septembre 1915. Genève, Société générale d'imprimerie, 1915; 1 fasc, in-$°. 

Observations météorologiques faites aux fortifications de Saint-Maurice pen- 
dant l’année 1914, résumé par Raout Gaurien et Erxesr Rop. Extrait des Archives 
des sciences physiques et naturelles, novembre 1014, mars, avril, juin et peu 
1915. Genève, Société générale d'imprimerie, 1915; 1 fasc. in-8°. 

Rapport sur le concours de réglage des chronomètres de l’année 1915, présenté à 
la Classe d'Industrie et de Commerce de la Société des Arts de Genève, le 21 février 
1916, par RAOUL GAUTIER. | 

(A suivre.) 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 50 OCTOBRE 1946. 


PRÉSIDENCE DE M. CAMILLE JORDAN. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. 


ASTRONOMIE. — Les observations astronomiques de Paris, 
de 1632 à la fondation de l'Observatoire (*). Note de M. G. Brcourpax. 


Gassendi étant retourné en Provence peu après le passage de Mercure 
de 1631, les observations astronomiques se trouvèrent négligées quelque 
temps à Paris. Voici celles que nous trouvons de 1632 à 1633 : 


1632 février 5. Occultation de Mars par la Lune et conjonction de Mercure 
et de Vénus, observées par Gassendi. 

1633 avril 8. Eclipse de Soleil, observée probablement par Beaugrand (°), 
aidé par de Refuge (°). 


(') Voir page 50 de ce Volume. 

(?) Jean de Beaugrand, secrétaire du roi et mathématicien de Gaston d'Orléans, 
publia, in-fo, en 1638 une Géostatique sévèrement jugée par Descartes. Il s'était 
rendu ridicule, dit Baillet, pour avoir voulu passer la mesure de ses connaissances, 
et il pillait de toutes parts sans vergogne. Il fut cause de la célèbre dispute entre 
Descartes et Fermat, à propos de la Dioptrique du premier, etc. C'est lui qui donna à 
la Roulette le nom de Cycloïde. Il mourut en 1640. 

(*) Henry de Refuge, seigneur des Prés, né à Lyon, fut en 1624 conseiller au 
Parlement de Paris, Entré plus tard dans les ordres, il devint abbé de Saint-Cybar, de 
Morigny, et mourut le 11 août 1688. Le P. Mersenne lui a dédié certains de ses 
euvrages. 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 18.) 61 


f ACADÉMIE DES SCIENCES. 
1633 mai 26. Conjonctiôn dé Vénus aveé x Gémeaux, observée par 
Boulliau. i 

1634 février-avril: Positions:de Mars, de Jupiter, déterminées par 
Boulliau au moyen d’alignements. 

1635 mars 3. Eclipse de Lune observée avec des moyens fort primitifs 
par Langren le père et séparément par Boulliau. 

» août 27. Eclipse de Lune, observée par Boulliau. 

1637. Observations faites toutes par Boulliau : Mars 19-24, opposition de 

Jupiter. — Mars 20, occultation des Plétades; il détermine l’heurei par le 


passage de deux étoiles par le même azimut. — Juillet 15, appulse de, 


Jupiter à n Vierge, x= Décembre 22; passage de Vénus près d’une étoile de 
5e grandeur. 

Cette même année 1637, Descartes publia son Discours de la Méthode, 
suivi de la Dioptrique, des Météores et de la Géométrie. 

Cette Droptrique exerça une grande influence sur le perfectionnement 
des lunettes, dont les SOU augmentèrent dès lors rapidement (+ 


L'éclipse de Lune de l’année suivante (20 décembre 1638) ne fut observée 
à Paris que par Boulliau, qui détermina les heures par des hauteurs 
d'étoiles et qui, à parur de ce moment, paraît avoir disposé d’un e dè 
cercle. 


æ ” 


_ Dès cette époque avaient comrnencé les assemblées scientifiques d’où 


(1) On sait que ce célèbre Traité indique la loi de la réfraction, introduit la notion 


— n, enseigne Ja manière de paske ki cet indice, fait connaître 


de l'indice 2 = 
les propriétés des lentilles terminées par des sections coniques, etc. Descartes s'était 
pratiquement perfectionné dans la taille des surfatés, avait formé des ouvriers et 
même inventé la méthode d’exanien, biën employée encore aujourd’hüi sous üne forme 
péerfectionnée, qui éonsiste à placer prés de la lentille ùn diaphragmèe percé de troûs, 
ét à Voir si tous lës faisceaux qui passent vont bièn tonvergèr en un foyer ünique. 

Richelieu aurait vouta fairé construite dés lunettes Suivant les règles de la nouvelle 
Dioptrique, mais Descartes ne s’y prêta pas. L'espoir dé faire profiter l'Angleterre des 
connaissances de Descartes et de MYdorge eh Optique contfibüa Sans doute à la tènta- 
tive frite pour les attirer à Londres Piia et Pautre. 

Eùn Hollande, Deséartes fut longtemps en relation avec les deux Huyghens père et 
fils; et éëla dut contribuer à tournér vers l'Optique pratique les études de Chr. Hoy- 
ghens qui, dans la suite, y fit tant de progrès, 


SÉANCE DU 30 OCTOBRE 1916. 455 


sortit plus tard l’Académie des Sciences; il en résulta une activité qui se 
manifesta lors de l’échipse de Soleil du 1% juin 1639, ear elle fut observée 
par trois groupes différents : Boulliau d'un côté, — Roberval, Mydorge et le 
P. Petau d’un autre; — enfin Beaugrand; le président Paseal et Hardy 
formaient. le troisième. 

Boulliau détermina les heures par les hauteurs du Soleil; quantaux deux 
autres groupes, opérant en des points différents du couvent des Carmes 
déchaussés de la place Royale, ils prirent l'heure sur une horloge à secondes, 
mise à l'heure à midi vrai. 

En outre, Boulliau observa cette année 1639 l’appulse C — n Gémeaux 
(13 févr.) l’occultation de Taureau par la Lune (7 avril)'et les conjonc- 
tions b: — : Capricorne et Z — 8 Scorpion. 

Dans l’année 1640 Boulliau observa éncore les conjonctions b — : Ver- 
seau, g — x, ô, ı Verseau. 


Pendant quelques années, à partir de ce moment, qui coïncide à peu 
près avec le retour de Gassendi à Paris, on n’y manque plus aucune obser- 
vation importante; même bientôt après on voit paraître des noms, tels 
que celui de Jean Picard, qui promettent à l’Astronomie française les plus 
belles moissons. | 

C’est ainsi qu’en 1641 Gassendi et Boulliau observent ensemble l’éclipse 
de Lune du 18 octobre. Comme, dit Gassendi, un horizon bien dégagé 
était indispensable, ils s'installèrent à l'abbaye Saint-Germain-des-Prés; 
l'heure fut déterminée par des hauteurs d'étoiles prises avec le quart de 
cercle de cuivre de Boulliau. Celui-ci observa également l'occultation de 
e€ Taureau par la Lune, les appulses de 8 Scorpion et d'Arcturus ainsi 
que les conjonctions b — y Verseau et w — 0 Capricorne. | 


L'année suivante (1642), Boulliau et Gassendi observèrent de même 
l’éclipse de Lune du 14 avril, dans les dépendanees de l'hôtel de Thou; ils 
étaient secondés parle P. Fournier«!) et par Agarrat. 


em SR PORN IR 


(1) Georges Fournier (Caen, 159 — 1652 avril 13), jésuite, fit un petit nombre 
d'observations astronomiques à La Flèche, puis à Paris. Il, publia plusieurs Ouvrages 
de Mathématiques, de Géographie, et aujourd’hui il est surtout connu par un volumi- 
neux Traité d’'Hydrographie in-folio (1643; ot éd., 1667), où il cherche à prouver 
que l’on ne peut guère tirer parti des éclipses de Lune pour la détermination des 
longitudes; avec raison il préfère les occultations d'étoiles par la Lune. 


LE 


456 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


L’éclipse de Lune du 27 septembre 1643 ne fut observée à Paris que 
par Boulliau; Agarrat, qui se trouvait à Raray, près Senlis, et ‘Gassendi, 
qui était à Sucy-en-Brie, avec l’abbé de Champigny et le président Molé, 
l’observèrent aussi chacun de son côté. 

En 1644, Boulliau observe les conjonctions C —Aldébaran, 7—d@, 
r — w Taureau, g — Propus, 5 — 6, des Gémeaux, 5 — Régulus. 


Avec les éclipses de 1645, année où Gassendi inaugure son cours au 
Collège royal, on rencontre plusieurs nouvelles recrues : l’éclipse de Lune 
du to février fut observée indépendamment par le P. Bressan, par le 
P. Bourdin, par Boulliau et par Gassendi; celui-ci, aidé d’Agarrat, avait 
placé ses instruments dans la maison de Champigny. SERRAR l'éclipse 
de Soleil des 20-21 août, elle n’eut pour observateur que Gassendi, installé 
encore dans la maison de Champigny, avec deux aides destinės à devenir 
célèbres l’un et l’autre, mais dans des genres bien différents : Jean Picard 
(juvenis pereruditus Joannes Picardus) et Chapelle (Claude Luillier). 

Boulliau observe la conjonction g — € Gémeaux et ensuite part en 
voyage dans le Levant. 

L'éclipse de Lune du 30 janvier 1646 est observée. d’un côté par le 
P. Bourdin; de l’autre, sur les tours de Notre-Dame, par Gassendi, aidé 
de Picard et de CI. Luillier, avec les instruments de l'abbé de Champigny. 

En 1647 (janv. 20), Gassendi observe l’éclipse de Lune avec Picard et 
Agarrat. Ils observent aussi les conjonctions C— Z, # — Procyon. Cette 
dernière fut aussi observée par Petit. 

En 1648, Boulliau et Gassendi sont absents, et les observations font 
défaut, mais reprennent à la fin de 1649 : Boulliau observe, à Meslay- 
le-Vidame en Beauce, l’éclipse de Soleil du 4 novembre; et l’éclipse de 
Lune du 18 novembre fut observée du haut des tours de Notre-Dame par 
les jeunes Jean et François Bochart de Saron-Champigny, aidés de leur 
ancien précepteur, Mathurin de Neuré. 

2. observe aussi les re Pia b— 1 Taureau, b — p Gémeaux, 

— n Vierge. 

“En 1650, Boulliau observe une occultation de y Vierge et une conjonc- 
tion pb — Propus, mais les celipses de 1650 et de 1651 n’eurentà Paris 
aucun observateur, peut-être à cause de l’état du ciel; par contre, celle de 
Soleil du 7-8 avril 1652 fut observée par sept groupes différents : 


i Böülliau : 


SÉANCE DU 30 OCTOBRE 1916. 457 

2° Pierre Petit ('), J.-A. Le Tenneur (*), Ad. Auzout et J. Buot, en 
présence du cardinal de Retz et de beaucoup de curieux, dans l'hôtel de 
Petit; 

3° Roberval et Claude Milon, dans le jardin de l'abbé Bruslart; 

4° Jean Béchet, J. Picard et d’autres, au collège de Navarre; 

5° Le P. Bourdin (°) et Fr. Gaynot, amateur, au collège de Clermont, 
en présence du roi d'Angleterre, etc. ; 

6° Un groupe de Jésuites observant séparément; 

7° J.-B. Morin et Agarrat, au palais d'Orléans ou du Luxembourg. 


L'éclipse de Lune du 24 mars fut observée par Boulliau et celle du 
17 septembre par Boulliau d’un côté, Petit avec Auzout de l’autre. 


Dans la suite, Gassendi, dont la santé déclinait de plus en plus, cesse 
presque complètement ses observations, et c’est à Boulliau que l'on doit la 
plus grande partie de celles des années suivantes, de 1653 à 1667, résu- 
mées dans le Tableau suivant. 


(1) Pierre Perrr (Montluçon, 1594 décembre 8—Lagny-sur-Marne, 1677 août 20),. 

proche parent ou allié du P, Bourdin, fut d’abord Ingénieur royal, puis Fntés dant des 
pe a il avait beaucoup étudié l Optique, et 1l fit à la Dioptrique de Descartes 
des objections auxquelles répondit sans peine le philosophe. En 1636 il observait à 
Trahone (Vailteline) et en 1639, en 1641 au Hâvre. 

Ayant vu faire par Mersenne la nouvelle expérience du vide, il la répéta à Rouen 
avec BI. Pascal qui ensuite la varia considérablement, et en tira les plus importantes 
conséquences. 

Petit a écrit, entre autres Ouvrages, une Dissertation sur la nature des comètes, 
Paris, 1665, où l’on trouve, sur la nature de ces astres, des idées très sensées, plutôt 
en avance sur celles de son temps. 

Il avait de bons instruments et s’en servait habilement; ses observations d’éclipses 
se trouvent à la suite de l’Aséronomia physica de J.-B. Duhamel (1660), avec une 
dissertation sur la latitude de Paris et sur la déclinaison magnétique. 

(°) Jacques-Alexandre Le Teneur (1604-1653 ?), d'abord conseiller à la Cour des 
aides de Guyenne, était venu s'établir à Blois un peu avant 1649, et sans doute vint 
ensuite à Paris. Il avait un frère président de la Cour des monnaies à Paris. 

(°) Le P, Pierre Bournin (1595-1653), jésuite, natif de Moulins, vint vers 1635 de 
La Flèche au Collège de Clermont, où il professa les mathématiques avec réputation. 

En 1640 il observa à Paris, avec Mersenne, la déclinaison magnétique, trouvée 
égale à 30, 

Dans la Thèse d’un de ses élèves il fit à la Dioptrique de Descartes des critiques 
dont le philosophe se montra très ému; il fit également aux Méditations de Descartes 
des objections qui ont êté imprimées. 


Années. 


1653.. 


165%.. 


1656.. 


1657.. 


1659.. 


1660... 


458 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


(Pour les observations d'éclipses, les observateurs mentionnés opéraient toujours 
séparément. Les observations de planètes sont toutes de Boulliau, qui rapportait ces 
astres à des étoiles voisines, parfois par des alignements; ces étoiles sont indiquées; 
par exemple, Y— 3 Lion signifie que Jupiter a été rapporté à g Lion. La comparaison 
de la planète à l'étoile durait parfois assez longtemps, jusqu’à plusieurs mois) : 


TABLEAU RÉSUMÉ DES OBSERVATIONS FAITES A PARIS DE 1653 À 1667. 


Éclipses de Soleil. 


Mars 13 
» 


» 


Août 14 


Janv. 26 
» 


Nov. 14 
» 


Boulliau 
Agarrat 
P. Bourdin 


Boulliau | 
Petit 
Les Jésuites 


Gassendi 


; Boulliau 


Petit 
Boulliau 


Boulliau 
Petit 


Les Jésuites 


1661.. Mars 29-30. .» 


Éclipses de Lune. 
nn << 


» 


Mars 2 
Août 27 


» 


Janv. 1: 


Juin 25 
» 


Déc. 20 
» à 
Mai 6 


Oct. 29 
ÿ 


Qet. 7 


D] 


» 
Petit 
Boulliau 


Boulliau 


Boulliau 


` Agarrat 


a 


Observations 
de planètes 
(Boulliau ). 


L'—1 Capric. 
d—c Verseau 
Q — 7 Capric. 


Org 

Ọ — € Poissons 
Q—$ 

Q —Régulus 


g —n, y, à Capr. 


S — 7, Y, Verseau 


Gr EL 


@ —: Capric. 


d — ++ Taureau 


Ls Lion 


Œrr 9 


Observations 
et synchronismes divers.” 


Passage, de la Lune par les 
Pléiades : Boulliau. 


€C— È Boulliau. 


Chr. Huyghens découvre un sat. 
de b (Titan). 

J.-D. Cassini rétablit la méri- 
dienne de Sainte-Pétrone à 
Bologne. 

Chr. Huyghens commence d'ap- 
pliquer le pendule aux hor- 


loges. 

Achèvemėnt de la Tour de 
Copenhague, commencée en 
1632, 


Occult. n  Oph. Boulliau et 


garrat. 
Établissem! de la Soc. roy- de 
Londres. 
Boulliau voyage en Allemagne- 


Il signale la néb. d'Androm: 
Passage de ÿ le 3 mal. 


Années, 


1662.. 


1663.. 


1664.. 


1665.. 


1666.. 


1667.. 


Éclipses de Soleil. 


» » 
Sept. Eii » 
Janv. >> » 
Janv. 15 5 
Juill. 1 L'Académie 

» Boulliau 
» Payen, etc. 


SÉANCE DU 30 OCTOBRE 1916. 


Éclipses de Lune. 
© m 


Fév. 21. 
Août 18: 


Août 6 


Janv. 30 
Juill. 26 


Juill. 26 


» 
Boulliau 


» 


Boulliau 


Boalliau 


{ciel couvert) 


Observations 
de planètes. 
(Boulliau). 
b — y Scorpion 
g — æ Balance 
Q — Régulus i 


Z—o Oph. 
g.— Crèche 
7 — 2% Sagitt. 
L'—1y Sagitt. 
 — 4 Lion 
g — b Vierge 


b —2v Sagitt. 


z —ı Ĉaptiċ. 
g —'Grèche 


459 


Observations 
et synchronismes divers. 
Ç— Abdébaran : Boulliau. 
Obs. de Mira Ceti : Boulliau. 
Éphémérides de Hecker (1666- 
10680 }, 


Obs. de Mira Geti : Boulliau. 


C~ z Sagittet éclat de Mira 
‘Qeti, : Boulliau, qui découvre 
la période (333 jours) de cette 
étoile, — J.-D. Cassini dé- 
couvre l’ombre des sat. de Z 
sur le disque. 


J.-D. Cassini découvre la rota- 
Ay. 


Auzout donne une éphéméride 
de la comète de 1664. 


Établissement de l'Acad. ges 
Sc. de Paris comme institu- 
tion 

l'Observatoire de Greenwich. 
= Invention du micro mètre. 


Fondation de bbirr" toire de 
Paris. — Sabstitution des 
lunettes aux pinnules des 
quarts de cercle. 


PHYSIQUE, — Sur la déternunation de la densité des corps solides. 
Note de MM. Henry Le Cuareuer et F. 


La détermination des densités passe pour l’une des opérations les plus 
simples de la Physique; elle figure dans les programmes de l'enseignement 
scientifique élémentaire. Peu de mesures cependant sont généralement 
faites d'une facon aussi inexacte; bien rares sont les corps solides dont nous 
pouvons nous vanter de connaître la densité à 1 pour roo près. Les Traités 
de Chimie ne donnent presque jamais de nombre précis pour ces densités, 
mais seulement les limites entre lesquelles elles peuvent varier. Dans le 


Traité de Moissan, par exemple, nous trouvons, pour des corps très abon- 


dants dans la nature et se présentant habituellement dans un grand état de 
pureté, les indications suivantes : 


460 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


OUVRE. nn de densités comprises entre 2,55 et 2,74 
Galène naturelle ...,.. densités variant de 7,26 à 7,70 
Galène artificielle . .... » 6,9. à +756 
Blende naturelle ...... » Di 6,2 


Pour le quartz, les expériences de MM. Macé de Lépinay et Buisson ont 
montré que la densité est en réalité absolument fixe et égale à 2,6507, avec 
une incertitude d’une unité seulement sur la quatrième décimale. 

Bien des chimistes cependant se refusent à admettre cette constance des 
densités, c’est-à-dire nient une des lois fondamentales de la Chimie, celle 
des propriétés définies, d’où est sortie la notion des combinaisons définies. 
Une fois engagé sur cette pente, on passe facilement de la négation des 
propriétés définies à la négation des proportions définies. Il n’y a pas lieu 
de rappeler ici les travaux de savants éminents qui ont admis la possibilité 
de variations dans la composition des combinaisons organiques ou dans 
celle des hydrates salins, nous ramenant ainsi aux temps passés de l’alchimie. 
La mesure exacte des densités présente donc un réel intérêt. 

Les causes d’erreur les plus fréquentes dans les mesures de densité sont 
au nombre de trois : 


1° Impureté des corps étudiés. — L'analyse chimique permet facilement 
d'éliminer cette cause d’erreur. Son importance est assez connue pour que 
les précautions voulues soient généralement prises. 


2° Insuffisance du poids de matière. — Cette difficulté est inexistante 
pour les corps usuels semblables à ceux que nous avons cités plus haut, au 
sujet desquels notre ignorance est particulièrement choquante. Cette dif- 
ficulté se présente surtout avec certains corps rares, préparés au laboratoire 
en petite quantité. 


3° Adhérence d’une mince couche d'air à la surface des corps solides 
immergés. — Il ya une cause d'erreur d’une importance capitale, dont on 
se préoccupe parfois insuffisamment. Cette adhérence de l’air à certains 
corps est énorme; elle est mise à profit dans le procédé, dit du flotiag ge, pour 
la séparation de certains minerais sulfurés : galène et blende, de leur 
gangue oxydée : quartz et oxyde de fer. Dans des conditions convenables, 
on arrive à faire flotter les sulfures, grâce à leur gaine d’air, pendant que 
la gangue coule au fond de l’eau. 

L'objet de cette étude est précisément d'étudier cette dernière cause 
d'erreur, de chercher comment elle varie avec la nature du liquide dans 


SÉANCE DU 30 OCTOBRE 1916. 461 


lequel on immerge le corps solide pour prendre sa densité, Cette adhérence 
de l'air est complètementévitée, comme nous allons le montrer, par l'emploi 
de l’un des trois liquides : tétrachlorure de carbone, benzène cristallisable 
ou essence minérale. On peut avec ces liquides, en se servant de dispositifs 
très simples, réaliser rapidement des mesures très précises, par exemple 
faire en 10 minutes une mesure exacte au millième près. 

Le dispositif expérimental consiste essentiellement en un tube de verre 
de 5"® de diamètre intérieur, divisé en dixièmes de centimètre cube, 
bouché à son extrémité inférieure et maintenu verticalement par un 
support. On introduit jusqu’à moitié hauteur le liquide servant aux 
mesures et l’on détermine la position du ménisque par rapport aux divi- 
sions du tube, soit à l'œil, soit en se servant d'un cathétomètre, On évalue 
ainsi, suivant les cas, le centième ou le millièmé de centimètre cube. 

On verse alors dans un entonnoir à long tube un poids de matière corres- 
pondant à environ 2%. On prend des grains assez fins, débarrassés des 
parties impalpables; des grains traversant le tamis n° 100, de 1250 mailles 
au centimètre carré, et restant sur le tamis n° 200, de 5000 mailles, con- 
viennent très bien. On détermine de nouveau la position du ménisque après 
cette introduction du corps solide et l’on obtient la densité en divisant le 
poids du corps employé par le volume du liquide déplacé. 


Pour vérifier la graduation du tube, nous avons commencé par une détermination 
de la densité du mercure. La température de la pièce étant de 20°, 295,23 ont 
déplacé 2™ 159 de tétrachlorure de carbone, Cela donne une densité de 13,5386 di fé- 
rant de moins de 0,02 pour 100 de la densité exacte, c’est-à-dire d'une quantité bien 
inférieure aux erreurs d'expérience. La Lee moyenne du tube pouvait donc 
être considérée comme exacte. 


Une première série d'expériences a été faite avec du sable de Fontai- 
nebleau préalablement calciné et recueilli entre les tamis n° 100 et 200. 
Quatre mesures faites avec de l’eau ont donné les chiffres suivants : 


Hengibes ni idem 2,581 2, 632 2, 637 rs , 644 


Erreur (pour 100) ..... 2 0,7 0,9 0,2 


Dans la seconde expérience on avait fait le vide au-dessus du liquide pour 
tåcher de chasser les bulles d’air. 

Les expériences faites avec le HE RES de cachait ont prne au 
contraire des nombres ne différant les uns des autres que de 0,1 pour 100, 
c'est-à-dire d’une quantité inférieure aux erreurs de mesure. Chaque expé- 

C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 18.) 62 


462 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


rience isolée éomporte précisément cette erreur; la différence d’une expé- 
rience à l’autre peut donc être deux fois plus grande. 


HORMIS e.s niert 3009 2,654 2,655 


Ces trois densités diffèrent de celle du quartz pur de moins de 0,2 pour 100. 
Ce léger écart peut être attribué à la présence du fer; il ne dépasse d’ail- 
leurs guère la limite possible des erreurs expérimentales. 

Une seconde série d'expériences a été faite avec de la blende et de la 
galène naturelles, prises en échantillons bien cristallisés etsemblant très purs. 
L'analyse n’en a cependant pas été faite; aussi ne peut-on donner les 
nombres obtenus comme des valeurs définitives. Les cristaux ont été 

“écrasés et séparés par deux tamisages. On appelle, dans le Tableau ci-des- 
sous, gros les grains qui ont traversé le tamis de 300 mailles et ont été 
retenus par le tamis de 1250 mailles; on appelle fin les grains qui ont 
traversé ce dernier tamis. On y a laissé l’impalpable produit par le broyage, 
ce qu'on ne devrait pas faire pour des expériences normales. Mais il s'agissait 
d'étudier l'influence de la finesse sur la précision des mesures; cette finesse, 
en augmentant pour un poids donné de matière les surfaces libres, tend à 
favoriser l’adhérence de l’air et à accroître ainsi les causes d'erreur. Les 
expériences ont été faites avec de l’eau etavec du tétrachlorure de carbone. 


Eau. Tétrachlorure de carbone. 
Galène. 
Gros. sie +. 7,331 (erreur 2 pour 100) 7,984 
Poule hs baai 7,276 (erreur 4 pour 100) 7,990 
Blende. 
Gros 4,054 (erreur 0,6 pour 100) 4,079 
Fin sr o Impossible. 4,079 


Les mesures avec le chlorure de carbone ne diffèrent entre elles que de 
0,1 pour 100; elles doivent donc être considérées comme identiques, aux 
erreurs de mesure près. Avec l’eau au contraire les erreurs atteignent plu- 
sieurs centièmes et même, dans le cas de la blende fine, les mesures ont été 
rendues impossibles par la trop grande quantité de matière qui venait 
flotter sur le ménisque. 

Une dernière série d'expériences a été faite sur de la limaïlle d'acier pour 
comparer différents liquides. 


SÉANCE DU 30 OCTOBRE 1916. 463 


Erreur 
pour 100 
Eag arte PE PREE a A à 7,720 1,9 
A 18001 ROO een AV UN be 7789 0,5 
LOUE DER TS a 7,788 0,4 
PORT Éd ere té oi 7,822 » 
Essence minérale siiioslisuts es. orui] 7:819 » 
Létrachloruds; ss el il rss Ai: 7,818 » 


Les trois derniers nombres diffèrent entre eux de 0,06 pour 100, c'est- 
à-dire d’une quantité inférieure aux erreurs de mesure. Les trois Kaida 
benzène, essence minérale et tétrachlorure de carbone conviennent donc 
également pour la détermination des densités. L'eau au contraire ne doit 
jamais être employée. 


SPECTROSCOPIE. — Sur une formule de réduction des spectres prismatiques. 
Note de M. Maurice Hamry. 


J'ai montré antérieurement (') comment on est conduit à l'expression 
générale 


(1) À), = 


FRE 
A+ Al) +A,(I— 1 +... HA, (AY 


pour calculer les longueurs d'ondes des raies inscrites surun spectrogramme 
prismatique, A, A,, ..…, À, désignant des constantes et Z — d, la distance, 
mesurée sur le cliché, d’une raie quelconque de longueur d'onde À à une 
raie de longueur d'onde À, choisie comme origine. 

Pratiquement, les constantes A se déterminent en écrivant que l’équa- 
tion (1) est vérifiée par les données d'observations relatives àn +1 raies, 
autres que la raie origine. On est ainsi ramené à n + 1 équations linéaires 
à à + 1 inconnues. Pour les résoudre, on les combine entre elles de façon à 
obtenir un nouveau système dans lequel la première équation renferme 
n + 1 inconnues, la seconde n, la troisième n — r, etc. On arrive ainsi, en 
général, beaucoup plus rapidement au résultat qu’en ras les forties 
de Cramer. | 


(') Comptes rendus, t. 160, 1915, p. 701. Je signale ici un erratum : l'expression 
de Ar, donnée en haut de la page 704, doit être a du signe — 


464 ACADÉMIE DES SCIENCES. 
Si l’on veut faire concourir toutes les observations à la détermination des 
coefficients, il convient de mettre l'équation (1) sous la forme 
ei tee VA ABL 
T en un 


où l désigne la distance d’une raie quelconque, de longueur d'onde À, à 
une origine arbitraire, et /, la distance de la raie de longueur‘ d'onde À, à 
cette même origine. Où regarde alors /, comme une inconnue à déterminer 
au même titre que &,,4,,..….,a,. Les calculs achevés, on revient à la 
forme (1). 

Dans les applications, on constate que l'équation (1) représente déjà 
remarquablement les observations, même en prenant simplement n = 2, 
tout au moins quand le prisme est placé au minimum de déviation, pour la 
région moyenne du spectrogramme. Or, dans cette hypothèse, si À, cor- 
respond à la raie pour laquelle le prisme est dans la position du minimum, 
l — l, est alors très sensiblement proportionnel à la différence des indices 
relatifs aux longueurs d'ondes À et À,. Il s'ensuit que la différence À — À, 
peut aussi se représenter par une équation de la forme (1), en fonction de 
la différence des indices correspondants de la matière du prisme, en déter- 
minant convenablement les constantes. 

Supposant donc que / — l, représente soit une distance de raies, soit une 
différence d’indices, nous nous proposons de montrer comment on peut 
tirer explicitement, de l'équation (1), la valeur de /—7,, en fonction 
de À — À, question qui se présente souvent dans les applications. | 

L'opération est fondée sur la remarque suivante : 

Quand on néglige A,, ..., A,, l'équation (r) se réduit à une formule qui 
ne diffère pas de celle qui a été indiquée par Cornu, pour représenter la dis- 
persion prismatique. Or, l'expression de Cornu donne des résultats déjà 
très approchés, dont l'erreur relative est inférieure au centième. H s'ensuit 
que, pour toutes les valeurs w l— l, qu'on a à considérer dans la pra- 
tique, le FREE 


LEE A ET OMS A EE 
FR | 


est petit, Ay ne dépassant pas l’ordre de grandeur de A,. Cela étant, 
posons 


~ 


=M=, lhe JOUNS Ar h t Any" 


et appelons y, la valeur de y qu'on déduit de l'équation (1) quand on 


SÉANCE DU 30 OCTOBRE 1916. 465 


supprime les termes en A,, A,, ..., A,. On a alors 


42 * Yy is PVR LS T  Ÿ à 
7 AtA y +f) Ao + Ai AYY) +/(Y) 
On tire de là 


Åz 
aa 1— A;r 
et: 
Ÿ vil CH) 
21 A, 
Posant 
Dé 


et écrivant KP … à la place de /(y,), F {7 ) la dernière équation 
devient cs al | 

| CO SAR | 
De là on peut tirer € par la série de Lagrange procédant suivant les 
puissances de L qui est une er quantité, comme nous à avons fait déjà 


. observer. Hi 


| + | d" 
(ec à on! j: 
jeie e 6 (da M 


Pratiquement, il suffit de retenir les trois ou r quatre pamini termes de 
la série, vu la petitesse de x. 

En particulier, si l’on se contente de trois termes en dénominateur, dans 
l'équation (1), on a 

ji ‘À gra A, 7 : 
JOY) = Ay’, NA E font TIA 
= TROEF ; 
“u 3 


Pha y t a ia Bar...) 


Dans les applications que j'ai eu à faire de cette formule, le terme en «°? 
était re og complètement négligeable. 


466 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


BOTANIQUE. — Les variétés de Vanille. Note de MM. Cosranrix et Bois. 


L'étude des variétés de la Vanille constitue une partie importante de 
l’histoire de cette plante, à cause de son intérêt économique; cependant 
cette question a été jusqu'ici l’objet de peu de recherches. Dans une Note 
précédente ('), nous avons été conduits à rattacher au type du Vanilla pla- 
nifolia trois formes qui étaient cultivées à Tahiti sous les noms de type 
Mexique, de type Tahiti et de type Trarer. 

Parmi les botanistes qui ont étudié la question qui nous préoccupe, 
nous devons surtout mentionner Schiede, qui a exploré soigneusement le 
Mexique au début du xx° siècle et qui a publié en 1829 un travail (?) don- 
nant les résultats de ses patientes observations. Il y mentionne quatre 
Vanilles qu’il désigne sous les noms de Vanilla sativa, V. sylvestris, V. Pom- 
pona (®) et V. inodora (*). 

Les deux premières méritent seules de retenir notre attention. La qua- 
trième a pu être confondue avec le type sauvage de la Vanille cultivée, mais 
l'examen de la morphologie de la fleur conduit à l'opinion que c'est une 
espèce distincte (*), sans aucun intérêt cultural. 


(1) Costantin et Bois, Sur trois types de Vanilles commerciales de Tahiti(Comptes 
rendus, t. 161, 1915, p. 196). 

(°) Scmene, Botanische Berichte aus Mexico (Linnæa, t. IV, 1829, p- 573). La 
lettre constituant ce travail avait été écrite de Misantla, ën 1820. 

(°) C’est le Vanillon surtout employé en parfumerie: C’est le Baynilla pompona 
des Hispano-Mexicains. Il est riche en huile éthérée, dit Schiede, et ne se laisse pas 
dd pour être envoyé en Europe. 

(+) L'histoire du V. inodora Schiede est intéressante à rappeler, car celte espère 
a été confondue avec la Vanille cultivée ou aromatique, caractérisée tout particuliè- 
rément par son parfum. La preuve qu’elle peut être confondue aveé cette dernière 
se trouve dans les noms qui lui ont été donnés, notamment de Vanilla aromatica 
par Swartz en 1799; ce nom, qui est le plus ancien, a été conservé par Cogniaux 
(Flora Brasiliensis, t. UIl, IV, p. 149), bien qu’il soit tout à fait inexact, puisque 
le fruit mest pas aromatique, justifiant aussi le qualificatif d'anaromatica de Grise- 
bach (Fl. Brit. W. Ind., 1864, p. 638) et celui d'inodora de Schiede (nom plus 
ancien qui doit être conservé : opinion adoptée par Rorre, Journ. of Linnæan Soc. 
Bot., t. 32, 1896, p. 449). C’est le Baynilla de puerco, de la région de Misantla, 
espèce distincte bien reconnue par les indigènes. 

(*) Le labelle est complètement dépourvu de crête ou d'appendices en touffes, tandis 
que le labelle du Vanilla planifolia est pourvu de crêtes disposées longitudinalement 
sur le lobe terminal et d’un petit tubercule ovoïdo-sphérique sur la partie papae 


SÉANCE DU 30 OCTOBRE 1916. 467 


Les deux premiers types de Schiede méritent, d'après lui, d’être dis- 
tingués comme espèces. Le premier est le Baynilla mansa des Hispano- 
Mexicains, caractérisé par ses feuilles oblongues, son fruit non sillonné; c'est 
la meilleure Vanille, seule cultivée véritablement au Mexique (sud du 
Mexique : Papantla, Misantla, Colipa) ('). Le deuxième type est le Baynilla 
cimarrona des Hispano-Mexicains, caractérisé par ses feuilles oblongues- 
lancéolées, sur fruits bisillonnés (sud du Mexique : Papantla, Nantla, 
Colipa) E). 

L'opinion de Schiede, qui sépare le Vanilla syivestris comme une espèce 
distincte du Vanilla sativa où Vanille cultivée, a été admise par quelques 
bons auteurs, notamment par Spach, Ch. Morren et Hemsley (°). 

Delteil (*}, plus récemment, examine plutôt la question en technicien 
qu’en botaniste. Il traduit pour nous les opinions des indigènes. I distingue 


et médiane du disque; ce dernier tubercule est formé de lamelles triangulaires frangées 
au bord supérieur, elles sont rapprochées les unes à côté des autres en une masse 
ovoïde. La colonne du V. planifalia est poilue antérieurement (elle est glabre dans le 
V. inodora). 

(1) D’après les renseignements que nous a fournis M. Diguet, voyageur du Muséum. 
qui a exploré, à plusieurs reprises, le Mexique, la Vanille est l’objet d’une grande 
culture intensive dans l’État de Vera-Cruz. Deux colonies francaises y font notamment 
cette culture dans des régions séparées par une vallée : à Jamiltepec (ce sont des 
Basques) et à San-Raphaël. D'autre part, la Vanille est exploitée dans les forêts par 
une semi-culture, Les indigènes, les Indiens surtout, propagent les plantes qui 
paraissent les meilleures dans les forêts et même autour de leurs habitations. Ils 
donnent aux gousses les soins les plus méticuleux en vue de la vanillation. Leur habi- 
leté est très grande; ils ont une pratique très remarquable qu'ils se transmettent 
de générations en générations, probablement d’après les anciennes traditions mexi- 
Caines et précolombiennes. L'instinct appliqué de l’Indien se révèle notamment pour 
surveiller la fermentation. Les données précédentes s'appliquent surtout pour l'Etat 
d'Oaxaca, sur les versants Atlantique aussi bien que Pacifique, Sur tout le versant du 
Pacifique: Oaxaca, Guerero, Mitchoacan, Colima, Jalisco et dans la terre chaude côtière 
littorale, la Vanille est exploitée de la même façon en demi-culture. 

(2) Schiede mentionne la Baynilla mestiza, qui west qu'un fruit intermédiaire 
entre le V., sativa et le V. sylvestris, aussi bien par la forme que par la qualité. 

(°) Spacu, Mist. des Végétaux, t. 12, p. 190-191: Cnarces Monrex, Bull. Acad. 
PERAK t. 17, Part; 1, p. 119; Heusiey, Biologia Centrali-Americana Bot., t- 3, 
P- 294. Ce dernier påsen: : V. inodora, planifolia, pompona, sativa et sylvestris. 1} 
est à prenne que les types de Schiede n'avaient pas été définis par les fleurs. 

(*) Delteil (La Vanille, sa culture et sa préparation, 1897, p. 37) a mentionné la 
Vanilla mestiza, à fruits plus ronds. H note aussi la Fe puerca és gaea 
dont l'odeur est désagréable. 


468 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


nettement ce qu'il appelle la simarona (cimarrona de Schiede)ou Vanille 
sylvestre, Vanille sauvage et la Vanille commerciale ou corriente ('). 

La discussion précédente nous a semblé intéressante parce qu’il nous a 
paru, par nos études sur les Vanilles de Tahiti, que trois formes que nous 
avons pu étudier récemment, Tahiti, Tiaret et Haapape, se rattachaient au 
groupe sylvestris. En effet, dans ces types, les’ feuilles sont nettement 
oblongues-lancéolées ; elles s’atténuent progressivement à leur sommet en 
pointe aiguë, au lieu d’être oblongues ovales, arrondies au sommet et mucro- 
nées, comme nous l'avons signalé en os ip la forme connue sous le 
nom de Mexique à Tahiti (°). - 

Grâce à l'intervention de M. Ptitihotome, PRIOR du Jardin colonial, 
et gràce à l’aide de Administration du Ministère des Colonies, nous avons 
pu compléter notre documentation sur les variétés de Vanille de. Tahiti, 
dont la connaissance offre une importance véritable au point de vue 
cultural et commercial. 

D'après les nouveaux échantillons envoyés en 1916 nous avons constaté 
que l’étroitesse des feuilles du Tiaret par rapport à celles du Tahiti n'est 
pas constante; mais ce qui distingue ces deux races, c'est le fruit, plus 
petit dans le Tahiti. Nous avons pu comparer les fleurs de ces deux formes 
(car celles du Tiarei manquaient dans le prernier envoi de 1914). 

L'examen des fleurs de quatre types : Mexique, Tahiti, Tiarei et Haapape, 
nous a conduit à retrouver les mêmes caractères avec des variations de 
détail; partout le lobe antérieur du labelle a des crêtes disposées en séries 
longitudinales; partout le disque, dans la région basiliaire et médiane, pré- 
sente une touffe de lames frangées formant une masse ovoïde; partout la 
colonne est poilue antérieurement. 

Le type Mexique se distingue cependant des trois autres par son labelle 
relativement peu frangé au bord et par ses feuilles oblongues ‘ovales, 
arrondies vers l'extrémité qui se termine par un petit mucron. Les trois 
autres types ont des feuilles oblongues lancéolées et un labelle très frangé 


(1) La Vanille corriente, Vanille lec. ou aromatique a cinq variétés : 4, charnue et 
longue; b, V. chica fina, moitié plus longue; c, V. saccata à peau plus fine que la 
première; d, V.resecata, id sèche, le quart de la longueur she run By 4 basura; 
tout à fait inférieure. 

(?) Il est à remarquer que, + type de V. planifolia décrit par ARNONI (Botanic 
Repository, t. VII, 1808, pl, 538).se rattache au type sylvestris par la forme vai ses 
feuilles et pe les franges accentuées du labelle (voir plus loin). 


mé 


SÉANCE DU 30 OCTOBRE 1916. 469 


à dents nombreuses et aiguës. On peut résumer ceci i par le Tableau suivant 
des types de Tahiti : 
Vanilla planifolia Andrews : var, sativa (V. Mexique), 
» var. sylvestris. 
» sous-variétés De” nobis, Tahiti. 


» » Haapape. 


L'histoire de la naissance de ces variétés est éclairée par les renseigne- 
ments que nous possédons grâce à M. Ahnné, président de la Chambre 
d'Agriculture (lettre de Papeete, 16 février 1916). C’est depuis 5o à 60 ans 
que la Vanille est cultivée dans l’île; il n’y avait d’abord que deux variétés : 
Mexique et Tahiti. Le premier type était considéré comme le V. plani- 
folia ; qoaa au second, « d'aucuns pensent au pompona, mais sa détermi- 
nation n’avait jamais été faite d'une manière précise ». 

Nous avons indiquė plus haut que cette manière de voir n’est tuliin 
fondée et que le V. Pompona est une espèce très distincte et entièrement 
différente. 

La variété Tahiti produit des gousses plus courtes et d’un parfum moins 
estimé que la forme Mexique. « Cependant, dit M. Ahnne, elle est beaucoup 
plus appréciée desnos planteurs, car ses gousses ont le plus grand avantage de 
ne point s'ouvrir quand elles parviennent à maturité; on peut sans inconvé- 
nient les laisser noircir sur pied. Après la cueillette, elles restent souvent 
entassées dans une chambre avant d’être exposées au soleil, et cela pendant 
2 ou 3 semaines. Bref, cette Vanille semble faite pour notre pays où la main- 
d'œuvre est rare et l’indolence des indigènes très grande. » La Vanille type 
Mexique exige beaucoup plus de soins; « elle se nd presque toujours dès 
qu'elle commence à jaunir et il faut la traiter immédiatement par l’eau 
chaude, soit par l'exposition au soleil. » 

Les deux types Tiaret et Haapape ont fait leur apparition « sans qw’il y 
ait eu aucune importation de nouvelles boutures » dans l’archipel. Les 
fruits du Tiarer (nom du district où l’on constata d’abord sa présence, il y a 

„une dizaine d’années) étaient beaucoup plus longs et de beaucoup plus de 
valeur; malheureusement cette variété « ne portait que de rares inflores- 
cences, peu fournies et demandait, pour fleurir, à être soigneusement 
descendue et même taillée ». 

Le type Haapape a fait son apparition depuis 2 années ( originaire d’un 
district voisin), est « beaucoup plus prolifique, il fleurit deux fois l’an et se 
couvre d’inflorescences ». 

C. Ra; 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 18.) 63 


470 ACADÉMIE DES: SCIENCES. 


Une expertise commerciale (*) a appris qu’au point de vue commercial 
« les trois types Tahiti, Tiarei et Haapape avaient exactement la même 
valeur. Ces trois échantillons ont, en effet, le même parfum d’héliotrope, 
particulier à la Vanille de Tahiti (2) ». ; 

« Le type Mexique paraît présenter le plus sérieux intérêt et se rapprocher 
de la Vanille genre Bourbon. Il semble probable que cette Vanille bien 
préparée givrerait convenablement (°). » 

Les données fournies par cette expertise présentent le plus grand intérêt 
au point de vue de l’évolution économique de notre colonie océanienne, 
puisque Tahiti cpro dit les =. de la récolte mondiale de ce fruit. 

La qualité n’a pas jusqu'ici répondu à la quantité, mais il semble, dani 
ce que lon vient de lire, que la qualité pourrait être améliorée d’une 
manière appréciable : 1° en entreprenant de vastes cultures du type 
Mexique ; 2° en soignant la préparation. Pour arriver au succès, il faudrait 
parvenir à secouer l’indolence des indigènes qui cultivent un produit infé- 
rieur parce qu'il leur donne moins de peine. En changeant ces traditions, 
on ‘parviendrait à donner de l'essor à la colonie (+). 


E Expertise faite par M. Maurice Simon, expert du Ministère des Colonies. Un 
goût de forte fermentation constituant une véritable avarie a gêné fortement l'expertise. 

(?) Leur valeur était, en France, en pe 1916, 18% à 2of le kilogramme 
(27,08 de droits de douane compris), tandis qu'à Papeete leur cie ne devait guëre 
dépasser 15°. 

(2) Avec une bonne hparninndl doh l'expert, « la valeur de cette Vanille pour- 
rait être comparable à celle des types similaires de l'océan; Indien et atteindrait 
actuellement 25f à 27f le kilogramme ». La Vanille est actuellement en baisse par 
suite de très fortes récoltes annoncées de l'océan Indien. 

(*) Nous remarquons, en terminant, que nous n'avons pu avoir de rénseignements 
sur les Vanilles des Philippines, d'où le type Tahiti était probablement venu. 
M. W.-E. Cobey (Acting Director of Agriculture à Manille), dans une lettre du 
16 octobre 1915, dit : « Il n’y a pas, à ma connaissance aux Philippines, d'espèces de 
Vanille autre que celles introduites récemment d’autres régions tropicales à titre 
expérimental. » Nous n'avons donc pu avoir de renseignements sur le Vanilla majai- 
jensis de Blanco (Voir Cosranrin et Bors, Comptes rendus, t. 161, 1915, p. 196). Selon ` 
M. Maemillian (superintendant du Jardin botanique de Péradenya) (lettre du 11 dé- 
cembre 1915), « seul le Vanilla planifolia est cultivé à Ceylan, maïs on trouve 
cependant à une faible altitude, dans la jungle, une espèce sauvage, ni Vanilla 
Moonii ». 


SÉANCE DU 30 OCTOBRE 1916. 473 


ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les zeros de Y (s) de Riemann. 
Note de M. C. pe La VazLée Poussix. 


Je me propik de démontrer le théorème suivant : Soient a une con- 
stante `> ; mais Z1, € une constante positive aussi petite qu’on veut ; le nombre 
des racines de C(s) qui sont d'ordre impair et de la forme 1 + ti, où l’on a 

3 
T<i<T—+ T’, est infini avec T et d'ordre plus élevé que To logT. En 
particulier, le nombre des racines où t est compris entre T et (1+ £)T est 
d'ordre supérieur à T' stog T. 


La démonstration de ma Note précédente (') se rattachait immédiatement aux 
idées de M. Hardy. Celle-ci se rattache plus directement aux idées de M. Landau (?); 
elle a l'avantage de s'appliquer aux fonctions liées à une progression arithmétique, 
auxquelles on peut donc étendre le théorème que je viens d’énoncer. 


. L’équation (1) de ma dernière Note peut s'écrire comme il suit : 


I es LE £ 
I ALES xt H dt —— 2 2 mime 
(1) Ar f: p(t) e ?+2e DN 
1 
J'y remplace æ par æ — 28i (5 > 0). Le module du second membre est 
inférieur à la somme de ceux des termes, donc à 


eÊ + 9 sy enr ef E PA AT ES 2 eê f e-r Te" cosza dæ 
i D 
1 i 


e~ $ 2e P 
Le Ba ya e mener une 
Vcos2æ . ycos2a 
J'écris que la partie imaginaire du premier membre de (1) est inférieure 
à cette limite; il vient y 


I 


; i 
(2) wif e sin (ae) 2(0 del < E (a< 2): 


(*) Comptes rendus, t. 163, 1916, p. 418. 
(C) Math. Ann., B. 26, p. 212-243. J'utilise quelques procédés de raisonnement de 
M. Landau. | : 


472 - A ADÉMIE DES SCIENCES. 


{ 
2. Je considère une fonction bornée impaire, 2(4), de période 7, 
exprimée en série trigonométrique 


ant H anri 
n E D Faen bisin = F b, iH Ja .. + 6, sin — + 


telle que le produit |nb,| soit < A donné quel que soit z. Alors; par laddi- 
tion d’inégalités comprises dans (2), j'obtiens (' ) 


nT 
(3) kl. argipen SR E e 
IT ycos2g n ycos2a 


. où # est une constante convenable, car on a 
Te a 
Xe <y ———— vE = pue) MES =log(r+2). 
dr PL 


3. Voici maintenant la définition de (4). Je me donne les nombres £ > 0, 
3 P. . 
us zet Sn, b>1, enfin T assez grand pour que T? soit > T + T°. Je 
prends la période + = 2 T’ et je définis o (z) dans la demi-période (0, T°) en 
pòsant ¢(ż) égale à l'unité du signe de ọ(ż) dans l'intervalle (T, T+T°)et en 
annulant ọ(ż) dans les deux intervalles restants. Le coefficient b, s'exprime 
par une intégrale de forme connue, dont le calcul est aisé et donne 


Mbu E A Ta 


v— 1 étant le nombre des changements de signe de ọ(ż) dans la demi- 
période, c’est-à-dire celui des racines d’ordre impair de ọ(t) entre Tet T+T". 
Portons la valeur que nous venons ainsi d'obtenir pour 4 dans (3), il vient 


I 


; 1) F ahonda OEE, 
EA FL PDP TVcos2 x 
4. Je pose a = 7 — T = dans (4) et je fais tendre T vers l'infini. La démon- 


stration résulte de la Ame à de l’ordre d’ infinitude des deux membres. 
Cet ordre est apparent dans le second membre, qui devient infini comme 
vo VT logT. Examinons le premier membre. 

Il se réduit à la somme des intégrales dans les intervalles (T, T + ch 


nt 


(1) L'intégration de la série terme à terme se justifie facilement, parce que les 
sommes partielles sont bornées en vertu d’un théorème de M. Fejér. 


SÉANCE DU 30 OCTOBRE 1916. 473 


T°, +) et leurs deux symétriques (o s’annulant ailleurs). On peut négliger 
, y q P 8ng 

ces deux symétriques où l'intégrale tend visiblement vers zéro. Je dis qu’on 
peut aussi négliger l'intervalle (T#, æ). 


xt 


. 1 
Si + > 4 0 VE 
En effet, pour z infiniment grand, |T G + my] est de l’ordre de z ‘e 


et (3 + ti) est au plus de l’ordre de yz. On peut done assigner une con- 


stante A telle qu’on ait 


æ æ Hek r € 7 3 A 
$ le(s) de = f er r(+t)e( +ui) [at <a f Če “dt; 
tè Tè i 4 2 2 re 


et b étant > 1, cette expression tend vers zéro avec 1: T. 
în définitive, pour T infini, le premier membre de (4) se réduit à 


I 
(+) jae 
T+ETs 


THET” i 
= $ (2+) dt 4 
E 2 

T \ / 


(F+eT<)' 


1+:T4 
1 


T+cTe 
m e%t|o(4)|dt >B 
F 


T 


Be à 


où B est une constante positive. Or cette intégrale de {(s)'effectuée sur la 


verticale c — © ne diffère de celle effectuée entre les mêmes limites sur 
2 


=š inci 4 inté r les hori- 
5 = > (dont la valeur principale est e T*) que par les intégrales sur les ho 
zontales de raccord (qui sont < yT < T°). Cette intégrale a donc pour 
valeur principale e T*. La dernière expression, où aZ1, est donc infinie 
i 1 
d’un ordre égal ou supérieur à T *. Tel est aussi l’ordre d’infinitude du 
premier membre de (4). Cet ordre ne peut être plus élevé que celui du 
y i ke 

second, qui est yT logT. Donc v est au moins de l'ordre de T_ +: logT, 
et ceci n’est possible avec un € arbitraire que si ¢ est d'ordre plus élevé. 
C'est le théorème énoncé au début (‘). 


(*) Je signale, en terminant, une faute d'impression dans l'énoncé du théorème 
qui termine ma précédente Note (p. 421). On lit Lt ax Fo aa Il faut changer le 
sens de cette inégalité. 


474 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


GÉOLOGIE. — Sur låge exact de la « Plaine des Rocaïlles » pres la Roche-sur- 
Foron (Haute-Savoie ) et sur les stades fluvioglaciaires du Genevois-Faucigny . 


Note (') de M. W. Risas. 


De nouvelles observations effectuées dans la région sulbalpine et juras- 
sienne, qui s'étend de Bellegarde (Ain) à Bonneville et Annecy (Haute- 
Savoie), me permettent de compléter, de préciser et de rectifier sur certains 
points les conclusions publiées antérieurement par moi (°) sur l'existence 
et l’étendue des complexes fluvioglaciaires dans cette partie de la France 
et de mettre en évidence le rôle important qwa joué dans l’histoire dés 
temps quaternaires la ride mes rs « tronçonnée »  Salève-Cruseilles- 
Lovagny. 

Ainsi que jeil'ai démontré précédemment, il est possible de reconnaître 
dans cette région, outre des traces de glaciations antérieures, indiquées par 
des ruptures de pente du profil transversal particulièrement nettes dans la 
cluse du Rhône à Fort-l’Écluse, dans larvallée de la Filière près de Thorens 
et dans celle du Borne en amont de Saint-Pierre-de-Rumilly (épigénies et 
« verroux » de divers âges), des dépôts morainiques et fluvioglaciaires 
appartenant aux complexes.suivants : 


A. Stade de la fin de la glaciation würmienne (*) (— Wäürm I) 
représenté : 

a. Pour le glacier du Rhône à à l'Ouest, par les moraines frontales 
des environs de Bellegarde, attribuables à une branche du glacier ayant 
Faut, le Pre de Fort-l'Écluse, et, plus à l'Est, par le très UE 


(1) Séance du 23 octobre 1916. 

(°) W. Kuan, Contribution à l'histoire de la vallée du Rhône à l’époque lite 
tocène : Le défilé de Fort-l "Écluse (Ain) (Annales de Glaciolog vte,t. 6, igri; p- 31): — 
W. Kıray, J. Révic'et M. Leroux, Histoire de la dépression du lac d'Annecy à l'époque 
pléistocène (Compte rendu sommaire des séances de la Société géologique de France, 
n° 11, juin 1913). — W. Kinan, Les formations fluvio-glaciaires de la région ĝu 
Faucigny (Haute-Savoie) (Compte rendu sommaire des séances de la Société géolo- 
gique de France, g novembre 1914). 

(*) Le maximum de la glaciation würmienne s'est étendu, comme on le sait par les 
beaux travaux de M. Depéret, beaucoup plus à l'Ouest et a atteint les ‘environs de 
Lyon (moraines de Lagnieu, etc.); le stade dont il s’agit ici est un stade de retrait 
postérieur. 


SÉANCE DU 30 .OCTOBRE ; 1916. , 475 


« vallum.» frontal (amphithéâtre morainique) continu, à pente douce vers 
Frangy-les-Usses et talus raide vers Saint-Julien et le Léman, observable 
entre le Vuache et le Salève, auquel appartient le Mont-de-Sion ('); 

b. Pourleglacier de l’Arve par le Glaciaire de Monthoux, de Saint-Jeoire, 
de Faucigny et par celui de la région des Bornes (Saint:Laurent-Menthonnex, 
la Chapelle-Rambaud) et les moraines des environs sud-est de Cruseilles; 

ce. Pour le glacier de l’Isère-Doron-Arly, par les moraines des environs 
d'Annecy, : Alby et Rumilly. Ces dépôts glaciaires sont accompagnés 
d’.« alluvions de progression » et « d’alluvions de fonte » subordonnées 
| Bellegarde, vallée des Usses (°), Frangy, Jussy, près Cruseilles, Brassilly 
près d'Annecy, Rumilly]. Les alluvions. de retrait (520) de Couvette- 
Findrol et Fillinges (Vallée de la Re datent de la rue de TÁBLÁS 
sion de ce stade. 


B.. Un stade néowurmien, en contrebas des « seuils de débordement » 
glaciaires, les glaciers restant désormais confinés dans des cuvettes termi- 
nales bien délimitées, comprenant : 

a. Pour le glacier du Rhône, la partie sud du bassin du Léman (basses 
moraines: du pied du Jura, de Collonges, Valleyry, Saint-Julien, du Bois 
de la Bathie); ne s'écoulant plusique par le seul défilé de Fort-l’'Écluse où 
elles recouvrent des dépôts interstadiaires, ainsi que le « Glaciaire infé- 
rieur » de Thonon (Jacob). — Dans le bassin du lac Léman : les complexes 
würmien et néowürmien peuvent encore être nettement distingués entre 
Collonges et Crassier; au nord-ouest et au nord de Genève, aux environs 
de Gex et de Divonne; à Gex, de belles moraines locales descendant du 
Jura se montrent en connexion avec.les formatione néowürmiennes les plus 
récentes; 

b. Pour le glacier de Fasi ag moraines da Saint-Laurent, de la cd 


(1) La : moraine. du Mona Sion appartient nettement, ainsi que l'ont encore 
récemment fait remarquer MM. Favre et Joukowsky, au Glaciaire rhodanien. A 
l'époque würmienne les moraines frontales du glacier de l’Arve ne rejoigopient, ce der- 
nier ( par la région de Menthonnex, la Chapelle-Rambaud et Cruseilles) qu'au sud du 
Honirda-Sion et de l'extrémité méridionale du Salève. Les moraines du Mont-de-Sion 
elles-m t donc nettement au complexe rhodanien et non, comme nous 


l’avions cru un Anal. : à celui de l’Arve. 

(*) Cette vallée correspond à une dépression périphérique extérieure au vallum 
de stationnement du Mont-de-Sion; le Glaciaire y offre déjà des intercalations d’allu- 
vions de fonte. 


476 | ACADÉMIE DES SCIENCES. 


de la Roche-sur-Foron, de Marcinge, de Loisinge, de Findrol, de Saint- 
Sixt, etc.; 

c. Pour les environs d'Annecy, les moraines de Veyrier, de Sevrier et 
de la Balme de Sillingy; vers l'aval ces moraines néowürmiennes se 
montrent, dans la vallée de l’Arve, en relations avec des terrasses de pro- 
gression qu'elles ont en partie recouvertes dans un mouvement de récur- 
rence et avec des terrasses d’ablation auxquelles les relie généralement un 
cône de transition. On peut observer ces terrasses, pour les branches des 
glaciers de l’Arve et de la Menoge, aux environs du Pont-Notre-Dame 
[terrasses (460® à 500") d’Arthaz, de Reignier, de Vétraz, de Nangy|. 

Dans la vallée de l’Arve également la prodigieuse traînée de blocs (') 
urgoniens de très grande taille, connue sous le nom de Plaine des Rocaïlles 
et qui, ainsi que l’a montré M. Delebecque, ne peut s'expliquer que par un 
gigantesque éboulement dont les débris ont été « convoyés » par le glacier du 
Borne et s'étendent des environs de Saint-Laurent jusqu’au nord-est de 
Reignier, se rattache à la période de retrait de cette récurrence néowür- 
mienne équivalente du « stade d’Eybens » de P. Lory, dans le bassin de 
l'Isère, car on voit nettement, près de Saint-Ange et au Château de Pierre, 
près Findrol, ses derniers blocs encastrés dans le complexe qui se con- 
tinue plus ‘en aval par la terrasse d’Arthas (491"). Ces formations sont 
contemporaines des complexes néowürmiens de Thorens, du bas Chéran 
(Pont-de-l’Abime) et des environs de Chambéry-lac du Rte on: décrits 
par MM. Combaz et J. Révil. 


C. Un stade de retrait, en contre-bas du précédente et témoignant d'une 
régression encore plus accentuée des appareils glaciaires : 

a. Pour le glacier du Rhône, il faut en chercher les traces en amont de 
Genève et du Léman; pour le glacier de l’Arve, les moraines basses et 


(*) Les énormes blocs calcaires de cette traînée, dont le plus septentrional (Château 
de Pierre, près Findrol) a été interprété comme un pointement urgonien en placée par 
les auteurs de la feuille d'Annecy, se montrent par places nettement mélangés à des 
dépôts morainiques d’origine alpine. Au nord de Saint-Laurent on les voit distincte- 
ment former le couronnement d’un vallum glaciaire (moraine latérale) dont la partie 
profonde contient des blocs intra-alpins. Ils appartiennent à un stade de retrait du 
glacier néowürmien et dominent nettement d'autres moraines alpines (Saint-Pierre- 
de-Rumilly) situées en contre-bas et appartenant au stade suivant (C), bien que, par 
places, des glissements récents aient parfois fait descendre quelques blocs à un niveau 
inférieur. 


SÉANCE DU 30 OCTOBRE. 1916. 477 
« Drumlins » de la « cuvette terminale » de Bonneville aux environs de 
Scientrier et de Saint-Pierre-de-Rumilly et dans les parties basses des 
environs de la Roche-sur-Foron; elles ont, à l’aval, donné naissance à 
des terrasses alluviales situées à un niveau inférieur à celle d’Arthas et 
qualifiées de postglaciaires dans les environs de Genève (Moellesullaz, 
Gaillard, Pont-d'Etrembières, Annemasse, etc.), elles correspondent aux 
phases de retrait qui ont succédé à la récurrence néowürmienne du Bois de 
la Bathie et ont été en partie étudiées par M. André Delebecque. 


D. Quant aux restes du stade bühlien, ils doivent être recherchés pour la 
vallée de l’Arve, en amont de Cluses, vers Sallanches, pour la vallée du 
Rhône, dans le bas Valais et pour celle de l'Arc à Chamousset. 

Pour la branche d'Annecy, les dépôts de ce stade doivent être étudiés : 
près de Faverges et Ugines, c’est-à-dire en amont du lac, et pour le glacier 
de Chambéry-Chapareillan, en amont de Montmélian où ils constituent à 
Chamousset un amphithéâtre très net et très bien conservé (Kilian et Révil). 


E. Enfin des stades encore plus récents du glacier de l’Arve ont laissé des 
traces près des Houches et d’Argentière, il en est de même pour le glacier 
du Rhône (Haut-Valais), ainsi que pour ceux de la Tarentaise (Saint- 
Marcel, Tignes, Val-d’Isère) et de la Maurienne (stades de Saint-Michel, 
Thermignon, la Magdeleine) (). 


L'are anticlinal tronçonné, de calcaires mésozoïques (Salève-Cruseilles-Pont-de-la- 
Caille-Allonzier-Mandallaz-Lovagny), dont les irrégularités (décrochements, abaisse- 
ments d’axe, etc.) ont été décrites par Maillard, par M. Schardt, puis par. MM. Favre 
et Joukowsky, a joué un rôle important dans l'histoire des glaciers pléistocènes. 

Un de ses ensellements a été franchi près de Cruseilles par une branche du glacier 
Würmien de l’Arve, alors que la partie principale de ce glacier s’écoulait dans la 
direction de Rumilly en franchissant, près de Lovagny, la partie la plus basse de ce 
même bombement calcaire et en accumulant de ce côté ses alluvions de progression. 

A l’époque néowürmienne ce même accident a joué un rôle directeur dans la dispo- 
sition des cuvettes terminales et l'écoulement des fronts glaciaires; le glacier de 
l’Arve ayant écoulé ses alluvions de fonte par Etrembières en contournant l'extrémité 


(C) M. V. Novarese [// guaternario in val d'Aosta e nelle valli di Canavese 
(Boll. R. Comitato geol. d'Italia, t. 45, 1916), et Gli stadi postwürmiani nella 
Valle d’ Aosta (La Geografia, anno VI, febbraio-marzo 1916; Novara )] est arrivé à des 
conclusions fort analogues pour la vallée d'Aoste et ses résultats confirment de la 
facon la plus heureuse et la plus remarquable ceux que j'ai exposés en 1911 et com- 
plêtés dans la présente Note, relativement aux oscillations glaciaires postwürmiennes. 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 18.) 


478 ACADÉMIE DES SCIENCES. 
du Salève ét le glacier du lac d'Annecy s'étant épanché pae une brèche de ce même 
axe anticlinal à la Balme de Sillingv. 

Enfin c'est aux progrès de l’érosion régressive dans les calcaires urgoniens de ce 
même ridement, près de Lovagny, qu'est due, après le Néowürmien, l’émersion de la 
« Plaine des Fins » et la réduction du lac d'Annecy provoquée par l’épigénie du Fier. 

À l’ouest dé cette barrière naturelle, le glacier du Rhône édifiait, a la fin de l'époque 
würmienne, entre Salève et Vuache, le magnifique talus frontal (amphithéâtre morai- 
nique) du Mont-de-Sion et entre Vuache et Credo les vallums des environs de Belle- 
garde reposant sur les alluvions de progression des vallées des Usses et du Rhône; et 

s’écoulant, par de beaux cônes de transition fluvioglaciaires, par Frangy et Seyssel 
vers Culoz, tandis qu’à l’époque de la « récurrence néowürmienne » le seul passage de 
Fort-l Ecluse servait d’issue au glacier réduit qui occupait encore le bassin du Léman 
(Bois de la Bathie, Saint-Julien, Collonges) (1). 


Le prince Bonaparte fait hommasi l'Académie d’une lettre du bota- 
niste marquis de Saint-Simon (1720-1799), auteur d’un Traité sur les 
Jacinthes, adressé au Secrétaire perpétuel, Grandjean. de Fouchy, et dans 
laquelle il demande l'approbation de l’Académie qui lui manque et qui lui 
serait surtout agréable. Cette lettre est datée d'Amsterdam le 28 juil- 
let 1:68. Elle sera déposée dans les Archives. 


CORRESPONDANCE. 


M. Cnances Le Monvax adresse un Rapport sur l’emploi qu'il a fait de 
la subvention qui lui a été accordée sur le Fonds Bonaparte en 1915: 


M Marw Punisaux, MM. E. Escrancox, Jures LEMOINE, CHARLES 
Perrier, Avocpse Ricnarp adressent des remerciments pour les distinc- 
tions que l’Académie a accordées à leurs travaux. 


M. Axpré Geraro adresse des remerciments pour la distinction que 
l'Académie a accordée aux travaux de feu Eric Gerarp, son père. 


Mme Vve Cusco adresse également des remerciments à l'Académie. 


(©) Voir W. Krttaw, loc. cit. (Annales de Glaciologie, 1911). 


SÉANCE DU. 30 OCTOBRE 1916. 479 


M. le Secréraime peRpéruEL signale, parmi les pièces imprimées de la 
Correspondance : 


1° Bridge Engineering, by J. A. L. vaut (Présenté par M. Le- 
cornu.) 

2° Bref och Skrifvelser af och till Cart von LINNÉ, med Understöd af 
Svenska Staten utgifna-af Upssex Univensirer. Andra Afdelningen. Del. 


ÉLECTRICITÉ. — Sur les variations d ‘épaisseur d'une lame de caoutchouc sous 
l'influence d'un champ électrostatique. Note de M. L. Bovcuer, présentée 
par M. E. Bouty. 


Dans une précédente Note ('), j'ai signalé que des isolants solides se 
dilatent normalement à un champ électrostatique. Mais, pour se faire une 
idée plus complète du phénomène, il est nécessaire de l’étudier dans la 
direction même des lignes de force; c’est ce que j'ai tenté de faire, en choi- 
sissant le caoutchouc comme substance déformable. 

La matière, sous forme de rondelles de 15°" de diamètre d'épaisseurs 
variables, est soudée sur une de ses faces, avec de la paraffine, à un disque 
en laiton; une feuille d'aluminium mince ou de papier d’étain est collée sur 
la face opposée. Si l’on crée un champ entre les armatures de ce condensa- 
teur, la rondelle isolante doit se déformer : 1° sous l’action des pressions 
électrostatiques, 2° à cette déformation peut se superposer une contraction 
‘où une dilatation causée par une action directe du champ. 


J'ai mesuré les variations d'épaisseur du caoutchouc, au moyen d'un système de 
franges localisées entre une lentille et un plan de verre, supporté par un tube d’ébo 
nite, lequel est scellé au centre et normalement à la face du disque isolant recouverte 
de papier d'étain. Le condensateur est situé dans une position horizontale. Les con- 
tractions dues aux pressions électrostatiques sont ealculées d'après les champs et les 
constantes apparentes élastiques et diélectriques obtenues par des mesures directes, 

Soient e l'épaisseur de caoutchouc, K sa constante diélectrique apparente, E son 
module d'Young, V la différence de potentiel entre les armatures et Ae la variation 
d'é épaisseur; on a pour la contraction provenant des pressions électrostatiques : 


1: KV? 
Ae— = ——. 
E Sre 
meeen —_——— ee ne ee 


(*) Comptes rendus, v. 163; 1916, p. 169. 


480 ACADÉMIE DES SCIENCES. 

1. J'ai expérimenté sur deux disques de caoutchouc vulcanisé, sans 
charge minérale (para normal) et sur un autre échantillon de gomme pure 
non vulcanisée. 

Les nombres qui suivent donnent les valeurs de Ae calculées d’après 
l'expression ci-dessus et les contractions observées : 


Différences Ae 
de potentiel 
(en unités calculés d’après 
K. a Epaisseurs électro- ' les pressions observés Différences. 
E e. statiques). électrostatiques. (en centimètres). 
No i. — Para normal. 
k ' 16,4 — 2,08.1079 — 3,0.107$ —0,9.10 ° 
4 Jelos : 0,00 27,6 — 5,8 — 7,5 —1,7 
l 38,3 —11,0 — 15,0 —4,0 
N° 2. — Para normal 
| 16,4 — 3,39.107% — 4,5.10° + Le 108 UOTE 
4 48107 “0,39 ‘ 30,0 — 8,7 10,5 — 1,8 
DE mr 2,5 —3,8 
N° 3. — Gomme pure 
| 16,4 uit ue DIT, G +0,32: 107 
Gt it 0 0 : 27,6 — 16,25 — 19,9 —3,25 ? 
| 38,3 —31,2 — 3,3 —1,8 


Pour les deux premiers échantillons, les contractions observées sont plus 
grandes que les contractions calculées et, pour les champs établis entre les 
armatures, les différences, représentant l'effet direct du champ, croissent à 
peu près comme les carrés des différences de potentiel. Dans le cas du 
caoutchouc non vulcanisé, l'action propre du champ n’est pas manifeste; 
cela tient sans doute à ce que cette matière {possède une conductibilité 
très appréciable. J'ai constaté sur cet échantillon une déformation rési- 
duelle énorme. 


2. Pour rendre plus probante l’action du champ, j'ai cherché à multiplier 
son effet; dans ce but, j'ai réalisé une série de cinq condensateurs super- 
posés : cinq rondelles de caoutchouc, identiques, de 6"",5 d’épaisseur et 
de même provenance que l’échantillon n° 1, sont séparées alternativement 
par des disques en laiton; les plaques métalliques extrêmes sont soudées 


SÉANCE DU 30 OCTOBRE 1916. 481 


‘aux rondelles adjacentes. En raison même du dispositif, l'effet relatif aux 
pressions électrostatiques est le même que dans l'expérience réalisée avec 
une seule rondelle. 

En chargeant ce condensateur multiple, j’ai noté, pour des champs égaux 
à ceux que j'avais utilisés lors de la première expérience, et dans chaque 
cas, des'déplacements de franges sensiblement doubles de ceux qu'a fournis 
le disque unique; ce qui correspondrait, en défalquant la contraction due 
aux pressions électrostatiques, à une action directe du champ, quatre à 
cinq fois supérieure à celles que donnent une rondelle unique dans la pre- 
mière expérience. 

Ces dernières mesures confirment donc les résultats de l'expérience ini- 
tiale. Il semble donc établi par là que, sous l’action d’un champ électrosta- 
tique, le caoutchouc vulcanisé se contracte dans la direction des lignes de 
force ('). 


CHIMIE. — Semicarbazones des acides x-cétoniques. Acides phénylbutyriques 
«-duodé et x-dibrome; acides phénylcrotoniques œ-1odés et ax-bromés. 
Note (°) de M. J. Boueaurr, présentée par M. Charles Moureu. 


J'ai appliqué à la semicarbazone de l’acide benzylpyruvique la réaction 
(hypoiodites et hypobromites en milieu alcalin), dont il a été question 
dans ma Note précédente (*). Les résultats obtenus sont du même ordre 
que ceux fournis par la semicarbazone de l'acide phénylpyruvique : on 
arrive aux acides phénylerotoniques æ-halogénés 

CSH5— CH?— CH—CX—CO'H (X=I ou Br). 


Mais, de plus, j'ai réussi à isoler les dérivés dihalogénés de l'acide saturé, 
savoir l’acide phénylbutyrique a-diiodé et son correspondant 2-dibromé, 
confirmant ainsi le processus de la réaction tel que je lai indiqué dans ma 
Note précédente : 
C'H. CHICH? CCOA — C‘Hs.CH?.CH°.CX?,CO*h 
Ñ. NH. CO. NH | 
+ C'H5.CH?,.CH—CX.CO?H (deux isomères). 


(!) Des expériences analogues faites sur le verre (disques de 4™™ d'épaisseur) 
n'ont révélé aucune déformation de cette substance. 
(?) Séance du 23 octobre 1916. 
(5) Comptes rendus, t. 163, 1916, p. 363. 


482 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Je décrirai brièvement les nouveaux composés obtenus, 


I. Acide phénylbutyrique a-diiodé C: H5.CH°.CH?.CF,CO?H. — Dans 
l’action de l’iode sur la solution sodique, très alcaline, de la semicar- 
bazone de l’acide benzylpyruvique, l'acide phénylbutyrique a- diiodé se 
dépose à l’état de sel de sodium peu soluble. 

L’acide libre fond à 145°, Insoluble dans l’eau, il est très soluble dans 
l'alcool et éther.  - 

La détermination du poids moléculaire par acidimétrie, le dosage de 
l'iode et l'obtention d’acide phénylbutyrique par le zinc et l'acide acétique, 
ne laissent aucun doute sur la formule attribuée à ce composé, 

Son sel de sodium se dissout bien dans l’eau chaude, puis il se décompose 
rapidement à 100° avec mise en liberté d’acide iodhydrique 

C’ H5. CH?. CH?.CI-CO?Na = C°H5.CH2. CH = CI.CO?H + Nal. 


Il en résulte un précipité formé par les deux acides phénylcrotoniques 
æ-iodés et contenant en outre un peu d’acide saturé diiodé non décomposé. 

En solution dans un carbonate alcalin, la décomposition de l’acide diiodé 
devient complète et.se poursuit même jusqu’à, la formation d’acide benzyl- 
pyruvique. 


IT. Acides phénylcrotoniques a-iodés C° H° CH°. CH — CI,CO*H. — Les 
deux acides isomères (stable et labile) restent dans les eaux mères de la 
préparation de l'acide phénylbutyrique «-diiodé. On les obtient également 
en décomposant cet acide par un alcali Pa de préférence l’acétate de 
sodium. 

On procède à la séparation des deux isomères en suivant les indications 
générales données dans ma Note précédente pour la séparation des acides 
cinnamiques a&-iodés, 

L’acide phénylerotonique 4-iodé stable Pr à 105°; l'acide labile fond 
à 100°. L’un et l’autre sont très solubles dans Palobol, l’éther, le sulfure 
de carbone, le benzène; très peu dans l’éther de pétrole. 

L’acide labile est converti en acide stable par chauffage à 100°, pen- 
dant 2 heures, avec de l'acide chlorhydrique dilué au tiers. 


I. Acide phénylbutyrique a-dibromé C°H*.CH?.CH?.CBr?.CO°H. — 
Cet acide s’obtient par l’action de l’hypobromite de sodium sur la semicar- 
zone de l'acide benzylpyruvique et s’isole grâce à la faible SE de son 
sel de sodium. 


$ 


SÉANCE DU 30 OCTOBRE 1919. 483 


L’acide libre fond à 134° et possède les propriétés générales de son cor- 
Rpondant duodé. Les mêmes déterminations ont également été faites pour 
s'assurer de sa composition. 


IV. Acides phényleroioniques 4-bromes C: H*. CH?: CH = CBr. COH. — 
Ges acides se préparent comme les acides #-iodés et, comme ces derniers, 
s’obtiennent toujours à l'état de mélange. Leur séparation s'effectue sui- 
vant le procédé général rappelé plus haut, c’est-à-dire en utilisant la faible 
solubilité du sel acide dé! para de la forme stable. 

L'acide stable fond à-96°; l’acide labile à 100°: Que l'acide fondant 
à 100° soit bien l’acide labile, c’est ce que prouve sa facile transformation, 
presque instantanée, en acide stable (p. f. 96°), quand on ajoute une trace 
de brome à sa solution dans le sulfure de carbone. 

On observe donc ici une particularité, concernant le point de fusion de 
l'acide stable, inferieur à celui de son isomère labile. J’ajouterai encore 
que cet acide stable; contrairement à ce qu’on observe habituellement, est 
plus soluble, notamment dans le sulfure de carbone, que son isomère labile. 
Seule, la propriété, pour l'acide stable, de donner un sel acide de potas- 
sium peu soluble, se conserve constante. ; 

Les acides phénylerotoniques 4-iodés et «-bromés permettent de pré- 
paten aisément l'acide php openus «8 CH". CH4 CH — CH. CO? H, 
qui.n’a été obtenu jusqu'ici qu’en très petite quantité et avec beaucoup de 
peine. Cet acide présente, au point de vue. général du déplacement de la 
double liaison dans lescomposés éthyléniques, un intérêt tout particulier. 


BOTANIQUE. — Cultures expérimentales au bord de la mer. 
Note (!) de M. Lucaex Dantes, présentée par M. Gaston Bonnier. 


Depuis 1900, dans mon jardin d’Erquy (Cêtes-du-Nord), j'ai entrepris 
des recherches suivies sur diverses plantes, transportées de Rennes au bord 
de la: mer. Ces plantes comprenaient des arbres fruitiers et des arbres ou 
arbustes d'ornement propagées par bouture ou par greffe, des plantes 
herbacées vivaces divisées suivant la méthode employée par M. Gaston 
Bonnier pour les plantes de plaine qu’il cultivait dans les Alpes, enfin des 
plantes annuelles et bisannuelles provenant de graines sélectionnées dont 


(*) Séance du 23 octobre 19r6. 


484 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


j'étais sùr de la pureté. Ce sont les résultats principaux de ces recherches 
qui font l’objet de cette Note. 

Les arbres fruitiers à pépins ou à noyaux ne se sont pas comportés 
comme à Rennes. D'une façon générale, ils supportent mal la taille d'hiver 
et beaucoup de variétés meurent si elle est pratiquée comme à l’intérieur 
des terres. Le Pêcher et l’Abricotier n’y résistent pas en général et 
périssent rapidement; il en est de même du Poirier. Abandonnés à eux- 
mêmes, la plupart de ces arbres se dessèchent par leur extrémité dès qu'ils 
dépassent le niveau des murs leur servant d’abri. Beaucoup meurent brus- 
quement si leur abri naturel vient à être volontairement supprimé. Presque 
toujours leur racinage est très développé par rapport à l’appareil végétatif 
aérien, et ils portent de nombreux drageons. Ce sont les formes basses qui 
donnent les meilleurs résultats comme durée, vigueur et production. Ily a 
des variétés plus résistantes que d’autres et, dans une même variété, on 
constate sous ce rapport des différences marquées suivant les individus. 
Les maladies cryptogamiques sont fréquentes; les poires présentent d’abon- 
dantes cellules pierreuses, surtout dans certaines variétés délicates. 

Les arbres et arbustes d'ornement se comportent de façon très variable 
suivant les espèces. Les uns meurent, d’autres persistent fort bien. Les 
plus résistantes de ces plantes sont les Fusains, le Cupressus Lambertiana, 
les Escallonia, le Prunus Pissardi, la Spiræa Lindleyana, le Pittosporum, les 
Azalea, le Laurus nobilis, divers Pins; les Véroniques, la Passiflore, le 
Jasmin, les Vignes vierges, etc. Les Fuchsia, le Laurier-Rose, les Mimosa, 
lEucalyptus y passent l'hiver en:pleine térre et la floraison de certains 
d'entre eux s’y poursuit même pendant cette saison, vu la douceur du 
climat. ; 

J'ai planté 30 espèces différentes de plantes herbacées vivaces prises au 
Jardin des Plantes ou dans mon jardin-de Rennes, et choisies dans les 
familles les plus diverses. Les unes étaient des plantes d'ornement; les 
autres, des plantes sauvages, Sur ces 30 espèces, un certain nombre sont 
mortes sans s’acclimater. Ainsi les Glaïeuls dont j'avais planté plus de 
50 variétés différentes ont tous fini par disparaître à la longne, après une 
résistance fort variable suivant les variétés; de même ont péri Polemonium 
reptans, Callimeris incisa, Pulmonaria officinalis, Lupinus polyphyllus, Biotia 
glomerata. Les autres espèces sont toujours en bonne santé, bien qu’elles 
soient de taille plus petite qu’à l’intérieur et que leur floraison, les années 
sèches, ait été souvent très contrariée ou même supprimée. Chaque année, 
j'ai étudié soigneusement les caractères internes et externes de ces plantes; 


SÉANCE DU 30 OCTOBRE 1916. 485 


à part les variations habituelles qu'amène la sécheresse, je n'ai observé . 


aucune modification importante en dehors d’une tendance très marquée au 
drageonnage comme chez les arbres fruitiers. L’Epilobium hirsutum en par- 
ticulier avait chaque année des drageons fort gros et très longs et s’éten- 
dait fort loin du point où il avait été primitivement planté. Aucun carac- 
tère spécial des plantes halophytes n’est apparu, bien que ces plantes 
fussent soumises à l’action continue des embruns et arrosées de temps en 
temps avec de l’eau un peu saumâtre, contenant du calcaire et des chlorares 
en dissolution, en quantité notable. J'ai transporté à Rennes, il y a quelques 
années, des éclats de ces diverses plantes et j’ai constaté qu’elles reprenaient 
toutes, de suite ou à la longue, les caractères des pieds qui les avaient 
fournies en premier lieu. De même dés Rosa pimpinellifolia, nains et rabou- 
gris sur les dunes d'Erquy, transplantés à Rennes, ont perdu leur nanisme, 
tout en conservant le caractère drageonnant. Il en a été de même pour tous 
les exemplaires de semis obtenus à Rennes. L'’hérédité du nanisme et des 
modifications amenées par la culture au bord de la mer ne s’est donc pas 
manifestée, abstraction faite, pour les Rosa, de la tendance au drageon- 
nage. 

Les embruns et l’arrosage régulier à l’eau saumâtre n’ont pas davantage 
donné aux légumes les caractères des plantes halophytes pourtant comme 
sur les côtes. Il ressort très nettement de mes essais, faits sur des plantes 
sélectionnées et maintenues pures, que les seules variations observées sont 
imprimées par les oscillations souvent très élevées du régime de l’eau, en 
quantité et en qualité. Ces oscillations sont beaucoup plus marquées qu’à 
l'intérieur des terres, car les facteurs qui les déterminent (et le vent en 
particulier) sont beaucoup plus puissants. Beaucoup de races de légumes 
ne peuvent vivre dans les sols secs et sablonneux des jardins établis sur les 
dunes, exposés aux embruns, comme c'est le cas de mon jardin, Les uns 
montent rapidement à fleurs, après avoir fourni une faible rosette et sans 
valeur utilitaire: Cressonnette, Chicorées, Radis, Laitues d'été, certaines 
races de Choux et de Navets. Les Haricots s’y dessèchent vite en fournis- 
sant des graines parfois minuscules. La Cressonnette (Lepidium sativum); à 
floraison normalement euchrone, y devient achrone et donne plusieurs 
générations successives au cours d'une même année à pluies intermittentes 
séparées par des périodes assez longues de sécheresse. J'ai étudié l’hérédité 
de ces variations et constaté que si celles-ci paraissaient d’abord se mainte- 


nir partiellement, elles finissaient par disparaître à Rennes, quand les prate 


retrouvaient les anciennes conditions de vie. 
C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 18.) 65 


t 


486 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


De ces expériences, suivies pendant quinze années successives, on peut 
tirer les conclusions suivantes: 

° Les plantes trausportées de Rennes à Erquy, au bord de la mer, 
n'ont, en 15 ans, sous l'influence des embruns et de l’arrosage inter- 
mittent à l’eau saumâtre, acquis aucun caractère des végétaux halophytes. 
Si une action de ce genre a existé, elle est restée d'ordre infinitésimal. 

2° Les seules variations nettes sont celles causées par les oscillations très 
prononcées du régime de l’eau (quantité, qualité et concentration saline) 
qui provoquent le nanisme ou le gigantisme, dans les états extrêmes, avec 
tous les intermédiaires. Cette action est purement momentanée, tant chez 
les végétaux en expérience que chez leurs descendants. Elle ne semble pas 
être héréditaire, autant toutefois qu’on en peut juger par des expériences 
négatives et par leur courte durée (15 ans) comparée à l’action répétée 
au cours des siècles. Les plantes naines ou géantes, si communes au bord 
de la mer suivant le degré d'humidité des stations, perdent rapidement à 
l’intérieur leurs caractères particuliers, ainsi que je m'en suis assuré 
expérimentalement, et cela confirme encore la non-hérédité de ces phéno- 
mènes. 


BOTANIQUE. — Essais des graines de Lepidium sativum dans des conditions 
très diverses. -Note (') de M. Pierre LESA6GEr, Ca te par M. Gaston 
Bonnier. 


J'ai fait, à des époques assez différentes, des essais nombreux de graines 
du Cresson alénois; j'ai réuni les résultats de ces essais dans un ensemble 
qui me parait assez intéressant pour le publier, La présente Note a pour 
but d'indiquer les principaux points de cet ensemble. 


Dans les solutions de potasse. — L'essai des graines dans les solutions de 
potasse m'a amené à indiquer un procédé assez rapide pour reconnaître si 
ces graines peuvent encore germer, sans attendre leur germination. 
Placées dans la solution normale de potasse diluée à < ou à une dilution 
plus grande encore, les graines qui colorent la solution en jaune, ne germent 
plus et celles qui ne colorent pas la solution, germent encore (°). 


(*) Séance du 23 octobre 1916. 
(°) Pierre Lesage, Sur l'emploi des solutions de potasse à la reconnaissance de la 
faculté germinative de certaines sraines (Comptes rendus, t. 452, 1911, p. 615). 


SÉANCE DU 30 OCTOBRE 1916. 487 


Dans les solutions alcooliques. — L’essai dans les solutions alcooliques 
plus ou moins diluées, après des séjours variés dans ces solutions, a permis 
de reconnaître que les limites de germination se trouvent sur une courbe 
construite en prenant, pour ordonnées, les durées de séjour et, pour 
abscisses, les dilutions (‘). Cette courbe est concave vers le haut et pré- 
sente trois points intéressants dont le plus important est celui qui corres- 
pond à la limite de germination après séjour dans l'alcool absolu. Il cor- 
respond à la dilution O et à un temps que je ne connais pas encore, mais 
qui dépasse 4 ans et 7:mois. On voit par là qu’on peut immerger des 
graines dans l’alcool absolu pendant longtemps sans crainte de détruire 
leur faculté germinative. 


Dans les solutions salines. — Des essais dans les solutions de chlorures, 
nitrates, sulfates de K, Na, Az H+, ont fourni des courbes comparables 
à celle de l’alcool. Construites en prenant pour abscisses les concentrations 
en molécules-grammes, ces courbes sont loin de coïncider; on peut en 
déduire que si la force osmotique de ces solutions intervient, elle ne dirige 
pas uniquement les phénomènes (?). En revanche, en cherchant la limite 
de concentration en molécules-grammes, au-dessous de laquelle la germi- 
nation commence encore dans les solutions salines elles-mêmes et au- 
dessus de laquelle cette germination est arrêtée, on voit que, pour tous les 
sels employés, cette limite est voisine de o"°!,40, ce qui indique que la force 
osmotique joue un rôle important dans cette germination. 


Influence des prélèvements, de la durée d'immersion, du germoir. — Dans 
les essais après immersion prolongée dans les solutions alcooliques, salines, 
ou même dans l’eau de source, il faut tenir compte de la manière de faire 
les prélèvements et de la durée de l’immersion, durée pendant laquelle 
l’asphyxie de l'embryon peut survenir, la mort de cet embryon être pro- 
voquée par les produits plus ou moins toxiques exosmosés, Les essais des 
graines retirées des solutions se faisant dans un germoir, la nature de ce 
germoir a de l'influence sur les résultats. La germination se fait mieux 
entre buvards humides que dans la mousse humide, que dans le terreau 


(+) Pierre Lesage, Sur les limites de la germination des graines soumises à 
l’action deïsolutions diverses (Comptes rendus, t. 15k, 1912, p. 826). 

(°) Prge Lesace, Sur la courbe des limites de la germination des graines après 
séjour dans les solutions salines (Comptes rendus, t. 157, 1913, p. 784). 


488 3 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


humide et que sur mince couche d’eau. Entre buvards bouillis, elle se fait 
encore mieux. Enfin, sur mince couche d’eau oxygénée, convenablement 
diluée, cette germination se fait encore quand elle ne s'effectue pas ailleurs. 


Dans l’éther de pétrole et dans l’éther ordinaire. — Les graines de cresson 
alénois peuvent encore garder leur faculté germinative après 4 ans et 7 mois 
de séjour dans l’éther de pétrole. Elles perdent assez rapidement cette 
faculté germinative dans l’éther ordinaire. 


Dans lair humide. — Sur flotteurs paraffinés flambés, flottant sur de 
l’eau distillée, dans une boîte en verre fermée hermétiquement, les graines 
du Lepidium sativum peuvent germer; mais il y a de grandes différences 
individuelles et le nombre des germinations est sous la dépendance de la 
température de telle sorte que, même au voisinage de la température 
optima, 21°, les variations peuvent être considérables. Les graines, qui 
n’ont pas germé à l’état hygrométrique égal à 1, n’ont pas encore perdu 
leur faculté germinative après plus de 5 mois. Les graines de cresson 
alénois ne germent pas dans l'air humide à un état hygrométrique plus 
petit que 1, par exemple égal à 0,98. Au point de vue de l'âge, les graines 
de 1 mois n’ont pas encore germé après 20 jours, à l’état hygrométrique 
égal à 1, quand des graines de 1 an, de 2, 3, 4 et 5 ans ont commencé 
à germer dès le troisième jour dans les mêmes conditions. 


Dans l'eau oxygénée. — Les graines vieilles ou jeunes, mais plus ou moins 
modifiées par le milieu où on les a placées, peuvent encore germer dans 
l’eau oxygénée convenablement diluée et renouvelée, quand leur germi- 
nation se fait mal ou ne s'effectue plus dans les autres germoirs. Voici un 
exemple pour de vieilles graines. Sur 10 graines de 8 ans, après 14 Jours 
de semis sur eau de source, entre buvards humides, sur eau oxygénée 
à 0%1,45, 5 ont sorti 1™ à 2™™ de racine dans le premier cas; 6 ont fourni 
une racine de 2%" à 5um dans le second cas et 5 ont libéré leur plantule 
dans Lean 0x ppt: Dans Se non obtenues en partant de l'eau 
oxygénée à 61,8 et diluée à +, +, +, etc., la TR se faisait encore 
dans la FM) au !, mais sys faisait plus à 4. L'action de l’eau oxygénée 
est rendue plus efficace en renouvelant chaque jour le liquide; il faut 
remarquer que, dans des cultures sur mince couche d’eau de source, 
le renouvellement de cette eau produisait des effets comparables. L'eau 
oxygénée, convenablement diluée, favorise au début la germination des 


SÉANCE DU 30 OCTOBRE 1916. 489 


graines qui libèrent rapidement leur plantule; mais elle retarde beaucoup 
la croissance de cette plantule qui reste courte, trapue (!). 


Germinations graduées — Des graines ayant commencé à germer dans 
l'air humide, à l’état hygrométrique égale à 1, mises ensuite à un état 
brorométiique égal à 0,97, ont cessé de germer ; après un arrêt de 10 jours, 
ces mêmes graines ont repris à germer quand on les a placées entre 
buvards humides. J'ai réalisé ainsi la germination interrompue de Th. de 
Saussure, mais par un autre moyen. 


BOTANIQUE. — Sur une Verticilliacée à affinités douteuses. 
Note de M. F. Vincens, présentée par M. Louis Mangin. 


On sait que la famille des Verticilhiaceæ est composée des Champignons à 
thalle diffus dont les rameaux mycéliens fertiles sont groupés en verticilles 
sur des sporophores plus ou moins nettement différenciés. 

Les genres qui ont été assemblés dans cette famille se distinguent les 
uns des autres par le mode d'insertion des conidies au sommet des conidio- 
phores. Ce mode d'insertion a d’ailleurs fait établir deux groupes dans la 
famille elle-même, suivant que les spores sont libres (Euverticillieæ) ou 
réunies par un mucilage ( Gloroverticillieæ ). 

Jusqu'à présent trois genres ont été distingués dans le groupe des 
Euverticillieæ; ce sont : le genre Verticillium Nees, dont les spores sont 
isolées au sommet des conidiophores, le genre Spicaria Harting, dont les 
phialides se terminent par un chapelet de conidies à formation basipète, et 
enfin le genre Beauveria, fondé par Vuillemin pour les Verticilliacées dont 
les spores se forment suivant le mode sympodique. 

Dans ce dernier genre sont venus se fondre des Champignons parasites 
des insectes et dont la position systématique avait été très incertaine 
jusqu'à ces dernières années. Tels entre autres : le Beauveria Bassiana 
(Balsamo) Vuillemin, qui a été successivement considéré comme un 
Botrytis, puis comme un Spricarta, et le Beauveria densa (Link) Picard, qui 
a été ballotté entre les genres /saria, Botrytis et Sporotrichum. 

L'introduction de l’/saria densa Link dans le genre Beauveria a été 


(!) Desoussx, Influence de leau ozygénte sur la germination (Comptes rendus, 
t. 162, 1916, p. 435). J'ai fait mes essais à la suite de cette Note. 


490 . ACADÉMIE DES SCIENCES. 


uniquement motivée par le fait que l’on attribuait une valeur prépondé- 
rante comme caractère générique au mode de formation sympodique des 
conidies. 

Suivant cette impulsion, c’est dans le genre Beauveria que devrait venir 
se placer, semble-t-il, une moisissure que j’ai récemment observée sur des 
Russules d'espèces diverses et sur un Collybia, mais dont les affinités avec 
les espèces du genre Verticillium sont certainement plus étroites que celles 
qu’elle peut présenter avec les champignons des « Muscardines ». 

Cette moisissure forme sur son milieu naturel un gazon blanc, assez ras, 
peu dense, d'aspect pulvérulent, dont le mycélium, relativement rare, 
supporte des sporophores généralement bien différenciés. Ces sporophores 
sont constitués par un axe à allongement terminal le long duquel s’étagent 
à des intervalles réguliers des verticilles de rameaux fertiles. Souvent cet 
axe primaire porte des axes secondaires nés à la place des rameaux fertiles 
et de même constitution que lui; c’est là la composition du sporophore des 
espèces les plus typiques du genre Verticillium. 

Au sommet des conidiophores ou de l’axe ayant cessé de s’accroitre, 
plusieurs conidies se forment successivement selon un mode étroitement 
comparable à celui décrit par M. Beauverie d’abord ('), puis par M. Vuil- 
lemin (?) chez le Beauveria Bassiana et le B. effusa, qui ont servi de type à 
M. Vuillemin pour la création du genre Beauveria. Mais à côté des cymes 
monopodiques, scorpioides ou en zig-zag, auxquelles aboutit la formation 
sympodique, il se constitue fréquemment des groupements moins bien 
définis par suite de la naissance des stérigmates sur des génératrices quel- 
conques. Souvent aussi, les stérigmates naissent en des points tellement 
rapprochés les uns des autres qu’ils arrivent à former un capitule dense au 
sommet du rameau fertile qui les supporte. L'origine de ces capitules, 
indéchiffrables s’ils étaient rencontrés seuls, n’en est pas moins le sym- 
pode. 

Ainsi la moisissure des Russules apparaît avec des affinités doubles : 
d’une part elle se rapproche étroitement du genre Verticillium par ses Spo- 
rophores et aussi par son mode de vie et son aspect végétatif; d'autre part, 
elle appartiendrait au genre Beauveria par le mode de formation de ses 
conidies. | 


(+) J. Brauverie, Vote sur les Muscardines (Rapport de la Commission adminis- 
trative du laboratoire d’études de la soie de Lyon, t. 4h, 1911). à 

(°) Vuizzemx, Beauveria, Nouveau genre de Verticilliacées (Bulletin de la Société 
botanique de France, 4° série, t. 11, 1911). 


SÉANCE DU 30 OCTOBRE 1916. 491 


Cependant si le genre Verticillium est en partie caractérisé par la forma- 
tion isolée des spores, il renferme des espèces qu’on n’a pas proposé d’en 
distraire quoiqu’on y ait observé plusieurs conidies groupées, sans muci- 
lage, au sommet des conidiophores. Tels : Verticillium agaricinum (Link) 
Corda, V. albo-atrum Reinke et Berthold, V. quaternellum Grov., V. hete- 
rocladum Penz, Or, si nous cherchons l'explication de ce groupement des 
spores, nous le trouvons dans leur mode de formation qui se rattache étroi- 
tement au mode de formation sympodique. J'ai suivi cette formation dans 
des cultures en goutte pendante pour un Verticillium récolté sur Clavaires 
et qui paraît être identique à V. agaricinum. 

Dans cette espèce, après la formation d’une première spore, le sommet 
du conidiophore cesse de s’accroître et, tandis que la spore y reste encore 
fixée, un bourgeon se forme au-dessous d’elle aboutissant à la formation 
d'une nouvelle spore sans l'intermédiaire d’un stérigmate. Il peut naître 

ainsi successivement quatre et cinq spores au sommet d’un même rameau 
fertile qui, après qu’elles s’en sont détachées, se montre terminé par une 
petite tête polyédrique dont l’origine est exactement comparable, sauf 
l'absence de stérigmates, au faux capitule de la moisissure des Russules. 

Ainsi cette dernière, malgré le mode de formation sympodique de ses 
spores, ne peut être éloignée du genre Verticillium et, par suite, le sympode 
nous apparait comme insuffisant par lui seul à caractériser un genre dans 
le groupe des Euverticillieæ. 


ANATOMIE. — Démonstration de l'existence de la fossette génienne de la 
mandibule chez le jeune enfant de la Pierre polie. Note (') de M. Marcer 
Baupouix, présentée par M. Charles Richet. 


Quatre mâchoires inférieures d’enfants très jeunes, trouvées dans 
l’'ossuaire néolithique, vierge, des Cous, à Bezoges-en-Pareds (Vendée), 
m'ont permis de remarquer l'absence complète des apophyses géni, et 
l'existence, à leur niveau, de la petite dépression appelée par les anthro- 
pologistes fossette génienne, ainsi que le mode d'apparition de ces apo- 
physes. 

En effet, l'os n° 94, correspondant à un enfant de deux ans et demi à 
peine, présente cette cavité génienne d’une façon extrêmement marquée. 
Il en est de même pour l'os n° 107, dont l’âge est à peu près le même. 


(1) Séance du 23 octobre 1916. 


492 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Le n° 103, enfant de trois ans, montre par contre des apophyses géni, 
commençant à apparaître au fond d’une fossette génienne; et, sur le 
n° 105, enfant de deux ans environ, on remarque que cette dépression va 
sous peu être comblée. 


Il résulte de ces faits que : 


1° Tant que n’est pas complète en arrière la soudure des deux moitiés 
de la mandibule qui, au néolithique au moins, n’est totale qu’à deux ans 
et demi [et non pas au troisième mois, comme actuellement (Testut)| 
on voit des traces manifestes de la fossetie génienne, surtout marquées 
avant l’âge de deux ans et demi; 

2° Cette fossette se comble peu à peu, grâce à l'apparition 2 à son centre 
des deux apophyses géni, une sur chaque moitié. 


A l'époque de la Pierre polie, l'enfant, jusqu’à deux ans et demi, n'a 
donc pas encore d’apophyse géni, mais simplement une fossette génienne, 
du type anthropoïde. 

La conclusion à tirer de ces constatations matérielles est que le 
nouveau-né n’a qu'une mandibule de singe plus ou moins supérieur. Cela 
ne fait que confirmer ce que l’on savait en ce qui concerne les dents 
de première dentition. 

On sait d’ailleurs que cette fossette génienne ne s'observe chez l'adulte 
que dans les races préhistoriques les plus anciennes (La Naulette, etc.) et 
que chez les hommes actuels à mentalité à peine néolithique (Néo-Calédo- 
niens et Australiens). 

Comme les apophyses géni diminuent d'importance chez les peuples 
non civilisés (elles sont peu marquées chez les nègres) il est possible que 
leur apparition, comme la saillie du menton, soit en rapport avec le début 
même de la fonction du langage, c'est-à-dire avec l'apparition d’un rôle 
spécial joué par les muscles qui s’y insèrent. 


PHYSIOLOGIE. — Observations sur les pressions artérielles basses et leur 
traitement. Note de M. Wavriam Towxsexp Porter, présentée par 


M. Charles Richet. 


Le nombre des blessés qui meurent par l’abaissement de la pression 
artérielle esttrès grand, beaucoup plus grand que ne se l’imaginentla plupart 
des chirurgiens. Je crois bien cependant que plusieurs de ces blessés 
peuvent être sauvés. 


SÉANCE DU 30 OCTOBRE 1916. 493 


J'ai étudié la pression artérielle dans mon laboratoire POSH Univer- 
sity ) et sur le front. 

Mes observations sur les animaux ( American Journal of Physiology, 
passim) montrent que : 


1° Lorsque la pression diastolique s'abaisse pendant quelque temps 
à 45%" ou 5o™ de mercure, cette pression ne peut plus en général se 
relever spontanément. Si un traitement approprié n’est pas appliqué, 
l'animal meurt. La pression diastolique de 50™™ est donc critique; 

2° Quand la pression diastolique tombe à 5o™™, le sang s’accumule 
dans l'abdomen, et l'animal meurt pour ainsi dire d’hémorragie; le 
sang affluant dans ses propres veines; 

3° La mort peut être évitée par tous les moyens, très simples, qui font 
remonter la pression artérielle, 


Mes observations sur les blessés du front démontrent que : 1° il n’y a 
aucune différence essentielle entre les effets d’une pression basse chez 
l’homme et chez les autres animaux; 2° les agents qui combattent avec 
succès contre la pression basse des animaux combattent avec le même 
succès contre la pression basse de l’homme. 

Ces moyens sont : 1° les actions mécaniques (gravitation); 2° le relève- 
ment de la pression du sang par l’adrénadine; 5° le relèvement de la 
pression du sang par l'injection du sérum isotonique. 

Le blessé chez qui la pression artérielle est basse (mesurée par moi avec 
l'appareil de Vaquez) doit être placé immédiatement sur une table d’opé- 
rations chauffée (par l'électricité). Les pieds du blessé doivent être main- 
tenus à une hauteur de 30"" plus haut que la tête. Le blessé devra rester sur 
la table jusqu’à ce que sa pression diastolique soit revenue à un état presque 
normal. Cette position devra être maintenue pendant quelque temps : 
1 heure ou plus. 

Si l’état est très grave, la mort est possible avant que le traitement par 
l’abaissement de la tête ait donné tous ses effets. Dans ce cas, il faut sans 
retard tâcher d’élever la pression diastolique à 30°” au-dessus du point 
critique. 

Si la pression diastolique reste au-dessous de 80°", on fera une première 
injection de sérum isotonique. L’injection se fera lentement, jusqu’à ce que 
la pression diastolique se relève à 8o™™, Si la pression diminue quelque 
temps après l'injection, on fera une deuxième injection de sérum. Si la 

C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 18.) 66 


494 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


pression après la deuxième injection ne reste pas élevée, on fera une injec- 
tion d'adrénaline dans une veine, de préférence une veine près de la cheville. 

Le but de ces injections est de maintenir la pression au-dessus du niveau 
dangereux, jusqu’à ce que l’abaissement de la tête puisse donner une pres- 
sion suffisante durable. Dans la plupart des cas, cette thérapeutique a des 
résultats très heureux. 


A l’occasion de cette Note de M. Townsend Porter, M. Cu. Ricuer rap- 
pelle un fait classique : une expérience qu'il a souvent eu l’occasion de 
montrer dans ses cours. 

Si l’on fait à un chien une hémorrhagie abondante, profuse, jusqu’à ce 
que l’animal soit en danger de mort, on assure la mort immédiate en le 
mettant dans la position verticale, la tête en haut. Alors la pression, qui 
était très basse, baisse encore plus. 

Au contraire, si on lui met la tête en bas, de manière à déterminer 
l’afflux (mécanique) du sang dans les vaisseaux de l’encéphale et du bulbe, 
la respiration et le cœur reprennent, et la pression se relève. 

On peut ainsi, plusieurs fois de suite, amener la mort ou la vie de l'animal 
suivant la position qu’on lui donne. Dès que la tête sera abaissée, quoiqu'il 
ait eu, pendant que la tête était relevée, l’imminence et LARG Tenge de la 
mort, il revivra. 

Les observations de M. Townsend Porter semblent bien prouver qu'on 
peut assimiler la mort par le choc à la mort par hémorragie. Il y a donc 
intérêt à traiter les blessés atteints de choc comme des blessés ayant perdu 

„beaucoup de sang. Il faut alors commencer par ce qui est le plus simple, 
les étendre sur un lit ou sur un brancard, en mettant la tête plus bas que 
les pieds. | 


BACTÉRIOLOGIE. — Recherches sur l'influence de la pression osmotique sur les 
bactéries, Cas du vibrion cholérique. Note (') de M. J. BEAUVERIE, 
présentée par M. Gaston Bonnier. 


L'étude de l'influence de la concentration moléculaire du milieu de cul- 
ture sur les végétaux, et notamment les champignons inférieurs, a fait 


rater 


(1) Séance du 23 octobre}1916. 


SÉANCE DU 30 OCTOBRE 1916. 405 


l’objet d’un certain nombre de recherches, nous avons abordé nous-même 
ce sujet à plusieurs reprises (!); il ne nous semble pas cependant que cette 
étude ait été systématiquement poursuivie pour les bactéries. Ces orga- 
nismes qui vivent plus encore au contact du milieu de culture, .doivent 
* subir particulièrement l'influence de la pression osmotique de ce milieu et 
présenter, suivant leur habitat habituel, des adaptations dont on ne paraît 
guère avoir tenu compte dans la confection des milieux de culture. 

A cette question se rattache, indirectement, celle du développement de 
bactéries dans l’eau de mer. Ce milieu renferme en dissolution de 31 
à 37 pour 1000 de sels dissous, dont 25 à 29 pour 1090 de NaCl; or on sait 
que le vibrion cholérique, le bacille typhique y vivent bien; récemment 
M. Coupin (°) a décrit de nombreuses espèces nouvelles de bactéries ren- 
fermées dans l’intérieur de coquillages apportés sur les marchés pour Pali- 
mentation; il serait d’ailleurs intéressant, à ce propos, d'établir si ces bac- 
téries sont bien toujours de provenance marine ou s’il ne s’agit pas, dans 
certains cas, d'espèces banales auxquelles ce milieu ne serait pas contraire. 
On sait, enfin, que des bactéries rentrent dans la constitution du plankton 
marin où elles sont d’ailleurs peu nombreuses. Tous ces faits font prévoir 
l'adaptation possible des bactéries à de fortes concentrations moléculaires. 

Notre méthode expérimentale consiste à ajouter à un milieu connu, le 
bouillon de viande, des doses croissantes de Na Cl; nous admettons que 
ce sel exérce une action osmotique et non plastique. Divers auteurs ont 
signalé, il est vrai, une action toxique de ce sel vis-à-vis des plantes supé- 
rieures, mais sans faire la part de l’action osmotique qui, à un certain 
degré, devient nuisible jusqu’à la plasmolyse et la mort. Dans nos expé- 
riences, nous avons constaté une action nettement favorisante jusqu’à des 
doses assez élevées, action qui est tout le contraire d’une influence toxique. 
Ce fait suffit à légitimer la méthode. Quant à la dissociation hydrolytique 
pouvant libérer des ions toxiques, elle est certainement peu sensible aux 
doses employées. | 

L'accroissement de la concentration moléculaire crée pour le microbe 
un état d’anhydrobiose qui paraît favorable au cloisonnement cellulaire, 


(1) Études sur le polymorphisme des champignons, 1900 : Influence de la pres- 
sion osmotique du milieu sur la forme et la structure des végétaux (Comptes rendus, 
t. 132, 1901, p. 226, et Revue générale de Botanique, 1911). 

(?) Recherches sur les bactéries de l’eau de mer (Revue générale de Botanique, 
1916, avec bibliographie). I 


496 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


c'est-à-dire à la multiplication chez les bactéries dont le thalle est dissocié. 
Cette action peut se comparer à ce qui se produit, dans les mêmes con- 
ditions, pour le développement des œufs vierges, celui des mycorhizes 
(N. Bernard), pour les productions hyperplasiques qu’on provoque arti- 
ficiellement chez les plantes supérieures en augmentant la concentration . 
ou qui se forment sous l'influence d’un parasite retenant pour sa part une 
portion de l’eau disponible. 

Nos expériences ont porté sur des microbes intestinaux, du pus, des 
sécrétions sébacées et libres dans la nature. Nous ne considérerons dans 
cette Note que le vibrion cholérique. 

Nous faisons simultanément des ensemencements sur bouillon normal 
et sur bouillon additionné de 7, 9, 15, 20, 30, 50, go, 100 pour 100 
de NaCl. Après 4 heures à l’étuve à 37°, on observe déjà des moires dans 
le témoin, rien dans les autres tubes; après 24 heures, le développement 
s’est effectué dans tous les tubes jusqu’à 5o inclus, rien dans les autres. 
Il s'est formé partout un voile dont l’épaisseur et la consistance sont 
maximum dans 30 pour 100. Après 3 jours, ces faits s’accentuent. Ils 
sont plus marqués encore si, au lieu de partir d’une culture depuis 
longtemps repiquée sur milieu normal, on se sert d’un microbe déjà 
accoutumé à une certaine concentration. 

Les cultures obtenues dans des solutions concentrées, telles que 30 à 
5o pour 100, vieillissent vite : déjà après 4 jours il existe des formes 
coccoïdes, puis l’autolyse se poursuit et après 6 à 8 jours les vibrions, très 
peu mobiles, sont rares et les formes arrondies dominent, certaines 
atteignent la taille d’une hématie; si un spirille adhère par hasard à un 
tel globule, on a les figures qui avaient fait baptiser le choléra : Perono- 
spora barcinonis par Ferran qui croyait trouver là une fécondation analogue 
à celle des champignons Péronosporées ! 

Il faut voir plusieurs causes dans l’arrêt relativement rapide des cultures 
dans des milieux concentrés d’abord favorables au développement : d’abor 
l'usure plus prompte de l'aliment dans un volume limité de liquide nutritif 
et aussi l’action des toxines produites par le microbe vaccinant le milieu. 
Cette action est-elle plus sensible dans les milieux concentrés favorables 
que dans les milieux usuels? Il faudrait pour y répondre connaître l'in- 
fluence de la pression osmotique sur la production des toxines; cette étude 
serait d’un grand intérêt chez les bactéries. 

La mobilité est fortement ralentie aux concentrations élevées : à 
30 pour 100 le vibrion n’a plus qu’un mouvement sur place, mais il est 


SÉANCE DU 30 OCTOBRE 1916. 497 


réactivé en quelques minutes si l’on fait passer, par capillarité, une goutte 
d’une solution moins concentrée, sous la lamelle; le mouvement affecte 
alors ses caractères habituels. 

Le développement présente une remarquable tendance à s’effectuer près 
de la surface au fur et à mesure que les solutions employées sont plus 
concentrées, aussi le voile se forme-t-il avec une grande netteté tandis que 
le reste du liquide est limpide. Nous avons constaté ce développement 
dans la partie supérieure du tube chez toutes les bactéries étudiées, par 
exemple, le Micrococcus de Unna qui cultive très bien avec 300 pour 1000 
de Na CI. Nous pensons que la cause de ce fait réside bien plus dans une 
action physique, la densité, que dans une action chimique telle que le 
besoin en oxygène de l’air; en effet, dans le cas du staphylocoque pyogène 
doré, anaérobie facultatif, le phénomène en question se produit aussi bien 
sous couche d’huile de vaseline qu’à l'air libre. On conçoit cependant que 
ce fait soit d’une importance particulière pour les aérobies stricts dont la. 
végétation en surface, et par suite le développement, se trouvent favorisés; 
nous l'avons vérifié non seulement pour le choléra, mais aussi pour le 
Bacillus subtilis, lequel forme encore un voile avec 100 pour 1000 de NaCl. 

Nous n'avons pas pu faire d'expériences, ni assez d'épreuves d’aggluti- 
nation, pour étudier les modifications de virulence que doivent entrainer 
vraisemblablement des conditions aussi spéciales. 

Au point de vue de la technique de la recherche du vibrion cholérique, 
il y aurait avantage certain à augmenter la dose de Na CI de l'eau peptonée 
en la portant de 5 à 30 pour 1000, par exemple. Nous avons vérifié, en effet, 
que dans ces conditions on obtient un voile plus épais et solide. La gélatine 
du gelo-pepto-sel de Metchnikoff, qui a pour but de favoriser le développe- 
ment en surface dès le début de la culture, est ainsi avantageusement 
remplacée. 


ÉLECTRICITÉ MÉDICALE. — Sur la polarisation du tissu cicatriciel et 
le traitement électrique des adhérences cicatricielles profondes. Note (") 
de MM. L.-C. Barszeus. et Pierre Girar, présentée par M. Dastre. 


L'invasion par le tissu cicatriciel des plaies pénétrantes a souvent pour 
conséquences des impotences fonctionnelles persistantes qu'expliquent des 
adhérences tendineuses et la compression par le tissu parasite des filets 
nerveux des muscles paralysés. 


(*) Séance du 23 octobre 1916. 


498 | ACADÉMIE DES SCIENCES. 


L'expérience nous a montré que chaque fois que les nerfs moteurs 
intéressés n'avaient pas été, du fait de l'englobement, gravement lésés, 
ces paralysies se montraient justiciables d’un traitement électrique. L’effi- 
cacité de ce traitement, même lorsqu'il s’agit d’un tissu cicatriciel profond 
inaccessible aux ions médicamenteux introduits par électrolyse (ces 1ons ne 
pénétrant pas au delà de la couche superficielle du derme), s'explique 
par la propriété que possède ce tissu cicatriciel de se polariser très éner- 
giquement sous l’action d’un champ électrique de suffisante intensité. 

Soit, par exemple, une plaie profonde de la face antérieure de l'avant- 
bras droit; les réparations cellulaires se sont faites de telle façon que 
l’action, sur les fléchisseurs superficiels des doigts, du mèdian englobé 
dans du tissu cicatriciel, est empêchée. Plaçons sur la cicatrice une élec- 
trode constituée par un étroit et épais tampon d’ouate imbibé d’eau pure et 
recouverte d’une lame d’étain ; au même niveau, sur la face postérieure de 
lavant-bras, plaçons une électrode identique; une bande élastique assurera 
le contact avec la peau. Fermons un circuit sur un rhéostat de façon que le 
débit constant soit d’un ampère; un deuxième cireuit en dérivation débi- 
tera à travers l’avant-bras par les électrodes, 3 milliampères exactement; 
une certaine force électromotrice (N volts) sera nécessaire à cet effet. 

Le débit initial (3 milliampères) augmente progressivement et au bout 
de quelques minutes un équilibre est atteint avec, par exemple, 10 milliam- 
pères. | 

Reprenons l’expérience sur l’avant-bras gauche, non blessé; les deux 
électrodes occupant sur les faces antérieure et postérieure des positions 
correspondant exactement à celles décrites sur l’avant-bras blessé; une 
force électromotrice notablement plus grande que N est nécessaire ici 
pour obtenir le débit initial de 3 milliampères; mais, malgré la plus grande 
résistivité des tissus, l’état d'équilibre est atteint avec un ampérage nota- 
blement plus élevé (16 milliampères, par exemple, au lieu de 10). : 

Ainsi malgré sa moindre résistivité, qu’expliquent l’atrophie musculaire 
et la récente reconstitution de l’épiderme, l’avant-bras blessé, à l'encontre 
de ce qu’il était naturel de supposer, se montre beaucoup moins per- 
méable au courant : ce résultat paradoxal ne peut s'expliquer que par 
l'existence d’une force contre-électromotrice correspondant à un état de 
polarisation dont le tissu cicatriciel est électivement le siège ( '). 

; 


En 


(1) Cette capacité de polarisation n'appartient pas exclusivement au tissu cica- 
triciel; un tissu vivant quelconque, soumis à l’action du courant continu, la possède, 
mais à un degré infiniment moindre. 


SÉANCE DU 30 OCTOBRE 1916. 499 


En effet, à travers un membre simplement atrophié par inactivité pro- 
longée, mais non blessé, et dépourvu de tissu cicatriciel, le même ampérage 
initial (3 MA), obtenu sous une plus petite tension, atteindra une valeur 
finale correspondant à l’état d'équilibre, supérieure à celle obtenue sous 
une tension plus faible à travers le membre sain plus résistant. 

Remarquons que les seuls ions qui peuvent intervenir dans la polarisation 
de ce tissu cicatriciel, surtout s’il s'étend profondément, sont ceux des élec- 
trolytes de la lymphe et des liquides interstitiels. 

Cet état de polarisation modifie progressivement et profondément le 
tissu qui en est le siège: celui-ci s’assouplit; et, du fait de cet assouplis- 
sement, reparaissent le libre jeu des tendons et, dans les nerfs englobés, 
le libre parcours de l'influx nerveux. 

Le champ, pour être efficace, doit avoir une certaine intensité; les élec- 
trodes d’ouate imbibées d’eau et les électrodes métalliques qui les recouvrent 
doivent être de surface minima, découpées sur la cicatrice. 

La polarité de l’électrode en contact avec la cicatrice nous a paru indif- 
férente. 

Nous avons obtenu, dans une trentaine de cas de paralysie de la flexion 
ou de l'extension du doigt ou du poignet, imputables à des englobements 
cicatriciels profonds de tendons ou de nerfs (sans lésion accusée de ceux-ci), 
des guérisons complètes ou de très notables améliorations. 

En résumé, la polarisation du tissu cicatriciel profond par les ions des 
électrolytes de la lymphe et sous l’action de champs de suffisante intensité 
nous parait être la condition de modifications physiques ou peut-être histo- 
logiques de ce tissu telles que l’on voit progressivement reparaître le libre 
jeu des tendons adhérents et, dans les nerfs moteurs englobés, le libre 
parcours de l'influx volontaire. 


A 15 heures trois quarts l'Académie se forme en Comité secret. 


La séance est levée à 17 heures. 


A DE. 


500 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


OUVRAGES REÇUS DANS LES SÉANCES DE JUILLET 1916 (suite). 


La mesure de l'accélération du mouvement horizontal et ses déductions, par 
J. Carzier. Extrait de la Lumière électrique, 1916. 

Premiers principes de Géométrie réfractive et Calendrier perpétuel dans les sys- 
tème julien (ère chrétienne) et grégorien, inventé le 7 mars 1915, par ANTONIO 
Carriera. Extrait des Trabalhos da Academia de Sciencias de Portugal, 1™ série, 
t. II, 2° partie. Coïmbre, Imprimerie de l'Université, 1915; 2 fasc. 

Canada, Ministère des Mines. Division des Mines. Recherches sur le cobalt et les 
alliages de cobalt faites à l’Université Queens, Kingston, Ontario, pour la Division 
des Mines du Ministère des Mines; partie I : Préparation du cobalt métallique par 
la réduction de l’oxyde, par H. T. Karmus, en collaboration avec Day, HARPER, 

SaveLL et WiLcox; — Recherches sur les charbons du Canada au point de vue de 
leurs qualités économiques faites à l’Université Me Gill de Montréal, par J. B. 
Porter et R. J. Durcey, t. IV; — Commission géologique. Rapport sur les dépôts 
d'argile et de schistes des provinces de l'Ouest, partie I1, par Heixnrica Ries et JOSEPH 
KEELE; — Bassins des rivières Nelson et Churchill, par Wazcram Mc Inness. Ottawa, 
Imprimerie du Gouvernement, 1915; 4 vol. in-8e. 

Annuaire de la Fondation Thiers. Issoudun, Gaignault, 1916; 1 fasc. in-8e. 

Compagnie des Chemins de fer du Midi. Assemblée générale des actionnaires du 
14 avril 1916. Rapport du Conseil d’ a Résolutions de l'assemblée. 
Paris, Société générale d'impression, 1916; 1 fasc. in- 

Annales de l’Institut océanographique (Fondation Albari Ier, prince de Monaco), 
publiées sous la direction de L. Joumn, t. VII, fasc. IV : L'étang de Berre, par À. 
CHEVALLIER. Paris, Masson, 1916; 1 fasc. in-4°. 

(A suivre.) 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 6 NOVEMBRE 19146. 


PRÉSIDENCE DE M. CamiLce JORDAN. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. 


Après le dépouillement de la Correspondance, M. C. Jonpax donne lec- 
ture d’une Notice nécrologique sur M. Liauri : 


i 


Je dois communiquer à l’Académie une triste nouvelle qui m'est par- 
venue peu d'instants avant la séance. 

Notre regretté confrère M. Léauré nous a été enlevé cette nuit. Il était 
né à Bulize (Amérique) le 26 avril 1847. Sorti de l’École Polytechnique 
comme ingénieur des Manufactures de l'État, H était présentement direc- 
teur des Téléphones. 

Son œuvre est la meilleure réponse à ceux qui s'imaginent qu'il y a 
divorce entre la théorie et la pratique, el que les savants, s'ils ne sont pas 
nuisibles aux progrès de l’industrie, sont du moins incapables de la servir 
utilement. 

Il débuta par des travaux d'Analyse pure fort intéressants sur les fonc- 
tions elliptiques et les équations aux dérivées partielles; mais il ne tarda 
pas à se consacrer tout entier à la Mécanique. 

La transformation d’un mouvement donné en un autre également donné 
est un problème qui se présente à chaque instant dans les applications; 
sa réalisation rigoureuse par des glissières semble facile, mais se heurte en 
pratique à de graves inconvénients. M. Léauté, suivant les traces de notre 
illustre Associé M. Tchebychev, préféra à bon droit les solutions appro- 
chées en substituant à la courbe à décrire l’arc de cercle qui s’en écarte le 
moins et qu’il apprit à déterminer. 

La transmission de la force à grande distance par l'intermédiaire de 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 19.) 67 


502 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


câbles joue un grand rôle dans l’industrie moderne. Mais dans létablisse- 
ment des règles à suivre pour leur construction on avait négligé divers 
éléments essentiels, d’où résultaient de graves mécomptes. Dans un Mé- 
moire étendu, devenu aussitôt classique, M. Léauté sut les soumettre au 
calcul, donnant par là aux industriels une base assurée. Les difficultés 
étaient grandes par suite de la présence, dans l’expression de la tension du 
càble, de termes périodiques dépourvus d'intérêt. L'auteur les a évitées en 
substituant, au développement de la fonction suivant ses valeurs et celles 
de ses dérivées à un instant donné, un développement nouveau procédant 
suivant les valeurs moyennes des mêmes quantités. 

Ses recherches sur les régulateurs ne sont pas moins importantes. L'iso- 
chronisme parfait, dont M. Rolland avait établi les conditions, donnerait 
lieu à de graves inconvénients en produisant des oscillations indéfinies de 
la vitesse. Le degré d’isochronisme à réaliser doit donc être réglé en fait 
par la puissance du volant. 

M. Léauté a été conduit par la théorie à la réalisation d’un appareil fort 
simple, applicable à un régulateur quelconque, permettant de faire varier 
à volonté la vitesse du régime et le degré de l’isochronisme. 

Les oscillations à longue période, si redoutables dans les machines 
hydrauliques, ont également attiré l'attention de M. Léauté. Elles n’avaient 
été étudiées avant lui que pour les régulateurs à action directe. M. Léauté 
a traité le cas où la régularisation intervient par l’action d’une vanne. Cons- 
truisant alors une caube ayant pour abscisses l’ouverture de la vanne et 
pour ordonnée la vitesse correspondante de la machine, il a reconnu que 
ces oscillations se produisent seulement lorsque ladite courbe est fermée. 
L'intégration de l'équation différentielle du problème lui fait connaître les 
cas où cette circonstance se présente. 


La séance sera levée aussitôt après l'élection d’un Correspondant. 


ASTRONOMIE. — Sur l'emplacement et les coordonnées de l’ancien Observatoire 
de la rue Vivienne. Note de M. G. Bicourpax. 


Diverses inventions et améliorations très importantes, faites ONR sur 
coup à Paris de 1666 à 1669, ont puissamment contribué aux progrès de 
l’Astronomie; telles sont la création du micromètre à vis, — l'emploi de la 
méthode des hauteurs correspondantes, — la RES on des lunettes aux 
pinnules ordinaires des quarts de ur — l'observation desétoiles en plein 


SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1916. 503 


jour et, comme conséquence, la création de la méthode encore employée 
des observations méridiennes. 

Ainsi qu'ilarrive d'ordinaire, ces perfectionnements avaient été préparés 
par les travaux antérieurs, et les contemporains en furent moins frappés 
que nous; aussi nous ont-ils laissé ignorer à ce sujet des détails non seu- 
lement curieux, mais encore utiles pour faire une réduction plus exacte 
d'anciennes observations. 

Parfois même ils n’indiquent pasavecassez de précision les emplacements 
exacts de leurs instruments; ou bien les repères en ont disparu; et tel est 
le cas pour le point d'observation de la Bibliothèque du roi, où travail- 
lèrent les premiers astronomes de l’Académie des Sciences, et où furent 
faits le premier emploi de la méthode des hauteurs correspondantes et la 
substitution des lunettes aux simples pinnules. Je me propose de fixer 
cet emplacement, et de conclure ses coordonnées par rapport à la méri- 
dienne et à la perpendiculaire de l'Observatoire. Comme à l’ordinaire, 
pour cette perpendiculaire je choisis celle qui coïncide avec la face sud de ce 
bâtiment, dont je suppose la latitude égale, en nombre rond, à 48°50'11”,00. 


La Bibliothèque du roi se trouvait, depuis Louis XIIT (‘), rue de la Harpe, 
dans une maison louée aux Cordeliers. Carcavi (?) en fut nommé garde 
en 1663, et présida en 1666 au transfert de cette Bibliothèque dans deux 
maisons de la rue Vivienne que Colbert avaient acquises récemment, et qui 
étaient contiguës à son hôtel. Une des salles de cette nouvelle Bibliothèque 
fut assignée pour les séances de l’Académie des Sciences, fondée la même 
année 1666. 

Cette Compagnie ne se composa d'abord que de six ou sept savants, 


(+) Voir Le Prince, Essai historique sur la Bibliothèque du roi. 

(*) Pierre de Carcavi, né à Lyon, mort en 1684, d’abord conseiller au Parlement 
de Toulouse, fut lié avec Fermat, son confrère, et qui à sa mort le fit dépositaire de 
ses écrits. Il devint ensuite conseiller au grand Conseil et fut mêlé aux discussions 
scientifiques de l’époque, par exemple en 1645, à celle de la quadrature du cercle, sou- 
levée d’abord entre Longomontanus et Pellius. A la mort de Mersenne (1648), il offrit 
à Descartes de le remplacer comme son correspondant à Paris, ce qui eut lieu quelque 
temps. Mais Descartes le sachant très lié avec Roberval, un de ses plus ardents adver- 
saires, cessa bientôt de lui écrire (1649). Carcavi quitta la magistrature et Colbert, 
qui lui avait d'abord confié sa propre bibliothèque, lui donna ensuite la garde de 
celle du Roi en 1663; plus tard, nommé membre de l’Académie des Sciences dès l'ori- 
gine, il y était le porte-parole de Colbert; à la mort de ce ministre (1683) il se démit 
de sa charge et mourut lui-même l’année suivante. 


504 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


presque tous astronomes (‘), qui commencèrent leurs exercices acadé- 
miques et leurs observations en juin 1666; leurs instruments principaux, 
placés en plein air, dans le jardin de la Bibliothèque, étaient un' quart 
de cercle tout en fer, de 9 + pieds de rayon, offert par Louis XIV, et 
un sextant de 6 pieds de rayon, avec limbe de cuivre, qui, d’après 
Le Monnier (*), avait été divisé par Buot et Roberval. 

Parmi les autres instruments dont on s’y servit également, il faut noter 
. une machine parallactique que J.-D. Cassini, arrivé à Paris le 4 avril 1669, 
y fit transporter dans la suite. 

Les nuages ayant caché à Paris l’éclipse de Lune du 16 juin 1666 (°), la 
première observation importante faite par la nouvelle Compagnie fut celle 
de léclipse de Soleil du 2 juillet suivant. Le Monnier, qui la rapporte 
(p. 3), ne dit pas explicitement où elle fut faite; mais Pingré et Lalande (*), 
d'accord avec l'Histoire de l’Académie, disent que ce fut dans le jardin de 
la Bibliothèque, ou dans la maison même. 

Les observateurs, qui opérèrent par projection suivant la méthode habi- 
tuelle du temps, furent Hüyghens, Roberval, Auzout, Frenicle et Buot. On 
employa trois lunettes, dont l’une avait 13 pieds de long et les deux autres 
7 pieds. Les heures étaient données par une horloge sidérale à pendule, 
réglée au moyen du sextant de 6 pieds par des hauteurs correspondantes, ce 
qui était une innovation capitale. 

La grandeur de l’éclipse, mesurée au micromètre, récemment inventé, 
fut de 7 doigts 56’. 

On fit aussi diverses observations physiques; par exemple, avec des 


(*) Les membres de cette Académie furent d’abord Carcavi, Huyghens, Roberval, 
Frenicle, Auzout, Picard et Buot; ils commencèrent leurs travaux académiques ch 
juillet 1666; à la fin de la même année, Colbert leur adjoignit des médecins, des chi- 
mistes, des anatomistes et un botaniste, ainsi que des élèves; en outre, des pensions 
furent établies, ainsi qu'un budget pour les expériences. Les séances de l’Académie 
ainsi complétées commencèrent le 22 décembre 1666. 

(?) Le Monnier, Histoire céleste ou Recueil de toutes les observations astrono- 
miques faites par ordre du Roy, avec un Discours préliminaire sur le progrès de 
l’'Astronomie, où l’on compare les plus récentes Observations à celles qui ont été faites 
immédiatement après la fondation de l'Observatoire royal. Paris, 1741 (LE M., 
H. cél.). 

(*) Pour observer cette éclipse, qui devait être horizontale, les astronomes de 
l’Académie s'étaient transportés à Montmartre. 

(*) Mém. Acad., 1787, p. 223. 


SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1916. 505 


miroirs ('), on nota la diminution de chaleur du Soleil, en raison de la 
partie cachée par la Lune. 

A la fin de-1666 et au commencement de 1667, Roberval et Buot déter- 
minèrent la hauteur du pôle avec le sextant, et la trouvèrent de 48°57 : 
à 48°53’, valeur bien exacte, étant donnés les moyens employés, car, ainsi 
qu’on va le voir, le nombre exact est 48°52'1”. Dès ce moment, on avait 
sans doute tracé la méridienne qui était marquée par une règle de cuivre 
encastrée dans une pierre placée dans le jardin. 

Le sextant n'avait alors que des pinnules ordinaires; et il en était 
encore de même le 21 juin suivant, quand on le transporta au point où l’on 
avait décidé de bâtir l'Observatoire. 

C’est dans la seconde partie de la même année 1667, en juillet, août et 
septembre, qu’on substitua des lunettes aux pinnules des quarts de cercle. 
D’après J.-N. Delisle, ce perfectionnement capital serait dû à Roberval; 
mais d'ordinaire on l’attribue à Picard et Auzout. 

Delisle basait son opinion sur un Mémoire qu'il avait trouvé dans les 
papiers de l’Académie, et qui portait ce titre : Application des lunettes de 
longue vüe aux instruments à mesurer tant au ciel que sur terre par moy 
Roberval de l Académie des Sciences à Paris. 

Roberval dit là qu’il a d’abord fait cette application au quart de 
cercle de 9 + pieds et qu’elle fut ensuite appliquée à d’autres quarts de cercle 
plus petits et à des sextants. J.-D. Cassini dit que dans les premiers teinps 
la lunette n’était pas invariablement fixée au quart de cercle, mais qu’on 
pouvait l'enlever pour servir momentanément à d’autres usages. 

Dans les registres de l’Académie on trouve des hauteurs méridiennes du 
Soleil prises par Picard au jardin de la Bibliothèque, avec le quart de cercle 
de g ! pieds et le sextant de 6 pieds, à partir du 20 octobre 1667; et l’on 
fait observer qu’alors les pinnules étaient remplacées par « des verres de 
lunettes d'approche »; aussi admet-on d'ordinaire que cette substitution 
fut d’abord faite par Picard. Mais comme Ph. La Hire lui demandait un 
Jour ce qui en était, il « répondit assés froidement que M. Auzout y avoit 
beaucoup de part » (2). 


(1) Voir Anc. Mém., t. T, p. 7-8. D'après les registres de l’Académie, ces 
miroirs avaient été prêtés par Petit; l’un était parabolique, de 13 pouces de dia- 
mètre et de 12 de foyer. Petit avait prêté aussi une lentille de 8,5 pouces de diamètre 
et de 10,5 de foyer. 

(°) Pa. La Hire, Recherche des dates de l'invention du. Miiromètrà des Horloges 
à pendule et des Lunettes d'approche ( Mém. Acad., 1717, p. 78-87; voir page 83 du 
Mémoire). í 


506 ACADÉMIE: DES SCIENCES. 


Quoi qu'il en soit, cette substitution capitale fut d’abord faite au jherdin 
de la rue Vivienne. 

En août 1668, Huyghens et Picard y observèrent Saturneavec des A: 
de 21 pieds et mesurèrent l’inclinaison de l'anneau ('). Puis en octobre et- 
novembre, Picard.fit là aussi diverses observations d’éclipses des satellites 
de Jupiter (°), qui paraissent être les premières faites en France-et qui 
certainement sont les premières faites en vue de déterminer des lon- 
gitudes. 

On cessa bientôt nos en cet endroit, où sans doute la vue n'était 
pas assez libre; et après deux ou trois ans cet observatoire poma, fut 
abandonné. 

C'est peut-être en raison de cette existence éphémère, quoique très 
glorieuse, que rien ne le rappelle aujourd’hui; même son emplacement 
n’est pas bien connu, 

A l’année 1668, l'Histoire de l’Académie de Fontenelle dit que l’on voulut 
rapporter ce point à l'Observatoire, alors en construction près de la porte 
Saint-Jacques, et que dans le sens du méridien on trouva 1190 toises entre 
cette porte Saint-Jacques et la porte Saint-Martin; puis 150 toises entrela 
Bibliothèque du Roi et la porte Saint-Martin. 

Évidemment, au lieu de porte Saint-Martin, on a voulu dire porte 
Montmartre ; mais la conclusion n’en reste pas moins qu'il y aurait 930 toises 
entre la Bibliothèque et la porte Saint-Jacques, ou la face sud de l’Obser- 
vatoire, qui passe sensiblement par cette dernière porte. La Bibliothèque 
se serait donc trouvée à 950 toises au nord de l’origine des latitudes, 
soit 1/2”, 

Mais ce nombre est visiblement très inexact; la distance de 950 toises, 
en erreur presque de sa valeur entière, étant près de deux fois trop petit: il 
faut donc le rejeter et s’en rapporter aux données topographiques un peu 
grossières fournies par les plans de l’époque. 

Celui de Nicolas de Fer (1697) place cette Bibliothèque au nord-est 
de la rue Colbert; c’est une erreur incontestable; et comme les plans anté- 
rieurs que nous connaissons ne peuvent être d'aucun secours 1] ai fait usage 
de ceux de Bernard Jaillot (17 13), de J. dela Caille (1714) et de de la Grive 
(1728), dans les reproductions 'qui en ont été faites en 1880 (°) par les soins 


(4) Ane. Mém., t. 10, p. 338. 

(?) Anc. Mis: 1,140, p. 333. 

(3) Histoire générale de Paris. — Atlas des anciens plans de Paris, 1880; 1 vol, 
de texte et 2 vol. d’atlas, le tout grand in-folio. 


SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1916. 507 


du Conseil municipal; et les données de ces plans ont été comparées à un 
plan moderne, celui de l Atlas de Parts, fait aussi en 1880 (*). 

Dans chacun de ces trois anciens plans, désignons par A la position du 
milieu du jardin de l’ancienne Bibliothèque, fixé à vue par rapport aux 
bâtiments figurés, et admettons que l'axe OB de la rue Vivienne n'ait pas 
changé depuis 1666, non plus que les points O ét B où cette ligne est ren- 
contrée respectivement par laxe de la rue Colbert et par celui de la rue des 
Petits-Champs. 

Par rapport à OB comme axe des x, avec O comme origine, on a mesuré 
sur les trois premiers plans, les coordonnées X, Y du point A. On a ainsi 
obtenu les nombres suivants des colonnes OB, X, Y. 


Plan. OA. xi Y. f. fx. fY. 

B. Jaillot (1713)..... 19h 9,1 6,5 1,933 17,6 12,6 

La Caile (1714)..:.. :23,9 8,6 739 1,569 13,8 11,8 

La Grive (1728)..... 28,0 10,4. 00 1,339 13,8 8,7 
Atlas municipal (1880) 37,5 » nD 1,000 » » 

MOYennes......... 1,0 11,0 


f est le rapport des valeurs de OA, pour chacun des trois plans utilisés, à 
la même longueur dans le plan de 1880, de sorte que les produits fX, fY, 
correspondent, dans le plan de 1880, aux valeurs individuelles des 
coordonnées cherchées du milieu A du jardin; leurs valeurs moyennes 
sont 15%, 0 et 117,0. 

D'un autre côté, appelons A’ le point où se coupent, à peu près à angle 
droit, les deux bras principaux de la galerie Vivienne d’aujourd’hui, mar- 
quée sur le plan de 1880. Par rapport aux mêmes axes, les coordonnées du 
point A’ sont 15®™ o et 12"%,0; d’où il résulte que le point trouvé A est 
sur le bras de la galerie perpendiculaire à la rue Vivienne et à 5" vers cette 
rue par rapport à A’. 

D'ailleurs, il est naturel de penser qu’au lieu de placer les instruments 
au milieu A, on les plaçait plus à l'Est, afin de les éloigner des bâtiments. 
Parfois on les a d’ailleurs installés dans le bâtiment même; enfin, d'autres 
circonstances ignorées, comme la présence d’un arbre, etc., jointes à 
l'incertitude même des résultats ci-dessus, permettent de considérer le 
point A’ comme l'emplacement de cet observatoire. 


(5 GA municipal je vingt arrondissements de la Ville de Paris, dressé sous la 
direction de M. Alphand, par M. L. Faure,... 1880. in-fe. 


508 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Maintenant il est facile de rapporter ce point A’ à l'Observatoire actuel. 
Des mesures immédiates, prises sur le plan de 1880, le placent à 49°", 2 à 
l’est de la méridienne et à 81,8 au nord du parallèle de 3000". Réduisant 
ces deux nombres en les rapportant à la longueur de 1000", on trouve 
qu'ils représentent respectivement 247",0 et 408",4; de sorte que les 
coordonnées de ce point A’, par rapport à l'observatoire actuel, 
sont 247,0 à l'Est et 3408", 4 ou 1748",8 au Nord. 

En adoptant les constantes de l’ellipsoïde de Bessel, on trouve pour les 
différences correspondantes de longitude, de latitude et pour la latitude 
elle-même : | 


Longitude Est. if aaau Ga de o. 12,1 = 0m0$,81 

Différence de latitude vers le Nord.. o. 1.50,35 

DIU Noni. ... r. tr us 48.52. 1,4 
ELECTIONS. 


L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d’un Correspon- 
dant pour la Section de Mécanique, en remplacement de M. Considere, ` 
décédé. 

Au premier tour de scrutin, le nombre de votants étant 56, 


M Ate öbtient. oes Le dat der 22 suffrages 
M. Rabut » tent mi A rio 11 » 
M. Andrade » she nt ls Riel Ve 3 a 


M. Aniës, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est élu Corres- 
pondant de l’Académie. 


CORRESPONDANCE. 


M. Pave Warnes, élu Correspondant pour la Section de Chimie, 
adresse des remerciments à l’Académie. 


MM. A. Barraxpier et Taagur, Samuez Bnuëre, E. FREYSsINET, 
J. Haver adressent des remerciments pour les distinctions que l’Académie 
a accordées à leurs travaux. 


SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1916. 509 


ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la frontière normale d’une région ou d’un 
ensemble. Note de M. W.-H. Youxe et M Grace Cmisuozm Youxé, 
présentée par M. Emile Picard. 


. Prenant le triangle comme élément plan, nous définirons une région 
normale comme l’ensemble des points intérieurs au sens large d’un 
ensemble de triangles. Une région g générale est alors définie comme l'en- 
semble des points Lo région normale avec l’addition d’un ensemble 
quelconque des points limites de ceux-ci. 

Les points d’une région sont répartis en deux classes distinctes : 


1° Points intérieurs (au sens étroit); 
2° Points frontières (Jorvan, Cours d’Analyse, 2° édit., t. I, p. 20). 


Ces derniers peuvent être répartis en deux sous-classes distinctes : 


2a. Points frontières normaux, qui sont les sommets de triangles dont 
tous les points intérieurs (au sens étroit) appartiennent à la région ; 
2b. Poiñis frontières anormaux. 


La classe 2° peut manquer complètement. Par contre, la classe 2b peut 
constituer un ensemble de mesure positive. Nous allons démontrer que la 
classe 2a git sur un ensemble dénombrable de courbes non oscillatoires. Elle 
constitue donc un ensemble de mesure nulle, la frontière normale de la 
région. 


2. Traçons par un point P quelconque ae axes rectangulaires ( hori- 
zontal et vertical), et désignons comme 1°", 2°, 3° et 4° angles de P les 
angles - z7 ainsi déterminés, commençant par . qui est à droite de la 
verticale ascendante et procédant dans le sens des aiguilles d’une montre. 

A , . > I 
De même, définissons les 5°, 6°, ..., 12° angles de P, comme les angles 27 
Là . , . b r , « < * . e 
déterminés par les bissectrices des angles précédents, et ainsi de suite. De 
cette façon, nous obtiendrons pour chaque indice z un angle avec P pour 
sommet et limité par des lignes droites de directions déterminées par l'in- 


dice; la grandeur de cet angle aura zéro pour limite, quand n croît indé- 
Baimenik: 
Soit P un point frontière normal de notre région R; il y aura des 
triangles avec P pour sommet, ne contenant (au sens étroit) que des points 
C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 19.) 


510 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


de R. Parmi ceux-ci, prenons ceux dont les angles en P font partie de la 
série précédente, et soit z le plus petit des indices correspondants. Ainsi 
les points frontières normaux sont répartis en une infinité dénombrable de 
classes distinctes, dans chacune desquelles.les points P possèdent le même 
indice z. Il suffit donc de démontrer notre théorème pour l’une quelconque 
de ces classes. 

Mais par projection et rotation nous pouvons transformer l'angle n dans 
l'angle 1 pour tous les points P simultanément. Donc il suffit de démontrer 
notre théorème pour la classe 1°. 


3. Or si P est un point frontière normal de la classe 1°, il y aura dans le 
premier angle de P des carrés avec P pour sommet, ne contenant (au sens 
étroit) que des points de R. Nous pouvons donc faire correspondre à P le 
plus petit entiers, tel qu’un de ces carrés ait pour longueur de-ces côtés 2. 
De cette façon les points frontières normaux de la classe 1° seront répartis 
en une infinité dénombrable de sous-classes S,, S,, ..., Sp ...; tous les 
points d’une de ces sous-classes ayant le même entier correspondant PL 
suffit de démontrer notre théorème pour S,. 

Divisons le plan en échiquier par des oies horizontales et Fe à 
distances égales à 2‘. I suffit de démontrer notre tRÉGrEMe pour lés points 
de S; dans un des carrés C de l’échiquier. ` 

Soit T l’ensemble des points et points limites de s,à l'intérieur de C. 
Si P est un point de T, tous les points du carré C dans le premier angle 
de P sont des points intérieurs de R; donc, il n’y en a pas qui appartiennent 
à l’ensemble T. Il s'ensuit que tous les points de T gisent dans le deuxième 
ou lé quatrième angle de P, ou bien sur l'horizontale ou la verticale par P. 

Prenons sur chaque verticale, ayant au moins un point de T, le plus 
haut (x, y) de ces points. Si, entre deux de ces verticales, il n’y a pas de 
points de T, ajoutons sur chacune des verticales intermédiaires le point au 
même niveau que le point (x, y) déjà déterminé qui est le plus proche à 
droite. Nous aurons ainsi un point unique (x, y) pour chaque x, et y sera 
une fonction monotone non décroissante de æ. En ajoutant les segments 
verticaux qui contiennent les autres points de T, nous aurons une courbe 
nón oscillatoire qui contiendra tous les points frontières normaux de 
classe 1° de notre région R dans le carré C. Notre théorème est donc 
démontré. 


} 


4. Si, au lieu d'une région, nous prenons un ensemble plan quelconque, 


SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1916. 5ra 


nous aurons la mêmé répartition de ses points entre lesclasses 1°, 2a et 2h. 
Mais, à côté de la classe 2a, on distinguera naturellement une classe 24’, 
composée des points frontières qui sont les sommets de triangles dont les 
points intérieurs (au sens étroit) appartiennent à l’ensemble complémen- 
taire. Ces deux classes 2a et 24° ne sont pas nécessairement distinctes, 
mais le même raisonnement appliqué à l’ensemble et à son ensemble com- 
plémentaire démontre qu’elles gisent toutes les deux sur un ensemble 
dénombrable de courbes non oscillatoires. 

Les points frontières qui n'appartiennent ni à la classe 2a, ni à 2a', 
seront d’une nature extrêmement épineuse, de vrais hérissons mathéma- 
tiques. 


5, De notre théorème descriptif nous pouvons tirer facilement le résultat 
métrique suivant : un ensemble plan quelconque peut étre divisé en deux sous- 
ensembles, dont le premier est de mesure nulle, et dont le second est tel qu'un 
triangle quelconque contenant au sens large un de ses points, en contient un 
ensemble de mesure positive. 


6. Lattes: ces considérations subsistent encore, mutatis mutandis, dans 
l’espace à trois ou à n dimensions. 


CINÉMATIQUE., — Sur un mouvement plan particulier à deux parametres. 
Note (') de M. G. Rænies, 


L. Je me propose de faire connaître quelques nouvelles propriétés des 
mouvements plans à deux paramètres. Je m'occuperai en premier lieu d’un 
mouvement particulier qui est à vrai dire essentiel dans la réalisation des 
liaisons mécaniques, mais dont une PORT singulière n’avait pas encore 
été dégagée. 


2. Rappelons d’abord que, si un plan mobile H glisse sur un plan fixe IT, 
sa position dépend de trois paramètres, par exemple les coordonnées a, b 
d’un de ses points O par rapport à deux axes rectangulaires O,X,, O, Y, 
tracés dans II, et l'angle 0 que fait un axe OX solidaire du plan IT avec 
l'axe O,X, solidaire A plan H. 


(') Séance du 30 octobre 1916. 


h12 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Si l’on impose aux positions du plan IT une condition se traduisant par 
une équation entre a, b, 0, l'ensemble de ces positions ne dépend plus que 
de deux paramètres et l’on dit que H possède par rapport à H, un mouve- 
ment à deux paramètres ou de liberté 2 ; nous appellerons S? un tel mouve- 
ment. 

Si par exemple on impose à 0 d’être constant, a, b restent arbitrairement 
variables et l’on obtient la translation &? à deux paramètres dans le plan. 

Mais ce cas écarté, 0 est variable avec la position du plan II dans le 
plan H, et, conjointement avec un paramètre u, qu'on peut choisir arbitrai- 
rement, constitue le système des deux variables ou paramètres dont dépend 
la position du plan H par rapport au plan II,. 


3. Si l’on considère dans #M° une succession de positions dépendant 
d’un paramètre, autrement dit si l’on considère un mouvement #M!' à ur. 
paramètre contenu dans #M4?, la variable u sera une fonction de l'angle 0 et, 
dans ce sens, nous pomo parler des dérivées EENE et seconde u', u” 
de u par rapport à 

Il faut cependant bianet qu’à partir de toute position ® du plan II dans 
le plan TI, il existe une translation &' à un paramètre contenue dans S} ; 
on l'obtient en laissant à ð la valeur constante qu'il a dans la position &. 
Cette translation correspond à une valeur infinie de w. 


4. Supposons que OX, OY soient deux axes rectangulaires solidaires 
du plan IE, soit M un point de coordonnées x, y, solidaire du plan mobile. 
Du fait dés variations d9, du des deux paramètres de position, le plan Il 
change infiniment peu de place et le point M subit un déplacement dont les 
projections D,, D, sur OX, OY ont pour expressions : 


D; = ¿E dû + E, du — y d9, D, = 1 dô + n, du + x dð. 


r L 
Il en résulte que pour un mouvement #M', contenu dans M et s’eflec- 
tuant à partir de la position ® correspondant aux valeurs 0, u des para- 
mètres, le centre instantané I a pour coordonnées 


(2) = —0—Mu/, II= ë+ éu. 


S'il s’agit de la translation &, on voit que sa direction est celle du 
vecteur &,, n,; le centre instantané est alors à l'infini sur une direction 
perpendiculaire à celle-là. 

Ceci posé si l’on cherche le lieu du point I pour tous les #' contenu- 


SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1916. 513 


dans M et qui s'effectuent à partir de la position £, on voit, par l’élimi- 
nation de u’, que leur lieu est la droite dy qui a pour équation 


(3) EX + nm Y + nE — En, = o. 


5. Les coefficients = et 7 — FE de celte équation sont généralement des 
fonctions indépendantes entre elles des variables 9, u, et alors, si l’on envi- 
sage les diverses positions @ du plan II dans le plan II, et les droites di corres- 
pondant à chacune d'elles, on constate que les positions de ces droites 
constituent un continuum doublement indéterminé. 

Mais il se peut aussi que les coefficients de l'équation de la droite dı 
soient fonctions l’un de l’autre, auquel cas la droite dı possède une enve- 
loppe (e) dans le plan mobile IT, cette enveloppe pouvant se réduire à un 
point et même ce point pouvant être rejeté à linfini. Dans ce dernier cas, 
la droite dı conserve une direction constante dans le plan II. 


Je me suis en premier lieu proposé de rechercher tous les #4? pour les- 
quels la droite d possède une enveloppe dans le plan mobile. 

On sait que les fonctions #, n, £,, 1, ne sont pas arbitraires; elles doivent 
vérifier le système de conditions, dites d’intégrabilité, 


d: ; 
(4) e a e + 


“à r ~ , . ` * T) . 
L'intégration de ces équations, dans l'hypothèse où n — SF est fonction 
' i 


de donne la solution de la question. Je me bornerai ici à énoncer les 
résultats i 

1° Lorsque la droite dı, lieu du centre instantané, ne dépend que d’un 
paramètre 9 dans le plan mobile, elle ne dépend aussi que d’un paramètre 4 
dans le plan fixe et réciproquement (comme le fait voir la considération du 
. mouvement inverse). 

2° Les deux paramètres ọ, } sont indépendants l’un de l’autre. 

3° Le mouvement est défini par le roulement sans glissement d’une 
courbe (e) solidaire du plan mobile sur une droite d, tandis que celle-ci 
roule sans glisser sur une courbe (e,) solidaire du plan fixe. Les deux 
roulements sont indépendants l’un de l'autre. La droite d'est la droite di. 

4° Le fait que le mouvement de d par rapport à chacun des plans IF, H, 
ne dépend que d’un paramètre met en évidence que le Rl considéré est 
décomposable, suivant une locution que j'ai déjà utilisée dans des travaux 
antérieurs. 


514 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


5° Un point P pris sur la droite d décrit dans chacun des plans IE, HM, 
des courbes (a), (a;) qui sont des développantes respectives des 
courbes (e), (e;). 


Au cours du mouvement, ces profils (a), (a,) demeurent en contact de 
telle façon que le contact peut avoir lieu en un point PES de chacun 
d’eux et cette condition peut suffire à définir le mouvement 

On peut du reste substituer à (a), (a,) un couple de profils pardilelks; ce 
qui revient à faire un autre choix du point P sur la droite d. 

Si l’on songe que le procédé de réalisation des liaisons dans les méca- 
nismes consiste précisément à imposer le contact de couples de profils tels 
que (a), (a,), on voit que le SM? auquel nous aboutissons est en quelque 
sorte l'élément primordial des mécanismes et il est très digne de remarque 
qu'il soit justement caractérisé par la propriété si spéciale qui concerne 
ses droites di. 


CHIMIE MINÉRALE. — Poids atomique du plomb. 
Note (') de MM. OEcusner ne Coninck et GÉrARD. 


I. Nous avons déterminé le poids moléculaire de l’oxyde de plomb; nous 
en avons déduit le poids atomique du plomb: Nous avons purifié le plomb 
que nous avions en mains, par plusieurs traitements avec des liqueurs 
acides appropriées; finalement, nous avons traité par un acide nitrique, 
purifié lui-même, et préparé ainsi un nitrate de plomb pur. Nous l'avons 
obtenu à l’état anhydre. 

Soient p le poids de nitrate employé et p' le poids de l’oxyde obtenu par 
calcination; le poids moléculaire de l’oxyde de plomb est donné par l'équa- 
PE P LE z108 


TL 
Quatre déterminations ont été faites : 


Poids 
`> Lie 
moléculaire 
de Poxyde atomique 

P. i P': de Pare du plomb. 
' g g 
Pe tive OUR 0,6099 222,91 206,91 
DE. 180 NH 0,7243 0 ,4880 223,03 207,03 
H bals fs gel 0,8149 0,5490 222,98 ‘206,98 
AV S.stE à sites Ci NAGS 0,4270 222,99 206,99 


(1) Séance du 30 octobre 1916. 


SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1916. 515 


La moyenne de ces quatre nombres donne, pour le poids atomique du 
plomb, la valeur 206,98. La Commission internationale a so en 1904, 
le nombre 206,00. 


IL, Nous avons ensuite déterminé le poids atomique du plomb extrait 
des minerais d’urane, en éliminant autant que possible le plomb qui ne 
serait pas d’origine radioactive. 

Nous avons trouvé, comme moyenne de trois déterminations, le nombre 
206,71 qui se rapproche extrêmement dunombre 206,73 trouvé récemment 
par M. Hônigschmidt et M" Horowitz. 


GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Les dunes continentales des landes de Gascogne. 
Note (') de MM. EnouarD Harré et Jacques Harré. 


Les landes de Gascogne, dont la côte, longue de 240%, est bordée par 
une large bande de hautes dunes maritimes, sont comme saupoudrées de 
nombreuses dunes peu élevées. Ces dunes continentales ont été décrites, 
au xvi? siècle, près de Dax, par de Borda d’Oro, mais sans reconnaître 
leur qualité de dunes, ce qui semble prouver qu'elles étaient déjà fixées. 
Elles ont été étudiées, depuis, par Thore, Durègne, Welsch et d’autres 
savants parmi lesquels je dois citer Pierre Buffault, qui en a remarqué entre 
Casteljaloux et Houiellès, et Blayac, qui en a découvert à Saint-Médard- 
en-Jalles, tout près de Bordeaux. L'un de nous a présenté deux Notes à 
leur sujet à la Société géologique de France, en 1912, mais de nombreuses 
courses, plus récentes, nous permettent de reprendre utilement la question. 

Nos dunes continentales ne dépassent guère 15" à 20" de hauteur et sont 
généralement plus petites. Elles sont maintenant fixées par la végétation. 
Si l’on fait abstraction de celles qui ont été créées, par le vent d'Ouest, 
sur la rive orientale des grands étangs d'Hourtin, Lacanau et Sanguinet, 
elles doivent, à notre avis, être divisées en dunes de vallées et dunes de 
Plateaux. 

Les premières bordent beaucoup de nos vallées landaises, sur leurs 
rives nord et sud, ouest et est, et elles y occupent, au plus, quelques 
centaines de mètres de largeur. Elles sont dues à l’action exercée par le 
vent, soit sur le fond de la vallée (Leyre en aval de Mios), soit, bien plus 
souvent, sur ses berges. 


en 


(*) Séance du 30 octobre 1916. 


516 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Nos dunes de plateaux ont été créées aux dépens du sol en dehors 
des vallées. Elles affectent souvent la forme de paraboles dont l’axe est 
Ouest à Est, ou Ouest un peu Nord à Est un peu Sud, avec, à l'Est, le 
sommet géométrique (que nous appellerons téte pour éviter toutes confu- 
sions avec le point culminant). Déjà, au xvm“ siècle, Belleyme, ingénieur 
géographe du Roi, avait remarqué cette forme et l'avait figurée et sché- 
matisée pour de nombreuses dunes continentales de nos landes, sur sa 
grande carte de Guyenne. Ces dunes paraboliques sont dues au vent d'Ouest, 
ou Ouest un peu Nord, agissant, soit directement sur la plaine, soit sur des 
dunes déjà édifiées précédemment. Elles n’ont pu se constituer, avec cette 
forme, que lorsque l’action du vent était gênée par une certaine végétation. 
Lenr longueur, suivant l’axe, atteint parfois plusieurs kilomètres. 

Nous devons mentionner aussi, parmi les dunes de plateaux, celles qui 
s'étendent soit en files continues, soit en traînées discontinues, de plusieurs 
kilomètres de longueur et de direction Ouest à Est, ou Ouest un peu Nord 
à Est un peu Sud. Cette disposition a parfois commandé la direction des 
cours d’eau : ainsi, entre Y choux et Pissos et à l’est de Labouheyre. 

On conçoit qu’en faisant cheminer du sable à travers une plaine plus 
ou moins fixée, le vent produise des traînées de dunes. : 

L’alios, couche où le sable est aggloméré par un ciment brun, et qui 
règne près de la surface de nos landes, recouvre, de même, beaucoup de 
nos dunes continentales, comme Pigeon l’a remarqué en 1849. L’ahos est 
un résultat de la pourriture des végétaux et sa présence sur une dune 
prouve qu’elle a été fixée très anciennement par la végétation. 

Une faible végétation empèchant l’action du vent d’être générale, mais 
lui permettant cependant de s'exercer localement, a occasionné le creuse- 
ment d’excavations elliptiques, dont le produit a été rejeté en avant et laté- 
ralement. L'un de nous a proposé, pour ce déblai et ce remblai, le nom de 
caoudeyre, mot de la langue gasconne qui signifie marmite, et par lequel 
nous en avons entendu désigner plusieurs aux environs de Parentis. Nous 
avons vu des centaines de caoudeyres. Elle ont été creusées par le vent 
d'Ouest et leur grand axe est Ouest à Est et leur extrémité d'avant, ou téte, 
est à l'Est, avec quelques variations. Il y en a de toutes grandeurs. Des 
caoudeyres presque rondes, creusées au sommet de petites dunes, semblent 
des cratères de volcans: ainsi, par exemple, celles de Pié Bournet et de 
Narp, près de Parentis. D’autres, très grandes, sont presque des paraboles. 
Mais la plupart sont des intermédiaires entre ces deux extrêmes. Il n’est 
pas rare que la tête ait été crevée par le vent et prèsente ainsi un, deux et 


SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1916. 517 


même quatre dégorgements. Des caoudeyres ont été constituées aux 
dépens de la plaine, mais la plupart sont dans des dunes et marquent la fin 
extrême de leur activité. Les branches de telle dune parabolique, comme 
celles de Cazalis et de la gare de Laluque, ont été sciées par des caoudeyres 
qui, souvent, sont dues à un vent un peu plus Sud que celui de la parabole. 
Les caoudeyres traversent l’alios sans que ce déblai semble avoir présenté 
la moindre difficulté. A la grande dune parabolique de la gare de Laluque, 
par exemple, dont les branches n’ont guère moins de 3” de longueur 
et sont suivies, près de leur surface, par la couche d’alios, de nombreuses 
caoudeyres ont scié ces branches. Elles montrent que, postérieurement 
au temps, fort long, pendant lequel cette dune a été couverte par la 
végétation qui a formé l’alios, le sable a été assez nu, par endroits, pour 
permettre des attaques locales par le vent. 

Les dunes et les berges des vallées ont été dites de même par des 
caoudeyres, aussi de vent Ouest. 

Le type en forme de vagues perpendiculaires au vent, qui s'est magnifi- 
quement développé à nos dunes du bord de l'Océan, n'existe pas dans nos 
dunes continentales. Il exige, pour sa création et sa conservation, que le 
sable soit entièrement nu, sans végétation, de manière à permettre au vent 
une action d'ensemble, condition qui n’était nullement remplie à nos 
dunes continentales, du moins dans les derniers temps de leur activité. 


GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Sur la présence de formes d’érosion éolienne 
à l'ile de Wight (Hampshire). Note (') de M. Roserr César-F ranca, 
présentée par M. Pierre Termier. | 


Il existe à l'ile de Wight des formes d’érosion éolienne présentant cette 
particularité d’être très différenciées suivant qu’on les observe sur les côtes 
nord ou sur les côtes sud. Sur les rivages du Solent et du Spithead, n'appa- 
raissent en effet que des phénomènes de dépôt, dunes ou bancs de sable,- 
localisés par conséquent au pied de basses falaises ou en avant d’estuaires; 
au contraire, sur les côtes qui regardent la Manche, c'est sur le sommet et 
le front de liautes falaises gréseuses, à des altitudes de 40" à 60" au-dessus 
du niveau de la mer, que se présentent les formes éoliennes de corrasion et 
de déflation, et ce n’est qu'exceptionnellement que l’on constate l’édifi- 


me 


(") Séance du 30 octobre 1916. 
C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 19.) 69 


518 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


cation de dunes sur les parties hautes de ces falaises, comme à Terrace Cliff 
et à Whale Chine. 


Les formes éoliennes des côtes nord de Wight paraissent avoir pour 


cause déterminante d’abord les conditions structurales de ła côte qui pré- 
qui P 


sente une plate-forme d’abrasion marine plus ou moins large, inclinée vers 
la mer, condition qui facilite l'édification de dunes sur le littoral. De plus, 
sur les rives plates des étroits chenaux peu profonds qui séparent Wight 
du Hampshire, on peut observer que les mouvements de flux et de reflux 
des fortes marées qui pénètrent par le Solent pour revenir par le Spithead, 
indépendamment des fluctuations produites par les courants des rivières 
conséquentes de l'ancien réseau hydrographique du Frome, laissent de 
larges espaces à découvert entre deux marées, condition qui permet au 
sable de devenir mobile. Il existe par conséquent, sur les deux rivages qui 
séparent l'ile de Wight de son ancienne attache, aussi bien sur ses rives 
nord que sur les côtes du Hampshire, un ensemble de conditions qui, sur 
un espace limité, favorisent accumulation‘ des sables. 

Sur le Solent, c’est à l'embouchure de la Newtown River et de la Yar 
occidentale, en avant de ces estuaires en voie de comblement par l’apport 
de leurs propres alluvions et aussi par le sable, qu’on remarque la formation 
de bancs sableux, constitués en partie par du sable éolien, orientés parallè- 
lement à la côte et en relation directe avec le vent dominant de louest, 
mais aussi avec les courants rasants de la côte et le courant de flot de la 
rivière. L'action du vent se traduit sur ces sables par la formation de rides 
parallèles d’une amplitude souvent assez élevée et de direction normale au 
vent, et par l'édification de dunes minuscules, celles-ci atteignant déjà 
cependant plus d'importance, dans la baie de Newtown qui est plus large- 
ment ouverte et par conséquent soumise d’une façon plus directe à l’action 
des vents. Sur le Spithead, entre la pointe qui supporte les ruines de la 
chapelle de St Helen au sud de Node’s Pt et le barrage qui a été construit 
presque à l'extrémité aval de la Yar orientale, s'étend une étroite région de 
sables éoliens où des dunes orientées normalement au vent d’est sont déjà 
en parties fixées; elles protègent le bassin de St Helen eus ds il est FAURE 
par le flot de la marée. 

Les formes éoliennes d’érosion qui caractérisent au contraire les côtes 
sud de Wight paraissent avoir pour cause déterminante l’action domi- 
nante du vent de VW. S. W. sur des falaises de nature essentiellement 
friable, constituées par les grès ferrugineux du Lower Greensand. Ces 
grès, le plus souvent mal cimentés, se prêtent à une désagrégation facile 


t 


SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1916. D19 


par le vent chargé de particules sableuses et par les intempéries. C’est ce 
qui explique la double érosion de corrasion et de déflation éolienne qui se 
manifeste sur tout le front de falaise qui s'étend entre la pointe d’Atherfield 
et Blackgang Chine, et même au delà, jusque près de Rocken End, et sur 
presque toute l’étendue des falaises de la baie de Sandown. 

Sur la côte sud-est, dans la partie ouest de la baie de Sandown, depnis 
Little Stair’s Pt, près de la faille, jusqu'aux abords immédiats de Sandown, 
s'élèvent de hautes falaises de grès ferrugineux (Lower Greensand) dont 
le front, exposé aux vents de lest et du sud, présente de remarquables 
formes éoliennes de déflation avec une structure alvéolaire très nette. Dans 
la partie nord de cette même baie, apparaît au contraire sur la falaise de 
Redcliff, de même constitution, des formes de corrasion qui se traduisent 
par un burinage actif et un système de stries parallèles, souvent entre-croi- 
sées par suite du glissement sur les argiles d’Atherfield de ces grès qui se 
sont ainsi trouvés exposés sous des angles différents à l’action du vent, la 
descente des grès ayant eu lieu par saccades et par pans successifs. 

Sur la côte sud-ouest, dans les baies de Compton, de Brixton et particu- 
lièrement dans celle de Chale se présentent, non moins bien caractérisées, les 
formes éoliennes de déflation et de corrasion. A Cliff Terrace notamment, 
près de Chale, sur une terrasse de dénudation résultant d’un ruissellement 
intense, on peut trouver parmi les graviers de vallée descendus des parties 
hautes, des cailloux à facette, vermiculés, polis, tout à fait caractéristiques 
et, sur le bord marginal de cette terrasse, des dunes bien caractérisées 
ont pu s’édifier. Près de Rocken End, à la hauteur de West Cliff sur les 
pentes de l’'Undercliff, se dresse un curieux bloc de grès de 2" environ, 
provenant d’éboulement de la falaise cénomanienne et sur lequel, par suite 
de l’hétérogénéité de sa constitution, on peut nettement définir les deux 
formes de déflation classique, vermiculaire à la base dans les grès plus 
durs, alvéolaire dans la partie supérieure plus tendre. 

Dans les Chines, coupures dans la falaise qui rappellent les valleuses du 
pays de Caux, se présentent parfois un phénomène d’érosion tourbillonnaire 
des sables, si fréquent dans les régions désertiques, étudié et bien mis en 
lumière par Jean Brunhes (') et que Charles Vélain a synthétisé d’une 


(1) Jean Brunues, Sur le rôle des tourbillons dans l'érosion éolienne (Comptes 
rendus, t. 135, 1902, p. 1132). — Erosion tourbillonnaire éolienne. Contribution à 
l'étude de la morphologie désertique (Mem. della Pontificia Acad. Romana dei 
Nuovi Lincei, Rome, t. 21, 1903, p. 129). 


520 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


façon remarquable dans une étude récente sur l'érosion éolienne (‘). Whale 
Chine, en particulier, offre le cas intéressant de l'isolement dans la partie 
centrale de l’amphithéätre où se manifeste le mouvement giratoire, d’un 
piton à forme plus ou moins accuminée dont la présence s'explique par les 
lois du mouvement tourbillonnaire, le maximum de vitesse se produisant 
toujours sur les points les plus éloignés du centre. Dominant la côte sud 
de Wight enfin, se dresse la haute falaise cénomanienne (Upper Greensand) 
constituée par une alternance de couches tendres de grès mal agglutinès 
(Malm), de marnes chloritées et de couches dures représentées par des 
bancs de silex, sur laquelle, par suite de l’action du vent, il y a mise en 
saillie des bancs de silex après creusement des grès et des marnes. Cette 
forme éolienne de corrasion est particulièrement nette à Gore Cliff et 
à West Cliff et dans la partie de la falaise qui domine Binnel Bay entre 
Niton et St Lawrence. A Cripple Path, un chemin accidenté, taillé dans le 
roc de la falaise, permet d'examiner de près le remarquable déchiquetage 
de la pierre. Dans l’{nland, à l’intérieur, on peut retrouver cette même 
forme de corrasion très nettement caractérisée sur le front nord-ouest 
et nord de ces mêmes formations gréso-marneuses avec bancs de concré- 
tions et de silex couronnés par la craie et qui portent respectivement les 
noms de S' Catherine’s Down, Stenbury Down et St Boniface’s Down. 


s 


GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Sur les traces de la période glaciaire en Albanie et 
Nouvelle Serbie (bassins supérieurs du Drim Noir et de la Skumba). Note 
de M. J. Depiser, présentée par M. Pierre Termier. 


Aux mois de juillet et d'août 1915 je me suis occupé d’études morpho- 
logiques et glaciologiques dans les bassins du Crni Drim (Drim Noir) 
et de la Skumba supérieure. Les résultats acqus ont été complétés en 
octobre 191. 

Plusieurs chainons, rivières et ruisseaux ont été découverts, notamment 
la montagne MaliKué dont l'altitude a été fixée à 2150"-2200", Le Stogovo, 
la Jablanica et le Mali Kuc m'ont montré des traces évidentes d'anciens 
glaciers dont quelques-uns sont descendus jusque dans la vallée du Drim 
Noir et jusqu’à la plaine de Struga. 


(1) CnanLes :VéLain, L'érosion éolienne et ses 7 dans les régions sd 
(Rev. de Géog. ann., t. k, 1910, p- 359). 


SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1916. 521 


Dans le Stogovo (2270™ ) j'ai trouvé quatre cirques dont deux ont donné 
naissance à deux glaciers de vallée descendant jusqu’à 15 r0" et 1575". 

La Jablanica (20-25 de longueur) est divisée par divers cols en 
quatre chaînons principaux. Dans le chaînon septentrional, appelé 
Raduc (2109"), j'ai trouvé quatre cirques qui ont donné naissance à 
des glaciers dont les moraines soudées forment une digue longue de 7k" 
à 10 avec une branche méridionale descendant au-dessous du village de 
Lukovo et une septentrionale au-dessous du village de Modric (750"). 
Dans le plus haut chaïnon de la Jablanica, qui s'appelle Visärica (2312"), 
se sont développés plusieurs cirques vastes et profonds, frangés de cirques 
secondaires. Les moraines n'existent plus ici que dans les cirques, ayant. 
été vraisemblablement, dans les vallées plus profondes, détruites par l’éro- 
sion. Le chaîinon Crno Kamenje (« Rocher Noir », 2210-2230") présente 
les traces glaciaires les plus importantes. J’y ai trouvé cinq cirques à 
gradins présentant deux étages de cirques secondaires et trois grandes 
trainées morainiques descendant jusqu'au fond de la plaine de Struga; 
les deux premières trainées, longues de 7*™-8"™, dépassent les villages de 
Labunista et de Podgorci (350"-830"); la troisième va jusqu'au-dessous 
du village de Vevcani (675"-510"). Par un col entre Crno Kamenje et le 
sommet Krstac (2232"), est descendu un glacier de vallée dont nous 
trouvons les plus basses moraines au-dessus du village de Gornja Belica 
(1390-1420"). 

Le Mali Kuc, gitad à l’ouest de la Jablanica, au nord de la vallée de la 
Skumba supérieure et au nord-ouest de la cuvette Mokra, représente la partie 
la plus haute d’une chaîne dont la partie sud-occidentale, plus basse, est 
connue, d’après les cartes topographiques, sous le nom de Mali Sebenikut. 
Elle est drainée principalement par la rivière Bistrica qui la sépare du Mali 
Sebenikut, et qui débouche par une gorge étroite et profonde au nord- 
ouest du village de Kiuks dans la vallée de la Skumba. Sur le Mali Kué, 
J'ai trouvé huit grands cirques, dont cinq sont situés sur la pente orientale 
et trois sur la pente occidentale, avec plusieurs moraines et trois lacs. Les 
moraines les plus basses sont dans la vallée de la Bistrica et de la Skumba 
supérieure. 

Il reste encore pour les recherches futures à établir les relations des 
moraines les plus basses de Jablanica et du Mali Kué avec les terrasses de 


l’ancien lac d'Ochrid et des rivières Crni Drim et Skumba. 


522 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


BOTANIQUE. — Sur les plantules de quelques Laminaires. 
Note (') de M. C. Sauyacrau, présentée par M. Guignard. 


Dans une Note précédente (°), j'ai brièvement décrit les premiers stades 
du développement des plantules du Saccorhiza bulbosa; ils diffèrent quelque 
peu chez les Laminaria flexicaulis et L. saccharina. 


Je rappelle que, chez le S. bulbosa, chaque élément de l'embryon segmenté trans- 
versalement joue un rôle déterminé. La cellule inférieure s’allonge en un rhizoïde qui 
descend dans la cavité de l’oogone. La zone génératrice stipo-frondale (Janczewski), 

‘ou zone transitionnellé des auteurs de langue anglaise, se différencie avant que les 
cellules du stipe soient divisées longitudinalement, et cela dans la nature comme dans 
lės cultures. Chaque cellule des étages produits dans la lame par cet accroissement 
intercalaire localisé devient elle-même le siège d’un accroissement intercalaire dis- 
persé, par un ou plusieurs cloisonnements en croix, qui augmente le nombre des 
assises transversales et des files longitudinales. 

Dans tous les dessins ci-contre, j'ai représenté des plantules de L. saccharina, à 
cause de leur moindre largeur, mais les phénomènes sont étroitement comparables 
chez le £. flexicaulis. Les cloisons transversales qui divisent l'embryon allongé appa- 
raissent sans ordre fixe. La première est approximativement médiane; les deux cellules 
ainsi formées, puis leurs cellules filles, se divisant simultanément ou successivement, 
l'embryon possède un nombre pair ou impair de cellules qui, en s’élargissant, déter- 
minent le futur plan de la lame; leur âge relatif, parfois peu distinct de face, se recon- 
naît toujours de profil même sur les plantules plus âgées ( /ig. O). Une cloison, parfois 
la troisième formée (fig. C), mais généralement plus tardive, isole une cellule basi- 
laire aplatie d’où partiront les premiers rhizoïdes. Bientôt, une cloison longitudinale 
apparaît dans la région moyenne ( fig. G), puis dans toutes les cellules (/ig. H), la 
progression se faisant simultanément ou inégalement ( fig. J, K) vers le haut et vers 
le bas; les plantules L et M, prises sur un même prothalle et approximativement de 
même âge, montrent ces variations, Deux cloisons successives en croix divisent ulté- 
rieurement chaque cellule ainsi formée et la plantule est alors constituée par quatre 
files longitudinales, puis huit (fig. V), et ainsi de suite avec plus ou moins de régula- 
rité; toutefois, la portion basilaire subit toujours un retard qui l’atténue, bien qu'une 
distinction nette en stipe et lame devienne possible seulement à des stades plus âgés: 
D'ailleurs, si certaines plantules présentent, vers leur base, un cloisonnement trans- 
versal plus actif, semblant un début de zone transitionnelle ( fig. R, S, T), d’autres 
n’en montrent pas (fig. V). La partie inférieure s’épaissit assez rapidement par des 
cloisonnements parallèles à la surface, tandis que la partie supérieure, beaucoup plus 


(*) Séance du 30 octobre 1916. . 
(°) C. Sauvaceau, Sur les débuts du développement d'une Laminaire (Saccorhiza 
bulbosa) (Comptes rendus, t. 161, 1915, p. 740). 


SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1916. 523 


longue, reste monostromatique. La différenciation de la zone génératrice est donc 
notablement plus tardive et moins strictement localisée que chez le S. buwlbosa. La 


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Laminaria saccharina. — À à V (gross. 190), jeunes plantules vues de face, sauf O qui est vu de 
profil; oog., oogone vidé; l’oogone de E renferme deux globules résiduels de protoplasme ; 
Æ (grand, nat.), jeune individu à sommet monostromatique sur lequel, aux niveaux £, y, z, 
ont été pris les dessins X, Y, Z (gross. 30). 


région moyenne des plantules monostromatiques du L. flexicaulis devient générale- 
ment plus large que celle du L. saccharina. 

Le premier rhizoïde, qui pénètre parfois dans la cavité de l’oogone, s'applique géné- 
ralement contre sa paroi, que les suivants enserrent et masquent de plus en plus, La 


524 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


cellule inférieure de l'embryon en produit deux ou trois après cloisonnement longitu- 
dinal; des cellules séparées successivement fournissent les suivants (fig. Gà V); tous, 
contrairement à ceux du S. bulbosa, manquent de cloisons. 

Pas plus que chez le S. bulbosa, il n’existe à aucun moment de cellules subapicales 
initiales de la lame, comme Yendo (t!) en signale chez des espèces japonaises. D'après 
Killian (?), le cloisonnement de l'assise apicale des plantules de L. flexicaulis ( L. digi- 
tata) rappellerait, dans une certaine mesure, celui des Fucus. J'estime, au contraire, 
qu'il est sans importance; il est simplement en retard sur celui des autres assises et 
toujours moins actif. L'arrangement des assises sous-apicales gagne en régularité, tandis 
que leur capacité de cloisonnement diminue et le sommet s'atténue (fig. V). Killian 
attribue à un méristème marginal une importance quasi comparable, pour l’accroisse- 
ment en largeur de la lame, à celle du méristème stipo-frondal pour son accroissement 
en longueur; or, les cellules marginales se divisent plutôt moins que les autres. On 
s’en rend compte par l'examen direct, et encore mieux, sur les plantules à base poly- 
stromatique, par l'examen des canaux mucifères, préalablement colorés. Ains), dans la 
région transitionnelle, les parois séparant les files longitudinales de cellules épider- 
miques paraissent épaissies parce que, comme Guignard l’a établi (3), leur lamelle 
moyenne se gonfle; un peu au-dessus (au niveau x, fig. A et X), les massifs glandu- 
laires apparaissent, du mucilage se répand dans les méats longitudinaux reliés dès 
lors par des méats transversaux, dessinant un réseau serré dont les mailles incluent 2 
à 4 files épidermiques. Le réseau élargit progressivement ses mailles par l’accroisse- 
ment intercalaire dispersé qui les affecte toutes et, au niveau y (fig. A et Y), chacune 
inclut 4 à 8 files de cellules plus grandes. Le phénomène se continue, tandis que les 
canaux augmentent de largeur et, au niveau z ( fig. A et Z), la disposition des cellules 
épidermiques se modelant sur le contour des polygones mucifères, on en compte 12 
à 20 files dans chaque maille. Le cloisonnement intercalaire dispersé est donc général; 
il entraîne l'accroissement en longueur et en largeur de la lame et il ne peut être ques- 
tion de méristème marginal. Ceci est encore plus frappant chez le L. flexicaulis, où 
les mailles du réseau mucifère s'élargissent davantage. 


Le cloisonnement des embryons et des plantules de l’Aaria esculenta se 
produit comme chez les L. saccharina et L. flexicaulis. Sous ce rapport, ces 
trois espèces concordent entre elles et diffèrent du S. bulbosa par la diffé- 
renciation plus tardive de la zone génératrice intercalaire. 


(!:)K. Far The Development of Costaria, Undaria and Laminaria (Ann. of Bot., 
t. 25,1 

CYK: Caa Beiträge zur Lchntiks der Laminarien (Zeit. für Bot., t. 3, 1911). 

(°) L. Guiéxaro, Observations sur l'appareil mucifère des Laminartiacées (Ann. 
Sc. nat. Bot., 7° sér., t. 15, 1892). 


SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1916. 525 


BOTANIQUE. — Sur les effets de l’arrosage capillaire continu. 
Note de M. Lucien Dane, présentée par M. Gaston Bonnier. 


Je me suis proposé d'étudier, dans mon jardin d’Erquy, les effets pro- 
duits sur certaines plantes potagères par l’arrosage capillaire continu 
comparé avec l’arrosage intermittent usité dans la culture maraïichère. 
A cet effet, je me suis servi d’un dispositif très simple, consistant en vases 
à large surface dans lesquels trempaient des fils de laine ou des tresses de 
coton jouant le rôle de siphon. La valeur de l’eau ainsi fournie à chaque 
plante était facile à calculer et il était aisé de la modifier en ajoutant ou 
supprimant des fils. Dans mes expériences, je l’ai sensiblement mainténue 
à une goutte d’eau par 20 secondes pour chaque Laitue par exemple, ce 
qui, d’après mes calculs, compensait exactement la transpiration de la 
plante et la perte d’eau par évaporation à la surface du sol. Un pareil 
système avait sur l’arrosoir de nombreux avantages. L'eau arrivait au 
pied même de la plante sans être répandue sur les feuilles; donc point de 
brülures, bien que l’arrosage se fiten plein soleil. Il y avait économie d’eau, 
ce qui a son importance ici où elle est rare. Il n’y avait pas lavage du sol 
entraînant sans profit les matières nutritives solubles dans les profondeurs. 
Enfin la partie supérieure du sol n’étant pas battue, comme dans l’arrosage 
ordinaire, restait meuble, ce qui réduisait l’évaporation en diminuant la 
capillarité plus active de la terre battue. 

Comparativement, j'avais établi trois séries d'expériences. Dans la pre- 
mière, Laitues, Chicorées et Choux étaient laissés presque complètement 
sans arrosage; dans la seconde, ils recevaient un abondant arrosage inter- 
mittent, tous les deux jours: dans la troisième, ils étaient soumis à un 
arrosage capillaire qu’on peut appeler continu dans lequel les particules 
d’eau arrivaient goutte à goutte au pied de chaque plante par des siphons 
de laine ou de coton en nombre variable suivant les besoins en eau des 
espèces ou des exemplaires. 

Les plantés arrosées à un trop long intervalle ont fourni les plus mau- 
vais résultats au point de vue utilitaire. 

Leur rosette s’est en grande partie desséchée; les Laitues et les Chicorées ont monté 
à fleurs, et c’est un accident qui, pratiquement, est si fréquent dans les jardins 
sablonneux d'Erquy qu'il a fait renoncer à la culture de la Chicorée. Les exemplaires 
soumis à l’arrosige intermittent, avec des quantités d’eau bien supérieures à celles de 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 19.) 70 


526 - ACADÉMIE DES SCIENCES. 


l’arrosage capillaire, ont poussé d'abord à peu près normalement; cependant elles se 
fanaient aux heures les plus chaudes de la journée pour reprendre leur turgescence la 
nuit, Mais, à la longue, au moment de pommer, les feuilles ont durci, en rougissant 
ou devenant d’un. vert différent par places, surtout quand unit soleil ardent / était 
accompagné d'un vent d'Est très desséchant. Leur amertume était caractéristique et 
proportionnelle au degré de leur souffrance. Quant aux pieds qui recevaient réguliè- 
rement et constamment l'eau par les siphons, ils portaient des feuilles toujours turges- 
centes; d'un beau vert et manifestaient tous les caractères d’une santé parfaite. La 
pomme s’est formée parfaitement et est devenue plus volumineuse; au goût, les feuilles 
étaient moins amères, plus douces eu plus tendres, par conséquent meilleures que dans 
le précédent lot. Enfin aucun pied n’est monté à fleurs, ce qui s'était produit pour un 
bon nombre d'exemplaires dans le second lot, quoique en quantité moindre que dans. 
le premier. 


En un mot, au point de vue utilitaire, D rene s’est montré 
partout nettement supérieur à l’arrosage intermittent habituel. 

J'ai essayé le même système pee faire germer des graines et arroser 
ensuite les j ipe semis. 


Mes essais ont été faits sur deux races différentes de Laitue, sur des Choux cabus 
et sur des Radis. 300 graines de chaque, espèce ont été choisies dans un lot de graines 
provenant d’un même pied et soigneusement pd à pe loupe. Elles ont étésemées de 
la même façon, dans un sol ayant sition, en les partageant 
en trois lots égaux, Au moment du semis, tous les lots reçurent un: copieux arrosage. 
Puis le premier lot fut abandonné à lui-même; le second lot reçut.un arrosage inter 
_ mittent à l’arrosoir, tous les deux j Jours ;le troisième lot fut soumis à l’arrosage capil- 
laire par siphons de laine ou de coton. Ta germination ful différente; elle fut meilleure 
et plus prie avec l’arrosage capillaire ; la plas mauvaise fut celle des lots non 
arrosés; bien qu’une pluie survenant à propos les ait favorisés à temps. Ainsi la Laitue 
Batavia donna 30 germinations dans le pee mine. lot. 61 dans le setond et 07 dans le 
troisième. t A 

Les Choux donnèrent respectivement 57, 68 et 82j jeunes plais les Radis 1 97 
et 80 germinations. 


» 


La HETE de larrosage capillaire était bien marquée, ainsi qu ‘on 
pouvait s’y attendre. 

Ayant continué l'expérience avec les jeunes plantes que j'avais ainsi 
obtenues, j'ai pu constater dans tous les lòts arrosés capillairement une 
avance sensible sur les échantillons des autres lots. Cette avance était sur- 
tout marquée avec la Laitue Batavia et les Radis. Ceux-ci ont fourni de 
meilleure heure des tubercules, plus gros.et moins poivrés. 

L'étude sanigi des feuilles, des tiges et des racines des plantes sur 
T F avais ainsi expérimenté ma montré les différences ordinaires 


> 


SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1916. 527 


qui existent entre les exemplaires souffrant de la sécheresse et ceux chez 
lesquels le régime de l’eau reste normal. Ainsi les bois étaient plus durs et 
plus développés, les parenchymes plus réduits chez les échantillons privés 
presque complètement d’arrosage; c'était le contraire chez les plantes ayant 
reçu l’arrosage capillaire et les plantes ayant été arrosées par intermittence 
offraient une structure intermédiaire. 

Avec la teinture de gaïac, j'ai constaté des différences de coloration du 
latex chez les Chicoracées en expérience. La rapidité de la réaction et l'in- 
tensité de la coloration étaient proportionnelles à la bonne utilisation de 
l’eau, c’est-à-dire qu’elles étaient plus prononcées chez les Laitues et Chi- 
corées soumises à l’arrosage capillaire continu. Les diastases ne fonc- 
tionnant pas de la même manière, on s'explique qu’il y ait des différences 
dans le SP RPRE dans ge incit pe gaor et dans la nature 
des produits. 

Ces expériences intéressent à g” fois la théotièn et la preliġuë hértiéolé: 
Les applications se déduisent d'elles-mêmes. Il sera facile de monter des 
appareils simples et peu coûteux, basés sur la capillarité, et de fournir aux 
plantes cultivées Peau qui leur est nécessaire en un terrain donné, après 
avoir préalablement calculé aussi exactement que possible, par les procédés 
classiques de mesure, la consommation en eau des exemplaires de chaque 
espèce et le coefficient particulier d’évaporation du sol où ils sont placés. 


ZOOLOGIE. — Sur : da migration de ponte :de la Truite. des lacs (Salmo 
fario. lacustris: .G,):: Note (!) :de M. Lovis ns: KEES par 
M. Edmond Perrier. 


J'ai précédemment exposé à l’Académie (séances des 11 et 29 mai 1894; 
et du 6 décembre 1915) les résultats de mes recherches concernant la 
migration de ponte, où montée, du Saumon (Salmo salar L.) dans nos 
fleuves et nos rivières. Ces résultats se résument ainsi : le Saumon, en 
quittant la mer pour entrer dans un bassin fluvial, passe « d'un milieu plus 
pauvre en oxygène dissous dans un milieu plus riche; il pénètre seulement 
dans les eaux douces dont la teneur en oxygène est élevée, et n’accomplit 
point de montée dans celles où cette teneur, relativernent faible, se rap- 
proche de celle de la mer. Ces conclusions, qui i dénotent une About 


(:) Séance du 30 octobre 1916. 


528 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


du phénomène migrateur aux états différentiels du milieu ambiant, m'ont 
paru posséder une telle importance biologique quant au déterminisme de 
la migration, que j'ai tenu, avant de poursuivre mes recherches sur le 
Saumon, à les vérifier et à les étendre par l’étude de plusieurs autres espèces 
migratrices qui paraissaient dépendre d’une condition similaire. C’est ainsi 
que je me suis adressé aux Mugil, et que, tout dernièrement, j'ai porté mes 
investigations sur la Truite des lacs, dont les affinités zoologiques avec le 
Saumon sont étroites. 

On sait que cette Truite pond rarement ses œufs dans les eaux lacustres 
où elle passe son existence. Le plus souvent, les individus reproducteurs 
vont frayer dans les affluents du lac. A cet effet, et le moment de l’élabora- 
tion sexuelle étant venu, ils s’introduisent dans ces affluents, les remontent 
plus ou moins haut, jusqu’à ce qu’ils rencontrent des lieux propices à l’éta- 
blissement de frayères, y pondent, puis retournent au lac. Les œufs pondus 
et fécondés éclosent dans l’eau courante, où les alevins vivent pendant 
quelque temps avant de descendre au lac à leur tour. 

Ce va-et-vient, ayant la ponte pour objet, ressemble donc en petit à celui 
du Saumon, avec ces deux différences toutefois, que les distances parcourues 
sont plus courtes, et que les milieux successivement habités consistent 
toujours en eaux douces. 

Ceci étant, j'ai cherché si les particularités offertes par la migration du 
Saumon, au sujet de la teneur différentielle des milieux en oxygène dissous, 
se retrouvaient chez la Truite des lacs, et si la ressemblance s'étendait 
jusqu’à elles. Mes observations ont porté sur la Truite des lacs Léman et 
de Nantua; elles ont eu lieu à la fin du mois d'août dernier, époque peu 
éloignée du début de la migration. 

La première série d'observations a été faite à Thonon, en m’aidant des ressources 
mises obligeamment à ma disposition par l'Etablissement national de Pisciculture de 
cette ville. Les chiffres qui suivent s'appliquent tous à une même journée de temps 
calme, de manière à éviter les variations dépendant des circonstances météorolo- 
giques. L'eau du lac Léman, à 1¥® au nord de Thonon, accusait à la surface Graf 
d'oxygène dissous par litre d’eau dans les deux échantillons prélevés l’un à 9" 
(T = 18°,2), l’autre à 15 (T — 19°,3), et 6°%°,9 à ro™ de profondeur ( T — 16°,6; 1 15"); 
ces chiffres s'accordent avec ceux de Delebecque et de Forel. Le même jour, 
Feau de Ja Dranse, affluent principal du Léman au voisinage de Thonon, accusait 
7°%,2 d'oxygène dissous (T — 10°,3), marquant ainsi une supériorité manifeste sur 
Feau du lac, notamment en ce qui concerne les couches aqueuses superficielles. 

Le cas du lac de Nantua est encore plus caractéristique. Ce lac possède deux affluents 
principaux, dont l’un, le Merloz, est toujours remonté par les Truites qui vont frayer, 
alors que l’autre, la Boye, n'offre aucune migration, bien que les conditions de volume 


SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1916. 529 
d'eau et de facilité d'accès ne créent à son égard aucun empêchement. Les eaux -du 
lac, vers la partie centrale du bassin, m'ont donné 6°%,8 à 6°%°,9 d'oxygène dissous 
dans les couches aqueuses superficielles (T — 19°,1 à 20°,3 selon les heures de la 
Journée), et 60,5 à 10" de profondeur (T = 14°,4); ces chiffres sont inférieurs à 
ceux de Delebecque. Quant aux deux affluents, l’eau du Merloz accusait 7°%,4 d'oxy- 
gène dissous ( T —11°,9), et celle de la Doye 5%%°,8 (T = 199,2), cette infériorité de 
la Doye étant due au fait que son parcours s'étend sous une partie de la ville de Nantua. 
Or, il est intéressant d'observer, gràce à ces constatations différentielles qui résultent 
de l'état naturel et habituel des choses, que les Truites migratrices pénètrent dans 
l’'affluent dont la teneur d’oxygénation dépasse celle de l’eau du lac, alors qu’elles 
n'entrent point pour pondre dans celui où cette même teneur est inférieure, La démons- 
tration est complète. 


Il convient, à ce propos, de ne pas relever seulement le fait biologique, 
mais aussi d'en considérer les applications. L’Administration des Eaux et 
Forêts a installé une pêcherie, sur le Merloz, dans le but de capturer des 
reproducteurs au moment de leur montée, et de pratiquer la fécondation 
artificielle, pour obtenir ainsi des œufs et des alevins destinés au repeuple- 
ment. Cette judicieuse initiative mérite d’être suivie ailleurs, car, chez la 
Truite d'Europe (Salmo fario L. et ses diverses variétés), les alevins issus de 
reproducteurs sauvages sont supérieurs par la rusticité à ceux qui pro- 
viennent de reproducteurs parquės et conservés en stabulation. Il faudra, 
en ce cas, choisir avec soin l’affluent qu'on voudra disposer pour utiliser 
ainsi la montée, et préférer celui dont la teneur en oxygène dissous sera la 
plus élevée, car c’est en lui qu’on trouvera les reproducteurs les plus nom- 
breux et les plus vivaces. 


ZOOLOGIE. — Sur le plan d'équilibre ou de, moindre effort des Poissons 
Téléostéens à vessie natatoire. Note de M. L. Bourax, présentée par 


M. Yves Delage. 


Ainsi que l'ont montré les travaux déjà anciens de Moreau (1878), con- 
firmés par ceux de Charbonnel-Salle (1887) et ceux d'Émile Guyénot( 1909), 
pendant les déplacements verticaux des Poissons, les muscles (de la paroi 
du corps aussi bien que ceux de la poche vésicale) n'ont qu'une action 
négligeable sur le volume de la vessie natatoire. Le volume de la vessie 
natatoire est directement influencé par les variations de la pression exté- 
rieure et la vessie se comporte, au moment considéré, comme un sac à parois 
extensibles qui serait placé en dehors du corps du Poisson. 

Cependant, cela n’est vrai que pendant une période trés courte. 


530 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Sous l’action d’une variation continue de la pression extérieure, l'orga- 
nisme du Poïsson réagit, au bout d’un temps plus ou moins Ni, sur le 
poids du gaz contenu dans la vessie natatoiré, en en sécrétant ou en en 
absorbant une certaine, pan, de manière à ramener la vessie à un 
volume normal. 

fl y a là une double action en sens contraire que je résumerai ainsi : 


Le changement de pression extérieure tend à faire varier sas le. 
volume de la vessie dans un sens, tandis que la réaction de l'organisme tend à 
faire varier, en sens contraire, le volume de la vessie par un changement du 
poids du gaz que y est contenu. 


Je désire appeler l'attention sur cet antagonisme parce qu'il me parait 
devoir modifier, en partie, les idées actuellement admises sur le rôle de la 
vessie natatoire. S 

Ce ròle serait d’après les auteurs que j'ai cité (') + 


« 1° De donner au Poïrsson la densité de Fee à un Certain niveau, où se 
trouve son plan d ‘équilibre. » 


tan si à un moment iois, on place un Does vivant à un niveau Où 
son corps acquiert, par suite de la:dilatation de sa vessie, la densité 
moyenne de l’eau, on aura, en effet, atteint ce qu’on appelle «le plan d’équi- 
libre ou de moindre effort», mais ce: plan ne. représentera pas nécessairé- 
ment le plan d'équilibre de la vessie par rapport-aux autres organes du 
Poisson. Il s'effectuera à l'instant même, dans la vessie, un travail actif de 
sécrétion ou d’excrétion gazeuse qui fera varier le volume de la poche. 

En un mot, sur le Poisson vivant, à la variation passive du volume de la 
vessie, sous l infinies de-là pression‘extérieure, succédera immédiatement 
une variation active du volume, sous l'influence du fonctionnement otga- 
nique qui tend à ramener la Hoche à son volume normal. 

It y a donc lieu de distinguer du plan d'équilibre théorique (où le corps 
du Poisson atteint la densité de l’ eau), le plan ‘équilibre morphologique 
et physiologique où la vessie natatoire prend son volume normal. 

Rien n'oblige à admettre a priori. que ces deux plans coïncident et, à la 
suite des recherches qué j'ai pr hé 44 ‘cette. année au Laboratoire de 


+4 ` pr H = =å 


(1) Ém TRI Fonctions de la vessie nätatoëre © (Bulletin cmt de Ta 
France et dela Belgique, 1.43, 1909; p: 237): : 


SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1916. 531 


Roscoff et que je continue à la Faculté des Sciences de Bordeaux; j je constate 
que cette coïncidence n'existe présque jamais (! ). 

Un grand nombre dés Poissons (Physostomes ou Physoclistes) vif, 
en effet, en flottabilité négative et restent, vraisemblablement, pendant 
toute leur vie au-dessous du plan théorique du moindre mery 

- Quelques faits suffiront à le mettre en évidence: 

Si l’on éclaire brusquement pendant la nuit un aquarium contenant des Girelles, on 
les surprend, ainsi, couchées sur le fond dáns des positions variées immobiles et 
endormies. Par conséquent, en flottabilité négative pendant le sommeil. i 

Si l’on détermine sur des Labres acclimatés depuis quelques jours dans un aqua= 
rium de 5o°™® de profondeur le plan d'équilibre ou de moindre effort, on trouve qne 
ce plan est rapporté à quelques centimètres de la surface.(1o® au maximum). 

Pour que le Labre prenne dans ce cas la densité de l’eau, il faut qu’il remonte dans 
le voisinage immédiat de la surface, te qui n'est pas sa station habituelle. 

Enfin, si l’on recherche dans les mêmes conditions le plan d'équilibre pour des 
Goujons, on obtient un résultat négatif, Le Poisson est en flottabilité négative dès la 
surface de l’eau et il faudrait s'élever au-dessus de l’eau pour sheneites, sans le trouver, 
le fameux plan. 


Îlest bien évident que le rôle de la vessie natatoire ne peut être, dans ce 
cas, de rege au Posson la densité de leau à un certain niveau. 


BACTÉRIOLOGIE. — Existence de plusieurs variétés et races de Coccobacilles 
dans les septicémies naturelles du Hanneton. Note (°) de M. A. dt 
presente par M. P. Marchal. 


Les maladies microbiennes des insectes et, wp spécialement, les mhludieė 
bactériennes, n’ont pas encore fait l’objet d’une étude systématique appro- 
fondie; les quelques auteurs qui se sont occupés de la question, n'ont 
publié que des travaux fragmentaires dont le nombre, à l'heure actuelle, 
n’est pas très considérable. 

On admettait, jusqu’à ce jour, qu’un nombre limité d'espèces bacté- 
riennes pouvaient être considérées comme la cause des épidémies natu- 
relles chez les insectes; on croyait, et la nomenclature en est une 
preuve convaincante, que chaque ‘espèce d'insecte avait son Lg ou, 
exceptionnellement, ses pine bien définis. C est ainsi qu on : a décrit 


(!) Sauf dans le cas des Cyprins qui mérite une étude spéciale. 
(©) Séance du 30 octobre 1916. 


532 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Bacillus acridiorum (d Herelle), B. lymantriæ et B. cajæ (Picard et 
Blanc), B. bombycis et B. melolonthæ (Chatton), B. gortynæ et B. pyrameis 
(Paillot) dont les noms spécifiques sont tirés du nom générique de 
l'insecte-hôte. Dans le but de vérifier la valeur et la portée de cette idée, 
j'ai commencé, cette année, l’étude aussi détaillée que possible des ma- 
ladies bactériennes de quelques insectes nuisibles de la région lyonnaise, 
en particulier du Hanneton commun et des chenilles de Lymantria dispar. 

Parmi les parasites microbiens du Hanneton, on ne connaît qu'un. 
bacille, B. melolonthæ, décrit par Chatton en 1913. Cet auteur ne le 
distingue de B. acridiorum que par la fluorescence des cultures sur gélose. 
Dès avril 1916, j'isolais de Hannetons malades provenant du plateau de 
Sathonay, un coccobacille que j'identifiai tout d’abord avec l'espèce de 
Chatton. Le pourcentage des individus parasités était à ce moment remar- 
quablement faible : il atteignait à peine le chiffre de 3 pour 1000; par la 
suite, le taux de mortalité monta jusqu'à devenir environ ro fois plus 
élevé à la fin de l'invasion, c’est-à-dire dans la première quinzaine de juin. 
Quinze souches différentes, provenant de Hannetons récoltés en différents 
points de la banlieue lyonnaise et même dans le Jura, ont été isolées et . 
étudiées comparativement. 

Morphologiquement, tous ces coccobacilles sont identiques; ils sont 
très mobiles et jouissent tous des mêmes propriétés pathogènes vis-à-vis 
du Hanneton; ils appartiennent vraisemblablement au vaste groupe des 
Salmonelloses. 

En bouillon, ils donnent un trouble léger dès la 5° heure à 37°; il ne se produit pas 
de voile, mais un léger anneau à la surface de contact avec le verre. Dans les cultures 
vieilles de plusieurs jours, il se fait un dépôt, mais sans clarification du milieu. 

En gélose ordinaire, les cultures sont très riches; les colonies d'isolement sont 
rondes, parfois très larges, plus ou moins opaques et d’un blanc plus ou moins porce- 
lainé. On observe déjà quelques différences entre les diverses souches, mais trop peu 
sensibles pour les caractériser. 

Sur les autres milieux ordinaires, les différences s’accentuent et 
deviennent parfois profondes; elles permettent de classer les quinze cocco- 
bacilles isolés de Hannetons en quatre types bien définis qui seront désignés 
provisoirement par les lettres A, B, C et D 

Le premier, de beaucoup le plus répandu, a été trouvé en plusieurs 
points de la banlieue lyonnaise et dans le Jura. Le deuxième et le troisième 
dans les environs de Lyon seulement, le dernier dans le Jura. 


En gélose au rouge neutre, aucun ne produit de gaz ni ne fait virer le milieu dans 


SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1916. 533 


les 24 heures; au bout de 5 à 7 jours, A seulement fait virer au canari la couche 
superficielle du culot; après 15 jours à la température du laboratoïse, la presque tota- 
lité de la masse est virée. 

Sur sérum de cheval coagulé, tous donnent d'assez belles cultures; A seulement le 
digère en 4 à 5 jours ; 24 heures après l'ensemencement, le milieu devient plus trans- 
parent, la digestion commence le deuxième jour. 

La gélatine est liquéfiée lentement par A : le premier jour, on observe des bulles de 
gaz tout le long de la piqûre et quelques éclatements de la gélatine; la liquéfaction 
commence en tête de clou, celle-ci n’atteignant même pes les parois du tube après 
48 heures, elle se poursuit PEREN et n’est complète qu'après 6 à 7 jours. B, Cet D 
ne donnent que de petites colonies tout le long de la piqüre. 

Le lait n’est coagulé, en 2 à 3 jours, que par A qui digère un peu la caséine. 

Sur pomme de terre, tous donnent des cultures très abondantes d'abord jaunûtres, 
puis d'aspect plus ou moins brunâtre, en même temps, on observe que le substratum 
brunit plus ou moins. 

Les réactions sur milieux sucrés (eau peptonée, sucrée, tournesolée) sont intéres- 
santes parce qu’elles permettent de différencier B. C et D; elles sont indiquées dans 
le tableau suivant : 


Glucose. Lévulose. Lactose. Saccharose. Maltose. Mannite. Galactose. Dulcite. 


ADIEU JR + ra + = + an 
Ben. 4 + = — + + + + 
PE + + —— — — — + is 
RE 16 + + + + + + lo 


Sur milieux à la gélose ascite tournesolée, glucosée ou lévulosée, les cultures sont 
abondantes; les quatre types font virer au rouge ces milieux en moins de 24 heures; 
après quelques jours ceux qui sont ensemencés avec À et B redeviennent nettement 
bleus, les autres restent rouges. : 

D’après le tableau ci-dessus, on voit que le type D se distingue de tous 
les autres par sa réaction positive en milieu lactosė. Sur Drygalsky, il donne 
des colonies rouges comme sur l’Endo et se rapproche ainsi de B. coli 
commune. 

Doit-on considérer ces différents types comme des espèces différentes ou 
comme des variétés d’une même espèce? En l’état actuel de nos connais- 
sances, il est difficile de répondre à pareille question ; la dernière interpré- 
tation paraît cependant la plus logique. On peut donc considérer A, B, C 
et D comme des variétés ou des races de l'espèce Bacillus melolonthæ ; on 
peut mème distinguer deux grandes variétés, l'une qu'on peut appeler 
B. melolonthæ liquefaciens et qui est représentée par le type A; l’autre, 
B. melolonthæ non liquefaciens, qui comprend les trois races B, C et D ou 
mieux q, B, y- 

Un cinquième type auraît pu être caractérisé, mais ses propriétés biolo- 
giques ne diffèrent pas suffisamment de celles de A pour justifier la création 

C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 19.) 71 


534 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


d’une nouvelle race; les seules différences qu’il est possible de noter sont les 
suivantes : virage moins prononcé du milieu galactosé, virage moins rapide 
de la gélose au rouge neutre, liquéfaction plus lente de la gélatine et du 
sérum de cheval coagulé. Ces différences, si faibles soient-elles, ne tiennent 
cerlainement pas aux variations de composition du milieu; elles subsistent 
même après de nombreux passages du coccobacille sur insectes autres que 
le Hanneton. Il est possible qu’en étudiant comparativement un très grand 
nombre de souches provenant de Hannetons de diverses régions, on 
démontre l'existence d’une échelle continue de races peu différentes les 
unes des autres. Cette étude sera poursuivie au cours de la prochaine 
campagne. 


MÉDECINE. — La leucocytose consécutive à la vaccination antityphoïdique 
et antiparaly phoïdique. Note (') de MM. Jures Couruoxr et A. Devic. 


Comment réagissent les leucocytes du sang humain après les injections 
de vaccins antityphoïdique ou antiparatyphoïdique? 

Tonnel (?) a observé avec soin les réactions humorales de 5o militaires, 
ayant reçu un des vaccins à l’éther. La température rectale dépasse 58° 
dans plus de la moitié des cas. Le nombre des globules rouges diminue. 
Il y a hyperleucocytose polynucléaire suivie parfois de mbrlonbbiéuse: La 
toxicité urinaire est diminuée. 

Nous avons étudié, à ce point de vue, dans notre service de l'Hôtel-Dieu 
de Lyon, un certain nombre de militaires, blessés guéris, soumis au repos 
complet au lit et à une alimentation très légère. Voici nos résultats : 


I. Vaccinés avec le vaccin AB, à l'éther. — Ces hommes ont reçu 
deux injections (1% et 2%), La température rectale a dépassé 38°, chez 
75 pour 100 à la première injection, chez 58 pour 100 à la seconde. 

L’hyperleucocytose (10000 à à 15000) apparait très rapidement dans le 
sang, présente son maximum de 4 à 7 heures après l'injection et disparait 
vers la 48° heure. Il n’y a pas de différence notable entre la première et la 
deuxième injection. L'augmentation des leucocytes intéresse uniquement 
les polynucléaires neutrophiles. 


(*) Séance du 30 octobre 1916. 
€#} TONNEL, médecin-major, médecin-chef de l'hôpital de Valréas, Société ste 
chirurgicale i la 14° région, janvier 1916 (Lyon médical, avril 1916). 


SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1916. 535 


En outre, apparaissent, vers la quatrième heure environ, des myélocytes 
neutrophiles en petite quantité (3 à 5 pour 100); ces myélocytes persistent 
dans le sang pendant quelques jours, alors que la polynucléose a déjà dis- 
paru. Dans quelques cas, une légère mononucléose suit la phase de poly- 
nucléose. 


H. Vaccinés avec le vaccin TAB chauffé (de l’Institut Pasteur). — Ces 
hommes ont reçu quatre injections (1°; 1%,5, 2% et 3%). La tempé- 
rature rectale monte au-dessus de 38° chez 25 pour 100 après la première 
injection, 8 pour 100 après la deuxième et la troisième, 3 pour 100 après la 
quatrième. L’hyperleucocytose (12 à 15000) apparaît rapidement ayant, 
en général, son maximum vers la quatrième heure; elle disparaît au bout de 
48 heures. Pas de différence notable entre la leucocytose qui suit les quatre 
injections. L'augmentation porte sur les polynucléaires neutrophiles. Les 
myélocytes neutrophiles apparaissent très rapidement (3 heures), et per- 
sistent dans le sang pendant plusieurs J jours; ils paraissent plus nombreux 
que chez les vaccinés par le vaccin AB à l’éther (5,6 et parfois 10 pour 100 
le troisième jour). La mononucléose consécutive à la polynucléose s’observe 
rarement. 


HI. Conclusions. — Les injections de vaccin antityphoïdique ou antipara- 
typhoïdique entraînent rapidement une hyperleucocytose, caractérisée par 
de ia pol ynueléose, avec myélocytose neutrophile. Les éosinophiles ne sont 
pas modifiés. | 


MÉDECINE. — Les causes de l’intolérance aux arsénobenzéenes et les moyens 
de les éviter ou de les prévenir. Note de M. J. Daxvsz, présentée par 
M. A. Laveran. 


Dans une précédente Note (') nous nous nous sommes eflorcés de 
montrer que les troubles observés à la suite des injections d’arsénobenzène 
sont: dus à la formation des précipités que ces produits forment dans le 
plasma des sujets traités. 

Dans cette première étude nous n’avons envisagé que les troubles qui se 
manifestent rapidement, c'est-à-dire quelques minutes ou quelques heures 
après l'injection, et qui disparaissent aussi rapidement sans laisser de 
traces appréciables, Nous les avons appelés troubles du premier degré, et 
nous avons admis que l'intolérance plus ou moins grande à la première 
injection avait pour cause la présence dans le plasma d’une quantité plus 


(*) J. Danysz, Comptes rendus, t. 163, 1916, p. 246. 


536 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


ou moins considérable de sels, et principalement de phosphates de chaux 
qui forment avec les arsénobenzènes des composés insolubles, par consé- 
quent des précipités, cause des embolies. 

La disparition des manifestations patholégiques nous aqua son 
tour, que ces précipités se redissolvent assez rapidement grâce à l'existence 
ou à la formation dans le sang de certaines bases, dérivées des acides 
aminés qui ont la propriété de dissoudre les composés d’arsénobenzènes 
insolubles dans l’eau ou les liquides neutres. 

Il se passe là, très probablement, un phénomène analogue à ce qu’on 
observe quand on verse une solution de bromure d'argent dans du cyanure 
de potassium, dans une solution d’arsénobenzol contenant un excès suffi- 
sant de ce dernier composé. Il se forme d’abord, ainsi que nous l'avons 
indiqué dans une Note précédente ('), un volumineux précipité floconneux 

qui se redissout peu à peu dans l’excès d’arsénobenzol, surtout quand on 
a soin d'agiter le liquide. 

Nous avons constaté ensuite que, quand on fait subir aux malades une 
série d'injections à 3 ou 4 jours d'intervalle, l'intolérance plus ou moins 
grande qu'ils ont pu manifester à la première injection s’atténue graduel- 
lement, même si les doses sont progressivement croissantes. 

Nous pouvons donc conclure que, dans les cas où des causes secondaires 
(une préparation défectueuse du produit ou de la solution injectée, ou bien 
une tare physiologique du maiade) ne viennent pas troubler la marche 
régulière et normale des réactions, les choses se passent comme si la quantité 
des produits précipitants, contenus dans le plasma, diminuait à chaque 
injection. Dans ces cas les causes de l'intolérance sont humorales, elles 
préexistent et chaque injection est vaccinante ou prophylactique pour l'injec- 
tion suivante. | 

Nous l’avons vu, cette intolérance préexistante ne comporte jamais de 
suites graves pour le malade. 

Il en est tout autrement de ces accidents tardifs dont les premiers symp- 
tômes, generalement légers, apparaissent peu de temps après l'injection, 
mais qui s’aggravent progressivement, peuvent durer plusieurs jours et se 
terminer quelquefois par des convulsions et le coma. Ce qu'il faudrait 
donc trouver pour guérir la syphilis avec plus de certitude et moins de 
risques, comme on guérit certaines trypanosomiases des animaux d’expé- 
riences, ce sont les causes de ces accidents tardifs toujours très dangereux, 
et les moyens de les éviter ou de les prévoir. 


(1) J. Danysz, Comptes rendus, t: 158, 1914,.p. 199: 


SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1916. 537 


En compulsant un certain nombre d'observations et des procès-verbaux 
d’autopsies publiés jusqu'à présent, et après avoir éliminé les cas douteux 
dans lesquels la mort du malade a pu être causée par un défaut de fonc- 
tionnement du foie ou du rein, on peut résumer l’évolution de ces accidents 
tardifs de la facon suivante : 


1° L’intolérance ne diminue pas dans le cours du traitement; au con- 
traire, la durée et la gravité des troubles augmentent à la deuxième injec- 
tion ou aux injections qui suivent. 

2° Les troubles, qui débutent par des nausées ou des vomissements, 
continuent à se manifester par des céphalées, courbatures, urticaires ou 
éruptions scarlatiniformes, et par des températures voisines de 40°, qui 
peuvent persister pendant 2 à 5 jours et se terminer quelquefois par des 
convulsions et le coma. 

3° A l'autopsie on trouve une congestion de tous les viscères, des hémor- 
ragies dans le poumon, le foie, le rein, le tube digestif, le système nerveux 
central. 


Les manifestations pathologiques et leurs causes sont donc les mêmes 
dans les crises du premier degré et dans les accidents tardifs; ce qui différe, 
c’est la durée de la crise qui n’est que de quelques minutes ou quelques 
heures dans le premier cas, de quelques jours dans le second; ce qui doit 
par conséquent être différent aussi, c’est la gravité et la généralisation des 
lésions. 

Dans les deux cas la nature des réactifs et des réactions doit être la même, 
les différences sont purement quantitatives et l’on peut affirmer que, pour 
les accidents tardifs, les choses se passent comme si la quantité des produits 
Précipitants contenus dans le plasma augmentait à chaque injection. 

Si donc, dans le premier cas, les injections successives conduiserit à une 
immunité de plus en plus grande, elles sont au contraire anaphylactisantes 
dans le deuxième cas. Les crises snrvenues à la deuxième injection de 606, 
que MM. Ravaut ('), Émery (°), etc. assimilaient aux crises anaphylac- 
tiques, étaient donc dues réellement à un phénomène d’anaphylaxie. 

La recherche des causes de ces réactions exceptionnelles est très difficile, 
précisément parce qu'elles sont très rares et échappent presque complète- 
ment à l’expérimentation directe. 


q ) Ravaur, Gazette des Hépitaux, 14 février 1914. 
(DE, Éidin et F. Bourpiær, Résultats actuels de la salvanothérapie (0, Doin et 
fils, 1912). 


538 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Toutefois, les expériences qui suivent tendent à prouver que le méca- 
nisme de ces réactions est réellement celui que nous venons d'indiquer. 

Première expérience. — On injecte à une série de lapins, tout d’abord, une dose 
bien tolérée de luargol ou de 606 disodique, et quelques minutes ou quelques heures 
après 0%,40 à 0%,60 de biphosphate ou de glycérophosphate de calcium, doses bien 
tolérées par les témoins. 

Tous les animaux ainsi traités manifestent des tronbles plus ou moins prononcés 
2 à 6 heures après l'injection des phosphates. Quelques-uns succombent dans des 
convnlsions caractéristiques, d’autres survivent. 

L'injection des phosphates a donc produit une action anaphylactisante. 

Deuxième expérience. — On injecte à un lapin 0,20 de 606 monosodique. ll suc- 
combe en quelques secondes après quelques soubresauts convulsifs. 

Un deuxième lapin reçoit une première injection de 0%,03 de la même solution, 
qu 'il supporte sans aucun trouble; il supporte aussi sans trouble appréciable, quelques 
heures après, une deuxième injection de 0,25 de la même solution monosodique. 

Dans ce cas, la première injection était donc vaccinante. 


Quelles que soient les considérations théoriques que ces observations et 
expériences peuvent suggérer, cette Note n’a, pour le moment, d'autre but 
que de dégager les deux faits suivants ; 

1° Il est possible de diminuer l'intolérance préexistante des malades aux 
arsénobenzènes par des injections préventives de petites doses des mémes pro- 
duits ; 

2° Ilest peany de diagnostiquer les cas d’intolérance tardive en injectant 
au malade deux petites doses de médicament à 3 ou 4 jours d'intervalle. 
Dans ce cas, si la deuxième injection est mieux tolérée que la première, on 
peut sans crainte continuer le traitement; si, au contraire, la deuxième 
injection était moins bien tolérée que la première, il serait prudent d'inter- 
rompre le traitement ou d'essayer de vacciner le malade par de toutes 
petites doses de o°8,01 à 0‘#,02. 


MÉDECINE. — Pathogénie du cholera. Reproduction expérimentale 
de la maladie. Note de M. G. Saxarezut, présentée par M. A. Laveran. 


En suivant pas à pas l’évolution du choléra expérimental chez les lapins 
nouveau-nés, d'après la méthode de Metchnikofÿf, j'ai remarqué que les 
vibrions introduits par la bouche n'arrivent jamais à l'intestin en traversant 
l'estomac. Le contenu gastrique, même chez les lapins à la mamelle, a une 
réaction acide tellement élevée que les vibrions sont tués dès qu’ils arrivent 
à son contact. 


SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1916. 539 


D'autre part j'ai observé, sur les lapins à la mamelle, que la première 
apparition, dans le canal digestif, des vibrions avalés, se fait principale- 
ment au niveau de la valvule iléo-cæcale : dans l'iléon, dans le cœcum et dans 
l’appendice vermiculaire. Toutefois, dans certains cas, les vibrions re- 
montent le long de l'intestin gréle et ils n'arrivent que trés rarement jusqu'au 
duodénum : celui-ci est généralement stérile ainsi que le contenu gastrique. 

Chez les lapins à la mamelle j'ai reproduit toujours le choléra intestinal 
typique, en injectant les vibrions sous la peau ou bien directement dans les 
veines. 

Tous les essais que j'ai faits pour obtenir le choléra intestinal chez les 
lapins à la mamelle nés de mères vaccinées, n’ont donné aucun résultat, et 
cela soit en ayant recours aux injections sous-cutanées ou intraveineuses, 
soit à l’ingestion des vibrions donnés à des doses massives. Contrairement 
à ce qu’on a quelquefois affirmé, cette expérience démontre que l’immuni- 
sation active produite par la voie sanguine protège contre le choléra intes- 
tinal. 

Pai observé que la sensibilité et la résistance des lapins au ciroléré intes- 
tinal sont en corrélation directe avec le pouvoir vibrionicide de leur plasma. 
Le sérum des lapins nouveau-nés n’a qu’un pouvoir bactéricide très faible; 
toutefois cette action augmente avec l’âge du lapin, et elle devient très 
élevée chez les lapins adultes. C’est pour cette raison qu'il est absolument 
impossible de reproduire dans des conditions naturelles, chez le lapin 
adulte, le choléra intestinal. Tout en étant absorbés par la muqueuse et 
par les organes lymphatiques des premières voies digestives, les vibrions 
sont détruits presque tous, ou bien ils sont expulsés à travers l'intestin sans 
qu’ils puissent y exercer leur action pathogène. 

Mais l’immunité naturelle des lapins adultes peut être vaincue, de façon à 
obtenir aussi chez ces animaux le choléra intestinal. Voici les expériences 
qui m'ont permis d'établir ce fait important : 


1° Si l'on inocule des colibacilles vivants dans l'épaisseur de la paroi de l’appendice 
d’un lapin adulte, quelques heures après lui avoir donné un repas de vibrions déve- 
loppés sur gélose et délayés dans du lait, le lapin meurt dans les 12 heures en proie à 
la diarrhée et présentant des manifestations morbides qui reproduisent exactement 
celles du choléra. A lautopsie on trouve les lésions du choléra, le sang et les organes 
sont stériles, l'intestin contient des vibrions cholériques comme dans un choléra 
typique. è 

2° En inoculant le colibacille dans l'épaisseur des parois d'un autre appareil lympha- 
tique, le sacculus rotundus, j'ai constaté que les lésions anatomiques sont encore plus 
accentuées, 

3° On peut aussi se passer du petit traumatisme produit par la laparotomie en 


54o ACADÉMIE DES SCIENCES. 

substituant aux injections de colibacilles vivants dans les parois appendiculaires ou 
sacculaires, une injection intraveineuse de produits toxiques colibacillaires. Quelques 
heures avant de faire avaler les vibrions, on injecte dans la veine auriculaire 1°%°-2m° 
d'une culture de colibacilles développée en bouillon pendant 48 heures et filtrée 
ensuite. L'action spécifique de la toxine colibacillaire s'exerce d'une manière élective 
sur les parois intestinales et l’on observe chez le lapin adulte le tableau sympto- 
matique, anatomique et bactériologique le plus complet du choléra humain. 


La reproduction du choléra expérimental ne s'obtient pas chez les lapins 
adultes immunisés contre le ‘colibacille. Les lapins accoutumés à l’action du 
poison colibacillaire sont, de même, réfractaires au choléra expérimental 
déchainé par l'injection intraveineuse de la culture colibacillaire filtrée. 
Chez les lapins immunisés contre les vibrions on ne réussit pas, non plus, à 
provoquer l'attaque cholérique, ni par la lésion appendiculaire ou saccu- 
laire, ni par l'injection intraveineuse de la toxine colibacillaire. 

Je pense que ces résultats, bien qu’exposés brièvement dans cette Note, 
nous permettent d'affirmer que c’est par la voie sanguine ou lymphatique 
que les vibrions arrivent jusqu’à l'intestin ('). Les faits observés éclairent le 
mécanisme pathogénique du choléra, et peut-être aussi celui d’autres 
maladies infectieuses intestinales. Ils pourront également, je l'espère, 
donner de nouvelles directions plus rationnelles aux indications d'ordre 
thérapeutique et prophylactique. 


La séance est levée à 15 heures trois quarts. 


G. D. 


(*) H s'agit d’un phénomène d'ordre général, qui doit exister chaque fois que les 
microbes, après avoir pénétré dans la circulation, atteignent les parois intestinales et 
s'y fixent électivement. C’est ce qui arrive dans le choléra et peut-être aussi dans 
la fièvre typhoïde, dans la dysenterie, dans l’appendicite, dans certaines diarrhées, et 
dans d’autres maladies microbiennes que l’on considère à présent comme à siège 
intestinal, parce qu’on peut arriver à mettre en évidence leurs agents spécifiques 
dans les déjections. 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 143 NOVEMBRE 1916. 


PRÉSIDENCE DE M. Camicte JORDAN. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. 


M. le Présinenr, en annonçant la mort de M. Backlund, s'exprime en 
ces termes : 


M. Oscar Backcuxo, Directeur de l'Observatoire de Poulkovo, né en 
Suède en 1846, était depuis 1895 Correspondant de notre Académie dans 
la Section d’Astronomie. 

La théorie des perturbations planétaires l'avait particulièrement occupé. 
Son œuvre principale est l'étude approfondie de la comèté célèbre 
observée pour la première fois par Méchain en 1786, retrouvée par Pons 
en 1819 et dont Encke établit le caractère périodique. Les anomalies de 
son mouvement semblaient déceler la présence d’un milieu résistant dans 
les régions voisines du Soleil. 

Il résulte des recherches de M. Backlund que ce milieu résistant, au lieu 
d’être continu, comme on l'avait supposé, serait localisé dans certaines 
régions. Son analyse fournit également une nouvelle détermination de la 
masse de Mercure. 


ASTRONOMIE. — Sur une ancienne observation d’éclipse de Soleil 
faite à Paris en 1630. Note (') de M. G. Bieourpax. 


1 


En indiquant les anciennes observations astronomiques faites à Paris 
dans la première moitié du xvn® siècle (*), nous n'avons pas mentionné celle 


—— 


(+) Séance du 6 novembre 1916. 
(?) Voir page 55 de ée Volume. 
C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 20.) 1. 


542 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


faite par Gassendi de l’éclipse de Soleil du 10 juin 1630, sur laquelle nous 
avions peu de renseignements. 

Or il existe à notre Bibliothèque nationale (manuscrits) (') une obser- 
vation anonyme de cette éclipse faite manifestement à Paris et qui doit 
être celle même de Gassendi (°). 

La relation de cette observation, d'une écriture de copiste, est donnée 
sous forme de lettre; elle est intéressante en ce qu'elle indique, jusque dans 
le détail, les préparatifs matériels et la manière d'observer de l’époque. 
C’est d’ailleurs le même procédé que Gassendi employa l’année suivante, 
pour l’observation du célèbre passage de Mercure du 6 novembre 1631. 


M. 

Puis que vous dezirez sçavoir les particularitez de mon observation touchant 
l’Eclipse du Soleil arrivée le æ de ce mois, les voic 

J'avoy preparé un Quart de cercle de cuivre d'un pied de demy-diametre, larc 
exactement divisé en degrez et sixiesmes de degrez avec ses plomb et pinnules, et avois 
instruit un de mes amis a le remuer sur son pied, pour prendre la hauteur du Soleil 
sur l'horizon lors qu’il seroit necessaire, afin de sçavoir precisement les moments du 
temps. 

J’avoy aussi preparé une asses bonne lunette de longue veüe et l’avoy appliquée sur 
un pied capable de luy donner tous les mouvemens necessaires, et l’arrester aux points 
qu’il seroit besoin. 

J'avoy encore collé du papier bien blanc sur un ais poly, et y avois tracé un Cercle, 
dont le diametre estoit de deux pieds de Roy moins deux poulces. J’avoy divise ce 
diametre en 12 parties esgales, ou doigts, et chasque doigt en 60 minutes. J'avoy 
aussi divisé l’une, et l’autre des moitiés du cercle en 180. parties esgales, où degrez, 
avec sousdivision en degrez, et quartz de degrez, commençant dez l'intersection faite 
par le diametre du costé du premier doigt. 

Je m’estoy enfermé avec un petit nombre de mes amis dans un lieu dont nous avions 
exclus autant qu’il nous avoit este possible toute sorte de lumiere, excepte celle qui 
passoit a travers ladite lunette. Mais ce qui me feit de la peine fust qu'ayant bouché 
la principale fenestre avec des simples couvertures, sans avoir preveu le vent qui se 
devoit eslever, Nous ne peusmes apres si bien arrester lesdites couvertures pendant 
l’observation, que le vent ne les boursoufflast, et par ce moyen feit bransler la Lunette, 
qui passoit a travers, pour prendre en dehors les rayons du Soleil. 

La Lunette adaptée, et y ayant tousjours quelqu'un aupres pour la remuer, et tenir 
tousjours directement opposée au Soleil, je recevoy au loin dans ledit Cercle porté sur 
un chevalet les rayons qui passoint a travers, en approchant, reculant et biaisant 
lais jusques a ce que le cercle fust entierement et precisement ramply. Au mesme 

DATE ce 


(1) Bibliothèque nationale, Manuscrits de la collection des Cing cents de Colbert, 
n° 48h, fo 403. 
(?) Comparez Gassexni, Opera, t. 1, p. 687, 694; t. VI, p. 39. 


SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1916. 543 


temps et en autre lieu mais toutesfois en oüye estoit disposé celluy qui suivoit avec le 
susdit Quart de cercle la hauteur du Soleil, Nous continuasmes en ces termes avant le 
commencement de l’Eclipse (et afin de ne le point manquer) environ une petite heure, 

En fin a mesure que la Lune commença a cacher le Soleil, nostre Cercle representant 
le Soleil fust entamé par l'ombre de la Lune. Je criay aussi tost a nostre homme qu'il 
marquast le point de la hauteur que le Soleil avoit alors. Il me respondist qu’elle estoit 
de 14 degrez et demy. J'y accouru d’abbord, remuay l'instrument, remis les pinnules 
en leur point et trouvay qu’il avoit bien observé. 

Ayant despuis calculé l'heure par ceste hauteur j'ai trouvé que l’eclipse avoit 
commencé a 6 heures, 16 minutes. 

Apres ce commencement la Lune gaigna tellement sous le Soleil, et nostre cercle fust 
tellement occupé par l'ombre de la Lune, qu'au plus fort de l'Éclipse il n'en demeura 
qu'un Croissant de ceste façon 


(Ici se trouve une figure du Soleil éclipsé, au moment de la phase maxima. Le 
Soleil est représenté par un cercle de 200% de diamètre dont la circonférence est 
divisée de 5° en 5° à partir du bas et chiffrée de 10° en 10° de part et d'autre du 
séro, placé au plus bas. Le diamètre vertical correspondant à cé zéro est divisé en 
24 parties égales, valant donc chacune un demi-doigt, et chiffrées de doigt en doigt. 
Le corps de la Lune a son centre sur le même diamètre et monte très légèrement 
au-dessus de la dernière division de ce diamètre; le croissant solaire a donc un peu 
moins de demi-doigt au plus large, et ses cornes se terminent au degré 95 à droite, 
au degré 94 à gauche.) 


en telle sorte que la grandeur de l'Éclipse fust d’ij. (sic) doigts et trente deux 
minutes. 

M'appercevant que l'Éclipse ne croissoit plus je criay a nostre homme qu’il prist 
garde a la hauteur du Soleil. Il me respondit qu’il estoit haut de 6 degrez 20 min. 
Calculant despuis l’heure par ceste hauteur, et ayant mesme egard a la refraction j'ay 
trouvé que le milieu de l’'Éclipse n’avoit pas este esloigné de 7 heures 12 minutes. 

Au mesme temps les deux cornes du croissant abboutissoient de part et d' autre dudit 
cercle environ les 05 degrez. Ge qui vouldroit dire que les diametres apparens du 
Soleil et de la Lune auroint este a peu prez esgaulx. Toutesfois le susdit branslement 
de Lunette ne permet point d’en rien asseurer. 


La fin de l'Éclipse ne fust point veüe de nous. Quand le Soleil se coucha il estoit 
encore éclipsé de pres de deux doigts. C’estoit à 7. heures 57. min. par l'arc sémi- 
diurne de ce jour la a Paris, ou 8. heures une minute eu esgard a la refraction, qui 
faisoit paroistre le corps entier du Soleil sur l’horizon sur le point mesme qu'il estoit 
entierement couché. 

Si nous avions assez bien pris le milieu de P îclipse la fin deust arriver à 8 heures, 
8 minutes. 

Et ainsi la durée totale de l'Éclipse fust de une heure, 52. minutes. 

Le Soleil estoit alors au 19 degré 37 minutes des Gemeaux. 

Et avoit 23 degrez 7 minutes de declinaison. 

La hauteur de pole de Paris 48 degrez 52 min. — -—- nn OT 


Veuillez... 


544 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


On remarquera la valeur remarquablement exacte de la latitude : 
Gassendi observait probablement chez Luillier, dont il était l'hôte, et qui 
alors habitait dans la région du Pré aux Clercs. 

Remarque, — Dans une Note précédente ('), j'ai eu à transformer en 
différences de longitude et de latitude des distances à la méridienne et à la 
perpendiculaire de l'Observatoire de Paris. 

Voici le détail du calcul, que nous aurons à répéter seu fois. 

D’après Bessel (As, Nachr., t. 14, 1837, n° 333, col. 333 …., et t. 19, 
1841, n° 438, col. 116), les valeurs des demi-axes a et b de l’ellipsoide 

terrestre sont : 
a= 39272077,14 b = 3261 1397,33 int I 
loga = 6,5148235 337, — logb = 6,5133693 539 a ` 299,15 

Il en résulte : 

Pour la longueur m de l'arc de 1° de méridien dont le milieu est à 
la latitude géographique » ; 

Pour la longueur p de l'arc de 1° du parallèle de latitude 9 


+ T + à T 
m—97013,109 — 286,337 cos29 + 0,611 cos4y +0,00! cos9; 
p = 57 156,285 coso — 47,825 cos30 + 0,060 cos59®, 

loge — 8,912 2052, sind = esing, 


logp = 4, 756.7009,0 + log cosọ — log cosy. 


Différences de latitude. — La variation de m est très lente à la latitude 
de Paris, de sorte qu’ on peut ici supposer cette quantité constante, et 
adopter la valeur qui correspond à la région moyenne de la ville, soit à la 
latitude de 48°51. Cette valeur est 57050" ,96; et, par suite, l'are Nord-Sud 
de 1000" répond à 1/3”,1015; celui de 1000" à o ‘33°, 3760. 

Si les distances Nord-Sud à transformer en différences de latitude excé- 
daient considérablement 1000" ou 1000", on pourrait interpoler au goes 
des données suivantes : 


t 


Valeur en latitude 


Latitude Valeur de 1° en latitude. Oooo , ; - 
géographique. E peee ie esr y TER de l’arc de 1000". de l'arc de 1000”. 
ET, PE 57.049,894 T 1.3,1027 5 0.32,3763 > , 
ne o 57.050 gar T 2127 1,3,1018 7 Vi: 10:32,3759 2 

Se RE 57.051 ,546 TS 1: 20808: o 0.32,3754 °° 

M > 57.052, 373 T P] 1.3,1099 7 © 0:32,3749 


(*) Voir page 502 de ce Volume, 


SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1916. 


545 


Différences de longitude. — Au contraire, la variation de p est rapide et 
il est indispensable d’en tenir compte. 
Voici, pour les latitudes variant de minute en minute : 


Les longueurs de l'arc de 1° de longitude en toises et en mètres; 
Les différences de longitude correspondant aux arcs de 1000" et 
de 1000": 


Latitude 


géographique. 
o 


Latitude origine (face sud de l'Observatoire de Paris). — 


en toises. 

T À 
37 688,05 Mi 
37675,5 “be 
37 663,07 sé 
37 650,58 és 
3:638,08 path 
37625,58 7 N 
37613,07 AG 
37600,56 prés 
37588,05 5, 
97929094 née 
37 263,02 is 
3755650 UNE 
37 537,98 


Valeur de larc de 1° en longitude 


en mètres. 

m A 
73455,4o Van 
73431,06 24,35 
7840671 35 
73882,36 _,; 36 
73358,00 dit 
73333,63 24,38 
73309,25 4 38 
73284;897 EEr 
73260,48 ETA 
73236,09. idi 
7321170 _ s6 4o 
73187, 30 A 
73 162,90 i 


-< ON in ou Eu ee y et eu ei y De 
. . + "4 . D . . . . . L . à 
5 


Valeur en longitude de 


nor 
Parc de 10007. 
A 


Perc de 1000". 


" A 
f 
490093, o, 


, 
0. 

o. 49,0255 
o. 
O. 
o. 
0. 
0.49,1070 
o. 
0. 
0. 
o. 
0. 
0. 


La Connais- 


sance des Temps donne la valeur 48°50 11”. Comme nos différences de 
latitude, déduites d'opérations topographiques, seront parfois exactes au 
centième de seconde d’are, il est utile d'indiquer les chiffres adoptés pour 
les dixièmes et les centièmes. Mais, comme on peut le voir par un Mémoire 
de M. F. Boquet ('), les travaux faits jusqu'ici ne permettent pas de les 
fixer. Aussi prendrons-nous, en nombre rond, quand il y aura lieu, la 
valeur 48°50'11”, 00. 


M. Paur Marcar s'exprime en ces termes : 


J'ai l'honneur de faire hommage à l’Académie d'un Volume intitulé : 
Les sciences biologiques appliquées a l agriculture et la lutte contre les ennemis 
des plantes aux États-Unis (°), 


- (1) F, Boquer, La latitude de l'Observatoire de Paris (Bulletin astronomique, 
t. X, 1893, p. 147-168). 

(2) Annales du Service des Épiphyties, t. TI. 1 vol. grand- in-8°, 359 pages, 
155 figures. Librairie Lhomme, 3, rue Corneille, Paris, 1916. 


546 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


J'ai recueilli les données essentielles de ce travail au cours d’un voyage 
aux États-Unis en 1913. On sait que rien n’a été négligé dans ce pays 
pour donner à l'agriculture sa plus grande valeur productrice et que les 
sciences biologiques y sont à cét égard considérées comme fondamentales. 
Le génie organisateur du peuple américain et les inépuisables richesses 
dont il dispose lui ont permis de créer dans cette direction des installa- 
tions modèles et de prendre l'initiative des plus fécondes entreprises. 

Au moment où un sérieux effort est tenté dans notre pays pour donner 
aux services scientifiques de l'agriculture un développement plus étendu, 
j'ai pensé qu’il y avait intérêt à faire connaître les moyens d’action dont 
disposent les américains à cet égard ainsi que les résultats auxquels ils 
sont parvenus. 

Après un premier chapitre consacré à la biologie générale dans ses 
rapports avec l’agriculture aux États-Unis, j’ai étudié les institutions amé- 
ricaines qui ont pour attribution principale l'application des sciences 
biologiques, en me plaçant surtout au point de vue de la lutte contre 
les ennemis des plantes. Parmi ces institutions, le Département de l'Agri- 
culture tient la première place et, pour donner une idée de l’organisa- 
tion de ses services biologiques, j'ai pris comme type l’un d’entre eux, 
le Bureau d’Entomologie, qui, à lui seul, comporte 8 sections, 35 stations 
rurales et un personnel scientifique de 200 assistants ou préparateurs sous 
la direction d’un chef ayant à la fois l'initiative des travaux scientifiques 
et la charge de l'administration. 

Les chapitres suivants sont consacrés à l'étude des autres services biolo- 
giques du Département de l'Agriculture, en particulier du Bureau des 
Cultures (Plant Industry) et du Bureau biologique (Biological Survey). 

Le rôle des institutions propres à chacun des États, telles que les Stations 
expérimentales, les Commissions d’Horticulture, les Services forestiers, est 
ensuite examiné et l’œuvre qu’elles accomplissent en coopération avec le 
Département de l’Agriculture dans le domaine de la biologie appliquée est 
exposée dans ses grandes lignes. 

En dehors de la quertion de l’organisation des services, j'ai traité celle 
de l'enseignement et jai montré comment certaines grandes Universités 
américaines telles que celle de Cornell et de l'Illinois permettent aux jeunes 
gens de se spécialiser dans l’étude des sciences biologiques appliquées à 
Vag tiine et jouent le rôle de foyers de formation pour les protes- 
sionnels de la biologie économique; il est profondément regrettable qu’en 
France nous nous trouvions totalement démunis à cet égard. 

La dernière partie de l’ouvrage est consacrée à l'étude des méthodes 


SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1916. 547 


qui sont employées en Amérique pour défendre la production agricole 
contre les attaques des parasites et les invasions des ravageurs. Ces moyens 
d'action sont groupés en trois catégories : méthodes culturales, méthodes 
biologiques et méthodes techniques. La forme de lutte qui répond à la 
deuxième catégorie et qui consiste à combattre les ravageurs au moyen de 
leurs ennemis naturels est applicable dans tous les cas où une espèce nuisible 
exotique a été accidentellement introduite, sans les parasites ou lès préda- 
teurs qui limitent sa multiplication dans son pays d’origine. Cette forme 
de lutte a pris en Amérique une importance telle qu’elle donne à l’entomo- 
logie appliquée de ce pays l’un de ses caractères les plus originaux et les 
plus frappants. Des laboratoires pourvus d’un personnel spécialisé et de 
tout le matériel nécessaire ont été créés exclusivement en vue de l'élevage 
et de l’acclimatation des parasites utiles dans différentes régions des États- 
Unis. De nombreuses missions ont été envoyées tant en Europe qu'aux 
Indes, au Japon ou en Australie pour définir les patries primitives des 
espèces nuisibles et pour rechercher leurs ennemis naturels; enfin, l’organi- 
sation du travail a été poussée si loin à cet égard que, dans divers pays et 
notamment en France, en Italie et en Russie, des installations temporaires 
ont été créées par le Bureau d'Entomologie de Washington pour centraliser 
et expédier les légions de parasites qui devaient combattre, en Amérique, 
des fléaux tels que les Liparis des arbres forestiers dans le Massachusetts, 
ou le Phytonome de la Luzerne dans les États du Far-West. 

Après avoir retracé l’histoire des entreprises les plus typiques et les 
plus fécondes concernant la lutte biologique, je me suis appliqué à faire 
connaître dans leurs traits essentiels les procédés techniques employés aux 
États-Unis contre les ravageurs, l'arsenal des appareils employés pour les 
pulvérisations, les fumigations toxiques, la désinfection du sol, et la remar- 
quable organisation qui préside à la mise au point des méthodes préven- 
tives ou curatives ainsi qu’à l'application des traitements dans les diverses 
conditions climatiques ou culturales. 

Il est à souhaiter qu’en France on s'inspire de tels exemples, car ils mon- 
trent par quelles voies les immenses richesses que nous font perdre annuel- 
lement les ennemis des cultures peuvent être en grande partie restituées à 
notre territoire. 


548 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur les systèmes triple-orthogonaux, tels qu'un 
système de courbes de Lamé soit formé de lignes sphériques, le lieu des centres 
des sphères qui les contiennent étant une sphère ou un paraboloide de révo- 
lution. Note de M. €. Gurcuaro. 


Soient u, v, œ les paramètres des lignes de Lamé du système; je suppose 
que les courbes u = const., ¢ = const. soient des courbes sphériques. Les 
sphères qui contiennent ces lignes, dépendent de deux paramètres & ét p. 
M. Darboux a indiqué les propriétés caractéristiques de cette congruence 
de sphères (Leçons, 4° Partie, Livre VIH, Chap. XII). Avec mon système 
de notations, les résultats de M. Darboux peuvent s’énoncer aïnsi : La 
congruence de sphères est C; le réseau décrit par le centre des sphères est K. Si 
l’on se donne, a priori, la surface lieu des centres des sphères, il faudra, 
pour trouver la congruence de sphères correspondantes, trouver les 
réseaux K de la surface. C’est un problème que je vais examiner dans les 
deux cas suivants : 1° la surface donnée est une sphère; 2° la surface 
donnée est un paraboloïde de révolution. Je vais d’abord rappeler les 
résultats dus à M. Darboux (loc. cit). Soient M le centre de la sphère; 
Liy Li, Ly les coordonnées de M; £,, £,, £, les paramètres normaux de la 
tangente du réseau M; n,, n:, n, ceux de la seconde; on aura d’abord, 
d’après les formules générales des réseaux : 


dx; DA dE; EA, dh SRE 
(1) ve Aug tenant igp 
EE a us 


On a de plus, par un choix convenable des variables u et v, la relation 


i £ om Qð 
(2) Eh + Era Eos = ST HS 


Avec ce choix de variables, le rayon R de la sphère est 
(3) R= h+. 
1. Cas de la sphère. — Dans ce cas le réseau décrit par M est ùn réseau O. 
Soit 
Ai As y 
Pi P: Pa 
JV TE n 


SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1916. 549 
le déterminant orthogonal qui correspond à ce réseau. A, B, M, N les 
rotations correspondantes. On aura ici 

Ti = Zi; Pa w B;, Ni = wyi 


hadr ton mM ka, 


M N, 
eTA” én 
ce qui permet de poser 
Me ke 04 
M = — d Ne Ju 


ce qui montre que le réseau de la sphère est la représentation sphérique 
d’une surface isothermique. On aura ensuite 


Po HA B3). 


On voit que, lorsque le réseau M est connu, il y a une infinité de con- 
gruences de sphères correspondantes; on passe d’une congruence à l’autre, 
en multipliant le rayon des sphères par un nombre constant. 

Je signale, à propos de ce cas, les résultats suivants : 


1° St le réseau (M) tracé sur la sur face des centres est un réseau O, ce réseau 
a même représentation spherique qu’ une surface isothermique. 

2° St le rayon des spheres d’une congruence satisfaisante est constant, le 
réseau (M) est O ; sa représentation sphérique est celle d’une surface isother- 
mique. 

En effet, d’après la relation (3), on peut poser 
h =R cos 6, l= Rasin, 
d'où : 


(4) maa, n=: 


La formule (2) montre que M décrit un réseau O; et les formules (4) 
. , r Li 
montrent que la représentation sphérique de ce réseau est celle d’une 
surface isothermique. 


2. Cas du paraboloide de révolution. — Je considère le paraboloïde dont 
l'équation est 
(5) æi+zi—aæ,—0. 
C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 20.) 73 


550 ACADÉMIE DES SCIENCES, 


Tout réseau tracé sur ce paraboloïde se projette sur le plan +,, Xa suivant 
un réseau O. On peut donc supposer 
(6) | =m eog čem osing,- ba, 
; | = © sing, Na = — Cosg, A 0, 
w étant constant; on en déduit 
__ dy do da do ob do 
. La formule (2) donne ensuite 


ab = 


On voit que si l’on fait 
A. B z3 úh, M= », N = 7, 
A, B, M, N sont les rotations de la représentation sphérique d’une surface 
isothcrmique. 
Soient X,, Xa, X, les paramètres directeurs de la normale au réseau M. 
D’après les formules (6) on a 
*, *: X, 


a coso + b sing a a sin — bcoso Thok 


D’autre part, d'après l'équation ( 5), ona 


Ty A —l 
En comparant on trouve 
. > i 1: 
(8) æ—==(acose + bsino), = (a sing — b eose), ape x (a+ 0°) 
er, si l’on pose 
a do -UD do 
Here be a 


on vérifie facilement, en partant des formules (8), 
dx 


I I 
s HE, = = a hi 
a Ei w? : 


dr 


LE 
da 


et, d’après la formule (3), on aura 


R= —(H#+ Lt), 


SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1916. 551 
donc : 


Si l’on connaît la représentation sphérique d’une surface isothermique, on 
peut déterminer, sous forme finie, une infinité de congruences de sphères 
satisfaisantes, le lieu des centres des sphères étant un paraboloide de révolution. 


Effectüôns sur ces sphères une homothétie ayant pour centre l'origine 
et pour module w*. Les coordonnées y,, Y», y, du centre de la sphère 
seront 


Y= w(a cosy + b sing), Yi (a sing — b cos o), nee + b?) 
èt l’on aüra 
i R€ HEH L. 
D'où le résultat suivant : 


« Soient M le centre, R le rayon d'une sphère qui décrit la congruence 
demandée; si l’on abaisse de M la perpendiculaire MP sur l'axe du parabo- 
loide et si l’on prend sur MP un point M' tel que Ti soit constant; la sphère 
qui a pour centre M' et le méme rayon R qué la sphère M décrit aussi une con- 
gruence satisfaisante. 


La méthode indiquée ne donne rien dansles deux cas suivants : 1° A —ve?, 
B = e° (représentation sphérique des surfaces minima); 2° À = coso, 
B = sin (représentation des surfaces à courbure totale constante), On lève 
la difficulté en faisant intervenir d’autres éléments qüi sé rattachent aux 
surfaces isothérmiques. Danslé cas des surfaces à courbure totale constante, 
on peut indiquer la solution suivante. Soient F le foyer du paraboloïde, E la 
sphère de centre F et de rayon 1; faisons une perspective dé centre F; à 
chaque point M du paraboloïde on fait correspondre un point m de la sphère. 
Cette correspondance transforme un réseau èn un réseau; si maintenänt le 
point m décrit la représentation sphérique d’une surface à courbure totale 
constante, le point M décrira un réseau; le réséau(m) est (C), done la con- 
gruence point Fm sera (C); le réseau (M) découpé sur le paraboloide sera 
un réseau K, ce qui donne une solution. 


Remarque. — La remarque suivante donne une transformation du pro- 
blème, même dans le cas où la surface des centres est une quadrique quel- 
conque Q. Soit (M) un réseau (K) de cette quadrique: il y a o° congruences C 
conjuguées à ce réseau K, soit G l’une d'elles; la droite G rencontre la 
quadrique Q en un second point M’. D’après un théorème de Ribaucour, 
le point M’ décrit un réseau; ce réseau étant conjugué à uñe congruénce C 
est un réseau K. D'où une nouvelle solstion du problème, 


552 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


GÉOLOGIE. — Sur les brèches (conglomérats) de Tarentaise. 
Note (') de MM. W. Krias et J. Ré£vir. 


En 1891, l’un de nous (W. K) (°) constatait l'existence en Tarentaise, 
au sud de l'Isère, de deux brèches d’âge différent : l’une liasique (brèche 
du Télégraphe) qui lui avait livré des fossiles liasiques (déjà signalés 
par Ch. Lory) au Niélard, et dont il montra la connexion étroite avec les 
calcaires cristallins de Dorgentil et le « Lias calcaire » du fort du 
télégraphe en Maurienne, ainsi qu'avec les assises d’Aigueblanche à Rhaco- 
phyllites diopsis Gemm. sp.; l’autre d’âge tertiaire, brèche polygénique, 
développée plus au Nord que ne l’avait pensé Ch. Lory et retrouvée 
notamment à Crève-Tête et en amont d’Aigueblanche; cette dernière se 
présentant en relation intime à Varbuche avec des couches renfermant 
(d’après Vallet) des Nummulites. Ces faits conduisaient à considérer 
comme établie la grande transgression nummulitique parfaitement obser- 
vable entre Moutiers et La Chambre, où l’on voit les brèches reposer 
indifféremment sur le Lias, les Gypses et Cargneules triasiques, les 
Schistes bigarrés, les Calcaires du Trias, les Quartzites et le « Lias 
schisteux ». 

Les fragments de ces diverses roches, écrivait-il, forment en grande abondance les 
éléments de la brèche nummulitique et montrent, par leur fréquence relative, en 
relation avec la nature du substratum, qu'il s’agit bien d’une transgression et non 
d’un contact anormal (°). 


Supposant que des formations analogues devaient se retrouver plus au 
Nord et que le synclinal complexe des Aiguilles d’Arves, occupé par des 
sédiments tertiaires, pouvait se poursuivre jusqu'à la frontière italienne, 
nous entreprenions, en juin. 1893, des explorations géologiques dans la 
Tarentaise septentrionale (*) et nous arrivions à y distinguer facilement la 
breche liasique, dont l’âge ne fait aucun doute et une breche poly génique, à 
ciment plus micacé et quartzifère, que nous crûmes pouvoir rapporter au 


(') Séance du 6 novembre 1916. 

(°) W. Kicran, Sur la structure du Massif de Varbuche (Savoie) (Bull. Soc. 
Hist. nat. de Savoie, 1° série, t. h, 1891, p. 101). 

(5) W. Kiiraw, Sur la constitution du massif de Varbuche (Bull. Soc. Hist. nat. 
de Savoie, 1"° série, t. 4, 1891, p. 114). 

C). W. Kuun et J. Révu, Une excursion géologique en Tarentaise (Bull. Soc. 
Hat. nat, de Savoie, 1° série, t. 7, 1893, p. 28) 


SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1916. 553 


Tertiaire, bien que, malgré des recherches actives, nous n'y ayons rencontré 
aucun fossile. 


Nous considérions ces brèches polygéniques comme représentant la continuation de 
celles de la vallée de l'Arc (Maurienne) et du massif de Varbuche. Nous ajoutions 
qu’elles devaient se poursuivre jusqu'aux environs du Col du Bonhomme, Ces conclu- 
sions, vérifiées plus tard par/Marcel Bertrand, furent utilisées par luifdans le relevé des 
contours de la feuille d’Albertville de la Carte géologique détaillée, où la brèche poly- 
génique est considérée comme formant le noyau de plusieurs synclinaux situés dans 
la continuation nord du « Synclinorium » des Aiguilles d’Arves. 

Depuis lors, l’un de nous ( W. K.) signalait les deux brèches dans le Briançonnais : 
la plus ancienne toujours en relation avec le Lias, le Rhétien et divers élages juras- 
siques; la plus récente à la partie supérieure de la puissante formation comprise sous 
la dénomination de Schistes lustrés, et dans la partie supérieure de laquelle les schistes 
plus feuilletés sont toujours dépourvus d’intercalations de roches vertes si fréquentes 
dans le complexe inférieur mésozoïque. Ces schistes supérieurs continuent vers l'Est, 
d’après MM. Kilian et Pussenot (!), le Flisch noir de la zone du Briançonnais, 
auxquels se rattachent nettement les brèches de l’Alpet, de l'Eychauda, du Gros près 
Guillestre et des Salettes près Escreins, à fragments remaniés de « roches vertes» atles- 
tant nettement l'existence de discontinuités stratigraphiques dans la série sédimen- 
taire intra-alpine (?), discontinuités d’ailleurs admises également par M. Lugeon dans 
ses derniers travaux. 

A la suite de recherches effectuées en 1908 et en 1909, aux environs de Courmayeur 
par MM. W. Kilian, P. Lory et S. Franchi, des doutes furent cependant émis par ces 
auteurs au sujet de nos conclusions relatives aux brèches de Tarentaise. Les brèches 
polygéniques des Chapieux furent considérées en 1912, par MM. Kilian et Jacob, 
comme appartenant à un niveau du Jurassique immédiatement supérieur aux calcaires 
cristallins du Lias et comme reliés aux Schistes lustrés mésozoïques du Versoyen par 
des passages ménagés et constituant le « £ype mixte » du Lias, de M. W. Kilian. Par 
contre, notre regretté et éminent confrère Jean Boussac, dont la Science déplore la 
perte récente, adoptait la première interprétation de MM. Kilian et Révil et consi- 
dérait {a brèche polygénique comme d'âge incontestablement tertiaire. 

En 1912, M. Gignoux (?), après avoir très clairement défini le problème qui se posait, 
procéda à de nouvelles explorations et, dans une première Note, signala la présence de 
deux complexes de brèches aux environs de Villette et d’Aime : 1° l’un liasique 
accompagné de calcaires cristallins et comprenant la célèbre brèche de Villette; 
2° l’autre supérieur au précédent comprenant des schistes et des microbrèches, des 


(t) W. Kirax et Cu. Pussenor, Nouvelles données relatives à la tectonique des 
environs de Briançon (Comptes rendus, t. 156, 1913, p. 515). 

(°) W. Kan, Sur les brèches polygéniques de U Éogène du Briançonnais 
(Compte rendu sommaire Soc. géol. de France, n°* 6-7, 1919, p. 38). 

(°) Compte rendu des collaborateurs de la Carte géologique de France pour la 
Campagne de 1912, t. 22, n° 133. p. 101). 


r 


554 ACADÉMIÉ DES SCIENCES. 
brèchiés polygétiiques ét des intercalations à faciés de Flysëh. Il n'y 4 pas dé raison, 
d’après cet auteur, de ne pas attribuer (provisoirement) ce deuxième ensémble au 
Tertiaire comme le complexe très analogue de Villarclément en Maurienne pour 
lëquel la découverte de Nummulites par M, Gignoux a fourni la preuve péremptoire 
d’un âge éogène. Cet ensemble supérieur présente, dans le nord de la Tarëntaise, des 
schistés dé faciès lustré (Schistès lustrés supérieurs de Marcel Bertrand). 
Postérieurement encore, MM. Gignoux et Pussenot (1), à la suite d'excursions 
effectuées dans les mêmes régions, attribuèrent aü Jurassique toutes les brèches ren- 
contrées par eux : l’un (M. Gignoux) auquel les brèches calcaires inférieures ont 
fourni une Bélemnite au Mont Coin, les plaçant à la partie supérieure du Lias, l'autre 
(M. Pussenot) à la partie inférieure (Infralias). Ces auteurs semblent toutefois avoir 
confondu les deux brèches et surtout n'avoir pas tenu suffisamment compte de la 
transgressivité de la brèche polygénique qui, pour nous, est indiscutable. [Les coupes 
publiées par M. Pusserot (loc: cit.) peuvent parfaitement être interprétées éñ admet- 
tant cette dernière hypothèse.] MM. Gignoux et Pussenot ont reconnu d’ailleurs égale- 
ment l’ällure transgressive de certaines de ces brèches. M. Boussac (15 décembre 1913) 
paraît s'être rallié à leur opinion. 


Des explorations faites récemment (1916) en Tarentaise, en vue de 
l'établissement de la carte au 320000°, nous ont fourni des données absolu- 
ment concluantes pour le maintien des deux complexes bréchoïdes, anté- 
rieurement signalés par nous, et nettement distincts aux environs immé- 
diats de Moutiers. | 


Cës niveaux se reconnaissent en effét facilement dans le versant mohtagnetix qui 
domine les villages de Tessens et de Villette. Près des éhaléts dé « la Peiséy » et de 
« Serpentant », la « brèche polygéniqué » est en éontact immédiat avec la à brèche du 
Télégraphe 5 qu'elle ravine et dont elle se distingue même par ses caractères morphô- 
logiques, la première se marifestant par dés crêtes rochéuses massives ët caleaires, de 
teinte claire, la seconde, dans laquélle dominent les éléments siliceux, donnant lieu à 
des arêtes de teinte sombre et à des reliefs plus émoussés, La brèche polygénique forme 
en ce point lé noÿau d'ün synclinal dont lës flancs montrent des assises mésozoïques 
(Lias et Trias); elle se présenté accompagnée d’intercalations de schistes et de dal- 
caires quartziteux, de microbrèches et de schistes noirs dans lesquels elle constitue 
parfois des amas irréguliers. Elle renferme ici des fragments très reconnaissables de 
la « brèche de Villette » (Lias supérieur) et des calcaires cristallins du Ciex (Lias) 
et n’est certainement pas plus anciénne que le Lias supérietir, 


La brèche polygénique (°) existe encore plus au Nord, dans le massif de 


(+) Compte rendu des Collaborateurs de la Carte géologique de France pour la 
Campagne de 1913, t. 23, n° 136; p. 107 et 121. — V, aussi: C, R: somm: Séances 
Soc. géol. de Fr., 15 décembre 1915 et 19 janvier 116. 

(?) Parmi les éléments dë cette brèche, nous avons reconnu, outre des granites 
et schistes cristallins permo-carbonifères, dés grès hôuillers; des grès et schistes per- 


SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1916. 555 


la Dent Portetta, où elle se présente dans des conditions tectoniques un 
peu différentes et en transgression manifeste sur les quartzites du Trias. Le 
cirque que domine cette cime permet en effet de constater l'existence d’un 
anticlinal dont le flanc occidental, usé par l’érosion, montre cette brèche 
surmontant directement les couches du Trias inférieur (quartzites, arkoses 
rouges et vertes) tandis que le flanc oriental de ce même pli présente, en 
superposition à ces derniers, les calcaires du Trias et du Lias (avec interca- 
lation de brèches du Télégraphe), puis, plus à l'Est, des schistes et de 
nouvelles brèches polygéniques très laminées (!) et A IRAPAEPSSA de 
Schistes lustrés (Mont Rosset). 

Dans cette localité, les deux ensembles bréchoïdes se distinguent d’ailleurs avec 
facilité : le plus récent montre ici encore une composition en rapport ayec son 
substratum et renferme de nombreux fragments de quartzites werféniens, dont 
quelques-uns, non roulés, sont d’un volume énorme. 


Les « brèches polygéniques » de Tarentaise, localisées dans une bande 
située à l’est de la zone delphino-savoisienne, semblent donc bien être la eon- 
tinuation des brèches de nature identique de {a Maurienne qui comprennent 
des assises qui ont fourni récemment, à Villarclément, à notre confrère 
M. Gignoux, des Nummutites (°); elles paraissent se relier d’une façon 
indubitable à celles des Chapieux et des environs du Col de la Seigne. 
Le rattachement à l'Éogène d’une partie de ces dernieres, selon la première 
interprétation de l'un de nous (W. K .) confirmée plus tard par Jean Boussac, 
semble donc justifié et incontestable, bien que nous n’y ayons recueilli aucun 
galet appartenant à des roches plus récentes-que le Lias supérieur (calcaire 
de Villette). 


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ry" rr 


miens, des quartzites triasiques, des calcaires du Trias, des dolomies nankin et des 
calcaires « ivoirins » de l'Infralias, des calcaires noirs et des marbres cristallins du 
Lias, et des fragments de « brèche de Villette » (Lias supérieur ). 

(*) Marcel Bertrand avait distingué par une téinte spéciale (Jl), sur la feuille 
Albertville, ce complexe qu’il avait attribué au terrain jurassique dans le massif du 
Roignais, alors qu’à Pierre-Menta il rattachait au Tertiaire (e*m) la même formation 
moins laminée, 

(*) Compte rendu des Collaborateurs pour 1912, 1913, p» 101. 


556 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


PALÉONTOLOGIE. — Découverte de restes d'Anthracotherium dans les Jor- 
mations sannoisiennes du bassin ď Aix-en-Provence. Note posthume de 
M. G. Vasseur. 


Nous nous proposons, dans la présente Note, d'opposer une observation 
nouvelle à l'opinion de certains géologues, rattachant au terrain oligocène 
les dépôts à faune paléothérienne qu’on observe dans diverses régions 
(gypse parisien, etc.). 

Nous avons déjà signalé à l’Académie la présence d’un Rhinocéridé 
 (Aceratherium ou genre très voisin) dans les plus anciennes formations 
oligocènes du bassin de la Gironde (mollasses du Fronsadais) (') et nous 
avons cru voir dans ce fait, un nouvel argument en faveur des idées de nos 
devanciers, Hébert, Matheron, Tournouër, sur la limite supérieure du 
terrain éocène. 

La découverte que nous allons faire connaître concorde avec la précé- 
dente de la manière la plus heureuse et pèsera sans doute de tout son poids 
pour incliner vers nous le plateau de la balance. | 

On sait que le bassin tertiaire d’Aix-en-Provence présente une série très 
puissante de sédiments éocènes et oligocènes. Les dépôts de l'Éocène infé- 
rieur et du Lutétien, si bien étudiés et déterminés par Matheron, n'ont 
jamais donné lieu à une discussion, mais il n’en a pas été de même des 
formations plus récentes, dont la succession complète a d’ailleurs été 
connue assez tardivement. 

Après le calcaire de la butte de Cuq, qui représente dans le bassin d'Aix, 
le dernier terme de la série lutétienne, on observe de bas en haut : 1° le 
calcaire lacustre à Planorbis crassus de Saint-Pons (près Roquefavour); 
2° la puissante formation des argiles et conglomérats des Milles; 3° la série 
calcaréo-gypseuse de la Montée d'Avignon (près Aix), célèbre par ses 
nombreux fossiles (Poissons, Insectes, Arachnides, Végétaux); 4° la mo- 
lasse sableuse des Figons; 5° enfin, le calcaire d'Éguilles, à faune nettement 
aquitanienne. 

Sans mentionner les diverses opinions émises au sujet de l'âge de sad 
terrains, nous rappellerons cependant que Fontanes attribuait les argiles 
des Milles à l'étage bartonien, la base de la formation calcarċo-gypseuse 

PAR EU ot 


(1) G. Vasseur, Découverte de Vertébrés dans les molasses oligocènes du Fronsa- 
dais (bassin de la Gironde) (Comptes rendus, t. 145, 1907, p. 1237). 


i 


SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1916. 557 
(argile un peu ligniteuse) à l'Éocène supérieur et au Sannoisien les pre- 
mières assises calcaires de cette même série. 

On doit d’autre part, à M. Collot, la découverte du caleaire de Saint- 
Pons. Notre collègue a reconnu que cette formation est inférieure à l’argile 
des Milles et renferme le Planorbis crassus, mais il l'a synchronisée par 
erreur avec le calcaire de Saint-Ouen du bassin de Paris (Bartonien supé- 
rieur). De ce fait, les argiles des Milles remontaient dans l'Éocène supé- 
rieur, si réduit d’après Fontanes, et trouvaient leur place naturelle au- 
dessous des calcaires attribués jusqu'alors à l'étage sannoisien. 

Nos observations nous ont permis de remanier entièrement la classifica- 
tion de ces dépôts et, dès l’année 1897, nous avons montré que le calcaire 
de Saint-Pons doit être assimilé au calcaire à faune paléothérienne du Mas- 
Saintes-Puelles (près Castelnaudary), constituant dans cette région le 
dernier terme de l Éocene supérieur. 

Cette détermination avait pour première conséquence, d'établir qu'il 
existe, dans le bassin d'Aix, une importante lacune S à l'étage 
Iraan 

Cette lacune s’est d’ailleurs traduite par des érosions considérables, ayant 
succédé à des mouvements du sol, et c’est ainsi qu'on peut voir le calcaire 
de Saint-Pons reposer en discordance sur une série de couches appartenant 
à l’ Éocene inférieur et au pied d'une falaise formée par la tranche d'une assise 
lutétienne (*). 

Nous avons démontré en outre que les argiles des Milles appartiennent 
à l'étage sannoisien; mais il importait de trouver la confirmation de ce 
fait dans des découvertes paléontologiques. Orienté dans cette direction 
et obligeamment secondé par M. Rastoin, directeur de la tuilerie des Milles, 
nous avons eu la satisfaction de pouvoir annoncer en 1897 (') la présence 
des genres Aceratherium et Cainotherium dans les argiles précitées. 

Par suite, la formation calcaréo-gypseuse d'Aix rapportée par de Saporta 
à l’Éocène supérieur, puis, pour la base, à l'étage sannoïisien par Fontanes 
et M. Depéret, devenait stampienne en totalité. Une nouvelle découverte, 
due comme la précédente à l’obligeant concours de M. Rastoin, vient encore 
justifier notre détermination et offre en outre le grand intérêt d'établir la 
présence du genre Anthracotherium dans les plus anciens dépôts de l'Oli- 
gocène. 


(1) G. Vasseur, Vote préliminaire sur la constitution géologique du bassin tertiaire 
d’Aix-en-Provence (Ann. Fac. Sc. Marseille, 1. VIIL, 1897). — Dre Fuveau, Livret- 
guide, 8° Congrès géol. intern. Paris, 1900. 

C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 20.) 74 


558 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


La formation de Rouzon qui présente, avec les derniers et rares survivants 
de la faune paléothérienne, de nombreux Mammifères ‘oligocènes, a été 
justement attribuée par M. Boule à l'étage sannoisien; mais notre savant 
collègue fit remarquer à ce sujet l’absence dans ce dépôt du genre Anthra- 
cotherium si fréquemment rencontré dans les sédiments de l’Oligocène 
moyen. La découverte, dans les argiles des Milles, de trois genres éminem- 
ment caractéristiques de l'Oligocène a donc cette importante signification 
de montrer que, dès l’époque sannoisienne, une forme nouvelle de Mammi- 
fères s’est, en majeure partie, substituée à la forme paléothérienne. 

- Au point de vue stratigraphique, nous ajouterons que les argiles des 
Milles, transgressives sur les terrains crétacés et éocènes, offrent une répar- 
tition géographique complètement différente de celle des dépôts éocènes, 
et témoignent d’une extension considérable des eaux qui n’occupaient qu'un 
bassin très réduit à l’époque ludienne. L'indépendance absolue de l’Eocène 
supérieur dans le bassin d’Aix ressort de tous ces faits; c’est bien une raison 
de plus pour ne pas rayer de la classification des terrains, à l'exemple de 
certains géologues, un terme qui doit être conservé au même titre que les 
autres. Nous aurons d’ailleurs l’occasion de revenir sur cette question, en 
nous appuyant cette fois sur les formes marines de l’Éocène supérieur. 


COMMISSIONS. 


M. le Présinesr annonce que M"! Duhem, fille du regretté Membre de 
l’Académie, a confié à l’Académie les manuscrits de son père. Il demande 
la nomination d’une Commission qui sera chargée d'examiner ce dépôt. 

La Commission sera constituée par MM. Dansoux, BIGOURDAN, 
B. BarrcauD, sous la présidence de M. le Présipenr. 


CORRESPONDANCE. 


M. E. Arıts, élu Correspondant pour la Section de Mécanique, adresse 
des remerciments à l’Académie. 


M. Frépéric Bornas adresse des remerciments pour la distinction que 
l’Académie a accordée à ses travaux. 


SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1916. 559 


` MÉCANIQUE. — Variation systématique de la valeur de la force vive 
dans le choc élastique des corps. Note de M. L. Harrmax. 


Pai signalé précédemment (') que, lorsqu'on détermine le choc élastique, 
direct et axial, de deux masses cylindriques m et m’, en acier trempé 
de 12™™ de diamètre, formant pendules et servant, l’unef de marteau, avec 
la vitesse ¢ au commencement du contact, l’autre d’enclume, les vitesses 
respectives de ces masses, immédiatement après leur séparation, sont 
représentées par les expressions 


m 
b—(i—n)e,: et VER’ 


alors que les formules de la théorie classique sont 
m 
o = (1 — N) et v = N — r, 
ë m 
2m" 
m+ Im 
J'ai indiqué, d'autre part, que, d’après les essais réalisés, le coefficient 
effectif n ne se confond avec le coefficient théorique N que pour 6— o, et 
qu'avec des cylindres de longueurs données, il décroit régulièrement, à 


mesure que p¢ augmente, tandis que N reste invariable par définition. 
J'ai fait observer que, dans ces conditions, la force vive après le choc a 


N étant égal à 


2n # . . Er ` 
pour valeur me? | 1 — qo n)|, et qu’elle est, par suite, inférieure à 


la force initiale my? du cylindre- marteau. 

La présente Note a pour objet de compléter cette communication par 
l'exposé de quelques autres résultats d'expérience. 

1° Un cas particulièrement intéressant, parce qu'il manifeste de la façon 
la plus claire la non-conservation de la force vive, est celui du choc de deux 
masses cylindriques identiques, pour lesquelles on a N = 1. 

n admet actuellement que, lorsque ces masses se séparent, le cylindre- 
enclume, qui était immobile, prend la vitesse du cylindre-marteau, 
quelle que soit cette vitesse, ce dernier revenant, en même temps, à la 
position de repos; autrement dit z est égal à 1. 

La réalité est différente : le cylindre-marteau ne s arrête pas tout à fait, 


(*) Comptes rendus, t. 163, 1916, p. 222. 


560 ACADÉMIE DES SCIENCES, 


et sa vitesse restante est d'autant plus grande que la vitesse au choc est plus 
élevée; de son côté, la vitesse du cylindre-enclume est plus petite que v; 
le coefficient z est donc inférieur à 1. 


Par exemple, avec deux cylindres de 100™™ de longueur, et en faisant en sorte que 
le cylindre-marteau ait des vitesses initiales (en mm : sec) égales à 


on obtient, pour z, les valeurs moyennes 


0,997. 0,996  o,g91 0,982  o,97 0,96 0,945 0,93 


; les nombres 


; my? + my? 
et, par conséquent, pour le rapport Pr 


0,994 0,992 0,982 0,964 0,942 0,923 o ,896 0,887. 


2° La théorie classique du choc élastique est également en désaccord 
avec l'expérience, quand le cylindre-enclume est remplacé par un bloc 
épais en acier, limité par une surface plane verticale, et fortement relié au 
sol, de manière que la masse totale soit extrêmement grande, et:que le 
coefficient N puisse être regardé comme égal à 2. 

D’après les formules auxquelles aboutit cette théorie, le cylindre-marteau 
acquiert, après le choc, la vitesse — p, n ayant, par suite, la valeur 2. D’après 
les essais exécutés, ce cylindre est animé d’une vitesse finale — (1—c}r, 
€ étant d'autant plus grand que p est plus considérable; le coefficient 
effectif n est donc plus petit que 2. 

Ainsi, avec un cylindre-marteau de 100 de longueur, et pour les mêmes vitesses 
au choc que ci-dessus, n a les valeurs : 


1,999 1,999 1,99 1,885 1,98 1,97 1,96 1,95 


m'p’? étant extrêmement petit, dans ce cas, et pouvant être négligé, l'expression dė- 
la force viye après le choc prend la forme 


% 


m$ =m? (n —=1)?; 


m 2 
r » les nombres 
mg? as 


d’où l'on déduit, pour le rapport 
0,096. 0,993 06,980 0,97 . 0,961 0,941 0,922 0,903 


j i i k si ina i 
Ces nombres représentent aussi les rapports T H étant la hauteur dé chute et A 


la hauteur de remontée du cylindre-marteau, corrigées de la résistance de lair et de 
celle des fils de suspension. 


SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1916. 567 


3° Un fait important, observé dans ces diverses recherches, est que le 
coefficient n dépend, pour chaque vitesse au choc, de la matière constitu- 
tive des deux corps qui se rencontrent. Avec un cylindre-enclume ayant 
même masse que le cylindre-marteau, mais dans lequel on substitue du 
caoutchouc à l’acier sur une certaine longueur, du côté où le choc se 
produit, on constate que, pour chaque valeur de v, z est plus petit que 
lorsque ce cylindre-enclume est tout entier en acier, et qu’en outre il 
décroit à mesure qu’on augmente la proportion du caoutchouc. 

Dans le cas du rebondissement du cylindre-marteau de 100°® de longueur sur un 
bloc en acier, les valeurs de n, quand on recouvre l'acier d’une plaque adhérente de 
caoutchouc, ayant 4o™™ d'épaisseur, deviennent sensiblement 


1,985 1,98 1,96 1,94 1,90 1,86 1,80 1,70 
- . my? h 
t ’ oi 
et celles du rapport en VUE 


0,07 0,94 0,92 0,884 o,81 0,74 0,656,  o,49 


En résumé, dans le choc élastique de deux masses, dont l’une est primi- 
tivement en repos, le coefficient n et la force vive finale varient avec la 
substance qui les compose ainsi qu'avec la vitesse du choc. 

Ce résultat est d'accord avec ce que l’on sait de l’influence que l’état et 
la constitution des corps de ła nature exercent sur l'effet des divers agents 
physiques, et, pour cette raison, il pouvait être prévu. Je ferai remarquer 
d’ailleurs, à ce sujet, que, par cela même que le coefficient N n’est fonction 
que du rapport des masses, la théorie classique implique qu'avec deux 
corps de masses déterminées, les vitesses après la rencontre et la vitesse 
initiale du corps-marteau sont rigoureusement dans le même rapport, 
quelle que soit cette vitesse, et que, d’autre part, ces corps, si l’on en fait 
varier la matière, prennent néanmoins, pour chaque valeur de +, des 
vitesses égales. Il est hors de doute qu'étant en contradiction avec la loi 
générale susvisée, ces hypothèses ont un caractère purement abstrait, 
comme celles qui consisteraient à supposer que le coefficient de dilatation 
linéaire d’une barre est exactement le même, à toute température, ou que 
des barres différentes de même masse se dilatent également, quand on les 
Porte à la même température. 

J'indiquerai en terminant que, si l'expérience met ainsi en évidence, 
dans le choc élastique, la variation systématique de la somme des forces 
vives des deux corps en prise, évaluées au moyen de leurs vitesses finales, 
par contre, les quantités de mouvement moyennes existant dans ces corps, 


ue 


562 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


à la fin de la période de raccourcissement, qui sont positives l’une et 
l’autre dans tous les cas réalisables, et qui constituent les véritables quan- 
tités de mouvement provenant du choc proprement dit, ont une somme 
arithmétique égale à la quantité de mouvement initial du corps-marteau, 
c’est-à-dire que cette quantité de mouvement se conserve, d’une maniere 
effective, conformément à la conception de Descartes. 


MÉCANIQUE. — Système nouveau de transmission par joint à billes. 
Note de M. R. Guizrery, présentée par M. L. Lecornu. 


Quand une bille est tenue entre deux cuvettes sphériques symétrique- 
ment placées, l’ensemble résiste facilement aux efforts dirigés suivant la 
ligne des centres. Si un effort sollicite dans tout autre sens l’une des 
cuvettes, l'ensemble peut se déformer sans que l’écartement relatif des 
centres des cuvettes varie sensiblement. 5 

Supposons par exemple une bille de rayon r, à centre fixe O, placée 
entre deux cuvettes de rayon R (fig. 1) dont l’une à centre fixe C, et l’autre 


Fig. 1. 


` 


à centre mobile D astreinte à tourner autour d’un point P qui, d’abord 
confondu avec C, peut glisser sur la ligne COD. i i 

Si la bille tourne sans glisser sur les cuvettes, la cuvette de centre C 
tourne sur elle-même ; le centre D vient en D’ et la rotation transporte 
de C en C' le pivot de la cuvette correspondante. Soit æ l'angle que forme 


SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1916. 563 


avec OC la normale au nouveau point de contact de la bille avec la cuvette 
de centre D, l'allongement de POD, c’est-à-dire CC, a pour valeur 


æ=(R—7r) [4 — sin? g — (1 + cosa)]; 


pour BBS R= 92000 na AR a = o EP SNS, 

Si donc on s'oppose au déplacement de P, chacun des contacts éprouve 
un aplatissement de o™™, 075 

Si nous avions supposé les cuvettes se déplaçant en mouvement de trans- 
port parallèle, leur écartement relatif serait du même ordre. Or ces faibles 
déplacements sont de l’ordre de grandeur des flexions élastiques de l'acier. 

Grâce à cette propriété, on peut construire un accouplement souple et 
sans jeu, à frottement de roulement, c'est-à-dire à rendement presque 
total. 

Les figures 2 et 3 montrent un joint universel permettant un angle des 


Fig. 2. Fig. 3. 


deux axes, un déplacement par mouvement de transport parallèle de ces 
axes : 1° dans le sens de ces axes; 2° dans des sens perpendiculaires à ces 
axes. 

L'organe ainsi représenté réunit donc, en un seul joint : l’inclinaison du 
cardan, le déplacement latéral du joint de Oldham, et en plus un déplace- 
ment longitudinal dans le sens des axes. 


. Cet organe est de construction simple et économique, puisque les pièces 


564 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


peuvent rester brutes de forgeage ou d’estampage; seules les cuvettes 
demandent à être proprement embouties. 
Les figures 4 et 5 représentent sur le même principe une série d'éléments 


ss O0 


i 
Fig. 4. Fig. 5. 

portant extérieurement, de deux en deux; un roulement a billes. Cette 
série, introduite dans un tube métallique souple, fournit une transmission 
flexible très puissante par rapport à son diamètre et son poids, permettant 
de grandes vitesses, et à rendement presque parfait. 

Ses éléments sont bruts de matriçage, sauf la portée intérieure des rou- 
lements. Sa construction est essentiellement économique. 


ASTRONOMIE. — Précisions nouvelles sur la lot exponentrelle des distances 
des pianèles et satellites. Note de M. Évise BELOT, présentée par 


M. Bigourdan. 


J'ai fait connaître et démontré (Comptes rendus, t. 141,1905, p.17 -3) une 
loi exponentielle de distribution en distance des FT applicable 
aussi à tous les satellites dans la région directe de chaque système et dans son 
plan équatorial ('). La distance x, au centre du système dont C est la carac- 
téristique est donnée par la formule 


(1) Gama tO (Bi gI 


On a fait diverses objections à cette loi : 1° sa grande précision; 2° lob- 
tention de distances ne correspondant pas à de astres observés, ce qui 
peut faciliter des coïncidences fortuites; 3° l'impossibilité de la démontrer 
en partant de la seule astronomie newtonienne. 

La loi de Bode était une simple recette arithmétique non applicable aux 
satellites. La nouvelle loi partage sa précision avec toutes celles qui 
révèlent une vibration dans les phénomènes naturels; aucun physicien n a 

Hour ii oi HS 


(') Ainsi que je l’ai montré dans mon Essai de Cosmogonte tourbillonnaire, p. 19- 


SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1916. 565 


jamais parlé de «coups de pouce» à propos de la loi de Balmer d’une 
extraordinaire précision dans l'application. La loi des distances résulte de 
la vibration produite dans un choc cosmique analogue à celui d’une Nova. 

Sur 45 distances calculées par (1) dans les systèmes du Soleil, de Mars, 
Jupiter, Saturne et Uranus, il y a 15 distances seulement relatives à des 
astres non observés ou seulement soupçonnés. Sur 15 distances, 5 appar- 
tiennent au système planétaire (0, 2888 — 0, 2965 — 0,311 1 — 0,33386 
— 0,4878) et correspondent aux anneaux produisant la lumière zodia- 
cale ou aux masses qui troublent les mouvements de Vénus, de Mercure 
et de la comète d'Encke, ayant donné lieu aux recherches de Le Verrier, 
Newcomb et Backlund. La nouvelle loi correspond si bien à la réalité que, 
trouvée quelques années plus tôt, elle aurait permis d'annoncer l'existence 
à sa vraie distance (2,53) du satellite V de Jupiter dont la découverte 
laissa d’abord incrédules quelques astronomes en Aan, parce qu’elle ne 
cadrait = avec la théorie de Laplace. 

Que la démonstration de la loi des distances ne puisse s’obtenir par 
l'application des lois de Newton, cela n’a rien d’anormal : la formation des 
queues des comètes ne relève pas non plus de l'attraction; la pesanteur est 
toujours négligée et négligeable dans les tubes cathodiques où l’on étudie les 
trajectoires d'ions cependant pesants. Les vitesses initiales considérables 
dans les trajectoires balistiques les rendent dans une large mesure indépen- 
dantes de la pesanteur. Il a pu en être de même pour la matière cosmique 
-animée à l’origine de vitesses énormes non dues à l'attraction des 
masses qui n'étaient pas condensées, mais à des chocs et aux ren rs 
consécutives. 

Le premier terme a dé la loi (1) a une signification précise : c’est le rayon 
du tourbillon générateur du système : mais que représente la caractéris- 
tique C? Comparons dans chaque système les C aux valeurs des masses M 
de chaque astre central en prenant comme unité leur rayon équatorial. 
Soit d la densité et 1 : « S La masse M est donnée par la 
formule 


(2) ; M=trdli—;). 


+ 


‘3 
Le Tableau suivant donne, en prenant les éléments de l'Annuaire 1916, le 


rapport ọ de C à M°: 


Systèmes : Planétaire. Mars. Jupiter. Saturne. 
: Cl ea air omntt PU o an 1,7176 1,311 
PGM. 1,039 1,023 0,983 0,970 


~ 
8, 


C. R., 1916, 2° Semestré. (T. 163, N° 20.) 


566 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


On a négligé les éléments du système d’ Uranus comme trop incertains. Bien 
que l'influence de la distance apparaisse encore dans les », les valeurs de C 


H . , . 
sont sensiblement égales à M”, et la loi (1) peut s’écrire : 


(3) Ta SaF pN, 1,039 > p = 0,070. 


“Sous cette forme on voit nettement que la distance et l’écartement des 
satellites de même rang décroissent rapidement avec la densité d de l'astre 
central. Leur nombre dans un intervalle donné est d’autant plus grand que 
la densité d est plus faible : ainsi jusqu’à la distance 10, il y a 2 satellites 
pour Mars(4 = 3,8), 4 pour Jupiter (4 — 1,36), 8 pour Saturne (d = 0,70). 
Pour le premier satellite d’un système (n = 1) on pouvait prévoir la forme 
de (3); car pour une durée de révolution donnée, d’après la troisième loi 
de Képler, la distance est proportionnelle à M”. Ilen résulte que a est aussi 


proportionnel à M. La formule (3) conduit à plusieurs conséquences inté- 
ressantes. 

1° Pour un astre sphérique avec o = 1 et M =1, ona 

xd, d’où d = 024. 

Ainsi tous les satellites d’un astre central de densité 0,24 | seraient à la 
même distance du centre; réunis en un seul anneau à la distance a + 1. Il 
en serait de même pour un astre de densité 0,27 qui aurait L'APIR USER 
de Saturne. 

Beaucoup d'étoiles doubles ont une densité inférieure à 0,24 : si cles ont 
des planètes, il est probable qu’elles sont réunies en un anneau à faible 
distance de centre; c’est parce que la densité de Saturne (0,70) est voisine 
de 0,27 qu'elle est la seule planète ayant des anneaux. 

2° Les formules (2) et (3) permettent de trouver les distances des 
satellites de la Terre mesurées dans son plan équatorial. 

La Lune, qui en est écartée angulairement de plus de 18°, l’ aurait atteint 
vers la distance 70 (au lieu de 60,27). 

Diverses considérations permettent de fixer a pour la Terre à 0, 35 et 
d’ailleurs la détermination de « influe peu sur celle de C. On peut 
prendre p = 1 ou 5 = 1,023 comme dass Mars. On a ainsi pour la Terre 
deux valeurs possibles de C : C, = ,=2,911. Dans les deux cas, il 
faut élever C, et C, à la quatrième passat pour obtenir une distance voisine 
de 70 (65,8 par C, et 72,2 par C,). 


SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1916. 567 


Minis la Lune ne peut être que le quatrième satellite de la Terre : car la loi 
exponentielle des distances qui s’applique très exactement à 30 planètes et 
satellites directs ne peut pas ne pas s'appliquer à la Lune. Les autres satel: 
lites de la Terre étaient vers les distances primitives 3,2 = 8,7 — 25 — dont 
les deux premières correspondent visiblement aux satellites de Mars, 
Phobos (2,77) et Deimos (6,95). 

Dès lors des théories, comme celle de Darwin, faisant sortir la Lune de 
la Terre, se heurtent à la même impossibilité qu’il a rencontrée pour expli- 
quer les satellites multiples de Jupiter, puisque la Lune n’a pas été le seul 
satellite terrestre; et d'autre part la disparition des zones satellitaires 
situées au-dessous de la Lune ne peut avoir eu lieu que par précipitation 
dans la région équatoriale où elles ont dù produire des phénomènes de la 
plus haute importance pour la structure de son écorce. 


CHIMIE. — Sur l’ iode colloïdal. Note de MM. H. Bornier et G. Roy, 
présentée par M. Armand Gautier. 


L'un de nous a déjà indiqué (') que certains caractères des solutions 
d'iode dans l’eau conduisent àadmettre que l’iode s’y trouve à l’état colloïdal. 

Il serait très difficile d'établir ce fait par expérience cryoscopique, car la 
solution obtenue en mettant l’iode en contact avec de l’eau pure (à labri 
de la lumière) ne contient, à 0°, que oë, 165 d'iode. L’abaissement à observer, 
si Fiode était à l’état moléculaire I°, ne serait que de 0°,00712, c’est-à-dire 
de l’ordre des erreurs expérimentales de la cryoscopie de haute précision. 
Cependant, nous avons fait des expériences dans lesquelles l’abaissement 
a été nul ou n’a pas dépassé 0°,0005 (+ de division du thermomètre 
au + de degré). : 

L'examen uliramicroscopique, plus simple et plus rapide, a été ensuite 
utilisé pour des recherches qualitatives. Si l’on examine une préparation 
d’eau pure dans laquelle on introduit quelques grains d'iode cristallisé, on 
ne tarde pas à voir de nombreuses particules brillantes, animées du mouve- 
ment brownien (?), mais elles se collent assez vite à la paroi du verre 
inférieur. Une solution fraichement préparée d'iode dans Peau montre 
aussi des particules mobiles. 


(*) Comptes rendus, t. 163, 1916, p. < 
(°) Expérience de Pun dé nous pese set juillet 1911, p.194). 


568 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


- On peut obtenir des préparations aqueuses plus riches en iode, en 
versant quelques gouttes de teinture d'iode concentrée dans l’eau pure. La 
quantité d'iode soluble dans le mélange. d’eau et d'alcool étant moindre 
que la somme des quantités qui seraient dissoutes dans chacun des liquides 
séparés, il y a précipitation de l’iode en grande partie sous forme de petits 
cristaux à section losangique, mais il y a aussi un grand nombre de particulés 

mobiles, d'apparence granulaire, qui se déposent assez vite. En chauffant 
ce liquide quelques heures à 100° dans une ampoule fermée, on obtient 
une liqueur rouge brun foncée, montrant à l'ultramicroscope des particules 
mobiles nombreuses encore peu stables; après repos, il se forme un dépôt 
composé de particules assez grosses agglomérées. Il n'y a plus de cristaux. 

. La tendance de l’iode à prendre l'état colloïdal dans l’eau est donc évi- 
dente. 

Nous avons cherché à stabiliser la pseudo-solution : pour cela nous 
avons essayé sans aucun succès l'acide phénique, l'acide sulfurique dilué, le 
tannin, le chlorure de sodium, le sulfate de soude, le camphre, le benzoate 
de soude, le sucre. 

On: obtient un bon résultat en ajoutant de la teinture d'iode concentrée à une solu- 
tion de gélatine à 4 pour 1000; il se forme bien un précipité noir d’iode cristallisé, 
mais le liquide trouble, coloré en rouge brun, se maintient même après plusieurs jours 
de repos et montre à l’ultramicroscope des particules beaucoup plus nombreuses que 
dans les préparations à l’eau pure. Elles sont tout à fait analogues à celles des prépa- 
rations classiques de gomme-gutte ou d’argent colloïdal. On s’est assuré d’autre part 
que la solution de gélatine, avant l'addition d'iode, ne montre aucun élément mobile: 
la gélatine en effet est, comme on sait, un colloïde amicronnien. 


La quantité d'iode contenue dans cette pseudo-solution est bien supé- 
rieure à celle qu’on admet comme se dissolvant dans l’eau. Le colloïde 
gélatine-iode ainsi obtenu pourrait se classer parmi les colloïdes protégés. 


Par exemple, à 128,534 d’une solution de gélatine à 4 pour 1060 on a ajouté 
0#,94955 de teinture d'iode concentrée, contenant o8, 177 d'iode par gramme. Un gramme 
de ce liquide contenait donc of,004 de gélatine, 05,058 d'alcool (alcool à 7°); 
05,9255 d'eau et a reçu 08,0125 d'iode. Après 24 heures Já repos, lanalyse du liquide 
trouble par l’hyposulfite de soude et l'amidon a donné, à 20°, 05,00258 d'iode par 
gramme de liquide. Une solution dans l’eau ne contient à cette ERPPMER que 
05,0003 d'iode, soit environ dix fois moins. 


Une pseudo-solution semblable chauffée pendant 3 heures à 100° dans 

une ampoule fermée, fournit un liquide rouge brun foncé, montrant des 
? 

particules mobiles, grosses, peu der: elle contient o5,0062 d'iode 


SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1916. 569 


par gramme, et le dépôt ne montre pas de cristaux d'iode. Une solution à 
2 pour 1000 de gélatine additionnée de teinture d’iode ne donne pas de 
pseudo-solution stable; une solution de gélatine à 10 pour 1000, qui se 
prend en gelée à froid, ne contient après chauffage à 100° que très peu 
d'iode; sa teinte est jaune clair, et il n’y a pas de particules mobiles. Il n'y 
a donc pas proportionnalité entre la quantité d’iode retenue et la concen- 
tralion en gélatine. 

Enfin, en ajoutant à 1°” de pseudo-solution dans la gélatine à 4 pour 1000 
1°" de sulfure de carbone, on voit, après agitation, celui-ci se rassembler 
avec une belle teinte violette, le liquide supérieur à peine coloré ne 
contient plus aucune particule mobile visible à l’ultramicroscope. Cette 
expérience prouve en outre que l’iode n’est pas combiné à la gélatine. 

La solution gélatinée à 4 pour 1000, sans iode, a été soumise dans un 
tube en U à une différence de potentiel de 62 volts pendant 1 heure; elle 
s'est nettement concentrée du côté de lélectrode négative, elle est donc 
chargée positivement. La pseudo-solution d'iode dans les mêmes conditions 
s’est déplacée du côté de l’électrode positive, la branche négative s’est com- 
plètement éclaircie sur une longueur de 2%™ en 15 minutes, les granules 
sont donc chargés négativement. L'iode dans l'eau pure se déplace dans 
le même sens. 

L'examen du liquide clair montre encore quelques particules mobiles; 
le liquide coloré du côté positif contient quelques rares granules, mais 
surtout des cristaux d'iode en forme de spicules allongés. Dans un essai, 
où, par inadvertance, on avait ajouté à la pseudo-solution un peu d'hypo- 
sulfite de soude, le déplacement eut lieu dans le même sens, mais il se 
forma un coagulum rouge brun foncé montrant à l’ultra des amas de 
granules agglomérés n'ayant nullement l'aspect cristallin. 

L'addition de gélatine chargée en sens contraire ne devait nullement 
stabiliser l’iode colloïdal, mais le coaguler. Nous sommes ainsi conduits à 
admettre que l’iode dans l’eau pure est bien à l’état colloïdal, mais sous 
forme de granules trop petits pour être vus à l’ultramicroscope (amicrons) 
et que la présence dé la gélatine, dans des proportions convenables, a pour 
effet de faciliter la réunion de ces amicrons en particules plus grosses 
visibles à l’ultramicroscope. Dans l'expérience du transport Soarigue en 
présence d’une petite quantité d’hyposulfite de soude, la décharge n’a pas 
été complète et il y a eu simplement coagulation; avec la pseudo- -solution 
pure, la décharge des particules a été coniplète et l'iode a repris sa forme 
cristalline. 


pe 
$ 


570 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Rôle catalytique du nitrate de potassium dans 
la fermentation alcoolique produite par le Sterigmatocystis nigra. Note 
de M. Mortero, présentée par M. Gaston Bonnier. 


Comme tous les végétaux placés dans une atmosphère privée d’oxygène 
le Sterigmatocystis nigra décompose le sucre qui est mis à sa disposition et 
produit le phénomène de la fermentation alcoolique. Considérons tout 
d’abord une culture de la Mucédinée effectuée sur une solution nutritive où 
l'azote existe sous forme de chlorure d’ammonium (2 pour 1000) et dont la 
composition est la suivante : 


Eau distillée (quantité suffisante)...... 00 
ROM DR Ts ne a Cat dar E 25 
Chlorure d’ammonium.........,...... I 
Sulfate de magnésium ...:.......,.... 0,12 
Phosphate dipotassique.......,.,..... 0,20 
EEUE ER. ir ti he à. Lt 0,02 
Swltate de ihe. ue rs deu. 0,02 


La culture est réalisée dans un matras fermé à la lampe et communi- 
quant avec un manomètre à air libre; les indications de celui-ci sont com- 
parées à celles d’un appareil identique, mais non ensemencé; on constate 
que, lorsque tout l'oxygène est consommé, le mycélium cesse de se déve- 
lopper, mais qu'il continue à se dégager du gaz carbonique; on peut en 
apprécier le volume par l’augmentation de pression qui se produit dans le 
vase de culture. 

C'est ainsi que pour un matras contenant do‘" de liquide nutritif 
et 135™ d’atmosphère, il s’est dégagé 15°*,7 de gaz carbonique. La 
culture dont il est question a été laissée à la température du laboratoire et, 
le semis ayant été effectué le 28 juillet, la vie anaérobie a commencé 
le 1°* août pour se poursuivre jusqu'au 15 août. 

Considérons maintenant une culture du Champignon réalisée dans les 
mêmes conditions, mais en remplaçant le chlorure d'’ammonium par de 
l’azotate de potassium à la même concentration de 2 pour 1000 (comme 
conséquence, le phosphate disodique a été substitué au phosphate dipo- 
tassique) ; la germination subit de ce fait un retard appréciable (au moins 
24 heures) et le développement du mycélium est ralenti; mais, par contre, 
la vie anaérobie dure un mois environ de plus que dans le cas précédent ; la 
quantité de gaz carbonique dégagé atteint 52°", 


SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1916. 571 

Je me suis assuré qu'il ne s'agissait pas d’un phénomène de dénitrification:; 
à la fin de l’expérience, on ne peut mettre en évidence dans le liquide la 
moindre trace de nitrite; l’ammoniaque y existe, mais à l’état de 
traces (0™8, 4), et sa présence peut s'expliquer par une légère nécrobiose du 
mycélium. De plus, l'analyse directe du gaz contenu dans le vase lorsque 
tout dégagement a cessé concorde absolument avec la composition qu’on 
déduit du changement de pression, en supposant qu’il ne se produit qu'un 
simple dégagement de gaz carbonique, sans mise en liberté d’azote libre, 
de protoxyde ni de bioxyde d'azote. 

On peut encore démontrer que c'est bien uniquement un dégagement de 
gaz carbonique qui a lieu en mettant l'atmosphère interne en relation avec 
de la lessive de potasse; la dénivellation progressive qui s'établit au début 
ue subit plus, quand tout l'oxygène a été utilisé, que les variations de la 
pression atmosphérique ; sa valeur montre que l'atmosphère interne est alors 
formée par le seul azote initial; cela nous prouve aussi, chemin faisant, que 
l’azote libre n’est pas utilisé par le Sterigmatocystis nigra. Enfin, en analy- 
sant l’azote restant dans le liquide et lui ajoutant celui que contient le 
mycélium, on retrouve l’azote introduit. 

Si l’on fait une culture dans un volume assez considérable (500™), on peut 
reconnaitre la production d’alcool et constater que la teneur du liquide de 
cette substance (environ 0,37 pour 100 en volume) correspond bien au 

volume de gaz carbonique émis ainsi qu’à la quantité de sucre consommé 
pendant la vie anaérobie. 

En présence de 2 pour 1000 de nitrate de potassium le Sterrgmatocystes 
nigra produit donc une fermentation alcoolique 3,3 fois plus considérable 
qu'en présence de la même quantité de chlorure d’ammonium; cela ne 
tient pas du reste à un développement du mycélium plus considérable dans 
le premier cas que dans le second; pour une atmosphère de même volume, 
j'ai obtenu en effet 27™8 de substance sèche dans le premier cas et 50" dans 
le second; ce poids ne dépend, pour un volume suffisant de liquide nutritif, 
que de la quantité d'oxygène mise à la disposition de la Mucédinée. 

Si l’on fournit au Champignon des doses variables de nitrate de potassium, 
on observe que la concentration optima est au voisinage de 4 pour 1000. 

Les résultats que nous-avons obtenus pour le Sterigmatocystis nigra sont 
de même ordre que ceux qui ont été signalés il y a quelques années par 
Fernbach et T (') en ce qui concerne les Levures; ces auteurs 


(*} De l'action des nitrates dans la fermentation alcoolique épi rendus, 
t. 151, 1910, p. 727). 


572 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


ont montré en effet qu’à la dose de 20 pour 1000 le nitrate de potassium 
accélère la fermentation, mais que la quantité finale d’alcool reste cons: 
tante; nous venons de voir que, dans le cas du Sterigmatocystis nigra, le 
nitrate prolonge d’une façon très notable la fermentation alcoolique et 
augmente dans la même proportion le rendement en alcool; la dose optima 
de ia catalytique est d’ailleurs beaucoup plus faible que pour les 
Levures, 4 pour 1000 au lieu d'environ 50 pour 1000. 


J 


BOTANIQUE. — Sur le développement et la structure du périthèce 
d’une Hypocréacée. Note de M. F. Vixcexs, présentée par M. L. Mangin. 


Le développement et la structure du périthèce d'un Melanospora dont 
M. le professeur Mangin a bien voulu me confier l'étude présentent 
quelques particularités intéressantes que je me propose de faire connaître 
dans la présente Note. 

L'ascogone est constitué par une cellule globuleuse portée par un pédon- 
cule court de deux à trois cellules, il est multinucléé comme ia plupart des 
cellules du thalle où l’on observe quatre éléments nucléaires rarement 
groupés en un noyau unique. Avant que l’ascogone se divise, les cellules 
du pédoncule émettent latéralement des rameaux courts qui s'appliquent 
sur lui et lui constituent rapidement une enveloppe ne comptant tout 
d’abord qu’une seule assise de cellules. D'autre part des filaments spiralés, 
nés sur les filaments mycéliens voisins, viennent s’accoler à l’ensemble ainsi 
constitué qu’ils entourent bientôt d’une deuxième enveloppe formée de 
plusieurs assises cellulaires. Souvent ces filaments recouvrants arrivent en 
contact avec l’ascogone avant que la première enveloppe soit entièrement 
constituée. Je n'ai cependant jamais observé le moindre enrichissement 
nucléaire de l’ascogone aux dépens d'une cellule de lune ou de l’autre 
assise cnvelooiene. 

Fréquemment, des filaments spiralés se forment oléraene: sur le mycé- 
lium, donnant naissance, sur leurs tours de spire, à des fructifications coni- 
diennes du type Spicaria, analogues d’ailleurs à celles qui se forment direc- 
tement sur le mycélium. De tels filaments nés au voisinage les uns des 
autres penveai aussi se grouper et se souder en amas tuberculiformes 
présentant, à s’y ARTS l’aspect extérieur de jeunes périthèces, mais 
restant stériles parce qu'ils n "emprisonnent aucun ascogone. Ce sont là des 
formations analogues à celles qui ont été déjà signalées sur le mycélium 


SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1916. 573 


de divers ascomycètes et dont on ne s’expliquait pas la stérilité parce qu’on 
prenait les filaments spiralės pour des ascogones. 

Sous sa double enveloppe, l’ascogone ne tarde pas à se diviser et ses 
divisions successives aboutissent à la constitution d’un amas de petites 
cellules à contenu dense et uninucléées. Pendant la formation de ce tissu, 
la première assise enveloppante, celle qui est issue du pédoncule, multiplie 
abondamment ses cellules et constitue ainsi autour de Jui et surtout au- 
dessus de lui un faux parenchyme de cellules multinucléées comme celles 
du thalle. Par suite de l'accroissement qui en résulte pour la masse interne, 
le tissu formé par les filaments enveloppants subit une poussée de dedans 
en dehors, les cellules de ses assises les plus voisines de cette masse s’'apla- 
tissent tangentiellement mais restent hyalines et à parois minces; les cellules 
des assises externes continuent à se multiplier, suivant ainsi la croissance 
du périthèce en même temps qu’elles brunissent et ess net 
leurs parois. 

A ce stade de son développement, le jeune périthèce contient donc les 
parties suivantes : 

1° À l'intérieur, un tissu dense formé de cellules uninucléées provenant de l'asco- 
gone; ce tissu forme un disque ou une calotte légèrement excentriques du côté de la 
base du périthèce. 

2° Autour de ce tissu, mais plus développé au-dessus de lui, un pseudo-parenchy me 
issu des cellules du pédoncule de l’ascogone.. 

3° Enveloppant ce pseudo-parenchyme, deux à trois assises de cellules hyalines 
formant également un tissu pseudo-parenchymateux, mais n'ayant pas la même origine 
que le précédent puisqu'elles proviennent de filaments recouvrants produits par des 
filaments mycéliens distincts de celui qui porte l’ascogone. 

4° Enfin, deux à trois assises de cellules protectrices à parois légèrement épaissies 
et colorées, provenant, comme les assises précédentes, des filaments spiralés recou- 
vrants. 


Plus tard on observe parfois, dans le tissu ascogène, deux cellules voi- 
sines dont la paroi commune se résorbe et dont les noyaux se fusionnent, 
mais, par suité de la compacité du tissu dont elles font partie, il m'est 
impossible de rien dire sur le degré de parenté de ces deux cellules; de 
plus, je ne saurais affirmer, d’après mes seules observations, que ces 
fusions constituent une amorce indispensable à la presse des phéno- 
mènes qu’on observe ensuite dans le tissu ascogène. 

Les cellules de ce dernier donnent parfois destins des asques, mais 
elles donnent plus souvent naissance à de courts arbuscules mycéliens, très 
condensés, à rameaux à peine distincts les uns des autres et dont les cellules 

C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 20.) ; 76 


574 ACADÉMIE DES . SCIENCES. 


ultimes se transforment presque toujours en asques; quelques-unes cepen- 
dant donnent naissance à des paraphyses constituées par de courts chape- 
lets de cellules à contenu vacuolaire et multinucléées comme les cellules du 
faux parenchyme qui les surmonte. Ces paraphyses sont d’ailleurs rares. 

Au fur et à mesure que les asques naissent et mûrissent, de nouveaux 
arbuscules se forment au-dessous d'elles, de telle sorte que le périthèce 
renferme à tout moment des asques à tous les états de développement. 
Pendant leur croissance, les asques se substituent peu à peu au faux tissu 
quiles surmonte et ainsi elles digèrent successivement le pseudo-parenchyme 
issu des cellules du pédoncule, puis les assises internes pseudo-parenchy- 
mateuses de l'enveloppe construite par les filaments recouvrants. Il existe 
donc dans le périthèce un tissu nourricier dont l’origine est double et dont 
les éléments d’origine différente restent continuellement distincts les uns 
des autres. 

En même temps que ces phénomènes s’accomplissent, l’enveloppe, 
d’abord entièrement close, se soulève au pôle opposé à l’ascogone en un 
bouton conique de plus en plus saillant dont les cellules, qui paraissent être 
refoulées par une poussée interne et étirées par la croissance du cône, se 
dissocient suivant l’axe de ce cône où se constitue un canal étroit tapissé 
de poils hyalins en forme de massue. C’est par ce canal que seront émises 
les spores libérées dans le périthèce par suite de la diffluence précoce et 
totale dé la paroi des asques. 

Je n’insisterai point dans cette Note sur les phénomènes nucléaires qui 
se produisent dans l’asque, je me bornerai pour l'instant à indiquer que 
les divisions nucléaires mettant fréquemment en évidence huit chromo- 
somes aboutissent à la formation de spores unicellulaires renfermant, soit 
deux noyaux, soit deux groupes de quatre chromosomes non fusionnés. 
A la germination, ces spores donnent deux tubes germinatifs dont chacun 
reçoit quatre chromosomes. Je n’insisterai pas davantage sur la cytologie 
du tissu ascogène; je constaterai cependant que la fusion entre deux 
noyaux provenant de cellules voisines mais primitivement distinctes dans 
ce tissu, constitue un fait non encore signalé chez les ascomycètes. 

M'étant plus particulièrement attaché à l’étude de la structure du péri- 
thèce, j je tiens surtout à faire remarquer que cette structure n ’est pas exac- 
tement conforme à l’idée que l’on paraît généralement se faire du périthèce 
des Pyrénomycetes. Nous avons vu, en effet, que les asques naissent sur des 
arbuscules de cellules ascogènes, ce qui, malgré la condensation de ces 
arbuscules, rappelle le mode d'apparition des asques chez les Plectascinales. 


SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1916. 575 


Je montrerai prochainement que l’on retrouve cette structure, souvent 
avec encore plus de netteté, chez un certain nombre de Pyrénomycètes | 
appartenant à des familles très différentes et si l’on songe que la classifica- 
tion actuelle des Pyrénomycètes, tout à fait artificielle, ne tient aucun 
compte des affinités, on comprendra l'intérêt des recherches dont je publie 
aujourd’hui les premiers résultats. 


BOTANIQUE APPLIQUÉE. — Sur lacclimatation en France d'une plante à 
tanin à croissance rapide, la Canaigre. Note de M. Anpré Piéparru, 
présentée par M. Costantin. 


On sait quels désastres le déboisement peut produire en France. En 
dehors de la guerre même et des besoins de l’Armée, une des causes du 
déboisement intensif est la fabrication des extraits tannants de chêne et de 
châtaignier, plantes à croissance lente. 

Pour alimenter les usines et donner satisfaction aux besoins de cette 
grande branche industrielle qu’est la tannerie, tout en garantissant nos 
forêts de la destruction qui les menace, il faut chercher des plantes tanni- 
fères à croissance rapide. 

Plusieurs Polygonacées contiennent du tanin. La Canaigre est au nombre 
des plus riches. Elle contient dans ses tubercules jusqu’à 28 à 30 pour 100 
de tanin. J'ai déjà parlé à la Société nationale d’Acclimatation de sa cul- 
ture possible et intéressante pour la Corse et la France méridionale, jusqu’à 
la Loire. Cette Note est destinée à montrer qu’on peut la cultiver égale- 
ment dans la région parisienne et la partie septentrionale de la te 


La Canaigre (Rumes hymenosepalum Torr.) est une plante herbacée voisine de 
notre oseille. Elle est originaire du sud-ouest des États-Unis, de l’Arizona et des 
régions avoisinantes. Elle pousse en abondance à l’état sauvage dans des terrains 
sablonneux de régions à humidité modérée où la température moyenne ne dépasse pas 
20° à 22° C, Elle vit bien à Cuba, dans le nord de l'Italie, au jardin d'essais d'Alger, 
ainsi qu’au Muséum de Paris où elle est protégée par un châssis pendant l'hiver. 

C’est qu’en effet, dans ces derniers pays, cette plante a une végétation hivernale et 
printanière. 

Au Muséum, sous verre, elle pousse en novembre pour faner aux: premières fortes 
chaleurs, fin juin, C’est d’ailleurs l’époque de la récolte dans les pays où on la cultive. 

La racine continue à vivre dans le sol. Elle müûrit ses réserves et pousse à nouveau 
aux premières pluies d'automne. 

Ses tubercules ressemblent à ceux des Dahlias. Ils ont une résistance telle à la des- 


576 ACADÉMIE DES SCIENCES. 
siccation, que j'en ai vu bourgeonner après plusieurs mois d'exposition sur une table 
de laboratoire. 

Normalement, ils peuvent vivre cinq années, mais on a avantage à les récolter tous 
les deux ans. 

On ne pouvait jusqu'ici penser à cultiver cette plante dans le nord de la France à 
eause de l'hiver. Les expériences que je poursuis à Sèvre, (Seine-et-Oise) depuis 
cinq ans semblent prouver que sa culture est parfaitement possible partout en France, 
puisque mon plant, sans protection, n’a pas gelé pendant l'hiver 1913-1914 par 
des températures de — 12° C. Les essais d’acclimatation de cette plante à la région 
parisienne ont été faits avec des tubercules provenant du plant protégé du Muséum. 

LA première année, les feuilles ont poussé dès l'automne pour geler aux froids un 
peu vifs, la repousse eut lieu au printemps. 

Dès la seconde année, la pousse eut lieu seulement en février, mars, pour faner 
seulement après le 15 août. 

Cette année j’ai fait un essai de rendement, 

Dans une caisse garnie de terre fortement mélangée de cendres et scories de houille 
et d’anthracite pour ameublir, fumée avec du fumier de cheval, j'ai placé, un peu tard, 
en mars, un lubercule d'une année qui m'a donné, en fin août, onze autres tubercules 
d’une bonne venue qui bourgeonnent en cette saison. 


Quatre faits sont intéressants à retenir de cette expérience : 


1° La Canaigre se développe naturellement sous nos climats. 
2° La végétation retardée, d’automnale devient printanière. 
A Elle résiste ainsi facilement aux froids de nos hivers. 
° Dans un sol meuble et nourri, elle parait donner un BE AREH a inté- 
CENTS même placée dans un endroit peu favorable par défaut de lumière 
“et ue de parasites. 


Il y aurait lieu de faire des cultures en plein champ pour étudier le ren- 
dement pratique de cette plante et aussi d'étudier son rendement en tanin 
sous nos climats; c’est ce que je me propose de faire dès que les circon- 
stances me le permettront. 


ZOOLOGIE, — Viviparité et parthénogenèse chez les Annélides polychèles : 
un nouveau Syllidien vivipare (Ehlersia nepiotoca, n. sp.). Note de 
MM. M. Caurvenry et F. Messi, présentée par M. Henneguy. 


l: La viviparité chez les Annélides polychètes est un phénomène tout à 
fait exceptionnel. En ayant découvert un exemple (') en 1898, chez un 


(') Messir et Cauizerv, Sur la viviparité d'une Annélide polychète (Comptes 
rends, t: 127, 1898, p- 486-189). 


SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1916. 65 


Cirratulien, Dodecaceria concharum Oerst. (forme A), nous avons fait une 
revue critique des cas précédemment signalés (') et nous avons conclu à les 
classer en deux groupes : 1° viviparité occasionnelle avec hermaphrodisme 
(Néréidiens, Serpuliens); 2° viviparité probablement normale et avec 
parthénogenèse ( Cirratuliens, Syllidiens). 

Nos observations sur Dodecaceria, faites sur un très grand nombre d'indi- 
vidus, nous ont conduits à voir dans sa viviparité, chez la forme A, un 
phénomène normal et ne pouvantse concevoir qu'avec parthénogenèse. 

Pour le cas des Syllidiens, la viviparité de Syllis vivipara, alors encore 
contestée, a été ensuite définitivement établie, dans les conditions où 
Krohn l’avait décrite, par les observations de Ferronnière, de Goodrich et 
de A. Michel (?). Ces deux derniers auteurs ont eu sous les yeux, l’un 20, 
l’autre 14 individus, tous vivipares et sans trace de spermatogenèse. La 
parthénogenèse et le caractère normal de la viviparité chez ce Syllidien 
sont donc tout à fait vraisemblables. 

Rappelons encore que Monticelli, qui a découvert la reproduction sexuée 
des Ctenodrilus (*), a constaté qu’elle avait lieu avec viviparité, liée, d’après 
lui, à l’hermaphrodisme probablement et à l’autofécondation. 


2. En septembre dernier, nous avons observé la viviparité, dans des 
conditions semblables à celles de Syllis vivipara, chez un des nombreux 
Syllidiens vivant dans les mares à Lithothamnion de la Hague (anse Saint- 
Martin). Tl s’agit encore d’une Syllis, maïs nettement différente des 
espèces vivipares connues, S. vivipara Krohn et S. incisa Fab., qui appar- 
tiennent au sous-genre Typosyllis. La nôtre rentre dans le sous-genre 
Ehlersia, caractérisé par le dimorphisme des soies et y fait partie du même 
groupe de formes que E. cornuta Rathke, E. sexoculata Ehl., E. nitida 
Verrill, etc., groupe caractérisé, dès le premier sétigère, par ses soies 
anormales composées, à serpe terminale très longue et fine. 

L’'Ehlersia de la Hague se différencie morphologiquement par sa petite 
taille (5m à §mm sur omm, 5 après fixation), par le petit nombre de ses seg- 
ments (35 à 47), par ses antennes et cirres pauciarticulés (nombre moyen 
d'articles 10, dépassé seulement pour l'antenne impairc et les cirres du 


(+) Cauzcery et Messi, Les formes épitoques et l'évolution des Cirratuliens (Ann. 
Univ. Lyon, fasc. 39, 1898, 3° Partie, Chap. V, p. 178-183). 

(?) Fenronnière, Bull. Soc. Sc. nat. Ouest France, t.9, 1899, p- xxv, et 2° série, t, 9, 
1909, p. vi-vur. — Goopricn, Journ. Linnæan Soc. London : Zoology, t. 28, 1900, 
p. 105-108, — Micael, Comptes rendus, t. 147, 1908, p. 142 

(°) Congr. Natural. ital., Milano, 1906, et Archivio écolsgieo, t. 4, 1910, p. 4o1. 


578 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


premiér et parfois du quatrième sétigère). Nous en ferons ailleurs une 
étude détaillée. Nous la considérons, pour le moment, comme une espèce 
nouvelle et distincte, que nous nommerons Ehlersia nepiotoca n. sp. (*). 

Nous en avons rencontré six individus, renfermant, dans le cœlome, 
des jeunes à divers stades du développement, au nombre d'une dizaine. 
Les plus âgés avaient 13 sétigères el étaient complètement différenciés 
dans tous leurs organes, externes ou internes (parapodes, tube digestif, 
proventiricule, etc.). [ls sortent donc de l'organisme maternel, comme 
chez S. vivipara, à un stade très avancé et sont produits en petit nombre. 
Parmi les nombreux Syllidiens du même habitat, nous n’en avons trouvé, 
à cette période de l’année, aucun qui puisse être considéré comme le mâle 
de l’espèce. On se trouve donc, par les observations précises de Goodrich, 
de Michel et de nous-mêmes, en les groupant, comme il est logique, tant 
chez S. vivipara que chez E. nepiotoca, en présence de 4o femelles, sans 
qu'on ait vu aucun mâle ni constaté trace d’hermaphrodisme. Il est donc 
de plus en plus probable que la viviparité de cés Syllidiens, comme celle 
de Dodecaceria, est d'ordre parthénogénétique. yi 

Il faut noter en outre l’évolution toute spéciale de l'ovaire de ces Sylli- 
diens vivipares, un très petit nombre d’ovules se formant à la fois, à la 
différence des types ordinaires. 


3. La question se pose de savoir si ces Syllidiens vivipares sont des 
espèces réellement autonomes, n’existant et ne se propageant que sous 
cette forme ou bien s'ils ne représentent qu’une phase plus ou moins pro- 
longée d’un cycle se terminant par une forme ovipare et bisexuée. 

Déjà, en 1898, pour Dodecaceria, nous avons indiqué la possibilité que 
les individus vivipares se transforment finalement en la forme C, épitoque, 
ovipare et plus grande. | 

Tous les auteurs qui ont observé S. vivipara, insistent sur son étroite 
ressemblance morphologique avec S. prolifera. De même, E. nepiotoca 
diffère peu de E. sexoculata qui est plus grande, certainement ovipare et 
schizogame. En somme les formes vivipares se rapprochent énormément 
de certaines espèces oyipares. Peut-être se transforment-elles régulière 
ment ou dans des conditions déterminées, en individus ovipares et schizo- 
games. Ferronnière, en particulier, a soupçonné une transformation n ce 
genre, sous l'influence des facteurs extérieurs, pour la S. vivipara qu il a 
rencontrée au Croisic, à côté de S. prolifera. Alors la viviparité de cette 

Re 


(1) De vario, jeune, et r6x0<. Ce nom rappelle la viviparité. Le nom vivipara ne 
peut être employé, étant déjà appliqué à une autre espèce du genre Syllis. 


SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1916. 579 


espèce ne serait pas un processus normal, mais dépendant des circon- 
stances ; nous ne croyons guère cette dernière hypothèse vraisemblable. 

Nous inclinerions plutôt aujourd’hui à concevoir la signification de ces 
formes parthénogénétiques et vivipares d’une façon que nous avions 
déjà suggérée en 1898 (Loc. cit., p. 182, note) etque nous allons préciser. 

Les Syllis vivipares, peut-être aussi les Dodecaceria, seraient un cas de 
parthénogenèse cyclique pædogénétique, équivalent à celui qui est bien 
connu maintenant chez certaines larves de Cécidomyies ( Miastor, ete.). On 
sait que ces Diptères se propagent, pendant une série de générations, à 
Pétat larvaire, par parthénogenèse et viviparité, jusqu’à ce que, en vertu 
d’un déterminisme encore mal connu, une génération finale de larves se 
transforme, sans s'être préalablement reproduite, en insectes parfaits, 
femelles ovipares ou mâles. Les larves vivipares ne sont donc pas des 
espèces distinctes, autonomes, mais une forme particulière d’un cycle où, 
comme dans la généralité des cas de parthénogenèse, ce mode de multipli- 
cation alterne avec la reproduction bisexuée. Il y a, pour qui a observé les 
phénomènes chez les Syllis et les Cécidomyies, des analogies d’allure frap- 
pantes. 

Dans cette hypothèse, les Syllis vivipares se rattacheraient à d’autres 
formes se reproduisant normalement. Elles se propageraient pendant une 
série plus ou moins longue de générations, par parthénogenèse et viviparité, 
à un stade de jeunesse (pædogenèse) indiqué par leur petit nombre de seg- 
ments, et finiraient, suivant un déterminisme à préciser, par donner la 
forme parfaite ovipare et bisexuée de l'espèce. Des cultures de ces Syllis 
vivipares en aquarium, que nous ne pouvons pas réaliser en ce moment, 
permettraient vraisemblablement la vérification de cette hypothèse. 


MÉDECINE. — L'entérite, panne nerveuse. Note de M. Pierre Boysun, 
présentée par M. Ed. Perrier. 


Comme chez le nourrisson, l’entérite de l'adulte doit être considérée 
comme une panne des centres nerveux bulbaires qui règlent les fonctions 
digestives (motrices, sensilives, sécrétoires, diaphylactiques). Des milliers 
d’expérimentations, poursuivies systématiquement par moi depuis neuf 
ans, et qui ont fait l'objet de multiples publications, montrent que tous les 
troubles digestifs, quels qu’ils soient, disparaissent souvent presque instanta- 
nément, si l’on parvient à solliciter physiologiquement ces centres bulbaires 
digestifs, au moyen de légères galvanocautérisations de la muqueuse nasale, 


580 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


par l'intermédiaire des filets du nerf trijumeau aboutissant dans le bulbe 
au niveau de ces centres. 

- On peut, chez le nourrisson, faire disparaitre la panne digestive aussi faci- 
lement que la panne respiratoire à la naissance. Des millions de nouveau- 
nés seront sauvés de cette cause si fréquente de destruction quand le corps 
médical comprendra le parallélisme de ces deux pannesbulbaires, et traitera 
la seconde comme on traite la première depuis qu'il naît des enfants. 

Depuis la guerre, les privations, le malmenage digestif, le froid, et par- 
dessus tout l'anxiété, que connaissent les plus braves, mettent bon nombre 
d’activités nerveuses en équilibre instable, et la panne digestive n’a guère 
d’autre cause chez nos soldats. Le traumatisme lui-même trouve facilement 
un terrain propice à la provocation de grands désarrois fonctionnels, les- 
quels, grâce au mécanisme de l’épistasie, persistent longtemps après la 
disparition du choc qui leur a donné naissance. Ici encore, quand cette 
méthode physiologique sera comprise et appliquée, on récupérera aisément 
des milliers de soldats qui traînent dans les hôpitaux, depuis de longs mois, 
des entérites dont le traitement ordinaire ne peut avoir raison. 

Quand il s’agit d’éveiller ou de réveiller des centres bulbaires, il faut 
observer que, pour des fonctions qui mettent en œuvre la motricité dite 
volontaire et les muscles striés, comme pour l'acte respiratoire, comme 
pour les phénomènes paratoniques, contractures, qui suivent les blessures 
de guerre, la sollicitation centripète peut, dans une prudente mesure, être 
vive, brutale, comme dans la flagellation du visage chez le nouveau-né ou 
le chloroformé qui asphyxient, ou dans le torpillage électrique des contrac- 
turés traumatiques. Mais s’il s’agit de rendre leur équilibre fonctionnel à 
des centres viscéraux, moteur à fibres lisses, sécrétoires, diaphylactiques, 
surtout quand il y a anxiété, l'expérience montre au contraire qu'il faut 
rechercher la plus délicate sollicitation, à peine sentie. La manière forte, 
l'attaque brusquée ne valent rien pour rendre l'équilibre à un centre phy- 
siologiquement luxé, en épistasie, et tout ce qui ressemble à un torpillage 
sera plutôt dangereux, ne supprimant aucun trouble, pouvant l’exagérer 
ou en susciter d’autres. 


À 16 heures trois quarts l’Académie se forme en Comité secret. 


- 


SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1916. 581 


COMITÉ SECRET. 


LES LABORATOIRES NATIONAUX DE RECHERCHE SCIENTIFIQUE, 


(Rapport de la Commission d'action extérieure de l’Académie des Sciences: 
MM. Jordan, président ; Lippmann, Émile Picard, d’Arsonval, Haller, 
A. Lacroix, Tisserand; Le Chatelier, rapporteur.) 


Toutes les grandes nations industrielles, à l’exception de la France, 
possèdent des laboratoires nationaux de recherche scientifique systéma- 
tiquement orientés vers l'étude des problèmes techniques; ces labora- 
toires ont exercé une action féconde sur le développement économique de 
nos concurrents. En Angleterre, le National Physical Laboratory, créé sur 
l’initiative du professeur Glazebrook, son directeur actuel, de lord Ray- 
leigh, de Sir Robert Hadfeld et placé sous le contrôle de la Société royale 
de Londres, a pris rapidement un grand développement. En outre, depuis 
la guerre, le Parlement a voté une subvention annuelle dépassant 1 million 
de francs pour les encouragements à la recherche scientifique. Aux États- 
Unis, le Buréau of Standards dispose de crédits plus considérables encore. 
D'autre part, le Ministère de l'Agriculture, à Washington, et les divers 
Etats consacrent annuellement près de 20 millions à l'entretien de labora- 
toires et de stations expérimentales travaillant ä des recherches de science 
agricole. Enfin la fameuse Institution Carnegie, fondée au capital de 
100 millions, a créé des centres d'étude devenus célèbres par la publication 
de travaux scientifiques de tout premier ordre. En Allemagne, le Physika- 
lische Reichsanstalt a été organisé sous l’impulsion de Werner Siemens; 
plus récemment, le Technische Reichsanstalt a pris une situation considé- 
rable sous la direction du professeur Martens; aujourd'hui enfin, la 
Wilhelm Gesellschaft fonde de nombreux Instituts de recherche, grâce à 
une subvention de 30 millions versée à l’empereur par les grands indus- 
triels allemands. | 

La France ne peut pas continuer à se désintéresser de ce mouvement 
scientifique. Dans le passé, elle a pendant longtemps gardé l'initiative de 
toutes les études tendant à appliquer les découvertes scientifiques au pro- 
grès de l’industrie. Faut-il rappeler les travaux de Vicat sur les ciments, 

C., R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 20.) 77 


582 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


point de départ de l’industrie des produits hydrauliques dans le monde 
entier; les recherches de céramique inaugurées par Brongniart à la Manu- 
facture de Sèvres et si brillamment continuées par Salvetat, Ebelmen et 
Vogt; les études de Regnault sur les propriétés de la vapeur d’eau, titre de 
gloire inoubliable pour les laboratoires du Collège de France ou encore les 
travaux de science agronomique effectués au Conservatoire des Arts et 
Métiers par Boussingault et Schlæsing. Dans l’industrie privée, le labora- 
toire de la Compagnie parisienne du Gaz, créé sur les indications de 
Regnault, et dirigé successivement par Audoin et Émile Sainte-Claire 
Deville, nous a longtemps maintenus à la tête de tout progrès dans l’éclai- 
rage au gaz. Les recherches sur les alliages métalliques, dirigées et subven- 
tionnées par la Société d'Encouragement à l'Industrie nationale, sont 
partout citées avec honneur. Mais, aujourd'hui, tous ces centres de 
recherche sont en sommeil. 

Des savants isolés continuent certainement à s'intéresser aux recherches 
de science industrielle : les travaux de MM. Mesnager, Rabut sur le ciment 
armé, de MM. le duc de Guiche, Eiffel sur la résistance de l'air, Frémont 
sur les machines-outils, etc. font grand honneur à la France, mais ce sont 
des initiatives individuelles; elles s’exercent en dehors de toute organisation 
permanente assurant la continuité des recherches et cesseront lors de la 
disparition de leurs auteurs. 10. 

Le rôle prépondérant des sciences expéri tales dans le développement 
de l'Industrie est aujourd’hui un fait hors de discussion. Sans l'intervention 
directe de la Science, il faut se contenter de copier ses voisins et d’entre- 
tenir une industrie languissante. La plupart des progrès si rapides de ces 
cinquante dernières années sont dus à l'emploi des méthodes scientifiques 
de travail. Le laboratoire est devenu un des organes les plus indispensables 
de lusine moderne. Faute de l'avoir compris, nous nous sommes dans le 
passé ‘laissé devancer par nos concurrents étrangers. Puisse cette leçon ne 
pas être perdue. Après la guerre nos industriels voudront certainement 
rattraper le temps perdu. Mais les laboratoires d’usine ne suffisent pas ; de 
nombreux problèmes nécessitent pour leur étude des installations plus 
complètes. Les laboratoires nationaux doivent répondre à ce desideratum. 
L'emploi de la méthode expérimentale demande souvent l'usage de pro- 
cédés de mesure perfectionnés et très délicats, difficiles à introduire dans 
lés usines particulières. D’autre part, les dépenses relatives à certames 
questions d'intérêt général doivent légitimement être supportées par len- 
semble des contribuables. | 


SÉANCE DU 13 NOVEMBRE si 583 


Enfin, l’absence d'organisations consacrées à l'étude des problèmes 
d'intérêt général nous a souvent mis vis-à-vis de l'étranger dans un état 
d'infériorité regrettable. En 1908, lors de la Conférence de Londres 
instituée en vue de la revision des étalons électriques, la France faillit être 
écartée des recherches internationales projetées, faute d’avoir un labora- 
toire national autorisé pour collaborer à ces études. Il fallut attribuer. au 
Laboratoire de la Société internationale des Électriciens un caractère 
gouvernemental fictif, pour lui permettre de nous représenter utilement. 

our la même raison, beaucoup de méthodes de mesure employées dans 
nos laboratoires d’essais sont d’origine étrangère. Les essais de ciment se 
font avec la briquette Michaëlis (Allemagne), avec la sonde Tetmajer 
(Hongrie), etc. On a récemment adopté, à la suite d’une entente interna- 
tionale, un procédé d’essai des métaux, dit des barreaux entaillés, d’origine 
exclusivement française; mais son adoption a été votée au Congrès de 
Copenhague, sur le rapport d’un des directeurs des établissements Krupp, 
rapport présenté au nom d’une Commission d'ingénieurs allemands et 
appuyé sur des expériences faites au laboratoire de Gross Lichterfeld. Nous 
n'avions pas eu le moyen de mettre nous-mêmes cette question au point. 

L’étude des procédés de mesure servant aux essais des matériaux et des 
machines, le choix des grandeurs à mesurer pour définir les qualités des 
matériaux appartiennent aux laboratoires nationaux; cette fonction leur est 
dévolue dans tous les pays étrangers. Pour étudier utilement ces méthodes 
de mesure, très improprement appelées méthodes d'essai (ce terme est une 
réminiscence de l'empirisme et de l’alchimie des siècles passés), il faut 
avoir l’occasion d'exécuter assez fréquemment cesessais et bien en posséder 
la pratique. Cependant leur réalisation habituelle n’est pas une fonction 
essentielle des laboratoires nationaux. Les essais courants doivent norma- 
lement être faits dans les laboratoires d'usine ou dans des laboratoires par- 
ticuliers. En cas de désaccord, il appartient aux laboratoires nationaux de 
départager les laboratoires privés. Jamais cependant les dépenses de ces 
études, faites au profit d'intérêts particuliers, ne doivent être supportées 
par les contribuables, Au National Physical Laboratory, toutes les 
recherches privées sont taxées à un chiffre supérieur de 5o pour 100 aux 
dépenses réellement occasionnées et cet excédent de recettes est appliqué 
à des recherches d'intérêt général. 

La fonction essentielle des laboratoires nationaux est de se livrer à des 
recherches scientifiques d'intérêt général pour l’industrie, mais ne pouvant 
Pas rapporter de bénéfice immédiat, ou encore à des recherches intéres- 


584 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


sant un grand nombre d'établissements industriels distincts, la réalisation 
parallèle des mêmes recherches dans toutes les usines devant entraîner des 
dépenses inutiles. Comme exemple de recherches d’intérêt général, à réa- 
lisations lointaines, on peut mentionner les études sur la constitution des - 
métaux et alliages poursuivies très activement aujourd'hui dans les trois 
grands laboratoires de Londres, Washington et Berlin; les recherches sur 
la constitution des ciments hydrauliques poursuivies à Washington et 
à Berlin. La connaissance plus complète de ces matériaux, d’un usage si 
fréquent, est certainement avantageuse à l’industrie en général, sans se 
traduire pour cela par la découverte de nouveaux produits vendables. Il en 
est de même des recherches poursuivies dans différents laboratoires de 
l'Institution Carnegie, par exemple celles du Geophysical Laboratory, sur 
la constitution des silicates de l'écorce terrestre et des laitiers industriels, 
ou célles du Nutrition Laboratory, sur l'alimentation des êtres vivants, etc. 
Parmi les recherches d’une application plus immédiate, intéressant à la 
fois un grand nombre d'établissements similaires, on peut mentionner les 
études effectuées au laboratoire anglais sur les outils en acier à coupe rapide, 
sur les propriétés et la fabrication des alliages légers d'aluminium, sur les 
meilleures formes des carènes de navires de commerce, sur les toiles et 
enduits servant à la construction des aéroplanes et des ballons, etc. 
Le laboratoire de Londres, et certainement aussi celui de Berlin, mais 
nous manquons de renseignements sur les travaux récents de ce dernier, 
ont rendu depuis le commencement de la guerre des services inappréciables 
à leur pays. Le laboratoire de Londres, indépendamment d’études encore 
tenues secrètes, a mis au point la fabrication de la verrerie de laboratoire, 
généralement importée d'Allemagne avant la guerre ; il a précisé les 
dimensions des canalisations nécessaires sur les navires de guerre pour 
la circulation des différents pétroles employés au chauffage des chaudières; 
il l'a fait par des mesures de grande précision sur les coefficients de visco- 
sité des divers carbures d'hydrogène et sur leur variation en fonction de la 
température ; il a étudié les appareils d'optique employés pour le réglage 
du tir de l'artillerie, etc. Il est malheureusement trop facile au contraire de 
montrer les inconvénients graves occasionnés chez nous par l'absence. 
d’une organisation semblable. Nous en sommes encore à chercher comment 
faire étudier la verrerie de laboratoire fabriquée en France. De ce fait nos 
industriels se trouvent en retard de plus d’un an sur leurs concurrents 
anglais. Pour le réglage de nos fours céramiques, nous employions des 
montres, dites de Seger, fabriquées en Allemagne et étalonnées dans les 


SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1916. 585 


laboratoires de ce pays. Nous pourrions en fabriquer, mais nous ne savons 
où les faire étalonner. De même pour les produits réfractaires et surtout 
les briques de silice. Nous les faisions venir, pour la majeure partie, de 
l'étranger et aera hui, faute d'une itetullutian pour en contrôler les 
propriétés, nous n’arrivons pas à mettre notre fabrication au point. Bien 
d’autres exemples intéressant plus directement la défense nationale 
doivent pour le moment être passés sous silence. 

Les recherches poursuivies dans ces laboratoires nationaux diffèrent 
complètement de celles des laboratoires scientifiques proprement dits. 
Elles ne visent pas à découvrir des faits nouveaux, mais à préciser par des 
mesures multiples des faits connus d’une façon seulement qualitative. La. 
fabrication des montres Seger, par exemple, n’exige aucune découverte; 
on connaît depuis longtemps le fait de l’abaissement du point de fusion du 
kaolin par l'addition de bases alcalines ou alcalino-terreuses. Il faut seule- 
ment déterminer, par des mesures très précises, le nombre de degrés 
correspondant à des additions déterminées de fondant. Ce sont là des. 
expériences fastidieuses, demandant la répétition des mêmes mesures sur 
des mélanges de composition progressivement variables, Les savants indé- 
pendants, travaillant dans leurs laboratoires personnels, ne se consacrent 
pas volontiers à des recherches semblables. Elles n’en sont pas moins de 
première importance. Les laboratoires organisés pour leur réalisation 
rendent à l’industrie et même à la science des services égaux, parfois . 
supérieurs à ceux des laboratoires orientés vers la seule découverte des 
faits nouveaux. En tout cas les domaines peop à ces deux catégories de 
laboratoires sont entièrement distincts. 

L'étude des détails d'organisation des laboratoires de recherche a une 
grande importance pour en assurer le bon rendement, Le personnel doit 
avant tout être rompu aux méthodes scientifiques de travail. Cela est 
indispensable du moment où le but essentiel de ces laboratoires est d'appli- 
quer aux problèmes de la pratique les ressources les plus complètes de la 
Science. On pourrait être tenté d'attribuer aux connaissances techniques 
une importance égale à celle des connaissances scientifiques, de placer sur 
le même rang l'ingénieur praticien et le savant de métier. Ce serait là unc, 
erreur complète, Un savant peut très rapidement s’assimiler les connais- 
sances pratiques utiles, mais la réciproque n’est pas vraie. Un ingénieur 
d'usine arrivera difficilement, et peut-être jamais, à s'assimiler l’usage des 
méthodes précises de mesure, s’il n’en a pas fait une étude approfondie dès 
sa Jeunesse. L'exemple des laboratoires étrangers est là pour le prouver; le 


586 ACADÉMIE DES SCIENCES, 


cas du National Laboratory de Londres est à ce point de vue tout à fait 
topique. Son directeur, le professeur Glazebrook, est un professeur de 
Physique connu par des travaux d’optique théorique; le Conseil de ce 
laboratoire est composé pour moitié de membres de la Société royale de 
Londres et il est présidé par le président de la Société royale, c’est-à-dire 
depuis la fondation du laboratoire par Lord Rayleigh, Sir Archibald Geikie, 
Sir William Crookes et aujourd’hui par J.-J. Thomson. Malgré cette orien- 
tation exclusivement scientifique, ce laboratoire a su gagner complètement 
la confiance des industriels, Ceux-ci n'hésitent pas à le charger à locca- 
sion de la mise au point de procédés de fabrication; cela sort pourtant un 
peu des attributions normales d’un laboratoire de recherche scientifique. 

Pour la direction efficace d’un semblable laboratoire il faut, à des con- 
naissances scientifiques très étendues, joindre une forte dose de bon sens. 
Des influences puissantes tendent en effet constamment à détourner l’atten- 
tion des problèmes les plus importants. Chaque savant, directeur ou chef 
de service, a ses préférences personnelles, et il lui faut résister à la tentation 
de sacrifier l'intérêt général à son point de vue particulier. Jes industriels, 
d'autre part, recommandent trop souvent des recherches d’un intérêt dou- 
teux ou présentant des difficultés insurmontables de réalisation. Un labo- 
ratoire national de recherche a constamment à se défendre contre ces 
influences perturbatrices ; son succès dépend avant tout du choix des ques- 
tions mises à l'étude. Il n’est pas possible d’autre part de chercher à éviter 
ces difficultés en délimitant rigoureusement à l’avance le champ d’activité 
du laboratoire, car son programme dépend nécessairement de conditions 
tous les jours variables. Lors de la création du National Laboratory, per- 
sonne ne pouvait prévoir son rôle capital en temps de guerre. 

En dehors du choix du personnel, un second détail d'organisation égale- 
ment, important est la division du laboratoire en services distincts. Sur ce 
point, il est plus difficile encore de formuler des prescriptions générales; il 
faut dans une large mesure tenir compte de conditions extérieures au labo- 
ratoire. Un premier point à trancher est celui de la répartition de l'en- 
semble des recherches de science industrielle; faut-il les grouper dans un 

lét tou les diviser entre une série de laboratoires indépendants? 
C’ est aujourd'hui, u un usage général de séparer les laboratoires de science 
agronomique de ceux de science industrielle proprement dite. Peut-être y 
aurait-il lieu de prévoir un troisième laboratoire consacré aux industries 
chimiques, surtout aux industries organiques. L'industrie du papier, par 
exemple, est rattachée tantôt au laboratoire de mécanique (Allemagne), 


SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1916. oo SR 


tantôt au laboratoire d'agriculture (États-Unis). En Allemagne, les 
sciences industrielles proprement dites ont deux laboratoires : le Technische 
Reichsanstalt chargé des industries mécaniques et de certaines industries 
chimiques (métallurgie, ciments et papier); le Physikalische Reichsanstalt 
s'occupant des études relatives à l'électricité, la chaleur et optique. 

Dans chaque laboratoire, il y a lieu de prévoir en outre des divisions 
intérieures. On séparera les sciences nécessitant l'usage d’appareils de 
mesure tout à fait distincts. Le maniement de ces divers appareils ne peut 
pas être également familier à chaque savant ou opérateur du laboratoire. 
On a ainsi les cinq sections de métrologie, mécanique, électricité, optique 
et chaleur. On pourrait même isoler l’une ou l’autre de ces sections pour en 
faire des laboratoires distincts; certaines situations de fait peuvent justi- 
fier cette mesure. 

Cette division théorique par catégorie de science n’est jamais complète- 
ment respectée dans la pratique; on se trouve généralement conduit à 
créer des sections spéciales correspondant non plus à une science élémen- 
taire déterminée, mais à une technique particulière, nécessitant pour son 
étude complète l’emploi simultané de différentes méthodes de mesure. 
Dans tous les pays étrangers, il y a une section de métallurgie; il y a parfois 
aussi, comme en Allemagne, une section des ciments et une section des 
papiers, ou, comme en Angleterre, une section pour l’étude des carènes de 
navires. Enfin, certaines vérifications exécutées par grande quantité à la 
fois, comme celles des alcoomètres, des thermomètres médicaux, seront 
groupées, avantageusement au point de vue de l’organisation du travail et 
de l’économie de la main-d'œuvre, en subdivisions spéciales de telle ou 
telle section. Mais toutes ces sections et subdivisions supplémentaires 
doivent être créées seulement au fur et à mesure des besoins reconnus. 

Les considérations précédentes montrent la nécessité urgente de créer 
en France un laboratoire national de recherche scientifique. 

En se bornant actuellement aux recherches de Physique et de Mécanique, 
ce laboratoire pourrait être placé sous le contrôle de l’Académie des 
Sciences, comme le National Physical Laboratory est placé sous le con- 
trôle de la Royal Society. Ces deux institutions comptent dans leurs 
membres des savants d'origine très diverse et des compétences variées. 
Ainsi serait réalisé le désir si souvent formulé d’une alliance étroite entre 
la science et l’industrie. L'Académie ne peut manifestement diriger elle- 
même une telle institution. La direction en serait confiée à un Conseil 
composé de membres nommés par l’Académie des Sciences, de représen- 


588 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


‘tants des divers ministères et de délégués des grands syndicats industriels. 

“Un Comité technique, peu nombreux, serait chargé de contrôler l’activité 

du laboratoire, de choisir les sujets d’études et d’arrêter les propositions 

relatives au recrutement du personnel. Un projet sommaire annexé à ce 

rapport précise le hode de fonctionnement du laboratoire et de nomination 
du apres 


Après discussion de ce rapport, le vœu suivant a été voté à l’unanimité: 


:« L'Académie des Sciences, convaincue de la nécessite d'organiser en 
France, d’une manière systématique, certaines recherches : scientifiques, 
émet le vœu de voir créer. un Laboratoire national de Physique el de 
Mécanique, chargé spécialement de poursuivre des recherches se RAME 
utiles au progrès de l’industrie. 

> Comme cela existe dans d’autres pays, ce Laboratoire serait placé sous 
la re el le contrôle de l’Académie des Sciences. » 


La séance est levée à 18 heures. 


ERRATA. 


(Séance du 23 octobre 1916.) 


Note de M. G. Humbert, Sur as fonctions numériques remar- 
quables : 
Page 417, ligne 7, au lieu de H(a — 5); lire H (3— á): 
» ligne 13, “à (a), DS orld). 
ez" ligne th, n 22(a), ñ 3 92(4). 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 20 NOVEMBRE 19146. 


PRÉSIDENCE DE M. Cawice JORDAN. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE D'ACADÉMIE. 


THÉRAPEUTIQUE. — De l'emploi alternant des antiseptiques. 
Note de M. Cnances Ricner. 


I. J'ai montré que des organismes microbiens (ferment lactique) se 
développant dans des solutions anormales, c’est-à-dire des solutions qui 
contiennent certaines faibles proportions d’un corps toxique, s’accoutument 
très vite, parfois en 24 heures, à la substance inhabituelle qui leur est 
imposée. Si on les ensemence plusieurs jours de suite dans ce même milieu, 
légèrement toxique, pour peu que la concentration du poison ne soit pas 
trop forte, ils s’y habituent ('). 

Donc il y a accoutumance des microbes au poison, et cette accoutumance 
estsi marquée qu'avec certaines substances, comme l’arséniate de potasse 
et le nitrate de thallium, l’activité est cinq à six fois plus forte pour le 
ferment accoutumé que pour le ferment non accoutumé. En général, la 
différence est un peu moindre; mais aux nombreuses substances que j'ai 
essayées, toujours l’accoutumance se manifeste; et l’activité est deux 
fois plus grande pour le ferment accoutumé. Je n’ai pas encore rencontré 
d'exception. , 

Par conséquent nous devons admettre que cette accoutumance aux 
poisons s'applique aussi aux antiseptiques, qui sont des poisons pour les 
microbes, et que, lorsque tels ou tels microbes végètent dans une plaie 
infectée, ils finissent par tolérer des concentrations auxquelles ils n’eussent 


(*) L'accoutumance héréditaire aux toxiques dans les organismes inférieurs 
(Comptes rendus, t. 158, 1914, p. 764-770). 
C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 21.) 78 


590 ACADÉMIE DES SCIENCES. 

pas résisté s'ils n’avaient pas, par une adaptation héréditaire, fini par 
acquérir une relative immunité contre la substance toxique à l’action de 
laquelle on les a soumis. 


H. Or il semble que les chirurgiens se préoccupent peu de cette adap- 
tation progressive des microrganismes à la solution antiseptique. Car le 
plus souvent les chirurgiens se servent, pour laver et irriguer les plaies, de 
l’antiseptique auquel ils ont donné la préférence, et qui alors varie avec 
chaque chirurgien. Celui-là emploie l'hypochlorite de soude; cet autre, l’eau 
oxygénée; cet autre, le sublimé; cet autre, le permanganate de potasse. 
Mais c’est toujours, dans tel ou tel service de chirurgie, le même antisep- 
tique qui est constamment employé. 

Certes je n'ai pas la prétention de discuter ici les inconvénients ou les 
avantages de chacun de ces excellents germicides, tous recommandables. 
Aussi bien est-ce là une question de clinique thérapeutique, et non de 
théorie. Mais ce qui me paraît certain, c’est que l’emploi d'un même et 
unique antiseptique, si parfait qu'il soit, quand il est répété pendant des 
semaines, crée fatalement une certaine accoutumance des germes infec- 
tieux, de sorte que peu à peu les microbes d’une plaie constamment traitée 
par la même liqueur se sont adaptés à cette liqueur, assez pour que l’action 
antiseptique en soit notablement amoindrie. 

Il s'ensuit que la méthode rationnelle pour traiter les plaies devrait être 
la mutation quotidienne de l’antiseptique employé; ce que je proposerais 
d'appeler : la méthode d'alternance antiseptique. 

Il va sans dire que le choix et le titre des antiseptiques employés en 
méthode alternante ne peuvent se déterminer qu'après un examen judicieux. 

L'emploi d’antiseptiques différents a en outre cet incomparable avan- 
tage que les espèces microbiennes pathogènes très diverses, qui végètent 
dans la plaie, vont, à tel ou tel moment, se trouver en présence de la sub- 
stance antiseptique qui leur est plus spécialement toxique. 


II. Quoique toute classification des antisepliques soit forcément arti- 
ficielle, on peut, en supposant que les corps chimiques, à fonction chimique 
analogue, ont une action comparable, établir le groupement suivant : 

A. Antiseptiques oxydants (hypochlorites, hypobromites, iode, chlore, 
eau oxygénée, ozone, permanganate de potasse, etc. ). 

B. Antiseptiques métalliques (sels des métaux lourds : sels de mercure, 
d'argent, de zinc, de cuivre, de fer, etc. ). 


SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1916. 5or 
C. Dérivés de la série aromatique (groupe phényle : phénols, salicylates, 
thymol, naphtol, créosote, etc. ). 
D. Antiseptiques divers (formol, chloroforme, essences, chloral, fluorures, 
acide borique, etc. ). 


Si l’on adopte cette classification (très arbitraire), il sera possible d’em- 
ployer le premier jour une substance du groupe A, par exemple; le second 
jour, du groupe B; le troisième jour, du groupe C; et le quatrième jour, du 
groupe D. Même rien ne sera plus facile que dé prendre, les 5°, 6°, 7° et 
8° jours, une autre substance du groupe A, puis du groupe B, puis du 
groupe C, puis du groupe D. On aura ainsi pendant huit jours les moyens 
de traiter une plaie avec un antiseptique qui chaque jour sera différent. 
L’alternance sera certainement suffisante pour que toute accoutumance ait 
disparu. 


IV. Il me paraît que cette thérapeutique d’alternance est une indication 
absolument nouvelle. Certes on trouverait par-ci par-là quelques rares 
chirurgiens qui lont employée empiriquement, en certaines occasions 
particulières, notamment après avoir au bout d’un long temps constaté la 
ficheuse inefficacité de leur antiseptique eh Mais jamais jusqu’à pré- 
sent la méthode d'alternance antiséptique n’a été employée minutieuse- 
ment, en connaissance de cause, d’après des procédés scientifiques suivis 
avec is | 

Si j'avais à formuler d’une manière concise cette méthode, je dirais 
qu'elle consiste en ceci : qu'il ne faut jamais employer deux jours de suite la 
même liqueur antiseptique pour le traitement d’une même plaie. ? 

Je me permets donc d'insister auprès des chirurgiens qui ont à panser 
nos nombreux blessés pour qu’ils adoptent résolument l'alternance métho- 
dique des antiseptiques, même après avoir dûment constaté l’heureux effet 
d’un premier traitement. Je n’ai bien évidemment pas de conseils à leur 
donner pour ce qui est du titre des solutions. La pratique usuelle donne à 
cet égard des documents surabondants. L'essentiel est que les microbes qui 
pullulent dans une plaie, ayant chaque jour à lutter contre un poison 
chaque jour différent, ne puissent pas acquérir une accoutumance hérédi- 
taire. 

Même il est possible que cette méthode d’alternance des médicaments 
s'applique aussi aux maladies internes. On a observé, chez les tuberculeux, 
de tout temps, que chaque médication nouvelle donne pendant les premiers 


592 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


jours des résultats très favorables, mais qu’elle devient bientôt presque 
sans effet. Qui sait si les parasites de la malaria, de la syphilis, de la 
typhoïde ne sont pas, eux aussi, susceptibles de s’habituer aux poisons 
médicamenteux qu'ingère le malade? Il y a là, ce me semble, matière à 
abondantes recherches, que je me contente d'indiquer, sans essayer de les 
entreprendre; car elles sont d'ordre clinique plutôt que d'ordre expéri- 
mental. 

Aux chirurgiens la méthode d’alternance antiseptique donnera, à n’en 
pas douter, si elle est régulièrement mise en usage, des résultats thérapeu- 
tiques intéressants. Il n’y a aucune raison de ne pas l’appliquer sans délai; 
car elle est d’un emploi facile, et en même temps elle n'offre aucun incon- 
vénient, aucun danger d'aucune sorte. 


BOTANIQUE. — La prétendue hétérotaxie des fleurs de Capucine. 
Note (') de M. Paur Voisremix. 


Von Freyhold observa trois fleurs de Tropæolum majus dont les pièces, 
tout en étant en même nombre que dans la fleur normale, étaient disposées 
comme si le diagramme était renversé. Le sépale et le carpelle médians 
étaient en avant, le pétale médian en arrière. Il semblait que les deux 
pétales de la lèvre postérieure, substituée à la lèvre antérieure, avaient pris 
la structure de cette dernière en devenant frangés, et que les trois petales 
de la lèvre antérieure, en prenant la place de la lèvre postérieure, e% avaient 
revêtu la livrée et portaient deux éperons. 

L'auteur assigne à ces anomalies le nom d’hétérotaæie, introduit par 
Masters pour désigner l'apparition d’un organe de la plante en un lieu 
insolite, par exemple celle d’un bourgeon sur une feuille ou une racine. 

Pour justifier l'extension du terme de Masters au renversement du dia- 
gramme floral, von Freyhold admet que le premier sépale, au lieu d’appa- 
raître à gauche et en avant, par rapport à l’observateur, comme dans une 
fleur dextre, naît à gauche mais en arrière; qu’à partir de cette pièce 
initiale, la spirale génératrice suit son cours habituel en devenant sénestre, 
que la médiane renversée reste confondue avec le plan de symétrie. 

L'ordre de déhiscence des anthères fournit le principal argument en 


D EAA E E 


{') Séance du 13 novembre 1916. 


SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1916. 593 


faveur de la théorie. Les étamines se succèdent dans l’ordre de la figure A (*) 
dans la fleur normale dextre, où nous avons ajouté la neuvième étamine 
résultant de la disjonction éventuelle de la troisième, dans l’ordre de la 
figure B dans la fleur normale sénestre, dans l’ordre de la figure C dans le 
schéma de l’auteur. Ce dernier ne diffère du précédent renversé 


Pitt RER) 
58 8 5 5:38 3:54 
1 2 R “44 1 tr em RES 
ar D HR 1 ? 9 . 1 
4 3-9 9-3 4 1 8 8 5 
A p: C D 


que par l’interchangement des numéros 4 et 5, assez fréquent dans des fleurs 
d’ailleurs normales. Nous avons observé une fleur (230) (°), représentée 
par la figure D, où la succession des étamines répond exactement à l’ordre A 
de la fleur dextre renversé. Ce dernier cas, comparé au précédent, prouve 
que l’anomalie, si cen est.une, n’est pas liée au sens de la spirale géné- 
ratrice. ~ ; 

. La symétrie invoquée par von Freyhold est troublée (C, D) par l'inė- 
galité des éperons. Qu'ils soient partiellement soudés, comme dans les deux 
spécimens récoltés par l’auteur, ou libres, comme dans un troisième échan- 
üllon communiqué par P. Magnus et dans le nôtre, l’un d’eux intéresse 
deux pétales comme dans la fleur normale; l’autre en intéresse un seul. 

Sans exagérer l'importance d’une cause d’asymétrie indépendante des 
membres qui dominent la morphologie florale, nous n’en trouvons pas 
moins remarquable que l’éperon principal ait gardé une position voisine de 
la normale dans une fleur dont on prétend le diagramme renversé. 

La discordance entre les caractères morphologiques et physiologiques, 
dont la théorie de l’hétérotaxie ne tient pas compte, nous amène à rechercher 
la cause perturbatrice dans l'influence persistante d’une fleur antérieure à 
celle dont le diagramme paraît renversé. Il est possible que l'éperon dipé- 
talaire soit le vestige de la fleur axillaire combinée à une seconde fleur 
devenue prépondérante ; mais une telle hypothèse ne prendra corps que si 


(1) Les signes >, A indiquent la position des éperons par rapport à un ou deux 
pétales superposés aux étamines. Les trois points intérieurs marquent la position 
approximative des carpelles. 

(*) Les numéros entre parenthèses renvoient à la liste inédite de nos observations 
personnelles sur les anomalies de la fleur de Capucine. 


594 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


nous la basons sur des exemples probants de fleur de Capucine résultant 
de la combinaison de deux bourgeons successifs. 

La gamogemmie est manifeste dans une fleur (128) subpéloriée, sans 
éperon, terminant un pédoncule axillaire d’une feuille a, portant lui-même, 
au voisinage de la fleur, une feuille plus petite b, divergeant de 144° de la 
première suivant une spirale génératrice sénestre. Cette fleur possède deux 
médianes, appartenant, la première à une fleur composante sénestre a 
axillaire de la première feuille, la seconde à une composante dextre b 
axillaire de la seconde feuille. 

En l’absence de seconde feuille, la même dualité d’origine ressort de 
l’ordre de déhiscence des anthères. Dans les fleurs suivantes, une partie 
des étamines répond à la position normale d’une fleur axillaire dextre; 
les autres portent le numéro prévu pour une fleur sénestre, divergeant 
de 144° de la première dans le sens d’une spirale génératrice sénestre 
(139, 156, 173, 213, 281, 286), plus rarement dans le sens d’une spirale 
dextre (106). Dans ce dernier cas, nous avons aussi rencontré deux com- 
posantes dextres (207, 112). | 

La disjonction des étamines entre la première composante «æ et la 
seconde b ressort de la comparaison des diagrammes se rapportant aux 
deux composantes de chaque fleur. Dans la fleur 139, la place des éta- 


2N AN A A N 

4 9 8 4 LA . ji 
Eora? ma 4 a 1 3 
di sua be 5 . 6s 3 Pog ae E EA AS 

5 3 7 0. B 3 o$ 

Ea F a. Ga Ha 

$15 3:74:% 8:68 1% 628 
3 y ZÌ RU 3 1 o A 
cE’ vi AG Neg G. To Pone es 

299 4 1a 2 4 4 1 

NI 
Eb. - Fb. Gb. Hb. 


mines 1, 2,3,6,7 convient à la composante dextre Ea, celle des éta- 
mines 4, 5, 6, 8 à la composante sénestre Eb; la position légèrement aber- 
rante de à neuvième étamine ne jette pas de trouble parmi les précé- 
dentes. | 

Dans la fleur 156, les conditions de la composante dextre Fa sont 
remplies par les étamines 1,2, 3, 6, 9; celles de la sénestre F% par 1, 4,5,6. 


~ 


SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1916. 595 


Les étamines 7, 8 sont interchangées dans la composante sénestre ; c’est un 
accident banal. | 

Dans la fleur 286, la position de 1, 2, 3, 6 est correcte pour la compo- 
sante dextre Ga, celle de 1, 4, 5, 6, 7, 8 pour la composante sénestre Gb. 
Les deux schémas de la fleur 281 sont superposables à ceux de la fleur 286, 
réserve faite pour 7 et 8, interchangés comme dans la fleur 156. Pour la 
disposition des étamines, la fleur 173 est identique à 281; mais ses éperons 
sont inégaux, situés comme dans les schémas Ea, Eb, et dans plusieurs 
autres qu'il est superflu de reproduire. Dans la fleur 207, qui fournit les 
figures Ha, Hb, la position de 1 est seule correcte pour la première; toutes 
les étamines seraient à leur place normale dans le schéma b qui, dans le cas 
particulier, est dextre, si l’on n’y relevait un interchangement entre 1 et 3. 

Quelles que soient la situation et la composition des éperons, nous rele- 
vons un accaparement croissant des étamines par la composante b en sui- 
vant la série EFGH. 

Les diagrammes C, D représentent le dernier terme de la série, où 
l’ordre des étamines est affranchi de l'influence de la composante a. Nous 
retrouvons un vestige de cette dernière dans l’éperon dipétalaire. La 
médiane à fait, selon la règle, avec la médiane a coupant cet éperon, un 
angle de 144°, suivant une spirale dextre quand la seconde composante est 
dextre (230), suivant une spirale sénestre dans le cas contraire (cas de 
von Freyhold). 

La fleur, en apparence hétérotaxique, est donc une autre fleur que la 
fleur axillaire. C’est la composante b d’une fleur d'origine gamogemmique. 
En raison de sa prépondérance, la seconde fleur s’est développée au milieu 
de l’espace libre, refoulant de 36° le vestige du premier bourgeon. 

Les fleurs de von Freyhold sont subopposées à à des fleurs atrophiées. Leur 
diagramme est normal et non renversé. L’hétérotaxie imaginée par cet 
auteur n'existe pas. Le terme doit garder l'acception définie par Masters. 


CORRESPONDANCE. 


Me Épouarp Bauer adresse des remerciments pour la distinction que 
l'Académie a accordée aux travaux de son mari, mort au champ d’hon- 
neur. 


596 ACADÉMIE DES SCIENCES. 3 


M. Évie Mièée, M. Narrtas-Larrier adressent des Rapports relatifs à 
l'emploi qu’ils ont fait de la subvention qui leur a été accordée sur la Fon- 
dation Loutreul en 1915. 


M. le SecRéTAIRE PERPÉTUEL signale, parmi les pièces imprimées de la 
Correspondance : 


Le Cours de Mécanique professé à l'École des Ponts et Chaussées, par 
M. Eouoxn Manet : Premier livre, Mécanique pure. Deuxième livre, 
Mécanique appliquée. (Présenté par M. Lecornu.) 

Sulle correnti elettriche in una lamuna metallica sotto l’azione di un campo 
magnetico, et Theoria delle potenze dei logaritmi e delle funzioni di compo- 
sizīone, par M. Vrro VoLTERRA; extraits des Procès-verbaux et Mémoires 
de la R. Accademia dei Lincei. (Présentés par M. G. Darboux.) 


ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur l'approximation des nombres 
incommensurables par les nombres rationnels. Note de M. Eure PorEL. 


La lecture des Mémoires publiées par M. Humbert dans le dernier cahier 
du Journal de M. Jordan (7° série, t. 2, p. 79-154) m'a conduit à reprendre 
par une voie différente un problème dont je m'étais occupé dans ce même 
Journal en 1903 [Contribution à l’ Analyse arithmétique du continu (Journal 
de Mathématiques, 5° série, t. 9, p. 329-355)]. Ce problème était la détermi- 
nation méthodique d’une suite de fractions approchant le plus possible d'un 
nombre incommensurable quelconque, c'est-à-dire la division de l'ensemble 
des fractions en systèmes déterminés à l'avance, chaque système renfer- 
mant au moins une fraction fournissant l'approximation désirée. 

Ajournant la rédaction détaillée, je voudrais indiquer brièvement la 
construction d’une figure géométrique, analogue par certains égards à 
celles qu’a utilisées M. Humbert, mais qui s’en distingue cependant par le 
fait qu’elle est seulement asymptotiquement invariante par rapport aux 
puissances positives de certaines substitutions. 

Soient O x l’axe des quantités réelles, A, B, C, D, ... les points de coor- 
données entières 1, 2,3, 4, … Soient C, le cercle situé au-dessus de O x, tan- 
gent à Og au point O et de rayon 7 et OM,N,O'N,M, l'hexagone régu- 


lier inscrit dans ce cercle (sens de parcours direct). Si l’on considère le 


SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1916. 597 


cercle égal C, tangent en A à Ox, l'hexagone égal sera AM, N, A'N, M,; 
on aura de même le cercle C, et hexagone B M, N, B'N, M... Considérons le 
triangle curviligne T, dont les côtéssont : la demi-circonférence M,AM,N, 
du cercle C,, la droite N, N,, l'arc N, M, du cercle C, ; ce triangle se trans- 
forme en lui-même par l'inversion X de pôle O et de puissance égale à 
l'unité; par cette inversion la demi-droiïte N,N,N, ... devient l'arc OM, 
du cercle C,. Désignons par S la translation + 1 parallèlement à Ox; nous 
poserons T,S=T,, T,S = T,, ... Le transformé de T, par X est un triangle 


curviligne M,P,Q, dont le côté P,Q, est FE à Ox au point =; les 


abscisses de P, et de Q, sont respeetivement — q7 etg nous désignerons ce 


i 
triangle par U, et nous poserons U, S = U,, HS- = U,...;le triangle cur- 
viligne U, sera M, P.Q., U, sera M, P, Q,, etc. 


La sg brisée OP, Q, A dont les trois côtés sont tangents à Ox aux 
points O, - z 1 sera désignée par L,; nous désignerons par L, la ligne 


brisée indéfinie obtenue en faisant subir à L, les translations S, S?, S’, ...; 
cette ligne L; va du point A au point à l'infini sur Ox; ses sommets succes- 
sifs sont AP, Q, P,Q,P,Q,.... La transformée de L‘ par l'inversion X 
sera désignée par L,; la ligne L, part du point A et est asymptote au 
point O; nous pouvons dire aussi qu’elle va de O à A, car toute parallèle 
à Oy d’abseisse comprise entre O et 1 la rencontre au moins une fois. La 
ligne L, est tout entière au-dessous de L,, sauf en une partie de l’are P,Q, 
le long de laquelle les deux lignes coïncident. Nous désignerons par L; la 
ligne indéfinie qui se déduit de L, comme L; de L,, par L, la transformée 
de L, par l’inversion E et ainsi de suite. Nous obtenons ainsi une suite 
indéfinie de lignes curvilignes L,, L., L,, ... allant toutes du point O au 
point 1; chacune d'elles est située au-dessous de la précédente, avec laquelle 
elle a certains arcs communs; aucun arc n’est commun à plus de trois 
lignes consécutives; toute droite x = w rencontre donc successivement au 
moins une fois chacune de ces diverses lignes et l’on peut prendre comme 
valeurs approchées rationnelles de w les points de contact avec Ox des arcs 
rencontrés par cette droite. L'arc tangent à Ox en un point £ appartient à 
un cercle de rayon VE ce qui montre que l’approximation obtenue est au 
moins celle d'Hermite ; deux arcs consécutifs d’une ligne quelconque L,,ont 
avec Ox des points de contact Z e, E tels! que pq — gp = +1; ces arcs se 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. ~ N° io 79 


598 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


l me ] $ T, . r pr L i mé é 
coupent sous un angle égal à =; si l’on désigne par x l’abscisse du sommet 


compris entre A eti et par Ü le rapport £, on a 
e- 2| = 
q g 
avec 
ioia api 
A EN 


sans entrer dans le détail de la discussion, des considérations géométriques 
élémentaires montrent que si les deux arcs de cercle, qui se coupent sous 
LISTE ARS . . 
un angle =: étaient tels (') que Pun des arcs (entre le point d'intersec- 
. . A , Fe (3 . r ` R 
tion et le point de contact avec Ox) fût égal à =, l’autre arc serait égal à & 
et, par suite, l'approximation pour l’une des fractions ; descendant au 
j ; J FOR FOUR 
5? l'approximation pour la fraction contiguë = 
Foy 
serait égale à la moitié du rayon du cercle correspondant, c’est- 


minimum d’'Hermite 


` e I . r Jaw . [A 4 
à-dire nv Pour obtenir des résultats plus précis, il sera nécessaire 
2q p t z 

d'étudier la construction directe d’une ligne L, de rang donné ou tangente 


à Ox en un point donné et de porter une attention particulière sur les arcs 


communs à des lignes consécutives; ce sera l’objet du Mémoire qui sera 
publié plus tard. 


(:) Cette circonstance ne peut se présenter, puisque les abscisses de tous les som- 
mets sont des nombres rationnels; mais il peut se présenter des cas aussi voisins que 
l’on veut de ce cas limite. Signalons aussi que l’on aurait pu désigner par L, la 
ligne OM, Aen n'introduisant pas P, Q,; la méthode indiquée, bien que moins simple 
en apparence, semble préférable pour certaines questions. Enfin, il est clair que lon 
pourrait construire des figures analogúes avec une valeur différente pour l'angle con- 
stant des arcs qui forment les lignes L, ; la figure considérée est à certains égards la 
plus simple et celle qui se rapproche le plus de celle d'Hermite, mais d’autres donne- 
raient de meilleures approximations ; un cas limite est celui où langle est nul (cercles 
tangents); il correspond à l'approximation maximum indiquée dans mon Mémoire 
cité plus haut. 


é 


Ir 
Ve) 
© 


SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1916. 


THÉORIE DES NOMBRES. — Sur Vasihsss propriétés du groupe fuchsien formé 
des substitutions modulaires qui n’altèrent pas une forme d’ Hermite indé- 
finie. Note de M. Gasrox Jurta, présentée par M. Émile Picard. 


Une forme de Dirichlet sera ici une forme quadratique binaire dont les 
coefficients sont des entiers réels ou complexes. Une forme d’Hermite sera 
une forme quadratique binaire à indéterminées conjuguées dont les coeffi- 
cients sont des entiers en partie réels, en partie complexes. Dans l'es- 
pace Onz bien connu, où le plan Oy est le plan de la variable com- 


plexe s = 7 = E + in, x et y étant les indéterminées d’une forme de Dirichlet 


ou d'’Hermite, Oz la normale au plan Ofn, une forme de Dirichlet est repré- 
sentée par la demi-circonférence T orthogonale au plan On décrite sur le 
segment joignant ses deux racines comme diamètre. Une forme d'Hermite 
indéfinie est représentée par la demi-sphère X dont le grand cerele du 
plan OËn s'obtient en égalant à zéro cette forme divisée par yy,- 

C’est un fait bien connu, signalé pour la première fois par M. Picard 
en 1884, que toute forme d'Hermite indéfinie reste invariante par un sous- 
groupe infini du groupe modulaire complexe, qui constitue un groupe 
fuchsien conservant la demi-sphère représentative de la forme d’Hermite. 
Sur une telle demi-sphère X, considérons un demi-cercle F représentatit 
d’une forme de Dirichlet; nous dirons que la forme de Dirichlet correspon- 
dante est contenue dans la forme d'Hermite considérée. [Que de telles 
formes existent, dont les racines ne soient pas des nombres rationnels com- 
plexes (cas évidemment banal), c’est ce qu’il est facile de voir en prenant 
tout simplement l'intersection de deux demi-sphères sécantes représentant 
deux formes d'Hermite indéfinies.} En s'aidant alors de ce principe fonda- 
mental dans la réduction des formes de Dirichlet et des formes d'Hermite 
indéfinies, à savoir que chacune de ces formes n’a qu'un nombre fini de 
réduites, on voit aisément qu'il existe dans le sous-groupe G conservatif de la 
forme d'Hermie envisagée une substitution T hyperbolique qui conserve aussi 
la forme de Dirichlet correspondant à F. Cette substitution engendre un groupe 
cyclique contenu dans G, et qui conserve T. Comme d'autre part à toute 
forme de Dirichlet F correspond un groupe cyclique conservatif de F, 
engendré par une substitution hyperbolique ou loxodromique S, la substi- 
tution T précédente sera une puissance de S, d’où il suit que si une forme 
de Dirichlet F est contenue dans une forme d’'Hermite £, la substitution 


Goo ACADÉMIE DES SCIENCES. 


fondamentale S de son groupe est une racine 2°" d’une substitution 
hyperbolique : S est donc une substitution Laxedromique d’une nature par- 


Z. sis | 
em © À eu ss 


— - 3—% 
ticulière, le multiplicateur K de cette substitution (5 l esoo 2% a un 


2PT 


argument commensurable à 27 (K pe Q » p et n entiers premiers 


entre eux) ‘ 


Si en particulier on considère le plan O7, il représente la forme 
d'Hermite f = xy, — £y; cette forme est conservée par les substitutions 
à coefficients réels du groupe modulaire complexe, c'est-à-dire par toutes 
les substitutions du groupe modulaire réel. Une forme de Dirichlet con- 
tenue dans fest une forme quadratique binaire à coefficients entiers réels 
indéfinie. Le résultat établi précédemment prouve que toute forme quadra- 
tique binaire indéfinie à coefficients réels entiers est conservée par un groupe 
cyclique de substitutions hyperboliques, sous-groupe du groupe modulaire 
réel. C’est là un résultat bien connu de la théorie élémentaire, que le résultat 
donné plus haut généralise fort simplement. 

Terminons par quelques remarques : 

Ce qu’on a vu plus haut prouve que les formes de Dirichlet contenues 
dans une forme d'Hermite sont particulières. On peut démontrer que : 

La condition nécessaire etsuffisante pour que la forme ax? + 28xy + Yy” 
(où æ, B, y sont des entiers complexes) soit contenue dans une forme 
d'Hermite axx, — bxy, — b,x,y + cyy, (a, c entiers réels; b, b, entiers 
complexes conjugués) est que Norme (8? — ay) soit carré parfait d'un entier 
réel. Si la condition est remplie, il y a une infinité de formes d’Hermite qui 
contiennent la forme envisagée. 

Ceci permet de conclure en passant que toute forme de Dirichlet, con- 
tenue dans une forme d’Hermite f, s'obtient par le procédé indiqué plus 
haut en prenant le demi-cercle commun à la demi-sphère © représentative 
de f, et à une demi-sphère représentative d'une autre forme d'Hermite. 

Nous remarquerons en dernier lieu que, si l’on considère deux formes 
d’Hermite dont les demi-sphères sont sécantes, les deux groupes fuchsiens 
qui les conservent respectivement ont en commun un groupe cyclique 
conservatif de la forme de Dirichlet contenue dans les deux formes consi- 
dérées. 


SÉANCE. DU 20 NOVEMBRE 1916. : bot 


ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les séries de fonctions ultraspheriques. 
Note (') de M. Erwax» Roëserzranrz, présentée par M. Appell. 


Les polynomes de Legendre, ainsi que les fonctions trigonométriques, 
Q) 


le L A 
sont des cas particuliers des polynomes phériq rthog Pr (2) 
définis par 


> stong) =i 27 + 5] À. 
0 

Le succès de la méthode des moyennes arithmétiques dans des cas parti- 

i Oo ère l’idée d’appli sth a- 
culiers Q = 0, =) 1) suggère l’idée d'appliquer cette méthode de somm 
tion des séries au cas général de À quelconque. 

Soit 

Tén+s) (2) PS Ces 


I ` à) | à sa MA. EE 
(1) JR ET cup (æ) où Cn=(r +2) lin +22) 2t} sd ( p 
| — 


n=0 
La moyenne arithmétique d'ordre à, fP (x), de la série (1) est liée à 


celle de la séric X(n + À)p}(æ), laquelle nous noterons S? (y), par la 


relation 
à +1 +1 j 
AOE f (2) SÈ nr laj truy tel 
a 


ohik) +20) 


On démontre d’abord les deux théorèmes suivants : 

k Lim S? (~) = o uniformément dans l'intervalle o L22727 pour > 2. 

[LR SP (= o pour chaque valeur den et o=y£r, pourvu que à = 2 + E(2)); 
mas si 2 = E(2X), il suffit que à Der + ok 

On déduit de ces théorèmes le résultat cherché : 

Tuéonème A. — La série (1) est sommable [C, è = 2 + E(22)|], où même 


sommable [C, è = 1 + 2) ] si 24 = E(2X), avec la somme 


= [/(æ —0)+ fiz +0)] 


(:) Séance du 13 novembre 1016. 
19 


” 


602 ; ACADÉMIE DES SCIENCES. 


partout où cette expression existe; la sommabilité est uniforme dans tout 
intervalle compris dans l'intervalle de continuité de f(x). 

La fonction f(x) n’est supposée sommable que dans (— 1, + 1). 

Le théorème I permet d'établir (') que la série (1) est uniformément 
sommable, |C, à > 2A], avec la somme f(x) dans tout intervalle de conti- 
nuité de f(x), compris dans l'intervalle où f(x) est à variation bornée. 
De même, pour — 1 < x < + 1, elle est sommable, |C, ò>], et unifor- 
mément sommable, [C, à > x], pour [æ|£1r — £ parce que lim Ste 
uniformément pour £y Sv — € pourvu que à > À. 

La démonstration du théorème I repose sur la sommation des séries 
trigonométriques 

Tín À) cos 
> sin E E REO 


les formules approximatives pour la moyenne arithmétique d'ordre à de 

ces séries montrent immédiatement qu’elles sont uniformément som- 
P aa | IN A . ` 

,mables, [C, è> 2À —1], pour $027 —:. On passe maintenant à la 


série Ÿ DA (cosû) au moyen des formules intégrales, qui généralisent les 
tds connues de Mehler pour les polynomes de Legendre (à i z) 


OJE(nr+r) 
2174 F à(n+2à) 


lcos(n + À)9 do = fenetre. 


[cos 9 — coso |!” 


sin?—19 p™ (cos 8) — f 


[cos — cos 0]!=> 


Quant à la série Xon + ì)p? (cosà), elle est le produit des deux séries 


A À (i £ 
Xo + À) ph sfa Xp (cer6)| (it Eens] 


Dans la nées du théorème Il, on part de la formule de. 
Frombeck, 


Z p® (cos) = i sin (+—a)osin(n + 2 ce do 


[2(cos® — cosô)]" 


a sin | [z+ ($-a) g| sin(n + 2 )odo 
[2(co50 — coso )}* 
(no): 


(1) Cuarman, Quarterly Journal (théor. XIL), t. 73, p. 20. 


SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1916. 603, 


Il est très probable qu’on arrivera à abaisser, dans l'énoncé du théo- 
rème À, l’ordre de sommabilité à jusqu’à 1 + 2A aussi pour 2À  E(22); 
il suffirait pour cela de démontrer que la moyenne arithmétique s% (0), 


d'ordre 5 — 2} —1 de la série DR cos[(n + À) — AT], nest: 


0 
jamais négative pour chaque valeur de n et o0z, ce qui permettrait de 
remplacer, dans l'énoncé du théorème I, 2 + E(2À) par 1+ 2 même 
quand 2À  E(2À); la formule approximative pour cette moyenne s?—"(0) 
montre qu'elle n’est Jean négative pour n=N(e) ete<0£7, mais N(e) 


croit indéfiniment avec = —. De même la considération des constantes o% de 


Lebesgue d'ordre 2 À de la série Sn + pa (x), 
0 
Su à : OEE 
on Seniai ieat], nda 
sad 


abaissera probablement — si l’on démontre, comme l’a fait voir Gronwall 


m I » , » N + +, . 
pour À = -, qu'elles sont bornées — cet index © jusqu’à sa valeur mi- 
nimum 2 À. 

CINÉMATIQUE. — Sur les propriétés du second ordre des mouvements plans 


à deux paramètres. Note (') de M. G. Ræxies. 


I. Comme suite à ma Note reçue dans la séance du 30 octobre et parue 
aux Comptes rendus du 6 novembre (t. 163, p. 511), je me propose de faire 
connaître ici les propriétés essentielles du second ordre des mouvements 
plans à deux paramètres. Je conserverai les notations précédentes. 

Rappelons d’abord que, dans le cas d’un mouvement à un seul paramètre, 
les propriétés du premier ordre (normales et tangentes) ne dépendent que 
de la connaissance du centre instantané de rotation Í, et que les propriétés 
du second ordre (courbures) ne dépendent que de la connaissance d’un 
point K’, centre géométrique des accélérations. Ce point est celui dont 
l'éclat totale est nulle lorsqu'on suppose que le temps est mesuré 
par l'angle 0 de position de la figure. Il est diamétralement opposé au 


(*) Séance du 13 novembre 19r6. 


604 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


centre instantané ÍI dans le cercle des inflexions. La construction de ce 
point est la suivante : 


Soit ÉV le vecteur qui représente la vitesse propre au centre instantané 
lorsque langle de position 9 est pris comme mesure du temps; par une 
rotation directe de trois angles droits, ce vecteur vient occuper la posi- 


tion iK”. L'extrémité K’ de ce vecteur est le centre géométrique ps accélé- 
rations. 
De là suit que, si X., Y, sont les coordonnées du point ÍI par rapport à 

, 1) i 

des axes rectangulaires solidaires du plan mobile, les coordonnées du 
O $ 

point K’ auront ces expressions : 

dx; 2 


1Y 
XL N S r; T 


d9 ” 


2. Concevons alors qu'il s'agisse d’un mouvement #4' à un paramètre 
contenu dans un mouvement M? donné à deux paramètres. Nous avons 
trouvé antérieurement, pour les coordonnées du point I, ces expressions : 


Xv=—n— mu, - Y=E+Eu. 


H viendra donc, d’après les formules ci-dessus : 


‘dE dE LE è 
tre Hi Rs 


Pour une position donnée @ du plan mobile, c’est-à-dire pour un système 
donné de valeurs des paramètres de position 0, u, ces coordonnées dé- 
pendent des valeurs des dérivées w, u”. Elles forment donc un continuum 
de positions à deux paramètres dans le plan, sans qu’on soit autorisé à 
dire que ce continuum comprend tout le plan. 

Mais considérons tous les #4: contenus dans le #2 donné et qui sont 
tangents ou qui ont même centre instantané I, ou même valeur pour #: 
Le pu K’ ne doit plus être considéré que comme dépendant du seul para- 
mètre u”; son lieu est alors la droite dk, dont l'équation est 

TX + EYE m=O, 
où l’on a posé 


mz L-4 aMule Nu? 


SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1916. 605 


avec 
oÈ $ it Suioh 7 6 
L= m a E (+ nm) M = n — nl — sr (En) 
Li l dés dna | 
+ de du, 


La droite dj, est perpendiculaire à la droite d, et elle la coupe en un 
point H. 

Un point H correspond ainsi à un point I; mais inversement deux posi- 
tions de I, que nous appellerons 1 et J, correspondent à une position 
donnée de H. Ce dernier cependant doit se trouver sur une ceriaine moitié 
de la droite d, (voir plus loin). 

Les points I, J sont symétriques par rapport à un point O be, c'est-à- 
dire indépendant de H. Lorsque I vient en O, J y vient aussi; le point H 
vient alors dans une position particulière Ho. Ce dernier paint décompose 
la droite d, en deux demi-droites dont l’une, que nous appellerons di, est à 
elle seule tout le lieu du point H. Lorsqu'on prend H sur la demi-droite 
opposée, les points I, J correspondants sont imaginaires. Il en résulte que 
la droite n,, normale en H, à la droite d,, décompose le plan en deux demi- 
plans dontun seul, celui qui contient la demi-droite d;, est le lieu du point K’. 
Ainsi se fait que le continuum des positions du point K’ne soit qu’un demi- 
plan, | 

Il est à noter que si l’on envisage tous les mouvements #! tangents 
contenus dans le ° donné (qui ont par suite même centre instantané 1) 
leurs cercles des inflexions forment un faisceau, car ils passent tous par les 
deux poun Let H. 


3. La, connaissance de la droite dx correspondant à un centre I donné 
permet de résoudre une série de problèmes concernant les courbures. 

Supposons, par exemple, qu’on se propose de définir les éléments du 
second ordre d’un M! contenu dans un M en se donnant le centre de 
‘courbure M, de la trajectoire d’un point M particulier. Le point I où la 
normale MM, coupe la droite connue d, est le centre instantané. D'autre 
part, d’après un théorème que j'ai établi en mes Leçons de Cinématique, 
P. 443, la polaire du point M par rapport au cercle de centre M qui passe 
en I, doit contenir'le point K’. On aura donc le point K’ en prenant l’inter- 
section de cette polaire avec la droite di supposée connue. 

Solution analogue si l’on se donne le point où une courbe entrainée 
touche son enveloppe, ainsi que le centre de courbure de celle-ci, ete. 

R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 21.) 80 


606 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Ces propriétés générales trouvent une illustration simple dans le 
mouvement spécial que j'ai étudié dans ma première Note. Si E, E, sont 
les deux points où la droite d touche les courbes(e), (e,), on trouve que les 
points O et H, coïncident avec le point E. La droite z, est la normale en E 
à la courbe (e). Les vecteurs EE, et EH sont de même signe, car ils 
vérifient la relation EI = EE EE, x EH, en sorte que la demi-droite d, et le 
demi-plan qui la contient sont ceux qui contiennent le point E,. 

En outre la relation précédente, qui exprime que H et E, sont conjugués 
harmoniques par rapport au segment IJ dont E est le milieu, rend tout à 
fait élémentaires dans ce cas les constructions précédentes. 


MÉCANIQUE ANALYTIQUE. — Sur une méthode de calcul des perturba- 
tions d’un mouvement connu. Note de M. H. Verenr, présentée 


par M. Appell. 


Je considère un système de 27 équations canoniques 


dx; Es oF dy; oF 


(1) Fin si 4 on (E EALA), 


définissant le mouvement d’un système mécanique. La fonction F (re Va t) 
peut dépendre sxphcitenten du temps t. 
Je suppose qu’on ait su intégrer complètement ce système ; soient 
(1) \ Ti Elt, C;, Ch +... (a+, 
} l FiS Oni Gi Oi, o a Cih), 


ses intégrales générales, les C désignant 27 constantes d'intégration. 

Je suppose maintenant, ainsi qu’il arrive en Mécanique céleste, qu'on 
ait à étudier un second mouvement voisin du premier et soient | 
QE OF df dv dΠdf 
ar ay A de de 
les équations canoniques qui définissent ce nouveau mouvement; F (8; Ya i) 
étant la même fonction que précédemment, et € f(® Y t} désignant une 
petite fonction perturbatrice. Dans ce qui suit, nous tiendrons seulement 
compte de la première puissance de £ et nous négligerons £°. 

Posons, pour ce second mouvement, 


Eu 21:58), 


(H) 


De o à rm ki + e dE, 
Vi = Ni Enr 


SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1916. 607 
Nous allons montrer qu'on peut calculer les perturbations ò%,, òn; au 
moyen de formules n’exigeant qu’une seule quadrature. 
Pour cela, considérons l’équation auxiliaire aux dérivées partielles 


ds . 05 oF ve di. 
Der HE (ms LT ét cat 


que nous écrirons ainsi 


(2) D RACE 
la notation (5, F) désignant, suivant l'usage, la parenthèse de Poisson rela- 
tive aux deux fonctions c(x:;, Ya t) et F(£; Ya t). 

Je suppose que, de cette équation (2), nous ayons su obtenir une inté- 
grale particulière quelconque 5(x;, y;, 1). Il suffira de poser 
(3) ES pare z, i= 3 
pòur avoir résolu les équations (TI). Et, comme ce sont là de petites per- 
turbations, on pourra, dans'les seconds membres, remplacer les Ta yipar 
leurs valeurs non troublées £,, ».. 

La vérification de cette affirmation est immédiate : il suffit, dans les 
A et Yi par ñn,; — 2 g pour 
constater qu'on a des identités. en vertu de (1) et de (2 2) (en négligeant £°): 
la première équation (IL), par exemple, devient identique à l’équation ) 
différentiée par rapport à y; 

Il reste à montrer. qu’on peut obtenir de l’équation (2) une solution 
F(X; Ya L) au moyen d’une seule quadrature. C’est ce qui est facile en se 
servant des formules (1), intégrales générales du système (I). Ces for- 
mules (1) peuvent être, considérées comme définissant un changement de 
variables permettant de passer des 27 lettres x; y; aux 2n lettres G (ce 
changement de variables dépendant explicitement du paramètre 4). 

Exprimons alors la fonction perturbatrice f(x;, Y; t) au moyen des 
nouvelles variables C : elle devient une fonction f(C,, C:,..., Cans £) de 
ces nouvelles variables et du temps 4. 

Si nous posons 


st 
(4) povah.: sak s, Urho ik] 
to 


équations (I), de remplacer æ; par Eite 


quadrature où les lettres C sont traitées comme des constantes, nous avons 


-a 


608 ACADÉMIE. DES SCIENCES. 


là une fonction o(C;, C, .…., Cony $), qu'on peut exprimer, au moyen des 
formules (1), en fonction des variables æ, y,, t. Cette fonction 5(x;,, Ya t) 
satisfait identiquement à l'équation (2), ainsi qu'il est très facile de le 
vérifier. 

Ainsi; il a suffi d'exprimer la fonction perturbatrice f en fonction des 
constantes d'intégration C du mouvement non troublé; de calculer la fonc- 
tion c par la quadrature (4); d'exprimer cette fonction 5 au moyen des 
variables x, y,; pour en déduire immédiatement, au moyen des for- 
mules (3), les valeurs explicites des perturbations SES òn; du mouvement 
troublé, à partir d’une époque quelconque 14, (les quantités dE, ôn; s'annu- 
lent, en effet, comme c, pour 4—1,). 

7o résultats précédents peuvent se rattacher aux es générales Sur une 
correspondance entre les mouvements de deux systèmes holonomes conservalifs 
que J'ai publiées dans le Bulletin des Sciences mathématiques, 2° série, t. 37, 
1913, p. 379 

Le théorème est susceptible d'extension, et l’on peut montrer que, pour 
calculer les termes en £°, il suffit d'effectuer une seule nouvelle quadrature; 
d’une façon générale, une seule quadrature permet de passer de l'approxi- ,, 
mation de l’ordre de £? à l'approximation de l’ordre de £7*!. 


PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Le problème du mur en Électrodynamique. 
Note (') de M. Louis Roy, transmise par M: Paul Sabatier. 


Considérons un mur diélectrique et conducteur, d'épaisseur 2/, occupant 
la région de l’espace (= ¿< x<) et compris entre deux diélectriques non 
conducteurs 1 et 2 occupant les deux autres régions de l’espace (æ=— /) 
et (xZ). Ces trois milieux sont homogènes et isotropes et peuvent être 
magnétiques. Le problème du mur consiste à déterminer, à l'instant f, 
l’état électrique et magnétique du système résultant d’un état initial donné 
arbitrairement. 

La recherche de cet état se ramène à là détermination, en chaque point 
de l’espace, du potentiel vecteur total ($; G, Je), dont on déduit, par les 
formules de la théorie d'Helmholtz, le potentiel électrique et les autres 
grandeurs électriques et magnétiques. 

Supposons l’état initial indépendant de y et de =, æ devenant ainsi la 


san 


(7) Séance du 13 novembre. 1916. 


SÉANCE DU 20 NOVEMBRE :1916. 6og 


seule variable géométrique. Les fonctions (f, G, 3€) se déterminent alors 
séparément : la première intervient seule dans la détermination du potentiel 
électrique © et de la composante longitudinale du champ électrique; les 
deux autres déterminent le champ magnétique et les composantes transver- 
sales du champ électrique. Nous nous occuperons seulement de la détermi- 
nation de la fonction f et des grandeurs qui en dérivent. 

Nous simplifierons les équations du problème en supposant qu'aucun des 
trois milieux considérés n’a un pouvoir inducteur spécifique d’un ordre de 
grandeur inférieur à celui de l’éther, ce qui est d’ailleurs le cas de tous les 
diélectriques dont on a pu mesurer le pouvoir inducteur. En vertu de 
hypothèse appelée par P. Duhem hypothèse de Faraday et de Mossotti et 
nécessaire pour mettre la théorie d'Helmholtz d'accord avec les expériences 
de Hertz, les pouvoirs inducteurs spécifiques des trois milieux considérés 
seront, comme celui de l’éther, des nombres très supérieurs à l’unité. Dans 
ces conditions, la vitesse de propagation des ondes longitudinales aura, 
dans les trois milieux, une même valeur L égale à celle de la lumière dans 

’éther. 

Soit alors ọ la résistivité du mur, x son coefficient de polarisation diélec- 
trique; substituons aux variables indépendantes (x, 4) les variables (%4, < 
liées aux premières par les relations 

t 


T= 5 Lt. 


ox L px 


£ 


En affectant des indices 1 ou 2 les fonctions relatives aux milieux 1 ou 2, 
celles sans indice se rapportant au mur, les équations indéfinies du pro- 


blème s'écriront te 
OC, Fe) 01( #1, Se) 
dr? cn 


0, . 
(1) hi 
de bet n (1+ %)=0 
(nS N DT 
et, en posant À = Ce les conditions aux limites seront, pour ? = + À, 
5 5 aF alf T2) 
EE TAN z a 


Enfin, les coadit ons initiales seront, pour 7 = 0, 


ori DR RS . PE 
(P F, Ja) = (Fi F, Fay LE(S, G), TE, 


F, F, ..., H étant des fonctions données de £. 


610 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Ces fonctions f étant ainsi obtenues, soient ¿ la constante fondamentale 
des actions électrostatiques, # la constante d'Helmholtz et posons 


W — yek Y. 
® sera déterminé dans les trois régions par une quadrature au moyen des 
équations 


(2) 


ddr #, $) oa ®, W,) | 
oE i aT P 


et de sa valeur initiale W = y:4V. On a, en outre, la relation 


aw df :90F atg 
mpra e e com O 


E oË dt dz? 


d’où il résulte que 
wW'— "+ G+H =o. 


Soit enfin la constante fondamentale des actions électrodynamiques ; 
2 
a 
les composantes longitudinales + (Xi, Xy Xa) du champ électrique total 


dans chaque région seront données par les égalités 


(3) (Mio: Mel zm 2 en tee #3), 
les premiers termes correspondant au champ électrostatique, les seconds 
au champ électrodynamique. 

L'intégration des équations (1) et (2) donne alors, pour les fonctions f 
et ®, dës expressions nayian différentes dans les diverses régions 5 
plan des deux variables (¢, 7) limitées par les six droites 


ctrtise, É En #0) 
En particulier, la différence de potentiel entre les faces du mur est 
donnée par les expressions : pour o<7<2}, 


(4) 2(@_1—%@;) ; 
2 Wohnort Weir rs 7) — W(à) 


mu AE À aat 7 
+f, (Gi—F;) & te F' dë +f Pd f (G+ F,) dé 
—)\—7T — i=? À 


—)+7 i x 
ean (G+ Wed + f (G+ Wyetaz|:; 
TA : “VAT nu 


SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1916. 6r: 
pour 72 2À, 
(5) ‘2(P5— yf ) 


k= 
— (G Serf i GP ae f (G + W'}ch£ dg, 
LÀ 


formules où les F’ représentent, d'après les équations (2), les vitesses 
initiales changées de signe des fonctions w. 

Les formules (3) montrent alors que le champ électrique total conserve 
sa valeur initiale dans les régions 1 et 2, et qu’à l’intérieur du mur il a pour 
expression, pour 720, 


(6) ; X=—(G+W')er. 


On reconnait que toutes les formules précédentes subsistent si les 
régions 1 et 2, au lieu d’être des diélectriques non conducteurs, sont des 
conducteurs de résistivité nulle. 


GÉOLOGIE. — Notes géologiques sur la région de Bou Laouane 
(Maroc occidental). Note (') de M. Russo, transmise par M. C. Depéret. 


La région de Bou Laouane nous paraît mériter une description parti- 
culière par la netteté avec laquelle s’y révèlent les ous essentielles 
que nous retrouvons à travers tout le Maroc central, c’est-à-dire un 
substratum ancien plissé, puis arasé, sur lequel reposent des couches plus 
récentes horizontales. 

Le substratum ancien est formé de deux séries de schistes et de quartzites 
superposés, dépourvus de fossiles, ou, du moins, n’en ayant pas encore 
donné dans cette région. 

Ce substratum offre les éléments suivants : 


| CPR TN ES Quartzites bruns, rouges ou gris. 
LE De ee en Schistes feuilletés. 
/ EO P S E Graüwackes. 
(Berrio erare Quartzites blancs, 
I RE AS Schistes feuilletés verts à ripplemarks. 
L RÉ A Schistes verts et bleus durs, 


(*) Séance du 13 novembre 1916. 


Gr2 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Tous ces éléments sont en concordance et forment une série de plis dont 
les pendages alternent, tantôt orientaux, tantôt occidentaux, avec direction 
générale NNE à SSW et plis orthogonaux recoupant les plis principaux, 
avec direction NW à SE et WSW à ESE. 

Surmontant ce substratum et fréquemment percée par lui sous forme de 
Sokhrats quartzitiques (quartzites blancs) ou de bancs rocheux (quartzites 
bruns } s'étend une couche horizontale uniforme de sables, de conglorhésas, 
d’argiles, dont la coloration est en général rougeâtre, mais à peu près 
constamment mêlée de vert, de violet, He jaune, surtout dans les couches 
marneuses. La succession de ses éléments est un peu variable. Nous pren- 
drons pour type ce qu’elle est dans le ravin du chemin de fer à 3™ au 
sud-ouest de Bou Laouane. On y trouve : 


Mie Sables gris. 

D. MF er Hate a Sables fauves. 
NS E or Marnes bariolées. 
Bobi trie: Argile feuilletée rouge. 


Immédiatement susjacentes à ces couches qui, comme celles des schistes 
et des quartzites ne nous offrent aucun fossile, nous rencontrons des couches 
de calcaires fort riches en fossiles. 

Nous y voyons : 


Bucdsih sol puularog Calcaire compact. 

A ,.... Calcaire gréseux dur, 

nn ends M NY: à Calcaire gréseux tendre. 
RSR D a Calcaire jaune tendre. 


Nous y avons trouvé un certain nombre de fossiles, tous miocènes, que 
M. Depéret a bien voulu déterminer. Nous en avons déjà parlé succincte- 
ment (Comptes rendus, t. 161, 1915, p. 136). 

Les positions détaillées de ces fossiles sont indiquées plus loin. 

Tout ce que nous venons de dire s'applique à la portion occidentale de la 
région de Bou Laouane. Sa portion orientale montre un régime un peu 
différent. 

Au lieu de rencontrer toujours, au-dessus des quartzites bruns, les 
couches bariolées, celles-ci sont très souvent absentes et le terme qui sur- 
monte les quartzites est un calcaire chamois parsemé souvent de dendrites 
de manganèse et qui se présente en bancs sensiblement horizontaux se 
continuant de façon ininterrompue avec ceux de Mechra ben Abbou. 
Ils ne nous ont donné aucun fossile dans la région de Bou Laouane. 


SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1916. 613 


Des divers terrains dont nous venons de constater la présence, les 
premiers, schistes verts, gris ou bleus, ainsi que les quartzites, appartiennent 
au primaire, mais sans qu'il soit possible de les dater par des fossiles. 

Toutefois les quartzites blancs ont une telle analogie de faciès avec les 
quartzites siluriens d’ ere que nous papposons qu'ils doivent être 
siluriens. 

Au contraire, Les quartzites supérieurs semblent en parenté :stratigra- 
phique, avec les couches de la région de Mgarto, où M. L. Gentil a trouvé 
une abondante faune coblencienne. Il y faudrait voir, si cette ere strati- 
graphique se vérifie, du Dévonien inférieur. 

Les couches rouges ne mont montré que des “rm, probablement: dë 
Conifères, en très mauvais état. 

Nous y voyons l’équivalent des couches permo- wiasiques de Meéhra ben 
Abbou. Enfin les couches calcaires et les conglomérats et grès supérieurs 
nous offrent un ensemble de couches vindoboniennes. 

On y trouve : 


LAS Carapace tuffacée contemporaine. js 
6...... Caïlloutis d’altération. 
HESA Conglomérat calcaire. - j 
pui i a à | Pirula cf. die Lam. ? 
| Cardium cf, burdigalinum Lam. 
ET a Proto cathedralis BI, 

3..... Calcaire compact à | Turritella terebralis Lam. 

: : | Arca sp. 

0 Calcaire gréseux.. 


| Pecten Dunkeri Mayer. 


Eao Calcaire jaune à : Í Ostrea plicatula Lr: 


Les couches L à 5 représentent le Vindobonien. Les terrains compris 
entre le Trias inférieur et le Vindobonien ne sont pas représentés en ce 
point. 


| ZOOLOGIE. — Les récifs d'Hermelles et l'asséchement de la baie du 
Mont-Saint-Michel. Note (') de MM. C. Gates et C. >. Horse, 
présentée par | M: Edmond Perrier. 


Par suite d’un exhaussement progressif du fond de la baie, 1 le FANS 
Michel perd, petit à petit, son aspect insulaire; quoi qu'on en puisse penser, 


(!) Séance da 30 octobre 1916. 
C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 21.) 81 


6r4 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


la digue ne joue aucun rôle dans l’évolution de ce phénomène; sa transfor- 
mation ou sa suppression ne ramèneraient pas les eaux autour du célèbre 
rocher. 

Bien des fois, au cours de ces dernières années, des géologues éminents 
ont indiqué que le fond du golfe normanno-breton était soumis à des mou- 
vements verticaux d'oscillation; le plus récent de ces mouvements, un 
affaissement, vers la fin de l’époque gallo-romaine, produisit la grande 
transgression marine qui amena la destruction de la forêt dite de Sciscy 
(Chauscy) ; mais, le dernier des sept villages, Saint-Étienne-de-Paluel, 
qui reposent ensevelis sous les eaux de la baie, ne fut définitivement sub- 
mergé qu’en l’an 1636. 

Nos recherches sur les bancs d Huitres de la Lis de Gina qui nous 
ont conduits à explorer la région dans tous les sens, nous ont fourni bien 
des fois l’occasion de vérifier l’exactitude dės mouvements d’oscillation 
signalés ci-dessus; mais nous avons constaté en outre qu'à l’ensemble de 
ces phénomènes, d’ordre purement géologique, s'en superposait un autre, 
d'ordre biologique. C’est sur ce dernier que nous désirons appeler particu- 
lièrement l'attention de l’Académie, car son importance, pour l’exhausse- 
ment du fonds marin, est, à notre avis, supérieure à tout ce qui peut 
résulter des lentes oscillations orogéniques dans cette région : il s’agit. en 
fait, des importantes barrières récifales édifiées par les Hermelles (Hermella 
alveolata Sav.), lesquelles, s'étendant par le travers de la baie dans la direc- 
tion Chapelle Sainte-Anne-Granville, barrent CORES les estuaires côtiers 
sur une étendue qui n'est pas in éctéiire à 10}, 

Déjà, en 1832, dans leur Histoire naturelle du town de la France, 1. \, 
p- 181, Audits et Milne-Edwards consignaient les remarques suivantes : 

Nous nous sommes convaincus que les masses formées par ces Annélides étaient 
très considérables et qu’elles enterraient pour ainsi dire les Huîtres. C'est depuis une 
dizaine d'années seulement que les Hermelles ont envahi ce banc (+) et qu’elles y ont 
entièrement arrêté la reproduction des Huiîtres; toutes celles qu’on y arrache avec la 
drague sont très vieilles et comme enfouies dans des masses sablonneuses construites 
par Ces Annélides; aussi ce banc, qui était autrefois Pun des plus: Léstimés, est-il 
aujoufd’hui complètement abandonné. Les Hermelles qui l'ont détruit- paraissent y 
être venues du voisinage du Mont-Saint-Michel, car elles forment, sur quelques points 
des pore y5 ce À hope et au nord-est du Pas-aux-Bœufs, des bancs de sable ou des 


et } pi 


4 CAE db à s’agit HA Sid de de la partie sud dül banc Sao Géo E iy IV.dù 
MAT de Cancale ( Voir L. Joven, Gisements des rh parte comestibles des..côtes 
de France; Monaco, 1910, p. 14). ‘ ani l 


SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1910. 615 
espèces d’îlots qui découvrent à mer basse et qui paraissent élevés de 8 à 10 piéds. 
Il est à craindre que cet ennemi, si dangereux pour les Huîtres, ne gagne les bancs 
voisins et ne dépeuple peu à peu la baie actuellement si riche de Cancale. 


Jusqu'ici, heureusement, les craintes exprimées par les deux savants 
professeurs du Muséum ne paraissent pas s'être réalisées, tout au moins en 
ce qui concerne les bancs d’Huitres: les Hermelles ne s'avancent guère, vers 
l'Ouest, au delà de la laisse des basses mers; comme les Coraux, ces orga- 
nismes ne peuvent sans doute vivre au-dessous d’une certaine profondeur; 
toutefois, du fait de leur activité et malgré la faible solidité de leurs con- 
structions, un résultat important est aujourd’hui nettement visible. 

Les récifs d'Hermelles qui se développent depuis les bancs de sable du 
nord de Cherrueix jusqu’à la hauteur de Dragey, dans la direction du 
Cantonnement, continuent à s’accroître en hauteur, sinon en étendue: 
pareils à d'immenses troupeaux de moutons couchés, ils forment actuelle- 
ment, sur une largeur d’environ 3km, une digue d’ilots, tantôt réunis, 
tantôt séparés, entre lesquels et en arrière desquels, d'année en année, 
s'accumulent les sables amenés par les courants. Les masses récifales, cela 
se conçoit, sont enfouies petit à petit; mais, comme elles végètent sans 
cesse à leur partie supérieure, leur muraille s'élève continuellement, conso- 
lidée par les sables qu’elle a arrêtés. Ces sables, avec les vases qui les con- 
tinuent vers l'Est et vers le Sud, ont déjà tellement modifié l'estuaire du 
Couesnon que ce fleuve, dont les eaux s’écoulaient encore en 1790, bien 
à gauche du Mont-Saint-Michel, le long « des digues du grand marais de 
Dol », est maintenant refoulé vers les grèves cotentines et coule directe- 
ment vers le N ord, entraînant avec lui les eaux de la Guintre, de la Sélune 
et de la Sée. 

Tout le fond de la baie du Mont-Saint-Michel subit donc, du fait de la 
présence des Hermelles, un ensablement et un envasement continus; on 
peut estimer que l'épaisseur des dépôts qui, à l'époque du Voyage d'Au- 
douin et de Milne-Edwards n'était que de 8 à 10 pieds, est aujourd'hui 
d'environ 5" à 6" (15 à 18 pieds); le sommet de la Grande-Bosse dépasse 
peut-être actuellement de 12" le zéro des cartes marines. 

Les conclusions, en face de ces faits, sont faciles à tirer : ce sont les 
Hermelles qui construisent, soit sur les bancs d’huiîtres, soit sur des affleu- 
rements rocheux, de véritables digues qui arrêtent les sables amenés par 
les courants. 

Il se produit ainsi un exhaussement graduel du sol marin, qui aboutira 
à un assèchement complet du fond de la baie; la mer rencontrera des diffi- 


616 ACADÉMIE DES SCIENCES. $ 


cultés dé plus en plus grandes pour atteindre le Mont-Saint-Michel et, 
comme nous l'avons dit plus haut, la suppression de la digue ou sa trans- 
formation, ne peuvent apporter aucune amélioration à cet état de choses. 
Pour permettre aux eaux de s’avancer plus loin vers le fond de la baie, 
il faudrait détruire, sans trop tarder, les récifs d'Hermelles, à la dynamite 
ou à la drague; par les modifications ainsi apportées à la topographie sous- 
marine, peut-être les courants arriveraient-ils à remporter vers la haute 
mer les sables accumulés. Mais ce résultat n’est nullement sûr; il exigerait, 
en tout cas, une étude très approfondie de la question, car on ne peut pas 
espérer défaire en quelques mois ce que la nature a mis 8o ans à édifier. 


MICROBIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Les infections gangréneuses des plaies 
de guerre par germes anaérobies, Note (') de MM. G. Larpennois 
et J. Baumer, présentée par M. A. Dastre. 


Ce qui caractérise les infections gangréneuses par germes anaérobies, 
ce qui les différencie complètement des infections par germes aérobies, 
c’est la destruction rapide des tissus vivants, sans réaction inflammatoire 
de ceux-ci. Cette destruction, due aux produits de sécrétion microbienne, 
est comparable à une digésti gi 

Les agents pathogènes des processus gangréneux agissent ín viro sur 
les albuminoïdes, les hydrocarbones et aussi, fait moins connu, et que nos 
expériences nous ont enseigné, sur les graisses (°). Ils réduisent toutes ces 
substances en composés plus simples, dont certains sont malodorants, 
avec dégagement pe ou moins abondant de gaz, hydrogène, acide car- 
bonique, etc. 

In vivo leur action est analogue. Ils attaquent les tissus vivants et les 
décomposent en créant des produits toxiques. Les gaz ne sont qu’un sous- 
produit dé cette transformation. Ils peuvent manquer dans les formes 
cliniques les plus graves. 

Notre expérience, basée sur l'observation d’un peu plus de 500 cas 
d'infection grave par germes anaëérobies et sur de nombreuses expérimen- 
tations, nous a montré que l’activité de ces germes S 'exerce avec une pré- 


(*) Séance du 13 novembre 1916. 

(?) Voir G. Larpennois et J. Baume, Les processus gangréneux tuméfiants et 
gazeux (Communication à la Société médico-chirurgicale de la ...° armée, 29 Sep- 
tembre 1916). : : SES 


SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1916. 617 


dilection toute particulière sur les muscles, et accessoirement sur les capil- 
laires sanguins et lymphatiques. 

Injecté sous la peau d’un cobaye, une culture de vibrion septique de 
faible virulence peut n'être pas pathogène; la même, introduite dans un 
muscle contusionné peut engendrer la gangrène gazeuse. Le muscle est le 
terrain d'élection pour l’anaérobie; c’est en fait le lieu de production de la 
gangrène gazeuse. Aussi les plaies musculaires par projectiles qui meur- 
trissent et ébranlent le tissu autour de leur trajet se sont montrées à nous, 
dans certaines conditions, tout particulièrement redoutables, plus due 
tables que les plaies articulaires elles-mêmes. Les gros muscles du membre 
inférieur nous ont fourni les cas de beaucoup les plus nombreux (78 pour 
100), et les plus graves (95 pour 100 des morts). Les sujets très musclés 
et fatigués semblent offrir une prédisposition particulière. Ajoutons que les 
trois quarts de nos blessés atteints d'infection gangréneuse ne présentaient 
point de fracture. Enfin s’il s ’agissait ordinairement de plaies par éclats 
d'obus, petits ou moyens, des cas rapidement mortels ont succédé à des 
blessures musculaires simples par balle, voire par balle de révolver. 

L'action myolytique des anaérobies se manifeste d’abord par une tumé- 
faction locale. Le muscle apparaît gonflé, succulent, peu contractile, 
friable, se dilacérant facilement et ne saignant pas à la coupe. Il a une 
teinte verte avec souvent des taches brunes dues à des suffusions san- 
guines. La tuméfaction est souvent telle que le muscle, une fois l’aponé- 
vrose incisée, fait saillie au dehors. Après l'excision chirurgicale des 
parties sphacélées la brèche musculaire se comble rapidement. Histolo- 
giquement le processus correspond à une augmentation de volume de la 
fibre musculaire elle-même. Celle-ci perd sa striation et son imbibition 
hémoglobinique normale. Elle ne se colore plus. 

Les noyaux du sarcolemme sont multipliés, mais il n’y a pas dans les cas 
typiques de réaction inflammatoire vraie. En coupe transversale, les 
champs musculaires irrégulièrement colorés apparaissent doublés et triplés 
de volume, se comprimant mutuellement. Cette tuméfaction particulière 
du muscle est un stade précoce de la gangrène. Elle s'accompagne de 
phénomènes généraux graves. Parfois le sujet est emporté avant qu’on 
perçoive gaz ou odeur. Plus souvent, il y a évolution vers la gangrène 
gazeuse typique. La destruction musculaire progresse, on peut la suivre 
jusqu’à l’infiltration gazeuse diffuse par des examens radiographiques suc- 
cessifs. 

La tuméfaction musculaire maligne et la gangrène gazeuse s’accom- 
pagnent parfois d'œdème assez étendu. Il arrive que cet æœdème soit plus 


618 ; ACADÉMIE DES SCIENCES. 

apparent que la lésion musculaire. Il s’agit d’un œdème spécial constitué 
par une sérosité jaune rougeâtre, fibrineuse. Cet épanchement paraît dù 
à la destruction des capillaires lymphatiques et sanguins. Cette sérosité 
contient des globules rouges et pas de leucocytes: Ce n'est pas une sérosité 
inflammatoire. Par contre, elle est infectante, l’inoculation au cobaye et, 
suivant le cas, au lapin entraîne souvent une septicémie gangréneuse. 
L'abondance des suffusions sanguines donne parfois un dev particulier; 
« l’érysipèle bronzé ». 

Les germes ordinaires de ces processus gangréneux sont: de vitir sep- 
tique, le perfringens, et aussi un streptocoque anaérobie facultatif, com- 
plice redoutable de Pun des précédents ou des deux à la fois. Des auteurs 
ont récemment décrit divers germes différenciés par eux du perfringens. 
Ces germes semblent, sur certains champs de bataille, du fait de conditions 
telluriques particulières et de la souillure progressive du sol, avoir acquis 
ane virulence plus grande. L'association vibrion: septique + perfringens 
et surtout l'association vibrion septique + perfringens + streptocoque 
entraine une histolyse plus rapide et une gravité pen Nous l'avons 
vérifié expérimentalement. 

Dans les cas les plus nombreux (41 sur 48), nos ot assez prit 
coces ont été négatives. L'infection gangréneuse maligne entraîne donc au 
début le plus souvent:une toxémie et non, comme on l’a dit, une septicémie: 
Les germes ne passent dans le FR que plus ou moins tardivement. La 
toxémie Taps le bulbe, mais jusqu’à la fin respecte le cerveau. 

Lorsqu'une intervention appropriée a enrayé la marche d’une gangrène 
grave, il arrive qu'après un répit de quelques jours s’installe une septicemie 
à streptocoques aérobies procédant sans doute de ces streptocoques anaé- 
robies facultatifs dont nous avons pie Ces septicémies sont particulière" 
ment rebelles et graves. Di 


BACTÉRIOLOGIE. — Sur la recherche des bacilles tuberculeux dans les 
expectorations et les divers liquides de l'organisme, et sur la recherche des 
fibres élastiques. Note (‘) de M. H. Berry, présentée par M. A. Dastre. 


J'ai écho ment indiqué un procédé de recherche des bacilles tuber- 
culeux dans les expectorations, (?), qui consiste à homogénéiser d’abord 
ces expectorations, puis à y déterminer la formation d’un précipité capable 

oo 


(U) Séance du 13 novembre 1916. 
:(*) Comptes rendus, t. 163, 1916, p. 110. | à 


SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1916. 6:19 


d’ n par pannben. les bacilles disséminés dans la masse 
visqueuse : 

La ligaer des crachats est obtenue, par addition d’ bypoehürie de 
soude en quantité très faible et de soude diluée, à à une température voisine 
de 35 rot. Au mélange, on ajoute goutte à goutte de l'acide acétique dilué 
jusqu’à réaction légèrement acide et l’on provoque ainsi l'apparition d'un 
précipité qui se dépose rapidement par centrifugation, et qui renferme 
sous un petit volume, en outre des bacilles de Koch; ‘de la une des 
nucléoprotéides et des alcali-albumines ('). 

Cette technique, légèrement modifiée, permet également de désaies les 
bacilles tuberculeux dans le sang, les exsudats et les transsudats séreux, le 
liquide céphalo-rachidien, les liquides purulents, le lait, etc. Les diverses 
expériences, entréprises à ce sujet, ont consisté d’abord à retrouver dans le 
sang, les exsudats, etc., de très petites quantités de bacilles tuberculeux 
qu'on y avait précédemment introduit, puis à rechercher et décelér les 
bacilles de Koch dans différents liquides provenant de Dee ‘présentant 
des formes diverses de tuberculose avérée. 

. Voici le mode opératoire suivi pour le sang, les exsudats pleuraux, le 
liquide céphalo-rachidien, mode opératoire applicable, à quelque variante 
près, aux autres liquides de SOYA TS On peut opérer avec un walenie! 
stérile. 


+ S 2 Recueillir pal de sang (10% à iSem j dans 17° de solution de soude Ro 
à 1 pour 100) : 


. (1) Jrai pu au cours de nombreuses analyses (plus d’un millier), en appliquant cette 
méthode, simplifier le mode d'homogénéisation et d'obtention du précipité : A: rl de 
crachats, ajouter 1'°! de solution.de soude (Na OH à 1 pour 100) et de l’eau de Javel 
(i goutte, pour 50 de crachats), chauffer à 39°-40°. La dissolution se fait très;vite. 
On peut également abandonner le milange à à a LRIRRÉFAÈRES du Mopratgire „pendant 
10 et 20 heures et. chauffer ensuite à 40°, pou enir une excellente. 
Quand lhomogénéisation est complète, on ajoute à 1°! de mélange. quel d’eau distillée 
si l'on a affaire à des crachats muqueux, et 3"°! d’eau distillée s'il s’agit de crachats 
épais nummulaires (avec un peu d'habitude on arrive facilement à obtenir, sans 
avoir.besoin de mesure précise, des liquides de densité et de viscosité convenables), 
Verser la liqueur dans un récipient en, verre, bouché au TUE at etl ‘additionner, 
goutte à goutte et en, agitant, d'acide acétique dilué. au 35, de facon. à obtenir un 
léger précipité très divisé, Genesigers et opérer comme il a été piqué dans les 
Camptes rendus. 

. J'ai été aidé ss PA, nombreuses. signe à par MM. rte et „Durain, alachis 
au laboratoire. 


HOY ub $ 


620 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


` 


1° Homogénéiser en chauffant à 35°-40°. A 1° de mélange, ajouter 3*°1 deag 
distillée ; verser le tout dans un récipient cylindrique en verre muni d’un bouchon 
de RAR 

2° Faire tomber dans la liqueur goutte à goutte et en agitant de l'acide BEP Z 
au 545; Chaque goutte d'acide détermine l'apparition d'un précipité qui se redissout 
par agitation; continuer jusqu’ à formation d’un très léger pr écipilé permanent. 

3° Verser le liquide ainsi traité dans les tubes du centrifugeur. Nr nd ce décanter 
et recueillir le liquide surnageant, étaler le culot sur lames. 

4° Ajouter au liquide décanté de l'acide acétique au ‚ig jusqu'à RES de 
précipité. Centrifuger à nouveau et préparer des lames avec le second dépôt. 

5e Les lames préparées avec les deux culots de centrifugation sont placées sur la 
platine chauffante. Chauffer chaque lame lentement, puis étaler avec une autre lame 
le culot épaissi en couche mince et uniforme (c’est le temps délicat de eiai La 
préparation prend L'aspect du verre vernissé. 

6° Fixer, colorer par la méthode de Ziehi-Neelsen pour éliminer les acido- résistants. 
Verser la liqueur de Ziehl non pas directement sur la lame de verre, mais sur une 
petite feuille rectangulaire de papier buvard placée sur la préparation. 


Exsupar DE LA PLÈVRE. — Recueillir 1Y® (10°%° à 15°%° d’exsudat séro-fibrineux) dans 
1" de solution de soude NaOH à 1 pour 100, Homogénéiser à pe Additionner 
le mélange goutte à goutte et en agitant, d'acide acétique dilué au ;45, jusqu'à for- 

mation d’un léger précipité permanent (on peut aussi employer l'acide HUE 
tique au :45). Centrifuger et continuer comme précédemment. 

La mise du culot de centrifugation sur lames est assez délicate, elle doit se faire sur 
lames légèrement chauffées. La préparation prend l'aspect du verre dépoli. 


LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN. — Recueillir 10°% à 15°%° de liquide dans 10° à 15 de 
solution de soude NaOH à ı pour 100. Homogénéiser. Ajouter ou non suivant la teneur 
en albumine (1) 1°! d’eau distillée, Continuer comme précédemment. 

Dans tous les cas le précipité renfermant les bacilles de Koch peut être facilement 
lavé avec de leau physiologique stérile; il est assez fin pour pouvoir être injecté au 
cobaye avec une aiguille de seringue de Pravaz. 


FiBres ÉLASTIQUES. — Les fibres élastiques, dont la présence dans les crachats indique 
une destruction du parenchyme pulmonaire, sont conservées intactes après ces mani- 
pulations. Il est facile de procéder à leur recherche, en même temps qu’à celle des 


bacilles tubercnleux, sur les lames préparées et colorées au Ziehl-Neelsen.  ! 


(*) Le liquide céphalo-rachidien normal ne contient ni fibrinogëne, ni sérumalbu- 
mine; il ne renferme que des traces d’albuminoïdes représentés surtout par des globu- 
lines, mais le liquide céphalo-rachidien obtenu par ponction, chez des malades atteints 
de méningite tuberculeuse, est assez riche en albumine. 

La recherche des bacilles tuberculeux peut égalément se faire dans les liquides 
dépourvus d'albumine; il suffit alors de leur ajouter du sérum sanguin, dilué et pré- 
paré comme je l’ai iétiqué (Comptes rendus Soc. de Biol., 1°" avril 1916). C'est ainsi 
que j'ai pu, en utilisant ce procédé, pratiquer la recherche du bacille de piss dans 
des poussières émulsionnées avec de l'eau contenant du sérum sanguin. 


SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1916. 621 


En résumé, cette technique peut être employée pour la recherche des 
bacilles tuberculeux non seulement dans les expectorations, mais dans les 
divers liquides de l'organisme. 


À 15 heures trois quarts l’Académie se forme en Comité secret. 


COMITÉ SECRET. 


SUR LES ÉTABLISSEMENTS AGRICOLES DE RECHERCHES SCIENTIFIQUES ; 
CE QU'ILS SONT, CE QU'ILS DEVRAIENT ÊTRE. 


(Rapport de la Commission d’action extérieure de l’Académie des Sciences : 
MM. Jordan, président; d'Arsonval, Lippmann, Emile Picard, Haller, 
-A. Lacroix, Le Chatelier; Tisserand, rapporteur.) 


1. L'agriculture est assurément l'une des industries les plus importantes 

de notre pays. 
- Elle meten œuvre les 46 millions d'hectares cultivables de notre terri- 
toire. Le nombre des exploitations agricoles, grandes et petites, dépasse 
3 millions et demi, et celui de ses travailleurs (propriétaires exploitants, 
fermiers, métayers, laboureurs et journaliers), avec leurs femmes ct leurs 
enfants, approche de 18 millions de personnes. 

Sa production annuelle était déjà, à la fin du siècle dernier, de 17 mil- 
liards et demi de francs; d’après les évaluations de ht elle aurait atteint 
près de 19 milliards. 

Enfin, on peut dire que c est la population rurale qui fournit à l’armée le 
plus de soldats et, qui plus est, les soldats les plus solides et les plus 
résistants. 

On comprend dès lors combien grosse de conséquences est, pour l'avenir 
et la puissance de la France, la plus minime amélioration se E  . sur 
des millions d'hectares et des millions d'individus. 


2. L'agriculture française a déjà fait de notables progrès, puisqu’elle est 


arrivée à produire, à peu de chose près, de quoi suffire normalement aux 
besoins de la population en pain et en viande; on doit reconnaitre néan- 


C, R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 21.) 82 


G22 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


moins, si l’on compare ses rendements par hectare à ceux des principales 
contrées qui nous avoisinent, qu'elle n’a pas réalisé et de hesscoup tout 
ce que le sol national est susceptible de donner. 

Il faut non seulement ramener à la terre ceux qui la désertent pour les 
espérances si souvent décevantes du séjour à la ville, mais encore accroître 
la population de nos campagnes pour augmenter les forces vives du pays et 
en particulier celles de l’agriculture; or, pour cela, il est de toute nécessité 
de développer largement la production agricole. 

Cette solution doit être au premier plan de nos préoccupations; elle 
s'impose d’autant plus aujourd hui que nous avons à relever les ruines qui 
couvrent nos campagnes, à réparer les effroyables pertes de notre popula- 
tion et à panser les horribles plaies de la formidable guerre que l odieuse 
kulture allemande nous a imposée. 

Les Pouvoirs publics s'occupent de la reconstitution de notre cheptel, de 
la réfection de notre outillage et des remèdes à apporter à la crise de la 
main-d'œuvre, dont l’agriculture et toutes les industries souffrent cruel- 
lement et continueront à souffrir après la guerre. 

Mais combien d’autres mesures sont à prendre tant par l’État que par 
l'initiative des associations agricoles et des corps scientifiques, au premier 
rang desquels l’Académie des Sciences doit prendre place. 

Tout notre système d'encouragement, d'enseignement agricole et de. 
recherches agronomiques est à reprendre de la base au sommet, pour 
l’approprier aux conditions nouvelles et le rendre plus efficace, 


3. Il est surabondamment prouvé que les pays qui ont fait le plus de 
progrès et qui obtiennent de leur sol les plus riches moissons sont ceux qui 
ont multiplié chez eux les établissements de recherches et d'enseignement 
de l’ordre le plus élevé et préparé leur population rurale, par une solide 
instruction préalable, à les apprécier, à les AGGEPLER et avoir plane 
confiance dans la Science. 

Le programme que nous avons à suivre est dès lors tout tracé. Nous 
nous bornerons dans cette Note à rechercher, quant à présent, ce qu'il nous 
faut faire en ce qui concerne les établissements d’ expérimentation d'ordre 
scientifique relevant des services agricoles, à savoir les stations agron0- 
miques et les laboratoires spéciaux. 

Notre objectif doit être, avons-nous dit, d'accroître la production 
agricole de la France et de mettre celle-ci au niveau qu’elle doit avoir. 

Les problèmes qu'il comporte sont multiples et variés et pour les 


SÉANCE DÜ 30 NOVEMBRE 1916. 623 


résoudre il est indispensable d’avoir recours à l’aide de toutes les branches 
dé la Science. 

Cette multiplicité dés connaissances exigées, jointe à la nécessité de plus 
en plus pressante de faire progresser l’art agricole, a amené tous les pays 
éivilisés à chercher les moyens d'y satisfaire. 

On à créé dans ce but, un peu partout, dés laboratoires soit dans des 
fermes, soit au Muséum national d'Histoire naturelle, soit encore dans les 
universités, dans les académies et dans les principales écoles agronomiques. 

A Porigine ce fürent dés savants, et non des moindres, qui prirent 
l'initiative de les organiser. 

Ce fut à la fin du xviii? siècle Lavoisier qui introduisit, dans son domaine 
dé Fréchines, sa puissañté méthode d’éxpérimentation pour létude des 
phénomènes dé la végétation des plantes cultivées, et il réussit, puisqu'il 
parvint à accroître notablement le révenu de sa terre. 

Plus tard un grand agronome, Mathieu de Dombasle, chercha à suivre 
les traces du fondateur de la Chimié moderne, dans l'exploitation de la 
ferme de Roville, près de Nancy, où il découvrit le procédé de la diffusion 
pour l'extraction du sucre contenu dans la betterave. 

Puis Boussingault fit de la ferme de Bechelbronn, en Alsace, le centre 
de ses mémorables recherches sur les végétaux et sur les animaux domes- 
tiques. 

Au milieu du xix° sièelé, Liébig à l'Université de Giessen (duché de 
Hesse), Stockhardt en Saxe, Lawes et Gilbert en Angleterre, s'inspirant 
dés travaux des savants franéais, créèrent à leur tout des laboratoires dé 
recherches et ouvrirent de nouvelles voies à l’agriculture. 

Audouin, dans le même temps, découvrait au Muséum d'Histoire natu- 
relle, par une étude attentive des mœurs de l'insecte, le moyen pratique de 
détruire la pyralé qui ravageait les vignes de la Bourgogne; Duchartre 
démontrait que, pour sauver le vignoble français et échapper au désastre 
dont lé meñaçàit l’oidium, il fallait recourir au soufrage de la plante; 
Baudement, ün aide-naturalistée du Muséum, devenu professeur à l’ancien 
Institut agronomique, puis au Conservatoire des Arts et Métiers, devenait 
le fondateur de la Zootechnie moderne, en indiquant les méthodes ration- 
nélles à suivre pour alimenter les animaux et perfectionner nos races 
domestiques. 

Je ne puis omettre de citer encore les slghrilés services rendus par les 
Becquerel, par Naudin, Blanchard, Georges Ville, Deherain, Cornu et bien 


624 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


d’autres, au Muséum national d'Histoire naturelle, dont l’enseignement fut 
spécialement créé par la Convention en 1793, pour l’étude des moyens 
propres à faire progresser l’agriculture et l’industrie. 

Ai-je besoin enfin de rappeler i ici les immortelles découvertes de Pasteur 
sur la pébrine du ver à soie, sur le charbon des espèces bovine et ovine, sur 
la rage, sur le vin, sur la bière, etc., et celles de ses savants continua- 
teurs, découvertes qui eurent pour résultat d'éviter à l’agriculture des 
pertes se chiffrant par centaines de millions, de doter la viticulture, la 
brasserie, la vinaigrerie de méthodes de travail inestimables et de sauver 
combien de vies humaines! 

Sans nous attarder par plus de citations qu’il nous serait facile de multi- 

plier, nous pouvons proclamer hautement que tous les grands progrès 
_ réalisés dans le domaine de l'agriculture ont eu pour point de départ les 
_travaux et les découvertes de la science. 

La vulgarisation des merveilleux résultats ainsi obtenus a eu pour consé- 
quence la création, par les Gouvernements, et la multiplication des stations 
agronomiques et des laboratoires spéciaux. Au commencement de ce siècle 
on en comptait une vingtaine dans le Royaume-Uni, une cinquantaine en 
Allemagne et Autriche, 21 en Russie, plusieurs en Hollande et dans les 
pays scandinaves. L'Italie en avait organisé pour la sériciculture et la vitj- 
culture. Il y en avait même dans l'Extrème-Orient. 

En France nous en avions 47 et les États-Unis 55. 

Le nombre de ces établissements a depuis continué à s’accroitre en 
Europe, en Amérique, en Australasie et au Japon. Ils se sont surtout 
propagés de remarquable façon aux États-Unis où ils ont pris le caractère 
d’une institution d’État. 


4. L'organisation des stations agronomiques aux États-Unis mérite 
d’être signalée. 

Une loi spéciale (Hatch Act, 1887) a décidé qu’il serait prélevé sur le 
prix de la vente des terres nationales les sommes nécessaires pour fonder et 
entretenir une station agronomique par État confédéré. 

Cette même loi a défini minutieusement le rôle que ces établissements 
ont à remplir : ils doivent se consacrer entièrement aux recherches scienti- 
fiques pour tout ce qui intéresse l’agriculture de l’État où chacun d'eux est 
situé. Ils disposent à cet effet de Due de serres, d’étables, d’écuries, 
de jardins, de champs d'expériences, de fermes même, pour les études de 


SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1916. 625 
physiologie végétale et animale, de botanique, de zoologie, de géologie, de 
génie rural, de mécanique, de zootechnie, etc. que comportent leurs 
travaux. 

Pour accomplir la tâche qui leur est dévolue, les stations des États-Unis 
possèdent un personnel approprié à la nature et à l'importance des recher- 
ches qu’elles ont à faire; chacune d’elles a un directeur de grande notoriété 
et, autant qu'il lui en faut, de chefs de service, de techniciens et de prépa- 
rateurs; elle dispose ainsi de 8, 10, 20 agents de toutes spécialités et sou- 
veut plus, suivant les besoins, de sorte qu’elle représente une sorte de ruche 
vivante, un groupement d'hommes de science, tous poursuivant avec 
ardeur, sans compter avec leur temps et leurs peines, le même but commun : 
le progrès de l’agriculture dans toutes les branches de son activité. 

Dans les{53 stations qui étaient en plein fonctionnement il y a quelques 
années et dont nous possédons le décompte, le personnel comprenait : 


CHPOIROR i oes. CAT osier aitu dés 148 
Botanistes,.,.,....: D de SUN RUN. » 52 
Eatomolopislos csr. o des eee res 48 
Dacterro e eE Ion aa Ea rie 20 
DIDIORNALES LEUR IL TORRENT ES Fi 
Physidiens i anrik ers ins é.siré ilio 7 
B a a E fem vis be pire 5 
Aprono rase, ane T T lvl 68 
Zootechniciens....... E EPEE PIERRE i 

a N PRE PR a 26 
POPLICGIIEUTS Ae o a E A SRE 77 
Météorologistes... RAR NPA SAT ALT E 17 


On y comptait encore suivant les cas des hydrauliciens pour les irriga- 
tions, des professeurs de mécanique, etc. 

Ce nombreux personnel était réparti entre les diverses stations à raison 
des sciences spéciales à appliquer dans chacune d'elles. 

Pour assurer l'existence de ce grand service, l’ Act Hatch accorde à chaque 
station une somme de 75000" par an qui doit être affectée exclusivement 
aux recherches et PA piriences; la loi est formelle à cet égard. 

À cette somme s'ajoutent la subvention obligatoire de l'État fédéral où 
est installée la station, des dons et legs, la participation des associations 
agricoles et le produit des analyses et expertises faites par l'établissement, 
ainsi que celui qui provient de la vente des produits des serres, jardins, 
champs d'expériences et fermes en dépendant. 


626 ACADÉMIE DÉS SCIENCES. 


Ces ressources accessoires, qui servent à payér lės frais d'administration 
et d’entretien, correspondent en moyenne au tiers dé l’allocation du trésor 
fédéral, de sorte que les fonds qui sont à la disposition de chaque station 
atteignent pour le moins une centaine de mille francs par an ("). 

Avec de pareilles sommes, les stations peuvent rémunérer largement 
leur personnel et assurer à celui-ci une situation qui lui permet de se 
consacrer aux récherches et de se livrer aux expériences, quelque coûteuses 
fussent-elles. 

Elles ont un Conseil local qui s'occupe de leur gestion et de leur activité. 

Le Congrès a voulu qu’elles fussent de plus reliées entre elles et qué leur 
fonctionnement fût contrôlé par üne autorité supérieure de haute compé- 
tence. Il a créé à cet effet, près du Ministère de l'Agriculture à Washington, 
uú service scientifique central (Office of Experiment Stations) chargé de 
suivre leurs travaux, de les guider, de veiller au bon emploi dés réssourcés 
dont elles disposent; d'examiner et de régler leur budget. 

L'Office préside à la création et à l’organisation de toute station nouvelle; 
il choisit le personnel, reçoit les rapports de chaque station et statue sur 
leur publication; il redresse au besoin leurs procédés d’analyses ou d’expé- 
‘rimentationetindique les recherches à faire dans l'intérêt général ; il propose 
les réformes et améliorations à introduire dans l’organisation des stations 
ou dans la composition de leur personnel; il veillé en un mot à ce que 
chaque station rende le maximum de service et fasse un emploi utile de ses 
ressources. 

Il a en outre pour mission de publier : 1° une revue mensuelle ( Expert- 
ment Station Record) faisant connaître par une courte analyse toutes les 
publications nationales et étrangères, de nature à intéresser le personnel 
des stations; | 

2° Un bulletin mensuel (Journal of Agricultural Research) pour tenir les 
stations au courant des plus hautés applications qui ont été faites de la 
Science à l'Agriculture: 

L’ Annuaire du Ministère de P Agriculture, qui est tiré à 5006000 ou 660 000 
exemplaires, rend compte en outre chaque année des travaux effectués dans 


(+) Les fonds dont disposent actuellement les 63 stations agronomiques américaines 
ont été considérablement augmentés par suite de travaux importants qui leur ont été 
imposés (irrigation, « Dry farming », machines, étude physique et chimique des sols 
et sous-sols des territoires, etc.). Ils se sont élevés en 1912 à 1927927317. Le pérsonnel 
comprend 1567 agents. 


SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1916. 627 


le courant de l’année écoulée par les diverses stations. C’est là un stimulant 
qui encourage les chercheurs et entretient l’activité de tout le personnel. 

L'Office des stations a à sa tête un directeur et, comme collaborateurs, 
dix chefs de service, tous de compétence éprouvée, savoir : un météorologiste, 
un zootechnicien, un botaniste, un chimiste, un technologiste, un agronome, 
un entomologiste, un biologiste, un géologue, un statisticien. 

Un bibliothécaire et des commis complètent ce personnel. 

Le Conseil relève du Ministère de l'Agriculture. Un budget annuel 
de 175000" sert à couvrir ses dépenses. | 

Le Service des Stations agronomiques des États- Unis, organisé comme 
nous venons de l’exposer, a fait ses preuves; ila donnéles meilleurs résultats 
et contribué puissamment au développement de l’agriculture de tout le 
territoire des États-Unis. 


5. En France nous avons à peu près autant, sinon plus de stations agro- 
nomiques que les États-Unis, si nous y comprenons les laboratoires spéciaux 
de recherches; mais l’organisation de nos établissements diffère totalement 
de celle des leurs. 

Nos statians sont réparties très inégalement à la surface de notre terri- 
toire : il y a de grandes régions agricoles qui n’en ont pas, alors que 
certaines en ont plusieurs. 

Elles ne sont rattachées par aucun lien entre elles, ni à une direction 
unique, ni à une station centrale; il n'existe pas de Conseil ayant pour 
tâche de veiller à leur fonctionnement, de contrôler leurs dépenses et 
surtout d’assurer le recrutement de leur personnel. 

Elles sont généralement toutes spécialisées pour une seule branche de 
l’industrie agricole et ont par suite chacune un personnel réduit à un direc- 
teur assisté d’un ou deux préparateurs. 

Elles ont des origines variables; les unes, ce sont les plus importantes, 
sont installées dans les grandes écoles d’ agriculture et appartiennent à 
l’État; les autres sont des établissements qui, créés par des départements, 
des Hues, des associations agricoles et même des Facultés, sont subven- 
tionnés par l'État. 


6. Les crédits qui figurent au budget voté par le Parlement pour lexer- 
cice 1913 s'élèvent à la somme totale de 339700" ainsi répartie : 


1° Stations relevant de la Direction de l'Agriculture, 124 300, soit 
5636" en moyenne par station ; 


628 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


2° Stations dans les attributions des services scientifiques et de la répres- 
sion des fraudes, 207600", soit 9000" en moyenne par station; 
3° Station relevant de la Direction générale des Forêts, 78oof. 


Ajoutons à cela que les subventions votées par les Conseils généraux, par ` 
les municipalités et les associations agricoles, contrairement à ce qui se 
passe dans d’autres pays, sont de minime importance et à peu près négli- 
geables, ce qui est fâcheux, car c’est un signe évident du peu d'intérêt 
qu’on attache aux recherches agronomiques. 

On peut juger par là combien sont insuffisants les crédits alloués à nos 
stations, pour une juste rémunération du personnel et pour faire face aux 
frais d'expériences, d'installations, d'achat de mobilier et de matériaux que 
comporte l'étude scientifique des végétaux, des animaux et des problèmes 
multiples de l’outillage agricole et de ceux que soulèvent nos industries 
annexes. 

Il suit de là que, pour pouvoir vivre, les stations françaises sont forcées 
de limiter le champ de leurs investigations, de renoncer aux recherches qui 
exigent quelques dépenses d'installation et de matériel, et que le per- 
sonnel doit rechercher, au dehors, des fonctions qui assurent son existence 
et celle de sa famille, mais qui absorbent, au détriment de la station, la 
plus grande partie de son temps et de sa capacité de travail. 

C’est malheureusement le cas de la plus grande partie de nos stations 
agronomiques, aussi leur rendement en services scientifiques va-t-il en 
diminuant jusqu’à devenir à peu près nul. Il n’y a guère que les stations 
d’entomologie et de pathologie végétale dans les services des épiphyties 
sous la direction de M. Roux, la Station d’essais de semences dirigée par 
M. Schribaux et la Station d'essais des machines agricoles dirigée par 
M. Ringelmann qui arrivent à faire des travaux d’un très réel intérêt. 

Ce n’est pas, en définive, le nombre de nos établissements qui fait défaut, 
il y en a peut-être trop puisqu'il en résulte qu’on ne peut donner à chacun 
d'eux qu’une poussière de subvention !... Et cependant nous n'avons pas 
encore de station de recherches pour la physiologie animale et la zootechnie 
qui soulèvent tant de problèmes de haute importance sur l'alimentation des 
animaux, sur la production des forces animées et des multiples industries 
agricoles, sur l'amélioration des races bovine, ovine et porcine, etc. 

C’est l’organisation de ces établissements, leur dotation financière et le 
mode de recrutement de leur personnel qui laissent à désirer et auxquels il 
faut porter remède si l’on veut en obtenir un bon rendement. 

Pour la question d'argent, la solution est facile, le Parlement étant 


SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1916. 629 


toujours disposé à venir en aide à l’agriculture et à lui donner les moyens, 
quand ils sont reconnus nécessaires, de développer sa production; elle 
serait surtout facile si l’on pouvait se décider à se contenter de n'avoir, par 
région agricole bien définie, qu'une station solidement constituée et groupant 
les spécialités les plus importantes de la région. 

Pour le personnel, les difficultés sont plus grandes, mais elles ne sont 
nullement insurmontables. 

On ne doit pas oublier que la valeur des services des étabhasenienis dont 
nous nous occupons dépend avant tout et par-dessus tout de la qualité de 
leur personnel et du travail que celui-ci leur consacre. Il importe donc que 
le personnel soit composé d'hommes offrant toutes les garanties de com- 
pétence, d’autorité et de dévouement; pour cela il faut qu'il soit rémunéré 
à sa valeur. 

Il faut que le directeur et les chefs de service soient choisis par un corps 
d'élite et non pris arbitrairement ou au concours, mode de choix qui a 
l'inconvénient grave d’écarter les hommes mûrs de haute valeur scien- 
tifique et ayant déjà acquis de la notoriété. 

Le Muséum d'Histoire naturelle, les Facultés des sciences et les institu- 
tions de haut enseignement d'agriculture ou autres et une station agrono- 
mique centrale doivent de leur côté préparer et former la pépinière dans 
laquelle les stations pourront trouver l’armée des travailleurs scientifiques 
dont elles ont besoin pour donner à leurs travaux toute l’ampleur désirable. 

Il serait même bon que les portes des stations elles-mêmes fussent lar- 
gement ouvertes aux jeunes gens de nos écoles ou des Facultés, ou encore 
du Muséum, quand ils sont désireux d'y accroître leur instruction au con- 
tact des maîtres ou d'embrasser la carrière ouverte par les stations; pour 
les attirer et exciter leur émulation, on pourrait même leur donner une 

légère rémunération. 

Enfin les laboratoires, les champs Pespërientéi; les étables d’expérimen- 
tation, etc. devraient être accessibles à tous ceux qui auraient des recherches 
à faire dans un but déterminé. 

En Danemark, les établissements scientifiques qui ont des études à pour- 
suivre sur la grande culture, sur les animaux domestiques, sur les ma- 
chines, etc., trouvent toujours aisément des agriculteurs disposés à mettre 
à leur service tout ou partie de leur exploitation, pour leurs Sxpériences ; 
ils tiennent à honneur de collaborer aux travaux des savants et à leur 
donner toute l’assistance dont ils ont besoin. 

En France, nos stations devraient suivre cet exemple ; elles trouveraient 

C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 21.) 


630 ACADÉMIE DES SCIENCES, 


partout aujourd’hui des agriculteurs éclairés et tout aussi heureux que les 
Danois de leur donner un intelligent concours. Ce serait une simplification 
et une grande économie pour certaines recherches exigeant de grands 
espaces et de nombreux animaux. 

C'est ainsi que, sans grands frais, la pratique peut contribuer aux travaux 
de la Science. 

Je ne puis m'empêcher encore de rappeler un conseil que j'ai donné il y 
a bien des années aux directeurs de nos stations, à savoir de se mettre en 
rapport avec le monde rural en profitant une fois par an des grandes 
réunions agricoles de leur région pour exposer leurs travaux et en faire 
connaitre les résultats. 

Il faut le faire sous forme de causerie familière et sans grand apparat, de 
façon à inspirer confiance aux auditeurs, à provoquer leurs observations et 
à savoir leurs desiderata sur les questions qu’ils voudraient voir élucider. 

C’est là un moyen facile de propager le progrès et d'amener le monde 
rural à s'intéresser à l’œuvre des stations. 

Comme je l'ai dit plus haut, nos stations agronomiques n’ont pas de lien 
entre elles; elles existent sans se connaître, sans contact les unes avec les 
autres; elles s’ignorent et restent dans l'isolement. 

Il faut établir ce lien pour leur donner plus de cohésion, plus d'unité, 
plus de vitalité. Les fonctionnaires des stations, en se réunissant de temps 
à autre, pourraient échanger leurs idées, s'entretenir de leurs travaux 
respectifs, de leurs procédés et profiter mutuellement de leur expérience. 
Il faut, d'autre part, qu’il y ait une publication spéciale qui fasse connaitre 
leurs recherches, qui les stimule, les oblige à donner signe de vie et à tra- 
vailler ! 


7. A la tête de toute organisation une direction unique, permanente el 
compétente est indispensable. C’est le cas d'appliquer ce principe aux sta- 
tions et laboratoires spéciaux. 

Ces établissements doivent absolument avoir une certaine autonomie ; 
il importe que les maîtres qui leur consacrent leur vie et leur science aient 
la liberté de leurs mouvements et puissent se livrer de leur initiative propre 
aux travaux et recherches pour lesquels ils se croient les plus aps mais 
c’est à condition toutefois de travailler et de produire. 

I] faut qu’en regard de cette liberté d'action il y ait, dans l'intérêt 
même de l'institution, un Conseil permanent d’une compétence et d’une 
autorité incontestées, qui soit chargé de coordonner les efforts des stations, 


SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1916. 631 


de leur donner le mouvement, de les contrôler et de faire le choix de leur 
personnel en dehors de toute influence extérieure et au-dessus de toute 
préoccupation étrangère au bon et fructueux fonctionnement de l’insti- 
tution. 

Ce Conseil, qui pourrait prendre le nom de Conseil supérieur des stations 
agronomiques et des laboratoires spéciaux, me semble, à raison des fonctions 
importantes qui lui seraient dévolues, devoir être composé : de membres 
de l’Académie des Sciences, de membres de l’Académie d'Agriculture et 
de professeurs de l’Institut national agronomique qui, eux aussi, devraient 
être désignés par l’Académie des Sciences comme ceux de toutes les écoles 
de haut enseignement. 

Un tel Conseil représenterait toutes les spécialités qui rentrent dans les 
attributions des stations et laboratoires spéciaux et, quant à son autorité, 
elle serait au-dessus de toute contestation possible. 


8. CONCLUSIONS. 


En résumé, nous estimons que l’organisation des stations agrononiques 
et des laboratoires spéciaux de recherches doit être revisée pour donner 
à ces établissements plus d'ampleur, plus de cohésion, une vitalité plus 
grande, une existence plus féconde et, pour combler les lacunes que pré- 


sente actuellement l'institution : 


1° [l] convient d’abord d'en définir le rôle : les stations agronomiques sont 
des établissements de recherches de sciences pures et de sciences appliquées; 
elles s'occupent de toutes les questions qui intéressent l’agriculture du pays 
et travaillent à en favoriser le progrès. Elles forment des groupements de 
savants et de techniciens. 

Les laboratoires spéciaux ont le même but, mais sont spécialisés en vue 
de recherches et d’études sur une seule branche de l’agronomie. 

Les stations agronomiques et les laboratoires spéciaux doivent consacrer 
tout le temps de leur personnel aux recherches scientifiques et tous leurs 
fonds, y compris les ressources provenant des travaux effectués pour les 
particuliers, aux recherches, aux installations et au matériel de leurs labo- 
ratoires et de leurs champs d’expériences. 

Ces établissements pourront se livrer à des analyses de sol, d'eaux, d’en- 
grais, de denrées alimentaires, fourragères ou autres; à des expertises ou à 
des recherches d'intérêt privé, à la demande de particuliers ou d’associa- 


632 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


tions agricoles, tous travaux rémunérés d’après un tarif homologué ; mais 
c’est à condition que ce soit, quand ces travaux ont quelque importance, 
dans un local distinct et avec un personnel particulier autre que celui qui 
est affecté aux recherches scientifiques et aux études d'ordre public. 

Les fonds provenant de ces travaux ne pourront pas servir à améliorer 
les traitements ou indemnités que recevra le personnel. 

2° Les stations agronomiques et les laboratoires spéciaux doivent être 
des établissements autonomes, sous réserve de leur subordination à un 
Conseil supérieur dont la composition et le rôle sont définis plus loin. 

3° Il est indispensable de développer ou de créer dans la région pari- 
sienne ou dans son voisinage une station centrale complète, avec des labo- 
ratoires spéciaux, lesquels seraient chargés des études d’un caractère stricte- 
ment scientifique, pouvant intéresser l’ensemble du pays, ou d'une envergure 
trop considérable pour être effectuées utilement dans les stations régio- 
nales. 

4° Il est désirable qu'indépendamment des stations centrales établies 
dans la région parisienne, il y ait autant que possible une station agrono- 
mique par grande région agricole de façon à concentrer dans un même 
établissement toutes les ressources affectées aux études intéressant chaque 
région. 

Il est nécessaire que les lacunes existant actuellement pour les recherches 
de grande envergure soient comblées (stations zootechniques, stations de 
machines et de génie rural, etc.). 

5° Des stations agronomiques et des laboratoires spéciaux peuvent être 
installés dans toute localité possédant une spécialité d’un intérêt particulier 
(œnologie, sériciculture, oléiculture, etc.). 

6° Les stations agronomiques et jo laboratoires spéciaux ne devraient 
être créés qu’autant qu’ils seraient pleinement assurés d’avoir les ressources 
indispensables pour accomplir leur tâche entière. 

Les Conseils généraux des départements, les municipalités et les asso- 
ciations agricoles devraient concourir à leur entretien au moyen de subven- 
tions annuelles. 

7° Ces établissements devraient avoir la risani civile pour pouvoir 
disposer de leurs produits et recevoir des dons et legs. 

8° Ils devraient être accessibles, dans des conditions déterminées par le 
Conseil supérieur, à toutes les personnes qui seraient désireuses de s ’instruire 
en collaborant aux travaux des maîtres ou de faire des Robes particu- 
lières dans le domaine de l’agronomie, 


SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1916. 633 

° Il est de toute nécessité, dans l’intérêt de l’Institution, qu’un Comité 

spécial, sous le nom de Conseil supérieur des stations agronomiques et des 
laboratoires spéciaux de recherches, soit créé à Paris. 


Ce Conseil aurait pour mission : 


a. De veiller au bon fonctionnement des stations et laboratoires; de les 
guider etorienter dans la voie assignée à leurs efforts, de régler leur budget 
et de s'assurer du bon emploi des fonds mis à leur disposition. 

b. De donner son avis sur les améliorations et les réformes à introduire 
dans les méthodes de recherches et dans l'administration de chaque établis- 
sement et de provoquer au besoin les recherches à faire dans l’intérèt des 
diverses branches de l’agriculture. 

c. D’examiner les demandes de création d'établissements nouveaux et 
de statuer sur leur organisation. 

d. De choisir le personnel des directeurs et des chefs de services ou de 
travaux des stations agronomiques et des laboratoires de recherches. 

Les nominations seraient faites d’après les listes qu'il présenterait. 

Il proposerait au Ministre les récompenses, les avancements, les mutations 
et les renvois. 

e. Il favoriserait la réunion du personnel des stations et laboratoires en 
assemblée générale une fois tous les deux ans au moins, aux époques indi- 
quées par lui, pour s'occuper des améliorations désirables et des questions 
qui lui seraient soumises par le Gouvernement ou par le Conseil supérieur. 

f. Il pourrait déléguer un ou plusieurs de ses membres pour visiter ceux 
des établissements qu’il jugerait nécessaire. 

g. Le Conseil supérieur rendrait compte, dans un rapport annuel, des 
. travaux effectués, des résultats obtenus pendant l’année écoulée et de 
l'emploi des nas 

h. Enfin, il dirigerait la publication d’un Bulletin mensuel de stations 
agronomiques et des laboratoires spéciaux et de notices pratiques destinées 
aux agriculteurs. 

Le bulletin, en outre de la reproduction des rapports de ces établisse- 
ments, dont la publication serait reconnue utile, donnerait l'analyse som- 
maire des Mémoires, livres, brochures et documents parus dans tous les 


634 ACADÉMIE DÉS SCIENCES. 


q 


pays du monde et dont la connâissance serait de nature à éclairer et à 
intéresser le pérsonnel des stations et laboratoires. 

10° Telles sont les bases essentielles sur lesquelles nous désirerions voir 
établir l'institution de nos établissements de recherches dans l’intérêt de la 
prospérité de l’agriculture et pour le bien de la France. 

Nous n’insistons pas sur l'importance du rôle que peut et doit jouer la 
Science pour le relèvement de notre agriculture et sur la grandeur de la 
` tâche dévolue aux stations pour le progrès agricole. | 

Telle est l’immensité des intérêts en jeu que pour donner une idée, 
même incomplète, dés résultats à espérer, nous ne citerons qu’un seul 
chiffre : 

Que grâce aux travaux et aux découvertes de la Science et à une pra- 
tique éclairée pour les appliquer, on obtienne une bien minime augmenta- 
tion de nos récoltes, une augmentation par exemple de 100" sur le rende- 
ment du blé par hectare ('), et nous produirons en plus par an 625 millions 
de kilogrammes de grain valant près de 200 millions de francs et pouvant 
nourrir un supplément de population de 2 millions au moins d'habitants. 

De tels résultats, pour une seule culture et leur répercussion certaine 
sur les millions d'hectares des autres cultures, sont bien faits, on en con- 
viendra, pour justifier les efforts que nous demandons à nos gouvernants, 
à nos savants et à nos agriculteurs. z 


Après discussion, l’Académie approuve les conclusions de ce rapport. 


La séance est levée à 17 heures et demie. 


G. D. 


(1) La France a produit par hectare (moyenne des 10 années qui ont précédé la 
guerre) 1350o*s de blé; pendant l’année 1913 l'Angleterre en a donné 2600*8, la Bel- 
gique autant, la Hollande 2400*s, la Suisse 2200k8 et le Danemark 3200. Comme on 
peut en juger, ce n’est pas de 100*8 par hectare qu'il faudrait demander le relèvement 
dë nos 6 à 7 millions d’héctares cultivés en blé, mais de 500% à 600kf au grand 
minimum, 


SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1916. 635 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


OUVRAGES REÇUS DANS LES SÉANCES DE JUILLET 1916 (suite et fin). 


L'œuvre sismologique de J. Milne, par F. ve Monressus pe BarLore. Extrait de la 
Revue des questions scientifiques, avril 1914. Louvain, Ceuterick, 1914; 1 fasc. in-8e. 

Las voces del Coloso de Memnon ante la Sismologia, por F. ne Moxressus ne BAL- 
LORE. Extrait de la Revista Chilena de Historia y Geografia, t. XVIII. Santiago de 
Chile, Imprenta universitaria, 1916; 1 fasc. in-8°. 

Bibliografia general de temblores y terremotos, por F. pe MONTESSUS DE BALLORE 
tercera parte : Paises circunmediterraneos; cuarta parte : Asia, Africa y Oceania. 
Santiago de Chile, Imprenta universitaria, 1915 et 1916; 2 vol. in-8°. 

Societa reale di Napoli. Atti della reale Accademia di Archeologia, lettere e 
Belle-Arti, nuova serie, t. IV. Napoli, Achille Cimmaruta, 1916; 1 vol. in-8°. 

Memorie della pontificia Accademia romana dei nuovi Lincei, t. XXII et 2° série, 
t. I. Roma, Tipografia pontificia, 1914 et 1915; 2 vol. in-4°. 

R. Osservatorio astronomico al Collegio romano. Memorie ed Osservazioni, pubbli- 
cate per cura di E. MıLLosevIicn; 3° i t. VI, parte II ed ultima. Roma, Tipografia 
dell’ Unione editrice, 1916; 1 vol. in-4°. 

Catalogo astrografico 1900,0, sezione vaticana, decl. da + 55° a + 65°, sopra 
fotografie eseguite e misurate all” Osservatorio vaticano e calcolate all’ Osserva- 
torio di Oxford. Toto I : Coordinate rettilinee e diametri di immagini stellari su 
lastre il cui centro è in declinazione + 64°. Roma, Tipografia poliglotta vaticana, 
1914; 1 vol. in-4°. 

Specola astronomica vaticana, VII. Neuer Katalog farbiger Sterne zwischen dem 
Nordpol und 23 Grad südlicher Deklination, von FRIEDRICH Krücer. Wien, Hof und 
Staatsdruckerei, 1914; 1 vol. in-4°. 

R. Osservatorio di Catania. Catalogo astrofotografico 1900,0, zona di Catania 
fra le declinazioni + 46° E. + 55°; t. I, parte I : Declinazione + 48 a + 50°, 
ascensione retta o a 3». Catania, Giannotta, 1915; 1 vol. in-4°. 

Epicentri dei terremoti disastrosi dell” Appennino e suoi prolungamenti, par À. 
Rıcco. Modena, Societa tipografica modenense, 1915; 1 fasc. in-8°. 

Trabalhos da Academia de Sciéncias de Portugal, 1"° série, t. IIl. Coimbra, 1915; 
1 vol. in-8°. 

Report on the progress of agriculture in india for 1914-1915. Calcutta, Super- 
intendent Government printing Office, 1916; 1 vol. in-8°. 

Summary report of the geological Survey Department of ares for the calen- 
dar year 1915. Ottawa, Taché, 19:6; 1 vol, in-8°. 

Statistiek van de Scheepvaart in Nederlandsch-Indië over het jaar, 1915, samen- 
gesteld bij het Hoofdbureau van Scheepvaart. Weltevreden, Albrecht, 1916; 1 vol. in-8e, 


636 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


OUVRAGES REÇUS DANS LES SÉANCES D'AOÛT 1916. 


Sulla fase inisiale della scarica in campo magnetico; Memoria del prof. sen. 
AuGusro Ricar. Bologna, Gamberini e Parmeggiani, 1916; 1 fasc. in-4°. 

Recherches physiologiques sur la Moule comestible de Provence (Mytilus gallo- 
provincialis L.) et sur la Mytiliculture en Méditerranée, par Henri Marcuanr. Lyon, 
A. Rey, 1916; 1 vol. in-8°, 

Étude photographique des taches solaires, par le R. P.S. CHEVALIER; extrait des 
Annales de l'Observatoire de Zó-Sè, t. IX, 1913. Imprimerie de T’ou-sè-wè, Zi-ka- 
wei, Chang-hai; 1 fasc. in-4°. (Présenté par M. Puiseux.) 

Les essais français de culture marine en Méditerranée. |Leur avenir après la 
guerre, par Rapuaëc Dupors. Extrait du Volume des Conférences de l'Association 
française pour l’avantement des sciences. Paris, Hôtel des Sociétés savantes, 1916; 
1 fasc. in-8°, 

Quelques lettres de M. Emery au physicien Georges-Louis Le Sage, conservées 
à la Bibliothèque de Genève, par Ernesr Jovy. Paris, Société française d'Imprimerie 
et de Librairie, 1916; 1 vol. in-8°. 

Des coups de bélier. Expériences de Verenon (coups de bélier et réservoirs d'air), 
par le comte DE SPARRE. Lyon, 2° Congrès de la Houille blanche, 1914; 1 fasc. 

Gouvernement de l’Indo-Chine. Observatoire central, Service météorologique. 
Bulletin pluviométrique, publié par G. Le Caper; Tableaux mensuels, annuels et 
Carte, année 1915; Phu-Lien, Observatoire central, 1916; 1 fase. in-folio. 

Bulletin de l’Académie malgache, vol. XII (première partie), année 1913. Tana- 
narive, Imprimerie officielle, 1915; 1 vol. in-8°. 

lcune considerazioni sulla flora marina, par G.-B. ne Toni. Extrait de la Nuova 
notarisia, serie XXVII, avril-juillet 1916. Padova, tipografia del seminario, 1916; 
1 fasc. in-8°. 


(A suivre.) 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 27 NOVEMBRE 1916. 


PRÉSIDENCE DE M. Caire JORDAN. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
. DES MEMBRES ET DES, CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE, 


ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les intégrales de différentielles totales 
relatives aux surfaces algébriques roliérés. Note de M. Emne 
Picaro. 


1. Jai démontré autrefois la proposition suivante (') relative aux inté- 
grales de différentielles totales de troisième espèce correspondant à une 
fonction algébrique quelconque de deux variables : Sur une surface algé- 
brique, on peut tracer o courbes algébriques irréductibles particulières 


r 


FR PERERA 


telles qu'il n'existe pas d'intégrale de différentielle totale de troisième espece, 
ayant seulement pour botirb logarithmiques la totalité ou une partie de ces 
courbes C, mais telles qu'il existe une intégrale ayant seulement pour courbes 
logarithmiques une (3 + 1)®™® courbe algébrique irréductible quelconque T 
de la surface, et la totatité ou une partie des courbes C. 

Il est nécessaire de rappeler rapidement les considérations dont j'aï fait 
usage et pour le détail desquelles je renvoie au Livre cité. On envisage 
2p intégrales distinctes de seconde espèce : 


O2, Y, 3) dx 


_ * 


(1) L= e E ap} 


. (+). Annales dei l’École Normale, 1901: On peut aussi consulter ma Théorie des 
fonctions algébriques de deux variables, t. Il, Chap. IX, p. 231. l 


C. R., r9r6, 2° Semestre. (T. 163, N° 22.) 84 


638 ACADÉMIE DES SCIENCES. 

relatives à la courbe entre x et z : 

(2) f(z, 7,2) =0 

[f (x£, y, =)= 0 étant l’équation de la surface de degré m], les Q; étant des 
polynomes en zv, y et z. 

Une courbe algébrique C, étant donnée sur la surface, on considère 
ensuite une intégrale de troisième espèce relative à la courbe (2), ayant 
pour points logarithmiques les points de C;, correspondant à la valeur y, 
avec la période logarithmique un, et en outre un des points à linfini de la 
courbe (2). Désignons cette intégrale par J,, et faisons successivement 
h—1,2,..., À, en posant À—9+1. On peut déterminer les fonctions 
rationnelles a de y, et les constantes c de manière que les périodes, regar- 
dées comme fonctions de y, de l'intégrale relative à la courbe (2) 


(3) aili + azl +... + al + di + EEEREN E A 


ne dépendent pas de y. La considération du groupe de monodromie d’une 
certaine équation différentielle linéaire E, qui a joué un rôle essentiel dans 
toutes mes recherches sur les fonctions algébriques de deux variables, con- 
duit à former le système d'équations du premier degré relatives aux cons- 
tantes P etc, 


(4Y P= miP,+ m, P+... + mi, Pa) + a+ cv +. Hot. (im. API 


pour chacune des substitutions fondamentales du groupe de E (les m, ainsi 
que les œ, v, ..., x, sont des entiers). Si nous prenons pour courbes C, 
les courbes} C,, Ca, .…., Cp et T, l’ensemble de ces équations admettra 
une solution avec les constantes c non toutes nulles. On aura certainement 
à Æ 0; de plus, les rapports des c sont déterminés, car s’il y avait plus 
d’une arbitraire, on pourrait former une intégrale avec les seules courbes 
logarithmiques C,, C;, ..., Cp. On peut donc supposer que les « sont des 
nombres entiers parfaitemeut déterminés. 

Les équations donnant les fonctions rationnelles a&,, az, -.-, Qp de y 
sont 


(5) awit a0} +... + depOil + to P (ici, a, es Ph 


où l’on a posé 
Vi cu} + œu?+...+ ou, 


les w et les v étant les périodes des I et des J, la signification des indices 
étant évidente. 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1916. 639 


L'expression (3) ainsi déterminée permet de former une intégrale de dif- 
férentielle totale 


fRaz+ S dy, 


où R et S sont rationnelles en æ, y et z, ayant les seules courbes logarith- 
miques C,, C,, ..., C}. Elle peut avoir une autre ligne d’infini (non loga- 
rithmique), à savoir la courbe à l'infini de la surface. 

Nous supposerons dans la suite que les cycles (1, 2), (3, 4), ..., 
(2p — 1, 2p) sont les couples de cycles formant les rétrosections classiques 
sur la surface de Riemann relative à f(x, y, z) == o. 

Prenons la somme 


RUE PE Pj — ot (Y, — P;) +oł(Y,— P,) — oÙ(Y,—P,) +... 


qui correspond à une combinaison normale. On voit facilement, à cause 
des relations (4), que cette expression ne change pas, quand on effectue 
sur les w et les u les substitutions correspondant à une circulation de y; 
ceci revient d’ailleurs au fait que les a sont des fonctions rationnelles - 


de y. 


2. Ces résultats antérieurs sommairement rappelés, supposons mainte- 
tenant que la sur face donnée soit régulière, c’est-à-dire qu’elle n'ait pas d'in- 
tégrales de différentielles totales transcendantes de seconde espèce, ou, ce 
qui revient au même, que tous ses cycles linéaires se ramènent à zéro, ce 
qui d’ailleurs est le cas général pour une surface algébrique. Ici les 
rapports des P et des c du paragraphe précédent sont entièrement déter- 
minés ; nous pouvons donc supposer que tous ces nombres sont des entiers. 

e plus, pour les surfaces régulières, les intégrales de première espèce 
de la courbe entre x et z représentée par l’équation /(x, y, :)—0, 
peuvent être prises sous la forme 


fe z) dæ (Fi; à; ss Dh 


les Q représentant des polynomes adjoints d’ordre m — 3 de la surface 
envisagée. 

On va donc supposer que les intégrales I, la, ..., I, précédemment 
envisagées sont de première espèce, les autres [,:,, ..., lp seront de 
seconde espèce. 


640 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Dans ces conditions, les 
oh rer 
sont holomorphes pour y = +, et les développements commencent par un 
terme en =. 
La combinaison formée plus haut 
(6) Cidi+ o Ei + ad 


qui est une intégrale de troisième espèce relative à la courbe (2), n’a 
d’autres infinis (et ce sont des infinis logarithmiques simples) que les points 
de rencontre de y = y avec les courbes C. Pour y = b ( les b correspondant 
aux plans tangents parallèles au plan des +2), le genre de la courbe (2) 
diminue d’une unité; il y a en plus deux infinis logarithmiques nouveaux 
sur les deux branches de courbe passant par le nouveau Ports double que 
présente alors la courbe. 

Le point y = b est un point singulier logarithmique pour les v, commeil 
l’est pour les w. Les v n’ont pas d’autres points singuliers que les b; de plus, 
on peut supposer que, pour y = x, l'intégrale (6) se bansPothe en une 
intégrale {parfaitement déterminée. Soit en effet la courbe gauche G 
mise sous la forme 
La, Lx) 

T RURY) (z, y) 

P et Q étant de degrés u + 1 et w. Soient en outrea(x, y), p(æ,.Y),4(æ; y) 
et ọ (x, y, 2), les termes de degré le plus élevé dans A, P, Q et f. On peut 
s'arranger de manière que l'intégrale J relative à C devienne, pour y = %, 
une intégrale relative à la courbe 


Aa yE 0; 


o Ge", 15 21h20 
etayant comme uniques infinis Ro les points correspondant à 


— P(T, 
qiz! i 
cela pour chacune des courbes C,, C,,..., C}. Dans ces conditions, il arrive 
que les v sont holomorphes pour y = +. 


a(æ';1)}=0, (om a pasis zy, 3=57Y) 


3. Nous nous proposons maintenant d'étudier les 2p équations 6), end, 
A. zye . *, azp . 
Se Mia d abord gué a., =... = 0, == 0, 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1916. 


(ep 
BS 
kani 


Multiplions en effet ces équations respectivement par 
— wk, Hwt, — wt, + w. n M où, + AN 

et faisons la somme. En donnant successivement à A les valeurs 1, 2,:.., 2p,. 
nous obtiendrons un système équivalent au premier. Or considérons les p 
premières de ces équations; elles seront homogènes et linéaires en a,,,,.…., 
åp, Car les coefficients des autres a et les termes indépendants des a sont 
des fonctions uniformes de y, partout holomorphes, et dont le développe- 
ment, dans le voisinage de y = + , commence par un terme en +; tous ces 
coefficients et tous ces termes sont donc nuls. On tire de là immédia- 
tement : | 

die SE Ha EE 0. 

Je dis maintenant que les p premiers a sont des fonctions linéaires et 
entières de y. On peut le voir en recourant à l'analyse de ma Théorie des 
foncuons algebriques (t. II, p. 428 et suiv.), analyse développée pour un 
autre but. La seule A consiste en ce que, dans les équations (5h 
on a les termes en v, mais leur présence ne change rien aux raison- 
nements. piii 

Il résulte de là que nous avons formé une intégrale de différentielle totale 
de troisieme espèce avec une seule période (entière) 
| : 


(a à: | fRdz+Sdy, 


ayant les courbes logarithmiques- (simples) G,,-C:, .…, Cry c'est-à-dire 
devenant infinies d'une manière purement logarithmique suivant toutes ces 
courbes ou quelques-unes d’entre elles (C, étant certainement l'une d'elles), 
el n'ayant aucune autre courbe d’infini (polaire ou Par 
On en conclut que l'expression 

amf Ba 

e (Lo, Yos Sol 
est une fonction rationnelle de (x, y,z). Par suite, l'intégrale (7) est de la 
forme 

Alog T (z, Y, 3), 


T étant rationnelle en (x, y, 3), et A une constante. 


4, Soit maintenant 


(8) : L= [Pdz + Qdy 


642 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


une intégrale de différentielle totale algébrique, absolument quelconque, 
correspondant à notre surface régulière f. Désignons ses courbes logarith- 
miques (qui peuvent être aussi en même temps des lignes d’infini non 
logarithmiques) par D,, D,, ..., D. On peut former avec C,, C;,..., C 
et D; une intégrale de la forme 


Gr Alog T: (2, y, 3), 


la péribde boghvithinique de (9) pour D; étant égale à celle de l'intégrale (8). 
Si l’on fait la différence 


(10) : 1—Z2A;logT;(æ, y, z), 


on aura une intégrale de différentielle totale qui ne pourra avoir d’autres 
courbes logarithmiques que les courbes C,, Ca, ..., Cp, ce qui est impossible. 
La différence (10) sera donc une intégrale de seconde espèce, c’est-à-dire, 
puisque la surface est régulière, une fonction rationnelle H (x,y,z). Ona 
onc 
S HEr EAA TT CA y, 5). 

Par suite, pour une surface algébrique régulière, toute intégrale de diffe- 
rentielle otale est une expression algébrico-logarithmique, 

Nous retrouvons donc le théorème énoncé par M. Severi ('), et que 
l’éminent géomètre italien a établi par des considérations géométriques 
assez délicates. Il était intéressant de le déduire de l’analyse même qui . 
m'avait conduit à la notion du nombre s, fondamental dans la théorie des 
courbes algébriques tracées sur une surface algébrique. 


ASTRONOMIE. — Sur l'emplacement et les coordonnées de la station 
astronomique de l'ile Notre-Dame. — Les travaux d’Auzout. Note 


de M. G. Bicourpax. 


Cette station est celle où Auzout fit une partie de ses observations, — 
construisit ses lunettes, les plus grandes qu’on eût vues jusqu'alors, — 
inventa le micromètre à fil mobile tel que nous l’employons aujour- 
d’hui, etc.; elle intéresse donc l’histoire de l’Astronomie à Paris, et cepen- 
dant sa position est restée inconnue. 


(+) F. Severi, Sulla totalità delle curve algebriche tracciate sopra una super- 
ficie algebrica ( Mathematische Annalen, t. 62, 1906). 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1916. 643 


Auzout fut un modeste, dont on ignore la vie, même l'époque de sa nais- 
sance ('); longtemps il s'était défendu de rien faire imprimer, sachant, 
dit-il, l’embarras et les mauvaises suites qu’emporte avec soi la qualité 
d'auteur (?). Aussi n’a-t-il laissé que quelques écrits de peu d'étendue, dont 
on donne une liste généralement incomplète; et plusieurs de ses ouvrages, 
restés inédits, sont aujourd’hui perdus. 

La plus ancienne invention capitale d’Auzout est peut-être celle du micro- 
mètre à fil mobile, mais on ne sait à quelle époque il faut la faire remonter. 
Quand il en publia la description (1663), il lavait, dit-il, réalisé « depuis 
longtemps ». 


(!) Adrien Auzout naquit à Rouen dans la première moitié du xvur siècle; ce serait 
en 1630, d'après certains auteurs, mais ce qui suit montrera combien cela est douteux. 
D’après Baillet ( Vie de Descartes, t. Il, p.330), en 1647, et à Rouen peut-être, il aurait 
conseillé Pascal dans ses expériences sur le vide. On ignore également l’époque de sa 
venue à Paris, où nous le trouvons pour la première fois en 1645, aux réunions qui se 
tenaient chez le P., Mersenne (Baillet, t. I, p. 345). Le privilège de sa Lettre à M. l'abbé 
Charles... est du 8 mai 1651 et porte qu'Auzout a « composé plusieurs Traitez de 
Geometrie, et sur toutes les parties des Mathematiques, la Dioptrique, ete. ». En 1652 
il observa l’éclipse de Soleil du 7-8 avril avec Petit, le Tenneur et Buot. D'après 
M. Wolf (Mist. Obs., p. 21), il avait présenté un plan pour l’ Observatoire, et ses papiers 
sont perdus depuis lies 
. Souvent, vers 1664-1666, ds se plaint de son état de santé, qui ne lui permet pas de 
s'appliquer assidèment aux observations de nuit, de terminer ses ouvrages, etc. 

C'est à Rome qu’il observa la déclinaison magnétique au commencement de 1650, 
Péclipse de Lune du 23 septembre suivant et celle du 18 septembre 1671; mais il se 
trouvait à Paris, à l'Observatoire, lors de celle du 29 octobre 1658 ; il s’y trouvait 
également le 16 avril 1682. 

Dans la suite on ne rencontre plus rien de lui, mais on sait qu'il vécut à Romé où il 
mourut après Pâques de 1691 (Baillet; t. H, p.562). D'après l'abbé Galloys (Intro- 
duction de l'Ouvrage intitulé Divers Ouvrages de Mathématiques et de Physique de 
Messieurs de l'Académie royale, 1693), sa curiosité lavait porté à voyager en Italie; 
mais Pingré (Ann. cél., p. 496) dit qu’il fut « mécontent peut-être de ce qu’on ne 
l’employait pas dans les grandes opérations de l'Académie, et de ce qu’on semblait lui 
préférer d'autres astronomes... ». Cela toutefois s'accorde peu avec le caractère qui 
ressort de ses écrits. ll s'occupa beaucoup d'architecture, et, dit Lister (Voyage à 
Paris en 1698, p. 97), il avait beaucoup étudié et expliqué Vitruve et Julius Fron- 
tinus. 

Il serait intéressant de faire à Rouen des recherches qui peut-être permettraient 
de fixer définitivement l’époque de sa naissance | 

(°) Lettre à M. l'abbé Charles... dans l Avis au Lecteur. 


644 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Déjà Chr. Huyghens et, Malvasia avaient imaginé. des dispositifs per- 
mettant de mesurer de petites distances angulaires ("). 

Chr. Huyghens (Systema Saturnium, 1659, p. 82) plaçait, dans le plan 
focal commun de l'objectif et de l’oculaire, de petites lamelles en forme de 
coin, qu'il enfonçait plus ou moins; puis au compas il déterminait la largeur 
correspondante; enfin des passages d'étoiles équatoriales lui donnaient la 
grandeur angulaire du champ et celle qui correspondait à un point connu 
des lamelles. A cause de la diffraction, les résultats étaient médiocres. 

A ces lames, Malvasia (Ephemerides novissimæ, 1662) substitua un 
réseau de deux systèmes de fils d'argent très fins, se coupant à angles 
droits et divisant le champ de la lunette en petits carrés; l’ensemble 
pouvait tourner autour de l’axe optique, ce qui permettait de rendre un 
des systèmes de fils parallèles à telle direction que l’on voulait, et de 
mesurer ainsi les différences de coordonnées correspondantes (*). 

En 1667 P. Petit, dans une lettre du 12 mars (J. des Sav., 1667, p. 102) 
décrit un micromètre destiné à la mesure des diamètres pre Soleil et de la 
‘Lune, dans lequel deux fils parallèles, mobiles l’un et l’autre, peuvent 
être amenés à des distances variables par le moyen de deux vis, une de 
chaque côté, tournées toujours également par un tambour unique (°). 

Mais il avait été devancé par Auzout, qui, à la vérité, n'avait pas encore 
publié son procédé. 

L'instrument d'Auzout était déjà remarquablement parfait, car les 
diamètres qu’il donnait du Soleil ne différaient pas de plus de 1” à 2”. Le 
petit Mémoire où il est décrit renferme d’ailleurs bien des remarques fines 
et pratiques sur la mise au foyer, sur l'éclairage des fils, sur le moyen 
d'éviter la parallaxe, etc.; et il indique un grand bra d'usages de l'ins- 
trument : éclipses, parallaxe de la Lune et des planètes, excentricités des 
orbites, usages géographiques, mesure de la Terre, etc. 

Te micromètre ‘exigeait dans sa construction une grande perfection, 


o SN D ere 


(1) Il faut y joindre Gascoigne, dont la priorité ne fut réclamée qu'après qu'Auzout 
eut fait connaître son invention. 

(2?) Cela explique pourquoi La Hire le fils, poen son Traité de Ľinventi 
l'usage de quelques instruments de mathématiques, attribue à Malvasia liny ention 
du micromètre (Pingré). 

($) Aussi certains contemporains attribuent l'invention du micromètre à P, Petit 
et le perfectionnement à Auzout. Voir,. qe exemple, l'abbé de Hautefeuille (Micro- 
scope micrométrique..… Paris, 1703, in-4°, p. 3). 


on et de 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1916. 645. 


alors difficile à atteindre. Aussi Picard mesurait directement la distance 
des fils au microscope; et c'est peut-être la raison qui fait joindre son nom 
à celui d’Auzout dans l'invention du micromètre. 

Pour juger du progrès réalisé par l’emploi du micromètre d’Auzout dans 
la mesure des diamètres, il suffit de jeter les yeux sur les résultats obtenus 
à diverses époques. Voir, par exemple, Houzeau, Vade mecum, p. 399, pour 
le Soleil. 

Dès le commencement de 1666, Auzout et Picard mesuraient presque tous 
les jours les diamètres du Soleil et de la Lune avec le micromètre ('). 
La comparaison des résultats conduisit Auzout à une remarque jusque-là 
purement théorique et bien oubliée: iltrouva que pour le Soleil les diamètres: 
s’accordaient à 1-2” pour des jours voisins, tandis que pour la Lune les 
écarts étaient parfois assez grands. Il vit immédiatement que cela tenait à 
la parallaxe de hauteur, ainsi qu'il l'indiqua dans sa lettre à Oldenbourg 
du 28 décembre 1666. Loin, d’ailleurs, de s’attribuer quelque mérite, il 
note que Képler (Astr. Opt., p. 360) en avait fait théoriquement la remarque, 
et que Hévélius, dans l’observation de léclipse du Soleil de juillet 1666, 
avait trouvé le diamètre de la Lune plus grand de 8”-10” à la fin de l’éclipse, 
quand la Lune était plus haute, que vers le commencement. 

La comète de 1664 attira quelque temps l’attention de tous et, au moyen 
de trois ou quatre observations, Auzout calcula à l'avance le reste de la 
route qu’elle devait suivre. Sans donner aucun détail théorique, il admit 
que les comètes marchent sur la sphère suivant un grand cercle, de sorte 
qu'avec deux observations il serait possible de trouver la route entière. 
Jusqu’alors, dit Auzout, aucun astronome n'avait encore tenté une telle 
prédiction; comme elle se réalisa assez bien, nous pouvons dire aujour- 
d'hui qu’il eut en cela beaucoup de bonheur; si d’ailleurs on avait suivi la 
comète plus longtemps, la prédiction se serait trouvée en défaut. 

Il calcula de même la route de la comète de 1665, ce que nous men- 
tionnons uniquement parce que le petit Ouvrage où Auzout la donna paraît 
avoir passé inaperçu jusqu'ici. 

Par ces éphémérides, Auzout ne fit donc pas faire grand progrès à la 
Science; mais il contribua beaucoup à décider la fondation de l’Obser- 


(*) Les observations de Picard furent faites à Passy (Le M., His. cél., p. 3-4) du 
10 Janvier au 27 août 1666, puis à la porte de Montmartre à sur du 2 novembre 1666. 
Celles d’Auzout sont perdues, à l’exception de 6 diamètres, de la Lune, mesurés du 8 
au 24 juillet à Paris, sans doute dans l’île Notre-Dame (Le M., Hist. cél., p. 4). 


C R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N°22.) 85 


646 ACADÉMIE DES SCIENCES. 
vatoire, en représentant à Louis XIV combien la France était en retard. 
sous, ce rapport. r aan 
Il ne devait pas avoir d'instruments de mesure, puisqu'il dit que les obser- 
vations avec lesquelles il a déterminé l'orbite de la comète n’ont « esté 
faites qu'avec des filets, des règles, des equeres et des bastons », c’est-à-dire 
par des alignements pris à l'œil nu. | | 
Il disposait cependant de diverses lunettes, qu’il construisait lui-même 
avec beaucoup de talent. Il résulte, en effet, de sa Lettre à M. l'abbé Charles 
qu'elles étaient à peu près aussi bonnes que celles, si renommées, de Cam- 
pani. Il dit notamment, contre le sentiment de Campani et de Hook, que 
pour.les grandes lunettes le travail à la main est préférable à celui du tour; 
et la même opinion peut être soutenue encore aujourd’hui. R 
A Paris il n'y a pas, dit-il, d’ouvrier qui fasse des lunettes de plus de 5 à 
6 pieds (!), et c’est ce qui l’a décidé à essayer lui-même d’en construire; il 
en a fait une de 150 pieds dont il n’est pas satisfait, mais il en a beaucoup 
d’autres (°) et il ne désespère pas d’en faire de 200 ou 300 pieds « quand 
nòus aurons de la matière propre et un lieu commode pour s’en servir »: 
Actuellement, celle de 21 pieds est la plus grande qu’il puisse employer 
chez lui,et ce lui est, dit-il en octobre 1664, une grande mortification que 
depuis 2 ans il ne puisse utiliser les grandes lunettes dont il dispose pour 
faire quelque découverte dans le ciel. « Il n’y a peut-être qu'à Paris où 
cela puisse arriver; mais je n’en veux pas dire davantage. » Il a remarqué, 
en 1662, l'ombre du globe de Saturne sur son anneau, et il voudrait 
observer si Jupiter tourne sur lui-même. ; 
Pour comparer ses lunettes à celles de Campani, il envoie à celui-ci des 
écritures de diverses forces; et ce moyen de juger les lunettes est encore 
employé aujourd’hui. Ses Mémoires sont d’ailleurs pleins de remarques 
pratiques sur le travail des verres, et peut-être les publiera-t-il un jour; 
dit-il, i, 
Tandis que ses contemporains attribuaient à Sirius un diamètre de db 
à 60”, il pense qu'il est au plus de 2”, valeur bien trop forte encore, mais qu 
montre au moins la haute qualitéde ses lunettes. Il s'occupe aussi de photo- 
métrie et se propose de décider si les comètes ont une lumière propre où 
on PRE 


(*) Un constructeur de Londres, Rives, dont il est plusieurs fois question dans la 
même Lettre, en faisait dès cette époque de 6o pieds de long. Une lunette de 35 pieds, 
faite par ce constructeur, avait été offerte par le roi d'Angleterre à Gaston d'Orléans. 

(?) H parle de ses lunettes dé 12, 21, 35, 45, 55, 60, 70, go pieds. 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1916. 647 


s'ils la reçoivent toute du Soleil. Il avait l'intention de faire une carte 
détaillée de la Lune et il assure qu'il a trouvé le moyen de mesurer les 
distances par un procédé qui n’exige qu’une seule station : c'est évidem- 
ment par le changement de foyer qui en résulte, et qui, avec ses grandes 
lunettes, était considérable, 

Cette lettre se termine par une Table donnant, pour les lunettes de 
l’époque, le rapport O : F de l'ouverture O à la distance focale 

Enfin il faut rappeler qu’Auzout eut une part importante dans la substi- 
tution des lunettes aux quarts de cercle, un des perfectionnements qui ont 
le plus contribué aux progrès de l’ Astronomie. 


Il nous reste à fixer la place et les coordonnées du point où habitait 
Auzout et où il a dû faire ses inventions et ses observations. 

A l’occasion de ses essais de lunettes, il dit lui-même (Lettre à l'abbé 
Charles, ..., p. 3-4): 


Vous scavez, Monsieur, le lieu où je suis logé dans l'Isle de nostre Dame, vis à vis 
de la Tour de Saint-Paul, qui est située au Nordest, et eloignée par la Carte de Paris, 
de 185. de nos toises... 

le peux de cette distance eprouuer facilement et sans Tuyau, des Verres: iusques 
à 5o. pieds ou 70. palmes de long; et iay fait à ce dessein, appliquer de diuerse sorte 
d'écriture à la Tour de saint- Paul pour eprouuer les Lunetes, etant le meilleur 
moyen de les eprouuer sur terre, puisque leur bonté depend de la distinction qu’elles 
font voir aux plus petits Obiets, quoyque ie souhaiterois d'auoir vn lieu encore vne 
fois ou deux plus éloigné pour voir l'effet des plus grandes Lunetes, quand il y a 
dauantage d'air entre deux. 


Ailleurs il dit que dans son Traité des grandes Lunettes il plane à une 
pratique assez commode 
pour regarder un Objet stable; par exemple une Horloge, à travers de 3. ou de 
4. murailles sans Tuyau, comme je fay chez moy l'Horloge de Saint-Paul, à travers 
de trois... (1). 


Ces trois murailles, que l’on pourrait être tenté de supposer entre l’ob- 
jectif et la tour, étaient sans doute dans son appartement, parce qu'il était 
obligé d'utiliser trois ou quatre pièces à travers les portes desquelles il 
visait, 

Cette tour Saint-Paul ne peut être une de celles de l’ancien palais habité 
par les rois des siècles précédents, car tout vestige en avait déjà disparu. 


(1) Réponse à M. Hook..., p. 18-19. + 


648 
ILs’agit donc de celle de l’église Saint-Paul, dont le portail principal don- 
nait sur la rue Saint-Paul (côté Est), au sud de la rue Saint-Antoine. La 
tour de cette église, marquée sur beaucoup de plans de Paris jusqu'à une 
époque assez récente, était sur le côté gauche ou au nord de la façade. : 

Si de ce point comme centre, avec un rayon correspondant à 185 toises, 
on décrit une circonférence, elle se trouve à peu près tangente, dans l’île 
Notre-Dame (aujourd’hui île Saint-Louis), au quai d'Anjou, au-dessus de 
la rue Poulletier, qui, à cette époque, portaient l’un et l’autre lemêmenom 
qu'aujourd'hui. L'hôtel Meillant, occupé aujourd’hui par une école muni- 
cipale, doit naturellement être exclu; aussi il résulte presque nécessai- 
rement de tout cela que l'habitation d'Auzout était au n° 15 actuel du 
quai d'Anjou, sans exclusion forcée toutefois du n° 17. Et de là, en effet, 
on était bien en face de la tour ou clocher de Saint-Paul. 

D’après le plan municipal de 1880, ce point se trouve 1670" à l’est 
et 1706" au nord de notre origine habituelle ; on a donc pour lui 


55, 46E, 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


A CHESI ANT gE ong A9 —+ 0'55",0, g = + 48°51"6",2 
héros — Le petit tracé qui vient d’être indiqué a été répété sur 

divers phans de Paris des reproductions faites en 1880. La vérification sera 

facilitée par les données suivantes, relatives à ces plans, et dont nous aurons 


occasion de faire plusieurs fois usage. 


NUMÉROS VALEUR DE {"" DU PLAN 
es Er PRE en a à art E 
AUTEURS DES PLANS. planches. DATES en toises. en mètres. de 1T. 
ch prz T je 2RR e 
Jean Boisseauc; nas di cu XVI 165% 6,11295  r1,9134  0,16360 
Jacques Gomboust ......... Sais AVH 1652 2, 3887 4,6556 0,41864 
Puller er Blondit. a XIX: 1670-76 2,6667 5,1974 0,37500 
Jouvin de Rochefort (1)......... AX N39 1672 971332 6,2822 0,31025 
Id. (y XXI 1676 4,9761 9,3088 0,26938 
Nicolas de Fol. -alaren XXI 1697 5,4407 10,6041 0,18380 
A o XXII 1713 4,4395  8,6598  0,22525 
Cale... ir XXIV1,2,5* 1714 » » » 
Abbé J. de la Gribe (*)........ XX V2, 1728 , 4261 6,6776  0,29188 
Poust... AU. seit JON 1731 8,4307 vo ‘o, 11853 
L. Bretez (pl. Turgot)..... Fire XX VII 25, 1734-39 » 
R. de Vaugondy (*)..........!, XX VII 1760 5,3763 Abe Fort 18600 
ia -i th Net tt XXIX‘? 1763 4,2358 8,2557 0,23608 
3B. Jai PAT AS XXX123,: 1777 » » : 
Verniques LYS RENTE ES res XXX!23,4,5,6 1789-98 1,5897  5,0474  0,38615 
Atlas municipal Oh r nur 16 planches 1880. q, 565 5,00 0,39 


VALEUR EN MILLIMÈTRES 
S 


de 1” 


o, 08394 


. 0,21480 


0,19240 
0,15918 
0,10742 
0 ,09430 
0,11557 
» 
0,14975 
o,0607! 


SÉANCE :DU 27 NOVEMBRE 1916. 649 


Ces données sont plus exactes quand le :plan porte une division par 
méridiens et parallèles, parce qu’alors les mesures ont porté sur des lon- 
gueurs plus grandes que celle des échelles habituelles. Ces plans sont mar- 
qués d’un astérisque (*) ajouté au nom de l’auteur. 


GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur les réseaux K d’une quadrique 
de révolution. Note de M. C. Guicnarn. 


Soit M(x,, £a, æ,) un point qui décrit un réseau situé sur la quadrique 
ayant pour équation 
HE 2 


+ es 
Si je pose 
(1) va i ‘Ta n T3 
; A TE? Le = =) 3— =? 
VA VA VB 


le point m(æ,, 4, «,) décrira sur la sphère de rayon 1 un réseau O. Je 
désigne par 


| a 
à = Bi i ai 
s In  % 


le déterminant orthogonal correspondant et par a, b, m, n les rotations de 
ce déterminant. Les paramètres normaux des tangentes au réseau (M) 
seront 


(ai í E= VAG, a Are yxa, = VB B, 
l Ti = YA y, ns = YA y: fs — VB; 
On a donc 
Mu un Me 
3 de du 
du PA gor PN trs 


En écrivant (voir ma Note du 13 novembre) la condition qui exprime 
que le réseau (M) est un réseau K, on trouve 
gn 


j i dm 
(4) iti AE EL 


D’ autre part, on a aussi 


= 


F5) Biyi + Brit bsy = o 


650 ACADÉMIE DES SCIENCES. 
Des équations (4) et (5) on déduit d’abord 


3 om On 
(6) (A +) (Biya Baye) + (B +A) Baj Gr + Sn: 
On voit que, si l’on pose 
æ' = VA LÀ; æ,= VA + À as, r, = VB Aas, 


le point M'(x',, x,, x,) décrit un réseau K situé sur une quadrique homo- 
focale à la quadrique donnée. Les rayons des sphères C qui correspondent 
aux réseaux M et M sont égaux; leur valeur commune est donnée par la 
formule : 

R2=— «a? + b’, 
car, pour chacun de ces réseaux, À = a, l= b. Donc : 


L’affinité d'Ivory qui transforme une quadrique de révolution en une qua- 
drique homofocale, transforme un réseau K en un réseau K. Aux points 
correspondants les rayons des sphères C sont égaux. 

Ce théorème s'étend aux quadriques générales; la démonstration est 


identique à celle que je viens de donner. 
Des équations (4) et (5) on déduit aussi 


om on 
(7) Ja CLR nimes À à à dE à 
g om on DA PR 
(8) | F PE Pris À t )( B1 y1 + Biyi) = 0. 


La première montre qu’il existe un déterminant orthogonal, d'ordre 5, 
dont les rotations ont pour valeurs 


a'=VA—B6;, b =VA— Bys Wa, nh. 
. . n . ‘> a 
La seconde montre qu’il existe un déterminant orthogonal, d ordre 4; 
dont les rotations sont 
a,—VB—A8,, a, = VB — A G, mM Rh, 
b =VB—Ay,, b, =yVB— A}, A com, Les 
Chaque réseau O qui correspond à l’un de ces déterminants est appli- 
cable sur un réseau O qui correspond à l’autre, puisque les valeurs de m 
et n sont les mêmes pour les deux. On a donc, dans l’espace d'ordre 3, des 


réseaux qui sont O, 2C. En reprenant les calculs en sens inverse, On ik 
que, réciproquement, si l’on connaît un réseau de l’espace d’ordre 5, appl- 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1916. 651 


cable sur un réseau de l’espace d'ordre 4, on pourra en déduire des 
réseaux K tracés sur les quadriques de révolution. 

Ces systèmes O, 2 C jouent un rôle important dans la théorie des es 
isothermiques. Voix mon Mémoire, Sur les systèmes orthogonaux et les 
systèmes cycliques (A. E. N., 1903).] Le problème posé a donc un lien très 
étroit avec la recherche des surfaces isothermiques. Toutefois, il importe 
de faire une remarque. Dans le cas de la sphère ou du paraboloïde de révo: 
lution, la connaissance d’une surface isothermique permet immédiatement 
de former un réseau K de ces surfaces; ici, au contraire, il faudra, pour 
arriver au but, résoudre un système complet; l’intégration de ce système 
n'introduit que des constantes arbitraires. 

On peut encore arriver au but en introduisant d’autres éléments qui 
interviennent dans la théorie des surfaces isothermiques; en prenant, par 
exemple, les congruences C, 21 dans un espace d'ordre 4. Soient alors x,, 
Lo, La, L, les cosinus directeurs d’une telle congruence. On aura 

x; 1 ðh dx; y ol D2: 


Sok CR a +. 
(9) Fr du dv h ðv ðu tA l ðu ðv” na ts 


Je pose alors 
(16) X,=n cou. Xeon r A 2, Ce, A rico; À —sno. 
La congruence de sphères (X,, X,, ..., Xs) est C, 21. Je forme une 


combinaison linéaire isotrope de X,, Xa, + X,. Je prends, par exemple, 
la combinaison 


; 0 — X,+ As 
Le point O A I 
; > X l X, X 
(13) N= 7? 1-10 Va= 7 


décrit un réseau K, 20; la coordonnée complémentaire qui le rend 20 est 
1 y. 
Sin 6) : k 
Ce réseau (N) est donc parallèle à un réseau (M) tracé sur une qua- 
drique de révolution; ce réseau (M) sera aussi un réseau K. Donc : 
Si l'on a une congruence C, 21 dans un espace d'ordre 4, on peut en 
déduire œ? réseaux K d'une quadrique de révolution à centre. 


Ces congruences ‘C, 21 se déduisent facilement des systèmes O,2C. 


652 ACADÉMIE DES SCIENCES. 
Séient; en effet, A et A’ deux points qui décrivent dans les espaces d'ordres 
respectifs 3 et 4 des réseaux O applicables. Si l’on couple le: réseau A par 
un plan isotrope, on obtient une droite L; quand on porte A sur A’ 
L vient occuper la position L’; cette droite L’ décrit une congruence C, 21 
Les lignes de courbure d’une surface à courbure totale constante formént 
des réseaux © qui sont à la fois € et 2C. On peut les prendre comme point 
de départ pour trouver des solutions particulières du problème posé. Soit 


d, A naa 
Bi, Be Ba 
DE PR g T 


le déterminant correspondant à ce réseau. Ses rotations sont 


do 

a =V0s#; mn H 
de 

09 

b- = tike 
sing, n rar 


avec la condition 
| sino cos ng + CRE 
n Te De 


Jl en résulte qu’on pourra former un déterminant orthogonal d'ordre 4, 


Ti Lı Z3 TV; 
se AL A 
Ši És Es A 
: hi ie Ha CHE 
ayant pour relations 
a= cos f cos, a= isinĝ sinọ, ; ve 


si do 
b= — i sin ĝ coso, n =+ Jir 


b, = cos ĵ sino, 


6 étant une constante. La congruence qui a pour paramètres £, Va, Va, Va 


est C, 21; si l’on pose 


æ z£ cos9 | isinĝ 
(11) X = — mi , à, Poe. auy s di , X= 50 
cos = cos 0 cos Ü Hi cos 


Les formules (12) ont, en somme, la même forme que les formules ( ro). 
De plus, on a ici 


(13) 


ZXfs=sla = 1, Ddk? = Dda 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1916. 653 


Si donc on forme, comme dans le cas général, le réseau N(y,,y,,y:) 
défini par la formule (12), ce réseau sera C à cause des conditions (13), 
d’où le résultat suivant : 


Tout réseau C d’une quadrique de révolution est en méme temps un réseau K . 


Enfin, la perspective indiquée dans ma Note du 13 novembre donne 
encore des solutions particulières dans le cas des quadriques de révolution. 
Il faut, bien entendn, prendre un foyer pour centre de perspective. 


ASTRONOMIE. — Sur une étoile à grand mouvement propre. 
Note de M. F. Goxxessrar. 


M. Barnard a rencontré sur ses photographies, à l'Observatoire Yerkes, 
une étoile, qu'il désigne par P, de grandeur 10,5 dont le déplacement 
annuel atteint 10”,3 environ. C’est le plus fort que nous connaissions. 

Cette étoile se trouve dans la zone +4° du Catalogue photographique 
d'Alger, sur le cliché 17" 52", qui a été pris en double, les 4 août 1897 et 
15 juin 1910. En y joignant une photographie récente du 7 octobre 1916,' 
on a les éléments suffisants pour une bonne détermination m mouvement 
propre de l'étoile en question. D'ailleurs la circonstance que ces clichés 
s’espacent à diverses dates de l’année va permettre une première détermi- 
nation de sa parallaxe annuelle. 

On a choisi comme points de repère sept étoiles du Catalogue d’ Abbadia, 
après s'être assuré, par comparaison au Catalogue d’Albany, qu'aucune 
d’elles ne manifestait elle-même de déplacement sensible. Le centre de 
gravité des coordonnées rectangulaires de ces étoiles fixe la position d’un 
astre fictif G, auquel les mesures de chaque cliché par rapport aux traits du 
réseau permettent de rattacher l'étoile P, qui en est voisine. D'autre part, 
une des étoiles de repère, que nous acts par a, se trouve proche 
de P, et la position relative P — a peut être obtenue directement, indépen- 
dante des traits du réseau. 

Les différences de coordonnées résultant des mesures servent à former 
des équations de condition, où l’on introduit les coefficients de la parallaxe 
annuelle p, et d’où l’on peut tirer les valeurs des composantes u, et w, du 
mouvement propre ainsi que p. 

Le détail des réductions est donné dans une Note qui paraîtra prochaine- 
ment au Bulletin astronomique. Il suffit d'en transcrire ici les conclusions. 

C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 22.) 86 


654 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Voici les valeurs fournies par chaque catégorie de mesures : 


W LL: P: 

> n S n" A n 
PG G N ee —0 ,696 +10,207 1,10 
nt: MON NE 2 ae Le —0,714 + 10,260 0,97 
Moyennes. ;,.1.,.…… —0,70ù + 10,263 1,03 


Adoptant les moyennes de y, et w,, on trouve comme résultante et 
direction du déplacement 
r 2 Fo", 290, P = 356°,07. 


La valeur de p est sans doute incertaine. Toutefois en comparant les 
mesures de P— a faites par M. Barnard en juin (Astronomical Journal, 
p- 695) à celles prises sur notre troisième cliché, on arrive à p = 0”,98. En 
attendant d’avoir les clichés conjugués, à six mois d'intervalle, qui assu- 
reront une détermination précise, on peut s’en tenir au nombre rond 

Pp =1",00. 

Ainsi donc, l'étoile Barnard, dont le déplacement angulaire est le plus 
_ rapide, est aussi la plus rapprochée que nous connaissions. Sa parallaxe 
correspond seulement à 3,26 années de lumière. 

En ce qui concerne la vitesse linéaire, sa composante dans le plan perpen- 
diculaire au rayon visuel, telle qu’elle se déduit de nos valeurs de r et p, est 
de 49"* par seconde. Par ailleurs, M. Adams lui trouve (loc. cüt.), au 
réflecteur de 1", 50 de Mount Wilson, une vitesse radiale de — g1“". La 
résultante serait donc de 1034. Il en est de beaucoup plus fortes. 

Les coordonnées sphériques de P conclues pour l’époque et l’équinoxe 
moyen de 1900,0 sont : 


Ascension droites ii Lis 17h59 568 ,78 
Déclinaison ......... Us UC en + 4925" 77,8 
PHYSIQUE. — Modifications de la dilatabilité de l'invar par des actions 


mécaniques ou thermiques. Note de M. Cu.-Év. GUILLAUME. 


Dés l’année 1898, j'ai reconnu ce fait singulier que la trempe ou l'écrouis- 
sage abaissent sensiblement la dilatabilité de l’invar, et que les deux 
actions peuvent se superposer jusqu’à un certain degré. Il est ainsi i possible, 
en combinant les actions thermiquesfet mécaniques, de conférer successi- 
vement, à un même morceau d’alliage, des dilatabilités diverses, jusqu'à 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1916. 655 


des dilatabilités négatives, correspondant à des contractions réversibles par 
chauffe de la barre ainsi traitée. 

Mes premières mesures avaient porté sur des tiges amenées, à l’état fini, à 
un diamètre de 12™™, après des allongements atteignant respectivement 25, 
50, 75 et 100 pour 100. Or, au diamètre indiqué, l’écrouissage n’était certai- 
nement pas uniforme jusqu’au cœur des tiges; de plus, ignorant alors le fait 
qu’une chauffe très modérée püt modifier ibl tla dilatation de l’invar 
écroui, j'avais, pour accroître la stabilité, soumis les tiges à des chauffes 
d’une durée de quelques jours à 100°. Pour ces deux raisons, les phéno- 
mènes n'avaient pas été observés dans leur pureté; néanmoins, les abais- 
sement de dilatabilité mesurés alors avaient dépassé un peu 1,0.107*, 
et amené certains échantillons à une dilatabilité inférieure à 0,3.107*. 

La complexité des phénomènes et la petitesse des quantités à mesurer 
pour les élucider complètement m'ont obligé à un grand nombre d’expé- 
riences assez délicates, consécutives à des préparations industrielles effec- 
tuées dans des conditions bien précises. Les nouvelles recherches ont été 
faites, comme les précédentes, avec la collaboration, pour la partie métal- 
lurgique, des Aciéries d’Imphy, de la Société de Commentry-Fourchambault 
et Decazeville. 


Actions thermiques de fabrication. — Les tiges livrées par les aciéries sont, 
le plus souvent, laminées à chaud à une température voisine du rouge 
cerise, et refroidies à l’air sur le carreau; un échantillon ainsi traité sera 
dit à l’état naturel. C’est sur des barres ayant ce point de départ qu'ont été 
faites toutes les mesures du début de mes recherches. Toutefois, aprés 
avoir établi l’action des trempes, on pensa que le simple refroidissement à 
lair, à partir de la température du laminage, pouvait encore produire un 
peu de trempe, ou que même le laminage, poussé parfois jusque près du 
rouge sombre, laissait dans la tige des traces d’écrouissage, d'autant plus 
probables que la température de recuit des aciers au nickel est relati- 
vement élevée et voisine, pour l’invar, de 700°. 

Deux genres de traitements furent alors appliqués à des tiges à l'état 
naturel : un recuit de quelques heures à g00°, avec refroidissement à l'air, 
et un semblable recuit, avec refroidissement dans le four; enfin, des tiges 
ayant subi ce dernier traitement ont été réchauffées au four et refroidies à 
l'air. | 

L'action de la trempe fut ensuite examinée sur des barres rectangulaires 
de 24™m, des tiges de 12" et de 8™™ et des fils de 1", 65. 

Pour déterminer la dilatation d’un fil,-on le monte.sur un appareil com- 


d 


656 ACADÉMIE DES SCIENCES. 

posé d’une barre d'invar, munie, à une extrémité, d’une butée à laquelle le 
fil est accroché, à l’autre d’un levier coudé servant à régler la tension du 
fil. Celui-ci porte de petites pastilles d’invar, sur lesquelles on a pratiqué 
des traits de repère. L’étalon de comparaison est une tige d’invar de dila- 
tabilité connue. La tension appliquée aux fils est celle en usage dans les 
mesures géodésiques : 10 kg-force; le changement (positif) du module 
d’élasticité de l’invar oblige à apporter aux résultats bruts une correction 
de +0,15.107* qu'ont! subie les nombres relatifs aux fils. Dans tous les 
Tableaux, Ax exprime le changement de dilatabilité à partir de la tige dite 
naturelle ; les dilatabilités sont les valeurs vraies à 20° ( miyeane entre o° 


et 40°}. 
Traitement. Az. 
Tige recuite à 900° et refroidie au four............ + 0,65.107° 
Tige recuite à 900° et refroidie à l’air............. + 0,26 
LK, même, réchauffée et refroidie à Fair............ 0,00 
Barre de au" lrémpée:.. ntfs En STE à — 0,42 
Fige de PTS COR. ne dus ag A — 0,46 
Tige da SP tP PEE ETS a rt) tisser — 0,49 
Fiilde 229,06 dirempé oi all ste, KIr aNG 4—07 9 


Ainsi, les seuls traitements thermiques módifient au total la dilatabilité 
de l’invar de 1,18.10° *; la vitesse de refroidissement est si efficace que, 
dans les trempes à l’eau, la valeur finale dépend encore, de façon certaine, 
de la section de la tige. ee 


Actions mécaniques de fabrication. — Les fils ont été amenés à leur dia- 
mètre définitif de 1°*,65 en partant de diamètres plus forts, auxquels les 
fils primitifs avaient été soit recuits, soit trempés; A'« désigne, dans le 
Tableau suivant, les dilatabilités à partir du fil recuit. 


Diamètre 
de Allongement 
départ. pour 100. Aai àx’. 
mm, ; 
o EOI, ean. o RETE S O ? 
| FD se 19 — 0,38 20,010 
ES ESRI 40 — 0,72 — 0,93 
Recuit. S 
ELl a 60 — 1,15 m Gli 
Da A a 75 — 1,38 — 1,99 
keamen sah 112 — 1,42 — 1,63 
ee o — 0,93 ~ 0474 
CR TR o — 1,18 — 1539 
RUN 2,20... 77 — 1,53 — 1,74 
| 2,44 a 116 — 1,42 — 1,63 
GOLLL NAN r48 -4'150 — 1,71 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1916. 657 


L'étirage provoque donc, soit dans les fils recuits, soit’ dans les fils 
trempés, un .abaissement rapide de la dilatabilité. Dans les premiers, 
l’action atteint sa limite lorsque la longueur des fils a été à peu près doublée ; 
dans les derniers, la fin du {phénomène est plus troublé ; la limite est plus 
vite atteinte, l’abaissement total plus considérable. 

En rapprochant les nombres de ce Tableau de ceux du récéd ét) on voit 
que la superposition des effets thermiques et mécaniques a atteint »,18:107*. 
La valeur extrême de g trouvée directement a été, pour un fil: — 0,76.10 ® 
(corrigée : — 0,61). 


Traitements thermiques au laboratoire. — L'étuvage (chauffe prolongée à 
une température modérément élevée) est appliqué à la stabilisation. de 
l'invar. Cette opération modifie, ainsi qu'il a été dit, la dilatabilité, de 
l’alliage. Pour des tiges naturelles ou recuites, la modification est extrême- 
ment faible ('); au contraire elle est notable pour les échantillons pe 
ou recui{s. 

Pour les tiges, l’action de l’étuvage était contrôlée par des mesures de 
longueur faites à des époques de pius en plus éloignées, et l’opération était 
poursuivie aussi longtemps que la tige éprouvait des variations appréciables. 
Pour les fils, on suivait l’étuvage par la marche de la dilatation elle-même. 
Dans le Tableau ci-après, A” désigne la variation constatée à partir de la 
valeur trouvée avant l’étuvage. i 


: Traitement. ås: A'i 
Avant l'étuyage,........ .—0,4g. 107° 
Ke | Après e EE +0,28.10 
de LAN | 7 d T HAE 
3 » » 200°... —0,08 +0,41 
| » a 4000 7 20,07 +0 ;42 
l Avant l’éluvage..;...4.,.s. —1,00 ii 
3-heures à gotia onpi — 1,36 +04 ie: 
30 Soient — 1,20 +0,30 
SU \ | 000 Ne as Re ee — 1,02 +0,48 
4 TP À 1 lente à 1002. ee LR L BA 
| 10 M ous ph es ce ,04 +0,46 ro 
100 » raies se “0e +0,62 di 


F3 heures à 290°,.....:...-.. —0,70 ' +0,80 


(1) Voir Cu.-Év. GUILLAUME, Modifications que subissent les aciers au nickel par 
l'effet de chauffes prolongées ou sous lachon du TR st r t 153, 
1911, p. 196). re 7. 


658 . ACADÉMIE DES SCIENCES. 


On voit donc que l’étuvage relève assez rapidement la valeur de la dila- 
tation, abaissée par la trempe ou par l’écrouissage, ou par les deux actions 
superposées. Aux températures peu élevées, l'effet de l’étuvage est déjà 
notable; à 250°, l'effet de la trempe disparaît à peu près; celui de l’écrouis- 
sage, au contraire, subsiste pour près de la moitié de sa valeur. 

Les dilatabilités trouvées sur les tiges naturelles des bonnes coulées 
d’invar étant groupées autour de 1,0.107°, l’étuvage à 100° d’un fil, assu- 
rant sa stabilisation après l’étirage, l’amène à une dilatabilité sensiblement 
nulle sous la tension employée dans les opérations géodésiques, qui sont 
ainsi pratiquement débarrassées des erreurs de température. 

Afin de pouvoir satisfaire sans délais aux demandes des Services géodé- 
siques, on a constitué, au Bureau international des Poids et Mesures, par 
un travail systématiquement poursuivi pendant plusieurs années, uu dépôt 
de fils d’invar étuvés et reposés, et dont la dilatabilité est si faible que des 
erreurs de 10 degrés sur la température n 'affecteraient pas enċore le millio- 
nième des longueurs mesurées. 


M. Gasrox Boxxier offre à l'Académie 1 un Volume dont il est l’auteur, 
intitulé : En marge de la grande guerre, et, qui contient, entre autres cha- 
pitres, un exposé du mouvement scientifique pendant la guerre et en parti- 
culier des travaux de l’Académie des Scien ces. 


CORRESPONDANCE. 


M. lé Secréraine PERPÉrUEL signale, parmi les pièces imprimées de la 
Correspondance : 


Les écoles des blessés, par'A.-L. Brrranv. (Présenté par M. Ed. Perrier.) 
CINÉMATIQUE. — Sur la forme géométrique générale des propriétés du second 
ordre des mouvements plans à deux paramètres. Note de M. G. Rænxies. 


1. Je terminais ma dernière Note (') en faisant connaitre la forme simple 
ae revêtent les propriétés du second ordre des mouvements plans à deux 
RL US BR 


ta Céfiptes rendus, t. 163, S p- 603. 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1916. 659 


paramètres dans le cas spécial où la droite d; possède une enveloppe dansle 
plan mobile, auquel cas elle en possède aussi une dans le plan fixe. La 
construction n’est pas beaucoup plus‘ compliquée dans le cas le plus 
général. 

Il existe sur la droite d, des points remarquables. D'abord le palan O, 
déjà rencontré dans ma Note précitée, qui se trouve être le centre instan- 
tané dans le mouvement $" au cours duquel la droite d, fait avec un axe fixe 
un angle Ÿ constant. Puis le point O, qui est le centre instantané dans le 
mouvement HV au cours duquel la droite d, fait avec un axe solidaire du plan 
mobile un angle ọ constant. 

Lorsque le centre instantané vient en'O, le point H vient occuper la posi- 
tion H, déjà considérée dans ma dernière Note. 

Cela étant, la relation entre le point I et le point H correspondant est la 
suivante : 

H,H.00,— OT. 


— 

Cette relation géométrique met bien en évidence que le vecteur H,H 
— + 

doit avoir le sens du vecteur fixe O0, et que, par te HR le lieu de H 


ne peut être que Ja demi-droite issue de H, qui a le sens de 00. 
En outre cette formule fournit une construction très simple du point H 
correspondant à un point I donné. Il faut en effet : 


1° PRENDRE J SYMÉTRIQUE DU POINT À PAR RAPPORT AU POINT O; 
2° PRENDRE G CONIUGUÉ HARMONIQUE DE O, PAR RAPPORT A ÍJ. 


> — i. 
3° IMPRIMER ENFIN UNE TRANSLATION GH — OH, au POINT G, QUI L’AMÈNERA 


EN H. 


Dans le cas spécial qui terminait ma dernière Note, cette translation dis- 
paraît. Elle constitue donc la seule complication que présente le cas général 
vis-à-vis du cas spécial considéré. 


2. Je suis arrivé à ces résultats simples, quoique généraux, en faisant 
usage dans cette étude de deux variables qu’on pourrait appeler cano- 
niques en raison de la simplicité des moyens qu’elles y introduisent. La pre- 
mière de ces variables est l’angle de position 0 de la figure mobile, ou l'angle 
déjà considéré que fait avec l’axe fixe un axe solidaire du plan mobile. La 
seconde de ces variables est langle ọ que fait la droite d, avec l'axe solidaire 
du plan mobile. 


660 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Or ce choix de variables suppose essentiellement que l’angle ọ ne se réduit 
pas à une simple fonction de 0. Nous nous trouvons ainsi naturellement 
conduits à envisager une classe étendue de mouvements à deux paramètres 
que nous appellerons, à bon escient, EXCEPTIONNELS. Ces mouvements sont 
caractérisés au point de vue mécanique par la propriété que tous les mouve- 
ments Ẹ' de translation qu'ils contiennent sont des TRANSLATIONS RECTI- 
LIGNES, | 

Pour ces mouvements, les propriétés du second ordre sont toutes diffé- 
rentes de celles du cas général. Cela tient à ce que, pour ces mouvements, 
les points O et H, sont rejetés à linfini. La correspondance entre les 
points Let H- consiste alors en ce que ces points décrivent sur la droite d; 
deux divisions semblables. Puisque ọ est une fonction de 6, nous appelle- 
rons 9’ sa dérivée par rapport à 0. Le rapport de similitude se trouve égal 


ep ; 
à 2(1 + ọ'), ce qui signifie que, si I décrit un vecteur I’, le point H décrit 


——> 
un vecteur HH = 2 (1 + p^) I. 
‘Dans le cas de ces $? ExcEprionnELs, tout point de la droite d, est donc 
une position de H, et tout point du plan est une position dé K’. 


3. Mais il est un cas encore plus particulier, c’est celui où d, ferait avec 
l'axe fixe un angle constant 4 = + + 0, ce qui entraîne 1 + 5’ = o. Ce mou- 
vement rentre dans ceux étudiés dans ma première Note (‘). Il consiste 
dans le roulement sans glissement d’une courbe quelconque sur une 
droite d, tandis que celle-ci peut recevoir une translation rectiligne arbi- 
traire dans une direction qui lui est perpendiculaire. 

Dans ce cas très spécial, le point H est fixe et indépendanit de.la position 
du point I. Le lieu du point K’ pour tous les #M' qui sont contenus dans 
le M donné et qui s'effectuent à partir d’une position ® donnée, est alors 
une droite perpendiculaire à d. La composition des accélérations, dans le 
cas où le mouvement d'entrainement est une translation, rend aisément 
compte de ces dernières circonstances. 


4. Qu'il me soit permis ici de relever, dans ma dernière Note, l’omission 
d’un indice qui, à la cinquième ligne, à partir du bas de la page 695, ren 
incompréhensible le texte. Il faut lire : la polaire du point M, par rapport 
au cercle de centre M, etc. 


(1) Comptes rendus, t. 163, 1916, p.11. 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1916. 661 


ÉLASTICITÉ. — Formule de la plaque mince encastrée sur un contour 
rectangulaire plan. Note (‘) de M. MesxaGer, transmise par 
M. A. Blondel. 


La formule donnant les déplacements verticaux de cette plaque est, en 
prenant l’origine au centre, ainsi que je le montrerai tout à l'heure, 


2R EF, 27 
í s M= æ mir Fip (— P cosm 1 —= (— à: di cos 71 F: 
AU a b 
PT SEE 2 3 7 IEP + 
AR res pam m n m? n? 
ER, nei 3 Pry + 3 Fa RE 
\a b 


a? b: 


3 


n, coefficient de Poisson; E, module d'Young; I, moment d'inertie d’une 
section de largeur égale à lunitė. 

Je rappelle que Navier avait donné en 1820 la solution de la plaque 
mince articulée sur un contour plan. 

L'Académie des Sciences mit en 1907 (°) la question de la plaque mince 
encastrée au concours pour le prix Vaillant. Elle demandait d'examiner 
plus spécialement le cas d’un contour rectangulaire, Des Mémoires très 
remarquables furent présentés, mais aucun, à ma connaissance, ne donna 
le moyen d'arriver pratiquement à la formule de la plaque mince encastrée 
sur le contour rectangulaire. 

Depuis la publication en 1908 par Walther Ritz (°) d’une méthode de 
résolution par approximations successives des problèmes de la Physique 
mathématique, méthode dont lui-même fit application au calcul de la flèche 
de la plaque mince encastrée sur un contour carré, on connaît une approxi- 
mation numérique du calcul de la flèche de cette plaque. M. Paschoud a 
repris ce calcul dans sa Thèse (+); toutefois ces auteurs n'ont pas donne une 
formule, mais seulement une approximation numérique. 

Un professeur de l'École technique supérieure de Munich, Karl Hager, 
dans une brochure sur le calcul des plaques rectangulaires au moyen des 
séries trigonométriques (°}, a publié pour les plaques des formules et des 


(1) Séance du 20 novembre 1916. 

(7) Comptes rendus, t. 445, 1907, p. 989. 

(°) Journal de Crelle et Œuvres de Walther Ritz. Paris, Gauthier-Villars, 1911. 
(*) Paris, Gauthier-Villars, 1914. 

(°) Berechnung ebener rechteckiger Platten. München und Berlin-Oidenbourg, 
1914. ; 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 22.) 87 


662 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


résultats numériques, mais les uns et les autres sont faux. Il n’a fait entrer 
dans l’expression de l'énergie potentielle que les composantes, normales 
aux sections droites, des tensions intérieures. Les tensions ne sont pas en 
général normales aux sections, sauf dans des cas particuliers, sur les axes 
par exemple. Les erreurs relatives dans les résultats numériques atteignent 
au moins 0,63. Le D” Jovo Simic, de Vienne (Autriche) (‘}), avait emplové 
déjà auparavant la même supposition fausse. 

J'ai indiqué (°), au commencement de cette année, une méthode qui 
fournit rapidement une approximation très suffisante pour la pratique, 
mais non la formule complète. On peut obtenir celle-ci par le calcul suivant 
également applicable à un très grand nombre d’autres problèmes. 


si dat : a 
Prenons l’origine au centre de la plaque, limitée aux droites x = Æ >» 
re PAE z 
On peut écrire les déplacements verticaux sous la forme 
(1) HD LA ii [eos 2 CA + (— re | |cosn = + (— Der, 
ow 


On vérifie immédiatement, en effet, qu’avec cette expression, w, = et JY 


sont tous nuls au contour si la série est absolument convergente. Écrivons 
que le travail des forces extérieures est égal à l’énergie de déformation 
dont la formule est bien connue. On a, en étendant les intégrales à la 
surface entière de la su 


Sfera i ESSES 


+ 2° ie 2(1 — D 
meN da = i 


En tenant compte de ce que les bords de la plaque restent dans un plan, 
on peut, en intégrant par parties, remplacer le second membre par 


at =a] dx dy. 
x£ Qy 


Sfar dx dy. 


Si l’on substitue dans cette expression, réduite ou non, à æ sa valeur et 
w into Ci 


C) st. Woch. f.d. Œffentlich. Baudienst, 1909. 
(+) ds ait rendus, t. 162, 1916, p. 165. 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1916. 663 
u’on tienne compte des relations connues 
q p 


a “L 


ar SE 
TE" I $ TZ a 
dt = — IT COSAm — dE — —) 
a 2: i à 


STE 
«a 
z 


J | csin ou cos) 


t 
=S de 


rt 


$ [isin ou cos)m H (sin ou cos) p 4 04 zz] dr =D: 


ə 


On obtient 


EI | m\* A S mtn? 
X hr — rt» 2 ps À Si — . 
(2) mabI3 Apaçi tem lapins ESAR, (2) waft) +45 | 
Akaa maintenant la formule de Ritz, c’est-à-dire exprimons que ©, 
la fonction des paramètres À, formée par le double du premier membre 
diminué du second, est un extremum pour les valeurs des paramètres À, 
qui correspondent à l’équilibre. Il vient mn équations 


nn o aa a 
Amn = m \* / m?n” 
sæeifa(2) +3(5) + ps | 
Le calcul précédent donne des résultats exacts, car : 1° la série donnant œ 
et ses premières dérivées ainsi que celles qui entrent dans léquation (2) 
sont absolument convergentes; 2° quand on a pris un nombre suffisant de 


termes de w, le reste w, est une surface continue à ordonnées aussi petites 
qu’on veut, donc à courbure aussi faible qu’on veut, donc la somme du 


second membre de l'équation (2) et T Í. (Aw)? dæ dy, qui, d’après la nature 


du problème existe, ne peuvent différer. 

Si l’on détermine la flèche au centre de la plaque carrée, on trouve 

environ 
LEU T) 
T EI x 0,00i 41. 

Le coefficient numérique est peu différent de celui que M. Paschoud 
avait calculé approximativement par la méthode de Ritz (0,001 26) et gue 
j'avais signalé comme trop faible le 24 janvier dernier. Il est naturellement 
inférieur au coefficient de la plaque encastrée sur deux côtés seulement, 
articulée sur les deux autres (0,00192), 


664 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


ASTRONOMIE. — Éléments de la planete découverte par M. Sy à Alger 
le 26 mar 1916. Note de MM. Louis Fasry et Hesri BLoNDEL, 
présentée par M. G. Bigourdan. 


Cette planète a été observée photographiquement à Alger, aux dates 
26 mai, 2 et 9 juin 1916, par M. Sy qui la signala aussitôt comme pouvant 
être nouvelle. Mais comme une orbite provisoire calculée à Alger présen- 
tait quelque ressemblance avec celle de 562 Salomé, les observations furent 
publiées, dans le Journal des Observateurs, sous ce nom avec mention qu'il 
y avait doute. 

Les calculs que nous avons effectués montrent que les positions dé la 
planète Sy sont éloignées d’un degré de l’orbite de 562 Salomé; cela ne 
permet pas d'admettre l'identité des deux astres. 

Nous avons en conséquence calculé les éléments, au moyen des trois 
observations faites par M. Sy, en employant la méthode exposée par Y von 
Villarceau ('). Nous avons fait, comme il est généralement nécessaire, 
trois approximations successives. La troisième approximation a repré- 
senté exactement les observations et a été adoptée. Voici le résultat ainsi 
obtenu : $ | 
Epoque : 2 et 5 juin 1916, temps moyen de Greenwich. 


Céntièmes 
d Degrés 

l’angle droit. sexagésimaux. 
M o 9,82220 8.50.23:9 
o N sv 193,05201 118 aa a : 
cr iles. #00391 . 67.31.54,0 Ur 
ons, 9,988 18 8.59.21,7) Da 
P ete 6,79965 6. 7.10,9 
noi ui. 0,232686 16 753,903 16 
losa, oo. o, 4484607 

Aa Ian; Zolo l 


Ces degrés n'offrent qu’une ressemblance assez vaguè avec ceux de 
562 Salomé. Les éléments & et ¿č ressemblent beaucoup à ceux de la pla- 
nète 1902 HY, peu observée et dont on n’a calculé jusqu'ici qu'une orbite 
circulaire, mais le mous que diffère beaucoup, de sorte que 
l'identité des deux astres n’est pas probable. 99m 


PE EE EEA 


(') Annales de l'Observatoire de Paris, t. 3, 1857, p. 85. 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1916. 665 


En parcourant le Catalogue des orbites nous n’en avons trouvé aucuné 
qui concorde avec les éléments ci-dessus; on peut en conclure qué la 
planète découverte par M: Sy le 26 mai 1916 est probablement nouvelle. 


ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur les fluctuations de la constante solaire. 
Note (') de M. Henryg Ancrowski. 


Des recherches de Joseph Henry (°), S.-P. Langley (°) et de W.-E. 
Wilson (+), il résulte que le rayonnement calorifique des taches solaires 
est sensiblement moindre que ne l’est celui de la photosphère. 

Il y a donc lieu de se demander si les fluctuations de la constante solaire 
ne dépendent pas de la fréquence des taches. 

La question a été discutée par R. Savelief (*). Sa conclusion est que 
« l'intensité calorifique de la radiation solaire augmente avec l'activité des 
phénomènes qui se produisent à la surface du Soleil, celle-ci étant caracté- 
risée par l’accroissement du nombre des taches ». 

D'autre part, A. Defant (°) est arrivé à un résultat tout à fait opposé. 

La question a également été abordée par C.-G. Abbot qui, quoique 
n'ayant pas obtenu un résultat concluant (7), a exprimé l'opinion que 
« une augmentation de o‘*,07, par centimètre carré par minute, de la 
constante solaire acccompayne une augmentation de 100 des nombres 
relatifs de taches » (°). 

Abbot s'étant servi de moyennes mensuelles de ses déterminations de la 
constante solaire, ainsi que de moyennes mensuelles des nombres relatifs 
de Wolfer, il m'a paru utile de refaire les calculs. Des fluctuations très 
prononcées survenant à quelques jours d'intervalle, dans le cas de la 
constante solaire de même que dans le cas des taches, j'ai comparé, pour 
toutes les journées (des années 1905 à 1911) au cours desquelles des obser- 
vations de la constante solaire ont été faites à l'observatoire du Mont 


Séance du 20 novembre 1916. 
Proc. Amer. Philos. Soc., t. w 1847, p. 17 TR 


Meteor. Zeit., 1913, p. 
Annals of the Sa Observatory, t. 3, 1913, p. 130. 


) 

) 

3 

J 

ty Comp rends: t "i D K gi! 

) 

I 

*) Annual Rep. Smiths. Inst., 1913, p. 182. 


1905. 1906. 1908. 1909. 1910. 1911. 
É, Umb. E Dak (Jo E.  Umb. CE Umh CHU 
1,96 191,4 1,969 118,3 1,893 88,1 1,844 114,0 1,858 81,9 1,869 6,3 
1,99 223,2 1,999 111,7 1,914 173,3 1,878 114,4 1,892 69,0 1,890 5,7 
2,01. 220,5 2,014 168,9 1,924 68,2 1,890 117,6 1,900 ëw,4 1,901 8,9 
2,03 303,6 2,026 : 332,5 1,932 111,0 1,903  4o,6 1,902 62,8 1,909 4,8 
2,06 263,0. 2,037, 155,0 1,937 170,4 1,917 93,0 1,915 70,4 . 1,917 8,8 
2,09 170,7 2,059 232,6 1,943 142,2 1,922 80,1 1,920 62,1 1,923 6,2 
15000 1043 , 1,030 70,1 1,029, 009 (00 IS 
1,958 130,8 r,939 55,7 1,929 60,7 1,938 3,0 
1,967 139,4 1,959 40,1 1,936 39,3 1,946 2,7 
1,977 219,0 1,992 37,8 1,992 42,9 1,962 6,0 
1,996 233,3 1,981 48,2: 1,993 3,0 


666 ACADÉMIE DES SCIENCES. 

Wilson, ces valeurs, aux aires projetées d’ombres mesurées à Greenwich. 
Dans le Tableau ci-dessous je reproduis les moyennes des groupes formés 

de dix valeurs de constante solaire progressivement croissantes: 


Ce Tableau démontre qu’en 1905, 1906 et 1908 les sommes des aires de 
taches étaient plus grandes lorsque la constante solaire était au-dessus de 
la moyenne, tandis qu’en 1909, 1910 et 1911 le contraire eut lieu. 

Il semble donc que pour les années de grande fréquence de taches solaires 
toute augmentation momentanée de taches produit une augmentation de 
la radiation solaire, tandis que pour les années de moindre fréquence c’est 
une diminution temporaire de l’étendue ou du nombre de taches qui pro- 
duit une augmentation de la constante solaire. 

Cette contradiction apparente ne prouve nullement que les variations de 
la constanté solaire sont indépendantes de celles des taches. 

Les résultats des recherches de Henry, de Langley et de Wilson étant 


indiscutables, il faut bien admettre qu’une relation doit exister. Seulement, 


les taches ne sont évidemment que l’un des facteurs. Les facules et d’autres 

phénomènes solaires sont d’autres facteurs coagissants. | 
Or A. Mascari (') ayant montré que par suite de l’effet de facules, la 
radiation lumineuse du Soleil est à son maximum aux époques de maxima 
de taches, et étant arrivé moi-même au résultat que la température de 
l'atmosphère terrestre dépend des rapports des surfaces occupées par les 
facules et les taches (?), les chiffres du Tableau ci-dessus, bien loin d’être en 
contradiction avec d’autres faits d'observation, confirment simplement le 
DOD A 


(') Mem. Soc, Spettr. Ital., t. 35, 1906, p: 75. 
(?) Comptes rendus, t. 161, 1915, p. 485. 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1916. 667 


fait qu’en dehors des taches solaires d’autres phénomènes affectent la cons- 
tante solaire d’une façon suffisamment intense pour masquer en partie ou 
même totalement l'effet des taches. 


RADIOLOGIE. — Recherches théoriques et expérimentales sur les bases de la 
dosimeétrie radiologique. Note de MM. R. Levoux-Lesarp et A. Dauvi.- 
uer, présentée par M. Villard. 


Dans une précédente Note (') nous avons décrit un tube à rayons X qui 
permettrait la production d’une radiation ne possédant qu’un très petit 
nombre de constituants homogènes (sensiblement deux), mais nous 
n'avons fourni aucune donnée relative au choix des éléments que nous 
avons désignés par À et C. 


Nous avons indiqué seulement que nous utiliserions les radiations caractéristiques 
de la série K de Barkla, à l'exclusion des radiations L, environ 300 fois moins péné- 
trantes et dénuées d’intérêt en radiothérapie profonde. Ceci donne comme limite infé- 
rieure à peu près 150 au poids atomique du radiateur secondaire C. De plus, ayant 
préconisé l'emploi de radiations aussi pénétrantes que possible, nous ne devrons con- 
sidérer que les atomes les plus lourds, c’est-à-dire Ur, Th, Pt, Tu, Ta comme anti- 
cathodes et, de plus, Au, Pb, Bi comme radiateurs secondaires. 


Si nous voulons utiliser le rayonnement fluorescent du thorium ou du 
platine, nous devrons l’exciter par le rayonnement caractéristique K (très 
impur) de l'uranium, pour opérer la transformation d'énergie avec le 
meilleur rendement. Ceci détermine les conditions de fonctionnement du 
tube : 


D’après la relation approchée de Whiddington, il faudrait employer, pour exciter la 
fluorescence K de l'uranium, des électrons animés d’une vitesse de 2,38. 10!° cm : sec. 
La tension correspondante est de 160 kilovolts, ce qui correspond à une distance 
explosive mesurée entre pointes d'environ 30°. 

Cette tension qui, ainsi que nous l'avons vu, devrait être continue, est donc prati- 
quement fort réalisable; elle donnerait à l’anticathode un rendement en rayonnement 
global très élevé, soit 7,4 millièmes, d’après la relation de Beatty corrigée. Si la 
dixième partie seulement de cette énergie est rayonnée utilement par le radiateur 
secondaire, le rendement du tube sera encore de l’ordre de celui d’un tube actuel. 


Le rayonnement qu’on obtiendrait ainsi d’un « manchon » de thorium 


(*) Comptes rendus, t. 163, 1916, p. 171 (voir aussi t. 162, 1916, p. 405). 


668 ACADÉMIE DES SCIENCES. 
posséderait deux radiations principales dont les longueurs d'onde seraient : 
Â8—0,113.10 * cm et la — 0,151.10? cm, 


d’après la relation de Moseley. Cette dernière radiation, qui serait la plus 
intense, se rapprocherait donc beaucoup du rayonnement le plus pénétrant 
du radium B pour lequel la longueur d'onde minima est À — o, 137.107 cm, 


v.10!8 


26 ż 


œ 


O 80 100 
V Hilovalts 
Fig. 1. 
et la première, de celui du radium C, dont la longueur d'onde minima est 
À = 0,099.107* cm. 
Il est important de remarquer que, d’après des recherches récentes de Sir E. Ru- 
therford et MM. Barnes et Richardson (!), il ne serait pas utile de chercher, par un 


accroissement indéfini de la vitesse des électrons, à augmenter le pouvoir de pénétra- 
$ ION P i , sA e 
ton du rayonnement émis. La plus courte longueur d'onde effective, c'est-à-dir 


(') Philosophical Magazine, septembre 1915. 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1916. 669 
celle qui est obtenue par des mesures d’absorption, serait en effet limitée à celle de 
la raie Ĝĝ, de la série K. 

Si l’on compare, d’après les données de ces auteurs, à ces résultats théo- 
riques, le rayonnement du tube Coolidge actuel, à anticathode de 
tungstène, on voit que son rayonnement le plus pénétrant le serait beau- 
coup moins que celui du tube uranium-thorium. Alors que la radiation 
homogène la plus pénétrante du tube Coolidge ùg = 0,172.107* cm a un 
coefficient d'absorption dans l'aluminium égal à 0,39 (em )-', le rayonne- 
ment K, de l'uranium aurait un coefficient voisin de 0,23 (cm)-' et celui 
du thorium, seul utilisé, respectivement 

Hr = 0,14 (em)! et He = 0,28 (cm)! 
d’après la relation d'Owen et les récentes mesures de Bragg sur l’argent. 

Il ne serait pas possible, avec la disposition que nous avons décrite dans notre 
Note précédente, d'utiliser le rayonnement fluorescent K de lPuranium. Si, en effet, 
on rendait identiques les éléments A et C, la fluorescence ne serait plus excitée sur 
le radiateur secondaire, qui jouirait, au contraire, de transmission sélective pour le 
rayonnement primaire. Les rayons K de l’uranium ne pourraient être vbtenus que 
par filtration du spectre fourni par l’anticathode d'uranium au travers d’un écran 
de même métal. L'anticathode pourrait alors être un disque mince, convenablement 
refroidi, et fixé dans la paroi même de ampoule, disposition déjà décrite par Seitz, 
puis Owen, mais le rayonnement transmis serait très impur à cause de la grande 
intensité de la radiation générale qui apparaît aux tensions élevées. 

En résumé, le dispositif que nous préconisons vise à obtenir à l’état de 
pureté et d’une façon intense les spectres K de haute fréquence des elé- 
ments les plus lourds connus, à les utiliser en radiothérapie, de manière à 
chercher à réaliser des effets sélectifs bien déterminés. Le dosage des 
rayons X cst ainsi en réalité supprimé : les facteurs de l'énergie (courant 
continu) dépensée dans le tube étant parfaitement connus, ce dosage se 
réduit à une mesure de temps. 


GÉOLOGIE. — Sur l'existence d'une nappe de recouvrement dans les iles de 
Pomègues et de Ratonneau (golfe de Marseille). Note (') de M. J. Reperis, 
présentée par M. Pierre Termier. 


Les îles du golfe de Marseille, Pomègues, Ratonneau, le Château d’If 
ont toujours été considérées comme un lambeau de la côte isolé par 


(1) Séance du 20 novembre 1916. 
C, Rus 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 22.) 88 


670 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


l'érosion marine et les phénomènes d'immersion générale du littoral con- 
temporain de la formation des calanques. Il était naturel de les rattacher, 
au point de vue tectonique, au dôme de Notre-Dame-de-la-Garde dont 
elles paraissaient n’être qu’une dépendance. Leur constitution d'apparence 
uniforme et à laquelle les assises urgoniennes seules semblaient avoir pris 
part justifiait cette conception. | 

La découverte, faite quelque temps après la déclaration de guerre, 
d’'ammonites pyriteuses montra que d’autres sédiments que ceux de 
l’'Urgonien se trouvaient dans les Iles. C’est à M. Ermann, préparateur de 
minéralogie à la Faculté des Sciences d'Alger, aujourd'hui mobilisé comme 
interprète militaire et qui se trouvait à cette époque en garnison à Raton- 
neau, qu'est due la découverte de fossiles ferrugineux aux pieds du rocher 
qui porte la chapelle du Frioul. 

L'examen des fossiles, en mauvais état de conservation, ne permettait 
pas un diagnostic certain du terrain où ils se trouvaient, mais nous pen- 
simes immédiatement aux marnes aptiennes et Vasseur se proposa de 
suite d'aller visiter le gisement pour recueillir de nouveaux fossiles et les 
déterminer, mais les difficultés inhérentes aux conditions actuelles du 
pays, aussi bien que l’état de santé de Vasseur, mirent obstacle à l'exécu- 
tion de ce projet. | Ain: | 

Dernièrement, grâce à l'intervention de M. Termier, directeur du 
Service de la Carte géologique, M. le Ministre de la Guerre a bien voulu 
m'autoriser à visiter les Iles et à utiliser pour m'y rendre les convois de 
ravitaillement ('). | 

Je n’ai pu tout d’abord retrouver le gisement signalé par M. Ermann 
sous la chapelle du Frioul, à cause des travaux de maçonnerie effectués 
depuis la découverte, mais j'ai eu la satisfaction de trouver un nouveau 
gisement plus étendu et présentant de nombreux fossiles de l’Aptien le 
plus supérieur : Parahoplites furcatus Sow., Oppelia nisus d’Orb., Douvil- 
leiceras Martini d'Orb., Belemnites semicanaliculatus Blainv., T erebratula 
sella (?), Terebratulina sp., ainsi que des gastéropodes, des polypiers, des 
crinoides, etc. L’affleurement se trouve dans l'île de Ratonneau au fond de 
la Calanque qui pénètre profondément dans l'ile (Havre de Morgiret), au 
nord de la digue du Frioul. 


(1) Je me fais un devoir de remercier les autorités militaires de Marseille et en 
-particulier M, l’intendant Joleaud, dont le fils, le capitaine Joleaud, malgré ses 
blessures, a pu parfois m'accompagner, et M. le Commandant d'armes des îles Pelée 
de Saint-Maurice pour l’aide véritable qu’ils m'ont prêtée, 


- 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1916. 671 


La présence de l’Aptien à Ratonneau est assurément un fait nouveau et 
intéressant, mais, ce qui présente un intérêt d’un autre ordre et d’une 
autre’ valeur, c’est la situation extraordinaire de l’affleurement. Les 
argiles et marnes de l’Aptien supérieur se montrent là sous une véritable 
voûte formée par les calcaires blancs de l’Urgonien qui constituent l’île de 
Ratonneau et la pénétration sous les roches blanches, d’ailleurs évidente, 
se trouve par surcroit démontrée par une apparition minuscule d'argiles 
dans une faille de friction, de l’autre côté de l’île, sur le versant Nord. Les 
argiles dans lesquelles M. Ermann a trouvé, pour la première fois, les 
fossiles ferrugineux sont, de même, dans une crevasse pénétrant sous les 
calcaires blancs urgoniens qui portent la chapelle du Frioul. Ainsi, il ne 
peut y avoir aucun doute, des iles de Pomègues et de Ratonneau, loin d’étre la 
continuation du massif de Notre-Dame-de-la-Garde sont constituées par des 
caleaires urgoniens provenant d'un accident toul à fait indépendant de ce 
massif ét s'étendant en nappe sur un substratum d’Aptien superieur. 

Quelle est l’origine de la nappe et quelle peut être son extension ? 

videmment les documents nous manquent pour résoudre ces questions. 
Toutefois, on ne peut manquer d’être frappé par l'identité de situation de 
l Aptien dans l’île de Ratonneau et dans l'ile Maïre. On doit, à mon avis, 
rapprocher également ces faits de la présence, sur le versant sud de la 
chaîne de la Nerthe, d’une grande nappe urgonienne sous laquelle l'Aptien 
supérieur apparaît, en fenêtre, à Valapoux, Vallestelloné, Ensué, 
Romaron, nappe paraissant provenir du Sud et dont la situation, par 
rapport aux autres accidents tectoniques de la Nerthe, m’a toujours paru 
assez indépendante. 

Il semble donc naturel de rattacher l'Urgonien de Maïre, celui des Hes, 
celui de la nappe de la Nerthe et peut-être aussi celui qui forme, en pleine 
Camargue, le curieux îlot de la Roque, à une seule et même nappe qu’on 
peut désigner sous le nom de nappe de Ratonneau. 


PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur le rayonnement nocturne. 
Note de M. A. Bouranic, présentée par M. E. Bouty. 


L’intensité du rayonnement nocturne, c’est-à-dire la perte de chaleur 
que subit, par minute, 1™ de surface noire exposée à lair libre, peut 
être considérée comme la différence entre l'émission Q de la surface rayon- 
nante et la quantité de chaleur q que cette surface reçoit de l’atmosphère. 


672 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Nous avons essayé, à partir de quelques données de la Physique et de la 
Météorologie, d’en calculer a priori une valeur approchée et de rendre 
compte de ses variations. 


I. Voici les données dont nous ferons usage : 
1° Nous désignerons par 50* le rayonnement intégral du corps noir pour la tempé- 
ralure absolue 8°, suivant la direction normale à la surface d'émission. On a, d’après 


Kurlbaum, 
te = 97,68. 10t! cal.-gr. par cm? et par min. 


2° Nous admettrons que l'absorption exercée par une tranche d'air humide sur 
l’ensemble des radiations émises par le corps noir à basse température est proportion- 
nelle à la tension de la vapeur d’eau qu'il contient. L'énergie absorbée, sur un flux 
d'intensité I, par une couche d’air d'épaisseur dz dans laquelle la vapeur d’eau a une 
tension f, peut s'exprimer par Iaf ds, a étant un coefficient de proportionnalité que 
des expériences de Langley (1) permettent d'évaluer à 1,75.107% (on exprime = en 
centimètres et f en millimètres de mercure). L'émission de 1°" de la couche, à la 
température absolue 8°, sera af o0* dz. 

3° La tension de la vapeur d'eau tombe, en moyenne, de la moitié de sa valeur 
tous les 1960® (?). Si l’on désigne par A la tension au | niveau du sol, la tension 
à l’altitude 3 pourra s'exprimer par la formule f= fye". Quand on évalbe: z en 
centimètres, le coefficient K est numériquement égal à 3,5. HER 

AS La décroissance de la température de RE ot en fonction de l'altitude est 


ME ET ; 
assez bien représentée par la relation (°) < 2 (E ` Li variation de la pression 
j “Po 
suit approximativement la loi de Laplace et l’on a 
P e: avec kanpon 
. ; Pe 

ce qui fournit 

2 A ji 

kai el a a 

% 


II. Considérons, à l'altitude z, une tranche d’air d'épaisseur dz, dont la 
température soit abs. et dans laquelle la tension de la vapeur d'eau ait 
la valeur f. L'émission de 1°” de la couche dans la direction normale 
sera L, — afo0'dz. 

DEN nn 


(1) S.-P. Lanccey, Memoirs of Nation. Acad., Washington, t. lp, 2° Partie, 1889, 


p. 189. 
(2) Axcor, Traité élémentaire de Météorologie, Paris, 1899, p. 188. 
(°) Voir, en particulier, Scawoerer, Ann. de Chim. et de Phys., 8° série, t. 21 


‘1910, p. 433. 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1916. 673 
Une partie de ce flux va être absorbée par l'atmosphère dans le trajet de 
la tranche au sol. Désignons par I le flux qui parvient à l'altitude €; le flux 
absorbé dans la tranche dý est 
1: dl= lafe dk, 


Intégrant de (=z à (— 0, on obtient comme expression du flux émis 
par la tranche dz qui | DDA au sol, 


i—Le < PAA 


= 
5 


Pour les faibles valeurs de z, č est égal à I, e% 4. Comme ce sont surtout 
les couches inférieures qui interviennent dans le rayonnement, cette 
dernière expression constitue une valeur approchée de č. On a alors 


inapoose rte): er 


Le rayonnement atmosphérique qui atteint le sol normalement est la 
afo 


Å rs 
Ass" tE 


Admettons, en première approximation, que le flux envoyé par latmo- 
sphère soit le même dans toutes les directions ('); l'énergie absorbée par la 
surface noire variera suivant la loi de Lambert et l'énergie totale absorbée 
pour l’ensemble des directions sera 


somme des flux élémentaires č, de z = o à z infini, soit 6, 


af 
afo+ 754 + K 


q = tati 


Le rayonnement nocturne a pour expression 


i: 
r = tabi — qF Toh neS TS 68. 19710 
=z dr por rs { 


IH. Nous avons effectué, à siitiee pendant les années 1913 et 1914, 
une longue série d'observations du rayonnement nocturne, par des temps 
absolument clairs. Voici, prises au hasard, quelques valeurs obtenues : 


(*) On peut diriger le calcul de manière à tenir compte des variations du flux avec 
l'incidence, 


674 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


r (0D8.): 7 17 (CI) 


Dates... , Heures. LE Ta 
h m 7m mm 
USE E T 20.20 14 6,8 :0,152 0,192 
ae e 21.30 17 5,8 0,164 0,176 
FEJDI. ET D Er à, O 24 Fri 0,138 0,120 
19 novembre. ........ 20. O 11,2 7,3 0,142 0,142 
re décéthbre. . ......:. 20.15 7,6 7,8 0,123 0,130 
17 RC a ee 20.30 8,6 5,1 0,132 0,157 


L'accord entre la théorie et l'observation, très suffisant pour les valeurs 
moyennes de /,, est moins bon pour les valeurs faibles ou très élevées. 
Dans tous les cas, le calcul et l’observation fournissent des résultats du 
même ordre de grandeur (‘). C’est bien, semble-t-il, tout ce qu'on peut 
demander à une théorie qui rend compte d’un phénomène aussi complexe 
que le rayonnement nocturne, d'autant plus que les coefficients a et K dont 
nous avons fait usage pour tenir compte de l'absorption par la vapeur d’eau 
et de la décroissance de la vapeur d’eau en fonction de l’altitude, sont loin 

‘ètre connus avec précision. 


BOTANIQUE. — Quatre nouvelles Ochnacées de Madagascar. 
Note (°) de M. F. Gérar», présentée par M. Gaston Bonnier. 


Le genre Ouratea, auquel appartiennent ces quatre nouvelles Ochna- 
cées, est assez commun à Madagascar, car on en connaît déjà une ving- 
taine de représentants. 

La première espèce què nous signalerons croît dans les environsde 
Maroantsetra, sur la côte nord-est de l'ile; on la trouve dans les bois, à 
300" d'altitude. C’est un arbuste simple, de x à »", dont les feuilles, 
très grandes, sont rassemblées au sommet de la tige. Le pétiole est 
excessivement court, renflé, de couleur vert brunâtre. Le limbe, spatulé 
et à sommet mucroné, s’atténue progressivement vers ce pétiole, ne 
niveau duquel il n’atteint plus que 1°",5 de largeur; dans le tiers supé- 
rieur, cette largeur est de 16% à 20°". Quant à la longueur, elle peut 
atteindre 80° à 90°, alors que les plus grandes feuilles des autres Ouratea 
jusqu'alors signalés à Madagascar ne dépassent pas 20°% à 25%. Les bords 
du limbe sont marqués de dents courtes, assez régulièrement espacées de 


(1) Une légère modification relative au coefficient K permet de diminuer les écarts. 
(?) Séance du 20 novembre 1916. 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1916. 675 


7™ à 8°". Il y a sept à huit inflorescences dressées, en grappes composées, 
dont la longueur totale est de 4o° à 5o%™, Les fleurs, très nombreuses, 
serrées, sont brièvement (5"") où longuement (1‘%,5) pédicellées ; 
elles sont très petites et offrent tous les caractères du genre. Nous nomme- 
rons cette espèce, qui a été récoltée par M. Perrier de la Bâthie, Ouratea 
Perriert. 

Le second Ouratea provient des bois secs et des terrains gréseux de la 
vallée du Sambirano, dans le nord-ouest de l'île. C’est un arbuste à ra- 
meaux très serrés, courts, à écorce noirâtre, avec de très nombreuses 
lenticelles blanches. Les feuilles sont alternes, coriaces, glabres, très rap- 
prochées, avee un pétiole très légèrement aplati, et qui mesure en moyenne 
5mm à 6mm, Le limbe est ovale allongé, légèrement arrondi à la base, 
parfois émarginé au sommet, et avec des dents fines très aiguës sur 
les bords. Il a 5°" à 7° de longueur sur une largeur moyenne de 2%, 
Les inflorescences, qui sont latérales, sont des cymes corymbiformes de 
quatre à cinq fleurs; le pédoncule commun à 1‘* environ et chaque 
pédicelle floral a 1% à 2m, Les sépales sont un peu plus grands que 
les pétales; il y a 30 étamines à filets persistants, beaucoup plus courts 
(2®%) que les anthères. Le style a 9% à 10%" de longueur)etest à 
stigmate capité. En raison de la eompacité de ses feuilles et de ses fleurs, 
les unes et les autres très rapprochées, nous avons nommé cette espèce 
Quratea densa. 

La troisième espèce est un arbuste de 3% à i qui pousse dans 
l’Analamazaotra, le long du chemin de fer de Tamatave à Tananarive, 
dans l’est de l'ile. Les rameaux en sont grêles, relativement courts; les 
feuilles sont insérées perpendiculairement ou retombent vers le sol. Ces 
feuilles sont persistantes, alternes, rapprochées par groupes de 7 à 10; 
elles sont oblongues, et le pétiole, de 6"® de longueur, est noir et 
épais. Le limbe, légèrement décurrent, est à sommet aigu, parfois terminé 
par une petite pointe, et à base atténuée, entier; il y a 9f® à 15° 
de longuear sur 2°% de largeur. Il y a des stipules intra-axillaires 
et de nombreux bourgeons foliaires internodaux. L'inflorescence est une 
longue grappe très lâche, noire, grêle, terminale, pendante, de 250 à 30°" 
“de Ro Ce sera l’Ouratea laxiflora. 

Notre quatrième et dernière espèce croit sur dunes littorales de la 
-Côle Nord-Est. L’arbuste, dont des échantillons ont été récoltés à 
Antalaha, a 4 à 5"; ses feuilles persistantes ont un pétiole très court, 
épais, brun noirâtre. Le limbe est obovale, ou spatulé, glabre, coriace, à 


676 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


bords légèrement dentés en scie; ila 15°" à 19°" de longueur sur 5 à 6m 
de largeur dans le tiers moyen et 1°", 05 à 2°" vers la base. L’inflorescence 
est une grappe de cyme composée, de 10°" à 20°" de longueur, avec un 
pédoncule pincipal comme canaliculé. Les fleurs sont nombreuses, et 
groupées par 3 à 5. Les pese sont d’une belle couleur jaune, qui 
persiste à la dessiccation ; l’androcée est composée de ro étamines, 
groupées par 2 en un seul verticille; les filets sont presque nuls (0®,5), 
surmontés d’anthères beaucoup plus longues (5™™), Nous nommerons 
cette espèce Ouratea lutea. 

On remarquera que ces quatre Ouratea dosrait à des régions 
diverses de Madagascar, sur le versant oriental comme sur le versant 
occidental, 


MICROBIOLOGIE. — /noculabilité de la variole à la génisse vaccinée, mais 
non complètement immunisée. Note de M. A. Bécrère, présentée par 


M. A. Laveran. 


L’immunisation conférée par la vaccine contre la variole et par la 
variole contre la vaccine est un des faits les plus solidement établis de pr 
l'observation et l’ expérimentation. 

La récente Note de MM. R. Würtz et E. Huon, intitulée : Variolisation 
des génisses immunisées contre la vaccine (*), semble le remettre en question, 

sinon même le contredire. Ce n’est toutefois qu’une apparence. 


A ces expérimentateurs revient le mérite d'avoir réussi, dans la proportion de 
cinq fois sur sept, à inoculer la variole à la génisse et surtout d’avoir déterminé les 
conditions du succès de celte inoculation si exceptionnellement obtenue avant leurs 
recherches. Ils réussissent à déterminėr, chez la génisse, une éruption variolique 
généralisée à la condition de. pratiquer l’inoculation variolique 8 jours ses 1 peu 
lation du vaccin jennérien. 

De ce fait expérimental ils donnent l'interprétation que voici en résumé : 

« L'inoculation variolique est suivie de succès quand elle est pratiquée 8, jours 
après l’inoculation vaccienle, c’est-à-dire lorsque l’immunité vaccinale est établie 
de façon absolue, puisqu'à ce moment de nouvelles inoculations vaccinales demeurent 
toujours stériles. Il semble légitime d'en déduire che la variole et Ja vaccine sont 
dues à deux organismes très différents. » 


(') Comptes rendus, ty 163, 1916, p, 311, 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1916. 677 


Cette interprétation, acceptable lorsqu'on ne connaissait pas d'autre 
critérium de l’immunité que l’état réfractaire de la peau à une inoculation 
nouvelle, est incompatible avec les résultats des recherches expérimentales 
que j'ai poursuivies, de 1892 à 1900, avec mes regrettés collaborateurs, 
MM. Chambon et Saint-Yves Ménard ('). 

Comme nous l’avons démontré, c’est seulement du neuvième au treizième 
jour après l’inoculation vaccinale que le sang de la génisse commence à 
manifester, vis-à-vis du vaccin, des propriétés virulicides; c’est d'ordinaire 
après 12 jours écoulés qu'il est virulicide. C’est aussi seulement du neu- 
vième au treizième jour après l’inoculation vaccinale que disparaît la viru- 
lence du vaccin intra-dermique recueilli à la base des éléments éruptifs, 
même flétris et desséchés; c’est d'ordinaire après 12 jours écoulés qu’elle 
a disparu. Entre ces deux phénomènes existe une concordance parfaite. 
On ne peut modifier la date d'apparition de l’un sans faire varier simulta- 
nément celle de l’autre et le second semble bien être la conséquence du 
premier. Caractérisée par ces deux phénomènes, l’immunité complète n’est 
établie que 12 jours environ après la première inoculation. 

Il n’en est pas moins vrai qu'après 8 jours seulement la peau est devenue 
réfractaire à une nouvelle inoculation de vaccin. L'écart entre ces deux 
dates correspond exactement à la durée de la période d’incubation de 
4 jours environ qui précède l'éclosion des éléments éruptifs aux- points 
inoculés. En fait, 8 jours après l’inoculation vaccinale, la peau de la génisse 
ne constitue pas encore un terrain destructeur pour les germes vaccinaux 
qu'on y ensemence, mais se comporte en apparence comme tel, parce que 
ses propriétés destructives apparaîtront avant que les germes ensemencés 
aient eu le temps d'éclore. A priori, rien ne s'oppose absolument à l’éclo- 
sion de germes plus actifs ou plus résistants, ensemencés à la même date, 
et c’est précisément ce qui advient dans le cas de l’inoculation variolique. 

Que cette inoculation variolique soit d'ailleurs favorisée par l’inoculation 
vaccinale antécédente, le fait est en accord avec nos propres recherches. 
Il y a 18 ans, nous avons démontré que l’inoculation vaccinale, avant de 
provoquer la formation de substances empêchantes et virulicides, com- 
mence par provoquer la formation de substances favorisantes puisque, si 


(!) Comptes rendus, t. 427, 1898, p. 1227. — Études sur l'immunilé vaccinale 
(3° Mémoire) : Le pouvoir antivirulent du sérum de l'homme et des animaux 
immunisés contre l'infection vaccinale ou variolique (Annales de l’Institut Pas- 
teur, 25 février 1899). 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 22.) 89 


678 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


les inoculations sous-épidermiques sont précédées à 4, 5, 6 et même 
7 jours d'intervalle par une inoculation sous-cutanée, les éléments éruptifs 
apparaissent toujours en avance de 24 heures au moins sur les délais 
habituels. 

En résumé, l’inoculation de la variole à la génisse, 8 jours après l'ino- 
culation vaccinale, réussit à un moment où la peau est, il est vrai, devenue 
réfractaire à une nouvelle inoculation de vaccin, mais où cependant l'im: 
munité caractérisée par le pouvoir virulicide du plasma sanguin et par la 
disparition de la virulence du vaccin intra-dermique n’est pas encore 
établie. Pratiquée seulement un jour plus tard, cette inoculation demeure 
stérile. 

Pour conclure, le virus vaccinal et le virus variolique n’ont certainement 
pas la même activité, mais rien ne permet d’affirmer qu’il existe entre eux 
une différence de nature ou d’espèce. 


A 16 héures l’Académie se forme en Comité secret. 


COMITÉ SÉCRET. 


Rapport du Conseil de la Fondation Loutreuil. 


(Commissaires : MM. Jordan, Darboux, A. Lacroix, Le Chatelier; le prince 
Bonaparte ; Emile Picard, rapporteur.) 


Nous avons l'honneur de faire connaître à l’Académie les décisions du 
Conseil de la Fondation Loutreuil. On se rappelle que, conformément à la 
volonté du donateur, les demandes de subvention sont examinées d’abord 
par un Comité consultatif, et ensuite par un Conseil formé de six membres 
de l’Académie, qui reçoit les propositions du Comité et prend les décisions 
définitives. : 

Il a été décidé que les demandes seraient réparties en trois catégories. 
Nous allons indiquer les subventions accordées en nous reportant à cette 
élassification. 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1916. 679 


IE. - Demandes des établissements désignés par le testament. 
1° Muséum d'Histoire naturelle, — 2000! à M. le professeur Louis Rovte 


pour la continuation de ses recherches sur les poissons migrateurs de nos 
eaux marines et douces, en particulier des Salmonidés. 

10 000!" pour la remise en état du Laboratoire maritime de l'ile de Tatihou 
à Saint-Vaast-La-Hougue; ce laboratoire a dès le début de la guerre été 
réquisitionné pour servir de camp de concentration, et une grande partie du 
matériel a été mise hors d'usage. 


2° Collège de France. — 700" à M. le professeur E. Grey afin de compléter 
l'installation frigorifique pour laquelle une allocation lui a été déjà donnée 
lan dernier. Cette somme est destinée à couvrir la plus-value occasionnée 
par les circonstances actuelles. 

4350 à M. le professeur NAGEOTTE pour acquisition d'appareils lui 
permettant de poursuivre ses études sur la régénération des nerfs, études 
susceptibles d'importantes applications chirurgicales. 

400of° à M. l'abbé Roussecor en vue de continuer et de développer les 
expériences commencées par lui sur le repérage des pièces d'artillerie par le 
son. Les appareils à construire seront d’ailleurs utiles au laboratoire de 
phonétique expérimentale du Collège de France. 


3° Conseil central des Observatoires. — 15 o00™ à l'Observatoire de Paris, 
pour l’amélioration des instruments d’astronomie appliqués à la détermi- 
nation de l'heure. D’après l'expérience acquise, on peut affirmer que la 
poursuite de la précision du centième de seconde n'est pas chimérique. La 
subvention permettra de commander un instrument des passages du type 
des instruments de longitude, mais plus grand et aussi perfectionné qu’il 
sera possible. 

1500" à l'Observatoire de Marseille pour assurer la publication du 
Journal des. Observateurs, journal astronomique nouvellement créé, ayant 
pour objet de faire connaître les éléments des orbites des petites planètes, 
ainsi que leurs éphémérides et les observations les concernant. 


4° École nationale vétérinaire d’Alfort. — 7000" à cette École pour l'achat 
d’un appareil à projections et à enregistrement cimématographiques, qui 
sera de grande utilité pour l’étude et la démonstration de divers mouve- 
ments à l’état normal ou pathologique. 


680 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


5° Ecole nationale vétérinaire de Lyon. — 85of" à M. le professeur CHARLES 
Porcuer pour ses recherches sur le lait, nécessitant un réfractomètre de Féry 
et un appareil pour la mesure des résistances électriques. 


800! à M. le professeur Fraxçois Marenox pour acheter une balance de 
précision et une petite presse hydraulique, afin de poursuivre ses recherches 
sur la nutrition. 

6° École nationale vétérinaire de Toulouse. — 5ooof à cette École pour 
une installation radiologique destinée au diagnostic des maladies des 
animaux. 


II. — Demandes des établissements appelés au Comité consultatif 
par le Président de l’Académie. 


1° Conservatoire des Arts et Métiers. — hooo" à M. le professeur Louis 
Brarixeuem, pour la création d’une collection type de détermination et de 
classification des bois industriels employés dans l’industrie aéronautique, 
faisant connaître les divers éléments qui permettent de fixer la valeur com- 
merciale d’un bois. 


5000!" conditionnellement à M. le professeur James Daxrzer, destinés à la 
création d’un laboratoire pour l'essai des textiles, fils et tissus divers, sous 
la condition expresse que l'Union des Syndicats patronaux de l'Industrie 
textile fournisse la même somme pour cette création. 

2° École nationale supérieure des Mines. — 10000! à cette École pour 
améliorer l'installation de ses laboratoires, particulièrement en ce qui 
concerne la machine motrice. 


3 Institut catholique de Paris. — 2000" à M. Hesri Coris pour l'achat 
d'appareils ne faisant pas partie du matériel ordinaire d’un laboratoire de 
Botanique (tubes à gaz carbonique, détendeurs et manomètres de haute 
précision, étuves pour culture), afin de continuer ses recherches sur les 
conditions de destruction de divers bacilles. 

2000!" à M. Juzes Hamoxer, destinés à l'acquisition d'appareils qui ser- 
viront à déterminer les constantes physiques et en particulier les indices de 
réfraction des corps nouveaux qu'il a découverts dans le groupe des glycols. 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1916. 68: 


HI. — Demandes diverses directement adressées. 


1° 10 000" à- M. dures Garçox, directeur de l'Association de Documen- 
tation bibliographique, pour la constitution de bibliographies de biblio- 
graphes, sous la condition expresse qu’une partie de cette somme soit 
employée à faciliter la confection de l'inventaire des périodiques scienti- 
fiques contenus dans les bibliothèques de Paris, entrepris par l'Académie. 


2° 3000!" à M. Guisvaume Bicourbax pour la construction d’un compa- 
rateur angulaire céleste permettant de mesurer la variation que peut offrir 
dans un court intervalle de temps la distance angulaire de deux astres. 


3° 3000" à M. Hesry Boureer pour des recherches relatives à la Photo- 
mêtrie astronomique (éclat du ciel étoilé, lumière zodiacale, photométrie 
stellaire ). 


4°: 2000" à M. le professeur A. Corson pour continuer ses recherches sur 
la constitution de la particule dissoute et soumettre au contrôle des mesures 
thermochimiques les théories relatives aux dissolutions électrolytiques. 


5° 7000" à M. Aueusrix Mesxacen pour l’amélioration de l'outillage du 
laboratoire d'essais de matériaux qu'il dirige à l’École des Ponts et 
Chaussées, et en particulier pour l'étude de Paction simultanée de deux 
cfforts Ser fendicalares sur un même corps, question de grande importance 
dans les constructions en béton armé. 


6° 2000" à M. Jurres Grover pour continuer ses recherches sur la zélé- 
phonie solidienne, permettant l'usage de la téléphonie dans le bruit de la 
bataille, et applicable aussi à l’auscultation et à l'exploration clinique à 


distance. 


7° 7000" à M. le professeur Louis Jousn pour terminer la publication 
des études relatives aux matériaux recueillis dans la seconde campagne 
antarctique de M. Jean Charcot. Il y a un intérêt national à ce que cette 
importante publication puisse être achevée. 


8e Sooo% à la Société de Documentation paléontologique; cette Société 
a été fondée dans le but de fournir aux paléontologistes l'instrument de 
documentation qui leur manque, et qui, dans l’état actuel de la Science, est . 
devenu indispensable pour leurs travaux. gbi 7 


682 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


9° 2000" à M. J.-M.-R. Surcour pour aider à la publication de l’Ou- 
vrage où il étudie la systématique et les mœurs des Diptères de la famille 
des Tabanides (Taons), animaux offrant le plus grand intérêt scientifique 
. et pratique, puisqu'ils sont capables de transmettre à l'homme et aux 
animaux les virus microbiens. 


Les subventions accordées s'élèvent à 1 15 200". Nous en donnons la réça- 
pitulation dans le Tableau ci-dessous : 


Récapitulation dès subventions accordées. 


M: Lours Rôle." S IWT INE 20 ASIM Y TEE 2 otas 
Laboratoire maritime de Tatihou.................. 10 000 
RAD SR Pre QE RE PR En i 700 
M. DRM LR 1 E a dira UT ie ip. 4 350 
Mi l'abbôoRonsséloti lili 221030, 1909 HO. 16199 1 Ai) 4 000 
Chhertatoire dë Paris: e. oau. 16 code AE la 15 000 
Observatoire de Marseille... 1... un, ii 1 500 
Ecole nationale vétérinaire d’Alfort. ...... ........ 7 000 
M: Fécdhbri as 2I UN fs LGe I SUTI EYD 850 
M. Maigpôn. sGiiiudlemeth ae 2e vtt lues 11061 800 
École nationale vétérinaire de l'oblast UN Ne 5 000 
M: Louis Bläringhém:s.!. nag ANNE Fire 4 000 
Mo Danton T] < de Asia in LURR 90. a 5000 ` 
École nationale aiaia des as. diodes ; 10 000 
M: Gohin v... PERT E TS à x R D n 2 000 
M. Ramonet: o aar sa e dec e na Din aes 2 000 
M. Jules Garcon (h eaa ooa e a eraa 10 000 
M. Bigourdan. .... E E E N TORR ; 3 000 
M. Bourget. .... di oh Ne Re 3 000 
M. OR ce ie a ne a Di on 2 000 
MS Mèrgapok.:. 2 E E ir ouais 7 000 
M. Júles Giover. Foreca ea aa ii n te 2 000 
M. L: Joubin (Mission Gharept}: 50.2 0 draa. 7 000 
Société de Documentation paléontologique... :..... 5 000 
M: Surcouf ii, ESS NAME AHSAN AUS. 2 2 000 
HOUR nn id a ler dut SES 200 


EEE SES 


(1) Sous la condition expresse que l'Union des Syndicats patronaux de l'Industrie 
textile fournisse une somme égale pour la création d’un laboratoire d'essai des 
textiles, fils et tissus divers, au Conservatoire national des Arts et Métiers. 

(2) Sous la condition expresse qu’une partie de cette somme soit employée à faci- 
liter la confection de l'inventaire des périodiques scientifiques contenus dans les 
bibliothèques de Paris, entrepris par l'Académie, 


SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1916. 683 


W Acadia reprend l'étude de la création d’un Laboratoire national 
de Physique et de Mécanique. 

Après discussion, le vœu adopté dans la séance précédente est complété 
ainsi qu’il suit (cette adjonction est votée à mains levées) : 


« L'Académie des Sciences, convaincue de la nécessité d'organiser en 
France d’une manière systématique certaines recherches scientifiques, 
émet le vœu de voir créer un Laboratoire national de Physique et de Méca- 
nique, chargé spécialément de poursuivre des recherches scientifiques 
utiles au progrès de l’industrie. 

» Comme cela existe dans d’autres pays, ce Laboratoire serait placé 
sous la direction et le contrôle de l’Académie des Sciences. 

» La direéétion générale de ce laboratoire serait confiée à un Conseil 
composé pour moitié de savants désignés par l’Académie, pour un quart 
dé représentants des grandes administrations de l'État, pour un quart de 
délégués des principaux syndicats industriels. Ce Const serait présidé 
par le président de l’Académie et nommerait son vice-président; il férait | 
chaque année un Rapport à l’Académie sur l’état des travaux dù labo- 
ratôire, Ce Conseil confiérait à un Comité téthnique peu nombreux, choisi 
parmi ses membres, le soin de contrôler l’activité du laboratoire, d'arrêter 
les sujets d’études et de faire des propositions pour le recrutement du 
personnel. Le président de ce Comité serait choisi par le Conseil, 

» Dans le cas où l’on jugerait utile de rattacher au Laboratoiré national 
certains laboratoires de l’État aujourd’hui existants et faisant des essais où 
des étadés d'ordre industtiel, ces laboratoires seraiènt considérés comme 
des filiales dù Laboratoire national. Une coordination intime devrait alors 
être établie dans le fonctionnement de ces divers organismes. Il pourrait en 
être de même, s'ils le désiraient, de certains laboratoires privés actuelle: 
ment existants ou à fonder. Ges filiales auraient chacune un représentant 
dans iè Conseil en sus des membres prévus plus haut. 

» Unë subvention importante devrait ètre prévue tant pour le fonc- . 
tionnement du laboratoire que pour l'aide à donner aux établissements 
qui se grouperaient autour de lui. » 


La séance est levée à 17 héurès trois quarts. 
À. Lx: 


684 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


OUVRAGES REÇUS DANS LES SÉANCES D'AOÛT 1916 (suite et fin). 


Universidad nacional de la Plata. Memoria correspondiente a 1914, n° h. La Plata, 
Facultad de Ciencias fisicas, 1916; r vol. in-8°. 

La Acción del sulfato de cobre sobre las algas de la aguas potables, por el doctor 
AriL10 A. Bapo. Buanos-Aires, Compania sud-americana de billetes de banco, 1916; 
1 fasc. in-8°, : A. 

. Methods of determining the variations of magnetic inclination and vertical 
force of the Earth, by S. Poeroosengo. Odessa, typographie technique, 1916; 1 vol. 
in-8°, (En langue russe. ! 

List of the Geological Society of London, july, 1916. Burlington House, Picca- 
dilly, W. | s 

The national physical Laboratory. Report for the year 1915-1916. Teddington, 
Parrott, 1916; 1 fasc..in-4°. L 

Report of the director of the royal Observatory, Hongkong, for the year 1919. 
Hongkong, Noronha, 1916; 1 fasc. in-8°. 

Classified catalogue of the library of the director general of archæology, sup- 
plement IH, additions, 1912-1915. Calcutta, Superintendent Government printing 
India, 1916; 1 vol. in-8°. l 

Investigation of the Peat Bogs and Peat Industry of Canada, 1913-1914, by 
ALEPH Anrer, Ottawa, Government printing Bureau, 1915; 1 vol. in-8°. 

Report of the librarian of Congress and report of the Superintendent of the 
library building and grounds, for the fiscal year ending june 30, 1915. Washing- 
ton, Government printing Office, 1915; 1 vol. in-8e. 

Digest of comments on the pharmacopoeia of the United States of America and 
on the national formulary, for the calendar year ending december 31, 1914; by 
Martın 1. Wisserr. Washington, Government printing Office, 1916; 1 vol. in-8° 

Annual report of the U. S. national Museum, 1915. Washington City, 1916; 
1 vol. in-8°. 

United States America. Department of the Interior, Commissioner of Education. 
Report, 1915, 1. Washington, Government printing Office, 1915; 1 vol. in-8°. 

Videnskabelige Meddelelser fra Dansk naturhistorisk Forening i Kjöbenhavn, 
bind 67. Odense, Andelsbogtrykkeriet, 1916; 1 vol. in-8°. 

Observations météorologiques suédoises, publiées par l’Institut central de Météo- 
rologie, vol. 56, 2° série : vol. #2, 1914. Stockholm, Almqvist et Wiksells. 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 4 DÉCEMBRE 1916. 


PRÉSIDENCE DE M. Camice JORDAN. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. 


M. le Présipenr souhaite la bienvenue à M. le sénateur Parerxo, Membre 
de l’Académie Royale dei Lincei, qui assiste à la séance. 


GÉOLOGIE. — Sur les discontinuités de sédimentation et les niveaux de brèches 


dans les Alpes françaises. Note (') de MM. W. Rinrax et J. Réviz. 


Il demeure réservé à des recherches futures de retrouver en Italie et en 
Suisse les deux niveaux de brèches de Tarentaise dont nous avons (°), dans 
une Note précédente, démontré l'existence au nord-ouest d’Aime et de 
Bourg-Saint-Maurice. Rappelons toutefois qu’au Six-Blanc et au Col de 
Fenêtre (*), MM. Kilian et P. Lory ont observé la Brèche du Télégraphe 
typique; quant à la brèche polygénique, elle passerait probablement 
d’autre part, en synclinal, à l’est du Col de la Seigne, entre les Pyramides 
calcaires et les Schistes lustrés mésozoïques du Col de Broglie où elle serait 
à distinguer d’un complexe de brèches considérées jusqu’à ce jour comme 
jurassiques (*), notamment dans le massif du Mont Fortin. 


+ mms 


(t) Séance du 6 novembre 1916. 

(?) Comptes rendus, t. 163, 1916, p. 474. 

C) W. Kms et P. Lory, Observations relatives à la feuille du Grand-Saint- 
Bernard au 320000 ( Bulletin des services de la Carte géologique de France, t. 16, 
n° 110, p. 174). 

(*) W. Kirun, P. Lory et S. Francur, Sur les rapports des Schistes lustrés avec les 
faciès dauphinois et briançonnais du Lias ( Bulletin des services de la Carte géolo- 
gique de France, t. 18, n° 119, p. 135). 

C. R., 1916, 2° Semestre. (T, 163, N° 23.) 99 


686 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Il est intéressant de remarquer que, dans les diverses zones des chaines 
alpines, les traces de discontinuités dans la sédimentation sont fréquentes 
et attestées par de nombreuses alternances de brèches et de schistes. De 
plus, les brèches éogènes en particulier indiquent, par leur nature essen- 
tiellement polygénique, l'existence, au moment de leur formation, de 
reliefs déjà constitués par des assises variées el, par conséquent, de disloca- 
tionset de ridements suivis d’érosion ayant préalablement amené ces assises 
au jour, et dans lesquels il convient de voir, avec M. Argand, les 
« embryons » des grands plis et des nappes intra-alpines. 

Ces constatations permettent en outre d’aflirmer que la part des disloca- 
tions « intracorticales » postoligocènes dans la formation des Alpes occiden- 
tales ne doit pas étre exagérée et queles manifestations ultimes du plissement 
alpin ont été précédées par une série de ridements successivement déman- 
telés par les érosions paléozoïques, mésozoïques et éogènes et ayant ainsi 
fourni les éléments d’une suite de niveaux de brèches et de conglomérats 
de divers âges. 


L'énumération de ces divers niveaux de brèches (+) et de conglomérats observés dans 
les Alpes françaises confirme ces considérations et mérite d’être mentionnée. En re- 
montant des plus anciennes aux plus récentes de ces formations, on a les D ese 
suivants : 

1° Brèches des schistes cristallins d'âge antéhouiller ( Entraigues, Oisans, etc.), 
signalés par MM. Termier, Kilian, etc. 

2° Brèches houillères, g sénéraledient constituées par des débris à peine roulés de 
roches primitives, identiques à celles qui affleurent dans le voisinage (la Festinière 
près La Mure) (W. Kilian, Duparc et Ritter) ou par des éléments granitiques [Poudingues 
de Vallorcine (Alph. Favre)]. — Poudingues du Houiller et du Permien (Verrucano): 

3° Brèches triasiques, calcaires, gris cendré, silico-dolomitiques, observables près 
des granges du Galibier (Kilian et Révil). 

4° Brèches du Télégraphe (W. Kilian), développées dans l’est de la zone dauphi- 
noise et dans la région du « type intermédiaire » en approchant de la zone du Brian- 
connais, mais surtout dans cette zone elle-même, 

5° Brèches de Villette (Lias supérieur), ne constituant qu'un accident dans une 
masse de calcaires cristallins, d’ origine sans doute récifale, et formant un noyau syn- 
clinal dans le Lias (Kilian et Révil). 

6 Brèches à la base du Jurassique supérieur, dans le massif du Galibier (W. Kilian) 
et en divers points du Briançonnais. 


(*) Certaines de ces brèches contiennent en effet, à côté d'éléments anguleux, des 
galets perforés par des Pholades ( Villette) et méritent le nom de conglomérats 4 
éléments imparfaitement roulés. 


=ý 


SÉANCE DU 4 DÉCEMBRE 1916. 687 


7° Brèthes du Plan-de:Nette, sur le bord est du massif de la Vanoise (W. Kilian), 
Jurassiqué supérieur (considérée comme liasique par J. Boussac). 

8° Brèches dans le « Flysch calcaire » du Briançonnais (W. Kilian et Ch. 
Pussenot) ec de l’Ubaye (Ravin du Bachelard) Kilian et Haug). 

9° Brèches polygéniques de Tarentaise et de la Maurienne, les Aiguilles d'Arves, 
Villarclément, Varbuche, Crève-Tête, environs de Moutiers, le Quermoz, environs de 
Tessens, la Portetta, les Chapieux, etc, (Kilian et Révil), 

10° Brèches polygéniques du Briançonnais (PAlp et l'Eychanda, le Gros près 
Guillestre, les Salettes, etc.) (W. Kilian et Ch. Pussenot), dans le Flysch noir et les 
schistes lustrés éogènes; contenant des Galets de « Roches vertes » et de Gneiss 
basiques. 

11° Brèches lattor fiennes du massif des Bauges (Révil) et conglomérats oligocènes 
divers (Haug, P. Lory, Zürcher) (Dévoluy, Basses-Alpes, etc.). 

12° Brèches chattiennes (oligocènes) de Vimines près Chambéry, essentiellement 
calcaires, lacustres et à éléments « pralinés » (Révil). 

13° Brèches et conglomérats burdigaliens des zones subalpines et jurassiennes de 
la Savoie et du Dauphiné (1). 

14° Conglomérats tortoniens et pontiens des régions subalpines diverses (Bas- 
Dauphiné, Basses-Alpes, etc.). 

15° Brèches de pentes, très épaisses à la base de certains versants et constituées par 
des éboulis cimentés. (Périodes pléistocène et actuelle.) 


La fréquence de ces conglomérats et de ces brèches dans la série strati- 
graphique alpine permet de localiser dans le temps et dans l’espace la 
trace des mouvements orogéniques anciens et montre que les plissements 
des Alpes occidentales ont été ébauchés dès le cours de périodes relative- 
ment anciennes. Ces formations détritiques constituent les témoins des 
principaux stades du développement tectonique des Alpes et confirment 
les vues de E. Argand (°) qui a essayé récemment de figurer ces « ébauches 
(embryons) hercyniennes », le développement des « rides » (cordillères) et 
des « sillons » précurseurs du Trias à l'Oligocène inférieur, et enfin le 


~ « paroxysme orogénique » (Oligocène moyen) qui constituent les prin- 


cipales étapes de ce développement. Le dernier paroxysme qui aurait 
produit le « rassemblement des rides en une seule masse » et aurait été 
suivi d’une avancée (« déferlement ») de cette masse sur l’ « avanit-pays » 
aurait donc, suivant notre manière de voir, été vraisemblablement précédé 


(1) Voir W. Kicrax, Présence de galets de variolite dans les conglomérats burdi- 
galiens des environs de Grenoble et des Basses-Alpes (Comptes rendus sommaires 
des séances de la Société géologique de France, n% 10, 11, 12, 17 mai 1915). 

(°) E. Arcad, Sur l'Arc des Alpes occidentales (Eclogæ Geologiæ Helvetiæ, 
ta 14, n° 1, 1916, p. 145). 


688 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


par la formation des brèches polygéniques éogènes dont la répartition 
coincide avec le « bord pennique frontal », c'est-à-dire avec l'emplacement 
d’un des plis couchés (nappes) les plus importants de toute la chaîne; 
ce n'est qu'après cet épisode que les mouvements intracorticaux du 
« paroxysme orogénique » ont pu se produire sous une puissante couver- 
ture de Flysch et compliquer encore la structure des pays intra-alpins 
en y provoquant les intrications et les contacts anormaux que nous révèlent 
actuellement les flancs des vallées alpines. 


CORRESPONDANCE. 


M. le SecrérTaIRE PERPÉTUEL signale, parmi les pièces imprimées de la 
Correspondance : | 


1° Le Centenaire de Charles Gerhardi : I. Les (Comptes rendus de Chimie. 
IL. L'attaque de Liebig, par le D'M. Tirrexeau. (Présenté par M. A. Haller.) 

2° Les fièvres parat phs des B à l'hôpital mixte de Zuydcoote, de décembre 
1914 à février 1916; par F. Rarneny, L. Amparo, P. VansTEENBERGuE, R. 
Micrez. (Présenté par M. Guignard.) 


MM. Massas, Srassaxo adressent des remerciments pour les distinctions 
que l’Académie a accordées à leurs travaux. 


` ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur le rôle de axiome de M. Zermelo 
dans l'Analyse moderne. Note de M. W. Sienrisxi, présentée par - 
M. Emile Picard. 


Le rôle de l’axiome de M. Zermelo dans la théorie des nombres cardinaux 
et des nombres transfinis est bien connu ('). Le but de cette Note est de 
faire attention sur quelques points d'Analyse moderne où intervient 
l’axiome de M. Zermelo. Nous l’exprimons comme suit : 

Pour tout ensemble M des ensembles E non nuls et sans éléments com- 


anaa 


(!) Voir par exemple B. Russer, Comptes rendus des séances de la Société mathé- 
matique de France, séance du 22 mars 1911, p. 22-35. 


SÉANCE DU 4 DÉCEMBRE 1916. 689 


muns, il existe au moins un ensemble Z qui contient un élément et un seul 
de chaque ensemble E qui appartient à M. 

Mais c’est un cas particulier de cet axiome qui joue un rôle abs] dans 
beaucoup de questions d'Analyse moderne : c’est le cas où l’ensemble M 
est dénombrable ; nous le nommerons, pour abréger, l’axiome A. 

Voilà quelques théorèmes dont la démonstration s'appuie sur cet 
axiome. 

Nous dirons qu’une fonction f (x), définie dans un intervalle (a, b), est 
continue au point æ, de cet intervalle au sens de Cauchy, si pour tout 
nombre positif existe un nombre positif à tel que l'inégalité 


(1) æ — x < à 
entraine pour tout nombre æ de l'intervalle (a, b) l'inégalité 
(2) f(x) —f (xo)12 € 


Nous dirons, d'autre part, qu’une fonction f(x), définie dans un inter- 
valle (a, b), est continue au point x, de cet intervalle au sens de Heine si, 
pour toute suite infinie x, des nombres de l'intervalle (a, b), la formule 
lim, = æ 
n= © 
entraine la formule 


lim J (2) = f (%0). 


La démonstration que les définitions de continuité d’une fonction en un 

point au sens de Cauchy et au sens de Heine sont équivalentes s’appuie 
sur l’axiome A. Plus précisément, pour démontrer l’équivalence de ces 
deux définitions, il faut et il suffit d'admettre l’axiome suivant : 
… Pour toute suite infinie des ensembles de nombres réels X,, Xa, X,, …, 
sans points communs, existe au moins une suite infinie de nombres réels 
Li, Ly, Liy.: dont les termes correspondant aux indices différents appar- 
tiennent toujours aux différents ensembles X,,. 

Remarquons qu’on peut démontrer sans l’axiome de M. Zermelo qu'une 
fonction continue au sens de Heine dans un intervalle tout entier est dans 
cet intervalle continue au sens de Cauchy et réciproquement (‘). La même 


(+) Cela résulte de la remarque que x, étant donné dans l'intervalle (a, b) et f(x) 
étant continue dans (a, b), pour démontrer l'inégalité (2) pour tous les nombres æ 
de (a, b) satisfaisant à l'inégalité (1), il suffit de la démontrer pour tous les x ration- 
nels de (a, b) satisfaisant à l'inégalité (1). 


690 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


remarque s'applique aux deux définitions de la dérivée en un point d’une 
fonction continue, analogues aux deux définitions de la continuité. 

Si l’on appelle « fonction de la première classe » toute fonction limite des 
fonctions continués (la suite correspondante supposée existante, mais pas 
nécessairement effectivement donnée) et fonction de la deuxième classe 
toute fonction limite des fonctions de la première classe, la démonstration 
que toute fonction de la deuxième classe est une limite itérée des fonc- 
tions continues s’appuie sur l’axiome A. 


Soit, en effet, f(x) =lim/f,(zx) une fonction limite d’une suite de fonctions de la 
A 


première classe. Pour tout indice n il existe donc au moins une suite infinie fn, (x) des 
fonctions continues telle que lim fp (x)= f,(æ). Mais nous ne savons pas faire 
k=% 


correspondre à toute fonction de la première classe f, une suite bien déterminée des 
fonctions continues /f,,, telle que lim f,x=—/f, (pourvu que fha ne soit pas donnée 
n= © 


effectivement comme limite pour k= æ d’une suite fa, des fonctions continues). Il 
faut donc; pour former la suite double fp x, faire une infinité de choix arbitraires. 


La démonstration du théorème de M. Lebesgue, que l’ensemble somme 
d’une infinité dénombrable d'ensembles mesurables est un ensemble mesu- 
rable ('), s'appuie sur l’axiome A. 


En effet, M. Lebesgue commence sa démonstration comme suit : «Soient E;, Ez. .. 
des ensembles mesurables, en nombre fini ou dénombrable, n'ayant deux à deux 
aucun point commun, et soit E l’ensemble somme. On peut enfermer E; dans une 
infinité dénombrable d'intervalles a; et Cag ( E;) dans les intervalles 6; de manière que 
la mesure des parties communes aux g;et B; soit égale à z;; les s; étant des nombres 
positifs choisis dè manière que la série Xe, soit convergente et de somme £s.» 

Ce raisonnement fait appel à l’axiome A, car pour tout ensemble mesurable E; et 
tout nombre positif c; existe une infinité de couples des ensembles dénombrables 
d’intervalles 2; et 5, tels que E; est enfermé dans les intervalles æ; et Cas (E;) dans les 
intervalles ĝ; dé manière que la mesure des parties communes aux æ; et B; soit égale 
à &, et nous n'avons aucune méthode qui ferait correspondre à tout ensemble 
mesurable E; et tout nombre positif s; un couple déterminé. Il faut donc faire une 
infinité de choix, c'est-à-dire appliquer l’axiome de M. Zermelo, 


On pourrait citer beaucoup d'autres propositions d'Analyse moderne 
qu'on ne peut démontrer que par le moyen de l’axiomé A. Ily en a, comme 
on sait, beaucoup d’autres, pour lesquels ne suffit pas l’axiome À, Mais - 
qui font appel à l'axiome de M. Zermelo dans sa forme non dérombrable. 

AE RO a 


(') H. Leseseue, Leçons sur l'intégration, p. 107, Paris, 1904. 


SÉANCE DU 4 DÉCEMBRE 1916. 691 


Citons seulement l'existence des fonctions non mesurables (L) et leyis- 
tence des fonctions mesurables (L) de fonctions continues qui sont non 
mesurables (L). 


THÉORIE DES NOMBRES. — Sur les formes de Dirichlet et sur les substitutions 
loxodromiques du groupe de Picard, Note de M, Gasrox Juria, présentée 
par M. Emile Picard. 


Nous avons montré dans une précédente Note (20 novembre 1916, 
p: 599) que si la forme de Dirichlet 


axŸ+afzy + yy? (a, B, y entiers complexes) 


était telle que norme (8? — æy) soit carré parfait, il existait une substitution 
modulaire hyperbolique conservant la forme. La réciproque est aisée à 
démontrer. Si z, et z, sont les points racines de la forme précédente, et si 
cette forme est conservée par la substitution hyperbolique S 


(s= AEA ad — be 1), 


3, et z, seront les points doubles de la substitution et l’on pourra l'écrire 


Ai o E T oY 


De là se tirent les égalités 


21 — 3, (A —1)61%s IA Ami — 5 


d’où se conclut 


HS etes te 
Or © Azri 3, — 1)estun nombre rationnel complexe, et AT an nombre 


réel; on voit donc que (2, — z,) a même argument qu'un nombre rationnel 
complexe. Or la condition que norme (8? — ay) soit carré parfait, équivaut 
(par l'étude de l’équation classique a? + $? = y? en nombres entiers réels) 
à dire que (8? — ay) doit étre de la forme At? ou Att? (A étant un entier 
réel, £ un entier complexe, d’ailleurs quelconques), et l'expression 


S e ve- ms 


2 x 


692 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


x étant rationnel complexe, montre que les deux conditions : 


i3 norme (B? — æy) = (carré parfait) 
et 
9° arg (3, — 3,) = (argument d'un nombre rationnel complexe) 


sont complètement équivalentes; d’où la réciproque annoncée, A ce point 
de vue on peut diviser les formes de Dirichlet en trois classes : 

° Les formes générales pour lesquelles norme (8? — ay) n’est pas carré 
AP Le groupe cyclique infini de substitutions ARE qui les con- 
serve est formé de substitutions loxodromiques pour lesquelles le multi- 
plicateur = re” a un argument ù incommensurable à 27. Ces formes 
engendrent des corps biquadratiques. 

2° Les formes pour lesquelles norme (8? — ay) est carré parfait sans 
que (B?— ay) lui-même le soit. La substitution modulaire génératrice du 
groupe cyclique qui les conserve a un multiplicateur K — re dont lar- 


gument Ô est commensurable à 27 [o = -a (petn entiers) |. Ces formes 


engendrent des corps simplement quadratiques. 
3° Les formes à racines rationnelles correspondant à (8° — ay) carré par- 
fait d’un entier complexe. Ce sont des formes banales. 


Il reste à déterminer dans le deuxième cas toutes les valeurs possibles de 
l’entier n. Une pareille étude est l’étude des substitutions loxodromiques du 
groupe de Picard, car les substitutions hyperboliques ou loxodromiques de 
ce groupe correspondent aux formes de Dirichlet et inversement. En consi- 
dérant donc la substitution S 
as + b 
C3 + d 


P mes 
pe 


(ad — be = 1), 


on sait que son multiplicateur K est donné par 


— K{(a+d)}}—2]+1—=0o. 
De plus, la forme 


3 


cx? +(d—ajxy — by? 
dont les racines sont les points doubles de > doit être supposée de la 
deuxième pan - 
norme [(a +d)?— 4] = carré parfait. 


Posant a + d = u, il faudra donc que l'entier u soit tel que u? — 4 soit de 


SÉANCE DU 4 DÉCEMBRE 1916. 


© 
de] 
Q 


la forme Az? ou A #?, et ensuite on aura 


5 u? — 2 u?( u? — 
g +vu(u— 4) 
2 


Tout revient donc à l’étude des deux équations 


(1) k u?— À 75,4) 
(2) L Au, 


où les inconnues sont u et ¿ entiers complexes, A entier réel qu'on peut 
supposer positif. 
- En fixant A on a deux équations de Pell à résoudre en entiers complexes. 
C’est une recherche qu’on peut faire en s'inspirant d’une recherche ana- 
logue de Dirichlet pour X? — D Y? = 1. Puis A recevra toutes les valeurs 
entières positives. Voici les conclusions : 


1° Équation (1). — Si A Æ 3, toute solution (4, u) entière de (1 ) est 
formée de nombres simultanément réels, ou tous deux purement imaginaires. 
Pour A = 3, toutes les solutions (ż, u) entières sont données par la 
formule 
UA CS AE Ÿ (nb Cl Hu.) 
2 


w est une quelconque des racines sixièmes de l’unité. 
Il en résulte que 


42— 0 + Vur(u?—4) sf (EE) 
2 


2 


K = - 
est réel si À Æ 3 positif si u ct 4 sont réels, négatif si w et 4 sont pes 


imaginaires); et, sů À = 3, K est un nombre complexe d'argument + = ou 
un nombre réel. 
2° Pour l'équation (2) on établit que, ald que soit A, toute solution 
entière est de l’un des deux types 
tu, | u = Us, 
t=(1+i)t;, t= (1—i)t, 
(üi t; ü>, t, étant des entiers réels). 


ALA? : =: i 
Elle donne à K = (ai) une valeur réelle (positive pour le deuxième 
type, négative pour le premier). 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 23.) 91 


694 ACADÉMIE DES SCIENCES. 
Conclusion. — Toute substitution loxodromique du groupe de Picard est 
de l’une des deux espèces suivantes : 
1° Multiplicateur K — re" d'argument 9 incommensurable à 27. — C’est le 
cas où norme [(a + d)? — 4] n’est pas carré parfait. Aucune de leurs puis- 
sances n’est hyperbolique. 
‘pe à 7 ; è AT 
2° Multiplicateur K = re”, 0 ayant lune des trois valeurs + ('), + me 
On a toujours alors 
(a+ dye y = Ai ou Au, 
A étant nécessairement égal à 3 pour les deux dernières valeurs. Toutes les 
puissances d'ordre 2m ou 3m» de ces substitutions sont hyperboliques. 
L’entier n, tel que 70 = 2 p7, ne peut done prendre que les valeurs 2 ou 5. 
Cetterecherche englobe celle des substit lipti l du groupe (|4| = 
qui, comme on sait, sont elles aussi de période 2 ou 3. 


HYDRODYNAMIQUE. — Solution fondamentale ( sources) 
dans un liquide pesant à surface libre. Note ( 2) de M, Marcer Brizcouix. 


I. Je ne crois pas qu’on ait indiqué jusqu’à présent la forme de la solu- 
tion fondamentale, ou plus généralement des sources, pour les problèmes 
relatifs aux liquides pesants à surface libre, bien que cette forme soit très 
simple en première approximation: 

Les mouvements à potentiel des vitesses o sont régis dans l'intérieur du 
liquide par l'équation d’incompressibilité | 
til Ap =o 


et par l’équation de la pression p 


2] I a 
E + gi+o+ —(DË + 9y 2+ o7) — const. ; 
0 2 


i 


(2) 


g, ọ sont l'intensité de la pesanteur et la densité du liquide. 
La condition de constance de la pression à la surface libre (= = 0, 2 > 9 
vers le haut) fournit, comme on sait, en première approximation l'équation 


(3) 2"+89r 0 (F0) 


lorsque le liquide est en repos à grande distance. 


(1) 9 = x correspond à K réel négatif. 
(°) Séance du 27 novembre 1916. 


Be. 


SÉANCE DU ý DÉCEMBRE 1916. 695 


Considérons un point source à profondeur h (x = y = o, z = — A) dans 
le DAPR et son image dans le plan z = 0, située au-dessus (æ = y = 0, 
= + Å); posons 
yP yE A) Re Ya te yt (ahy 


La solution fondamentale ®, est, en appelant T une fonction arbitraire 
du temps, 


I E TA F2 0 11\. 
(EJ PE (x) +28 CR) tetes ee (R) +. 


A oh ie zo)! Has À 
(4) ns .. Gaid =m Gr; 


car, pour 4 = o, les dérivées paires de r et de R sont égales, et les dérivées 
impaires en z ne diffèrent que par le signe. 

On forme facilement toutes les sources ponctuelles possibles. Commen- 
çons par les sources à orientation verticale 


à g? o” 
(a) Bu nean (aatia pei Jarr a(R) +... 2g” En Sen (à) +... 
et 
DETE A I 
(ITI) NUE H isa dar ($+ k) 
l 


9? i ia g” d 
tag Gus D (R me Len pe dd "Gr R. ara 1 


avec les relations analogues à (4). 
n aura énfin toutes les sources possibles en dérivant par x, y une 
source verticale quelconque ®, : 


(IV) | ð, ®,. 


di+i 
HT gxi dvi 


Il. Si le liquide est animé à grande distance d’une translation horizontale 
constante, U suivant laxe des +, l'équation superficielle de première 
approximation devient 
(5) "+ go.+ U-!9,=—0 (501 


La solution fondamentale est alors la série double 
; I I VAR: DT -o 037i 
(V) E a r T A 


Sen) 


m=i n= 


696 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


avec 
Zeit PN Ar Pn 
(6) G —2gT =0, Gin HECh 1—= 0; 
i Tar Ve a? à) pan EFE 
Gn +U Omn-1,, — 0; Cy, nt U Omi, + SOm,n 1 = 


On formera d’une manière analogue les solutions dont le premier terme 


est 
d'rrr+2# 


| 
s dx" dy” ds? \r R) 


T d'+n+2k+1 1 I 
0x" dy” 93°#+1 r T Br. 


et 


Remarque. — l:a fonction T et les constantes arbitraires d'intégration de 
toutes les fonctions &,,, doivent naturellement être telles que la première 
approximation reste acceptable. 


III. Ayant ainsi formé tout l’ensemble des sources possibles, on a toutes 
les fonctions nécessaires pour développer en série le mouvement extérieur 
à une surface quelconque entourant le point source (x = y = 0, z = — Å), 
que cette surface atteigne ou non la surface libre, en eau calme ou dans 
un courant uniforme, pourvu que les conditions sur cette surface limite 
soient linéaires. 


Les méthodes générales de calcul que j'ai données ailleurs (‘) trouveront 
ici leur application. Elles permettront en particulier de déterminer com- 
plètement, en première approximation, les ondes formtes par une carène 
de forme quelconque, soit en eau calme, soit dans un courant uniforme, et 
d'en conclure la résistance due aux vagues, par des considérations de 
théorie hydrodynamique pure. 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur le calcul des voûtes épaisses soumises à une 
pression uniforme. Note (?) de M. Baricce, présentée par M. Jordan. 


Soit une voûte circulaire, symétrique, d'épaisseur constante, dont nous 
considérons une largeur égale à l’unité. Comptons les angles à partir de 
l'axe de symétrie et appelons p la pression, p le rayon moyen, R le rayon 


(!) Comptes rendus, t. 150, 1910, p. 46r et 611; t. 161, 1915, p. 437 et 7793 
Annales de Physique, septembre-octobre 1916. 
(*) Séance du 27 novembre 1916. 


SÉANCE DU 4 DÉCEMBRE 1916. 697 


de lextrados, e l'épaisseur de la voûte, Q l'effort à la clef, + la demi-ouver- 
ture. Les efforts élastiques s’exerçant sur une section normale passant 
par M(ọ, «) peuvent se réduire à une force appliquée en M, de composante 
normale n et tangentielle z, et à un couple 4. En écrivant que l'élément infi- 
niment petit délimité par dæ est en équilibre, on obtient la relation 
du. = to du; et l'équilibre de la portion de voûte, délimitée par l'angle g, 
donne 


(1) n = Q cosa + pR(1— cosa), = Qsinaæ— pRsina. 
D'où l’on tire 
(2) t da = È =— Q cosa + pR cosa + C. 


Appelons 0 le déplacement angulaire de la section, supposée restée plane. 
Le déplacement élémentaire dð est la résultante d’une rotation 46, autour 
de l'axe de la voûte et d’une rotation d0, autour de M. Un point situé à la 
distance æ de M subit le déplacement (5 + x) dû, + x dh, ; l'effort élastique 
correspondant est 


Lpe+z)dütr z dà, 
(p+ zx) da 
et l’on aura, pour toute la secticn, 
d9 E rrd E o 
n=- ERS re a a 


+3 


ce 00 “aide _ A ea 
2 | ai da 


£ 


2 


s De ces équations, on tire 


dh, _ a 
dd, n K d 
/ TAAR dr RE. 
(4) De Er eR 
K dg- n p ms) 
(5) T=- E+E ï, 


En écrivant que les sections extrêmes ne subissent aucune rotation, on 
obtient 


H? ada pda /f i j= 
(6) ne Er. (er JS 


"y 


698 ACADÉMIE DES SCIENCES, 
Il faut, en ouire, écrire que les extrémités de la fibre moyenne sont fixes. 
L'élément d'arc ds étant devenu 


Le) a fo at rats ds 
ds (+ ee Se 
on devra avoir 
+9 
Î (ethe ernosf Ep 
TA 


a? TE 
R e Jo LÉ t 
f hı rt r) sin (æ + 0 ds F sing ds. 


Ces relations s'écrivent, après réduction, et en tenant compte de ce que 


He ' +9 +o +9 
f isina da= | cosa d et 1 cosa da = | sin x d? 
sn si —?l > CT 


(puisque ĵ est nul aux extrémités), 


Fa À $; wi di n a rT 
f( EE + Ex J, ') cos a da = f oosa at = f|- T AA J -) Jeosa da, 
P e a E a i Z a 8 (de cd 
J T HE :) sin a da = f sina dé = f|- E Er AG j) |sineda 
ou 
+? acosa 
-9 
et 
r : 5 
A Sin x "O 
(8) J Aa 


En tenant compte de la symétrie et en posant 
mr r aE a d 
e RO a 
De 
les relations (6), (7), (8) donnent le système 
? \ 
T (n= E Jda =o. 
0 p 
- 
f pcôsa da = oð. 
0 


SÉANCE DU 4 DÉCEMBRE 1916. 699 


En remplaçant z et w par leurs valeurs d’après (1) et (2) et en posant 
É ? ? i i 
af da — 9, ef cos à da = sin, EL cos? g da =- ọ +>sin2o, 
9 0 0 2: 4 ; 


on a les deux équations suivantes, en Q et C, 
Qb(1ı— y) — Ca = pR[|b + y(a — b)], 
Qc — Cb = pRe. 


aoit aiie E EE yab ) 


Q=pR ac— b+ yb ac — by yb? 


SE ER yac 
GTa Ai eM 7 NP ETET LE A 
forinules qui résolvent le problème. 

La tension est donnée, pour un point situé à la distance x de la fibre 
moyenne, par la formule 

die is e =t a(i) 
da a+r da E p+x J, tJi) 

En supposant la pression extérieure nulle et en introduisant dans la 
déformation de la fibre moyenne la variation de longueur due à la tempéra- 
ture, on obtient aisément les valeurs de Q et de C dues à une variation de 
température £. On trouve ainsi 
J; E ktab _ h Ektbè(1— y) 

— , Gi =o 2 2 
paç — b (1y) p ac—b(1-—y) 


Q= 
en appelant # le coefficient de dilatation linéaire. 
Les intégrales J, et J, s’évaluent aisément ; on a 


H Sy 
p 2 


J= € — p Log 7 
p—-E 
; 2 


I 
pis 


= — pdo 


2 
Ji rr os + pt log 
D — -E£ 

t 2 
Enfin, nous remarquerons que les formules ci-dessus peuvent s'appliquer 
au calcul des tuyaux circulaires reposant, soit sur une génératrice (9 = 7), 


soil sur une portion finie de surface extérieure. On pourrait, d’ailleurs, 


700 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


tenir compte, pour cette application particulière, du poids propre du tuyau 
et de la variation de pression aux différents points de la section, en modi- 
fiant convenablement dans les formules (1) les termes relatifs aux projections 
des pressions extérieures. 


MÉCANIQUE ANALYTIQUE. — Sur une nouvelle figure d'équilibre d'une masse 
fluide en rotation. Note de M. B. Grosa-Mixuaisexko, présentée par 


M. Appell. 


Dans le dernier numéro des Nouvelles Annales de Mathématiques J'ai 
montré qu’un fluide homogène de densité 1, affectant la figure d’une couche 
cylindrique de révolution, limitée par deux cylindres circulaires indéfinis, 
de rayons R et r= #ÆR(o£#£1) et tournant autour de son axe avec la 
vitesse angulaire constante w, reste en équilibre relatif, s’il existe entre w 
et # la relation suivante : 


w? 1 — Å? -+ k? log k? à 
(1) ni “en me T. 8 TUE RE 

L'objet de la présente Note est de résoudre le problème suivant: « Étant 
donnée une couche cylindrique de révolution, présentant une figure d’équi- 
libre pour une vitesse donnée w, on la déforme, en appliquant sur chaque 
surface (extérieure et intérieure) des couches d'épaisseur &, et Ç, infiniment 
petite constante le long de chaque génératrice, et de masse totale nulle. 
On demande quelles doivent être ces couches pour que la nouvelle figurc 
reste d'équilibre. » 


. . i .# : 

ProgLème pe Diricuzer. — Si une fonction harmonique V est donnée sui 
la surface d’un cylindre circulaire de rayon R, et si elle reste constante le 
long de chaque génératrice, elle peut être développée en série de Fourier 


(2) V,— Ñ R" (A, cosn0 +B, sinn 0), l 


0 désignant l’azimut de chaque génératrice. 
En désignant par ọ la distance d’un point à l'axe ducylindre, le problème 
de Dirichlet se résout instantanément et l’on aura 


Se (A,cosn0+B,sinn0) (p <R), 
(3) 
po x 
Ve Ÿ = (A, cosn 0 + B, sin 9) (p >R). 


t n 
p 


SÉANCE DU 4 DÉCEMBRE 1916. 701 
On verra aussi, par le procédé employé par Poincaré pour les ellipsoïdes, 
et que j'ai appliqué pour les cylindres elliptiques ('), que le potentiel 
newtonien d’une couche d'épaisseur 


(4) =Y R” (A cos 9 + Bp sinnô) 
si 
sera sur la surface du cylindre : 
(5) v= 2rR ST (A, c08n5+B, sinz 5). 
De même le potentiel de la couche d'épaisseur 
(6) Ge Arthy cosnf+ B, sinn), 
répandue sur le cylindre de rayon r, sera, sur ce cylindre, 
02 
(7) w=— arr Y — (A, cosn6 + B, sinn6). 


Ceci posé, nous pouvons aborder notre problème. Nous supposons que 
les épaisseurs des couches %, et (;, appliquées sur les deux surfaces cylin- 
driques, considérées comme fonctions de 4, peuvent être développées en 
séries de Fourier de la forme (4) et (6). Leurs potentiels respectifs seront 
alors donnés par les formules (5) et (7). Si la figure ainsi déformée reste 
d'équilibre, la fonction des forces totales doit être égale à la même con- 
stante sur les deux surfaces. Or, en désignant par U’ la fonction des 

OE i 3 í : : 
forces primitive, évaluée sur la surface cylindrique, elle devient sur la sur- 
face déformée : 
oU’ 
U= U+ tHo +. 
on 


KAJ ¿ dv dw r: 
Et, en négligeant le produit de J tga par Ç, nous verror qois fonction 
des forces totale prend les valeurs suivantes : sur la surface extérieure 


gU’ 
dp 


U.=U:+ ( ) x Le UKIT 
p=R 


et sur la surface intérieure 
oU’ 
=U’ = iT A Prlp=r T Wos 
Yi ii m ( dp ja” f (ere 7 


(*) Voir ma Thèse (Journal de Mathématiques pures et appliquées, 1916, 1°" fas- 
cicule). 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 23.) 92 


702 ACADÉMIE DES SCIENCES. 

En se rappelant que la figure primitive était d'équilibre, et que par cón- 
séquent U? = U?, on aura la condition d'équilibre cherchéé sous la forme 
suivante : 


gU’ gU? ; 
AE nn DE À : Jya Pp raan r 
(8) ( dp Es x< Ee + v (wWe)p=r ( dp yi x $i + (v:)p=r a 08 cons 
Mais à l'intérieur de la masse fluide (r <p < R) | 
Ur — LT. rt) + ar (log p — logr) + const. 
En portant cette valeur dans (8) et en vertu des as pales (5), (7)1 (2) 
et (3), nous aurons 
2RR[S(A?) —1+ A]ZR"(A, cos n 0 +B, sinnað) 
— 2T RY TA, + kH A )cosn 0 + (Baa Æ22+1B;)sinn0] 
pepe rc cosn9 + By sin r 9) 
— 2T DE {A + A,) cosn0 +(B + KB,) sinn0}= const. 


En identifiant les coefficients des cos20 et sin#0, nous aurons une suite 
de conditions | 
(9) LCR) 14 ÆTA, — AA AH An )= AR CAT) A1 (A, + kA = o 

(n zti 23: Gps! Je 

De même pour B et B’. 

La constante elle-même est nulle, la masse totale de chaque couche étant 
nulle, 

Éliminant le rapport p = A’ : A, entre les équations (9), nous aurons 
(10) p= r kia f(k y= i] 

j B 
Gi) PU, n) = fa fyi [yue m rimu 

On démontre sie l’équation(11)auneetune seule racine #, pouro<#<1, 
quel que soit n22. Pour n—=1, k 0 ét pour n =, k —1. Etu est 
permis de croire que la racine $, croît toujours avec 4. 

Par conséquent, nous aurons une suite discontinue de figures d'équilibre 
déterminées par les valeurs #,, #,, ... qui restent en équilibre aprés l’appli- 
cation sur chacune de leurs surfaces des couches de l’épaisseur 

Ge A,cosn0 + B,sinn9 = CG, cosn6, 
Ce Ps Gy CON 7 = pe, 


SÉANCE DU 4 DÉCEMBRE 1916. 703 


Pu étant donné par la formule (10) où l’on fait 4 = 4,. Ce sont les figures de 
bifurcation donnant naissance à de nouvelles figures d'équilibre. 
Ces résultats seront établis dans un Mémoire qui paraîtra prochainement. 


PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Le problème du mur et son application 
à la décharge d'un condensateur sur son propre diélectrique. Note (') de 
M, Louis Roy, transmise par M, Paul Sabatier. 


Les formules données en notre précédente Note (?) s'appliquent, en 
particulier, à la décharge d’un condensateur sur son propre diélectrique, 
problème qui n’a été traité jasqu'ici, à notre connaissance, qu'en négligeant 
les effets de l'induction électrodynamique. Nos formules vont précisément 
mettre ceux-ci en évidence. 

Supposons donc que, pour ê < o, les deux faces du mur (x = + /) soient 
(Wa, Wa) 

Ver 


maintenues à des potentiels constants ( Va, Vs) = Il en résulte 


un régime permanent pendant lequel on a 


d?(%®,, ww, Wo) 
dx? 


0; 
d’où, pour 7 < o, 


P=Wa 20 = Wa+ Wa (Wa Wa) $» D, Wai 


en même temps que le mur est le siège d’un courant de conduction 
permanent u, parallèle à Ox, proportionnel à V, — Vs, et que le champ 
électrodynamique est nul dans tout l’espace. 

A l'instant ¿ — 0, abandonnons le système à lui-même en supprimant les 
contacts du mur avec la source qui maintenait constante la différence de 
potentiel entre ses faces; on aura tout d'abord 


Wi= Wa,  a2W=Wi+Ws—(Wa—Ws)p Wi=W, 


et, puisque le champ électrodynamique part de la valeur zéro, on aura 
aussi (G,, G,G,) = 0. Enfin, si nous abandonnons le système à lui-même 


(*) Séance du 20 novembre 1916, 
(2) L. Roy, Le problème du mur en électrodynamique (Comptes rendus, t. 163. 
1916, p. 608). 


704 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


sans vitesse initiale, il résulte des équations (2) de notre précédente Note, 
où l’on fait t= o, qu'on a aussi (F,, F, F,)=0. 

Dès lors, les formules (4), (5) et (6) de la même Note nous donnent 
immédiatement les expressions de la différence de potentiel entre les faces 
du mur et du courant de conduction u qui est proportionnel au champ 
total, En revenant aux variables primitives et en introduisant, à la place du 
coefficient de polarisation x, le pouvoir inducteur spécifique K = 1 + 4mex 
sensiblement égal à 4tex d’après l'hypothèse de Faraday et de Mossotti, on 


. dis 2 
obtient ainsi, pour o Śł$ >=, 


L 
f aida 
nnar TIE 
(1) Du O= Va — Va E Pi ; 
l 
pour t2 F> 
4NE 
(2) Ou = (Va Vae P, 
pour ¿Z o, 
$ a 
(3) ume Ao} 
< Grel 
MAS LR 


Remarquons que le temps $ l, pendant lequel l'expression (1) est valable, 
est celui que met la lumière à traverser une couche d’éther égale à l'épaisseur 
du mur. Dans le cas d’un condensateur, 2/ est une longueur de l’ordre du 
millimètre ; le temps T est donc de l’ordre de 10™'' secondes et, par suite, 
le contrôle expérimental de la formule (1) paraît inaccessible. 

D'ailleurs et toujours dans le cas d’un mur très mince, le nombre À est 
extrêmement petit. Supposons, en effet, qu’on ait 2/— 10 ‘em, et que le 
mur soit en eau distillée, le moins résistant des corps usuels dont on connaisse 
le pouvoir inducteur spécifique : K, étant le pouvoir inducteur spécifique 
de l’éther, on aura 

A = 5.107 C.G.S. électromagnétiques, £- 80, 
r 0 
d'où À = 1, 15. 107°. Si, au contraire, le mur est en paraffine, un des corps 
les plus résistants que l’on connaisse, À sera de l’ordre de 107'°. Dans ces 
conditions, on peut développer en série le coefficient en à de l'expression (2) 
et se limiter aux termes du premier degré; il vient ainsi 


Di Pi (i + À) (Va Va)e E, 


SÉANCE DU 4 DÉCEMBRE 1916. 705 
Si, enfin, on néglige À, on retrouve la formule 
_iré, 
De = (Va Vy)e:p" 
qu'emploient les physiciens dans la mesure de la résistance d'isolement d’un 
condensateur. Par suite des effets de l’induction, cette formule est donc 
simplement approchée, à un très haut degré d’approximation il est vrai, 
tandis que la formule (3), qui fait connaître le courant de décharge, est 
rigoureuse, et cela dès le commencement du phénomène. 


GÉOLOGIE. — Sur la « Trouée de Taza » (Maroc septentrional). Note 
de M. Louis Genis, présentée par M. H. Douvillé. 


J'ai eu l’occasion, au cours de l’été 1915, de PAR la région de Taza. 
Parti de Fez par la piste de Souq el Arbà de Tissa, j'ai poussé mes investi- 
gations jusqu’à Guercif, sur la Moyenne Mlouya; enfin, j'ai pu accomplir au 
nord, par Meknassa el Foukania, un raid très intéressant vers les crêtes du 
Rif, jusqu’au poste avancé de Bab Moroudj. J’ai pu réaliser ainsi, sous les 
auspices de M. le général Lyautey, un voyage depuis longtemps projeté : 
j'ai relié mes itinéraires géologiques du Maroc occidental à ceux du Maroc 
oriental. 

Mes voyages antérieurs m'avaient permis de parcourir le Maroc oriental 
sur la rive droite de la Mlouya et de recouper, en plusieurs sens, le nord et 
l’ouest de notre Protectorat; et j'avais cru pouvoir conclure de l’ensemble 
de mes observations qu’une communication entre la Méditerranée et l'océan 
Atlantique existait, à l’époque néogène, avec son maximum de rétrécisse- 
ment vers la « Trouée de Taza ». Déjà entrevue par Ed. Suess, je lai 

désignée sous le nom de détroit Sud-Rifain ('). Pai même pensé qu’elle 
avait dû s'ouvrir au début du Miocène moyen (Helvétien), alors que le 
détroit Nord-Bétique venait de se fermer. 

Cette dernière interprétation renfermait, il est vrai, une certaine part 
d’hypothèse, puisqu'elle était basée sur une extrapolation des données 
Stratigraphiques que j'avais réunies de part et d’autre et à une assez grande 
distance du point principal : c'est à Taza seulement que la solution défi- 
nitive de ce côté de la question pouvait être cherchée. 


(') Comptes rendus, t. 152, 1911, p. 293 et 415. 


506 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Mes premières impressions sont venues confirmer, en partie tout au 
moins, mes précédentes conclusions : le seuil de Taza est formé par des 
dépôts miocènes qui s'étalent sur 7"* à peine, dans sa partie la plus 
resserrée. | 

Il convient d'abord d'examiner le soubassement des dépôts néogènes, 
c'est-à-dire la structure du fond du détroit Sud-Rifain. 


Au sud de Taza, les contreforts du Moyen Atlas montrent le Jurassique sur des 
couches permiennes, des schistes et des granites paléozoïques. Au Nord, au delà de 
loued Innaouen, apparaissent sur de grandes surfaces les terrains éocènes. Ils 
débutent par une épaisse assise de marnes olivâtres, entremêlées de lits de calcaires 
marneux à silex noirs et de bancs de grès verts, glauconieux. Je n'ai guère rencontré 
dans cet ensemble que des dents de Squalidés qui appartiennent au même niveau que 
celui d'El Boroudj, situé à l’est de Settat, Dans une série provenant de cette région, 
M. Priem a reconnu : Otodus obliquus Ag., Odontaspis cuspidata (var. Hopei) Àg. 

, Od. elegans Ag., lesquels apparamnont aux niveaux phosphatés de PÉocène 
rbd de la Tunisie et de l'Algérie, que j'ai d'ailleurs retrouvés chez les Branès, au 
nord de Taza, avec de faibles teneurs il est vrai (6 pour 100 de phosphate tricalcique). 
Plus au Nord, reposent, en discordance angulaire sur ces dépôts suessonniens, des 
calcaires zoogènes à Lithothamnium, Mollusques (Ostrea gigantica Sol, avec Pec- 
tinidés) et Nummulites. Celles-ci forment des bancs entiers à : Nummulites alacicus 
Leym., race méan: lriforme, variété globuleuse identique à un échantillon de l'Aude 
donné par Leymerie à l’École des Mines; Vummulites bolcensis Mun.-Ch. espèce de 
Spilecco; Nummulites irregularis Desh. (1). Ces: Foraminifères caractérisent le 
Lntétien inférieur dont les bancs calcaires couronnent les crêtes, notamment aux 


environs du Camp d'El Boroudj, 


Les couches éocènes sont fortement plissées; elles montrent des indices 
de poussées vers le Sud. Des pointements de gypse et de marnes bariolées 
triasiques, avec roches ophitiques, apparaissent en maints endroits dans des 
plis aigus, étirés, dans l'Éocène inférieur, ainsi qu’à l’état de lambeaux 
de poussées entre le Lutétien calcaire et le Suessonnien marneux. 

Entre les contreforts jurassiques du Moyen Atlas et les rides éocènes du 
Rif se montre une dépression synclinale en partie comblée par les dépôts 
du détroit Sud-Rifain qui, de la base au sommet, offrent la succession con- 
cordante des assises suivantes : 


a. Grès calcarifères grossiers avec petits galets bien roulés de roches jurassiques et 
paléozoïques. — b. Grès calcaires jaunes, — c. Grès gris très fins un peu argileux. — 
d. Argiles marneuses, sableuses à la basé, blanches ou grises, épaisses de plus 


D nee 


4 a * , . . . à + f 
(1) Je remercie M. H. Douvillé des déterminations qu’il a bien voulu me donner de 
ces Nummulites. 


SÉANCE DU 4 DÉCEMBRE 1916. 707 
de 1oo%,… e. Grès argilo-sableux et poudingues à ciment gréséux, jaunés, d'au 
moins 4om, 

L-s trois assises de la base (d’au moins 30®) forment une bande continué sur la rive 
gauche de l'O, Innaouem, au sud de Taza’ et de Koudiat el Abiod. Elles renferment 
des débris d'Huîtres, des Pectinidés et des Échinides parmi lesquels je puis citer : 
Pecten incrassatus Partsch (= P. Besseri Andr.), P. Josslingi Sm. (= P. lychnulus 
Font.) var. lϾvis Cotter, Flabellipecten fraterculus Sow., Amussium subpleuro- 
nectes d'Orb., Clypeaster decemcostatus Pom., Clypeaster marginatus Lam,  . 


Cette faunule n’est pas bien caractérisée par ses Mollusques qui laissent 
hésiter entre le Burdigalien et l'Helvétien, bien que la plupart d’entre eux 
appartiennent au Vindobonien du bassin de la Tafna (Oran). Mais la variété 
lœvis de Pecten Josslingt est, d’après Cotter, caractéristique de l'Helvétien 
du Portugal. De plus, on peut remarquer que des deux Échinides, le pre- 
mier n’a été signalé par Pomel que dans l'Helvétien d'Algérie et le second 
est caractéristique de cet étage dans tout le bassin méditerranéen ("). Ce 
qui milite encore en faveur de l’âge helvétien des couches de Taza c’est que, 
à la base de l’assise terminale détritique, se montre, parfois en grande abon- 
dance, l'Ostrea crassissima Lam., avec ses variétés, En outre, cette espèce 
offre ici les formes qu'elle affecte dans le Vindobonien de l'Algérie, de la 
Mlouya et du R’arb, lesquelles sont bien distinctes de celles du Miocène 
inférieur et du Sahélien. 

Pour ces raisons, je pense que les couches néogènes du seuil de Taza 
représentent le deuxième étage méditerranéen. Si des recherches détaillées 
n’amènent pas la découverte de quelque lambeau burdigalien, nous aurons 
ainsi la preuve que le détroit du Sud-Rifain s’est bien ouvert au début du 
Miocène moyen (Helvétien), alors que le détroit Nord-Bétique, venait de se 
fermer. C'est ce que j'avais pensé à cause de la transgressivité du Miocène 
moyen. 

Le Néogène de Taza, qui atteint l'altitude de 600", était vraisemblable- 
ment surmonté par les dépôts du Miocène supérieur, à moins que le détroit 
Sud-Rifain n'ait été fermé avant la fin du Miocène; mais il ne paraît pas 
en subsister dé traces. Il faut se reporter assez loin à l'Est, dans la vailée de 
la Mlouya, pour retrouver cet étage gréseux ou sableux; et nous montre- 
rons prochainement, M. Depéret et moi, que le Sahélien existe à l'Ouest, 
aux bords du R’arb, sous la forme de sables très fossilifères. 

Il convient d'admettre que, pendant et après sa fermeture, le détroit 


(1) J. Corrreau, Les Échinides du Bassin méditerranéen (époque néogène), 
p- 106, Thèse; Paris, 1903. | ʻi 


708 ACADÉMIE DES SCIENCES, 


Sud-Rifain a subi son maximum d’exhaussement au seuil de Taza. Il est 
probable que ses dépôts les plus récents ont été portés en cet endroit à des 
côtes supérieures à 600%, tandis qu’ils se trouvent actuellement, du côté 
méditerranéen et du côté atlantique, à 100"" ou 150" de là, à des altitudes 
n'atteignant pas 190". 


GÉOLOGIE. — Sur l'existence, entre Modane et le col de Chavière, d'une 
fenêtre faisant apparaître le Trias sous le Permien de la Maurienne. 
Note (') posthume de M. Jeax Boussac, présentée par M. Pierre Termier. 


La Carte géologique de la France au 80000° (feuille Saint-Jean-de-Mau- 
rienne) montre l'existence, entre Modane et le col de Chavière, d’une 
longue bande triasique constituée par les termes classiques du Trias de 
ces régions: quartzites, marbres phylliteux, calcaires, cargneules et gypse. 
Cette zone est enserrée par deux bandes de Permien qui ont exactement la 
même direction NS et qui se rapprochent visiblement l’une de l’autre au 
voisinage de Modane. Elle a toujours été jusqu'ici considérée comme un 
synclinal, séparant le Permien de la Vanoise de celui de Polset-Péclet. 
Les observations que j'ai faites dans cette région mont démontré que 
c'était, en réalité, un anticlinal faisant apparaître les terrains secondaires 
sous le Permo-Houiller Vanoise-Polset-Péclet. 

Les terrains les plus récents, c’est-à-dire les calcaires du Trias supérieur, 
sont en même temps les plus profonds et ont unc allure nettement anti- 
clinale. Ils ont une extension plus grande que ne l'indique la carte et cons- 
tituent le sommet 2459 en même temps que la plus grande partie du massif 
2682, sauf le sommet. Sur les bords, ils sont presque verticaux, plongeant 
légèrement vers l'Ouest dans la partie occidentale et vers l'Est darfs la 
portion orientale. Au centre, ils sont horizontaux, avec une courbure anti- 
clinale régulière visible aux deux sommets précités. 

Au Nord, l’anticlinal de calcaires triasiques passe sous le Trias inférieur, 
fait principalement de quartzites, du col de Chavière; ces quartzites sont 
ployés en une charnière bien visible qui plonge vers l Ouest et enveloppe 
l’anticlinal signalé; ils s'enfoncent eux-mêmes sous le Permien du massif 
de Polset- Péclet, dont la continuité primitive avec celui de la Vanoise, par 
une charnière emboîtant celle des quartzites et enlevée aujourd’hui par 

‘érosion, demeure infiniment probable. 
Vers le Sud, l’anticlinal s’abaisse, par un plongement d’axe très rapide, 


(') Séance du 27 novembre 1916. 


SÉANCE DU 4 DÉCEMBRE 1916. 709 


à la latitude des chalets de Polset; en outre, il change de constitution; il 
est surtout formé alors de cargneules que des gypses accompagnent çà 
et là; ces cargneules continuent à s’enfoncer vers le Sud, très fortement, ct 
passent en tunnel sous les quartzites du Trias inférieur, qui forment le 
sommet 2193 et qui vont rejoindre, par-dessus les cargneules, le Permien 
du hameau de la Perrière. Elles reparaissent ensuite, formant une série 
d'arêtes ou de pics déchiquetés qui descendent vers Modane et dispa- 
raissent en profondeur avant d'atteindre la vallée, 

La seule hypothèse qui me paraisse expliquer ces faits, c’est que le 

Permien de la Vanoise et celui du massif de Polset-Péclet étaient jadis 
réunis en une voûte continue au-dessus de l’anticlinal de Trias, et que, 
sous ce Permien, existait un flanc renversé de quartzites du Trias inférieur, 
encore épais à l'Est, étiré et laminé vers l'Ouest. 
Il semble qu’une démonstration péremptoire de cette hypothèse consis- 
terait dans la découverte d’un lambeau de recouvrement de Permien au 
sommet de l’anticlinal triasique, là où la voûte paléozoïque a été crevéc 
par l’érosion. Or, précisément, cette preuve existe : le sommet 2682 est 
constitué par un lambeau très réduit de Pérmien, reposant sur une lame 
de quartzites triasiques qui sont, en quelque sorte, à califourchon sur 
l’anticlinal de calcaires. 

Il paraît donc bien démontré que la bande triasique Modane-Col de 
Chavière est une « fenêtre », révélant le charriage du Permien du massif 
de Polset-Péclet: la question qui maintenant se pose serait de savoir à 
quelle nappe appartient ce Permien : à celle du Grand-Saint-Bernard ou à 
celle du mont Pourri? Les observations que j'ai faites en 1913, dans la 
haute Tarentaise, me porteraient plutôt à admettre la seconde solution. 


SISMOLOGIE, — Sur les megasismes au xvIm* siecle dans les environs 
de l'effondrement en ovale lusitano-hispano-marocain. Note (') de 
M. Perra DE Sousa. 


Mes recherches dans les Archives nationales du Portugal, sur le grand 
tremblement de terre du 1® novembre 1755 (*), m'ont fait trouver des 
manuscrits et des publications sur les mégasismes qui ont secoué les envi- 


(1) Séance du 27; novembre 1916. - 
(2) Sur Les effets, en Portugal, du mégasisme du ı*™ novembre 1755 (Comptes 
rendus, t. 158, 1914, p. 2033). 
C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 23.) 93 


710 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


rons de l'effondrement en ovale lusitano-hispano-marocain au xvm" siècle. 
Pai l'honneur de soumettre à l’Académie les données les plus intéressantes 
que j'ai tirées de ces documents, surtout en ce qui concerne le Maroc. 


Mégasisme du 6 mars 1719, à l’ Algarve occidental. — Celui-ci s’est fait sentir 
surtout sur la côte de l’Algarve a pue dans la région de Villa Nova de Portimäo- 
Lagos; il a, en partie, détruit quelques édifices et maisons, et a causé trois morts; son 
intensité a été ( VIIL), dernière échelle de Mercalli. Un bruit formidable, venant de la 
mer, a été entendu, mais il n’y pas eu de raz de marée. 


Mégasisme du 27 décembre 1722, à l Algarve oriental. — Ce tremblement parait 
s'être propagé surtout suivant la ligne sismo-tectonique Albufeira-Estoy-Tavira-Villa 

eal de Santo Antonio ou Castro Marin, le long de la côte, ligne que j'ai signalée à 
propos d’autres secousses sismiques (+). Il y a eu quelques morts et des édifices 
détruits. On peut noter à Tavira l'intensité (X), Faro (IX), Loulé et Lagoa (VHI), 
Villa Nova de Portimão (VII). Les eaux des petits fleuves de Tavira et Faro se sont 
divisées et ont été en partie absorbées par des crevasses. De petites embarcations sont 
restées à sec. Les documents né mentionnent pas de raz de marée. Enfin il faut noter 
que les publications de l’époque attribuent ce séisme à des flammes qui auraient été 
observées dans la mer, entre Faro et Tavira. 


Mégasisme du 27 février 17924, au détroit nord-bétique. — C'est dans la zone 
sismique de Séville que les effets de ce tremblement de terre se sont fait le plus sentir. 
Des maisons (IX?) ont été détruites, surtout dans la paroisse de Sones os Santos et 
derrière l’église de São João de Deus. 

Mégasisme du 1™ avril 1748, à Madère. — Bien que cette île soit volcanique, ce 
tremblement de terre a été d’origine tectonique. Aucune manifestation volcanique 
n'a été signalée pendant la période historique. Ce mégasisme a été annoncé par 
un bruit venant de la mer (quadrant sud-est vers nord-ouest). Beaucoup d'édifices et 
de maisons en partie détruits, mais seulement quatre morts (VIII). On a signalé des 
crevasses ouvertes par le tremblement de terre et, dans la partie est de l’île, une 
lueur de feu. 


Le 1°° novembre de 1755 a eu lieu le grand tremblement de terre d’ori- 
gine sous-marine qui à ravagé une partie du Portugal, de l'Espagne et du 
Maroc, et qui me paraît avoir son origine dans la région centrale de l’effon- 
drement en ovale lusitano-hispano-marocain. Il semble que ce mégasisme 
résulte des mouvements épirogéniques, à qui l’on doit l’effondrement de la 
région. 


Mégasisme du 18 novembre 1755 au détroit sud-rifain. — Les villes qui s'élèvent 


(1) Sur les macrosismes de l'Algarve (sud du Portugal) de 1911 à 1914 (Comptes 
rendus, t. 160, 1915, p. 808). 


SÉANCE DU / DÉCEMBRE 1916. 711 


sur le dépôt de ce détroit, Fez, Meknès, etc., ont été les plus é éprouvées (X) au Maroc, 
dans le mégasisme du 1% novembre (1). Le 18 du même mois, un nouveau tremble- 

ment a eu lieu dans la même région avec l'intensité (X); mais la zone épicentrale 
semble avoir été dans le détroit. Ce trenblement de terre s’est fait sentir à 10? du soir. 
Il y a eu des répliques le jour suivant à 2}, 5h, gb et 12h du matin, et pendant plusieurs 
jours encore. Fez a été presque complètement détruite et trois mille personnes ont été 
ensevelies sous ses ruines, À Meknès, on pouvait compter les maisons restées debout, 
etil y a eu plusieurs victimes, Dans le royaume de Sargor, à trois lieues de Meknès, 
se sont ouvertes des crevasses, dans lesquelles aurait disparu le hameau du Idois, une 
partie de la ville de Pessa, etc. On à pu observer dans cette région un lent et continu 
mouvement du sol, accompagné d’un terrible bruit intérieur, ce qui a produit une 
grande panique A Tanger, les sources ont été taries, mais les documents ne parlent 
pas de ruines (?}, 

Ces phénomènes géologiques sont semblables à ceux observés au Maroc dans le 
mégasisme du 1° novembre. 


Il est remarquable de noter le récit de phénomènes lumineux au 
cours du mégasisme de l’Algarve oriental, ainsi que pendant celui de 
Madère. 

Dans le séisme du Ribatejo du 23 avril 1909, des personnes dignes de 
foi m'ont affirmé avoir vu sortir, d’une des rues de Benavente, des lueurs, et 
les journaux ont parlé aussi d’un phénomène semblable, observé à Azam- 
buja, pendant la réplique de ce tremblement du 17 août. 

Ces phénomènes ont toujours été considérés comme douteux. Peut-être 
pourrait-on les expliquer par des émanations radioactives du sol. 

Les phénomènes géologiques observés dans les mégasismes du Maroc 
résultent peut-être.d’un affaissement dans la région de l’ancienne ville de 
Pessa. 


(21) Louis GenrtiL et Pereira DE Sousa, Sur les effets au Maroc du grand tremble- 
ment de terre en Portugal, 1755 (Comptes rendus, t. 157, 1913, p. 805). 

(2) Copia de huma carta porh peh Padre Guardiam do Real Convento de Maquinés, 
e Vice-Prefeito das Santas Missoens (Reservados da Biblioteca Nacional de Lisboa, 
Le, n° 117, folhas 157). 


712 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


BOTANIQUE. — Variations d'un hybride sexuel de Vigne par sa greffe sur 
lun de ses procréateurs. Note (') de M. F. Baco, présentée par M. Gaston 
Bonnier. 


Il ya une dizaine d'années, Lucien Daniel, dans ses études sur la greffe 
des plantes herbacées (°), appelait l'attention sur les modifications bonnes 
ou mauvaises provoquées par la symbiose chez le sujet et le greffon. En 
particulier il montrait que, en greffant sur des sujets convenables, on pou- 
vait parfois produire une disjonction de caractères parentaux, une mo- 
saique nouvelle, un renforcement ou une atténuation de certaines pro- 
priétés spécifiques, la transmission de quelques-unes d’entre elles et même 
provoquer l'apparition de caractères nouveaux. Appliquant ces théories 
à la Vigne, A. Jurie (°) et P. Castel (*) améliorèrent leurs hybrides 
sexuels et obtinrent des hybrides de greffe qui ont fait leur chemin en 
viticulture. 

A la mort de ces hybrideurs connus, j'ai essayé moi-même de perfec- 
tionner par la même méthode les hybrides sexuels de Vigne que j'avais 
créés et Jai obtenu des hybrides sexuels-asexuels bi:n supérieurs aux 
pieds mères (*). Cette année, j'ai observé un cas des plus remarquables 
de transformation de mon hybride 11-16 avec changement de mosaïque 
et apparition chez le greffon de caractères latents provenant du sujet et de 
l’un de ses ancêtres maternels. L’hybride 11-16 provient d’un croisement 
fait en 1907 entre le 24-23 Baco (Folle blanche x Riparia) pris pour père 
et le 4-13 Baco (Sauvignon Xx 44o1 Couderc ) pris comme mère. Dans cet 


(1) Séance du 27 novembre 1916. 

(?) Lucien Daner, La variation dans la greffe et l'hérédité des caractères acquis 
(Ann. des Sc. nat., Bot., 1898); Variations des races de Haricots sous l'influence 
du greffage (Comptes rendus, t. 130, 1900, p. 665), etc. 

(°) A. Jur, Sur un cas de déterminisme sexuel produit par le greffage mixte 
(Comptes rendus, t. 133, 1901, p. 445); Un nouveau cas de variation de la vigne 
à la suite d’un grefagi mixte (Comptes rendus, t. 133, 1901, p. 1246), etc. 

(+) P. Caster, De l'amélioration des producteurs directs par la greffe (Congrès 
agricole de binosi 1904). 

(*) F. Baco, Sur des variations de vignes greflées (Comptes rendus, t. 148, 1909, 
pP. 429 }; Bbbtuérage comparé de vignes greflées et franches de pied (Comptes 
rendus, t. 156, 1913, p. 1167), etc. 


SÉANCE DU { DÉCEMBRE 1916. 713 


hybride sont prédominantes les qualités paternelles. La feuille ressemble 
à celle du 24-23 par la grandeur, le facies et la forme; le pétiole a une lon- 
gueur variable entre 4o™™ et 80"" et est de couleur rouge; le limbe a 
l'aspect américain, sans découpures profondes bien nettes; il est glabre, 
avec nervures légèrement velues, long de 11°%™ à 12% et large de 15°" au 
plus. Le sinus pétiolaire est obtus et les feuilles des entre-cœurs sont à 
peine découpées. Les grappes sont lâches, de petite taille, à grains noirs 
peu nombreux, à chair dure un peu foxée; ils contiennent un seul pépin 
en général, assez gros, à bec gros ct court, à caractère américain. 

En 1912, j'ai greffé en mixte le 11-16 sur l’un de ses parents, le 4401 
Couderc (Chasselas rose X Rupestris), à feuilles découpées et à dents peu 
aiguës comme le Chasselas qui est remarquable par la longueur de son 
pétiole rouge brun (130%), Aucun greffon ne conserva les caractères du 
pied mère et l’un d’eux fut complètement transformé. Le pétiole de ses 
feuilles s'allongea comme chez le Chasselas et atteignit 70"" à 100"; le 
limbe changea de forme, devint long de 8° à ro et large de g™ à 11°; 
il acquit les découpures d’un Vitis vinifera tout en conservant l'état lisse 
des Vignes américaines; son sinus pétiolaire se rétrécit comme chez les 
vignes françaises parentes. La longueur des cntre-nœuds de la tige resta 
plus courte; la teinte et la striation changèrent également. La grappe 
devint deux fois plus longue et plus large; ses raisins, nombreux et serrés 
comme chez l'ancêtre Sauvignon, furent plus gros, plus tendres, plus 
juteux et sans goût foxé. La structure anatomique montra de même une 
accentuation des caractères de la Vigne française. En un mot, les appareils 
végétatif et reproducteur avaient été influencés simultanément par le 4401, 
sujet qui avait accentué les caractères ancestraux communs au greffon ct 
à lui-même et les avait amenés de l’état latent à l’état dominant dans 
l’hybride de greffe nouveau. Le 4401 avait imprimé au greffon 11-16 des 
qualités très supérieures comme production et valeur des raisins (carac- 
tère provenant du Chasselas et du Sauvignon) sans nuire aux résistances 
et à la vigueur (caractères du Riparia et du Rupestris). 

Cet exemple confirme les résultats obtenus par Daniel, Jurie et Castel 
et montre une fois de plus, s’il en était besoin, que la greffe est, en cer- 
tains cas, un agent de variation très puissant, capable, chez les hybrides 
sexuels, de changer la latence ou la dominance des caractères communs 
aux ancêtres du greffon et du sujet. Il existe donc une sorte de crypto- 
mérie de greffe. Dans le nouveau groupement de la mosaïque qui résulte 
de l'influence exercée sur l’hybride sexuel par sa greffe sur l’un de ses 


714 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


procréateurs, il peut y avoir amélioration sans détérioration au point de 
vue utilitaire, comme chez mon hybride de greffe 11-16. Mais le cas inversé 
peut se produire et l’on ne saurait trop insister sur l’importance du choix 
des sujets quand on veut perfectionner par la greffe un n'ai aié sexuel de 
Vigne et amener la séparation des éléments antagonistes. 


BOTANIQUE. — Sur une Laminaire nouvelle pour les côtes de France, Lami- 
naria Lejolisii Sauv. Note de M. C. Sauvaceau, présentée par le Prince 
Bonaparte. 


L’ Alaria esculenta élant une plante rare et sporadique, quatre espèces de 
Laminaires seulement vivent sur les côtes de la Manche : Saccorhiza bul- 
bosa, Laminaria saccharina, L. flexicaulis et L, Cloustont ; néanmoins, elles 
fournissent chaque année des milliers de mètres cnbes de goémon, rejeté 
ou récolté sur place, utilisé par les riverains pour la fumure des terres, le 
chauffage, l'extraction de l’iode, etc. Ces espèces étant faciles à caractériser, 
les algologues ayant bien exploré diverses localités (Brest, Roscoff, Cher- 
bourg, La Hougue, etc.),et les côtesanglaises étant peut-être mieux connues 
encore, on ne pouvait guère supposer qu’une cinquième espèce abondante, 
nettement caractérisée et de grande taille, serait restée inaperçue. 


Confondus par les anciens auteurs sous le nom de L. digitata, les L. Cloustonit et 
L. fleæicaulis furent définitivement séparés l’un de l’autre par Le Jolis en 1854. L’un 
des caractères invoqués à cet effet est la présence de canaux mucifères dans le stipe 
et la lame du premier, dans la lame seulement du second. Mais plus tard, en 1867, 
J. Agardh, en se fondant sur une observation même de Le Jolis, objecta que la présence 
ou l'absence de canaux mucifères dans le stipe est surtout une question d'âge. En 1892 
Guignard montra que cette objection est sans valeur dans le cas invoqué précisément 
par J.Agardh. Après avoir suivi le développement et établi la constitution de ces 
canaux, il tira parti de leur présence ou de leur absence pour grouper en sections les 
espèces de Laminaires dont l'étude se trouva de la sorte grandement facilitée; néan- 
moins, la distinction des espèces exotiques reste parfois assez délicate, particuliè- 
rement celles du genre Laminaria, 

Le 14 septembre dernier, j'herborisais à Roscoff sur les rochers de l’île Verte, par 
une marée de coefficient 102, qui asséchait le £. fleæicaulis et les plus élevés parmi 
les Saccorhiza, mais ne permettait pas d'aborder le L. Cloustonii, lorsque j'aperçus, 
parmi les L. flexicaulis, deux exemplaires qui semblaient atteints d'albinisme de la 
lame, En coupant leur stipe, je vis perler des gouttes de mucus comme d’un L. Clous- 
tonti. Ils ne pouvaient néanmoins appartenir à cette espèce, leur stipe étant lisse et 
leur lame déjà fructifiée. En avant des rochers découverts, les frondes du Saccorhiza 
et du L. Cloustonii pointaient au-dessus de Veau; les unes de la teinte brune normale, 


SÉANCE DU 4 DÉCEMBRE 1916. 715 


les autres pâles comme les exémplaires que je venais de trouver; pour les récolter à la 
main, il eût fallu attendre l'équinoxe du printemps prochain. Les 27 et 28 septembre, 
par des marées de coefficients 93 et 96, aidé des marins du Laboratoire, j'ai pu exa- 
miner le fond de l’eau, près des roches Duon et sur la partie occidentale de la côte sud 
de l’île de Batz {stations séparées par une dizaine de kilomètres), et extraire de nom- 
breux exemplaires en tranchant leur tige, Or, sur ces deux points, comme à l'ile Verte, 
l’abondant ZL. Cloustonii est mélangé, en nombre à peu près égal, à l'espèce pourvue 
d'une lame blanchâtre que j'appelle, provisoirement, L. Lejolisit et dont les premiers 
individus observés étaient des représentants de taille réduite égarés à un niveau élevé. 
En effet, bien que je n'aie pu obtenir aucun exemplaire pourvu de ses haptères, 
certains stipes dépassaient 1", avec un diamètre basilaire de 3m à 3em,5 et yom à jom 5 
au sommet; le stipe, d’un brun grisâtre, entièrement lisse, très glissant, très flexible, 
sans épiphytes, renferme des canaux mucifères répartis sur deux rangs très distincts 
dans la partie jeune, l’un à la limite interne de l'écorce, l’autre plus extérieur qui perd 
de sa netteté dans la partie âgée; à la base, la couche intermédiaire entre la moelle et 
l'écorce comprend deux zones concentriques; la moelle arrondie, ou elliptique, parfois 
légèrement excentrique, se rétracte fortement à lair et devient blanche comme celle 
du Sureau. Le tout se corrompt rapidement à l'air. Tous ces caractères s'opposent fran- 
chement au L. Cloustonii de consistance plus rigide. L'écorce dés deux espèces est 
riche en fucosane assez uniformément répartie. En opposition avec le L. flexicaulis, 
le stipe ne s’amincit ni ne s’élargit à son extrémité et la lame à base cordiforme s’évase 
brusquement; d’ailleurs, comme l’a vu Le Jolis, la moelle du L. flexicaulis « figure 
une ellipse très allongée, à cornes aiguës s’approchant de la circonférencé du stipe », 
ce qui tient à son étalement latéral précoce avant de pénétrer dans la lame et est une 
sorte d'intermédiaire au cas du S. bulbosa. La lame du L. Lejolisii, d'environ 1" de 
long, pourvue de canaux mucifères, est plus claire que chez les autres Laminaires, 

bevonat, particulièrement à sa base indivise; les lanières, plus longues et moins 
coriaces que celles du L. Cloustonii, portent de larges sores irréguliers se correspon- 
dant assez bien sur les deux faces et souvent pee cent détruits par l’Æelcion pel- 
lucidum. Aucun exemplaire de L. Cloustonii n’était fructifié. 

Depuis j'ai recu du Laboratoire un envoi de ces deux espèces simultanément 
récoltées aux roches Duon, le 11 novembre; la hauteur et l'agitation de l'eau n'avaient 
pas permis d'atteindre les haptères. Les caractères du stipe du L. Lejolisii n'avaient 
pas varié depuis septembre; la lame était moins longue (5o°™-70%), plus gâtée par 
l’ Helcion, plus usée au bout des lanières, et rien ne laissait prévoir son renouvel- 
lement: les sores restaient cantonnés sur les lanières. Les dix exemplaires reçus de 
L. Cloustonii avaient un stipe plus court et moins large à la base, bien que la couche 
intermédiaire de certains présentât huit zones concentriques; les lanières des lames, 
d'un brun roux foncé, étaient tronquées sans paraître usées; une seule lame était 
fructifiée, un sore continu couvrant chaque face des lanières. 

Certainement nouvelle pour la France, la Laminaire que je nomme LZ. Lejolisi 
n’est pas un hybride de L. Cloustonii et de L. flexicaulis et, a priori, elle correspond 
à une espèce déjà décrite. Elle ne peut être le L. nigripes dont le stipe est cylin- 
drique, ni le L, Gunneri, de taille bien moindre et dont la lame est noirâtre, l’une et 
l’autre des régions boréales. De toutes les espèces de la section, son aspect extérieur 


716 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


la rapprocherait plutôt du L. pallida. Greville désignait ainsi une Laminaire du Cap 
qui fut retrouvée ensuite aux Canaries, puis au Maroc et qu'enfin j'ai récoltée à 
La Corogne (Espagne) à un niveau relativement élevé (!). Cependant, le Z, pallida 
est il ptétegrn connu; d’ailleurs, les diagnoses de J. Agardh, d’Areschoug et de 
Schousboe concordent imparfaitement. Grâce à l'obligeance de M. Mangin et de 
M. Hariot, j'ai examiné un spécimen du Ł. pallida du Maroc et un autre du Cap, 
conservés au Muséum ; l’écorce du stipe possède un seul cercle de canaux mucifères 
et la couche intermédiaire en est dépourvue ; d'innombrables taches sombres, men- 
tionnées par J. Agardh, ponctuent la lame de la plante du Cap et manquent à celles du 
Maroc et de La Corogne. Ces taches sont des groupes de cellules corticales remplies de 
fucosane, vraisemblablement incolores sur le vivant, et qui correspondent aux glandes 
à mucilage décrites par Okamura et Yendo chez les Undaria (?), mais ici, elles 
coexistent avec un appareil mucifére très développé. L'écorce du stipe du L. pallida 
de La Corogne, aussi riche en fucosane que celle des L. Cloustonit et L. Lejolisü, 
possède deux cercles discontinus de canaux mucifères; en outre, vers la base, la couche 
intermédiaire renferme aussi des canaux. D’après ces brèves indications, il est donc 
possible que le nom Z, pallida s'applique à trois espèces anatomiquement distinctes, 
toutes différentes de la plante de Roscoff. Dans ces conditions, j'ignore le pays d’ori- 
gine de celle-ci et j'ai dù la désigner par un nom nouveau. 

L'apparition du Z. Lejolisit dans la région de Roscoff est récente el son cas paraît 
comparable à celui du Colpomenia sinuosa. Si les déductions de Le Jolis relativement 
aux zones concentriques du; L. Cloustonti sont exactes, et si elles s'appliquent au 
L. Lejolisii, les exemplaires récoltés auraient deux années d'âge. Ses zoospores 
peuvent propager l'espèce, car j'ai actuellement des cultures en bon état. D'ailleurs, 
la plante s’est déjà mulipiiee sur place, comme le prouve sa présence sur une bande 
de 1o% (le temps m'a manqué pour la rechercher ailleurs) et il est probablement trop 
tard pour déterminer d’où elle a essaimé. 


Le L. Lejolisii fut vraisemblabl tintroduit par un navire au voisinage 
d’un port plus important que celui de Roscoff, où par les sous-marins qui 
fréquentent les baies de la côte bretonne. Quoi qu'il en soit, ilsemble devoir 
se naturaliser sur nos côtes et y étendre son aire de dispersion, à l'inverse du 
boréal Alaria esculenta, signalé chez nous depuis plus d’un siècle, qui se 
maintient dans des stations d'étendue très restreinte sans se répandre davan- 
tage. Ses migrations intéresscront les biologistes. Un autre point appelle 
l'attention. Si l’envahissement du L. Lejolisi se continue, il supplantera le 
L. Cloustoni de croissance moins rapide et qui passe pour l’une des Algues 
européennes les plus riches en iode. 


(1) G. Sauvaceau, Vote préliminaire sur les Algues du golfe de Gascogne, 1897- 
(2) C. Sauvacrau, Sur les a glandes à mucilage » de certaines Laminaires 
(Comptes rendus, t; 162, 1916, p. 921). 


rær 


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DASO Or atrir rain! Arren preet anni nbrrllon 
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ZOOLOGIE, | o, Sur les f A Forn mes pi Terana os fees 

“Nous avons qaji dise Ta. aeea © 3). de celte ue curieuse 7 de 
Myxididées trouvée, dans la N biliaire. de Box salpa, Elle est, surtout, 
caractérisée par un cycle évolutif très compliqué, conséquence. d’une 
variété extraordinaire, des formes qui le composent. C’ est la description de 
ces formes quif fera f ‘objet de la présenté Note. aa  .. 

E la base de la série se trouve une forme elliptique : arrondie où, méme 
allongée, uninucléée, poussant € des _pseudopodes à à la manière des amibes du, 
groupe Limax, et présentant oemp sur une, el de leur COPS, une, 


CEE 


ANNA A 


du germe ; ’amiboidé Bnito délivré de Ja spore dans la vésicule, biliaire 
de l'hôte même. 


y rm Jar. 


rte 


divisions répétées, soil par, ROME ou 1 par bourgeonnements exter, 
rieurs ou intérieurs. Ce 

Par division simple : on beht des agglomérations à à ae quatre a ou un, 
grand nombre de cellules. Ce n’est en somme qu'une schizogonie répétée, 
dont chaque composante en s ‘isolant peut. refaire le même cycle. C'est 
pourquoi on trouve assez souvent, dans la vésicule, biliaire des jPRRRART 
blastes uninucléés en grand nombre. us 

En S ‘isolant, ces pansporoblastes peuvent s ‘agrandie ISERE 
multiplier leurs moyana, et cette masse plasmique ainsi considérablement 
agrandie peut alors s'étirer, se diviser el donner naissance à i des plasmodies 
multinucléées de grandeur inégale. |; 

"E autres pansporoblastes arrondis, tout. en s 'accroissant O 
ment et tout en multipliant l leurs noyaux peuvent donner soit des bour- 
geons externes, quand une partie de ces noyaux, parvenue à la surface du 
pansporoblaste, s'empare g une, petite quantité du protôplasme d dela cellule 
mère, soit des bourgeons internes, par voie endogène, . quand es n no aux 


restés à à l'intérieur des pansporoblastes S entourent du protoplasmede, la 


ne J Slaps du 27 novimbte 191 16, 
 (*) Sur les Myxosporidies des Poissons de la baie de Villefranche et de Monaco 
(Bull. Instit. océanogr., n° 322, Monaco, 1916). 
C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 33.) 94 


718 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


cellule mère. Finalement la cellule mère se désagrège et les petits bourgeons, 
qui ne sont en somme que des schizontes, se libèrent pour recommencer le 
même cycle. Il y a toujours une partie de la cellule mère qui n’est pas 
employée à cette formation et qui périt après la délivrance des bourgeons. 

Quelquefois ces masses plasmiques peuvent s'agrandir énormément, 
plusieurs centaines de fois, voire même plusieurs milliers de fois et alorsles 
parties composantes qui peuvent revêtir des formes différentes : arrondies, 
allongées, piriformes ou en bâtonnets, d’ailleurs de dimensions inégales, 
peuvent à leur tour présenter les phénomènes de schizogonie ou de bour- 
geonnement extérieur. D'où il en résulte des formes très compliquées, 
d'aspect très bizarre et qui sont rendues plus compliquées encore par la 
présence des stades les plus variés de sporulation soit à l’intérieur de ces 
plasmodies, soit dans les bourgeons externes. 

On trouve quelquefois des vésicules biliaires dans lesquelles ces parasites 
revêtent des formes encore plus étranges, quand la cellule initiale s'accroît 
démesurément en longueur. Toutes les parties qu’elle engendre gardent 
cet aspect de bâtonnets très allongés et comme ces parties sont de dimen- 
sions inégales et qu’elles peuvent à leur tour bourgeonner, se replier autour 
de leur axe initial ainsi qu’autour du pivot principal, la colonie se présente 
sous forme d’un bâton, muni latéralement de touffes de branches secon- 
daires, toujours de plus en plus petites à mesure qu’on s’éloigne du pivot 
principal. En s’isolant ces formes en bâtonnets peuvent répéter le même 
cycle ou bien peuvent s’élargir et revêtir la forme piriforme, elliptique ou 
arrondie. À ce stade ces formes peuvent reparcourir les cycles déja men- 
tionnés; on voit que la transition d'une forme à l’autre est possible ce qui 
se conçoit facilement parce que ces formes concourent toutes à un but final, 
. l’auto-infection de l'hôte. | 

Mais les formes les plus compliquées et qui méritent le plus notre atten- 
tion sont certainement celles qui, tout en gardant leur aspect piriforme, 
sont quelquefois très allongées et présentent des phénomènes de bour- 
geonnement sur leurs parties élargies. A leur intérieur s’accomplissent des 
phénomènes cytologiques des plus intéressants; le résultat final est la 
formation d’un cornet à double paroi dans l’intérieur duquel se trouve un 
nombre considérable de schizontes qui se délivrent par éclatement des 
parois. La masse plasmique, qui composait ces cornets ainsi vidés de 
leurs schizontes, ne présente plus que des enveloppes vides dont le cycle 
vital est achevé et qui sont destinées finalement à se désagréger. En effet, 
on trouve assez fréquemment ces enveloppes vides devenues d'autant plus 


SÉANCE DU {4 DÉCEMBRE 1916. 719 


byalines et transparentes que le processus de l'extinction protoplasmique 
est plus avancé. 

Ce sont ces formes piriformes, allongées ou non, avec ou sans bourgeon- 
nement, qui frappent le plus l'attention quand on voit pour la première fois 
cette gigantesque et belle espèce. 

Enfin ces schizontes uninucléés, issus soit directement des spores, soit par 
ces voies détournées, peuvent s’acheminer directement dans la voie de la 
sporulation, qui s’accomplit par un processus déjà connu sur d’autres 
espèces des Myxosporidies bien étudiées. Nous avons déjà mentionné les 
différents stades de la sporulation dans toutes ces formes que nous venons 
d’énumérer. 

De tout ce que nous avons exposé ici il résulte que chez notre espèce le 
phénomène de schizogonie est poussé jusqu’à l'extrême et que surtout le 
processus de bourgeonnement joue un grand rôle dans la dissémination de 
ce parasite dans le même hôte. C'est justement ce processus de bourgeon- 
nement, mentionné seulement par quelques auteurs et notamment par 
Cohn, chez Myxidium de la vésicule urinaire du Brochet, qui a été souvent 
contesté. D’après le travail de cet auteur, confirmé ensuite par Auerbach, 
cette dissémination multiplicative s’accomplit en hiver, c’est-à-dire à 
l'époque où la sporulation est très rare. Par contre nous avons vu les 
bourgeons se former et s’isoler même fréquemment chez des individus qui 
sont atteints au plus haut degré par la sporulation. Les stades les plus 
Jeunes peuvent eux aussi émettre des bourgeons; ce fait a été contesté par 
Keysselitz, mais émis récemment par Schiwago pour les Microsporidies. 

Enfin nous pouvons dire que nulle part, chez aucune espèce de Myxospo- 
ridies étudiée jusqu’à présent, on ne trouve cette diversité de formes. Nous 
croyons de même que dorénavant les stades végétatifs joueront un rôle 
plus grand dans la détermination des espèces de Myxosporidies, les spores, 
uniquement utilisées jusqu’i a présent pour cette détermination, étant souvent 
le résultat des phénomènes de convergence. 


MÉDECINE. — Tétanos et getures. Note (') de MM. Avueusre Lumière 
et Éræesse Asrier, présentée par M. Laveran. 


Parmi les 90 cas de tétanos évacués sur le Service d'isolement de 
l’'Hôtel-Dieu de Lyon depuis le début de la guerre, nous avons observé 


(*) Séance du 27 novembre 1916, 


720. ACADÉMIE DES SCIENCES. 


5 cas se rapportant à des soldats ayant eu les pieds gelés. Un seul d’entre 
eux avait reçu une injection préventive de sérum antitétanique et l’évo- 
lution de l’intoxication a été fatale pour tous. 

Nous rapportons ci-dessous, très sommairement, les observations de 
ces Cinq Cas : 


1° G. Ferdinand, 29 ans, soldat d'infanterie. Resté pendant 8 jours, dans les 
tranchées humides, avec les pieds imprégnés d’eau au voisinage de o°; a dù être 
évacué le 18 décembre 1914 sur une ambulance de la zone des armées, puis sur 
un hôpital temporaire de Lyon, où il arrive le 23 avec le pied droit tuméfié et de la 
gangrène des orteils. Le 31 décembre, 13 jours après la blessure, le trismus apparaît, 
accompagné bientôt de raideur de la nuque, d’exagération des réflexes, de crises. 
La maladie évolue fatalement en 5 jours. 

2° T. Jean, 28 ans, soldat d'infanterie. Dans la nuit du 19 au 20 décembre a eu 
les deux pieds gelés. Hospitalisé pendant 18 jours dans une ambulance du front, 
il est dirigé sur Lyon le 9 janvier, Il arrive à l'Hôtel-Dieu avec de la gangrène des 
orteils qui sont presque complètement détachés du métatarse. Les plaies sont extrê- 
mement fétides. 

Les premiers symptômes de tétanos apparaissent 21 jours après la gelure, Île 
10 janvier; la marche de l’intoxication est très rapide. Mort le 12 janvier, 48 heures 
après l'apparition du trismus. 

32 Félicien, 26 ans, soldat d'infanterie, Gelure légère des deux pieds au 
commencement de janvier 1915. Envoyé à Lyon aussitôt après, dans un hôpital auxi- 
liaire où l’on constate des lésions peu profondes siégeant surtout aux talons. Petite 
escarre du talon droit. Le 13 janvier, le trismus apparaît (une dizaine de jours après 
la gelure). Forme grave de tétanos, crises violentes avec opisthotonos quelques heures 
après le début du trismus. Évolution fatale, presque foudroyante, en moins de 
48 heures, 

4° L. Mohamed, 29 ans, soldat aux tirailleurs algériens. Gelure ulcérée du pied 
gauche datant du 5 mars 1916, arrive à Lyon avec du trismus qui se manifeste 10 jours 
après l’accident, accompagné de tous les symptômes tétaniques. Peu à peu ces symp- 
tômes s’aggravent et la mort survient 8 jours après le début de l'infection. 

5° V. Paul, 37 ans, soldat d'infanterie. Ulcérations profondes des deux pieds 
à la suite de gelure le 6 mars 1916. Plaies très infectées et fétides. Premiers symp- 
tòmes de tétanos le 26 mars, 19 jours après la gelure, se traduisant par du tris- 
mus alténué, avec rire sardonique, puis des contractures spasmodiques violentes 
localisées aux membres inférieurs. Traité par les injections intraveineuses de persul- 
fate de soude et pansé au chlorure de chaux: Les spasmes disparaissent complètement 
et les plaies sont désodorisées en 48 heures. Ne présente: plus aucun signe de tétanos 
au bout de 3 semaines, mais meurt le 26 avril de septicopyohémie confirmée par 
l’autopsie, 


Nos Statistiques qui, sur go cas de tétanos, présentent 5 cas consécutifs 
à des gelures, soit 5,55 pour 100, semblent indiquer, on le voit, une affinité 


SÉANCE DU 4 DÉCEMBRE 1916. 721 


spéciale du bacille de Nicolaïer pour les plaies ulcéreuses provoquées par le 
froid. Il faut, en réalité, tenir compte de ce que les mesures prophylac- 
tiques auxquelles sont systématiquement soumis désormais tous les blessés 
ne sont pas toujours appliquées aux gelures. Mais cette considération elle- 
même nous paraît intéressante à retenir au moment où les cas de gelure 
vont peut-être affluer dans nos hôpitaux militaires ; elle nous permet, en 
effet, d'attirer l'attention du corps médical sur la nécessité de soumettre 
tous les soldats atteints de lésions de ce genre aux injections préventives de 
sérum antitétanique au même titre que les autres blessés. 


HYGIÈNE ALIMENTAIRE. — Sur la protection mécanique 
el la conservation des œufs. Note de M. Anpré Arxoux. 


Nos expériences ont eu pour but de chercher un procédé pratique et éco- 
nomique permettant la protection mécanique et la conservation des œufs, 
en particulier pour l'envoi aux prisonniers ou au front et ne nécessitant pas 
d'outillage spécial, c’est-à-dire permettantla préparation par les familles. 

Nous avons étudié différentes méthodes, ainsi que différents produits 
chimiques. Nous ne communiquons que la méthode qui peut rendre le plus 
de peryvices, tant au point de vue de l’économie et du maximum d'efficacité 
qu’au point de vue de la facilité d'application. n 

Elle consiste dans l’enrobage de l’œuf dans une enveloppe dure 
empêchant la pénétration de lair. 

L’œuf très frais est enfermé dans une enveloppe molle constituée par des 
bandes d’étoffes qui, au moment de l’emploi, sont trempées dans une colle 
minérale susceptible de durcir et de protéger l’œuf. Les conditions néces- 
saires de cette colle sont les suivantes : elle ne doit avoir aucune odeur, 
aucune saveur. Elle doit, en séchant, donner un enduit dur. Elle doit être 
incolore. Elle doit être indécomposable et imputrescible. Elle doit être 
économique. 

Parmi les produits chimiques étudiés plusieurs réunissent ces conditions. 
Gelui dont l’emploi est le plus aisé est le silicate de soude, Nous rappelons 
que ce corps a d’ailleurs déjà fait ses preuves au point de vue de la conser- 
vation des œufs, L’œuf ainsi protégé ne craint plus aucun choc et peut 
voyager comme une simple boîte de conserve. Nous avons lancé des œufs 
ainsi enrobés dans un escalier où ils ont rebondi de marche en marche ; 
arrivés en bas, ils étaient intacts. Au point de vue de la conservation, cetle 


722. ACADÉMIE DES SCIENCES. 


armature d’étoffe durcie et adhérente à l'œuf est nettement supérieure aux 
méthodes ordinaires (chaux, sel, silicate simple, etc.) 

Pratiquement pour les prisonniers la conservation est d’un mois. Aù 
bout d’un mois, si l'œuf a été préparé le jour de la ponte, il arrive dans un 
tel état de fraicheur qu’il peut donner l'illusion d’un œuf pondu de la veille, 
l’œuf est momifié. Sur 520 œufs expérimentés, ayant voyagé de trois 
semaines à un mois, dans de mauvaises conditions de aopen, choc, 
température dépassant 25°, tous sont arrivés intacts. 

La façon d'opérer est la suivante : l'œuf trés frais est enroulé soigneu- 
sement dans des bandes d’étoffes imprégnées de silicate de soude liquide; 
l'œuf est ensuite mis à sécher sur un papier dans un endroit aéré pendant 
12 heures; au bout de ce temps la colle minérale est sèche. L’œuf a pris 
l'apparence d’une pierre. 

Pour la consommation on trempe l’œuf dans l’eau tiède, la colle miné- 
rale se dissout facilement. On peut encore tailler l’enveloppe avec un 
couteau comme on pèle un fruit. 

‘On peut employer d’autres enveloppes que des bandes d’étoffes (ouate, 
sciure de bois, etc.) D'autres produits alimentaires sont gars ne d’être 
protégés ainsi. 


A 15 heures trois quarts, l’Académie se forme en Comité secret. 


COMITÉ SECRET. 


_ L'Académie achève de discuter le Rapport présenté par M. Fa 
au nom de la Commission d'action extérieure de l'Académie. 

L'article suivant, qui complète ceux insérés dans le Compte ; rendu du 
20 novembre 1916, est voté par l'Académie, Il devra être inséré : dans le 


Rapport, à 9° (p. 633, .…..) : 


« Ce Conseil pourrait être composé de 26 membres répartis de la 
manière suivante : 

» 10 membres de l’Institut Gésidhi élus par l’Académie des Sciences, 

» 5 membres seraient désignés par l’Académie d'Agriculture, 

» 8 membres pris parmi les oh ec hd oii sipini seraient choisis pa 
le Conseil lui-même; 


SÉANCE DU 4 DÉCEMBRE 1916. 723 


» Le Directeur général des Eaux et Forêts, le Directeur de l'Agriculture 
et le Directeur des Services sanitaires et scientifiques et de la Répression 
des fraudes en feraient partie de droit. 

Les membres élus seraient nommés pour trois ans et rééligibles. 

» Le Conseil nommerait son Bureau, un Comité permanent, s’il y avait 
lieu, et le personnel d'agents nécessaires au fonctionnement de l'Insti- 
tution. » 


. La séance est levée à 16 heures et quart. 
A. Lx. 


: BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


OUVRAGES REÇUS DANS LES SÉANCES DE SEPTEMBRE 1916. 


Sur des lignes polygonales et sur des surfaces polyédrales généralisant les poly- 
gones de Poncelet, par PauL ApreLL. Extrait du Bulletin des Sciences mathématiques, 
2° série, t. XL; juillet 1916. Paris, Gauthier-Villars, 1916; 1 fasc. (Hommage de 
loubeur. ) 

Intégrales dë Lebesgue. Fonctions d'ensemble. Classes de Baire; Leçons profes- 
sées au Collège de France, par C. pe La VALLÉE Poussix, Paris, Gauthier-Villars, 1916; 
1 vol. in-8°, (Hommage de l'auteur 5) 

République française. Département de l'Eure. Rapport du Conseil pT BoMa 
d'Hygiène publique et de Salubrité et des Commissions sanitaires. Année 1914. 
Évreux, Ch. Hérissey, 1915; 1 fasc. in-16. 

Bases théoriques de l’ Aéronautique. Aérodynamique. Cours professé à l'École 
impériale technique de Moscou, par N. Jouxowski, traduit du russe par S. DRZEWIECKI. 
Paris, Gauthier-Villars, 1916; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. Bertin.) 

Note sur le Tome III des Procès-verbaux des séances de l’Académie, tenues 
depuis la fondation de l’Institut jusqu'au mois d’août 1835, par M. A. BOULANGER. 
Extrait du Bulletin des Sciences mathématiques, 2° série, t. XL, juillet 1916. Paris, 
Gauthier-Villars, 1916; 1 fasc. 

Le PEK AEA et la guerre, par P. CHALMERS MITCHELL, traduit de l'anglais par 
Maurice SoLovine et précédé d’une lettre-préface de M. Émize Bourroux. Paris, Félix 
Alcan, 1916; 1 vol. in-16. (Présenté par M. Edmond Perrier.) 

Erläuterungen sur geologischen Karte der Schweiz; fascicules nos 14, 16,18. 
Basel et Zürich, 1915 et 1916; 3 fasc. in-12. 


724 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Internationale Erdmessung. Astronomisch-geodätische Arbeiten in der Schweiz, 
herausgegeben von der SCHWEIZERISCHEN GEODÂTISCHEN Kommission, fünfzehnter Band, 
Schwerebestimmungen in den Jahren 1911 bis 1914. Zürich, Beer, 1916; 1 vol, in-4°, 

Annalen der schweizerischen meteoropgiseien Zentral-Anstalt, 1914. Zürich, 
Zürcher und Furrer, s. d.; 1 vol. in-4°. 

Discours prononcé par M. Paul Painlevé, Ministre de l’Instruction publique, 
des Beaux-Arts et des Inventions intéressant la Défense nationale, à la « Mansion 
House », à Londres, le 4 août 1916, pour le second anniversaire de l'entrée en 
guerre de l Angleterre, inséré au Bulletin administratif du Ministère de l Instruc- 
tion publique, année 1916, n° 2237, p. 397. 

Comment on peut expliquer tous les phénomènes TE vés dans le Ciel et sur la 
Terre, par.J.-B. Sizvani. Nice, Mathieu, 1916; 1 vol. in- 

Recherches astronomiques de E ETA a; MPN VI. Utrecht, J. van 
Boekhoven, 1916; 1 vol. in-4°. 

Royal Observatory, Hongkong. The climate of Hongkong, by T. F. CLAXTON. 
Hongkong, Noronha, 1916; 1 fasc. in-4°. 

Transactions of the Royal Society of Edinburgh, vol. L, part HI, session 1914- 
1915. Edinburgh, Robert Grant, 1916; 1 vol, in-4°. 

aa aa seconda di Acari nuovi. Antronio Berlese. Firenze, Ricci, 1916; 
1 fasc. in- 

Carte P delle piogge nella regione veneta per gli anni 1914 e 1915, par 
Giovanni MaGnini. Venezia, Carlo Ferrari, 1916; 1 fasc. in-8°, 

Sopra la natura e la distribuzione delle rocce terziarie della Venezia. Ufficio 
idrografico, publ. n° 66. Venezia, Carlo Ferrari, 1916; 1 fasc. in-8°. 

Sopra a insussistenza del numero 7. Palermo, Calogero Sciarrino, 1916; 
1 fasc. in- 

Historia rinie de los Andes meridionales al sur del paradelo XVI, sexta parte, 
por F. pe Monressus DE Barlore. Santiago-Valparaiso, Sociedad Barcelona, 1916; 
1 fasc. in-8°. Ta 

= Universidad nacional de La Platə. Anuario para el año 1916, n° 7. La Plata, 
Facultad de ciencias, 1916; 1 fasc. in-8°. 

La paradoja de la optica mathematica, por Jutro GARAVITO. Bogota, Impřenu 
nacional, 1916; 1 fasc. in-8°, 

_ Recherches sur l’aspirine, par D. E. Tsakaroros. Athènes, Sakelfariou, 1916; 
1 fasc. in-8°. (Écrit en langue grecque.) 

La cellule, sa croissance et son développement, par Manet Yiéauxo, 1j: 
1 fasc. in-8°. (Écrit en langue russe.) 

Theories of the origin of birds, by Wiriian- K. GREGORY. NES York, nals Di 
the Academy bfScibhcéf, vol. XX VIT, p. 31-38, may 1916; 1 fasc. in-80.., 

A Study of the Morrisson formation, by Cnarues CraiG MooK. Néw-Y ork, “nn al 
of thé Academy of Sciences, vol. XXVII, p. 39-191, june 1016; 1 fasc. in-8e. ET 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 11 DÉCEMBRE 1916. 


PRÉSIDENCE DE M. Camile JORDAN. 


RENOUVELLEMENT ANNUEL 
DU BUREAU ET DE LA COMMISSION ADMINISTRATIVE. 


L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d’un Vice- 
Président pour l’année 1917. 
Au premier tour de scrutin, le nombre de votants étant 33, 


M: E. Painievé-oblent | ee 28 suffrages 
M. Boussinesq Ne ten 1 suffrage 
M. Sebert RTE RE ne Le D) 
M. Violle EE ses he 


ll y a un bulletin nul et un bulletin blanc. 


M. P. Paxsevé, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est élu 
Vice-Président. : 


L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection de deux 
membres de la Commission administrative pour l’année 1917. 


MM. Émee Picaro et Epmosp Perrier réunissent la majorité des suf- 
frages. 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 24.) 95 


726 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. 


MINÉRALOGIE. — Les phénomènes de contact exomorphes et endomorphes des 
granites à œgyrine et riebeckite du nord-ouest de Madagascar. Note de 
M. A. Lacroix. 


L’exploration de la région d'Ampasibitika dans la baie d'Ampasindava 
m'a permis de recueillir des observations qui confirment quelques-unes des 
conclusions théoriques de mes recherches sur les phénomènes de contact du 
granite des Pyrénées ('), à savoir : 

1° Les transformations exomorphes subies par les sédiments au contact 
des magmas éruptifs peuvent résulter, au moins partiellement, d’apports 
émanés du magma par voie pneumatolytique. 3 

2° Le magma lui-même: peus être modifié par une dissolution de sédi- 
ments, compliquée par la fixation de produits volatils ou transportables accom- 
pagnant les silicatés fondus dans le magma. 


Les observations nouvelles faites à Madagascar tirent leur principal 
intérêt de ce que les granites modifiés n’ont pas la composition des types 
normaux étudiés jusqu'ici à ce point de vue, mais possèdent une composition 
tout à fait particulière : ce sont en effet ces granités très alcalins et en 
même temps très ferrifères | granites à riebeckite et à ægyrine et en par- 
ticulier fasibitikites, que j'ai décrits dans une Note antérieure (?)]. 


Phénomènes exomorphes. — Les sédiments qui forment la bordure de la 
baie d'Ampasindava appartiennent au Lias; dans la région étudiée, ils 
consistent en calcaires, en marnes et en grès à ciment de calcite. Dans la 
haute falaise, d’où tombe en cascades le ruisseau d'Ampasibitika, ces sédi- 
ments sont presque horizontaux ; ils sont travérsés par dé nombreux filons 
granitiques. 

Les calcaires sont transformés en marbres blancs, au milieu desquels se rencontrent, 


au voisinage immédiat du granite, des lits d'agrégats silicatés à grands éléments for- 
SS 


(*) Bulletin de la Carte géologique de France, n% 6h (1898) et 71 (1900 ). 
(?) Comptes rendus, t. 161, 1915, p. 253. 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1916. 727 


mant aussi des veines anastomosées qui, de loin, se peuvent confondre avec celles de 
granite, Elles présentent un intérêt théorique, car, si l’on pourrait à la rigueur penser 
que les lits horizontaux silicatés résultent de la transformation sans apport de couches 
sédimentaires de composition anormale, il ne saurait en être de même de ces veines 
coupant des couches de composition différente, 

Le minéral métamorphique dominant y est le grenat grossulaire, jaune vif ou ver- 
dâtre, formant parfois des grenatites à gros grain dans lesquelles apparaissent des 
formes géométriques distinctes (bt) toutes les fois qu'a subsisté un peu de calcite 
ou qu'il existe du quartz de cristallisation postérieure. L'examen microscopique 
montre que ces grenatites renferment, en outre, du diopside incolore et de la wollas- 
tonite. Certaines veines silicatées possèdent une disposition symétrique; sur leurs 
bords, le grenat est englobé par de grandes plages de fluorine violacée, tandis qu’au 
centre se trouvent surtout de la wollastonite fibreuse et un peu de diopside. Quand il 
subsiste de la calcite, ce minéral présente des structures extraordinaires; ou bien des 
associations graphiques avec du quartz, dans lesquelles la calcite est le minéral enve- 
_loppé, ou bien des groupements à axes parallèles de nombreux cristaux allongés sui- 
vant_c dont les intervalles sont occupés par de petits grains de quartz et de diopside; 
cette dernière structure rappelle celle des chondres des météorites. Très fréquemment, 
les cristaux de grenat sont cimentés par de l’ægyrine et de la pectolite ayant des formes 
nettes quand ces minéraux sont englobés dans de la calcite ou du quartz. Le grossu- 
laire est de composition variable; il passe à l’andradite et il est parfois riche en inclu- 
sions de magnétite. 

Les grès calcaires sont transformés en cornéennes compactes, très dures, jaunes 
ou d’un vert clair, avec zones d’un vert noir au contact immédiat du granite. La 
calcite a été plus ou moins remplacée par de la wollastonite et du diopside qui 
cimentent solidement le quartz clastique et quelques grains de feldspath du sédiment; 
un peu de sphène entourant du rutile est presque constant. Au voisinage immédiat 
du contact, les silicates calcaires deviennent ferrugineux; ils ne forment plus de 
petits grains, mais de grands cristaux associés à des plages pæcilitiques d’orthose; 
le quartz est entièrement recristallisé; enfin, il existe en quantité souvent considé- 
rable de la fluorine incolore ou violette, dépourvue de formes géométriques: son 
existence démontre d’une façon indiscutable les apports pneumatolytiques. 

A Andranomantoa, des marnes ont été transformées en cornéennes extrêmement 
compactes, mouchetées de brun rouge, de vert clair ou de noir, suivant que le 
minéral métamorphique prédominant est de landradite, du diopside ou une amphi- 
bole très ferrifère et sodique d’un vert bleuâtre en lames minces. Quand cette der- 
nière est abondante, le grain de la roche augmente et la cornéenne passe à une amphi- 
bolite, Dans toutes ces roches, de la calcite apparaît encore çà et là. 

Au milieu d'elles, se trouvent des amas de magnétite grenue; quand je suis passé 
à Andranomantoa, des travaux de recherche effectués yrn années auparavant 
étaient envahis déjà par la végétation tropicale et je nai pu me rendre compte de 
l'importance de ce gisement métallifère; mais, au point de vue de la genèse, il doit 
être comparé à celui de Boutadiol, dans l'Arièg ge (1). Il n’y a aucun doute possible 


ta) A. Lacroix, Comptes rendus, t. 128, 1899, p. 1467. 


728 ACADÉMIE DES SCIENCES. 

sur son origine pneumatolytique, attendu que les assises liasiques de la région ne 
renferment aucun minerai de fer sédimentaire dont la transformation aurait pu 
donner naissance à de la magnétite. 


Phénomènes endomorphes. — J'ai rencontré deux types de modification 
endomorphe dans les granites. 

Parfois, le contact avec le sédiment se fait par une zone de mélange 
plus ou moins épaisse, et cela a lieu ainsi lorsque le granite se voit dans 
des grenatites. Les plus frappantes de ces modifications sont celles que 
présente le granite à grands cristaux de riebeckite. La zone intermédiaire 
à gros grain est très mélanocrate et constituée par un métasilicate vert 
foncé, beaucoup de grenat brunâtre, avec fort peu de feldspaths; on dis- 
tingue en outre de grosses masses d’un brun foncé paraissant à œil nu 
entièrement formées par de l’andradite et qui, isolées au milieu de la roche . 
endomorphe, restent orientées parallèlement aux épontes dont elles sont 
des portions imparfaitement digérées. 

Au microscope, on constate que le métasilicate n'est plus la riebeckite 
comme dans le granite, mais ce nouveau type de pyroxène que je décrirai 
plus loin sous le nom de hédenbergite ægyrinique ; il est quelquefois accom- 
pagné de véritable ægyrine. De gros rnombododécaèdres de grenat l’accom- 
pagnent, incolores et biréfringents seulement sur les bords (grossulaire), 
plus ou moins colorés et surtout monoréfringents dans la plus grande 
partie des cristaux (andradite). Çà et là, apparaissent des cristaux nets 
d’épidote ferrugineuse d’un jaune très foncé. Cette association paradoxale 
de pyroxènes sodiques, de grenats calciques et d’épidote est englobée par 
quelques grandes plages d’orthose et d’albite; il faut signaler enfin des 
plages de calcite, maclées suivant b', renfermant de nombreuses aiguilles 
d'ægyrine et se distinguant bien de la calcite secondaire fibreuse qui 
épigénise plus ou moins complètement de nombreuses baguettes de wol- 
lastonite et de pectolite. Dans cette roche endomorphe, procédant d’un 
granite très quartzeux, le quartz manque souvent d'une façon complète; 
quand il existe en petite quantité, il est toujours de formation posté- 
rieure à la calcite. Assez fréquemment, la cristallisation du pyroxène à 
en partie suivi celle des feldspaths qui apparaissent alors sous forme de. 
cristaux porphyroïdes sur un fond vert sombre. 

Je donne ci-contre les analyses (par M. Pisani) : a, du granite à riebec- 
kite et ægyrine; b et c, de deux types endomorphes de plus en plus riches 
en grenat : 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1916. 729 


a. b. Û 
SOFE a A 70,40 47,20 42,70 
PO PEN EAN 7,89 10,40 10,25 
POI PAUL, 6,98 10,70 15,40 
Feliass i nadao 2,98 ,10 2,07 
MORT hier 0,13 n.d 0,40 
FAR Re ren 0,92 1,0) 0,83 
CR er oies 0,26 17,30 22,30 
PR ie 4,05 1,96 0,74 
RO LEE A SO EE 4,45 3,27 2,32 

TO? UTOL GLS 0,13 » » 
Ar Orals enoda 1,65 1,18 1,25 
K RAR E » 2,70 0,80 
HO Eden 0,25 0,80 1,81 
99,65 100,66 100,87 


Si, pour fixer les idées, on suppose que la silice est restée constante, ce 
qui n’est pas tout à fait exact puisque la roche absorbée était un peu argi- 
leuse, on peut calculer approximativement les conséquences chimiques de 
l'absorption du sédiment. 

La potasse et la zircone ont subi de minimes fluctuations; une partie de 
la soude a disparu et c'est elle, très vraisemblablement, qui a été fixée par 
le calcaire exomorphisé. Tous les autres éléments sont en augmentation et 
particulièrement la chaux, le fer et, à un moindre degré, l’alumine. La chaux 
certainement et l’alumine probablement, au moins en partie, ont été four- 
nies par le sédiment, alors que le fer provient nécessairement d’émanations 
du magma. Cet apport magmatique du fer par un mécanisme pneumato- 
lytique concorde avec l'explication donnée plus haut de la genèse du gîte 
de magnétite; il est une caractéristique constante des contacts de cette 
région où les cornéennes sont toujours colorées en vert foncé près du gra- 
nite, grâce à l'existence d'un diopside ferrugineux remplaçant le diopside 
parfaitement incolore qui existe seul à quelque distance. 

Les transformations qui viennent d’être décrites différent de celles du 
granite, beaucoup plus alumineux, des Pyrénées, que caractérise la forma- 
tion de métasilicates calco-magnésiens et de plagioclases. La pauvreté en 
alumine du magma malgache, aussi bien que du sédiment absorbé, n’a pas 
permis la production de plagioclases dans ce milieu devenu riche en chaux : 
l'abondance du fer a conduit au contraire à la genèse de l’andradite et 
d’un pyroxène ferro-alcalin-calcique spécial. En outre, la formation con- 
temporaine de calcite et de silicates peut être comparée à celle qui a été 


730 ACADÉMIE DES SCIENCES, 

signalée dans les syénites néphéliniques de l'Ontario par MM. Adams et 
Barlow ('), et que j'ai pu étudier sur place sous la conduite de ces savants. 
Ces syénites néphéliniques sont intrusives dans des calcaires et renferment 
non seulement de grands cristaux de galeite, mais les minéranx (scapolite, 
biotite, etc.) caractéristiques des contacts exomorphes voisins. Si la calcite a 
pu ainsi se dissoudre puis récristalliser en nature dans le magma qui l’avait 
englobée, c'est que celui-ci était originellement déficitaire en silice. Dans le 
cas des roches malgaches, cette propriété du magma a été acquise au cours 
de sa mise en place; la grande quantité de silice libre qu’il renfermait pri- 
mitivement a été tout d'abord saturée (°) par la formation des silicates cal- 
ciques, et c’est alors seulement que l'excès de carbonate de calcium dissous a 
pu recristalliser sous forme de calcite, en même temps que divers silicates. 

Toutes ces transformations sont d’origine magmatique; elles se sont 
produites antérieurement à la consolidation de la roche, puisque le type 
endomorphe ne renferme plus rien ni de la composition minéralogique, nide 
la structure du granite, Il me reste à signaler un second genre de modifica- 
lion, que jai rencontré tout d’abord sur le bord des filons de granite à 
grands cristaux de riebeckite traversant les cornéennes jaunes. te contact 
des deux roches est formé par un plan absolument distinct ; à l'inverse Æ 
cas précédent, il n'existe pas de zone de mélange. 

La structure est identique dans toute l'étendue du filon et T compo- 
sition minéralogique parait la même, mais sur 1°™ ou oim à partir du sédi- 
ment, les grands cristaux de riebeckite ont perdu leur couleur d’un noir 
bleuâtre; ils ont pris progressivement une couleur vert d'herbe; leurs 
clivages, normalement faciles et éclatants, sont devenus peu à peu difficiles 
et ternes ; quand le, minéral est franchement vert, les clivages sont ceux du 
pyroxÈne; il est possible de suivre au microscope et souvent dans l'étendue 
d’un même cristal l’épigénie progressive de la riebeckite (analyse &, 
M. Raoult) en ce pyroxène qui LPS la composition suivante Ge b, 
M. Pisani; densité : 3 LE 


ETET 


KWh Voir les publications du Congrès géologique international dè Toronto, 1913- 

(2) Cette saturation de la silice libre du magma granitique par dissolution de sédi- 
ments a été réalisée aussi dans les apophyses de granite et de pegmatite injectées, dans 
les ‘migaschistes à sillimanite et corindon du sud-ouest d’Antsirabé sur les Hauts- 
Plateaux de l’île. Ces roches, très quartzeuses, se transforment alors en syénite formée 
par du microeline, de la sillimanite et de gros cristaux de corindon qui sont les 
hébotApies, au opt de vue Aapee ad de fa calcite discutée ici. 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE: 1916. 731 
HỌ; 
Si On AROR Ferh : KeO::: Ma O; Mg Orada Os 1: NatO. -KOTOR F:.: à t057. au rouge. 

sis 48,40 -3:60. 14,70 18,39 0,18 0,43 2,00 7:596,,1,96 0,78 1,89 0,05 ..0,76 — 100,08 
LS 42,15 0,59 17,40 17,80, 0,50 1,10 14,10 3,83 0,55 0,41, n.d: 1006. =. 99,81 

Cette composition né correspond à celle d’äuéun pyfoxénie cônnt; elle 

pétt étre mise sous la formé 
15[Si0®]*(Ca, Fe, Mg)?.6[Si0*] Fe? Na. 4 Si Ot Fe: (Ca, Nat). 


Par analogie avec l’augite ægyriniqué, jé désignerai ce minéral sous le nom 
d'hédenbergite &gyrinique 

La comparaison dë sa composition chimique et de celle de la riebeckité 
montre que la pseudomorphose s’est essentiellement effectuée par perte 
d’alcalis et gain d’une quantité considérable de chaux. Elle n’est pas 
d’origine magmatique, puisqu'il est possible d'en suivre la marche progres- 
sive sur des cristaux dont la forme n’est pas changée et puisqu'aucün autre 
minéral du granite n'a subi d'altération concomitante mi dans sa compo- 
sition hi dans sa structuré. Cétte transformation s’ést éfféctüée alors quë la 
roche était consolidée et en place, elle ne peut donc être due qu'à des actions 
pneumatolytiques et la chaux fixée a dû être enlevée au sédiment voisin. 

Ce même type de pseudomorphose est constant et généralement total 
dans de nombreuses veinules granitiques de 1°” à 10‘°* d’épaisseur, ren- 
fermant parfois de l’allanité ét de l’ænigmatite dàns leur partie axiale et 
qui ne sont que des apophyses de filons plus épais. Parfoïs la riebeckite l 
est remplacée, Hon plüs par ań cristal homogène d’ ‘hédenbergité ægyri- 
niqué, mais par un mélange dé cé minéral, dé quärtz, de calcite ét dé 
fluorine qui est süriout abondante dans des véinulés riches én pyrité. 


ASTRONOMIE. = Sur l'ériplacément èt les coordonnées dés observätoires 
de Boullitu, de Gasseñdi et de P.: Peit. Nöte de M. G; BicocRbax. ` 


Jusqu'à la fondation dé FObservatoiré; les astronomes dé Paris ñe 
disposèrent d'aucun liea commode pour leurs observations; aissi les 
voyons-nôûs érrer en quelque sorte de tous côtés, dans des installations 
provisoires. 

Quand il s’agit de quelque phénomène accidentel et important, tel 
qu’une éclipse, on indique généralement l'hôtel, le collège, le couvent où 
l’on s'installe; mais ce renseignement fait défaut pour les autres observa- 


732 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


tions, comme les passages de planètes au voisinage de quelque étoile, etc. 
Il est très probable qu'alors chacun plaçait les instruments dans son propre 
logis ou dans le jardin voisin, ce qui conduit à chercher les points de 
Paris que les astronomes ont habités successivement. 

Pour Boulliau voici les renseignements que j’ai pu recueillir en par- 
courant sa volumineuse correspondance, qui se trouve à la bibliothèque 
nationale ('). . | 

En 1634 il ne paraît pas encore fixé; on lui écrit tantôt au collège 
de Navarre, tantôt chez le marquis de Sourdis près du Louvre; mais il ne 
tarda pas à s'établir pour de nombreuses années à l’hôtel de Thou, rue des 
Poitevins. Le 25 juin 1641 il écrit, en effet, à un de ses correspon- 
dants (?) : | 

depuis cinq ans j'ay l'honneur de demeurer chez Monsieur de Thou, avec son 
frère Monsieur l'Abbé de Bonneval, leur faveur et bienveillance m’ayant donné le 
moyen d’estudier avec grand loisir, et grand repos, et d'apprendre avec facilité, et 
commodité beaucoup de choses, qui ne fussent jamais venües à ma cognoissance. 
Une partie de mes estudes s’est employée dans les Mathématiques, et j'ay travaillé 
entre autres dans l’Astronomie, et a la contemplation des mouvemens du ciel et desia 
jay mis au jour quelque ouvrage sur cette science, et j'en ay encores un tout prest a 
sortir, j'ay faict un recueil le plus grand qu’il m'a esté possible des observations 
anciennes... 


Il habita l'hôtel de Thou jusqu’en 1649, sauf dans les années 1645-1647, 
consacrées à un voyage au Levant. 

De 1650 à 1656 il fut l'hôte des frères Dupuy, à la bibliothèque royale, 
alors située rue de la Harpe; puis jusqu’à 1665 il revient chez Jacques- 
Auguste de Thou. Celui-ci, devenu ambassadeur de France en Hollande, 
l'emmena comme premier secrétaire, et c’est ainsi que Boulliau fit en 1661- 
1662 un voyage à Dantzig chez Hévélius, à Varsovie, etc. 

Pour les années 1667 à 1670 je mai pu fixer son habitation; mais à partir 
de 1671 il habita le collège de Laon jusqu’en 1689, et c'est là qu'il fit les 
dernières observations que nous connaissions de lui (1684); du milieu de 
1689 à sa mort, r4 septembre 1691, il vécut à Saint-Victor. 

Les points où il dut faire la plus grande partie de ses observations sont 
donc l’hôtel de Thou, la bibliothèque royale et le collège de Laon. 


Hôtel de Thou. — Cet hôtel, situé sur le côté nord de la rue des Poitevins;, 


(1) Manuscrits, Fonds français, n% 13019. .., 4o vol. numérotés aussi de I à XL. 
(?) Tome XXIV de sa correspondance, F. fr., n° 13049, fo 212. 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1916. 733 
et récemment démoli, se trouvait sur l'emplacement actuel de la rue 
Danton. 

D'après l'Atlas municipal de 1880, ses coordonnées approximatives 
sont 375%" E — 1825" N. On a donc pour ce point : 
Ag =—0"18",40—'0%15,23E; Ag =+ 0’59",09; o = 4851/10",09. 


Bibliothèque royale. — Cette bibliothèque, ramenée de Fontainebleau à 
Paris par Henri [V en 1595, fut placée quelque temps au collège de Cler- 
mont, puis dans la grande salle du cloître des Cordeliers vers 1604, et enfin 
installée vers 1620 dans une maison de la rue de la Harpe dépendant des 
mêmes religieux. 

Le couvent des Cordeliers était limité vers l'Ouest, le Nord et le 
Nord-Est par les rues Monsieur-le-Prince, de l’Observance (aujourd’hui 
Ant. Dubois) et des Cordeliers dont il reste encore une partie sous le nom 
de rue de l’École-de-Médecine. La rue Racine, qui n'existait pas, a été 
tracée en partie sur les jardins du couvent. 

La maison de la bibliothèque, avec pignon sur la rue de la Harpe, est 
marquée sur les plans de Gomboust (1652) et de Jouvin de Rochefort (1672), 
mais avec d’assez grandes différences : le dernier la fait beaucoup plus 
longue et à trois corps successifs, dont le moyen serait adossé au réfectoire 
des Cordeliers, aujourd’hui musée Dupuytren; tandis que Gomboust 
indique une maison AB, de 19 toises de long, assez étroite, allant du point A 
sur la rue de la Harpe côté ouest, en un point B touchant le réfectoire à 
l'Est. Cette maison, située en face du collège de Narbonne, avait au Sud 
un jardin qui la séparait du collège de Justice et au Nord, à quelques 
toises, l'église Saint-Côme, sur les rues des Cordeliers et de la Harpe. 

Au point A les maisons du boulevard Saint-Michel actuel ont leurs 
façades sur l'emplacement même de celles de l’ancienne rue de la Harpe; 
et ce point A: est à 20 toises du point de rencontre des rues de la Harpe et 
des Cordeliers; en reportant ainsi ce point sur les plans de Verniquet et 
sur l'Atlas de-1880 on a trouvé, pour ses coordonnées, respectivement 

2207,7 — 430®,2 E — 784", 0 — 1528®,1 N et 420% E — 1533" N. 

Le point B, à l'angle S-E du musée Dupuytren, a, sur l'atlas de 1880, les 
coordonnées 382,5 E — 1547",5 N. 

Pour le point d'observation de Boulliau nous adopterons le milieu de AB, 
soit 401" E — 1540" N, de sorte que 

BES 0"19 ,07 — 0"1S9TE, Ao =+ 0'4g",86; o = 48°51'0",86. 
C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 24.) 96 


734 ACADÉMIE DES SCIENCES. 
En somme cet observatoire se trouvait sur l’emplacement actuel de la 
rue Racine, dans le prolongement du côté sud du musée Dupuytren. 


Collège de Laon. — Ge collège, encore figuré sur le plan de Vérniquet 
sous le nom de Séminaire de Laon, était entre les rues dés Carmes et de la 
Montagne-Sainte-(Grenevièye, devrièce le couvent des Carmes, remplacé à 
peu près par le marché actuel. Comme les bâtiments etaient assez dispersés, 
nous prendrons le centre LEE qui se trouve à à 432" E— 730" N, dg 
sorte que | 
RATER 73É:,, Az +o0'46",06 ; 9 = 48250157 ,96: 

Pas plus que Boulliau, Gassendi n'indique non plus les points de Paris 
où il fait ses observations courantes; mais ‘on sait que dès 1624 il se lia inti- 
mement avec François Luillier qui, jusqu ’à sa mort (1652), fut son hôte à 
Paris. C’est même ainsi que Gassendi donna des léçons à Molière, lié avec 
le jeune Claude Chapelle, fils de F. Luillier; et il n’est pas douteux que 
Gassendi a presque toujours observé chez’ son ami, qui, nous le savons par 
la correspondance de Peirese (P. — C,, IV, 287), facilitait ses travaux 
autant qu'il le pouvait. 

Luillier, très ami des lettres, possesseur d'une riche bibliothèque, mais 
faible de complexion, hérita de son père (1633) d’une charge de Maitre 
des Comptes. D'abord il habitait dans la région du Pré aux Clercs, du 
faubourg Saint-Germain (P. — C,, XVI, i , 22); puis dans la première 
partie de 1634 il vint occuper lappar tement « où estoitle president Reboul 
contre l’hostel de Clg y du Nonce » (P. = G,, VE, 698), où il se trouvait 
un peu plus près qu'auparavant des frères Dupuy (P. Eğ C,; XVI, 36), logés 
à la Bibliothèque royale de la rue de la Harpe. 

En 1640 Luillier changea encore de logis (P. = C,, XVI, 38), mais 
nous ne savons où il se transporta. 

Après la mort de Luillier (1652) Gassendi fut Phôte de H.-L. Habert de 
Montmort, dont l'hôtel se trouvait rue du Temple, en face la rue de 
Braque. 

Ce dernier point et celui de l'hôtel de Cluny sont faciles à identifier 
Quant au logis de Luillier avant 1634, nous sommes amené par ce qui 
précède à fs placer vers le carrefour de Buci, dont les coordonn es 
Sont 135% E — 1925" N, ce qui donne 


AK —0"6",62 —o"0o",44E;  Ap—+12,33;; p—4851"13",82. 
Pour la période 1634-1640 nous adopterons les coordonnées mêmes de 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1916. 735 
l'Observätoire fondé plis tard à l'hôtel dé Clunÿ, et qui d'après Ti; n° 58 
(voir ci-après), sont 286", gE — 803',oN, d’où il résulte 
A£ =—0/27",43 =0™ 15,83 E; Ao —+0'50",67; o— 48513 ,67, 
Hôtel Montmor. — Cet hôtel, où plus tard eurent lieu les célèbres réunions 
qüi furent lé berceau dé l’Académié des Séiénces, et dont l’éntrée existe 
encore, était Situé rte du Témplé, eñ face la ruë de Braque. Il est figuré 
sur diris plans et en pþàrticuliet sûr lë plan cottediporain dé J. Gomboust 
(1652), qui indique un assez grand jardin en arrière, c'est-à-dire vers l'Ouest. 
Le milieu du corps de bâtiment situé sur le jardin est indiqué à 17 toises de 
la rue; en portant cette donnée dans l'axe de la rue de Braque, sur T Atlas 
de 1880, on obtient, pour le point cotrespoñdant, 1405" E — 2595 %N, d'où 
il résulte 


ARE 181,03 EARE E AB 130,49; Y= 485141", 40. 


Observatoire de Petit. — A était dans son hôtel situé rue Saint-Nieaise ; 
cette rue était normale à la Seine et traversait l'emplacement actuel de la 
place du Carrousel. 

Un seul plan de Paris, je crois, indique cet hôtel. : c’est celui de Gom- 
boust (1652) qui précisément avait beaucoup profité des conseils de Petit 
pour le dresser, ainsi qu’il résulte de la légende gravée sur le plan. 

Appélons À, lé ceñtre dù jardin de Petit, A, le centre dé ŝa maison, et 
d’après Gomboust portons ces points sur geldi de Verħiquet, puis, d'après 
ce dernier, sûr l'atlas de 1880. Pour cela j je suis parti dé la ligne OB coinci- 
dant avec l’âxe de là ruè Richelieu, les points O et B étant respectivement 
les intersections de cet àXé aved Ceux des rues Saint:Honoré et des Petits- 
Champs: Désignons par X,, Yi; Xy, Yp les coordonnées rectangulaires 
de A,, A, par rapport à OB. Dans la régión eonsidérée on passe des lon- 
gueurs de Gomboust à celles de Verniquet en multipliant les premières par 
f=0,915 et de celles de Verniquet à à celle de l’ Atlas de 1880 en les multi- 
pliant par 1,0125. On a alors les résultats suivants, où les nombres entre 
pärénthèsés sont déduits dés autrés, qui constituent les données : 


Plan. OB: X. Ya; K Ya: 

mm mm j mm mm 

Gombhust,.: 155 87,2 14,2 17,0 14,4 13,9 
Nero Rat. sos | (Re (16, 67 (13,2) (2,4) 
Atlds miünieipal (1886):... (80,8) (13,2) (15,8) (13,4) (12,6) 


En prenant le point A; pour l’observatoire de Petit, et le rapportant 


736 ACADÉMIE DES SCIENCES. 

la méridienne et à la perpendiculaire, on trouve, par Verniquet, 
6",9 = 149",8 O — 1510",1=2943",3N, et par l'Atlas municipal 
5o™,0 O — 2944",0 N, d’où il résulte 


m NI &- 


Az—0'7",36 — 0, 490: A+ 1 39", 32: o = + 485146", 32. 


D'après cela, l'hôtel de Petit se trouvait sur l'emplacement actuel des 
bâtiments du Louvre, dans la partie qui longe la rue de Rivoli, vers le 
milieu de l'intervalle des rues Richelieu et de l’Echelle. 


Remarque. — Les coordonnées que nous avons adoptées pour l’Oberva- 
toire de l'hôtel de Cluny se trouvent dans les Tables suivantes, dont nous 
aurons plusieurs fois à faire usage, et que nous désignerons par les abrévia- 
Gom Fe PR F: 


T,. — Table de la distance des principaux Clochers de Paris et de ses 
faubourgs à la Méridienne et à la Perpendiculaire de l'Observatoire. 
(Connaissance des Temps de 1779 et années suivantes). 


Cette Table ayant été modifiée dans la suite, nous adopterons celle de la Connais- 
sance des Temps de 1784, p. 304-307, et nous la désignerons par l'abréviation T;. Les 
points indiqués, au nombre de 107, seront désignés par leur numéro d'ordre. Voir 
un errata à la suite de T,, ci- sprès p: lxv. i 


T,. — Distances des principaus Clochers. et autres objets remarquables de 
Paris à la Méridienne et à la Perpendiculaire de l'Observatoire Royal en 
toises et en dixièmes de toise, calculées d’après les Observations de l'Abbé 
de la Caille, par M. de Lambre (Éphémérides des mouvemens célestes, 
t. VIN, pour 1785-1592; Paris, 1983, p. Ixj — lxv). 

Les points indiqués, au nombre de 130, seront aussi désignés par leur numéro 
d'ordre (abréviation pour cette Table : T, ). 


T,. — Situation des principaux endroits de Paris et de ses environs où l’on 
a fait des observations astronomiques. 


Cette Table, qui sera désignée par T,, sé trouve répétée, avec des variantes, dans 
presque tous les volumes de la Connaissance des Temps, de 1768 à 1809; ensuite 
elle a été quelque BRA fondue dans la Table générale des coordonnées géogra- 
phiques. 

Dans les volumes édités par Lalande et par Jeaurat, c'est-à-dire Jusqu'à celui 
de 1787 inclus, quand cette Table T, est donnée, on rapporte les latitudes à la face 
nord de l'Observatoire, sans spécifier s'il s’agit dé la face du bâtiment ou de celle 
de la tour ; puis Méchain les rapporte à la face sud, ainsi que le faisait déjà Cassini H 


| SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1916. 737 
dès 1718 (Mém. Acad., 1718, p. 253). Il y a de fortes raisons de croire que dans les 
volumes édités par Lalande et par Jeaurat, au lieu de face nord, on a voulu écrire 
face sud. (Voir Introd. de T,, p. x.) 


Les distances du centre de l'Observatoire, de la face nord du bâtiment 
et de la face extérieure de la tour du nord à la face sud, sont respecti- 
vement de 14",80 — 24,60 — 32",/40. En appelant Qc, o4, ©, leurs lati- 
tudes et ọ, celle de la face sud, on a donc à 


Do = 48°50/11",00 ; c= Po +0",48 ; On = 90 +0,80; ON—= Po + 1”,05. 


THERMODYNAMIQUE. — Sur la détermination de l'énergie libre 
par l'équation d'état de Clausius. Note de M. E. Aniès. 


Pour un corps pris sous son poids moléculaire, l'équation de Clausius 
peut s'écrire 
RT o(T) 
bai (re bP 


(1) | p= 


Si la dernière des deux constantes « et B est nulle et si la fonction ọ se 
réduit à une constante K, on obtient l’ėquation de Van der Waals. 

L’équation (1) jouit d’une propriété remarquable qui est restée jusqu'ici 
inaperçue, croyons nous : c’est de donner très simplement l'expression de 
l'énergie libre I, en fonction de ses variables normales, le volume et la 
température; et l’on sait que cette énergie ainsi exprimée est l'une des 
quatre fonctions de Massieu, dont chacune suffit à déterminer toutes les 
propriétés d’un corps. On a, en effet, 

ol RT ọ(T) 
($) == p= Wu BY. 

d’où l’on tire, en intégrant par rapport à v, 


o(T 
(2) — I= RTlog(o — a) + i +, 


e+ 


® étant une fonction de la température, introduite par l'intégration, et que 
la théorie des gaz parfaits permet de déterminer. 

Si l’on suppose, en effet, que le volume pẹ augmente progressivement à 
température constante, le corps tend à prendre l’état de gaz parfait, a finit 
par devenir négligeable par rapport à v, et la formule (2) se réduit à la 


738 ACADÉMIE DÉS SCIENCES. 
suivarite,; qui est bien celle quë dotine la théorie dés gaz parfaits, 
i RF loge ée, | 


On en tire successivement pour l’entropie S, et pour la capacité calori- 
fique moléculaire à volume constant; qui est une même constante c pour 
tous les gaz parfaits d’une même complexité moléculaire, 


S Ds 2 aray ei oh die 
s=- (3) =R loge — JP’ esi T 


Par l'intégration, à deux reprises, de la dernière équation, on obtient 
dð Su 
T ar log AT, — D = cT logAT — B. 

La valeur ainsi obtenue pour Ð, transportée dans la formule (2), déter- 
mine complètement l'énergie libre d’un corps soumis à l'équation d’état(r). 
Íl en résulte des conséquences importantes. 

La formule (2) donne à son tour, par dérivation, pour l’entropie S et la 
capacité calorifique à volunie Constant C, du corps, 


gA o 3 | 
(3) S= h Fr) 5R log(o + a) pe F ologAT; 
| TEY 
ë AAS KAREI 
TT: v #6 


Cette expression dé C, aurait pu fairé prévoir, a TAT que | ‘équation de 
Van dér Waäals né pouvait s’actorder avec les faits obsérvés. Si, en effet, 
2 se réduit, non seulement à une con$tante, mais ehcore à ‘une formé 


; Ai s’annüle, et C, devient invariable, conclusion 
évidemment inacceptable, sauf, peut-être, pour les corps monoatomiques. 
L'application de la formule (3) à l’étude dés fluidés satürés est pattiéu- 
lièrement intéressante. Si S,, v, et S,, v, représentent les entropies ét 
volumes d’un corps à l’état de vapeur et à l’état liquide, sous les tensions P 
et T, la chaleur de vaporisation du liquide est égale à T (S, — nn d’où la 


féfmüle qui fait Connäîtré lä chäléur de vaporisation L, 


linéaire de la température 


: NT Su 
(4) T BÉTORE RARES tor (se se) 


Vis eget P sont déterminés en fonction de la température par les troïs 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1916. 739 


relations connues 


(5) s a e(T) 
(v — &)(vs— &@) —(a +6) (ra + BY (r+ 6)° 
L RT 
T (e—a) (ta— a) (tt + 26) 
(6) 1 het. alamea Éd (rh) (rad Ê), 
Sol AS Lie. (fus 4) (Pig) (fit fa taR) 


que l’on ne sait malheureusement pas résoudre par rapport aux inconnues v,, 
v, et P. Mais Clausius a construit une Table qui convient à toutes les fqua- 
tions d’état de la forme (1), et qui pare à cette difficulté (*). 

Si l’on pose, avec à + B= y, 


VC YRE _p—a -SYP 
‘2 RS e MT a, 


les valeurs de ọ (T), v— g, v+ et p, tirées de ces relations et transportées dans 
l'équation (1), la transforment en l'équation suivante, purement numérique, et qu’on 
appelle l'équation d'état réduite, ` i 

PL snu tag osa, 
aA BEng EE 

Cette équation conduit à la notion des états correspondants, imaginée par Van der 
Waals. Les états correspondants de plusieurs corps sont définis par une seule et même 
valeur des variables réduites %, y, 3; Au point critique pour lequel 1, ÿ=2, 
3 = 1, tous les corps soumis à l’équation (1) sont à des états correspondants. 

Pour un fluide saturé, si lon représente par Z ce que devient s; et par y; ou y, ce 
que devient y suivant que ce fluide est à l'état de vapeur ou à létat liquide, les rela- 
tions (7) donnent | 

Pi—a yY Pi + B=y(r+1) 


REZ 
el can A LR va += y(y2+1), e ne ! 
Et.lẹs équations (5) et:(6) deyigangnt | 
Dh RN EME EE ON NA VM EARR, 
road co 8 En Mad 


I Yr Jit Nitr]: 


ii og 


1 
Had Ye Le CAR Fe 2) 


Ces équations ne peuvent non plus se résoudre, en fonction de la température 


(1) Arab de Chimie et de Physique, 5e série; t. 30, p: 433 à 451; Comptes 
rendus, 1. 93, 1881, p. 619. — Sara, Jatrodution à la théorie des explosifs, p.33 
LA DURS l i 


740 ACADÉMIE DES SCIENCES. 
réduite æ, par rapport à Z, y, et y,. Le mieux est de recourir à une variable auxi- 
liaire À, convenablement choisie, et de poser, comme l’a fait Clausius, 
k log 2! ) 
Yə 
ce qui lui a permis d'exprimer les quatre variables £, y,, y, et Z en fonction de À, et 


de construire la Table très précieuse dans laquelle, vis-à-vis des valeurs croissantes 
de æ entre zéro et l'unité, sont inscrites les valeurs correspondantes de À, Y1, Ya et Z. 


La formule (4) peut alors s'écrire 


(8) =R A nn ) 
1 y T \ yiti Yatı 
et la chaleur de vaporisation sera très facilement calculée pour une tempé- 
rature donnée, à l’aide de la Table de Clausius. La valeur de cette tempė- 
rature, transportée dans la première équation (7), donne x; et pour cette 
valeur de æ, la Table de Clausius fait connaître sans calculs À, y, et ys. 5 
Si la fonction © est remplacée par une constante, comme dans l'équation 
de Van der Waals, la formule (8) prend la forme très simple 


LART 


la valeur de À étant, d’après la première équation (7), celle qui correspond 


à la température réduite x = +; en sorte que la seule connaissance de la 


Te 
température critique T, du corps suffit à déterminer sa chaleur de vapori- 
sation à toute température. 

IL eût été curieux de vérifier si cette formule peut convenir aux corps 
monoatomiques qui sont ceux se rapprochant le plus des considérations 
d'ordre mécanique qui ont gae le savant hollandais dans l'établissement 
de sa célèbre équation. Mais il n'existe, croyons-nous, aucune donnée expé- 
rimentale sur la chaleur de vaporisation des corps classés comme monoato- 
miques, 

Cependant, le Recueil des Constantes physiques de la Société française de 
Physique relate d’autres expériences qui peuvent jeter quelque lumière sur 
cette question. On y trouve (p. 284 et 285) la tension de la vapeur 
saturée des gaz monoatomiques : argon (12 observations), xénon (14 ob- 
servations), hélium (5 observations). D'ailleurs, les températures et pres- 
sions critiques, T, et P,, de ces trois gaz sont connues. La dernière des 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1916. 74I 
formules (7) donne pour l’un d'eux 


8y P 8: 


LT =, Le a 


Pa ou nr 
+": HE eR 


€ 


Pour chaque température observée T, on cherchera dans la Table de 
Clausius la valeur de Z correspondant à la valeur de x — T eton la trans- 
portera dans la dernière des équations ci-dessus, ce qui donnera la tension 
de la vapeur saturée du corps à la Pere T. Il s’agit de savoir si les 
valeurs ainsi calculées concordent ou non avec les valeurs observées. 


CHIMIE PHYSIQUE. — Écroussage et dilatabilité de l'invar. 
Note de M. Cn.- En. GuiLLAUmE. 


Les fils géodésiques, enroulés, pour leur conservation ou pour leur tran- 
port, en une couronne dont le diamètre réglementaire est de 500", sont, 
pour les mesures sur le terrain ou les vérifications au laboratoire, soumis à 
une tension de 10 kg-force aussi longtemps que leur longueur n’excède pas 
une cinquantaine de mètres, et à une tension double pour les fils les plus 
longs prévus dans le matériel normal ('). 

Pour ces fils, M. Jäderin a adopté le diamètre de 1"",65, qui a été 
conservé. Afin de rester le plus loin possible de la déformation permanente, 
on donne aux fils, dès leur tréfilage, un diamètre naturel d’enroulage 
voisin de 8oo"", Dans ces conditions, un fil d'invar peut subir, tout en 
restant largement dans les limites de la déformation élastique, les deux 
opérations inverses de l’enroulage et de la rectification sous les tractions 
usitées dans le matériel normal. 

En rectifiant le fil, on met en extension la fibre interne de la couronne 
d’enroulage, tandis que la fibre externe est mise en compression. Si, de 
plus, le fil est soumis à une traction croissante, la fibre externe passe de la 
compression à l'extension. Aussi longtemps que la déformation reste élas- 
tique, il semble qu’on puisse appliquer aux fibres extrèmes les formules 
élémentaires ci-après : 


(*) Dans la mesure que nous avons faite, M. Benoît et moi, avec la coopération de 
MM. Escande et Vernier, de la distance de deux points repérés sur les rives opposées 
de la Rance, nous avons été conduits, pour éviter des flèches impraticables, à soumettre 
à une traction de 5o%s le fil, de 168", dont nous nous sommes servis. Mais l’emploi 
d’une longueur de fil aussi nshsidérable restera très exceptionnelle. 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 24.) 97 


742 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Soient R, et R, deux rayons d’enroulage, w,, w, les angles correspon- 
dants pour une longueur / prise sur l'axe du. fil, de rayon r; A,/, A, les 
déformations des fibres extrêmes. On peut écrire : 


[+A l—=(R;,+r)en, L+ l= (R+ r) oz 


A, l — å, l pi? T. agal i 
1 Eee Fe 
Cette quantité est l’amplitude de la déformation relative des fibres 
extrêmes. 
Partons d’un rayon salarai d’enroulage, pour rectifier le fil (R, =R, 


R, = æ), puis appliquons une traction f. La déformation de la fibre interne 
sera 


d’où 


"2 4 z 
EOR aot 
E étant le module d’élasticité de la matière du fil, soit pour linvar écroui, 
16000 kg-force: mm’. Pour un fil du diamètre normal, dont la forme 
naturelle est celle d’une couronne de 800™™ de diamètre, les déformations 
extrêmes résultant de ces formules sont les suivantes : | 


Déformations 
Opération. extrêmes. 
Entooiage saus Soon t h Ru ae an N 0,0016 
Rte VU PR TT 0 PEU CE 0,0020 
» et traction 10 ju Rire RQ PRE AA 0,0023 
» » 20 RP tie 0,0026 


LT te 2e M 2 A 0 GS UD a a RE AC PUR ON UN UP E M E L E E RUE E E AS, ai. a e i 


J'ai cherché à rapprocher ces résultats de ceux de deux séries d'expé- 
riences : enroulage et détente spontanée, et rectification sous traction. 
Dans les premières, un fil a été enroulé sur des diamètres de plus en plus 
petits, puis abandonné de façon à lui permettre de reprendre sa nouvelle 
forme naturelle. Les diamètres d’enroulage et de détente correspondants 
conduisent à admettre les déformations limites des fibres extrêmes données 
ci-après à titre d'exemple (fil modérément écroui) : 


Diamètre Diamètre Déformations 
d’enroulage. de détente. extrèmes 
mm mm 
350 820 0,0027 
300 770 0,0033 
250 760 0,0042 
200 497 -©, 0049 
150 330 0,0060 
100 190 , 0,0078 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1916. 743 


Ainsi, à mesure que diminue le diamètre d’enroulage forcé, le diamètre 
de détente se fixe à une valeur qni accroît de plus en plus l'écart des défor- 
mations extrêmes. On ne peut donc pas, d’un enroulage sur un faible 
diamètre, conclure à la possibilité de soumettre un fil à une rectification et 
à une traction déterminées sans déformation permanente. La limite de 
cette déformation apparaîtrait beaucoup trop élevée. 

Toutelois, si l’on s’en tient aux données obtenues par les enroulages sur 
les plus grands diamètres, et qui, en conséquence, se rapprochent le plus de 
celles qui sont portées au premier Tableau, on voit qu'un fil du diamètre 
naturel d’enroulage admis pour le calcul, rectifié sous une traction de 204, 
ne doit pas éprouver de déformation permanente, tandis que cette défor- 
mation doit commencer à apparaître pour une traction un peu plus forte. 
L'expérience a montré, en effet, que, sous une charge de 30k5, des 
allongements permanents de l’ordre du millionième apparaissent au bout 
de quelques heures pour les fils mi-durs (‘). 

L'enroulage et la détente sous de grands diamètres sont difficiles à réaliser 
et à observer correctement; j'ai donc préféré, pour établir la qualité des 
fils et constituer un critérium relatif d'écrouissage, enrouler le fil sur un 
diamètre de 100"%, puis l’abandonner à lui-même. L'expérience a montré 
que, s’il s’étend à 180", il est juste suffisant; à 200", il est bon; à partir 
de 220%, il est excellent. Un fil d’'invar carburé à 0,22 pour 100 et 
fortement écroui a atteint 300", 

L'application de la méthode a montré qu'un fil écroui par tréfilage à 
partir d’une tige recuite se durcit plus que si l’on part d’une tige trempée, 
cette dernière opération laissant sa trace même après que le tréfilage a plus 
que doublé la longueur primitive. 

Le durcissement se produit assez rapidement; ainsi, tandis que, pour des 
fils trempés ou recuits, le diamètre de détente a été trouvé compris entre 
125" et 130", on atteignait déjà 185™™ après un allongement à la filière 
de 20 pour 100, et 208™™ après un allongement de Go pour. 100 pour un fil 
recuit; pour un fil de la même coulée trempé avant étirage, on na pas 
dépassé 185mm, i 

’étuvage à 100° ne modifie pas de façon appréciable la valeur du dia- 
mètre de détente; il semble qu'un étuvage à 200° l’augmente légèrement, 
ce qui n’est pas contradictoire avec certains phénomènes que présentent 


(*) J.-René Benoîr et Cu.-En. Guiccaume, La mesure rapide des Bases gévdésiques, 
pP. 104 (Gauthier-Villars, 1908). 


744 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


les aciers. Or nous avons vu (') qu'un étuvage à 100° diminue de 0,62.107", 
c’est-à-dire de 43 pour 100 de sa valeur, l’abaissement de la dilatation pro- 
duit par le tréfilage à partir de la valeur correspondant à l’invar naturel. 
On peut donc dire que, s’il est vrai que l’écrouissage abaisse la dilatation 
de l’invar, la dureté de alliage, déterminée par sa limite élastique, n’est 
pas le seul facteur qui intervienne pour établir la valeur de la dilata- 
bilité. 

Pourtant, sur des échantillons soumis au même étuvage, on a relevé une 
correspondance qui semble assez nette entre les deux propriétés. L’expé- 
rience a porté sur six fils de la même coulée prélevés sur des bottes diffé- 
rentes, dont les dilatabilités vraies et les diamètres d’extension étaient les 
suivants : 


Diamètres. Dilatabilités. 

mm 
103 ma +0,120.107° 
9 LON o RS OR | ; l +o0,081.107$ 
198 | Eo, okat » | 
200 —0,01 

l pie m E a ae ) ÿ 7 i +0,018 » 
207 | | +o,054  » 
209 0.093  9::1 

MTS NS STONE ‘: 0,010  » 

213 0,012 », | 


La marche conjointe des deux propriétés, insuffisamment apparente dans 
les nombres isolés, est bieu évidente dans les moyennes faites deux à deux. 
Ainsi, le durcissement de l’alliage, tel qu’il ressort des mesures faites par 
le procédé indiqué ci-dessus, possède un effet très réel sur la dilatabilité de 
l’invar; mais l’écrouissage provoque une autre modification, indépendante 
de la dureté apparente, et que seule la mesure de la dilatabilité permet de 
constater. 

On pourrait penser, par exemple, que les transformations desquelles 
dépend l’anomalie des aciers au nickel, se produisent autour de noyaux, que 
le recuit agglomère, alors que la trituration mécanique de l’alliage les 
répartit dansla masse. Les transformations devront être d'autant plus rapides 
que les noyaux sont en plus grand nombre; l’action de l’écrouissage sur la 
dilatation est de même nature que celle de la trempe et peut s’y superposer. 


(C) Modifications de la dilatabilité de l’invar par des actions mécaniques ou 
thermiques (Comptes rendus, t. 163, 1916, p. 654). 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1916. 745 


CHIMIE. — Sur l'oxydation des houilles. 
Note de MM. Grorces Cuarpy et Marcez Gopcuor. 


Dans son étude bien connue sur les pouvoirs calorifiques des combus- 
übles, M. Mahler a indiqué que certaines houilles, maintenues à 120° au 
contact de lair, s’oxydaient avec augmentation de poids et diminution de 
pouvoir calorifique. Au cours de recherches sur quelques charbons du 
centre de la France, nous avons eu l’occasion de revenir sur ce phénomène 
et de faire à son sujet un certain nombre de déterminations qu’il peut y 
avoir quelque intérêt à rassembler. 

Les essais ont porté principalement sur des caches provenant des 
mines de Saint-Éloy (Puy-de-Dôme), de Noyant et des Ferrières (Allier). 

Quand on chauffe ces charbons à 100°, on constate d’abord une diminu- 
tion de poids due à l’évaporation de l’eau; au bout de 3 heures environ, 
la dessiccation est complète et, si l’on prolonge le chauffage, on observe que 
le poids non seulement ne diminue plus, mais augmente graduellement. 
L'augmentation, toujours peu rapide, se ralentit peu à peu et devient prati- 
quement nulle après 2 mois et demi à 3 mois de chauffage (l'augmentation 
totale est alors comprise entre 3 et 5 pour 100); à des températures diffé- 
rentes, mais inférieures à 150°, le phénomène est le même; seule la vitesse 
d’oxydation augmente un peu quand la température s'élève; à partir 
de 150° environ, le phénomène change et l’on voit apparaître un dégage- 
ment d’anhydride carbonique avec diminution continue de pou du com- 
bustible. 

Les houilles oxydées donnent toutes, avec une solution de potasse, la 
coloration brune que l’on considère comme caractérisant les matières 
ulmiques. Leur pouvoir calorifique est considérablement réduit. 

Nous rapporterons ici les résultats d’une série d'essais effectués sur 

14 échantillons de houilles, soit à l’état naturel, soit après trois mois de 
chauffage au contact de l’air, à l’étuve à eau de Cu Sur chacun de 
ces échantillons, on a déterminé l’humidité par dessiccation dans le vide 
pour la comparer à la perte de poids après quelques heures de chauffage, 
la teneur en cendres et en matières volatiles, suivant les techniques ordi- 
nairement adoptées dans les essais de combustibles; on a déterminé aussiles 
pouvoirs calorifiques par combustion dans la bombe calorimétrique. 

Les résultats obtenus sont résumés dans le Tableau suivant : 


MIE DES SCIENCES. 


, 
AJ 
w 


ACAL 


dtoanod 
ap 
9d 


6cgg. ` çhel 
oç£g Lih 
c99 LigL 
ÿteg9  GI89 
88c9 9602 
chôd  09ÿ9 
chig Loco 
cotg 0969 
oci Yato 
£9ÉG 9909 
9279 0969 
IISG  84ç9 
9ct9.  ç£ol 
3y 104 ‘Sy mwa 


‘saopÂxo ‘spoinqeu 
a MMM 
suoqaeno ans 
ənbyıdojes 104004 


cL'oë 
ch'ge 
og‘ye 
00°C& 
ob‘ve 
coce 
og'yg 
g8'og 
o6‘re 
O1‘8c 
90‘6c 
go‘ Le 
OG‘I€ 
ciee 
‘007 anod 


‘sppÂxo 


00°C6 
og'gE 
oÿ'cc 
cA 
Lace 
GU'EE 
og°1€ 
egg 
og‘og 
co'og 
Li‘og 
a6‘ Le 
oÿ‘ce 
ci‘ee 
*00F ano 
‘syaanqeu 


— soi 
suoqačyo ans 
SIJNLJOA S91911P 


cc‘gi oc‘6r 
oc‘I1 cltrr 
oc‘g1 001€ 
oc'ei oo‘g1 
00‘61 Lte 
ge‘gr ~. Oc'gr 
oc‘6i CL‘re 
00‘G1 oc‘g1 
o0‘e1 00‘ÿ1 
Gr‘cc 00'€€ 
oc‘  oc‘gc 
(TAE 00€ 
c£‘or 00‘g1 
Gl‘er 00‘€1 - 
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‘SopÂxXO  ‘sjoanqeu 
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‘ Gi M = 20  S 1 © 


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z 


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'H 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1916. - 17 


De l’examen de ces chiffres, on peut déduire les conclusions suivantes : 

1° La perte de poids après chauffage à 100° pendant 3 heures est prati- 
quement identique à la perte de poids par dessiccation dans le vide à la 
température ordinaire et représente bien, par suite, l'humidité contenue 
dans le charbon; 

2° L'augmentation de poids produite par oxydation prolongée à 100° 
varie de 3 à 5 pour roo environ du poids initial du charbon ; 

3° La diminution du pouvoir calorifique produite par ex yklatiôn:à à 100° 
varie de 3 à 13 pour 100; 

4° Les teneurs en cendres et en matières volatiles ne sont pas modifiées 
d’une facon notable par l'oxydation prolongée. 

Si l’on remarque que l'oxydation se préduit souvent en pratique dans 
les charbons conservés en tas et commence même parfois dans la mine, on 
est amené à conclure qu'on peut s'exposer à de graves erreurs en appréciant 
la valeur d’un charbon uniquement d’après les teneurs en cendres et en 
matières volatiles, comme on le fait souvent. Ainsi, les deux échantillons 
n° {1 ont respectivement, comme teneurs en cendres, 13 et 13,50, et en 
matières volatiles 24,75 et 25; ils paraîtraient donc identiques, alors que 
leurs pouvoirs calorifiques 7617 et 6625 différent de 991°, soit 13 pour 100. 

Il est donc indispensable de déterminer directement les pouvoirs calori- 
fiques des charbons. 


CORRESPONDANCE. 


MM. G. Danrmois, O. Laurevr, Maurice Leruize, Axpré Maver et 
à . . . , , . 
Scuærrer adressent des remerciments pour les distinctions que l’Académie 
a accordées à leurs travaux. 


M. Hexry Boureer adresse des remerciments pour la distinction que 
l’Académie a accordée à ses travaux et pour les deux subventions qui lui 
ont été accordées sur la Fondation Loutreuil. 


M. le Secréraine PERPÉrUEL signale, parmi les pièces imprimées de la 
correspondance : 

Méthode de traitement des fractures, par le professeur Pierre Dereser, 
avec la collaboration de MM. Mancuax (Jambe), Mossé et Lamare (Bras). 
(Présenté par M. Ch. Richet.) 


748 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


ÉLASTICITÉ. — Formules de la plaque mince encastrée sur un 
- contour rectangulaire plan. Note de M. Mesxager, transmise 


par M. A. Blondel. 


J'ai donné récemment la formule des déplacements verticaux de cette 
plaque dans le cas d’une charge uniforme © par unité de surface ('). Dans 
le cas d’une charge P concentrée au centre, l’origine étant à langle, la 
formule est | 


i ZRF aty 
ar ize (1— cos 2 1 — cos P £) 
1 — n? 


P b 
ab T'EI 4 s(2) +3( : GY nr 


WE 


do cit + PRET % 
í et J étant des nombres impairs et les autres AE ayant le même sens 
que précédemment. 

Avant d'établir cette dernière formule, je compléterai ma Communi- 
cation précédente par la remarque suivante que je navais pu mettre faute 
de place. La méthode de Ritz n’aboutit qu’à condition que la formule (1), 
dont on est parti, soit la formule générale de toutes les surfaces des dépla- 
cements w qui satisfont aux conditions aux limites. J'avais bien montré que 
la formule employée satisfait aux conditions aux limites, 1l reste à montrer 
sa généralité. On peut y parvenir de la façon suivante : L'identité qui donne 
le développement en série de Fourier de toutes les fonctions périodiques w, 


poa A aA à a . . , 
comprenant une période complète de x = — = à æ—+ z> l’origine étant 
au centre, est i 

2M 2MTT 
w A+ Ap COS + By sin MiA); 
a 
si la fonction doit être paire et de plus s ORE pour æ = + =» elle se 


réduit ¿ à 


| SMTT 
w SAn |- 1)”+! cos |: 
a 


Dans le cas de fonction de x et de y, ceci est le développement pour une 


om E 


(1) Comptes rendus, t. 163, a p. 661. — Une erreur typographique a remplacé, 
dans le second crochet de la formule, page 661, le signe + par — . Également, page 665, 
à la fin de la sixièmé ligne, il faut supprimer « w, ». 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1916. 749 


valeur déterminée de y; en développant A„, qui est fonction de y, on 
obtient l'expression générale indiquée. 


Cas de la charge concentrée P. — Si je considère une plaque indéfinie 
portant sur des droites parallèles à Oy, espacées de a, x = + ak et des 
droites parallèles à Ox, espacées de b, y = + bk’; puisque j’applique des 
charges P placées à tous les points compris dans les formules 


CES rEIAË, y= ak b; 


par raison de symétrie, j'obtiendrai des tangentes horizontales sur toutes 
les droites d'appui. La partie de cette plaque où o<x<a, o<y<b 
supportera une charge unique en un point quelconque et sera encastrée 
sur tout son pourtour. 

La forme générale des w Foie y = const. sera, en considérant la période 
de — a à +a, 


TX IMRT À 
PATS (a = cos ki + B,, sin ) . 
a a 
La fonction devant être paire, d’après la considération de la plaque 
indéfinie, B,, = 0, et devant être nul pour x = o et x = a, il faut 
A ZA,=0 et Åi O 


p étant un nombre pair ; donc, sijla charge est au centre, ce qui supprime 
les termes dissymétriques en ke on obtient l'expression générale 


PTE CLIMAT 
(a) w= 22 A (1 — cos PRE) (1 cos 5 ) 


Ecrivons, suivant la méthode de Ritz, que l'expression 


K i EI : | 
(b) Pat, y) — 3 g f J a dady 4 


est maximum quand les paramètres A,, varient. Pour cela, égalons les 
dérivées des deux membres par rapport à chacun des paramètres. Il vient 


A : le L ar 
pq équations dans lesquelles &'= => y — 7’ 
P{: — cos E7 ) (: — cos TT ) 
D 
_EI ra a aE EAN (2) 
cé To L Loi . 
Sea à + ot (5 n p) a(£) a 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 24.) 98 


750 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


En remplaçant A,, par cette valeur dans l'expression a, en posant p = 2m, 
q = 2n et remarquant que les termes, où m ou n est pair, s’annulent, on 
obtient l'expression annoncée. 

La solution ci-dessus suppose la convergence de toutes les séries uli- 
lisées. On démontre facilement que, lorsque a et b sont finis, les termes 
des séries de la forme trouvée pour w sont absolument convergentes quand 
le degré du dénominateur est >> 2. Car le terme général est inférieur à des 
termes dans un rapport fini, inférieur à une valeur fixe, avec (p + g)='. En 
réunissant les termes pour lesquels p + q = const., on arrive à des sommes 
dont la plus grande est dans un rapport fini, inférieur à une valeur fixe, 
avec (p -+ g)*. La série Zu-* est absolument convergente ainsi que sa 
dérivée, donc celles qui forment w et les dérivées premières de w le sont. 
On voit facilement qu’il en est de même du second terme de (b) après la 
substitution de la série. Le raisonnement fait dans ma précédente Commu- 
nication (p. 663) montre que cette série ne peut différer de la quantité 
qu’on a cherché à représenter. Il est légitime de dériver une fois, les coeffi- 
cients sont donc rigoureusement déterminés. | 

Si l’on calcule la flèche au centre, on voit qu’elle est formée d’une série à 
termes tous positifs comme dans le cas de la plaque uniformément chargée 
et identiques. Le facteur P : « est remplacé par © : 4 dans le cas de la 
charge uniforme, la flèche au centre est donc quatre fois plus grande, 
quand la charge y est concentrée, que lorsqu'elle est répartie sur toute la 
plaque (comme dans la plaque circulaire encastrée) ('). Il résulte des 
études de Navier et de Saint-Venant que, dans le cas des plaques rectan- 


. , R : 
gulaires posées, ce rapport est seulement qa 2,4074. 


Remarque. — Les termes des séries relatives à la plaque rectangulaire 
encastrée, soit qu'elle soit uniformément chargée, soit qu’elle soit chargée 
d’un poids unique, sont tous positifs puisque tout cosinus est inférieur en 
valeur absolue à l'unité; donc tous les points se déplacent dans le sens 
d'action de la charge. | 


j diéeéeiniemititeimnnmiintinnintent 


(*) Note par de Saint-Venant dans la traduction de l'Élasticité, de CLEBSCH, p- 738 
(Dunod, 1883). 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1916. 751 


PHYSIQUE. — Un effet nouveau, relatif à la thermo-électricité et à la conducti- 
bilité thermique des métaux. Note de M. Carr Bexenicxs, présentée par 
M. Henry Le Chatelier. 


l. Par des raisons théoriques intimement liées à l'hypothèse d’agglo- 
mération ('), je suis arrivé à la conclusion que la déduction bien connue 
de la loi de Wiedemann-Franz faite par Drude n’est pas admissible, opi- 
nion partagée par d’autres physiciens, et que la proportionnalité entre les 
conductibilités thermiques et électriques, qu’énonce cette loi, doit être 
rattachée à ce que, dans un métal homogène, chauffé inégalement, de 
forts courants électriques prennent naissance et occasionnent, par l'effet 
Thomson, un transport de chaleur très considérable. Cette conclusion, 
absolument contraire à la supposition fondamentale qu’aucuns courants 
thermo-électriques ne sont mis en jeu dans des métaux homogènes (Mat- 
teucci, Magnus, W. Thomson, F. Braun), a été soumise au contrôle de 
recherches expérimentales, qui me permettent, dès maintenant, d'affirmer 
son exactitude. Voici les points les plus importants. 


2. La conductibilité thermique des métaux n'est point indépendante, 
comme on l’a supposé jusqu'ici, des dimensions de l'échantillon. Ainsi, en 
comparant la conductibilité thermique d’un faisceau composé de 1755 fils 
de cuivre isolés à l’émail d’un diamètre de o"",070 (°) à celle d’un cylindre 
homogène et massif de la même section qui, par conséquent, donnait 
strictement la même conductibilité électrique, j'ai pu constater que 4 
faisceau conduit la chaleur considérablement moins bien que le cylindre 
massif. La différence, constatée au moyen d’un pont Wheatstone ther- 
mique, est si considérable, qu’elle se démontre facilement au moyen d'une 
méthode de démonstration classique : en soudant un faisceau comme celui 
qui vient d’être indiqué et un cylindre massif de la même conductibihité 
électrique, d’un côté à un bloc de cuivre qu'on chauffe, de l’autre côté 
à deux cylindres de cuivre identiques enduits de Cu*HgJ* (qui change du 
rouge au noir à + 71° C.), on a constaté une différence constante d’en- 
viron 12"% des isothermes de 71°, le faisceau étant en retard. 


(1!) C. Bexenicxs, Comptes rendus, t. 156, 1913, p. 1526; Ann. d. Physik, &° série, 
te #2, 1913, p 133. 

(?) On s’est servi d’un càble finement divisé qui est employé pour la construction 
des étalons de self-induction. 


752 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


127,57 


-Ceci fait voir que la lot de Wiedemann-Franz n'a pas de validité 
lorsqu'on subdivise le métal, de manière à affaiblir les courants électriques 
qui prennent naissance dans un métal homogène chauffé inégalement. 


3. On a pu prouver directement, de différentes manières, l'existence de 
ces courants. 


A. On suspend dans un champ magnétique horizontal un équipage en cuivre ( Kahl- 
baum), composé de deux rectangles a, a! (fig. A) qui, à droite de la ligne centrale, 


sont soudés aux disques circulaires b, b', tandis que les moitiés à gauche en sont 
isolées, En chauffant, par un fil fixe € traversé d’un faible courant électrique, le disque 
supérieur (b), on constate, au moyen d’un miroir, une déviation qui correspond à un 
courant thermo-électrique circulant dans q, a! dans une direction telle que, par l'effet 
Thomson, la conductibilité thermique apparente est augmentée. En chauffant par €’, 
le sens de la déviation est renversé; de même en renversant le champ magnétique, etc. 
La déviation due aux courants d'air (dans le champ nul) est insensible, grâce à la 
symétrie de l'équipage. ` z 

En remplaçant le cuivre par un équipage en constantan, on trouve une déviation du 
sens opposé, et beaucoup plus forte (par exemple de 250™™, à une distance miroir- 
échelle de 1000"). 

Avec un équipage en plomb, aucune déviation ne peut être constatée. 

Ces observations sont exactement de l’ordre de grandeur qu’on doit trouver pour un 
effet qui est le renversement de l'effet Thomson, (Coefficients Thomson : cuivre + 0,58; 
constantan — 5,50; plomb 0,0 microcal. par coul.) 


B. Dans l'appareil classique pour la démonstration de l'effet Seebeck on a remplacé 


le circuit hétérogène par un circuit homogène en cuivre subdivisé (1500 fils de o"”,07). 
tout en conservant le système astatisé sur son pivot. En chauffant l’une des soudures 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1916. 753 


du circuit homogène mais asymétrique, on a constaté des déviations s'élevant 
à 25° environ (une fraction minime peut tenir à des différences entre les deux 
échantillons de cuivre employés). 


C. L'effet est si fort que j'ai pu construire un moteur thermique basé sur ce 
nouvel effet, | 

Des lamelles de cuivre (Kahlbaum, épaisseur o™, 10) a}, a,, ..., as (Jig. B) sont 
soudées aux anneaux (de la même matière) b et b'; b est supporté par un tube de verre 
fermé c qui peut tourner sur un pivot. d, d' sont deux aimants disposés symétrique- 
ment des deux côtés de l’axe. Si l’on chauffe b légèrement, par exemple par le rayon- 
nement d'une lampe Nernst approchée de 1°" (les surfaces extérieures de b, b’ sont 
noircies), la roue se met à tourner. En chauffant b', le sens de rotation se renverse. 

En employant une roue fabriquée en constantan, mais possédant la même symétrie, 
on obtient une rotation inverse à celle de la roue en cuivre. 


4. Les relations entre l’effet eie dberiigie dont la réalité a été mise 
en évidence, et les trois autres effets qui sont connus depuis longtemps, 
sont indiquées dans le tableau suivant : 


Tableau des effets thermo-électriques. 


Circuit 
Kéerégine homogène. 
Une différence de température (non symétrique) ( Seebeck Benedicks 
donne un courant électrique. ................ (1823) (1916) 
Un courant électrique donne une différence de l Peltier Thomson 
teni petate, o are me al ea e a | (1834) (1856) 


On peut faire remarquer que les effets de la seconde série (Peltier, 
Thomson) sont plus difficiles à constater, et probablement à mesurer, que 
les effets de la première série, qui paraissent être d’une importance phy- 
sique plus considérable. 


a , 


5. Parmi lesn trevisions nécessaires auxquelles 
conduit la découverte du nouvel elfet aeu -électrique, on signalera son 
influence éventuellement. très grande sur l'état magnétique du globe 
terrestre, dont on considère l’intérieur comme un conducteur métallique. 


754 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


PHYSIQUE. — La série K du tungstène et l'excitation des rayons X au point 
de vue de la théorie des quanta. Note de MM. R. Erooux-Lesarp et 
A. Davvizner, présentée par M. Villard. 


Ayant indiqué précédemment (') une solution théorique du problème de 
la dosimétrie radiologique précise basée sur l'excitation des séries caractéris- 
tiques K des atomes lourds, nous avons cherché, en employant des tensions 
continues très élevées obtenues de la façon que nous avons décrite ('), 
d’abord à contrôler l’existence de la série K du tungstène, puis à préciser sa 
tension d'apparition et enfin à voir dans quelle mesure la théorie des quanta 
était applicable au rayonnement du spectre continu. 


Nous avons employé la méthode d'analyse spectrale photographique décrite par 
M. de Broglie (2). Les rayons issus de l’anticathode de tungstène d’un tube Coolidge 
tombaient sur une face p d’un cristal de sel gemme animé d’une rotation continue. 
Les longueurs d’onde étaient évaluées à l’aide de la formule et de la constante de 
Bragg, par comparaison avec celles des bords des bandes de transmission sélective 
de l’argent et du brome de la plaque toujours présentes Lune ou lautre dans les 
clichés et toujours très nettes. 

La longueur d’onde de la radiation caractéristique la plus pénétrante de l'argent 
(raie 8 de la série K) est en effet, d’après des mesures récentes de Bragg, 
à = 0,483. 107 8 cm. Des mesures dRtiubes en prenant deux spectres symétriques sur 
la même plaque nous ont donné pour cette discontinuité la valeur À—0,481.107* cm 
à moo près, confirmant ainsi que le coefficient d'absorption de l'argent, pour le rayon- 
nement incident subissait une très brusque variation de grandeur pour une longueur 
d'onde légèrement inférieure à celle de Ja raie caractéristique de plus courte longueur 
d'onde. Ce fait semble d’ailleurs être général. | 


Les résultats des expériences effectuées de 24 à 140 kilovolts sont 
figurés dans le graphique ci-contre (fig. 1) dans lequel les tensions sont 
portées en abscisses et les fréquences maxima en ordonnées. 

La théorie des quanta s'exprimant graphiquement par la droite : 

hy = eV, 


v étant la fréquence, À la constante de Planck et e V l'énergie de l’électron, 
on voit que la courbe expérimentale s’écarte de plus en plus de la droite 


# 


(*) Comptes rendus, t. 162, 1916, p. 40. 
(?) Comptes rendus, t. 163, 1916, p. 924. 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1916. 795 
théorique à mesure que la tension augmente. Un résultat analogue avait 
été déjà observé indirectement par Sir E. Rutherford et MM. Barnes et 


Richardson (') dont la courbe est figuré en pointillé. 
Nous avons pu constater que les raies æ et B de la série K du tungstène 


v.1018 


rm Lac] 
La F 
Ba 77 


140 160 


60 80 K 
V Kilovalts 
Fig. +. a 
étant indiquées par leurs fréquences, la raie æ n’est par excitée tant que la 
raie 5 de plus courte longueur d'onde ne l'est pas elle-même. Il semble que 
les raies d’une série forment un ensemble qui ne peut être excité partielle- 
ment et que, pour le faire apparaître en entier, il faut pouvoir produire 
la composante de plus courte longueur d'onde de la série. 
La tension d'apparition de la série K se déduit de ce graphique - elle est 
voisine de 80 kilovolts, au lieu des 95 indiqués par la relation de Whiddington, 


ns 


(t) Rormenrorb Barnes et Ricmarpson, Phil. Mag., septembre 1915, p. 339-370. 


756 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


soit environ 12 pour 100 en moins, différence en accord avec celle observée 
par Whiddington pour le sélénium. | 

La longueur d'onde des raies de la série K a été mesurée. Cette série 
comprend deux fins doublets, comme, semble-t-il, pour tous les autres 
atomes. En prenant pour la constante de Bragg (Na Cl) la valeur 


dos aSr 10 "00, 


on à 
æ, = 0,2128, 308 cm (raie faible), 
d 0.2003 » (raie très intense), 
Bi== 01936 » (raie faible), 
B: = 0,1708 » (raie faible), 


avec une approximation de 1 pour 100 et en accord avec la relation de 
Moseley. 

Ces résultats montrent qu’il est possible d’exciter dans un atome lourd 
des radiations de plus courte longueur d’onde que celles de son rayonne- 
ment caractéristique K. Mais il faut remarquer que l'aspect des spectres 
que l’on obtient au-dessous et au-dessus de l’apparition de ce rayonnement, 
est très différent. Dans le premier cas la plus courte longueur d’onde 
s'observe facilement comme délimitant une bande intense et assez nette de 
spectre continu. Dans le second, au contraire, le spectre continu qui apparait 
en deçà des raies K constitue toujours une bande très faible se dégradant 
souvent du côté des courtes longueurs d’onde. 


Il semblerait, d'aprés cet aspect, soit que l'intensité de ces radiations est très faible, 


soit qu’elle est au contraire notable et que leur coefficient d'absorption dans l'argent 
(de la plaque photographique) est très petit. 
Des mesures effectuées par la méthode de Bragg pourraient résoudre celte question. 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1916. 757 
Il nous semble cependant que l'excitation du spectre continu doive être différente 
au-dessous et au-dessus de l'apparition du rayonnement caractéristique de l’atome. 
Au-dessous, le spectre doit présenter son maximum d'énergie au voisinage de la plus 
courte longueur d'onde. Au contraire, dès que la fluorescence est excitée, l'énergie X 
se localiserait dans les raies et l'intensité de la partie continue diminuerait beaucoup; 
c'est ce qui est schématisé dans la figure 2 qui représente la distribution de l'énergie 
dans l’un et l’autre cas en fonction de la longueur d'onde, 


Il semble ainsi très probable que les rayons X, les plus pénétrants qu’il 
sera possible de produire d’une façon intense, seront limités par la série K 
de l'uranium avec une longueur d'onde minima de 0,1086.10-* cm. 


SPECTROSCOPIE, — Sur les groupements des raies du fer sous l'influence 
sélective d'actions thermiques et chimiques. Note de M. G.-A. Hemsarecn, 
présentée par M. A. de Gramont. 


On sait, d’après les recherches bien connues de M. de Watteville, que le 
spectre du fer, émis par la flamme du bec Bunsen, consiste en deux groupes 
de raies bien distinctes, à savoir : les raies mi cône intérieur et celles de la 
flamme proprement dite. 

En étudiant ensuite l'émission du fer dans des flammes de température 
plus élevée, nous avons démontré, M. de Watteville et moi ('), que toutes 
les raies observées dans la flamme du bec Bunsen étaient renforcées, tandis 
que celles du cône faisaient complètement défaut. Nous avons regardé les 
raies de la première catégorie comme des raies fondamentales du spectre, 
pouvant être facilement émises par de simples actions thermiques. Quant 
au spectre « supplémentaire », observé exclusivement dans la direction du 
. cône intérieur, nous l’avons attribué à des actions chimiques Lea dont 
la région d’ explosion est le siège. 

Grâce à l'amabilité de Sir Ernest Rutherford, j'ai pu faire Gu gocs cxpé- 
riences complémentaires, en modifiant les dispositifs pour la combustion 
des gaz, ainsi que la méthode d'observation. Ces expériences ont fait res- 
sortir d' une façon frappante l influence sélective qu'exercent sur les raies 
du fer les actions chimiques et thermiques de la flamme air-gaz d'éclairage. 
J'ai ainsi pu me rendre compte que notre classe de raies intel se 
compose, en réalité, de deux types distincts de raies, dont l’un est particu- 
lièrement sensible aux actions chimiques et Pautre aux actions thermiques. 


(1) Hemsauecu et pe Warrevizze, Comptes rendus, t. 146, 1908, p. 859. 
C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 24.) 99 


758 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Les raies du premier type sont émises fortement par le cône maïs faiblement 
par la flamme, le changement d’intensitése faisant brusquement au bord du 
cône. Dans les flammes de température plus élevée ces raies augmentent 
d'intensité, ce qui indique qu'elles sont également sensibles aux variations 
thermiques, mais pas au même degré que les raies du second type. 

L'ensemble de ces observations a permis de classer les raies du fer, 
émises par les flammes, comme il suit : 

Première classe. — Raies émises par la flamme extérieure du bec Bunsen et ren- 
forcées dans les flammes de température plus élevée. Elles sont particulièrement 
sensibles aux actions thermiques. Exemples : 3860, 3920, 4356. 

Deuxième classe. — Ces raies, émises sous l'influence d'actions chimiques, sont 
très marquées dans le cône, mais faibles dans la flamme. Exemples : les triplets à 
4046 et 4384. 

Troisième classe. — Cette classe comprend les raies du spectre « supplémentaire », 
c'est-à-dire les raies du cône proprement dites. Exemples : 3036, 4119, 4957. 

Après avoir classé ainsi toutes les raies du fer observées à l’aide d’un 
spectrographe en verre, j'ai dessiné trois spectres normaux dont chacun ne 
comprenait que des raies ci une même classe, c'est-à-dire de même 
origine. 

L'examen de ces spectres a révélé l'existence de curieux groupes de raies 
dans chacune de ces trois catégories de spectres, Ces groupes se composent 
de raies, au nombre de trois, quatre ou même plus, dontles caractères et les 
positions relatives donnent l'impression d’une distribution coordonnée et 
régie par quelque loi encore inconnue. Tous les groupes des première et 
deuxième classes convergent vers le rouge, ceux de la troisième classe vers 
le violet. 

Le Tableau suivant contient quelques-uns de ces groupes. Les longueurs 
d'onde sont exprimées en unités internationales. 

Longueurs Fréquences 
d’onde d'oscillations. A, h en A. 


Première classe, 


3679,92 37 174;9 188 0 

3709 , 56 26086 ,5 33 64,7 
j 8722,57 26863,2 te 45,9 
( 3733, 32 26785,8 77> 
| 437393 230425 265,» : 
) 4427,31 22987,1 ni 91,9 

4461,65 22413,2 a ‘50,8 
( 4482,27 22310,1 Rte] 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1916. 759 


d 


Longueurs Fréquence 
d'onde, d’oscillations. di. Fr. f. A 


Première classe (suite). 


5012 ,07: 19991 ,8. } 
uA 193D71,7 pet 225 , 4 
| 5269,53 13977,0 0 166,3 
5328,06 18768,6 "Le 
Deuxième classe. 
3734, 86 26774 3 S 104 A 
3749,47 26670 , 4 Go À 42,3 
393823 26608 $ 3 3 s 4 22 ? vi 
3763, 80 26568,9 me 15, 
3767, 19 26543,0 9 
Troisième classe. 
4466, 56 22388, 6. xl 
4476, 08 22341,2 ge 4,7 Ass 
4194, 57 22249,1 f 87,6 pt 
4531,16 22069,4 pins | 164,5 aiia 
4602,95 21735,3 A 260,7 d 
4736,79 akiris 9 


On, remarquera que les distances entre les composantes des trois 
quadruplets de la première classe diminuent en allant vers lultraviolet, 
les variations, indiquées dans les colonnes notées À, étant à peu près 

t 
de r: x 5 

Ces résultats, quoique encore incomplets par suite de la imitation de 
l'étude à une faible étendue du spectre, permettent néanmoins d’entrevoir 
déjà la structure du spectre du fer. 


Observations sur la Communication de M. G.-A. Heusaiéen, 
par M. A. pe Gramowr. 


Je me permets d'attirer l'attention de l’Académie sur l'importance des 
résultats obtenus par M. Hemsalech. Ils font espérer une connaissance 
prochaine de la structure du spectre du fer, où M. Emil Paulson (') avait 
déjà signalé seulement un certain nombre de différences constantes entre 


(+) Beiträge sur Kenntnis der Linienspektren. Lund, 1914. 


760 ACADÉMIE DES SCIENCES, 


des nombres d'ondes, mais sans relations avec les origines des raies. Les 
méthodes qui mont toujours semblé devoir être les plus simples et les 
plus fécondes pour arriver à coordonner rationnellement les raies d’un 
spectre compliqué comme celui du fer, possèdant environ 4700 raies, sont 
les méthodes physiques, séparant ces raies en différentes catégories par la 
variation des conditions d'apparition de celles-ci : pression, température, 
champ magnétique ou électrique, ou délimitant les régions des sources 
lumineuses dont les radiations donnent naissance aux raies. C’est ce qu'a 
fait M. Hemsalech et sa répartition de celles-ci en trois classes d’origines 
distinctes est particulièrement intéressante parce qu'il est parvenu à 
isoler, dans chacune de ces classes, des triplets et des quadruplets caracté- 
ristiques, offrant une structure différente suivant la classe. 

Pour la répartition des raies en catégories de ce genre dans les spectres 
de constitution encore inconnue, j’attirerai aussi, une fois de plus, l’atten- 
tion des chercheurs sur l'utilité des méthodes chimiques où interviennent 
les considérations de quantité de matière employée et de sensibilité des 
raies. Jai montré (') que les raies ultimes appartiennent à la série princi- 
pale, ou, à défaut de celle-ci, à la deuxième série secondaire (série 
étroite). 

Dans les données apportées ici par M. Hemsalech, les raies de grande 
sensibilité, que j'avais reconnues dans le fer, appartiennent aux classes I 
et I de ce savant, celles dont les triplets convergent vers le rouge. La 
classe ITI dont les triplets convergent vers le violet, et qui comprend les 
raies de la plus haute température, paraît correspondre aux raies renforcées 
de Lockyer, ou tout au moins comprendre celles-ci parmi elles. 

. L'extension des recherches, si intéressantes et si pleines de promesses, de 
M. Hemsalech, à une plus grande étendue du spectre, et surtout dans la 
partie la plus réfrangible de lultraviolet, permettra de préciser avec certi- 
tude la nature et les caractéristiques des triplets et quadruplets qu'il vient 
de découvrir. ; 


(+) Comptes rendus, t. 151, 1010, p. 308. 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1916. 761 


GÉOLOGIE. — Sur la découverte d'horizons fossilifères nombreux et sur la 
succession des faunes dans le Cambrien moyen et le Cambrien supérieur 
du Yunnan méridional. Note (') de M. A. Deprar, présentée par 


M. H. Douvillé. 


Dans une Note publiée ici même l'an dernier, j’annonçais la découverte 
d'une puissante série cambrienne dans l'extrême nord tonkinois, le Yunnan 
méridional et le nord du Kwang-si. Une nouvelle exploration, dans la 
région campiètensni inconnue, entre la frontière du Tonkin et le Kwei- 
tchéou, m'a permis de reprendre l'étude de ces formations durant 
lété 1910. J'ai découvert dans cette région une série stratigraphique con- 
tinue dans le sens vertical, puissante de 12000" au minimum, embrassant 
le Cambrien entier, l’'Ordovicien et la plus grande part du Gothlandien. 
La place me manquerait ici pour m'occuper d'autre chose que du Cam- 
brien. J’ai rapporté une quantité énorme de Trilobites cambriens, souvent 
entiers et dans un bel état de conservation. Leur étude, ainsi que celle des 
Brachiopodes, est lement entreprise par mon savant ami M. Mansuy. 
En attendant l’étude strati détaillée que je prépare, je vais donner 
une première idée du nombre des “horizons observés. 


` I. CAMBRIEN inrérigur. — Il est formé, sur la frontière du Kwang-si et du Yunnan, 
dans le bassin du Leng-Kaï’ho, par une puissante série de schistes et marnes rouges 
constitués par la série des couches à Redlichia homologue de celle décrite par nous 
dans le Yunnan oriental. Cette série ne nous a rien offert de nouveau et, de plus, je 
n'ai pu m'y attarder beaucoup, cette partie du pays étant extrêmement dangereuse à 
parcourir au point de vue de la piraterie et mes forces militaires étant insuffisantes. 


JI. Cameriex moyen. — Les couches de la base de l’Acadien yunnanais à Ptychopa- 
ria yunnanensis, Obolus Damesi, Acrothele Matthewi eryx passent à une grosse 
série de schistes bariolés durs à Anomocarella sp., auxquels succède une série de 
grès grossiers et marnes verts avec Orthotheca cf. cyrene dryas Walc. et un Trilo- 
bite abondant appartenant à un genre nouveau, non encore dénommé par M. Mansuy 
qui l’étudie. Vient ensuite un épais complexe de marnes et grès jaunes grossiers que 
je nommerai série de Siao-pin-tchai, renfermant: Ptychoparia (Emmerichella) theano 
Walc. , Solenopleura sp., Agnostus chinensis Dames, Anomocare cf. latelimbatum 
Dites Au-dessus afflnent Te schistes verts durs sans fossiles, très épais, puis la 
grande série de Tien-fong commençant par un grès contenant en abondance un 
Conocoryphe nouveau; on observe ensuite des grès très sableux à Anomocare nov. sp., 


(!) Séance du 4 décembre 1916. 


762 : ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Anomocare sp., auxquels succèdent des calcschistes noirs avec bancs gréseux et 
grauwackes remplis de : Obolus chinensis Walc., Acrothele cf. Matthewieryx Walc., 
Anomocare minus Dames, Conocoryphe nov. sp., Conocephalina Emmerichi Barr. 
Un mince horizon de calcaires noirs superposé contient de magnifiques échantillons 
de Ptychoparia striata: Emmerich (génotype) et ÆWlipsocephalus Hoffi Bronn. Puis 
vient une série de calcaires et de marnes blanches à Obolus chinensis Walc. La série 
de Tien-fong se continue par des marnes roses pleines de fossiles admirablement con- 
servés : Acrotreta Lisani Walc., Obolus shansiensis Walc., Liugulella cf. manchu- 
riensis Walc., Orthotheca cf. cyrene Walc., Hyolites sp., Anomocare subquadra- 
tum Dames. A cette série et à cette faune succèdent immédiatement les marnessèches dù 
poste chinois de Tien-fong où j'ai recueilli, en imdividus souvent complets, avec Obolus 
shansiensis et Hyolites sp., quatre espèces nouvelles de Conocephalina et une nou- 
velle espèce de Chuangia. Un horizon gréseux superposé est: caractérisé par ce 
Chuangia nouveau. Ensuite vient la belle série de Penn-kai, caractérisée par une 
puissante série de calcaires oolithiques alternant avec des bancs de grauwackes : un 
premier horizon gréseux m'a fourni un Damesella sp.; un second plus élevé mà 
donné une quantité énorme de Trilébites en bon état : Agnostus cf. Douvilléi Berg., 
Coosia nov. sp., Damesella sp., Annamitia (Piychoparia)\nov. sp», forme très 
intéressante, avec Westonia (Obolus) Blackwelderi Walc; Un horizon plus élevé: m'a 
fourni seulement. Agnostus cf. Douvillei et Annamitia n. sp. Ensuite vient ce que 
j appellerai série de Chang-poung, puissante masse de calcaires oolithiques et de 
grès, marnes, schistes, grauwackes alternants; un premier horizon que je nommerai 
couches dé Kao-tiéou contient : Trematolobus sp., Obolus cf. shansiensis Walc., 
Anomocare ephori Walc., Anomocarella ef. chinensis Walc., Damesellæ brevicau- 
data Walc., Damesella sp., Stephanocare sinensis Berg., St. Monkei Walc.; puis 
vient Phorizon de Chang-poung, très riche, avec : Planolites sp., Eoorthis agreste 
Walc., Coosia Deprati Mits. “irrati cf. Douvillei Berg., Drepanura Kitteleri 
MK., Tonkinensis Mans., Drep. Premesnili Berg., Drepanura sp., Agraulos Tonki- 
nensis Mans., Btäckweldèria ciliz Walc., Bi. atir Wale., BL sinensis Walc., BL. 
speciosa Mans., Damesella breviceps Mans., D. brevicaudata Wale., D. Blackwel- 
deri Walc. Un horizon immédiatement plus élevé que le précédent a donné Stepha- 
nocare Richthofeni Mk. et: un autre nn Qi une Coosia sp. Ensuite vient la base 
des couches à Billingsella tonkiniana que j'ai déjà fait connaître en 1916. d'exréte ici 
le Cambrien moyen. 


ITI. CAMBRIEN SUPÉRIEUR. — Ici commence la série des grès et calcaires à Chuangia 
nais Walc., avec Plychaspis sp. et des. Billingsella (B. tonkiniana Mans., B. nov. Sp.) 
où apparaît également (série de. Loung-co) PIRR A orientalis Walc., Eoorthis Lin- 
narsoni Kays., Syntrophia orthia Walc., avec des algues bien conservées qui 
seront décrites. Ensuite viennent des grès à ptéropodes (Orthkotheca sp.), que sur- 
monte la grande série des couches à Ptychaspis formée de bancs de calcaire oolithique 
alternant avec des couches très variables, grès, marnes, grauwackes. Une première 
série de couches renferme Dolichometopus sp., Ptychaspis sp., suivie d’une autre à 
Ænomocarella sp. et Ptychaspis sp. Vient ensuite l’épaisse masse des calcaires et 
grauwackes à Ptych. angulata Mans., espèce abondante et earactéristique, ccom- 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE ‘1916. 763 
pagnée de Drepanura m, sp. et Syatrophia orthia, suivie de couches à /{lænurus 
ceres Walc., {lænurus sp. Une autre série puissante lui succède, caractérisée par 
Ptych. Walcotti Mans., Shumardia nov. sp., Sh. cf. granulosa Bill., Anomocarella 
n. sp. Crepicephalus sp. Puis on observe une nouvelle série où Pt. Walcotti reste 
la forme caractéristique, avec Menocephalus sp. et Eoorthis doris Walc. Toute cette 
série offre un développement géographique énorme en Chine èt les beaux gisements 
de fossiles sont nombreux (Li-kouan-keu, Ta-mou-ngan). Le Cambrien supérieur se 
termine par des couches à Anomocare megalurus Dames, passant par insensibles 
transitions à des couches ordoviciennes à Poissons ostracodermes. Les couches à À. 
megalurus renferment les premiers Ostracodermes et sont elles-mêmes recouvertes 
par des couches à Trinucleus que j'ai signalées l'an dernier. 


L'ensemble de la série cambrienne atteint un minimum de puissance 
de 8000". La brève description précédente: montre l'intérêt exceptionnel 
de cette série, probablement la plus belle d'Asie, et qui, grâce à sa puis- 
sance, sa continuité et sa division en faunes successives très distinctes et 
contiguës, nous apportera, comme je vais le montrer dans une étude 
détaillée, des lumières complètes sur le Cambrien de l'Asie orientale. 

Ces nouvelles découvertes confirment l’affinité étroite avec les faunes 
du Cambrien du Chan-toung et de Mandchourie. On remarquera le carac- 
tère épisodique curieux marqué par l'apparition momentanée de formes 
telles que ÆElhpsocephalus Hoffi, Ptychoparia striata et Conoceph. cf. 
Emmerichi dans cette série. 


» 


GÉOLOGIE. — Les premières éruptions volcaniques (oligocènes) dans le géo- 
synclinal lacustre de la Limagne (Côtes de Clermont, Chanturgue, etc.). 
Note de M. Pu. GLaxérau», présentée par M. Pierre Termier. 


Les questions d'âge et de genèse des premières éruptions volcaniques 
de la Limagne, qui se confondent avec celles des premières éruptions du 
Massif Central, ont toujours préoccupé vivement les géolognes (Michel 
Lévy, MM. Boule, Giraud, etc.) qui ont étudié cette région. 

De récentes observations, faites à la suite d’un violent orage de grêle, 
qui sévit d’une façon désastreuse, le 18 juin dernier aux environs de Cler- 
mont, notamment sur les collines des côtes de Clermont et de Chanturgue, 
me permettent d'apporter une contribution et des vues nouvelles sur cette 
question. | 

Les collines précitées forment au nord de Clermont un rideau monta- 
gneux de 250" de haut, constitué par un substratum oligocène et un revê- 
tement volcanique. 


764 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


I. La colline des Côtes comprend à sa base occidentale une alternance 
de sables argileux verdåtres, de marnes et de calcaires marneux recouverts 
par 50" de sables argileux ferrugineux dits, à tort, sables feldspathiques en 
raison de leur abondance en cristaux de feldspath. En réalité, de pareils 
sables, qui sont argileux, comme les sables verts, ne sont pas caractéris- 
tiques d’un niveau paléontologique, car ils forment plusieurs assises feld- 
spathiques presque identiques, sur le bord du géosynclinal, depuis Durtol 
jusqu’à la contrée basaltique. Leurs différences minéralogiques, d’après 
M. Cayeux qui a bien voulu les étudier, sont extrêmement faibles et j'ai 
pu constater le passage graduel des sables verts aux sables rouges. 

Les premiers, intercalés au milieu de calcaires marneux, renferment, 
d’après M. Giraud : Hydrobia Dubuissont et Nystia plicata et appartiennent 
au Stampien supérieur, tandis que les seconds, qui ont beaucoup de rapports 
avec les sables de la Sologne, mais qui n’ont pas, jusqu’à présent, livré de 
fossiles, ont été considérés, sans raison bien plausible, comme les homo- 
logues de ces derniers; ils seraient donc d'âge burdigalien. 

Or ces sables ferrugineux sous-basaltiques, très épais (5o"), sont des 
sables argileux lacustres, régulièrement stratifiés, sans stratification entre- 
croisée, ni ravinement, et ne renferment que de rares galets peu roulés de 
granite, de gneiss à cordiérite, de schistes cambro-dévoniens et de quartz 
filonien. Ils paraissent donc bien faire partie de la série sédimentaire lacustre 
du géosynclinal de la Limagne et appartenir par suite à l Aquitanien, car ils 
sont en continuité de sédimentation avec l’Oligocène sous-jacent (Stampien). 

Le plateau des Côtes qui est irrégulier, mouvementé, et que l’on croyait 
constitué par une unique coulée basaltique épanchée à lair, comprend 
en réalité trois coulées, dont deux au moins ont été recouvertes par les sables 
feldspathiques ferrugineux. 

La coulée inférieure affleure seulement sur une partie des versants nord 
et sud sous forme d'un liséré bordant la coulée moyenne qui constitue la 
majeure partie du plateau en pente vers le Nord. Elle est surmontée des 
petites collines 614 et 615 qui comprennent des sables argileux contournés 
par la troisième coulée formant deux plateaux basaltiques horizontaux. 

Les deux coulées inférieures, et vraisemblablement la coulée supérieure, 
ont donc été submergées par les sables argileux, dont il reste encore des 
témoins sur la coulée moyenne; elles sont donc de l’âge de ces sables, 
c'est-à-dire aquitaniennes. 

Ces trois coulées basaltiques sont issues des culots éruptifs représentés 
par les points 622 et 596 en bordure sur le front sud. 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1916. 765 


IT. La colline de Chanturgue, séparée par une faille et un col de la précé- 
dente, comprend à sa partie supérieure une seule coulée de basalte, de 15" 
à 50% de haut, suivant les points, reposant sur des sables argileux feldspa- 
thiques verts qui recouvrent les marnes et les calcaires marneux à Nystia. 

Cette coulée n’apparaît, au pourtour, que par placés, car elle est enve- 
loppée presqu’en entier, latéralement, par ces mêmes sables (à nodules cal- 
caires) qui la recouvrent aussi, en maints endroits, de même que la coulée 
inférieure du Puy de Var. 

C’est l'érosion seule qui a dégagé peu à peu cette coulée et l’a ramenée 
au jour par ravinements et décollements des sables argileux en la transfor- 
mant en plateau basaltique. 

Le plateau des Côtes de Clermont et celui de Chanturgue sont les seuls 
jusqu'ici, en Auvergne, qui apparaissent par érosion des sédiments au 
milieu desquels ils étaient enfouis. : 

La coulée de Chanturgue ne peut être intrusive (elle n’est ni un sill, ni 
un laccolite), car les sables qui l'entourent et la recouvrent sont horizontaux 
el ne présentent ni cuisson ni rubéfaction : ils butent régulièrement contre 
son front et sont les mêmes que ceux qui la supportent, c’est-à-dire d’âge 
aquitanien. Les coulées de Chanturgue, des Côtes et du Puy du Var (coulée 
inférieure) se sont donc épanchées durant l’ Aquitanien. 

C’est la première fois que l’on signale des coulées de lave aussi anciennes 
dans le Massif Central. | 

‘Et même, si l’on admettait l'hypothèse (qui ne paraît pas fondée) que 
les sables dits /eldspathiques sont d’âge burdigalien, il serait prouvé direc- 
tement (ce qui n’avait pu être fait jusqu'ici) que les éruptions de la Limagne 
débutèrent pendant le Burdigalen. 

Il faut rapprocher de ces données les observations de Poulett-Scrope 
relatives aux pépérites régulièrement stratifiées de Pont-du-Château 
envisagées par lui, avec raison, comme des projections basaltiques d'âge 
stampien (niveau à Helix Ramondi), dans le lac de la Limagne de cette 
époque. | 

On peut donc conclure des faits précités que l’activité volcanique, qui dura 
si longtemps dans la Limagne, fut déclenchée dès la fin du’ Stampien et que 
les différentes crises qui se succédèrent pendant le Miocène, le Pliocène et 

‘le Quaternaire, eurent principalement pour causes la fin de l’enfoncement 
-de ce géosynelinal lacustre rempli de 1500® de dépôts durant la seule 
période oligocène-et-sa-fragmentation en longues bandes N-S effondrées, 
limitées par des fractures par lesquelles s’échappait le magma fondu. 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 24 100 


766 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


ÉNERGÉTIQUE PHYSIOLOGIQUE. — Instrument pour. mesurer et rééduquer 
les mouvements de pronation et de supination : le « Gyrographe ». 
Note (') de M. Juures Amar, présentée par M. Dastre. 


Depuis un an, j'emploie un instrument très simple à la fois et très avan- 
tageux pour mesurer et rééduquer les mouvements de pronation et de 
supination du membre supérieur. 

Le premier modèle réalisé était en bois; et néanmoins il m’a donné des 
résultats précieux, tant pour lutter contre les raideurs articulaires et la 
rétraction des muscles pronateurs et supinateurs, que pour déterminer la 
valeur exacte, en degrés d’angle, du mouvement que l’on a en vue de 
rétablir. Mêmes avantages quand il s’agit des moignons d’amputés, à 
différents niveaux, surtout des moignons d’avant-bras. 


L'instrument, que j'ai appelé Gynographe, est désormais construit de da façon 
suivante : Sur un båti de fonte jprismatique, ayant 30° de long sur 6°“ de large 
et 8°®,50 de haut, on a ménagé une rainure qui recoit un disque de laiton de 14°" de 
dramètre sur 0°", 25 d'épaisseur, Ce disque est traversé par un axe reposant sur deux 
coussinets, et porte une graduation en degrés, de o° à r80°, de part et d’autre de son 
diamètre vertical. La face non graduée possède une came ie kD et vissée, dont on 
va voir le rôle { figure). 

En effet, le long de la platine du bâti, on a nes une tige d’acier prolongée par un 
cadre évidé formant glissière et bandua par des galets, Aux extrémités du cadre sont 
deux goupilles dont les boutons s'appuient tangentiellement à la. came, à l'extérieur 
et à l’intérieur, Ainsi, la rotation du disque imprime à la tige un mouvement de trans- 
lation que l’on guide par un jeu convenable de poulies, Cette tige passe d’ailleurs 
dans deux coussinets et revient à sa position de départ grâce à un ressort à boudin 
qui:s’étend de Pun à l’autre et se fixe à une bague:concentrique à la tige. Celle-ci se 
termine-enfin par un anneau auquel s'attache Je fl d’un chariot de Mosso, pour rendre 
l’instrument inscripteur. Ajoutons que l'axe du cadran gradué porte une aiguille et 
peut recevoir soit une poignée que le blessé saisit à la main, soit un manchon spécial 
qui embrasse les moignons d’amputés. 


Le Gyrographe constitue doncun appareil de rééducation fonctionnelle, 
où l'effort de contraction des muscles et la cadence des mouvements 
peuvent être réglés à volonté et.enregistrés. Il permet de constater les pro- 
grès de cette rééducation et d'évaluer, avec une précision jusqu'ici difficile 
à obtenir, les angles de pronation et de supination des membres ou des 


(') Séance du 4 décembre:19r6. 


‘(pan$y uou) dñəjdiəsur jo1teto ne atpüsa ðs añod DAPISSUS 01100 Y ayoenë,s jy un 
: Môddes əp ja0:694 If 10 o4018818 


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4 ‘onbsip dp ans əpssid sueo vy 1104 uo — ‘anziapisod 00e} es aed na oudeaSoufn 


ù ï 


705 ACADÉMIE DES SCIENCES. 

moignons. On le substitue au Chirographe, déjà décrit pour la réédu- 
cation de la main (*), en utilisant le même chariot inscripteur. L'intérêt 
des observations gyrographiques, surtout en orthopédie, ressortira de 
l’ensemble des mesures effectuées, et que nous publierons bientôt. 


CHIRURGIE. — Ætude des infections gangréneuses des plaies de guerre au 
moyen de la radiographie. Note (°) de MM. A. Larnenwois, P. Pecn 
et J. BauuEez, présentée nA M. Dastre. 


On peut, au moyen de rayons suffisamment mous, obtenir des clichés 
radiographiques de muscles. Nous avons appliqué cette méthode à l’étude 
des infections gangréneuses des plaies de guerre par microbes anaé- 
robies (°). 

Le cliché d’un membre sain donne des masses charnues une image grise 
à peu près homogène. 

Le cliché d’un membre atteint de laon donne un aspect peu 
différent. L'image est celle d’un membre augmenté de volume. La teinte 
est toujours homogène avec quelques flous. Les trainées claires marquent 
les interstices musculaires. 

Tout autre est l'aspect radiographique donné par une infection gangré- 
neuse. 

Au debut, au stade de tuméfaction mie maligne, on peut suivre la 
destruction progressive du muscle autour du trajet iifecté. Unezone claire 
à contours irréguliers se dessine. 

A un second stade la destruction a progressé ; la gangrène a diffusé. On 
voit alors sur le cliché des mouchetures, des stries oa dessinent la trame 
fasciculaire des muscles en voie de digestion. 

À un slade plus avancé les espaces clairs sont ae Les loges muscu- 
laires sont occupées par des bulles ¿ à contours irréguliers et présentent un 
aspect nuageux caractéristique. 

Si l’on prend des fragments de PATR peut de même, par des radio- 
graphies, noter leur digestion progressive et leur infiltration par les gaz. 


(t) Jour nal de Physiologie générale, septembre 1915. 
(2) Séance du 20 novembre 1916, 
(?) G. Larpennois et J. Bauer, Les infections gangréneuses des plaies de guerre 
Par microbes anaérobies (Comptes rendus, t. 163, 1916, p. 616), 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1916. 769 
Nous montrons ici des clichés, de fragments de muscles sains, de museles à 
demi envahis et de muscles entièrement gangrénés et criblés de gaz. Ces 
derniers ont un aspect spongieux bien net, | 

Nous avons reproduit aiara aleea (*) les divers modes de gan- 
grène par des associations choisies d’anaérobies pathogènes. Nous présen- 
tons ici des clichés de muscles de lapins atteints de gangrène gazeuse expéri- 
mentale. Les nas és sont comparables à celles des papam 
chirurgicales. prove. on 

L'aspect radiographique de la gangrène ischémique putréfiée sans gaz est 
tout différent. De larges espaces clairs séparent les muscles, mais ces 
derniers donnent une ombre non modifiée. Dans la forme à œdème malin 
pur, l’image ne présente aucun -des aspects que nous venons d'indiquer. 

La radioscopie, pour un radiographe averti, permet.les mêmes cons- 
tatalions. 

Les renseignements fournis par l'examen redingréphique des gangrènes 
gazeuses ne sont pas seulement intéressants pour Pétude du processus de 
destruction par les anaérobies et sa localisation dans le muscle. Ils peuvent 
être très utiles pour le diagnostic d'un foyer de gangrène et surtout pour 
l'évaluation de son étendue. Ils nous ont rendu dans certains cas de grands 
services et nous ont permis d’instituer un traitement rationnel. 


BACTÉRIOLOGIE. — Nouvelles expériences sur l'influence qu'exerce la pression 
osmotique sur les Bactéries. Note (°) de M. J. Beauvenie, présentée par 
M. Gaston Bonnier. l 


Nous avons indiqué dans une Note précédente les raisons de ces 
recherches, la méthode expérimentale que nous employons et l'application 
que nous en avons faite au vibrion cholérique. 

Nous avons étudié l’action de la concentration moléculaire du milieu, 
produite par addition de doses croissantes de Na CI à un liquide de culture 
tel que le bouillon de viande, sur des microbes intestinaux, du pus, de la 


peau et libres dans la nature. 


(1) G. Lanpexois et J. Bauer, Les infections gangr éneuses des plaies de. guerre. 
Les processus tuméfiants gangréneux el gazeux. (Société médico-chirurgicale de 
la VIe armée, 29 Los ds 1916, et Presse hédiéale, 16 rune 1916.) 

-(?) Séance du 4 décembre 1916. 


770 ACADÉMIE DES SCIENCES. 

Les microbes intestinaux (vibrion cholérique, bacille d’Eberth, b. coli) 
supportent facilement des doses atteignant 5o pour 1000 de Na CL avec 
optimum autour de 3o pour 1000; il en est de même du Staphylococcus 
pyogenes aureus. Le Micrococcus de Unna, de la peau s’accommode de 
300 pour 1000 de Na Cl et sans doute aw delà. Le Bacillus subtilis, libre 
dans la nature, donne encore, après un certain retard, un voile épais 
avec 100 pour 1000 de Na Cl; ce voile est perlé de fines gouttelettes de 
liquide; par contre, le B. mycoïde, qu’on rencontre également libre dans 
la nature, à la surface des végétaux ou dans le sol, supporte mal l'élévation 
de concentration, et c’est avec un retard de plusieurs jours qu’il donne une 
culture chétive sur bouillon additionné de 30 pour 1000 de Na CI. 

La tolérance vis-à-vis de la concentration paraît liée à l'habitat normal. 
du microbe; c’est ans: que le M.de Unna des sécrétions sébacées est particu- 
lièrement résistant. Le B. subtilis semble mettre en défaut cette généralisa- 
tion, mais il constitue un cas particulier : le développement de cette aérobie 
strict est favorisé surtout parce que l'accroissement de la densité du liquide 
facilite son ANR an en surface, c’est-à-dire au contact de l'oxygène 
de Var. 

Dans tous les cas, lorsque la concentration du milieu en Na CI migmenté, 
le développement affecte de plus en plus une tendance à se produire dans 
' la partie supérieure du liquide, les parties profondes restant limpides. Cet 
état de choses favorise naturellement d’une façon spéciale les aérobies en 
- facilitant le contact avec lair (choléra, b. subtile). Ce fait semble tirer sa 
cause initiale de Faccroissement de densité du liquide de culture : le B. 
pyogène (anaérobie facultatif) donne lieu à ce phénomène aussi bien 
orega la surface du liquide est recouverte d’une couche d'huile de vase- 
une qu'à Vair libre. 

Le Micrococcus de Unna mérite une mention particulière à cause desa 
grande résistance à la concentration puisqu'il végète encore fort bien avec 
300 pour 1000 de Na Cl. Ce microbe a été isolé de squames de la peau 
d'un malade renfermant, d’autre part, des filaments mycéliens de Mieros- 
poron furfur. Ces microorganismes existent particulièrement chez des 
sujets émettant des sueurs abondantes; ils se développent à la surface des 
régions de la peau qu’abritent des vêtements d’une façon permanente; les 
sécrétions sébacées forment un milieu riche en sels, concentré, dont il y a 
lieu de tenir compte dans les observations présentes. 

Il semble qu’on soit. fondé à admettre que la résistance dont nous venons 
de parler résulte d’une adaptation à à un tel milieu. Il pourrait donc être 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1916. 772 


intéressant de modifier les milieux de culture.des microbes de la peau dans 
le sens d’une plus forte concentration moléculaire. Peut-être la mécon- 
naissance de ce fait est-eile une ides causes des échecs éprouvés lorsqu'on a 
tenté la culture deces microorganismes sur les milieux usuels, par exemple, 
pour le Microsporon furfur (champignon du Pytriasis) .et le microbe dit 
« Bacille bouteille », etc. 

Ces microbes, végétant à la surface de la peau ou près de cette surface, 
dans une atmosphère confinée, entre peau-et vêtements, doivent trouver là, 
comme milieu, non seulement des solutions salines à un taux élevé de 
concentration, mais encore, et par ce fait même, une atmosphère à faible 
tension de vapeur d’eau, cette tension étant inversement proportionnelle 
à la concentration des solutions. Il serait facile de teater de réaliser artifi- 
ciellement ces conditions, en adoptant, par exemple, le dispositif dont nous 
nous sommes déjà servi ponp les champignons: inférieurs, décrit page 68 de 
notre travail sur le pol des 

La formation desi spores est accélérée (cas du i B. subtilis), 

L'augmentation de la pression osmotique du milieu de culture accroît 
la résistance des bactéries vis-à-vis de la chaleur, tel est du moins le 
résultat acquis avec le vibrion cholérique : deux cultures :de trois jours, 
l’une sur bouillon peptoné ordinaire, l’autre sur même bouillon additionné 
de 30 pour tooo NaCl, sont placées une demi-heure à l’étuve à 56°; les 
ensemencements d'épreuve, faits ensuite sur bouillon ordinaire, sont 
positifs seulement avec le deuxième tube. Cette résistance plus grande est 
évidemment en relation avec la déshydratation résultant de la présence 
du sel. 

Des microbes déjà accoutumés à des solutions concentrées supportent 
plus facilement des concentrations plus élevées. 

Au point de vue de la technique bactériologique, n nous insistons sur 
l'utilité qu'il y aurait à tenir compte de ce facteur dans la confection des 
milieux de culture en se basant sur les habitats usuels des microbes 
étudiés; la eryoscopie pourrait parfois être d’un utile secours dans ces 
recherches. Nous avons considéré plus haut le cas des microbes de la peau. 
La concentration moléculaire du milieu favorise la formation des voiles 
chez les aérobies (v. cholérique, b. subtile) et nous indiquons qu'il y a 
Leu, dans la recherche du vibrion cholérique, d'employer une eau Le nus 
à 30 pour 1000 de Na Cl. 

La concentration peut faciliter l'obtention des endotoxines en favorisant 
leur exosinose dans ke milieu de culture au moment de ta mort du microbe. 


972 ‘ACADÉMIE DES SCIENCES. 


[serait particulièrement important de poursuivre l'étude de-l’influence de 
la pression osmotique sur la production des toxines (elle entrave celle des 
diastases); il serait peut-être possible de trouver là un moyen d’atténua- 
tion. On sait que certains virus sont atténués par dessiccation (la rage), 
c’est-à-dire. par une déshydratation, effet que produit aussi la concen- 
tration. 

La méthode instituée par P: Delbet sous le nom de apicphbrlate, et qui 
trouve aussi son application dans le traitement des plaies, met en œuvre 
des solutions faiblement hypertoniques: la leucocytose est accentuée et 
l'index opsonique fortement élevé. On peut se demander si le nombre des 
microbes phagocytés n’est pas accru, au moins pour une part, en vertu 
de ce que leur nombre absolu est plus élevé’par l’effet de la concentration 
de la solution employée. D’ailleurs cela importe peu au point de vue pra- 
tique si la multiplication leucocytaire, l'accroissement de l’activité des 
leucocytes, la moindre résistance des bactéries l'emportent sur la prolifé- 
ration microbienne. 

Au point de vue de la Biologie générale, la concentration du milieu de 
culture paraît être un des facteurs capables de provoquer, à la façon d'un 
déclenchement, le cloisonnement cellulaire; ce fait ressortait déjà de 
recherches d’auteurs tels que N. Bernard, J. Laurent et nous-même, 
chez les plantes supérieures. Pour que le phénomène se produise, il faut 
un apport constant, suffisänt de substances alimentaires. Dans le cas des 
bactéries, l’intensification du cloisonnement d'éléments qui se dissocient 
aussitôt engendrés, se manifeste par un trouble de plus en plus marqué du 
liquide de culture. Il se produit, en somme, une sorte d’anhydrobiose par 
sécheresse physiologique qui est favorable à un déclenchement de la multi- 
plication cellulaire. 


MICROBIOLOGIE. — Microbes nouveaux parasites du Hanneton. 
Note de M. A. Paurror, présentée par M. P. Marchal. 


Les septicémies à Coccobacilles paraissent être la cause principale de la 
mortalité naturelle chez les Hannetons; mais dans le sang des individus 
infectés, on ne retrouve pas toujours à l’état de pureté les Coccobacilles 
cause de 1 prane; il arrive même assez souvent (30 pour i0 environ 
des cas étudiés) qu’une deuxième infection est superposée à l'infection 
coccobacillienne, Trois associations microbiennes différentes ont été ainsi 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1916. 773 


étudiées et toutes trois sur des Hannetons provenant du Plateau de 
Sathonay. La première était constituée par Bacillus melolonthæ non lique- 
faciens $ et un Diplocoque gardant le gram; la deuxième, par B. melolonthæ 
lique faciens et un Diplobacille gardant le gram; la dernière, par le même 
Coccobacille et un gros Bacille sporulé gardant mal le gram. 

Le Diplocoque et le Diplobacille isolés des deux premières associations 
ont beaucoup de propriétés biologiques et biochimiques communes, Tous 
deux poussent assez bien en bouillon ordinaire sans donner de voile ni 
d’anneau. Le bouillon T (recommandé par Truche pour la culture du 
Pneumocoque) est pour eux un milieu de choix: dès le deuxième jour, 
on observe un dépôt au fond du tube et le milieu s’éclaireit assez vite. 


En gélose ordinaire, ils donneut de très petites colonies; en gélose T et gélose 
sucrée (maltosée ou glucosée) les colonies sont plus larges et rappellent celles du 
Pneumocoque; elles peuvent atteindre la dimension d’une tête d’épingle. Ni l’un ni 
l’autre ne liquéfient la gélatine et ne font coaguler le lait. En bouillon-bile (parties 
égales de chaque constituant), le Diplocoque pousse] très abondamment; en bile, la 
culture est plus pauvre mais le microbe donne de très longues chaînettes. Le Diplo- 
bacille au contraire ne pousse pas en bile pure. 

Le bouillon lactosé est décoloré dans les 24 heures à 18° environ; le milieu se 
_recolore ensuite en pourpre dans le cas du Diplocoque: dans celui du Diplobacille, 
il vire d’abord et se recolore ensuite. 

Le Diplocoque fait virer au rouge en24 heures l’eau peptonée, tournesolée, glucosée, 
saccharosée, maltosée; en deux à trois jours, l’eau peptonée, mannitée ou galactosée ; 
l’eau peptonée, inulinée reste bleue. 

Le Diplobacille fait fermenter tous les sucres et mème l’inuline. En milieu mal- 
tosé et mannité, il se produit une décoloration comme en milieu lactosé, puis le 
milieu se recolore. 

Les deux microbes cultivent très mal à 37°; le premier pousse en petits grumeaux 
qui tombent rapidement au fond du tube; en replaçant le tube à 18°, le développe- 
ment ne continue pas, 


Morphologiquement, les deux microbes sont très différents : les éléments 
du Diplocoque mesurent 1 à 1,2 a sur 0,8 à 0,9 w; ils sont le plus souvent 
allongés dans le sens du grand axe; quelques-uns sont arrondis. Les élé- 
ments du Diplobacille mesurent 1,6 à 1,8 œ sur 0,4 w; quelques-uns 
prennent même l'aspect filamenteux. 0 te 

Si l’on accordait la prépondérance aux caractères biologiques dans la 
classification des Bactéries, on se trouverait conduit à faire, des deux microbes 
étudiés ici, deux espèces d’un même genre ou deux variétés d'une même 
espèce; mais, considérant le caractère morphologique comme le plus impor- 
tant, nous rangerons les deux formes dans deux genres différents et appel- 
lerons la première Diplococcus melolonthæ et l'autre Diplobacillus melolonthe . 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 24.) IOI 


774 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Le Bacille de la troisième association rappelle par sa forme le Bacillus 
subtilis où B. anthracis. Il pousse bien en bouillon et le trouble dès la 
septième heure à 37°; il ne donne pas de voile, ce qui le distingue de B. sub- 
tilis. Dès le troisième jour, on observe un léger dépôt, mais le milieu ne 
s'éclaircit pas. Le Bacille se meut assez lentement en ondulant, il possède 
de nombreux cils péritriches. 

En gélose ordinaire, il pousse très rapidement et abondamment; les colonies sont 
larges, très étalées, à bords sinueux, de surface un peu chagrinée et quelquefois plissée ; 
elles sont d'apparence plutôt sèche et se détachent facilement de la surface de la gélose. 

Il ne donne pas de gaz en gélose ou rouge neutre mais fait virer au canari, à 
partir du quatrième jour, la couche superficielle du culot; le virage ne s'étend pas 


au delà de la moitié supérieure. 

La gélatine est liquéfiée lentement; à la surface, on observe une couche blanche, 
épaisse, membraneuse, assez fragile pourtant. 

Le Bacille ne peptonise pas le sérum coagulé; il forme à la surface une couche assez 
épaisse, un peu plissée et d'apparence sèche. 

Le lait est coagulé en deux à trois jours; la caséine est en partie digérée et le milieu 
prend une couleur jaunâtre qui brunit de plus en plus. 

Sur pomme de terre, le bacille pousse abondamment et forme à la surface une couche 
crémeuse épaisse, d’abord blanchâtre puis gris -brun. 

L'action sur les sucres n’est pas assez marquée ni assez constante pour faire l'objet 
d'une mention spéciale; sur Drygalsky le développement est presque nul. 


Formation des spores. — Sur milieu solide (gélose ordinaire) les pre- 
mières spores apparaissent versile troisième jour; elle sont centrales etont 
une forme ovoïde; elles possèdent une paroi assez épaisse mais sont cepen- 
dant assez sensibles à l’action de la chaleur ; elles résistent à un chauffage 
d’une demi-heure à 60° et sont tuées par un chauffage d’une minute à 100°. 
Dans le sang des Insectes vivants, on n’observe jamais la formation de 
spores; celles-ci ne prennent naissance que dans les cadavres, un jour 
environ après la mort de l’Insecte. 

Le Bacille est très pathogène pour le Hanneton et les chenilles de Vanessa 
urticæ ; il ne tue pas régulièrement, même après plusienrs passages, les 
chenilles de Lymantria dispar; celles qui résistent à une première inocula- 
tion sont réfractaires à toute autre inoculation. 

Pour nous conformer aux règles de la nomenclature suivies jusqu'ici, 
nous désignerons le Bacille précédemment décrit sous le nom de Bacillus 
hoplosternus. | 


La séance est levée à 16 heures et quart. 
GD. 


SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1916. 795 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


OUVRAGES REÇUS DANS LES SÉANCES D'OCTOBRE 1916. 
{ 


Annales du Service des épiphyties, publiées par Ep. Prizieux, P. Marcnaz et E. 
Foex, t. II (1913) et II (1914). Paris. Lhomme, 1915 et 1916; 2 volumes in-8°, ( Pré- 
senté par M. Marchal.) 

Études de Lépidoptérologie comparée; fasc. XI bis : Contributions à l'étude des 
grands Lépidoptères d'Australie (genres Coscinocera et Xyleutes), par Ke 
Ogurraür, Consranr Houzsent et F.-P. Dopp. Rennes, Oberthür, 1916; 1 vol, in- 
(Présenté par M. Bouvier.) 

Œuvres de Henri Poincaré, publiées sous les auspices du Ministère de l’Instruc- 
tion publique, par G. Darsoux; t. I, publié avec la collaboration de N. E. Nörtuxp 
el de Ernest Legon. Paris, Gauthier-Villars, 1916; 1 vol. in-4°. (Présenté par M. G. 
Darboux.) Hu 

Conservatoire national des Arts et Métiers. Un effort à faire. Les industries chi- 
miques en France et en Allemagne. Conférences faites par M. Frgurenr. Paris- 
Nancy, Berger-Levrault, 1915 et 1916; 2 fasc. in-16 : le premier contient un Aperçu 
général sur les causes de leur développement comparatif, le second des Considéra- 
tions sur leur développement particulier. (Présenté par M. Th. Schlæsing.) 

Notes ptéridologiques, par le prince Bonararte; fascule I. Paris, imprimé par 
l’auteur, 1915; 1 fasc. in-8°. (Présenté par le prince Bonaparte.) 

1168 estrellas del preliminary general catalogue de Boss, cuyas posiciones apa- 
rentes figuran en las principales efemérides astronómicas, lista redactada por D. 
lenacio Tarazona BLancu. Valencia, Miguel Gimeno, 1916; 1 fasc, in-4°. (Présenté par 
M. Bigourdan.) ad 

La teoria atomistica e , Sebastiano Basso con Notizie e considerazioni su William 
Higgins, par Icio Guaresent. Bxtrait des Mémoires de la Reale Accademia dei Lin- 
cei, serie quinta, vol. XI, fasc. VI. Roma, Pio Befani, 1916; 1 fasc. in-4°. (Présenté 
par M. Haller.) 

Bridge Engineering, by J.-A.-L. Wavvert. New-York, John Wiley, 1916; 2 vol. 


in-8°, (Présenté par M. Lecornu.) 
(A suivre.) 


776 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


ERRATA. 


(Séance du 13 novembre 1916.) 


Rapport de M. H. Le Chatelier : 
Page 581, lignes 22-23, et page 587, ligne 4, au lieu de Physikalische Reichsan- 
stalt, lire Physikalisch-Technische Reichsanstalt, 
Page 581, ligne 24, et page 587, lignes 2-3, au lieu de Technische Reichsanstalt, 
lire Königliches Material-Prüfungsamt. 


(Séance, du. 27 novembre 1916.) 


Note de MM. Ledoux-Lebard et A. Dawvillier, Recherches théoriques et 
expérimentales sur les bases de la dosimétrie radiologique : 

Page 668 ( fig. 1 et 2). Ces deux figures, intercalées par erreur dans la Note du 
27 novembre, se rapportent à une nouvelle Note des mêmes auteurs présentée à la 
séance du 11 décembre :916. 


a 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 
SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE DU LUNDI 48 DÉCEMBRE 1916. 


PRÉSIDÉE PAR M. CAMILLE JORDAN. 


En ouvrant la séance M. Camitte Jorvas prononce l’allocution suivante : 


Messieurs, 


L'année dernière, à pareille époque, mon prédécesseur exprimait en 
termes éloquents un vœu qui n’est pas complètement réalisé encore. Il ne 
m'est pas donné de célébrer la victoire. Mais du moins les 12 mois qui 
viennent de s’écouler nous ont apporté de nouvelles raisons de compter sur 
elle et de la vouloir complète et décisive. Sans parler des glorieux succès 
de nos armées, les crimes multipliés de nos ennemis sont le présage de leur 
défaite. Ils osent parler de liberté, d’affranchissement, lorsque sur chacune 
de leurs frontières gémit une nation opprimée; lorsque des populations 
entières sont déportées en esclavage, et qu'ils s'apprêtent à les enrôler de 
force dans leurs armées. Qui pourrait croire au succès final de leur entreprise, 
qui prétend effacer vingt siècles de christianisme pour nous ramener au 
régime des monarchies de Babylone. Ils invoqueront en vain leur « Vieux 
Dieu Allemand », sanglante idole que s’est forgée leur orgueil. Nous leur 
laissons ce Dieu-là. Le nôtre ne connaît pas la vieillesse et n’est pas 
l'apanage d’un peuple; mais c’est un Roi de justice, et avec son aide nous 
vaincrons. 

Messieurs, ce n’est pas seulement sur les champs de bataille que la mort 
exerce son empire. Elle nous a cruellement frappés pendant l'année qui 
vient de s’écouler. 

Le D? Léon Labbé, né au Merlerault (Orne) en 1832, figurait depuis 1902 
parmi nos membres libres et comptait parmi nos plus éminents chirurgiens. 
Guidé par l'expérimentation sur les animaux, encore peu usitée à l'époque 
de sa jeunesse, il osa se risquer, bien avant l'avènement de l'antisepsie, à des 
opérations justement redoutées mais dont son habileté et sa propreté méti- 


3 
C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 25.) 10° 


778 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


culeuse assuraient le succès. Plusieurs d’entre elles sont restées célèbres et 
personne n’a oublié celle de « l’homme à la fourchette ». L’extirpation du 
larynx, qu'il pratiqua plusieurs fois avec succès, n’est pas moins remar- 
quable. 

On lui doit encore un Traité sur les tumeurs bénignes du sein, resté clas- 
sique après plus de 30 ans, et des travaux importants sur l’anesthésie, dont 
il sut atténuer considérabiahel les dangers. 

Élu sénateur en 1892, il conquit immédiatement auprès de ses colis 
une autorité incontestée qu'il fit toujours servir au bien public. Les progrès 
de l’alcoolisme trouvèrent en lui un adversaire résolu. 1l montra que la 
fièvre typhoïde est une maladie évitable, que des adductions d’eau saine 
peuvent prévenir et dont la vaccination, rendue obligatoire sur ses instances, 
a préservé notre armée. 

La guerre actuelle sembla rendre un regain de jeunesse à ce vétéran 
de 1870. Dès la mobilisation il se mit à la disposition du service de santé, 
et on le vit à 82 ans, dans les j Journées les plus froides, courir inspecter les 
ambulances et les hôpitaux pour venir en aide à nos chers blessés. 

M. Émile Jungfleisch, né à Paris en 1839, était entré en 1909 dans la 
Section de Chimie. On saluait en lui un des maîtres de la Chimie orga- 
nique. 

Sa principale découverte est la synthèse des corps doués du pouvoir 
rotatoire. 

. On avait cru longtemps à l’opposition des forces physiques et des forces 
vitales, celles-ci étant seules susceptibles d’engendrer les composés orga- 
niques que les autres ne peuvent que détruire. 

Claude Bernard s'était élevé contre cette doctrine et Berthelot lui a 
donné le coup de grâce en fabriquant de toutes pièces avec des éléments 
purement minéraux une multitude de corps de la Chimie organique. 

Toutefois, quelque multipliées que fussent devenues ces synthèses sous sa 
puissante impulsion, on n’avait encore réussi à reproduire aucun des corps 
à molécule dissymétrique, et par suite doués du pouvoir rotatoire. On 
pouvait croire l'intervention de la vie nécessaire pour leur donner naissance; 
Pasteur lui-même n’était pas éloigné de cette pensée. 

En construisant de toutes pièces à partir des éléments les acides tar- 
trique, camphorique et malique avec toutes leurs variétés, M. Jung- 
fleisch a renversé la dernière barrière qui séparait la Chimie de la Biologie. 

M. Henri Léauté, né à Balize (Amérique) en 1847, était entré en 1890 
dans la Section de Mécanique. 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 779 


Son œuvre est la meilleure réponse à ceux qui s’imaginent qu'il y a divorce 
entre la théorie et la pratique et que les hommes de science sont inutiles, 
sinon nuisibles aux progrès de l’industrie. 

ll débuta par des travaux d'Analyse pure, mais ne tarda pas à se consacrer 
tout entier à la Mécanique. | 

La transformation d’un mouvement donné en un autre mouvement éga- 
lement donné est un problème de tous les jours; sa réalisation rigoureuse, 
qui semble facile, se heurte à des difficultés pratiques. M. Léauté, suivant 
les traces de notre illustre associé M. Tehebychev, préféra à bon droit les 
solutions approchées en substituant à la courbe à décrire l’are de cercle le 
plus voisin; il apprit à le déterminer. 

La transmission de la force à grande distance par câbles joue un grand 
rôle dans l’industrie moderne. Mais dans le calcul des règles à suivre, on 
avait négligé de faire intervenir divers éléments importants. Il en résultait 
de graves mécomptes. Dans un Mémoire étendu, devenu aussitôt classique, 
M. Léauté résolut complètement cette question diffcile. 

Ses recherches sur les régulateurs ne sont pas moins importantes. Elles 
ont eu pour résultat l'invention d’un appareil fort simple, applicable à un 
régulateur quelconque et permettant de faire varier à volonté la vitesse de 
régime et le degré de l’isochronisme. 

Les oscillations à longue période, si dangereuses dans les machines 
hydrauliques, ont été également l’objet des études de M. Léanté. Il en a 
découvert la cause et indiqué le moyen de les éviter. 

M. Pierre Duhem, né à Paris en 1861, a été longtemps Correspondant 
de notre Académie avant d’être élu Membre non résident en 1913. 

D’une fécondité singulière, il laisse derrière lui une œuvre considérable 
embrassant les parties les plus diverses de la Physique théorique. 

Son but constant était de contribuer à la constitution d’une science qui 
réunit dans une harmonieuse synthèse et sous des lois mathématiques 
communes les principes découlant de l'expérience dans les branches les 
plus variées de la philosophie naturelle, Mécanique, Thermodynamique, 
Optique, Électricité, Magnétisme. 

Nulle part il n’a cherché à déduire a priori les phénomènes naturels 
d’hypothèses préconçues sur la constitution de la matière et de ses mouve- 
ments; il préférait se tenir sur le terrain des faits bien observés. L'évolu- 
tion de ces théories l’intéressait toutefois si vivement, que de philosophe 
il devint historien. Il a consacré à cette étude plusieurs Livres pleins d’in- 
térêt. Le principal est une Histoire des théories astronomiques jusqu’à 


780 ` ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Copernic. Dans cet Ouvrage considérable on ne sait qu’admirer davantage, 
de la vaste érudition de l’auteur ou de son immense labeur. Il y fait revivre 
plusieurs noms de savants du Moyen Age bien injustement oubliés, car ils 
furent de vrais précurseurs, et met en pleine lumière le rôle glorieux de 
l’Université de Paris du xm°® au xv° siècle. 

Cet Ouvrage devait comporter 10 Volumes dont 4 avaient déjà été 
publiés coup sur coup, avec une rapidité que la guerre n’avait pas ralentie. 
La mort a été moins clémente. | 

On doit toutefois espérer que les Tomes 5 et 6, confiés par sa fille aux 
soins pieux de l’Académie, échapperont au naufrage et pourront paraître 
bientôt. 

M. Gosselet, né à Cambrai en 1832, Membre non résident de notre 
Académie depuis 1910, était le doyen des géologues français. Arrivé à Lille 
en 1864 dans une Faculté sans laboratoire, sans collections, sans élèves, 
il réussit par sa persévérance à en faire le centre le plus important des 
études géologiques dans nos provinces. Ses études sur le nord de la France, 
poursuivies pendant 5o années, sont un modèle de monographie. Elles se 
sont montrées aussi utiles aux progrès de l'industrie qu’à ceux de la 
Science. Lorsque, devançant Marcel Bertrand, il établissait que l’Ardenne 
méridionale, glissant le long d’une faille inclinée, venait chevaucher sur la 
région du Nord, il ne donnait pas seulement le premier exemple de ces 
charriages qui devaient expliquer tant de choses en Géologie, mais il per- 
mettait louverture de nouvelles mines. Lorsqu'il déterminait par une série 
de courbes de niveau l'allure en profondeur des diverses couches de la 
région, il fournissait aux industriels les moyens de se procurer .dans le 
sous-sol les eaux qui faisaient défaut à la surface. 

Au moment de l'invasion il ne voulut pas abandonner ses chères collec- 
tions à la rapacité de l'ennemi. C’est en veillant sur elles (une explosion 
les avait bouleversées) qu'il contracta le germe de la maladie qui Pa 
emporté. 

M. Richard Dedekind, né à Brunswick en 1831, Associé étranger 
depuis 1910, est mort chargé d'années, laissant une œuvre mathématique 
de premier ordre à laquelle son nom restera toujours attaché. 

Le champ de l’Arithmétique était resté borné jusqu'au siècle dernier au 
système des nombres entiers. Gauss l’a étendu le premier par l’adjonction 
des entiers complexes de la forme a+ bi, qu’ila montrés soumis aux mêmes 
lois. 

On était dès lors porté à l’étude des entiers formés avec les racines d’une 


. SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 781 


équation algébrique quelconque. Mais une difficulté singulière semblait 
former un obstacle infranchissable à la recherche. Le théorème fondamental 
d'Euclide, d’après lequel un nombre entier ne peut être décomposé que 
d’une seule manière en un produit de facteurs premiers cessait d'être vrai. 

M. Kummer avait surmonté cette difficulté par des considérations ingé- 
nieuses dans le cas particulier des entiers formés avec les racines de l'unité. 
Mais il était réservé à M. Dedekind de donner la solution générale, 

Il reconnut tout d’abord la nécessité de modifier la définition des nombres 
entiers de manière à lui faire embrasser certains nombres d'apparence 
fractionnaire. ; 

Il remplace ensuite la considération du nombre donné par celle du sys- 
tème de ses multiples, qu'il nomme son ideal. 

À ces idéaux principaux il joint des idéaux secondaires obtenus par leur 
réunion. 

À yant ensuite défini convenablement la multiplication de ces idéaux, il 
montre que le théorème d’Euclide leur est applicable. 

L'importance de ce beau théorème ne saurait être exagérée. Il ouvre aux 
recherches des géomètres un immense domaine. 

M. Elie Meichnikoff, né en 1845 aux environs de Kharkow, Associé 
étranger depuis 1912, était Russe; mais un séjour en France de 30 ans à 
l'Institut Pasteur nous permet de revendiquer quelque part à la gloire qui 
s'attache à son nom. 

Ses premiers travaux sont relatifs à l'étude de l'embryogénie d'animaux 
marins peu connus en dehors des spécialistes et à leurs étranges métamor- 
phoses qui masquaient bien souvent leur véritable nature. Mais nous 
devons nous hâter de passer à sa découverte capitale. I la dut à un hasard 
heureux comme celui qui, suivant la légende, aurait révélé à Newton 
l'attraction universelle. | 

Il découvrit un jour une Planaire dont l'intestin, au lieu d’être un tube, 
était formé d’une masse de cellules, pleines d’aliments à moitié digérés. 
Ce petit fait, découvert par un autre, fût sans doute resté une observation 
isolée et d’un mince intérêt. Mais l'esprit pénétrant de Metchnikoff sut en 
deviner les conséquences. 

Il retrouva la même disposition dans les embryons de diverses espèces, 
ce qui battait en brèche la fameuse théorie de la Gastrula, introduite par 
Hæckel et généralement acceptée à cette époque. 

En outre, la digestion, au lieu de se faire à la manière habituelle par 
sécrétion de sucs qui dissolvent les aliments et leur permettent d’être 
absorbés à l’état liquide, ne pouvait se produire ici que par capture des 


782 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


éléments solides par les cellules qui les digèrent à leur intérieur. C'était 
un processus physiologique nouveau, dont M. Metchnikoff constata la 
généralité. Par une longue suite de recherches il arriva enfin à établir 
qu'il existe dans l’intérieur des corps vivants des cellules errantes douées 
de cette faculté de digestion intracellulaire. Leur rôle est multiple : 

° dans la métamorphose, ils résorbent les organes larvaires devenus 
inutiles; 2° ils détruisent les tissus altérés ou vieillis: 3° ils livrent bataille 
aux microbes qui attaquent l'organisme. 

Telles sont chez l’homme les fonctions des globules blancs du sang. 
L’inflammation n’est qu'une réaction de l'organisme due à leur multipli- 
cation. 

M. Metchnikoff s’est encore attaqué à diverses maladies, la syphilis, le 
choléra infantile. Il a réussi à les communiquer à des animaux, permettant 
ainsi de les soumettre à l’expérimentation. C’est le premièr pas vers leur 
guérison, comme Pasteur l’a montré pour la rage. 

M. Metchnikoff avait des visées plus hautes encore. Il voulait combattre 
la sénilité, dont il voyait les causes dans les poisons sécrétés par les 
microbes de l'intestin; il proposait pour les détruire l’action de l'acide 
lactique. Quand et dans quelle mesure pourra-t-on voir la réalisation de 
ces espérances hardies ? C’est le secret de l’avenir. 

Sir William Ramsay, né à Glasgow en 1852, était Associé étranger 
depuis 1910. 

Ses remarquables travaux sur les questions difficiles de la Physicochimie, 
son habileté opératoire et la précision de ses analyses avaient depuis long- 
temps conquis le suffrage des connaisseurs lorsqu'en 1894 une découverte 
éclatante qu'il fit en commun avec Lord Rayleigh vint mettre le sceau à sa 
réputation. 

La surprise des chimistes fut grande lorsqu'ils durent reconnaître que 
cette atmosphère, si souvent analysée par eux, contenait dans la proportion 
de r pour 100 quatre gaz nouveaux dont ils avaient méconnu la présence. 
Leur excuse était que ces gaz, rebelles à toute combinaison, pouvaient 
difficilement être décelés par leurs réactifs. 

L'analyse spectrale avait fait découvrir, dans l’atmosphère solaire, la 
présence d’un élément inconnu, l’hé/rum. Sir William Ramsay lè retrouva 
dans quelques minéraux terrestres d’où il se dégage sous l'influence de la 
chaleur. 

Ce n’etait là qu'un prélude à la découverte la plas extr aordinaire qui 
ait été faite en chimie depuis Lavoisier. 

Tout le monde connaît le radium. Ce corps étrange dégage incessamment 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 783 
de la lumière et de la chaleur sans subir de modification sensible. Il rend 
toutefois phosphorescents les vases où il est enfermé. Ce phénomène est dû 
au dégagement extrêmement lent d'un gaz nouveau, l'émanation, qui lui- 
même ne tarde pas à se transformer en hélium. 

La transmutation des corps les uns dans les autres, si vainement pour- 
suivie par les anciens alchimistes, se trouvait ainsi réalisée pour la première 
fois. 

: D'expériences postérieures de Sir William Ramsay il semblerait résulter 
que, sous l'influence de l’émanation, des phénomènes analogues se pro- 
duisent dans les métaux usuels, mais dans un sens contraire à celui que 
désiraient les chercheurs de la pierre philosophale. Le cuivre se change en 
lithium et le plomb en charbon, 

M. Guido Baccelli, né à Rome en 1832, Correspondant dans la Section de 
Médecine, était l’un des représentants les plus éminents de la Chirurgie 
italienne, On lui doit des études classiques sur les anévrismes, un procédé 
nouveau d'auscultation, une méthode nouvelle de traitement du tétanos. 
Le premier il a osé injecter les médicaments directement dans les veines 
pour rendre leur action plus prompte. Ce procédé hardi, imité depuis, a été 
justifié par de brillants succès. Il lui a pams de guérir des cas désespérés 
de fièvres pernicieuses. 

Successivement député, sénateur, ministre à plusieurs reprises, il a joué 
un rôle important dans toutes les questions concernant? Instruction 
publique et Hygiène. L’assainissement de la campagne Romaine, désolée 
par la malaria, est en grande partie son œuvre. 

M. Oscar Backlund, directeur de l'Observatoire de Poulkovo, né en 
Suède en 1846, était depuis 1895 Correspondant de notre Académie dans 
la Section d’Astronomie, 

La théorie des perturbations planétaires lavait SH REP 
Son œuvre principale est l'étude approfondie de la comète célèbre observée 
pour la première fois par Méchain en 1786, retrouvée par Pons en 1819 et 
dont Encke établit le caractère périodique. Les anomalies de son mouve- 
ment semblaient déceler la présence d’un milieu résistant dans les régions . 
voisines du Soleil. 

Il résulte des recherches de M. Backlund que ce milieu résistant, au lieu 
d'être continu comme on l'avait supposé, serait localisé dans certaines 
régions, Son analyse fournit également une nouvelle détermination de la 
masse de Mercure. 

M. Édouard Heckel, nė à Toulon en 1843, Correspondant dans la Section 
d'Économie rurale depuis 1907, a créé l’Institut colonial de Marseille. 


784 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


L'étude et l’utilisation des plantes des pays tropicaux a été l’objet de ses 
constants travaux. Íl fut le premier à signaler à l'attention des propriétés de 
la Kola. On lui doit également l'introduction de plusieurs plantes utiles, des 
Araucaria à la Nouvelle-Calédonie, de l’Igname du Japon dans les terrains 
marécageux de la Vienne, etc. 

M. Maupas, né à Vaudry (Calvados) en 1842, Correspondant dans la 
Section d’Anatomie et Zoologie depuis 1901, s’est fait remarquer par la 
rigoureuse précision de ses expériences sur les animalcules qu'il étudiait. 
Parmi les faits qu’il a constatés et qui éclairent d’un jour nouveau des pro- 
blèmes importants de Biologie, nous citerons les suivants : 

Les Infusoires sont susceptibles de se multiplier par division de leur corps. 
Après un nombre limité de ces générations, déterminé pour chaque espèce, 
la colonie dégénère et finit par périr. Mais si avant la dégénérescence on 
introduit dans la culture des individus d’une autre origine, ils s’accouplent 
aux précédents; et cette fusion produit un nouvel être rajeuni, susceptible 
de parcourir le cycle entier des générations successives par division. 

Le cas des Rotifères est plus singulier encore. Au printempsils n’ont pas 
de sexe et se reproduisent par des œufs non fécondés. Mais la chaleur est 
plus puissante que le Parlement d'Angleterre. Dès que la température 
atteint 18°, chiffre bien déterminé, ces Rotifères deviennent brusquement 
femelles. Les nouveaux œufs qu’ils produisent alors, très différents des 
précédents, donnent naissance à des mâles. De l'union des mâles et des 
femelles résulte un dernier œuf dont l'embryon s’enkyste et devient suscep- 
tible de franchir la mauvaise saison. 

M. le général Joseph-Simon Gallieni, né à Saint-Béat en 1849, Corres- 
pondant dans la Section de Géographie depuis 1899, est mort au moment 
où nous allions nous l’associer par un lien plus étroit. 

Successivement explorateur au Soudan occidental, commandant supé- 
rieur du Haut Sénégal, commandant du territoire du Tonkin, gouverneur 
général de Madagascar, son nom restera dans l'Histoire comme celui du 
principal créateur de notre empire colonial. f l 

C’est lui qui soumit le Haut Sénégal jusque-là inexploré; sous ses 
auspices la mystérieuse Tombouctou fut atteinte et occupée. Mais c’est 
à Madagascar qu’il put donner toute sa mesure. 

Il avait trouvé cette grande colonie en pleine révolte; il la laissa pacifiée 
et sur la voie de la prospérité. Routes, chemins de fer, développement de 
l'instruction et du commerce, établissement de la Carte de l'ile, étude des 
ressources qu'elle peut offrir, sa prévoyance n'avait rien oublié. 

Mais ce n’est pas seulement comme explorateur et colonisateur que le 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1910. 785 


général Gallieni a bien mérité de la France. Qui ne se rappelle que, chargé 
dans un instant critique de la défense de Paris, il sut par son énergie 
ranimer les courages ébranlés, préserver la cité de l'invasion, et enfin, par 
une manœuvre hardie, refouler lennemi? 

Ministre de la guerre il sut donner une impulsion nouvelle à la défense 
nationale. Mais sa santé ébranlée ne put soutenir ce nouveau fardeau et il 
tomba victime de son devoir. 

Qu'il me soit permis de clore cette funèbre énumération par une 
réflexion consolante. 

Un peuple qui, cultivant la Science sans épithéte, peut sans trop 
s'appauvrir supporter de telles pertes en une seule année, n’est pas aussi 
dégénéré que voudrait le faire croire une nation voisine, aussi experte à 
s'approprier nos découvertes qu'à falsifier nos marques de fabrique. Or 
un coup d’œil rapide jeté sur les douze Correspondants élus cette année 
suffit à montrer sd les mains de nous manqueront pas pour ramasser le 
flambeau. 

M. de la Vallée Poussin établit la loi de fréquence des nombres premiers 
et généralise la notion de l'intégrale. 

M. Liapounoff approfondit les conditions de l'équilibre stable et déter- 
mine les figures variées que peut prendre une masse fluide en rotation. 

M. Aries ramène l’Energétique à des principes simples et généraux. 

M. Gonnessiat établit des Catalogues d’étoiles, détermine la constante 
de la précession, reprend la mesure de l’are du Pérou, titre de gloire de 
nos astronomes du xvin° siècle. 

M. Walden découvre l'inversion optique et la produit à son gré. 

M. Ramon Cajal change par ses observations sur les neurones toutes 
nos conceptions sur le fonctionnement du système nerveux. 

M. Boulanger établit les règles de classification des reptiles. 

M. Bataillon éclaire d'un jour nouveau les métamorphoses et le déve- 
loppement de l’œuf; ses expériences sur la parthénogenèse traumatique 
le conduisent à des résultats surprenants et d’une haute portée. 

M. Yersin, après avoir secondé notre confrère, M. Roux, dans ses 
recherches sur le traitement de la diphtérie, s'attaque à la peste; il 
découvre son mode de propagation et le sérum qui la guérit. 

M. Morat fixe l’étiologie du mal perforant; ses recherches sur la con- 
_traction musculaire font autorité. 

M. Depage étudie les ptoses viscérales, et les généralisations tubercu- 
leuses qui succèdent aux opérations. 

C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 25.) 103 


786 ACADÉMIE DES SCIENCES. 

Enfin, M. Bergonié s’est signalé par une étude approfondie des applica- 
tions des agents physiques à l’art de guérir. On lui doit à cet égard des 
instruments précieux, parmi lesquels il nous suffira de signaler l’électro- 
vibreur, qui rend tant de services dans nos hôpitaux. M. Bergonié a 
d’ailleurs été victime de son dévouement, ayant perdu deux doigts brûlés 
par les rayons X. 

On voit par ces exemples que la science ne périclite pas parmi nous 
et que l’Académie maura que l'embarras du choix le jour prochain, je 
l'espère, où elle reprendra son recrutement suspendu depuis la guerre. 

Elle a poursuivi cette année les œuvres d'assistance et de propagande 
entreprises par elle dès le début de la guerre. Elle n’a également cessé de 
concourir à la défense nationale autant que ses moyens le lui permettaient, 
tant dans les Commissions établies dans son sein que dans celles constituées 
aux Ministères. Ses membres y ont pris la part la plus active, un seul 
d’entre eux ayant rédigé 220 rapports dans le courant de cette année. 

Elle ne pouvait en tant que corps instituer des expériences, ne possédant 
aucun laboratoire. Mais: plusieurs d’entre nous en- ont à leur disposition el 
se sont empressés de les utiliser pour la défense nationale. 

On comprendra qu’il me soit interdit d'exposer les résultats qu'ils ont 
obtenus. à 

Je puis annoneer toutefois que l'Académie, jugeant qu’il convenait de 
s'occuper d'avance des mesures à prendre après la guerre, a constitué pour 
cette étude une Commission qui poursuit activement ses travaux. Un pre- 
mier résultat à été acquis. 

L'Académie, constatant avec regret que notre industrie s’est laissé 
distancer par celle des nations voisines, faute de posséder comme ces der- 
nières un organe central ayant pour mission l'étude désintéressée des 
sciences nécessaires aux progrès de l'industrie a émis le vœu qu'il fût établi 
un laboratoire central de Physique et de Mécanique, fonctionnant sous sa 
direction et son contrôle. 

Une autre question nom moins importante est celle des mesures à prendre 
pour réaliser les progrès que réclame notre agriculture nationale. Un 
rapport sur ce grave sujet, rédigé par notre éminent confrére M. Tisserand 
et dont nous avons adopté les conclusions à lunanimité, vient d’être 
publié. H sera transmis aux Pouvoirs publics. 

Messieurs, avant de donner la parole à M. le Secrétaire perpétuel pour 
la proclamation des prix, j'appellerai encore votre attention sur Fes travaux 
particulièrement intéressants de quelques-uns de nos lauréats. Je citerai 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 787 
notamment la remarquable expérience de M. Torres y Quevedo, de l’Aca- 
démie de Madrid, commandant à distance les évolutions d’un navire 
en rade de Bilbao; et les recherches par lesquelles MM. Fabry, Buisson et 
Bourget ont pu déterminer la température de la nébuleuse d’Orion et le 
poids atomique de deux gaz inconnüs, que lanalyse spectrale y a fait 
découvrir. Son éloignement n’a donc pas suffi pour la protéger contre notre 
curiosité. 

Personne n’ignore les admirables explorations de Sir Ernest Shackleton 
dans le continent austral. Tous nous avons partagé son anxiété sur le sort de 
ses compagnons et nous avons applaudi à leur délivrance, due à ses efforts 
héroïques, inlassablement poursuivis. 

Hélas! plusieurs de nos lauréats ñe sont plus là pour recevoir le prix 
qu'ils avaient mérité : Sans parler de notre éminent confrère M. Amagat 
à la mémoire duquel nous avons décerné le prix Jean Raynaud, MM. Bauer, 
Couturat, Gérard, Hébert et Marrec manquent à l'appel; une mort glorieuse 
est échue à MM. Bongraänd, Chaumont, Gerard, Longchambon, Millant, qui 
ont été tués à l’ennemi. M. Lemoult, l'un des maitres incontestés de la 
Thermochimie, sur qui l’on comptait tant pour assurer le relèvement de nos 
départements envahis, a péri victime de l'explosion de La Palice. Enfin, 
M. Gateaux, naguère élève de l'École normale, puis disciple de notre 
illustre Correspondant M. le sénateur Volterra, qui en avait reconnu la 
haute valeur, est aussi mort pour la France, trompant les légitimes espé- 
rances que suscitaient ses premiers travaux. 


Je donne la parole à M. le Secrétaire perpétuel, pour la proclamation 


des prix. 


788 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


PRIX DÉCERNÉS. 
ANNÉE 1946. 


MATHÉMATIQUES. 


PRIX FONDE PAR L'ETAT. 
(GRAND PRIX DES SCIENCES MATHÉMATIQUES. 
(Commissaires : MM. Jordan, Emile Picard, Appell, Painlevé, Humbert, 
Hadamard, Boussinesq, Vieille; Darboux, rapporteur.) 

L'Académie avait mis au concours la question suivante :. 

Appliquer les méthodes d'Henri Poincaré à l'intégration de quelques 
équations différentielles linéaires, algébriques, choisies parmi les plus simples. 

Aucun Mémoire n’a été déposé au Secrétariat. 

La Commission vous propose de décerner un prix dé deux mille francs à 
M. N. E. Noriux», professeur à l'Université de Lund, particulièrement 
pour ses travaux sur les équations linéaires aux différences finies. 


L'Académie adopte la proposition de la Commission. 


PRIX BORDIN. 
(Commissaires : MM. Jordan, Émile Picard, Appell, Painlevé, Humbert, 


Hadamard, Boussinesq, Vieille; Darboux, rapporteur.) 


Lorsqu'on examine des questions très diverses, en apparence, de Géo- 
métrie infinitésimale, on est surpris de retrouver dans leur solution des 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 789 


courbes gauches dont la définition est toujours la même. Réelles ou imagi- 
naires, algébriques ou transcendantes, ces courbes sont caractérisées par 
cette propriété que la torsion y prend la même valeur en chacun de leurs 
points. Elles apparaissent dans la détermination des surfaces applicables 
sur le paraboloïde de révolution; elles sont les lignes asymptotiques des 
surfaces à courbure totale constante; enfin, un de nos correspondants, 
M. E. Cosserat, a montré, dans un élégant travail, que leur étude est étroi- 
tement liée à celle des surfaces minima circonscrites à une sphère. 

Dans son Enseignement et dans la première partie de ses Leçons sur la 
théorie générale des sur faces, parue en 1887, votre Rapporteur avait signalé 
l'intérêt que présente l'étude de cette classe de courbes et il avait invité les 
géomètres à déterminer, si possible, celles d’entres elles qui sont réelles et 
algébriques. Les coordonnées d’un point variable d’une telle courbe étant 
déterminées par des formules telles que les suivantes : 


CAR Rat Ka hdl— taR E kdh — hdk 
Sat Pre 26250 fee LE TE PERR pP 


le problėme à résoudre pouvait s’énoncer de la manière suivante : 


Déterminer pour h, k, l des fonctions algébriques d'un parametre t telles que 
les trois intégrales précédentes soient algébriques. 


Sous cette forme, il a été étudié par divers géomètres. Dans sa thèse, 
soutenue en 1890, Sur les courbes à torsion constante, M. I. Lyon a fait con- 
naitre une première solution du problème, donnée par une cubique imagi- 
naire dont les deux courbures sont constantes. La même année, dans un 
Mémoire inséré aux Annales de l'École Normale supérieure (3° série, t. VID), 
M. Fouché publiait sur le même sujet des résultats dignes d'intérêt et 
ramenait la solution du problème à celle de l'équation 

de 


— = (#9 — se 


du 


sa 
dus? 

où ¢ et w devaient être des fonctions algébriques de u. Enfin, dans une 
Note parue en 1892 dansles Comptes rendus et dans un Mémoire inséré en 1892 
au Tome IX des Annales de l’École Normale supérieure, M. E. Fabry donnait 
pour la première fois quatre exemples distincts de courbes à torsion cons- 
tante, unicursales et réelles. 

En mettant au concours pour l’année 1915 la question suivante : 


Réaliser un progres notable dans la recherche des courbes à torsion con- 


790 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


stante; déterminer, s'ilest possible, celles de ces courbes qui sont algébriques, 
tout au moins celles qui sont wnicursales, 


l'Académie pouvait donc, à bon droit, espérer qu’elle provoqueraïit des 
recherches intéressantes sur un problème dont la nouveauté et la difficulté 
avaiént déjà provoqué des essais d’une réelle valeur. En raison des circons- 
tances, elle avait décidé, en 1915, de proroger le Concours et d’autoriser 
les concurrents à déposer leurs Mémoires jusqu'au 31 décembre 1915. Son 
attente n’a pas été trompée et elle a reçu trois Mémoires développés. Si 
deux d’entre eux ont dû, sans doute, être rédigés d’une manière un peu 
rapide, leurs auteurs ayant été appelés à remplir leurs devoirs militaires, il 
a paru à votre Commission qu’ils méritaient néanmoins d’être retenus et 
récompensés. 


Le Mémoire n° 4 porte pour devise : La Géométrie est une harmonie. W a 
pour auteur M. Grorces Darmois qui avait déjà publié le 22 décembre 191, 
dans les Comptes rendus,une Note sur les courbes algébriques à torsion constante. 
Le Mémoire de M. Darmois ajoute beaucoup aux résultats contenus dans 
cette Note. Si l’auteur y a étudié surtout les courbes unicursales, son travail 
contient néanmoins des propositions importantes relatives à celles de ces 
courbes qui sont algébriques. Votre Commission vous propose a accorder 
à M. Danmois une mention honorable de mille francs. 


Le Mémoire n° 2 a pour auteur M. Berrrasp Gamser qui, lui aussi, avait 
publié au cours du premier trimestre de 1914, plusieurs Notes sur le pro- 
blème proposé par l’Académie (voir nos Comptes rendus, 1% semestre 
de 1914). Ce travail est très développé; nous y avons remarqué, en dehors 
du développement des propositions contenues dans les Notes déjà publiées, 
une méthode élégante pour obtenir, presque sans calcul, une infinité de 
courbes unicursales à torsion constante. Il est vrai que ces courbes sont 
imaginaires; mais on sait que ces courbes imaginaires doivent intervenir 
dans la solution des différents problèmes de Géométrie infinitésimale où 
doivent figurer des courbes à torsion constante, par exemple dans la déter- 
mination des surfaces réelles applicables sur le paraboloïde de révolution. 

Votre Commission vous propose d'accorder également à M. Ganser une 
mention honorable de mille francs. 


L’ Académie adopte les propositions de la Commission. 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. ‘> p 


PRIX PONCELET. 


(Commissaires : MM. Jordan, Émile Picard, Appell, Painlevé, Humbert, 
Hadamard, Boussinesq, Vieille ; Déthoux, rapporteur.) 


La Commission vous propose de décerner le prix à M. CnarLes DE LA 
Varrée Poussix, professeur à l'Université de Louvain, Correspondant de 
l’Académie, pour l’ensemble de ses travaux mathématiques. 


PRIX FRANCOEUR. 


(Commissaires : MM. Jordan, Émile Picard, Appell, Painlevé, Humbert, 
Darboux, Boussinesq, Vieille; Hadamard, rapporteur.) 


Revé-Eucèse Garraus est entré, en 1907, à l'École Normale supérieure. 
À sa sortie, il fut un de ceux qui, maugurant une tradition à laquelle nous 
ne saurions trop applaudir, allèrent à Rome se former aux méthodes et aux 
théories de M. Volterra. Notre Confrère fut dès l’abord frappé des belles 
qualités scientifiques de Gâteaux et nous a personnellement fait connaître 
la haute estime en laquelle il tient son talent. 

De fait, le jeune travailleur trouva de beaux sujets d'investigation dans le 
champ vaste et encore mystérieux du Caleul fonctionnel, dont les: diffi- 
cuités mêmes l'inspirèrent heureusement. 

… Dans une série de Notes insérées dans nos Comptes rendus et dans ceux de 
l'Académie des Lincei, il s'appliqua à compléter les résultats relatifs à la 
représentation des fonctionnelles, en pensais celui qu'avait donné 
M. Fréchet sur l'approximation par ce qu'on a appelé les fonctionnelles 
d'ordre entier ow polyromes fonctionnels. Il le précise par Findication des 
conditions de convergence uniforme et du choix du polynome de meilleure 
approximation, et l’applique aux fonctionnelles satisfaisant à la condition 
du eycle fermé, dont l'importance a été mise en évidence par M. Volterra. 

Mais, en dernier lieu, en même temps qu’il revenait sur ce sujet pour y 
retrouver lanalogue fonctionnel de la notion de fonction analytique, ib 
allait s'engager dans une voie beaucoup plus audacieuse et qui promettait 
d’être des plus fécomdes, en étendant au domaine fonctionnel la notion 
d'intégration. Nul ne peut prévoir le développement et la portée qui 


102. . ACADÉMIE DES SCIENCES. 


auraient pu être réservés à cette nouvelle série de recherches. C’est elle qui 
a été interrompue par les événements. 

GaTEaux partit comme sous-lieutenant au 69° d'infanterie ; il tomba. 
des premiers pour la France, au combat de Rouvroy (P.-de-C.), le 
3 octobre 1914. 

La Commission vous propose de lui décerner le prix Francœur pour ses 
travaux sur le Calcul fonctionnel. 


L'Académie adopte la proposition de la Commission. 


MÉCANIQUE. 


PRIX MONTYON. 


(Commissaires : MM. Boussinesq, Deprez, Léauté, Sebert, Vieille, Schlæ- ` 
sing père, Haton de la Goupillière, Bertin; Lecornu, rapporteur.) 


M. E. Mémiéeausr, professeur à l’École des Mines de Saint-Étienne, a 
publié en 1913 un Volume intitulé Théorie des ventilateurs et pompes centri- 
fuges. Prenant comme point de départ les travaux antérieurs de M. Rateau, 
l’auteur analyse avec une grande clarté les propriétés assez complexes de 
cette catégorie d’appareils. Il étudie successivement l'influence du circuit 
extérieur, celle de la vitesse de rotation, celle de la forme et des dimensions. 
Il compare les divers modes d'emploi et montre en particulier par une 
discussion délicate que, si la vitesse est comprise entre deux limites nette- 
ment spécifiées, un ventilateur peut fonctionner avec courant centripète, le 
problème comportant alors deux solutions; que si la vitesse n’atteint pas 
la limite inférieure, le courant centripète est encore possible, mais avec 
une ‘seule solution; enfin, que si la vitesse dépasse la limite supérieure le 
courant centripète ne peut plus exister. L'Ouvrage se termine par l’examen 
de ce qui arrive quand on accouple parallèlement deux ventilateurs. On a 
souvent observé, dans l'emploi des ventilateurs ainsi groupés, des anomalies 
capables de compromettre, par exemple, l’aérage d’une mine. M. Méri- 
geault montre les moyens de prévoir et d'éviter cet inconvénient. Sa 
théorie est donc susceptible d'importantes applications. 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 793 


On doit également à M. Mérigeault une Théorie des moteurs à gaz et à 
pétrole, parue en 1905 dans les Annales des Mines. Ainsi qu’il le fait observer 
dans l'Introduction, on a trop souvent traité ce sujet par des méthodes qui 
sont en flagrante opposition avec les lois fondamentales de la Thermody- 
namique. On a, notamment, appliqué indûment le principe de Carnot. 
La théorie proposée échappe à cette critique. Entièrement basée (comme 
celle, antérieure, de M. Marchis) sur le principe de l’Équivalence, elle 
conduit, de la manière la plus simple, à une évaluation correcte du rende- 
ment; elle montre bien l'influence de-la compression préalable et celle de 
la vitesse de combustion. Elle confirme le fait, établi dès 1902 par l’auteur 
du présent Rapport, que, si l’on néglige les pertes de chaleur à travers les 
parois du cylindre et si l’on ne s'impose aucune limite de pression, la com- 
bustion instantanée est la plus avantageuse. Ce travail est complété par un 
Appendice où il est établi qu’on peut concevoir, pour un moteur à gaz, des 
cycles ayant un rendement supérieur à celui du cycle de Carnot, limité 
aux mêmes températures. Ce résultat ne contredit nullement la Thermody- 
namique classique ; mais il prouve quelle imprudence on commet quand 
on prétend comparer le cycle d’un moteur à combustion interne avec celui 
de Carnot, alors qu’un pareil cycle n’est pas fermé et ne reçoit de chaleur 
d’aucune source extérieure. 

En octobre 1912, dans deux Notes insérées aux Comptes rendus, M. Méri- 
geault est revenu sur la question de l'influence de la vitesse de combustion. 
Il a montré que, si des considérations de résistance des matériaux limitent 
la pression admissible dans le cylindre, on a intérêt, après avoir poussé la 
compression préalable aussi loin que possible, à effectuer une combustion 
instantanée partielle, jusqu’à l'obtention de la pression limite, et à achever 
ensuite la combustion à pression constante. C’est à peu près ce qui se passe 
dans le moteur Diesel, et, à ce propos, on ne peut s'empêcher de remarquer 
que Diesel, partant d’une croyance erronée à l'avantage de la combustion 
isothermique, que des difficultés pratiques l'ont empêché de réaliser, est 
arrivé, à force de tâtonnements, à faire précisément ce que commandait la 
saine théorie. 

On voit que M. MérieeauLr a su porter la lumière dans diverses questions 
intéressant au plus haut point les applications de la Mécanique. C’est 
pourquoi la Commission propose d'attribuer à cet ingénieur le prix 
Montyon (Mécanique). 


L'Académie adopte la proposition de la Commission. 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 25.) teá 


794 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


PRIX FOURNEYRON. 


(Commissaires : MM. Deprez, Léauté, Sebert, Vieille, Lecornu, +. 
Schlæsing père, Haton de la Goupillière, Bertin; Boussinesq, rapporteur.) 


Le prix devait être décerné, en 1916, à l'auteur des perfectionnements 
_des plus importants apportés aux moteurs des appareils d'aviation. 

Aucun candidat ne s’est, présenté. 

La Commission vous propose de maintenir le même sujet au concours 
-et de proroger celui-ci à l’année 1918. 


L'Académie adopte la proposition de la Commission. 


PRIX H; DE PARVILLE, 


(Commissaires: MM. Boussinesq, Deprez, Léauté, Sebert, Vieille, Lecornu, 
Schlæsing père, Haton de la Goupillière, Bertin; Appell, rap- 
porteur.) | 


M. Leovanno Torres y Queveno, membre de l'Académie des Sciences 
de Madrid, s’est avant tout consacré à cette partie de la Mécanique appli- 
quée qu'on peut appeler la science des mécanismes et s'y est signalé par un 
grand nombre d’inventions très importantes et très curieuses. 

Ses plus anciens travaux dans cette voie, ceux qui ont peut-être le plus 
contribué à sa notoriété, se rapportent aux machines à calculer. Ainsi que 
M. Torres en a lui-même fait la remarque, la façon dont il a, dans cette 
première série de recherches, envisagé la question du calcul mécanique 
n’est pas, au point de vue philosophique, sans quelque parenté avec celle 
qui est employée dans les méthodes du caleul graphique. 

De même qu’en nomographie on établit certaines relations de position 
entre des éléments géométriques pris dans certains systèmes cotés, de façon 
que l’ensemble des cotes de ces systèmes satisfasse à une relation analy- 
tique donnée; de même M. Torres réalise une liaison mécanique entre des 
éléments mobiles, dont les déplacements se lisent le long de certaines 
échelles graduées, de façon que l’ensemble de ces déplacements satisfasse 
aussi à une relation donnée. 

Dans un important Mémoire paru dans le Recueil de notre Académie, 


SÉANCE: DU 18 DÉCEMBRE 1916. 795 
dit des Savants étrangers (1901), M. Torres a exposé, d'une façon générale, 
les principes sur lesquels sont fondées ses machines à calculer; ila fait voir 
que toute relation analytique entre un nombre quelconque de variables 
était susceptible d’une représentation mécanique ainsi entendue. 

Dans le rapport consacré à ce Mémoire, qui a été présenté à Académie 
le 2 avril 1900, nous avons déjà fait remarquer que ce point de vue était, em 
quelque sorte, inverse de celui de Lagrange dans sa Mecanique analytique. 
M. Torres a d’ailleurs réalisé lui-même l’application de ces principes, sous: 
la forme la plus ingénieuse, dans sa machine à résoudre les équations algé- 
briques dont une première variante a figuré quelque temps au Laboratoire 
de Mécanique de la Faculté des Sciences. IL la d’ailleurs sensiblement per- 
fectionnée depuis lors. 

Il a de même donné une solution entièrement générale, au point de vue 
théorique, du problème consistant à obtenir toutes les intégrales particu- 
lières d'une équation différentielle quelconque, pour des conditions initiales 
données, et construit l'appareil dérivant de ces ar A pour un type 
spécial d'é équation différentielle du premier ordre. 

Depuis lors, M. Torres a envisagé la question du calcul mécanique sous 
un tout autre jour, en s’efforçant de constituer un automate susceptible 
d'exécuter n'importe quelle suite de calculs, préalablement fixée, sur des 
nombres donnés, sans aucune intervention extérieure à partir du moment 
où le mécanisme est mis en mouvement. C’est à un tel problème, particu- 
lièrement ardu, que s'était appliqué jadis Babbage dont la tentative, très 
intéressante en théorie, n'avait pas pratiquement abouti. Grâce à un emploi 
judicieux des ressources de l’électromécanique, dont, à ce point de vue, 
les applications offrent plus de souplesse que celle de la pure mécanique, 
M. Torres semble aujourd’hui sur la voie de vaincre toutes les difficultés 
du problème; c’est, au moins, ce que laissent espérer les nr essais, 
déjà très dignes d'attention par eux-mêmes, a sic il s'est livré dans 
cette voie. 

Cette évolution dans la méthode suivie par le savant ingénieur espagnol 
lui a été suggérée par les remarquables recherches qu'il a poursuivies dans 
une autre direction, en s'efforçant d'appliquer les ondes hertziennes à la: 
commande des mécanismes à distance. Le principe de sa méthode a été 
présenté par lui à notre Académie et un modèle rudimentaire a fonctionné 
d'une extrémité à l’autre de la salle des Séances. L'appareil nommé par 
lui télékine, au moyen duquel il a; le premier, réussi à donner une solu- 


796 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


tion pratique de cette intéressante question, lui a permis notamment, à 
partir d’un poste de commande placé sur la terre ferme, de faire évoluer à 
sa guise un bateau en rade de Bilbao. 

Cette suite de travaux a conduit M. Torres à donner une extension 
considérable à cette partie très spéciale dela Mécanique appliquée qui a 
reçu le nom d’Automatique. Une remarquable étude qu’il a publiée en 1914 
dans la Revista de la Real Academia de Ciencias de Madrid, et dont une 
traduction a paru en 1915 dans la Revue générale des Sciences, contient 
l'exposé des principessur lesquels est fondée cette extension grâce à laquelle, 
au moins au point de vue purement théorique, « il est toujours possible de 
construire un automate dont tous les actes dépendent de certaines circons- 
tances plus ou moins nombreuses, suivant des règles qu’on peut imposer 
arbitrairement au moment de la construction ». - 

: La plus éclatante démonstration, par le fait, de la validité de ces principes 
est sans doute fournie par l'extraordinaire joueur d'échecs automatique que 
nous avons pu voir fonctionner, au printemps de 1914, dans le Laboratoire 
de Mécanique de l’Université de Paris, et qui est bien une des plus surpre- 
nantes inventions qui aient jamais été livrées à la curiosité publique. Il ne 
faudrait toutefois pas que le caractère quasiment merveilleux de cet appareil 
fit perdre de vue la portée philosophique de la découverte dont il procède. 

Ce n’est pas seulement par ses éclatantes contributions à la science des 
mécanismes que M. Torress’est imposé à attention des savants, mais aussi 
par divers travaux d’ingénieur, marqués au coin d’une non moins grande 
originalité. 

Rappelons d’abord que c’est à lui que nous sommes redevable des ballons 
dirigeables dits « Astra-Torres » construits d’après un système extrêmement 
ingénieux. L’enveloppe, tout entière en matière: souple, devient rigide 
lorsque le ballon est gonflé, grâce à une triangulation interne constituée 
par des liens également souples disposés de façon à travailler tous à la 
tension. 

M. Torres est également l’auteur d'importants perfectionnements appor- 
tés aux transbordeurs funiculaires. L'idée vraiment neuve qu'il a conçue 
consiste à constituer la voie du transbordeur, au.moyen de plusieurs câbles, 
en chacun desquels un contrepoids convenablement disposé maintient une 
tension constante, quel, qw soit le poids transporté, et qui demeurerait 
invariable alors même qu’un des câbles viendrait: à se rompre: Un tel 
transbordeur fonctionne déjà depuis plusieurs années, avec succès, à à Saint- 


SÉANGE DU 18 DÉCEMBRE 1916. ` 197 


; 
Sébastien sur-une ligne de 280". Un autre, de 580" de portée, va être 
incessamment mis en exploitation, à 60" de hauteur, au-dessus du Niagara, 
dans le voisinage de la célèbre chute de ce fleuve. 

En résumé, si M. Torres a, en quelque sorte, renouvelé la théorie des 
mécanismes par l’apport d'idées non moins originales que profondes, il a, 
par ailleurs, attesté la grande fécondité pratique de ses idées par tout un 
ensemble d'appareils et de machines très ingénieux, dont quelques-uns sont 
vraiment surprenants. | 

Nous proposons à l’Académie de reconnaître le haut mérite de notre 
savant collègue espagnol, en lui décernant le prix de Parville. 


L'Académie adopte la proposition de la Commission. 


ASTRONOMIE. 


PRIX LALANDE. 


(Commissaires : MM.Wolf, Deslandres, Baillaud, Maurice Hamy, Puiseux, 
Darboux, Lippmann, Émile Picard; Bigourdan, rapporteur.) 


La longue carrière astronomique de M: Jérome-EuGÈxE Coser s'est 
écoulée tout entière à l'Observatoire de Marseille, où l est entré le 1°" oc- 
tobre 1866. 

A cette époque déjà éloignée, les instruments possédés par cet Observa- 
toire ne comportaient guère que l'exploration du ciel; et c’est ce qui décida 
l’orientation des principaux travaux de M. Coggia, la recherche de comètes 
et de petites planètes. 

C’est ainsi qu’il a découvert sept comètes et six petites planètes; la der- 
nière de celles-ci, (4) Gyptis, clôt la liste de celles qui, en France, ont été 
trouvées par recherche directe; les suivantes ont été signalées par la photo- 
graphie. 

Parmi ces sept comètes, la première (18671) a une période de 40 ans; la 
troisième (1873 VII) pourrait être identique à une comète de Pons (1818) 


798 AGADÉMIE DES SCIENCES. 
et a une période de 56 ans. La quatrième (1874 II) est bien connue, car 
elle devint très brillante. A ces sept comètes il faut ajouter le retour de 
celle de d’Arrest en 1874, que M. Coggia fut le premier à retrouver. 
Ajoutons qu’il a fait aussi un grand nombre d'observations différentielles 
de planètes et de comètes: | 
Pour couronner une longue carrière qui vient de prendre fin, votre Com- 
mission vous propose de décerner à M. Coéera le prix Lalande, en portant 
sa valeur à mille francs. 


L'Académie adopte la proposition de la Commission. 


PRIX VALZ. 


(Commissaires : MM. Wolf, Deslandres, Bigourdan, Maurice Hamy, 
Puiseux, Darboux, Lippmann, Émile Picard; B. Baillaud, rappor- 
teur.) 


Depuis le 28 juin 1899, M. Grovaxxi Boccarni, qui travaillait alors acci- 
dentellement à l'Observatoire de Collurania, n’a cessé de s'occuper de 
l'étude des variations de la latitude. Devenu, en 1903, directeur de l'Obser- 
vatoire de Turin, où l'observation de ces variations était impossible, il en 
poursuivit l'étude et les inscrivit au programme du nouvel observatoire 
dont il dirigea la construction à Pino-Torinese, à 618% d'altitude et à ro“" 
de Turin. Il y travailla d'abord avec un instrument que lui avait prêté 
provisoirement l’Institut géodésique de Potsdam, puis avec un instrument 
de plus grandes dimensions construit spécialement pour lui. 

De ses observations à Collurania, il avait conclu le premier que, dans 
l'application de la méthode de Talcott, la variation est plus grande pour 
les étoiles dont la distance zénithale est plus considérable: ° 

A Pino-Torimese, il appliqua la méthode de Struve pour les passages au 
premier vertical; il observa systématiquement les quatre étoiles : B Cocher, 
p} Grande Ourse, à et « Cygne, qui culminaient à une ou deux minutes du 
zénith. Depuis 1912, il a poursuivi luismême ces observations sans users 
interruption, suppléé par un ou deux assistants pour les observations qu'il 
ne pouvait faire lui-même. : bis dates tip STE 

Les nombres ont été publiés d'année en année et l’on y voit se préciser 
successivement les observations elles-mêmes et en même temps s’accroitre 
la certitude de résultats importants conċèrnant une variation à courte 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 799 
période due à l’action de la Lune, variation conforme à la théorie, mais 
d’une amplitude bien plus forte. La période lunaire se décompose en deux 
périodes semi-lunaires, que les observations montrent un peu inégales. 
Douteuse dans les premières années d'observation, la durée de cette période 
s’est affirmée de plus en plus à mesure que les observations ont été plus 
précises : elle est devenue tout à fait certaine quand M. G. Boccardi a pu 
obtenir une série ininterrompue pendant trois lunaisons. 

Il s’agit de 0”,2 à 0”,3; il a fallu un sens bien affiné des observations 
pour obtenir des séries ne laissant aucune place au doute, C’est par les 
conditions appropriées dans lesquelles a été construit l'observatoire; par 
l’étude infiniment minutieuse de l'instrument, par la détermination tou- 
jours soignée des constantes instrumentales, par le soin apporté aux réduc- 
tions dans lesquelles, pour ramener les positions des étoiles au lieu 
apparent, il faut tenir compte des termes lunaires à courtes périodes, par 
la détermination des différences d'équations personnelles des observateurs, 
que G. Boccardi a mené à bien cette recherche et établi un résultat qui fait 
grand honneur au nouvel Observatoire de Turin, 

Engagé dans une étude déjà organisée depuis nombre d’années, aidé 
d'abord-par le Bureau de Potsdam et subventionné par l’Association géo- 
désique, M. G. Boccardi a ressenti vivement le besoin de travailler d’une 
manière entièrement libre. Dans une de ses Notes, il écrit : « Je suppose 
que les remarques faites jusqu'ici feront plaisir à tout le monde; en tout 
cas, je n’ai pas hésité à les publier puisque la recherche de la vérité doit 
être le but de toute l’action des hommes de science. A cet effet, pour être 
libre de toute préoccupation, nous avons renoncé à la subvention de 
2000 marks (pour 1914 et 1915) que l'Association géodésique internatio- 
nale nous avait accordée. Désormais, nous nous occuperons en libres tra- 
vailleurs, comme le font d’autres, de la recherche si délicate des déplace- 
ments du pôle. » 

Le succès a été la première récompense de ses scrupules et de ses efforts; 
il n’a pas dû écrire sans émotion ces lignes : « E veramente maravigliosa 
e tale che raramente una liggateorica à stata cosi bene verificata della 
-Osservalione. » 

otre Commission vous propose de décerner le prix Valz à M. Giovanni 
Boccaroi, pour l’ensemble de ses recherches sur la variation des latitudes 
et la découverte d’une inégalité sensible à période semi-lunaire. 


L'Académie adopte la proposition de la Commission. 


800 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


PRIX JANSSEN. 


(Commissaires : MM. Wolf, Deslandres, Bigourdan, Baillaud, Puiseux, 
Darboux, Lippmann, Emile Picard; Maurice Hamy, rapporteur.) 


A la suite de recherches qui ont nécessité une longue mise au point, 
MM. Cuarces Farry et Hesri Buisson et M. Henry Bourcer, directeur 
de l’Observatoire de Marseille, sont arrivés à déterminer la tempé- 
rature qui règne au sein de la nébuleuse d’Orion et à évaluer les poids 
atomiques de gaz inconnus, dont le spectroscope décèle la présence, dans 
cet immense nuage cosmique. La méthode suivie par les expérimentateurs, 
pour obtenir ces remarquables résultats, dérive d’une conception de lord 
Rayleigh, relative à l'application individuelle du principe Doppler-Fizeau 
aux innombrables particules en mouvement qui interviennent dans la 
théorie cinétique des gaz. 

Lorsqu'un pareil corps devient lumineux, sous l'influence d'une exci- 
tation convenable, ses particules, lancées à grande vitesse dans toutes les 
directions, forment autant de centres d'émission vibrant synchroniquement. 
Les trains d'ondes qui en émanent arrivent à l'observateur, avec des lon- 
gueurs d'ondes plus ou moins altérées, suivant l'importance du mouvement 
adist des sources élémentaires où ils ont pris naissance. C’est pourquoi 
l'effet global, seul accessible à nos moyens d'investigation, se présente-t-il 
toujours sous forme de radiations imparfaitement simples, assimilables 
à de véritables bandes comprises entre des limites plus ou moins resserrées, 
mais jamais confondues, dans l'échelle du spectre. 

La relation qui existe entre la longueur d'onde moyenne d’une radiation 
émise par un gaz raréfié, sa largeur, le poids atomique de ce corps et Sa 
température absolue, a été vérifiée expérimentalement, dans toutes ses 
conséquences, par Cu. Fasny, professeur, et Buissox, professeur adjoint 
à la Faculté des Sciences de Marseille. C’est sur cette formule qu'est 
fondé le travail d’où est sortie la belle découverte des auteurs. Partant des 
largeurs des radiations fournies par l’observation, ils ont déterminé la tem- 
pérature de la nébuleuse, possédant le poids atomique de l’hydrogène, 
puis les poids atomiques de deux gaz nouveaux, intermédiaires entre 
l'hydrogène et l’hélium, connaissant leur température. 

L'appareil essentiel tie: pour mesurer la largeur des radiations, était 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 801 


fondé sur l’emploi des franges de transmission de lames argentées, décou- 
vertes par Ch. Fabry et Perot, qui se présentent sous l’aspect d’anneaux 
circulaires. La donnée directement fournie, au cours des observations, 
était la différence de marche des faisceaux interférents correspondant à 
l’évanouissement des franges obtenues avec les radiations étudiées, diffé- 
rence liée par une équation simple à l’inconnue à déterminer. 

D'après les dispositions adoptées, les anneaux se produisaient, dans l'image 
même de la nébuleuse, au foyer de la lunette d'observation. L'étude de 
leur configuration a mis en évidence des altérations de forme accusant des 
variations de longueurs d'ondes, liées à l'existence de mouvements rapides, 
dans l’étendue de la masse gazeuse. 

La Commission estime que parmi les travaux astronomiques qui ont vu 
le jour, dans ces dernières années, celui de MM. Cu. Fanny, Buisson et 
Bouréer se distingue tout particulièrement, tant par l'importance des 
résultats signalés que par la nature des moyens mis en œuvre pour les 
obtenir. Elle propose, en conséquence, de décerner la médaille d’or (‘} 
du prix Janssen à M. Ch. Fabry et une médaille de vermeil à l’un et l’autre 
de ses collaborateurs. 


L'Académie adopte les propositions de la Commission. 
PRIX PIERRE GUZMAN. 


(Commissaires : MM. Wolf, Deslandres, Bigourdan, Baillaud, Maurice 
Hamy, Puiseux, Darboux, Lippmann, Emile Picard.) 


Le prix n’est pas décerné. 


(*) En raison des circonstances, cette médaille sera frappée en vermeil, mais elle 
portera la mention « Médaille d'or », et une somme de trois cents francs lui séra 
jointe. 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T, 163, N° 25.) 105 


802 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


GÉOGRAPHIE. 


PRIX DELALANDE-GUÉRINEAU. 


(Commissaires : MM. Grandidier, Bassot, Lallemand, Darboux, Edmond 
Perrier, le prince Bonaparte; Bertin, rapporteur.) 


Sir Ernest SHackLeroN a, depuis 15 ans, marqué sa place au premier 
rang des explorateurs du continent antarctique. Compagnon du comman- 
dant F. Scott dans la campagne de la Discovery (1901-1904), il a atteint 
avec lui la latitude de 78°. Commandant à son tour l'expédition du Nimrod 
en 1907-1908, il s’est approché jusqu’à 178" du pôle, L'accident d'un 
cheval chargé de vivres, qui a disparu dans une crevasse, lui a seul, selon 
toute vraisemblance, ravi l'honneur de planter le premier son drapeau sur 
le point de latitude 90°. 

Dans la mémorable campagne de 1907-1908, Shackleton a fixé les 
méthodes, toujours adoptées depuis lors, qui ont conduit à la conquête du 
pôle. Le Nimrod portait une mission scientifique comprenant le professeur 
David et les docteurs Mawson et Murray. De toutes les expéditions polaires 
anglaises, celle du Nimrod a été la plus féconde au point de vue de la Géo- 
logie, de la Glaciologie, de la Géographie physique; elle suffirait à justifier 
l’attribution du prix Delalande-Guérineau à celui qui l’a conçue et menée 
à bien, avec tant d'habileté et tant d'énergie. 

Des résultats scientifiques de la nouvelle expédition, qui a été entreprise 
au commencement d'août 1914, par Sir Ernest Shackleton partant de la 
Géorgie du Sud sur l Endurance, nous ne savons rien encore. Nos soucis 
actuels portent sur le salut même de la mission, sur le sort du professeur 
David et de ses vaillants compagnons, beaucoup plus que sur le sort des 
documents qu’ils ont pu recueillir au cours de leur tragique campagne de 
23 mois (‘). 

Le hardi projet de Shackleton consistait à prendre pied sur la terre du 
Prince Luitpold, au fond de la mer de Weddell, et à traverser le continent 


(1) Le sauvetage a été heureusement accompli. 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 803 


austral du Nord-Ouest au Sud-Est, en passant par le pôle. Le terme du 
trajet accompli en franchissant la grande barrière devait être la terre de 
Victoria, où un second navire, l’Aurora, a été envoyé pour attendre les 
hardis voyageurs pendant l’été antarctique du commencement de 1916. 

Sur les deux rives opposées du continent austral, l Aurora et l Endurance 
se sont heurtées, l’une et l’autre, à l’obstacle d’un hiver exceptionnel. 

L’Aurora, après avoir débarqué sur la terre Victoria deux détachements 
chargés de préparer les dernières étapes de Shackleton, a été emportée en 
dérive par la banquise; elle est arrivée à demi désemparée, le 3 avril 1916, 
en Nouvelle-Zélande. Le lieutenant Stenhouse, qui avait pris le comman- 
dement, en l'absence du commandant Mackintosh resté à terre avec lun 
des détachements, a publié le récit émouvant de ce retour involontaire. 

L’Endurance, après avoir découvert une terre nouvelle qu'elle longea sur 
200 milles de longueur, fut bloquée avant d’atteindre la terre du Prince 
Luitpold; comme l’Aurora elle partit en dérive avec la banquise, mais elle 
ne put, comme l’Aurora, résister à la pression; elle se brisa le 15 juin de 
L'équipage et la mission campèrent et voyagèrent sur la banquise jusqu’au 
16 avril 1916, date à laquelle ils atteignirent l'ile de PÉléphant au nord du 
détroit de Brawnsfield. Ils y sont actuellement, attendant les secours, qui 
devront venir d'Europe. 

Sir Ernest Shackleton est parti de l'ile de l'Éléphant, en embarcation 
avec cinq volontaires. Son indomptable énergie lui a permis d'atteindre 
le 10 mai la Géorgie du Sud. Il n’y a pas rencontré de navire balėinier 
capable d'affronter le voyage de l'ile de 'Éléphant. Il était, à la fin de juin, 
à Port-Stanley d’où il télégraphiait, à Buenos-Ayres, deio didit le secours 
de l’Uuruguay, bâtiment qui a délivré l’expédition suédoise de 1903. Ce 
bâtiment était hors de service et il ne s’en trouvait aucun capable de le 
remplacer. Aux ‘dernières nouvelles, le 4 juillet, Sir Ernest Shackleton 
était à Punta-Arena. 

On sait assez que l'Angleterre ne négligera rien pour répondre à l'appel 
de ceux quiattendent sur Tile de Éléphant. La profonde connaissance des 
mers polaires de Shackleton permet de bien augurer de l'expédition de 
secours qu’il dirigera sans doute lui-même. Espérons donc que les naufragés 
de l’Endurance n’ont pas en vain échappé déjà à tant de périls ('). Alors l'ex- 
pédition de Endurance, en 1914-1916, aura ajouté, au livre d'or des expé- 
ditions polaires, une de ses plus glorieuses, de ses plus héroïques pages. 


(*) Cette espérance a été réalisée postérieurement à la rédaction du rapport. 


804 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


La Commission propose d’attribuer le prix Delalande-Guérineau à 
Sir ERNEST SHACKLETON. 


L'Académie adopte la proposition de la Commission. 


PRIX GAY. 


(Commissaires : MM. Grandidier, Bassot, Bertin, Darboux, 
Edmond Perrier, le Prince Bonaparte; Ch. Lallemand, rapporteur.) : 


Le prix Gay doit être décerné, cette année, à l’auteur de progrès 
notables apportés aux instruments et aux méthodes des levés topométriques et 
topographiques. 

Le choix de la Commission s’est fixé sur M. Her: VazLor, ingénieur 
des Arts et Manufactures, secrétaire de la Commission de topographie du 
Club Alpin français. 

Depuis 25 ans, M. H. Vallot consacre la meilleure part de son activité 
à l'étude topographique des Alpes françaises, dans la région de Chamonix. 

En collaboration avec M. Joseph Vallot, fondateur de l'Observatoire 
du mont Blanc, il a dressé, de ce massif, une carte au zzy; avec courbes 
de niveau, qui est universellement regardée comme un modèle de con- 
science et d'exactitude. 

La planimétrie de cette carte réalise le maximum de précision compa- 
tible avec l'échelle adoptée. L’altimétrie, basée sur le réseau des repères 
du Nivellement général de la France, offre une précision constante, 
d'environ 1", indépendante à la fois de l’ordre des points et de leur alti- 
tude. 

Le réseau géodésique, le canevas trigonométrique complémentaire, les 
restitutions photographiques très détaillées et les levés topographiques 
formant le substratum de cette carte, constituent l’œuvre personnelle de 
M. H. Vallot. Les instruments et les méthodes spéciales d'opérations et 
de calculs, employés à cette œuvre, lui sont redevables de nombreuses 
et importantes améliorations. 

Il a, notamment, adapté aux conditions toutes particulières de la trian- 
gulation en haute montagne, le très utile procédé graphique de compen- 
sation précédemment appliqué à la triangulation de la Corse par notre 
regretté confrère M. Hatt. 

Il a également, par divers artifices, porté à leur maximum d’exactitude 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 805 


les procédés de relèvement graphique des stations, au moyen de la plan- 
chette. 

Les données numériques recueillies par M. H. Vallot, au cours de ses 
travaux dans le massif du mont Blanc, offrent une telle sécurité que, sans 
retourner sur le terrain, il a pu en extraire, pour les principaux torrents 
de la région, les éléments de profils en long, dont la précision ne le cède 
en rien à celle des profils directement relevés par les meilleurs des pro- 
cédés classiques. 

D'un autre côté, par ses nombreuses et savantes publications, toutes 
relatives à la Topographie dans la haute montagne et dont les plus 
anciennes remontent à 1888, par son enseignement aussi, dans lequel il 
s’est inspiré des principes magistralement posés par le savant et regretté 
colonel Goulier, M. Henri Vallot a grandement contribué à la diffusion 
et au progrès de cette branche importante de la Science. 

La Commission estime donc amplement justifiée sa proposition d’attri- 
buer le prix Gay à M. H. Varor. 


L'Académie adopte la proposition de la Commission. 


PRIX TCHIHATCHEF. 


(Commissaires : MM. Grandidier, Bassot, Bertin, Lallemand, Darboux, 
Edmond Perrier, le Prince Bonaparte.) 


Le prix n’est pas décerné. 
P 


PRIX BINOUX. 


(Commissaires : MM. Grandidier, Bassot, Bertin, Darboux, 
Edmond Perrier, le Prince Bonaparte; Ch. Lallemand, rapporteur.) 


Le prix Binoux doit être décerné à l’auteur de travaux importants dans 
le domaine des sciences géographiques. | 

La Commission propose de l’attribuer à M. Eveène Prévor, ingénieur 
des Ponts et Chaussées, adjoint au Directeur du Service du Nivellement 
général de la France. 

Associé depuis 34 ans à l’œuvre du Nivellement général, dont il a été 
l’un des premiers artisans, M. Prévot, durant.sa longue et brillante 


806 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


carrière, a introduit, dans les instruments et les méthodes d'opérations et 
de calculs de la Géodésie et de la Topographie, un certain nombre d’ingé- 
nieux perfectionnements dont il a été fait d’utiles applications, tant pour 
la détermination du relief du sol de la France que pour la réfection du 
Cadastre national et pour le relevé des profils en long des torrents des 
Alpes et des Pyrénées, en vue de la mesure de l'énergie hydraulique 
latente susceptible d'en être extraite. 

A l’occasion de ces derniers travaux et en ce qui touche les instruments, 
M. Prévot a pris une grande part à la création de l’échstadimètre et du 
clisistadimètre, deux appareils nouveaux, où la mesure de la distance à la 
mire se combine avec celle de l’inclinaison de la visée dans le calcul de la 
dénivellation du pied de la mire par rapport à laxe des tourillons de la 
lunette. A 

Pour faciliter les calculs eux-mêmes, M. Prévot a imaginé un nouveau 
type d’échelles graphiques, g grâce auquel une notable extension a pu être 
donnée au principe fondamental des abaques hexagonaux. 

M. Prévot est également l’auteur d’une importante amélioration intro- 
duite dans la construction des règles logarithmiques de précision, em- 
ployées, par le Service technique du Cadastre, au calcul des cheminements 
polygonaux. 

Il a aussi notablement simplifié certains calculs des triangulations 
cadastrales. 

A la suite de longues et consciencieuses recherches, il a établi les lois 
complexes d’erreurs des nivellements éclimétriques et les conditions les 
meilleures à réaliser dans leur exécution; grâce à un très ingénieux dia- 
gramme construit par lui, l’opérateur qui s’est, d'avance, fixé un coefficient 
donné de précision, sait désormais immédiatement, pour chaque degré 
d’inclinaison du terrain, quelle longueur maxima les portées ne doivent 
pas dépasser. 

Pour les nivellements à exécuter au travers de Lékes espaces à franchir 
d’une seule portée, comme les estuaires de fleuves par exemple, M. Prévot, 
au moyen des niveaux ordinaires et de mires à larges cases peintes, alter- 
nativemeni blanches et rouges, a réalisé une méthode par visées réci- 
proques, dont la précision s’est montrée supérieure à celles des meilleurs 
procédés trigonométriques exclusivement employés jusque-là pour ce 
genre d'opérations. 

Enfin, dans le fonctionnement des médimarémètres, appareils spéciaux 
servant à déterminer lė niveau moyen de la mer, M. Prévot a réussi 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 807 


à découvrir l’origine d’une assez notable erreur systématique, dont, 
jusqu'alors, on connaissait bien l'existence, mais non la cause. 

D'un autre côté, par de nombreux Ouvrages et Mémoires très appréciés 
des spécialistes, M. Prévot a largement fait progresser en France l’ensei- 
gnement de la Topométrie. 

A cet égard, il a heureusement vulgarisé l'emploi des méthodes les plus 
rationnelles, comme des procédés de caleuls les plus perfectionnés, ainsi que 
la éechèrche systématique des erreurs instrumentales et de leur influence 
sur la précision des résultats. 

Tous ces titres justifient amplement la proposition faite, à l'unanimité, 
par la Commission, d'attribuer le prix Binoux à M. Prévor. 


L'Académie adopte la proposition de la Commission. 


NAVIGATION. 


PRIX DE SIX MILLE FRANCS. 


- DESTINÉ A RÉCOMPENSER TOUT PROGRÈS DE NATURE A ACCROITRE 
L'EFFICACITÉ DE NOS FORCES NAVALES. 


(Commissaires : MM. Grandidier, Boussinesq, Deprez, Bassot, Sebert, 
Vieille, Lallemand, Lecornu; Bertin, rapporteur. r 


La Commission propose de répartir le prix de la Marine de la manière 
suivante : 


1° Un prix de trois mille francs à M. Manrsec, ingénieur en chef de 
1° classe de la Marine, pour l'installation du Gharb en ravitailleur d’eau 
douce, qu'il a réalisée ; 

2° Un prix de deux mille francs à M. P. Dumaxors, ingénieur de la 
Marine, pour ses travaux relatifs à l'installation des moteurs Diesel à bord , 
des sous-marins ; 

3 Un prix de mille francs à M. Le MATELOT, patron au _bornage à 


808 ‘ ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Moëlan (Finistère), pour sa méthode pratique de détermination du point 
près des côtes. 


1° Installation du Gharb en ravitailleur d’eau douce, exécutée du 1° au 
20 avril 1915, par M. Mangec, ingénieur en chef de la Marine. 


L'eau douce faisant entièrement défaut dans la presqu'ile de Gallipoli, la 
possibilité de l’expédition d’une armée dans cette presqu'ile se trouva 
subordonnée à l'établissement d’une usine flottante de distillation. M. Mar- 
bec fut chargé de disposer à cet effet le Gharb, petit cargo de 2100! de 
déplacement en pleine charge, qui avait été lancé le 13 mars 1915 et venait 
de faire son essai de machine le 27 mars. 

Le travail présentait un caractère d'extrême urgence; il fut entrepris le 
1 avril et terminé le 20 du même mois. Le Gharb fut mis en rade le 21, 
puis, les expériences de stabilité et la régulation des compas terminées, il 
quitta Toulon le 26 avril. 

La tâche accomplie dans ce cours délai comprend à la fois des calculs 
minutieux et des travaux matériels qui durent être menés de front. 

Les calculs sont surtout relatifs à la question de stabilité. L'eau constitue 
un chargement très dangereux lorsque les citernes ne sont pas remplies et 
que le liquide peut se porter librement d’un bord à l’autre. Un état de 
chargement correspondant à une stabilité négative, ou, en d’autres termes, 
au chavirement, peut alors se rencontrer. Une menace de ce genre se produi- 
sait par exemple au cours du remplissage des citernes latérales à lest, sur 
le premier sous-marin construit pour la navigation en surface. M. Marbec 
détermina le sectionnement des citernes, qui était né irepour écarter le 
péril en grande partie, ainsi que l’ordre des opérations de remplissage et de 
vidange qu’il convenait de suivre pour achever de le conjurer. Il déter- 
mina de plus la quantité de lest solide, qui pouvait assurer la sécurité 
absolue et qui était nécessaire d’ailleurs pour limiter convenablement la 
fatigue à la flexion longitudinale de la coque, sur le navire naviguant à l'état 
lège. 

L'étude de la résistance à la flexion longitudinale conduisit à l'addition 
de certaines liaisons de la coque. D’autres consolidations furent trouvées 
indispensables, sur les cloisons transversales étanches, pour leur permettre 
de résister à la pression de l’eau. | | 

L'ensemble de ces recherches, qui, sur plusieurs points, présentent un 
caractère d'originalité, aurait súffit dans les conditions ordinaires de travail 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 809 


pour retenir l’attention de la Commission chargée de l'attribution du prix 
de 6000 de la Marine. 

Si l’on considère la brièveté du délai de 20 jours pour le projet, les calculs, 
l'exécution, la tâche accomplie est extraordinaire. 

Il a fallu découvrir de divers côtés et rassembler tout le matériel néces- 
saire, emprunter les bouilleurs au Languedoc, réquisitionner le conducteur 
du Massilia, confectionner un tuyautage compliqué dont la mise en place a 
exigé le passage dans la forme, faire des filtres crépinés et les monter, sans 
parler des travaux de coque indiqués plus haut; faire enfin les essais qui, 
par bonheur, ont réussi du premier coup et n’ont appelé aucune retouche. 
M. Marbec a fait, comme on voit, œuvre de praticien consommé, en même 
temps qu’il a déployé toute sa science bien connue d'ingénieur. 

La Commission propose d'attribuer à M. Marsec une somme de trois 
mille francs sur le prix extraordinaire de 6000". 

Cette récompense si méritée sera adressée, malheureusement, à la famille 
du lauréat, mort depuis la présentation de son travail à l’Académie, 


2° Travaux de M. Dumaxors, ingénieur de la Marine (au Ministère) 
relatifs à l'installation des moteurs Diesel à bord des sous-marins. 


M. Dumanois poursuit depuis plusieurs années une étude très appro- 
fondie des moteurs Diesel et de leur application à la Marine de guerre en 
général. 

Le nouveau Mémoire, qui a été présenté à l’Académie en septembre 1915 
et qui a été inséré depuis lors au Mémorial du Génie maritime (parte confi- 
dentielle), traite les deux questions suivantes, au point de vue particulier 
de la navigation sous-marine : 

1° Des diverses huiles minérales pouvant convenir aux moteurs des sous- 
marins, et de leurs conditions d'emploi; 

2° Des conditions imposées à l'évacuation des gaz brûlés à l'émission des 
cylindres et des appareils propres à y satisfaire. 


Le choix des combustibles applicables à la navigation sous-marine est 
très limité. Les huiles volatiles sont exclues en raison de la gène pour le 
personnel et des dangers d’explosion pouvant résulter de toute fuite de 
vapeur combustible dans un espace limité. Les pétroles lourds, et particu- 
lièrement les mazouts, ont une fluidité insuffisante, surtout lorsque la 


106 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 25.) 


810 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


température est basse, et peuvent donner un fonctionnement irrégulier et 
même des stoppages; de plus, leur faible inflammabilité peut rendre impos- 
sible la mise en marche à froid, 

M. Dumanois a déterminé avec précision le degré de fluidité qui assure à 
la fois un fonctionnement régulier et la possibilité de mettre en marche à 
froid. Ce degré de fluidité, mesuré à l’ixiomètre, est obtenu par l'addition 
au mazout d’une fraction convenable d'huile lampante, qui est toujours 
assez faible pour ne présenter ni inconvénient ni danger. La règle posée par 
M. Dumanois, et les mesures accessoires adoptées sur sa proposition, ont 
permis de rendre l'emploi du mazout réglementaire, sur une série de sous- 
marins qui est actuellement en service et a donné satisfaction. 

M. Dumanois a porté aussi ses études sur les deux combustibles d’origine 
française, huile de schiste et huile lourde provenant de la houille dont 
l'emploi dispenserait la Marine du tribut payé à l'étranger, et des difficultés 
possibles de ravitaillement. L'emploi des huiles de schiste ne paraît pas 
impossible, moyennant une préparation chimique préalable à étudier. 
L'emploi de l'huile lourde se heurte à des difficultés plus sérieuses, qui 
exigeraient, tout au moins, des modifications dans le régime des moteurs. 

L’évacuation des gaz brûlés a donné lieu sur les sous-marins à des diffi- 
cultés de diverses sortes. Le tuyautage doit, en plongée, être obturé très 
exactement, condition assez difficile à réaliser parce que les gaz d’échap- 
pement déposent des particules de coke qui engorgent les vannes et 
encrassent les soupapes. Ce tuyautage, exposé à atteindre la température 
du rouge, doit recevoir une enveloppe d’eau de mer; or l’eau réfrigérante, 
soumise à une évaporation intense, peut laisser des dépôts salins qui 
obstruent rapidement tout passage et suppriment le refroidissement, H va 
de soi d’ailleurs que le bon fonctionnement des obturateurs est subordonné 
au refroidissement, Enfin l'établissement d’un bon silencieux s'impose, 
afin que le sous-marin naviguant en demi-plongée ne signale pas sa pré- 
sence par le bruit de l'échappement. Le silencieux est nécessairement placé 
près de la sortie des gaz, c’est-à-dire dans la superstructure, qui, sur 
les sous-marins, n'offre que des espaces très restreints. M. Dumanois à 
pu résoudre toutes ces difficultés. Il paraît être arrivé, sur les sous-marins 
du type Atalant, à une solution très satisfaisante. 

Dans toutes ses recherches; M. Dumanois a tiré le plus grand parti de 
l'analyse très serrée, à laquelle il a soumis toutes les conditions thermiques 
de la marche des moteurs à combustion interne, et qui a été exposée en 
détail dans son Mémoire du 15 septembre 1913. 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 811 


La Commission propose l'attribution d’une part de deux mille francs 
sur le prix extraordinaire de 6000!" au nouveau travail de M. Dumaxois. 


3° La détermination du point près des côtes, par M. Le Mareror. 


M. Le Matelot s’est proposé de rendre commode et rapide, soit le relè- 
vement simultané de deux angles fournis par le relèvement de:trois points 
de la côte, soit la reproduction, sur une équerre à trois branches, de deux 
relèvements pris au compas, par rapportau méridien magnétique. Les trois 
branches de l’équerre étant fixées à demeure, et l'instrument étant placé 
sur la carte marine suivant les relèvements, la position du navire est immé- 
diatement marquée par le point où tombe le pivot. 

Le gain de temps, par rapport au procédé habituel du tracé sur la carte 
des lignes de relèvement à l’aide du rapporteur et surtout du tracé des sec- 
teurs capables de deux angles, doit être notable. Ce gain est précieux en 
raison de la vitesse avec laquelle les petits caboteurs et chalutiers à moteurs 
mécaniques eux-mêmes abordent maintenant la côte, les certificats joints à 
la Notice montrent combien il a été apprécié. 

L'idée de l’équerre à trois branches qui, placée sur la carte marine, y 
trouve la place exactement determinée par la position des points de relève- 
ment, n’est pas nouvelle, M. Le Matelot le reconnait dans sa Notice. J'ai, 
pour ma part, eu déjà à apprécier une proposition faite en ce sens, et 
adressée précisément, si ma mémoire ne me trompe pas, à l’Académie des 
Sciences. Quoi qu'il en soit, le dispositif imaginé par M. Le Matelot est ori- 
ginal, dans plusieurs de ses parties, et forme un ensemble plus complet que 
ceux présentés antérieurement. 

M. Le Marezor, praticien très au courant des difficultés en face desquelles 
le placent ses occupations journalières, s’est appliqué à les ‘résoudre et 
leur a trouvé des solutions ingénieuses et simples. Ce travail, qui ne touche 
en rien à la Science pure, n’en est pas moins de ceux que l’Académie 
aime à encourager; la Commission propose de lui accorder un prix de 
mille francs. 


Les propositions de la Commission sont adoptées par l’Académie. 


812 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


PRIX PLUMEY. 


(Commissaires : MM. Grandidier, Boussinesq, Deprez, Bassot, Sebert, 
Bertin, Vieille, Lallemand; Lecornu, rapporteur.) 


Le Mémoire classique de notre regretté confrère Léauté, Sur les oscilla- 
: tions à longues périodes dans les machines actionnées par des moteurs hydrau- 
liques et sur les moyens de prévenir ces oscillations, date de l’année 1885. A 
cette époque déjà lointaine, l’électricité industrielle venait à peine de 
naître. [l est aujourd’hui nécessaire de préciser davantage, au point de 
vue de la régularité de la marche, la corrélation entre la turbine et la 
dynamo, en tenant compte des variations réelles du couple résistant. 
D'autre part, quand la turbine hydraulique est remplacée par une machine 
à vapeur, le mode d’action du régulateur change de nature : au lieu de 
commander simplement un embrayage manœuvrant la vanne d'admission, 
il se charge de produire lui-même, en temps opportun, la variation de 
puissance. On se trouve alors en présence du problème de la régulation 
directe, qui a fait l’objet de nombreux travaux. Ici encore, la question 
demande à être reprise au point de vue spécial de la conduite des dynamos. 

M. Louis Barsizr10X, professeur à l’Université de Grenoble et directeur 
de l’Institut électrotechnique existant dans la même ville, s’est donné la 
tâche d'approfondir les conditions de régime d’une usine productrice d’élec- 
tricité, quel que soit le genre de moteur et quel que soit le mode de régula- 
tion. Il a résumé ses recherches dans un Volume qui a paru en 1915 sous 
le titre Leçons sur le fonctionnement des groupes électrogènes en régime 
trouble; perturbations, régulation, asservissement, compensation. Ainsi qu il 
nous le dit dans la Préface, écrite à Belfort, « la publication de ce petit 
Ouvrage, achevé en juin 1914, a subi un long temps d’arrêt en raison des 
circonstances actuelles; l’une des moindres raisons de ce retard n’est pas 
le fait, pour son auteur, d’avoir été mobilisé dès les premiers jours ». 

M. Barbillion est présentement capitaine du Génie, chargé de mission 
auprès de la Direction de l’Aéronautique pour l'étude des applications de 
l'électricité, et décoré de la Croix de guerre. 

L'auteur fait habilement usage de la méthode graphique, qui se prête 
plus aisément que la méthode analytique à la complexité des données expé- 
rimentales. Les points suivants méritent d’être spécialement signalés. 

Le servo-moteur, imaginé jadis par Farcot, est entré dans la pratique 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 813 


courante; mais l’étude de son mode de fonctionnement n’a guère été entre- 
prise jusqu'ici. M. Barbillion nous donne une analyse soignée des divers 
modes connus d’asservissement et l'indication de procédés nouveaux 
suggérés par la théorie. On remarque en particulier l’ingénieux emploi de 
cames permettant d'établir telle relation que l’on veut entre les positions 
du régulateur et celles du vannage. 

Le régulateur à force centrifuge a le tort d'agir tardivement, parce qu’il 
attend que la vitesse ait subi une variation notable. Cette défectuosité 
disparaitrait s’il était sensible à la dérivée de la vitesse, c’est-à-dire à 
l'accélération. Les régulateurs d'inertie répondent à ce desideratum, mais 
on se heurte alors à un inconvénient non moins grave : rien ne garantit 
qu’une accélération trop faible pour impressionner le régulateur d'inertie 
ne produira pas, si elle persiste longtemps, une variation inadmissible de 
la vitesse. Il faut donc combiner l’action de la force centrifuge avec celle 
de la force d'inertie, et c’est ce que l’on fait maintenant dans la plupart des 
appareils dits régulateurs-volants, créés en vue de la régulation directe. 
M. Barbillion recherche les moyens d’étendre la solution au cas de la 
régulation indirecte. Le procédé qu’il préconise consiste à subordonner la 
vitesse de la vanne à l'accélération d’un servo-moteur. : 

Les derniers Chapitres traitent de la compensation et de l’hypercom- 
pensation. La compensation, dont le principe est bien connu, a pour objet 
de rétablir peu à peu, par une modification automatique de la liaison exis- 
tant entre le régulateur et la vanne, la grandeur initiale de la vitesse de 
régime quand cette vitesse se trouve réduite par le fait d’un accroissement 
de résistance. M. Barbillion appelle kypercompensation tout procédé destiné 
à exagérer, en quelque sorte, la compensation, de façon que l'accroissement 
de résistance aboutisse finalement à une augmentation de vitesse. Après 
une étude comparative des divers mécanismes de compensation, il analyse 
avec soin la répercussion de la compensation sur l'effet d’une perturbation 
quelconque, et montre comment on peut éviter que cette répercussion nuise 
à la bonne marche de la machine. L’hypercompensation paraît devoir 
fournir une solution simple du problème du compoundage des alterna- 
teurs; M. Barbillion trouve qu'elle est réalisable, hormis toutefois le cas de 
plusieurs groupes d’alternateurs couplés en parallèle. 

Bien que l'Ouvrage ait surtout en vue le fonctionnement d'un moteur 
hydraulique actionnant une dynamo, les idées, les méthodes de discussion 
qui s’y rencontrent ont une portée assez générale pour intéresser tous 
ceux qui s'occupent de la régulation de la marche des moteurs, et notam - 


814 ._ ACADÉMIE DES SCIENCES 


ment les constructeurs de machines marines, à l'usage desquels Farcot a 
imaginé son premier servo-moteur. 

La Commission propose qu’un prix Plumey d’une valeur de deux 
mille francs soit décerné à M. BarBiLLiox. 


L'Académie adopte la proposition de la Commission. 


PHYSIQUE. 


PRIX LA CAZE. 


(Commissaires : MM. Lippmann, Violle, Bouty, Villard, Branly, 
Boussinesq, Émile Picard, Carpentier.) 


Le prix n’est pas décerné. 


PRIX KASTNER-BOURSAULT. 
(Commissaires : MM. Lippmann, Bouty, Villard, Branly, Boussinesq, 


Émile Picard, Carpentier; Violle, rapporteur.) 


Éric Gerar a tenu une grande place dans l'Électrotechnique, dont il fut 
un vaillant pionnier de la première heure. 

Directeur de l’Institut Montefiore, membre de la Commission interna- 
tionale des Unités électriques, il était connu de tous les électriciens qui le 
tenaient en haute estime. Particulièrement apprécié en France, il y comp- 
tait de nombreuses et sincères amitiés. L’envahissement de sa patrie, si 
traîtreusement et si cruellement violée, l’a frappé au cœur; il s’est éteint 
parmi nous sans avoir pu assister à la victoire qui l’aurait ramené dans sa 
chère ville de Liége. L'Académie rendra à sa mémoire l'hommage qui lui 
aurait été le plus sensible, en lui décernant le prix Kastner-Boursault, spé- 
cialement destiné à récompenser l’auteur d’un progrès important de I Élec- 
tricité dans les Arts, l'Industrie et le Commerce. 


= L'Académie adopte la proposition de la Commission. 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 815 


PRIX HÉBERT. 


(Commissaires : MM. Lippmann, Bouty, Villard, Branly, Boussinesq, 
Emile Picard, Carpentier ; Violle, rapporteur.) 


Les travaux de M. Jurres Lemoine ont porté principalement sur les effets 
optiques de l'électricité. 

Il étudie d’abord la biréfringence que, suivant Kerr, un milieu isotrope 
acquiert sous l’action d’un champ électrique. Par des mesures précises, il 
confirme que la biréfringence du sulfure de carbone est proportionnelle au 
carré de la force électrique, et il obtient fa valeur absolue de la constante 
réglant le phénomène. 

Puis, de concert avec M. Abraham, qui vient d'établir la décomposition 
d’un courant alternatif à haut potentiel en une succession de décharges 
disruptives, il entreprend de déterminer si la biréfringence produite par la 
force électrique aurait quelque retard sur cette force. A cet effet, une 
méthode nouvelle est instituée, pour mesurer des durées infinitésimales, 
par les espaces que parcourt la lumière pendant ces durées mêmes. Si nous 
nous rappelons qu'en un milliardième de seconde la lumière parcourt 
30°, nous concevons la sensibilité de la méthode. La disposition de l’expé- 
rience est d’ailleurs très simple. Un condensateur à lames parallèles, 
immergées dans une cuve remplie de sulfure de carbone, est mis en relation 
avec les pôles d’un transformateur à haut voltage; et, en se déchargeant 
dans un déflagrateur approprié, il donne une étincelle très éclatante, d’où 
l’on obtient aisément un faisceau de rayons parallèles traversant la cuve. 
La distance du déflagrateur au milieu de la cuve est de 20™. Si donc l’étin- 
celle était instantanée, la mesure photométrique de la biréfringence donne- 
rait la valeur du phénomène de Kerr presqu’à l'instant de l’étincelle. Que 
maintenant on intercale, entre le déflagrateur et la cuve, un chemin 
variable à volonté et facile à connaître exactement, en mesurant la biréfrin- 
gence, dans chaque cas, on aura autant de valeurs du phénomène en fonc- 
tion du temps. On constate ainsi qu'après un cent-millionième de seconde 
la biréfringence a disparu. Ce cent-millionième de seconde comprend : 


1° Le temps que l'intensité lumineuse de l'étincelle met à s'établir; 
2° Le temps que le champ électrique emploie à disparaître; 
3° Le retard possible du phénomène de Kerr sur le champ électrique. 


816 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Donc chacun de ces phénomènes, pris séparément, ne dure pas un cent- 
millionième de seconde. 

La même méthode permet de reconnaître que la polarisation rotatoire 
magnétique n’a pas une durée d’un cinquante-millionième de seconde. 
Cette limite est un peu moins bonne que celle que l’on a trouvée pour le 
phénomène de Kerr. Mais le solénoïde, que l’on est bien forcé d’accepter ici 
autour du tube contenant le sulfure de carbone, augmente la durée de la 
décharge. En intercalant ce même solénoïde dans le circuit de décharge du 
condensateur de Kerr, on trouve le même amortissement. Cette coïnci- 
dence rend très vraisemblable que la polarisation rotatoire magnétique et 
le phénomène de Kerr suivent sans retard la variation des champs qui les 
produisent. 

Seraient encore à citer : les résultats très intéressants obtenus par 
M. Lemoine, avec M. Chapeau, touchant les différents régimes que peut 
présenter l’étincelle fractionnée par soufflage entre boules de différents 
métaux; et le concours qu’il a tout dernièrement prêté à notre confrère, 
M. H. Le Chatelier, dans une étude sur l’hétérogénéité des aciers et sur un 
nouveau moyen d'examen qui complète très utilement les renseignements 
déjà fournis par l'analyse chimique et l'examen micrographique usuel. 

Mais on m'aurait qu'une idée imparfaite de l’activité scientifique de 
M. dures Lemoixe si l’on ne considérait la tâche professorale que, depuis 
déjà de longues années, il poursuit avec un rare talent par la parole et par. 
le livre. Vulgarisateur excellent autant qu’ingénieux physicien, il réunit les 
mérites que vise le prix Hébert. Votre Commission est heureuse de vous 
présenter un savant aussi digne de cette récompense. 


L'Académie adopte la proposition de la Commission. 


PRIX HUGHES. 


(Commissaires : MM. Lippmann, Violle, Villard, Branly, Boussinesq, 
Emile Picard, Carpentier; Bouty, rapporteur.) 


M. L. Cuaumoxr, blessé mortellement le 8 septembre 1914 à Meaux, 
mort le 27 septembre à l'hôpital de Rennes, est l’auteur d’un très important 
travail : Sur le phénomene électrooptique de Kerr et sur les méthodes servant à 

l'étude de la lumuëre polarisée elliptiquement, qui valut à son. auteur le Does 
de docteur ès sciences avec la mention « très honorable ». 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 817 


Nous ne saurions mieux faire que de reproduire ici la conclusion du 
Rapport fait par M. Cotton sur ce travail remarquable : 


« Le Mémoire de M. Chaumont a un intérêt qui dépasse celui de la 
question particulière que l’auteur s'était posée. Il apporte, sur nombre de 
sujets d'intérêt général, des méthodes d'étude originales ou des renseigne- 
ments précieux. Qu'il s'agisse de questions théoriques (polarimétrie en 
général, champ d’un condensateur, etc.) ou d'appareils (mesure des vibra- 
tions elliptiques, réalisation d’un quart d’onde exact, mesure des potentiels 
et des champs), ce travail sera consulté avec fruit. Il est rare que la Faculté 
ait à examiner des thèses témoignant d’une telle variété d’aptitudes. Celle 
qu’apporte M. Chaumont lui fait le plus grand honneur. Elle mérite à son 
auteur, outre le grade de docteur, le souhait de la Faculté qu’il puisse pour- 
suivre avec le même succès d’autres recherches originales importantes. » 


De si belles espérances ont été impitoyablement fauchées. L'Académie 
des Sciences dépose, comme une palme, sur la tombe de M. L. Caumoxr, 
mort pour la Patrie, le prix Hughes qu’il a largement mérité par l’ampleur 
et l'originalité exceptionnelles de ses premiers travaux. 


L’ Académie adopte la proposition de la Commission. 


CHIMIE. 


PRIX MONTYON DES ARTS INSALUBRES. 


(Commissaires : MM. Armand Gautier, Lemoine, Haller, Le Chatelier, 
Schlæsing père, Carnot; Maquenne et Moureu, rapporteurs.) 


La Commission vous propose de décerner le prix à feu Arexavpre Héserr, 
chef des travaux chimiques à à l'École centrale des Arts et Manufactures, 
pour ses recherches relatives à l'hygiène des ateliers industriels, et 
d'accorder deux mentions honorables de 1500", l’une à M. Cnanses- 
Sauvez Bavzer, médecin-major de 2° classe de l’armée territoriale, attaché 
à l'inspection des études chimiques au Sous-Secrétariat de l’Artillerie et 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 25.) 107 


818 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


des Munitions, l’autre au 2° canonnier Paur Lanezais, attaché à l'atelier 
spécial de chargement de projectiles d'Aubervilliers, 


Rapport de M. Maquenne, sur les travaux de M. ALEXANDRE HÉBERT. 


Élève à l’École municipale de Physique et de Chimie, puis attaché suc- 
cessivement aux laboratoires que dirigeait notre vénéré maître Dehérain au 
Muséum et à l'École de Grignon, préparateur aux travaux pratiques de 
Chimie à la Faculté de Médecine de Paris, chef adjoint des travaux chi- 
miques à l’École centrale des Arts et Manufactures, répétiteur et exami- 
nateur de Chimie et de Technologie à l’École de Physique et de Chimie, 
Azexanore Héserr prit, dès le début de sa carrière, le goût des applica- 
tions et orienta immédiatement ses recherches dans le sens de la Biologie 
générale. 

Ses premiers travaux sont relatifs à l'étude de graines oléagineuses et de 
fruits d’origine coloniale, dont il indique les emplois possibles ; plus tard, 
en collaboration avec M. Charabot, il suit par l'analyse le développement 
des plantes à parfums; seul ou en commun avec M. Truffaut, horti- 
culteur, il recherche les conditions les plus favorables à la culture des 
plantes fourragères ou à fleurs. Qu'il nous suffise, pour donner une idée 
de l'intérêt qui s'attache à ces recherches, qu’elles ont été à plusieurs 
reprises couronnées par l’Académie d'Agriculture de France et la Société 
nationale d'Horticulture de leurs plus hautes récompenses; auparavant, 
l'Académie des Sciences avait déjà, trois années de suite, décerné à 
M. Hébert une part du prix Cahours, l’Académie de Médecine le prix 
Nativelle et la Société chimique de France les prix Leblanc et Pillet. 

C’est alors, après avoir ainsi montré l'étendue de ses connaissances en 
Chimie appliquée, et surtout lorsqu'il fut attaché, en 1904, au laboratoire 
d'essais du Conservatoire des Arts et Métiers, à titre de chef de section 
‘intérimaire, qu’il s’adonna plus spécialement à l’étude des actions 
qu’exercent les différents toxiques sur l’économie animale ou végétale, et 
en particulier à celle de l'hygiène des ateliers où se travaillent des sub- 
stances vénéneuses. 

Ces recherches, dont un certain nombre ont été exécutées en collabora- 
tion avec M. Heim, touchent à la plupart des industries qui dégagent dans 
l'atmosphère des produits nuisibles, comme l'hydrogène arsénié, dont 
M. Hébert fixe la limite de toxicité à 0,05 pour 1000, l’oxyde de carbone, 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 819 
l'hydrogène sulfuré, les vapeurs de peroxyde d’azote, de sulfure de carbone, 
de benzène, d’aniline, de mercure, de plomb, les poussières émises au 
cours de la fabrication et de la manipulation du plâtre, etc. 

Dans la plupart des cas, il indique le moyen de caractériser et de doser 
ces substances dans lair qui les transporte, ainsi que la manière d’en atté- 
nuer autant que possible les effets. C’est une précieuse contribution qu'il a 
ainsi apportée à la connaissance et à l'amélioration de l'hygiène du travail; 
il n’eût certainement pas manqué de la rendre plus féconde encore, si la 
mort n'était venue prématurément le surprendre en pleine activité. L'im- 
portance pratique de ces recherches à paru à la Commission de nature à 
justifier l'hommage qu’elle propose, à l'unanimité, de rendre à la mémoire 
d'Acexavore Hégerr en lui attribuant le prix Montyon des Arts insalubres 
pour l’année 1916. 


Rapport de M. Cu. Moureu sur les travaux du D" Banzer. 


Le D” Cuarzes-Samuez Baxzer, médecin-major de 2° classe de l’armée 
territoriale, fut attaché, il y a environ dix-huit mois, aux services chimiques 
u Sous-Secrétariat de l’Artillerie. A cette époque, la protection des 
hommes de troupe contre les vagues asphyxiantes lancées par nos ennemis 
n’était assurée que d’une façon très précaire par des baïllons imprégnés 
d’hyposulfite de soude. Tandis que M. le professeur Lebeau recherchait 
les substances neutralisantes les plus efficaces, le D" Banzet, de son côté, 
poursuivait des études en vue de déterminer le meilleur appareil à adopter 
pour recevoir les imprégnations. Il eut le mérite de montrer, le premier, 
qu'il n’y avait pas avantage à orienter les recherches vers une cagoule 
protectrice, bien que l’armée anglaise se tournât résolument de ce côté. 

De bonne heure il mit en évidence le rôle et l’importance du vestibule 
respiratoire d’un masque, et il définit les dimensions entre lesquelles devait 
osciller ce vestibule. 
= A la suite de ces recherches, il établit un masque respiratoire avec 

mode de fixation particulier. Cet appareil, que l’on dénomma « masque 
Banzet », fut reconnu de beaucoup préférable à tous ceux que l’on connais- 
sait déjà, et il a été l’origine de tous les masques respiratoires proprement 
dits actuellement en usage dans l’armée française. 

Au moment où sa confection allait commencer, une légère modification 
fut proposée, qui était de nature à abaisser le prix de revient. 

Le Dr Banzet, qui était chargé de l’essai de tous les modèles de masques 


820 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


soumis à la Commission, aurait pu chercher à défendre le modèle primitif. 
Avec un désintéressement parfait, non seulement il prôna la modification 
proposée, mais encore il changea le nom de l'appareil, pour lui donner 
celui dun modeste employé, auteur de la modification jugée avantageuse. 

Depuis cette époque, le D! Banzet a poursuivi sans relâche les études 
qui ont permis d'améliorer peu à peu la protection de nos soldats et des 
ouvriers des usines chimiques. Il a établi, en outre, les notices décrivant 
l'usage de tous les appareils existants, et il a enseigné leur mode d'emploi 
dans divers cours officiellement institués à cet effet. 

Le D" Bawzer a eu, en résumé, un rôle des plus actifs et des plus utiles 
dans la recherche et dans la mise au point des appareils respiratoires et 
protecteurs de toute nature, tant en ce qui concerne la protection des 
soldats que celle des ouvriers d’usine. 


Rapport de M. Cu. Moureu sur les travaux de M. Lancias. 


A l'atelier de chargement de projectiles d’Aubervilliers, toutes les 
vapeurs nocives des produits spéciaux sont entraînées, des points où elles 
se produisent, au moyen d’une ventilation énergique produite par aspiration, 
Ces émanations, ainsi diluées dans un grand excès d’air, étaient initialement 
déversées au dehors par une buse débouchant dans une cheminée inférieure. 
Il arrivait que le vent ramenait souvent ces vapeurs sur les ateliers, et 
cet état de choses pouvait être nuisible à la santé des ouvriers. On essaya 
à plusieurs reprises de débarrasser par barbotage lair expulsé des vapeurs 
entrainées, mais les résultats obtenus furent d’abord médiocres, à cause 
de la grande dilution desdites vapeurs. ` 

Le canonnier Paur Laxezais, de l’atelier spécial d’Aubervilliers, 
docteur ès sciences de l’Université de Paris, eut l’idée de procéder à cette 
absorption à l’origine même des conduites d'aspiration, et près des points 
où se produisaient les vapeurs nocives. 

Il imagina un certain nombre de petits appareils de filtration simples 
(colonnes à coke et à lessive de soude), qui furent placées près des orifices 
des jauges, des mélangeurs, des bouteilles de remplissage, des bancs de 
vissage des fusées, etc. L’air évacué est maintenant sain. Aucune odeur 
ne se fait sentir ni dans les cours de l'atelier ni dans le voisinage. De 
même le nettoyage des appareils, qui se faisait autrefois à l'alcool, se fait 
actuellement, sur la proposition faite par lui, avec de l’acétone, et, de ce chef, 
les vapeurs toxiques qui se produisaient dans les opérations de nettoyage 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 821 


ont été notablement diminuées, et l’on a pu, du reste, dans les installations 
de lavage réalisées, les absorber complètement par des colonnes à coke et à 
soude. 

De ce chef, et grâce aux soins apportés par M. Laxerais à la bonne orga- 
nisation du système, la santé et l'hygiène des ouvriers sont aujourd’hui 
sauvegardées dans toute l’usine. 


L'Académie adopte les propositions de la Commission. 


PRIX JECKER. 


(Commissaires : MM. Armand Gautier, Lemoine, Haller, Le Chatelier, 
Schlæsing père, Carnot, Maquenne; Charles Moureu, rapporteur.) 


M. Paue Lemourr, à qui nous vous proposons de décerner le prix 
Jecker, périt le 1°° mai 1916 dans la terrible explosion de l'usine de pro- 
duits chimiques de La Palice, où il était mobilisé en qualité d'ingénieur 
en chef. Si cette fin tragique au service de la France, au milieu d’un per- 
sonnel dévoué, avec lequel notre courageux collègue s’efforça jusqu’au 
dernier moment de prévenir la catastrophe, si une telle mort entoure d’une 
auréole de gloire le nom de Lemoult, elle laisse malheureusement un 
grand vide dans nos milieux scientifiques et universitaires, où il s’était fait 
de bonne heure une place fort distinguée par ses travaux de Chimie et une 
activilé sans cesse en éveil. 

Né le 5 janvier 1871 à Romeries (Nord), Lemoult fut admis à l’École 
Normale supérieure en 1891. Agrégé des Sciences physiques en 1894, il 
entra aussitôt au laboratoire de Berthelot, qu'il quitta en 1898, pourvu 
du grade de docteur ès sciences. Après un passage de quelques années 
dans une usine de matières colorantes, il fut nommé en 1902 maître de 
Conférences à la Faculté des Sciences de Lille, puis, à la mort de Wilm, 
en 1906, professeur titulaire de Chimie générale à la même Faculté. 

Lemoult débuta dans la recherche originale par une Thèse sur le groupe 
si curieux des composés cyaniques. Ces substances se polymérisent avec 
une extrème facilité, et presque toujours trois molécules se condensent en 
une molécule trimère; c’est le cas notämment des acides, de leurs sels et 
de leurs éthers. Frappé de la régularité que présente l'allure du phéno- 
mène, Lemoult pensa à mesurer l'écart thermique qui sépare les deux 
molécules (simple ou trimère), afin de voir si la condensation s’accom- 


822 ‘ACADÉMIE DES SCIENCES. 


pagne toujours de la libération d’une même quantité d'énergie. L’expé- 
rience lui a montré que, quand la polymérisation s'effectue sans changement 
de fonction, elle dégage une quantité de chaleur sensiblement constante; 
mais si les fonctions du trimère sont différentes de celle du terme initial, 
la chaleur de polymérisation, somme de deux phénomènes distincts 
quoique produits simultanément, varie dans des limites très étendues. 

La Thermochimie, dont les méthodes lui étaient devenues familières par 
ce premier travail, devait, dans la suite et à différentes reprises, faire de 
la part de Lemoult l’objet de nombreuses recherches. Bornons-nous à 
rappeler spécialement, à cause de leur portée générale, celles qui con- 
cernent les relations entre les constantes thermochimiques des composés 
organiques et les formules de constitution. Il avait semblé à Lemoult que 
les chaleurs de combustion, qui touchent de près à à la structure des molé- 
cules, puisqu'elles donant la mesure de l'énergie mise en jeu au moment 
de leur destruction par combustion totale, devaient présenter un caractère 
additif. Il chercha donc à fixer pour le carbone, l'hydrogène, l'oxygène, 
l'azote, les halogènes, le soufre, etc., ainsi que pour les doubles et triples 
liaisons entre atomes de carbone, les valeurs de l’incrément thermo- 
chimique susceptibles de servir de base aux prévisions théoriques. Il 
réussit ainsi à retrouver, par un mode de calcul simple, les chaleurs de com- 
bustion de tous les corps (environ 600) qui avaient été l’objet de mesures 
calorimétriques directes. Il arriva, en outre, par un raisonnement que nous 
ne reproduirons pas ici, à des résultats inattendus, à savoir la connaissance 
des chaleurs de formation des molécules des corps simples à partir de leurs 
atomes constituants. 

D’autres conséquences ont été dégagées par Lemoult des nombres ob- 
tenus par le calcul et de leur nopeana avec les PERSE de l'expérience. 
Nous ne nous y arrêterons pas. Nous t que cetensemble 
d’études calorimétriques, avec l'esprit philosophique qui pi a inspirées, a 
classé Lemoult parmi les maîtres incontestés de la Thermochimie. 

La brève incarsion de Lemoult dans l’industrie des matières colorantes 
avait suffi à éveiller en lui le goût des recherches sur ces substances, par 
tant de côtés encore si mystérieuses. Les spectres d'absorption solliciterent 
d’abord son attention. L'idée directrice était la suivante : étant donnée la 
multitude des colorants de nuances variées que comporte une même série, 
est-il possible de trouver dans l'examen de ces nuances un facteur constant 
ou à peu près invariable? En étudiant au spectroscope des solutions aqueuses 
de divers colorants de la série du triphénylméthane, Lemoult observa une 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 823 


bande lumineuse étroite dans le rouge et une bande lumineuse très large 
dans les radiations plus réfringentes. Cette seconde bande varie avec 
chaque colorant, c’est un facteur personnel; la première est une caracté- 
ristique de la famille, Ces résultats ont été étendus par l’auteur à une autre 
catégorie de matières colorantes : les indophénols. 

Nous devons à Lemoult la découverte, toute récente, d’une nouvelle 
série de matières colorantes. Leurs leucobases sont Nes du diphényl- 
éthylène, et ont pour type le tétraméthyldiaminodiphé yléthylène. Elles 
s’obtiennent par réaction des composés éthéro-organomagnésiens de 
Grignard sur la cétone de Michler (ou sur les corps analogues): oxydées 
par l’acide nitreux, le bioxyde de plomb, le chlorure ferrique, les perman- 
ganates et les bichromates, elles fournissent de magnifiques colorants bleus 
ou verts. Ce travail, qui apparaît comme riche de promesses, a été inter- 
rompu par la guerre. 

Au pentachlorure de phosphore P CI doit correspondre un acide phos- 
phorique P(OH)* encore inconnu. Lemoult s’est proposé d’obtenir cet 
acide pentabasique. S'il n’y a pas réussi, il est parvenu à atteindre quelques- 
uns de ses dérivés. Il a préparé, notamment, une base phospho-anilidée 
d’un type tout à fait inconnu jusque-là, et, avec les homologues de l’aniline 
et l’alcool sodé, plusieurs dérivés pentasubstitués. 

Lemoult a encore publié nombre d’autres travaux, qui sont relatifs à 
divers composés minéraux ou organiques. Nous nous contenterons, pour 
clore ce rapide exposé, de mentionner la préparation très délicate de l’acé- 
tylène bibromé, corps extrêmement instable, spontanément inflammable à 
lair et explosif. 

On n’aurait qu'une idée bien imparfaite des mérites scientifiques de 
Lemoult et des services qu’il a rendus à son pays, si nous passions sous 
silence un autre aspect de sa belle et trop courte carrière. 

Placé au centre de cette région si industrielle du Nord, sa petite patrie, 
il était constamment préoccupé des services que la Chimie pouvait et 
devait rendre aux différentes industries. Il avait orienté plusieurs de ses 
recherches dans ce sens, notamment celles sur la détermination rapide du 
Pouvoir calorifique des gaz combustibles. Il avait accepté la direction de 
l'École de Commerce du Nord, et il s'était acquis une légitime autorité 
auprès des manufacturiers, qui faisaient souvent appel à ses lumières, soit 
pour des questions en litige, soit pour l'étude de problèmes particu- 
liers. 

Il est hors de doute qu’il aurait joué un rôle hautement utile au lende- 


824 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


main de la guerre, lors de la réorganisation et du développement de 
l’industrie chimique dans les régions envahies. 

C’est une force réelle que la Science française vient de perdre par la 
mort prématurée de LemouLr. En consacrant l'importance de ses travaux 
par l'attribution du prix Jecker, l’Académie accomplira un acte de justice 
et honorera la mémoire de cette noble victime du devoir patriotique. 


L'Académie adopte la proposition de la Commission. 


PRIX LA CAZE. 


(Commissaires : MM. Armand Gautier, Lemoine, Haller, Le Chatelier, 
Moureu, Schlæsing père, Carnot, Maquenne.) 


Le prix n'est pas décerné. 


FONDATION CAHOURS. 


(Commissaires : MM. Armand Gautier, Lemoine, Haller, Le Chatelier, 
Moureu, Schlæsing père, Carnot, Maquenne.) 


Les arrérages de la fondation Cahours sont attribués à M. Jacques 
Boxeraxp, auteur de travaux chimiques intéressants, qui vient d’être tué à 
lennemi. 


PRIX HOUZEAU. 


(Commissaires : MM. Armand Gautier, Lemoine, Le Chatelier, Moureu, 
Schlæsing père, Carnot, Maquenne; A. Haller, rapporteur.) 


Le prix Houzeau est destiné à récompenser un jeune chimiste méritant. 
Nul mieux qu'Évouarn Bauer ne remplissait les conditions voulues pour 
obtenir ce prix. 

Ancien élève de l’Institut chimique de la Faculté des Sciences de Nancy; 
Bauer a couronné ses études d'ingénieur chimiste par des recherches de 
Chimie physique, exécutées sous la direction de son maître M. P.-Ph. 
Muller, et dont les résultats furent présentés comme thèse de doctorat 
d'Université. 

Dans ce travail, l’auteur consacre d’abord un Chapitre à la préparation 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 825 


d'un certain nombre de composés isonitrosés : acide isonitrosocyanacé- 
tique, isonitrosocyanates de méthyle et d'éthyle, isonitrosoacétylacétate 
d’éthyle, etc., qu’il a amenés à un degré de pureté inconnu jusqu'alors. 

Il détermine ensuite la chaleur de neutralisation de ces composés, ainsi 
que celle du phénol, et complète ces expériences par la mesure de la 
chaleur dégagée dans l’action de l’acide chlorhydrique sur les sels de soude 
des acides cités, dans les mêmes conditions que les chaleurs de neutrali- 
sation. 

Dans un autre Chapitre, Bauer s'occupe de la conductibilité des deux 
pseudoacides suivants: isonitrosocyanacétate d'éthyle et isonitrosoacétoacé- 
tate d’éthyle, en commencant par mesurer la conductibilité limite de ces 
acides de o° à 4o° au moyen des mesures de conductibilité de leur sel de 
soude. 

L’auteur a ensuite déterminé le coefficient d’affinité de ces mêmes dérivés 
de o° à 4o° et, à l’aide de la formule de Van’ t Hoff, il a calculé les chaleurs 
de dissociation correspondantes. Elles concordent parfaitement avec ces 
mêmes chaleurs de dissociation, obtenues directement dans ses mesures 
thermochimiques. Comme on pouvait le prévoir, la formule de Van’t Hoff 
s'applique très bien à l’équilibre électrolytique des pseudoacides. 

Un dernier Chapitre de cet important travail contient les déterminations 
réfractométriques de 127 corps, notamment celles ayant trait aux composés 
à radicaux négatifs. L'auteur a fait ressortir, une fois de plus, l'influence de 
ces radicaux sur la réfraction moléculaire de ce genre de composés, 

En possession de son Doctorat d'Université, Bauer visa plus haut et vint 
à la Sorhonne, d’abord comme élève, et ensuite comme préparateur de la 
chaire de Chimie organique. Son maître l'associa promptement à ses travaux 
et publia avec lui une série de Notes et de Mémoires sur de nouveaux dérivés 
du camphre et sur une suite de recherches ayant pour caractéristique 
l’action de l’amidure de sodium sur les aldéhydes et les cétones. Pas moins 
de trente publications, insérées dans les Comptes rendus et dans les Annales 
de Physique et de Chimie, rèsument cette active et fructueuse collaboration. 

De l’ensemble de ces recherches, Bauer détacha un Chapitre ayant trait 
à l’action de l’amidure de sodium sur les dicétones. Avec le dibenzoyl-1. 4- 
butane il obtient de la sorte deux benzoyl-1-phényl-2-cyclopentènes possé- 
dant la double liaison respectivement en A, et A,, et dont il étudia soigneu- 
sement la constitution en en préparant différents dérivés. Le dibenzoyl-1.5- 
pentane subit, sous l’action de l’amidure de sodium, la même condensation 
que son homologue inférieur et se transforme en un mélange de deux 


C, R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 25.) 108 


826 . ACADÉMIE DES SCIENCES. 
benzoyl-1-phényl-2-cyclohexènes, possédant la liaison éthylénique respec- 
tivement en À, et en A,. L'histoire de ces dérivés a également été complétée 
par l’étude de leur dédoublement et de quelques-uns de leurs dérivés, 

Dans une seconde partie de son travail, Bauer a entrepris la cyclisation 
des acides à-benzoylvalérique et e<-benzoylcaproïque qui se transforment 
respectivement en a«-benzoyleyclopentanone et x-benzoylcyclohexanone 
dont il fixe encore la fonction et la constitution par l'étude d’un ensemble 
de dérivés. 

Au cours de ce travail, Bauer ne se borna pas aux expériences purement 
chimiques, mais se souvenant qu’il était aussi expert en Chimie physique 
qu’en Chimie proprement dite, il appela à son secours les mesures physiques 
pour étayer ses vues sur la constitution des molécules complexes mises au 
jour. 

Les beaux résultats qu’il avait obtenus, la conscience qu'il avait na à 
les réaliser, l’ont autorisé à présenter ce travail comme thèse de Doctorat 
ès sciences physiques à la Faculté de Paris qui lui conféra le grade de 
Docteur avec la mention « très honorable ». 

En possession de ce grade, Bauer fut appelé à seconder le Directeur d’un 
des grands laboratoires de Paris, lorsque la guerre éclata et l'amena à se 
ranger provisoirement parmi les défenseurs de Toul. Mais l’impérieuse 
nécessité de trouver, pour nos usines de guerre, des hommes capables de 
diriger nos fabrications d’explosifs, le fit attacher à une de nos poudreries 
où il rendit les plus grands services. Cette affectation lui fut particulière- 
ment pénible, car, Alsacien de naissance, il rêvait de prendre part à la 
mêlée et de faire partie de nos troupes de première ligne. Le surmenage 
auquel il se livra, et certainement aussi le profond regret qu'il éprouva 
de ne pouvoir se battre sur le front, ont déterminé chez lui une dépression 
qui le rendit incapable de résister au mal qui l’a étreint, [la succombé, en 
service commandé, le 30 décembre LE 5, en laissant une jeune veuve et un 
enfant. C’est à ces êtres chers qu'ira la récompense dont l’Académie 
dispose. Son attribution ne peut être qu'une faible atténuation à la douleur 
ressentie par la disparition si prématurée de l'époux et du père. Elle con- 
tribuera à perpétuer le souvenir du savant désintéressé et du paipis 
fervent qu'était Énouar» Bauer. 


L'Acadèmie adopte la proposition de la Commission. 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 827 
MINÉRALOGIE ET GÉOLOGIE. 


PRIX VICTOR RAULIN. 


' (Commissaires : MM. Barrois, Douvillé, Termier, De Launay, 
Edmond Perrier, A. Lacroix, Depéret; Wallerant, rapporteur.) 


Les roches éruptives, une fois formées, subissent de la part des agents 
extérieurs des actions de nature fort variable qui modifient profondément 
leurs caractères. Certains changements d'ordre mécanique se reconnaissent 
sans difficulté, mais il n’en est pas de même des modifications d’ordre chi- 
mique : grâce à la circulation des eaux, des éléments étrangers peuvent 
intervenir, qui, en se combinant avec les produits de la décomposition des 
cristaux primitifs, donnent naissance à de nouveaux cristaux. L'étude de 
ces phénomènes chimiques est très délicate et les conclusions comportent 
toujours un certain degré d'incertitude puisqu'on n’a que des renseigne- 
ments très vagues sur les éléments d'apport. On doit donc savoir grand 
gré aux savants qui n'hésitent pas à s'adonner à des recherches dont les 
résultats ne sont pas toujours en rapport avec le travail qu’elles nécessitent. 
M. J. ne Lapparewr s’est précisément adonné à ce genre d'étude et, avec 
beaucoup de perspicacité, a élucidé un certain nombre de points obscurs. 
Ce sont les porphyroïdes des Ardennes et de la Vendée qui ont appelé tout 
d’abord son attention. Ils renferment des cristaux potassiques, tels que les 
feldspaths primitifs; il était donc tout naturel d'admettre que les éléments 
potassiques secondaires se soient formés aux dépens des premiers. Il n’en 
est rien : la potasse du mica blanc est un élément apporté qui, s’unissant aux 
produits de décomposition des feldspaths caleo-sodiques, donne naissance 
au mica dont les lamelles en s’orientant parallèlement donnent une pâte 
schisteuse. Quant à l’origine de ces porphyroïdes elle se trouve élucidée 
par M. de Lapparent, grâce à la découverte d’une apophyse transversale, 
issue d’une des masses principales et traversant les strates sédimentaires : 
ce sont des microgranites modifiés. 

Dans un autre ordre d'idées, M. J. de Lapparent a étudié les actions des 
éléments des pegmatites sur les roches basiques, des gabbros de la région 
des Pyrénées. Les éléments d’un feldspath en agissant sur un métasilicate, 


828 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


tel que l’hypersthène, donnent naissance à de la biotite. Un granit pourrait 
donc se former aux dépens d’une roche basique par l’action des éléments 
d’une pegmatite. 

C’est là une question du plus haut intérêt qui méritait de nouvelles 
recherches. Par l'étude d'un ancien volcan permien (le Pic du Midi d'Ossau) 
l’auteur pense établir la généralité du résultat : les roches acides se forment 
par l’action des éléments d’une pegmatite sur un magma basique. 

Incidemment, l’étude de ces roches lui permet de mettre en évidence la 
parenté qui existe entre les pyroxènes et les grenats. On sait combien est 
encore obscure la chimie des silicates dont la constitution est généralement 
inconnue. Ce n’est que peu à peu que le problème s’éclaircit : il n’est donc 
pas sans intérêt de montrer que les grenats sont des métasilicates. 

D'autre part, M. J. de Lapparent a étudié les modifications présentées . 
par des enclaves du granite, et a constaté des faits venant à l'appui de ses 
hypothèses. Il a montré que la biotite pouvait se former aux dépens d’un 
pyroxène calcaire tel que l’augite; la chaux éliminée se fixant généralement 
dans la biotite même, sous forme d’apatite. 

L'association constante d’apatite et de biotite dans tous les granites, en 
dehors de toute présence connue d’enclaves basiques, incite à penser que 
les éléments ferrifère et magnésien des roches acides sont tirés de magmas 
basiques sur lesquels ont pu agir les éléments d’une pegmatite. 

Enfin, s'étant occupé à Lille de la question du limon du nord de la 
France, M. de Lapparent a pu faire part à la Société géologique du Nord 
de ses recherches, uniquement d'ordre stratigraphique. 

Tels sont, brièvement résumés, les divers travaux de M. J. de Lapparent. 
Ses vues sur l’origine des roches éruptives demandent évidemment à être 
vérifiées expérimentalement. Mais, précisément, elles présentent ce grand 
intérêt de fournir des indications sur les procédés de synthèse des roches 
acides, et c’est déjà beaucoup de savoir comment aborder ce problème si 
mystérieux. Aussi la Commission a-t-elle estimé qu'il y avait lieu d’attri- 
buer le prix Victor Raulin à l’ensemble des recherches de M. J. pe Lar- 
PARENT. | 


L'Académie adopte la proposition de la Commission. 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 829 


BOTANIQUE. 


PRIX DESMAZIÈRES. 


(Commissaires : MM. Guignard, Gaston Bonnier, Costantin, 
Edmond Perrier, Müntz, Bouvier; Mangin, rapporteur.) 


Parmi les Mémoires soumis à son examen, votre Commission a retenu 
un. Ouvrage de grande valeur : Les Mousses de Madagascar, par MM. F. 
Revausr et J. Carpor, comprenant un volume de texte et un volume de 
planches (187) où sont décrites et figurées les espèces intéressantes de la 
flore bryologique de notre grande colonie. Cette flore comprend près de 

5o espèces réparties en 31 familles et 130 genres. 

e domaine malgache, caractérisé .par plusieurs genres spéciaux et 
une forte proportion d'espèces endémiques, 180 pour 100, constitue un 
domaine particulier qui présente, par ses espèces et ses genres non endé- 
miques, des relations étroites d’une part avec l’Afrique tropicale et, d’autre 
part,avec les îles austro-africaines de l’océan Indien : Mascareignes, Comore, 
Seychelles. 

Mais ces relations ont un caractère très différent bien mis en valeur par 
MM. Renault et Cardot. Par l'ensemble de ses types génériques, la flore 
bryologique malgache et la flore africaine tropicale se rapprochent plus 
de la flore sud-américaine que de la flore indo-javanaise ; elle marque une 
connexion assez étroite entre le continent africain et le continent sud-amé- 
ricain. Mais le très petit nombre d'espèces communes ou affines indique 
que les connexions de ces deux continents sont très anciennes et que les 
relations d'échanges ont cessé depuis une époque entièrement reculée. 

Les relations entre la flore malgache et la flore indo-javanaise, mar- 
quées par des espèces communes ou affines relativement très nombreuses, 
indiquent au contraire des connexions très récentes et qui se continuent de 
nos jours par l'influence des courants atmosphériques ou par celles des 
oiseaux migrateurs. 

Après cet exposé d’une haute portée scientifique, les auteurs traitent de 
la distribution des espèces et ils distinguent à à Madagascar quatre zones 


830 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


principales : 1° la zone des forêts, caractérisée par un régime kydro-tropical; 
elle Sn tout le versant oriental et toute l'extrémité nord de l'ile 
jusqu’au 14°20’ (lat. Sud). Les trois autres zones : zone du plateau central, 
zone des savanes occidentales, zone des landes méridionales, qui se partagent 
le reste de l’île, ont un régime xérotropical. 

La partie systématique de l’Ouvrage est consacrée à la description des 
espèces qui toutes ont été l’objet d’une revision attentive; des notes cri- 
tiques parfois très étendues complètent les descriptions qui sont illustrées 
par un atlas où les caractères spécifiques sont analysés et reproduits avec 
une grande précision. Un genre nouveau et une trentaine d'espèces nouvelles 
y sont décrits pour la première fois. 

Les résultats de cette œuvre magistrale ont conduit votre Commission à à 
vous proposer à l'unanimité d’attribuer le prix Desmazières à MM. RexauiT 
et Carpor. 


L'Académie adopte la proposition de la Commission, 


PRIX MONTAGNE. | 
(Commissaires : MM. Guignard, Gaston Bopnier, Mangin, Costantin, 
Edmond Perrier, Müntz, Bouvier.) 


Le prix n’est pas décerné. 
P 


PRIX DE LA FONS MÉLICOCQ. 


(Commissaires : MM. Guignard, Gaston Bonnier, Mangin, Costantin, 
Edmond Perrier, Müntz, Bouvier,) 


Le prix n’est pas décerné. 


PRIX DE COINCY, 


(Commissaires : MM. Guignard, Mangin, Costantin, Edmond Perrier; 
- Müntz, BEREN Gaston Bonnier, rapporteur.) 


Parmi les travaux présentés pour le prix de Coiney, la Commission 
a distingué l’ensemble des recherches de M. R. Sovèees sur Pembryogénie 
des Renoneulacées et da Crueifères. 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 831 


Dans une série de Mémoires et de Notes, l’auteur a étudié avec soin 
toutes les phases du développement de l'embryon chez un certain nombre 
d'espèces de ces deux familles, et principalement des Renonculacées, 
groupe qui réunit, comme on sait, ee plantes d’aspect et d'organisation 
assez variables. 

Sans entrer dans des considérations par trop techniques, il suffira de dire, 
au sujet des Renonculacées, que M. Souèges parvient à distinguer, par les 
seuls caractères de l’hypostase et des antipodes, les genres Myosurus, Ane- 
mone, Clematis, Ranunculus (y compris Morte) et Adonis. 

Ces caractères, s'ils. sont assez délicats à observer, ont le mérite d’être 
absolument constants, comme tous ceux qui ont trait aux tissus voisins de 
la formation de l’œuf. 

L'auteur fait aussi une comparaison intéressante entre l’embryogénie 
des Renonculacées et celle des Solanées au point de vue du nucelle, de 
l’hypostase, des antipodes, de l’albumen, de la nutrition du sac, des tégu- 
ments et du micropyle. 

Une autre comparaison, qui mérite particulièrement d’être signalée, est 
celle que fait M. Souèges entre le développement de l'embryon chez le 
Myosurus minimus (Renonculacées) et le Lepidium sativum (Crucifères) 
chez lequel l’auteur reprend, avec plus de précision, les observations clas- 
siques de Hanstein. 

On trouve chez les Crucifères des marques d'adaptation et des phéno- 
mènes d'accélération qu’on ne remarque pas chez les Renonculacées et en 
particulier chez le Myosurus minimus. Ce dernier, remarque curieuse, où 
l’évolution de l'embryon est plus simple et, pourrait-on dire primitive, 
présente des relations étroites avec le développement de l'embryon des 
Cryptogames vasculaires, du Selaginella denticulata par exemple. On y 
saisit même des analogies frappantes avec l’évolution embryonnaire de 
Muscinées inférieures (Riccia, Anthoceros, Marchantia). 

En somme, l’ensemble de ces observations très délicates, dont les des- 
criptions minutieuses sont accompagnées de très nombreuses figures exé- 
cutées par l’auteur, ont déterminé la Commission à accorder le prix de 
Coincy à M. R. Souess. 


L'Académie adopte la proposition de la Commission. 


832 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


ANATOMIE ET ZOOLOGIE. 


PRIX CUVIER. 


(Commissaires : MM. Ranvier, Edmond Perrier, Delage, Henneguy, 
Marchal, Grandidier, Müntz, le prince Bonaparte; Bouvier, rapporteur.) 


Le développement des voyages de recherches, qui marche de pair avec 
celui des progrès de la science biologique, a eu pour résultat la spécialisation, 
surtout dans les travaux consacrés au classement des animaux et des plantes. 
A mesure que l’on se rapproche de notre époque, on voit se restreindre le 
domaine choisi par le zoologiste systématicien : Lamarck l’étend à tous les 
animaux sans vertèbres, Latreille le réduit aux Arthropodes, Henri Milne- 
Edwards à la série carcinologique tout entière et son fils aux seuls Crustacés 
décapodes. C’est une nécessité; les découvertes ont apporté un tel afflux 
de formes nouvelles qu'il est devenu impossible au zoologiste de les con- 
naître toutes sans limiter à un groupe le champ de ses recherches. On a 
déploré cette spécialisation outrancièré sous prétexte qu’elle portait pré- 
judice aux œuvres de généralisation; mais a-t-on pris garde qu’elle est 
produite par les richesses mêmes que nous offre la nature, et qu’étant données 
ces richesses, la meilleure manière d'ouvrir les voies à la généralisation 
c’est de mesurer exactement la valeur de chacune et d’en extraire, pour 
ainsi dire, la substantifique moelle. Au surplus, de tous les principes qui 
régissent les recherches, il en est un qu’on ne saurait enfreindre sans péril, 
c’est celui qui consiste à déterminer très exactement l’objet qu’on étudie, 
et pour cette détermination, à cause de la variété infinie des êtres, il faut 
bien recourir au spécialiste systématicien. 

C’est pour donner une marque de sympathie aux chercheurs de cette 
espèce que nous vous proposons d'attribuer à M. Épovarn CHEvREUx le 
prix Cuvier, qui est un des plus estimables dont dispose notre Académie. 

Édouard Chevreux est un travailleur libre qui s’est voué à 
l'étude des petits Crustacés qu’on appelle vulgairement Crevettines, et que 
les zoologistes ont désigné sous le nom d’Amphipodes. Avec le Révérend 
Stebbing, il est devenu un maître incontesté dans la connaissance de ce 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 833 


vaste groupe, qui comprend des milliers d'espèces et qui offre des difficultés 
toutes particulières à cause de l'aspect assez uniforme que présentent la 
plupart de ses espèces. Pour connaître ces animaux il ne suffit pas d’en 
étudier le corps et les ornements qu’il porte, il faut disséquer un à un leurs 
nombreux appendices, en faire presque toujours un examen microscopique 
et les reproduire par des dessins très minutieux. Alors l’uniformité du 
groupe disparaît pour faire place à une variété extraordinaire, qui est en 
rapport étroit avec les habitudes propres à chaque espèce. M. Chevreux 
possède la patience et le talent que réclament les recherches de cette 
sorte; il est non seulement un dessinateur habile et rigoureux, mais il a le 
sens des interprétations et il sait apercevoir les mœurs à travers les détails 
de la structure. C’est un systématicien biologiste. Depuis trente ans qu’il 
se livre sans interruption à ses recherches favorites, il a pu examiner sur 
le vif les Amphipodes de nos régions; celles qui vivent sur la terre ou dans 
les eaux douces n’ont plus de secrets pour lui, et quant aux innombrables 
espèces marines, elles comptent également parmi ses familières, car il les a 
pêchées un peu partout, soit à bord d’une simple barque, soit au moyen de 
son yacht Melita qui le conduisit du Croisic au Sénégal et en de nombreux 
points de la Méditerranée. 

Dans plusieurs importants Mémoires, M. Chevreux a fait l'étude com- 
plète des nombreux Amphipodes recueillis au cours des campagnes océano- 
graphiques effectuées dans nos mers ou par M. Jean Charcot dansles parages 
du pôle Sud. C’est parmi les matériaux obtenus durant les campagnes de 
l’Hirondelle et de la Princesse- Alice qu'il a trouvé le Cyptophium chelono- 
philum, un Crustacé commensal qui se tient sous la queue et sur les pattes de 
la Tortue caret. Le commensalisme est rare chez les Amphipodes, sauf tou- 
tefois chez les Hypérinienset formes voisines qui habitent, à un certain stade, 
la cavité gastro-vasculaire des Polypes et des Tuniciers pélagiques; il estune 
acquisition de certaines espèces, car l’auteur a découvert dans les environs de 
Nice une Vibilia nouvelle ( Vibilia erratica) qui, au lieu de se loger comme 
les espèces voisines dans la chambre branchiale des Salpes, vit continuelle- 
ment à l’état de liberté. Parmi les Amphipodes marins étudiés par M. Che- 
vreux il faut signaler une forme géante, l’A/icella gigantea, capturée par la 
Princesse-Alice dans l'Atlantique; cet Amphipode dépasse tous les autres par 
sa grande taille, car il ne mesure pas moins de 140™™, ce qui est énorme 
dans un groupe dont la taille moyenne est représentée par celle du Gam- 
marus pulex, qui habite nos eaux douces; l’ Akicella gigantea est aussi, de tous 
les Amphipodes, celui qui descend le plus dans les abysses ; il fut capturé par 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 25.) 9 


834 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


5285" de profondeur. Sans atteindre des dimensions aussi grandes, les 
Amphipodes des régions polaires sont très souvent remarquables par 
leur taille; M. Chevreux en a trouvé plusieurs dans les récoltes 
effectuées au pôle Sud par M. Charcot; mais ce qui résulte surtout des 
études qu’il a faites au moyen de ces dernières récoltes, c'est que les espèces 
communes aux deux pôles sont très rares (six en tout) et que, par contre, 
beaucoup de familles qui sont bien représentées à l'un des pôles n’ont pas 
de représentants dans l’autre. l 

Pour être moins nombreuses que les précédentes, les recherches de 
M. Chevreux sur les Amphipodes d’eau douce ne sont pas d’une importance 
moindre et offrent peut-être un plus vif intérêt. En étudiant les très riches 
matériaux recueillis pour le Muséum par M. Labbé dans le lac Baïkal, 
notre auteur a largement étendu les découvertes effectuées dans les grands 
lacs asiatiques par Dybowski; il y a là toute une faune spéciale qu’on était 
loin de soupçonner aussi polymorphe, et notamment des formes épineuses 
géantes, les Acanthogammarus, dont M. Chevreux a fait connaître plusieurs 
espèces. Parmi les matériaux rapportés des lacs de Syrie par M. Barrois, et 
des lacs des hauts plateaux de l'Amérique du Sud par M. de Créqui-Mont- 
fort, il a également trouvé maintes formes intéressantes. En étudiant un petit 
Crustacé trouvé sous les pierres, à la ligne d’eau, dans l’ilot d'Alboran, non 
loin de la côte algérienne, par M. le D" Richard, il a été surpris de trouver 
une Hyalella nouvelle (Hyalella Richardi); or, toutes les espèces jusqu'alors 
décrites dans ce genre sont américaines et fréquentent exclusivement les 
eaux douces; la découverte de l'A. Richardi montre que les Hyalella étaient 
primitivement marines, répandues à travers tout l'Atlantique, et qu’elles se 
sont adaptées à la vie dans les eaux douces en cherchant d’abord un abri 
sous les pierres du littoral. M. Chevreux a porté une attention toute spé: 
ciale sur les Amphipodes adaptés à la vie souterraine; il a étudié mieux 
qu'aucun autre les Niphargus, qui sont des Crevettines aveugles assez com- 
munes dans les eaux des puits et des cavernes; on lui doit une exacte con- 
naissance du remarquable Niphargus Virei très répandu dans les grottes 
jurassiennes où il fut découvert par M. Armand Viré, et de nombreuses 
autres espèces du même genre et d’un type nouveau, Pseudoniphargus 
africanus, qu'il trouva lui-même dans un puits non loin de la propriété on 
il réside à Bône. C’est lui également qui a étudié les Crevettines recueillies 
dans les cavernes par M, Racovitza, et notamment le curieux Metacrangony¥ - 
longipes qui habite les grottes des Baléares, Récemment, il a consacré une 
étude intéressante à un Amphipode, Hyalé Jeanrieli, découvert par MM: Al- 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 835 


luaud et Jeannel dans les puits et les lacs des environs de Zanzibar. Ce 
Crustacé, dit-il, « est très remarquable par son manque d'organes de vision, 
alors que tous les Hyale connus... possèdent des yeux bien conformés. 
La présence de ces Amphipodes aveugles dans les lacs Machumvi semble- 
rait indiquer que ces lacs communiquent avec la nappe d'eau souterraine 
qui alimente le puits de Kombéni. Cette nappe d'eau serait le véritable 
habitat de H. Jeanneli. On sait que Niphargus Virei, Gammaride aveugle 
des eaux souterraines du centre et du midi de la France, se trouve, en pleine 
lumière, dant le bassin d’émergence des sources de la Robine (Hérault) ». 
Les espèces aveugles proviennent évidemment de formes libres qui ont perdu 
leurs organes visuels en s’adaptant à la vie souterraine; les exemples précé- 
dents montrent qu’elles peuvent revenir à la lumière et il sera curieux 
de savoir si, à la longue, elles y retrouvent leurs yeux. 

Les Amphipodes sont essentiellement des animaux marins, et c’est par la 
suite d’une adaptation progressive qu'ils peuvent vivre dans les eaux douces. 
Une adaptation de même nature conduit certains d’entre eux à une existence 
purement terrestre, dans les lieux plus ou moins humides. C’est dans la 
famille des Talitridès qu’on observe une adaptation de cette sorte, que fai- 
saient prévoir les habitudes de notre vulgaire Talitre qui pullule sur le 
sable des grèves à la limite des marées, et celles très analogues de plusieurs 
Orchesties. M. Chevreux a consacré de nombreuses études aux Amphipodes 
franchement adaptés à la vie terrestre. A la suite de recherches entreprises 
dans les serres du Muséum, il a fait connaître sous le nom de Talitrus Al- 
luaudi un minuscule Talitre bien acclimaté dans ces serres; en même temps il 
retrouvait le même dans les chasses terrestres effectuées aux Seychelles par 
M. Alluaud ; depuis lors, on le lui a communiqué de Monaco et de diverses 
parties de la France où il est localisé dans les serres, enfin des îles Gambier 
où M. Gaston Seurat l’a trouvé sous les pierres en compagnie des Cloportes. 
Ainsi, grâce à ses habitudes, le Talitrus Alluaudi, qui est une espèce tropi- 
cale, semble s'être répandu en tous lieux où il trouve un abri et une tempé- 
rature convenables. On doit à M. Chevreux des observations non moins 
intéressantes sur d’autres espèces adaptées à la vie terrestre : sur l'Orchestia 
Chevreuxt, par exemple, qui fut trouvé par M. de Guerne aux Açores pen- 
dant une campagne de l’Airondelle, et que M. Chevreux signale aux Canaries 
où il ne redoute pas les hauteurs de la montagne; sur le Talorchestia dede 
timana qui fut capturé par M. Seurat dans l'ile de Taïti où il s'étend depuis 
le littoral jusqu’à 150™ d'altitude, et sur quelques autres espèces déjà 
connues qui ont un habitat très analogue. Comparant entré elles ces espèces 


LA 


836 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


terrestres, M. Chevreux a montré qu’elles ont toutes pour caractéristique 
un développement remarquable des lobes branchiaux de leurs gnathopodes 
postérieurs, d'où leur adaptation à un genre de vie qui est tout à fait excep- 
tionnel dans le groupe des Amphipodes. 

On voit, par cet exposé rapide, combien sont intéressantes les questions 
abordées par M. Chevreux au cours de ses longues et patientes recherches. 

Il convient de donner une marque de profonde estime aux travailleurs 
libres qui pratiquent, avec un si grand succès, le culte désintéressé de la 
Science ; c'est pourquoi votre Commission est unanime pour vous proposer 
d'attribuer à M. Cuevreux le prix Cuvier. 


L'Académie adopte la proposition de la Commission. 


PRIX SAVIGNY. 


(Commissaires : MM. Ranvier, Edmond Perrier, Delage, Henneguy, 
Marchal, Grandidier, Müntz, le prince Bonaparte; Bouvier, rapporteur.) 


Votre Commission vous propose à l'unanimité d’attribuer le prix Savigny 
à M. Ep. Lamy, assistant de la chaire de Malacologie au Muséum. 

M. Lamy s’est voué aux études malacologiques depuis une quinzaine 
d'années, et, dès ses débuts, il a montré qu'il prendrait place parmi les 
meilleurs de ceux qui cultivent cette branche de la Science; ardent tra- 
vailleur, il a exécuté depuis lors un ensemble de travaux des plus consi- 
: dérables; esprit fin et délicat, enclin aux rapprochements et à la précision, 
il a montré dans ces travaux une méthode et une vigueur qui ontamplement 
justifié les espoirs que le Muséum avait fondés sur lui. Partout on l’apprécie, 
et il continuera dignement chez nous la lignée des Fischer, des Bourguignat 
et des Locard; nos meilleurs malacologistes, M. le D" Jousseaume et 
M. Dautzenberg, le tiennent en grande estime et lui en donnent chaque 
jour des preuves. 

C’est à cause de sa valeur et surtout parce qu’il s'occupe à peu près 
exclusivement de l’océan Indien et de la mer Rouge qui en est un diver ti- 
cule, que nous proposons M. Lamy à vos suffrages. Dans l’ordre malacolo- 
gique on peut, en effet, le regarder comme un des continuateurs de Savigny, 
car il a étudié avec une ibbolue rigueur les espèces simplement figurées par 
l'illustre zoologiste de l'Expédition d'Égypte; et cette étude paraissait à 
tous des plus nécessaires en raison des controverses et des confusions 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 837 


auxquelles avaient donné lieu, faute de texte suffisamment précis, les 
figures de nombreuses espèces, Les observations qu’il a effectuées dans cette 
voie sont consignées dans des monographies génériques qui rendent les 
plus grands services aux conchyliologistes; monographies des Arches, des 
Pétoncles, des Scrobiculariidés, etc., que l’auteur présente modestement 
comme de simples revisions, mais qui offrent en réalité les meilleurs carac- 
ières des recherches monographiques. 

Les formes passées en revue dans ces monographies abondent dans la 
mer Rouge et particulièrement dans la baie de Tadjourah où M. Jousseaume 
et M. Gravier ont fait de si amples récoltes. Elles ne sont pas moins nom- 
breuses dans l'océan Indien, et c'est pourquoi M. Lamy est devenu un 
spécialiste des coquilles de cette région du globe; il a publié un Mémoire 
intéressant sur les Lamellibranches recueillis à l’île Maurice par M. Paul 
Carié, le généreux correspondant du Muséum, et un autre, plus étendu 
encore, sur les coquilles marines recueillies à Madagascar par un voya- 
geur de l’établissement, le regretté Geay. 

Tous ceux qui furent les passionnés d’une étude ont cherché des émules 
capables de la continuer avec eux. C’est ce qu'a fait M. le D" Jousseaume, 
l'infatigable malacologiste qui a consacré un si grand nombre d'années 
à l'exploration scientifique de la mer Rouge; il ne peut plus, aujourd’hui, 
mettre en œuvre les matériaux incomparablement riches qu’il a recueillis 
durant ses voyages, mais il a fait choix de M. Lamy pour continuer cette 
œuvre, et en offrantses collections au Muséum, ila la certitude qu’elles seront 
utilisées au grand profit de la Science par ledisciple de son cœur. Son espoir 
ne sera pas déçu; avec les collections que lui remet par lot M. Jousseaume, 
M. Lamy a déjà trouvé la matière de deux opuscules intéressants, l’un 
consacré aux Lucines et aux Diplodontes de la mer Rouge, le second aux 
Mactres et aux Lutraires. Il en publiera certainement beaucoup d’autres, 
et ainsi se parachèvera, tout au moins pour les Mollusques, le grand 
Ouvrage dont Savigny jeta les bases et auquel M. Jousseaume a consacré 
un long et patient labeur. 

Nous croyons donc faire œuvre de justice et répondre aux vœux des con- 
chyliologues en vous proposant d'attribuer le prix Savigny au zoologiste 
distingué qui comprend si bien son rôle d'assistant au Muséum. 


L'Académie adopte la proposition de la Commission. 


838 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


PRIX THORE. 


(Commissaires : MM. Ranvier, Edmond Perrier, Delage, Bouvier, 
Henneguy, Marchal, Grandidier, Müntz, le prince Bonaparte.) 


Le prix n’est pas décerné. 


MÉDECINE ET CHIRURGIE. 


PRIX MONTYON. 


(Commissaires : MM. Guyon, Dastre, Chauveau, Armand (Gautier, 
Guignard, Henneguy; d'Arsonval, Laveran, Charles Richet et Roux, 
rapporteurs.) 


La Commission propose à l'Académie de décerner : 


Un prix de deux mille cinq cents francs, au D" Oerave Laurenr, pour 
l’ensemble de ses travaux de chirurgie; 

Un prix de deux mille cinq cents francs, aux D! Evmoxp SERGENT et 
Hexri Foer, pour leurs travaux sur la fièvre récurrente; | n 

Un prix de deux mille cing cents francs, au D" Mavrice LETULLE, pour 
son Ouvrage intitulé : La tuberculose pleuro-pulmonaire ; 

Une mention de quinze cents francs, au D" Juzes Grover, pour son 
travail sur la voix solidienne; 

Une mention de quinze cents francs, au D" R.-J. WeE1ssENBACH, pour 
son travail intitulé : Étude comparée de quelques propriétés biologiques du 
sérum et des hémalies dans les états anémiques ; 

Une mention de quinze cents francs, au D" Henri Srassano, pour ses 
recherches sur la stérilisation des cultures ou des émulsions microbiennes 
sous couche mince. 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 839 


Rapport de M. Laveran sur les travaux de M. O; LauRENT. 


M. le D" O. Laurent est professeur de médecine opératoire à l'Univer- 
sité de Bruxelles et chirurgien-chef de l'hôpital Saint-Jean de Bruxelles. 

Pendant les guerres des Balkans, en 1912 et 1913, M. Laurent a été chef 
des Ambulances de la Croix Rouge; il a écrit un livre remarquable orné de 
nombreuses figures et radiographies, intitulé : Onze mois de chirurgie de 
guerre dans les Balkans. Quand la guerre actuelle a éclaté, il avait donc 
acquis déjà une grande expérience qu'il a mise d’abord au service de ses 
compatriotes, puis, après l’envahissement de la Belgique par l’armée 
allemande, au service de l’armée française; depuis plus d'un an il est 
chirurgien de l'hôpital militaire du Grand Palais à Paris. 

Le D" Laurent a envoyé, pour le concours aux Prix Montyon, un grand 
nombre de publications concernant l’organisation du service chirurgical 
aux armées et les blessures de guerre. | 

Parmi les publications sur les blessures de guerre qui présentent le plus 
d'intérêt nous citerons celles qui concernent les blessures des nerfs et des 
artères, la technique d'extraction des projectiles cardio-péricardiques, les 
accidents nerveux produits par les projectiles de guerre sans trauma 
immédiat, les avantages de la suture au fil d'argent des grands os dans les 
fractures compliquées. 

La Commission, estimant qu’il s’agit d'une œuvre originale de piikit 
valeur et de grande utilité, propose de décerner un prix Montyon à 

. le D" Laurenr. 


Rapport de M. Roux sur les études de MM. Evmoxo Sencenr et Henri Fouev, 
sur la fièvre récurrente. 


Depuis longtemps, on soupçonnait que le virus de la fièvre récurrente 
est transmis, de l’homme malade à l’homme sain, par l'intermédiaire d’un 
insecte piqueur. MM. les D Ep. Seréer et H. Forex ont eu le mérite de 
démontrer que le pou du corps est l’agent de cette transmission. Pour cela, 
il ne se sont pas contentés de faire voir que des poux prélevés sur des ma- 
lades en accès, puis broyés et inoculés à des singes, donnaient à ceux-ci la 
fièvre récurrente avec présence de nombreux spirilles dans leur sang; ils 
ontaussi communiqué la maladie à des personnes de bonne volonté, isolées 
depuis un certain temps dans des locaux parfaitement désinfectés, en por- 
tant sur elles des poux recueillis sur des malades. 


840 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Le pou du corps est donc le convoyeur de la maladie; cependant, 
MM. Sergent et Foley ainsi que d’autres expérimentateurs ne sont jamais 
parvenus à transmettre la fièvre récurrente en faisant piquer des singes ou 
des personnes saines par des poux infectés, quel que fût le nombre des 
piqûres subies par le patient. MM. Nicolle et Blaizot ont montré que 
l’inoculation du virus s’opérait par l’écrasement du pou à la surface de la 
peau du fait du grattage. L’érosion produite par l’ongle est la porte 
d'entrée du virus. Il suffit même que le doigt souillé vienne le déposer sur 
la conjonctive pour que l'infection soit réalisée. MM. Sergent et Foley ont 
confirmé sur ce point les expériences de MM. Nicolle et Blaizot. 

Le spirochète Obermeiri est incontestablement la cause de la fièvre 
récurrente; cependant, MM. Sergent et Foley ont constaté que des poux, 
chez lesquels il est impossible de découvrir par l'examen microscopique 
un seul spirille, donnent la maladie aux singes auxquels on les inoculc. 
Chez l’homme entre deux rechutes le spirille ne se rencontre plus dans 
le sang; toutefois, ce sang injecté à des singes leur transmet la maladie. 
Il existe donc, chez le pou et chez l’homme, un stade de l'affection pendant 
lequel le virus est présent, mais invisible chez l'hôte. Cette évolution du 
virus chez le pou a été étudiée par MM. Nicolle et Blaizot. 

Les expériences décisives de MM. Sergent et Foley sur le rôle du pou 
dans la propagation de la fièvre récurrente datent de 1908; depuis les 
auteurs n’ont cessé de poursuivre leurs recherches. Aux acquisitions que 
nous avons exposées ils en ont ajouté d’autres. Pour eux, le spirille qu'ils 
ont rencontré sur les malades oranais est différent du spirochète européen; 
puisqu'un singe guéri de l'affection causée par un spirille d’origine russe 
succombe au spirochète de l’Afrique du Nord (Spirochæte berbera). De 
même, le spirille russe, qui est agglutiné et détruit par le sérum des singes 
immunisés contre lui, n'est pas influencé par le sérum des animaux immunisés 
vis-à-vis du virus algérien, Inversement le virus algérien n’est pasinfluence 
par un sérum anti-spirillaire obtenu avec le spirochète russe. 

L’immunité des singes qui ont eu la fièvre récurrente expérimentale 
dure plus ou moins longtemps, suivant la sévérité de la maladie, elle varie 
de 2 mois à 2 ans. Chez l'homme l'immunité conférée après une première 
atteinte n'existe plus après quelques années, mais les récidives, même 
lointaines, ne comportent le plus souvent qu’un seul accès. 

Le pouvoir agglutinant et spirillicide du sérum des malades permet de 
faire le diagnostic rétrospectif de fièvre récurrente chez un convalescent 
d’une pyrexie de nature inconnue. 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. : . 84r 


Le travail de MM. Srréexr et Forev nous offre des faits importants et 
nouveaux ; il a paru à votre Commission mériter un des prix Montyon pour 
la Médecine: 


Rapport de M. Laverax sur l’'Ouvrage de M. LETULLE. 


L’Ouvrage de M. le professeur Leruss intitulé : La tuberculose pleuro- 
pulmonaire constitue un gros et beau Volume orné de 107 planches. 
Dans la Préface de cet Ouvrage, l’auteur indique très bien le but qu'il s’est 
proposé : « Ce Livre, écrit-il, n’est ni un Traité dogmatique, ni un Manuel, 
non plus qu’un Précis des lésions anatomo-pathologiques de la tuberculose 
pleuro-pulmonaire chez l’homme. C’est, à proprement parler, plus et 
mieux : un premier Atlas de la tuberculose dont les altérations sont figurées 
sur plaques autochromes, reproduites en trichromie, étudiées en ordre et 
commentées avec soin. » | 


La reproduction en tricl ie des pl tochromes Lumière a donné 
d’excellents résultats. Les commentaires des planches sont clairs et métho- 
diques. 


La Commission propose de décerner un prix Montyon à M. le D" 
LeruLLE. 


Rapport de M. »’ArsoNvaL sur les travaux de M. le D” Jukes GLOVER. 


Le D' J. Gzover a présenté un très intéressant travail sur la voix 
solidienne. L'auteur l'appelle ainsi parce que, par opposition à la voix 
aérienne proprement dite, son étude permet de démontrer la possibilité de 
la transmission à distance des vibrations vocales par tous les tissus du 
corps : os, muscles, organes, etc. 

Dans ce Mémoire sont exposées les diverses applications essentiellement 
originales de ce phénomène physiologique : 

1° A la clinique interne par l'auscultation de la voix solidienne ; 

2°. A la téléphonie de réseaux, les mains et le regard restant libres ; 

3° A la téléphonie dans le bruit (applications importantes à la défense 
nationale); 

4° A la téléphoniesans fil; 

5° A l'enregistrement pur de la voix à distance en phonographie, à 
l’abri des vibrations ambiantes parasites; 

6° A la rééducation de louie; 

7° A l’acoumétrie. 

G, aTe 2° Semestre. (T. 163, N° 25.) 


842 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


En raison même des résultats obtenus dans les circonstances actuelles, 
nous ne saurions entrer dans plus de détails sur ce travail. Votre Commis- 
sion, après en avoir pris connaissance, vous propose de lui attribuer ‘une 
mention au concours pour le prix Montyon, de Médecine et Chirurgie. 


Rapport de M. Cuarres Ricuer sur le travail de R.-J. WeissexBacn, intitule : 
« Étude comparée de quelques propriétés biologiques du sérum et des héma- 
ties dans les états anémiques ». 


Le Mémoire de M. Wrissensacu contient la série de ses laborieuses 
investigations sur les globules rouges dans divers états pathologiques. 

L'auteur, dans le service du professeur Widal, a pu suivre pendant 
longtemps des malades anémiques et étudier parallèlement et simultané- 
ment la résistance globulaire, le pouvoir hémolytique, le pouvoir anti- 
hémolytique de leurs globules rouges. 

Les mesures nombreuses qu’il a prises ne sauraient, même d’une manière 
sommaire, conduire à une conclusion générale qui puisse être formulée ici. 
Nous signalerons cependant deux faits importants : d’abord, que certains 
sérums humains possèdent un pouvoir antihémolytique thermolabile 
disparaissant par le chauffage à 55°; et, ensuite, qu'il n’y a aucun rap- 
port entre la résistance globulaire aux solutions hypotoniques de chlorure 
de sodium et la résistance des hématies à l’action des sérums isolytiques. 

Votre Commission propose de décerner à M. Weissewsacn une mention 
sur le prix Montyon (Médecine et Chirurgie) avec quinze cents francs. 


Rapport de M. Roux sur les recherches de M. H. Srassano, relatives 
à la stérilisation des cultures ou des emulsions microbiennes sous 
couche mince. 


M. Srassaxo s’est proposé de déterminer le temps minimum, pendant 
lequel il faut maintenir une espèce bactérienne à une température donnée, 
pour la tuer sûrement. C’est là une question qui présente un intérêt pra- 
tique, car, moins une bactérie a été altérée par le chauffage, mieux elle 
convient pour la préparation des anti-corps. En outre, dans bien des cas, 
il est nécessaire de stériliser un liquide par la chaleur en le modifiant le 
moins possible. | ; 

Pour mener à bien cette étude, M. Stassano a construit un appareil 
composé de deux plans métalliques, parfaitement dressés et séparés l’un de 


. SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 843 


l’autre par un cadre de papier paraffiné d’un centième de millimètre d’épais- 
seur. Dans la cavité ainsi déterminée, rendue étanche par des serre-joints, 
circule le liquide à expérimenter. L'appareil est plongé dans un bain-marie 
dont la température est réglée. Un thermomètre placé à la sortie de la 
chambre de chauffe donne la température du liquide qui en sort et celui-ci 
est aussitôt refroidi dans un serpentin entouré d’eau froide. La capacité de 
la chambre étant connue, il suffit de mesurer le débit à la minute pour 
savoir pendant combien de temps le liquide a été exposé à une chaleur 
déterminée. 

Les expériences prouvent que, lorsque la température critique pour une 
espèce est atteinte, il suffit d’un chauffage durant une fraction de seconde 
pour la tuer. 

Par ce procédé, M. Stassano démontre que la résistance à la chaleur 
d’une même culture microbienne varie suivant l’âge de celle-ci. Il fait voir, 
par exemple, que les cultures de vibrion cholérique contenant des formes 
en boule, résistent plus qu’une culture ne renfermant que des vibrions 
mobiles. 

Grâce à cette stérilisation par chauffage, pour ainsi dire instantané, 
certaines substances fragiles sont conservées intactes, qui seraient allérées 
à la même température plus longtemps prolongée. 

Sans qu'il soit besoin de plus insister, on conçoit que nombre de pro- 
blèmes intéressants peuvent être résolus par le procédé de M. Stassano. 
Aussi la Commission propose-t-elle d'attribuer à M. Srassano une des 
mentions du prix Montyon. 


L'Académie adopte les propositions de la Commission. 


PRIX BARBIER. 


(Commissaires : MM. Guyon, d’Arsonval, Laveran, Dastre, Charles Richet, 
Chauveau, Armand Gautier, Guignard, Henneguy ; Roux, rapporteur.) 


Votre Commission a distingué, parmi les travaux soumis à son examen, 
les recherches sur les réactions locales à la tuberculine chez nos animaux 
domestiques de M. G. Moussu, professeur à l'École nationale vétérinaire 
d’Alfort. 

La réaction à la tuberculine est de plus en plus employée par les vétéri- 
naires, pour la recherche de la tuberculose chez les animaux de la ferme. 

Dans ces dernières années, on a substitué à l'injection d'une quantité 


844 ACADÉMIE DES SCIENCES. : 


notable de tuberculine sous la peau, l'introduction dans le derme d’une 
très petite dose de ce produit, et, au lieu de juger de la réaction par le tracé 
de la courbe des températures prises avant et après l’opération, on se con- 
tente d'observer la réaction locale inflammatoire qui se produit, dans le 
cas où l’animal est tuberculeux. | 

M. Moussu, qui a appliqué l’intradermo-réaction aux animaux domes- 
tiques, nous enseigne la meilleure manière de la pratiquer et nous démontre 
que les indications qu’elle donne sont très sûres. La région de choix pour 
l'injection intra-dermique de la tuberculine est la paupière inférieure. 
Il suffit d’un dixième de centimètre cube de tuberculine diluée, introduit 
dans l'épaisseur de la paupière à un centimètre au-dessous du bord libre, 
pour déterminer dans les 48 heures, si l’animal est tuberculeux, une infil- 
tration œdémateuse avec léger larmoiement, qui fait apparaître œil comme 
poche. La différence avec l'œil du côté opposé est si manifeste qu’elle est 
remarquée par les moins avertis. Ceux qui trouvent qu’une injection intra- 
dermique correcte est trop difficile à réussir peuvent introduire o™,5 de la 
même tuberculine sous la peau de la paupière inférieure, ils observeront, 
dans les trois jours qui suivent, des phénomènes semblables à ceux que. 
nous venons de décrire. 

Ce procédé de l’intra-palpébro-tub lination, qui est dénué de tous les 
inconvénients reprochés à la méthode ancienne, est passé aujourd'hui dans 
la pratique; il y rend de si grands services que la Commission propose 
à l'Académie d'attribuer le prix Barbier à M. Moussu qui l’a introduit et 
propagé dans la médecine vétérinaire. 


L'Académie adopte la proposition de la Commission. 


PRIX BRÉANT, 


(Commissaires : MM. Guyon, d’Arsonval, Dastre, Charles Richet, 
Chauveau, Armand Gautier, Guignard; Laveran, Roux et Henneguy, 
rapporteurs.) 


La Commission propose de décerner sur les arrérages de la fondation : 


Un prix d’une valeur de deux mille francs à M. J. Haver, professeur 
à l’Université de Louvain, actuellement au Laboratoire de Roscoff 
(Finistère). 

Un prix d’une valeur de deux mille francs est décerné à M™° Mamie 
Puisauix, docteur ès sciences et en médecine, 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. | 845 


Un prix d’une valeur de mille francs est décerné aux D" Frépéric Bornas 
et SAMUEL BRUÈRE. 


Rapport de M. Hexsesvuy sur les travaux de M. Haver. 


M. J. Haver, professeur à l’Université de Louvain, s’est consacré depuis 
plusieurs années à l’étude du système nerveux des Invertébrés, auquel il a 
appliqué les méthodes de Golgi et de Ramon Cajal. Ses recherches rela- 
tives aux Hirudinées, aux Oligochètes, aux Trématodes et aux Mollusques 
ont établi que les cellules nerveuses de ces animaux ont la même constitu- 
tion que celles des Vertébrés. Elles possèdent des prolongements protoplas- 
miques et des prolongements cylindraxiles. Les rapports de cellule à cellule 
se font par le contact des prolongements protoplasmiques terminés libre- 
ment et ne s’anastomosant jamais entre eux. Les cellules des ganglions, 
chez les Hirudinées, sont toujours unipolaires ; chez les Oligochètes et les 
Limaces, elles sont uni- bi-et multipolaires. La substance ponctuée de Leydig 
est formée par un grand nombre de fibres et de fibrilles qui s’entre-croisent, 
mais se terminent librement sans s’anastomoser ; elle renferme également 
des cellules névrogliques protoplasmiques et fibreuses, des vaisseaux san- 
guins et du tissu conjonctif sous forme de fibrilles provenant de la mem- 
brie d’enveloppe du ganglion. Les cellules névrogliques, dont la structure 
granuleuse rappelle un peu celle des cellules glandulaires, sont en rapport 
intime avec les cellules nerveuses et les vaisseaux. 

Le système nerveux des Actinies n’est pas centralisé sous forme de 
ganglions : les diverses parties du corps renferment des cellules nerveuses 
sensitives et motrices. Les cellules sensitives en nombre considérable 
possèdent de fins prolongements qui, par leur réunion, constituent de 
minces couches de fibrilles réunies entre elles par des fibrilles collatérales, 
de telle sorte que chaque partie du corps de l’animal est en relation intime 
avec les parties voisines. Les cellules motrices, plus grosses et moins nom- 
breuses, ont des prolongements qui se mettent en rapport avec les fibrilles 
sensitives, et d’autres qui se terminent au niveau des fibres musculaires. 
Comme chez les autres Invertébrés, les prolongements cellulaires se 
terminent librement. Fait intéressant à noter, relativement à la théorie de 
la spécificité des feuillets blastodermiques, les éléments nerveux appar- 
tiennent les uns à l’ectoderme, les autres à l’endoderme ; le système nerveux 
ne serait donc pas, comme on l’admet généralement, exclusivement une 
formation ectodermique. 


846 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


M. Havet, avant de se spécialiser dans l'étude du système nerveux, a 
publié, soit seul, soit en collaboration avec M. Denys, d’intéressantes 
recherches sur le rôle des leucocytes dansle pouvoir bactéricide du sang de 
Chien. Si le pouvoir batéricide de ce sang est considérable, celui de son 
sérum est au contraire très faible. En filtrant le sang de manière à le priver 
de ses leucocytes à noyaux polymorphes, on constate que le plasma conte- 
nant encore les hématies et les leucocytes à noyaux ronds a perdu son 
pouvoir bactéricide. Ce sont donc les leucocytes à noyaux polymorphes 
qui donnent en grande partie au sang de Chien son pouvoir bactéricide : 
on peut du reste constater directement sous le microscope l’englobement des 
microbes par les leucocytes : les microbes seraient détruits dans ceux-ci 
directement et non pas par un produit bactéricide que les leucocytes 
auraient sécrété dans le sérum sous l’action des microbes. Une certaine 
partie du pouvoir bactéricide appartient au sérum. Suivant MM. Havet 
et Denys, ni la théorie phagocytaire, ni la théorie des humeurs, prises 
séparément, ne peuvent expliquer l’immunité. Les phagocytes et les 
humeurs concourent ensemble, dans une mesure variable selon les espèces, 
et aussi selon la nature du parasite, à préserver les organismes supérieurs 
contre l’envahissement des microbes. 

M. Havet a étudié aussi les lésions des cellules nerveuses dans les divers 
cas de maladies mentales et les lésions vasculaires du cerveau dans la para- 
lysie générale. Il a reconnu que l’existence des cellules plasmotiques, 
décrites par Marschalko autour des vaisseaux cérébraux des paralytiques 
généraux, n’a pas l’importance qu’on a voulu lui attribuer comme signe 
pathognomonique. Il est en effet possible de constater la présence de ces 
cellules dans des maladies mentales autres que la paralysie générale, et d'un 
autre côté ces éléments peuvent faire défaut dans des cas indubitables de 
cette dernière affection. Il en est de même de l'infiltration lymphocytaire 
de la gaine périvasculaire des vaisseaux cérébraux qui se rencontre dans la 
paralysie générale et d’autres maladies mentales. Enfin, autour des vaisseaux 
de certains paralytiques généraux, l’auteur a trouvé des cellules spéciales à 
noyau irrégulier, et à protoplasma riche en vacuoles et en granulations 
fortement colorables. | 

La Commission, se fondant sur le nombre et la valeur des travaux de 
M. Haver, propose d'accorder à ce savant, si cruellement éprouvé par la 
destruction de l’Université de Louvain, une somme de deux mille francs 
sur les arrérages du prix Bréant. 


‘ 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 847 


Rapport de M. Laverax sur les travaux de M”? Pmisarix. 


Me M. Puisauix a publié de nombreux travaux sur l'anatomie com- 
parée des appareils venimeux et sur les venins. 

Il résulte de ses recherches que la sécrétion muqueuse des Batraciens, 
considérée par les auteurs comme ayant une action purement mécanique, 
peut acquérir des propriétés phlogogènes ou toxiques; elle devient alors 
un poison stupéfiant, paralysant, et un hémolysant énergique, tandis que 
le poison des glandes dorsales est convulsivant. 

Chez les Lézards, Mt Phisalix a étudié particulièrement le venin de 
lhéloderme qui est un poison redoutable par son action cardiaque et ses 
effets éloignés ; mordue par un de ces lézards, elle a éprouvé des accidents 
graves. 

Ses recherches sur lanatomie Lélnpise de l'appareil venimeux des 
Serpents sont très complètes. 

Une série d’études sur l’immunité naturelle et sur l’immunité acquise 
contre les venins présente un grand intérêt. 

Me Phisalix montre que le venin de l’héloderme est un vaccin contre sa 
propre action et que, contrairement au venin de vipère, le chauffage lui 
fait perdre son pouvoir vaccinant en laissant intacte sa propriété veni- 
meuse. D’après l’auteur, la sécrétion cutanée muqueuse des Batraciens 
vaccine contre sa propre action toxique ; les animaux vaccinés au moyen de 
la sécrétion muqueuse des Batraciens ou des Poissons le sont également 
contre l'action du venin de la vipère aspic; les lapins immunisés avec le 
venin muqueux de salamandre et le venin de vipère résistent à l’inoculation 
intra-cérébrale du virus fixe qui fait toujours éclore la rage chez les témoins. 
Ces derniers faits paraissent être en désaccord avec l'ordinaire spécificité 
des venins et des virus. 

Nous signalerons enfin. une excellente étude de la fonction venimeuse 
en général et du rôle biologique des venins. 

La Commission propose de décerner à M”° M. Pusarix pour ses impor- 
tantes recherches sur les appareils venimeux et les venins une partie du 
prix Bréant (arrérages) avec deux mille francs. 


848 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Rapport de M. Roux sur le Mémoire intitulé : Désintégration de la matière 
organique par protéolyse microbienne, par MM. Boras et S. Bruëre. 


L'observation a montré, depuis longtemps, que les cadavres d’animaux 
enfouis dans du fumier se désagrègent avec une grande rapidité. MM. Fré- 
péric Borvas et S. Bruëre, qui ont étudié le phénomène, attribuent cette 
désintégration accélérée à la température du fumier, qui favorise l’action 
des bactéries et aussi au travail de certaines espèces microbiennes abon- 
dantes dans le milieu. Des fœtus de truie, immergés dans l’eau, dans des 
bocaux placés à diverses températures, se désagrègent avec une remarquable 
rapidité lorsqu'on ajoute un peu de macération de fumier. La comparaison 
avec des témoins démontre l’intense activité des bactéries bien choisies, 
surtout à une température voisine de 30°. 

En présence de la difficulté que l’on éprouve à assainir un champ de 
bataille et amener la prompte désintégration des cadavres d'hommes et 
d'animaux, MM. Bordas et S. Bruère se sont demandé si l’on ne pourrait 
pas faire, dans ce cas, l’application de ce qu’ils ont observé. Ils proposent 
de déposer les corps dans une fosse garnie de paille, de les recouvrir de 
paille et d’arroser avec un liquide d’une fermentation putride bien en train. 
Ensuite, le tout est recouvert d’une couche de terre. Des essais faits avec 
des cadavres d'animaux paraissent justifier cette proposition. C’est pour 
encourager MM: Bornas et Bruëre à poursuivre leurs expériences que la 
Commission propose de leur attribuer une somme de mille francs sur les 
arrérages du prix Bréant. 


L'Académie adopte les propositions de la Commission. 


PRIX GODART. 


(Commissaires : MM. Guyon, d'Arsonval, Laveran, Dastre, Charles 
Richet, Chauveau, Armand Gautier, Guignard, Roux, Henneguy.) 


Le prix n’est pas décerné. 
PRIX MÈGE. 
(Commissaires : MM. Guyon, d'Arsonval, Laveran, Dastre, Charles 
Richet, Chauveau, Armand Gautier, Guignard, Roux, Henneguy.) 


Le prix n’est pas décerné. 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 349 


PRIX BELLION. 


(Commissaires : MM. Guyon, d’Arsonval, Laveran, Dastre, Chauveau, 
Armand Gautier, Guignard, Roux, Henneguy; Charles Richet, rap- 
porteur.) 


Votre Commission a décidé de décerner le prix Bellion au D" Riewano 
Mussanr, pour ses travaux sur l’intoxication par l’opium. 

À diverses reprises, dans de nombreux et substantiels écrits, M. Millant 
avait insisté sur le danger menaçant des fumeries d’opium. Aux colonies 
d’Indo-Chine il avait été tellement frappé des conséquences terribles de 
cette pratique qu'il s'était dévoué au combat contre ce fléau menaçant. 
Dans un livre, riche de faits et d’aperçus ingénieux : La Drogue (1 vol. 
in-12, Paris, 1914), il indique l’abus et le remède. Même il avait pris 
l'initiative d'une société de prophylaxie contre le morphinisme. 

R. Millant, nommé médecin-major d’un régiment de chasseurs, a été une 
des victimes de la guerre. Il est mort en héros, au champ d'honneur. Voici 
en quels termes le cite l’ordre du corps d’armée (février 1916) : « Pendant 
deux mois d'occupation du secteur a montré un dévouement inlassable, un 
courage calme et souriant, un mépris complet du danger; toujours, à toute 
heure, sous les feux les plus violents, soignant les blessés, visitant les chas- 
seurs aux tranchées. Médecin éminent, homme charmant, cœur d’or, s’est 
montré un soldat remarquable. A trouvé aux premières lignes une mort 


glorieuse. » 


L'Académie adopte la proposition de la Commission. 


PRIX DU BARON LARREY. 


(Commissaires : MM. Guyon, d’Arsonval, Dastre, Charles Richet, 
Chauveau, Armand Gautier, Guignard, Roux, Henneguyÿ; Laveran, 


rapporteur.) 


M. le D! Lasser, médecin principal des troupes coloniales, a envoyé à 
l’Académie, pour le concours au prix du Baron Larrey, un important 
travail sur L'organisation et le fonctionnement du service médical dans 
les expéditions coloniales. 


C. R., 1916, » Semestre. (T. 163, N° 25.) III 


850 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Après avoir montré la nécessité d’une organisation méthodique et minu- 
tieuse du service de santé dans les expéditions coloniales, l’auteur étudie 
le matériel sanitaire colonial de campagne, le personnel sanitaire colonial 
de campagne, la préparation sanitaire des expéditions, enfin le fonction- 
nement du service de santé. 

Les mesures d'hygiène et de prophylaxie, qui ont une si grande 
importance dans les pays souvent insalubres que les troupes faisant partie 
des expéditions coloniales doivent parcourir et occuper, sont pres avec 
beaucoup de méthode. 

La Commission, estimant que ce travail est appelé à rendre de grands 
services aux médecins des troupes coloniales, propose de décerner le prix 
du Baron Larrey à M. le D" Lasxer; elle propose en outre d'accorder une 
mention très honorable à M. le D! A. Tourxane pour son travail intitulé : 
Organisation et fonctionnement de l'hôpital temporaire n° 13 de Verdun. 


L’ Académie adopte la proposition de la Commission. 


PHYSIOLOGIE. 


- PRIX MONTYON. | 
(Commissaires : MM. Chauveau, Edmond Perrier, d'Arsonval, Roux, 
Laveran, Henneguy: Dastre, rapporteur.) 


La Commission propose d'accorder le prix à M. Couvreur, chargé de 
cours à la Faculté des sciences de Lyon, pour l’ensemble de ses travaux, 
poursuivis depuis de nombreuses années, sur le terrain de la Physiologie 
expérimentale. 


I. Une partie des études de M. Couvreur a porté sur la Physiologie com- 
parée du nerf pneumogastrique : elles nous ont fait connaître les particu- 
larités anatomiques et fonctionnelles de cet appareil nerveux chez les 
Oiseaux, les Reptiles et les Batraciens: le mécanisme de la mort de ces ani- 
maux après la double vagotomie; le développement inverse du système 
pneumogastrique et du système em sympathique. 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 857 


II, Une autre série est relative à la respiration envisagée dans la série 
des Vertébrés. Un certain nombre de résultats, intéressant surtout lana- 
tomie, ont été acquis : parmi les faits physiologiques on peut citer celui 
qui est relatif à la position du centre respiratoire chez les Batraciens, dans 
une région de l’axe cérébro-spinal située au-dessus du centre bulbaire. 


II. Une troisième catégorie de recherches a eu pour objet l'étude de la 
nutrition chez les insectes pendant la période nymphale. Il serait hors de 
propos d'indiquer toutes les conclusions particulières de nombreuses 
recherches de Chimie biologique, sur la caséification et le ferment Jab; sur 
la chlorophylle animale; sur les ferments des tubercules et des graines en 
germination; sur les pigments des fleurs; sur la disparition de nombreux 
microbes dans les chrysalides au cours de leur évolution, microbes phago- 
cytés pendant la période nymphale. 

Cette rapide et très incomplète énumération permet de se rendre compte 
de l’activité laborieuse dont M. Couvreur a donné l'exemple au cours 
d’une carrière déjà longue poursuivie avec une conscience scientifique qui 
lui assure une place parmi les expérimentateurs indiqués pour la récom- 


pense du prix Montyon de Physiologie. 


L'Académie adopte la proposition de la Commission. 


PRIX LALLEMAND. ; 


(Commissaires : MM. Chauveau, Edmond Perrier, d’Arsonval, Roux, 
Laveran, Henneguy ; as rapporteur. ) 


La Commission proposé à l'Académie de partager également le re 
entre : 
M. Arpo Massaeura, professeur adjoint à la Faculté de Médecine, de 


Modène, 
Et M. le D! L. Lauxoy, aide-major de 2° classe, attaché à un laboratoire 


d'armée. 


M. Arbo Massaëcta à présenté au concours des prix de Physiologie 
l’ensemble des travaux qu'il a publiés sur le diabète sucré. Parmi ceux-ci, 
on peut remarquer des études sur la glande carotique. La lésion de ce petit 
organe a les mêmes conséquences que la piqûre du plancher du quatrième 
ventricule : la glycosurie. 


0 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Íl est constitué par des éléments semblables à ceux des paraganglions; il 
est très riche en nerfs. On avait déjà signalé (Vassale) la glycosurie provo- 
quée chez le chat par la lésion de cette glande carotique. M. Massaglia à 
confirmé et étendu ces résultats et il a montré qu'ils devaient être attribués 
à une action nerveuse, l’extirpation des nerfs ayant le même effet. 

Les autres travaux de M. Massaçzra, qui ont roulé sur la glycosurie, ont 
moins de rapport avec la physiologie nerveuse. Ils doivent être seulement 
mentionnés ici. Ce sont : des observations de diabète maigre, chez des 
animaux (chiens), correspondant à une lésion du pancréas; des observa- 
tions de glycosurie (lapin) consécutive à la ligature du canal de Wirsung 
suivie de l’ablation, après 4 ou 5 mois, du résidu fibreux dans lequel subsis- 
tient les îlots de Langerhans; enfin des essais d’opothérapie pancréatique. 


Les études de M. Lauxoy n’ont plus que des rapports médiats avec la 
physiologie nerveuse proprement dite. Elles ont porté sur l'appareil 
thymo-thyroïdien : thyroïdes, parathyroïdes et thymus. Le rapprochement 
en un faisceau de ces trois organes repose sur des considérations d'ordre 
très divers, que M. Launoy a fait valoir. 

Il a indiqué, par exemple, le rapprochement du thymus avecles thyroïdes, 
au point de vue des effets sur le psychisme. L’ablation du thymus comme 
celle des thyroïdes détermine, comme effet nerveux, un état mental très 
particulier : il y a une idiotie thymoprive, comme il y a une idiotie thyréo- 
prive. Dans son ensemble, le travail de M. Launoy constitue un bon exposé 
et une mise au point de nos connaissances sur les trois espèces d'organes, qui 
ont été l’objet de tant de publications qui ne laissent dans l'esprit qu'une 
impression confuse. Sa valeur critique incontestable et son utilité mau- 
raient cependant point permis à la Commission de le retenir et de le récom- 
penser d’un prix de Physiologie expérimentale, si l’auteur n’avaitétayé sur 
des expériences personnelles un certain nombre de ses CR Il faut 
signaler celles qui sont relatives à la prétendue résistan 1x éthy- 
roïdés auxinfections intercurrentes; y insignifiance des réactions des oiseaux 
adultes à l’ablation totale des thyroïdes et parathyroïdes et au contraire la 
sensibilité, très relative, des oiseaux jeunes à cette opération. De même, les 
expériences de M. Lauey sur les singes lui ont permis de conclure que la 
tétanie, chez ces animaux, résulte d’une insuffisance ou d’une déficience 
absolue de la sécrétion parathyroïdienne. Il a étudié, de même, l'action 
physiologique des extraits de thymus sur la pression générale. 


L'Académie adopte les propositions de la Commission. 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 853 


PRIX LA CAZE. 


(Commissaires : MM. Chauveau, Edmond Perrier, d’Arsonval, Roux, 
. Laveran, Dastre, Henneguy.) 


Le prix n’est pas décerné. 


PRIX POURAT. 


(Commissaires : MM. Chauveau, Edmond Perrier, d’Arsonval, 
Roux, Laveran, Dastre; Henneguy, rapporteur.) 


Si la morphologie des cellules des divers tissus est actuellement assez 
bien connue, leur constitution chimique est encore mal établie. L'analyse 
ne permet pas de distinguer des protoplasmas très différents par leur mode 
de fonctionnement et de les caractériser au point de vue chimique. 
MM. Maver et Scuagrrer se sont demandé si l’on ne pourrait pas trouver, 
dans la constitution de chaque espèce cellulaire, quelque chose de constant 
et de caractéristique; ils ont recherché ces caractères différentiels dans les 
rapports quantitatifs qui existent, pour une cellule ou un tissu déterminés, 
entre toutes les substances communes à tous les protoplasmas. Par 
exemple, au cours de leurs recherches antérieures, les auteurs ont établi 
que la teneur des tissus en phosphatides, en acides gras fixes, en cholesté- 
rine varie peu. Dans une même espèce, les valeurs exprimant la quantité 
de cholestérine et d’acides gras d’un tissu donné oscillent peu autour d’une 
moyenne. Bien plus, dans les différentes espèces, la teneur en phosphore 
lipoïdique d’un même tissu est sensiblement la même. 

Dans les Mémoires que les auteurs présentent au concours du prix 
Pourat, ils ont étendu leurs recherches au cas de l’eau, considérée comme 
l’un des constituants essentiels des tissus. Ils ont examiné quel rapport 
existe entre la proportion de l’eau toujours présente dans les tissus et celle 
des autres constituants fondamentaux sur lesquels avaient porté leurs tra- 
vaux antérieurs. 

Ayant établi l'existence d’une composition constante du protoplasma 
quant aux lipoïdes et au phosphore, les auteurs ont admis que, pour chaque 
protoplasma considéré, il y a un équilibre caractérisé par une proportion 
définie d’albuminoïdes, de lipoïdes, de sels et d’eau; ils se sont attachés 
à déterminer si la valeur de l’un des constituants, l’eau, dépend de celle de 
tous les autres ou encore du rapport de ces valeurs, et ils sont arrivés aux 
résultats suivants : 1° la teneur en eau, considérée dans les différents tissus, 


`» 
854 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


varie très peu; l’eau est une constante cellulaire; 2° l’eau est inégalement 
répartie dans les différents tissus ; elle est en quantité d’autant plus grande 
cholestérine cholestérine 
acides gras z phosphore lipoïdique 
examine la valeur de l’imbibition maxima d’un tissu placé dans l’eau pure, 
on voit que, toutes choses égales d’ailleurs, elle est proportionnelle à son 
coefficient lipocytique. En se basänt sur ces faits, MM. Mayer et Schaeffer 
ont émis une hypothèse ingénieuse sur le rôle des lipoïdes dans l’imbibition 
du protoplasma. Si l’on admettait dans le gel albuminoïde, constituant le 
protoplasma, la présence des composés d’acides gras seuls, ou de cholesté- 
rine seule, ceux-ci diminueraïient la liaison de l’ensemble avec l’eau; mais 
il en est autrement si l’on considère la présence dans le protoplasma d’un 
mélange de ces corps, car on sait précisément que ces mélanges sont capables 
de s’imbiber et de retenir de l’eau; la présence simultanée dans la cellule 
de cholestérine et de composés d’ THEA gras doit donc agir au contraire en 
favorisant l’imbibition du protoplasma. Enfin les auteurs ont étudié d’autre 
part l’action des électrolytes sur la teneur en eau des cellules et ils ont 
montré que les divers cathions agissent de manières différentes : c’est ainsi 
que l'ion Ca restreint d'autant plus l’imbibition que les tissus sont plus 
riches en acides gras; il aurait pour effet de diminuer la liaison des lipoïdes 
avec le protoplasma, et par suite du gel protoplasmique avec l’eau, du seul 
fait de son pouvoir précipitant. 

Les recherches de MM. Mayer et Schaeffer apportent une contribution 
nouvelle et importante à l'étude physico-chimique de la cellule et des tissus ; 
elles montrent que, en dehors de l'existence possible de composés spécifiques, 
il existe pour chaque espèce cellulaire un équilibre tout à fait caractéristique 
entre ses constituants principaux. Il est à souhaiter que ces habiles phy- 
siologistes puissent continuer leurs si intéressantes études en les étendant 
à un plus grand nombre de tissus et d'espèces animales. a. 

La Commission propose d’attribuer le prix Pourat à MM. A. Maven et 
G. ScHaërrer. 


que les rapports sont plus forts; 3° si l’on 


L'Académie adopte la proposition de la Commission. 


PRIX MARTIN-DAMOURETTE. 


(Commissaires : MM. Chauveau, Edmond Perrier, d'Arsonval, Roux, 
Laveran, Dastre, Henneguy.) | 


Le prix n’est pas décerné. 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 855 


PRIX PHILIPEAUX 


(Commissaires : MM. Chauveau, d’Arsonval, Roux, Laveran, Dastre, 
Henneguy ; Edmond Perrier, rapporteur.) 


La Commission des prix de Physiologie propose d’attribuer le prix 
Philipeaux à M. le D" Anrorse Maesan, directeur de laboratoire à l'École 
des hautes études, pour l’ensemble de ses travaux relatifs aux influences 
du milieu, du mouvement habituel et de l'alimentation sur les organismes. 

Il a combiné, dans ce but, les observations d’Anatomie comparée et 
l’expérimentation. Il s’agit en somme d'essayer d'apporter une solution à 
ce problème si discuté de l’hérédité des caractères acquis. Le problème lui- 
même est d’ailleurs mal posé ou plutôt obscurci par certaines idées pré- 
conçues. S'il est vrai que les êtres vivants aient évolué à partir de formes 
unicellulaires qui seraient d’abord demeurées associées à mesure qu’elles 
se reproduisaient par la division d’un élément primitif et qui se seraient 
ensuite différenciées peu à peu pour former des organismes compliqués, 
comme cela se produit pour tous les êtres vivants à partir de l'œuf, il faut 
bien admettre que les formes supérieures aient acquis dans la suite des 
temps les caractères qui les distinguent puisqu’à l’origine ils ne les possé- 
daient pas. L’acquisition de caractères nouveaux est une conséquence forcée 
de la théorie de l’évolution. 

La question est donc simplement de déterminer comment ces caractères 
ont été acquis. Ici, il y a deux réponses en présence. Ou bien on peut 
supposer que les êtres unicellulaires primitifs étaient dépositaires chacun 
d’une puissance évolutive spéciale qui a déterminé tout leur devenir. 
C'est le mystère, et sur ce mystère Weismann fonde sa théorie du plasma 
germinatif qui met la recherche expérimentale hors de cause. Ou bien 
c'est le milieu, c’est la façon d'agir de l'organisme, comme le voulait 
Lamarck, qui a déterminé ses caractères, et l’expérience reprend tous ses 
droits. Malheureusement chez les êtres vivants son action se trouve gênée 
parce que ses résultats ne sont pas toujours immédiats ; elle a de plus à lutter 
contre l’hérédité, mal expliquée, mais qui est un fait et qui, malgré tout, 
conservant les caractères antérieurement acquis par des actions de longue 
durée, les oppose aux caractères nouveaux qu’elle ne tarde pas à submerger 
lorsqu'elle les laisse momentanément apparaître. C’est là une grosse diffi- 
culté contre laquelle la lutte est difficile et qui empêche les certitudes de 


856 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


s'établir. Elle explique les critiques qu’ont eu à subir tous ceux qui se sont 
occupés de cette importante question. 

M. le D" Magnan a eu le courage de l’attaquer de front. Il a depuis 1908 
entrepris des recherches biométriques concernant les Oiseaux et les Mammi- 
fères dans le but de déterminer l'influence du régime alimentaire sur le tube 
digestif et les glandes annexes. L’étude des rapports que présentent les 
variations de ces glandes avec le régime alimentaire a fait de sa part l’objet 
de nombreuses notes et il est arrivé à des lois qu’il a essayé de vérifier 
ensuite par l'expérience, suivant ainsi la voie ouverte par Hunter, 
Malmgren, Weiss, Houssay, Revillod, etc., qui essayèrent de soumettre 
des herbivores au régime carné afin de constater les modifications de l’appa- 
reil digestif qui pourraient résulter de cetté substitution. 

M. Magnan ne s'est pas borné au régime carné. S'’adressant à des ani- 
maux à peu près omnivores tels que les canards, il les a alimentés respecti- 
vement et exclusivement soit d'insectes, soit de poissons, soit de chair 
d'oiseaux ou de mammifères, soit de substances végétäles : les jeunes. Les 
canards étaient soumis à ce régime dès le huitième jour après leur naissance 
et l'expérience pour certains d’entre eux a pu durer un an. Il a observé des 
modifications nettes dans la date de la ponte, le poids des œufs et la 
couleur de leur coquille. Mais les organes ont été eux-mêmes nettement 
diversifiés par ces régimes variés et rapprochés des types qu'on observe 
dans la nature chez les oiseaux pour qui ces régimes sont naturels. 

Il a pu étendre ces résultats aux Mammifères, guidé par cette idée que 
Le tube digesti f doit être ce que le régime alimentaire la fait. 

Il s’est ensuite demandé quels rapports pouvaient exister entre la quantité, 
des eflorts musculaires accomplis par les animaux, le volume de leurs 
poumons et celui de leur cœur; il s’est adressé pour cela aux Oiseaux et il a 
fait sur les animaux des constatations utiles pour l'aviation. 

Mais son activité s’est aussi tournée vers d’autres directions. Il a publié 
d’intéressants travaux sur les monstruosités : la bactériologie, l'hygiène 
sociale, sans compter quelques recherches sur les Poissons qui ont un 
intérêt au point de vue des conditions de la natation en général. 

Tous ces travaux témoignent de l’ardeur au travail de M. Maesan el 
méritent de retenir la bienveillance de l’Académie. 


L'Académie adopte la proposition de la Commission. 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 857 


STATISTIQUE. 


PRIX MONTYON. 


(Commissaires : MM. de Freycinet, Haton de la Goupillière, Émile Picard, 
Carnot, Violle, le prince Bonaparte; G. Darboux, rapporteur.) 


M. le D" Cnanses Perrier, médecin légiste, qui a obtenu déjà en 1910 
une mention de 5oo! au Concours de Statistique fondé par le baron de Mon- 
tyon, nous présente une nouvelle étude manuscrite ayant pour titre : Le 
crâne et ses rapports avec la taille, la grande envergure, le buste, le pied, chez 
les criminels. 

Ce Mémoire, précédé d’une Introduction, comprend cinq Chapitres et 
quarante planches. 

Le Chapitre I, quia pour titre : Diametres antéro-postérieurs et transverses, 
donne les résultats concernant 859 individus de 16 à 73 ans détenus dans 
la Maison centrale de Nimes. 

Les Chapitres suivants traitent de l'indice céphalique, du développe- 
ment du crâne, et donnent les conclusions que l’auteur a pu déduire de 
ses études persévérantes. 

Les quarante planches qui sont jointes au manuscrit donnent des photo- 
graphies, des portraits de criminels, des dessins et des autographes. 

L'auteur, qui fut médecin de la Maison centrale de Nimes pendant près 
de 24 ans, de novembre 1887 à avril 1911, s’est attaché à réunir sur les 
criminels enfermés dans cette maison, des récidivistes pour la plupart, 
les documents et les renseignements les plus précis, tous de première 
main. : 

A ce titre, il nous paraît que votre Commission peut le proposer à 
l’Académie pour le prix. 

L'Académie adopte la proposition de la Commission. 

Il n’est pas décerné de mention. 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 25.) 


858 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


HISTOIRE ET PHILOSOPHIE DES SCIENCES. 


PRIX BINOUX. 


( Commissaires: MM. Darhoux, Grandidier, Appell, Bouvier, De Launay; 
| Émile Picard et Bigourdan, rapporteurs.) 


- Votre Commission vous propose les attributions suivantes : 


Un prix de mille francs à M. Josquin Bexsaune, membre de la Mission 
d’études de la République du Portugal, sur les découvertes maritimes, 
pour son Ouvrage intitulé : L'Astronomie nautique au Portugal à l'époque 
des grandes découvertes. 

Un prix de mille francs à feu Louis Coururar, ancien professeur 
suppléant au Collège de France, pour l’ensemble de son œuvre et notam- 
ment les Ouvrages intitulés : Sur l'infini mathématique; La logique de 
Leibnitz ; L'algéèbre de la logique; Les principes des mathématiques. 

Une mention, avec une somme de cing cents francs, est accordée à M: E. 
Douce, astronome adjoint à l'Observatoire de Bordeaux, pour ses divers 
travaux relatifs à l’histoire de l’Astronomie et de la Météorologie. 


Rapport de M. Bicourpas sur les travaux 
de M. Joaquim BENsAUDE. 


C’est en suivant les côtes africaines de la Méditerranée de l'Est à POuest, 
avec les Arabes, que la Science grecque est parvenue en Oceident, et 
d’abord. dans la péninsule ibérique, en Provence et en Italie. Aussi 
PAstronomie renait-elle en Espagne, où elle brille d’un vif éclat au 
xm? siècle avec Alphonse X de Castille. 

On n’est donc pas étonné de voir Jes Espagnols et les Portugais perfec- 
tionner les méthodes de navigation, et se lancer les premiers å Ía recherche 
de la route des Indes; mais, à part quelques rares travaux, on avait 
négligé d'étudier en détail le développement graduel des sciences nau- 
tiques. 

A la faveur de cette sorte d’indifférence, il s’est formé outre-Rhin un 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 859 


certain nombre de légendes, attribuant à la Science allemande un rôle 
prépondérant dans les grandes découvert phiques du xy" siècle. Par 
exemple, les éphémérides de Régiomontan auraient servi de. base aux 
calculs nautiques des marins portugais, et son élève Martin Béhaim leur 
aurait enseigné le calcul de la latitude. 

Pour défendre ses compatriotes, ainsi dépouillés d’un de leurs plus beaux 
titres de gloire, un érudit portugais, M. Joaguim Bexsauve, a entrepris de 
longues recherches sur ce sujet, d’ailleurs plein de difficultés, car les 
documents nautiques de l’époque étaient jalousement gardés secrets. 
Cependant il a pu en retrouver un certain nombre qui, joints à ceux que l’on 
connaissait déjà, lui ont permis de montrer les marins portugais créant 
eux-mêmes les bases scientifiques de leur navigation. Après avoir rappelé 
quelle fut la vie intellectuelle de la péninsule au xui° etau xiv“ siècle, il men- 
tionne la fondation, alors sans exemple, d’une École nautique à Sie (14 6) 
par Henri le Me tisna il montre la collaboration systématique qui s’y 
établit entre les savants et les marins, l’étude qu’on y poursuit de tout ce 
qui peut aider aux découvertes, et ce noble effort aboutissant enfin, avant 
1485, à des instructions qui, sous. le titre de Reglement de l’astrolabe, 
enseignent à déterminer les latitudes par les étoiles et par le soleil. 

On ignore à quelle époque les marins de l'Occident ont commencé à 
faire des déterminations de latitude. Au xw° siècle les cartes ne portaient 
encore aucune graduation, et l’on naviguait à la boussole et à l'estime. C’est 
sans doute au siècle suivant qu’on sentit le besoin de recourir à la latitude; 
en tout cas ce fut avant Martin Béhaim, arrivé en Portugal en 1484, ear 
Diego Gomez de Cintra, dans son voyage à la côte de Guinée en 1462, 
l'observait par la hauteur de l'étoile polaire prise au moyen du quadrant. 

D'un autre côté, le Règlement de{l’astrolabe suppose connue à chaque 
instant la déclinaison du soleil; et c'est ce qui aurait été emprunté aux 
éphémérides de Régiomontan. Or elles ne les donnent pas directement; 
alors qu’on les trouve ainsi dans un Ouvrage portugais de l'époque, long- 
temps ignoré, F Almanach perpetuum du rabin espagnol Zacuto, d'abord 
professeur d’Astronomie à l'Université de Salamanque et qui passa ensuite 
au service du Portugal. 

 Bensaude montre ainsi que les marins portugais trouvaient chez eux 
tout ce qui pouvait être utile à leurs navigations. 

Le perfectionnement de la cartographie n'importait pas moins aux 
progrès de la navigation. Divers auteurs portugais s’en occupent de bonne 
heure : Jean de Lisbonne dès 1514, et surtout, avec le plus grand succès, 


860 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Pierre Nonius, qui le premier décrit la courbe loxodromique (1537), 
réclamée aussi par la Science allemande pour Mercator. Mais il est bien plus 
probable que celui-ci profita indirectement des travaux des Portugais et 
des Espagnols, par l'intermédiaire de l’École de Louvain, fille de F École 
espagnole. 

Tels sont les faits importants mis en évidence par M. Bensaude; en outre, 
avec le généreux appui du Gouvernement portugais, il a reproduit, en d’élé- 
gants fac-similés, divers documents rares et importants qui formentcomme 
les pièces justificatives de ses assertions. 

Votre Commission a été unanime pour vous proposer de décerner aux 
travaux de M. BexsauDe un prix Binoux de la valeur de mille francs. 


Rapport de M. Emur Picar sur les travaux de Lovis CouTuraT. 


Louis Covrurar fut victime, le 3 août 1914, d'un brutal accident d'auto- 
mobile. Sa perte fut vivement ressentie par tous ceux qui s'intéressent à la 
philosophie et à l’histoire des Sciences. Il s'était d’abord fait connaître par 
sa thèse de doctorat ès sciences mathématiques Sur l'infini mathéma- 
tique. Encore sous l'influence de Kant, qu’il devait combattre vigoureuse- 
ment plus tard, il considère que le nombre infini et linfini pt 
correspondent à une intuition rationnelle. 

Quelques années après, il abandonne les thèses kantiennes et consacre 
un gros volume à La logique de Leibniz. Il est ainsi amené à s'occuper de 
l’histoire des Sciences. Les éditions de Leibniz n'étaient pas complètes ; 
Couturat pressent des lacunes importantes dans la pensée du grand philo- 
sophe. Aussi prend-il la résolution de se rendre à Hanovre pour y consulter 
les manuscrits de Leibniz non encore publiés. IL en rapporte une riche 
moisson de documents nouveaux qui l’obligent à refondre complètement 
son Livre. Le monde philosophique rendit hommage au talent de Couturat 
et à sa puissante dialectique, quoique tous ne consentirent pas à mettre en 
première ligne, dans les desseins philosophiques de Leibniz, la réduction 
de toutes les vérités à des propositions identiques. 

Couturat s’est ensuite occupé, avec l’École logique italienne, de L'algébr : 
de la log gique, et il a aussi écrit un important Ouvrage sur Les principes des 
mathématiques. On peut contester quelques-unes de ses conclusions et 
refuser de croire que la logique mathématique puisse aboutir à fixer défini- 
tivement la Phitosophie des mathématiques. C'est le propre des discussions 
philosophiques de n’arriver jamais à des conclusions acceptées de tous. Il 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 861 


suffit qu'on y trouve la trace d’un vigoureux esprit, et c’est ce qu’on ne 
peut contester à Couturat. 

Nous pensons avoir suffisamment indiqué les raisons pour lesquelles 
votre Commission est désireuse de rendre un dernier hommage à Louis 
Coururar, et nous proposons à l’Académie d'accorder à son OEuvre une 
partie du prix Binoux (1000). 


Rapport de M. Bicourpax sur les travaux de M. E. Douszer. 


M. Dovsser, astronome adjoint à l'Observatoire de Bordeaux, a soumis 
à l'examen de votre Commission de nombreuses monographies qui prouvent 
combien il est versé dans l’histoire de l’Astronomie moderne et de la 
Météorologie. 

Ce sont généralement des biographies, comme celles des Bernoulli, 
Bessel, Bossut, L. Euler, Montucla, Sigorgne, etc. ; souvent il met en œuvre 
des documents inédits, par exemple pour Fleurieu, La Caille, Navarre, etc. ; 
d’autres fois il écrit l’histoire de questions importantes, comme les travaux de 
Laplace et Lavoisier en Météorologie, ou encore la naissance de la Météoro- 
logie dynamique avec Le Verrier, etc. D'autres fois encore M. Doublet a 
retrouvé, dans des manuscrits oubliés, des observations importantes, comme 
une liste de tremblements de terre observés dans notre Sud-Ouest par les 
frères Sarrau. Enfin ilest sur le point de publier d'autres travaux analogues, 
dont la guerre a interrompu l'impression et dont l'intérêt serait accru si, 
comme nous le souhaitons, leur auteur pouvait les réunir en volume avec 
les précédents. 

Pour récompenser ce lébétr soutenu et encourager M. Douszer, volre 
Commission vous propose de lui attribuer une mention, et émet le vœu 
qu'il y soit joint une somme de 500". 


L'Académie adopte les propositions de la Commission. 


862 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


MÉDAILLES. 


MÉDAILLE BERTHELOT. 


(Commissaires: MM. Camille Jordan, d’Arsonval, A. Lacroix; 
G. Darboux, rapporteur.) 


La Médaille Berthelot est décernée à : 

M. Pavut Lemousr, lauréat du prix Jecker ; 

M. Argxaxpre Héserr, lauréat du prix Montyon des Arts insalubres ; 
M. Evouarp Bauer, lauréat du prix Houzeau. 


ES 


PRIX GÉNÉRAUX. 


mm 


PRIX BORDIN. 
(Commissaires: MM. Edmond Perrier, Delage, Bouvier, Dastre, Henneguy; 
Marchal, Charles Richet.) 
L'Académie avait mis au concours la question suivante : 
Recherches relatives au déterminisme des sexes chez les animaux. 


Le prix n’est pas décerné. : 


PRIX JEAN REYNAUD. 


(Commissaires : MM. Jordan, d'Arsonval, A. Lacroix, Roux, N..., N.….; 
G. Darboux, rapporteur. ) 


Le prix est décerné à feu Hesri Amasar, membre de l’Académie, pour 
l'ensemble de son œuvre. 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 863 


PRIX DU BARON DE JOEST. 


sapaian oiy MM. Jordan, Darboux, Boussinesq, Lippmann, Appell, 
Violle; Éuile Picard, rapporteur.) 


Votre Commission vous propose de décerner le prix å M. Ensest 
EscraxGox, professeur adjoinbà la Faculté des sciences dé Bordeaux, pour 
ses recherches sur les phénomènes sonores produits par les canons et 
les projectiles. 


PRIX HOULLEVIGUE. 


(Commissaires : MM. Armand Gautier, Edmond Perrier, Guignard, 
Roux, Dastre, Termier: nr réppottéur.) 


Pour bien connaître la biologie des êtres vivants, il né suffit pas d'étudier 
la flore et la faune de nos pays : nous habitons des contrées où la tempéra- 
ture et le climat ont subi, depuis lés temps tertiaires, des modifications 
profondes, et comme Tobservait récemment M. Edinond Perrier, on est en 
droit de croire qué les êtres vivants des pays chauds ont conservé, bien plus 
que les nôtres, les habitudes et le régime vital qui s'étaient établis aux 
époques anciennes. Ne fût-ce qu’à cé point de vue, l'étude biologique de la 
faune et de la flore dés pays chauds offre un intérêt primordial. Mais elle a 
encorè d’autres portées : les êtres vivants de ces pays sont, pour la plupart, 
très différents des nôtres et tous les travaux qui les font connaître ajoutent 
des chapitres nouveaux à la biologie comparative; bien plus, ils jouent un 
grand rôle dans des contrées que notre développement colonial a mises 
en exploitation, et il y a lieu de connaître les êtres qui peuvent êtré, pour 
nos industriels et nos agriculteurs, des ennemis ou des auxiliaires. 

Votre Commission a pensé qu'il convenait de favoriser les recherches de 
cette nature; c'est pourquoi elle vous propose d'attribuer le prix Houlle- 
vigue à M. Enmoxp Borpagr, docteur ès sciences, chef de travaux bio- 
giques à la Sorbonne, qui a consacré une partie de son existence et tout 
son labeur scientifique à Fètude des animaux et des plantes de la Réunion, 


I. Durant son séjour dans l'ile, M. Bordage a soigneusement étudié les 
phénomènes d’autotomie et de régénération chez divers Arthropodes, chez 
les Insectes notamment. Parmi ces derniers, les Orthoptères pentamères 
(Phasmides, Mantides et Blattides) ont surtout attiré son attention. Après 


864 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


autotomie, les phénomènes de régénération des appendices se manifestent 
d’une façon très nette chez les Arthropodes étudiés, chez les Orthoptères 
pentamères en particulier, dont les membres régénérés offrent certains 
caractères spéciaux. Le plus remarquable de ces caractères, la {étramérie 
du tarse, correspond à la réapparition d’un type morphologique ancestral; 
le regretté Giard fut très frappé par ce phénomène qu’il a désigné sous le 
nom de régénération hypotypique. . | 

Le processus histologique de la régénération est le même chez les repré- 
sentants des trois familles d'Orthoptères pentamères. Il y a concomitance 
des phénomènes d’histolyse et d’histogenèse; les premiers ayant pour but 
de faire disparaître les vieux tissus qui emplissent le moignon demeuré en 
place, tandis que l’histogenèse édifie les tissus du membre de remplacc- 
ment. Les phénomènes de la régénération ne se bornent donc pas ici à un. 
simple bourgeonnement : il y a refonte ou remodelage plus ou moins com- 
plet des articles demeurés adhérents au corps. Récemment, M. Bordage a 
montré que la phagocytose joue un rôle très effacé dans l’histolyse des tis- 
sus du moignon; par contre, la dégénérescence graisseuse et la dissolution 
humorale remplissent un rôle de première importance. Dans certains cas la 
dégénérescence graisseuse des muscles donne naissance à des nappes ou à 
des cordons adipeux qui paraissent devoir être conservés, et qui ressemblent 
à s’y méprendre aux nappes et aux cordons du tissu adipeux, dont il faut 
chercher l’origine première dans certaines cellules mésodermiques embryon- 
naires. La transformation du tissu musculaire en tissu adipeux est vraisem- 
blablement opérée par une enzyme. De très belles microphotographies, 
reproduisant, sous forme de planches hors texte, les préparations histolo- 
giques de M. Bordage, montrent avec la plus grande netteté cette transfor- 
mation du tissu musculaire en tissu adipeux. Ces remarquables processus 
étaient inconnus Jusqu'ici; leur intérêt dépasse de beaucoup le problème 
de la régénération, car ils présentent des ressemblances profondes avec 
ceux que l’on observe dans la métamorphose des Insectes. 


II. Pendant son séjour à la Réunion, M. Bordage a étudié les mutations 
de certains Crustacés décapodes appartenant à la famille des Atyidés. Au 
cours de recherches de systématique effectuées sur ces Crevettes d’eau 
douce, je fus conduit à penser que les Ortmannia devaient donner naissance, 
par mutation évolutive, à des Atya, c’est-à-dire à des Crustacés dont ils 
diffèrent étrangement par la forme des pinces. M. Bordage a pu vérifier, 
au moyen d’élevages, le bien-fondé de cette hypothèse. Les femelles d’Ort- 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 865 


` 


mannia Alluaudi donnent non seulement des jeunes semblables à elles- 
mêmes, mais encore des Atya serrata. Ces dernières, de leur côté, ne 
donnent que des Atya. 

Une élégante expérience de M. Bordage vient en quelque sorte com- 
pléter la démonstration. Après amputation d’un chélipède d’Atya serrata, 
la régénération reproduit une pince construite sur le type ortmannien, 
c’est-à-dire non fendue jusqu’à la base. Cette curieuse particularité persiste 
jusqu’à la première mue venant après la mutilation. Après cette mue, la 
pince est du type atyen, et par suite fendue jusqu’à la base. On a ici une 
régénération hypotypique au sens où l’entendait Giard, c'est-à-dire une 
régénération à caractère ancestral. 


JL. M. Bordage a étudié les mœurs très intéressantes de sept Hymé- 
noptères exotiques de la famille des Sphégides, dont l’un représente une 
espèce nouvelle (Passalæwcus dorsalis). Il a conçu et mis à exécution tout 
un plan d'expériences ingénieuses pour suivre les manifestations de 
l'instinct. Il a cherché aussi quels étaient les parasites et les inquilines 
habitant les nids. de ces Sphégides. Au nombre de ceux-ci se trouve un 
curieux Uropodide que le D" Oudemans (d’Arnhem, Hollande) a décrit 
sous le nom de Cilliba Bordagei. D’autres Hyménoptères (Chrysis lusca, 
Evania Desjardinsi, Coquerelia insidiosa, Apis unicolor, etc.) ont été | ’objet 
de patientes observations de la part de M. Bordage, ainsi que différents 
Orthoptères, parmi lesquels nous citerons une Blatte, le Panchlora 
maderæ, qui est vivipare et, par suite, ne fabrique pas d'oothèque. 


IV. M. Bordage à été amené à étudier les insectes nuisibles aux princi- 
pales cultures des pays chauds (Canne à sucre, Caféier, Vanillier, etc.). 
Parmi ces insectes figurent quelques espèces nouvelles. Il était intéressant 
de rechercher quels étaient les insectes utiles limitant le nombre de ces 
ennemis des plantations dans notre colonie. Des Ichneumonides détruisent 
une grande quantité de chenilles ou borers de la Canne à sucre. Les minus- 
cules chenilles de l’Élachiste et de la Gracilaire, qui minent la feuille du 
Caféier, sont parasitées par un Chaleidien, l’Eulophus borbonicus Giard, 
ct par un Braconide, l’ Apanteles Bordagei Giard. Quant aux trois espèces 
d’Acridiens qui, certaines années, causent des dégâts assez sensibles dans 
les champs de Canne à sucre, leur principal ennemi est un Diptère, 
l’ Anthomyia rubro fasciata. 


V. Ada Réunion, M. Bordage a eu l’occasion d'entreprendre quelques 


C, R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 25.) 113 


866 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


recherches de biologie végétale. Voici les résultats les plus remarquables 
auxquels 1l est arrivé. 

Ses expériences sur le Papayer, arbre dioïque, lui ont montré qu’il est 
possible de provoquer des variations sexuelles chez ce végétal. En section- 
nant la partie terminale de la tige, on peut transformer le Papayer mâle, 
dont les fleurs, petites et stériles, sont disposées en longues grappes pen- 
dantes, en un Papayer femelle, dont les fleurs, très grandes et sessiles, 
possèdent un ovaire qui se développe en un énorme fruit, M. Bordage a 
indiqué quelles sont, à son avis, les phénomènes physiologiques, consé- 
catifs à la mutilation, qui produisent le changement sexuel. Le D” Édouard 
Heckel, à Marseille, et M. J. Jorns, à Porto-Rico, ont expérimenté avec le 
même succès sur le végétal en question. Enfin, tout récemment, M. J.-E. 
Higgins a exposé, dans The Journal of Heredity (Washington, mai 1916), 
les résultats identiques auxquels il est arrivé. Ces trois auteurs ne semblent 
pas avoir eu connaissance des expériences antérieures de M. Bordage, à qui 
toute priorité révient incontestablement. 

Je citerai maintenant les observations et les expériences relatives au 
Pêcher. Cet arbre, introduit à la Réunion, y est devenu un végétal à feuil- 
lage subpersistant. M. Bordage a constaté que ce caractère est héréditaire. 
De jeunes Pêchers, nés de noyaux de fruits récoltés dans l’île, ne perdent, 
chaque année, qu’une partie de leur feuillage. Par contre, les jeunes Pèchers, 
nés de noyaux importés d'Europe, se dépouillent entièrement. Nous avons 
donc ici un exemple d’hérédité de caractère acquis venant à l'encontre des 
idées de Weismann sur la facon dont doivent se comporter les arbres frui- 
tiers importés d'Europe dans les pays chauds. A propos de cet exemple; je 
dirai, en passant, que M.Bordage ne croit pas à l'existence d’une fosse pro- 
fonde entre la variation lente et la variation brusque, entre la fluctuation et 
la mutation, en quoi il partage les idées de plusieurs biologistes, et notam- 
ment de M. Lameere. | 

Après avoir étudié les modifications du rythme foliaire chez des arbres 
importés de différents pays à la Réunion, M. Bordage a fait des recherches 
sur l'influence que peut avoir sur ce rythme l’antagonisme qui règne entre 
la croissance et la genèse sexuelle, ou, si l’on préfère, entre le bourgeon 
foliaire et le bourgeon floral, antagonisme si nettement mis en lumière par 
Herbert Spencer dans ses Principes de Biologie. Tl est ainsi arrivé à des con- 
clusions très intéressantes. | | 

Enfin, M. Bordage a recherché les causes d’un curieux phénomène : le 
départ.de la végétation (foliaison et floraison) se produisant quelquéfois au 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 867 


moment de l’année où règne la plus grande sécheresse. Dans les pays 
chauds, le départ de la végétation semble, dans nombre de cas, être com- 
mandé par une élévation de température accompagnée des pluies du début 
de la saison chaude et humide. Il existe cependant une quantité notable de 
végétaux, les uns à feuillage caduc, les autres à feuillage persistant, qui 
émettent des feuilles nouvelles même pendant la saison où la tempéraqure 
atteint son minimum, et souvent au cours d’une période de sécheresse pro- 
longée. Les observations de M. Bordage tendent à prouver que l'émission 
de fleurs et de feuilles nouvelles en la saison de l’année qui paraît le plus 
défavorable, est provoquée par les écarts de grande amplitude qui se mani- 
festent entre les températures extrêmes des journées vers la fin de la 
période de sécheresse, Ces écarts très marqués causéraient une série de 
contractions et de dilatations très prononcées des gaz et de la vapeur d’eau 
contenus dans les vaisseaux conducteurs presque vides de sève. Cette série 
de contractions et de dilatations, après avoir détaché les cals qui ob- 
struaient les vaisseaux libériens, déterminerait, par une sorte d'aspiration, 
l’amorçage du système compliqué de siphons représenté par l’ensemble des 
vaisseaux conducteurs. 

Toutes les recherches de M. Bordage ont été faites ou commencées à 
la Réunion, où il avait été appelé à la direction du Musée de Saint-Denis. 
On devrait être reconnaissant aux hommes de science qui vont travailler au 
loin pour la Patrie; mais, pour eux, les années coloniales ne comptent pas 
double et M, Bordage en fit durement l'épreuve. Des raisons locales firent 
supprimer momentanément la direction du Musée, et M. Bordage revint 
en France sans situation aucune, après avoir consacré deux lustres de 
labeur dans la colonie où on l'avait appelé. Sans notre confrère Giard, qui 
estimait hautement la grande originalité de ses travaux, et qui lui offrit un 
emploi dans son laboratoire, M. Bordage se trouvait complètement désem- 
paré; aujourd’hui encore, il pâtit de l'avance que d’autres, restés sur place, 
ont gagné sur lui et n’occupe pas la situation qu'il mérite, 

Il faut remonter ce courant fâcheux, et encourager les hommes de 
science qui vont exercer au loin leurs talents; M. Bonpa6g est Pun de ces 
hommes, et c’est pourquoi nous vous proposons de Jui attribuer le prix 
Houllevigue. 


L'Académie adopte la proposition de la Commission. 


868 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


PRIX SAINTOUR. 


(Commissaires : Armand Gautier, Edmond Perrier, Guignard, Müntz, 
Roux, Bouvier, Termier.) 


+. 
Le prix n’est pas décerné. 


PRIX HENRI DE PARVILELE. 
(Ouvrages de Sciences.) 


(Commissaires: MM. Jordan, d’Arsonval, Armand Gautier, Carnot; 
Darboux, A. Lacroix et Emile Picard, rapporteurs.) 


Votre Commission vous propose de décerner : 


Un prix de mille francs à M. Aueusre Barsey, expert forestier à Mont- 
cherand-sur-Orbe (Suisse), pour son Ouvrage intitulé : Traité d’Entomo- 
logie forestière ; 

Un prix de cing cents francs à M. Lovis RAvexEAU, secrétaire des Annales 
de Géographie, pour sa Bibliographie géographique annuelle ; 

Un prix de cinq cents francs à M. Damær Berrier, pour son Ouvrage 
intitulé : La mer et l’homme ; ; 

Un prix de cinq cents francs à M. E. Moxromor, inspecteur des Postes 
et Télégraphes, pour son Ouvrage intitulé : La technique télégraphique en 
France depuis l'origine. Ç 


Rapport de M. À. Lacroix sur M. Aucusre BARBEY. 


M. Aveusre Bansev, expert forestier à Montcherand, canton de Vaud, 
et correspondant étranger de l’Académie d'Agriculture de France, s'occupe 
depuis longtemps de la biologie des insectes sylvicoles; aux qualités d’un 
excellent observateur, il joint celles d’un savant praticien, connaissant à 
fond, pour les avoir étudiées dans la nature et aussi dans les principales 
écoles forestières de l'Europe, les méthodes de protection qui doivent être 
employées contre les insectes ravageurs. 

Malgré l'importance des dommages causés par ces bestioles et la per- 
pétuelle menace qu’elles représentent pour le reboisement, il n'existait 
aucun Traité écrit en langue française, mettant à la portée des forestiers 
les notions nécessaires pour reconnaître les ennemis contre lesquels les 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 869 


arbres doivent être défendus, aussi bien que les méthodes permettant de 
les combattre. Le Traité d'Entomologie forestière de M. Barbey est venu 
combler cette lacune regrettable (1913) et le grand succès obtenu par cet 
excellent Ouvrage de vulgarisation scientifique montre le rôle utile qu'il 
est appelé à jouer et qu’il joue déjà. 

Tout en tenant compte de ce qui a été ultérieurement publié sur cette 
question, l’auteur a fait une œuvre originale, essentiellement basée sur 
ses observations personnelles, sur l'étude des collections qu'il a recueillies 
lui-même, illustrée par ses propres photographies. 

Ce sujet spécial est présenté d’une façon attrayante, accessible à tous 
et contribuera aussi à développer le goùt de l’histoire naturelle non seule- 
ment chez les forestiers, mais encore dans le grand public qui s'intéresse 
aux maladies des arbres qu’il aime et qu’il voit parfois souffrir sous ses 
yeux. 

En proposant à l'Académie d'attribuer un prix H. de Parville de 
mille francs à M. Aveusre Banrgey, la Commission est heureuse, en outre, 
dans les circonstances actuelles, de donner une marque d’estime à un 
Suisse romand qui a prodigué des preuves de sympathie à notre pays et 
a publié à Paris son Ouvrage destiné à rendre de grands services pour la 
conservation et la protection de nos forêts, l’une des ressources de notre 
richesse nationale. 


Rapport de M. A. Lacroix sur M. Louis RAvENEAU. 


M. Louis Raveseav a entrepris en 1891 la publication dans les Annales 
de Géographie d'une bibliographie destinée à mettre sous les yeux des 
lecteurs français le tableau de la production géographique mondiale de 
l’année courante, tableau systématiquement classé et suivi pour chaque 
article d’une très courte analyse donnant en quelques mots ce qu’il présente 
d’essentiel. Des tables d'auteurs fort complètes rengent faciles les 
recherches. 

Peu à peu le cadre s’est élargi, M. Raveneau a dû faire appel à un 
nombre de plus en plus grand de collaborateurs en même temps que le 
volume annuel prenait des dimensions de plus en plus considérables. C’est 
ainsi que le Tome 23-24, correspondant aux années 1913-1914; réunies pour 
la cause que l’on sait, ne comprend pas moins de 576 pages in-8, dans 
lesquelles sont analysés 1772 livres ou mémoires. 21 860 articles ont été 
ainsi passés en revue depuis l’origine de la publication. 

Cette œuvre est à la fois un travail d'érudition indispensable à quiconque 


870 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


s'occupe de géographie et des nombreuses sciences qui y touchent, mais 
c'est aussi une entreprise française de haute vulgarisation, rendant acces- 
sibles pour le plus grand nombre une foule d'Ouvrages qu'il a intérêt à 
connaître et qu'il ne trouverait sans elle que dans des publications étran- 
gères. 

Pour toutes ces raisons, la Commission propose à l’Académie de donner 
à M. Raveneau une marque d'estime et de sympathie sous la forme d’un 
prix H. de Parville de cing cents francs. 


Rapport de M. G. Darsoux sur l'Ouvrage de M. Dane BELLET, intitule : 
« La mer et l’homme ». 


Ce Livre traite de différentes questions intéressant la mer et la navi- 
gation, les plantes et les animaux marins, les pêches maritimes, le navire 
moderne, les phares, les ports, la télégraphie, etc. Écrit avec beaucoup de 
netteté, il répond bien aux conditions que l’on doit réclamer pour un 
Ouvrage de vulgarisation scientifique, et la Commission propose à l’Aca- 
démie de lui attribuer sur les fonds de Parville un prix de cing cents francs. 


Rapport de M. Émiæ Picaro sur l ‘Ouvrage de M. E. MoxrorioL. 


Un prix de cing cents francs est accordé à M. E. Mowronioz., inspecteur 
des Postes et Télégraphes, pour son Ouvrage La Technique télégraphique en 
France depuis l’origine. L'auteur s’est surtout proposé de faire connaître le 
rôle important joué par les savants et inventeurs français dans le dévelop- 
pement de la télégraphie. Il y a pleinement réussi dans des analyses suc- 
cinctes mais précises, où il retrace l’histoire de la télégraphie depuis les 
premiers essais de Chappe en télégraphie aérienne jusqu'aux travaux les 
plus récents sur la télégraphie sans fil. 


L'Académie adopte les propositions de la Commission. 


PRIX LONCHAMPT. 
(Commissaires : MM, Chauveau, Edmond Perrier, Guignard, Roux, 
Laveran, Mangin; Dastre et Maquenne, rapporteurs.) 
La Commission propose de décerner : 


Un prix de deux mille cing cents francs à M": Fuénèse Besse docteur 
ès sciences naturelles, professeur au Lycée de garçons de Grenoble; 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. | 871 


Un prix de quinze cents francs au D' H. Busquer, professeur agrègé é à 
la porals de Médecine de Nancy. 


Rapport de M. L. Maouesse sur les travaux de M”? Tuértse Rover. 


L'action qwexercent les matières minérales sur les plantes a déjà fait 
l’objet d’un grand nombre de travaux, mais la plupart de ces recherches 
ont trait, soit à la détermination de la limite de toxicité des sels de métaux 
lourds, soit à l'étude des effets produits à doses infinitésimales par certains 
corps, tels que le manganèse, le zinc, l’aluminium, le plomb, etc. On ne s’est 
encore que très peu préoccupé de l'action élective des substances alimen- 
taires ou indispensables à l’évolution végétale, comme les sels de potas- 
sium, de calcium et de magnésium; en ce qui concerne ces deux derniers 
métaux, les indications relatives à leurs proportions les plus avantageuses 
sont même assez confuses et l’on n’est pas fixé sur le point de savoir si le 
calcium est nécessaire aux cryptogames aussi bien ‘qu'aux phanérogames. 

C’est cette étude de l’action du calcium que Mie Tu. Rosrrr, élève de 
l'École Normale supérieure et agrégée de l'Université, a nopea et exposée 
dans sa Thèse pour le doctorat. 

Le travail de M"? Robert se fait d’abord remarquer par le choix judi- 
cieux des méthodes d’expérimentation et le soin avec lequel l’auteur 
s'efforce d'écarter toutes les causes d'erreurs possibles. Les cultures sont 
faites dans des solutions nourricières préparées avec des produits purs et 
de l’eau redistillée dans des appareils de verre, pour se mettre à l'abri des 
traces de cuivre que renferme presque toujours l’eau distillée commerciale. 
Cette dernière précaution a d’ailleurs été déjà recommandée par diffé- 
rentes personnes. 

Les cultures partent de graines et ne sont guère prolongées plus de deux 
semaines : il s’agit donc de germination plutôt que de végétation propre- 
ment dite. Les semences sont stérilisées et les liqueurs nourricières pré- 
parées aseptiquement : on mesure l'allongement des jeunes plantes, ainsi 
que leur poids sec et, s’il y a lieu, on dose le calcium absorbé. — 

Examinant d’abord les Mucédinées, M': Robert reconnaît, ainsi du 
reste qu’on l'avait dit avant elle, que le calcium n'exerce aucune action 
l’Aspergillus niger, jusqu’à la dose de 14 par litre où il devient toxique; 

l'augmentation de poids, toujours très faible, que détermine l'addition de 
calcium aux solutions nutritives; est uniquement due à la formation d’oxa- 
late de chaux, particulièrement sensible quand'il y a RENTE sey défaut 
d'alimentation ou toute autre cause. 


872 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Le Penicillium glaucum se comporte de même, bien qu’on ait dit le con- 
traire; en réalité il ne diffère de l’Aspergillus qu’en ce que, sécrétant moins 
d’acide oxalique, il absorbe moins de calcium. Les champignons inférieurs 
ne semblent donc pas avoir besoin de chaux pour se développer, et cette 
substance n'exerce pas, à leur égard, l’action antitoxique qu'elle possède 
vis-à-vis des phanérogames. 

Tout autre est l’action des sels de calcium sur les végétaux supérieurs : 
absolument indispensables à l’évolution de la plante, ils sont en outre 
capables de neutraliser l'influence fâcheuse de matières telles que les com- 
posés du potassium, de l’ammonium ou du magnésium, qui se:montrent 
toxiques quand ils sont employés seuls, et même, dans une certaine 
mesure, celle des poisons violents comme le cuivre. 

La tolérance des plantes supérieures pour les sels de calcium est consi- 
sidérable, pouvant s'étendre pour le blé à des solutions renfermant 
jusqu'à 10$ et 208 par litre de chlorure Ca Cl?. Elle est d’ailleurs variable 
avec les espèces : le lupin jaune et en général les plantes calcifuges ne-up- 
portent sans dommage que des doses assez faibles de calcium, 25 à 58 seule- 
ment par litre de solution. Les cendres de ces végétaux renferment cepen- 
dant autant de chaux, quelquefois même davantage, que celles des espèces 
calcicoles. 

M": Robert en déduit que les plantes dites calcifuges sont douées 
vis-à-vis du calcium d’une faculté d’assimilation supérieure à celle des 
plantes calcicoles et que c’est à cause de cette faculté que la chaux, en 
s’accumulant outre mesure dans leurs tissus, leur devient nuisible dès que 
le milieu où elles se développent en renferme une trop forte proportion. 
C’est là une conclusion des plus intéressantes, qui découle nettement de 
toutes les observations faites par l’auteur de cet important Mémoire. 

Aussi la Commission propose-t-elle à l'Académie de vouloir bien sanc- 
tionner cet ensemble de recherches en attribuant à M"? 'Fnénèse Roserr la 
somme de deux mille cinq cents francs sur le prix Lonchampt. 


Rapport de M. Dastre sur les travaux de M. Busquer. 


M. Buseuer, professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Nancy, à 
présenté au concours du prix Lonchampt un ensemhle de recherches d'ordre 
physiologique et pharmacodynamique, poursuivies depuis plusieurs années. 
La Commission a plus particulièrement retenu la série d’études publiées en 
collaboration avec V. Pachon sur « Le calcium, condition chimique néces- 
saire de l'inhibition cardiaque ». 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 873 


Les auteurs ont constaté que le phénomène de larrêt du cœur par exci- 
tation du nerf vague ou du sinus veineux ne peut pas se produire dans une 
atmosphère liquide constituée par des solutions isotoniques de sels de 
sodium circulant artificiellement à travers le cœur. Cet appareil nerveux 
d'arrêt du cœur fonctionne, au contraire, dès qu'il y a dans le liquide des 
proportions, fussent-elles infimes, de calcium, sous forme de sels solubles 
quelconques. Les solutions sodiques ne contenant point de calcium (et 
d’ailleurs compatibles avec le fonctionnement du cœur, à la réserve de 
l'appareil d'arrêt) n’exercent leur action que pendant leur passage dans le 
cœur : l'effet ne survit pas à l'irrigation. L'appareil cardio-inhibiteur 
reprend son fonctionnement dès qu’on ajoute à la solution du calcium sous 
forme de sels ou des substances telles que la gomme, la gélatine, ou des 
extraits d'organes, riches en calcium. 

Le calcium, déjà indiqué comme agent modérateur d’activité cellulaire 
par J. Loeb et L. Sabbatani, est donc, en plus, la condition spécifique de 
l’activité de l’appareil nerveux modérateur cardiaque. 

Les auteurs ont vu, en outre, que les différents sels de sodium sont 
toxiques, vis-à-vis de l'appareil cardio-inhibiteur, en tant qu'ils sont des 
précipitants du calcium. 

Dans une autre série de recherches M. Busquet constate la grande toxi- 
cité sur le cœur des phosphates di- et trisodique qui se manifeste par l’arrèt 
brusque du cœur (étudié isolément). Cette action est due à un mécanisme 
décalcifiant. La décalcification est un processus toxique cardiaque. Enfin le 
ralentissement du cœur pendant la phase d'expiration, phénomène qui 
s'exerce par l'intermédiaire de l'appareil cardio-iuhibiteur, est considé- 
rablement exagéré par les sels de calcium. 

M. Busquet est l’auteur d’autres recherches intéressantes sur la fibrillation 
expérimentale du cœur, sur l’action physiologique de l'or colloïdal, ainsi 
que de diverses substances médicamenteuses. 

C’est l’ensemble de ces travaux que la Commission propose à l’Académie 
. de récompenser en attribuant à M. Busquer quinze cents francs sur le 
prix Lonchampt. 


L'Académie adopte les propositions de la Commission. 


114 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 25.) 


874 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


PRIX WILDE. 


(Commissaires : MM. Darboux, Grandidier, Lipprana, Émile Picardil 
Guignard, Violle; A. Lacroix, rapporteur.) 


Votre Commission vous propose d'attribuer : 


Un prix dé deux mille francs à M. Maxsur, paléontologiste du Service 
géologique de l’Indo-Chine, pour l'ensemble de ses travaux. 

Un prix de deux mille francs à M. le D" F. Garrigou, professeur adjoint 
à la Faculté de Médecine de Toulouse, pour l'ensemble de ses travaux. 


Rapport sur les travaux de M. Mansuy. 


Les travaux de M. Mansur sont tous consacrés à l'étude de la 
faune paléozoïque de notre grandé colonie d'Extrémé-Orient. Depuis 
quinze ans, M. Mansuy s’ést exclusivement consacré à cette tâche. Tout 
d'ibévd célläboräteur de M. Lantènols dans l'exploration dü Yunnan, il a 
parcouru seul le nord du Tonkin, le Laos, puis, à partir dé 1960, il ést 
devenu pour l'exploration du Yüdndh le dévoué collaborateur de M. Déprat, 
directeur du Service géologique : l'étude du Yunnan oriental résultant de 
cette dernière collaboration a été récompensée, il y a quelques annéés, par 
le prix Tchihatchef. 

M. Mansuy s’est consacré tout particulièrement à l'étude et à la des- 
cription des fossilés recueillis par lui-même ou par ses collègues d'Hanoï. 

Il a publié successivement dans les Mémoires du Service géologique dé 
l'Indo-Chine les œuvres suivantes richement illüstrées ! 


Les résultats paléontologiques de la mission du Laos (9 planches in-folio); 

La Palgontologie du Yunnan oriental (25 planches); 

Une série de Contributions å la Paléontologie de l’ Annam, du Tonkin et de 
l'Indo-Chine (15 planches); 

La première partie d’une Description monographique dé la faune ‘des 
calcaires à Productus (13 planches). Malgré les difficultés de, l'heure 
présente, la deuxième partie, accompagnée, elle aussi, de nombreuses 
planches, est à peu près achevée et va paraître incessamment. 


Les êtres paléozoïques que M. Mansuy a étudiés plus spécialement sont 
du pora haut intérêt et en grande partie nouveaux és la Science; on lui 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 875 


doit la découverte du Cambrien, présentant des affinités américaines, 
tandis que certaines faunes du Dieii rappellent celles d'Europe. La 
monographie en cours du publication montré bien le grand développe- 
ment des faunes carbonifériennes et permiennes dans le sud-est de l'Asie. 

M. Mansuy n’a pas négligé les formations plus récentes; il nous a fait 
connaître une importante faune triasique, prolongement de celle de l'Hima- 
laya, et a publié d'intéressantes contributions à l’anthropologie de l'Indo- 
Chine. 

Par ses soins, une magnifique collection paléontologique indo-chinoise 
a été organisée dans un bâtiment consacré spécialement à cet effet; elle 
constitue un puissant instrument de travail pour tous ceux qui madiel ou 
voudront étudier la constitution du sol de l’Indo-Chine et de la Chine 
méridionale. 

M. Mansuy a sauvé de la tion les documents accumulés par 
l’ancienne Mission scientifique permanente de l’Indo-Chine ; il les a classés, 
les a complétés par ses propres récoltes et a o ainsi iei fondement du 
Musée d'Histoire naturelle d’Hanojï. 

Le caractère de M. Mansuy est à la hauteur de sa science; c’est un auto- 
didacte dont la remarquable énergie attire là sympathie, Ouvrier manuel 
dans sa jeunesse, il a acquis à force de travail et de persévérance une forte 
instruction; passionné pour l’histoire naturelle, il consacrait jadis tout le 
temps qu'il pouvait dérober à son labeur journalier à visiter les car- 
rières des environs de Paris pour y recueillir des fossiles, à fréquenter les 
cours publics du soir et les laboratoires où il a conquis de solides amitiés. 
Engagé en 1901 comme géologue par le gouvernement de l’Indo-Chine, il 
n'a depuis lors quitté la colonie que pour trois courts séjours en France, 
consacrés à des recherches comparatives dans les collections de Paris. 

En attribuant un prix Wilde de deux mille francs à M. Maxsuy, l’Aca- 
démie honorera donc une existence laborieuse et utile. Elle donnera aussi, 
en sa personne, une marque d'estime et de sympathie à ceux qui, loin de la 
mère patrie, travaillent noblement à sa grandeur en même temps qu’au 
développement de la Science. 


Rapport sur M. le D” Garkicou. 


La longue carrière du D? Ganméov s'est déroulée entièrement dans sa 
province natale, où il a trouvé le sujet de très nombreuses publications dont 
la première date de 1857. Il a touché à de nombreux süjeté, mais il s’est 


plus spécialement consacré à l’hydrologie considérée aux points de vue 


876 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


géologique, chimique et médical. Les Pyrénées constituent à cet égard un 
incomparable champ d'étude; il n’est puëre de station thermale de la 
chaîne — et elles sont nombreuses — ghi; n'ait été minutieusement étudiée 
sur place par M. GarriGou et dont il n’ait analysé les eaux. 

Il a jadis inauguré un enseignement de l’hydrologie à la Faculté de 
Médecine de Toulouse, où il professe encore, malgré ses 81 ans. 

Ses recherches sur la géologie de l'Ariège, ses fouilles dés cavernes à 
ossements et d’autres gisements préhistoriques pyrénéens lui ont permis 
de réunir des collections dont il a fait cadeau à la ville de Foix et qui, à 
elles seules, constituent le Musée d'Histoire naturelle de cette ville. 

C’est cette vie de travail, cette continuité de l'effort poursuivi en dehors 
de Paris que la Gosiriaiseios propose à l’Académie de récompenser par un 
prix Wilde de deux mille francs. 


L’ Académie adopte les propositions de la Commission. 


PRIX CAMÉRÉ. 


(Commissaires : MM. Marcel Deprez, Carnot, Humbert, Vieille, 
Le Chatelier, Carpentier; Lecornu, rapporteur.) 


M. Freyssiver, ingénieur des Ponts et Chaussées à Moulins, a construit, 
dans les environs de cette ville, plusieurs ouvrages pour l'exécution 
desquels il à imäginé des procédés remarquables. L'un de ces procédés 
consiste dans l’emploi de béton à armature cellulaire. L’armature métal- 
lique est constituée, ainsi que l'indique son nom, par un quadrillage de fils 
d'acier formant des mailles parallélépipédiques qu’on remplit de béton. Ce 
système permet d'exercer, à travers les mailles, une compression énergique 
du béton et d'obtenir ainsi une résistance très élevée. Une autre innovation 
concerne la réalisation d’articulations dans les voûtes en béton armé : au 
point d’articulation, on divise l'épaisseur de la voûte en trois parties; la 
partie voisine de l’intrados est interrompue par un joint de 2%; et de 
même la partie voisine de l’extrados; la partie intermédiaire assure ainsi 
à elle seule la continuité de la voûte : l’armature cellulaire dont elle est 
pourvue lui permet de résister à la forte pression qui lui est imposée. Une 
articulation de ce genre supporte sans détérioration des flexions alternées; 
le béton enserré dans le réseau d'acier se comporte un peu comme un liquide 
placé dans un sac inextensible, M. Freyssinet a également mis en pratique 
la mise en charge d’une voûte par compression tangentielle, avant démon- 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 877 


tage du cintre. Au pont du Veurdre sur l'Allier, par éxemple, construit 
en 1910, l'articulation de clef, en acier moulé, était forméé de quatre 
tronçons de go”, laissant entre eux trois intervalles occupés chacun par 
un vérin agissant horizontalement entre des plaques d’acier, de 4°" d'épais- 
seur, solidaires de masses de bêton armées cellulairement. La poussée 
des vérins produisit des vides qu’on combla ensuite par des paquets de 
feuilles d'acier et de ciment. Ce procédé de décintrement présente plusieurs 
avantages : il simplifie l'établissement du cintre, il permet de régler avec 
précision la forme de l’arc; enfin il laisse à l'ingénieur la faculté de fixer de 
la façon la plus bokivehnbie la position de la courbe des pressions et linten- 
sité de la poussée. 

Cet ensemble de travaux recommande particulièrement M. Fneyssner 
pour l’obtention du prix Gaméré. 


L'Académie adopte la proposition de la Commission. 


PRIX GUSTAVE ROUX. 


(Commissaires : MM. Jordan, d’Arsonval, G. Darboux, Émile Picard, 
Edmond Perrier; A. Lacroix, rapporteur.) 


M. Micuez Loxécuausov, agrégé préparateur à l’École Normale, était 
parmi les jeunes géologues et pétrographes l’un de ceux sur lesquels il était 
permis de compter le plus. 

Initié par M. Léon Bertrand à la tectonique des Pyrénées, il s'était pas- 
sionné pour cette admirable Chaîne de montagnes et s'était promis de 
consacrer à son étude sa carrière de géologue. Il avait commencé avec 
succès. 

Les Comptes rendus, le Bulletin de la Société géologique de France avaient 
reçu plusieurs Notes intéressantes de lui. Son principal travail est une Con- 
tribution à l'étude du métamorphisme des terrains secondaires dans les Pyré- 
nées orientales et ariégeoises, il forme le n° 131 du Bulletin de la Carte géo- 
logique; ce Mémoire lui avait valu le diplôme d'Études supérieures à la 
Sorbonne et un prix de la Société géologique : son développement devait 
constituer sa Thèse de doctorat. 

Une des conclusions de cette étude m’ayant paru soulever quelques 
réserves, j'avais engagé Longchambon à venir étudier dans mon labora- 
toire les nombreux matériaux que j'ai recueillis sur cette même question 
et dont beaucoup sont restés inédits. Il s'était rendu à cette invitation, 


-898 ~: ACADÉMIE DES ‘SCIENCES; ` 


et c'est ainsi que, pendant un an et demi, il a travaillé à mes côtés, J'ai 
pu alors apprécier cette nature d’élite, éprise d'idées générales. et puissam- 
ment aidée par une forte culture scientifique, 

La guerre est venu interrompre ses recherches, Mobilisé comme 
sergent, puis promu ‘sous-lieutenant mitrailleur au 414° d'infanterie, il 
se distingua dans ces fonctions et obtint la eroix de guerre, puis il partit 
pour Verdun. Le 5 août, il y tombait mortellement blessé. C’est une victime 
héroïque de plus à ajouter à la lipta déjà si longue du Livre d’or de l École 
Normale, 

Ila été l’objet de la citation nie à l’ordre du jour de l’armée ; 

« Officier d’élite ayant toujours apporté dans l’accomplissement de ses 
fonctions le souci le plus scrupuleux du devoir. A été grièvement blessé 
alors qu’il travaillait depuis une heure sous un bombardement violent à 
installer ses mitrailleuses dans une position difficile. » 


Longchambon laisse une toute jeune femme qu il os avoir la joie 
d'associer à ses études. 

La Commission a été unanime à proposer Pattribution du prix Gustave 
Roux à M. Micuez Lonecuamsox : elle propose en outre de prendre sur des 
disponibilités la somme nécessaire pour porter le prix à deux mille francs. 


L'Académie adopte la proposition de la Commission. 


PRIX THORLET. 


(Commissaires : MM, Jordan, d'Arsonval, Darboux, Émila Picard, 
Edmond Perrier; A. Lacroix, Le 


M. Thorlet a légué à l'Institut de France un revenu de 17600!" destiné 
à la distribution de prix de toute espèce : prix de vertu, prix d'encouragement 
pour des œuvres sociales ou d'érudition s'occupant d'histoire ou d'art, en par- 
ticulier de peinture, La Commission administrative centrale a décidé que 
chacune des cing Académies atiribuerait un prix spécial sur ‘ce fond 
commun; les quatre Académies, plus particulièrement visées par le texte 
du testament, disposeront de 4o00" et l’Académie des Sciences de 1600!. 
C’est donc un prix de vertu que nous aurons désormais à décerner chaque 
année ; par une décision récente, l’Académie a confié à sa Commission 
administrative le soin de lui faire des propositions pour ce nouveau prix. 
Nous vous demandons de le décerner à M. Aporpoe Ricnarp. 

M. Richard a publié plusieurs Notes minéralogiques intéressantes, mais 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 870 


sa vie a été surtout consacrée à léducation de nombreuses générations d'in- 
génieurs. Nommé en 1873 préparateur de Minéralogie à l’École nationale 
dk Mines, ila été pendant 4o années le, fidèle collaborateur de nos con- 
frères Mallard et Termier. Il a occupé la même situation à l'École des 
Ponts et Chaussées et à l’Institut agronomique; il est encore aujourd’hui 
répétiteur de Géologie et de Minéralogie à l'École centrale. Il a rempli ces 
fonctions avec autant de science que d'intelligence et avec un très grand 
dévouement pour les jeunes gens. 

Veuf de très bonne heure, M. Richard à élevé dans dés conditions diffi- 
ciles une famille de sépt enfants. Il a récémment donné à la Patrie le der- 
nier de ses fils, jeune officier, qui a contracté une maladie a té dans 
les téatchédé de Ta Champagne. 

Vieux patriote lorrain, décoré de la re d'honnéur en 1871, pour 
action d'éclat, alors qu’il servait commé simple garde mobile dans Phals- 
bourg assiégée, M. Richard a tenu, dès le début de la guerre, à se rendre 
utile et, sans vouloir accepter de rétribution, il a pendant une année assuré 
un service à la Bibliothèque de l’Institut. Aujourd’hui encore, il travaille 
au Catalogue des périodiqués entrepris sous les auspices de l’Académie. 

La Commission a pensé que les mérites de M. Kicnanp étaient de ceux 
qui doivent être récompensés par le prix de vertu Thorlet et elle vous 
demande d'approuvef sa proposition. 


L'Académie adopte la proposition de la Commission. 


FONDATION LANNELONGUE, 


(Commissaires : MM. Jordan, d'Arsonval, A. Lacroix, Émile Picard, 
Edmond Perrier; G. Darboux, rapporteur.) 


Les arrérages de la fondation sont partagés entre Mrs Cusco et Rück. 


PRIX LAPLACE ET RIVOT. 


Ces prix, réservés aux premiers él élèves sortant de l'École Polytechnique, 
n'ônt pu être décernés cettè année. 


ns 
drame den 


880 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


FONDS DE RECHERCHES SCIENTIFIQUES. 


ee 


FONDATION TRÉMONT. 


(Commissaires : MM. Jordan, d'Arsonval, A. Lacroix, Émile Picard, 
Edmond Perrier; G. Darboux; rapporteur.) 


Une subvention de la valeur de mille francs est attribuée à M. Cnanres 
Fnémoxr, chef des travaux pratiques à l’École nationale supérieure des 
Mines, pour ses recherches sur les déformations des métaux soumis à des 
efforts. 


FONDATION GEGNER. 


(Commissaires : MM. Jordan, d'Arsonval, A. Lacroix, Émile Picard, 
Edmond Perrier; G. Darboux, rapporteur.) 


Un prix de deux mille francs est déserné à M. A. CLaupr, membre 
adjoint du Bureau des Longitudes, attaché à l'Observatoire du pe de 
Montsouris. : 

Un prix de deux mille francs est décerné à M" F. Joreyxo, docteur en 
médecine, ancien chef de laboratoire à l'Université de Bruxelles. 


FONDATION JÉROME PONTI. 


(Commissaires : MM. Émile Picard, Bouvier, A. Lacroix, Maquenne, 
le prince Bonaparte, Villard; Guignard, rapporteur.) 


Les explorations botaniques accomplies en Algérie, après la conquête, 
par Cosson etses collaborateurs, par Pomel et d’autres naturalistes, avaient 
déjà fourni, vers 1875, d’intéressants documents sur la végétation de ce 
pays. Mais ces matériaux, restés en partie inédits, ne pouvaient offrir qu'un 
inventaire incomplet de la flore qui caractérise chacune des régions très 
différentes dont il se compose. 

L'Algérie, en effet, est comme un tapis formé de pièces d’étoffe les plus 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 881 


disparates : ici d’impénétrables forêts, là des surfaces absolument nues; 
près de régions très pluvieuses, des contrées désolées par la sécheresse ; là 
des régions tempérées, ailleurs des pays torrides. Commençant par un 
rivage tout européen, elle finit dans le mieux caractérisé des déserts. Deux 
grands bourrelets montagneux, courant parallèlement à la Méditerranée, 
forment une bordure littorale, le Tell, et une bordure saharienne, entre 
lesquels est comprise une longue terrasse, les Hauts-Plateaux ou région des 
steppes. 

C’est ce champ d’exploration, si vaste et si varié, que MM. Barraxmier 
et Trasur, professeurs à la Faculté de Médecine d'Alger, ont entrepris, il 
y a quarante ans, de parcourir en tous sens dans le but d'effectuer le dénom- 
brement et d'établir la répartition des plantes qui peuplent ses plaines, ses 
montagnes et ses solitudes. 

Une telle étude était alors particulièrement ardue, en raison de l’exiguité 
des ressources locales, du manque d’herbiers généraux et de l'insuffisance 
des documents botaniques nécessaires dans ce genre de recherches. Indé- 
pendamment des difficultés et des fatigues des excursions lointaines, de 
l’insalubrité et de l'insécurité des régions à parcourir, la détermination des 
plantes fut souvent des plus pénibles, nécessitant de nombreuses corres- 
pondances et de fréquents voyages dans les centres scientifiques de la 
métropole et de l'étranger. Cependant, aucune de ces difficultés ne put 
arrêter MM. Battandier et Trabut dans la tâche qu’ils s'étaient imposée et 
qu’ils ont poursuivie avec une ténacité inlassable. 

En même temps qu’ils rassemblent les documents bibliographiques indis- 
pensables, ils commencent par se familiariser avec la flore des environs 
d'Alger; puis ils étendent leurs recherches à tout le nord de la province. 
Les montagnes surtout les attirent par Ja richesse de leur végétation; cer- 
taines d’entre elles, comme les Beni Sahlah de Blida, le Zaccar de Miliana, 
la Mouzaïa, sont visitées plus de vingt fois et en toute saison. Il en est de 
même pour les monts du Titteri, Médéa et le Nador, Ben Chicao, Aumale 
et le Dira, Bou-Saada, Teniet-el-Haad et sa forêt, les monts de Boghar et 
l’Ouarsenis. 

Des explorations multiples, organisées avec matériel de campement, 
pendant des périodes assez longues, leur permettent de parcourir toute la 
chaîne du Djurjura, la Kabylie et la région des Bibans. Puis vient le tour 
des Babors, des régions de Sétif, de Batna et de Lambèze, des monts Aurès, 
d'El Kantara, de Biskra et des Zibans. 

En 1801, ils étudient le nord de la province de Constantine, de Bougie à 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 25.) 115 


882 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


la Calle, et retournent à plusieurs reprises dans cette province où fort peu 
de points ont échappé à leurs investigations. 

Plus tard, ils parcourent la province d'Oran depuis le littoral jusqu’à 
Colomb-Béchar, fouillant avec soin la région qui s'étend depuis Ténès et le 
Dahra jusqu’à Nemours, celle de Tlemcen et le cercle de Sebdou, la fron- 
tière du Maroc depuis Nemours jusqu’à El-Aricha, les régions de Figuig, 
Magenta, Saïda, Mascara, Tiaret, le plateau du Sersou, Frendah, Géry- 
ville, etc. | 

Le prolongement, jusqu’à Colomb-Béchar, de la ligne du chemin de fer 
d'Arzew à Aïn-Sefra leur fournit le moyen d’étudier minutieusement les 
contrées si intéressantes qu’elle traverse. D'ailleurs, la mer d’Alfa et le Sud 
oranais avaient de bonne heure attiré leur attention, et l’étude en fut com- 
mencée par le D" Trabut au cours de son travail sur FAlfa. L'une des 
expéditions les plus intéressantes des deux collaborateurs remonte à 1888 
et fut suivie de plusieurs autres, en particulier sur les montagnes de la fron- 
tière marocaine, où, jusque-là, aucun botaniste n'avait encore osé s'aven- 
turer. 

Sans allonger davantage la liste des principales régions que MM- Bat- 
tandier et Trabut ont parcourues en Algérie, nous ajouterons: seulement 
qu’ils ont exploré aussi la Tunisie tout entière. 

C'est à peine s’il existe aujourd'hui dans notre colonie de l’ Afrique du 
Nord quelques espèces connues qu’ils n'aient pas récoltées sur place, et 
grand est le nombre des espèces nouvelles dont ils ont enrichi la flore de 
cette contrée. Presque tous les botanistes qui se sont adonnés plus spécia- 
lement à l'étude détaillée de certaines régions ont eu recours à eux pour la 
détermination de leurs récoltes ; souvent aussi leur connaissance approfondie 
de cette flore a été mise à profit par les explorateurs du Sahara et du pays 
des Touaregs, par un grand nombre d'officiers français de l'extrême sud de 
l'Algérie et, dans ces derniers temps, par les explorateurs du Maroc. 

Les matériaux rassemblés par MM. Battandier et Trabut constituent 
la plus importante collection botanique du nord de l'Afrique: Elle leur a 
permis d'enrichir de beaucoup de types nouveaux l’herbier Cosson au 
Muséum national d'Histoire naturelle, lherbier Boissier à Genève, 
herbier méditerranéen à Montpellier, ainsi que la plupart des grandes 
collections de l’Europe. Elle a en même temps servi de base aux Ouvrages 
suivants : Flore d’ Alger (1884), Flore ét Atlas de la Flore de l'Algérie (1886- 
1899), Flore analytique et synoptique de l'Algérie et de la T unisie ( 1902) 
Supplement aux Phanérogames de la Flore de l'Algérie (1910), ete. 

Outre ces travaux descriptifs, qui constituent l'inventaire botanique de 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 883 


toutes les régions algériennes, on pourrait mentionner aussi beaucoup 
d’autres publications dans lesquelles les auteurs ont eu surtout en vue le 
côté pratique des études de ce genre, Sous ce rapport, leur livre intitulé 
L'Algérie (1898), où se trouve exposé tout ce qui concerne l'histoire natu- 
relle de ce pays, est un Ouvrage de vulgarisation des plus intéressants. 

Pour faire bénéficier l’agriculture algérienne de toutes les applications 
. de la botanique, M. Trabut organisait, en 1893, près la Direction de 
l'Agriculture de la colonie, un Service spécial, comprenant une station 
de 12"% destinée à l'introduction des végétaux pouvant être utilisés en 
Algérie, Dans ce champ d'expériences, créé à Rouiba, l'étude des céréales, 
des plantes fourragères, des cultures maraichères, fruitières et industrielles, 
a déjà donné des résultats pratiques nombreux et importants. Une nou- 
velle station ayant été organisée, en 1906, à Maison Carrée, la première fut 
dès lors affectée spécialement à la viticulture, Les études qui ont été 
entreprises, notamment sur les variétés et les méthodes rationnelles de 
culture des orangers, ont contribué à l'extension prise depuis quelques 
années par les orangeries en Algérie. 

A la suite de la réorganisation des services agricoles de la Colonie, 
en 1914, des moyens d’action plus étendus et plus puissants ont été mis 
à la disposition du Service botanique, qui comprend aujourd’hui de nou- 
veaux champs d'expériences dans la province de Constantine, dans celle 
d'Oran, et auxquels doit s'ajouter une station saharienne, décidée en 
principe, en vue d'augmenter la production des oasis et d'obtenir une 
meilleure exploitation des dattiers. 

Les études des deux savants botanistes d'Alger ont ainsi contribué dans 
une large mesure aux progrès de l'Agriculture dans la Colonie. En pré- 
sence de l'intérêt à la fois scientifique et pratique de leur œuvre commune, 
la Commission est unanime à proposer à l’Académie de décerner le prix 
Jérôme Ponti à MM. Barraxmier et Traeur pour l’ensemble de leurs 
travaux botaniques sur l'Afrique du Nord. 


L'Académie adopte la proposition de la Commission. 


FONDATION HENRI BECQUEREL. 


(Commissaires : MM. Jordan, d’Arsonval, Darboux, A. Lacroix, Émile 
Picard, Edmond Perrier.) 


Les arrérages de la fondation ne sont pas attribués. 


884 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


FONDS BONAPARTE. 


Rapport de la Commission chargée de proposer, pour l’année 1916, 
la répartition du Fonds Bonaparte. 


(Commissaires : M. le Prince Bonaparte, membre de droit, et MM. Jordan, 
président de l Aca lémie, Darboux, Violle, Haller, A. Lacroix, Hamy, de 
Gramont; Gaston Bonnier, rapporteur.) 


La Commission a eu à examiner treize demandes de subventions. Elle 
vous propose d'accorder : 


1° Une somme de 4o00" à M. Cuarres ALLuaun, voyageur-naturaliste 
du Muséum national d'Histoire naturelle, pour continuer la publication que 
le D" R. Jeannel, actuellement au front, et M. Alluaud ont entreprise sur 
les résultats scientifiques de trois explorations (de 1403 à 1912) en Afrique 
orientale, dont l’ensemble exige une somme de plus de 18000"; 


2° Une somme de 2000! à M. Boxprorr, membre des Sociétés entomo- 
logiques de Belgique et de France, pour parcourir la France dans le but de 
recueillir les matériaux nécessaires à la constitution d’une faune des 
Fourmis françaises. Il n'existe encore aucun travail d'ensemble sur les 
Fourmis de France. Cette demande est appuyée par nos confrères 
MM. Bouvier et Marchal; 


3° Une somme de 2500!" à M. Pierre Lesace, professeur à la Faculté 
des Sciences de Rennes, pour continuer ses expériences sur les végétaux de 
la zone littorale, et en particulier des recherches sur la Transmissibilité des 
caractères acquis par les plantes arrosées à l’eau salée. Des expériences, 
exécutées en 1915, ont ouvert à l’auteur des voies intéressantes qui l'ont 
conduit à modifier l’ensemble des installations, ce qui nécessite des frais 
assez considérables. Cette demande est appuyée par notre confrère 
M. Gaston Bonnier; 


4° Une somme de 3000" au Tourive-Cius pe FRavcE pour contribuer à 
l'établissement du nouveau Jardin botanique du Lautaret (Hautes-Alpes). 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE. 1916. 885 


Cette installation constituera non seulement un jardin modèle avec collec- 
tion de plantes vivantes et arboretum, mais comprendra aussi un laboratoire 
alpin et un musée, En outre, des places d'essais, situées à diverses alti- 
tudes, à diverses expositions, sur des terrains de composition naturelle 
variée, seront annexées à cette installation. On expérimentera sur ces ter- 
rains les plantes fourragères pour la restauration des pelouses pastorales 
ainsi que pour la reconstitution du sol et le reboisement des régions élevées, 
et aussi pour la conservation de la flore alpestre; 


5° Une somme de 3000" à M. Camrie Sauvaceau, professeur à la 
Faculté des Sciences de Bordeaux, pour étendre aux espèces de Laminaires 
de la Méditerranée et de la Manche les remarquables découvertes de lau- 
teur sur la fécondation et le développement, faites sur l’unique espèce de 
Laminaire qui croît dans le golfe de Gascogne. Cette demande est appuyée 
par nos confrères MM. Gaston Bonnier, Guignard et Mangin ; 


6° Une somme de 2000f à M. Eu. Vicouroux, professeur à la Faculté des 
Sciences de Bordeaux, pour contribuer à lachat des appareils qui lui sont 
utiles pour continuer ses intéressantes recherches sur l’état du silicium 
dissous dans les métaux. Cette demande est appuyée par notre confrère 
M. Haller; 


h 


7° Une somme de 2000!" à M. le D" Raout Bayeux, secrétaire de la 
Société des Observatoires du Mont-Blanc, pour l'aider à continuer ses 
recherches sur les effets physiologiques et la thérapeutique des injections 
hypodermiques d'oxygène gazeux. L'auteur se propose d'étudier expéri- 
mentalement l’action de l’oxygénation hypodermique sur les réactions 
défensives de l’organisme contre l’asphyxie et contre les infections. Cette 
demande est appuyée par notre confrère M. Roux ; 


8° Unc somme de 2000" au père Josera Lais, astronome chargé de la 
Carte du Ciel à l'Observatoire du Vatican, en vue de contribuer à la 
dépense des photogravures relatives à la Carte photographique du Ciel, les 
cuivres de ces photogravures devant être remis, comme précédemment, à 
l'Observatoire de Paris, dont ils deviendront la propriété, Cette demande 
est appuyée par notre confrère M. Baillaud. 

En résumé, la Commission vous propose l’emploi suivant des sommes 
mises à la disposition de l'Académie Ba la générosité de notre confrère le 
Prince Bonaparte : 


886 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


OR D A a E E O | Fe 
2 M. OR... es 4. aa 2000 
J. M. PRE LESAGE en oo. em eo à 2 500 
M TOKIN OLOR ON PEIE 2 M ste POTIENMIAN ee 3000 
5. M Chahité SAP. 1°. GOSE ERN 999 i BEA OR 8000 


éi-Mi EVabmsoush. not iusissui.8l LOG angers. à è 2 000 
7. M. le Dt: Rapp: BAERIX aios. akisdoenbh.aoituwis boyd T 
6. Le P. Jossei LAB.. oaa ENEE E S R E O NE 2000 


Soit un total de 20500 


-A la suite de la distribution de 1915, il restait un reliquat de 25 500". 
La Commission avait donc à sa disposition une somme de 75 500". 
Si nos propositions sont acceptées, il restera en réserve une somme 
de 55 oovf, 


L'Académie adopte les propositions de la Commission. 


FONDATION LOUTREUIL. 


es 


Rapport du Conseil de la Fondation Loutreuil. 


(Commissaires : MM. Jordan, Darboux, A. Lacroix, Le Chatelier, le prince 
Bonaparte ; Emile Picard, rapporteur.) 


Nous avons l'honneur de faire connaître à l’Académie les décisions du 
Conseil de la Fondation Loutreuil. On se rappelle que, conformément à la 
volonté du donateur, les demandes de subvention sont examinées d’abord 
par un Comité consultatif, et ensuite par un Conseil formé de sx membres 
de l'Académie, qui reçoit les propositions du Comité et prend les décisions 
définitives. 

Il a été décidé que les demandes seraient réparties en trois catégories. 
Nous allons indiquer les subventions accordées en nous reportant à cette 
classification. ï 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 887 


I. — Demandes des établissements désignés par le testament. 


1° Muséum d'Histoire naturelle. — 2000" à M. le professeur Louis Rovie 
pour la continuation de ses recherches sur les poissons migrateurs de nos 
eaux marines et douces, en particulier des Salmonidés. 

10 000!" pour la remise en état du Laboratoire maritime de l'ile de Tatihou 
à Saint-Vaast-La-Hougue; ce laboratoire a dès le début de la guerre été 
réquisitionné pour servir de camp de concentration, et une grande partie du 
matériel a été mise hors d'usage. 


2° Collège de France. — Joo" à M. le professeur E. Grey afin de compléter 
l'installation frigorifique pour laquelle une allocation lui a été déjà donnée 
l'an dernier. Cette somme est destinée à couvrir la plus-value occasionnée 
par les circonstances actuelles. 

4350 à M. le professeur Naëgorre pour l'acquisition d'appareils lui 
permettant de poursuivre ses études sur la régénération des nerfs, études 
susceptibles d'importantes applications chirurgicales. 

4000 à M. l'abbé Roussezor en vue de continuer et de développer les 
expériences commencées par lui sur le repérage des pièces d'artillerie par le 
son. Les appareils à construire seront d’ailleurs utiles au laboratoire de 
phonétique expérimentale du Collège de France. 


3° Conseil centrat des Observatoires. — 15 600" à l'Observatoire de Paris, 
pour l'amélioration des instruments d'astronomie appliqués à la détermi- 
nation dé l'heure. D’après l'expérience acquise, on peut affirmer que la 
poursuite de là précision du centième de seconde n’est pas chimérique. La 
subvention permettra de commander un instrument des passages du type 
des instruments de longitude, mais plus grand et aussi perfectionné qu'il 
sera possible. 

1500! à l'Observatoire de Marseille pour assurer la publication du 
Journal des Observateurs, journal astronomique nouvellement créé, ayant 
pour objet de faire connaître les éléments des orbites des petites planètes, 
ainsi que leurs éphémérides et les observations les concernant. 


4° École nationale vétérinaire d’Alfort. — jooo" à cette École pour l'achat 
d'an appareil à projections et à enregistrement cinématographiques, qui 
Sera de grande utilité pour l’étude et la démonstration de divers mouve- 
ments à l’état normal ou pathologique. 


888 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


5° École nationale vétérinaire de Lyon. — 850" à M. le professeur CnarLes 
Poncuer pour ses recherches sur le lait, nécessitant un réfractomètre de Féry 
et un appareil pour la mesure des résistances électriques. : 


800!" à M. le professeur Fraxçois Marexox pour acheter une balance de 
précision et une petite presse hydraulique, afin de poursuivre ses recherches 
sur la nutrition. 


6° Ecole nationale vétérinaire de Toulouse. — 5ooo!" à cette Ecole pour 
une installation radiologique destinée au diagnostic des maladies des 
animaux. 


Il. — Demandes des établissements appelés au Comité consultatif 
par:le Président de l’Académie. 
1° Conservatoire des Arts et Métiers. — 4ooo™ à M. le professeur Louis 
Brarixénem, pour la création d’une collection type de détermination et de 
classification des bois industriels employés dans l’industrie aéronautique, 
faisant connaître les divers éléments qui permettent de fixer la valeur com- 
merciale d’un bois. 


5000! conditionnellement à M. le professeur James DANTZER, destinés à la 
création d’un laboratoire pour l'essai des textiles, fils et tissus divers, sous 
la condition expresse que l'Union des Syndicats patronaux de l'Industrie 
textile fournisse la même somme pour cette création. 


2° École nationale supérieure des Mines. — 10000" à cette École pour 
améliorer l'installation de ses laboratoires, particulièrement en ce qui 
concerne la machine motrice. 


3° Institut catholique de Paris. — 2000® à M. Hesri Coris pour l'achat 
d'appareils ne faisant pas partie du matériel ordinaire d’un laboratoire de 
Botanique (tubes à gaz carbonique, détendeurs et manomètres de haute 
précision, étuves pour culture), afin de continuer ses recherches sur les 
conditions de destruction de divers bacilles. 


2000!" à M. Juzes Hamoxer, destinés à l'acquisition d'appareils qui ser- 
viront à déterminer les constantes physiques et er particulier les indices de 
réfraction des corps nouveaux qu’il a découverts dans le groupe des glycols. 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. _ 889 


HI. — Demandes diverses directement adressées. 


1° 10000" à M. JuLEs Garçons, directeur de l'Association de Documen- 
tation bibliographique, pour la constitution de bibliographies de biblio- 
graphes, sous la condition expresse qu’une partie de cette somme soit 
employée à faciliter la confection de l'inventaire des périodiques scienti- 
fiques contenus dans les bibliothèques de Paris, entrepris par l'Académie. 


2° 3000" à M. Guiccauue Bigourpax pour la construction d’un compa- 
rateur angulaire céleste permettant de mesurer la variation que peut offrir 
dans un court intervalle de temps la distance angulaire de deux astres. 


3° 3000" à M. Hesry Bouréer pour des recherches relatives à la Photo- 
métrie astronomique (éclat du ciel étoilé, lumière zodiacale, photométrie 
stellaire). 


4° 2000" à M. le professeur A. Cozsox pour continuer ses recherches sur 
la constitution de la particule dissoute et soumettre au contrôle des mesures 
thermochimiques les théories relatives aux dissolutions électrolytiques. 


5° 7000!" à M. Avevusris Mrsxacer pour l’amélioration de l'outillage du 
laboratoire d’essais de matériaux qu'il dirige à l'Ecole des Ponts et 
Chaussées, et en particulier pour l'étude de l’action simultanée de deux 
efforts perpendiculaires sur un même corps, question de grande importance 
dans les constructions en béton armé. 


6° 2000% à M. Jures Grover pour continuer ses recherches sur la zélé- 
phonie solidienne, permettant l'usage de la téléphonie dans le bruit de la 
bataille, et applicable aussi à l’auscultation et à l'exploration clinique à 
distance. 


7° 7000f à M. le professeur Louis Jousix pour terminer la publication 
des études relatives aux matériaux recueillis dans la seconde campagne 
antarctique de M. Jean Charcot. Il y a un intérêt national à ce que cette 
importante publication puisse être achevée. 


8° 5ooof à la Société de Documentation paléontologique; cette Société 
a été fondée dans le but de fournir aux paléontologistes l'instrument de 
documentation qui leur manque, et qui, dans l’état actuel de la Science, est 
devenu indispensable pour leurs travaux. 


© R. 1916, >" Semestre. (T. 163, N° 25.) 116 


890 ACADÉMIE DES SCIENCES. 

9° 2000" à M. J.-M.-R. Surcour pour aider à la publication de l’Ou- 
vrage où il étudie la systématique et les mœurs des Diptères de la famille 
des Tabanides (Taons), animaux offrant le plus grand intérêt scientifique 
et pratique, puisqu'ils sont capables de transmettre à l’homme et aux 
animaux les virus microbiens. 

Les subventions accordées s'élèvent à 115 200". Nous en donnons la réca- 
pitulation dans le Tableau ci-dessous : 


Récapitulation des subventions accordées. 


ur ui. 2 000 
Laboratoire maritime de Tatihou.................. 10 000 
RCD TA CPU RSR IR BIBID p3 PEOTI DD RC 700 
D D RMOS -iie eeann nids eee veu 4 350 
M DO PAR id ns se oeuvre 4 000 
Obsérvatbie dé PA. a OI 1083 SU, 15144 LSR] 15 000 
CIDSCFPVRIOLPO dë Marseille.. is.. e.. ee dr susv 1 500 
École nationale vétérinaire d’Alfort. ...... PRE] 7 000 
rMo Porchir ttnan aqs MAIT A RNA di 850 
MMaignonssitiuniosdiaiuoembahst4la:c #4 800 
École nationale vétérinaire de Toulouse .......:...: 5 000 
M. Louis priae E E a “. 4 000 
M. Dantzer (1)... l'hutes tabs vo si hi 4 de 5 000 
École nationale sipir des Mines ips irre. nhe 27.519008 
Me Goun eiee aa Me a a a a 2 000 
M RE 4e a ue si 2 000 
M: PORC ECJ E EC CET PRET EE EME, 10 000 
M. Dipourdan..;,...,..,,4...90118 NOLIJA. 09. À 3 000 
M. BOUTRE nr: ce di roi read i spas ha 3 000 
ME Golon Tr ARE AAA THÉ PAFTASI EJAAN 2 000 
M. -Mesnieninoiliuli. ad ah. va eei. LL SN EAU ET 7 000 
M. Jules Glover . p Het de sut hia 2 000 
M. L. Joubin (Mise Charest} PR 7 000 
Société de Documentation palčontologique:. senast 5 000 
D SCORE ora a E Te es E ii. , 2 000 
Totélsis is. rypa RM LS +2 + 119 200 

EPS SET dla a da 


(*) Sous la condition expresse que l'Union des Syndicats patronaux de l’ Industrie 
textile fournisse une somme égale pour la création d’un laboratoire d'essai des 
textiles, fils et tissus divers, au Conservatoire national des Arts et Métiers. 

(?) Sous la condition expresse qu’une partie de cette somme soit employée à faci- 
liter la confection de l'inventaire des périodiques scientifiques contenus dans Îles 
bibliothèques de Paris, entrepris par l’Académie. 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 891 


PROGRAMME DES FONDATIONS C’) 
POUR LES ANNÉES 4918, 1949, 1920, 1924... (*). 


Nora. -=~ Les parties du texte ci-dessous qui sont imprimées en italiques 
sont extraites littéralement des actes originaux 


MATHÉMATIQUES. 


PRIX PONCELET (2000 fr.) < 
1868 OI. 


Prix annuel destiné à récompenser l’auteur, français ou étranger, du 
travail le plus utile pour le progrés des mathématiques pures ou appli- 
F i 


Le lauréatreçoit, enoutre du montant du prix, un exemplaire des œuvres 
complètes du général Poncelet. 

L'Académie décerne ce prix alternativement sur le rapport de la com- 
mission des prix de mathématiques — il en sera ainsi en 1918 — et sur- 
celui de la commission des prix de mécanique — il en sera ainsi en 1919. 


(*) Pour plus ample informé, consulter : Les fondations de prix à l’Acadénrie des 
Sciences (1714-1880), par Ernest Mainprow; Paris, Gauthier-Villars, 1881; et Les 
fondations de l'Académie des Sciences (1881-1915), par Pierre Gausa (sous 


presse). 
(?) Les concours de 1917 étant clos le 31 décembre 1916, la liste des prix proposés 


pour 1917, publiée dans le précédent programme, n'est pas reproduite. 
(3) La date ainsi indiquée pour chaque fondation est celle de Pacte initial : testa-- 
ment, donation, etc. 


892 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


PRIX FRANCOEUR stage fr.) 
1882. 

Prix annuel de mille francs, qui sera décerné, par l Académie des Sciences, 
à l’auteur de découvertes.ou de travaux utiles au progres des sciences mathé- 
maliques pures ou appliquées. 

Le lauréat sera choisi de préférence parmi de jeunes savants dont la situation 
n'est pas encore assurée, ou parmi des géomètres dont la vie, consacrée à la 
science, n'aurait pas suffisamment assure le repos et l’aisance de leur 
existence. 


MÉCANIQUE. 


PRIX MONTYON (300 fr.) 
1819. 
Prix annuel en faveur de celui qui s'en sera rendu le plus digne en inven- 


tant ou en per feclionnant des instruments utiles au progres de l lagricHiture, 
des arts mécaniques et des sciences pratiques et spéculatives. 


PRIX FOURNEYRON (1000 fr.) 
1867. 
Prix biennal de mécanique appliquee. 3 
Question posée pour 1918 : 
Étude théorique et expérimentale des roulements à billes. 
Question posée pour 1916 et reportée à 1918 : 
Le prix sera décerné à l'auteur. des per fectionnements les plus importants 


-apportés aux moteurs des appareils d'aviation. 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 893 


PRIX PONCELET (2000 fr.) 
1868. 


Prix annuel destiné à récompenser l’auteur, français ou étranger, du travail 
le plus utile pour le progres des mathématiques pures ou appliquées. 

Le lauréat reçoit, en outre du montant du aa un exemplaire des œuvres 
complètes du général Poncelet. 

L'Académie décerne ce prix alternativement sur le rapport de la com- 
mission des prix de mathématiques — il en sera ainsi en 1918 — et sur celui 
de la commission des prix de mécanique — il en sera ainsi en 1919. 


PRIX BOILEAU (1300 fr.) 
1882, 


Prix triennal à décerner, s’il y a lieu, en 1918, pour des recherches con- 
cernant les mouvements des fluides, recherches n'ayant pas encore été l'objet 
d'un prix, et qui seront jugées suffisantes pour contribuer au progrès de 
l’hydraulique ; les recherches, si elles sont théoriques, devront avoir été vérifiées 
par des résultats d'expérience ou d'observation. 


PRIX HENRI DE PARVILLE (1500 fr.) 
1891. 


Prix annuel alternatif, destiné à récompenser des travaux originaux de 
physique ou de mécanique. 
Le prix sera attribué, en 1918, à des travaux de mécanique et, en 1919, 


à des travaux originaux de physique. 


PRIX PIERSON-PERRIN (5000 fr.) 
1898. 


Prix décerné, chaque deux ans, au Français qui aura fait la plus belle 
découverte physique, telle par exemple que la direction des ballons. 


894 ACADÉMIE DES DCIENCES, 


Il est attribué alternativement sur la proposition de la commission des 
prix de mécanique — il en sera ainsi en 1921 — et sur la proposition de la 
commission des prix de physique — il en sera ainsi en 1919. 


ASTRONOMIE. 


PRIX LALANDE (540 fr.) 
1802. 


Prix annuel, qui consiste en une médaille d’or ou la valeur de cette 
médaille, à donner à la personne qui, en France ou ailleurs (les seuls membres 
résidents de l’Institut exceptés), aura fait l'observation la plus intéressante ou 
le mémoire le plus utile au progrès de l'astronomie. 

Dans le cas où il n'aurait été ni fait aucune observation assez remarquable, 
ni présenté aucun mémoire assez imporlant pour mériter le priæ, celui-ci 
pourra être donné, comme encouragement, à quelque élève qui aura fait preuve 
de zele pour l astronomie. y 


PRIX DAMOISEAU (2000 fr.) 
1863. 


Prix triennal sur question posée. 
Une question sera proposée ultérieurement, s’il y a lieu, pour 1920. 


PRIX BENJAMIN VALZ (460 fr.) 
1874. , 


. . Fr r k A 
Prix annuel destiné à récompenser des travaux sur l'astronomie, con , formé- 
ment au prix Lalande. 


PRIX JANSSEN (Médaille d’or) 
1886. 


Prix biennal, à décerner, s'il y a lieu, en 1918, à la personne qui, 
en France ou à l'étranger (les membres de l’Institut exceptés), sera l’auteur 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 895 


d'un travail ou d'une découverte faisant faire un progrès direct à lastro- 
nomie physique. 


PRIX PIERRE GUZMAN (100 000 fr.) 
1889. 


Ce prix sera donné, sans exclusion de nationalité, à celui qui trouvera le 
moyen de communiquer avec un astre, c'est-à-dire faire un signe à un astre et 
recevoir réponse à ce signe. — J'exclus, a spécifié la fondatrice, la planète 
Mars, qui paraît suffisamment connue. 

Tant que la solution demandée ne sera pas obtenue, les intéréts seront cumulés 
pendant cinq années et formeront un prix décerné à un savant, français ou 
étranger, qui aura fait faire un progrès réel et sérieux, soit dans laconnaissance 
intime des planètes de notre système solaire, soit dans les relations des planètes de 
ce système avec la Terre, au moyen d'instruments de physique ou d'optique plus 
perfectionnés, ou par tout autre mode d'inspection ou d’ investigation . — Ce prix 
quinquennal sera décerné, s’il y a lieu, en 1920. 


PRIX G. DE PONTÉCOULANT (300 fr.) 


1901. 


Prix biennal destiné à encourager les recherches de mécanique céleste. 
Il sera décerné, s’il y a lieu, en 1919. 


GÉOGRAPHIE. 


PRIX DELALANDE-GUÉRINEAU (1000 fr.) 
1872. 


Prix biennal à décerner; s’il y a lieu, en 1918, au voyageur français ou au 
savant qui, l'un ou l autre, aura rendu le plus k services à la France ou à la 


science. 


896 . ACADÉMIE DES SCIENCES. 


PRIX GAY (1500 fr.) 
1873. 


Prix annuel de géographie physique, décerné conformément au programme 
donné par la commission nommée à cet effet. 


> 


Question posée pour 1918 : 
` Progres les plus récents introduits dans la géodéste. 


Question posée pour 1919 : 
Étude sur la géographie physique de l Afrique du Nord et principalement de 
la Mauritanie. 


FONDATION TCHIHATCHEF (3000 fr.) 
1895. 


Fondation dont les arrérages sont destinés à offrir annuellement une 
récompense ou une assistance aux (ransa de toute nationalité qui se seront 
le plus distingués dans l'exploration d t asiatique ou des îles limitrophes, 
notamment des régions les moins connues, et, en conséquence, à l'exclusion des 
contrées suivantes : Indes britanniques, Sibérie RORTEREN dite, Asie Mineure et 
Syrie, régions déjà plus ou moins explorées. 

Les explorations devront avoir pour objet une branche quelconque des 
sciences naturelles, physiques ou mathématiques ; seront exclus les travaux ayant 
rapport aux autres sciences, telles que : archéologie, histoire, ethnographie, 
philologie, etc. 

Il est bien entendu que les travaux récompensés ou encouragés devront étre 
le fruit d'observations faites sur les lieux mêmes, et non des œuvres de simple 
érudition. 


PRIX BINOUX ( 2000 fr.) 
1889. 


Prix biennal, à décerner, s’il y a lieu, en 1918, et destiné à récompenser 
l’auteur de travaux sur la géographie ou la navigation. 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 897 


NAVIGATION. 


PRIX DE SIX MILLE FRANCS, 
DESTINÉ A RÉCOMPENSER TOUT PROGRÈS DE NATURE A ACCROITRE L'EFFICACITÉ 
DE NOS FORCES NAYALES. 

1834. 

Prix annuel, décerné par l’Académie et inscrit au budget de la 
Marine. 
PRIX PLUMEY (4000 fr.) 

1859. 

Prix annuel, destiné à récompenser l'auteur du perfectionnement des 


machines à vapeur ou de toute autre invention qui aura le plus contr tbué aux 
progres de la navigation à vapeur. , 


PHYSIQUE. 


PRIX L. LA CAZE (10000 fr.) 
1865. 


Prix biennal à décerner, s’il y a lieu, en 1918, pour le meilleur travail sur 
la physique. Les étrangers pourront concourir. La somme ne sera pas parta- 
geable et sera donnée en totalité à l’auteur qui en aura été jugé digne. 


PRIX KASTNER-BOURSAULT (2000 fr.) 
1880, 
Chaque année, un prix Kastner-Boursault est décerné par l’une des 
Académies française, des Beaux-Arts et des Sciences, à tour de rôle. 
C. R., 1916, 2" Semestre. (T. 163, N° 25.) 117 


898 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


L'Académie des Sciences décernera le prix, en 1919, à l'auteur du meil- 
leur travail sur les applications diverses de l'électricité dans les arts, l’industrie 
et le commerce; elle a la liberté de mettre d’autres sujets au concours pour ce 
prix, mais la donatrice a formé le vœu qu’elle le consacre plus particuliere- 
ment à des ouvrages sur l'électricité. 


PRIX GASTON PLANTÉ (3000 fr.) 
1889. 
Prix, décerné tous les deux ans — il le sera, s’il y a lieu, en 1919 — à 


l'auteur français d’une découverte, d’une invention ou d'un travail important 
dans le domaine de l'électricité. 


PRIX HÉBERT (1000 fr.) 
e | : | rpe 


Prix annuel, destiné à récompenser l’auteur du meilleur traité ou de la plus 
utile découverte pour la vulgarisation et l’emploi pratique de l'électricité. 


PRIX HENRI DE PARVILLE (1500 fr.) 
1891. 
Prix annuel ‘alternatif, destiné à récompenser des travaux originaus de 
physique ou de mécanique. 


Le prix sera attribué, en 1919, à des travaux originaux de physique et, 
en 1915, à des travaux originaux de mécanique. 


PRIX HUGHES (2500 fr.) 
1893. 


Prix annuel destiné à récompenser l'auteur d'une découverte originale 
dans les sciences physiques, spécialement l'électricité et le magnétisme ou leurs 
applications. 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 899 


PRIX PIERSON-PERRIN (5000 fr.) 
1898. 


Prix décerné, chaque deux ans, au Français qui aura fait la plus belle 
découverte physique, telle, par exemple. que la direction des ballons. 


Il est attribué alternativement, sur la proposition de la commission des 
prix de mécanique — il en sera ainsi en 1921 — et sur la proposition de la 
commission des prix de physique — il en sera ainsi en 1919. 


FONDATION DANTON (1500 fr.) 
1903. 


Le revenu accumulé de cette fondation est utilisé tous les cinq ans — il 
le sera, s’il y a lieu, en 1918 — à encourager les recherches relatives aux 
phénomènes radiants. | 


PRIX VICTOR RAULIN (1500 fr.) 


1905. 


Ce prix annuel alternatif est spécialement destiné à des Français et a pour 
but.de faciliter la publication de travaux relatifs aux sciences naturelles sui- 
vantes : 1° géologie et paléontologie (tous les deux ans); 2° minéralogie et 
pétrographie (tous les quatre ans); 3° météorologie et physique du globe 
(tous les quatre ans). 

L'Académie décernera ce prix, s’il y a heu, en 1918, à des travaux de 
météorologie et physique du globe. 

Il sera attribué au travail, manuscrit ou imprimé depuis l'attribution du prix 
à un travail sur la même branche, qui sera jugé le plus digne, et ne sera 
délivré à L’attributaire qu'après la remise par lui à l’Académie d'un exem- 
plaire imprimé (textes et planches); st le travail primé était manuscrit au 
moment de l'attribution du prix, l'édition portera dans son titre la mention : 
« Academie des Sciences. — Prix Victor Raulin. » 


900 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


CHIMIE. 


PRIX MONTYON DES ARTS INSALUBRES 
1819. 


Un prix de 2500 fr. et une mention de 1500 fr. 


Prix annuel à celui qui découvrira les moyens de rendre quelque art méca- 
nique moins malsain. 
PRIX JECKER (10000 fr.) 
1891. 
Prix annuel destiné å récompenser l’auteur de l'ouvrage le plus utile sur la 


chimie organique, ou, à défaut, l’auteur des travaux les plus propres à hâter 
les progrès de la chimie organique. 


- 


PRIX L. LA CAZE (10000 fr.) 
1865. 
Prix biennal à décerner, s sil y a lieu, en 1918, pour le meilleur travail 


sur la chimie. Les étrangers pourront concourir. La somme ne sera pas 
partageable et sera donnée en totalité à l'auteur qui en aura été juge digne. 


FONDATION CAHOURS (3000 fr.) 
1886. 


Le revenu de cette fondation est distribué, chaque année, à titre d'encou- 
ragement, à des jeunes gens qui se sont déjà fait connaître par quelques tra- 
vaux intéressants et, plus particulièrement, par des recherches de chimie. 


PRIX BERTHELOT (50o fr.) 
1906. 


Prix décerné tous les quatre ans — il le sera, s’il y a lieu, en 1921 — 
à des recherches de synthese chimique. 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. gor 


PRIX HOUZEAU (500 fr.) 
1904. 


Prix annuel institué en faveur d’un jeune chimiste méritant. 


MINÉRALOGIE ET GÉOLOGIE. 


PRIX CUVIER (1500 fr.) 
1839. 


Prix annuel, accorde à l'ouvrage le plus remarquable en histoire naturelle 
soit sur le règne animal; soit sur la géologie. 

L'Académie le décerne, deux ‘années consécutives sur le rapport de la 
commission des prix d’anatomie et zoologie — il en sera ainsi en 1919 
et 1920 — et la troisième année sur le rapport de la commission des prix 
de minéralogie et géologie — il en sera ainsi en 1918. 


PRIX DELESSE (1400 fr.) 
1883. 


Prix à décerner tous les deux ans — il le sera, s’il y a lieu, en 1919 — 
à l’auteur français ou étranger d'un travail concernant les sciences geolo- 
giques ou, à défaut, d'un travail concernant les sciences minéralogiques. di 
pourra être partagé entre plusieurs savants. 

S'il n'y avait pas lieu de décerner le prix, l’Académie pourrait en employer 
la valeur en encouragements pour des travaux concernant également les 


sciences géologiques ou, à défaut, les sciences minéralogig 


PRIX FONTANNES (2000 fr.) 
1883. 


Prix triennal à décerner, s’il y a lieu, én 1920, à Fe auteur de la meilleure 
publication paléontologique. 


902 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


PRIX VICTOR RAULIN (1500 fr.) 


> 
1909. 


Ce prix annuel alternatif est spécialement destiné à des Français et a pour 
but de faciliter la publication de travaux relatifs aux sciences naturelles sui- 
vantes : 1° géologie et paléontologie (tous les deux ans); 2° mineralogie et 
pétrographie (tous les quatre ans); 3° météorologie et physique du globe 
(tous les quatre ans). 

L'Académie décernera ce prix, s’il y a lieu, en 1920, à des travaux de 
minéralogie et de pétrographie et, en 1921, à des travaux de géologie et 
paléontologie. 


Il sera attribué au travail, manuscrit ou imprimé depuis l'attribution du 
prix à un travail sur la même branche, qui sera Jugé le plus digne, et ne sera 
délivré à latiributaire qu'après la remise par lui à l en d'un exem- 
plaire imprimé (textes et planches); si le travail primé était manuscrit au 
moment de l'attribution du prix, l édition portera, dans son titre, la mention : 
« Académie des Sciences. — Prix Victor Raulin. » 


PRIX JOSEPH LABBÉ (1000 fr.) 
1908. 


Prix biennal, à décerner, s’il y a lieu, en 1919, fondé conjointement par 
la Société des Aciéries de Longwy et par la Société anonyme métallur- 
gique de Gorcy, et destiné à récompenser les auteurs de travaux géologiques 
ou de recherches ayant efficacement contribué à mettre en valeur les richesses 
minières de la France, de ses colonies et de ses protectorats, ou, à défaut de 
titulaire pour l'objet indiqué, à récompenser l’auteur de tout travail fait dans 
l'intérêt général. 


PRIX JAMES HALL (3900 fr.) 
1911. 


Prix quinquennal à décerner, s’il y a lieu, en 1922, destiné à récompenser 
la meilleure thèse doctorale de géologie passée au cours de cette période de 
cing ans. 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 903 


BOTANIQUE. 


PRIX DESMAZIÈRES (1600 fr.) 


1859. 


Prix annuel accordé à l’auteur français ou étranger du meilleur ou du plus 
ulile écrit, publié dans l’année précédente, sur tout ou partie de la crypto- 
gamie. 

PRIX MONTAGNE (1500 fr.) 
1862. 


- D’Académie décerne, chaque année, s’il y a lieu, un prix de 1500 fr. ou 
deux prix, l’un de 1000 fr. et l’autre de 500 fr., à l’auteur ou aux auteurs 
de découvertes ou de travaux importants sur les végétaux cellulaires. 


PRIX JEAN THORE (200 fr.) 
1863, 


Prix à décerner, chaque année, au nom de Jean Thore, médecin et botaniste, 
à l'auteur du meilleur mémoire sur les algues flusiatiles ou marines d'Europe, 
ou sur les mousses, ou sur les lichens, ou sur les champignons d'Europe, ou sur 
les mœurs ou l'anatomie d'une espèce des insectes d ‘Europe. 

Il est attribué alternativement sur le rapport de la commission des prix 
de botanique — il en sera ainsi en 1919 — et sur celui de la commission 
des prix d'anatomie et zoologie — il en sera ainsi en 1918. 


PRIX DE LA FONS MÉLICOCQ (900 fr.) 
1864. 


Prix à décerner tous les trois ans — il le sera, s'il y a lieu, en 1910 — 
au meilleur ouvrage de botanique sur le nord de la France, c'est-à-dire sur les 
départements du Nord, du Pas-de-Calais, des Ardennes, de la Somme, de l'Oise 
et de l'Aisne. 


904 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


PRIX DE COINCY (goo fr.) 
1903. ; 
Prix annuel donné å l’auteur d'un ouvrage de phanérogamie, écrit en latin 
ou en français. 
PRIX JEAN DE RUFZ DE LAVISON (50 fr.) 


1012. 


Prix à distribuer tous les deux ans — il le sera, s’il y a lieu, en 1919 — 
et destiné à récompenser des travaux de physiologie végétale. 

Le prix ne pourra étre partagé; il devra, autant que possible, étre décerné au 
cours des années impaires et ne pourra étre attribué qu'à un Français. 


ÉCONOMIE RURALE. 


PRIX BIGOT DE MOROGUES (2000 fr.) 
1834. 


Prix décennal à décerner, s’il y a lieu, en 1923, et réservé à l’auteur de 
l'ouvrage qui aura fait faire le plus de progres à l’agriculture en France. 


ANATOMIE ET ZOOLOGIE. 


PRIX CUVIER (1500 fr.) 
183a. 


Prix annuel, accordé à l'ouvrage le plus remarquable en histoire naturelle, 
sott sur le règne animal, soit sur la géologie. 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 905 


L’ Académie le décerne, deux années consécutives sur le rapport de la 
commission des prix d'anatomie et zoologie — il en sera ainsi en 1919 et 
1920 — et la troisième année sur le rapport de la commission des prix de 
géologie — il en sera ainsi en 1918. 


PRIX DA GAMA MACHADO (1200 fr.) 


1892. 


Prix triennal, à décerner, s’il y a lieu, en 1918, et destiné à récompenser 
les meilleurs mémoires écrits sur la coloration des robes des animaux, inclusive- 
ment l’homme, et sur la semence dans le règne animal. 


FONDATION SAVIGNY (1500 fr.) 
1856. 


Le revenu de cette fondation doit étre employé à aider les jeunes zoologistes 
voyageurs qui ne recevront pas de subventions du. gouvernement et qui s'occu- 
peront plus spécialement des animaux sans vertèbres de l'Égypte et de la Syrie, 
qui voudraient publier leur ouvrage et se trouveraient, en quelque sorte, les con- 
tinuateurs des recherches faites par M. Jules-César Savigny sur ces contrées. 


PRIX JEAN THORE (200 fr.) 
1863. 


Prix à décerner, chaque année, au nom de Jean Thore, médecin et botaniste, 
à l’auteur du meilleur memoire sur les algues fluviatiles ou marines d’ Europe, 
ou sur les mousses, ou sur les lichens, ou sur les champignons d'Europe, ou sur 
les mœurs ou l'anatomie d'une espèce des insectes d'Europe. 


Il est attribué alternativement sur le rapport de la commission des prix 
de botanique — il en sera ainsi en 1919 — et sur celui de la commission 
des prix d'anatomie et zoologie — il en sera ainsi en 1918. 


C._R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 25.) 118 


906 ACADÉMIE DES SCIENCES. 
MÉDECINE EF CHIRURGIE. 


PRIX MONTYON 
1819. 


La 
Trois prix de 2500 fr. 
Trois mentions honorables de 1500 fr. 
Citations. 
Prix annuels en faveur de qui aura trouvé dans l’année un moyen de per fec- 
lLionnement de la science médicale ou de lart chirurgical. 


PRIX BARBIER (2000 fr.) 
1832. 


Prix annuel pour celui qui fera une découverte précieuse pour la science 
chirurgicale, médicale, pharmaceutique et dans la botanique ayant rapport a 
l'art de guérir. 


PRIX BRÉANT (100000 fr.) 
1849. 


Prix de cent mille francs à celui qui aura trouvé le moyen de guérir du 
choléra asiatique ou qui aura découvert les causes de ce terrible fléau. 

Jusqu'à ce que ce prix (100 000 fr.) soit gagné, l'intérêt sera donné en prix 
à la personne qui aura fait avancer la science sur la question du choléra ou de 
toute autre maladie épidémique. Ce prix annuel, formé des intérêts du capital, 
pourra étre gagné par celui qui indiquera le moyen de guérir radicalement les 
dartres ou ce qui les occasionne. 


PRIX GODARD (1000 fr.) 
1862. 


Prix qui, chaque année, sera donné au meilleur mémoire sur l'anatonue, la 
Physiologie et la pathologie des organes génito-urinaires. 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 907 


PRIX CHAUSSIER (10 000 fr.) 
1863, 


Prix à décerner tous les quatre ans — il le sera, s’il y a lieu, en 1919 
— pour le meilleur livre ou mémoire qui aura paru pendant ce temps et fait 
avancer la médecine, soit sur la médecine légale, soit sur la médecine pratique. 


PRIX MÈGE (10000 fr.) 
1869. 


Prix unique à donner à l'auteur qui aura continué et complété l'essai du 
docteur Mège sur les causes qui ont retardé ou favorisé les progrès de la méde- 
cine, depuis la plus haute antiquité jusqu'à nos Jours. 

L'Académie des Sciences pourra disposer en encouragement des intérêts de la 
somme, jusqu'à ce qu'elle pense devoir décerner le prix. 


PRIX DUSGATE (2500 fr.) 
1872. 
Prix quinquennal à délivrer, s'il y a lieu, en 1920, à l’auteur du meilleur 
ouvrage sur les signes diagnostiques de la mort, et sur les moyens de prévenir 
les inhumations précipitées. 


PRIX BELLION (1400 fr.) 
1881. 
Prix annuels à décerner aux savants qui auront écrit des ouvrages ou fait des 
découvertes surtout profitables à la santé de l'homme ou à l'amélioration de 


l'espèce humaine. 
PRIX DU BARON LARREY (75o fr.) 
1896. 
Prix annuel décerné à un médecin ou à un chirurgien des armées de terre ou 


de mer pour le meilleur ouvrage, présenté à*l ’ Académie au cours de l'année, et 
traitant un sujet de médecine, de chirurgie ou d'hygiène militaire. 


908 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


PRIX ARGUT (1200 fr.) 


1902. 


Prix biennal à décerner, s’il y a lieu, en 1919, au savant qui aura fait 
une découverte permettant de guérir, par la médecine, une maladie ne pouvant, 
jusqu'alors, être traitée que par la chirurgie et agrandissant ainsi le domaine de 
la médecine. 


PHYSIOLOGIE. 


PRIX MONTYON (550 fr.) 
1818. 


Prix annuel pour l ouvrage le plus utile sur la physiologie expérimentale. 


PRIX LALLEMAND (1800 fr.) 
1852. 


Prix annuel destiné à à récompenser ou encourager des travaux relatifs au 
ae nerveux, dans la plus hu acception des mots. 


PRIX L. LA nas (10 000 fr.) 
1865. 


Prix biennal, à décerner, s il y a lieu, en 1918, à l’auteur de l'ouvrage 
que aura le plus contribué aux progrés de la door Les étrangers pourront 
concourir. Le prix ne sera pas partageable entre plusieurs. 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 909 


PRIX POURAT (1000 fr.) 
1876. 

Prix annuel sur une question de physiologie à l'ordre du jour, laquelle 
question sera proposée sott par le Président, soit par un membre de la section de 
physiologie. 

Question posée pour 1918 : 

Étude expérimentale de quelques-unes des conditions qui font varier la quan- 
lité d'eau des différents tissus. 


À partir de 1919, le prix ne sera pas décerné tant que le revenu de la 
fondation ne sera pas suffisant pour porter la valeur du prix à 2000 fr. "i 
nnèdies Le à au désir exprimé par le fondateur. i 


` PRIX MARTIN-DAMOURETTE (1400 fr.) 
1883. 


Prix biennal de physiologie thérapeutique. Il sera décerné, s'il y a lieu, 
en 1918. 


PRIX PHILIPEAUX (900 fr.) 
1888. 


Prix annuel de physiologie expérimentaue. 


PRIX FANNY EMDEN (3000 fr.) 


1910. 


Prix biennal, à décerner, s’il y a lieu, en 1919, ct destiné, par sa fonda- 
trice, M": Juliette de Reinach, à récompenser le meilleur travail traitant 
de l’'hypnotisme, de la suggestion et en général des actions physiologiques 
qui pourraient étre exercées à distance sur l'organisme animal. 


910 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


STATISTIQUE. 


PRIX MONTYON 
1817. 
Un prix de 1000 fr. 


Deux mentions de 500 fr. 


Prix annuel destiné aux recherches statistiques de toute nature. 


HISTOIRE ET PHILOSOPHIE DES SCIENCES. 


PRIX BINOUX (2000 fr.) 
1889. 


Prix annuel destiné à récompenser l’auteur de travaux sur l’histoire et 
la philosophie des sciences. 


— ——— 
— 


MÉDAILLES. 


MÉDAILLE ARAGO 
1887. 


4 


Cette médaille est décernée par l’Académie chaque fois qu’une découverte, 
un travail ou un service rendu à la science lui paraît digne de ce témoignage 
de haute estime. 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 911 


MÉDAILLE LAVOISIER 


1900. 


Cette médaille est décernée par l’Académie tout entière, comme cela a 
lieu pour la médaille Arago, aux époques que son Bureau juge opportunes, 
aux savants qui ont rendu à la chimie des services éminents, sans distinction 
de nationalité. 


MÉDAILLE BERTHELOT 


1902. 


Chaque année, sur la proposition de son Bureau, l’Académie décerne un 
certain nombre de médailles Berthelot aux savants qui ont obtenu, cette 
année-là, des prix de chimie; à chaque médaille est jomt un exemplaire de 
l'ouvrage intitulé : La Synthèse chimique. 


PRIX GÉNÉRAUX. 


PRIX FONDÉ PAR L'ÉTAT (3000 fr.) 
1709. 


Prix annuel, institué par la Convention nationale (loi du 3 brumaire 
an IV sur l’organisation de l'Instruction publique) et inscrit au budget de 
l'État. 

L'Académie le décerne au concours sur des questions choisies par elle 
d’après les propositions d’une commission prise alternativement .dans la 
division des Sciences mathématiques (le prix porte alors le nom de Grann 
PRIX DES SCIENCES MATHÉMATIQUES) et dans la division des Sciences physiques 
(le prix porte alors le nom de GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES ). 


1° GRAND PRIX DES SCIENCES MATHÉMATIQUES. — L'itération d’une substitution 


912 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


à une ou plusieurs variables, c’est-à-dire la construction d’un système de 
points successifs P,,P,,..., P,,..., dont chacun se déduit du précédent par 
une même opération donnée : 


Pa = o(Ph:) (n= 1, 2,..., 0) 


( dépendant rationnellement, par exemple, du point P„—,) et dont le pre- 
mier P, est également donné, intervient dans plusieurs théories classiques 
et dans quelques- uns des plus célèbres mémoires de Poincaré. 

Jusqu'ici les travaux bien connus consacrés à cette étude concernent 
surtout le point de vue. « local ». 

L'Académie estime qu’il y aurait intérêt à passer de là à examen du. 
domaine entier des valeurs que peuvent prendre les variables. Dans cet 
esprit, elle met au concours, pour l’année 1918, la question suivante : 


Perfectionner en un point important l'étude des puissances successives d’une 
même substitution, l’exposant de la puissance augmentant indéfiniment. 

On considérera l'influence du choix de l'élément initial P,, la substitution 
étant donnée, et l’on pourra se borner aux cas les plus simples, tels que les 
substitutions rationnelles à une variable. 


2° (GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES. 

Question posée pour 1919 : 

Recherches sur les migrations géographiques et bathymétriques des poissons 
et sur les conditions qui les régissent. 


PRIX ALHUMBERT (1000 fr.) 


1817. 


Prix quinquennal, fondé pour les progres des sciences et décerné à des 
mémoires sur des questions particulières propres à compléter l’ DEES de 
nos connaissances. 

Ces questions sont choisies par l’Académie ogb el oimè! dans le 
ressort de la division des Sciences mathématiques — il en sera ainsi pour 
1927 — et dans celui de la division des Sciences physiques — il en sera 
ainsi pour 1922. 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 913 


PRIX BORDIN (3000 fr.) 
1835. 
Prix annuel sur questions posées. 


-Les sujets mis au concours auront toujours pour but l'intérêt public, le bien 
de l humanité, les progres de la science et l'honneur national. Ils sont choisis 
par l’Académie sur la proposition de commissions prises alternativement 
parmi les membres de la division des Sciences mathématiques — il en est 
ainsi pour 1919 — et parmi ceux de la division des Sciences physiques — 
il en est ainsi pour 1918. 

Question posée pour 1918 : 


Étudier les effets de la pression sur les combinaisons chimiques en général 
et en particulier sur celles qui sont susceptibles d’une application pratique. 

Question posée pour 1919 : 

Dans la théorie des intégrales de différentielles totales de troisième espèce et 
des intégrales doubles relatives à une fonction algébrique de deux variables 
indépendantes, on a démontré l'existence de certains nombres entiers, dont la 
valeur est difficile à obtenir el peut dépendre de la nature arithmétique des 
coefficients de l'équation de la surface correspondant à la fonction. 

L'Académie demande une étude approfondie de ces nombres dans des cas 
particuliers étendus. 


PRIX SERRES (7500 fr.) 
1868. 

Prix triennal à décerner, s’il y a lieu, en 1920, sur l embryologie générale 
appliquée autant que possible à la physiologie et à la médecine. “ss 
PRIX THEURLOT 
1868. 

Fondation constituée par un capital de cinquante mille: francs, dont ke 
revenu capitalisé sera attribué, au bout d’une période qui ne pourra jamais 
être moindre de vingt-cinq ans, à celui des constructeurs d'instruments de 
Précision qui aura rendu à la science et aux savants les plus grands services 
par ť ingéniosité de ses inventions. 

La première période de vingt-cinq ans se terminera en 1929. 

C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 25.) 119 


914 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


PRIX VAILLANT 
1872. 


Le maréchal Vaillant, au moyen du legs qu’il a fait à l’Académie, a 
voulu fonder un prix qui sera accordé par elle, soit annuellement, soit à de 
plus longs intervalles. Je n'indique, dit-il, aucun sujet pour le prix, ayant 
toujours pensé laisser une grande société comme l Académie des Sciences appré- 
ctatrice suprême de ce qu'il y avait de mieux à faire avec les fonds mis à sa 
disposition. L'Académie des Sciences fera donc tel emploi qui lui semblera le 
plus convenable de la somme que je mets à sa disposition. 

L'Académie a mis au concours, pour l’année 1919, un prix de 4000 fr. 
sur la question suivante : 

Découvrir une couche photographique, sans grain visible, et aussi sensible 
que le gélatinobromure actuellement en usage. 


PRIX PETIT D'ORMOY 
187. 


Deux prix de 10 000 fr. 


: Fondation dont les arrérages doivent être employés par Académie en 
prix et récompenses, suivant les conditions qu’elle jugera convenable d'établir, 
mottié à des travaux théoriques, moitié à des applications de la science, à la 
pratique médicale, mécanique ou industrielle. 

L'Académie a décidé qu’il serait décerné tous les deux ans : 
1° Un prix de 10000 fr. pour lés sciences mathématiques, pures ou 
appliquées ; 
2° Un prix de 10000 fr. pour les sciences naturelles. 


Les prix Petit d'Ormoy seront décernés, s’il y a lieu, en 1919. 


PRIX ESTRADE-DELCROS (8000 fr.) 
1876. 
Chaque année, l’une des cinq Académies décerne un prix Estrade-Delcros 


au concours sur tel sujet qu'elle a jugé devorr choisir. Ce prix ne ss être 
fractionné. 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 915 
L'Académie des Sciences l’attribue, tous les cinq ans, alternativement à 
des travaux ressortissant à la division des Sciences mathématiques — il en 
sera ainsi en 1923 — et à des travaux ressortissant à la division des Sciences 
physiques — il en sera ainsi en 1918. 


PRIX LE CONTE 
` 1836. 


Un prix-de 50000 fr.; encouragements. 

Le produit net du revenu de cette fondation doit être distribué par l’Aca- 
démie, de trois ans en trois ans, sans préférence de nationalité, 

Savoir : 

Un huitième à titre d'encouragement ; 

Tout ou partie des sept autres huitièmes en un seul prix : 

1° Aux auteurs de découvertes nouvelles et capitales en mathématiques, phy- 
sique, chimie, histoire naturelle, sciences médicales ; 

2° Aux auteurs d'applications nouvelles de ces sciences, applications qui 
devront donner des résultats de beaucoup supérieurs à ceux obtenus jusque-là. 


L'Académie décernera le prix Le Conte, s’il y a lieu, en 1918. 


PRIX JEAN REYNAUD (10000 fr.) 
. 1878, 


Chaque année, l’une des cinq Académies décerne un prix Jean Reynaud. 


L'Académie des Sciences le décernera, s’il y a lieu, en 1921. 


Ce prix sera accordé au travail le plus méritant, relevant de chaque classe 
de l’Institut, qui se sera produit pendant une période de cinq ans. — Il ira 
toujours à une œuvre originale, élevée et ayant un caractère d'invention et de 
nouveauté. — Les membres de l'Institut ne seront pas écartés du concours. — 
Le prix sera toujours décerné intégralement; dans le cas où aucun ouvrage ne 
semblera digne de le mériter entièrement, su valeur sera délivrée à quelque 
grande in fortune scientifique, littéraire ou artistique. 


916 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


PRIX DU BARON DE JOEST (2000 fr.) 
1880. 


Tous les ans, une des cinq Académies décerne un prix du baron de Joest, 
à celui qui dans l’année a fait la découverte ou écrit l'ouvrage le plus utile au 
bien public, avec re de ne distribuer ce prix qu'après méme deux ans st 
l’Institut le trouve nécessaïre. 


L'Académie des Sciences décerne ce prix, tous les cinq ans, alternative- 
ment à des travaux ressortissant à la division des Sciences mathématiques 
— il en sera ainsi en 1926 — et à des travaux ressortissant à la division des 
Sciences physiques — ilen sera ainsi en 1921. 


PRIX HOULLEVIGUE (5000 fr.) 
1880. 


Prix annuel, décerné, à tour de rôle, par l'Académie des Sciences et par 
l Académie des Beaux-Arts. 


L'Académie des Sciences décerne ce prix, tous les deux ans alternative- 
ment à des travaux ressortissant à la division des Sciences mathématiques 
— il en sera ainsi en 1918 — et à des travaux ressortissant à la division des 

Sciences physiques — il en sera ainsi en 1920. 


PRIX JEAN-JACQUES BERGER Dre fr.) 
1881, 


Prix annuel, qui sera successivernent décerné par les cing Académies aux 
œuvres les plus méritantes concernant la ville de Paris. 

Le prix sera toujours décerné intégralement. Cependant, dans le cas où ledit 
prix ne serait pas décerné, aucune œuvre ne paraissant digne de l'obtenir, tout 
ou partie de sa valeur pourra être délivrée, à titre d'encouragement, aux œuvres 
les meilleures quoique non jugées dignes du prix. 

Les concurrents devront justifier de leur qualité de Français. 

Aucun programme ne sera imposé et ce sera l’œuvre ressortissant à l Académie 
décernant le prix, qui sera seule admise au concours. 


L'Académie des Sciences décernera le prix, s’il y a lieu, en 1919. 


SEANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 917 


PRIX PARKIN (3400 fr.) 
1886. 


Récompense ou prix attribué, tous les trois ans, au meilleur travail en français, 
en allemand ou en italien, 

Sur les effets curatifs du carbone sous ses diverses formes et plus particuliere- 
ment sous la forme gazeuse ou gaz acide carbonique, dans le choléra, les diffé- 
rentes formes de fièvre ou autres maladies ; 

Ou bien, 

Sur les effets de l’action volcanique dans la production de maladies épidé- 
miques dans le monde animal et le monde végétal, et dans celle d'ouragans et de 
perturbations atmosphériques anormales; 

Et de telle façon que les récompenses ou prix soient décernés la troisième et la 
sixième année de chaque période de neuf ans aux travaux sur le premier des 
sujets mentionnés ci-dessus — il en sera ainsi en 1918 et 1924 — et la neuvième 
année au second — il en sera ainsien 1921. 

Chaque travail sera en outre soumis à la condition que l’auteur le publie à ses 
frais et en présente un exemplaire à l Académie dans le délai de trois mois apres 
la proclamation de la récompense ou du prix. 


PRIX SAINTOUR (3000 fr.) 
1887. 
Prix annuel attribué alternativement à des travaux ressortissant à la divi- 


sion des Sciences mathématiques — ilen sera ainsi en 1919 — et à celle des 
Sciences physiques — il en sera ainsi en 1918. 


PRIX HENRI DE PARVILLE (1500 fr.) 
1891. 


Prix annuel destiné à récompenser l'ouvrage de science qui en paraütra le plus 
digne ; livre de science original ou livre de vulgarisation scientifique. 


918 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


PRIX LONCHAMPT (4000 fr.) 
1896. 

Prix donné, chaque année, à l’auteur du meilleur mémoire sur les 
maladies de l’homme, des animaux et des plantes, au point de vue plus 
spécial de l'introduction des substances minérales en excès comme cause 
de ces maladies. 

PRIX HENRY WILDE. 
1897. 


Un prix de 4000 fr. ou deux prix de 2000 fr. 


Prix décerné chaque année, sans distinction de nationalité, à la personne dont 
la découverte ou l'ouvrage sur l'astronomie, la physique, la chimie, la minera- 
logie, la géologie ou la mécanique expérimentale aura été jugé le plus digne de 
récompense, soit que cette découverte ou cet ouvrage ait été fait dans l’année 
même, soit qu'il remontât à une autre année. 


PRIX CAMÉRÉ (4000 fr.) 
1904. 

Prix biennal, qui sera décerné, s’il y a lieu, en 1918, et qui ne peut étre 
donné qu'à un ingénieur français, qu'il soit ingénieur des mines, des ponts et 
chaussées ou ingénieur civil, ayant personnellement conçu, étudié et réalisé un 
travail quelconque dont l'usage aura entrainé un progrès dans l'art de construire. 


PRIX GUSTAVE ROUX (1000 fr.) 
1911. 

Prix annuel destiné à récompenser un jeune savant français dont les travaux 
auront paru remarquables à l’Académie. En aucun cas, le prix ne pourra être 
divisé. 

PRIX THORLET (1600 fr.) 


1912, 
Prix de vertu. 


SÉANCE DU 1 DÉCEMBRE 1916. 919 


FONDATION LANNELONGUE (2000 fr.) 
1903. 


Le revenu annuel de cette fondation est donné, au choix de l’Académie 
et sur la proposition de sa commission administrative, & une ou deux 
personnes au plus, dans l'infortune, appartenant elles-mêmes ou par leur 
mariage, ou par leurs pere et mere; au monde scientifique, et de préférence au 

milieu scientifique médical. 


PRIX LAPLACE 
1836. 


Prix consistant en un exemplaire des œuvres de M. de Laplace | Traité de 
Mécanique céleste (5 vol.), Exposition du système du monde (1 vol.), Théorie 
des probabilités (x vol.)], et donné, tous les ans, par les mains du Président de 
l'Académie, au premier élève sortant de l École polytechnique. 


PRIX L.-E. RIVOT (2500 fr.) 
1890. 

Le revenu de cette fondation est partagé entre les quatre élèves sortant chaque 
année de l'École polytechnique avec les n” 1 et 2 dans les corps des mines et des 
ponts et chaussées. 

Les n” 1 reçoivent 750 fr. et les n°° 2 reçoivent 500 fr. qui leur sont remis, au 
nom de L.-E: Rivot, en son vivant professeur à l'École nationale supérieure 
des Mines, pour les aider à acheter des livres de sciences et à faire des voyages 
d'études. 


PRIX DE L'ÉCOLE NORMALE (2000 fr.) 
1916. 
Prix unique, qui sera décerné, s’il y a lieu, en 1917, par l’Académie, 
grâce à un don du Comité des Annales scientifiques k l'École Normale 


supérieure, à un normalien tué ou blessé au champ d'honneur, en récompense 
où en vue de travaux scientifiques. 


920 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


FONDATION TRÉMONT (1000 fr.) 
1847. 


Fondation destinée à aider, dans ses travaux, tout savant, ingénieur, artiste 
ou mécanicien auquel une assistance sera nécessaire pour atteindre un but utile 
et glorieux pour la France. 

Come de telles découvertes ont lieu rarement, ne la rente n'aura pas son 
emploi, elle sera capitalisée avec le fonds et deviendra ainsi plus digne de son 
but. 


FONDATION GEGNER (4000 fr.) 
1868. 


Fondation constituée par un capital d'un revenu de quatre mille francs 
destiné à soutenir un savant pauvre qui se sera signalé par des travaux sérieux 
et qui, dès lors, pourra continuer plus fructueusement ses recherches en faveur 
du progrès des sciences positives. 


FONDATION JÉROME PONTI (3500 fr.) 
1879. 


Le revenu de cette tulasuél doit être employ é par. l’Académie, 
selon qu'elle le jugera à + propos, pour encourager les sciences et aider à leurs 
progres. | - 

L'Académie attribue, tous les deux ans, une somme de 3500 fr. sur la 
. proposition d’une commission choisie alternativement dans la division des 
Sciences mathématiques — il en sera ainsi en 1918 — et dans la division 
des Sciences physiques — il en sera ainsi en 1920. 


HONPAHON. HENRI BECQREBRE sapna Freins 


rgoði 


Le fondateur, feu EE a e Becquerel, secrétaire se ul de 
l'Académie des Scien, a laissé à celle-ci le soin de décider le meilleur usage 
qu’elle pourra faire des arrérages du capital qu'il lui léguait, soit pour établir 
une fondation ou un prix, soit dans l& maniere dont elle distribuera périodt- 
quement les arrérages dans le but de favoriser le progres des sciences. 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 921 


FONDS BONAPARTE. 


1908. 


Les subventions que l’Académie des Sciences peut distribuer, grâce à la 
généreuse libéralité de l’un de ses membres, le Prince Bonaparte, ont pour 
but de provoquer des découvertes en facilitant les recherches des travailleurs 
ayant déjà fait leurs preuves en des travaux originaux et qui manqueraient de 
ressources suffisantes pour entreprendre ou poursuivre leurs investigations. 

Les subventions peuvent être demandées directement par les candidats 
ou proposées par un membre de l’Académie. La demande doit contenir un 
exposé précis des travaux projetés et indiquer la somme jugée nécessaire 
pour les réaliser. Tout membre de l’Institut qui désire proposer une sub- 
vention ou appuyer une demande doit le faire par écrit, et son avis motivé 
est mentionné dans le rapport général d'attribution. 

Toutes les demandes ou propositions doivent parvenir au Secrétariat de 
l’Académie avant le 1°" janvier; passé cette date, elles sont renvoyées à 
l’année suivante. 

Les subventions sont au minimum de 2000 fr. 

Les membres de l’Institut qui auront appuyé une demande devront, dans 
les deux ans qui suivront l'attribution, remettre une note écrite indiquant 
l'emploi qui aura été fait des fonds accordés. 


Obligations des bénéficiaires. — Toute personne qui aura reçu une subven- 
tion sur le Fonds Bonaparte devra adresser à l’Académie : 1° au bout de 
douze mois, un rapport succinct relatif à la manière dont elle aura employé 
les ressources mises à sa disposition et aux premiers résultats obtenus; 
2° dans un délai de deux ans, un résumé des travaux effectués à l’aide de 
la subvention; ce résumé sera écrit spécialement pour l’Académie et sera 
accompagné d’une liste bibliographique, s’il y a lieu. Son étendue ne devra 
pas dépasser deux pages in-4°. L'ensemble des rapports constitue une publi- 
cation spéciale qui porte le titre de Recueil du Fonds Bonaparte. 

L'Académie se réserve d'insérer dans ses publications ordinaires les 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 26.) 120 


922 ACADÉMIE DES SCIENCES. 
travaux d’une plus grande étendue, qui lui paraîtront mériter une mention 
particulière. 

La primeur des découvertes, sous quelque forme que ce soit, sera réservée 
à l’Académie. La non-observation de cette clause entrainerait pour l’auteur 
la perte du droit de recevoir de nouvelles subventions. 

La même sanction serait appliquée à tout bénéficiaire qui n'aurait pas 
fourni de rapport dans les délais voulus:- 


SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1916. :923 


FONDATION LOUTREUIL. = = 


1910. 


Cette fondation a pour but d'encourager, dans les établissements de haute 
culture scientifique de Paris et de province (autres que les Universités), 
ainsi que par les savants et chercheurs libres, indépendants de ces établis- 
sements : le progrès des sciences de toute nature; la création et le dévelop- 
pement de l'outillage des laboratoires; le developpëmdit des collections, 
bibliothèques et publications savantes; les recherches et les voyages scienti- 
fiques; la création de cours d'enseignement. Elle permet de donner des 
allocations pécuniaires à des savants, attachés ou non à ces A, 
et dont les ressources sont souvent inférieures à leur mérite. 

Les demandes de subventions doivent être adressées au Secrétariat de 
l'Académie avant le 31 mars. Elles indiquent le but et l’objet des recherches 
à entreprendre, leur intérêt scientifique, leur durée probable, les dépenses 
qu’elles peuvent entraîner. S'il s’agit d’un accroissement de collections, de 
bibliothèques ou bien de constructions, elles indiquent les lacunes qu’il 
s’agit de combler, l’utilité des dépenses projetées, etc. Si la demandé émane 
d’un étibliséeraetit: elle doit être accompagnée, en outre, du procès-verbal 
de la séance du Conseil de cet établissement dans be ue la re sut a été 
votée. 

Aucune déni de si bVentioh pk thin n'est acceptée. 

Dans le cas où tel établissement de haute culture scientifique juerait 
immédiatement utile la construction de bâtiments destinés à abriter, soit 
une cellection, soit l'outillage d’un laboratoire de travaux ou de recherches 
scientifiques, et dans le cas où cette construction ne pourrait être assurée 
assez rapidement par l'État ou la ville intéressée, le revenu de la fondation 
pourra, si le Conseil de la fondation l’autorise, être affecté, jusqu’à concur- 
rence de un cinquième, à gager un ou plusieurs emprunts contractés par 
l'établissement, à l'effet d'assurer cette construction. 

Les demandes de subventions sont examinées par un Comité consultatif, 


GS 3 Prier à 
ab dHigay 


924 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


composé d’un représentant, élu pour trois ans, du Muséum d'histoire 
naturelle, désigné par ses professeurs; du Collège de France, désigné par 
ses professeurs des sciences; du (Conseil central des Observatoires; du 
Conseil de perfectionnement de l’École polytechnique; de chacune des 
Écoles vétérinaires d’Alfort, Lyon et Toulouse, choisi par les professeurs 
de ces écoles ; de l'Institut national agronomique, désigné par ses profes- 
seurs. Le Président de l'Académie des Sciences pourra ajouter à cette 
liste des inventeurs ou savants notoires n’appartenant à aucun établissement, 
et des représentants d'établissements scientifiques non dénommés ci-dessus. 
L'attribution définitive des subventions est faite par un Conseil de six 
membres pris dans l’Académie, suivant les conditions fixées par le testa- 
. 
ment. 


Obligations des bénéficiaires. — Toute personne ou tout établissement qui 
a reçu une subvention sur la fondation Loutreuil est tenue d'envoyer, au 
bout d’un an, s’il s'agit de recherches scientifiques, et de six mois s’il s’agit 
d’accroissementde matériel ou de constructions, un rapport sur l'emploi qu’il 
en a fait. S'il s’agit d’une subvention destinée à des recherches, les résultats 
de celles-ci doivent être indiqués. Quand l’emploi des fonds exige plus d’une 
année, il y a lieu de faire un rapport annuel; la non-exécution de cette 
clause entrainera la suppression de toute subvention ultérieure. 

… Le rapport général du Conseil et les rapports annuels des savants ou 
établissements subventionnés feront l'objet d’une publication spéciale qui 
portera le titre de Recueil de la Fondation Loutreuil. 

L'Académie se réserve d'insérer, dans ses publications ordinaires, les 
travaux d’une grande étendue qui lui paraîtront mériter une mention 
spéciale, 

La publication de tous travaux, subventionnés par la fondation Lou- 
treuil, devra porter mention, après le titre, qu’ils ont été entrepris avec 
l’aide de cette fondation. 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 925 


CONDITIONS GÉNÉRALES DES CONCOURS. 


Les pièces manuscrites ou imprimées, destinées aux divers concours de 
l’Académie des Sciences, doivent être directement adressées par les auteurs 
au Secrétariat de l’Institut (AcanémiE pes Sciences) avec une lettre adressée 
à MM. les Secrétaires perpétuels de l’Académie des Sciences, constatant 
l'envoi et indiquant le concours pour lequel elles sont présentées. 

Les ouvrages imprimés doivent être envoyés au nombre de trois 
exemplaires. 

Les manuscrits doivent être écrits en français. 


Par une mesure générale, l’Académie a décidé que la clôture de tous les 
concours aura lieu le 3r décembre de l’année qui précède celle où le 
concours doit être jugé. 

Les concurrents doivent indiquer, par une analyse succincte, la partie 
de leur travail où se trouve exprimée la découverte sur laquelle ils appellent 
le jugement de l'Académie. 


Les concurrents sont prévenus que l’Académie ne rendra aucun des 
ouvrages ou mémoires envoyés aux concours; les auteurs auront la liberté 
d’en faire prendre des copies au. Secrétariat. 


Le même ouvrage ne pourra pas être présenté, la même année, aux 
concours de deux Académies de l’Institut de France. 


L'Académie se réserve d'examiner, sans aucune condition de candi- 
dature, les titres des savants qui pourraient mériter des prix. 


Le montant des sommes annoncées pour les prix n’est donné qu’à titre 
d'indication, subordonnée aux variations du revenu des fondations. 


Nul n’est autorisé à prendre le titre de LAURÉAT DE L’ACADÉMIE, s’il n’a 
été jugé digne de recevoir un PRIX. Les personnes qui ont obtenu des 
récompenses, des encouragements, des mentions ou des subventions n’ont pas 
droit à ce titre. 

Nota. — L'Académie a supprimé, depuis l’année 1902, la formalité qui rendait obligatoire 


l'anonymat pour certains concours, avec dépôt d’un pli cacheté contenant le nom de l'auteur. 
Cette formalité est devenue facultative. 


a ii M 


926 `: ACADÉMIE DES SCIENCES. 


LECTURES. 


M. Aireen Lacroix, Secrétaire Serpétuët, lit une Notice historique $ Sur 
Bory de Saint-Vincent, Membre libre qe l'Académie. 


G. D. ‘ét A. Lx. 


A 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 


TABLEAUX 


DES PRIX DÉCERNÉS ET. DES 


FONDATIONS. 


TABLEAU DES PRIX DÉCERNÉS. 


ANNÉE 1946. 


MATHÉMATIQUES. 


PRIX FONDÉ PAR L'ÉTAT : GRAND PRIX DES 
SCIENCES MATHÉMATIQUES. — Le prix est 
décerné à M. N. E. Nôrlund 

Prix BorpiN. — Deux mentions honorables 
sont acaciiées à- MM. Georges Darmo ois et 
Bertrand Gambier 

P ELE 


e prix est débare à 
Re ené-Eugène Hier 


MÉCANIQUE: 


PRIX Podprti — a prix est désernd à 
M. E. Mé érigeau 
Prix ut YRON. 

à 1918 
Jo “Henri DE PARVILLE. — Le prix est à 
erné à M. Leonardo Taies y Queved 


nn ns nn 


— Le prix est prorogé 


ASTRONOMIE. 
Prix LALAN — Le prix est décerné à 
M. Jér. EPS RTE Coggia. w 


Prix VALZ. Le prix est "décerné. 
M. Giovanni Boccäardi 

PRIX JANSSEN. — La médaille d’or est décernée 
à M. Ch. Fabry et une médaille de vermeil 

à. MM. Buisson et Bourget... 


serre ss 


sen ae GUZMAN. — Le prix n'esl pas 
POTE TE A 8or 
GÉOGRAPHIE. 
788 
Prix DELALANDE-GUÉRINEAU. — Le prix est 
788| décerné à Sir Ernest Shackleton 802 
Prix Gay. — Le prix est décerné à M. Henri 
791 P REE SEENE a AP PA CARO T a 804 
Prix ToHIHATOHEr. — Le prix n’est ‘pas 
791 | 805 
Prix Binou Le prix est décerné à 
M. Envies "Prévot 805 
.- NAVIGATION. 
iY" | PRIX DE SIX MILLE FRANCS. — Le prix est 
E N entre MM. PRITE P. Dumanois 
194 atelot 7 
; Paia ee — Le prix est décerné à 
794 M. Louis Barbillion 12 
PHYSIQUE. 
Prix La Caze. — Le prix n'est pas décerné.. 814 
797} PRix KASTNER- pua Spe _ prix est 
décerné à M. Eric Gera 814 
598 | PRix HÉBERT. Le prix est décerné à 
M. Jules Lemoine.. 815 
Prix HUGHES. — Le pix est décerné à 
oo | feu L. Chaumon 816: 


928 


CHIMIE. 


Prix MonTyon (Arts insalubres). — Le 


r et 


ER. — Le prix ‘est décerné à 
feu Paul Lemoult 

Prix LA CAE. — Le prix n’est m décerné.. 

FONDATION CAHOURS. — Les a Eee sont 
attribués à M. Jacques Bongrand.. 

Prix HOouzEAU. — Le m Si décerné à 
feu Edouard Bauer. 824 


824 


MINÉRALOGIE ET GÉOLOGIE. 


Prix VICTOR RAULIN. — Le prix est décerné à 
M. J. de Lapparent 


2 


CRC i 


BOTANIQUE. 


pe DESMAZIÈRES. — Le prix est décerné 
= Denr et Cardot 829 
fini goea — Le prix n’est su gén 
PRIX DE LA Fors MELIcocQ. — Le n’est 
pas décerné 830 
Prix DE Coincy. — Le prix est décerné à 
M. À. Souèges 830 


ANATOMIE ET ZOOLOGIE. 


Prix CUVIER. — Le prix est décerné à 
M. Edouard Chevreux 
Prix Saviany. — Le prix est décerné à 


832 


836 
838 


M. Ed. Lamy i 
Prix THORE. — Le prix n’est pas décerné... 


MÉDECINE ET CHIRURGIE, 


Prix MonTyon. — Trois prix sont décernés à 
MM. Octave Laurent, Edmond Sergent et 
Henri re trois mentions sont accor- 
, R.-J. Weissen- 
Pi ae uses 838 


MURS 843 
T. — Les arrérages de la Fonda- 
dation sont pa sé entre MM J. Havet, 
Marie Phisalir, Frédéric Bordas e 


uel Bruère 841 
Prix GODARD. — + sas n Los pas décerné.. 848 
x Mècz. = Le prix n'est pas décerné. 848 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Prix BELLIO Le prix est décerné à 
M. Ric hard Millant 
PRIX DU BARON LARREY. — Le prix est décerné 
à M. Lasnet; une mention est accordée à 


CR 


M. À. Tournade ISo erys 849 
PHYSIOLOGIE. 
Prix Montyon. — Le prix est décerné à 
Couvreur::. 850 
Prix LALLEM — prix est partagé 
entre MM. Aldo Massaglia et t L. Launo 851 
Prix La Caze. — Le prix n ’est pas décerné. 853 
IX PourAT. — est décerné à 
Mayer et G. Sache his 853 
Prix MARTIN-DAMOURETTE. — Le prix n’est 
pas décerné 854 
PRIX Pikir — Le prix est décerné 
à M. Antoine Magnan $ 5:65) 
STATISTIQUE. 
Prix MonTyon. — Le prix est décerné à 


M: Charles Poirier. rives 857 


HISTOIRE ET PHILOSOPHIE DÉS SCIENCES. 
PRIX Binoux, — Deux prix sont attri- 
bués à MM. Joaquim Bensaude et Louis 
Couturat; o mention est accordée i à 


. E. Doub 858 
MÉDAILLES. 

MÉDAILLE BERTHELOT. La médaille est 
décernée à MM. Paul Lemoult, , Alezandre 
Hébert et Edouard Bauer.............. 862 

PRIX GÉNÉRAUX. 

Prix BorDIN. — Le prix n’est pas décerné.. 862 

Prix JEAN RAYNAUD. — Le prix est décerné 
à feu Henri Amagat.................... 862 

PRIX DU BARON D — Le prix est dé- 
cerné à M. Ernest t Esclangon D e 863 
RIX HOULLEVIGUR e prix est décerné à 

7. Bunai E aT 863 

Prix SaiNTOUR. — Le prix n’est pas décérné. 868 

Prix HENRI sk  PARVILLE. — em de son 
décernés à guste Barbey, Lo 
Raveneau, Daniel rangé et E. Montor it: 868 

Prix LONCHAMPT. — Deux prix sont mr 

à Mie Thérèse Robèrt et M. H. Busquet. 570 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 


Prix Wine. — Deux pe ani décernés 
à ri 


ai Y décerné à 


— Le mey est décerné 
à M. Michet Longehamio 
far THOR 
M. Ado are Honda 
FONDATION LANNELONGUE.— Les arrérages sont 


ss... 


ery est décerné à 


partagés entre M= Cusco et Rück....... 
Prix LAPLAGE et Rivor. — Les prix ne sont 
Paa Éd PE MA PS PUR CNE 


FONDS DE RECHERCHES SCIENTIFIQUES. 


FONDATION TRÉMONT. — Une subvention est 
attribuée à M. Charles Sig 


FONDS BONAPARTE. 


à MM.Charles 
Alluaud, Bondroit, nt Lesage; au 
Touring-Club de Fra à MM. Camille 
Sauvageau, E. Vigourouz: à M. Bayeux ; 
au P. Joseph Laïs 


FONDATION LOUTREUIL. 


Des subventions sont accordées à M. Louis 
Roule,au Laboratoire maritime de Tatihou ; 
à MM. Gley, Nageotte, es Rousselot ; 
aux Observatoires de Paris et de pe 
à l’Ecole nationale vététidsire d’Alfor 
MM. Porcher, Maignon; à l'Ecole bte 
nale vétérinaire de Toulouse; à MM. Louis 


FONDATION GEGNER. ux prix sont décer- Blaringhem, Dantzer ; à l'Ecole nationale 
nés à M. Claude et à Mae 7 oteyko.. -880| supérieure des Mines; à MM. Colin, 
FONDATION daps Ponti. — Le prix est dé- Hamon Jul arçon, Bigourdan, 

cerné à MM. Battandier et Trabut...... agia Colson, Mesnager. Jules Glover, 
FONDATION ri BECQUEREL. — Les arrérages oubin; à la Société e eime 
ne sont pas attribués.. ETERA V0E à M. Su 
5 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 25.) 


929 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


TABLEAU DES FONDATIONS 


pour les années 1918, 1919, 1920, 1921.... 
ne 0 
MATHÉMATIQUES. NAVIGATION. 
1918. Prix PONCELET, .... - 891 | 1918. PRIX DE SIX MILLE FRANCS. — Destiné 
1918, Fax: FRANCŒURE et: ei, nus 892| à récompenser tout progrès de nature à 
accroitre I’ sovaji de nos forces navales. 
1918. Prix PLU 
MÉCANIQUE. : 
1918. Prix MONTYON 2 Éy deas 
1918. Prix FOURNEYRON. — Étude théorique 
et E nées es À pa à billes. 89211918. Prix L. LA CAZE..,................. 
1918. Prix FOURNE ectionne- 1918 P T OO RAI ee 
on impor tina ariä aux moteu 918, PRI HUGIES, ui. 
des appareils d’aviation................ 892 | 1918. FONDATION DANTON ................... 
1918. Prix BOILEAU 893 | 1918. Prix ME à RAULIN. — Météorologie 
1918. Prix a DE te RENE à 8931 et Physique du Globe................... 
1919, PRIX FONGRIRT 05... uns 893 | 1919. Prix Tii- BOURSAULT............ 
1921. Prix RE ER da te Po 893 | 1919. PRIX GASTON PLANTÉ...............-. 
1919. Prix HENRI DE EEE ee 
1919. Pare PIERSON-PERRIN.......:....::.+e 
ASTRONOMIE. 
1918. Prix 894 CHIMIE. 
1918. Prix Braun VALE en 894 
1918. Parx JANSSEN........................ 894 | 1918. Prix Montyon. — Arts insälubres.... 
1919. Prix G PONTÉCOULANT.:5:-.:.... 89911918. Pare Jadan, LA eue so idces 
1920. Prix PIERRE GUZMAN 895 | 1918. PRI ET E AE 
1921. Prix DAMOISEAU. . 894 | 1918. FONDATION CAHOURS <... -rerien 
1919. PRIS HODANAD 4e sas ei 
1921, Pait BRATHELOT..-..,...:.... 4... 
GÉOGRAPHIE. 
1918. iee DELALANDE-GUÉRINEAU MINÉRALOGIE ET GÉOLOGIE. 
1918. x GAY. -— Progrès z plus récents 
int ne in dans la Gépdtsie., 51. 8061 1918. PRIE COvIER LUI UA A Lt amuser 
1918. eg Tonmatoner.. Rae see SgüT I9. PRIX Drieske i 
1918. x BIN 896 | 1919. Prix JOSEPH ae A e 
1919. er SOA — Étude sur la géogra- 1920. Prit FONTANNER a. eea raai 
phie physiqué de l'Afrique du Nord et 1920. Prix Victor Rue — Minéralogie 
principalement de la Mauritanie ....... 896 et Pétrográphið c io e Ro iE ae 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 


1921. Prix Victor RAULIN. — Géologie et 


1922. Prix JAMES HALL 


CC 


r 


BOTANIQUE. 


1918. Prix DESMAZIÈRES 
1918. P A 

1918. 
1919. 
1919. 
1919. 


ÉLICOC 


x 
PRIX JEAN DE RUFZ DE Phn 


ÉCONOMIE RURALE. 


1923. Prix BIGOT DE MOROGUES............ 5 


ANATOMIE ET ZOOLOGIE. 


1918. PRI A GAM 

1918. Foxpamon a 
1918. Prix JEA 

1919 et 1920. ru pes 


MA MACHADO 


MÉDECINE ET CHIRURGIE. 


nn 


CC 


s.s... 


nn 


ss... 


. Prix 


sus... 


PHYSIOLOGIE. 


Prix MONTYON 


e epéri imen- 
tale de quelques-unes des conditions qui 
font varier la quantité d’eau des diffé- 
rents bisstb.. ins dites oen 
1918. PRIX PHILIPE 

1919. Prix Panir- Riu 


CRC etesse 


904 


908 
908 
08 


© © 
$3 


ique 
1921. Prix us REYNAUD. 


A Eae AARAA YE 


931 
STATISTIQUE. 
1918. Prix MONTYON ` 910 
HISTOIRE ET PHILOSOPHIE DES SCIENCES. 
1918. Prix BiNoux gro 
MÉDAILLES. 
1918. MÉDAILLE ARAGO 910 
1918. MÉDAILLE LAVOISIER . . gir 
1918, MHDAfLLE BERTHELÓT ; ......1.,.,,.. g11 
PRIX GÉNÉRAUX. 
1917. Prix DE L'ÉCOLE NORMAL 19 
1918. PRIX FONDÉ PAR d'Érar : GRAND Prix 
DE NCES MATHÉMATIQUES. ........... 911 
1918. es BorDIN (Sciences physiques). ... 913 
1918. Prix ESTRADE-DELCRoS (Sciences phy- 
ets 68)... g14 
1918. Prix LE CoN 915 
1918. Prix rite (Sciences mathé- 
matiques) 916 
1918. Prix PARKIN 917 
1918. PRIX Santoun Sporen physiques).. 917 
1918. Prix HENRI 917 
1918. Prix Lou MPT 918 
1918. Prix HENRY WILDE 918 
1918. PRIS USMENE ii nu inase re oitis 918 
19187 PRIE GOSTAVE ROVS. 110.4... 918 
1918 IX FAORLET. i: 918 
1918. FONDATION  LANNELONOUE hi ist 919 
1918. Prix LaPL 919 
1918 PrI TET WOT. o aaan 919 
1918. FONDATION TREMONT 920 
918. Fo ION GEGNER 20 
1918. Jaai JÉROME Ponti (Sciences 
DIACDÉMATIQUES Re ae noise. ie 
1918. ee Hi ape R errei kass 
1919. FOND riena : GRAND PRIX 
-| DES Su ne 912 
1919. Prix BORDIN (Sciences mathématiques) 913 
1919. Prix PETIT g14 
1919. Prix Varr 914 
1919. Pais Jane BERGER.......... 916 
1919. Prix SAINTOUR (Sciences mathéma- 
tiques) saisie 915 
1920. PRIX SERRE 913 
1920. Prix a a iacha). 916 
1920. LR a JÉROME Ponti (Sciences 
LU LEONE RS ER Rte 920 


932 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


1921. Prix DU rep DE JoEsT 
1921. Prix PARK 


916 | 1926. PRIX DU BARON DE JoEsT (Sciences ma- 


PR termes 917 Res tennis nee ON T 
1922. Prix ALnumBERT (Sciences physiques) 912 ete X ALHUMBERT (Sciences mathéma- 
ocdi PRIX ESTRADE- DELCROS C Selengos me gior o DANOS leens eeo ei. ie. 912 

E A nn Let dés ex ue ed T 915 1929. Faa DUIURROT Sa aa sets 913° 
iri. Pare Pint o., n 917 


FONDS DE RECHERCHES SCIENTIFIQUES. 


1918. Fonps BONAPARTE 


921 | 1918. FONDATION LOUTREUIL................ 923 
Conditibns”"générales des Concours. ...:...,1..: 2... ppeneirrenet eee VANNES. OTLA GANT 925 
Avis relatif au titre de Lauréat dé l’Académie... cos... eg eee FRONT. SABRE HUE 925 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 


933 


TABLEAU PAR ANNÉE 


DES PRIX POUR 4918, 4949, 41920, 4924... 


41918. 


MATHÉMATIQUES. 


Prix PONCELET. 
Prix FRANCŒUR. 


MÉCANIQUE. 


Prix Mon 

Prix Fap hE Eti — Etude e expe- 
rimentale des APTN å bille 

Prix FOURNEYRON. — Panen uts im- 
e tants apportés aux moteurs des appareils 


Prix HENRI DE PARVILLE. 


ASTRONOMIE. 


Prix LALANDE. 
PRIX Soie VALZ. 
PRIX JANSSEN. 


GÉOGRAPHIE. 


Prix baan GUÉRINEA 

Prix Gay. — Progrès les rw récents intro- 
duits dans la G si 

FONDA “es | Tamara. 

Prix Bin 


NAVIGATION. 


Prix EXTRAORDINAIRE DE SIX MILLE FRANCS. — 
Destiné à récompenser tout progrès de nature à 
accroitre l'efficacité de nos forces navales 

Prix P EY 


PHYSIQUE. 

Paix L. LA CAZE. 

Prix HÉBERT. 

Prix HUGHES. 

FONDATION DANTON. 

Prix Vicror Ravun. — Meéteorologie et Phy- 
sique du Globe. 


CHIMIE. 


Prix MoNTYON. — Arts insalubres. 
JECKER. 


FONDATION CAHOURS. 
Prix HOUZEAU. 


MINÉRALOGIE ET GÉOLOGIE. 

PRIX CUVIER. 
BOTANIQUE. 
A 
Prix DESMAZIÈRES. 
Prix MONTAGNE. 
PRIX DE COINCY. 
ANATOMIE ET ZOOLOGIE. 
RIX DA GAMA MACHADO. 

orties SAVIGNY. 
Prix JEAN THORE. 

MÉDECINE ET CHIRURGIE. 


Prix MONTYON. 


RIX 
Prix BELLION 
PRIX DU BARON LARREY. 


934 
PHYSIOLOGIE. 


PRIX MONTYON. 
PRIX LALLEMAND. 
La CAZE 
— Étude expérimentale d 
quelques-unes des conditions qui font varier la 
quan pge d’eau des e e e tissus. 

PRIX MARTIN-DAMOU 

PRIX Panian X. 


STATISTIQUE. 


Prix MONTYON. 


HISTOIRE ET PHILOSOPHIE DES SCIENCES. 


Prix Binoux. 


MÉDAILLES. 


MÉDAILLE ARAG 
MÉDAILLE pr A, 
MÉDAILLE BERTHELOT. 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


PRIX GÉNÉRAUX. 


PRIX FONDÉ PAR L’ÉTAT : 
SN ratio MATIQUES. 
Prix Bornin (Sciences physiques). 
PRIX rs DELcros (Sciences physiques). 
Prix LE CONTE. 
Prix HOULLEVIGUE (Sciences mathématiques). 
Prix PARKIN, 
Prix SAINTOUR (Sciences physiques). 
RIX HENRI DE PARV > 


GRAND PRIX DES 


y 
z 
la 
=. 
Fj 


FONDATION Jinik Ponti ( Sciences mathéma- 
tiques). 

FONDATION paee BECQUEREL. 

Fonps BONAP 

FONDATION re 


1919. 


PRIX PONCELET. 

Prix G. DE PONTÉCOULANT. ' 

Prix GAY. — Étude sur la géographie phy- 
sique de lA Hg du Nord et principalement 
de ve nee 
ASTNER- “Bovnsauur. 

TÉ. 


PRIX JEAN THORE 


Aapa DE LA Fons-MÉLICocQ 
RIX ns DE RUFZ DE RME 
on Cuv 
PRIX Cuavssien. 
PRIX 
PRIX pae Eu 


PRIX FONDE PAR are : GRAND PRIX DES 


| SCIENCES PHYSIQUES 


Prix BORDIN (Sciences mathématiques ). 
Prix PETIT PORMOY. 

PRIX JEAN-JACQUES BERGER. 

PRIX SAINTOUR (Ronia mathématiques). 


1920. 


Prix pe boyna 

Prix FONT 

Prix Veeg ep — Minéralogie et Pétro- 
graphie. 

Prix CUVIER. 


PRIX Aep 

PRIX SERRES 

Prix eu GUE (Sciences physiques). 
FONDATION ten Ponri (Sciences “physica }. 


SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1916. 


1924. 


logie. 

Prix JEAN REYNAUD. 
PRIX DU BARON DE JOEST. 
PRIx PARKIN. 


PRIX PIERSON-PERRIN. 

Prix DAMOISEAU. 

PRix BERTHELOT. 

Prix Vicror RAULIN. — Géologie et Paléonto- 


1922. 


Prix JAMES HALL. | PRIX ALHUMBERT (Sciences physiques). 


1925. 


Prix ESTRADE-DELCROS (Sciences mathéma- 


Prix BIGOT DE MOROGUES. 
tiques 


1924. 


PRIX PARKIN. 


1926. 


PRIX DU BARON DE Joest (Sciences mathématiques ). 


1927. 


PRIX ALHUMBERT (Sciences mathématiques). 


1929. 


Prix THEURLOT. 


936 ; ACADÉMIE DES SCIENCES. 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


OUVRAGES REÇUS DANS LES SÉANCES D'OCTOBRE 1916 (suite). 


Bref och skrifvelser af och till Carl von Linné, med understöd af Svenska staten, 
utgifna af Upsala Universitet; del I. Upsala, Akademiska Bokhandeln, 1916) 1 vol. 
in-8°. 

Annales de l’Institut océanographique; t. VIL, fasc. V : Contribution à l'étude 
de la faune actinienne de San Thome (golfe de Guinée), par Cu. Gravier. Paris, 
Masson, 1916; 1 fasc. in-4°. 

Association française pour $ avancement des sciences. Conférences (1915-1916). 
Paris, Masson, 1916; 1 vol. in- 

Mémoires de la Société étés #0 d'agriculture, de sciences, arts et belles- 
lettres du département de l'Aube; t. LII, 3° série, année 1915. Troyes, Paton, 1915; 
1 vol. in-8°. 

Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1914-1915; CLXV* année, 6° série, t. XII 
et XII. Nancy, Berger-Levrault, 1916; 2 vol, in-16. 

Prosper de Wilde (1835-1916), par Frévéric Reverpix. Extrait du Moniteur scien- 
tifique du D" Quesneville, juillet 1916, p:+ 166; 1 fasc. in-8°, 

Coup d'œil général sur le développement des industries chimiques dans le can- 
ton du Valais et plus spécialement sur la fabrication de l'indigo synthétique, par 
Frépéric ReverDix. Sion, F. Aymon, 1916; r fasc. in-8°, 

De la création des planètes, par A.-H. Merrac. Toulouse, Passeman et Alquier, 
1915; 1 fasc. 

Comité de défense contre la grêle et les orages. Rapport de M. A. Karrson. Paris, 
Imprimerie du journal L’Éclair, 1916; 1 fasc. 

(A suivre.) 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU MARDI 26 DÉCEMBRE 1916. 


PRÉSIDENCE DE M. Caire JORDAN. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. 


p 


M. le PRrésıbeļnr annonce à l'Académie qu’en raison de la fête du 
premier jour de l’an la prochaine séance hebdomadaire aura lieu le mardi 
2 janvier 1917, au lieu du lundi 1°". 


HISTOIRE DES SCIENCES. — Les premieres sociétés scientifiques de Paris 
au xvn®- siecle. — Les Conférences du Bureau d'Adresse. Note de M. G. 
Bicourpax. 


Les hommes d'étude ont toujours senti le besoin de se communiquer 
leurs travaux; et l’on peut dire que, sous des formes diverses, les sociétés 
savantes sont de tous les temps : on connaît celles d'Alexandrie, des Arabes, 
de Charlemagne, puis celles d'Italie et du Midi de la France à partir 
du xiv* siècle ('). Plus tard, en Italie seulement, on en compte plusieurs 
centaines (°). s | 

Au milieu du xvi* siècle Paris eut sa Pléiade, puis, sous les derniers 
Valois, son académie du Palais, protégée par Charles IX, par Henri I, 
mais emportée par la tourmente des guerres civiles (°). Les sciences ne 
paraissent d’ailleurs y avoir tenu aucune place (*). 


(1) On fait remonter à 1324 l'Académie du Gay Savoir de Toulouse, devenue celle 
des Jeux floraux. 

(2) Arraur Dinaux, Les sociétés badines, bachiques, chantantes et littéraires; leur 
histoire et leurs travaux. Ouvrage posthume, revu et classé par Gustave Brunet. 
Paris, 1867. 2 vol. in-8°. 

(3) Évouarp Freuy, L'Académie des derniers Valois (1570-1585). Paris, 1887; in-4°. 
. (*) Philarète Chasles, dans ses Études sur le seizième siècle en France, dit que les 
sciences y étaient admises; mais Ed. Frémy est d'opinion contraire. 

C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 26.) 122 


D. ; ACADÉMIE- DES : SCIENCES. 


Vers 1587 on se réunissait chez le chanoine Gillot ('), pour discuter 
philosophie et converser. 

Après la Ligue il se forma de nouvelles sociétés, parmi lesquelles on cite 
celles qui se réunissaient vers 1619 chez l’abbé de Marolles (?) et vers 1625 
chez Mademoiselle de Gournay; d’après de Marolles c’est même dans 
celle-ci que naquit la première idée de l'Académie française. 

Dès 1626 quelques amis de Descartes, et des hommes savants attirés par 
sa réputation, se réunirent d’abord chez lui, rue du Four, puis chez son 
hôte et parent, Le Vasseur d’Étioles (*). 

_ En 1628 des conférences avaient lieu chez le nonce; et c'est là que Des- 
cartes exposa pour la première fois les principes de sa Méthode o 
I, 100). 

En même temps, les salons étaient à la mode, et l’on connaît l'éclat jeté 
par ceux de l’Hôtel de Rambouillet et de M"? de Scudéri. 

D’autres réunions moins mondaines étaient surtout destinées aux savants, 
aux érudits; telle fut celle qu’on appelait le Cabinet (*) : commencée chez 
l'historien De Thou un an avant sa mort, c'est-à-dire en 1616, elle fut 
présidée longtemps par les frères Pierre et Jacques Dupuy, devenus plus 
tard gardes de la bibliothèque du Roi; et la correspondance de Peirese nous 
montre les savants de province empressés à s’y faire introduire. 

Les sciences encore naissantes n’occupèrent longtemps aucune place 
dans la plupart de ces sociétés; maïs nous touchons au moment où commen- 
cèrent, chez le P. Mersenne, les réunions que l’on considère comme le 
berceau de l'Académie des Sciences. Toutefois elles avaient été précédées 
par les Conférences du Bureau d’Adresse, bien oubliées aujourd'hui quoique 
nous ayons leurs procès-verbaux (°), et où les sciences étaient largement 
admises. 


(1) PHILARÈTE CHasLes, loc. cit. 

(?) Mémoires de Michel de Maroutes, abbé de Villeloin. Ed. d'Amsterdam, 1759, 
3 vol. in-8°; t.I, p. 75-78, 110-112, et t. IH, p. 289. — Voir aussi Ouvrage suivant : 
abbé L. Bossesour, Michel de Marolles, abbé de Villeloin. Tours, 1911, p. #41. 

(°) La vie de Monsieur Des-Cartes (par Baillet), Paris, 1691, 2 vol. in-4°, t. 1, 
p: 136 et 152. 

(*) Isaac Urr, Un cercle savant au xvn siècle. François Guyet (1358-1655). Voir 
les noms de quelques membres dans les Mémoires de Marolles, t. I1, p. 220. 

(*) Recue général des questions traictées ès Con férences du Déreûte d Adresse, 
sur toutes soros ile mabi: ae les plus beaux esprits. de ce temps. PO 1665-1666; 


SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1916. 939 


Les Conférences du Bureau d’ Adresse. 


Au commencement du xvn°siècle, Parisn’avait encore aucune de ces insti- 
tutions populaires sans lesquelles la vie sociale nous paraîtrait aujourd’hui 
impossible : journaux, bureaux de placement, hôtel des ventes, mont-de- 
piété; tout cela était encore à créer. 

En 1612, un esprit des plus ouverts, le médecin Théophraste Renaudot Ch 
obtint de Louis XIII le privilège « de faire tenir Bureaux et Registres 
d'addresses de toutes les commoditez réciproques de ses sujets en tous les 
lieux de son royaume et terres de son obéissance qu’il verra bon estre...» 
En raison su et oppositions diverses, Renaudot ne put meltre cette 
idée à exécution qu’en 1629; alorsil ouvrit, dans sa maison du Grand Coq, 
rue de la Calandre, en la Cité, ce qu'il SE le Bureau d’Adresse, où pou- 
vait se renseigner quiconque voulait « vendre, acheter, louer, permuter, 
prester, emprunter, apprendre, enseigner, ... ». 

Cette institution, qui eut plein succès, fut à Paris l’origine du Mont-de- 
Piété, de Hôtel des Ventes, des dispensaires; en outre, Renaudot fonda le 
premier journal politique, la Gazette, qui commença de paraître avec le 
numéro du 30 mai 1631. 

En 1633, Renaudot adjoignit à son Bureau d’Adresse une « Académie 
ouverte à tous Les bons esprits, qui y venoient conférer en public de toutes 
les plus belles matières de physique, de morale, mathématiques et autres 
disciplines... ». Sauf dans Ia période des vacances, ces conférences avaient 
iieu une fois par semaine, le lundi, à partir de 2". 

La salle des séances était la principale de celles de la maison du Grand 
Coq; bientôt cependant elle se trouva o petite pour recevoir tous ceux 
qui se présentaient, ce dont Renaudot s'excuse. 


5 volumes in-8°. Les quatre premiers volumes avaient eu une édition antérieure; le- 
dernier seul parut pour la première fois en 1662. 

Les Conférences du Tome I ne sont pas datées, de sorte que nous ne connaissons 
qwapproximativement leur époque. Voici les dates extrêmes des Conférences données 
dans les autres volumes : IL (1634 nov.-1636 fév. 4); — HI (1636 fév. 11-1639 janv. 17); 
— IV (1639 janv. 24-1641 juin 10); — V (1641 juin 24-1642 sept. 1). 

(:} Ge médecin, trop longtemps oublié, a fait, dans la 2° partie du xix° siècle, l'objet 
d’un assez grand nombre de publications; parmi elles nous citerons celles de 
E. Hatin et de Gilles de la Tourette. Voir notamment E. Harix, Théophraste 
Renaudot et ses « Innocentes inventions » ; 1883, in- 8°. 


940 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Entre autres innovations, il faut signaler l'usage exclusif qu’on y faisait 
du français (') (tandis que dans l'Université on parlait uniquement latin), 
l'admission de toute opinion, même « contraire à celle de l’Eschole » et 
enfin la publication de Comptes rendus (°). 


Quelques-uns, dit-il, ont « trouvé à dire qu’on n’y admettoit point toutes sortes de 
personnes, comme il sembloit se devoir faire, en un lieu dont l’accez est libre à tout 
le monde. Mais ceux qui considéreront que les Académies ne sont pas pour le vul- 
gaire, ne trouveront pas estrange qu'on y ait apporté quelque distinction. Et si toutes 
les personnes de la qualité requise n’y ont pů trouver place, les plus diligens peuvent 
tesmoigner aux autres qu’il l’a fallu imputer au lieu, lequel, tout spacieux qu’il est; ne 
pouvoit suffire à tous les survenans ». 


Ailleurs il dit que ces Conférences étaient fréquentées par les membres 
des grands Corps de l'État et des Compagnies souveraines; cependant, leur 
niveau permettait à tous d'en profiter; car, ajoute-t-il, on n’a « rien trouvé 
» qui serve plus d'apprentissage aux jeunes, de divertissement aux vieux, 
» et d’honneste récréation à tous ». 

On voit que pour l’inventeur lui-même ces réunions étaient indifférem- 
ment des conférences ou des séances d’Académie; pour nous, qui n'avons 
pas d'équivalent, ce seraient plutôt des conférences contradictoires sur des 
sujets proposés à l'avance (*). En effet, sur chaque sujet on écoutait, non 
contradictoirement, mais successivement, tous ceux qui étaient capables de 
donner un avis, ct dont le nombre variait ordinairement de 5 à 10. 

A l’origine on discutait l’une après l’autre deux questions, en consacrant 
une heure entière à chacune d’elles; mais à partir de la 116° conférence 
(17 novembre 1636), on n’en discuta plus qu’une seule, les sujets s’épuisant 
sans doute rapidement, car on ne revenait guère sur un sujet déjà traité. 

Une troisième heure était consacrée à des expériences, à à la communi- 
cation d’inventions récentes, de remèdes nouveaux, ou encore à des rapports 


(1) L'étude de ces Comptes rendus serait utile pour l’histoire de la langue françäise ; 
certains de leurs passages, en effet, semblent être reproduits, dans la forme comme 
dans l’idée, par de très célèbres auteurs du siècle de Louis XIV. 

(?) Cette publication ne fut pas commencée immédiatement, et les premières con- 
férences doivent être restées inédites, car en tête de celle qui ouvre le Tome I (p: 6) 
on lit : « Chacun estant assis dans la grande salle du Bureau : il fut rapporté que la 
résolution de la dernière Conférence auoit esté d'imprimer desormais les matières qui 
seroient proposées et les auis sur icelles qui le meriteroient. » 

(°) Souvent à la fin d’une séance on indiquait les questions qui seraient’ qrapetses 
dans la suivante. 


SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1916. 941 


sur des livres ou Mémoires présentés ('). Mais bientôt la discussion des deux 
premières questions envahit cette « heure des inventions », et à partir de la 
13° séance cette troisième partie disparait complètement, 

Les sujets discutés sont extrêmement variés, allant un peu au hasard de 
la Philosophie à l'Économie politique et sociale, telles que nous les entendons 
aujourd’hui, en passant par les questions de langues, de grammaire, d’édu- 
cation, d’art militaire même, puis par les sciences physiques, naturelles et 
leurs applications, comme la Médecine et l Hygiène. Les sciences occultes 
sont loin d’être négligées, mais les Mathématiques pures, la Mécanique 
(sauf le mouvement perpétuel), l'Histoire, la Géographie sont peu ou point 
effleurċes. 

Les questions philosophiques furent toujours nombreuses : on discuta 
d’abord sur la Méthode, les Principes, l’Ètre, l'Esprit universel, puis sur 
l'âme, ses facultés, ses eda et ses fins. 

La SAR et la Météorologie fournirent aussi beaucoup de rails. 
depuis les plus abstraites (atomes, matière première, éléments, vide, ...) 
jusqu’à celles qui sont aujourd’hui accessibles à l'observation (cause du 
tonnerre, de l’arc en ciel, de la rosée ; origine des vents; des sources), mais 
pour lesquelles on n'avait guère alors d'instrument de mesure, puisque le 
baromètre n'était pas encore inventé; quant au thermomètre, très peu 
connu, il était tout à fait rudimentaire. 

Pour l’Astronomie, on agite les anciennes questions : si les cieux sont 
mus par des intelligences, — s'ils sont solides ou liquides, — s’il y a un feu 
élémentaire autre que le soleil. On discute du mouvement ou du repos de 
la Terre, — de la nature des comètes, — de la voie lactée, — des taches du 


(1) Ainsi, à la fin de la seconde conférence imprimée, un auteur présenta un poème 
latin de 12000 vers, sur « la vie, les gestes et la mort du Roy de Suède »; l’auteur 
ajoutait « que la grande réputation de ces Conférences l’avoit fait venir de son païs en 
celte ville expres pour pouvoir corriger, limer et polir son ouvrage par la censure de 
tant de bons esprits qui s’y rencontrent.» On nomma des Commissaires qui firent leur 
rapport à la ‘séance suivante. Mais ni ce rapport, ni aucun des autres ne nous a été 
conservé. 

A cette troisième séance on présenta, entre autres inventions, « un instrument qui 
grossit tellement les espèces, qu’une puce y paroist de la grosseur et forme d’une 
souris, et les petits vers qui se trouvent dans tous les bons vinaigres, de la grosseur 
d'anguilles». C'était donc un microscope, récemment inventé. 

Dans la suite on présenta un moulin à vent qui s’orientait de lui-même; on répéta 
l'expérience de l’éolipyle de Vitruve, puis « celle de marcher sur les eaux », etc. A la 
ras Conférence on s'occupa « des principaux stupéfactifs qui empeschent la 

ouleur 


942 ACADÉMIE LES SCIENCES. 


Soleil et de la Lune ('), — de la cause des échipses; — puis de questions 
d'ordre pratique comme celle des longitudes, du calendrier, etc. 

L'existence du feu central, l'origine des volcans, des montagnes, la 
cause des tremblements de terre, la génération des prerres, des métaux, 
l'accroissement des minéraux, telles sont les principales questions em- 
pruntées à la Géologie et à la Minéralogie. 

Les questions de médecine sont assez nombreuses et mirent le D" Renau- 
dot en lutte avec la Faculté, qui vit là une atteinte à son privilège; 
d'autant qu'il laissait soutenir la doctrine galénique de l'École de Mont- 
pellier, vivement combattue à Paris. 

On y traitait aussi doctoralement de la vertu des nombres, de ła pierre 
philosophale, des présages, des talismans, des amulettes, de la poudre de 
sympathie, des sibyles, du Phénix et de nombre d’autres questions occultes 
qui généralement trouvaient encore créance. 

Mais on ne néglige pas toujours les questions d'ordre pratique ou même 
FAR ainsi on y discute sur le règlement des pauvres, sur 

établissement des Mont-de-Piété. Les moyens de rétablir le commerce 
Es longuement envisagés durant les vacances de 1638. 

Tout ce qui touche à la noblesse, à la dérogation, fut l’objet de plusieurs 
conférences. 

Ces sujets étaient, semble-t-il, adaptés à peu près au hasard, à moins que 
quelque circonstance particulière n'imposät un choix; et c’est ainsi que 
dans les dixième et onzième conférences on s'occupa des monstres à propos 
«des deux frères monstrüeux vivans en un mesme corps, qui se voyent en 
celte ville de Paris », et d’une petite fille allemande toute velue que l'on 
montrait aussi à Paris. Plus tard (129° conf.), on s’occupa d’un Maltais, 
extraordinaire buveur d’eau, qui se montrait à la foire Saint-Germain ; 
«sa pratique, dit-on, est fort éloignée de ses affiches; par lesquelles il 
promet de boire cent pintes d’eau et il n’en boit pas quatre sans la 
rendre ». 


Par cette énumération, d’ailleurs incomplète, on voit que les Confe- 
rences du Bureau d’Adresse touchaient à toutes les questions de Science 
qu'on pouvait alors soulever. Elles durèrent de 1633 au 1°" septembre 1642, 
et nous ignorons pour quelle cause elles furent suspendues. Ce fut sans 


(!) A propos de ces taches (93° conf., 17 déc. 1635 ) on parle des « astres qui tournent 
en épicycles » autour de Jupiter et de Saturne; le fait est curieux pour Saturne, dont 
le plus gros satellite (Titan) ne fut signalé par Chr. Huyghens qu’en 1655. 


f 


SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1916. 943 


doute par suite de l’opposition violente de la Faculté de Médecine, appuyée 
par l’Université, avec laquelle Renaudot eut les plus vifs démélés. Cette 
suppression coïncide à peu près avec la mort de Richelieu, suivie bientôt 
après de celle de Louis XIII, qui avaient soutenu Renaudot. 

Comment ces Conférences furent-elles accueillies dans les milieux 
savants? C’est ce qu'il est difficile de dire aujourd’hui, car leur Recueil ne 
fait connaître aucun nom; d'Avis au Lecteur du Tome 1 a même soin de nous 
prévenir que cette condition est la principale de celles que lui ont imposée 
ceux qui y prenaient part. Mais, on l’a vu, Renaudot nous apprend qu'elles 
étaient fréquentées par les membres dés grands Corps de l'État et des 
Compagnies souveraines. Nous savons d’ailleurs que Morin, par exemple, 
y avait exposé sa méthode des longitudes avant de la porter devant les 
commissaires que Richelieu lui avait enfin donnés. 

Toutefois, pour beaucoup de savants une telle publicité est peu vb 
rable à une discussion sérieuse, et cela explique la fondation de rénnions 
privées analogues à celles qui, peu après, furent tenues chez le P. Mersenne. 


ÉLECTRICITÉ. — Conductibilités de Vair et du mica. 
Note de M. Enouarp BRANLY. 


Dans une étude du mécanisme de la conductibilité intermittente des 
récepteurs de la télégraphie sans fil, j’ai eu à essayer la résistance qu'oppo- 
saient aux courants des piles de très nombreuses feuilles minces de mica 
blanc, très transparent. Une épaisseur de ce mica, supérieure à 6 ou 7 mil- 
lièmes de millimètre, intercalée entre deux disques métalliques, ne se 
laisse pas traverser par le courant d’une série de 5 à 10 accumulateurs au 
plomb, mais pour des feuilles plus minces la force électromotrice de la 
pile a dù être fort abaissée, surtout quand l'épaisseur descend au-dessous 
de 3 millièmes de millimètre. 

Certaines de ces dernières feuilles très minces, vivement éclairées, et 
soumises à un examen minutieux, après qu'elles ont été reconnues conduc- 
trices sous une force électromotrice égale ou inférieure à 1 volt, ont laissé 
voir à leur surface des trous circulaires de diamètre extrêmement faible ; 
je me suis alors demandé si ces trous n’existaient pas avant que le passage 
du courant ait eu lieu et s'ils n'`intervenaient pas en favorisant une trans- 


mission qui se produirait sans rupture de la substance. 


C'était une suggestion à laquelle j'étais préparé. En effet, J'avais 


944 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


précédemment (') opéré avec des cellules d'air de 4", 3m, 2m et 
-même 1%" de diamètre, ménagées entre deux disques métalliques 
séparés par des lames de mica perforées et j'avais constaté que les couches 
gazeuses ainsi emprisonnées étaient susceptibles de devenir progressivement 
et franchement conductrices. Comme suite à ces expériences, je m'étais 
proposé de diminuer le diamètre des cellules jusqu’à une faible fraction de 
millimètre, afin de voir si les petites dimensions du volume gazeux, de la 
sorte réduit en largeur aussi bien qu’en hauteur, ne favorisaient pas sa 
conductibilité électrique, en diminuant l'étendue des excursions des molé- 
cules. Dans ce but, j'avais percé des trous de o™, 5; 0"%,3; o"®,2 de 
diamètre. Leur hauteur était prise généralement inférieure à 4 millièmes 
de millimètre. Comme, à épaisseurs égales, sous une même force électro- 
motrice, des lames percées de ces très petits trous devenaient beaucoup 
plus aisément conductrices que des feuilles en apparence continues, il était 
peut-être naturel d'admettre que, pour des feuilles continues, c'était par des 
ouvertures occupées par le gaz seul que le passage du courant avait lieu. 

En tout cas, quelle que soit l’explication définitive à laquelle on sera 
conduit, il est utile de préciser par quelques développements les caractères 
de la conductibilité observée. 


MODE D'EXPÉRIMENTATION. — On formait un circuit simple qui comprenait : 
1° une source électrique; 2° deux disques métalliques entre lesquels est 
intercalée une feuille mince de mica, soit pleine, soit perforée; 3° un 
galvanomètre. 7 

Les sources électriques employées ont été : un élément hydro-électrique. 
zinc, cuivre et sulfates (Daniell, d'environ 1 volt) ou zinc, cadmium et 
sulfates (environ + de volt) et une pile thermo-électrique bismuth, argent, 
de 1 à 10 éléments (la force électromotrice d’un de ces éléments thermo- 
électriques était 0,004 volt dans les conditions de température du fonc- 
tionnement habituel des expériences actuelles). 

La conductibilité pouvant devenir très forte et se produire très rapide- 
ment, des galvanomètres à aimants astatiques eussent été trop délicats; des 
galvanomètres à cadre mobile, sensibles et robustes, furent d’un emploi 
commode. Le moins sensible donnait une déviation égale à 1™™, 66 pour 
un dix-millionième d’ampère, sur une règle distante du miroir de 1™, 20; 


un deuxième était 15 fois plus sensible et un troisième 3000 fois plus sen- 


sible. 


(') Comptes rendus, t. 161, 1915, p. 759. 


$ 


SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1916. 945 


L'ensemble des disques et de l'isolant était serré entre le piston et la 
plate-forme circulaire d’une presse verticale à gaz comprimé que j'ai décrite 
en 1912 et 1915. La plate-forme avait quelques millimètres d'épaisseur, 
elle était en aluminium ou en laiton et par la poussée du gaz elle s'élevait 
en glissant le long de tiges d’acier cylindroconiques. Une pression compen- 
satrice était exercée de haut en bas par des poids de surcharge de valeurs 
connues, posés doucement sur la plate-forme pour éviter des chocs et con- 
sistant en anneaux d'aluminium, anneaux de laiton, cylindres pleins de 
laiton. Anneaux et cylindres avaient le même diamètre. Afin qu'ils fussent 
bien centrés sur l’axe de la pompe, une cavité circulaire de 2"" à 3"® de pro- 
fondeur, de même diamètre que les poids et à fond plat, avait été creusée 
sur la face supérieure de la plate-forme; on y engageait un premier anneau 
et on lui superposait les autres à mesure du besoin. 

Dans la plupart des opérations, les pressions qui soulevaient le piston de 
la pompe n’ont pas dépassé 10°" de mercure, alors que la pression néces- 
saire pour soulever le poids seul du piston était presque égale à 6°" de mer- 
cure. Un manomètre à bibromure d’éthylène permettait de régler la rapi- 
dité de l’action du gaz comprimé suivant un mode que j'ai déjà décrit. 

Alors que la conductibilité n'avait pas été obtenue sous une pression 
assez forte, il suffisait quelquefois pour la déclencher de soulever brus- 
quement une ou plusieurs des masses de la surcharge, ou encore, après 
avoir soulevé une masse, de la poser de nouveau et alors il était, dans cer- 
tains cas, avantageux d'effectuer la nouvelle pose en excentrant légèrement 
le poids. La petite erreur de centrage déterminait, par le mode d'appui du 
disque métallique inférieur sur son support, un léger déplacement de la 
lentille convexe contre la surface de la cavité qu’elle remplissait. A ce 
déplacement correspondait un glissement ‘auquel on pouvait peut-être 
attribuer la conductibilité observée. De pareils glissements exercent un 
effet analogue en magnétisme. 

Les disques employés étaient ceux des expériences de 1915. Les diamètres 
ne sont plus seulement de 32"® et de 25"; pour faciliter l'étude de lames 
très minces dont on n'avait obtenu qu’une petite largeur par le clivage, 
les diamètres ont été réduits pour quelques disques à 18%, 157%, 12m 
et 10™ et, même avec les petits diamètres, le poli optique avait été obtenu. 

Des disques d’un même métal ayant été faconnés avec des échantillons 
différents, un numéro d'ordre gravé sur le bord de chaque disque donnait le 
moyen de le reconnaître et de le soumettre, s’il y avait lieu, à de nouvelles 
épreuves. Dans chaque expérience, on spécifiait quel était celui des deux 

C. R., 1916, 2 Semestre. (T. 163, N° 26.) 123 


946 ‘ ACADÉMIE DES SCIENCES. 


disques qui faisait corps avec la plate-forme, on l'appelait supérieur ; le 
disque placé au-dessous, posé sur le piston, était dit zz férteur. 

Voici le détail de quelques observations, choisies pour signaler quelques 
particularités spéciales. Les particularités indiquées dans ces observations 
se sont produites fréquemment, plus ou moins accentuées. 


J. Platine de 323% de diamètre, n° 1, supérieur. Argent étroit de 12°" à sa face 
supérieure, n° 6, inférieur. La plate-forme en aluminium, épaisse de 6"", est soulevée 
de 2%, alors que le poids compensateur qu’elle supporte est de 13008. 

Le mica, très mince, interposé, a été percé avec une aiguille en acier très fine d’un 
trou central unique, dont le diamètre est d'environ 0", 2. 

Après 1 heure de fermeture du circuit par un élément Daniell (1), il y a une forte 
déviation, le sens du courant étant tel que largent soit positif (relié au pôle 
positif de l'élément). Si l’on change ensuite le sens du courant pour que largent soit 
négatif, la déviation est nulle, elle redevient encore très forte pour le premier sens; 
les alternatives se reproduisent à des intervalles de temps quelconques, séparés par 
des périodes de repos où le cireuit est ouvert. Lorsque la forte déviation, corres- 
pondant à l'argent positif, a lieu, tantôt elle se produit rapidement, tantôt elle est 
progressive et augmente par saccades. 


Dans beaucoup de cas analogues, la différence entre les deux sens n’était 
pas aussi absolue; fréquemment aussi, la différence n’avait pas lieu; quelque- 
fois aussi, avec des micas d'épaisseur comparable, et pour des condi- 
tions de surcharge et de courant qui paraissaient peu différer des précé- 
dentes, on n'avait auenne déviation ni dans un sens ni dans l’autre. 
Lorsqu'il y avait déviation, la sensibilité au choc et la sensibilité à 
l’étincelle de haute fréquence, à distance, étaient toujours constatées. 


IL. Disque de platine de 32™™ de diamètre, n° 3, supérieur. Disque de platine 
étroit de 12"" de diamètre à sa face supérieure, n° 12. Entre les deux, un mica percé 
de six trous de o™, 3, dont un central et cinq répartis sur une petite circonférence de 
3mm de rayon autour du trou central. La communication est établie avec dix éléments 
thermo-électriques ; la plate-forme d’aluminium, épaisse de 6m», est soulevée de 4™™ 
par la pression du gaz qui pousse le piston de la pompe. Après 1» 30" de commu- 
nication avec la pile, on donne un petit coup sur le socle de la pompe, une con- 
ductibilité presque complète s'établit et elle subsiste encore quand on ne laisse qu'un 
seul élément thermo-électrique dans le circuit, à peu près aussi forte que si le mica 
était supprimé. 

Avec les mêmes disques et un autre mica très mince, percé comme le précédent, 
succédant immédiatement au précédent, la conductibilité a eu lieu sans choc. 


1 
(1) Dans Rois cas, la déviation n’a eu lieu qu'après 10 heures ou même 
-24 heures * 


SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1916. 947 


HI. Or de 32" de diamètre, n° 2, supérieur; argent étroit de 12% de diamètre à 
sa face supérieure, n° 8, inférieur; entre les deux est placé un mica percé de trous 
d’aiguille très fins, un central et les autres en deux rangées circulaires; la communi- 
cation est établie un soir avec,un élément Daniell et laissée telle jusqu'au lendemain 
matin, il n*y a encore à ce moment aucune déviation, mais un très léger choc sur le 
socle produit une déviation extrêmement forte, on a aussi une forte déviation avec la 
pile thermo-électrique, sans pouvoir cependant la qualifier de complète, c'est-à-dire - 
telle que si le mica était supprimé, Une étincelle à distance produit le retour au zéro, 
On alterne chocs légers et étincelles de haute fréquence, un choc produit la déviation 
et une étincelle qui suit ramène au zéro. 


IV. Argent de 32"" de diamètre, n° 7, supérieur; argent étroit de 12"® de dia- 
mètre à sa face supérieure, n° 8, inférieur; entre les deux, un mica mince sans trous 
percés. La communication reste établie pendant 2 heures avec la pile thermo-électrique 
de dix éléments; la plate-forme d'aluminium épaisse de 6v® a été élevée de 2™™ et 
laissée sans surcharge. Un faible choc sur le socle de la pompe établit une conducti- 
bilité qu’on peut dire complète ct cette conductibilité subsiste avec un seul élément 
thermo-électrique. Une étincelle à distance ramène au zéro. 


V. Argent de 32™™ de diamètre, n° 5, inférieur; argent étroit de 12"" de diamètre 
à sa face externe, n° 6, supérieur; mica interposé, sans trous percés mi visibles à la 
vue ordinaire, d’une épaisseur uniforme, inférieure à 3 millièmes de millimètre, La 
source électrique est d’abord la pile thermo-électrique de dix éléments et il y a d'emblée 
une notable conductibilité. Avec un seul élément, on a au galvanomètre le moins sen- 
sible une déviation 150-98 (sans des disques, la déviation donnée par le courant qui 
traversait seulement le galvanomètre était 180). Par une étincelle à distance, il y a 
retour au zéro g8. Le circuit étant laissé fermé, la dévialion remonte à 190 [le maxi- 
mum, c'est-à-dire sans les disques, est 225 (1)]. Par une étincelle à distance, chute 
à 98; un très faible choc sur le socle fait immédiatement remonter à 225. La plate- 
forme en aluminium, de 3™™ d'épaisseur, était très légère; elle était soulevée de. 2°" 
et elle n’était pas chargée. 


© J'ai cru remarquer, à plusieurs reprises, que des expériences effectuées à 
lair libre comme lont été celles que j'ai présentées jusqu'ici, dans des 
conditions expérimentales qui semblaient peu différentes, étaient peut- 
être influencées par les conditions atmosphériques, aussi eût-1l été préfé- 
rable d’opérer dans une enceinte de verre fermée, sur un gaz sec, main- 
tenu à une température constante. D’autre part le jeu de la pompe inter- 
venant d’une façon incontestable, il faudrait que la viscosité du fluide qui 
lubrifie les parois du piston et du corps de pompe fût conservée invariable 
et afin de mieux assurer que le disque inférieur vienne toujours s'appliquer 


(1) La température du bain où a see les aas chaudes de la pite étit 
croissante, i ; 


948 ACADÉMIE DES SCIENCES, 


de la même manière contre le disque supérieur, il y aurait lieu de veiller 
encore à ce que, à son point de départ, le disque soulevé fût toujours à la 
même distance du disque de la plate-forme et que la vitesse d'approche des 
deux disques restât uniforme. Dans les circonstânces présentes, il ne m'a 
été possible de parvenir encore à une installation aussi satisfaisante; 
d’ailleurs le temps n’est probablement pas encore venu de préciser toutes 
ces conditions puisque l’élément de régularité le plus essentiel, la cons- 
tance de l'épaisseur de la lame isolante, en ses différents points de contact 
avec les disques, n’a pas été habituellement obtenue. 


CRISTALLOGRAPHIE. — Sur la cristobalite. Note de M. Henry LE CHATELIFR. 


Dans une étude antérieure, j'ai signalé l'existence dans les briques, dites 
de Dinas, d’une variété de silice X, caractérisée par un point de transfor- 
mation situé à la température de 215°. Cette transformation est accom- 
pagnée d’un changement brusque des dimensions linéaires égal à 1 pour 100. 
Tout en reconnaissant les analogies de cette variété avec la cristobalite, je 
n'avais pas cru pouvoir affirmer leur identité, parce que Mallard avait 
indiqué 175° pour le point de transformation de cette dernière. Je disais 
cependant : 

« Cette variété de silice, que j’ai appelée silice X, sc rapproche par son 
point de transformation de la cristobalite et lui est peut-être identique (+). » 

Depuis cette époque, des recherches plus précises faites aux États-Unis 
et en Allemagne ont montré que la température de transformation de la 
cristobalite était beaucoup plus élevée que ne l'avait indiqué Mallard; elle 
est de 225°, par conséquent identique à celle de la variété X. D'autre part, 
M. A. Lacroix a montré que l'indice de réfraction de la variété de silice des 
briques de Dinas était identique à celui de la cristobalite. Enfin, de nomi- 
breuses déterminations de densité de briques bien cuites, avec peu de 
quartz non transformé, ont donné des densités voisines de 2,35, c'est- 
à-dire presque exactement la densité de la cristobalite. 

On peut donc affirmer aujourd’hui, comme je l’avais-soupçonné dès le 
début de mes recherches, que la variété de silice X est bien identique à la 
cristobalite. 


(') La silice (Rev. universelle des mines, Liège, 5° série, t. l 


1912, p. 85) et La 
silice et les silicates. Paris, Hermann, édit., 1913, p. 236. 


? 


SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1916. | 949 


Jusqu'ici cependant, on n'avait pas signalé dans les produits artificiels 
de cristaux discernables de cristobalite, semblables à ceux qu’on a trouvés 
dans la nature, très rarement, il est vrai. J'ai eu récemment l’occasion 
d'examiner plusieurs cristallisations de cette variété de silice. 

M. Bardonnet, directeur des cristalleries de Baccarat, m'a envoyé un 
fond de creuset Fenferinant du cristal partiellement dévitrifié. C’est un 
cristal alumineux, de la variété, dite quinquet, qui sert à la fabrication des 
verres de lampes de mines. Il commence à cristalliser dès qu’on le main- 
tient quelques heures au voisinage de sa température de travail, soit 
vers 800°. Il se forme de petits sphérolites irréguliers de 1°" à 3" de 
diamètre, constitués par de la cristobalite. La figure 1 montre, au grossis- 
sement de 5o diamètres, l’un des plus petits d’entre eux. La figure 2 donne 


Fig, x: — Cristal dévitrifié (G. 50). Fig. 2. —Cristal dévitrifié (G. 200). 


5" 


au grossissement de 200 diamètres les détails d’un autre sphérolite plus 
cles et mieux cristallisé. 

En examinant un certain nombre de briques de silice venant de la démo- 
lition de vieux fours, j'ai observé dans l’une d’elles des cristaux assez bien 
formés, comme le montre la figure 3. Ces briques, formant la voûte d’un 
four de glacerie, avaient été fondues supertficiellement par les vapeurs 
alcalines dégagées de la composition du verre. Les cristaux visibles dans 
la partie à demi fondue ont pu se développer et prendre des figures géomé- 
triques grâce à la présence d’une proportion importante de matière fondue. 


950 ACADÉMIE DES SCIENCES. 

Ces cristaux ont primitivement été constituès par de la cristobalite, mais 
ils se sont ultérieurement transformés en tridymite, comme cela a lieu à la 
longue pour toute la silice des briques fortement chauffées. La tridymite 
actuelle forme une infinité de petits cristaux juxtaposés dans l'enveloppe 


Fig. 5. — Brique de four de glacerie (G. 200). 


des anciens cristaux, sans aucun rapport avec leur forme géométrique 
extérieure. Les contours de ces petits cristaux de seconde formation sont 
accusés par les granulations visibles sur la photographie. 

Jai eu, en second lieu, entre les mains d’intéressants échantillons pré- 
parés par M. Bied, ingénieur aux usines du Teil, au cours d’études sur la 
fabrication des briques de silice. Des mélanges étaient constitués par 
l'addition, à du sable quartzeux, de quantités de fondants supérieures à 
celle qu'on emploie dans la fabrication normale, puis ils étaient chauffés 
à 1700°, de façon à provoquer une demi-fusion de la masse. Il se forme 
entre les grains de sable un verre fondu qui se sature de silice à chaud, 
puis la laisse cristalliser au refroidissement. Les cristaux ainsi formés se 
déposent autour des anciens grains de quartz, transformés par la chaleur 
en cristobalite. Ces cristaux présentent une double réfraction toujours très 
faible, souvent indiscernable; c’est bien là le caractère habituel de la cris- 
tobalite, Une section d’un cristal de l'épaisseur habituelle des lames minces: 
donne seulement entre les nicols une coloration gris clair, dans les condi- 
tions les plus favorables, et n'en donne aucune quand il y a plusieurs 


SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1916. 951 


cristaux superposés dans l'épaisseur de la lame, ou même quand leur orien- 
tation diffère trop de celle de la double réfraction maxima. 
Les figures 4, 5 et 6 montrent les apparences variées de cette soiien 


Fig. 4. — Fondant fluo-calcaire (G. 200 ). Fig. 5. — Fondant ałumino-calcaire (G. 200). 


Fig. 6. — Fondant alcalino-ferrugineux (G. 200). 


tion. Les formes extérieures des cristaux changent considérablement avec 
la nature des fondants employés. 
L'abondance de ces cristaux montre comment, avec des proportions 


952 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


moindres de fondant, tous les grains de quartz finissent par être soudés 
ensemble. C’est là la raison de la solidité des briques de silice. Dans la 
fabrication des briques cependant, le mécanisme de la cristallisation est 
différent de celui des expériences rapportées ici. Cette cristallisation ne se 
produit pas par simple refroidissement, mais au contraire à température 
constante, par un chauffage longtemps prolongé. La théorie de cette opé- 
ration est exactement celle que j'ai donnée, il y a longtemps, pour le 


durcissement des mortiers hydrauliques. Le quartz, instable au-dessus 


de 800°, présente une solubilité dans le fondant plus grande que les variétés 


plus stables à la même température : tridymite et cristobalite. La solution 


saturée de quartz en un point laisse déposer aussitôt de la cristobalite. La 
solution n'étant plus alors saturée de quartz peut en redissoudre une 
nouvelle quantité, pour laisser de nouveau cristalliser la variété plus stable 


et ainsi de suite. Cette cristallisation à température constante soude entre 


eux les grains de silice non dissous. 

D’après ces expériences, on peut affirmer que dans tous les cas la cristal- 
lisation rapide de silice à partir d’un verre fondu donne d’abord de la cris- 
tobalite. Mais cette variété n’est pas la plus stable. La tridymite, comme je 
lai montré depuis longtemps, est, aux températures élevées des fours à acier, 
l'étape définitive de la transformation des briques de silice. Le mécanisme 
de la formation de cette tridymite aux dépens de la cristobalite est le même 
que celui de la formation de cette dernière aux dépens du quartz. Etant 
plus stable, elle est moins soluble dans les fondants. Mais cette seconde 
transformation est beaucoup plus lente ; elle demande des semaines, au lieu 
de jours, pour se produire ispihément, parce que la différence entre les 
propriétés et, par suite, entre la solubilité des deux variétés à faible densité 
est bien moindre qu ‘entre ces variétés et le quartz. 

J'avais admis qu’à toute température la cristobalite était métastable par 
rapport à la tridymite. Mais d'après les expériences de Fenner, au Geophy- 
sical Laboratory de Washington, la tridymite ne constituerait la phase la 
plus stable que dm à la température de 1480°. Au-dessus de cette tempé- 
rature et jusqu’au point de fusion, à 1780°, la cristobalite serait au contraire 
la phase stable ('). 

Cette conclusion semble en contradiction avec le fait que dans les fours à 
acier, où la température est bien supérieure à 1480°, les briques de silice se 


(1) Stability relations of silica materials (Amer. J. of Science, 4° série, t. 36, 
1913, p, 383). 


wA 


SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1916. 953 


transforment intégralement en tridymite. Les expériences de Fenner 
prêtent d’ailleurs à une objection. Il chauffe de la tridymite ou de la cris- 
tobalite en présence d’un fondant, le tungstate de soude, et il note au 
refroidissement l'apparition de l’une ou l’autre des variétés de silice. 
A 1500° on voit, dans le cas du chauffage de la tridymite en présence de 
son fondant, se former une petite quantité de cristobalite et l’on en conclut 
à la non-stabilité de la tridymite à cette température. Mais il y a une 
autre explication plus vraisemblable du même fait. Le tungstate de 
soude saturé de silice à une température élevée laisse au refroidissement 
cristalliser, comme tous les fondants, de la cristobalite. Rien ne prouve que 
celle-ci se soit formée à la température la plus élevée de chauffage. De la 
même façon, si l’on chauffe de l’iodure rouge de mercure dans l'alcool 
bouillant, c’est-à-dire 50° au moins au-dessous du point de transformation 
de ce composé et si l’on refroidit assez rapidement, on trouve de petites 
quantités d’iodure jaune mêlé à l’iodure rouge. On n’en conclut pas que la 


{ 


Fig. 7. — Brique de tridymite (G. 200 ). Fig, 8. — Brique de tridymite recuite à 1700° (G. 20c) 


À 


température d’ébullition de l'alcool est Ae pn à celle de transfor mation 
de l'iodure de mercure, qui est en réalité de 12 

J'ai essayé de contrôler cette indication en chaufaur à 1500° un frag- 
ment de brique complètement transformé en tridymite (fig. 7). Il aurait 
dù se former de la cristobalite. Or, en réalité, il n'y a eu aucun changement 
de la tridymite (fig. 8). Cette expérience n’est pourtant pas absolument 
décisive, parce que le chauffage prolongé 2 heures seulement peut n'avoir 

C. Ro 1916,2° Semestre. (T. 163, N° 26.) 124 


} 


954 ACADÉMIE DES SCIENCES, 


pas été suffisamment long, en raison de la lenteur extrême avec laquelle se 
produisent toutes ces transformations de la silice, Il reste donc là un point 
douteux, qu'il serait très intéressant d'éclaircir d’une façon définitive. 


PHYSIOLOGIE GÉNÉRALE. — Influence d'élevations thermiques faibles et brèves 
sur la marche des fermentations. Note de MM. Cnanzes Raicaer et Hesry 
Carvor. | 


1. Les innombrables auteurs qui ont étudié l’action de la chaleur sur la 
marche d’une fermentation ne se sont pas préoccupés, semble-t-il, delin- 
fluence qu'a pu exercer l'application pendant un temps, même très court, 
d’une température modérément élevée. 

Nous avons étudié l'effet des influences thermiques passagères, agissant 
sur le ferment lactique, et cela, d’après une technique et des méthodes 
qu’un de nous à précédemment exposées (*). | 

La principale difficulté de cette expérimentation tient à ce que, pour 
arriver à un degré de température qui sera nocif, les liqueurs fermen- 
tescibles doivent passer, pendant un temps Qui n’est pas négligeable, par 
toutes les étapes thermiques comprises entre la température inactive et la 
température nocive. On peut, il est vrai, abréger te temps en employant 
des tubes de verre à parois minces, qu'on plonge dans une grande masse 
liquide. Toutefois, malgré ces précautions, la détermination exacte des 
conditions expérimentales (en fonction du temps et de la température) 
comporte quelques incertitudes, de sorte que nous ne pouvons répondre ni 
d’une durée de 5 secondes, ni d’une variation thermique de 0°, 5« s 

apprécie Vavi et la vitalité du ferment, nous adme 
qu’elles sat proportionnelles à la quantité d'acide laëtiqu 
ment dit à l'acidité constatée par un dosage acidimétrique. 

(Pour tous les chiffres que nous donnerons ici, nous supposerons que la 
quantité d’acide des liqueurs fermentantes, non soumises à l’action ther- 
mique et prises comme témoins, est de 100.) | 


rmé, autre- 


1i. Dans une première série d'expériences nous avons. .vu qu'après 


(1) Cnarres Ricart, De d'action de doses minuscules de substances sur la fermen- 
tation lactique (Travaux du Laboratoire de Physiologie. 1. 6, 1909, p. 94-372). 


SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1916. 955 
minutes de chauffe, à une température de 55° à 58, il s’est produit une 
modification du ferment telle que l'acidité finale de la liqueur chauffée 
n’était que la moitié de l’acidité trouvée pour la liqueur normale. 


ombre Moment Acidité 
d'expériences (1}. de la fermentation. moyenne, 
de la 15° à la 20° heure... ..... 16,6 
X de la 20° à la 24° heure ...... 49,0 
VIL de la 24° à la 40° heure...,.., 13,8 
XXVI (moyenne générale). ........ 16,8 


On peut déduire de ces faits qu’une température de 57°,5 agissant 
durant 5 minutes diminue de 53 pour 100 l’activité d’un ferment, et que 
cette diminution d'activité reste à | DSP près identique pendant toute la 
durée de la fermentation. 


II. Nous avons pu reculer aussi bien la durée de ce temps que l'intensité 
de la chaleur, et nous avons constaté encore un ralentissement notable, 
quoique évidemment moindre. 

Dans seize expériences une application de chaleur de 55° pendant 
5 minutes (au début de la fermentation) a ralenti de 25 pour 100 l’activité 
de la fermentation (acidité du ferment chauffé = 74,4). 

Par un autre procédé que le titrage avec la burette, c'est-à-dire par les 
nuances de coloration ou de décolbrätion que donnent les liqueurs fermen- 
tantes rendues roses par la phénolphtalémeet la potasse, nous avons obtenu 
les chiffres suivants, montrant en toute netteté l'influence des applications, 
même très brèves, de chaleur modérée. 

Dans un cas, la chaleur appliquée sur une fermentation, en pleine crois- 
sance, étant de 58°, en sas 100 l'acidité des tubes non Bvr on a 
trouvé (?) : 


(1) Chaque expérience comporte au moins deux dosages ; mais, le plus souvent, 
nous en faisions quatre, toujours très concordants. 

(?) On remarquera que ces chiffres ne représentent pas réellement, comme les pré- 
cédenis, les quantités d'acide lactique formé, mais bien des proportions acides arbi- 
traires. 


956 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Durée d'application 
de la chaleur. 


ac Acidité. 
m 8 
A PDA R e A A EOLA 93 
E a A 74 
„* 
A E O Vert. 6.6 4: + CMS SIDE S aE © » 0 72 
4,30... nina nl N, 57 
3 Oe Omo DSLB, Li SE 52 
19002 ia F6 vai. n ork 47 
E A L a A 48 
A O E E EE A 35 
M D en E du ve 5 


Dans une autre expérience, la température de 54°, étant appliquée 
seulement pendant une demi-minute, a abaissé la fermentation de 100 ă 70: 
une température de 56° pendant une minute et demie l’a abaissée à 70. 
Dans cette même expérience, la température de 56°,5 nous a donné les 
chiffres suivants : 

Durée d'application 


po chaleur. Acidité (!). 
m m $ 
Peai joon n N 68 
De on 0e ou 55 
Peg ad 3o oaa 63 
RS AC ie a 43 
De 60a 03o: o o na { 
Dey RO SRI 47 


Dans une troisième expérience, prenant comme dans les précédentes 
une fermentation en pleine croissance, nous avons vu qu’une température 
de 52°, même pendant une demi-minute, exerce une action indiscutable. 


Durée d'application i 
de la chalenr. Acidité. 


Après 0.30 (52) dites ie 63 
D PS ae 32 
s 3 OI en 29 
wii 4 (56ko 210 10 
2,8 (DOG hits ss o 


Enfin, dans les deux expériences suivantes, la chauffe a été appliquée au 
début de la fermentation, et le dosage a été fait à la burette au bout 
de 24 heures. 


(*) Chaque expérience représente le dosage de 10 tubes. 


SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1916. 957 
Dans la première, sur 52 tubes n'ayant pas été chauflés à 54° plus de 
1 minute 3o secondes, l'acidité étant de 100, nous avons eu pour 16 tubes 
chauffés de 2 minutes à 3 minutes 30 secondes à 54°, une acidité moyenne 
de 90. 
La deuxième expérience a donné des résultats plus frappants, résumés 
dans le Tableau ci-dessous : 


Conditions d'application Acidité 
€ moyenne (1). 

N'ayant subi aucune chauffe. ......... 100 
Chauffés jusqu’à 53°,5 seulement ...... 87,8 
Chautés a de HERP. Lt. do 86,5 

» QAR Ah hovorenct. 81,7 

» de i NA is 7 78 

» des DRASS 69,5 3 

» deh aD, 13,177 

» EST je. Hi ENARE. S. OTTA: 

» deg iow TOUTE Di: Do CEE 

» deg: chere cuçhes Leu 65,8 


Ainsi, il est démontré par ces faits qu’on peut, au moins pour le ferment 
lactique, diminuer notablement l'intensité de la fermentation par des 
applieations de chaleur voisines de 54° et ne durant qu'une ou deux 
minutes. 


IV. Dans les expériences précédentes, il n’a été question que d’une appli- 
cation unique de chaleur, effectuée soit au début, soit au cours de la fer- 
mentation. Or le ralentissement apporté par l’action thermique brève au 
développement normal du processus de fermentation, devient tout à fait 
remarquable lorsqu'on soumet le liquide fermentant à des chauffes répétées. 
Dans ces conditions, comme le montre l’expérience suivante, des applica- 
tions successives de chaleur (53°,5 pendant 5 minutes) ont empêché presque 


complètement la fermentation. e 
Acidité à différents moments de la fermentation. - 


1° en chiffres absolus. 13130m. 2030. 38307. 4430m. 02730". 
Tubes n'ayant subi aucuné chauffe....... 0,4 3.8 14,9 22,2 21,5 
Tubes chauffés une seule fois (54° pendant i 
PATTO A a a e rs 134 19,7 16,6 
Tubes ayant subi cinq chattes successives 
de 54° pendant 5 minutes ............. o i 1,7 1,9 1,9 


(1) A l'exception des deux premiers chiffres qui correspondent à quatre dosages, 
tous les chiffres donnés correspondent à huit dosages. 


958 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


En faisant les témoins égaux à 100, on trouve 


1° en chiffres centésimaux. Acidité à différents moments de la fermentation. 
+ mm — 
Tém. = 100. 1330. 20:30. 3830m. 44h 30%. A2 0s, 
Tubes chauffés une seule fois...,..,..... o 31 83 71 77 
Tubes chauttés "Cinq Fois: 1 .........:.. o 26 ji 9 9 


V. Il nous a paru aussi que des liqueurs antiseptiques faibles subis- 
saient par le fait d’une chaleur brève et modérée un accroissement intense 
de leur puissance antiseptique. Nous avons déjà à ce sujet de nombreuses 
expériences qui feront l’objet d’une prochaine Communication. 


VI. Mais nous pouvons, d'ores et déjà, déduire de nos observations pour 
la thérapeutique chirurgicale (c’est-à-dire pour le pansement des plaies) des 
indications précises. 

Re narquons tout d’abord que les ferments pathogènes sont, presque sans 
exception, plus fragiles que le ferment lactique, et que, par conséquent, il 
est vraisemblable qu’ils seront, plus encore que le ferment lactique, suscep- 
tibles d’être atténués dans leur action par ces faibles influences thermiques. 

Remarquons encore que la température de 52°, et même celle de 54°; 
est supportable à la peau pendant plus d’une demi-minute; à plus forte 
raison, cette température sera-t-elle bien tolérée par les plaies, car la peau 
est de tous les organes le plus sensible à l’action de la chaleur. L’un de 
nous (*) a d’ailleurs antérieurement montré qu’on pouvait injecter, dansle 
périloine ou dans la plèvre, de l’eau à 58° sans provoquer de douleur et de 
réaction, pourvu que la quantité du liquide chaud injecté ne soit pas trop 
forte (?}. 

Assurément on trouverait, dans la pratique de certains chirurgiens, 
l'usage de liquides très chauds employés pour l'irrigation des plaies; mais 


(1) Cuanses Rienex, {anocuité des injections très chaudes dans le péritoine ( Bul- 
letin de la Société de Biologie, t. 49, 1897, p. 640); 1nnocuité des injections d'eau 
chaude dans la plèere et dans le poumon (1bid., t+ 49, 1897, p, 697). 

(°) En protégeant la peau saine par un enduit de vaseline refroidie, on pautat 
qu il y ait de douleur, faire un lavage avec de l’eau à 54° ou 55° pendant près d'une 
minute. Quant aux bourgeons charnus des plaies, ils supportent, sans que le malade 
en soit incommodé, des irrigalions très chaudes aussi. Il faudra, d’ailleurs, toujours 
s'assurer que l’eau arrive à une température suffisamment élevée; car elle se refroidit 
rapidement par les tubes et drains de lavage. Un dispositif très simple DNET de 
connaitre exactement la température de l’eau qui sort par le tube. 


SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1916. 959 


jamais ces méthodes exceptionnelles n'ont m généralisées ou vodsfées. 
Pourtant, d’après ce que nous venons de voir, en effi à quel 
d'intervalle des irrigations par des ue aussi chauds que la plaie 
peut les supporter, on doit arriver à la stérilisation rapide des plaies les 
plus infectées. 

Ajoutons que cet effet atténuateur des brèves températures se prolonge 
pendant très longtemps. Une de nos expériences les plus nettes a porté sur 
des liqueurs qui n’ont commencé à fermenter que 48 heures après l'appli- 
cation de la chaleur. ; 

Aussi croyons-nous devoir très fortement insister sur cette extrême 
susceptibilité des végétaux microbiens aux actions thermiques, même 
minimes. 

Cette action des chaleurs brèves et modérées, si intéressante au point de 
vue de la biologie générale, est bien importante donc au point de vue des 
applications à la chirurgie pratique et à la chirurgie de guerre d’aujour- 

"hui. 

H sera permis à des physiologistes d'appeler l'attention des chirurgiens sur 

ces faits. 


Li 
HYDRAULIQUE. — Au sujet des coups de bélier dans une conduite forcee, 
formée de deux sections de diamètres différents. Note de M. DE Sparre. 


J'ai précédemment ('), pour le cas d’une fermeture brusque, examiné 
le cas d’une conduite formée de trois ou de deux sections de diamètres dif- 
férents, dans le cas où la durée de propagation est la même pour les diffé- 
rentes sections. Je me propose, dans ce qui va suivre, d'examiner le cas 
d’une conduite formée de deux sections de longueur quelconque et pour 
une loi de fermeture également quelconque. 

Soient : /, d et a la longueur, le diamètre et la vitesse de propagation, pour 
la section voisine du distributeur; l, d’, a' les mêmes quantités pour la sec- 
tion voisine de la prise d’eau ; À le rapport de la surface ouverte du distri- 
buteur, à un instant quelconque, à celle correspondant à l'ouverture 
complète ; ¢, la vitesse de régime dans la première section voisine du distri- 
buteur, lorsqu'il est complètement ouvert; v cette vitesse à un instant 
quelconque. 


(!)- Comptes rendus, t 156, 1913, p. 1521, et Rapport au deuxième Congres de 
la Houille blanche. 


960 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Si y est la pression en hauteur d’eau, on a, comme on sait ('), en un point 
situé à une distance æ du distributeur, 


(1) r=r+E(-e)-r(r+5) 
(2) on Er (1—2) ssh z) j: 
Si é (4) désigne le coup de bélier au distributeur, qui est égal à y ENT 


on aura en ce point 
E(t 
dis + A }, 
Jo 


ou, avec une approximation suffisante, si le coup de bélier ne dépasse 
pas environ la moitié de la pression statique, 


(3) | o=o (1 a): 


2yo 


En faisant alors x = o dans les équations (1) et (2), tenant compie de la 
relation (3) et posant de plus 


(4) AETI 

on aura 

(5) o FU = py [AAA] SEC) Ae], 
(6) YASANAN E eet o T 


D'une façon semblable, si y' et o’ désignent la pression en hauteur d’eau 
et la vitesse, en un point de la seconde section, voisine de la prise d’eau, 
on aura 


(7) Dre (et) - r (t+ +2) 
ooo vaser) 


D'ailleurs, la pression doit être la même à la jonction (°), qu’elle soit 
exprimée par la formule (1) pour æ = /, ou par la formule (7) pour x’ = 0. 


(1) En vertu de la théorie de M. Allievi. 

(°) Ceci n’est qu'approché, car toute variation de vitesse, s’il n’y a pas de perte de 
charge, entraine une variation de pression; mais, pour le cas actuel, cette variation 
est complètement négligeable, 


SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1916. 961 


Si, par suite, on pose 


(9) o= 2°, 
on aura 
(10) e(t) -s (i+ t =)=F (tyf (i. 


On aura de plus, par l'équation de continuité, pour deux points des deux 
sections, voisins de la jonction, 


(41) vs, Rp. 
Ces équations, si l’on pose de plus 
(12) AZ — > 


donneront, en tenant compte de raon (8) ou l’on fait z’ = o et de 
l'équation t ) où l’on fait æ =}, 


a33 afe (1f) i) |= roro. 


D'ailleurs, pour +’ = /', équation (7) donne y'= y,. On doit donc, si 
lon pose 


(14) ne, 


a'l 


$ g'\ r No 
e(e=F) =+) 
: 

ou, en changeant ¿ en {— <> 

(15) J (t) = F' (t — 0). 


Nous déduirons alors des équations (10), (13) et (15) 


(16) Poe trh i)e à), 
(17) Fe 8) — Ep e ere). 


Nous remarquerons d’abord que, du moment qu'on suppose que l'oscil- 
C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N°, 26.) 125 


962 ACADÉMIE DES SGIENCES. 
lation qui se produit est l’oscillation fondamentale, on a 
fuys o pour 4£0. 
On a donc pour la première période de durée 0, en vertu de (6), 
(18) E = apy SE 
Pour là même raison, poar 2 z PEYE $ oû À 


Ftb yo; 


et l'équation (17) donne par suite 


f 0 / GA 
(TF S ley z ts ns 2 Li 3] sn à 
Si, par suite, on pose 
iantel 
(#9) LEE ea 


: i Fe 9 
et si, dans l'équation précédente on change ¿ en £— =; on aura, pour 


G<:<0 +0, 
Jit) — BF(t— 0) —o. 


Remplacons dans cette relation /(4) et KF(4 — 0) par leurs valeurs tirées 


de (5) et (6) : nous aurons, pour 0 <#<0 + 0, 


ne Lo AE D AR | (pka 
ak A ja p] PPS Je Fes À anir É 
(20) (0) ap Jo- 1+ oA) pate?) 1+0À(() 


Les formules (18) et (20) permettent de calculer de proche en proche le 


coup de bélier pour 4=0 + 0. 
Supposons maintenant {> 0 + 0’. Si, dans la formule (16), nous chan- 
geons £ en (4 — 0) et si nous égalons la valeur de F(z: — 0) ainsi obtenue à 


sa valeur (17), nous aurons, en tenant compte de (19), 
G { 9 6 Q 
is Aaa Fin Pa LT 1. Bi, g n tree Le 
F(e ÿ — =) 8 f(: patys) mr (e :) 


: 0 
Si, dans cette formule, nous changeons ż en / — -, nous aurons, pour 


t>, 
Fyre Pera 6 —0)+ p fla ER Imb). 


Si, dans cette formule, nous remplaçons f et F par leurs valeurs ( 5) 


SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1916. 963 


et (6), nous aurons 


A(t — 0—0) — Al) u(i = Ohms A(t — 6) 


Frs 1+paA(t) 
1—0À(t—9— 0) 
“aus ares 1H pA(é) tré fem t 
se a adi D 5 ı—9}(t— 1), 
1+pÂA(t) ae 1+ 6A(t) UE 


formule absolument générale qui, quelle que soit la loi d'ouverture ou de 
fermeture, permet de calculer le coup de bélier à un instant quelconque, 


pourt >0 +0. 


THERMODYNAMIQUE. — Sur une forme de la fonction de la température dan s 
l'équation d'état de Clausius. Note de M. E. Aniès. 


Clausius a été amené à donner, pour l'acide carbonique, la forme h à la 
fonction &(T) de son équation ('). Sarrau a étendu lempłoi de la même 
fonction à l'oxygène, l'azote, le méthane et l’éthylène, et a pu caleuler les 
- valeurs des constantes K, «, 8, de façon à bien représenter la compressibilité 
des cinq gaz, d’après les expériences très étendues d’A magat. Ces premiers 
résultats ont conduit à attribuer une importance réelle à l'équation de 
Clausius ainsi précisée, et à la regarder comme suffisamment approchée 
pour tous les corps. 

[l est cependant bien certain que la formule plus générale 

RT K 

la détermination de lexposant n étant laissée à l’expérimentation, sera 
plus apte à donner une représentation satisfaisante des faits observés. Cette 
généralisation, loin de compliquer la recherche de l'équation la plus con- 
venable pour chaque corps, simplifie au contraire le problèmé, tout en lui 
assurant une solution plus exacte. 

Les variables réduites sont, dans ce cas, 


(1) RFA 


aJyRi o— g Sy p 
(2) — He pri, Y - P. 


PE 1 


(+) Voir pour les notations et formules notre précédente Note te rendus, 
t. 168, 1916, p: 737). 


964 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Ces relations donnent, pour le point critique (T;, ve, Po), 


3 PS 277R n+ PERE A Cen s S7 F 
(5) E T ; oy Eds R T 
et les variables réduites peuvent se mettre sous les formes 


n+1 Ed k RE 
(4) +-(+) z y=2 t a SENS ART En nti 


La formule qui donne la chaleur de vaporisation devient 


$ E = ak I I 
(3) T s log - De T (— 3 Here z) ; 


soit, en fonction des variables réduites, 


M Spa ae Lo sato), 
BE Sr (yit! Vati, 

Cette dernière formule permet de calculer simplement, à l’aide de la 
Table de Clausius, la valeur de la constante n la plus convenable pour un 
corps dont on connaît seulement la température critique et quelques 
chaleurs de vaporisation, sans qu’on ait à se soucier de la valeur à attribuer 
aux constantes q, 5, K dans l'équation d’état qu’on cherche à établir. Après 
l'essai de ps exposants, et par des approximations successives, On 
aura vite trouvé la valeur de z qui donne l'accord le plus satisfaisant entre 
les valeurs de L calculées et observées. 

Quand on connaîtra, en outre, la pression critique et la tension de la 
vapeur saturée pour quelques températures, on pourra contrôler la valeur 
assignée à n, en se servant de la troisième formule (4) qui donne 


so Ki 
P = TZ. 


la valeur de Z étant celle à prendre dans la Table de Clausius, et qui corres- 
= n+1 x 
pond à la valeur de x = (x) . 
Le nombre z étant ainsi fixé, on pourra tirer des formules (3) les valeurs 
de K et de y, qui sont 
e 27 2TA2+1 Re RT 
K = gg Re Tai, = 


Cette méthode, qui permet de déterminer séparėment les constantes de 
l'équation (1), est évidemment supérieure à celle dont on s’est servi jusqu'ici. 


SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1916. 965 
Il est à présumer qu’elle n'aurait pas donné pour les cinq gaz, oxygène, 
. . r , Ç] t . K 
azote, acide carbonique, méthane et éthylène, à la fonction ọ, la forme T 
que Sarrau s'était imposée, a priori, et qui est encore aujourd'hui consi- 
dérée comme applicable à tous les corps. Il est à prévoir, au contraire, 
que les corps doivent être classés en séries pour lesquelles l’exposant 2 serait 
le même. 
La séparation de y en ses deux parties æ et 6 offre des difficultés. La 
deuxième des sunie (3) donne bien pour le covolume x 
: mo RT, 
CR Page à Pre PS à 
Mais la détermination de v, par l’observation est, en général, incertaine, 
et vient fausser la valeur toujours très petite de &. Si l’on pose v, = Na, 
la formule précédente établit entre Les trois données critiques la relation 
Aie - N 
SH Te AN 
Suivant qu’on pose $ —o avec Van der Waals, ou a =0, N =3 ou 
devient infini, et l’on a, suivant le cas, 


. + yo . 
Pour tout partage de y en deux parties positives, = reste compris 


PATT : I , winde 
entre ces deux limites et ne varie que de £ R. C’est ce qui explique que 


Clausius d'abord, Sarrau plus tard et d’autres savants aient signalé le peu 
d'importance que pouvait avoir une évaluation bien exacte du covolume 
dans les équations d'état, et nous avons vu, plus haut, que toute erreur 
sur ce point était sans inflheñvé dans l’étude des vapeurs saturées. 

Les trois formules (4) peuvent s’écrire 


1 1 
(2) A Sn e (tie) Boo a 
airs À — e ? 
j : Ve aN e 


Si koh fait, comme Van der Waals, 6 =o, c’est-à-dire N =3, on 
aura — =% = i 


, et les trois formules ci-dessus expriment qu’à une même 


alens des variables réduites, r P; et À — - ont la même valeur pour tous 


les corps d'une même serie. 


966 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


C’est la loi fondamentale de Van der Waals sur les états correspondants. 
Il n'avait pu la formuler en séparant les corps en groupes d'une même série, 
parce qu’il supposait que tous les corps appartenaient à une seule série 
correspondant à n = 0, et qui ne comprend, vraisemblablement, que les 
corps monoatomiques. 

Cette belle loi des états correspondants a donné lieu à tant de déductions 
confirmées par l’expérience, qu’on ne saurait la révoquer en doute : ce qui 
conduit à cette conclusion que si, dans l'équation (1), B n’est pas à supposer 
nul, comme dans l'hypothèse qui vient d’être faite, il doit être avec a dans 
un rapport tel qu’à chaque valeur de n corresponde une seule valeur de N, 
car alors, et alors seulement, à une valeur déterminée des variablesréduites 


` r . 3 
correspondra, d’après les équations (7), pour rs comme pour y el 
c 


pour P? une seule valeur applicable à tous les corps de la série, et la Loi de 


Van der Waals sur les états correspondants sera observée. 

N serait donc une fonction de n, et, d’après la formule (6), ~ Lite aurait, 

à 3 
pour tous les corps d’une même série, une valeur unique comprise entre R 
I ; i 3 x 5 

et 7Ps ce qu'on peut admettre jusqu’à plus ample information, vu la 
difficulté d’une vérification par lexpérience, difficulté qui est bien faite 
pour autoriser cette hypothèse. 

Mais la détermination de l’exposant z est plus + notre portée pour un 
grand nombre de corps, et sans qu’il soit nécessaire de recourir à des expé- 
riences nouvelles. On trouvera, au Recueil des Constantes physiques, tous 
les éléments nécessaires à cette détermination qui conduira, sans doute, 
des résultats intéressants. 


CHIMIE PHYSIQUE. — Homogénétté de dilatation de l'invar. 
Note de M. Cn.-Ép. GuiLLaune. 


Le minimum par lequel passe la dilatabilité des ferro-nickels est très 
accentué, de telle sorte que les écarts de la teneur par rapport à celle de 
l’invar proprement dit amènent rapidement à des valeurs sensiblement 
plus élevées de «. Les additions d’autres métaux ou métalloïdes, dont plu- 
sieurs (Mn, C, Si) sont nécessaires à lPobtention d’alliages forgeables, 
élèvent le minimum lui-même, et, comme on ne peut jamais régler exacte- 


SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1916. 67 


ment la composition d’une coulée industrielle, la dilatabilité varie de façon 
appréciable d'une coulée à l’autre, Il est donc nécessaire, pour l'usage des 
arts et des sciences dé précision, de déterminer par une expérience directe 
la dilatabilité d’un échantillon prélevé sur chaque coulée. 

On peut même se demander si une semblable détermination, faite sur un 
échantillon, suffit à caractériser parfaitement une coulée, puisque la dita- 
tabilité dépend non seulement de la composition, mais aussi, dans une large 
mesure, du traitement subi par un morceau donné d'invar. 

La réponse à cétte double question est fort importante pour une foule 
d'applications; j’en mentionnerai trois, parmi les plus fréquentes : 


1° La détermination de la dilatabilité d’une règle géodésique de 4" de 
longueur est une opération très pénible et coûteuse; on la remplace donc, 
autant qu'il est possible, par une détermination faite sur une règle de 1" de 
longueur, prise dans le même lingot, et soumise au même traitement; 

2° L'établissement, en grandes séries, des pendules à tige d’invar, est 
rendue très simple et très économique par l'application, à un grand nombre 
d'instruments, d’une compensation identique, réglée sur une tige issue 
de la même opération métallurgique ; 

3° Pour les usages de la géodésie, on tréfile de manière uniforme les 
coulées d'invar les mieux réussies, et l’on étudie, sur un ou plusieurs 
échantillons de fil, la dilatabilité, dont la valeur est ensuite appliquée à la 
réduction de toutes les observations faites au moyen des fils de même 
origine. 


Pour les fils, une circonstance accessoire vient compliquer le problème. 
En effet, tant qu'il s’agit de pièces de dimensions notables, l’hétérogénéité 
locale peut se fondre dans une hômogénéité moyenne, conduisant à réaliser 
l'identité des propriétés globales; si, «a contraire, les échantillons sont de 
faibles dimensions, l’hétérogénéité locale demeure apparente, et intervient 

dans les résultats des observations. Ainsi, pour les spiraux des montres, 
dont l'épaisseur est de l’ordre du centième de millimètre, les écarts de 
composition sont bien évidents. Pour les fils géodésiqures, dont le diamètre 
est de l'ordre du millimètre, la question qui se pose ne peut être résolue 
que par une recherche directe. 

Me; expériences relatives à l’invar naturel ont porté sur des prises faites 
sur deux coulées, l'une au creuset, de 300 environ, l’autre an four, 
de 6500"6, réalisées toutes deux à Imphy. Des tiges issues de lingots diffe- 


968 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


rents, obtenus au moyen de ces coulées, ont été étudiées au comparateur, 
entre o° et 38°. Dans les deux cas, la dilatation totale a été trouvée, entre 
ces limites, tellement semblable, qu’on est obligé d'admettre, dans les 
expériences, une part d'heureuse chance. 

Pour les fils, j'ai prélevé des échantillons sur quatorze couronnes, de 
quelques centaines de mètres chacune, provenant d’une même coulée, et 
tréfilées dans une même opération, puis étuvées ensemble. 

Pour l’étuvage, les fils géodésiques sont enroulès sur une chaudière 
spéciale, dans laquelle l’eau est d’abord maintenue en ébullition pendant 
quelques jours, puis refroidie graduellement pendant trois mois environ. 
Le tout est convenablement isolé vers l'extérieur. 

Dans l'opération actuelle, les fils formaient neuf couches successives, 
comptées de l’intérieur à l'extérieur; la couche n° 1 était en contact direct 
avec la chaudière. 


Résultats. 
Échantillon. Couche. de Échantillon. Couche. Age 
A T . 10 +0,08.10 res 5 +0,08.10:"° 
Li Mie ns 9 0,00 Ro a 4 +0,00 
NE dr 8 +0,10 Ur a. 4 +0,11 
MiIGIUU. 8 +0,13 | Fr 8.6. 2 +0,03 
Dahe e ao 7. +0,10 S A 13 +0,03 
Bas. 17 +0,05 Ietiiare 2 +0,04 
fose re 6 +0,03 Mis I +0,12 
Moyenne... +0,907:.10 © Moyenne.... +0,07.107° 


Les moyennes ont été faites séparément sur les valeurs correspondant 
aux fils des cinq couches intérieures et des cinq couches extérieures, afin 
d'examiner la possibilité d’une hétérogénéité d’étuvage, nettement contre- 
dite par l'identité des résultats moyens. 

Les écarts individuels excèdent certainement les erreurs possibles des 
mesures, qui mettent ainsi en évidence une très faible hétérogénéité de 
dilatation; cependant, les différences sont si petites que, si l’on adopte la 
valeur moyenne, l'erreur maxima resterait sensiblement inférieure au 
millionième pour une variation de la température de 10 degrés en plus ou en 
moins de la température de définition. L'écart probable des dilatabilités 
n'est que de +0,02.107"; l’erreur probable pour une variation de 10 degrés 
dans la température est, par conséquent, de 2 dix-millionièmes seulement. 

En résumé, malgré les causes multiples qui agissent sur la dilatabilité 


+ 


SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1916. 969 


de l’invar, on est parvenu, par des opérations bien conduites, à une hémo- 
généité permettant, même pour des mesures très précises, d'admettre 
l'identité entre l'échantillon que l’on étudie et celui que l’on utilisera. 


PHYSIOLOGIE. — Production expérimentale d'extrasystoles ventriculaires 
rétrogrades et de rythme inverse, par inversion de la conduction des excita- 
tions dans le cœur. Note (') de MM. J.-P. Morar et P£rzerakis. 


On donne le nom d’extrasystoles à des contractions du cœur, qui se pro- 
duisent hors de son rythme normal. Elles manifestent l’existence d’excita- 

tions survenant à des moments sans rapport régulier avec la périodicité habi- 
tuelle de ses battements. Expérimentalement on les produit, comme l’a 
montré le premier Marey, en distribuant sur la surface du cœur des chocs 
d'induction ou des piqûres de pointes d’aiguilles qu’on fait agir dans l’in- 
tervalle des systoles ordinaires. 

L’excitation de l'oreillette produit une systole auriculaire. L'excitation du 
ventricule produit une systole ventriculaire. L’excitation de l'oreillette, en 
se propageant au ventricule d’après les lois ordinaires de la conduction, 
produira secondairement une extrasystole de ce dernier, qui, par rapport à 
la systole normale antécédente, se comporte chronologiquement comme la 
systole auriculaire par rapport à la précédente. La transmission de deux 
contractions (l’une normale, l’autre extra-normale) se faisant sensiblement 
avec la même vitesse, le retard de la seconde sur la première sera le même 
pour les deux cavités. Tout ceci bien connu étant rappelé, si l’on excite le 
ventricule, que se passera-t-il du côté de l'oreillette? Nous avons réalisé 
l'expérience dans des conditions particulières, qui donnent au phénomène 
une grande évidence et qui pour cette raison nous paraissent mériter d’être 
signalées. 

Nous avons opéré sur des chiens, auxquels la moelle épinière avait été ` 
préalablement sectionnée au niveau de la septième vertèbre cervicale, ou 
même la première dorsale. On voit alors que l’animal, en dehors d’autres 
phénomènes, présente une baisse de la température (elle peut tomber en 
quelques heures à 20°-18°), en même temps que différents troubles du 
rythme, parmi lesquels le phénomène du ralentissement du pouls prédo- 
mine. On observe aussi une lenteur marquée de la respiration. Le cœur 
peut continuer à battre après la poitrine ouverte. Le rythme cardiaque 


(1) Séance du 4 décembre 1916. 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 26.) 126 


; Det 
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sis & bis p 
. .— .—— 
[ai È a o 
o = 
oO > © =] 
Fig. i. — Estrasystoles te sak P LÉ br s. — Chien présentant une bradycardie à Ja 
suite de la section 2 gr moelle cervicale. La température est encore normale, On y voit deux saules Sa 
systoles provoquées par une excitato He pe du ventricule reon qui yen suivies s des ë extrasys 
auriculaires d’origine rene comme on peut se rendre compte d’après les repères. À SNE 
quer aussi Paugr n de la systole auriculaire et véntcdiire post- TAAN et les phé- 
nomènes d'alte “ere 
Fi ythme ‘inverse. — Sur la moitié supérieure du tracé est représenté le rythme car- 
laque d'am chien à moelle sectionnée (septième. cerv icale ) el pu la A esperaire a commencé à 


desee ndre. Le rythme cardiaque est très jent, . de 40°-/45° envi ies 
r la moitié inférieure, prise sur le r cylindre r avec la m ème vitesse, on a porté des 


; ues C r s 
puis on porte des excitations sccesiivos et le plas ou olas vitnsé dans la ph ase diastolique du 
ventricule. On y voit à la suite que le ventricule répond et chaque contraction ventriculaire se 
suivie d’une systole auriculaire, qui est Le ge ee plus non 'amplita ude. Il y a là un eite 

jthme inverse Après cin , excitations, on s la fin cé une systole Ventoli, à 
doute app suivie d’une contraction de Toretta, très à ohébiees due à une condu ction 
rétro 


Son URL À 


À 


SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1916. 971 


varie entre 60-50-35. Les sujets ainsi traités prennent le caractère des 
animaux à sang froid, suivant la remarque très profonde de Claude Bernard. 
Dans ces conditions, l’espacement des contractions du cœur devient tel 
que, si l’on choisit convenablement au cours de la diastole la place de l’exci- 
tation, la transmission rétrograde de-l’extrasystole du ventricule à l’oreil- 
lette a le temps de se réaliser et se marque nettement, sur le tracé, par une 
systole de plus faible amplitude que la systole normale. | 
Nous n’insisterons pas ici sur les phénomènes : d’automatisme ventricu- 
laire post-extrasystolique, d'alternance post-extrasystolique, ou l’augmen- 
tation en amplitude de la systole post-extrasystolique. Nous signalerons seule- 
ment qu’en portant des excitations de plus en plus fréquentes et continues 
sur la surface du ventricule, on arrive à accélérer son rythme, en même 
temps que le rythme auriculaire. Mais, en pareil cas, la systole auriculaire 
vient après celle du ventricule et nous avons ainsi un véritable rythme inverse. 
Ces expériences, telles quelles, ne préjugent rien sur la nature nerveuse 
ou musculaire de la voie de transmission de l'excitation, qui s’est de la sorte 
propagée à contre-sens de son cours ordinaire. Elles la montrent seulement 
très évidente, et c’est en cela que réside leur intérêt. Que ce soit du reste 
l’un ou l’autre des deux tissus qui la transporte, nous ne voyons pas qu'il 
y ait de fin de non-recevoir à opposer à la possibilité d’une inversion de la 
conduction. A ce sujet nous rappelons que l’irréversibilité fonctionnelle des 
cycles de l’organisme, sur laquelle l’un de nous a particulièrement insisté à 
propos du système nerveux, et la conductibilité dans les deux sens dont 
on peut donner d’autres preuves, ne sont pas des données contradic- 
toires. La première est un caractère qui appartient aux ensembles, aux 
systèmes; la seconde est une propriété de leurs segments composants. Un 
phénomène irréversible peut être composé d’éléments individuellement 
réversibles. L'appareil circulatoire, par exemple, nous montre un système de 
canaux, dans lesquels la pression et le cours du sang, en certaines régions, 
changent parfois de sens, alors que le courant général est maintenu constant 
par un appareil de valvules disposées dans certains lieux choisis, tels que 
inversion y est impossible. ; 


PLIS CACHETÉS. 


M. Jean Boucuox demande louverture d’un pli cacheté reçu dans la 
séance du 10 juillet 1916 et inscrit sous le n° 8296. 


972 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Ce pli, ouvert en séance par M. le Président, renferme une Note relative 
à la Désinfection des plaies de guerre. 


(Renvoi à la Section de Médecine.) 


CORRESPONDANCE. 


M. Came FLamwariox adresse un Rapport sur l'emploi qui a été fait 
de la subvention accordée par l’Académie des Sciences à l'Observatoire de 
Juvisy en 1916 sur la Fondation Loutreul. 


M. Cu. pe La Varge Poussix, Mi: Taérèse Rogert, MM. Bawzer, Aue. 
Barsey, J. Boccarni, H. Buissox, J. Cocera, E. Couvreur, P. Dumanois, 
Cu. Fasry, Le Marecor, Epmoxp Serçexr, R.-J. WeissexBacu adressent 
des remerciments pour les distinctions que l'Académie a accordées à leurs 
travaux. 


MM. Arsenr Corso, Aueusrix Mesvacer adressent des remerciments 
pour les subventions qui leur ont été accordées sur la Fondation Loutreutl. 


M. le SecrÉéraiRe PERPÉTUEL signale, parmi les pièces imprimées de la. 
Correspondance : | 


1° Mission scientifique au Soudan, premier fascicule, par Henry Huserr. 

2° Automobiles, camions et tracteurs. Principes et utilisation, par L. DE 
MoxrGrann. , ; 

3° Nouvelles Tables trigonométriques fondamentales (Valeurs naturelles ). 
Tome deuxième. Ouvrage publié à l’aide d’une subvention accordée 
par l’Université de Paris sur la Fondation Commercy, par H>. Anvover. 

4° Études géologiques sur la région septentrionale du Haut-Tonkin ( feuilles 
de Pa-kha, Ha-giang, Ma-li-po, Yén-Minh), par J. Deprar. 

5° Études comparatives des Fusulinides d’ Akasaka (Japon) et des Fusuli- 
nidés de Chine et d'Indo-Chine), par J. Derrar. 

6° Plusieurs fascicules des Mémoires du Service géologique de l'Indo- 
Chine, rédigés par M. Maxsux et relatifs à la Paléontologie et à la Paléo- 
botanique du Tonkin, du Yunnan et du Laos. 


SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1916. 973 


GÉOMÉTRIE. — Sur une construction de la sphère osculatrice et du rayon de 
torsion en un point de la courbe d'intersection de deux sur faces données. 


Note (') de M. S. Maxeror. 


Je considère deux surfaces données S,, S, et un point O de leur inter- 
section C où elles aient des plans tangents distincts et connus. Je me pro- 
pose d'indiquer un mode de construction du rayon de torsion T et du 
centre I de la sphère osculatrice de la courbe C au point O. 

n étant l’un quelconque des deux nombres 1, 2, soient OA la tangente 
à C au point O; Og,, la normale en ce point à la surface Sp; g,, le centre 
de courbure, en ce même point, de la section de cette surface par le plan 
des deux droites OA, Og,; w, la projection de O sur la droite g, g,. 

Le point w est le centre de courbure de la courbe C au point O, et le 
point F appartient à la droite g, g,, axe de son cercle de courbure. 

J’envisage la section c, de la surface S, par le plan osculateur w OA de 
la courbe C, la conique osculatrice de cette section au point O, et le 
point a, de OA qui est le pôle, par rapport à cette conique, de sa normale 
en O. Soient P un point de la droite OA infiniment voisin de O, et M, le 
point de 5, qui se projette sur cette droite au point P. La longueur PM, 
est une fonction dé OP dont la dérivée troisième a pour limite une quan- 
tité #, qui admet cette double interprétation géométrique : au signe près, 
elle est égale à trois fois Finverse du rectangle des deux longueurs Ow, 
Oa,, et elle représente le rapport de la longueur lg, au produit de T 


par Oo . Si elle est nulle, on a T g, = 0, Oa,==+. Quand les deux quan- 
tités ?,, #, sont l’une et l’autre différentes de zéro, suivant qu’elles ont le 
même signe ou des signes contraires, les deux points O, F sont en dehors 
des segments 4,4,, g,g, Ou sur ces segments eux-mêmes. En rassemblant 
ces résultats, qu’on peut vérifier, on est conduit aux formules suivantes 


Oa, x Oa, 
ME PER nt À 
PAPA 


3T x Oo = Fe, x Oa=Tg x Ou gigs 


.qui donnent une MR immédiate de T et de T lorsque l’on connaît 
les quatre points g,, Z2, 4, 
Que, b., ba, b; étant trois Sani de ig normale principale Ow de C tels 


(1) Séance du 11 décembre 1916. 


974 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


qu'on ait 
is Ogi X UG 

Ob,—= Ou; Où Os, nb. Obs ans 
on élève, sur cette droite, et en chacun, be, de ces points, une perpendicu- 
laire dans le plan noirs de la courbe; si g,, et T, désignent les points de 
rencontre de cette perpendiculaire avec la droite Og, et la normale OT à la 
sphère osculatrice, cette normale sera parallèle à la droite g,,2,,, et le 
rayon T sera le tiers de la longueur g, , g,,, comme aussi de chacune des 
deux longueurs F,g,,, F,g,, qui ne sera pas nulle. Les points g,, g,, 
w n'interviennent pas eux-mêmes dans ces opérations. 

Lorsque la surface S, est algébrique, le point a, peut ètre obtenu de la 
manière que je vais indiquer. D'abord, si la surface est du second ordre, ce 
point se définit comme le pôle, par rapport à la conique 5,, de sa normale 
en Q, et il peut être déterminé par l'intersection À de la tangente OA avec. 
le plan qui touche la quadrique sur la normale principale des C. Je suppose 
l'ordre u de S, supérieur à 2. Je prends : 1° le point A de OA construit 
comme il vient d'être dit au moyen de la quadrique polaire de O par 
rapport à S,; 2° le point d’intersection #, autre que O, de la droite OA 
avec S, si 1 égale 3, et, dans le cas contraire, avec la surface cubique 
polaire de O par rapport à S,. Si 4’ et k’ sont les extrémités des lon- 

OZ Ok 
eI ET 2 
ments OA, OZ, le point a, sera le conjugué harmonique de # par rapport 
à deux points dont l’un est le point O et l’autre le symétrique de O par. 
rapport à X. 

Le mode de construction que j'ai indiqué de F et de T s'applique d’une 
manière très simple à toute ligne de courbure d’une quadrique donnée de 
grandeur et de position, en regardant cette ligne comme l'intersection de 
deux cylindres du second ordre S,, S,. A l’aide de deux sections droites de 
ceux-ci, on construit immédiatement les points £,, 82 puis &,, &», par 
lesquèls on connait T et T. i 

On peut construire le rayon de torsion en un point O d’une ellipse sphé- 
rique située sur un cône donné du second degré dont le centre de courbure 
principal en ce point est g, et le sommet £,, en menant, dans le plan Og, 82; ; 
une parallèle à g, gy située à la mêine distance de O que le point où la nor- 
male en O à ce plan rencontre la polaire du même plan par rapport au cône. 
La portion de cette parallèle comprise entre les deux droites O g,, Og. est 
le triple du rayon de torsion. 


gueurs 


» comptées sur OA à partir de O dans le sens des seg- 


SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1916. 979 


La formule 3T x Ow =T g, x Oa, exprime une propriété dont jouit, 
en un quelconque O de ses points, toute courbe C tracée sur une surface 
donnée 5,. J'indique deux conséquences de cette formule. 

En chaque point d’une ligne géodésique d’une surface du second ordre, 
le rayon de torsion et la tangente de l’angle de la normale à la sphère oscu- 
latrice avec la normale à la surface sont dans un rapport égal au tiers du 
segment de la tangente à la ligne qui est compris entre son point de contact 
et son point de rencontre avec la droite conjuguée de cette dernière normale 
par rapport à la quadrique. 

Si deux lignes situées sur une surface sont tangentes entre elles et 
admettent le même plan osculateur au point de contact, leurs rayons de 
torsion en ce point sont dans le même rapport que les distances des centres 
de leurs sphères osculatrices en ce point à la normale à la surface en ce 
même point. 


ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les conditions de convergence des 
séries de Fourier ('). Note de M. W.-H. Youxe, présentée par 
M. Emile Picard. 


1. Dans un Mémoire des Rendiconti de Palermo (t. 31), M. de la Vallée 
Poussin a montré que les conditions classiques de la convergence des séries 
de Fourier peuvent être résumées en une seule plus générale, décou- 
verte par lui-même. Comme elle ne contient pas celle qui est le sujet de ma 
Note dans les Comptes rendus du 21 août, ilen résulte qu'il n’y a que deux 
conditions, celle de M. de la Vallée Poussin et la mienne, qui subsistent. 
Dans la présente Communication, je. désire faire quelques remarques 
au sujet des caractéristiques de chacune d'elles. 


2. Toutes les deux pourraient être regardées comme généralisations de la 
condition de Dirichlet. En effet, en prenant une fonction paire f(x) et con- 
sidérant la série de Fourier à l’origine, la condition de M. de la Vallée 
Poussin exige que l’expression 


(1) = t f(x) dx 


soit une fonction à variation bornée, tandis que la mienne demande que 


(') Séance du 15 décembre 1916. 


976 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


lexpression 


4 I x 
(2) +f dief 
"Y 
soit bornée. On voit de suite que si f(x) est, comme le demande Dirichlet, 
une fonction à variation bornée, ces conditions sont remplies toutes deux. 


3. Cependant, par sa nature méme, la condition de M. de la Vallée Poussin 
ne peui pas former une étape dans une suite continue de critériums en partant 
de la condition de Dirichlet. Quant à la mienne, il n'y a rien qui empéche de 
remplacer la première puissance de x par une puissance positive x quelconque, 
la condition de Dirichlet apparait alors pour q = o. 


1 


Cette proposition se vérifie lorsqu'on cherche à y appliquer le raison- 
nement de la Note citée plus haut. En effet, on n'y trouve rien à changer 
qui mérite la peine d’être relevé. Jl est ainsi permis de poser la condition plus 
générale que l'expression 


(3) + f lea (20) 


soit bornée. On voit aussi que si cette condition est remplie pour un certain 
nombre gq, elle l’est de même pour toute quantité plus grande. 


4. Quant à la condition de M. de la Vallée Poussin, on peut ajouter 
qu'elle ne fait partie d'aucune telle suite de critériums, même discrète; 
elle est, de ce point de vue, isolée. On ne peut pas y remplacer l’expres- 
sion (1), par exemple, par la suivante 

# 


(4) | LES edela; 


c'est-à-dire, on ne peut pas répéter le procédé par lequel on tire la con- 
dition de M. de la Vallée Poussin de celle de Dirichlet. Ceci résulte de la 
structure intime des séries de Fourier et de la nature de leur convergence. 

En effet, il ne suffit pas de constater que la série de Fourier d’une fonc- 
tion à variation bornée est convergente; la convergence est plus forte que 
d'ordinaire. La série converge déjà par les moyennes de Cesäro d’indice 
négatif > — 1. Or, pour que la série de Fourier de f(x) soit convergente 
en un point donné, il suffit que /(x) vérifie une certaine condition dans le 
voisinage du point. Pour qu’elle converge davantage, c’est-à-dire avec 


SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1916. 977 
indice négatif, la condition principale dans le voisinage du point doit être 
renforcée; aussi faut-il une condition accessoire sur /(æ) au dehors de ce 
voisinage. Dans le cas de Dirichlet et dans le mien, la condition principale 
est d'elle-même assez forte; pour assurer la convergence avec indice 
négatif >—1, on n’a qu’à ajouter la condition accessoire que /(æ) soit 
à variation bornée hors du voisinage considéré. 

La condition de M. de la Vallée Poussin au contraire, et même la condition 


. >C kg 2A 4 
classique que FI C } soit sommable, ont l'avantage d’être dépourvues 
a » 


d’un tel élément, superflu du point de vue de la convergence ordinaire; elles 
suffisent pour atteindre leur but, mais l’adjonction d’une condition acces- 
soire ne leur permet pas de le dépasser. L'opération qui conduit de la 
condition de Dirichlet à celle de M. de la Vallée Poussin entraîne une 
diminution de l'intensité de convergence; répétée, elle doit donc conduire 
à une plus forte diminution. L'expression (4) ne pourrait alors entrer dans 
une condition de convergence que par les moyennes de Cesäro d'indice 
positif. 

C’est la perte d'intensité de la convergence qui explique l'impossibilité (*) 
de généraliser la condition de M. de la Vallée Poussin dans la manière 
en question. D’autre part, ce qui rend possible la généralisation de la 
mienne, c’est le fait qu’une telle perte n’a pas lieu dans ce cas. 


5. Ilest entendu dans ce qui précède que /(x) est non seulement bornée, 
propriété contenue implicitement dans la condition (3), mais aussi qu’elle 
est simplement discontinue à l’origine. Cependant on peut remplacer cette 
condition par une autre, plus générale, en ne demandant l’existence-de la 
limite quand + s'approche de zéro, que de l’une des deux fonctions, par 
‘exemple, 
i- I a T 
à J fiæ)de, af da fi [(æ) de. 

Pour le voir, il est préférable d'employer la méthode directe, déjà 
adoptée dans mon premier Mémoire sur ce sujet (1911). Cette méthode est 
aussi plus logique et plus conforme à ce que j'ai dit dans la Note du 


(:) Il n’est pas dit qu'il soit impossible de généraliser la condition de M. de la 
Vallée Poussin en la prenant elle-même comme point de départ. 
C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 26.) 127 


978 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


23 octobre ('). L'avantage principal de la méthode de ma Note du 21 août 
est de laisser entrevoir la convergence par les moyennes de Cesàro d'indice 
négatif, Elle conduit en même temps facilement à un théorème pour les 
coefficients b, des sinus dans la série de Fourier, de sorte que l’analogie de 
cette série avec sa série alliée s’accentue encore davantage. 


6. Finalement remarquons que, conformément à ma Note du 23 octobre, 
les conditions plus générales exposées ci-dessus ($ 2) conduisent à des 
conditions plus générales analogues pour la convergence (C,) de la pième 
dérivée d’une série de Fourier. | 

Citons un seul exemple : on peut donner au second théorème du n° II de 
la Note du 23 octobre la forme suivante, plus élégante et plus générale : 
La seconde série dérivée converge (C,) dans un point x où f(x) possède une 
seconde dérivée généralisée, pourvu que 


Baf jdi fit uy = fir — uÿ—af(x) | 


soit bornée dans un tel voisinage de u — 0. 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur l'application de la théorie des equations 


intégrales à certains calculs relatifs à la stabilité des constructions (pro- 
bleme à une dimension). Note (?)de M. Barice, présentée par M. Jordan. 


Supposons qu'on ait à calculer une poutre soumise à des charges connues 
et à des réactions transversales dont l’expression est une fonction linéaire 
du déplacement du point d'application et de ses dérivées, comme c’est le 
cas d’un longeron supporté par des entretoises, de la poutre de rigidité d’un 
pont suspendu semi-rigide, du tablier d’un pont suspendu à haubans, des 
poutres de contreventement de ponts, etc. 

Si l’on appelle u(x) la charge réelle, inconnue, supportée par la poutre, 
f(x) la charge extérieure, donnée, et (æ, y, y’, y”, ...) la réaction élas- 
tique, on doit avoir 

u (a) =f le) = PEI YD d'os) 


(1) J'appelle l'attention du lecteur sur les fautes typographiques dans plusieurs des 
formules de la Note en question. On trouvera les corrections dans les Ærrata. 
(*) Séance du 4 décembre 1916. 


SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1916. 979 


ER ER ET. ++ désignant le déplassmentdn point æ et ses dérivées successives. 
Ņ est supposé linéaire en y, VY’ 

Supposons que l’on connaisse la ab d'influence p(s, £) de la fonction 
p(x, y, y', -.-) pour une charge réelle u(£)—1, c’est-à-dire la courbe 
représentative de la fonction W(æ, y, y, ...) lorsqu'on suppose la poutre 
soumise à une Charge unique, égale à unité, appliquée au pais d’abscisse £. 
On voit immédiatement que l'équation du jřoblëmiè pourra s'écrire 


1) u (x)= fay fete, Due. 


C’est une équation intégrale de deuxième espèce. On pourrait la résoudre 
par la méthode d’itération de Liouville et Neumann, qui donne pour valeur 
de u la limite de u,, définie par les relations 


u(æ) = f(æ), 
sd 
u,(æ)=fle)— | gix, Dune) dé. 


Cette opération s’effectuerait graphiquement de la façon la plus simple, 
une fois construite la ligne d'influence z = ọ (x, £). Mais elle devrait être 
renouvelée pour chaque répartition particulière des charges f(x). 

Appliquons, au contraire, la méthode de Volterra. Pour cela, nous con- 
sidérons l'équation intégrale particulière, dépendant du paramètre Ë, qui 
définit la fonction ® (x, €) réciproque de 5 (x, £) : 


‘| 
(3) D(x, tj Eple, E) f TEMETCENEE 
On sait qu’en formant l'expression 


t 
f eE te, id, 
on obtient la formule j 


| 
(4) u(æ)=f(2)— f D (x, E) f(E) dE. 


Cette formule montre qu'it suffira, pour avoir explicitement la charge 
réelle subie par la poutre, quelle que soit la répartition des charges f(x), 
de déterminer pour un certain nombre de valeurs £,, &,, ..., É, de Ẹ divi- 
sant l'intervalle (0, /)en intervalles suffisamment petits, la fonction ® (z, £), 
ce qui se fera aisément en appliquant à (3), en tousjles points £,, £,,...,6,, 
la méthode d’itération rappelée ci-dessus, 


980 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


L'examen de la formule (4) permet, en outre, de voir que ® (x, £) repré- 
sente la ligne d'influence de u, pour une charge extérieure égale à l’unité 
placée au point d’abscisse variable £. On peut donc énoncer le théorème 
suivant : 


Lorsqu'une poutre est soumise à des charges extérieures données et à des 
réactions élastiques exprimées en chaque point par une fonction linéaire de la 
déformation transversale et de ses dérivées, la ligne d'influence, pour une 
charge extérieure égale à l'unité placée au point £, de la charge réelle subie 
par la poutre au point x, esl représentée par la fonction réciproque ® (x, £) 
de la fonction 2 (x, £) représentant la ligne d'influence de la réaction élastique 
au point x, pour une charge réelle, égale à l'unité, subie par la poutre au 
point E. 


PALÉONTOLOGIE. — Sur de nouvelles espèces de Rhinocérotidés de l’ Oligocene 
de France. Note (!) de J. Repeuix, présentée par M. C. Depéret. 


Le gisement de Mammifères fossiles de Laugnac a été découvert par 
Vasseur qui l’a fait connaître par plusieurs Notes à l’Académie des 
Sciences (°). Parmi les nombreuses espèces signalées par notre regretté 
maitre se trouvaient deux formes de Rhinocérotidés: l’une que Vasseur, dans 
une première approximation, avait assimilée à l’Acerathertum lemanense 
Pom. (A. gannatense Duvernoy); une autre connue seulement par quelques 
pièces terminales des pattes postérieures, parmi lesquelles des métatarsiens 
très grêles. La première appartient au groupe des Brachypodinés de Osborn, 
conformément à l’o opinion émise par M. Depéret lors d’une dernière visile 
faite à Vasseur dans son laboratoire. L'étude détaillée que nous avons faite 
de ce Rhinocéros nous a montré qu'il s'agissait bien en effet d’un type de la 
famille des Brachypodinés, à grandes incisives (canines) inférieures tran- 


(*) Séance du 27 novembre 1916. 

(C) Découverte d'un gisement de Vertébrés dans l'Aquitanien supérieur de 
l'Agenais. L'üge géologique de la faune de Saint-Gérand-le-Puy (Comptes 
rendus; t. 155, 1912, p.987); Sur la faune de Vertébrés découverte dans U Aqui- 
tanien supérieur de l’Agenais (Comptes rendus, t. 155, 1912, p. 1119); Nouvelles 
découvertes paléontologiques dans l’ Aquitanien supérieur des environs de Laugnac 
(Lot-et-Garonne) (Comptes rendus, 1. 157, 1913, p. 1178). 


SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1916. 981 


chantes, à pieds courts et larges, à membres courts. Certains caractères 
toutefois font défaut comme la tridactylie. L'animal possède en réalité des 
pieds de devant tétradactyles, mais c’est là une simple modification évolu- 
tive. Nous proposons de l’appeler Teleoceras aginense. Nous avons reconnu 
une étroite parenté entre ce nouveau Rhinocéros, et le T. aurelianense du 
Miocène inférieur de l’Orléanais ('). Il y a presque identité dans la forme, 
la position et la taille des incisives externes inférieures (canines), dans 
celles des pieds et des membres courts et larges. 

Mais il y a aussi des différences parmi lesquelles la présence d’un qua- 
trième doigt aux pieds de devant, la forme des os nasaux allongés et 
pointus, qui rappellerait plutôt celle des Acerotherium tetradactylum et 
incisum par leur allongement, leur allure grêle et leur extrémité acu- 
minée. Leur disposition est d'ailleurs très différente de celle de l'animal 
de l’Orléanais. Le Teleoceras aurelianense Nouel a des nasaux séparés sur 
une longueur de 15°" environ, le T. aginense a des nasaux réunis sur toute 
leur longueur. La forme générale de la tête, d’après l'étude de trois bons 
exemplaires, est également très différente. La région occipitale est bien 
plus élevée, bien plus à pic sur la partie postérieure et la courbe du profil 
supérieur du crâne bien plus régulièrement descendante, moins ensellée 
que dans la forme de l’Orléanais. Une autre différence se montre dans la 
dentition : tandis que dans le T. aurelianense les prémolaires supérieures 
ont des bourrelets basilaires continus, chez le T. aginense ces bourrelets 
sont interrompus à la base de la seconde colline. Il y a là un fait dont il 
faut souligner l’importance : le bourrelet basilaire des molaires supé- 
rieures est en effet d'autant plus accusé, dans le groupe de Brachypodinés, 
qu’on envisage des types de Teleoceras d'âge plus récent. Le T. aurelianense 
du Burdigalien présente un bourrelet continu dans les prémolaires et 
interrompu dans les molaires, sur leur face interne; le 7. brachypus Lartet 
du Miocène moyen (La Grive-Saint-Alban, Sansan?) présente au con- 
traire un bourrelet bien développé, même autour de la face interne des 
molaires, et les molaires ou prémolaires connues du T. Goldfusst Kaup., 
du Miocène supérieur d'Eppelsheim, présentent encore une accentuation 
de ce caractère. Or le T. aginense montre au contraire une grande atténua- 
tion de cette particularité. Il n’a de bourrelets continus sur aucune de ses 
dents masticatrices supérieures : confirmation nouvelle, s’il en était besoin, 
de sa plus grande antiquité. 


(1) Voir C. Mayer, Thèse de doctorat ès sciences. Rey, imprimeur, Lyon, 1908. 


982 | ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Enfin nous pouvons ajouter, sans vouloir signaler toutes lés différences (1), 
que l’anticrochet, trés développé dans les prémolaires supérieures P, et P, 
du T. aurelianense, n'existe pour ainsi dire pas dans les prémolaires corres- 
pondantes du T. aginense. 

Les pièces les plus importantes qui nous ont servi d'objet d’études sont : 


1° Une tête À, entière, appartenant à un individu adulte mais relativement jeune 
n'ayant pas éncore poussé ses arrièré-molairés et mésurant 46°" dü milieu de la crête 
occipitale à l’extrémité des nasaux ; 

2° Une tête B, entière, á bips arinit à un divin un peu plus âgé, avec les artière- 
molaires à peine sorties de leurs alvéoles, et mesurant 54° au lieu de 46; 

3° Une tête C, appartenant à un individu plus âgé encore et montrant une belle série 
de dents masticatrices; 

4° Une autre tête D, la seule qui nous offre une série complète de dents comprenant 
la prémièreé prémolaire Pt et les arrière-molaires. 

Pour le squelette, il nous a été possible de monter quatre membres de ce nouveau 
type de Teleoceras (?) qui nous ont permis de nous faire une idée assez exacte de la 
taille du Rhinocéros de Laugnac, Le membre postérieur droit mesure en extension 
1®,12 de long, le gauche 1",09, Le membre antérieur droit mesure 1",07 ; lé gauche, 
avec l’omoplate en plus, 1",41. En comparant ces dimensions à celles d’un Rhinoceros 
unicornis dont le squelette, en position normale, a 1®,50 de haut, on peut évaluer la 
taille du T. aginense à 1,45, au niveau de l’omoplate, c'est-à-dire des premières 
vertèbres dorsales aux longues apophyses. 


Indépendamment de ce type et du Rhinocéros à doigts grêles signalés 
par Vasseur, une fouille pratiquée à Nicot, près de Laugnac, avait mis à 
jour de nouveaux débris et, entre autres, une série à peu près complète de 
molaires supérieures appartenant à une espèce différente ou lout au” moins 
à une mutation. Ces dents se distinguent de celles du 7. aginense par la 
présence d’une crista, caractère qui ne se retrouve dans les formes 0ligo- 
cènes que dans Acerath. tridactylum de White River, Le bourrelet basilaire, 
peu accusé dans l'animal de Laugnac, est ici très développé dans les pré- 
molaires et à peine interrompu dans certaines molaires (M,). Les dimen- 
sions des dents notablement inférieures, malgré l’âge avancé de l'individu, 
indiquent un type moins fort. Ces dents offrent en outre un autre carac- 
tère différentiel d'avec le T. aginense : elles ont un anticrochet très net et 
particulièrement développé dans P, et P, et les deux collines transverses se 


(*) Une description détaillée avec 15 planches en phôtotypié paraîtra sous peu. 
(?) Ge montage a été fait avec beaucoup d’habileté par M. Doumens, employé du 
aboratoire, 


> 


SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1916. 983 


soudent rapidement en dedans en obstruant la vallée médiane. La crista, 
très développée même dans les prémolaires, se soude au crochet en pro- 
fondeur en isolant, suivant le degré d’usure, un petit entonnoir médian. 

Ainsi le gisement de Laugnac decouvert par Vasseur contient les restes d'au 
moins trois formes nouvelles de Rhinocérotidés, Le mieux représenté est le plus 
ancien des Teleoceras européens connus, Il apparait vers la fin des temps oligo- 
cènes ( Aquitanien supérieur ) au milieu d’une faune incontestablement oligo- 
cène et peut étre considéré comme l'ancêtre direct du T. aurelianense, La 
migration qu introduisit ce groupe en Europe est donc un peu antérieure au 
Miocène inferieur (Burdigalien). 


ZOOLOGIE. — Sur le cycle évolutif de Ceratomyxa Herouardi Georgév. 
Note (') de M. Jivoïn Grorcévrreu, présentée par M. Yves Delage. 


Dans une Note précédente nous avons exposé la diversité des formes 
sous lesquelles se présentent Ceratomyxa Herouardi Georgéy. Nous ayons 
établi, chemin faisant, la provenance de ces formes et leurs transformations 
possibles. Il s’agit maintenant d'insérer ces formes, si diverses, dans un 
cycle évolutif et d'établir l'emplacement du phénomène de sexualité dans 
ce cycle. 

De la spore, qui n’a rien de remarquable, sort un germe amiboïde 
binucléé, Les deux noyaux se conjuguent et, après la caryogamie complète, 
nous obtenons un zygote uninucléé, le plus souvent piriforme et avec de 
courts pseudopodes en brosse, sur la partie élargie. Le syncarion présente 
un beau caryosome central et souvent une partie extracaryosomique de 
chromatine. Ce processus sexuel, désigné récemment comme une auto- 
gamie, s’'accomplit à la fin de la sporulation et fort probablement après le 
changement d'hôte. C’est la raison pour laquelle on voit très rarement ces 
pansporoblastes initiaux. 

Après un repos, le noyau se divise, par un processus de promitose, 
précédé par la division du caryosome, mais sans aucune trace des centro- 
somes, Le résultat de cette première division est la séparation du noyau du 
zygote en deux autres, dont un plus grand et l’autre plus petit, Le noyau 
le pas it se divise encore une fois, donnant de même un noyau plus 


—_——— — DUR a T DE DURE VE Li MES E TTTErT y er T Frrr SRE DES EN 


(1) Séance du décembre igjü: 


984 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


grand et un noyau plus petit, le dernier étant de la même taille que le 
précédent. De sorte que nous obtenons un stade piriforme à trois noyaux, 
dont un plus grand, se distinguant même cytologiquement, et deux plus 
petits. Vient un stade de long repos, puis, quand le processus de la sporula- 
tion commence, le grand noyau se comporte comme le noyau végétatif et 
ne se divise plus, tandis que les deux petits se comportent eux comme des 
noyaux génératifs. On les voit se diviser plusieurs fois pour donner douze 
noyaux, dont deux valvaires, deux des capsules polaires et deux du germe 
amiboïde. C’est le processus de’sporulation que nous pouvons appeler dès 
maintenant le cycle direct, vu et étudié par tous les auteurs qui se sont 
occupés de Myxosporidies. 

Mais outre cette phase directe, caractérisée par la formation finale de 
deux spores seulement, le cycle comporte encore plusieurs subdivisions, 
en connexion intime avec les diverses formes, et qui sont caractérisées par 
la création de spores nombreuses dans le même plasmode ou dans les 
nombreux bourgeons qu'il a engendrés. Des parties intégrales de ces plas- 
modies polymorphes peuvent en fin de compte se comporter comme des 
plasmodes du cycle direct et engendrer deux spores. 

Il y a d’abord la transformation des plasmodes ronds en aémbtités 
quand les produits de divisions multiples du syncarion s’entourent de plasma 
pour se libérer sous forme de schizontes et refaire plusieurs fois le même 
cycle de schizogonie. Ces schizontes peuvent se porter à la périphérie du 
plasmode, et nous obtenons alors un aspect analogue à celui de perlage des 
grégarines. Ou bien ces schizontes peuvent être centraux, et ils repré- 
sentent alors des bourgeons issus par voie endogène. Enfin ces schizontes 
peuvent refaire le cycle direct et engendrer chacun deux spores seulement. 

D’autres plasmodes, des formes piriformes de préférence, après avoir 
passé le stade de repos caractérisé par trois noyaux, dont un végétatif et 
deux germinatifs, laissent diviser un grand nombre de fois ces derniers, 
dont les caryosomes se fragmentent en plusieurs grains à mesure qu'ils 
s'éloignent du noyau végétatif. Chemin faisant ces noyaux s’entourent 
d’une partie du protoplasme plasmodique pour devenir, en s’accroissant en- 
suite, un gros bourgeon interne (un agamonte) à l’intérieur duquel se 
forment de nombreux schizontes quand une partie de grains caryosomiens 
s’entoure de son protoplasme. Lorsque ce processu$ commence ordinai- 
rement, tous les noyaux génératifs deviennent agamontes internes; les 
surfaces de contact se soudent, se résorbent et après quoi nous obtenons 
un cornet à double paroi dans l’intérieur duquel pullulent de nombreux 


L 3 


SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1916. 985 


schizontes, qui finalement, devenus libres, répètent le même cycle de 
schizogonie. Après avoir accompli plusieurs cycles de ces schizogonies, 
les schizontes peuvent entrer dans la voie du cycle direct. 

Mais ordinairement la forme piriforme, initiale, se éBhipliqué par des 
bourgeonnements variés et ce plasmode, devenu alors démesurément grand, 
présente plusieurs noyaux végétatifs, issus des transformations des noyaux 
germinatifs. Ce fait d'observation plaide pour l'unité du noyau, malgré le 
dualisme apparent. 

Toutes les autres variétés morphologiques que nous avons énumérées 
dans la Note précédente peuvent se réduire à l’une ou l’autre de ces deux 
catégories de schizogonies, de sorte qu’on peut dire en général que, dans 
le cycle évolutif de Ceratomyæa Herouardi, la partie de schizogonie est de 
beaucoup la plus importante, on peut même dire qu'elle est prépondérante 
et que la partie de sporulation directe est le terme ultime verslequel tendent 
toutes les schizogonies, sans l’atteindre toutefois. 

Il faut bien se garder d’attribuer à nos schizontes le rôle des gamètes 
par la simple constatation de l’accolement de deux ou plusieurs d’entre eux. 
Car alors, outre l’autogamie incontestable, nous aurions eu encore dans le 
même cycle évolutif un processus sexuel d’isogamie ou d’anisogamie. Un 
auteur moderne, Schiwago (') n’a pas hésité à admettre une telle possibilité, 
mais il n’a pas été suivi par d’autres travailleurs. 

Il me reste à étudier en des saisons différentes le cycle de cette espèce si 
curieuse, pour établir exactement la nature du phénomène sexuel et sa place 
dans lecycle. 


MÉDECINE. — Les causes de l'anaphylaæie ; nature et formation des anticorps. 
Note de M. J. Danysz, présentée PE Laveran. 


Dans une précédente Note ( 2) p nous nous sommes cfforcé de montrer que 
l'injection intraveineuse des arsénobenzènes peut produire, dans certains 
cas, un ensemble de troubles identiques aux crises anaphylactiques, si bien 
caractérisées par les remarquables travaux du professeur Ch, Richet, et 


(1) P. Scmiwaco, Der heutige Stand der Frage über die geschlechtliche Vorgänge 
der Myxo- und Microsporidien ( Biolog. Zeitschr., Bd. 2, Moscou, 1911; cité d’après 
Arch. f. Protisteñkunde, Bd. 23, 1911). i 

(2) J. Danysz, Comptes rendus, t. 163, 1916,"p. 535. 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163, N° 26.) 128 


986 ACADÉMIE DES SCIENCES. 


nous avons reconnu que la cause de ces troubles ne peut être autre que la 
formation d’un précipité dans les capillaires. 

Il était donc tout indiqué de rechercher si les causes de troubles De 
après les injections d’antigènes ne sont pas de la même nature. 

Dans son Livre, Du sang et de ses altérations anatomiques, paru en 1889, 
le professeur S, Hayem indique le premier ce qui se passe quand on injecte, 
deux fois de suite à 12 jours d'intervalle, du sang de bœuf dans la veine 
d’un chien (p. 240 et suiv.). 

La première injection de 48°" est supportée sans réaction notable; une 
deuxième injection faite dans la saphène 12 jours après provoque, à mi- 
nutes après, des vomissements. L'animal est abattu et reste couché. La 
diarrhée apparaît dans l’heure suivante, puis l’albuminurie. Le lendemain 
matin l’animal est trouvé mort dans sa cage, 

« Le sang recueilli pendant la vie renferme des éléments plus ou moms 
altérés et parfois des concrétions hyalines très réfringentes et extrêmement 
visqueuses. Le sang d’un vaisseau lié, conservé depuis la veille, est resté 
liquide; il a laissè déposer de petits grumeaux analogues à un sédiment. » 

« J'ai proposé, dit M. Hayem, de désigner cette variété de coagulation sous 
le nom de « coagulation par précipitation granuleuse », Ce sont ces petites 
masses de matière albuminoïde qui sont l'origine des embolies. Lorsqu’elles 
(ces embolies) sont très nombreuses et capables d'interrompre plus ou 
moins complètement la circulation, les animaux ne tardent pas à succomber, 
mais on comprend que, dans certains cas, elles puissent déterminer des 
lésions locales peu étendues et permettre aux animaux de survivre. » 

M. Hayem termine ce Chapitre en disant : « L’injection de sérum de 
bœuf chez un chien ne représente qu’un cas particulier de ces sortes d’in- 
jections coagulantes. » 

Au moment où il faisait ses expériences, M. Hayem ne pouvait pas 
suffisamment apprécier la différence de l’action de la première et de la 
deuxième injection du sérum de bœuf à un chien, il n’en est pas moins 
certain que l'examen du sang de son chien, mort de la deuxième injection 
du sérum de bœuf, lui a permis de montrer les véritables causes des 
troubles anaphylactiques : la formation d’un précipité et les embolies qui 
en résultent. 

Ces observations sont tellement précises qu’il était à peine nécessaire de 
les confirmer par les expériences qui suivent : 


Expérience 1. — Une série de lapins sont injectés, les uns avec du sérum de mou- 
ton, les autres avec du sérum de cheval, Dix à quinze jours après la dernière injection, 


SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1916. 987 
on fait agir le sérum de cheval et le sérum dé mouton sur le sang des lapins traités 
respectivement par ces deux sérums, et sur le sang de quelques lapins neufs. Si les 
sérums sont frais, il y a hémolyse et agglutination, et l’on constate que les deux réac- 
tions sont incomparablement plus rapides et plus marquées pour le sang des lapins 
traités que pour le sang des lapins neufs. 

Expérience IT. — On fait couler 5%" de sang frais d'un lapin préparé par du sérum 
de cheval sur 2°" de sérum de cheval, On agite fortement et on laisse le mélange en 
repos pendant 24 heures. Ensuite on centrifuge et l’on constate qu'il s’est formé à Ja 
surface du culot constitué par les hématies une couche d’un précipité blanchâtre. On 
décante le liquide qui surnage, on le filtre et on l'injécte dans la veine dn lapin qui 
a fourni le sang pour cette expérience. 

Le lapin a supporté l'injection sans la moindre réaction, 

Expérience III. — On traite de la même facon 2°% de sérum de cheval par 10°™ de 
sang de lapin neuf, Ce mélange centrifugé ne donne pas de précipité à la surface des 
hématies, Le liquide surnageant, décanté et filtré, est injecté dans la veine d’un lapin 
préparé exactement de la même façon que le lapin de l'expérience II. 

L'injection est suivie d’une crise anaphylactique très nette, moins forte cependant 
que chez un autre lapin préparé de la même façon et injecté avec 2°" de sérum de 
cheval seul. 


Il résulte de ces expériences qu'après une période de 12 à 15 jours, qu’on 
peut comparer à la période d'incubation dans certaines maladies infec- 
tieuses, il apparaît, dans le sang des animaux traités, une substance P qui 
forme un précipité in vitro et in vivo avec le sérum de l'espèce qui a fourni 
l'injection, ou plus exactement avec une substance D contenue dàns ce 
sérum et par laquelle ce dernier diffère du sérum de l’animal injecté. C’est 
la formation de ce précipité dans les capillaires qui est la cause du choc 
anaphylactique, parce que l'injection dans la veine du mème mélange 
privé de ce précipité est supportée sans provoquer la moindre réaction. 

Il est évident que la formation du précipité n’est que la première phase 
des transformations qu’une albumine étrangère, ou plutôt la substance D, 
doit subir dans l'organisme de l'animal injecté. La deuxième phase doit 
être la dissolution du précipité et sa transformation en un produit assimi- 
lable ou facile à excréter. 

En effet, une crise anaphylactique, quand elle n’est pas mortelle, dure 
généralement très peu de temps, et s’il est démontré que les symptômes 
pathologiques ont pour cause les embolies, le retour rapide du malade à 
l’état normal nous oblige à admettre la disparition des causes de ces embolies, 
c'est-à-dire la redissolution du précipité, Ainsi la formule de la réaction : 


Toxogénine + Antigène (toxine) — Apotoxine 


988 ACADÉMIE DES SCIENCES. 
proposée par M. Ch. Richet, deviendrait : 

| Substance P + Substance D = Précipité — Embolies 
et devrait être complétée par : | 


Précipité + Lysine (substance L) — Substance soluble assimilable ou facile à éliminer, 


` 


Et s’il en est ainsi, on est forcément amené à conclure que l'injection 
d’une albumine étrangère, dans le sang d’un animal, provoque tout simple- 
ment un processus de digestion dans l'appareil circulatoire (Metchnikoff) 
-et que cette digestion consiste en deux réactions successives : coagulation 
par précipitation et dissolution du coagulum, ainsi que cela a été professé 
par E. Duclaux dans ses cours de Chimie biologique et développė plus 
tard par MM. Nicolle, Pozerski et Abt, dans leurs études sur les anticorps. 

Une première injection n’est pas suivie d’une réaction notable parce qu’il 
n'ya pas encore de réactif digestif dans le sang, ou pas en quantité suffisante 
pour opérer rapidement la transformation de la substance injectée à l’inté- 
rieur des vaisseaux sanguins. Îl est même très probable (J. Cantacuzène) 
que cette première digestion se fait plutôt dans certains organes (foie, rate, 
pancréas, organes lymphoides) que dans le sang, mais une fois cette première 
digestion terminée, il se passe ce qui arrive toujours en pareil cas : lorga- 
nisme continue à sécréter le réactif digestif dont l'excès passe nécessaire- 
ment dans le sang, de sorte que, à la deuxième injection de la même albu- 
mine, la digestion se fait à même dans les vaisseaux sanguins. 

Il n'y à donc pas ici d’anaphylaxie à proprement parler; au contraire, 
l'organisme est mieux préparé à digérer ou à transformer la deuxième 
FOUR que la première, et si cette deuxième injection devient dangereuse, 
c’est pr Ph parce qu'elle se fait d’une façon y Aoteiite et dans un 
appareil qui n’est pas adapté à cette fonction. 


Une crise anaphylactique ne serait donc qu’une crise d’indigestion à l'inté- 
rieur des capillaires. 


En résumé, les antigènes sont les substances D qui ne peuvent pas être 
directement assimilées, les anticorps, les substances P et L qui transforment 
les antigènes en produits assimiJables et que chaque organisme peut produire 
spécialement pour chaque antigène. Cette transformation peut donc être 
comparée à une digestion et elle consiste, comme toute autre digestion, en 
deux réactions successives : formation d’un précipité et redissolution de ce 
précipité. 


SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1916. 989 


Quand, à la suite d’une préparation spéciale, le sang d’un animal con- 
tiendra une quantité suffisante de ce réactif digestif, la digestion s’effec- 
tuera à l’intérieur des vaisseaux sanguins, et la formation du précipité dans 
ces conditions provoquera les troubles décrits sous le nom de crise où choc 
anaphy lactique. 

Cette digestion intravasculaire peut donner, dans certains cas, des sous- 
produits toxiques. 


ë 


PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Essai de reconstitution des pertes de sub- 
stance des os longs consécutives aux plaies de guerre. Greffes périostiques 
et ostéopériostiques. Note de M. Henri Juper, présentée par M. Dastre. 


Depuis les expériences de Ollier sur les animaux, c’est une notion clas- 
sique que les lambeaux de périoste, complètement détachés de leur lieu 
d’origine et transplantés à distance dans les tissus du même animal (sous la 
peau, par exemple), produisent du tissu osseux ('). 

Divers chirurgiens ont essayé d’appliquer cette notion de physiologie 
expérimentale au traitement des pseudarthroses chez l’homme. 

peron avons de dans cet ordre d'idées, trois opérations de greffe 

ou tique sur des blessés de guerre atteints de grandes 
pertes de substance des os de l’avant-bras. Dans ces trois cas l'évolution 
a été aseptique, les malades ont été suivis pendant un temps suffisamment 
long pour que le résultat soit net, de telle sorte que ces opérations nous 
paraissent avoir la valeur d'expériences de laboratoire. 


Observation I. 


B... L..., 30 ans; blessé le 30 décembre 1915, balle en séton ayant traversé lavant- 
bras droit et fracturé le radius à grand fracas. Suppuration abondante, extraction de 
nombreuses esquilles; cicatrisation complète fin avril 1916. L'examen clinique et la 
radiographie montrent que tout le tiers moyen du radius a disparu. 

Opération le 21 juin 1916. 

1° Par une longue incision, on découvre les deux extrémités osseuses et on les 
dénude; on fore ensuite à la vrille ces deux extrémités de manière à ouvrir le canal 
#élutfaihe: 

2° On prend alors un os de veau aseptisé par une ébullition de 25 minutes dans une 
solution de borate de soude, Dans le cas particulier il s’agit d’un morceau de côte, au 
préalable débarrassé de son périoste, creusé d’un canal longitudinal et de nombreux 


(+) Oiuer, Traité expérimental et clinique de la régénération des os, t. 1, p.35. 


990 ACADÉMIE DES SCIENCES. 
orifices transversaux. Cet os ainsi préparé offre la même forme extérieure et les mêmes 
dimensions que le fragment de radius manquant, 

On engage chacune de ses extrémités dans le canal médullaire correspondant du 
radius, on l'y fixe par deux sutures au catgut chromé: ainsi se trouve rétablie, par une 
tige d'as mort et stérilisé, la continuité entre les deux fragments du radius. 

Dans notre pensée cette tige est placée pour servir de soutien et de moule au lam- 
beau périostique transplanté. 

3° On prélève, à la face interne dé tibia du même malade, un lambeau périostique 
de 10% de long sur 3°* de large. On a soin de comprendre dans ce lambeau la couche 
profonde dite ostéogène. 

Ce transplant périostique est porté dans la plaie chirurgicale de l’avant-bras, étalé 
sur le transplant d'os de veau (dont il ne peut recouvrir que les & de la surface) et 
fixé à chacune de ses extrémités, au périoste radial correspondant, par quelques 
points au catgut fin. Appareil plâtré (pendant 86 jours) pour bien immobiliser 
Pavant-bras et la greffe. 


- Resultats de l'opération. — Ni fièvre, ni suppuration, La greffe est par- 
faitement tolérée; elle forme une tige résistante qui a fait disparaitre la 
dépression existant à l’avant-bras avant l'opération. Donc, au point de vue 
morphologique externe, le résultat est bon, Il n’en est pas de même au 
point de vue fonctionnel; à aucun moment de la période d'observation qui a 
duré plus de cinq mois, le greffon n'a pu transmettre les mouvements de 
pronation et de supination d’un fragment du radius à l’autre. Le but 
thérapeutique recherché n’a pas été atteint. 

L'examen radiographique, qui a été pratiqué tous les mois, n'a décelé à à 
aucun moment une production d’os nouveau pouvant être attribuée à à Ja 
greffe périostique. 

La dernière radiographie faite (25 novembre 1916) montre que le 
support d’os de veau est en pleine résorption. 


Observation II. — Disparition de tout le tiers moyen du cubitus à la 
suite d’une blessure par balle. 

L'opération a été conduite exactement comme dans notre premier cas; 
sauf que la grele, au lieu d’être purement périostique, a été ostéopériostique : 
le ciseau qui séparait le périoste a mordu çà et là dans la couche corticale 
du tibia, de telle sorte que le transplant périostique était doublé à sa face 
profonde d’ilots osseux multiples. 

Suites opératoires aseptiques, Tolérance parfaite de toutes les parties 
transplantées, mais pas de reconstitution osseuse : pas plus que le périoste 
pur, le périoste doublé d’ilots osseux n’a été le point de départ d’une néo- 
formation osseuse. 


SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1916. 991 


Au 105° jour la radiographie montre que le tuteur d'os de veau est en 
voie de résorption. 


Observation TIT. — Elle a été faite pour remédier à une perte de substance 
du cubitus moins étendue que la précédente (4°" au lieu de 7°"). 

Nous avons encore eu recours à une greffe ostéo-périostique prise sur le 
tibia du patient. Comme tuteur, au lieu d’os de veau, nous avons interposé 
et fixé, entre les deux fragments du cubitus, une tige d'ivoire cylindrique, 
creusée d’un canal central et de nombreux orifices périphériques. 

Le résultat thérapeutique a été plus favorable que dans les deux cas pré- 
cédents, en ce sens que la continuité du cubitus est rétablie au niveau de la 
greffe par une production dure, de consistance osseuse, restituant au cubitus 
toute sa solidité. 

La radiographie, faite tous les mois et en dernier lieu au 100° jour, montre 
qu'il n’y a pas de néo-formation osseuse; l'ivoire paraît à peu près intact. 


Conclusions. — 1° Les transplantations de périoste seul et les transplan- 
tations de périoste doublé de minces îlots osseux ne nous ont pas donné de 
néo-formations osseuses. | 

2° Elles ont abouti à la constitution de blocs très durs, probablement de 
nature fibreuse. 

3° Les tiges stérilisées en os ou en ivoire qui, dans nos opérations, ont 
servi de tuteurs aux greffes périostiques el ostéopériostiques agissent comme 
corps étrangers résorbables, et de ce fait doivent contribuer à la production 
du tissu fibreux. 


La séance est levée à 16 heures. 


A. Lx. 


992 | ACADÉMIE DES SCIENCES. 


ERRATA. 
(Séance du 23 octobre 1916.) 


Note de M. W.-H. Young, Les séries trigonométriques et les moyennes 
de Cesäro : 


Page 428, dernière ligne, la formule doit être 
if |d| f(æ+u)— fis — u) i]. 
0 
Page 429, ligne 3, la formule doit être 


PIILEE A R | 
1 u |: 


Page 430, ligne 2, la seconde formule doit être 


d 


u z 
Y I - 
ln f [dj f(u)||=o. 


Page 430, lignes 16 et 17, au lieu de f(x), lire f'(æ). 


(Séance du 4 décembre 1916.) 
Note de M. M. Brillouin, Solution fondamentale (sources) dans un 
liquide pesant à surface libre : 
Page 694, équation (2), au lieu de o!, lire ọ`; équation (3), au lieu de 9", lire ®”. 
Page 695, équation (4), au lieu de ©", lire ©” ; équation (5), au lieu de o", lire 9”. 
Page 606, équation (6), au lieu de &' et ©", lire & et ©”. 
Les points désignent des dérivées par rapport au temps. 


(Séance du 11 décembre 1916.) 


Note de M. Ph. Glangeaud, Les premières éruptions volcaniques (oligo- 
cènes) dans le géosynclinal lacustre de la Limagne : 
Page 764, ligne 31, au lieu de sables argileux contournés, lire sables argileux 


couronnés, 


FIN DU TOME CENT-SOIXANTE-TROISIÈME. 


COMPTES RENDUS 
DES SÉANCES DE L’'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


TABLES ALPHABÉTIQUES. 


JUILLET — DÉCEMBRE 1916. 


de. dd 


TABLE DES MATIÈRES DU TOME 163. 


Voir ut Electro-optique... 
ACADÉMIE. — e Secrétaire perpétuel 
annonce que le Tome 160 des 
Comptes rendus est en distribution 


Darboux présente le 
Tome II des Œuvres de Henri Poin- 
OE REST e NA 


C. R., t916, 2° Semestre. (T. 163.) 


j Pages. 

ABSORPTION DES RADIATIONS. — Sur 

l'absorption des radiations ultra- 

violettes par les dérivés bromés du 

aie par MM. Massol et Fau- 
MSN RS Ne 92 

— Sur l’hémochromogène acide; par 
héré et G. Vegezzi...... 18 

—- pii relatifs à cette Communica- 
JV Ad ét den sn de 42e CU ES 76 

ingi exercée par le degré de ré- 

duction des hémochromogènes sur 

leurs propriétés spectrales; par 
MM. Ch. Dhéré et G. Vegezzi...... 209 

— pis relatifs à cette Communica- 
RE T N N ja 252 

— Sar i composition pigmentaire de 

l'hépatochlorophylle; par MM. Ch. 

DANSE Ge VIR ie, 399 


254 


381 


— M. le Président annonce que Mi Du- 


hem a confié à l’Académie les ma- 
nusérrts de son pére... LU 


—— Aay ar ret chargée d'examiner ce 


M. Darboux, Bigourdan, 
Baillaud, sous la présidence de 
M. le Président 


SE AUS E E E E AE A A E 


— M. le Président souhaite la bienvenue 


à M. Patern, membre de l'Aca- 
démie royale des Lincei........... 


— M. P. Painlevé est élu vice-président 


poar Tannée TOTI TR 
- Camille Jordan 
na ns la séance publique annuelle de 


nn nm mms 


un M % Président annonce que la séance 


du 197 janvier 1917 sera renvoyée 
ssions, Décès, Elections. 
rite Loutreuil, Fonds Bona- 


par aratiôn d'acidylsemi- 
carbazides à partir de semicarba- 


zones ir z-cétoniques; par 
RDA 

— Sur les initio par 
129 


‘`I 


* 
DJ OUR. lies vives 
_— Semicarbazones d'acides «-cétoni- 
ques. Acides cinnamiques x-iodés; 


par M. d Bouau.. iris eva 
— Semicarbazones des acides a-céto- 
niques cides an uyqi 


nylerotoniques z-iodés et 4-bromés; 

«J. Bougaull. ses avan 
Relations entre constitution 
chimique de certains dérivés des 
amino-acides et le mode d'attaque 
de ceux-ci par les bactéries; par 


— 


Acers.. — Modifications de la dilata- 
bilité de l'invar par des actions mé- 
caniques ou thermiques ; par M. Ch.- 


=> 
I 

+ 
Q 
S 
bi 
Š 
T 


AcousriquE. — Sur la ge ÉD du 
son à grande distance; par M. G. 
DIROMP UM Sri de che des à 

— Sur la Se aigue à grande distance 

ruit t de la canonnade du front; 


— Sur les coups de canon ct les zones 

de silence; par M. Ernest au 

[138], 

— Sur 1e principe de Doppler et le siffle- 

ment des PHARES par M. Ernest 
Esclangon. ;...... 

— Influence du tai sur ga pawat 

d’audition du son; par M. rot. 

— Sur l’audition des canonnades loin- 

taines, Complexité de la question; 

par M. Frédéric Houssay 

ACOUSTIQUE PHYSIOLOGIQUE. — Sur les 

cent premiers cas de surdité traités 

par la méthode de Marage au Centre 

de rééducation auditive de la 8° ré- 


ss... 


gions pr M. usa, 
ÅSRONOMIE. Voir Biologie, Cultures. 
ALcoozs. — V ntations. 


un procédé de conser- 
vation du pain destiné particulière- 


ment aux proie de guerre; par 


Re LE RO, her à à ee 
— Sur la protection mécanique et la 
conservation des œufs; par M. René 


e n E nieniema mnt s vies 


Voir Eau. 


Pa gen. 


305 


363 


TABLE DES MATIÈRES. 


ALGuEs. — Sur les variations biologi- 
ques d'une Laminaire (Saccorhiza 
bulbosa) : par M. C. Sauvageau.. 

— Sur les plantules de quelques Lalii 
naires; par M. C. S 


s.s.s.. 


Physique re Théorie des 
nombres. 

ANÉPRELAXIE. — b Les causes des trou- 
bles observés après l'injection des 
produits du groupe de l’arséno- 
benzol et les crises anaphylactiques; 
par M. J. Danysz 

— Les causes de l'intolérance aux arsé- 
nobenzènes et les moyens de les 
éviter ou de les prévenir; par M. J. 


CC E i E a aa r, d 


anysz. . 
— Les causes dé J'énaphylaxie; ‘nature 
et formation des anticorps; par 

M. J. Dany 


déve de e ere de E ss se 


ANATOMIE. 


Voir Anthropologie. 

ANATOMIE: VÉGÉTALE. — Sur le dévelop- 
pement et la structure du périthèce 
d'une Hypocréacée; par M. F. 
VCRE sesgo din Vis res à 


— Les premières divisions de l'œuf et 


À origine de l'hypophyse chez le 
Capsella Bursa-pastoris Mœnch; par 
M. R. Souè 


sms sos sers 


DO, on henhn: ne 
— La prétendue hétérotaxie des fleurs 
de Capucine; par M. Paul Vuille- 


MERS car Spitenmes ac resesise . 


ANNÉLIDES. — Les récifs d’Hermelles 
et lassèchement de la baie du 
Mont-Saint-Michel; sai M. C. Ga- 
Se ne + C. Ho ulbert 


ivindipi 


ne 


persu pio un nouveau 


Pages. 


246 


535 


985 


572 


158 


TABLE DES MATIÈRES. 


Pages. 
Syllidien vivipare (Ehlersia ne- 
` piotoca n. g. n. sp.); par MM. Caul- 


E MEE aaa aan 576 


lery e 

ANTISEPSIE. — Action comparée des 
antiseptiques sur le pus et sur sA 
cultures pures; par M. Augus 


Lumière 
— ja l'emploi alternant des antisep- 
es; par M. Charles R ne PARIS 589 


pie dre tens bé — Dé- 
m 


le jeune enfant de la Pierre polie; 


BACTÉRIOLOGIE. 
Voir Anaphylaxie, Antisepsie, Gan- 
grène, Microbiologie, Pathologie 
animale, Tuberculose, Vaccins. 


BarıstTrouE. — Voir Acoustique. 


BIOLOGIE. 


— M. Paul Marchal fait hommage d'un 
volume intitulé: « Les Sciences bio- 
logiques appliquées à l'agriculture 
et la lutte contre les ennemis des 
plantes aux États-Unis »...:...... 545 

Brotocie VÉGÉTALE. — Voir Patholo- 
gie végétale. 


CARBURES D'HYDROGÈNE. — Voir Ab- 


sorption des radiations. 


Caateur. — Voir Aciers, Eclairage, 
Spectroscopie. 


CHIMIE ANALYTIQUE. — Voir Eau. 


CHIMIE BIOLOGIQUE. 
— Influence des algues des filtres à sable 


submergés dans l'épuration des 
MM. F. Diénert et L. 


par M. Marcel Baudouin.......... 


ASTRONOMIE. 


— Avantages des cercles à la fois mo- 


biles età y origine; par M. A. 


Verschaflel.... sense. ar 
Voir RATER Étoiles, Histoire fes 
Sciences, Soleil, Planètes........ 


AviaTion. — Voir Psychc-physiologie. 


BOTANIQUE. 

— Sur l’acclimatation en France d'une 
plante-tanin à croissance rapide, la 
Canaigre; par M. André Piédallu 

— Anomalies déterminées par la gamo- 
gemmie cor sécutive au {paumatisme ; 
par M. Paul Vuillemin............ 

— Sur une Verticilliacée à affinités dou- 
teuses; par M. F. Vincens.. serier s 

Voir Algues, Anatomiz végétale, Bic- 
logie végétale, Cultures, Flore, tropi- 
cale, Fougères, Géographie bota- 
nique. 

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. — 42, 139, 
176, 252, 296, 316, 452, 500, 635, 
723, 775, 6. 


Grolme si -Ci Iasi r e ` 
Voir Aer ptite des radiations, Anz- 

phylaxie, F nr Microbio- 
logie, Synthèse biochim 


CHIMIE INORGANIQUE. 


1 — - Sur la ner et l'emploi du feu 


Pi ar M. C. Zenghelis... 
— Sur tagas des verres de Franee, 
de Bohême et d'Allemagne; par 


125 


996 


M. Paul Nicolardot 


CCC 


— Ba. Action du soufre sur la baryte en 


ie de l’eau; m M. L. Guit- 


—— Br, Voir Densités. 

— CL Voir Eau. 

— I. Sur l'iode colloïdal; par MM. 

ET Border ot Hopa. tn Ne 

— Na. Action chimique du peroxyde 
de sodium sur les oxydes de car- 

Gr beat et 


— Se. Recherche de petites quantités 
de sélénium et distinction de l’arse- 
nic; par M. Jean 

— U. Oxalates d’ peia et de potas- 

DR A 


si 
Voir Chimie analytique. 


CHIMIE ORGANIQUE 


— Sur quelques hydrocarbures contenus 
dans la houille ; par Pictet, 


L. Ra 3 
— Sur l'oxydation des houilles; par 
MM. Georges Charpy et Marcel God- 
CRO E e a it 
— Sur le dosage de l'acide phénique 
dans les phénols bruts du goudron; 
René Masse et Henri Le- 
Voir à aade, F bise ; Pubs 

rolatoire 


CHIMIE PHYSIQUE. 
Voir Absorption des radiations, Aciers, 
Electro-optiqu 
Spectroscopie, Thermo-électricité. 


CHIRURGIE. — Présence de micr crorga- 
nismes vivants et virulents à la 
surface M rojeciios inclus dans des 
tissus cicatrisés; par MM. Ed. Lesné 

et Phocas 


— Surla présenté Fo puce du tétaños 


e, Pouvoir rolatoire, 


TABLE DES MATIÈRES. 


à la surface des projectiles inclus 
par 


Voir Antisepsie Electricité médicale, 
Electromagnétisme Gangrène, Phy- 
siologie pathologique. 

Hoc. — Sur la détermination de l’équi- 
valent mécanique de la chaleur par 
le procédé de Hirn; par M. L. Hart- 

TE AS 2 r e a 

— Variation À Lt ti de la valeur 

de la force vive dans le choc élas- 

m das corps; par M. L. Hart- 

ee EE a E PE 

Res — r un mouvement 

plan particulier à deux paramètres; 

par M, G KONES a i resena sé 

— Sur les propriétés du second ordre 

des mouvements pade à deux para- 
Fii, par M. G. Ra nigs 


Dern. 
, 


"propra du second orte des mou- 
vements plans à deux Aperi 

o KORE T CNRS CE 

CircuLATION. — Observations sur les 
pressions artérielle basses et leur 


traitem par M. piares Town- 
SON PONTS euL i sa 
— Observations relatives à là Note dé 
M. Townsend Porter; par M. Ch. 
OR er er r 
COMMISSION STRAT 
MM. Emile Picard š Edmond Perrier 


‘sont élus membres de la Commis- 
sion administrative pour l’année 


1917 

COMMISSION D'ACTION EXTÉRIEURE DE 
L'ACADÉMIE apport sur les 
laboratoires nationaux de recher- 
ches scientifiques; par M. H. Le 
Chatelier 

— Errata relatifs à ce Rapport 

— Adjonction au vœu relatif à la créa- 
tion d'un Laboratoire national de 
Physique et de Mécanique 


— 


éssvre store rs ss res es ee 


ss... 


|— Rapport sur les établissements agri- 


coles rh recherche scientifique; par 
M. Tis 


CR 


— Projet dei nomination de membres du 


« Conseil supérieur des station 
miques et des ue 


ATION MONÉTAIRE. — M. Ar- 


Pages. 


378 


658 


725 


581 
776 


TABLE DES MATIÈRES. 


mand Sas est délégué à cétte 
Commission 


Cosxocónik 


EO E 0 0 se de ee e 


nètes et satellites; par M. Emile 
HORS ES Erreur nee 


CRISTALLOGRAPHIE. 
— Sur la cristobalite; par M. Henry Le 
hatelier 


CRISTAUX LIQUIDES. — Sur les liquides 
ET du obtenus par évapora- 
on d’une solution; par M. Paul 


Décès. — Décès de ‘M. ‘H. Léauté, 
membre de la Section de Mécanique. 
— pi M. ord Duhem, Membre non 
BACA A RL T E a 

Da E. rR Associé étranger. 
Də Sir William Ramsay, Associé 
Də M. E.-F. Maupas, Correspondant 
pae la Section d’Anatomie et Zoo- 
Dé M Oscar Backlund, Correspon- 

dant pour la eapi d’ Astronomie.. 
La Commission sismologique de 
l'Académie dt Sciences de Petrc- 
grad fait part de la mort du prince 
54, RUE DU E A 

Yo Nécrologie. 

Démocrapnie. — De la variation men- 
suelle de la natalité; par M. Charles 


Richet. 
— Errata ilat: à Lis De RARE 
ion.. 


nm mm 


Eau. — Un réactif du chlore libre 
les eaux d'alimentation nee 
par M. G.-A. Le Roi 


COCO 


dans 


Pages, 


CHAR DEFENSE ET EE 

— L'orientation des liquides anisotropes 
sur les cristaux; par M. F. Grand- 
jean 


nn nm ss 


— Sphæromicola topsenti 
. Sp. Ostracode commensal 
d’ teopbdei troglobies 


peni 


r la féapperition pe 
Mildiou (Phglophtora Ra, dans 
la végétation de la Pomme de terre; 


— Cultures expérimentales au bord de 
a mer; par M. Lucien Danie 

— Sur les effets de l'arrosage sr 
continu; par M. Lucien Daniel. 


E 


226 


Voir Biologi. 


Das Hiti e $} 


mensuel moyen de la rs par 
M. Charles Richet 

DEXSITÉS. — ere la densité du gaz 

' acide bromhydrique. Contribution 

à la revision du poids atomique du 

brome; par M. E. Moles 

— Sur la détermination de la densité 

des corps solides; par MM. Henry 

Le Chatelier et F. Bogitch 

Dicyémines. — Une phase nouvelle des 

Dicyémides; par M. Aug. Lameere. 

Mare — Dilatation: électrique 

s isolants solides e sens nor- 

champ électrostatique; 

par M. E: Bouchets i. <iosa duits 

— Sur les variations d'épaisseur d’une 

lame de caoutchouc sous l'influence 

d'un champ électrostatique; par 

M. L. Bouchet... 

— Conductibilités de Ta et du mica; 
par M. Edouard Branly 


sus 66 6e vie vs aG 
ns... 


._..... 


CR 


ss. 


Voir Chimie biologig 
ÉCLAIRAGE. ata expériences 
de séparation des effets lumineux et 


— No 


998 


calorifiques d'une source de lu- 
ère; par M. Dussanud.,.…........ 
ÉLASTICITÉ. — Sens des déplacements 


n contour rectangulaire 
; par M. À. Mesnager.….. ....…. 
— Formules de la plaque mince encas- 
trée sur un contour rectangulaire 
plan; par M. A. Mesnager......... 
Voir Acers, Choc. 
ÉLECTIONS DE Fa 
M. Boulenger csi élu Correspondant 
pour la Section d'Anatomie et Zoo- 


Rd ne an ones 

— Errata relatifs à cette élection. ..... 

— M. Gonnessiat est élu SR M 
pour la Section d’Astron 


- M. Bataillon est élu is dar 
pour la Section d'Aratomie et 


-- M. Depage est élu Correspondant 
pour la Section de Médecine et Chi- 

-—— M. E. Ariès est élu Fr cr 

pour la Section de Mécaniqu 


ÉLECTRICITÉ. 


ÉLECTRICITÉ MÉDICALE. —  Électro- 
vibreurs issants marchant sur 
courant faible, continu ou alternatif. 
Électro-vibreur à résonance; par 
Mr. Bergoi o is side 

— Sur la polarisation du tissu cicatriciel 
et le traitement électrique des adhé- 
rences cicatricielles profondes; par 
MM. L.-C. Bailleul et Pierre ar 

ÉLECTRICITÉ PHYSIOLOGIQUE. — 
cédé de détermination de ła Fo 
naxie chez l’homme, à l’aide des dé- 
charges de condensateurs. Classifi- 
cation des muscles du membre su- 


périeur, par la chronaxie suivant 


leurs origines radiculaires; sen M. G. 
Bourguignon... .… 

— Vitesses smuseuinires. mesurées pe 
la chronaxie dans les différentes ca- 
vités du cœur et lès faisceaux de pas- 

$ sage; par Mmes Marcelle Lapicque 


Pages 


ÉLECTRO-OPTIQUE. 


ABLE DES MATIÈRES. 


em- 
mme UE 
Ad ee radiculaire, 
par le rapport des quantités don- 
nant le seuil avec les deux ondes iso- 
lées du courant induit {indice de 
vitesse d’excitabilité); par MM. G. 
Bourguignon et J. Lucas... 
ÉLECTRODYNAMIQUE. ts ae 
du mur en Électrodynamique; par 
M. Louis Ro 
— Le problème du mur et son apobtes 
tion à la décharge d'un condensa- 
teur sur son propre diélectrique; 
t M LOUER BoY: ei ie ne 
Mr dues Li Ra 
de chirurgie adaptés au cham 
de l’électro-vibreur ; 
Bergonié et Ch.-Ed. Guillaume.. 
Voir Physique du Globe. 
Sur bande 
d'absorption K des éléments pour 
les rayons X, suivie du brome au bis- 
muth, et l’émission d’un tube Coo- 
lidge vers les très courtes longueurs 
d'onde; par M. M. de Broglie 
ur un système de bandes d’absorp- 
tion correspondant aux rayons L des 
spectres de rayons X des éléments, 


— 


Mer due e is 


ues,  Électro - optique, 
Télégraphie sans 
Thermo-électricité. 


développement 
ana- 


EMBRYOGÉNIE. — Le 
ontogénique et les organes 
logues; par M. L. Vialleton 

ÉNERGÉTIQUE Er 
toir dynamographique; par M. J sg 
Amar 


ss... 


— Technique d'éducation sensitive pour 
res et aveugles; par M. Jules 
AMP ds samedis era eue 

— É en sensitive et appareils de 
prothèse; les résultats; par M. Jules 
Amar 


ss A An or re mehr er à 


446 


703 


352 


40t 


TABLE DES MATIÈRES. 


— Instrument pour mesurer et réédu- ` 
quer les mouvements de pronation 
et de supination : le « Gyrographe »; 

DL: dues Amar... lis 

ENSEMBLES. — Sur la frontière normale 


d’une région ou d’un ensemble; par ` 
WwW 


.-H. Young et M™e Grace 
Ch skolni LOUN Me. 
ENTRAINEMENT R. — Mesure 
directe de la vitesse axiale de l’eau 
-dans l'expérience de Fizeau; par 
M. P. Zeeman 
— L'entraînement des ondes lumineuses 
et les ton gg solaires; par 


M AN Fe ER NE EN EN PS 


CE 


ss... 


de l'intégrale Siniri de l'équa- 


FERMENTATIONS. — Sur la destruction 
totale des toses au cours de la 
fermentation alcoolique; par M. H. 

E s eaS WOS a a soki 

- — Influence d’élévations thermiques 
faibles et brèves sur la marche des 
PEPEE ; par MM. Charles 
Ri Cardot. 

Voir Synthèse SE 


FLORE TROPICALE. — Les variétés de 


dagascar; par M. F. Gérard....... 
Foxcrions. — Transcendantes de Fou- 
rier-Bessel à plusieurs variables; 
par M. Michel Akimo 
d'inégalité 
moyennes arithmétiques et géomé- 
triques; par M. Michel Pétrovitch. 
— Sur les développements de la racine 


— Sur les formes quadratiques et les 
fonctions  hypérabéliennes ; par 
M. Georges Girau 


ss. 


Pages. 


193 


tion (VI) de M. Painlevé dans le 
voisinage de ses singularités trans- 
cendantes; par M. René Garnier.. 
— Étude de l'intégrale générale de 
P équation (VI) dé M. Painlevė dans 
le voisinage de ses singularités trans- 


résoudre le problème de Riemann; 

ar M. René Garnier 

EQUATIONS INTÉGRALES. — Voir Méca- 
“> 


ns 


, TON 176 312,298. 29%, 
776, 992. 

ceultations dans les 

Pléiades, observées le 16 septembre 

916, à équatorial Brunner (0,16 

d ouverture) de l'Observatoire de 
Lyon, par uillau 

— Sur une étoile à grand mouvement 

propre; par M. F. Gonnessiat 


….... 


— Sur un théorème géométrique utile 
pour l'étude de l'inversion directe 
des jem abéliennes; par M. A 
Liljestr 

Sur erg zéros de € (s) de Riemann; 
par M. C. de la Vallée Poussin. 418, 

Sur les séries de fonctions ultra- 
PRE par M. Erwand Kogbet- 


PINS N'a nsiels eo se %sts soie n'es 


nn mm nm mms 


3 . 
Foxparion LourrEuIL. — Des rap- 


ports sur l'emploi de subventions 


sont hp p MM. Emile Miège, 
Nattan-Lar 
— Rapport du Conseil de la Soutation 
Loutreuil; par M. Emile Picard. 683, 
Foxps BonNAPARTE. — Rapport de la 
Commission chargée de proposer, 
pour l’année 1916, la répartition du 
Fonds Bonaparte; par M. Gaston 
Bonnier J4, 
— Le Prince Bonaparte présente le pre- 
mier fascicule du « Recueil du Fonds 


TEE ETRE M a T E a 


sesos ooo éme 


s travaux exécutés 
à l’aide d’une subvention est adressé 
par M. Jules Welsch 


CCC 


Pages. 


198 


‘ 386 


1000 


Page 
— Un rapport est adressé par M. Charles 


RON PQ Eee ea EE due eee 
FoucÈres. — Le Prince Bonaparte fait 


GANGRÈNE. — Contribution à l’étiologie 
de la gangrène gazeuse; par MM. 


gangréneuses des 
plaies de guerre par germes anaéro- 
bies; par MM. G. Lardennois et J 


CC 


plaies de guerre au moyen de la ra- 
diographie; par MM. A. Lardennois, 

P. Pech 
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. — Les forêts 
Rs de Belle-Ile-en-Mer ; par 
mile Gadeceau 

GÉ ORRAFHIE P 


CCR osssosso 


— Sur la présence de formes d'érosion 
e \ 


par M. Robert Cééür-F. ranek Era i 
var Annélides 


GÉOLOGIE. 


— Les premières éruptions volcaniques 
(oligocènes) dans le géosynclinal la- 
custre de la Limagne (Côtes de Cler- 
mont, Chanturgue, etc.) ; par M. PR: 
Glangeaud.. 

— Sur l'âge des, dépôts “gbibocencs ‘des 
bassins d'Aix et de Marseille et, en 
particulier, des argiles des Milles et 
des lignites de Saint-Zacharie; par 
M. PP crie rire ur 

—- pA l'existence d'une nappe de recou- 
vrement dans les îles de Pomègues 
et "Ai Ratonneau (golfe de Mar- 
seille); par M. J. Repelin.......... 

— Le Crétacé et le Tertiaire aux envi- 
rons de Thones (Haute-Savoie); par 
M Dour... 

— Sur l’âge exact de la « Plaine des Ro- 
cailles », près la Roche-sur-Foron 
(Haute-Savoie) et sur les stades flu- 


S. 


763 


100 


TABLE DES MATIÈRES. 


hommage à l'Académie du deuxième 


fascicule de ses Notes ptéridologiques. 


vioglaciaires du senepo, -Faucigny; 
par M. W. Kilia 

Sur les brèches E LE de 
Tarentaise; par MM. W. Kilian et 
PRE E E de en A A 
Sur les discontinuités de sédimenta- 
tion et les niveaux de brêches dans 
les Alpes francaises; par MM 
Kilian et J. Révil 

Sur l'existence, entre Modane et le 
col de Chavière, d'une « fenêtre » 
faisant apparaître le Trias sous le 
Permien ru Maurienne; par M. 
Jean Bou 

Les roches éruptives Konnan ia 
sives de la région située au nord du 
Tage; par M. Paul Choffat........ 

Sur les traces ‘de la période glaciaire 
en Albanie et Nouvelle Serbie (bas- 


ss. 


| 


sms. 


Notes géologiques sur la région de 
Bou Laouane (Maroc PEN 
ar M. TEET PRO POE E TE T ANT 
Sur la « Trouée de Taza » (Maroc Se: 
tentrional) ; par M. Louis Gentil... 
r la découverte d'horizons fossili- 
fères nombreux et sur la succession 
J g J 1 g m z A+ 


| 


le Cambrien supérieur du Yunnan 
- méridional; par M. J. Deprat 
Voir Géographie physique, Minéralagie, 
Paléontologie, Pétrographie, Sismo- 
logie. 


ecetet 


GÉOMÉTRIE. Sur les involutions 
appartenant aux surfaces algébri- 
ques; par M. Lucien Godeaux 

— Sur les intégrales de différentielles 
totales relatives aux surfaces algé- 
briques régulières; par M. Emile 
PU Ni anpes sante 

GÉOMÉTRIE AEN Uat E. — Sur les 
systèmes triple-orthogonaux, tels 
qu'un système de courbes de Lamé 


ss... 


Pages. 


418 


685 


TABLE DES MATIÈRES. 


ss, 
soit formé de lignes sphériques, le 
lieu des centres des sphères qui les 
contiennent étant une sphère ou un 
révolution; par 


GROUPES, — Sur certains sous-groupes 
des groupes hyperfuchsiens cor- 
HISTOIRE DES SCIENCES. — La renais- 


sance del'Astronomie à Paris. à à cn 

du xvi® siècle; par M. G. Bigourdan. 

— La conférence des longitudes de Gi ; 
pat M. C. Pifourdon. i Liens 

— La déclaration de Louis XIII jh 
tive au sn pr méridien; par M. G 

Bi 


ess see 0e + pha 0 60 ee + © © 


de 
Paris, de 1632 à la fondation de l'Ob- 


clipse de Soleil faite à Paris en 1630; 
par M. G. Bigourdan 
— Le prince Bonaparte fait hommage 
d'une lettre <a botaniste marquis 
de Saint-Simo 
— Dépôt des te laissés par 
Pierre Duhem 
— Sur re HE et les coordonnées 
de la station astronomique de l'île 
Notre-Dame. Les travaux d'Auzout; 
ar M. G. Bigourdan 
— Sur Teipin et les coordonnées 
des observatoires de Boulliau, de 
Gassendi et de P. Petit; par M. G. 
B da 


CR 


CRC 


Sen e 4 de eee € eve 0e 0. 


ss... 


— Les premières sociétés scientifiques 
u xvi? siècle. Les Confé- 

rences du Bureau d’Adresse; par M. 

` en A PER 


HyDRALIQUE. — — Sur Jes modifications 


Si. 


g? épaisseur et de diamètre iA, 


par M. Denis Eydoux............ 
— Sur la trans s coups de bé- 
dans les Sos présentant 


Pages. 


937 


265 


R., 1916, 2° Semestre. (T. 163.) 


IOOT 


Pages. 


respondant aux formes quadrati- 
ques venari à indéterminées con- 


-— ra de 


ss... 


— Voir Aunia Acousti 
physiologique, Chirurgie, Psycho- 
physio'ogie. 


des bifurcations. Application aux 
cheminées d'équilibre; par M. Denis 
PTT a PER EE asso A 
Au sujet des coups de bélier dáns une 
conduite forcée, formée de deux sec- 
tions de nat différents; par 
M. de S 
M. de Soire fait hommage de son 
« Rapport au deuxième Congrès de 
ia Houle ponches.: ., ouers 
Sur les coups de bélier; examen de 
l’état d’une conduite; par M. Ch. 
Camichel 
Amplitude des harmoniques impairs 
dans les coups de bélier; par M. 
Charles Camichel 
Sur la paese o de la vitesse de 
propagat dans les conduites 
forcées a i par M. C. Ca- 


CCC 


CR 


pue 
r 


DRODYNAMIQU 
adresse un Wimona ii titalé : « 
les tourbillons dans un ee à 
température variable ». 

Sur les tourbillons dans À un liquide 
à température variable; par M. 


i 


Développements sur le mouvement 
‘un fluide parallèle à un plan fixe; 
M. Richard Birkeland : 


..... 


— bnie fondamentale (sources) dans 


un liquide pesant à surface libre; 
ar M. Marcel Brillouin 
— Errata relatifs à cette Communica- 


ss... 


nn mms 


tion 
Voir N avigoii ion 
HycrÈèxe.— Voir Alnis , Eau, Insectes. 


130 


284e 


de nos habitations; par M 
laine et OC: Honlbert:.;). lu sise 


Lune. — La libration physique de la 
Lune, étudiée sur 40 clichés obtenus 
à l'Observatoire de Paris entre les 


MAGNÉTISME TERRESTRE, 
tions de la déclinaison magnétique 

à Lyon (Saint- -Genis-Laval) pen- 

dant le premier triméstré de 1916; 

r M. Ph. Flajolet 

— Petits dé la détlinpison ma- 
gnétique à Lyon (Saint-Genis-Laval) ) 
pendant le deuxième trimestre de 


ms R 


1916; par M. Ph. Flajolet........ 
MATHÉMATIQUES, 

Voir aee ae Ki 

trie, infinitési , Mé- 


cani aphie, Dee 
indie Y Théorie des nombres. 


MÉCANIQUE. 


— Système nouveau de ren ee à 
par joint à billes; par M. R. ry. 
— Sur l'application de la keah des 
équations intégrales à certains cal- 
culs relatifs à la stabilité des cons- 
tructions tire à une dimen- 
sion); par M. Büticle........,.. 
— pi te calcul des voûtes Sans 
oumises à une pression uniforme; 
Fe Me DOUCE... éme 
Vos Aciers, Choc. Cinématique, Hy- 
draulique, Hi us a 
MÉCANIQUE ANALYTI 
thode de calcul te perturbations 


= Perturba- 


Pages. 
InsEcrEs — Pour chasser les mouches 


M. C. Ga- 


132 


295 


442 


TABLE DES MATIÈRES. 


Voir Biologie, PrOD Pathologie 


animale, Poissor 


années Tan et atie par M. P. Pui- 
seus. 


…..... oe 


M 


d’un mouvement connu; par M. H. 
M E ar a Ou: art 

— Sur une nouvelle figure d'équilibre 
d’une masse fluide en rotation; par 


M. B. Globa-Mikhaïlenko., 


sss... 


MÉDECINE. 4 


— Compresseur oculaire pour la recher- 

u réflexe RREI: par 

M: J: Rodbinovich. s, ore -raens 

— L'’entérite, Dan s nerveuse; par M. 
PO BON A aL At 

Voir Acoustique ph ysiologique, Pos 

phylaxie, Chirurgie, Electricité mé- 

dicale, Gangrène, Microbiologie, 

Tétanos, Vaccins 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. — Sur les tour- 
billons dans un liquide à tempéra- 
ture variable; par M. Friedmann. 

[186], 

MÉTÉOROLOGIE. — ep rs traînée 

persistante; par M 
Voir Physique du ie Ste 


MICROBIOLOGIE. 


— Recherches sur influence de la pres- 
sion osmotique sur les bactéries. Cas 
du vibrion cho bis nd par M. J. 
Beauverie.. TIFN 


Pages. 


700 


579 


239 


494 


TABLE DES MATIÈRES, 


Pages. 


~- Nouvelles expériences sur l'influence 


— Pathogénie du choléra, reproduction 
expérimentale. de la maladie ; par 
M. G. 


RAP PIRE D EU 
Voir Antisepsie, PHONE arimale, 
Bactériologie. 

MINÉRALOGIE. 
nocrates des Possessions fran- 
çaises de l'océan Indien du Pa- 
angue; par. M. 4. Lacroit....1.. 

— Errata relatifs à cette Communica- 


HOME re Len CRI 
— La constitution des PRE voleani- 
ques de l'archipel des Comores; 


Navicarion. — Contribution à l'étude. 
expérimentale de la boule; par 
M. Forge: séesssranaten tte 


Nécroroere. — M. le Président pronon- 
uonce l’éloge funèbre 

zH: RS membre de la Sec- 

pain de Mécani 

— De M. Pirm Diem Membre non 

résiden 


rss ss 


nn mm mme 


CO 


OPTIQUE. 


Voir Absorption des radiations, Acaus- 
tique, Cristallographie, Eclairage, 


3 PALÉONTOLOGIE. 


— Découverte de restes. d'Arthraæoihe. 
rium dans le i- 
siennes du huna" d AoE ; 

ar M, G. Vasse Pa 


769 


538 


-paral k Ladroiz TE A Les 


de Fextrême-nord de Songai 
de- Nosy bé; les ankaratrites de 
Fe sii en sisih par M. A. 
L 


CC esrsosesssososossalr 


| 


Les syén nites à. riebeckite d'Alter 
Pedroso (Portugal), leurs formes mé- 
socrates (lusitanites) etleur transfor- 
mation en Fe ESES et en gim; 

. A. Lacroi 

Lesi verres EEO ae anadi du 
Cantal; par M. A, Lacroix. ....... 

Les phénomènes de bat exomer- 
phes et endomorphes des granites à 
ægyrine et riebeckite du mn 
de Madagascar; par M. 4. Lacroix. 

— Les PASS de mo ; par M. 


CCR 


. t... 


Mau +3 
Voir Crsallographie. 


A N : 


— De sir William Ramsay, Associé 

ST A LA CL LU 

— De M. E.-F. Maupas, Correspondant 

+ la Section d’Anatomie et Zoo- 

— De "M Oscar Backlund, Correspon- 
dant pour la Section d'Astronomie. 

Voir Décès, 

NomoGRAPHIE. — Anamorphose gra- 
phique d'une surface topographique; 
par M. Rodolphe Soreau. 


Her tire 


ES I Entraînement de 
l'éther, Speciros scopie. 


— Sur de nouvelles espèces de Rhino- 
cérotidés de daté de France; 
par M. J. Repelin 


passes see 8 + à + > 


aniques 


éjet 


1005 


Pages. 


254 


279 


386 


1004 


Pages. 


Panasrrisme. — Voir Crustacts, Insectes, 
Poissons. 

PATHOLOGIE ANIMALE. Existence 
de plusieurs variétés et races de coc- 
cobacilles dans les septicémies na- 


turelles du Hanneton; par M. Pail- 

dit de. bla ee E 

— Microbes nouveaux parasites du 

Hanneton; par M. À. Paillot...... 
Voir Poissons. 

PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — M. P. Mar- 


chal fait hommage des Tomes II 
(1913) et III (1914) des Annales 
du Service des Epiphyties, publiées 
par Ed. Prillieux, P. Marchal et 
E. Fonte oisi Pa ts 

PérrocraPuie. — Voir Géologie, Miné- 
ralogie. 


g 
Prorocuaimte.— Action de la lumière sur 
l'iode et l’iodure d’ amidon en milieu 


— Action des rayons X sur l'iode et l'io- 
dure d'amidon en milieu aqueux; 
par M. H. Bordier 


CR 


PHYSIOLOGIE. 


— Production expérimentale d’extra- 
systoles ventriculaires rétrogrades 
et de rythme inverse, par. inversion 


le cœur; par MM. J.-P. Morat et 
PAR Re ui US 
jes Circulation, Démographie, Elec- 
cité siologique, Energétique 

nee 27 Psycho-physiologie. 
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Essai 
de reco er des pertes de sub- 


nm à: 


plaies Fa guerre. Greffes périos- 
tiques et ostéopériostiques; par 
enri SUIS is bre ee) 

Parsrorocre VÉGÉTALE. — Observation 
sur le vivant de la formation cyto- 
logique de l’anthocyanine; par M. 
Marcel Mirande.. 

— Sur le dégagement d ‘oxygins pio: 
venant de la réduction des nitrates 
par les plantes vertes; par M. Marin 
Molliard 


ss. 


— Rôle catalytique du nitrate de potas- 
sium dans la fermentation alcoo- 
lique produite par le Sterigmato- 


631 


331 


TABLE DES MATIÈRES. 


cystis nigra; par M. Marin Molliard. 


| — Sur la présence d’une phycoérythriné 
E. 


dans le ge commune; par 
T'eodoresc 


Voir per re 


CC a a a a a AN A E 


PHYSIQUE. 


Voir Acoustique, Chaleur, aa 
Electr PT Thermo T amique 
PHYSIQUE : 1 JE. 
nue Ih ydrodynamigue. 


pr 01 


PHYSIQUE DU GLOBE. 


— Observations sur des perturbations 
électromagnétiques terrestres; par 


M. Albert Nodon 


CRC 


— Résultats d'observations d’aurores 


boréales ERE à l'Observatoire 
r MM. L. Vegard et 
— Sur le nee nocturne; par 
A. Boutaric 
Voir Mosubtienss Gree | Météorolo- 
gie, Sismologie, Soleil. 


PLANÈTES. — Éléments de la planète dé- : 


couverte par M. Sy à Alger le 26 
mai 1916; par MM. Louis Fabry et 


Voir Soleil. 

Pris CACHETÉS. — M. Tian Bouchon de- 
mande l'ouverture d’un pli relatif 
à la désinfection des ‘plaies de 
parre ni Oner 

Porps AToMIQUES. — Voir Densité 
Poissons. — Sur la migration et la pike 
du Thon (Orcynusthynuus L. si 
REN méditerranéennes; p: 
— Sur res migration de ponte de Ja Truite 
fario lacustris L.); 


— Destruction des Moustiques par les 
sera ; par M. ha eg 
— Sur le plan d’éq ou de sidtndre 


effort pa Poissons Tassélées à à ves- 


sie natatoire; par M. L. Boutan.... 
—- Séoločo ae chez le Mugil 


Pages. 


en 
3 


671 


664 


TABLE DES 


auratus Risso ct présence d'une 
myxosporidie parasite de ce poisson ; 
par! MN dLelphass si. tr sie: 
— Errata relatifs à cette Communica- 
ti ben NE Born rite 
Pouvoir ROTATOIRE. — Remarques sur 
les pouvoirs rotatoires des alcool-d- 
glucosides et des alcool-d-galacto- 
sides z et 3; par M. Em. Bourquelot . 
Prix pécernés. — Prix fondé par 
‘État : Grand Prix des Sciences 
mathématiques, le prix est décerné 
à Me NS Nord. 5 hi ct 
— Prix Bordin, deux mentions hono- 
rables sont accordées à MM. Geor- 
ges Darmois et Bertrand Gambier.. 
Prix Poncelet, le prix est Pa à 
M. Charles de la Vallée Poussin. 
Prix Francœur, le prix est décerné 
à M. René- Eugène Gateaux 
Prix Montyon, le prix est dt cerné à 
M.E. Mérigedults is. e rri 
Prix F ANE, le prix est prorogé 


.... 


018 Mn ete T 
Prix Henri de Parville, le prix est dé- 
cerné à M. Leonardo Torres y Que- 

Vlo ice x Hs tale code ia 
Prix Lalande, le prix est décerné à 
M. dt th Coggies. s erst 
- est décerné à 


urines 

- Prix Janssen, la médaille d’or est dé- 

cernée à M. Ch. Fabry et une mé- 

daille de vermeil à MM. Buisson 
cthourge,.,... usés se 00 0 0 0 

—— Prix Pierre Guzman, le prix n rest pas 
DR s rl à sise the cine 

-> Prix Delalande-Guérineau, le prix 

est décerné à Sir Ernest Shackleton. 

— Prix ie le prix est décerné à 

M Henri Va... is ous 

décer RENÉ ss... 

Roche, P. Du- 

— Prix Plumey; le prix et. décerné à 
M. Louis Barbillion: ............ 

— Prix La Caze, le prix n dass pas di: 
On nn ed danser 

== Prix ARE ANA le pa est 

décerné à e Eric Gerard... 


Pages. 


Prix Tchihatchef, le prix n’est pas ` 


I 4 


MATIÈRES. 


Pa 
— Prix Hébert, e qu est décerné à 
M. Jules Lemo 8 


- Prix Hughes, i sie est décerné à 
fou L Chaumont... iico.. si oduu 
— Prix Montyon (Arts insalubres), le 
prix est décerné à feu Alerandre 
Hébert; deux mentions honorables 
sont accordées à MM. Charles-Sa- 
muel Banzet et Paul Langlais...... 


nn mme 


mm 


nt attribués 

- Prix Houzeau, le aid est décerné à 
feu Edouard Bau 

- Prix Victor Raulin, le prix cst dé- 
cerné à M. J. de Lapparent........ 

Prix Desmazières, le prix est dé- 
cerné à MM. Renault et Cardot 


COR 


ss... 


“pes de la Fons Mélicoeq, le prix n’est 
pas décérnh.susdouens de dau oies 
- Prix de eu À le prix est décerné à 
M. R. : 


mm 


Prix Fur, + prix est décerné à 


M. Edouard Chevreux............ 
— Prix Savigny, le prix est décerné à 
PCR DA. ele ss, 
— Prix Thore, le prix n’est pas décerné. 
=: Prix Montyon, trois prix sont dé- 
cernés à MM. Octave Laurent, Ed- 
mond Sergent et Henri iaa; trois 
mentions sont accordées à MM. Jules 
Glover, R.-J. Weissenbach et Henri 


nm nn mn 


Prix Bréant, po n NE de la degré 
sont partagés entre MM. 
Phisalix, - ue 


Bruëre...... 
dard, le se n'est sen dé- 


q= Prix Mège, le prix n'est pas décerné. 


— Prix Bellion, le prix est décerné à 
M. Richard M 


ns 


— Prix du baron “paia le prix est dé- 


cerné à M. 
accordée à 
— Prix Montyon, le prix est décerné à 


. 838 


1006 


M. Couvreur 


mms mms 


— Prix Lallemand, le prix est partagé 


UE 


=- 


Aldo Massaglia et L 


sn A T 


entre MM. 
Pure 


Prix Pourat, le prix est meniti à 
MM. A. Mayer et G. Schae 

Prix Martin - Damourette, 
n’est pas décern 
Prix Philipeaux, le p est décerné 


b prix 


CRC 


PONS TEL Te 
Prix Montyon, " Pa est décerné à 
M. Chartes Perr 


Prix Binoux, Teal prix sont attri- 


dons se E E a 


` bués à MM. Joaquim. Bensaudė et 


Louis Couturat; une mention est 
accordée à M. E. Doubt 
Médaillé Berthelot, la médaille est 
décernée à MM. Paul Lemoult, 
Alexandre Hébert et Edouard Bauer. 
Prix Bordin. le prix n’est pas décerné. 
Prix Jean Raynaud, le prix est dé- 
cerné à feu Henri Amagat. 
Prix du baron de Joest, le ve est dé- 
cerné à M. Ernest Eselango 
Prix Houllevigue, le e est aitant 
à M. Edmond Bordage. 
Prix Saintour, le prix n bst pas dé- 
Prik Henri de Parville, quatre prix 
sont décernés à MM. uguste Bar- 
bey, Louis Raveneau, Daniel Bellet 
et Ei Montorioki. ut, Je. 
Prix Lonehampt, deux prix sont dé- 
cernés à Me Thérèse Robert cet 


ss... 


CC 
ss... 


ss en des 


M. H. Busquet 

Prix Wilde, deux prix sdb décernés 
à MM. Mansuy et F. Garrigou. . 

Pris Caméré, le prix est décerné 

M: Freysainét...::..... #20 98 

Prix Gustave Roux, le prix est dé- 

cerné à M. Michel Longchambon 

Prix Thorlet, le prix est décerné à 

e Richard 


* 


M. Adolphe Richard. ............ 


nn E E r n 


. . 


secos er de te ed N ass 


CC osd osteo otu 


PAMA prane une salivi 
cst aee dis à M. Charles Fi 


TABLE DES 


862 
862 


MATIÈRES. 


— Sn Gegner, deux prix sont 
décernés à M. A. Claude et à ME T. 
lotegharsurui). cite: à brefs A 

Fondation Jérome Ponts: le prix est 
décerné à MM. Battandier et Tra- 
Bies 


nn mm mn 


RER Eu 
sont accordées à MM. Charles Al- 
luaud, Bondroit, Pierre Lesage; au 
Touring-Club de France; à MM. Ca 


Jondan Loutreuil, des subven- 
tions sont accordées à M. Louis 
Roule, au Laboratoire maritime de 
Tatihou; à 
l'abbé A aux 
toires de Paris et de Marseille; à 
l'École mme + Mini d'Al- 
à MM. Porcher, 
nationale 


monet, Jules Garçon, Bigourdan, 
Bourget, Colson, Mesnager, Jules 
Glôver, L. Joubin; à la Société de 
Documentation paléontologique; à 
NEO PCQURS Er AE DR EC ete 
PROTOZOAIRES. Flagellés nouveaux, 
épiphytes des Diatomées pélagiques; 
par M. J. Pavillard 
— Sur les PRE PAR de Ceratos 
myxa uardi Georgév.; par M. 
Jivoïn Gdor aibi tch . 
— Sur s Re évolutif. dé Gaati 
di A par M. Jivoïn 
Gai Re, srun 
SYCHO-PHYSIOLOGIE. à Jus lo Seprio 
physiologie du soldat mitrailleur; 
par M. 
— Du minimum de temps dans la réac- 
tion psycho-physiologique aux exci- 
tations visuelles et auditives; par 
M.C. iechet. . 
Temps des réactions psychomotrices 
des candidats à l'Aviation; par MM. 
Jean Camus et Nepper 4e; 


E E a R 


M i E T E E a o a se 


ETET E E 


…. 


886 


TABLE DES MATIÈRES. 


P 
Rapirotocre. — Recherches théoriques 


et expérimentales sur les bases de la 
dosimétrie radiologique ; par M. R. 
Ledoux-Lebard et À. Dauvillier.... 
— Recherches théoriques et expéri- 
mentales sur les bases de la dosimé- 
trie radiologique; par MM. R. 


SÉRIES. — Sur la convergence des sé- 
ries de Fourier; par M. W.-H. 
ÉOURL +... sas sde cote NE an A 


8 
—- Les séries ARE e et les 
moyeni s de Cesàro; PE W.-H. 


CR 


MO. Fi ed der Re he 
— Sur les de de HP 
des séries de Fourier; par M. } 
T TR our 
— Sur l'unicité du développement tri- 
gonométrique; par M. D. Menchoff. 
SısmoLoGIE. — Sur le 
vin siècle dan 
Alone en ovale lusitano- 
o-marocain; par M. Pereira 
OMS: ut. NUE A nl 
SOLEIL. — Obscrvatiqu du Soleil, faites 
à l'Observatoire de “mdr pendant 
pas trimestre de 1916; par M. J. 
Guillaume. si se. tuent rien 
— Obeas akaki du Soleil, faites à l'Ob- 
servatoire de Ly pendant le 
deuxième trimestre de 1916; par 
M. J. Guillaume.. 
— Sur la périodicité de P durite solaire 
et l'influence des art js M. y, 
Kestitzin . 


CRC 


TÉLÉGRAPHIE SANS FIL, — Sur le fonc- 
tionnement des galènes employées 
comme détecteurs; par Mile Paule 
ST FES OR OS DEL 


— Détermination ps constantes p 
tiques du tube Coolidge; par MM. 
Marcel Boll et us Mallet. . s- 


— Voir Electro-optique, Ra- 


 dislogis 
S 
— L'action luni-solaire et la tempéra- 


tude héliographique moyenne des 
taches a par M. Henryk 
Arctow 
-—— Sur les ARR OS pe Te Rte 
992 solaire; par M. Henryk Arctowski. 
Voir Unirinemaii de l'éther. 
SPECTROSCOPIE. — Sur une fui de 
975 réduction des spectres prismatiques ; 
ISEE PA R E 
— Sur lës groupements des raies du fer 
sous l'influence sélective d’actions 
thermiques et chimiques; par M. 
G.-A. Hemsalech 
— Observations sur la Communication 
. Hemsalech; par M. A. 
de Gramo du 
SU CRES. => ni Fermentations. 
lai 


799 


chimique d’ un rm par 
MM. B . Au 


— Synthèse biochimi mique du pro 
galactoside 4 à l’aide d'un ferment 
contenu dans k levure de bière basse 
séchée à lair; par . Em. Bour- 
quelot et A. Aubry 


CR 


T 


>» 


— Conductibilités de lair. et du mica; 

ar M. Edouard Brant 

— Tétanos et gelures; par MM. Au- 
guste Lumière et Etienne Astier. 


..s.sssssss 


90 


Pa 
edoux-Lebard èt À. Dauvillier.... 


1007 


Q3 


34 


1008 


THÉORIE DES NOMBRES. 
nouvelle Table 
nombres; par M. Ernest Lebon.... 
Sur quelques fonctions numériques 
remarquables; par M. G. Hum- 


eri. 
E ia relatifs à cette Communica- 


` 


- Sur l'approximation des nombres 
incommensurables par les nombres 
rationnels; par M. Emile 


indéfinie; par 


U e CRT ST 
Sur les formes de Dirichlet et sur 
les substitutions loxodromiques du 
groupe de 


| 


LUS Pin et SRE A RE 
THÉRAPEUTIQUE. — Voir Anaphylaxie 
THERMODYNA — Démonstration 

du caractère rationnel des nouvelles 


formules de solubilité; par M. Alb. 


Vaccixs. — Essai de vaccination pré- 
ventive dans le typ 
tique; par M 

“T nn mob étés et avantages 
d'un vaccin homogène; par M. 

> Camii... 

— De l'immunité vactisale dnbbsitee 
aux injections intravasculaires du 
vaccin; par M. amus.,... 

— Variolisation dés Génisses immuni- 
ré apg la vaccine; par MM. R. 


CR 


t E. Huo i 
— loc Biiieé de la RME à la penise 


ZOOLOGIE. 


_ Voir Crustacés, Dicyémides, Embryo- 
s 


Picard; par M. Gaston : 


TABLE DES 


Pages. 


596 


599 


Ggt 


TUBERCULOSE. — 


MATIÉERS. 


Colson 

— Sur la détermination de l'énergie libre 
par Pre d'état de Clausius; 
par . Ari 

— Sur une forme de la fonction de la 
température dans er d'état 
de Clausius; par M. E. Ari 

Voir Choc. 

THERMOÉLECTRICITÉ. — Mesure thermo- 
électrique des points critiques du fer 
m MM. George K. Burgess et H. 
Sco 


ns mms 


nn ms 
CCC sssssssssoou 


— Un pro nouveau, relatif à la thermo- 
électricité et à la conductibilité a 
mique des métaux; M. Q 
Benedicks...... 

da Fetheröho: dës 
bacilles ral dans les cra- 
chats; par M. H. Bierr 

— Sur la réchéréhie des bacilles tubercu- 
leux dans les expectorations et les 
divers liquides de l'organisme, et sur 
la recherche des fibres élastiques; 
par M. A. Bierry.. 


ss... 


nn sms 


vaccinée, mais non ds TO 
immunisée; par M. A. Béclère 
La leucocytose ro à la vacci- 
nation antityphoïdique et antipar 
typhoïdique; par MM. Jules CR 
mônt.ekt A: Dôpré, : ie sa ts 
Vicxe.— Variations d’un hybride sexuel 
de Vigne par sa greffe sur l’un de ses 
procréateurs; par M. F. Baco..... 
Vozcans.— Les volcans Six périmentauk 


s... . 


| 


et les lois de la volcanicité; par M.. 


mile Belot... Danir 
Voir Gé:logie, Minéralogie. ; 


` 


génie, Insectes, Poissons, Proto- 
zoaires. 


618 


TABLE DES AUTEURS. 


MM. 


: F (N.) adresse une Note 
intitulée : « Sur quelques théorèmes 
d'analyse indéterminée »..... 

AKIMOFF (MicnEL). — Transoendaktni 
a kta Bessel à plusieurs va- 


Mes (CuarLEs). — Une subven- 
pra re m accordée sur le Majs 


CR 


phiqubiiss sub trs dires, de 

> Technique d’ éducation sensitive pour 

amputés et aveugles 

— Éducation nes et appareils de 
t 


CCC 


quer les mouvements de pronation 
et de supination : le « Gyrographe ». 
APPELL (Pur). — Sur les développe- 


: « Sur les lignes polygonales et 
sur des surfaces polyédrales géné- 
ralisant les polygones de Poncelet », 


Céosensruse 


fluence de Vénus sur la latitude 


BACKLUND (Oscar). — Son éloge 
est prononcé par M. 

To si ee E eh etat 

BACO (F. . — Variations d' un hybride 

sexuel de Vigne par sa greffe sur 

l’un de ses Fa pri 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163.) 


Ca 


À 


MM. 
Ra re moyenne des taches 
solai RL TR ET ii ur 


ROME Loris sis ir eus 
ARIÈS (E.) est élu PRE pour 
la Section de Mécani “qe. 


_....... 


température dans l'équation d'état 

de Clausins i 1-40 ones 

ARNOUX (René) adresse une Note inti- 

tulée : « Sur la transmission par le 

sol du bruit de la canonnade et sur 

les zones de silence qui sont la con- 

séquence de cette transmission »... 

— Sur la protection mécanique et la 

conservation des œufs............ 

ARSONVAL (A. D’). — Rapport sur le 

concours du prix Montyon (Médecine 

CHirargiey. en verid aet hS 

Í ASTIER (ÉrrenNseE) et EAR Has 
GUSTE). — Tétanos et gelures... 
AUBRY (A:) et BOURQUELOT To 

— Sy: PENE biochimique d’un galac- 

a TAE E E dun 

— Syithèse biochimique du propyl-d- 

galactoside + à l’aide d’un ferment 

contenu dans la levure de bière 

basse séchée à l'air... 


os ms 


B 


BAILLAUD (B.). — Rapport sur le con- 
cours du prix Valz 

— Fait pe de la Commission chargée 
d'e: cr les manuscrits de P.: 


sun 


nn 


Dul 
BAILLEUL (L.-C.) 


..... 


Pages. 


798 


(PIERRE). — Sur la polarisation du 
tissu ait et le traitement 
électrique des adhérencés cicatri- 

-| tricielles profondes........... RE 

BANZET (CnaRrLes-SAMUEL). — Une 
mention lui est accordée dans le 
concours du prix Montyon des Arts 
Ed RS Re PRE VE PRE 

BARBEY (AvausrEe). — Un prix Henri 
de Parville paih de Sciences) 
lui est décer 


CR 


vos cet der 04e 65 


p (G.).. — Sur la structure 
Mae ar floral des Mesembryan- 
turc (E) ent élu C orrespondant 
pour E Section d'Anatomie € 
Joe IR oV ETAD R 
BATICLE, - — Sur le calcul des voûtes 
épaisses soumises à une pression 


—- Sur l'application de la théorie des 
“Gina intégrales à certains cal- 

culs relatifs à la stabilité des cons- 
ESR re à une dimen- 
OL AT LE LU UE 0 JO, 
PATTANDIER et TRABUT.— Un prix 
ôme Ponti leur est décerné... ... 

SA Pere (Marcez). — Démonstra- 
a cannes. de la fosette gé- 


enfant p Ja. Pierre polie. . 0432110 
BAUER (Mme traces adresse des 
ts pour istinction 


rem 
que l’Académie a accordée aux tra- 
vaux asie son mari, mort au anses 


d 
nn mm 


CR A E 


BAUMEL (J.) et LARDENNOIS (G.). 
— Les infections gangréneuses des 
Hors de guerre par germes anaé- 

DAUMEL (J); LARDENOIS (G) et 
PECH (P.). — Étude des infections 


au moyen de la radiographie... ... 
BAYEUX (Raovu). — Une mbrentih 
sat est accordée sur le Fonds Bona- 


D sesse oepoo 


Th 
7 
BEAUVERIE ui Recherches sur 


Pages. 


616 


la 
-J| BIGOURDAN :(G. 


TABLE DES AUTEURS. 


MM. 


Cas 
— Nouvelles expériences sur l'influence 
qu BRerCE la pression osmotique sur 


les bactéries. vibrion 


e 

BÉCLÈRE (A.). — Inoculabilité de la 
variole à la génisse vaccinée, mais 
non complètement immunisée. 

BELLET (Dante). — Un prix H. de 
Parville (Ouvrage de Sciences) 
ANT DORBER 0 dis 1 un dense 


are (Émisx). — Les volcans expé- 


mentaux et les lois de la volcani- 

de 
— L' “origine ‘des rotations et révolutions 
e 


des orbites cométaires 
— Précisions nouvelles sur la loi expo- 
nentielle des distances des ar 
et satellites 
BENEDICKS Can: — Un effet nou- 
veau, relatif à la thermo-électricité 
et à ła BEIAU ETENE 


ss ss. 


om ce o orhe uses 


BENSAUDE j TITE — Li. priš rix Bi- 
noux soupes des Sciences) lui est 
domain issu aip dite 
BERGONIÉ g. — Électro-vibreurs 
puissants hant sur courant 
faible, continu ou eaii, Élec- 
tro-vibreur à résonance. . ......... 
BERGONIÉ (J.) et GUILLAUME (Cm. 
Ép.). — Instruments de chiru 
same au champ de PFélectro- 
RATER LE .). — Rapports sur es 
du prix Delalande-Gué- 


— fe Lace de six mille simon (Navi- 


tion)... 
BIERRY (EL). - — pe i zoteri des 


bacilles tuberculeux dans les era- 


de T’ Astronomie à à Paris, à partir d 


— Sur la es dus son à grande 


distan 
— La pre des lagitidés te 1634. 


Pa 
l'influence de = pressioń osmotique 


229 


— Binoux VEIO des 
Sciences)... vues SO 
BIRKELAND EERE — Dévelop- 
pements sur le mouvement d'un 
fluide parallèle à un plan fixe 
BLANCHETIÈRE (A.). — Relations 
entre la constitution chimique de 
certains dérivés des amino-aeides 
et le ra g’ mom e de ceux-ci 
ar les 


...…. 


....... 


— Éléments de la planète p FRE 

` werte par M. Sy à Alger le 26 mai 
ss E « 
BOCCARDI (Grovanxi). — Le prix Valz 
lui est décern 
BOGITCH (E.) et LE CHATELIER 
rares — Sur la mére de 

sité des co 


mm 


CCR sso 


Soc E Manera) et MALLET. (Lveren]). 


Détermination des cons tantes A 


TABLE DES AUTEURS, 
MY Pages. | MM. 
— “La déclaration de Louis XIII relative ratiques d 1 tube Coolidge........ 
au premier méridien.. d. oise sbeas 319 BONAPARTE (LE PRINCE) pae le 
— Sur la propagation à grande distance premier fascicule du Reeueil du 
- du bruit de la canonnade du front.. 323 Fonds Bonepatie. -soi i rsnstedtan 
- Let: observations astronomiques de — Fait hommage du deuxième fascieule 
P de 1632 à la fondation de de ses Notes ptéridologiques........ 
l'Observatoire... 453 | — Fait hommage d'une lettre du bota- 
— Surl sos eneet pe "A mor ienahes niste parqe de Saint-Simon (1720- 
de l’ancien Observatoire de la rue 1799)... 
re dgpér 502 | BONDRO IT. — 1 pere je pe 
Ea ncienne alarini accordée sur le Fonds Bonaparte. 
a à balise de Soleil faite à Paris en J4, 
TRUE aveu ea de Mo T a TE 541 PAPE TPE ES). arré- 
— Sur l'emplacement et les coordonnées es de la fondation Cahours lui 
de la station astronomique de l'île sont a Se M O ETES 
Notre-Dame. — Les travaux d'Au- BONNIER Ye ASTON), — Rapport de la 
OR LR en nas E 64 Commission shargbe de proposer, 
— Sur l'emplacement et les coordonnées pour l’année 1916, la répartition du 
des observatoires de Boulliau, de Fonds Bonaparte............ 74 
Gassendi et de P. Petit....,....... 731 | — Offre à l'Académie un Volume inti- 
— Les premières sociétés scientifiques tulé : « En marge de la grande . 
de Paris au xv® siècle. — Les Con- DUETTEN Eh Fan de Von AE 
férences du Bureau d’Adresse...... 937 | — ee sur le concours da prix de 
— Fait hommage d’une brochure inti- COMSS nus E sut dpt 
tulée : « Le climat de la France BONNIER (rane — L'entétite. 
Température, pression, vents». +19 Panne DOF VOIS. eann dé ar rie 
— Fait partie mmission BORDAGE (Emo. — Le prix Hgot 


s.s.s e senso 


levig 1e lui e 

BORDAS nééme) à BRUÈRE (Sa- 
MU x leur est décerné 

cg iige dia de la fondation 

ÉHADIER (H.). — Action de la lumière 

sur l'iode et l'iodure d'amidon en 

milieu aqueux 


CR 


— Action des rayons X sur l'iode et 


l'iodure d'amidon en milieu aqueux. 
BORDIER fs et ROY (G.). — Sur 
Piode c 


BOREL Uai. — Sur!’ approximation 


des nombres incommensurables par 


CC 


, 567 


596 


BOUCHET Are — Dilatation électrique - 
des 


solides dans le sens ner- 
mal à un AR électrostatique. . 
— Sur les variations d’épaisseu 


nde l’euverture 
tif à la « Désin- 
de e guerre » 


d'un cham 
BOUCHON (Jean) der 
# un rs cacheté 


s... 


carbazones d'acides 3-cétoniques, 


1012 

M. 
— Sur les acidylsemicarbazides...... 
— Semicarbazones d'acides 4-cétoniques. 


Acides cinnamiques 4-iodés 
— Semicarbazones des acides 4-céto- 
niques. Acides phénylbutyriques 
1-diiodé et 4-dibromé; acides phé- 
nylcrotoniques 4-iodés et x-bromés. 
BOULENGER est élu Correspondant 
de l’Académie pour la Section d'Ana- 
tonie ét Bobo Es is 
— Errata relatifs à cette élection. ..... 
BOURGET (Henry). — Une médaille 
ras du prix Janssen lui est décer- 


sr des 


BOURGUIGNON (G.). — Procédé de 
détermination de la chronaxie chez 
l'homme, à l’aide des décharges de 
condensateurs. (Classification des 
muscles du membre 
la mine suivant leurs sr 

prdnula men TP mn NE ue 

BOURGUIGNON (G:} et LUCAS (J.).— 
Classification des muscles du mem- 
bre supérieur de l’homme suivant 
‘leur systématisation radiculaire, par 
le rapport des quantités donnant le 
seuil avec les deux ondes isolées du 
courant induit (indice de vitesse 


BOURQUELOT (Éu.).— Remarques sur 
es pouvoirs rotatoires des alcools-d- 
glucosides et des alcools-d-galacto- 
CE Dis ste rers si aans 
BOURQUELOT (Éx.) et AUBRY (A. `; 
— Synthèse biochimique d’un galac- 
tobiose 


— Syni biochimique di topyt: 4: 
galactoside a à l’aide d'un ferment 
contenu dans e vais de bière 
basse rockte a Fair. 0 ee 
BOUSSAC (JEAx). — dope l'existence, 
entre Modane et le col de Chavière, 
d'une fenêtre faisant apparaître le 
Trias sous le Permien de la Mau- 
rienne . 


nm nn sms 


+ 
CAMICHEL (CHARLES). — Sur les coups 
de bélier; examen de l’état d'une 


s.s.s» 


condui 
— Psrerar des hathiguiiues impairs 


CR 


supérieur par 


D 
do 


< 
nu 
xN 


150 


TABLE DES AUTEURS. 


BOUSSINESQ. — Rapport sur le con- 
cours du prix Fourneyron......... 

BOUTAN {L.).— Sur le plan d'équilibre 
ou de moindre effort des Poissons 
Tél i 

BOUTARIC (A.). — Sur le PEREA 
n TEE 

BOUTY (E.). — Rapports sur riet concours 
du pie HEKO PLEASE 

BOUVIER (E.-L.). — ne AEA sur les 
concours : du prix OUVRE 


ETES NET EE Le 


dans un 
IBES SCA 
— pire relatifs à cette Communica- 


ones mm 


lidge vers les très courtes lon- 


gueurs d'onde 


ses enr ses eve 


des spectres de rayo 
ments, et sur l'importance des phé- 
nomènes d’ Saiao sélective en 
a a a A 
BRUÈRE (Sauver) č "BORDAS (Fré- 
DÉRIC). — Un prix leur est décerné 
sur 2 arrérages de la fondation 
Bratte, A R FEE 
BUISSON. (Hexmi). ne médaille 
de vermeil du prix an lui est 


E I A Di Lee 


T'(H.). — Un prix Lonchampt 
lui Gt décennies UN 


dans les coups de bélier........... 
— Sur la détermination de la vitesse 
de propagation a dans les condi- 
duites forcées industrielles, ....... 


Pages. 


TABLE DES AUTEURS. 


CAMUS (Jean) et NEPPER. — Temps 
des réactions psychomctrices des 

L.). — Préparation, propriétés 
et pie ea d'un vaccin homogène. 

— De l’immunité vaccinale consécutive 
aux injections intra-vasculaires de 


CARDOT (Henry) et RICHET (Cnar- 
LES). — Influence 
thermiques faibles et brèves sur la 
marche des fermentations......... 

CARDOT (J.) et RENAULT (F.). — Le 

rix Desmazières leur est décerné. . 

CAULLERY (M.) et MESNIL (F.). — 


veau KARES vivipare (Ehlersia 
nepiotocä; n. 8pP.)esa nnd UUN 
CÉSAR- FRANCK (Rosens): — Sur la 


lienne à l'île de Wight AKAI 


CHARPY  (Georces) et GODCHOT 
(MarceEL). — Sur l'oxydation des 
ROUES 0 US a OIRNN 

CHAUMONT adresse des remerci- 


ments pour la distinction accordée 
aux travaux de son fils Louis Chau- 
mont, mort au champ d'honneur... 
CHEVASSUS (X.) adresse une Note 
relative à la formation des nuages de 


trs (Lucien). — arms expé- 
mentales au bord de la m 
— Sur les effets de l’arrosage cn 


s.e...» 


nm E R S 


contin 
DANTAN (J.-L.). — “Obrervations sur la 
larve de l’Ostrea edulis (L.)......... 
DANYSZ (J.). — Les causes des trou- 
bles observés après l'injection des 
produits du groupe de l'arséno- 
nzol et les crises anaphylactiques. 


—- Les causes de l'anaphylaxie; natare 
et form. 
DARBOUX (Gavoi. — M. le Secré- 
taire perpétuel nonce que le 
Tome 460 (janvier-juin 1915) des 


Pages. 


d'élévations . 


M wo 


Wies e tegt Eo mm mm mn S 


CHOFFAT (Pavi). — Les rcches érup- 
tives filoniennes intrusives a la ré- 
gion située au nerd du Tag 


ss... 


CLAUDE (A.). — Un prix Cons lui est 
décerné yo ie sas bel sets fe Dose 
COGGIA (JÉROME-EUGÈNE). — Le prix 
Lalande lui est décerné.......... 
COLANTI (A.). — Oxalates d’uranyle et 
de: potasiuns isus ia i A aN 


COLLET (Mie Paure). — Sur le fonc- 
tionnement des galènes employées 
comme détecteurs... 11.550.274 

COLSON (Azs.). — Démonstration du 
caractère rationnel des nouvelles 


r Vanille. sora PL OT 
TOTAR T is Es) et DEVIC (A.). — 
La ler e consécutive à la vac- 
cination antityphordique et anti- 
paratyphoïdique Us 
COUTURAT . Maut). — Un: pri x Bi 
ye Espte des Sciences) lui est 


oson ‘(Mme). — Une partie des arré- 
rages de la fondation er de 
hi est attribué tie EST 


Comptes des est en distribution 

au Secrétaria 

Présente le Tone II des Œuvres de 

Henri Poincaré 

— Fait partie de la Conde char- 

gée d'examiner les manuscrits de 
uhem 


CC E E E T 


TE a E E E E E E A E O 


— Rapports sur y Concours : 
Grand Prix des Sciences ds. 
ns rite... 
Du prix POPR Ne durs 
Du prix Poncelet 
Du prix Montyon (Statistique) 
De la Médaille Berthe z 
—- Du m Jean Reynau 
— Du prix H. de Fann (Ouvrage de 
Fes 


— WU DELX E ULLCIC Rss sms ss ss ses 
— DU DFIX MONLVOIL (9)LALIS LIQUC,, s.s. 


CORP 


ss 


A RE ne rs 


1014 
MM. y 


mm ns 


prix Gegner 


parmi les pièces im 
Correspondance, č 
de MM. H. Andoyer, F. CS 


de M. ner Mihel, steik — De 

MM. D. Ignac na Blanch, 
Icilio Guareschi, an- — pag M. Ed- 

— De M. Pierre 


Delbet, 747. 
DARMOIS (GEorces). — Une mention 
lui est accordée dans le concours 


du pris Bordim; ::. oiinadi er 
DASTRE (A.). — Rapports sur les con- 
cours : du prix Montyon (Physio- 
logie } sn de en Me EURE à arte 
— Du prix ares ecrit Leds il er 
— Du prix Lonchampt............... 
DAUVILLIER TEA et LEDOUX- 


LEBARD (R.).— Recherches théo- 
i ur les 


— Recherches théoriqu 
mentales sur les ge de ú ap 
métrie radiologique.............. 

— Errata relatifs à Ets Comm mica- 
OR 2 une die bons 

— La série K du tungstène et l'excita- 
tion des rayons X au point de vue 
de la théorie des quanta.......... 


DEDIJER (J.), — Sur les traces de la 


iode glaciaire en Albanie et 
Nouvelle Serbie (bassins supérieurs 

du Drim Noir et de la Skumba) ..… 
DELPHY (J.). — Scoliose abdominale 
chez le Mugil auratus Risso et pré- 
sence d’une myxosporidie parasite 
dotepembin:..:... e 


ERIKSSON (JakoB). — Sur la réappa- 
rition du Mildiou (Phytophtora infes- 
: line dans la se de la Pomme 

de terre 


799 


97 }— Sur le principe de Doppler et Ie siffle- 


TABLE DES AUTEURS. 


M. : 
— pien relatifs à cette Communica- 


sn mn ntm mme 


o 
DEPAGÉ. est, élu Correspondant de 
l'Académie pour la Section de Méde- : 


a} a ME dE 
d'horizons states nombreu 
sur la succession des faunes Mer le 
Cambrien moyen et le Cambrien su- 


{ 
— La leucocytose RSE: à la 
A a antityphoïdique et anti- 


oïdique 
DHÈRÉ ie ) et VEGEZZI (G:). — Sur 


l’'hémochromogène acide. ......... 
— Errata relatifs à cette Communica- 
— Influence exercée par le dcuré 
réduction des hémochromogènes 
sur Doi: propriétés spectrales.... 
Errata relatifs à cette Communica- 
TAR a composition pigmentaire de 
naet te pa hylle 
DIÉNERT (F.) et GIZOLME (L.). — 

me algues des filtres à 

sable submergé dans l’épuration des 


rss 


Canale que deu Efunt eve 
DOUBLET (E.). — Une mention lui est 
attribuée dans le concours du prix 
Binoux (Histoire des Sciences) .... 
DOUVILLÉ (H.). — Le Crétacé et le 
ertiaire aux environs de Thones 
DUHEM (Pierre). — Son éloge funèbre 
est prononcé par M. C. Jordan. 
— Səs manuscrits sont remis à l'Ace- 
Duhem.........…. 
DUMANOIS (P.).— Une partie du 
de six mille francs (Navigation) lui 
est attribuée: oi a ee las 
DUSSAUD. — Nouvelles expériences de 
séparation des effets lumineux € 
calorifiques d’une source de lumière. 


E 


ASTRA ne (Ernest). — Sur les 
coups de canon et les zones de si- 
lono : 4 A0 [138], 


761 


29 


La 


67 


TABLE DES AUTEURS. 


AM. 
ment des projectiles... ...,:.../.. 
— Le prix du baron de Joest lui est dé- 
EYDOUX (Dexis). — Sur les sidii 
tions des coups de bélier dans les 
` conduites d'épaisseur et de diamètre 


FABRY (CuarreEs). — La médaille 
d'or fs prix Janssen lui est dé- 
CR re a 
FABRY (Louis et BLONDEL (HEexri). 
— Éléments de la planète décou- 
verte par M. Sy à Alger le 26 mai 
LOI rrnmaneom case 
FAUCONetMASSOI 
des radiations ultravioletos par 
les dérivés bromés du métha 
FLAJOLET (Pn.). Forros 
de la déclinaison magnétique à 
Lyon (Saint-Genis-Laval) pendant 


v 


® 
r 
= 
@œ 
m 
= 
E 
% 
+ 
r 
© 
[== 
œ 
m 


gnétique à Lyon (Saint-Genis-Laval) 
Me a le deuxième trimestre de 


mms h 


FLAMMARION (CamILLE) adresse un 


i aE (ÉmLe). — Les forêts 
mergées de Belle-Ile-en-Mer. . 

G REEE E (C.) et HOULBERT (C. | de 
Pour res) les mouches de nes 
habitati 

=i Les dre iy Hermelles et l'asséche- 
ment de la baie du Mont-Saint- 


nn mn mm 


msn mms 


3AMBIER terres 

tion lui est RS dans le con- 

cours DR DOUI nr metre ie 
GARNIER (RENÉ). — he de l'inté- 
grale générale de l'équation (VI) de 
M. Painlevé dans le voisinage de ses 
singularités transcendantes . 
Étude de l'intégrale gén ER ee ‘4 
l'équation (VI) de M. DOTE dans 


GATEAUX (Rexé-Eu GÈNE). — 


8 


Taza » | 
GEORGÉVITCH (J.). 


variables .irsr. 2e cs 
— Sur la transmission des coups de 
. bélier dans les conduites présentan 
des bifurcations. né aux 
cheminées d'équilibre 


CRC 


Rapport sur l'emploi de la subven- 
tion accordée à l'Observatoire de 
Juvisy en 1916 sur la Fondation 


CO 


utreui 
DÉS (E.). — Sur un procédé 


de conservation du pain destiné 
partieulièrement aux prisonniers de 
FOLEY r anon et SERGENT (E»- 
MOND). — Un prix Montyon (Méde- 

cine et Chirurgie) leur est décerné. 
FRÉMONT (Cnarzes). — Une su bven- 

E lui est accordée sur la 
ni 


CC 


est his UD drain 0 
FRIEDMANN. — Sur les PEA ET R 
dans un liquide à température va- 
HANE ni esta ne 186], 


ce 


CR senasa 


|— Sur une méthode sara Lai ré- 


soudre le ne de Rieman 


_… 


tion luni-solaire ab la température. 

— Le prix 
rancœur lui est décerné 

GAUBERT (Pavut). — Sur les liquides 

cristallins obtenus par évaporation 

D OO em . 


nu 


90 un 
GAUTIER (Armann) est a délégué à 


la Commission de contrôle de la Circu- 

ion monétaire 
GENTIL (Lovis). — Sur la « Trouée de 
Maroc septentrional) 


nn 


+ + + 


— Sur'les di- 


le voisinage de ses singularités trans- ` 
ndantes 


340 


972 


1016 


MM. 
verses formes de Ceralomyza He- 
rouardi Georgév 

— Sur le cycle évolutit de: Gerani ysa 
Herouardi Georgév + 

GÉRARD et ŒCHSNER DE COs 
NINCK. — Poids atomique du 
Plomes a s a e e 

GÉRARD (Éric). — Le prix Kastner- 
Boursault lui est décern 

GÉRARD sr Sbevoties 
Ochnacées de Pres 

GIRARD (Penn et BAILLEUL (L.- 

C.). — Sur la polarisation du tissu 

PE et le traitement électrique 
des He aT cicatricielles pro- 


_...... 


ss... 


fondes 5.5... Vivier, 
GIRAUD Mikoko]: — Sur les formes 
quadratiques et les fonctions hyper- 
ie PEN a E T 
(L.) et DIÉNERT (! 
Influence des algues des filtres à 
-i submergé dans l’épuration des 


CC 


een re de Clermont, Chan- 
turgue, 
-= dar Niani à cette Communica- 


E A a par 


GLOBA-MIKHATLENKO (B .). — Sur 
velle figure d'équilibre d'une 


ma 
GLOVER (Jures). — Une mention lui 
est accordée dans le concours du 
rs Montyon (Médecine et Chirur- 
GODCHOT (Marcez) et CI IARPY 

. (GEorcEs). — Sur l'oxydation des 
houilles 
GODEAUX Loen. — Sur les involu- 
de EEEO aux surfaces algé- 


ss. 


GONNESSIAT CNRS est lâ Cor- 
respondant de l'Académie pour la 
Section d 7h PR UE te 


HADAMARD ER 
concours du prix Francœur. 
}. — Rapport sur le con- 


—  Rappert 
HALLER (À. (A. 


Pages. 


7 propr 
GRAMONT (A. pe). 


GUITTEAU (Li). 


TABLE DES AUTEURS. 


MM. 

— Sur une étoile à grand mouvement 

— Observations 
sur une Communication de M. G.-A 
Hemsalech, intitulée : « Sur les grou- 

ements des raies du fer, ete. ». 

GRANDJEAN (F.). — L’ sélection 

ra en anisotropes sur les cris- 


CR 


4 
GUICHARD (C.). — Sur les nées 


triple-orthogonaux, tels qu’un sys- 
tème de courbes de Lamé soit formé 
de lignes sphériques, le lieu des 
centres des sphères qui les con- 
tiennent étant une sphère ou un pa- 


Mecs do oo dose ve vo see e +0 5 


— Modifica- 
tions de la dilatabilité de l’invar par 
des actions mécaniques ou ther- 
UN DE D UN d D A PEN T 

— Kibasa et dilatabilité de l'invar. 

— Homogénéité de dilatation de l’invar. 

GUILLAUME -Ep.) et BERGO- 
NIÉ (J.). — Instruments de chirur- 
gie adaptés au champ de l’électro- 
VIDDE Gi SO MR aN 

GUILLAUME (J.). — Observations du 
Soleil, faites à l'Observatoire de 
Lyon, pendant le premier trimestre 
MO E A E A tar es 

— Observations du Soleil, faites à 
l'Observatoire de Lyon, pendant 
le deuxième trimestre de 1916.. 

— Occultations dans les Pléiades, obser- 
vées le 16 septembre 1916, à l'é 
torial er (om 16 d aa 
de l'Observatoire de Lyon 

GUILLERY (R.). — Système nouveau 


ss... 


sur la baryte en présence de leau.. 


n : 


791 


cours du prix Houzeau........:.. 
HAMY (Maurice), — Sur une formule 
de réduction des spectres prisma- 


Pages. 


824 


TABLE DES AUTEURS. 


MM. Pages. 
tigieg nees ARR EE MS md TR 463 
— Sappe sur le concours du prix 
PSE T E a ed ne à à à Re ne à 300 
HARLÉ Toit) et HARLÉ 
(Jacques). -— Les dunes Mie 
tales des landes de Gascogne..... 515 
H ARTMANN (L.). — Sur la détermina- 
tion de l'équivalent mécanique de 
la chaleur par le procédé de Hirn. 222 


— Variation systématique de la valeur 
de la force vive dans le choc élastique 
CR COPDR ur RUE nn 
HAVET (J.). —* Un prix lui est décerné 
sur les arrérages de la fondation 
Bréant 
HÉBERT (ALEXANDRE). Le prix 
Montyon des Arts aidai lui est 
décerné 


rer on nms ess 


CRC 


CC 


HEMSALECII (G.-A.). — Sur les grou- 


pements des raies du fer sous lin- 
aie sélective z actions ther- 
miques et chimiques, ............ 
HENNEGUY. — RES sur les con- 
cours: du prix Bréant.1.,......,, 


= Du prix Pourat 5,4 ue 


IOTEYKO (M8° J.). — Un prix Gegner lui est décerné 


JORDAN (CamıLLeE) prononce l'éloge 

funèbre : de M. Pierre Duhem, mem- 

Dre non redemit: Le a naa 

— Peo M. E.-F..Maupas, Correspondant 
aed la Section d'Anatomie et Zoo- 

— Pe M. H. Léauté, Membre de la Sec- 

tion de Mécanique RÉ a a e 

D> M. Oscar Backlund, Correspon- 

dant pour la Section d'Astronomie. 

Préside la Commission chargée d'exa- 


Allocution prononcée dans la séance 
publique du 18 décembre 1916... 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163.) 


MM. 

HINKS (Arrnur-R.) adresse des re- 
mercîments pour la distinction que 
l’Académie a accordée aux travaux 

DONS. cu à 

HORSCH (Sravros) et ZEN GITELIS 

C.). — Action chimique du per- 
oxyde de sodium sur les oxydes de 


dium sur | 


HOULBERT (C.) et GALAINE (Ci a 


55 Pour chasser les mouches de nos 

habitations eaS A nee 

— Les récifs d'Hermelles et l’asséche- 

844 ment de la baie du Mont-Saint- 

r TA PRA ANE AA T 

HOUSSAY (FréDÉRIc). — Sur laudi- 

817| tion des canonnadeslcintaines. Com- 

plexité de la question............. 

862 | HUMBERT (| (G.). — Sur quelques fonc- 
tions numé riques remarquables.. 

— ges relatifs à cette Coa 

757 HUON | (E.). ct WURTZ {R.). — Va- 

riolisation des Génisses immunisées 

845 DONTTE la vaco.. a arai 

853 


I 


AA AL E O sis fente san eN Nes SE 


— M. le Président annonce à l'Académie 
que la séance du lundi 1° janvier 


ss... 


tion des pertes de substance 
longs consécutives aux al de 
guerre ras pas et ostéo- 
périostique 
JULIA (Grena), — Sur quelques pto- 


nn nn mm 


n'altèrent pe forme d'Hermite 


INR ni ue 
— Sur les formes de Difichiét et sur les 
D loxodromiques du 
Hope de PEAR.. 

132 


880 


937 


989 


1018 


MM 
KAISER (0:), PICTET (us) et RAM- 
mas (L.).—S yd 
arbures ge dans la houille.. 
KILIAN (W.). — Sur l'âge exact de la 
« DE des Rocailles » près la 
Roche-sur-Foron (Haute-Savoie) et 
sur les stades fluvio-glaciaires du 


0- 


Wur 


Génevois-Fautigny : 4.4 45.4. ei 
KILIAN (W.) et RÉVIL (J.). — Sur les 
brèches (conglomérats) de Taren- 
— Sur les REP Ru + sédimenta- 
tion et les aux de brèches dans 
les Alpes Sels SERA d Go 
KŒNIGS (G.). — Sur un mouvement 
plan particulier à deux paramètres. 
— Sur les propriétés du second ordre des 


{ 


LACROIX (A. — Sur quelques roches 
volcaniques mélanocrates des Pos- 
sessions ner l'océan Indien 
et du Pacifiqu 


ss ns ss ss 


— ta EERE des roches volcani- 

ques de l'archipel des Comores, . 
— La constitution des roches volca- 
niques de l' Extrême Nord de Mada- 
gascar et de Nosy bé; les ankara- 
trites de Madagascar en général. ... 
Les syénites à riebeckite  d’Alter 
Pedroso (Portugal), leurs formes 
mésocrates  (lusitanites) et leur 
ren en des et en 


| 


CC ssesossesoessesbayehee 


Les es de contact exomor- 
phes et endomorphes des granites 
nord- 


Rapports sur les concours 
H 


Sciences cave E 
= Du prix Wilde. TET [e skrign 
-— Du prix Gustave Rova 


RS DS E IE 


Pages. 


el 
FR 


tt de alidesi ur on y 
L 
e DUPE Fhoriot... o x ARMT SES 
— M. le Secrétair2 perpétuel siguale, par- 
mi les pièces impri or- 
177 respondance, des Ouvrages de 
M. Charles Oberthur, 26 De 
228 M. Raphael Dubois, ee 
MM. Charles Oberthur, Constant 
219 Houlbert, F.-P. Dodd, 352. — De 
M. Fleurent, 386. — De M. L. Wad- 
dell, 479. — Une publication de 
l'Université d'Upsal, 479. — Des 
254 Ouvrages : de M. A.-L. Bittard, 658. 
— De M. Tijjeneau; de MM. F. Ra- 
thery, L. Ambard, P. Vansteen- 
berghe, R. Michel, 688. — 
MM. Henry Hubert, L.de Montgrand, 
279 H. Andoyer, J. Deprat, Mansuy, 
* 972. 
406| LAHY. — Sur la pripi ei 
du soldat mitrailleur............ 
LAIS (Joser). — Uns subvention 
L: i est accordée sur le Fonds 
726 parte sut Us es J, 
LALLEMAND. — Rapports : sur les 
concours : du p Ssd- T 
86 prix Binoux.,,,,: us aie cv 
874 LAMEËRE (Auc.). — Une phase nou- 
877 velle des Dieyémides............ 


TABIE DES AUTEURS. 


K 


MM. 
mouvements plans à deux para- 
MER coors ase oe REE ES 

— Sur la horus géométrique générale 
des propriétés du second ordre des 
ere plans à deux paramè- 

KOGBETLIANTZ (ERWAND ji 
pali séries de fonctions nE 

KOSTITZIN (V.). — Sur la siaii 
de l’activité sclaire et l'influence 
des planètes 


CÉRCCC 


KROGNESS (0.) et VEGARD (L.). — 
5 


Résultats d'observations d’aurores 
boréales exécutées à l'Observatoire 


Pages. 


878 


TABLE DES AUTEURS. 


MM. 
LAMY (En.). — Le prix Savigny lui est 


a AA EE N RG ENS E EA 


LAPICQUE (Mme MarcerLLe) et VEIL 
(Mme CATHERINE). — Vitesses mus- 
culaires mesurées par la chronaxie 
dans les différentes cavités du cœur 


€ 
LAPPARENT (J. DE). — z prix Victor 
Raulin lui est décer 
LARDENNOIS (G.) et "BAUMEL (E 
— Les infections gangréneuses des 
plaies de guerre par germes anaéro- 


nn ss 


LARDENNOIS (G., PECH (PJ et 
L (J.). — Étude des infec- 

tions gangréneuses des plaies de 
guerre au moyen de la radiographie, 
LARTIGUE (ALFREÐ) adresse des Let- 
. — tres sur l'nification des forces et des 
; phénomènes de la nature........... 
E — Le prix du baron Larrey 
i est décerné 

F LAUNOY (L.). — Un prix Lallemand 
UT D es ON PE ET 
LAURENT (Ocrave). — Un prix Mon- 
tyon (Médecine et Chirurgie) há est 


E E E e a a E a A a 


-LAVERAN. — Rapports sur les con- 


cours : du prix Montyon (Médecine 
Da ir R sous sun 839, 
— Du prix Past... Rte 
— Du prix du baron Larrey.........,. 
LÉAUTÉ (Henry). — Son éloge 


po bre est prononcé par M. C. 
FOUR: veus den tat es 
LEDON (Ennes). —— Sur unë nou- 
Sr Table de diviseurs des nom- 


nn mm mm 


— Sur la cristal su son 

LE CHATELIER (Hexr;) et BỌ- 
GITCH (F.). — Sur la détermina- 
tion de la densité des qe Mo 

LECORNU. — Rapports sur les co 
cours : du prix Montyon (Méca 
HI dre rame us) 


Pages. 


is 0 AN PT PTS EN TE Te 

768 LEMOINE PAg — Lé prix Hébert 

lut st décerné, 55.55, couter 

LE MORVAN Cainta] adresse un 

4I Rappert sur l'emploi de la subven- 
tion accordée sur le Fends Boni- 

85 DORE en LORD une per te lis. 

LEMOULT RARE — Le prix Jecker, 

851 LOC sites 

- kee me Berthelot lui est dé- 

838 LEROUX (Henri) et MASSE (RENÉ). 
| — Sur le dosage de l’acide phénique 
dans les phénols bruts du goudron. 

841 | LE ROY (G.-A.). — Un réactif du chlore 

847 libre dans les eaux d'alimentation 

849 PMR Licorne 

Kee AGE (Pierre). — Essais des graines. 
de Lepidium sativum dans des con- 

5o1 ditions très diverses.: y: COI... 

— Une bah centik lui est AS 
sur le Fonds Bonaparte..... ' 

259 LESNÉ (En) et PHOCAS. — Piedi 
de microrganismes vivants et viru- 
lents à la surface de projectiles DoR 
dans des tissus cicatrisés......... 

LETULLE (Maurice). — Un prix 

683 Montyon Pt et Chirurgie) 

776 SR Lo loi SN ONE CSA 

948 | LIL. JESTROM (A. 15 — Sur un théo- 
rème géométrique utile pour l'étude 

de l'inversion directe des intégrales 

459 po qe 

LONGCHAMBON (Micuer). — Le prix 
Gustave Roux lui est décerné*. . . .. 
792 | LUCAS (J.\. et BOURGUIGNON (C). 


LEGENDRE (JEAN 
6 


MM. 
— Du prix Plume il. se Tom I 
u pri orb PRE PA 
LEDOUX-LEBARD (R.) et DAUVIL- 
IER (A Recherches théo- 
rs et “expérimentales sur les 
bases de la dosimétrie radiologique. 
— Robes théoriques et expéri- 
mentales sur we aars de la dosi- 
métrie radiolo 


ss ss... 


— La série K du tungstène et l’excita- 
tion des rayons X au point de vue 
de la théorie des quanta........... 

N).— Destruction des 
Moustiques par les poissons. pa 

LE MATELOT.— Une partie ük dix de 
six mille francs REA en Jui est 


226 


1020 


MM. 

— Classification des muscles du 
membre supérieur de l'homme sui- 
vant leur systématisation radicu- 
laire, par le rapport des quantités 
donnant le seuil avec les deux ondes 
isolées du. courant induit (indice de 
de vitesse d’excitabilité) 
LUIZET. — i 


TANT 4 asna nl bases 


se.s.sssss.s 


MAGNAN genra — Le prix Phili- 
peaux lui est 
MALLET (Lucrex) et BOLL (Marcer). 
étermina des constantes 

ratiques du fube Coolid 
MANGEOT {S.). — Sur une PAR 
de la sphère osculatrice et du rayon 
de torsion en un point de la courbe 

5 pi a de deux surfaces don- 


ss. 


MANGIN (L.). — Rapport sur le con- 
cours du prix Desmazières.....1.. 
MANSUY. — Un prix Wilde lui est dé- 


a a E S 
MAQUENNE (L.). — Rapports sur les 
concours : du prix Montyon des 
Arte MIAU DTES. -les o aaa aia r 
— Du prix Lonchampt.....,......... 
MAR . — Une tie du prix de 


six mille francs (Navigatión lni « est 
re R D 
MARCHAL (P.) fait hommage des 
Tomes II et III des Annales du Ser- 
vice des Épiphyties.… . 

— Fait hommage d'un one “intitulé : 
« Les sciences biologiques appli- 
ées à l’agriculture et la lutte 

contre les ennemis des plantes aux 
tate Uris. d.i. us n., 

MASSAGLIA (Arno). — Un prix Lalle- 

ha ont déčefhé... o.s. aii 

MASSE (René) et LEROUX (Hexni). 

.— Sur le dosage de l'acide phénique 


rp- 
ultraviolettes 
par les dérivés bromés du méthane. 
MAUGER. — Les minettes de Jersey.. 
MAUPAS (ÉmıLe-Fraxncors). — 
éloge funèbre est prononcé sa 


Bolide avec traînée persis- 


Pages. 


TABLE DES AUTEURS. 


MM. p 
LUMIÈRE (Aucusre). — Action com- 


parée des antiseptiques sur le pus 
et sur les cultures pures 
— Sur la présence du bacille du tétanos 
à la surface des projectiles inclus 


ss... 


dans des plaies cicatrisées......... 
LUMIÈRE (Aveusre) et TIER 
(ÉTIENNE). — Tétanos: et gelures: 


M 


M TOU a I Tah 
MAYER ia) K 'SCHAEF FER Sie p 
Le prix Pourat leur est déce 
MENCHOFF (D.). — Sur Naam ds 
dév veloppement trigonométrique . 
MÉRIGEAULT (E.).— Le prix Montyon 
(Mécanique) lui est décerné. .....,. 
MESNAGER. — Sens des déplacements 


COR 


nn mms sms mm sm 


veau Syllidien vivipare (Ehlersia 
Repioloc, N. Sp). recenseren 
METCHNIKOFF (Éu1E). — Son éloge 
pid est prononcé par M. E. 


E E a T AE a E E E 0 6 6 0 6,910 0.4 


FC. E Res 
MIÉGE (Émite) adresse un Rapport 
relatif à l'emploi de la subvention 
pate sur la Fondation Loutreuil 


nn ere 


MIRANDE (Marcez). — Observation 


sur le vivant de la dre cytolc- 
gi de l’anthocyani 

MOLLIARD (Marix). — le dégage- 
ment d'oxygène provenant de la 
Mn des nitrates par les plantes 


rés. 


pétasse sert eder etes Ne se NS ane 


as Rôle BA; du nitrate de potas- 


TABLE DES AUTEURS. 


MM. 
sium dans la fermentation alcooliq 1e 
produite par le Sterigmatocystis 
ET RER ARE MT 
MOLES (E.). — Sur la densité du gaz 
acide bromhydrique. Contribution 
à la ere du poids atomique du 
T AEE REE E E ET 
MONTEIL, adresse Quatre d 
tions nouvelles entrainant la véri- 


fication directe de valeur 
rR ERVE Ryna aken 
MONTORIOL (E.). — Un prix Henri 


de Parville (Ouvrage de Sciences) 


NANSEN (Friprsor) fait hommage 
d’un Volume intitulé : « Spitsbergen 
Vaters, Oceanographic observa- 
tions during the cruise of the « Ves- 
lemoy » to Spitsbergen in 1912. ». 
NATTAN-LARRIER adresse un Bap 
port relatif à l'emploi de la subven- 
tion accordée sur la fondation 
Loutreuil en 1915 
NEPPER et CAMUS (Jean). — Temps 
des réactions rep des 
candidats à l’Aviatio 


CCM MNT NOR RC MENU E Le à 


CO 


 ŒCHSNER DE CONINCK et GÉRARD. 


PAILLOT (A.). — Existence de plu- 
sieurs variétés et races de Cocco- 
bacilles dans les septicémies natu- 
relles du Hanneton 

a gose nouveaux parasites du 


S E E E E E E T E E A E A E E a A + 


CR 


PARIS (P.). — ii topsenti 
ie Ostracode commensal 
g EEDE Re du ass 


Cæc 
PAVILLARD niai — Flagellés nou- 


Pages. 


4 
` 


$ 


$i guerre 
PELLET (H.). 


MM. 
lui est décern 


eresse ssessossss’lsal 


MORAT (J.-P.) et PETZETAKIS. — 
70 


Production expérimentale d'extra- 
systoles ventriculaires rétrogrades 
et de rythme inverse, par inversion 
de la conduction des excitations 


94 
MOUREU. — Rapports sur les con- 


cours : du prix Montyon des Arts 


MUO DEOR dr aa h 19, 
iiy Du pre obkit. iii on RAC 
MOUSSU (G.). — Le prix Barbier lui 

ost décerné... iny vaut rs 

N 
NICOLARDOT (Pau). — Sur l'attaque 
des verres de France, de Bohême et 
d'Allémigne. s irs ibn de 
NICOLLE (Cuarres). — Essai de vac- 
cination p entive dans le typhus 

‘exanthématique........2: jar 
NODON uns — rvaticns sur 

des pe a a gretten kes 

6 ques terrestres... sucres: ssvess 
NORLUND (N.-E.). — Un Grand Prix 
des SSR mathématiques lui est 

E E A E Éd 

(0) 
— Poids atomique du plomb...... 


P 


veaux, épiphytes des Diatomées 
PATERNO (M. le Séxarevn). — M. le 
Président lui souhaite la bienvenue. 


au moyen de la radiographie. 
— Sur la destruction 
totale des pentoses au cours de la 


fermen’ 
PEREIRA DE SOUSA. — Sur les mé- 
gasismes au xvin® siècle dans les 


514 


65 
685 


1922 


MM. 
environs de l’ ie cart en ovale 


— Influence se RARE sur 
les shbditinns d'audition du son.... 
PERRIER (Cnarzes). — Le prix Mon- 
tyon (Statistique) lui est décerné. . 
PERRIER (Epmoxp\ prononce l'éloge 
funèbre d'Elie M etchnikoff.… 
ruse le décès de sir wW ilei 


plf as n sono o mms ooo olw 


Ram 
Er it l'éloge funèbre du défunt. . 


— Présente un livre intitulé : « Les 
Allemands ct la Science ». ......... 
—— Offre un volume intitulé : « A tra- 
vers le monde vivant »............ 
— Est élu membre de la Commission 
administralise pour 1917.......... 


Tepo sur le concours du prix 
Phili 1 EAER RE E E 
| d'inégalié entre les moyennes arit 


s..s..Ř.. 


tante a 

PETZETAKIS et MORAT (J.-P.). — 
Production expérimentale d’extra- 
systoles ventriculaires rétrogrades 
et de rythme inverse, par inversion 
Se Bai adail des excitations 

PSS EE “(Mme Mare). — Un pri 
x est décerné sur les arrérages à 


la fondation Br 

PHOCAS et LESNÉ (Ep. }. — Pré- 
sence de microorganismes vivantes 

et virulents à la surface de projec- 
tiles inclus dans les tissus cicatrisés. 
PREE (Émize) dépose sur le bureau 
Volume intitulé : « Un de 

siècle de civilisation française ». 

— Sur certains sous-groupes des groupes 


RAMSAY (Sir Wiccram}. — Sa mort 

est annoncée à l'Académie...... 
— Son éloge re ds est pros par 
Mrs elle 
PICTET (AMÉ) et 
— Sur quelques 
hydrocarbures contenus dans la 


M. Edm e 
gén (L.}, 
KAISER (0 


emi- 


Pages 


190 


Cp 


999 


844 


TABLE DES AUTEURS. 


MM. 

hy IRSE correspondant aux 
formes qua ratiques ternaires à 
indéterminées conjuguées.........… 
Sur des fonctions de M variables 
complexes restant invariables par 
les substitutions d’un groupe dis- 
continu 


nn mm 


— Sur les intégrales de différentielles 
totales PES aux surfaces algé- 
briques régulières. ino Uer 

— Rapport du Conseil de la Fondation 
oi ur ie I ATEN) 

— Est élu membre de la Commission 
administrative pour 191 > e de 

— apports sur les conco : du es 
Binoux (Histoire des Sciences 

— Du prix du baron de Joest........ 

— Du pee He de Barile. (Ouvrage 
de Sei 


ppt ax) RAMSEYER (L.) et 
O.). — Sur quelques 
is droarburs contenus dans la 
ee PERTE 4e 
HEDAU (ANDRÉ). — Sur l'accli- 
matation en France d’une plante à 
pem se croissance rapide, la Ca- 


sn mm mm 


G; D 
.Tome II des 


ss... 


— Sur les séries à 

termes positifs et sur les fonctions 

eee. DS PES STE OR EC 
PORTER (Wicziam Town 


pl. 
Observations sur les pressions arté- 
rielles basses et leur traitement ; 
PRÉVOT (Evcèxe). — Le prix Binoux 
(Géographie) lui est décerné 
PUISEUX (P.). — La libration physique 
de la Lune, étudiée sur 40 clichés 
obtenus à l'Observatoire de Paris 
entre les années 1894 et 1 


s.. ... 


s....»: + 


BOME NT IOT A a 
ducation auditive de la 8° région... 


RAVENEAU (Lovrs). — Un prix Henri 
de Parville (Ouvrage de Sciences) 


Pages. 


358 


575 


358 


243 


TABLE DES 

MM. Pages. 

lui bdt: décetpé..... 1 Al gt 868 
REGNAULT (Jurres) adresse une Note 


intitulée : « Appareils de marche 
avec étrier de décharge pour frac- 
tures et lésions diverses du mem- 
Bre ONU ae dE ab a 9 2 
ne (F.) et CARDOT (J.). 
pe + Der leur est dé- 
REPELIN (J.). Se l'âge des dépôts 
oligocènes des bassins d'Aix et de 
Marseille et, en particulier, des ar- 
giles des Milles et des lignites. de 
— Sur l'existence d’une nappe de re- 
couvrement dans les îles de Po- 
mègues et de Ratonneau (golfe de 
Marsoille})..s:isc.un-didiénstaus 
— Sur de nouvelles espèces de Rhino- 
cérotidés de l’Oligocène de France. . 
RÉVIL (J.) et KILIAN (W.) — Sur 
les PE (conglomérats) de Ta- 


renta 


— Sur he dut de A CREME 
tion ct les niveaux de brèches dans 


sr. 


RICHET CAE Es). — Du minimum de 
temps dans la réaction psycho- 
Mis aux excitations vi- 


ss... 


Un Run cru: 
— Des conditions qui influent sur l'écart 
mensuel moyen de la natalité.... 
— Observations relatives à une Note de 
M. Townsend - 
sions artérielles basses et leur trai- 
tement 


sms ss 


SANARELLI (G.). 
oléra. Reproduc 
Le de la maladi 


-— Tapuai du 


expérimen- 


SAUVAGEAU (C.). — Sur les variations 


biologi 
corhiza bulbosa 
— Sur les stsdtales de quelques Lost. 


aire (Sac- 


AUTEURS. 


MM. 
— De l'emploi alternant des antisep- 
TT PS PRET SN RS ae tr 
-— Rapports sur les concours : du prix 
Mont ds n À dé et Chirurgie) 
— Du DR. HALL HAVE à dors 
RICHET. CMOS et CARDOT (He x- 
RY). — Influence d'élévations ther- 
miques faibles et brèves s 
marche des fermentations, ..,,.., 
RIGHI (Aueusro) fait hommage d'un 
Mémoire intitulé : « Sulla fase ini- 
siaa, della scarica in campo magne- 


= 
= 
ei 
ns 


ROBERT (Mue THÉRÈSE). — Un prix 
onchampt lui est décerné, ....... 
ROUBINOVITCH (J.). res- 


P 
seur oculaire pour la recherche du 


r la Héros 
et la pêche du Thon (Orcynus thy- 
nuus L.) sur nos côtes méditerra- 


concours : du prix Montyon (Méde- 
cine et Chirurgie) 839, 
— Du prix sert PRE E AE ré 


ss... 


TT LU pIIA DEC, seems 


B 
ROY (G.) et BORDIER (H.). — Sur 
Fe eo si nine... 
ROY (Louis). — Le problème du mur 
en Électrodynamique............. 
— Le problème du mur et son applica- 
tion à la décharge d'un condensa- 
teuf sur son propre diélectrique. . 


1023 


Pages. 


589 


RÜCK (Mme), — Une partie des arré- 
Lannelongue 


rages de la fo ndalion 
lui est attrib 

RUSSO. — Notes géologiques sur r la Don 
gion de Bou Laouane (Maroc 
dental) 


less sers ses ss 


Sd s ss tes sr ee sess veus se 


minaire nouvelle pour les 
atasi Ki France, Laminaria Lej 


nn nn nm mm mn E 


ss... 


le Fonds Bo ona 
SCHACKLETON (Sir Ennewt). 


1024 


Delalande-Guérineau lui est 
CPDÉsee 01 à 0 00 60 00 aie 0 lea ee 150], 
SCHAEFFER (G.) et MAYER (A.). — 
Le prix Pourat leur est décerné. 
SCOTT (H.) et BURGESS (GEORGE K. ). 

— Mesure thermo-électrique des 
points critiques du fer............ 
. SEGUIN (P.) et WEINBERG. — Con- 
re ie oran de la gan- 


pie 


prène gazeuse. TT. 

SERGENT Tonio) et FOLEY (Hex- 

P Un prix Montyon (Méde- 

ne et Chirurgie) lui est décerné. . 

SIERPINSKI (W.). — Sur le rôle de 

'’axiome de = Zermelo dans l'ana- 

Iys MORE TE sis ee 

SOREAU tRosRu }. — Anamorphose 
EEE d’une surface topogra- 


TRODORESCY (E.). — Sur la présence 
piz Tagirani dans le Nostoc 
TISSERAND. — Sur les établisgements 
agricoles de recherches scientifi- 


VALLÉE POUSSIN (C. pe La} fait 
hommage d’un Ouvrage intitulé `: 
« Ma ic de Lebesgue, Fonc- 
ns d'ensemble, Classes de Baire ». 
VALLOT (Hen: ). — Le prix Gay lui est 
a a S A 
VASSEUR (G.). — Découverte de restes 
d’Anthracotherium dans les for- 
mations SESA du bassin 
VEGARD (L.) et KROGNESS (0): 25 
Résultats d'observations d’aurores 
Lisa exécutées à l'Observatoire 
Mineur ur Dirt 
VEGEZAT (G.) et DHÉRÉ (Ci). — Sur 
l'hémochromogène acide.......... 
— Errata relatifs à cette Cornninieh 


Pages. 


2 
TOURNADE 


TABLE DES AUTEURS. 


MM. 

SOUÈGES (R.). — Les premières divi- 
sions de l'œuf et l’origine de l’hypo- 
physe chez le Capsella Bursa-pas- 
Lorie Mono Ga un SN. ve 

— Le prix de Coincy leur est décerné. 

SPARRE (pE) fait hommage de son 
Rapport au deuxième Congrès de la 
Houdleblonche.ssssuar-sii. lier 
conduite forcée, formée de deux 
sections de diamètres différents. ... 

STASSANO (Hexri)}. — U 
lui est accordée dans le concours du 
prix AE (Médecine et Chi- 


STORMER (Can). — Errata relatifs à 
une Note du 29 mai1916, er 
« Intégration d'un système d’équa- 
tions différentielles, etc. ».......... 


T 


TORRES D QUEVEDO (LEONARDO). 
x Henri de Parville (Méca- 
nique) Mai st déberik LE. 15 és 
E (A.). — Une mention très 
honorable lui est accordée dans le 
oncours du prix du baron Larrey.. 
[TRABUT et BATTANDIER. — Le prix 


Jérôme Ponti leur est décerné...... 


V 


556 


es ions exercée par le degré de ré- 
. duction des hémochromogènes sur 
leurs propriétés spectrales 

— E say relatifs à cette Communica- 


ss... 


— an h composition pigmentaire de 
l’hépatochlorophylle 

| VEIL (Mme CarnEriNeE) ct LA PICQUE 
Mme Marc 


ss... 


sas les différentes rain du cœur 

t les faisceaux de pas 
VERGNE (H.). — Sur une is de 
calcul des perturbations d'un mou- 


CR . 


vem o 
VERSCHAFFEL (A.). — Avantages des 


Pages. 


— Au sujet des eoups de bélier dans une . 


338 


103 


5ob 


TABLE DES AUTEURS. 


M. 

res à la fois mobiles et à multiple 
VIALLETON (L.). — Le développe- 
ment ontogénique et les organes 
analogues. ..........4,....6500 
VIGOUROUX (Em.). — Une subven- 
tion lui accordée sur le Fonds 

Bonaparte .................. 99, 
VINCENS F. $. — Sur une Verticilliacée 
à affinités douteus 
— Sur le dévokapésient et la structure 


WALDEN est élu Correspondant de 
Aron pour la Section de Chi- 

WALLERANT FRE — Rapport sur le 
concours du prix Victor Rau 

WEINBERG et SEGUIN (P.). — Con- 
eeey àr re de la gangrène 


ss mms ere 


WEISSENBACH (R.-J.). — Une men- 


YOUNG (W. -H.). — Sur la conver- 
gence des séries de Fourier 

— Les séries trigonométriques et les 
moyennes àro 

— Errata relatifs à cette Communica- 


_….s..... 
COR 


sos sr een ce se ce 


ZEEMAN (P.). — Mesure directe de la 
vitesse axiale de l’eau dans l'expé- 
rience de Fizeau 

— L'entraînement des T SEE 

et les phénomènes solair 

ZE NGHELIS (C.). — Sur la ciné 
et l'emploi du feu grégeois 


nn A Td 


Pages. 


421 


107 


885 


489 


1025 

MM. Pages. 
du périthèce d'une Hypocréacée.. 572 

VIOLLE (Juzes). — Rapports sur les 

concours : du prix Kastner-Bour- 

ault 814 

815 


~ Qu prix HEDA 5.15 er io aai 
VLILLEMIN (Paur). — Anomalies dé- 
terminées par la Ae con- 
sécutive au traumatism 
— Ta prétendue ar des fleurs 
1, de Capucine 


382 


CRC 
=- 


592 


nn 


W 


449 


427 


7 
YOUNG(W. -H. ms SOUNG Mme Grace 
Su 


tion lui est accordée dans le con- 
cours du prix Montyon (Médecine 
ol COR ni eut 
W ELSCH (Jues) adresse un Rapport 
sur l'emploi d'une subvention accor- 
dée sur le Fonds En en 1913. 
WURTZ (R.) et HUON (E.). — Vario- 
lisation des Gnisses ` immunisées 
contre la vaccine 


838 


LALLA AGERE RETER 


Y 


— Sur les a de convergence des 
séries de Fou 


"AC PT PEE JA 975 
CHISHOLM r la frontière 
normale dane région ou d'un en- 
sem 


— 


509 


COR 


ZENGHELIS (C.) et HORSCH (Sra- 
vRos).— Action chimique du per- 
RAS de sodium sur les oxydes 
Re dti nie 386 
Z Action chimique du peroxyde de so- 
dium sur l'hydrogène sulfuré 440 


CCE 


C. R., 1916, 2° Semestre. (T. 163.) 


133 


NE: Sr 
Ve. 29 
HN AE 

te